55 FÉTSr8 res. FER HE Ssirss PE TT re mens ns EEE RE 5 LT SEE * à SRI 2 : % ie D PEN PACA ÊTES LL S SP ù HULULÉE TERT nt Ant "« ’oypel pinxut. DEN Barrie DTA lculpsrit . H ESTOIRE L'ACADEMIE R'ONTA LE DES SCIENCES. ANNEE M DCCXI. Avec les Mémoires de Mathématique & de Pyhfique, pour la même Année, MS Tirés des Repiftres de cette Académie. DEMLIMPIMEMERLE ROYALE M DCCXXX, CA the es nd #* rt AR L4 _ ONE ester" Et GS # ne ER sata at tt it nettes _ Hess Sn AE Rs me à A Le EE Si ae nn di ; LA BkE | POLAR «à 00 L'HISTO tite PHYSIQUE GENÉRALE. Sd. Ur la Communication de l'Air dans l'Eau. Page 1 Sur la Caife dé la Variation di Barometre. 3 Sur la Dilatation de l'Air. 6 Sur la maniére dont plufieurs Efpecs de Coquillages s'atta- chent à certains corps. - | 7 Sur le Thermometre. 10 Sur une nouvelle Pourpre. 1E Diverfes obférvations de PHFqut Listes 14 ANATOMIE. Sur les Filtrafionis où Sécretions des fucs dans les Glandes. 19 Sur la ffrudlure du Cœur. 2t «Sur la Gonorrhee. 22 Diverfes Obfervañons Anatomiques. 24 CHIMIE, | Sur le Mechoacan, gui 30 Sur les Précipitations. 31 Sur le Corail, 35 Sur un nouveau Fébrifuge. 37 T4 T. A BL E. BOTANIQUE. Sur les Truffes. 40 Sur une Végetation finguliére. 42 Sur la nourriture des Plantes. 43 Sur les Fleurs ou fur la Génération des Plantes. st Sur les Fleurs ér les Graines de quelques efpeces de Fucus. $ 4 Diverfes Obfervations Botaniques. s6 GE OMETRIE. Sur la Tralrice. 59 Sur la Quadrature des Courbes. 62 RTSUT RO: NORME Sur la Parallaxe de la Lune. 68 Sur la Pénombre. 7 4 À: C OS QUE Sur les Syflemes tempérés de Mufique. 80 — MECHANIQUE. Sur la Force des Cordes. 82 Sur les Forces Centrales. 84 De la Réfiffance des Milieux au Mouvemenr. 87 Sur les Moulins à Venr. 93 Machines ou Inventious approuvées par l'Académie en FAR. IOI, Eoge de M. Carre. 102 Eloge de M. Bourdehn. 108 RX F3 à esters te se se see se De Se ste ae ae de ae 3e De 38e ae te ae + LC ee Me eee de De 6e pepe De DE Ve Dee ee de edge Re de De de ne De de 3e de de de se ae ae 3e 9e 3%e ste se 3e 8% ae Ve 3e 30e 3e 3% 3% Le 5e 20e ae ave 3e 3%e ae 32e 29e de 38e 3 2 ae she le she se ske dte ohe fe she este sieste she ete 3e 4 eee de de de nfe de fe Ve Pre de de où à ve, “e See @ se se eee en ee e RUN brule POUR MES MEMOIRES. BSERVATIONS de la hauteur de l'Eau qui ef? tombée à l'Obfervatoire pendant l'année 171 0, avec celles du Thermomerre à du Barometre. Pax M. DE LA Hire Page 1 Comparaïfon de nos Obfervations fur la hauteur de l'Eau de Pluye à fur le Barometre, avec celles que M. Scheuhzer a faites à Zuric en Suifle pendant l'année 1710: Par M. DE LA HIRE. 4 Expériences pour connoître f? la force des Cordes [urpaffe la Jomme des forces des Fils qui compofent ces mêmes Cordes. Par M. DE REAumuRr. 6 OBfervations de quelques Echpfes des Planetes dr Etoiles fixes par la Lune, faites én dvers lieux, comparées enfemble pour déterminer les différences des Miéridiens. Par M. Cassinr le Fils. | 16 Obfervations [ur la Végétaion des Truffes, Par M. GEoFFRoY le Jeune. 23 Obfervation de la Conjonfion de Venus avec le Cœur du Lion, à l'Obfervatoire, en Septembre 1710. Pax M. DE LA HIRE. j 36 Obférvations [ur la Matiére fécale. Px M. Homperc. 39 iÿ T ABLE. Extrait d'une Lettre de M. BERNOUELLT, étrite de Balle ke 10 Janvier 1717, touchaïit la maniére de trouver les Forces Centrales dans des Milieux réfiffans en raïfons compofees de leurs denfités à des puiffances quelconques des vitefles du mobile. 47 Mémoire fur les Précipitations Chimiques, où Ton examine par occafion la diffolution de l'Or &7 de l'Argent, la nature par: ticuhére des efprits avides | à la maniére dont l'efprit de Nitre agit fur celui de Sel dans la formation de l'Eau regale ordi- naire Par M. LÉMERY le Fils. 56 Remarques fur quelques Couleurs. Pa M. DE LA Hire. 78 Olfervations [ur la Racine de Mechoacan, à fur fon ufage. Par M. Bouzpuc. 80 Redles & Remarques pour la confiruttion des Efgalités. Pa M. RoLLE. 86 Obfervations touchant la nature des Plantes, à de quelques-unes de leurs parties cachées ou inconnuës. Par M. MARCHANT-: 99 Des différentes maniéres dont plufieurs efpeces d'Animaux de Mer s'attachent au fable, aux pierres, © les uns aux autres. Par M. DE REAuUMUR. r08 Réfléxions fur des nouvelles Obfervations du P. Feiillée faites aux Indes Otccidentales, extraites d'une Lettre écrite à M. le Conite de Pontchartrain, de Lima, du 7 Decembre r7 0 9. Par M. Cassini le Fils. 134 Extrait de diverfes Obfervations faites par le P. Feüillée aix Judes Occidentales. Pax M. Cassinrle Fils 141 Expériences fur le Thermometre. Par M. DE LA Hire le Fils. 144 TABLE. Obfervations fur les fibres du Cœur à fur fes vahules, avec la maniére de le préparer pour des démontrer. Par. M. WinsLow. 150 Nouvelles Expériences fur la dilatation de l'air, faites par M. Scheuchger fur les Montagnes des Suifles, avec des réflexions. Par M. MARALDI. 154 (De la mefure des degrés de force de la pénombre des Corps, & de quelques-uns de fes effets particuliers. Par M. DE LA HIRE, 157 Découverte d'une nouvelle Teinture de Pourpre, à" diverfes ex- périences pour la comparer avec celle que les anciens tiroient de quelques efpeces de Coquillages que nous trouvons fur nos Côtes de l'Océan. Pa M. DE REAUMUR. 166 Obfervation de l'Echpfe du Soleil arrivée le Joir le 1 $ Juillet 1711, à l'Obfervatoire Royal. Par M.'S DE LA Hire. 19 6 Obférvation de l'Ecipfe de Soleil qui eff arrivée le 1 ÿ Jules 1711. Par MS Cassini & MARALDI 198 Obfervations fur la Genorrhée. Par M. LITRE, 199 Obfervations fur la ffruture 7 l'ufage des principales parties des Fleurs. Pax M. GEOFFROX le Jeune. 207 Obfervation de l'Eclipfe de Lune qui eff arrivée le 29 Juiller 1711. Par Mr Ca SSINA & MaARALDI. 231 Obfervarions de l'E clipfe horigautale de Lune, faites en diféren- tes Villes, 7 rapportées par M. MARALDI. 232 Phofphore nouveau, ou fuite des Obfervations fur la Matiére Jécal. Par M. HOMBERG. 234 De la maniére dont fe font les Secretions dans les Glandes. Par M. Winszow. 241 Des mouvemens primitivement retardés en raifon des temps qui refleroient à écouler jufqu'à leur entiére extinction dans le TABLE. vuide, faits dans des milieux réfiflans en raifon des Jommes faites des viteffes effectives de ces mouvemens dans ces milieux, € des quarrés de ces mêmes viteÿes. Par M. VARIGNON. 248 Defcription des Fleurs à des Graines de divers Fucus, à quel- ques autres Obfervations phyfiques Jur ces mêmes Plantes: Pax M. DE REAUMUR. 282 Recherche de la Parallaxe de la Lune dans fes Conjoncfions avec les Etoiles des Pleiades. Pax M. MARALDI. 3017 Tuble générale des Syflemes temperés de Mujique. Par M. SAUVEUR. Pr Eablifement de quelques nouveaux genres de Plantes. Par M. NissoLe, de la Societé Royale des Sciences de Mont- pellier. 316 HISTOIRE \ VENTT' GE —— > Hu EPST ANT Le) rm QI 4 ( Ù RK & HISTOIRE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Année M. DCCXI. See de ne RE RER EE DEEE See he ae SC PHYSIQUE GENERALE. SUR LA COMMUNICATION DE L'AIR DANS L'EAU. N fçait que l'eau eft toute remplie & toute ima &] pregnée d'air. Auflitôt qu’elle cft dans le vuide; ) & l'air qu’elle contenoit fe dégage, & fort en uné A] infinité de bulles. La méchanique de la refpi: 7 ration des Poiflons ne confifte qu'à tirer de l'eau l'air qui y eft renfermé, Mais M.rs de la Hire ont voulu voir quelle puiffance l'oblige à y.entrer, & s'il. y entre avec Hifl. 1711, ‘ 4. HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE _ une viîteffe proportionnée à la force dont cette puiflance l'y poufle. Pour cela, ils ont pris un tuyau de verre recourbé à branches inégales, dont la plus longue, fcellée hermeti- quement, avoit 24 pouces, & la plus courte 3. Ils y ont verfé de l’eau en le couchant, & ne Font pas entiérement rempli; deforte que quand ils l'ont enfuite pofé verticale- ment, il y cft arrivé la même chofe que dans un tuyau *v.rHift. que l'on ne remplit pas entiérement de Mercure *. Il y a de 1705, eû au haut de la longue branche de Fair un peu dilaté; pas il y occupoit 4 pouces, & l'eau s’eft tenüe élevée de 16 pouces 9 lignes au deflus de l'eau de la petite branche. Ces 4 pouces d'air & ces 16 pouces 9 lignes d’eau faifoient donc équilibre avec la colonne entiére d'air qui pefoit fur JR petite branche ; & comme on avoit pris le temps que le Barometre étoit dans fa hauteur moyenne, cette colonne valoit 27 + pouces de Mercure, où 32 pieds d'eau qui font 384 pouces. Par conféquent les 4 pouces d'air enfermés dans la longue branche, faifoient équilibre avec 367 pou- ces 3 lignes d'eau, & étoient plus dilatés que aix extérieur dans Îa raifon de 384 à plus de 3 67. L'air qui touchoit l'eau de la petite branche étant plus condenfé, ou, ce qui revient au même, plus preffé que celuy de la longue branche, devoit donc entrer dans l’eau, paffer dans la longue branche, s'y élever toüjours au travers de Veau, fe joindre à l'air du haut du tuyau, augmenter fon volume & fon poids, & faire baiffer les 1 6 pouces 9 lignes | d'eau. Pour faire entrer l'air extérieur dans l'eau en plus grande quantité, la petite branche s’ouvroit dans une fiole , de verre, qui préfentoit à l'air une affés grande fuperficie. Cela fut fait le 1 6 Mars 1710, & le tuyau recourbé fat hiffé en expérience. M. de la Hire s’attendoïent bien que Veau de la longue branche baifleroit, comme ils avoient vû cela arriver à celle d'un Barometre à eau qu'ils avoient eu. ls croyoient aufli qu'outre qu'elle defcendroit en général par l'introduétion d'un nouvel air dans le haut du tuyau, < D'ÉLSTISAE SE IN: C'EÉCS. cle auroit des variations particuliéres de hauteur par les mêmes caufes que le Thermometre & le Barometre. Mais Vévénement fut abfolument contraire à tout ce qu'on pou- voit prévoir. Au bout de trois mois l'eau étoit montée environ 4 lignes dans le tuyau, & le 26 Decembre elle Vétoit d'un pouce entier; deforte que l'air qui y étoit ren- fermé’ avoit perdu un quart de fon volume. De plus les va- riations de da chaleur & de la pefanteur de lAthmofphére h'eurent aucun effet fur cette eau. Mrs de la Hire n’entreprennent point encore d'expliquer un phénomene fr imprévü & fi bizarre. Ils travaillent pour l'éclaircir à d’autres expériences, qui peut-être auront aufli leurs bizarreries, ou leurs merveilles. SUR LA CAUSE DE LA VARIATION DPF ANR OM E TRE. À Ms conftant ‘par de Barometre que lorfqu'il pleut, & - principalement dorfqu'il doit pleuvoir, Fair devient d’or- dinaire plus leger. On imagine aflés aifément que fr l'air devient plus leger, ä doit pleuvoir ; car les parcelles d'eau imperceptibles répanduës de toutes parts dans l'air en une quantité prodigieufe, n'étant plus fufffamment foutenuës , dès que l'air a perdu uncertain degré de fa pefanteur & de fa force, elles commencent à tomber , & par cette chute fe joignant plufieurs -enfemble , forment des gouttes de pluye. C'eft aimf que dans la Machine du vuide , après qu'on a pompé environ da moitié de Y'air, & qu'on l’a par confé- quent affoibli de moitié, on:voit une petite pluye qui tonibe, Mais pourquoy Tair devient-il moins pefant? on pourroït croire que dans de dieu ‘où il pleut, il a perdu de fa péfanteur & de fa mafle, parce que lesvents en ont trarifporté ailleurs une partie, mais M. Libnits, dans une Lettre qu'il a écrite à M. l'Abbé Bignon, en donne une raïfon plus ingénicufe & plus neuve, : A ij HiSTOIRE DE L’'ACADEMIE RoYaALe IL prétend qu'un corps étranger, qui eft dans un liquide, pefc avec ce liquide, & fait partie de fon poids total, tant qu'il y eft foûtenu, mais que s'il cefle de l'être & tombe par conféquent, fon poids ne fait plus partie du poids du liqui- de, qui par là vient à pefer moins. Cela s'applique de foi- même aux parcelles d'eau, elles augmentent le poids de l'air s'il les foûtient, & le diminüent s'il les laifle tomber; & comme il peut arriver fouvent que les parcelles d'eau les plus élevées tombent quelque temps confidérable avant que de fe joindre aux inférieures, la pefanteur de l'air diminüe avant qu'il pleuve, & le Barometre prédit. Ce nouveau principe de M. Leibnits peut furprendre. Car que le corps étranger qui eft dans le liquide y foit foù- tenu on non, ne faut-il pas toûjonrs qu'il pefe? & peut-il pefer fur quelqu’autre fond que fur celuy qui porte le liquide entier? Ce fond ceffe-t-il de porter le corps étranger parce qu'il tombe, & ce corps même en tombant n'eft-il pas toû- jours partie du liquide, quant à l'effet de la pefanteur? A ce compte, pendant qu'il fe fait une précipitation chimique, le total de la matiére peferoit moins,ce qu'on n'a jamais obfervé, & ce qui ne paroït nullement croyable. Malgré ces objections, le principe fubfifte, quand cn Yexamine de plus près. Ce qui porte un corps pefant en eft prefié; une Table, par exemple, qui porte une mafle de fer d'une livre en eft preffée, & ne left que parce qu'elle foûtient toute l'ation & tout l'effort que la caufe de la pe- fanteur, quelle qu'elle foit, exerce fur cette mafle de fer pour la pouffer plus bas. Si la Table cédoit & obéïfloit à l'action de cette caufe de la pefanteur, elle ne feroit point preflée, & ne porteroit plus rien. De même, le fond d'un vafe qui contient un liquide s’oppofe à toute laétion de la caufe dela pefanteur contre ce liquide ; fi un corps étran- ger y nage, le fond s’oppofe auffi à cette même aétion con- tre ce corps, qui étant en équilibre avec le liquide, en eft à cet égard une véritable partie. Ainfi le fond eft preffé & par le liquide & par le corps étranger, & il les porte tous deux. in 2m lb. DIE Is $Sre AE IN QE s. Maïs fi ce corps tombe, il obéit à l'action de la pefanteur, & par conféquent le fond ne la foûient plus, & il ne la foûtiendra que quand le corps fera defcendu jufqu'à Jui. Donc pendant tout le temps de fa chute, le fond efl foulagé du poids de ce corps, qui n'eft plus porté par rien, mais pouffé par la caufe de la pefanteur, à laquelle rien ne l'em- | êche de ceder. M. Leibnits pour appuyer fon idée propofoit une expé- rience. Î1 falloit attacher aux deux bouts d'un fil deux corps, Fun plus pefant, l'autre plus leger que l'eau, & tels que tous deux enfemble ils flotaflent fur l'eau , les mettre dans un tuyau plein d’eau, fufpendre ce tuyau à une balance où il fût exactement en équilibre avec un poids, & enfüuite cou- per le fil où feroïient attachés les deux corps de pefanteur inégale, ce qui obligeroit le plus pefant à tomber. II foûte- noit qu'alors le tuyau ne feroit plus en équilibre, mais que le poids qui lui étoit égal l'emporteroit & le feroit monter, parce que le fond de ce tuyau feroit moins chargé. On voit qu'il doit avoir une longueur fufhfante, afin que le corps qui tombe n'arrive pas au fond, avant que le tuyau aït eû le loifir de monter. Dans les précipitations chimiques, les vaif. feaux ont trop peu de longueur , ou les matieres fe précipi- tent avec trop de viteffe, ou quelquefois même avec trop de lenteur; car alors les: corpufcules qui tombent font toûjours fenfiblement en équilibre avec la liqueur qui les contient. M. Ramazzini, fameux profeffeur de Padoüe, à qui M. Leibnits avoit propofé fon expérience, l'a faite avec fuccés, après quelques tentatives inutiles. Elle à réüffi de même à M. de Reaumur, à qui lAcademie en avoit donné le foin : & voilà une nouvelle vüë de Phyfique, qui, uoyqu'’elle tienne à un principe fort connu, eft fort fine & fort recher- chée, & nous donne un jufte fujet de craindre que dans les fujets les plus approfondis jl ne nous échappe encore bien des chofes, f À ii V. les M. P- 154: 6 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE SUR LA DILATATION DE L'AIR. Ed UT ce qui fait l'objet de a Phyfique dépend de tant de principes différents, & eft mélé de tant de circonf- tances particuliéres, qui toutes ont part aux phénomenes , qu'on ne peut trop remanier les mêmes fujets, & que c'eft faire beaucoup que de s’affürer de ce qu'on fçavoit déja. M. Maraldi ayant reçû de M. Scheuchzer de nouvelles expé- viences ‘fur la dilatation de l'Air , faites à differentes hauteurs fur les Montagnes de Suifle, on en a tiré les refultats fui- vants. 1.0 Dans le ieu Ie plus bas où M. Scheuchzer ait obfer- wé, le Barometre fe tenoit de 2 pouces moins haut qu'à Paris, ce qui, felon la progreffion établie par Mas Caflini & Maraldi dans V'Hift. de 1703 *, vaudroit 1 33 ou 1 34 toi< fes, dont Paris feroit moins élevé. La dilatation de l'air en ce lieulà comparée à celle de Paris, étoit plus grande qu'elle n'auroit dû être {elon a regle de M. Mariotte , ou la pro- portion des poids, ce qui avoit été déja remarqué dans P'Hift, de 1705 *. 2°. M. Scheuchzer ayant fait à chacune de 7 hauteurs différentes où il obfervoit les-expériences de différentes quan- tités d'air laïflées dans un tuyau avec le Mercure, aïnfr que nous l'avons expliqué dans l'Hift. de 1705 *, & dans celle de 1708 *, & ayant laiflé d'abord 3 pouces d'air, enfuite 6, & aïinfi toüjours de 3.en 3 jufqu'à 30, il s'eft trouvé qu'avec les 3 premiers pouces d'air, la dilatation fuivoit la regle de M. Mariotte, qu'enfuite elle étoit plus petite jufqu’au 18me pouce, où elle s'en éloignoït très peu, que depuis le 18me jufqu'au 30€ elle étoit toûjours plus grande. Cette éfpéce de progreffion des différentes däatations de l'air felon les différentes quantités d'air naturel laiflées dans le tuyau, a été la même dans toutes les 7 hauteurs ou flations diffé- rentes où M. Scheuchzer a obfervé. Et comme la plus baffe LE DES SCIENCES. 7 de ces flations étoit plus haute que Paris de la valeur de 2 pouces de Mercure, & que la plus élevée étoit de plus de la valeur de $ pouces de Mercure au deflus de la premiére, il s'enfuit de ce que la progreflion eft la même dans toutes les 7 flations qu'a une certaine hauteur qui peut être déter- minée à peu près , l'air commence à être uniforme , au lieu qu'on a fujet de croire qu'il left aflés peu au deflous, ce qui avoit été déja infinué dans V'Hift. de :709 *. On peut remarquer auffi que cette progreflion n’eft pas fort différente de celle que M. Parent avoit trouvée pour les mêmes dilatations d'air *. 3° M. Scheuchzer a trouvé que dans un lieu échauffé ar fe grand feu d'une Mine d'acier où lon travaïlloit , la dilatation de l'air du Barometre n’en étoit pas plus grande, & cela confirme ce qui avoit déja été éprouvé par M. Mi- raldi *, SUR LA MANIERE Dons plufieurs efpéces de Coquillages s'attachent à certains Corps. N traitant dans PHift. de r7 10 * du mouvement pro- H'igreffif de plufieurs efpéces de Coquillages, nous avons parlé de limmobilité prefque perpetuelle de quelques-uns, car on ne fçauroit traiter de leur mouvement progreflif fans dire que la plufpart n’en ont prefque point, & tiennent plus à cet égard de la Plante que de l'Animal. I y en a même ui abfolument ne fortent jamais de l'endroit, où, pour ainfï qui ap } P dire, ils ont pris racine. Ce qui appartient à leur immobi- lité, eft ce que nous allons expofer préfentement d’après M. de Reaumur , auteur de toutes ces obfervations. L'Oeil de Bouc * s'attache par une bafe très plate à des pierres, même très polies, & s’y attache avec tant de force, qu'étant mis dans une fituation où cette bafe & la pierre V. les M. p.108. * p.10. & fuiv. * V. l'en- droit cité ci-deffus. * V. le même en- droit. $ HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE" fuffent verticales , il a fallu un poids de 28 ou 30 livres pour lui faire lâcher prife. If eft bon de remarquer que cette bafe, qui eff elliptique, n'a guére qu'un pouce dans fon plus grand diametre. D'où peut venir cette grande force ? il n'y a guére d'apparence, vü le poli des deux corps, que {a bafe de l'Ocil de Bouc, quelque mufculeufe qu'elle foit, fe foit affés engrenée dans les inégalités imperceptibles de la pierre; & enfin cet engrenement n’auroit pas-beaucoup d'effet dans. la fituation verticale, Aufli M. de Reaumur s’eft-il affüré par des expériences décifives, que ce Coquillage s'attache fi for: tement à la pierre par Îe moyen d'une glu qui fort de lui & que même l'aétion des mufcles de fa bafe, qu'on y pour- roit joindre, n’y a point de part. Cette glu eft encore plus remarquable dans les Orties de Mer *, qui ne font pas moins étroitement attachées aux pierres, Ces Animaux ne font couverts ni d’écailles , ni de coquilles, & leur peau n'eft point une membrane, ou un tiflu de fibres folides, ce n’eft qu'un enduit d'une colle, qui fe diffout très promptement dans l'Eau de vie, tandis que le refte du corps de l'Animal demeure entier & fans altération. Les 1520 jambes de l'Etoile de Mer * ne paroiïflent pas tant luy être données pour marcher, que pour ne mar- cher point. Elles font fort molles, & luy fervent à fe coller aux corps voifins, deforte que fi on veut {es en détacher on ne fait que les rompre. Les Moules de Mer ont une façon de s'attacher fans comparaifon plus finguliére. Elles jettent hors d'elles des fils gros comme un gros cheveu, longs tout au plus de 3 pou- ces , & quelquefois au nombre de 1 $ 0. avec quoi elles vont faifir ce qui les environne, & le plus fouvent des Coquilles d’autres Moules, Ils font jettés en tous fens, & elles s’y tien= nent comme à des cordes qui ont des direétions différentes. Non feulement M. de Reaumur a vü qu'elles les filoient ; & que quand on les leur avoit coupés elles en filoient d'au- tres, mais il a découvert le curieux détail de la Méchanique qu'elles y employent, Les ce DAERS: VOS. CALE IN IG EL:s. 9 Les Pinnes-marines, autre efpéce de Coquillages, fe f- xent auffr dans une fituation par des fils beaucoup plus fins que ceux des Moules, mais en bien plus grand nombre. On en fait de beaux ouvrages, au lieu que ceux des Moules ne font bons à rien. Il n'y a pas de Pinnes-marines fur les cô- tes de Poitou, où M. de Reaumur a obfervé, mais le pré- jugé eft grand qu'elles filent auf. Ce feront les Vers à foye de la Mer, & les Moules en feront les Chenilles. Enfin les Vers qu'on appelle à tuyau, parce qu'étant d'’ail- Leurs aflés femblables à des Vers de terre, ils font enfermés dans un tuyau rond de fubftance de Coquille, fe font une de- meure qu'ils n'abandonnent jamais, en attachant leur tuyau ou fur une pierre, ou fur du fable dur, ou fur quelque au- tre Coquillage. Ce tuyau fuit exaélement les contours de fa furface où il eft collé, hauffe ou baifle avec elle, &c. IL fer- pente même fans y eftre obligé par cetté furface, & parce qu'il paroït avoir fuivi les mouvements naturels du Ver. Tout cela s'explique de foi-même dans le fyftéme de M. de Reaumur, qui prétend que ce tuyau, aufli bien que les Co- quilles des Limaçons, * s’eft formé de la matiere gluante qui *V.rHift, fort du corps de ce petit animal. de 1709. Une autre efpéce de Vers de Mer, qui apparemment LA .e tranfpirent moins de cette matiére, ne {e font un tuyau que & de grains de menu fable, & de petits fragments d’autres Co- quillages, qu'ils uniflent enfemble par leur glu, & ce petit bâtiment de piéces rapportées ne laifle pas d'être aflés pro- prement fait, C'eft par le moyen de cette même glu que les Huîtres fe collent ou aux Rochers, ou les unes aux autres, & en: fin c’eft là le ciment univer{el dont la nature s’eft fervie tou tés les fois qu'elle à voulu, pour ainft dire, bâtir dans {a Mer, ou y aflürer quelque chofe contre le mouvement per- petuel & violent des eaux. Les moyens les plus fimples bien employés font lés plus efficaces. Hif 1711. B xo MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE SUR LE THERMOMETRE. Eu M. Amontons, ainfi qu'il eft rapporté dans l'Hift. de 1702 * avoit inventé un nouveau T'hermometre, dont le point fixe étoit la chaleur de l’eau boüillante. On à prétendu prendre un autre point fixe tout oppofé, qui eft le froid de l'eau glacée, mais M. de la Hire le fils prouve par des expériences, dont nous fupprimons icy le détail, que ce froid n’eft point du tout propre à être le point fixe d'un Thermometre. I a obfervé qu'un Thermometre dont Ia boule eft plon- gée dans de l'eau, qui vient à fe geler par le froid, ne laifle pas de defcendre encore après qu'elle eft gelée, fi le froid augmente, & qu'au contraire s'il n'augmente point pendant qu'elle fe gele, & après qu'elle eft gelée, le Thermometre fe tient au même état, pourvû cependant qu'il ait déja fenti un plus grand degré de froid qu'il ne faut pour geler l'eau, car autrement il eft bien für que le Thermometre refroidi par la glace defcendra. H peut donc y avoir un froid plus fort que celuy de la glace, qui pénétre au travers de la glace même jufqu'à la boule du Thermometre , & faffe defcendre k liqueur plus ou moins, & par conféquent le degré où la glace met la liqueur d'un Thermometre n’eft pas toûjours le même. Si on ne met autour de la beule que de la glace pi- lée, ce même froid extérieur pénétrera encore plus aïfément ; & sil ne fait pas alors un aflés grand froid pour geler l'eau le différent degré de chaleur qui fera dans l'air fera un mélange différent avec le froid de la glace, & tiendra la liqueur du Thermometre à une hauteur différente. Nous ne nous étendrons pas fur une expérience fort fur- ‘prenante d'un T'hermometre qui ayant fa boule dans de l’eaw qu'un très grand froid qu'il faifoit alors gela bien vite, mon- ta toûjours pendant 24 heures, quoyque le froid augmentât toûjours. Il faut que de purs accidens, fur lefquels on ne doit DES SCIENCES Yr pas compter, ayent caufé ces phénomenes irréguliers. M. de la Hire le fils conjeéture avec beaucoup d'apparence, que d’abord l’eau où lon plongea la boule étoit plus chaude que T'Efprit de vin du Thermometre, qu'enfuite l'eau en fe ge- lant & en s'étendant prefla la boule, én diminua la capaci- té & fit monter la liqueur, qu’enfin elle caffa la boule, car en effet on ne la retira que caffée, & de plus l'Efprit de vin étoit rempli de quantité de grandes bulles d'air, qui ne pou- voient être venuës que de la glace, où l'on fçait qu'il s'en forme en grand nombre. Les plus fimples expériences de Phyfique dépendent d'une affés grande complication de cau- fes, pour n'avoir pas befoin d’être encore mélées & embar= raflées d'accidents fortuits. SUR UNE NOUVELLE POURPRE. NON feulement il y a plus de chofes trouvées dans ces derniers fiécles, qu'il n’y en a de perduës des an- ciens , mais il ne peut guére y avoir rien de perdu, que ce qu'on veut bien qui le foit. Car enfin il né faut que le cher- cher dans le fein de la nature, où rien ne s’anéantit, & c’eft même une grande avance pour le retrouver, que d'être für qu'il fe peut trouver. La couleur de Pourpre autrefois fi ef- timée, qu'elle faifoit chés les Romains une des principales marques de dignité, ou n'a pas été, comme on le croit, abfolument perduë, ou du moins a été retrouvée, il n’y a pas 30 ans, par la Societé Royale d'Angleterre. Un des Coquillages qui la fournit, & qui eft une efpece de Buccinm, ef commun fur les Côtes de ce pays-là. Un autre Buccinum qui donne aufii la teinture de Pour: pre, & qui apparemment eft un de ceux que Pline a décrits comme ayant cet ufage, fe trouve fur les Côtes de Poitou; & M. de Reaumur en voulant l’étudier particuliérement; découvrit une autre Pourpre qu'il ne cherchoit pas, & qui fclon toutes les apparences à efté inconnuë aux Anciens, Bi V.les M. P° 1 66: 12 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE quoyque de même efpéce que la leur. Nous refervons le dé- tail de l’hifloire de la découverte à celuy qui l'a faite. On y verra avec plaifir cette nouvelle Pourpre imiter en quelque forte les efforts que faifoit le Protée de la Fable par fes chan- gements de forme, pour échapper à celuy qui le tenoit. Les Buccinum de Poitou, qui donnent de la Pourpre, fe trouvent ordinairement aflemblés autour de certaines pierres ou fables couverts de grains ovales, Jongs de trois lignes, & gros d'un peu plus d’une ligne, pleins d’une liqueur blanche un peu jaunâtre, aflés femblable à celle qui fe tire des BPuc- cinum mêmes, & qui après quelques changements, prend Ja couleur de Pourpre. Par les expériences de M. de Reaumur, ces grains ne font point apparemment les œufs des Buccinum, ce ne font point non plus des grains de quelque Plante ma- rine, ou des Plantes naïffantes, il refte que ce foient des œufs de quelque Poiflon. Ils ne commencent à paroitre qu'en Automne. Ces grains écrafés fur un linge blanc ne font d'abord que le jaunir prefque imperceptiblement, mais en 3 ou 4 mi- nutes ils luy donnent un très beau rouge de Pourpre, pourvi cependant que ce linge foit expofé au grand air : car ce qui eft bien digne de remarque, & fait bien voir de quelle ex- trème délicatefle eft la génération de cette couleur, l'air d'une chambre, dont même les fenêtres feroient ouvertes, ne fuffroit pas. La teinture de ces grains s’afloiblit un peu par un grand nombre de blanchiflages. M. de Reaumur' a reconnu par quelques expériences, que l'effet de Fair fur la liqueur des grains confifte, non en ce qu'il luy enleve quelques-unes de fes particules, ni en ce qu'il luy en donne de nouvelles, mais fimplement en ce qu'it lagite, & change l'arrangement des parties qui la compofent. Nous avons dans la Cochenille une très belle couleur rouge; mais qui n'eft bonne que pour la Laine, & ne vaut rien pour la Soye, ni pour la Toile. Le Carthame donne le beau Ponceau & le Cramoïfi, mais ce n’eft que pour la Soye. On pourra trouver en cultivant les grains de M. de Reaumur DIESS STONE N°C'E 13 le beau rouge qui nous manque pour la Toile, & peut-être fur- pañlera-t-on le rouge des Toiles des Indes, qui n’eft pas beau. M. de Reaumur n’a pas manqué de comparer fa nouvelle Pourpre à celle qui fe tire de fes Buccinum de Poitou. Les Buccinum ont à leur collier, car on peut leur en donner un auffi-bien qu'aux Limaçons, un petit refervoir, appellé im- proprement Veine par les Anciens, qui ne contient qu'une bonne goutte de liqueur un peu jaunâtre. Les Tinges qui en font teints expofés à une mediocre chaleur du Soleil, pren- nent d'abord une couleur verdâtre, enfuite une couleur de citron, un vert plus clair, & puis plus foncé, de-là le violet; & enfin un beau Pourpre. Cela fe fait en peu d'heures, mais fi la chaleur du Soleil eft fort vive, les changements prélimi- naires ne s’apperçoivent point, & le beau Pourpre paroît tout d'un coup. Un graud feu fait le même effet, à cela près qu'il le fait un peu plus lentement, & ne produit pas une couleur fi parfaite. Sans doute la chaleur du Soleil beaucoup plus fubtile que celle d'un feu de bois, eft plus propre à agi- ter les plus fines particules de a liqueur. Le grand air agit auffr, quoyque moins vite, fur la liqueur des Buccinum, fur- tout fi elle eft détrempée dans beaucoup d’eau, d'où M. de Reaumur conjeéture avec affés d'apparence que la liqueur des PBuccinum & celle des Grains font à peu prés de même nature, excepté que celle des Grains eft plus aqueufe. Elles différent encore par le goût, celle des Grains eft falée, & celle des Buccinum extrémement poivrée & picquante, peut-être parce qu'elle eft moins détrempée d’eau. CAE Si on vouloit les employer dans la Teinture, celle des Grains feroit d'un ufage bien plus commode & couteroit moins, parce qu'il eft très aifé de a tirer d'une grande quan- tité de Grains que l'on écrafera à la fois; au lieu que pour avoir celle des Buccinum, il faut ouvrir le refervoir de chaque Buccinum en particulier, ce qui demande beaucoup de temps ; ou fr pour expedier on écrafe les plus petits de ces Coquillages, on gâte la couleur par le mélange de différentes matiéres que fournit l Animal, B iÿ 14 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE On trouveroit peut-être des liqueurs Chimiques qui fe- roient paroître la couleur de Pourpre plus vite ou plus com modément, que le feu ou le Soleil, ou le grand air, & déja M. de Reaumur a trouvé le Sublimé corrofif qui produit cet effet fur la liqueur des Buccinum, mais la pratique, & fur-tout une pratique qui viendroit à faire partie d'un Métier, demanderoit beaucoup d'autres obfervations & des vüés toutes nouvelles. Il y a bien de la différence entre un Phyficien qui veut connoître, & un Aïtifan qui veut gagner. DIVERSES OBSERVATIONS DE PHYSIQUE GENERALE. I. Ë M: Maraldi a donné Ia defcription d'une Grotte natu+ relle, qui a été trouvée en faifant les fondements d'une Maifon, que M. le Marquis Elifeï faifoit bâtir à trois milles de Foligno en Italie. La figure de la Grotte eft irreguliére} elle a dans fa plus grande hauteur, qui eft inégale, 30 ou 40 pieds, & 10 ou 12 pas de largeur. Ses murs font formés par une belle incruftation de marbre d'une couleur un peu jaunâtre, & ils font relevés de diftance en diftance par des colonnes en bas relief, & du même marbre. Du haut de la voûte defcendent d’autres colomnes femblables, les unes juf- qu'à terre, & qui ont 25 pieds, les autres à différentes dif- tances, & les plus courtes n’ont que 2 ou 3 pieds : leurs dia- metres font aufft de grandeurs fort différentes. Parmi toutes ces diverfités, il y a une regularité remarquable. La hauteur des murs & celle des colomnes, tant des colomnes adofiées contre les murs, que de celles qui defcendent d’enhaut, pour+ veu qu’elles defcendent affés bas, eft divifée en deux parties, inégales, par un cordon qui regne par tout, & fe trouve dans le mème plan horizontal, élevé d'environ 4 pieds au deflus mais Sue E N.cCLe T5 du plancher, Tout ce qui eft au deflus du cordon eft plus égal, plus uniforme, moins raboteux, que ce qui eft au deflous. Depuis le cordon les colonnes vont en groffiflant vers le bas jufqu'à une certaine diflance, après quoy elles diminüent. Dans ce renflement la circonférence d’une des colomnes a été trouvée par M. Maraldi de 30 pouces, au lieu qu'elle n'étoit que de 22 au deffus du cordon. Ce plancher de la Grotte eft inégal, & formé par des plaques de marbre, larges & minces, pofées Fune fur autre, & quelquefois de forte qu'el- les font de petites voutes , que l'on enfonce & que l'on brife en marchand deffus. Comme il y a proche de ce lieu-à une Riviere dont les eaux ont un goût & une odeur fouffrée, M. Maraldi croit que ces eaux en {e filtrant au travers des terres auront pü entraîner de l'argille ou des fables, qui mélés avec des foulfres, auront formé toutes les petrifications de la Grotte. Car il remarque que les eaux foulfrées de Tivoli ont toûjours quantité de petites pierres, dont l'aflemblage forme une efpece de Traver- tin, & qu'apparemment ces eaux les ont fait naïfre, puifque le fentiment commun des Ouvriers eft que ce Zravertin croît affés fenfiblement. Des fables plus fins qui auront été entrai- nés d'abord auront fait les petrifications plus égales & plus parfaites qui font au deflus du cordon, enfuite des fables plus groffiers, qui auront paflé par les routes que les premiers auront ouvertes, peut-être auffr mélés avec trop d’eau à cau- fe d'une plus grande facilité du pafage, auront fait les petri- fications inférieures, moins uniformes & moins bien tra- vaillées. La Grotte d'Antiparos, dont feu M. Tournefort a parlé dans les Mem. der 702%, étoit pleine auffi de pieces de mar- bre, maïs qui naïfloient de terre, & s’élevoient en haut. Et _ fr, comme nous Favons dit dans l'Hift. de 1708 *, cette Grotte dans l'Hipothefe de M. Tournefort étoit un jardin, dont les pieces de marbre étoient les plantes, celle de Foli- gno fera auffr un jardin, maïs renverfé, puifque fes Plantes naïflent de fa voûte, & defcendent en bas, femblables fur ce point au Corail, * ñ Mpi220. & fuiv. Xp. 152 x V. IF, de 1710; P:74* 16 HisTôrrE DE L'ACADEMIE RoyaLeE II. Selon les obfervations de M. de la Hire, la Nége étant fonduë, fe reduit toûjours à la $ ou 6€ partie de 12 hauteur * qu'elle avoit. Cependant la nuit du 13 au 14 de Fevrier de cette année, il tomba de la Nége qui fe réduifit environ à la 12€ partie de fa hauteur, c’eft à dire qu’en fe fondant elle diminiia une fois plus qu'à l'ordinaire. La raifon en eft, com- me M. de la Hire l'a remarqué, qu’elle étoit fort fine, fort déliée, & toute en petits filets extrémement fecs, qui fe foû- tenants les uns Îles autres occupoïent beaucoup d'efpace. A caufe de cette même fecherefle elle s’attachoit peu fur les Toits, & ce qui en étoit tombé du côté du Nord d'ou ve- noit le vent, en avoit été entierement emporté, quoy-qu'il füt tombé 6 à 7 pouces de Nége. Rire M. Homberg a dit que les matiéres telles que l'Or, l'Ar-: gent, &c. qui étant en fufion au foyer du Verre ardent, ne paroiflent à l'œil nud que fous la couleur de Ia lumiére, & avec un prodigieux éclat, font vüés avec leurs couleurs na- turelles, fi on les regarde au travers d’un verre enfumé. I V. M. Homberg a éprouvé que la Colle de Fromage; qui eft bonne pour le Verre, ne fert de rien pour l'Agathe, & qu'il y faut le Vernis de la Chine, V. . An mois de Novembre 1710 M. de [a Hire le Fils vou- lant faire quelques expériences, avoit rempli d'eau d’Arcüeit une Bouteille où il y avoit eu du Vin, mais qui avoit été rincée avec deux ou trois eaux, il y avoit mis un morceau de Plomb gros comme une Noifette, & enfuite il l'avoit bien bouchée avec du Liége. IT Ia laïffa fans y toucher dans. un lieu où le Soleil ne donnoit point, & où l'on ne faifoit point de feu. Au mois de Janvier fuivant il regarda fa Bou: teille, & s’apperçut que fur le haut du fond qui rentre en dedans il y avoit un petit corps blanc, gros comme une tête d'Epingle, & quelques jours après, n'ayant point remüé la Bouteille, D E $s:;: SrC-I/E N°C'E S 17 Bouteille, il vit que c'étoit un grain de fel de figure cubi-. que, & qu'il commençoit à s'en former plufieurs autres à Ventour. Il continua toûjours depuis à s’en former jufqu'à la fin de May, qu'il y en avoit bien une vingtaine de medio- cres, & autant de petits. M. de la Hire en tira quelques-uns “le la Bouteille fans la vuider, & il trouva qu'ils avoient la figure du fel marin, & un peu de fon goût. Les ayant gar- _ dés pendant quelques jours enfermés dans du papier, il vit qu'ils étoient devenus blancs au lieu de tranfparents qu'ils a-, voient été, qu’ils s'étoient prefque tous réduits en poudre & calcinés d'eux-mêmes, & que ceux qui ne l'étfoient pas enco* re s’écrafoient trés aifément, & fe mettoient en une poudre blanche trés fine. Comme l'eau d’Arcüeil produit une croute pierreufe dans. les canaux où elle coule , on auroit pû-croire que la matiére trouvée dans la Bouteille auroït été de la même nature, mais elle avoit du goût, & fe calcinoïit à l'air, deux qualités que l'autre n'a point. On fçait que le Plomb fe diffout par le Vinaigre, & M. de la Hire foupçonna que quelques particules acides de Vin qui n'auroient pas été emportées endavant la Bouteille, au- roient pû agir fur le petit morceau de Plomb qu'il y avoit mis, & en détacher ces petits grains blancs : mais s'ils euf- fent été du Plomb, ils fe feroient incorporés facilement avec une Huile comme celle de Noix; te qu'ils ne firent pour- tant pas. I y a donc plus d'apparence que ce foit du fel, quoy- qu'il foit affés extraordinaire qu'il en naïfle ainfi dans une eau auf pure que celle d’Arcüeil. En vuidant la Bouteille, M. de la Hire vit que quelques fragments d'un brin de fil s'étoient durcis par ce fel, & que le refte s’étoit pourri. | VL M. Delifle a obfervé qu'un Moucheron prefque invifible par fa petiteffe, parcouroit fur du papier prés de 3 pouces en une demi-feconde. Il étoit fi petit, que l'on peut compter que fes pattes s’appliquoient fucceflivement fur tout lefpace Hif. 1711. V.lesM. P: 1. & 4. p.78 18 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE qu'il pareouroit ; & comme il parut à M. Delifle qu'elles pou- voient avoir de grandeur la 1 $ "€ partie d’une ligne, il faifoit dans l’efpace d'uneligne 1 $ pas ou 1 $ mouvements, & par confequent il en faifoit $40 dans l'efpace de 3 pouces. Quelle foupleffe ne faut-il pas pour remüer une patte plus de $00 fois en une demi-feconde, ou plus de 1000 fois en un denos” battements communs d’Arteres ? Il eft vray qu'avec la Loupe cet Infeéte paroifloit avoir deux Ailes, mais on ne s'apper- cevoit pas qu'il s’en fervit. N° renvoyons entiérement aux Mémoires. Le Journal des Obfervations de M. de la Hire pour l'année 1710. V.lsM Et fes remarques fur quelques Couleurs, DES SCIENCES, 19 ACTE AUDE OAI IOIOEAUIAUIOTU CIO AOCACIETOE UC IURENONORN UN UAU TN AC AONE RE ROC RERO NUE Ke os me de he le je me ofe 2e ke 9fe fe fe il - #k de fe ofe se se she je of fe ae me me fc Me se se ske fe ke se ok fe Ÿe LA PPS NEO ES LL SE) NX) )YY)),,))))))))))L,,));,,,), ANATOMIE. SUR LES FILTRATIONS OÙ SECRETIONS DES SUCS DANS LES GLANDES. U NE infinité de Glandes, femées dans le corps d'un Animal, feparent du fang différents fucs pour différents ufages ; & comme c’eftlàce qu'il y a de plus fin dans l'œco- -nomic animale, c'eft aufli ce qu'il ya de plus inconnu. Les yeux aidés des teilleurs Microfcopes ne peuvent aller que jufqu’à un certain point, après quoi c’eft à la raifon à deviner, & par confequent c'eit là que commence le peril de fe trom- per, f1 cependant les yeux eux-mêmes n'ont pas déja aufli un peu deviné à leur maniére. M. Winflou, qui a entrepris _d'éclaircir toute cette Méchanique, commence ici par ce qu'elle a de plus général. Il adopte da penfée de ceux qui tiennent qu'une Glande n'eft qu'un tiflu, ou plütôt un peloton de vaifleaux continus pliés & repliés fur eux-mêmes. Une Artere arrive à une -Glande où elle apporte le fang, Là elle f partage en une _infinité de petits rameaux très déliés, qui augmentent toû- jours de fmefe , jufqu’à .ce qu'enfin ils recommencent à grof. fix peu à peu, & c'eft alors qu'ils deviennent de petits ra- meaux de Veine, qui vont fe rendre dans quelque rameau un peu plus gros, par où le fang reprend le chemin du cœur. Tous ces petits rameaux , tant arteres que veines, {ont roulés en un paquet, de forte qu’en un petit efpace le fang fait beau- coup de chemin. Des angles que ces vaifleaux font en fere- courbant, partent d'autres vaifleaux aufi déliés, & ce qu'à découvert M. Winflou, garnis en dedans d’un duvet très fin. C ÿ V. les M, PAS »0o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE C'eft cé duvet qui a la principale part à a filtration. M. Winflou le fuppole dès la premiére formation abreu- vé de fa liqueur particuliére qui doit fe féparer dans Fa Glan- de, de Bile , par exemple : & en cet état il le compare à une Janguette de drap, ou à une méche de coton, qui étant abreuvée d’eau ou d’huile feulement ne tirera d'un vaifleau, où il y aura un mélange d'eau & d'huile, que la liqueur dont elle aura été abreuvée. Ce fait eft encore confirmé par d’autres expériences pareilles. Lorfque le fang , mêlé de toutes les différentes liqueurs qui doivent fe féparer en différents endroits, s'eft divifé en particules très fines dans les ramifr- , cations de V'artere d'une Glande, & que par la même raifon ces particules ne peuvent plus couler plufieurs enfemble , mais feulement à la file & une à une , elles fe prefentent toutes féparément aux orifices des V aifleaux à duvet ; & fi ce duvet a été d’abord imbibé de bile, les particules de bile -s'y arrêteront, tandis que toutes les autres pafferont outre, & iront fe rendre dans les petits rameaux de veines pour retourner au Cœur. Le fang aura dépofé dans la Glande tout ce qu'il y devoit dépofer, & le refte n’a plus qu'à rentrer ‘dans les grandes routes de la Circulation. Les Vaifleaux à du- vet font appellés Secretoires par M: Winflou à caufe de leur fonction. La liqueur qu'ils ont feparée fort de la Glande par des Canaux excretoires, foit immédiatement, foit après s'être ramaflée dans quelque refervoir commun. Pour confirmer que les Vaifeaux fecretoires peuvent avoir été originairement imbibés de la liqueur qu'ils devoient fé- parer , car c'eft là la plus grande difficulté du fyfteme, M. Winflou remarque que dans les plus petits fœtus es Glandes ont déja à peu près toute la couleur qu'elles doivent avoir. Si les Phyliciens ne craignent pas aujourd'hui de déroger au méchanifme de la Nature, en fuppofant que l’Architeéture du corps de l’Animal eft toute faite dans es Oeufs, & ne fait plus que s'étendre, pourquoi craïndront-ils d'ajoûter à cette hypothele, que la Chimie des filtrations eft commencée aufi, ,._ . “& ne fait plus que fe continüer ? Ce fyfleme avoit déja été P:25* infinüé dans 'Hift. de 170 5. * D'ÉS'SS ICE EN. CE F ++ SUR LA STRUCTURE DU COEUR. L n'y a peut-être encore rien qui ait été affés étudié pour être entiérement connu ; il reftoit quelque chofe à décou- vrir fur la ftruéture du Cœur qui a été tant éxaminée , & ar tant d'habiles Anatomiftes. Is avoient trouvé que, c’eft “un gros Mufcle compofé de fibres différemment contournées, dont ils ont bien reconnu les directions : mais M. Winflou a trouvé que ce font au moins deux Mulcles, attachés Jun à l'autre. Les deux Ventricules, chacun avec fon Oreillette, font deux portions diftinétes, deux Vafes qui peuvent être féparés en demeurant Vafes, deforte que la Cloifon qui dans l'état naturel eft entre-deux , & que fon croyoit n’appartenir qu'au -Ventricule gauche , appartient également ‘aux deux, & fe partage en deux Cloïfons. Que l'on imagine le Ventricule ‘gauche feul, & percé d’un trou à fon fond ; enfuite le Ven- tricule droit qui s'applique contre lui, la pointe contre a pointe, & la bafe contre la bafe. De leur bafe commune il part un plan de fibres qui enveloppe ces deux Ventricules ‘enfemble, & entrant par le trou que nous avons fuppofé au Ventricule gauche, & le rempliflant exaétement, va former des colomnes & des inégalités dans la furface intérieure de ce Ventricule. I eft vifible par cette Méchanique que les deux Ventricules font deux Mufcles diftinéts, mais fortement unisenfemble, & qu'ils le font d'autant plus fortement que ce qui les enveloppe tous deux entre dans l'un en le bo chant comme un tampon. Peut-être l'idée que nous donnons ici eft-elle faufle, en ce que nous faifons imaginer une enveloppe commune aux deux Ventricules, ce qui feroit le Cœur compofé de trois Mufcles ; M. Winflou n'eft pas bienaflüré qu'y n'ait une, &en cas qu'il wy en ait point, ce font les: fibrés mêmes du Ventricule gauche qui forment le tampon dont fa pointe eft Ci V.les M, ETES V. les M. P: 299: 22 HISTOIRE DE L’ACADEMIE ROYALE bouchée. Mais toüjours il eft für que les deux Ventricules fe peuvent féparer fans incifion, & qu’au moins ce qui les lie eft que leurs fibres font fortement engrenées les unes dans les autres. M. Winflou enfeigne l'art de faire cette féparation, aufft bien que celui de préparer un Cœur de façon que l'on y puiffe bien voir la difpofition de toutes les Valvules à Ja fois. En #ait d’Anatomie, la maniere de faire des découvertes eft elle- même une découverte importante, & il faut que lamain {oit conduite par beaucoup d'intelligence. SUR LA GONORRHE E. Ï L y a long-temps que fa Phyfique & la Médecine font difpenfées des bienféances exactes du difcours, & que la Morale elle-même a confenti aux libertés qu’elles fe donnent. M. Littre a entrepris de traiter ici de la Gonorrhée, non pas de la fimple, qui heureufement pour les Anciens eft {a feule qu'ils ayent connuë, mais de la virulente, qui par les ravages qu'elle fait depuis quelques fiécles ne repare que trop le temps perdu. Il dit qu'il a trouvée dans un nombre pro- digieux de cadavres d'Hommes, &,examinée avec foin dans 40. Il ne l'a pas tant recherchée dans les cadavres de Fem- mès, chés qui elle ne fait pas le mème defordre, ou un de- fordre fi fenfible. Ce n'eft que dans les Hommes que lon va la confiderer. Elle eft caufée par un acide violent & corrompu, qui ayant été mis en mouvement , a été pompé par le canal de lUretre, & de-là s'eft porté à quelques-unes des Glandes qui verfent leur liqueur dans ce Canal , les a rongées & ulce- æées, & en a alteré la liqueur, & par conféquent a caufé un -écoulément de matiére corrompuë. Ainfi l'on trouve la playe dans les cadavres des Malades, & la cicatrice dans ceux qui ont été mal gueris, ou qui ne l'ont été qu'après une longue :maladie. piels) Se rE NcCE's 23 : Iy a trois efpeces de Glandes deftinées à verfer de la 1i- queur dans YUretre, les Veficules feminales, les Proftates , les Glandes de Cowper, ainfi nommées de leur premier In- venteur. Ce font là trois fiéges différens pour la Gonorrhée virulente. Les canaux excretoires des Proftates & des Vefi- cules feminales, ou, ce qui eftla même chofe, leurs conduits qui s'ouvrent dans l'Uretre , font fort proches les uns des autres, & en quelque forte mêlés ; d'où il füit que fi une de ces efpeces de Glandes eff attaquée, le mal fe doit communi- quer à l'autre fort facilement , & que la Gonorrhée de fmple qu'elle étoit deviendra compofee. Mais les Glandes de Cowper ne s'ouvrent dans l'Uretre qu'un pouce & demi plus loin vers l'extrémité, ce qui fait qu'entre les deux premiéresefpe- ces de Glandes & celles.ci, le mal ne fe doit communiquer que difficilement. H eft vrai que par Ka fituation qu'elles ont toutes trois à l'égard de l'Uretre, ce qui s'écoule des Proffates ou des Veficules feminales doit neceffairement pañler fur les embouchures des Glandes de Cowper, mais d'un autre côté ces embouchures font tournées du côté de l'extrémité de l'Uretre , deforte qu'elles y dirigent leur liqueur, & il ne feroit guere naturel qu'une autre liqueur qui a cette même direétion rebrouflät chemin pour entrer dans ces embou- chures. - Comme la liqueur qui fort des Glandes de Cowper eft celle qui fait le moins de chemin dans Uretre, c'eft celle auffr qui y fait le moins de defordre, quand elle eft vitiée. D'ailleurs ces Glandes font fort petites, & fourniffent peu. Ainfi a Gonorrhée qui y eft placée eft la moins dangereufe de toutes, & la plus aïfée à guerir. Mais auffi elle eft la plus rare, & M. Littre n’en a veu qu'une dans ces 40. Cadavres: La raifon en eft que les conduits de ces Glandes font environ un pouce de chemin entre les Cellules dont les parois de FÜretre font formées. Or dans le temps où le mal f prend, ces Cellules qui font extrémement gonflées preffent detou- tes parts ces petits conduits, & ne permettent pas que Îe venin y pafle, du moins avec facilité. $ 24 HISTOIRE DE L’ACADEMIE RoYALE M. Littre eft entré dans tout le détail medicinal de Ia Gonorrhée des Glandes de Cowper , & il a refervé les autres pour une autre fois. Cette matiére n’avoit point encore été traitée avec tant d'exactitude , & le fiécle prefent n’en eft que trop digne. DIVERSES OBSERVATIONS AN ATOMIQU,ES. I. Jaugeon a là à l'Académie une Relation écrite de . Pondichery fur un Malabar, dont le Scrotum étoit fi prodigieufement enflé, qu'il pefoit 60. livres. LE Comme tout eft un fujet d'obfervation, M. Parent s'étant fait faigner, remarqua que quand fon fang fut congelé, à la réferve d’un peu de bile qui furnageoit, il y en eut environ les deux tiers qui parurent couverts de bulles rouges & ron- des, groffes à peu près comme des pois , le refte étant d’une couleur rouge grisâtre, &-d’une fuperficie unie, & que quel- que temps après la quantité de la matiére bilieufe augmenta, & les plus groffes bulles de ces deux tiers du fang ayant crevé, laïfférent en leur place autant de Cellules de figure Poligone, affés réguliére. La plüpart étoient Exagonales , quelques-unes Pentagonales, ou Heptagonales, il n'y en avoit point d'aucune autre efpece de Poligone. Toute l'étenduë de la furface des deux tiers du fang étoit divifée en ces Cellules, dont la pe- tite aire étoit occupée par une matiére grisâtre, femblable à celle du tiers du fang, & les cloifons étoient formées par un tiflu affés folide d’un fang vermeil. Si l'on arrangé autour d’un Cercle d'autres Cercles qui lui foient égaux, & qui le touchent, on verra que l'on n’en peut mettre que 6. Si les Cercles environnants toüjours égauxentre eux font plus petits que celui autour duquel ils font pofés, & que “DES SCIENCES de que cette inégalité foit à peu près comme celle d'une de nos Pieces de 1 5 fols à un Ecu, on verra que l'on peut mettre 7 petits Cercles autour du grand. If eft vifible que fi cette inégalité étoit plus grande , le nombre des Cercles environ- nants feroit plus grand , & qu’il croîtroit toûjours avec l'inéga- lité. Enfin , fi es Cercles environnants font plus grands felon la mème proportion, on en mettra $ autour du petit. Iln'y en aura plus que 3 fi le Cercle environné devient plus petit jufqu’à un certain point, après quoi s’il eft encore plus petit, il ne fera plus touché, mais feulement environné par les 3 grands. Cela fuppofé, il faut concevoir qu'il s’'eft formé des bulles fur le fang , tant parce qu'en tombant d’affés haut dans Îe plat où il étoit reçû, il avoit entraîné avec lui de l'air qui s’enga- eoit aifément dans fa partie fibreufe, que parce que es par- ticules bilieufes qui furnageoient étoient gonflées d’efprits. Ces bulles pleines d'une matiére qui tendoit à fe dilater étoient la plûpart égales en groffeur, & les diametres des inégales n'é- toient que dans la proportion des diametres d’un Ecu & d’une Piece de 15 fols. De-là il fuit que quand elles font venuës à fe crever en agiffant toutes les unes contre les autres , fi une bulle étoit environnée de bulles égales , elle a dû faire une Cellule exagone, parce qu’elle étoit repouffée par 6 endroits, que fi une. bulle étoit environnée de bulles plus petites ou plus grandes, elle a dû par la même raifon faire dans le pre- mier cas une Cellule heptagone, & dans le fecond une pen- tagone, {! k + Cette génération de la figure éxagone, qui paroît évidente, s’appliqueroit fort naturellement aux Cellules des Abeilles, en fuppofant qu'une Abeille, qui tend à faire fa Cellule ronde eft repouffée par fix Abeilles voifines auffi fortes qu'elle, &: qui. ont le même deffein. Mais cette matiére , quoiqu’on Ia, croye aflés merveilleufe, left encore, plus qu'on. ne penfe, &, demande un grand nombre d’obfervations &. de raifonne-, ments. M: Maraldi, qui l'étudie depuis long-temps avec foin, promet de l'éclaircir quelque jour. RO Pr Hifl 1711. D 26 HISTOIRE DE L’'ACADEMIE RoYyALE | à EE M! Fauvel Chirurgien à fait voir à l'Académie un fœtus fins Cervelle, nr Cervelet, ni Moëlle épiniere , quoique très bien conformé d’ailleurs. IPétoit. venu à terme, avoit vécu deux Heures , & donné quelques fignes de fentiment , quand: on lui avoit verfé l'eau du Baptème fur la tête. Ce n’eft pasla premiere fois quel'on a vû ce fait, dont: on tire-une terrible objéttion contre les Efprits Animaux, qui doivent s’engen- drér dans le Cerveau, ou tout au moins dans la Moëlle de: l'Epine, & que l'on croit communément fr neceffaires à toute l'économie animale. . | F V. - Lemième M. Fauvela fait voir auf fur un Ovaire de femme, dés Hidatides d'une groffeuraffés confidérable , & qui peuvent dünner-quelque leger füujet de fe défier des Oeufs, ou du moins de continüer à les examiner de près. sis . VD Sr: Deux Manœuvres qui travailloient à une vieille fofle, qui. mavoit point été vuidée depuis un fort long-temps , parce ‘elle étoit cachée fous une autre, furent! tellement frappés: dé horrible puanteur qui en fortit, qu'ils en perdirent Ja vûë, lun abfolument ; l'autre au point de n'appercevoir plus: que foiblèment la grande lumiére. M: Chomel les guerit tous’ deux parfaitement en 24 heures, en leur mettant furles ÿcux des comprefles imbibées d'une liqueur fpiritueufe, & en leur fäfant prendre 2 ou 3 cuillerées de cette même liqueur de 4 heures en 4 heures. Elle alla reporter des efprits dans le Nerf Optique, ou engourdi, ou reliché, où enfin endommagé par la vapeur maligne. Cette eau eft tirée de Plantes aromatiques, Thin, Lavande, Sauge, Serpolet, Marjolaine, Romarin, feüil-) les & fleurs. Onles fait macérer dans de l'Hidromel , après quof'ofi les diftille au Bain -de fable, & tout l'art confifte à: bien cônferver l'huile effentielle. Enfuite on reétifie la liqueur diftillée fans féparer Fhuilé. « Cette même eau prife intérieurement , & en même temps. appliquée aux Oreilles dans du coton, a guéri en huit jours: D'UPT CRT l 1 | plE:s:, «SC L'E :N: CE; Sr] 27 deux, perfonnes qui étoient devenuës fourdes après de grande Migraines & de grandes fluxions fur les Oreilles : l'une l'étoit depuis fix femaines , l'autre depuis quatre mois. C'eft le même cflet que celui que cette eau fait pour les yeux. M:Chomél a auffi éprouvé qu'elle réüffifloit aflés fouvent dans des Migraines opiniâtres, & rétablifloit des Eflomacs gâtés par de mauvais aliments. Elle eft encore Cordiale & Vulnéraire. VI Un jeune homme de condition, âgé de 9 ans, quife por+ toit parfaitement bien , qui avoit beaucoup d'efprit, & déja beaucoup de fçavoir pour fon âge, un jour après avoir un peu plus dîné qu'à fon ordinaire, fut attaqué fubitement d'un violent mal de tête , enfuiteeut.un grand _vomiffément , une groffc févre, & perdit connoiffance. On lui donna de FE- -métique avec fuccès, & en trois ou quatre jours la fiévre ceffa, mais on: fut fort étonné de voir que pendant ces trois ou qua- tre jours il ne parla point du tout, & qu'étant guéri, quand il avoit envie de-parler, les motslui manquoient abfolument;; & qu'il n'en pouvoit trouver aucun. Ï ne reconnoifloit même ni le lieu où il étoit, nides penfonnies avec qui il avoit toüjours vêcu, enfin il avoit entiérement perdu toutes les idées qu'il avoit pû acquérir pendant neufans. On recommença à lui ap- prendre fa langue, & on:remarquoit qu'il la rapprenoit fort vite; car-ce qui eft encore furprenänt , de jugement étoit de- ameuré fort fain malgré:lardéftruétion :entiére de Ja mémoire. Mais comme l'application lui caufoit de grands maux de tête, on le ménageoit extrémement. bye s : n'eut pendant fixou feptans que de:très: foibles attaques d'Epilepfe; &: on pouvoit croire que ‘fon mälin'étoit que de fortes Migraines, > Vers l'âge de feize ou dix-fept ans:les acci- dents épileptiques devisrent plus confidérables ;, ils arrivoient une foïs paur-mois. Hs devinrent toûjoursenfüite plus fréquents, & enfinà vingt-quatre ans ils arrivoient deux ou’treis fois.la femaine, &iprefque toüjourslanuit. Le Mälade. étoit fort mé- dancolique, :& nerpouvoitrprefque faire aucun-exeroide, paicé J 28 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE que le mouvement lui caufoit de grandes douleurs de tête, & le faifoit tombèr dans des accès de fon Epilepfie. Enfin, il mourut à vingt-fept ans d’un abfcès qui fe forma dans fon poulmon. M. de la Motte Chirurgien de Valogne en bafle Normandie louvrit, & eut une attention particuliére à la Tête, pour 14- cher d'y découvrir quelque caufe des accidents finguliers qu avoit vûs. Il y en trouva une en effet, fort imprévüë , mais fort fenfible. Dans la Duplicature des deux Meninges, qui forme la Faux, étoient entre ces deux Meninges quantité de très petits os, qui paroïfioient fortir de la fuperficie intérieure de la Dure-mere, & tournoient leurs pointes fort aiguës du côté de la Pie-mere, comme pour la picoter. Ils la picotoient effectivement par la moindre agitation , & comme elle eft ex- trémemént fenfible, de-là venoïent les grands maux de tête, & lesaccidents épileptiques. Il eft vifible qu'à mefure que ces os croifloient , tous les maux croifloient auf. L'irritation irré- liére & fréquente de la Pie-mere devoit caufer un grand dé- fordre dans le cours des liqueurs du Cerveau, & fur-tout des Efprits, & M. de la Motte a conjecturé avec affés d'apparence que ce délordre devoit être plus grand Ka nuït, parce qu'alors le cours des Efprits n’eft plus entretenu dans une certaine ré- gularité par l'attention continuelle que l Ame apporte aux ob- jets dont elle eft frappée pendant le jour. Il faut auffi que le fiége de la mémoire , qui aflürément doit être fort délicat, eût été ruiné, ou du moins fort endommagé par le mouvement des petits os, & que les traces que lon croit qu’il contient euffent été effacées, fi ce n'eft qu'on aime mieux concevoir que les Ef prits avoient ceffé de couler de ce côté-là. IL eft aïfé d'imaginer que ces petits os avoient été 9 ans, foit à fe former ; foit à croître aflés pour caufer l'Epilepfe ; tout ce qu'il y a d'extraordinaire , C'eft qu'ils fe foient trouvés dans la Faux, entre deux Membranes , où il n'y a nulle fubftance offeufe. Mais il eft certain que le Crane lui-même, qui eft un os fi dur , & tous les autres os du corps, ont commencé par être membranes dans le fœtus , & tout au contraire, non feu- Jement les membranes, mais les nerfs mêmes s’offifient dans DIE: SI AS ACÜT'ENN CES. 20 les Vicillards , ce qui prouve que les fubflances cficules & les Hembrineutes fe changent les unes dans les autres. Cette Relation de M. de la Motte a été cemmuniquée à J'Académie par M. l'Abbé de Saint - Pierre, de l'Académie Françoile. Li Phi 2e V I I. cAigE ittre a dit qu'ayant coupé la tête brufquement & d'un feul'@up à-de petits Chiens qui tetoient , il leur avoit trouvé YEflomac plein d'un lait aigre & coagulé. Or il ne s’y étoit fait nulle altération confidérable, puifque la mort del’ Animal avoit été fi prompte, & par conféquent il paroît que le lait s'étoit aïgri par un! levain naturel de l'Eftomac, & que c'eft ce levain qui fait la digeftion, que quélques habiles Modernes font dépendre entiérement de la #rituration des Membranes de ce Vifcere. : : M.: Littre avoit encore un deffein dans cette expérience , il vouloit voir fi l’eau du Pericarde, & celle des Ventricules du Cerveau qu'on trouve ordinairement dans les Cadavres , n’é- toient produites, comme quelques-uns le f6ûtiennent, que paï les approches dé la mort , par la maladie, par l'agitation, &c. Ces petits Chiens morts fi brufquement ; étoient propres à réfoudre la queftion. Ils avoient de l'eau & dans le Pericarde & dans les Ventricules du Cerveau , & par conféquent elle y doit avoir des _ufages naturels. A LR ei M: Lémery ayant entre les mains un Malade qui avoit tous les fimptômes de la petite Vérole, & à qui il voyoit qu'elle ne pouvoit fortir, s’avifa de le mettre dans un bain d’eau chaude, qui la fit fortir abondamment. .I1 falloit remedier à la fé chereffe & à la dureté de la peau. Cette pratique extraor- dinaire & hardie eft remarquable, sine D ii 30 HISTOIRE DE LACADEMIE ROYALE she atteste eo ae ea of robe ee ste tot xl de fe fe D de dit ae trot gta 3e fe 2 af ft ef ee RÉRÉEDERERER IEEE EEE EE TENERETEEEE EE EEE CEE EIRE RRETUR eee meet den ete de neo e Be e He et e fe tdte e CHIMIE. SUR LE MECHOACAN. vlsM_#F E Mechoncan eft une Racine ainfr nommée d’une p. 81. Province dela Nouvelle Efpagne, d'où elle fut d’abord apportée en Europe. Elle y fut connuë avant le Jalap, qui left prefentement plus qu'elle, ou du moins plus employé, parce qu'on lui a trouvé plus de vertu. Celle du Mechoacan eft plus douce, & par là il eft préférable. TL a l'avantage de n'avoir befoin ni de préparation ni de correctif, & il-purge par fa propre fubftance telle qu'elle eft. M. Boulduc à trouvé par fes Analifes ordinaires, qu'il con- tient douze fois plus de {el que de réfine. Ni l'extrait falin, «ni le réfmeux ne purgent autant que la fubftance même, * v.rpif. fuffent-ils en plus grande dofe. ‘Ils ne purgent pas non plus de 1700. fi doucement. Il paroït bien que ce Remede, quoyque F 46- peu en ufage, ne devoit pas être oublié dans Examen “4 12°" général des Purgatifs entrepris, & fuivi jufqu'à prefent par -de1702 M. Boulduc. * p. 45° Dans le choix du Mechoacan, il faut préférer les morceaux :. FA "qui font plus bruns en dedans, & d'une fubftance plus ferrée, de 1708. «ou plûtôt il faut rejetter entiérement ceux qui ne font pas p.54 de cette qualité. Is ont au moïns le défaut d'avoir trop pe de 1710 qi 0 mA de vertu. | % DES SCIENCES. 31 SUR LES PRE CEPIFATIONS C OnME on ne: peut trop ramener la Chimie à l'exaéle V. les M. s Phyfique, & l'empêcher d'avoir fes idées à part, ou P- 56: plüvôt. des miftéres incompréhenfibles , M: Lémeryle fils a voulu éclaircir toute x matiére: des Précipitations , & y ré- pandre la clarté de la Philofophie moderne. Mais il ne Fa fait que chimiquement; ceft-à-dire, qu'il a pris pour prin- cipes des expériences conftantes, qui fervent à expliquer les autres. Nous allons joindre à ces vüës celles que l'Hidrofta- tique nous fournit fur Equilibre des Liqueurs,, car il faut bien quela Chimie, quelque miraculeufe qu'elle f prétende, fe foümette aux loix de l’Hidroftatique. Une particule plus pefante qu'une: autre particule égale d'un fluide ny fçauroit nager, à moins qu'elle n'ait reçû de quelque caufe étrangere un mouvement de bas en haut; ou qu'elle n'ait tant de fuperficie par: rapport à fon peu de mafle, que la difhculté qu'elle aura à fendre &!à divifer le fluide ne foit plus grande que l'excès de fa pefanteur fur celle du fluide, ou du moins égale, ou qu'enfni il ne fe joigne à-elle quelque autre: particule plus: legére, deforte. que) le tout enfemble faffe un compolé égalien péfanteur au’ fluide, Le premier cas n'eft pas proprement à compter, parce que Yimpulfion étrangere ne dure pas, & que la particule plus pefante que le liquide retombe bien vite; à moins cependant que la grandeur de fa fuperficie nel fafñe: tomber fr lente- ment qu'elle foit long - temps: comme! fufperidüë dans; lé fluide. C’eft:ainfi que l'Or peut-être diffous par l'Eau fcule à Vaide d’une: longue trituration. Ile: a. reçi beaucoup de mouvement de bas en haut, & enfuite la grandeur-des fu perficies qu'il a acquifes le ‘tient. fufpendu dans 'Eaw pour un affés Jong-temps. Le troifiémeicas, auquel le fecond peut fe joindre fouvent; :efb proprement: celui-de: la:diflolu- tion des Métaux. Leurs particules féparées. par: un Diflolvant, 32 HisroiRE DE L'ACADEMIE ROYALE & devenuës invifibles à caufe de eur extrême petitefle, ne flotent dans ce diflolvant plus léger qu'elles, que parce qu'elles font unies à des particules fort légeres de l'Efprit acide, qui les tiennent fufpenduës , & apparemment la grande fuperficie qu'elles ont, tant à caufe de leur petitefle que de Iéur union avec les Acides, contribuë encore fouvent à cet effet. Alors comme elles font dans un équilibre forcé avec le fluide où elles nagent, & que les caufes qui l'entretiennent font accidentelles , il eft affés aifé qu'elles en fortent, & que leur pefanteur naturelle les précipite au fond du fluide. C'eft ce qui arrive néceffairement, lorfque le diflolvant ou l'Acide les abandonne par quelque caufe que ce foit. Il fuffit même quelque fois que a quantité de fluide où elles flotent dimi- nuë, car alors plufieurs particules métalliques, quoiqu'unies à leur Acide, venant à fe rencontrer, & à s'unir entreelles, prennent une moindre fuperficie par rapport à leur mañle, & n'étant plus foûtenuës comme elles l'étoient par a gran- deur de leurs fuperficies , tombent au fond du vaiffeau. Lorfque le diffolvant abandonne le corps diflous, fi ce corps eft plus leger que le diflolvant, il eft vifible que c'eft lui qui doit monter, & qu'il fe fera le contraire d'une pré- cipitation. C'eft ce qui arrive au Camphre diflous par l'Huile d'Olive; fr on diftille le tout, le Camphre monte le pre- mier. Mais cette élevation contraire à la précipitation ne roule cependant que fur le même principe, fur la ceffation de l'équilibre. Il fe peut faire que des matitres difloutes, abandonnées par leur diffolvant, ne montent ni ne défcendent à caufe de leur égalité de pefanteur avec le fluide, mais feulement que plufieurs de leurs particules, que le diflolvant ne tient plus féparées , fe réünifient, & forment de petites mafles aflés groffiéres pour Ôter au fluide la tranfparence & la limpidité qu'ilavoit auparavant. Cela fe voit dans des Refines diffou- tes par l'Efprit de vin, fur lefquelles enfuite on verfe de l'eau , car l’eau qui s'unit intimement à l'Efprit du vin, lui fait abandonner pour la plus grande partie les parcelles réfineufes, DES SCIENCES. 33 refineufes. C’eft là une précipitation imparfaite, ou feulement une difpofition à Ja précipitation. Si en ce cas les particules aqueufes du fluide font cachées & comme abforbées entre les molecules grofliéres de la matiére diffoute, c'eft une efpece de Coagulum. Voilà les principes généraux d'Hidroftatique , qui regnent dans toutes les diflolutions & précipitations de Chimie. Refte ce qui eft proprement Chimique, quels font les dif folvans convenables à chaque Mixte, d’où vient cette con- venance, quels Intermedes ou Abforbans précipitent ce qui \a été diffous, & en quoi confifte leur action. Tout cela a été fort traité, nous nous arrêterons feulement à quelques idées qui font particuliéres à M. Lémery le fils, & qui peu- vent éclaircir une méchanique affés obfcure. is I conçoit que quand'un Métal eft diflous par un Efprit acide, chaque particule de l'Acide eft un petit dard qui par une de ces extrémités eft engagé dans une particule métal- lique. H y peut être fr peu engagé , que le moindre choc fuffira pour le dégager. Aïnfi quand du Bifmuth eft diflous par l'Efprit de Nitre, ïl ne faut qu'y verfer de feau, l'agi- tation que produit cette nouvelle liqueur A fait lâcher prife aux Acides Nitreux qui enfiloient les particules du Bifmuth, & elles fe précipitent. Si l'engagement eft plus fort, comme il left prefque toüjours , il faut un Afkali qui étant plus difpofé à s'unir aux Acides que le Métal qu'ils tiennent dif- fous, le leur fafle quitter. Mais pourquoi le quittent-ils ? d'où vient cette préférence que les Acides déja engagés don- nent à l’Alkali qui furvient! Car il femble qu'ils la donnent volontairement. M. Lémery imagine que les petits dards portent par une de leurs extrémités une petite boule de Métal qu'ils ont enlevée, plus groffe que cette pointe, & qu'ils ont leur autre extrémité libre. En cet état furvient l'Alkali , qui étant pouflé avec force contre l'extréité libre qu'il reçoit dans fa fubftance poreufe, en eft pénétré, & toûjours de plus en plus jufqu'à ce qu'enfin il vienne jufqu'à la ‘petite if 1711. 34 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE boule qui ne peut entrer dans l'Alkali, & eft obligée de fe détacher de lAcide ou de fon petit dard, parce que 'AÏ- kali eft toûjours pouflé contre elle. IL faut entendre auf que du côté de la boule l'Acide n'eft pas moins pouffé contre T Alkalï. H ne refte plus qu’à déterminer quelle force pouffe l’Acide & F'Alkali l'un contre l'autre, car il paroït bien par la viva- cité de fon action qu'elle doit être très grande. I faut que ce foit la matiére fubtile répanduë par tout, & extrémement agitée : tant qu'elle agit fur des corps grofliers, néceflaire- ment enveloppés d'air, fon aétion eft foible, parce qu'elle eft émouflée par l'air. Mais quand les corps font fi déliés qu'ils peuvent être logés dans les interftices de l'air, où ils ne font environnés que de cette matiére fubtile dans laquelle ils na- gent, alors elle exerce fur eux avec liberté toute fon action ; & leur donne la violence de fon mouvement. Les Acides & les Alkali doivent être conçüs affés petits pour être portés dans des torrens de matiére fubtile qui exclüent l'air, & où ils fe choquent les uns les autres avec beaucoup d'impétuofité. Les Acides engagés par une de leurs extrémités dans une particule métallique peuvent n'être pas obligés à s'en déta- cher par l'Alkali qui vient fe faifir de l'autre extrémité. Alors il fe fait une précipitation, non parce que l'Acide à quitté le Métal, mais parce qu'il s’eft de plus lié à un Alkali; c'eft le tout enfemble qui fe précipite. Cela fe voit dans les diffo- lutions de Cuivre & de Fer. Maïs voici une difficulté. L’Acide joint au Métal flotoit dans le fluide, Acide joint à l'Alkali feut y auroit loté auffr, pourquoi ce même Acide joint à l'Alkali & au Métal n’y flote-t-il plus? c’eft apparemment que l'union des trois corps diminuë trop leurs fuperficies. M. Lémery ne laiffe pas d'en donner encore des raifons plus Chimiques. Il eft étonnant qu'une diffolution ayant été faite par un Acide, la précipitation fe faffe par un autre Acide. Le Mer- cure diffous par P'Efprit de Nitre fe précipite par l'Efprit de Sel. Il femble que tout le fifteme des Acides & des DES SCIENCES 35 Alkali foit renverfé, mais M. Lémery le fauve en faïfant voir que les Acides'ne font jamais purs, mais toûjours accom- pagnés de quelques particules fulfureufes ou terreufes tirées des matrices où ils fe font formés, que la différence de ces particules fait celle des Acides , qui de leur nature peuvent être parfaitement femblables, que Acide du Nitre eft plus pur, & celui du Sel plus enveloppé de foufre ou de terre, que ces matiéres étrangéres font que l’Acide du Sel eft une efpece d'Alkali à l'égard de celui du Nitre qui en eft abforbé, & que de-là vient la grande facilité qu’ils ont à s'unir en- femble , ainft qu'il paroït par l'Eau Regale compolée de ces deux Acides. De-là, pour approfondir mieux leur nature, il vient aux diflolutions d'Or & d'Argent qui en dépen- dent, & il explique pourquoi l'Or fe diffout mieux par 'E£ prit de Nitre & l'Efprit de Sel joints enfemble, que par le feul Efprit de Sel qui eft cependant. fon diffolvant particu- lier, & pourquoi l'Argent ne fe diflout que par l'Efprit de Nitre. Quand un fifteme embraffe bien des chofes, ileft à _craindre qu'il ne fe foûtienne pas par tout, & s'il à le bon- heur de fe foûtenir, c’eft une apparence bien favorable. PUR LE COR AMIE. Ce? MME l'Hiftoire de la Mer de M, le Comte Marfgli * avoit reveillé l'attention des Chimiftes fur J’analyfe des Plantes marines, & principalement du Corail, M. Lémery ajoûta de nouvelles opérations fur cette Plante à celles qu'il avoit données dans fon Traité de Chimie. Ce font ces opé- rations nouvelles, ou plûtôt ce qu’elles ont fulement de plus fingulier, que nous allons rapporter ici. Après avoir employé pour difloudre e Corail rouge où le Vinaigre diftillé, ou l'Efprit de Venus qui eft un Vinaigre impregné de quelques particules volatiles & fulfureufes du Cuivre, M. Lémery a eflayé des Acides beaucoup plus forts, FElprit de Vitriol, l'Efprit d'Alun, celui de Nitre sicelui de ET *V.T'Hift de 1 P:2 & 6 710» 3° 48% 9 *V.fHitt. de 1706. P- 38. 36 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Sel: Ils produifent une effervefcence bien plus grande & une chaleur bien plus fenfible que ces autres Difolvans plus foibles, & leur force en eft une raifon manifefte. Cependant fi on veut ufer du Corail en Médecine, il vaut mieux qu'il n'ait efté diflous que par le Vinaigre diftillé ou l'Efprit de Venus, qui ne lui auront laïffé qu'un impreflion plus douce, & n'auront pas tant épuifé fa qualité alkaline, en quoi confifte toute fa vertu. Le Corail difious par 'Efprit de Vitriol fait une efpece de Vitriol, aufli la couleur de cette diflolütion eft-elle verdâtre. C'eft que Acide du Vitriol s’eft incorporé dans le Corail comme dans une matrice. Quand on précipite par l'Huile de Tartre le Corail diffous, il fe met en une poudre blanche très fine. Dès qu'il eft fort divifé, il perd fa couleur rouge. Ce Corail précipité fermente encore avec les Acides, caren effet il n'a reçü aucun autre changement que d'être fort attenüé. Quand ik eft en cet état, ne füt-ce que par le fimple broyement , le Couteau aimanté y découvre des particules de Fer, & en aflés grande quantité. If ne s'en trouve point dans les yeux ou Pierres d’'Ecrevifles, dans les Perles, dans la Nacre de Perles, dans la Corne de Cerf, même après la calcination, quoique ces matiéres par les analyfes Chimi- ques refiemblent affés au Corail. I eft vrai qu'elles font animales, au lieu que le Corail eft une Plante. Mais où une Plante marine, qui ne fe nourrit que de l'eau dont elle eft environnée , a-t-elle pris du Fer ? on jugera, ft l'on veut, lequel eft le plus étonnant, ou de ce Fer du Corail, ou de celui qui eft contenu dans le Miel. * Quoique le véritable fel du Corail foit ou le fef volatit alkali & urineux, qui s’en tire par la diftillation, ou le fel fixe & alkali qui s'en tire par la calcination & la lixiviation, les Chimiftes n'appellent fel de Corail, qu'un Corail péné- tré par des Acides, & condenfé enfuite par l'évaporation de l'humidité. Quand cette évaporation eft fur la fin, la liqueur prend une couleur verdâtre que M. Lémery attribuë au Vi- triol, ou ce qui eft à peu près la même chofe, au Fer çontenu DAELS/ SCD E NICE S. 37 dans Le Corail. Cette efpece de criftallifation du Corail fe fait en petits branchages déliés, canclés, & entrchflés les uns dans les autres, deforte qu'ils repréfentent une petite forét aflés agréable. Un Chimifte difpolé au merveilleux prendroit cela volontier pour une de ces refurrections ou palingeneies tant vantées, dans lefquelles des Mixtes décompolés & ré- -duits à leurs principes , renaïflent de leurs cendres, & repren- nent leurs premiéres figures, maïs par malheur la même chofe arrive aux fels tirés des yeux d’Ecrévifle, des Perles, de la Nacre de Perles, & de la Corne de Cerf, & ils fe mettent en forêt, quoique leurs Mixtes n'en euflent aucuné apparence, | Jufqu'ici il n'a été queftion que du Corail rouge. Le blanc, fi c'eft du Corail, & non pas une Madrépore, paroïît affés de la même nature, & doit avoir les mêmes ufages en Médecine, Seulement il femble être plus poreux & plus fpongieux , aufli fermente-t-il moins vivement avec les mêmes Diflolvants, qui le trouvent plus ouvert. Apparem- ment la couleur rouge vient d'un foufre, qui bouche ou retrécit les pores. Quant à ce qu'on appelle Corail noir, ce n’eft point du tout du Corail, c’eft une efpece de Lithophiton. “SUR UN NOUVE AU FE BRIFUGE, V Orct un Fébrifuge plus nouveau que le Quinquina ; & plus commode en ce qu'il n’eft pas étranger. M. Re- neaume d'a découvert, en partie parce qu'il le cherchoit, & en partie par hazard. La Noix de Cyprés qu'il avoit trouvée pour un Fébrifuge exempt des principaux'inconvénients du Quinquina, devint par un gi pro quo la Noïx de Galle, Fé. brifuge encore meilleur. H feroit inutile d'en: rapporter l'hif. toire. c fre Des: expériences en grandi nombre lui ont appris que fa ïij. 38 HisToiRE, DE L'ACADEMIE RoyaLE Noix de Galle guérifloit aflés fouvent les Fiévresintermittentes: Elle a plufieurs avantages fur le Quinquina, elle n’en a point J'amertume, elle n'échauffe point , elle fe prend en moindre dofe, {e réitére moins, & enfin coûte fort peu. Mais comme il eft certain d'ailleurs qu'il y a des Fiévres où le Quinquina réüffit mieux , la difficulté eft de faire entre le Quinquina & la Noix de Galle une efpece de partage, & de donner à cha- cun ce qui lui appartient. Pour cela, M. Reneaume a établi que fi la Fiévre en gé- néral eft caufée par l'aigreur d'un Chile mal digéré, cette ai- greur peut venir où de ce que les fibres de l'Eftomac relâchées ou tenduës irréguliérement n'ont pas bien fait leurs fonctions dans les mouvemens de ce Vifcére, ou de ce qu'il ne s’eft pas mêlé avec le Chile une quantité de bile fuflifante pour l'adou- cir. Dans le premier cas, la Noix de Galle, qui eft un Afrin- gent, eft excellente, elle reffèrre les fibres de l'Eflomac, & leur rend leur tenfion naturelle, Dans le fecond, le Quinquina eft préférable, fon amertume lui fait tenir lieu de fa bile qui manque , & il produit le même effet fur le Chile. M. Re- neaume a donné des marques pour diftinguer les deux efpeces de Fiévres , ou plûtôt des regles pour fe déterminer fur le choix du Quinquina ou de la Noix de Galle, fi cependant ces deux Fébrifuges viennent jamais à être traités avec tant d'égalité. Outre quelques Médecins que M. Reneaume cite, & qui fur fon exemple ont employé la Noix de Galle & avec fuccès, M. Homberg a affüré qu'il s'en étoit fervi aufli plufieurs fois fort utilement. Cependant nous ne devons pas diffimuler que M. Boulduc a dit qu'il en avoit donné fans effet jufqu'à fix fois dans des Fiévres tierces & quartes, & M.'s Lémery pere & fils, & M. Geoffroy, quece reméde caufoitun peu de cours de ventre, que {a Fiévre revenoit , & ne cédoit plus qu’au Quinquina. Malgré cela ils ne laiflent pas de croire que c'eft un Fébrifuge à retenir dans l'ufage. C’eft principalement fur ces matiéres qu'il ne faut pas fe décourager aifément , & qu’un peu d'opinitreté eft bien placée, Les occafions en apparence les { DES SCctrENCES. 9 plus femblables où l'on applique un Reméde, peuvent être en elles-mêmes fort différentes. Il n'y en a aucun qui n'eût été rejetté d'abord, & qui ne le püût être encore fur a mau- vais fuccès, Ous renvoyons entiérement aux Mémoires. L’Ecrit de M. Homberg fur la Matiére fécale. C’eft l'hiftoire de 11 maniére dont ïül eft arrivé à la découverte de fon nouveau Phofphore annoncé dans l'Hift. de 17 10, * V. les M. P: 39: & 234 Xp: 54 V.ks M. P: 23: 40 HISTOIRE DE L'ACAD£MIE ROYALE ttfffhatshtere ff ntotststet tte tee tatahatatatetttttttt a © don dede dede eee degree dde BOTANIQUE. JS U:RoME START EEE I Ï L y a des Animaux qui ont fi peu l'air d’Animaux , qu'on ne doit pas être furpris qu'il y ait aufli des Plantes qui n’en foient prefque pas. II femble que chaque efpece commence par linfiniment petit de cette efpece, c'eft-à-dire, par ce qui en a le moins le caractére, & s'éleve enfuite par degrés à ce qui peut y être de plus parfait, Les Truffes n’ont abfolument ni racines, ni filaments qui en tiennent lieu, ni-tiges, ni feuilles, ni fleurs, & nulle ap- parence de graines. Cependant il faut que ce foient des Plar- tes, & moins elles le paroiffent , pluselles picquent la curiofité des Botaniftes. Aufli M. Geoffroy le cadet a-t-il entrepris de les examiner avec un foin particulier. Tout ce qu'il a pû y découvrir qui donnât quelque idée d'un corps organilfé , c’eft la marbrure qu'elles prennent, après avoir été entiérement & très uniformément blanches. dans toute leur fubftance inté- rieure couverte de l'écorce brune. Cette marbrure ne peut être caufée que par des parties qui deviennent brunes ou noi- res , tandis que d’autres confervent leur ancienne blancheur , & cela marque fuffifamment la différence de ces parties, qui ne fe rend fenfible qu'à un certain point de maturité, Quelques- unes doivent être des Vaifleaux, & toutes feront peut-être dif- férens Vaifleaux. En fuivant exaétement les parties blanches, on les voit s'étendre du centre de la Truffe jufqu’à la circon- férence & à l'écorce, & de-là M. Gcoffroy foupçonne que ce font plûtôt de veritables canaux, & comme la matiére brune aroît au Microfcope toute formée de veficules, ce fera la chair & la pulpe du fruit. Cette pulpe eft femée d’une infinité de petits points noirs, ronds, féparés, renfermés dans les veficules, & N DES SCcrENCcESs. AT: & qui peuvent être pris pour des graines, puifqu'enfin on ne trouve nulle autre chofe qui en ait la moindre apparence. La Truffe qui ne fort jamais de terre fera donc comme une Plante marine, de toutes parts environnée de fon aliment qu'elle fucera par les pores de fon écorce, & comme on croit que c’eft par cette raifon que les Plantes de la mer n'ont as de racine, la Truffe n'en aura pas eû befoin non plus. Elle n'eft d'abord que comme un petit pois rond , rouge par de- hors, &-tout blanc en dedans. Elle groffit en rond, parce qu'elle tire également fa nourriture de tous côtés. S'il s’eft trouvé un Denier dans une Truffe, comme Pline le rapporte, on peut aifément concevoir que le Denier n’empéchoit de tirer le fuc de la terre que les parties fur lefquelles il étoit polé, & que les autres ayant végété fe font étenduës en tous fens par deflus lui, & l'ont enveloppé. Quand la Truffe par excès de maturité fe pourrit en terre, les veficules qui renfermoient les graines invifibles fes abandonnent, & ces graines, feuls reftes de toute la fubftance du fruit, ramañlées en plufieurs pe- tits tas, donnent naïflance à de nouvelles T'ruffes, qui croiffent pareillement plufieurs enfemble. Par toutes les expériences Chimiques de M. Geoffroy fur les Truffes, elles abondent en fel volatil alkali mêlé d'huile; on ne leur trouve point d'Acide, & de-là vient apparemment la grande évaporation de leur odeur; ceux d’entre les prin- cipes de ce Mixte, qui font les plus legers de leur nature, n'ont rien qui les lie & les engage les uns avec les autres. Mais nous n'entrerons pas davantage dans cette matiére, non plus que dans toutes les autres recherches ou réfléxions de M. Geoffroy, nous n'avons prétendu que faire voir comment la Truffe pouvoit être une Plante. Les plus furprenantes va- riétés, dès qu'elles font approfondies, n’attaquent point l'u- niformité du fyfteme général de 11 Nature, (ea) ; F7 je dé L'HAUU SAN HLU diée::s V. les M. p-99: + V.THif. de 1710. p. 69. & füiv. 437 HisTOiRE DE L'ACADEMIE ROYALE SUR UNE VEGETATION SINGULIERE. Oct encore une preuve de ce que plus les variétés de la Nature, infinies en apparence, font étudiées, plus elles fe réduifent à l'uniformité. On va voir une Plante ter- reftre, qui doit être plûtôt rangée fous un genre de Plante marine, que fous aucun genre de Plante terreftre, & par là les deux Botaniques, malgré leur grand éloignement, fe rapprochent. L’hifloire du fait très abregée eft que M. Marchant ayant fait fcier un Erable qu'on nomme petif, à 4. pouces de terre, il vit naître en un an fur le couronnement de la fouche, & croitre jufqu’à la hauteur de deux pouces, plufieurs pieds d’une même Plante, dont on verra la defcription dans fon Mémoire. Lorfqu'il la détacha du Tronc d'Erable où elle avoit végété, il luy trouva de certaines cavités vuides, qui, quoique la Plante ne pût plus fe nourrir, fe remplirent enfuite d'une matiére noire, & cette matiére vûë avec le Microfcc= pe, parut être une infinité de petits grains, qui apparemment étoient de la femence. M. Marchant ne fçavoit à quel genre rapporter cette Plante fmguliére, lorfqu'il lui tomba dans Pefprit qu'elle avoit beaucoup de rapport avec les Lithophi- ton *. Elle étoit venuë fur un corps dur, auquel elle étoit fortement attachée, fans y jetter aucunes racines ; elle avoit une écorce dont la fubftance approchoit plus de ceile de Ja. Craye ou de la Pierre que du Bois; enfin les éminences ou mamelons de fon écorce étoient dans leur milieu percés de trous qui répondoient aux cavités où les graines étoient ren- fermées. Il eft vrai que dans les cavités pareilles des Litophi- ton on n'a point encore trouvé de graines, & la Plante de M. Marchant a cela de plus, mais la conformité de ftruéture devient en faveur des graines des Lithophiton un préjugé, qui peut faire plaifir aux Phyficiens. Quoiqu'il en foit, voilà une Planete terreftre, dont il a 4 ARE. DES SCIENCES 42 fallu aller chercher le genre dans la Mer. Elle donneroit en- core lieu à beaucoup de queftions; comment les graines dont elle eft née fe font trouvées ou dans ce Tronc coupé, ou fur ce Tronc, fi elle ne peut naître que fur un petit Erable, comment elle a végété fans racines, comment fes graines ont paru dans le temps qu'elle ne végétoit plus, mais la pläpart de ces queftions appartiennent à la Botanique géné- rale, & d’autres attendent leur rélolution de l'expérience, SUR LA NOURRITURE DES PLANTE S. L.: végétation des Plantes eft plus obfcure que celle des Animaux. Il n’y a pas grande fineffe à découvrir qu'elles tirent les fucs de la terre par leurs racines, mais après cela tout le refte eft aflés caché. On ne fuit pas la route de ces fucs comme celle du fang, & les vaifleaux qui les portent ne font pas vifibles, & vifiblement diftribués comme des vaif- feaux fanguins. Enfin l'incertitude eft telle que l'on doute fi c'eft principalement par l'Ecorce ou par la Moëlle, ou dans les Plantes qui n'ont pas de Moëlle, par la partie ligneufe, que la Plante fe nourrit. = L'opinion commune a été jufqu'ici pour F'Ecorce, maïs M. Parent favoit déja attaquée dans l'Hiff. de 1709. * par Vexemple d'un Orme des Tuileries, qui vécut & produifit des feüilles, quoiqu'il fût entiéréement dépoüillé de fon écorce depuis le pied jufqu'aux branches. II y ajoûte préfentement d'autres expériences & de nouvelles reflexions. Ii a vû dans le Jardin de Luxembourg quatre Ormes, à qui, dans le deffein de les faire périr, on avoit enlevé l'écorce jufqu'au vif à une petite hauteur de terre, fans leur en laïffer que peu vers le haut du tronc , & même à un des quatre point du tout. Is vivoient cependant dépuis 4 à $ ans, & pouf- foient des féüilles & des Heurs. : + Le Platane & le Liége fe dépotillent de leur écorce, & en F ij * pe 501 #4 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyALE reprennent une nouvelle, à la maniére des Serpents. Dans ce pañlage ce n’eft pas l'écorce qui les nourrit , & par conféquent ce n'eft jamais elle. Il eft vrai qu'il sen forme une nouvelle {ous l'ancienne à mefure qu'elle fe difpofe à tomber, mais cette écorce naiflante & foible ne paroït pas propre à nourrir tout Y Arbre. H y a des Arbres, comme le Sureau , à Vigne, &c.. qui ont.beaucoup de moëlle & peu d’écorce, ce qui femble déja prouver que la moëlle les nourrit, & non pas l'écorce; mais de plus en vieïlliflant ils fe rempliffent de fibres ligneufes en dedans, & à la place de fa moëlle , d’où fon peut conjeéturer & que la moëlle eft propre par fa nature à former des fibres ligneufes , & par conféquent à fournir au bois fon fuc nour- ricier, & que c'eft elle cffeétivement qui le fournit, puifque l'Arbre cefle de croître, & de fe nourrir abondamment, & en un mot vicillit dans le même temps qu'elle diminué. Les Greffes ne fçauroient prendre qu'elles ne foient jointes au corps ligneux de l'Arbre. C'eft donc ce corps ligneux qui les nourrit. Si l'écorce nouxrit l'Axbre, c’eft d'elle que part la nouvelle fubftance ligneufe qui fe forme, & fi c'eft le tronc au con- traire, c’eft de lui que part la nouvelle écorce. Or on trouve fous l'écorce des vieux Ormes des couches qui ont été les der- niéres formées ; il ne s’agit donc plus que de fçavoir fi elles ap- partiennent à l'écorce où au tronc; dans le premier cas le trone les aura, pour ainfi dire, données à l'écorce; dans le fecond l'écorce les aura données au tronc. M. Patent prétend qu’elles appartiennent à l'écorce , & parce qu'elles font quelquefois en- tiérement détachées du. tronc, quoique fortement collées les unes aux autres, & parce qu'elles font parfaitement de la na- ture de cette écorce fine ou parchemin, qui eft fous l'écorce groffiére. On voit encore plus clairement dans le Palmier de la Chine, que ce parchemin eft deftiné à former l'écorce, car ce n'eft qu'un tiflu réticulaire, qui étant détiré & étendu felon fa largeur , reffemble à une toile fort claire, & fi on le tire felon falongueur , il s'en fait une efpece de Ruban cotonneux très DES USE MEN CES 4$ ferré & très fort, dont les Chinois fe fervent comme de corde Cette efpece de tiffu ne convient pas au corps ligneux, qui ne paroît être qu'un amas de fibres longitudinales pofées en ci- lindre les unes contre les autres. + © Ea plüpart des Nœuds, qu'on voit partir de la moëlle des Arbres , & qui font fouvent recouverts de fibres ligneufes, marquent que les branches tirent leur origine.& leur nour- riture de la moëlle. K Malgré tout cela, M. Reneaume perfifte dans Ja penfée que l'écorce eft plus importante pour la nourriture de F Arbre que . a moëlle ou la partie ligneufe, qu'il w’exclut pas cependant de cette fonction. en avoit donné pour preuve dans Y'Hift, de 1707. * les Arbres creufés & cariés à qui il ne refte de bois dans leur tronc que ce qu'il en faut pour foûtenir l'écorce, & qui ne laiffent pas de vivre & de produire. H répond main- tenant aux principaux faits allegués contre fon opinion. * Des parties d'un Arbre féparées de leur tout peuvent em- porter avec elles une provifion de fuc nourricier, qui les fafle * végéter, fort différentes en cela des parties des Aniraaux, qui - ont toûjours befoin d’être unies à leur tout. Ainfi des bran- ches de Sureau, de Saule, &c. coupées pouffent des feüilles & de petites branches fans être mifes en terre. Quelquefois des morceaux de bois ; qui paroiflent fecs, en font autant. Il faut alors que l'air échauffé à un certain degré convenable, fubti- life & agite les fucs quiétoient reftés en dépôt dans ces parties mortes en apparence. Cette action de Y'aireft fort fenfible dans certaines Plantes bulbeufes, qui ne pourroient venir de graine que très difhcilement ; car f1 on veut en avoir des graines qui n'avortent pas , & foient utiles, il faut couperles tiges, & les fufpendre en l'air un certain temps, après quoi les graines qu'on tire de ces tiges font bonnes, C’eft que les fucs de ces Plantes font trop huïleux & trop gluants, qu'ils ont trop de peine à s’infinüer dans les vaiffeaux délicats des graines qu'ils devrôient développer, & qu'il eft befoïin qu'ils ayent été auparavant at- tentés & brifés par l'air. Si des branches coupées végétent., à plus forte raifon celles qui font encore fur Arbre, & qui F ii * p.54 46 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLr ne peuvent jamais être auffi parfaitement privées de nouveaux fucs, car quand il n'en montera plus par l'écorce qui aura été retranchée, & qu'on fuppofe qui leur en fournifioit en plus grande quantité ,elles en recevront encore par la partie ligneufe, & fur-tout par l'Aubier, qui eft ce qu'il y a dans cette partie de plus tendre, de plus récemment formé, & de plus fembla- ble à l'écorce. C'eft par-là que M. Reneaume répond à l'exemple de lOrme des Tuilleries. H végéta fans écorce pendant tout un Eté en vertu de cette provifion de fuc qu'il avoit gardée, & comme M. Parent convient qu'il avoit moins de vigueur que les autres, M. Reneaume a aflés de droit d’en conclurre que fa provifion étant épuifée il alloit périr, & que le Jar- dinier eut raifon de l'arracher. Le même principe fournit à M. Reneaume une réponfe à ce qui avoit été rapporté d'après M. Magnol dans l'Hift, de 1709 *. Une Ente d'Olivier à qui on a enlevé circu- lairement trois ou quatre doigts d'écorce, porte dans l'année au-deflus de cet endroit des fleurs & des fruits au double de ce qu'il avoit coûtume d’en porter. On voit aflés pourquoi cet Arbre végéte malgré le retranchement de l'écorce, & cela eft d'autant plus aifé à imaginer, qu'il eft fort huileux, même dans la fubftance de fon bois, & que des fucs de cette efpece fe tiennent plus facilement en referve. Toute la diff- culté eft de fçavoir pourquoi la végétation eft plus abondante; il paroît évident au contraire qu'elle devroit être beaucoup moindre. M. Reneaume prétend que les germes, d’où doivent éclorre les fleurs & les fruits, fe forment en même temps que les jeunes branches qui les portent, car le vieux bois n'en a ja- miais ; que les bourgeons où ces germes font renfermés, fe diftinguent fort bien d'avec ceux qui ne doivent porter que du bois, & que les Jardiniers ne s’y méprénnent pas; que ces germes fruitiers n'ont donc befoin que d’être développés, ce qui quelquefois ne leur arrive parfaitement qu’à la feconde ‘année, qu’il eft poffible que quand, outre les fucs qu'ils ont DOÉ S'S CT ÆIN CE 5 en réferve, il leur en monte de nouveaux par l'écorce, ifs fe développent en moindre quantité, parce qu'il y a trop de fuc, & qu'il eft trop épais , & qu'au contraire quand il y en a moins parce que l'écorce eft retranchée, & qu'il a été par conféquent plus attenüé par l'air, il s'infiniie plus facilement dans les petits canaux, & donne naïflance à un plus grand nombre de fleurs. | * Cette réponfe de M. Rencaume fatisfait auffi à ce que M, Bernard avoit propofé contre fon opinion dans fes Nouvelles de la République des Lettres , mois de Novembre 1708. C'eft un fait prefque entiérerent femblable à celui de M. Magnol, * M. Reneaume en rapporte un autre aflés fmgulier, & qu'il tient d'un homme habile dans la culture des Arbres, Aux en- virons d'Aix & de Marfeille, quand un Olivier eft ufé, & que l’on compte de f'abbatre dans quelques années, on a un moyen de le forcer auparavant à donner tout ce qu'il peut ren- fermer de fruit , & ce qu’il n’auroit pas donné de lui-même. On enleve d’une de fes jeunes branches un bon pouce d’écorce circulairement , & on met à la place une autre écorce enlevée d’une branche d’un jeune Olivier franc , égale en groffeur à celle qui a été dépotillée, afin qu’elle foit exaétement recou- verte de l'écorce étrangere. Il faut même, comme il eft aifé de s'en douter, que ce qui étoit le haut ou le bas de cette écorce fur le jeune Olivier , en foit encore le haut ou le bas fur le vieux. Cette application faite, on met à l'Arbre l'ap- pareil ordinaire des Grefles , afin que fa playe fe gueriffe, & que la partie étrangere lui devienne propre. Pourcouper les, LS écorces plus également , on a un Couteau courbe , com- polé de deux lames toutes femblables , paralleles , diftantes d'un pouce, affemblées fur un même manche. Les branches du vieil Olivier ainfi entées portent du fruit très abondam- mént les années fuivantes', & celles du jeune qui ont été dé. _ poüillées d’une partie de leur écorce périffent , ft on ne les a pas coupées. Ce dernier fait cft entiérement conforme à l'opinion de M. Rencaume, C’en eft auffr une faite que écorce du-jeune 48. HisToiRe DE L'ACADEMIE RoYyALE Olivier entée fur fa branche du vieux, produife plus que n’aux roit fait l'écorce même du vieux, puifque felon lui c’eft l'écorce : qui contient les germes, & qu'il eft fort naturel que l'écorce d’un jeune Arbre en contienne plus & de plus vigoureux que celle d'un vieil Arbre, quoiqu'elle appartienne à une jeune branche. Mais cette branche du vieil Olivier qui produit plus de fruits, en produit davantage non-feulement fur la nouvelle. écorce, mais au deflus, & pour cela il faut que les fucs, en paflant par cette nouvelle écorce , ayent acquis une difpof-. tion, & quelque qualité qu'ils n’auroient pas prife dans lé-, corce propre & naturelle de fa branche. C’eft ce qu'il n'eff pas, difficile de concevoir : de jeunes canaux font plus libres & plus ouverts que de vieux , de jeunes filtres font mieux les ; filtrations ; les uns & les autres fe bouchent avec le temps, parce qu'il s'y arrête toûjours quelque particule des liqueurs, &Lop peut croire aflés vrai-femblablement que de-là viennent la vicilleffe & la mort tant des Animaux quedes Plantes. Comme tous ces raifonnements fuppofent la certitude des obfervations, M. Reneaume a déclaré qu’il n'étoit point en- core content jufqu’à ce qu'elles fuffent pleinement & abfolu- ment vérifiées, & qu'il travailloit à avoir les confirmations ou les éclairciflements neceflaires. . IL a examiné par lui-même les Ormes du Luxembourg al- legués par M. Parent. Il a trouvé que dans celui qui paroi foit n'avoir point d'écorce vers le haut du tronc, il étoit refté des fibres de l'écorce intérieure, ou parchemin, ou Liber, & qu’elles communiquoient avec l'écorce qui alloit aux branches. Ces fibres, où avoit coulé tout le fuc deftiné à l'écorce qui. n’étoit plus, avoient apparemment nourri & fait végéter les branches de Arbre, & de plus par l'abondance de la nour- riture qu'elles recevoient elles s'étoient fortifiées au point, qu'elles commençoient à faire une nouvelle fubftance ligneufe. D'autres fibres du même liber plus jeunes , & qui peut-être ne s'étoient formées que depuis Îe retranchement de l'écorce, faifoient un nouvel Aubier entiérement féparé & des pre- mieres fibres , & du corps ligneux. de PAïbre. Cet ,Aubiex commençoit ee" DES S CIE N CES commençoit déja à être revêtu d’une nouvelle écorce peu épaiffe. Le Jardinier qui voyoit que fon Arbre fe faifoit malgré lui des reflources pour vivre, abbatit quelques-unes de ces nou- velles productions, & M. Reneaume en eut un morceau entre les mains, qu'il fit voir à l'Académie. Il en refta d’autres qui faifoient encore végéter l'Arbre. M. Reneaume a prouvé par quelques exemples que pour cet effet peu d'écorce ou de liber fufht. M. Maraldi a rapporté qu'une Ente de Prunier ayant été caflée, de forte qu'elle ne tenoit plus que par une partie de l'écorce, & enfuite relevée & foûtenuë , elle avoit produit du bois, des fleurs , &.des fruits, par les fucs qu’elle recevoit de ce feul petit refte d’écorce, & quoique la portion ligneufe rompuë fe füt cariée. De cette même obfervation de FOrme du Luxembourg ; M. Reneaume en peut conclurre que c’eft l'écorce ou le liber qui forme l’Aubier, & comme l’Aubier eft le dernier bois formé, tout le bois eft donc formé du liber ou de l'écorce. Il faut concevoir le Liber comme compolé de plufieurs furfaces ou couches cilindriques & concentriques, dont le tiflu eft réticulaire, & dans quelques Arbres réellement ex- tenfible en tous fens, parce que les fibres qui le forment font molles & fouples. Tant qu'elles font en cet état, ou elles font creufes, & font de vrais canaux, ou fi elles font folides leurs interftices font des canaux. Le fuc nourricier qu'elles reçoivent incefflamment, & qui s’y arrête en partie; les fait croître en longueur & en grofleur, les affermit, & les rapproche les unes des autres. On peut fuppoler que les fibres longitudinales font celles qui croiflent le plus. Ainfi le tiflu qui étoit réticulaire n’eft plus qu'un compolé de fibres droites pofées verticalement & parallélement les unes auprès des autres,& en un mot c’eftune fubftance ligneufe. Ce changement eft plus grand dans les couches du liber les plus proches du dernier aubier, & par conféquent c’eft 1a couche la plus intérieure qui eft la prenriére à s’y coller & à devenir un aubier nouveau. On pourroit oppeler à cette idée que cette couche la : UC dr 8 so HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLE plus intérieure eft fa plus mince , & par cette raifon ne paroîe pas la plus avancée, la plus développée , & la plus difpofée à fe convertir en bois. Mais M. Reneaume répond que les autres ne font plus épaifles que parce qu'elles font moins développées , & compofées encore de plufieurs couches, qui n'ont pas eu le temps de fe féparer par leur accroiflement. Sur a fin de l Automne le liber eft déja adhérent à Vau- bier, & en Hiver on ne l'en détacheroït qu'avec beaucoup. de peine. Les fucs épaiffis & par eux-mêmes, & par la di. fipation des parties aqueufes qu'ils contenoient , font la-glu que la Nature employe pour cet effet. Tant que l'Aubier conferve quelque molefle & quelque fouplefle, & qu'il tient encore un peu de la nature de l'é- corce, il peut foûtenir la végétation pendant quelque temps, mais quand if eft devenu abfolument bois, il n'y peut plus fervir. La végétation des jeunes branches eft la plus vive, & la feule qui aille jufqu’aux fleurs & aux fruits, parce qu'elles ne font prefque que de l'écorce. A méfure que la fubftance ligneufe du tronc devient plus Higneufe, la Moëlle eft reflerrée & comprimée, & enfin à tel point, que dans certains Arbres élle s'anéantit. De-à M. Reneaume conclut qu’elle n'eft pas fort importante pour la végétation , puifque fon ufage weft pas perpétuel. Comme élle eft fpongieufe , il croit qu'elle peut fervir à recevoir les humidités fuperfluës qui tranffudent par les pores des fibres ligneufes; & fr par l'excès de ces humidités, ou par quel- que autre caufe elle vient à fe pourrir & à fe gâter, comme il arrive aflés fouvent aux Ormes, les Arbres ne laïffent pas de croître & de végéter : preuve affés forte du peu d’ufage de la Moëlle. Voilà en gros {a méchanique de la végétation des Plantes, felon le fyfteme de M. Reneaume. Si on entroit dans un plus grand détail, on y mettroit auffr plus de conjeétures & plus d'incertitude. On iroit jufqu'aux Uricules, aux nfertions, & aux Trachées, parties des Plantes que de grands Autheurs, à la vérité, ont voulu établir, & qui pourroient exifter, mais { DES SCIENCES. qu'il faut avoüer qu'on ne voit guére avec les meilleurs. Microfcopes, qu'autant qu'on a envie de les voir. S'URUIBNES SPL EVER. Sd OU SUR LA GENERATION DES PLANTES. OmmE la fleur d’une Plante renferme le fruit naïflant, Vu d'où doit naître une Plante nouvelle, il eft aifé de s'appercevoir que cette fleur eft le principal organe de la génération, quoique, bien loin d'être la partie honteufe de la Plante, elle foit 1a plus noble. Mais quand on vient à en examiner la ftruéture de plus près, il n’eft pas fi facile de conjeclurer à quels ufages particuliers toute cette méchani- que fe rapporte. Nous allons prendre pour exemple une Tulipe, Plante très connuë. Sa fleur eft compolée de fix feïïlles. I part de fon fond & de fon milieu une efpece de tuyau que les Botaniftes ap- pellent Piffülle, parce qu'il reffemble au pilon d’un mortier, & autour de ce Piftille font difpofés en rond des filets affés déliés, qu'on nomme Æ'#amines, & qui naïflent pareïllement du fond de la fleur. Ils fmifient par une extrémité plus groffe que le refte, & on la nomme Sommet. - C'eft-là da ftructure générale des fleurs des Plantes, mais diverfifiée en une infinité de maniéres & à tel point, que plufieurs n’ont point de feüilles, quelques-unes point de Pifille fenfible, d'autres point d'Etamines, quelques-unes ont des Etarnines fans Sommets, enfin ce qui paroît encore au-delà des. bornes de cette grande diverfité, quelques Plantes n'ont point :de fleurs. Mais en fuppofant que la ftruéture que nous venons de repréfenter eft la plus commune, com- me elle d'eft effeétivement, que quelquefois les parties qui pa: roiflent y manquer, ne font que moins apparentes, qu’en- fin quand elles manquent abfolument, elles font fuppléées G ï V.les M. P: 207 * p. 48. à fuiv. * V.l'Hift. de 1710. 3 52 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE par d'autres, & leur ufage remplacé par des reffources que la Nature fçait bien trouver, voici ce que l'on peut imagi- ner en gros fur la fonction des fleurs par rapport au fruit. Le fruit eft ordinairement à la bafe du Piftille, deforte que quandle Piftille tombe avec le refte de la fleur, c'eft le fruit qui fe montre à fa place; fouvent auffi le Piftille n’eft qué le fruit même, mais toùjours ils ont fun & l'autre Ia même fituation dans le centre de la fleur, dont les feüilles difpofées autour du petit Embrion ne paroïflent deftinées qu'à lui fournir un fuc plus fin & plus délicat qu’elles lui préparent dans leurs petits vaifleaux, pendant le peu de temps qu’elles durent, & qu'il en a befoin. Les Sommets des Etamines font des Capfules ou Bourfes pleines d'une pouffiére qui tombe, quand elles s'ouvrent, étant parvenuës à un certain point de maturité. Feu M. Tournefort a crû que cette poufliére étoit un refte fuperflu, un excrément de la nourriture du fruit, & que les Etamines n'étoient que des efpeces de Canaux excrétoires, qui filtroient ces fucs inutiles, & en déchargeoient l’'Embrion naïflant. Mais M. Geoffroy le cadet a ofé embrafler une opinion contraire à celle de ce grand Botanifte, & qui donne un ufage bien plus noble à la pouffiére des Sommets des Etamines. Selon ce fyfteme a pouffiéreen tombant fur le Piftille rend féconde la graine ou le fruit qu'il renferme. Aiïnfi les Etamines feroient lapartie mafculine de la fleur, & le Piftille la partie féminine, & une même fleur auroit les deux fexes qui concourroient enfemble à la génération. Les fleurs, quoiqu Hermaphrodites, ne reflembleroient pas pour cela à la plüpart des Animaux Hermaphrodites, qui ne laiflent pas d'avoir befoin d’accou- plement pour produire, comme nous Favons dit des Lima- çons dans F'Hift, de 170 8.* elles ne reflembleroient qu'aux Moules, autres Hermaphrodites, qui produifent fans le {e- cours d'un animal de même efpece *, & apparemment à quelques autres éfpeces de Coquillages, qui par la même raifon que les Moules, c’eft-à-dire, à caufe de leur immo- bilité, doivent produire de la même maniére. L'immobilité DES SCIENCES. 53 des Plantes paroît aufft être la caufe de ce que les deux fexes réünis dans une même fleur opérent la génération fans le concours d’une autre Plante. Cette Analogie des Plantes aux Animaux eft fort incer- taine, jufqu'à ce qu'on ait fait voir que les pouffiéres des Som- mets fécondent les fruits. C’eft auffi ce que M. Geoffroy s’at- tache à prouver. La difpofition du Piftille & des Etamines eft toûjours telle que les pouffiéres tombent naturellement fur le Piftille. IL eft fouvent moins élevé que les Sommets, tout au plus eft-il de niveau , & quand il vient en croiflant à s'élever au-deffus d'eux, c'eft qu’alors le fruit commence à être formé, & n’a plus befoin de pouffiére. Dans les fleurs qui fe renverfent, comme {a Couronne Impériale, le Piftille eft beaucoup plus long que les Etamines, de forte que la pouffiére de leurs Som- mets tombe en affés grande quantité fur le Piftille, I eft ordinairement creux foit à fon extrémité feulement, foit dans toute fa Iongueur; de plus, il eft hérifié d’un duvet, ou enduit d’un fuc gluant, & par là il eft très propre ou à rece- voir ou à retenir la pouffiére. Elle eft d'une nature très fulphureufe, ainfique M. Geoffroy l'a trouvé par toutes fes expériences , & il ne paroît pas vrai- femblable qu’elle ne foit qu'un fimple excrément. Il femble bien plütôt qu'elle foit deftinée à caufer quelque fermentation délicate. Enfin, ce qui décidera Îa queftion quand on en aura une certitude entiére, M. Geoffroy croit jufqu'à préfent par les obfervations qu'il a faites, que les graines avortent & font infécondes , quand on a coupé les Etamines avant que la pouf- fiére ait pü tomber. ya plufieurs efpeces de Plantes, comme le Noyer , le Chefne, le Pin, le Cyprés, le Meurier, &cc. où les fleurs font flériles , & féparées du fruit. Ces fleurs ftérikes que M. Tourne- fort appelle particuliérement Charous ont des Étamines ou des . Sommets , dont les pouffiéres peuvent fans peine féconder les fruits qui ne font pas éloignés. 4 Mais il eft difficile d'ajufter à ce fyfteme les Plantes dont Gi * p.76. & fuiv. s4 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE une efpece porte les fleurs fans fruits, & une autre efpece les fruits fans fleurs. Tels font le Palmier, le Peuplier , le Saule. De-là vient leur diftinétion en Mâles & Femelles , car quoique ceux qui les premiers ont donné ces noms, ne foupçonnaffent pas Les Etamines des fleurs d'être des parties mafculines, ils ont appellé d'abord Arbres Femelles ceux qui ne portoient que des fruits, ce qui enfuite a déterminé les autres à être Môâles. Comment la pouffiére des Mäles va-t-elle féconder les graines des Femelles, fouvent éloïgnées, du moins féparées ! M. Tournefort a conjeéturé que les filaments déliés, # chevelu, qui naïflent toûjours fur les fruits de ces Plantes, pou- voient leur tenir lieu de fleurs. Mais M. Geoffroy aime mieux que le Vent apporte aux Femelles , pourvû qu’elles ne foient pas trop éloignées , la pouffrére des Mäles. Toujours fera-t-il certain par l'exemple de ces Plantes que les Etamines ne font pas faites pour la dépuration des fucs nourriciers du fruit, puifqu'elles ne naïflent que fur les pieds qui ne portent point de fruit, & qu'elles ne fe trouvent pas fur ceux qui en portent, & où elles feroient néceffaires. Si la génération des Palmiers & des Arbres de même na- ture, & en général fi la génération des Plantes fe fait comme M. Geoffroy le prétend, il fera rarc chés les Plantes, & com- mun chés les Animaux, que deux Individus de même efpece foient néceffaires' pour la génération, & au contraire il fera rare chés les Animaux, & commun chés les Plantes qu'un feul Individu fuffife. Ce rapport d’oppofition eft aflésconforme à l'idée qu'on peüt prendre des Combinaifons de la Nature. SUR LES FLEURS ET LES GRAINES DE QUEIQUES ESPECES DE FUCUS. L [, À Botanique marine ‘avance dans fa partie Ja plus diff- cile , qui eft la découverte des Fleurs & des Graines de fes Plantes. Quelques-unes de ces Fleurs où de ces Graïmes ent déja paru dans l'Hift. de 1710, * produites par M. le | | ; DES SCrENCES s5 Comte Marfigli, qui les avoit tirées de la Méditerranée, main- tenant M. de Reaumur en montre d'autres qui viennent de Océan. Elles appartiennent à quelques efpeces de Fucus , dont tout le genre a été rangé par M. Fournefort dans fes /nffiru- tions, fous la Claffe des Plantes qui n’ont ni Fleurs ni Graines connuës. Ainfr le progrès de la Botanique rend déja fautives quelques-unes des divifions de cet excellent Livre qui n'a été imprimé qu'en 1710. & fi lAuteur vivoit, il n’y a pas lieu de douter qu'il n'en fût ravi. Les Plantes de l'Océan , lorfqu’elles font dans des endroits ue le Reflux laïffe découverts, font plus aïfées à étudier que celles de la Méditerranée, que la Mer couvre toùjours, & l’on peut être étonné de là négligence des Naturaliftes, qui n’ont trouvé ni Fleurs ni Graines à des Plantes de l'Océan, qui en ont de très vifibles, & qui font expofées aux yeux en toutes faïfons. M. de Reaumur en a découvert fans peine au Ficus, fve Alga latifolia dentata Raï. Cette Plante, qui, à la maniére de prefque toutes les Plantes de la Mer, n’a point de racines, & n'eft, filon veut, qu'une grande feüille , qui fe divife & fe fubdivife en plufieurs autres toutes pofées dans un même plan, fe couvre toute entiére de Fleurs au mois de Juin, & jufque vers la fin de Juillet, Ces Fleurs fortent également des deux côtés de chaque feiïille par petits bouquets, compofés de filets extrémement fins & très courts. Dans l'eau ils font à peu près de la couleur verdâtre de la feüille, mais hors de l’eau , & lorfqu'ils font fecs, ils font blancs, & fe diftinguent parfaitement. Îfn’en vient jamais fur la Tige, ni fur la servure unique , qui partage chaque feüille en deux moitiés égales. Quand ces Fleurs font prêtes à tomber, les extrémités des feüilles groffliffent très confidérablement, & les Fleurs étant tombées , on voit à leur place fur toute la feüille autant de petits trous, qui font comme les Cahces ; où teur pied étoit renfermé. En ouvrant les extrémités des feüilles gonflées, on trouve qu'elles le font par une matiére vifqueule & tranfpa- rente, qui s'y ef amañlée. Dans cette liqueur font quantité de 56 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE petits grains de figure ronde, à cela près qu'ils ont chacun une efpece de petit tuyau très court , qui s’infére dans chaque trou de la feuille. Ces Graines ne font point encore les {e- mences du Fucus, ce font des Capfules pleines d’une liqueur affés femblable à la premiére, & où font renfermés d’autres * Grains plus petits, qui font enfin les femences. Aiïnfi dans cette Plante marine l'œconomie ou la difpofition de la plüpart des Plantes terreftres eft parfaitement obfervée, le fruit vient fous la Fleur qui ne paroït faite que pour le nourrir pendant qu'il eft le plus tendre & le plus délicat. Toute la partie des feüilles de ce Fucus, qui ne s'eft point gonflée , ne porte que des Fleurs ftériles ; apparemment, à ce que juge M. de Reau- mur , parce qu'elle eft d'un tiflu plus ferré, & que fes canaux n'ont pas été aflés libres, ni aflés ouverts pour filtrer l'aliment néceflaire au fruit. M. de Reaumur a trouvéune autre efpece de Fucus à feilles pliées en goutiére, où il n'a point trouvé de Fleurs, mais les ex- trémités des feüilles gonflées, les Caplules , les Grains, tout enfin dans la même difpofition qu'au précédent Fucus. Quand quelques Botaniftes ont fait une efpece de Fucus aux extrémités des fexilles gonflées , ils ont pris pour un caractére fpécifique un accident commun à plufieurs efpeces de Fucus, lorfqu’ils font en fleur , ou que leur fleur vient de tomber. II n'ya rien de fr aifé ni de fi naturel que d'aller trop vite & de fe méprendre. DIVERSES OBSERVATIONS BOT AIN TO UNE L Parent a vû dans la Cour d’une Maïfon un Acacia; .que on a voulu, il y a plufieurs années, retenir con- tre un Mur par un demi-cercle de Fer, qui ne l'embrafloit pas entiérement. Depuis ce temps l'Arbre a beaucoup groffi, & a excédé le demi-cercle du côté qu'il étoit ouvert, & de HDÜEMS A DO CERN .E NUCREIS L fx de plus il s’eft formé au-deflus de la barre une efpece de gros bourlet, qui en couvre préfentement la plus grande partie À & felon toutes les apparences la couvrira toute entiére dans quelques années. Ce gonflement fr confidérable fait au-deffus du demi-cercle, & non pas au-deffous , prouve -un fuc qui defcend, & qui eftou en plus grande quantité, ou plus épais que celui qui monte, & c’eft là un fait tout femblable à celui du grand Tithimale, quoique nié par M. Magnol. * IL On connoît des Oranges qui font en même temps Citrons, ne c'eft-à-dire qu'un certain nombre de Côtes , ou plütôt de Coins folides continués jufqu'à axe du fruit font d'Orange, & les autres de Citron. Ce nombre eft différent & différem- ment mêlé en différents. fruits. M. Homberg a dit que chés M. l'Eleéteur de Brandebourg, Grand Pere de celui d'aujour- d'hui, Prince fort curieux de Jardinage, il a vû des Pom- mes qui étoient Poires de la même façon. Ce phénomene furprenant de Botanique mériteroit un grand examen. Sont-ce là des effets de l'Art? comment sy feroit-on pris? il y a plus d'apparence jufqu'à préfent que ce foient des efpeces particuliéres. ù Marchant a donné la Defcription de l'Ambrofia ma- .ritima , ©. B. Pin. 138, Ambroifie, & de l'Aorminum Sclarea dium , C.B. Pin. 238. Toute bonne, ou Orvale, Et M. Reneaume celle de fa Gentiane à fleurs jaunes. Hif. 1711. H XV. l'Hift, dè1709:. 6 & 8 HisToiRE DE L'ACADÈMIE RoYALE # ee ÿ ART DUR NET AR UNE EE MEET Et rs JE 3e Ee + de * pe SR A BR RE Frs HERRRE LS A Lai DU RATE Les Régles & Remarques de M. Rolle pour la Conf- N Ous renvoyons entiérement aux Mémoires. V.les M. p.86 truction des Egalités. DES SCIENCES. s9 LR Re ER IRIS in rn es Re PR EE GEOMETRIE OR LEA TR AIGUT RE GE: S; un Bateau eft éloigné du Rivage de la longueur d'une certaine Corde, que l'on doit par conféquent imaginer comme perpendiculaire au rivage, & qu'un Homme prenant d’abord la corde en cette pofition tire le bateau, en mar- chant toüûjours d’un pas égal le long du rivage fuppofé par- faitement droit, & toûjours fur le bord ; ïl eft vifible que le bateau qui dans fa premiére fituation étoit éloigné du ri- vage de toute la longueur dela corde, en fera moins éloigné dans la feconde, & lorfqu'il commence à être tiré, parce que cette corde qui étoit perpendiculaire au rivage y devient in- clinée, qu'enfuite elle le devient toüjours de plus en plus , & que par conféquent le bateau s'approche toûjours, & qu'enfin comme elle ne peut être fi inclinée qu'elle ne fafle abfolument aucun angle fini avec le rivage, & qu'elle de- vienne la même ligne que lui, le bateau ne pourra jamais toucher le rivage, fi ce n'eft après un chemin infini, bien entendu que l’on confidére le bateau comme un point, ou comme réduit à fon centre de gravité. Il fuit de-là qu'il a dé- crit une Courbe dont le rivage eft l'Afimptote, & fi on veut, Axe, dont alors la premiére Ordonnée fera la Corde dans fa premiére pofition où elle étoit perpendiculaire , & dont les autres Ordonnées décroitront toùjours, jufqu'à ce qu’à l'extrémité Ÿ Axe infiniment éloigné, la derniére foit zero: Ces Ordonnées décroiflantes repréfentent les diftances du bateau au rivage qui diminuënt toûjours. La Corde fera toûjours Tangente de la Courbe, puifque c'eft fon inclinaifon toûjours variable qui détermine à chaque inftant la poñition H ÿ * V.YHilt. de 1709. p.101. & fuiv. 6o. HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de chaque petit côté de la Courbe, & comme cette Corde cft toûjours la même , c’eft une Courbe qui a une Tangente conftante, propriété qui lui eft particuliére. On l'a appelle Trad@rice, & M. Bomie a entrepris de lexaminer. Puique la Corde qui eft toüjours Tangente, eft perpendiculaire au Ri- vage, ou à l'Axe dans fa premiére pofition , il fuit que la Traétrice à fon origine eft perpendiculaire à fon Axe. Elle lui devient parallele à fon extrémité infiniment éloignée. Comme les Tangentes, les Soutagentes , & les autres Lignes principales qui entrent dans la confidération des Cour- bes, font exprimées en général par certains rapports , que l'on détermine enfuite par la nature des Courbes particuliéres, la Tangente, ni la Soutangente d'une Courbe ne peuvent être conftantes, que le rapport qui les exprime ne le foit auffr. Si l'on veut que la Soutangente d'une Courbe {oit conftante, on voit auffi-tôt que le rapport de fes Ordonnées à leurs in- finiment Petits fera toûjours le même, pourvü que l'on fup- pofe les infiniment Petits des Abfciffes toüjours égaux : or le rapport des Ordonnées à leurs infiniment Petits ne peut être toûjours le même que ces Ordonnées ne foient en pro- greffion géométrique aufli-bien que leurs infmiment Petits, donc dans cette Courbe les Ordonnées infiniment proches font en progreflion géométrique, pourvû que leurs Abfcifes croiflent toûjours également, c'eft-à-dire, {oient en progreflion arithmétique. Donc les Abfciffes font les. Logarithmes des Ordonnées correfpondantes * , & cette Courbe eft la Lo- garithmique. De même la Tangente de la Tractrice étant conftante, on voit tout d'un coup que le rapport des Or- données à leurs infiniment petits fera conftant auffi, comme dans la Logarithmique, pourvä que l'on fuppole les côtés infiniment petits de a Courbe toùjours égaux, & non pas, comme dans la Logarithmique, les infiniment petits des Abf- ciffes, d’où il fuit que dans la Traétrice les ares de la Courbe pris en progreffion arithmétique feront les Logarithmes des Ordonnées correfpondantes , qui par à feront néceflairement en progreflion géométrique. A “ DES SCIENCES. Gi La comparaifon de la Logarithmique & de la Tradrice fait voir que la Tractrice eft aifément rectifiable, c'eft-à-dire, qu'il eft aifé de trouver une ligne droite égale à un de fes arcs quelconques. Car en prenant une Logarithmique & une Traétrice, telles que la Soutangente conftante de l'une & la Tangente conftante de l'autre foient égales, & les dif pofant de forte qu'elles ayent le même Axe, la même ori- gine, & chacune une Ordonnée quelconque égale, l'AB£ ciffe correfpondante de 1 Logarithmique & fArc de la Traétrice feront également le Logarithme de cette Ordon- née, & par conféquent ces deux lignes l'une droite, l'autre courbe, feront égales. . L'Hyperbole eft une autre Courbe à Logarithmes *,& 14 Traétrice y a auffi rapport , M. Bomie démontre que fa Qua- drature de l'Hyperbole , auffi inutilement cherchée que celle du Cercle, fe trouve par la re@ification de la Traétrice, 11 femble d'abord que puifque cette rectification eff poffible, ainfi que nous venons de le voir, la quadrature de l'Hy- perbole eft donc trouvée ; maïs la Traétrice n’eft rectifiable que fuppofé qu'elle foit décrite géométriquement, c’eft-à-dire, par un mouvement continu. Si fon mavoit pas d'autre moyen de décrire un Cercle que de tirer d'un même point . tant de lignes égales qu'on voudroit , if feroit bien vrai que toutes ces lignes fe termineroient à une circonférence cir- culaire, mais comme .on n'en pourroit tirer a@uellement qu'un nombre fini , il refteroit entre leurs extrémités des intervalles, où la circonférence circulaire feroit interrompu, & pour un nombre fini de points de cette circonférence que lon auroit, il y en auroit un nombre infini que l'or n'auroit point. Ainfi le Cercle ne feroit point du tout décrit exactement ou géométriquement ; mais on voit qu'il left par le mouvement continu du Compas, ear en général tout mouvement continu parcourt ou décrit une infinité de points, La conftrutfion de a plûpart des Courbes, “c’eft-à-dire, la mé- thode de les décrire, n’eft que l'art d'en trouver des points un à un, & par conféquent ces defcriptions ne font point géo H üj * V.T'Hif, de 1709. ci-deflus. 62 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE métriques , & à proprement parler, nous n'avons point ces Courbes, nous les fuppofons décrites, & nous les confidé- rons. Il y en a peu que l'on puiffe décrire par des mouve- mens continus , comme les fcétions Coniques. La Traétrice & la Logarithmique font à cet égard dans {a condition com- mune. Comme il faudroit une quadrature géométrique de l'Hyperbole, on ne la peut avoir par a rectification de la Traétrice , quoique poflible dans la Théorie, parce que cette rectification fuppofe une defcription géométrique de la Trac- trice, que l'on n’a pas. M. Bomie a fait voir que fi la Traétrice étoit décrite géo- métriquement , la Logarithmique & la Chainette le pourroient être par points. On fçait que la Chainette eft une ligne chargée d'une infinité de petits poids égaux, & qui étant attachée par fes deux extrémités à une ligne horizontale eft obligée par les poids qu'elle porte à prendre une certaine courbure. L’efpace compris entre laTractrice & fon Afimptote, quoi- qu'étendu à l'infini, n’eft que fini, & cet efpace eft égal à celui du quart de Cercle qui auroit pour rayon ka Tangente de la Tradrice. De mème le folide formé par la révolution de cet efpace ou de cette furface afimptotique autour de l'Afimptote, quoi- qu'étendu à l'infini, n’eft qu'égal au quart de la Sphére, dont le rayon feroit la T'angente dela T'raétrice ; merveilles dont on ne daigne plus préfentement s'étonner. JUR LA QUADRATURE DES COURBES. OuR fe faire une idée des Quadratures des Courbes en général, il eft bon de voir ce qui fait la dificuité de la Quadrature du Cercle, fameux écüeil des Géometres anciens & modernes. Le Problème cônfifte dans-une alternative, c'eft de trou- ver un efpace rectiligne égal à l'efpace circulaire, ou de dé- montrer qu’il eft impoffible de trouver ces deux efpaces égaux. DÉES SCC E NECGHE | 6 La plüpart du monde n'entend par Quadrature du Cercle que la premiére partie de cette alternative ; cependant la feconde réfoudroit parfaitement le Problème. . Si on avoit le rapport du Diametre à la circonférence , ce qui emporteroit que la circonférence füt exprimée par quelque affection du Diametre, & qu’elle füt par conféquent égale à une ligne droite, on auroit la Quadrature du Cercle, puifqu’il eft démontré que l'efpace circulaire eft égal à un Triangle rec- tangle dont les deux côtés comprenants l'angle droit feroient le Rayon, &une ligne droite égale à la circonférence; d’où il fuit que pour quarrer Le Cercle il fuffit de le rectifier, ou plütôt que l'on ne peut faire lun fans l'autre. I n'y a point de Courbe qui réellement & en elle-même ne foit égale à quelque ligne droite, car il n'y en a point que lon ne puifle concevoir exactement enveloppée d'un fil, & puis développée, mais il faut pour les Géometres que ce qu'ils connoiffent de la nature de la Courbe puiffe leur fervir à trou- ver cette ligne droite, ou, ce qui revient au même, il faut que cette ligne foit renfermée dans les rapports connus, de maniére à pouvoir être elle-même exaétement connüe, Or quoiqu'elle y foit toüjours renfermée, elle ne left pas toujours de da ma- niére dont nous aurions befoin. Au delà d'un certain point, qui n'eft pas même fort éloigné, nos dumiéres nous abandon- nent , & aboutiflent à des ténébres. L'Arithmétique a des expreflions très nettes & très intel- ligibles pour tous les nombres rationels, mais elleen manque pour des irrationels, qui font ennombre infiniment plus grand, carentre 1 & 2 par exemple , il y en a une infinité, La racine de 2, qui eft moyenne proportionnelle entre 1 & 2 , eft une idée très obfcure, & cette grandeur eft telle que fi on la veut exprimer en nombres rationels, qui font les feuls clairement intelligibles , on approchera toûjours de fa valeur exacte, fans y pouvoir jamais parvenir. Ainfi, f pour la valeur de {a Ra- cine de 2 ,on met d'abord x, ileft wifible qu'on ne met pas affés ; fr on ajoûte +, on met trop ; car le quarré de 1 plus£ ou de + eftplus grand que 2 ;fienfuite on ôte +, on verra qu'on : P- 144: & fuiv. 64 HisToiRE DE L'ACADEMIE RoYALE atrop Ôté; fi en quatriéme lieu on ajoûte =, le tout fera trop fort, & on n'arrivera jamais à un nombre où l'on puiffc s’arré- ter. Ces nombres déja trouvés, & ceux que l’on trouveroit encore à l'infini, étant difpofés felon leur ordre, font ce que l'on appelle une Serie où Suite. H y a des Regles & un Art pour trouver ces fuites, telles qu'elles conviennent aux différentes grandeurs qu'elles expriment. Quelquefois elles ne procédent pas par des additions & des fouftraétions mêlées enfemble , mais par des additions feules, ou parune infinité de fouftraétions qui fuivent la pofition d’un premier terme. I ef vifible que comme tous les termes de ces fuites infinies ne doivent égaler qu'une grandeur finie, ils doivent être dé- croiflants, & même il eft à propos qu'ils le foient le plus qu'il fera poffible, afin que l'on puifle fans erreur confidérable ne prendre pour la grandeur qu'on cherche qu'un certain nombre des premiers termes , & negliger tout le refte. Ce ne font pas feulement les nombres irrationels qui s'ex- priment en nombres rationels par des fuites infinies, les nom- bres rationels peuvent s'exprimer auffi de la même maniére, 1, par exemple, eft égal à cette fuite infinie, +, +, +, 5, &c. mais la différence eft que les nombres irrationels ne peuvent s'exprimer en nombres rationels que par des fuites infinies, & que les rationels n'ont pas befoin de cette expref- fion. Nous avons dit dans l'Hift. de 1707. * qu'entre les fuites infinies il y en a qui ne font cependant qu'une fomme finie, comme +, +, g» &C. & en général toutes les progreflions géométriques décroiffantes, & d’autres qui font une fomme infinie, comme la progreflion harmonique +,+,+,+, &c. mais ici il ne s'agit que de fuites qui font une fomme finie, puifqu’elles n’expriment qu'une grandeur finie, & ce n’eft pas à dire pour cela que cette fomme fe puifle toujours trouver. Ainfi il eft bien für qu’on ne fçauroit trouver la fomme, quoi- que finie de la fuite infinie qui exprime la Racine de 2, car ce nombre irrationel feroit donc en même temps rationel. Telle D'ECS LOSC THON OC E !s 65 Telle eft Ja nature du nombre irrationel, ou plûtôt peut-être, tel eff le rapport de fa nature à nôtre maniére de concevoir ; u'il fuit dans un infini où nous ne pouvons le fuivre. Il eft bon de faire ici deux Remarques fur les fuites en général. 1.0 II y en a de telles qu'après un certain nombre de ter- mes, tous lesautres termes en nombre infini deviennent cha- cun zero. Alors il eft évident que la fomme de ces fuites n’eft que finie, & fort aifée à trouver. Elles n’ont qu'une apparence d'infini. | 2. La même grandeur peut être exprimée par différentes fuites. Elle le fera & par une fuite dont la fomme fe peut trou- ver, & par une autre dont la fomme ne fe peut trouver. L'impoffbilité où eft l'Arithmétique d'exprimer exacte- ment les nombres irrationels, n’eft point pour la Géométrie. Celle-ci lesexprime exactement en lignes. Tout lemonde {çait, parexemple, que la Diagonale d’un Quarré dont le côté eft Er eft a Racine de 2. Cette Diagonale, qui eft une ligne déter- mince, eft la valeur Géométrique exacte de cette Racine, il n'a point fallu fe jetter dans des fuites infinies. Müis fur d'autres grandeurs la Géométrie elle-même peut tomber dans le même embarras que l’Arithmétique, car il eft poffible qu’il y ait telle ligne droite qui ne puiffe être exprimée quepar une fuite infinie de lignes plus petites, & dont la fomme ne {e puifle trouver. La Géométrie aura donc des grandeurs qui parl'impoflibilité de lexpreffion exacte répondront aux nom- bres irrationels de 1 Arithmétique. Les lignes droites qui feroient égales à des Courbes font fou: vent de ce genre. En cherchant la ligne droite égale à Ja cir- conférence du Cercle, on trouve que le Diametre étant r; cette ligne eft£ moins # plus # moins # plus # &c. deforte que c’eft une fuite infinie de fractions, dont le numérateur eft toû. jours 4, & les dénominateurs font la füite naturelle des nom- -bres impairs, & que tous ces termes ont alternativement plus & moins. On ne peut trouver la fomme de cette fuite, qui donneroit le rapport exaét de la circonférence au Diametre, File 1717. I 66 Histoire De L'ACADEMIE RoyaLr JL n'y a nulle apparence que l'art de la Géométrie puifie jamais aller jufqu’à trouver cette fomme , mais c'eft déja une chofe qui n'eft pas démontrée, & par conféquent l'impofli- bilité de la Quadrature du Cercle ne l'eft pas, même à cet égard. Mais il y a plus. La Circonférence peut être expri- mée par beaucoup d'autres fuites , dont peut-être quelqu'une aura une fomme qui fe pourra trouver, & enfin pourquoi le Probleme ne pourroit-il être réfolu que par des fuites? Voilà quelle eft la difficulté de ce Probleme pris dans toute l’étenduë de fon alternative. Les autres Quadratures de Courbes fe réduifent aflés fouvent à des fuites infinies, & mème néceflairement, ou du moins fans que Jon voye au- cun autre moyen pour y parvenir. Ce font ces fortes de Quadratures dont M. l'Abbé de Bragelonne à entrepris de traiter. Il n'y a point d’Infiniment petit ou d'Elément d'un ef pace curviligne quel qu'il foit, que l'on ne trouve très faci- lement par le Calcul différentiel, mais il eft fouvent difficile, & quelquefois impofñfible de trouver par le Calcul intégral la valeur de l’efpace fini formé de cet Elément répété une infinité de fois. Si dans une expreffion Différentielle les grandeurs variables qui feules ont des Infiniment petits ou Différentielles , ne font accompagnées que chacune de eur Différentielle propre, l'intégration fe fait fans peine, mais elle devient très difficile fi ces Grandeurs font mélées avec des Difiérentielles qui ne leur appartiennent point. Que f malgré cela l'Intégration fe peut faire, on tombe le plus fou- vent dans des fuites infinies. M. l'Abbé de Bragelonne donne d'abord le moyen de changer de certaines efpeces de Courbes exprimées par un mélange de Grandeurs variables avec des Différentielles étrangéres, en d’autres Courbes où ce mélange incommo- de ne fe trouve plus, & dont cependant les efpaces curvi- lignes foient égaux à ceux des autres, deforte qu'elles ayent la même Quadrature. Enfuite il confidére la nature des fuites infinies où l'on arrive par l'intégration des Efpaces infini- - DES SCIENCES. 67 ment petits des derniéres Courbes. C'eft là une ample ma-- tiére de recherches & de réfléxions, mais qui tiennent trop à a pratique du Calcul & au fond de l'Art, pourentrer ici, Nous dirons feulement que des fuites infinies de M. l'Abbé de Bra- gelonne on ne peur en général en avoir la fomme, & que par eonféquent les Courbes dont elles expriment les efpaces ne font pas quarrables exaétement, mais que l'on peut approcher toû- jours à l'infini de Ja valeur de ces efpaces, qu'il y a des cas par- ticuliers où paflé un certain terme de la fuite tous les autres de- viennent zero, ce qui rend Ja fuite finie, & la Courbe quar- rable, que l'efpace de la même Courbe pouvant être exprimé par différentes fuites, on pourroit croire qu'une Courbe ne {e- roit point quarrable , quoiqu'elle le fût, parce qu'on F'auroit confidérée fous une forme, & non fous une autre, dont elle étoit également fufceptible, & que le feul moyen de prévenir cette erreur eft de donner à l'efpace d’une Courbe, ainfi que M. l'Abbé de Bragelonne l'enfeigne, toutes les formes qu'il peut recevoir, V.les M. P-302. * P: 97: & fuiv. * p.77 & fuir. 68 HisToiIRE DE L'ACADEMIE ROYALE BENERANEDE RE MERE ME REA PA EPA ERA DE NEDE RARE MEME REDE RATE RE TE RE MERETEME PERRET RTE P RER PETER De ae de 3e 39e 3e 39e 24 0h 28e 3Ge Ve ae DE 83e este 28e fee 28e of 82e 29e af af 2502 28e 33e ae 20e 3% 33e de 8e 35e x LES PRRERENE RE MEME RE NON PE PERTE MERE MEME NEA RE MAR ARENA A PARA PNA RENE PER MER HET MARDI D A! S "EC NO" MIE SUR LASER AN TS LA AE DE" CA LOU>N LE Ous avons dit dans P'Hift. de 1 70 6. * ce que c'eft que la Parallaxe, & dans celle de 170 3. * combien la connoif- fance de la Parallaxe de la Lune eft néceffaire dansJe calcul des Eclipfes. Nous fuppofons ici tout ce qui a déja été expliqué, & nous allons feulement y ajoûter quelques éclairciflements utiles pour le fujet que nous avons prélentement à traiter. Si l'on imagine la Lune dans l'Equateur , & en même temps àl'Horizon d'un Obfervateur placé fur l'Equateur terreflre, deux lignes tirées au centre de cet Aflre, l'une du centre de la Terre, & l’autre de l'œil de l'Obfervateur ou d’un point de la furface de la Terre, feront au centre de la Lune l'angle que l’on appelle fa Parallaxe horizontale. Cet angle eft a différence entre les deux lieux du Zodiaque où fe rapporte la Lune vüë du cen- tre de la Terre, ou vûé de fa furface. T'out le Globe de la Terre étant conçü divifé par des Méridiens que l’on appelle aufli Cercles horaires, parce qu'ils partagent en parties égales tout le temps de la révolution journaliére d’un Aflre, il eft vifible que fi la Lune étoit vüë du centre de la Ferre, elle feroit toüjours rap- portée au Cercle horaire où elle feroit effectivement , mais étant vüë de deflus la furface de la Terre, & à l'Horizon, elle cft rapportée à un Cercle horaire différent de celui où elle eft veritablement , ou à l'égard du centre de la Ferre, & plus orien- tal, fr elle fe leve, plus occidental, fi elle fe couche, & enfin toûjours plus bas que fon Cercle veritable ; & elle n’eft rap- portée au Cercle où elle eft, que quand elle eft au Méridien de l'Obfervateur fuppolé, & par conféquent à fon Zenit. Alors Dre D'Eis SCIE N C E:s. 69 les deux lignes tirées du centre de la Terre & de fa furface fe confondent , & la Parallaxe cefle. De-là il fuit que la Parallaxe horizontale eft la plus grande, & qu’elle va toûjours en di- minuant jufqu'au Méridien, & dans la fuppoñition préfente, jufqu'au Zenit. Comme cette Parallaxe fait rapporter la Lune àdes Méridiens différents de ceux où elle eft véritablement, elle change l'apparence de fon mouvement en afcenfion droite, & par cette raifon eft appellée Parallaxe d'afcenfon droite. Sa variation ne dépend que de Îa différente élévation de la Lune fur l'horizon, mais fr l'on imaginoit le Globe de 1a Terre plus gros, ou fon diametre plus grand, la Parallaxe ho- rizontale {eroit plus grande , & par conféquent auffi celles de tous les autres degrés d'élevation, parce que les deux lignes , tirées du centre de {a T'erre & de fa furface feroïent tirées de deux points plus éloignés, & que par conféquent l'angle qu'elles font au centre de la Lune auroit une plus grande bafe. La Pas rallaxe cefleroit toüjours également au Zenit. Par la même raifon, fi la Lune étant à un Tropique,l'OP- fervateur y étoit auf, ilauroït une moindre Parallaxe d’afcen- fion droite, car alors fa bafe de l'angle de la Parallaxe ne feroit que le demi-diametre du Tropique terreftre, & ‘ce feroit la même chofe que fi le Globe de la Terre étoit effectivement diminüé. L'Obfervateur rapporteroit donc la Lune à des Cer- cles horaires moins différents de ceux où clle feroit. Que fr la Lune étant à l'Equateur, l'Obfervateur eft fous un Tropique , il rapportera toûjours la Lune à un Cercle horaire différent du véritable , horfmis quand elle fera à fon Méridien, car il la verra alors dans le même Cercle que s'if la voyoit du centre de la Terre. Ainfr il y aura parallaxe d'afcenfion droite depuis l’horizon jufqu'au Méridien , où elle ceffera. Mais comme l’Obfervateur aura la Lune à fon Méridien fans l'avoir à fon Zenit , une ligne tirée de lui au centre de la Lune fera différente de celle qui y fera tirée du centre de la Terre, & rapportera la Lune un peu hors de lEquateur, & lui donnera quelque petite déclinaifon. I yaura donc alors , même au Méridien , une Parallaxe de déclinai[or: | I ïï + V.THit. q de 1706. p- 97: & fuiv. 70 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE En un mot, la Lune étant au Méridien, fera rapportée au mé- me Cercle que fr elle étoit vüë du centre de la Terre, mais non pas au même point de ce Cercle. IL fuit donc que la Parallaxe d’afcenfion droite eft d'autant plus petite que le lieu de lobfervation eft plus éloigné de 'E- quateur, ou plus proche du Pole, & que fous le Pole elle eft abfolument nulle. En effet, comme tous les Méridiens sy réüniffent , l'Aftre en quelquepoint qu'il foit eft toüjours dans le Méridien du lieu. Il eft clair que la Parallaxe de déclinaifon ne Jaifle pas d'y fubfifter. Il ne s’agit ici que dela Parallaxe d'afcenfion droite, car pour fçavoir quelle eft a Parallaxe de la Lune , ou , ce qui eft la mé- me chole, quel eft l'effet de la grandeur du demi-diametre du Globe terreftre à l'égard des apparences de fon mouvement, il fuffit de fçavoir combien les Cercles horaires où elle eft rap- portée par un Obfervateur font différents des véritables. C'eft ce qu'a fait M. Maraldi en fuivant la même méthode ue M. Caffini avoit trouvée & pratiquée pour Mars *. Tout le fecret confifte à avoir dansune grande précifion, & le mou- vement vrai de la Lune, qui fe rapporte au centre de la Terre, & fon mouvement apparent qui fe rapporte au lieu de l'obfer- vation, afin que leur différence , qui à l'Horizon ou vers le Eercle de fix heures eft la plus grande qu’elle puiffe être, donne la Parallaxe horizontale. M. Maraldi eut le mouvement vrai par les Tables de M. Caffini qu'il avoit vérifiées les jours qui précédérent immédiatement fon obfervation , & qu'il trouva d'une grande juftefle. IL eut exaétement le mouvement appa- rent de la Lune en la comparant à celui d’une des Pleïades qui en étoit fort proche, & qui comme toutes les autres fixes eft un terme immobile, du moins pendant un temps fort confi- dérable. La Parallaxe horizontale trouvée ne l’étoit que pour le Pa- rallele de Paris, car fous Equateur elle eût été plus grande, & c'eftcette Parallaxe entiére & abfoluë que l’on cherche: Mais il eff fort ailé de la conclure de l'autre, puifque la Parallaxe d'un Parallele quelconque eft à cellede l'E quateur, comme le demi- RERLEX LE PAT D''EMSLS CIE NÉCIE:S 71 diametre de ce Parallele eft à celui de l'Equateur où du Globe de fa Terre. M. Maraldi trouva qu'au temps de fon obferva- tion la Parallaxe horizontale de la Lune fous l'Equateur devoit être de 54° 55", ceft-à-dire, prefque auffi petite qu’elle puiffe être , felon ce qui a été dit dans l'Hiff. de 170 3. * & que par conféquent la Lune étoit alors à quelque chofe près dans fon plus grand éloignement de la Terre. La Parallaxe horizontale de la Lune fous l'Equateur, c'eft- à-dire , fa véritable diftance à la Terre, varie, & cela non pas feulement parce que l'Orbite de la Lune eft elliptique *, mais felon d'autres circonflances, dont quelques-unes ne paroiffent pas avoir naturellement beaucoup de rapport à cette variation. Nous avons dit dans l'Hift. de 1 70 2.* que le mouvement de la Lune varie felon qu'elle eft plus où moins éloignée re. de fon Apogée, 2°, du Soleil, 3°. de l'Apogée du Soleil. De même la diflance de la Lune à la Terre varie par les deux pre- miers principes, & de plus felon la diftance de fon Apogée au Soleil. La Lune étant à l'égard de la Terre ce que toutes les Pla- netes principales font à l'égard du Soleil ,& décrivant comme elles une Orbite elliptique par un mouvement qui fe rapporte à un foyer, il eft naturel qu’elle ait moins de vitefle réclle dans fon Apogée , ainfi que ces Planetes en ont moins dans leur Aphélie * , & il eft néceflaire qu'elle foit en même temps plus éloignée dans fon Apogée, comme elles le font plus dens leur Aphélie, mais c'eft là tout ce que la Lune a de commun avec les Planetes principales ; les autres inégalités de fon mouve- ment & de fa diftance lui font particuliéres, & doivent venir: de caufes qui le foient auffi. Le grand Tourbillon du Soleil emporte-autour de cet Aftre toutes les Planetes principales fufpenduës à différentes diftan- ces, mais fa Lune eft emportée autour de la Terre par un petit Tourbillon, qui eft en même temps emporté autour du Soleil par le Tourbillon général, & de-là vient que le mou- yement doit étre plus compliqué que celui des Planetes prin- gipales. É * V.l'Hift. de 1710. P: 104, * p.775 XV.IH if, de 1707, P- 97. & fuiv. 2 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Je fuppofe que le mouvement de tout le grand Tourbillon -parte du Soleil, & quand même il partiroit des extrémités du Tourbillon, ce que j'ai à dire fubfiftsroit. Le petit Tourbillon de la Lune füt-il exactement rond, fa circonférence feroit au- trement frappée par le grand Fourbillon dans la ligne qui join- droit leurs centres que dans les autres lignes qui partant du même centre du grand Tourbillon iroient à tous les autres points de la circonférence du petit, & enfin en deviendroient des Tangentes. Mais de plus le Tourbillon de la Lune eft ellip- tique, autre principe, quoique peu confidérable à cet égard , d'inégalité dans le choc. Le Tourbillon étant mû mégalement en fes différentes parties , la Lune qu'il emporte le doit être auffi felon les endroits où elle fe trouve. Or les différentes po- fitions de la Lune dans fon Tourbillon font la même chofé que {es diftances au Soleil. Ce raifonnement fuppofe que le grand Tourbillon feroit par lui-même une impreffion égale fur celui dela Lune, mais cela peut n'être pas, & felon toutes les apparences n'eft pas en effet, Puifque le grand Tourbillon a moins de viteffe à l Aphélie de la Terre, & qu'il en a toûjours de plus en plus jufqu'au Pé- rihélie, on peut concevoir que la colomne qui va du Soleil à YAphélie de Ia Terre frappe le Tourbillon de la Lune diffé- remment des autres, & qu'ainfi il reçoit une impreflion de mouvement inégale dans {es différentes parties felon qu'elles . font expolées aux-différentes parties du grand Tourbillon , . prifes felon leurs diftances de l'Aphélie, La Lune participera néceflairement à cette inégalité. Quand on dit qu'elle eft dans l Apogée du Soleil, ou dans le mème point du Zodiaque où eft l’Apogée du Soleil, cela veut dire que laligne tirée du centre dé la Terre au centre de la Lune paffe par l'A phélie de la Térre, La Luneeft donc alors direétement expofée à la colomne.de l'Aphélie , & de-[à vient que fon mouvement efl inégal felon fes diftances à cet Aphélie, ou, ce qui eft Ja même chofe, à l'Apogée du Soleïl. Es - Voilà ce que l'on peut penfer fur les principes Phyfiques ” des trois variations du mouvement de la Lune , dont les deux derniéres DES SCTENCES 73 derniéres, & la derniére fur-tout , peuvent paroître aflés fur< prenantes. Venons maintenant aux variations de diftance. Le mouvement de la Lune, je n'entends ici par ce mot, que fa vitefle réelle, & fa diftance à la Terre peuvent varier en- femble, ou l'un fans l'autre. Ils varieront enfemble, fa Lune qui eft un corps folide reçoit de la caufe de la variation plus ou moins de mouvement que la couche de matiére fluide dans 1a- quelle elle nage, car frelle prend plus de mouvement elle s’é- levera par fa force centrifuge au-deffus de cette couche où elle étoit, & fi elle prend moins de mouvement , elle s'abaiffera re- pouflée par la force centrifuge de cette même couche. Soit qu'elle s'éleve ou s’abaifle, elle fe trouvera dans une nouvelle couche qui aura plus ou moins de vitefle, & qu'elle fuivra. Le mouvement de la Lune varier fans fa diftance, fi la caufe de la variation fait a même impreffion fur la Lune , & fur a couche où elle nage, car alors elle n’en fortira point. La diftance va- riera fans le mouvement , fi Ja Lune peut dans la couche fu- périeure & plus fente où elle fera élevée ne rien perdre du mou- vement qu'elle avoit , ou ne rien prendre de celui de la couche inférieure & plus rapide où elle fera tombée , du moins pour quelque temps , ce qui doit être affés difficile, -. Tout cela n'eft que pour donner une idée très-groffiére & très-fuperfcielle des caufes des variations, & des combinaifons de variations des mouvements & des diftances dela Lune. Ce {croit le Chef-d'œuvre de la Phyfique qu'un fyfteme exact fur ces matiéres. Nous nous contentons de faire entrevoir une poffibilité vague & confufe des différents cas. - Les deux premiéres variations des diftances de Ja Lune font aïfées à entendre par les deux premiéres variations de mouve- ment qu'elles fuivent , & que nous avons en quelque forte expliquées. Refte Ia troifiéme variation de diftance, qui ne ré- pond point à la troifiéme de mouvement, & qui dépend de la diftance de lApogée de la Lune au Soleil. + La ligne qui va de l'Apogée dela Lune à fon Périgée, ef le grand Axe de F'Ellipfc de fon Orbite ou de fon T'ourbillon: ‘Or ileff clair que felon que le Tourbillon elliptique de la Lune El 17e sisi udis K V.les M. P: 157: * V.T'Hift. de 1702. P-73- à 74. à& celle de 1703. p. 78. & fuiv. 74 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE préfente direétement au Soleil fon grand ou fon petit Axe, ou qu'il eft dans les fituations moyennes entre ces deux, il doit être différemment frappé par la matiére du grand Tourbillon , & ces différentes impreflions dépendront de la différente pofi- tion du grand Axe, par rapport au Soleil, ou, ce qui eft la même chole , de la diftance de l’Apogée de la Lune au Soleil. De ces différentes impreflions viendront les différentes diftan- ces de la Lune à la Terre, quoique fans variation de mouve- ment, s'il n’eft pas impofhible que la diftance varie fans le mous vement , auffi-bien que le mouvement fans la diftance. Nous pouvons remarquer pour donner encore quelque vrai- femblance à tout ce difcours , que les caufes que nous avons in- diquées des variations de la Lune épuifent tout ce qu'on peut imaginer de principes d’inégalité dans fon Tourbillon. Il a de lui-même un mouvement inégal, parce qu'il eft elliptique, & de plus parce que fon mouvement fe rapporte à un foyer, & non au centre. [left différemment frappé en fes différentes par- ties par le grand Tourbillon , parce qu'il ef elliptique , & de plus parce que l'ellipfe fe tourne & fe préfente de différens fens. Enfin la force abfoluë du grand Tourbillon qui le frappe, eft elle-même inégale dans les différentes parties de ce T'ourbil- on. Maïs encore une fois, tout cela n’eft qu'entrevü au tra- vers de nüages fort épais. SUROLA PE NOMBRE. ’EsT principalement dans lAftronemie qu'il eft impor- tant de confidérer la Pénombre, parce que le plus fou- vent elle fait feule les Eclipfes de Soleil, & que dans les Ecliples de Luneil faut tâcher de la diftinguer d'avec l'Ombre. * Si, fuivant ce qui a été dit dans les deux endroits cités, on conçoit que le Soleil ne foit qu'un point lumineux, & infini- ment éloigné de la Terre, du moins phifiquement, les deux rayons tirés de ce point aux deux extrémités d’un diametre de la Terre feront par conféquent paralleles , & ils détermineront Soie it D pd 3 DR EUS NS CHF ANLCHELS 7 les deux bords d'une Ombre infiniment étenduëé, & égale en largeur au diametre de la Terre. Alors il.eft évident qu'il n'y aura point de Pénombre. Mais fi l'on confidere le Soleil avec fon diametre apparent, & que d'une des deux extrémités de ce diametre, l'Orientale, par exemple, on tire à chacune des deux extrémités du diametre de la Terre deux rayons qui feront pa- ralleles , puifqu'ils partent du même point, & que le Soleif eft toûjours dans le même éloignement infini, & que de même de l'extrémité Occidentale du diametre du Soleil , on tire aux deux extrémités du diametre de la Terre deux autres rayons parallelés, outre les deux de la premiére fuppofition qui par- toient du centre du Soleil, on verra fe former derriérela'l erre une Ombre & une Pénombre. Deux rayons paralleles partis d’un point quelconque du Soleil détermineront un efpace infini où il nentrera aucuns rayons de ce point, ou, ce qui eft la même chole, l'efpace de l'ombre que fera le diametre de la Terre à ce point du Soleil. Mais comme les rayons partis de différents points ne feront pas paralleles, ils fe couperont, & un cfpace abfolument privé des rayons d’un point du Soleil ne le fera pas de ceux d'un autre, & {à il y aura Pénombre. Un feul efpace qui, à ne confidérer qu'un diametre du Soleil & un diametre de la Terre, fra triangulaire, ne recevra aucuns rayons d'aucun point du Soleil, & là ce fera l'Ombre propre- ment dite. | Le triangle d'Ombre véritable a pour bafe 1e diametre de Ja Terre , fes deux autres côtés font deux rayons partis des deux extrémités du Soleil, & l'angle qu'ils font entr'eux , ou l'angle du fommet , eft celui fous lequel le diametre du Soleil eft vû. Puifque la grandeur de cet angle ne dépend que de la grandeur de ce diametre apparent, il eft clair que tant que ce diametre demeurera le même, l'angle ne changera point, quelque va- riation que l'on conçût au diametre de la d'erre. Seulement f ce diametre devenoit , par exemple, plus grand; c’eft-à-dire, que Îa Planete éclairée füt plus groffe, l'angle s'éloigneroit da- vantage de fa bafe, & fes côtés s’allongeroient ; & par con- féquent FOmbre s’agrandiroit & s’'étendroit, & enfin le dia- 76 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE metre de [a Planete étant devenu infini, le Triangle d'Ombre le: feroit auffr, en confervant le même angle du fommet , & la même proportion de la bafe aux côtés. Au contrajre le dia- metre de la Planete étant, infiniment petit, le Triangle d'Om- bre deviendroit nul. On entend affés que ce Triangle d'Ombre eft veritablement un Cone, quand on conçoit, non pas un diametre feul de la Planete, mais tout un hémifphére de la Planete éclairé, Le Triangle d'Ombre eft de tous côtés environné de la PE- nombre. Elle s'étend à l'infini en longueur, puifqu'à chaque point du diametre du Soleil répond un efpace infini où il n'en- tre abfolument aucuns rayons de ce point , queiqu'il y en entre des autres. Deux rayons tirés des deux extrémités du Soleil aux deux extrémités du diametre de la Terre, & qui vont toujours en s’écartant, font les deux bords de la Pénombre qui par con féquent croît toüjours en largeur, & cft aufli mfinie en ce fens. Tout cet efpace infini eft la Pénombre, fi on en retran- che le Triangle d'Ombre qui y eft compris. La figure de cet efpace en y comprenant le Triangle d'Ombre eft un Trapefe, dont un des côtés eft le diametre de la Ferre, le côté oppolé, qui lui eft parallele, eft une ligne infinie qui eft la largeur de la Pénombre projettée à l'infini, & les deux autres côtés les deux rayons tirés des deux extrémités du Soleil par les deux extrémités du diametre de la Terre, & qui prolongés au de-là de la Terre vers le Soleil fe couperoïient en un certain point fous un angle égal à celui du diametre apparent du Soleil: On peut appeller cet angle celui dans lequel la Pénombre eft com: prile. H eft donc évident que la Pénombre fera d'autant plus grande, que cet angle, ou, ce qui eft la même chofe , que d'Aftre fera plus grand, la Planete demeurant la même. La Pé- nombre fera par tout plus étenduë en largeur , & fa derniére largeur, quoiqu'infinie, {era aufli plus grande. Mais fi Y Aftre demeurant le même, le diametre de la Planete eft plus grand ; ce {era la même chofe que fi ce diametre s'éloignoit en croiflant de l'angle conftant qui comprend la Pénombre; la Pénombre DES SC TAEUN cc Et 56 7 1. 77 commencera par une largeur qui étoit déja une des largeurs “croiffantes de la Pénombre de la Planete lorfque fon diametre étoit moindre, & enfuite tout le refte fera le même, & enfin fi le diametre de la Planete étoit infini, la Pénombre com- menceroit par une largeur infinie , qui ne laifferoit pas d'aug- menter encore à Finfini, c'eft-à-dire, jufqu'à un infini du {e- cond genre. Nous avons vü qu'en cecas là le Triangle d'ombre feroit infini auffi, mais il le feroit feulement du premier genre, Que fi le diametre de la Planete étoit infiniment petit, le Tra- pefe dela Pénombre deviendroit un Triangle dont ce diametre feroit le fommet, ce Triangle feroit toûjours infini, & auroit une bafe infinie, & if n'y auroit , comme nous avons vû,, au- cune Ombre. La grandeur & la figure de l'Ombre & de fa Pénombre, & Jeurs variations étant expliquées, refte à confidérer leurs diffé- rents dégrés de force, ou de clarté & d'obfcurité.. I eft mani- fefte d'abord que l'Ombre eft dans toute fon étenduë parfaite- ment & également obfcure. Si l'on tire dans la Pénombre une ligne parallele au diametre de la Terre, & qui entre par fon milieu dans le Friangle d'Ombre, on verra que les différentes parties de cette ligne , à mefure qu'elles feront de part & d'autre plus éloignées de ce Triangle, recevront une Pénombre plus chaire, ou mêlée d'un plus grand nombre de rayons. De plus fi cette ligne ne pañfe plus dans le Triangle d'Ombre, & qu’elle s’en éloigne toûjours de plus en plus , on verraqu'ellerecevra toûjours dans fon milieu une Pénombre plus claire , & que de-là vers fes deux extrémités, la Pénombre le fera toûjours encore davantage , deforte qu’à une certaine diftance elle ne: doit plus être aucunement fenfible. .. M. dela Hire examine les différents dégrés de force dela Pénombre, & il les repréfente géométriquement par les Or- données d’une Courbe qui feroient entr’elles comme les diffé: rentes parties du difque du Soleil dont feroit éclairé un corps placé dans une Pénombre. La conftruétion de cette Courbe en. fuppofe trois autres, & la Quadrature du Cercle. Une ligne étant pofée entre le Soleil & un plan , deforte: K ii 78 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE u'elle cache à ce plan la moitié d'un diametre du Soleil, qui ef le feul que l’on confidére, il eft vifible que depuis un cer- tain point de ce plan qui ne reçoit aucun rayon de ce diametre jufqu'à un autre qui les reçoit tous, il y a une Pénombre, dont la Courbe de M. de la Hire mefure les différents dégrés. Cette Courbe aura pour Axe une ligne prife dans le plan fur lequel {e jette la Pénombre, & des perpendiculaires à cet Axe qui fe- ront les Ordonnées de la Courbe repréfenteront les dégrés de la Pénombre, ou les augmentations de Ja clarté depuis le point le plus obfcur. Si l’on conçoit maintenant que la ligne qui cachoit un demi- diametre du Soleil ne le cache plus tout entier, & qu'une autre ligne cache une partie égale de l’autre demi-diametre, deforte qu'elles laïffent entr’elles un intervalle moindre que le diametre du Soleil, chacune de ces deux lignes produira fa Pénombre fur le plan oppolé , chaque Pénombre aura fa Courbe, & la difpofition des deux Courbes qui fe couperont fera voir que tout le plan ne recevra qu'une Pénombre, & quelle en fera la quantité ou la force pour chaque point, car dans la plüpart des points la Pénombre produite par une ligne fera altérée & modi- fiée par celle de l'autre. C’eft vers les extrémités du lieu éclairé, ou , ce qui eft le même, de l'image du Soleil , que les deux Pé- nombres ne fe mélent point, & là il y a une obfcurité plus fenfible, mais comme là même cette obfcurité a encore fes dé- grés différents, il eft très difficile d'en déterminer la fin pré- cife, lorfqu’on en a befoin pour mefurer la grandeur de l'image du Soleil. ; Nous ne fuivrons pas plus loin M. de la Hire dans le détail de tout ce qu'il tire de fes Courbes. Nous ne toucherons pas mème à un Paradoxe aflés furprenant qu'il démontre fur le mouvement de l'Ombre tantôt femblable, tantôt contraire à celui du Corps qui l'a produit. Un Paradoxe ne peut cefler de l'être, s’il n'eft expliqué à fond. DES SCIENCES 79 Ous renvoyons entiérement aux Mémoires. Les Obfervations des Eclipfes des Fixes par la Lune V.lesM, de M. Caffini. P- 16. Celle de la Conjonction de Venus avec Repulus de M.de v.ies M. la Hire. ’ P. 36. Celles du P. Feüillée en Amérique données par M. Caffini V.lesM. le fils. P.134 & Et celles des deux Eclipfes de cette année par Ms Caffini, +" de la Hire & Maraldi. ie es M. Fo 8 ë 2 3 rs & 232, V.les M, P: 307 L2 p.117. & fuiv. 8o HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyAre tikiiéiiitititididtéitétélitélilitéltéditélittstééététhdkée ee 4e ee ok 4e He le 2 He nie He He 2 ke A He He He He ke 2 A ke He eh A Ask 4 à CON EEE LÉ LENS LÉ RE E NS LEE SES SELLE L NÉS LENS NS LL LT SNL ELLE ACOUSTIOUE. SUR LES SYSTEMES TEMPERES DE MUSIQUE N a vû dans Y'Hift. de 1709. * que M. Sauveur qui a propofé un fyfteme temperé de Mufique , par lequel il divife lOGave en 43 parties égales, croyoit n'avoir que deux autres fyftemes raifonnables à combattre, l'un de M. Hu- guens qui divife l'Oétave en 3 1 , & l'autre du gros des Mufi- ciens qui la divifent en $$. Cependant il a paru dans les Mifcellanea Berolinenfia de 1 7 x 0. une Lettre de M. Henfling, fçavant Allemand , qui propofe & foûtient une nouvelle di- vifion del'Oétave en 50. IL a traité fa matiére par uneanalyfe algébrique , ce qui paroït le meilleur moyen de frapper droit au but, & de plus il l'a traitée avec beaucoup d’érudition, ce qui donne encore du poïds au fentiment d'un Auteur. H ne faut pas être furpris que quand M. Sauveur à fait la re- vüûë des fyftemes qui pouvoient aufli-bien que le fien préten- dre à être admis, il n'ait point fongé à celui de $0. Il n'eft pas dans certaines bornes qui avoient été pofées, & dans lef- quelles feules M. Sauveur croit que l'on peut legitimement chercher des fyftemes , parce que hors de-là on trouvera ou de trop grands nombres incommodes dans la pratique, ou des in- tervalles trop altérés. Ce n'eft pas que $o ne foit entre 3r & 55, les deux fyftemes extrêmes que M. Sauveur reçoit comme légitimes, mais ces nombres 3.1 & $ 5, & de plus 43 qui eft le fyfteme de M. Sauveur , ne font pas pris ou dé- terminés immédiatement, ils viennent en vertu de quelques fuppofitions que M. Sauveur prétend devoir être renfermées dans DE SNS CAL EUX CHE ss : |! 8r dans des bornes, & hors de ces bornes eft la fuppofition qui produit so. Auffile fyfteme de M. Henfling, quoïqu'amené & éxpofé d'une maniére fort fpécieufe & fort brillante, tombe-t-il dans " Tinconvénient de donner des intervalles trop altérés. De plus M. Sauveur prouve que la voye algébrique par laquelle on y arrive, ne le rend pas unique , comme il femble qu'elle devroit faire, & fans quoi elle ne fait sien, & il montre qu'en tenant la même route il trouvera d’autres fyftemes tout auffi receva- bles , & exclurra même, s'il veut, celui de 50. Enfin pour terminer le différent il coupe au plus court, & ce qu'il avoit fait en 1707. fur les fyftemes de M. Huguens, celui des Mu- ficiens & le fien , entre lefquels il croyoit que fe réduifoit le combat , il le fait maintenant fur tous les fyflemes poffibles , en ne prenant pourtant pour poffibles que ceux qui divifent TOctave en nombres praticables, c’eft-à-dire, qu'il donne une Table où tous ces fyftemes font repréfentés, & où l’on voit à Tœiïlde combien chacun altéreles intervalles, & par conféquent ‘quel eft celui qui s’acquite le mieux de ce qu'on demande à un fyfteme tempéré. Il faut fe confier bien en fa caufe pour la mettre dans un fi grand jour, Après ces efpéces de combats un fyfleme demeurera victo= rieux. Si c'eft le meilleur que la fortune favorife , Ja Mufiquée en tirera un avantage réel, finon , il luien reviendra du moins a commodité que les mêmes idées & la même langue foient reçüës par tout, Hif. 17117: | L & 82 HiIsToiRE DE L'ACADEMIE RoYALE de ste os de dd, be ste de sde dde ne se où 2% de ste sde be se te de dÙs dt, s$, taste at ste ske ae de 8e te ok ae 33e at ae ske te ke of 53e of 39e sf 39 af ae ske ah ae af of af af ke ab ste aka af a%e 8 Ep A A A OO SO HS SAS SE Te or og Me $, he de fe d%e 3e be nf ke de fe 28e dE dE fe De fe de de de de 2e fe fente dote 3e of alle 2e ae de 5e de 2% 2e See MECHANIQUE SUR LA FORCE DES CORDES. U NE occafion que l'on verra dans le Mémoire de M. de Reaumur fit agiter dans l Académie, fr une Corde com- pofée comme elle eft de plufieurs Cordons tortillés enfemble, de 10 par exemple, a plus de force pour foûtenir un poids, que n’en auroient les 10 Cordons non tortillés, & polés pa- rallelement les uns fur les autres, ou, ce qui revient au même, fi chaque Cordon étant capable de foûtenir un poids d'une livre, la Corde en foûtiendroit un de plus de 10. H ne paroït pas grande difficulté à fe déterminer pour laf- firmative. Car 1°. en vertu du tortillement le diametre de Ia Corde eft plus grand que ne feroient ceux des 10 Cordons enfemble, or il eft évident que c’eft par fa groffeur qu'une Corde foûtient un poids, ou réfifte à fa rupture. 2°. Les Cordons tortillés n’ont pas tous, comme s'ils étoient paralleles, une direction verticale à l'égard du poids qui les tire , plufieurs d'entre eux & même la plus grande partie ont des directions obliques, & par conféquent ils ne portent pas toute la partie du poids qu'ils auroïent dü porter : en un mot, ce font des plans inclinés qui ne font chargés que d'une partie du poids, De-là il fuit que le furplus de la force des Cordons peut être employé à foûtenir un plus grand poids. I eft vrai d’un autre côté qu'en tortillant les Cordons ; on en étend les uns, & qu'on laïfle les autres plus lâches , la nouvelle tenfion qu'on donne aux uns les affoiblit, & fait déja l'effet d’un poids qui les tireroit. Ainfi ils ne font plus en état d'en foûtenir un fi grand. Ceux qui font plus lâches au con- traire fe dérobent en partie à l’action du poids. Car cette | D'E SAS CE EN CES: 83 action fe diftribuë également aux 1 0 Cordons fuppofés égaux, & sil y en a quelques-uns qui par leur difpofition particuliére n'en reçoivent pas leur dixiéme partie, le poids agit contre les autres avec plus d'avantage, il les rompt d'abord parce qu'ils font plus tirés, après quoi il vient fans peine à bout des pre- miers qui ne font plus en nombre fufhfant pour ui réfifter. Voilà à peu près tout ce que l'on peut imaginer pour & contre letortillement. Afin de décider fürement la queftion, M. de Reaumur eut recours à l'expérience, & il trouva toûjours ce que peut-être perfonne n’eût attendu , que le tortillement di- minüoit la force de la Corde , & même il paroît jufqu'à pré- {ent qu'il la diminuë davantage quand {a Corde eft plus groffe, de forte que les forces de tous les Cordons pris chacun à part füurpaffent plus la force de la Corde, quand elle eft grofle, que quand elle eft petite. Cela paroït fuivre neceffairement de ce que le tortillement diminuë fa force de la Corde. Car puifqu'il la diminué, il la diminuë donc d'autant plus qu'il y a plus de tortillement, & par conféquent d'autant plus que la Corde eft groffe. On en peut imaginer encore une raifon. Tous les Cordons ont plu- fieurs endroits plus foibles que les autres, & c’eft par le plus foible de tous qu'ils rompent. Suppofons qu'ils n’en ayent qu'un. Si deux Cordons font tortillés enfemble , mais de maniére que les deux endroits foibles de chacun ne fe rencontrent pas, & qu'ils foient tirés par un poids de 2 livres égal aux 2 poids qui romproient chaque Cordon féparément , il eff clair que le poids de 2 livres ne Îes rompra point, parce que l'endroit foible par où un des Cordons auroit rompu eff lié & accroché à un endroit de l’autre par où il ne doit pas rompre, & que la difficulté de s’en féparer , ou de vaincre le frotement neceffaire ; le retient. Mais fi les deux endroits foibles s’étoient rencontrés enfemble, le’ poids de 2 livres auroit rompu par là les deux Cordons, & le frotement n’y auroit apporté aucun obftacle ; puifqu’ils auroient été rompus en même temps, & fans avoir befoin de fe féparer. Plus le nombre des Cordons que l'on tortillera enfemble fera grand , plus il pourra fe rencontrer Lij V.les M. P:47: $84 Histoire DE L'ACADEMIE RoYALE enfemble un grand nombre de leurs endroits foibles, n’en euffent-ils qu'un chacun, mais il eft bien für que tous en ont plufieurs, & par conféquent plus une Corde eft groffe, plus il fe rencontre enfemble d’endroits foïbles des Cordons par où il faut qu'elle rompe, & moins le frotement apporte de ré- fiftance à cette rupture. Peut-être y a-t-il encore quelque chofe qui nous échappe fur toute cette matiére, & fi les Géometres y peuvent trouver prie, elle n’eft pas à dédaigner pour eux. SUR LES FORCES CENTRALES. 1.1 Taie. tout ce que nous avons dit jufqu'ici, les Forces Centrales ne s’épuifent point. M. Bernoulli s'eft propofé dans cette matiére de nouvelles difficultés. Il cherche en général quelle feroit la force neceffaire, afin qu'un Corps décrivitune Courbe donnée dans un Milieu qui auroit des den- fités inégales felon quelque rapport connu, & qui réfifteroit au mouvement du Corps, non - feulement felon ces différentes denfités, mais encore felon quelque puiffance que ce füt de la viteffe du Corps. H eft clair que ce milieu fuppofé tantôt augmenteroit , & tantôt diminuéroit l'effet de la Force Centrale. Elle retireroit toûjours le Corps vers un Centre ou Foyer qui feroit au dedans de la Courbe, & le Milieu s’oppoferoit toùjours au mouve- ment du Corps. Quand le Corps en décrivant la circonférence de la Courbe en décriroit une portion où ä feroit plus éloigné du Foyer, la réfiftance du Milieu l'empêcheroit de s'en éloigner autant qu'il auroit fait fans cela, & par conféquent favoriferoit: la Force Centrale qui tend toûjours à retirer le Corps vers ce Foyer. Quand au contraire le Corps feroit dans une portion de fa Courbe qui l'approcheroit du Foyer, le Milieu Fempé- cheroit de s’en approcher autant qu'il eût fait, & détruiroit une partie de l’action de la Force Centrale. H faut entendre que la Courbe, telle qu'elle eft, eft décrite, & en vertu de Deus Sc ir) C:E: s. 8 lation de la Force Centrale, & en vertu de Ja Réfiflanc du Milieu, prifes tout à la fois, & combinées enfemble, Comme on ne peut tirer l'inconnu que de ce qui eft connu , M. Bernoulli n’a dû faire entrer dans l'expreffion de la Force Centrale qu'il cherchoit que la Courbe donnée, les denfités, & la réfiftance du Milieu, & pour cela il lui a fallu une certaine fineffe de Calcul qui ne peut être fentie que par les Géometres. Cette expreflion contient des quan- tités d'une efpece que nous n'avons point encore expliquée dans tout le cours des Hiftoires précédentes. Ce font des quantités Exponentielles, où Parcourantes. On voit à tout moment en Géometrie des grandeurs qui varient felon quelque puiffance parfaite ou imparfaite de cer- taines autres grandeurs correfpondantes. Par exemple, celles qui varieroient felon les quarrés ou les cubes de la fuite na- turelle 1, 2,3, 4, &c. feroient 1, 4, 9, 16, &c. ou #, 8, 27, 64, &c. Alors les grandeurs variables ont toûjours un expofant fixe & conftant , ou 2, ou 3, &c. qui marque la puiffance où elles font élevées. Mais les Géometres moder- nes ont imaginé que cet expofant pouvoit être lui-même va- riable, qu'ainfi, par exemple, on pouvoit élever des gran- deurs non pas toüjours au quarré ou au cube , &c. des nom- bres naturels, mais à toutes les puiflances de fuite dont ces nombres naturels font lesexpofants. Par conféquent la premiére puiffance de 1, étant 1, la 24° de 2 étant 4, la 3m de PT, la 4me de 4, 25 6, des grandeurs qui varieroïent felon cette fuppoñition feroïent comme 1,4, 27, 256, &c. Ces gran- deurs qui ont un expofant variable, fe nomment exponentielles. H eft vifible que Faxe d’une Courbe étant divifé felon 1a fuite naturelle, 1, 2, 3,4, &e. fi les Ordonnées correfpon- dantes étoient 1, 4, 27, 2 5 6, &c. chacune d'elles füuivroit le rapport de fon Abfciffe élevée à une puiffance dont cette Abfcifle mème feroit l'expofant, & alors fa Courbe feroit exponentielle. Cette premiére idée d'un expofant variable étant concûe, -sn voit aifément qu'il peut l'être d’une infinité de façons , L ii 86 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE puifque la variabilité eft toûjours par elle-même infinie. Par exemple, l'expofant variable peut être élevé à une puiffance, dont lui-même fera encore l’expofant variable. Aiïnfi dans la Courbe exponentielle que nous venons de propofer, la 24e Ordonnée ne feroit plus 4, ou 2, élevé à fa 24e puiffance ; mais 2 élevé à une puiffance dont l'expofant feroit 2 élevé lui- même à la 2de puiffance, c’eft-à-dire que cette Ordonnée feroit 2 élevé à fa 4e puiffance, la 3° de même feroit 3 élevé à une puiffance dont l'expofant feroit 3 élevé à fa 3€ puiffance, ou 3 élevé à fa 27€ puiffance; la 4m Ordonnée feroit 4 élevé à fa 2 s 6e puiflance, &c. deforte que fur l'Axe & fur les Abfcifles de la premiére Courbe exponentielle il s’en for- meroit une feconde, dont les Ordonnées auroïent pour expo- fants les Ordonnées de la premiére. La feconde Courbe pourroit de même en faire naître une troifiéme, & ainfi à l'infini. En voilà aflés fur les grandeurs exponentielles à l'occafion de celles qui entrent dans la Force Centrale de M. Bernoulli. Elles ont pour expofants variables des rapports d’arcs de fa Courbe donnée à fes Ordonnées ou à fes Abfcifles, car tout ce qui varie felon quelque loi, étant conçü comme exprimé en nombres, peut être pris pour un expofant variable, L'expreffion générale que M. Bernoulli a trouvée de Ja Force Centrale dans les conditions marquées, lui fert à dé- couvrir quelques méprifes d'un des plus grands Géometres de l'Europe, & qui a le plus éclairé les autres fur cette ma- tiére à même. Un Neveu de M. Bernoulli , qui quoique fort jeune eft déja habile Géometre par le droit du fang, a voulu aller jufqu’à la premiére fource de ces erreurs, car celles des grands Hommes méritent d'être étudiées & approfon- dies. Il a trouvé quelque chofe de fort délicat & de prefque imperceptible, & il ne faudroit que cet exemple pour tenir dans une grande attention, & en quelque forte dans la dé- france ceux qui afpirent aux découvertes de la fine Géometrie. D'EUSN HS CITE N°C ES 87 DE LA RESISTANCE DES MILIEUX A! CRM OP OPEN TE EN: T: ‘il ’Esr ici la conclufion d'un ample & vafte fujet entre- pris par M. Varignon. On a vü dans l'Hift. de 17 10.* ce qui arrive aux Mouvements accélerés dans la troifiéme & derniére hypothéfe de la Réfiftance des Milieux, il ne refte plus à confidérer dans cette même hypothéfe que les Mou- vements retardés, ceux, par exemple, d’un Corps pefant jetté de bas en haut. M. Varignon y trouve matiére à un grand nombre de nouvelles folutions géométriques, mais après tout ce que nous avons dit, nous n'y en trouvons pas à de nouvel- les réflexions, fi ce n'eft fur la Théorie générale des Forces motrices, que M. Varignon confidére particuliérement, après avoir épuifé fon fujet en confidérant les Viteffes du Corps, & les Réfiftances du Milieu. Quand on veut remonter juf. qu'aux premiéres idées, & ne fe pas contenter de la füreté du calcul, on peut être furpris qu'une Force foit la Viteffe divifée par le Temps, car la Vitefle étant 'Efpace divifé par le temps, qu’eft-ce que ce rapport encore divifé par le Temps? Il y a là quelque chofe d’obfcur , & que nous avons crû à V. les M. P- 248. * \ P-133e & fuiv. propos d'éclaircir, d'autant plus que de cet éclairciflement on verra naître d’une maniére fort fimple, & peut-être nouvelle tout le fyftéme de Galilée fur la Pefanteur. Toute caufe fe mefure par fon effet, plus ïl eft grand, plus elle left auf. L'eflet d'une force motrice quelconque eft le mouvement , ou pour parler avec plus d’exaétitude , 1a quantité de mouvement d'un Corps, c'eft-ä-dire le produit de fa mafle par fa vitefle. Si l'on ne fuppofe, comme on fera toûjours ici, qu'un même Corps mü, la maffe ne peut varier, & par conféquent il eft inutile de a confidérer. Refte feule- ment la vitefle. La force motrice ou n’eft appliquée qu'un moment au Corps qu'elle meut, ou elle lui eft appliquée pendant tout le \ 88 HisTOoIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE temps de fon mouvement. Dans le premier cas, elle lui im- prime une vitefle qui doit demeurer la même pendant un temps infini, fuppofé que d'ailleurs rien ne s'y oppole. Dans le fecond cas , l'application continuelle de la force augmente à chaque inftant la vitefle de Finftant précédent. La pre- miére vitefle eft uniforme, la feconde accélerée. La force fimplement motrice, c'eft-à-dire celle qui produit une vitefle uniforme, n'étant appliquée qu'un inftant au Corps qu'elle meut, ne peut avoir de variété dans fon action, ni par conféquent être variable, & même à proprement parler elle n'eft pas conftante non plus, parce qu'il faudroit pour cela qu'elle agit également pendant une fuite d’inflans ou de temps égaux. Mais par la raifon contraire la force accéléra- trice peut être ou conftante, ou variable. Je la fuppofe d'abord conftante. Donc fi pendant le premier inftant, ou temps qu'elle a été appliquée au Corps elle lui a imprimé un certain dégré de vitefle, elle lui imprimera un nouveau degré égal pen- dant un fecond temps égal, & toûjours ainfi de fuite. Donc les fommes de toutes ces vitefles, ou, ce qui eft la même chofe, la viteffe totale acquife par le Corps au bout d'un certain temps fera toujours comme ce temps, & les vitefles totales acquifes au bout de différents temps feront comme ces temps. Cela fuit de ce que la force accélératrice eft conftante ; voyons maintenant ce qui la peut rendre plus ou moins gran- de, toûjours dans la fuppofition qu'elle foit conftante. L'idée de force accélératrice enferme tout ce qu’enferme celle de force fimplement motrice, car elle eft aufli-bien que celle-ci appliquée un inftant. Or la force fimplement motrice eft d'autant plus grande qu'elle fait parcourir un certain efpace déterminé en moins de temps. Donc cette mefure de grandeur convient aufli à la force accélératrice. 4 * Mais deplus Ia force accélératrice eft accélératrice , c'eft-à- dire, appliquée au Corps pendant tout le temps de fon mou- vement, & l'effet de cette application continuelle eft un certain efpace # D ES SCIENCES. 8 efpace parcouru pendant un certain temps. Plus la force accélératrice fera grande, & plus le temps pendant {equef elle aura befoin d'être appliquée au Corps pour lui faire par- courir un certain efpace, fera court. Donc le temps entre dans l’idée de force accélératrice, non feulement parce qu'if eft le temps pendant lequel un efpace eft parcouru, mais par- ce qu'il eft le temps pendant lequel Ja force a été appliquée ou a agi, & il eft clair que le temps n'entre pas de cette feconde maniére dans l'idée de la force fimplement motrice. Or la mefure de la grandeur de la force fimplement motrice, ou la vitefle uniforme qu’elle produit, eft l'efpace divifé par le temps, donc la mefure de la force accélératrice eft l'efpace divifé par le quarré du temps, & cette derniére exprefion eft la même chofe que la vitefle uniforme divifée par le temps. Puifque la force accélératrice eft fuppofée conftante, le rapport de l'efpace au quarré du temps feft donc auffi, & par conféquent les différents efpaces parcourus font toûjours entre eux comme les quarrés des temps correfpondants, ou comme les quarrés des viteffes totales acquifes à la fin de ces temps. De-là il fuit manifeftement que le temps étant divifé en parties égales, par exemple, en fecondes, fi l'efpace parcouru pendant la premiére eft 1, celui qui eft parcouru pendant 2 fecondes eft 4, pendant 3, eft 9, &c. & que fi on prend féparément lefpace parcouru pendant chaque feconde, ce- lui de la premiere eft x , celui de la 24e 3, celui de Ja 2m s, & ainfi de fuite felon les nombres impairs. C’eft à tout le fyfléme de Galilée fur la pefanteur qu'il a fuppofée conftante, . & le voilà démontré à priori, & indépendamment de toute expérience. Nous pouvons encore à cette occafion, & par la même voye démontrer la plus belle & la plus utile propofition de Galilée | fur cette matitre, qui eft que fi la viteffe acquife à la fin d'un mouvement accéléré devenoïtuniforme, le Corps en un temps égal à celui pendant lequel s’eft fait le mouvement accéléré, Hif. 1711. M 90 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE parcourroit un efpace double de celui qu'il avoit parcouru. Car nous avons vü queles vitefles acquifes pendant le cours de cha- que temps égal font égales. Donc fi la viteffe acquifc pendant le cours de la premiére feconde a fait parcourir l'efpace 1, la viteffe acquife pendant le cours de a feconde, aura auffi fait parcourir 1. Mais l'efpace parcouru pendant cette feconde eft 3} ainfi que nous venons de le voir, donc cet efpace 3 étant conçû, divifé en 2 & 1, 2 a été parcouru en vertu de la vi- teffe qui étoit toute acquife à la fin de la premiére feconde, & 1 en vertu de celle qui a été acquife fucceflivement pendant la feconde. Donc fi à la fin de la premiére feconde la force ac- célératrice avoit cefféd'être appliquée au Corps, il auroit par- couru 2 pendant la 24e feconde, efpace double de celui qu'il avoit parcouru pendant la premiére par un mouvement accé- léré. Or fi à {a fin de la premiére feconde il eût été abandonné par la force accélératrice, fa vitefle feroit devenuë uniforme , puifque toute la différence de la viteffe uniforme & de l'accélé- rée vient de ce que la force eft ou n’eft pas toüjours appliquée au Corps. Donc, &c. car il eft vifible qu'ici un efpace quel- conque eft pris pour 1. Les raifonnements qu’on à faits jufqu’ici n’ont point eu be- foin de déterminer de quelle efpece étoient les temps pendant lefquels la force accélératrice agifloit , c'eft-à-dire, s'ils étoient finis , ou infiniment grands, ou infiniment petits, & cela parce que cette force a été fuppolée conftante. Et en effet puifqu'il fuit de cette fuppofition que fon aétion eft toûjours égale dans des temps égaux quelconques, il n'importe quels temps on ‘prenne, | Si la force accélératrice agit en un temps infini, on fçait déja que le quarré de ce temps fera le dénominateur de la frac- tion qui l'exprimera,& ce quarré eft un infini du fecond genre. Si on met pour numérateur un efpace infini, la fraétion &c par conféquent da force fera infmiment petite, ce qui peut paroître un Paradoxe. Mais il faut faire réfléxion qu'une même force étant accélératrice fera parcourir un plus grand efpace en un même temps que f elle étoit fimplement motrice, &un efpace DES SCIENCES. ot. d'autant plus grand par rapport à celui qui feroit parcouru d'une viteife uniforme que le temps fera plus long , & que par con- féquent en un temps infini la force accélératrice doit faire par- courir un efpace infiniment plus grand que celui qui feroit par- couru d’une vitefle uniforme: or celui-ci feroit infini, donc il faut quela force accélératrice en fafle parcourir un infini du fecond genre, donc fi elle n'en faifoit parcourir qu’un infini du premier, elle feroit infiniment au-deffous de ce qu’elle doit être, c'eft-à-dire, infiniment petite, caron la conçoit toüjours finie en quelque temps qu'elle agifle. Et en effet un efpace ‘infini du fécond genre divifé par le quarré d'un temps infini eft une grandeur finie. Par la même raifon , fi la force accélératrice agit dans un temps infiniment petit , dont par conféquent le quarré, infi- niment petit du fecond genre, fera le dénominateur de Ja frac- tion qui l'exprimera, il faudra que le numérateur foit un efpace infiniment petit du fecond genre, ce qui avoit déja été prouvé dans V'Hift. de r700. * & dans celle de 1706. * Si ce nu- mérateur étoit un efpace infiniment petit du premier genre, la force accélératrice feroit infinie, ce qui eft contre la fuppo- fition, & même impoffble dans la Nature. Ceci paroît encore plus difficile à comprendre que le Para- ‘doxe précédent. Car la force fimplement motrice n'eft que finie en faifant parcourir en un temps infiniment petit un “efpace infiniment petit du même genre, & pourquoi la force accélératrice fera-t-elle infinie en ne faifant que le même effet? La différence eft que la grandeur de l'effet de Ia force accé- Tératrice dépend du temps pendant lequel elle agit, & croît ou décroît à proportion de ce temps, ce qui n'eft pas dans la force ‘fimplement motrice. Donc fi la force accélératrice agit dans un temps infiniment petit, fon'effet l'eft auffr, &c il left par rapport à l'effet de la force fimplement motrice, qui eft toù- ‘jours le même en quelque temps que ce foit. C'eft ainfr que nous venons de voir qu’en un temps infini l'effet de la forceac- * célératrice eft infiniment plus grand que celui de la force fim- “plement motrice. Donc fr emuntempsinfinimentpetit la force Mi *p. 90. * P:- 64 pi & faiv. 2 HisToiRE DE L'ACADEMIE RoyaLE accélératrice failoit parcourir un efpace infiniment petit du même genre, fon effet feroit égal à celui de 1a force fimplement motrice, & par conféquent infiniment plus grand qu'il ne doit être, ce qui emporteroit que la force accélératrice fût in- finie. En un mot la force accélératrice, parce qu'elle eftaccé- lératrice ne peut qu'agir infiniment peu dans un temps inft- niment petit, & par conféquent faire parcourir un efpace infi- niment petit par rapport à ce temps. - Un efpace infiniment petit du fecond genre parcouru dans un temps infiniment petit du premier eft une vitefe infini- ment petite, & de-là vient que dans la force accélératrice on peut confidérer une viteffe infiniment petite, qui n'a point lieu dans la force fimplement motrice. On peut faire encore ici une réfléxion afés nouvelle. Dans les trois efpeces différentes de temps, l'infimiment petit, le fini, & l'infini, la force fimplement motrice fait parcourir un efpace infiniment petit , un fini, un infini, & la force ac- célératrice, un infiniment petit du fecond genre, un fini, & un infini du fecond genre, deforte que la force accélératrice faute de l'infiniment petit du fecond genre , au fini, & du fini à l'infini du fecond genre, fans paffer par les genres moyens. Quoique la chofe foit bien füre, elle ne laifle pas d'être fur- prenante par l'irrégularité de Ja variation. On pourra appli- quer, fi l'on veut , à cette difficulté la folution des Znfinis im- 37- parfaits, dèja apportée dans l'Hift. de 1710. * fur un fujet qui au fond eft précifément le même. Jufqu'ici nous n'avons conçü la force accélératrice que conftante, mais elle peut auffi être variable, c’eft-à-dire que {on action fera inégale d'inftant en inftant infiniment petit , comme quand elle eft force Centrifuge, & qu'elle eft appli- quée à un Corps qui fe meut par toute autre Courbe qu'un Cercle. Alorsil n’eft plus indifférent quel temps on prenne, & on ne peut confidérer la force que comme agiffant dans un temps infmiment petit, où fon action eft égale , ou n’a du moins qu’une inégalité qui n’eft à compter pour rien. Après cela l'intégration donne la valeur finie des fommes de ces Infiniment petits. m'ES' x S Cette explication des forces en général nous a peut-être menés trop loin, mais il femble qu'on ne puifle trop rappro- cher les raifonnements géométriques des premiéres idées fim- ples dont ils dépendent, &jqu'ils font fouvent perdre de vûüë par des conféquences très éloignées. : SUR LES MOULINS A VENT. ; A perfection des Moulins à Vent, que nous avons vantée dans l'Hift. de 170 1. * ne doit être entenduë que des deux points que nous y avons marqués. L’axe du Moulin qui porte les Ailes doit être mis précifément dans la direétion du Vent, & les Aïles}doivent être obliques à l'égard de cet Axe, & faire avec lui un angle à peu près de 55 degrés. Le premier point eft toüjours obfervé dans la pratique, mais on manque fouvent au fecond , & M. Parent a remarqué qu'aux environs de Paris l'angle qui devroit être environ de 5 5» dégrés, eft de 71 +, ce qui eft trop éloigné de ce que prefcrit la Théorie de là Méchanique. Outre ce défaut bien fürement connu, & qui ne peut être imputé à la Théorie, il eft fort poffible qu'il s'en trouve d'autres dans la Machine que l’on ne connoiïffe pas , parce ue les Géométres ne l'ont pas affés éxaminée. On met 4 Ailes, on les fait rectangulaires , la propofition de ces rectan- gles eft ordinairement de 32 pieds de longueur d’Aile de- puis le centre de l'Axe ou arbre, & de 27 pieds de Jongueur de toile fur 7 de largeur ; mais quelle füreté a-t-on que ce foient là & le nombre d’Aïles, & la figure, & la proportion, qui conviennent le mieux au deffein de la Machine ! On peut même encore confidérer la pofition des Aïles, dont on met la plus petite dimenfion ou la largeur du côté de l'axe, fans douter aucunement fi ce ne feroit point l'autre dimenfion qu'il y faudroit mettre. Cependant rien de tout cela n’eft démontré, & M. Parent vient enfin difliper cette incertitude, & fixer toutes les vüës qu'on peut avoir fur cette matiére. M iÿ # P: 1404 & fuiv. *p. 108. & fuiv. Xp. 114 & fuiv. 94 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Toute la force d'un Moulin à Vent dépend de l'impref- fion du Vent fur les Aïles. N'en déterminons point le nom- bre, & n'en confidérons qu'une dont la figure, les propor- tions, & {a pofition telle que nous venons de l'expliquer , demeureront indétreminées. Il faut feulement fuppofer que Axe eft dans la direction du Vent, & que l'Aile fait avec l'Axe l'angle de 55 degrés, puifque ce font là déja deux avantages dont on eft für, & deux vérités dont on eft faif. L'impreffion du Vent fur une Aüle eft d'autant plus grande que la furface de cette Aïle eft plus grande, puifque ce font un plus grand nombre de points pouflés avec une force, qui en foi-même ef égale. Mais comme l’Aile eft attachée à l'Axe, le même Vent agit fur les différentes parties de l’Aïle avec d'autant plus d'avantage qu’elles font plus éloignées du centre de l'Axe, parce qu'une plus grande diftance de ce centre qui eft le point fixe, eft un plus grand Levier par lequel le Vent agit ; ainfi on peut regarder toute la longueur ou hauteur de lAile comme une fuite de Leviers toûjours croiffants, entre lefquels il y en a néceffairement un moyen qui compenfe tellement le défavantage des petits & l'avantage des grands, que fi le Vent agifloit par ce Levier feul, il agiroit autant que par tous les autres enfemble. C'eft donc à l'extrémité de ce Levier qu'eft le centre de l'impreffion du Vent fur l’Aile, felon l'idée que nous avons donnée de ces fortes de Centres dans 'Hift. de 1702,* & dans celle de 1703.* L'action du Vent fur les différents points de Ia furface de l’Aïle étant par elle-même égale, c'eft la même chofe que fr on les confidéroit comme des poids égaux, mais inégale- ment éloignés d'un point fixe, & agiflants par des Leviers inégaux. Or en ce cas là le point où fe réüniroient toutes leurs aétions, ou , pour parler plus précifément , le point par rapport auquel les produits des poids par feurs Leviers feroient égaux de part & d'autre, feroit le Centre de Pefanteur. Donc ici le Centre de Pefanteur de l’Aïle attachée à l'Axe, & le Centre d'impreffion du Vent fur l’Aïle, ne font que le même. Plus le Centre de pefanteur de l'Aile fera éloigné du centre DAMES 119.0 VE) MC ES 95 de l’Axe, plus le Levier du Vent fera long, & plusle Vent agira avantageufement. D'ailleurs il a fa force abloluë qui eft d'autant plus grande que la furface fur laquelle il tombe eft plus grande, & par conféquent toute la force de l'action du Vent eft un produit de la furface de l’Aïle par La diftance du centre de l'axe au centre de pefanteur de l'Aïle. On fçait que felon la figure & plus précifément felon la nature géométrique d’une furface, le centre de pefanteur y eft placé à différentes diftances d’un même point fixe, par rap- port auquel on confidére les différents Leviers de fes diffé- rentes parties. Ainfr le Vent peut agir avec plus de force für une petite furface que fur une plus grande, fi en récompenfe - il agit fur la petite par un plus long Levier, & en général le Levier du Vent étant variable felon la figure des Aïles, ïl faut néceflairement 1a faire entrer dans la recherche de la force du Vent. On fuppofe pour l’Aïle une longueur ou hauteur qui fera toûjours la même, de 3 2 pieds, par exemple, foit que l'Aile foit pleine ou non, c'eft-à-dire, foit que la toile commence ou ne commence pas dès l’Axe du Moulin. - M. Parent donne d’abord à 'Aïle une figure qu'on n'y a jamais vûé, il veut que ce foit un fcéteur d’une Ellipfe dont le centre foit celui de l Axe ou Arbre du Moulin, & le petit demi-axe Ja hauteur de 32 pieds, & pour le grand il vient enfuite néceffairement par la fuppofition qui fubfifte toûjours qu'une Aile quelconque ef inclinée à l Axe du Moulin de 55 degrés. Nous ne nous arrêterons pas à ce point à qui 2eft trop géométrique. L’Aile elliptique, eft pleine. Mais pour “avoir fon centre de Pefanteur, il faut fçavoir quelle portion elle eft de l'Ellipfe, fi ce feéteur en eft +, ou +» Où + partie, où, ce qui revient au même, fr on veut donner au Moulin 2 Ailes, ou 4, ou 6, & voici pourquoi. Le Centre de Pefanteur d’un feéteur Elliptique eft 1e même que celui du feéteur correfpondant d’un Cercle décrit fur le petit axe de l'Ellip{e, Or pour avoir le Centre de Pefanteur d’un fecteur circulaire, il faut avoir celui de l'Arc de ce feéteur, & tout dépend de bien entendre cé que c'eft que le Centre de Pefanteur d'un Arc de Cercle, 96 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Il faut concevoir cet Arc avec fa Corde par rapport à la- quelle tous les points de l'Arc font comme des poids égaux, agiffants par des Leviers qui font des lignes tirées de chacun . de ces points fur la Corde parallelement au rayon qui coupe la Corde par la moitié. La partie de ce rayon comprife en- tre la Corde & l'Arc eft le finus verfe de l'Arc. Ce finus eft le plus grand de tous les Leviers, & c'eft celui par lequel agit le fommet de l'arc. A fa droite & à fa gauche tous les autres vont en diminuant jufqu'à s’anéantir. Il eft vifble qu'un levier moyen fera plus petit que ce finus verfe, & en fera une partie , dont une extrémité fera au fommet de l'Arc, & l'autre fera le centre de pefanteur de l'Arc. Plus un are eft petit, plus fon finus verfe eft petit, & par conféquent auffi fon levier moyen, partie de ce finus, & réciproque- ment. Il refte à voir felon quelle proportion le fevier moyen cft partie du finus verte. Un levier moyen entre plufieurs petits & plufieurs grands fera d'autant plus grand que le nombre des petits fera moin- dre par rapport à celui des grands. Or en confidérant les différents arcs d’un Cercle avec leurs Cordes , on voit, même aux yeux, que plus un arc eft grand , plus e nombre de fes petits leviers eft petit, & plusle nombre des grands eft grand. Donc plus un arc eft grand , plus fon levier moyen eft grand, & moins il eft furpañlé par le finus verfe , c'eft-à-dire qu'il eft une plus grande partie de ce finus. Le levier moyen de la demi-circonférence, par exemple, fera une plus grande partie du rayon, qui eft alors le finus verfe, que le levicr moyen de tout autre arc moindre que 180 , comparé de mème à fon finus verfe. Plus un arc eft grand, plus il eft grand par rapport à fa corde, ce qui paroît manifeftement en ce que V'arc infini- ment petit eft égal à fa corde, & qu'enfuite l'arc de 60 de- grés qui a le demi -diametre pour corde, n'eft pas fi grand par rapport à ce demi-diametre, que l'arc de 180, ou lade- mi-circonférence par rapport au diametre, car ces deux ter- mes fufflent pour établir lefpece de la progreflion. Donc plus DES SL CATUR NI CE.S plus un arc eft grand par rapport à fa corde, plus le levier moyen d'un arc eft une grande partie de fon finus verfe. Plus le levier moyen d'un arc eft une grande partie dé fon finus verfe, plus le centre de pefanteur de l'arc s’appro- che du centre du cercle, ou, ce qui eft la même chofe, plus la diftance de ces deux centres diminuë, & plus elle eft petite par rapport au rayon. Donc plus un arc eft grand par rap- port à fa corde, plus le rayon eft grand par raport à la dif tance du centre du cercle au centre de pefanteur de cet arc, & c'eft cette proportion précife que la Géométrie détermine. On voit par là que la diftance des centres de pefanteur des arcs au centre du cercle varie felon le rapport des arcs aux cordes , qui eft continuellement inégal. Il eft aifé d'imaginer ce que c'eft que le Centre de pefan- teur d'un feéteur circulaire. On peut le concevoir divifé en Zones circulaires qui agiront par rapport au centre du Cercle par des leviers plus ou moins grands felon qu’elles feront plus ou moins éloignées de ce centre. Elles auront un levier moyen, dont l'extrémité qui fera au dedans du Cercle fera fe centre de pefanteur du feéteur. Il eft démontré qu'aprés qu'on aura déterminé le centre de pefanteur de l'arc de ce feéteur, fr on prend les + de Ia diftance du centre du cercle à ce centre, c'eft là qu'eft le centre de pefanteur du feéteur circulaire. Puifque le centre de pefanteur d’un feteur dépend de celui de Arc, les mêmes conféquences reviennent. Plus un feéteur fera grand, plus fon centre de pefanteur s’approchera du centre du Cercle, & cela dans la même proportion felon laquelle un plus grand arc furpafle davantage fa corde. Donc fi une puif- fance agit fur un feéteur, qui ait le centre du Cercle pourpoint fixe & immobile, & que toute l’action fe réünifie au centre de pefanteur de ce feéteur, fa puiffance agira par un levier d’autant plus court que le fecteur fera plus grand. II faut dire la même chofe des fecteurs Elliptiques que des Circulaires, puifque leur Centre de pefanteur eft le même. Pour calculer la force du Vent furune Aile de Moulin qui füt un fecteur Elliptique, M. Parent a donc été obligé de dé- Hif, 1711. N 98 H:sToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE terminer quel étoit ce fecteur , à caufe de la variation des cen- tres de pefanteur, ou, ce qui eft le même , des Leviers du Vent. Il a pris d'abord un fecteur qui füt + de l'Ellipfe, & par conféquent a donné au Moulin 4 Aïles qui recevoient tout le Vent, & n'en laïfloient rien perdre comme les Ailes ordinaires. Ces 4 grandes furfaces multipliées par le Levier du Vent fur l’une d'elles expriment toute la force du Vent pour faire mouvoir la Machine, ou toute la force de la Machine mife en mouvement. La même maniére de raifonner appliquée à un Moulin or- dinaire, dont les Aïles foïent rectangulaires , & la hauteur en- viron $ fois plus grande que la largeur, fait voir que le Mou- lin Elliptique a près de 7 fois plus de force, avantage pro- digieux , & digne certainement que la pratique commune füt entiérement changée, fi une pratique auffi commune étoit aifée àchanger. On ne fe füt pas attendu que la Théorie eût dû découvrir une auffi grande erreur dans l'ufage établi, mais il eft vrai que des Ailes elliptiques n’ont pas trop dû fe préfenter à l’efprit des premiers Inventeurs. Un Moulin à 6 Aïles elliptiques vaudroït encore mieux pour la force qu'un à 4. H n’auroit que la même furface, puifque fes 6 Aïles contiendroient tout l’efpace de l'Ellipfe auffi-bien que les 4 de l’autre, mais fa force feroit plus grande à peu près dans la raifon de 245 à 23 1, la caufe de cette augmentation eft vifible. Un feéteur qui eft + d’un Cercle eft plus petit que celui qui en eft +, & par conféquent le Vent agit fur le premier ar un levier plus long. Comme la différence de 245 à 23 1 eft legere, & que d’ailleurs le Vent pourroit s’embaraffer dans 6 Ailes, & fe rez flechir de l'une à l'autre d’une maniére qui troubleroit leurs mouvements, il paroît qu’on peut s'en tenir au Moulin à 4 Ailes elliptiques. Si l'on en vouloit un à 2 dont chacune fût une demi-ellipfe; on trouveroit encore la même furface, mais la force feroit di- minüée de près de + par rapport au Moulin à 6 Ailes, parce que la grandeur des feéteurs auroit beaucoup raccourci le Le- vier du Vent. dé DES SCIENCES. 99 Des Ailes de Moulin elliptiques feroient quelque chofe de fi nouveau, qu'il n’eft guére permis d'efpérer que l'ufage com- mun les adopte. Ainfi M. Parent a crû devoir chercher les Ai- les retangulaires les plus avantageufes, c’eft-à-dire, celles où le produit de leur furface par le Levier du Vent feroit le plus grand. Tout le monde fçait que le centre de pefanteur d'un Rectangle eft fon point du milieu, & par conféquent le Le- vier du Vent eft la diftance de ce point au centre de l'axe. M. Parent infcrit dans l'Aïle elliptique d'un Moulin à 4 Ailes un rectangle dont il ne détermine point les dimenfions, & qui par conféquent repréfente tous ceux qui y peuvent être in{crits, après quoi les Regles géométriques pour Xs plus Grands & les plus Petits déterminent ce rectangle à devenir le plus avantageux de tous, Ce qui vient par cette voye eft encore très- différent de l'ufige ordinaire. H faut que da largeur de l'Aile rectangulaire foit à peu près double de fa hauteur ou longueur, au lieu que la hauteur ef communément près de cinq fois plus grande que la largeur. On voit auffi que puifque nous appel- lons hauteur ou longueur la dimenfion qui fe prend depuis le centre de l'axe, la plus grande dimenfion de la nouvelle Aile reétangulaire fera tournée du côté de cet axe, tout au contraire de la pofition des Aïles anciennes. On s’eft mépris fur tout cela à un étrange excès, La force du Moulin à 4 Ailes elliptiques feroit à celle du Moulin à 4 Ailes reétangulaires nouvelles, à peu près comme 23 à 13, ce qui conferve toüjours un grand avantage aux Moulins elliptiques. Si l'on compare enfemble des Moulins à 2 » à 4, à 6 Aïles rectangulaires nouvelles , & les plus avantageufes qui puiflent être, fuppolé ce nombre d’Aïles, & toûjours infcrites dans les feéteurs elliptiques correfpondants, on voit que ceux qui ont moins d'Aïles ont plus de furface & moins de force. La force diminuë parce que la hauteur qui augmente rapproche les rectangles du centre de l'axe, & par conféquent auffi leurs centres de pefanteur, & raccourcit le Levier du Vent, fclonune plus grande raifon que la furface n'augmente. La force du Niy 100 HisToiRr= DE L'ACADEMIE ROYALE Moulin à 6 Ailes eft à celle du Moulin à 4 environ comme 14 à 13,ce qui ne doit peut-être pas empêcher le Moulin à 4 d'être préféré, à caufe de fa plus grande fimplicité. Sa force par rapport à celle du Moulin à 2 Ailes eft à peu près comme 13 à 9. Après cela il eft bien aifé de calculer Ja force des Moulins ordinaires , où l’on doit fuppofer la hauteur de l'Aile toüjours beaucoup plus grandeque la largeur. Mais dans cette fuppofition quelque rapport qu'ait la fargeur à la hauteur, foit qu'elle en foit ou +, ou+, ou+, on trouve toûjours Ja force du Moulin beaucoup plus petite que s’il avoit des Ailes rectangulaires nou- velles, & à plus forte raifon des Aïles elliptiques. Et même fa force du Moulin ordinaire va en diminüant à mefure que la largeur de fon Aile eft plus petite par rapport à fa hauteur, de forte que le plus foible de tous ceux que nous venons de mar- quer eft celui où cette largeur eft + de la hauteur, & cependant c'eft le plus ufité, tant il femble que la pratique commune fe foit obftinée à fe tromper. : Les utilités de toute cette Théorie de M. Parent font aïfées à appercevoir. Un Moulin plus fort tournera plus vite, & à un moindre Vent, & expediera plus d'ouvrage. Dans un lieu bas, & où faute d’avoir aflés de Vent il feroiït inutile de conftruire un Moulin ancien qui feroit trop foible, on en pourra conftruire un nouveau. On aura, fi l’on veut , un Moulin d’une moindre hauteur d’Aile, & qui ne laïffera pas d’être égal en force à un ancien, & on fçaura précifément de combien on peut abbaïffer fon Aile, en confervant cette égalité. Quand on fçaura l'effet qu'on demande au Moulin, c’eft-à-dire, la force qu’on veut qu'il ait évalüée en livres, il fera facile de trouver par le caleul le nombre des Ailes, leur figure , leur proportion, & même les variétés & Les différentes combinaifons que ces chofes peu- vent avoir, toüjours pour le même effet. La peine de découvrir les vrais Principes ef toüjours payée par un grand nombre de conféquences faciles. D Es 4S C'T'EUN:C*E S or Jaugeon a donné un Ecrit fur les Caractéres François, - pareil à celui qu’il avoit donné l'année précédente fur les Caractéres Latins. de Reaumur a donné la Defcription de l'Art de faire M les Perles fauffes. Et de celui de faire l’Ardoife. MACHINES OU INVENTIONS APPROUVE'ES PAR L'ACADEMIE BUNDLE CL Ï | HE E Machine de M. Defcamus pour faire joüer à [a fois: plufieurs Tamis. Elle a paru ingénieufe & expéditive pour tamifer avec facilité toutes fortes de Poudres. I I | UNE Machine propofée parie S:r Pierre Girard, pour faire mouvoir une Chaïfe fur laquelle un Homme fera affis. Elle a paru ingénieufe, quoique peu nouvelle, & fujette à beaucoup ‘de frotement. KDE Les Ouvrages anatomiques en cire de M. Defnoües, où Ja nature eft fi bien imitée, & toutes les préparations que les “Anatomiftes employent pour rendre les vaiffcaux fenfbles, {ont repréfentées fi parfaitement, qu'il n’y a pas lieu de douter qu'à la faveur d'une invention fi nouvelle & fr finguliére on ne puiffe apprendre Ÿ Anatomie avec beaucoup de facilité, fans dégoût , & en peu de temps. M. Defnoües foûtient que M. Zumbo, dont on a parlé dans FHiff. de 170 r.* & qui avoit * fait voir à Académie une Tête en cire qu'elle avoit fort ap- prouvée , tenoit de lui ce fecret. N üj 302 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE fr eee ee ae de ae ol ff MED DITES DELLE LUE EN LUE RUE LUE TR ETES ELEC GPTL RECENT CE EUR EU TES HR D de ee RG Ge EE iGE ? TUE “OP ALTER EE: Miss CARRÉ nâquit le 26. Juillet 1663. d'un bon Laboureur de Clofontaine près de Nangis en Brie, Son Pere le fit étudier pour être Prêtre, mais il ne s’y fentoit point appellé. I fit cependant par obéïflance trois années de Théo- logic, au bout defquelles comme il refufoit toûjours d'entrer dans les Ordres, fon Pere ceffa de lui fournir ce qui lui étoit néceflaire pour fubfifter à Paris. Affés fouvent on fe fait Ecclé- fiaftique pour fe fauver de l'indigence, il aima mieux tomber dans l'indigence que de fe faire Eccléfiaftique. On pourra juger par le refte de fa vie que l'extrême oppofition qu'il avoit pour cet état, n'étoit fondée que {ur ce qu'il en connoïfloit trop bien les devoirs. La même caufe qui l'en éloignoit l'en rendoit digne. a mauvaife fortune produifit. un grand bien. If cherchoit un azile, & il en trouva un chés Le R. P. Mallebranche, qui le prit pour écrire fous lui. De la ténébreufe philofophie fcho- laftique, il fut tout d'un coup tranfporté à la fource d’une phi- lofophie lumineufe & brillante ; à if vit tout changer de face, & un nouvel univers lui fut dévoilé. IL apprit fous un grand Maître les Mathématiques , & la plus fublime Métaphyfique, & en même temps il prit pour lui un tendre attachement, qui fait l'éloge & du Maître & du Difciple. M. Carré fe dé- poüilla fi bien des Préjugés ordinaires, & fe pénétra à tel point des principes qui lui furent enfeignés, qu'il fembloit ne plus voir par fes yeux , mais par fa raifon feule : elle prit chés lui {a place, & toute l'autorité des fens. Par exemple, il ne croyoit point que les Bêtes fuffent de pures Machines, comme on le peut croire par un effort de raifonnement, & par la liai- DES SCIENCES. 10 fon d'un fyftême qui conduit là, il le croyoït comme on croit communément le contraire parce qu'on le voit, où qu’on penfele voir. La perfuafion artificielle de fa Philofophie, quoi- que formée lentement par de longs circuits, égaloit en lui Ja perfuafion la plus naturelle, & caufée par les impreffions les plus - promptes & les plus vives. Ce qu'il croyoit, il le voyoit, au lieu que les autres croyent ce qu'ils voyent. * Cependant il eft encore infiniment plus facile d’être inti- mement perfuadé des opinions de Théorie les plus contraires aux apparences, que d'être fincérement & tranquillement au-deffus des paflions. M. Carré, qui ne fçavoit pas abandon- ner fes principes à moitié chemin, étoit allé jufque R, & ÿ avoit été d'autant plus obligé que le fyfléme qu'il fuivoit avec tant de goût eft une union perpetuelle de 1a Philofophie & du Chriftianifme. Sa Métaphifique lui faïfoit méprifer les caufes occafionnelles des plaifirs , & l’'attachoit à leur feule caufe eff: cace, l'amour de l'Ordre imprimoit la jufticé dans le fond de fon cœur, & lui rendoit tous fes devoirs délicieux, En un mot la Philofophie n'étoit point en lui une teinture legere ; ni une décoration fuperfrcielle , c’étoit un fentiment profond, & une feconde nature difficile à diftinguer d’âvec la premiére Après avoir été 7 ans dans l'excellente Ecole, où il avoit tant appris, le befoin de fe faire quelque forte d'établiffement, & quelque fonds pour fa fubfiftance , l’obligea d'en fortir, & d'aller montrer en Ville les Mathématiques & 1a Philofo- phie, mais fur-tout cette Philofophie dont il étoit plein. Le rapport qu'elle a aux mœurs, &c à la vraye felicité de l'Homme, la lui rendoit infiniment plus eftimable que toute la Géométrie du monde. Îf tächoit même de faire en forte que la Géometrié nefût qu'un degré pour pañfer à fa chere Méthaphifique, c’étoit elle qu'il avoit toüjours en vüë, & fa plus grande joye étoit de lui faire quelque nouvelle conquête. Son zéle & fes foins eurent beaucoup de fuccès , ilné manquoit point Îles gens qu'il entreprenoit, à moins que ce ne fuffent des Philofophes en- durcis dans d’autres fyflémes. : Je ne fçaï par quelle deftinée particulitre il eut beaucoup dé 104 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE Femmes pour difciples. La premiére de toutes qui s’apperçut bien vite qu'il avoit quantité de façons de parler vitieufes , lui dit qu'en revanche de la Philofophie qu'elle apprenoit de lui elle lui vouloit apprendre le François, & il reconnoiffoit ue fur ce point il avoit beaucoup profité avec elle. En géné- ral il faifoit cas de l'efprit des Femmes, même par rapport à la Philofophie, foit qu'il es trouvât plus dociles, parce qu'elles n'étoient prévenuës d'aucunes idées contraires, & qu'elles ne cherchoient qu'à entendre, & non à difputer ; foit qu'il fût plus content de leur attachement pour ce qu'elles avoient une fois embraflé ; foit enfin que ce fonds d'inclination qu’on a pour elles agît en lui fans qu'ils’en apperçût, & les lui fit paroître plus philofophes, ce qui étoit la plus grande parure qu'elles pufent avoir à es yeux. Son commerce avec elles avoit encore l'affaifonnement du miftére, car elles ne font pas moins obligées à cacher les [u- miéres acquifes de leur efprit, que les fentimens naturels de leur cœur, & leur plus grande fcience doit toüjours être d'ob- ferver jufqu'au fcrupule les bienféances extérieures de l'igno- rance. Il ne nommoit donc jamais celles qu'il inftruiloit, & il ne les voyoit prefque qu'avec les précautions ufitées pour un fujet fort différent. Outre les Femmes du monde, il avoit gagné auffi des Religieufes, encore plus dociles, plus appli- quées , plus occupées de ce qui les touche. Enfin il fe trouvoit à la tête d’un petit Empire inconnu, qui ne fe foûmettoit qu'aux lumiéres, & n'obéifloit qu'à des démonfirations. L'occupation de montreren Ville n'eft guére moins oppo- fée à l'étude, que la diffipation des plaifirs. Il eft vrai qu'on s’affermit beaucoup dans ce qu'on fçavoit , mais il n’eft guére poffible de faire des acquifitions nouvelles, fur-tout quand on a le malheur d’être fort employé. Auffi s'en faut-il beau- coup que M. Carré n'ait été auf loin dans les Mathémati- ques qu'il y pouvoit aller, il voyoit avec admiration & avec douleur le vol élevé & rapide que prenoïent certains Géo- metres du premier ordre, tandis que le foin de fa fubfiftance Je tenoit malgré lui comme attaché fur la terre. Il les fuivoit toüjours RO E Ce DES l SCIE N°CE <. 10 toûjours des yeux , il fe ménageoit le temps d'étudier à fond ce qu'ils donnoient au Public, if s'enrichifloit de leurs décou- vertes, & s'il regrettoit de n’en pas faire d’auffi brillantes ; il regrettoit beaucoup moins la gloire qu'elles produifent , que le degré de fcience qui les produit. M. Varignon qui a toûjours apporté beaucoup de foin au choix des Eleves qu'il a nommés dans l’Académie , le prit pour le fien en 1697. M. Carré fe crût obligé à méri- ter aux yeux du Public le titre d'Académicien, il farmonta fa répugnance naturelle pour limpreflion, & donna le pre- mier Corps d'ouvrage qui ait paru fur le Calcul Intégral. I a pour titre Méthode pour la mefure des furfaces, la di- menfion des folides, leurs Centres de Pefanteur, de Percuffion & d'Ofüllation en 1700. Nous en parlâmes dans l'Hift. dé cette même année *. La Prefaice de ce Livre ne le donne x P- 100: que pour une application la plus fimple & la plus aifée du & fuiv. Calcul Intégral, elle le met à fon jufte prix, & n’eft ni faf- tueufe, ni modefte, mais, ce qui vaut mieux que la modef- tie même, exactement vraye. L’Auteur vint dans la fuite à reconnoître quelques fautes, qu'il eût eu la gloire d'avoüer fans détour, & de corriger à une feconde Edition. La deftinée des Eleves de M. Varignon eft de faire aflés promptement leur chemin dans l Académie, nous en avons dit la raïfon par avance. M. Carré devint en peu de temps Aflocié, & enfin Penfonnaire, fortune qui fufhfoit à des defirs auffi moderés que les fiens, & qui le mettoit en état de fe livrer plus entiérement à l'étude. Comme ül avoit une place de Méchanicien, il tourna fes principales vüës de ce côté-là, & embraffa tout ce qui appartenoit à la Mufique, la Théorie du fon, la defcription des différents Inftruments, &c. il negligeoiït la Mufique entant qu'elle eft la fource d'un des plus grands plaifirs des fens, & s'y attachoit entant qu'elle demande une infinité de recherches fort épineufes. On à vû dans nos Hifloires quelques ébauches de fes mé- ditations fur ce fujet. * Ses travaux furent fort interompus par une indifpofition Hifl. 1711. O 106 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE prefque continuelle où il tomba, & qui ne fit qu'augmen- ter pendant les cinq ou fix derniéres années de fa vie. Son Eflomac faifoit fort mal fes fonétions, & l'on a vü par la nature de fon mal que des Acides très corrofifs, qui domi- noient dans fa conftitution, {a ruinoient abfolument. Inca- pable prefque de toute étude, & encore plus de tout em- ploi utile, il trouva une retraite chés M. Chauvin Confeil- ler au Parlement, à qui j'ai refufé de fupprimer ici fon nom, malgré les inftances très férieufes qu’il m'en a faites. La feule incommodité qu'il recevoit de fon Hôte étoit la difficulté de lui faire accepter les fecours neceflaires, & l'art qu'il y falloit employer. Après une aflés longue alternative de rechûtes, & d'in- tervalles d’une très foible fanté , enfin il tomba dans un état où il fut le premier à prononcer fon Arreft. Il dit à un Prêtre qui, felon la pratique ordinaire, cherchoit des tours pour le préparer à la mort, qu’? y avoit long-temps que la Philofophie & la Religion lui avoient appris à mourir. A eut toute la fermeté que toutes deux enfemble peuvent donner, & ‘qu'il eft encore étonnant qu'elles donnent toutes deux enfemble. I comptoit tranquillement combien il lui reftoit encore de jours à vivre, & enfin au dernier jour combien d'heures, car cette raïifon qu'il avoit tant cultivée fut ref- peékée par la maladie. Deux heures avant fa mort, il fit brûler en fa prefence beaucoup de Lettres de Femmes qu'il avoit. On comprend affés fur quoi ces Lettres rouloient, & que fa difcretion étoit fort différente de celle ‘qu'ont eïie en pareil cas quantité de gens d’une autre efpece que lui. If mou rut le 11 Avrilr7r1. Je n'ajoûterai que quelques traits à tout ce qui a été dit fur fon caraétére. I[ ne demandoit jamais deux fois ce qui lui étoit dû pour les peines qu'il avoit prifes. On étoit libre d’en ufer mal avec lui, & par deffus cela on étoit encore für du fecret. Il aimoit l Académie des Sciences comme une feconde patrie, & il auroit fait pour elle des actions de Romain. Il efl vrai que je n’en ai point d'autres preuves Ms 27 CR ee ou cure + SOUS DES SéeyTENCESs. 107 que des difcours qu'il m'a tenus en certaines occafions, mais fes difcours étoient d’une exacte vérité, & prouvoient au- tant que les actions d’un autre. Je fçai encore que dans une des attaques dont il penfa mourir, il cherchoit des expé- dients pour fe dérober à cet Eloge hiftorique, que je dois à tous les Académiciens que nous perdons. Il falloit que fa modeftie fût bien délicate pour craindre un Eloge auffr fincere, auffi fimple, & où l'art de l'éloquence cft auffi peu employé. Il a Haiffé à l'Académie plufieurs Traités qu'il avoit faits fur différentes matiéres de Phifique ou de Mathéma- tique, & par ce moyen elle fe trouve fa Légataire uni- verfelle. #SakiPhce de Méchanicien Penfionnaire a été remplie par M. de Reaumur. 1/17; à Ce TNT tu QU O ÿ Mira & 123- 108 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE better ptatat td tttet EME REMENENEREMENE MERE NAME MEME MED EE EEE RE HE DA EEE EE M ee EE EEE MERE DE inner FE MOCCT'E DE M BOURDELIN, LauDE BOURDELIN nâquit le 20 Juin 1667: de Claude Bourdelin Chimifte Penfionnaire de l’Aca- démie, dont nous avons fait l'éloge dans l'Hift. de 1699. * Il fut élevé avec beaucoup de foin dans la maifon de fon Pere, feu M. du Hamel Secretaire de cette Académie luy choifit tous fes Maîtres, & préfida à fon éducation. A 16 ou 17 ans il avoit traduit tout Pindare & tout Licophron, les plus difficiles des Poëtes Grecs, & d'un autre eôté il en- tendoit fans fecours le grand ouvrage de M. de la Hire fur les Sections Coniques, plus difficile par fa matiére que Li- cophron & Pindare par leur ftile. I[ y a loin des Poëtes Grecs aux Sections Coniques. La diverfité de fes connoiffances le mettoit en état de choifir entre differentes occupations, mais fon inclination naturelle le détermina à la Médecine, pour laquelle il avoit déja de grands fecours domeftiques. Il étoit né au milieu de toute la matiére médicale, dans le fein de la Botanique & de la Chimie. I fe donna donc avec ardeur aux études né- ceflaires, & fut reçû Docteur en Médecine de la Faculté de Paris en 1 692. IE aimoit dans cette profeffion, & les connoiffances qu'el- le demande, pour lefquelles il avoit une difpofition très heureufe, & encore plus fans comparäifon l'utilité dont elle peut être aux hommes. Cette utilité qui devroit toüjours être l'objet principal du Médecin aufli-bien que de la Mé- decine, étoit de plus l'unique objet de M. Bourdelin. H eft vrai qu'il étoit né avec un bien fort honnête, & qu'il pou- voit vivre commodément, quoique tout le monde füt en bonne fanté, mais fon défintereflement ne venoit pas de fa ES panne as € LA % DiENs FSTCITÉ ENICELS. 109 fortune il venoit de fon caractére, car il n’eft pas rare qu'ur homme riche veüille s'enrichir. Les Malades de M. Bour- delin lui étoient affés inutiles, fi ce n'eft qu'ils lui procu- roient le plaifir de les affifter. I voyoit autant de Pauvres qu'il pouvoit, & les voyoit par préférence, il payoit leurs remedes, & même leur fournifioit fouvent les autres fecours dont ils avoient befoin; & quant aux gens riches, il évitoit avec art de recevoir d'eux ce qui lui étoit dû, il fouffroit vifiblement en Île recevant, & fans doute la plüpart épar- gnoient volontiers fa pudeur, ou s’accommodoient à fa gé- nérofité. Dès que la Paix de Rifwick fut faite, if en profita pour aller en Angleterre voir les Sçavants de ce Pays-là. La ré- compenfe de fon voyage fut une place dans la Societé Royale de Londres. Il ne l'avoit point follicitée, & on crut qu'elle lui en étoit d'autant mieux dûé. I n'eut pas le malheur d'être traité moins favorablement dans fa Patrie. L'Académie des Sciences, à qui ül apparte- noit par plufieurs titres, le prit pour un de fes Affociés Anatomiftes au renouvellement qui fe fit en 1 699. I avoit en partage non pas tant l’Anatomie elle-même que fon Hif. toire, ou lérudition Anatomique qu'il poffedoit fort, On a vû par l'Hift. de 1700 *, que dans une Queftion afés épineufe qui partageoït les Anatomiftes de la Compagnie, & où il entroit quelques points de fait, & des difficultés fur le choix des opérations nécefluires, on eut recours à - M. Bourdelin, & qu'il travailla utilement à des Préliminaires d'éclaircifflements. - En 1703 ïl acheta une charge de Médecin ordinaire de Madame la Ducheffe de Bourgogne. On affüre qu'un de fes principaux motifs fut l'envie de donner au Public des foins entiérement défintereflés, & de fe dérober à des reconnoiffances incommodes, qu'il ne pouvoit pas tout à fait éviter à Paris. Nous n’avancerions pas un fait f peur vrai-femblable, s’il ne l'avoit prouvé par toute fa conduite, Avant que de fe tranfporter à Verfailles, il fut quatre ou O ïï * p.29: & fuiv. 110 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE cinq mois à fe rafraichir la Botanique avec M. Marchant fon ami & fon Confrere. Il prévoyoit bien qu'il n'herbo- riferoit pas beaucoup dans fon nouveau féjour, & il y vou- loit arriver bien muni de toutes les connoïfiances qu'il n'y pourroit plus fortifier. Quand il partit, ce fut une affliétion & une défolation générale dans tout le petit peuple de fon Quartier, La plus grande qualité des Hommes eft celle dont ce petit peuple eff le juge. Il vécut à Verfailles comme il avoit fait à Paris; aufr appliqué fans aucun intereft, auf infatigable, ou du moins aufli prodigue de fes peines, que le Médecin du monde qui auroit le plus de befoin & d'impatience d’amafier du bien. Son goût pour les Pauvres le dominoit toujours. Au retour de fes Vifites, où il en avoit vû plufieurs dans leurs miféra- bles lits, ilen trouvoit encore une troupe chés lui qui l’atten- doit. On dit qu'un jour comme il pafloit dans une ruë de Verlailles, quelques gens du peuple dirent entr'eux, ce n'eff pas un Medecin, c'eff le Meffie, exaggération infenfée en elle- même, mais pardonnable en quelque forte à une vive recon- noiflance, & à beaucoup de groffiéreté. Il eft affés fingulier que dans un Pays où toutes les pro- feflions, quelles qu'elles foient, fe changent en celle de Courtifan, il n'ait été que Médecin, & qu'il n'ait fait que fon métier au hazard de ne pas faire fa cour. I la fit cepen- dant à force de bonne réputation, M. Bourdelot premier Médecin de Madame la Duchefle de Bourgogne étant mort en 1708 cette Princefle propofa elle-même M. Bourdelin au Roy pour une fr importante place, & obtint auffi-tôt fon agrément, elle eut la gloire & le plaifir de rendre juf- tice au mérire qui ne follicitoit point. Les Courtifans {çû- rent fon élévation avant luy, & il ne l'apprit que par leurs compliments. Ses mœurs fe trouvérent aflés fermes pour n'être point ébranlées par fa nouvelle dignité. II fut toûjours le même ; feulement il donna de plus grands fecours aux Pauvres, par- ce que fa fortune étoit augmentée, D'EUS' SCIENCE S III! Cependant les fatigues continuelles affoiblifloient fort fa fanté, Une toux fâcheufe & menaçante ne lui laïfloit prefque plus de repos. Soit indifférence pour la vie, foit une cer- taine intempérance de bonnes actions, défaut affés rare, on l’accufe de ne s'être pas conduit comme il conduifoit les autres. [1 prenoit du Caffé pour s'empêcher de dormir, & travailler davantage, & puis-pour rattraper le fommreil, fl pre- noit de lOpium. Sur-tout c'eft l'ufage immodéré du Caffé qu'on lui reproche le plus, il fe flata long-temps d'être defefpéré, afin d’en pouvoir prendre tant qu'il vouloit, En- fin après être tombé par degrés dans une grande exténuation il mourut d'une Hidropifie de poitrine le 20 Avril 1711; fes dernieres paroles furent, 27 te, Domine, fperavi, non con fundar. . . . il n’acheva pas les deux mots qui reftoient. Une vie telle que la fienne étoit digne de finir par ce fentiment de confiance, Il a faiffé quatre Enfans d'une Femme pleine de vertu; avec qui ila toùüjours été dans une union parfaite. Nous ne nous arrefterons point à dire combien il étoit vif & officieux pour fes amis, doux & humain à l'égard de fes Domeftiques, il vaut mieux laïfler à deviner ces fuites néceffaires du caraétére que nous avons reprefenté, que de nous rendre fufpects de le vouloir charger de trop de per- fection. La place de Botanifte Aflocié à laquelle il avoit pafié de celle d'Anatomifte Affocié, a été remplie par M. Geoffroy le Cadet, Faute à corriger dans l'Hiff. de 1710. d Age 15. que le verre, lifés, que le vernis. MEMOIRES le MY A » = % 4 ja a QEN INSEE 2724000 n (u juni — j 1 = MEMOIRE S MATHEMATIQUE DE PHYSIQUE, HR SERSE DE SUR E GTLST RES de l'Academie Royale des Stiences. De l’Année M. DCCXxI. OBSERVATIONS De la hauteur de l'eau qui eft tombée à l'Obfervaroire pendant l'année 1710, avec celles du Thermometre. © du Baromerre. Par M. DE LA HIRE. \ J O1cx les Obfervations de la quantité de Ia hauteur de re d'eau & de neige fonduë qui eft tombée à l'Obfer- ?*#"" vatoire pendant toute fannée 1710 , lefquelles ont efté Mem. 1711. 2 MEMOIRES DEL ACADEMIE ROYALE faites de la mefme maniere que celles des années pres cedentes. lignes lignes * Ent Janvier 25% : 002 En Juillet, ..:..174 Fevrier « ee + +113 Aouft..... 375% Mars . .... 14 Septembre. . « 1$+ Bus 2m pym ous Avrils 2e 17 Octobre . : «+ 11% May... 12 Novembre. . 1 21+ Juin; #4: 9 Decembre : 5 : 17 Somme totale de l'eau de toute l'année 188 lignes ou 15 pouces 8 lignes + Ces obfervations nous font connoïftre que l’année 1710 a efté l'une des plus féches que nous ayons eûë il y a long- temps, par comparaifon à 19 pouces de hauteur d'eau qui tombent ordinairement. L'année a efté pourtant fort abon- dante en grains, comme il arrive toüjours dans tes pays- cy, à caufe que la plupart des terres y font fraîches & hu- mides. : Ï n’eft point tombé de neige à Ia fin de année, mais au commencement il a neigé mediocrement vers le milieu du mois de Janvier, ce qui me donna occafion de faire les ex= periences fuivantes, Le ro Janvier au matin j’enveloppay la boule de mon Thermometre , qui eft toüjours expolé dans la tour dé- couverte de lObfervatoire, d’une trés-grande quantité de neige, & après l'y avoir laiffé pendant trois heures entieres, je ne remarquay point que lefprit de vin eüt changé de hauteur dans le tuyau; il eftoit alors à 27 parties, & üïl commence à geler dans la campagne quand il eft à 32, d'où fon voit que l'air n’eftoit guere plus froid que dans le commencement de la gelée; & quoyque le Thermometre monte toûjours depuis le matin jufqu'à midy & au-delà , il ne changea pas de hauteur pendant trois heures, à caufe que le degré de froid de la neige le confervoit toûjours dans LE te un 0 UE US NS TSI Dies LS'CITENNE E s 3 lemefme eftat , le peu d'augmentation de chaleur de Y'air n'eftant pas capable de penetrer , en fi peu de temps, la mañfe de neige qui eftoit autour de Îa boule. Mais l'air s'eftant extremement refroidi jufqu'au lende- main 11° du mois, ce Thermometre eftant alors à 14 L parties, ce qui marque un grand froid, jerepetay l'expcrien- cc du jour precedent, & ïl arriva encore la mefme chofe , le Thermometre eflant demeuré à la mefme hauteur dans Ja neige où il avoit efté dehors; d’où je conjecture que le froid de la neige n'eft pas un froid qui luy foit propre, mais w’elle prend feulement le degré de froid de Fair tel qu'il - éft alors, à caufe qu'elle eft affez rare pour laiffer {a liberté x l'an de s'infrmuer peu à peu entre toutes fes parties ; ainft fa neïge ne fera rien pour le froid que de conferver pendant quelque temps, le froid de l'air dans un mefme eflat. Hny a rien de confiderable à remarquer fur les vents, fr ce n'eft que le 11 Octobre ïl y euft une efpece de houra- gan , le vent eftant S.S.O fans pluye. Le Thermometre a marqué fe plus grand froid de l'an- née le 11 Janvier, eftant defcendu à 14 + parties, ce qui eft la marque d’un grand froid; mais le 12. il remonta à 27 où il eftoit le 10, & depuis ce temps-là le froid ne füt e mediocre, Pour la chaleur, elle a efté auffr mediocre pendant tout PEfté, la plus grande a efté marquée par le T'hermometre à 61 parties le 3 Aouft au lever du Soleil, &à 2 + heures après midy le Thermometre eftoit à 71 + parties ; ainfi le froid a efté plus grand que Ia chaleur, par rapport à l'eftat moyen où il eft à 48 , mais il n'a duré qu'un jour comme je viens de le rapporter. Mon Barometre ordinaire , qui eft toûjours placé à la hau- teur de la grande falle de FObfervatoire, a efté au plus haut à 28 pouces 3 lignes + le 3° jour de Janvier avec un vent Sud, ce qui eft fort extraordinaire , car il eft ordinairement plus bas que haut quand Ie vent eft au Sud. H a efté au plus bas.le 7 Mars à 26 pouces 10 lignes & + avec a vent aufit 1 8 Aouft 3711: MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de Sud & avec pluye. La difference, entre le plus haut & le plus bas, a doncefté de 1 pouce 4 lignes + un peu moins qu'à l'ordinaire qui eft de 1 pouce 6 lignes. Je remarque encore que dans tout le mois de Fevrier où il n’a plu que fort peu , le Barometre cftoit toûjours très-haut comme c’eft l'ordinaire; c’eftoit auffi la mefme chofe dans la premiere moitié du mois de Septembre. J'avertis encore icy quelorfqu'on fait les obfervations du Barometre, il faut avoir foin de frapper un peu contre la monture de bois où eft attaché le tuyau, afin de faire couler le mercure à fa vraye hauteur ; car comme il eft toûjours un peu adherent au-dedans du tuyau, ilne s'y meut pas libre= ment, & fouvent on trouve une difference de + ligne entre la hauteur où il paroît d’abord & Ia vraye hauteur où il s'ar- refte, far tout fi le tuyau eft delié. Le 30 Decembre 1710, j'ay obfervé la declinaifon de Yaiguille aïmantée qui a 8 pouces de long, en pofant le cofté de Îa boëte contre le mefme pilier de pierre où je la mets ordinairement, & je l'ay trouvée de 10 degrés & 50 mi- nutes vers l'Oueft. COMPARAISON De nos Obfervations fur la hauteur de l’eau de pluye 7 fur le Barometre, avec celles que M. Scheuchzer à faites à Zuric en Suiffe pendant l'année 1710. Par M. DE LA HIRE. M Scheuchzer nous a envoyé cette année fes obferva- tions de l'eau de pluye, du Barometre & du Ther- mometre qu'il a faites à Zuric comme l'année precedente 1709. Il n’a trouvé de hauteur d'eau que 23 pouces + pendant toute l'année 1710 & il ajoûte que c'eft moins que l'année precedente, de 9 pouces 2 lignes £ & que per eh pen male. SE DES SCIENCES LS neantmoiïns cette petite hauteur eft plus grande que tou- tes les plus grandes qu'on ait obfervées à Paris dépuis Tan< née 1699. t « & y J'ay rapporté dans le memoire de l'année precedente mes conjectures fur ce qui pourroit caufer ces plus grandes hau- teurs d'eau dans les montagnes, c'eft pourquoy je n’en parleray pas icy. On remarquera auffi qu'à Paris la hauteur de eau de pluye n'a efté en 1710 que de 15 pouces & près de lignes qui eft bien moins que l'ordinaire, & moins que l'année precedente de 6 pouces ; ce qui s'accorde en quelque façon aux obfervations de M. Scheuchzer, & ce qui montre qu'à Zuric & à Paris l'année a efté plus féche qu'à l'ordinaire. | Il ajoûte que a plus grande hauteur de fon Barometre a eflé de 26 pouces 9 lignes le 3 Janvier, & la moindre de 26 pouces o ligne 2 Je 2 5 Decembre; donc 9 lignes + de difference. J'ay touvé auffi mon Barometre au plus hautle 3. Jan- vier comme uy à 28 pouces 3 lignes +; donc difference de hauteur du Mercure le mefne jour à Zuric & à Paris r pouce $ lignes 2 ou 17 lignes & d'où l'on pourroit con- clurre à peu près de combien Zuric eft plus élevé que Paris, 1 nos Barometres eftoient d'accord, La moindre hauteur du Mercure que j'ay trouvée , a efté de 26 pouces 10 lignes 5; donc la difference de nos moin- dres hauteurs fera de 1 o lignes 3 cequi eft fort different de la precedente , auffi les jours font fort differens, & le 1 s De- cembre qui eft le jour de l’obfervation de Zuric, mon Baro- metre efloit à 27 pouces o lig. Pour ce qui eft des hauteurs de fon Thermometre, jen’en fçaurois faire de comparaifon avec celles du mien, car il fau- droit qu'ils euffent efté rectifiez l’un fur laure, . 21 Fevr. 17110 ‘ 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE E X PERLE NICE, S Pour connoiffre f{ la force des cordes furnaffe la fomme des Fr forces des fils qui compofent ces mefnes cordes. Par M. DE REAUMUR. Co cft dans le préjugé de croire qu'une corde com- polée de differens fils tortillez enfemble, a une force qui furpañle la fomme des forces de tous les fils qui la com- pofent. Je veux dire, que fi l'on forme une corde avec fix fils, par exemple , tels que chaque fil ne puifle foutenir qu'un poids de cinq livres fans fe rompre, qu'on croit communément que la corde formée de ces fix fils pourra porter un poids de plus de 30 livres; divers fçavans font li-deffus d'accord avec le vulgaire ; comme j'eus occa- fion de le voir par les objections que me firent des perfon- nes des plus illuftres de l’Academie , fur un endroit du memoire où j'examinois la foye des araignées ; il s’'agifloit dans cet endroit de la force des:fils de foye ; un habile Geo- metre prétendit mefme avoir la démonftration de la pro- portion dans laquelle le rortillement , qu'on me fouffre ce terme, il eft commode & j'en auray fouvent befoin dans l fuite, de la proportion dis-je, dans laquelle le tortillement * augmente la force de la corde, au-deflus de la fomme des for- ces de tous fes fils. I me paroifloit au contraire que c’eftoit fans avoir exa- miné la chofe d'aflez près, qu'on seftoit imaginé que le tortillement augmente Îa force des cordes, que tout bien confideré on trouveroit peut-eftre que loing de laugmen- ter, qu'il la diminuë ; & que c’eftoit à un de ces proble- mes de Phyfique que l'on ne peut refoudre que par des experiences Phyfiques. D'ailleurs je crus qu'il feroit de quelque utilité à la Mecanique de chercher à le refoudre, DES SCIENCES. On s'expoferoit fouvent à faire rompre les cordes qu'on em- ploye, fi on comptoit trop fur leurs forces, Tout ce qu'on fait en formant des cordes, ou en entor: tillant des fils les uns autour des autres, c’eft de les mettre tous en eftat de contribuer de quelque chofe à foutenir a force , ou le poids que lon fera agir contre cette corde; & en mefme temps on difpofe chaque fil de façon qu'il eft plus aifé de le rompre, que dele faire gliffer, ou que de le dégager d'entre ceux qui l'enveloppent. C’eft ce qui donne la facilité de faire des cordes très-longues , avec des fils très- courts, comme nous le voyons dans les cordes de chanvre, de lin, & dans celles de laine, & de foye; car nous pou- vons regarder , comme de petites cordes , les brins de foye, & de laine dont on fe fert dans l'ufage ordinaire. Chaque fil eftant preflé contre ceux qui lenvironnent, & eftant en- tortillé avec ces mefmes fils, oppofe par fon frottement une telle refiftance à la force qui le tire, qu'il eft plus difi- cile à cette force de vaincre la refftance du frottement, que de cafer le fil. Mais s’enfuit-il de cette difpofition des fils, que la fomme de leurs forces foit plus petite ou plus grande, que ne F'eft la force de la corde ! C’eft ce qu'il n’eft pas poffible de decider par le feul raïfonnement. On voit bien qu'en tortillant plufieurs fils enfemble, lon raccourcit chaque fl, & que la corde gagne en grofleur, ce que chaque fil perd en longueur ; fi l'on regarde a corde feulement de ce cofté-hà, il eft clair que fa force eft augmentée ; Car toutes chofes d’ailleurs égales, les plus groffes cordes font les plus fortes. Si pat exem- ple, on forme une corde en tortillant cinq fils les uns au tour des autres, & que le tortillement raccourciffe chaque fil d'un cinquiéme, il eft évident que la groffeur dela cor- de profite des ? dont la longueur des fils eft diminuée ; d'où il femble déja que la force de cette corde devroit eftre éga- le à la fomme des forces que fix fils pourroient foutenir {e- parément. | y à encore un autre endroit par Iequel le tortillement 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE paroift augmenter la force de Ja corde, il eft caufe que 4e poids qui tire la corde! tire obliquement chaque fil, deforte qu'une partie de’ce poids ft employée à preffer ces fils les uns contre les autres; eftant moins tirez chacun flon leur longueur, la corde qu'ils compolent pourroit eftre en eftat de refifter à un effort plus grand , que celuy que peuvent foutenir tous les fils qui la compolent, lorfqu'ils font tirez perpendiculairement. Ce font là les coftez favorables par lefquels on peut en- vifager le tortillement, Mais on verra que par d’autres en- droits il affoiblit la force des cordes , fi l’on veut faire atten- tion qu’afin qu'une corde euft une force égale à Ja fomme des forces des fils qui la compofent, il faudroit que le poids attaché à une de fes extremitez , n’agift contre chaque fil, qu'à proportion de Îa force de ce fil. Car fi des fils plus foi- bles fc trouvent aufli chargez que des fils plus forts, ou que des fils d'égale force fe trouvent beaucoup plus .chargez es uns que les autres, ils fe cafferont & tout le poids retombe- ra fur les fils qui cftoient auparavant les moins chargés. Or le poids qui tire une corde, tire chaque fil qui la compofe, plus ou moins, à proportion que ce fil eft plus ou moins tendu & plus ou moins gros ; & en tortillant ces fils, il n’eft pas poffible de les difpoler de façon que les foibles foient moins tendus que les autres , quelquefois les plus gros font les plus foibles ; chaque fil ne contribué donc pas à propor- tion de fa force à foutenir le poids. Et fi dans une corde compofée de fix fils, par exemple, il y en a quatre qui ne contribuënt que de la moitié de leurs forces à foutenir le poids , la corde ne doit plus eftre confiderée que comme ff elle eftoit compofée de quatre fils. D'ailleurs puifque en tortillant les fils, on les tend; il eft clair que le tortillement équivaut luy-même à un poids qui tireroit chaque fil, & à un poids plus ou moins grand, felon que la tenfion qu'il produit eft plus ou moins gran- de. C’eft-à-dire, que plus ce fil eft tendu, moins il eff en eftat de foutenir un poids égal à celuy qu'il foutiendroit natu- ; rellement D MS SN, EN CES rellement. Le tortillement feul fuffit quelquefois pour rompre les fils, comme on l'experimente lorfqu'on veut lestortiller trop les uns autour des autres. Le mefme tortillement qui augmente {a force des cordes par certains endroits , la diminuë donc par d’autres endroits. Mais l'augmentation furpafle-t-elle la diminution ! C'’eft fur- quoy la Geometrie n'a de prife , qu'autant qu'on fera des fuppofitions arbitraires, qui par confequent ne decideront rien. On ne fçauroit connoïftre fi entre ces fuppofitions on a choifi celles qui font conformes anx effets de {a nature. Il faut donc icy , comme dans tous les doutes Phyfiques , avoir recours aux experiences ; celles dont il eft queftion font fim- ples & aifées à executer. Je vais rapporter exactement une partie de celles que j'ai faites , elles apprendront ce qu'on doit penfer de l'augmentation de a force des cordes, fur celle de la fomme de leurs fils, J'ay pris un peloton de fii blanc, tel qu'on s’en fert dans les ufages ordinaires; & ayant devidé un grand brin de ce fil , j'ay attaché à un de fes bouts, differents poids depuis une livre jufques à dix. Ce brin de fil à foutenu neuf livres & demie fans fe cafler, & s'eft rompu lorfque je luy ay eû at- taché un poids de dix livres. Hétoit donc évident que cha- _cune des deux parties qui me reftoient après la divifion de ce fil, pouvoient du moins porter un poids de neuf livres _ & demie, puifque elles avoient déja foutenu fans fe rom- \ pres Je pliay enfuite en deux le plus long de ces deux bouts de fil, & tortillant les deux brins, que donnoit ce fi plié, lun fur l'autre, je formay une petite corde compo- fée de deux fils, chacun defquels pouvoit porter neuf livres & demie. Par confequent fi le tortillement eût augmenté Ia force de la corde, par deflus la fomme de la force des fils qui la compofoient ; cette petite corde auroit dû porter plus de dix-neuf livres; elle étoit très-bien tortillée, fans l'être pourtant trop. Il eft néanmoins arrivé que cette cor- de s'eft caflée lorfque je luy ay eû fufpendu un poids de feize livres , & qu'elle n'a foutenu que quinze ee & de- Mem, 17117, 3. Expe- ricnce, 3. Expe- rienæ. 4. Expe- rience. 40 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mie fans fe rompre. Loin que fa force füt augmentée par le tortillement, elle étoit diminuée d'environ un f- xiéme. J'ay enfuite attaché un poids de fix livres & demie à un autre fil tiré du même peloton, il Ya foutenu fans fe rom- pre, & s'eft caffé lorfque je lui ai fait porter fept livres. J’ay de même attaché divers poids à deux autres fils, dont le premier a refifté à un poids de huit livres, & s'eft caflé à huit livres & demie ; & le fecond a foutenu huit livres & demie & s'eft caffé à neuf. J'ay pris les plus longs bouts de chacun de ces trois fils, & en les tortillant j'ay compofé une petite corde de trois fils. La fomme des forces de ces trois fils étoit du moins capable de foutenir un poids de vingt-trois livres. La corde s’eft cependant rompüe lorfqu'elle a été char- gée de dix-fept livres & demie; le tortillement l'avoit donc confiderablement affoiblie ! Ayant de même pris quatre brins defil, & connu, par les experiences , que le premier pouvoit foutenir huit livres & demie, & qu'il s'étoit café à neuf; que le fecond pouvoit porter fix livres & demie, & qu'il s'étoit caffé à fept, & que les deux autres avoient porté {ept livres, & s’étoient caflé à fept & demie: j'ai fait une cordeen tortillant ces quatre fils, Je fçavois, par les experiences dont je viens de parler, que la fomme des forces de ces fils pouvoit du moins aller jufques à foutenir un poids de 29 livres. J'ay doncaifément connu que la force de cette corde étoit moindre que celle de la fomme des fils, lorfque je l'ai và fe rompre après y avoir fufpendu un poids de 2 1 livres & demie, Pour confirmer les experiences precedentes, j'ay fait une nouvelle corde comme cy -deflus compofée de cinq fils, quatre defquels avoient porté fept livres & s'étoient café à fept livres & demie; & le cinquiéme avoit porté 6 livres , & s'étoit rompu à fix livres & demie. La fomme de la force de ces fils étoit donc du moins de 23 livres ; la corde cependant s’eft rompuë après avoir foutenu quel- que temps un poids de 2 2 livres. Comme j'avois connu par DES SCIENCES. LE: les experiences precedentes , & par diverfes autres que je ne crois pas neceflaire de rapporter, que de fil dont je me fer- vois, avoit dans les endroits les plus foibles autant de for- ce qu'il en faut pour foutenir un poids de fix livres, & que fa force alloit fouvent jufques à foutenir neuf livres ; je crûs que j'étois en droit de faire enfuite mes calculs, fans examiner davantage da force des brins de fils que j'em- ployois; & que lorfque je trouverois que la force de la cor- de fcroit moindre que celle de la fomme des fils, en les regardant comme ne pouvant porter chacun que fix livres, que je ne courrois aucun rifque de me tromper, puifque je n'avois jamais trouvé la force de ces fils plus petite, & que je l’avois ordinairement trouvée plus grande. J'ay donc en- core fait differentes cordes avec le même fil , parce qu'on ne fçauroit trop repeter les experiences avant que d'en conclure quelque chofe. Je fis une corde de fix fils; elle auroit dû pour le moins ;, Expe. foutenir 36 livres fr la force eût été égale à celle de Ia rience, fomme des fils, & cette corde fe rompit par le poids de 31 livres. 6 * Une corde de dix fils très-bien tortillez ; qui auroit dû 6. Expe- porter pour le moins 60 livres, fi fa force n'eut pas été rience. moindre que celle de la fomme des fils, s’eft rompuë, char gée par 50 livres. -Ayant fait une corde, en doublant le plus long des deux 7. Expe. bouts qui n'eftoit refté de la corde précedente ; comme trience. elle eftoit compofée de dix fils, on voit que j'en fis une corde de 20 fils, qui ne pouvoit porter moins de 120 li- vres fans être plus foible que la fomme des fils, & moins de 100 fi fa force n'étoit pas diminuée par le dernier tor= tillement. Un poids de 8o livres fit cafler cette corde ; clle étoit donc encore diminuée de force par le dernier tortillement? Une autre corde faite de 28 fils, qui auroit pour-le 8. Expe moins porté 168 livres, file tortillement n'eût pas dimi- rience. nué la force de la corde, a été caflée par un poids de 82 Bi fakes CREER CE 9. Expe- rience. 732 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE livres. J'ay fait diverfes autres experiences qui ont eû le même fuccès, & qu'il feroit inutile de rapporter, en voi- à de refte. Afin neantmoins qu'on ne s'imagine pas que les cordes que je faifois étoient trop, ou trop peu tortil- lées, & que peut-être la même chofe n'arrive pas aux cor- des de fil, ou de chanvre, faites par les cordiers, j'ai éprouvé de ces dernieres. Entre les diverfes experiences que j'ay tentées fur ces fortes de cordes, je me contenteray de rapporter les deux fuivantes, parce que toutes celles que j'ay faites n'ont pas réüfii differemment. Jay pris une petite corde de chanvre, très-bien faite par un cordier ; elle étoit formée de trois autres petites cor- des, chacune defquelles étoit compofée de deux gros fils de chanvre. Je donne le nom de fils, aux cordes qui ne font pas faites d’autres cordes plus petites; mais qui font compofées de divers brins de chanvre ou de lin. Ayant attaché un poids de $o livres, à la corde dont je viens de parler, elle fe rompit un inflant après; comme cette corde me fembloit devoir être plus forte, je fufpendis enfuite divers poids au plus long des bouts, qui métoit refté; il foutint 72 livres, & fe caffa chargé par 75. Pour fçavoir f. la fomme des forces des trois petites cordes qui compo- foient celle-cy, étoit plus grande que celle de cette cor- de, je la detortillay, & ayant éprouvé la force de ces peti- tes cordes par differens poids, je trouvay que l'une avoit porté 27 livres fans fe rompre, l'autre 3 3 livres & la der- niere 3 $ livres. La fomme de la force de ces trois cordes étoit donc du moins égale à celle qu’il faut pour foutenir un poids de 95 livres? cependant li corde qu'elles com- poloient, sétoit rompuë d'abord à $o livres, & enfuite à 75 : fa force étoit donc beaucoup moindre que eclle de la fomme des fils ? Au refte il faut remarquer que fi j'eufle cherché la for- ce des deux fils, dont chacune des trois petites cordes étoit compofée; la fomme des forces de ces deux fils , eût été peut-être trouvée moindre, que celle dela petite LS D Es 28 CE EN CES. 13] ‘oxde qu'ils compofoient; & cela par une raïfon particu- diere aux cordes qui font faites de brins moins longs que da corde même. C’eft que chacun des brins ne peut exer- cer toute fa force , à moins que la refiftance du frotte- ment qu'il lui faut vaincre pour gliffer, ne furpaffe la for- ce qu'a ce brm pour foutenir un poids. Or il arrive fou- vent que les fils ne font pas affez tortillez, pour que les brins de chanvre ou de lin, qui les compofent, ne puiffent pas glifler plus aifément, qu'ils ne peuvent être rompus. Mais lorfqu'on fait une corde avec deux ou trois de ces fils, par exemple , les nouveaux tortillemens qu’on leur don- ne, ajoûtent aux brins qui les compofent, ce qui leur man- quoit de frottement, & les mettent en état de pouvoir être rompus par une force moindre que celle qui eft necef- faire pour les faire gliffer ; & dès lors que chaque brin pourra être plus aifément rompü que dégagé d'entre ceux qui entourent, la force de la corde fera toûjours moindre que la fomme des forces des fils, ou des brins qui la compo- fent. Une autre corde, à peu près de même groffeur que ha precedente, fervira encore de nouvelle preuve. Elle a fou- tenu un poids de 7o & s’eft rompuë, environ au milieu, par la pefanteur d'un poids de 72. J'ay attaché un poids de 75 au plus long des morceaux qui me reftoit, pour voir f1 la corde n'étoit point caffée dans un endroit beau- coup plus foible que les autres; mais elle n’a pû foutenir le poids de 75 livres. Ayant cherché feparément la force des trois petites cordes, dont elle étoit faite; la premiere a porté 24 livres & s’eft rompuë à 28; la deuxiéme, a porté 28 livres & seft rompuë à 29 ; enfin latroifiéme, a foûtenu 30 livres & ne s'eft caflée qu'à 3 1. La fomme des forces de ces trois cordes, étoit donc égale du moins à 82 & par confequent plus grande que celle de la corde qui s'étoit caflée , tenduë par un poids de 7 1 livres. On ne peut douter que les experiences que j'ay faites , w'euflent réüfli de Ja même maniere fur de plus groffes Biüj 10. Expe: riences- Mem. de l'Acad. 171 0page Æ04* 14. MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE cordes ; le grand nombre des fils, ou de petites cordès ne doit y apporter aucun changement. Mais les experiences au- roient été beaucoup plus difficiles à executer, & les prece- dentes fuffifent. J'en rapporteray pourtant encore une que j'ay faite fur un brin de foye, tel qu'on s'en fert ordinairement pour coudre; quelque petite que fût cette efpece de corde. on peut la comparer aux plus gros cables, fi l'on fait feule- ment attention au nombre des fils fimples qui la compofoient. Les fils de ce brin de foye eftoient d'une fineffe extrême ; auffi en contenoit - il un nombre bien plus grand que les brins, dont j'ay parlé dans l'Examen de la oye des Arai- gnees, Car l'ayant féparé avec beaucoup d'attention & de pa- tience, je lay divifé en 832 fils fimples , au lieu que je n'avois trouvé que 200 fils dans les autres. Si ce calcul avoit quelque défaut, ce ne pourroit être qu'en ce qu'il feroit le nombre des fils plus petit qu'il n'étoit effectivement, parce que il pourroit fort bien être arrivé que l'extrême f- nefle de ces fils m'en eût quelquefois fait prendre deux pour un ; mais ce nombre ne fçauroit être trop grand , parce qu'il ne m'eft jamais arrivé de compter un fil fans l'avoir bien féparé des autres. J'avois même la précaution de le couper après l'avoir compté , de crainte qu'il ne im'arrivät d’en faire un double employ. , Ces 832 fils compoloient deux petites cordes differen- tes, qui étant tortillées une fur l'autre formoient le brin de foye: ayant attaché fucceflivement differens poids à ce brin de foye , je trouvay qu'il foutenoit ordinairement $ livres pendant quelques inftans , après quoi il fe rompoit ; mais fa force alloit très-rarement jufques à porter $ livres & demie; & dans un grand nombre d’experiences , il n’y eût qu'un cas ou deux, que 5 livres &-demie ne le firent pas rompre. Ayant enfuite examiné la force des fils qui compofoient ce brin de foye, je m’affuray par plufieurs ex- periences , que les plus foibles pouvoient foutenir un gros fans fe rompre; & les plus forts un gros & demi; on voit que f ces fils étoient beaucoup plus fins que ceux, ho RE PEER TES | DES SCIENCES. | + dont j'ay parlé dans l'Examen de la Joye des Araignées qu'ils étoïent aufli beaucoup plus foibles, car ceux 1à foutenoient deux gros & demi. Puifque ces fils portoient du moins un gros, & que les plus forts, dont je trouvois même un plus grand nombre que les plus foibles , portoient un gros & demi , il eft clair que je ne feray rien de trop favorable à la fomme de la force des fils, orfque je prendray un gros dix-huit grains, pour la force moyenne de chaque fil. Et felon cette fuppofition , la fomme des forces des fils qui com- pofoient ce brin de foye , étoit de 1040 gros; ou divifant cette fomme par 128 pour la reduire en livres, la fomme de la force des fils étoit de 8 livres deux onces. Or nous avons vû ci-deflus, que le brin de foye ne foutenoit, pour Vordinaire, que $ livres & rarement $ & demie; fa force étoit donc confiderablement moindre que celle de la fomme des fils? Quand nous aurions pris la force des fils les plus foibles , qui étoit d'un gros , pour la veritable force de cha- que fil ; la fomme des forces auroit été de 832 gros, c'eft- à-dire, de 6 livres & demie : par confequent plus grande que celle du brin de foye. On peut donc fürement conclure de toutes ces experien- ces , que la force d’une corde tortillée, eft moindre que la fomme des forces des fils qui la compofent. Mais il n'eft pas poffble de déterminer en quelle proportion le tortillement la diminuë, parce que cette diminution dépend d’un grand nombre d'irregularitez, chacune defquelles peut être combi- née de plufieurs manieres differentes. Ces experiences nous apprennent du moins, que lorfqu'on pourra employer, d'une maniere commode, plufieurs petites cordes, & qu'on les pourra tendre également ; que ces petites cordes feront en état de produire un plus grand effet, ou de refifter à un plus grand effort, que ne le feroit un cablecom- pofé de toutes ces petites cordes. Enfin fi nous ne pouvons décider quelle eft la force d'un cable; nous pouvons décider entre quelles limites elle eft renfermée, en cherchant quelle eft la force de quel- 24 Jauv. 3711 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Roÿarr qu'une des petites cordes qui le compofent, & en examinant quel eft le nombre de ces mêmes cordes ; puifque nous avons vû que la force du cable eft moindre que la fomme des for- ces de toutes ces cordes. OBSERVATIONS De quelques Eclipfes des Planeres à Etoiles fixes par la Lune , faites en divers lieux , comparées enfemble pour déterminer les différences des Meridiens. Par M. Cassini le Fils. Es Obfervatious des Eclipfes des Etoiles par la Lune ; faites en divers lieux, étant très- propres pour déter- ruiner les longitudes Geographiques de ces lieux, comme on Va fait voir dans les Memoires de l Academie de l'année 170$; Nous avons crû devoir comparer plufieurs de celles qui ont été faites jufqu’à prefent, pour pouvoir en retirer cet avantage. Parmi ces Obfcevations il y en a plufieurs qui font rap- portées dans les Journaux des Sçavans, dans les Tranfadions Philofophiques de la Societé Royale de Londres, & dans les Ades de Leipfik, dont on a extrait celles qui ont été faites en même temps en divers endroits. Obfervations de l'Eclipfe des Pleiades par la Lune ; faites à Paris & à Dantzik: Le 23 Aouft 1701. à 13" 31" 23° A Paris, la luifante des Pleiades de la 3° grandeur , appellée Alione par Riccio- li, entre dans la partie claire de la Lune. 15 © o AÀDantzik, Aioneentre dans la partieclai- re de la Lune. 16 6 55 À Dantzik, Emerfon de la partie Ob- fcure. Pour DES SCLENCES. 17 Pour trouver par le moyen de cette Obfervation fa différence des Meridiens entre Paris & Dantzik ; l'on a labord déterminé le pafage de cette Etoile par le Meridien qui eft arrivé àtPars are rs" . fon Alfcenfion droite de 529 4 30”; & fa declinaifon de 234 FU L'on a aufli eue l Afcenfion droite & la “déclinaifon de la Lune quelques heures avant ou après fa conjonction , fon Diametre & fa parallaxe horizontale. Par ce moyen l'on a placé dans une figure qui reprefente la projection de la Terre dans l'Orbe de la Lune, les paralleles de Paris & de Dantzik, & la trace que la tone a décrite en paffant par cette projection. Suivant cette figure, l’Immerfion de cette Etoile a dy arri- “ver à Dantzik à 13h 56" o”, ce qui donne la différence cles Meridiens entre Paris & cette Ville de . 154 0" dont Dantzik eft plus à l'Orient à caufe que l'heure obfervée excede celle qui eft marquée fur la trace de la Lune dreflée pour le Meridien de Paris. Le même jour. 12h 55° 25" A Paris, Merope entre dans Ia partie claire de la Lune. 14 24 30 À Dantzik Immerfion de Aerope dans Ia partie claire dela Lune. 15 15 20 À Dantzik Emerfion de Ja partie obfcuré. Le pañlage de cette Etoile par le Meridien He arrivé à 17h 14 26’; Son Afcenfion droite étoit de S1 7 2, & fa Declinaifon Septentrionale de 224 $1°$5". Par l’Immerfion de cette Etoile dans la partie claire de Lune, l'on aura la différence des Meridiens entre Paris & ‘ Dantzik de AA d'A Le méme jour. 12h 21° 20" A Paris Immerfion /'Æecfra, dans lapartie claire de la Lune. 13 40 o À Dantzik Immerfion d'Ekcra, dans la partie claire de la Lune. Mem. 1711. 18 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 14 50 O0 À Dantzik Emerfion de {a partie obfcure. Le paflage de cette Etoile par le Meridien eft arrivé à 17h 12' 56", fon Afcenfion droite étoit de $ 14 25° 6" & fa Declinaifon Septentrionale de 224 $1° 55”. Par lImmerfion de cette Etoile dans la partie claire de la Lune, l'on aura la différence des Meridiens entre Paris & Dantzik de 1h 2° 55" Eclipfe de Mars par la Lune, obfervée à Dantjik, à Oxford & à Greenwich, le 31. Aouff 1676. 13h35" 42" A Dantzik Immerfion de Mars dans la par- tie claire de la Lune. 14 46 29 Emerfion de la partie obfcure. 12 10 42 À Oxford Immerfion de Mars dans a par- tie claire de la Lune. 13 10 41 Emerfion de la partie obfcure. 12 14 $8 A Greenwich Immerfion de Murs dans la partie claire de la Lune. 13 10 $1 Emerfion de la partie obfcure. Il y a une erreur dans l'heure de cette Oblervation , car au lieu de 13610" $1" il faut lire13P 15$" 51”, ce que l'on voit en comparant l'heure obfervée avec l'heure corrigée, la diffé- rence entre ces heures qui dans toutes les Obfervations eft de 4° 55” n'eftant dans celle-cy que de $ fecondes. Ayant calculé fAfcenfion droite & la Declinaifon de Mars & de la Lune, au temps de fa conjonétion & quel- ques heures avant ou après, l'on a décrit la trace de la Lune, dans une figure qui réprefente la projeétion de la Terre dans l'Orbe de Ia Lune, & lon y a déterminé le pole Septentrional & les paralleles de Dantzik, d'Oxford & de Greenwich. : Par lImmerfion de Mars obfervée à Dantzik & à Greenwich, l'on trouve la différence des Meridiens entre ces lieux de 1P 15e, & par l’'Emerfion de ON ah MO Par lImmerfion de Mars, obfervée à Dantzik & à À PUDES,. : SIGMA EN MCE. 19 Oxford l’on trouve {a différence des Meridiens entre ces deux Villes de 14 20/)23" & par l’'Emerfion de tb 2084120" Cette Oblervation eft rapportée dans le Journal des Sravans du 18. Janvier 1677, où Von remarque que M. Halley ayant confideré avec foin les parallaxes de a Lune dans les obfervations de cette Etcliple faites à Oxford, à Dantzik & à Greenwich, il a trouvé par l'immerfion de Mars a différence des Meridiens entre Greenwich & Dantzik d'une heure 14° $0” & entre Greenwich & Oxford de 4’ 59"; & par l'émerfion de la même Planete la premiere de ces différences s’eft trouvée de 1h 14° 41” & la derniere de 4’ 59". Ces différences des Meridiens que M. Halley a apparemment trouvées par la méthode an- cienne, qui eft de calculer a parallaxe de la Lune à diverfes hauteurs, s'accordent à quelques fecondes près à celles que Jay trouvées par la méthode de la projeétion de la Terre dans l'Orbe de la Lune. Suppofant la différence des Meridiens entre lObfervatoire de Paris & celuy de Londres à Greenwich de 9’ 10" comme nous l'avons déterminée par les obfervations des Satellites de Jupiter, Yon aura la différence des Meridiens entre Paris & Dantzik de 18,6 '.55" un peu plus grande que celle que l'on a déterminée par 1Obfervation des Pleïades faite à Paris & à Dantzik. Eclipfe de J upiter par la Lune, obfervée à Paris, à Londres, à Greenwich, à Nuremberg, à Leipfik &7 à Avignon. Le 10. Avril 1686. 9" 40" 21" À Paris, Jupiter touche la Lune. 9 41 20 Il fe confond avec les ondes de Ia Lune. 10 30 2 Le précédent Satellite fort. 10 40 24 Le premier bord de Jupiter commence à fortir de la partie obfcure. 10 40 56 Le centre de Jupiter fort de la Lune, 10-41 36 Jupiter eft entiérement forti. te 1) 20 10 TI II MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 10h42" 49" Le Satellite plus proche de Jupiter fort, ïl #5 so 33 I 40 O cft éloigné de Jupiter de +. Le Satellite fuivant fort, il eft éloigné de Jupiter d'un peu moins de deux de fes diametres. Le dernier Satellite fort. A Londres, immerfion du centre, douteufe à caufe que le bord de la Lune n’eftoit pas terminé. | Commencement de l'Emerfion. Jupiter eft entiérement forti. À Greenwich, le bord de Jupiter touche Ja Lune. Jupiter eft entiérement caché. Une petite partie de Jupiter efoit fortie. Jupiter eft entiérement forti. A Nuremberg par M. Zimmerman, Jupiter touche. Jupiter eft entiérement caché. Jupiter eft entiérement forti. Le Satellite qui eft au milieu des trois, fort. Le troifieme Satellite fort. À Nuremberg par M. Wurtzelbaurg, Jupite touche. Immerfion du centre de Jupiter. Jupiter eft entiérement caché. Jupiter commence à paroifre. Jupiter eft entiérement forti. A Leipfk, le bord de Jupiter touche Ia Lune. Immerfion du centre. Jupiter eft entiérement caché. Jupiter eft entiérement forti, i/ y a icy üne erreur d'impreffion. A Dantzik, le bord de Jupiter touche Ia Lune. ne” x 23: D'IENS + SUN EN Ceris 21 7' 54" Immerfion du centre. 39 Jupiter eft entiérement caché. 11P49 15 Commencement de 'Emerfion. so o* Emerfion du centre. 11 $o 4$ Emerfion totale de Jupiter 9 42 13 À Avignon, immerfion du centre de Jupiter. 10 45 26 Emerfion du centre. IH, Par la premiére Obfcrvation faite à Paris & à Greenwich, lorfque Jupiter touchoit la Lune, l'on trouve la différence des Meridiens entre ces lieux de 9 20° Par limmerfion totale de 9 33 Lorfqu'une partie de Jupiter eftoit fortie de 9 20 Lorfque Jupiter eft entiérement forti de 9 34 Par l'Obfervation faite à Paris &: à Londres, l'on trouve la différence des Meridiens entre ces deux Villes , lorfque Jupiter commencoit à fortir de NO LS Oo" Lorfqu'il eftoit entiérement forti de 10 o Par FObfervation faite à Nuremberg par M. Wurtzel- baurg, lon trouve la différence des Meridiens entre Paris & cette Ville, lorfque Jupiter touchoit la Lune de 35° 30" Par limmerfion centrale de as vo Lorfque Jupiter eftoit entiérement caché de . 34 45 Lorfque Jupiter commençoit à fortir de 34 55 Lorfqu'il eftoit entiérement forti de 2 240 L'Obfervation de M. Zimmerman donne quelques fe- condes de différence , ce qui vient-apparemment de la maniere de regler l'horloge. Par l'Obfcrvation faite à Leipfik, lon trouve la diffé- rence des Meridiens entre Paris & cette Ville, lorfque Jupiter touchoit la Lune de “40 LaR Par limmerfion du centre de 40: 5e Lorfque Jupiter eftoit entiérement caché de 39 750 Par l'Obfervation faite à Dantzik, l’on trouve la diffé- rence des Meridiens entre Paris & cette Ville, lorfque le bord de Jupiter touchoit Ia Lune de 1h"; GA" Par limmerfion du centre de Jupiter de 1, 4 44 C ü 22 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Lorfque Jupiter efloit entiérement caché de 1h 4° 39" Lorfque Jupiter commençoit à fortir de la Lune de 1 de. 53 Par l'Emerfion du centre de AIS di 40 Par l'Emerfion totale de LT AUS Pour ce qui eft de lObfervation d'Avignon , il feroit inutile de la comparer avec celle qui a efté faite à Paris, y ayant apparemment quelque erreur dans le temps mar- qué à l'horloge, puifque la différence entre l'heure de lim- merfion du centre de Jupier dans la Lune, & celle qui a efté obfervée à Paris n’eft que de deux minutes. En prenant un milieu entre les différences des Meri- diens qui refultent de ces obfervations , on aura la diffé- rence des Meridiens entre Paris & Londres de 9" 55” Occidentale, Entre Paris & lObfervatoire de Greenwich de 9 25 Occidentale: Entre Paris & Nuremberg de 35 2 Orientale. Entre Paris & Leipfik de 40 o Orientale. Entre Paris & Dantzik de 1h 4 43 Orientale. Eclipfe de Jupiter par la Lune, obfervée à Avignon, à Londres à à Totteridg. Le 7: May 1686. 15"37 23" À Avignon, Immerfion du centre de Jupiter dans la Lune. 16 28 24 Emerfion du centre. 15 3 30 À Totteridg, commencement de lImmer- fion de Jupiter dans la Lune. La latitude de Totteridg eft de $ 14 39°: & fuivant M. Häalley, ce lieu eft 2 $ fecondes à lOc- cident de Londres, & en cft éloigné de 9 milles. 15 49 o A Londres; Emerfion totale de Jupiter. Quoyque l'Obfervation d'Avignon aye efté faite lorfque ‘ ‘# ‘ D'RNSANISTERMENN c'es 23 le centre de Jupiter eft entré dans la Lune, & lorfqu'il en eft forti, on ne laiffe pas de pouvoir 4a comparer à celles qui ont efté faites à Totteridg & à Londres au commence- ment de lImmerfion & à la fin de l'Emerfion par le moyen du diametre de Jupiter qui efloit alors de so fecondes. Par la premiere Obfervation, lon trouve la. difference des Meridiens entre Avignon & Totterig de 20’ 20” Par l'Emerfion de Jupiter obfervée à Londres, l'on a la difiérence des Meridiens entre Avignon & Londres de 19:20” Si l’on retranche de a différence des Meridiens que l’on vient de trouver entre Avignon & Totteridg, 25 fecon- des, dont Totteridg eft plus Occidental que Londres, l’on aura la différence des Meridiens entre Avignon & Lon- dres de LEE 19° 55” Prenant une moyenne entre les différences qui refultent de ces Obfervations , l’on aura la différence des Meridiens entre Avignon & Londres de 19 40” Dont fi l'on retranche a différence entre Londres & . Paris que nous avons trouvée par les obfervations des Satel. lites de Jupiter de 9° 40” L'on aura la différence des Meridiens entre Paris & Avignon, dont Avignon eft plus à l'Orient de ‘1 o4 toi Cette différence s’iccorde à celle que nous avons trouvée par les Triangles de Ia Meridienne de 10) V4 OBS VE RFAÎT FOUNTS Sur la Vegetarion des Truffs. Par M. GEorFrRoY% le Jeune. Fu 1 ‘Ous les Corps qui paroiflent vegeter, fe peuvent partager généralement en deux clafles. La premiere de ceux à qui il ne. manque rien de tous les caradéres des plantes, La feconde de ceux à qui il en manque quelques 25. Fevr: 1711. 24 MEmoires DE L'ACADEMIE RoyALE uns. Parmi ces derniers, les uns manquent de fleurs appa- rentes, comme le Figuier, dont on croit la fleur renfermée au dedans du fruit. D’autres manquent de fleurs & de graines apparentes, comme la plüpart des Plantes marines, dont on foupçonne les Semences renfermées dans des Veficules particuliéres. D’autres n’ont que des feüilles fans tiges, com- me le Lichen, le La@uca marina, & le Noffoch. D'autres ont des tiges fans feüilles, comme les Æwphorbes, la Prefle, le Lithophyton, les Coraux, & a plüpart des Plantes pierreufes. D'autres enfin n'ont, pour ainfi dire, aucune apparence de Plantes, puifqu'on n'y diftingue ni feuilles, ni fleurs, ni graines. De ce genre font la plüpart, des Champignons, les Eponges, les Mbrilles, & fur tout les Truffes, qui de plus n'ont point de racines. Les Botaniftes ne les ont rangées dans l'ordre des Plantes, que parce qu'on les voit croiftre & multiplier, ne doutant point qu'elles n'euflent du moins les parties eflentielles des Plantes, fr elles n’ont pas les apparences ; de même que les infeétes ont les parties eflentielles à l'animal, quoyque la ftructure apparente en foit différente. Comme j'ay déja fait quel- ques Obfervations fur le Noftoch, cela n'a porté à examiner aufli la Truffe qui eft encore plus finguliére, & dont il me paroift que l'on n'a encore rien dit de bien pofitif. Voicy les Obfervations que j'ay pà faire fur la bifarrcerie de cette Vegetation avec fon Analife. Cette forte de Plante n'eft qu'un Tubercule charnu cou- vert d'une efpéce de croute dure, chagrinée & gercée à fa fuperficie, avéc quelque forte de régularité, telle à peu près qu'on l'apperçoit dans la noix de Ciprès. Elle ne fort point de terre. Elle y eft cachée environ à un demi pied de pro- fondeur. On en trouve plufieurs enfemble dans le même endroit qui font de différentes groffeurs. I s’en voit même quelquefois d'affés groffes, pour eftre du poids d'une livre, & mème de cinq carterons, ces derniéres font rares. Pline D'en rapporte que du poids d’une livre. Ce qui eft certain, c'eft qu'il y en a de fort groffes. Elles naïflent DES SCIENCES. 25 naiflent en différens Pays. Du temps de Pline les plus efti- mées étoient apportées d'Afrique. On en trouve à pre- fent en Europe, dans le Brandebourg, & en plufieurs autres endroits d'Allemagne. Elles font communes en ftalie, en Provence, en Dauphiné, dans le Languedoc, l'Angoumois & le Perigord. Il en croît aufii en Bourgogne, &'on en trouve aux environs de Paris. On remarque qu'elles vien- nent plus ordinairement dans des terres incultes, de cou- Ieur rougeätre & fablonneufes, quoyqu'un peu grafles. On les trouve au pied & à l'ombre des arbres : on les trouve aufii quelquefois entre des racines, des pierres, & quelque- fois en pleine terre. Leur arbre favori cft le Chêne, ou le Chêne verd ou le Chéne blanc. Comme l'Orme eft celuy de la morille. On commence à voir des Truffes au pre- mier beau temps qui fuit les froids, plûtoft ou plütard, fuivant que le temps eft doux, & même enfüite du grand hyver, elles ont efté très rares. Elles ne paroïflent dans leur naiflance que comme des petits pois ronds, rouges au dehors & blancs en dedans. Ces pois grofliflent peu à peu. C’eft depuis ce temps à, qu'on commence à tirer de Îa terre, celles qu'on nomme Truffes blanches. EMes font infipides d'elles-mêmes, & on les fait fecher pour entrer dans les ragouts, parce qu'elles fe gardent mieux feches que les marbrées. C’eft l'opinion commune que les Truffes qui ont efté une fois déplacées, ne prennent plus de nourriture, quand même on les remettroit dans la même terre d’où on les a tirées: mais fi on les y laifle jufqu'à un certain point, fans les déranger, elles groffiffent infenfiblement, leur écorce devient noire & chagrinée ou inégale, quoyqu'elles confervent toûjours leur blancheur au dedans : jufqu’à ce point, elles ont très peu d'odeur & de faveur, & ne peuvent encore s'employer qu'en ragoût; & c'eft toûjours ce qu'on appelle premiéres: Truffes blanches, dont il ne faut point faire une efpéce différente des marbrées & des noires que l'on recüeille depuis Yautomne jufqu’en hyver-après les premiéres gelées; car ce ne font, à ce Mem. 1711. D 26 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE que je crois, que les mêmes à difkérens points de matus rité. Je confidere la Truffe blanche dans {on premier état comme uné plante qui eft tout à la fois racine, tige & fruit dont le parenchime fe gonfle de toute part, & dont les parties fe developpent infenfiblement. A mefure que la Truffe fe gonfle, l'écorce fe durcit, fe gerce en différens endroits pour donner plus de nourriture à la mafle qui eft plus grofle, alors la Truffe change de couleur, & de blan- che qu'elle eftoit, on la voit infenfiblement fe marbrer de gris, & on n'apperçoit plus le blanc que comme un tiflu de canaux qui fe repandent dans le cœur de a Truffe, & qui viennent rendre aux gerfures de l'écorce. La matiére grife qui eft renfermée entre ces canaux, étant confiderée au microfcope, paroît être un parenchime tranf- parent compol de veficules. Au milieu de ce parenchime, on voit des points noirs, ronds, feparez les uns des autres, qui ont tout fair d’eftre des graines nourries dans ce paren- chime, dont elles ont obfcurci la couleur, & où il n’y à que les vaiffeaux & quelques cloifons qui font reftées blan- ches. Je confidere ce blanc comme des canaux, parce que je les vois toüjours venir fe rendre à l'écorce. Lorfque les Zruffes font venues à ce point de maturité; elles ont une très bonne odeur & un très bon goût. La chaleur & les pluyes du mois d'Aouft, les font meurir plus promptement : c'eft ce qui peut avoir donné lieu à quel- ques autheurs, de dire que les orages & les tonnerres les en- fantoient. En effet on ne commence à foüiller les bonnes Truffes que depuis le mois d'Octobre jufqu’à la fin de De- éembre, & quelquefois jufqu'au mois de Fevrier & Mars où pour lors elles font marbrées, au lieu que celles qu'on ramafle depuis le mois d'Avril jufqu’au mois de Juillet & d'Aouft, ne font encoré que blanches. Si on manque à ramañler les Zruffes lorfqu'elles font à leur point de maturité, elles fe pourrifient : c'eft alors que lon peut obferver fa reproduétion de la 7rufe, parce qu'au bout de quelques temps on trouve plufieurs amas d’autres petites Zruffes qui CE dit ets de MT ERA TÉE Mere pes TS DEL S, S,GCRIEUN, CLE,S. 27 occupent la place de celles qui fe font pourries. Ces jeunes Zruffés prennent nourriture jufqu'aux premiers froids. Si la gelée n'eft pas forte, elles paflent l'hyver, & forment de bonne heure les Zzuffes blanches du printemps. Le grand froid de 1709 eft encore une preuve de ce que j'avance, puifqu'on n'a vû des Tiuffes que dans lau- tomne de la même année; les plus avancées qui auroient dû paroître au printemps, ayant peri par la rigueur de la faifon, au lieu que l'année précédente elles avoient efté très communes. On ne remarque ni chevelu ni filamens de racines aux Zruffes qu'on tire de terre, Elles en font en- veloppées, de maniere qu'elles y impriment les traces de leur écorce, fans y paroiïftre autrement attachées. Elles font fujettes, comme les autres racines à être percées de ver. Celuy qui s'attache à la Zruffe, eft un ver blanc aflés délié, & différent de ceux qui naïffent par leur pourriture : par la fuite il forme une feve renfermée dans un nid tiffu d’une foye blanche fort déliée. I en fort quelques temps après une mouche bleuë, tirant fur le violet, qui s'échappe de l Truffere par des gerfures qu'on y obferve. Dès qu'on apperçoit de ces fortes de mouches, on les regarde comme up indice certain qu'il y a des Truffes dans l'endroit autour duquel on les voit voltiger. Quand une Truffe cuite a eflé picquée du ver, on s'en apperçoit à l'amertume qu'elle a au goût; & en y faifant un peu d'attention, on reconnoit que l'endroit de la picqueure “ nn + 2n x ÉT 3 07, &c. Ainfr dans nôtre exemple dudemi-cerclé delà page 26 3.* &c. en différentiant Vnu— a a, qui eft la valeur de lor- a : æe 271100 donnée B C—e, au lieu de Ha fuite e—— — — 3 LE — &c. de: M. Newton, on trouvera & — = — x 3 . ne — I — de. D'où lon-tire Q—<, R — Sn SJ — 325, dre. Icfquelles valeurs de Q, R, S, étant RD } oyez encore cet endroit de M. New- + don, 56 Memoires DE L'ACADEMIE RorALrz 4 fubftituées, on trouvera SV i1+QQ.2RR:: a. Æ + <<. 2 1: IT Vee+ aa. DE :: jan, 2at :: za 2n:: 3x0 B. 2xOK, c'eft-à-dire que Ja refiftance eft à la force centrale, comme > OB eft à 2x OX, confor- mément à ce que mon Oncle a trouvé. En ufant de la même correction dans les exemples 7/2 7. pag. 268, 269, on trouvera que la refiftance eft à la force centrale dans l'exemple 777, comme 3x YY à2xY6G, au lieu de X à FG; & dans l'exemple /F; comme ÆFà 2e x WG, au lieu de XF à == x VG. Tout n + 2 cela fe trouve auffi précifement par les formules 4 v — re SA Pme RÉ CEsS v ds OR EH RO PRIOR TE SUR LES PRECIPITATIONS CHIMIQUES, Où l’on examine par occafion la diffolution de l'Or èr de l’Argent, la nature particulière des efprits acides, & la maniere dont L’efprir de Nirre agit fur celuy de Sel dans la formation de l'Eau regale ordinaire. Par M. LEMERY le Fils. 24. Mars he E mot de Précipitation eft employé parmi les Chi- 1711. miftes pour exprimer la chûte d'un corps qui avoit été fufpendu & diflout dans un liquide, dont il a été enfuite defuni. Les précipitez différent fuivant la nature des matieres qu'on fait précipiter, füivant celle des liqueurs qui ont fervi à leur diffolution, & enfin fuivant le procedé dont on fe fert pour # nur DES HAS ORNE NnCr ES. S7 pour operer la précipitation; ce qui comprend les différents intermedes qu'on employe pour cet effet. Comme les corps dont fe font les precipitez, ne font pas tous de même nature, on fe fert aufli de liqueurs différentes pour les diffoudre. Les bitumes & les refines fe diffolvent par des liqueurs huileufes & fulphureufes, & par des fels alkalis, particuliérement quand ces matiéres font chargées d'acides, comme par exemple, le foufre commun. La feule refine connuë qui {e diffolve par des acides, c’eft le Camphre. Les matiéres falines n'ont befoin d’autre diffolvant que de l'eau, & enfim les corps métalliques fe diflolvent par des efprits acides ; cependant l’eau dans de certaines circonftances peut être regardée comme un véritable diflolvant métallique; on a reconnu cette vérité fur l'or, qui à l'aide de ce liquide & d'une longue trituration eft entierement & fi bien reduit en liqueur, qu'il pafle alors avec fon diffolvant au travers d'un filtre ferré. On donne improprement en Chimie le nom de précipitez métalliques à des matieres, qui par fa calcination ou par une autre voye ont acquis une forme femblable à celle des veritables précipitez ; c'eft-à-dire, qui ont perdu leur premiere forme de metal, & ont efté réduites en une maffe friable & indifloluble dans l'eau, quoyque fouvent affez chargée d’acides; d’où vient que quand on la verfe dans ce liquide, elle ne peut s’y foutenir, & tombe au fond comme les precipitez ordinaires; on peut mefme dire que le feu agit fouvent fur cette maffe précife- ment de la mefme maniere que les intermedes abforbans dont on fe fert pour les veritables précipitations métalliques , comme on le verra clairement par là fuite de ce difcours, & par un fecond Memoire que je donneray une autre fois fur les diffe- rentes couleurs des précipitez de Mercure. Par confequent les faux précipitey dont on vient de parler ne different point effen- tiellement des veritables, mais feulement par le procedé diffe- -xent qu'on a tenu pour les uns & pour les autres. 2 Ces faux précipitez ne fe préparent pas tous de la mefne maniere ; les uns fe font par da fimple calcination, & fans Mem, 1711. 8 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE addition d'aucune autre matiere, comme ïäf arrive au Mercure précipité par lui-mefme, qui n’a befoin pour devenir en une poudre rouge que d’un petit feu long-temps continué. D'autres fe preparent aufli par la calcination, mais avec addition de matieres féches & falines , dont il ne refte au corps métallique après l’operation, que ce qu'il y avoit dans ces matieres de plus acide, & de plus propre à s’arrefter dans fes pores. On a un exemple de ces fortes de précipitez dans la pre- paration du précipité noir, ou du Mercure violet. H y a encore d'autres faux précipitez qui fe font fans le fe- cours du feu, & pour la formation defquels on n’employe qu'un efprit acide qui trouvant un corps trop difhcile à diflou- dre, ne le penetre qu'à demi, & le laifle au fond du vaiffeau fous la forme d’une matiere calcinée qui ne peut eftre diffoute dans l'eau. C’eft ce qui arrive à l’antimoine fur lequel on a verfé de lefprit de fel, ou de l'eau regale ordinaire; car il fe réduit alors en une maffe blanche qui n’eft pas reveftuë d'une aflez grande quantité d'acides pour pouvoir eftre fufpenduë dans l'eau. Enfin nous avons en Chimie d’autres matieres à qui l'on donne improprement le nom de précipitez, & dont la prepara- tion confifte dans la diflolution, l'évaporation & la calcination; fuppofons par exemple le Mercure penetré par les acides de Fefprit de nitre, & fufpendu avec ces acides dans la partie aqueufe de cet efprit. Si l'on fait enfuite évaporer la liqueur par le moyen du feu; quand l’évaporation eft venuë à un cer- tain point, à mefure que chaque portion de l'humidité aqueufe s'échappe, chaque globule mercuriel qui y eftoit foütenu, fe précipite par fon poids au fond & aux coftez du vaifleau avec les acides qui s'y eftoient incorporez; mais conmme le Mercure eft encore en cet cftat diffoluble dans l'eau à caufe de la grande quantité d'acides qu’il a retenus, & quiluy donnent bien pluftoft une forme faline que celle d'un précipité, on l’expofe alors à un feu de calcinationaffez fort, qui en fait exhaler les acides fuper- fus, & qui luy donne par là le veritable! caractere de précipité. Voilà pour les faux précipitez. à D'HS SICILE NICE S s9 Mais les veritables font ceux qui fe féparent de la liqueur, & qui tombent au fond du vaifleau fans que le liquide s'échappe & difparoïffe ; & ainfi dans le cas precedent c’eft le liquide qui abandonne la matiere du précipité, & dans celuy-cy c'eft le pré- cipité qui abandonne le liquide. Les veritables précipite fe font quelquefois naturellement , mais le plus fouvent par le fecours d’un intermede. Hs fe font naturellement, quand on n’employe aucun fecours étranger pour cela, & que la feule agitation inteftme du liquide où le corps eft fufpéndu , en opere la précipitation. Suppolons, par exemple, un corps métallique pénetré par üne fufhfante quantité d'acides, & fufpendu dans de l'eau par le fecours de ces acides ; s'ils ne tiennent que foiblement au Corps où ils font engagez, & fi l'agitation continuelle des parties de l'eau fuffit pour en deraciner enfin un certain nombre, comme ce qui en refte n'a plus aflez de force pour foûtenir le corps métallique dans la liqueur , fon propre poids lentraifne, & entraifne avec luy d’autres acides qui n’ont pû s’en débarraffer, & qui ont cfté obligez de le fuivre au fond du vaifleau. Nous avons une preuve de cette efpece de précipitation naturelle, dans le vitriol fondu dans l'eau , qui, quelque temps après fa folution, fe précipite en ui fédimeht jaunaftre, où' une elpece de roüillé de fer qui contient bien encore des acides, mais qui n'en a point aflez pour fe foûtenir dans la liqueur. On remarque éncoré le mefme effét dans plufiéurs eaux minerales ferrugineufes, & entre autres dans celles de Paffi, qui dans les commencements font claires & fimpides , & qui dans la fuite deviennent troubles , jaunaftres & rémplifient le fond & les parois dé là bbdtenlé où éllés font contenuëés, d’une matiere qui reffemble à la rouille de fer. Les intermedes dont on fé fert pour les précipitations Chi riques, ne font pas toûjours les méfmes; par exemple, quand ils agit de précipiter une matieré réfmeufe difloute par l'efprit de vin, on fe fert de l'eau commune, qui, comme lon fçait, fe mefle intimement avec les parties dé ét efprit, mais qui ne fe peut mefler de mefme avec celles des réfines, c’eff là ce qui fait H ï 6o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE le changement vifible qui arrive alors à la liqueur; car les parties de l'eau s’uniffant au diflolvant , l’'enleve à la matiere diffoute; & alors plufieurs parties refineufes, qui auparavant eftoient invifibles, & laifloient pafer librement les rayons lumineux au travers de la liqueur, à caufe de leur grande attenuation , fe réüniflent enfemble, & forment des mafles plus confiderables ui oftent la limpidité du liquide, & qui luy donnent une cou- leur blanche : cette couleur fe diflipe fouvent par la précipita- tion de la matiere refineufe qui la caufoit; fouvent aufli elle fe conferve parce que les mafles refineufes font encore afez rare- fiées, ou tiennent encore affez à quelques parties de lefprit de vin pour fe foûtenir dans le liquide fous la forme qui pro- duit la couleur blanche. I n'arrive pas fa mefme chofe quand on fe fert d'une huile groffiere pour la diflolution de quelque matiére refineufe ou bitumineufe; car l’eau ne pouvant fe mefler avec l'huile, n'ex- cite aucune altération ni defunion dans le meflange; & fi l'on veut féparer le diflolvant d'avec la matiere diffoute, ïl faut avoir recours à la voye de l'évaporation ou de Ja diftil- lation. Je remarqueray à cette occafion une chofe qui merite d’eftre rapportée; c'eft que fi le diffolvant eft naturellement plus volatil que la matiere qu'il foûtient, il s'échappe en Fair, & la laïfle à nuë, comme il arrive dans l'évaporation de la diflolution du Camphre faite par l'efprit de vin; mais fi le diflolvant eft moins volatil, la matiere monte la premiére comme on le remarque dans la diftillation du Camphre diflout par l'huile d'olive; enfin fi l'un & l’autre font de même vola- tilité, ils montent enfemble dans la diftillation, & l'on ne eut les féparer par cette voye : c'eft ce qui s’obferve dans la diftillation de l'huile claire & etherée de Terebenthine qui tient du Camphre en diffolution. Le Camphre nous donnera encore lieu de faire une re- marque : c'eft que quand il a efté diffout par lefprit de vin, & revivifié enfuite, ou féparé de fon diffolvant par le moyen de l'eau, au lieu de fe précipiter au fond du vaifleau comme les autres refines, il monte à la furface du liquide, & nage D'EtS : S'CHÆEUN CES 6t deffus; & cela parce qu'il eft naturellement plus leger que l'eau, & qu'après cette operation il eft tel qu'il eftoit aupara- vant, ou du moins il ne peut avoir confervé que quelques parties de l’efprit de vin, qui font trop déliées pour le déter- miner à prendre une autre place, Cette defunion du Camphre d'avec fon diffolvant, fe fait füivant la loy des veritables précipitations, & elle n’en differe que par la legereté naturelle de cette refine; mais quand elle a efté diffoute par l'efprit de nitre, & qu'on verfe de eau fur la diflolution, le Camphre fe précipite alors fous la forme d'un caïlé épais qui tient au fond du vaifleau; & cela parce que l'eau ne luy a pas enlevé tous les acides qui s'y eftoient incorporez, & que ce qui luy en refte, l'appefantit affez pour produire fa précipitation dont il s’agit. Cependant quand on rompt ce caillé en petites parties, quelque temps après elles s'élevent toutes vers la furface du liquide, parce qu'à force d'y tremper, elles fe dépoüillent toüjours de quelques acides, & acquiérent enfin aflez de legereté pour abandonner le fond du vaifleau. La verité de ce raifonnement paroift confirmée, parce que quand au lieu d'eau pure, on fe fert d’un abforbant qui enleve au Camphre une plus grande quantité d'acides, il fe range ordinairement vers la furface du liquide au moment mefme du meflange de cet abforbant: mais pour bien diftin- guer cet effet, il faut que la quantité de la diflolution de Camphre foit de beaucoup inférieure à celle de l'eau dans laquelle on verfe cette diffolution. Le Camphre revivifié ou féparé de Fefprit de vin, eft doux & onctueux au toucher; mais celuy qui a efté revivifié de l'efprit de nitre eft fec & grenu, à caufe des acides qu'il a confervez. Pour la précipitation des corps bitumineux diflôuts par des liqueurs a/kalines, on fe fert d’un acide, qui s’innfiuant dans les pores de l'a/kali, y excite des fecoufles qui font lafcher prife au corps bitumineux, & qui l'obligent par-là à fe précipiter au fond du vaiffeau. On pourroit encore, pour expliquer cet effet, fe fervir de la se fuivante : U} 62 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Suppofons un morceau de bois où il y ait un trou qui en traverfe toute l'épailleur, & qui fafle jour des deux coftez; f l'on poufle dans un des coftez de ce trou un corps folide fait en forme de fufeau, ou figuré de maniere qu'il ne puifle eftre contenu dans le trou que par fon extremité, & que cette extremité ne parvienne tout au plus que jufqu'au tiers ou à la moitié de la longueur du trou; fi lon poufle enfuite par l'autre cofté du trou un autre corps folide , capable par fa figure & fon volume de remplir toute l’eftenduë du trou, quand une fois il aura atteint le premier corps, à mefure qu'il ira en avant, il le chaffera devant luy, & le fera fortir tout à fait pour occuper fa place : ne fe pourroit-il pas faire que la mefme chofe arrivait dans la précipitation dont il s'agit? & en effet, pour prendre un exemple particulier, le foufre commun, qui eft un bitume, n'eft vray-femblablement fi difloluble par les liqueurs a/kalines, qu'à raifon des acides qu'il contient abondamment, & qui s'engagent dans les pores du fel a/kali avec le bitume dont ils font reveftus : mais comme ces acides ont en cet eftat trop de volume pour penetrer bien avant dans le fel a/kak , & pour y tenir fortement ; quand on verfe fur ce meflange des acides plus dégagez &c plus capables de traverfer toute l'eftenduë des pores du fel, à mefure qu'ils y entrent par un cofté, ils en chaflent par Fautre, & en détachent les parties du foufre commun; & il fe fait alors un précipité appellé communément Magiflere de foufre. Les fels a/kañs fixes & volatils font les intermedes dont on fe fert ordinairement pour la précipitation des métaux diflouts par une liqueur acide; mais j'ay remarqué que ces intermedes produifoient en général deux fortes de précipita- tions différentes fuivant la nature du métal. Dans les unes, le métal fe précipite en poudre fubtile au fond de Ja liqueur furnageante qui devient claire & limpide à mefure que le métal s’en fepare; cette liqueur qui furnage eft plus ou moins abondante, fuivant que l'efprit acide a efté plus où moins déphlegmé avant la diflolution du métal, ou fuivant qu'il a DES SCIENCES. 63 diflout plus ou moins de métal; c'eft ainfi que fe font les precipitez d'or, d'argent, de Mercure. Dans les autres précipitations, quoyque l'efprit acide dont on s’eft fervi pour la diffolution ne foit pas très dephlegmé, & mefme qu'il contienne mediocrement de métal, if femble que toute la liqueur fe précipite, car elle fe convertit tout d'un coup & toute entiere en un Coagulum épais qui eftant fec à une confiftance grafle & vifqueufe, & fur lequel il ne furnage point de ferofité, parce que ce qu'il y en a dans le meflange eft caché & contenu dans les pores du précipité, qui eftant plus chargé de fels que les autres efpeces de précipitez metalliques, comme en le verra par la fuite, abforbe aufli une plus grande quantité d'humidité; mais quand on a eû foin de mefler au Coagulue beaucoup d’eau, & de le bien agiter dans Îa liqueur, il fe pré- cipite toüjours fous la mefme forme, & on le diftingue alors de la liqueur furnageante comme les autres précipitez. Le Cuivre & le Fer diffouts par l’efprit de nitre, nous fournifient des exem- ples de cette efpece de précipitation fur laquelle j'ay fait quel- ques remarques aflez curieufes dans un Memoire donné en 1707. pag. 299- La difference qui fe rencontre entre ces deux fortes de pré- cipitations, vient de ce qu’il y a des métaux où les acides s’en- gagent plus aïifément & plus profondement , & par confequent où ils tiennent davantage que dans d'autres; par exemple, l'or, Yargent, & d’autres métaux, ne font diflolubles que par certains acides ; le fer au contraire & le cuivre fe diffolvent par prefque toutes fortes de liqueurs, ce qui marque 1.° que les acides en general trouvent plus d'accès dans leurs pores que dans ceux de For & de l'argent; de plus les acides dont l'argent a efté pe- netré abandonnent volontiers ce métal pour le cuivre, comme H fera dit dans la fuite; & ils n’abandonnent pas de mefme le cuivre pour l'argent, ce qui marque 2.° qu'il y a des métaux où les acides tiennent davantage que dans d’autres, & par confequent dont on les fait plus difficilement fortir. Cela eftant, and on verfe par exemple, un fel a/kak, foit fixe, foit volatit far l'or & l'argent penetrez chacun par leur diflolvant propre, \ 64 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE les acides les moins engagez dans ces métaux, trouvant en leur chemin un corps très difpofé à les recevoir, ils s'y enfoncent par une de leurs pointes; & ils abandonnent d'autant plus aifé- ment leur métal, qu'il y font peu attachez, & que les pores du fel a/kali leur offrent un paffage fort libre. Or les parties métalliques pour la fufpenfion defquelles il ne falloit pas moins que tous les acides qu’elles contenoient avant le meflange du {el a/kali, fe trouvent obligées après ce meflange de fe préci- piter au fond du vaifleau avec les autres acides, qui leur eftant plus intimement unis, n'ont pu s’en débarraffer. C’eft encore par la mefme raifon, qu'une plaque de cuivre mife dans une diflolution d'argent, fait précipiter argent; car les acides nitreux entrant alors avec une grande liberté, & fort profondement dans les pores du cuivre, à mefure qu'ils sy enfoncent , ils fe depoillent des parties de l'argent dont ils efloient reveftus, & qui fe trouvant abandonnées à elles-mefmes, tombent par leur propre,poids au fond de la liqueur; mais il y a une difference entre cette précipitation, & celle qui a efté procurée par les fels, c'eft que le cuivre enleve à l'argent bien plus d'acides que les fels a/kalis ; aufi dans le cas du cuivre, le précipité eft-il prefque tout argent; & dans le cas des fels, c'eft un argent qui contient encore un grand nombre d'acides. Pour ce qui regarde prefentement la feconde efpece de pré- cipitation métallique dans laquelle tout le liquide perd fa flui- dité par le meflange des fels a/kalis, & fe convertit en une maffe épaiffe ; cet effet vient de ce que les acides logez dans les pores du cuivre & du fer, y eftant fortement engagez, ne peu- vent les abandonner aux approches d'un fel a/kali auffi aifé- ment & aufli promptement qu'ils abandonnent l'or & ar- gent que nous avons pris pour exemple; tout ce qu'ils peu- vent faire alors, c'eft qu'ils s’uniflent au fel a/kah par une de leurs pointes, fans fe defunir entierement par l'autre, de leur métal ; & par cette union il fe fait un compolé trop grof- fier pour pouvoir eftre foûtenu dans l’eau. I fuit évidemment de ce qui a efté dit, que la différence des deux efpeces de précipitations métalliques dont on vient de parler, U À D'ais: S EPITEUN CiH1s 6 parler, ne vient ni des acides incorporez dans le métal, ni des {els alkalis qu'on employe pour le précipiter, puifque ces acides & ces alkalis font les mefmes dans l’une & dans l'autre préci- pitation, & qu'ils y agiflent dela mefme maniere, c'eft-à-dire, en s'uniflant les uns aux autres; cette difference vient donc uniquement , comme je f’ay déja remarqué, de la nature propre du métal, qui fuivant fa difpofition particuliere à lafcher ou à rétenir les acides dont il a fait acquifition , fe fepare de la li- queur en abandonnant au précipitant la place qu'il y occupoit, & les acides qu'il n’a pü conferver ; ou s'unit à ce mefine pré- cipitant par le moyen des acides qu'il a toûjours retenus, & qui fervent de lien à cette union. Ainfi la premiere précipitation fé fait en oftant au métal une partie des fefs qui s’y eftoient enga- gez; & la feconde en luy en donnant encore de nouveaux, & tout cela par le mefme précipitant qui en agiffant de la mefme maniere produit néantmoins des effets differents. Peut-eftre me dira-t-on qu'on n'a pas de peine à concevoir Ja précipitation d’un métal à qui on a derobé une grande partie des acides qui le tenoient en diflolution ; mais quand on ne luy en a enlevé aucuns, & qu'au contraire il a efté uni à des els fixes, qui par leur nature fe refolvent à la moindre humidi- té, & qui par là devroient rendre le métal encore plus diffolu- ble, comment en cet eftat ne peut-il plus eftre foûtenu dans un liquide aqueux ? Pour refoudre cette difficulté , faifons attention que les aci- des contenus dans les efprits de nitre, de vitriol, & autres, & .que les fels fixes a/kalis dont l'huile de tartre eft compofée, -nagent chacun dans une fuffifante quantité de phlegme pour les fufpendre, & pour les rendre invifibles dans la liqueur : cependant quand on mefle quelques-uns de ces efprits acides avec l'huile de tartre, le {el qui refulte du méflange de l'acide & de l'a/kali ne “peut plus eftre foûtenu par la mefme quantité d’eau, & iltombe abondamment au fond du vaiffeau fans fe redifloudre enfüite à moins qu'on n’y verfe de nouvelle eau: encore luy faut-il en cet cflat pour fa diflolution bien plus de temps & de liqueur -qu'il n'en eût fallu, par exemple ; au fel de tartre pur, &-tel Mem 1711,- 66 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE u'il efloit avant fon meflange avec des acides ; ce qui marque que le fel moyen dont il s'agit a plus de peine à fe difloudre, & plus de pante à fe précipiter que chacune des parties dont il eft compofé. Si donc les fels fixes & les acides deviennent par leur union moins diflolubles, & moins propres à eftre fufpendus dans un liquide aqueux, que doit-il arriver à ce compofé quand il fe trouvera encore chargé de parties métalliques? Peut-eflre me dira-t-on encore que les acides engagez par une de leurs extremitez dans un métal, peuvent bien à la ve- rité par l'autre fe loger dans les pores d’un fel 4/kak, & tenix en mefme temps au métal & au fel, comme il arrive dans la précipitation du cuivre & du fer; mais pourquoy ces mefmes acides reveftus des parties de l'argent abandonnent-ils ce métal pour du cuivre ou pour un {el a/kah ! Que ne confervent-ils l'un & l'autre? Quelle eff la force qui leur fait faire cet échange? Comment fe fait-il? ou plütoft qu'eft-ce qui peut obliger l'ar- gent à ceder au cuivre ou à un fel a/kali , les acides dont il eftoit en pofleffion ? Je reponds qu’il eft très certain que les acides abandomment un métal pour entrer dans un autre corps, comme on le voit clairement par la précipitation de l'argent avec le cuivre qui fe diflout à mefure que l'argent fe débarraffe de fes acides ; ce paf- fage des acides d’un corps dans un autre eflant donc trèsaveré, il ne s’agit plus que d’en faire concevoir la mechanique. Je me ferviray pour cela d’une comparaifon qui toute groffiere qu’elle eft convient parfaitement au fujet. Suppofons un bafton pouffé très vigoureufement par une de fes extremitez dans un trou, & qui foit garni à l'autre extremité d’une pomme de métal plus grofle que le trou. Quand la pomme fera arrivée au trou, comme elle ne pourra l'enfiler à caufe de fon volume, elle y recevra un choc confiderable, & alors fi la pomme tient affez fortement au bafton pour refifter à ce choc , elle ne le quittera point, & il n'avancera pas davantage dans le trou ; finon après qu'elle en aura efté feparée, il continuera fon chemin fuivant da determination qui luy aura efté donnée. Voilà une image fidelle de ce qui fe pañle dans Les deux Aulie D EU 179 CATEUN CE15 67 précipitations métalliques dont il a efté parlé. Et en effet quand les acides engagez par une de leurs extremitez dans un corps métallique, entrent impetueufement par d'autre dans les pores d'un fel a/kali qui eft aufhi pouffé vers eux avec une égale vi- gueur; comme le métal ne peut pas enfiler ces mefmes pores, s'il n’eft pas affez fortement attaché aux acides, le choc violent qu'il reçoit alors 'ébranle, & le fepare; fi au contraire il tient "sd malgré la fecouffe qui luy a efté donnée, il empefche l'acide d'avancer plus avant dans les pores de l'a/kali, & il fe forme par là un compolé d'acide, de fel a/kali, & de mé- tal, Les fels alkalis fixes & volatils ne font pas les feuls inter- medes dont on puifle fe {ervir pour la précipitation des mé- taux diffouts par des liqueurs acides ; l'eau de chaux peut en- core eftre mife au nombre des intermedes propres à cet effet. La vertu de cette eau pour ces fortes de précipitations confifte dans un grand nombre de parties terreufes ou pierreufes dont elle s'eft chargée, & que de feu auquel on expofe la pierre à chaux a fortement brifées & attenuées; & en effet quand on examine l’eau de chaux & la chaux mefme, on n’y decouvre aucun fel , on y remarque fimplement des parties pierreules; & fi Von confidere l'eau de chaux quelque temps après qu'elle a efté faite, on voit à {a furface une croute mince qui nage deflus, & qui n’eft certainement qu'une pure terre, ce qui marque que les parties de l'eau font capables de foûtenir celles de la chaux; & comment ne le feroient-elles pas, La api en foù- tiennent bien qui font au moins auffi pefantes, fans perdre leur impidité naturelle? Par exemple, il n’y a guéres d'eau fi claire ‘qu'elle foit, qui eftant gardée ne fe depoüille infenfiblement d'une matiere groffiere & terreufe, dont elle s’eftoit chargée, & qu'elle a foûtenuë un-certain efpace de temps. Nous voyons encore que l'eau d’Arcüeil, & celles de plufieurs autres endroits, quoyque parfaitement claires & limpides, depofent en pañlant pär certains canaux , un fediment pierreux qui devient dur comme la pierre, & qui n’en differe point ; il ueft donc pas étonnant que d'eau mife fur-la chaux, en enleve;& en fufpende Lij 68 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des parties terreufes, qui eftant a/kalines , & par confequent pro- pres à abforber les acides comme les fels a/kañs , agiffent auffr de la mefme maniere dans la précipitation des métaux. Nous avons encore d’autres intermedes qui produifent cer- taines précipitations métalliques par une mechanique affez fin- guliere. Par exemple, on remarque r.° que l'eau feule verfée fur du bifmuth penetré par les acides du nitre, & fur du plomb diflout par ceux du vinaigre, fait précipiter lun & l'autre; &c cela parce que les acides qui y font engagez, n'y tenant que foiblement, & branlant, pour ainfi dire, dans leurs gaines mé- talliques, l'agitation nouvelle que l'eau leur communique, fuf- fit pour degager ceux qui font le moins refferrez; & comme ces mefmes acides contribuoient neceffairement à la fufpenfion du corps métallique, il fe trouve par la perte qu'il en a faite, abandonné tout d'un coup à fon propre poids, qui l'entraifne au fond du vaiffeau malgré les acides qu'il a encore retenus. On remarque 2.° que le fel marin qui eft un fel falé, & fort chargé d'acides, fait précipiter certains corps métalliques dif- fouts & fufpendus par des acides nitreux : le Mercure penetré par l'efprit de nitre fournit un exemple de ee que je viens d'a- vancer; car il fe précipite par le fel commun, & mefine par le pur acide du fel, ce qui eft encore plus furprenant ; car dans les précipitations ordinaires on employe un a/kali pour précipiter les corps diffouts par un acide, & l'on fe fert d’un acide pour ceux qui ont efté diffouts par un a/kali ; mais on ne s’imagine pas d’abord qu'un acide puiffe précipiter ce qu'un autre acide a diflout. Avant que d'entrer dans la mechanique de cette efpece de précipitation , arreftons-nous un moment fur les differents ef- fets des efprits de nitre & de fel, feparez & meflez lun avec l'autre; parce qu'en comparant ces experiences avec la préci- pitation dont il s’agit, elles fe preftent un éclairciflement mu: tuel & confiderable. | On fçait que lefprit de fl diffout For fans pouvoir mordre für l'argent, & que l'efprit de nitre diffout l'argent fans pouvoir entamer l'or; par confequent l'un eft le veritable diffolvant de DÉS SctTENCES 69 l'or, & Fautre le veritable diffolvant de l'argent. Mais fa fiqueur qui refulte du meflange de ces deux efprits, & qui ef l'eau re- gale ordinaire, eft plus propre à penetrer le corps de For que le pur efprit de fel, & elle n'a aucune aétion fur l'argent , ce qui merite une attention particuliere pour les induétions que nous tirerons dans la fuite. H fait de ce qui vient d’cfire dit, 1 .° que les parties des efprits de nitre & de fel s’uniflent intimement enfemble dans le meflange qu'on appelle eau regale ordimaire; car fi les acides du nitre & du fel nageoïent fimplement dans un mefme liqui- de, tels qu'ilseftoient avant le meflange, & fans avoir reçû d’alteration par l'union reciproque des parties des deux efprits, ce compofé devroit diffoudre en mefme temps l'or par fes aci- des falins, & l'argent par fes acides nitreux; du moins diflou- droit-il d'abord l'or, & enfuite l'argent, comme iliarrive dans une experience curieufe rapportée par M-'Homberg dans les ÂMemoires de 1706. pag. 1 0 2. L'eau régale dont ïl fe fert dans cette experience, eftant foible & fi nouvelle, que les acides du nitre & du fel n'ont pas encore eù le temps de s'unir parfaite- ment les uns avec les autres, elle agit fucceffivement d’abord fur l'or, & enfuite fur l'argent : mais'il y ‘a lieu de croire, que fi ces acides ne font pas parfaitement unis, du moins le font- ils en quelque forte, car fans cela je ne vois pas pourquoy Îles acides du nitre attendroient à agir fur l'argent, que les acides du: fel euflent agi fur l'or ; au dieu, qu'en fuppofant ces acides unis imparfaitement, on conçoit que ceux du {el fe deffont de ceux du nitre à. mefure qu'ils s'engagent dans les pores de for, & que les acides nitreux eftant devenus: fibres par cette defu: nion, ils reprennent alors leur action fur d'argent. . : Enfin, fi l'on examine toute Ia, fuite de l'experience de M. Homberg, on fe convaincra de plus en plus de l'union que les acides dunitre & du fel font capables de contracter enfemble; car quand l'eau regale dont il fe fert , a: efté gardée un certain: temps, elle ne diflout plus que l'or, & elle le diflout beau- coup mieux qu'auparavant: or, fi les acides SE s'agit, ne: Hij, 70 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE s'unifloient pas, pourquoy la mefme liqueur feroit-elle des effets auffi contraires en differents temps ? Et ne paroift-il pas plus vrayfemblable de dire, que l'union qui n'avoit efté qu'é- bauchée dans le commencement, s'acheve enfuite par une fer- mentation fourde qui fe continuë dans la liqueur? IL paroïft en fecond lieu , que dans l'union intime des acides nitreux & falins, les uns font abforbez par les autres; & en cffet comment cette union fe pourroit-elle faire autrement ? D'ailleurs comme les uns précipitent ce que les autres ont dif- fout, & qu'ils agiflent en cette occafion précifément de la mef- me maniere, que font en pareil cas les acides fur les 4/ka/is, ou les alkalis fur les acides, il y a tout lieu de croire, que l'un des deux efpritsacides dont il s'agit, fert alors d'abforbant à l'autre; & fi la chofe fe paffe ainfi dans les précipitations chimiques, pourquoy ne fe paffera-t-elle pas de mefme, quand on mefle enfemble ces deux liqueurs pour faire de l'eau regale? Car alors elles ont tout au moïns autant de facilité que dans le cas prece- dent, à s'unir intimement enfemble de la maniere qui vient d'eftre marquée. On examinera dans la fuite qui des deux ef prits fert d'abforbant à l'autre, & on verra clairement com- ment cette union rend l'eau regale ordinaire incapable de dif- foudre l'argent, & plus propre à diffoudre l'or que le pur ef- prit de fel; ce qui fervira de nouvelle preuve à noftre fuppofi- tion. On me dira peut-eftre, qu’en fuppofant les acides des corps folides, longs & pointus par les deux bouts, comme un grand nombre d'expériences le prouvent clairement , on auroït-bien de la peine à concevoir comment ils pourroient s'abforber les uns & les autres, à moins qu'on n'en admit de certains beau- coup plus gros que d'autres, & encore avec cette fuppofition , ne fauveroit-on pas aifément bien des dificultez. Je réponds que n'ayant pas befoin de fuppoler des acides de différentes groffeurs pour expliquer leurs différents effets, & les expliquant même plus naturellement fans cela, je n’en admets que d'une forte, perfuadé qu'il ne faut point multiplier. DES SCIENCES, 74 lesreftres fans neceflité, & que la voye da plus fimple doit toùjours eftre fuivie, quand, au lieu dejetter dans de plus grands inconvenients, elle diminuë les difficultez. Par exemple, fi l'eau d'Arcüeil produit quelques effets différents de ceux de l'eau de la Seiné, il n'eft pas neceffaire de fuppofer les parties propres & eflentielles de ces deux eaux de différente groffeur, ü fufhit de concevoir qu'il s'y eft meflé des parties de diffé- rente nature qui en varient les effets. Par a même raïfon, en fuppofant tous les acides de l'Uni- vers de mefme groffeur & de mefme figure, voicy à quoy Fattribuë la différence des liqueurs acides en général, & en particulier des efprits de nitre & de fel. H n'eft pas poffible de trouver des acides parfaitement purs ; & exempts de tout alliage; la raïfon en eft évidente, ils ren- contrent toüjours en leur chemin, des matieres terreufes ou fulphureufes aufquelles ils s’unifent avec la derniere facilité; il femble mème que cet effet foit celuy d’une prévoyance parti- euliere de la nature en noftre faveur; car comme les acides font des pointes fort trenchantes & fort actives, ils fe feroient fentir trop vivement, & cauferoient chez nous de trop grands rava- ges, fi rien ne reprimoit leur activité naturelle. J ‘ay déja remar- qué la mefme chofe dans un autre Memoire au fujet de la Matiere de feu repanduë dans l'air, & qui confommeroit tout , fr elle eftoit moins cftenduë par ce fluide, comme on le voit clairement par les effets des rayons du Soleil réünis par le verre ardent. Pour revenir aux acides, quoyqu'ils foient tous effentielle- ment de mefme nature , il en refulte cependant differentes efpeces de fels concrets; ce qui vient, & des différentes matrices dans lefquelles s'engagent ces acides, & peut-eftre mefme auffi des différentes parties eftrangeres qu'ils apportent avec eux, &c à ln faveur defquellesüls s’infinuënt plus facilement dans certaines matrices que dans d'autrés; cecy pofé, il n’eft pas étonnant que les liqueurs acides qu'on retire de chacun de ces fels, different entre elles par leurs effets, comme les felseux-mefmes different les uns des autres;. Et enveffet ; outre! que les acides. 72 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de ces liqueurs pouvoient avoir chacun quelque alliage parti= culier avant qu'ils entraflent dans la matrice dont on les a fait fortir, ils ont encore formé dans cette matrice un nou- vel engagement avec des parties, qui eftant auffi volatiles que les acides, ne Îes abandonnent point dans la diftillation , qui s’y tiennent toûjours attachées, & qui leur donnent par là certaines proprietez qu'ils n’auroient point euës fans cette nouvelle acquifition. Cette verité paroïft clairement par une expérience que j'ay donnée en 1707. au fujet de mes Végé- tations de Mars. On fe fert dans cette expérience d’un efprit de nitre avec lequel on a auparavant diffout du fer, & qu'on en a enfuite feparé par la diftillation. Avec cet efprit, j'ay fait des végétations beaucoup plus belles & plus promptes qu'avec l'efprit de nitre ordinaire, parce qu'il contient déja beaucoup de foufres du fer qu'il a enlevez dans fa diflillation ; & en effet, j'ay prouvé dans un Memoire là en 1706. pag. 119. & fuivantes, que tout acide qu'on faifoit fortir des pores du fer par le fecours du feu, déroboit toûjours à ce métal la plus grande partie de fon foufre, ce qu'il eft aifé de reconnoiftre parfaitement par plufieurs expériences fenfibles indiquées dans ce Memoire. On voit par tout ce qui a efté dit, que les matrices des fels concrets, non-feulement peuvent fournir aux acides qui s'en élevent, des parties volatiles & fulphureules , mais encore qu’el- les leur en fourniffent en effet; on pourroit mefme comparer ce qui fe pafle dans les diftillations de liqueurs acides à ce qui s’obferve dans les fublimations ordinaires de matieres feches ; dans celles, par exemple du benjoin, du foufre commun , la partie la plus fixe & la plus grofliere de ces mixtes fe fepare de celle qui eft plus volatile & plus legerc; mais l'acide qui fe fu- blime, demeure toüjours engagé comme auparavant dans des gaines fulphureufes , & il ne perd par cette operation qu'une partie de engagement où il eftoit. Les diftillations ordinaires des efprits acides font auffi des efpeces de fublimations, elles fe font par la mefine mechanique ; & il arrive la mefme chofe dans les unes, & dans les autres, c'eft-à-dire, que ce qu'il y a de volatil D ELS.+ SCMRENN C2E.s. 73 volatil s'éleve, & laifle au fond du vaifleau la partie fixe & terreufe. Il eft vray, que dans les efprits acides, les pointes font plus libres & plus developpées qu'elles ne le font, par exemple, dans les fleurs de Benjoin, maïs comme il ÿ a dans ce mixte plus de foufre qu’il n'y en a dans les fels dont on tire les liqueurs acides, il s'en éleve davantage avec l'acide du Benjoin, & par confequent cet'acide doit eflre plus envelop- pé. Du refte ces deux operations font le mefme effet, & toute leur différence ne peut aller que du plus au moins. La différence des efprits acides que l'on retire de différents fels concrets, ne venant pas de a part de l'acide qui y eft contenu, mais des différentes matieres qui s'y font unies, on conçoit aifément comment de deux efprits acides, l'un eut devenir l'abforbant de Fautre; il n’y a qu'à fuppofer ue l'acide de l’un eft accompagné d'une matiere füulphureufe plus grofliere & plus fpongieufe; & que l'acide de l'autre eft plus libre, & uni à un foufre plus fubtil. On fçait que les acides s’uniflent volontiers aux foufres, & que les foufres plus fubtils penetrent les foufres plus groffiers; cela eftant, Yacide plus libre fe joindra facilement à l’autre acide par le moyen du foufre groflier qui l'accompagne, & cette union n'eft pas plus difficile à concevoir que celle de deux fels con- crets du criftal de tartre par exemple, & du fel de tartre, dont Jun fert d'abforbant à l'autre, & qui forment enfemble un nouveau fel qui eft le fel vegetal ordinaire. On peut mefme dire que l'union de ces deux fels concrets fe fait avec des circonftances pareilles, & qu'elle eft fort comparable à celle des deux efprits acides; car les acides qui font dans le fel de tartre, & qui luy donnent fa forme faline, font abforbez par une grande quantité de parties terreufes propres à abforber encore de nouveaux acides, de mefme que le foufre groffier & fpongieux que nous avons fuppofé dans lun des deux efprits. Les acides au contraire qui font en grand nombre _dans le criftal de tartre n’y font pas tous entierement enve- loppez par les parties terreufes de ce fel, plufeurs ne le font qu'à demi, & peuvent encore malgré leur engagement Mem, 1711. 74 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE penctrer les parties terreufes d'un autre fel, de mefme que les acides plus libres que nous avons fuppofez dans l'autre efpece de liqueur acide, peuvent encore malgré les foufres qui les accompagnent, eftre admis dans l'intérieur des foufres plus groffiers qui accompagnent d'autres acides. On m'objectera peut-eftre, que fi les efprits acides conte- noient autant de foufre que je leur en fuppofe, ils s’enflam- meroient quand on les verfe dans un creufet rougi au feu, cependant cet effet n'arrive point. Je reponds que quand les foufres font unis intimement à des acides, ils perdent fouvent la proprieté qu’ils ont de s'enflammer, comme on le peut voir par le vinaigre diftillé, qui eft un efprit acide, & qui malgré l'efprit de vin qu'il contient, n’eft point inflammable par la voye qui a efté propofée. Cette verité paroïft encore par une expérience que j'ay faite fur de l'efprit de nitre dulcifié mis à la même épreuve, qui cependant ne s’enflamme point par là, quoy- qu'il entre dans la compofition de cette liqueur autant d'ef- prit de vin que d'efprit de nitre. IH eft vray que quand dans un mixte, le foufre domine beaucoup par fa quantité fur l'acide, comme il arrive dans la compofition du foufre com- mun, la matiere conferve toûjours fon inflammabilité; mais plufieurs expériences donnent lieu de croire qu'elle s'enflam- meroit encore mieux fans la prefence de l'acide, & que c'eft à cette circonftance que doit eftre attribuée la petite flamme bleuë qu'exhale le foufre commun, quand il n’eft mefé avec aucune autre matiere qui favorife fon inflammabilité, J'ay fait encore quelques expériences fur le Camphre, qui vien- nent affez bien au fujet. On fçait que cette refine s’enflamme très facilement, & que quand elle a efté diffoute par l'efprit de vin, & revivifiée par l'eau, elle eft enfuite auflr inflammable qu'auparavant. Mais quand elle à efté difloute par Fefprit de nitre, & fe- parée de fon diflolvant par le fecours de Feau ou de quel- que alkak, quoyqu'elle ait perduë par-fà prefque tous fes acides, cependant quand après lavoir bien fechée, on l'expofe D ÆS..9 CHIESMN|GLES. 75 à fa flamme d’une bougie, elle ne s’enflamme point d'abord, & elle ne reprend fon inflammabilité qu'après un temps aflez confiderable, pendant lequel le peu d'acides nitreux qui luy reftoient, fe diflipent par la chaleur. Car quand on fait diftiller du Camphre diffous dans l'efprit de nitre, d'abord lefprit de nitre s'éleve, & le Camphre fe fublime enfuite fous une forme feche. Après avoir expliqué en quoy confifte l'union des efprits de nitre & de fel, il ne refte plus qu'à déterminer qui des deux efprits fert d’abforbant à l'autre; il me paroift par les obfervations fuivantes, que les pointes de l'efprit de nitre font plus libres & moins enveloppées, & que celles de l'efprit de fel font reveftuës d’un foufre plus groffier, & capable, comme il a déja efté dit, d’abforber encore de nouveaux acides. Ce qui me fait avancer cette conjecture, c’eft 1.° que lefprit de nitre agit en général avec une vivacité infiniment plus grande que l'efprit de fel; or on fçait que plus les acides font enveloppez par quelques foufres que ce puiffe eftre, moins ils ont d'activité ; l’efprit de vin mefme, qui eft un foufre très exalté, adoucit confiderablement les efprits acides aufquels on l’unit intimement, & les rend par à moins actifs. Et cela, 1.0 parce qu'il étend les pointes de ces liqueurs, 2.0 parce qu'en enveloppant ces pointes, il les empêche de frapper immédiatement les corps qui leur font expofez, & qui en reçoivent par conféquent une moindre imprefion; en troifiéme lieu, parce que comme les foufres font moins folides que les acides, le tout qui refulte du meflange des uns & des autres, a moins de folidité par rapport à fon volume, que chaque acide en particulier, & eftant par là moins fufceptible de mouvement, il agit avec moins de vigueur & d'efficacité fur les corps qu'il entame. En fecond lieu, le différent engagement dans lequel je fuppofe les acides des efprits de nitre & de fel, s'accorde parfaitement avec deux Expériences curieufes rapportées par M. Homberg dans les Memoires de 16 9 9. pag ee à 48; 1] 76 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLr l’une de ces Expériences nous fait voir qu'en pareil volume, l'efprit de nitre pefe aflez confiderablement davantage que l'efprit de fel; & l'autre, qu'une once d'efprit de nitre con- tient une fois autant d'acides, qu'une once de fautre efprit; or fi les acides de l'efprit de fel font reveftus d'une plus grande quantité de matiere fulphureufe & abforbante, comme chaque acide occupe un plus grand efpace, à caufe de fon enveloppe, il eft clair qu'il y en peut moins avoir dans un mefme volume de liqueur, & comme les acides font des corps folides & compactes, leur poids doit eftre fuperieur à celuy des corps rares & poreux dont il s’agit. Par confé- quent, Fefprit de nitre qui contient plus d'acides & moins des autres parties, doit pefer davantage que l'efprit de fel. Enfin, ce qui paroift encore confirmer, que ce font les parties de l'efprit de fel qui fervent d’abforbant à celles de l'ef prit de nitre, c'eft qu'après le meflange intime de ces deux liqueurs, l'efprit de fctn'en devient que plus propre à diffoudre For, & fait perdre à l'efprit de nitre fon action naturelle fur l'argent; car les pointes de l'efprit de nitre fe trouvant enve- loppées fuivant noftre fuppofition dans les maffes de l'efprit de fel , ces mafes fe prefentent toùjours aux pores de l'or fous la mefme forme extérieure qui-les rendoit propres à s'y infi- nuer, & elles y entrent en cet eflat, avec d'autant plus de fa- cilité, que par l'introduction des acides nitreux, elles ont acquis plus de folidité, & par confequent plus de force pour penetrer & difloudre ce metal. If n’en eft pas de mefme des acides nitreux par rapport à l'argent, car comme ils fe trou- vent alors reveftus d'une matiere qui augmente beaucoup leur volume, & qui n'a nulle analogie, ni proportion avec les pores de l'argent, l'entrée en devient par là impraticable à ces acides; & c'eft ainfr que je conçois que la prefence des acides du fel, empeche l'action des acides nitreux fur argent, & qu'au contraire fa prefence des acides nitreux ne fait qu'au- gmenter l'action des acides du fel fur For. Pour revenir prefentement au mercure diffous par l'efprit de nitre, & précipité par l'efprit de fel, fi cet efprit s’unit ff. D ES" SUCARÉENN CE LS intimement aux acides nitreux, & s’il les abforbe comme un alkal, la précipitation dont il s'agit, quoyque differente en: apparence de toutes celles dont il a efté parlé, n'en differe ce- pendant pas effentiellement, & elle fe fait par la mefme mecha- nique; c'eft-à-dire, parce que lefprit de fel enleve au corps metallique une partie des acides nitreux qui le tenoient fuf- pendu dans le liquide ; & comme le fel marin, outre les parties abforbantes qui font dans Pefprit de fel, en contient encore de terreufes qui ont la mefme proprieté, if eft clair qu'il doit eftre encore plus efficace que l'efprit de {el pour fa precipita- tion du mercure, & c’eft auffi ce que l'experience juftifie. Nous finirons ce difcours par une queftion curieufe fur la- ‘quelle plufieurs Philofophes fe font exercez; c’eft'de fçavoir qui de for, ou de l'argent a des pores plus grands. La pefanteur de l'or qui furpaffe celle de Fargent donneroit d'abord lieu de croire que les pores du premier metal fent plus étroits; ce- pendant en fuppofant que l'or a des pores plus grands , mais qu'il n'en-a pas à beaucoup près un auffi grand nombre que l'argent, on conçoit également pourquoy if pefe davantage ;. la plus grande pefanteur de For ne decide donc point la quef-- tion dont il s’agit : & c’eft en examinant la chofe par une autre voye, que la grandeur des pores de l'or me paroift furpañier. celle des pores de l'argent. Car, comme j'ay fujet de croire que les parties de lefprit de fel font plus grofles que les par- ties de l’efprit de nitre, je dois fuppofer de plus grands pores au metal capable d'admettre les parties d’un plus grand volu- ‘me; & pour ne laïffer aucun fcrupule à ceux qui malgré les- “preuves für lefquelles j'ay donné moins de groffeur aux parties de l'efprit de nitre, qu'à celles de l’efprit de fel, foûtiendroïent “encore le parti contraire, il n’y a qu'à confiderer que les feuls: acides nitreux font admis dans les pores de V'argent, & queles: pores de l'or donnent: en mefme temps paffage aux uns & aux. autres, qui eftant réünis doivent naturellement former des maffes plus groffes que ne l'efloient cellés de chaque efprit en: “particulier. Car la chimie ne nous'a jamais fait voir que dans union de deux f{els, le tout qui en refulte, n'ait pas plus de: K üj: 28. Mars 1711. 78 MEMoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE volume que chaque fel pris feparement. On pourroit mefme dire avec affez de vrayfemblance, que quoyque les parties de l'efprit de fel foient plus grofles que celles de Fefprit de nitre, elles n'ont point encore afez de volume & de folidité pour les pores de l'or; car quand l'un & l'autre font augmentez par l'introduétion des acides nitreux, elles n’en diflolvent que mieux l'or. Quand au contraire les acides nitreux ont acquis plus de volume par la prefence de l'efprit de fel, l'argent ne leur donne plus d'accès, & ils n'ont befoin d'aucun fecours étranger pour bien diffoudre ce metal; ce qui denote que le volume naturel des parties de l'efprit de nitre, répond mieux aux pores de l'argent, que celuy des parties de l'efprit de fel ne répond aux pores de l'or; & qu'en- fin l’efprit de nitre eft un diffolvant plus efficace de l'argent, que l'efprit de fel ne l'eft de l'or. RE M A ARTOUD ENS SUR QUELQUES COULEURS. Par M. DE LA HIRE. ; rs rouge pourpré & foncé ne paroift vif & éclatant que lorfqu’il eftexpolé à une grande lumiere, mais lorfqu'on le regarde dans une lumiere mediocre, il nous paroiïft fort brun, & tirant fur le noir. Nous fçavons auffi que lorfqu'on regardeun corps lumineux ou fort clair au travers d'un corps noir & rare, il nous paroift rouge, comme lorfqu'on regarde le Soleil au travers d'un verre enfumé, & l'on ne peut pas dire que c’eft la couleur propre de cette fumée noire qui luy donne ce rouge, puifque cette mefme fumée eftant mêlée avec du blanc, fait une cou- leur qui tixe beaucoup fur le bleu, ce qui eft fort éloigné du rouge. DES "SRE Elle 79 Pour expliquer cette couleur rouge, il faut avoir recours À ce que nous pouvons imaginer de la fenfation du rouge qui n'eft autre chofe qu’un ébranlement violent de la retine avec une certaine modification , laquelle ne fe rencontre point dans ’ébranlement violent de la retine par la feule reflexion qui ne caufe que du blanc; & fr a choroïde, qui reçoit, fuivant mon fyftême , les impreflions de {1 lumiere pour les tranfmettre à la retine, eft fort fenfible & fort épaiffe, il doit arriver que la lumiere modifiée qui nous fait fentir le rouge, venant à ren- contrer cette choroïde, s’y abforbe entierement & n’ébranle pas plus la retine que fr c’eftoit un corps noir. C'eft aufli ce que nous remarquons à quelques vüës, qui eftant d’ailleurs fort bonnes pour voir les plus petits objets fort nettement, ne yoyent le rouge que comme le noir, & n’ont aucune idée de ce qu'on appelle rouge, & pour les autres couleurs ils les voyent très bien. On fçait encore que lorfqu’on voit un corps noir au travers d'un corps blanc & rare, il nous donne la fenfation du bleu, & l'on ne peut pas en douter, puifque ce n’eft que par cette raifon que le ciel nous paroiïft bleu ; car fa profondeur immenfe eftant tout à fait privée de lumiere, ne peut nous paroiftre qu'au travers des particules de Y'air qui font éclairées du Soleil, & qui paroïffent, blanches. C’eft auffi pourquoy le noir de fumée détrempé avec le blanc paroïft bleu, car les corps qui paroiflent blancs eflant toüjours un peu tranfparents, & fe confondant avec le noir de derriere, donnent une fenfation de bleu. Ces deux explications du rouge & du bleu nous feront connoïftre pourquoy les veines qu’on voit fur la fuperficie de la peau, & principalement fi elle eft bien blanche, nous pa- roïflent bleuës, quoyqu'elles foient remplies d'un fang fort rouge. # Car par ce que j'ay expliqué cy-devant, il eft évident que le fang qui eft rouge brun , eftant renfermé dans les veines, y eft en quelque façon dans lobfcurité, & par confequent paroïftroit comme noir; & ce noir eftant vù au travers de la 4. Mars 1711, %o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE membrane de la veine, & au travers de la peau blanche, nous fait une fenfation de bleu, ce qui n'arrive pas au refte de la peau qui eft blanche, & remplie d'une infinité de particules de fang jufqu’à l'épiderme, laquelle nous doit paroïftre d'un blanc un peu vermeil, car ces particules de fang font fort difperlées : mais s'il arrive que par quelqu'accident, comme par quelque coup, que le fang fe ramaffe en grande quantité fous la peau en quelqu'endroit, auffitoff la partie paroïft bleuaftre, & l'on dit qu'elle eft meurtrie. C'eft auffi fans doute cette couleur bleuë des veines qui a engagé les Anatomiftes , qui font des injections de cire dans les vaiffeaux du corps, de ferynguer de la cire bleuë dans fes veines, & de la cire rouge dans les arteres pour les diftinguer des veines, & pour faire connoiftre en quelque façon la dif- ferente nature du fang de ces vaifleaux, car il eft beaucoup plus vif, plus fpiritueux, & plus vermeil dans les arteres que dans les veines. DB SE LR. PiAodyahn ONE SUR LA RACINE DE MECHOACAN, ET. SÜ R SON US A GE. Par. M. BH OQUYETDI UE .C. E Mechoacan eft une racine qui tire fon nom d'une Province de la nouvelle Efpagne appellée Aechoacan, où elle a commencée d’eftre reconnuë & mife en ufage : on en a trouvé depuis dans plufieurs autres pays de Amerique. Des Botaniftes, & quelques autheurs de matiere medicale lont appellée Briofne des Indes , par la reflemblance qu'elle a avec noftre Briofne nommée Brionia Europæa vulgaris ; d'autres en parlent fous le nom de Mechoacanna alba , pour Ja diftin- guer du Jalap qu'ils appellent Afechoacanna nigra; & d'autres : ayant LH mes obfervations. DA ESS. CHIMEUNL CE, Ss 81 ayant égard à fes proprietez, la prennent pour une Rhubarbe blanche, & la nomment Rhubarbe des Indes. I n'y a guéres plus d'un fiécle que le Jalap & le Mechoacan nous font connus ; le Jalap l'a efté le dernier, & l'experience nous a appris qu'il eft un purgatif beaucoup plus puiflant que le Mechoacan. À Monardus, dans fon hifloire des drogues des Indes, s’eft avec raifon beaucoup étendu fur le merite, les vertus & les ufages de cêtte racine, c'eft pourquoy je ne m'attacheray icy qu'à ce que j'ay connu de fes facultez, & de fes effeéts par J'ay d'abord remarqué que cette racine nous eft envoyée direétement par morceaux, que nous trouvons chez les Dro- guiftes , & que ces morceaux différent confiderablement les uns des autres ; il y en a qui font très blancs en dedans, d'une fubftance très rare, très legers & faciles à rompre; d’autres au contraire font d'un blanc jaunaftre , d'une fubftance ferrée &- compacte, plus pefants & difhciles à rompre, au dedans def- quels il paroiïft quelques veines refineufes; dans le choix il faut rejetter ces morceaux blancs qui n’ont que peu ou point de qualité , auffi fe carient-ils fort aifément, ce qui n'arrive pas à ceux qui font bruns, & qui du moins fe carient plus ra- rement , raifon fuffifante pour les préférer aux autres. Le Mechoacan paroïft aflez infipide & fade au gouft, il échauffe cependant la bouche, lorfqu’après l'avoir mâché, on Ty garde quelque temps, mais cette proprieté fe trouve {ur- tout dans celuy qui eft brun & refineux. Si l'on eft bien attentif à n'employer que celuy-cy, l'on reconnoiftra ( comme je l’ay fait) que le Aechoacan n’eft pas auffi lent dans fon operation qu'on le prétend aujourd’huy. En effet, ceux qui ont Îes premiers découvert & employé ce medicament, nous l’ont décrit comme un des meilleurs, - & comme un des plus doux purgatifs; mais il doit eftre pris en fubftance, foit en poudre ou infufé dans le vin, en broüil- . Jant la refidence pour la faire paffer avec le liquide, il faut Mein 17114 82 MEMoirREs DE L'ACADEMIE ROYALE d'ailleurs que l'ufage en foit plus frequent que celuy des au- tres purgatifs. Ce purgatif a regné pendant bien du temps, & l'on ne l'a oublié que depuis qu'on a découvert le Jalap, parce que ce dernier eft plus actif, mais en mefme.temps plus violent, Celuy-là ayant donc, pour ainfi dire, perdu noftre efti- me, & eftant prefque tombé dans l'oubli, l'on a negligé d'en faire venir aufli fouvent qu'on le failoit dans le commence- ment qu'il a efté connu; de forte que la plufpart de ce que nous en avons aujourd'huy, ayant vieilli dans les magafins faute de confommation, fe trouve trop mal conditionné pour s'en fervir, & produire les bons effets dont ceux qui en ont écrit nous avoient flatté : il en feroit fans doute de mefme, du Sené, de la Rhubarbe, & des autres purgatifs de cette nature, fi l'on cefloit de les renouveller, vû qu'ils perdent beaucoup de leurs vertus, quand ils font trop vieux & gardez trop long-temps. L'experience m'a fait connoïftre que ce purgatif eft de ‘Juy-mefme fi temperé, qu'il n’a befoin ni de préparation ni de correétif, le tout confifte à le bien choifir ; quelques-uns -y ont voulu joindre quelques purgatifs plus forts, pour le rendre plus actif, d'autres ont eflayé d'en faire des teintures & des extraits avec des diflolvants de differente nature, mais s'ils avoient bien fuivi les effeéts de ces differentes prépara- tions, comme je d'ay fait, & s'ils vouloient eftre de bonne #oy, ils conviendroiïent avec moy que toutes ces prétenduës préparations font inutiles, & que le merite de ce purgatif, comme d'un grand nombre d’autres, eft renfermé dans toute la propre fubftance de cette racine, comme je l'ay déja avan- cé en parlant d'autres mixtes femblables, & comme je l'ay obfervé dans toutes les occafions que j'ay eûës d'en faire les diverfes épreuves dont je vais parler. La premicre que j'ay faite a efté fur une prétenduë pré- paration de cette racine, qu’on nous envoyoit autrefois de fon pays natal pour un purgatif & un remede des plus fpécieux , DES S. CITPENNI CES | 8 fous le nom de fuccus laeus Mechoacanne. Comme j'avois appris chez les autheurs que cette plante eft du genre des plantes laiteufes, je n’eus pas de peine à croire que ce pou- voit eftre le fuc laiteux de cette racine, tiré par incifion, & épaïfli comme les autres fucs de cette nature, & qu'en petite quantité il eftoit capable de renfermer plus de vertu que 1a fubftance mefme ; je ne le crus pas long-temps, & je fus tiré de l'erreur où j'eftois par l'ufage que je fis en plufieurs ren- contres de celuy qu'on m'avoit envoyé pour lors de Marfeille, il eftoit en forme de petits pains du poids de deux ou trois onces chacun , & je me fouviens que cette drogue qu'on faifoit paflèr pour un fuc laiteux épaifir, loin d’avoir l'effet que j'en attendois, & qui convient à' cette racine, efloit abfolument inefficace quoyque réïteré & pris en differentes dofes, ce qui me fit foupçonner dans {a fuite que ce prétendu fuc eftoit moins l'extrait, que la fecule du Afechoacan préparé comme nous préparons celle de la racine de Briofue, & de quantité d’autres pareilles racines. Pour m'en affürer je n''avifay de faire l'experience fuivante fur une partie de ce qu'on m'en avoit envoyé de Marfeille. Je trouvay cette matiere plus legere que n’eft la racine, affez blanche dehors & dedans, & qui fe détrempoit dans l'eau comme de Îa farine, ce que ne font les fucs laiteux épaiflis; c’eft ce qui me confirma dans la penfée que j'en avois, & pour m'en convaincre encore davantage, je pris une fuffifante quantité de racine de Mechoacan, je la coupay en de très petits morceaux fans les piler, je les mis en maceration à une très lente chaleur pendant plufieurs jours dans un vaiffeau convenable & couvert, afin que l'air n’en obfcurcit point la blancheur, avec autant d’eau qu'il en falloït pour feulement amollir la racine, & pour en faire par la fuite une efpece de pafte, comme on auroit pü faire de Ia racine verte; cetté matiere au bout de trois ou quatre jours m'ayant paru affez molle, je la mis fous la preffe & j'en tiray une liqueur me- diocrement épaifle, & veritablement blanche & liiteufe , que je laiflay repofer en lieu frais durant quelque temps, Lij 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE puis je feparay la liqueur d'avec la refidence que je fis fécher à l'ombre entre deux papiers, cette matiere ne diffcroit de Pautre qu’en ce que la premiere efloit d'une confiftance plus dure, & celle-cy plus farineufe , apparemment que pour. la tranfporter plus aifément, & la garantir de quelqu'alteration l'on en avoit fait un corps avec le muflilage de quelque gom- me; la couleur & le gouft eftoient affez femblables. J'ay fait ufage en diverfes rencontres de l'une & dé l'autre de ces fécules avec peu ou point d'effet, ce qui nous prouve bien Y'inutilité de ces fortes de préparations, & l'erreur où l’on eftoit autréfois fur leur merite; mais la pratique qui a fuivi ce temps d'ignorance nous a détrompé , & nous ne les confiderons prefentement que comme une efpece d'amidon, qui peut; tout au plus, tenir lieu d’abforbant : mais la liqueur qui fur- nageoit la fécule purgcoït raifonnablement, auffi-bien que l'extrait que je fis de cette mefme liqueur, mais bien moins que la racine en fubftance, prife en pareille dofe. L'analyfe que j'ay faite du Aechoacan par la diftillation ; felon la methode que j'ay gardée cy -devant pour les autres mixtes, ne m'a rien donné de fingulier, fi ce n’eft qu'ayant fait un paralléle entre les produits du Aechoacan & ceux du Jalap, jay trouvé que dans celuy-là lefprit acide Yem- portoit {ur l’urineux, & qu'il contenoit bien moins de parties huileufes que le Jalap, fon fel fixe eft femblable à tous les autres. J'en ay enfuite dégagé les differents principes par la diffo- lution , les falins par le diffolvant aqueux, & les refineux par l'efprit de vin; & j'ay remarqué qu'il contient très peu de refine en comparaifon de l'extrait falin, puifque de quatre ‘onces de cette racine j'en ay tiré une once & demie d'extrait fait avec l’eau ; au lieu que les teintures faites avec l'efprit de vin en pareille quantité, ne m'ont produit qu'une dragme de refine, quoyque j'aye employé pour cela de ce Mechoacan qui m'a paru le plus refineux. L'une & l'autre de ces préparations ayant cfté faites, ne mont rien fourni qui m'oblige d'entrer dans un détail des DvE s S.CUE N.C:E:. 8s; diverfes fubftances qui en ont refulté : je n’en feray donc pas un plus long recit. Jay encore tiré avec l'eau plus d’une once d'extrait du marc de la racine dont j'avois tiré a refine ; maïs le marc, dont j'avois au commencement feparé cette once & demie d'extrait que j'ay, marqué d’abord, ne m'a point donné de refine avec l'efprit de vin, a raifon en eff affez évidente : le Aechoacan contenant peu de parties refineufes, & au contraire beaucoup de parties falines, les falines prédominantes diflolvent, éten- dent & confondent les refineufes. A J'ay obfervé dans toutes ces opérations les mefmes re- gles felon lefquelles j'ay procedé dans les autres dont j'ay déja entretenu l'Affemblée, c’eft pourquoy je me difpenferay d'en faire icy le détail. Au refte, à juger de cet extrait par les effets que j'en ay vüs dans les occafions où je lay employé, j'ofe affürer qu'il purge moins que la fubflance mefme, quoyque donné en plus grande dofe, & il m'a paru caufer toûjours quelqu'irri- tation, qui ne fe fait nullement reffentir quand on ufe de Ia fubftance en poudre. Le Mechoacan, que j'ay dit eftre blanc & non refineux, donne la moïtié moins d'extrait que le brun, d'où lon doit inferer qu'il eft de très grande confequence de bien choïfir les drogues fimples avant que de les employer; car outre qu'il en faut des moindres une fois plus pour faire un effet, c'eft qu'il eft très certain que cet effet ne peut eftre tel qu'on le doit efperer, & fe trouve fouvent très préjudiciable. Je n'ay point encore eû occafion d'employer de Ia refine de Mechoacan , j'en pourray néantmoiïns dire quelque chofe quand je parleray de la Briofne. sé L if 86 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE RE CGIES; ETLOICE MAMRŒUES POUR LA CONSTRUCTION DES EGALITEZ., arr NUARINIO NL LE. 4. Fevrier D: la méthode ordinaire des Effections géométri- 17116 ques, le premier lieu qu'elle fuppofe ; n’eft jamais abfo- lument arbitraire : if faut le choifir quand il n’eft pas donné. J'ay marqué les moyens qui m'ont paru les meilleurs pour faire ce choix, dans les Afemoires de l’Academie de 170 9. pages 349. & 350. En voicy d'autres fur le cas où ce lieu eft donné. Pour cela je propole icy deux Régles , chacune féparément fuffira pour ce deffein, & pour mettre la métho- de en eftat de donner les racines de l'égalité que l’on veut conftruire. Mais je me propofe auffi de faire que ces Régles féparent ces racines de celles de furcroit que cette méthode introduit, & qui peuvent nous tromper. "PREMIÉRE RÉGLE, 1.0 On prendra dans le lieu donné une Portion de la courbe ou de la ligne droite qu’il exprime ; en forte que tou- tes les appliquées que cette portion renferme foient d’une fuite non interrompuë. On fera auffi ce choix, de maniére que toutes. ces appliquées foient de celles qui vont toûjours en augmentant ou toüjours en diminuant, quand on voudra éviter la répétition des racines dans cette portion. Cela ne fe peut pas, lorfque le lieu donné ne fournit que des lignes droites paralléles aux axes générateurs, ni lorfque ce lieu ne donne que des points dont le nombre eff fini. Mais dans ces deux cas il eft d’ailleurs facile d'éviter la difficulté, ou de la réfoudre fans le fecours de la Régle. On aura foin aufli de ne point prendre de portion dans D'HES. + SCAN) C.E,S 87 laquelle foient renfermées les racines eftrangeres que la mé- * thode fournit, & cela feulement Jorfqu’elles font differentes des veritables racines. On peut néantmoins prendre une portion dont ces eftrangeres foient des limites , parce qu’alors elles-ne peuvent pas impofer. I! eft aifé de choiïfir une portion qui ait toutes ces condi- tions dans la courbe ou dans une droite oblique à J'axe, que fournit le lieu donné. Elles s'offrent d’elles-mefmes ces por- tions, quand on a pris la peine de voir les inconveniens que lon veut éviter; & l’on peut toüjours les reconnoiflre par les voyes dont je me fuis fervi dans Les Memoires de 1708. © 1709. Du refte, la portion n’eftant pas donnée, on peut la pren- dre aufli petite qu'on voudra : mais il eft bon d'en prendre une qui foit fenfible & mefme vafte quand céla fe peut ,:par- ce quele champ de la conftruétion en eft plus commode. Quand {a portion de Courbe eft donnée, quand elle répéte les racines, quand elle en renferme d’eftrangeres qui font differentes de celles de la propofée, il eft facile de trouver une partie de cette portion où cela ne fe trouve pas, & dont - es appliquées ayent les conditions que l’on a marquées icy. La plus grande & la plus petite appliquée de la portion choifie ou donnée feront prifes pour les limites de cette portion. - Quant à la propofée, les deux limites extrémes de fes ra- cines#fe découvrent par la feule infpeétion de fes termes, felon ce qui a efté dit dans la Méthode des Cafcades Algé- briques. Mais fouvent il eft bon d'en pourfuivre un peu Tapproximation pour les rendre plus commodes : I ya mef- me quantité d'exemples où il faudroit approcher des Himi- tes qui-font particulieres à chaque racine, quandon veut des preuves de fait du fuccez .de.la régle. Ces approximations n'ont rien qui foit contraire à l'exactitude des racines dans les conftruétions. 2.9 Ayant pris a & 4-6 pour exprimer les limites de Aa portion de cowrbe, c & 6 += d pour des limites extrênes 88 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la propofée, & x pour fon inconnuë, on fubftituëra à fa place de cette inconnuë la valeur que l’on voit icy dans Îa formule À, A __ dj; —-ad+bc À — | n Ainfi fera l'inconnu de l'égalité qui réfulte de la fubfii- tution, & cette réfultante s’'appellera la sransformée de la pro- pofée. Les limites de la portion de Courbe font alors deux limites extrémes pour les racines de cette transformée. Dans l’ufage de la Régle, on mettra à la place de 4,8, c, d, les valeurs connuës qui leur font égales, & la formule À en fournira de particulieres pour chaque exemple, dont on fe fervira, comme nous le difons de À, 3.° On mettra 7 à la place de x dans le lieu donné, & on le prendra fous cette nouvelle expreflion pour le premier lieu de la transformée; on rappellera la méthode pour former le fecond lieu, & conftruifant ce fecond lieu fur l'axe & l'ori- gine de la portion de courbe, la conftruétion donnera toutes les racines de la transformée dans cette portion, & n’y don- nera aucune racine de furcroift. Enfin fubftituant ces racines-au lieu de z dans la formule A, ou plûtoft dans la formule particuliere qui en eft déri- vée, les valeurs de x qui en réfulteront, feront les racines de TEgalité que l’on s’eftoit d'abord propofé de contftruire. Pour les differentes maniéres dont la Courbe du fecond lieu rencontre la portion de courbe, on peut les reconnoiftre par la voye dont je me fuis fervi dans les Afemoires de 1 70 9. pag. 329: & 330. Voicy des exemples & des remarques qui ferviront à fixer-le fens de cette régle. Si l'on fe propofe de conftruire Egalité 2. pee XX— grX+20r7r—û Et que le lieu donné foit C, C...xx+yy—2rx La quatrieme partie du cercle que ce lieu fournit; en eft une D Ets S'CPRPEPN CE & 89 une portion qui a les conditions que la regle demande : Ainfr, prenant ADF He { Fig. 1. ) pour la © PR PL ANNEE portion choïfie, les À valeurs de fes limites OH, GFiont 2r B &r, & faifant ar, onauraa—b=—=2r. G Donc 2 —=r. Traitant les racines de Ia propofée B, comme fi elles eftoient incommenfurables, pour mieux fentir l’eflenduë de la regle, on aura 3 r pour la plus petite racine approchée en deffous, & 67 pour la plus grande approchée en deflus. “Ainfi 3r & 6r font deux limites extrémes de toutes les racines de 2, exprimées par c & c+- d dans la formule À. Si Yon fait c— 37, on aura c++ d— 67 & delà d=—3 7. Subftituant ar, c—3r, b —r & d—3r dans À; on aura la formule dérivée x — 3 7. Mettant cette valeux dans 2, il en réfultera la transformée D 2 PB 9 27—27r7 + 210orr—û. | Selon la regle, il faut fubftituer 7 à la place de x dans le lieu C: ce qui luy donne la forme Æ. Eros TI) =2tr Par la regle encore, il faut prendre Æ pour le premier lieu de D, & y appliquer la méthode pour avoir un fecond lieu. Ce lieu dans cet exemple eft 7. Fu DYY + 9r7—=207rr. Conftruifant cette parabole F fur l'axe O G & l'origine O, comme le prefcrit {a regle, cette courbe rencontrera la portion du cercle aux deux points D & C, & l'on aura les appliquées AC, BD, pour les racines de a transformée D. Subftituant ces deux appliquées à la place de 7 dans la formule x=— 3 z dérivée de À, les deux valeurs de x qui en viendront, feront les deux racines de la propolée B, qu'il Men 1711, M 90 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE falloit conftruire. Cette derniére fubftitution fe peut faire dans tous les exemples par des lieux à la ligne droite. * La refolution analytique du probléme qu'expriment Æ, F, eft telle qu'on la voit icy. y=rÿ$=0 A donnez = — AC 3=trÿE=0)B'domez —=%==?PD, SR «| Subftituant ces valeurs de 7 dansx = 3 7, onaurax—=5?# &x=— 4 r pour les racines de la propolée B. Ces preuves de fait ne font pas fi aifées lorfque la pros pofée eft indivifible, & quand elle a plus de trois ou quatre termes. La difficulté s’augmente encore lorfque les abicifies font des incommenfurables fort compliquez, fur-tout quand ils ne peuvent eftre dégagez des Evalitez qui les renferment. Mais la difficulté fe refout fort bien par la voye des limites, & la refolution eft capable d'une théorie réguliére & générale. | Remarque I. ‘Si Yon füubftituëx —c &x —c-+ 4, dans À, on aura 7 — a&7—a+-b, qu'on a prifes pour les li- mites de la portion donnée ou choïfie. Ainfi, l'on verra aifé- -ment que cette formule À produit l'effet de deux Préparations ordinaires , l’une de multiplication ou de divifion, & l'autre d'addition ou de fouftraction. Mais il faut avoir d’ailleurs les limites. On voit aufli qu'il ne faut point prendre 8 pour 4 ni pour 4 & que fouvent on abbregeroit en le prenant pour a & pour c. Remarque 11. Pour avoir par un même exemple Îes trois cffets de la regle à l'égard des racines, on peut fe propofer de «cônftrüuire G. x 2 x —— 3 — 4, & prendre pour premier lieu Hxxyy + x + y 1. alors fe préfentent 8.& x, pour les limites de la portion de courbe, & prenant 8 & 2 pour celles de la propofé G,onauraa—0, 8 1,6 0 &d— 2, fubftituant ces valeurs dans la formule A, fa derivée fera x—27, & l'on aurala transformée Z. 8 47 -—13 —0. dont le premier lieu eft &yy 724-7471 , & de lède DES! "S\'C/P ENNICLE & CE: fecond lieu L. 877+ 495 +8yz+3yy—8 gæ Conf truifant L & Æ'à l'ordinaire, on aura la véritable racine de Z dans la portion de courbe, elle n'y fera point repetée, & Ia racine étrangere n’y fra point comprife. Subftituant dans X— 2 7 la veritable racine de Z, on aura celle de la Propofée G degagée de tout le fuperflu. La regle eft capable d'Abbregemens généraux ; maïs elle s'abbrege bien davantage dans les cas particuliers par les prépa: rations ordinaires de ka Propofée ou du lieu donné. Quelque- fois il fuffroit de faire x——#, &c. Si les racines de la Propolée ne font pas des valeurs de Tinconnuë principale x dans le lieu donné, & fi ces racines font des valeurs de y dans ce même lieus alors on peut trou- ver ces racines par la feule méthode après un changement d'inconnuës qui ef facile, & a regle n’y pourroit fervir qu'à féparer les racines fuperfluës. Dans ce cas néantmoins il arri- ve aflez fouvent par ce changement d’inconnuës, que le {e- cond lieu en devient plus compofé, & plus contraire au Pro: jet des lieux Ies plus fimples. Remarque ZI. M arrive fouvent dans lufage de la méthode; qu'un rameau du premier lieu eft rencontré par un rameau du fccond lieu , dans un grand nombre de points, & que ces deux rameaux demeurent caves d'un même côté dans l'in- tervale de tous ces points. Il ÿ a bien davantage dans Vufage de la regle que je propofe. Car dans l'idée générale de cette régle, il faut qu'une portion de courbe auffi petite qu'on voudra, puifle eftre ou coupée ou touchée à volonté par une inifinité d’autres courbes, en autant de points qu'on voudra, de maniére qu'elles foient toutes caves d’un même côté dans l'intervalle de tous ces points, & que chacune s'approche ou s'éloigne de plus en plus de leur axe commun. Comme les difficultez de ce paradoxe difparoïftront dans Îa regle, quand. celles de la méthode auront efté expliquées, il eft bon, en attendant un Memoire exprès, de donner icy des exemples pour faire reyenir des préjugez qu'on auroit fur gs AA 1 92 MEMoIREs DE L'ACADRMIE ROYALE Si l'on fe propofe de conftruire l'égalité 4 à Aus XŸ—IO x 3 xx — Sox + 24 — À. Et fi lon prend pour le premier lieu x x —y, la méthode donnera pour fecond lieu lhyperbole Z B..yy—10x1xy+35y—5$o0ox+ 24— 8 Alors, on verra par la conftruétion, qu'un rameau de cette hyperbole coupe en quatre points un rameau de la parabole, & que ces deux rameaux font cavez d’un même côté. Si en formant le fecond lieu, on ne fait la fubftitution que dans les deux premiers termes de 4, on aura l'Ellipfe C. Cou yy—10xy+3$sxx— 0x + 24—06, qui coupera la parabole & l’hyperbole, dans les mefmes qua- tre points, & fera cave du même cofté, En combinant ces trois lieux on aura autant d’autres EI- lipfes, & d’autres hyperboles qu'on voudra, qui pafleront par ces quatre points; & comme on eft déja perfuadé que les courbes du premier genre n’ont aucun point d’inflexion, de recourbement , ni de rebrouffement, on ne doutera point qu’elles ne foient toutes caves d'un même cofté dans l'intervalle de ces points. Si l'on prend la premiere parabole cubique x —y pour le premier lieu de la propofée À, la méthode donnera le fecond lieu D. Duyx—10y+35xx—50ox+ 24 —6, Et cette hyperbole D coupera en quatre points la parabole x3— y. Les deux rameaux fe trouveront caves d'un même cofté, & lon verra que les quatre racines de À fuyent le point d'inflexion à mefure qu'elles font plus grandes. Toutes les égalitez du quatrieme degré dont les quatre- racines font réelles & pofitives, font comprifes dans la pro- pofée E. Ext — ax + bxx —cx + d—= 8, Et prenant pour le premier lieu de £,x «= 47 &x =rhy}, D'Es S CH'ENIC E:s, 9 3l Findetermination des racines & des parametres fournira aifé- ment autant de nouveaux exemples qu'on voudra, où les courbes fe couperont en quatre points, lorfqu'on aura mis à volonté quatre differentes racines dans £; & toutes ces cour- bes feront caves d'un même côté dans l'intervalle des quatre points de rencontre. î Mais cela ne donneroit que de foibles indices du Para- doxe. Pour en donner une plus forte idée, & pour marquer comment je voudrois l'expliquer, jepropoferay icy, fous le nom de Projet, deux fuites infinies d'exemples des plus faciles Premier Projet. Si Von forme à volonté une égalité dont les racines foient réelles & toutes pofitives, ou bien toutes négatives; & fi pour la conflruire, on prend pour le premier lieu une des paraboles que renferme xx —#y, alors un des rameaux du fecond lieu rencontrera un des rameaux de la parabole en autant de points qu’on aura mis de differentes racines dans la Propofée, & ces deux rameaux feront toüjours caves vers l'axe de cette parabole. Second Projet. La propofée eftant formée comme dans le premier Projet, fi l'on prend pour premier lieu x x STE & fi l’on fait que le rayon / furpañfe la plus grande racine de la Propofée, alors une portion de la courbe du fecond lieu rencontrera le demi-cercle en deux fois autant de points: qu'ou aura mis de differentes racines dans cette Propolée, & cette portion fera toûjours cave d’un même côté dans l'in-- tervale de tous ces points. Dans ces deux Projets, les courbes ne fe rencontreront que des trois maniéres ordinaires, elles fe couperont, & au- ront diverfes tangentes aux points que donnent les racines inégales. : elles fe couperont, & auront une même tangente dans chaque point où les racines égales font en nombre im- pair, & fe toucheront à même tangente aux points où les. racines égales font en nombre pair. Mais fr dans le fecond Projet le rayon eft égal à la plus grande racine, elle ne fera point répetée dans la conftruction, & les courbes-fe touche- xont, & auront une même tangente au point a donnera ji 94 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE cette racine, foit qu'elle aît fes égales dans la Propofée ou qu'elle n’en ait point , foit que le nombre de fes égales foit pair ou impair , grand ou petit. En formant le fecond lieu, ileft bon pour la facilité des preuves, que la fubftitution du premier lieu fe fafe à l'ordi- naire dans tous les termes de la Propolée, excepté les deux dernieres. En voicy des exemples. Premier Exemple. La Propofée eft D. x? — 6 xx+-11x — 6—8. Le premier lieu eft €. xx+-yy—10 : & la méthode donne le fecond lieu Æ. xyy — 21x=—=byy—66. La Courbe de ce fecond lieu coupe le demi-Cercle de C en fix points comme en !, L,, , FH, F5 Es Figz) Vaxe des y eft M B & Origine eft ©. Les trois racines font MNSN CELA, répétées dans l’autre quart de Cercle en VH,GF, BE. Second Exemple. La Propofée eft F. Fnuxt ne Bxt 24x34 xx +23 x — 68. Le premier lieu eft C xx+yy—10, & le fecond eft G Cuxyf— 441) +363x—8yt—194)y+ 1146: Les Courbes fe coupent en fix points, comme en /Æig. 2.) chacun des deux NV, Æ, donne les trois racines égales de la propofée Æ, & dans lun comme dans l'autre les deux Courbes ont une même tangente. Troifieme Exemple. La Propofée eft À. A x Ÿ—iox +3 sxx— Sox +24 — 6 Le premier lieu ft Sxx+yy=16. Et le fecond eft Ze 210x*—10yyx—=y*—67yy+ 840. Les courbes fe coupent en fix points pour les trois racines 1, 2, 3, & fe touchent en un autre point pour la racine 4. NAT C nr 7 D E$: S$1\GLENCES 95 Comme les courbes des feconds lieux font faciles à for- mer dans ces trois Exemples, il eft facile aufu de s'affürer que dans chacun la Portion de courbe qui atteint le demi cer- cle, eft toüjours cave d’un même côté dans l'intervale des points où elle le rencontre. Car fi cette Portion n'eftoit pas toüjours cave le long de cet intervale, la courbe entiére pour- roit eftre coupée par une ligne droite en plus de points qu’il n'y a de dimenfions dans le lieu qui la renferme. Mais il eft impoflible qu'une courbe foit coupée par une ligne droite en plus de points qu'il n'y a de dimenfions dans le lieu qui la renferme. Donc, il eft impofñlible que cette Portion ne foit pas toûjours cave le long; de cet intervale. Pour la premiére des deux prémiffes je prens pour prin- “cipe : Q'une Portion de courbe ne ceffe point d'eftre cave d'un même côté, lorfqu’il n'eft pas poffible qu’une ligne droite la coupe en trois points. Ou bien, qu’une Portion de courbe qui.eft toujours cave d'un même côté, ne peut pas eftre cou- pée en plus de deux points par une digne droite. Cela pa- roïftra vray & même évident à qui voudra chercher une Portion de courbe qui puifle couper une ligne droite en trois oints. La Mineure fe prouve vifte & univerfellement par les for= mules générales de la tranfpofition des axes, ou par la for- mule générale des lieux à la ligne droite. Je donneray le détail des preuves dans un autre Memoire. La démonftration générale du premier Projet fervira beaucoup à celle du fecond; &'dans ce fecond Projet il arri- vera 1.0 Que l'appliquée au point © fera toûjours un Aaxi- mum dans toutes les courbes des feconds lieux, & que la tan- gente au point que donne cette appliquée fera toüjours paralléle à l'axe des y. Ainfi, ce Max. fe trouvera au milieu de la Portion de courbe. Elle n'aura point de Æfinimum ni d'autre Maximum. 2.° Quand Ia propofée pañle le fecond degré; les deux rameaux, /LNR, HFET, ( Fig. 2.) ont chacun ur afymptote, & ces deux afymptotes font toûjours paralléles, ce 96 MEMoiREs DE L'ACADEMIE ROYALE quifervira à confirmer que la Portion RNLISHFET (Fig.2,) eftpar tout cave vers le diamétre Æ P dans l’'intervale NLISHFE. On fçait qu'en cela il ne faut pas s'en rap- porter aux Figures; qu'il n’en faudra juger que fur la dé- monftration, 3.0 Je donneray une Regle courte & précife pour fça- voir en combien de points au plus, une ligne droite peut couper {a courbe du fecond lieu dans les deux Projets, où Von verra que cette courbe prife dans fon entier peut toù- jours eftre coupée par une ligne droite en autant de points qu'il y a d’unitez dans le degré de ce lieu. Aïnfr, il fera ailé de s’affürer dans chaque Exemple, qu'elle demeure toujours cave d'un mème cofté dans l'intervale des points de ren- contre. La démonftration qui comprend tout ce que pro- mettent ces Projets, fe fait par une gradation qui fuppofe peu de connoiffance des Limites; mais il en faudroit da- vantage, fi l'on renfermoit dans ces Projets les feconds lieux qui réfultent des combinaifons & de la variété des fubfti- tutions, SEC ON DIF CRÉENGILIE, Cette Regle eft de la feconde voye dont je me fers pour faire que la méthode puifle donner toutes les racines d'une Egalité quelconque par une Portion de courbe auffi petite qu'on voudra. En voicy le principe. Soit À D Ia Portion de courbe, ou donnée ou choifie ( Fig. 3.) dont l'axe eft O B, l'Origine ©, & les appliquées AB, DC. Des points À & D foient menées les paralléles AE, DPF, égales aux deux limites de l'Egalité que l’on fe propofe de conftruire, chacune à la fienne, Soit aufir menée k droite F£; enforte qu'elle rencontre l'axe O B en un point G. Ce qui eft facile, parce que l'angle BAE.eft arbitraire ; alors, prenant G £ F pour un nouvel axe géné- rateur de la courbe dont on a la Portion A4 D, & prenant : auffi le point G pour l'Origine, les abfcifles GÆE, GF, auront L DIE:S :,9:C AE! N; CES 97 auront pour appliquées £ 4, FD, qui font les limites de la propofée, par l’hypothefe. Ainf, toutes {es racines qui fe trouvent entre G ces limites fe trouveront auffi parmi les appliquées que renferme l'efpace AELFD, &'ïi n'y en aura aucune de fuperfluë, fi l'on prend foin de donner à ces appliquées les conditions que nous avons marquées dans la premiére regle. Cela eft facile, quoy- P que les déterminations foient différen- tes icy de celles de cette. premiére regle, parce que l’on a beaucoup de liberté dans fa variété des limites de p la propofée, dans le choix de la portion C de courbe, & dans la pofition des pa- ralléles AE, DF HN refte à regler la forme analytique du lieu donné für le nouvel axe CF. Ce qui fe peut faire comme on le va dire icy. L'angle O B A eft donné; puifque le lieu eft donné & ue la courbe eft aufli donnée. L'angle 2 À E eft arbitraire, mais il cefle de l'eftre quand on la déterminé ou à volonté ou avec des conditions qui rendent le calcul facile, ou pour procurer quelqu’autre avan- tage à la méthode. Aiïnfi, l'on peut confidérer cetangle BA E & fon complément 8 4 P, comme donnés. Les paralléles BA, CD, & AE, DF, font données en grandeur par l'hypothefe, & données auffi de pofition à caufe que l'angle BA E eft pris pour donné, &c. Donc les points £, Æ, font auffi donnés. Donc l'angle P£G eft donné, ME De plus, angle BP A eft donné, puifqu’il eft le com- plément à deux droits de PBA, PAB. Donc £PG eft donné, & par conféquent PGE eft donné, comme com- plément des donnés GPE, GEP. Donc tous les angles Mem, 1711, N 98 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE font donnés dans {a figure partielle GE ABPG. Donc leurs fnus font donnés. Cela pofé, fi l’on prend a pour le finus de GE P; p pour PGE; m pour GPE & pour BPA; b pour PBA; r pour PA B. Et x pour l'abfcifle O B; y pour fon appliquée 4 PB; z pour l'abfciffe GE; « pour fon appliquée À E£ : 7 pour PB; k pour À P; à pour PO; t pour O0 G on aura ces analogies, l'E YE 2 T7: mens Donc m1=—r y. LES ER T LETE Donc mh— b y. n+-t;%::a:m… Donc MI MIA hv:z::pim… Donc mh+mu—=pz. On 2 encore » + /— x. Defquelles il réfulte y = esp REY - = prenne mur Ée k Site prend pr+ab= mf pour abreger la valeur de x, on aura pour les formules de Îa tranfpofition de Faxe y — ==: = K buts ere CS en prenant f— pra, Pour lufage on fubftituëra la valeur de y & celle de x qu'expriment ces formules, dans le lieu donné, & le rélul- tant {era fon transformé que l'on prendra pour le premier lieu de la propofée. La méthode fournira le fecond lieu, & la conftruction des deux à l'ordinaire donnera toutes les ra- cines dans la portion de courbe. Si la propofée eft xy—=gg, en y fubfituant les valeurs de x & de y, on aura fon transformé L L...pfrz—prv;+-mruv—=s8 —fnvz+ mbtv — pht7 —bbgg Ainfi, la courbe de xy—gg formée fur l'axe O B dont l'origine eft O, eft la même que la courbe de L formée fur Taxe G F dont l'origine eft G, & prenant L pour le premier lieu d'une propofée, la méthode en donnera les racines dans la portion À D, fi Ia transformation a été faite felon la régle, D AE ns: 19 «CÜR EUNLC ES marque. Entre les Obfervations de la premiére régle, n a plufieurs qui peuvent fervir à la fecondes Mais il t de particuliéres à celle-ci pour profiter de l'indéter- ion de #, & pour ménager celle des finus. Pour le cas ; axes font paralleles, & celui où l'on peut fuppofer »s fe coupent à angles droits, il n’y a point de difhculté, ._ &œury a de l'abregement. Souvent on peut éviter la transformation générale par de particuliéres : fouvent même il fuflit de changer l'angle des appliquées, &c. : Souvent auffi deux préparations fort fimples, l'une de la propofée & l'autre dulieu donné, fuffifent, & font un abrege- gement confidérable. Les bornes qu'on m'a prefcrites m'o- bligent d'en demeurer à. ONBLSLE Rob A CAO) NS Touchant la nature des Plantes, à de quelques-unes de leurs parties cachées ou inconnuës. Par M MARCHANT. ORSQUE j'eus l'honneur de lire un Memoire à l’Aca- démie, dans le mois de Mars 1709, touchant la na- ture des Plantes, j'avançai plufieurs nouvelles opinions au fujet de leur fécondité, caufée par les racines que produifent diverfes parties des Plantes; ce que je prouvai quelque temps après par des faits & par des expériences Botaniques, que j'apportai à la Compagnie. 22 Avril 1711 Je fis voir alors, que des racines coupées par roïüelles, -feulement de l'épaifleur de deux à trois lignes, ayant été lantées, avoient produit à leur circonférence, de nouvelles racines fibreufés, des feüilles & des tiges; & que dans - d'autres Plantes, des feüilles très minces ou herbacées, qu'on -avoit picquées en terre, Rent produit des 1j 00 MEMoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE racines le Jong de leurs queües, mais auffi qu'il étoit forti du fuin de ces feüilles, c’eft-3-dire, de la cavité où la feüille prend naïflance au bout: de la queüe, & qu'elles avoient, dis-je, pouffé des bouquets de feüilles, dont il s’élevoit des tiges, qui portoient des fleurs & des graines dès la feconde année fuivante. On ne parlera point ici d'un nombre d'autres nouvelles maniéres de faire végéter plufieurs parties différentes des Plantes dont je fis alors mention, mais je continüerai d'en faire connoître quelques autres parties intérieures, cachées ou inconnües, ainfr que je le promis dans le même Memoire. L'intérieur des Plantes étant une connoiffance des plus utiles & des plus curieufes à rechercher dans la Phyfique, & dont plufreurs fçavans Philofophes de l'antiquité ont traité, comme on Île remarque dans les ouvrages de Théophrafte, Diofcoride, Columelle, & de Pline, qui ont écrit de Ja na- ture & de la végétation des Plantes. Pour rapporter nos obfervations dès leur origine & avec leurs circonftances, ainfi qu'il femble à propos de Le faire, mais par des expreflions fimples & naturelles, telles que le demandent des defcriptions de Plantes. Je dirai en peu de mots, qu'au mois de Fevrier 1708 j'avois fait couper dans mon jardin un arbre fort commun ici, appellé petit Erablke, qui nuifoit à quelques Plantes, & dont le tronc avoit envi- ron trois pouces de diametre, lequel on fcia à quatre pouces au-deflus de la furface du terrein. Ce tronc jetta pendant l'Eté beaucoup de feve ou fuc. Sur da fin du mois d’Aouft j'apperçüs au couronnement de cette fouche, c'eft-à-dire, fur le plan horifontal de la partie fciée de cet arbre, un amas de vingt à vingt-cinq tubercules différemment fitués, dont les plus longs n'avoient qu'environ un demi-pouce de haut, à peu près de la figure d’une petite olive, ayant une furface polie de couleur brune. Sur ces apparences, je crûs vrai-femblablement que cette production pouvoit être quelque efpece de Champignon. Je détachai un de ces tubercules, & l'ayant examiné, j'apperçüs DT EN Sùr Or CORNE EN: G LE. 5 101 que fa furface étoit fort poreufe, mais le preffant if n'en fortit que fort peu d'humidité, car il étoit ferme & folide quoique fpongieux. Je l'ouvris, & confidérant fa partie interne je n’y ps rémarquer qu'une fubftance blanche , compofée de fibres ferrées, & difhciles à diftinguer. Quelques jours après, ayant fait réflexion qu'on n’apper- çoit point de pores fi vifibles fur les Champignons, je jugeai que ces pores pourrojient conduire à quelque nouvelle dé- couverte, qu'on ne pouvoit peut-être faire alors, à caufe de la jeunefle de ces Plantes que je continuai d’obferver , & que je vis croître jufques vers la fin du mois de Novembre, fans y pouvoir rien découvrir de nouveau, ce qui me fit croire qu'elles n'étoient pas encore en leur état de perfection, & qu'elles pourroient paffer l'Hiver, fr on les couvroit de grofle paille ou litiere, ce qui fut fait. Au mois de Mars 1709. ayant découvert ces tubercu- les, je trouvai qu'ils avoient encore végété. Les plus grands avoient alors, depuis un pouce jufqu'à un pouce & demi de hauteur, fur fix lignes de diametre, & à peu près ronds. D'autres étoient informes & comme avortés, & plufeurs d’entre les plus gros étoient élevés fur des queües de diffé- rente longueur. En ayant fortement preflé quelques-uns entre les doigts, je les trouvai durs & folides, & j'apperçüs que le tronc fur lequel ils avoient pris naïflance, étoit entiére- ment fec, & ne paroifloit plus leur fournir aucune nourti- ture. Alors je les détachai tous, avec une portion du bois fur lequel ils étoient intimément attachés & comme unis. La plus grofle touffe de ces Plantes formoit un grouppe de quinze à vingt végétations (Figure premiere à naturelle de la Plante) quiavoient quelque reflemblance à des doigts mal arrangés, & . de différente longueur, qui fe touchoient les uns les autres à leur bafe, & s’étendoient fur les côtés. Ils étoient iréguliére- ment terminés, les uns en maniére de cone, les autres en “pointe arondie ou applatie: La plüpart étoient horifontalement fexrés par deux lignes circulaires, qui les environnoïent en | “ N ü 102 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE maniére de jointures de doigts, un peu courbés en dedans, cha= - cun compofé de trois parties, qui avoient quelque rapport aux phalanges des doigts du pied. Leur furface extérieure étoit dévenuë une peau mince, coriace & dure, de couleur brun- noirâtre / Fig. 2° en grand, ainf que toutes les fuivantes} irré- gulierément chagrinée & ridée; & en regardant de près, on y découvroit une infinité de pores / Fig. 2.° A. à Fig. 3 B.) dont les embouchüres étoient environnées de mamelons ou éminences rondes en rofette, gercées fur les bords, /Æ3g. 3.°C.) & j'entrevis dans plufieurs de ces pores, des filets très fins, que je foupçonnai être les feüilles, ou les étamines des fleurs def fechées de cette Plante. : Je coupai verticalement plufieurs de ces Plantes / Fig. 4°) & je trouvai que les pores dont on vient de parler, répondoient à des cavités à peu près rondes, & enduites d’une couche de couleur noire. /Fg. 4.° D. à Fig. $.: E.) Ces cavités étoient dans une fubftance blanche, dure & fibreufe, / Fig. 4° F.) dont {a direction des fibres partoit du centre en montant vers la circonférence / Fig. 4.° G.) & cette fubftance occu- joit tout le dedans de ces Plantes. Pour lors je conjeéturai que les mamelons poreux ou éminences en rofette ci-devant décrits, pouvoient être les calices des fleurs de cette Plante, & que les graines fe trou- veroient dans les cavités, aufquelles répondoient les petits pores fitués au milieu de ces rofettes. Je les y cherchaï avec beaucoup de foin, & même dans la fubftance blanche. J'y appliquai une bonne loupe, mais tous mes foins furent inu- tiles. La nature qui cache fr ingénieufement fes fecrets, fe réfervoit à un autre temps pour me laïffer découvrir les graines que j'efperoïis trouver dans cette plante, & je fus obligé d'abandonner cette recherche jufqu'à une occafion plus fi- _vorable, en ferrant foiyneufement ma Plante dans une armoire, comme étant une chofe curieufe, que je n’avois point encore vüë, & qu'aucun Phyficien n’a examinée. Quelques mois après je répris mon Champignon, & confidérant attentivement fa furface interne, je rémarquai L DES SC1E NC E:s. 103 que dans plufieurs de ces Plantes que j'avois ouvertes, on y voyoit au bord de la coupe du plan vertical, que la grande quantité de cavités noires, qui étoient ci-devant vuides / Fig. qe D. à Fig. 5* E.) étoient alors toutes remplies d’une matiére noire, qui ne paroifloit faire qu'un corps continu dans chacune de ces cavités / Fig. 5.‘ H,) aïnfi qu’auroient fait des grains de poudre à Canon, rangés les uns près des autres ; mais ayant regardé cette matiére noire avec une loupe, je trouvai qu'elle confiftoit en un amas de graines noires très menuës, ferrées les unes contre les autres / Fig. 5. 1.) & qui étant feparées / F3g. s.« L.) avoient quelque reffemblance aux graines de la Vanille, mais infiniment plus petites, & moins luifantes. Après avoir fait connoître cette Plante, par tout ce qu’elle a de plus particulier qui la caraétérife, & qui étoit ci-devant inconnu, & après lui avoir d'abord donné le nom de Gham- pignon, ainft qu'ont fait trois des plus célébres Botaniftes modernes, il femble qu'il n’y a plus à douter qu'elle ne foit une Plante de ce genre; mais point du tout : car pour le prouver, il faudroit faire voir que les parties qui caraétérifent cette Plante fuffent les vrais caractéres génériques du Cham- pignon; & c’eft ici la difculté, car on ne les connoït que très imparfaitement. ; On fçait que Clufius a compolé un Traité touchant les Champignons, dans lequel il décrit & donne des figures de vingt & un genres de Champignons bons à manger, & vingt-cinq autres genres de Champignons, qu'il appelle per- nicieux ou mortels, dont quelques-uns de ces genres con- tiennent jufqu'à cinq efpeces. Depuis cet Autheur, on a encore découvert une grande quantité de Plantes fous le nom de Champignon dont plufieurs font rapportées dans Jean Bauh. Mais dans ce grand nombre aucun de ces Hiftoriens ne ca- ractérifent le Champignon, foit parce qu'ils n’y ont décou- vert aucune ftruéture femblable dans les parties qu'ils croyent être les fleurs oules graines de cette Plante, foit qu'ilsn’yenayent point trouvé. De-à on pourroit conjecturer que les Plantes Mentz. AWorif. Raj. 104 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE “qu'on appelle Plantes fungueufes, font peut-être fi différentes entre elles, que par la fuite, lorfqu'on connoîtra plus parfaite- ment ces fortes de Plantes, on fera obligé non-feulement d'en faire un grand nombre de genres différens de Plantes fungueu- fes, mais auffi des feétions , & peut-être des claffes fort éten- duës , ainfi que des Mouffes, des Lichen, & d’autres Plantes, dont les efpeces font déja fort nombreules, quoiqu'on n'en connoifle pas le caractére générique conftant, ce qui donne- roit une idée en général de la diverfité infinie des Plantes, que la nature peut avoir faites pour quantité d’autres climats. Quelques Autheurs , mais particuliérement Porta dans fa Phytognomonique livre 6. chap. 2. parle des graines du Cham- pignon, mais ce quil en dit ne convient pas aux mêmes parties de {a Plante dont on a ci-devant parlé; & M. Tour- nefort dans fes /nflirutions Botaniques n'a nul égard à ce qui eft rapporté par ces Autheurs, car il ne fait aucune mention des fleurs ni des graines des Champignons dans le caraétére générique qu'il attribuë à ces Plantes, ce qui donneroit lieu de croire qu'il n'y a obfervé ni fleurs ni graines. Ce n'eft pas pour cela que je veüille dire que les Champignons ne portent point de graines, car au contraire je croi qu'ils en donnent fuivant ce que j'y ai rémarqué , & dont je donnerai un Memoire : mais les parties que je foupçonne être les fleurs & les graines du Champignon, ne conviennent pas à celles de la Plante que l'on vient de décrire, Ne fçachant donc plus à quoy rapporter cette Plante; j'avouë que je fus tenté d'en établir un nouveau genre de Plante; mais la penfée où je fuis, que fouvent rien ne contri- buë davantage à faire tomber dans l'erreur, que la trop grande ardeur pour les nouvelles découvertes , me fit fufpen- dre mon deflein jufquà une plus parfaite connoiffance, qui heureufement fe préfenta dans un temps où j'y penfois le moins, mais dont je fus faifr, & fitoft je fus obligé de me rendre. Aujourd'hui le fentiment des plus éclairés Botaniftes, eft, qu'on doit tirer les caractéres génériques d’une Plante, de la ftructure + LL A * à 0 4 ” 4 , é L D Ets : SLGTÆEMN CE S 105 ftruéture de {es fleurs & de fes graines, & qu'à leur défaut on doit avoir recours aux autres parties de {a Plante. Examinons fi en fuivant cette méthode, j'ai bien réüffi en comparant le caractére générique de nôtre prétendu Champignon, au caractére de 1a Plante qui nous étoit ci-de- vant inconnu, & qui s'eft venu préfenter à mes yeux. Mais avant que d'entrer dans cet examen, la Compagnie me permettra une pctite digreflion, qui fervira à faire enten- dre comment j'ai reconnu fous quel genre la Plante, qui fait le fujet de ce Memoire, doit être rangée. I y a environ fix mois que le Revcrend Pere Goüye cette année Préfident de Ÿ Académie, m'ayant chargé du foin d’exa- miner quelques Plantes Marines dont ïl eft fait mention dans un Traité manafcrit fort curieux, touchant l'Hiftoire natu- _relle de [a mer, compofé & envoyé à Monfieur l'Abbé Bignon, Juge naturel des ouvrages de l'efprit, par Monfieur le Comte Marfigli fr connu en Europe par fes rares talens & par fes grands emplois, mais, qui confervant toûjours amour qu'il a pour les fciences, fe rend auffi fi recomman- dable chés les fçavans. Après avoir, dis-je, rendu compte à l'Académie de ma commiflion , l'idée pleine des nouvelles découvertes que cet habile Phyficien a faites par l'anatomie de plufieurs Plantes marines, où il a obfervé des fleurs en plufieurs, par exemple, dans le Lithophyton & dans le Corail, ainfi qu'il les décrit, & qu'il en donne des figures. Je reconnus enfin que la Plante en queftion avoit beaucoup d’analogie avec les Lithophytons & avec le Coraïl en plufieurs de fes parties, & même à l'égard de la maniére dont les fleurs de ces deux Plantes naïffent, & qui fuivant les obfervations & les propres termes dont fe fert M. L. C. M. leurs fleurs font renfermées dans des tubercules ou mamelons, qui font fur l'écorce de ces mêmes Plantes, & dont les graines invifibles dit-il, à caufe de leur extrême fineffe, pourroient être conte. - nuës fous les écorces coriaces de ces Plantes. Quoiqu'il femble que le Lithophyton & le Corail, qui naiflent à de grandes profondeurs dans Ja Mer, ne dûffent Mem. 1711, Anffit. rer. herb. pag. 562. 406 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pas avoir grand rapport aux Plantes terreftres ; cependant fr. on confidére, 1.0 que nôtre prétendu Champignon croît comme ces Plantes marines fur des corps durs, où il eft for- tement attaché, fans aucune apparence de racines. 2.° que fon écorce eft compofée d’une matiére coriace & fpongieule, approchant plus d’une matiére pierreufe & tartareufe, quand elle eft feche, & telle qu'eft l'écorce des Lithophytons, que d'une fubftance ligneufe; & en troifiéme lieu, que les pores qui font au milieu des éminences où mamelons qui font fur fon écorce, répondent à des cavités renfermées dans fa fub- ftance interne, qui eft d’une confiftance coriace & ligneufe, ainfi que celle de plufieurs efpeces de Lithophytons, on tombera enfin d'accord que nôtre Plante eft un vrai Litho- phyton terreftre, & non pas un Champignon, ni un Agaric, comme le prétend un très habile Botanifte moderne : puifque outre les parties ci-deflus énoncées, qu'elle a communes avec les Lithophytons, j'ai de plus trouvé que les orifices internes de fes pores répondent à des cavités remplies de graines, que M. E. C. M. foupçonne qui font pareïllement dans les Lithophytons marins, mais qu’il avoüe n'avoir pas pü décou- vrir à caufe de leur petitefle. : Si nôtre Obfervation confirme la penfée de M. L. C. M. parce que j'ai trouvé des graines dans noftre Lithophyton terreftre, la fienne rend la nôtre plus vrai-femblable par les fleurs qu'il a découvertes dans le Lithophyton marin, qui dans le nôtre fe font peut-être dérobées à ma recherche, mais qu'on doit fuppoler être dans cette Plante, à caufe des éminences ou mamelons poreux qu'on y voit comme dans le Lithophyton marin. D'ailleurs nous ne fommes pas en droit d'exiger de la nature, qu'elle nous fafle voir ces Plantes, que plufieurs Phyficiens appellent Plantes imparfaites, avec toutes leurs parties aufli vifibles & auft diftinétes que font celles de la plüpart des Plantes terreftres, puifque ces variétés qui dans un fens fembleroient être une indigence, font tout au contraire une partie de la richefle de Ja nature, & prou- vent dans {on uniformité en combien de maniéres différentes DES" SUCRE N CES 107 clle fçait varier fes fujets. Mais contentons-nous ici de ce qu'elle nous laifle découvrir, d'autant qu'il fuffit aux Plantes d'avoir quelques parties analogues aux fleurs, comme nous en remarquons dans plufieurs Plantes qui nous font fort fa-” miliéres. Pour ce qui eft des graines, il faut abfolument que les Plantes en ayent, fuivant l'opinion la plus commune, qui eft qu'il n'y a point de végétation dans la nature qui fe fafle fans femences, foit vifibles, foit invifibles. C’eft ainfi que dans toutes les fciences, les obfervations comparées fervent à éclaircir les doutes, ou conduifent à de rouvelles décou- vertes. On cft perfuadé que dans ces recherches, il faut des yeux clair-voyans, fouvent armés de bons microfcopes, un certain tâtonnement, des conftitutions différentes d'air, des faifons, de certains états d’accroiffement, & différens dégrés de feche- reffe ou d'humidité pour découvrir toutes ces petites parties, tant dans les Plantes marines que dans les Plantes terreftres; car l'humidité gonfle certaines parties, qu'il feroit difficile de voir avant leur gonflement. La fecherefle tout au contraire fait détacher d’autres parties, qui ne paroiffoient qu'une mafle informe, avant qu’elles fuffent féparées les unes des autres, ainfr qu'il eft arrivé dans nôtre fujct. I eft donc probable parce qu'on vient de dire, que les Plantes marines ont une grande analogie avec les Plantes terreftres, ce que les anciens Botaniftes n'ont point connu, & qu'ils auroient admiré comme nous. Car quoique Theo- phrafte, ce fçavant génie de l'antiquité, dont il nous refle neuf Livres de fes ouvrages, touchant l'Hiftoire des Plantes, & fix autres de leur nature ou génération; ce Philofophe foit le feul de fon temps, qui ait parlé des fleurs des Plantes qui naïflent au fond de la mer; néantmoins il ne fait aucun détail de ces fleurs, & ne dit rien du rapport que ces Plantes ont avec les Plantes terreftres. Mais dans quel plus grand étonnement, dis-je, n’auroient point été ces anciens Botaniftes, eux qui ne connoifloient pas plus de fix cens Le a s'Üs I “ 108 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE avoient pû foupçonner que li Botanique terreflre, connoï- troit dans le fiécle où nous vivons, douze mille Plantes ou. environ, qui leur étoient inconnuës, qui cependant ne font qu'un fort petit objet, en comparaifon du nombre infini de Plantes, qui vrai-femblablement naïffent dans le vafte fein, des Mers. Ces prodiges doivent nous convaincre que les recherches qu'on fait en Botanique, font en général non- feulement utiles & curieufes, mais que cette fcience cft auffi une de celles qui a le plus d'objets à confidérer, & par conféquent une des plus étenduës de toutes celles que l'efprit humain puifie embrafler. * DES DIFFERENTES: MANIFRES dont plufieurs efpeces d’ Animaux de Mer s'atta- chent au fable, aux pierres, 7 les uns aux aurres.… Par M. DE REAUMUR. "À nature ne prive jamais aucunes efpeces d'Animaux de ce qu'elle a accordé aux autres pour leur confervation, fans leur donner un équivalent. Les différentes maniéres dont diverfes efpeces de Poiflons de Mer, & fur-tout quelques efpeces de Coquillages, s'attachent au fable, aux pierres, & les uns aux autres, nous en fourniront des exemples rémar- quables. Tous les Animaux de Mer, qui ne nagent point, ou qui nagent difficilement, avoient à craindre l'agitation de PElément qui les entoure; ils auroient été fouvent le joiet de fes flots, fi la nature ne leur eût donné les moyens de s'en mettre à couvert. Efle l'a fait par bien des adrefles diffé- rentes. Elle a muni les uns de pattes très fortes avec lefquelles ils peuvent fe cramponner fur la vale, le fable, & les pierres: tels font les Crabes, ou Chancres, les Omars, & toutes les Ecrevifles de Mer. Elle a appris à d’autres à s’enfoncer avant dans le fable, ou dans la vale; & elle a pourvü ceux-ci de Men de l'Acad.171.Pl.1 “pag. 108. | << =: D 3: Tes DÉEE SEE z Hem de lead 17n Plipag 108 Luliophyton derrarir Filiur del.et feulo DENIS 1 SYCMMINCC RUES 109 longs tuyaux de chair, avec lefquels, du fond de leur trou, ils refpirent l’eau aufli commodément que fi elle les envi- ronnoit de tous côtés : c'eft de quoi j'ai parlé au long dans le Memoire que j'ai donné fur le mouvement progreffif des Coquillages *. Enfin, fi la nature a refufé à d’autres Animaux des pattes telles que celles des Ecrevifles, & des parties ne- ceffaires, {oit pour s’enfoncer dans le fable & dans la vale, foit pour y relpirer, telles que les ont plufieurs Coquillages, ele les en a dédommagés en leur donnant d'autres facilités pour s'attacher à des corps fables, ou en les fixant pour toû- jours {ur de femblables corps. Comme les premiers ne font attachés que quand ils le veulent, ou du moins parce qu'ils femblent lavoir voulu, nous nommerons leur adhéfion, adhéfion volontaire : & nous nommerons adhéfion involontaire, l'adhéfion des feconds, qui malgré qu'ils en ayent fe trouvent fixés. La premiére de ces adhéfions eft celle dont nous par- lerons d'abord, & celle qui nous arrêtera le plus; nous dirons enfuite quelque chofe de l’autre efpece d'adhéfion. Ce füujet n'a pas l'air fort intérefflant, peut-être néantmoins qu'un fujet qui promettroit davantage feroit moins {entir combien la nature eft admirable de quelque côté qu'on la regarde. Entre les adhéfions volontaires, nous choïfirons d’abord celles qui font plus remarquables par leur force, que par J'adrefle de l'Animal. L’œil de Bouc nous en fournira le premier exemple. C’eft un coquillage revêtu d’une coquille d'une figure approchante de celle d’un cone *. La bafe de ce cone eft occupée par un gros mufcle*, qui a prefque autant de.chair lui feul que tout le refte du corps de animal. Ce P mufcle n'eft point couvert par la coquille; l'œik de Bouc s’en fert tantôt pour marcher *, tantôt pour fe fixer. Lorfqu'il eft en repos, c'eft fon état le plus ordinaire, il applique ce mufcle fur la furface d'une pierre, & l'y tient fermement attaché. Il eft aflés fingulier qu'une partie prefque plate, qui dans un fens n'a pas plus d'un pouce de diamétre, & qui en-.a moins dans les autres, que cette partie, dis-je, faifife # fortement la pierre qu'elle touche, qu'on ne puife l'en: O iüij, *_Voyeg AMemoires de l’ Acad, 1710. pa #5 1: * Fig. r SBBB. Fig, 2° * Voyez Memnoires de 1710. p.467. 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaALe détacher fans une force confidérable. En vain tenteroit-on.. de l'en féparer en tirant F Animal avec les mains. Aufli les pefcheurs de Coquillages, pour enlever celui-ci de deffus les pierres, fe fervent d'un couteau dont ils infinuent la lame entre la bale de l'œil de Bouc & la pierre. On le voit s'oppofer le plus qu'il peut au paflage de la lame, en appli- quant fortement le contour de fa coquille fur la pierre, Pour connoître à peu près jufqu'où va la force de cette adhéfion, j'ai pris des pierres fur lefquelles des yeux de Bouc étoient appliqués. J'ai placé ces pierres de telle forte, que les coquilles étoient paralléles à lhorifon, je veux dire que l'axe du cone qu'elles répréfentent, étoit dans une fituation horifontale. J'ai eufuite entouré chaque coquille d’une corde, & aux bouts de la corde j'ai fufpendu des poids différents: ils ont ordinairement été trop foibles pour féparer chaque Animal de deffus la pierre, lorfqu'ils n’ont pas pefé du moins vingt-huit ou trente livres : l'œil de Bouc foûtenoit ce poids de vingt-huit à trente livres pendant quelques fecondes ; néantmoins les endroits des pierres aufquels ils étoient adhé- rents, étoient unis & peu capables de les arrêter. On donneroit une raifon aflés vrai-femblable de cette forte tenacite, en fuppofant que le gros mufcle, qui fait la bafe de l' Animal, s'engraine dans les inégalités, même in- fenfibles, de la pierre; & que FAnimal tenant roidies ou gonflées toutes les fibres qui compofent ce mufcle, il s’op- pole vigoureufement à la force qui tend à les faire fortir des petits trous où elles font engagées; chaque fibre y pourroit faire la fonction d'un mufcle particulier. Mais cette raifon, quoique vrai-femblable n'eft pas la vraye : fi elle Fétoit, l'adhéfion n’auroit plus de force après la mort de Animal, ou lorfqu'on auroit ôté aux mufcles leurs points d'appui, & cependant alors comme auparavant, l'œil de Bouc refte at- taché aux pierres. La maniére dont je m'y fuis pris pour Ôter les points d'appui à fes mufcles ne laïflera aucun lieu d'en douter. J'ai mis le tranchant d’un couteau fur le fom- met du cone, &c frappant deffus le couteau j'ai divifél Animal ce See bte yo au D Es: JS'EMELENR | C2E :s. tit verticalement jufqu'à la bafe; après plufieurs divifions pa- reilles, je l'ai coupé horifontalement. Quelque direction | qu'euffent les mufcles, en quelque endroit qu’euffent été leurs points d'appui, il eft clair que ces différentes coupes avoient tout détruit : néantmoiïns chaque morceau qui avoit été fait par ces différentes divifions, étoit autant adhérent, propor- tionnellement à fa grandeur, qu'il l'étoit quand l’Animal étoit entier. La force des mufcles n’eft donc pas {a caufe de la force de l’adhéfion. On ne peut pas non plus attribuer cette force à la diff- ‘culté qu'il y a à déplacer l'air. Je veux dire que la réfiftance qu'on éprouve ici n’eft point produite par une caufe pareille à celle qui produit da réfiftance qu'on trouve à féparer l'un de l'autre deux marbres polis. Ces marbres s’oppofent peu à la force’ qui tend à les faire gliffer l'un fur l’autre : de même un morceau de cuir flexible & imbibé d’eau appliqué fur une pierre, y devient affés adhérent pour qu'on puifle enlever la pierre en tirant le cuir. Les enfans {e divertiflent quelquefois à faire cette expérience : mais fr l’on veut faire gliffer le même cuir fur la pierre, on y rencontre peu de réfiftance. La caufe de la ferme adhéfion de l'œil de Bouc ne doit donc être cherchée ni dans {a force de fes mufcles, ni dans le fimple engraïnement de fa bafe dans les inégalités de a pierre; elle dépend d’une glu, d'une efpece de colle, qui quoïqu'’infenfible à la vûé, produit un effet bien confidérable, Si immédiatement après qu'on a détaché Fœil de Bouc, on “applique le doigt fur fa bafe * ou fur l'endroit de la pierre “qu'elle touchoit, lorfqu'on veut retirer fon doigt , on de fent rétenu par une colle que les yeux ne pouvoient appercevoir. A la vérité il s’en faut beaucoup que le doigt ne foit attaché auffi fortement à a pierre ou à l'œil de Bouc, que l'œil de Bouc & la pierre étoient attachés enfemble. Aufr une moin- dre quantité de colle agit-elle fur le doigt. Le doigt outre cela s'engraine moins parfaitement dans la pierre : & quoique Yengrainement ne foit pas la principale caufe de la ténacité dela bafe de 'Animaf, il contribué à en augmenter la force: * Fig. 2. 432 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Il eft à rémarquer que pour peu que l'eau ait moüillé [a pierre ou Îa bafe de l'Animal, qu'alors la glu dont nous par- Jons ne trouve point, ou prefque point de prife fur, le doigt qui l'a touchée : auffi lorfqu’en enlevant l'œil de Bouc on à fait à fa bafe quelque playe confidérable, cette glu n’eft plus fen- fible au toucher ; la playe laifle échapper de l'eau qui en em- pefche l'effet. De- il femble que nous pouvons deviner l'adreffe que fa nature a apprife à ce coquillage, pour brifer des liens qui lui font fouvent néceflaires pour le defendre de l'agitation des flots, mais qui le feroient périr fr ils le rétenoïient dans le temps qu'il doit aller chercher fa nourriture. La bafe de l'Ani- mal paroït remplie d'une infinité de petits grains, elle eft 2. comme chagrinée *, une partie de ces grains font de petites cellules remplies d'eau. On n'en peut douter puifqu'ils la laiffent échapper, lorfqu'on les ouvre en faifant une playe à la bafe, quelque legére que foit cette playe. Une autre partie des mêmes graines contient la colle, ou la glu dont il s'agit, ou fi l'on veut, quelques autres vaiffeaux la portent par toute la bafe. L'Animal veut-il s'attacher il exprime, ïl fait fortir la glu des vaiffeaux qui fa contenoient, & prefle la bafe ainfi hu- mectée contre quelque pierre que la Mer a laiflée à découvert pendant fon reflux. Veut-il quitter la même pierre, il n’a pas befoin d'employer une force égale à celle d’un poids de trente livres, comme nous l'avons fait, il n'a qu'à preffer les cellules qui contiennent leau; l'eau s'échappe, délaye la colle, & Y'Animal a la liberté d’aller chercher des alimens convenables. Au refte il ne lui eft pas libre de s'attacher auffi fouvent qu'il le veut, il n’a pas une quantité de glu fuffifante pour y fournir. Ayant détaché deux ou trois fois de fuite dans peu de temps divers yeux de Bouc, ils ne pouvoient plus s’atta- cher où ils ne s’attachoient que foiblement, la fource de la colle étoit épuifée; il falloit du temps pour réparer la diffi- pation qui s'en étoit faite, Si nous nous fommes un peu étendu fur l'adhéfion des yeux * de Bouc RP IE ln © DES S'CMEN CES Tt% de Bouc, c’eft pour parler plus briévement de celle de divers animaux de Mer qui dépend de Ja même caufe. Nous avons rapporté dans Îes Memoires de 1710. pag. 266. diverfes Obfervations fur ces Orties qui paroiffent fixées fur les pierres ;. nous y avons donné les defcriptions, & fait graver les fivu-- res néceffaires pour faire connoître cette efpece de poiffon fi fnguliére. Ici nous nous contenterons d'ad joûter que fi l'Ortie s'attache aux pierres, c’eft par une glu femblable à celle des yeux de Bouc. Il fuffit pour {e prouver, de dire que nous avons fait les mêmes expériences fur les uns & fur les autres animaux. À ces expériences nous en ad joûterons pourtant une nouvelle, qui prouve combien les Orties abondent en matiére vifceufe. À Ja vüé fimple leur corps paroît revêtu d'une peau épaiffe, colorée différemment en différentes Orties ; les unes font brunes, les autres vertes, les autres rouges, dans d’autres on remarque un mélange agréable de ces différentes couleurs. Or cette peau colorée n’eft pas, à proprement parler, une peau, ce n'eft qu'une couche épaifle d'une matiére gluante, elle n’eft point compofée de fibres, mais feulement de divers filamens vifceux. On le fent en partie au toucher, & on le voit évidem- ment fi lon jette quelqu’une de ces Orties dans l'eau-de-vie. Dans peu de temps l’eau-de-vie, qui conferve pendant plufieurs mois le refte de Animal entier, diflout cette premiére peau colorée; en moins d’une demi-heure elle eft entiérement fon- düe, on n’en apperçoit plus que divers filamens , tels qu'on en voit dans une colle, qui n'eft pas encore bien délayée, Auf ayant quelquefois frotté des rubans contre cette peau; je les retirois enduits d’une matiére qui les attachoit auffi for- tement contre d’autres corps que l’auroit fait une colle forte. Une matiére vifceufe pareille fert auffi à attacher les étoiles lorfqu'elles veulent fe fixer. Cette matiére vifceule eft portée à l'extrémité de ces efpeces de cornes qui leur tiennent lieu de jambes. Nous avons fait connoître leur figure, leur nombre, & l'ingénieufe méchanique par laquelle {es étoiles les allongent, dans les Mémoires de 171 0. pag. 4 8 5. Ces jambes quoique foibles deviennent de forts liens. L'étoile en a plus de quinze Mem 1711. * Fig. $e e0Q. Fig. G. £ CA] + * Fig is DDD. 114 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE cens, & lorfqu'une jambe eff collée contre une pierre, if efE plus aifé de la rompre que de l'en détacher. Peut-être qu’à cette occafion nous déverions dire quelque chofe des Ourfins ou Heriffons de Mer, qui fe fixent par ur moyen aflés femblable; mais nous remettons à en parler dans un autre Memoire, où nous expliquerons leur mouve- ment progreffif. Un Coquillage de Mer auffi connu ici que commun fu les côtes, va nous fournir un exemple d’une adhéfion volon- taire, qui fe fait d'une maniére très finguliére & bien diffé- rente de celle des animaux que nous venons d'examiner. C’eft de la maniére dont les Moules de Mer s’attachent aux pierres & les unes aux autres dont je veux parler. H n'eft perfonne ,. qui après avoir ouvert la coquille d’une Moule par le côté où elle s’entrouvre naturellement *, je prends pour la co- quille entiére l'affemblage des deux pieces qui la compofent ; neft, dis-je, perfonne qui n'ait remarqué qu'il y a au milieu de la Moule une petite partie noire où brune, qui . par fa figure reffemble fort à une langue d'animal *. Dans les plus groffes Moules cette efpece de langue a environ cinq à fix lignes de longueur & deux lignes & demie de largeur ;. elle eft plus étroite à fon origine & à fon extrémité. De la racine de cette efpece de langue, ou de l'endroit où elle eft attachée au corps de l’Animal, partent un grand nom- bre de fils, qui étant fixes fur les corps voifins tiennent la Moule aflujettie *. Chacun de ces fils eft gros à peu près . Nous ferons remarquer que la bouche de la Mouleeft en C. Elle eft formée de deux membranes affés minces qui paroïflent appliquées l’une fur l'autre. L'on ne voit point cette bouche ouverte fi l'on ne prend foin de l'ouvrir ; fa largeur eft HH. Cette bouche eft une efpece d’entonnoir très applati, qui fe termine à un conduit qui va jufqu’à l'anus. Il y a apparence que la Moule nè fe nourrit que d'eau & de terre; fes excré- mens ont la couleur de da vafe de Mer. | Fig. 4. eft une Moule ‘qui ayant allongé fa filiére, mar- quée à prefent Z Z, tâte pour reconnoître le terrein avant de fe fixer. Cette filiére paroît fous une figure fort diffé- rente de celle qu'elle a dans Yinaétion, comme on le voit en AB Fig. 3. V VV font des tuyaux de Vers collés fur la coquille d’une Moule. Ces Vers croiïflent indifféremment fur toutes fortes de corps, comme fur les pierres, fur le fable, & fur d’autres efpeces de coquilles. Fig. 5. eft compofée, 1.2 d'une Moule G qui eft atta- chée à une pierre par différents fils DDD, #rc. la bafe DD de ces fils a trois ou quatre fois plus de diametre que le refte du fl. On voit en G un petit bout du tendon ou gros fil auquel tous les fils plus déliés font attachés. 2.° Dans la Fig. $. il y a une Moule N, qui après avoir filé les deux fils NQ, NQ, en file aétuellement un troïfiéme AT, T'eft l'endroit où le bout de ce fil doit être collé. On peut remarquer que la filiére y eft plus épaiffe que vers la pointe; qu'elle y forme une efpece de talon. Fig. 6. eft la moitié d'une Moule où la filiére eft pour- tant toute entiére. On y voit deux des ae ligaments 1] 132 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mufculeux qui tiennent la filiére. RS eft un des deux qui Vattachent vers le fommet en S. Z X'eft un des deux qui V'attachent vers la bafe en Z. Fig. 7. et une filiére détachée. Æ P eft la fente, ou le canal dans lequel pale la liqueur qui devient fil. Ce canal cefle en P; la partie PO où il ne va pas, eft plus mince quele refte de la bafc. A la racine Æ de la filiére on voit un trou #, c'eft ce trou Æ qui eft le refervoir où s’aflemble la liqueur qui monte dans la filiére, dans le même trou Æ eft logé un des bouts du tendon, ou du gros fil de la F3g. 9. auquel tous les fils déliés font attachés. Fig. 8. eft la filiére vüé par derriére, on apperçoit deux morceaux des ligaments mufculeux A7 qui fervent à Yattacher. Ces morceaux font des parties des ligaments tels qu'eft le ligament marqué Z À. Fig. 6. Fig. 9. AB eft le tendon ou le gros fil auquel font atta- chés tous les autres fils, comme la Figure le repréfente. Dans plufieurs Moules il eft bien plus court qu'il ne paroït ici, mais il y en a où il eft plus long. Son extrémité À eft attachée dans le trou Æ de la Fig. 7. où comme on le voit en À Fig. 3. Tous les fils que les Moules ont formés chés moi, ont été attachés près d'A, c’eft ce qui me donne du penchant à croire que ce tendon ou gros fil croit comme nos cheveux; & que les fils déliés qui d'abord ont été atta- chés en À, fe trouvent par l'accroiflement du gros fil atta- ché en 2. Fig. 10. eft une Moule repréfentée dans l'état où elle eft lorfqu'elle refpire l'eau. CD eft l'ouverture par où elle refpire l'eau. Le canal par où elle jette fes excréments fe rend dans la même ouverture CD ; l'embouchüre de ce canal ; ou l'anus de la Moule, eft en C ; les excréments qui en fortent paroiflent une fumple terre, une efpece de glaife. Hs ont tout du,long une canelure, je veux dire qu'ils font faits comme une portion d’un tuyau creux, De-là il eft clair que le canal par où ils fortent, ou du moins que l'ouverture par où ils paient, n'eft pas ronde comme dans les autres animaux, 2 nn Co SE e es + De de ce canal, ou Fanus de k Petongle, DE 9: SC ILE NN CuE 9 13% RH eft endroit où eft le reflort qui fert à ouvrir la coquille. Æ £ font une infinité de petites parties charnuës très joli- ment découpées, aflés femblables à de petites crêtes de coq- L'animal ne les fait voir que lorfqu'il refpire l'eau; on les voit aufli en ÆÆ Fig. $. fa refpiration n'’eft pas arrêtée pendant qu'il file. Fig. 1 1. eft une des deux pieces dont eft compolfée Ia co- quille d’une Moule ; on peut remarquer une petite bande qui vient envelopper le bord intérieur de la coquille. Cette bande eft d'une efpece de matiére de corne, & eft collée dans l'état naturel au contour du corpsde l'animal. Fig. 1 2. eft une Petongle attachée à une pierre par diffé- rens fils 7 FF, Le fommet de la coquille eft en S. Depart, & d'autre de S'eft le reffort qui fert à ouvrir la coquille, car cette coquille eft une coquille à deux battans comme celles des Moules. On voit diverfes canelures qui du fommet $ vont à la bafe BB. En différens endroïts la coquille eft heriffée de pointes. SO eft l'oreille de a Petongle, c’eft-à-dire, cette partie de la coquille que l’on nomme l'oreille. Fig. 1 3. eft une Petongle repréfentée ouverte : le gros mufcle AM qui fert à la fermer a. été coupé. L marque le fommet de la coquille, & le milieu du reffort qui tend à ou- vrir la coquille. 7° & À font deux appendices, qui pofés l'un fur autre forment l'oreille. L'appendice T'eft plus étroit que lappendice À, de forte que le premier ne couvre pas entiére- ment le fecond. Ils ne s'appliquent pas fr exaétement Pun fur l'autre qu'ils ne laiflent une petite ouverture par laquelle for- tent une partie des fils que l’on voit dans la F9. 1 2. HG eft la fliére de la Petongle. GP eft la houpe des fils: ces fils ont été coupés courts en Pde crainte qu'ils ne rendiflent la figure confufe. Ils font tous attachés à un tendon commun en ?; ce tendon eft attaché à l’origine de la filiére. Fig. 1.4. eft une Petongle repréfentée dans le {eus où elle doit être vüë, pour qu'on puifle appercevoir le canal FX par lequel pañlent les excrémens de l'animal; X eft l'ouverture R üj 17 Déc. 1710. 134 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Fig. 1 5. eft un amas de fable dans lequel étoient logés un grand nombre de Vers à tuyaux. Sur la furface fupérieure de cet amas de fable, on voit l'embouchüre de tous leurs tuyaux ; & fur un des côtés comme en ZC, on diftingue la Iongueur, Ja rondeur & la courbure de ces tuyaux. Fig. 16. cft un des Vers à tuyau de fable, repréfenté à peu près dans fa grandeur naturelle. Fig. 17. eft le même Vers defliné, vü au Microfcope, L'extrémité de la tefte eft la furface plate que l'on voit en 7 Cette extrémité, dont le contour eft rond dans la figure, eft quelquefois faite en fer à cheval, lorfque l'animal l’ouvre en O. NNN font les nageoires du Vers. AH, 11, EE font trois rangs de petits crochets charnus. Q eft la queüe du Vers, MR TE Li , En AE NA Sur des nouvelles Obfervations du P. Feuillée faires aux Indes Occidentales, Extraites d'une Lettre écrire à M. le Comte de Pont- chartrain, de Lima, du 7. Decembre 1709. Par M Cassini le Fils NS Us avons déja fait le rapport à l'Académie, des Obfervations que le P. Feuillée a faites aux Indes Occi- dentales en 1704. & 1705. pour déterminer la pofition de plufieurs Ifles de l'Amérique, & de la Côte de l'Amérique Méridionale depuis FIfthme de Panama jufqu’à Cayenne. N'ayant pas pû alors exécuter le deffein qu’il avoit de paf- fer dans la Mer du Sud, il a entrepris un fecond voyage pour y faire de nouvelles Obfervations, & donner au public les limites exaékes de ce continent. Au commencement de fon voyage il fut obligé par les vents contraires de rélâcher en Sardaigne & à Malte, ce qui lui donna occafion d'y faire m'Eus S CAEN GE s, 135 diverfes Obfervations Aftronomiques & Phyfiques dont 'Éx- trait eft rapporté dans les Aemoires de l'Académie de 1708. H fit outre cela diverfes Obfervations dans la Méditerranée, pour déterminer la latitude des lieux où il eût la commodité d'obferver, dont voici l'extrait. Hauteur du Pole du Golfe de Palme dans l'Ile de Sardaigne. La hauteur du Pole de ce Golfe qui eft entre l'Ifle de Saint Antioco & la Terre ferme de Sardaigne fut obfervée MT a mn late ele he tente ee ve Le SLTOMS 0" 24" Hauteur du Pole du Port-Mahon. La hauteur du Pole du Port-Mahon qui eft dans l'Ifle de Minorque fut obfervée de . . ..”. . , . 394 53’ 45° Hauteur du Pole de Carthagene. La hauteur du Pole de Carthagence en Europe fut obfervée dns le: Portde sr. ST LS Us on 3401361787 Hauteur du Pole d’Almerie. La hauteur du Pole d Afmerie qui eft dans le Royaume de Grenade fut obfervée de . . , . .. sn +0 JU TO Le P. Feuillée pañfa enfüite le détroit de Gibraltar, conti- nuant fa route vers F Amérique. H obferva pendant le cours de fa navigation, que les eaux de la Mer diminuoient de leur poids à mefure qu'il s’approchoit de la ligne. H en fit des: obfervations journaliéres en prefence des Officiers du Vaïffeau, & il ne croit point que Île mélange des eaux douces ait contri- bué à ce changement, ayant paffé Îa ligne à une fort grande diffance de l'Afrique & de F Amérique. H obferva aufh pen- dant fon voyage la variation de F Aïmant & le lieu de fi route où l'Aïmant ne varie pas. Le premier lieu de l Amérique où il arriva, fut Buenos- Aires, où le mauvais temps ne lui permit pas de faire aucunes obfervations des Satellites de Jupiter. 536 MEMoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE Obférvauions faites à Buenos- Aires fur la Riviere de la Plate. Le 19. Aouft 1708. la hauteur du Pole fut obfervée à ” Buenos - Aires de , . . . . RON 347 340084 Cette obfervation fut confirmée par celles des 20 & 21 Aouft, qui donnent la hauteur du Pole de cette Ville de mé- me à quelques fecondes près. Le 19 Aouftà 7h 5” 38" du foir Immerfion dans a Lune d'une Etoile de la 4€ grandeur marquée par Bayer À, qui eft au pied Auftral de la Vierge. Le 21 Aouft le P. Feuillée obferva à Buenos- Aires fa variation de l’Aimant de . . . . .. , 154 3 2° Nord-eft, I obferva auffi que l'aiguille de fa Bouffole baïfloit par B pointe qui eft vers le Sud, & faifoit un angle avec le vrai horifon de. 72 "0e le ei Pa tete OL 20) Obférvasions faites à Monte Vidio pour la hauteur du: Phles ie Le 23 Oétobre le P. Feuillée obferva à Monte Vidio qui eft à l'Eft un quart de Sud-eft de Buenos-Aires dans lEm- bouchüre de la Riviere de Ia Plate, la hauteur du Pole dé she See AE ere à 1e ee «si rs 4e) 5 elle fut obfervée le 24 & le 28 de même, à quelques fecondes près. Obférvarions faites à la Conception dans le Royaume de Chili. Le P. Feuillée détermina la hauteur du Pole de Ia Concep- tion par un grand nombre d'obfervations de hauteurs Méri- diennes du Soleil & des Etoiles fixes, faites pendant les mois de Janvier & de Février, entre lefquelles, fi l'on prend un milieu, on aura la hauteur du Pole de la Conception de . à FN à nana UN as 96 ON 30" Echipfes Mem de lAcademrnpl2"pag 136. Merde Ucademinpl 2dpagi56 Fan LA Mem. de Lt End otre ‘271 -Pl.3tpag. 136. DES SCIENCES | 137 Æ cl pfes des Satellites de Jupiter pour la Longitude _ de la a ba k 31.Janvier 1799 à op 3: 23. dumatin, Immerfion du premier Satellite dans l'ombre de Ju- piter. 5 528 à Paris par le calcul corrigé, FENTE . ÿr 2 5 différence des Méri- : diens entre Paris & la Conception. Le 7 Février à . . . . 1h55" 36" du matin, Immerfion Ne du premier Satellite. dans l'ombre deJu- s : . piter. Va Le + 6:68 ,8, à Paris. par Jecalcul " corrigé, 5 2 32 différence des Méri- . diens entre Paris &. Ja Conception. Leg Février à : 5 5: LE 0" 52" rio, Emerfion du | troifiéme Satellite dans l'ombre de Jupiter. AO Z so à Paris par le calcul JCOMRE Ne. ROAEL DuL LA + Mo 58 différence des Méri- | diens entre Paris & EX + RAS : la Conception. Le 17 Février à , 5 3 oh34' 4" du matin, Immerfion Lei LKR A | du troifiéme Satelli= Au RATES ES te dans l'ombre de De Qu RAS Get RMS T ETS SO iter. : UE A sh Paris par léçaloul corrigé, Men. 171 133 MEMOïIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 4% 57" 1" différence des Méri- diens entre Paris & la Conception. Le 18 Fevrier à . : , a1h45' 2" du matin, Immerfion du fecond Satellite dans l'ombre de Jupiter, 6 46 17 à Paris par le calcul corrigé. $ x 15 différence des Méri- diens entre Paris & la Conception. En prenant le milieu entre les différences des Méridiens déterminées par les Obfervations du premier Satellite de Ju- piter, qui ne différent l’une de l'autre que de 19 fecondes, on aura la différence des Méridiens entre Paris & la Concep- doltden. 15.213235 AMAR. Le à NGÉ 12. 144 Cette différence étant convertie en dégrés donne la différen- ce de longitude entre Paris & a Conception de 7$4 33° 30° dont la Conception eft plus Occidentale que Paris. Obfervarion de l'Occulratjon d' Antares par la Eune. Ee 3 Février à 4h 49’ 17" du matin à la Conception, Im- merfion du cœur du Scorpion Antares dansle bordéclairé de la Lune vis-à-vis Ariftarque. - Obfervarion de la Variation & de l ‘’Znclinaifon de L’Aimant. Le 24 Janvier 1709 la Variation de Aimant fut obfer- * tée à la Conéeption de. . 7... , .° * 104 20" Nord-eft, & Finélinaifon del’Aimant de. .*, . . 6435’ Le P. Peuillée obferva à la Conception une tache dans le difque du Soleil, qui parut au mois de Janvier, que nous abfervimes auflr à Par ". Ca & 1 NE sAEta D. Es SCI EN CES 7 139 Obfervations aires à Valparaïfo fur les Côres du Royaume de Clu. Le P. Feuillée détermina par les hauteurs Méridiermes du Soleil & des Etoiles fixes, la hauteur du Pole de Valparaifo de y LATE A Eu viny nc vs o°°r1" Ep & du hs Satellire de Jupiter pour la longitude de Valparaifo.. Le 11 Mars 1709 À 10h 34 13"du foir, Immerfon.du premier Satellite dans l'ombre de Jupiter. à 15 32 28 à Parisparle calcul COrs ricé. A SD T 5 différence des Méri- œus entre Paris & Valparaïlo, qui étant convertie en dégrés donne la différence de longitude entre Paris & Valparailo COPA M Al M NM RTE ZA 33 045 dont The eft plus Occidental que Paris. Echpfe du Soleil du 11. Mars 1709. L’horifon étoit plein de nuages au Jever du Soleil, & on ne pôût l'obferver qu'un peu après fon lever. : Le 11 Mars 1709 à 6h 19° 46” du matin, le Soleil étoit éclipfé d’un doigt. 6 27 37 fin de fEclipfe. Le P. Feuillée ne pût obferver que ces deux Phafes de VEclipfe; & il remarque qu'on ne voit en ce pays-là le Soleil ue fort rarement. Cette Eclipfe ayant été obfervée à Paris & en divers aus tres endroits de l'Europe, nous avons décrit le paralléle de Valparaïfo dans la figure de cette Eclip{e, & nous avons trou vé par la Phafe d'un doigt la différence des Méridiens entre Paris &c Valparaifo de ass susbeies a1:4b 55: & par h fin de : - « « à : MB AE le AP $3 50" S ÿ 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Ces différences font plus petites que celle que l’on a trou- vée par lobfervation du premier Satellite de Jupiter, à la- quelle il eft plus à propos de s'en tenir à caufe de la fimplicité des Femens dont on fe fert pour la Comparaïfon de ces Obfervations. Le P. Feuillée partit enfuite pour Lima, où depuis Je mois d'Avril jufqu'au mois de Decembre, il n'a vü que très rare- ment le Soleil, & 1e Ciel n’a jamais paru ferein pendant la nuit, Obfervarions faites à Lima, Capirale du Perou. Le P. Feuillée détermina par les hauteurs Méridiennes du Soleil {a hauteur du Pole de Lima de . . , . 124 1° 15" 2 Pendant le féjour qu'il fit à Lima, if obferva géometrique- ment la hauteur d’une montagne qu’il trouva élevée de 143 toifes & près de $ pieds fur Fhorifon. Il prit au bas de la montagne , la hauteur du Barometre qu’il trouva de 27 pou- ces 5 lignes, plus haute de 10 lignes & 2 que celle qu'il obferva au haut de la montagne de 26 pouces 6 lignes & +. Suivant la regle tirée de nos Obfervations, Ia différence dans {a hauteur du Barometre qui convient à la hauteur de 143 toiles & 5 pieds fur l'horifon de la Mer, auroit dû être de 12 lignes & à plus grande de deux lignes que celle que le P, Feuillée a trouvée, ce qui lui fait juger que la conden- fation & la dilatation de l'air en Amérique eft fort différente de celle qu'on obferve en Europe. Nous ne donnerons pas un plus grand détail de cette Oblervation, le P. Feuillée ayant deffein de mefarer une feconde fois la hauteur de cette mon- tagne avant fon départ. A l'égard de Ia hauteur du Barometre au bord de a Mer; le P. Feuillée trouve par les Obfervations qu'il en a faites tous les jours à Terre, qu'elle eft à peu près la même qu'en Europe. Pendant le féjour qu'il a fait à Lima, on ya reflenti plufieurs tremblements de terre, & le 7 Decembre au matin jour de la date de fa Lettre, il y eut deux fecouffes fi fortes, que pour peu qu'elles euflent duré davantage, il n’y auroit eu aucun édifice qui eût pü-leur réfifter. - D are ShORENR CES. it : Le P. Feuillée nous promet au retour de fon voyage {a defcription d'un aflés grand nombre de plantes, d'arbres & de fruits deffinés après nature , & leur hiftoire, foit pour leur con- ftruction , ou pour leur qualités. I a aufli peint avec leurs cou- leurs naturelles des Oifeaux que nous n’avons point en Europe, plufieurs infeétes & principalement ceux qui font fur les plan- tes & les fleurs. Il parle d'un petit infeéte que on trouve fur les fleurs de FOponfium fpinofum où Raquette, que quelques-uns prennent pour fa véritable Cochenille, & qui donne en effet une belle couleur rouge lorfqu'il eft écrafé. Enfin, il n’a rien obmis de ce qui peut contribuer à Ia perfeétion des fciences, & de F'hiftoire naturelle. AR PANCE URL De diverfes Obfervations faites par le P. Feuillée aux Indes Occidentales. Par M. Cassinr le Fils. D Epuis les Obfervations que le P. Feuillée a faites dans fon voyage des Indes Occidentales, dont nous avons fait le rapport à l’Académie Royale des Sciences, il en a en- voyé d'autres à M.le Comte de Pontchartrain qu'il a continué de faire dans les Mers du Sud. … Obférvations faites à Coquimbo pour la longitude, Le 16 Avril 1710 à 11h 57° 36" du foir, Immerfion du fecond Satellite dans Fombre de Jupiter. 16.51.32 à Paris par le calcul cor- \K risé 4 53 56 différence des Méridiens entre Paris & Co- quimbo. S üïj 8 Juillez 17114 142 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE Le 22 Avil1710 à où 6° 25" du matin, Immerfion du premier Satellite dans l'ombre de Jupiter. s : 8 à Paris par le calcul cor- rigé. 4 54 43 différence des Méridiens entre Paris & Coquimbo, qui étant convertie en dégrés donne la différence de longitude entre Paris & spi dElbeus ed 1e GROlEnE es 7 54e: 46" Obférvations faites à Coquimbo pour ss D du Pole. Le 17 Avril 1710 le P. Feuillée obferva à Coquim- bo la hauteur Méridienne du bord fupérieur du Soleil d&........:....+..:. 494 51 so" Il continua de l'obferver les jours fuivants jufqu'au 28 du même mois. ©. Suivant ces Obfervations ayant égard à Ja refraétion, au demi-diametre du Soleil & à fa parallaxe, l'on trouve la hau- teur du Pole de Coquimbo de . . . . . . 294 54 30" Obfervations de la variation © de l'inclinaifon de . l’ Aimant à Coquimbo. La variation de l'Aimant fut obfervée à Coquimbo des 2 di etat Li all sisiti te 84 32 " Nord-eft, & Pcbilus de l'Aimant de. . . . $4 25° Obfervarions pour la hauteur du Pole d’ Africa. Le 20 May le P. Feuillée obferva à Arica la hauteur Mi- dienne du bord fupérieur du Soleil de . .. $ ” 49° 45° SM de lets ane otraira le s11057 32 On trouve par ces Obfervations la nt du Méri- dionald'Arica de 9 26610 Dre 3 2e 18442541 Obfervations faires à Ylo pour la longitude. Le 24 Juillet 1710ù 924 57" du foir, Emerfion du ; premier Satellite de l'ombre de Jupiter. 1 wg ES S'CTENCÉS 14% ji 144 19° 11" à Paris par Îe calcul cor- rigé, 4 54 14 différence des Méridiens entre Paris & Ylo, qui étant reduite en dégrés donne la diffé- rence de longitude entre Paris & Ylo de .. 734 33° 30° dont Ylo eft plus Occidental que Paris, Obférvations pour la hauteur du Pole d'Ylo. Le $ Juin le P. Feuillée, obferva à Yo la hauteur Méridien< ne du bord fupérieur du Soleil de . . . . . sod s’ 30" H continua de 'obferver les jours fuivants jufqu'au 2 $ du mois de Juillet. Suivant ces Obfervations l’on trouve la hauteur du pole DOMDGE" Ne A SN AN NT UE Ar 26e Obférvarions de la variation à de l'inclinaifon de tt l’Aimans à Ylo. La variation de l’Aimant fut obfervée à Ylo ou a QE 2 rt +... 64 38° 0" Nord-eft, & l'inclinaifon de Aimant de . . 34 45’ o” Ces Obfervations jointes à celles que nous avons déja rap- portées, déterminent plus particuliérement Ia fituation de 1a Côte Occidentale de l'Amérique Méridionale qui avoit été peu connuë jufqu'à préfent. Comme le P. Feuillée a mis à profit tout ce qu'il a remarqué dans fon voyage qui put avoir quelque rapport aux fciences, nous efperons que non-feule- ment l'Aftronomie & la Géographie, mais même la Phyfique . & l'Hiftoire naturelle retireront de grands avantages de fes découvertes, 13 Juin 1711. t44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE EUX SPAEMRMBE SNNENENS SUR LE T'EH ESRIMAORM ET RUE Par M. DE LA HrRE le Fils. TN Chanoine de Chartres de mes amis, excellent Phy- ficien, n''écrivit au mois de Février 1709, qu'ayant vû l'écrit que M. Nuguet avoit publié, où il donnoit a . conftruétion d'un nouveau Thermometre qu'il prétendoit être exempt des défauts des autres, & qu'ayant vû auflr les Reflexions que j'avois données fur ce Thermometre, impri- mées dans les Mémoires de l'Académie de 1706. avoit voulu examiner fi cette nouvelle idée fi oppolée à celle de M. Amon- tons, étoit fondée fur quelques principes certains. H prit pour faire fes Expériences un Thermometre, qu'il avoit fait faire à Chartres fur un de ceux de M. Amontons, dont la boule avoit 1 3 lignes de diamétre extérieur, & le tuyau 3 pieds 2 pouces de long fur + de ligne de diametre intérieur, Le 7 Decembre 1 708 il mit ce Thermometre dans de l'eau qu'il laïfla geler, fans prendre garde à quelle hauteur étoit FEfprit de vin dans letuyau, & quand l'eau fut parfaitement gelée, 'Efprit de vin fe trouva à 1 1 pouces 7 lignes au-deflus de la boule; il dégagea enfuite ce T'hermometre de la glace en la faifant fondre auprès du feu, & crut que l'Efprit de vin ne pouvoit pas defcendre plus bas dans ce Thermometre, n'imaginant pas qu'il put faire un froid plus grand que celui de l'eau très fortement gelée. Il expofa enfuite ce Thermometre au froid qu'il fit les jours fuivants, & il vit que l'Efprit de vin defcendit dans le tuyau jufqu'à r pouce plus bas qu'il n'avoit defcendu étant dans J'eau très fortement gelée, c'eft-à-dire, de 1 pouceau-deffous des DES SCIENCES. 145 des 1 1 pouces 7 lignes, il crut que la caufe de cet effet venoit de ce que l'eau n'avoit pas été parfaitement gelée dans toute fa mañle, c'eft pourquoi il réitéra l'expérience précédente. Le 8 Janvier 1709, le froid étant très grand à 8 heures du matin il mit ce même Thermomctre, dont F'Efprit de vin étoit. dans le tuyau à 9 pouces 8 lignes au-deffus de la boule, dans de l'eau qui fut gelée en très peu de temps, & examinant fort attentivement ce qui arriveroit à F'Efprit de vin qui étoit dans le tuyau, il vit qu'en moins d'un demi-quart d'heure l'Efprit de vin monta de 2 pouces + ligne au-deflus des 9 pou- ces 8 lignes, une heure après il étoit encore monté d'une demi-ligne, à midi encore d’une demi-ligne, & à 9 heures & demie du foir il étoit monté à 2 pouces 4 lignes + au-def- fus des 9 pouces 8 lignes. II laiffa ce Thermometre toute la nuit à l'air & dans la glace, le froid étant très grand, en forte que la glace bomboit & s'élevoit au-deflus des bords du vaif- feau , & le lendemain au matin vers le lever du Soleil, if trouva que l’'Efprit de vin étoit monté dans le tuyau à plus de 2 pieds au-deffus de la boule, & qu'il étoit entre coupé de beaucoup de bulles d'air fort étenduës. I finit Rà fes Expé- _riences, & voulant dégager le Thermometre de la glace, il le cafla. Cette Expérience ne laïffa pas que d'embarrafler mon ami, car il vit arriver le contraire de ce qu'il attendoit , & de ce qui lui étoit arrivé dans la premiére Expérience, puifqu’au lieu de voir defcendre Efprit de vin dans le tuyau après que le Thermometre fut dans la glace, il le vit toûjours monter jufqu’à une hauteur de plus de deux pieds & entre-coupé de plufieurs bulles d'air, ce qui lui avoit fait penfer que la glace auroit peut-être pü faire fermenter l'Efprit de vin, d'où il concluoit que M. Nuguet, qui fe fert du froid de l'eau dans laquelle il met de la glace pour conftruire fes Thermometres , auroit eù de la peine à trouver toüjours un même dégré de froid. Je fis réponfe quelques jours après à mon ami, & je lui mandé que l'Expérience m'avoit furpris, & que je ne croyois Mem, 1711. 146 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE point que le grand froid eût caufé de la fermentation à T'Ef- prit de vin; mais que J'étois perfuadé que ce qui l'avoit fait monter de 2 pouces + ligne pendant le premier demi-quart d'heure que le Thermometre fût dans l'eau, c'étoit que lorf- qu'il l'y avoit mis, l'Efprit de vin qui étoit extremément con- denfé par le grand froid, parce qu'il étoit expolé à l'air, & que l'eau n'y étoit pas, s'étoit comme degelé; c'eft-à-dire, que les parties de froid qui étoient dedans en étoient forties, & s’étoient jointes à celles de l'eau qui n'étoit pas auf froide que l'Efprit de vin, puifqu'elle n'étoit pas gelée, comme il arrive aux fruits gelés quand on des met dans l'eau prête à geler. A l'égard de l'élevation des 4 autres lignes dont Efprit de vin monta dans le tuyau pendant le refte de la journée, elle auroit bien pû venir de ce que l’eau s'étant gelée enfuite très fortement , elle avoit à fon ordinaire augmenté fon vo- lume, & avoit fait effort contre les parois du vaifleau & con- tre la boule du Thermometre dont elle auroit par ce moyen diminué le volume. Après lui avoir rendu raïfon de F'élevation pendant le jour, i reftoit à expliquer comment f'Efprit de vin pendant la nuit avoit pû monter à une fi grande hauteur, & d'où ve- noient les bulles d'air qui s’y trouvoient mélées. Je ne pus trouver d'Explication plus vrai-femblable, ne pouvant admettre la fermentation, fi ce n’eft que l'eau ayant continué de fe geler de plus en plus, avoit confidérablement augmenté fon volume , en forte que les parois du vaifleau n'ayant pù ceder, tout l'effort s’étoit réüni contre la boule du Thermometre, qui n’ayant pas été affés forte pour y refifter, faute peut-être de n'avoir pas été bien fphérique ou de même épaifleur dans toute fon étenduë, s'étoit caffée; & alors la compreflion de la glace, jointe avec plufeurs bulles d'air qui s'en étoient échappées les unes après les autres, & qui étoient entrées dans 'Efprit de vin, lavoient obligé à monter dans le tuyau jufqu'à une fi grande hauteur étant entre-coupé de bulles d'air. mi mi Si SAC RENTE Se à 147 Ce fut les raifons dont je me fervis dans ce temps-Îà, pour ‘expliquer à mon ami l'expérience dont il m’avoit fait part : cependant comme je craignois de m'être trompé dans mes conjectures, je refolus l'Hiver fuivant de faire fon Expérience; mais ny ayant eû qu'un jour de froid en 1710, je ne püûs ‘executer ce que j'avois projetté, & je fus obligé de la remettre jufqu'à cette année 171 1, où il y a eû des jours affés froids pour la faire. Le 2. Février à 11. heures du matin, le Thermometre qui refle toüjours dans la Tour Orientale de l'Obfervatoire , & avec lequel nous faïfons nos Expériences , étant à 244 par- ties +, j'expofai fur a feneftre de cette Tour qui regarde le Nord, un mortier de fer plein d'eau, où j'avois fufpendu dans . Le milieu la boule d'un T'hermometre que j'avois porté dans les caves de FObfervatoire , pour avoir un point fixe d'où je pufle mefurer les abbaïiffements & les élevations de lEfprit de vin dans le tuyau, parce que l’on fçait que la temperature de fair ne change jamais dans ces caves, & qu'on la prend pour létat moyen. Après que le Thermometre eût été un quart d'heure dans Teau, fur laquelle | commençoit à fe former une croute de glace, je trouvai que l'Efprit de vin étoit defcendu dans le tuyau de 3 pouces 1 ligne au-deffous de l'état moyen, je continuai d'y regarder de quart d'heure en quart d'heure jufqu'à $ heures après midi pour obferver les changements qui y pourroient arriver, mais je n’y en remarquai aucun pendant tout ce temps, & lEfprit de vin demeura toûjours au mé- me endroit, quoique l'eau fe füt gelée toûjours de plus en plus, & que pour lors elle me le parût entiérement dans toute fa mafle : le T'hermometre avec lequel nous faifons nos Expé- riences n'avoit point changé depuis le matin, & étoit toüjours demeuré à 24 parties 1 Je laïlai dans la même place mon Thermometre en Ex- périence pendant toute la nuit du 2 au 3, & Le 3 à 8 heures du matin nôtre Thermometre ordinaire étant à 21 parties, c'eft-à-dire, à 3 parties + plus bas que le jour HAE je / ïj 148 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE trouvai que celui qui étoit en Expérience dans la glace dont la furface étoit fenduë en plufieurs endroits, apparemment par la force-du froid, étoit defcendu de $ pouces 1 0 lignes 3 au-deflous de l’état moyen, & par confequent plus bas que le jour précedent de 2 pouces 9 lignes +. Le même jour à 1 1 heures du matin, je mis le Thermo- metre qui étoit en Expérience proche de nôtre T'hermometre ordinaire, qui étoit à 24 parties +, comme le jour précédent; & après les y avoir laïflés quelque temps, je trouvai que celui qui étoit en Expérience étoit remonté de 1 3 lignes au-deffus de ce qu'il étoit à 8 heures du matin : depuis ce temps-là je les ai toùjours laiffés l'un à côté de l'autre pour les comparer. Le 4 à 7 heures + du matin, le Thermometre ordinaire étoit à 23 parties +, celui qui étoit en Expérience étoit de 3 pouces 8 lignes au-deflous de l’état moyen. Le $ à 7 heures + du matin, le Thermometre ordinaire étoit à 26 parties +, & celui qui étoit en Expérience étoit de 3 pouces 8 lignes au-deffous de l'état moyen. Le 6 à 7 heures ? du matin, le Thermometre ordinaire étoit à 25 parties +, & celui qui étoit en Expérience étoit de 3 pouces 1 1 lignes au-deffous de l'état moyen. Le 7 à 7 heures + du matin, le Thermometre ordinaire : étoit à 23 parties +, & celui qui étoit en Experience étoit de 4 pouces 3 lignes au-deflous de l'état moyen. Le 8 à 7 heures + du matin, le Thermometre ordinaire étoit à 23 parties, & celui qui étoit en Expérience étoit de 4 pouces 3 lignes + au-deflous de l'état moyen. Le 9 à 7 heures £ du matin, le Thermometre ordinaire étoità 30 parties, & celui qui étoit en Expérience étoit à 3 pouces 1 ligne + au-deffous de l'état moyen. Le 10 à midi, le Thermometre ordinaire étoit à 40 par- ties +, & celui qui étoit en Expérience étoit à 1 pouce 9 lignes + au-deflous de l'état moyen, & étoit plongé dans l'eau qui étoit provenuë de la glace qui étoit dans le mortier, & qui s’étoit fonduë pendant la nuit précédente. En faifant la comparaifon de ces Expériences les unes avee DES SCIENCES 149 Jes autres, on voit que le Thermometre qui étoit dans la glace a affés bien fuivi celui qui n’y étoit pas, quand le froid deve- noit plus grand ; mais quand il diminuoit, celui qui étoit dans la glace ne le fuivoit plus fi bien, & il ne pouvoit monter aufli aïfement que l'autre, à caufe du froid de la glace qui l'enviromnoit. s J'avois été étonné le 2 Février, quand je mis mon Ther- mometre en Expérience, de voir qu'un quart d'heure après qu'il y füt mis, pendant lequel temps il avoit defcendu , parce qu'auparavant ce temps-l il avoit été dans un lieu moins froid que l'air extérieur, il ne changea point pendant 6 heures quoique l'eau {e füt gelée entiérement, mais les Expériences que je fis enfuite m'en montrérent la raifon, en me faifant voir que le degré du froid de l'air, qui ne changea point pen- dant ces 6 heures, étoit plus grand qu'il ne faloit pour geler Peau, & ainfi que le Thermometre qui étoit dedans n’en de- voit reffentir aucune impreflion ; cependant il arriva le con- taire à celui de mon ami, car pendant le premier demi-quart d'heure il monta au lieu de defcendre, d’où il faut conclure que l'eau étoit moins froide quel'Efprit de vin du Thermo- metre qui étoit expolé à Fair, & ce qui étoit effeétivement, puifqu'elle gela en très peu de temps; mais il auroït dû def- cendre après, puifque le froid pañle au travers de la glace, ce qui n'arriva pas par les raifons qui font rapportées au commen- cement de ce Memoire. Quant à la grande hauteur où if trouva PEfprit de vin entre-coupé de grandes bulles d'air dans le tuyau, le lende- main au matin il ne me femble pas que cet effet puifle venir d'autre caufe que de la rupture de la boule, comme il eft mar- qué ci-deflus, puifque la temperature de l'air n'avoit prefque pas changé de ce jour-là au fuivant. H ne me paroît pas que l'on puiffe dire, que Ie froid de la glace foit un froid toûjours le même, puifque l'on 4 vû par les Expériences que je viens de rapporter, que le froid de l'air plus ou moins grand fe fait fentir aflés fubitement fur la boule du Thermometre qui eft enfermée dans la glace; & fi FEfprit Ti 22 Avril 1711: 150 MEMoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE de vin eft fufceptible de changement au travers de la glace folide, que ne fera-ce pas quand elle ne fera que pilée ou mile dans de l'eau ? OBS E RV AT LOS Sur les Fibres du Cœur à fur fes Valvules, avec la maniére de le préparer pour les démontrer. Par M. WInNsLo w. ’ON regarde ordinairement le Cœur comme un mufcle compolé de fibres différemment pliées & contournées, J'ai fuivi, autant qu’il ma été poffible, les contours de ces fibres; & je crois avoir remarqué que le Cœur eft un double mufcle, dont le plus confidérable forme le ventricule gauche, & le moindre le ventricule droit. La cloifon qui s’obferve entre les deux ventricules, & que beaucoup d'Anatomiftes attribuent toute entiere au ventri- cule gauche , appartient à l’un & l’autre de ces ventricules, c'eft-à-dire, elle eft compofée des fibres du ventricule gauche & de celles du ventricule droit; c'eft ce que j'ai obfervé en feparant ces deux ventricules l'un de l'autre fans fecours du fcalpel. Car j'ai feparé par le feu écartement des fibres de {a maniére marquée ci-après, chaque ventricule en particulier avec fon oreillette, fon artére, & fa veine : de forte que le ventricule droit avec l'oreillette & 'artére pulmonaire étant detaché du ventricule gauche, auquel tient fon oreillette avec l'artére, l'on peut oblerver très diftinétement dans chacune de ces parties le contour fuivi des fibres. J'ai obfervé de plus, que ces deux ventricules font enve- loppés & unis enfemble par quelques couches ou plans de fibres qui forment la furface extérieure du Cœur. Ces fibres extérieures partent de la bafe du Cœur, fe réüniffent à la pointe en fe contournant, & percent dans {a cavité du ventricule DES SICTENCES 151 gauche, où elles forment les colonnes & les inépalités de fà furface interne; en forte que Fon peut dire que le Cœur eft un organe compofé de deux mufcles enveloppés l'un dans Fautre. On pourroit même dire qu'il eft compolé de trois mufcles, fçavoir : un quicompofe le ventricule droit, un autre qui forme le ventricule gauche, & ‘un troifiéme qui, collé aux parois intérieures du ventricule gauche, fort par fa pointe, & fe repandant fur les deux ventricules , les enveloppe en al- lant fe terminer extérieurement à la bafe du Cœur. Mais comme je n'ai pû détacher ces paquets de fibres Ion- gitudinales, qui font l'intérieur du ventricule gauche, d'avec les fibres qui en forment le contour externe, & qu'au contraire Jai fuivi plufieurs de ces fibres qui faifoient le contour du ventricule gauche, qui chan geant de direction vers la pointe, rentroient en dedans, & devenoient longitudinales : j'ai crû ne pouvoir pas faire un troifiéme mufcle de ces fibres. La maniére de préparer le Cœur pour obferver les contours de fes fibres, & détacher les deux ventricules lun de autre fans couper, eft de prendre un Cœur exactement dépraiffé,. que l'on fera cuire dans de l'eau, jufqu'à ce que les fibres ayent acquis une fermeté fuffifante : après quoi on feparera les deux. Loreillettes lune de l'autre avec toute la précaution poflible ufqu'à la bafe du Cœur, & pareillement l'artére pulmonaire d'avec l'aorte, les coupant à près d’un pouce de diftance de Ia. bafe du Cœur. On fera enfuite une incifion tranfverfile ou: circulaire d'environ une ligne de profondeur, tout au tour de la: bafe du Cœur, à un tiers de pouce de diftance égale de f'ori- gine des artéres & des tendons des oreillettes. On en fera une parcille immédiatement au-deffous du ventricule droit, tout. au tour du Cœur à égale diflance de fa pointe; puis on fera une incifion oblique entre ces deux, commençant par en haut: entre les deux grandes artéres, proche l'artére coronaire anté- tieure, que lon laiffera à gauche; & füivant le filon qui diftin- gue les deux ventricules, on continuëra jufqu’à la feconde inci- fon tran{verfale; & cette incifion oblique doit penetrer jufqu'à Yentre-deux des fibres des deux ventricules : ce qui peut aller: 4 152 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE à une ligne de profondeur ou environ. Après cela on levera le plan extérieur des fibres de côté & d'autre avec la pointe d’un feparatoire émouflé, en écartant fimplement les fibres tout au tour de chaque ventricule vers la partie poftérieure du Cœur. Si l'on n'a pas tout à fait atteint l’entre-deux des fibres de devant de l'un & de l’autre ventricule, on levera encore le refte des plans qui les enveloppent; enfuite on écar- tera les deux ventricules tout doucement avec le bout des doigts, ayant foin de menager principalement les fibres du ventricule droit, dont le plan eft fort mince & facile à rom- pre : & on aura de cette maniére les deux ventricules du Cœur feparez lun de l'autre, comme on voit dans les deux figures, dont l'une repréfente les différentes couches des fibres exté- . rieures, l'autre la féparation des ventricules. On avertit que lon s'eft trompé dans la gravure de ces figures que l'on a renverfées, ayant mis à droite ce qui doit être à gauche & réciproquement. Des val Les Anatomiftes ont obfervé que les valvules triglochines ne du Cœur font attachées par des filaments tendineux aux co- lonnes & parois intérieures des ventricules. J'ai remarqué de plus que ces mêmes valvules du côté qui regarde les parois du Cœur, font fortifiées par des appendices membraneules, ran- gées plufieurs les unes au-deflus des autres, à peu près de 1a# maniére que les volants ou falbalas font difpofés fur les juppes & fur les écharpes des femmes; & ces appendices font atta- chées aux fibres tendineufes, qui ramaffées enfuite en paquets, forment ces cordages que la plufpart des Anatomiftes nous ont dépeints fort confufément, La Figure éclaircira cette de- fcription. Pourdé- Les préparations que l'on fait ordinairement fur le Cœur monurer | BEM démontrer les valvules, font fort confufes ; de forte qu'il. Vabnes faut prefque autant de Cœurs que de valvules à démontrer; difine- encore eft-il difficile d'en donner une idée bien nette. J'ai PER . cherché un moyen de faire voir dans un feul Cœur, par des Cœur. coupes très fimples & bien menagées, toutes les valvules d’une maniére très diftinéte; ce que j'ai fait de cette maniére, On DES SCIENCES. 153 On coupera les gros vaiffeaux un pouceouenvironau-def- yrtricute fus du Cœur; enfuite pour découvrir les valvules figmoïdes droit. de f'artére pulmonaire, on fendra cette artére dans fa partie Vabules antérieure, en approchant de l'angle antérieur des figmoïdes, fgmides. On cherchera à l'œil cet angle par dedans l'artére, pour pafer le fcalpel ou la pointe des cifeaux précifement par cet angle: on le fendra exaétement fans bleffer les valvules, jufqu'à la bafe du Cœur; & on ouvrira le ventricule droit, continuant l'ouverture paralléle au fillon qui diftingue les deux ventricu- les, jufqu'en bas fans aller plus loin; prenant garde chemin faifant de ne pas couper les colonnes, les poutres & les brides tendineufes qui s’y trouvent, principalement tout le 1ong de l'angle de ce ventricule. Pour découvrir les valvules triglochines, on fera une inci- Venice fion longitudinale près de l'angle pofterieur du ventricule droit. droit, environ dans le milieu de ce ventricule, jufqu'à ceque Vabules l'on foit arrivé dans fa cavité. Pour lors on pouffera l'incifion ?sbchi- en bas, jufqu’à la pointe du ventricule, fans atteindre néant- Pre moins da premiére incifion, & on la pouffera auffi en haut jufques vers la bafe; prenant un très grand foin d'épargner les brides tendineufes qui font attachées aux parois de ce ventri- cule : mais fur-tout on prendra bien garde à ne point couper les valvules triglochines, & les cordages qui les attachent : enfuite on détachera delicatement de la bafe du Cœur, tout Îe contour des valvules tenant à l'oreillette droite, & on aura de cette maniére da facilité de voir & de démontrer les val- vules triglochines entiéres de tous côtés, uniquement attachées au Cœur par leurs cordages. | Pour les valvules du ventricule gauche, onferauneincifion Ventricule longitudinale dans de milieu de l'angle gauche du ventricule RER gauche, jufque dans da cavité. On pouflera cette incifion d'un côté jufqu'à la pointe, & de l'autre jufqu'à da bafe du Cœur, yoputes avec Îles mêmes précautions que nous avons recommandées mitrales. pour l'autre ventricule. On détachera enfuite fort adroitement de da bafe du Cœur, de côté &id'autre, de contour des valvu- des mitrales tenant à l'oreillette gauche, jufqu'à l'endroit où Mem. 1711. V d Valbules Jigmoïdes de l'aorte. z8.Mars 1711, 154 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ces valvules tiennent à l'aorte, à laquelle on ne toucher« point; & on aura par ce moyen les valvules mitrales dans leur entier & fort diftinétes. , Pour découvrir les figmoïdes de l'aorte, on fendra l'aorte précifement entre les deux artéres coronaires, où fe trouve un des angles des valvules, jufqu'à la bafe du Cœur, & on fepa- rera de la bafe du Cœur le côté qui eft attaché aux valvules mitrales; on aura par ce moyen les trois valvules figmoïdes de l'aorte à découvert & bien confervées , & en même temps toutes les valvules fort entiéres & fort diftinétes dans un mème Cœur. NOUFELEESM EXPERIENCE S SUR LA DILATATION ‘DE “L'AUTRE: Faites par M. Scheuchzer fur les Montagnes des Suiffes , avec des réflexions. Par M MARALD'E M r. Scheuchzer a envoyé à Monfieur l'Abbé Bignon plufieurs Obfervations fur la dilatation de l'air, qu'il a faites fur les Montagnes de Suifles pendant le mois de Sep- tembre de l'année 1710. Nous avions prié M. Scheuchzer de faire ces Obfervations, pour connoître fi à ces grandes hauteurs Fair s'y dilate avec Ja même proportion qu'il fe dilate près du niveau de la Mer. I! a obfervé avec un tube long de 3 3 pouces du pied de Paris, & de deux lignes de diamétre à fept flations différentes, da hauteur du Mercure dans le vuide, & il a fait à chaque flation les Obfervations ordinaires de la dilatation de Vair, en laiffant dans le tube premiérement trois pouces d'air naturel, après fix, ainfi de fuite de trois entrois pouces jufqu'à trente. [La . D gs) SICNE NICE S 15$ mefuréexaétement en pouces, en lignes & en parties de lignes, la hauteur où le Mercure reftoit dans le tube après la dilatation, de même que l'étenduë qui occupoit l'air dilaté après le ren- verfement, Dans la plus baffe de ces ftations le Mercure étoit fufpendu dans le vuideà 26 poucss 7 lignes + Dans la plus haute if étoit à 2 1 pouces 6 lignes, de forte que la différeñce de hau- teur du Mercure dans le vuide a été de $ pouces. Pour con- noître fi la regle ordinaire avec laquelle l'air fe dilate parmi nous, eft conforme aux Obfervations de M. Scheuchzer, j'ai calculé fuivant cette regle l’efpace que l'air devoit occuper dans le tube après fa dilatation, j'ai fait ce calcul pour toutes ces Obfervations, & j'ai comparé l’un avec l'autre dans une table à part, H paroit par cette Comparaifon , que le calcul ne s'accorde avec les Obfervations que dans fa dilatation qui repond aux trois premiers pouces d'air naturel. Dans les autres la dilata- tion de l'air. par l'Obfervation eft moindre que par la regle jufqu'au 18° pouce d'air naturel, où la dilatation obfervée s'accorde à une ou deux lignes près , avec celle qui eft calculée par da regle. Depuis le 18° pouce jufqu'au 30° d'air naturel } la dilatation obfervée eft toûjours plus grande que la calculée, au contraire de ce qui s’eit trouvé dans les premiers 18 pouces. Le plus grand excès du calcul fur l'Obfervation qui s'eft trouvé au 9° & au 10° pouce eft de 8 à 9 lignes, & le plus grand défaut du calcul à l'égard de l'Obfervation eft de 10 à 11 lignes, qui repond aux 24° & au 27° pouce d'air naturel. Cé qui fait voir qu’à ces grandes hauteurs l'air ne s’y dilate pas avec la même regle qui s’obferve proche du niveau de la Mer, & par conféquent qu'elle n’eft pas générale pour toute l'étenduë de l'air qui eft dans un même climat. Nous avons remarqué dans les Aemoires de l’Académie de d'année 17 0 9, que cette regle ne s‘obferve pas non plus à l'é- gard de air fitué à peu près à la même diftance du niveau de Ja Mer dans un autre climat fort différent du nôtre, comme £ft celui de Malaca dans {es Indes Orientales. Dans cet endroit Vi 156 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE par des Obfervations femblables à celles de M. Scheuchzer, wrois pouces d'air naturel après la dilatation ont occupé dans k tube un efpace de 7 pouces 5 lignes, au lieu que fuivant la regle il devoit occuper. 9 pouces 6 lignes +. La différence en- tre l'Obfervation & Ja regle cft de deux pouces une ligne. Six pouces d'air naturel après fa dilatation ont occupé 10 pouces 9 dignes, par fa regle la dilatation devoit être 13 pouces 3 lignes, la différence eft deux pouces $ lignes dont Ja dilatation obfervée eft moindre que la calculée, Il en eft de même piufieurs autres Obfervations faites à Malaca & calculées dans ce Memoire. Ce qui fait voir dans l'air de Malaca une dilatation bien différente de celle qui arrive au nôtre, & même plus grande que celle qui refulte des Obfervations de M. Scheuchzer. Ii y a quelque conformité entre les Obfervations de Malaca & celles de Zuric. À Malaca où la dilatation de l'air eft fort différente de celle qui s’obferve à Paris, la variation du Mer- cure dans le Barometre eft plus petite qu'à Paris. II en eft de même des Obfervations de Zuric, la dilatation de Fair s’y fait d'une maniére différente qu’à Paris, & la variation du Mercure dans le Barometre eft plus petite que celle qui arrive à Paris & à Gennes. H eft vrai qu'à Malaca la dilatation fe fait d’une autre maniére qu’elle ne fe fait à Zuric : car à Malaca la dila- tation obfervée eft toüjours plus petite que celle qui refulte du calcul, au lieu que par les Obfervations de M. Scheuchzer, la dilatation obfervée eft plus petite que la calculée, jufqu'à un certain terme, enfuite elle eft plus grande. C’eft une chofe digne de remarque que dans le lieu le plus bas où M. Scheuch- zer a.fait fes Obfervations la dilatation de l'air fe fait d’une maniére différente de ce qu'elle fe fait à Paris, quoiqu'entre ce lieu & Paris il n’y ait qu'une différence de hauteur qui ré- pond à environ deux pouces de Mercure dans le Barometre, & cependant l'air fe dilate de la même maniére dans les fla- tions où M. Scheuchzer a obfervé, quoiqu’entre le lieu le plus bas & le plus haut de ces Obfervations il y ait une diffé- rence de hauteur qui répond à plus de cinq pouces de Mercure, ad.17u-Pl4-pag 156. , 2 Mem. de L. Mem. de ltcad 170 Pl$ pag 156 | Æ. fimonnaau Filiur del et feulp : Mem. de llcad.171. PL 5. pag. 156 —., EL TL Hem. de | Aecad.171 PL 5. pas 156 DES SCIENCES. 157 d'où l'on pourroit inferer que dans un même climat, l'air proche de la furface de la Terre change fenfiblement dans une pctite hauteur, & qu’il eft plus uniforme dans une grande. étenduë loin de la furface de la Terre. M. Scheuchzer ayant fait des Expériences dans une mine d'Acier où l'air étoit chaud, à caufe du grand feu qu'on y faifoit pour fondre la mine qui eft fort dure, a trouvé dans cette mine la hauteur du Mercure dans le vuide & la dilatation de Yair, de mefme que celle qu'il a trouvée par des Obfervations faites au même endroit hors de la mine & à Vair libre, ce qui s'accorde avec les Expériences rapportées dans les Ae- moires de l'Académie de 170 9, par leiquelles il paroît qu'une grande chaleur comme eft celle de l'eau boüillante ne fait pas varier fenfiblement la dilatation de l'air. DE LA MESURE DES DEGRES De force de la pénombre des Corps, à7 de quelques+ uns de fes effets particuliers. DA Par M. DE LA HIRE. LE: Corps qui font éclairés par un Corps lumineux, font une pénombre qui eft d'autant plus grande que le Corps lumineux eft plus grand ; mais je ne prétends expliquer dans ce Memoire que la pénombre des Corps qui font éclairés par le Soleil, puifqu'auffi-bien il fera fort facile de tirer les mêmes conféquences pour la pénombre caufée par quelque Corps lumineux que ce foit. Si l'on confideroit un Corps lumineux comme un point; il eft évident qu'il ne formeroit aucune pénombre, mais puif- que le Corps lumineux a quelque grandeur, comme ül en doit avoir pour ètre Corps, il doit faire une pénombre, & cette pénombre pourroit avoir des irrégularités particuliéres qui dépendroient de deux caufes, la premiére de Ja figure du Vi s-Aouft 17101 158 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Corps lumineux vü de l'objet éclairé, & l'autre de l'inégalité de lumiére qui pourroit être dans le Corps lumineux ; mais comme je ne parlerai que de la pénombre caufée par les rayons du Soleil, je ne confidérerai que fon difque apparent, dont tout les points font également lumineux. LÉEMME. Soit un demi-cercle À D B dont le demi-diamétre eft AB & le centre C. De chaque point comme D de Ia circonfe- rence foit tiré le rayon DC & l'ordonnée D E; & du point £ foit encore mené Æ Fperpendiculaire fur C D. Si aux points Æ on éleve fur le diamétre À B a perpendiculaire EG égaleà EF, on formera pour chaque quart de cercle, une courbe AGC, & CHB qui feront fem- blables & qui fe rencontreront en C, & dont les ordonnées de l’une feront £G & de l'autre ZA. Maintenant fi par tous les points du diamétre du cercle on prolonge les ordonnées comme D £ en # & qu'on fafle Æ A égale à Farc AD; de mème CM égale au quart de cercle, & ZR égale à l'arc AP & ainfi des autres,.on formera une courbe AA MR £, laquelle A eft connuë des Géométres. … Enfin fi fur ces mêmes ordon- nées de cette derniére courbe on prend EN égale à G K qui eft la É différence entre EX & EG, & e_ cela jufqu'au centre €, & pour le refte qu'on prenne les 10 égale à HR qui eft la fomme des ZR & 7H, on formera une nouvelle courbe 4 N 10 L, & Tefpace ANMOLB A fera égal au double du demi-cercle AQ 2. T Æ els SRCNTIEINNEr Es s 59 PROPOSITION TI. Je dis que la courbe AN MO L fert à mefurer les dégrés de force de pénombre d'un Corps expolé au Soleil. Car, fi À B eft la projection des rayons d’un diamétre du Soleil, lefquels rencontrent une ligne droite pofée en 7'qui termine un Corps ou un Plan ST, & que cette ligne en T foit perpendiculaire à un rayon qui vient du centre du So- - Teil, & que ces rayons foient reçüs fur un plan ABQ per- pendiculaire au même rayon. 7€ & AB fur le Plan ABQ. étant perpendiculaire à la ligne en 7, je dis, que les ordonnées en EN,CM, 10, &c. au diamétre 4 B du cercle AQ 2, mefureront la force de la lumiére du Soleil dans les points £CZ, &c. par rapport à BL qui repréfentera la force totale fur le plan AB; mais fi le Corps ST étoit tourné de l’autre côté vers Ÿ, fon extrémité étant toüjours en 7, ces mêmes ordon- nées mefureroient le degrés de force de la pénombre de ce Corps par rapport à 2 Z qui repréfenteroit l'ombre totale. DÉMONSTRATION. Puifque nous avons polé que AB eft la projcétion du diamétre du Soleil, il s'enfuit que la ligne CQ menée fur le plan en À 2 par le centre C, & paralléle à 1a ligne en 7 du “plan ST qui fait lombre, feroit l'ombre de la ligne en T formée par des.rayons du centre du Soleil fur ce plan 42 ; & de même aufli tous les autres points du difque du Soleil fe- roient des ombres de la ligne en T, lefquelles feroient toutes _paralléles à celles du centre CQ & à la ligne en 72 D'où il ef évident que le point Æ ne feroit éclairé que d’un fegment du Soleil double de 4 D FE, & le point € du demi-difque du Soleil double du quart AQC, de même le point 7 d'un fegment double de À P J & ainfi des autres points jufqu'en 8 -qui feroit éclairé de tout le difque du Soleil, ainfi tous les -points de ce diamétre iroient toüjours én augmentant.de lu- _miére depuis À jufqu'en 2 dans la raifon des demi-fegmiens "ADE, AQC, AP1, &c. | Mais par fa conftruétion de la courbe 4 NMO L, il et 160 MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE évident que toutes fes ordonnées comme £ N font dans Ia raifon de ees demi-fegmens; car Æ K' étant égale à l'arc AD, le rectangle de £ K par + CA fera égal au feéteur AC D; mais aufli Æ F'étant égale à EG & le rectangle de EF par + CA ou + CD fera égal au triangle CD E, donc la différence de ces deux rectangles fera repréfentée par la différence des deux lignes Æ #, EG qui eft Æ N comme la différence de ce deux rectangles eft égale au demi-fegment ADE qui eft égale au feéteur 4 C D moins le triangle C ED, & aïnfi des autres. Au contraire fi le Plan opaque eft placé de l'autre côté comme en #7”, la même courbe AN MO L dans la pofi- tion où elle eff, fervira à determiner les degrés de force de la pénombre de ce Plan 7, | Car il eft évident qu'au point B if ne pourra y parvenir aucun rayon du difque du Soleil, & que l'ombre totale fera repréfentée par BL; mais en allant de Z vers À, un point comme ne fera éclairé que par le feéteur du difque du Soleil, lequel fera double de B PJ, & Tautre fegment À PJ eft celui qui repréfentera la partie du difque qui ne donne point de lumiére au point 7, & ce fegment AP cft repréfenté par l'ordonnée /0, & ainfi des autres points CE, &c. Donc les ordonnées 2/0, CM, EN repréfentent les dégrés de force de l'ombre dans les points ZCE par rapport à la force de ombre totale B L, ce qu'il falloit démontrer. On remarquera que ces mêmes dégrés de force de pénom- bre feront aufli déterminés fur AB en allant de À vers B le Plan ST, fi l'on prend la difference entre Z L & les or- données Æ N'pour chaque point Æ, & pour le Plan X7 cette différence fera les dégrés de lumiére, car dans un même point les dégrés de lumiére & de pénombre {ont toûjours comple- ment l'un de l'autre, Je n'ai point d'égardici aux rayons qui viennent des parties qui font vers les bords du Soleil, lefquels étant un peu obliques au Plan À B, ne l'éclairent pas fi fortement que ceux qui vien- nent du milieu, à caufe que l'angle fous lequel nous paroît le So- Icil n'eft que d'un demi-dégré ou environ. PROPOSITION bars ScrentcEs L6r PUR OP OS ICT ON LIL Les mêmes chofes étant pofées comme dans Ia précédente : Propoñition. Je dis que s’il y à encore un autre Plan en VX terminé par une ligne en F, s _ {s [ee qui loit paralléle à celle qui cften 7, & que la diftance entre les deux lignes extré- mes en 7° & en F de ces deux Plans foit moindre que la projection À 2 du diamé- tre du Soleil fur le Plan 42. dans la diftince °C, on aura une autre courbe ar/ fem- blable à {a précédente ANL , -_ mais pofée en fens contraire, laquelle déterminera auffi les dégrés de force de lumié- re & d'ombre fur le Plan A B par rapport à l’extré- mité du Plan FX Ces À : EC B deux Courbes 4 NL, anl ferviront enfemble à déterminer la force de 1a lumiére ou de la pénombre des deux Plans, la- quelle fe confond en partie fur le Plan 42 par rapport à Touverture TF. Car, par ce qui a été expliqué ci-devant, il eft évident que depuis À jufqu'en à les ordonnées à la Courbe A NZ, détermineront la force de la lumiére dans chaque point où ces ordonnées rencontrent À Z par rapport au Plan S7 fans que l'autre Plan VX y apporte aucune altération; mais en- fuite depuis 2 jufqu’en Z la force de la lumiére n’augmentera plus dans a raïfon des ordonnées à la Courbe 4 N L à caufe. du Plan WX qui intercepte une partie des rayons lumineux qui devroient faire l'augmentation ; & la diminution de cette augmentation fera mefurée en tous les points Æ par la partie nŸ qui eft la différence entre 27 &:Æn, laquelle repréfente Mem, 1711, KE” 162 MEMOIRES DE L’ÂCADEMIE ROYALE la différence des deux fegmens des projeétions du Soleil dont Yun eft chair & autre obfcur, ce qui fe connoït par la for- mation de la Courbe. On voit aufli que fi au point & on commence à décrire la Courbe &rp femblable à À NL & femblablement pofée fur AB, on aura la partie Ndes ordonnécs £ N comprife entre ces deux Courbes, laquelle mefurera la force de la lumiére du Soleil qui peut pafler par l'ouverture TV, pour chaque point ÆE du Plan À a éclairé par le Soleil. Car par à conftruétion: de cette Courbe elle eft femblable dans fes-deux moitiés, tant en haut qu'en bas, & par conféquent £r eft égale à » F. On voit aufli que fur lordonnée qui eft au milieu entre t'& Bou A& a il y aura une plus grande force de lumiére- que par tout ailleurs; muis le changement n’eft pas aufli fen- fible entre à & B que de 4 en À ou de B en a. On voit enfin, que lorfque l'ouverture entre les deux Plans: en LV & L'eft fort petite par rapport à fon éloignement du: Plan A2, alors les deux Courbes 4 NL, brp feront fort proche Fune de l'autre, & la pénombre ne fera fenfible que dans ladiftance 44 où a B: qui eft égale à celle de l'ouverture TV & feulement vers les extrémités À & à, car dans tout ke refte de la partie éclairée, la lumiére y eft prefque égale, hor- mis vers le milieu où elle eft un peu plus forte. On peut remarquer ici, que dans toutes les Obfervations qu'on a faites du diamétre du Soleil par fon image qui fe re- prélente fur un Plan, en faifant pañler fes rayons par un petit trou, il y a toüjours quelque erreur, puifqu'on ne peut pas determiner exactement Îles extrémités À & 4 du diamétre de l'image, & fr on le pouvoit faire, il en faudroit ôter la largeur de Fouverture du trou. Je ne parle pas non plus dés couleurs: qui paroiflent à la circonference de cette image, lefquelles s'écartent au-de-là de la vraye image, & que lon apperçoit dans un lieu fort obfcur. RGP OSTT TON TIÉ Les mêmes chofes étant encore comme dans les précédentes se ci DES SCIENCES 163 ‘propofitions, fi l’ou- werture 7 V’entreles deux Plans ef petite par rapport à fa dif- tance jufqu'au Plan A B : Je dis quon peut faire mouvoir un Corps au-devant de ce Plan, enforte que fon ombre y pa- ‘roîtra aller tantôt du même fens que le Corps, tantôt on la verra fe mouvoir en un fens contraire à celui du Corps, & ‘tantôt fe mouvoir en deux fens oppofés en “partie tout enfemble & en partiel'unaprès Tautre , quoique le’ Corps continuë toû- jours à fe mouvoir du même fens. Puifque TF eft une petite ouverture par rapport à La dif- tance où elle eft du Plan AB, on peut confiderer les rayons du Soleil qui y pañle- ront;comme s'ils paf. foient par un point T; c’eft pourquoi fur le Plan de cette figu- re ce qui fuffit pour ©. NÉE ÉESES = 364 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE cette démontftration, les rayons des extrémités d’un diamétre du Soleil feront l'angle À 7°B & fon image AB fur le Plan AB; & fi le Corps qui s'avance de G vers F, eft placé entre T & AB, ileft évident que fon ombre fur À 2, savancera auffi du même fens que ce Corps de B vers I jufqu'en À quand l'extrémité Fdu Corps FG fera venuë dans le rayog TA, ce qui eft pour le premier cas. Pour le fecond cas, fi le Corps eft placé comme en gfau de-là de F par rapport à À B, & que ce Corps s'avance auffr de g versf, on verra au contraire fon ombre s'avancer de À vers i; car ce Corps interceptera d'abord le rayon Ta & les autres dé fuite jufqu’en 74, lefquels étant prolongés par l'ou- verture 7’, iront de 7’ A en 7 B, & par conféquent l'ombre de ce Corps ira fur le Plan A2 de À en à vers B en fens contraire du Corps. Pour le troifiéme cas, il ne faut plus confiderer l'ouverture TV faite entre deux Plans qui foient à égale diftance de A2, mais que lun comme vx foit beaucoup plus éloigné de À B que S7', mais cependant que fon extrémité v avec l'extrémité T du Plan ST fe trouve à très-peu-près dans une ligne qui tende au centre du Soleil, & qui foit perpendiculaire au Plan ‘4 B. I eft évident, que fi l’on fait mouvoir le Corps gf placé en- tre les deux Plans, & füuivant la direction de g enf, aufhtôt que fon extrémité f fe trouvera dans le rayon 4 paralléle à BT qui vient du bord du Soleil oppofé au mouvement; alors l'ombre de fcommencera à paroïtre en 4, & à mefure que le Corps gf s'avancera, fon ombre s'avancera aufi de même fens de A vers C, ce qu'il faut feulement entendre de l'ombre totale de l'extrémité f, car fa pénombre eff ici confiderable à caufe des rayons du Soleil qui s'échappent entre les Plans 7S & vx ; & lorfque cette extrémité f fera parvenuë en #1 dans Ja ligne TC, fon ombre totale fera en # dans la ligne #n paralléle à TB ; mais {a pénombre pañleroit au de-là de C'de la grandeur Cn. Cependant à caufe de l'ombre de l'extrémité 7 du Plan W 7”, laquelle eft totale en C'parce que la partie AC ne peut DB 157 « $ :CR EAN QE: s. 163 recevoir aucun rayon du Soleil en étant empêché par le Plan vx, Fextrémité f du Corps fg étant arrivée en m & paflant au de-là vers r, fon ombre totale commencera en. C & s'en ira vers, À pendant que l'ombre totale de la même extrémité, continuëra auffr de s’avancer de z vers 2 où fe termineront ces deux ombres de la même extrémité qui y iront enfemble en deux fens contraires, ce.qui arrivéra lorf- que l'extrémité f fera venuë en r dans le rayon BTb..Ces différens accidens de cette ombre dépendent des rayons qui viennent des différentes parties du Soleil, & qui rencontrent les Plans ST, vx & gf. © On voit auffi que fi fe Corps gffe mouvoit de l'autre côtê en allant de r vers", il ne-commencera à former-une ombre totale que quand fon extrémité fera dans le rayon CTy; alors cette ombre totale en €, où le Plan S 7 la forme auffi à caufe du Plan yx qui empefche fa pénombre en €, s’avan- cera du même fens que le Corps depuis C jufqu'’en 4 par des tayons tirés pat le point y & par l'extrémité du no qui fe meut. Enfin, fi le Corps sf eft placé au-deflus de Plan vx qui eft dans la même pofition où il étoit dans le cas précédent, & fi . gffe meut de g vers f on: verra: qu'il ne peut porter aucune ombre fur le Plan 42 qu'il ne foit parvenu. dans le rayorr C Tv, en étant empêché par les Plans qui font entre deux, mais quand il touchera ce rayon, ilcommencera à former en € une ombre totale fur le Plan 4 2 ; laquelle s'avancera à contre fens du mouvement du Corps par des rayons qui: paf- eront par l'extrémité f du Corps, & par l'extrémité 7° du Plan inférieur, & quand cetie extrémité f fera parvenuë au rayon 4, il commencera à fe former une autre ombre totale -en #, laquelle ira du même fens que le Corps vers P;:où:cés -deux ombres totales qui vont en fens contraires {e, termine- ont, & obfcurciront entiérement de Plan: 4 8.1 un : Mais fi le Corps fe meut de autre fens , c'efl-à-dire, der vers » & toùjours au-deflus du Plan vx, il ne commencera à former une ombre, totale en 4 que lorfqu'il touchera. le X üj 14. Nov. 171 Le 166 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE xayon Av, laquelle continuëra à s'avancer vers C en fens contraire du corps où elle fe terminera quand l'extrémité du corps fera dans le rayon CT. Ce dernier cas eft fr facile à entendre après ce qui a été dit ci-devant, que je n'ai pas jugé qu'il fût neccffaire d'en faire la figure. Je n'ai point parlé de la pénombre dans cette propofition, à caufe que fes effets ne font pas aufli fenfibles que ceux de l'ombre totale qu'elle accompagne toüjours; mais il fera très aifé de les connoïtre par ce que je viens d'expliquer. LR DECOUVERTE D'UNE NOUVELLE TEINTURE DE POURPRE, Er diverfes Expériences pour la comparer avec celle que les Anciens tiroient de quelques efpeces de Coquillages que nous trouvons fur nos Côtes de l'Océan. Par M. pe REAUMUR. ALGRÉ divers Traités faits par les Modernes fur fa couleur de Pourpre fi précieufe aux Anciens, on a été peu inftruit de Ia nature de Ia liqueur qui la fournifloit; auffr tous ces ouvrages ne font-ils que des efpeces de Com- mentaires de quelques pages d’Ariftote & de Pline, qui ne peuvent rien nous apprendre que ce que lon trouve chés ces Auteurs. C'eft fur fa nature elle-même, non fur les Naturaliftes, qu'il faut faire des obfervations, lorfqu'on veut nous découvrir quelques-uns de fes fecrets. Ce n'eft pas qu'Ariftote & Pline ne nous ayent laïffé bien des chofes remarquables fur cette matiére, mais pourtant plus propres à exciter nôtre curiofité qu'à la fatisfaire pleinement. Ils nous ont à la verité parlé en différents endroits de ces Poiflons HAS’ SICHEN CES 167 äcoquille, qui donnoient la liqueur dont on fe fervoit pour teindre en Pourpre; ils les ont divifés en efpeces différentes, qu'ils ont décrites avec aflés de foin; après même nous avoir entretenu de leur naïiffance, de la durée de leur vie, de Ia maniére dont ils fe nourrifloient; ils nous ont raconté de quelle maniére on les pefchoit, comment on feur enlevoit cette précieufe liqueur, & enfin les diverfes préparations - qu'on lui donnoit pour en faire une belle teinture : mais ils mous ont en même temps laiflé à fouhaiter un détail plus circonftancié, principalement fur les derniers articles. I{ n’en faut point de preuves à ceux qui voudront remarquer que; quoiqu'on ait eü leurs écrits continuellement entre les mains, on a néanimoins mis la teinture de Pourpre des Anciens au nombre des fecrets perdus. Aufli Pline qui a parlé le plus au long de fa préparation, a renfermé tout ce qu'il nous en a dit dans quelques lignes, c'en étoit peut-être affés “pour retracer dans fon temps l'idée d’une pratique connuë: P , mais ç'en étoit trop peu pour nous en éclaircir fuffifamment dans le nôtre où l'on a ceflé d'en faire ufage depuis plufieurs- fiécles. Ce que ces Auteurs ont laiflé fur cette matiére n'em- pêcha point le Public de trouver les agréments de la nou- veauté dans les obfervations d'un Anglois fur {a teinture de Pourpre, que fournit un Coquillage commun fur les Côtes de fon Pays. Ces obfcrvations imprimées dans les Journaux de France en 1686, après Favoir été en Angleterre, furent regardées comme finguliéres : cependant le Coquillage dont il s'apifloit n'eft qu'une des efpeces comprifes fous le genre appellé Buccinum par les Anciens; nom qu’ils avoient donné à ces fortes de Poiflons, dont la figure de la coquille a quel- que reflemblance avec celle d’un cors de chafle; & on ne pouvoit ignorer que les Anciens tiraffent une partie de- Jeur couleur pourpre de ces efpeces de Coquillages. Pline Fa dit trop clairement fx. 7. chap. 36. où if range toutes les efpeces de Coquillages qui donnent la teinture pourpre fous deux genres, dont le premier comprend les petites éfpeces “ * Fig. 9. * Fig. 5. 000, &c. 168 MEMOIRES DE L'ACADEMITE ROYALE de Buccinum, & le fecond, les Coquillages qui portent le nom de Pourpre comme la teinture qu'ils fournifient. Columna croit, fondé fur des raifons probables, que c'eft auffi ce dernier genre que l'on appelloit Murex; que ces noms différents ont été donnés à ces Coquillages confidérés felon différents rapports; le nom de Æ{wrex rappelle l'idée des pointes en canaux, dont leurs coquilles font heriflées, comme le nom de Pourpre rappelle l'idée de la couleur qu'on en tire. Nos Côtes d'Océan ne nous donnent point de ces der- niéres efpeces de Coquillages, mais en revanche on y ren- contre très communément une petite efpece de Buccinum que M. de Juffieu préfenta il y a un an & demie à l'Académie, pour lui faire voir qu'elle fournifloit de la teinture pourpre, Je n’y ai point obfervé non plus l'efpece de Buccinum d'An- gleterre, fr la figure que nous en avons dans les Journaux de France eft bonne; & je n’y ai trouvé que rarement celle que Columna a fait graver dans fon Traité de la Pourpre, comme le vrai Buccinum des Anciens *. Mais je ne lui ai point vü de cette liqueur qui donne la pourpre, comme aux autres Puccinum. Peut-être que 1a différence des Mers, eu la différence des faifons où je l'ai obfervé, en font la caufe. Les plus grandes Coquilles de l'efpece de Buccinum com- mune fur nos Côtes, ont douze à treize lignes de long, & fept à huit de diametre dans l'endroit où elles font le plus groffes *. IT n'eft pas neceffaire de dire que ce font des co- quilles d'une feule piece, tournées en fpirale comme celles . de nos Limaçons ‘de jardin, mais en fpirales un peu plus allongées. Leur grandeur convient fort avec ce que Pline dit de fon Buccinum qu'il appelle petite coquille, minor Concha; il les décrit encore plus particuliérement , lorfqu'il ajoûte qu'elles font gravées ou cannelées au bord de leur ouverture; les nôtres le font auffi *, Il y en a de fort différentes en couleurs. Les unes font blanches, les autres font brunes; d’autres ont: des raïes couleur de fable qui fuivent les fpi- rales de la coquille fur des fonds bruns ou blancs. La furface extérieure DÉS SCIENCES. 169 extérieure de ces mêmes coquilles eft ordinairement cannelée, mais de deux maniéres différentes. Les cannelures des unes font formées par des efpeces de cordons qui fuivent la lon- gueur des fpirales qu'elles décrivent; & les autres ont encore d’autres cannelures qui traverfent les premiéres, & qui tra- verfent par conféquent les fpirales de la coquille. Un Coquillage fi utile aux Anciens me parut bien digne de quelque attention; auffi le plaçai-je entre ceux fur lefquels je méditois des obfervations dans le voyage que je fis fur les Côtes de Poitou, il y a environ quinze mois. Si les dé- couvertes modernes m'empèchoient d'en ofer efpérer pour nous tout l'avantage qu'en retiroient {es Anciens, je fçavois du moins que les diverfes couleurs que prend fucceflivement la liqueur qu'il donne avant d'arriver à la pourpre, offroient aux reflexions des Phyficiens une matiére curieufe & même nouvelle : puifqu'on seft contenté de raconter ces divers changements, fans entrer dans l'examen des caufes dont ils dépendent. C'eft en confidérant au bord de la côte les coquillages de cette efpece, que la Mer avoit laiffés à découvert pendant fon reflux, que je trouvai l'an pañlé une nouvelle teinture de pourpre que je ne cherchois point. Le hazard a prefque toù- jours part à nos découvertes, tout ce que peut faire l'attention, c'eft de mettre en Phyfique, comme au jeu, les hazards à pro- fit. Je remarquai que les Buccinum ( je eur conferve ce mot Latin } étoient ordinairement affemblés au tour de certaines pierres *, ou fous certaines arcades de fable, que la Mer feule a creufées en entraînant le fable inférieur, & laiffant le fupé- rieur qui eft lié par les tuyaux des Vers qui y étoient autrefois logés ; je remarquai, dis-je, que les Buccinum s'aflembloient quelquefois en fr grande quantité dans ces endroits, qu'on pouvoit les y ramaffer à pleines mains, au lieu qu'ils étoient difperfés çà &c 1à partout ailleurs. Mais je remarquai en même temps que ces pierres, ou ces arcades de fable étoient couver- tes de certains grains *, dont la figure avoit quelqueair d'un fpheroïde Elliptique ou d'une boule allongée. La fongueur em. 1711. Y * Fig. 1. * Fig. 1. GG. » 170 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de ces grains étoit d'un peu plus de trois lignes, & leur grof- feur d’un peu plus d'une ligne. [ls me parurent contenir une liqueur d'un blanc tirant fur le jaune, couleur affés approchan- te de celle de la liqueur que les Buccinum donnent pour tein- dre en pourpre. Cette feule reflemblance , & la maniére dont les Buccinum étoient toüjours aflemblés au tour de ces petits grains, me firent foupçonner qu'on en pourroit peut-être tirer une teinture de pourpre, telle qu'on la tire de ces Coquil- lages. Une conjeéture à la verité ne peut guére avoir un fon- dement plus leger ; mais auffi l'expérience dont il s’agifloit pour m'en éclaircir, étoit des plus fimples. Elle me parüt mé- me un peu plus fondée, lorfqu'ayant examiné ces grains de plus près, j'en apperçüs quelques-uns qui avoient un œil rou- getre. J'en détachai auffitôt des pierres aufquelles ils étoient fort adherans, & me fervant du premier linge & le moins coloré qui fe prefenta dans le moment, j'exprimai de leur fuc fur les manchettes de ma chemife ; elles m'en parurentun peu plus fales, mais je n’y vis d'autre couleur qu'un petit œil jaunâtre que je démélois à peine dans certains endroits. Di- vers objets qui attiroient mon attention, me firent oublier ce que je venois de faire; je n’y penfois plus du tout lorfque jet- tant par hazard les yeux fur les mêmes manchettes, un demi- quart d'heure après, je fus frappé d’une agréable furprife ; je vis une fort belle couleur pourpre fur les endroits où les grains avoient été écrafés. J'avois peine à croire un changement ff prompt & fi grand ; je m'imaginois prefque que quelques grains rougeàtres, s'étant mêlés parmi les autres, avoient feuls donné cette belle couleur, & cela même étoit affés remarqua* ble. Je ramaffai donc de nouveau de ces grains, & avec plus de choix; j'avois foin de ne détacher des pierres que ceux qui me paroifloient les plus blanes ou plütôt les moins jaunes; je moüillai encore mes manchettes de leur fuc, mais en des endroi!s différents, ce qui ne leur donna point d'abord de couleur qui approchät en aucune façon du rouge. Cepen- dant je les confidérai à peine pendant deux ou trois minutes, que je leurs vis prendre une couleur pourpre pareille à cle D ES SOU MAE éRr Le :: 17L que les premiers grains leur avoient donnée. Cette couleur pourpre étoit aufir belle que celle qu'on tire des Brccinum ; c'eft même peut-être trop peu dire. J'avois feulement à crain- dre qu'elle n'en eût pas toute la tenacité, & qu'elle ne fût en cela moins propre à faire des teintures. L'eau de 1 Mer fer- vit bientôt à m'éclaircir; je lavai dedans mes manchettes au- tant que je le pus, fans appercevoir d'altération dans la cou- leur nouvelle qu’elles avoient prifes, & elles Font confervée malgré un grand nombre de blanchiffages par lefquels elles ont paffé depuis ; il faut pourtant avoüer que chaque blan- chiffage l'affoiblit, quoiqu'il ne lôte point. On imagine bien que la curiofité naturelle à ceux qui ai- . ment la Phyfique, ne me permit pas d'en refler à; que je me propofai de faire plufreurs expériences fur ces grains; & fans que je le dife, on voit prefque que j'en ramaflai autant que je le pus, avant que la Mer eût recouvert le terrain fur lequel ils étoient attachés. J'emportai donc une grande quan- tité de ces grains, car j'en fis auffi détacher par des gens que j'avois avec moy. À: peine fus-je-dans mon cabinet, qu'ayant exprimé le fuc de quelques-uns, j'en moüillai différens linges comme j'avois fait au bord de la Mer, étant bien aife de répe- ter une expérience qui n'avoit paru fi finguliére. Mais le fuc- cès repondit mal à mon attente, & j'eus prefque autant de’ fujet d'étonnement que la premiére fois que je vis paroître la couleur de pourpre, lorfqu'après avoir confideré mes linges pendant un trés long-temps, il ne me parut aucun changement: dans leur couleur: En moins de deux ou troïs minutes les: linges avoient paflé du blanc au rouge dans mes premicres’ expériences, & au bout de deux ou trois heures je n’apperce: vois pas la moindre altération dans la couleur que j'avois- donnée à ceux-cy. Inutilement écrafai- je une grande quan tité de nouveaux grains, choififfant même ceux qui: me-pa= roifloient les plus propres à me faire voir ce que je cherchois; le fuccès n'en füt pas plus heureux. A’ quelle-caufe devois- je attribuer des-effets fr différents? ME Je fçavois bien-qu'il n’y a pas de moyen Sr pour aj ar 172 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE faire prendre promptement une couleur pourpre à la liqueur des Buccinum , que d’expolcr cette liqueur à un grand feu, ou à un Soleil ardent ; mais je fçavois auffi que le Soleil n’avoit point paru pendant tout Île temps que j'avois été au bord de la Mer : fa chaleur n’avoit donc point eù de part au fuccès des expériences que j'avois faites alors. Cependant afin qu'il ne me reflàt aucun fcrupule de ce côté-là, comme le Soleil étoit encore caché par les nuages, je pris le parti de mettre fort près du feu des linges que j'avois trempés récemment dans la liqueur des grains; ils y fechérent fans changer de couleur. Ayant même mis auprès du feu dans une taffe de fayence, beaucoup de cette liqueur, après y avoir demeuré bien du temps, elle s'y épaiflit, & prit même la confiftance d’un corps folide, fans quitter fa premiére couleur. Je n'avifai de foupçonner que l'eau de la Mer avoit peut- être donné aux grains dont je m'étois fervi, un fel propre à faire le changement que je cherchois, & que ce fel n'étoit plus en aflés grande quantité fur les grains que je confervois depuis quelques heures, fur lefquels il étoit refté peu d’eau. Je crus le leur rendre, en les trempant dans de l'eau de Mer que j'avois apportée, & même leur donner davantage en adjoutant de nouveau fel à cette eau. Maïs je tentai encore inutilement detirer par ce moyen des grains une liqueur qui fe colorât en pourpre. Je ne fçavois plus à quoy avoir recours pour faire repa- roïtre cette belle couleur, que j'avois d’abord trouvée fi heu- reufement ; je n’y voyois prefque plus d'autre fecret que d'aller repeter les mêmes expériences au bord de la Mer fur les grains que j'en avois apportés, pour découvrir fi le tranfport ne les avoit point en quelque façon alterés, ou fi le changement de couleur ne réüfliroit qu'avec la liqueur des grains récemment détachés, lorfque jettant par hazard mes regards vers la fenêtre, j'apperçus quelques taches d’un fort beau rouge, tel que celui que je cherchoïis. Ces taches étoient fur un enduit de chaux qui couvroit le mur de la fenêtre. La liqueur de quelques grains, que j'avois écralés près de cette fenêtre, avoit rejailli DANS SNOYP RENE OUEN SS: : 72 fur lemur, & y avoit pris cette couleur pourpre qui avoit difparu pour moy depuis la premiére fois que je l'avois trouvée. La premiére idée qui me devoit venir, après cette obfer- vation, étoit d'imaginer que l'a/ka/i de la chaux avoit con- tribué au changement de couleur que j'appercevois, & que peut-être les manchettes de ma chemife devoient la couleur rouge qu'elles avoient fait voir fr vite à quelque chofe d’ana- logue à cet a/kali; ce qu'elles tenoient ou du blanchiffage ou de quelque autre caufe. Pour m'affürer de l'effet de cet a/kali fur ma liqueur, je détachai un morceau de chaux du même enduit qui s’étoit coloré de pourpre, & l'ayant mis fur ma table, je le moüillai de la liqueur des grains ; ce qui ne fervit qu'à me faire voir qu'un raifonnement fi vrayfemblable, n'étoit pas vrai : la liqueur ne fe colora point encore dans cette circonftance. Enfin j'allai écrafer des grains fur l’enduit même de chaux;. tout auprès des endroits qui s'étoient colorés, fans que j'euffe cherché à les rendre tels; à peine reftai-je quelques minutes à examiner quel effet la liqueur y produiroit, que je vis paroître la couleur pourpre. Il me fut alors aifé de conclurre que ce n'étoit pas feulement à la chaux que je devois attribuer ce changement de couleur, puifqu’il n’en étoit arrivé aucun à celle que j'avois moüillée fur ma table, mais que la dif- férence des pofitions de lune & de l'autre devoit y avoir beaucoup de part. Cela même me conduifit à foupçonner que fi je plaçois des linges trempés dans ma liqueur, auprès de la chaux qui avoit pris la couleur de pourpre, que peut-être ils rougiroient comme elle avoit rougi. C'eft ce qui cefla bientôt d’être une conjeéture pour moi, car ayant mis divers de ces linges auprès de f'enduit de chaux, & même fur la fenêtre, je les vis paroître, au bout d'un inftant, teints d'une fort belle couleur de pourpre. La caufe d'un changement fi prompt étoit alors aifé à ap- - percevoir ; & tout le monde tire fans doute la même confé- quence que je tirai; fçavoir que puifque mes Ne sb Y iï 174 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE toûjours confervé la couleur blancheâtre de k liqueur dont ils étoient imbibés, lorfque je les avois laiffés au milieu de ma chambre; & qu'au contraire au lieu de cette couleur, ils en avoient pris une pourpre, lorfque je les avois mis fur ma fe- nêtre, qu'on ne pouvoit attribuer ce dernier effet qu'à la différente maniére dont l'air agifloit fur eux dans l'une & l'au- tre circonftance ; qu’il étoit dans un plus grand mouvement dans celle où ils rougiffoient, que dans celle où ils gardoient la premiére couleur de a liqueur. Qui eût jamais pü deviner qu'un peu plus ou moins de circulation d'air eût pù produi- re fi vifle un pareil effet ? Car les feneftres mefme de la chambre au milieu de laquelle je laiflois les linges , étoient ouvertes, C'eft cependant de quoy toutes les expériences que je fis enfuite ne me laifférent aucun lieu de douter. Je pris divers linges, & après les avoir moüillés d'une égale quantité de li- queur, je portai les uns au fond ou au milieu de ma cham- bre, & je plaçai les autres fur ma fenêtre ou auprès : ceux-cy rougirent dans un inftant, & les autres ont toûjours confervé leur premiére couleur d'un blanç tirant fur le jaune. I arrivoit même, lorfque j'expolois ces linges au grand air dans le milieu de la cour, & que, pour empêcher le vent de les emporter, je pofois quelque petite pierre fur leurs coins, que tous les coins fur lefquels.ces pierres portoient ne chan- geoiïent point du tout. de couleur, quoyque le refte du linge prit une fort belle couleur de pourpre. Cet effet du plus ou moins d’impreffion de l'air fe failoit voir encore d’une maniére bien fenfible, lorfque j’expolois de cette liqueur dansun verre ou dans une tafle en quelque endroit où le vent fouffoit li- brement: toute la furface fupérieure fe coloroit de rouge, pen: dant que les couches inférieures reftoient blancheâtres. C’eft donc à l'air feul qu'il faut attribuer ce changement de couleur. Mais comment le produit-il? c’eft ce que nous examinerons après que nous aurons parlé un peu plus en dé- tail des grains qui donnent cette liqueur, & que nous aurons, dit quelque chofe de celle qu'on tire des. Buccinum, 8 des DES SCIENCE s 175$ différents changements de couleur qu’elle prend füuccceflive- ment. Quelques expériences que j'aye tentées, je n’en ai point fait d'aflés heureufes pour découvrir ce que font ces petits grains. Je ne doute pourtant point qu'ils ne foient des œufs de poif- fons, & je crois qu'on n'en doutera pas auffi, lorfque j'aurai rapporté les raifons qui me le perfuadent, Ce que j'ignore, & ce que j'ai tâché vainement de découvrir, c'eft l'efpecé de poiflon qui les produit. Les pêcheurs, au rapport defquels if ne faut guére fe fier, difent que ce font des graines dé Fucus : Un Memoire que l'on trouvera dans la fuite de ce volume fera voir combien on auroit tort de les croire fur eet article: nous y décrirons les fleurs & les graines des mêmes Fucus, d'où ils prétendent que viennent nos petits grains. I eft certain néantmoins que la premiére fois qu’on les apperçoit, on ne peut les prendre que pour un œuf, où pour une petite plante; mais on n'eft pas long-temps à fçavoir laquelle des deux alternatives l'on doit choifir, Iorfqu’on a remarqué qu'ils font tous autant d'une même grandeur, que les œufs d'une même efpece le doivent être, & enfin qu'en quelque faifon qu’on les confidére, on ne voit pas qu'il arrive auéun changement foit dans leur longueur, foit dans leur groffeur ; ce qui empêche également qu'on ne les puifle regarder com: me des plantes naiflantes, ou comme des plantes parveñuës à leur dernier terme d’accroïffement. Il ne refte donc qu'à les ranger parmi les œufs de poif fons; la defcription même que nous allons faire de Jeur figu- re, ne contribuera pas peu à le perfüader. On s'en fera une image affés reflemblante, en concevant un petit fpheroïde EL liptique, ou une boule allongée *, dont le plus petit diametre a un peu plus d'une ligne *, & le plus grand deux lignes ou deux lignes & dentie *. A un des bouts du grand diametre eft attaché un petit pédicule, tel qu’eft celui des fruits, * d'environ une ligne de long & d'un quart de ligne de diametre ; le bout de ce pédicule s'élargit, & forme ui petit cercle d’un peu . moins d’une ligne de diametre *, C’eft par le moyen de ce * Fig, 4. IL G * Fig. 1. GGGG. 176 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE petit cercle que la boule ovale efl attachée aux pierres fur lef quelles ce cercle ou cette extrémité de la queüe eft collée. La petite boule ovale eft creufe ; c’eft une efpece de bou- teille remplie de la liqueur dont nous avons parlé jufqu'icy. Les parois de cette petite bouteille font d’une fubftance mem- brancufe, qui par fa confiftance & fa couleur ne reflemble pas mal au parchemin. Au refle cette boule allongée a aufft une ouverture comme les bouteilles à l'extrémité du grand . diametre, oppofée à celle où le pédicule eft attaché *. Mais afin que la liqueur ne s'échappe pas, le trou eft fermé * par q q PPEP P ‘un petit bouchon d'une matiére tranfparente *, aflés fembla- . ble à celle du criftallin de l'œil *; il en a mème la figure, car * ce boüchon eft une boule applatie dont le grand diametre fur- pañle celuy du trou de la bouteille; afin qu'il ferme plus füre- ment le trou, il eft mis dans un fens contraire à celuy où nous mettons nos bouchons, c'eft-à-dire que fon grand dia- metre eft dans le dedans de la bouteille, ainfi l'effort même que fait la liqueur pour fortir, fert à mieux appliquer le bouchon, qui outre cela eft collé au bord du trou. Cette bouteille eft remplie de deux différentes liqueurs qui augmentent fort la refflemblance qu'ont ces grains avec les œufs : l'une eft très claire, & telle à peu près que le blanc d'œuf ordinaire; & l’autre eft jaunâtre, & reffemble en cela au jaune de l'œuf. La liqueur jaunâtre ne fait pas un feul corps continu, elle eft divifée en fept à huit gouttelettes qui nagent dans la liqueur claire *. Le bouchon eft ordinairement embas ; c'eft une fuite né- ceffaire de la pofition de ces œufs, puifque l’extremité de leur pédieule eft collée à la furface inférieure des pierres dans les endroits où il refte quelque vuide entre cette furface & le fa- ble ou la terre *; ou d'autrefois elle eft attachée à 1a voute de certaines arcades de fable que nous avons décrites au com- mencement de ce Memoire. On en voit quelquefois de col- lés les uns fur les autres ; cela eft plus rare, le pied de lun eft + Fig. 1. attaché alors fur le bouchon de F'autre, ou tout auprès *. La EE. glu qui colle le pied de ces œufs aux pierres ou au fable, ef tellement DES Sac AN ENNE GiE:s. +77 tellement tenace, qu'on ne fçauroit les détacher fans courir rifque de les crever, & par conféquent fans perdre leur 1i- queur, fi l'on ne fe fert d’un couteau, par le moyen duquel il eft aifé de féparer d’un feul coup plufieurs de ces grains à la fois : ils font collés fort près les uns des autres *, Comme les Buccinum paroïfent ordinairement affemblés en grand nombre au tour de ces œufs, cela me donna beau- coup de difpofition à Les croire des œufs de ces mêmes poif fons, ils me paroifloient néantmoins un peu gros pour fortir d'un fi petit coquillage; mais toutes les expériences que j'ai faites n'ont pü m'éclaircir 1à-defius. J'ai diflequé inutilement en différents temps quantité de Buccinum, je n'ai j'amais trou- vé de pareils œufs dans leurs corps, qui y auroient dû être très fenfibles. J'ai renfermé des Buccinum dans des pots de terre pofés dans la Mer, de maniere que l'eau pouvoit y en- trer & en fortir librement ; & jamais ils n'y ont fait de ces œufs ; ce qui auroit dû, ce femble, arriver, fi c’étoit vérita- blement de leurs œufs. I faut pourtant, ou que ces œufs foient faits par les Buccinum, ou que les Buccinum les cherchent com- me une nourriture qu'ils aiment fort ; car pourquoi s’aflem- bleroient-ils ainfi autour d'eux? Voilà deux alternatives affés oppofées ; cependant je ne fçais encore en faveur de laquel- le me déterminer; & il me paroît incertain ft les Buccinum donnent la liqueur pourpre à ces œufs, ou fi au contraire les Buccinum tirent la leur de la liqueur des œufs. Quoiqu'il en {oit, il eft très clair que l'on ne peut prendre ces petits grains que pour des œufs ; & jufqu'à ce que nous connoiffions de quel poiflon ils viennent, ayant befoin de {eur donner un nom, je leur donnerai celui d'œufs de Pourpre, pris de {a couleur qu’ils fourniffent. J'ai cherché avec grand foin dans les Naturaliftes, & fur- tout dans. Ariflote & Pline, fi je ne trouverois point quelque chofe qui püt n''éclaircir à deffus, mais je n'ai trouvé aucun endroit où ils en ayent parlé clairement. Un feul paflage d'Ariflote m'a paru y avoir quelque rapport ; mais tout bien confideré, loin d’en tirer quelque lumiére, je fuis même refté Mem. 1711: * Fig. rs 178 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE dans d'incertitude fi Ariftote y vouloit parler des œufs dont ieft ici queftion, ce paflage eft tiré de la fin du 1 3° chap. du livre 6 de l’hiftoire des Animaux. Voici comme Gaza l'a rendu en Latin: Defertur ex Ponto in Hellefpontum purgamen- zum quoddam illius maris ;quod Aigæ nomine Phycos appellant, colore pallidum , florem Alge id efle ali volunt, atque ex eo fuca- riam Algam provenire : fit hoc Æflatis initio, eoque tüm pifculi, tüm Offrèæ hajus loci, aluntur; purpuram quoque fuum florem hinc tra- here, nonnulli exifimant. M y a effeétivement dans ce pañlage diverfes chofes qui femblent convenir aux œufs de pourpre, quoiqu’Ariftote ne paroiffe pas les y reconnoître pour des œufs. La couleur pâle qu'il donne à ces efpeces de Fucus, eft la même que celle de nos œufs : les habitans de la Côte { car aulieu d’ahi, dans le texte Grec il y a les gens de mer ) les re- gardent comme unc fleur de Fucus, dont vient enfuite Y'AI- gue , ce qui eft fort conforme à ce qu’en croient nos pêcheurs, qui les prennent pour des graines de ces mêmes plantes, où mème pour de ces plantes naïffantes. Enfin ÿ adjoute que les pourpres en tirent leur liqueur ; le nom de Fos Purpuræ dans Ariftote fignifie cette liqueur ; ce qui convient encore à ces œufs, d’où on pourroit croire que les Buccinum tirent leur Fiqueur. Voici des reflemblances , mais nous allons auffi trou- ver des difparites. 1.0 H dit, fr hoc Æffatis initio, & nos grains de pourpre ne commencent à paroître qu'à la fin de l'Eté, ou plûtôt au commencement de Automne. 2.° Il ne dit rien de la liqueur qu'äs contiennent. 3.2 Ces œufs font fi adhérans aux pierres, qu'il n'eft pas facile qu'ils en foient détachés, ni par conféquent tranfportés fort loin : on n'en trouve point ou prefque point hors de l'endroit où ils font attachés na- turellement. Enfin, tout ce qu'Ariftote dit dans ce pañlage peut s'entendre fort naturellement de quelques petites efpeces de Fucus tinorius. Les Coquillages en vivent ; étant propres à faire de Îa teinture, il aura été affés naturel de croire que les pourpres en tiroient la leur ; & enfin ceux dont on parle ici étant fort petits, on les aura pris pour de la fleur de Fucus, ou plütôt pour des Fucus naïffants, D'Etst S'CREUN, CE 179 * Au refte on ne trouve point de ces œufs de pourpre pen- dant l'Eté, ou fi fon en trouve, ce ne font que des coques vuides de liqueur ; leur petit bouchon eft ôté, fans doute par- ce que l'animal, ou les animaux qui naiffent dedans la petite coque en font fortis. Lorfqu'on rencontre dans cette faifon de ces œufs de pourpre encore pleins de liqueur, cette li- queur eft d’une couleur jaune plus foncée, & n’eft plus capable de devenir pourpre; il femble que ce foient des œufs pourris. Les œufs que j'ai gardés, pendant près d’un an chés moi, dans de l'eau de Mer, ont pris la même couleur, & n’ont plus été propres à me donner de teinture pourpre. Ïf fera aifé de voir qu'on tireroit la liqueur de ces œufs de pourpre, d’une maniere infiniment plus commode, que celle dont les anciens fe fervoient pour ôter la liqueur des Buccinum. Pour avoir la premiére, il n’y auroit d'autre façon à faire, qu'après avoir ramaflé de ces œufs, & les avoir lavés dans l'eau de Mer, pour leur ôter autant qu'il feroit poffible les ordures qui pourroient alterer par leur mélange la couleur pourpre, de mettre ces œufs dans des linges ; on exprimeroit alors leur liqueur en tournant les deux bouts de ces linges en fens contraires, à peu près comme on exprime Îe fuc des grofeilles, lorfqu'on en veut faire de la gelée; ou même pour abréger davantage, on pourroit employer de petites prefles qui dans un moment feroient fortir toute la liqueur. Les Buccimum au contraire ne pouvoient être dépoüillés de leur liqueur, fans qu'on y employât un temps très confidéra- ble, On le comprendra de refte par le détail que nous allons en faire. H falloit d’abord caffer la dure coquille dont ils font revétus *, Cette coquille caflée à quelque diftance de fon ou- verture ou de la tête du Buccimumm, on enlevoit les morceaux cafés * : c’eft alors que l’on appercevoit une petite veine, pour me fervir de l'expreflion des anciens, ou pour parler plus jufte, un petit refervoir plein de la liqueur propre à teindre en pourpre *, La couleur de la liqueur renfermée dans ce petit refervoir, le fait aifément diftinguer ; elle eft très dif- férente de celle des chairs de l'animal, Ariftote x à difent 1} * Fig. 6. DDDD, *Fig. 8e EEE. * Fig. 8, VF. 180 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qu'elle eft blanche, auffi eft-elle d'une couleur qui tire fur le blanc, ou d'un blanc jaunâtre. Je rappellerai une idée defa- gréable en parlant du pus des ulceres, mais en même temps très propre à prefenter une image reflemblante de a cou- leur de cette liqueur. Le petit refervoir dans lequel elle eft contenuë, met pas d’'égale grandeur dans tous les Buccinum ; ila pourtant communément une ligne de large ou environ, & deux ou trois lignes de long. On imaginera aifément fa pofi- tion, fi l'on veut concevoir le Buccinum comme un Limaçon terreftre ; aufli eft-il une efpece de Limaçon marin ; & de plus qu’on a dépotillé ce Limaçon d’une partie de fa coquille; enforte qu’on a laïffé fon collier, ou cette maffe de chair qui entoure fon col, découverte *; car c’eft fur ce collier qu'eft placé le petit refervoir dont nous parlons. Son origine eft à quelques lignes de diftance du bord de ce collier, & fur fa partie la plus élevée, c'eft-à-dire fur celle qui eft en haut, lorf- que l'ouverture de la coquille eft embas. La longueur de ce refervoir fuit celle du corps de l'animal, c’eft à dire qu'elle va de la tête vers la queüe, non pas en ligne droite, mais en fuivant la fpirale de la coquille. Ariflote le place entre le cou & cette partie que fon Traducteur rend par le mot Papaver, ce qui bien entendu revient à ce que nous venons d’en dire; car ce Paparver eft l'endroit où eft affemblée une matiere bru- ne aflés femblable à des excréments, & cet amas eft vers la queïe de l'animal. C'etoit ce petit refervoir que les anciens étoient obligés d'enlever au Buccinum , pour avoir la liqueur qu'il renferme: ils étoient contraints de le couper feparément à chaque poif- fon, ce qui étoit un fort long ouvrage, du moins par rapport à ce qu'on en retiroit ; car il n'y a pas la valeur d’une bonne goûte de liqueur contenuë dans chaque refervoir. De là il ef peu furprenant que la belle pourpre fût à un fi haut prix par- mi eux. Ariftote & Pline difent, à fa verité, que l'on ne fe donnoit pas la peine d'enlever féparément ces petits vaiffeaux aux plus . petits coquillages de cette efpece ; qu'on les piloit fimplement D:Ets S'CTEN cEts. 181 dans des mortiers, ce qui étoit un moyen d'expédier beau- coup d'ouvrage en peu de temps. Il femble même que Vitru- ve donne cette préparation comme genérale, Archite@uræ Jib. 7 cap. 1 3. U eft néantmoins peu aifé de concevoir qu’on püt avoir une belle couleur pourpre par ce moyen :la matiere des excréments de l'animal devoit alterer confidérablement 1a touleur pourpre, lorfqu'on les faifoit chauffer enfemble après les avoir mêlés dans de l’eau; car cette matiere eft elle-même colorée d’un brun verditre, couleur qu'elle communiquoit apparemment à l'eau, & qui devoit fort changer la couleur pourpre, parce que la quantité de cette matiere eft incompa- rablement plus grande que celle de Ia liqueur. Ce qui me pa- roit d'autant plus certain, que j'ai obfervé que plus on enle- ve de chair à l'animal en lui ôtant fa liqueur, & moins la couleur que l’on en retire eft belle ; il n’eft pas poffible que les chairs quelque peu colorées qu'elles foient, ne colorent un peu Veau, ou ne fui donnent du moins un œil trouble. On n'en étoit pas quitte dans la préparation de la pourpre pour la peine que l’on avoit eûë.à enlever un petit refervoir de liqueur à chaque Buccinum ; on jettoit enfuite tous ces pe- tits refervoirs dans une grande quantité d’eau qu'on mettoit pendant dix jours fur un feu moderé. Si on laifloit tout ce mélange fur le feu pendant un temps fi long, ce n’eft pas qu'il fût neceffaire pour donner la couleur pourpre à la liqueur; elle la prendroit beaucoup plus vite, comme je m'en fuis aflüré par un grand nombre d'expériences ; mais il falloit en féparer des chairs, ou le petit vaifeau lui-même, dans lequel la liqueur toit contenuë, ce qu'on ne pouvoit faire, fans perdre beau- coup de la liqueur, qu'en faifant difloudre ces chairs dans l'eau ‘chaude, au deffus de laquelle elles montoient enfuite en écume qu'on avoit grand foin d'ôter, La chaudiére dont on fe fervoit étoit d'étain; on fe fert encore aujourd'hui de femblables chaudiéres pour teindre en écarlate : les chaudiéres de cuivre donneroïent une couleur .qui altereroit celle qu’on veut avoir. % Les anciens faifoient diffoudre beaucoup de fef marin dans Z üj 182 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE l'eau avec laquelle ils mêloient la liqueur des Buccinum où des Pourpres. Je ne crois point que ce füt précifement parce qu'ils prétendoient que le fel marin rendroit la couleur plus belle; mais peut-être ne l'employoient-ils que pour empêcher les chairs qui fe trouvoient dans la chaudiére, de pourrir pendant le long-temps qu'elles y devoient refter, parce qu'en y pourriflant elles auroient gâté la couleur pourpre. Deux raifons me le font croire, dont la premiére eft que l'on ne retire point de belle couleur des Buccinum, lorfqu'on les laiffe corrompre à l'air ou dans l'eau; & la feconde eft fondée fur diverfes expériences, qui m'ont appris que le fel ne rend point la couleur de pourpre plus belle. Ayant mêlé une cer- taine quantité de liqueur de Buccinum dans de l'eau, & ayant enfuite féparé cette eau teinte de la liqueur dans deux vafes, dans un defquels feulement je mettois du fel: celle dans laquelle je n'avois point mis de fel, me paroifloit toûjours du même rouge que l'autre. Comme on retireroit la liqueur des œufs de pourpre fans aucun mélange de matiere étrangere , on ne feroit point obligé de la tenir pendant plufieurs jours fur le feu, ainfi qu'if falloit le faire pour feparer la liqueur des Buccinum des chairs qu'on avoit détachées avec elle : ce feroit encore l'un de fes avantages. Sa préparation feroit des plus fimples & des plus faciles, puifqu'il fufhroit d'expofer cette liqueur au vent dans des vafes larges & peu profonds, & qu’elle n'exigeroit d’autres foins que celuy de l'agiter dans ces mêmes vafes avec de grands bâtons, ou de quelque autre maniere. Par le moyen de cette agitation toute la liqueur du vafe fe trou- veroit expofée à l'air en peu de temps, & par confequent fe coloreroit vite. Ce que nous dirons dans la fuite, fera voir encore une autre utilité que fagitation apporte ne- ceffairement. Dans le Journal des Sçavaws de 1 686. on a décrit les chan: gements de couleurs finguliers, qui arrivent à a liqueur des Buccinum ; fi au lieu de détacher le vaifleau qui la contient, comme les anciens le pratiquoient pour faire eur teinture B'Ers S:CHEÉMN CES 183 pourpre, on ouvre feulement ce vaifleau, & qu'en le ratifiant on luy enleve fa liqueur, les linges, ou les autres étoffes foit de foye, foit de laine, qui feront imbibez de cette liqueur, ne feront voir d’abord qu’une couleur jaunâtre, femblabie à celle que le pus pourroit donner : mais ces mêmes linges expolez à une chaleur médiocre du Soleil, telle qu’elle eft le matin dans l'Eté, prennent en peu d'heures des couleurs bien dif- ferentes. Ce jaune commence d'abord à paroiftre un peu plus verdâtre, il devient couleur de citron : à cette couleur de ci- tron fuccéde un verd plus gay; ve même verd fe change dans un verd foncé, qui fe termine à une couleur violette, après laquelle enfin on voit un fort beau pourpre. Ainfi ces linges arrivent de leur premiére couleur jaunâtre à une belle couleur de pourpre, en paffant par tous les differents degrez de verd. Ces changemens fe font d'autant plus vite, que la chaleur du Soleil eft plus grande; à peine at-on le temps de des appercevoir, lorfqu'on-expofe les linges aux rayons du Solcil à midi, pendant fEté. Pour même rendre la lumiére du Soleil plus vive, ayant ramaffé {es rayons avec une loupe de deux pouces & demi ou trois pouces de foyer, auquel je plaçois un linge moüïllé de cette liqueur, ce linge pre- noït dans un inftant da couleur pourpre, fans faire voir au- cune des autres couleurs dont nous venons de parler. Au refle il ne faut pas croire que cet effct foit paticulier à Ja chaleur du Sokil, comme on pourroit de foupconner, cn difant le Journal déja cité, où 1 n'eft parlé que de cette chaleur : on doit aitendre le mefme «effet de celle du feu. Ayant fouvent mis des linges fi près du feu, qu'ils auroient bruflé, s'ils n'avoient été motiillez par ‘a diqueur des Pucci- num, je leur ai aufli vû prendre dans un imflant la couleur pourpre. Ë 4 Il y a pourtant un fait digne dé remarque, c'eft que les mêmes debvez de chaleur du feu & du Soleil ne font pas capables de faire, les mêmes effets. l faut que la chaleur dur. few fon braucouÿ plus grande que celle du Soleil, pour pro- … dre lemélan chaugoment dexouleur dns: la liquear Lex 184 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE périence fuivante me l'a appris. Ayant delayé de Ja fiqueur de Buccinum dans une certaine quantité d’eau, & verfé cette eau teinte par {a liqueur dans deux verres, dans chacun def- quels j'en mettois également; j'ai-expofé un de ces verres aux rayons du Solcil, & j'ai placé l'autre auprès du feu. Lorfque le Soleil a eû donné une couleur pourpre à la liqueur fur la- quelle fes rayons tomboient, j'ai été examiner celle qui étoit auprès qu feu, à peine avoit-elle commencé à changer de couleur : cependant le verre qui la contenoit étoit fort chaud, & celuy qui avoit été expofé au Soleil n’avoit pas pris une chaleur fenfible au toucher. II m'a même paru toûjours que ce qui avoit été rougi par le Soleil, avoit pris une plus belle couleur, que ce qui l'avoit été par le feu; de forte que fi on mettoit jamais la liqueur des Buccinum en ufage, il feroit plus avantageux, pour la faire rougir, de fe fervir de la chaleur du Soleil, que de celle du feu ; on le pourroit faire par le moyen des verres ardens d'une maniere aifée. L'effet que produit l'air fur la liqueur des œufs de pour- pre, m'a naturellement engagé à rechercher s'il pourroit auffi comme le Soleil ou le feu, faire voir les divers changements de couleur dans la liqueur des Buccinum, j'ai trouvé qu'il les produifoit, mais moins promptement. Si la liqueur eft épaiffe, telle qu'on l'a tiré de fon refervoir, il faut l'expofer à un grand vent, & elle prend alors en peu d'heures fucceflivement les mêmes couleurs qu'elle prendroit expofée à un Soleil un peu chaud. Mais l'air agit bien plus fenfiblement fur cette liqueur, lorfqu’on l'a detrempée dans une grande quantité d’eau, fi on la prefente alors au grand air, & qu'elle foit agitée par le vent, elle prend très vite la couleur pourpre, quoyque cependant plus lentement que la liqueur des œufs. Il eft de plus remar- quable qu'elle arrive dans*cette derniére circonftance, c’eft-à- dire lorfqu'elle eft delayée en beaucoup d’eau, à la couleur de pourpre, fans faire voir auparavant les autres couleurs ; ce qui me donneroit beaucoup de penchant à regarder la liqueur des œufs de pourpre & celle des Buccinum , comme deux liqueurs 1 finis". S/eUrEUN Cure 185 liqueurs d'une même efpece, qui différent feulement en ce que l'une fe trouve mêlée avec une plus grande quantité d’eau que l'autre. . I pourroit paroître furprenant qu'Ariftote & Pline, nous ayant parlé de la teinture de pourpre & des Coquillages qui la donnent en différents endroits, ne nous ayént pas dit un mot de ces changements de couleurs, fr dignes de remarque, par lefquels pañle la liqueur avant d'arriver à la pourpre. Sans doute on ne croira pas qu'ils ayent negligé de nous entretenir d'un fait fi fmgulier, parce qu'il étoit trop connu de leur temps ; on fçait aflés qu'une pareille raifoh n’étoit pas capable de les engager à le pafler fous filence. Il cft bien plus probable, & c'eft Îà, je crois, le vrai denoüement de cette difhculté, qu’ils l'ont ignoré, parce qu'ils n’avoient pas affés examiné ces coquillages par eux-mêmes ; ils ne nous ont hiflé peut-être fur cette matiere, comme fur bien d’autres, que les Memoires qui leur avoient été communiqués ; ceux qu'ils auront eû fur cet article leur auront été envoyés par des ouvriers qui travailloient à la teinture de pourpre, ou par des gens qui les auront vüs travailler, & qui n'auront rien dit d’un changement qui n'arrivoit point dans a préparation ordinaire de la pourpre; puifque, comme nous venons de le dire, cette liqueur paffe tout d’un coup au rouge, lorfqu’elle eft delayée dans beaucoup d'eau. Or a liqueur étoit mêlée dans les chaudiéres avec une grande quantité d’eau. I nous refte à examiner comment fair ou la chaleur pro- duifent ces changements de couleurs furprenants. Cependant ce qui doit icy conduire nos recherches, femble aflés indé- pendant du fyftéme general des couleurs : foit qu’on ne les regarde que comme une fimple modification de la lumiére, ainfi que le veut le fyfteme commun ; foit qu'on aime mieux fuivre celui que M. Newton a appuyé par des expériences fi ingenieufes, & qu'on conçoive avec ce célébre Auteur, que chaque rayon delumiére eft propre de lui-même à faire fentir feulement une certaine couleur; & que les corps qui nous paroïflent différemment colorés, font ceux qui Mem. 1711. _ Aa 186 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE refléchifient les rayons de couleurs différentes, pendant qu'ils laiflent pañler les autres : lequel, dis-je, de ces deux fyftêmes qu'on choififle, il s'agit toûjours de découvrir dans ce cas particulier. ici, comment fair ou la chaleur difpofent nos liqueurs à modifier différemment la lumiere, ou à ne reflé- chir que certains rayons. Efl-ce feulement en changeant l'ar- rangement, ou la figure des parties infenfibles dont ces li- queurs font compofées, fans rien donner de nouveau à cette liqueur, ou fans leur rien Ôter; ou ne feroit-ce point parce que leur aétion fait Évaporer certains corps qui étoient mé- lés parmi ces liqueurs, & qui empèchoient par leur couleur propre, la couleur naturelle de ces liqueurs de paroître? ou enfin n'auroit-on pas plus de raifon de croire que Fair ou la chaleur donnent à ces liqueurs certains fels ou certains fou- fres qui font paroïtre ces couleurs différentes? Car on fçait que les corps de l’une & de l'autre de ces elpeces, font très propres à faire de grands changements dans les couleurs; & on met volontiers & des acides dans l'air, & des foufres dans le feu, Quoiqu'il en foit, tout attentivement confideré, on ne peut qu'avoir recours à une de ces trois explications : l'air ou fa chaleur ne peuvent agir fur ces liqueurs qu'en changeant l'arrangement ou la figure de leurs parties, ou en leur ôtant quelque chofe de ce qu'elles avoient , ou en leur communiquant quelque chofe de nouveau, il faut neceflairement prendre un de ces trois partis : mais lequel ? c'eft ce que les feules expériences peuvent nous apprendre, Je me contenterai d'en rapporter une feule qui me parut fuffifinte pour nous mettre en état de fçavoir en faveur de laquelle de ces trois opinions on devoit fe déterminer, & je crois qu'elle paroitra aufi décifive qu’elle me le parut. Je mis dans une longue bouteille de verre clair, de la Hi- queur de Buccinum delayée avec de l'eau; fi je l'eufle mife feule il m'en auroit fallu une grande quantité, ce qui m'auroit don- né une peine fort inutile : cette eau teinte de la liqueur des Buccinum , remplifloit environ le tiers de la bouteille. Je bouchai bien cette bouteille avec un bouchon de liége, fur DNS, SiCAÆENN Cr; 18 lequel j'appliquai encore de la cire, afin d'ôter plus füre- ment toute communication à l'air exterieur avec Îa liqueur de la bouteille. IL eft certain qu'il n’étoit pas même befoin de tant de précaution, pour empêcher que l'air ne fit pas plus d'impreffion fur cette liqueur, que lorfqu'elle y eft ex- pofée au milieu d’une chambre , circonftance dans laquelle il n'agit pas aflés fur elle pour la faire rougir. Cette prépa- ration faite, je pris le parti de fecoüer fortement ma bou- teille, & par confequent la liqueur qui étoit dedans, je {a pouflois continuellement du fond vers le goulot, & du gou- lot vers le fond. Or, pour peu qu'on raifonne, il eft aifé de voir que cette feule expérience étoit décifive. Car fi l'agitation de Fair eft capable de faire rougir la liqueur, en changeant fimplement l'arrangement ou la figure des parties que l'air en mouvement touche, il eft évident qu’en pouffant ainfi continuellement la liqueur du fond vers le goulot de la bouteille, & du goulot vers le fond, je faifois précifement la mème chofe que fi j'euffe fait mouvoir l'air avec viteffe fur la furface de la liqueur. Je devois donc attendre que la liqueur changeroiït fa couleur jaunâtre en une pourpre, fi ce changement dépendoit de effet que produit Y'air fur les parties de cette liqueur, en les agitant feulement. Auffi n’eft. il pas moins évident, que fi l'air devoit donner ou ôter quel- - que chofe à la liqueur pour la faire rougir, qu’elle ne devoit aucunement changer de couleur dans cette expérience ; puif- que 1° le bouchon empêchoit l'évaporation qui auroit pü le faire, & que 2° il n'étoit pas vrayfemblable que la petite quantité d'air qui reftoit dans la bouteille , pût communi- uer affés ou de fels, ou de foufres à la liqueur, pour y cau- r quelque changement ; ou plûtôt étant évident que cette quantité d'air ne pouvoit pas contenir aflés de ces corps, puifqu'elle eftoit certainement moindre que la quantité d'air i eft fucceffivement appliquée fur la furface de la liqueur ; lorfqu'on la laïfle à découvert dans une chambre, qui cepen- dant ne donne pas tout ce qu’il faut pour faire paroître le rouge. Aa ij 188 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Je continuai donc d'agiter ma liqueur dans la boutcille, ha pouffant avec vitefle du fond vers le goulot, & du gou- lot vers le fond. Il me fallut faire ce manege pendant près d'un demi-quart d'heure; mais aufli au bout de ce temps- R, je vis ma liqueur devenir d’une couleur pourpre, & par conféquent je n'eus plus lieu de douter que ce grand chan- gement de couleur que l'air produifoit, venoit uniquement de ce qu'en agitant les parties infenfibles de cette liqueur, if changeoïit ou eur figure ou leur arrangement ; fans rien ad- jouter à la mafle de la liqueur, & fans lui rien ôter; il faut que ce changement foit bien aifé à faire, puifqu’une fi foible action eft capable de le produire ; & quelque grande que foit la différence qui nous paroit être entre le blanc jaunâtre & le rouge, elle tient à bien peu de chofe. Quelque petite qu'eût été la quantité d'air que j'eufle laif- 1 dans la bouteille: la liqueur auroit certainement rougi par l'agitation, quoique peut-être plus lentement ; fi l'on en doutoit, je le prouverois par une expérience que je n'ai pas faite à deflein de le prouver. Ayant mis dans deux bouteilles de fa liqueur de Buccinum delayée avec de l'eau, après avoir bouché ces boutcilles pour conferver a couleur naturelle de ha liqueur des Bucinum, je les apportai icy du bord de Ia Mer. Ayant regardé ces deux bouteilles à mon arrivée, J'apperçüs que la couleur de l'une n’avoit changé en au- cune façon ; aufir celle-là étoit-elle reflée pleine ; mais Ja couleur de l'autre étoit devenüie un peu rouge, & cela parce que s'étant trouvée moins bien bouchée, environ la hui- tiéme partie de la liqueur en étoit fortie ; les chocs du carrofle avoient alors fait le même effet fur la liqueur qui étoit reflée dans fa bouteille, que les différentes fecoufics que javois données à l'autre liqueur dans Fexpérience pré- cédente. ; Au refte diverfes expériences communes nous font affés voir que l'air feul eft capable de produire de grands chan- gemens dans les couleurs, & qu'il eft propre fur-tout à augmenter la vivacité du rouge, On fçait que le fang eft D'Hist SC'R EN CIE s 189 plas où moins coloré felon qu'il eft forti plus ou moins len- tement de la veine ; que celuy qui eft tombé dans l'afliete qui foutient la poëlette, eft toûjours d'un plus beau rouge que celui qui eft contenu dans la poëlette; c'eft-à-dire que celui qui a été plus expofé aux impreflions de Fair, a pris une couleur plus vive. Après avoir vû aufli clairement, que nous venons de {e voir, que l'air ne fait changer la couleur de Ia liqueur des Buccinum , que parce qu'il fait changer la figure ou l’arrange- ment des parties de cette liqueur, il ne feroit guére raifon- nable d'aller recourir à une autre caufe, pour expliquer par quel moyen la chaleur du feu ou celle du Soleil font pren- dre fucceflivement différentes couleurs aux étoffes fur lefquel- les on a étendule fuc des Buccinum aflés épais; effet que l'air produit auffr, quoique moins vite, comme nous l'avons dit. On fçait aflés que la chaleur eft capable de mettre dans une grande agitation toutes les parties infenfibles des corps, où plütôt que ce n'eft que par-là qu’elle échauffe. Si même nous étions dans un fiécle où l'on ne fcût pas affés philofopher, pour fçavoir que rien ne fe fait en Phyfique que par le chan- gement de figure & de mouvement, cette feule expérience fufhroit pour nous apprendre que fa chaleur n’agit fur les corps, qu'en agitant leurs parties infenfibles ; puifque nous voyons que Fagitation artificielle des parties d’une liqueur & la chaleur y produifent le même effet, . L'air ou la chaleur ne peuvent pas faire tout d'un coup dans les parties de cette liqueur, lorfqu'elle eft fort épañle , tout le changement qui’ eft necefaire pour la rendre rouge; foit qu'ils ne changent alors de figures que certaines parties de cette liqueur, foit qu'ils ne puiflent leur donner, étant moins faciles à mouvoir , précifement la même figure qu'ils leur donnent enfuite, & ils font alors: tout ce qui eft necef- faire pour nous faire paroître fucceflivement differents verds plus ou moins éloignés du jaune, flon qu’ils ont agi plus ong-temps. Mais fr on alloit jufques à demander quels font les changements de figures qui fe font dans les parties de ces Aa ii 190 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE liqueurs, d'où dépendent des couleurs fi différentes, ce feroit faire une queftion qui n'eft pas de nôtre portée. Nous pou- vons par des effets fenfibles, découvrir qu'il s’eft fait des chan- gements infenfibles dans toutes les parties d'un corps; mais nous ne fçaurions dire en quoi confiftent des changements arrivés à des parties qui échappent à nos yeux, même aidés du fecours des meilleurs microfcopes. Il n'eft pas furprenant que la chaleur produife fort vite fur cette liqueur lorfqu'elle eft épaiffe, un changement que l'air n'y peut faire que lentement : les parties du feu trouvent toû- jours des chemins ouverts : il leur eft aifé de s’infmuer dans des endroits où l'air ne peut aller, & par conféquent d'agiter toutes les parties de la liqueur, pendant que l'air ne fait deffus qu'une légere impreflion. On voit même que fi cette liqueur devient féche avant que les changements de couleurs lui foient arrivés, qu’il doit être très difhcile à l'air de les produire ; en foufflant fur un corps folide, il ne peut guéres agiter les parties infenfibles de ce corps, & la liqueur féche eft un corps folide. Aufli pour voir paroître avec le feul fecours de Y'air, en peu de temps, tous les différens verds, par lefquels pafle la liqueur jaune étenduë fur des linges avant que de devenir pourpre, il faut fe donner le foin de moüiller un peu ces linges auflitôt qu'on remarque qu’ils commencent à fécher. On donne par-là plus de prife à l'air fur.les parties infenfibles de cette liqueur, qui fait voir fort vite par ce moyen les dif- férents changements de couleurs. Nous avons vù cy-deflus que la chaleur du feu ne produit int Le même effet fur la liqueur des Buccinum que la chaleur du Soleil, fi elle n'eft beaucoup plus grande, ce qui a d'a- bord un air merveilleux ; maïs c’eft un merveilleux qui dif paroit dès que l'on prend garde que les petites parties de feu dont les rayons du Soleil font formés, font incompara- blement plus fubtiles & plus deliées que celles qui compo fent nôtre feu; de-là il fuit que les unes peuvent s’infinuer entre les plus petites parties de la liqueur, & que les autres ue peuvent pafler qu'entre celles qui font en quelque façon HhELSIL: Sci A EN GE: 56 T9t plus feparées ; qu'ainfi les unes ont de plus gros mollecules, ou un plus grand amas de parties de la liqueur à remuer que . Les autres. La couleur pourpre que la chaleur du Soleil à fait paître, a paru plus belle que celle que le feu a donnée par la même raifon. La premiére a agi fur des parties infenfibles de la liqueur, fur laquelle l'autre n'a pas eû affés de prife poux changer leur figure ou leur arrangement. On trouvera peut-être plus de difficulté à concilier les pre- miéres expériences que nous avons faites fur la liqueur des œufs de pourpre avec celles que nous avons faites fur Ja Hi- queur des Buccinum. Nous avons dit au commencement de ce Memoire, que nous avions inutilement approché du feu - des linges imbibés de la liqueur des œufs ; que même de la liqueur contenuë dans une tafle de fayence avoit pris auprès du feu une confiftance folide, fans changer de couleur. Que fuit-il pourtant de là? c'eft que l'air & la chaleur du feu peu- vent changer larrangement ou la figure des parties de la Ii- queur des Buccinum, & que Fair feul change l'arrangement &c la figure des parties de la liqueur des œufs de pourpre. Une action plus foible eft capable de faire impreffion füur cette der- niére. Elle fe colore à l'air plus promptement que autre, Apparemment que la chaleur du feu en fait évaporer trop vite ce qu'elle a d'aqueux, & qu’enfuite fes parties acquiérent trop de confiftance pour être remuées d’une maniere con< venable. L'odorat fait appercevoir defagréablement le plus ou le moins d'aétion du Soleil ou de nôtre feu fur la liqueur des Buccinumi ; lorfqu'elle s’échauffe, on fent une fort mauvaife odeur, très approchante de celle de l'ail, comme on la remar- qué en Angleterre; elle eft d'autant moins fupportable, que ha chaleur du feu ou celle du Soleil font plus grandes. Si cette odeur ne s’afloiblifloit avec le temps, les habits les plus fuper- bes des Romains auroïent été donnés au peuple, ou on au- roit été alors d’un goût fort différent du nôtre fur les odeurs. Ayant mêlé de huile de Tartre, du firop violat, de Tefprit de Vitriol avec la liqueur des Buccinumr, ces mélanges 192 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ne produifirent aucun changement dans cette liqueur. If n'en fut pas de même du fublimé corrofif que j'employai enfuite ; une feule goutte de fa diflolution que je jettai fur un linge teint du fuc des Buccinum, donna aufli vite la couleur de pourpre à ce linge que les rayons du Soleil raf- femblés au foyer d'une Loupe, ou la plus grande chaleur du feu la lui auroient pù donner. Cette expérience s'accom- mode affés avec toutes celles que nous avons’ rapportées jufqu'ici. Car foit que l'on regarde, avec la plüpart des Chimifles, le fublimé corrofif, comme formé parune infinité de petites boules de Mercure herifées de pointes de fel, foit qu'on fimagine de quelqu'autre figure, pourvû qu'on fe le reprefente comme très propre à ronger les corps, ce qu'on doit neceflairement, il eft aifé de voir qu'il a pü facilement changer la figure des parties infenfibles de la liqueur des Buc- cigum. La couleur pourpre cependant que donne le fublimé , n'eft pas précifement la même que celle que Fair ou la chaleur font paroïtre, la premiére approche plus du violet, Auffi arrive-t-il que fi au lieu de jetter du fublimé corrofif fur de la liqueur épaifle, telle qu'étoit celle de l'expérience précedente ; on en verfe fur cette même liqueur délayée dans une grande quantité d'eau, le fublimé corrofif donne une couleur bleuë à l’eau, qui expofée au Soleil ou à l'air, auroit pris une couleur rouge. Quoique même on expofe au Soleil ou au vent l'eau teinte fur laquelle on a vert ce fublimé, elle ne prend pas pour cela une autre couleur que la bleuë : or if eft à remarquer que cette couleur bleuë n'eft point de celles que l'on apperçoit dans les divers changements par lefquels pañle la liqueur fur laquelle le Soleil ou air agiflent. Si dans le même verre où l’on a mis la liqueur de Buccinum délayée dans une grande quantité d'eau, il refte en quelques endroits de cette même liqueur plus épaifle, comme il arrive Jorfqu’on a jetté quelque morceau de chair de l'animal, fur lequel cette liqueur eff attachée ; ce qui fe trouve de liqueur épaiffe prend une couleur d'un pourpre tirant fur le violet, pendant que le refte devient bleu. L'eau ee nn ee ondes à US Dh At + DES S'CTEN CE I L'eau perd bientôt la couleur bleuë que lui a donnée le fublimé, & cela parce que la liqueur du Buccinum fe précipite au fond du vafe, après avoir paru affemblée en différents en- droits en des efpéces de filaments bleus, tels qu'on en voit de verds dans la plüpart des eaux qui croupiffent ; tous ces filaments tombent au fond du verre, & l'eau demeure auffi claire qu'elle left naturellement. Au refte quelque quantité que lon mette de fublimé, il donne toûjours la couleur pour- pre lorfque la liqueur eft épaifle, & la bleuë lorfqu'elle eft délayée. La liqueur des œufs de pourpre eft d'un goût falé, Je n'ai pû faire fur cette liqueur les expériences que j'ai faites fur f'au- tre avec le fublimé corrofif; on ne trouvoit point d'œufs pleins au commencement de l'Eté, qui eft le temps où Je Temployai fur la liqueur des Buccinum. Cette liqueur des œufs de Buccimmr eft d'un goût trés dif- férent de celui des œufs de pourpre, elle fait la même im- preffion fur la langue, qu'y pourroit faire le poivre le plus violent ; il fuffit pour la reffentir, cette impreffion, d'y mettre très peu de liqueur ; un inftant après on fent l'endroit de Îa langue où elle a été appliquée, tout en feu. C’eft pour cette raifon que les gens qui demeurent auprès des Côtes de la Mer, ne mangent point, ou mangent rarement, de cette efpece de Limaçon, quoiqu'ils recherchent avec foin toutes les autres efpeces; ils trouvent qu'elle a un goût très poivré, mais ils s'imaginent que c'eft la matiére des excréments qui donne ce goût picquant, il ne lui vient cependant que de {a liqueur propre à teindre en pourpre. Je fens bien qu'avant de finir, il me refte à répondre à une grande queftion, que l'on m'a apparemment faite plufieurs fois. On feroit fans doute bien aife de fçavoir fi l'on doit re- garder tout ce que je viens de dire, comme de fimples faits de Phyfique remarquables, ou fi on doit s’en promettre quelque utilité; fi l'on peut cfperer de fe fervir de la liqueur des œufs de pourpre à faire des teintures, & diminuer du moins par ce moyen le prix de la Cochenille que l’on tire à Mem. 1711 Bb 194 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE fi grands frais des pays étrangers? Mais c'eft- une queftion à laquelle il ne m'’eft pas poffible de fatisfaire. I faudroit avant de pouvoir rien décider, avoir parcouru plufieurs Côtes du Royaume en différentes faifons; il faudroit s'être affüré par un grand nombre d'expériences de la quantité d'œufs que peut fournir une certaine étenduë de terrain du bord de la Mer; il faudroit avoir examiné ce que l'on retireroit de bonne teinture d’une certaine quantité de ces œufs. On voit que tout cela dépend d’un fi grand nombre de faits, qu'il ne fe- roit pas poflible de s’en être inftruit fufhfamment depuis un an, quand même mes occupations m'auroient permis de ne faire que cela. Il eft mème arrivé malheureufement que dans le dernier voyage que j'ai fait, cet Eté, fur les côtes de Poi- tou, je n'y ai point trouvé de ces œufs de pourpre, parce que ce n’eft pas la faifon où ils paroiflent, mais feulement à la fin de l Automne. Auffi n’ai-je pà faire fur leur liqueur di- verfes expériences que j'ai faites fur celle des Buccinum. Tout ce que je puis dire à prefent, c'eft qu'au commence- ment de l'Hiver on trouve une quantité très confidérable de ces œufs fur nos côtes de Poitou ; qu'en peu d’heures un hom- me en peut ramaffer plus d'un demi-boifleau, ce qui fourni- roit beaucoup de liqueur; & adjouter qu’il me paroît du moins fort certain qu’on pourrait retirer de ces œufs plus d'utilité que les anciens n’en retiroient des Buccinum , car il y a incompa- rablement plus de ces œufs que de ces coquillages, & on en auroit leur liqueur beaucoup plus aifément. J’adjouterai enfin que la couleur de cette liqueur paroît parfaitement belle fux le linge, & que dans le grand goût où l'on eft à prefent pour les toiles peintes, on pourroit s'en fervir avec fuccés pour im- primer fur du linge toutes fortes de figures. Cette liqueur, aufi-bien que celle des Buccinum, y feroït d'autant plus pro- pre, qu'elle ne s'étend point par de-là l'endroit où on l'a pofée, deforte qu'elle pourroit toüjours tracer des traits nets. DES SCIENCES. 195 EXPLICATION DES FIGURES. Dans la Fo. r. eft reprefentée une pierre DHHFE ED, 8 P P on y voit quantité de ces petits grains que nous avons nom- més des œufs de Pourpre, attachés, comme à une voûte, con- tre une des faces de cette pierre. Cette face étoit embas, mais elle ne touchoit pas le fable. GGG, &c. font divers endroits où ces œufs de pourpre font attachés. Les œufs de pourpre marqués Æ£'E font collés fur d’autres œufs, comme les autres œufs font collés fur la pierre. Fig. 2, eft celle d'un œuf de pourpre gravé à peu près de grandeur naturelle. p eft fa bafe, l'extrémité de fon pédicule; c'eft cette extrémité qui ef collée contre la pierre. pr eft fon pédicule. Ce pédicule pr foûtient une petite bouteille 4, bou- chée en & par un bouchon /. 44 marquent la groffeur de cette bouteille. j Fig. 3. eft aufii un œuf de pourpre de grandeur naturelle, où les mêmes lettres de la Figure precédenté marquent les mêmes parties, mais à fait voir le bouchon détaché. © l'ou- verture de la bouteille dans laquelle étoit ce bouchon. Fig. 4. eft un œuf de pourpre plus grand que nature. Les lettres PRB y font voir les mêmes chofes que les lettres prb des Fig. 2, & 3. Les lettres 7/77 montrent de plus la maniere dont font diftribuées les diverfes gouttelettes de Ii- queur jaunâtre, au milieu de la liqueur claire : comme les parois de l'œuf font tranfparentes, elles laiffent voir ces diffé- rentes liqueurs. Fig. $. eft un petit Buccinum reprefenté à peu près de grandeur naturelle : on y voit l'ouverture de la coquille, & au bord de cette ouverture font diverfes cannelures O0 O O ©. Fig. 6. tun Buccinum dont la coquille eft différente de celle du Buccinum précédent par des rayes colorées À R. ) Fig. 7. eft le même Buccinum de la Fig. $. qui montre fa tête. T'eft cette tête, aux cotés de laquelle font deux cor- nes CC. D D D D marquent cette partie de la coquille qui Bbi »$. Juillet 711 196 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE couvre le collier ou le deflus du dos de l'animal. C’eft cette pautie DD DD de la coquille, qu’il faut enlever pour apper- cevoir le petit vaifleau où eft contenuë Ja liqueur propre à donner la pourpre. Fig. 8. eft le même Buccinum de la Fig. 7. dont on a en- levé le morceau de coquille D D D D, alors fon collier EEE E eft découvert. Sur ce collier, ou fi l'on veut, fur le dos de l'animal, paroît le petit vaiffeau WW : c'eft dans ce vailleau qu'eft contenuë la liqueur propre à teindre en pourpre. Fig. 9. eft celle du Buccinum, dont Columna prétend qu'on tiroit la vraye pourpre des anciens. Ce Buccinum fait ordinairement voir trois cornes, dont la plus grande C eft au milieu des deux plus petits cc On peut voir dans les Aemoi- res de 1710. pag. 1. le même Buccimum, qui a cette grande corne € dans une pofition différente. OBSERV AT ION De / "E‘clipfe du Soleil arrivée le foir le 1 ÿ Juillet 1711. à l'Obfervaroire Royal. Par M" DE LA HIRE. Le Ciel a été couvert pendant toute l'après-midi du jour de cette Eclipfe, & il ne commença à s'éclaircir que vers les 7 heures +, où lorfque le Soleil parut nous ap- perçûmes qu'il étoit déja écliplé, & nous en fimes auffitoit les Obfervations fuivantes avec le Micrometre appliqué à la lunette de 7 pieds, comme nous avons accoutumé de faire dans les Edclipfes, en mefurant exactement le diametre de la partie du Soleil qui refle éclairée; & cette grandeur ayant été Ôtée du diametre du Soleil que nous avons obfervé de 31° 35", nous a donné les grandeurs de l'Eclipfe en minu- tes & en fecondes de degré, dont nous avons tiré les dojgts DES SCIENCES. 19 & leurs minutes de cette Eclipfe, comme il fuit : car le dia- metre du Soleil étant divifé en 12 parties égales, donne Îa grandeur de chaque doigt de..." .. .. : 2! 39"1 Temps vrai. D.s5 éclipfés. Temps vrai. D.ss Fi 14 $0"— o 35’ 743100 s — 4 43° 19 50 — 1 34 32 95 “51 aie 23 35 — 2 18 38 20 — $ 13 27 20 — 3 2 39 35 cran e47 29 50 — 3 32 40 50 — 5 42 FA 1096 Tr32, 46 42: SAS 56 32 20 — 4 0 43 20 — 6 10 33 35 — 4 16 44 35 — 6 25 34 50 — 4 29 45 50 — 6 40 Le Soleil étoit alors fort proche de l'horizon, & fon limbe ne paroïfloit pas bien terminé à caufe de quelques nuages legers qui y étoient; & de plus il commencçoit à fe cacher derriére les branches de quelques arbres qu'on y voyoit. Nous avons encore obfervé les doigts & les demi-doigts fur un carton où l'on avoit tracé un grand cercle divifé en demi-doigts, fur lequel on recevoit l’image du Soleil qui avoit paflé par les deux verres convexes d’une Lunette de 7 pieds; ce cercle étoit attaché à la Lunette, & nous avons trouvé à Ds Ds: 7h20" 20"— 1 30° | 7h35 50"— 4 30’ 22 $0 — 2 0 38 20 — 5 °o 28 10 — 3 o 4 Sr 6,36 30 40 — 3 30 43 59 — 6 o 33 20 — 4 0 46 20.— 6 30 Par le moyen des Obfervations faites d’abord avec le Micrometre, nous avons tiré le commencement de l'Eclipfe SUR ORNE M OA + NN Abo llens Arc LA TO, | Bbi 198 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE OBSERVATION | De l'E‘lipfe de Soleil qui ef arrivée le 15 Juillet 1717. Par M Cassini & MARALDI. Lu nuages qui couvroient une grande partie du Ciel, empéchérent d’obferver le commencement de cette Ecliple. A 7h 14° 30" après midi le Soleï ayant paru au travers des nuages rares, enforte qu’on pouvoit le voir faci- lement fans aide du verre fumé, il parut éclipté; & nous jugeâmes que Eclipfe pouvoit avoir commencé 2 ou 3 mi- nutes auparavant : ce qui refulte aufli des obfervations que nous fimes enfuite avec deux différentes Lunettes, en mefu- rant par le Micrometre & par un Reticule qui étoient à leurs foyers, par la partie du Soleil qui reftoit éclairée, le progrès de l'Eclipfe de la maniere: qui fuit, Avec le Micrometre. Avec le Reticule. : É Ds éclipfés. " D. DA HN NT MO 7h15" 54 — 0 35 17 30 —— 2 S 4 EN TE) 7 20 30 — 1 28 22 30 — 1 $$ 24 PO——-02 27 douteux 24 O — 2 3 25 30:-—12 44 DAC 5 008 27 +0 m2 :38 29 18 — 3 28 SONO us 43 3,048) ANS 32 18 — 4 o 31 47 — 3 48 HOT + Hire 34/38 4:30 35:43 6: +4 20 36 0 — 4 45 37 0 —4 53 38 20 — 4 58 DES SCIENCES. 199 Avec le Micrometre, Avec le Reticule, F à Ds éclipfés Ds M7 0 ir Mate \ 40 15 — $ 29 7 411205 1.33 I OO — S 4I ANSE 9 1 3 3 HS 0 ASS EE NUS 47 0 — 6 40 47 31 — 6 44 Enfuite le Soleil commença à entrer par fa partie inférieure dans les nuages qui étoient élevés un peu au-deffus de l'ho- rizon, dans lefquels il fe cacha entiérement à 7h 49’, fans avoir pü mefurer la grandeur de la Phafe éclipfée. OBSERVATIONS FR LANG OUNOR R HE E. Par MA LRTRE UoiquE cette Maladie foit commune aux deux fexes, je ne parlerai cependant dans ce Memoire que de celle qui arrive aux hommes, parce que j'ai ouvert environ qua- rante cadavres d'hommes atteints de Gonorrhée, & que je n'ai fait l'ouverture que de peu de cadavres de femme atteints de la même Maladie. 12. Août 1711. L'étimologie de Gonorrhée vient de deux mots Grecs, : qui fignifient flux de femenee. Il y a deux fortes de Gonorrhée; lune, qui eft fans virus ou malignité, & qu'on appelle Simple ; Vautre, qui en a, & à laquelle on donne le nom de Firulente ou de Chaudepiffe. La Gonorrhée fimple eft un écoulement de femence invo- lontaire, caufé par une fimple échauffaifon, & qui n'a pasété produit par le commerce avec des femmes. On guérit cette Gonorrhée en faifant garder le repos au 200 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE malade, & en lui faifant prendre pour tout remede, des boif- fons & des aliments rafraïchiflans. La Gonorrhée virulente eft un écoulement d'humeur cor- rompuë, jaune, verdatre, &c. par le canal de Furctre. Elle cft accompagnée d'inflammation, de tenfion & de douleur dans la verge, de difficulté d’uriner, d’ardeur & de cuiflon-dans les urines, &c. Cclle-ci ne fe guérit pas comme la Gonorrhée fimple. Ou- tre les boiffons & les aliments rafraîchiffans, il faut des reme- des & des remedes bien ménagés & continués pendant du temps, autrement elle ne guérit pas, elle eft fuivie de fâcheux acckdens, & mème de la Verole. La caufe de Ia Gonorrhée virulente eft probablement une cfpece d'acide qui, dans le temps du coït, s’exalte & s’éleve des parties naturelles d’une femme corrompuë, & s'engage dans le canal de Furetre de l'homme avec lequel elle a commerce. Cette Gonorrhée a différents fiéges dans homme ; tantôt elle occupe feulement les glandes de Couper, tantôt les prof- tates, & tantôt les veficules feminaires. Quelquefois elle a fon fiége en même temps dans les glandes de Couper & dans les proflates ; quelquefois dans les proftates & dans les veficules feminaires, & tantôt dans ces trois parties tout à la fois, De cette diverfité de fiéges, que j'ai obfervée dans les ca- davres d'homme que j'ai ouverts, atteints de Gonorrhée, on peut établir deux efpeces de Gonorrhée virulente ; de fimples & de compofées, ou compliquées. Les fimples n’affectent qu'un des trois fiéges, & les com- pofées en affectent plufieurs en même temps. Chacune de ces deux efpeces en renferme trois autres, L'une des fimples eft la Gonorrhée des glandes de Couper, la feconde eft celle des proftates, & la troifiéme eft la Go- norrhée des veficules feminaires. Des compofées, l’une eft la Gonorrhée de Couper & des proftates; la feconde eft celle des proftates & des veficules fe- minaires; & latroifiéme, la Gonorrhée univerfelle, parcequ'elle affecte en même temps les trois fiéges de cette maladie. De Mer. de L'Acad.1711 PL:6.pag.200. et en cos es Mer de l'Acad 171 PL6 pag. 200 L Simennen Filiu Seuls DES SCIENCES. 201 -. De toutes les Gonorrhées virulentes, il n'y a que la Go- norrhée fimple des glandes de Couper qui puifle perfifter fimple jufqu'à la fin de fa guérifon, parce que les conduits de ces glandes s'ouvrent dans le canal de l'uretre un pouce & demi en deça des proftates ; & que les embouchures de ces conduits font tournées du côté du gland. Ainfi la liqueur qu'ils verfent dans ce canal, coule naturellement vers le gland, fort de Furetre par fon trou, & ne fe porte pas du côté op- pofé : ce qu'elle devroit pourtant faire pour pouvoir commu- niquer fa malignité aux proftates & aux veficules feminaires qui font fituées de ce côté-R. Au contraire les Gonorrhées des veficules feminaires & des proflates, fur-tout fi elles durent long-temps ou qu'elles foient bien malignes, peuvent fe produire reciproquement J'une l'autre. Car les conduits des veficules feminaires fe ter- minants dans le canal de luretre au milieu des conduits des proftates, la liqueur, qu'elles y verfent, peut agir fur es prof. tates, comme la liqueur des proftates peut agir fur les veficu- les feminaires, & ainfi s’entrecommuniquer leurs mauvaifes qualités à caufe de leur grande proximité. Ces deux mêmes Gonorrhées peuvent non feulement fe produire l'une l'autre, mais encore celle des glandes de Cou- per, parce que la liqueur virulente, qu'elles dépofent dans 1e canal de l'uretre, n'en fçauroit fortir fans pafler fur les em- bouchures des conduits de ces glandes, par conféquent quel- que portion doit ce femble s'engager en pañlant, & y caufer enfin une Gonorrhée. | De la Gonorrhée virulenre des Glandes de Couper. .… Cette Gonorrhée peut être fimple ou compofée, primitive ou confécutive & être caufée en deux temps différens, dans fe temps du coït & hors du temps du coit. - Elle eft fimple, lorfque ces glandes feules font affectées de virus venerien. Elle eft compofée, lorfque ces mêmes glandes font affectées avec les proftates ou les veficules feminaires. 1 Elle eft primitive, lorfqu'elle n'a été ni caufée ni precedée “Mem. 1711. nt KG 202 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par une autre. Elle eft confécutive, quand au contraîre une autre la caufée, ou la precedée fans la caufer. Les Gonorrhées primitives peuvent être fimples ou com- pofées. Dans les fimples, ils n'y a qu'un des trois fiéges affeété ; dans les compofées ils y en a plufieurs, foit que l’un ait été plûtôt ou en même temps affecté, dépendamment ou indé- pendamment fun de l'autre, dans le même coït ou en diffé- rens. Dans le même coït, lorfqu'il s'infinuë beaucoup de virus de la femme dans l'uretre de l’homme, ou que ce vi- rus eft fort malin. La Gonorrhée confécutive eft de deux efpeces. Dans l'une une Gonorrhée fuccede à une autre, mais elle n'en dépend pas; telles font les primitives compolées. Dans Y'autre efpece, une Gonorrhée fuccede à une autre, & elle en dépend, comme lorfque les proftates, par exemple, étant affeétées de Gonorrhée, la liqueur virulente, qui en découle, caufe 1a même maladie dans les veficules feminaires, ou dans les glandes de Couper. La Gonorrhée des glandes de Couper peut être caufée dans le temps du coït, & peut-être auffi hors du temps du coit. Dans le temps du coït, parce qu’en ce temps-là le virus de la femme fe trouvant fort agité, entre avec rapidité dans le canal de l'uretre de homme, fe porte jufqu'aux embouchu- res des conduits de ces glandes, s'y engage, en altere les li- queurs, & y caufe une Gonorrhée. La Gonorhée des glandes de Couper peut être caufée hors du temps du coït, parce que les proftates ou les veficules feminaires étant affeétées de Gonorrhée, la liqueur virulente, qui coule de ces parties, ne fçauroit fortir de l’uretre fans paf fer fur les embouchures des glandes de Couper, & par conféquent quelque portion de ce virus peut fe gliffer en paffant dans les conduits de ces glandes, & y caufer enfin une Gonorrhée. Cependant il paroît difficile à concevoir, que Ja liqueur D Srs : 9,0 AMEN CES 203 virulente, qui coule dans le canal de l'uretre de fa racine vers fon extremité, qui y coule lentement, & ce canal étant toüjours ouvert & libre, puifle s’infinuer dans les conduits des -&landes de Couper, dont les embouchures font tournées du côté oppolé au courant de la liqueur; & que de-R elle fe porte jufqu’aux corps de ces glandes qui en font fort éloignés, pen- dant qu'il coule de ces mêmes conduits une autre liqueur dans un fens contraire. D'où il femble qu'on peut conclure que fa Gonorrhée des glandes de Couper ne peut gueres être caufée que dans le temps du coît, & par confequent qu'elle eft pref- que toüjours primitive. La Gonorrhée des glandes de Couper eftrare, puifque au- cun Auteur, que je fçache, n’en fait mention; & que ceux, qui traitent ces fortes de maladies, ne la remarquent pas dans la pratique : ce qui arrive peut-être faute d'attention, ou par- ce qu'ils ignorent que ces glandes exiftent, & que leurs con- duits s'ouvrent par deux embouchures fort remarquables dans Île canal de l'uretre, environ un pouce & demi en de- ça de fa racine. l Enfin cette Gonorxhée eft rare, puifque d'un grand nom- bre de cadavres d'hommes que j'ai ouverts atteints de:cctte maladie, je n'en ay trouvé qu'un où ces glandes fuflent af. feétées de virus venerien, Cette obfervation m'a rappellé l'idée d'un malide qui étoit, autant que je puis m'en fouve- nir, atteint d’une Gonorrhée dans les mêmes glandes. Mais comme alors elles ne nétoient pas affés connuës, jene fis pas toute l'attention à cette maladie, que j'y ferois à prefent que je les connois bien, s’il fe prefentoit.un pareil malades . Elle eft rare, parce que les conduits de ces glandes, avant que de fe terminer dans la cavité de 'uretre, font environ un pouce de chemin entre les petites cellules, dont les parois de ge canal font compofées, Ox ces. cellules. dans le temps du coit regorgent de fang & d’efprits: ainfi elles doivent alors comprimer ces conduits , de forte que le virus vencrien n'y fçauroit entrer, où du moins que fort difficilement & en. fort petite quantité. 6 h nn it Cci 204 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Voici à prefent ce que j'ai obfervé par rapport à la Gonor- rhée dans le cadavre d’un homme où les glandes de Couper étoient feules affectées de virus venerien. Je parlerai dans un autre Memoire des obfervations que j'ai faites dans les autres cadavres atteints de la même maladie, dont le fiege étoit dans les proftates ou dans les veficules feminaires. Ayant ouvert l’uretre de ce cadavre par la partie fupérieure d'un bout à l'autre, J'ai remarqué 1.° que depuis le bout du gland jufqu'aux embouchures des conduits des glandes de Couper, la furface interieure du canal de l’uretre étoit endui- te d’une liqueur femblable à celle que j'en avois auparavant fait fortir en preffant le gland. 2.0 Que dans la même étenduë de ce canal les parois y étoient plus dures & plus épaiffes que dans le refte. 3° Qu'à l'endroit des embouchures des conduits des glandes de Couper, il y avoit une rougeur large d'environ quatre lignes, & qui s'étendoit plus du côté gauche que du côté droit. 4 Que prefqu'au milieu de fa rougeur, il y avoit un ulcere de figure approchante de la ronde d’une demi-ligne de diametre, qui avoit rongé une grande partie des bords de l'embouchure du conduit gauche, & une petite portion de l'uretre aux environs. 5° Que ce conduit contenoit dans fa cavité une liqueur jaune tirant un peu fur le verd, & fes tuniques étoient de couleur rougeûtre, plus dures & plus épaiffes que dans l'état naturel. 6.° Que le corps de la glande de ce conduit étoit extraor- dinairement dur, rouge & tumefié, & la liqueur qu’on en exprimoit, étoit. femblable à celle qu'on trouvoit dans a cavité du conduit. 7° Qu'il y avoit moins d’alteration tant dans les parties liquides que dans les folides de la glande droite & de fon conduit : apparemment parce qu'il s'y étoit porté moins de vi- rus, ou qu'il n'avoit pas trouvé la même facilité à s’y infinuer, ni peut-être les mêmes difpofitions. | r RS CET £ D mis: : 8240 IRAN @xmriss 20$ 8.0 Que la liqueur virulente contenuë dans fes corps des glandes & dans leurs conduits, étoit plus épaifle, plus gluante, plus jaune, & tiroit plus fur le verd que celle qui étoit dans le canal de l'uretre. La raifon en eft aifée à rendre. 11 y avoit plus d’inflammation dans ces glandes que dans l'uretre, & la liqueur virulente tombée dans ce canal s'y méloit avec les liqueurs naturelles , qui couloient des proftates & des autres glandes de ce même canal. Par conféquent celles-ci devoient rendre celle-là plus fluide, & en même temps en affoiblir les couleurs jaune & verdâtre. J'obfervai enfin que depuis l'endroit où les conduits des glandes de Couper fe terminent dans la cavité de l'uretre juf- qu'à la racine de ce canal il n’y avoit aucune impreffion de virus vencrien : ce qui devoit être ainfi, puifque la liqueur virulente, qui couloit de ces glandes dans le canal de l'uretre & qui pouvoit affecter cette partie du canal, ne fe portoit pas de ce côté-là, mais bien du côté oppolé; & cela par fa propre détermination, à caufe de Ja direction des embouchu- res des conduits de ces glandes, & par la liqueur des proftates & des autres glandes de luretre, qui ayant toüjours fa dé- termination vers l'extremité de l'uretre, y poufle la liqueur des glandes de Couper qu'elle rencontre dans fon chemin. Signes par lefquels on pourra reconnoiffre dans les Corps vivans, la Gonorrhée des Glandes de Couper. Premier Signe. Le malade dans cette Gonorrhée doit fentir de la douleur vers le milieu du périnée, parce que les conduits de ces glandes fe terminent dans le canal de l'ure- tre en cet endroit-là. Second figne. Le malade doit encore fentir de la douleur aux environs de l'anus , parce que les corps des mêmes glandes y font fitués. Troifiéme Signe. Le Chirugien doit remarquer aux en- virons de Fanus une groffeur extraordinaire, qui n’eft autre chofe que les corps de ces mêmes glandes enflammés & tumefiés. Cc if 206 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Quatrieme Signe. L’écoulement dans cette Gonorrhée ne doit pas être abondant, parce que les glandes, qui en fourniffent la matiére, font petites ; & que les voyes, par où elle doit pafler pour y parvenir, font difficiles, par confé- quent il en doit peu pañfer. Dernier Signe. Les accidens, qui accompagnent, doi- vent être en petit nombre & peu violens, parce que la di- queur virulente , qui coule dans cette Gonorrhée, ne peut être qu'en petite quantité, par les raifons cy-deflus rappor- tées ; & que le trajet qu’elle a à faire pour fortir de Furetre, n'eft pas bien long. , à Signes prognoflics. La Gonorrhée des glandes de Couper n’eft pas fr dange- reufe, & elle eft plus aifée à guerir que les autres. Cette Gonorrhée n'eft pas fi dangereufe, parce qu’elle n’eft accom- pagnée ni de tant d’accidens, ni d’accidens fi ficheux. Elle eft plus aifée à guerir, parce qu'outre qu'on peut employer tous les remedes qui font en ufage dans les autres Gonorrhées, il y en a encore de particuliers, dont on peut fe fervir utilement dans celle-cy, & qu'on ne peut pratiquer, du moins avec le même fruit, que dans les autres. Cure. Les remedes particuliers à la Gonorrhée des glandes de Couper font des fomentations, des cataplafmes & le demi-bain. Les cataplafmes & les fomentations doivent être émolliens & adouciffans, & on doit les appliquer fur les parties mala- des. Application d'autant plus falutaire, que ces parties étant fituées près de la peau, elles peuvent recevoir de ces remedes tout l'effet dont ils font capables. Le demi-bain peut être auffi d'un grand fecours dans cette cure, puifque l'eau peut facilement porter fon action jufqu'aux parties malades. Par le moyen de ces trois remedes, il femble qu'on peut remplir les principales veüës qu'on a dans la cure de cette DES SCIENCES. 207 maladie , qui n’eft proprement qu'une inflammation des glan- des de Couper, Ces vüës font d’amollir, derelâcher & de ra- fraîchir les parties affectées, parce qu'elles font dures, tenduës & fort échauffées, & d’adoucir l'acreté des humeurs qui fo- mentent la maladie. O"B'SVE R'V AT'ION:S Sur la Struiture à l'Ufage des principales parties des Fleurs. Par M. GEorrroY le Jeune. L. Es Fleurs pour la plüpart font compofées des feüilles de A _ différente forme & de différente couleur, d’un calice qui leur fert d'enveloppe, d'une petite tige creufe qui s'éleve du milieu des feüilles qu’on appelle le Pifäle ; & enfin de quelques filets, qu'on appelle Æïamines, terminés par de pe- tits corps de différente ftruéture qu'on nomme Sommes. On pourra voir ces différentes parties au commencement des Ælemens de Botanique de M. T'ournefort, planche premiére € Juivantes , aufquelles nous renvoions le Leéteur, necroyant pas qu'il foit neceflaire d'en rapporter ici les figures ni les defcriptions. L'expérience fait aflés voir que toutes ces parties font deftinées à la naïfflance & à la nourriture du fruit & de la graine, d’où dépend la production de la plante. H eft donc vrai de dire que dans les plantes qui font des corps organifés comme ceux des animaux, les fleurs répon- dent aux parties qui dans ceux-ci font deftinées à la genera- tion. Il n’eft pas difficile non plus de conjeéturer que comme les plantes n'ont pas la facilité de fe mouvoir qu'ont les ani- maux, la nature a renfermé pour d'ordinaire dans une même fleur toutes les parties qui doivent contribuer à là conferva- tion de f’efpece, & qui étant feparées dans les animaux, forment les différents fexes, : 14. Nov. MAILS 208 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Il femble même que la nature en nous faifant un miftere de la génération de tous les corps vivans, ait voulu en quel- que forte fe laifler penetrer dans la conduite qu'elle tient à ‘égard des plantes. Car ff elle a confondu les différens fexes en certaines fleurs, elle les a féparé en d’autres, ce qui ne contribuë pas peu à nous les faire difcerner. C'eft de-là que les Botaniftes ont été forcés de diftinguer certaines plantes en mâles & femelles, fans en fçavoir bien la raifon, mais feulement parce qu'ils voyoient que les unes portoient des fleurs qui n'étoient fuivies de rien, & que les graines étoient fur des pieds différents : on a depuis appellé les premiéres, Fleurs à Etamines où Chatons, & les autres Fleurs à fruit. Voïés les Elemens de Botanique, Planche 346, & dans les mêmes Ælemens la planche 317. L'ufage des chatons a toüjours été aflés ignoré, faute d'en- trer dans les vüës de la nature, qui femble nous induire à conjeéturer que les chatons font les parties mâles deftinées à la confervation de l'efpece, comme les fleurs à fruit font les parties femelles. Dans certaines plantes les Chatons font telle- ment feparés des fleurs à fruit, qu'ils font fur différens pied ; dans d’autres ils fe trouvent fur le même pied, & dans tout le refte les Chatons & les fleurs à fruit font réünies dans la même fleur, comme j'efpere le démontrer par la fuite de ces Obfervations. Commençons donc par démêler quelles parties des fleurs tiennent le premier rang dans la produétion des graines. A en juger fur l'apparence, les feüilles par leur beauté, leur ftrudtu- re, le vif éclat & la varieté de leur couleur, l'agréable odeur w'elles répandent, pafleroïent pour ce qu'il y a de plus con- fidérable ; c’eft en effet ce qui occupe le curieux qui néglige tout le refte, mais le phificien en doit juger autrement. Quand on confidere que les feüilles des leurs ne portent rien en elles- mêmes de remarquable ; qu'elles font fituées autour des autres parties, comme pour leur fervir d'enveloppe & les défendre des injures de l'air; qu’elles tombent dès que le fruit venant à fe noüer n'a plus befoin de leur fecours, on revient bien _ aifément DES ::S GI ENNUC ES 10 1 : | 209 aïfément d'un tel préjugé. Pour le calice qui eft encore plus exterieur que les feüilles, que peut-il être qu'une premiére en veloppe des parties eflentielles de la fleur? ne nous refte donc plus à examiner que les étamines furmontées de leurs fommets, & le piftile qui renferme en foi les embryons des graines, dont il eft, pour ainfi dire, comme l'ovaire. Ces.filets d’étamines & leurs fommets paroiffent fi peu con- fidérables dans les fleurs, qu'on ne les regardoit que comme des vaïffeaux excretoires, propres à feparer le furplus du fuc deftiné à la nourriture du jeune fruit. Mais à les examiner de plus près, & à voir la conformité qu’ils ont avec les fommets des Chatons dans les plantes que j'appellerai mâles, on a tout lieu de juger que ce font veritablement les parties mâles: des plantes. En effet, ces fommets font des capfules ou veficules, qui étant venuës à un certain point de maturité, s'entrouvent & verfent une pouffiére de différente configuration felon la dif- férence des plantes, & qui par les obfervations que j'ai faites m'ont paru contribuer à leur génération comme parties ef- fentielles. … Dans fa plüpart des plantes, comme dans le Lis, dans la Tulipe, ces petits corps font attachés aux étamines qui font ces filets qui partent ou du‘calice ou des feüilles de la fleur Dans quelques fleurs tubulées, ou dont les feüilles font formées en tuyau comme dans le Narciffe, dans la Digitale, dans {a Primevere, ces étamines font très courtes, & dans quelques-unes même il n’y en a point du toùt, comme dans l'Ariftoloche longue où les fommets font attachés immédia- tement à la capfule qui enferme les fruits. | Dans les fleurs à fleuron, à demi-fleuron, ouradiées, Îles fommets font enveloppés ou cachés dans les étamines qui fe _éüniflent en forme de gaine, comme on peut lobferver dans Le Bleüet, les Chardons, la Laituë, la Chicorée : voyés es Ælemens de Botanig. planches 2 &r 3. Car dans ces fleurs il part de la feüille du fleuron ou du demi-fleuron dans l’en- droit où il commence à s’évafer, cinq filets on étamines, :qui Mem. 1711. .Dd 210 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fe réüniffant forment un petit tuyau comme une efpece de gaine garnie par dedans de ces fomunets ou capfules remplies de pouffére, le refte de la cavité eft occupé par le piftile qui eft un petit filet pofé fur l'embryon de la graine. Lorfque la fleur ne fait que commencer à s’'épanoüir, le filet refte encore caché dans la gaine; mais à mefure que la fleur s’augmente, il croit, s'allonge, & en meme temps les fommets venant à s'ouvrir, lui font jour entre eux, & il patoît enfin hors dela gaine chargé de poufliére que les fommets y ont verfée. Ces caplules font pour l'ordinaire membraneules : voyés ks Ælem. de Botanig. planche 4 ; mais dans quelques plantes aromatiques, comme dans le Romarin, la Sauge, le Thim, elles font fort dures. Il y a une infinité de variétés à obferver fur la forme de ces capfules, fur le nombre, fur la maniére dont elles s'ouvrent, qu'il feroit trop long de rapporter ici: mais comme elles font toûjours conftantes dans chaque efpece, on ne doit point les négliger dans les caracteres des plantes tirés des fleurs, puifque de toutes les parties des fleurs c'en eft une des plus effentielles. La différence qui s'obferve entre les pouffiéres de diffé- rentes efpeces de plantes n’eft pas moins grande, foit pour la couleur, foit pour la groffèur; foit pour la figure. I y en a de claires & même tranfparentes comme du criftal : telles font celles de l'Erable, du Meliante, de la Bour- rache & de Ja Ciguë ; de blanches, comme celles de la Balfa- mine, de la Jufquiame ; de bleuë, comme celles de Lin ; de couleur de pourpre, comme celles de quelques Tulipes; de chair, comme celles de quelques efpeces de Lychnis, mais la plus grande partie de ces pouffiéres font jaunes, plus ou moins foncées : celles de Geum à fleur rouge, font aufli rouges, quoique M. Greu aflüre n’en avoir jamais vû de cette couleur, … Hparoît cependant que la couleur des pouffiéres varie dans la même efpece fuivant la couleur de la fleur, & quelquefois les pouffréres dans une même fleur font de différentes couleurs, ce que j'ai obfervé dans celle du Caryophyllus Arvenfis. DES ScrENCc Es. 21r Ïl feroit difficile de décrire toutes les figures différentes de ces pouffiéres : car quoiqu'elles paroiffent aux yeux plus fines fouvent que de la farine, cependant chacun de ces petits grains a une figure reguliere, determinée & conftante dans toutes les fleurs d’une même efpece, & je n'ai point re- marqué fur cela de variété confidérable. H eft vrai que quel- ques-unes de ces pouffiéres changent un peu de figure en fe deflechant ; c’eft pourquoi celles du Cucumis Jylveftris prifes fur la fleur fraîche, paroiflent d’abord rondes comme de pe- tits globules & quelques moments après elles prennent la figure de noyaux de Dattes, avec une rainure dans teur milieu à mefure qu'elles fe deffechent. Dans la plus grande partie des fleurs ces poufliéres ont une figure ovale plus où moins pointuë par leurs extremités avec une ou plufieurs cannelures dans leur longueur, en forte que vüës par le microfcope, elles reffemblent affés à un noyau de Datte, à un grain de Bled, à une Féve de Caffé, ou à une Olive, telles font celles du Poligonatum, de la Bugle, de la Bryone, de l’Ancolie, du Titymale. 1. Celles du Milepertuis paroiïflent de petits ovales en . maniére d'Olives, pointus par leurs extremités, un peu renflés dans leur milieu. É 2. Celles du Melilot paroïffént des Cylindres ou des rou- eaux avec une rainure dans ieur longueur. 3 Celles de la Penfée font des primes à quatre faces irré- guliéres, un peu tranfparens, qui, felon leur pofition, repre+ fentent différentes figures. : note se 4 Celles de la Bourrache font aufii des rouleaux, mais ils font étranglés dans leur milieu, & éclairés dans leur lon- gueur en trois différents endroits. - + Celles dé laigrande Confoude-reprefentent fort bien deux boules de criftal étroitement collées Yune à l'autre. - 161" Celles defErable où Sÿcomoré repreféntent deux cy- _ Hindres pofés en croix, Fun plus court que l'autre. 7- Celles du Lis font en Olives pointuës par les extrémités; Fig: 2 5. veprefente les mêmes parties de: L: fleur femelle & de fon fruit. On a coupé le piflile horizontalement au deflous de fa tête B pour démontrer les quatre canaux D D,qui répon- dent à chacune des têtes du même piflile 8 B formées en cœur. Ces canaux defcendent verticalement depuis Le fom- met du piftile 2 jufque dans les cellules du fruit 4 A. On a auffi coupé horizontalement le fruit À pour y dé- montrer quatre cellules D des graines. Ces quatre cellules répondent aux quatre canaux du piftile & aux quatre têtes du même piftile 8 B qui font formées en cœur. Comme chaque tête du piftile 2 B eft fubdivifée en deux lobes par un filon C ; auf chacune des cellules des graines du fruit À eft divilée en deux par le parenchime qui forme une efpece de demi-cloifon ; enforte qu’il fe voit dans cha- que deux rangées de graines attachées à un placenta qui ré- pondent aux huit divifions du piftile. Fig. 26. reprefente la moitié d’une Pomme de Calville coupée dans fa longueur pour y faire voir toutes les parties internes. A reprefente le nombril de la Pomme formé par l'ex- trémité des feüilles du calice, qui fe rapprochent en maniére d'arc de voûte. B eft une cavité qui prend depuis le fommet de la voûte & qui fe perpetuë jufqu'à la cavité des de des graines ii} 230 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE C: ces deux cavités B & C viennent fe terminer en un point vers la queüe D. A l'extremité fupérieure de la cavité B vers le nombril fe trouvent attachés au parois de cette ca- vité les étamines féches & furmontées de leurs fommets Æ vuides de leurs poufliéres. F reprefente les cinq divifions du piftile pofées au deffous des étamines Æ. On a figuré le piftile dans fon entier pour faire voir plus fenfiblement fa pofition. Les cinq divifions de ce piftile ré- pondent aux cinq angles des capfules des graines G fur lef- quelles il fe trouve pofé. Les canaux du piftile Æ viennent fe replier en À, & former en remontant le placenta I des graines Æ. : Fig. 27. reprefente la moitié d'une Pomme de Calville coupée tranfverfalement, pour démontrer l'ordre des cinq cellules cartilagineufes EL EE E. Æ reprefente les graines ou pepins attachés à la bafe des cellules. B fait voir la cavité qui s'étend depuis le nombril de 1a Pomme jufqu'au fond des cellules des graines, autour de hquelle elles font difpolées en rond. DES SCIENCES, 231 OBS PRE TT MO IN De l’Eclipfe de Lune qui eff arrivée le 29. Juillet 1711. Par Mrs Cassini & MARALDI. : AM de Lune qui eft arrivée le 209: Juillet, meritoit d’être obfervée avec une attention particuliére, à caufe que ka Lune à fon lever devoit paroître éclipfée fur nôtre horizon avant que le Soleil fe füt couché. Cette ap- parence ne femble pas d'abord conforme aux hypotheles aftronomiques qui fuppofent que.la Lune dans fes Eclipfes doit être diametralement oppofée au Soleil : mais Eclipfe de Lune qui arrive en prefence du Soleil, eft un effet de a réfraction qui fait paroître ces deux aftres plus élevés qu'ils ne font effectivement. Cet effet des refraétions n'étoit pas incomnu aux anciens , ainfi qu'il paroît par Cleomede, quoy- que les regles des refractions aftronomiques m'ayent été bien connuës que dans nôtre temps. “4 On s'étoit donc préparé à faire cette obfervation dans un lieu de l'Obfervatoire, d'où lon pouvoit voir en même ‘temps le lever de la Lune & le coucher du Soleil. On obferva que le bord inférieur du Soleil fe coucha à 7h 33° 16", & que le fupérieur fe coucha entiérement à 7° 37’ o"; fui- vant les calculs aftronomiques la Lune devoit fe lever à 7° 2”, c'eft à dire trois minutes avant qué le: centre du Soleil fût à l'horizon ; mais elle fut cachée par les nuages qui cou- vroient prefque tout le Ciel, & elle ne commença de parof- tre qu'à 7" 40” 1 6" lorfqu'elle étoit déja élevée fur Fhorizon : c'étoit feulement ‘fon bord fupérieur, qui paroïffoit au travers d’une ouverture des nuages fort étroite & paralléle à l'hori- zon, par laquelle tout fon difque pafla fucceffivement ; à 7h 42' une petite partie du difque de la Lune ayant paru, de forte qu’on pouvoit voir en même temps fon bord orientai $ Septem. 1711: 232 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE & l'occidental, on jugea que le bord occidental étoit encore un peu éclipfé, mais on n'eût pas le temps ni la commodité de mefurér a grandeur de l'Éclipfe; les bords fe cachérent auffitôt, & il parut enfuite [a partie inférieure de la Lune qui fe cacha entiérement à 7" 44° so" après ce temps la Lune ne parut point le refte de Ia nuit. O:B°$S ER 9PAAMTU] ONSS De l’Eclpfe horifontale de Lune, faites en differentes Villes, à rapportées par M. MARAL DI. À Genes, par M. le Marquis Saluago. 15 À Lune parût pendant quelque temps à travers des nuages, fans qu'on püt diftinguer les taches aflés exac- tement pour marquer le temps qu'elles fortoient de l'ombre, on obferva qu'à 8h 4’ 409" Langrenus fortit de l'ombre, L fin de l'Eclipe arriva à 8° 7° 32" & la fin de la penom- breà 8h13". À Marfaille, par le P. Laval. La Lune fe leva à un endroit de Fhorizon où il y avoit des montagnes. Le bord fupérieur de la Lune commença de paroître à une pointe de ces montagnes, qui eft élevée de 34 30" fur l'horizon artificiel. A 743’ 53" Cleomede fort de Fombre. 44 41 L'extrémité orientale de Mare Nectaris. 7 45 18. Tout Mare Crifium forti. 46 38 Emerfion de Petavius. 47 18 L'ombre quitte Langrenus. s2 45 Fin de lEclipfe. 8 4 © Penombre très legere. À Montpellier; D'EIS: S Ci E N°c ris 233 À Montpellier, par les Aflronomes de la Societé Royal des Sciences. A 7h 19° 19" Le bord fuperieur du difque de la Lune rafe la tangente de la Mer : quoique Thorizon oriental fût fans nuages, on n'a pü néantmoins voir a Lune que lorfque tout fon diametre fut entiere- ment forti de l'horizon. Du côté occi- dental de l'horizon où le Soleil fe de- voit coucher il y avoit des nuages qui empéchérent de l'obferver. 23" L'ombre entre Cleomede & Melle. 7 32 43 L'ombre à Fracaftorius. 7 34 35 L'ombre au bord de Mare Crifium. 7 40 35 On commence à voir le bord éclip{é de la Lune. 7 42 4 Petavius hors de l'ombre. 7 44 13 L'ombre à Langrenus. 7 47 13 Fin de FEclipte. "ÈX So °o Penombre plus foible. Par les obfervations de Genes & de Montpellier rédui- tes au meridien de Paris par la difference des meridiens, on aura la fin de cette Eclip{e à 7h 41", & par celle de Mar- fille réduite auffi au meridien de Paris, on a la fin de l’Ecli- pfe à 7h 40’ à une minute près de deux autres. On s’étoit préparé dans ces Villes à obferver l'Eclip{e de Soleil qui arriva le 1 s. Juillet dernier : le temps ne fut favo- rable qu'à Montpellier, où l'on obferva le Soleil jufqu’à fon coucher fans qu'il parut en aucune maniere éclipfé : aulieu qu'à Paris il fe coucha éclipfé confidérablement, ce qui vient & de la différence des meridiens & de la différence des pa- rallaxes entre ces deux Villes. pe Mem. 1711. G£g 24 Fevr. 1712 234 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE PHOSPHORE:NOUVEAU, OU SUITE DES OBSERVATIONS SUR LA AM RNESR EF" E ChALE Pr M HOMBERG. Ous avons vü dans mon dernier Memoire, que par- mi fes opérations fur la Matiére fécale que j'y ay rap- portées , il s’en trouve de trois différentes fortes où la tête morte a pris feu dans la cornuë, fans y avoir approché du feu par dehors pour l'allumer: la premiére étoit quand on diftilloit au bain de fable le fel effentiel de la Matiére fécale avec une chaleur affés forte pour en tirer Fhuile fetide , & pour lors ie feu y prenoit dans le temps que huile commen- çoit à venir bien colorée, & cafloit toujours la cornuë avant ue la diftillation fût finie ; la feconde étoit quand on avoit mêlé l Alun de roche avec la Matiére fécale, & pour lors le feu ne prenoit à la cornue qu'une heure ou deux environ après que la diftlation étoit tout à fait finie, les vaifleaux étant parfaitement froids & le recipient feparé de la cornuë ; la troifiéme étoit quand on avoit mêlé du vitriol calciné avec la Matiére fécale, le feu y prenoïit à peu près de la même ma- niére que dans le cas précédent, mais rarement. J'ai negligé cette obfervation pendant long-temps jufqu'à loccafion fuivante. Il y a deux ans environ que jallai voir un malade qui, depuis quatre ans, fouffroit cruellement d'une Strangurie : je luy avois donné différents remedes, qui le foulageoient chacun pendant quelque temps : mais comme dans toutes les longues maladies le corps s'accoütume aux remedes, on eft obligé de les changer, & d'en fubfituer d'autres à la place de ceux qui ne font plus d'effet : on avoit LILI LL NL «Herr de lea 17n.PL 7 o P29:234%) Ë #4 £ é z 8 9 10 771 (! = $ € + Ü ut) © À | LP. Simenneau Fil feulp DES SCIENCES. 235 donc propofé à mon malade une efpece de fel, dont la dif- folution faite dans l'eau & fcringuée dans la veflie, devoit appaifer la douleur qu'il fentoit ; il s'en eft fervi, & il en a été foulagé pendant près d'un an. J'ai examiné ce fel, & j'a vû qu'en legpofant à l'air, il s’enflammoit quelquefois de luy-même, particuliérement quand il étoit nouveau fait , if m'a paru par là que c’étoit une matiére à peu près femblable aux têtes mortes que j'avois vü autrefois s'allumer auf d’el- les-mèmes dans le fond de la cornuë après les diftillations des huiles fetides dont je viens de parler. La curiofité d’en faire une comparaifon jufte avec ces têtes mortes, & d’exa- miner davantage le bon effet que j'en avois vû dans les in- flimmations douloureufes & dans les vieux ulceres, m'a fait refaire quelques-unes de mes anciennes opérations cy-deffus rapportées; J'ai négligé celles que j'avois faites {ur le {el efen- tiel de la Matiére fécale, comme très longues & fort incom- modes; j'ai négligé aufi celles du mélange de cette matiére avec le vitriol, parce qu'elles réüfliflent rarement, & je me fuis attaché feulement à celles où j'avois employé l’Alun de roche. J'ai corrigé cette opération en en retranchant tout le travail inutile, & en négligeant l’huïle que la diflillation en pouvoit feparer; ce qui a rendu cette opération fort aifée, & qui peut s'achever en très peu de temps. Voici comment je l'ai fait, & qui réüflit toûjours. Prenez quatre onces de Matiére fécale nouvellement faite; mèêlés y autant pefant d'Alun de roche groffiérement pilé , mettés le tout dans une petite poële de fer, qui tienne environ une pinte d’eau, fous une cheminée für un petit feu de char- bons, le mélange fe fondra & deviendra aufi liquide que de l'eau; laiffés le boüïllir à petit feu, en le remüant toûjours avec une fpatule de fer ; continüés ce feu jufqu’à ce que la Matiére fe féche, elle deviendra à la fin difficile à remüer, il faut continüer de la rotir dans la poële en 1a remüant toüjours, & en l'écrafant continuellement en petites miettes, & en ratiflant avec la fpatule tout ce qui s'attache au fond & aux côtés de la poële, jufqu'à ce qu'elle foit parfaitement Ggi 236 MEMoiREs DE L'ACADEMIE RoyALE féche : il faut de temps en temps ôter la poële du feu, afin qu'elle ne rougifle pas, & remüer même hors du feu la matiére, afin qu'elle ne s'attache pas en trop grande quantité à le poële : quand donc la matiére eft devenuë parfaitement féche & en petits grumeaux, il faut Ja laïffer xefroidir, & a piler menu dans un mortier de métal ; après quoi il la faut remettre dans la poële fur le feu & la remüer toûjours ; elle fe rehumeétera un peu, & fe remettra en grumeaux, qu'il faut continüer de rotir, & de les écrafer jufqu'à ce qu'ils foient parfaitement fecs, les laifler refroidir & les piler en poudre menué, il faut remettre cette poudre pour la troifiéme fois dans la poële fur le feu, la rotir & la fécher parfaitement ; après quoi il la faut rebroyer en poudre fort menuë, & la garder dans un papier en un lieu fec. Voilà la premiére opération, ou l'opération préparatoire. Prenés de cette poudre deux ou trois gros, mettés la dans un petit matras, dont la panfe contienne une once ou une once & demie d'eau, & qui ait le col de fix à fept pouces de long : faites enforte que la poudre n’occupe qu'environ le tiers du matras ; bouchés le col du matras fort légerement d'un bouchon de papier, puis prenés un creufet de la hau- teur de quatre ou cinq doigts, mettés dans le fond de ce creufet trois ou quatre cuillerées de fable, placés ce matras fur ce fable au milieu du creufet, c’eft-à dire qu'il n’en touche pas les parois ; rempliffés enfüite le creufet de fable, afin que toute la panfe du matras foit enterrée dans le fable, après quoi vous placerés ce creufet avec le matras au milieu d’un petit fourneau de terre, qu'on appelle ordinairement une huguenotte, qui ait l'ouverture en haut de huit ou dix pou- ces, & la profondeur jufqu’à la grille de fix pouces ; mettés tout autour du creufet des charbons allumés jufques au mi- lieu de la hauteur du creufet pendant une demi-heure, puis remettés encore du charbon jufques au bord du creufet ; en- tretenés ce même feu pendant encore une bonne demi-heu- re, ou jufqu'à ce que vous voyés que le dedans du matras commence à être rouge ; alors vous augmenterés le feu ou DE )5 1 C'SIOLI EN CES, 237 les charbons par deflus les bords du creufet, vous entretien- drés ce grand feu pendant une bonne heure, après quoi vous le aïfferés éteindre. Dans le commencement de cette derniere opération , il fortira des fumées épaifles par le goulot du matras au tra- vers de fon bouchon de papier : ces fumées viennent quel- quefois en fi grande abondance, qu’elles jettent le bouchon à bas, qu'il faudra remetre & rallentir le feu : ces fumées cef- fent quand le dedans du matras commence à rougir ; c’eft pour lors qu'on peut augmenter le feu fans craindre de gâter l'opération. ÿ Quand le creufet eft affés froid, pour qu'on le puiffe reti- rer du fourneau avec la main fans fe brüler, il faut lever le matras du fable jufques au milieu de fa panfe, & le laiffer accoûtumer au froid pendant un demi-quart d'heure environ, puis le tirer tout à fait & le laïfler repofer un moment fur fon fable ; mais fi on n'eft pas prefé, ou fi on fait cette opération en hiver, on fera mieux de laiffer refroïdir tout à fait le matras dans le creufet avant que de l'en ôter ; il eft bon aufli de mettre en même temps un bouchon de Liége à la place du bouchon de papier au goulot du matras, pour éviter, autant qu'il eft poffible, l'entrée de l'air dans le matras. Si la matiére qui eft au fond du matras fe met en poudre en la remuant, c’eft une marque que lon a bien operé; fi elle eft en un gâteau qui ne fe brife pas en poudre en fecoïiant le matras, c'eft une marque que l'on n'a pas aflés roti & féché la poudre dans la poële de fer pendant Fopération preparatoire. Les opérations eftant bien faites, c’eft-à-dire, lorfque la Matiére eft en poudre dans le matras, on en verfera un peu de la groffeur environ d’un petit pois fur un morceau de papier, & l’on rebouchera promptement le matras ; la poudre com- mencera à fumer fur le papier un moment après y avoir été mile, & en mefme temps elle s’allumera, & elle mettra le feu au papier & à toute autre matiere combuftible. _ Sipar hazard on avoit tiré trop de poudre du matras, il ne faut pas la remettre dans le matras, rune ne foit pas 8 1] 238 MEmoiïREs DE L'ACADEMIE ROYALE encore allumée, car elle ne manqueroit pas de mettre le feu à toute la poudre qui feroit dans le matras. On voit bien par fà que l'on ne la peut pas tranfvafer du matras dans une autre folle, il faut qu'elle refte toüjours dans le même vaiffeau où elle a été calcinée. Cette poudre eft de différentes couleurs, tantôt noire ; brune, rouge, verte, jaune & même blanche, felon le vaïffeau dans quoi on a fait l'opération preparatoire, & felon les dégrés de feu qu’on lui a donné dans les deux operations; fi l'on mêle trop ou trop peu d'Alun ou de Colcothar avec la Matiére fecale, la poudre ne s'allumera pas. Elle s'allume auffi-bien le jour que fa nuit, fans qu'on ait befoin de la frotter ou de {a chauffer, ou de la mêler de quel- que chofe qui puiffe aider à lenflammer ; en quoi elle eft differente de tous les autres Phofphores factices que nous connoiflons : car celui de J'Urine a befoin d’un peu de chaleur pour luire & pour s'enflammer, le Phofphore Smaragdin a befoin de beaucoup de chaleur pour faire fon effet, la Pierre de Bologne, & le Phofphore de Balduinus ne produifent de Ja lumiére que pendant le jour, & ne font nuleffet la nuit, les huiles diftilées de Cannelle, de Geroffles, de Saxafras & d’autres ne s'enflamment fans feu, que quand on y mêle de F'Efprit de Nitre bien rectifié. Le Phofphore que j'ai donné en 1693. dans les Aemoires de l'Academie, ne devient lumineux, que quand on Le frotte rudement, ou quand on frappe deflus avec un corps dur, &c. Je n'ai encore fait cette poudre que de la Matiére fecale ou des gros excrements : mais je fuis perfuadé qu'on la peut faire auffi de l’Urine, & même je crois que l’Urine traitée de cette maniére, donnera une plus grande quantité de fon Phofphore que par la maniére connuë; & que fa tête morte, après la diftillation du Phofphore, ne laïffera pas de donner encorecette poudre. J'en ai fait de trois différentes fortes : lune met le feu aux matiéres combuftibles, & elle-même ne paroît pas s’'enflam- mer; l'autre met le feu & elle s'enflamme comme un charbon Diers.: SCALE NE C'ENS 230 ardent, & la troifiéme met le feu, & elle brüle en flamm comme une bougie allumée, felon qu'elle a eû plus ou moins de feu dans fes preparations , ou qu'il y a plus ou moins d'Alan dans fa compofition. Pour conferver cette poudre Iong-temps bonne, il faut Ja garder dans un lieu fec & temperé; tenir le matras bien bou- ché, le pofer toüjours debout, c’eft-à-dire, le goulot en haut, & le tenir enveloppé de papier ou de quelque autre chofe, & dans un lieu fombre, car le grand jour la gâte auffi-bien que Thumidité de l'air, mais moins vite. Pour avoir une idée vrayfemblable de la maniére que cette poudre s’enflamme, il faut fe fouvenir qu’elle eft une matiére fortement calcinée par le feu, elle a perdu dans cette calcina- tion toute la partie aqueufe qu’elle contenoit, & la plus grande partie de fon huile & de fon Sel volatil. Elle a acquis par là beau- coup de grands pores, que les matiéres volatiles chaffées par le feu ont Jaïffé vuides ; deforte que Ja poudre qui refte après a calcination ne confifte qu’en un tiflu fpongieux d'une matiére terreufe, qui a retenu tout fon Sel fixe & un peu de fon huile fetide, mais dont les pores ou les locules vuides confer- vent pendant quelque temps une partie de la flamme qui les a penetrés pendant la calcination, à peu près comme il arrive à la chaux vive dans fa calcination. Cela étant, nous pouvons confiderer que le Sel fixe, qui eft en grande quantité dans cette poudre, abforbe prompte- ment & à fon ordinaire, l'humidité de l'air qui le touché; Yintroduétion fubite de Fhumidité de Fair dans les pores de la poudre y produit un frottement capable d’exciter un peu de chaleur, laquelle étant jointe aux parties de la flamme confervées dans cès mêmes pores, compofent une chaleur aflés forte pour embrafer le peu d'huile, aifément inflamma- ble, qui a échappé à La rigueur de la calcination, & qui fait partie de la poudre. Une preuve de cela, eft que quand on garde cette poudre en un vaifleau qui n'eft pas exactement bouché, elle abforbe peu à peu &c lentement l'humidité de Fair qui la peut atteindre, 240 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE ce qui n'eft pas capable de faire affés de frottement pour exciter aucune chaleur fenfible, & la poudre fe gâte, enforte qu'elle ne s'enflamme plus : de même que la chaux vive expo- fée pendant quelque temps à l'air ne s’échauffe plus, parce qu'elle a abforbé peu à peu une trop petite quantité d'humidité à fà fois, pour en avoir un frottement fufñfant qui puiffe exciter de la chaleur. La chaux vive, qui contient des particules de feu auffi bien que nôtre poudre, ne produit pas de la chaleur par la feule humidité de l'air comme fait nôtre poudre, mais il Ja faut humeéter en jettant de l’eau defius pour avoir le même degré de chaleur : la raïfon en eft que la chaux ne contient pas de Sel comme nôtre poudre, propre à abforber beaucoup d'hu- midité de Fair à Ja fois, dont l'introduétion fubite pourroit produire de la chaleur , maïs en jettant de l'eau deffus, eile s'y introduit affés promptement pour faire le même effet. Et la raifon pourquoi la chaux vive ne produit pas de la flamme comme fait nôtre poudre, quoiqu'elle contraéte une auffi grande chaleur qu'elle, eft que dans la chaux il ne fe trouve aucune matiére huileufe capable de s’enflammer par la chaleur excitée, comme il s'en trouve dans nôtre poudre; mais fi on en mêle artificiellement, elle s’y enflamme de même. Nous avons dit, que le grand jour gâte cette poudre ; quoique enfermée dans un vaifleau de verre bien bouché, Ia raifon en eff, que le frottement qui lui arrive par l'introduétion de l'humidité de l'air, n'eft pas la feule caufe de la chaleur capable d'allumer l'huile contenuë dans nôtre poudre; il faut encore que les particules de feu qu'elle a confervées dans fes pores, y contribüe; & comme le grand jour, ou la matiére de la lumiére en grand mouvement, frappe continuellement la poudre au travers du vaifleau de verre, elle dégage peu à peu celle qui s’y étoit arrêtée pendant la calcination, & la diminuë de forte qu'à la-fin il n’y ea refte plus pour f joindre à la chaleur caufée par le frottement de l'humidité de l'air, & par confequent elle ne peut pas s'enflammer. DE DES SCIENCES 241 D'E VE AM ACNGE"R E Dont fe font les Secretions dans les Glandes. Pa M Winszo w. O N obferve dans le corps des animaux un grand nombre 22 Avril . de fucs de différente nature, le fang,, la lymphe, la falive, Hé le fuc de l’eftomac, le fuc inteftinal, le fuc pancreatique, la graïfle, {a bile, urine & plufieurs autres. Le fang furpafle de beaucoup les autres en quantité, &c c'eft luy qui les produit. Chacune de ces liqueurs fe fepare du fang dans des orga- nes particuliers qui portent le nom de Glandes ; & a fepara- tion de chacune de ces liqueurs du refte du fang a efté nom- mée Secretion: par les anatomiftes. Cette Secretion fuppofe deux conditions, lune de {a part du fang qui doit contenir des parties propres à eftre feparées,. l'autre de la part de l'organe qui doit eftre difpofé de maniére qu'il laiffe pañfer certaines parties de Ja maffe du fang, & qu'il refufe le paflage aux autres. Je n'entre point MERS dans de détail des conditions que doit avoir le fang pour les Secretions. Je m'arrefte uniquement dans ce Memoire à confi- derer ce qui dépend de l'organe pour faire cette Secretion. Les anciens Medecins s’eftoient contentés de reconnoître dans les vifceres, des facultés ou des vertus particulieres, par lefquelles ils feparoïent plûtôt une liqueur qu'une autre, fans s’embarraffer de la maniére dont cela fe faifoit. - Les nouveaux Philofophes ; qui ont voulu rendre tout fens fible, ne pouvant déméler dans fa petitefle deces organes, la maniére dont fe faifoient ces Secretions,-ont:imaginé diffé- rens moyens pour les expliquer, Les uns pleins dés effets des fermentations qu'ils avoient obfervées, ont établi des ferments dans. les parties, àfaide Mem, 1711, Hh 242 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoyaLe defquels certaines particules mélées dans le fang, s'en fepa- roient de fa même maniére, que Torfque fe mouft fermente, certaines parties s’en feparent en écume &en fortent : mais cette opinion eft fujette à tant d'inconvenients, qu'elle a efté préfque univerfellement abandonnée. D'autres ont confideré les Glandes comme des efpeces de cribles, dont les trous ayant différentes figures, ne laïfloient pañler que de certaines molecules, dont la figure étoit fem- blible à celle des trous. On à bientôt reconnu la fauffeté de cette hypothele, & on a crû qu'il fufhfoit d'établir quelque proportion entre les diametres des pores & des molecules qui devoient y pafer, pour rendre raïfon pourquoi des par- ties.fort fubtiles pafferoient par des Glandes où les plus grof- fiéres ne pafleroient point. €e fentiment ne fatisfaifoit pas parfaitement ; car dans cette fuppofition les parties les plus fubtiles du fang devroient paf- fer en fi grande quantité par les pores les plus grands, qu'il n'en refteroit pas affés pour fournir ‘fuffifamment aux plus petits; & par la même raifon les parties, dont les pores fe- soient les plus grands, devroient fournir des liqueurs beaucoup plus remplies de parties fubtiles que celles dont les pores fe- roïent moins grands; ce qui eft contraire à l'expérience : car la ferofité qui fe fepare dans les reins, fous le nom d'urine, eft très abondante dans le fang, & beaucoup plus tenüe que a bile qui fe fepare dans le foye. Puorquoi donc ne s’'échappe- t-il point de cette ferofité dans le foye dont les pores doivent être beaucoup plus grands que ceux des reins. Cet inconve- nient que plufieurs Phyficiens ont reconnu, les a fait recourir à l'imbibition ( on me pardonnera ce terme faute d'un autre plus convenable. ) Is ont donc reconnu qu'outre les différens diametres des pores, il falloit encore que les parties fuffent imbües d'une liqueur femblable à celle qu’elles doivent filtrer. — Ce fentiment étoit plütôt effet du raifonnement que de Yexpérience : & content d'avoir fatisfait fa raifon par quelque chole de vraïr-femblable, on s'embarraffoit peu de reconnoître & c'étoit la verité, J'ai voulu voir fi plus heureux que les autres - DES SCiENCcESs 2 je pourrois découvrir la verité dans une chofe fi importante à l'œconomie animale, & dont la connoiffance ne pouvoit être que très utile dans la pratique de la Medecine, pour pene- trer la caufe de beaucoup de maladies , & pour en faciliter 1a guérifon. | Suivant donc en cette occafion la fage conduite de l’Aca- démie, qui, fans s'arrêter à de frmples conjeétures, nefe propofe pour but que la verité qu'elle tâche de découvrir à force d'expériences, j'ai cherché dans la nature même ou dans la ftruéture des parties, les moyens dont les Secretions s'y fai- foient. J'ai examiné les différentes efpeces de Glandes qui fe rencontrent dans le corps humain, j'ai parcouru celles qui fe trouvent dans le corps de différentes efpeces d'animaux, pour voir fi la nature ne découvriroit point dans une partie ce qu'elle cachoït dans l'autre ; & enfin je crois être parvenu à connoître & àpouvoir démontrer ce fecret des Secretions. - J'ai obfervé après quelques Anatomiftes, que les Glandes ne font que des pelotons ou lacis de vaifleaux; mais j'ai remarqué de plus, que les vaifleaux qui font propres à la Glande, & qui en font Ia principale partie, font des tuyaux garnis intérieurement d’un duvet ou velouté, ou plütôt d’un tiffu fpongieux très fin, qui remplit toute la cavité de ces vaifleaux, comme une efpece de moëlle. On le remarque non feulement dans les différentes Glandes du corps humain, mais encore généralement dans celles de différens animaux. Ce tiffu eft de différentes couleurs dans les Glandes difé- rentes; ce que l’on obferve même dans les plus petits fœtus. Ainfi la Glande eft compofée pour la plus grande partie de ces vaifleaux veloutés ou fpongieux, que j'appellerai, à caufe de leur fonction, Vaiffeaux où Tuyaux fecretoires, ke quels forment fouvent prefque feuls ce qu'on appelle Glande ou Corps glanduleux. Outre ces vaifleaux, on\y en remarque encore de quatre fortes, fçavoir, Arteres, Veines, Canaux excretoires & Nerfs. Je diftingue les canaux excretoires des. Vaifeaux fecretoires , en os que ceux-ci par leur tiffu fr- vent à féparer du fang unédiqueur particuliere, & que-ceux-là h ij 244 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoyaLe ne fervent qu'à recevoir au fortir de la Glande le fuc qui a été féparé par les Vaïfleaux fecretoires, pour le porter au lieu où il eft deftiné. On découvre de plus dans quelques Glandes des Vaifleaux lymphatiques. On pourroit m'objecter la flructure veficulaire & fibreufe de quelques Glandes, comme des conglobées, &c. Mais je fatisferai à cette objection dans un autre Memoire que je donnerai fur les Glandes en particulier, où je les rangerai fous différentes claffes, & d'une autre maniére -que l'on n’a fait jufqu'à prefent. J'expliquerai enfuite pourquoi les Vaifleaux fcretoires font beaucoup plus étendus dans quelques Glandes ue dans d’autres. J’examinerai auffi ce que c'eft que les Glandes fanguines que quelques-uns ont établi depuis peu; d'où dépend la couleur cendrée du cerveau & la couleur brune des Glandes renales, quoique les liqueurs qui coulent par ces parties, ne foient pas de la même couleur. Il n’eft pas aifé de déterminer quelle connexion ont en- tr'eux tous les Vaiffeaux différens qui compofent le corps de la Glande; la fineffe de ces vaiffeaux fait qu’ils échapent à nos yeux, & après les avoir fuivis autant qu'il eft poffble, il faut fuppléer au refte, ou par ce que nous avons déja ob- fervé jufques là, ou par ce que nous voyons de femblable dans d’autres organes du corps plus fenfibles. Voici ce qui m'a paru de la difpofition des Vaiffeaux dans le corps de la Glande. 4 Auflitôt que l'artére, qui arrive à la Glande en une ou plufieurs branches, s'eft enfoncée dans fon corps, elle s’y ra- mifie en une infinité de petits vaiffeaux capillaires d’une très grande finefle, qui enfin fe recourbent & forment par leur retour les petits rameaux des veines; ces petites veines fe réü- niffent peu à peu pour fortir de la Glande en une ou plufieurs branches. Si l'on doute de cette continuité des artéres & des veines, je pourrai la démontrer d’une maniére très fenfble lorfqu’on la fouhaitera. Dans la courbure ou dans les angles que forment les petits rameaux d'artéres & de veines, font placés les orifices des DIE s':S$ CÂEN c xs. 2% Vaifleaux fecretoires. Ces Vaifleaux font quelquefois d'une très grande étendüe, n'occupant néantmoins qu'un très petit volume, parce qu'ils font pliez & repliez fur eux-mêmes, tantôt en un feul peloton, tantôt en differents pelotons en- veloppés d’une membrane commune ; ce qui a donné lieu à la diftinétion des Glandes conglobées & conglomerées. Enfin ou ces differentes branches de Vaifleaux fecretoires fe réü- niflent par des canaux continus en un feul canal qui fort de {a ‘Glande, & qui porte dehors le fuc qui s'y eft feparé, & qu'on a appellé à caufe de cela canal excretoire; ou bien ces mêmes Vaifleaux fecretoires aboutiffent à un baflin ou refervoir commun dans lequel ils verfent leur liqueur, & cette liqueur s'épanche quelquefois hors du refervoir par un canal excre- toire particulier : comme on le peut obferver, par exemple; dans le cerveau, dans la bouche, dans l'eftomac, dans les reins de plufieurs animaux, dans la Glande du croupion du Cocq d'Inde, &c. Je n’explique point prefentement quel eft l’ufage des nerfs & des vaifleaux lymphatiques dans les Glandes, remettant cela à un autre Memoire que j'aurai l'honneur de donner à la Compagnie. Voilà quelle eft la ftruéture générale que j'ai obfervée dans les Glandes, & que j'efpere démontrer en particulier dans les Memoires que je donnerai par la fuite fur chaque genre de Glandes. Examinons prefentement de quelle maniére ces organes peuvent fervir à feparer du fang les différentes liqueurs qu’ils en feparent. | C'eft une chofe aflés connuë des Phyficiens & particu- liérement des Chimiftes, qu’un morceau de papier broüillard; qui n’eft qu'un amas de filaments ferrés les uns auprès des autres, uné fois imbibé d'huile ou d’eau , ne laiffe couler au travers de fon tiflu que la liqueur femblable à celle dont il a été ämbu, & en retient l’autre : ils fçavent auffi que des languettes de drap ou des méches de coton imbuës d'huile ou d'eau, & trempées par un de leurs bouts dans un vaifleau où on auroit Hh ii 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mêlé de l'huile & de l'eau enfemble, la languette imbuë d'huile ne diftillera que de l'huile, & celle qui aura été imbuë d’eau ne diftillera que de l'eau. Je trouve dans les Vaïfleaux fecretoires des Glandes pref- qu'une pareille ftruéture , un tifflu ou amas des filaments ferrez à peu près comme dans le papier broüillard, dans le drap ou dans le coton, quoique autrement difpofés. Ce tiffu une fois imbibé d’un certain fuc, ne laiffera plus paffer de toutes les liqueurs qui arriveront aux orifices de ces Vaifleaux, que celle dont il aura été imbu. Je laiffe aux Phyficiens à rendre raïfon de ce Phénoméne : ayant reconnu un femblable, je n’en cherche pas davantage. Cela polé, le fang que nous devons confidérer, non comme une liqueur homogéne, mais comme un compofé d'une infi- nité de parties ou molecules différentes, huileufes, mucilagi- neufes, aqueufes, falines, fubtiles & groffieres, étant porté par les arteres dans la Glande, fe partage dans toutes les plus petites ramifications de l'artere, où il s'étend infiniment, & où toutes ces molecules font obligées de défiler en quelque ma- niere une à une par le paflage étroit de F'artere dans la veine, & par confequent de rouler fur les orifices des Vaifleaux fecretoires des Glandes dont le velouté eft déja imbu d'un fuc d'une certaine nature : Les molecules qui fe trouvent de la mème nature que le fuc qui fe prefente à l'entrée d’un Vaiffeau fecretoire, s'y joignent & entrent avec plus deliberté; pouffées d’ailleurs par celles qui les fuivent. Elles parcourent ainfi fucceflivement tout ce vaifleau & fortent enfin par le canal excretoire, pendant que les autres qui ne font pas de la même mature roulent par deflus l'orifice du vaiffeau fecretoire, fans fe mêler avec le fuc qui s’y rencontre, & paflent jufques dans ka veine, pour ètre rapportée au cœur. H refte à expliquer de quelle maniére les parties ont pû s'imbiber de ces fucs pour la premiére fois dans leur premiére conformation, comment par exemple la bile aura pû fe féparer du fang pour la premiére fois dans le foye préférablement à toute autre liqueur, DES SCIENCES. 247 Je reponds qu'ayant remarqué même dans les plus petits foetus, les Glandes à peu près colorées de l1 même manicre que dans les grands, il eft à préfumer que dans la premiere conformation de l'animal en même temps que les parties folides de ces organes ont été formées, elles ont été imbuës des mêmes fucs qu'elles devoient filtrer. On demandera peut-être auf comment il fe peut faire que cette liqueur ne tarifle pas dans ces filtres. Mais on le con- cevra aifément fr on fait réflexion que dans l'état fain, le fang coulant continuellement dans les Glandes y dépofe toûjours une nouvelle liqueur, & que ff par hafard il ceffoit d'y en couler, la liqueur dont le filtre des Vaiffeaux fecrctoires eft imbibé, n'étant plus poufée par de nouvelle, y refte, & tient ces Vaïffeaux pendant quelque temps moüillés. Maïs d'ailleurs fr par quelque accident cette liqueur vient à tarir, & que la Glande fe deffeche, ou si s'y engage d’autres fucs par force, il s'enfuit des accidents très facheux & pour l'ordinaire irré- médiables. La Figure rendra plus fenfible la ftructure des Glandes que je viens de propofer. Figure. À eft un rameau d'artere qui fe courbe en 2, & fe change en veine C. Dans les courbures 2 font placés les Vaiffeaux fecretoires D, qui vont aboutir dans le canal ex- cretoire Æ, 20 Juin 1711: Fig. 1. 248 Memoires DE L'ACADEMIE RoyaLeE DES MOUVEMENS Primirivement retardés en raifon des temps qui refleroient à écouler qufqu'à leur entiére extinétion dans le vuide , faits dans des milieux réfiflans en raifon des fommes faites des virefles effectives de ces mouyemens dans ces milieux, à des quarrés de ces mêmes vireffes. Pa M VARIGNON. N a vû dans les Mémoires des 4. Juin & 27. Aouft 1710. ce que des mouvemens primitivement accélérés ( depuis zero ou non) en raïfon des temps écoulés, aïnff qu'on les fuppofe d'ordinaire avec Galilée, deviendroient dans des milieux réfiftans en raifon des fommes faites des vitefles actuelles du mobile dans ces milieux, & des quarrés de ces mêmes viteffes. Voici préfentement ce qui devroit aufll arriver dans ces milieux à des mouvemens primitivement retardés en raifon des temps qui refteroïent à écouler jufqu’à leur entiere extinction, s'ils ne trouvoient aucune réfiftance de la part du milieu dans lequel ils fe feroïent, ainfr qu'on le penfe encore avec Galilée touchant les corps jettés de bas en haut dans le vuide. On fuppofera quelquefois ici les deux Mémoires pré- cédens de 1710. que celui-ci devoit accompagner : l'ému lation eft fi grande à l Academie, & tant de gens y demandent à propofer leurs découvertes, qu'il n'y eut pas moyen d'y trouver place pour y démontrer ceci cette année-là; deforte que ce ne fut que par occafion que j'y en trouvai pour y démontrer ce que j'y donnaï des Forces centrales inverfes, le 13. Decembre de la même année, PROBLEM E: Trouver les courbes ARC des réfiflances totales ou des vitefles perduës , | DES SCIENCES 249 . pérduës, HU C des vitefles effeciives ou reffantes , dc. Dans l'hypothefe, 1° des réfiffances inflantanées en raifon des Jommes faites de ces vitefles reflantes r des quarrés de ces mêmes viteffes. 2. Des viteffes primitives retardées en raifon des temps qui refte- roient à écouler jufqu'a leur entiére extintion, fi le milieu ne fai- Lit aucune réfiffance. So LU TION. TL. En appelant encore ici (comme dans le Lem. 1. de fa page 194. dés Mem. de 1709.) AT —1 les temps écoulés depuis le commencement du mouvement, à la fin defquels feroient les vitefles primitives 7V—4 dans un milieu fans réfifance, & font en effet les vitefles reftantes # — TU TV —TR malgré les réfiftances inftantanées /r du mi- lieu fuppofé, dont les totales font TR —r faites pendant les temps entiers écoulés /1), TE —7 proportionelles à dr, & AF—ù la premiére des viteffes par laquelle le mouvement a commencé : fuivant ces noms, dis-je, la premiére des deux uu conditions de ce Problème-ci donnera 7 = +7 — TE ; & la feconde éxigeant que les vitefles primitives TV (v) décroiflent en raïfon des temps qui refteroient à écouler jufqu'à {eur entiére extinction dans le vuide, fi l'on prend AC pour le temps total qu'elles y dureroïent ; l'on aura ici Z'C pour ces parties de temps qui refteroient à écouler jufqu’à l'entiére extinétion de ces viteffes primitives ZW” /v) dans le vuide : deforte qu’en prenant ici AC— AF—& pour plus de fimplicité, l'on y aura auffi TV ({v) = TC (b—1), & conféquemment dv—— 41, outre u TU =TV— TR=v—7r—=b—1—7. Donc en fubftituant ces valeurs de u, du, & la précédente de 7, dans la Regle générale 4 _ re de L'art. 1. du Lemi 1: de la page 194. des Mémoires de 1709. L'on aura ici dt — asër pour l'équation de la courbe ARC des a+b—t—r x b—ir © Mem. 1711. Ii. 250 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE / a ss dt ___—dt—d" réfiftances totales ou des viteffes perduës, & — =, ouaudt+uudt=—aadt — aadu, d'où rélulte dt AE dede. pour celle de la courbe AUC des vitefles ada+—au + uw TU (u) reftantes des primitives TV /v) malgré les réfif- tances fuppofées. Quant à FVC, fon équation fuppolée TV /v)=TC (b—1) la fait dégénerer en une ligne droite inclinée de 45 degrés fur À F & fur AC {hyp.) perpendiculaire à A F. II. Pour conftruire la courbe AUC par le moyen de 2 : _— _—aadu , : : fon équation dt — re & sen fervir enfuite pour la conftruétion de ARC, foit prife À D —+ 4; du centre D, & du rayon D G ou D B—a, foit le quart de cercle GSB, que C À prolongée rencontre en S, par lequel point S foit LA perpendiculaire en © fur DB, ayant fa partie SL —b— A F. Soïent menées les droites DS, DL, dont la feconde DL rencontre le quart de cercle en Z; & entre ces deux droites foient deux autres quelconques DN, D, infiniment proches lune de autre, lefquelles rencontrent QLen N,n, & le quart de cercle en P, p. Suivant cela, fi l'on prend SA pour 4, l'on aura Q N u+-Ta, &ON—uuH+aut aa L'on aura de plus DAO=DS—QS—aa—taa—}iaa. Donc Dn( Var-pa) —Vuu —+-au+-faa+- aa 1/3 a+ au uu. Cela étant, du centre D par » foit Farc #y qui rencontre D N en y : les triangles femblables NOD, Nvn, donneront DN(V aa au + uu) DO 4) : Nn{—du).nv= #3 x—"#, De plus Vaa+ autuu fes feGteurs femblables # D v, p D P, donneront Dn TRES RES V3 — adu (Va ui Eu). Dp (a) °°A1V (? ===) x Vaa+antas DES SCIENCES. 251 - (pP= #5 Lu eeriin, Et conféquemment + x Ps CVECETEST RE (art. 1.) = di, dont l'intégrale eft ; — # x GP+ g. Maïs le cas du temps : {A T)— o au commen- cement du mouvement, ayant /yp.)u—=4, & rendant ain ( fuivant le commencement de cet article-ci) SN=SL, & conféquemment GP—GZ, réduit cette intégrale à ca ’aù ré es 0—7xCZ-#4 9, d'où rélulte y —=- 7*GZ. Donc e 4 #70 : a PURE 2: cette intégrale précile eft :/AT) — 7 *GP A*GCZ Du À > \ p 0 / 4 = 7% * Z P. D'où lon voit que les temps À T(t) écoulés depuis le commencement du mouvement, doivent être ici entreux comme les arcs Z P correfpondans depuis l’origine fixe Z vers S où ils fe terminent, les vitefles SN (u) sy trouvant éteintes ou nulles: & qu'ainfi 7 x ZS fera toute la durée du mouvement dans le milieu réfiftant fuppofé. De-R il eft aifé de voir que fi après avoir pris AT — + x Z P depuis Forigine À fur AC, on fait le rectangle NT compris fous S 7° & fous SN /1) qui vient de donner :/ AT) — ñ x Z P, & ainfi d’une infinité d’autres rectangles faits de même depuis Z jufqu'en S fous des côtés ST, SN, parcillement correfpondans ; la ligne HUC, qui pafera par les angles Ü de tous ces parallélogrammes rectangles, fera la courbe requife des vitefles TU /u) reftantes des primitives TV (vu) malgré les réfiftances fuppofées, de laquelle courbe Yéquation eft (arr, 1.) d le Ve LM & LA paralléle aa+au+uu? à CA, donnera de même le. point A de cette courbe à l'ex- trémité de fa premiére ordonnée AH=—SL (hyp.) — & (art. 1.) A F premiére vieffe fuppofée. Ce qu'il fallois premiérement trouver. IT. Cette courbe HUC des vitefles TU (u) reftantes des primitives TW{u) malgréles réfifances me 0 étant Ï ij 252 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ainfi décrite, il n’y a plus (art. 1.) qu'à prendre par tout UR=—TV correfpondante : Ia ligne ARC, qui pañlera par tous les points À ainfi trouvés, fera {/ km. 1. art. 1: pag. 1 9 4. des Mém. de 17 0 g.) la courbe des réfiftances totales TR (r),dont l'équation eft (art. 1 .)d pluie gai et aHb—it—rxa—tt Ce qu'il falloit auffi trouver. C'ofR 0 LLUANTRUE L Le cas de SN— 0, ou de DN = DS, rendant . xZP (AT)= 7 x ZS, &c. TU (u) — 0, fait voir que la courbe HUC doit rencontrer fon axe AC en un point #1 qui donne À M = 7 x ZS pour le temps entier de la durée de a vitefle À H /b) dans le milieu réfiftant fuppofé, c'eft-à-dire, pour ce qui s'en doit ici écouler depuis le com- mencement du mouvement jufqu'à l'entiére extinétion de cette vitefle À H (b) dans ce milieu réfiflant. C'OLRLOGLEE VANNIRUE ILET: Puifque /corol. 1.) TU (u) —o en M, l'équation 47 = 444% de la courbe AUM y fera réduite à d£ TT aa+au+uu ET ï fait voi = << — — du; ce qui fait voir que cette courbe aa doit rencontrer fon axe en /7 fous un angle A MH de 45 degrés. à CoROLLAIRE ÏIIL Pour au point Æ, qui (fout. art. 2.) donne AH (u) — aadu 6, la précédente équation dr — nt s'y doit DANS ad ri Ë | réduire à dt — re F te 383 ce qui fait voir que la courbe HUC exprimée (fol, art. 1.) par cette équation, doit y NE HDMES SÉEIRCE NC OC 'ELS: EVE rencontrer fa premiére ordonnée À Æ fous un angle 4 4 dont le finus foit à celui de fon complément comme 44 eft à aa—-ab+-bb, en tournant toûjours fa convexité vers AC depuis À jufqu'en /7, ainfi que l'exige l'accord des # & du à diminuer enfemble dans fon équation précédente. CoOoROLLAURE IV. De même fi l'on confidére que AT /1)—= 0 =TR {r) ‘en À, on trouvera que l'équation dt — aa, 4 DH bi xa—r7—t (fout. art. 1.) de la courbe ARC, doit s'y réduire à 44 a dr. Toa+b en À avec fon axe AC, doit s’y faire fous un angle TA R dont le finus foit à celui de fon complément comme 4-+- 4, eft à 4, en tournant toûjours fa concavité vers cet axe AC, & conféquemment / corol. 3.) du même côté que AUC, ainfi que l'éxigent les accroïflements alternatifs de 7, dr, dans fon équation précédente. d Ÿ l ue . 1 où l'on verra que la rencontre de cette courbe Corot L'AIT RE "VS . Si du point M on éleve la perpendiculaire 1 fur AC, laquelle rencontre FC en ©; la courbe A RC pañera par ce point ©. Car puifque (Jolur. arr. 1.) TU—=TV—TR —RV, &c. que /corol 1.) TU—= 0 en M, il faut auffi RV= 0 en O;& par conféquent © doit être le point /R F4 ou la courbe À R C doit rencontrer la droite FC. m2 €COROLLAIRE VI Puifque ( folut. ‘art: 1. )u—=b—#t—1#, Yon aura ici du—=— dt — dr. Mais le point {7 donne / cro/. 2.) dt —— du) Donc. il donnera auffi du du — dr, ou dr—=du —du—= 0; d'où lon voit que la tangente de ARC en © fra parallele à fon axe AC Hi 254 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyAtr | CoROLLAIRE VII Puifque /corol. r.) AM ( 7*2S ) exprime ici la durée totale du mouvement permis par la réfiftance du milieu fup- pofé; & (hyp.) AC, ce que ce mouvement auroit duré fans elle, c’eft-à-dire, dans un milieu fans réfiftance ni aétion tel qu'on fuppofe d'ordinaire le vuide; on voit que la durée to- tale du mouvement permis par la réfiftance du milieu fuppofé, fera ici à ce que ce mouvement auroit duré fans elle : : A AZ AC (corol. 1.):: 2x ZS AC::Z SE x AC (la folut. art. 1. 2. donnant AC— 4AF—= À H=SI,) :229. SxSL::axZS. 23 x S L (Ja folut. art. 2. donnant 2 a=DB=DZ,&E—DQO):DZxZSDAXx SL::1xDZxSZ I DOXxSL::Z DSSDL,.C'eAt- à-dire, comme le feéteur circulaire Z D S eft au triangle rectiligne S D L correfpondant. Cor -o:1ii AR EX VIDE Puifque (Jolut. art. 1. 2.) AF ou AH eff ici fa vi- teffe initiale, 7 la primitive qui en refteroit après un temps quelconque À 7° dans un milieu fans réfiftance, & TU celle ui en refte en effet à la fin de ce temps dans le milieu réfiftant fuppolé; fi l'on fait V& parallele à CA, & qui ren- contre AF' en w, comme NU ( parallele auffi à CA) ren- contre en y la même À F prolongée de ce côté-là; l'on aura « F pour ce qu'il y auroit eu ici de vitefle perdüe pendant le même temps À Z° dans un milieu fans réfiftance, & H+ pour ce qu'il y en a eu effectivement de perdüe pendant ce temps dans le milieu réfiftant fuppofé. Donc 1. Ja vitefle reftante à la fin du temps’ À 7'dans le milieu réfiftant fuppolé, eft à ce qu'il y en auroit eu de perdüe pen- dant le même temps dans un milieu fans réfiftance : : 7 U. & F' (a fuppofition qu'on fait ici de A F— AC, rendant DES SCTENCES. 255 aüfi © F0 V—AT):: TU. AT( fout. art. 2) :: SN. x LP: XSNZ PSE x SN. ax Z P( la folut. art. 2. donnanta— DB— DZ, & LE — D AO) :DOXSN. DZxZP::2=xDAOXxSN. LxDZx Z P::.SDN. ZDP. c'eft-à- ddr que la viteffe ici reftante à la fin du temps A7 dans le milieu réfiflant fuppolé , eft à ce qu'il y en auroit eu de perdüe pendant ce temps dans un milieu fans réfiftance, comme le triangle reétiligne $ D N correfpondant, eft au feéteur circulaire Z D P pareillement correfpondant. 20 Cette même vitefle TU reftante à la fin du temps AT dans le milieu réfiftant fuppofé, eft à ce qu'il y en a effective- ment eù de perdüe dans ce milieu pendant ce temps : : TU. Hy:: SN. NL::SDN. ND L. C'eft-à-dire, comme le iangle rectiligne S D N eft au rectiligne N D L. 3% Ce qu'il y a eù ici de viteffe perduë pendant le temps 4 T° dans le milieu réfiftant fuppolé, eft à ce qu’il y en auroit éü dé perduë pendant ce temps dans un mülieu fans réfif- tance: : Ay © Fi: LNx DO. © Fx D Q.(lenomb. r. donnant oF—=;%xZP, & DOS x DZ) : LAN «DO. DZxZP: :+2xLNxDO.:DZxZP : LDN.ZDP. C efÉa-dire, comme le “triangle recti: if LDH eft au feéteur circulaire Z D P RP PORENe Cela fuit aufii des nombres 1. & 2, CoroLLAiRrE IX. Quant aux efpaces parcourus pendant lès temps 47/1), foit LA prolongée juiqu'à une feconde rencontre en 8 du cercle GS B continué de ce côté-là : ce qui donnera BS a; puifque BQ—QS (fol. art. 2.) —+a, foient de plus SU EE (JG. art. 2.) = +, So BLxSL 45+58 Te BS RATE CN L'o aa—+ab+B8 a n aura ici Po — 256 MEMoIREs DE L'ACADEMIE ROYALE pour la plus grande des BIEL, dont la diffé- adu=2üdt a rentielle eft Il 7 — . Enfuite après avoir pro- longé AS jnfqu'en X, enforte que SX —+ AS—IDQ (Jolut. art. 2.) = 26, foit par X entre les afymptotes ortho- gonaics BO, BI, lhyperbole équilatere OX Z, laquelle foit rencontrée en À, d\, 4, par les ordonnées ITA, 7 d,@4, paralleles à 0 où perpendiculaires à 8 Q. Cela fait, on aura TI tre) BS(a) : SA(S) HAS x. Donc TA x x (AT) aa+au—+uu _— av; aadu+2audu . —aadu 2? ST x ane OT (JOUE, Te 2) un = V3 4 aa-tau+uu xPp, ou 25 x RE < x Pp = PDp. Done THASr+?PDp= = x sandr 3 = — Or la folut. art. 1. donnant d4— EE donne auffi E xudt= #3 x = —HAdr —PDp, dont l'intégrale ef" x fudt=— XSHA—Z DP+ 4. Mais le cas de fu dt (ATUH)—0, qui rendant TU— AA, ou SN—SL, & conféquemment 8 N— LL, rend non- feulement Z DP— 0, mais encore STI (£ LE ) —/L:SL Bo) TEEN — So, & conféquemment XSITA— XS 9 À; réduit cette intégrale à o—=—XSo@4—+g, d'où réfulte g — X So 4. Donc cette intégrale précife eft 3 x [fu dt =XSq4}—XSTIA—ZDP—JQNA—ZDP,. où fudt (ATUH) = À x Lo A —Z DP; & confé- quemment l'aire entiére À MUH— xdpSX—ZDS: puifque 7Ü—=0 en M, rendant auf SN (TU) — 0, & conféquemment DYE /S4 (SN CINE MNICLESS. 257 conféquemment SU( | 0, rend J@T1A—=J)9Sx, & Z DP—ZDS. Donc (/em. art. 3. pag. 244. des Meme de 1710.) Les efpaces parcourus pendant les temps AT Fe xZP ) , doivent être ici entr’eux comme les différences .… variables J@r1A—Z D P correfpondantes; & au parcouru pendant tout le temps 4 47 5 xZS y c’eft-à-dire /corol. 1.) depuis le commencement du mouvement jufqu'à l’entiére extinction des viteffes dans le milieu réfiftant fuppofé, comme les mêmes différences variables correfpondantes, 4 @ I A — Z DP font à la conftante JpSX— Z DS, C'ONRO LE AE R HueX. La même chofe fe peut encore démontrer autrement. Car puifque (Jolur. art. 2.) DP—DB—=a, & DN —aa+-au-uu, lonaura ii LEE (cor. 9.) —£II; & conféquemment B II x DP—DN, De plus fi lon prend DP x m pour PDp, Yon aura auf + DQ x Nn DR: NDn.PDp:: DN.DP::BII kDP.DP :: BIT. DP. Et conféquemment aufli BTI = Suivant cela, & fuivant le contenu du corol. 9. Yon aura DaxN L 1 PES F x prI( Due 2).BS:SX(IDQ) AZ ÊG. Et (corol. 9.) S n—£ . 5 N°, dont la D éromtielle eft Tr BREST x Nn. Donc II A x I] 7 (II A dr) LA RP un XNu=BN+SNx m. Par con- CT Na ê féquent ayant /hyp.) PDp—=DPxm (corol. 9.) =BS x m, l'on auraauffi ITA dr —PDp=pN+SN—RS xm—2mx SN: ceft-à-dire {21m étant conftante) que Mem. 1711. Kk 358 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE RoyaLE les différenticlles TI A dx — PDp font par tout ici en raifon des viteffes SN où TU {u) correfpondantes reftantes talgré les réfiftancés fuppolées. Donc la fomme 4@ITA 7 DP de ces différentielles fera aufi par tout ici pro- portionnélle à la fomme ATUAH de ces vitefles corref- pondantes; & conféquemment encore /em. art. 3. pag. 244 de 1710.) propottionnelle aux efpaces parcourus pendant les temps À A X ZP) en vertu de ces vitéflés malgré fes réfiftances fuppofées, ainfr que dans le précédent corol- lire 0. | C'OHO LL AR ET UE On trouvera encore de même le rapport de ces efpaces, fi au lieu de l'hyperbole équilatere O X entre les afymptotes 8O, BZ, qui pañle par un point X tel que S X=:DQ, on en fuppofe une O SQ ( qu'on va voir dans le corol. 1 2. être la même que O X7 dans une pofition différente) pareil- lement équilatére par S tntre les afymptotes orthogonales D A & D B prolongée vers Y. Car fi de l'origine D fur ; . rh DL cette feconde afymptote l'on prend fes abfcifies DES (fphèt:art. 2) = SgDY= LT (ot art. 2.) = ; 4 £ 122 Eee , qui eft non feulement — 2er = DY dans le cas de SN /u) —= SL (b) au commen- ment du mouvement, mais encore = 4 —= 1) S dans le cas de SN (u) = 0 à la fin du mouvement, & dont la diffé- adu + 2udu a rentielle eft Fy — ; fi de plus on mene les or- données afymptotiques Be, yA, YA, Z4, perpendiculaires fur DE, & qui rencontrent en æ, À, À, 6, l'hyperbole OSQ : Vart. 2. de la folut. donnant DS — 4, QS— la,& DA =", l'hÿperbole OSQ donnera DY (EE). DO 20): QS (La) YA = x te Donc 2 £a tau+Uu DES SCIENCES. 259 “venant de trouver } ps RAR, l'on aura icy FA x F. y da + au +uu HÉRMECL M ele + « Pp = PDp. Donc YA à7y aa + au + uu (YA y) = x Le, Or (fol. art. 2.) es } — 4} 2 audi Xsyz aau du PDp = 4 de AA Pat al Tele da+-au ur * Par ‘conféquent l'art 1. de la folution donnant 4r pr nee (4 aa au+-uu À l'on aura ici 5 x udt=— x eau y — PDp, dont l'intégrale dt x fudt = — &BYA — ZDp + 9. Mais le cas de fudt (ATUA) = o, qui rend 7U— AH, où SN— SL, & conféquemment QN— Q £, rend non feulement Z D P — 0, mais encore DYy pa ) ——. Te DE, & conféquemment & 2 YA = © B Y 0: réduit cette intégrale à0—= — æBX0-+ d; d'où réfulte 9—=æBX0. Donc cette intégrale précife eft x fudt = @BE0 — œBYA—ZDP—0SYA —ZDP où fudt (ATUH)=#x0SYA —ZDP,. Par conféquent auffi l'aire entiére A MUH — BE x 92 Bœ— Z DS; puifque TU—0 en A, rendant pa- reillement SN /TU)—0,& conféquemment D N— DS, où DY (DE) = D DS DB, rend VS YA —ÔZBe, & ZDP—ZDS Donc /km. art. 3° page 244. de 171 0.) les efpaces parcourus pendant les temps A7 (x x ZP | doivent être encore ici entr'eux comme les dif érences variables 4 5 YA— ZDP correfpondantes ; & au parcouru pendant tout le temps À 47 (F xZS ) c'eft-à-dire (corol. 11) depuis le commencement du mouvement jufqu’à RE 260 MEMÔIRES DE L'ACADEMIE RoYALE l'entiére extinction des vitefles dans le milieu réfiflant fup- polé, comme les mêmes différences variables correfpondantes 8SYA— Z D P font à la conftante 8È Bæ — ZDS. Corio-nEAA:IRE-XIT Si l'on confidere que /corol. 9.) BS—a, SX = e À DA— pag. 244 de 1710) au parcouru en pareil temps 4 par le même mobile en retombant dans le même milieu réfiftant fuppofé:: _ xBSYA—ZDP. x [9 QR—0oDp:: 43 1A—Z DP F V5-44QR—GDpxV3. D'où lon voit {corol. 11) que 'efpace total d’afcenfion jufqu'à l'entiére extinétion des vitefles TU à la fin du temps À A1 dans le milieu réfiftant fuppoit, fera à celui de chûte parcouru dans ce milieu en pareil temps am :: BE Br—Z DS xVs “ADEK ED x V3. Co, r O:L.L.A: LIRE AX XA.L On voit {corol. 8 pag. 353 de 1710) quefila vitefe AA Fig 2. de projection de bas en haut, eft plus grande que la terminale & 3. g / du mobile dans le milieu réfiftant fuppolé, ce mobile n’y en pourra jamais acquérir une égale à celle-là en tombant en vertu de la feule pefanteur malgré les réfiftances de ce milieu: que fi cette vitefle À H de projeétion de bas en haut, eft égale à fa terminale & ?, il lui faudra un temps infini pour l'acquérir en tombant dans ce milieu; que fi enfin cette vitefle A4 A de projection de bas en.haut, eft moindre que la terminale /, par exemple, égale à +, où à œy, &c. il ne lui faudra que le temps 41, ou am, &c. pour lacquérir en tombant en vertu de fa feule pefanteur dans le milieu réfiftant fuppofé, AUTRE | S OL U T TON: A. L Soitix aa au-t-uu : iréfultera non-feulement CMET] 4 x "3 x —— {© ; mais encore ut autant À Vaaan ur UT A RS M en M 1 Lo RER + IA EX st & conféquemment W—- > à Llij Fig. 4, 268 MEmoires Dr L'ACADEMIE RoYALE avi a. : rer x Vaa—3x, où 1—= À x Vaa—xx—1a; d'où ré- —diVaa rs sas. falted— 25 . Vaa—rx AV; —aatas—re ttr3 2 “x ra ï XX Vaad—xx a 3 x dr xd où — du — 3x — 22%, Donc 2 RS 2 FAVas—#xx Rx Vac-#y —aadu ___V; ad» CHATS Dr" adx : SaVC TE AA —XX ” — —aady Din 2 RARES (fe. art. 1) dt= Re Doncauffi dt 7 »« = Va A— XX IT. Pour conftruire préfentement la courbe cherchée HUC des vitefles reftantes 7 U/ (u) par le moyen de cette derniére équation d'— 7 x —44%_, foit encore prie AD —+a; AA—XX du centre D, & du rayon DG ou D B— a, foit encore le quart de cercle GSB, fur le rayon DB duquel & de l'ori- gine D, foient les abfcifles DQ—x, avec leurs ordonnées orthogonales QP— Vaa—xx. La valeur x — 3 x _ trouvée dans le précédent art. 1. devant être Vaa+au+ur PA #1 er de) = EE X— au commencement du mouvement Va a+ ab+bb dont la premiére viteffe eft / hp.) u—0, & être x El aa ___a ee 26 à la fin qui rend # — 0; il eft manifefte que fi Fon prend ici les abfciffes D 7° x 1, & DA RESTE: 15 , elles feront la plus petite & la plus grande des x que puiflent permettre ici les différentes valeurs de u; de forte que toutes les autres poffibles DQ feront moyennes entre ces deux- là, dont la feconde DA ( 25) aura fa coordonnée orthogonale as( V’rs— Da) =Vaa—3aa = V£aa—4a x DES SCIENCES 269 (hyp.) =AD. Par conféquent en prolongeant CA jufqu'à la rencontre du quart de cercle BSG, elle le rencontrera pré- cifement au même point S que (2 S. TT. Après cela fi l'on mene les autres ordonnées Q P,YZ, perpendiculaires à DB comme QS, & enfüite les rayons DS, DP, DZ, dont les deux derniers prolongés rencontrent en NW, L, QS auf prolongée; le précédent art. 2. donnera non- feulement Q S—1 4, mais encore D Q(x).QP (Va a—xx) D 0, (es QUW== 25 Vaa—xx, Et conféquemment SN— LP P Le z4(ar.1.) —=u : laquelle SN devient SL (4) =&, lorfque DN en DL, rend QPenFZ, ou DQ— DYF, c'eft-à-dire (art. 2.) Ji X ——“—, Vaa+ ab+55 puifque par-R SN/u) 25 Doris — ja, devient SZ (u) _ LÉEEPTENT EE ee CUP SPORT a = 2 Vaa+abl +68 NN. FPE | ARENP TEST ie Vaat4a cap or) Ur PT FE 34—= = 24—=54a+-b 2a—=&. IV. Side plus on mene de l'extrémité p de l'élément cir- culaire Pp, la petite droitepr paralléle à BD, & qui rencontre PQ enr; l'on aura PQ (Hé ct DP(«) ::pr (dx), : EéonflulL E à 2 2 Éd ER adx PP - Et conféquemment + x Pp — A* dA—»%xx Vars, s ÉRSRE | / Q / L'or epe (art. 1.) = dt, Par conféquent ( en intégrant ) 4 — a. xGPÆ+g Mais le cas de t(AT)— 0 au commencement du mouvement, rendant (lyp.) u=&, & conféquemment (art. 2.) DN en DL, où G P=GCZ, réduit cette intégrale à0o =; XGZ +9, d'où refulte = — 7% x GZ. Donc cette intégrale précife {era 4(AT = #3 x CP— Fe x GZ Li iÿ 270 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE = 7;*ZP D'où l'on voit que les temps # / A 7) écoulés depuis le commencement du mouvement, feront ici entr'eux comme les arcs cireulaires Z P correfpondants, pris de lori- gine Z vers S'où ils fe terminent, les vitefles SN {u) s'y trouvant éteintes ou nulles : deforte que des trois arcs GZ, ZS, SB, le feul ici utile eft ZS qui, multiplié par TL exprime tout le temps requis depuis le commencement du mouvement jufqu’à l'entiére extinction des vitefles /1) dans le milieu réfiftant fuppolé. V. Ces deux derniers art. 3 & 4 rendent aifée la conftruc- tion requife de la courbe A UC des vitefles TU {u) reftantes des primitives 7 V (v) malgré les réfiftances fuppolées, & précifément la même que celle qu'on en a trouvée dans la folut. 1. art. 2. En effet puilque /art. 3) u (TU)=SN, & (art. 4.) t (AT) —=5%x2ZP, fi après avoir pris AT. ( = 7 x Z P, on acheve le rectangle NT qui donne TU (u) = SN, & par-tout de même; il eft manifefle que la ligne AUC, qui pafera par les angles U/ de tous les parallélo- grames /V T'ainfi faits à l'infini des correfpondantes SW, ST, depuis L jufqu'à $, fera la courbe cherchée des vitefles ici reftantes 7 U/u) malgré les réfiftances fuppofées, de laquelle (folut. 1. art. 1.) Yéquation eft dt ER que aa—+au+uu? LH paralléle à S A, donnera de même le point F7 de cette courbe à l'extrémité d'une premiére ordonnée A H=—SZ, (art. 3.) —=06 (fout. 1. art. 1.) —= AF premiére vitefle fuppolée. Ce qu'il falloit encore trouver. Cette conftruétion de la courbe HU C donnera celle de la courbe ARC @e la même maniere que dans la folut. 1. art 3. C0 _R O LUE ANR LEE Xe DCE. € Pour trouver encore ici les efpaces parcourus pendant les temps AT ft), autrement que dans les corol. 9. 10 11. il (DES ScrEenNcEs 271 faut confidérer que KR folution 2. art r. donnant » — + KXVaa— xx — la, & dt = ee xl. elle doit pa- AA— xx : À fs d: d rcillement donner ici # 41 == ET — ZX —— : de ? 3 Va ZA—RA _ forte qu'en intégrant, lon aura ici fu dt (ATUAH) = aa x fx — + is 4 (fout. 2. art. 2. 4) ds dA—%xx RQ es CP+g. Mais le cas de ATUH— 0, qui rend TU— 4 H, rendant ainfi D NV 1 #?, ICE RGP—GZ, DQ= DF, réduit cette intégraleà o—4aæ XAIDF— Ex GZ +4, d'où réfute 3 — — aa IDF+ 73; * GZ. Donc cette intégrale précife ft ATUH Tex IDQ— aux] DY—ExCP+ Ex CZ A4 F} Lt — FE x Z P : de forte que À MUH— a x17S — Fa x ZS; puifque TU en M, rendant D'N en DS, & par à QP en QS, rend DQ—DO, & ZP=ZS, Donc (em. arr. 3. pag. 244. de 1710.) les efpaces parcourus pendant les temps À es xZ ?) doivent être ici entreux comme les grandeurs correfpondantes a x 15 — LE; & à l'efpace parcouru pendant tout e temps AM (Z x2S ) comme ces mêmés différences variables 2 CrDD 2 Vo Bo 25 xlT +3 font à la conftante a x 15 ae CoOROLLAIRE XXI. : Pour trouver encore d'une autre maniere Les efpaces ici Parcourus pendant les temps AT 2 x Z P) foit ordonnée 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pq au quart de cercle BSG, laquelle infiniment près de PQ, luy foit paralléle. Enfuite du centre D & du demi-axe tranf{verfe 2 D foit une hyperbole équilarere O BO, dont DO foit une des afymptotes, laquelle foit rencontrée en £, II, 7, @, par les arcs circulaires YB, QII, gx, Q9, décrits du centre D par F,Q,g,Q. Des points B, IT, x,® foient les ordonnées afymptotiques B u, II À, à, ® 4, perpendiculaires à DO & qui rencontre l'hyperbole eu w, À, J, À. Cela fait, on aura D —DQ four. 2. art. 2.) —=x; de forte que fi l’on appelle TT À, 5; l'on aura ici sx = aa, ou 25—= <<, & conféquemment ces — 25dx—= 2 x ITA SN. Or (corol. 2 3.) udt = LÉ 2% x ESS d 3 ÿaa—x:x Donc auffi » dt — 2 x TANr— + x FE, Par 3 VASE conféquent /v dt (ATUH) —2 xBpan—"* ” D AA—#XA +9 (Jolut. 2. art. 4.) =2xBuan—#%xZP#3g. Mais le cas de ATUH— 0, qui (corol. 2 ;.) rend GP=—GZ, & DQ=—= DPF, ou DII—= DB, rendant ainf ZP— 0, & BuaAt—o, réduit cette intégrale à o—g. Donc cette intégrale précife eft ATUH— 2 x fuar STE xZP =2xGfuan—-x£ixZ P=2xBuan—-#- xZDP. Par conféquent auf 4 MUH— 2 xB ut @ — 7 * Z DS; puifque TU en M, rendant DN en DS, & par à Q Pen QS, rend ZP=ZS, &puAT—=Bude. Donc {/em. art. 3. pag. 244. de 1710.) les efpaces ici parcourus pendant les temps AT Se x Z P) feront encore ici entr'eux comme les grandeurs 2 x 2 AT — FA x Z DP, ou DES SCIENCES. 273 ou, Bu AT xV3 —ZDP correfpondantes ; .& à l'efpace parcouru pendant tout le temps À M fe x*Z S), é'eftiss dire /corol. 1.) jufqu'à Fentiére extinction des vitefles par ls réfiftances fuppofées, comme ces grandeurs variables correfpondantes 2 x @ & A I1-— 5 *ZD P font à la conf tante 2 x Bu} p — FR x Z DS, ou comme les variables BuAn x V3 —Z D P correfpondantes font à Ja conftante EntxV3—ZDS. L'on aura la même chofe, fi au lien de 1 ‘hyperbole équilatere OBO d'un demi-axe tranfverfe D'B—à, l'on en Juppofe une du même centre D, & d'un demi-axe tranfrerfe D Q — 23 : 2, ou de tel autre —na qu'on voudra, quelle que foit la valeur de n, pourvä qu'elle Joit polirive, c'efl-a-dire depuis D vers B: & que DO inclinée de 45 degrés fur cet axe, en Joit tofjours une des afymptotes : l'on aura, dis-je, la même chofe que dans le précédent corollaire 24. excepté qu'au lieu de 2% Buar; 2x Bud ©, faudra pour lors x Bu AM, Æ x Bu Jo. De forte que fi le demi-axe tranfverfe de l’hyperbole ft DO Mu Va : s Lun Vahige ——— qui rend fon fommet en Q, & n— D, il faudra È 2 Buarr, Ê Bud, dans le précédent corollaire 24. au lieu de 2xBWAl, 2% Bumo®; & ainfi de toutes les autres valeurs de n à l'infini. PEN ENENE DTA LR TE XX Y. Pour trouver encore autrement que dans les .corol. 20. &-21: le rapport des: efpaces d'afcenfion direétc: parcourus, en vertu d'une projection verticale faite de bas en haut d'une viteffe quelconque AA, aux parcourus en retombant par la même ligne en, vertu de la feule pefanteur conftante du mobile, & dans le même milieu réfiftant fuppolé; tout ce qu’on voit des fig, 2: 8:32 dans-la fige $- y demeurant le même D Men, Fri: : Mm Fig. 5 574 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE, foïent des points Z, P, p, æ, les ordonnées ZY, PQ, pa, TA, perpendieulaire à l'axe DBO en F,Q, q, À; par lefquels oints & par Q,H, foient du centre D les arcs circulaires E, QI, Go, mb, qf, À h, lefquels rencontrent l'afymp- tote DO en E, II, @, 6, f, h; par lefquels points foient perpendiculairement à cette afymptote les ordonnées ÆÆ, TA, @ 4, be, fg, hk, lefquelles rencontrent l'hyperbole OBO en K, A, 4,e,g,k Cela fait, le précédent corollaire 24. donnant AT UH +: x KETIA— x ZDP, &lecorol. 10. pag. 354. des Mem. de 1710. donnant atu —2 xebfg— 7 x « Dp; Yefpace ici parcouru en montant d’une vitefle initiale quelconque À A pendant le temps 47° malgré les réfiftances fuppolées, fera {lem. art. 3. pag. 244. de 171 0.) au par- couru en pareil temps 44 par le même mobile en retombant en vertu de fa feule pefanteur dans le même milieu réfiftant fuppofé : : 2 x KETIA—%xZDP.2 x ebfg— x « Dp:: KETIA—-xZDP.ebfg—-xoDp. D'où l'on voit /corol. 24.) que Fefpace total d’afcenfion jufqu’à l'entiére extinction des vitefles 7 U à la fin du temps A M dans le milieu réfiftant fuppolé, fera à celui de chüte faite en pareil temps am dans le même milieu :: X E@ 4 Re ZDS.ebhk — F xD. Les reflexions faites dans le corol. 22. fur les corol. 20. & 21. doivent pareillement fe faire fur celuy-ci auquel elles convien- nent comme à ces deux-la. On pourroit encore tirer de la feconde folution tous les autres corollaires qu'on a tirés de la premiére. R E MAUR QUE Le rapport trouvé dans les corol. 14. 15. & 16. entre k pefantceur du mobile, les réfiftances que lui fait ici à cha- que inftant le milieu fuppofé, & les fommes faites de cette De Pop I ES ral cm 2-7 © CE TE D HS HBAERNESS CHE LS 1. Poe pefanteur & de chacune de ces réfiftances inftantanées, peut encore fe déduire immédiatement des feules hypothefes de ce Problème-ci, lefquelles font /Jo/ut. 1. art. 1.)—dr—=du—=dr + du, & dt ——dt—du "et. ;] Sen déduira de au—+uu au+uu ad la même maniére que celui de {a pefanteur de ce mobile aux réfiftances inftantanées du même milieu, & aux différences ou excès dont cette pelanteur furpafle chacune de ces réfif- tances dans le Problème de la page 244. des Memoires de 1710. a été déduit des feules hypothefes de ce Pro- blème-là dans la Remarque 3.° de la page 371. des mé- mes Mémoires : ainfi nous ne nous y arrêterons pas da- vantage, 1 SUCUHO ELLE Pour ce qui eft de {a courbe X EC des réfiftances inftan- tanées dans la Fig. 2. hypothefe de 7 (TE) ===, qui fait une des conditions du Problème de ce Memoire ci, rendant au+-uu—a7, Où aa-au-uu—aa+-a7, & aura a+ aa EEE, d’où ré- ad? k fulte u—œ1Vaagtaa—la, &du— ; 4ag+aa Fig. 14 2 d — . donnera RER PE NN Sr EN Müis la folut. aa+au+un a zxV 447 +aa —aadu L. FRS EST Donc auffr dt = 221 fera l'équation cherchée de la courbe Æ EC a+ gx Vyaz+aa I. art. 1. donne df — des réfiftances inftantanées, c’eft-à-dire, dont les ordonnées TE (3) feront par-tout proportionnelles à ces réfiftances en (dr) à Ia fin de chaque temps AT ft). On voit e-là 1 Que TE—y= + (corol. 9.) = STI, & que TU en AH rendant 4—b, y rend auff AK(3) mia l Mn ij 276 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE (cotol. 9.) Se. Donc en prolongeant AH, 4, jufqu'à fa ‘rencontre en £, #, de TU, AH, prolongées jufques:à, fa Aigne Ê EC, qui paffera par tous ces points #, Æ,ainfitrouvés, ‘ fera aicourbe des réfiftances inftantanées, c’eft-à-dire, dont les ordonnées 7'£ /3) feront proportionelles à ces réfiftances inftintanées -//r). Reciproquement fi cette courbe FX EC “ft conftruite, il n'y aura qu'à mener de fes points Æ, K, des ‘paralleles EA, K4,à CX, & Von aura les STI, S9, fup- pofées dans le corol. 9. Ce qui déterminera auffi aire hyper- “bolique afymptotique À @ 11 A dont l'excès pardeffus le fcéteur “circulaire Z D P correlpondant, eft /corol. 9.) proportionnel à l'efpace ici parcouru d'un mouvement retardé dans le milieu réfiftant fuppofé, pendant un temps quelconque AT ( x Z P) 2. De ceque /romb. 1,) STIZTE, So—AK& que Tes TE /7) font /hyp.) proportionnelles aux réfiftances inftan- tanées / dr) à la fm de chaque temps AT (+); il s'enfuit que les STI font pareillement ici proportionnelles à ces réfiftances inftantanées, & S@ à la prémiére d’entr’elles au commence- ment du mouvement; ainfi qu'on l'a déja vü dans le corol. 14. ° 3 Dece que /nomb. 1.) ET— STI (corol. p:) “2%, il fuit encore que lorfque TU /u)—=o en AA, H doit auf y avoir ET — 0; & par conféquent la courbe X£C doit rencontrer fon axe AC'en ce point AZauffi-bien que (corol, 1.) Ta courbe AUC. 4 Puïque /romë. 1.) AK (3) ==, fi Y'on fub- flituë cette valeur de 7 dans l'équation 47 — = —<<ét £ : - ax V4 aa dela courbe KE M, cette équation fe changera en 4r — &d7 nr — à dy , ] aa+ab +66 x Vzab+ bb aa aa+ab+bbx 2 b+a pour le point Æ;: d'où l'on voit que cette courbe y rencon- trera fa premiére ordonnée A Æ fous ün angle À M dont - — — suive B ms Sie Mœn cas: So k / À G , à { | LR _" 2 L J le finus fera à celui de fon complément : : 43, aa ab+ 55 xa+-2b::aa. Ds er Kat 2 6 (corol, 9.) !: BS. | Box BL+SL. De forte que fi 8 —à, ce feroit :: I. 9! 5 De même puifque /romb. 3.) ET(z)=0 en M, ON 20 sg OD Hal équation dt = "2 —— de la courbe KEM, Sy : ; aHzxXV4ra—+aa Dis is —aad ; le pa eds réduira à dt —— d7; ce qui fait voir que cette courbe y rencontrera fon axe. AC fois un angle de 45 degrés aufli-bien /corol. 2.) que HUC; & qu'ainfi ces deux courbes fe toucheront en 47, en tournant toûjours Tune & Fautre leur convexité vers AC où elles fe termi- neront. ‘Voilà, ce me femble,-affés d'ufages de la Regle générale des Mouvements faits, dans des, milieux refiflans en raifon quelconque, démontré dans les Mémoires der 707. pag. > 82. & de 1708. pag. 1.1 5e pour. en faire fentir l'univerfalité : je finis donc par la Remarque fuivante. nor 143 | PE LME (Re ONE 09 PF ILEPI PIJ | * NT 91199 . 910: IL 191190@ I. Avant que de finir cette matiére des réfiftances, il eff à ‘remarquer que fuivant le corol. de fa défin. 2. “pag: 223. dés Mere 1707: & fuivant chacune de ces deux premiéres * Regles dela pag. 2 68. des mêmes Mémoires, fi loniprendici@ pour la pefareur où pour telle autre force qu'on veudka,râccé- lératrice ou retardatrice des vitefles primitives v qu'elle accélé- -reroit ou retarderoit dans le vuide fuivant: fa direction , quélle - qu'elle fût; Von aura ici en général @ = ET idont lé figne “mers Lonhoh sNinv af 2ccty fin Fra zonvierteing sh z, l'on aura g—7=#"*; 27 , & que fi @ qu'ils donnent une plus libre entrée au füc nOurricicr, & à cette matiére glutineufe qui doit fe loger dans lépaiffeur de la feüille, & féparer les capfules les unes des autres. D'ail- Jeurs ceite matiére ne fçauroit trouver place fans divifer er quelque façon en deux l'épaiffeur de la feüïlle ; des parties molles telles que font les bouts des feüilles, fouffrent plus aifément une pareille divifion que des endroits plus durs. Les graines trouvent donc dans les extrémités des feüilles Plus de fuc nourricier, & moins de: difficuité à s'étendre, * Fig. 2. VV, à. 296 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE clies y doivent donc croître plus aifément. La couleur des bouts des feuilles eft auffi d'un verdjaunâtre, ce n'eft qu’en vieilliffant & en prenant une tiffure plus ferrée qu'ils pren- nent la couleur du refte de la feüille. Il eft peut-être plus difficile d'expliquer la formation de certains tubercules ou de certaines veflies * qui font diftribuées en différens endroits des feuilles des plantes, telle qu'eft celle de la fig. 2. Ces veflies ont, de part & d’autre de la feüille, Ja figure d'une portion de fphere. Intérieurement elles font vui- des, ou du moins elles ne contiennent que divers filamens fecs, qui les traverfent en tous fens, mais qui ne forment point un tiflu folide. Ces tubercules ne devroiïent-ils point leur naïffance à une caufe aflés femblable à celle qui con- tribuë à former les gouffes des capfules? Je veux dire qu'il y a quelque apparence que la tiflure de la feüille s'étant trou- vée plus fiche qu'ailleurs dans certains endroits, qu'elle y a donné une plus libre entrée au fuc nourricier; que dans ces endroits {e font formés des tubercules folides & prefque in- fenfibles : mais la tiflure extérieure étant devenuë enfuite trop ferrée pour donner la nourriture necefaire à ces tuber- cules, ils fe font déféchés. IL n’y eft refté que divers fila- ments, qui font ceux qui les traverfent. D'ailleurs parmi les parties aqueufes qui compoloient ces tubercules, il y avoit de 'air mêlé; forfque les parties aqueufes fe feront évaporées; l'air aura pû s'en dégager & refter dans la plante. IH fe fera dilaté alors, fe trouvant en liberté; car l'air mêlé dans les liqueurs y eft comprimé : & c'eft probablement à la dilatation de cet air & à l'air qui s'aflemble dans certains endroits de la plante, que ces tubercules doivent leur figure ronde, leur grofieur & leur accroiffement. Ce qui eft de für, ft qu'ils font pleins d'air, &:que cet air n’a point d'ifluë au travers des parois qui le renferment. Lorfqu'on marche au bord.de la Mer fur ces fortes de plantes, on entend conti- nuellement un bruit femblable à celui que fait l'air, lorfqu’en le comprimant on l'oblige à brifer les parois de la veflie où il eft contenu ; auff Je poids, qui charge alors les veflies des Fucus, D RrS: 2: S2C/TIELNI CAE: 297 Fucus, force l'air à fe faire une ifluë, il les déchire. +: Si on retire de l'eau toutes les efpeces de Fucus précé: dentes, lorfque les bouts de leurs feüilles font gonflés en forme de souffle, & peu de temps après que les fleurs en font tombées, quand ces plantes commencent à fécher, on voit une goutte d'une liqueur épaifle, d’un jaune tirant fur le rou- geâtre, qui vient fe placer fur l'ouverture de chaque capfule. Cette liqueur fort fans doute des capfules, puifqu’on la trouve fur leurs ouvertures. Et ayant la couleur des femences qui y font contenuës, il eft clair qu’elle vient immédiatement des femences, ou peut-être qu'elle n’eft qu'un aflemblage de di- verfes petites femences qui n’avoient pas pris encore une confiftance bien folide, & qui, jointes enfemble, paroïflent une goutte de liqueur. La caufe qui exprime cette liqueur des femences, ou qui oblige les femences elles-mêmes à fortir, eft bien-claire. En fe féchant, les fibres de la gouffe fe rac- courciflent, ces fibres ne fçauroient fe raccourcir fans preffer les capfules, & par conféquent fans preffer les graines qu'elles renferment. C’eft apparamment par une méchanique femblable que ces plantes jettent leurs graines lorfqu’elles font à maturité, Nous avons dit que la tige de ces Fucus eft trop flexible pour les foûtenir droits ; que lorfque la Mer les a abandonnés; ils reftent couchés fur les pierres. Nous devons encore faire remarquer qu'ils font tous dans une pofition femblable ; ils ont leurs bouts tournés vers la côte, & leurs pieds ou leurs ra- cines font du côté de la Mer, c'eft-à-dire qu'ils font étendus vers la côte. A la premiére vüë il pourroit fembler qu'ils devroient être dans une pofition contraire. Etant flexibles & agités par la Mer, ils la devroient fuivre lorfqu'elle fe re- tire, & fe trouver par conféquent étendus vers la Mer. Is ne font pourtant dans la fituation oppofée, que parce qu'ils cedent au mouvement de Peau ; dans le temps même que Îa Mer fe retire, elle pouffe continuellement fes flots vers la côte, elle porte feulement les derniers moins loin que les premiers. Chaque flot arrivant avec quelqu'impetuofité, a aflés de force pour poufler.les Æucus vers le rivage ; mais l'eau qu'une Mem. 1711. j PP * Fig. 4. M. M. dc 298 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE vague a apportée, s'écoulant enfuite doucement en fuivant ha pente des bords, n'a plus aflés de force pour porter les plantes d'un autre côté. Aufñfi arrive-t-il que quelques Fucus ont les extrémités de leurs feüilles tournées du côté de la Mer; & cela lorfqu'ils font dans des endroits plus bas que le refte du terrain qui les environne, où qu'ils font entourés par des rochers ou par des murs, comme le font les Æucus qui naïflent dans les Parcs. Ces élevations les mettent à l'abri des derniéres va- gues : ils font encore couverts par l'eau quand les flots ne peuvent plus arriver jufqu'à eux, ils fuivent alors le courant de l'eau, fur-tout lorfque ce courant a quelque rapidité. Auprès des côtes on employe communément ces Æucus à fumer les terres ; les fels dont ils font remplis ne contri- büent pas peu à rendre ces terres fertiles : car on fçait que ces plantes font remplies d'une grande quantité de fels: Si on les garde fans avoir eu le foin de les laifler tremper long- temps dans l'eau douce, ces fels paroiffent bientôt fur leurs furfaces; tantôt on les y voit difpofés en aiguilles, tantôt en cubes. Souvent ces fels couvrent entiérement certains en- droits de la plante, il femble qu’elle foit frottée de poudre à poudrer. On en peut quelquefois ramaffer une quantité confidérable, fur-tout dans les racines tubereufes de quelques plantes dont nous parlerons dans la fuite. Il eft affés ordinaire de trouver des plantes d'une autre efpece fur ces fortes de Æucus. Souvent on y voit une petite efpece de coralline *, que Moriffon appelle Aufcus marinus lendiginofus, minimus, arenacei coloris. La figure qu'il en a don- née, Hiff. Oxon. parts 3. fetf. 1 ç. tab. 9. fig. 2. eft bonne, Nous l’avons fait reprefenter ici fur une feüille de Æucus différente de celles dont nous avons parlé, ce qui fert en même temps à montrer la variété qu'il y a entre les feüilles de ces fortes de plantes. II femble que cette coralline foit formée d'un grand nombre de triangles ifofceles, difpoiés de façon, les uns fur les autres, que l'angle renfermé entre les côtés égaux du triangle fupérieur, va s’articuler dans la DES SCrENCESs. 209 bafe du triangle inférieur, & ainfi de füite. Sa longueur n’eft que d'un pouce & demi ou environ : fouvent elle a plufieurs branches, quelquefois elle n’en a qu'une. À fon origine il paroît divers petits filets *, longs de trois à quatre lignes, qui l'attachent à la plante fur laquelle elle croît; ces petits filets lui tiennent apparamment lieu de racine, Une fi petite plante ne fçauroit guéres avoir de femences bien fenfibles; c’eft beau- Coup qu'on y puifle diftinguer Les capfules où elles doivent ‘être contenuës: & ces capfules font très fenfibles, fi l'on ne veut pas refufer ce nom à de petits vafes, qui reflemblent fort aux capfules de diverfes efpeces de moufles. Ce font des elpeces de petits grelots *, foûtenus chacun par un pedicule, qui part d'une des articulations de {a plante; l'ouverture de chaque petit grelot eft Pourtant un peu évafée & a un re- bord *, On en trouve quelquefois dont l'ouverture eft bouchée par un petit couvercle *, un peu convexe en dehors, & qui paroît s'emboîter en dedans fous le rebord. Souvent On trouve de ces ptits grelots dont le couvercle eft Ôté. Î ya apparence que ce font les femences ou {a pouffiére qu'ils contenoient qui ont fait fauter le couvercle. J ‘avoïüe- tai néantmoins que ce que je viens de dire de la femen- ce ou de {a pouffiére contenuë dans ce grelot n’eft fondé que fur l'ufage que fa figure femble exiger qu'on lui donne, J'ajoûterai même que je n'ai Jamais rien trouvé dans ces prétenduës capfules, quoique j'en aye ouvert plufieurs qui Portoient encore leur couvercle. Peut-être celles-fà étoient- clles infécondes, & la plus grande partie de celles qu'on trouve fermées dans le temps que les autres font ouvertes; le pourroient être. Mais pañlons à une autre plante où es femences font moins équivoques. La plante dont je veux parler * pourroit bien étre celle qui eft gravée dans Moriflon, Hiff Oxon. part. 3. fe: n tab. 8. fig. 12. il la nomme Æxus, anguflifolius , veficulis rugofis , bifurcatis, n'en a pas donné de defcription ; il n'y en a même qu'une petite branche de reprefentée, ce qui he net pas en état d'en connoître le port, ê on n'a pas eu PI * Fig. 4 Tr * Big. si . 300 MEMoiREs DE L’'ÂACADEMIE RoyaLE attention dans la figure de faire fentir que fes feüilles font pliées en goutiére; à cela près, dis-je, le ÆFucus cité & celui dont je veux parler conviennent fort. Sa racine ; faite à peu ï près. comme celles des Fucus que nous avons décrits ci-de- vant, eft collée aux pierres ; fon contour eft rond & a en- viron fept à huit lignes de diametre. De cette efpece de ra- cine ou de ce pied partent immédiatement quatre à cinq feüilles fur lefquelles on ne voit ni nervures ni fibres. Leur couleur eft d'un vert d'olive, leur épaiffeur eft à peu près la même que celle des feüilles dont nous avons parlé ci-devant , mais leur tiflure eft plus ferrée. C’en eft affés de ces quatre à cinq feüilles pour former une touffe très épaiffe & très garnie : auffi chacune d'elles fe divife plufieurs fois, & par fes divifions fournit un grand nombre de branches. A quatre à cinq lignes du pied commencent les premiéres divifions ; chaque feüille fe partage en deux, & les branches qui font nées de ce partage, fe fubdivifent elles- mèmes en deux, à quatre à cinq lignes de là : & ainfi con- tinuënt les divifions jufques aux extrémités des feüilles, qui font une efpece de fourche à pointe émouffée, comme fi elles étoient prêtes encore à fe divifer. La plante entiére n'a qu'environ fix pouces de hauteur. Malgré toutes ces divifions, les feüilles ont par-tout une largeur à peu près égale, elles en ont pourtant un peu plus qu'ailleurs vis-à-vis le point de féparation. A Îa verité elles paroiflent auffi plus étroites vers leur origine que vers leur extrémité ; mais elles n’y font plus étroites qu’en appa- rence. Chaque feüille fe plie en goutiere, & eft plus pliée près du pied qu'ailleurs. Là les fibres plus dures ont plus de reflort. Au refle cette goutiére eft toujours vers le même k côté de la plante :je veux dire que pour la fuivre depuis le pied de Ja plante jufques aux extrémités des feüilles, il ne faut que fuivre la même face de la feüille. Plufieurs des extrémités de cette plante, fe gonflent com- * Fig. s. me celles des Fucus précédents, elles deviennent de même des Fi À CC, goufles * qui contiennent les femences. Il feroit inutile de DES SctrENCcEs. 301 décrire & la figure de ces capfules & la maniere dont les graines y font arrangées : il fuffit de dire qu'elles font par- faitement femblables à celles que nous avons décrites ci- devant ; que les femences n'y font pas difpofées différemment. Nous ajoüterons feulement que ces dernieres goufles con- tiennent beaucoup moins de caplules ; elles n'en ont chacune que fept à huit, & que l'ouverture de la capfule, fur la furface dela goufe, eft très diftinéte. Je n'ay pourtant point trouvé de fleurs aux plantes de cette efpece ; & cela fans doute parce que je les ai vüës dans une faifon trop avancée : elles ont dans le refte une fi grande reflemblance avec les plantes dont nous avons parlé ci-devant, qu'il n'y a guére lieu de douter qu’elles ne portent de fleurs femblables » & qu'elles ne foient du méme genre, en les confidérant les unes & les autres par rapport à leurs fleurs & à leurs fruits. + Î nous refteroit à faire connoître plufieurs autres plantes marines où nous avons trouvé des fleurs & des graines ar- rangées différemment , & même différentes : mais nous don- nerions une longueur exceflive à ce Mémoire : il fera mieux de raffembler dans une autre la fuite des obfervations que nous avons fur cette matiére, RE CH. ELR CHE De la Parallaxe de la Lune dans fes Conjonions avec les Etoiles des Pleiades. Pa M MARALDI L£ demi-diametre de la Terre eft aflés grand à propor- tion de a diflance de la Lune à la Terre, pour caufer une différence fenfible entre les obfervations qui fe font für fa furface d'où nous obfervons, & celles qui {e feroient de fon centre. \1 La ligne droite tirée de l'œil au centre de la Lune mar- que danse Zodiaque {on lieu apparent » & celle qui eft tirée Pp ii 14. Août 1711: 62 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE du centre de la Terre au centre de la Lune, marque fon lieu veritable. Lorfque la Lune eft au Zenith, c'eft-à-dire, dans la ligne droite tirée du centre de la Terre par le lieu de l'obferva- teur jufqu'à la Lune, il n’y a point de différence entre le lieu apparent de la Lune & fon lieu véritable. A l'égard de l’obfervateur qui n’a point la Lune au Zenith, le rayon vifuel tiré de l'œil au centre de la Lune eft incliné avec la ligne droite tirée du centre de la Terre au centre de là Lune, & l'angle que ces deux lignes font au centre de la Lune eft celui qu'on appelle la parallaxe de hauteur. Pour faire un bon ufage des obfervations de la Lune dans 'établiflement de fa Théorie, il faut réduire les lieux appa- rens de la Lune aux lieux véritables , par la parallaxe qui eft la différence-entre les uns & 1es autres. La connoiïffance de la parallaxe dépend de divers princi- pes qui la font varier en plufieurs maniéres. Une de ces varia- tions eft celle qui dépend de la fituation de Ia Lune à l'égard du Zenith; depuis ce terme la parallaxe va en augmentant jufqu'à l'horizon où elle eft a plus grande qu'elle puiffe être. La parallaxe horizontale étant connuë, on peut trouver par les regles que les Aftronomes donnent, celle qui convient à chaque degré de diftance à l'égard du Zenith ; mais la difficulté confifte à determiner la parallaxe horizontale, qui fuivant les hypothefes modernes varie fenfiblement d'un jour à l’autre par des principes différens. Elle varie par la diftance de la Lune à fon apogée dans es conjonétions & dans les oppofitions , & hors des conjonc- tions elle varie par Îa diftance de la Lune au Soleil, & par celle du Soleil à l'apogée de la Lune ; de forte que toutes les variations , auxquelles la parallaxe horizontale eft fujette, ne s’achevent que dans l’efpace de plufieurs mois lunaires. :: Avant les découvertes de l’Académie, les parallaxes auffi= bien que les regles de leurs variations n’étoient pas bien connués ; on lestiroit des hypothefes qui fervent à expliquer les mouvemens de la Lune, mais comme ces hypothefes . L «Mem. de Lcad.1711 PL. 9. pag. : h \ \\ | 17) . ÿ - . Al il {il \ tail | | ui Il À || … | «Me. de LAead ip PL 5 Pad. 302. | | | Mer. de l'Acad 1711. Pl 10 -Pa9 PL em . de 4 cad. 1722. PL « 11 Pa 44 30 A AN N QAE ARE A NN . —— DES SCIENCES, 303 ne repréfentoient ,pas bien les diametres apparens de Îa Lune qui varient par les mêmes regles que changent les pa- rallaxes, elles ne pouvoient pas non plus donner exaétement les parallaxes. La Theorie de la Lune de M. Caffini, donne les diametres apparens dans toutes les parties de fon orbite & dans fes différentes configurations avec le Soleil, tels qu'ils ont été trouvés par les découvertes de M, Picard; c’eft pourquoi cette Théorie jointe aux obfervations des parallaxes faites en quelques endroits de l'orbite de la Lune, pour fervir à déterminer toutes les autres qu’on a coûtume de marquer dans les Tables. Nonobftant cette commodité, il eft toûjours avantageux de les vérifier autant que l'on peut par des obfervations , afin d'avoir par l'accord des unes avec les autres une plus grande évidence, & parvenir à Ja précifion qui eft neceflaire. C'eft auffi ce que nous pratiquons toutes les fois que nous en avons da commodité, comme celle qui s’eft prefentée dans les conjonétions de la Lune avec les Pleïades qui ont été obfervées les deux derniéres années. Dans ces conjonc- tions outre les immerfions & les émerfions des principales étoiles des Pleïades , des bords de la Lune que nous avons _obfervé, & dont on a déja rapporté une partie, nous avons fait encore des obfervations pour déterminer la parallaxe de la Lune fuivant la méthode de M. Caflini , en obfervant plufieurs nuits de fuite le paffage dela Lune par le meridien, en la comparant avec des étoiles fixes tant dans le meridien -qu'à diverfes diftances du meridien. On rapporte ici le dé- tail de ces recherches faites dans la conjonétion du mois de Decembre de l'année derniere. Le 3 Decembre de l'année 1710. par le pafflage du | ‘bord occidental & oriental de la Lune par le meridien, on ‘déterminaŸheure du paffage de fon centre à 10h 4’ $7Te Le même jour l'étoile des Pleïades appellée Æedra, pafla par le méridien à 10 48° 5". Dont la difference du pañlage entre le centre de la Lune & l'étoile a été de 43” 8” de ‘temps, dontila Lune étoit plus occidentale. 304 Memotres DE L'ACADEMIE Royare Le 4 Decembre à ro 43"45". Eletfra pafla par le me- ridien, & le même jour le centre de la Lune y arriva à roû 53’ 5": Donc difference du paflage entre l'étoile & le cen- tre eft de 9’ 20" dont la Lune eft plus orientale. En comparant le paflage d’ Electra par le meridien obfervé le 3 Decembre, avec celui qui fut obfervé le 4, on trouve Y'anticipation journaliere de l'étoile de 4° 20", & par con- fequent le temps que l'Etoile a employé à retourner au me- vidien des 23h $5’ 40" qui font 360 dégrés. Le 3. Decembre la Lune étant arrivée au meridien à rof 4" 57 , & le jour fuivant y ayantété à 10h 53° 5", la différence eft 24h 48’ 8" qui eft le temps du retour de la Lune au meridien, duquel f1 on ôte celui de l'étoile qui a été trouvé de 238 55’ 40”, la différence fera $ 2. 28" qui eft la variation de a Lune en afcenfion droite dans le temps -de fon retour au Meridien, cette variation convertie en de- grés & minutes en raïfon de 360 degrés pour 23h 55" 40" on aura 13 9° 14". Après avoir trouvé par ces obfervations le mouvement propre de a Lune en afcenfion droite , & la fituation qu'elle avoit dans le meridien par rapport aux étoiles avec lefquelles elle a été comparée, il faut connoître la fituation apparente dans laquelle la Lune fe trouva à l'égard des mêmes étoiles lorfqu'elle étoit éloignée du meridien, pour comparer enfuite cette fituation apparente à a veritable qu'elle avoit en même temps. Nous fimes à cette fin pendant la nuit du 4. Decembre plufieurs obfervations du paffage de la Lune & des Pleïades par le même cercle horaire, placé au foyer d'une lunete de ro pieds, qui étoit montée fur la machine parallatique. Par le paffage des bords de la Lune par ce cercle, fon centre y arriva à 4h 43° 14", & Etoile appellée Æ/eéfra paffa par le même cercle horaire à 4h 44° 30", la différence d'afcenfion droite entre le centre de la Lune & l'Etoile eft de 125". À 4h 47° 46" cette difference étoit de 1° 14 dont l'Etoile étoit plus orientale; mais à 6 7’ 40" la dif- férence entre l'Etoile & le centre de la Lune qui avoit paffé la É ES: SCT EN CB: 305 Ja conjonétion , étoit de 1° 26”, dont le centre de Ia Lune étoit plus oriental. Préfentement que nous avons a différence d’afcenfion droite apparente-entre la Lune & l'Etoile , il faut connoître quelle étoit dans le même temps la différence d’afcenfion droite veritable, à proportion de ce qu'elle augmentoit d'un aflage à l'autre de Ja Lune par le meridien. Entre l'obfervation de {a Lune par le cercle horaire faite à 4 43° 14", & fon pañlage par le mcridien qui a été obfervé le 4 Decembre à 10h 53° 11", il y a une diffé- rence de 6h 9° 57". Dans cette intervalle ,à proportion de 2° 28° variation d'afcenfion droite que la Lune a fait en 24h 48’ 8", le mouvement d’afcenfion droite de la Lune à l'égard de l'Etoile aura été de 13° 2”; mais au pañfage de la Lune par le mcridien obfervé le 4 Decembre, la diffé- rence d’afcenfion droite entre l'Etoile & la Lune étoit de 9° 20" qui étant ôtée de 13° 2", refte 3' 42”, différence du paflage qu'on auroit trouvé à 4h 43'entrel'Etoile & la Lune, s'il n'y avoit point eû de parallaxe , & fr le mouvement propre de la Lune en afcenfion droite eût été égal; mais par lobfervation immédiate faite à 4h 43", la différence du paffage a été trouvée 1° 25", la différence à 3° 42" eft 2° 17" qui font 34° 20" de degré pour argument de la paral- laxe. Par de femblables recherches on a trouvé par l'obfer- vation faite à 4h 48’, pour augment de la parallaxe 2° 1 8. A 6h 7'il a été 2° 9", ainfi de diverfes autres obferva- tions que nous fimes plufieurs fois pendant la nuit. Voilà quelle feroit la parallaxe qui conviendroit à nôtre parallele, fi, comme nous avons dit, le mouvement propre de la Lune en afcenfion droite étoit égal dans fon retour au meridien. Il refte donc à voir fi ce mouvement n’eft point mêlé de quelque inégalité, & dans ce cas quelle eft {a partie dont il faut tenir compte dans nôtre obfervation. Dans le Livre de la Comete de 1 680. M. Caffini a mon- tré la méthode de diflinguer ces inégalités pour y avoir égard dant les recherches des parallaxes. Mais dans cette rencontre Mem, 1711, Qgq 306. MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaALE où les inégalités de la Lune font fenfiblement différentes’ d'un jour à l'autre, j'ai crû les pouvoir tirer des tables du, mouvement de la Lune de M. Caffini , après les avoir com- parées aux obfervations faites trois jours de fuite au meri- dien. Par cette comparaïlon il paroît qu'elles repréfentent aflez bien les afcenfions droites obfervées, mais principale- ment les variations d’afcenfions droites qui réfultent des ob- fervations d’un jour à F'autre avec lefquelles elles s'accordent dans la même minute de degré , ce qui fuffit pour connoître exactement ces inégalités. Par cette manitre nous avons trouvé l'inégalité de la Lune en afcenfion droite, dûë à la partie proportionnelle de fon mouvement trouvé ci-deflus , laquelle eft de 4' 30" de degré dans fe parallele de la Lune, qui étant converties en temps donnent 18", dont le mouvement d'afcenfion droite eft plus grand que celui qui a été conclu par la partie pro- portionnelle; ce qui augmente d'autant la parallaxe de la Lu- ne trouvée par la feconde Obfervation , de 2° 18", & la fait de 2° 36" qui étant converties en degrés, donnent 39" 0" pour la parallaxe qui convient au demi-diametre du parallele de Paris; car comme les obfervations dont on vient: de conclure , tombent fort proche du cercle de fix heures où elle eft la plus grande qu'elle puiffe être dans le même parallele, on n’a pas befoin de la réduétion qui feroit necef- faire pour les oblervations faites plus près du meridien. De cette parallaxe on trouve celle qui convient au demi- diametre de la Terre, la premiére étant à la feconde, comme le finus de la diftance de Paris au pole, eft au rayon. Outre cette réduétion , il faut encore convertir les minutes de 1a parallaxe trouvée dans les paralleles où la Lune fe trouve, en minutes d'un grand cercle. Après toutes ces recherches, Ia parallaxe horizontale de la Lune refulte de 54’ s 5” pour le temps de la conjonétion de la Lune’avec les Pleïades arrivée le 3 Decembre de lan- née derniere , & cette parallaxe fe trouve la même à peu de fcondes près par plufieurs obfervations faites pendant k DES: SCT EN CE 8 0% ‘même nuit à diverfes diflances du meridien , toutes lés réduc- tions étant faites. Dans la conjonction qui eft arrivée le 23 Septembre ‘1709. la parallaxe horizontale à été trouvée de 58 10”, d'où il paroït que dans le mois de Septembre la Lune étoit plus proche de fa Terre, que dans {a conjonction de la Lune avec les mêmes Etoiles, qui eft arrivée au mois de Decem- bre, ce qui vient en partie du mouvement de l'apogée de Ja Lune, & en partie de la diftance apparente de là Lune ‘au Soleil qui a été différente dans ces deux conjonétions, TABLE GENERALE DES SISTEMES TEMPERES DE MUSIQUE. Pa M Sauveur. | L E confentement unanime que les Géometres & es Aftronomes ont donné à {a divifion du cercle en 360 degrés, & de chaque degré en 60 minutes, dé même qu'aux divifions du finus total en 10000000. parties , nous mar- que la neceflité qu'il y a de convenir dans l'Acouftique d'une divifion des intervalles des fons qui foit reçûë par tous 4 des Mathématiciens, afin que l'on puifle parler un {langage : qui foit uniforme : ce qui eft-ici abfolument neceffaire pour Yavancement de cette fcience. Dans les Mémoires de l'Académie en 1701. j'ai établi la divifion de l'oétave en 43 merides, celle des mérides en 7 cptamérides , & celle des eptamérides en 10 décaméri- D des : j'ai même donné des noms à tous ces intervalles ; en- + fuite j'en ai fait l'application à tous les fyftemes & à tous les inftrumens de Mufique. J'ai fait voir depuis dans les Mé- ‘moires de 1707 que le fyfteme de 4 3, devoit être préféré ‘à ceux de 55 de 31,& de 12, qui font les plus connus, Qqi Mifeell. 308 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE Voici un nouveau fyfteme de $o, qui vient de paroître dans une Lettre écrite à Anfpach le 17 Avril 1708; & inférée dans le premier Memoire de l'Academie de Berlin, intitulé Mifcellanea Berolinenfia anno 1710. à la feétion XXVIIT, laquelle eft divifée en 45 paragraphes. $. M. Henfling, Auteur de ce fyfteme, tâche de l'établir par des principes appuyés de démonfrations algébriques, d'un grand fonds d'érudition & d'une grande pratique qu'il nous marque avoir dans les inftramens de Mufique. J'ai fuivi pied à pied les principes de ce fçavant homme, & j'ai trouvé qu'ils fe réduifoient à ceux-ci. 1. Par des additions & fouftraétions reciproques de l'oc- tave, de la quinte & de la tierce majeure, il forme tous les intervalles diatoniques , mais la plüpart plus grands ou bien Berolin. an. blus petits d’un comma que les intervalles jufies ; & il décide 3710. /fect. X XVIII. qu'un fyfteme legitime de Mufique doit avoir fon intervalle S. 3.5.6. temperé entre l'intervalle jufle & celui qu'il a trouvé diffé- rent d’un comma. 4 Je trouve dans ce principe deux défauts : le premier eft S.'27. qu'il met un terme trop grand pour un intervalle temperé être entre l'intervalle jufte & celui qui en différe d’un com- ma ; puifqu'un fyfleme feroit très défectueux , fi un de fes intervalles temperés s’éloignoit du jufte, même d'un demi- comma. Ce qui eft aifé de connoître par la Table générale que je donne ci-après. s Le fecond défaut eft qu'ayant reglé, par exemple, la fe- conde mineure jufte & un autre excédente d’un comma, ül veut que la temperée foit entre la jufte & l'excédente; pour- quoi ne pourra-t-elle pas être au -deflous de la jufte dans les mêmes bornes d'un comma, puifqu'un intervalle tem- peré peut autant s'approcher du jufte d'un côté que de l'autre? 6 2. M. Henfling établit enfuite fon fyfteme de $o par cette méthode, du ton mineur que j'exprimerai par #,& qui contient 458 décamerides : il ôte le femi-ton majeur qu'on appelle diatonum , que j'exprimerai pars & qui contient 280 décamerides, le refte fera :—5, 178, qui eft le femi-ten DES SCIENCES 309 mineur, qu'on appelle Chroma; du femiton majeur Ôtant le fe- mi-ton mineur, il refléra 2 5—#, 102. appellé #armonie ; du Chroma ôtant l'harmonie ; il reftera 2 — 3576. qu'il appelle /yperoche ; de l'harmonie Gtant l'hypéroche, il reftera fon efchatum $ 5 — 3 t, 26. Gtant l'efchatum de l'hyperoche, il reftera enfin $:—8 5, so. Enfuüite il fuppole $ 485 G.25.26. our.s::8. 5. deforte que fuppofant le tons de 8 parties, 27:29: le femi-ton majeur s fera de $ , & l’oétave 5 + 25 fera de I50. parties qu'il prend pour fon fyfteme. En fe fervant des fouflraétions précédentes par l'efhatum 3 5— 2 t, il conclud de même le fyfteme de 31, & par l'Ayperocha 21— 3 sil conclud le fyfteme de 19; & enfin par l'harmonie 25-—ril conclud le fyfteme de 1 2;& comme le fyfteme de 43 ne fe rencontre point dans la fuite de fes opérations, il ne le croit pas legitime. J'ai auffr deux chofes à répondre à fa maniére de former 7 des fyftemes de Mufique : la premiere eft qu'il auroit été plus raifonnable d'ôter le diatomum s, 280. du ton majeur T',$r1. que du ton mineurs, 458, puifque dans l'octave il ya 3 tons majeurs , & qu'il n'y 4 que deux tons mineurs, & alors il auroit conclud les fyftemes de 12,19,31,43, 5 5 & 67, mais if n'auroit pas rencontré celui de $o : La feconde eft qu'il ne faut fuivre ni l’une ni l’autre de ces deux méthodes , mais une qui foit moyenne entre les deux, puif que le ton tempéré doit être moyen entre le mineur & le majeur. , - Pour n'être pas obligé de répondre plus au long à M. Hen- g fling * ni en particulier à chacun de ceux qui pouroient propo- fer de nouveaux fyftemes, je donne la Table fuivante qui ren- ferme tous les fyftemes temperés de Mufique ; je marque les intervalles temperés de chacun de ces fyftemes & leurs diffé- rences aux intervalles juftes , afin qu'on puifle les comparer les’uns aux autres , & fentir plus nettement les raifons que j'ai eû de choifir le fyfteme de 43. Cette Table contient XV colomnes. On a marqué par ) les titres les intervalles diatoniques de chaque colomne, & Q aq ii HF 72e 310 MEMOIRES DE L'ÂGADEMIE ROYALE on a exprimé par lettres ces mêmes intervalles, afin de mon: trer les opérations qu'il faut faire pour former les intervalles tempcrés de chaque fyfleme. Lacolomne V contient dans le titre le demi-ton majeurs, & la colomne VI le ton moyen #, la colomne IV contient le demi-ton mineur 4—5, Ja Il leur différence 25—% Dans la I & la Il font les mêmes itervalles que dans la IH & IV. : 10 Dans la VIT colomne eft l'oétave $#+-25. Dans la VIII eft une des parties dans lefquelles eft divifée l'oétave exprimée par le logarithme 30 10,300. Leslettres desIX, X, XI, colomnes font les mêmes que celles des 11, V VE Les lettres des XII, XII, XIV, XV col. font prifes dans la II colomne de fa Table qui eft dans les Mémoires de 1707 en mettant r au lieu de 7: Les intervalles juftes en . décamérides, qui font à côté de ces lettres, font pris dans la III colomne de la même Table, en retranchant les trois derniers chiffres des logarithmes. A l'égard de la feconde ma- jeure ou du ton moyenf, 490. nous avons pris 3 7-2} où 1435—+-915—2450. qui font renfermés dans loc- tave : en divifant leur fomme 2450 par $ , nous avons eû le ton moyen 490, qui doit être pris pour le ton jufte, auffi-bien que #—s, 2 10. dans la IX colomne pour le fe- mi-ton mineur jufte, . Dans la I colomne nous avons fait 25—#de6o parties, & dans la IT colomne nous avons mis les multiples de 6a . de 30 & der$, qui font compris entre 105$ & 285 qui . font à peu près avec 60 les rapports de 1 à r4+& de x à 45 que nous avons marqués dans les Mémoires de 1707. Mais nous avons ajoûté au de-là de ces bornes 90 & 60 vers le haut, & 300 avec l'infini vers le bas ; & enfuite dans les deux colomnes | & I[— 60, 291, &—60, 120, afin d'avoir les fyftemes 19, $0, 67, 12,53, 17, qui ont leurs partifans. \ #2 Les nombres de la III & IV colomne font les mêmes que ceux de la I & IL divifés par 60, on par 30 ; ou par 1 Len oO DE 1817 SG NE: cas zur 15. & ces nombres feront les valeurs de 25—+ & der —s dont nous nous fervirons dans chaque fyfteme temperé. En ajoûtant enfemble les nombres de la III & IV co- lomne, lon aura les nombres s de la V en ajoütant de méme ceux de la IV & V lon aura z de la VI colomne. Prenant dans les deux colomnes V & VI les valeurs $#+-25, lon aura les nombres de & VIE colomne- qui marquent le nombre de parties dans lefquelles les oétaves de chaque fyfteme font divifées : & c'eft par ces nombres de la VIT. colomne que nous défignerons les fyftemes tem- pérés, ainfr 3 1 marquera le fyfteme de 3 1 que M. Hughens a adopté, & dans la ligne de ce nombre 31 on trouvera tous les intervalles & toutes les propriétés de ce fyfteme. Dans la VIII colomne , fi l'on divife le logarithme 3010. 300 de l'oétave par les nombres de la VIL colomne, lon aura la valeur d’une partie de chaque fyfteme en déca- mérides & en milliémes parties de décaméride , ainfi di- : vifant 3010, 300 par 31, lon aura 97 -26 décaméri- des, pour une des 31 parties du fyfleme de M. Hughens. Les colomnes fuivantes qui marquent les petits interval- les du fyfteme diatonique, font fubdivifées chacune en trois petites colomnes. Dans la premiére font les valeurs des let- tres qui font marquées au titre, & qui font prifes dans les colomnes V & VI;ainfr dans la IX colomne Yon a1—5, dont les valeurs pour le fyfteme de 3 1. font danses colom- nes-VI & V,$—3— 2 qu'il faut placer dans l11X colom- ne. Pour avoir les nombres, de la moyenne petite colomne, multipliés ceux de la VIIT par ceux que vous venés de mettre dans la premiére petite colomne, & retranchés les milliémes :ainfi dans le fyfteme de 3 1 multipliant 97, 106 par 2, Von aura 194, 212, ou fimplement 194 décamé- rides. Enfin, ôtant 210 ( qui eft au titre dela IXcolomne } de chaque nombre de la moyenne petite colomne, lon aura. les différences qui font dans la HE petite colomne:: ainft dans le fyfteme de 31, lonaura 194— 210——16qui marque que le femi-ton mineur de ce fyfteme eft plus petit 4 La bei 3: 5 16 +4 18 1. 312 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE de 1 6 décamérides que le femi-ton mineur jufte 210. : Ce que nous venons de faire pour le fyfteme de 3 1 , fe doit pratiquer pour les autres fyflemes ; & ce que nous avons fait pour la IX colomne, fe doit entendre pour les colomnes fuivantes. Dans cette Table l'on na point mis les grands intervalles qui font la faufle quinte, la quinte, les fixtes & les feptiémes, arce qu’étant les complémens des petits intervalles à loétave, en Ôtant de l’octave un petit intervalle ; par exemple, la tierce mineure temperée, l’on aura fon complément qui eft la fixte majeure temperée, & fa différence à la fixte majeure jufte eft la même que celle de fa rierce mineure temperée à la tierce mi- neure jufte avec un figne de +- ou de — contraire. Dans la même Table l'on auroit pü ajoûter à la colomne II. les multiples de 12,de 10,de 6,de $, de4,de 3 &de2, & d'une infinité d’autres en fraétion : mais 1°. ces multiples auroient donnés des nombres dans la VIT. colomne qui auroient été trop grands pour fervir de fyftême , auffi-bien que ceux de cette T'able qui ont été formés par les multiples de 20 & de 1 $ qui feront exclus du nombre des fyftemes par cette même raifon. 2°. Les nouveaux fyftemes fe trouvant placés parmi les fyftemes de la Table, leurs différences des troifiémes petites co- lomnes auroient fuivi le même ordre de diminution que ceux qui font dans la Table, dont ils n’auroïent pas été éloignés or- dinairement d’une décaméride , ou au plus de 2 ou 3, ce qui eft abfolument infenfible, d'où il fuit que ces nouveaux fyfte- mes auroient été embaraflans & inutiles. Enfin je n'ai point mis les intervalles idiminués & minimes, ni les fuperflus & maximes ; parce que dans l’ufage de ces inter- valles alterés qui eft rare, l'intention des compofiteurs étant de rendre leur Mufique plus piquante, ou plus trifte, le goût des différentes Nations & même de nos plus habiles compofiteurs n'eft pas reglé fur le plus & le moins de ces fortes d’intervalles, Nous avons exprimé les intervalles diatoniques par les dé- camérides, c'eft-à-dire , par les logarithmes ordinaires, dont on retranche les trois derniers chiffres, parce que + décaméride ou : DES S CcrTE NICE s. É oula 10 8.° d'un comma eft abfolument infenfible à l'ouïe, ainfi les 10 chiffres des logarithmes dont M." Hughens & Hen- fling {e fervent font inutiles, fept chiffres fufhfent pour les calculs, & quatre pour exprimer les intervalles diatoniques. En jettant la vüë fur les différences des intervalles temperés aux intervalles juftes qui font marqués dans les troifiémes pe- tites colomnes des IX, X, XI, XII, XIIL, XIV & XV co- lomnes , on remarquera 1.° que les différences font o dans le femiton mineur , dans la feconde mineure, & dans la majeure du fyfteme de 43, dans la tierce mineure du fyfteme 19, dans la tierce majeure du fyfteme 112 ouenviron, dans la quarte du fyfteme 17, & enfin dans le triton du fyfteme 1 89, de forte qu'il n’y a aucun fyfteme temperé qui ait tous fes in- tervalles égaux à ceux du fyfteme diatonique jufte. £ 2.9 On remarquera auffi qu'au deffus & au deflous de o les différences augmentent à mefure qu'elles ‘s’en éloignent , & qu'elles font pofitives d’un côté & négatives de F'autre; c’eft-à- dire , queles intervalles tempérés font plus grands d'un côté que l'intervalle jufte & plus petits de l'autre. De forte queles intervalles tempérés ont leurs différences d'autant plus grandes, qu'elles font plus éloignées de la différence o ou 1. Après ces remarques, l’on conçoit que le fyfteme tempéré le plus parfait eft celui qui ayant fon oétave divifée en peu de parties , a fes différences les moindres & les moins inégales. Por faire choix du fyfteme tempéré le plus parfait, on doit exclure d'un côté les fyftemes 1 9 & 5 0, & de l'autre les fyfte- mes 67, 12,17 & 53; car outre qu'ils font hors des bornes que nous avons prefcrites*, les différences de leurs intervalles font trop inégales, quelques-unes étant plus grandes qu'un demi-comma, & le fyfteme de 6 7 dont les différences font les moindres, eft exprimé par un trop grand nombre. …: Les fyflemes qui font formés par les nombres de Ja IV.e colomne plus grands que 4 doivent être exclus, parce que leurs oétaves font exprimées dans la VIT colomne par des nombres trop grands , de forte qu'il ne refte plus qu'à prendre fon parti fur les fyftemnes 311743 & 5 5. «1! Mem. 1711. Rr 20 21 22 23 * Arts hrs 44 314 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE, ROYALE 25 , Lefyflemede 5 5 qui ef celui des Muficiens ordinaires doit être exclus, parce qu'il ft exprimé par un grand nombre, & que {es tierces ont des différences fort grandes. | 26 Il eft vrai que le fyfteme de 3 1 eft exprimé par le plus pe- _tit nombre : mais je préfére le fyfteme de 43 , parce que 1.0 il garde la feconde mineure s des intervalles juftes du fyfteme diatonique. 27 2.9 11 garde auffi la feconde majeure & le femi-ton mineur dans les. milieux arithmétiques entre les juftes majeurs & mi- neurs, comme nous avons expliqué dans l'Art. 1 0. 28 3-° Les différences des autres intervalles font égales , excepté celle de la tierce mineure qui eft double : cette égalité de diffé- rence entre les intervalles tempérés & les jufles , choquent moins les oreilles que les différences inégales. 29 4:° Endivifant une partie du fyfteme 43 en 7 eptamérides, les différences fe trouvent de 1 ou 2 eptamérides à 5 ou 2 de- camérides près, ce qui eft eflentiel dans un fyfteme, & une divifion femblable ne fe rencontre point dans le fyfleme 3 1. o $-° Dans le fyfleme de 43 la quarte qui eft la confonance la plus parfaite , a fa différence plus petite que dans le fyfteme de 31 ; & à l'égard des tierces dont les rapports £ & £ font exprimés par des nombres plus grands que ceux de la quarte +, les différences y font moins fenfibles à l'oreille que dans la quarte & dans la quinte. 31 6e Le fyfteme de 43 eft un fyfteme moyen entre les _ fyfiemes extrémes légitimes, il eft femblable au ton tempéré qui eft moyen arithmétique entre les 2 mineurs & les 3 ma- * Art. 10. jeurs * qui font renfermés dans l'oétave. 2 : 7° La fomme des différences des intervalles du fyfteme 43 prifes toutes pofitivement , eft la moindre de toutes les fommes des différences des autres fyftemes. 8.0 Les eptamérides & les decamérides du fyfteme 43, font les logarithmes ordinaires des rapports des fons que for- ment chaque intervalle, ce qui ne fe rencontre point dans les autres fyftemes. 34 9. Les facteurs de Clavecins du Roy & de Paris, qui ont DES SCIENCES. EL : monté l’oétave de leurs Clavecins fur mon Monochorde, dont l'oétave eft divifée en 43 mérides, ont trouvé leur tempé= ramment fort jufte ; & j'ai divifé l'oétave d'un Monochorde en 31,45, 50 & 5 5 parties, mettant la corde du Monochorde à l’uniffon avec un C /o/ ut d'un Clavecin qu’on avoit accordé très-exactement ; on a enfuite placé le chevalet fous la corde, en la mettant à l'uniffon avec chaque touche du Clavecin'; on a trouvé que le chevalet fe rencontroit toûjours fur les divifions du fyfteme de 43 ou à très peu près, & s’éloignoit des divifions des autres fyftemes , lorfqu’elles étoient fort dif. férentes de celles du fyfteme 43. Je fçai qu'il y a des Fac- teurs qui montent leurs Clavecins avec: des accords plus pic- quans, & par conféquent peut-être plus approchans des au- tres divifions. Cette variété confirme l'établiffement du fyfte- me de 43 , parce que chaque partie fe fubdivifant en 7 epta- mérides ou en 70 decamérides, & les tempérammens ou dif- férences du fyfteme 43 étant égales, en ajoütant ou ôtant quelques eptamérides ou decamérides d’un intervalle tempéré “de ce fyfteme, l’on exprimera la quantité dont il faudra hauffer ou baïffer un intervalle de ce fyfteme pour convenir avec celui d'un Facteur, qui ne fe rapporte fouvent exactement avec au- cun fyfteme tempéré. Fun Ces raifons me paroiffent fuffifantes pour déterminerles Ma- thématiciens à choifir les fyftentes de 43 mérides, dont chacune eft divifée en 7 eptamérides & celles-ci en 10 decamérides. Nous avons donné des noms à tousles 3 © r 0. fons qui féparent les 3 0 1 0. decamérides qui compofent l'oétave moyenne, & nous avons diftingué les noms des autres octaves de ceux-ci, & même nous avons formé des Notes littérales, comme nous l'avons expliqué amplement dans les Mémoires de l'Académie de 170 1. Tout ceci ne fe peut pas faire avec la même fimpli- cité &exaétitude dans le fyfteme de 3 1 nidans les autres. Ÿ ÿ # Rri 35 _ 316 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE : + CAO EPA DENECENCECOES ie le M le ÉPÉÉRÉ I TRES EEE RE ÉTÉ R RÉEL EL EE MESSIEURS. DE..LA:. SOCIETEÉ, Royale des Sciences, établie à Montpellier, ont envoyé a l’Academie l'Ouvrage qui fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles ; comme ne faifant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roy au mois de Fevrier 1706. ETABLISSEMENT DE QUELQUES NOUVEAUX GENRES | DE PLANTES ms MAN LS SU IQNLUHE. ee AspAR Bauhin dans la quatriéme feétion du onziéme Livre du Pinax, propole trois efpeces de Rhus. Sça- voir le Rhus folio Ulmi, 1e Rhus myrthifoha monfpeliaca , & le Rhus myrthifohia belgica ; mais comme les caracteres de ces trois plantes font tout à fait différens , il.a été néceflaire de les féparer , & d'établir de nouveaux genres pour les y placer. M. Taurnefort dans la premiére fe@tion. de la vingt-uniéme claffe de fes Inftitutions de Botanique , où il donne le caractere des arbres & arbrifleaux à fleur en rofe , dont le piftille devient: un fruit qui n’a qu'une cavité , y a rangé le Rhus folio ulmi ; & il avertit dans le même endroit des Elémens de Botanique, Mem. de l'Acad, de 1711. pag. 316. YSTEME DIATONIQUE JUSTE. XIIT. TIERCE majeure. AV Triton, 3t 148: | diff. 6 SI |—18 RAC ZIN 18 9 1426 55 16 | 963 — 6 À 21 |1264| 15 À 24 |1445 [3 6 36 | 968 — 1 47 |1263| 14 | 54 |r4st|—30 10 | 971 2 la3, 1262) 13 à 15 | 1457 2248 44 | 974 s | 57 |1262| 13 | 66 | 1461 |—20 34 | 975 | 644 |1261| 12 À 51 |1462/—19 24 | 976 7 Ü3v |1261| 12 À 36 |1464|—17 38 | 978| 9/49 |1261| 12.) 57 |1467|—14 s2 | 978 gd 67: lr267| 12 1178 | 146818 14 o8o!l" 10h18 1260) 254) 2r | 1470 ra 60 | 982 13477260! 11 | 90 |1472 909 es. me À ————— A | ——— | ————— | — ee À — | —————— | —————— | ——— | ————_— | ————— | — | —— 1 ——— 1 ———— À ——————— | À ————— | — 18 |1022 53 1 22 |1250 9 4 [1003 | 34 $s |r254| 5 | 6 1505! 24 1 6 |1062| 93 71-11240| "0 |- b Mem. de l'Acad. de 1711. pag. 316. IMANBSIEE ICT ENTER PANERE DES SYSTEMES TEMPERES DE MUSIQUE COMPARES AVEC LE SYSTEME DIATONIQUE JUSTE. 1X. Demi-ton mineur. = NJ © [sw TIERCE mineure, Seconde mineurc. TIERCE majeure. pb bb co oo œ@| oo Wu NN | om a b b b - — © b bn b b bb an w |w oN CR b b b SN N [NI co co b au [uw bb À 219 N nm mu 0 |:p wo | me “ ON bb NI b En | & | wo b | as me b b b b NNNI [NN = ID VO Re Lo Us lu uw ppm m b bb b NN bu NN NN - 0 + b = D EIS ES /Cin EI er sl 2 qu'il faut exclure de ce genre le myréhifolia monfpelaca & le myrthifolia belgica , parce qu'ils n'en ont pas le caractere. Et dans les Mémoires de Académie Royale des Sciences de l'an- née 1705. où il donne quelques nouveaux genres de plantes ; ü établit celui du Gale, qui doit être rangé dans fa cinquiéme fection de la quinziéme clafle des Inflitutions de Botanique, qui comprend les plantes qui ont les fleurs à étamines , {é- parées des fruits fur le même pied ; & c'eft ce Gale que Cafpar Bauhin appelle Rus myrthifolia belgica, & Jean Bauhin, Gale frutex odoratus feptentrionun , nom que M. Tournefort a re- tenu. Et comme le myrthifolia monfpeliaca ne pouvoit pas être rangé fous aucun de ces deux genres , j'ai été dans l'obligation d'en établir un: nouveau fous le nom de Coriaria , ou Herbe aux T'anneurs COR LT ASRCTIA Le Coriaria eft un genre de plante dont la fleur À eft com- pofée de dix étamines chargées de deux fommets chacune 2, qui fortent du fonds du calice €, qui eft divifé en cinq parties jufqu’à fa bafe. Lorfque la fleur eft pañée, le piftille D qui eft contenu dans un autre calice qui eft pareïllement divifé en einq parties jufqu'à la bafe Æ, devient conjointement avec lun & l'autre calice un fruit Æ'qui contient cinq femences G qui ent à peu près la figure d’un rein, Je ne connois qu’une efpece de ce genre : Coriaria vulgaris : Rhus myrthifolia monfpeliaca. C. B. Pin. 4 1 4. = Je l'appelle Coriaria, où Herbes aux Tanneurs, parce qu'elle a le même ufage pour apprêter les cuirs, que Théophrafte ; Diofcoride, Pline & la plüpart des autres Auteurs attribuënt. au Sumach qu'ils ont nommé Rhus Coriaria, où Rhus Coria- tiorum. - TASMINOID.E S. Éto Je me fers de ce nom pour exprimerun genre de plante dont la fleur 4.eft une cloche aflongée'en tuyau, & décou- pée en cinq crenelures.. Le calice 8 qui foûtient cette fleur eft | Rr ii 318 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe un godet découpé en cinq parties , dans le fond duquel fe trouve le piftile. C'qui s'emboëte dans un trou qui eft au bas de la fleur , & qui lorfqu'elle eft pafñlée, devient un fruit ou baye ronde & molle D, qui renferme environ douze ou qua- torze femences E. Je ne connois qu'une efpece de ce genre: Jafninoïdes Africanum Jafmini aculeati foliis ér face : an Rhammus alter fol. falfss fl. purpurco. C. B. Pin. 477. Rhamni prioris altera fpecies , Cluf. Avant que de pañler aux genres fuivans, j'ai crû qu'ilétoit à propos d’avertir que je n'ai donné le nom de /a/minoïdes à cet arbufte, qu’à caufe du rapport qu’il a avec le Rhamnus cortice albo monfpelienfium , J. B. que j'ai placé au genre du Jafmin, & que j'appelle Jafminum frutefcens aculeatum flore yanthlno : parce qu'il n'a pas pü {e ranger au genre du Merprun , ni à celui du Palvre , non plus qu'à celui du Rhammoïdes que M. Tour- nefort a établi dans le Corollaire des Inftitutions de Botani- que, où ila placé le Rhamnus falicis folio anguflo frutu flavefcente ; C. B. Pin. 477. fous le nom de rhamnoïdes fruäfera foliis falicis baccis leviter flavefcentibus. Et c’eft ce qui nv'a obligé de fe rapporter à la premiére fec- tion de la vingtiéme clafle des Inftitutions , où il ef traité des arbres & arbrifleaux qui ont {a fleur d’une feule fetille, & dont le piftille devient une baye ou fruit mou, & rempli de pepins, dans laquelle eft compris le genre qui contient les différentes efpeces de Jafmin. Et fi je doute que cet arbufte; dont je viens d'établir le genre, foit 1e même que celui que Clufus nomme dans le chap. 77. du premier Livre de fon Hifloire, Rhamni prioris altera fpecies, qu'il dit n'avoir trouvé que dans un feul endroit près d'Horivella dans les extrémités du Royaume de Valance, le Jong du fleuve Segura ; & Bellon; fur les côtes de la Mer rouge : c'eft parce que celui-ci, quoi- qu'il ait les feüilles & plus petites & plus charnuës , qu'il ne s'éleve pas auffi haut que le Ja/minum aculeatum , qu'il foit d'un goût tant foit peu falé, & qu'il ait la fleur de couleur de pourpre, comme celuidont parle Clufus. Toutefois la fleur ARE DES SCIENCES. zt> n’en eft point du tout évafée, comme Clufius prétend que Left: celle du fien, & qu'il ne dit pas un mot de fon fruit. PJ,C & FETE Le Ficoïdea eft un genre de plante dont la fleur À eft à étamines placées dans {ec calice 2 découpé en cinq parties. Lor{- que la fleur eft pañlée , le piftille qui eft chargé de cinq petits filets jaunes C devient un fruit pentagone D qui s'ouvre en cinq parties , dans la cavité duquel font contenuës quantité de petites femences Æ de la figure d'un petit rein. Je ne connois qu'une efpece de ce genre: Ficoïdea procumbens Portulace folio : Kali aigoïdes canarienfe pro- cumbens Portulacæ pallefcentibus folis afpergine rorida perpetuo ma- didis. Pluk. Phytogr. T. 304. Volch. flor. noriberg. 2 3 6. J'ai donné à cette plante le nom de Æicoïdea, parce que fon fruit a beaucoup de rapport avec le fruit de quelques efpe- ces de Ficoïdes , dont parle M. Herman dans le Catalogue des Plantes du Jardin Académique de Leyden ; & dont M. Tour- nefort établit un nouveau genre dans les Mémoires de l’Acas démie Royale des Sciences de l'innée 1706. Et l'on peut aifément voir par les caraétéres qui le conftituent , que cette plante ne peut pas y être comprife , non plus que dans celui qui contient les efpeces de Xal où M. Plukenet & M. Vol- chamer l'ont placée, PARTHENIASTRUM. Le Partheniaftrum eft un genre de plante à fleur radiée À, dont le difque B eft compofé d’un petit bouquet des fleu- rons, difpofé en aigrette. La couronne C de cinq autres pc- tits bouquets compofés de deux fleurons feulement, couchés fur une petite feuille D. Lorfque la fleur commence à faner, il paroït entre les deux fleurons des petits bouquets qui compofent la couronne Æcinq petites femences noires, char- gées d’un petit toupet chacune, qui ne reprefentent pas mal un cœur enflammé, de la maniere qu'on a accoütumé de le peindre F, toutes ces parties font foûtenuës par un calice 320 ME. DE L'Acan. ROYALE DES ScrENcESs, fimple divifé en cinq parties, & fendu jufqu'à f bafe G. Je ne connois qu'une efpece de ce genre : Partheniaffrum Americanum Ambrofiæ folio, Matricaria Americana Ambrofiæ fol. parvo flore albo, Ynft. rei herb. app. . I ft tout à fait furprenant, & Von aura bien de a peine à comprendre comment d'illuftre M. Tournefort a pü fe tromper fur une plante dont le caraétére.eft fi bien marqué, lui, dis-je, qui peut fans contredit pafler pour le plus éclairé Botanifte du fiécle, & qu'on doit généralement regarder com- me le maître de cette fcience. Dans la troifiéme feétion de la quatorziéme claffe de fes Inflitutions, -lorfqu'il établit le genre de la Matricaire, en faifant le détail des principales parties qui en font le carac- tére. IL y fait entrer un calice compofé de plufieurs feüilles difpofées en écailles, des leurons, des demi-fleurons, lorf- qu'il s’y en trouve, portant chacun fur un embryon qui de- vient enfuite une femence, & le refte qu'on pourra voir dans l'endroit que je viens de citer. Mais la plante dont j'établis le genrea le calice fimple, d'une feule piece, découpé en cinq parties, des fleurons à la vérité, mais ftériles, qui ne por- tent fur aucun embryon ; & le fruit eff fi différent de celui de la Matricaire, qu'il eft aifé de conclurre qu'elle ne doit pas être rangée à Ve genre. Je appelle Partheniaffrum du nom de Parthenium, que quelques Auteurs ont donné à plufieurs efpeces de Matricaires, Hem de l'Acad.1711. 21.12 Pa9-32 «Hem de L'Acad.17n.Pli2 pas-324 Cortarta F Simenneau Filiur Seulo Herr ide Arac 271Pl13. pag. 324 . Parthen astrun è F tem de ller 17 Pl pag. 524 ; Partherastrun S Ficordea / L Simonnau Fil Leulp