RE fr: 6 fs HAE étfit ÿ “HISTOIRE L'ACADEMIE ! ROYALE DE ‘ SCIENCE ANNÉE M. DCCXXVIII. «Æ S. D Avec les Mae de Mathématique & de Phifi ique , Pour la. même Années ve | ï: 2 rs 7 rés s dis À ÿfh ès ‘de cette Acadie DE L'IMPRIMERIÉ ROYALE M DCCXXX. 1 r Éd 6) Ceeun PRE NRC 4 ? - M Lu 7 | (WA ES er 1[ RL, ET | e \f a u FA ee editer Ko Rs es BERARERERERERE EME RARE R Fée PREMIERE MERE RER RER RE RTE TI TETE TETE ss ce ÉTAT FA SBr-E E PO R ORENESS FAC ER. E. PHYSIQUE GENERALE. Se Ur quelques Expériences de l'Aiman. Page 1 ANATOMIE. Sur la Rupture complete ou incomplete du Tendon d'Achille. 8 Sur une Hidropifie du Péritoine. 12 Sur le Sac odorant de la Civette. É 14 Sur la Structure des Yeux. 17 Diverfes Obfervations Anatomiques. 19 GEL RENDUE. Sur les Huiles effenticlles des Plantes. 31 Sur les différents Vitriols, à fur l'Alun. Obfervations Chimiques. 36 BOTANIQUE. Sur une Maladie du Saffran. 44: Sur la Multiplication des Efpeces de Fruits. 46 Olfervation Botanique. 5° T A B LE. AURA A EP NL TO RUE. Sur la Propriété anciennement connie du Nombre 9. st Sur le Jeu de Pair ou Non, 53 GE OM ETRIE Sur les Soudeveloppées. 53 Sur le Rapport des Solidités ér des Surfaces. 6; À S'T.R.O'N-O0 MilÆE: Sur le Mouvement de Saturne. 69 —— ME CHANIQUE Sur la Force des Corps en mouvement. 73 Sur les Mouvements en Tourbillon. 97 Sur les Contreforts des Revêtements. 103 Machines ou Inventions approuvées par l'Académie en 1728. + 108 Eoge du P. Reyneau. 112 Eloge de M. le Maréchal de Tallard. 117 4 “3 5 h Fe NA ME ER D EL ER ride _ KL: RÉ RS RNA N SG ÈE KA: KE POUR ISSERTATION fur l'Effimation &r la Mefure des Forces Motrices des Corps. Par M. DE MaïRAN. Page 1 Mémoire fur la teinture 7 la diffolution de plufieurs efpeces de Pierres. Par M. pu Far. so Du Mouvement de Saturne. Par M. CASSINI. 67 Suite d'Obfervations fur les Huiles effentielles , leur altération &r la maniére de rectifier celles de certains fruits , avec un examen des changemens qui arrivent à l'Huile d'Anis. Par M. GEorFroyx le Cadet. 88 Explication phyfique d'une Maladie qui fait périr plufieurs Plantes dans le Gaffinois, à particuliérement le Safran. Par M. pu H4AMEL. 100 ATroifiéme Partie, ou Suite des deux Mémoires fur la Pouffée des Terres € la refiflance des Revêtements. Dounés à l'Académie, le premier dans l'année 1726, & le fecond dans l'année 1727. Par M. CoupPLET. 113 Hifioire des Teignes ou des Infedes qui rongent les Laines &r les Pelleteries. Premiere Partie. Pax M. DE REAUMUR. 139 Du Mouvement accéléré par des Refforts &7 des Forces qui réfident dans les Corps en mouvement. Par M. Y Abbé Camus. 1 59 Obfervations fur une efpece d'Ankibfe, accompagnée de circonf= tances finguliéres. Par M. MALOET.. 197 OT R NE Démontrer que l'Uvée eff plane dans l'Homme. Par M. PETrT, Médecin. 206 Sur toutes les Développées qu'une Courbe peut avoir à l’Infini. Par M. DE MAUPERTUIS. 225 Obfervation fur la Rupture incomplette du Tendon d'Achile. Pax M. PETIT. 231 Loix générales du Mouvement dans le Tourbillon fpherique. Par M. l'Abbé DE MoOLIÉRES. 245$ De la necefité des Olfervations à faire fur la nature des Cham- pignons. Et la Defription de celui qui peut être nommé CuHAMPIGNON-LICHEN, Par M. DE Jussieu. 268 Expériences à Réflexions fur le Borax ; d'où l'on pourra tirer quelques lumiéres fur la nature à les propriétés de. ce Sel, & fur la maniére dont il agit, non feulement fur nos Liqueurs, mais encore fur les Metaux dans la fufion dejquels on l'employe. Premier Mémoire, Par M. LÉMERY. 273 Différentes Maniéres de connoître la grandeur des Chambres de l'Humeur aqueufe dans les Yeux de l'Homme. Par M. PeTiT le Médecin. 289 L'xamen des différents Vitriols ; avec quelques Effais fur la for- mation artificielle du Vitriol blanc & de l'Alun. Pax M. GEoFFroY le Cadet. 307 Suite de l'Hifloire des Teignes ou des Infetes qui rongent les Laines &r les Pelleteries. Seconde Partie. Où l'on cherche prin- cipalement les moyens de deffndre les ETorrEs à les Porzs DE PEAUX contre leurs attaques. Par M. DE REAUMUR. 311 Recherches fur les caufes de la Multiplication des Efpeces de Fruits. Par M. pu HAMEx. 338 Obfervations fur quelques Expériences de l'Aimant. Par M: pu Far. 355 . LAB: E Remarques ur les rapports des Surfaces des grands er des petits Corps. Par M. PiTor. 369 De la nécefité d'établir dans la Méthode nouvelle des Plantes, une Claffe particuliére pour les FUN Gus, à laquelle doivent fe rapporter, non feulement les Champignons, les Agarics , mais encore les LICHEN. À l'occafion de quoi on donne la Def- cription d'une Efpece nouvelle de CHAMPIGNON qui a une vraye odeur d'Ail, Par M. DE Jussieu. DAT Mémoire [ur la Formation des Sels Hixivieks. Par M. BouRDE- LIN. 384 Obfervations fur une efpece de Ver finguliére , extraites de Lettres écrites de Bref à M. de Reaumur, par M. Deflandes. 40 x Nouvelles Obfervations fur le Sac à le Parfum de la Civette, avec une analogie entre la matiere foyeufe qu'il contient, cr les poils qu'on trouve quelquefois dans les parties intérieures du corps de l'Homme. Par M. MoRAND. 403 Obfervation Jur un Dépôt fingulier formé dans le Péritoine à la fuite d'une Couche. Px M. CHoMet. 413 Obfervations Météorologiques pendant l'année M. Dccxxvrrr. Par M. MARALDI, 426 é ra RTS “y van , . + è PS. 4 Le ! ES : PU UT L: LEE PARA FA sn 0 CHE EE à 4 de : rh LE : ADR EURE RUN M. VON AS ERNST AD TE % : f » + #5 t r US A "" Ne ‘ AU PA. A : » > > CRIME SEL Ve Sert a * . L » ‘ À me LUE ; 7 4 = = L CALE SE 00. LA. | è ; & { + = - ? OR UN 2 LT | . d z. : h w . “ "x Fe 2 il : AT : F4 ; k XX D re PUOIFAT vé y. ph A ltr .» AU TT wire x ee M, WE f EX | AI ER POULE L’'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. Année M. DCCXXVIII. Sete de Red Pen PSE RE He HE MEN DE DE DEEE DE et EE ee de es PHYSIQUE GENERALE. SUR QUELQUES EXPERIENCES DE L'AIM AN. L ne faudroit que les phénomenes de l'Aiman y 1m. rapportés en 1723 * pour faire voir combien p. 355. ils font délicats, changeants par les moindres * p. 1. changements de circonftances, fujets à des bi- & fiv. zarreries apparentes, car certainement ces bi- zarreries ne font pas réelles ; tout tient à des caules bien déterminées. Voici encore des phénomenes de l'Aiman, qui Hifl. 1728, ° 2 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE confirmeront bien l'idée qu’on a pü prendre de fes merveilles. La fameufe Croix du Clocher de Chartres a appris à tous les Phificiens que le Fer s’aimante par être feulement dans uné fituation verticale; cela fit faire attention aux Pincettes & aux Pêles qu'on laifle aflés fouvent pendant les Etés dans des coins de Cheminée, pofées de la même façon, ou à peu-près, & l'on trouva qu'elles s'aimantoient, comme avoit fait l'arbre de cette Croix. Une barre de Fer pofée horifontalement , quelque temps qu'elle le foit, ne s'aimantera point, füt-elle dans fa direction Nord & Sud ; cependant fr on veut être bien certain qu’elle ne s'aimante pas, il vaut mieux qu'elle foit dans la direction contraire. S Si à une Aiguille aimantée , pofée horifontalement fur fon pivot, qui lui permet de tourner très-librement, on pré- fente horifontalement & à angles droits une barre de Fer, dont on foit bien für qu’elle n’eft pas aimantée, il n’arrivera rien , la barre ne s’aimantera point, Aiguille ne prendra nul mouvement, & cela quoique la barre foit fi proche qu'on voudra de l’Aiguille. Mais fi à cette barre qui étoit pofée horifontalement, on lui fait décrire en embas un quart de Cercle, dont le centre foit fon bout le plus proche de lAï- guille, alors ce bout devenu le fupérieur attirera fubitement le Nord de f'Aiguille, qui fortira de fon repos, & le bout inférieur, qu'on élevera pour le mettre à une diflance fuff- fante de l'Aiguille, en attirera le Sud. Sï lon répéte cette expérience avec la même barre, mais en la changeant de bout par rapport à lAiguille, c'eft-à-dire que le bout qui en étoit le plus proche la premiére fois & dans la premiére pofition horifontale de la barre, foit maintenant ie plus éloigné de Y Aiguille, il n'arrivera que la même chofe, le bout le plus proche de l’Aïguille devenu le fupérieur attirera toüjours le Nord, & l'autre le Sud. Ée même bout de la barre, qui dans la r'° expérience attiroit le Nord, attire donc le Sud dans la 2de, & au con- traire, & par conféquent de la 1° expérience à la 2de, les Poles de la barre changent de place entre eux, &, ce qui eft a of DAUIERS ISTCLINE IN Cons, & le plus furprenant, on voit que cette tranfpoñition fe fait avec une extrème facilité, Elle recommencera même autant de fois qu'on voudra. Cette obfervation {ur l’Aiman n’eft pas entiérement neuve, mais de la maniére dont on la faïfoit, on y trouvoit des va- riations qui empêchoient qu'on ne lexaminät avec affés de foin ; on s'en dégoûtoit prefque à caufe de fes caprices. M. du Fay, après lavoir bien étudiée, l'a réduite à être réguliére & uniforme par la méthode que nous venons de décrire. La principale attention qu'il y faut apporter, cft que la barre dont on fe fert n'ait pas été précédemment aimantée. Elle pourroit, par exemple, l'avoir été par la feule pofition verti- cale, & il feroit fort naturel de n’y prendre pas garde. Dans l'expérience rapportée if n’a été néceffaire de préfen- ter d’abord la barre à Aiguille felon une pofition horifon- tale, & à angles droits, que pour s’aflürer que la barre n’avoit. pas été aimantée, car en ce cas-là l'Aiguille auroit pris quel- que mouvement vers l'un ou l'autre bout de la barre, mais fi on eft für que la barre n'ait pas été aimantée, il n'y a qu'à la préfenter verticale à l’Aiguille, alors fon bout fupérieur, & il n'importe lequel foit le fupérieur, dès qu'il eft aflés proche de l'Aiïguille, en attire le Nord, & fi on continüe à élever ce bout, il attire toûjours le Nord, jufqu’à ce que le milieu de la barre foit vis-à-vis de l'Aiguille, c’eft-à-dire, dans le même plan horifontal. Alors l’Aiguille fe retourne, & fon Sud va vers la barre, dont le bout inférieur continuant à s'élever, eft toüjours moins éloigné de lAiguille que le fu- périeur. Mais il y a ici une remarque importante que fait M. du Fay. Ce phénomene fuppofe que la barre foit uniforme, que fon centre de gravité foit à fon milieu ou centre de figure. Si cela n’eft pas, ce que nous venons de dire pour le centre de figure ne conviendra qu’au centre de gravité, tant tout ce jeu du Magnétifme demande de précifions qui peuvent aifément échapper. Dans cette 24° maniére de faire l'expérience, la tranfpo- 4 À i À HISTOIRE DE L'ACADEMIÉ ROYALE fiion des Poles fe fera toüjours comme dans l'autre, il n'y aura qu'à préfenter une 24° fois à l’'Aiïguille la barre encore verticale , mais renverfée. D'où peut venir cette tranfpofition de Poles fr prompte & fr facile ? Defcartes a fuppolé pour fon Sifême de l'Ai- man, dont le fond très-ingénicux & digne de lui fubfifte toüjours , que le Fer eft un Aïman encore imparfait, parce que fes pores font hériffés de petits poils roïdes & métalliques, confufément polés en tous fens, & qui ne permettent pas que la matiére magnétique, qui traver{e librement l’Aiman, & par-là lui donne fes propriétés finguliéres, traverfe de même le Fer. Mais ces petits poils attachés feulement par une de leurs extrémités à la fubftance du Fer, font mobiles dans le refte de leur étendüe, & s'il furvient un courant de ma- tiére magnétique aflés fort , il peut les coucher tous en même fens felon fa direction, & alors voilà un pañfage dans le Fer affüré à fa matiére magnétique, auffi libre que dans FAiman, où, ce qui eft Je même, le Fer eft devenu Aiman. M. du Fay ajoûte à cette idée que les petits poils foient afés folides pour tomber par leur propre poids autant qu'ils le peuvent, ils feront toüjours d’ailleurs fort mobiles fur leur extrémité immobile, Aïnfi fr un courant de matiére magnétique a cou- ché dans le fens qui lui convenoit les poils d’une barre ver- ticale, ce qui a donné un certain pole à chacun de fes deux bouts, le feul renverfement de là barre pourra à eaufe de leur poids les coucher en fens contraire, & par conféquent ne permettre plus le paflage qu'a un courant de matiére magné- tique oppolé, ce qui changera les poles. M. du Fay avoüe que cette hipothefe, qui tient à quelque chofe de fi délié, & de fi gratuit en apparence, lui a été fuf-: pecte à lui-même, jufqu’à ce qu'il s'en foit affuré au de-là de ce qu'il efperoit. IE frappa d’une maniére à faire tomber les poils en embas, fuppofé qu'il y en eût, une barre de Fer bien exempte de toute vertu magnétique, & cette barre pré- fentée horifontalement à l'Aiguille, ce qui eft la pofition où D'E SU SVG LE N'C ES il n'arrive rien , fi la barre n'a point de poles, fe trouva en avoir deux qu'elle ne pouvoit avoir acquis, que parce qu'on l'avoit frappée. I n'eft pas beloin que le coup porte immé- diatement fur fa barre, il fufht qu'il donne aux poils une fe- couffe qui les détermine en embas, & les couche tous en ce fens. Cela revient aux coups de Marteau, qui aimantent, comme il a été dit en 1723, à l'endroit cité. Puifque les poils couchés tous en même fens par de certaines fecouffes donnoient des Poles à la barre, M. du Fay jugea que des fe- couffes fucceflives contraires, qui détruiroient tantôt plus, tantôt moins l'effet les unes des autres, laifleroient à {a fin les petits poils couchés en différents fens, & en broüillant leurs pofitions, dont l'uniformité fait la vertu magnétique de la barre, la lui Ôôteroïent entiérement, & la remettroient dans fon premier état d'Aiman imparfait. C'eft en cffet ce qui eft arrivé. Lorfqu'une barre de Fer par le moyen de K fecoufle eft devenüie Aiman, c’eft toûjours fon bout inférieur, c’eft-à-dire, celui vers lequel on a déterminé la chûte des petits poils par leur poids, qui attire le Sud de Aiguille aimantée. De-là i fuit que la matiére magnétique qui pafle de l’Aiguille dans la barre, parce qu'elle y trouve une route bien difpofée, eft celle qui fort par le Sud de FAiguille, car felon les loix du Fourbillon magnétique un Aiman n'attire un autre corps, que parce que la matiére qui circule dans l'Aiman trouve affés de facilité à paffer dans ce corps pour tendre à les en- fermer tous deux dans le même Tourbillon, & par-là pouffer Yun vers l'autre. Or la matiére qui fort par le Sud de VAi- guille, eft celle qui eft entrée par le Nord, & par conféquent il faut concevoir le Tourbillon total qui enveloppe l'Aipguille ‘& la barre, comme dirigé dans fa 1'° moitié du Nord au Sud, & de haut en bas, & dans la 24e du Sud au Nord, & de bas en haut. Cela fe conclut des expériences de M. du Fay, & felon cette idée le Tourbillon magnétique n'eft point double à Ja maniére de Defcartes, qui a conçü qu'un courant À iij 6 H1iSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de matiére entroit par un pole, tandis qu'un autre fortoit par le même pole. La matiére n'entre ici que par le Nord, & ne fort que par le Sud. | Les Philofophes font communément perfuadés que Ja Terre eft un grand Aiman, dont le Tourbillon magnétique ne differe qu'en grandeur de ceux des petits Aimans parti- culiers. Ainfi es expériences de M. du Fay détermineroient un point important du Siflème du Monde, le Tourbillon magnétique de la Terre ne feroit que fimple, dirigé dans une moitié du Nord au Sud, de haut en bas, &c. Il eft vrai que plufieurs Phificiens font déja dans cette penfée, Pour ne point trop compliquer les faits, & leurs confé- quences , nous n'avons parlé jufqu'ici que de la barre de Fer, dont les poles , acquis par une fituation verticale, changent par fon renverfement feul. Les Pincettes fembleroient devoir être dans le même cas que la barre, & elles n’y font pas tout-à-fait ; fi on les employe aux mêmes expériences, on trouvera des variétés qu'on n'attendoit pas, en général leurs oles ou ne font pas changeants, ou ne le font pas fi aifé- ment. M. du Fay, après avoir bien cherché la caufe de cette différence, en trouva enfin une bien légere, comme elles le font toûjours en fait de magnétifme , & par-là même plus probable. On accommode le feu avec les Pincettes, & c’eft toûjours par le même bout, qui eft l'inférieur, quand on les laifle pendant l'Eté au coin de la Cheminée. Ce bout s’eft échauffé & refroidi un grand nombre de fois ; fes pores fe font ouverts, & enfuite rétrécis, ouverts ils ont laifié prendre à leurs petits poils une certaine pofition, rétrécis ils es ont affermis ou dans cette pofition, ou dans quelque autre, de forte qu'ils ne peuvent plus en changer aïfément, & n’ont plus la mobilité néceflaire pour la tranfpofition des poles. En effet M. du Fay ayant fait chauffer des barres de Fer par un bout, & les ayant mifes dans une fituation verticale, le bout chauffé tantôt en haut, tantôt en bas, leurs poles fe trouverent toüjours déterminés & conftants malgré le renverfement, \ MESURE TE, N C LS 7 M. du Fay pouffe plus loin l’hipothefe des petits poils. à laquelle les expériences fe conforment toüjours. Mais il nous fuffit d'avoir affés marqué fa route pour faire naître l'envie de le fuivre pas à pas. N°: renvoyons entiérement aux Mémoires L'Hifloire des Teignes par M. de Reäumur, V.les M. p39 & Et le Journal des Obfervations de M. Maraldi, Vire M. p.426: V. les M. P-231. FPesi. & fuiv. 8 HisToiRE DE L'AÂCADEMIE ROYALE LH OO IX KART A x #48 408 4) ce a ae ie ee UE UE OS Cr CN Ur LS EN CE QE LUN AIN ER AN OIMETt E SUR: LA RUPTURE. COMPLETE OU, (PIC O MEL ETE DU TENDON D'ACHILLE. N a vû dans les Mémoires de 1722 * l'Hiftoire d’un Sauteur, qui dans un de fes tours de force fe cafla à chaque pied le Tendon d'Achille, & fut parfaitement guéri par M. Petit le Chirurgien. I eft prefque incroyable que des Tendons fe rompent feu- lement par des efforts, & M. Petit lui-même a avoïüé qu'il ne leût pas crû , aufli-bien des gens ne manquerent pas de lui contefter la réalité du mal, & l'honneur de la cure, & quand pour établir la poffbilité du fait , il chercha s'il n’y en auroit point quelqu'un de pareil dans les Obfervations ancien- nes, il ne trouva qu'un exemple rapporté par Ambroife Paré, & qui n'étoit pas même trop conforme à ce qu’il avoit vü. Müis il lui arriva quelque temps après une efpece de bon- heur, il vit & il traita une autre rupture du même Tendon d'Achille, & quoique différente de celle du Sauteur, elle lui donna fur cette matiére beaucoup de vüës nouvelles, & c’eft de quoi nous allons rendre compte. Les Tendons font des efpeces de Cordes qui par une de leurs extrémités partent d’un Mufcle, & par l’autre s’attachent à un Os, de forte que quand le Mufcle eft en action, ou fe contracte, le Tendon tire à foi l'Os auquel il ef attaché, & lui fait faire le mouvement dont il eft capable. Les Tendons font d'une nature à ne s'étendre pas, fi ce n'eft dans des contractions DAENS HIS ICT E NS CES: 9 contractions de leurs Mufcles extraordinaires & outrées : en ce cas-là , fi l'Os qu'ils doivent tirer ne peut leur obéir aflés & les fuivre, ou Os cafle par la traction du Tendon tro forte, ou le T'endon fe rompt par fon extenfion violente. Il faut encore confidérer que dans certaines aétions, comme celle de fauter de bas en haut, tout le poids du Corps eft porté, & même furmonté par un nombre de Mufcles, qui ayant été mis dans une forte contraétion , fe débandent bruf- quement tout à la fois, & par-là caufent le faut. Si dans l'inftant où ces Mufcles étendent violemment leurs Tendons, il arrive un accident qui fafle que ces T'endons foient encore tirés en embas par tout le poids du Corps, il ne fera pas étonnant qu'ils ne réfiftent pas à une extenfion fi exceflive. C'eft ainft que le Sauteur de M. Petit fe caffa le Tendon d'Achille : il vouloit fauter fur une Table élevée de plus de 3 pieds, if n'en attrapa que le bord du bout de chaque pied ; où le Tendon d'Achille étoit alors fort étendu par l'effort néceflaire, il retomba droit, & dans cette chûte le Tendon d'Achille fut encore étendu par le poids de tout le Corps qui le tiroit. On peut ajoûter que la force de ce poids fut aug- mentée par l'accélération d'une chüte de 3 pieds. Le Tendon d'Achille eft formé par l'union intime des Tendons de deux Mufcles différents, l'un appellé les Jumeaux, l'autre le Sofaire. Si ces deux Tendons, qui compofent celui d'Achille, font caflés, la rupture eft complete , incomplete, S'il n'y a que l'un des deux. Dans l'incomplete que M. Petit a vüë, c'étoit le Tendon des Jumeaux qui étoit caffé, l'autre reftant entier. Î[ ne faut pas entendre que cette divifion des Ruptures foit fondée fur un grand nombre d'expériences. M. Petit n'en a vü qu'une incomplete, qu'il n'a reconnüe pour telle, & diftinguée de la complete que par une grande exac- titude d’obfervation , & il a jugé de plus que celle qu'Am- broïfe Paré a rapportée étoit de la même efpece. Pour l'autre incomplete, if ne fait guere que la conjeéturer par une efpece d'analogie. IL ne s'agira donc ici que de la 1'< incomplete; qui fera en oppofition avec la complete. Hiff. 1728. : B 2 go MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE I y a entre elles des différences, dont quelques-unes pour- roient furprendre. L'incomplete eft très-douloureufe, & la complete ne left point. Lorfqu'un Tendon eft abfolument rompu, fes deux parties féparées fe retirent naturellement, comme feroient celles d’une Corde à boyau, l'une d'un côté, l'autre du côté oppolé. Si elles tiennent à des parties voifi- nes, elles ne pourront fe retirer fans les tirailler, les agiter, les irriter, & cela avec d'autant plus de force, & par confé- quent d'autant plus douloureufement que leur adhéfion fera plus grande. Cela peut aifément aller au point de caufer des inflammations, qui s’étendront enfuite, la fiévre, des infom- nies, des délires. Mais hors de ce cas-là deux parties du Fen- don féparées fe retirent paifiblement chacune de fon côté, & il n'y a nul autre mal, que le Tendon caffé, devenu inutile, Cela eft fi vrai, que pour prévenir les douleurs & les acci- dents qui naîtroient d’un Tendon à demi-rompu, on le coupe tout-à-fait. Le Tendon d'Achille eft enfermé dans une Gaine où il coule librement, il n’a point d'attache aux parties voi- fines, & par-là fa rupture complete eft fans douleur. Mais il n’en va pas de même de l'incomplete. Le feul T'endon des Jumeaux étant rompu. il fe retire en enhaut & en embas, tandis que le T'endon du Solaire ne fe retire point. On voit aflés là un principe de déchirement d'autant plus violent, que l'adhérence & l’union de ces deux Tendons qui forment celui d'Achille eft effectivement très-grande. Ce principe général veut pourtant être confidéré plus par- ticuliérement. Il n’y a de douleur qu'à l'endroit de la portion fupérieure du Tendon rompu, & non à Finférieure. Quand la portion fupérieure du T'endon des Jumeaux va en enhaut, parce qu'elle y eft tirée par la partie charnüe de ce Mufcle auquel elle tient , elle eft en même temps tirée en embas par le Solaire refté fain en fon entier, & cette contrariété d’ac- tions fait un déchirement douloureux dans les fibres, qui réfiftent , mais la portion inférieure du même Tendon ne te- nant plus du tout au Mufcle des Jumeaux, mais feulement au Solaire, elle obéit fans réfiftance aux mouvements du Solaire, DES SCIENCE Ss. IT x qui ne font point combattus par l'autre, Ce n’eft que dans Mes premiers temps que cette différence entre les deux por tions du Tendon rompu fubfifte en fon entier: dans da fuite la douleur de Ja portion fupérieure peut avoir été fr vive; qu'elle aura caufé de l'inflammation aux parties voifines, mais quoique la portion inférieure s’en reflente, elle eft encore la moins douloureufe, ce que l’on reconnoît fenfiblement au toucher. Dans Ia rupture complete on féchit Ie pied du Malade fans lui caufer aucune douleur, on augmente feulement une efpece de vuide ou de creux que laïflent néceflairement entre elles les deux portions du T'endon d’Achille entiérement {€- parées l’une de l'autre, Dans la rupture incomplete cette même fléxion du pied ne peut fe faire fans beaucoup de dou- leur, parce que ce creux qu'on tend à augmenter ne fe peut augmenter fans uni déchirement ou tiraillement de parties im: parfaitement féparées. Dans la rupture incomplete on peut marcher, mais en fouffrant, dans la complete on ne peut marcher, quoïqu'on ne fouffre point. A chaque pas que lon fait, la Jambe qui demeure en arriére foûtient feule tout le poids du Corps, & il faut que la ligne de direction de ce poids tombe vers le milieu du pied de cette Jambe pofé für le plan ; or M. Petit fait voir que c’eft le Tendon d'Achille qui par fon action porte cette ligne de direétion für le pied où elle doit être, qu’il fait en quelque forte la fonction de Gouvernail , & que par conféquent lorfqu'il ne peut plus abfolument la faire, on ne marche plus. IL eft très -important en Chirurgie de connoître toutes les différences des deux Ruptures, on fçaura fes difcerner dans loccafion , & on fe conduira plus fürement. Quand on ne les difcerneroit que par leurs effets, ce eroit toüjours beau- coup, mais il vaut fans comparaifon mieux a les effets foient accompagnés de la connoiffance des caufes. M. Petit ne traite point de la 2de Rupture incomplete; qui feroit celle du ful Tendon du Mufcle Solaire, il ne l'a Bi; V. les M. p.413. * p. 20. & fuiv. t2 HIisToiRE DE L'ÂACADEMIE ROYALE point vüë, & il y a plus de fageffe à ne point prévenir les faits par des conjectures hazardées. I croit feulement que* cette Rupture doit être plus rare que la 1'° incomplete, & il en donne les raifons tirées de la différence des deux Ten- dons qui compofent celui d'Achille, Après que l'Ecrit de M. Petit a été imprimé dans les Mé- moires, on a trouvé dans la 24e Obfervation de la 2de Dé- cade des Adverfaria Anatomica du célébre M. Ruyich impri- mée à Amfterdam en 1720 un exemple de Tendons, qui quoique très-forts, ont été rompus par un mouvement fou- dain. C'étoientfceux des Mufcles qui étendent la Jambe. Le fait que l’on a contefté à M. Petit en eft mieux établi, mais en même temps ces ruptures ne font pas tout-à-fait f1 rares & fi inconnües, quoiqu'elles le foient encore beaucoup. SUR UNE HIDROPISIE DU PE'RITOINE. Ous avons déja parlé d'une Hidropifie du Péritoine dans l'Hift. de 1707 *, & il fera bon que l’on s’en fou- vienne ici. Elle fut obfervée par feu M. Littre dans le Cada- vre d'une Dame, qui en mourut au bout de quatre ans. Selon les idées qu'il en prit par les circonftances qui l'accompa- guoient, cette maladie ne pouvoit fe former que lentement, ni devenir fort douloureufe & mortelle qu'aflés tard. En voici une autre un peu différente par fon Siége, mais beaucoup plus par la promptitude dont elle fe forma. Elle n'a pas été vûë fur le Cadavre, car heureufement M. Chomel la guérit par- faitement, mais il la reconnut à un grand nombre de fignes indubitables. En voici l’hiftoire fort abrégée. Une Femme de 24 ans eut une premiére groffeffe accom- pagnée de plufieurs indifpofitions que lui cauférent apparem- ment des chagrins très-cuifants. Elle accoucha cependant fans accident fâcheux , mais la fiévre, qui vint à l'ordinaire au bout de trois jours , devint continüe, les évacuations qui de- voient fuivre l'accouchement furent totalement fupprimées, mets SEXE NC ES 13 & le ventre enfla à tel point, qu’en trois femaines il devint auffi gros qu'à la fin de la groffeffe. Enfin un jour qu'elle dormoit, fon Ombilic s'ouvrit, & il en fortit 4 ou $ pintes d'une liqueur auffi infecte que de vieille faumure corrompüie. En fondant par l'ouverture de lOmbilic, on reconnoiffoit & l'étendüe du Sac dpù cette liqueur étoit fortie, & fa pofi- tion. Il étoit entre les Mufcles du bas-Ventre & le Péritoine, dont {a furface extérieure s'applique à ces Mufcles. On entretenoit l'ouverture de lOmbilic pour faire fortir du Sac la matiére qui y étoit contenüe, & fe reproduifoit toüjours , & par cette même ouverture on injeétoit enfuite des Eaux Vulnéraires, qui lavoient le Sac. On crut d’abord qu'il faudroit faire encore une feconde ouverture, ou con- tr'ouverture à l’Aine, afin de vuider entiérement la matiére vicieufe du Sac, mais comme elle étoit de jour en jour & moins vicieufe & moins abondante, on fe flatoit qu'on ne feroit pas obligé d'en venir à la contr'ouverture, lorfque tout d’un coup la Malade ayant manqué à l'exactitude extrême du Régime qui lui étoit prefcrit, les premiers accidents recom- mencérent, & même plus fâcheux ; la matiére qui fortoit par lOmbilic avoit un mélange de matiére bilieufe & fécale, ce qui marquoit que le Péritoine s'étant ulcéré, avoit percé un Jnteftin en quelque endroit, au lieu qu'auparavant ce même Péritoine fe recolloit doucement aux Mufcles, & reprenoit fa fituation naturelle, qui annonçoit une entiére guérifon. On fit la controuverture, & avec plus de fuccès qu'on n'ofoit prefque l'efpérer, on vuida toute la matiére de 'Hi- dropifie, le Sac bien nettoyé par les Vulnéraires fe referma, ou plûtôt ceffa d’être un Sac, puifque le Péritoine reprit fon adhéfion aux Mufcles, fon ulcere fut guéri, les deux Playes de l'Ombilic & de l Aïne fe cicatriférent, & au bout de deux mois la cure d'une maladie fi fmguliére fut parfaite. M. Chomel fait voir que fa premiére caufe fut {a fuppref- fion des évacuations qui devoient venir après l'accouchement, & en mème temps le reflux du Lait dans le Sang, qui lorf- qu'il n’a pü être prévenu dans les Femmes qui ne nourriffent Bi V. les M. P-403- 14 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLeE ñ pas leurs Enfants, caufe de fi-grands défordres. Il feroit difi- cile de dire pourquoi le Péritoine plütôt que toute autre par- tie a été le Siége de la maladie, mais enfm il étoit propre par fa ftruéture à l'être. M. Chomel cite les Anatomiftes mo- dernes qui y ont découvert des Vaifleaux Limphatiques in- connus aux Anciens, & l'on fçait qu'à çaufe de leur extrême délicateffe ils fe crevent facilement, & à caufe de leur nombre rendent beaucoup de liqueur. D'ailleurs M. Winflow a fait voir que la portion ou lame extérieure du Péritoine adhérente naturellement aux Mufcles du bas-Ventre, eft un tiflu céllu- laire & filamenteux, où il eft aifé qu’une liqueur extravafée fe conferve, & augmente toûjours en quantité faute d’écou- lement. Enfin il eft certain que les Vaifleaux Sanguins Epi- gaftriques envoyent des rameaux tant au Péritoine qu'aux Mammelles, & que les Vaifleaux des Mammelles en envoyent aufli au Péritoine , ce qui peut faire une communication des Mammelles au Péritoine. Or le Lait qui reflua des Mam- melles dans le Sang étoit apparemment chargé de Sucs acres À caufe de toutes les indifpofitions précédentes de la groffefte. De-là fa qualité corrofive, dont on a vü le plus fenfible effet dans la playe naturelle de l'Ombilic. Le Sang fut encore in- ondé par {a fuppreffion des E‘vacuationS néceflaires, & il n’eft plus étonnant qu'en ce cas-à une Hidropifie du Péritoine, qui n’auroit dû être que lente , ait été fi précipitée. SAUSRNECE SAC: OT OR ANNEE DETTE AC PVE TTE. "ACADÉMIE a déja donné il y a long-temps une Defcription Anatomique de la Civette accompagnée de Planches, & le Sac où cet Animal porte le Parfum, qui lui eft particulier, ne manqua pas d'être décrit avec le refte; d'autres Auteurs ont traité aufli cette matiére, mais M. Mo- rand ayant eu occafion de approfondir , parce qu'il eut une DES Selr E N'a 6e 75 Civette, quoiqu’en aflés mauvais état, il trouva qu'il y avoit encore beaucoup de recherches toutes neuves à faire fur ce Sac & fon Parfum. Nous en prendrons les particularités Les plus remarquables. Ce Sac eft fitué entre l'Anus & le Sexe de Animal, à peu-près comme celui où les Caftors portent leur Caftoreum. Il pend'extérieurement entre les Cuiffes de la Civette, Il eft affés grand. En gros, c'eft une cavité enfermée dans une enveloppe épaifle , & qui a une longue ouverture en dehors de la figure d’une Vulve. Toute l'épaiffeur de Enveloppe eft formée par une infi- nité de petits grains, qui font les Glandes où fe filtre Ia Ii- queur odorante, En regardant mieux ces grains avec le Mi- crofcope, M. Morand a découvert qu'ils étoient accompa- gnés d’une infinité de Fo/hcules ou petites Bourtes qui conte- noient de la liqueur déja filtrée. Ces Follicules peuvent être aifément formés, ou par la defunion des deux lames d’une Membrane, ou par lextenfion des extrémités des Vaiffeaux Sanguins. Mais, ce qui ef beaucoup plus fingulier, M. Mo- rand a và fürement dans la liqueur des Follicules de petits poils polés fans ordre çà & là. Lis n’ont point de racines, & ne tiennent point les uns aux autres. La cavité du Sac eft occupée par deux efpeces de pelotons de foye courte toute imbibée de la liqueur odorante, qui paroît comme une Huile blanche. En comprimant l'épaiffeur de l'Enveloppe, on en fait for- tir par les pores, ou plütôt par les Canaux excrétoires de fa membrane interne , l'Huile odorante, qui va fe rendre dans la Cavité du Sac ; elle fort, non par gouttes féparées, mais en forme de Jet continu, apparemment parce qu'elle eft foû- tente & comme liée par les petits poils qu'elle entraîne avec elle Une fois M. Morand 2 vû avec le Microfcope que les poils d'un petit jet qui fortoit étoient affés paralleles {es uns aux "autres, & faifoient comme un petit Faïfceau un peu pointu. Peut-être F'Huile en jet prend-elle plus de confiftence’ dans la Cavité où elle va, La foye des Vers à foye & celle 16 HisToIRE DE L'ACADEMIE Royce des Araignées prennent bien toute Jeur confiftance de l'air qui les touche. Il paroît certain que les Follicules de l'Enveloppe font les remiers Réfervoirs de l'Huile odorante, mais des Réfervoirs particuliers & difperfés, de-là elle pafle dans la Cavité du Sac, fecond Réfervoir, mais général, où elle s'arrête & fe conferve dans les deux Pelotons foyeux ; car fans cela la grande ou- verture extérieure du Sac n'ayant ni Valvule, ni Sphinéter, l’'Huile s’écouleroit perpétuellement au dehors, & ce n'eft pas Rà le deffein de la Nature. I eft vrai que l'on ne connoït pas affés la Civette pour fçavoir en quelle occafion elle jette fon Huile, quel ufage elle en fait, mais’ enfin on voit bien que le méchanifme eft deftiné à en empêcher l'écoulement per- pétuel. Les Pelotons foyeux font l'office d'une Eponge, qui garde la liqueur dont elle eff abreuvée jufqu'à ce qu'on l'ex- prime. La foye dont ces Pelotons font formés, & celle des petits poils des premiers Réfervoirs, font de même nature, & ils paroiffent être de la nature des Cheveux, puifqu'étant brûlés ils rendent la même odeur. On à quelquefois trouvé avec furprife ou des poils fur a furface de plufeurs Vifceres du Corps humain , ou des Pelo- tons de poils dans l'Epiploon, dans des Tumeurs du Ventre, & en dernier lieu M. Morand rapporte une obfervation de M. Mauque, célébre Médecin de Strafbourg , qui dans deux Tumeurs enkiftées du ventre d’une Femme a vû deux touffes de Cheveux, dont l'une étoit grofle comme une Balle de Paume. II y avoit quelques-uns de ces Cheveux de plus d'une demi-aulne de long. M. Morand croit que ces poils & ces cheveux contre nature dans l'Homme ont beaucoup de rapport aux Pelotons naturels de la Civette. Les uns & les autres font toüjours dans des parties graffes, ou mêlés avec une matiére grafle, ils n'ont point de racines, au lieu que les Cheveux & les poils ordinaires de l'Homme en ont toûjours, ils font fimplement collés aux parties où ils fe trouvent, & faciles à détacher. L'origine LE: Le COSSSES) e BIENS ILSNCYR'E NC ENS Er L'origine pourroit donc être la méme, feulement ce feroit dans l'Homme un accident vicieux, qui auroit difpofé une matiére huileufe extraite du Sang à fe former en poils. Si cette idée eft vraye, ce fera là un fruit de l' Anatomie comparée, qui profitant de ce qu’elle voit plus développé dans une efpece d’Animaux, en fait l'application à une autre où le même Méchanifme ne fera pas apperçû. SUR LA STRUCTURE DES ï iv. L À Queftion de Ia nature des Cataractes, & plus parti- culiérement enfuite l'Opération pour les abattre, que M. Petit le Médecin a portée à une précifion, dont elle avoit toûjours été fort éloignée, l'ont jetté dans des détails fur la Structure des Yeux, dont les Anatomiftes ne s’étoient guére mis en peine, foit parce qu'ils n’avoient pas befoin de les connoître, foit parce qu'ils en fentoient la difliculté. Telle eft la figure de l'Uvée, que les plus habiles, excepté Véfale, ont crüë convexe avec Galien. Elle le paroît toüjours dans l'Homme vivant dont on regarde l'Ocil, & fouvent dans Oeil mort felon qu'il eft conditionné, & elle l'eft réellement dans quelques Animaux , comme le Bœuf. Cependant M. Petit foûtient qu’elle eft plane dans l'Homme. D'abord il fait voir que quoique plane, elle fera vüë convexe , à caufe des refractions que fouffrent les rayons vifuels en paflant au travers de la Cornée & de l'Humeur Aqueufe. 1 a conftruit une petite Machine qui repréfente toute la difpofition de {a partie antérieure de Oeil, & felon qu'elle eft pleine d’eau ou vuide, on y voit qu'une même fur- face plane, qui tient la place de l'Uvée, paroît ou convexe, ou plane, comme elle left. C'eft donc l'Eau ou l'Humeur aqueufe qui fait l'effet dont il s’agit. Ceux qui tiennent pour la convéxité de l'Uvée, préten- dent qu'elle vient de ce que cette Membrane s'applique für le Criftallin , dont elle prend la figure en gliflant deflus. M. C Hif, 1728, 18 HisTOIRE DE L'ACAPEMIE RoYALE Petit a fait une expérience incompatible avec cette opinion ; il a pañlé une Aiguille très-fine dans un Ocil nouvellement mort entre l'Uvée & le Criftallin fans bleffer ni l'un ni l'autre. H eft vrai que cette expérience ef très-difhcile, qu'elle de- mande beaucoup d’adreffe, & ne réuffit pas toüjours. L’efpace entre lUvée & le Criftallin eft fi petit, qu'à peine une Aï- guille peut être affés fine pour y pafler fans les toucher, & d'ailleurs il eft tertain qu’en plufieurs Sujets le fommet de la convéxité du Criftallin s'avance jufqu’à occuper ou à peu-près le centre de la Prunelle, qui eft auffi celui de lUvée, auquel cas il n'eft pas poffible que l'Aiguille ne rencontre & n'en- dommage le Criftallin. Dans toutes les expériences ou obfervations qui appartien- nent à cette matiére, il faut faire beaucoup d'attention à l'état de l'Oeil. Comme il s’agit d'examiner avec une grande pré- cifion la pofition des parties entre elles & la capacité des ef paces , le tout: étant toûjours fort petit, l'Oeil mort differe beaucoup du vivant à ces égards. L'Oeil mort qu'on a dé- poüillé de fes Mufcles qui le tenoient dans une certaine com- preffion, change de figure, s'arrondit, & par-là changent auffr les pofitions de quelques parties entre elles, & les capacités de quelques efpaces. Les liqueurs que contenoit l'Oeil, s'éva- porent, & ne font plus remplacées par celles qu'auroit four- nies la circulation du Sang pendant la vie ; l’Oeil n'eft plus tendu, & il fe flétrit affés vite. Des deux Humeurs, l'Aqueufe & la Vitrée, l Aqueule eft celle qui s’évapore le plus promp- tement, parce qu'étant affés déliée, & n'ayant à traverfer que la Cornée toûjours expofée à l'air, lle peut s'échapper fans peine, lors même que l'Oeil eft encore dans l'Orbite, dans fa place naturelle, au lieu que l'Humeur Vitrée plus épaifle & plus glaireufe, a la Sclérotique à traverfer, membrane beau- coup plus épaifle que la Cornée, & qu'elle ne peut guére traverfer que quand l'Oeil eft détaché de fon Orbite, & dé- poüillé de fes Mufcles. a Sclérotique , qui pendant la vie étoit bandée par Ka plénitude de l'Oeïl, fe débande, fe refferre, & comprime en même temps quelques parties qu'elle ne DES SCT EUN CHE : Pet comprimoit pas auparavant. Si pour tenir l'Ocil plus tendu, & dans un état plus approchant du naturel, on l'a mis trem- per quelque temps dans l'Eau, comme if s’eft déja évaporé plus d'Humeur Aqueufe que de Vitrée, l'Eau qui s’infimüe dans la Vitrée, pouffe le Criftallin trop en avant, parce qu’elle trouve moins de réfiftance de ce côté-Rà, où l'évaporation de Humeur Aqueufe laiffe du vuide. Nous ne rapporterons pas un plus grand nombre d'exemples des attentions délicates, auxquelles M. Petit a été néceflairement engagé par fon fujet. Enfin il s’eft trouvé en état de donner un autre Mémoire fur les deux Chambres de l'Oeil, qui font les deux efpaces dont il eft abfolument néceffaire de connoître l'étendüe avec la derniere exactitude pour l'opération de la Cataracte, non pas telle qu'elle fe pratique communément , mais telle qu’elle doit être. On verra que cette exactitude l'a conduit jufqu’à la Géométrie. DIVERSES OBSERVATIONS ANATOMIQUES. I. GuisaARrD, Médecin de la Sale en Sévennes, a . envoyé à l'Académie la Relation d'une Loupe extra- ordinaire. En 1 69 2 le Notaire du même Lieu reçut un coup -de picd au milieu de la Cuiïfie droite {ur le devant. Quelque temps après s'y forma une petite Tumeur fans douleur, mais qui dans la fuite crût toûjours, quoique lentement, M. Guïifard confeilla de bonne heure au Malade d'arrêter ce mal mnaiflant, qui ne caufoit cependant nulle incommodité, mais ce fut là la raïfon qui le fit négliger. Quand la Tumeur ou Loupe eut acquis un certain volume, elle fit des progrès ra- pides. En 1724 elle occupoit toute la longueur de la Cuifle depuis le haut jufqu'au deffous du Genou, & elle étoit de la groffeur de deux formes de Chapeau jointes enfemble, On Ci 20 HMisToiIRE DE L'ACADEMIE RoÿALE jugea qu'elle pouvoit pefer alors 30 livres. If n'étoit plus temps d'y toucher, M. Guifard ordonna tout ce qui conve- noit d’ailleurs, & les plus habiles Médecins de Montpellier confultés furent du même avis. En 1727 la Loupe étoit augmentée au point que le Malade ne pouvoit prefque plus marcher, & qu'elle paroïfloit devoir peler 40 livres. Il ÿ pa- roifloit cinq éminences, que l'on conjeéturoit être autant de Kiftes ou Sacs différents dont elle étoit formée. Enfin opération que lon n'avoit pas dû hazarder fe fit naturellement dans le mois de Juillet de 1727. La Loupe creva d'elle-même par une ouverture ronde de la grandeur d'une piéce de 30 fols, pleine d’une chair morte & fpon- gieufe , que le Chirurgien emporta avec les Pincettes & les Cifeaux ; le deffous parut blanc, d'une couleur de Suif. On fit les penfements, & on appliqua les remedes néceflaires. Prefque de jour en jour il fe découvroit de nouvelles chairs pourries qu'on enlevoit fans toucher au vif, on tiroit de gros Kiftes par morceaux , quelquefois entiers, pleins d'une ma- tiére graifleufe, un peu fquirreufe & grumelée, chaque petit grumeau étant enveloppé d'une pellicule affés forte. Tout cela venoit fans violence & fans douleur, on fe feroit arrêté dès qu'on fe feroit apperçü de quelque fentiment. On avoit quel- quefois vû des chairs qui paroifloient gangrénées, & fur la fin on avoit fenti dans une opération une odeur cadavéreufe infupportable, qui avoit cependant ceflé par l'extraction des matiéres qu'on avoit attaquées. La Loupe étoit enfin entié- rement emportée le 8 Août, l'Os de la Cuiffe tout-à-fait découvert, mais fain, les chairs du deffous de la Cuilfe que la pourriture avoit épargnées, étoient belles, & tout fembloit annoncer une bonne fuppuration , mais quoique toutes Îes opérations euflent été faites fans irritation, fans inflammation & fans hémorragie, le Malade tomba dans une grande foi- bleffe, & dans des afloupiffements continuels avec un poulx fort petit, & mourut le 1 $ Août. I n'y a pas lieu de douter que des parties gangréneufes ne fe fuffent mêlées dans le fang, & n'en euflént corrompu la mafle. Deux jours avant f& mort BUEUS : S'GUT EN CE S 21 il fut attaqué à la Cuiffe faine d'une douleur très-vive, qui s'étendoit jufqu'à l'Effomac. M. Guifard croit que la Goutte que le Malade avoit depuis long-temps, & qui s’étoit fuf- pendüe après les grands progrès de la Loupe, étoit remontée, & s'étoit jointe aux particules gangréneufes, & peut-être même avoit contribué à produire l'énorme Loupe. On fera bien tenté de juger par les fuites du mal, qu'il eût fallu l'extirper dans le temps qu'il n'étoit pas encore un mal. Les Sinus du Cerveau font des Canaux veineux, plus amples & moins Coniques par rapport à leurs Arteres cor- refpondantes , que les Veines ne le font ordinairement par rapport aux leurs. Dans ces Sinus fe raffemble, comme dans une efpece d’entrepôt, le fang de différentes Veines, pour être de-là diftribué dans les véritables Veines, qui doivent le reporter au Cœur. Il y a quatre Sinus principaux, le Lowgi- tudinal fupérieur, qui reçoit le fang de quelques parties exter- nes de la Tête, de la Dure-mere, de la Pie-mere, & même de l'extérieur du Cerveau, deux Sinus latéraux par rapport à lui, l'un droit, & l'autre gauche, qui en reçoivent le fang, & un 4€ nommé Zorcular par les Anciens, où fe ramafñle le fang qui revient du Lacs Choroïde, & par conféquent des Ventricules du Cerveau. Tous les Anatomiftes , excepté le célébre M. Morgagni, ont crû que le Sinus longitudinal fupérieur étant parvenu au derriére de la Tête fur la Terre du Cervelet, fe partage &c fe fourche en deux autres Canaux, qui font les deux Sinus latéraux , dont chacun reçoit une égale quantité de fang , & qu'à l'endroit de cette bifurcation le Torcular verfe fon fang dans le confluent de ces trois Sinus. Mais M. Garengeol, Chirurgien de Paris, a communiqué à l Académie fes obfer- vations fur ce fujet, fort différentes de l'opinion commune: Eclaigé par M. Morgagni, il a trouvé que,\comme le dit cet habile homme, la bifurcation prétendüe du Sinus longitudi- nal fupérieur n’eft point telle que la liqueur fe partage égale- ment dans les deux latéraux , que prefque toûjours le Sinus C üÿ * p.17. & fuiv. 22 H1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE longitudinal fupérieur n'eft proprement continu qu'avec le latéral droit, qui reçoit la plus grande partie de fa liqueur, que le gauche reçoit principalement celle du Torcular, qui ne fe décharge que dans ce Sinus gauche, un peu après qu'il s'eft féparé du Longitudinal ; & en effet à l'égard de ce der- nier point, M. Garengcol remarque qu'il ne feroit pas pofft- ble que le T'orcular fe déchargeät dans le confluent du Lon- gitudinal & de fes latéraux, parce qu’il y trouveroit une li- queur dont le cours feroit contraire au cours de la fienne. Ette année parut un Ouvrage de M. Helvétius, intitulé E clairciffement concernant la maniere dont L'Air agit fur le Sang dans les Poumous , &c. Nous avons parlé en 17 1 8 * d'un nouveau Siftème de M. Helvétius fur cette maticre. Le fondement en eft une décou- verte, dont il s’'eft crü le premier Auteur, que les Veines du Poumon font en moindre nombre, & ont en total moins de capacité que les Artéres du Poumon, au lieu que dans le refte du Corps humain c'eft le contraire ; tous les Anatomiftes conviennent que les Veines y font en plus grand nombre, & ont plus de capacité en total que les Arteres. Il faut encore ajoûter que l'Oreillette gauche du Cœur & le Ventricule gau- che qui répondent aux Veines Pulmonaires ont aufli moins de capacité que l'Oreillette droite & le Ventricule droit qui répondent aux Arteres, De-là M. Helvétius avoit conclu que la quantité de Sang qui avoit pañfé de la partie droite du Cœur dans les Arieres Pulmonaires étant la même que celle qui devoit entrer dans.les Veines Pulmonaires, & de-là dans la partie gauche du Cœur, & tous les Vaificaux du côté droit étant plus grands que ceux du côté gauche, il falloit nécef- fairement que cette liqueur reçüt du côté gauche un change- ment qui lui fit occuper moins d’efpace , que par conféquent elle s'y condenfoit, & que c’étoit-là l'effet de l'action de l'Air fur le Sang dans les Poumons , ce qui ne pouvoit guére pa- roitre que fort paradoxe, On en a vü une plus ample expli- cation en 1718. ESS Day, — L DE :S SCIE. IN CES, 23 Ce Siffême a été attaqué par M. Michelotti, célébre Mé- decin de Venife, auffi grand Géometre que s'il n’avoit aucune autre occupation, connu de tous les Sçavants par un grand ouvrage De Separatione Fluidorum in Corpore Animali, imprimé à Venile en 1721, où il a mêlé à une folide Phifique une fine Géometrie. Î a mis fes Objeétions à M. Helvétius dans la forme d’une Lettre Latine, qu'il a fait l'honneur au Secre- taire de l Académie de lui adrefler. L'Ouvrage de M. Helvé- tius dont il s’agit, n’eft fait que pour répondre à M. Michelotti. Pour peu qu'on ait d'idée du Sujet en queftion , on jugera d'abord qu'il ne peut être que fort compliqué, & d'autant plus qu'une conteftation complique encore tout, parce qu’elle jette naturellement dans dés détails plus exacts, ou plus vétil- Jeux. Aïnfi nous n'en détacherons que ce qu'il y aura de plus fimple & de plus clair. M. Michelotti convient de Finégalité des deux efpeces des Vaiffeaux Sanguins du Poumon , feulement comme il a une grande & vafte érudition , if trouve qu'elle a déja été mar- quée dans les Tables Anatomiques de Drack, Auteur Anglois. M. Helvétius aflüre qu'il ne les connoïfloit point, d’ailleurs il obferve que ni Drack , ni perfonne après lui, na fait au- cun ufage de cette découverte, & il conjecture que l Anato- mifte Anglois a fimplement repréfenté ce qu'il voyoit par La | diffeétion, fans y faire d'attention plus particuliére. Indépen- demment de ce point de fait, M. Michelotti objeéte que l'inégalité des Vaïfleaux du Poumon ne conclut pas que te Sang doive être condenfé dans ceux qui font plus petits, mais feulement que felon les loïx de YHidroftatique il y coulera plus vite. M. Helvétius foûtient que le Sang ne peut couler plus vite dans ces Vaiffeaux plus petits, qui font les Veines Pulmonaires. Le principe de tout le mouvement du Sang dans le Poumow éfl la contraétion du Ventricule droit du Cœur, qui le chaffe dans les Arteres Pulmonaires, & enfüite la contraction de ces Arteres qui le chaffent dans es Veines. Or combien le mdu- vement imprimé d’abord au Sang eft-il affoibli par les frotte 24 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE ments fans nombre qu'il efluye dans les Arteres, & par les changements prefque continuels de a direétion de fon cours dans des Vaiffeaux auffi tortueux qu'elles le font certainement? Et quoiqu'elles lui rendent quelque mouvement par leur contraction & leur élaficité, il entre de-là dans les Veines, Vaifleaux qui ne font pas moins tortueux, & qui n'ont point de contraction ni de reffort pour l'aider, de forte que quand il auroit eu dans les Arteres toute la viteffe qu'il avoit reçûë du Ventricule droit, il en perdroit néceflairement une partie dans les Veines Pulmonaires. Si l'on dit que l'Air mêlé dans le Poumon hâte le cours du Sang des Veines, il ne doit pas moins hâter le cours de celui des Arteres, ainfi tout fera égal fur ce point-là. Quoique les Vaiffeaux du côté gauche du Cœur, auffi-bien que les Veines Pulmonaires qui leur répondent, ayent moins de capacité que les Vaifleaux du côté droit & les Arteres Pulmogaires, M. Michelotti croit que tout le Sang forti du Ventricule droit pourra être reçü dans le gauche, parce que ce gauche fe dilatera fufhfamment , & pour exemple de deux Vaiffeaux inégaux, dont le moindre ne laiffe pas de contenir tout le Sang de l'autre, il apporte l'Oreillette droite du Cœur plus grande que le Ventricule droit où elle verfe le Sang u’elle contient, & qui n’eft ni plus ni moins condenfé dans l'un de ces Vaiffeaux que dans l'autre. La principale réponfe de M. Helvétius eft que fi le Ven- tricule gauche recevoit continuellement plus de Sang qu'il m'en peut contenir naturellement, fon reflort feroit peu-à-peu forcé, & il acquerroit une étendüe égale à celle du Ventricule droit, ce qu'on n'obferve jamais ; au contraire dans les Ca- davres dont le Cœur fe trouve fort gros & fort gonflé, c’eft prefque toüjours le feul Ventricule droit qui eft extrêmement tendu, & le gauche demeure dans fon état ordinaire, appa- remment parce que fes Fibres conftimment plus fortes, le rendent moins capable de dilatation. F Quant à exemple de l'Oreillette droite & de fon Ventri- cule, M. Helvétius prétend qu'il ne tire point à conféquence pour de sis sont Pa DES SCIE N'CEIS. 25 pour le Ventricule droit & le gauche. Les Ventricules font des cavités déterminées & fermées , d’où le Sang qui y eft une fois tombé de l'Oreillette correfpondante, ne peut refluer, ni fortir que par fon Artere, Mais les Oreillettes qui s’abou- chent chacune dans fon Ventricule font ouvertes du côté de leur Veine, dont elles ne font chacune qu'un prolongement, le Sang qui ne peut pas entrer dans le Ventricule, a la liberté de refluer dans la Veine, ou plûtôt de l'Orcillette plus grande que le Ventricule il n’entre dans le Ventricule que le Sang qui peut y être contenu. Ainfi le Ventricule droit peut ne pas contenir tout Le Sang de fon Oreillette, mais il ne fe peut que le Ventricule gauche ne contienne tout le Sang du droit. * I eff établi que le Sang des Arteres eft plus fluide que celui des Veines, & dans le Siftéme de M. Helvétius celui des Veines cft plus rarefié. Il a foûtenu, non qu'une liqueur fût toûjours moins fluide quand elle étoit plus rarefiée, mais qu'il y avoit des cas où elle pouvoit être plus rarefiée & moins fluide. Comme c’eft 1à un point affés délicat, & fur lequel M. Helvétius trouve que M. Michelotti n'a pas tout-à-fait pris fa penfée, il en donne une nouvelle & plus ample expli- cation. Quand on fait moufier des liqueurs , telles que le Lait , l’eau de Savon, le Chocolat , Certainernent la mouffe en eft plus rarefiée & moins fluide que le refte de a liqueur qui demeure coulant. Ces liqueurs propres à mouffer font compofces de parties aqueufes & de parties huileufes , hétéro- genes les unes par rapport aux autres, & peu difpolées à s'unir. La fluidité du tout vient de ce que ces parties hétérogenes ont pris entre elles le plus d'union, le plus de liaifon qu'il _ it poffible, & fe font mifes dans larrangement où elles ap- portent le moins d’obftacle à leurs mouvements refpectifs. Faire mouffer ces liqueurs , c’eft féparer autant qu'il fe peut les parties huileufes des aqueufes, étendre davantage les hui: leufes, qui auparavant étoient repliées, les accrocher les unes avec les autres plus qu'elles ne l'étoient, d’où il fuit & qu'elles ne laiffent plus autant de liberté au mouvement des parties aqueufes, & qu'il fe forme de plus grands interftices tant entre Hiff. 1728, . D 26 HISTOIRE DE L’'ÂCADEMIE ROYALE les parties huileufes mifes plus au large, qu'entre les huileufes & les aqueufes plus féparées, c'eft-à-dire en un mot que cette mouffe eft une liqueur moins fluide & plus rarefée. Le Sang artériel eft conftamment plus rouge que le vei- * neux. Selon le fentiment de M. Helvétius, le Sang veineux eft plus agité, plus rarefié que T'artériel, donc cette plus grande agitation ou rarefaétion ne lui donne pas dans cette hipothefe la rougeur de 'artériel. Cependant M. Michelotti dit que du Sang veineux reçû dans un Vaiffeau, étant de fon rouge foncé ou de fon noir ordinaire, devient d'un beau rouge, pourvû qu'on l'agite. M. Helvétius convient du fait, muis il nie que l'agitation en foit la caufe immédiate, c’eft que par-là le Sang veineux eft plus expofé à l'Air dans toutes fes parties, plus pénétré d'Air, & c'eft Air qui dans fon Siftème fait a rougeur du Sang. I change très-promptement le Sang veineux en Sang artériel quant à la couleur. Que l'on tire du Sang veineux par une très-petite ouverture, afin que ke filet qui fortira rencontre plus d'Air que ne feroit un plus gros jet, & que dans ce même deffein on reçoive ce Sang, non dans une poëlette, mais fur une afliette platte, il fera auffi vermeil que du Sang artériel. En voilà aflés pour donner quelque idée inflruétive des E"clairciffements de M. Helvétius. Toute cette conteflation peut encore donner une inftruétion importante, c'eft fur l'honnêteté & la politefle qui devroit être dans les difputes des Sçavants. Les deux habiles Adverfaires en ont exaétement fuivi toutes les régles, & ce font en effet les plus habiles qui les fuivent le mieux. Autrefois on en étoit fi éloigné, que c'étoit un fcandale & une honte pour la Science & pour l'Humanité même, mais encore aujourd'hui qu'on n'oferoit plus prendre ce ton extravagant , la vraye politefle n'eft pas trop commune. M. Helvétius a joint à fes Æ'élairciffements une Lettre La- tne adreffée à M. Winflow Sur la Struure de la Glande. Mais cette Lettre entre dans un détail trop particulier d’Ana- tomie, & prefque tout ce que nous en pourrions rapporter, … DER né DES SCIENCES 27 nous l'avons déja dit dans quelques Hiftoires précédentes, principalement dans celles de 1711* & 1712* je fut aufli en cette même année que parut un Livre de M. Morand, intitulé Zraité de la Taille au Haut Appa- reil, &c. La maniére ordinaire de tailler de la Pierre s'appelle au grand Appareil, par oppofition à une autre moins prati- quée, qu'on nomme av petit Appareil, parce qu'elle demande moins d'Inftruments. Nous avons parlé en 1699 * d'une troifiéme maniére qui porte le nom de Frere Jacques , fon in- venteur. On la nomme aufi opération latérale. Nous ne dé- fmiflons point ici toutes ces opérations, ni nous n’expliquons en quoi elles confiftent, parce qu'il faudroit un détail trop particulier & trop exact d’Anatomie & de Chirurgie, & qu'en pareille matiére les connoïffances générales n’en font point ; à peine les plus profondes & les plus recherchées fuff- fent-elles, Nous ne voulons que faire une hiftoire fort abré- gée, qui ne laïfle pas d’intérefler le Public, La Taille au petit Appareil a été inventée & décrite par Celfe, qui vivoit dans le rer Siécle del’Eglife. On croit com- munément que fous le regne de Loüis XI il fe fit en France fur un Criminel une expérience de la Taille qui réufit, mais elle eft fr mal rapportée par les premiers Hiftoriens , apparem- ment fort ignorants en Chirurgie, qu'on ne peut pas même s'aflürer qu'elle fut faite pour la Pierre de la Veffie, quoique opinion commune ait voulu depuis l'entendre en ce fens-là. Si ce fut l'opération de la Pierre, elle fut au petit Appareil, car le grand n'a été inventé que vers l'an 1 500, par Roma- nis, Médecin de Crémone, & publié par fon difciple Marianus en F522. En rs 60 Pierre Franco, Chirurgien Provençal, voulant tirer la Pierre à un Enfant de Laufanne âgé de deux ans’, fut obligé par les circonftances à une opération nouvelle, dont il étoit lui-même effrayé, & qui eft ce qu'on appelle aujour- d'hui Je Haut Appareil, W y réuffit, & cependant il ne veut D ji * P. 19. & fuiv. *p. 27. & fuiv. 28 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE pas qu'on limite jamais, Le fujet de cette terreur étoit que par cette opération on fait une playe à la fubftance de a Veffie, & qu'Hippocrate, & par conféquent après lui une lon- gue & innombrable fuite de Médecins, avoient décidé que les playes de la Veflie étoient néceffairement mortelles. IL arriva pourtant que 20 ans après Franco, Roflet, Mé- decin François, guidé par a feule force de fon génie & de fes grandes connoiïflances Anatomiques , car on croit qu'il ne connoifloit pas encore l'opération de Franco , eut le courage de juger que le Haut Appareil étoit poflible, mais il n’alla pas jufqu'à l’éprouver, foit par un refte de défiance, foit bien plütôt faute de trouver des Malades qui s'y vouluflent expofer. Le Haut Appareil, dont on n'avoit vü aucun fuceès que celui de Franco, condamné par Franco même, tomba donc dans l'oubli, fi ce n'eft qu'il en refla dans quelques Livres quelque idée fort confufe, & on ne pratiqua d'opération que celle du grand ou du petit Appareil, jufque vers la fin du Siécle pafté, que le Frere Jacques en apporta à Paris une nou- velle qui avoit beaucoup de réputation en Franche-Comté, Maïs cette réputation fut entiérement détruite à Paris, ce qui n'empêcha pas que M. Rau, célébre Profeffeur en Anatomie &. en Chirurgie à Leyde, ne fongeût à redifier cette Méthode, & il en vint heureufement à bout. Aujourd'hui elle ne porte prefque plus que fon nom, qu'on a fubftitué à celui du pre- mier Inventeur. Peut-être cette nouveauté fut-elle l’occafion qui tourna es Efprits du côté de cette forte de recherche; d’ailleurs l'opé- ration latérale de M. Rau, telle du moins qu'elle a été décrite après fa mort, avoit beaucoup de difficulté. M. Douglas, très-habile Chirurgien Anglois, fut le-premier qui ayant ra- mañlé tout ce qu'il put trouver de lumiéres éparfes çà & là {ur le Haut Appareil, auxquelles il joignit les fiennes, renou- vella en 1719 cette opération oubliée, & qui, à proprement parler, n'avoit point encore été une opération. On peut bien juger qu'il eut à efluyer les defagréments , les difhcultés, les oppofitions attachées à toute nouveauté, mais encore plus à LS phE ss: COLE N:C'E 29 une nouveauté dangereufe pour la vie des hommes. Il fut juflifié par le fuccès. M. Chefelden , autre grand Chirurgien de la même Nation, le füivit aufli-tôt, & en peu de temps uelques autres groffirent le nombre des Novateurs, De 3 r Malades taillés en peu d'années felon cette Méthode, il n’en mourut que cinq. Le courage de tant de Malades , qui fe livrérent à une opération nouvelle de cette efpece, n'eft pas moins remarquable que lheureufe audace des Chirurgiens. H s’eft fait en Angleterre plufeurs bons Ecrits fur ce fujet, ils contiennent principalement tous les détails inflruétifs des Opérations & des Cures ; M. Morand en donne dans le Livre dont nous parlons ici ou des traductions, ou des, extraits. Enluite il rapporte une Opération qu'il a faite lui-même au Haut Appareil, & quoique la fin en ait été malheureufe, äf la rapporte fans craindre de la décréditer, parce qu'il a été avéré que le Malade, qui mourut le 4 re jour, mourut par fa faute. II donne auffi la relation d’une autre Taille au Haut Appareil faite heureufement fur un Enfant de 4 ans par M. Berrier, Chirurgien de S' Germain en Laye. Il y faut joindre une feconde opération: faite depuis le Li- . vre de M. Morand à un autre Enfant de 1 3.à 14 ans par le même M. Berrier ; l Académie a vû les deux Enfants en très- bonne fanté. Voilà tout ce qui s'eft fait en France jufqu'à préfent de Tailles au Haut Appareil. Le génie léger & vif de la Nation eft pourtant circonfpeét dans les occafions impor- tantes. Ayx Le Livre de M. Morand finit par une Lettre que M. Winflow lui adrefle fur de nouvelles attentions, de nouvelles précautions qu'il a imapinées pour le Haut Apparcil, aux- quelles il joint des Remarques :curieufes & inftruétives fur quelques matiéres qui fe préfentent en fon chemin. M. Mo- rand avoit déja fimplifié la Méthode Angloife, mais en pa- rcille matiére on ne fçauroit rechercher le mieux avec trop de fcrupule, il ne peut y avoir de minutie. M. Morand n’eft pas fi prévenu pour le Haut Appareil ; qu'il le voulüt préférer en toute occafion. Il a cherché, & D if V. lesM, P:197- V. les M, P-401s o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE c'eft là une des grandes utilités de fon Livre, à diftinguer les cas plus convenables à l'opération ordinaire, ou à la nouvelle, L'avantage eft grand d'en avoir plufieurs, & il faudroit, s'il étoit pofhble, empêcher que l’ufage plus déclaré pour lune, ne nous privât de l'autre. M. Morand a vérifié à Londres ue les Anglois avoient abandonné le Haut Appareil, excepté M. Douglas feul, qui le foûtient toüjours. M. Chefelden croit l'opération latérale meilleure, mais en l'entreprenant il a plu- fieurs fois déclaré que fi elle ne lui réuflifloit pas, il retour- neroit plütôt au Haut qu'au Grand Appareil. M. Douglas a traduit en Anglois ce que M. Morand, tra- duéteur de 'Angloïis en partie, avoit mis de nouveau dans fon Livre. Les langues des Nations fçavantes ne fçauroient trop pratiquer entre elles ce commerce & ces échanges. Ous renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. Maloet fur une Anquilofe finguliére, Et les Obfervations de M. Deflandes fur des Vers d’une efpece finguliére. DES SCIENCES. 3T A SR RSR RTE T NN REF ETES At ttige RARE RENE ARETERE MERE NERENE RENAN DER ERENEENE RENE RER REENEE SRE ee ee Ep dr CHIMIE. SUR LES HUILES ESSENTIELLES DES} P'LÉANUNITE LP ETTE matiére a déja été traitée dans l'Hift de r 721% V.lesM, Cr Geoffroy le cadet la continüe, après Favoir plus p.88. approfondie par des expériences & des réfléxions nouvelles. de 36: H s’agit de la rectification des Huiles effentielles des Plantes, % luiv. c'eft-à-dire, de les avoir dans un état où elles s'alterent & fe corrompent le moins, & le plus lentement qu'il foit poffible, ou de les y remettre auffi-tôt qu'on s'apperçoit de l'altération. H eft bon de connoître les fignes de cette altération naiflante, parce qu'on ne peut y remédier trop tôt. Hofman a remar- qué que s'il y avoit de l'écriture au papier qui coiffe les Bou- tcilles , elle s’effaçoit, & M. Gcoffroy a obfervé de plus que les Bouchons de Liége commencoient à changer de couleur, & devenoient d’un blanc jaunâtre. On voit afés que ces effets doivent être rapportés aux Acides les plus volatils des Huiles effentielles, qui fc développent & s'en féparent avec le temps, La maniére de re&ifier les Huiles eflentielles, donnée en 1721 par M. Geoffroy, étoit bonne pour celles dont on à facilement une aflés grande quantité, nous avons dit que TEfprit de vin, employé pour intermede, en gardoit toüjours une portion, qui étoit aufant de perdu pour l'Effence. M. ces donne à préfent pour les Huiles rares une autre mé- thode, où il n'entre point d'intermede. Le fin confifte en ce que les parties les plus tenües de l'Huile, qui feules & par elles-mêmes ne s’éleveroient pas aflés par la chaleur, rencon- trent en leur chemin, dès qu'elles commencent à s'élever, la vapeur d'une eau chaude, qui leur aide à monter jufqu'à un 32 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Réfrigérant, d'où.elles retombent dans un Récipient , qui les raffemble. Il refte après la rectification une réfidence épaiffe, faline, en confiftence de Baume. C'eft là ce qu'il a fallu fé- parer de l'Huile effenticlle, c'eft là ce qui l’auroit gatée, peut- être en peu de temps, mais toüjours dans un temps beaucoup moindre que celui qu'il faudra deformais. M. Geoffroy paroit avoir été furpris de la quantité de ré- fidence que lui a laifiée une Effence de Bergamotte qu'il avoit premiérement diftillée Jui-même avec tous les {oins & toutes les précautions poflibles pour lavoir bien pure. La réfidence de plus de 3 Onces d'Eflence a été de + gros. Les Huiles effentielles ont toüjours par la diftillation quel- que odeur d'empireume. Apparemment les parties des Plantes qu'on difille, les plus proches des parois de la Cucurbite, & par conféquent les plus attaquées par le feu, fe grillent, fe rotiflent, & prennent un goût de brülé qu'elles communi- quent au refte. La réfidence que laifle la reéification. de M. Gcoffroy tient encore de cet empireume, mais l'Huile reéti- fiée n'en a plus rien, ce qui efl un avantage confidérable. Un autre avantage de cette réfidence , c'eft qu'elle décou- vre les mêlanges frauduleux qu'on auroit faits à l'Huile effen- tielle, elle offrira prefque aux yeux les différentes matiéres dont on f’auroit fophiftiquée, foit des Huiles groffiéres tirées par expreffion, foit des Huiles moins précicules, foit de l'Ef- prit de vin, car ce font là les trois feules fraudes poffibles. La réfidence eft une concrétion des Sels eflentiels de l'Huile les plus fixes avec les parties huileufes les plus groffiéres, & les plus fixes auffr, & quand cette réfidence a été féparée de J'Effence, il ne aifle pas d'y refler encore de quoi faire avec le temps une réfidence nouvelle, mais en moindre quantité. Des Sels moins fixes que ceux qu'on a d’abord féparés, s’uni- ront avec des parties huileufes, ou, ce qui revient au même; des Sels eflentiels d'abord volatils perdront leur volatilité, parce qu'une partie de l'humeur aqueufe s'étant évaporée, ils ne feront plus aflés foûtenus , & en effet l'Huile en vicillif- fant perd de fa fluidité. De Mon. Ch DE, bles SCIE: Ni C Es: 3! De-là naît un phénomene affés furprenant. M. Gcoffro a obfervé que l'Huile d'Anis, d'autant moins fluide qu'elle eft plus vieille, en eft en même temps d'autant moins fujette à fe figer par le froid. C’eft qu'afin que le froid la fige, il faut qu'il unifle étroitement, qu'il colle à des parties huileufes des Sels eflentiels, qui n'y étoient pas encore unis, & caufe par-B une efpece de criftallifation: Or le froid trouve cette opération déja toute faite dans l’Huile d’Anis, qui a fuffifam- ment vieilli, & il n’en peut faire que ce qui en refte à faire dans celle qui eft moins vieille. 11 y a des Huiles, comme celles de Rofes, d’'Ænula Campana , de Laurier-Cerife, qui font figées prefque en tout temps, apparemment parce que leurs Sels effentiels étant en moindre quantité que dans l'Huile d'Anis par rapport à la quantité des parties huïleufes, ils ren- contrent toüjours aflés de ces parties pour s’y attacher, & fe criftallifer, Nous avons parlé en 1727 * des expériences de M. Geoffroy fur le froid & le chaud des Liqueurs , la recherche préfente l'a conduit naturellement à les reprendre. Selon le raifonnement phifique que nous venons de faire d’après lui, une Fffence d’Anis plus vieille devoit faire baïfler davantage le Thermometre, puifque cette Effence avoit moins dé mou- vement de fluidité, & c'eft ce qui eft arrivé effectivement. Elle devient par le temps une efpece de Savon où les Sels font concentrés avec l'Huile, & le Savon ordinaire, quoique mêlé avec l'Efprit de vin, fait toûjours baiffer le Thermo- metre, au lieu qu'il haufle par le mélange de FEfprit de vin & de l'Eau, ainfi qu'il a été dit en 1727: Cela indique affés la route qu'il faudra fuivre pour appliquer le petit Sifléme -phifique à plufieurs autres faits, malgré les variétés qu'on V2 pourra trouver, Aflés fouvent ces variétés étonnent d'abord, & puis confirment, Hifl. 1728 " à E *p.1094 V. les M. p.301. 34 HistToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE SUR LES DIFFERENTS VITRIOLS, Ex Ros L'ABATAN. Es Chimiftes fçavent depuis un temps que la bafe du Vitriol vert eft un Fer, & celle du Vitriol bleu un Cuivre, diflous lun & l'autre par un même Acide, l'Art eft parvenu à imiter parfaitement ces deux productions naturelles. M. Geoffroy le cadet, en répétant pour une plus grande confir- mation quelques-unes des opérations qui ont été faites à ce fujet, a trouvé que fur 4 onces de Vitriol vert, il ÿ en avoit 2 d’eau, 1 de Fer & 1 d'Acide. I a voulu découvrir la compofition d’une autre efpece de Vitriol, qui eft blanc, & vient de Goflar en Allemagne, car à l'égard d’une 4° efpece, qui eft vert-bleüâtre, on fe tient für que la bafe en eft un mélange de Fer & de Cuivre, où le Fer eft en plus grande dofe. M. Geoffroy a eu quelques in- dices pour foupçonner que la Calamine étoit une des matiéres qui entroient dans la compofition du Vitriol blanc. C'eft une Pierre qui fe trouve fouvent dans les mêmes lieux où font les Mines de Cuivre, ainfi elle paroït propre à fe mêler dans la compofition des Vitriols en général, & à l'égard du blanc en particulier, ik y a des Montagnes entiéres de Cala- mine aux environs de Goflar. Ce Minéral ayant été diffous dans un Acide, enfuite bien defféché, & expolé à Fair, a pouflé des fleurs falines, blanches , & affés ftiptiques, ce qui fembloit promettre un Vitriol blanc, mais après un long temps le Vitriol qu'elles ont produit n'a été que verdâtre, Ainfi jufqu'à préfent le Vitriol blanc n’eft pas connu, c'eft- à-dire fa compofition. Celle de l'Alun ne s’eft pas dérobée de même à M. Geof- froy. Il a découvert fürement que fa bafe eft une terre Lo/aire, il faut toüjours foufentendre, diffoute par un Acide. Les Bo/s font des terres graifleufes , douces au toucher, & fragiles. Des CPP DIE SiS CHE NCE'S ÿ morceaux de Pipes de Hollande, faites de ces fortes de terres, des morceaux même de nos Poteries communes non vernies, qui. s’imbibent bien de f'Acide, parce que le feu, qui les a cuites, a ouvert leurs pores, ont donné de vrais Criftaux d'Alun. Il eft de plus à remarquer qu’au bout de deux ans les Pipes ont poufé des filets foyeux, femblables à ceux de l A/un de Plume , & qui ont végété & augmenté à Fair. Cela s'offre heureufement pour confirmer ce que nous avions dit en 1724%* d'après M. Geoffroy , que la matiére de l'Alun devoit fe trouver dans le Verre dont on avoit fait de mauvaifes Bouteilles, qui gâtoient le Vin. Ce qui n'étoit alors que deviné eft préfentement vû, cette forte de terre, qui'eft la bafe de l Alun, étoit mêlée dans le Sable-dont on s'eft fervi, & comme elle cft fufceptible de l'action des Aci- des, dès que ceux du Vin font rencontrée, il s’en eft enfuivi le défordre dont il s’agifloit. La Chimie fçait tirer également ou le Fer contenu dans le Vitriol vert, ou le Cuivre contenu dans le bleu. L’Acide qui a diflous l'un & fautre, agit plus aifément fur le Fer que fur le Cuivre, & f1 on préfente à des lames de Fer du Vitriol bleu bien diflous & bien étendu dans de l’eau chaude, l Acide de ce Vitriol abandonnera fon Cuivre, & ira ronger le Fer avec une fermentation fenfible. Les limes de Fer fe couvrent alors de particules de Cuivre, particules que fon en peut même détacher aifément pour en faire par la fonte des lin- gots de Cuivre rouge bien pur, & fr l'on a bien «envie de trouver une tranfmutation de métaux , comme il n'arrive que trop fouvent, on peut croire, ou dire du moins que le Fer a été changé en Cuivre, mais l'erreur ou la tromperie feroit groffiére, & M. Geoffroy prouve de plus qu'elle feroit in- utile, & fans profit, ce qui eft le plus décifif par rapport à .ceux qui promettent des tranfmutations, ou à quion en fait efpérer, mais des Chimiftes habiles & finceres courent rifque d'être toüjours crûs trop tard, L 4 p- 40. & fuiv. 36 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE OBSERVATIONS CHIMIQUES. L Le Févre, Médecin d'Uzès, Correfpondant de l’Aca+ . démie, de qui il a déja été parlé en 1725 *, a en- voyé la maniére de faire un nouveau Phofphore , qui s'en+ flame par être fimplement préfenté à Fair. I eft compolé de demi-once de Limaille de Fer nouvelle- ment faite, 2 Gros de Soufre commun, & 6 Gros d'Eau commune, on y peut ajoûter 10 Grains de Colophone. Ces matiéres ayant été pelées, & miles à part, on pilera dans un petit Mortier environ un demi-Gros du Soufre pefé, & on y mettra la Colophone, fi on en employe, pilée de même, & enfin le refte du Soufre. Lorfqu'on aura une poudre biert fubtile , on y ajoûtera la Limaille de Fer, & on mélera bien le tout enfemble, jufqu'à ce que le Fer ne paroïfie plus, & que la couleur foit bien égale par tout. On ajoûtera alors 1 $ ou 20 Grains de l'Eau pefée, on pilera bien le tout enfem- ble, on remettra un inftant après la même quantité d'Eau , ou quelque peu davantage, enfin jufqu'à ce que le mélange foit en confiftence de pâte folide, s’écrafant facilement fous les doigts, fans être cependant trop humeété. La matiére ainfr préparée , on la mettra fur le champ dans un Matras qui puiffe contenir 2 où 3 Onces, & on verfera deflus de FEau pefée jufqu'à ce qu'elle furnage de 1 ou 2 lignes; cette matiére de- meure précipitée au fond du Matras, & reffemble à une pou- dre grumelée. On mettra enfuite le Matras à un feu de Sable ; tel que la main puiffe facilement fupporter la chaleur du Ma- tras. Dès que la matiére commencera à s’échaufler, elle fer- mentera, noircira, fe gonflera, il-faut alors y ajoûter quelques gouttes d'eau, & la remüer en tous fens avec un fil de Fer: on continüera de même de quart d'heure en quart d'heure, mettant toüjours quelques gouttes d’eau, & lorfqu'elle fera toute employée, le mélange fera devenu très-noir & liquide} mail 5 nAELSN S QNLE N-C:ELS on le laiffera en cet état repoler quelques heures, & même toute une nuit, fans feu, & fans y toucher. C’eft-R li pre- miére partie de l'opération , & celle qui demande le plus de foin. Sur-tout il faut prendre extrémement garde que le feu ne foit trop fort, & il vaudroit mieux qu'il fût un peu trop foible, car il eft effentiel que le Soufre qu’on employe ne fe brûle pas. De plus la matiére fe gonfleroit trop par une fer- mentation violente, & fortiroit par le col du Vaifleau, Pour achever l'opération, on verfe fur la matiére repofée un peu d’eau qui y furnage , on met le Matras à un feu de Sable plus fort que le précédent, & on reconnoîtra qu'il l'eft affés, lorfqu'on verra fortir par le col du Matras une vapeur humide. On continüera le feu en cet état une heure & demie ou deux heures , afin de faire évaporer la plus grande partie de l'humidité, & on jugera qu'elle eft aflés évaporée, lorf- qu'en introduifant le fl de Fer dans le Matras, on fentira un. peu de réfiflance, & que la matiére qu’on retirera avec ce fil fera un peu folide & grumelée fans être humide. Alors tout eft fait. H faut que la fin de Fopération foit précifément le moment où la matiére eft aflés dépoüillée d'humidité, paffé cela on retomberoït dans l'inconvénient irréparable que le Soufre fe brûleroit. Pour le prévenir, il vaut mieux retirer un peu trop tôt le Matras du feu, pour éprouver fi le Pho£ phore eft fait, & quand il ne le fera pas encore, remettre le Matras pour un peu de temps. Ce Phofphore eft la matiére contente dans le Matras. Onx en détache avec le fil de Fer quelque petit morceau qu'on fait tomber fur du papier. En peu de temps ce morceau s'allume à l'air, s’embrafe, & brüle le papier, comme fait le Phofphore de M. Homberg, dont nous avons parlé en xZ10*, : L'opération eft délicate, & affés aifée à mañquer , quoique nous ne l'ayons décrite que felon la derniére maniére, où M. le Févre l'a amenée après tous les tâtonnements indifpenfa- bles. M'° Geoffroy le cadet & du Fay l'ont vérifiée. Le def- fein de toute la manipulation eft de divifer très-finement, & E iij Xp: 54» & fuiv, *p. 40. & fuiv. #p.s1. & fuiv. 24 Edit. LA 38 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE de mêler intimement du Fer & du Soufre, matiéres naturel- lement très-difpofées à fermenter enfemble, & à s'allumer par la fermentation , & de les mettre dans une difpofition f prochaine à la fermentation qui les allumeroit, que l'air feul fuffife pour la caufer par l'humidité qu'il apportera, & qui fera avidement reçüë. Ileft évident que fi dans le cours de l'opération le Soufre étoit brülé par un trop grand feu , ül n'y auroit plus aucun eflet à efperer. Le Soufre doit être feu- lement tout près de l'inflammation. Dans le Phofphore de M. Homberg il faut que la matiére foit calcinée, & à ces Phofphores , qui font du genre de la Chaux, convient l'explication phifique que nous avons don- née en1712*. Mais ici il n'ya point de calcination, puif- que le Soufre ne doit pas être brülé. I eft vrai cependant que de part & d'autre l'humidité de l'Air eft l'Agent qui fait tout le jeu de l'inflammation. Le Phofphore de M. le Févre reffemble davantage au Tonnerre artificiel de feu M. Lémery, rapporté en 1700 *, On peut mème croire que ce n'eft au fond que la même expérience , mais executée d'une maniére plus fine, & dont l'effet eft plus confidérable, II. Le même M. le Févre a envoyé à l’Académie un moyen qu'il a trouvé de difloudre plus facilement le Tartre, ou fon Criftal, que l'on nomme Créme de Turtre, ce qui feroit utile à la Chimie, & encore plus à la Médecine, parce que la difi- culté de la diflolution de la Crème de Tartre fait qu'on a de la peine à la faire prendre intérieurement. I a éprouvé que 12 onces d'Eau boüillante ne peuvent difloudre que demi- once de Criftaux entiers de Crême de Tartre. Si on les ré- duit en poudre fine, alors cette même quantité d'Eau boüil- lante en difloudra 7 dragmes, mais à mefure que l'Eau fe refroidira, la matiére difloute fe reformera en Criftaux. L'opé: ration qu'il propofe n'eft pas une diflolution funple de la Crème de Tartre ; mais elle a cela de fingulier, qu'il employe pour cet effet un Sel prefque auffi difficile à difloudre que fa DES 48 CAE N,C: Ejf. 39 Crème de T'artre. Cependant ces deux Sels unis fe diflolvent fans qu'ils puiffent par la fuite reprendre leur premiére forme. H prend 4 onces de Criftal de Tartre réduit en poudre très-fine, qu'il met dans un Matras de Verre mince qui tient chopine, qui puifle réfifter au feu, il y ajoûte 2 onces de Borax pulvérifé groffiérement, avec 12 onces d'Eau com- mune. Îl place le Vaiffeau fur le Sable, qu’il échauffe peu-à-peu jufqu’à faire boüillir la liqueur pendant un quart d'heure. Par cette ébullition le Criftal de Tartre & le Borax fe diffolvent paifiblement & f1 parfaitement, qu'ils ne reprennent plus de forme folide. La liqueur demeure claire fans avoir perdu l'aci- dité naturelle à la Crème de Tartre. Si au lieu de Criftal de Tartre, l'on employe le Tartre crud, la diflolution fera rou- geûtre, & il faudra la filtrer pour féparer la lie dont le Tartre fe trouve toûjours chargé. Si l'on évapore lentement la dif- folution de ces deux Sels, elle s'épaifhra infenfiblement, & deviendra prefque femblable à la Gomme de Prunier, Si on expofe cette mafle gommeufe à l'humidité, ele s'y réfoudra peu-à-peu comme le Sel de Tartre. I eft très-fingulier que la Crème de Tartre, qui feule n’eft pénétrable ni à l Eau froide, ni à l'Efprit de Vinaigre, ni à l'Efprit de Vin, devienne fo- luble, lorfqu'elle a été fondiüe avec le Borax. Cette opération ne peut guére manquer d'être utile, puifque l'union de Ia Crème de Tartre avec fon Sel fixe dans la préparation du Sel végétal, ou Tartre foluble, produit une préparation d’un aufft grand ufage en Médecine que l'eft un Sel apéritif & purgatif. Un autre avantage eft de pouvoir conferver à la Crême de Tartre difloute toute fon acidité, en la rendant foluble par le Borax , au lieu que le Sel de Tartre détruit en fermentant PAcide de la Crème de Tartre. M.1e Févre fe fert auffi de Fopération du mélange du Borax avec l'Huile de Vitriol, pu- bliée par M. Homberg , mais il croit qu'il vaudra mieux unir un Acide végétal avec le Borax , que d'y joindre un Acide minéral trop fixe. EE » La confommation des Eaux fortes pour le Départ, eft ur 4o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE objet de commerce affés confidérable. If y a même eu des temps où elles étoient montées à un très-haut prix, fur-tout vers la fin de la Guerre derniére, où l’on pouvoit à peine trouver du Salpètre pour la fabrication de la Poudre ; on étoit mème obligé alors d’en faire venir des Pays étrangers; on en tiroit auffi les Eaux fortes, & même quoiqu'aujourd'hui on les fafle en ce Pays-ci, on ne laifle pas d’en tirer une grande partie de Hollande, & la confommation en eft fort grande en certains temps, comme dans les Refontes générales d'Efpeces. Tout le monde connoit l'opération du Départ ; on met dans l'Eau forte un mélange d'Or & d'Argent fondus enfemble, l'Eau forte diflout l'Argent, & laïfle précipiter les parties d'Or en poudre noire ; on met enfuite dans la diffolution d'Argent, affoiblie par deux parties d'Eau commune, des la- mes de Cuivre, alors l'Acide s'unit au Cuivre, & abandonne l'Argent, qui fe précipite en Chaux. Après cela l'Eau de fa diflolution s'appelle Eau feconde, & ordinairement on la jette comme n'étant plus propre à rien. Cependant dans les grands travaux , comme à la Monnoye, on en retire auparavant le Cuivre, en le faifant précipiter par le moyen du Fer qu'on met dans Eau feconde, Quoique cette derniére précipitation foit moins exacte que les autres , on retire toüjours par ce moyen la plus grande partie du Cuivre, mais l'Eau forte eft entiérement perdüe, Ileft aflés étonnant que dans le nombre prodigieux de recherches de toute efpece qui ont été faites fur cette matiére, on ne fe foit point appliqué à retirer ces Eaux fortes , il faut qu'on l'ait crû ou trop difficile, ou de trop de dépenfe, pour l'avantage qui pouvoit en revenir. I y a eu cependant en différents temps plufieurs Artiftes qui ont connu cette pratique, & s'en font fervis, mais ils en ont fait un fecret, & perfonne, que l'on fçache, n’en a écrit, ou ne s’en eft fervi publiquement dans aucun travail. Le S' Antoine Amand, dont M. du Fay tient plufieurs «vpn, Opérations de Chimie affés finguliéres, & entre autres lama de 1727. niére de purifier l'Or, qui pafle communément pour tenir de P: 31: J'Eineril *, lui a appris une Méthode pour révivifier l'Eau forte, C2 CR DES SCIENCES. ar: forte. II avoit demandé le fecret, parce qu’ avoit en vüë d’en faire un établiflement utile pour lui, ce qu'il a fait avec beaucoup de fuccès ; depuis ce temps-là, il a permis à M. -du Fay d'en faire part à l'Académie, & on a crû {a chofe aflés importante pour ne pas négliger de la rendre publique. On ramañle dans plufieurs Tonneaux l'Eau feconde char- gée de Cuivre, c’eft-à-dire, avant que de le faire précipiter par le moyen du Fer, on en remplit une grande Chaudiére de Cuivre placée fur un Fourneau , & on la fait boüillir juf- qu'à ce qu'il y en ait environ la moitié d'évaporée ; on remet de nouvelle Eau feconde, on continüe d'évaporer & de rem- plir la Chaudiére, jufqu'à ce que la fumée qui en fort com- mence à avoir une odeur d'Eau forte. Si l'on fçavoit préci- lément quelle quantité d'Eau commune on 2 jettée fur la diflolution d'Argent, ce feroit la mefure jufte de l'évapora- tion qu'il en faut faire, mais comme le plus fouvent on 1a met au hazard, il fuffit de faire cefler le feu, lorfque l'on commence à appercevoir l'odeur d'Eau forte. Comme les Acides font chargés de Cuivre autant qu'ils le peuvent être, ils n'endommagent point la Chaudiére, ou du moins fr peu, que M. du Fay a vû la même fervir pendant près d’un an à un travail prefque continuel. On verfera par inclination ces Eaux ainfi évaporées dans des Cucurbites de Grès : il faut que ce foit par inclination, parce qu'on trouvera au fonds de la Chaudiére une petite portion d'Argent qui s’étoit encore foûtenüe dans l'Eau {e- conde, & que la longue ébullition a fait Précipiter, & c'eft encore un avantage de cette opération, qui mérite d'être compté. Au lieu des Cucurbites ordinaires, on {e fert fort commo- dément de ces grands Pots de Grès dans lefquels le Beure falé arrive ordinairement à Paris, on les lutte fort exactement, & on y adapte un Chapiteau de Grès, dont on enduit auffi Les jointures avec du ut. Comme les vapeurs s'élevent en abondance, & que cette diftillation va fort vite, il eft bon que les Chapiteaux ayent un bec de chaque côté, afin d'y Hifl, 1728. DA 42 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyaLeE mettre deux Récipients. Dans les grands travaux on place dans un Fourneau de Brique fait exprès fix ou huit de ces Pots à côté l’un de l’autre, ils font enfoncés dans le Fourneau d'environ les deux tiers de leur hauteur, & foûtenus par le fonds fur des barres de Fer ; le Fourneau eft long & étroit, & on le ferme par en haut avec des Briques & du lut qui joignent fes parois aux Pots, afin que la flamme ne puifle y pañler , & on laifle feulement une ouverture au bout op- polé à celui par lequel on met le bois ; on met enfuite fe feu au Fourneau fans beaucoup de précautions, il faut feule- ment prendre garde qu’il ne foit pas trop violent dans les commencements, parce que la liqueur s'éleveroit tout d’un coup, & pafleroit dans le Récipient comme dans toutes les diftillations, mais il n'y a qu'à l’entretenir de façon qu’elle boüille toûjours; on aura eu foin de n’emplir ces Pots qu'en- viron jufqu’aux deux tiers , & de mettre un peu d'Eau dans chaque Récipient, afin que les vapeurs fe condenfent plus aifément, Lorfqu'on aura diflillé environ les trois quarts de l'Eau forte, on laiffera éteindre le feu & refroidir les Vaif- feaux ; on délutera enfuite les Chapiteaux pour remettre dans les Pots de nouvelle Eau feconde, ce que lon continüera ainfi trois ou quatre fois, afin de ne pas retirer fi fouvent les Pots du Fourneau, lorfqu'ils y feront une fois placés. A la fin, & lorfqu'on jugera qu'il peut y avoir dans chaque Pot environ le quart de fa hauteur de Chaux de Cuivre, on pouffera le feu plus vivement jufqu’à ce que le fonds des Pots rougife, & qu'on voye qu'il ne diflille plus rien; on ceffera le feu alors, & on retirera des Pots tout le Cuivre réduit en poudre noire, on mêlera enfemble Jes Eaux de tous les Ré- cipients, afin qu'elle foit toute égale ; & comme prefque toû- jours elle fe trouve trop forte pour les ufages auxquels on l'employe ordinairement, on laffoiblit avec de l’eau autant qu'on le juge à propos. Cette Eau forte revient à près de moitié meilleur marché que l'Eau forte ordinaire, en ne comptant le prix de l'Eau feconde que par la valeur du Cui- vre qui y eft, & que l'on retire prefque fans aucune perte. DES SCIENCES, 4% Elle a encore un avantage fur l'Eau forte ordinaire, c'eit qu'elle ne contient point de Sel marin, & qu'on n'eft pas obligé de l'en féparer comme on fait ordinairement , en fai- fant difloudre une petite quantité d'Argent qui blanchit l'Eau forte, la trouble, & fait précipiter le Sel marin qu'elle conte- noit ; c'eft un inconvénient que celle-ci n’a point, ce qui, quand toutes chofes feroient égales d’ailleurs , la doit faire référer à l'autre. La Chaux de Cuivre qu'on retire de cette opération eft aflés difficile à fondre , fi l'on fe fert d'un Creufet à l’ordi- naire, parce qu'elle eft déja dépoüillée d'une partie de fes Soufres, ayant été rougie au feu; il eft même arrivé deux ou trois fois à M. du Fay de la calciner entiérement, en voulant Ja fondre de cette maniére , & d'en faire un beau Verre opa- que, brillant, dur, jaune, mêlé de veines noires, & femblable à de certaines Agathes. Mais voici Ja maniére de le fondre en peu de temps & avec beaucoup de-facilité, On met dans une bonne Forge, dont la Cafe foit pro- fonde & bien faite, du Charbon de bois qu'on allume bien; on y en remct de temps en temps de nouveau jufqu'à ce que la Cafle foit rouge. On jette alors peu-à-peu la Chaux de Cuivre fur les charbons, & on continüe de fouffler forte- ment. Elle fe fond alors fans peine, & coule dans la Cafe, où elle demeure en fufion. On y en remet toûjours de nou- velle jufqu'à ce qu’elle foit toute employée, On laiffe alors refroidir la Cafle, & on troûve un culot de Cuivre, qu'on refond, f: l'on veut, dans un Creufet pour le remettre en Jingots. Cette opération fe pratique depuis près de deux ans à la Monnoye de Paris avec un avantage confidérable, N° renvoyons entiérement aux Mémoires L’Ecrit de M. du Fay fur la Teinture & la Diffolu- V.iesM. tion de plufeurs efpeces de Pierres. L’Ecrit de M; Lémery fur le Borax. Et les Obfervations de M. Bourdelin fur la Formation des ; : Pr 304: Sels lixiviels; : Fi . SO» Pÿ les M. . 273. VII. V. les M. P- 100. 44 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE # #3 BE RE RE RE BR BE A BE HE BH BR BE ONE RE oh BE 0 NERO of BE AE de Re Be Be eee et de de ee tee et ee ee BO:F-AN.I Q:ULE. À dr dr dd SUR UNE MALADIE DU SAFFRAN. CE ETTE Maladie du Saffran a le plus terrible nom qu'elle puifle avoir, on l'appelle 4 Mort dans le Gâtinois, où l'on cultive beaucoup cette Plante. En effet elle tüe infailli- blement le Safran, & de plus elle paroît contagieufe , maïs en rond ; d’une premiére Plante attaquée, le mal fe répand à celles d’alentour felon des circonférences circulaires qui aug- mentent toüjours, & on ne le peut arrêter que par des tran- chées qu’on fait dans le Champ, pour empêcher la commu- nication, à peu-près comme dans une Pefte. C’eft dans le Printemps, dans le temps de la Séve, & lorfque le Safran devroit avoir plus de force pour réfifter au mal, que ce mal fait fes plus grands ravages. Comme il peut caufer des dommages confidérables, M. du Hamel, à qui d’ailleurs la fimple curiofité de Phificien auroit pü fufhre, en étudia l'origine, & après un nombre de recherches, car il eft très-rare que les premiéres aïllent droit au but, il la découvrit. Une Plante parafite, qui ne fort ja- mais de terre, & ne s’y tient guére à moins de demi-pied de rofondeur , fe nourrit aux dépens de l'Oignon du Saffran, qu'elle fait périr en tirant toute fa fubftance. Cette Plante eft un Corps glanduleux, ou T'ubercule, dont il fort des filaments violets, menus comme des fils, & velus, qui font fes Racines, & ces Racines produifent encore d’autres Tubercules, & puif- que les Plantes, qui fracent , tracent en tous fens, & que celle-ci ne peut que tracer, on voit évidemment pourquoi la maladie du Saffran s'étend toûjours à la ronde. Aufit quand M. du Hamel examina un canton de Saffrans attaqués, il DLEtS: SC E N'cLEI 8 4s' trouva toujours les Oignons de ceux qui étoient au centre plus endommagés, plus détruits, & les autres moins à pro- portion de leurs diftances. On voit pareïllement pourquoi des tranchées rompent le cours du mal, mais il faut qu'elles foient au moins profondes de demi-pied. Les Laboureurs avoient trouvé ce remede fans le connoître, & apparemment fur fa feule idée très-confufe de couper la communication d'une Plante de Saffran à une autre. Il faut prendre garde de ne pas renverfer la terre de la tranchée fur la partie faine du Champ, on y refemeroit la Plante funefte. . M: du Hamel a obfervé qu’elle n’attaque pas feulement le Safran, mais encore les racines de l'Hyéble, du Coronilla flore vario, de Y Arrête-bœuf, les Oignons du Mufcari, & elle Les attaque, tandis qu'elle ne touche point au Bled, à lOrge, &c. Ce n'eft pas tant, comme on le pourroit croire, parce qu'elle fait un certain choix de fa nourriture, que parce qu'il lui eft impofhible , à caufe de la profondeur où elle fe tient, de ren- contrer des Plantes dont les racines ou les Oignons ne font qu'à une profondeur beaucoup moindre. Cela même à fait naître à M. du Hamel 1a penfée que peut-être par le moyen de cette Plante on détruiroit entre les Plantes inutiles & nuifibles qui ne naiffent que trop parmi ks Bleds, celles dont les racines font aflés profondes. On tourneroit à bien la mauvaife qualité de la Plante parafite , mais combien auroit-on de chofés pareilles à imaginer poux YAgriculture, dont on ne pourroit efperer l'execution que d'une longue fuite de Siécles , même après que les bons Ob- fervateurs & les Phificiens en auront bien démontré l'utilité? Cette Plante, qui n’eft encore connüc qu'en mal, ne laiffe pas de deruander un nom & une place dans la Nomenclature Botanique. M. du Hamel à douté s’il la mettroit fous le Genre des Champignons, ou fous celui des Truffes, mais enfin. il s'eft déterminé pour le dernier, parce qu'elle ne fort point de terre. Il a nomme 7wberoïdes. F ii Ÿ. les M. p.338. 46 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE SUR LA MULTIPLICATION DES ESPECES DE FRUITS À lite Aliments que nous fourniffent les Plantes ont été long-temps des mets tout aprètés que la Nature offroit à des Hommes fauvages, grofliers, & fans expérience, qui n'euffent pas fçû ou fe les aprêter, ou en trouver d’autres, Mais l'induftrie qui s’eft formée peu-à-peu, eft veniie enfin à leur fecours, & fans parler des nouveaux aliments qu'ils fe font procurés par la Chaffe & par la Pêche, ils ont beaucoup perfeétionné les anciens par l'Agriculture. Ce qu'on appelle dans l'ufage commun /es Fruits, tels que les Pommes, les Poires, les Cerifes, les Pêches, &c. Tout cela a tellement changé, qu'on ne le reconnoîtroit prefque plus dans fon pre- mier état, l'Art a produit même de nouvelles efpeces, & c'eft la maniére dont il les a produites, & celle d'en produire encore, que M. du Hamel examine préfentement. Les Botaniftes appellent variétés, des différences entre des Plantes de même nom, mais des différences inconftantes, paflageres, qui tantôt paroiflent , & tantôt ne paroiflent pas, qui ne fe perpétüent point, & femblent ne-venir que de quelques accidents. Ainfi les Tulipes ont beaucoup de variétés, car toutes les Plantes n’y font pas également fujettes. Ce n'eft as là ce qui fait les différentes efpeces de Fruits, il faut des différences ftables & permanentes, telles qu'il s'en trouve entre des Poires, des Prunes, &c. de différents noms. Il paroït qu'un grand nombre de ces différences fpécifiques font uni- quement dûés à la culture, & M. du Hamel cherche par où précifément la culture les produit. Un terroir plus ou moins convenable à l'Arbre, une expo- fition plus ou moins favorable, & une infinité de petits foins du Jardinage, feront naître des variétés, mais pour les efpeces, il femble que la Grefle y doive être plus propre que tout DES SCALE NC:E:9 47 autre moyen. Cet Art de greffer eft affés furprenant. Quel hazard peut l'avoir indiqué? Quel raifonnement peut y avoir conduit ? Quoiqu'il en foit, la Greffe caufe un grand chan- gement, & un changement en mieux, dans les Arbres fruitiers. Il faut feulement un certain choix entre le Sujet fur lequel on ente, & la Branche entée, mais ce n’eft pas un choix unique , le même Sujet peut recevoir avec fuccès différentes Branches, & réciproquement. M. du Hamel croit que comme l'union du Sujet & de Ia Greffe ne confifte qu’en ce que les Sucs du Sujet pañlent en- fuite dans la Greffe en continuant de monter, & que d’ail- leurs il eft impoffble que les extrémités de tous les Vaiffeaux ou Canaux de la Greffe, quand on vient à l'appliquer fur le Sujet, fe pofent jufte fur les extrémités de tous les Vaiffeaux ou Canaux de ce Sujet , de forte que les Sucs pañfent aufii librement de l'un dans l'autre que s’ils n’avoient eu qu'à pour- fuivre leur cours dans le même Arbre, il faut donc que les Vaiffeaux de l'un & de l'autre, pour s'ajufter enfemble, fe plient & {e replient de différentes façons, & forment quelque chofe d’analogue à une Glande Animale. Dans cette Glande végétale & artificielle fe fait des filtrations plus fines, & apparemment auffi des fermentations, qui fervent ou à puri- fer ou à exalter les Sucs. M. du Hamel, qui a beaucoup obfervé fur cette matiére, a vû fouvent entre le Sujet & la Greffe un petit intervalle rempli d’une fubftance plus rare que le refte, & approchante de la Moëlle. La vertu de la Greffe pour perfectionner les Fruits n’eft pas douteufe, tous ceux dont nous faifons ufage nous vien- nent d'elle dans l'état où ils font, & méme M. du Hamel affüre qu'une branche de Sauvageon entée fur fà propre tige, y gagne quelque chofe ; l’efpece de Glande, qui fe forme à Yendroit de la Greffe, a un peu raffiné les Sucs. Cependant cette Glande ne fait pas tout, il y a encore dans la Branche. . entée, & fur-tout aux environs du fruit, des filtres néceflaires pour achever l'opération de la Glande, & qui font que le fruit tient toûjours de fa premiére nature. Il en tient à tel FP-.5l. & fuiv. 48 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE point, qu'une Orange, par exemple, greflée par fa quete fur une efpece différente d'Oranger, ne fera prefque que groffir, & changera peu à l'égard de fes qualités naturelles, & cepen- dant il ne lui eft refté de tout ce qui pouvoit les lui confer- ver, que fa queüe, qui n'a que deux ou trois doigts de lon- eur. C'at-là Fartifice dont fe fervit un habile Jardinier d'Orléans, qui préfenta à feu Monfeigneur un Oranger chargé de cent Fruits, la plüpart d’efpeces différentes. Pour fçavoir fi la Greffe fait naître de nouvelles efpeces de Fruits, M. du Hamel a entrepris une fuite d'expériences qui découvriront quelles Grefles opéreront cette multiplica- tion, en cas qu'elles l’operent, c’eft-à-dire, quels Sujets il faudra donner à certaines Branches, & quelles attentions il y faudra apporter. Mais en attendant, M. du Hamel foupçonne qu'il y a une autre maniére plus cachée, dont il fe fait dans les efpeces des Fruits des changements & plus confidérables, & plus prompts. D'un Afne & d'une Cavalle, d’un Chien & d’une Chienne d'une autre efpece, il vient un Animal qui n'eft ni de l'efpece du Pere, ni de celle de fa Mere, mais d'une troi- fiéme moyenne entre les deux, & nouvelle. Nous avons expliqué en 171 1 * la furprenante analogie des Animaux & des Plantes fur de fait de la Génération. En fuivant cette idée que nous fuppofons ici, il ne faut qu'imaginer que /4 pouffiére, femence mafculine d’une Plante, fera tombée fur le Piftille d'une Plante d’une autre efpece, &.que ce Piftille, partie féminine de cette 2de Plante, aura été fécondé par cette pouf. fiére étrangere, & il en naîtra un Fruit d’une nouvelle efpece, analogue à un Chien métis. H eft vrai que la plüpart des Plantes font Hermaphrodites, & que leurs pouffiéres ne peuvent guere fe répandre que fur leur propre Piftille. Mais il y en a auffi qui ne font pas Her- maphrodites , les Fleurs ou les Etamines qui contiennent les poufliéres , font fur un pied, & les Piftilles qui deviennent les Fruits font fur un autre, quelquefois aflés éloigné, & alors : à faut que le Vent, ou certains hazards, portent les poufliéres fur DAENSTSECHIVE ‘IN Q Er 4 fur les Piftilles. I en ira de même pour les Fruits, dont î paroîtra des efpcces nouvelles par cette voye. Et ce qui confirme fort cette penfée, c’eft une remarque de M. du Hamel, que les Plantes renfermées dans un Jardin, où un grand nombre de différentes elpeces font aflés voifines les unes des autres, ont ordinairement beaucoup plus de variétés, que quand elles font dans les Bois ou dans de grandes Campagnes, & peu mélées. On entendra affés qu'il ne s'enfuit pas de-là que toutes fortes de pouffiéres portées fur toutes fortes de piftilles doi- vent produire de nouveaux Fruits. Il faut un certain rapport d'organifation entre la pouffiére & le piftille étranger, afin que l’une féconde de l'autre, il faut de plus un rapport de temps, c'eft-à-dire, que la pouffiére ayant la maturité nécef. faire pour féconder, le pifille ait aufli celle qui lui eft né- ceflaire pour être fécondé. Il y aura des Plantes moins fu£ ceptibles de variétés, comme certaines efpeces d’Animaux ; les Bœufs, les Moutons le font beaucoup moins que les Chiens, On connoît une efpece de Raïfin, qui produit fur le même Sep des Grappes rouges & des Grappes blanches, fur une même Grappe des Grains rouges & blancs, ou dont les Pé- pins font les uns rouges, les autres blancs. II ÿ a encore un plus furprenant phénomene de Botanique. Des Citrons ou Oranges, dont une Côte eft parfaitement Citron, la fuivante parfaitement Orange’, la 3 redevient Citron, &c. Nous en avons parlé en 171 1 *. Seroit-ce par des pouffiéres ap- pliquées à des piftilles étrangers que ces merveilles arrive- roient ? On pourroit le croire fur des exemples approchants qui s'en trouveroient chés quelques Animaux. Ce feroit bien-là a maniére {a plus élégante d’avoir de nouvelles efpes ces de Fruits, mais il faut attendre les expériences, & celles où M. du Hamel à eu le courage de s’embarquer produiront apparemment quelques lumiéres, La fimple Nomenclature de la Botanique a déja long-temps occupé, & occupera peut- être encore beaucoup d'habiles gens, mais quel champ ne Hi. 1728, sd. XP. 57 *p. 36. & fuiv. V.les M. p.268 & 3772 so HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE fera-ce pas que la Phifique de la Botanique ? Combien ferai plus agréable fans être moins vafte ? OBSERVATION BOTANIQUE. GEoFFRoY le cadet a fait voir uni morceau d'Echa- . las de bois de Chêne, trouvé dans une Vigne près de S'Cloud, vermoulu en quelques endroits, léger comme du bois pourri, dont les fibres étoient prefque defunies, & fe féparoient facilement, à peu-près comme celles de la pierre Sélénite. Sa fingulirité étoit fa couleur verte, non pas un verd commun, car M. Geoffroy lui-même avoit déja vü une Buche de bois blanc à demi pourrie dans le centre, & dont un des côtés étoit de cette couleur, mais un beau verd foyeux, tel que celui que les Peintres appellent verd-d'eau, où plütôt celui de cette belle Mine des Indes, dont il a été parlé en 3723 *. Les bois expolés à l'air changent de couleur en fe pourriflant, mais il y en a peu qui prennent la couleur verte. -M. du Hamel a dit que dans quelques Bois de l'Orléannois il a vû des Trembles pourris qui étoient devenus intérieure- ment de cette couleur , mais le verd de l'E‘chalas de S! Cloud n'a pas laiflé de paroître nouveau. NS: renvoyons entiérement aux Mémoires L'Ecrit de M. de Juffieu fur les Champignons. DES SCIENCES. sr RE Peel UE ee BE Se Se kde LA dE LÉ DE SRE Ge L'un A ARITHMETIQUE. eu A ES PARMOËP RTE TE anciennement connie du Nombre 9. de ne puis me difpenfer de rappeler ici une très-petite & trèslégere produétion de ma jeunefle , Ja premiére où j'aye ofé toucher aux Sciences Mathématiques. I’eft connu depuis long-temps que les chiffres ou caracteres de tout nom- bre multiple de o , étant additionnés enfemble, font toüjours. où 9, où un moindre multiple de 9. Je fis réfléxion fur cette propriété, & je trouvai qu'elle n'étoit point particuliére au: nombre 9, comme elle le paroït , mais commune à tous les nombres fimples 2, 3,4, &c. jufqu'à 10 exclufivement ; qui font la premiére füite de la progreflion décuple des nom- bres. Seulement if falloit que les multiples de tous ces autres nombres fuflent pris d’une certaine façon, moyennant quoi ils avoient 11 même propriété que 9 , mais cette façon de les prendre, commune cependant à 9 & à tous les autres, ne S'offroit d'elle-même que dans 9 , & étoit enveloppée pour tous les autres. La raifon eflentielle en eft qu'il faut faire un produit d'un nombre fimple quelconque par fa différence à 10, or quand il s’agit du nombre 9, fon produit par fa diffé- rence à 10 n'eft que 9 , au lieu que pour tout autre nombre, ce produit eft différent du nombre même. De-Ià vient que la propriété n'eft fenfible & ne faute aux yeux que dans le feul nombre 9. Je donnai cette remarque en 168 5 , dans la Ré publique des Lettres de M. Bayle. Je donnai en même temps un exemple, que l’on verra trèsraifément qui peut devenir abfolument général, & Théo- rême, Soit le nombre 39 7537 mulüple de 7. Si je multiplie G ij s2 HisToiRE DE L'ACADEMIE RoYALE le 1°* chiffre 3 par 3, différence de 7 à 10, & qu'au pro= duit 9 j'ajoûte 9, 24 chiffre du nombre propolé, ce qui donne 18, & qu'après 18 j'écrive 75 37, les quatre derniers chiffres du nombre propolé auxquels je n’ai point touché, j'aurai 1875 37, autre multiple de 7 moindre que le propolé. Si je prends 39, les deux 1°'s chiffres du nombre propolé, que je les multiplie par 3 , différence de 7 à r0, ce qui donne 117, qu'à ce produit j'ajoûte 7, 3° chiffre du nom- bre propofé, & qu'après la fomme 124 j'écrive 537, les trois chiffres reftants du propofé, j'aurai 1 245 37, autre mul- tiple encore moindre de 7. Il en ira toüjours de même quel- que foit le nombre des chiffres du propofé, que je prendrai d'abord pour les multiplier par la différence 3, bien entendu que les opérations fuivantes fe feront toüjours de même. Cela fut donné fans démonftration. M. de Cury, qui a été Maître de Mathématiques des Ca- dets à Cambrai , a préfenté à l’Académie un Mémoire où ik fait voir que la démonftration {e réduit à cette propofition qu'il a trouvée, & qu'il prouve analitiquement. Un nombre multiple d’un nombre fimple, & compolé d'un nombre quel- conque de chiffres, étant partagé de quelque maniére que ce foit en deux parties par rapport à fes chiffres , fi lon prend la 1°e partie, & qu'on la multiplie par la différence du nombre fimple à 10 élevée à une puiflance dont l'expofant foit le nombre des chiffres de la 24 partie, & qu'après ce produit on écrive de fuite tous les chiffres de la 24€ partie, on aura un nouveau nombre multiple du même nombre fimple. La démonftration eft trop algébrique pour être rendüe ici, mais le feul énoncé mettra aflés fur les voyes ceux qui voudront la trouver. On voit par-fà que tout le miftere confifte dans cette dif- férence élevée à une puiflance, & que par conféquent la 1re partie de tout multiple de 9 ne pouvant changer quand elle eft multipliée par 1 élevé à une puiflance quelconque, il ne faut alors que laiffer le nombre propolé tel qu'il étoit, & additionner tous fes chiffres enfemble, ce qui donnera ou 9 DES SCIENCE s. ou un moindre multiple de 9. C’eft ce que tout le monde a apperçû du premier coup d'œil, parce qu'il n’y avoit nulle opération à faire. Si la progreflion des nombres, qui eft purement arbitraire, & qui n'y admet préfentement que 1 0 chiffres ou caracteres, étoit différente, & admettoit plus ou moins de 10 chiffres, il eft évident que le pénultiéme de ces chiffres prendroit toù- jours la place de 9, quant à la préfente propriété. SUR LE JEU DE PAIR OU NON. ’ÎL y a quelque chofe qui paroiïffe communément clair & inconteftable, c’eft qu'au Jeu de Pair ou Non, lorf- qu'on vous préfente une main fermée pleine de Jettons, & qu'on vous demande fi le nombre en eft pair ou non-pair, il vaut autant répondre l’un que l'autre, car certainement il y a autant de nombres pairs que d’impairs ; cette raifon fi fimple déterminera tout le monde. Cependant à y regarder de plus près, cela ne fe trouve plus ainfr, tant ces fortes de queftions fur les probabilités font délicates. M. de Mairan a trouvé qu'il y avoit de Favantage à dire Non-pair plûtôt que Pair, & on lui a dit depuis, que quelques Joüeurs raffinés _s'en étoient aufli apperçüs. Les Jettons, cachés dans la main du Joüeur qui propofe le pari, ont été pris au hazard dans un certain tas, que le Joüeur a pù même prendre tout entier. Suppofons que ce tas ne puifle être qu'impair. S'il eft 3, le Joüeur n'y peut prendre que x ou 2, ou 3 Jettons, voilà donc deux cas où il prend des nombres impairs, & un feul où il prend un nombre pair. H y a donc 2 à parier contre + pour fimpair, ce qui fait un avantage de +. Si le tas eft 5 , le Joücur y peut prendre 3 impairs, & feulement 2 pairs, il Ya3 à parier contre 2 pour l'impair, & l'avantage eft +, De même fi le tas eft 7, on trouvera que l'avantage de limpair eft +5 de forte que pour tous les tas impairs les dir. de l'impair ii 54 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE correfpondants à chaque tas feront la Suite +, 2,2, +3 OÙ l'on voit que le tas 1 donneroit un avantage infini, y ayant à parier 1 contre o, parce que les dénominateurs de toutes ces fractions diminués de l'unité, expriment le fort du pair contre l'impair. Si on fuppofe au contraire que les tas ne puiffent être que pairs, il ny aura aucun avantage ni pour le pair ni pour limpair, il eft vifible que dans tout tas pair il n'y a pas plus de nombres pairs à prendre que d'impairs, ni d'impairs que de pairs. Quand on joüe, on ne fçait fi les Jettons ont été pris dans un tas pair ou impair, fi ce tas a été 2 ou 3, 4 ou 5, &c. Et comme il a pü être également lun ou l'autre, l'avantage de l'impair eft diminué de moitié à caufe de {a poffibilité que le tas ait été pair. Ainfi la Suite +, +, +, +, &c. devient LR LR Re? IA GUN On peut fe faire une idée plus fenfible de cette petite Théorie. Si on imagine un Toton à quatre faces , marquées 1,2, 3, 4, il eft évident que quand il tournera il y a au- tant à parier qu'il tombera fur une face paire que fur une impaire. S'il avoit cinq faces, il en auroit donc une impaire de plus, & par conféquent il y auroit de l'avantage à parier qu'il tomberoit fur une face impaire, mais s’il eft permis à un Joüeur de faire tourner celui de ces deux Totons qu'il vou- dra, certainement l'avantage de l'impair eft la moitié moindre qu'il n'étoit dans le cas où le feul Toton impair auroit tourné. Ce qui fait précifément le cas du Jeu de Pair ou non, On voit par la Suite +, +, +, +, &c. ou par l'autre +, +, +, +, @&c. que l'avantage de limpair va toüjours en dimi- nuant , felon que le tas ou le nombre de Jettons qu'on peut prendre eft plus grand. La raifon effentielle en eft que 1 étant toûjours la différence dont fe nombre des impairs excéde celui des pairs dans un impair quelconque, cet 1 eft toüjours moindre par rapport à un plus grand nombre. Ces Joüeurs fi raffinés, qui ont foupçonné quelque avantage pour l'impair, n'y cuflent apparemment pas foupçonné cette diminution. DES SClLE NICE. s5 Si l'on vouloit joüer à jeu égal, il faudroit que le Joiieur qui préfente le pari dit fi le tas où il a pris les Jettons cft pair ou impair, & dans ce 24 cas quel impair il eft, S'il dit qu'il eft pair, il n'en faut pas davantage pour fçavoir que le pari cft égal, quelque pair que ce foit. S'il dit que le tas eft impair, il faut qu'il le détermine, par exemple 7, afin qu’on fçache qu'il y a+ de plus à parier pour Fimpair, & que celui qui prend ce parti mette ce quart de plus que l'autre, qu'il mette 4 contre 3. Alors le jeu eft parfaitement égal. Nous prenons ici +, avantage de limpair, dans la 1€ Suite, & non dans la 2de, où il {eroit » parce que cette 2de fuppofe que le tas puifle être également pair ou impair, ce qui n'eft pas ici. On voit donc que fi au lieu de Y'alternative d'un tas pair ou impair, on fuppoloit plus de poffibilité à fun qu'à l'autre, ou, ce qui revient au même, trois tas au lieu de deux, l'avan- tage du Joüeur qui dit non-pair, pourroit diminüer dans un cas, & augmenter dans l'autre. Il diminüeroit dans le cas où il pourroit y avoir un feul des trois tas impair contre deux pairs, & il augmenteroit au contraire, s’il y avoit pofibilité de deux tas impairs contre un pair. Par exemple, fi le Joïüeur qui préfente le pari vous difoit, que le tas fur lequel il va prendre des Jettons, & où vous avés à dire pair ou non, eft 6, 7, ou 8, il eft évident que la feule poffbilité d’un tas qui feroit 7, ou l'avantage ! qui s’enfüivroit à dire im- pair , doit être divifé par 3, à caufe des trois cas poflibles : ce qui donneroit ==, plus petit que 4. Comme au contraire fi les trois tas pofhbles étoient $ , 6 & 7, l'avantage étant alors + dans le premier cas, o dans le fecond, & + dans le troifiéme, on auroit £, plus o, plus -, qui font Z, à divifer par 3 ; ce qui donneroit En avantage plus grand que+, par conféquent que F De forte que l'avantage qu'il y à à dire non-pair dans un nombre de tas poffibles quelconques, ou pairs avec non-pairs, ou feulement impairs, fera toûjours exprimé par la fomme des avantages de chacun des cas poffibles, divifée par le nom= bre des tas, en y comprenant les pairs, s'il y en a > lefquels 56 Histoire DE L'ACADEMIE ROYALE donnent toûjours © d'avantage, C'eft-là la formule ou la Rey le générale. s Sur quoi M. de Mairan fait encore cette queftion. Si Je Joïeur qui préfente le pari difoit, le tas dans lequel j'ai à prendre ne paflera pas un certain nombre de Jetions, par exemple 7, ou 12, &c. mais il pourra être plus petit à mon choix ; quel eft l'avantage qu'il y a alors à dire non-pair ? If cft évident qu'il fera compolfé du fort ou de l'avantage de tous les tas pofhbles, depuis 7, ou 12, jufqu'à 1 inclufive- ment. Ainfi dans la condition qu'il ne peut paffer 7, la Regle donnera +, plus o, plus +, &c. divifés par 7, ce qui fait en tout +, près d'un tiers de fa mife de celui qui dit impair. Si le plus grand tas poflible avoit été 12, l'avantage eût été moindre, non feulement parce que le nombre des tas poffi- bles , ou le divifeur, eût été plus grand, mais encore parce qu'il auroit pü y avoir autant de tas pairs que d'impairs. Il y auroit donc 457 ou environ + d'avantage à dire impair dans cette fuppofition. Entre toutes les objeétions qui ont été faites à M, de Mairan contre l'inégalité du Jeu de Pair ou Non, & fa ma- niére de l'évaluer, une des plus fpécieufes eft celle-ci. Soit le tas de trois Jettons. Selan ce qui a été dit ci-deflus, il y a deux impairs contre un pair, ou 2 contre 1 à parier pour limpair, & partant + d'avantage. Ccla eft vrai, dit-on, à Yégard d'un Toton à trois faces marquées 1, 2, 3. Mais if n'en. eft pas de même du tas de trois Jettons ; car je puis pren- dre chacun de ces Jettons feul, ce qui fait trois cas, ou tous les trois enfemble, ce qui fait un quatriéme cas, & toûjours pour Fimpair ; & parce que trois chofes peuvent être prifes deux à deux, de trois maniéres différentes, il y aura en même temps trois cas fayorables pour le pair : ce qui donne à parier 4 contre 3, ou + d'avantage, & non +, comme il avoit été trouvé, Mais on doit prendre garde, que de ce que le Joïieur porte fa main fur le premier, le fecond, ou le troifiéme des Jetons du tas, il n’en réfulte pas trois événements différents en + LANDE AS Su CARE M. GE: & 7 en faveur de l’impair, comme de ce qu'il aura pris e fecond & le troifiéme, ou le premier & le fecond, n’en fait pas deux en faveur du pair, mais un feul & même événement, & une même attente pour les Joüeurs. Car dès que le hazard, ou le caprice, ou quelque raïfon de prudente, a déterminé celui qui porte fa main fur le tas de trois Jettons, pour y en pren- dre un ou deux, il n'importe lefquels des trois il prenne. Cela ne change rien au jeu. Et pour rendre ceci plus fenfible , il n'y a qu'à remarquer que dans le cas où le Joüeur prendroit fur un tas de deux Jettons, & où l’on convient que le jeu eft parfaitement égal, il y auroït inégalité, & 2 contre 1 pour l'impair, fi l'objeétion avoit lieu ; puifque par le même raifon- nement , il pourroit prendre feuf l'un ou l'autre des deux Jettons pour l’impair, & feulement tous les deux enfemble pour le pair. Le tas de trois Jettons ne donne donc pas quatre poffbilités pour l'impair par rapport au fort & à l'attente des Joüeurs , mais deux feulement. Les combinaifons, les chan- gements d'ordre, & les configurations des nombres font des fpéculations applicables , en tout ou en partie, aux queftions du hazard & du jeu , felon l'hypothefe, & la loi qui en fait le fondement ; & il eft clair qu'ici la droite ou la gauche, & le premier ou le fecond Jetton, ne m’engagent pas plus l'un que l'autre à les prendre feuls, ou accompagnés. Ce font donc des circonftances étrangeres au fort des Joüeurs dans la queftion préfente. ; ñ IL y auroit plufieurs maniéres d'introduire l'égalité dans le Jeu de Pair ou Non ; celles qu'on pratique quelquefois, fe réduifent toutes au cas de deux Jettons, l'un blanc, & l'autre noir, comme fi le Joüeur qui préfente le pari demandoit, blanc ou noir ? Mais ce n’eft point là de quoi il s’agit, & nous les paflons fous filence , de même que quelques autres objeétions qu’on a faites à M. de Mairan, & dont il eft aifé de trouver la folution dans fa Théorie, re A [an Hifl. 1728, V. les M. P: 225: 58 HISTOIRE PE L'ACADEMIE ROYALE Bb bb Et RP EPRELE LL CGHOONPE TORTI E SUR LES SOUDEVELOPPEES. ; is mot de Soudeveloppées eft nouveau en Géometrie, 1 mais la Théorie, à laquelle il eft neceflaire eft nouvelle auffi. Quand on a trouvé par les Formules connües l'expref- fion générale du Rayon de la Développée d'une Courbe quelconque, que j'appelle Développante, & que l'on confidére comme formée par le développement d’une autre Courbe, qui eft Ja Développée, on peut par le moyen de ce Rayon trouver la nature & l'Equation de cette Développée. Voilà une 2d€ Courbe à la connoïflance de laquelle on parvient par la 1e ou Développante, dont on a le Rayon de la Dé- veloppée. Cette 2% Courbe ou Développée connüie a elle- mème fon Rayon de la Développée à un point quelconque, c'eft-à-dire, qu'elle peut avoir été formée par le développe- ment d'une 3me Courbe dont elle feroit la Développante, au lieu qu’elle étoit la Développée de la 1'°, & cette 3° eft la Développée de la 2de, & fi on la compare à la 1'€, elle en eft la Soudeveloppée. Comme cela ne peut avoir de fin, puifque toute Courbe a fa Développée, il eft évident qu'une 1° Courbe pofée aura une infinité de Soudéveloppées. Ce feroit un travail infmi que de chercher ces Soudéve- loppées les unes après les autres, ou feulement, ce qui revient au même, le Rayon de la Développée de chaque Courbe à mefure qu’elle naïtroït de la précedente. On fe contente de voir que cette recherche feroit poffible abfolument, & on ne s'engage point dans de fi énormes calculs. Mais M. de Maupertuis en a infiniment abbregé le travail par une Théo- rie générale qui donne la fuite infinie des Rayons de toutes DES SCIENCES. ss les Soudéveloppées d'une Courbe quelconque qu'on aura pofée d’abord. : 11 démontre d’une maniere très fimple & en deux lignes; que le Rayon de la Développée de la 1'° Courbe, qui eft connu, étant multiplié par fa propre differentielle infiniment petite, & divilé par le côté infiniment petit de la Courbe, devient le Rayon de la r'e Soudéveloppée, que fi l'on prend encore le même Rayon de la Développée de la 1'° Courbe, qu'on le multiplie par la differentielle du Rayon de la 1° Soudéveloppée qu'on vient de trouver, & qu'on le divife encore par le même côté de a "€ Courbe, on aura £e Rayon de la 2de Soudéveloppée, & ainfi de fuite à l'infini, deforte que la Formule ne varie que par {es differentielles fucceffives des differents Rayons des Soudéveloppées, toûjours. multi- pliées & divifées par les deux mêmes grandeurs. Ainfi lon voit prefque d’un feul coup d'œil tous {es Rayons à l'infini des Soudéveloppées de quelque Courbe que ce foit qu'on aura choïfie, & quand ils fuivront une marche reglée, ce qui ne peut manquer d'arriver quelquefois, ce fera un fpec- tacle agréable pour lEfprit géométrique. Nous en donne: rons deux exemples d'après M. de Maupertuis. La Suite de tous les Rayons des Soudéveloppées de la Cycloïde à Finfmi, où fon comprend 1e Rayon de la Dé- veloppée, qui en eft {e premier , eft telle que le 1°" & le 24 Rayon font inégaux, mais le 1°* & le 3m égaux, le 24 & le 4m inégaux, mais le 3m° & le.4me inégaux, &c. de forte que deux Rayons confécutifs font inégaux , mais deux qui en ont un autre entre eux, ou tous les Rayons d’une dénomina- tion paire. ou impaire pris deux à deux font égaux. Cela pourroit paroître furprenant, puifque la Cycloïde n'a pour Développée qu'une autre Cycloïde égale & femblable, qui: par conféquent devroit n'avoir qu'un Rayon égal à celui de fa Développante. Mais il faut remarquer que la Cycloïde Développée d'une 1° Cycloïde a une pofition contraire à celle de cette 17°, c'eft:à-dire, que le fommet de la 24 eft au même point, ou étoit l'extrémité de la 1°, : que.cette / 60 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE contrariété de pofition renverfe l'ordre & l'arrangement des Rayons de la 2de par rapport à ceux de la 1'€, de forte que le plus grand de la 1° fe trouve placé où eft le plus petit de la'2de, & ainfi des autres, ce qui n'empêche pas que cha- cun de l'une n'ait fon correfpondant égal dans l'autre. Et comune la Développée de la 24e Cycloïde ou là 3° prendra une pofition contraire à cette 24°, elle aura donc la même pofition qu'avoit la 1'°, d'où fuivra l'égalité de fes Rayons à ceux de cette 1'€, & par conféquent l'alternative continuelle d'égalité & d'inégalité des Rayons. Les Formules des Rayons des Soudéveloppées contiennent toûjours. une Ablcifle indéterminée de la 1"< Courbe, & c’efb en déterminant cette Abfcifie que l'on a la Suite infinie des Rayons des Soudéveloppées appartenants chacun à un certain, point de fa Courbe déterminé en conféquence de la détermi- nation qu’on a faite d'un point de la 1° Courbe, Ce que nous venons de dire de l'alternative des Rayons des Soudé- veloppées de la Cycloïde à lieu pour tous les points de ces Soudéveloppées, qui feront déterminés par la détermination de quelque point que ce foit de la r'e Cycloïde, mais il en faut excepter un feul. Ces exceptions feroient très-vicieufes en Géométrie, & même fauffes, fi elles ne naifloient de 1a même fource que tout le refte. Celle-ci eft pour les points de toutes les Soudéveloppées , qui répondent au point de la 1"e Cycloïde où fon Ablfcifle eft égale au demi-diametre du Cercle générateur. Là tous les Rayons de toutes les Soudéve- loppées font perpetuellement égaux. Cela vient de ce que ce point de Ia 1"< Cycloïde eft précifément le point du milieu de fa génération par le Cercle, & conféquemment celui de toutes les autres Cycloïdes, & qu'à ce point feul la contra- riété de pofition des Cycloïdes prifes deux à deux ne peut plus avoir aucun effet. I fera ailé de s’en convaincre par la moindre attention. La Spirale Logarithmique fera le fecond exemple, mais if ne fera pas inutile de la faire un peu connoître. Toutes fes Ordonnées partent d'un mème point ou Pole, elles font DES SCNE N'C'ElS 61 toutes fe même angle avec le côté infiniment petit de Ia Courbe, où chacune fe termine, & pourvû qu'elles faffent entre elles le même angle au point commun d’où elles par- tent, elles font en progreflion géométrique. L'Equation de cette Courbe eft que dans le petit triangle reétangle qui à chaque point d'une Courbe eft formé d’un de fes petits côtés pris pour hipotenufe , de la différentielle de l'Ordonnée, & de l'intervalle infiniment petit de l'Ordonnée à celle qui la précede ou la fuit, le rapport des deux petits côtés du T'rian- gle foit toüjours conflant, moyennant quoi il eft vifible que l'angle de chaque Ordonnée fur la Courbe eft toüjours le même; ces deux petits côtés du Triangle ne croiffent qu'en confervant le même rapport. Les Spirales Logarithmiques différentes le font en ce que ce rapport toüjours conftant dans la même eft différent de l'une à l'autre, ainfi il y a une infinité d’efpeces de Spirales Logarithmiques. Si l'on poufie ce rapport conftant jufque dans l’Infini, c'eft-à-dire , fi lon conçoit que dans le Triangle infiniment petit la différentielle de l'Ordonnée foit nulle par rapport à l'intervalle des deux Ordonnées confécutives, ou que cet intervalle {oit nul par rapport à Ja différentielle, dans le 1°* cas la Spirale Logarith- mique eft un Cercle, dont les rayons font les Ordonnées de la Spirale qui partent du même point, font des angles entre elles, & demeurent égales ; dans le 24 cas la Spirale Loga- rithmique n’eft qu'une ligne droite infmie, mais qu'il faut concevoir formée d'une infinité de lignes droites finies inéga- les & croiffantes, qui partant d'un mème point, vont fe pofer les unes fur les autres fans aucun intervalle qui les fépare, En ce cas-là cette droite fera encore une efpece de Courbe, pourvû que lon. y applique une idée expofée dans les Æ'%- ments de la Géométrie de l'Infini. On fçait que la Spirale Logarithmique a pour Développée une autre Spirale Logarithmique de même efpece, c'eft-à-dire, dans laquelle le rapport conftant des deux petits côtés du Friangle eft le même, & par conféquent cette Développée aura aufli une Développée de même efpece, & Sn Pinfini. ïij 62 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYyALE M. de Maupertuis, en appliquant à cette Courbe fes Formules des Rayons des Soudéveloppées, trouve qu'ils font une pro-- greflion géométrique infinie, croiflante fi dans le rapport conftant des deux petits côtés celui qui eft la différentielle de l'Ordonnée eff le plus grand, décroiflante, fi c’eft le con- traire ; dans le cas où ces deux côtés font égaux, qui eft celui où l'angle conflant des Ordonnées avec la Courbe eft de 45, tous les Rayons des Soudéveloppées à l'infini font égaux, & leur progreffion géométrique n'eft plus que la moindre qu'il foit poflible. Les Rayons des Développées quelconques font égaux aux arcs des Courbes développées jufque-à, plus, affés fouvent, une certaine quantité finie que l'on détermine, & qu'il n’eft pas befoin de confidérer ici. Puifque les Rayons des Soudéve- loppées des Spirales Logarithmiques vont toüjours en croif- fant ou en décroiïffant, horfmis dans une feule efpece de ces Spirales , il s'enfuit que les différentes Spirales confécutives ; toutes Développées ou Soudéveloppées de la 1r°, vont toû- jours auffi en croiflant ou en décroiflant par rapport à cette x'e, quoiqu'elles foient de même efpece, & qu'il n’y a qu'un cas où elles lui foient égales. Quand le dernier ou l'infinitiéme des Rayons d’une Spirale Logarithmique d'une certaine efpece devient infiniment petit, il faut donc concevoir une derniére Spirale Logarithmique infiniment petite, dont les Ordonnées infiniment petites du æ°* ordre feront toutes fur de petits côtés du 24 ordre le même angle que faifoient les Ordonnées finies de la 1'° Spi- rale fur de petits côtés du 1°' ordre. Au contraire, quand ce Rayon infinitiéme devient infini, il faut concevoir une der- niére Spirale infinie, dont les Ordonnées infiniment grandes feront fur des côtés finis l'angle conftant qui conftitüe l’efpece de toute la Suite. Alors cette derniére Courbe n’eft plus pro- prement une Courbe, elle ne left que dans le fens qui a été expliqué dans la Géométrie de l'Infini. Que fi on veut pouffer jufqu'à l'infini les différentes efpe- ces de Spirales Logarithmiques, nous avons déja dit que dans - D'EIs. S CHE N° CES, 6 l'une des efpeces extrêmes la Spirale Logarithmique fera un Cercle, & dans l'autre une ligne droite. Quand Fefpece de la Spirale Logarithmique fera d'être Cercle, où prendra-on la Suite infinie de fes Développées ou Soudévcloppées , & celle de leurs Rayons! Car les propriétés qui fe maintiennent toûjours dans le Fini croïffant ou décroïffant ; doivent pafler jufque dans l’Infini. La Développée d'un Cercle eft fon centre, & d’un autre côté une Spirale Logarithmique a toûjours une Développée de même efpece qu'elle. I faudra donc pour concilier ces deux chofes, que de centre du 1°" Cercle foit conçü comme un Cercle infmiment petit du 1 ordre, qui aura lui-même pour Développée fon centre, que lon prendra pour un Cercle infiniment-petit du 24 ordre, & ainfi de fuite, ce qui fera la Suite infinie des Soudéveloppées de même ef- pece, & la progreffion géométrique de leurs Rayons, qui defcendront par tous les ordres d’infiniment petit. Il y auroit plus de difhculté, ou du moins un éclaircifie- ment plus nouveau à donner fur la Spirale Logärithmique de l'autre efpece extrème, fur celle qui eft ligne droite, mais il faudroit citer encore, & même expofer un peu au long l'idée déja peut-être trop citée de la Géométrie de l'Infini. M. de Maupertuis l'a laiflée entrevoir, & il refteroit à la mettre dans tout le jour que le fujet pourroit demander , mais nous croyons qu'il nous convient mieux de n’y pas inffter davantage. SUR LE RAPPORT DES SOLIDITES DENT D E S 2 SURF ACE NS N fçait il y a long-temps, & il n’étoit pas befoin V.tes M, d'obfervations ni de réfléxions fines pour s'en apperce- D: 369: voir, que des Corps ne croiffent pas en furface-autant qu'ils croiffent en maffe ou en folidité, ou, ce qui revient au même, que les grands Corps n’ont pas tant de furface que les petits à proportion de leur folidité. Mais M. Pitot croit qu'on n'a 64 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoôYaLE point encore déterminé la proportion précife qui regne en cette matiére, & il en a trouvé une f1 fimple & fi facile, qu'il eft furprenant qu'elle ait échappé. Soient deux Cubes dont le plus grand ait 2 de côté, & l'autre 1. La furface du grand fera 4, & fa folidité 8, la furface du petit fera 1, & fa folidité 1. Le rapport de Ia furface du grand à fa folidité fera celui de 4 à 8, ou +, & le rapport de la furface du petit à fa folidité fera 1, or le rapport de + à 1 eft celui de 1 à 2, c’eft-à-dire, que le grand a une fois moins de furface par rapport à fa folidité que le petit. De même ff les côtés des deux Cubes font 3 & #, le rapport de la furface du grand à fa folidité fera celui de 9 à 27, ou +, & le rap- port de la furface du petit à fa folidité fera x , or + & 1 font comme 1 & 3. Cela fe trouvera toüjours ainfi pour tous les Cubes, quelques autres rapports qu'ayent leurs côtés, Ces nombres 1 & 2,1 & 3, & tous les autres à l'infini qui exprimeroient combien le grand Cube a moins de furface par rapport à fa folidité que le petit, font toûjours les mêmes que ceux qui expriment le rapport des côtés des deux Cubes, donc un grand Cube a moins de furface par rapport à fa folidité qu'un petit dans la raïfon du côté du petit au fien. M. Pitot en donne très-aifément la démontftration algébrique & générale. Tous les Cubes ont leurs trois côtés égaux, & par cette raifon il fuffit de prendre le rapport d'un côté quelconque de un à un côté quelconque de l'autre , mais fi les deux Corps étoient des Parallelepipedes, il faudroit pour les ranger fous la même Théorie que les Cubes, que ces Parallelepipedes fufent femblables, c’eft-à-dire, que les trois côtés inégaux de l'un euffent le même rapport aux trois côtés correfpon- dants de l'autre, & on prendroit le rapport d’un côté quel- conque de l'un au côté correfpondant ou homologue de Y'au- tre. Ce rapport donneroit toüjours celui de la furface de l'un comparée à fa folidité à la furface de l’autre comparée de même à fa folidité, bien entendu qu'au côté du plus petit répondroit le rapport de la furface du grand à fa folidité, On voit DéE S".Si COR E N° c'E $ voit aflés que ce qui eft dit ici des Parallelepipedes fembla- bles s’étendra fans peine à tous les Corps femblables, Cilin- driques, Cones, Spheres, &c. Ainfi la Regle eft générale pour tous Îles Corps femblables, car les Cubes par où nous avons commencé font toüjours femblables entre eux, Au lieu de comparer un Cube qui a 2 ou 3, &c. de côté à un Cube qui n’en a que 1, on peut confidérer que ce petit Cube eft l'un ou des 8, ou des 27, &c. égaux, qui feroient nés de Ia divifion du grand Cube, fi on avoit divifé chacun de fes côtés 2 en deux parties égales, chacun des côtés en trois, &c. de forte que le nombre que j'appelle divifeur, füt toûjours celui qui exprimoit le rapport du côté du grand Cube au côté du petit 1. Le nombre des petits Cubes nés de la divifion du grand feroit toûjours le cube du nombre divifeur. Or tous ces petits Cubes enfemble n’ont que la même folidité que le grand, & pour trouver combien les furfaces : font augmentées par {a divifion, ou combien tous les petits enfemble ont plus de furface que le grand, il faut multiplier 1, furface de chaque petit Cube par 8, ou par 27, &c. & com- parer 8 ou 27, &c.à4,ouào, &c. qui étoient les furfaccs des grands Cubes. On trouvera d’un feul coup d'œil que pour le Cube qui avoit 2 de côté, les furfaces ont été doublées par rapport à la fienne, triplées pour le Cube qui avoit 3, &c. la folidité étant toüjours fa même que celle du grand. On voit auffi que les nouvelles furfaces produites par la divifion font toûjours la furface du grand Cube multipliée par le nombre divifeur. Il fuit de-là qu'un Cube quelconque pouvant toûjours être divifé en autant de petits Cubes égaux qu'on voudra, dont chacun fera 1, toutes les nouvelles furfaces prifes enfemble; feront une fomme d'autant plus grande par rapport à la pre- miére furface, qui étoit celle du grand Cube divifé, que le nombre divifeur fera plus grand par rapport à 1, & qu'en- fin fi ce nombre étoit infini, da fomme des nouvelles furfaces feroit auffi infinie, la (olidité n'ayant jamais changé, Ainfi foit que l'on compare un Cube, dont , par exemple; Fif. 1728, » + 66 HiIsToiRE DE L'ACADEMIE RoYyALE le côté fera 3, à un Cube dont le côté eft 1, ou que l'on compare le même grand Cube aux 27 petits qui naïtroient de la divifion de fes côtés par 3, le rapport du même nombre 3 à 1, marquera également ou combien le feul petit Cube 1 a plus de furface par rapport à fa folidité que le grand , ou combien les 27 petits Cubes enfemble ont plus de furface par rapport à leur folidité que le grand. I eft clair qu'il en faut dire autant de tous les Corps femblables. IL eft bon de remarquer que fi l'on connoît feulement le nombre des parties égales dans lefquelles un Corps a été di- vifé, le nombre divifeur dont on aura befoin eft la racine cubique de ce nombre de parties. Par exemple, le nombre des parties étant 8, ou 27, &c. les nombres divifeurs feront 2, ou 3, &c. Cela eft évident par tout ce qui a été dit. Cette Théorie de M. Pitot s'applique d'elle-même à la Phifique , Où à la Méchanique, & il ne manque pas d'en don- ner des exemples, dont nous choifirons quelques-uns des plus curieux. Un Animal reçoit par fa furface la preflion de Atmof- phere, & y réfifte par la folidité de fon corps. Si l'on fup- pole qu'un Homme & un Enfant foient deux Solides fem- blables , dont les côtés homologues foient 2 & 1, le corps de l'Enfant aura deux fois plus de furface par rapport à fa folidité que celui de l'Homme, & par conféquent la preffion de l'Atmofphere fera double fur l'Enfant. Quelques Phift- ciens ont calculé que fur le corps de l'Homme elle pouvoit être de 20 milliers. A ce compte de quelle énorme grandeur ne fera-t-elle pas fur les petits Animaux? Lorfqu'une Mouche vole de bas en haut, il faut que fes Mufcles qui agiffent foient prefque infiniment plus forts par rapport à fa mafle, que ceux de l'Aigle dans fa même aétion par rapport à la maffe de l'Aigle. HS C’eft une chofe connüe que l’on peut évaluer en Livres & en Onces la force de l'impreffion d'un Vent fur une furface de 1 pied.quarré, felon le plus ou le moins de viteffe qu'il a, ou le nombre de pieds qu'il parcourt en une Seconde. Un DES SCTENCES 67 Vent, qui n’enleveroit pas un picd cube de Marbie pelant plus de 1 88 livres, l'enleveroit s'il étoit en poufliére, ou di- vifé en grains très-petits. M. Pitot fait ces grains du même diametre qu'un grain de Sable ordinaire qu'il a trouvé de la 8€ partie d’une ligne. Par-là le côté du bloc de Marbre eft 1152, celui d'un grain étant r. Selon la Théorie préfente, la furfice du bloc de Marbre à donc été augmentée 11 52 fois par rapport à la folidité toûjours la même, & la divifion du bloc en grains n'a fait que le même efet que fi le bloc lui-même avoit acquis une furface 1 1 5 2 fois plus grande, en confervant la même folidité ou pefanteur. Or en ce dernier cas fa pefanteur de 1 88 livres étant partagée en 1 1 52 pieds quarrés de furface, chacun de ces pieds auroit à peu - près 2 Onces $ Gros de pefanteur. IE faudroit donc que le Vent, pour faire {ur chacun d’eux une impreflion égale à leur réfif- tance, eût une vitefle qui lui donnât cette force de 2 Onces s gros. Or ïl fe trouve que cette vitefle eft celle de 9 pieds par Seconde, & comme ce n’eft que la vitefle néceffaire pour Equilibre , il faudroit que le Vent en eût une un peu plus grande pour enlever tout le bloc divifé en grains tels qu'on les a fuppofés. M. Pitot prend un pouce cube d'Eau divifé en 10000000000 parties, que M. Nicuventyt a trouvé par expérience qui étoient encore fenfibles, & il cherche avec quelle viteffe une de ces parties fr fmes & fi délices tombera dans l'Air parfaitement tranquille, La racine cubique de ce grand nombre, qui eft 3036, exprime l'augmentation de la premiére furfice du pouce cube d'eau, & 30 3 6 pouces cubes, font 126 pieds quarrés, & comme un pouce cube d'eau pefe s Gros & quelques Grains, & que ce poids total doit fe partager aux 126 pieds quarrés, chacun en a 3 Grains, & quelque chofe de plus. Maintenant il faut voir avec quelle vitefle une furface qui auroit 1 pied quarré, & pelcroit 3 Grains, tomberoit dans l'Air tranquille. Qu'elle tombe, ou que l'air en mouvement la faffe monter avec la même vitefle, c'eft la même chofe. Or la vitefle dont l'Air auroit befoin li 68 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE pour agir avec une force de 3 Grains, eft celle de 4 pouces & un peu plus par Seconde. Donc la petite goutte d'eau tomberoit avec cette vitefle dans l'Air tranquille, viteffe très- lente, & telle qu'elle convient à des parcelles d’eau qui trou- vent tant de réfiftance par la grandeur de leurs furfaces , & ont fi peu de quoi la vaincre par leur poids, L’Abbé Sauveur, fils de feu M. Sauveur Académicien, - a fait voir une Méthode qu'il a trouvée pour déter- miner au Jeu de Quadrille quelle eft la probabilité de gagner fans prendre plufieurs Jeux différents, dont il a calculé une Table. On a trouvé que la matiére épineufe & délicate des Combinaifons étoit très-bien entendüe dans cet ouvrage, PRES SMCTIL E NT chelis: 69 ee ee À 1 Ve Va 29 VS ASTRONOMIE OR LE MAO UE MENT DIEMCSETANT ON REINE: P Our établir la T'héorie du mouvement d'une Planete, il faut commencer par déterminer fon mouvement moyen, & pour cette détermination on ne peut avoir des Obferva- tions trop anciennes, car pourvû qu'on puifle compter fur leur exactitude, un plus grand intervalle de temps écoulé de-là jufqu'à nous, contiendra un plus grand nombre de révolu- tions de {a Planete fur fon Orbe, & cet intervalle divifé par ce grand nombre, donnera le moyen mouvement plus jufte, Heureufement Ptolémée rapporte comme füre une Obferva- tion du lieu de Saturne faite par les Caldéens dans une année que M. Caffini trouve par fon calcul, & après les réductions néceflaires, devoir être l’année 228 avant J. C. Enfuite ül prend Saturne revenu felon les obfervations les plus modernes au même lieu où il avoit été vü par les Caldéens, & cet in- tervalle plus grand de 228 ans que l’Ere Chrétienne, & qui fe trouve être de 1943 années communes 119 jours & 6 heures, contient un nombre jufte de révolutions de Saturne. On fçait d'ailleurs qu'une révolution eft plus grande que 29, ans, & moindre que 3 6, ainfi il faut que le nombre jufte & fans fractions, qui divifera ce grand intervalle propofé foit tel qu'il ne donne ni 29 ni 30 pour une révolution. Ce nombre eft 66, qui donne une révolution de Saturne de 29 années communes, 1 62 jours, 4 heures, 28’, d’où l'on tire le mouvement moyen annuel de 1 2 degrés, 13, 3 5", 14". Le moyen mouvement établi, il faut avoir l Aphélie, point de l'Orbe de 1a Planete d’où dépend toute la variation ou Yinégalité de fon mouvement vrai. Nous avons déja dit en I üi 7o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE 1723 * comment par le rapport du moyen mouvement; toûjours égal, au vrai toûjours inégal & connu par obferva- tion, on pouvoit déterminer de quelle efpece étoit l'Ellip{e d'une Planete, ou le rapport de fon grand axe au petit, ce qui donne l'inégalité du mouvement vrai, ou, ce qui revient au mème, l'Aphélie. Mais maintenant M. Caflini donne une méthode, qui ne demande point que l'Orbe d'une Planete foit une Ellip{e, il fufht que ce foit une Courbe telle que dans une moitié le mouvement de la Planete ayant pafé fuccefli- vement par certains degrés d'inégalité croiflants ou décroif- fants, il repañfe dans l'autre moitié par les mêmes degrés en fens contraire, ainfi qu'il feroit dans les deux moitiés d'une Ellipfe. Cela pofé, le mouvement vrai des Planetes étant toüjours le plus lent qu'il puifle être dans l'Aphélie, & le plus vite dans le Périhélie, il eft aifé de voir que depuis l'Aphélie juf- qu'au Périhélie le mouvement moyen fera toüjours plus grand que le vrai, & depuis le Périhélie jufqu'au retour à l'Aphélie le vrai toûjours plus grand que le moyen, que la différence des deux mouvements étant nulle au point précis de Y Aphé- lie d’où l’on fuppofe qu'ils partent tous deux, & redevenant néceffairement nulle au point du Périhélie, cette différence a crû depuis l'Aphélie jufqu'à un certain terme, où elle a été la plus grande poflible, pour décroître enfuite, & devenir nulle au Périhélie, que ce terme où elle a été la plus grande à donc été moyen entre l'Aphélie & le Périhélie, & c'eft ce qu'on appelle /4 noyenne diflance, que du Périhélie à li moyenne diftance fuivante la différence a toüjours crû , y eft arrivée à fon plus grand, & enfuite a décrû jufqu'à l'Aphélie. De-h il fuit que tant que l'on trouve par les obfervations que cette différence croît de plus en plus, la Planete va ou de l'Aphélie vers la moyenne diftance , ou du Périhélie vers l'autre moyenne diftance, que fi la différence croît de moins en moins, la Planete va ou d'une moyenne diftance vers le Périhélie, ou de l'autre moyenne diftance vers l’Aphélie, & que quand la différence, après avoir crü de plus en plus ; eroit de moins en moins, ou au contraire, la Planete a paflé DE 41 Sac a lé: mice use! r' par une moyenne diftance, & comme le lieu de la Planete où cette difiérence eft la plus grande & dé lieu oppolé déter- minent Ja ligne des moyennes diftances, celle qui la coupe à angles droits par le milieu eft celle de l'Aphélie & du Pé- rihélie, quelle que foit la Courbe de l'Orbe avec la condition marquée. On peut encore reconnoître le lieu de la ligne des moyennes diflinces en ce que de part & d'autre de cette ligne dans une certaine étendüe le mouvement vrai eft le moins inégal qu'il fe puifle, ce qui vient de ce que la diffé- rence ayant fini de croître en cet endroit par certains degrés, y commence à décroître par les mêmes degrés. On voit afés que le nombre des obférvations que l'on à en main n’eft ja- mais trop grand pour ces fortes de déterminations. Le lieu de l'Aphélie de Saturne étant trouvé, foit par cette méthode, foit par d’autres, car différentes méthodes fe prêtent mutuellement du fecours , & on en employe ordinairement plufieurs, M. Caffii compare ce lieu où étoit l'Aphélie au temps de quelque obfervation, par exemple, de celle des Caldéens, à celui où il a été au temps de quelque autre ob- fervation füre, & par le changement du lieu, & le temps connu pendant lequel le changement s’eft fait, il trouve que Je mouvement de l'Aphélie de Saturne eft de 1’ 20" en un an, de 2" plus petit que par les Tables de M. de la Hire. Le mouvement des Nœuds, qui eft encore un Elément à confidérer dans la Théorie des Planetes, n’eft pas fort impor- tant dans celle de Saturne par rapport à la variation qu'il peut caufer dans la durée de fes révolutions annuelles. Cette varia- tion ne peut aller qu'à 2 ou 3" dans une révolution, au lieu que celle qui vient du mouvement de l’Aphélie y peut être de 5’ de degré. - Tout ce qui appartient au mouvement de Saturne étant aïnft établi, M. Caflini cherche quel eft fon moyen mouve- ment réfultant de la comparaifon des différentes obfervations que lon a de cette Planete, à commencer par celle des Cai- déens , car c'eft ce moyen mouvement qui régle tout. De *», plus nous avons diten1 718 * que felon des Calculs de M. & 69. . a 2 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Maraldi, le mouvement moyen de Jupiter, & par conféquent aufli le vrai ou réel paroïfloit s'être accéléré dt lan 240 avant J. C. jufqu'à nous, & il feroit très-important pour l'Aftronomie de fçavoir fi c’eft la même chofe ou le contraire pour Saturne. Il y a plus. D’habiles Phificiens & Obfervateurs préten- dent que quand Jupiter & Saturne font dans leur plus grande proximité ou aux environs, leurs mouvements ordinaires en font déréglés & troublés, & cela en vertu d'un Siflème de l'action mutuelle des Corps les uns fur les autres, ou, fi lon veut s’en permettre le mot, de leur aftraction réciproque. Ce n'eft pas que cette attraction füt bien prouvée par-l , car, comme le remarque M. Caffini, quand deux auffi groffes Planetes que Jupiter & Saturne, qui ne marchent qu'avec des Tourbillons dont le nombre & la diftance des Satellites nous font voir la vafte étendüe, fe rencontrent dans leur plus grande proximité, on peut concevoir aifément que fans attraction, & par l'impulfion feule , il arrive à leurs mouvements quelque nouvelle combinaifon qui les altere ; mais enfin il s’agit du fait, & il faut s'en affürer avant que d'en tirer aucune confé- quence pour le Siftême dont on fera prévenu. Voici ce qui réfulte des différentes comparaifons que M. Caffini a faites des principales & des plus füres obfervations. que l'on ait de Saturne. Par celle des Caldéens comparée à celles que l'on a faites affidüiement à l'Obfervatoire depuis 1685 , le moyen mouvement de Saturne eft tel que nous l'avons dit. Par les obfervations de Ticho comparées aux mêmes de l'Obfervatoire, ce mouvement ef le plus fouvent plus petit, & quelquefois plus grand. On trouve la même irrégularité en prenant des oblervations d'autres Aflronomes célébres, tels que Hévélius & Flamfteed. Les différentes fitua- tions de Jupiter & de Saturne, à l'égard l'un de l'autre, don- nent des variations , mais jamais réglées, jamais les mêmes pour les mêmes cas, ni conduites avec quelque uniformité, Quel travail refte encore aux Siécles à venir, & à quel nom- bre de Siécles ! MECHANIQUE. DES SCIENCE Ss: 73 MECHANIQUE. OUR L'ALPO RG EN DES CORPS E'NTMOO "UV EME N T. NES: avons déja traité ce fujet en 172 1 *. Nous avons dit que M. Leibnits ayant avancé en 1 68 6 une propo- fition nouvelle & paradoxe fur la Force des Corps en mou- vement, qu'il mefuroit, lorfqu'elle étoit vive, par le quarré de la vitefle, cette penfée fort combattüe dès qu'elle parut, avoit eu peu de Seétateurs, que cependant le célébre M. Vol- fus l'avoit enfuite adoptée, & qu'alors M. le Chevalier de Louville avoit entrepris de la réfuter dans l’Académie. On en étoit demeuré là jufqu'en 1726 que M. Bernoulli donna un Traité des Loix de la communication du Mouvement, où il fe déclare hautement pour l'opinion de M. Leibnits, & l'ap- puye de toutes les preuves que peuvent fournir les plus pro- fondes connoiflances, & la plus grande fagacité d’efprit. L’au- torité feule, le nom feul de M. Bernoulli eût été d’un grand poids, à plus forte raifon une fuite de démonftrations telles qu'il des fçait faire. On fe réveilla dans l'Académie fur ces Forces vives, auxquelles on ne penfoit plus, on examina cette matiére avec plus de foin, & on fe partagea ; car les chofes où la Phifique fe mêle avec la Géométrie peuvent permettre qu'on fe partage, & quelquefois Ja pure Géométrie le permet jufqu'à un certain point, & pour quelque temps. La force d'un Corps n'eft force qu'entant qu’elle lui im- prime un mouvement, ou du moins une tendance prochaine & immédiate au mouvement. Ainfi la Pefanteur, qui eft conftamment une force, imprime à tout Corps terreftre un mouvement vers le centre de la Terre, & fi un Corps «ft Hifl. 1728, K V. les M. P- 1. & 159. *p. re & fuiv. HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE arrêté par un obftacle invincible, elle lui imprime du moins une tendance vers ce centre, telle que ft on ôtoit l'obftacle, le Corps feroit auffi-tôt en mouvement pour aller à ce centre. Dans le 1°*cas, Mrs Éeibnits & Bernoulli difent que la Force eft vive, & dans le 24 qu'elle eft morte. Is fe fervent de ces noms pour mieux faire entendre leur penfce. La Force morte eft fans effet actuel ; dans un 1° inftant que lon concevra, elle eft détruite par l'obftacle qui l'arrête invinciblement, elle revient dans un 24 inflant, & eft pareillement détruite, & toûjours ainfi tant que l'obftacle fubfifte ; elle ne fait parcourir nul efpace, & tend feulement à en faire parcourir un. Maïs - fi Fobftacle eft Ôté, ou fculement s’il cede un peu, elle devient vive, elle a un effet actuel, & fait parcourir un efpace. A ces deux efpeces de Forces, qui paroiflent comprendre tout le genre, on en peut cependant ajoûter une troifiéme, plus générale, puifqu'elle eft dans tous les Corps fans excep- tion, c'eft la Force d'inertie, nom qui femble contradictoire, & qui exprime la réfiftance que les Corps apportent au mou- vement à proportion de leur mafle. M's Leibnits & Ber- noulli font dans l'opinion commune fur la mefure de la Force morte, c'eft le produit de a mañle du Corps, & de la vitefle que cette force tend à lui imprimer, vitefle qu'on peut ap- peller virtuelle. Mais pour la Force vive, fa mefure cft felon eux le produit de cette même male, & du quarré de la vitefle actuellement imprimée. É Les effets font certainement proportionnels aux caufes, ou aux forces qui les produifent , ou, ce qui eft le même, les effets font la mefure des caufes, ou forces ; la Force morte n'a point d'effet, & la vive en a un, ainfi il eft déja naturel & même néceflaire que ces deux Forces n'ayent pas la même mefurc. Refte donc à comparer entre elles les Forces vives. Quel eft l'effet d’une Force qui produit un mouvement aéluel? c’eft un efpace parcouru. Nous avons dit en 17215 que fi un Corps étant tombé de 1 Toile, remonte avec la vitefle acquife par fa chûte, que l'on peut appeller 1 , il parcourra en remontant la même Toife qu'il avoit parcouriie en def- DES SCIENCES. 75 cendant , & cela dans un temps égal, & que s'il étoit tombé de 4 Toiles , & par conféquent avoit acquis par fa chüûte fa vitele 2, & remontoit, il parcourroit les mêmes 4 Toiles avec cette vitefle 2. Les efpaces parcourus, ou les effets de ces deux différentes Forces vives dont les viteffes font 1 &2, font donc 1 & 4, c'eft-à-dire, comme les quarrés des vitef. fes, & par conféquent ces quarrés font la mefure des Forces vives. Ce raifonnement, fur lequel M. Leïbnits s’eft d'abord fondé , a été confirmé enfuite par des expériences. Quand un Corps remonte avec la vitefle acquife par une chûte, il fur- monte Fobftacle de fa pefanteur, qui le retire toüjours“en embas ; mais on lui a donné d’autres obftacles à furmonter, on Ya fait tomber d’une certaine hauteur fur une matiére molle & capable de céder & de s'enfoncer, comme de la Cire ou de la Glaife ; enfuite on l'a fait tomber d’une hauteur plus grande, quadruple , par exemple, fur la même matiére ; il n’avoit dans le 24 cas qu'une vitefle double de celle du 1°, & cepen- dant l'enfoncement du 24 cas a toûjours été quadruple de celui du 1°7. L'expérience, quoique délicate, a été exacte, & on Fa bien répétée. Les enfoncements font les effets des différentes vitefles d’un même Corps, qui a eu la tenacité, la réfiftance de la même matiére à vaincre. Voilà donc les deux différentes Forces vives de ce Corps méfurées par Îes quarrés de fes deux vitefles. Si un Corps qui à 4 de mañfe, tombe de la hauteur 1, & qu'un autre qui a r de maffe, tombe de là hauteur 4, les enfoncements font égaux, parce que les produits des mafles, qui font alors à compter, & des quarrés des vitefles 1 & 2 font égaux. Pareillement fi les obftacles à vaincre font des Reflorts qu'un Corps doive plier ou fermer entiérement par l'impreflion d'une certaine vitefle qu'il aura, on trouve toûjours que les nombres différents de Reforts égaux qu’il fermera avec différentes vitefles feront, non comme ces vitefles , mais comme leurs quarrés. De tout cela M. Bernoulli avoit fait dans le Traité que nous avons cité, une Théorie très-mgénieufe, & en un mot, Ki 76 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE digne de lui. Quand il s'éleva des contradiéteurs dans l'Aca= démie , M. l'Abbé Camus en donna une autre d'un tour entiérement différent , mais qui retomboit toüjours dans les mêmes conclufions. Non feulement la même vérité peut être plus ou moins claire, & frapper plus ou moins fous différents jours, mais l'accord de différentes méthodes peut devenir une preuve, M. l'Abbé Camus a principalement confidéré des Reflorts qui feront pliés, ou plûtôt fermés par des Corps en mouve- ment, & ils peuvent en effet repréfenter tous les obftacles qui fe trouveront à vaincre, tous les effets d’une Force vive. I! conçoit ces Refforts comme compofés de deux branches égales en ligne droite, qui s’uniffent à un point ou fommet dont l'angle quelconque eft l'ouverture du Reflort. Pour les fermer, il faut appliquer exætement les deux branches droites Vune fur l'autre. Quand il y a plufieurs Reflorts, ils font égaux en tout, & pofés fur une même droite ou bafe, de forte qu'une extrémité d’une branche de l'un s’appuye contre l'extrémité d’une branche du fuivant. Cela s'appelle une Suire de Refforts. On dit affés communément qu'il ne faut pas plus de force pour fermer une Suite de Reflorts en nombre quelconque, que pour en fermer un feul de cette Suite, M. l'Abbé Camus ne convient pas de cette efpece de principe, & toute fa Théorie a befoin qu'il foit faux. Il paroït en effet très-para- doxe que la même force finie qui fermeroit un Reffort, em fermât une infinité de pareils, car cela iroit fi loin qu'on voudroit. Cependant il y a là quelque chofe de vrai, certai- nement on ne peut fermer un Reflort fans les fermer tous, la force finie qui fuffit pour un, fuffit donc pour tous, mais il y a aufli quelque chofe de faux, & c’eft ce que nous allons tâcher de déméler. Un Corps, qui a une viteffe à parcourir d'un mouvement uniforme 1 pied en 1 Minute, parcourra 2 pieds en 2 Minutes, une infinité de pieds en une infinité égale de Minutes ; il a en foi de quoi fe mouvoir éternellement, quoique fa force DES SCIENCES. foit finie, il faut feulement qu'il ne rencontre point d’obfta- cles. Je fuppofe cette force telle que quand if fe fera mû pendant 1 Minute, toüjours appliqué à un Refort qu'il fer- mera à la fin, & dont la bafe , qui répond à l'ouverture qu’il aura eûë d'abord, ait été de 1 pied, cette force foit entiére- ment confumée, & je fuppofe enfuite qu’au lieu de ce Reffort on lui en donne à fermer deux confécutifs égaux à celui-là 11 ne peut les fermer fans les appliquer tous deux l’un contre Tautre, fans réduire à rien leur bafe commune double de Ia are, c'eft-à-dire, fans parcourir un efpace de 2 pieds. Or cet efpace , il ne te peut parcourir qu'en 2 Minutes, donc dans la are Minute il ne peut avoir fermé qu'à demi chacun des deux Reflorts, & à la fin de la 24e il les aura entiérement fermés tous deux, & fa force fera confumée. La force qui fait parcourir 2 pieds en 2 Minutes, eft la même que celle qui fait parcourir 1 pied en 1 Minute, donc avec la même force qui a fermé un Reffort il en ferme deux, mais il em- ploye deux fois plus de temps à fermer les deux. I peut de mème en fermer une infinité dans un temps infini avec la même force finie. L'idée commune vient de ce que tous les Reflorts font fermés à {a fois par la même force, qui en auroit fermé un feul, mais il faut prendre garde qu'ils ne le font qu'après un temps proportionnel à leur nombre. Si ce même Corps ayant une vitefle de 1 pied en 1 Se- conde, c’eft-à-dire, 60 fois plus grande, rencontre un des Reflorts précédents, & qu'il doive confumer toute fa force à le fermer, il eft évident qu'il le fermera en 1 Seconde, en . 60 fois moins de temps qu'il ne faifoit auparavant. Ainfi fa nouvelle viteffe non feulement lui fait parcourir le même efpace en 60 fois moins de temps, mais lui fait furmonter le même obftacle ou produire le même effet en 60 fois'moins de temps, ce qui donne la viteffe prife fous deux différents afpects, ou géométriquement parlant, le quarré de la viteffe, En général la vitefle, entant qu’elle produit un mouvement uniforme, & éternel par fa nature, n'eft qu'un rapport d'un certain efpace déterminé à un temps déterminé, & toùjours K ii 78 HiSTOoIRE DE L'ACADEMIE ROYALE le même, mais la mème vitefle qui ne produira pas un mou- vement éternel, parce qu’elle rencontrera des obflacles , & fe confumera à les vaincre, a de plus un rapport au temps dont elle aura befoin pour les vaincre, puifqu'elle fera d'autant plus grande, que ce temps fera plus court. Elle a le premier rap- port par fa nature, & ne le perd point , elle acquiert le {e- cond par la circonftance de rencontrer des obflacles , & de s'employer à les vaincre. IL eft clair que de-là fuit le quarré des temps aufli-bien que celui des vitefles. Si au lieu qu'on a fuppolé jufqu'ici le même Corps, on en fuppofe deux différents, leurs mafles feront à confidérer, & ils auront de ce chef des Forces qui feront comme leurs mañles. Si on fuppofc deux Refforts inégaux en force, en roideur, ils front d'autant plus difficiles à fermer qu'ils feront plus forts ou plus roides, & fi l'on fuppole plufieurs Refforts à fermer par un même Corps, il faut les concevoir tous égaux entre eux, ouverts autant qu'ils peuvent l'être, .difpolés de fuite fur une bafe commune, dont la longueur fera l'efpace qu'il faut que le Corps parcoure. Une Suite de Reflorts étant pofée, fi l'on en veut confidérer une feconde différente, il faut concevoir ces feconds Reflorts encore égaux entre eux, auffi ouverts que les premiers, quoique plus ou moins roi- des, & pofés fur une bafe commune, dont la longueur fera à à longueur de la premiére, comme le nombre des feconds Refforts au nombre des premiers. De ce chef, plus le nom- bre des Reflorts fera grand, ou une bafe longue, plus, conformément à ce qui a été dit, il faudra de force pour fermer cette Suite de Reflorts dans le même temps qu'une plus courte. Tout cela polé, la difficulté qu'un Corps aura à vaincre pour former une Suite quelconque de Refforts égaux, fera donc le produit dé la roïdeur d'un de ces Reflorts, & de leur nombre, où de leur bafe commune, & la force qu'il aura fera le produit de f: mafle, & du quarré de fa vitefie.. Ainf (1 DES SCIENCES. 79 - les effets & les réfiftances vaincües étant toûjours en même raifon que les forces, fi deux Corps différents en mafle & en vitefle ferment deux Suites de Refforts différentes en roi- deur & en nombre, le produit qui exprime la force du rex Corps fera toüjours au produit qui exprime la force du 24, comme le produit qui exprime les réfiftances vaincües par le 1°", au produit qui exprime les réfiftances vaincües par le 24, De-là M. l'Abbé Camus tire, felon toutes les regles de l’Algébre & de la Géométrie, des Formules générales, dont il n'a plus qu'à faire ufage pour tous les cas particuliers qu’on peut imaginer, Le peu que nous avons dit fuffit pour faire voir que le quarré des vitefles entre toüjours dans 'eftima- tion ou mefure des Forces, qui certainement font alors vives; le Sifléme général, & même toutes les idées incidentes de M. Bernoulli fe retrouvent toùjours. Ï y a une de ces idées, qui nous paroît finguliérement digne de remarque. Un Corps d’une certaine mafe, & d'une certaine vitefle, ferme un Reffort en un certain temps, un autre Corps qui n'aura que la moitié de mafle, mais le double de vitefle, fermera dans le temps deux Refforts égaux chacun au premier, il en fermera trois avec un tiers de mafle, & une viîteffe triple, & enfin une infmité avec une mañe in- finiment petite, & une vitefle mfinie, toûjours dans le même temps fini déterminé. Cependant la force, ou quantité de mouvement , qui eft le produit de la mafle & de la vitefe, eft toûjours ki même dans tous ces cas ; comment la même force peut-elle produire des effets qui vont jufqu'à différer infiniment ? car il y a une différence infinie entre fermer un feul Reflort, ou une infinité de Reflorts pareils dans un même temps. Non feulement c'eft là une vérité que le Calcul de M. Bernoulli & celui de M. F Abbé Camus donnent incontefta- blement, & qu'il faut recevoir fur la foi de ces Calculs, mais il femble qu'on en peut auffi découvrir les premiers principes. La Force eft toûjours en elle-même le produit de la mafle & de Ja viteffe, mais quand on la veut confidérer par rapport 8o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE à fes effets, il faut confidérer auffi laquelle ya le plus de part de la mafle ou de la vitefle. Quand il s’agit de fermer en un certain temps une Suite quelconque de Refforts, on voit aflés clairement que la vitefle a plus de part à cet effet que la malle; il faut une mañle, puifqu'il faut un Corps, mais il n'eft queftion que de faire parcourir à cette maffe dans fe temps déterminé la ligne qui fera la bafe commune des Ref- forts, & cela n'appartient qu'à la vitefle. La grandeur de la mafle devient indifférente, elle peut diminüer tant qu'on voudra, pourvü que la vitefle augmente proportionnellement, Ainfi on peut concevoir qu'une particule d'air avec une vitefle prodigieufement grande fermeroit une très -longue Suite de Reflorts. Mais on ne peut pas concevoir de même que cette feule particule avec cette même vitefle déracinât & enlevât un Arbre. C’eft qu'alors il faut un très-grand nombre de parti- cules pareilles qui confpirent au même effet, c’eft-à-dire, que la mafle a beaucoup de part à cet effet auffi-bien que la viteile, & quand toutes deux feront d'une certaine grandeur, Arbre fera déraciné & emporté. Un très-gros Boulet de Canon avec une petite vitefie renverfera plütôt un Mur, que ne feroit une balle de Moufquet avec une grande vitefle, & peut-être pourroit-on poufler cette comparaifon jufque dans l'infini, ce qui feroit lInverfe exaéte de la propofition de M": Bernoulli & Camus. $ Nous pouvons faire encore une remarque tirée de la Théorie de M. ? Abbé Camus. Qu'un Refort ait fon ouver- ture naturelle de 30 degrés, c'eft-à-dire, qu'étant pofé fur une bafe, elle fera la corde d'un arc de 30 degrés dans un Cercle, dont fe centre feroit le point où s'uniffent les deux branches du Reflort, M. l'Abbé Camus démontre qu'il ne faudra pas tant de force pour le fermer que pour en fermer deux autres égaux à lui, & dont chacun feroit déja réduit à l'ouverture de 1 $ degrés. La preuve en eft bien fimple. Cha- cun des deux Reflorts à demi-fermés a pour bafe une corde de 15 degrés, deux cordes de 1 $ degrés font plus grandes que DE ss" Se TE N CES 8r que la corde de 30, il y a donc moins d’efpace à parcourir, & par conféquent il faut moins de vitefe ou de force pour fermer le Reflort ouvert de 30 que les deux ouverts feule- ment de 1 $. De-là doit fuivre cette propofition générale, & qui peut avoir fon utilité, Que fi deux Suites de Refforts en nombre inéoal font telles que les ouvertures des Refforts d’une part faffent des fommes égales aux ouvertures des Ref. forts de l'autre part, il faudra moins de force pour fermer {a Suite qui aura le moindre nombre de Refforts. Nous omet- tons d'autres points, quoique confidérables, de la Théorie de M. l'Abbé Camus, il nous fuffit d'en prendre l’effentiel. M. le Chevalier de Louville, qui s'étoit élevé le premier dans l’Académie contre le Siftème des Forces vives, foûtint fon ancien fentiment , & lappuya d'un grand nombre de rai- fons nouvelles. Nous n’en détacherons encore ici que ce qu'il a de plus important & de plus inftruéif, car il importe plus au Public d'être inftruit du fond des chofes, que de tout le détail d'une conteftation. M. Bernoulli avoit fait un raïfonnement très-fpécieux. Un Corps qui a 2 de vitefle rencontre obliquement un Reflort. Puifque le choc eft oblique, le Reffort ne reçoit d'impulfion que felon ce qu'il y a de perpendiculaire dans ce choc, ïl faut donc décompofer la direétion oblique du Corps choquant, & on la peut décompoler de façon qu'elle {era l'hipotenufe d’un triangle rectangle, dont les deux autres côtés feront les deux direétions compofantes, & cette hipoténufe, qui eft Ja direction du Corps choquant, exprimant naturellement fa vitefle 2 , ïl fera’ aifé que des deux direétions compofantes celle qui fera perpendiculaire au Reffort foit la moitié de l'hipoténufe ou r, moyennant quoi l'autre fera néceffairement la racine de 3. Le Corps ne choquera donc le Reflort qu'avec la viteffe ou force 1 qu'il perdra, & il n’agira nullement fur lui par fa viteffe parallele, racine de 3, qu'il confervera entiére. Si avec cette derniére vitefle il rencontre obliquement un 24 Reflort égal au 1°*, on peut encore décompofer cette vitefle ou direction de maniére qu'elle fera l'hipoténufe d'un triangle | L Hif. 1728, x 82 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE rectangle, dont un des petits côtés étant 1, & l’autre la racine de 2, le côté 1 foit la viteffe perpendiculaire, qui feule fera impreffion fur le Reflort, & y paflera , enforte que le Corps n'aura plus que la vitefle, racine de 2. Si avec cette vitefle il rencontre encore obliquement un 3° Refort, elle fe dé- compofera encore en deux , égales l'une & autre à 1, & la viteffe ou force perpendiculaire 1 du Corps pañlera dans le Refort, & il ne reftera au Corps que la viteffe 1 felon une direction parallele à ce 3e Reffort. Si enfin avec cette vi- teffe 1 il rencontre directement ou perpendiculairement un 4e Reflort égal aux autres , il n'y a plus de décompofition à faire, toute la viteffe 1 du Corps paffera dans le Reflort. Un Corps qui avoit originairement 2 degrés de vitefle ou de force, en a donc communiqué 4, & fon effet total a été comme le quarré de la viteffe primitive. Ce feroit la même chofe, fi au lieu de ces 4 Refforts on mettoit 4 Boules égales choquées fucceflivement par une feule, & felon les mêmes directions , ou viteiles. A cela M. le Chevalier de Louville répond que dans les cas où l'on eft obligé de décompofer les directions où mou- vements, il ne faut pas s'attendre que les mouvements com- pofants ne faffent qu'une fomme égale au mouvement com- polé. Ils en font toûjours & néceflairement une plus grande. Le compofé, ainfi que Fa dit ailleurs M. Bernoulli, n'eft pas un Tout formé des compofants, comime de parties inté- grantes, c'eft un Réfultat des compofants qui fe font combinés & ajuftés enfemble de façon à prendre une direction com- mune, à faire enfemble un même effet. Ils n’ont pü s’accom- moder fans fe relâcher, pour ainfi parler , quelque chofe l’un à l'autre, c'eft-à-dire, pour s'exprimer plus exaétement, que tout ce qu'il y avoit de directement contraire dans leurs di- . xections a péri, & qu’il n’en eft refté que ce qui confpiroit à une direétion commune. Aïnfi il ne faut pas croire que tout ce qu'on trouvera de Force dans des mouvements compo- fnts foit la mefure du compolé, cela excédera toüjours. Pour le faire encore mieux voir, M. le Chevalier de D'ECS: S GIE N°c'E is 8 Louville prend des chocs direéts, où il n'y a point de dé- compofition à faire. Un Corps élaftique qui a 4 de maffe & 4 de vitefle, & par conféquent 1 6 de force ou de quantité de mouvement, rencontre un Corps en repos qui n'a que 1 de mafle. M. de Louväle calcule par les Regles que M. Ber- noulli a données pour le choc direét des Corps élaftiques, ce que le plus grand Corps donne de vitefle au petit, ou, ce qui eft le même, ce qu'il perd de fa force. Avec fa force ainfi diminuée, il rencontre un 24 petit Corps en repos égal au 1°", & perd encore de fa force qui lui reftoit une certaine quantité calculée. A la rencontre d'un 3m Corps égal aux deux 1°'5, il perd encore une certaine quantité de {a force reftante , & cela iroit à l'infini, mais on fuppofe que le grand Corps après un certain nombre fini de fois qu’il a rencontré & choqué les petits, en rencontre enfin un égal à lui, au- quel cas il lui donne toute la force qui lui reftoit en dernier lieu. Si l'on met en une fomme tout ce que le premier grand Corps a donné de force à chaque choc, il fe trouve que cette fomme eft égale à ce qu'il avoit de force avant que d'avoir fait aucun choc, c’eft-à-dire, qu'elle eft 16 dans l'exemple préfent, M. de Louville tire delà une Regle pour trouver tout d'un coup la fomme de toutes les Forces communiquées par le Corps choquant à tous les petits toüjours égaux qu'il aura rencontrés en nombre quelconque. Tant que leur nombre eft fini, cette fomme éft moindre que la force qu'avoit le grand Corps avant les chocs, le complément de cette fomme pour égaler cette premiére force eft ce que 1e Corps choquant donnera enfm à un Corps égal à lui, s’il le rencontre après tous les petits. Et comme cetté fomme approche toûjours d'autant plus d’être égale à Ia premiére force que le nombre des petits Corps choqués eft plus grand , élle’arrive enfin à l'égalité exacte, lorfque le nombre de ces petits Corps eft infmi, & il n’eft plus béfoin que le Corps choquant en ren- contre en dernier lieu un égal à lui, FT Si on fuppofe que le Corps choquant ayant pu 4 de = 1j 84 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoYALE malle, n’a que 2 de viteffe, ce qui fait 8 de force, la Regle précédente ne donne que 8 pour la fomme de toutes les forces communiquées après un nombre de chocs, foit fini, foit in- fini. Ainfr dans les deux cas où le même Corps choquant a eu deux forces vives, où il les a exercées toutes entiéres, puifqu’il les a communiquées à d’autres Corps, & eft demeuré lui-même fans mouvement, ces forces n’ont été que 1 6 & 8, telles qu'elles étoient d’abord, c’eft-à-dire , qu'elles n'ont été que comme 4 & 2, vitefles primitives, & non comine leurs quarrés. Or fi les Forces vives étoient comme les quarrés des vitefes , cette propriété devroit fe manifefter dans les chocs directs , tels que ces derniers , auffi-bien que dans les obli- ues, dont on a parlé d’abord, & elle fe manifefteroit même plütôt dans les directs , qui font plus fimples. Si elle n'eft pas dans les direéts, il n'eft pas poflible qu'elle foit dans les obli- ques, & l’on voit de plus pourquoi elle paroîtra fauflement être dans les obliques, c’eft qu'il y faut décompofer les mou- vements, & que la fomme des compofants eft toüjours plus grande que le compoté. à M. le Chevalier de Louville prouve que plufeurs conclu- fions généralement reçüës en Méchanique feroient détruites, & même un des fondements de l'excellent ouvrage de M. Bernoulli fur la Manœuvre des Vaiffeaux, fi fon nouveau Sif- tême des Forces vives avoit lieu. Cela demanderoit une ex- plication trop longue, & nous nous contenterons de rappor- ter fa derniére objection , qui eft phifique, & très-fenfible. Toutes les expériences prouvent exactement que les impul- fions des fluides contre des furfaces direétement expofées à leur cours font comme les quarrés des vitefles de ces fluides, & tout le monde en fçait la raïfon, c’eft que les fluides étant compofés de parties folides très-petites, qui laiflent des in- terftices entre elles, & fe meuvent indépendamment les unes des autres, ces parties ont plus de force pour choquer la fur- face, non feulement parce qu’elles fe meuvent plus vite, mais parce que fe mouvant plus vite elles fe fuccedent les unes aux autres pour aller frapper la fuxface d'autant plus promptement DE SNAS CRE ‘NU GER 85 qu'elles vont plus vite, ou , ce qui eft le même, la frappent en un nombre d'autant plus grand dans le même temps dé- terminé. Or felon le Siftème des Forces vives, leurs forces feroient d'abord comme le quarré des vitefles, & enfuite comme leur nombre qui fuit la raïfon des vitefles fimples, ce qui donneroit leurs forces comme les cubes des vitefles, & non comme les quarrés. M. de Mairan fe déclara auffi dans Académie pour l'an: cien fentiment des Méchaniciens. 11 reçoit toutes les expé- riences faites par les défenfeurs des Forces vives, mais il nie les conféquences que l'on en voudroit tirer. I a voulu re- monter jufqu'aux premiers principes, & embrafler ce fujet par tous fes côtés. Les effets font proportionnels aux caufes, ou les mefurent, cela eft vrai, pourvû qu'on faffe une eftimation jufte des effets, Une force finie fera parcourir d’un mouvement uniforme un cfpace infini dans un Milieu fans réfiftance, cet efpace infini parcouru eft fon effet, mais il n’eft pas fa mefure, puifqu’elle n'eft que finie, il ne fera fa mefure que quand on le confi- derera par rapport au temps infini pendant lequel il a été néceffairement parcouru. Une force finie n’eft que finie, & toûjours la même, en faifant parcourir un efpace infini dans un temps infini. Nous avions déja fait voir en 172 1, d'après M. le Chevalier de Louville, combien cette confidération du temps étoit indifpenfable dans l'eftimation des Forces. Nous ne répéterons point ce que nous en avons dit, mais M. de Mairan étant entré à fond dans cette confidération, nous en prendrons ce qu'il a donné de plus nouveau, & de plus fimple tout enfemble. I prouve que dès qu'un Corps fe meut plus vite, il doit auf, tout le refte étant égal, fe mouvoir plus long-temps en rnême raïfon. La force du mouvement a par elle-même une durée infinie, & demeure toüjours égale, puifqu'un mou- vement uniforme & fans obftacles feroit éternel. Mais fi cette force fe confumoit en s'exerçant , il faudroit néceffairement concevoir que plus elle feroit grande, plus elle fe A bi sots Nÿ 86 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE lentement , plus long-temps elie fubfifteroit fans s’'anéantir. Mais une force de mouvement plus grande par la vitefle ne fçauroit l'être fans faire parcourir dans un temps égal un ef- pace plus grand en raifon de cette vitefle, donc non feule- ment cette force fera parcourir ce plus grand efpace, mais fi elle fe confume en s’exerçant, elle durera & fubfifiera pen- dant un temps qui fera plus long en raifon de cette même vitcfle, puifque ce n'eft.que par fa vitefle qu'elle eft plus grande. Ainfi fi de deux Corps égaux, dont lun aura 1 de vitefle, & l'autre 2, la force du 1°* fe confume en parcou- rant 1 Toife en 1 Minute, le 2 parcourra non feulement 2 Toifes pendant cette Minute, mais il en parcourra encore 2 dans une autre Minute pendant laquelle le 1<* Corps n'aura lus de mouvement. Or de ce que le 24 Corps a parcouru 4 Toiles, & le 1°7 1 feule, il ne s'enfuit pas que le 24 ait eu une force quadruple, car il ne l'a eüë certainement que double, ni ait produit un effet quadruple, ear if ne fa pro- duit qu'en deux temps, le 1, æ Généra- lité de la Théorie precedente. De la fim- ple Ten- dance au AMouvye- nent, ÀT des Forces Mortes. 36 MENOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE compare au Mouvement accéléré, qu'on peut auffi concevoir d’une durée infinie, quoi que fini dans fes commencemens , l'analogie fe trouvera encore parfaite. Car puifque le premier, je veux dire, le Mouvement uniforme, doit donner dans ce cas une longueur infinie parcouruë, en vertu d'une Force Motrice & d’une vitefle finie, le fecond doit donner une longueur plus qu'infinie, ou infinie d’un fecond genre, & — oc", en vertu d’une Force Motrice infinie, & propor- tionnelle à la viteffe infinie dont elle refulteroit, puifqu'on fçait que l'accélération ne fçauroit durer infiniment, & uni- formément, fans que la vitefle ne devint infinie ; & l'on au- roit tort d’en conclure que la Force Motrice dans ce fecond cas eft égale à oo. De forte que fous quelque afpect que l'on confidere le Mouvement, & par quelques effets que fe ma- nifefte la Force qui le produit, foit qu'on la mefure, & qu'on l'eftime en total, ou par parties dans fes dépériflemens, & quelle qu'en foit la durée, on ne la trouve jamais que pro portionnelle à Ja fimple viteffe. 46. Voilà donc deformais tous les Mouvemens reduits à la même loi, eü égard aux Forces Motrices dont ils reful- tent, ou qu'ils expriment. Leur communication dans les corps fléxibles & à reflort, ne nous fera plus imaginer une autre efpece d'Eftimation, ni conclure une autre valeur pour cette Force, que dans les corps infléxibles & fans reflort, Toute la difference ne confiftera qu'en ce que dans les uns la communication eft fucceflive, & que dans les autres elle ef inftantanée. Ce qui produit cette fucceflion dans les uns, & cette inftantaneité dans les autres, eft, comme nous l'a- vons dit (N.° 16. & 28.) tout à fait étranger à leur Force Motrice; il ne peut donc apporter de changement qu'à l'or- dre de fa diftribution, & nullement à fa quantité ou à fa va- Jeur. En un mot, la chaine de nos raifonnemens fur la me- fure des Forces n’eft plus interrompue, & elle nous conduit toûjours au même but dans tous les cas, fans en excepter Ja fimple Tendance, ou le repos, en tant qu'il refulte de l'équi- libre, ou du confliét des Forces contraires. DES S:C-I:E-N CES; 47. Cependant il faut prendre garde, comme on a toù- jours remarqué, & long-temps avant qu'il fut queftion des Forces Vives , & des Forces Mortes , que le fimple effort mo- mentanée de la Tendance, & des Puiflances contraires, dans l'équilibre, ne peut, en un fens, être comparé à l'effort de Ja Percuffion, & au choc des corps mous ou fléxibles tels qu'ils éxiflent dans‘la Nature. La raifon en eft bien évidente par nos principes, & je ne vois pas fur quel fondement on à tant fait valoir cette difference en faveur. de lopinion nouvelle. L’ef- fet de la Percuffion dans ces corps refulte d’une viteffe actuel- Jement finie , & celui de la fimple Tendance confifte dans zero de vitefle, ou dans une viteffe infiniment, petite ; l'effet de Ja Percuffion eft produit & mefuré dans'une fuite infinie d’inftans qui font un temps fini, & la fimple Tendance eft conçüë & mefurée dans tout inftant indivifible quelconque de fa durée. Elle:cft donc à la Percuflion comme le zero au fini, ou comme le point à la ligne. 48. Mais fi dans la Tendance on intégre une Suite infmie d’inftans de fa durée égale à la durée finie de la Pereuffion , la Tendance & la Percuflion feront analogues. Et fi les pre- amiers ou les derniers termes des. deux Suites, égaux entre eux, le font au dernier terme de celle de la Percuffion, leurs fommes feront d’une à l'autre, comme l'efpace parcouru par un Mouvement uniforme en un temps , à l'efpace parcouru -par un Mouvement retardé ou accéléré, dont la durée auroit été le même temps. Car l'effort de {a Tendance eft conftant, -& celui de la Percuflion croiffant ou dé- : A croiffant ; il pafle par zero , où il s’y termi- A ne, flon qu'on le conçoit aélif ou pañlif. < AR? De forte que fi l'on exprime les efpaces par- Ad 288 courus d'un Mouvement retardé.ou accélé- F xé par la fomme des ordonnées mi, mi, LE B &c. d'un triangle reétangle ABC, dont la bafe, BC, foit proportionnelle à la viteffe initiale où finale, & la perpendiculaire AB, à la fomme-des inftans z, 5, &c. la El - : - » à L À E ü 38 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE RoYALE Percuffion pourra être reprefentée par ce A triangle, & la Tendance, par un parallelo- m/1À: grame BC ED, de mème bale, & de même hauteur. C'eft ainfr à peu près qu'un homme eft auffi épuifé de Forces, pour avoir foûtenu un poids pendant un certain temps, que pour l'avoir tranfporté ou lancé bien loin. . La Percuffion fera encore compa- rable à la fimple Tendance dans le choc des E D corps infiniment durs & infléxibles ; par ce que eur colli- fion eft inftantanée. Elle le fera de même dans le choc des corps fléxibles , fi fon ne la confidere que dans un de fes inftans, par exerhple dans l'inftant final; car alors, à propre- ment parler, on ne compare qué la derniere ordonnée du triangle à une ordonné du parallelograme fur l'axe commun A D. Et c'eft par là que les Formules du choc des corps élaftiques, pour leurs viteffes après le choc, font les mêmes dans les deux hypothefes , foit des Forces comme les fimples vitefles, foit des Forces comme les quarrez des vitefles. C’eft fans doute encore dans cetie idée que le P.Merfenne, Le Cagre, &c. & en dernier lieu deux Autheurs fameux par leurs expe- riences Phyfiques ont eflayé de mefurer la Percuffion par la chüûte d'un corps contre le bras d'une balance, à l’autre bras de laquelle ef fufpendu un poids en repos; c’eft-à-dire, par analogie avec la fimple Pefanteur. En quoi cependant il {e- roit difficile qu'ils euffent rien trouvé d'éxaét, tant à caufe des frottemens aufquels cette experience eff fujette, que par- ce que l'énergie du choc, ou fon impreffion fur un des bras de la balance éxigent un temps fini, pendant lequel le poids en repos de l'autre bras recevra toüjours quelque Mouvement ; en raïfon inverfe de fa maffe, quelque grande qu'elle foit par rapport au corps choquant. Car la plus petite Percuffion doit vaincre la plus grande Puiflance finie, qui lui réfifte fans Mouvement local: aïnfi que avoit très bien remarqué, & très clairement expliqué le fçavant Borel ; 1 y a plus de so m fi 4 DES SeTEnNcEs 39 ans, dans fon Traité de la Percuffion. C, 29. Pr. 90. so. Enfin la fimple Tendance, & le Mouvement actuel peuvent être comparés dans leurs Compofitions & leurs Dé- compofitions, comme nous l'expliquerons bientôt, & en ce que l'analogie des Forces en équilibre, ou en action, eft la même de part & X Y d'autre, Je veux dire , par exemple, que fi les trois Puiflances, X, Y,Z , tirent ou pouflent un même point 2, Sig P tiennent en repos par leur équilibre, & en vertu de leurs directions XP, FP, ZP , trois Mobiles qui fe choquent {e- lon les mêmes directions, doivent avoir Z fa même analogie de Mouvemens entre eux , que celle de ces Puiffances, pour demeurer en re- pos après le choc, s'ils font éxempts de reflort , ou pour re- jaillir avec les mêmes viteffes qu'avant le choc; s'ils ont du reffort. io sfr s1. Mais comment Jes loix de la fimple Tendance au Mouvement ne f{eroient-elles pas les mêmes en général , que celles du Mouvement aétuel ? Toute Tendance , toute follicita- tion au Mouvement, la Péfanteur , les Attractions magneti- ques, & électriques, ne font-elles pas l'effet, ou ne peuvent- elles pas tout au moins être conçüës comme L'effet de quel- -que Mouvement ! Je dis plus, /'uertie de la matiere, quelle qu'en foit la caufe, cette réfiftance, plus ou moins grande, qu'elle apporte à être tirée du repos, & àrecevoir un Mou- vement fini, en raifon de fa mafle, ne peut-elle pas à da xigueur être conçûë comme l'effet de quelque Mouvement ! Du moins, & inconteftablement doit-elle être conçüë -comme une Force aéluelle ; qui agit par quelque Méca- mnifme qui nous eft caché. Mais fi c’eft une Force, la Maffe. »dansile fens que nous femployons en parlant du Mouve- ment, & de fa quantité, eft elle-même une veritable Force, -ou tient lieu d'une veritable Force. Car quand je dis qu'on a d'autant plus de peine à tirer un corps du repos, & à le faire 4o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mouvoir avec une certaine vitefle, qu'il a plus de Mañe; quand j'ajoûte que les poids des corps font comme leurs Mañes, que leurs Forces font encore comme ces mêmes Mafes multipliées par la viteffe, & toutes les autres propo- fitions femblables, ou je n’attache aucune idée à ce que je dis, & au mot de Maffe, ou j'y attache l'idée d'une Force capable de modifier celle qui eft exterieurement appliquée au corps, pour le mouvoir, ou pour l'arrêter. Sans cela Ia Mañe ne feroit pas plus capable de s'oppofer à l'aétion de Ja Force exterieure, ou de concourir avec elle pour en augmen- ter l'effet, que le volume, ou la couleur , ou telle autre dé- nomination accidentelle des corps. En un mot, une Force ne peut être augmentée, modifiée, ou detruite, que par une autre Force, par un être femblable & de même nature qu'elle. 52. Cela polé il eff clair que ce que nous appellons com- munément la Force d'un corps en Mouvement, n'eft pas une quantité fimple ou lineaire, mais un veritable produit de deux facteurs analogues, un rectangle de deux Forces, fçavoir, celle que nous exprimons par le mot de Mañle, & que nous imaginons comme intrinfeque au Mobile , & celle que nous appellons plus particulierement Force, & qui eft cenfée lui venir du dehors par le choc, & en vertu de quelque tranfport actuel, & vifible, eù égard aux corps qui l'environ- nent. Sur ce pied 1à, la fimple Tendance, la Pefanteur, la Pref- fon, & la Force Morte, toüjours relatives, ou à la feule Maffe, ou au feul effort momentanée de quelque choc invifible qui agit conftamment , & qui eft répété à chaque inftant, feront encore au Mouvement local, & à la Percuffion d'une durée finie, comme le zero ou l'infiniment petit au fini, ou com- me la ligne à fon produit par une autre ligne, ou à la fur- face. Sans préjudice à la comparaifon qu'on en peut toûjours faire en un autre fens, fçavoir, en ne les confiderant que dans quelque inftant commun & indivifible, comme dans le choc des corps infiniment durs. Aïnfi que nous l'avons ex- pliqué dans les Articles précédens. 53- On DUB:S 9,01 EN CES ZE s3+ On voit par là jufqu'où la diftinction des Forces, en Forces Mortes, & en Forces Vives pourroit être utile, fi fon n'avoit attaché à ces dernieres, une idée de quantité tout à fait differente, de celle que nous avons demontré devoir être affignée à toute Force Motrice. Mais après les difputes qu’il y a eù fur cette matiere, & [a contrarieté de fentimens qui les ont fait naître, ce feroit abufer des termes que de fe fervir de celui de Forces Vives, pour ne dire que ce qu'on a fort bien dit jufqu’ici fans cela, & pour exprimer toute autre cho- fe que ce que lui ont fait fignifier ceux qui en font les Inven- teurs. Ce feroit laifler croire. qu'iil.ne-s’agit dans toute cette difpute que d’une Queftion de Nom, tandis qu’elle roule fur la chofe mème, & nous contenter d’une conciliation apparen- te, au lieu de la conciliation réelle que nous y avons cher- chée inutilement, & qu'en effet nous n’y fçaurions trouver. 4 On a pretendu encore tirer grand avantage pourles Forces Vives de la Décompofition des Forces & du Mouve- ment dans le choc oblique des corps; parce qu'en effet, & en général, la fomme des Décompofitions fetrouve plus grande, & fouvent comme le quarré de la Force primitive décom- pofée, ou de la viteffe. C’eft un point de recherche, qui peut fans doute avoir fes difficultés, & qui par lui-même eft très digne de l'attention des fçavans ; mais-on va voir, par le peu que nous en dirons ici, -qu'il n'influë en rien contre l’Eftima- tion ordinaire des Forces & du Mouvement. s 5: Premierement on fçait que la Compofition ou le pro- duit de plufieurs Facteurs differe en quantité de leur fomme, ou de la fimple Addition : ainfi les nombres 1, 2, 3:4, cn qualité de Facteurs produifent 24, & leur fomme n’eft que 10, tandis que 1,+, +, +, en qualité de Facteurs ne pro- duifent que, & que leur fomme eft 52. Où eft donc la con- tradiction, qu'une Force quelconque étant confiderée dans le Mouvement total du corps où elle réfide, comme produit, ne foit pas la même que ce qu’on la trouve dans la fomme de fes Faéteurs, quand elle vient à être décompofée ? 56 Secondement la Compofition, & la Décompofition Mem. 1728, Re MY ans XI. De la Décompo: fition des Forces , 7 des viteffèse ÆIp. 05e 42 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des Forces qu on appelle Mortes ou des fimples Tendances, ne differe point en cela de la Compofition , & de la Décom- pofition du Mouvement aétuel, comme nous l'avons déja remarqué dans l'Article des Forces Mortes ( N° 50 ). Cette confideration eft une des premieres qui m'a fait fufpendre mon jugement fur les Forces Vives, malgré les fçavans hom- mes que je voyois fe declarer pour élles : & il en a été fait mention dans l'Hiftoire de l'Académie de 1721 *. Je re- marquay dès lors qu'il en étoit de même de plufieurs points ou nœuds d’une corde tirés à la fois par plufieurs Puiflances auxquelles une feule fait équilibre, que de plufieurs refforts bandés fucceflivement par un feul Mobile. Car foit la corde ANOËFËQ tiré par $ Puiflances en équilibre, 4, X, F, 7108 par les points ou nœuds W,0O, E. II eft évident que chacune de ces Puiffances en particulier foûtient l'effort DÉS SCIENCES. ‘de toutes Îes autres, quelles que foient leurs valeurs, & leur fomme. Ainfi par le moyen des direétions felon lef- quelles on les fait agir, il eft poflible, & par des Regles très connuës, de trouver une de ces Puiffances, A, par éxemple, qui vaille 2, & qui faffe équilibre aux 4 autres, #, Y,Z,Q, dont la valeur en particulier foit 1, & la fomme 4. Ce qui revient au Cas des 4 reflorts ci-deflus ( N.° 42 ) que le Mobile À bande fucceflivement par un Mouvement oblique, furmontant par 1à avec 2 degrés de Force ou de vitefle 4 obflacles, R, £, S, T,, qui pourroient chacun en particulier confumer toute la Force d'un Mobile de même mafle, qui n'en auroit qu'un degré. Car la corde tenduë, ou fes parties, AN, NO, OE, EQ, doivent avoir les mé- mes direétions entre elles, ou faire les mêmes angles que les chemins que fuit le Mobile À, pour bander les reforts, À, E,5,T;& les directions NX, OF, EZ, EQ, des puiffan- ces, X, Ÿ,Z,Q, par rapport aux portions de la corde, NO, OEËE, EQ, EZ auxquelles elles font perpendiculaires, re- ondent encore à la direction felon faquelle fe doit mefurer l'effort du Mobile À, contre les reflorts, À, Æ, S, 7. Donc on n'eft pas plus fondé à conclure que le Mobile À avoit 4 degrés de Force, de ce qu'il a bandé ces 4 refforts, qu’à dire - que la Puiflance À a 4 degrés de Force, de ce qu'elle fait équi- libre à 4 autres Puiflances dont la fomme vaut 4 degrés de Force. Et il ne faut pas objecter que la puiffance A ne fait pro- prement équilibre qu’à deux, #, O, ou plütôt aux trois #, F, Æ, les deux dernieres des trois, Ÿ, Æ, réünifiant leur effort au point O, comme les deux dernieres des quatre, Z,Q, réüniffent le eur au point Z ; car je répondrai auffi que dans chaque inftant du choc, & du bandement des reflorts, le Mobile À ne fait que des efforts proportionnels à fa Force &c à fa vitefle actuelles, & que les trois premiers À, Æ, S, étant. bandés au premier temps de la durée de fon action, le dernier ne J’eft qu'au fecond temps, ainfi qu'il a été expliqué dans cet endroit du Memoire. - 57: -J'avoüé cependant que pour bien pe dans l'efprit IJ MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des Forces Vives, il faudra remarquer ici une difference, qui eft, que dans le cas du Mouvement actuel, & des 4 refforts, la valeur 1 , de la Force de chaque reflort , ou de chacun des obftacles furmontés, doit être confiderée comme un quarré, ou 17 Au lieu que dans le cas de la fimple Tendance, ce n'eft que 1 lineaire pour chacune des puiflances #, Y, Z,&c. D'où il arrive, comme nous le dirons plus bas, que d’autres valeurs aflignées à la puiflance À, donneroient la fomme des X,Y, 2, &c. en raïfon double fimplement avec elle, & non pas comme fon quarré. Mais cette difference ne nous impor- te en rien pour la confequence que nous avons pretendu tirer de la comparaifon des deux cas. Il fufht que les Décom- pofitions quelconques d'une Force la furpaffent , & donnent une fomme plus grande que leur produit confidcré dans la Force même, dans un cas où incenteftablement les Æorces Vives n’ont point lieu, pour infrmer tout ce qu'on en veut déduire en faveur des Forces Vives. s8. Troifiemement la circonftance des temps fe mêle encore ici, & fournit le dénouëment des principales difh- cultés qui s’y rencontrent. Elle entre vifiblement dans les Décompofitions fucceflives, ou plütôt ces Décompofitions, & les effets du choc ne font qu'une feule & même chofe (N.242 ). Et à l'égard de celles qui fe font à la fois, ou en un temps infiniment petit, en vertu d'un reffort infiniment prompt, la diftinétion des temps y entre encore par rapport au centre commun de Gravité des Mobiles, & au tranfport de matiere qui en refulte de même part. Car fuppofons. la boule , qui foit un reflort parfait, müe felon la direétion ÆXR, avec une viteffe qui lui fafle parcourir en une feconde de temps le chemin x À, ou la Diagonale d’un parallelograme x ER F. Suppofons de plus que la boule Xétant parvenuë en x, y rencontre deux autres boules femblables, y, 7, felon les directions x Æ, x F, des côtés du parallelograme, qui comprennent l'angle £x F. Pour plus de fimplicité ,#ima- ginons que cet angle eft droit, & que le parallelograme x ER F fe reduit à un quarré, On fçait qu'en ce cas Ja boule DENS: Sientp N°c'rE7s X s'arrêtera en x, & que fon Mouvement x À fe trouvera décompolé en ces deux ci x Æ, x F', tels que chacune des boules y, 7, parviendra en une feconde de temps à l'extremité, E, ou F, du côté du parallelograme, c’eft-à-dire, à la ligne EKXF, parrapport SPUYLS, au tranfport de x G vers À, ou à la di- rection primitive; ce qui donne leur centre commun en À. Mais dans un temps fembla- ble la boule X feroit parvenuë en R, & auroit fait le chemin x R—= 2xX, ou, ce qui eft la méme chofe, ïl faudroit deux fecondes de temps _ aux boules y, 7, pour faire un pareil chemin vers G À H. Donc la loi des Mouvemens fimples eft encore ici gardée à cet égard, & il faut deux fois autant de temps à une même Force primitive pour tranfporter de même part deux mafles égales, que pour en tranfporter une feule. s9- Enfin je prends garde que ce ne font pas feulement les Forces, qui dans leur Décompofition fe trouvent faire une fomme plus grande que la primitive, & quelquefois en raifon du quarré des viteffes : les vitefles elles-mêmes font dans ce cas. Car je puis, faifant abftraction de tout autre objet; ima- giner que la vitefle primitive exprimée par x À, eft décom- pofée en ces deux, x £, x F, qui expriment celles des boules 3, tr & dire par confequent, que la vitefle avant le choc étant comme x À, ou V4 R° ou Vi1—1, eft devenuë après le Da ri di choc comme x E£ +-x F\ ou MT ,ou2V+= 1. De L F üj 46 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE même fi dans l'Article ou N.e 42. & à la place des 4 refforts R,E, S,T, & dans les mêmes circonftanices / Voy. Fig. cy-deflus p. 42.) je mets 4 boules, R, E, S, T, égales. à fa boule À qui les vient frapper en a, b, c, d, fous des directions Aa, ab, be, cd, telles que la mefure du choc ae, bf, cg, cd, foit toûjours égale à + Aa, elles iront toutes quatre après le choc avec 1 degré de viteffe chacune, expri- mé par les chemins RG— ae: Aa, EH—=bf—= ar, S1—cg=bf, & TK—=cd—=cg. Faudra-t-il concluré de R qu'il y avoit dans la Nature 4 degrez de witefle avant le choc, qu'ils étoïent cachés dans la vitefle dela boule À, & qu'ils n'ont fait que fe developper, & fe mani- fefter par le choc? Non fans doute; car la boule À unique fujet du Mouvement avant le choc, n’avoit par hypothele, que 2 degrés de vitefle. Je vois bien qu'on dira que ce ne font point 4 degrés de vitefle après le choc, mais feulement 4 viteffles en des maffes différentes. Mais je réponds de même, que les Forces décompolées après le choc, ne ‘font DES :. 91 CHINE Art CIENS: pas 4 degrés defForce, comme ç'en étoit 2 avant le choc, mais 4 Forces Priles feparément, & qui réfident en 4 maffes différentes. Et fi l’on infifte fur ce que la viteñle n'eft à proprement parler, que l'effet ou l'indice de la Force, ou fi Ton veut, la Force elle-même vüë fous un afpect différent ; je demande pourquoy cet effet, cet indice de la Force, ou la Force elle-même exprimée par la vitefle, ne fe trouve t-elle primitivement que comme la racine de fes Décompo- fitions en même genre, elle qu'on veut qui foit comme le quarré, ou comine ces Décompofitions, quand on la confidere fous un autre afpect, & plus particuliérement comme Force? Mais ce qui leve entiérement {a difficulté, & dont nous avons déja touché quelque chofe ( N.° 57. ) en parlant des fimples Tendances, c'eft que la vitefle À a, par exemple, ne donne dans fes Décompofñitions RG, E H, &c. une fomme égale à fon quarré, que dans le cas où l'hypotenufe À a, du triangle Aea, eft double de Ja perpendiculaire 4e, & où ce rapport eft exprimé par les nombres 2 & 1; à caufe de a proprieté accidentelle du nombre 2, dont le double 4 eft égal à fon quarré, & de celle de l'unité, qui eft toüjours + à toutes fes puiflances.. Car f1 l'on prend, par exemple, 1 & +, 4 & 2 à leur place, on trouvera que les viteffes décompolfées font une fomme double, par rapport à la pri- mitive. D'où il eft clair, que l'expreffion des Forces & des vitefles dans ce cas , en tant que ramenée en preuve pour les Forces Vives, n'eft pas identique, & que cependant la comparaifon que nous venons d'en faire, n'en eft pas moins jufte par rapport à nôtre but. Puifque s’il faut conclure qu'une Force étoit primitivement comme le quarré de fa vitefle, de ce que la fomme de fes Décompofitions en des temps quelconques, eft proportionnelle à ce quarré, ik n’en faudra pas moins dire, dans un cas tout femblable, que da vitefle primitive, qui, par hypothele, a une certaine valeur, doit pourtant être mefurée par une valeur double, à caufe que fes décompofitions la donnent telle. Ce qui eft également abfurde. SORE Conclu- Jion, èT Recapitu- lation de cet ouvra- &°- EN 1417. 22H 46. *XNorr. I2+ 13. » 37 PSS 48 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 6o. Il refulte donc de toutes nos remarques, que Ja Force Motrice des corps n’eft jamais en elle-même, ni dans fes effets en général que proportionnelle à la fimple viteffe ; c'eit-à-dire, aux efpaces parcourus divifez par le temps, commune mefure de l'action de toute Force Motrice, & de fa quantité.* Et que fi quelques-uns de fes effets, tels que les efpaces parcourus dans le Mouvement accéléré ou retar- dé, les parties de matiere déplacées, ou les reflorts applatis par le choc & la collifion mutuelle des corps, paroiïfient la donner * comme les quarrés de la vitefle, ce n'eft que parce que dans tous ces cas, la Force qui agit à chaque temps en raifon de la vitefle actuelle, felon la Loy générale des Mou- vemens, agit auffi d'autant plus de temps qu'elle eft plus gran- de, felon la Loy particuliere des Mouvemens retardés.* Ainfr les effets d'une Force double par rapport à une autre, ne font jamais quadruples, que parce que la durée de fon ation, dans la produétion de fes effets eft double par rapport à la durée de l'action de cette autre.* Et la durée de fon action n'eft double, que parce que le Mobile féjourne la moitié moins de temps fur chacun des obftacles femblables qui lui refiftent ; * & cela encore par le principe, que toute réfiftance diminuë d'autant moins la Force qui s'exerce contre elle, qu'elle lui eft appliquée moins de temps.* Car toute Force, & tout Mouvement, confiderés feuls & en eux-mêmes, de- vroient durer toûjours, & produire par à des effets fans fin, un efpace parcouru infini; * c'eft leur nature. I faut donc des impulfions ou des Forces contraires pour les détruire, & ils doivent durer d'autant plus, ou être détruits d'autant plus tard par ces Forces contraires, qu'ils font plus grands par rapport à elles, & plus loin en ce fens du terme oppolé, l'Inertie * & le repos; ce qui n'eft pas moins encore de leur na- ture. Les effets quadruples en un temps double ne font donc qu'indiquer & manifefter une Force double, & il faudroit qu'ils fuffent oétuples , ou comme le cube de la viteffe, pour indiquer une Force quadruple, ou comme le quarré de la vi- icfe.* C’eft là la Loy & la veritable mefure des Forces, tirée de DS: SICONE NICE de leurs effets mêmes, en tant qu’elles fe foûtiennent, & qu'elles perfeverent dans leur aétion. Leur mefure en tant qu'elles s’y confument, & qu'elles périflent, ne nous en don- nera pas une évaluation differente.* La fomme des efpaces non * 36.38. parcourus, des parties de matiere non déplacées, des reflorts non bandés, & qui lauroient été, fr la Force n'eut point diminué & péri, en un mot tous les effets analogues à fes pertes, à fes valeurs négatives & fucceflivement retranchées, &c par confequent proportionnels à elle-même, le font à {a fimple vitefle.* Quant à {a diftinction des Forces Mortes & + des Forces Vives, ou, felon nous, de la fimple Tendance, & du Mouvement actuel , nous avons montré jufqu’où elle étoit 40, 43: 44 45: recevable; * en quoi ces deux fortes de Forces bien entenduës * 47. 52. differoient entre elles, & en quoi elles étoient de même gen- re, fans qu'on en put rien conclure de favorable à l'opinion 53- nouvelle.* Enfin la Décompofition des Forces & des Mouve- » 48. 49. mens, qui garde toüjours la même analogie, & les mêmes 50.51. rapports que la Décompofition des fimples Tendances, & des viteffes ,* ne nous permet plus de douter que la Nature ne * 54. &c. foit parfaitement uniforme fur cet article, comme elle left prefque toüjours dans la partie effentielle de fes Phénomenes. Mem, 17285 - G 59° so MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE MEMOIRE Sur la teinture © la diffolurion de plufieurs efpéces de Pierres. Par M Du Far. O N ne fçauroit s'empêcher d'admirer ces figures fmgu- liéres que le hazard fait rencontrer quelquefois dans les Pierres de diverfes couleurs, telles que font les Agathes, les Jafpes & les Marbres. Le prix, que da curiofité a mis à ces jeux de la nature, a excité bien des gens à chercher les moyens de les imiter : heureufement tout fert en Phyfique, & ce qui n'eft fait que pour tromper les uns, peut fouvent éclairer les autres, & leur fournir des moyens de pénétrer plus avant dans les myftéres de la nature. Les Pierres de Florence qui reprélentent des ruines, des payfages, des arbres, font entre les mains de tout le monde, les Agathes appellées Dendrites, & fur lefquelles on voit des efpéces de buiffons & de vegeta- tions, font très connuës, & l’on peut voir dans les Mémoires de l'Académie de 1717. les conjeétures de M. de la Faye, fur la maniére dont elles font formées. Toutes ces Pierres font naturelles ; art n’a pu jufqu’à préfent parvenir à les imiter, mais il n'en eft pas de même de toutes les autres Agathes & Pierres figurées qui repréfentent des animaux , des fleurs ; des defleins reguliers, des veines bizarres, on les imite fr aifément que la plûüpart de celles dont la fingularité nous étonne, ne font que le fruit d’un travail très court & très facile. J'ai taché de raffembler dans ce Mémoire les moyens de faire pénétrer dans V'Agathe, dans le Marbre, & dans plufieurs autres Pierres dures, différentes efpéces de couleurs. J'ai joint aux procédés déja connus de quelques particu- liers, mais qui en font myftere, ceux que mon travail m'a pu faire découvrir : Et comme mon deffein n'eft pas de fournir è R DES SCIENCES si les moyens de tromper , j'ajoûterai ceux qui peuvent faire reconnoitre l'art, & diftinguer fes ouvrages d'avec ceux de la feule nature. Je commencerai par la maniére de colorer les Pierres dures , je pañlerai enfuite à celle de faire pénétrer diverfes couleurs dans le Marbre; & je finirai par une opéra- tion qui a quelque rapport à ces deux là, puifque c’eft une efpéce de preftige , ou Fexécution très facile d’un ouvrage qui paroît du premier coup d'œil, d’une longueur & d’une difficulté infinie. J'appelle Pierres dures celles qui refiftent aux plus violents acides, telles que font prefque toutes les Pierres précieufes, les Agathes, les Jafpes , le Cryftal de Roche, les Jades, le Porphyre, les Granits, le Serpentin, les Dendrites Orientales & de Catalogne, la Cornaline, & plufieurs autres. Ces Pierres ne fe diffolvent dans aucun des acides qui font connus, & en ufage, cependant ces mêmes acides chargés de parties Metal- liques en pénétrent plufieurs, & les teignent aflés profon- dément. Les Agathes & les Jafpes de toute efpéce fe peuvent fa- cilement teindre, mais celles de ces Pierres qui font veinées naturellement, font par cette même raifon, compofées de tant de parties heterogenes que la couleur ne fçauroit y prendre uniformement , ainfi on ne peut y faire que des taches pour perfectionner la régularité de celles qui s’y rencontrent, mais . non pas leur faire changer entiérement de couleur comme on fait à l' Agathe blancheâtre nommé Calcédoine. Si lon met fur un morceau de cette Agathe de Ia diffolution d'argent dans lefprit de nitre, & qu'on l'expofe au foleil, on la trouvera teinte au bout de quelques heures d'une couleur brune tirant fur le rouge ; fi Von y remet de nouvelle diffolution , elle deviendra plus foncée &c pénétrera plus avant, & même entié- rement , fi Agathe n’a qu'environ deux lignes d’épaiffeur & qu'on mette de la diffolution des deux coftés. Cette teinture n'agit pas uniformement , il y a dans cette forte d'Agathe, & dans la plüpart des autres Pierres dures , des veines prefque impercetibles quien font plus facilement REeTe que ÿj $s2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE le refle, en forte qu'elles deviennent plus foncées & forment de très agréables varietés qu'on ne voyoit point auparavant. Si l'on joint à la diffolution d'argent, le quart de fon poids, ou environ, de fuye & de tartre rouge mêlés enfemble, la couleur fera brune tirant fur le oris. Au lieu de fuye & de tartre, fi on met la mème quantité d'Alum de Plume, la couleur fera d’un violet foncé tirant fur le noir. La diflolution d’or ne donne à l'Agathe qu'une legére couleur brune qui pénétre très peu, celle de Bifmuth la teint d’une couleur qui paroît blancheätre & opaque lorfque la lumiére frappe deflus, & brune lorfqu'on la regarde à travers le jour; les autres diflolutions de metaux , ou de mineraux employées de la mème maniére n'ont donné aucune forte de teinture. Pour réuffir à cette opération, il eft néceflaire d'expofer J'Agathe au foleil, j'en ai quelquefois mis fous une moufle, mais elles n'ont pris que très peu decouleur, & elle ne pénétroit pas fi avant : j'ai même remarqué plufieurs fois que celles que j'ai expofées au foleil ont pris moins de couleur dans tout le cours de la premiére journée, qu'en une demie heure du fecond jour , même fans y remettre de nouvelle diflolution , cela m'a fait foupçonner que peut-être l'humidité de l'air étoit très propre à faire pénétrer les parties Metalliques ; en effet j'ai fait colorer des Agathes très promptement en les portant dans un lieu humide, fi-tôt que le foleil avoit feché la diffolu- tion, & les remettant enfuite au foleil. Pour tracer fur la Calcédoine des figures qui ayent quelque forte d'exaétitude, la maniére qui réuflit le mieux, eft de prendre la diflolution d'argent avec une plume ou un petit bâton fendu , & fuivre les contours avec une épingle fr V'Agathe eft dépolie, le trait n’eft jamais bien fin, parce que: la diffolution s'étend en très peu de temps, mais frelle-eft bien chargée d'argent & qu'elle fe puiffe criftallifer promptement au foleil, elle ne court plus rifque de s'épancher, & les traits en feront affés délicats ; ils n'approcheront cependant jamais des” SC CHTENUCIETS du trait de plume, & par conféquent de ces petits arbres qu'on voit {1 délicatement formés dans les Dendrites, Suppolé néantmoins qu'on parvint à les imiter, voici deux moyens fürs de diftinguer celles qui feroient naturelles, d'avec celles qui feroient faites de cette maniére. Premiérement en chauffant l’Agathe colorée artificiellement , elle perd une grande partie de fa couleur, & on ne peut la lui faire reprendre qu'en remettant deflus de nouvelle diflolution d'argent ; la feconde maniére qui eft plus facile & plus fimple, eft de mettre fur l'Agathe colorée un peu d’eau forte ou d’efprit de nitre, fans l'expofer au foleil, il ne faut qu'une nuit pour la déteindre entiérement ; lorfque l'épreuve fera faite, on luy peut redonner toute fa couleur en l’expofant au foleil plufieurs jours de fuite. “os. Outre ces deux moyens, il eft N affés facile de re- connoître par la feule infpection celles qui font artificielles, car dans celles-ci les taches font uniformément enfoncées, & font paroître dans l’Agathe une infinité de veines qu'on ne voyoit pas auparavant, parce qu'elles fe teignent d’une couleur plus foncée que le refte, au lieu que les taches naturelles interrompent toüjours les veines, & ne font pas ordinairement dans un plan, mais forment une efpéce de lame qui eft tantôt plus, & tantôt moins enfoncée dans la Pierre, & même qui eft fouvent coupée, lorfqu'on travaille Agathe. Ainfi l'on a plufieurs moyens aflurés de démêler le vrai d'avec le faux. On fçait auffi que par le moyen du feu, on peut changer la couleur de la plüpart des Pierres fines, c’eft ainfi qu'on fait les Saphirs blancs, les Améthiftes blanches; on met ces Pierres dans un creufet , & on les entoure de fable, ou de limaille de fer, elles perdent leur couleur à mefure qu'elles s’échauffent, & on les retire quelquefois fort blanches. Si l’on chauffe de même la Calcédoine ordinaire, elle devient d’un blanc opa- que , & fi lon y a fait des taches avec de la diflolution d'argent, ces taches feront d’un jaune de citron, auquel l'eau forte n'apporte plus aucun changement, la diflolution d'argent mife fur la Calcédoine ainfi blanchie, & expolée au foleil G iij MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lufieurs jours de fuite, y fait des taches brunes. La Cornaline chauffée de même, devient aufli d'un blanc opaque, mais il lui refte toüjours une legére couleur rougcûtre : la Dendrite per- dant toute fa tranfparence lorfqu'on la chauffe vivement, les petits arbres qui font pour l'ordinaire engagés dans la Pierre difparoiflent entiérement. J'ai effayé fa diffolution d'argent fur la plüpart des autres Pierres dures, il y en quelques-unes fur lefquelles elle n'a fait au- éun effet, comme le Cryftalde Roche, les Pierres précieufes, la Pierre à rafoirs, la Dendrite de Catalogne, & plufieurs autres de cette efpéce. A l'occafion de la Dendrite de Catalogne, je rapporterai une fingularité de cette Pierre, é’eft que par tout où on la fend, on y voit des figures d'arbres affés bien for- mées, & que fi on la fcie, on n'y en trouve point, mais feu- lément quelques peinte ou taches noires. La raifon qu'on peut donner de €e fait me paroît affés fimple; Ces f- ures d'arbres font des veines ou feflures de la Pierre qui l'af- foiblifient aux endroits où elles fe trouvent, & par confé- quent la font fendre avec plus de facilité où elles fe rencon- trent en plus grand nombre, ce qui ne fe fait pas dans un plan parfait, mais fuivant les inégalités de la direction des feflures : au contraire, lorfqu’on fcie la Pierre, c’eft toüjours un plan éxaét qui coupe les rameaux pour peu qu'ils s'écar- tent, & ne laïflent que des points ou taches plus ou moins grandes fuivant la groffeur des rameaux qui ont été coupés; il en feroit de même des Agathes , fi elles étoient opaques, mais leur tranfparence fait que les rameaux ne laifient pas de paroître, quoiqu'ils foient un peu enfoncés dans la fubftan- ce de la Pierre. Parmi les Pierres dures fur lefquelles j'ai effayé la diffolu- tion d’argent, il y en a plufieurs qui en ont été teintes. Ellea donné à l’Agathe orientale une couleur plus noire qu'à la Calcédoine commune; fur une Agathe parfemée de taches jiunes, elle a donné une couleur de pourpre; le Jade a pris une couleur foible tirant fur le brun; la Prime d'Emeraude commune a été tachée de noir, & eft devenue opaque, le DR PO DES SCTENCES 55 Granit commun a pris une couleur violette inégalement fon- cée, elle’ étoit fort fenfible dans les interftices blancs, mais elle faifoit peu d'effet fur les points noirs dont elle a cepen- dant effacé quelques-uns; elle a donné au ferpentin une cou- leur d'olive, maïs ce qui m'a paru affés fingulier, c’eft qu’elle n'a fait aucun effet fur 'ardoife, ni fur toutes les efpéces de Tales & d'Amyantes, & même ces Pierres font indiflolubles daris les plus violents acides, ce qui vient fans doute de la tif fure de leurs parties qui ne peuvent être feparées que dans un certain fens, & demeurent fort unies entre elles fuivant la di- reétion des lames ou des filets dont elles affeétent la figure. Le Marbre étant infmiment plus tendre que l'Agathe, ä eft beaucoup plus aifé d'y faire pénétrer les couleurs, & ce travail a été l'objet de Ia recherche de plufieurs Phyficiens : On trouve dans le P. Kirker quelques recettes pour colorer 4e Marbre, elles font repetées mot à mot dans les tranfactions Philofophiques ; mais j'ofe dire qu'elles font fi peu détaillées qu'on n'en peut tirer aucun fecours : Le même inconvenient fe trouve dans un Mémoire inferé aufi dans les tranfaétions -Philofophiques de l’année 170 1. on y trouve les noms de plufieurs matiéres qui pénétrent & teignent le Marbre chaud; mais, outre que plufieurs de celles qui y font indiquées ne m'ont pas réüfli, plufieurs autres ne font point l'effet qu’on promet, ou les opérations font fi peu circonftanciées qu'il eft prefque impoffible de les fuivre. On trouve encore quelque chofe fur cette matiére dans un Journal d'Italie dont on peut voir Extrait dans le Journal des Sçavans de l'année 1678, mais de trois couleurs qu’on y promet, il y en a une qui ne réüffit en aucune façon, ainfi je rapporterai fimplement les expériences qui m'ont réüflr, tant de celles qui font indiquées dans les endroits que je viens de citer, que de celles que ces premiéres m'ont fait imaginer. F5 * : Les mêmes raïfons, qui m'ont fait préferer pour les ex- riences, la Calcédoine aux autres Agathes, n’ont fait auff préferer de Marbre blanc aux Marbres veinés qui font plus durs & plus difhciles à pénétrer, & fur lefquels ä eft impofhble 56 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de donner un procédé uniforme par la varicté infinie des fubftances qui compofent leurs différentes veines; ainfr ce n'eft que du marbre blanc dont je parlerai dans les opérations fuivantes. Les diflolutions Metalliques qui m'avoient réufli fur les Agathes, font les premiéres matiéres que j'ai eflayées fur le Marbre; la diffolution d'argent le pénétre très profondément, comme d'un pouce, ou même plus, elle donne d'abord une couleur rougeâtre, ou pourpre, & enfuite brune, après quoi elle ne varie plus; elle dépolit le Marbre en rongeant un peu fa fuperficie ; celle d’or pénétre moins & fait une couleur violette, l’une & l'autre de ces difiolutions font leur effet plus promptement fi on les expofe au foleil ; elles s'imbibent dans le Marbre en tout fens, & les deffeins que j'y avois formés fe font téendus & prefque confondus. La diflolution de cuivre donne une belle couleur verte fur la furface du Marbre, elle pénétre très peu, cependant elle ne s'en va point dans l'eau boüillante, elle y noircit, mais en enlevant la furface avec la Pierre-Ponce, le Marbre demeure d'une affés belle couleur verte, il s'étend fort avant dans le Marbre une teinture verdâtre fort légére, la roüille de fer donne une couleur jaune qui pénétre affés avant; le fer contenu dans l'encre commune tache le Marbre d’une couleur légére, & qui ne pénétre prefque pas. Voilà tout ce que j'ai pü tirer des diflolutions Metalliques, n’en étant pas fatisfait, j'ai eu recours à de nouvelles expériences, j'ai cherché des matiéres qui fe puflent imbiber dans le Marbre, & qui fuffent en même temps des menftrues capables de diffoudre d’autres corps , de fe charger de leurs teintures, & de porter avec elles ces parties colorées dans les pores du Marbre. Toutes les matiéres huileufes pénétrent le Marbre, mais plufieurs le tachent & le terniflent de façon qu'il ne peut plus prendre un beau poli : les huiles tirées par expreflion, les graifles animales font de ce nombre, on ne peut donc pas s'en fervir pour teindre le Marbre , il faut néceffairement employer une matiére dont les parties foient extremement tenuës } 4 DAEuS :: Sr CÉILE NA CHENS. tenuës, afin qu’elle le pénétre & volatile, afin qu'ayant porté dans les pores du Marbre la couleur, elle s'évapore & n'agiffe plus, ce qu'elle ne feroit qu’en étendant la couleur , la portant plus avant & par conféquent laffoibliffant confidérablement. L'efprit de vin renferme effentiellement toutes les qualités que nous demandons, il tire facilement la teinture de plufieurs matiéres, il pénétre fort avant dans le Marbre chaud, & enfin s'évapore entiérement avant que le Marbre foit achevé de froïdir : l'huile de T'erebenthine fert de même dans plufieurs de ces opérations, mais elle ne tire pas les teintures fi facilement que l'efprit de vin, & laifle ordinairement un œil gras au Marbre; je m'en fuis cependant fervi utilement dans quel- ques occafions. Les fortes leffives quoyque recommandées dans un des Mémoires dont j'ai parlé, ont rarement fait un bel effet. La cire blanche fait très bien lorfqu’on la méle avec des matiéres dont elle peut tirer la teinture, elle la porte fort avant dans le Marbre, fort également, & comme elle cefle de s'étendre lorfque le Marbre eft froid, la couleur ne change point; mais il n’y a qu'un petit nombre de matiéres qui puiflent donner de la couleur à la cire, ainfi dans beaucoup d’occafions l'on eft obligé de fe fervir des autres diflolvants dont nous venons de parler ; il y a auffr quelques gommes qui fe peuvent employer fans aucun menftrue, & c'eft par celles-là que je commencerai. Le fang de dragon & la gomme Gute étant frotés fur le Marbre chaud, le teignent & le pénétrent d'environ une ligne, la gomme Gute fait un beau citron, & demande que le Mar- bre foit plus chaud que pour l'autre; le fang de dragon fait un rouge diverfement foncé felon que le Marbre eft plus ou moins chaud : il eft difficile de déterminer au jufte le dégré de chaleur qui convient le mieux , mais pour peu que l'on faffe quelques effais fur des petits morceaux, lufage l’apprendra en très peu de temps. Si Yon à employé ces couleurs fur le Marbre poli, il fuffit pour Ôter les gommes de deffus fa furface, de le nettoyer Mem. 1728. 0. 58 MEmoïiRËs DE L'ACADEMIE ROYaLE avec un peu d'efprit de vin; fi l'on veut que la couleur pénétré plus avant, il faut le dépolir avec la Pierre-Ponce, & lorfqu'on a appliqué la couleur, le repolir de la maniére ordinaire ; cette circonftance eft bonne à obferver dans toutes les efpéces de couleurs, elle fert à les faire pénétrer de avant, & plus uniformément. Ces deux matiéres ont cela de parti- culier que, quoiqu'elles s'employent feules & fans diffolvant, on peut encore les diffoudre dans l'efprit de vin, & les appli- quer avec un pinceau, & cette maniére eft fouvent préférable à l’autre, fur-tout lorfqu'on veut fuivre quelque deflein regu- lier, ce qu'il eft affés aifé de faire avec l'une & l'autre de ces couleurs qui ne s'étendent prefque point, & fe figent fubite- ment dans les endroits où on les place. Le fang de dragon rend le Marbre moins difloluble par les acides , & les parties pénétrées de cette gomme demeurent plus relevées que e fond du Marbre, fr lon met quelque acide deflus. Les teintures de boïs, de graines, de racines, de fleurs dans l'efprit de vin, ou dans quelque autre menftrue, fe font en les mettant dans un matras avec là quantité de diffolvant que l'on juge à propos, & les faifant digerer au bain de fable jufqu'à ce que la teinture foit fuffifamment colorée. … Sil'on met fur le Marbre chaud de la teinture de bois de Brefil par l’efprit de vin, elle lui donne une couleur rouge tirant fur le pourpre, fi l’on chauffe le Marbre un peu plus fort , la couleur tirera fur le violet : on aura les nuances intermédiaires par les diflérens dégrés de chaleur, mais avec le temps ces couleurs changent, & s’'afloibliffent un peu. La teinture de Cochenille faite comme fa précédente, pénétre le Marbre d'environ une ligne, & lui donne une couleur mêlée de rouge & de pourpre à peu près pareille à celle qui fe trouve fur le Marbre Africain; fi lon chauffe le Marbre plus fort, la teinture devient plus foncée, & pénétre plus avant. La Cochenille avec la leffive de chaux & d'urine indiquée dans les tranfaétions philofophiques, donne au Marbre une DES SCIENCES 59 couleur rougeätre un peu foncée, & qui pénétre d’une ligne ; avec l'efprit de T'erebenthine elle fait une couleur de feüille morte qui pénétre trois ou quatre lignes ; les couleurs faites avec la Cochenille changent aufli un peu avec le temps. La racine d'Orcanette dans l’efprit de vin, fait une belle couleur rouge inégalement foncée, & fi le marbre eft très chaud, elle fait une couleur brune. - + Letournefol, le bois de campêche donnent de différentes fortes de rouge, /a terra merita, le roucou, de fafran donnent un beau jaune doré aflés femblable ; la premiére ne change point avec le temps , le roucou pälit un peu, mais le fafran difparoît prefque entiérement en peu de jours. Le verd de veflie dans l'efprit de vin donne un verd pâle qui pénétreenviron d'une ligne. La plüpart de cesmatiéres digerées dans l'efprit de Terebenthine donnent les mêmes couleurs au Marbre avec quelques différences, elles pénétrent plus avant par ce moyen, mais elles ne font pas ordinairement fi foncées, & il refte un œil un peu gras à la furface du Marbre. Si l’on fait boüillir quelque temps du verd de gris dans fa cire fonduë , & qu'on frote de cette cire le Marbre chaud, elle lui donnera une affés belle couleur verte, à peu près femblable à celle des émeraudes d'Auvergne, cette couleur s'étend fort également &c pénétre trois à quatre lignes; fi le Marbre eft un peu plus chaud qu'il ne faut pour donner cette couleur, elle tirera un peu fur le jade & fera toüjours très égale comme toutes celles qui s'employent avec la cire, | La racine d'Orcanette donne à la cire une couleur de cra- moify foncé ; mais cette cire ne donne au Marbre qu'une couleur de chair affés vive, qui pénétre de quatre ou cinq lignes, Le roucou boïiilli dans Îa cire donne un beau jaune foncé très égal, qui pénétre à peu près comme les deux précédentes, mais qui pâlit avec le temps; ce font là prefque les feules matié- res quidonnent à la cire une couleur qu’elle puiffe faire pénétrer dans le Marbre , je me fuis cependant encore fervi pour faire un brun foncé, de la maniére fuivante. J'ai plongé un morceau de Marbre chaud dans la teinture.du bois de Brefil H ji Go MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par l'efprit de vin, enfuite je l'ai couvert de cire & l'ai remis fur le feu, je l'y ai tenu environ une demi-heure remettant de la cire à mefure qu'elle s’'évaporoit, à la fin je l'ai laiffée toute évaporer : le Marbre pendant ce temps a pris diverfes nuances bruniflant toûjours ; enfin il eft reflé d'un brun de chocolat très uniforme qui a pénétré de trois lignes, il feroit peut-être parvenu au noir en le chauffant davantage, mais le Marbre fe feroit brûlé. La meilleure maniére de chauffer le Marbre eft de le mettre fur une plaque de Tole à peu près de mème figure & de même grandeur, & fur laquelle on aura mis l'épaifleur de deux ou trois lignes de fable ; on mettra le tout enfemble fur un fourneau ou fur des chenets, & on mettra des charbons ardens par deflous, on connoïtra comme je V'ai déja dit par les effais que l'on fera fur des petits morceaux, le dégré de chaleur qui convient à la couleur que Yon veut employer. Toutes ces couleurs pénétrent de même & beaucoup plus profondément la pierre de Liais & la pierre de taille ordi- naire; mais le grain de ces pierres étant trop gros pour qu'el- les puiffent prendre un beau poli , l'effet qui en refulte, n'eft pas différend des couleurs à l'huile qu'on peut appliquer fur ces fortes de pierres. I s'en faut beaucoup que je n’aye rapporté ici toutes les tentatives que j'ai faites fur ce fujet , y ayant plufieurs opé- rations qui ne donnent que des différences très légéres : je ne penfe pas non plus avoir épuifé la matiére, il refte encore un grand nombre d'expériences à faire ; j'ai fait toutes les épreuves que j'ai pù imaginer pour parvenir au bleu & au noir parfait, la plüpart ont été inutiles, fur-tout pour le noir, il y a même des raifons affés folides qui me font craindre qu'on ne puifle pas y parvenir. Les matiéres qui pénétrent & teignent le Marbre, ne le font qu'en s’infinuant dans les interftices que laïffent entr'eux les grains folides qui compofent le Marbre; ces grains confidérés en eux-mêmes font impénétrables à moins qu'on n'employe des acides affés violens pour les brifer, mais ces acides ne DES Sci E N'c'É/S éi fe peuvent point charger des tcintures propres au Marbre, & quand même ils s'en chargeroient , is rongeroient la; fuperficie du Marbre , mais ne porteroient point la couleur dans ces pores ; fi l'on employe des menftrues oleagineux qui font ceux qui réuffiflent le mieux pour Ja plûpart des couleurs, ces grains que le menftruë ne fait qu'environner éclaircifient néceffairement la couleur & font l'effet d’une poudre blanche qu ‘on iméleroit éxäctement dans uné couleur foncée, c'eft ice qu'on éprouve dans toutes les couleurs qu ‘on employe fur le Marbre , qui étant appliquées font infiniment plus claires qu elles ne l'étoient auparavant; ces raifons fondées fur l'ex- érience ime fontcroire qu ’il: fera très ‘difficile: pour ne pas dire impoffible, de parvenir au noir parfait, mais ïilin'en eft pas de même du bleu, & à force de: patience &den’ètre pas rebuté par les expériences manquées, j'en ai trouvé un qui réuffit paffablement bien. + M. Geoffroy le cadet donna en 1767: un Mémoire für diverfes huiles effentielles qui changeoient de couleur par de moyen de différens mêlanges ; il rapporte entr'autres, qu'ayant fait digerer pendant long-temps de l’'éffénce de thim avec de Vefprit volatil de fel Ammoniac, l’effence avoit d’abord'jaunÿ, & qu'ayant enfuite pañfé fucceflivement par le rouge r&c le violet, elle étoit enfin ‘devenuë d'un bleu très foncé , ‘jai voulu voir fi cette huile ainfi colorée pourroit me donner fur le Marbre quelques-unes des couleurs qui me manquoient, je l'effayai dans les divers états par où elle paffa, & comme au‘bout de fix femaïnes' elle étoit devenuë) bleuë: fansitêtre cependant bien foncée, je Feffayai pour da derniére fois mais fans fuccès, n ayant eu qué des teintes fi légéres que cela ne paroïfloit qu'avoir un peu bruni le Marbre blanc ; j'oubliai pendant plus de fix mois ce mélange dans une bouteille } Je trouvai au bout de ce temps l'eflence d'un bleu prefque noir, je l'effayai alors fur le Marbre chaud & j’eus une couleur bleuëaflez femblable à celle qui fé rencontre quelquefois dans le Marbre ; il ne faut pas pour employer cette couleur que le Marbre foit extremement chaud, car alors cette effence qui H ii 62 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE eft volatile s'évapore & la couleur difparoît, il faut qu'on en puifle fupporter facilement la chaleur avec la main, ainf il ne faut la mettre que des derniéres, afin que le dégré de chaleur qu'on eft obligé de donner aux autres ne l'endommage point ; on rend cette couleur plus pale ou plus foncée en mettant plus ou moins d'eflence à mefure qu'elle s'évapore, elle péné- tré d'environ deux lignes ; il faut obferver dans cette couleur comme dans toutes les autres qu'elles ne font jamais parfai- ‘tement belles & telles qu'un enduit de peinture les pourroit donner, mais toûjours un peu louches & telles qu’elles font réellement dans les Marbres colorés naturellement ce qui vient de-larnature même du Marbre, dont toutes les parties font comme nous l'avons déja dit, une efpéce d'interméde qui étend les couleurs & diminuë leur éclat; mais on ne doit pas en demander davantage, le Marbre ne peut pas atteindre la beauté des Pierres précieufes, & il fufht de lui pouvoir donner par art les couleurs telles qu’il les auroit fi elles s’y étoient xen- contrées naturellement. Je dois ajoûter ici quelques détails qui rendront l'exécution de cette opération plus facile, fur-tout lorfqu'on voudra employer plufieurs couleurs l'une auprès de l'autre fans qu'elles {e confondent, & {uivant un deffein qui ait quelque délicateffe, Les teintures faites par l'efprit de vin, ou l'efprit de Tereben- thine fe doivent néceffairement employer fur le Marbre tandis qu'il eft chaud; ainfr on ne peut pas rendre la pratique plus facile en ce qui regarde les figures qui en refultent, mais les gommes telles que font le fang de dragon & la gomme Gute fe peuvent appliquer fur le Marbre froid, il faut pour cela les faire difloudre dans l'efprit de vin, & comme nous avons remarqué que le Marbre doit être plus chaud pour la gomme Gate, il a faut employer la premiére, la diflolution de cette gomme eft claire d'abord, mais peu de temps après, elle fe trouble & il fe précipite un fediment jaune, c’eft alors qu'il la faut employer , afin qu'il en demeure fur le Marbre une affés grande quantité pour le pénétrer lorfqu'on viendra à le chauffer, Ayant couvert de cette diffolution tous les endroits D'£19:16/C0Â'E mœENOMAM. 63 où l'on voudra mettre de cette couleur , on fera chauffer fe Marbre fur une plaque de T'ole, comme nous l'avons déja dit, & on verra la gomme Gute fondre & s’y imbiber, on le chauffera autant qu'il fera néceflaire pour que la couleur foit fuffifam-+ ment foncée, & on le laifléra enfuite refroidir ; s'il ya quelques endroits où la couleur n'ait point affés pénétré, on peut yen remettre, & le chauffer comme la premiére fois. Lor(que tout le jaune fera mis, on mettra la diffolution du fang de dragon la plus chargée qu'il fera poffible, on l'employera de même à froid, & on chauffera enfüuite le Marbre jufqu'à ce que fa couleur foit auffi foncée qu’on le fouhaite, car elle brunira toûjours à proportion de da chaleur du Marbre ; on pourra enfuite avant que le Marbre fe refroidifle y appliquer les teintures de graines, de bois, de fleurs qui ont befoin d’une moindre chaleur, & on finira par les couleurs qui s'employent par le moyen de la cire qui demandent plus de précaution que lés autres, car à la moindre chaleur elles s'étendent plus qu'on ne veut & par conféquent font les moins propres de toutes à faire un deffein délicat, on pourra cependant les arrétér aux endroits où elles doivent être, en jettant un peu d’eau froide fur le Marbre aux endroits qu'on a frotés; mais comme il arrive rarement qu'on veüille employer fur le même morceau de Marbre toutes ces différentes couleurs & fuivant un deffein repulier , on choifira dans cecas là deux ou trois couleurs qui font plus faciles à employer, &on fe fervira de tous les autres indifféremment lorfqu'on ne voudra que fairé des veines au hazard, & imiter les couleurs qui fe peuvent naturellement rencontrer dans le Marbre. Venons maintenannt à la derniére opération dont nous avons parlé, & qui à quelque rapport avec la précédente ; puifque par {on moyen on peut faire fur es Marbres les plus communs des ornemens très recherchés. :: : On à vü depuis quelques années des tables & des chemi- nées de Marbre blanc ornées de Sculptures très délicates, &c qui paroïfloient d'un travail immenle, les ouvriers qui fai- foient ces fortes d'ouvrages cachoïent foigneufement leur 64 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fecret, & profitoient de l'avantage de pouvoir faire en très peu de temps & avec beaucoup de facilité un travail qu’on auroit à peine ofé entreprendre en fe fervant du cifeau & des inftru- ments ordinaires. Pour’peu qu'on fit d'attention à ces ouvra- ges, on voyoit affés que c'étoient des liqueurs acides dont on s'étoit {ervi pour creufer les fonds, & qu'on appliquoit quelque enduit pour épargner les deffeins qu'on vouloit laif- fer en relief, mais ces idées vagues ne fufhfoient point, & lorfque j'ai voulu les mettre en pratique, j'ai trouvé un grand nombre de diffcultés. La plüpart des liqueurs acides jaunif- fent le Marbre, ce n’étoit pas un inconvenient pour le Mar- bre noir ; mais, comme les ouvrages que j'avois vüs étoient de Marbre blanc, je me fuis appliqué à chercher des acides qui n'endommageaflent point fa couleur. Les enduits dont les reliefs doivent être couverts faifoient la feconde difficulté, il falloit qu'ils fuffent coulans, faciles à employer, de nature à bien fecher , & fur-tout impénétrables aux acides. J'ai tenté inutilement différens mélanges de cires, de vernis, de refines, enfin le hazard m'en a offert un qui avoit toutes les ualités que je défirois, ce qui, joint à un diflolvant qui n'altére en rien la blancheur du Marbre, n'a fait parfaitement réuffir de la maniére fuivante. H faut tracer fur le Marbre avec un crayon le deffein que Ton veut former en relief, & couvrir délicatement avec un pinceau du vernis fuivant les endroits qu'on veut épargner. Ce vernis n’eft autre chofe que de la gomme Lacque diflouté dans l'efprit de vin, & mêlée avec du noir de fumée, ou du vermillon pour reconnoître plus facilement les endroits où on en amis. Pour rendre l'opération plus fimple, il n’y a qu’à pul- verifer un morceau de cire d'Efpagne, & la faire difloudre dans une quantité fufhfante d'efprit de vin, ce vernis fera fec en moins de deux heures, De tous les diflolvans que j'ai eflayés, celui qui ma paru le meilleur, eft un mélange de parties égales d’efprit de fel & de vinaigre diftillé; il ne diminuë en rien l'éclat du Marbre & le diflout très également. Le vernis étant bien fec, on verfera de cette D'ÉSs S'C'1 EN cr" 65 de cette liqueur fur le Marbre ; lorfqu'elle y aura demeuré quelque temps, & qu'elle aura entiérement ceffé de fermen: ter, on pourra y en remettre de nouvelle & Ja laiffer agir jufques à ce que le fonds foit fuffifamment creuf, S'il ya dans le deffein des traits délicats comme des refants de feüil- lages, où d’autres de la même efpéce, on ne les tracera pas d'abord fur le Vernis, mais lorfque le fonds fera creufé à peu près de moitié de ce qu'il doit l'être, on ôtera le diflolvant U on lavera bien le Marbre, & avec la pointe d’une aiguille, on enlevera le Vernis à l'endroit de ces traits délicats, on remettra enfuite de nouveau diflofvant, & on le laifera autant qu'on le jugera à propos; cette précaution eft néceflaire, parce que lorfque l'acide a agi dans les endroits découverts, il ronge par deflous le Vernis, & élargit les traits à mefüre qu'il les appro- fondit# cet inconvenient demande auffi qu’on faffe les parties qui doivent être épargnées un peu plus fortes, afin que cette action latérale de l'acide {es mette au point où elles doivent être. Au refte cette opération ne demande ni beaucoup de foin, ni beaucoup d'expérience, & les ouvriers les moins intelligents pourront facilement en venir à bout. Lorfque Youvrage fera entiérement fini, on enlevera le Vernis avec un peu d’efpritde vin & commeles fonds feroient très long à polir, on pourra les pointiller avec des couleurs ordinaires delayées dans le Vernis de gomme Lacque, de la même maniére que l'étoient les ouvrages de cette elpéce, qui ont paru depuis quelques années. On pourra joindre ces deux derniéres opérations, & colorer les fonds, ou les reliefs d'un Ouvrage qu'on aura gravé, ce qui ne peut manquer de faire un effet agréable, J'ajoûterai en paffant, que l'yvoire fe peut travailler de a même maniére en fe fervant du même Vernis, & du même diflolvant, mais il agit plus lentement, & il faut en remettre de nouveau de temps en temps. J'ai fait auffi diverfes expériences de l'effet des acidesfur plufieurs autres pierres, il y en a quelques-unes aufquelles on donne Îe nom de pierres précieules, qui fe diflolvent dans Mem, 1728. .I x 66 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'efprit de Nitre ; telles font par exemple, la Turquoife de vieille roche, celle d' Armagnac, la Malachite, la Crapaudine, le Lapis; l’efprit de Nitre forme des ftries fur la Malachite, diflolvant avec plus de facilité certaines veines que d’autres; il pâlit la Turquoife, il blanchit la furface du Lapis, à la re- ferve de quelques endroits qui paroïffent indiflolubles, les vei- nes metalliques qui s’y rencontrent ne fe diffolvent qu'avec eine & fans ébullition, la plüpart des Pierres figurées com- me la Belemnite, Y Entrochus, les Terebratule , Va Pierre Judaï- que, la Pierre E'oilée, Afroite, le bois petrifié, &c. fe dif- {olvent avec ébullition. La Pierre Ponce, la Pierre de Poulo- gne, le Cryfial d'Iflande , les différentes efpéces de Selenites , d'Albaffres, de Gyps, fe diffolvent auffi très facilement. La Pierre de Florence appelée Alberefe fe diflout d'une façon fin- guliére, la liqueur acide ronge promptement les fonds M& lai. fe les arbres & les terrafles fans les endommager, de façon qu'ils deviennent en relief; cela ne fe fait pas cependant avec toute la délicateffe qu'on pourroit fouhaiter, car le fonds eft rongé inégalement, & demeure comme picoté, & quelques- uns des traits les plus déliés des arbres font entiérement em- portés. La liqueur qui réüffit le mieux pour cette opération cft un mélange d'une partie d'efprit de nitre fur deux parties de vinaigre blanc. H arrive quelque chofe d'à peu près femblable dans la dif folution des Affroïtes ; dans quelques - unes les petits points étoilés font plus durs, & demeurent relevés tandis que les in- terftices s’'enfoncent; dans d’autres les étoiles fe diflolvent les premiéres, & j'ai fait quelquefois ces deux obfervations dans la même pierre, ce qui n'a paru venir de la différente façon dont l'Affroïte étoit taillée. I eft vrai-femblable que cette pierre doit fon origine à des Madrepores : les cannelures étoi- lées de ces Madrepores font refferrées vers leur bafe, & quel- quefois fi fort qu'elles ne paroïffent que de petits cercles plus bruns que le refle de la Pierre, ces cannelures fe dilatent, &, pour ainfi dire, fe déplient en s'éloignant de leur bafe : leur coupe forme en ces endroits des étoiles plus larges & fort \ La # DES ScrIENCES 6> diftinétes : lorfque F'Affroite eft taillée dans la partie fupé: rieure de la Madrepore, ces étoiles plus dilatées préfentent plus de furface, & par conféquent cedent plus ficilement à l'acide que les interftices, qui ont peut-être été comprimés par cette extenfion des étoiles; on voit qu'il doit arriver prés cifément le contraire, fi lAffroïté vient de 14 bafe de fa Madrepore, que fi elle eft taillée de façon qu'elle éontiénne une partie de la bafe & une du fommet, on ÿ remarquera les deux effets différents. Je ne doute point qu'il n’y ait plufieurs autres Pierrés qui puiffent fournir des obfervations finguliéres, & je érois même que cette matiére mérite la peine d'être examinée avec détail , comme pouvant donner des connoïffances plus éxaétes que que celles que l’on a fur la plüpart des Pierres. . DU MOUVEMENT DE SATURNE. Par M. CaAssiIN1i Our déterminer les mouvements du Soleil & de 14 Lune, il fuffit de les confidérer de la Terre, d’où lon découvre toutes les inegalités qui fe rencontrent dans leurs révolutions apparentes. Car foit que le Soleil tourne autour de la Terre, foit que la Terre tourne autour du Soleil, nous n'avons befoin que de leurs mouvements relatifs, lorfque nous ne voulons confidérer que les loïx de ces mouvements, fans entrer dans la caufe Phyfique qui les produit. A l'égard des cinq autres Planetes, il eft néceffaire pour regler leurs mouvements, de les confidérer, non-feulement de la Terre , mais même du Soleil autour duquel elles font chacune une révolution particuliére. Car quoique fuivant le fyftéme de Ptolémée, la Terre foit le centre de leur mouvement, les Epicycles que chacune de ces Planetes décrivent dans Y'efpace d’une année autour du point de leur Orbe, qui eft en li 10.Janv. 1728. 68 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mème temps entraîné par une révolution particuliére à chacune de ces Planetes, forment à l'égard de la Terre une apparence femblable à celle qui réfulte du mouvement de la Terre & des Planetes autour du Soleil. I fuit de-là, que pour déterminer dans quelque fyftème que ce foit le mouvement apparent de ces Planctes à l'égard de la Terre, il eft néceflaire de connoiître le mouvement vrai de chaque Planete à l'égard du Soleil, auffi-bien que la diftance du Soleil à la Terre & à chacune de ces Planetes, ou du moins le rapport de ces diftances. Comme nous ne pouvons point connoître par des obfer- vations immédiates , les mouvements des Planctes à l'égard du Soleil, ni le rapport de leurs diftances au Soleil & à la Terre, nous fommes obligés de choïfir les temps où leur vrai lieu vü de la Terre, eft le même que celui qui eft vü du So- lil , ce qui arrive lorfqu’elles font dans leurs conjonétions ou oppofitions avec le Soleil. Car alors la Terre fe trouvant dans la direction que le Soleil & la Planete, fon vrai lieu fur l'Ecliptique eft le même que celui de la Planete, ou en eft éloigné de 180 degrés. A l'égard des Planetes inférieures, elles font au temps de leurs conjonétions, ou dans la partie fupérieure de leur cercle au de-là du Soleil, ou dans la partie inférieure entre le Soleil & la Terre. Dans leur partie fupérieure, elles fe trouvent cachées par le difque du Soleil, ou fi près de cet Aftre qu'il eftimpoffible de les appecevoir. Dans leur partie inférieure, lorfque leur latitude eft plus petite que le demi-diametre apparent du Soleil, on les apperçoit lorfqu'elles paffent de jour devant le difque du Soleil, où elles forment l'apparence d’une tache noire, ce qui n'arrive que très rarement, & lorfque leur latitude eft plus grande que le demi-diamettre du Soleil, leurs parties lumi- neufes étant prelqu'entiérement oppofées à la Terre, Mercure fe trouve trop peu éclairé pour pouvoir être diftingué, & on ne peut appercevoir que Venus en forme d’un croiflant très delié, Pour ce qui cft des Planetes fupérieures, elles font toutes DIE s. S C 1 E N C:E:5. 69 wifibles au temps de leurs oppofitions, parce que la Terre {fe trouvant alors entr’elles & le Soleil, on peut les obferver pen- dant toute la nuit. Dans leurs conjonétions il eft impofüble de les appercevoir, car ou elles font cachées par le difque du Soleil ou par {es rayons, lorfqu'elles paflent deflus ou deflous avec une latitude Meridionale ou Septentrionale plus grande que le demi - diametre apparent du Soleil. On voit de-là, que pour déterminer immédiatement le vrai lieu des Planetes fupérieures, on ne peut employer que leurs feules oppofitions avec le Soleil, que les Aftronomes font fort attentifs à obferver. Comme ces oppolfitions arrivent à différents. degrés du Zodiaque, on peut par leur moyen déterminer le vrai lieu des Planetes à l'égard du Soleil en différents endroits de leur Orbe, ce qui ne fe peut faire cependant que dans une longue fuite d'années, à caufe que l'intervalle entre chaque oppoñition eft de plus d’une année. Dans Saturne dont nous entreprenons de repréfenter ici le mouvement, fa révolution ne s’achevant qu’en près de 30 années , un même Obfervateur ne peut pas déterminer fa fitua- tion pendant plufieurs révolutions ; d’ailleurs les inégalités ou caufes Phyfiques qui fe peuventrencontrer dans l'intervalle d'un petit nombre de révolutions, peuvent augmenter ou diminuer da grandeur du moyen mouvement. Ainfr il eft nécefaire pour déterminer avec le plus d’exaétitude qu'il eft poflible fon moyen mouvement, de comparer enfemble des Obfervations éloignées les unes des autres , principalement celles qui font à peu près vers les moyennes diftances où Equation des Orbes des Planetes ne varie pas fenfiblement dans l'intervalle de æplufieurs degrés. Mais cette recherche demande que fon connoifle le fieu de l'Aphelie & du Perihelie de POrbe de Saturne pour le temps des Obfervations que l’on veut comparer. Outre le mouvement de lAphelie, qui peut faire une différence de $ minutes de degré dans chaque révolution, äl y a encore celui du nœud qui fe trouvant fucceflivement fur L üij- 70 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE différents degrés de l'Ecliptique, fait que le mouvement dela Planete obfervé par rapport à l'Ecliptique, n'eft pas le même que celui qu’elle a parcouru fur fon Orbite; mais cette diffé- rence qui ne peut-être au plus dans Saturne que d'une minute & trois quarts additive ou fouttractive, n'en peut former qu'une de deux ou trois fecondes dans fa révolution, ce qui ne mérite pas beaucoup qu'on y ait égard. La plûpart des méthodes que l'on peut employer pour déterminer lAphelie & le Perihelie des Planetes, demandent que fon connoiffe leur moyen mouvement ; & l'on ne peut, comme l'on vient de le marquer, déterminer ce mouvement qu’en connoiffant le lieu & fe mouvement de fon Aphelie ou Perihelie, ce qui fait voir qu'on ne peut parvenir à déterminer avec quelque exactitude Fun & l'autre de ces élements, que par la comparaifon d'un grand nombre d'Obfervations faites en différents temps & en diverfes fituations des Planetes fur leur Orbe. La plus ancienne Obfervation de Saturne dont la mémoire nous ait été confervée, eft celle qui fut faite par les Caldéens le 14.° du mois de T ybi de l'année $ 19 de Nabonaflar, où Jon apperçut le foir Saturne deux doigts au-deflous de YE- toile qui eft dans l'épaule Auftrale de a Vierge. Ptolémée qui rapporte cette Obfervation au Chapitre 7 du 1 r.° Livre de fon Almagefte, comme n'étant point douteufe, détermine pour ce temps-là, le lieu moyen du Soleil à 64 10’ des Poif- fons. I établit la longitude de cette étoile au tempsde fes Ob- fervations à 134 10’ de la Vierge, dont retirant 34 40” pour le mouvement qu'il attribuë aux Etoiles fixes en longi- tude, pendant 3 66 années qui s'étoient écoulées depuis cette Obfervation, jufqu’à fon temps, à raifon d’un dégré en 100 années , il trouve le vrai lieu de cette Etoile au temps de VObfervation des Caldéens à 94 30’ de la Vierge, qu'il fup- pofe être le même que celui de Saturne. Ayant reduit le temps de cette Obfervation à nos Epoques, füuivant lefquelles nous comptons, ©, l'année qui précéde la naiffance de J, C. que la plüpart des Chronologiftes marquent DES DOUTE NT EE CAIN 71 “par 1. parce que fuivant noftre maniére de compter les années Biflextiles avant J. C. font paires, & la fomme des années avant & après J. C. marque l'intervalle exact qu'il y a entre ces années, on trouve que cette Obfervation eft arrivée le r, Mars de l’année 2 28 avant J. C. le foir, c’eft-à-dire environ 6 heures après midi. L'étoile de la Vierge qui fe trouva alors en conjonction avec Saturne, avoit une latitude Borcale de 24 50” fuivant le catalogue des étoiles fixes de Ptolémée, où il la marque de la troifiéme grandeur. C'eft la même qui eft défignée dans Bayer par la lettre y, & dont nous trouvons préfentement la latitude Boreale de 24 49° 3" à moins d'une minute près de celle qu’à déter- miné Ptolémée. Nous pouvons encore reconnoître que cette étoile eft la même que celle qui a été en conjonétion avec Saturne, par fa différence de longitude à l'égard de l'Epy de la Vierge, qui fuivant Ptolémée eft de 13° 30" à 10 minutes près de celle qui réfulte de nos Obfervations. Sa longitude étoit au commencement de l’année 17 10 fuivant les T'ables de M. Maraldi à 64 10’ 20” de la Balance, dont retranchant 274 40" 9", mouvement des Etoiles fixes en longitude depuis l'année 228 avant J. C. à raïfon de 14 25° 43" en 100 années comme nous l'avons trouvé par la comparaifon des anciennes Obfervations avec les modernes, on aura fon vrai lieu au temps de l'Obfervation des Caldéens à 84 29° 11" de la Vierge, éloigné de 14 0’ 49" de celui que Ptolémée avoit déterminé, en fuppofant que le mouve- ment des étoiles fixes n’étoit que d’un degré en cent années. Le lieu moyen du Soleil étoit le 1.7 Mars de l'année 22 8 avant J. C. à $4 40° 1 8" des Poiffons , éloigné feulement de 30° de celui que Ptolemée avoit determiné pour le temps de cette Obfervation, ce qui eft une preuve que Fon a ré- duit éxaétement les années de Nabonaffar & les mois Egy- ptiens à nôtre Epoque, qui commence à ka naïflance de LC Appliquant l'Equation du Soleil qui étoit alors de 14 5,6” 49", additive à {on lieu moyen, on a fon vrai lieu à 74 37° 2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 6" des Poiflons, dont il faut retrancher le vrai lieu de l'Etoi- le y de la Vierge que l'on a trouvé à 8d 29° 11" de ce fi- gne, pour avoir la diftance de cette Etoile au Soleil de 6f od 2° $", ce qui fait voir que Saturne qui étoit alors en con- jonction avec l'Etoile 7 de la Vierge, fe trouvoit fort près de fon Oppofition avec le Soleil, & que cette Obfervation étoit favorable pour la recherche du moyen mouvement de Sa- turne. Car retranchant du vrai lieu de Saturne 3° 20" qui mefurent fon mouvement dans l'efpace de 19h 48” qui eft re- trograde dans les Oppofitions, & ajoûtant au vrai lieu du Soleil 48° 44" qui meurent fon mouvement propre dans le même efpace de temps, on trouvera que Saturne étoit à 84 25° $0" de la Vierge précifément en Oppofition avec le Soleil, 19h & 48° après le temps de l'Obfervation ci-deflus marquée, c'eft-à-dire le 2 Mars de l'année 228 avant J. C. à 1h 48° du foir. On neglige ici la différence des Meridiens entre Paris & le lieu où l'Obfervation des Caldéens a été faite, à caufe que Ptolémée qui la rapporte n’en a pas marqué le lieu ni heure précife, qu'il dit feulement être arrivée le foir, d'autant plus ue Je mouvement de Saturne qui peut répondre à la diffé- rence des Meridiens, ne doit être que de quelques fecondes, dont l'on ne peut pas s’affeurer dans la détermination du vrai lieu de cette Opporfition. Entre celles que nous avons obfervées à Paris, il s’en ren- contre une qui eft arrivée en 1714. le 26 Fevrier à 8° 15° du foir, le vrai lieu de Saturne étant à 74 56" 46" éloigné feulement de 29 minutes de celui où il s’eft trouvé au temps de l'Obfervation des Caldéens. L'Oppofition fuivante eft ar- rivée le 1 1 Mars de l'année 171 5. à 16h $ 5’ le vrai lieu de Saturne étant à 2 14 3° 14" de la Vierge. Pour comparer l'Obfervation des Caldéens avec les nô- tres, on réduira celle de 1 7 1 4 à la forme Julienne, afin d’avoir un intervalle d'années, dont trois communes & une Biflexti- le, ce que lon fera en retranchant 1 1 jours du 26 Fevrier 1714, & on aura l'Oppofition de Saturne avec le Soleil le 15 Fevrier - | | | DES S'CTENCES de x $ Fevrier de année 1714 à 8h 15° du foir, le vrai lieu de cette Planete étant à 74 56’ 46" de la Vierge. Entre cette Oppofition & celle des Caldéens il y a 1942 années, dont 48 Biflextiles moins 14 jours 17" 33". L'intervalle entre le temps des Oppofitions des années 1714 & 1715, eft de 378 jours 81 40, pendant lequel le mouvement vrai de Saturne a été obfervé de 134 6 28”. On fera donc, comme 1 34 6’ 28" font à 20° 4" différence entre le vrai lieu de Saturne obfervé dans les Oppoñitions des années 228 avant J, C. & 1714 après J. C. ainfi 37% jours 8h 40’, font à134 23° 36" qui étant ajoûtés . à 1942 années, dont 48 s Biflextiles moins 14 jours 17h 33, font 1943 années communes 119 jours & 6", qui étant partagées par 66, donnent la révolution moyenne de Saturne de 29 années communes 1 62 jours 4h 28’, d'où l'on trouve fon moyen mouvement annuel de 124 13° 35" 14°”. Il eft aifé de voir que l'exactitude du moyen mouvement annuel de Saturne que nous venons de déterminer, dépend de deux caufes principales : la premiére de la fituation de Saturne à l'égard de fon Aphelie, dont le mouvement peut augmenter ou diminuer la quantité de ce moyen mouvement annuel de 9 à 10”, en fecond lieu du mouvement propre des étoiles fixes dont nous nous fommes fervi pour déterminer - Ja fituation de l'épaule Auftrale de la Vierge, dans le temps qu'elle étoit en conjonétion avec Saturne. Pour ce qui eft de la fituation de Saturne à l'égard de fon _Aphelie, elle s’eft trouvée dans les Obfervations que nous avons comparées enfemble aflés près de fes moyennes diftan- ces de part & d'autre, comme on le verra dans la fuite; de forte que l'inégalité caufée par le mouvement de fon Aphelie, ne peut produire qu'une petite différence dans le moyen mouvement de Saturne, ce qui rend cette Obfervation très favorable pour cette recherche. A l'égard du mouvement des étoiles fixes, le grand nom- bre d'Obfervations que l’on à faites dans les derniers fiécles, comparées entr’elles & avec celles de Ptolémée, font voir qu'il Mem. 1726. EE MEMOIRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE eft beaucoup plusprompt que cet Aftronome ne l'adéterminé, & que ha fituation de l'épaule Auftrale de la Vierge que nous avons marquée pour le temps de l'Obfervation des Caldéens, ne peut pas différer fenfiblement de celle qu'elle avoit réelle- ment. Cependant fi l'on fuppole avec Ptolémée, que la longi- tude de cette étoile fut alors à gd 30 o" de la Vierge, & le lieu moyen du Soleil à 64 10’ des Poiffons, on aura fon vrai lieu pour ce temps à 84 7’ du même Signe, d'où il fuit que l'Oppofition de Saturne avec le Soleil feroit arrivée le 2 Mars de l'année 228 avant J. C. à 7" + du foir, le vrai lieu de Sa- turne étant à 99 25’ de la Vierge. Suivant cette détermina- tion, on aura la révolution moyenne de Saturne de 29 années communes 162 jours & 1 sh, plus grande de 10! qu'on ne Yavoit trouvé ci-deffus, & le moyen mouvement annuel de cette Planete de 124 13° 33" 26°”, plus petit feulement de 148" que par la comparaifon précédente. Comme l'on ne peut pas, par une Obfervation feule, trouver le lieu de lAphelie de Saturne, qu'il eft néceffaire, comme on Ja dit ci-deffus, de connoïtre pour déterminer plus exacte- ment le moyen mouvement de cette Planete, nous examine- rons ce qui refulte des Obfervations qui ont été faites dans. l fuite à Alexandrie par Ptolémée. La premiére, eft arrivée la 1 1.€ année d’Adrien, le 7.2 jour du mois de Pachon le foir, Saturne étant à 14 1 3" dela Balan- ce, diamctralement oppolé avec le lieu moyen du Soleil. La feconde, la 17.° année d’Adkrien, le 1 1..° jour du mois d'Epiphi à 4 heures après midi exactement, Saturne étant à 9440" du Sagittaire. La troifiéme, la 20.° année d’Adrien le 24.° du mois de: Mefori à midy precifément, Saturne étant à 144 14 du Ca- pricone. Ce même auteur ajoûte que de la premiére à la feconde Obfervation il y a fix années Egyptiennes, 70 jours & 22°; d’où il fuit que {a premiére Oppolition eft arrivée le 7.° jour du mois de Pachon à 6" après midi, & que c’eft ainfi que l'on doit entendre qu'elle a été obfervée le 7.° de ce mois au foir. DAMES ‘'S'Cr EN CES: Le P. Riccioli qui a reduit le temps de ces Obfervations à nos Epoques, marque au Chapitre cinq du cinquiéme Livre de fon Aftronomie reformée, que a premiére de ces Obfervations fe rapporte au 27 Mars de l'année 1 27 après J. C. à 6 heures du foir. La feconde, au 4. Juin de Fannée 133 É heures du foir, & la troïfiéme au 9 Juillet de l'année 1 3 6"à midi. Comme Ptolémée n'a point expliqué la méthode qu'il a employée pour déterminer le temps & le lieu de lOppofition de Saturne avec le lieu moyen du Soleil , nous fuppoférons ce qui nous a paru le plus vrai-femblable, qu'ayant déterminé vers le temps de l'Oppofition de Saturne avec le Soleil, fon vrai lieu par rapport aux étoiles fixes dont la fituation lui étoit connuë, il en a conclu le temps où cette Planete étoit en Oppofition avec le lieu moyen du Soleil, calculé par fes Tables. Ce qui nous confirme encore dans noftre fentiment, eft que dans le rapport que Ptolémée fait de la conjonction de Saturne avec l'épaule Auftrale de la Vierge, il a calculé le lieu moyen du Soleil pour ie temps de fes Obfervations. Ainfi nous employerons pour la comparaïfon de fes Obfer- vations avec les nôtres, le lieu de Saturne tel qu'il a marqué, & nous chercherons le temps vrai de fon Oppolition avec le vrai lieu du Soleïl par le moyen de nos Tables du Soleil, qui par le grand nombre d'Obfervations qui ont efté faites depuis ce temps là, doivent être jugées plus exactes que celles dont Ptolémée s’eft fervi. Nous reduirons aufli le temps de fes Obfervations faites à Alexandrie au Meridien de Paris, qui eft plus Occidental d’une heure 5 2 minutes, qu'il faut retran- cher pour avoir heure véritable au Meridien de Paris. Sur ce fondement, nous avons trouvé que la premiére Oppofition de Saturne avec le Soleil, eft arrivée le 2 3 Mars de l'année 127 à 14h 6, le vrai lieu de Saturne étant à 14 29° 8" de la Balance. La feconde, le 2 Juin de l'année 133 à 4h 36” après midi, Saturne étant à o4 48" 32" du Sagittaire. La troifiéme, le 8 Juillet de année 1 36 à 1° ro" après Ki 76 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE midi, Saturne étant à 144 17° 56" du Capricorne. Les trois Obfervations que nous venons de rapporter ayant été faites pendant le cours d'une même revolution, & le moyen mouvement de Saturne ayant été determiné par Obfervation des Caldéens de 12413 35" 14"",0on les em- ployera fuivant la 6. methode prelcrite dans les Mémoires de l'Académie de l’année 1723, pour determiner le vrai licu de fon Aphelie, que l'on trouvera le 2 Janvier de l'année 132à24d 14 29" duScorpion. Pour faire ufage de ces Obfervations, nous les compare- rons à celles qui ont été faites de nôtre temps, afin que l'er- reur qui fe peut trouver dans chaque Obfervation eftant dif- tribuée en plufieurs revolutions, en caufe une moins fenfible dans chacune d'elles. Les oppofitions que nous avons determinées à FObferva- toire Royal commencent en 168$, & nous en avons une fuite non interrompuë pendant 42 années, ce qui nous don- ne le moyen de pratiquer pour la détermination de l Aphelie de Saturne, une methode qui ne demande aucune connoiffan- ce de la courbe que décrit une Planete, mais feulement que fon mouvement depuis fon Aphelie jufqu'à fon Perihelie foit femblable en fens contraire à celui que l'on obferve depuis fon Perihelie jufqu’à fon Aphclie. Pour l'intelligence de cette me- thode foit une Figure quelconque ABPC circulaire ou Elliptique, qui reprefente l'Orbe d'une Plane- te. S, le Soleil placé fur quelque point de l'axe À P, lequel pañe par les points À & P de l'Aphelie & du Perihelie d’une Planete. Si l'on fuppofe qu'elle parcoure lOrbe A B PC avec tous les degrés de vitefle que Fon jugera à propos, de maniere cependant que les arcs À B & AC étant fem- bhbles & égaux, fon mouvement depuis À jufqu'en 2 foit PR Deus: SENTE NCEuSE 77 fémblable à fon mouvement depuis € jufqu'en À en fens contraire; il eft conftant, que fi dans le temps de l'Oppofition de cette Planete, avec le Soleil, elle fe trouve dans fon Aphe- lie en À, on la verra dans les trois premiers fignes de fon Anomalie pafler par tous les degrés de ces inegalités, jufqu’à ce qu'elle {oit arrivée à fa moyenne diftance en 2, où fon iné- galité eff la plus grande qui {oit poffible, après quoi on verra diminuer cette inégalité dans les trois fignes fuivants, jufqu’à ce qu'elle foit arrivée à fon Perihelie en 2, où cette inégalité cefle entiérement. La Planete continuant enfuite fon cours de P vers €, fes inégalités reparoitront de nouveau, & de la même maniére qu'elles avoient diminué ou augmenté, jufqu'à ce qu'elle foit retournée à fon Aphelie, où fon vrai lieu concourt avec le moyen. Mais fi la Planete au temps de fon Oppofition avec le Soleil, fe trouve dans les moyennes diftances comme en P, fon vrai mouvement, après qu'elle aura achevé la moitié de fa révolution , fera mefuré par l'angle B SC, & fon moyen par l'angle C D B, dont la différence à l'angle BSC eft le double de la plus grande Equation, ainfi en comparant le mouvement vrai ou apparent de cette Planete avec le moyen, on verra fon inégalité augmenter continuellement pendant le cours de fix fignes, après quoi elle diminuera continuellement jufqu'à ce qu'elle foit revenuë à fes moyennes diftances. Dans les autres fituations de a Planete entre l'Aphclie ou le Perihelie & fes moyennes diftances comme en Æ & A, la différence entre le vrai & le moyen mouvement va en aug- mentant, & le terme de cette augmentation eft lorfque la Pla- nete fe trouve dans fa moyenne diflance comme en B ; car alors l'angle ES 8 ou HS B mefure la quantité de fon vrai mouvement, & l'angle Æ£ D B ou A DB, fon moyen mouvement, dont la différence eft mefurée par l'angle D 2S, qui eft le plus grand que lon peut concevoir, plus l'angle D ES lorfque la Planete étoit en Æ, & moins l'angle D HS lorfqu’elle étoit en Æ. Connoiffant donc par le moyen des Obfervations faites K ii 78 MENMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pendant une révolution, le temps qu'une Planete a employé à retourner au même point de fon Orbe, qui ne difiére du temps moyen que de l'inégalité caufée par le mouvement de l'Apogée & du nœud, on aura le moyen mouvement qui convient à l'intervalle de temps entre la premiére Oppofition obfervée & les fuivantes, qu'on comparera au mouvement vrai; & lorfque la différence fera plus grande que celle qui fuit ou précéde, on connoitra que la Planete étoit alors la plus près qu'il eft poflible de fes moyennes diftances. On comparera alors le mouvement vrai de la Planete avec fon mouvement moyen qui convient à l'intervalle, entre cette derniére Oppofition & les fuivantes éloignées à peu près d'une demi-révolution ; & lorfque la différence fera la plus grande qui foit poffible, on en prendra la moitié, qui mefurera à très peu près l'angle D BS ou DCS de la plus grande Equation de fon Orbe, que l'on déterminera enfuite plus exactement après avoir connu la fituition de fon Aphelie, Cette Equation étant ainfr connuë, on la retranchera de la différence que l'on a trouvée entre les angles BSE & B D E du vrai & du moyen mouvement depuis Æ jufqu'en' B, ou bien on retranchera dé cette Equation {a différence trouvée entreles angles AS B & H D B du vrai & du moyen mouvement depuis Æ jufqu'en B, & l'on aura la valeur de l'angle D ES où DHS, qui mefure l'Equation de la Planete lorfqu’elle étoit en Oppofition avec le Soleil au point Æ ou H de fon Orbe. | Saturne étant parvenu par exemple du point Eau point L dans une des Oppofitions fuivantes, on prendra le moyen mou- vement qui répond au temps écoulé depuis le paffage de Sa- turne par le point Æ, & fon arrivée au point Z.. Si la différence entre le vrai & le moyen mouvement de cette Planete, fe trouve égale à l'angle D ES, c'eft une preuve que Aphelie eft réellement au point L; frelle eft plus petite, c'eft une marque que Îa Planete n’étoit pas encore arrivée à fon Aphelie, auquel cas on comparera une Oppofition fuivante, où la différence entre le vrai & le moyen mouvement fera plus grande que » piles» StecthE NICE NS 79 angle D ES, & le vrai lieu de Saturne fera en Æ au de-là du point À de l'Aphelie, dont on déterminera la fituation en faifant, comme la différence entre le vrai & le moyen mou- vement de la Planete depuis fon paflage par le point £ jufqu’à fon arrivée au point 7, qui eft mefurée par la fomme des angles D ES & DAS eft à Fangle D ES; ainfi le mou- vement vrai entre ces deux Oppofitions eft au nombre de degrés, minutes & fecondes, qui étant ajoütés au vrai lieu de Saturne lorfqu'il étoit au point Æ, donne le vrai lieu de fon Aphelie, dont on déterminera l'Epoque en faifant comme la fomme des angles D ES & D HS eft à l'angle D ES; ainfr le temps écoulé entre les deux Oppofitions que l'on vient de comparer, eft à un certain nombre de jours, qui étant ajoûté au temps de fa premiére Oppofition, donne le temps auquel Saturne feroit arrivé à fon Aphelie, s'il n'avoit eu aucun mou- vement pendant toute la révolution obfervée. Comme {à fituation de cette Aphelie répond également à tous les lieux de Saturne fur fon Orbe, on ajoûtera à l’'Epoque que l’on vient de trouver une demi-révolution de Saturne, qui eft de 14 années & 264 jours, & l'on aura exaétement l'Epoque de VAphelie de Saturne : ce qu'il falloit trouver. IH eft à propos de remarquer, que pour déterminer avec plus de précifion le lieu de l’Aphelie ou du Perihelie, il faut, autant qu'il eft poffible, choïfir les Obfervations qui en font les plus proches de part & d'autre, parce qu'alors la variation caufée d'un degré à l'autre entre le vrai & le moyen mouve- ment eft la plus uniforme. EXEMPLE Le 9 Juin de l'année 1693 on a obfervé à Paris lop- pofition de Saturne avec le Soleil à 191 3 3", Saturne étant à 194 54° 32° du Sagittaire. Le $ Juin de l'année 1722 à 36 0’, Saturne fut en Oppofition avec le Soleil, fon vrai lieu étant à 144 5 2’ du Sagittaire : & le 17 Juin 1723 à 5° 5 3° lOppofition de Saturne avec le Soleil fut déterminée à 264 52° 6” dw 80 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE même Signe. Suivant ces Obfervations on trouve la révolu- tion de Saturne de 29 années 169 jours 10" 24’, & fon mouvement moyen annuel de 124 13° 5" 34". Si l'on compare l'Oppofition de Saturne de 1693 avec celle de 1700, qui eft arrivée le 3 Septembre 1700 à 3h 14’, Saturne étant à 10h $7' 40” des Poiflons, on trou- vera que dans l'intervalle entre ces Oblervations qui eft de fept années communes 86 jours 7h 41’, le mouvement vrai.de Saturne a été de 2° 214 3° 8", aufquels il répond 25 28425" 3" de moyen mouvement, la différence eft de Die ts 2 Shut : Comparant cette même Obfervation avec celle de 1707, qui eft arrivée le 1 5 Septembre à 2h 0", Saturne étant à 23421" 26" des Poiflons & avec celle de 1702, qui eft arrivée le 29 Septembre à 8h $ 1, Saturne étant à 6 9° o" du Belier, on trouvera par la premiére, la différence entre le vrai & le moyen mouvement de 74 34° 1 5", & par la feconde de 74 28° $ 8”; d'où l'on voit que l'Oppofition de 1701 eft arrivée la plus près des moyennes diftances, comparant préfentement cette Oppofition avec celles que l'on a obfervées après une demi-révolution, dont la premiére a été déterminée le 11 Mars 1715 à 16P $ 5”, Saturne étant à 2143 14" de la Vierge; la feconde, le 23 Mars 1716 à 19h 4', Saturne étant à 34 48° 1" de la Balance; & la troifiéme, le $ Avril 1717 à 16h 27°, Saturne étant à 164 13° 56” du même Signe, on trouvera que dans f'in- tervalle entre les Oppofitions de 1701 & 1716, la diffé. rence entre le vrai & le moyen mouvement de Saturne a été de 124 $4° 10" plus grande de $' 24" que dans Op- pofition précédente, & de 1 3° 3” que dans l'Oppofition fui- vante, ce qui marque que l'Oppofition de 17 1 6 eft arrivée la plus près des moyennes diftances de cette Planete. Prenant a moitié de 124 $ 4’ 10" on aura l’Equation de l'Orbe de Saturne de 64 27° s”, quiapprochera beaucoup de l veritable : retranchant 64 27° $" de 74 34 1 5", differen- ce entre le vrai & le moyen mouvement qui refulte de la comparaifon Dies: -S er: Ein c'es) &r comparaifon des années 1693 & 1701, on aura la valeur de l'angle D ES de 14 7° 10", qui mefure l'Equation de Saturne le 9 Juin de Fannée 1 69 3 à 19h 33°. Comparant cette Oppofition avec la fuivante qui eft arri- vée le 21 Juin 1694 à 24" 25', Saturne étant à 14 2° 6" du Capricorne, on trouvera le moyen mouvement qui répond à l'intervalle entre ces deux Oppofitions de 1 24 37° 23", plus grand de #d 19° 49" que fon mouvement vrai, Comme cette différence eft plus grande que l'angle D ES qui a été trouvé de 14 7° 10”, c’eft une marque que Saturne avoit paflé l'Aphclie au temps de lOppoñition de 1694, c'eft pourquoi l'on fera comme 14 1949" eft à 14 7° 10”, ainfi 114 17° 34" font à 94 30’ 10", qui étant ajoûtés à 85 194 54’ 3 2”, vrai lieu de Saturne au temps de fon Oppe- fition de 1 69 3, donne le lieu de fon Aphelie à 294 24 42" du Sagittaire. Enfin on fera comme 14 19° 49" et à 14 7° 10”, ainfi une année 12 jours 2h intervalle entre les deux Oppofitions , eft à 3r7 jours 16h, qui étant ajoûtés au 9 Juin de fannée 1693 à 19" 33°, donne le 23 Avril de l'année 1694 à 12h. Ajoûtant à ce temps, la demi révolution de Saturne qui a été obfervée de 14 années 217 jours & $h, on trouvera que l'Aphelie de Saturne étoit à 294 24 42" du Sagittaire le 24 Fevrier dé année “709. Nous avons trouvé par d'autres méthodes expofées dans les Mémoires de l Académie de Fannée 1723 (p. 163.) que l’Aphelie de Saturne étoit en 1694 à 284 39° 27" du Sagittaire, d'où il réfulte qu'il étoit en 1709 à 294 o’ du même Signe éloigné de 2 $' de celui que l'on vient de trou- vers Mais par les Obfervations faites près du Perihelie, on l'a trouvé à la fin de 1708 à 284 20° r0" du même Signe, moins avancé de plus d’un degré, que par les Obfervations que nous venons de rapporter. Comparant le vrai lieu de l Aphelie ainfi determiné, avec celui que l'on a trouvé par les obfervations de Ptolemée à 244 44° 29" du Scorpion pour le 2 Janvier de Fannée 1 3 2, il re: fulte que dans l'intervalle de 1 $77 années, cet Aphelie a eu Mem. 1728. E 82 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE un mouvement de 354 10’, ce qui eft à raifon de 1° 20" par année. Le vrai lieu de l'Aphelie de Saturne & fon mouvement étant ainfr connus, on aura l'Equation de cette Planete qui re- pond à chaque Obfervation, qui étant appliquée à fon vrai lieu, donne fa longitude moyenne, avec laquelle on trouvera par l’obfervation des Caldéens la révolution moyenne de Sa- turne de 29 années 162 jours 2h $4', & fon mouvement moyen annuel de 12413"3$" 32'", plus grandfeulement de 18 tierces que celui que l'on avoit trouvé immédiatement fans avoir égard au mouvement de fon Aphelie. Appliquant de même le lieu de fAphelie de Saturne aux obfervations de Ptolemée, on trouve par la premiere, lemoyen mouvement de Saturne de 124 13° 36" o°", par la feconde de 12413" 36" 38", & par la troifiéme de 124 13° 36" 5 3°”, éloigné feulement d’une feconde moins quelques tierces de celui que l’on a déterminé par l’obfervation des Caldéens. Cette uniformité dans la comparaifon des obfervations an- ciennes avec les nôtres, auroit dû, ce femble, fe rencontrer dans la comparaifon de nos obfervations entr'elles. Cependant en comparant de Ja même maniere l'oppofition de l’année 1 68 $, qui eft la premiere de celles que nous avons déterminées, avec celles de 17 14 & 1715, on trouve la re- volution moyenne de Saturne de 29 années 168 jours & 16 heures, plus grande de 6 jours & 13 heures, & fon moyen mouvement annuel de 124 13° 8" 43°" plus petit de 27 à 28 fecondes que ce qui refulte des obfervations an- ciennes. Cette même difference fubfifte, & eft même quelque- fois plus grande dans la comparaifon des obfervations fuivan- tes jufqu'en l'année 1727, ce qui pourroit donner lieu de conjecturer que le mouvement de Saturne fe feroit ralenti dans la fuite des fiecles. ‘ En effet fi lon compare nos obfervations avec celles qui ont été faites par T'ycho depuis l'année 1 $ 8 2 jufqu’en 1 600, on trouve par le plus grand nombre de ces obfervations le mouvement moyen annuel de Saturne de 124 13° 20", plus DES SCIENCES. 83 petit que celuy qui refulte des obfervations anciennes & plus grand que celuy que nous trouvons prefentement. Cette même remarque avoit été faite par M. Maraldi dans {es Mémoires de l’Académie de l’année 1704, où ül trouve que pour mieux reprefenter les obfervations de Ty- cho avec les nôtres, il faudroit corriger le moyen mouve- ment de Saturne; mais qu'en le diminuant dans la même pro- portion pour calculer l’obfervation faite des Caldéens ou Af fyriens, le calcul fondé fur cette hypothele s'éloigne de plu- fieurs degrés de l’obfervation, ce qu'il juge eftre une diffe- rence trop grande pour pouvoir eftre tolerée dans une obfer- vation de la conjonétion de Saturne avec une Etoile fixe, & qui fuivant le témoignage de Ptolémée eft exacte, Pour éclaircir autant qu’il eft poffible cette difficulté, nous avons calculé les Oppofitions de Saturne avec le Soleil qui refultent des Obfervations faites à Dantzick par Hevelius, depuis année 1657 jufqu'en 1683, & celles qui ont été obfervées en Angleterre par Flamfteed, depuis l'année 1 67 6 jufqu'en 1697. Entre les Obfervations de Flamfteed, il s’en trouve onze que nous avons faites en même temps a l'Obfer- vatoire, & nous avons eu la fatisfaction de les trouver auffi conformes entr'elles, qu'on peut lefperer des Obfervations faites en divers endroits & où l'on a employé divers élements pour calculer les Oppofitious qui en refultent, y en ayant plufieurs qui ne différent les unes des autres que de quelques fecondes. Nous avons aufli trouvé deux Obfervations faites en même temps par Flamfteed & Hevelius, lefquelles s'ac- cordent exactement enfemble, ce qui fait voir que l’on peut auffr compter fur les Obfervations d'Hevelius, qui ont été fai- tes de même que celles de Tycho, par le moyen des diftances de Saturne aux étoiles fixes obfervées vers le temps de fon Oppofition avec le Soleil. En comparant d'abord 'Oppoñition de 1676 obfervée par Hevelius avec les nôtres de 170 $ & 1706, ontrouvele moyen mouvement annuel de Saturne de 124 13° 29" 34 plus grand que celui que nous avons déterminé par " propres 3) 84 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Obfervations, mais plus petit de fix fecondes que celui qui refulte des Obfervations anciennes. On trouve ce moyen mouvement encore plus grand de près de deux fecondes, par la comparaifon de l'Oblervation de Flamftecd en 1 67 6, qui ne différe que de 52 fecondes de degré de celle d'Hevelius. On trouve le moyen mouvement à peu près de la même quantité, par la comparaifon de l'oppofition de l'année 1 677, mais il paroît diminuer dans les Obfervations fuivantes. Ce moyen mouvement paroït au contraire être plus grand à peu près de la même quantité par la comparaifon des Obferva- tions d'Hevclius avec celles que nous avons faites une révo- Jution après; mais il trouve plus petit par la comparaifon des mêmes Obfervations avec les nôtres faites après deux révolutions. C'eft apparemment par la comparaifon de ces Ob- fervations, ou d’autres faites à peu près dans le même temps, que M. de la Hire dans fes Tables Aftronomiques, a déter- miné le moyen mouvement annuel de Saturne de 124 13° 29" 30°”, plus petit de fix fecondes ou environ que Îa plûpart des Aftronomes avant lui ne l’avoient déterminé, en fe conformant à ce qui refulte des Obfervations anciennes comparées avec les modernes. On repréfente en «effet affés exactement le vrai lieu de Saturne par le moyen de fes Tables dans les Oppofitions ob- ervées depuis l'année 1675 jufqu'en 1709. Mais fi l'on employe ces mêmes Tables pour déterminer le vrai lieu de Saturne dans les Obfervations les plus anciennes, on trouve entre le vrai lieu de Saturne obfervé & celui qui refulte du calcul, une différence qui monte à trois degrés ou environ. Cette différence eft trop grande pour qu’elle échappe à l'exac- titude de quelque Obfervateur que ce foit, ainfi il eft néceffaire pour fe perfuader de l'exactitude de fes Tables, onde rejetter entiérement les Obfervations anciennes comme défeétueufes, ou de fuppofer que le mouvement de Saturne fe foit ralenti dans la fuite des fiécles. À l'égard de la premiére fuppofition, il paroît qu'il faut un: plus grand nombre d'Obfervations que celles que l'on a faites DES: S$ C-IE NC Es. - 8$ jufqu'à préfent, pour pouvoir reconnoître fi les Obfervations anciennes font entiérement défeétueufes ; c’eft d’ailleurs fe priver d'un grand fecours que de les rejetter entiérement & d’être reduit à fe contenter de celles qui ont été faites depuis Tycho, qui ne comprennent qu'un petit nombre de révolu- tions. La feconde fuppofition ne doit pas être admife plus facile- ment, puilque nous n'avons point encore d'exemple de ralen- tiflement danses mouvemens des Planetes, & qu'il y auroit un grand inconvenient de leur en attribuer, à moins qu'il ne füt impoffible de repréfenter autrement: leur véritable mou- vement. Elle demanderoit outre cela que le mouvement de Saturne parût fe ralentir fuivant une progreffion conftante, au lieu que nous avons remarqué qu'après avoir paru plus petit par la comparaifon de nos Obfervations avec celle de Tycho, il avoit paru plus grand par les Obfervations d'He- velius comparées avec celles qui avoient été faites après une révolution, & plus petit par les mêmes Obfervationscompa- rées à celles que nous avons faites après deux révolutions, Nous avons donc jugé, que pour repréfenter le moyen mouvement de Saturne le plus exactement qu’il feroit poffible, il étoit néceflaire d'examiner, fi les inégalités que l'on obferve dans fon vrai mouvement pouvoient être caufées par quelque variation dans le mouvement de l'Aphelie. Nous avons pour cet effet examiné les Oppofitions de Saturne obferyées près des moyennes diftances , où la variation caufée par quelques degrés dans la fituation de l'Aphelie, n'en peut caufer qu'une fort petite dans le vrai lieu de Saturne. … ; Entre les diverfes Oppofitions obfervées près des moyennes diflances , nous trouvons celles qui ont été déterminées en 32642 parde P. Riccioli,.en 1657. & 1674 par Hevelius, &,en 1687, a701 & 1718, par les Obfcrvations de M, Flamftced & les nôtres. jé ÿ | En comparant celle de 1642 avec celle de 1671, on trouve le moyen mouvement annuel de Saturne de 124 1 3° 8",,& en comparant lOppofuion de 1671 avec celle de È ; L üj 86 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 1701, on trouve ce moyen mouvement de 124 13° 47". Tout au contraire, comparant l'Oppofition de 1657 obler- vée près des moyennes diftances à 9 Signes ou environ de FAphelie, avec celle de 1 686 , on trouve le moyen mouve- ment de Saturne de 124 13° 32", & comparant l'Oppofi- tion de 1687 avec celle de 1716, on trouve ce moyen mou- vement de 124 13° 2", beaucoup plus petit que par les com- paraifons précédentes. à Comme dans la fituation de Saturne fur fon Orbe au temps de ces obfervations, une variation de $ à 6 degrés dans le lieu de fon Aphelie n’en pourroit caufer qu'une de 4 à 5" dans le moyen mouvement annuel de Saturne, on peut con- clurre avec affés d'évidence que les inégalités que l'on y ob- ferve ne font point caufées par quelque mouvement de fon Aphelie. H refte donc à examiner, fr on peut leur affigner quelque autre caufe qui foit fufceptible de quelque regle. On fcait que quelques Phyficiens modernes ont fuppofé que les Planetes peuvent recevoir quelque alteration dans {eur mouvement par les diverfes fituations qu'elles ont entr'elles. Cette hypothefe ne repugne en rien aux principes de Phyfi- que les plus generalement reçüs; car tout étant plein, les tour- billons de ces Planetes ne peuvent s'approcher ou s'éloigner Fun de l'autre, fans que les corps qui s’y trouvent renfermez ne reçoivent quelque impreflion de la combinaifon de ces mouvemens. Mais il s’agit de fçavoir fi ces impreffions font aflés fenfibles pour que nous puifhons nous en appercevoir. Comme de toutes les Planetes, Jupiter fe trouve le plus près de Saturne, que d'ailleurs il les furpañle toutes en gran- deur, & qu'il eft environné de quatre Satellites qui font juger que fon tourbillon s'étend à une aflez grande diftance, nous avons examiné les temps où il s'eft trouvé vers fa conjonc- tion ou oppofition avec Saturne & fes moyennes diftances. Entre nos obfervations, nous trouvons celles de 1683 1702 & 1723 où Jupiter s'eft trouvé près de fa conjonc- tion avec Saturne & celles de 1673, 1693 & 1713 où il D ES: 15 20; 1, Æ AN: CFEUS, 87 étoit près de fon oppofition avec cette Planete. Comparant l'obfervation.de 1673 avec celle de 1678, où ces Planetes étoient éloignées l’une de l’autre d'environ trois fignes, on trouve que le mouvement de Saturne a été plus grand de 2°.43" que celuy que l'on auroit dû y obferver, fi fon moyen mouvement annuel avoit-été de 124.13! 35" 32°", il fe trouve de même plus grand de 1° 3" depuis 1 678 jufqu’au temps de la conjonction de ces deux Planetes en 1653. On trouve de même que Le mouvement de Saturne a été plus grand de 7’ $ 2" depuis 1683 jufqu'en 1688, & qu'il a été plus grand d'environ 2 minutes depuis 1 688 juf- qu'à l'oppofition de ces deux Planetes en 169 3, ce qui fem- bleroit d'abord favorable à cette hypothele, mais depuis 1693 jufqu'en 1698, & depuis 1698 jufqu'à la conjonc- tion de 1702, on trouve le vrai mouvement pluspetit de trois ou quatre minutes que le moyen. On trouve de même le mou- vement vrai de Saturne plus petit de 10 minutes depuis -1702 jufqu'en 1707, & plus petit d'environ 4 minutes depuis 1707 jufqu'à l'oppofition de ces deux Planetes en 1713, ce qui eft entierement contraire à ce que l’on avoit trouvé par la comparaifon des premieres obfervations. Enfin on trouve le mouvement vrai de Saturne plus grand d'une minute 19" depuis l'oppofition de 1712 jufqu'en 1717, & plus grand de 3° 23" depuis 1717 jufqu'en 1723. Toutes ces varietés dans les mouvemens de Saturne, qui ne fuivent aucune regle conftante & qui fe trouvent dans la fui- teen fens contraire de celles que l'on ayoit obfervées d'abord, font connoître avec affés d’évidenceique les differentes fitua- tions de Saturne à l'égard de J upiter, ne produifent aucun ef- fet fenfible für Ies:mouvemens de Saturne. Nous avons jugédevoir faire cesremarques afin de rendre les Aftronomes attentifs à obferver des inegalités de Saturne, -& à tâcher d'en découvrir la caufe, & quoyque le plus grand nombre d'obfervations depuis Tycho jufqu'à nous, deman- “delune diminution dans le moyen mouvement de Saturne, 88 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE comme il fe trouve quelques obfervations qui y font contrai- res, nous avons cru devoir en attendant que l'on s’en foit af- füré, determiner la revolution moyenne de Saturne de 29 an- nées 162) 2h 54" & fon mouvement moyen annuel de 1 24 13°35" 32”, tel qu'il refulte des obfervations les plus an- ciennes comparées aux nôtres, SOTTÉE DOPBSERVATIFONS Sur les Huiles effenrielles, leur altération © la maniere de rectifier celles de certains fruirs, avec un examen des changemens qui arrivent à l'Huile d’ Anis. Par M. GEOFFROY le Cadet. Es Huiles effentielles qu'on tire des differentes parties des Plantes, & aufquelles on donne par excellence les noms d'Æ/prirs, d’Effences & de Quinteffences, font aflés impor- tantes par leur rareté & par l'ufage qu'on en fait pour meriter l'attention d'un Chymifte. J'ai donné en 172 1 un Mémoire - fur ces Huiles avec differens moyens de les extraire & de les rectifier. Comme je n'ai point abandonné ce travail, je vais rapporter les differentes obfervations que j'ai faites depuis, & je commencerai par celles qui regardent la maniere de per- fetionner, s’il eft poffible, la rectification de quelques-unes de ces Efences qui font très difficiles à conferver. Quelque belles, quelque fluides & quelque odorantes ue paroïflent d’abord les Huiles effentielles qui nous vien- nent d'Italie, & qu’on tire des Cedras, des Limettes, des Ber- gamottes, &c. elles s'altérent infenfiblement par l'évapora- tion de ce qu'elles ont de plus fubtil : alors les Sels qu'elles contiennent, étant moins étendus, agiflent plus fortement fur fa partie fulphureufe de ces Huiles: ils en forment une vé- ritable refine liquide, plus colorée, & qui ne fe mefle plus avec Ja liqueur qui la furnage : en cet état ces Huiles perdent leur odeur DIE: S:C-1E NC £ns. 89 odeur naturelle : les unes fentent la T'erebenthine; d’autres prenent une odeur forte qui approche de celle du Carvi ou du Cumin. Lorfqu'on s’apperçoit de ce changement d’odeur, il faut les redifier, fans attendre qu’elles foient alterées da- vantage. Leur altération fe reconnoît encore à d’autres marques; & M. Hoffman a remarqué dans fes obfervations Chymiques, que f'acide contenu dans les Huiles effentielles efface en fe developant écriture du papier qui coiffe les bouteilles. If dit auffr que pour prévenir cette alteration, il faut les garan- tir de limpreffion de Yair exterieur, en les bouchant le plus éxactement qu'il eft poffible, & ayant attention que les ‘bou- teilles foient toûjours pleines; c’eft-à-dire, en y verfant de Veau, à mefure qu'on en tire de l'Huile effentielle. J'ai obfer- vé que lorfque ces Huiles vieilliflent, le liege qui en bouche les bouteilles, commence à perdre fa couleur naturelle, & à devenir d’un blanc jaunâtre. Ce changement de couleur dans le liege eft une preuve de l'acide volatil qui eft contenu dans ces Huiles; puifque nous voyons que certains acides, après avoir produit un pareil effet, détruifent même le liege tota- lement. Les Huiles de Terebenthine, de Sauge, de Geniévre, de Romarin, qui vieilliflent, m'ont paru produire de fembla- bles changements fur les bouchons de liege. C’eft dans le temps de ce premier degré d’alteration, qu'on peut encore y remedier par une nouvelle diftillation; car fr don attend davantage, on trouvera que l'odeur des Huiles effentielles aura changé, & qu'il fe fera formé au fond des bouteilles un cercle, plus ou moins étendu, d’une matiere épaifle & refneufe. | La methode de rectifier les Huïles effentielles par l'Efprit de Vin, que j'ai donnée dans mon premier Mémoire, eft -bonne pour celles qu'on a aifément-en affés grande quantité; mais pour celles qui font plus rares, j'ai cherché un autre moyen de les rectifier qui füt plus avantageux. -+ J'ai pris pour effai des Bergamottes : j'en ay employé deux «cens de la petite efpece,.. Leurs écorces mifes en maceration Mem. 1728. . M 90 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au Bain-marie pendant cinq jours avec dix pintes d’eau tiede, m'ont rendu une once cinq gros d'Huile effentielle. L'année fuivante, j'ai diftillé de la même maniere les écorces de deux cens Bergamottes de la grofle efpece, qui m'ont donné trois onces deux gros & demi d'une femblable Huile cffentielle, limpide, odorante & amere au gouft : car elle conferve toute l'amertume que le fruit porte avec foi. J'y ay feulement trou- vé une legere odeur empyreumatique, dont les Huiles effen- tielles qui nous viennent de Rome font exemtes, parce que les bonnes font faites en exprimant les zeftes de ces fortes de fruits contre une glace; c'eft ce qui eft caufe auffi qu'ef- les laiffent prefque toûjours un fédiment bourbeux au fond des bouteilles. I s’agifloit donc de rectifier l'Huile effentielle que j'avois tirée, fans rifquer de la perdre. Après avoir cherché d’où pou- voit venir l'odeur de feu que cette Effence avoit contractée dans la diftillation, il me parut que je ne devois pas douter qu'il n'arrivât aux Huiles diftillées, même par le Bain-marie, ce qui arrive aux plantes diftillées à l'alambic fimple. C'eft que les Plantes qui touchent au fond ou aux parois du vaif- feau, venant à fe brûler ou du moins à fe rotir, produifent une Huile fétide, qui fe mefle avec l'Huile effentielle des matieres qui font au milieu de la Cucurbite. On peut éviter une partie de cet inconvenient, en verfant de temps en temps de l'eau chaude dans la Cucurbite pour remplacer celle qui diftille, afin que les matieres en diftillation puiffent nager toûjours dans une même quantité de liquide. Voilà, ce me femble, la caufe de l'odeur d'empyreume que je remarquois dans mon Huile de Bergamotte, quoi- qu'elle eût été tirée avec la précaution que je viens de dire. Outre fa reification que je me propofois, j'aurois voulu encore éviter un autre inconvenient que j'avois éprouvé dans divers eflais de rectification; c'eft que les Huiles effentielles miles à rectifier au Bain - marie dans un vaiffeau d’eftain dont on eft obligé de fe fervir, lorfqu'on veut adapter un réfri- gerant, diminuent de beaucoup, parce que les pores de ce DIES S CIE N C.E.Ss ot metal retiennent une portion d'Huile affés confiderable.. Pour corriger l'odeur d'empyreume, dont je viens de parler, je pris un vaifleau de verre chargé au deffous de quel- que poids : je le fufpendis dans la Cucurbite du Bain- marie pleine d'eau, de maniere que l'eau dont ce verre étoit envi- ronné, montoit à la hauteur que devoit occuper la furface de l'Huile effentielle : je pris foin qu'il y eut une diftance de deux ou trois lignes entre les parois des deux vaifleaux, afin que l'eau échauffée pût enlever par fa vapeur la partie la plus te- nuë de l'Huile effentielle, à mefure qu'elle s'éleveroit. Cette Cucurbite ainfi difpofée dans fon Bain-marie, fut couverte d'un chapiteau à réfrigerant, auquel j'adaptai un recipient, pofé de maniere que la liqueur pût tomber droit au fond: Circonftance neceffaire pour bien raflembler l'Huile, parce que l'eau tenant par fa vapeur les parois du matras ou reci- pient humectés également, empêche que l'Huile ne s’y cole, ce qui arrive lorfque le recipient eft incliné; l'Huile, plus le- gere que l'eau, s'attachant alors aux parois de ce vaifleau, une rtie y demeure collée en pure perte. Par ce moien j'ai reti- ré une Huile effentielle de Bergamotte, limpide comme de ‘eau, d’une odeur très agreable & d'un gouft amer. Ayant demonté les vaifleaux, j'ai trouvé dans le vaiffeau de verre fufpendu un demi-gros d'une liqueur de confiftance de Bau- me, de couleur jaune & d’une odeur forte, qui retenoit pref- que toute l'odeur d'empyreume de la premiere diftillation. Je reconnus par là, que mon effence de Bergamotte, qui, avec le foin que j'avois pris pour Fextraire, devoit pañer pour excellente, contenoit encore un demi-gros d’une ma- tiere groffiere capable de f'alterer en peu de temps. J'ai eu de cette maniere une effence reétifiée, pure, fubtile & prefque exemte de cette odeur de feu qu’on ne fçauroit éviter par les diftillations ordinaires. La refidence épaiffe que j'en ay fepa- rée eft une liqueur pareille à celle que j'ai trouvée dans toutes les Huiles effentielles qui vieilliffent. , M. Hoffman a remarqué un fel acide dans les Huiles ef fentielles; & il donne une methode pour le rendre fenfible à Mi) 92 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Roy4Le en le cryftallifant par le moyen du Sel de Tartre qu'il imbibe de ces Huiles : fon procedé fe verifie par le Savon de Tartre qui eft un meflange de Sel de Tartre & d'Huile de Tereben- thine, & dans lequel j'ai trouvé des Cryftaux qui n’ont pû être formez que par le Sel acide que l'Huile de T'erebenthine contient. Par la methode de rectifier les Huiles eflentielles que je viens de propofer, on a le moyen, non feulement de les avoir plus pures & plus agreables, mais encore de les feparer des matieres étrangeres que ceux qui les vendent ont accoûtumé d'y mêler en les fophiftiquant. Ils ne peuvent les alterer que de trois manieres, ou par le mêlange des Huiles grafles, eom- me d'Olives, d'Amendes douces, ou de Ben; ou par celui de quelque eflence moins precieufe, ou par celui de 'Efprit de Vin, deffaut ordinaire des Huiles eflentielles que nous fommes obligés de tirer des Hollandois. Or par la methode de recti- fier que je donne, on découvre tous ces deffauts; car s'il y a quelque Huile grafle meflée, elle reftera feurement au fond du vaifleau de verre : fic’eft de F'Efprit de Vin, en fe joignant à l'eau il quittera l'effence : fi ce font d’autres Huiles effentiel- les plus communes, leurs differens degrés de legereté indi- queront la fourberie. C’eft par cette rectification que j'ai re- connu que de l’Huile eflentielle de Canelle étoit mélangée d’effence de Citron, qui comme plus legere monta la premie- re & fe fit remarquer à l'odeur. C'eft auffi par la même reéti- fication que j'ai feparé l'Huile graffe dont on avoit alteré en Hollande de l'Huile eflentielle de Gerofle. J'ai examiné par cette methode ce que pouvoit contenir de matiere épaifle & réfineufe 'Huïle effentielle de Bergamotte, telle qu'on nous Fapporte de Nice : j'en avois 6 gros & 27 grains : après la rectification j'ai trouvé $ 6 grains de refidence, au lieu que par rapport à celle que j'avois tirée moy-même, cette refi- dence n’auroit dû être que de 1 8 ou 20 grains au plus. Ce qui eft une preuve que mon Huile de Bergamotte étoit déja rectifiée en partie dès la premiere diftillation, par la précau- tion que j'ai rapportée, A4 DES SCIENCES, En éxaminant d’autres Effences qu’on tire de Reggio, j'ai trouvé auffi des réfidences confidérables, dans lefquelles j'ai remarqué des Cryftaux fins qui fbimoient des efpeces de pa- naches : marque certaine que ces Huiles contiennent un Sel acide. En traitant de la même maniere une once d'Effence de Limette, j'ai retiré un demi-gros de réfidence rougeître, épaiffe, remplie de panaches falines, & en plus érande quan- tité que dans les réfidences des Huiles éflentielles de Berga- motte. L'Huile de Cedra reétifiée au même poids, a laïffé le dou- ble d'une réfidence, qui étoit épaifle, de couleur jaune, fans aucune apparence de Cryftaux. J'ai rectifié de nouveau 11 mé- me Huile ; elle ne m'a laiflé que 24 grains de refidence , & à une troifiéme rectification je n’en ai trouvé que 10. Ce n'eft pas cependant que je croye qu il foit neceffaire de porter la rectification jufqu’à ce point, parce qu'on réduiroit à rien les Huiles effentielles: L'Huile efentielle diftillée des écorces de Citron au Bain- marie avec beaucoup d'eau, a laïflé par once 24 grains de re- fidence fans aucune concretion faline. Les Huiles de Berga- motte & de Citron ainfi diftillées par le moyen de l'eau, ne laïffent pas de Cryftaux dans leur réfidence parce que l’eau à retenu une partie des Sels que ces Huiles fourniffent ordi- naïrement , quand elles fe tirent par la fimple expreffion des écorces fuivant l'ufage d'Italie, où l'on a de ces fruits en affés grande abondance, pour en extraire Feflence fans le fecours du feu. - Un gros & demi d’effence de Limiette ou petites limes douces , dont les écorces rendent très peu d'Hüile effentielle, & que j'avois diftillée de la même maniere queles Bergamot- tes, eftant rectifiée fuivant mon procedé, a laiffé 3 r grains dexéfidele Citrine en confiftance de Baume , & dans laquel- ge on n'apperçoit aucun Scl. : Hrefulte des rectifications que j'ai faites, qu'il n’y a appa- remment que les effences de Bergamotte & de Limette ti- rées par expreflion, qui contiennent des Sels acides fenfibles; M ï 94 MEMOIRES DE, L'ACADEMIE ROYALE puilque ces Huiles. diftillées par le Bain-marie, ne m'ont Jaif- fé aucune concretion faline après leur rectification : il ne me refte de doute que fur l'Huile de Cedra, dont je n'ai pù repez ter aflés les experiences. Mais pour la refidence Balfamique ou refineufe, elle eft commune à toutes les eflences qu'on rec- tifie par la methode que j'ai décrite. Je ferai remarquer en pafñlant, que les effences de Bergamotte ne font quelquefois foibles d’odeur que parce qu'elles font meflées avec l'eflence - de Cedra, dont lodeur eft moins forte que celle de la Ber- gamotte. J'ai mêlé de l'Huile de Bergamotte avec celle de Limette; à parties égales, & au poids de demi-once; & j'ai obfervé, comme M. Hoffman, que les Huiles différentes qu’on veut unir, fe troublent affés ordinairement lorfqu'on les mêle, J'ai rectifié ce mélange : il m'a laiflé un gros 44 grains d'une Huile épaiffe qui ne m'a donné aucune concretion faline, L'Huile reétifiée étoit d'abord d'une odeur très agréable, mais dans la fuite il nva paru qu'elle avoit pris une odeur rance beaucoup pluftoft que chacune de ces Huiles reétifiées fepa- rément, quoique dans le même temps. Les Huiles de Cedra & de Bergamotte fe font troublées auffi enles mélant; & après leur reéification, elles ont don né une refidence pareille à la precedente, & fans aucuns Cryftaux. - L'Huile de Cédra mélée avec celle de Limette, a produit la même refidence, maïs fans fe troubler dans le mélange. L'Huile rectifiée du mélange de celles de Cédra & de Ber: gamotte a confervé une odeur fuave; ce que n'a pas fait l'Hui- le reGifiée tirée du mélange des Huiles de Cédra & de Li- mette. Après avoir fait remarquer les concrétions falines qui ref- tent au fond du vaifleau, dans la réfidence des Huiles effen- tielles tirées par expreflion, & qu'on peut regarder comme des Sels eflentiels fixes , il faut parler prefentement des con- crétions falines plus volatiles, qui s’élevent avec les Huiles eflentielles les plus tenués , comme je l'ai obfervé dans Ja 12 Snlacss sé is DEA EN 16 AO AE NT CLIS 95 rectification de l'Huïle de T'erébenthine, | Ayant mis dans une Cornuë de verre une livre & demie de cette Huile étherée pour la diftiller à la vapeur de Feau boüillante, j'en ay retiré à plufieurs reprifes & à feu conti- - nuel dix-neuf onces & demie d'Huile reétifiée,. fubtile & vo- latile que je confervai à part. Après les premieres quatre on- ces tirées par cette diftillation, je m’apperçüs qu'il s’élevoit à la couronne de la Cornuë, des Cryftaux falins en aiguilles. Ces Sels paflérent dans l'Huile qui continuoit de diftiler, & ils # raffemblérent en partie au fond des bouteïlles, en for- me de petites aiguilles fines, amoncelées irrégulierement. Je féparai quelques pieces de ces ramifications qui efloient atta- chées au col de la Cornuë, & en les brûlant fur les charbons, elles répandirent une odeur réfineufe & picquante : la réfiden- ce refta épaifle au fond de la Cornuë, & fans aucune marque de Sels. Voïlà donc des concrétions falines volatiles qui s'é- levent pendant la reétification de l'Huile de Terébenthine, quoique je l'euffe diftillée d'abord avec de l'eau, à la maniere des Plantes. Les concrétions Salines qu'on remarque dans les Huiles eflentielles des Plantes, & qui fe forment au fond des bouteil- les, quand les effences qu'on y conferve viennent à vieillir, pafloient pour une efpece de Camphre, parce qu'on ne foup- çonnoit pas que des parties Salines puffent monter avec une Huile fubtile ; mais c’eftun veritable Sel eflentiel volatil, tel que celui qui eft rendu fenfible par le froid, dans l'Huile d'Anis. J'ai dit dans un precedent Mémoire de l'année 172 1, que l'Huile d’Anis fe fige plus aifément qu'aucune autre ef fence dès les premiers froids, & qu'elle ne reprend fa fluidité qu'à un air très temperé. On fçait cependant que l’efpece de confiftence que l'Huïle d’Anis prend en fe figeant, eft bien differente de la glace ordinaire des autres liqueurs : Ce font des lames minces, blanches, rangées les unes auprès des au- tres & partant d’un centre. Je n'avois pas remarqué jufqu’à prefent qu'il y eût des varietés à obferver dans la congeliation de cette Huile. Celle qui a fervi à faire les experiences que y ic 3 96 MEMOIRES DE L'ACADEMIE: ROYALE j'ai rapportées dans d’autres Mémoires, a manqué heureufe- ment à fe figer cette année, quoique le froid ait été aflés vif pendant deux ou trois jours, & j'en fis l'obfervation le 1 3 du mois de Fevrier, jour auquel mon Thermometre eft defcen- du le plus bas. Ce fait qui me parut afés fingulier, m'enga- gea à éxaminer toutes mes Huiles effentielles d'Anis, reéti- fées, non reclifiées, & leurs réfidences. Je trouvai que ces Huiles s'éloignoient du point de fe figer à proportion deleur ancienneté. La plus ancienne qui peut avoir quinze à feize ans; une autre de dix ans ou environ dont il n’y avoit qu'une peti- te quantité dans la bouteille, eftoient aufli fluides que celle d’un troifiéme flacon qui a huit ans, & qui n’étoit pas enco- re figée, parce que ce flacon efloit rempli & qu'il étoit placé dans un air un peu plus temperé que les deux precedentes. L'Huile rectifiée de celle qui a dix ans, & qui eft divifée en deux bouteilles dans ordre de fa rectification eftoit figée : la premiere tirée, plus fortement que la feconde : fa réfidence placée au même degré de froid n'étoit pas figée non plus que les Huiles non rectifiées, les plus vieilles. J'expofai toutes ces Huiles en plein air & au Nord: 1 plus ancienne de tou- tes y refta dans le même état fans fe figer : la plus recente fe figea dans l'inftant : celle de l'âge moien fe figea auffi, mais plus lentement. Les deux autres bouteilles dans lefquelles Javois mis l'Huile rettifiée, que j'avois tirée par ma methode d’une livre d'Huile d’Anis, & que j'avois feparée en deux endant la diftillation, dont la premiere venuë, & par confé- quent la plus fubtile, pefoit quatre onces fix gros, & la fecon- de, quatre onces fix gros & demi, reftérent dant l’état de congellation où je les avois trouvées, fans fe figer davantage à l'air froid. Leur refidence qui pefoit fix onces trois gros ne {e figea point du tout. Je remarquai entre les lames conge- ces de ces deux Huiles rectifiées, une liqueur grafle, qui cou- Ja infenfiblement lorfque j'eus mis les deux bouteilles fur le côté. La premiere dont la congellation m'avoit paru plus fer- me, me donna quatre gros de cette liqueur graffe non figée, & la feconde, cinq gros foixante grains : ce qui prouve que la feconde PR Re Ge th tte Dé DS DES SCIENCES. 97 la feconde Huile tirée par la rectification étoit d'une congel- lation moins denfe que la premiére. IL refulte de ces expériences, que l'Huile d'Anis nouvelle- ment tirée fe fige en entier; que devenant fucceflivement plus graffe en vieilliflant, elle eft moins foümife à l'action du froid, & que dans fa caducité le froid n'agit plus deflus : ce qui peut faire foupçonner que cette Huile, forlqu'elle eft nou- velle; eft à quelque difference près, de même nature que les Huiles eflentielles d’Ænula Campana, de Laurier -Ceriles & de Rofes, qui fe figent dans prefque toutes les faifons; mais qu'il faut un froid plus fenfible à celle-ci, pour que fes parties faines fe congelent; ce qui n’arrive cependant que lorfque ces mêmes parties font fufpenduës dans une fufhfante quan- tité de fluide aqueux, puifque la réfidence de cette Huile, où ce fluide eft confidérablement diminué, ne fe fige plus même au plus grand froid. x Obfervant l'année derniére les changemens qui arrivoient au Thermometre en le plongeant dans {e mélange de cette Huile d'Anis avec l'Efprit de Vin, je me propofai de les exa- miner plus particulierement dans la fuite; parce qu'alors mon principal objet étoit d'annoncer que le mélange de l'Efprit de Vin avec certaines Huiles faifoit defcendre le Thermome- tre. Voici donc mes nouvelles experiences fur les deux efpe- ces d'Huile eflentielle d’Anis dont j'ai parlé. La plus ancienne de toutes qui n'étoit pas figée dans le temps de mon premier Mémoire, mêlée alors avec l'Efprit de Vin à poids égal d’une once fit defcendre le Thermometre de cinq lignes, & elle s’unit parfaitement à cet efprit, après avoir légérement blanchi dans le commencement du mêlan- ge : les deux liqueurs ne fe feparérent plus dans la fuite. La même Huile, eflayée au poids de demi-once avec autant d'Efprit de Vin, le 2 1 Fevrier de cette année, la liqueur du même Thermometre a defcendu de trois lignes : ce quien doublant les dofes feroit une ligne de plus que dans la pre- miere experience, Le mélange a très peu blanchi, & les deux liqueurs ne fe font plus feparées après leur union. Mem. 1728. ; N 8 Memories DE L’ÂCADEMIE ROYALE Dans l'experience de l'année derniere, l'Huile du moyen âge mêlée avec l'Efprit de Vin, au poids d’une once chacun, blanchit confiderablement le mélange. I n'y en eut que la moitié ou environ qui s’unit à cet efprit, dont elle fe fepara même lorfque le mélange fut éclairci, & la liqueur du Ther- mometre defcendit de quatre lignes. Cette expérience repe- tée le 21 Fevrier avec la même Huile qui étoit gelée alors, que j'avois eû la précaution de faire dégeler, & dont je pris une demi-once dans le temps qu'elle recommençoit à fe f- ger, pour la mêler avec un pareil poids d’Efprit de Vin, je remarquai qu'elle fe gela dans l'inftant; & le Thermometre plongé dans ce mêlange épais defcendit de deux lignes & demie; ce qui eft une ligne de plus que l'année derniére. La premiére Huile qui avoit été reétifiée de cette Huile de moyen âge, mêlée l'année derniére au poids d'une once avec autant d'Efprit de Vin, fit defcendre le Thermometre de fept lignes & quelque chofe de plus. L'expérience repetée le 21 Fevrier à moitié de poids, le lhermometre a defcendu de quatre lignes, & cette Huile redifiée s’eft congelée d’une maniere plus folide que fon Huïle non rectifiée. IH faut ob- ferver que pendant la plus forte gelée j'avois feparé la partie la plus grafle de cette Huile, ainfi que je l'ai dit. L'Huile reétifiée, feparée après la premiére dont je viens de parler, mêlée au poids d’une once avec autant d’Efprit de Vin, a fait defcendre le Thermométre de fix lignes. Je voulus voir fi les Huiles grafles non figées, retirées pendant le froid des Huiles reétifiées, ainfi que je l'ai dit, cauferoient quelque varieté au Thermometre; & je trouvai u'une demi-once de cette Huile, feparée de la premiére bou- teille d'Huile rectifiée & mêlée avec autant d'Efprit de Vin, faifoit baiffer la liqueur du Thermometre de deux lignes trois quarts où un peu moins de trois lignes. Cette experience fut faite le ro Fevrier. Le même jour je fis la même experience avec l'Huile feparée de la feconde bouteille d'Huile rectifiée, & le Thermometre defcendit de trois lignes & demie. I me reftoit d’effayer la réfidence des Huiles reétifiées : je PT, Le DES. S-C I EE: N° CES 9 Ja mélaiau poids d'une once avec autant d'Efprit de Vin : le mélange s’en fit éxaétement fans blanchir, & 1e T'hermometre defcendit de fept lignes & demie : la même experience repe- tée le 19 de Fevrier à moitié de poids, la liqueur du Ther- mometre defcendit de trois lignes trois quarts. IL faut obferver que toutes ces experiences repetées ont été faites avec le même Efprit de Vin qui avoit fervi aux pre- miéres, & qu'il n'y a point de doute à avoir {ur les différen- ces que pourroit caufer un Efprit de Vin plus ou meins de- flegmé. On ne peut difconvenir, après les experiences que j'ai rap- portées, que le refroidiflement dont il eft queftion ici ne dé- pende des Sels, & voici même encore quelques expérien- ces qui fervent à le confirmer. J'ai pris une once de Suc de Joubarbe, qui quoique très aqueufe, contient comme toutes les Plantes une portion de Sel efentiel; je l'ai mélé au poids d’une once avec autant d'Efprit de Vin, & le Thermometre, qui plongé le même jour dans un mélange d’eau fimple & d'Efprit de Vin étoit monté de r9 lignes, ne monta que de quinze dans le mêlange du même Efprit de Vin avec le Suc de cette Plante, ce qui fait une difference de quatre lignes qu'on ne peut attribuer qu'aux Sels. On peut comparer l'Huile d’Anis qui ne fe fige plus à une efpece de Savon liquide, & je crois que cette comparaifon peut convenir aux autres Huiles eflentielles qui produifent un même effet avec l'Efprit de Vin. Demi-once de Savon blanc ratiflé très menu & mis dans une once d’Efprit de Vin a fait baiffer la liqueur du Thermo- metre de deux lignes, quoiqu'il ne s’en foit diflous qu’une très petite partie. A l'égard du Savon noir il n’a pû produire d'ef- fet fenfible dans une fi petite proportion, parce que reftant en mafle il ne prefente pas aflés de furface à F'aétion de lEf prit de Vin. Latiflolution ne peut s'en faire que très lente- ment, & par conféquent le refroidiffement en eft infenfible. ve à Ni 7. Avril 1728. 100 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE EXPEICATION PHYSIQUE D'une maladie qui fair perir plufieurs Plantes dans le Gaflinois, à particulierement le Safran. Par M. pu HAMEL. « À nature toute prodigue qu’elle eft nous fournit peu de Plantes d’un auffi grand ufage que le Safran. Ses fleurs font agréables à la vüë & à l'odorat. Son piftle eft confidéré comme une chofe précieufe. Il entre dans les apprefts de cui- fine; il fert aux Peintres en miniature; il fournit aux Tein- “turiers une très belle couleur ; les Medecins lemployent très utilement dans plufieurs maladies : fa Fanne même & fes pc- tales fervent dans le pays où on le cultive, à faire du Fourrage our les beftiaux. Mais femblable en cela aux Plantes les plus précieufes, celle-ci eft tendre & délicate, & ne peut être confervée que par des {oins proportionnés à fes ufages. C'eft pourquoy quelque précaution que les habitans du Gaftinois qui la cultivent prennent pour fa confervation, elle ne laifle pas d'être attaquée de pluficurs maladies, qui toutes tendent à la détruire. De toutes celles aufquelles cette Plante eft fujette, il n°y en a point de plus dangereufe, ni qui lui foit plus nuifible que celle que les habitans du pays appellent la A4orr. Et j'ai été furpris des defordres que caule cette maladie dans les endroits qui ont le malheur d'en être affligés. Et qui ne le feroit pas en effet, de voir qu'une Plante at- taquée d'une maladie devient meurtriere des autres de fon ef- pece? En avoit-on jufqu'ici remarqué de cofitagieufes Epide- miques dans [és Plantes? Celle qui attaque l’Oignon du Safran eft cependant de cette nature, puifque femblable à la pefte des animaux, elle gâte les Oignons voifins, & bientoft DES-S CI.E-N C Es. IOT l'extrémité du champ fe fentiroit de la contagion fi l’on n’em- pêchoit la communication par une profonde tranchée qu'il eft eflentiel de faire dès le commencement du Printemps; parce que la Mort qui fait beaucoup de progrès dans cette faïfon, n’en fait prefque point dans les autres; circonftance digne de remarque, dans la faifon où les Plantes paroiffent 1e plus en état de réfifter à la contagion, elles y fuccombent, & périffent en plus grand nombre. Rien ne me parut f1 intéreflant que de rechercher a cau- fe de faits fr extraordinaires. Sa découverte feroit d'une gran- de utilité pour la Botanique & pour l'Agriculture, & fervi- roit à la confervation de plufieurs Plantes, qui après s'être Jong-temps multipliées dans quelques endroits y périffent entierement fans qu'on fçache à quoi en attribuer la perte. J'ai fait pour cela plufieurs obfervations, dont voici le détail, Ma premiére attention fut de confulter les Auteurs, pour m'aflürer s'ils avoient parlé de cette maladie, mais aucun ne m'a paru en avoir eù connoiflance. Peu fatisfait de mes lectures, j'eus recours à ceux qui s’ap- pliquent à la culture de cette Plante; mais quel éclairciffe- ment peut-on tirer de gens: que les chofes les plus admirables ne touchent point, & qui accoûtumés à voir des prodiges, n’y font aucune attention : Les uns me dirent que la pourri- ture & la moififfure étoient la caufe de cette maladie, & les autres plus fenfés m'avoüerent ingenücment qu'ils ne con- noifloient que l'effet, fans avoir jamais penfé à quoy l'at- tribuer. Après plufieurs entretiens avec ces perfonnes, je reconnus que je n'avois rien à efperer que de mes recherches, & je les commençai, par éxaminer la fuperficie de la terre dans les en- droits infc@tés. Je ne découvris dans cet éxamen ni infeétes, ni plantes, ni autres particularitez qui ne fe trouvaffent par tout ailleurs, ce qui rendit ce procedé auffi inutile que les pre- cedens, & me détermina à faire ouvrir la terre pour pénétrer jufqu'où j'avois lieu de juger qu'étoit l’origine du mal. Je Féxaminois à mefure qu'on la foüilloit, & j'arrivai aux N ii 102 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Oignons fans rien appercevoir de remarquable. Je trouvai ceux qui occupoient le centre, ceux de la partie moyenne, &c ceux qui étoient aux extrémités de l'endroit infecté, dans trois fituations différentes, à proportion du progrès que la maladie avoit fait fur eux, & dans l'état que je vais les reprefenter. Ceux du milieu qui avoient été les premiers attaqués, étoient entiérement détruits, leur robe ou téguments que lon fçait être dans le Safran, un amas de membranes réticulaires fort minces couchées les unes fur les autres & d’un beau cou- leur de paille argentin, ne pouvoient fouffrir aucune divi- fion, étoient ridés, fanés, & d’un brun terreux fort defagréa- ble. Mais ce n'étoit pas la feule marque de leur perte. Une ‘grande quantité de corps glanduleux d'un rouge foncé, gros la plufpart comme des Féves, les couvroient extérieurement, & ces Oignons ne contenoient interieurement qu'une fub- flance terreufe, noirâtre, de la nature de cette fuye que les Peintres en miniature appellent Biffre, excepté que dans le milieu de leurs cavitez on voyoit dans la plufpart le fquelete de l'Oignon, ou plûtôt fes principales fibres deffechées & dénuées de leur fubftance charnuë. Ceux du centre éxaminés, je pañlai à ceux qui occupoïent la partie moyenne, que je trouvai dans une fituation fort ap= prochante des premiers, leurs téguments n'étoient cependant pas fi flétris, & renfermoient encore quelques débris de FOï- gnon, mais entiérement decorporés, ( s’il m’eft permis de me fervir de ce terme) & tout-à-fait femblables à de la boüillie; ce qui me faifoit aflés connoître que bientoft ils feroient fem blables aux autres. J'y vis les mêmes corps glanduleux que javois remarqués, mais mieux nourris, & plus pleins de vie; & je commençai à découvrir dans la terre des filets violets qui formoient une efpéce de refeau. La route que j'avois prife dans mon obfervation me con: duifit aux Oignons qui occupoient la circonference, & qui par conféquent devoient eftre les moins endommagés. Auffr étoient-ils dans un état bien différent de celui des premiers. Le corps des Oignons n’étoit prefque point alteré : es uns © mm. dé ho ie nd - ns tin DE s : S\C » E Nic'e's 103 n'avoient pour toute marque de contagion que quelques f- lets violets, qui traverfoient les membranes de leurs tégu- ments : les autres avoient fur leurs téguments, ou entre les lames qui les forment, quelques petits corps femblables à ceux dont je viens de parler, & on ne voyoit encore que quelques taches violettes fur la fubftance del'Oignon. Au refte la terre - étoit toûjours traverfée de filets violets. Ne trouvant que dans les endroits infectés ces corps glan- duleux & ces filets violets, je foupçonnai qu'ils étoient la cau- fe, ou du moins l'effet de la maladie, ce qui m’engagea à les confiderer avec plus d'attention ; je travaillai à les détacher de la terre qui les environnoïit, & j'y réuflis fr bien par le moyen des lotions, que j'eus la fatisfaction de les voir en leur état naturel. Ces corps glanduleux font fort femblables à la Truffe de Mathiole, tant par la folidité de leur chair, que par leur figure irréguliere. Mais la fuperficie en eft veluë & de couleur rou- ge-brun. Leur groffeur n’excede pas celle d’une Aveline. Leur gouft tient de celui du Champignon, & a un retour terreux. Les uns font adherants aux téguments de l'Oignon, & les au- tes en font éloignez de deux à trois pouces. Les filets font ordinairement de la grofieur d'un fil, de couleur violette, & veluë commeles corps glanduleux. Quel- ques-uns s'étendent d'un corps à un autre, & quelques-uns vont s’inferer entre les téguments de l'Oignon de Safran, fe partagent en plufieurs ramifications, & pénétrent jufqu’au corps du Bulbe fans paroître fenfiblement y entrer. Ils for- ment dans cette route une infinité d’anaftomofes & de divi- fions, & font parfemés de quantité de petits nœuds ou gan- glions, qui ne paroiffent autre chofe qu'un amas de la laine qui couvre ces corps glanduleux & ces filets. Ces obfervations que j'ai faites en differentes faifons & dans differentes terres, m'ont fait juger que ces corps glan- duleux étoient une Plante parafite, qui tire fa nourriture de TOignon du Safran par le moyen de fes filets, que je regarde comme fes racines. Elle végéte à Ja maniere de la Truffe, 104 MEMOIRES :DE L'ACADEMIE ROYALE c'eft-à-dire, qu'elle ne paroît point au dehors, mais naît, croit, & fe multiplie dans l'interieur de la terre, d'où vient fuivant ma premiere obfervation qu'on ne voit rien fur da fuperficie de la terre à quoi on puiffe attribuer la caufe dela maladie. >. Cette Plante fe multiplie par les racines qui pouffent de nouveaux Tubercules, à peu près comme ŸAf#ragalus fcan- dens tuberofa radice, Ve Genifla Spartium , & e Solanum radice efculentä, rc. C’eft pour cela que, fuivant la mème obferva- tion, le progrès de la maladie affeéte toûjours la figure ron- de, parce que les Plantes qui tracent pouflent également en tout fens, comme il eft aïfé de le voir dans le Fraifier dont les trainafles ou fleaux s'étendent également de tous côtés. Il paroït certain que la nouvelle Plante fe nourrit aux dé- pens de l'Oignon du Safran, puifque fes racines pénétrent fes téguments, & s'attachent à fa propre fubftance qui dé- perit à proportion du progrès que les racines font fur elle, qualité qui la rend plus parafite que toutes autres, puifque ces fortes de végétaux ne font ordinairement qu'alterer les arbres & les Plantes aufquelles ils s'attachent. Si l'on joint à cela que cette maladie fait prefque tout fon progrès dans'les trois mois du Printemps, je ne crois pas qu'on puifle douter que la nouvelle Plante n'en foit la véritable caufe, puifque c'eft en cette faifon que les racines profitent & s'étendent le plus: Je n'ai negligé aucune des expériences dont j'avois lieu d’efperer quelque éclairciflement. Dans le nombre de celles que j'ai faites, & que je ne rapporte point, pour éviter d'être trop long, en voici une qui feule m'aflüre de l’exiftence de la Plante, de fa maniere de végéter, & de fon aétion fur les Oignons de Safran , ce qui eft trop de mon fujet pour n’en pas faire le recit en peu de mots, Je mis dans le mois d'Oftobre 1726 des Tubercules de {Mort avec leur terre & des Oignons de Safran, dans trois pots que Je remplis d’une terre neuve où il n'y avoit point de Mort, & pour m'aflürer fi elle n'endommageoit que les Oignons DE? * SIC/rT'E N'c'E’S 105 Oignons de Safran, je plantai dans ces mêmes pots des Oi- gnons de Lis , de Narcifle, de Tulipe, & les ai laiffés en experience jufqu'au mois d'Oëtobre de cette année; je jugeaï bien qu'alors la Mort devoit s'y être multipliée, parce que fui- vant l'ordre de fa végétation, elle fait tout fon progrès dans le temps de la féve. Ce temps donc étant pañlé, & fur la fin du mois d'O&tobre de 1727 je renverfai mes pots, & je vis quantité de nouveaux Tubercules dont il fortoit beaucoup de filets violets, qui s’'en- trelafloient avec les racines de Lis plantés dans le même pot. Je les dégageai de leur terre, & j'en trouvai plufieurs fort en- dommagées, d'autres entiérement pourries. Le corps des Lis ne me parut pas avoir encore beaucoup fouffert, mais il étoit environné de tant de filets qu'il me paroifloit fort probable que dans peu il auroit le même fort que fes racines. Cette multiplication de Tubercules acheva de me con- vaincre qu'ils étoient veritablement une plante, & leur aétion fur les racines des Lis me donna lieu de croire qu'ils fe pou- voient nourrir d'autres Plantes que du Safran : mais les lu- mieres que je tirai de mon experience, bien loin de mettre fin à mes obfervations, m'engagérent à de nouvelles recher- ches, car aflüré d’un côté que c'étoit une Plante, il me pa- roifloit eflentiel de fçavoir fr elle étoit dans la terre avant le Safran, ou fi elle ne s'y plantoit qu'avec lui. Voyant d'un autre côté les racines des Lis endommagées, il ne m'étoit pas’ permis de refter dans l'incertitude de fçavoir fi la Plante nou: velle étoit capable de nuire à d’autres, ou fi elle ne pouvoit fe nourrir que du Safran. Un procedé avantageux en fait oublier un nombre d’inu- tiles, j'éprouvai cette verité, lors qu'après avoir foüillé plu- fieurs champs fans rien trouver, j'apperçüs dans une terre où il n'y avoit jamais. eû de Safran, ma Plante contagieule qui exerçoit fa tyrannie fur les racines de l'Hicble, du Coro- ailla flore vario, de Y Arrefte- Bœuf, & fur les Oignons du Mufcari. Ainfi on peut eftre affüré que cette Plante vient où n'y a point de Safran, & fe nourrit d'autres Plantes dont, Mem, 1728, .O 106 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE elle caufe également la perte, quoiqu'on ne l'ait remarquée .que fur le Safran, par le dommage confiderable qu'elle caufe à ceux qui le cultivent. * I me parut d'abord furprenant de voir les Plantes que je viens de nommer pexix au milieu de quantité d’autres qui avoient toute leur verdeur, comme Ja Morgeline, le Sene- çon, le Bled, lOrge, & plufieurs autres, mais il ne me fut pas difficile de concevoir que la Plante contagieufe ne venant point fur la fuperficie de la terre, mais que Foccupant à demi- pied de profondeur, elle ne pouvoit endommager celles qui n’ont leurs racines que fur la fuperficie, pendant qu'elle fait perir celles qui en jettent de plus profondes. Et de plus j'ai remarqué que {a Plante contagieufe n'endommage que très peu le Safran la premiére année qu'il eft planté, & par confé- quent ne peut faire un tort confidérable aux Plantes annuelles, Je crois la caufe de la maladie du Safran fufhifamment dé- couverte par l'éxiftence de la nouvelle Plante dont je viens de donner la defcription : mais à quelle Clafle, à quel genre rapporter cette Plante? Voici ce que j'en penfe. Prefque tous les Auteurs qui ont travaillé à ranger les: Plantes. fous un ordre methodique, ont fait une Clafle par- ticuliere de celles qui n'ont ni fleur, ni graine apparentes, &c leur ont donné le nom de Plantes imparfaites ; excepté M. de Fournefort, qui pour parler plus correétement a qualifié cette Claffe du titre : des Plantes dont on ne connoît ni les fleurs ni les fruits. Je fuis bien éloigné de croire que ces grands Bota- niftes ayent prétendu, en établifflant cette Chile, regarder les Plantes qui la compofent comme privées de parties qui leur font fr eflentielles, ils les connoifloient trop pour igno- rer que toutes ces Plantes. portent fleurs & fruits. M. de Tour- mefort, par exemple, connoïfloit mieux que perfonne Îa pouffiere. qui. échappe des Ecuflons des Lychen. Les femen- ces qui font renfermées dans les fruits de plufreurs Mouffes, %# De fa Chefnée, Monftreul de Caën dans la feçonde édition de fon Florifte François, page 187. fait mention d'une maladie des Tulipes, qui par fes effets prroît avoir une caufe femblable, Se DES SCIENCES. 107 Les grains que lon trouve fur plufieurs efpeces de Champi- gnons, & ce que Porta a dit de la femence des Truffes *, Mais nôtre fçavant methodifte a cru pouvoir choifir pour éta- blir & diftinguer fes genres, les parties toûjours fenfibles & ailées à appercevoir, de forte qu'il conte pour rien la graine des Plantes que les meilleurs Microfcopes peuvent à peine rendre fenfible, & s'arrête feulement aux parties naturellement vif- bles pour établir fes Clafles & fes genres. C’eft en fuivant cette methode que j'ai crû devoir placer 1a Plante nouvelle dont il s’agit dans {a Clafle de celles dont je viens de parler, parce que je n’ai pü jufqu'à prefent découvrir fur elle ni leur ni graine. Il refte donc à choifir dans cette Claffe un genre qui puifie luy convenir. Elle n'a aucune reffem- blance avec le Lycoperdon, les Agarics & les Mouflés, celle qu'elle a avec quelques efpeces de Lychen eft trop imparfaite pour meriter qu'on y faffe attention. 11 n'y a que les genres des Champignons, ou des Truffes aufquels on pourroit la rap- porter. De longs filets qu'elle pouffe dans Ia terre, un velu qui l'ac- compagne par-tout, & paroîït même la preceder, avec de petits Tubercules fanugineux produits par ces filets, me faïloient abord incliner à la mettre au nombre des Champignons : mais oféroit-on conter parmi les efpeces de ce genre une Plante qui ne fort point de terre? Il me paroîtroit plütôt que la fo- lidité des Tubercules, leur figure irréguliere caufée par le dif ferent arrangement des corps qui l'environnent, jointe à leur maniére de végéter dans l’intérieur de la terre fans paroître au dehors, font des qualitez qui appartiennent à la Truffe. IL eft vrai qu'il y a des Champignons qui portent à leur pedicule des filets & des T'ubercules qui femblent avoir quel- que rapport à ceux de cette Plante. Stcerbeck & M. le Comte de Marfilly en ont fait graver plufieurs de cette efpe- ce. Mais outre que ces filets & ces Tubercules font d’une fub- flance rare, cotoneufe, & bien differente des autres, ces Cham- pignons ne manquent jamais de fe produire fur la fuperficie * Dans fa Phyrognomonie, pag. 367. o :: 1 108 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de la terre, ce qui les différencie totalement de la nouvelle Plante, qui bien loin de paroïtre au dehors y demeure renfer- mée à demi-pied de profondeur. D'un autre côté, la couleur interieure de fa chair, eft en efté d’un rouge-brun, & en hyver d'un noir legérement marbré de rouge, au lieu que la Truffe eft blanche en efté, & brune marbrée de blanc en hyver. La nouvelle Plante a des racines dont elle tire fa nourriture, & par le moyen defquelles elle fe multiplie, & la Truffe eft fans racines, & paroit ne fe multiplier que par la graine qu'elle renferme in- tcricurement. Cependant comme elle a plus de rapport à fa Truffe qu'à toute autre Plante, je crois qu'on pourroit luy donner le nom de 7 uberoïdes. Outre ces rapports, elle eft encore femblable à la Truffe, en ce qu'elle renferme fouvent dans fa fubftance des corps étrangers, comme des graviers, & quelquefois des petites mottes de terre endurcie. Ainfi l'Hiftoire du Gouverneur de Carthagéne qui, en mordant une Truffe, trouva fous les dents un denier, fuivant le rapport de Pline, ne fera plus unc preuve contre le fentiment de ceux qui aflürent la végé- tation de la Trufle. | Le Laboureur peut déja s’'appercevoir qu'en découvrant par mes recherches une nouvelle Plante, je lui offre un nou- veau monftre à combattre, & c’eft en ce point que je fais confifter la principale utilité de ce Mémoire, mais cette Plante ne lui paroîtra peut-être pas fi odicufe, lorfque je la lui propo- ferai comme un aide qui travaillera de concert avec pour lui détruire de fon champ les Hyebles, les Coronilla, le Mufcari, & plufeurs autres Plantes qui viennent fouvent dans les meil- leures terres en fi grande quantité qu'elles étouffent le Bled, & le font perir. En effet, blâmeroit-on celui qui pour détruire les Four- mis fouvent fr incommodes, éleveroit des Formicaleons poux eur faire la chaffe? On m'objectera peut-être, que par ce moyen, j'infeéte Ja terre d’une Plante qu'il fera fort difficile de détruire : mais les DES SCIENCES. 09 . chofes les plus utiles demandent à être employées avec dif - cernement. C'eft pourquoi il ne faut s'en fervir que dans les terres purement deftinées à faire venir du grain, parce que cette Plante, comme je l'ai déja remarqué, ne caufe aucun dommage à celles qui font annuelles, ni à celles qui n'ont Jeurs racines que fur la fuperficie de la terre. Au refle je pro- pole ceci comme une idée qui n'eft venuë, que je n'ai pü encore confirmer par l'expérience, mais qui ma paru mériter quelque attention. Si fuivant cette idée cette Plante peut être de quelqueutilité dans les terres à grain, elle doit, fuivant mes obfervations, être bien iicommode dans quantité d’autres endroits. Quel dé- gaft, par exemple , ne cauferoit-elle pas dans un Jardin de fleurs, où en moins de deux ans elle peut détruire une plan- che entiere de plantes rares & précieufes ? Combien de cu- rieux ont peut-être abandonné la culture des fleurs rebutés de les voir périr malgré tous leurs foins, ou du moins fe font engagés en des frais confiderables pour ôter la terre de leurs Jardins, & en mettre de nouvelle à la place, attribuant mal à propos à fa mauvaife qualité un défaftre dont la nouvelle Truffe eftoit feule coupable? Mais ces defordres que je lui attribué, fous de fimples foupçons, font peu confiderables en, comparaifon de ceux que je l'ai vü produire fur les Oïgnons de Safran, où le progrès du mal eft fi fenfible, que fi l'on ne prenoit foin d'y remedier, on verroit bientôt tout un Champ perdu au point de n'y pouvoir plus mettre de Safran, même après vingt ans de repos. On ne peut guéres être témoin de ces maux, fans en cher- cher le remede, auffi à peine eus-je connu le 7 uberoïdes, que je cherchai les moyens de le détruire : mais je n'ai pü encore avoir cette fatisfaction, parce que comme il fe plait princi- palement dans les terres graveleules, feches & arides, & qu'il ne fe trouve que rarement dans les terres graffes & humides , les labours fervent plütôt à le multiplier qu'à le détruire. Müis fi l'on n'a pas de moyens pour s'en débarraffer tota- lement, du moins ena-t-on pour fe mettre à l'abri de {es | O 110 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE defordres, car fon progrès fe faifant par l'allongement des racines, il ne faut pour garantir les Oignons fains qu'empêcher la communication. Pour y réuffir, ftôt qu'on s'apperçoit du mal, il faut cerner la terre à un demi-pied de profondeur, & fe garder de la repandre fur les Oignons voifins, de peur d'y porter la contagion, en y enterrant la nouvelle Plante : mais il faut en former une butte fur la place même où les Oignons font gâtés. Par ce moyen on preferve les Oignons qui ne font point encore endommagés, fans guérir ceux qui le font déja. II eft certain qu'il n’y a pas de remede lorfque la contagion eft parvenuë jufqu'au cœur, mais l'experience m'a fait con- noître qu'en dépoüillant de leurs téguments les Oignons qui ne font que légérement attaqués, & les expofant quelques jours au Soleil, ils deviennent parfaitement fains, & pouf- fent aufi-bien que s'ils n'euffent jamais été atteints de la maladie. La raifon m'en paroît claire, en les dépoüillant on emporte avec les téguments les filets morbifiques, & en les expofant au Soleil, les reftes de la Plante contagieufe fe deffe- chent, les playes fe cicatrifent, d'où s'enfuit la parfaite guéri= fon de l'Oignon. EXPLICATION DE LA PREMIERE FIGURE, Qui reprefente le Safran, ou le Crocus fativus, C. B. P. dont il eff parlé dans le Mémoire. A. L'Oignon recouvert de fes enveloppes membraneufes, rouffâtres dans quelques-uns, & blancheätres dans : uelques autres, B. L'Oignon dépoüillé de fa robbe & coupé par moitié dont le diametre eft d'environ un pouce, a la fub- ftance charnuë, fa figure applatie par deflous, & fa fuperficie environnée de petites lignes circulaires où s'attachent les enveloppes membraneufes. C. Gaîne membraneufe qui renferme les feüilles de l'Oignon & le tuyau de la fleur jufqu’à la fuperficie de la terre. DES SerENCcESs. tir D. Feüilles, ou fanne de Oignon. Leur nombre varie de- puis cinq jufqu'à huit, leur longueur eft d’un pied fur une ligne de large, elles font canelées en forme de gou- tiére par deffus , de couleur verd-brun par les bords, & blanches fur la nervure dans le fond de Ia goutiére. , Æ. Lafleur épanoüie, qui eft un tuyau blane, égal depuis fa bafe jufque vers fon fommet, fe divife en fix parties, & s'évafe en forme de pétales de couleur gris de lin : Elles ont environ deux pouces de longueur fur neuf à dix lignes de largeur. F. Les Eftamines blancheîtres Tongues de demi-pouce, qui foûtiennent des fommets fourchus par le bas. Ces fom- mets portent dans des caplules une pouffiére jaune très fine. G. L'embryon qui eff triangulaire; 4 devient, Jorfque la fleur eft paffée , une capfule à trois faces divifée en trois o- ges qui renferment plufieurs femences rondes; mais elles ne meuriffent pas ordinairement dans le Gafti- rois. H. Le Piftiequi prend fonattache fur embryon; c'eftun filet blanc & unique jufqu’à la hauteur des Eftamines, où il devient jaune, & fe divife le plus fouvent en trois brins d’un beau rouge foncé. Ils excedent un peu la longueur des pétales, font de la groffeur d'un fil par en bas, & deviennent plus larges par le haut, où ils ont quelques crénelures très fines. Ï eft à remarquer que cette partie rouge du piftile eft a feule qui s'employe dans les Ragoufts, & en Medecine, & qui ferve aux Teinturiers, 112 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE … | EXPLICATION DE LA SECONDE FIGURE, Qui repréfente le Tuberoïdes à la maniere dont il s'at- cache fur les Oignons du Safran. À. Le Tuberoïdes dans fa groffeur naturelle, avec fes racines violettes & veluës, par l'allongement defquelles il fe multiplie. B. Petits Gaglions, ou nouveaux Tubercules qui fe for- ment aux extremités & aux anaftomoles de plufieurs racinés. | C. Etat du Safran dans le centre des places infectées, où il ne refte plus que les téguments de l'Oignon dans leur forme ordinaire, la fubftance étant entiérement con- fommée par l'action du Zuberoïdes. D. Etat du Safran dans la partie moyenne, entre le centre & la circonférence, où les T'ubercules font attachés fur les téguments , & où les racines du Zuberoïdes énétrent la fubftance de l'Oignon, lui ont fait perdre fa folidité, & l'ont rendu femblable à de la boüillie. ÆE. Etat du Safran à la circonférence où les racines du 77- Beroïdes n’ont encore penetré que les téguments de lOignon, fans avoir endommagé la fubftance, TROISIEME ei DRE rl TS < Mer. de l'Acad1728.Pl.1 -Pag.112. Mem . de Lacad. 1728. PL. 2. pag.112. Mem .de lead. 1728. PL 2. pag.11r de sl DRE SNS rie N CHR 113 ROOMS TEME PAR TTE, OU SUITE DES DEUX ME MOIRES SUR LA POUSSEE DES TERRES EU LA RESISTANCE DES REVESTEMENTS. Donnés à l’Académie, le premier dans l'année 1726, © le fecond dans l'année 1727. Par M CouprLET. \ + fuppofant les Terres détachées les unes des autres & parfaitement roulantes, on leur donne plus d'avantage qu'elles n'en ont ordinairement pour renverfer le revête- ment. Et en fuppofant les parties de {a Maçonnerie bien Jiges es unes avec les autres, on donne aux revêtements plus de for- ce qu'ils n'en ont veritablement pour réfifter à la pouflée des T'erres. Ainfi la fuppoñition des Terres parfaitement roulantes s’'accommode très bien avec celle des revêtements bien liés & bien conftruits, en forte que l'avantage que l'on donne de trop aux Terres eft compenfé par celui que lon donne auffr de trop aux revêtements. Suivant cette fuppofition des Terres parfaitement roulan- tes & de la Maçonnerie bien liée, je vais éxaminer quel avan- tage le Contrefort donne au revêtement, & quelle doit être la bafe d'un revêtement qui a des Contreforts. Les Contreforts font des Efperons unis au revêtement & rentrants dans. le T'erre-plain du rempart, qui fervent à re- tenir le Revêtement que les Terres pourroient renverfer ; Mem. 1728. A 21.Fev. 1728. 114 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'on ne fçauroit donc ajoûter de Contreforts au Revêtement fans fuppofer la Maçonnerie bien liée, en forte que le Revé- tement & fes Contreforts ne faflent qu'un fcul Corps, dont on ne pourroit renverfer une partie fans renverfer le tout ; car fi la Maçonnerie étoit mal liée, en forte qu'une partie pt être renverfée fans l'autre, les Contreforts deviendroient inutiles, attendu que le Revêtement pouffé par les Terres en- tre deux Contreforts feroit renverfé entre ces mêmes Con- treforts de la même maniére, & avec autant de facilité que s'il n'y avoit point de Contreforts. Mais fi la Maçonnerie eft bien liée, c’eft-à-dire, le Revè- tement bien uni à fes Contreforts, & dans toutes fes parties, pour lors la partie du Revêtement qui eft entre deux Contre’ forts, quoique foible d'elle-même, ne pourra être renverfée, attendu qu'elle cft retenuë à fes extrémités par les deux Con- treforts; cela pofé, il ne faudra plus éxaminer l'énergie d’une lime de Revêtement, comme nous avons fait précédem- ment, mais l'énergie de la partie du Revêtement qui va d'un Contrefort à l’autre, y compris un Contrefort. H ne faudra pas non plus prendre l'énergie d'une lame triangulaire de terre, mais celle de toutes les Terres qui pouf- {ent entre deux Contreforts, & contre un Contrefort. Pour faire cette recherche avec ordre, je cherche dans le premier problème l'énergie des Terres qui pouflent entre deux Contreforts. Dans le fecond Problème, je cherche l'énergie des Terres qui pouffent contre un Contrefort. Et dans un troifiéme Problème, je cherche l'énergie des efforts accidentels qui pouffent entre deux Contreforts, par- ce que ceux qui pouffent contre un Contrefort ne font point capables de nuire au Revêtement, Dans le quatriéme Problème, je cherche quelle doit être la bafe du Revêtement parallélogrammique, tel que l'effort compolé de la Pouffée des Terres, de la pefanteur du Revête- ment & de fes Contreforts, & des efforts accidentels, foit di- rigé vers le milieu de la bafe du Revêtement. DES SCcrEeENcEs' 11 Dans le cinquiéme Problème, je cherche la bafe d'un Re- vêtement triangulaire, avec les mêmes conditions. Enfin dans le fixiéme Problème, je cherche la bafe d'un Revêtement qui a un fruit égal à a fixiéme partie de fa hau- teur , avec les mêmes conditions que dans les précédents Pro- blèmes. L Pour cela j'ai fuppofé la pefanteur de la Maçonnerie à celle de la terre dans le rapport de p à 4. J'ai fait auffi l'efpace compris entre deux Contreforts & lépaifleur defdits Contreforts dans le rapport de m à », & la longueur defdits Contreforts égale à la bafe du Revéte- ment. : J'ai fait les Contreforts d'égale épaiffeur, & perpendiculai- res fur le Revêtement. Comme nous ajoûtons des Contreforts au Revêtement, nous devons fuppofer que le Revêtement & les Contreforts ne feront enfemble qu'un même Corps, fi bien uni, que l'un ne pourra être renver{é fans l’autre, en forte que les Contre- forts ferviront non feulement à affermir les parties du Revé- tement auxquelles ils font joints, mais encore les efpaces du Revêtement compris entr'eux. : A caufe de cette liaifon que nous donnons au Revêtement & aux Contreforts, nous ne fuppoferons plus que Île Revête- ment fe puifle cafler parallélement au talus naturel des T'er- res, mais feulement horizontalement, c’eft-à-dire, fuivant les joints horizontaux des pierres qui forment le Revêtement, puifque c'eft l'endroit où le Revêtement eft moins lié. Comme nous avons démontré dans le premier Memoire, que toutes les parties du Revêtement triangulaire avoient une énergie également proportionnée à celle des Terres qui pouf fent contre ces mêmes parties, il eft évident qu'un Revête- ment qui ne fera pas triangulaire, c’eft-à-dire, qui aura quel- que épaifleur à fon fommet, aura plus de force dans fes par- ties fupérieures que dans lesinférieures , & que par conféquent fa bafe fera la partie la plus foible par rapport à la hauteur des” Terres qu'il doit foûtenir. Me 1j Fig. 1. LD \ 116 MEMOIRES DE L'ACADEMIE-ROYALE C'eft pourquoi nous nous attacherons à donner à cette partie inférieure autant d’épaiffeur qu'il luy en faut pour ré- {ifter à l'énergie des Terres, fans nous embarraffer des par- ties fupéricures qui auront toüjours plus de force qu'il ne leur en faut, attendu qu'elles ont une épaifleur beaucoup plus grande que la bae par rapport à leur hauteur. Comme il auroit été trop long de faire ce Mémoire dans les trois hypothéfes d’arrangement de terre, ainfi que j'ai fait dans les deux Mémoires précédents, je me fuis contenté de faire celui-ci dans l'hypothefe d’un grain appuyé fur trois au- res grains qui forment un T'étraëdre, dont je fuppofe l'arrête tournée vers le Revétement. Au refte, pour peu que l'on foit verfé dans le calcul Algé- brique, il ne fera pas difficile d'appliquer ce Mémoire aux deux autres hypothefes, fur-tout avec l'aide du fecond Mé- moire où j'ai donné les différentes pouffées des Terres dans les trois différents arrangements. À PRRCOL POIVRE E CT. Trouver l'énergie des Terres entre deux Contreforrs. SONT AUINT TION. Soit la hauteur À B des Terres & du Revêtement — 7. Suivant le Theoreme fecond de la feconde partie l’on aura À G par cette analogie . .. V2:1:: AB: AG. GEÉRSadre, 2er TEL V2 ere 7 Et par conféquent la furface du Triangle À BG — . . Comme ce Triangle À BG eft le profil des Terres qui pouffent contre ie Revêtement entre deux Contreforts ; fr lon multiplie ce profil = par la diftance #1 d'un Contrefort fera le folide des Terres qui pouffent aam 2 V2 entre deux Contreforts. à l'autre, le produit + s x D} LE Se ST 105 LE ‘Nr GES 117 Et comme nous exprimons la pefanteur des Terres par leur dimenfon, le folide 27 fera la pefanteur des Terres qui pouffent entre deux Contreforts. <. Mais nous avons trouvé par le Theoreme V..de la feconde . partie, que la pefanteur des Terres eft à l'effort qu'elles font contre leur Revêtement : : V2 : x — — =24ac ce EtPO —CO. = — CC— CP fera a C+ Je CD CH fera . 0] GE 24ac cc 14% ex —xx. Ouen nommant pour abregerW 246 — cc = —=HD,&a—c—y— ex ? ; c g= CH, on aura PO =V pp—1qx—xx,& Pp,ou Sq—dx, Les deux triangles reétangles femblables Q S4; Q PC, donneront PO (V7p—2q#—##):CQ (a) :: Sg (dx): 0 << à CDI (1)j02 4 x): rÆ ] - 10 Mais le temps de la chûte par le petit arc O9; qui eft dr, fera — “ax De ee er sé P P P Lq54 t, fera TRÈS 5 *PP TENTE MI . Lt té — X — nc,;en le van! y J I faut réduire en férie cette quantité pp 24? LE . On aura do ,en fe fer 1 P 1 3 { t de la feconde formule de analyfe démontrée > P: 410. cette férie app À T'n—agm—ix pp À X4q9 A. pp app x | HAE : Er —IPp X21q) —iX—L— 1x — Enr ï Fa Qui vaut SIÈSE 1 RTL T1 ,,499 sil. "142.0 89) LÉ RTETE : BE EX Sr Gex HExE x 0 1x En E ve é e D où + Hixi 1 TN TEA er Hole Le 1 FDP 2 EAN? de me =! Doncdt=—xpp—2qx—xx ‘fera dx , ngxdx , , 31, 44ggqxxdx ep ele € 1 1 1 AE Lo RON AAATTERRE 4 Ir, 22, à Cd A ER mnt EN EE Mere fapards ; , LECET Ets L EHS, lee Prvx : 2 3 4 pvVx axxdx DA 244xi dx LH: 4aggxtdx VX EX ER Xi yx DRE AR &c, ACL CEE > P'Vx Fig. 2: : 2 1 1 BaotxiVx hr LHi 14 16qtaxtVx saVx aAqxVe Li, 4agqxx vx Hein) ra fe aq SEPT LRENrnnENe UE q DRE TRS m REX KT Fi For À pe NT Tuer a à 3 TL " , L Te LR Ke x UE PUR EAUX EE sage à AÈNE &c. pi FRE FT : ? 1 Lan nb. /: 1x = Nive : ; ! ANR ue 4e _ Puifque le diametre du cercle ef =24, le temps de la chûte par ce diametre fera exprimé par == V8 4. L'on demande préfentement quel fera le temps de la chûte par l'arc DB, infiniment petit. Il eft clair que la hauteur verticale cortefpondante HB fera le finus verfe de l'arc DB , & que cette hauteur fera auffi infiniment petite, & même du fecond genre; cette ligne HB a été nomméec, qui devient = +, lorfque le mobile eft arrivé en B, on aura donc c—x=—0; & en remettant dans la férie ci-deffüs, au lieu de p & de 4, leurs valeurs, qui font _V3ae ce HD, &y—a—c—CH, il eft évident que lorfque c devient — 0, que a — « devient — a, & pat conféquent que 2ac — ce =: : > : rie i de = = zac — ‘inté Ï ien- qui eft le produit de 24 — c par «, devient celui de 24 parc= 248, on aura donc pour lors p= Wu ; & q = a. Et l'intégrale ci-defus devien- dra celle qui fuir. , : : : : y : 24aVe aceVe ED aiccVe mat te Bxate Ve a+: 3 (ETUI t— — +: = HExE xix 4x — + ix— De XEXx et *— RE e SRESVER Viac 2acV sac > AuaceVia6 8XalciViac 4 16X ati , aceVe 2440 Ve LH: 4X4a14V HE — HEXIHIXEX —HIXxIHIXxE D Nuare Al P 4acVrar RACE Vrac 2 3° BXA41 Vie 1 +1 actVe +ix: X EX ——— ? 2 ? ACCV suc ‘ Qui fe réduit à celle-ci, L 3 2 LI Le LA ge nes ART Per hi, Li lbs Les a DESSERT XFX = HEX = tnt D or “= X —xix— &c. 1 24 + 3 4 V4 11 faut remarquer que dans cette fuppofñition de 6 — 0, tous les termes inférieurs s'évanouiffent , à caufe que c érant au moins d'une dimenfion de plus dans les numérateurs que dans les dénominateurs , rend tous ces termes égaux à o. Ainf la férie eft réduite à la ligne fupérieure ; qui devient D 2 SX — 1e V:a 6 Vi 14 2007 T6 Via += &ec, Et le temps de la chüte par la corde correfpondante étant égale à la chûte par le diametre Orc efforts premie! xx DLEELE nee Sri ET NC ES. 13 . Or cette énergie doit être égale à celle des Terres & des efforts accidentcls que nous avons trouvée dans les trois premiers Problèmes, ce qui nous donne cette équation, puuxx rmanx pnanx pmai—pna ___ aim+ain+3 aacm g U 249 2169 36 } —}aankx—2acmx CMXX , . ee han) ds PRE ue D'où l'on tire — SE RS EE SERRE 2 Gmqa + Gnqa +1 Scmqa a +-pmai pré mpa® V2 pnaalV: + 2mqaa + Gnqaa +-4cmqu 216npa—g9cm — ER ? Ant 48pnaVi—2cmqvz =, qui eft mraaV2—npanvVz —1mqaa—G6nqaa—4cqm 7 +8npavz —2cmg Vz je valeur de la bafe gu L trouver. C'O'RAIOME SC AUT RE T e— Si l'on fait comme dans le Corollaire premier des Pro blèmes 1V. & V. RAR METRE PES - 2 Lie 20: ==) 20, La formule précédente du Prob, VI. fe changera en celle-ci, Er PSE ST RE cb D Em 15 2 10047+ 5na3+48004a GoaaV2—+-3naaV2+Boaa+12naa+3:004 ne un 216714— 2400 = PR PP RU à ” 14474 Y2 —1600 CoaaVi—3naavV2z—8Soaa—112naa—31004 Er 1447aV2—1600 obnlo ie in eu Lili ? Si, comme M. de Vauban, l'on fait l'épaiffeur 4 des Con- treforts —-£ + 2, c'eft-à-dire, égale à la dixiéme partie de la hauteur plus 2 pieds. Pour lors la formule du Corol. I. fe changera en celle-ci, ; : : 22 TR TOR me .—— ———. | 50%+ 1 10047+4800044 34 V2+-6Goaavi+ 1 141 +1 040444 320004 | 43204+216a4a—24000 A — — — ——————— 2 288042 +144aaÿ2 —16000 Vz 34 V2 —C6ona V1—124—104044—320004 28804V2+144a4aV2—16000 Yz < 134 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyYALE Cela pofé, un Revêtement de quatre-vingt pieds qui aura un fruit égal à la fixiéme partie de fa hauteur avec fa lon- gueur de fes Contreforts égale à la bafe totale dudit Revéte- ment , aura Jadite bafe totale de 1 4 pieds $ pouces 3 lignes +, & par conféquent fon épaiffeur au cordon fera 1 pied 1 pouce 3 lignes + feulement , ayant la direction de l'effort compoté, comme nous l'avons dit précédemment, fur le milieu de la bafe totale. G'oir'ott a lan s JTE Si lon fait — o la hauteur € des Terres à laquelle on évaluë les efforts accidentels, pour lors la formule du Problème VI. fe changera en celle-ci, ee — ————————— "5û Gmqa*+-6nqa+-mpa+-npa? m paVi+-npa V2 +2 mqa Gnqa RATES TE LUNA ADS à X— É 48»pva mpavi—npavz—2mqa—6nqa a ———————————_—e 48 »p V2 Gore LEeAMERE IV. Si comme dans le Corollaire I. & I. de ce Probléme VI, Tone nee eee ee € NES Gi ag Pi —20: Et fi l'on fait l'épaiffeur » des Contreforts égale à a racine quarrée de leur hauteur, c'eft-à-dire » = Va. La formule du Corollaire IIE où l'on fait c— 0, fe changera en celle-ci, PR A ee jus 1004 Va+ $aa 6ovia+ 3aV2+8ovVabiza 216 ns 144V2 60 V1a a | —3avV2— 80Va— 12 a. 144 V2 Cela polé, un Revêtement de 8o pieds aura fa bafe de 12 pieds 2 pouces 2 lignes, en dirigeant l'effort compofé de a poufléc des Ferres & de la puiffance du Revêtement, & de fes Contreforts vers le milieu de la bafe, & en faifant abftrac- DES SCIENCES 135 tion des efforts accidentels, & faifant l’épaiffeur des Contre- forts égale à la racine quarrée de leur hauteur ; & par confé- quent fon épaiffeur au cordon fera negative dans cette hauteur de 80 pieds, c'eft-à-dire, que le Revêtement triangulaire qui aura pour bafe + de fa hauteur, fera plus que fufffant avec 6 A Ë j {es Contreforts pour foûtenir la pouflée des Terres, REMARQUE L'on voit par les Corollaires IT. des Problèmes IV. & V. que la bafe du Revêtement parallélogrammique , eft plus grande que celle du Revêtement triangulaire, lorfque l'effort compolé eft dirigé vers le milieu Q de la bafe, ce qui pour- roit paroïtre un paradoxe, & ce qui eft cependant évident, fi l'on fait réfléxion que le point d'appui fe trouvant pour lors au milieu de fa bafe, la pefanteur du Revêtement parallélo- grammique eft dirigée vers ce point d'appui Q, ce qui rend Fig. 4 & 5. fon bras de Levier & par conféquent fon énergie égale Zero, puifque le bras de Levier d'une puiflance eft la diftance du point d'appui à la direction de cette puiffance. Au lieu que dans le Revêtement triangulaire, la pefanteur réunie à fon centre de gravité P, ne tombe point fur milieu de la bafe, comme dans le Revêtement parallélogrammique, mais à + du milieu de cette bafe, ce qui fait que la pefanteur du Revêtement triangulaire eft appliquée à un Levier Z Q égal à la fixiéme partie de la bafe, Le Revêtement triangulaire aura donc une énergie fur un point d'appui placé au milieu Q de fa bafe, au lieu que le Revêtement parallélogrammique n’en fçauroit avoir fur un tel point d'appui; & par conféquent le Revêtement triangu- laire aidera au Contrefort à foûtenir l'énergie des Terres, & le Revêtement parallélogrammique ne pourra point leur aider tant que ce point d'appui fera dans la direction de fon centre de gravité, c'eft-à-dire au milieu de fa bafe, ce qui fait que le Revêtement parallélogrammique & fes Contreforts doivent être plus grands que le Revêtement triangulaire & fes Con- treforts, Fig. 5. Fig. 7. 136 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Mais 1 je point d'appui eft placé à un tiers x de fa bafe du côté de la furface extérieure du Revêtement, pour lors l'énergie du Revêtement parallélogrammique fera égale à celle du Revêtement triangulaire de même bafe & de mème hau- teur, parce que le Revêtement triangulaire, qui eft la moitié du Revêtement parallélogrammique, aura un Levier XAR double de celui XQ du Revêtement parallélogrammique, &c que pour avoir des énergies égales, il faut que les Leviers des puiflances foient entr'eux en raifon réciproque des mafie qui leur font appliquées. D Mais fi le point d'appui, au lieu d'être au tiers comme ci- deflus, étoit plus près du milieu Q, l'énergie du triangle feroit plus grande que l'énergie du parallélogramme , parce que fon bras de Levier feroit plus grand que le double du Levier du parallélogramme. Et fi ce point d'appui Æ étoit plus écarté que le tiers du milieu Q vers la furface extérieure du Revêtement , pour lors l'énergie du parallélogramme feroit plus grande que celle du triangle, parce que fon Levier {croit plus de la moitié de celui du triangle. TE OR EME, Les épaifleurs de murailles doivent être entr'elles comme les quarrées de leur hauteur. | D'ÉMONSTRATION. Soient deux murailles, ou plütôt leur profil ABCD, EFG H. Je dis que fi ces deux murailles font pouflées dans chaque point de leur furface par un effort quelconque f, les bales BC, FG de leur profil doivent être entr'elles comme les racines quarrées de leur hauteur. Soient les hauteurs 42, Æ F de ces murailles 4, « Leurs bafes BC, FG de icurs profils. . . , . . b, d. Les furfaces de leurs profils feront. . . . . . . . ab, cd. Comme nous fuppofons que l'effort f poufle contre cha- que point de la face C D de la muraille ABCD, & contre chaque D TS M SO Te DES SCcrEeNCEs. 137 chaque point de la face AG de l'autre muraille EFGAÀ, l'effort total qui fe fera contre la muraille ABCD), fera — a A & celui qui {e fera contre la muraille £FG A fera cf. Mais ces deux efforts étant réünis au centre de gravité des faces CD, HG de ces deux murailles, font appliqués aux bras de Levier MB—<£<& NF—< Ainfi multipliant ces deux efforts af, cf par leur bras de Levier © & —, les produits ah , É feront les énergies de la puiffance f contre les murailles ABCD, EFGA, pour les renverfer en les faifant tourner autour de leurs points d'appui 2, Æ. Maintenant fi l'on multiplie les pefanteurs de ces murail- les, que j'exprime par leurs profils 44, cd, qui leur font pro- portionnels , par leurs bras de Leviers BQ = & FO = L; les produits £2£ & £44 feront leurs énergies. 2 2 2 Mais les énergies de ces deux murailles doivent étre pro- portionnées aux énergies que la puiffance f a contr'elles. abb ,, ccf . cdd & 5 << : & par con Donc nous aurons se : re féquent EE = 2, & divifant par add—=bbc, d'où on tire cette proportion 44 : dd::a:c; & tirant la racine quarrée de chaque terme, lon aura b:d:: Va:: Vo, c'eft-à-dire, que les bafes & & d des mu- raïlles, doivent être comme les racines quarrées de leur hauteur a & c pour qu'elles réfiftent également aux efforts latéraux femblables. Ce qu'il falloit démontrer. . £., l'on aura REMARQUE. Ceux qui ne tiennent point compte des Contreforts dans la force du Revêtement, & qui ne les regardent que comme des arrêts qui empêchent fon entiére deftruétion , en cas que. quelques-unes de fes parties comprifes entre les Contreforts viennent à céder à l'effort qu'elles ont à foûtenir, trouveront Mem. 1728. sie 138 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaALE fans doute la partie comprife entre deux Contreforts trop foible pour réfifter aux efforts qu'elle doit foûtenir. | Mais s'ils font attention que nous avons fuppofé les Con- treforts & le Revêtement comme des parties fi bien unies, que l'une ne peut être renverfée fans l'autre, leur objeétion ne tombera que fur l'hipothefe, & non pas fur l'éxamen que j'ai fait des Revêtements dans cette hipothefe. Au refte la maniére dont je m'y fuis pris pour éxaminer ces Revêtements, prouve affés que je ne garantis point cette derniére hipothele, puifque dans le Mémoire précédent j'ai donné les bafes des Revêtements propres à réfifter aux efforts qu'ils ont à foûtenir fans avoir égard aux Contreforts. Ainfi ceux qui ne voudront point accorder cette hipothefe, pourront s'en tenir au fecond Mémoire , où ils trouveront tout ce qu'ils peuvent defirer touchant les Revêtements, & pourront ajoûter des Contreforts tels qu'ils voudront, pour arrêter les irruptions des Terres contre le Revêtement, au cas que quelques parties viennent à ceder. M. de Vauban donne à fes Contreforts leur plus grande épaifleur à leur racine, c’eft-à- dire, le long du Revètement auquel ïls font adoffés, & il fait Icur extrémité moindre à mefure qu'ils entrent dans le Terre-plain du Rempart. L'épaiffeur qu'il donne à la racine des Contreforts, eft, com- me nous lavons dit précédemment, de = de la hauteur du Rempart plus 2 pieds, & l'épaifleur qu'il donne à l'extremité defdits Contreforts eft les deux tiers de ce qu'il leur donne en racine. y < \ G Ki & : ( | Qi l | | | | | 1 | h || S | | Fig. 1. “I Mem. de ea MT. (272 134. | lp À ll | 47 DES: SCTENCES 139 HIST OUTRE" DES TEICNES: OU DES TUNUSUE GC. T ES QUI RONGENT LES LAINES ET LES PELLETERIES. Pa M DE REAUMUR. PREMIERE PARTIE. N connoït, & on ne connoït que trop, au moins par 7 Avril leurs ravages, ce genre d’infectes fi redoutable à nos 1728. ouvrages de Laïne, & à nos Pelleteries : fi on les laïfle s'éta- blir foit dans les F'toffes communes, foit dans les ameuble- ments des plus fuperbes, peu à peu ils les hachent, ils les dé: coupent, & enfin ils les détruifent entierement ; ils dépoüil- lent les plus belles fourrures de leurs poils. Le mal qu'ils nous font n’a pourtant pas empêché des Hiftoriens, célébres dans l'Hifloire naturelle, d’en parler avec de grands éloges; on ne fçauroit s'empêcher d'admirer leur induftrie dès qu'on cher- che à l'obferver. Ils font nommés Zéignes par les Natura- diftes ; dans le langage ordinaire on leur donne aufii quel- quefois ce même nom, mais plus fouvent on eur donne fimplement celuide Vers. La chafle des Teignes comprend differents genres d'in- fetes dont quelques-uns font extrêmement finguliers par Îa nature de leurs aliments; on nous en a décrit un genre qu'on affüre n'avoir pour nourriture que la pierre commune, & qui à la verité n’eft pas auffi à craindre pour nos édifices, que left pour ceux des Abeilles un autre genre de ces Vers . quine fe nourrit que de Cire. Celui-ci perce en tout fens _ ces gâteaux faits avec tant d'artifice, il les réduit en petits S ij 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fragments, & force les Mouches à les abandonner : de a Pierre, de la Cire, de la Laine, des Poils nous doivent Pa roître d l'étranges aliments, à nous qui ne fçavons pas même faire naître de ten aton dans quelques-unes de ces ma- titres, foit avec des diflolvants communs, foit avec les dif- folvants les plus violents que la Chimie nous ait découverts. Je referve pour d’autres Mémoires les Obfervations que m'ont fournies les Vers de Pierres, ceux de la Cire, & di- verfes autres Vers fmguliers de la claffe des Teignes ; celui- ci même pañleroit les bornes prefcrites à la durée de nos Affemblées *, fi j'entreprenois d'y raflembler tout ce que j'ai à rapporter des infeétes des Laines & des Fourures; nous leurs deftinons à eux feuls deux Memoires, & peut-être trouvera-t-on que ce n’eft pas trop, qu'ils meriteroient d'être mieux connus qu'ils ne font, & qu'il nous importoit de les mieux connoître. Les recherches d’Hiftoire naturelle neuf fent-elles pour objet que de nous faire voir la prodigieufe varieté des êtres de l'Univers, quand elles ne feroient que nous aider à nous former de plus grandes idées de l Autheur de tant de merveilleux Ouvrages, ne meriteroïent pas d’être traitées de frivoles, comme elles le font quelquefois, par gens qui ne fe propofent pas des objets plus folides; mais ces recherches, curieufes par elles-mêmes , peuvent tendre auffi direétement , que celles de toute autre elpece, à ce que nous appellons pe utilités réelles, à ce qui a des rapports réels avec les feuls befoins que nous nous connoiflons. I n'y a qu'à en fçavoir faire ufage. Cent & cent exemples concourrent à établir que des obfervations d'Hiftoire natu- relle ont autant contribué aux progrès des Arts que l'ont pû faire les plus belles inventions de Méchanique ; qui à force d’avoir étudié le naturel de nos Teignes, à force de les avoir obfervées foigneufement en tout âge, & fous toutes leurs for- mes, féroit parvenu à découvrir quelque fecret qui les fit périr, ou qui mit à l'abri de leurs dents ceux de nos Ouvra- ges dont elles font leur pâture ordinaire, qui les rendit pour * Ce Mémoire fut 1ù à une Affemblée publique, TR ne oi Co nn SU id NE te, cé D ESS DIE SA SIGNE NL.C ES 141 elles des mets funeftes, ou qu’elles n’ofaflent toucher, n'au- roit-il pas découvert quelque chofe d'auffi utile, que celui qui auroit trouvé une maniére de fabriquer nos Laines, qui augmenteroit confidérablement la durée des E’toffes qui en feroient faites? De combien prolongeroit-on, par exemple, 1a durée des Lits & des Tapifieries de Serge, f1 on fçavoit les garantir des gr de nos infectes? Cette confideration feule étoit plus que fufhfante pour me déterminer à fuivre avec atten- tion un genre d'infectes, qui d’ailleurs invite les obfervateurs par bien des fingularités, & qui cependant n'a été Jufques ici obfervé que groffiérement. Je ne décrirai à préfent que ce qu’il m'a fait voir de plus remarquable, ce ne fera que dans un fecond Mémoire que je rapporterai les diverfes tentatives que j'ai faites pour découvrir des moyens de l'empêcher de nous nuire. Des poils, des plumes, des écailles, des coquilles cou- vrent la furface extérieure du corps de différents genres d'Animaux , la nature leur a donné des vêtements folides qui les mettent à l'abri des injures de l'air, & des frottements des corps qu'ils font fouvent expofés à toucher; nous fup- pléons par nôtre induftrie à ce qui nous a été refufé de ce côté-R. La nature a auffi refufé des vêtements aux Teignes; mais elle leur a appris à s’en faire & d'Etoffes aflés femblables à celles que nous employons au même ufage. Leur tête, leurs ferres, & fix pates fituées affés proche de la tête font tout ce qu'elles ont d'écailleux, le refte de leur corps eft couvert d'une peau blanche, mince, tranfparente, & par confequent délicate ; à peine y apperçoit-on quelques poils par ci-par-là. Elles naïflent véritablement nües, & elles fçavent fe faire de véritables habits; les unes fe les font de Laine , & les autres de poils ; je dis de véritables habits, car les enveloppes des Teignes ne doivent point être confonduës avec les coques que forment les Vers à foye, & diverfes Chenilles; ces der- nitres font clofes de toutes parts ; l'animal s’y renferme pour fe métamorphofer:; il y doit refter pendant un temps confi- dérable fans marcher; fans prendre de nourriture ; au lieu que les Teignes ne quittent jamais leur efpece d'habit, elles le S ii * Fig. 1. 3 * Fig. 34: & 35: 142 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE portent toûjours avec elles. C'eft cette façon de fe vêtir des Teignes que les Naturaliftes ont admirée, & qu'ils fe font contentés d'admirer, ils ne nous ont point appris avec quel artifice V'infeéte fabrique l'Etoffe dont il fe couvre, ni quel en eft la tiflure. L'habit d’une Teigne n’a pas une figure fort recherchée ; le corps de l'infecte eft d’une forme qui approche de la cy- lindrique, pour le couvrir il ne faut qu'une efpece de tuyau; telle eft auffi fon enveloppe; c’eft un tuyau creux dans toute fa longueur, ouvert par les deux bouts, près defquels il a ordinairement un peu moins de diametre, que vers le milieu ks Celui des plus vicilles Teignes a environ 4. à 5. lignes de longueur, il en a rarement 6. Tout l'éxtérieur de ce Tuyau, de cet eftui, ou, comme nous l'appellerons plus fouvent, de ce fourreau, eft une forte de tiflu de Laine, tantôt bleûë, tantôt verte, tantôt rouge, tantôt grife, felon la couleur de l'Etoffe à laquelle le Ver s’eft attaché, & qu'il a dépoüillée; quelquefois diverfes couleurs s'y trouvent mélangées de façons fort fin- gulieres; plus fouvent ces différentes couleurs font rapportées les uns auprès des autres par bandes. Ce n'eft au refte que l'exterieur de ce fourreau qui eft de Laine, tout l'intérieur eft gris-blanc, & formé d'une foye que le Ver file. C'eft une doublure qui fait corps avec le refte de l'Etoffe; ou plû- tôt le fourreau eft fait d'une forte d'Etoffe, dont la plus grande partie de l'épaifieur eft de Laine, & dont le refte eft de foye; efpece de tiffu que nous ne nous fommes pas enco- re propofés d'imiter. ‘état de Teigne comme celui de Chenille eft pañlager ; elles doivent de même fe métamorphofer en Papillons, & c'eft fous cette derniére forme que les femelles dépofent les œufs qui perpetuent leur efpece. Depuis le milieu du prin- temps, jufques vers le milieu de l Automne, on voit voler fur les Tapifferies, & fur les Lits de petits Papillons d'un blanc un peu gris, mais argenté, aufquels les gens attentifs à conferver leurs meubles font une jufte guerre. * Ce font les Papillons dans lefquels les Teignes ont été transformées; D Eis :S/©1 Em cris 143 pour fuivre nos infeétes dès leur naiïffance, j'ai pris plüfieurs Papillons de cette efpece, j'en aï renfermé de très vivants dans des poudriers de verre, où j'avois mis des morceaux d'Etoffe; quelques-uns y ont fait des œufs. Ces œufs font très petits, c’eft tout ce que peuvent faire de bons yeux, fans être aidés d'une loupe, que de les voir, on reconnoit pourtant que leur figure eft affès femblable à celle des œufs ordinaires, qu'ils font blancs, & qu'ils ont une forte de tranfparence. Il me m'a pas été poffible, ni d’obferver les Vers dans le temps qu'ils fortent de leurs œufs, ni même de fçavoir précifément combien ils font à éclorre; ce que je fçai, c'eft qu'environ trois femaines ou un mois après que les Papillons ont eû dépolfé des œufs, j'ai trouvé de petites Teiïgnes, & que je mai plus trouvé les œufs, dont j'avois marqué les places. : Peu à près qu'elles font nées elles travaillent à fe vêtir. On les trouve logées dans des fourreaux, pareils à ceux! que j'ai décrits, dans des temps où elles font fi petites qu’on ne peut bien s’affürer que ce qu'on voit font des fourreaux , fans fe fervir du fecours de la Loupe. Ce que la Nature apprend eft fçû de bonne heure. Mais pour fuivre l'artifice de leur travail, il faut les prendre dans un âge plus avancé. Arreftons, comme j'ai fait, à une Teigne qui eft parvenuë à une grandeur fen- fible, comme à celle de deux ou trois lignes, & qui eft dans le fort de fon accroiffement. Dès que fon corps va croître, fon fourreau bientôt fera trop court pour la couvrir, auffi s'occupe-t-elle journellement à Yallonger ; elle en eft entié- rement couverte quand elle eft dans l'inaétion. Nous avons dit qu'il eft percé par les deux bouts; quand l'animal veut travailler à l'allonger, ïl fait fortir fa tête par celui des bouts dont elle eft le plus proche. On la voit chercher avec viva- cité à droit & à gauche les poils de laine convenables. * Sa tête change de place continuellement & preftement. Si des poils qui font proches ne font pas tels qu'il les veut, il retire quelquefois plus de la moitié du corps hors du fourreau, pour aller choïfir mieux plus loin; en a t'il trouvé un convenable; fa tête fe fixe pour un: inftant, il le faifit avec: deux ferres qu'il * Fig. 3. 4, 21. & 22 * Fig. 16. 144 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE a au deflous de la tête, près de la bouche, & il l'arrache après des efforts redoublés ; auffitôt il l'apporte au bout de fon tuyau, contre lequel il l'attache. Il répéte plufeurs fois de fuite une pareille manœuvre, fortant tantôt en partie du tuyau, & y rentrant en fuite, pour coller contre un de fes bords un brin de laine, J'ai dit que la Teigne arrache ce brin de laine de l'étoffe, on voit effectivement qu'elle le tire comme pour l'arracher; je ne fçais néantmoins fi de plus elle ne le coupe pas, la fi- gure & la difpofition des deux ferres qu'elle a en deflous de la tête *, & l'ufage qu'elle en fait dans d’autres circonftances ; concourrent à donner la derniére idée. Elles font chacune une lame écailleufe affés femblable à celles de nos cifeaux ; leur bafe eft large, & elles fe terminent en pointe; leurs deux plans font à peu près paralléles entr'eux, & paralléles à celui du deffous de la tête ; ainfï elles font faites & difpofées comme les deux lames des cifeaux. Si la T'eigne répétoit toûjours la manœuvre que nous ve- nons de lui voir faire au même bout du fourreau, elle ne l'al- longeroit que par ce bout, elle ne lui donneroit pas la figure d’un fufeau, qui lui eft affés ordinaire, Il faut donc qu'elle lallonge fucceflivement par chaque bout; auffi le fait-elle, Après avoir travaillé pendant une minute, & quelquefois feu- lement pendant quelques fecondes à un des bouts, elle fonge à l'allonger par l'autre. On eft tout étonné de voir fortir par celui-ci la tête qui fortoit par le précédent ; on eft tenté de croire que l'infeéte a deux têtes, ou au moins que le bout de fa queuë eft fait comme la tête, & a une pareille adreffe pour choifir & pour arracher les brins de laine. Le vrai eft pourtant que c’eft la tête qui fucceffivement paroît à l'un & à l'autre bout du fourreau, & qui fucceflivement laifle fa place à la queuë. Ce fourreau ef large plus qu'il n'eft befoin pour contenir le corps de l'infeéte, & environ du double plus large : dès que fa tête a affés agi vers un des bouts, il fe replie, il fe tourne, & avance fa tête vers le côté où eft la queuë ; il continuë de avancer jufqu'à ce qu'il foit plié à peu | - . . - . DES SCIENCES. 145 peu près en deux parties égales ; alors il retire [a queuë vers la place qu'occupoit auparavant la tête, & la tête gagne celle où étoit la queuë ; ainfi l'infeéte fe retourne bout par bout dans fon tuyau. Cette manœuvre eft fi prefte, qu'on n'ima- gine pas qu'il ait eu le temps de la faire, quoiqu'il foit évident qu'il n'en puifle pas faire d'autre. S J'ai voulu la voir à n'en pouvoir douter; Je moyen en a été facile; en preffant doucement un des bouts d'un four- reau, j'obligeois la Teigne à s'avancer un peu vers l'autre bout; alors j'emportois avec des cifeaux la partie que je l'a- vois forcée d'abandonner. Le même manége répété fuccef- fivement à chaque bout, a réduit un fourreau à n'avoir que le tiers de fa premiére longueur *. L’infeéte ainfi plus d'à moitié à découvert, & mis dans la néceffité d'achever de fe vêtir, y a bientôt travaillé: c'eft alors que j'ai vü comment il fe re- plie en deux, lorfqu'il a à faire changer fa tête de côté; le gros du plis, pareil à celui d’une corde pliée en deux, fe trouvoit en dehors du tuyau dans cette circonftance *; mais ordinairement il {e trouve au milieu, & c’eft pour cette raifon qu'il y eft plus renflé qu'ailleurs. C’cft auffi alors qu’il eft plus ailé de voir travailler nôtre Ver, il fait plus de befogne en vingt-quatre heures, qu'il n'en feroit en plufieurs mois, la néceflité de fe vêtir l'y force. Au refte quand la Teigne, qui travaille à allonger fon four- reau, ne trouve pas de poils à fon goût, où fa tête peut at- teindre, elle change de place, & en change de temps en temps. Elle marche, & même aflés vite, emportant toûjours fon fourreau avec foi ; alors fa tête & fes fix pattes font en dehors *, car c'eft au moyen de fes fix pattes qu'elle marche. Elle en a deux autres plus courtes fituées auprès de la queie; lufage de celles-ci eft de fe cramponner contre le fourreau, elles le retiennent, & font qu'il avance avec le corps de l’ani- mal, lorfque fes autres pattes le tirent en avant. Il s'arrête où il juge ètre mieux en état de couper des poils convenables, & de travailler à étendre fon fourreau. Ne voilà après tout de faite que la moitié de la befogne Mem. 1728. TE *Fig.1 1. HUDNCE * Fig. 5. 64 146 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE qu'on juge néceflaire. En même temps que l'infecte devient plus long il groflit ; bientôt fon vêtement le ferreroit trop, il ne lui permettroit plus de faire toutes fes manœuvres Lorfque le fourreau eft devenu trop étroit, eft-il obligé de J'abandonner, comme nous avons remarqué ailleurs que les Ecrevifles abandonnent leurs écailles une fois feulement chaque année, ce qui fait que leur accroiflement eft fi lent; car elles ne peuvent devenir plus groffes, qu’au point que le permet la nouvelle écaille, dont l'extenfion n'augmente pas, quand elle a une fois acquis fa folidité, & cette folidité eft acquife au bout de peu de jours ? Nos Teignes n’abandon- nent point ainfi leur fourreau, j'ai eu beau les obferver depuis leur naïffance, jufqu’à leur parfait accroiflement, je n'en ai jamais vû qui d'elle-même l'ait quitté pour s'en faire un neuf. J'ai donc reconnu qu'elles n’y fçavent autre chofe, quand il eft trop étroit, que de l'élargir; quoique la maniére dont elles l'élargiffent foit très fimple, je ne l'ai point imaginée d'abord, elle reffemble trop à ces procédés, qui fuppofent une fuite de réfléxions. Je croyois que les efforts que fait leur corps con- tre les parois du fourreau, en fe pliant & fe repliant, diftendoit le tiflu, faifoit gliffer les poils les uns contre les autres, & qu'elles l’élargifloient néceflairement fans chercher à l’élargir. Diverfes obfervations me firent voir une toute autre méchani- que, où l'élargiflement du tuyau n'eft point l'effet du hafard, ou d'une forte de neceflité, les meilleurs moyens pour arriver à cette fin y font choifis. Je mis des Teignes dont les four- reaux étoient d’une feule couleur fur des étoffes d’une feule & autre couleur ; des Teignes à fourreaux bleus, fur du rouge, des fourreaux rouges fur du vert, ou fur du gris, &c. Au bout de quelque temps je vis les tuyaux allongés, & élargis; comme des bandes circulaires, faites des poils de la nouvelle étoffe que je leur avois donnée à ronger, montroient l'allongement de chaque bout, de même des bandes qui s'étendoient en ligne droite d’un bout à l’autre montroient Félargifiüre qui avoit * Fig. 21. été faite *, Ces deux bandes étoient paralléles l'une à l'autre, & 22.97. & chacune à peu près également diftante du deflus & du AE Eh Le “nm shit tan DES SCIENCES. 147 deffous du fourreau. Je prends pour le deffous a partie qui couvre le ventre de l'inicéte, & pour le deflus celle qui en couvre le dos. Reftoit à fçavoir comment nos Teignes s’y prennent pour faire ces élargiffüres tout du long de chaque côté de leur four- reau. À force de les obferver en différents temps, j'ai vü que la maniére dont elles s'y prennent eft précifément celle dont nous nous y prendrions en pareil cas. Nous n'y {çaurions autre chofe pour élargir un étui, un fourreau d'étoffe trop étroit, que de le fendre tout du long, & de rapporter une piéce de grandeur convenable entre les parties que nous au- rions féparées ; nous rapporterions une pareille piéce de cha- que côté, fi la figure du tuyau le demandoit. C'eft auf pré- cifément ce que font nos infeétes, avec une précaution de plus, & qui leur eft néceflaire pour ne point refter à nud, pendant qu'elles travaillent à élargir leur vêtement. Au lieu de deux piéces qui auroient chacune la longueur du fourreau, elles en mettent quatre, qui ne font pas plus longues chacu- ne que la moitié d'une des précédentes *, Ainfi elles ne font jamais obligées de fendre que la moitié de la longueur du tuyau, qui a affés de foûtien pendant que cette fente refte à boucher. J'en ai vû qui commençoient à ouvrir la fente vers le milieu du fourreau , & qui la poufloient jufqu'à un des bouts. Les mêmes crochets dont elles fe fervent pour ar- racher les poils du drap, font les outils avec lefquels elles fen- dent leur fourreau. Elles le coupent quelquefois fi éxaéte- ment en ligne droite, les deux bords de la coupure font fi peu frangés, que nous ne pourrions efperer de faire mieux, foit avec des Cifeaux, foit avec un Rafoir; la fente n'a nulle- ment l'air d’avoir été faite par déchirement, aucun poil n'ex- cede les autres. C’eft entre les deux bords de cette fente que doit être ajuftée la petite piéce qui fera l'élargiflüre de ce côté- là. Pour mieux voir la largeur qu'elle auroit, le temps que le Ver feroit à la faire, j'ai encore ici pris diverfes fois un fourreau ainfi coupé, qui étoit d'une feule couleur, je l'ai pofé fur une Etoffe d'une autre couleur. Une Tcigne à T j * Fig. 17. . * Fig. 1 9. * Fig. 18. *Fig. 20. 148 MEmoïres DE L'ACADEMIHE ROYALE fourreau bleu, ou vert, a été mife fur un drap rouge; là elle a fait l'élargiffüre de laine rouge. Elle fait cette piéce précifé- ment comme elle fait les bandes qui allongent le fourreau ; elle arrache des poils, & elle les joint, les unit à un des bords de la fente. C'eft le fond de la fente, ou l'endroit le plus pro- che du milieu du fourreau, où elle commence à attacher les poils qui enfemble doivent compofer la piéce. Elle eft plus ou moins large, felon que la T'eigne efl plus où moins groffe; les plus larges que j'aye obfervées, n'ont jamais guéres eù que Fépaifleur de cinq à fx brins de laine. Pour achever d'élargir le tuyau, elle a encore à faire trois élargiffures pareilles à la précédente. Elle s'y occupe fuecef- fivement en fuivant précifément à manœuvre décrite. Il femble qu'il eft afés indifférent pour elle, en quel ordre elle fafle les trois autres élargiffüres ; auffi teurs pratiques varient fur cela. J'en ai vû qui après avoir mis la premiére élargiffüre, pour mettre la feconde fendoient leur fourreau depuis l’origine de fa premiére jufqu'à l'autre bout*. D’autres faifoient la feconde élargifiüre diamétralement oppofée à la premiére, c'eft-à-dire, qu'elles commençoient à percer le tuyau au milieu, du côté oppolé à celui où elles avoient mis une piéce , & qu'elles le fendoient jufqu'au bout oppofé à celui où fe terminoit a premiére élargiffure *. J'en ai vû d’autres au contraire faire la feconde élargifiüre iminédiatement vis-à-vis la premiére; ainfe toute une moitié du tuyau étoit élargie, l'autre reflant étroite *. Elles varient fur cela de toutes les façons dont il eft poñfible: de varier. J'en ai vü auffi qui n’avoient pas commencé les fentes né- ceffiires aux élargifiures par le milieu , elles les avoient prifes: dès le bord, ou auprès du bord, & elles les pouffoient infen- fiblement jufqu'au milieu. A l'égard de fa durée de chacune: de ces façons, elle n'eft pas à beaucoup près égale; il ne plait pas à tout Ver & en tout temps de travailler également. Pour la: fcule façon de fendre, j'en ai vû, qui après avoir percé le fourreau au milieu, ont employé deux heures à pouffer cette: fente jufqu'au bout, où elle devoit aller : d’autres lon fait: ttes tt duo th Ed. tt | D ESS CIIEN C'ETAMD M Pad plus vite, & d'autres plus lentement ; mais la piéce qui doit remplir cette fente à toüjours été mife d’un jour à l'autre. Leur induflrie foit pour allonger , foit pour élargir leur fourreau nous eft affés connuë; mais nous n'avons peut-être pas encore aflés expliqué quelle eft la tiflure de l'étoffe dont il eft fait. Le premier coup d'œil apprend que des tontures de hine en font la principale matiére, mais nous avons déja dit que des obfervations plus attentives découvrent que la foye entre auffr dans fa compofition , que fa couche extérieure ct hine & foye, & que fa couche intérieure eft pure loye. Comment eft appliquée cette doublure de foye? Par quel artifice les brins de laine font-ils liés enfemble? Cette petite méchanique s'éclaircit dès qu'on fçait que nos infeétes filent, & qu'ils font en état de filer dès qu'ils font nés, ce qu'ils ont de commun avec diverfes efpeces de Chenilles; leur fil fort auffi un peu au-deflous de la tête, comme celui des Cheniliess I! cft fi délié, qu’il eft difficile de l'appercevoir fans un bon Microfcope. H eft cependant affés fort pour tenir l'infeéte fufpendu en bien des circonftances, & c’eft par cet effet qu'ont s'aflüre d'abord qu'il exifte. C'eft avec ce fil que l'infeéle lie enfemble les différents brins de laine qui compofent le four reau , de forte que le tiflu peut être comparé à une étoffe dont {a chaïne feroit de laine, & la trême de foye. I n'eft pas pourtant aifé de voir, fi l'entrelacement eft auflt régulier que nous le ferions en pareil cas ; mais il eft für que nous aurions peine à en faire un auf ferré. Peut-être même n'eft-il pas certain que l'entrelacement foit ici néceflaire, les infeétes qui filent ont un avantage que nous n'avons pas, les fils qui ne viennent que de fortir de leur corps font encore gluants, il fuffit qu'ils foient appliqués & preflés contre d'autres fils pour S'y atta- cher folidement. I femble pourtant quenôtre Teigne entrelace fes: fils avec les brins de laine, qu'elle ne fe contente pas de les y coller; on voit que letrou qui eft au-deflous de fà bouche fournit, comme feroit une navette, un fil propre à l'entrela- ecment, & on voit faire à la tête des mouvements vifs 82 prompts en des fens oppofés. Le même fil pa là trèmé Ti 150 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE du tiffu fupérieur, étant entrelacé feul, à la maniére dont les Chenilles entrelacent les fils de leurs toiles, forme le tifiu qui fert de doublure. Dans le travail ordinaire on ne fçauroit découvrir fi l'in- fete commence par faire la portion du tiflu, qui «ft Laine & foye, ou par celle qui eft pure foyc. Mais on les force à nous manifefter tout leur procédé, en les contraignant à fe vêtir de neuf, Pour les y contraindre, j'ai introduit dans un des bouts du fourreau d'une T eigne un ses bâton d'un dia- metre à peu près égal à celui du corps de l’'infcéte ; pouffant enfuite ce bâton peu à peu, j'ai forcé l'infeéte à lui ceder la place, & ainfi je l'ai chafié de fon fourreau. La Tcigne nué, a été mife dans la néceflité de fe vêtir de neuf. Elle a eu le courage de l'entreprendre, quoiqu ‘en ait dit Fline, qui affüre qu'elles meurent fr on les tire de leur fourreau, ce qui peut être vrai, lor(qu’ on n'y apporte pas toutes les précautions que j y ai apportées. Dans diverfes expériences parcilles que j'ai faites, la Teigne a toùjours mieux aimé en venir à fe faire un nouveau vêtement , que de rentrer dans celui d'où elle étoit fortie, & qui cependant lui avoit coûté tant de mois de travail. J'ai eu beau remettre auprès d'elles leurs fourreaux, je ne leur ai jamais vù faire de tentatives pour y rentrer. Quelques- unes, après avoir été dépoüillées, ont refté un demi- jour inquiétes, errantes, & fe font enfin fixées. Alors elles ont commencé par fe filer une enveloppe, un peu plus blan- che que ne font les toiles des Araïgnées de maifon, mais à peu près de pareille confiftance. Cette enveloppe a été ordi- nairement finie dans une nuit. J'ai quelquefois trouvé cette enveloppe au milieu de tontures de Laine qui ne lui étoient pas adhérantes. Enfin au bout de cinq à fix jours au plus, le Tuyau de foye a été entiérement recouvert de laine. Dans peu de jours , elle avoit fait le même ouvrage qu'elle na coûtume de finir qu'en plufieurs mois. Ces Teignes forcées à fe vétir de neuf, s'y prennent pré- cifément comme elles ont fait, lorfqu' elles étoient nouvelle- ment nées. J'ai obfervé de Bclés qui n'étoient au plus éclofes D'Ets 2 Si Ci. E NC ES ISi que depuis un jour, qui commençoient par fe faire un four- reau de pure foye. Je les ai vüës enfuite attacher au milieu, & tout autour de ce fourreau, un anneau compolé de petits brins de laine couchés parallélement les uns aux autres, & tous un peu inclinés à la longueur du fourreau *, On imagine * Fig. 23. bien que faide d'une forte Loupe, au moins, eft ici nécef- faire. Nos petits infetes allongcoïent enfuite cet anneau par un nouveau rang de brins de laine, collés à chaque bord du premier anneau , mais ils ne lallongent jamais à tel point les premiers jours , qu'il ne foit débordé de beaucoup par 1a partie de pure foye. Cette partie du tiflu-eft conflamment faite la premiére, elle eft deftinée à porter les brins de laine qui y doivent être attachés par d’autres fils de foye. L'habit que s’eft fait une Feigne nouvellement née, tout petit qu'il eft, lui eft exceflivement large, comme fi elle vouloit s’'épargner la peine de l'élargir fi-tôt; mais auffi dlles ne tiennent prefque pas dedans. J'ai quelquefois fecoüé un petit morceau de drap couvert de ces T eignes récemment vêtués, fur un autre morceau de drap où je les voulois faire travailler, & je voyois que je n’y avois fait tomber que des Teignes nuës. Comme chaque année ces infedtes fe transforment en Pa- pillon, il y a chaque année bien des fourreaux abandonnés; les jeunes Teignes m'ont paru prendre par préférence la laine dont ils font faits, à celle des Etoffes ; ils leur offrent des matériaux tout préparés , les brins de laine y font coupés de longueur ou à peu près. Des T'eignes nées fur du drap bleu, fur du drap rouge, &c. m'ont fouvent paru vêtuës de toutes autres couleurs, quand il y avoit de vieux fourreaux dans les endroits où je les avois renfermées ; celles que Je croyois voir avec des fourreaux rouges ou bleus, en avoient de bruns, de verts, ou de toutes autres couleurs. De-là vient qu'il eft rare de rencontrer des fourreaux, d’où les Teignes font for- ties, bien conditionnés. Souvent auffi j'ai vû des fourreaux de laine blanche à des Teignes nouvellement nées fur des draps de couleur , peut- Hi 25e 152 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE être qu'elles aiment mieux, dans cet âge tendre, la Laine qui n'eft point altérée par fa teinture, qu'elles choififfent les brins. fur qui la couleur n'a pas pris. Parmi les brins d'une Etoffe de couleur, la Loupe en fait appercevoir de blancs. J'ai obfervé de ces mêmes leignes un peu plus vieilles, qui, quoique fur .un-drap gris de fouris, fur un drap canelle, s'étoient faites des étuis, qui, quoique gris de fouris & canelle dans la plus grande partie de leur étenduë, avoient cepen- dant des bandes d'un très beau rouge, & d’un très beau bleu, aufli ces draps obfervés à la Loupe, me faifoient voir des brins de Laine rouges , bleus & verts parfemés; les Vers en avoient choifi de ceux-là par préférence, Nous avons dit, que leur fourreau a affés fouvent la forme d'un fufeau, telle eft conflamment celle de ceux qui font refaits entiérement à neuf, comme ceux dont nous venons de parler, ou des tuyaux nouvellement élargis ; mais ceux qui ont été allongés depuis l'élargiffüre faite, ont ordinairement des ouvertures évafées, dont le diametre furpaffe celui de Ia partie qui les précéde, quoique pourtant moindre que celui du milieu du tuyau. * Pendant certains jours nos infectes reflent dans l’inaétion, & tels font tous ceux de Hiver; ils ont auffi de cestemps, mais plus courts, tant en Eté qu'en Automne ; alors ils fixent leur fourreau fur l'Etoffe qu'ils ont rongée ci-devant. Si le tuyau étoit fimplement couché fur l'Etofle, il pourroit être jetté à terre par une infinité d'accidents; mais l'Infcéte le fixe de façon qu'ils ne peut avoir rien à craindre. ]l attache à chaque bout de ce fourreau plufieurs paquets de fils, tous collés par leur autre extrémité contre l'Etoffe ; ce font differents cor- dages qui tiennent le fourreau , pour ainfi dire, à l'ancre *. Les Laines de nos Etoffes ne leur fourniffent pas feule- ment de quoi fe vêtir, elles leur fourniflent auffi de quoi fe nourrir. Elles les mangent & elles les digérent. S'ileft fingulier que leurs eftomachs ayent prife fur de pareilles matiéres ; qu'ils les diflolvent , il ne left pas moins qu'ils ne puiflent rien fur les couleurs dont ces Laines ont été teintes ; pendant que DES LS CAL Er N GEL 6; 152 que la digcftion de la Laine fe fait, leur couleur ne saltére aucunement. Les excréments de ces infectes font de petits grains, qui ont précifement la couleur de Ja Laine dont ils fe font nourris. [n’eft aucun fable, parmi ceux que les Curieux ramaflent pour la rareté de leurs couleurs, qui en faflent voir d’aufli diverfifiées que celles des excréments des Teignes qui ont vécu fur des Tapifferies bien nuancées. Enfin quand elles font parvenuës à leur parfait accroifle- ment, quand Île temps de leur métamorphofe approche, elles abandonnent fouvent ces Etoffes de Laine qui leur ont fourni jufques-là de quoi fe nourrir , & fe vétir ; elles cherchent des endroits qui leurs donnent des appuis plus fixes que ne font des tiflus que tout peut agiter. Îl y en a alors qui vont s'établir dans les angles des murs, d’autres grimpent jufqu'aux planchers. Celles qui pendant le cours de l'année, ont ravagé le deffus & le dos des fauteuils, fe nichent alors volontiers dans les petites fentes qui reftent entre l'Etoffe & le bois. Celles que j'ai tenuës renfermées dans des bou- teilles dont l’ouverture étoit évafée, fe font ordinairement raffemblées fous le couvercle. Quelque foit l'endroit qu'elles ayent choifr, elles y attachent leur fourreau ordinairement par les deux bouts, & quelquefois par un feul bout *, Quelques- unes le fixent parallélement à l'horifon, d’autres fous des angles qui lui font différemment inclinés. Ï ne m'a pas paru qu'il y eût des pofitions qu'elles affeaffent de leur donner. Mais ce à quoy elles ne manquent point, c’eft à bien clore avec un tiflu de foye les ouvertures des deux bouts du fourreau. L'infecte ainfi renfermé, change bientôt de forme: il prend celle d’une Crifalide *, qui eft d'abord d’un blanc légérement jaunâtre, & qui paflant fucceffivement par des nuances plus foncées, devient d'un jaune rouffâtre. Enfin après avoir refté en Crifalide pendant un temps dont j'ignore la durée précile, mais qui ne va pas à plus de trois femaines, elle perce un des bouts de ce fourreau où elle s'étoit renfermée : elle en fort à moitié, encore fous la forme de Crifilide, mais qu'elle ne doit plus conferver que pendant quelques heures * Mem, 1728. "V Le * Fig. 28. *Fig.33. 154 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE car elle brife l'envelope qui la lui donnoit; & alors on voit fortir & voler un de ces Papillons d’un gris argenté, dont nous avons parlé au commencement de ce Memoire LA Entre ces Papillons, comme entre ceux des autres efpeces, il yena de mâles & de femelles ; ils s’accouplent enfemble comme les Hannetons, c'eft-à-dire, pofés fur une même ligne, & fe touchant par leur derriére ; l'accouplement de quelques-uns a duré une nuit entiére. La différence de grof- feur, qui dans bien des claffes de Papillons fait reconnoître le mäle de la femelle , ne m'a pas frappé dans ceux-ci. Ceux que j'ai vü accouplés, étoient à peu près également gros, quoiqu'on obferve des Papillons de Teignes de grof- {eurs fort différentes. Ces différentes groffeurs marquent donc plûtôt ici des différences d'efpeces que des différences de fexe. Ce qui prouve-encore qu'entre les Papillons, & par confé- uent entre les Teignes, qu'il y en a de différentes efpeces, c'eft qu'il y a de ces Papillons qui font conftamment plus blancs que les autres. En faifant f'hiftoire des Teignes des Laines, nous avons prefque fait celle des Teignes des Pelleteries. Les façons de travailler des unes & des autres ne différent aucunement. Elles fe font des fourreaux de même forme, & de la même maniére. Ils ne différent que par la qualité des matiéres dont ils font faits; ceux des Teignes des Fourrures font des efpeces de feutres, ils approchent plus de la qualité des Etoffes de nos Chapeaux, au lieu que ceux des autres approchent plus de la qualité de nos Draps. Il n'eft pas aufli aifé de voir travailler celles qui fe font établies dans les peaux que les autres, elles s’at- tachent immédiatement contre leur furface ; elles y font entié- remeni couvertes par les poils qui s’en élevent. Elles y font bien d’autres dégâts, & plus prompts que ceux que font les autres dans les Etoffes de Laine. Les derniéres ne détachent de Laine des Etoffes que ce qu'ils leur en faut pour fe nourrir & fe vêtir, le travail eft plus difficile, elles ont affaire à de gros poils, fouvent bien liés entre eux par l'entrelicement, au lieu que les poils des Fourrures ordinaires font très-fins, & nulle- MES SIC TEIN CRIS 155 ment entrelacés enfemble. L'infcéte les coupe à fleur de {a peau, & il femble qu'il fe plaît à les couper, car ce qui lui eft nécefTiire pour les befoins, n'eft rien en comparaifon des gros flocons de poils qui tombent d'une peau, où ils fe font établis ; pour peu qu'on la fecouë. Ils les coupent, ou peut-être ils les arrachent fi bien, qu'il n'en refte aucun brin fur la peau; un rafoir ne les couperoit pas fi net. Peut-être n'aiment-ils pas à avoir leur corps poié fur une peau veluë , car tout le chemin qu'ils ont parcouru eft bien tracé par la façon dont cete partie de la peau a été dépouillée; à mefure qu'ils vont en avant ils coupent tous les poils qui fe trouvent dans leur paflage. Les fimples différences d'efpéce ne font pas toûjours aiftes à déterminer entre de fi petits Animaux; je n'en ai point ob- fervé entre nos Teignes des Pelleteries & celles des Etoffes, peut-être auffi n'y en a-t-il point entr'elles, peut être que ce font les mêmes infeétes. Ce qui femble le prouver aflés, c’eft que j'ai Ôté de defflus des peaux, des Teignes extrêmement jeunes, je les ai mifes fur des morceaux d'Etoffes de Laine, elles en ont tiré tout ce qui a été néceflaire pour augmenter les dimen- fions de leur habit, elles s’y font nourries, & enfin elles fe font métamorpholées en Papillons. J'ai de même mis fur des peaux des T'eignes nées depuis peu fur de la Laine, elles y ont cru, & fe font métamorphofées comme elles euffent fait fr elles fuffent reftées fur les Eïoffes où elles avoient pris naif- fance. Je crois même que par préférence elles attaquent les oils des peaux, que ce n'eft que faute d'en trouver qu'elles reftent fur les tiffus de Laine. Quand elles n'ont point à leur bienféance des poils auffi délicats que ceux de nos Fourrures, elles cherchent ceux des Laïnes, quoique plus groffiers. En cas de néceflité elles attaquent encore des poils plus durs; j'en ai renfermé des unes & des autres dans des bouteilles, où je ne leur ai donné pour toute pâture que du Crin de Cheval, elles en ont vêcu, elles s'en font habillées. Ces derniers vêtements, qui peuvent être regardés comme de Bure, fi on les compare avec ceux des autres, montrent mieux l’arrangement des petits Vi 156 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE + brins de poils qui forment la couche extérieure *. Les endroits extrêmement humides ne font pas favorables à ces infectes:; mais les Etoffes moifiroient dans les endroits qui le feroient affés pour les faire périr. ‘Hs femblent fuir le grand jour; quoiqu'on les voye quelquefois fur la furface ex- térieure des meubles, ils fe tiennent plus volontiers fur leur furface intérieure ; s'ils cherchent à fe mettre à couvert dé nos regards, leur inftinét les conduit bien. Mais il nous refle à tenter fi nous ne pourrions pas les éloigner des endroits où ils fe nichent ordinairement , ou les y faire périr, ce fera la matiére d’un fecond Mémoire, & la feconde Partie de cette Hiftoire. EXPLICATION: DES" FIGURES LA Figure r eft un Fourreau de Teigne repréfenté de gran- deur naturelle. La Fig. 2 eft le même Fourreau repréfenté plus grand que nature. La Fig. 3 eft un Fourreau de grandeur naturelle, d’où une Teigne eft fortie en partie , foit pour marcher, foit pour chercher des brins de Laine. La Fig. 4 eft la Fig. 3, groffie à la Loupe. La Fig. ÿ eft celle d’une T'eigne qui fe tire fur fes pattes de devant, & qui amene fon Fourreau du côté où eff fa tête. La Fig. 6 eft la Fig. s, repréfentée plus grande que nature. La Fig. 7 & la Fig. 8, Yune de grandeur naturelle, & Yautre groflie, font celles d’un Fourreau que la Teigne vient de redrefler. Leur mouvement progreflif, ou, plus exacte- ment, un de leurs pas, eft compolé des trois mouvements repréfentés par les Figures 3, $, 7, où 4, 6, 8. Les Fig. 9 & ro, lune de grandeur naturelle, & Fautre groffie, repréfentent une Teigne qui va attacher quelques brins de laine à un des bouts de fon Fourreau. La Fig. 1 r eft une portion d’un Fourreau qui a été rac- courci par les deux bouts, afin que la Teigne füt en partie Tr va PR F4 santé mer udénrc à D'ELSMISE EN M'ENNACEEISS is z _ à découvert, & qu'on vit comment elle fe retourne bout par bout. à, eft la portion du Fourfeau. b, la queüe de linfecte. c, la tête qui s’eft recourbée. La Fig. 12 fait voir la Teigne de fa Fig. 1 7, qui s'eft plus repliée. d, eft le plis, le coude que fait fon corps. La Fig. 1 3 eft celle d’une Teigne tirée hors de fon fourreau. La Fig. 14 et la mème, plus grande que le naturel. La Fig. 15 fait voir fa Fête par deflus, beaucoup plus groffie que dans la Figure précédente. La Fig. 16 la fait voir par deffous , du côté où font fes Serres tranchantes. La Fig. 17 ft celle d'un Fourreau que la Teigne a fendu depuis e jufqu'en f, pour mettre dans cette fente la premiére élrgiflüre. La Fig. 1 8 eff celle du Fourreau de a Fig. 17, où la piéce a été mile en ef, & où l'infecte a ouvert une feconde fente gh pour mettre la feconde piéce d'élargiffüre. Pour faire voir à la fois ces deux fentes , on a plus fait ici que fexactitude du Deffein ne permet; comme les deux fentes font diamétra- Jement oppolées, fi elles étoient pofées bien réguliérement, il n'y en auroit qu'une de vifible. La Fig. 19 fait voir une autre maniére dont l'infeéte place la feconde piéce de Félargiffüre. La premiére eft déja mife de 4 en /, & la fente a été enfuite faite de 4 en w. La Fig. 20 montre encore une autre maniére dont lin- fecte s'y prend pour mettre la feconde piéce de l'élargiflüre ; en on eff la premiére piéce d'élargifüre déja mife ; la fente eft faite pour en recevoir une feconde en 4 p. Les Fig. 21 & 22 font celles de deux Teïgnes, plus grandes que le naturel, qui rongent deux morceaux de drap. gr marquent fur chacun de leurs Fourreaux les élargiflüres qui y ont été faites ; Z, [[, des endroits du drap qui ont été rongés. s La Fig. 23 fait voir comment les premiers brins de Laine paroiflent attachés fur l'enveloppe d'une Teigne nouvelle- ment née, & vüë au Microfcope, Vi LL d 758 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE La Fig. 24 dt celle d'un Fourreau recouvert en partie d'excrements, vû à la Loupe, ce que les Fcignes font en quelques circonftances , dont il fera parlé dans le fecond Mémoire, La Fig 25 eft celle d’un Fourreau, que la Teigne a at- taché par chaque bout fur une Etoffe par une intinité de fils ét. Les Fig 26 & 27, l'une groffie à la Loupe, & l'autre de grandeur naturelle, font celles d'un F.uireau de Teigne, à qui je navois donné que du Crin pour vivre, & pour étendre fon habit. La Fig. 28 montre un Fourreiu que la Teigne a attaché par un bout dans une pofition verticale, lorfqu'elle a été prête de fe métamorpholer en Crifalide. Les Fig. 29 & 30 repréfentent une Crifalide groffie, & une Crifalide de grandeur naturelle, vüë de côté du dos. Les Fig 31 & 32, l'une de grandeur naturelle, & Fautre groffie, reprélentent une Crifalide vüëé du côté du ventre, La Fig. 3 3 eft celle d'un Fourreau, à un des bouts duquel eft reftée l'enveloppe Æ de la Crifalide, lorfque le Papillon en eft forti. Les Fig. 34,35, 36 & 37, font celles des Papillons des Teignes, les unes de grandeur naturelle, & les autres plus grandes que nature. Ils font vüs en repos, & de différents fens. La Fig. 38 eft celle d'un Papillon, dont la partie pofté- rieure s'éleve en # entre les deux aïles. On les voit retter du temps dans cette fituation : je ne fçai fi c'eft lorfqu'ils atten= dent f’accouplement. Fase 4 { à #YS Meni.de LAcad.1728.FL. 6. Pa9.158- ARITPSS RE EEE 0 UT NRNEE HR ORNE Fle Jimenreau Jour Mem.de Licad.1728.Pl.7.pag.154. agir. F937. Fig.38. Mem.de [Acad Frg.21. 1729.FL. 7-P49-159. ‘æ 3 D ES PSICLE NC ES 159 oo DO, M OUU VE M ENT ACCELERE PAR DES RES SORTE ET IDE FORCES QUI RESIDENT DANS LES CORPS EN MOUVEMENT. Par M. l'Abbé Camus. DÉFINITION I. Où appelle Reforr ,un corps qui après avoir été plié, fe rétablit de lui-même à peu près ou exaétement dans l’état où il étoit avant d’avoir été comprimé. DériniTiON IL. On appelle Reflort parfait, un Reflort qui en fe rétabliffant dans l'état où il étoit avant d’avoir été com- primé, rend au corps qui l'avoit plié, tous les degrés de vi- tefle qu'il avoit perdus en le pliant. On appelle Reffort imparfait, celui qui dans fon débande- ment ne rend point au corps qui l'a plié, tous les degrés de vitefle qu’il avoit perdus en le pliant. DÉFINITION III. On appelle Reforts femblables, ceux dont Jes réfiftances ou roïdeurs font toüjours en même rapport dans leurs ouvertures femblables. Si, par exemple, deux Refforts A & B font tels, que la réfiftance ou roïdeur du Reflort À, quand il eft fermé, foit à la réfiftance ou roideur du Refort LP, quand il eft aufli fermé, comme la réfiftance ou roideur du Reffort À, quand il eft ouvert, ou retenu à l'ouverture de 1 s° eft à la réfiftance ou roideur du Reflort Z, quand il eft auffr ouvert, ou retenu à l'ouverture de x 5°, & que ce foit toûjours le même rapport de roïdeur dans Îes autres degrés fembla- bles d'ouverture, les deux Refforts 4 & B s'appellent Reflorts femblables. Deux fuites de Reflorts s'appellent auffi fmblables, quand 4 Février 1728. r60 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE leurs roideurs font toüjours en même rapport dans leurs déz ployemens femblables , c'eft-à-dire, dans les ouvertures fem- blables des Refforts qui les compofent. Lorfque je comparerai deux Refforts entr'eux, ou deux Suites de Reflorts entrelles, je les fuppoferai toujours fem- blables ; je fuppolerai auffi que tous les Refforts d'une même Suite font égaux & de même roïdeur. Je divife ce Mémoire en trois parties. Dans la premiére je cherche les loix du Mouvement accéléré par des Reflorts femblables , ou par des Suites femblables de Reflorts. Dans la 2.° je fais voir que les obftacles, ou fommes d’obftacles mul- tipliés par leur grandeur abfoluë, font toûjours comme les mafles des corps qui les furmontent, multipliées par les quar- rés de leurs viteffes. Enfin, dans la 3. je fais voir que des quantités égales de Mouvement font toüjours équilibres en- tr'elles, & je fais plufieurs remarques fur les différentes ma- niéres d’eftimer les forces qui réfident dans des corps en Mou- yement. PR FE NMPIENREE: PPATRORMNE) Où l'on cherche les loix du Mouvement accéléré par des Refforts femblables , ou par des Suites femblables de Réfforrs. Ox éprouve en pliant un Reffort, ou une Suite de Refforts une réfiftance qui croit toujours à mefure qu'on ferme ce Reflort ou cette Suite de Refforts. Or quelque foit le rapport de ces réfiftances variables, on les peut toûjours comparer aux réfiftances qu'un corps trou- ve en remontant une courbe dont la partie concave eft tour- née en haut. Car fi on prend une courbe 4 B de même longueur que la Suite RS de Refforts qu'il faut fermer en- tiérement, & qu'on fuppofe la réfiftance ou roideur de la Suite RS, quand elle eft fermée, égale à la réfiftance que trou- ve un corps /7, de la part de fa péfanteur au fommet À de la courbe À B ; on peut imaginer la courbe 4 2 telle que les Fig. 1. 2. . À | 7 PET JO és cn Se de Sud DES. SC 1DE NC rs. 161 les réfiflances que le corps 47 trouvera dans fes différents points en la remontant, feront égales aux réfiftinces qu'il trouvera dans les points correfpondants de l'efpace qu'il faut parcourir pour fermer la Suite RS. Et comme 1a courbe AB—RS, & que les réfiftances font diftribuées de 1a mé- me maniére le long de la courbe A2, & le long de l'efpace RS, qu'il faut parcourir pour fermer la Suite RS de Reforts ï il eft évident qu’un corps 4, qui remontera la courbe A2, pourra avec la même viteffe, & dans le même temps, fermer la Suite RS. Si je prends une feconde Suite 7 de Reflorts, femblable à la Suite RS, je pourrai auffi comparer les réfiftances varia- bles qu'un corps # trouvera en fermant cette Suite 7 de Reflorts, aux réfiftances yariables qu’il trouveroit en remon- tant une courbe FG— TV: car en fuppofant la réfiftance ou roideur de la Suite 7Ÿ, quand elle eft fermée, égale à la réfiftance que le corps 4 trouveroit au fommet F'de la courbe FC, je peux imaginer la courbe FG telle que les réfiftances qu'un corps y trouvera dans fes différents points en la remon- tant, feront égales aux réfiftances qu’il trouvera dans les points correfpondants de l'efpace 7 Y, qu'il faut parcourir pour fer- mer fa Suite 7. Et comme la courbe FG—T YF, fi le corps m remonte la courbe F#G, il pourra avec la même vitefle, & dans Îe même temps, fermer la Suite T'Y de Reflorts. * Mais les réfiftances que le corps #7 trouvera en fermant {a Suite RS, feront toüjours en même rapport avec les réfiftan- ces que le corps 4 trouvera en fermant la Suite °F dans les ouvertures femblables, parce que ces deux Suites font fem- blables. : H faut donc que les réfiflances que le corps m7 trouvera en remontant {a courbe B À, foient toüjours en même rapport avec les réfiftances que le corps y trouvera en remontant la courbe GF. Or les réfiftances que le corps #1 trouvera dans les diffé- rents points de la courbe BA en la remontant, feront toû- jours en même rapport avec les réfiftances que le corps Men, 1728. X Fig. 3: 4 Fig. 2. 4: Fig. 1. 3: Fig. 1.2. 3: 4 162 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE trouvera en remontant les parties correfpondantes de {a cour- be GE, fi la courbe À B & Ia courbe FG font femblables & femblablement pofées. Je peux donc prendre deux courbes AB, FG, femblables & femblablement pofées pour deux Refforts, ou pour deux Suites femblables RS, T'Y, de Reflort, & les réfiftances que des corps , pm, trouveront en remontant ces courbes, pour les réfiftances qu'ils trouveroiïent en fermant les Suites RS, TV, pourvû que, 1.0 les courbes A2, FG, femblables & fem- blablement pofées, foient égales aux Suites RS, TV; 2.° que les réfiftances que les corps #1, x, trouveront aux fommets A & F'de ces courbes, foient égales aux réfiftances qu'ils trouveroient dans les Suites RS, TV, quand elles font fer- mées. Car cela pofé, les courbes 4B, FG, en demeurant femblables & femblablement pofées, peuvent être telles que les corps »1, m, trouveront , en les remontant, des réfiftances égales & femblables à celles qu'ils trouveroient en fermant les Suites RS, TV. Et par conféquent ces mafles m1, x, ac- quereront en defcendant ces courbes AB, FG, des vitefles égales à celles qu'ils recevroient dans le débandement des fuites RS, TV; & les temps que ces corps employeront à defcendre ces courbes, feront égaux aux temps que les fuites RS, TV, employeront à chafier les mafles », u, en fe débandant. Cela bien entendu, au lieu de chercher les loix du mou- vement accéléré par des Suites femblables RS, TV de Ref- forts, on pourra chercher les loix du mouvement accéléré fuivant deux courbes AB, FG, femblables & femblablement | pofées, en fuppofant que les mafles #1, w, recevront aux fommets À & Æ de ces courbes des forces f, @, égales à celles qu'ils recevroient des Suites RS, TV, quand elles font fermées, & qu'elles commencent à fe débander ; car les loix du mouvement accéléré fuivant ces courbes AP, FG, feront auffi les loix du mouvement accéléré par deux Suites fembla- bles RS, TV, de Reflorts, EN" PS 1 D E:8 S:CLEN CES 163 nor” LEMME I. Soient deux pohgones BDFG, 890, femblables cr fem- Fig. 8 blabement pofés, dont les angles internes Joient infiniment obus. & 9. Quelles que Joient les forces Ÿ, @, qui agiffent fur les mafjes m, u, fuivant ces deux Polygones, je dis que l'on aura Le temps que la maffe m employe à parcourir le Polygone entier BD FG. Au temps que la mafle 4 employe à parcourir le Polygone entier Bd @7y. Comme le temps que la mafle m employe à parcourir le premier côté BD de fon Polygone BDFG. Au temps que la mafle w employe à parcourir le premier côté 8 À de fon Polygone Bd y. _ Céfl-à-dire, qu'en prenant t pour la caradteriflique du temps, Ton aura t. BDFG:t Bd'oy::t. BD :t. BA DVE M0 N S T R'AT 1/0 N: Puifque les Polygones B D FG, Bfæe, font femblables & femblablement pofés, on aura BD : 84 :: DF: do :FG:e7:: BDFG:B8dey. De plus aie prolon- ge les petits côtés FD, 69; GF, yœ, jufqu'aux horifon- tales P P, Br, on aura 2 D : Bd':: MD : pd: MF; mg, &ce Cela pofé, on aura ADD 2 MIS RDA MD su d ::4B d':ru d Donc ahernaudo tr. BD : 1 8 d MD": 1. po 2.01. MF :1. MD :: VMF : VMD:: Vue: Vaud ::4 mo: md. Donct MF:1 MD ::#p@:t.ud Par conféquent, z MF— 1, MD: pe —t.ud ir ME cd ON n°) ie ABD EE RE C'eft-à-dire, r DF:1 Aqg::t. BD: BA. 3.2 On démontrera de même 4 nr EG: r. ? y PE BD: 1 BA X ij 164 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE Donc (N° 2.0 30) # BD :r. B\::r. DF:1.49 : L FG 2 Lo. Et par conféquent 1. BD +: DF+ 1 FG 124 Bd + 1. Ne + tr dy::itr BD:r BA C'eft-à-dire, 4 BDFG:t1.Rdpy::t. BD : 1. 6d. Ce qu'il falloit prouver. L,.E MM EE, IL Soient, comme dans le Lemme précédent, les deux polygones BDFG, 8497, femblables à Jemblablement pofes, à dont les angles internes foient infiniment obtus. Quelles que foient les forces , © qui paufferont les mafles w, we, fuivant ces deux polygones, je dis que l'on aura toñjours. La vitefe acquife en G par le corps m, en defendant BDFG. À la viteffe acquife en par le corps p, en defcendant Bdyy. Comme la viteffe acquife en D par le corps m, en defcen- dant BD. À laviteffe acquife en ® par le corps w, en defcendant BA Fig. 8 & 2. DÉMOoNSTRATI ON. Puifque les viteffes d’un même corps font comme les raci- nes des hauteurs dont il tombe ; on aura, en fuppofant les: chûtes commencées en B, 8, La vitefle du corps en G à fa vitefle en D, es comme VP£ eft à V2D. Et à caufe de la fimilitude des poligones BDFG, BS\eYy;. & de’ leur pofition-femblable, | Comme VBe 20 dtàiVes / comme la vitefle acquife en y par la mañle ge à fà viteffe acquife en à. DE S SIC LE NCOES 165 Donc on aura alternando La vitefle acquife en G par le corps #1 à fa vitefle acquife en y par le corps w, comme la vitefle acquife en D par le corps "1 à la vitefle acquife en 4\ par le corps u. Ce qu'il falloit démontrer. THEOREME T Soient deux Poligones BDFG, Bd @y, femblables & fem- Fig. 8 Blablement pofes, dont les angles internes Joient. infiniment obtus, se - &r Joient Les maffes des corps accélérés fuivant ces Polygones m, pu. Les forces initiales que ces maffes reçoivent en B,B;f, @. Les vitefles acquies par ces malfes en G, y. + . u, v. Les longueurs des Polygones. . . . . . . . .e, €. Les temps employés à parcourir ces Polygones. . . t, @. Soient auffi les temps employés à parcourir BD, 8d'; dt, d8. Les vitefes acquifes en D, ER QU AE CTI dU- 1.0 ftiue — @66me (À) 2.0 feuuv — Demuu (B) DÉMONSTRATION. Je dis que l'on aura PARTIE 1€ où l'on démontre fttue — @6ûme. Nous avons démontré dans le Lemme I. que Le temps employé par le corps » à parcourir BDFG,. étoit au temps employé par le corps u à parcourir 8 dd. comme le temps employé par le corps # à parcourir BD, au temps employé par le corps w à parcourir 8d'; c'eft-à-dire, fuivant le langage du préfent Théorème, 1:0:: dr: d8. Mais BD & 89 étant de petites droites ou de petits plans: inclinés, les mafles m, m, feront accélérées uniformément. fuivant ces petits plans; ainfi on aura, fuivant les loix du mou-- vement accéléré uniformément, ' Le temps df employé par la mafle » à parcourir BD;, X üij, 166 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE au temps 8 employé par la mañle # à parcourir 84, comme la racine du produit fait de l'efpace BD & de, eft à la racine du produit fait de F'efpace Bd & de £; ’eft-à-dire dr : dû :: Lana Pre c'efl-à-dire 4 e Ve. = Mais nous venons de voir que #:4:: dt: d 8. Donc Rte : CHER 1 ® D'où l'on tire frtu x Bd — D4 6m x BD. Ce qui donne cette analogie frru :G 66m::BD:80; Mais à caufe de la reffemblance des Polygones BDFG, Bdoy, BD: PASS BDFG : Bd oy, ou fuivant le langage de ce Théorème : :e : &. Donc fftu : bb: D'où l'on tire frtue — Ep à (A) Ce qu'il falloit x.° démontrer. PARTIE Il: où l'on démontre fe uv —@emuu. Nous avons vü dans le Lemme IT. en fuppofant les chûtes commencées en B, 8, que La viteffe acquife en G par le corps #, étoit à la vitefle acquife en + par le corps w, comine la vitefle acquife en D par le corps # à la vitefle acquife en par le corps u; Pete -à-dire, Sn le langage du préfent Théorème, que : du : du. Mais BD & 8s étant des lignes droites ou de petits plans inclinés, les mafles », w, feront accélérées uniformément fuivant ces petits plans; ainfi on äura, fuivant les loix du mouvement accéléré uniformément, Ea vitefle Zu acquife en D par le corps w, à la vitefle Zu acquife en 4\ par le corps w, comme ja racine du produit fait de l'efpace BD & de PA L À: DES SCIENCES, 167 à la racine du produit fait de l’efpace Bd & dépats c'eltà-dire dus dur: : We: pu ! / Donc auf # : u :: Vera A nm Ce qui donne gmuu x Bd — fuuu x BD, D'où l'on tire @muu : fuuu:: BD : BA, mais, BD : BA :: BDFG:BA\gyou::e:e. Donc Smuu:fuuu::e:e, Et par conféquent feuuv — pemuu [B). Ce qu'il falloir 2. démontrer. C0 RON LAURE LL Si lon multiplie la formule frrue — @ 0@me (A) que nous avons trouvée dans la partie premiére, par la formule (B) femuv—@emuu, que nous avons trouvée dans Ja feconde partie du même Théorème. On aura cette troifiéme formule .… fruu — ®ômu (C). Et fi l’on divife la formule À par la formule / 2). On aura cette quatriéme formule. . . . eut —= evb, D. On a donc pour le mouvement accéléré de deux maffes m, m4, fuivant deux polygones femblables & femblablement pofés, dont les angles internes font infiniment obtus, les quatre formules fuivantes : 10 fitue — O0bme, (À). 2 feuuu — Pemuu, (B). j 39 Jiuv = Dômu, (CC). 4 guËt —= eu F (D). Cro R lo A mot ne ‘6 dE Mais les Polygones BDFG, 8B9@7y, étant femblables Fig. 8 & femblablement polés, & ayant des angles internes infini- & 9: ment obtus, font des courbes femblables & femblablement pofées. Donc les quatre formules 4, 2, C, D, que nous Fig. 2, 4,8&9. 163 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE venons de trouver pour lefdits Polygones, font auffi les for- mules du mouvement accéléré fuivant deux courbes fembla- bles & femblablement polées. Como CLMA' TER FE CTI Si l'on fuppofe maintenant deux Reflorts, ou deux Suites femblables RS, TV, de Reflorts,dont les longueurs foient égales à celles des courbes BDFG, PB d'@ y, femblables & fem- blablement pofées, & qu'on fuppofe, comme nous l'avons déja dit, les forces initiales avec lefquelles les Suites RS, TV, commencent à fe débander, égales aux forces f, @, avec lef- quelles les mafles », #, commencent à être pouflées aux fommets BP, 8, des courbes BDFG, Bd@y, fuivant ces courbes; il eft clair que les courbes, en demeurant femblables & nue Prnie pofées, peuvent être telles que les mafes m, u, y feront accélérées de la même maniére & avec les mêmes forces, qu'elles le feroient par des Suites femblables RS, TY, de Reflorts. Enforte que les quatre formules 4, B, C, D, du mouve- ment accéléré fuivant les courbes, feront les quatre formules du mouvement accéléré par les Suites femblables RS, TF, de Reforts; & pour lors m, m, feront les maffes accélérées par les Suites femblables RS,TV. f, ®, les roïdeurs, ou forces initiales des Suites RS, TV, quand elles font fermées. #, v, les vitefles que", m, acquérent dans le débandement des Suites; & par conféquent les viteffes qu'elles doivent avoir pour fermer ces Suites. e, e, les longueurs des Suites RS, TY. 1, 0, les temps que les Suites RS, T'Y, employent à fe débander, SECONDE _ DES ScrEenNcEs 169 S'ENGIO N'D'E''PATRTARE Où l'on fait voir par l'application des quatre formules A, B, C, D, du mouvement accéléré par des Refforts ou LL Suites femblables de Refforts , que les produits de la grandeur abfoluë, &r de la fomme des obffacles que des Corps en mouvement peuvent furmonter, font ro4- jours comme les mafles de ces Corps mulripliées par des quarrez de leurs vireffes. 1.0 ftitue — @60me (A). 2.0 fepuu — Q@emuu (B). o ftuv —= @6mu (C). 4. eut tes hi D): EHHERO RUIELMUE", DL Soient deux Suites inégales RS, TV, compofées de Refforts dure dr Joit la malle m égale à la maffe u. Je dis que ces males égales m, p, recevront dans les déban- ent des Suites RS, it V, des vitelles ü, v, qui feront comme les racines des longüeirs de ces Suites, où comme les racines des nombres de Refforts qui compofent les Suites, par lefquelles ces mages ont été pouffées. D'ÉMONSTRATIIO N. Puifque les Suites RS, TV”, font compofées de Reflorts égaux, leurs forces initiales f, ®, feront égales. Ainfi f—@. - Et puifque les maffes des corps font égales, onaura #7—= y - Et par conféquent fu —@m. Divifant par cette égalité la formule fra dE 4 muu 8); on aura euu—euu; d'où lon tire # : vu :: Ve: C'eft-à-dire (fuivant la valeur des lettres) que ke: viril acquifes par les mañles égales », w, dans les débandements des Suites RS, TV, font entr'elles comme les”racines des longueurs de ces Suites , ou comme les racines des nombres de Refforts qui compofentces Suites. Ce qu'il falloit démontrer. Mem, 1728. a Fig. 2 & 4s 370 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE CrovrronL eAlNE er 'aNt L Donc fi deux mafles égales », m, ont à fermer deux Suites inégales RS, TV, compofées de Refforts égaux, leurs vîtefles doivent être comme les racines des nombres de Ref- forts qui compofent ces Suites. è Aïnfi quand deux Suites RS, TV, compofées de Refforts égaux, ne font pas égales, des maffes égales m, w, ne peu- vent point les fermer avec des vitefles égales. Pour éclaircir davantage la vérité de ce Corollaire, je vais faire voir directement, & fans me fervir des formules du mouvement, qu'il faut plus de force ou de vitefle au corps pour fermer une Suite de plufieurs Reflorts, par exemple de deux Reflorts, que pour fermer un feul de ces Refforts. Pour cela, Soit une Suite compolée de deux Reforts égaux, À & B, retenus à l'ouverture de 3 0° par le moyen d'une corde RS. Soit une autre Suite compofée de deux Reforts € & D, égaux aux Refforts À & B, maïs retenus à l'ouverture de 1 se parune corde 1. Enfin un feul Reffort Æ égal au Reffort A4 ou 2, & retenu à l'ouverture de 30° par le moyen d’une corde TV. Cela polé, je dis que 1.0 Z] faut plus de force ou de viteffe au corps m pour fermer la Suite des deux Refforts retenus à l'ouverture de 1 5°, que pour fermer le feul Reffort E retenu à l'ouverture de 30°. + «Car l'efpace ZA que doit parcourir le corps #1 pour fermer la Suite des deux Refforts C & D, retenus à l'ouverture de 1 FL eft plus grand que l'efpace 7 Y qu'il doit parcourir pour fer- mer le feul Reflort £ ouvert de 30°; parce que deux cordes de 1 52 font plus grandes qu'une corde de 3 0°. Mais les deux Reflorts € & D, ouverts de x 5°, feront toûjours plus de réfiftance dans chaque point de l'efpace ZH qu'il faut parcourir pour les fermer, que n'en fera le fcul Ref fort £ ouvert de 3 o° dans chaque point de F'efpace 7Y qu'il faut parcourir pour le fermer ; parce que les deux Refforts € & D feront toüjours plus bandés que le feul Reflort £. : D'EISTSACITEIN/CHENUS. 171 Donc ïl faut plus de force ou de vitefle au corps # en mouvement pour fermer une Suite de deux Reflorts C& D, retenus à l'ouverturede 7 $°, que pour fermer un de ces Ref- forts Æ retenu à l'ouverture de 30° ; car il eft évident qu'il faut toûjours plus de force au même corps, quand il a plus d’efpace à parcourir , & plus de réfiflance à vaincre. 2.° À] faut encore plus de viteffe ou de force au corps m en mouvement pour fermer une Suite de deux Refforts À & B, retenus à l'ouverture de 30°, que pour fermer la Suite des deux Refforts C& D, retenus à l'ouverture de 1 5°, fices Refforts font égaux entreux , à ne font différents que par l'ouverture où ils fon retenus. Car pour fermer la Suite des deux Reflorts À & B,retenus à l'ouverture de 3 o°, il faut premiérement les réduire de 3 o° à 1 5° d'ouverture. II faut donc au corps” en mouvement une force pour réduire ces Refforts de 30° à 1 $°, & une autre force pour les réduire de 1 $° à zero d'ouverture. Donc il faut plus de force, & par conféquent plus de vitefle au corps # en mouvement pour fermer une Suite de deux Reflorts retenus à l'ouverture de 3 o°, que pour fermer une Suite des deux mêmes Refforts déja réduits à 1 $° d’ou- verture. 32 Donc à plus forte raifon il faut plus de force, à par & conféquent plus de viteffe au corps m en mouvement pour fermer une Suite compofée de deux Refforts À à B, ouverts de 30°, ou retenus à l'ouverture de 30°, que pour fermer un de ces Refforts E retenu à l'ouverture de 30°. CoRoOLLAIRE IL Puifque # : u:: Ve: Ve,onauravu:uu::e:6e,ce qui revient au Corollaire du Chap. 7. du Mémoire de M. Ber- noulli fur les Loix de la communication du Mouvement. BÉUE OR: EUMLE I IL Soient deux Suites quelconques RS, T V, compofées de Refforts égaux, à foient les mafles m, pe, en raïfon réciproque des lon- Yi Fig. 7 & 6, Fig. 7 FF Fig. 2 & 4 172 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE +. gueurs RS, TV, des Suites qui doivent les pouffer. Je dis que 1.0 Les “mafés: m, x, recevront des quantités égales de mou- qe daus le débandement des Suites RS, T V. o Les temps des débandements feront égaux. \ D'ÉMONSTRAT I O N. Puifque par l'hypothefe les Suites RS, TV, font compolfées de Reflorts égaux , les roideurs ou forces avec lefquelies elles pr in à fe débander feront égales. On aura donc, OP Re DRique les mafles m, p, font en raifon réciproque des longueurs RS, TV, des Suites de Refforts qui doivent les poufler; on aura m:u :: € :e. Et par conféquent on aura 249 HC— We». Multipliant me pme par f—= Q. On aura ces deux équations fme—= o pe & D ps €, Divifant la formule B par fme— Que, & la formule À par fume == QE), Huv mnuu te, en = OÙ UV = MU U OÙ MU JA On un FE ul tb bioibien. ::. . : te fi C'eft-à-dire, fuivant les valeurs affignées aux lettres dans le Corol. III. du Théorème I. que 1.0 Les mafles m, w, recevront des quantités égales de mouvement dans les débandements des Suites RAS, TF. 2.9 Ces mafles , w, recevront leurs quantités égales de mouvement en temps égaux, où les temps des débandements * feront égaux. Ce qu'il falloit démontrer. C'oiR olr tr AGIR EN LE Donc fi deux mafles #, u, font réciproques aux fon- gueurs des Suites RS, TV, compofées de Reflorts égaux, les mafles m, uw, fermeront ces Suites aufquelles elles font réci- proques avec des quantités égales de mouvement, c’eft-ài-dire, avéc des vitefles réciproques à leurs mafles, & les temps qu'el- les employeront à fermer ces Suites feront égaux. me: ss. hist sr duttcie."ci DE SSo TE: NC E 807: M 174} DÉRRRR OR LAURE «1h Donc fi un corps #1 avec une vîteffe peut fermer un Ref: fort, un corps + avec une vitefle 2 # fermera deux Reflorts égaux au premier, un Corps —— avec une viteffe 100 4 fer- mera une Suite de 100 Refforts égaux au premier; en un mot un Corps + avec une vitefle p w fermera une Suite compolée d'un nombre p de Refforts égaux au premier. Cependant le Corps 71 avec fa vitefle ne pourra pas fermer la Suite com- pofée du nombre p de Reflorts, quoique fa quantité de mou- vement foit égale à celle du Corps 7 qui avec fa vitefle pu peut fermer la Suite compofée du nombre p de Reflorts. Voilà donc des quantités égales de mouvement qui ne peu- vent point fermer des Suites compofées d’un même nombre de Refforts. C'eft ce que M. Bernoulli a remarqué dans la fui- te de fa premiére hypothefe. C'oRbLLAiRE LIR Dans le Théorème IH. quand on a divifé la formule 2 par Equation fme—@me, il eft évident qu'on auroit pû la divifer funplement par f—®, puifqu’on avoit cette égalité, attendu qu’on fuppofoit les deux Suites RS, TV, compofées de Refforts égaux ; & pour lors on auroit eù ewuvu— emuu;, d'où lon tiree : e:: muu: muu. C'eft-à-dire, qu’on auroit eù les longueurs des Suites RS, TV, ou les nombre de Refforts qui les compofent en raïfon compofée des mafles #1, «, & des quarrés de leurs viteffes : C'eff auffi ce que prouve M. Bernoulli dans le nombre 2. de [a premiere hypothefe € dans fes Corollaires. Traité des Loix de la communication du Mouvement. LEO RUE M Et TV. Soient deux Suites RS, T V, égales &r compofées de Refforts égaux. Je dis que 174 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 1.0 Les corps recevront dans les débandements de ces Suites des viteffes qui feront réciproques aux racines de leurs malfes m1, fa 2.0 Les temps que les Suites RS, TV, employeront à fe dé- bander, feront comme les racines des maffes m, ju. DÉMONSTRATION. Puifqu'on fuppofe les Suites RS, TV/, égales, on aura e —+: Et puifqu'elles font compofées de Reflorts égaux, on aura === fe Multipliant ces deux égalités Tune par l'autre, on aura ces deux Equations fe @e & fe —@e. Divifant la formule 2 par fe —@e, & la formule À par fee; pa 3 1°uuv—muu; d'où lontire :u:: Vu:Vm. 201tm—68m; d'où l'ontire 2:80 :: Vm: Vu C’eft-à-dire que 1.0 Les Corps reçoivent des vitefles qui font réciproques aux racines de leurs maffes #1, ju. 2.0 Les temps que les Suites égales RS, TV, employent à fe débander , font comme les racines des mafles qu'elles pouflent. Ce qu'il falloit démontrer. Corr'orrAir AR ET Donc deux mafles #1, x, qui font réciproques aux quarrés de leurs viteffes, doivent fermer deux Suites égales de Reflorts égaux. C'o'R Oo L'LNANTIRUE CNT Mais deux mafles #, , font réciproques aux quarrés de leurs viteffes, quand elles tombent de hauteurs réciproques à leurs maffes. Donc deux mañles "1, u, doivent fermer deux Suites égales de Reflorts égaux, quand elles tombent de hauteurs qui leur font réciproques. LL LL dénnbis. À D ES. -$ CI'EN CE Ss.. 175 CoROLLAIRE IIL Quand un corps enfonce dans une matiére molle, telle que la glaife , on peut regarder les réfiftances que fait cette matiére molle à l'enfoncement du corps, comme les réfiftances que fait un Reflort à fon bandement. Ainfi quand deux Boules #, 4, de même volume, font des enfonçüres égales dans la glaife, fl on ne confidére que la tenacité qu'il faut vaincre, fans faire attention à la quantité de mouvement imprimé à la glaife, qui cede fa place au corps qui enfonce, on peut regarder la réfiftance que fait la glaïfe à lenfoncement égal des deux Boules de même volume, comme les réfiftances de deux Refforts égaux qui s’oppofe- roient au mouvement de ces Boules, ‘ Mais par le Corollaire I. quand les mañles #, u, de ces deux Boules, font réciproques aux quarrés de leurs viteffes, ou (fuivant le Corollaire IT.) tombent de hauteurs qui leur font réciproques, elles ferment des Reforts égaux. Donc les Boules qui ont des maffes m, ue, réciproques aux _ quarrés de leurs vitefles, ou qui tombent de hauteur récipro- ques à leurs maffes, font des enfonçüres égales dans la glaife; ce qui eft conforme à l'expérience rapportée par M. Ber- noulli dans fon Mémoire fur les Loix de la communication du Mouvement. . F'ATETO RSEUM'E V. Soient deux Suites RS ,T V, dont les longueurs foient récipro: ques aux roideurs ou forces des Refforts qui les compofent. Je dis que les corps qui feront pouffés par ces Suites , en rece- - vront des vitefles réciproques aux racines de leurs mafles m, u. DÉMONSTRATION. Puifqu'on fuppofe les longueurs des Suites réciproques aux roïdeurs des Reflorts qui les compofent, on aura e :e :: ®:f: d'où l'on tire fe = ®e. Divifant par cette égalité a formule 2, on aura puu — x76 MEMmoirEs DE L'ACADEMIE Royare — muu}; d'où Von tirew:u:: Vu:Vm C'eft-à-dire, que les viteffes des mafles "1, w, font récipro- ques aux racines de ces males. Ce qu'il falloit démontrer, S LUHeBnOUR E M EVE Soient deux Suites RS, TV, dont les longueurs foient récipro- ques aux roideurs ou forces des Refforts qui les compofent ; Joient de plus les malfes m, m, égales entr'elles. Je dis que ces maffes m, pa, recevront des viteffes égales dans les débandements de ces Suites. DÉMONSTRATION. Puifque par l'hypothele e : « :: @ : f & m—w, on aura feu = em Divifant par cette égalité la formule 2, on aura vu — uu, & par conféquent # — v. C'eft-à-dire, que les mafles m, m, recevront des viteffes égales. Ce qu'il falloit demontrer. CoiRLoNL Ua nr € LE Donc deux maffes égales doivent avoir des vitefles égales pour fermer deux Suites de Refforts, dont les longueurs font réciproques aux roideurs ou forces des Reflorts qui les com- polent. Cela étant file corps peut fermer une Suite dedeux Refforts A & B ; je dis que ce corps #1, avec fa même vitefle, pourra fermer ces deux Reflorts À & 2, quand ils feront réünis comme les Refforts C, D, de maniére qu'ils n’en feront qu'un double en roideur. Car la longueur de la Suite RS, compolée des Refforts A & B, eft double de la longueur de la Suite 7 Mais la roideur de la Suite 7°} eft double de Ia roiïdeur de la Suite RS, parce que les Reflorts © & D réüniflent feur roideur en une feule, qui eft double de celled’un Reffort fimple; au lieu que la roïdeur de la Suite RS, compofée des Refforts À & B, n'eft égale qu'à la roideur d'un fimple Reflort. à : à n d D RSS Sd ce | « } Nr Te. D. 2520S CT 2 NPC CS: V77 On peut donc regarder RS, TV, comme des Suites, dont les longueurs font réciproques aux roideurs des Reforts qui les compofent , en confidérant les deux Reflorts € & D, comme un feul Reflort double de l’un d’eux en roideur. Ainfi des mafles égales doivent avoir des viteffes égales pour fermer ces deux Suites. Donc fi le corps #1 peut fermer une Suite RS compolée de deux Reflorts À & 8, ce corps #1 avec fa même vitefle pourra fermer ces mêmes Reflorts À & B, lorfqu'ils ne feront plus de fuite, mais qu’il feront réünis comme les Reforts C, D, de maniére qu'ils n'en feront qu’un double en roideur. On démontrera de la même maniére, que fi un corps # peut avec fa vitefe fermer une Suite compofée d’un nombre quelconque p de Refforts, il pourra avec fa même viteffe fermer cenombre quelconque p de Reflorts, quand ils feront réünis, de maniére qu'ils n’en feront qu'un, dont la roideur fera à celle d’un fimple Reflort, comme le nombre p de Refforis eft à l'unité, Car en ce cas les efpaces e, +, que les Refforts occuperont, ou les Iongueurs des Suites, feront réciproques à leurs roideurs ; aïnfi deux mafles égales, ou la même mafle, les fermera avec des vitefles égales. - Cor: GUEL dx +ydy* Vas dy. dx) + dxdy—ydxddy La feconde Table contient la premiére ; effaçant, dans le gas où les Ordonnées font paralléles , les termes qui ne con-- tiennent que des grandeurs finies, ou des infinis inférieurs. On. peut continuer ces Tables, s'il eft befoin; & il eft évident que par leur moyen, l'on trouve les rayons de tant. de Developpées, & de celle des Developpées qu'on voudra; . & qu'il nentrera dans leur expreflion que les Coordonnées. de la premiére Courbe. PREMIER EXEMPLE, : Soit À M une parabole; AP—x; MP y Et l'équation ax = 7. DES SCIENCES. 227 Faifant les x conftants, & fubftituant dans les formules de la premiére Table, les valeurs de dy, ddy, dddy, ddddy, Yon trouve MM = 4x + a. V4x+a 2 Va ME Mi — 3 Vx. 4x4+a V4x+a 4 a CA/5 4.223: 16 +4: 4x+aV4ax+a M ME = —_— = Si l'on fuppofe que le Développement commence, & que le point 44 eft fur À; faifant dans les valeurs qu'on vient de trouver, x, l'on aura pour les Rayons de Développées M M: = n, les Arcs de Spirale vont en diminuant, Si m < n, ces Arcs vont en croiflant. Mais le rapport de "1 : n croiflant jufqu'à devenir infini, ou # infmiment petit par rapport à #1, la derniére des Spi- rales devient le cercle; & confidérant le poinét qui eft fa Dé- veloppée, comme un cercle infiniment petit, dont un autre poinét infmiment plus petit feroit la feconde Développée, l'on a encore, le rapport du premier rayon de la Développée du cercle, au fecond, & du fecond, au troifiéme, comme ":", ou #1: 0; c’eft-à-dire, que le premier rayon de la Développée du cercle, étant fini, le fecond feroit infiniment petit, &c. Si au contraire le rapport de #1 : # diminuë jufqu'à devenir infiniment petit, où # infiniment petit par rapport à », la derniére des Spirales devient la ligne droite; & la confidé- rant comme une Spirale infiniment peu courbe, elle auroit Mem.de lAcad.1728.Plio pag. 230 ——— 2 ER —— = er — 3 ddy# + Sdyddy dddy x dx + dy, — 3dddy + ddy ddddy x dx + dÿ°, x Vdx + dy 2 L dx ddyÿ FAC ON D Et TAB LE EE CHERE RE rs + y dy ddy x dx*+dy,+ dy x ds*+ dy, x Vdx + dy D de LE dy day dddy + 45 dy ddÿ x dx +dy Ly— 53 dyd dy dddy— 45 dd y 165 dy ddy x dx + dy 14 X : dx°+ dy y+ sy dy ddy x dx° + dy° [4 à a dx, dé + dy —yddy SI | ÉEPRETE En A/S H 43 dddy + y dy ddy x dx + dy, + y dy * dx + dy", x Vdx + dy 5 da, dx dy —yddy ddy+ 4y# dy ddy x dd p—s pt dy d dy dd dy —4y* d dy —163 dy ddy° x dé + dy x Vaux dy. s3* dy ddy x di + dy | = | | d#, dé + dÿ—yddy PÉRSEEMSINE OR MENT ANBNIUES Aa de l'Acad, 1728. pagt = 2j0, MEN Vas + dy M N° — —5 dyddy, + dddyx de + dy, x y + dÿ Sr dxddy MINI — ody'ddyt, #3 ddyt—8dy ddy" dd dy x 4e dy, +3dddÿ—ddy dddi xdx ds, E Vient es dx die & ER 2 dédié x Va + dÿ SE LE E. M M = —dxddy rm "92 273 — 2bddpx dé dÿf—dddy xd +de, x Ve dy - MU: M3 — dE days Du à 2 TT TT = ID M* — — 9 dpt dy xd dt — 3 dd Vdyddÿ ddd) x de ed =: dx ddy SECONDE TABLE. | eddy dd dy x di dÿ*, x Vds de, MN —= Vas ay. dpi y dddi+ y ds ddy x dx dy, + dy x de ds x VS Ed) DA Ne — =D ES dddn dy day » Ad dy Med à Ve, dx. di + dy —yddy + 934 dy ddÿ* + 354 dt —8 5# dy ddydddy +4 y dÿ x dx dy ddy— 45 dd y 6p" dpt ddy x 4 + dy : x Vase dy: + y'ddddy +73 dy dddy+ sy dy" ddy x 48 AY y ddy + dy x dé Ed IBN3— 35 dddy"—ytddy dddéy— 5 ÿ dy di, de dy dd) UM: — 2x4 ri» Vas +d LE dx. dx + dy —yddy M2 VB = — 39 dyddyx de dy, 4 Pdddy + y, 1 + 93! dy" ddyt x de + dÿ* 355 ddyt 8 y dy ddy dddy + 454 dÿ ddp x d + + 355 ddy# 8 y dy ddy® dddy+ 45+ dy ddy x 4 L EEE — —1 63 dd dy" x dé + dy + 39 dddy"— y ddy ddd dy —5 ÿt dy d dy dddy—4ÿt dd IBM —= + ddddy +75 dydddy+ sy" dy ddy x di + dy +5 ddy+ y dy" x dé dy TS TE dy. dx dy—yddy a TT Cd i Mem.de Lacad.1729.Pl1o P É2È z30 Mimi. de lAcad. 1729. Plio 2 af. 230 Mem.de LAcadi728.71 p.230, Ph.Simonnean Jeu -T Mom.de TAcadi725 TT npag tie Ph Fimennees Ja t DES Serre NGRS 231 une Développée infiniment moins courbe encore, celle-ci une feconde Développée encore infiniment moins courbe; & le rayon de la premiére Développée étant infini, le rayon de la feconde feroit infini du fecond genre, &c. L’Analogie nous a conduit à traiter ici le cercle & a droite, comme les deux derniéres Spirales logarithmiques ; ces deux lignes en effet ferment la fuite infinie de toutes les Spirales logarithmiques: Au milieu, fe trouve Ia Spirale dans laquelle dy — dx. Les rayons de toutes les Soudéveloppées de cette Spirale font égaux ; & après le Développement de quatre de fes Arcs, le Développement repafle fur les mêmes traces. EU SERV AT IO'N SUR EA RUPTURE INCOMPLETTE DU TENDON D'ACHILE. Par M PETIT. Lie obfervations que j'ai données fur la Rupture du 24 Janv. Tendon d’Achile font fi finguliéres, que plufieurs ont 1728 douté qu'elles fuffent véritables. Quelques-uns , par des épreu- ves extraordinaires, ont eflayé la force des Tendons, & ont. erû trouver dans leur réfiftance des preuves de l'impofhbilité des faits que j'avois avancés : d’autres, fans chercher la vé- rité, fe font contentés de les nier. Les difputes que j'ai été obligées: de foûtenir, me donne-- rent occafion de chercher dans les Auteurs quelques faits: qui me fuflent favorables. Je faifis d'abord lobfervation d'Ambroife Paré*, je la citai,. mais ma caufe n'en parut pas+ * Pa meilleure. Les perfonnes d’un fentiment. contraire s'imagi- 2/0 nérent que je regardois cette obfervation comme femblable 1664 332 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE aux miennes ; & ne trouvant point de conformité dans Îes fymptomes, ils {e crurent encore plus en droit de nier ce que Javois avancé. Pour me défendre, je fis l’analÿfe de l'obler- vation d’Ambroife Paré, je la comparai aux miennes, & je montrai que la différence des fymptomes venoit de ce que la rupture des Tendons de Cochois étoit une rupture complete, lorfqu'au contraire la rupture du Tendon, citée par Ambroife Paré, n'étoit qu'une rupture incomplette, Lorfque j'écrivis fur cette matiére, je n’avois point encore vû de ruptures incomplette du Tendon d’Achile : tous les raifonnements que je failois n'étoient fondés que fur ce que javois obfervé aux ruptures incomplettes des Tendons des autres parties du corps, & fur la comparaifon que j'avois foin d'en faire avec celle qu'Ambroife Paré rapporte du Tendon d'Achile. | Depuis trois mois j'en traite une toute femblable à celle qu'il décrit, & dans le traitement j'ai eu la fatisfaétion de voir confirmer tout ce que j'avois écrit fur cette matiére, & mème de faire plufieurs remarques utiles & curieufes qui ont échappées au fameux Auteur dont j'ai parlé. Un homme de quarante-cinq ou cinquante ans, defcen- dant un efcalier, s'apperçut qu'on le conduifoit, fe retourna, & acheva de defcendre à reculon. Plus attehtif à répondre à {a politefle qu'on lui failoit qu'à confidérer F'efcalier, il ne s'apperçut qu'il defcendoit les deux derniers degrés à la fois que lorfqu’il n'étoit plus temps de fe reprendre, & les mou- vements qu'il fit pour éviter la chûte, furent une faute dé- marche dans laquelle fon pied, confidérablement étendu, fut porté à terre par le poids de tout le corps, ce qui fit fouf- frir au T'endon d’Achile une extenfion confidérable à laquelle féfifta bien la portion de ce T'endon formé par le folaire ; mais la portion que forment les jumeaux n’y pouvant réfif ter, fe caffa avec un bruit de craquement. : Cet homme eut le courage de furmonter la douleur & de marcher, étant obligé de prendre des attitudes pénibles & génées, malgré lefquelles cependant il fe traïna, pour aïnfi dire, À : depuis DES SCIENCES. M 'grat depuis Ja ruë S.' Antoine jufqu'à Ja ruë de Condé *, .Cé ne fut point, comme on peut juger, fans augmenter fon mal, qu'il: fit tant de chemin. Etant arrivé, il appliqua deflus plufieurs linges trempés dans F'Éau-de-vie. I{ pafa une très-mauvaife nuit, & le lendemain il eut recours à moi. Je trouvai la jambe enflée & tenduë poftérieurement de- puis le talon jufques & compris le jarret. Malgré l'enflure ; j'apperçüs, en touchant à travers de la peau, une cavité fituée fur le Tendon d’Achile, de la largeur de ce Tendon, un peu plus longue que large , profonde d’une ligne, & éloignée du Talon de deux grands pouces: Lorfque je pliois le pied; cette cavité defcendoit, &c s’éle: voit en dehors; au contraire lorfque j'étendois Le pied, la ca- vité remontoit, & s'enfonçoit. En prenant le Tendon d’Achile au-deffus & au-deffous de cette cavité, je la conduifois de tous côtés avec le Tendon, ou fi je portois les deux mains en {ens contraire, je donnois à cette cavité une fituation oblique: ainft tout prouvoit que cette cavité inféparable du T'endon ; n'étoit formée que par l'éloignement des fibres tendineufes des jumeaux rompuës, mais adhérantes encore à la portion tendineufe du folaire. D'ailleurs il y avoit de vives douleurs ; une grande inflammation, &c autres fignes qui accompagnent la rupture incomplette. . | La douleur & l'inflammation ne me permirent point alors de faire le bandage propre à la réünion ; j'appliquai feule- ment un cataplafme de mie de pain & de vin. Je fis faigner plufieurs fois le malade; & Jorfque la douleur, & fur-tout J'enflure furent prefque paffées ; je toucha plus facilement la partie. Je me confirmai ainft dans le jugement que j'avois porté, & j'appliquai un appareil femblable à celui que j'ai décrit, en parlant de la rupture complette des Tendons de Cochois. Je levai cet appareil au bout de huit jours; l'enflure étoit encore diminuée, & il n’y avoit plus de douleur. Huit jours après tout approchoit de l'état naturel; fa cavité étoit prefque Mem. 1728. -G£g * Ce qui fait environ 1900 Pas 234 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE effacée, & la réünion alloit être parfaite, quand le malade, qui né fentoit aucune douleur, ne croyant pas que le repos fût auffi effentiel à fa guérifon que je le difois, fe leva pour fe mettre dans un fauteüil auprès du feu ; il appuya la pointe du pied, força le Tendon d'Achile, & renouvella fon mal &fes douleurs. . J'eus recours aux faignées; je lui fis un bandage plus ferré, &. je l'obligeai à garder le repos plus exaétement. Six jours après je ne trouvai pas les bouts du Tendon auffi près l'un de l’autre qu'ils étoient avant le nouvel accident, & je jugeai aux autres penfements qui fuivirent, qu’il n’y auroit pas une réünion auffi parfaite, qu’elle lauroit été fans ce dernier effort: jefpére cependant qu'il marchera prefque auffi facilement qu'il faifoit avant fa blefure; mais if auroit été plus promp- temént & plus fûrement guéri, sil fe fût contenu au lit comme je lui avois prefcrit. Quoique la maladie que je viens de décrire, foit Ia même que celle qu'Ambroife Paré rapporte, j'ai crû ne pas devoir la paffer fous filence , parce qu'outre qu'elle eft une nouvelle preuve dé la fragilité des Tendons, elle peut me fervir de fondement folide, pour la comparaïfon que je dois faire de la rupture comiplette du Tendon d'Achile, avec la rupture incomplette de ce même T'endon. il ES: S2© L'E N CES 29 Comparaifon de la ruprure completre du Ter bob d'Achi Je, avec la rupture incompletre de ce même Tendon: L E Tendon d’Achile eft formé par l'union intime du Tendon des jumeaux , à celui du folaire. Dans la rupture ‘complete, ces deux Tendons fontentiérement rompus; dans da rupture incomplette, Jun des deux eft feulement rompu. Dans la rupture incomplette, dont il s'agit ici, c’eft Ia portion du Tendon d'Achile formée par les jumeaux , qui fe trouve rompuë , pendant que celle que forme le folaire refte dans fon entier. La folution de continuité eft prefque la feule chofe qui foit commune à ces deux ruptures ; & de cette même folution de continuité complette dans l'une, incomplette dans l'autre, naiflent toutes les différences de ces deux ruptures. k En effet de cela feul , que le T'endon d’Achile eft rompu entiérement, il n'arrive aucun accident dans la rupture com- Jette : & de cela feul, que ce Tendon n’eft rompu ou café qu’en partie, il doit néceffairement furvenir de ficheux fymp- tomes : c'eft ce que j'ai prefque toüjours remarqué dans la rup- ture ou coupure incomplette des Tendons des autres parties; da douleur , inflammation , la fiévre, l'infomnie, le délire & la gangrene même qui y furviennent quelquefois, rendroïent cette maladie prefque toüjours mortelle, fans le fecours de Ia Chirurgie; “45 que la rupture complette n’eft pour l'or- dinaire fuivie d'aucun accident fâcheux, fur-tout lorfqu’elle fe fait promptement : c'eft du moins ce que j'ai obfervé jufqu'à préfent. | De trois perfonnes, à qui j'ai vü {a rupture complette du Tendon d’Achile, aucune n’a fenti de douleur, ni en fe rom- pant ce T'endon, ni après fe l'être rompu; & les deux ruptures inconrplettes rapportées ,l'ine par Ambroife Paré, l'autre dans ce Mémoire , ont été très-douloureufes. Il y a lieu de croire que la douleur, qui accompagne cette rupture incomplette, vient de ce que, dans Je temps que fa G£gi 26 Mai 1728: 236 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE rupture fe fait, la portion fupérieure du Tendon qui fe caffe, ft tirée en haut, & eft obligée de fuivre la rétraétion du corps mufculeux des jumeaux vers la partie fupérieure, pendant que le Tendon du folaire qui refte entier, et au contraire retenu, ou tiré vers le Talon : ces deux forces ne peuvent agir en fens contraire, quil w'arrive dilacération ou déchirement aux fibres, qui font l'union intime de cette portion caffée avec le Tendon du folaire : cette portion fupérieure du Ten- don ‘café ne peut remonter pendant que le folaire eft retenu au Talon, qu'elle ne cefle de répondre aux mêmes endroits des fibres du Tendon de ce mufcle, aufquels elle répondoit & {e trouvoit intimément attachée avant la rupture; &c'elle n’a pû perdre cette correfpondance & cette adhérance intime, qu'il ne foit arrivé dilacération & allongement à quel- ques-unes des fibres qui faifoient fon union. C’eft donc cette dilacération , & cet allongement forcé qui font caufe de Ja douleur : c'eft auffi par cette raifon, qu'il n’y a de douleur que dans l’étenduë du bout fupérieur, où il y a dilacération, & qu'il n'y en a point dans toute l'étenduë du bout inférieur, auquel il n'y a point, & ne peut y avoir de dilacération. Ï naît de-fà une queftion toute naturelle; fçavoir, pourquoi dans fa rupture incomplette dont nous parlons, la portion inférieure ne fouffre aucune dilacération , puifque dans l'état naturel, elle n'eft pas moins adhérante au T'endon du folaire, que la portion fupérieure. Pour rendre raïfon de ce fait, il faut remarquer que la caufe de la dilacération du bout fupérieur vient, comme je l'ai déja dit, de ce que pendant qu'il cf tiré en haut par le corps charnu des jumeaux , le Tendon du folaire fait effort pour le retenir au Talon; & que ces deux efforts à contre fens l’un de l'autre donnent occafion au déchirement des fibres qui leur réfiftent. Mais il n'en eft pas de. même de la portion inférieure de ce Tendon rompu ; les jumeaux ne peuvent plus da tirer vers le haut, puifqu'étant .caffée, elle eft féparée d'eux ; & quoi- qu'elle puifle être tirée en haut par le mufcle folaire, rien ne pouvant la retenir, ou la tirer en fens contraire à l’aétion DES SCIENCES. 23 de ce mufcle, elle le fuit fans réfiftance & fans efforts, & aïinfi elle répond toûjours au Tendon du mufcle folaire par tous les points d'adhérance, par lefquels elle y répondoit avant la rupture. Si l’on fléchit le pied, cette portion inférieure du T'endon caflé peut bien defcendre, mais le Tendon du fo- laire defcend avec elle dans la même proportion ; & comme ils fe fuivent toûjours l’un l'autre, fans trouver aucune réfif. tance, foit pour monter, foit pour defcendre, il n'arrive ni dilacération ni allongement dans les fibres qui font leur union, Cette douleur, qui n'accompagne que la rupture incom- plette, ne fe fait fentir d'abord que depuis l'endroit de {a rupture, jufqu'à l'endroit de la jambe, où le Tendon des ju- meaux ceffe d’être uni avec le T'endon du folaire ; car depuis la rupture jufqu'au Talon, le malade n’en fent aucune. On peut toucher la portion inférieure du Tendon café, & Ia porter à droite & à gauche, fans exciter aucune fenfbilité : mais on ne peut mouvoir de même la portion fupérieure, fans caufer des douleurs très-vives. J'ai dit que la douleur ne fe faifoit fentir d'abord que dans Y'étenduë de la portion fupérieure , parce qu'il n’y avoit qu'elle qui fouffrit dilacération ; mais il arrive par la fuite, c’eft- à-dire, vingt-quatre heures après la rupture plütôt ou plû- tard, qu'il furvient une douleur univerfelle dans toutes les parties du pied , de la jambe , & même jufqu'au deflus du jarret : cette douleur s'étend aïinfr, parce que la portion fu- périeure du Tendon caflé, qui eft douloureufe, par les rai- fons que nous avons dites, excite dans le corps mufculeux des jumeaux, des contractions qui tirent & fecoüent à cha- que inftant les fibres dilacérées, ce qui réveille & augmente la douleur. En conféquence inflammation furvient ; cette inflammation ne fe borne pas aux parties bleffées , elle s'étend au voifmiage, la douleur s'étend de même, & toute la jambe devient douloureufe, parce que toute la jambe eft enflam- mée ; cependant la douleur eft toûjours. plus vive, & a fon fiége principal, dans l'étenduë de la portion fupérieure du Tendon caffé , parce que cette feconde caufe de douleur ne G8 i 238 MEMOIRES DE L’ACADEMIE Royarr diminuë pas l'action de la premiére : au contraire cette por- tion du T'endon caflé en eft plus vivement irritée, puifque - Vinflammation, qui y eft furvenuë, la rend fufceptible des moindres contractions du corps mufculeux. Ce que nous venons de dire de la rupture incomplette, n'arrive point, lorfque le Tendon eft entiérement caffé ; car tout étant rompu , aucunes des fibres tendineufes ne retien- nent le Tendon, il obéit à Ja rétraétion du corps mufculeux, en coulant dans fa gaîne, & n’y ayant point de réfiftance, n’y a point de divulfion , & point de douleur. Dans lune & l'autre rupture, l'éloignement des bouts caflés laïffe un efpace entr'eux, qui fait qu’en touchant à tra- vers la peau, on apperçoit une cavité ou enfoncement à l'endroit de la rupture. Cette cavité eft moins profonde dans la rupture incomplette, que dans la rupture complette , parce qu'il y a moins de fibres tendineufes rompuës dans celle-ci que dans f'autre. Dans fa rupture complette , l'efpace qui fe trouve entre les bouts caffés, vient moins de Ja rétraction du bout fupé- rieur, que de l'éloignement du bout inférieur ; car dans celle- ci l'éfpace entre les bouts rompus augmente à proportion que Von fléchit le pied, & il diminuë à mefure que l'on l'étend ; de maniére que, lorfque le pied eft auffi étendu qu'il eft poffible qu'il le foit, on fait toucher les bouts cafés , & alors on n'apperçoit plus l'efpace qui fe trouvoit entr'eux : au contraire dans la rupture incomplette, l'éloignement des fi- bres caflées vient prefque tout entier de la rétration des fibres fupérieures , puifque la portion inférieure refte intimé- ment attachée au T'endon du folaire, qui n'étant point rompu, ne permet pas cette grande fléxion du pied qui, dans la rupture complette, fait prefque tout l'éloignement du bout inférieur ; de forte qu'il faut néceflairement, dans la rupture incomplette, que la portion fupérieure, qui eft la feule qui puiffe fe retirer, foit aufli la feule qui faffe l'éloignement des bouts caflés. Maïs dans cette rupture, la cavité ou f'enfonce- ment que produit éloignement des bouts cafés, n'augmente : ï pt ni Sd de. ce ff ds DES SCIENCES ,,)} 239 point fenfiblement , lorfqu’on féchit le pied, & il eft difit- cile de l'effacer entiérement, quelque extenfion & quelque eflort qu'on fafle pour rapprocher les bouts, parce que la portion caflée ne glifle pas facilement fur le Tendon du mufcle folaire, au lieu que le Tendon entiérement café peut glifler dans fa gaïîne-avec une très-grande facilité, La rupture complette des T'endons des autres parties n’eft pas toûjours fans douleur ; car, lorfque les T'endons rompus ont quelque adhérance, comme il arrive à tous ceux qui ne coulent point dans des gaïînes, les fibres qui font cette ad- hérance, réfiftant à la rétraétion, font dilacérées , ce qui caufe douleur; maïs cette douleur n’eft pas fi vive que celle qui accompagne la rupture incomplette, parce que dans cette rupture les fibres dilacérées font tendineufes, & que dans les autres elles font membraneufes, & d’ailleurs moins tenduës ; puifque naturellement elles font extenfibles, pour fe prêter aux mouvements ordinaires des Tendons qui y font adhérants, Dans la rupture incomplette, en quelqu’endroit que foit le Tendon , fi la douleur eft fuivie de fiévre, de délire, d’in- flammation, de difpofition gangreneufe , ont fait ceffer tous les accidents en coupant la portion du T'endon qui étoit reftée entiére, parce que celle-ci étant coupée, rien ne réfifte à l'autre, tout obéït à F'aétion du mufcle qui fait la rétration, & n'y ayant plus de réfiftance, il n’y a plus de divulfion, par confé- quent plus de douleur, & tous les accidents doivent ceffer bientôt après. Après tout ce que j'ai dit, on ne s’étonnera pas de ce que * dans la rupture incomplette, on ne peut fléchir le pied du malade, fans lui canfer de vives douleurs; & on ne fera pas furpris s’il fouffre moins, lorfqu'on lui étend le pied fortement; | puifqu'en pliant le pied, on tend violemment {es fibres dilacé- rées, & qu'on les relâche au contraire par la forte extenfion du pied. Dans la rupture complette, n’y ayant aucunes fibres: dilacérées , mais toutes étant rompuës, on doit pouvoir fléchir le pied-du malade, fans lui caufer {a moindre douleur, quoi- qu'on ne puifle Le féchir fans éloigner confidérablement les 240 MEMOIRES DE L'ACADEMIE Royare bouts caflés l'un de l’autre, & fans augmenter par conféquent la cavité ou Le creux qui fe fait fentir au travers de la peau. J'ai dit qu'on fléchifloit le pied fans douleur dans la rupture complette ; & j'ajoûterai qu'on peut le fléchir un peu plus qu'on ne faifoit avant la rupture, parce que le T'endon d’Achile étant café, il y a plus de liberté du côté de la fléxion, qu’il n’y en avoit avant a rupture : cependant il ne faudroit pas porter trop loin la fléxion, parce qu'on allongeroit les liga- ments poltérieurs, beaucoup plus qu'ils n'ont coûtume d'être allongé, dans les mouvements naturels. La difficulté de fléchir le pied dans Îa rupture incomplette, & la trop grande facilité de le fléchir dans fa rupture complette, font une différence très-notable entre ces deux maladies, & peuvent fervir de fignes pour les diftinguer lune de l'autre. Une autre différence qui eft très-eflentielle, c’eft que dans la rupture incomplette, le malade peut marcher, & en mar- chant if peut pafler alternativement un pied devant l'autre, quoiqu'il fouffre : au lieu que dans la rupture complette, quoi- qu'ilne fouffre pas, il ne peut marcher, ou s'il marche, illui eft impoflble de porter alternativement un pied devant l'autre. Pour rendre raifon de toutes ces -chofes, il faut remarquer que dans la rupture incomplette, la portion tendineufe que forme le mufcle folaire, n'étant point caflée, Ja plus grande portion du Tendon d’Achile fubfifle, ce qui fuffit pour gouver- ner le pied, de façon que la ligne de direction du corps tombe fur la partie du pied malade, qui appuye fur le plan ; mais lorfque le Tendon eft entiérement rompu, le pied ne peut être gouverné, la ligne de direétion tombe en de-çà ou en de-là de l'appui, & le corps ne peut être foûtenu fur le pied malade, Celui qui n’a qu'une rupture incomplette marche {a jambe malade pliée, & alors les jumeaux font relächés, le folaire feul eft en aétion, & le pied peut foûtenir le poids de tout le corps fufffamment , pour donner fe temps au pied fain de paffer devant le malade, & ainfi faire qu'alternativement Je corps foit porté tantôt fur Fun, & tantôt fur l'autre pied. Au contraire celui qui a la rupture complette ne peut jamais D EST S'CÂAE NN CEE (6 247 Jamais porter alternativement un pied devant autre; car if ne peut fe tranfporter qu'il n'ait le pied fain derriére le pied malade. Dans cet état le pied fain foûtient le poids du corps, pendant que lemalade porte fon pied blefé en devant, ce qu'il fait en étendant la jambe & le pied autant qu'il eft poffible ; enfuite il panche fon corps en devant pour placer fur le pied & la jambe malade une partie du poids du corps , afin que le pied fain moins chargé puifle s'approcher du pied malade, ce qui fe doit faire avec viteffe ; mais le pied fain ne s'appro- che du pied malade qu'en gliflant, & prefque fans quitter La terre; & il ne s’en approche même qu'autant que le pied bleffé s'en étoit éloigné, le malade n’ofant jamais hazarder de pafler le pied fain audevant du pied malade : car pour le paffer ainfi, il faudroit que le pied malade pût foûtenir le poids du corps, jufqu'à ce que le pied fain fût paflé au devant : ce qui ne fe peut, à caufe de la rupture complette du Tendon d’Achile, qui eft, pour ainfi dire, le gouvernail au moyen duquel Ia ligne de direction du poids du corps doit toûjours tomber fur le point d'appui. Celui qui na qu'un Tendon d'Achile complettement café, peut marcher de la façon que je viens de dire; mais celui qui auroit ces deux Tendons complettement rompus, ne pourroit marcher d'aucune façon; car les deux mufcles extenfeurs * qui reftent entiers, font trop près de l'appui pour gouverner le poids du corps, & le tenir en équilibre. C'eft ce que j'ai oblervé dans mon Mémoire fur la rupture complette des deux T'endons d’Achile, arrivée au nommé Cochois en 1 722. On pourroit objeéter encore que, quoiqu'il paroifle que dans la rupture incomplette le malade puifle marcher, attendu que le folaire n’eft point caffé, cependant la vive douleur devroit le retenir, & l'empêcher de fe fervir.de fon pied. Je réponds à cela que le malade peut prendre, & qu'il prend effectivement une attitude pour marcher , dans laquelle if * Le jambier LA _ poñtérieurs. & le perounier Mem. 1728, : HR 242 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE n'eft pas abfolument fans douleur ; mais cette attitude eft telle, que la douleur qu'il reffent eft fupportable, car il plie la jambe en marchant, & par ce moyen il relâche les jumeaux de façon, que la portion du Tendon caflée ne caufe prefque plus de- tiraillement par fa rétraction, & en même temps il étend le pied pour appuyer fur la pointe, & par-là l'action du folaire peut même contribuer à diminuer la douleur. Lorfque la rupture complette eft guérie, le malade marche plus droit & plus ferme que celui qui eft guéri de la rupture incomplette, quelque parfaite que foit fa guériflon. On ne s'étonnera pas de ce fait, fi l'on remarque que l’on peut faireune approximation parfaite dans la rupture complette, & que dans. L rupture incomplette, on ne peut jamais approcher les fibres caflées , auffi exaétement qu'il le faudroit , pour faire une- réünion exacte : cela étant, la diftance qui refte entre les bouts. caflés, doit rendre la cicatrice plus foible ; on peut même foupçonner que fa réünion qui fe fait en ce cas, eft moins la’ réünion des deux bouts caffés l’un à l'autre, que la réünion de tous les deux, à deux points différents du Tendon du folaire;. ainfi après la guérifon, il y aura un point dans Îequel la portion du Tendon d’Achile formée par le folaire, ne fera point accompagnée de celle que forment les jumeaux, & en cet endroit le T'endon d’Achile fera un peu plus foible, qu'il n'étoit avant la rupture. Ce qui femble prouver ce que je dis, c'eft qu'après la guérifon de la rupture incomplette, on remar- que une efpece d'enfoncement, & qu'après la guérifon de la rupture complette, il y a au contraire augmentation de volume par le calus qui s’y forme. Jufqu'à préfent je n'ai connu de rupture incomplette du: Tendon d'Achile, que celle dans laquelle la portion du Ten- ‘don formée par les jumeaux fe trouve rompué, pendant que la portion que forme le folaire refte entiére : cependant je ne fais aucun doute qu'il ne puifle y en avoir d’autres. Je crois, par exemple, qu'il eft poflible que le Tendon du folaire fe cafle, pendant que le T'endon des jumeaux réfiftera ; la por- tion de l'un des jumeaux peut fe caffer, & l'autre réfifter : de DE SAS CITE MUC ES 243 plus, je me fuis rappellé une maladie de la jambe que je n'ai point connuë dans le temps; aujourd’hui que j'ai plus d'expé- rience, je ne puis m'empêcher de croire que cette maladie ne fût la rupture du Tendon du mufcle plantaire. Un homme fautant un foffé, & arrivant au bord oppolé à celui d’où il avoit pris fa fecoufle, appuya à terre, ayant les pieds & les genoux fort étendus : il fentit beaucoup de douleur à la jambe gauche dans la partie moyenne & interne du T'endon d’Achile, à l'endroit par où pafe le Tendon du mufcle plantaire; lin- flammation fuivit de près fa chüûte; les faignées & les topiques le guérirent ; mais pendant très long-temps ül ne püt marcher fans douleur, & je ne pûs en connoître la caufe. Le Tendon du plantaire eft fort petit & très-plat ; c’eft pourquoi fem: bonpoint du malade & l'enflüre qui étoit confidérable, pürent fort bien dérober au toucher la connoiffance de la rupture. Je ne donne cette obfervation que comme un avis, à ceux qui pourront fe trouver dans le même cas, Quand j'ai dit que le Tendon du folaire peut fe cafler; pendant que celui des jumeaux demeure dans fon entier, cela n’eft point fans fondement : en effet, fi quelqu'un tombe de haut, fur la pointe du pied, äyant la jambe pliée & le pied étendu, & qu'il fe fafle une rupture au T'endon d'Achile, elle ne fera qu'à la portion de ce Tendon que forme le folaire, puifque fuivant la fuppofition , la jambe étant pliée, le Ten- don des jumeaux eft reliché, & ne doit point fouffrir dans la chûte; le pied eft étendu, le mufcle folaire eft en contraction, il ny a donc que lui qui foit tendu, & qui puiffe fe rompre; d'autant mieux que , dans le cas propolé, il fupporte tout Y'effort de la chüte. Si quelqu'un tombe de haut, Ia jambe & le pied bien éten- dus, le Tendon des jumeaux & celui du folaire fupportent enfemble l'effort : mais il y a deux raïfons pour lefquelles le Tendon des jumeaux doit y fuccomber , & fe rompre plûtôt que celui du folaire, La premiére, eft que celui du folaire eft plus fort, parce qu'il a plus de fibres Fos , qu'il eft 1} “ 244 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE plus court, & qu'il eft rond, au lieu que celui des jumeaux eft plat. La feconde raifon pour laquelle le Fendon du folaire doit réfifler plus que celui des jumeaux, c’eft que la tenfion du Tencon du folaire ne dépend que de la-contraétion de fes. fibres charnuës, & de l'effort qui fe fait au Falon ; au lieu que celle du Tendon des jumeaux dépend non feulement de la contraction des fibres charnuës de ces mufcles, & de l'effort qui fe fait au Talon; mais encore du mouvement de l'articu- lation de la jambe, fur laquelle paffent les jumeaux : ce qui fe fait, lorfque la jambe eft dans fa plus forte extenfion, comme il arrive toüjours, lorfqu'étant droit on fe panche en devant, parce qu'alors les condiles du fémur font une faillie en arriére, & que les mufcles jumeaux paffent fur ces condiles, comme fur une poulie : cette faillie des condiles doit leur donner un degré detenfion, de plus que n'en a le folaire; puifque celui-ci ne va que des os de la jambe au Talon, & ne pañe point par farticulation de {a cuifle avec la jambe , comme font les mufcles jumeaux, pet d DES SCIENCES 245$ L'LOMRRECENN : ER LENS DÜ MOUVEMENT DANS LE TOURBILLON SPHERIQUE, Par M. l'Abbé de MoLIERESs. LEMMES. . ? 6; un Corps Z (Fig. 1.) qui fe meut uniformément le long d'une ligne droite 4 M avec telle vitefe que ce foit l, reçoit en un point quelconque Z de AM une au- tre force F, qui ait telle direction 2 D que ce foit, & qui détourne ce Corps dans une ligne quelconque Z N ; le mé- me Corps Z, qui aura 2 degrés de vitefle 2 , ne pourra être détourné dans la même ligne 8 N que par une force 2 F double de la force F. Et fi le corps Z a 3 degrés de vitefle, il ne pourra être détourné dans la même ligne B N que par une force triple, qui aura toüjours la même dircétion B D. Et ainfi de fuite. Car fi par quelqu'un des points £ de BN, vous menés ED paralléle à 4 AZ, qui rencontreta la direction BD de la for- ce Fen un point D, & EC paralléle à BD, on fçait que la force F ne peut faire parcourir au corps Z la diagonale BE, que les forces W, F', qui le pouflent en même temps de B en C & de B en D, ne foient toûjours entre elles comme BC à BD. D'où il fuit que fi V devient 2 V, il *, faut que F devienne 2F. Si F devient 3, il faut que F de- vienne 3 À, &c. Si V devient 7F (7 étant un nombre quel- conque) il faut que F devienne # F'; autrement le corps Z ne décrira pas la ligne BE ou BN, mais une ligne qui fera avec BM un angle plus ou moins grand que AB N, felon que la force À” fera moins ou plus grande qu'elle n’eft d'abord à l'égard de la force F. Hh ii} - 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 2. I fuit de-là qu'un corps Z, détourné de fa direétion BM dans une autre BA, réfifte à ce détour avec une force d'autant plus grande qu'il a plus de vitefle, puifque pour le détourner de BM en BN, il faut y employer une force qui augmente dans le même rapport que fa vitefle. 3 D'où il fait encore que fi un corps Z, ayant toüjours une égale vitefle, fouffre’des détours égaux, ce corps appor- tera à ces détours des réfiflances égales. 4 Si un globule Z / Fig. 2.) fe mouvant uniformément dans une droite AP, rencontre un plan inébranlable AN, le globule Z preflera ce plan dans la direction BE, qui paffe* par le centre B de Z, & par le point d’attouchement G, & qui par conféquent eft perpendiculaire fur le plan AN; & ne preffera le plan que dans cette feule direction. Et la force avec laquelle le globule Z frappera ou preffera le plan AN au point G dans la direction perpendiculaire BE, fera à la force abfoluë avec laquelle il fe meut dans la ligne AB, comme la partie AD ( de la perpendiculaire 4/4 menée du point À fur MN, & terminée par la perpendiculaire BD menée du point 2 fur AM) eft à AB. - Car en menant la perpendiculaire AC fur EB prolongée; on peut penfer que le corps À eft pouflé en B par l'action conjointe de deux forces l, F, dont les directions font AC, AD, & qui font entr'elles comme AC, AD. Que la direc- tion de la force F”, qui eft paralléle à AN, n'agiflant point fur le plan AN, ïl n’y a que la direétion de la force 7; lorf- que Z eft arrivé en 2, qui agifle fur le plan AN, & le preffe au point G dans la direction perpendiculaire BGE, & qui eft à la force abfoluë de Z, comme AB eft à AD ou à C2 fon égale. Or nous ne confidérons ici le plan AN comme inébran- able, que parce qu'il peut être regardé comme la fuperficie d'un corps infiniment grand, qui abforbe tout le mouvement que le corps choquant À doit lui communiquer par le choc fans qu’il reçoive aucune vitefle fenfible. Donc le corps À fans reflort, parvenu en Z, perdra abfolument à la rencontre clé 1, me s:S$S GTE.N CES 247 du plan AZN, auffi fans reflort, tout le mouvement 7° qu'il a de À en M, & ne confervera que le mouvement W, qu'il a de À en C. D'où il fuit que le corps À, parvenu en 2, n'aura point de tendance à aller de BenO,nienC,nien A, &c. mais qu'il ne tendra uniquement à fe mouvoir que le long du plan & dans la direction de la droite GN: Qu'il aura employé toute la force 7, qu'il a felon AD ou C2, à prefler le plan AZN dans la direction perpendiculaire GE: Et que la force F fera à la force abloluë du corps À felon AB, comme AD eft à AB. Ce qu'il falloit démontrer. s- Un corps Z qui fe meut le long d'une ligne courbe AB (Fig. 3.) tendra fans ceffe à s'en écarter par les tan- gentes !V, N, & ne perdra de fa force abfoluë, à chaque inflant, qu'une partie infiniment petite du fecond genre, & qu'une partie infiniment petite du premier genre, durant tout le temps qu'il fera à décrire la courbe A2, quelque longue qu'elle foit, c'eft-à-dire, qu'il continüera à fe mouvoir le long de la courbe AB avec la même force & viîtefle qu'il aura reçüë dès le commencement. Ce principe a éte démontré par M. Varignon. 6. Un globe Z /F. 4.) qui fe meut dans une circon- férence de cercle, tend fans cefle à s'éloigner du centre 7 de fon mouvement avec une égale force, qu'on nomme centrifuge, & par laquelle il prefle également chaque point de la circon- férence qu'il touche dans la direétion ZZ, qui pafle par le centre de .ce corps, & qui eft perpendiculaire à la tangente M. qui pañle par le même point Z. Car la circonférenee étant une ligne courbe, le corps Z (Art. 5.) continüera à s’y mouvoir avec la même force & vitefle. Et le cercle pouvant être confidéré comme un Po-- Iygone d'un nombre infini de côtés, dont les angles qu'ils forment à la circonférence font tous égaux, les détours que le corps À fouffrira en temps égaux feront égaux. Donc (Art. 3°) les réfiftances qu'il apportera à chacun de ces dé- tours, & par lefquelles il preffera la circonférence, feront égales, Et (Art. 4.) les directions de ces preffions feront 248 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE par-tout perpendiculaires aux tangentes NV, N, & feront par conféquent les rayons /Z. Ce qu'il falloit démontrer. Ainfi un corps Z qui parcourt une circonférence, ne la prefle pas par toute la force avec laquelle il fe meut le Jong de cette circanférence, & dont la direétion eft felon les tan- gentes, mais feulement par une partie infiniment petite de cette force, dont la direétion eft du centre au point de Ia circonférence que ce corps touche à chaque inftant. Par la même raifon qu'un corps À / Fig. 2.) qui frappe oblique- ment un point G d'un plan AZNW, ne prefle pas ce plan par toute la force AB, mais feulement par la partie perpendicu- laire CB de cette force. Ce qu'il faut bien remarquer. 7. Si deux corps égaux À, B, (Fig. 4.) décrivent des circonférences de cercle inégales avec des vitefles J,v, qui {oient entr’elles comme ces circonférences , leurs forces cen- trifuges F, f, feront entr'elles comme leurs diftances D, d, au centre / de leurs mouvements. Ainfi F°.f:: D .d4. Car dans ce cas les corps À, B , achevant en même temps leurs circulations ; & les cercles pou- vant être confidérés comme des polygones fembla- bies d’une infinité de côtés, le nombre des efforts qu'ils feront en temps égaux feront égaux, puifqu'il n'y a pas plus d'angles égaux dans un de ces cercles que dans l'autre. Mais l'effort que fera le corps À, qui parcourt la plus longue circonférence, & qui a par conféquent plus de viteffe, fera (Art: 3.) à chaque inftant d'autant plus grand, que le corps 4 aura plus de vitefle que 2 ; or les circonférences font entre elles, comme leurs rayons où comme les diflances D, d, au centre /; donc on aura dans ce cas F, f :: D. d. Ce qu'il Jalloit démontrer. Aïnfi fi Le corps À eft à une diftance D du centre 7 double de la diflance 7 où cft 2, & que À ait une vitefle }” double de la vitefle v de 2, la force centrifuge F de À fera double de la force centrifuge f de 2. Et fi À eft à une diftance tri- ple, & qu'il ait une viteffe triple, la force centrifuge Æ de 4 fera triple de la force centrifuge f de 3. Et ainfi de fuite. D'où DES:SCIENCES 249 D'où il fuit que’ f..4,eft à une diftance triple, & 4 à “une diftance double de d, la force centrifuge F de À fera à la force centrifuge f de 2, comme 3 à 2, &c. 8. Si deux corps égaux À, B, décrivent des circonfé- rences de cercle inégales avec une vitefle égale, leurs forces centrifuges Æ, f, feront réciproquement comme leurs dif- tances D), d, au centre / de leurs mouvements. Ainï Æ°. f sd D, Par exemple, fi le corps À eft à 2 pieds de diftance du centre /, & le corps B à un pied ,.ces corps ayant une égale viteffe , la force centrifuge f de B fera double de la force centrifuge Æ’de À. Car les circonférences étant comme leurs rayons D, d, le corps B fera deux circulations durant le temps que À n’en fera qu'une. D'où il fuit que fouffrira deux détours. pareils, & fera par conféquent deux efforts égaux pour s'éloigner du centre 7, durant Île temps que le corps À n'en fera qu'un, & que par conféquent la force centrifuge f de B fera en temps égal, double de la force cen- trifuge # de À. Et fi le corps À eft à 3 pieds de diftance, & le corps 2 à un pied, ces corps ayant toüjours une égale vitefle, B fera trois circulations durant le temps que À n’en fera qu'une. D'où il fuit que la force centrifuge f de B fera triple de la force centrifuge Æ de A. Et ainfi de fuite. Par où l'on voit que fi À eft à 3 pieds de diftance du centre /, & B à 2 pieds, ces corps ayant toüjours une égale viteffe, la force centrifuge }'de À fera à la force centrifuge f de B, comme 2à 3. Or les Géometres fçavent que Torfque les chofes vont toû- jours de cette façon à l'infini, on peut en conclurre générale- ment que F.f :: d. D. Ce qu'il falloit démontrer. . Si deux corps égaux Æ, B, circulent à une diftance égale J du centre Z, leurs forces centrifuges F, f, feront entre elles comme les quarrés de leurs vitefles F7, v. Ainfi F. f :: WW. va. Fhreh Par exemple, fi _Æ a deux degrés de vitefle, & B un degré; Mem. 1728. fai D: 250 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ces corps circulant à une égale diftance 4 du centre Z, la force centrifuge F de Æ fera quadruple de la force centrifuge f de 2, puifque un corps À circulant à une diftance D double de d'avec une viteffe W égale à celle de Æ, & par conféquent double de ceHe de Z, la force centrifuge Æ° de Æ feroit ( Art. 7. ) double de celle de 4, & { An. 8.) celle-ci double de Ha force centrifuge f de B; donc la force centrifuge F de Æ fera quadruple de la force centrifuge f de B. Et en effet le corps Æ, ayant une vitefle double de celle de 2, & circulant à la même diftance d du centre Z, fouffre deux détours durant le temps que le corps B n'en fouffre qu'un. Or_Æ, ayant une vitefie double, apporte à chacun de fes détours une réfiftance double, ce qui fait en temps pareil quatre réfiftances contre une du corps 2. On verra de même, fi Æ a trois degrés de viteffe, & B un: degré, que ces corps circulant toüjours à une égale diftance,. la force centrifuge F' de Æ fcra neuf fois auffi grande que la: force centrifuge f de B. Et ainfi de fuite. D'où il fuit que fi Æ a 3 de vitefle & B, 2; la force cen- trifuge F'de Æ fera 9 , & celle de B fera 4, ou que F°. f :: 9. 4 Et l'on fçait bien que lorfque la chofe va de la forte à. Yinfini, on en peut conclurre généralement que F. f:: VF + VU. Ce qu'il falloit démontrer. 10. Les forces centrifuges F", f, de deux corps Æ, B, qui circulent à quelques diftances D, d, que ce foit du centre Z.. font entr’elles comme les quarrés PV, va, de leurs viteffes F7. v, divifés par leurs diftances D, d. Ainfi F. f: e Te. Car par Farticle précédent les forces centrifuges F, f, des. corps Æ, B, qui circulent à une égale diftance 4 du centre Z. étant entr’elles comme les quarrés VW}, vw, de leurs vitefles V,v; fi au lieu de pofer le corps Æ à la diftance 4, vous le pofés à une diftance D double de d, fa force centrifuge Æ° étant VW en d, ne fera / Article 8.) que la moitié de ce qu'elle étoit, c’eft-à-dire, qu'elle fera _ en D, Et fi vous le Fe %. DES SCIENCES, 251 pofés à une diftance triple de 4, fa force centrifuge fera TE. Et ainfi de fuite. | Semblablement f vous pofés B à une diftance D double de d, fa force centrifuge, étant wv en d, ne fera que © en D. Et fi vous le polés à une diftance triple, elle fera ee Et ainfi de fuite. D'où il fuit que fi vous pofés À à une diftance triple de d, & B à une diftance double de 4, les forces centrifuges PER à 4 A des corps 4, 2, feront comme — à 7", &e … D'où il fuit généralement, que nommant D, d, les dif- tances des corps À, 2, vous aurés dans tous les cas À". f:: A s. 7 Ce qu'il falloit démontrer. PRO POSE TE L'ON'UT 11. Si des globules égaux & indéfiniment petits remplif- fent la capacité d’une fuperficie cylindrique SSSS /Fig. 5.) dont l'axe AAN foit égal & perpendiculaire au diametre de fes bafes , & que ces globules circulent autour de axe MN, chacun avec une égale vitefle , je dis : Que chacun de ces globules continüera à circuler autour du même axe fans perdre de fa vitefle ; & qu’il tendra à s'éloigner du point 7 de l'axe MN, fur lequel tombe la perpendiculaire menée du centre du mobile fur l'axe, & à preffer avec une égale forcé la fuperficie cylindrique, dans laquelle il fera compris, felon R direction de là même perpendiculaire. Car diftribuant par la penfée toute la folidité du cylindre en des cercles paralléles à fes bafes, & ne faifant d’abord au- cune attention au mouvement que les globules qui circulent autour de axe AN, peuvent perdre en s'entrechoquañt ; vous verrés : 1.0 Que chacun de ces globules, comme à ou À, étant compris dans quelqu'un des plans de ces cercles, comme dans ACD E1, tendra (Arr. 6.) à s'éloigner du point Z de Faxé ‘ Ii ij 252 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE MN, fur lequel tombe la perpendiculaire 47, menée du centre du globule À fur l'axe AN, puifque le point Z fera le centre de fa circonférence ACDE, dans laquelle le globule 4 circule. 2.9 Que diftribuant enfuite par la penfée toute la folidité du cylindre en fuperficies cylindriques , paralléles à la premiére, tous Les globules compris dans faquelle on voudra de ces fu- perficies, comme dans JS JS, ayant une égale vitefle, 8 les diftances aux centres de leurs mouvements étant égales, leurs forces centrifuges feront égales, & que ces globules prefferont fa fuperficie cylindrique dans laquelle ils feront compris avec une égale force, & felon la direction de la perpendiculaire menée du centre de chacun des mobiles fur Faxe. Car en menant un plan par le point de la fuperficie cylindrique //ff, où chacun de ces globules, comme P , fe rencontre, qui touche cette fuperficie en ce point , la ligne 1B, qui eft la direétion de la force centrifuge du globule 2, fera perpendiculaire fur ce plan. D'où il fuit / Arr €.) que le globule B, preflera ce plan, & par conféquent la fuperficie cylindrique , dans la même direction FBa, Ainfi tous les globules compris dans la premiére couche qui touche immédiatement la fuperficie cylindrique SS,. auront chacun une égale force centrifuge, & prefleront cette fuperficie avec une égale force, & dans la direction de la perpendiculaire menée de chacun des centres de ces globules à l'axe AIN. Tous les globules compris dans la feconde couche, auront auffi chacun une égale force centrifuge, & preferont chacun avec une égale force la couche précédente felon les mêmes directions. Et ainfi de fuite jufqu'à la couche. qui environne l'axe immédiatement. D'où il fuit que la force centrifuge F d'un point À, pris. dans une. de.ces couches, fera { Art. 8.) à. la force centri- fuge f d'un autre point B, pris dans une autre fuperficie réciproquement, comme la diftance 4 de l'un 2 à l'axe MN, . eft à la diflance D de l'autre À au même axe. Ainfi Æ . f eh SR DES SCIENCES 2$7 ze Mais quoique par-là, la force centrifuge f d'un globul inférieur 2 foit plus grande que la force centrifuge F d'un globule fuperieur A, & que B tende à s'éloigner de l'axe MN, felon la direction /B , avec plus de force que À; cependant comme toute la capacité de la fuperficie S'S eft pleine par la fuppofition, & que par conféquent l'un de ces globules ne peut monter que l'autre ne defcende; que d'une part tous les globules qui font dans toute la fuperficie cylin- drique où ft 2 , tendent chacun à s'en éloigner avec une égale force, qu'il n'y a pas par conféquent plus de raifon que l'un s'en éloigne que lautre ; que tous-tendront donc con- jointement à s’en éloigner chacun avec une égale force, & à faire defcendre ceux de: la fuperficie où eft À ; que de l'autre part tous les points de Îa fuperficie où eft À, tendent pareille ment à s'eloigner du même axe, chacun avec une égale force; ik s'en fuit que (fi pour juger de l'effort que ces globules font pour s'éloigner des centres de leurs mouvements ,: qui eft ici Tunique objet de nos recherches, nous fuppofons d'abord par impofhble, que chacun de ces globules, comme 4 ou Z, dont le diametre eft-indéfiniment-petit par rapport au diametre du . cylindre, peut pénétrer les autres, & defcendre ou monter, fans que l'impénétrabilité de ceux qui les: environnent apporte au- cun obftacleà fon mouvement ) nous verrons qu’il n'y aura pas plus de raifon qu’un des globules de la circonférence où eft 4. defcende que l'autre, & qu'ils s’oppoferont tous conjointement à leur defcente..…. dr 4.2 D'où il fuit que quand ils’agit de juger f par le feul effet: de la force centrifuge , & indépendamment de limpénétra- bilité de la matiére, ou de toute autre caufe, un globule B: du cylindre Z doit monter, & l’autre À doit defcendre ; if ne faut pas feulement. confidérer fi la:force centrifuge f de Yun Z-eft plus grande que la force centrifuge Æde Fautre 4, mais bien fi la fomme des forces centrifuges- de tous les glo-- bules de la couche inférieure f'où eft B, eft plus grande que la : fomme des forces: centrifuges de tous les globules de la‘cou- che fupérieure Soù sft À ; puifque tous ces derniers globules: , Fi ü. 254 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE s'oppofent conjointement à leur defcente, comme tous les précédents confpirent conjointement & unaniment à monter. Or le nombre S des globules de la couche fupérieure où eft À, étant au nombre / des globules de la couche inférieure où cf 2, comme ces couches ou fuperficies cylindriques ; & ces fuperficies comme les circonférences de leurs bafes ; & ces circonférences comme leurs rayons, ou comme les dif- tances D, d, des globules À, B, à l'axe MN; ïl s'enfuit que le nombre S des globules fupérieurs qui s’oppofent à leur defcente, étant d'autant plus grand, que le nombre [ des globules inférieurs qui tendent à monter, que la force cen- trifuge f de chacun des inférieurs eft plus grande que la force centrifuge /’de chacun des fupérieurs; il s'enfuit, dis-je, qu'il y aura équilibre entre la fomme SF des forces centrifuges de tous les globules fupérieurs qui réfiftent conjointement à leur defcente, & la fomme /f des forces centrifuges de tous les globules inférieurs qui confpirent conjointement à les faire defcendre, c'eft-à-dire, qu'on aura SF — ff. Et y ayant équilibre entre toutes les forces centrifuges des globules compris dans une couche quelconque, & toutes les forces centrifuges des globules compris dans une autre couche aufi quelconque ; tous les globules compris dans la capacité du cylindre Z, continüeront donc fans cefle à circu- ler chacun avec une égale viteffe, comme nous l'avons d’abord fuppoté, & ne fe communiqueront par conféquent les uns aux autres aucune partie de leurs mouvements. Et tous les points de la couche qui touche immédiatement la fuperficie du cylindre Z, prefferont cette fuperficie avec une égale force, dans la direétion de Ia perpendiculaire menée de cha- cun de ces points fur l'axe AZN. Et les points de la couche qui fuit immédiatement, prefferont celle-ci de Ia même façon. Ét ainfi de fuite jufqu'à l'axe MN. Ce qu'il falloit démontrer. FR Oo RL LL ON, LT . #2. Si des globules égaux indéfiniment petits, rempliffent la capacité de la fuperficie X (Fig. €.) d'un globe, & que ces “BTE SC "TUE "NICE is 255 globules circulent autour d'un de fes diametres AN, chacun avec une égale viteffe ; tous les globules qui touchent, immé- diatement la fuperfrcie fpherique X; prefféront cette fuperficie chacun avec une égale force (que je nommerai centrale, pour la diftinguer de la précédente) non felon la direction de leurs vitefles, ni fclon fa direction de leurs forces centrifuges, maïs umiquement felon la direétion du rayon mené du een- tre Y du globe par les centres de chacun de ces globules. H en fera de même des globules qui touchent immédiatement les précédents à l'égard de ces précédents. Et ainfi de fuite jufqu'au centre K Car fr fans rien changer dans Ra difpofition & le mouve- ment des globules du cylindre précédent Z , dont tous les points continüent à circuler autour de Faxe AZ N, chacun avec une égale vitefle , om y infcrit une fuperficie fpherique X, (Fig. €.) dont le centre F fera le même que celui du cy- lindre Z. Qu'on choïfiffe un point quelconque #, de ceux. qui touchent immédiatement 1a fuperficie K; que par le point 3, on mene un cercle FG AL, perpendiculaire à Yaxe A7 NW. dont le centre {fera un des points de cet axe; que par le point G de la circonférence de ce cercle, on mene un plan GS, qui touche la füperficie X an point G, & par le point 7 la perpendiculaire ZS fur le plan GS: Je dis, 1. Quele globuleg, étant compris dans le plan du cercle FGHL], & y circulant autour du centre Z, dans la cir- conférence FGHL ,avecune égale vitefle, tendra à s'éloigner du point / avec une égale force, & que le globule étant parvenu en G, preffera obliquement en ce point par {a force centrifuge, que je nomme f; dont la direction eft ZG,, la fu-- perficie fpherique Æ. Que la direction de cette preffion fera (Art. 8.) la perpendiculaire Gy au pan ES, laquelle étant. prolongée du côté de G, pañlera par le centre Y du globe Y. Que par le même Art. 8. la force » que je nomme ®, par laquelle le globule G preffé la fuperficie fpherique X, fera à da force f, par laquelle il tend à s'éloigner du point Z, comme: IS à 2G. Ainfrg.f:: 154 IG: Que les paralléles YG,. 256 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE IS, perpendiculaires fur GS, donnant l'angle YG1 = GIS, les triangles rectangles YG1, GLS, feront femblables, & donneront Z$./G :: 1G . YG; d'où il fuit que ?. f :: 1G. YG ; ou.en faïfant /G = d, & YG = R, que o.f::d4R 2.0 Que le globule g ou G ayant été pris à volonté parmi tous ceux qui touchent immédiatement la fuperficie X, il ef bien clair que la direétion de la force, par laquelle chacun de ces globules preffe la fuperficie fpherique 4, n'eft plus fa perpendiculaire 2ZG menée du centre de ce globule fur l'axe MN, comme dans le cylindre Z, mais bien le rayon FG mené du centre }” par le centre du globule G à la fuperficie fpherique 4 D'où il fuit que fi l'on prend à volonté un autre de ces globules « qui touche la même fuperficie À, & que par le point « on mene le cercle EC HD, perpendiculaire a l'axe MN, dont le centre. O fera dans l'axe AZN, le olobule cou C, étant compris dans le plan de ce cercle, & y circulant autour du point O avec une égale vitefle, tendra à s'éloigner du centre © de ce cercle avec une égale force, & preffera de même que le précédent g la fuperficie Æ, dans la direction du rayon FC avec une force que je nomme ®, qui fera à la force que je nomme Æ", par laquelle il tend à s'éloigner du centre O , comme la perpendiculaire OS, menée du point © fur le plan CS qui touche la fuperficie fpherique X au point C eft à OC. Ainfi ». F:: OS. OC. Queles paralléles CF, SO, perpendiculaires fur CS, donnant l'angle YCO = COS, les triangles rectangles FCO, O0 CS, feront femblables, & donneront OS .0C:: OC. YC; d'où il fuit que®æ.#::0C.YC;ou faifant OC = D, & FYC— YO Rrquwe is D. A : 3 Que les points €, G, ayant une égale vitefle, leurs forces centrifuges Æ, f, par lefquelles ils tendent à s'éloigner des points ©, /, de l'axe MN, feront / Art. 8.) réciproque- ment entr'elles comme leurs diftances CO, G1, ou D), d, aux centres O, 1, de leurs mouvements. Qu'ainfi on aura 3.2 é re ct DES, SCIENCE:s, 257 gotFis pe IDE FE LE 2° ©. E(#- LD, R,donc te fe "19 @- f°: d.R, donc er donc ® —9. - Donc le globule c ou C; & partant tout autre globule de fa couche fphérique, qui touche immédiatement la fuperficie #, prefle cette même fuperficie avec une force égale à celle par laquelle le globule 3 ou G de la même couche preffe {a même fuperficie X felon les directions YG, FC, YK, YM, YN, &c. qui partent tous du centre F. : 4.0 Qu'enfin filon difiribüe par la penfée tous les glo- bules compris & retenus par la fuparficie fphérique X en couches fphériques concentriques , il fera aifé de démontrer de la même façon, que les globules de la couche qui fuit immédiatement celles dont les globules touchent la fuperfr- cie Ÿ, prefferont cette premiére couche chacun avec une égale force felon les mêmes direétions des rayons, & ainfr de fuite jufqu'à la couche qui environne immédiatement le centre Ÿ. D'où il fuit que ce globe fe transformera enfin en un tourbillon, dont tous les points circuleront bien au- tour de l'axe ATN, & dans les plans des cercles perpendi- culaires à cet axe; mais qu'ils tendront tous par une force que nous avons nommé centrale, du centre Ÿ vers la furface X du tourbillon; de telle forte que ceux qui font à une égale diflance du centre Ÿ, y tendront avec une égale force, & que ceux qui touchent immédiatement la fuperficie X, la prefleront par-tout avec une égale force, dont a direction ne viendra pas de chacun des points O, 7, de Vaxe MN, mais du feu! & unique centre Ÿdu tourbillon. Car quoique Je point C, par exemple, tende réellement à s'éloigner du oint © de cet axe, qui eft en même temps Îe centre du cercle ECHD, ce n'eft pas par cette force dont la direction OC eft oblique au plan CS" qui touche fa fuperficie , que ce point preffe cette fuperficie, mais feulement par une partie de cette force perpendiculaire à ce plan, dont la direction. eft Mem, 1728, ; -Kk 258 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE YC; par la même raifon que lorfqu'un mobile circule dans la circonférence d’un cercle, ce n’eft pas par toute fa force abfolüe qu'il conferve, & dont la direction eft la tangente, qu'il preffe cette circonférence, mais par une force infini- ment petite à l'égard de celle-ci, qu'il perd à chaque inftant, & dont la direétion eft perpendiculaire à la tangente, & qui va du. centre à la circonférence. H en fera de même des points de la couche qui fuit immédiatement à l'égard de celle qui précéde. Et ainfi de fuite jufqu'au centre Y. Ce qu'il falloit démontrer. PROPOSITION .IIE 13. Dans un tourbillon fphérique qui s'étend, les points d'une même couche fphérique, ou qui feront à égale diftance du centre, conferveront toûjours une égale vitefle. Car tout demeurant comme dans l'article précédent, fi lon pofe une autre fuperficie fphérique x concentrique à la précé- dente X, à une diftance double ou triple &c. du centre F, qu'on remplifle leur intervalle de petits globules pareils aux précédents, en repos les uns auprès des autres, & qu'on ôte tout d’un coup la fuperficie Æ qui contient les premiers glo- bules qui circulent autour du centre Ÿ, chacun avec une éga- le vitefle, on verra. 1.° Que tous les points compris dans Ja premiére couche ’X tendants à s'écarter de toutes parts du centre F chacun avec une égale force, tant du côté de l'équateur X LQ P, que du côté des poles A7 N, & des points €, G, &c. Que chacun des points les plus voifins des poles 47 N, preffant la fuperficie °, du centre Ÿ vers A7 ou N, avec autant de for- ce que le point G, €, K°, &c. la preffe de F vers G, de F vers €, de Ÿ vers Æ, &c. aïinfi que nous venons de Îe dé- montrer. Que tous ces points ayant une égale viteffe, & ne trouvant pas plus de réfiftance d’un côté que de Fautre de la part du milieu environnant, dont tous les globules qui le rem- pliflent font fuppofés en repos; ces points communiqueront néceflairement à chaque inftant une égale quantité de leurs forces & de leurs vitefles aux points fupérieurs qui les tou- D'IBA BA SCIE UN, Coma N A “ &c. fois aufli grande que celle de 4 ou À, la force centrale de & ou B fera 1,16, 81, 258, 625, &c. fois aufli grande que celle de a ou À. Ce qu'il faut bien remarquer. PROPOSITION VL 16. Les temps des périodes ou révolutions des points d'une même fuperficie fphérique, font entr'eux comme leurs- diftances-à l'axe du tourbillon. Aiïnfi 7°. # :: D . 4 Soient €, G, deux points d'une même fuperficie | fphérique, ou également diftans du centre K. D, | d, leurs diftances CO, Glaälaxe MN. T, t, les temps qu'ils font à faire leurs révolutions ou à {2° "| parcourir {es circonférences dont CO, G 1, ou D, d, .font les: rayons. Il faut démontrer que T'. 1 :: D. 4. Les points d'une même fuperficie fphérique ayant une 264 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE égale vitefle (arr. 1 2.) les temps 7, r, de leurs révolutions, feront entr'eux comme leurs circonférences, & ces circonfé- rences comme leurs rayons CO, GI. Donc T'.#:: D.4 Ce qu'il falloit démontrer. CLo'RtO:LUL AUI-RLE, 17. I fuit de-là que fi l'on divife la circonference NMGCK en parties égales, & que par tous ces points de divifion on mene des perpendiculaires à l'axe AN, les temps des ré- volutions de ces points étant entr'eux comme ces perpendi- culaires, & ces perpendiculaires étant les finus des arcs qu'ils foûtiennent, qui vont toüjours en augmentant de plus en plus des poles A7, N, vers l'équateur XQ, mais de telle for- te que la différence du premier G Z au fecond CO, eft plus grande que celle du fecond CO au troïfiéme XF, & ainfr de fuite; les temps des révolutions de ces points iront bien toûjours en augmentant dans le même rapport , des poles M, N, à l'équateur #, mais les différences de ces mêmes temps iront toujours en diminuant, fi bien qu'à certaines diftances égales XP, KC, de l'équateur #, les temps des révolutions des points P, #, ©, feront fenfiblement égaux. PROPROSLEION VUE 18. Les diflances des points qui fe meuvent dans le plan de l'équateur d’un tourbillon fphérique font éntr'elles comme les racines cubes des quarrés des temps périodiques de ces mèmes points. Ainfi D.d:: TT. ÿ/rr. Car tout demeurant comme dans l'art. 1 $. où l’on a dé- montré que dans l'équateur D , d :: VW. vw; &c les vitefles V, v, étant entr'elles comme les efpaces £, e, divifés par les c'aetiren te k temps 7,1, ou Vu :: +. +: & par conféquent WF TUBE ee À RARE Eee EE D UE eee On aura D. d':: Se ont & . = € où EE Dit—eedTT, & par conféquent Dirt s ATT:: ee EE, Or ici DES: CIE NC, ES: 265 Or ici les efpaces e, Æ, font les circonférences dont les rayons font d, D, & les circonférences font entr’elles comme leurs rayons. Donc ee. EE :: dd. DD. Donc Drt. dTT :: dd. DD. Donc D5tt—diTT. DoncD3.4d3::T'T rt. Donc D. d:: ŸTT. ÿ/tt. Ce qu'il falloit démontrer. LC OR 'ONL LA NT RUE: C'eft-à-dire, que fi l’on fçait, par exemple, que le point À eft 30 ans à faire fa révolution, & le point 8 12 ans, en prenant les quarrés 900 , & 144 de 30 & de 12, & tirant les racines cubes de 900 & 1 14, qui font environ 9 à & s;»onauaD.d::94,5$+, ou environ. C'eft la fameufe Régle de Képler par le moyen de laquelle on détermine le rapport des diftances des Planetes au Soleil, en connoïffant les temps de leurs révolutions, qui devient par les démonftrations précédentes un principe de Méchani- que, duquel on pourra déduire géométriquement tous les mouvemens céleftes, ainfi que M. Villemot l'a déja tenté, & qui foûtient & confirme le Siftéme des T'ourbillons de Def- cartes, bien loin de le renverfer, comme on a prétendu de nos jours. Mais cette loi ne s'étend pas indifféremment à tous les points du Tourbillon, & il eft convenable pour donner une idée complete du T'ourbillon, de déterminer tous ceux à l'égard defquels elle a lieu. PROPOSITION VilIl. Dans un tourbillon fphérique, les points qui circulent dans une même fuperficie conique quelconque prgŸ, qui a pour fommet le centre Y du tourbillon , & pour baze un cercle. quelconque grpoi paralléle à l'équateur QPKLY, fuivent Ja même loi que ceux qui circulent dans le plan de ce cercle. Choiïfiflés deux points quelconques dans la fuperficie coni- que prgŸ, ces points circuleront dans des circonférences paralléles à la baze 7rpoi de ce cone, & auront une viteffe égale aux points c, 4, qui fe rencontreront dans les inter- fections de ces circonférences & d’un rayon Yp du tourbillon Mem. 1728. LP: 266 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE compris dans la fuperficie conique. Ainfige que l'on démon- trera des points c, d, s’étendra à tous les autres points de cette fuperficie conique. Du centre Ÿ, & par les points «, d, décrivés des circonfé- rences c A, d B, perpendiculaires au plan de l'équateur, qui couperont fon diametre À Q aux points À, 8, & par ces cir- conferences concevés des fuperficies fphériques. Les points €, À, étant compris dans une même couche fphérique, auront far. r 3.) une égale vitefle }. Et les points- 4, B, étant pareillement compris dans une même couche: fphérique auront auffr une égale vitefle v. Donc le temps de la révolution du point c fera à celui du: point À, comme co-à AY: Et le temps de la révolution du point 4 à celui du point 2, comme do à BF. Or à caufe des triangles femblables co F, doŸ, co ft à do, comme AY ou CF for égale eft à BY ou dy fon égale. Donc le temps de la révolution du point c eft au temps de la révolution du point 4, comme le temps de la révolution du point À au temps de la révolution du point 2. Or par l'article précédent, les quarrés des temps des révo- lutions dés points À, 2, font entr'eux comme les cubes de leurs diftances 77°, 11 :: D3, di. [l'en fera donc de même des points «, d. Ce qu'il falloit démontrer. PROPOSITION IX. Dans le plan d'un cercle paralléle à l'équateur , le rapport dès temps des révolutions des points qui y circulent, s'éloigne d'autant plus de la régle précédente, que ce cercle eft plus dif- tant de l'équateur ou plus voifin des poles, Soit e un point pris à volonté dans le plan d'un cercle quelconque 4rpo, paralléle à l'équateur QPAL. Par le point e menés la ligne ep perpendiculaire à l'axe AN, & par le point p le rayon p Ÿ, qui durant la révolution du point p- décrira 11 fuperficie conique pr4Y. Du centre Y & de l'inter- valle Fe décrivés l'arc ec perpendiculaire au rayon Yp, & -17 24. PL. Acad, Mem . de 1 Re Le feulp 2 Lh. Jimonn ere CEE # &h. Jimennren Jeulp Mem. de l'Acad.1729. Pl.3. Pag- 266. Me FL Jimonneau Jeulp: ET LU 5: OU m.de l'Acad.1728. Pl. pag. 266. DES SCIENCES 267 par le point « menés co perpendiculaire à AN. Les points p, c, étant dans une fuperficie conique prgar, ces points par J'article précédent fuivront Ia régle de Képler dans leurs révolutions. Or les points e,c, étant à une égale diftance du centre auront une égale vitefe. Donc la révolution du point e fra d'autant plus prompte que la révolution du point c par rapport à la révolution du point p, que ei eft moindre que co. Donc les points p,e, ne fuivront pas la régle de Képler dans leurs révolutions, & s’en éloïgneront d'autant plus que la différence de ei à co fera plus grande, & par conféquent d'autant plus que le paralléle grpo fera plus voifin du pole M, -& d'autant moins qu'il fera plus voifin de l'équateur X Soient D, d, À, les diflances pi, ei, co, des points p,e,c, à l'axe MN, &T;r,7, les temps de leurs révolutions. , C. Per D. d. A. TL iTe Vous aurés T.1:: A.d,& T= Vous aurés encore 77. TT (52) :: D3, A4 Donc 7 71 tt DSAA _ = gg. Donc 7Tadd=—1#D3, Donc TT. #r :: DS, dd. Ce qu'il falloit démontrer. Liÿ. 29 Nov. 1727 268 MEMOIRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE DE LA NECESSIT E PE SO BURRE. RU À TT OR AN CEA: TURME SUR LA NATURE DES CHAMPIGNONS, ET TAYDESCRIPTION"DE"CELUE qui peut être nommé CHAMPIGNON -LICHEN. Par M. DE JUsSIEU. L E plaifir que les Champignons caufent au goût, l'expé- rience des accidents arrivés par le mauvais choix que l'on en fait, & le doute dans lequel on fe trouve fouvent far la falubrité de ceux que l'on aprête fur nos tables, auroient dû être des motifs preflants pour obferver avec toute l'exac- titude poffible la nature de ce genre de Plantes : il n'y en a néantmoins guere fur lefquelles on ait moins travaillé, & ce n'eft que depuis environ un demi-fiécle qu'on a commencé à conneoître la néceffité de s’inflruire de cette partie de l'Hif- toire des Végétaux ;, fa connoiflance cependant ne nous in- tereffe pas feulement par rapport à ce que ces Plantes peuvent ou nous fervir d’aliment, ou flater nôtre goût, mais encore par les avantages que la phyfique de la Botanique, que Ia perfection de Agriculture, & que les Arts même peuvent en tirer; les François même font autant invités à travailler à cette recherche par la variété furprenante de genres & d’ef- peces de cette forte de Plante que leur pays leur offre, que par l'exemple des Etrangers qui fe font appliqués depuis peu à nous faire part de ce qu'ils ont obfervé chés eux fur ce fujet. Clufius & Jean Bauhin nous ont donné les Figures, mais très-imparfaites, des Champignons les plus communs. Sterbeeck, dans un Volume in 4.° imprimé à Anvers en 167$, a décrit en Hollandois, outre ceux de ces deux D ES" SCIE N CES 269 derniers Auteurs, les efpeces de Champignons qu'il connoif- foit dans les Pays-bas. Raï, dans fon Syropfis, a rapporté, d'après quelques curieux Anglois, ceux qui fe trouvent en Angleterre. Et Dillenius , dans fon Catalogue des Plantes de Heñe, a compris ceux de ce canton d'Allemagne. Les imperfeétions que l’on rencontre dans ces ouyrages ; doivent nous exciter à en entreprendre un plus correét ; car malgré la beauté de la gravure du Botanifte Hollandois, outre qu'on peut lui reprocher de n'avoir pas choifi fes Champi- gnons dans l’état qu'ils devroient être pour les pouvoir re- connoître , on auroit encore exigé de lui un ordre qu'il ne leur a point donné. Les Figures qui feroient abfolument nécefläires aux def- criptions de l'Editeur Anglois, y manquent abfolument , & Yon ne peut tirer que très-peu de fecours des feules dénomi- nations du Catalogue de l Auteur Allemand. M. de Tournefort, qui étoit perfuadé, comme je le fuis, de Putilité de cette recherche, avoit eu deflein d’y employer un temps fufhfant pour d'approfondir , il avoit déja com- _ mencé par les defcriptions d'environ deux cents dix de ces Plantes , qui font peintes fur les Vélins de ce Recüeil d'Hif- toire naturelle, confervé dans la Bibliothéque du Roy. M, Vaillant s'étoit propofé de fuivre cette étude , dans FHiftoire qu'il projettoit de donner des Plantes des Environs de Paris, & je penfe que l'on doit rendre à la mémoire de cet illuftre Académicien Ja juftice de croire que s'il eût lui- même donné le jour au Livre que l'on vient de publier de lui en Hollande après fa mort, on y auroit vû cette partie de la Botanique des Environs de Paris mieux traitée. Par ce détail du point auquel on en eft à cet égard, & par l'ufage qu'on pourroit faire des Figures qui compofent dans la Bibliothéque Vaticane trois Volumes dont M. Lancifi fait mention , & du nombre de près de cinq cents que le R.. P. Barrelier, dont j'ai les Deffeins & les Defcriptions., avoit ramaflé aux environs de Rome, joints à.ceux des environs. LI ü Fig. 3. 4 5: 270 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de Paris que j'ai déja fait defliner, & dont j'augmente le nombre tous les jours ; par ce détail, dis-je , nous avons dieu de croire qu'il y a déja fuffifamment d'Efpeces connües pour conduire l'ouvrage, qui fe feroit fur cette matiére, à quelque forte de perfection : & cet ouvrage demanderoit qu'on ne fe borna pas feulement à la quantité des efpeces dont on pourroit donner les Figures & les Defcriptions exactes , mais qu'on y fit fervir de préliminaire les obfervations abfolument néceffaires pour l'intelligence de la phyfique de ces fortes de Plantes ; obfervations d'autant plus intereflantes, que les Champignons femblent avoir moins de rapport avec {a ma- -niére dont les autres Plantes croïflent & fe multiplient. . J'en vais décrire un ici, dont l'exemple peut fervir de preuve aux raifons que j'ai de propofer cette idée. La reffem- blance apparente qu'il a avec les Lichen & ka Morille, m'ont déterminé à le nommer Boleto-Lichen vulgaris. H a pour racine quelques fibres applaties, un peu brunes, & tellement mêlées avec la terre qui les environne, qu'on a peine à les en féparer. Sa tige a la forme d’un fût de colonne blanc, enfoncé en terre de près de demi-pouce, haut de trois à quatre, qui a à fa racine depuis fix jufqu'à quinze lignes de diametre, & qui va en diminüant vers fon extrémité fupérieure. Ce fût eff irréguliérement canelé dans toute fa longueur par des fyllons & des côtes un peu applaties, les unes plus fines, les autres plus groffiéres, & qui font plus ou moins racourcies, fuivant les incifions & ouvertures qui fe rencontrent aflés fréquemment dans la longueur de ce füt. Ces ouvertures font tantôt plus longues & étroites, tantôt ovales ou arrondies ; & elles font les unes &les autres paroître la furface de la tige comme un ouvrage à Jour. La ftructure intérieure de cette tige répond prefque à l'extérieure, & y laïfle voir, lorf- qu'on la coupe perpendiculairement ou horifontalement , di- vers fyllons & plufieurs trous de figure inégale qui font for- més par plufieurs feüillets. Tous ces vuides ne contribüent pas peu à rendre ce füt très-léger. Les principaux de ces feuillets à l'extrémité de ce fût, fe développent, & forment ‘endroit. DES Sc rE Nc rs. l271 par leur expenfion une forte de chapiteau irrégulier, charnu, blanc incarnat en deflus , & jaunâtre en deflous, d'une demi- ligne d'épaifleur, & qui a de tout côté un pouce & plus d'étenduë au de-là de l'extrémité de ce fût. La différence du volume de ce Champignon , confidéré dans fon état de fraicheur , ou lorfqu'il eft defféché, eft de plus de moîtié, ce qui lui arrive moins par la diminution de la propre fubftance de fes feüillets, que par leurs zapproche- ments à la place des vuides qui les écartoient : leur couleur dans cet état de féchereffe refte blanchâtre, & celle du feüil- lage du chapiteau devient roufsâtre ; à l'égard de leur odeur, elle eft femblable à celle des Champignons fecs. I n'y a guere de Plante dans laquelle on voit plus de variétés en groffeur, en hauteur ,en étenduë, & en diffé- rence de couleur des canelures & du chapiteau que dans celle-ci ;: variétés qui dépendent ou de la force de la féve, ou des différences des lieux où ce Champignon fe trouve. La figure de celui qu'on voit dans un des Vélins du Re- cüeil confervé dans a Bibliothéque du Roy, & qui y eft nommé ÆFungus ralicus pediculo lacero dr tumido , capitulo ad inffar foliorum Quercäs laciniato , à été tiré d’après un Deffein d'un pareil Champignon de ce genre naïffant en Italie, & le R. P. Barrelier en a effeétivement aufi vü trois variétés au- près de Rome dans les mois de Novembre & Décembre, qui cft le temps que je viens de le découvrir dans les Bois de: Ruchau près de l'avenuë du Château de Pontchartrain, où je l'ai tiré de terre parmi de Chiendent & dans le voifinage des . Ormes, où il m'a paru venir plus volontiers qu'en tout autre La conformité qu'ont avec le Lichen vulgaire, les feüil- lages qui compofent la fubftance du chapiteau de ce Cham- pignon, & les gaudrons dont ils font pliffés en forme de fraife, le fait encore plus approcher de la figure de cette Plante; & c'eft par la quantité des pores inégaux de fa tige qu'on ne peut difconvenir qu'il n'ait beaucoup de rapport avec la Morille ou Bo/erus. 272 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE C'eft fur ce rapport avec la Morille qu'on pourroit Jui donner avec elle une place dans le nombre des aliments , s’if ne falloit garder beaucoup de réferve pour décider fur la fa- lubrité des efpeces de Champignons qu'on découvre tous les jours. Je n'ofe encore rien afflürer de précis fur le lieu qui, dans cette Plante , eft deftiné à conferver fa Graine, ni fur la ma- niére dont,elle fe multiplie ; à en juger néantmoins par la ftructure intérieure de la tige de cette Plante, je pancherois fort à croire qu'elle a beaucoup de conformité avec celle de quelques autres Champignons; & ce qui me porte davantage à le penfer, eft que j'ai obfervé que ces vuides formés par les feüillets, dont eft compofé la tige de ce Champignon, font remplis, dans fon état de naïffance, d’une humeur gélatineufe, laquelle fe féchant dans leur maturité, peut fe convertir en une pouflére fine, & qui s'échappe comme celle du Lyco- perdon, que nous appellons Veffe de Loup: c'eft peut-être cette poufliére, qui fe répandant enfuite fur le revers du chapiteau, y donne Ja couleur que nous y avons fait remarquer. EXPERIENCES à È à S ê DES SCIENCES 273 RER RE eee ee ER EURE EU TSI EXPERIENCES ET REFLEXIONS MRAUL.E\\B OR À X: D'où l'on pourra tirer quelques lumiéres fur la nature à les propriétés de ce Sel, é fur La maniére dont il agit non feulement fur nos Liqueurs, mais encore Jur les Métaux dans la fufion dejquels on l'employe. Pa M LÉMER +. PREMIER MEMOIRE E Borax eft de tous les Sels minéraux celui dont la 28 Août compofition naturelle eft la moins connüe. L'analyfe 1728. nous inftruit, du moins jufqu'à un certain point, des prin- cipes dont les autres Sels minéraux font compolés, tels que les Vitriols, l'Alun, le Sel Gemme, & le Nitre, qu'on range communément dans {a clafe des Sels minéraux, mais qui, à proprement parler, n’eft qu'un Sel végétal ou animal, comme je crois l'avoir prouvé affés clairement dans les deux Mémoires que j'ai donnés fur le Nitre en l'année 1 H17- On peut même dire de plufieurs des Sels qui viennent d'être rapportés, que ce que l'analyfe qu’on én a faite, déclare fur leur compofition naturelle &c intérieure, eft de nouveau confirmé & juflifié par la voye de la récompofition , qui en raffemblant & réünifflant les matiéres que l'analyfe avoit {é- parées, ou des matiéres femblables, réforme les mêmes com- poiés falins , ou du moins des compofés qui {eur reffemblent affés pour ofer fe flatter qu'à peu de chofe près on a décou- vert le myflere de la compofition des Sels dont il s’agit. On fçait, par exemple, que le Fer & l'Efprit de Vitriol, mêlés enfemble, font un véritable Vitriol. On {çait que l'EC prit de Nitre verfé fur du Nitre fixé par les charbons, ou {ur Mem, 1728, +. Mm 274 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE ROYALE du Sel de Tartre, réforme un véritable Salpètre ; mais ni fa voye de l'analyfe, ni celle de la récompofition, ne nous Sent rien de pareil, ni même d’approchant fur le Borax. Feu mon Pere, en l'année 1703, voulut tenter l’analyfe de ce Sel, en le pouflant par un feu gradué dans une Cornüe ; la matiére fe gonfla, & elle ne rendit qu'une eau claire, infipide & fans odeur, qui ne faifoit point partie du Sel, & qui lui étoit fr bien étrangere, que le Borax , malgré cette perte, & malgré une augmentation de feu très-violente qu'on lui fit encore fouffrir , & telle qu’on lemploye dans la dif- tillation de l'Alun, demeura toûjours fous fa forme faline ordinaire ; toute l'altération qu'il reçut alors par l'action du feu , c’eft qu'il fe réduifit au fond de la Cornüe en une mafle tranfparente & comme vitrifiée, qui, quoiqu’elle reffemblât à du verre par fa tranfparence, en différoit en ce qu’elle étoit toûjours diffoluble dans l'eau ; à cela près, c'étoit une efpece de Verre auffr beau & prefque aufli dur que le Criftal, ce qui n'eft pas étonnant, d'autant que ce Sel acquiert aifément la tranfparence du Verre, & hâte même la vitrification de certaines matiéres avec lefquelles on le mêle, de l'Antimoine calciné, par exemple; & en effet le Borax, dans fon état na- turcl, a une forte de tranfparence qui ne peut qu'augmenter par lation du feu, parce que cet agent, qui ne détruit point alors le Borax , & qui ne fait que paffer & repafler au travers de fes pores , & les traverfer en droite ligne, c’eft-à-dire, de bas en haut , écarte les parties qui s’oppolent à fa traverfe, fuivant fa direction qui vient d'être marquée, & par-là pré- pare & forme des routes faciles & en droite ligne au travers de ce Sel à la matiére de la lumiere éflentiellement la même que celle du feu , qui en travaillant dans la vitrification du Borax, & en général dans celle de tous les autres corps vitri- fiables, à fe procurer un paffage au travers de ces corps, tra- vaille auffi & en même temps pour toute autre portion du fluide lumineux qui fe prefentera enfuite au paffage des routes que cette matiére de feu aura formées, & qui feront deve- nücs d'autant plus aïfées, & d'autant plus particuliérement Son de ee ER DES; SCI EN CES. 275 convenables au fluide lumineux, qu'elles auront été en quel- que forte moulées par une matiére de même nature, & que chacun des moules formés fur cette matiére aufli fine & auffi fubtile qu'elle a de force & d'activité, pourront bien, à la vérité, admettre le fluide lumineux, qui ne differe point de cette matiére de feu, mais font trop étroits pour donner paflage à üine matiére plus groffiére que ce fluide, L'autre altération que produit le feu fur le Borax, c’eft qu'il y laiffe toûjours des parties de feu, de même qu'il le fait fur la Chaux, fur les Sels alkalis, dans la claffe defquels nous ferons voir dans la fuite qu'il peut être mis, C'eft à M. de Reaumur à qui je dois cette remarque, & cela, fur ce qu’il me dit, qu'ayant fouvent pouffé du Borax par le feu, toutes les fois qu'il verfoit enfuite de l'eau fur ce Borax, elle s'y échauffoit & boüillonnoit. C’eft apparemment par rapport aux parties de feu enga- gées dans la mafle de Borax vitrifiée, dont il a été parlé, que mon Pere a obfervé que cette efpece de Verre faifoit fur la langue une impreflion aflés acre, & que l'Efprit de Nitre verfé fur ce Verre de Borax, y excitoit une chaleur qu'il n’avoit pas remarquée en verfant de même de l'Efprit de Ni- . tre fur du Borax ordinaire. Cependant malgré cette altéra- tion, le Verre de Borax diflout dans l’eau chaude, & criftal- lifé enfuite, reprend fa forme premiére , & devient un beau Borax rafmé, ce qui marque bien que l'action du feu, dans le procédé que mon Pere a employé, ne détruit point le -fond de ce Sel. Pour tenter par une autre voye fa décompoñition; comme il n’avoit fait dans l'opération précédente que pouffer ce Sel par le feu de Ha diftillation, fans y avoir mêlé aucun inter- mede, il s’eft fervi dans une feconde opération de celui de YArgile , dont il a mêlé trois parties avec une de Borax, & le mélange pouffé par la diftillation n’a donné aucun acide; tout ce qu'on en a tiré, n’a été qu'une petite quantité de . diqueur claire comme de l'eau commune, dans laquelle il y avoit un peu de Sel alkali urineux, Mais outre que le produit M m ij 276 MEMOTRES DE L'ACADEMIE ROYALE de cette opération étoit trop peu de chofe pour donner lie de croire qu'il ait été la fuite de la décompofition de la partie faline du Borax, il y a toute apparence que c’eft de l’Argille que le Sel alkali urineux eft venu ; car on a pü voir par quelques expériences nouvelles de M. Geoffroy l'aîné & de moi, données en l'année 1717, & par quelques autres expé- riences de M." Bourdelin & Homberg, & de M. l'Abbé Rouffeau, dont j'ai fait mention dans mon Mémoire, que le Fer tout pur imbibé d'eau jufqu'à un certain point, que le Vitriol de Venus, que le Caput mortuum de tous les Vitriols expofés à l'air, & pouffés enfuite vivement par le feu, don- noient un Sel volatil alkali ; que le Fer chargé d'acides ni- treux & vitrioliques, & que d'autres matiéres qui ne contien- nent point de Fer, mais un acide vitriolique, telles que le Sou- fre commun, l’Alun, donnoient encore un Sel volatil alkali, en y appliquant un Sel fixe alkali, qui au moment qu'il fe charge de l'acide contenu dans ces matiéres , donne lieu au développement & à l'exaltation des Sels volatils qui s'élevent à J'inftant même. Or il n’y a pas lieu de douter que l'Argille ne contienne du Fer, & même un acide vitriolique. J'ai fait voir dans un Mémoire donné en 1707, qu'on pouvoit en retirer du Fer; & à l'égard de l'acide vitriolique, les pirites qui en contien- nent une fi grande quantité, fe trouvent dans le fein même de l'Argille, & cette circonflance , jointe à quelques autres, & particuliérement à celle de la diftillation de l'Efprit de Nitre par le fecours de l'Argille qui produit alors fur le Ni- tre le même effet que le Vitriol même, ou l'Huile de Vitriol mêlée avec le Nitre pour en tirer l'Efprit; toutes ces circonf- tances, dis-je, font affés connoître qu'il ne regne pas feule- ment dans l'Argille une matiére ferrugineufe; mais encore un acide vitriolique qui forme avec cette matiére une efpece de Vitriol, ou de roüille de Fer, de mianiére que quand on mêle Ie Borax avec l’Argille, bien-loin de fournir de fon propre fond le Sel volatil urineux qui en réfulte, il ne fert vraifemblablement qu'à faire paroître celui qui vient de DYELSMSTENME NI CENTS 277 l'Argille, & en effèt on verra dans la fuite que le Borax eft un abforbant & un Sel alkali qui fe charge des acides vitrio= liques & autres, comme le font les Sels alkalis ordinaires, & qui par-à pourroit contribuer à l'exaltation des Sels volatils de l'Argille, & agir pour cet effet comme le Sel de Tartre agit à l'égard des Sels volatils du Fer chargé d'acides nitreux & vitrioliques , & à l'égard de ceux du Soufre commun & de 'Alurr pour l'exaltation & le développement defquels on s'en fert ; & en effet quelque violence de feu qu'on employe, on ne remarque point que le Borax feul & fans Argille donne aucun indice de Sel volatil, & quand on le mêle avec le Set de Tartre, qui facilite & procure l'exaltation des Sels vo- latils de toutes les matiéres qui ont été rapportées ci-deffus, quoiqu'on faffe une pâte de ces deux Sels avec l’eau, quoi- qu'on la laïfle quelque temps en digeftion , & qu'on la faffe enfuite diftiller, on n’apperçoit pas dans aucun temps Ia moindre marque de Sel volatil alkali, & tout ce qu'on en retire alors n’eft qu'une eau claire d’une odeur & d’un goût fade, graiffeux & defagréable. Concluons donc que les deux tentatives que feu mon Pere a faites pour parvenir à la dé- compofition du Borax , n'ayant eu aucun effet, elles fervent moins à nous éclairer & à nous inftruire fur la nature & la compofition de ce Sel, qu'à fauver & épargner dans la fuite la peine de faire la mème tentative, du moins par le même procédé. Mais fi nous n'avons pù jufqu'ici rien apprendre de Ia nature du Borax par la voye de la décompofition, nous pou- vons toûjours mêler ce Sel avec différentes fortes de matiéres, confidérer ce qu'il devient quand il a été mêlé à ces ma- tiéres, ou à certaines parties de ces matiéres, ce qui réfulte de chacun de ces mélanges, en un mot toutes les circonf- tances de chaque opération. Peut-être trouvera-t-on dans fa fuite que cette maniére d'examiner le Borax, fournira autant & plus d'éclairciflement fur fa nature, fa compofition & fes propriétés, qu'auroit pù faire une analyfe plus marquée de ee Sel. M ii 278 MEMOIRES DE L’ACADEMIE RoyaLE Pour executer ce projet, nous mêlerons d'abord Îe Borax avec les acides du Vitriol, du Soufre commun, de lAlun, du Sel commun, du Salpêtre, ou avec des matiéres chargées de ces acides ; enfuite nous confidérerons le mêlange & l'union. du Borax avec le Criftal de Tartre , le Vinaigre ordinaire, le Vinaigre diftillé. Ce détail fera le fujet d’un premier Mémoire fur le Borax, dans lequel nous ne ferons que raffembler un certain nombre d'opérations & d'expériences fur ce Sel ; & dans le fecond Mémoire, qui viendra enfuite, nous tâche- rons de mettre à profit toutes les expériences que nous au- rons rapportées, c’eft-à-dire, de les faire fervir par de juftes induétions tirées de ces expériences, à l'intelligence, non {eulement des vertus médicinales du Borax, mais encore de la maniére dont il opere dans la fufion des Métaux où on l'employe. gt Nous devons à feu M. Homberg une Préparation curieufe fur le Borax & le Colcotar qui refle dans la Cornüe après Ja diftillation de l'Huile de Vitriol. I tire de ces deux ma- tiéres un Sel volitil, qu'il appelle fédatif. Nous n'entrerons point ici dans les circonftances du procédé, fuivant lequel on obtient le Sel dont il s’agit; ce procédé eft aflés connu, & pour peu qu'on en foit curieux, outre le Tome des Mé- moires de l’Académie de l'année 1702, dans lequel il fe trouve, feu mon Pere, dans la dixiéme édition de fon Traité de Chimie, l'a rapporté exactement. Tout ce que nous remarquerons, quant à préfent, c'eft que le Sel fédatif eft un compofé du Borax & de l'acide vitriolique refté dans le Colcotar ; car avec le double de Bo- rax fondu dans de l'eau & le fimple d'Huile de Vitriol mêlés enfemble, laiffés en digeftion, puis diftillés, on tire du Sel volatil pareil à celui qui vient du Colcotar. Outre l'Huile de Vitriol, je me fuis encore fervi de l'Efprit d'Alun & de celui de Soufre commun que j'ai mêlés féparément avec le Borax, & j'en ai retiré par le même procédé un Sel volatil parfaitement femblable, L J'ai encore fait une expérience fur le Borax & le Sel tiré e D ESS CAEN C'EIGi; 279 - de la Tête-morte du Colcotar du Vitriol blanc. J'ai fondu une once de ce Sel dans une chopine d’eau bouillante. J'ai auffi fondu à part, dans une chopine d'autre eau boüillante, une once de Borax , après avoir filiré chacune des deux liqueurs, je les aï mêlées enfemble, & il s’cft pré- cipité aufli-tôt une matiére blanche & terreufe. J'ai filtré de nouveau la liqueur, & cette matiére eft reflée fur le filtre; après avoir été defléchée & réduite en poudre blanche, elle a pefé demi-once. J'ai mis dans une Cucurbite de grès la liqueur filtrée, je Tai placée au feu de fable, j'ai adapté à la Cucurbite un Cha- piteau de verre avec fon Récipient ; j'ai fait diftiller toute l'humidité purement aqueufe que j'ai jettée ; quand une Hi- queur un peu acide a commencé à venir, & quand elle à été toute montée, je l'ai gardée, enfüite j'ai pouffé le feu un peu plus fort, & H s'eft élevé dix-neuf grains de Sel fédatif tout femblable à celui des opérations précédentes. J'ai verfé la liqueur acide fur a matiére reftée au fond de la Cucurbite, j'ai recommencé {a diftillation, & après l'élévation de fa di- queur acide , il s'eft fublimé dix-huit grains de Sel fédatif, J'ai encore fait trois autres Sublimations de la même maniére, qui ont donné quarante-neuf grains de Sel volatil. Voyant qu'il ne montoit plus de liqueur acide dans 4 diftillation, & qu'il ne fe fublimoit plus de Sel, j'ai diflout avec de l'eau boüillante ce qui reftoit dans la Cucurbite, j'ai filtré la liqueur , je l'ai fait évaporer jufqu’à pellicule ; je F'ai mis à la cave, il ne s'eft formé aucuns Criftaux, j'ai feule- ment trouvé un Sel blanc que j'ai diflout dans un peu d'eau chaude, & avec lequel j'ai mêlé deux gros d'Huïle de Vitriot d'Allemagne. J'ai fait avec ce mélange une fixiéme diftilla= tion , qui m'a donné vingt-fix grains de Sel volatil. La feptiéme ne n'en a donné en toute une journée, & avec beaucoup de feu-augmenté par degrés, que quatre grains. La matiére reftée dans la Cucurbite étoit grile: je l'ai dif- foute dans l'eau ‘boüillante, j'ai filtré la liqueur, je l'ai évaporée, na 280 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE & il a refté trois gros & demi d'un Sel blanchâtre, fort acide au goût, & qui n'a point été glutineux comme les autres Sels dont on parlera dans la fuite, & qui ont été tirés de même de la matiére reftée dans la Cucurbite après la fubli- mation du Sel volatil. J'ai répété avec une once d'Alun & une once de Borax fa même expérience que j'avois faite, & que je viens de rap- porter, fur une once de Borax & une once de Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc ; j'ai obfervé exactement le même procédé dans fune & dans l'autre opération, qui m'ont pré- fenté toutes deux une circonftance pareille, dont on peut tirer deux conféquences aflés curieufes & utiles pour mieux connoître la nature du Borax, & celle du Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc. La premiére de ces conféquences, c’eft qu'outre que le Borax, en fe joignant avec l'acide de lAlun, & du Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc, forme un Sel volatil parfaite- ment femblable , il précipite encore de l'un & de l'autre Sel une matiére blanche & terreufe de même nature, ce qui prouve que le Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc eft un Alun véritable ; toute la différence qu'on obferve dans l'opé- ration où entre l Alun, & dans celle où entre le Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc, c'eft que ce Sel ayant été fortement pouffé par le feu, & l’Alun ne l'ayant point été, une once de ce Sel eontient moins d'acides & plus de parties terreufes qu'une once d'Alun. Or le Borax ne donne de Sel volatil qu'à proportion de l'acide qui y eff joint, & c'eft ce qui fait qu'avec l’Alun j'ai retiré cent trente-trois grains de ce Sel volatil, & que je n’en aï pü retirer que quatre-vingt-fix grains avec le Sel tiré du Colcotar du Vitriol blanc. A l'égard de la matiére terreufe, comme il y en a d'autant plus dans une once de ce Sel qu'il y a moins d'acides , il en a donné une demi-once par fon mêlange avec le Borax ; & une once d’Alun qui contient plus d'acides, n’a donné que trois gros de ma- tiére terreufe par le même mélange. La feconde conféquence que nous tirons de ces deux opérations, DES CHIENNLC EH SU ET '28r opéretions, c'eft que le Borax agiffant fur le Sel tiré du Co! cotar du Vitriol blanc & fur l'Alun, de même qu'y agit le Sel de Tartre, fçavoir, en précipitant une terre blanche toute {emblable, & fe chargeant des acides de ces Sels, le Borax peut pañler fur celd feul pour un Sel alkali qui eft tel dans fon état naturel, &\qui n'a pas befoin du feu pour le de- venir comme les Sels alkalis ordinaires. Cette propriété alka- line, qui eft naturelle au Borax, lui eft bien confirmée par toutes les autres expériences qui ont été & qui féront rap- portées dans ce Mémoire, & für lefquelles nous ferons des réfléxions particuliéres dans le Mémoire prochain. Îl n'eft pas étonnant que les acides dont on vient de parler, ayent tous fait avec le Borax un Sel volatil féemblable. Is font tous vitrioliques, c’eft-à-dire, de même nature » quoi- qu'ils ayent été tirés de matiéres différentes, par conféquent eur effet devoit être le même; mais pour les acides du Nitre & du Sel commun, ils font bien différents des acides vitrio- liques , & c’eft ce qui ma donné la curiofité d’éprouver fi _avec le Borax ils feroient aufli un Sel volatil, & fi ce Sel reffembleroit par fa forme finguliére à celui qui a été fait avec un acide vitriolique, J'ai donc mis une once de Borax dans une Cucurbite de grès; j'y ai verfé huit onces d’eau, j'aïdiflout le Sel en faifant boüillir la liqueur, & dès que la diffolution à été faite, J'y ai verfé demi-once d'Efprit de Nitre, qui à excité auffi-tôt une grande fumée.. J'ai couvert la Cucurbite d’un Chapiteau de verre garni d’un Récipient ; j'ai fait diftiller au feu de fable a moitié de 1a liqueur qui étoit purement aqueufe & infipide, & qui a été rejettée comme inutile. L'autre portion de li- queur qui eft montée enfüite, étoit fort acide , & elle a été gardée pour les diftillations fuivantes. Après cette eau acide, eft venu un Sel volatil très-blanc, qui s’eft attaché au Cha- piteau & au haut de la Cucurbite, & qui peloit fept grains ; le feu a été continué toute la journée. Ce Sel étoit tout femblable par fa forme extérieure à celui de M. Homberg. J'ai rejetté le lendemain Ja liqueur acide fur la matire Mem. 1728. ;: Nn 282 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE reftée dans {a Cucurbite, & j'ai continué [a diftllation & fa: fublimation pendant tout le jour, J'ai eu huit grains de Sel volatil femblable au premier. - Le troifiéme jour j'ai rejetté Ia liqueur acide fur la ma- tiére reftée dans fa Cucurbite ; j'ai continué la diftillation &c ka fublimation pendant tout le jour, ce qui m'a donné fept grains de Sel farineux qui n'étoit point en petites James comme dans les deux premiéres opérations. IF a reflé dans la Cucurbite une matiére que j'ai fait boüillir & diffoudre- dans l'eau, & après avoir filtré la liqueur, je l'ai fait évaporer; il a refté quatre gros & demi d'un Sel fort blanc. En le defféchant fur le feu, il étoit comme de la Colle forte, & quand il a été fec, le glu de fes parties favoit réduit en dif- férentes mafles, qu'il a fallu bien piler pour les mettre en. poudre. É Après l'opération de l'Efprit de Nitre & du Borax, j'en- ai fait une autre avec le Borax & l'Efprit de Sel, & je fai faite. précifément de la même maniére, fubftituant feulement demi-once d'Efprit de Sel à la demi-once d’Efprit de Nitre que j'avois employée dans Fautre opération ; j'ai eu un Sel femblable pour fa forme extérieure, à cela près qu'il m'étoit pas tout-à-fait fi blanc que celui qui avoit été fait avec l'Ef-- prit de Nitre ; une avanture qui eft arrivée dans cette opéra- tion, & dont il fera parlé dans {a fuite, ne m'a pas permis de tirer une ufr grande quantité de Sel volatil du mélange du Borax & de l'Efprit de Sel que j'en avois tiré de celui de YEfprit de Nitre & du Borax. Il a refté dans la -Cucurbite une matiére grisâtre que j'ai difloute dans une fufhfante quan- tité d’eau boüillante ; la liqueur filtrée & évaporée m'a donné- demi-once d’un Sel fort blanc ; en le defléchant fur le feu, - il eft devenu très-gluant, cependant un peu moins que celui de l'opération où l’Efprit de Nitre étoit entré, & il a auffi fallu qu'on l'ait fortement pilé pour le mettre en poudre après lavoir defféché. Enfüite des expériences qui viennent d’être rapportées, j'ai paffé à la vérification d’une Expérience curieufe, envoyée & : DE ,$ ;. 49, /C, LE Nr C Er Si 283 préfentée à l'Académie par M. le Févre, l'un de fes Corref- pondants. Le but de cette Expérience cft de rendre le Criftal de Tartre foluble dans l'eau, en le joignant au Borax. On. avoit déja executé la même chofe avec le Sel de T'artre mêlé avec le Criftal de Tartre dans Fopération du Sel végétal, qui sé6sn 16651. | | 50. 125000, SD eTIe Gart7s ee | à Les O4 in | 17ior. RS 7651. De ————— Racines. 75% Mém. de l'Acad. Royale des Sc. 1722. p. 312: CUBES, | & premieres Différences. |Premieres & fecondes —— Différences. Cube 421875. Premiere différence . . 17101. Premiere diff. 17101. Cube . Ju 438976 Seconde différ. 456. + + 17557 | Premiere diff. 17557. 456533. CE op 462. 18019 18019. 474« 18961. 18961. $12000. 430. Li | 19441. 194414 ESS Sara 486. 19917. 19927. 82. 551368. 492. 20419. 20419. 53 571787. 498. 84. 591704. 504. 21431. 21421. gs. eh $to. 2 21931. 21931. 86. 6j60$6. 516. 22447. 22447: 87. 658503. 522. 22969. 22969. 88, 681472. 528. 23497: 23497+ 89. 704969. 534. 24037. 24031, 90. TR. $40. 24571. 24571. LL 753571 f46. 25117: 2$117- 92 778688. LEA 25669. 25669. 93. 804357 558. 97 28. 912673: 582. —— — 28$19. 28519. > p411924 LCA 29107. 29107. | 970399. 594. 29701« 29701 > 1000000. 600. a ——© — 3ozot. ee les Peer me, mt 4 DÉS SCIENCES: 31% parce qu'ils leur manquoient. En général les T'apifferies d’Au- “vergne font bien autrement fujettes à être rongées par ces In- fectes, que ne le font les Tapifferies de Flandres. On a été prefque obligé d'abandonner les meubles de Cadis & deSerge, fort jolis pourtant pour la campagne; on n'ofe prefque plus garnir de Serge les dos des fauteüils, on les garnit à préfent pour da plüpart ou de toile ou de peau ; aufli nos Manufac- tures de ces fortes d'Etoffes font-elles extrémement tombées. Ces tiflus étant les plus lâches de tous, les Teignes viennent à bout de les détruire en peu d'années. Une grande preuve qu'elles cherchent, en tout genre, les poils les moins entre- laflés, & que où leur entrelacement eft le plus ferré elles font le moins de défordre, c’eft que les Chapeliers n’ont pas, à beaucoup près, autant de peine à défendre contre elles les Chapeaux, que les Fourreurs en ont à défendre les Pelleteries dont on les fait. Si un Chapeau de Caftor & une Peau de Caftor, ou toute autre, étoient laiflées négligemment dans une armoire, la Peau fe trouveroit dépoüilléé de tous fes poils dans un temps où le Chapeau feroit encore très-fain. Ce n’eft pas que quand elles n'ont rien de mieux à ronger, qu'elles ne rongent des Feutres de toute efpece. J'en ai renfermées de nées fur des Peaux ,-& de nées fur du Drap, uniquement avec des rognures de Chapeaux, foit gris, foit noirs, & de différentes qualités, les unes & les autres en ont très-bien vêcu, & s’en font bien habillées. … Quand elles ne trouvent pas à eur bienféance des étoffes lâches , qu’elles n’en rencontrent que de ferrées, elles s'y ni- chent, & ne laiflent pas d'y faire du défordre, quoique plus à la longue. Nous aurions donc befoin de découvrir des moyens de préferver les unes & les autres contre leurs atteintes. Ces moyens fe réduifent ou à avoir le fecret de les faire périr dans les étoffes où elles fe font établies, ou à avoir celui de changer les étoffes dont elles fe nourriffent, en mets qu'elles euffent en averfion. Les Naturaliftes modernes qui ont négligé d'obferver ces Infeétes, n’ont pas négligé de même de nous “enfeigner des fecrets pour défendre contre eux nos Etoffes, Mem, 1724. L D RI 314 MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE mais ils n’ont pas crü fe devoir donner la peine de les vérifier. On en trouve à choifir, & à peu-près les mêmes, dans Al- drovande, Jonfthon, Moufet, qui font ceux qui avoient été rapportés long-temps auparavant par Caton, Varron & Pline. Entre ces fecrets il peut y en avoir qui ne méritent pas d’être confondus avec les autres ; Moufet même prétend prouver que les Anciens en avoient un für, par les Habits de Servius Tullius, qui furent confervés jufqu’après la mort de Séjan , c'eft-à-dire, pendant plus de cinq cents ans. Mais fi entre les fecrets qui nous ont été laïffés, il y en a de bons, ik y en a de bien propres à les rendre fufpects. Pline, immé- diatement après nous avoir appris, que ceux qui ont été pic- qués par un Scorpion, n'ont plus rien à craindre des pic- queures des Guèpes, des Mouches à Miel & des Frélons, ajoûte qu’on s’étonnera moins de cette merveille , lorfqu'on fçaura qu'un Habit mis fur un Cercüeil eft pour toûjours à l'abri des dents des T'eignes. Rafis, après avoir enfeigné que des Cantharides fufpendües dans une Maïfon les éloignent, ajoûte que des Habits enveloppés dans une Peau de Lion, n’en ont rien à craindre, La Peau feule d’un fr terrible ani- mal a paru apparemment plus que fuffifante pour effrayer de fi petits infectes. Ce qui eft rapporté dans ces différents Au- teurs, de l'effet de diverfes. Plantes odoriférantes , paroîtra mieux mériter des épreuves. On y trouve que la Sabine, le Myrthe, l'Abfinthe, Fris , l'écorce de Citron, FAnis, & diverfes autres mifes dans des étoffes, en éloignent les T'eignes. Eaton décrit une préparation de Marc d'Olives dont il veut qu'on frotte les Cofres où des Habits doivent être renfermés, & où il affure qu'ils font enfuite en füreté. Je nai eu garde de négliger d’éprouver les fecrets qui nous ont été laiffés ; j'ai pourtant crû que fans avoir de reproches: à craindre, je pourrois m'épargner l'épreuve de ceux de l'Ha- bit mis fur le Cercüeil & de la Peau de Lion. En revanche ; il m'a paru qu'il y avoit un grand nombre d’autres tentatives à faire, & qui étoient même très-indiquées. La feule énumé- ration de ce que j'ai eflayé feroit longue , je chercherai ‘ DES SCIENCES. 315 l'abréger dans cette leure *, Je rapporterai feulement 1a méthode générale que j'ai füivie, & la réüffite des expériences les plus heureufes. J'ai pris des Boutcilles de verre pour y renfermer mes - Teignes, afin de les obferver au travers des parois ; & par préférence je me fuis tenu à ces Bouteilles cylindriques ap- pellées Poudriers , dont l'ouverture à à peu-près autant de diametre que le fond. Dans chaque Poudrier j'ai mis un morceau de Serge grife ou bleüe, &c. avec quelques-unes des matiéres dont je voulois éprouver l'effet; une vingtaine de Teignes au moins, de bon appetit, y ont été jettées. Le deflus du Poudrier a été couvert avec du papier. Ces expé- “riences font de celles qui fans grand art peuvent être prodi- gieufement variées, & qui ne fçauroient l'être trop quand on ne veut pas rifquer de laïffer rien d’effentiel en arriére. Quoique des Teignes foient communes de refte, qui auroit à s'en fournir d’autarit de milliers que les épreuves en de- mandoient, pourroit y être embaraffé comme je l'ai été. Ceux que j'avois chargé d’en ramafer, avoient épluché bien des meubles rongés avant d'en avoir raffemblé une centaine; Celles que j'ai bien nourries à deflein dans mes Bouteilles ; qui s'y font transformées en Papillons, qui y ont fait des œufs, m'ont donné une plus abondante récolte. IL a pourtant … fallu encore y ajoûter un fupplément. J'ai fait chafer dans la faifon de ces Papillons d'où elles naïffent, & je les ai ren- fermés avec des morceaux d'étoffes fur lefquels ils ont fait leurs œufs. Quoiqu'ils y fuffent peut-être moins féconds que quand ils font en liberté, ils s’y font au moins multipliés à vingt pour un. Ces Papillons font aifés à trouver & à pren- dre ; il n'en eft pas de moins farouches , mais üls font fi dé- licats, qu'il n'eft prefque pas poflible de les prendre bien vivants ; dès qu'on les touche, on les tüe , ou on les blefle mortellement, Un de mes chaffeurs aux Papillons fe fervoit d'un expédient quim'en a procuré autant que j'ai voulu. On prend des Poiflons avec des Nafles d'Ozier ; ils y entrent ""# Ce Mémoire fut Tù à une Affemblée publique. Rr ij 316 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE aifément par une large ouverture, & ils parviennent au fond’ de la Nafle par une ouverture plus petite qu'ils ne fçavent plus trouver pour en fortir. C’eft avec des efpeces de Nafes de verre qu'on me prenoit des Papillons ; un Verre à boire, de figure conique, dont le pied avoit été caflé, & qui avoit été enfuite percé à la jonélion du pied, étant pofé, la pointe la premiére, dans un Poudricr de verre, formoit cette Naffe. Tout Papillon de nos Teignes attend qu'on le couvre de ce Verre, il y voltige un inftant, bien-tôt après il enfile Le trou: qui le conduit dans la Bouteille où Poudrier, d’où il ne fçait plus fortir. Une Bouteille à col étroit peut feule tenir lieu de cette efpece de Naffe, & on s’en eft fouvent fervi à cet ufage. Fourni par ces différents expédients de plus de Teignes qu'il n'en faudroit pour détruire pour des millions de meu-- bles, j'ai été en état de faire toutes les expériences que j'ai: fouhaitées, qui en général fe réduifoient, comme je l'ai déja dit, ou à trouver des moyens de rendre nos Etoffes des mets: defagréables à ces infeétes, ou à les faire périr dans celles où. ils fe font nichés. Une réfléxion fur un fait affés connu , m'a: indiqué ce qui paroïfloit mériter d’être tenté par préférence dans le premier genre d'épreuves. On ne voit point de Feïgnes s'attacher aux Toifons qui couvrent nos Moutons & nos Brebis ; fi cette Laine étoit de leur goût, il y a apparence qu'elles s'y logeroient comme s'y loge un autre Infecte que Redi nous a décrit. Des Papillons iroient dépofer leurs œufs fur les Toifons , ils n’auroient pas à redouter les pacifiques animaux qui les portent ; il ne leur feroit pas nécefaire d’avoir toute la hardiefle d’une efpece de Mouche qui choïfit- le dedans même du Nés des Moutons pour y faire fes Vers; R, humectés continuellement par une liqueur convenable, ils y croiffent jufqu'à ce qu'ils foient en état.de fe métamor- phofer en Mouches pareilles à celles qui leur ont donné naïf fance. C’eft ce que nous apprend la curieufe hiftoire de cette Infecte, publiée par M. Valifnieri: D'autres Mouches vont picquer d’autres animaux couverts de poils, elles laïffent leurs Ocufs ou Vers dans les picqueures qu'elles ont faites à.1eur. DES N SIG TE N'icte so! 31 au, Où ils croiflent comme les Vers des Galles des Arbres, jufqu'à ce qu'ils foient prêts de fe métamorphofer, La remarque que nous venons de faire, s'étend à toutes les Peaux des Animaux qui font couvertes de poils ; elles en feroient toujours dépoüilées en partie, fr les Teignes s'y établifloient aufli volontiers qu'elles le font quand nous les ayons mifes en œuvyre.. Pouflons encore la remarque plus loin. Les Toifons enle- vées de deflus les Brebis, mais qui n'ont reçu aucunes des préparations que nous leur donnons pour les employer à nos ufages, ne font gueres plus fujettes à être rongées que celles: qui les couvrent. I en eft de même des Fourrures qu'on dé- tache avec a Peau de animal , tant qu’elles ne font pas paffées, les Teignes les attaquent peu ; c’eft de quoi on a journelle- ment des preuves dans les Cuifines , où les Peaux des Lapins qui ont été écorchés, reftent quelquefois long-temps appli-. quées contre les murs fans qu’il s’en détache aucun flocon de poils. Pour en avoir encore des preuves plus pofitives, j'ai, donné à des T'eignes des morceaux de Peaux de Lapin pañlées, mêlés avec des morceaux de pareïlles Peaux non paffées ; elles: ont commencé par couper les poils des premiers morceaux, & ce n'a été qu'après les avoir, rendus prefque ras qu’elles font venües aux autres. Il eft pourtant néceffaire de pañfer: les Peaux, fans quoi elles font quelquefois mifes en piéces. par d’autres Infectes qui cherchent à vivre de leur fubftance même. { ; En préparant les Laines & les Peaux pour nos ufages, nous les apprètons donc aufii pour les T'eignes ; & pour ne nous- arrêter actuellement qu'aux Laines, la premiére façon que nous leur donnons, les rend des-mets convenables à ces In- fectes. Celles qui n'ont encore reçû aucune: préparation, font: appellées des Laines graffes'; elles le font'au point ,.que les doigts s'engraiffent fenfiblement en les touchant. On com- mence par les dégraifler, & dès-qu'elles ont été dégraiffées,. les Teignes ne les épargnent plus. Quoiqu'on commence par dégraiffer les Laines qu'on veut: R r üÿ, 318 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE mettre en œuvre , ce n'eft pas qu'on cherche ou qu'on doive chercher à les dépoüiller de leur graifle, on fe propole, ou on doit uniquement fe propofer de leur ôter la terre & les autres ordures qui les faliflent. Une des premiéres façons qu'on deur donne dans la fuite, celle de les carder, exige même qu'on les engraifle de nouveau. Celles qui doivent être employées en étoffes blanches, ou d'une couleur brune de Brebis, pourroïent refter grafles. Mais if faut abfolument dégraifler les Laines & les Etoffes qu'on veut teindre. Les remarques précédentes conduifent à penfer que fi on rendoit à nos Laines employées en ouvrages , une partie de cette premiére graifle dont on les a dépoüillées , qu'on les rendroit encore defagréables aux Teignes, quoiqu'on ne les engraifsät pas aflés fenfiblement pour qu'elles nous paruffent l'avoir été, & ce font les expériences qui m'ont femblé les mieux indiquées. J'ai pourtant crû devoir éprouver fr les Laines grafles font funeftes aux Teignes , ou f fimplement elles font des mets pour qui elles ont moins de gout. J'en ai renfermé de très-vigoureufes uniquement avec de la Laine grafle, & d'autres avec des morceaux de Serge que j'avois frottés de toutes parts contre ces fortes de Laines. J'ai vû des unes & des autres faire diéte plufieurs femaines de fuite, pendant que celles qui avoient d'autres Laines à leur difpofition , mangcoient de toutes leurs dents. À la fin pour- tant elles font venües à manger, & fe font dans la fuite mé- tamorphofées en Papillons. Des temps de famine forcent à fe nourrir d'aliments qui font horreur dans des temps moins malheureux, & cétoit tout ce qu’il y avoit à conclure, de ce que les T'eignes avoient vêcu de Laïnes fi peu affaïfonnées à leur goût. J'en ai ren- fermé d’autres dans diverfes Bouteïlles avec des morceaux de Serge de deux couleurs , dont les uns avoient été frottés contre de la Laine grafle, & dont les autres ne l'avoient pas été ; les uns étoient bleus, & les autres gris. Dans quelques Bouteilles c’étoient les morceaux gris qui avoient été frottés contre-de da Laine grafle, & dans d'autres c'étoient les bleus. DES SICRE N CiEIs 319 Les Teignes ont conftamment rongé ceux qui n’avoient point été engraiflés, & ont toujours épargné les autres. I a été rare qu'elles leur ayent arraché quelques poils. Par la couleur de leurs fourreaux on connoït bien-tôt quelle eft la Laïne qu’elles ont rongée pour fe vêtir ; on connoît de même par la couleur de leurs excréments quelle eft celle dont elles fe font nourries, car nous avons fait remarquer dans fa premiére Partie, que la Laine qui pafle par leur eftomach & leurs inteftins , qui y eft réduite en excréments, ne perd point fa couleur. Ce que jai fait pour conferver de pétits morceaux de Serge, peut être commodément pratiqué fur les plus grands meubles. IE eft toüjours aïfé d’avoir des Toifons grafles, & même on peut les avoir grafles & propres ; rien n'eft plus facile que de frotter avec ces fortes de Toïfons les Meubles dont on veut éloigner les Tignes; les Etoffes & les Meublés n'en feront pas altérés le moins du monde, les yeux ne dif- tingueront pas les endroits frottés, de ceux qui ne Fauront pas été. Au lieu de frotter les Toifons mèmes contre les Meubles où les Etofles, on peut encore faire l'équivalent de plufieurs maniéres. 1 eft aifé d’avoir de cette graifle qui défend les Toifons contre les Teignes, les Médecins ont fait entrer dans leurs D'fpenfaires, on en doit trouver chés les Apothi- caïres bien fournis, maïs il faut la leur demander fous le nom d'Oefipe ; après tout il vaut beaucoup mieux la prendre dans Yeau chaude où des Toiïfons auront été lavées, elle fera. moins chere. Sans fe donner la peine de la féparer de l'eau, i fuffira de tremper une Broffe dans Veau même qui en eft chargée, & de pafler cette Broffe fur les Etoffes qu'on veut conferver, L'effet de cette graïfle invitoit à rechercher ff les autres graiffes , ft le Suif qui nous vient des Moutons , & qui eft déja donné pour un préfervatif contre les Teignes, fi le Beurre, fi les Huiles de différentes efpeces pourroïent être employées avec fuceès ; lé temps ne me permet pas de 20 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE mr'arrêter à détailler le fuccès de ces différentes expériences autant qu'il auroit'befoin de l'être ; je n’en donnerai que quel- ques réfultats qui peuvent être utiles. Je n'ai reconnu aucune graifle ou matiére huileufe auffi defagréable aux Teignes que l'eft la graiffe naturelle des T'oifons. Après tout il étoit affés à préfumer que le fecret que la Nature employe pour confer- ver les vêtements qu'elle donne à ces animaux, étoit au moins un des meilleurs. Il ne m'a pas paru même que les Teignes cherchafent fort à éviter le Suif. Elles s’attachent pourtant moins aux Laines qui en ont été engraiflées qu'à celles qui ne l'ont point été. La graïfle des Toifons differe des autres par une odeur de Bélier très-forte , cette odeur refte aux doigts qui ont touché légerement cette Laïne. J'ai éprouvé des Huiles, qui loin d'éloigner les Teignes des Etoffes, m'ont aru les leur rendre plus appétiffantes , telle eft l’'Huile de Noix. Elles m'ont paru au contraire éviter les Etoffes frottées d'Huile d'Olive. Cette derniére remarque eft favorable à Ja recette enfeignée par Caton, dont nous avons parlé ci-deffus, qui n'eft qu'une préparation de Marc d'Olives, mais je n'ai pas été à portée de la répéter. Ces :obfervations nous fournifflent quelques remarques effentielles fur les fabriques de nos Laines. J'ai fouvent oùi dire qu'il y avoit des Etoffes de même efpece, bien plus fujettes aux Teignes les unes que les autres. J'en ai entendu attribuer da caufe à ce qu'elles avoient été moins bien dé- graiflées , & on devoit peut-être attribuer à ce qu'elles avoient été engraiflées ou avec certaines huiles, ou avec certaines graifles. Pline veut que de tous les habits les plus fujets aux Teignes, foient ceux qui font faits de Laines de Brebis égorgées par les Loups. Je ne penfe pas qu'on juge qu'il foit fort néceflaire de faire un Réglement pour exclurre ces derniéres Laines de nos fabriques d'Etoffes, on trouvera peut-être qu'il feroit plus important d'en faire un qui dé- fendit expreflément d’engraiffer les Laines avec certaines ma- tiéres , & qui prefcrivit celles qui auroient paru les plus def- agréables aux Teignes, Enfin on doit chercher, en Re es PRIT 4 06 Di SV SE He Nc ns 327 les Laines des Toifons , de les dégraifler le moins qu'il {era poffible ; moins l’eau dans laquelle on les lavera fera chaude, & plus on leur laïflera de cette graifle, qui ne fçauroit nuire jamais, quand on veut les employer en Etofles blanches, teHes que font, par exemple, les Couvertures de Laine, qui finiflent aflés ordinairement par être hachées par nos Vers. Les matiéres grafles ne font pas à beaucoup près les feules fur lefquelles j'aye tâté le goût des Teignes. Je leur ai pré- fenté du doux, de l'aigre, du falé, de lamer, du poivré, & des mets de divers goûts compolés de ceux-ci; c'eft-à-dire, que j'en ai renfermé uniquement avec de la Serge trempée dans du Vinaigre, d’autres avec de la Serge trempée dans une infufion d'Abfinthe, d’autres avec de la Serge trempée dans une infufion de Tabac, d’autres avec de la Serge trempée dans une diffolution de Sel marin, d’autres avec de la Serge trempée dans une diffolution de Sel de Soude, & ainfi de différentes matiéres, dont le temps ne permet pas de faire Y'énumération. : J'ai éprouvé de même différentes Plantes odoriférantes qui ont été enfeignées comme de fürs préfervatifs, la Sabine, Je Rômarin , lAbfynt Myrthe, l'écorce de Citron, Fris. J'ai éprouvé les de différentes Fleurs, comme celles de la Giroflée jaune, de l'Eau de Fleur d'Orange, &c. Je ferai encore grace du détail du fuccès de ces expériences. Je dirai feulement qu'aucune des matiéres dont je viens de parler, ne font abfolument funeftes à ces Infeétes ; que quel- ques-unes qui ont été enfeignées comme des préfervatifs, ne leur font nullement contraires , & femblent plütôt leur être favorables. Je n'ai point và de Teignes mieux croître & mieux ronger que celles qui ont été mifes avec une très-grande quan- tité de Racine d'Iris, qui eft pourtant une des Plantes très- preftrite contre elles. Les Cantharides qui, fufpendiües dans des appartements, doivent, felon Rafis, faire fuir nos In- fectes, ne les ont point empèchés de bien manger, lorfqu'elles ont été renfermées avec eux dans une même Bouteille. Les Teignes mifes avec des Laines mal affaifonnées à leur Mem. 1728. MST 322 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE goût, ont une reflource à laquelle elles ont recours. En cas: de néceffité, leurs habits leur fourniffent de la nourriture. Elles cedent au befoin le plus preffant ; elles aiment mieux vivre, & être plus mal vêtües, elles mangent le-deflus de leur fourreau. Ce qui eft d'heureux pour elles, c'eft qu'elles ont encore une autre reflource pour réparer les défordres qu'elles y ont faits, & elles les réparent fi bien, fans avoir de Laine, que la vüë fimple ne diftingue aucun changement, ni dans la tiffure, ni dans la couleur du fourreau dont elles ont rongé toute la Laine. Le fourreau leur fournit d'abord de quoi fe nourrir, & leurs excréments leurs fourniffent enfuite de quoi. fe vêtir. Ce font de petits grains fecs, ronds, & précifément de la couleur de la Laine que lInfeéte a digérée ; il attache ces petits grains. avec des fils. de foye à peu-près dans les: places des brins de Laine qu'il a arrachés : ainfi le deffus de leur vêtement conferve fa forme & fa couleur. Elles font affés volontiers & aflés fouvent entrer quelques grains de leurs: excréments dans la compofition de leurs fourreaux, mais ce n’eft que dans des temps de néceflité, où ils leur tiennent totalement lieu de Laine. | Des fourreaux ainfi refaits pr 1 entier avec des excré= ments, m'ont fait reconnoiître Que quelques-unes des ma- tiéres dont j'ai parlé ci-deflus, pouvoient empêcher les Tei- gnes de rechercher les Etoffes. Celles que j'ai mifes avec de la Serge frottée contre de la Laine graffe, n'ont pas manqué de commencer par ronger leur fourreau, & de le réparer avec des excréments, & c’eft ainfi qu'en ont ufé celles à qui je n'ai donné que de la Serge trempée dans une forte infu- fion de Tabac, que de Ja Serge fur laquelle il y: avoit bien du Poivre, que de la Serge moüillée dans de la diflolution de Sel de Soude, que de la Serge engraiïfée d'Huile d'Olive. Ces différentes: matiéres peuvent donc être de quelque ufage pour éloigner les Teignes, cependant nous ne nous arrêterons point à difcuter quelles font celles qui méritent la préférence, if vaut mieux en faire connoiître d'autres qui agiflent bien plus eficacement.contre ces Infeétes. rs. ! DES SCIENCES 323 Dans différents endroits j'ai vû des femmes de campagne perfuadées qu'elles défendoient bien leurs nippes contre les Teignes, en mettant des pommes de Pin dans les Armoires ou dans les Coffres où elles les renfermoient. Ces traditions, qu'on appelle de bounes femmes , ne font pas toûjours aufli mé- prifables qu'on le penfe; il y en a qui ont une excellente ori- gine qu’il faudroit aller chercher loin, qui, bien examinées ; nous feroient utiles : après tout nous n’avons le droit de les re- jetter que quand des épreuves nous l'ont donné. Au lieu des pommes de Pin, il ma paru que je pouvois éprouver mieux dans le même genre, Elles ont une odeur réfineufe ; fi elles oduifent l'effet qu'on leur attribüe, vrai-femblablement il cft dû à cette odeur. J'ai donc crü devoir éprouver des odeurs de ce genre, mais plus fortes & plus pénétrantes que celles de ces pommes. J'ai frotté un des côtés d’un morceau de Serge avec un peu de Térébenthine ; avec de l'Huile de Té- iébenthine j'ai moüillé Iégerement un feul côté d'un autre morceau de Serge : des Teignes ont été renfermées à l'ordi- naire avec chacun de ces morceaux de Serge. Je n'attendois pas, à beaucoup près, de cette derniére épreuve tout l'eflet qu'elle produifit. Je différai jufqu’au len- demain à examiner fr fes Teignes avoient rongé {a Serge frottée d'Huile de Térébenthine, comme elles avoient rongé celle des autres expériences ; elles n'en avoient eu garde ; toutes étoient mortes, & d’une très-violente mort, qui avoit été précédée de furieux mouvements convulfifs ; la plüpart étoient nüies, & étendües roïdes. Avant de périr, elles étoient forties de ces fourreaux, qu'elles ne quittent jamais, & dans lefquels même on trouve celles qui périffent dans le cours de l’année. On a peut-être déja pitié des miférables Infeétes qu'on prévoit qui vont périr, pour confirmer l'expérience précé- dente, pour en fuivre les circonftances, pour déterminer les dofes d'Huile de Térébenthine qui leur donnent une mort prompte ou lente. La circonftance de la Serge ou de toute autre étoffe de Laine étoit inutile pour les premiéres épreuves, fi 324 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Je mis dans une Bouteille de verre plufeurs Teignes avec des bandes de Papier légerement frottées de cette Huile. Je’ la bouchai groffiérement , & je les obfervai, Quelques-unes ne fe donnerent aucun mouvement, & ne s'en font jamais données depuis. C'étoient les plus petites & les plus foibles, D'autres plus vigoureufes commencerent à s'agiter, à fe tour- menter. J'ai expliqué ailleurs comment elles font fortir leur tête hors du fourreau, pour arracher les brins de Laine qui en font à quelque diftance ; que cette tête qu'on a vüë à un des bouts, paroît enfuite à l'autre bout du même fourreau pour y travailler, comme elle faifoit auprès du précédent. Dans l'état naturel, c'eft toûjours la tête qu’elles font fortir hors du fourreau ; mais dans l’état violent où je les avois. mifes, c'étoit leur queüe qu'elles en faïfoient fortir. Elles la faifoient quelquefois rentrer fur le champ, pour l'en faire bientôt fortir accompagnée d’une plus grande partie de leur corps. Après de pareilles agitations continuées pendant une heure ou deux, elles fortoient entiérement de leur. fourreau ;: nües, elles fe tourmentoient encore, & enfin après de vio-- lents mouvements convulfifs, elles périfoient , les unes plü- tôt, & les autres plus tard. Les Teignes péries par cette mort violente, me fembloient plus groffes que dans leur état naturel; mais ce qui n'étoit. point douteux, le deflus de leur dos étoit tout rouge, ou marqué de taches rouges , qu'on ne voit point à celles qui font vivan- tes, ni à celles qui font mortes plus paifiblement. Ces rougeurs femblent prouver que celles-ci avoient été étouffées. Depuis qu'on n'a pas dédaigné d'approfondir la merveilleufe mécha- nique du corps, de ce qu'on appelle les plus vils Infeétes,. on a découvert que les organes de la refpiration des Chenilles, des Vers à Soye, &c. font placés le long du dos. Les anneaux dans lefquels leur long corps eft divifé , ont chacun deux. ouvertures, une de chaque côté, dont la fonction, comme celle de nôtre nés, & une de celles de nôtre bouche, eft de donner entrée à l'air qu'ils refpirent. Si on enduit ces [nfec- tes, ou feulement les ouvertures des anneaux, d'huile, on les: à tu \ DES $S°cTE N C'E S 325 fait périr comme on fait périr les plus grands animaux, à qui on Ôte la faculté de refpirer. Ils font étouffés : l'odeur, ou plütôt la vapeur de nôtre Huile de Térébenthine fait plus à la longue ce que l'application d'une huile groffiére fait fur le champ. Ces parties, fubtiles pour nos fens, font aflés grof- fiéres pour boucher leurs bronches, ou les ramifications indé- finiment déliées dans lefquelles fe divifent les troncs princi- paux de leurs trachées. Toute odeur qui nous paroïtroit aufli pénétrante que celle de l'Huile de T'érébenthine, ne feroit pas capable de produire cet effet, fr elle étoit compofée de parties plus fubtiles. J'ai,: par exemple, mis avec des T'eignes plus de Mufc qu'il n'en: faudroit pour donner des vapeurs à la moitié de Paris ; elles n'ont nullement paru en fouffrir, elles ont mangé, & ont crû au milieu du Mufc. Ce qui eft de certain au moins, & ce dont nous avons befoin actuellement, c’eft que l’odeur de l'Huiïle ou de Y'Efprit de Térébenthine eft un terrible poifon pour les Teignes. Mais nous la redoutons nous-mêmes ; le remede ici, comme if arrive fouvent en Médecine, pourroit paroître pire que le mal, car après tout il ne faut pas nous empoifonner avec elles. Nous fuyons pendant quelques jours les appartements nou- vellement vernis, à caufe de lodeur de Térébenthine ; on: naimeroit certainement pas à coucher dans. un lit dont les rideaux auroient une pareille odeur. Cette huile n’altere nuf- Jement la couleur des Etoffes, on s’en fert avec fuccès pour ôter les taches d'huile, de graïfle & de camboüis des habits, qu'on laifie enfuite expolés à l'air jufqu'à ce que odeur en: foit diffipée. Si on eft quelque temps fans porter un habit: qui a été détaché par le moyen de cette huile; fi on fe prive d'habiter un appartement nouvellement verni, y aura-t-il beaucoup d'inconvénient à être quelque temps ‘fins fe fervir des meubles dont on aura fait périr toutes les Feignes par le moyen de Huile de Térébenthine ? H n’y en aura pas le moins du monde pour qui a des meubles d'Hyver & d'Eté. Ceux à qui la fortune n’a pas accordé de gps leur luxe if 326 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE jufques-à, & qui fçavent que leurs couvertures de Laine; leurs lits, leurs tapifieries, leurs fautcüils font regardés comme perdus , dès que les T'eignes s'y font une fois établies; qu'ils font alors de nulle valeur, parce que quelque foin qu'on prenne, on ne vient point à bout de les en dépeupler ; tous ceux, dis-je, qui fe trouvent dans ce cas, ne doivent pas, ce me femble, héfiter de fe priver pendant quelques jours, ou quelques femaines , de leurs meubles, pour en affürer la durée. Enfin tant de Meubles qui reftent long-temps dans les Gardes-meubles & chés les Fripiers, & qui y courent plus de rifque que ceux dont on fe fert journellement, peuvent être confervés fans aucun inconvénient. Ceux qui les y laifieront détruire, n'auront deformais à s'en prendre qu'à leur négli- gence, puifqu'il eft fi facile d'y faire périr les Teignes. I y a plus, c'eft que le degré d'odeur de Térébenthine, capable de faire périr ces Infeétes , peut être foûtenu par des hommes dont les têtes ne font pas trop délicates. J'ai im- bibé d’une goutte, de ce que nous appéllons précifément une goutte, & même petite, un morceau de Serge d'environ 1 $ à 16 pouces quarrés, je l'ai mis dans un Poudrier d'envi- ron 3 pouces de diametre fur $ pouces de hauteur, & c'en a été aflés pour faire périr toutes les Teignes qui y ont été renfermées. De cette feule expérience, il eft aifé de calculer que la quantité d'Huïle de Térébenthine néceffaire pour faire périr toutes les Teignes des meubles renfermés dans la plus rande Armoire , ou dans un Garde-meuble , n'ira pas loin. La dépenfe n’effrayera certainement pas ; dans une pinte d'Huile de Térébenthine, qui coûte peu, combien y a-t-il de gouttes? La chambre doit être grande, qui a autant de fois la capacité du Poudrier dont il a été parlé, que cette pinte a de gouttes. Une goutte d'Huiïle de Térébenthine feule ne feroit pas aifée à étendre également fur une furface de 1 6 pouces quar- rés, comme j'ai dit l'avoir fait dans l'expérience précédente; mais au moyen de l'expédient dont je me fuis fervi, on peut _— È Bu ancEn dhdl vnr da roc cel G fé. DÉS "IS QI EÉ N'clEts 327 Yétendre fur une aufli grande füurface qu'on voudra. On n'a qu'à délayer la goutte d’Huile de Térébenthine dans la quan- tité d'Efprit de Vin néceflaire pour moüiller toute la furface für laquelle on veut étendre fon huile. Après tout, ceci ne me paroit d'aucune néceflité dans Fufage ; il n'importe pas même de frotter d'Huile de Térében- thine les meubles dont on veut faire périr les Teignes; il fuffit de les renfermer dans des endroits où une forte odeur de Térébenthine foit répandüe , plus elle fera forte, & plus promptement elles y périront. On n'aura donc qu'à mettre des papiers, des linges , des morceaux-d’étoffes enduits légere- mentde cette huile dans les Armoires ou dans les Gardes-meu- bles, & on n'aura pas befoin de les y Jaiffér plus d’un jour. Plus les Gardes-meubles & les Armoires feront clofes, & plus l'odeur fera puiffante. Quoiqu'ils ne foient que très-mal fermés, l'odeur ne laifiera pas néantmoins de faire périr nos Anfectes. J'en ai vû mourir fur des morceaux de Serge, mis ge; dans des Poudriers qui n’étoient nullement bouchés, quoi- qu'il y eût très-peu d'Huile de Térébenthine far a Serge. J'aurois pourtant fouhaité faire périr les Teignes par: quelque odeur qui nous fût moins defagréable que celle de l'Huile de Térébenthine. Aujourd'hui nous les redoutons prefque toutes. J'ai trouvé qu'on en viendroit à bout par une odeur très-fupportable, mais le remede {croit plus chers C'eft celle du feul Efprit de Vin. Des Teïgnes ayant été mi- fes avec des bandes de Papier moüillées d'Efprit dans une Bouteille bouchée avec un bouchon de Liége, je les ai trou- vées mortes le lendemain, les queües de quelques-unes étoient forties hors de leurs fourreaux, Mais cette odeur moins forte que celle de Térébenthine, ne pourroit agir efficacement, à moins qu'on neût fa précaution de renfermer les meubles dans des Armoires bien clofes ; l'évaporation de l'Efprit de Vin fe fait trop promptement. J'ai trempé dans PEfprit de Vin un morceau de Serge, je l'ai étendu fur une Table, & jai pofé deflus plufieurs de nos Infeétes ; ils y ont été fans: mouvement, fans aétion, pendant quelque temps, c'eft-à-dire, , 328 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE jufqu'à ce que l'Efprit de Vin ait été évaporé, & que fon odeur ait été diffipée : revenus alors de leur afloupiflement, ils ont marché. J'ai bien auguré d’un autre genre d'odeurs qui ne font pas aimables, mais que nous fupportons mieux que celle de l'Huile de Térébenthine, & que celles même qui étoient recher- chées par nos Peres. Ce font les odeurs des fumées de di- verfes matiéres brülées ; l'explication que nous avons donnée de la caufe de la mort des Teignes qui refpirent l'odeur de Térébenthine , étoit favorable à ces nouveaux effais. La fu- mée fenfible à nos yeux, & celle qui ne left qu'à nôtre odorat , font vrai-femblablement compofées de parties plus groffiéres que celles qui s’exhalent de Huile de T'érében- thine, & qui par conféquent peuvent être propres à boucher les trachées de nos Infectes. La fumée que j'ai effayée a premiére , & dont j'avois le plus d'opinion, a été celle du Tabac. Un morceau de Serge ayant été mis dans un Pou- drier, je Fai bien enfumé de la fumée d'une Pipe, j'y ai même renfermé fenfiblement de cette fumée, en bouchant fur le champ le Poudrier avec du papier; vingt Teignes qui furent jettées dans cette Bouteille, étoient toutes mortes le Fendemam. J'ai donné à d’autres une dofe moins forte de ce nouveau poifon ; au lieu de les mettre au milieu de la fumée, comme dans l'expérience précédente, je me fuis contenté de les ren- fermer avec des morceaux de Serge qui avoient été enfumés, mais fur qui il ne reftoit aucune fumée fenfible , ils n’en avoient que l'odeur ; les Teignes fe font cependant agitées fur le champ, plufieurs font forties hors de leurs fourreaux, & ont péri. J'ai éprouvé l'effet que feroïent fur ces Infectes diverfes autres fumées, celles du Papier, de la Laine, du Linge, des Plumes, des Cuirs brûlés, de même celle du Rômarin & de quelques Plantes aromatiques, car les fumigations font au rang des Secrets qui nous ont été laiflés par les Anciens. Ces expériences m'ont fait voir que les Teignes périflent tenües DES SCIENCES. 32 du temps au milieu de toute épaifle fumée. Mais elles ne m'en ont fait connoître aucune dont l'efficacité approchât de celle du Tabac, qui opere non feulement lorfqu'elle n’eft nul- lement fenfible à nos yeux, mais même lorfqu'il n’en refte fur les étoffes qu'une impreffion à peine fenfible à nôtre odorat. Certaines fumées peuvent être compofées de parties trop groffiéres , elles ne peuvent pas s’infinüer dans les organes de la refpiration de ces Infeétes, mais les parties de la fumée du Tabac n'ont apparemment que la groffeur propre à produire un fatal effet. Les vapeurs du Mercure &c du Soufre font capables d’exter- miner Îa plüpart des Infcétes, mais il feroit difficile de guerir fur les inquiétudes que donneroient les premiéres, & les fe- condes altéreroient confidérablement la couleur des étoffes. La fumée de quelque Herbe que ce foit, eft la reffource des habitants des Pays marécageux contre les Coufins & les Maringoüins. Ils forceroient d'abandonner les Maifons, fi on ne les chafloit chaque jour par d’épaifles vapeurs. De pareilles fumées, auxquelles on ne fera pas obligé d'avoir recours fi fouvent , feront périr nos Teignes. Il y a pourtant ici une obfervation finguliére à faire. Je ne fçais fi elles, qui d'ailleurs font fr induftrieufes , fçavent fuir toutes les odeurs qui leur font à craindre, fi elles font pour elles des odeurs. Les Mou- ches ordinaires, les Mouches à Miel fur-tout, paroïffent avoir un odorat exquis ; l'odeur du nouveau Miel es attire de 1a Campagne dans les Villes : mais nos Teïgnes ne m'ont point paru avoir d'odorat, au moins pour reconuoître les vapeurs qui leur font le plus funeftes. Nous-mêmes nous refpirons quelquefois un air nuifible, & même un air peftiféré, fans nous en appercevoir. Nous n'avons que trop d'exemples de gens étouffés par la vapeur du Charbon allumé qu'ils avoient refpirée, fans s’appercevoir qu'elle leur füt fatale. Les T'eignes refpirent peut-être ainfi la vapeur de la Térébenthine. Ce qui me le prouve, c'eft que j'ai pofé à chaque bout d’une Boîte, telles que les Boîtes à perruque, un morceau de Serge, l'un frotté légerement d'Huile de Térébenthine, & l’autre qui ne Mem, 1728. AE LE 30 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE l'étoit pas. Au milieu de fa Boîte, j'ai mis quantité de Teignes; pour voir la route qu’elles prendroient. C‘eft cette expérience, répétée plufieurs fois, qui m'a paru prouver qu'elles n'ont point d’odorat pour les odeurs qui leur font le plus fatales ; elles ont paru aller affés indifféremment à lun ou à Fautre morceau de Serge. En général l'odorat femble avoir été plus donné aux animaux pour leur faire éonnoître les aliments qu'ils doivent chercher, que pour leur faire connoître ce qu'ils doivent éviter. Peut-être pourtant fuppléent-elles par la délicateffe de Jeur goût à la groffiéreté de leur odorat. J'en ai renfermé avec différents morceaux de Serge , dont les uns avoient été frottés fi légerement d’Huile de Térébenthine, que l'odeur n'étoit pas capable de les faire périr , & dont les autres n’en avoient été aucunement frottés ; 'ont toüjours été ces derniers qu’elles ont rongés, elles ont abfolument épargné les autres, ou elles Les ont peu attaqués. Il en eft arrivé de mêmé, lorfque je les aï renfermées avec des morceaux de Serge, dont les uns étoient dans leur état naturel, & dont les autres avoïent été parfumés de fumée de Tabac. Ceux qui étoient parfumés, n’ont point été fenfiblement endommagés en comparaifon des autres. En travaillant contre les Teignes, j'ai aufli travaillé contre d'autres Infeétes. IL étoit à préfumer qu'il y en avoit bien des genres qui ne foûtiendroient pas mieux Îes pénétrantes odeurs de l'Huile de T'érébenthine & de la fumée de Tabac; les ref- femblances effentielles qu'ils ont dans leur ftruéture condui- foient à le conclurre. Les Chenilles de toutes efpeces ne de- voient pas plus tenir contre ces odeurs que les Teïgnes, auffi ai-je vü périr toutes celles qui ont eu le malheureux fort de fervir aux épreuves ; les Mouches , les Araignées , les Four- mis, les Perce-orcilles, &c. aucun de ces genres n’a pü ré- fifter. J'ai plus volontiers fait des expériences contre un genre de ces animaux que nous craignons immédiatement pour nous ; cé n'eft pas à nos meubles, c’eft à nous-mêmes à qui les Punaifes s’attaquent. Les expériences faites contre elles, ent prouvé que l'odeur de l'Huile de T'érébenthine & celle DES SCLENCESs. TT de la fumée de Tabac peuvent nous délivrer de ces puants & fanguinaires Infeétes. Ces odeurs les fuffoquent aflés vite, quoiqu'un peu plus lentement que les Teignes. IL y a Jong- temps aufli que j'ai oùi dire à des fumeurs d'habitude, qu'ils avoient chaflé les Punaifes de la Chambre où ils fumoient . ordinairement. Si les fumées de Tabac, l'odeur de Térébenthine font auffi funefles au genre d'Infeétes qui mange nos Bleds, qu'elles le font à tant d'autres genres, ce qui eft à préfumer, elles pourroient encore nous rendre un important fervice. On n’a rien autant à craindre pour les Bleds qu'on veut conferver pendant plufieurs années dans les Greniers, qu'une efpece de très-petit Scarabé, appellé en Latin Curculio, & en F rançois Calandre, Charanfon, Coffon, Poux des Bleds. U perce les grains, il en mange la farine, & ne leur laife plus que l'écorce. Quand ces Infeétes fe font multipliés dans un Grenier, ils viennent à bout de réduire en pur fon les plus gros tas de grain. Je n'ai pû encore faire contre eux les tentatives que j'ai fouhaitées. l ne faut pas feulement éprouver fi les vapeurs dont nous venons de parler les détruiront, if faut examiner de plus fi le Bled qu'elles auront parfumé ne confervera pas quelque odeur defagréable ; fi en le lavant on pourra la lui enlever, ou fi la cuiflon ne la diffipera pas entiérement. Ce font des expériences dont je me promets de rendre compte dans la fuite : elles préfentent un objet trop utile pour devoir être négligées. . Pour revenir à nos Teignes, quelque fimples que foient les procédés que nous avons reconnus propres à défendre contre elles nos Etoffes, il ne paroïîtra peut-être pas inutile que nous ajoûtions quelques remarques fur les meilleures ma- niéres d’en faire ufage. Pour conferver les Meubles neufs, & tous ceux où ces Infeétes ne fe font pas encore établis, je ne fçais rien de mieux que de les frotter avec une Toifon de Laine graffe; elle fuffira à la plus grande tenture de Tapiferie. On peut encore mettre tremper cette Toifon dans de l'eau fuff- famment chaude pour la dégraiffer, ou chaude au point où la main ne fçauroit refter dedans. On fauffera les poils d’une Tti 32 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Brofle dans l'eau qui fe fera chargée de la graifle, & par conféquent de l'odeur de la Laine, & on en paffera fur les Etoffes à la füreté defquelles on cherche à pourvoir. Pour peu que la Brofle moüiile eur furface, c’en fera aflés, mais il eft à propos qu'elle la moüille toute. Ceci n'eft au refte qu'un préfervatif, qui ne fuflroit pas aux Meubles où les Teignes fe font établies en grand nombre; alors il faut en venir à les faire périr, & on choifira des deux poifons que nous avons reconnus les plus efficaces ,, de la Fumée de Tabac, ou de l'Huile de T'érébenthine. celui dont on craindra foi-même le moins l'odeur, & qu’on trouvera plus commode d'employer. Si on fe détermine pour le pre- mier, on remplira des rêchauds de charbons un peu allumés, fur lefquels on étendra quelques poignées de Tabac haché, comme f'eft celui des fumeurs. Je ne penfe pas pourtant que l'opération demande qu'on choififfe du meilleur. Si les Meu- bles qu'on veut enfumer font aétuellement détendus, pliés & arrangés dans une Armoire, quelque grande qu’elle foit, un rèchaud ou deux fufhront pour la bien enfumer, & tout ce qu'elle contient. On en fermera les portes après avoir placé les rêchauds avec les précautions convenables, pour n'avoir rien à craindre du feu. De petits fourneaux, tels que ceux où l'on fait le Café, peuvent être renfermés avec moins de rifque ; on y pourra mettre, & plus de Charbon & plus de Tabac fans les remplir jufqu’au bord. Si les Meubles font pliés dans un Garde-meuble, qui ait des portes , des fenêtres, une cheminée, ou qu'on les veüille laifler tendus dans quelque grande chambre où ils font aétuel- lement, on commencera par tendre devant la cheminée quelque couverture, ou quelque tapis , afin de la bien bou- cher; on fermera toutes les fenêtres ; enfin on mettra le nombre de réchauds qu'on eftimera fuffifant pour remplir tout l'endroit d’une épaifle fumée, & aufli-tôt on fermera bien toutes les portes, afin que la funtée s'y conferve. Quand on aura à parfumer des T'apifleries, des Houfles de Lits, des Couvertures, &c. qu'on vient de détendre, on CPP LORS CE Te un DES SCIENCES FX fe donnera bien de garde de les plier; on fera beaucoup mieux. de mettre les différentes piéces par tas les unes auprès des autres ; la fumée pénétrera plus aifément dans ces tas, qu'elle ne feroit entre les différentes couches d’une piéce qui ont été bien uniment arrangées les unes fur les autres. Enfin on fera enforte que l'odeur de fumée fe conferve très-forte pendant environ vingt-quatre heures dans les Meu- bles où l'on veut faire périr les Teignes. Après ce temps, on pourra hardiment expofer à l'air ces mêmes Meubles pour leur faire perdre une odeur qu'on n’aimeroit pas à fentir, Des Meubles dans lefquels il ya de l'argent, ceux qui ont des couleurs trop tendrés, pourroient être un:peu altérés par une épaifle fumée de Tabac ; alors il vaudra mieux avoir re-, cours à l'Huïle de Térébenthine, qui, comme nous avons répété plufieurs fois, fera d'autant plus d'effet, qu'elle répan- dra une odeur plus forte. La force de fon odeur fera moins proportionnée à la quantité qu'on en employera, qu'à la quantité d’extenfion qu'on lui donnera; c'eft-à-dire, que plus la même dofe d'Huiïle de T'érébenthine occupera de furface, & plus elle produira d'effet. De l'Huile de Térébenthine contentie dans une Bouteille ouverte , ou même dans-un Verre, donnera une odeur qu'on pourra fupporter, &-on re fupporteroit point celle de Ja même Huile qui auroit été ré- pandüe fur un plancher. Une autre circonftance encore aug: mente Îa force de cette odeur, c’eft le degré de chaleur de VAir; la même quantité d'Huile également étendüe, en Eté & en Hyver, ne fera pas un effet égal. (on De tout cela il fuit qu’on doit étendre, le plus qu'il fera poffible, la quantité d'Huile de Thérébenthine qu'on a à em- ployer. Si on veut Fappliquer fur les Meubles mêmes , qui eft ce qu'il y a de plus fimple & de mieux, on la verfera dans une afliéte, on y trempera légerement le bout d'un gros pinceau, ou une broffe pareille à celles à broffer les habits , on la pañfera & repaflera fur l'Etoffe tant qu'elle aura quelque chofe à y laïfler, après quoi on la retrempera dans f'Huile pour la paffer fur de nouveaux endroits. $i on broffe ainfi Tt ii 34 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'Huile des Meubles tendus, on n'aura qu'à bien fermer les ortes & les fenêtres après que l'opération fera fmie. Si les Meubles font détendus, il n’y aura nul inconvénient à les plier immédiatement après qu'ils auront été frottés d'Huile de T'érébenthine ; il y aura même de l'avantage à le faire fur le champ, fur-tout fi après les avoir pliés, on les renferme dans de petits endroits bien clos, comme le font des Armoires. H n'y a rien à craindre pour 1es Meubles qui auront été frottés avec cette Huile, f1 ce n'eft que fon odeur ne s’y conferve plus long-temps qu'on ne voudroit. Quand ils en auront été bien pénétrés, on doit éviter de s'en fervir avant de des avoir expofés à l'air pendant plufieurs jours. L'odeur y fera moins durable, fi au lieu de frotter les Meubles mêmes, on fe contente de les renfermer dans des endroits bien parfumés. On pourra, par exemple ; frotter d'Huile de T'érébenthine tous les dedans de Armoire où on veut les mettre, & pofer de plus fur chaque tablette des pa- piers, en grand nombre, qu'on aura frottés légerement avec cette Huile. Si on demande les dofes d'Huile qu'il fera néceffaire d'em- ployer, on me fera une queftion à laquelle j'aurai peine à répondre bien précifément. La capacité de l'endroit où les Meubles feront renfermés , la façon dont l'Huile aura été étendüe, la chaleur de la faïfon, doivent faire varier les dofes ; mais il n’y a jamais à craindre de pécher par excès, & on ne péchera pas par défaut, quand on aura répandu une odeur qui ne paroïtra pas foûtenable à gens qui ne craignent pas beaucoup l'odeur de Térébenthine. Une pinte de cette Huïle bien ménagée, peut aller extrêmement loin. Une autre queftion qui m'a déja été faite plufieurs fois, €’eft le temps le plus convenable pour faire périr les Teignes. Toute faifon y eft bonne; il n'en eft point où la fumée de Tabac & l'odeur de Térébenthine bien employées ne leur donnent une mort certaine. Je choifirois pourtant la fin d'Août, ou le commencement de Septembre. Alors toutes 2 à mé D'EIS SAC T'IENN, Ci Æ16-,2 Mi 3x des Teignes qui doivent naître jufqu’à l'année fuivante font nées , il »’ya plus à craindre que des Papillons viennent de ‘dehors apporter des Oeufs pour en repeupler les Meubles. 1 n’en feroit pas de même, fi on les avoit fait périr au com- mencement du Printemps. Des Papillons pourroient venir ‘des maifons ou des chambres voifines pour dépofer leurs ‘Oeufs: D'ailleurs dans les temps que nous indiquons comme fivorables, il n'y a que de jeunes Teignes fur efquelles l'odeur d'Huile de Térébénthine eft bien plus puiffante que fur les vieilles ; leurs trachées & leurs bronches font alors plus petites dans la même proportion, à peu-près que l'eft le refte du corps : la vapeur de l'Huile de Térébenthine les bouche plus aifément. lie ni * Enfin ce temps eff auffi celui que nous avons dit convenir le mieux pour battre les Meubles ; je ne ferois pourtant pas battre ceux que je voudrois défendre contre les Teignes. Tout ce qu'on fait en les battant, eft de faire tomber les Infectes qui font deflus : ces Infeétes qui ont été jettés dans des en- droits éloignés de ceux où le Meuble doit être placé, peu- vent n'y jamais revenir, mais ils iront fur d'autres, ils sy conferveront, & y multiplieront. topo lent. 1 abri Encore une autre queftioniqui.m'a. été faite, c’eft fi on {era obligé de répéter chaque année fur Jes T'apifferies & {ur les autres meubles les mèmes manœuvres dont on s'eft fervi l'an- née précédente ; fr quand on a fait périr une fois les T'eignes d’un meuble, il eft pour toüjours en füreté? Ce que nous avons dit jufqu’ici n’a pas dû de faire croire. I w’y a nul doute qu’il n’en puifle venir de nouvelles fur les Eioffes où on a fait périr celles qui y étoient ; mais aufli eft-il certain qu'il faut qu'il y ait une quantité confidérable de ces Infeétes fur un meuble, ou les y laiffer travailler pendant, plufieurs années; avant qu’ils y puiffent faire des defordres fenfbles ; aufi ne penfe-je pas qu'il'en faille venir à faire périr les Téignés d’une Tapifferie chaque année, même de celles qu'élles cherchent le plus, comme font celles de Serge. Pour celles-ci & pour toutes les autres, on répétera l'opération, quand on y retrouvera de ñôuvelles Teignes. | ; 6 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE Puifque les Teignes des Fourrures & celles des Laines font probablement les mêmes, & qu'il eft für au moins que les mêmes poifons les font périr, il fera bien plus facile de les détruire dans les Pelleteries que dans de grands Meubles, Rien ne fera plus aifé que de conferver des Manchons. Il n’y aura qu'à mettre quelques linges moüillés de Térébenthine dans létui où on les renferme. On en ufera de même pour tous les autres ouvrages de Fourrure, ou on les moüillera eux- mêmes d'Huile de Térébenthine. Après avoir frotté des Peaux de cette Huile, je les ai placées à deffein fur d'autres Peaux où les Teignes fourmilloient , elles s’y font confervées bien entiéres. Enfin s’il y a un cas où il faille faire les fumigations épaif- fes, ou répandre une forte odeur de T'érébenthine, c'eft quand on voudra employer l’un ou fautre de ces moyens contre les Punaifes; elles connoiflent des trous où elles fe nichent , qui ont des détours, où la fumée & l'odeur peuvent avoir peine à parvenir. Quelque utilité que j’aye voulu faire attendre des obferva- tions que j'ai rapportées, on doit être las de n'avoir entendu arler fr long-temps que d'empoifonner de malheureux & d'induftrieux {nfectes. On entendra peut-être plus volontiers la compenfation que j'ai à propofer en faveur de nos T'eignes. J'ai à propofer de les faire vivre, & d'en faire travailler uti- fement pour nous, autant qu'il yen a d’occupées à nous nuire, Les Vers nous fourniflent de Soye, les Abeilles, que nous tenons dans nos Ruches, nous donnent la Cire & le Miel, nous devons la Lacque, fi utile pour la Cire à cacheter & pour les Vernis, à une efpece de Fourmi aïlée. Nos Peintres, & fur-tout nos Peintres en détrempe, pourroient tirer des T'eignes des couleurs de toutes efpeces & de toutes nuances, en mettant à profit une fingularité que la premiére Partie de cette Hiftoire nous a apprife, & dont nous avons dit quelque chofe en celle-ci. On fçait qu'on prépare pour les Peintres des Lacques , des Stils de grain, en teignant des Crayes avec diverfes couleurs préparées avec foin. Nos Teignes nous épargneroient M jp]: 24/0) ét AS DES: 18 CIE NC E 337 épargneroient ces préparations, & nous donneroient des cou- leurs plus belles, & peut-être plus durables. Leurs excréments ont la couleur de la Laine qu'elles ont rongée, & en ont tout l'éclat. Ils ont de plus la propriété de fe laïffer broyer à Veau. Pour avoir un beau Rouge, un beau Jaune, un beau Bleu , un beau Verd, & toute autre couleur, ou nuances de couleur, il n'y a donc qu'à nourrir des Teignes de Laine de chacune de ces couleurs. On le fera même à peu de frais, en ne leur donnant que des tontures de Draps, qui feront fou- vent préférables aux Draps mêmes dont elles ont été coupées, au moins quand les Draps ont été teints depuis qu'ils ont été fabriqués. Si on nourrit des T'eignes d'un beau Drap écarlate, par exemple , la nuance de Ieurs excréments fera un peu plus âle que le Drap, la couleur de la coupe en fait voir la raïfon, elle eft blanche. Les Draps écarlates font fabriqués de Laine blanche, la teinture ne pénétre pas leur intérieur, mais leur furface eft toûjours bien colorée, & les tontures font enlevées de la furface. Du refte la fécondité des Teignes nous affüre que quelque quantité que nous euflions befoin d'en élever pour des pro- vifions de couleurs confidérables, qu'il feroit aifé de le faire. Le produit de chaque Teigne ne feroit pas grand dans une année , mais le nombre des Infeétes, qui peut être multiplié au point où on le voudra, donneroit une recolte telle qu'on la défireroit ; on auroit fans frais de très-belles couleurs, & durables. Les bonnes couleurs de nos Draps ont toute la durée qu'on peut fouhaiter aux couleurs des Tableaux. Il y a même apparence que les couleurs qui ont paflé par les efto- machs de nos Infeétes, en feront devenües meilleures, par des raïifons connües de ceux qui font au fait des Teintures. Mais après tout il vaut mieux que l'expérience le confirme, es Mem. 1728, . Vu 36 Juin "1728. 338 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE RECHERCHES SUR LES CAUSES DE LA MULTIPLICATION DES ESPECES DE FRUITS. Par M. pu HAMEL. | dv multiplication d'efpeces dans les Fruits, eft un de ces faits finguliers qui attirent la curiofité de ceux mêmes qui ont le moins d'attention à obferver la Nature ; peut-on en cffet voir paroître tous Îles jours dans nos Vergers tant de nouvelles Efpeces d’Arbres fruitiers, & fervir fur nos ta- bles plufieurs fortes de Fruits, fi nouveaux par les différences de leurs figures, de leurs odeurs & de leurs faveurs, fans être curieux de chercher la caufe de ces nouveautés. Aufi cette recherche a-t-elle mérité l'attention des plus anciens Botaniftes ; car quoique le nombre des Fruits décrits dans leurs ouvrages foit très-petit, en comparaifon de Îa multitude de ceux que nous connoifions aujourd'hui, il eft toüjours conftant que ces Auteurs fe font apperçüs, comme nous, que les efpeces fe multiplioient, & ont également fou- haité en connoître la caufe. Les premiers de tous , Fhéophrafte, Diofcoride, Columel & Pline; ceux qui les ont fuivi, tels que Conradius, Herefba- chius, de Serre, Mizaud & Belleforeft, & les modernes enfin, ont unanimement regardé Ja culture ou quelqu'une de fes parties comme capables de produire ces changements. Mais l'Art peut-il troubler ainfi l'uniformité de la Nature, ou fon pouvoir fe borne-t-il à perfeétionner les variétés qu'elle nous fournit. Pour fuivre méthodiquement cet examen, je me fuis attaché à obferver en particulier quel effet chäque opération d’une bonne culture pouvoit produire fur les Arbres fruitiers. L' d-, A hi fn = - ji bre title, Le Sd né D el sr EU #2 D'LE NS A8 ic: {EN € is 339 Mais comme il eft effentiel de convenir de ce qu'on doit entendre par le mot d'efpece ; qu'il me foit permis d'aban- donner pour un moment l'examen de la Culture, pour éta- blir Le fens dans lequel j'employerai ce terme que les Anciens & les Modernes ont fouvent fubftitué à celui de variété. Car il faut avoüer que ces végétations conftantes, que ni la femence, ni la grefle, ni les différentes temperatures de J'air ne peuvent changer, devroient feules être appellées ef peces, & qu'on devroit regarder comme variétés, ces autres différences peu conftantes, que quelques-uns de ces accidents peuvent détruire ; de forte, par exemple, qu'il y a tout lieu de croire qu'on ne peut compter légitimement que deux ef- ces de Cerifes, & deux efpeces de Noifettes, l'une à fruit rond , & l'autre à fruit long, parce que ces différences pa- roifient tellement attachées à leur fruit, qu'elles ne laban- donneront jamais, foit qu'on éleve de femence les Arbres qui les portent , foit qu'on les multiplie par la greffe, foit enfin qu'on les expole à différentes cultures. Au lieu que ces différences peu ftables, que le moindre accident peut donner ou retrancher à un fruit, ne doivent être regardées que comme des variétés ; de forte que fuivant ce principe, la Cerife précoce & celle de 1a Touffaint, la Cerife d'Efpagne & celle de Montmorency, femblent n'être ue des variétés de la premiére efpece, & que la Merife, la Guigne & le Bigarcau en font de la feconde. Mais il faut avoüer qu'il feroit prefque impoffhble de dif- tinguer dans les Poires, les Pommes & fes Oranges ces véri- tables efpeces d'avec les variétés. Le nombre en eft trop grand & les expériences qu’il faudroit faire trop longues pour fe flater de fe tirer avec fuccès d’une telle entreprife. Je n'ai d’ailleurs pas cette préfomption, de croire que je fois capable de réformer un abus unanimement fuivi des Anciens & de plufieurs Modernes. Aïinfi je continüerai, pour me conformer à la maniére de parler ordinaire, de nommer efpeces, ces variétés qui ont quel- que ftabilité, & qui ne fouffrent pas d'altération confidérable Vuiï 40 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE par la greffe & la culture, quoiqu'elle change fouvent par la fe- mence, & je conferverai le mot de variété pour ces bizarreries que lune & l'autre peuvent également produire & détruire. De forte que pour tirer toüjours mon exemple du même fujet, je regarderai la Cerife à fuc noir, la Cerife blanche, la Merife, le Bigareau, comme autant d’efpeces de Cerifes, quoi- qu'on ne foit pas affüré d'avoir les mêmes femées de noyeau, parce que la premiére ne perdra point par la greffe ni par la culture la couleur de fon fuc, non plus que la feconde la couleur de fa chair, & ainfi des autres. Mais je regarderai le plus ou moins de grofleur, d’aigreur ou de douceur comme de fimples variétés, parce que les individus perdent & acquié- rent ces qualités par la greffe, par l'expofition, & les autres manœuvres d'agriculture. Au refle, foit que ces métamorphofes foient véritablement des variétés, foit qu'elles foient des elpeces différentes, elles méritent également attention d’un Botanifte, puifqu’elles font toutes des produétions de la Nature, & il n'eft pas moins intéreffant de connoître ce qui produit les unes que les autres. Ainfi voyons quelles font les principales manœuvres qu'un bon Jardinier peut mettre en ufage pour multiplier les efpeces. Celui qui veut avoir de nouveaux Fruits, ramafle avec foin des pépins ou noyaux des meilleures efpeces , comme font dans les Poires ceux de Bon-chrétien , de Vilgouleufe, de Bergamote, de’Saint-Germain & autres, fes conferve en lieux frais & fecs, pour à l'entrée de l'Hyver ou au commence- ment du Printemps les femer par rayons dans une planche de terre bien préparée de labour, dans laquelle ils doivent refler deux ou trois ans, pendant lefquels il faut les farcler fouvent, les arrofer quelquefois, & les garantir même des grandes gelées avec des paillafions. La troifiéme année il les tire de cet endroit pour les mettre en pépiniére dans une terre la plus propre qu'il pourra trouver pour les Arbres, c’eft- à dire, qui ne {oit point argilleufe, mais grafle, douce, bien terrodée, plus humide que féche, préparée de plufieurs labours, à une bonne expofition du Soleil, & à un abri avantageux; nb a. nés. DES SCIENCES. ar moyennant ces précautions , dès la feconde ou troifiéme an- née les fauvageons qui auront quelque heureufe difpofition, commenceront à fe diftinguer des autres par {a force de leur poufle, la grandeur de leurs feüilles , & principalement parce qu'ils n'auront point ou peu d'épines. C’eft fur ceux-ci que les Jardiniers fondent principalement leur efpérance, & n’at- tendent pas ordinairement le fruit de ceux qui ont toutes les marques de fauvageons, comme de petites pouffes tortüies, grèles , chargées de longues épines, & dont lès feüilles font petites, mais en font des fujets pour greffer deflus d’autres efpeces, & continüent à cultiver les autres avec foin jufqu'à ce qu'ils ayent donné leur premier fruit, c’eft alors que l'œil, & principalement le goût doivent décider de ceux qui peu- vent être perfectionnés par la greffe , car il arrive très-rare- ment de les trouver affés francs pour être fans ce fecours ad- mis au nombre des bons fruits. Il ne faut donc pas fe flater qu'une graine bien choifie & bien cultivée donnera un fruit parfait : mais il faut attendre cette perfection de la greffe, qui Yaffranchira toûjours de plus en plus à mefure qu’on la réïté- rera, fur-tout fi on l'applique fur des fujets qui ayent une féve douce, & qui porte de beaux & gros fruits, téls que le Coignaffier. Voilà en quoi confifte cette culture méthodique que je me fuis propofée d'examiner dans toutes fes circonftances, noù feulement parce qu'elle m'a paru renfermer tous les points que les meilleurs Auteurs ont regardé comme la fource des changements qui arrivent aux fruits, mais encore parce que Vexpérience m'a fait connoître combien elle eft avantageufe dans cette occafion. Ainfi il ne la faut pas regarder comme une fimple hypothefe convenable à mon füjet, mais comme une pratique utile que j'ai été bien-aife qui trouvit ici fa place pour la mettre à couvert de l'oubli, dans lequel tom- bent les meilleures chofes , lorfqu’on néglige de les décrire. - Mais pour revenir à mon fujet : quelles font les circonf- - tances les plus effentielles à cette manœuvre ? Bien choifir la femence, lui procurer un prompt accroiflement par une Vu ii 342 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE bonne culture ; placer chaque Arbre dans la terre qui lui eft propre, & enfin les perfeétionner par la greffe. Mais je ne vois rien en tout ceci qui foit capable de chan- ger les cfpeces, puifqu'on ne choifit le pépin d'un beau & bon fruit que dans l'efpérance qu’il héritera des bonnes qua- lités de l’Arbre qui la produit, & parce que l'expérience a fait connoitre que l'Amadotte & le Bfideri qui ont été trou- vés dans les Forêts, ne font pas des fruits comparables à la Marquife &. à la Paflorale, qui ont pris leur origine dans nos Pépiniéres. Que peut-on donc efperer de plus des Jabours & du choix d’une bonne terre que plus ou moins de groffeur, de couleur, de faveur ; variétés qui toutes donnent un mérite efentiel à un fruit, mais qui font fouvent accidentelles dans la même efpece, puifqu'un Bon-chrétien planté au Nord, au Midi, dans une terre humide ou dans une terre féche, continüera toûjours d'être un Pon-chrétien, quoique fuivant fes diffé- rentes fituations il ait ou la peau verte & épaifle, ou la chair fpongieufe & fans goût , ou une peau jaune , mince, avec une chair fucrée, caflante & agréable. I ne refle donc que li greffe à examiner, qui peut-être produit feule tous ces changemens ; examen difficile, je l'avoüe, à caufe de la petitefie infinie des vilceres que la Na- ture employe dans cette opération. Voici cependant comme je conçois la chofe. Plufieurs ha- biles Phificiens n'ont pas feulement attribué les différentes métamorphofes que la féve prend dans les Plantes aux tritu- rations, fermentations, rarefactions & condenfations , mais encore aux filtrations & fécrétions. Pourquoi en cffet les différentes figures de ces conduits où tuyaux deftinés à porter la féve, comme l'ont remarqué M.'5 Grew, Malpighi, Lewenouh & Mariotte, pourquoi les contours différents de ces tuyaux, qui par leur direction bizarre, leurs plis & replis, imitent fi bien les glandes des Animaux, organes qu'on remarque principalement à l'infer- tion des racines aux tiges ; pourquoi ces parenchimes, ces | Bet le vE NiciEis 343) placenta (termes dont je me fers après M. de Tournefort; pour exprimer ces changements de fubftance qui fe rencon- trent aux environs des fruits) finon pour féparer de la féve les parties propres à nourrir les fruits de celles qui font in- utiles ? Pourquoi enfin (comme l'a remarqué M. Grew } la féve dans les Plantes naïflantes cft-elle obligée de pafler de la radicule des femences dans les amandes avant que d'être por- téc à la plume, finon pour opérer ces fécrétions. Eft-il en effet plus difficile de concevoir comment diffé- rents philtres pourront féparer de la féve les parties propres à former le bois, l'écorce, le parenchime, les fleurs & les fruits, qu’il left de les regarder comme capables de {parer du fang les parties convenables à former les os, les cartilages, les tendons & les parties charnües. Mais c'en eft affés de dit fur ces philtres, pour faire com- prendre quelle eft mon idée par rapport à la greffe : ainfi j'y reviens. Les fibres creufes ou les tuyaux qui font deftinés à porter la féve, font, comme je viens de dire, de différentes figures ; ainfi lorfqu'on appliquera la greffe fur le fujet, il fe doit faire plufieurs feétions tant dans les orifices de la greffe que dans ceux du fujet, ce qui produit néceflairement un phiültre plus fin , l'union de la greffe avec le fujet ne fe peut faire fans un allongement tant de la part des fibres de la greffe que de celles du fujet, qui dans cet allongement doivent faire diffé- rentes infléxions, divers plis & replis, pour s’ajufter &c s’anaf- tomofer les unes avec les autres, parce qu’il n’eft pas poflible que les tuyaux de la greffe pofés au hazard, & qui font de différentes figures que ceux du fujet, répondent affés direéte- ment les uns aux autres pour que la féve les enfile fans être obligée de fouffrir quelque infléxion. Ce raifonnement n’eft point le fruit d’une pure imagina- tion qui cherche des vrai-femblances, mais la fuite d’un nom- bre d'obfervations que j'ai faites fur la greffe ; car pour dé- couvrir ce qui fe pafloit dans l'endroit de l'application que jai reconnu par mes obfervations être le feul où fe peut opérer 344 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIE RoYaLeE tout fe miflere, j'ai fcié, fendu, coupé & éclaté une quantité de greffes & d'écuflons. J'ai choifi pour ces obfervations, tantôt un Arbre greffé fur fon femblable, comme Pommier fur Pommier, Poirier fur Poirier, Prunier fur Prunier, & tantôt un Arbre greffé [ur différentes efpeces, comme Pécher fur Prunier & Amandier fur Prunier, dans l'efpérance que le changement de bois feroit plus favorable à mes recherches. Dans la même vüé, j'ai encore quelquefois pris des Arbres dont la greffe étoit morte & le fujet vivant, ou dont tous les deux étoient morts ou à moitié pourris. En un mot, j'ai pris quantité de précautions que l'on s’imagine bien qui peu- vent venir à l’efprit de ceux qui font des obfervations, mais qu'il feroit ici & trop long & affés difficile de rapporter. II fuffit de fcavoir que dans ces différents examens, j'ai toûjours reconnu plus ou moins clairement que les fibres de la greffe dans cette groffeur qui ne manque guere de fe trouver à l'endroit de fon application, changent totalement de direétion, tantôt {e pliant & repliant fur elles-mêmes en ziczac, & tantôt formant plufieurs révolutions d’une maniére affés irréguliére. J'ai encore fouvent remarqué entre la greffe & le fujet un petit intervalle rempli d'une fubftance plus rare que le refte, & approchante en quelque façon de la nature de la moële. Je me flate que ceux qui ont quelque connoiïffance de Ja ftructure des glandes, trouveront comme moi ici quelque chofe qui approche de feur mécanique, & ne refuferont point de reconnoïtre dans la greffe un vifcere nouveau qui peut changer en quelque chofe la nature de la greffe, ou plütôt la qualité de {es produétions. C'eft ce qui fait qu'un Sauvageon greffé fur lui-même; acquiert un degré de perfection, & greffé fur un autre, quoi- ue d'aufli mauvaife qualité que lui, en acquiert un plus fenfible : mais pour que cette différence foit plus manifefte, il faut choifir des fujets qui ayent une féve douce, le fruit gros, l'écorce fine & de belle couleur, la chair délicate, & les autres qualités qui peuvent faire un bon fruit , parce que la greffe ne pouvant {e nourrir que de la fubftance du fujet fur L . | | DES SCIENCES, 45 fur lequel elle ft appliquée, il eft naturel qu'elle tienne un peu de fes qualités avantageufes ou de fes vices. L'on m'objectera peut-être qu'un Sauvageon greffé fur un Arbre affranchi , quoiqu'il perde de fon acreté, ne laifle pas d'en conferver plus que le fujet fur lequel il étoit appliqué. Je conviens de l'expérience, & il eft vrai qu’elle paroît oppofée à ce que j'ai avancé; car fi les métamorpholes de la féve font occafionnées principalement par les différents philtres, où le Sauvageon qui eft greffé fur un Arbre affran- chi pourra-t-il prendre les parties acres qui fe trouvent dans fon fruit , puifqu'il ne peut avoir de féve que par l'entremife des racines, & même du tronc de l’Arbre affranchi? . Maïs quelque fpecieufe que paroifle cette expérience, elle ne détruit pas néantmoïins ma conjecture, puifqu'il eft cer- tain que les philtres des racines & des tiges ne font que com- mencer à perfectionner la féve , & qu'il doit s'en trouver d'autres, ou dans les petites branches, ou à l'approche des fruits qui achevent de la préparer, & d’en féparer les parties ‘fuaves & agréables des autres. Plus on a de fujet de doute, plus on a befoin d'éclaircif- fement. C'eft ce qui m'oblige d'appuyer ceci par quelques “expériences. La premiére confifte à goûter les feüilles & les branches : d'un Arbre qui a le fruit doux, par exemple d’un Pécher ; on trouvera une féve extrêmement acre & amere, qui fait voir le befoin qu'elle a d'être reétifiée avant de pañler dans des -fruits, &: cette rectification {e. fait néceffairement aux “äpproches de ces fruits , ce qui me paroît affés bien prouvé par les expériences fuivantes. Si lon greffe par approche un fruit, comme feroit un -Citron, une Orange ou un Balotin fur une efpece différente d'Oranger , telle que peut être le Sauvageon , elle y groffira ‘fans beaucoup changer de nature, quoique fa queüe n'ait que :deux ou trois doigts de Jongueur. -. Le S.7 Doré, Jardinier-Orangifte d'Orléans, fit préfent à feu M.s' le Dauphin , d'un Oranger fur lequel il avoit grefté Mem. 1728, de. à « 346 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de cette maniére cent fruits, la plüpart de différentes efpeces ; ce qui fait connoître qu'il y a des organes aux approches des fruits qui changent totalement la féve, & c’eft, je crois, au dérangement de ces ‘philtres, occafionné par la rigueur des Saifons, qu'on peut attribuer amertume infupportable qu'ont les Pêches en certaities années. Si en effet la glande, le philtre ou le nœud, qui eft pro- duit par l'application de la greffe, étoient capables de changer fi confidérablement la féve, elle feroit un fruit totalement différent de celui qu'on auroit appliqué deffus, ce qu'elle ne fait pas, elle donne feulement une petite perfeétion à la féve, qui ne laïfle pas de fe faire remarquer dans le fruit. De cet examen, il s’enfuivroit que la greffe ne feroit, comme les autres manœuvres d'agriculture, que perfection. ner les fruits, & ne pourroit en aucune maniére changer leur nature, ce qui eft vrai à la lettre, quoiqu'en difent les Au- teurs d'Agriculture : ce que je vais prouver par quelques expériences, Pour m'affürer des changements qu'on pouvoit efperer de la greffe appliquée fur différents fujets, j'ai greffé une même cfpece de Prunes appelées dans quelques pays la Reine-Claude, dans quelques autres le Damas vert, où le Damas gris , fur de Prunier de Damas noir, fur ' Amandier & fur le Pêcher, &. j'ai toûjours eu la même Prune, quoique la féve de ces trois Arbres foit très-différente. Tous les jours on greffe 1e Pêcher fur l'Amandier & fur le Prunier, ce qui ne produit aucun changement dans des efpeces ; lon greffe auffi communément de Poirier fur de Sauvageon & fur le Coignaflier , fans que la différence qui en réfulte, faffe aucun changement dans les efpeces. J'ai greffé YAmandier fur le Prunier, & j'ai eu des feüilles & des bran- ches pareilles à celles de l'Arbre qui n''avoit fourni la greffe. Je joindrai à ces expériences un nombre d’autres greffés qui n'ont point encore donné de fruits, mais qui par les feüilles & les pouffes qu'elles ont faites, me font juger que le fruit n'aura rien de! nouveau, » DES SCIENCES. 347 J'ai greffé un Néflier fur le Coignaffier & fur l'Epine, les poufles que m'ont donné ces greffes ne me paroiffent avoir aucune différence fenfible. J'ai greffé le Meurier noir fur le Coignaffer, l'Epine blan- che fur le même fujet, auffi-bien que le Pècher ; j'ai encore greffé le Poirier fur 'Epine, fur fOrme, fur l'Erable , fur le Charme, fur le Chêne, & le Cerifier fur le Laurier-Cerife ; j'ai fait plus, car après avoir greffé un Coignaflier fur un Sauvageon-Poirier, j'ai greffé un Poirier de Bon-chrétien fur la poufle du Coignaffier, la plüpart de ces greffes qui ont affés bien pris, donnent des feüilles & des rameaux qui me paroiflent avoir une parfaite refflemblance avec Arbre fur lequel je les ai prifes *. Mon intention, en faïfant ces expériences, ayant été de ‘vérifier plufieurs faits rapportés dans les ouvrages d’Agricul- ture, J'aurai lieu dans la fuite de rendre compte à l'Académie de leurs différents fuccès. Quoiqu'il en foit, il faut cependant avoüer que la greffe a un peu plus de part à la multiplication des efpeces que toutes les autres manœuvres d'Agriculture, parce qu'elle rend un peu plus conftantes les variétés qu'une culture longue & aflidüe a opéré, de forte qu'un Arbre fruitier à qui l'Art aura donné quelques qualités avantageules, fera moins fujet à les perdre après avoir été greffé que ne l'ayant pas été, c’eft pourquoi M. de a Quintinie s’eft fi fort étendu fur le choix des greffes. Maïs nous voyons des changements bien plus eflentiels, plus fubits & plus conftants, que l'Art ne peut en aucune maniére opérer. Il faut donc avoir recours à une autre caufe. Je fouhaiterois, après avoir renouvellé une difficulté, être en état d’en donner une jufte folution : mais je ne me propofe ici que de rapporter quelques conjeétures, qui par leur fim- plicité & leur naturel m'ont paru mériter de l'attention. Dans le nombre des Auteurs qui ont examiné Ja phifique * La plüpart de ces greffes que j'ai faites trois ans de fuite, en œil pouffant, en fente & en œil dormant , ont péri en Automne, ou fa feconde année, X x ij U 48 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE des Plantes, il y en a d'anciens & de modernes qui compa- rent avec beaucoup de vrai-femblance la multiplication des Plantes à celle des Animaux , c’eft-à-dire, qu'ils la font con- fifter dans le concours des deux fexes , d'où réfulte la fécon- dité d’un œuf qui n’a plus befoin que d'un certain degré de chaleur & d'humidité pour que les parties de F'Animal ou de la Plante dont il eft le principe, fe développent & acquiérent de l'étendüc. Sans que je fois obligé de rapporter comment ceux qui ont été de ce fentiment l'ont expliqué, l'on peut s'en éclaircir dans le difcours de Camerarius , du Sexe des Plantes, dans le Mémoire de M. Geoffroy le cadet fur la firucture des Fleurs, & dans celui de M. Vaillant. Je me con- tentcrai, pour faire voir que ce fentiment n’eft pas nouveau, de rapporter un pañlage de Pline & un de Jonflon. C'eft ainfr que s'explique le premier de ces Auteurs : Weneris intellelum marefque afflatu quodam &r pulvere ctiam fwminas maritare. Et Jonfton : Maritare quadam necefle efl hinc maris &r Jfœmine confufa in illis prindipia funt. C'eft en fuivant, cette comparaifon, que j'ai crü pouvoir expliquer les variétés qui fe trouvent dans les Végétaux par celles que lon remarque fi fouvent dans les Animaux , ainff de même que de l'accouplement de deux efpeces de Chiens, il en vient un qui tient de fun & de F'autre, auquel on a donné le nom de Mety ; de la même maniére, lorfque le vent aura porté la pouffiére des étamines de quelques efpeces de Poires fur le piftile d'un autre, il en réfultera une femence dont le germe tiendra de l'un & de l'autre. Pour comprendre la vrai-femblance de cette conjeéture, il fuffit de faire attention que prefque tous les fruits que les Jardiniers appellent nouveaux , ne font que des compolés d’au- tres plus anciens que l'on y reconnoit très-aifément : en voici un exemple. Le Colmard, que les habiles Jardiniers difent être venu d'un pépin de Bon-chrétien, n'eft qu'un compofé de Bon- chrétien & de Bergamotte d'Automne. D'où vient cetie ana- logie ? d'où vient cette reffemblance ? TPS ie Se ls He D “di os di ETES | DES SCIENCES. | 349 Je ferois fort porté à croire que le Colmard feroit venu comme le penfent nos Jardiniers , d'un pépin de Bon-chré- tien, mais fécondé par'une Bergamotte, ce qui peut fe faite très-facilement dans les Vergers, où toutes les efpeces [ont pèle-mêle, mais bien plus difficilement dans les Bois, où ce mlange d'efpece ne fe rencontre pas fi communément, auflt remarque-t-on qu'ils font plus conftants dans leur production que ne font ceux de nos Jardins. mon Si l'on goûtoit les fruits avec attention, on pourroit trou- ver quantité d'exemples femblables au Colmard. Il faut ce- pendant avoüer qu'il fe trouve des fruits d'un goût & d'une féve fi extraordinaire, qu'il feroit difhcile de les rapporter à des efpeces connües ; je né crois pas cependant qu'on puifle tirer de cette obfervation un argument capable de détruire cette conjecture, puifque le mêlange de deux féves peut pro- duire un compofé bizarre, peut-être même occafionner une fermentation qui les déguile totalement. + Il y a même des fruits où ce mêlange eft imparfait, de forte que les efpeces font affés diftinétes pour qu'on puiffe manger un quartier d'un fruit féparé & diftinét de celui avec Jequel il eff joint , tel eft dans les Oranges l'Hermaphrodite ou le Monftre, qui fur le même Arbre produit la Bigarade, le Citron & le Balotin féparés fur différentes branches ou unies & raflemblées par quartiers dans un mème fruit. Telle eft aufli cette efpece de Raïfin qui produit fur le même Sep des grappes rouges & des grappes blanches , fur une, même grappe des Raïfins rouges & blancs, ou dont les grains font moitié rouges & moitié blancs. Je n'ai pü encore niafiürer par l'expérience, f1 les moyens que les Auteurs nous dort. nent pour nous procurer ces fortes d’Axrbres font vrais ,c’eft pourquoi je n'ofe foupçonner la caufe de ces variétés dans le mélange des pouffiéres, quoique nous voyons tous les jours dans une même portée des Chiens qui tiennent entiérement de la mere, d’autres du pere, d’autres de tous les deux, 2& même quelques-uns qui ont les deux efpecés tellement dif tinétes, que la moitié de leur. corps reffemble au pere, & X%x ii 350 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE l'autre à la mere : mais les expériences fe font, & nous au- rons foin de rapporter à la Compagnie quel en fera le fuccès & les lumiéres que nous en aurons pü tirer. Je crois qu'on peut fe fervir de cette conjeéture pour ex- liquer les variétés infinies qui arrivent dans certains genres de Plantes, puifqu'elles font d'autant plus fréquentes, que les différentes efpeces d'un même genre font raflemblées en plus grand nombre, c'eft ce qui fait que certaines Plantes à la Campagne ne donnent aucune variété, & en font une fource prodigieufe dans nos Jardins. Le Coquelicot P. E. vient toüjours le même dans nos Bleds, & varie infiniment dans les Jardins ; il eft très-rare de trouver des variétés dans les Primeverts de la Campagne, & il ya peu de Plantes qui en fournifient davantage, lorf- w'elle eft dans les Parterres. La caufe du fuccès qu'ont eu quelques Fleuriftes dans leurs femences, n’eft-elle pas une fuite de ce que je viens de dire, puifque rien ne facilite plus ces variétés accidentelles que le foin particulier que prennent certains curieux de méler leurs différentes efpeces de Tulipes, d'Oreilles d'Ours & d'Ocillets ? Leur intention , à la vérité , eft de contenter la vüë, mais ils fe procurent, fans le fçavoir , un avantage qu'ils ont fouvent attribué à différentes infufions dans lefquelles ils mettoient tremper leurs graines , à quelques couleurs qu'ils méloient dans la terre de leur Jardin, à des objets de différentes cou- leurs qu'ils préfentoient à leurs Plantes, ou enfin à une faveur du hazard qu’ils fe croyoient perfonnelle. J'ai effayé les infu- fions & les mélanges de couleurs, qui ne m'ont point réuffi, & j'ai crû qu'il n'étoit pas befoin de l'expérience pour dé- truire les deux derniers moyens. Rien n'eft plus aifé que de concevoir la multitude prodi- gieufe de variétés qui doivent naître de ces différents mê- langes, car lorfque la pouffiére des étamines d'une Oreille d'Ours rouge aura fécondé une Oreille d'Ours blanche, la graine qui en viendra doit produire une Oreille d'Ours dont non feulement les pétales feront panachées de rouge &cde 2 D EIS:SIONIENN CES MU gsa blanc ; mais dont les embrions & da poufliére des étamines participera de lun ou de f'autre. Pour lors cette Plante n’a plus befoin pour faire des panaches, d’être fécondée par un autre, puifqu'elle poflede non feulement la difpofition des parties propres à faire le rouge & le blanc , mais encore dif- férents mélanges de ces deux couleurs, qui combinées les nes avoc les autres, peuvent faire différentes coupes de nuances fort agréables. Je pourrois dire 11 même chofe du jaune, du bleu & du verd, mais je crois en avoir affés dit poux faire comprendre que l'infini des variétés neft pas plus étendu que peut, l'être celui de ces mélanges, & rien n’eft plus conformelque ceci à l'exemple que j'ai déja rapporté, puifque deux Chiens de différentes efpeces font des Métis, & ces Métis en font en- core d’autres, ce qui donne naiflance à une multiplication d’elpece ‘qui n'a point de borne, S'ors | Arhrn En füivant toûjours cette comparaïfon , lon conçoit aifé- ment que le différent arrangement organique des parties doit empécher les genres de fe confondre, & que fi cela arrivoit quelquefois, il n'en naîtroit qu'un Monfire, qui.ne pourroit æn aucune maniére produire fon femblable, du moins ;par da femence. L'on conçoit également que da difproportion de grandeur &de groffeur dans les Plantes de même genre, doit étre un inconvenient au mélange:d'efpece ; de même que de différence du temps dans lequel elles fleuriffent ; 83e défaut du voifmage, & c'eftà quelques-unes de ces caufes!.qu'où peut attribuer l'uniformité que ion raanqié dâns iceriains pénres, comme de Bled, Orge, T'Avoine ,& autres grains qui fe donnent point ou très-peu de variétés ; oblervation que Ton peut faire également dans: quelques efpeces d'animaux, comme les Moutons;,les Bœufs, a |prefque tout le beftid. + On remarque que deux Plantes qui paroiffent avoir beau- coup de refflemblance, fe trouvent confufément dans le même champ fans fe confondre, pendant que d'autres qui font en apparence aflés difflemblables, s’allient & donnent des variétés. Imitation exaéte de ce qui fe pañle dans les Animaux, VLQ\T RAA AT 352 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE uifqu'il paroît beaucoup plus de reffemblance entre la Poule d'Inde & le Paon qu'entre la Poule domeftique & le Faïfan, Cependant plufieurs perfonnes m'ont aflüré que la derniére prend fouvent le Faïfan pour fon Cocq, & je fuis certain que la premiére ne prend point le Paon. « Mais je crois qu'il ne faut pas confondre, avec les variétés dont je viens de parler , certaines monftrofités ou maladies que plufieurs Auteurs ont cependant regardé comme des ef- peces nouvelles, telles que les Plantes à tiges plates, les Plantes panachées & les Fleurs doubles. Car je compare ces fortes d'accidents dans les Plantes à ces défauts héréditaires & propres à une famille entiére , telle qu'une poitrine délicate ou un vice de configuration dans quelque membre, & je leur conçois une pareille origine, c'eft-à-dire , quelque accident qui eft ordinairement dans les Animaux, une chûte, & ainfi du refte, & dans les Végétaux une grêle, un rayon de Soleil, la picqueure d’un Infcéte, ou même la trop grande abondance de la féve qui dilate les vaifleaux d’une jeune Plante, ou y forme des calus, des obf- tructions qui la déguifent diverfement. Mais ces accidents ne font point de mon füujet, & pourront fournir la matiére d'une autre diflertation, il fufiit pour le préfent d'en avoir dit un mot pour faire remarquer qu'il ne faut point les con- fondre avec ces variétés heureufes par lefquelles les Plantes, fans s'éloigner de la loi qui leur a été prefcrite de travailler à da multiplication de leur efpece, fe rendent, une fource in- épuifablerde biens & d'agréments. Peut-être ces réfléxions mous engageront-elles aufli à affecter ce mélange & cette confufion dans les efpeces de Fruits qu'obfervent les Fleuriftes, pour nous procurer par le moyen des femences une fuite plus nombreufe de nouvelles & excellentes efpeces de Fruits. li AV: 64 EXPLICATION | “op DES SCIENCES, 353 EXPLICATION DE LA PREMIÈRE PLANCHE, Qui répréfente plufieurs coupes de Greffés dans l'écorce, appellées ordinairement E'cuflons. Frcure 4 C Oupe perpendiculaire de la greffe d’un Pécher fur Prunier. A. Le bois du Pêcher dans l'endroit de l'application dela greffe, où l’on peut remarquer la direction des fibres, qui eft affés réguliére jufqu'en 2, & depuis Z jufqu'en C eft très-irréguliére, D. Le Prunier. F1G. 11 Eft une coupe d'une greffe de Pommier fur Pom- . P L £ » . mier, & dont l'un & l’autre étoient morts. On y peut faire les mêmes obfervations que fur la Fig. L F16c. III. Eft une coupe horifontale & perpendiculaire de la greffe de Pêcher fur Prunier, où l'on peut remarquer, tant dans le plan vertical que dans Yhorifontal , une direction de fibres fort bizarre. ÆF1c. IV. Eft une jeune greffe fendüe & non polie comme les précédentes ; ce qui donne lieu d’apperce- voir-plus clairement le changement de la direc- tion des fibres dans le nœud à l'endroit de l'ap- plication de Ia greffe. F1c. V. Repréfente une greffe éclatée dans un fens contraire; c'eft-à-dire, féparée dans le même fens qu’elle avoit été appliquée. On y découvre très-claire- ment le changement de direétion que les fibres, tant de la greffe que du füujet, ont été obligées de prendre pour s’ajufter les unes avec les autres. À, le fujet, 2, la greffe, Mem. 1728, s Yy 354 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE EXPLICATION DE LA SECONDE PLANCHE, Qui repréfente deux coupes de Greffe en fente. La Figure premiére repréfente une greffe en fente, coupée perpendiculairement. À, la tête de fa greffe. a, le coin de la greffe. Z, le fujet. ©, l'endroit de l'application où la direc- tion des fibres eft très-irréguliére. IL faut obferver qu'il n'y a point de changement de direction aux environs du coin a, auffi la greffe ne fe colle-t-elle point au fujet par cet endroit. La Figure feconde repréfente une greffe de Jafmin d’Ef pagne fur le Jafmin commun. À, le Jafmin d'Efpagne. 2, le Jafmin commun. Mem .de L! 7 l'Acad 1728. Pli7pag 354 LA À Ni te \Kh (& 18 PAJ.3,54 | \ | Mem, de l'Acad. 1729. Plag 7 MR 5 PEL C2, Mem , de l'Acad 17 29. Plig Pag.354 LL ‘ubt À , HA a DES Sc r EN else cUTÉ EPPPASNENR PAT TAIIONNSS SUR QUELQUES EXPERIENCES DE LL AT MA N,T Par M Du Far. : Me Nature n'a peut-être jamais rien produit de plus fé- cond en miracles que l'Aimant ; ce n’eft point l'utilité infinie de ce Minéral qui a attiré la premiére admiration des hommes : on ne connoifloit encore que la moindre partie de fes propriétés, & cependant les plus grands Phyficiens le ju- geoient digne de leurs recherches. Devenu d’un ufage nécef- faire dans la Navigation, l'attention des Philofophes a redou- blé, il a paru de tous côtés des Ecrits fur l'Aimant, on lui a découvert de nouvelles propriétés, on a cherché lexplica- tion de toutes. fes merveilles, on a imaginé des Syftêmes fans 13 Nov. 1728. nombre , enfin ce feroit un travail très-confidérable aujour- d'hui que de lire feulement tout ce qui a été écrit fur l’Aï- mant. [ femble qu'après tant de recherches, il y ait de Ia témérité à travailler fur la même matiére, mais ceux qui connoiffent l'étude de la Phyfique, fcavent affés combien les moindres fujets font féconds, quand on veut les examiner avec foin ; que ne doit-on point donc attendre de celui de tous qui paroït, aux yeux même du vulgaire , aflemblage des plus merveilleux Phénomenes! Parmi les expériences innombrables qui ont été faites fur TAïimant, je me fuis propofé d'en examiner une déja connüe, mais qui ma paru mériter une attention particuliére, par la liaifon intime qu'elle a avec le Syftème général du Monde. La plüpart de ceux qui en ont parlé, y ont remarqué des va- riétés qui leur ont fait penfer que cette expérience étoit ca- pricieule , qu'elle n’arrivoit pas toûjours de même, & qui Yyi 356 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLe s'y trouvoit fouvent des contrariétés ; mais il y a apparence que cela ne leur eft arrivé que pour n'avoir pas pris affés de {foin d’en obferver exaétement toutes les circonflances. Voici l'expérience de la maniére qu'elle réüflit toüjours, & fans jamais fe déranger. On prend une barre de Fer, une tringle, ou tel autre morceau de Fer que ce foit , long de deux pieds ou environ, & gros comme le doigt, plus ou moins, la grofleur ni la longueur n'importent en rien, & je ne donne ces proportions que pour le plus de commodité; il faut que ce morceau de Fer ait été quelque temps couché dans une fituation à peu-près horifontale fans égard pour fa direction , il eft peut-être mieux cependant qu'elle fe foit trouvée de J'Eft à l'Oüeft : il faut auffr que ce Fer n'ait été aimanté en. aucune façon, & pour s’aflurer s'il a toutes les qualités qu'on lui demande, il n'y a qu'à le tenir dans a fitua- tion la plus horifontale qu'il eft pofüble , & approcher ainfi fes deux bouts fucceflivement d'une Aiguille aimantée, ob- fervant que le Fer fafle avec l’Aiguille deux angles droits ; on verra que ce Fer n’attirera pas un des bouts de l'Aiguille plûtôt que l'autre, mais qu'ils demeureront immobiles fans s'en approcher, ni s'en éloigner. Dans cette fituation, & lorfqu'un des bouts de la barre eft proche de l’Aiguille, fL lon abbaifle l'autre bout de la barre, celui qui eft demeuré immobile attirera fubitement le nord de l'Aiguille, & fi au contraire on éleve ce même bout, celui qui eft demeuré im- mobile attirera le fud : fi l’on change la barre de bout, c'eft- à-dire, qu'on approche de l’Aiguille celui qui en étoit éloigné, l'expérience fera la même, & le nord de l’Aiguille s’en appro- chera toûjours, lorfqu’on baïffera l'autre bout de Ia barre de la même maniére que fera le fud , lorfqu'on élevera ce bout. Cette expérience arrivera toûjours conftamment & fans au- cune variété, pourvû qu'on ait attention à toutes les circonf-. tances que j'ai marquées. Si tenant cette même barre de Fer dans une fituation per- pendiculaire, on approche fon bout fupérieur, quel qu’il foit, de l’Aiguille aimantée, i'attirera le nord de l'Aiguille ; fr lon DES SCIENCES. 357 éleve doucement la barre, la tenant toûjours perpendiculaire, on verra que lorfque le milieu de fa Iongueur fera parvenu à la hauteur de YAipguille, elle ceffera d'attirer le nord, & deviendra indifférente pour l'un ou l’autre pole ; maïs fi conti- nuant d'élever la barre verticalement, fa plus grande longueur eft au deffus de l'Aiïguille, on la voit tourner fur le champ, & préfenter à la barre le pole du fud, au lieu du nord qui s'y dirigcoit d'abord. L'expérience fera encore la même, f Von retourne la barre, c’eft-à-dire, fi l'on met en haut le bout qui étoit d'abord inférieur, & l’on verra toüjours que fi la plus grande longueur de Ia barre eft au deffus de Aiguille, elle préfentera le fud, & qu’au contraire fi elle eft au deffous, elle préfentera le nord. Quelque uniformité qu’il y ait dans cette expérience, il y a plufieurs circonftances dont nous n'avons point parlé, & qu'il eft bon d'obferver. La moindre vertu magnétique qu'ait contractée la barre de Fer, foit en approchant d'un Aimant, foit par la fituation où elle auroït pù être quelque temps, eft capable d'y apporter du dérangement , ce que nous avons déja laiflé entendre , lorfque nous avons parlé des précautions néceffaires pour que le Fer en foit entiérement dénué, mais ce n'eft pas tout encore, & la forme particuliére du Fer eft auffi à confidérer ; fr ce Fer eft plus épais à un bout qu'à l'au- tre, le changement de FAïguille ne fe fera pas au milieu de fa longueur , mais vers fon. centre de gravité, c’eft-à-dire, qu'étant placé verticalement, de forte que a moitié de fa longueur foit au deflus de l'Aiguille, &'autre moitié au def fous, Aiguille préfentera le nord, fr la partie la plus groffe: eft en bas, & le fud, fi elle eft en haut, & que pour faire changer la direction de J’Aiguille, il faudra élever ou abbaifier: la barre, en forte que la partie qui eft au deflus foit’, non pas’ auffi longue, mais auffi pefante que celle qui eft au deffous. IL eft encore néceflaire , avant d'aller plus loin, de faire . une obfervation dans la pratique de cette expérience : lAï- guille aimantée étant pofée librement fur fon pivot, fe dirige naturellement vers les Poles du Monde (on voit aflés que je Y y i 358 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fais ici abftraétion totale de fa déclinaifon ) elle retourne à cette direction fi on l'en écarte, & cela avec une force dé- terminée, plus grande ou moindre felon la maffe de l'Aiguille, la finefle de fon pivot, la bonté de la Pierre fur laquelle elle a été frottée, la difpofition même de l’Acier à acquerir les propriétés de l'Aimant ; ces différentes circonftances augmen- tent ou diminüent fa tendance vers les poles, & cette ten- dance eft extrémement à confidérer’ dans nôtre expérience. Si l' Aiguille eft fort bien aimantée, & fort libre fur fon pivot, fa tendance vers les poles fera telle, qu'il ne faut pas s’atten- dre à ramener vers le nord le bout qui fe dirige naturellement vers le fud avec un auffi foible Aimant que left une barre de Fer qui ne tire fa vertu que de la difpofition refpective de fes deux bouts, mais on les amencra facilement l'un & l'autre jufqu'à l'équateur, & même plus loin, fi la barre de Fer eft un peu grofle, & qu'on ne l'approche pas d'abord trop près du bout qu'elle ne doit point attirer, car fi elle venoïit à le toucher, elle s’'aimanteroit un peu, & ce feroit pour lors que l'expérience pourroit étre troublée ; mais pour éviter tout in- convénient, if faut préfenter la barre dans le plan de l'équa- teur de PAiguille, & l'on verra fes poles fe déterminer tout d'un coup, comme nous l'avons dit, fuivant l'élévation, l'ab- baïffement, ou la fituation horifontale de 1a barre. Cette expérience , quoique connüe , m'avoit point été, à ce que je crois, examinée avec autant de foin, & même, fr j'ofe le dire, elle étoit aflés imparfaite. En voici une autre dont on verra facilement la liaifon avec celle-ci, mais qui, je crois, n'y avoit point été jointe avant fe Mémoire que donna M. de Reaumur en 1723 fur la maniére dont le Fer s'aimante; cette expérience ne faifant point alors Fobjet de fes recher- ches;, il n'en a dit qu'un mot en paffant, & comme elle a beaucoup de conformité avec celle que je viens de rapporter, je crois devoir lexaminer avec un peu plus de détail. Les pelles, pincettes & autres inftruments de Fer, qui font le plus fouvent dans une fituation verticale, s’aimantent na- turellement , leur bout fupérieur acquiert la vertu d'attirer le Léon DES SCIENCES. 359 nord de l’Aiguille, & leur bout inférieur en attire le fad. Cette expérience ft très-ancienne, & prefque tous les Au- teurs qui ont traité de l’'Aimant avec quelque exactitude en ont parlé; mais je ne crois point qu'on ait affés diftingué cette expérience de celle que j'ai rapportée la premiére, & cette difficulté n'a point échappé à M.de Reaumur, lorfqu'il dit : Qu'on trouve quelquefois les mêmes poles , lorfqu'on tient les pelles & pincettes horifontalement ; que quelquefois aufli on ne les retrouve pas , & qu'enfin il eft rare qu'on les trouve , fr on renverfe ces inftruments de haut en bas. Ce font ces irrégularités apparentes qui ont excité ma curiofité, & j'ai crû qu'avec une attention fcrupuleufe, & des expé- riences fouvent réitérées, on pourroit du moins s'affürer des faits, & démêler ce que cette expérience a de particulier, ou de commun avec celle que je viens de rapporter. Lorfqu'on a approché d’une Aiguille aimantée le bout fu- périeur d'une pincette , on la tenoit, fans y faire attention, dans une fituation verticale, & le bout inférieur {e trouvoit naturellement en bas, ainf l'Aiguille préfentoit le nord, & c'étoit le cas de la premiére expérience faite avec la barre de Fer ; lorfqu'on approchoit de l'Aïguille Le bout inférieur de la pincette, l'autre bout fe trouvoit naturellement en haut , & l’Aiguille préfentoit le fud, c'étoit encore là le cas de la barre de Fer , jufques-là nulle différence, & l'expérience eft toû- jours la même : fi lon renverloit la pincette, & qu'alors on approchât fucceflivement fes bouts de l’Aïguille, on trouvoit FA variétés dans l'expérience, & elle ne réuffifloit pas toù- jours ; on la jugeoit incertaine, & on en demeuroit-1à: cela m'eft arrivé comme à tout le monde, j'ai été rebuté comme les autres, mais je fuis revenu à la charge , & voici comme je m'y fuis pris. J'ai approché d'une Aïguille aimantée le bout fupérieur d'une pincette difpofée horifontalement, il eft arrivé pour lors très-fenfiblement que ce bout a attiré le nord, le bout inférieur a attiré le fud avec encore plus de force, en obfer- vant es mêmes circonftances. Il eft donc réellement vrai. 360 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE que, toutes chofes étant égales d'ailleurs, les pelles & pincettes ont la vertu d'attirer le nord par {eur bout fupérieur , & le fud par leur bout inférieur ; elles font donc de cette efpece de Fer qui ft effectivement aimanté, & que, par cette rai- fon, j'ai exclu de la premiére expérience. Si tenant les pin- cettes dans leur fituation naturelle, & verticale, on les éleve doucement le long de l'Aïguille, elle fe tournera lorfque 1e centre de gravité de la pincette fera proche d'elle, & préfen- tera le fud, mais tout cela ne vient que de fa fituation actuelle, de même qu'il arrive à la barre de Fer ; car fi on la retourne, on trouvera des variétés qui dépendent du plus ou du moins de vertu magnétique de la pincette, mais qui font toûjours conftantes, fi l’on fe fert toujours du même inftrument. Les pelles & pincettes acquiérent donc les vertus de ’Aï- mant, foit par leur pofition ordinaire, foit par quelque autre caufe. Leur fituation peut y faire quelque chofe, & le fait fi connu de la Croix du Clocher de Chartres femble en être une preuve, mais il faut peut-être un long temps pour leur communiquer une très-foible vertu , je lai éprouvé par des barres de Fer qui avoient demeuré pendant plufieurs années dans une fituation perpendiculaire, elles avoient acquis un peu de vertu, mais fi foiblement, qu'elles attiroient prefque indifféremment par chacun de leurs bouts le nord ou le fud de l’Aïguille, lorfque je les en approchoïs dans une fituation horifontale. Il arrive aux pincettes quelque chofe de fort dif- férent ; leurs poles font bien plus exactement déterminés. Quelle en eft donc la caufe ? Que leur arrive-t-il de parti- culier? Le voici : On fe fert des pelles & des pincettes pour accommoder le feu ; étant très-minces, elles s’échauffent fort vite; on les re- tire enfuite du feu, & on les jette négligemment auprès de la cheminée, où elles fe refroïdiffent dans une fituation per- pendiculaire ; qui croiroit que c’eft une manœuvre aufli fim- ple qui fait naître dans ces inftruments la vertu magnétique? rien p'eft plus vrai cependant , & rien n’eft plus aifé que de s'en convaincre. E ai ; DES SCIENCES 361 J'ai pris une barre de Fer qui n'avoit nulle vertu magné- tique, je l'ai chauffée par un de fes bouts, & je l'ai enfuite laïffée refroidir, obfervant de mettre en bas le bout qui avoit été chauffé ; ce Fer étant refroidi, avoit la même propriété : que les pincettes, le bout qui avoit été chauffé attiroit le fud , en tenant la barre dans une fituation horifontale, & l’autre attiroit le nord ; j'ai chauffé enfüite l’autre bout, & l'ai laiffé refroidir de la même maniére, c’eft-à-dire, dans une fituation perpendiculaire, & le bout chauffé vers la terre, il lui eft arrivé ce qui étoit arrivé au premier, & il a attiré le fud, au lieu du nord qu'il attiroit auparavant. J'ai fait ainfi chauffer plufieurs barres, & plufieurs fois la même, & j'ai toujours eu le même fuccès. J'ai laiflégefroidir de pareilles verges de Fer, mettant en haut le bout qui avoit été chauffé ; ce bout qui dans le premier cas avoit attiré le fud, a attiré le nord dans celui-ci, ainfi ce n’eft pas à la chaleur feule , mais encore à la pofition qu'il faut attribuer cet effet. J'en aï laïfié refroidir d’autres horifontalement, mettant le bout chauffé tantôt du côté du midi, & tantôt vers le nord, mais dans aucun de ces cas le Fer n’a paru avoir acquis la moindre vertu magnétique. Il y a long-temps que M. Rohaut avoit remarqué, que faifant rougir une verge d’Acier, & la trempant perpendicu- lairement, elle acqueroit les vertus de l Aimant. Cette expé- rience a depuis été plufieurs fois contredite & défendüe, mais je me fuis aflüré, par le grand nombre de fois que je Y'ai répétée , que la trempe n’y ajoûte rien, & que c'eft de Ia feule fituation perpendiculaire qu'elle tire fa vertu, foit qu’on la laiffe refroidir naturellement , où qu'on la trempe dans l'eau froide , car les outils que j'ai trempés horifontalement n’ont acquis aucune vertu magnétique, & tous ceux que j'ai trem- pés, ou laiflés refroidir perpendiculairement, ont acquis des poles, & font devenus aimantés. Voilà donc deux maniéres conftantes & infaillibles de donner à une barre de Fer les propriétés de l'Aimant ; l'une, de Ia tenir dans une fituation verticale, & l’autre, de chauffer un de fes bouts, & de la laïfler refroidir dans une fituation Mem, 1728 LA 362 MEMOIRES DE L'ACADEMIÉ ROYALE auffi verticale. La premiére maniére lui donne, pour ainfi dire, une vertu pañlagere & dépendante de fa fituation aétuelle, puifque fes poles changent à chaque fois qu'on renverfe la barre ; 1 feconde au contraire lui donne une vertu fixe qu'elle conferve dans la fituation horifontale, & qu'on peut feulement déranger, mais fans l'anéantir par la fituation perpendiculaire. I s'enfuivoit naturellanent de ces deux expériences que, puifque le bout inférieur dans la premiére, & le bout chauffé dans la feconde, attiroient chacun Îe fud de Aiguille, ils de- voient, étant fufpendus librement, fe diriger vers le nord : c'eft auffi ce que j'ai éprouvé, en fufpendant à une foye déliée par le milieu une verge de Fer, dont un des bouts avoit été chauffé avec les précautions que k rapportées. La même épreuve fur la prentiére expérience demandoit un peu plus de préparation , if falloit conferver la fituation perpendiculaire pour lui donner la vertu de fe diriger, & la fituation horifontale pour rendre cette direétion fenfible ; la fituation oblique me donnoït en même temps ces deux avan- tages. J'ai donc aflujetti une pareille verge de Fer par le moyen de deux morceaux de bois, en forte qu'étant fufpen- düe à une foye , elle füt inclinée à Fhorifon d'environ 45 degrés, cela m'a produit tout l'effet auquel je n''attendois, car le bout fupérieur, qui attiroit le nord de Aiguille, s’eft dirigé vers le fud, & la même chofe eft encore arrivée, lorf que j'ai changé les bouts de la barre, c’eft-à-dire, Jorfque j'ai mis en bas le bout fupérieur, & en haut F'inférieur. H refte donc pour certain que tout le Fer eft dans Je cas d'un Aimant foible, & qu'il en a naturellement toutes les qualités. Voyons maintenant ce qui lui manque, pour que cette difpofition à acquérir les vertus de l'Aimant devienne uné vertu effcétive. Suivons une partie de l'hypothefe de Delfcartes. Suppofons avec lui que les pores du Fer font hé- riffés de petits poils qui font couchés confufément & broüil- lés en tous fens ; que ces petits poils font mobiles fur une de leurs extrémités, & peuvent facilement être tous couchés dans un même fens, & devenir par ce moyen un véritable DE, 5 06,1: EMNyGUEN Re 363 Aïmäñt, én donnant ün libré pañlage au torrent de matiére magnétique. Je fuppofe de plus, & J'efpere de le prouver par la luité de ce Mémoire, que la matiére magnétique entre feu- lement par un des poles de l’Aimant, ou du Fer aimanté, & fort par l’autre. Cette opinion, quoique différente de celle de Defcartes, eft fuivie par d’habiles Phyficiens. Pouflons maïntenant {a fuppofition un peu plus loin, & imaginons que ces petits poils peuvent par leur propre poids retomber es uns fur les autres, lorfque le Fer eft dans une fituation verticale, & prendre par cé moyen une forte d’arrangement qui donne à la matiére magnétique un paflage plus fibre qu'il nc l'étoit auparavant, on verra qu'alors le bout fupérieur d'une barre attirera toujours l’un des poles de l’Aïguille, fçavoir celui par lequel fa matiére magnétique en fort, & que le bout inférieur au contraire par lequel cette matiéré fort de la barre, doit attirer le pole de l'Aiguille par où elle y entre. Si l’on vient à renverfer fa barre, ces petits poils fe couchent dans une fituation contraire, & c’eft par le bout qui eft dc- venu fupérieur que la matiére entrera, c’eft donc vers lui que fe dirigera le pole par lequel elle fort de l’Aiguille. Un long efpace de temps pendant lequel un plus grand nombre de poils fe feront couchés les uns fur les autres, les y aura aflujettis de façon, que quoiqu'on vienne à renverfer la barre, il n'y en aura qu'un petit nombre qui retombera, cette barre par conféquent confervera fes poles, & fera un véritable Aimant ; c’eft-là le cas de la Croix de Chartres. En chauffant une barre de Fer par un de fes bouts, & la met- tant enfüite dans une fituation perpendiculaire, fes pores di- latés par l'action du feu, laifferont tomber un grand nombre de poils qui ne feront plus fi facilement renverfés, lorfqu'on viendra à retourner la barre, parce que fes pores retrécis par le froid ne leur permettront plus de retomber. Voilà donc encore un Aimant conftant comme nous l'avons effective- «ment vû dans la derniére expérience. Cette explication m'avoit paru plaufible, & il me fembloit qu'elle fe déduifoit affés naturellement des principes que j'avois z ij 364 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE fuppolés, mais je ne la regardois encore que comme yme- hypothefe qui avoit befoin de preuves plus fortes pour fa confirmer. Quelques réfléxions fur la facilité qu'ont les lames de Fer aimantées à perdre leur vertu, lorfqu'on les frappe à coups de marteau, me firent naître tout d’un coup l'idée d'une expérience des plus fimples, mais qui me paroît infiniment favorifer nôtre fuppofition. Si ces poils font aflés mobiles pour tomber par leur propre poids d'un côté ou de l'autre, fuivant qu'on retourne la barre, à plus forte raifon le doi- vent-ils faire, fi tenant la barre dans une fituation verticale, on frappe un peu. fortement fon bout inférieur contre terre ; cette fecouffe doit ébranler tous les petits poils, & en faire coucher en embas la plus grande partie, elle doit donc par ce moyen acquérir des poles déterminés, & devenir dans le cas des pincettes. La fimplicité de cette expérience m'en fit douter d’abord', mais elle eut un fuccès fi fingulier, que j'en fus furpris ; une barre de Fer qui n’avoit nulle vertu magné- tique , ayant été frappée comme je l'ai dit, acquit tout d’un coup deux poles très-marqués ( on entend bien que c’eft en. la préfentant horifontalement à l’Aiguille). La partie qui avoit été frappée, attiroit vivement le fud, & l'autre attiroit le nord’; je la renverfai, & la frappai par fautre bout, fes poles changerent, e bout vers lequel j'avois déterminé la chüte des poils par la fecoufle, attiroit toûjours le fud, & fe dirigeoit vers le nord, lorfque je fufpendois librement la barre : je fuis’ auffi parvenu, en ménageant mes coups avec difcretion, à ôter à la barre toute vertu magnétique, en mettant, pour ainfr dire, une confüufion parfaite dans tous fes poils, ce que je faifois, en frappant alternativement l'un & l’autre bout, & - toûjours de moins en moins fort, enfin agiffant comme j'au- rois fait, ft j'avois récllement vû les poils que je voulois embroüiller Je craignis que cette barre, en touchant par un de fes bouts la terre, ou les autres corps qui lui étoient contigus ,. ne püt acquérir par cela feul quelque vertu magnétique, je voulus donc m'éclaircir entiérement fur ce point ; je lafoûtins D E15:»S 1, ME SN CES 365 avec Ja main dans une fituation perpendiculaire , & je frappai fur fon extrémité fupérieur avec du Fer, du Cuivre, du Bois, &c. le fuccès fut toüjours le même; je fis plus, je ne frappai point du tout fur la barre ; la tenant dans ma main, comme j'ai dit, je frappai ma main fur une table, fur mon genou, je frottai la barre rudement contre une pierre , un morceau de bois; toutes ces différentes.maniéres d'imprimer des fecouffes aux petits poils, donnerent à la barre des poles déterminés. Cette expérience me paroït favorifer extréme- ment mon hypothefe, & d’ailleurs elle s'accorde fi naturelle- ment avec les autres phénomenes de l’Aimant, qu’elle peut les expliquer prefque tous : les cifeaux, les poinçons &les autres outils qui fe trouvent aimantés , le feront par les coups de marteau donnés fréquemment fur une de leurs extrémités qui auront déterminé les poils à tomber vers leur pointe ou: leur taillant , auf j'ai remarqué que c'eft toûjours le fud qui eft attiré par le bout inférieur de ces outils, & comme il m'avoit paru que ceux qui coupent. ou percent le Fer, étoient quelquefois plus aimantés que les autres, je les comparai les uns aux autres avec beaucoup d'attention, mais je reconnus bientôt que fi ceux qui font employés fur le Fer, s'aimantent mieux, où plus promptement,.c'eft qu'étant plus durs que les. autres corps, il falloit des coups plus forts ou plus fréquents; ce qui donnant aux poils des fecoufies. plus violentes, ils prenoient plus facilement arrangement néceffaire pour don- ner paflage à la matiére magnétique, & pour m'aflürer en- tiérement que le Fer n'avoit point en cette occafion de vertu: particuliére , je trempai horifontalement ,, &. avec beaucoup: de foin, un cifeau qui, avec cette précaution, fe trouva n'avoir: aucune vertu magnétique ;, je m'en fervis pour. couper un: morceau de Cuivre, il s’'aimanta fur le champ affés vivement; je le retournai enfuite, c’eft-à-dire , que je pofaï fur l'enclume: la-tête du cifeau, & appliquant fur fon taillant. un morceau. de Fer, je frappai fortement fur ce morceau de Fer, & le: cifeau perdit, en coupant du Fer , la vertu qu'il avoit acquile: en coupant du Cuivre, ce qui.ne me permit plus de douter: Zz ii 366 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE que ce ne füt la feule force des coups qui lui donnoit, ou lui Ôtoit la vertu magnétique. Ceux de ces outils qui vit fur le Fer chaud, font le même effet que les autres, fi on a foin de les laiffer refroidir dans une fituation verticale ; mais comme ordinairement on ne prend point cette précaution , les poils fe broüillent en refroidiffant , & par-là leur vertu magnétique eft détruite , car j'ai éprouvé que venant de fervir, & étant encore très-chauds, ils attirent la limaille, & ont des poles déterminés comme les outils à froid ; ce m'eft donc que fa fituation dans laquelle ïfs refroïdiffent ; qui leur fait perdre cette vertu. J'ajoûterai en- core que toutes les expériences que j'ai rapportées, m'ont également réüffi, lorfque l'un des bouts de la barre, les deux bouts, ou même fa barre entiére , étoient rouges , ainft ce n'eft point la chaleur en elle-même, mais la fituation qui dé- truit la vertu magnétique du Fer, J'ai rompu des verges de Fer, les pliant & repliant plu- fieurs fois, & les bouts caffés ont acquis la vertu magnéti- que, comme M. de Reaumur l'a remarqué, mais cette expé- rience eft accompagnée de circonftances qui méritent extré- memnent qu'on y fafle attention. Si l’on place la barre verti- calement dans un étau, qu'on l'y aflujettiffe, & que la pliant & la repliant, on la rompe vers fon extrémité inférieure, cette barre attirera vivement Îa limaiïlle par la caflure & le fud de V Aiguille, l'autre bout fe chargera de quelques grains de limaiïlle, & attirera le nord. Si tenant toüjours cette barre perpendiculaire dans Vétau, on Ja plie & replie plufieurs fois deux pouces ou environ au deflus de la caffure, la vertu magnétique fe trouve augmentée ; fr l’on continüe de Ia tour- menter de même à divers endroits, en s'éloignant toûjours de la caffure, fa vertu augmentera toüjours de plus en plus; mais fr, lorfqu’on fera parvenu vers Îe milieu de la barre, on venoit à la retourner pour la plier avec plus de facilité, fa vertu diminücroit d'abord, f perdroit entiérement enfuite, & enfin pafleroit toute entiére à l'autre bout de la barre, c'eft-à-dire, à celui qui feroit pour lors devenu inférieur, & PIE SA SLCUME Na C Erse 367 il attireroit le fud , au lieu du nord qu'il attiroit auparavant, On voit aifément que les eflorts réïtérés que l'on fait pour plier & replier la barre, doivent caufer un ébranlement très: confidérable dans tous les poils, & déterminer leur chûte vers le bout inférieur, qui par conféquent attirera le fud, fe dirigera vers le nord, & fe chargera de beaucoup plus de limaille que l'autre, parce que dans tout Aimant ou Fer ai- manté, le pole qui attire le fud, enleve plus de Fer que celui qui attire le nord ; Defcartes, & prefque tous les Auteurs qui ont écrit depuis lui, prétendent que cela n'arrive ainfi que dans les Pays feptentrionaux. Je n'entrerai point dans cette difcuflion, qui ne fait rien, à la queftion prélente ; mais qu'il me foit permis feulement de dire, en paflant, que peut-être cette expérience n'a pas été faite avec aflés de foin, & qu'en- fin j'ai lieu de croire , par des raifons qui fe déduifent afés maturellement de mon hypothefe, fans cependant y être liées néceflairement , que cela arrive de même dans les Pays méri- dionnaux. J’efpere, dans un fecond Mémoire, mettre ces rai- fons dans. tout leur jour, & peut-être éclaircir cette matiére un peu plus qu'elle ne favoit été jufqu'à préfent. - Si l'on tenoit la barre dans une fituation horifontale pour la rompre, voyons ce qui doit arriver en fuivant nôtre hy- pothefe , & l'expérience nous: fera voir que c’eft ce qui arrive en effet. La barre de Fer étant environ groffe comme le doigt, fon diametre devient alors à confidérer, & fi elle acquierë . des poles, ils devront fe trouver aux deux extrémités de ce’ diametre, c'eft-à-dire , que tenant toüjours en haut l'endroit qui y étoit, lorfqne la barre a été tourmentée ou cafée dans Fétau, ce même endroit attirera le nord , tandis que le deflous attirera le fud , & la totalité du bout caffé fe chargera de: limaille, mais les nouvelles infléxions. qu'on pourroit donner à divers endroits de la barre, fans changer k fituation hori- fontale, ne doivent apporter aucune augmentation à fa vertu, puifqu'ils ne peuvent que rendre les poils perperdiculaires à ‘axe de la barre, auffr ne Yaugmentent-elles point, mais la barre acquiert divers poles dans fa longueur , ce qu'on recon- 68 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE noît, en la faifant couler horifontalement le long de Aiguille aimantée. Le raifonnement conduit à toutes ces conféquen- ces, & l'expérience eft entiérement d'accord avec elles; il eft vrai que ces expériences demandent plus d'attention que les autres, fur-tout pour la détermination des poles , ce diametre de la barre faifant un axe très-court, & d’ailleurs la matiére magnétique en eft toüjours un peu détournée par la plus grande facilité qu'elle trouve à fe mouvoir dans le refte de la barre que dans l'air: mais quand les poles fe confondroiïent par la petitefle du diametre de la barre, la matiére magnétique ne laifleroit pas d'y pañier plus abondamment que par tout ail- leurs, & par conféquent ce bout attireroit toûjours la limaille, mais plus foiblement que dans tous les autres cas. Une nouvelle obfervation me fournit encore une preuve de mon hypothefe; c’eft qu'on peut par ce moyen faire en- forte que le bout de fa barre qui a été féparé de l'autre par la rupture, attire le nord ou le fud d'une aiguille ; car fi l'on veut qu'il attire le nord , il n'y a qu'à aflujettir la verge de Fer dans un étau, & la rompre vers fon extrémité fupérieure; & fi l'on veut qu'il attire le fud, il faut la rompre proche de fon bout inférieur. Ces expériences, que j'ai toutes faites un grand nombre de fois, fe déduifent fi naturellement de mon hypothefe, qu'il feroit inutile d'en donner une explication particuliére. Je finirai ce Mémoire par une obfervation qui réfulte tant de l'hypothefe que des expériences ; c’eft qu'on peut inférer de-là, que la matiére magnétique entre feulement par un des poles de f'Aimant, & fort par l'autre, & même déterminer celui par lequel elle y entre, ce qui ne lavoit point encore été, à ce qu'il me femble, par aucune autre expérience. On voit aifément qu'elle doit entrer par celui des poles de Y'Ai- mant qui attire le nord de l'aiguille, c'eft-à-dire, celui qui étant libre, fe dirige vers le fud, car il eft évident que la matiére magnétique trouve plus de facilité à entrer par le pole qui lui préfente les poils renverfés , que par celui qui lui en préfenteroit les pointes ; d'ailleurs fi les phénomenes s'expliquent # CPS SP TE DE: SU SCORE) NEC. ETS 369 s'expliquent auffi facilement dans cette hypothcfe que dans l'autre, Je crois que la liaifon qu’elle a, avec celle que j'ai tâché d'établir dans ce Mémoire, doit déterminer en fa fa- veur. Suppofant donc un tourbillon de matiére magnétique e circule autour du globe de la Terre, il y entre par le pole cptentrional, & en fort par le méridional, d'où parcourant la furface, ou même l'intérieur de la Terre par tous les cer- cles verticaux, il difpofe les morceaux d’Aimant ou de Fer fuivant cette direction, lorfqu'ils font dans une fituation qui Jeur donne la liberté de céder à ce torrent. REMARQUES SUR LES RAPPORTS DES SURFACES DES GRANDS ET DES PETITS CORPS. Pa M Pr Tor I. UoiQuE les remarques que j'ai faites fur les furfaces des Corps foient fort fimples, il m’a paru cependant qu'elles étoient nouvelles. Leurs utilités dans les Méchaniques & la Phyfique, m'ont porté à les préfenter. Tout le monde fçait que pendant que les Solides femblables font comme les Cubes de leurs côtés homologues, leurs furfaces font comme les Quarrés des mêmes côtés; que plus on divife les Corps; plus on augmente les furfaces, & par conféquent que plus les Corps font petits, plus ils ont de furface par rapport à leurs folidités. Voilà, ce me femble, à quoi on s’en tient, fans faire attention à un rapport fimple que je démontre pour toutes fortes de Solides, & à une analogie très-commode pour Vapplication de Ja Géométrie à la Phyfique ; nous en donne rons quelques exemples, Mem, 1728, 5 Aa 15 Déc, 1728. 370 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Propriété générale fur le rapport des furfaces des grands 7 des petits Corps, comparées à leurs folidrrés. IT. Les quantités de furfaces de deux Solides femblables font en raifons réciproques de celle de leurs côtés homologues : je m'explique. On fçait en général que plus les Solides font petits, plus ils ont de furface par rapport à leur folidité. Or je dis que fi & eft un petit Solide, & 4? un grand Solide, la furface de & eft à raïfon de fa folidité plus grande que celle de & à raifon auffi de fa folidité dans le rapport réciproque du côté à au côté a. DÉMONSTRATION. Pour les Parallelepipedes. Sia,b&e, font les trois côtés ou dimenfions du Solide donné, il eft clair que Fa + & —, feront les trois côtés d'un petit Parallelepipede femblable au donné, & que abs étant la valeur du grand, _ fera celle du petit ; p° eft donc Fexpofant de la raifon de ces deux Solides. Or la furface de abc ft 2ab+-2ac-+-2b0, & celle de ae eft ee HSE re — Mais fi lon prend la furface du petit Solide —- autant de fois qu'il y a d'unités dans ps ; ou fi lon multiplie Fesses par p, On aura p x 2ab+2ac+2bc, fomme des furfaces de tous les petits Solides contenus dans le grand, ce qui donne cette proportion p x 2ab—2ac+26c + abc ( fomme de tous les petits Solides ) : : nr . D'où l'on voit que le rapport de p x 2ab+-2ac+2be abc + à 2ab+ 2bc+-2ac, eft le même que celui de la furface du petit Solide par rapport à fa folidité, à celle du grand ; on | 1 | DES SCHIENCES. 37 Solide par rapport aufi à fa folidité. Or p x Zab2a ab «2abt2act2bci:a. T Donc, &c. AUTRE DÉMONSTRATION. Gaa eft la furface du petit Solide a’, & 6bb ceMe du grand 4? ; fi l'on divife les furfaces par les Solides, on aura 6 6bb ; << & se , rapport des furfaces aux Solides. Or $ SE Li 1 Phi Et D 4 de CorROLLAIRE. HI. D'où il fuit que pour comparer les furfaces de deux ou de plufieurs Solides femblables, on prendra fimplement le rapport renverfé de leurs côtés homologues. FE M BL'E Si lon veut avoir le rapport des furfaces d'un pied & d'une ligne cube, les côtés de ces Solides étant comme 144 à 1, il s'enfuit que la ligne cube a, par rapport à fa folidité, 144 fois plus de furface que le pied cube, ce qui eft évident; car la ligne cube ayant 6 lignes quarrées de furface, & le pied cube 124.416, & 2.98 5.9 84 lignes cubes de folidité, on 6 124-416 .. À Te 2.)85:084 ‘* 144 le REMARQUE JV. Comme la Démonftration que nous venons de donner paroit ne convenir qu'aux Solides parallelepipedes , nous l'appliquerons aux Spheres, Cylindres,Cones, &c. mais pour être court, nous confidérons le petit Solide comme réfultant de Ja divifion du grand Solide donné, & nous dé- montrerons feulement, que fi l'on multiplie la furface de ce Solide donné par le nombre p des divifions d'un de fes côtés ou dimenfions, on aura la fomme des furfaces de tous les petits Solides contenus dans le grand, sprès quoi il fera aifé de voir que cette fomme des furfaces de tous les petits Solides À aa ij 2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE eft au Solide donné, comme la furface d'un petit Solide eft à fa folidité, & qu'ainfi les furfaces du grand &c du petit Solide font entr'elles en raifons réciproques de celle de feurs côtés homologues. DÉMONSTRATION. Pour les Spheres. V. Soit a & A les diametres de deux Spheres. Si c eft fx circonférence de 4, 7 fera celle de ge Or la fuperficie de la grande Sphere eft ac, & fa folidité +aac, & la fuperficie de Ja petite eft =, & fa folidité €. D'où lon voit que fa PP Gp* petite Sphere eft contente autant de fois dans la grande qu'il y a d'unités dans pi. Pour donc avoir la fomme des fuperfr- cies de toutes les petites Spheres égales à la grande, il faut rultiplier F3 par p, ce qui donnepac Donc, &c. DÉMONSTRATION. Pour les Cylindres. VI. Si a eff le diametre de la bafe, c fa circonférence, & 5 fa longueur d’un Cylindre donné, fera le diametre du petit Cylindre femblable au donné, Fa la circonférence de à bafe, & 2 fa Jongueur-: & on aura + ac +-Bc pour la furface du grand Cylindre, & +acb pour fa folidité, &-de même <= —+- _ fera la furface du petit Cylindre, & ee G folidité. I faut donc multiplier Ja furface du petit Cylin- dre par p pour avoir p x + ac bc, fomme des furfaces de tous les petits Cylindres. VIL Si on ne veut point avoir égard à la furface des bacs des Cylindres, 4c fera la furface du grand, & Fe celle: DES pe ee dE er 373 du petit ; & multipliant € 75 Par p°, on aura pbe, fomme des furfaces de tous les Éctts Cylindres. VIII. Et fi l'on veut de plus que la FE du petit Cylindre foit égale à celle du grand, dans ce cas “© £ = fera Ia furface du petit Cylindre, & Le fa folidité : ainfi ce petit Cylindre eft contenu autant de fois dans le grand qu'il ya d'unités dans pp. Il faut donc multiplier _ par pp pour avoir pbc, fomme des furfaces de tous Jes hate Cylindres contenus dans le grand. DR NTI SN OR AR Pour les Cones: IX. Si & eft Ja hauteur perpendiculaire du grand Cone; a le demi-diametre de fa bafe, & c la circonférence, L fera 1 hauteur du petit Cone, ra le demi- diametre de fa bafe, &— fa circonférence, & on aura tac 2e Vaa+ 66 pour fa furface du grand Cone, & + acb pour fa folidité, De même <= PORT Vaa5 S la furface du petit Cone, & sel fa folidité. D'où l’on voit que pour avoir {a fomme des furfaces de tous les ue Cones contenus dans: le grand, ü faut multiplier £ TS Vaa 566 par p ne pour avoir 22€ + 2° VE X. Si on ne veut point avoir égard.à la fuperficie de fs bafe, ST Vaa-+- bb fera la fuperficie du petit Cone, K- quelle étant multipliée par pi, donne 2 = Vaa+-bb, fomme: des fuperficies de tous les petits Cones contenus dans le grands Aaa ii 374 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoïÿALE RUE UMA RQ UE. XI. Je ne crois pas avoir befoin d'entrer ici dans un plus long détail de Démonftrations de nôtre Propriété générale des furfaces à tous les autres Solides ; car on voit clairement comment on peut appliquer les mêmes raifonnements, & faire la même démonttration aux furfaces des Prifmes, des Pyramides, & de toutes fortes de Sphéroïde. Cette propriété s'étend même aux Solides irréguliers, pourvu que les deux Solides, dont on compare les furfaces , foient femblables. COR Oo LULU L'RE; XIT H fuit de nôtre Démonftratiôn , que fi on divife les dimenfions, ou les côtés d'un Solide fuivant une progref- fon donnée, l'augmentation de furface fuivra la même pro- greffion, & Île nombre des petits Solides réfultant de cette divifion , fuivra une progreflion dont chaque terme fera le cube du terme correfpondant de la progreflion donnée. Et il eft clair que fi on fuppofe Ia divifion infinie, la furface fera infinie, & le nombre des petits Solides fera un infini du 3e ordre. XIII. D'où l'on voit aufli que le nombre des parties dans lequel un Solide a été divifé, étant donné, la racine cube de ce nombre fera la quantité de fois de l'augmentation de furface. Soit, par exemple, un pouce cube divifé en 10.000.000.000, la racine cube de ce nombre eft 303 6 à peu-près : ainfr par une telle divifion , la furface du pouce cube feroit augmentée de 3036 fois, ce qui donne plus de 126 pieds quarrés. R E M À R Q UE. XIV. Je pourrois ajoûter ici quelques autres propriétés fur la loi de l'augmentation des furfaces, comme de démon- trer qu'en fuppolant les divifions des côtés du Solide, ou les parties , dont p exprime le nombre, inégales, les propriétés font encore les mêmes que celles que nous avons données, me come EE Éd EE fais "à à snt-tuines TR HS ue D PS Ed DÉS SCIENCES 237$ & quelques autres dont on pourrä sappereevoir aiférnent après ce qui a été dit. Je me propofe maintenant de donner quelques applications de cette Regle générale pour indiquer fes ufages dans les Méchaniques & la Phyfique, & pour mon- trer comment par fon moyen on peut réfoudre plufieurs Queftions utiles & curicufes. | | XV. II paroït que l'ufage a fait connoître Favantage qu'il y a de fe fervir de grands Bateaux pour le tranfport des Mar- chandiles fur les Riviéres ; car les Bateaux étant pris pour des folides femblables, & leurs réfiftances dans l'eau étant pro- portionnelles à leurs furfaces, ces réfiflances font en raifons réciproques de leurs longueurs où de leurs largeurs: S'il faut, par exemple, 1 2 Chevaux pour tirer un grand Bateau de 25 pieds de large, & fr au lieu de ce grand Bateau, on vouloit faire le même tranfport avec des petits de $ picds de large ‘feulement , la réfiftance de tous les petits Bateaux qu'il fau- droit, feroit cinq fois plus grande , & il faudroit par conf&- quent' 60 Chevaux, au lieu de 1 2. XVI On voit par l'Art. VIT, que les frottements dans les tuyaux de conduite font en raïfons réciproques de leurs diametres , lorfque les vitefles de l'eau font égales, car dans ce cas les frotternents font proportionnels aux furfaces. XVIL On voit auffi par nôtre Reglé générale, & fans calcul, qu'une balle de Moufquet de 6 lignes de diametre doit trouver 12 fois plus de réfiflänce à fendre l'air qu'un Houdet de mêrme métal de 6 pouces, la balle de Moufquet äyant 1-2 fois plus de furface, à raifon de fà folidité, qué le boulet ; & doit par coniféquent porter beaucoup plus loin, comme tout le monde fçait. XVIII. Si lon veut comparer les fuffaces ou la quantité ‘de Y'écorce de deux Arbres, ou éncore riieux du mérnè Ar- bre dans fes différents états de groffeurs, 6h reconnohra aife- ment qu'un Atbre d'un pied de diametre, par exemple, a 6 fois moins dé furface que lorfque le même Arbre wavoit que À pouces de diametre. | X1X: Si la preffion de l'Air fur Je Corps de FHorime \ 376 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE cit d'environ 20 milliers, cette preffion doit être deux ou trois fois plus grande fur celui des Enfants, à raifon de Jeur grofieur , & incomparablement plus grande fur les petits Animaux, à proportion de leur groffeur. XX, Suppofons maintenant qu’un pied cube de Marbre, dont la pefanteur fpécifique eft de 1 88 livres 1 2 onces, foit réduit en poudre, dont chaque grain foit de la grofleur moyenne des grains de Sable que nous avons trouvés de + de ligne; pour connoître la vitefle du Vent capable d'empor- ter ces grains ou cette poudre, on voit que le côté du grain étant contenu 1152 fois dans le côté du cube, ce grain a; par rapport à fa folidité, 1 15 2 fois plus de furface que le pied cube ; ainfi il eft dans le même cas que fi le pied cube de 188 livres 12 onces préfentoit au Vent une furface de 1152 pieds quarrés, ce qui eft 2 onces $ gros de réfiftance pour chaque pied quarré. Or pour que l'impulfion du Vent fur une furface d’un pied foit de 2 onces $ gros, il faut que fa vitefle foit de 9 pieds par feconde, Ce calcul ne donne que l'état d'équilibre entre l'impulfion du Vent & le poids du grain ; mais fi la vitefle du Vent excede 9 pieds, il fera em- porté avec l'excès de la vitefle fur 9 pieds. Cette vitefle ef précifément la même que la vitefle complette que le même grain prendroit en tombant dans V’Air libre, XXI. Neuventy, dans fon Traité de /'Exiffence de Dieu, prouvée par les merveilles de la Nature , trouve par expé- rience qu'un pouce cube d'Eau peut être divifé fenfiblement en 10.000.000.000 de parties. Or, par l'Art. XIIT, la furface de ce pouce cube fera augmentée 303 6 fois, ce qui donne 126 pieds quarrés, n'ayant égard qu'à une feule faez du cube ; mais un pouce cube d'Eau pefe = de livre, ou 384 grains, à raifon de 7 2 livres le pied-cube : ainfi chaque petite, goutte ou parcelle d'Eau réfultante de cette divifion; fera dans le même cas que fi une petite réfiftance de $ gros +, ou 384 grains, oppoloit une furface de 1 26 pieds quarrés, ce qui eft 3 grains -— pour chaque pied. Mais pour que Yaétion de l'Air fur un pied quarré foit de 3 grains +, Fes vitefle D L DÉS SCIENCES 377 vitefle doit être de 4 pouces Z- par feconde, ce qui n'eft prefque pas fenfible. Cette viteffe eft la même avec laquelle œes mêmes parcelles d'Eau tomberoïient dans un Aïr tran- quille & entiérement en repos, & leur defcente feroit de 235 toiles par heure. DE. LA;:NECESSITE D'ETABLIR dans la Méthode nouvelle des Plantes , une Claffe par- ricuhiére pour les FUNGUS, à laquelle doivent fe rap- porter, non feulement les Champignons, les Agarics ; mais encore les LICH EN. À l'occafion de quoi on donne la Defcriprion d'une Efpece nouvelle de CHAMPIGNON qui a une vraye odeur d'Al Par M DE JUssIEU. UELQUES différentes que foient dans les Plantes Ieur configuration & leur maniére de végéter & de fe mul- tiplier, elles ne laïflent pas d’avoir entr’elles une certaine ana- logie fur laquelle font établis les rapports qui les font diftin- guer en famille. Les Champignons font de la Clafle de celles qui s'éloi- gnent le plus de cette analogie, & c’eft de-là qu'on a plus de difficulté à leur donner une place convenable dans la Mé- thode nouvelle d’arranger les Plantes. En effet, fi l'on cherche dans les Clafles des Plantes un genre avec lequel ils ayent quelque reflemblance, & auquel on puifle les comparer , il ne s'en trouve guere d'autres que les Lichen : comme eux, les Champignons font dénués de tiges, de branches & de feüilles ; comme eux, ils naiflent & {e nourriffent fur des troncs d’Axbres, fur des morceaux de bois pourris, & fur des parties de toutes fortes de Plantes réduites en fumier ; is leur reflemblent par la promptitude Mem. 1728, . Bbb 28 Juilleg 1728: 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE avec laquelle ils croiflent, & par la facilité que la plüpart ont à fe fécher, & de reprendre enfuite leur premiére forme, lorfqu'on les plonge dans l'eau : il y a enfin entre les uns &c les autres une maniére prefque uniforme de produire leur graine. | Cette analogie eft d'autant plus importante pour la con- noiffance de la nature des Champignons, que les Auteurs an- ciens ne les ont point mis au rang des Plantes, & que plu- fieurs Modernes , parmi lefquels fe trouvent M.'s le Comte de Marfigli & Lancifi, fe font perfuadés que ceux que lon: voit fur des troncs ou des branches d’Axbres, font des mala- dies des Plantes auxquelles ils font attachés , femblables aux Exoftofes, dont le volume ne s’augmente que par le déran- gement des fibres offeufes qui donne lieu à une extravafation: de leurs fucs nourriciers ; & que ceux qui naïflent à terre parmi des feüilles pourries, ou fur les fumiers, ne font que ou des expanfions de quelques fibres de Plantes pourries dont la terre cft parfemée, ou des produétions, caufées par la fer- mentation de certains fucs que ces Auteurs difent être gras & huileux, qui font reftés dans les parties de ces Plantes pour- ries, fe font mêlés avec une portion de fel de Nitre, & pren- nent la forme de globule, plus ordinaire qu'aucune autre aux Champignons naiflants. Mais toutes ces idées fur la nature des Champignons fe dé- truifent aifément par un examen un peu attentif de leur fub- ftance, de leur organifation , de leur variété & de leur ma- niére de fe multiplier. Car enfin tous ces nœuds, ces veffies & ces autres tumeurs qui paroiffent fur certaines parties des Axbres , de même que fur le corps des Animaux, comme des maladies auxquelles ïls font fujets, font compolés d'une matiére qui, participe de la fubftance folide ou liquide de ces Plantes & de ces Animaux fur lefquels-ils fe rencontrent, au lieu que la fubftance des Champignons qui s’attachent aux Arbres eft non feulement toute différente de celle des Plantes fur lefquelles ils naïflent, mais même ef femblable à celle des Champignons qui fortent immédiatement de la terres DES SCIENCES Si d'ailleurs la fingularité de l’organifation eft dans les Plan- tes un de ces caracteres qui les diftinguent des autres pro- duétions de la Nature, ce même caractere fe fait reconnoître par une difpofition particuliére d'organes dans les Cham- pignons. Cette organifation, dont les différences ne s’y trouvent. pas moins multipliées qu’elles le font dans tous les genres de Clafes de Plantes , eft toüjours conftante dans celle-ci, en quelque Pays & dans quelque année qu'on les obferve, ce qui ne peut arriver que par le moyen d'une reproduction annuelle de fes efpeces, laquelle ne peut fe comprendre fans la fuppo- fition d’une femence qui les perpétüe & les multiplie. Mais cette fuppofition de femences n’eft point imaginaire ; Ælles fe font fentir au toucher en maniére de farine dans les Champignons, dont la tête eft feüilletée en deflous, lors fur- tout qu’ils commencent à fe pourrir ; on les apperçoit aifément à la faveur de la Loupe dans ceux dont les feüillets font noirs à leur marge ; on les trouve fous la forme d’une poufliére dans ceux qu'on appelle Lycoperdon , elles paroïflent en aflés gros grains fur le Champignon de Malthe, elles font placées dans des loges deftinées à les contenir dans lÆypoxylon. Quelque peine qu'ayent les Philofophes de fe convaincre que ce font des véritables graines , Îes Botaniftes accoutumés à en voir de pareïlles dans d’autres Plantes, les reconnoiffent aifément dans celle-ci, & ne peuvent plus douter que les Champignons ne foient d’une Clafie particuliére de Plantes, Jorfqu'en comparant les Obfervations faites en différents Pays avec les Figures & les Defcriptions de ceux qui y ont été gravés, ils voyent chacun chés eux les mêmes genres & les mêmes efpeces. On pourroit dire qu’ils ont beaucoup de rapport avec les Plantes marines par leur forme extérieure , par leur maniére de prendre naïffance, & de s'attacher fur des corps étrangérs, de croître même les unes fur les autres, par une reflemblance de configuration de racines qui ne font prefque jamais ni f- Ereufes ni branchües, mais qui fervent à la Plante comme Bbb ÿ 380 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d'empatement pour la foûtenir, & par l’uniformité qu'elles ont pour la plüpart dans la production de leur graine, ce qui pourroit les faire placer dans la même Clafle, fi les caracteres d’être ou pierreufes ou fpongieufes, ou d’une nature de Corne, & de croitre dans l'eau falée qu'ont celles-ci, ne fufhifoient pas pour les en diftinguer parfaitement. L’établiffement de la Clafle nouvelle à former pour la perfection de la Méthode, doit donc fe tirer de quelques caracteres qui ne foient pas moins effentiels que ceux des autres Claffes, & qui les différencient. Et quels feront les caraéteres de ces fortes de Plantes, fnon d'être dans toutes leurs parties d'une fubftance uniforme, mollafle, lorfqu'elles font dans leur état de fraîcheur, char- nües, faciles à fe rompre, auffi promptes à venir qu'elles font de peu de durée, & capables , lorfqu'elles font féches, de reprendre leur forme & leur volume naturef, fi on les trempe dans quelque liqueur dont elles s’imbibent. Caracteres qui tous pourront fe comprendre fous le nom de Plantes fongueufes, outre Jefquels elles fe font connoître à f'extéricur par une figure fi finguliére, que n'ayant ni branches , ni feüilles, ni de fleurs pour la plüpart, elles ne reffemblent ni à aucune Herbe, ni à aucun Arbre. Si la connoiflance que nous avions déja des Lichen, nous a conduit à celle de la nature & du caraétere des Champi- gnons, elle nous fert auff, en plaçant dans une même Claffe l'une & l'autre de ces Plantes , à diftinguer en elles des diffé- rences fr eflentielles, que ces différences donnent lieu de divifer cette Clafle des Plantes fongueufes en deux Sedtions confidérables. La marque diftinive à laquelle fe reconnoîtront les Plan- ies de Ja premiére de ces Sections, fera leur figure applatie en maniére de feüillages étendus fur la terre, fur des rochers & fur des troncs d’Arbres auxquels ils font attachés par plu- fieurs petits poils fort courts, fortant des nervures du revers de ces feüillages, ou qui pendent des Arbres & des rochers auxquels ils ne tiennent que par une forte d'empatement qui DES: SCIE NC ES 381 fait fonction de racines , au dieu que la différence effentielle de la feconde Scétion fera de n'avoir nulle figure de feiulles, d'être d’une fubftance plus charnüe, & de repréfenter le plus fouvent un parafol ou un globe. La premiére de ces Seéions, qui eft proprement celle des ‘Lichen, fe peut foufdivifer en ceux qui ne donnent que des graines , & en ceux qui donnent des fleurs & des graines. On met ceux-ci les derniers, parce que outre que le nombre en eft petit, les fleurs qu'ils portent font plus difhciles à ob- ferver. Les genres des Lichen, qui ne donnent que des graines, font le Lichen proprement dit, le Lichenafhrum , Ÿ Hepatica, l'Hepaticoïdes & Ve Coralloïdes. Ceux qui portent des graines & des fleurs qui précédent leurs fruits, font le Jecoraria, & deux autres Plantes auxquelles on donnera des noms pour les défigner. A l'égard de la feconde Séétion, qui eft celle des Cham- pignons, elle eft de même que celle des Lichen, fufceptible de deux divifions confidérables, dont lune comprend les Champignons qui ne portent que des graines, & l'autre ceux qui ont des graines & des fleurs. Les genres de Îa premiére de ces divifions font le Cham- pignon proprement dit, le Poreux, Y'Heriffe, la Mborille , les Fungoïdes, la Veffe de Loup, les Agaïies , les Corallo-Fimgus & les Truffes. Les genres de la feconde de ces foufdivifions font le 7y- phoïdes & Y Hypoxylon. I faut donc convenir que fi l’on a fuffamment d’obferva- tions pour l'établiffement de cette Claffe, qui perfeélionne la Méthode de la connoïflance des Plantes, il ne refte qu’à faire une application particuliére des caracteres de tous les genres qui {e rapportent aux différentes divifions &:feétions de cette Cle, & à faire le dénombrement des efpeces qu'ils contien- nent, ce qui demande en mème temps une concordance des Defcriptions des Auteurs, lefquelles fe rapportent aux Figures w’ils ont données, & à celles qui fe trouvent dans les Porte- Éüilles de la Bibliotheque du Roy. 382 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Comme le mot Latin de Fungus, qui fert à défigner le Champignon en général, eft le mot qui donne l'origine à cette Clafle des Plantes fongueufes, il fembleroit qu'on auroit dû placer les Champignons à la premiére des Sections de cette Clafle, j'ai néantmoins été déterminé à faire précéder les Lichen, non feulement parce que ç'a été, pour ainfi dire, de la connoiffance de leur nature, dont nous avions le plus de certitude , que nous eft vente la connoiïflance du caractere des Champignons, & que nous avons été en état de répon- dre aux objections de ceux qui leur ont refufé une place parmi les Végétaux, mais encore parce que nous avons lieu de foupçonner que les Champignons eux-mêmes participent beaucoup de la nature des Lichen, fr on en juge par cette moififlure & ces filets applatis que l’on obferve fur les ma- tiéres auxquelles s’attachent les Champignons. Pour fuivre l’ordre que nous nous fommes prefcrit dans J'établiflement des Sections de cette Clafle, je devrois auffr, en entrant dans l'explication particuliére des caraéteres de ces fortes de Plantes, commencer par les Zichen , mais comme cette explication fuppofe des Figures dont elle doit être ac- compagnée, & qu'on y travaille aétuellement, je me contente de donner maintenant la Defcription d’une efpece de Cham- pignon que je n'ai vü décrit en aucune part, & qui eff fi re=. marquable par fon odeur d'Aif, que je lai nommé FuNGuS MINOR, ALLII ODORE, Petit Champignon à odeur d'Aï. Il naît fur des feiilles de Chêne tombées à terre & à. moitié pourries , auxquelles il tient par un empatement blan- chître & barbu, plus élevé d'un côté que d'un autre, épais d'une ligne & demie, & qui va peu-à-peu en diminuant, jufqu'à ce que le pédicule qui en part, ait acquis la hauteur de trois lignes. Ce pédicule, qui devient long de deux à trois pouces, & qui n’a qu'une ligne de diametre, eft rou- geâtre, d'une fubftance folide & fibreufe, arrondi vers fa bafe, & un peu applati vers fon extrémité fupérieure. Il foû- tient une efpece- de parafol très-mince, qui a cinq lignes de DE :S::$8 CG L'ÉN EE :S 383 fargeur à fon ouverture fur trois environ de hauteur. Sa cou- leur eft d’un blanc terne comme de a Corne ; lorfqu'il s'étend & qu'il fe pañle, il devient plus blanc fur fes bords, qui pour lors {e pliflent & fe gaudronnent réguliérement. Il s’en trouve quelquefois de cette efpece, dont les parafols ont jufqu'à douze & treize lignes de diametre, & d'autres dans lefquels ce parafol eft fi convexe, qu'il reffemble à une calotte de nos Glands de Chêne, ou à un hemifphere rayé à l'extérieur de différentes lignes qui aboutiffent à fon fommet. Les feüil- lets dont ce parafol eft garni en deflous, font blanchâtres, minces & de longueur inégale, parce que les uns vont de 1a circonférence au centre , & les autres ne s'étendent que juf- qu'à la moitié de cet efpace. La partie du pédicule qui fe perd dans l'intérieur du parafol , eft couverte quelquefois d’une: poufliére blanche, qui femble s'être répandüe de fes feüillets. Ce Champignon , qui naît à la mi-Oétobre, & dure fur pied jufqu'à la fm de Decembre, eft moins fujet à fe pourrir que les autres , auffi fe féche-t-il aifément fans paroître avoir beaucoup perdu: de fa fubftance ; il conferve dans l'état de fécherefle toute l'odeur d’Ail qu'il avoit étant frais ; odeur qui eff fi forte, qu'en marchant deffus ce Champignon, lorf- qu'il eft fur terre, elle fe fait fentir de loin. Ce qui néant- moins eft fingulier dans cette efpece de Plante par rapport à cette odeur, eft qu'en frappant l'odorat & le goût , lorf- qu'on en mâche la chair, elle n'a point ce feu que l'Aïl laiffe dans la bouche. On le trouve dans les Bois & les Bofquets de Pont-- chartrain, 384 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE ME: MOTORS E NU R LA FORMATION DES SELS LIXIVIELS. Par M BouRrRDELIN. | A Confidérer la façon dont fe forment les Sels lixiviels, il fémbleroit que, quelque différentes que foient les qua- lités des Mixtes defquels on les tire, ces Sels devroïent tous {e reffembler parfaitement, & être les mêmes. La violence du feu paroît ne devoir mettre aucune différence entre le dernier réfidu des matiéres fur lefquelles elle agit, & à n’en confulter que la vüé, rien ne paroît plus femblable que cendres & cendres. Le goût , dans la plüpart des Sels lixiviels, ne dé- mêle pas de différence effentielle, ils font tous à peu-prés la même impreflion fur la langue, & s'ils différent entr'eux en quelque chofe à cet égard, ce n’eft ordinairement que par le plus ou le moins d’acrimonie. Une autre preuve de la reffemblance apparente des Sels alkalis, Ceft qu’on peut les fubftituer pour la plüpart les uns aux autres dans plufieurs opérations chimiques , & T'Artifte n'arrive pas moins au but qu'il s'étoit propolé, avec un Sel qu'avec l'autre. C'eft, fans doute, la grande.analogie qui fe trouve entre ces Sels, qui avoit fait prononcer M. Kunkel fr décifivement fur leur identité. IL affüre dans fes Obfervations chimiques, que les Sels alkalis, quoique provenants de diffé- rents Végétaux, font abfolument.les mêmes, excepté que les uns ont pour bafe plus de terre que Îes autres , & que cette terre eft plus ou moins groffiére; & il prétend que cette dif- férence ne provient que de la façon dont on brüle les Plantes, c’eft-à-dire, en tas plus ou moins gros. Mais le feul Sel du Tamarife fuffroit pour faire voir que les Sels lixiviels ne font pas tous d’une même efpece. Le Sel que l’on tire des cendres du DE 2 ER re O TE Eee PR Gent LA DE 52492 G/LEAN C-Et sant 385$ du Tamarifc, loin d’être alkali, eft un véritable Sel falé. Or fi le Sel lixiviel du T'amarifc {fe trouve hors de Ia clafle des Alkalis, ne pourra-t-il pas arriver {a même chofe à d'autres Sels lixiviels ? Ne pourra-t-il mème pas s'y rencontrer d’autres variétés ? L'efpérance que cette idée me donna de découvrir quel- que nouvelle fmgularité dans les Sels lixiviels, & de pouvoir défigner la caufe des différences connües de ces Sels, & de celles que je pourrois trouver, me fit naître le deflein de travailler fur les Sels lixiviels. J'en ai tiré à ce fujet de plu- fieurs fubftances végétales, .&c fur-tout des Fruits & des Fleurs. J'ai affecté de ne choiïfir dans ces matiéres que celles qui entrent dans les aliments ou dans la Médecine. Mon deffein eft de tâcher de découvrir d'où provient le différent degré d'alkalifation que lon remarque dans les Sels lixiviels, parmi lefquels il s'en trouve qui font plus alkalis, d’autres qui le font moins, d’autres enfin qui ne le font point du tout, quoi- que tous ces Sels foient le produit d'une femblable & même opération. Maïs avant de rapporter mes expériences, & d’exa- miner plus à fond les particularités qui fe rencontrent dans les Sels lixiviels, il n'a paru convenable de donner quelques réfléxions fur la formation de ces Sels, & cela avec d'autant lus de fondement, que cette matiére, quoique traitée par d’habiles gens, m'a paru n'avoir point été épuifée, & qu'il m'a femblé qu'elle étoit encore fufceptible de quelque nou- veaux éclairciffements. Ces réfléxions feront le fujet du pré- fent Mémoire, & je renvoye aux Mémoires fuivants le détail des expériences fur les variétés des Sels lixivicls, fur leurs différents degrés d’alkalifation, & fur la caufe de ces diffé- xences. ë Les Sels lixiviels n’exiftent point dans le mixte, tels qu'ils paroiffent à nos fens. On demeure d'accord qu'ils doivent leur formation au feu. Il n’y a point de Chimiftes qui ne reconnoiflent que c’eft à la violence de cet agent que ces Sels font redevables de leur propriété alkaline ; propriété, de la- quelle dépendent les phénomenes que les Sels alkalis produi:, Mem. 1728, UE 386 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyaLE fent, lorfqu'on les mêle avec différentes liqueurs. Mais on ne s'accorde pas également fur la façon dont le feu contribüe à donner à ces Sels leur nouvelle forme. Sur ce point, deux férñtiments partagent les Chimiftes. Les uns regardent les Sels alkalis comme des Sels décompolés par le feu ; les autres au contraire les regardeñit comime de nouvelles fubftances com- pofées par l'action du feu. Suivant le premier fentiment, les Sels alkalis ne font que les Sels effentiels de la Plante que le feu a détruits en partie, cn leur enlevant une certaine quantité de leurs acides, qui abandonnent les matrices terreufes dans lefquelles ils étoient, pour ainfi dire, enchaflés, & laïiffent ces mêmes matrices vui- des, & capables de recevoir & de loger autant d'acides que le feu leur en a fait perdre. De-là vient que ces Sels fe trou- vant plus poreux, s'imbibent facilement de l'humidité de V'air, & forment, en s'y fondant , ce qu'on appelle Huile par défaillance. De-là vient auffi l'effervefcence ou l'ébullition que Jon remarque, quand on mêle quelque liquéur acide avec une liqueur alkaline, De-là viennent enfin les coagülations ; les précipitations, & les autres phénomenes que produifent ces mélanges, & que l'on rapporte tous à la tiffure plus po- reufe que les Sels alkalis ont acquife par le moyen du feu. Plus cétte hypothefe paroît fimple, plus ôn doit croire qu'elle porte avec elle le caractere de a vérité. Or rien n’eft fi fimple que d'avancer que le feu, par la violence de fon action, defunit & fépare les parties d'un mixte qui auparavant étoient intimement unies enfemble, II eft fort aifé de conce- voir qu'un compolé d'acides & de matrices terreufes doit perdre uñc partie de fes acides, fi on leur communique affés de mouvement pour les mettre en liberté, en les faifant fortir hors des capfules dans lefquelles ils étoient retenus & engagés auparavant. Mais outre la fimplicité, la vérité fe rencontre dans cétte hypothefe. La preuve que les Sels alkalis ne différent de ce qu'ils étoient dans la Plante, fous la forme de Sels effentiels, que par la perte d'une païtie de leuts acides, c’eft qu'ils ceflent sÉé-atlectt itiantée ent à 2e 1 DES SCIENCEG::/, %87 d'être alkalis, fi-tôt qu'on leur rend une quantité fuffifante d'acides femblables à ceux qu'ils ont perdus. Le feul exemple du Nitre fixé par les charbons peut convaincre de cette vérité, Le Nitre fixé eft comme les autres Sels alkalis une fub- flance faline & poreufe que le feu a dépoüillé d'une partie de fes acides, C’eft le réfidu du Nitre qu’on a expolé au feu dans un Creufet, & qu'on a fait brûler en y mélant par cuillerées {a poudre de charbon, lorfque ce Sel étoit en fufion. Le Nitre par cette opération perd fa premiére forme, & acquiert toutes les propriétés des Alkalis, fe fond à Pair, fer- mente avec les acides, en un imôt, devient un véritable Sel alkali. Veut-on lui faire perdre {es nouvelles vertus, & de cette fubftance alkaline reproduire & recompofer un vérita- ble Nitre ? il ne faut pour cela que lui rendre ce qu'elle à perdu, ceft-à-dire, des acides. En eflet, fi l'on fait fondre du Nitre fixé, dans une certaine quantité d'eau, & qu'on verfe deflus goutte à goutte de l'Efprit de Nitre, qui n’eft autre chofe que les acides de ce Sel étendus dans du phlegme, on verra des Criftaux du Nitre régénéré fe précipiter au fond du vaifleau , & l'évaporation de toute la liqueur en fournira encore une plus grande quantité. Cette expérience prouve clairement ce que c'eft qu'un Sel alkali, & en quoi, comme tel, il differe de fa nature primitive. Les Sels alkalis ne font donc tels que par la perte de leurs acides , puifqu'en leur en reftituant de femblables à ceux qu'on leur avoit enlevés, ces Sels reprennent leur premiére forme , leur ancien caractere, Jeu propriété naturelle. Refte donc à conclure que les Sels alkalis font réellement & de fait des Sels dont le feu opere da décompofition. L’autre hypothefe fur la formation des Sels alkalis eft dia- métralement oppofée à celle que nous venons de rapporter, & de prouver. Au lieu que dans celle-ci nous avons établi da décompofition du Sel alkali pour principe de fon nouvel être ; dans celle-là, au contraire, on foûtient qu'un Sel ne devient alkali que parce que, bienoin de 1e décompofer, le feu lui ajoûte des parties qu'il n'avoit pas, . quoique par Ccci 388 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE rapport à la production des Sels alkalis ces deux hypothefes foient les mêmes, en ce que toutes deux reconnoifent le feu pour auteur & produéteu des Sels alkalis, elles font néant- moins. totalement différentes en ce qui regarde la façon dont le feu opere cette produétion, puifque dans l’une on foûtient que le feu, pour former les Sels alkalis, Ôte quelques parties aux Sels eflentiels, & dans l'autre on foûtient qu'il leur en ajoûte. Ces deux hypothefes font donc à cet égard auffr différentes que le font dans l’Arithmétique l’Addition & la Souftraction Dans un Livre imprimé depuis quelques années, & qui porte pour titre Srahlii fundamenta Chimie , Y Auteur affüre pofitivement, que les Sels alkalis qui réfultent de la combuf- tion des Plantes, font de nouveaux compofés dont le feu opere la formation ; & il prétend que ces Sels doivent leur naïf- fance à la combinaifon de l'Huile de Ja Plante avec fon Scl effentiel, combinaifon qui fe fait, felon lui, dans le temps que l'on brûle la Plante. Ainfi le feu, fuivant cette hypothele, non feulement ne fimplifie pas les Sels alkalis, mais il Les rend plus compofés qu'ils n'étoient avant que d'avoir été expo- fés à fon action. Pour preuve de ce qu'il avance fur la forma- tion des Sels alkalis, l'Auteur apporte l'expérience fuivante. Il n’y a qu'à prendre, dit-il, telle Plante que on voudra du nombre de celles qui fourniffent par l'incinération beau- coup de Sel fixe, la faire fécher à Fombre , la hacher par petits morceaux, verfer deffus de 'Efprit de Vin pour en tirer la partie huileufe, & réitérer cette affufion d'Efprit de Vin jufqu'à ce que la liqueur ne s'empreigne plus d'aucune cou- leur verte, mais forte de deffus la Plante telle qu'on l'y aura verfée; Alors, fon fait boüillir la Plante dans l’eau, ou qu’on: la brûle, on n'en tirera par l'un & l'autre procédé qu'un Nitre pur, & point du tout de Sel fixe. M. Stahl conclut de à, que c'eft à la partie grafle des Plantes, combinée avec le Sel: effentiel, qu'eft düë la formation de leur Sel alkali, puifque- + celles même qui en fourniffent ordinairement le plus, ceffent d'en fournir, fi-tôt qu'on leur enleve cette partie graffe.. PES PS D DES S!CT.E NC Es. 40 poires jointes enfemble du côté de la queüe, de forte qu'un fillon ou"enfoncement léger entre deux femble marquer la féparation des deux poches qui le compolent, & dont l'ou- verture eft commune. La bafe de ce Sac, plus large que le col, eft comme détachée du corps de l'animal, entre les cuifles duquel le Sac eft pendant, il fe rétrécit à mefure qu'il forme le col ; là il eft attaché aux tuniques extérieures de l’uretre, lequel eft enveloppé avec k verge d'une efpece de fourreau lâche que la peau lui fournit. Woyés la Fig. 1.2 Ces deux poches font beaucoup plus groffes que les tefi- cules de la Civette qui les porte / Fig. r. C. CE.) & je fuis furpris de voir que quelques Auteurs anciens les ayent con- fondus. La proportion de la grandeur des poches avec celle des tefticules eft aflés réguliérement déterminée par Fabius Columna, lorfqu'il dit que les tefticules font d’une grandeur telle, qu'ils pourroïent être contenus dans les poches : 7éfles tam magni manifeflantur , quam à folliculis contineri poffunr. Dans la Civette que j'ai difléquée, chaque poche avoit 2 pouces 3 lignes de hauteur, & toutes deux enfemble, 2 pou- ces 2 lignes de diametre. L'ouverture poftérieure , & com- mune aux deux poches, a la figure d’une vulve, dont Îes - bords un peu rentrés en dedans, font garnis de poils moins rudes que ceux de la peau de animal. En dilatant ouverture, on voit le Sac partagé en deux cavités { Fig. 2. A.) un peu plus larges vers le fond que vers le col ; il y a dans la furface interne des rebords, & à {a partie fupérieure du Sac, fix enfoncements ou lacunes creu- fées dans fon épaiffeur. Au fond de ces lacunes if n’y a point de trous différents de ceux qui percent aïlleurs la membrane interne de la poche, & je n'y aï point apperçü les deux ou- vertures qui, felon M. Perrault, pénétrent dans les récepta- cles de 1a liqueur odorante. Voilà ce que j'ai obfervé à la premiére infpeétion du Sac de la Civette, & fans préparation anatomique, Voici ce que j'y ai découvert par la difeétion. 2 Nota. Que le bout de Ia verge eft coupé , ce qui eft encore un défordre ave Iequel Ja Civette m'a été remife, ; Eee ïïj 406. MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Après la peau, qui fait proprement la premiére enveloppe. du Sac, il efl couvert d'une tunique membraneule aflés forte ; celle-ci étant Ôôtée, on en trouve une toute charnüe, faite de deux mufcles très-minces, dont chacun recouvre une poche, & dont les fibres font prefque tranfverfales par rapport à l'ouverture perpendiculaire du Sac. Ces mufcles ayant été endommagés dans nôtre Civette, je n'ai pû fuivre ni déter- miner leurs attaches, non plus die celles d’un mufcle com- mun aux deux poches, dont les Anatomiftes font mention. Ces parties font décrites dans les Mémoires de M. Perrault. J'ajoûterai feulement que le peu qui en a été confervé dans nôtre Civette /Fï1g. . B.) me donne lieu de croire que ces mufcles enveloppent tout le Sac ; c'eft ainfi que Drelincourt les décrit : Proceflus fibrofos à mufculos habent à pube oriundos, orbiculatim eos cingentes ad fuos ufque apices. Mais fi la defcri tion.eft jufte, la Figure qui accompagne celle de M. Perrault eft défeétueufe, en ce que ces mulcles y font trop courts & trop étroits. "Au refte, comme fuivant toute apparence, ils enveloppent tout le Sac, lorfqu'ils fe contractent en quelque fens que ce puifle être, ils doivent comprimer les poches, & en exprimer le parfum. La tunique charnüe faite de ces deux mufcles étant levée; on voit une membrane déliée, dans l'épaifleur de laquelle ferpente une grande quantité de vaiffeaux fanguins qui, felon ceux qui ont difléqué des Civettes entiéres, viennent des branches hypogaftriques & honteufes. Ces vaiffeaux portent fans doute avec le fang la matiére de l'huile odorante qui doit faire le parfum. Sous cette membrane, le Sac ne paroît plus qu’un tas de grains glanduleux , dont la couche eit large de 2 lignes, & qui fait la plus grande épaifieur du Sac même /Fig. 2. B.) Dans cet amas de grains glanduleux, combien de chofes {e préfentent nettement à l'Anatomilte , & qu'il feroit à fouhai- ter que dans nos glandes conglomérées la flructure fût auffx développée que dans celles du Sac de la Civette ! on n'auroit peut-être pas imaginé tant de fyflèmes fur les glandes, dont DES SCIENCES. 407 la compofition eft fi peu déterminée, qu'on n’a pas encore une définition bien fatisfaifante de Ja glande, & que ce point d'Anatomie a arrêté les Malpighi, les Ruyfch, les Winflow, les Boerhaave, &c. Dans le Sac de la Civette, les grains glanduleux bien mar- qués font eux-mêmes faits d’un nombre infini de plus petits grains, & paroiflent des glandes, à examiner fuperficielle- - ment la partie, mais il y en a quantité qui font les follicules des glandes voifines, & les réfervoirs du parfum filtré dans les grains {Fig 2. C.) Ces réfervoirs font faits par des épa- noüiffements de la membrane qui lie enfemble les grains glanduleux ; ce ne font point de ces veficules femblables à celles qu'on forme avec un peu d'air, quand on fouffle Le foye d'un Cochon, ces follicules ne font point équivoques, ils paroiffent fenfiblement ronds, creux, & pleins de l'huile odorante filtrée dans les glandes, d'où elle eft apportée ; ils font en petite quantité vers la furface externe du Sac, & en grand nombre vers la furface interne, c'eft-à-dire, du côté de la grande cavité, où chacun eft percé d’une ouverture ronde & fenfible par où le parfum coule des follicules dans le Sac (Fig: 2. B.) Lorfqu'on les a vuidés, en exprimant {a liqueur qu'ils contiennent, fi on les gonfle avec un peu d'air au moyen d'un petit tuyau , ils s’arrondifient de nouveau. Le mème trou excréteur qui fait l'ouverture de chaque follicule, perce encore parallelement deux membranes qui font les tuniques internes du Sac, celle qui touche immédia- tement des glandes eft blanche, plus forte que toutes les au tres, & prefque aufii épaifle que la membrane interne du géfier des Oyfeaux, elle eft recouverte d’une autre très-fine, garnie de petits poils qui y font implantés fans paffer au de- là, ce qui fe prouve en enlevant cétte membrane après une légere macération. Ces poils font , à {a fineffe près, fembla- bles à ceux de la peau, ils ont un tuyau & un oïgnon. Le Sac bien examiné, voyons ce qu'il renferme. Chacune de fes cavités contient um paquet d'une efpece de foye courte imbibée de l'huile odorante qui fait Le parfum, 408 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de forte qu’en le preflant, on en exprime le parfum comme d'une petite éponge (Fig. 2. F. F.) Parmi ces filets foyeux, il y avoit quelques poils noirs , durs , & abfolument fembla- bles à ceux de la peau de l'animal, fans doute ils étoient entrés dans le Sac par quelques fituations fortuites & quelques mouvements de l'animal pour fe lécher ou fe grater, mais les filets dont l'éponge eft formée font mols, & ne font que des brins fort courts ; je ne pouvois imaginer qu'ils euflent été détachés de la tunique interne du Sac, ceux qu’elle porte ne quittent la membrane qu'avec la membrane même, quoi- que macérée ; ils ne pouvoient venir de la peau, la différence eft trop marquée, il n'étoit donc pas facile d'en découvrir d'origine, À force de recherches, je lai trouvé dans les réfervoirs ou follicules que j'ai décrits. En comprimant les glandes &c les réfervoirs pour faire couler le parfum dans la cavité du Sac, j'avois obfervé qu'il fortoit en jet fous la forme d’une matiere grafle & épaille, qui pañlée par les trous des refer- voirs, formoit une efpéce de Vermicelli, & fe foûtenoit à peu près comme la matiere qui fort des glandes febacées de Ja peau. L'ayant examiné de fort près, j'y reconnus aïfément l'huile qui fait le parfum, cette liqueur graffe décrite par les Naturaliftes, fous la forme d’une écume blanche, odorante; que les Arabes ont appellée Ziber ; mais je découvris de plus, que cette matiere legére fortoit en jet, capable de fe foûtenir à caufe des brins foyeux mêlés avec elle, & qui devenoient d'autant plus fenfibles, que la matiere reftoit expofée à l'air. (Fig. 2..B,*.) H falloit, pour appuyer la découverte, voir fi la foye des réfervoirs étoit femblable à celle des pelotons du Sac, & fr cette foye étoit telle dans les réfervoirs, ou devenüe telle par le contaét de l'air hors des parties, femblable à celle du Ver à foye & de l'Araignée, qui dans le corps de ces Infectes n’eft qu'une matiere vifqueufe, & à l'air devient une {oye d'une certaine confiftance. JL étoit aifé de déterminer ces circonftances; la feule comparaifon DES SCIENCES. 409 comparaifon faifoit voir à l'œil que la foye des réfervoirs & celle des pelotons étoient la même, On peut conjeéturer de plus qu'étant fortie des follicules & ramaflée dans la cavité, ou bien expofée à l'air, elle acquiert un peu plus de confif- tance. Non content du premier examen d’une goutte de cette matiére au bout du doigt, dans laquelle j'apperçüs les brins foyeux , je l'examinai au Microfcope, & elle me parut une huile blanche, traverfée par de grands filets confufément pla- cés dans la liqueur /Æ3g.2. D.) J'ai répété cet examen affés de fois pour être für de ce que j'avance ; une chofe m'a paru finguliére, c’eft d'avoir vü-par le Microfcope un jet du par- fum, tel qu'il étoit forti du réfervoir fous la forme d’un faif- ceau pointu fait de poils tous rangés dans la même direction: (Fig. 2. E.) Comment ces brins foyeux, confufément mêlés dans l'huile des réfervoirs, fortent-ils tout droits des réfer- voirs, lorfqu'on les comprime? C'eft ce que j'ai vû fenfible- ment , fans en avoir trop découvert la raifon, & peut-être {eroit-il inutile de la rechercher. Enfin j'ai mis de cette huile odorante à la lumiére d’une bougie, elle a rendu d'abord une odeur affés agréable, enfuite elle s'eft enflammée avec crépitation , & le feu étant éteint, elle a donné une odeur de cheveux brülés. Après cette defcription du Sac de la Civette, & mes expé- riences fur fon Parfum, on ne peut s'empêcher d’y reconnoi- tre une ftruéture bien finguliére. Si on la confidere par rap- port à l'huile odorante qu'il renferme, on voit que cet ani- mal porte dans un organe particulier toutes les parties d’une caffolete, un parfum fingulier dans fa cavité, une capfule pour le contenir, & une éponge naturelle pour le conferver, car fans elle l'ouverture du Sac n'ayant ni valvule ni fphinéter, l'huile odorante en feroit fortie auffi-tôt qu'elle auroit coulée des réfervoirs, & il y a lieu de conjeäturer, quoiqu'on ne fçache pas l'ufage de ce parfum dans l'animal, qu'il ne doit fortir du Sac qu’en certains temps , & fuivant certaines cir- conftances. Ce qu'il y a de remarquable encore, c'eft de voir que la matiére du parfum fourniffe des parties figurées de Mem. 1728. s°ÊTE 4ro MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE maniére à faire l'éponge même de la caflolete, Si on confidere ce Sac par rapport à fon organifation, ont y trouve toutes les parties que nous aurions befoin de trouver raffemblées dans nos glandes conglomérées pour avoir ur fyftème uniforme fur leur flruéture; dans le Sac de la Civette, qu'on peut à jufle titre regarder comme une glande conglo- mérée, fe rencontrent les grains de Ruyfch & les follicules de Malpighi, & c’eft principalement la difficulté de trouver ces deux parties réünies dans celle qu'on nomme glande, qui fait le partage des opinions-fur leur ftruélure. Enfin, fr on confidere la matiére dépofée dans les réfer- voirs, c'eft une huile mêlée de brins foyeux qui paroiflent avoir abfolument échappés aux Naturaliftes. De toutes les réfl/xions qui fe préfentent à ce fujet, je m'arrêterai à celles que n'a fourni la comparaifon de cette foye avec les poils que lon a quelquefois rencontrés dans les liqueurs naturelles des animaux, quelquefois fur la furface de plufieurs vifceres à l'ouverture des Cadavres , quelquefois, & ce dernier cas eft le plus ordinaire, dans des parties graifleufes & dans des tu- meurs contre nature. Je pourrois citer nombre d'exemples de ces troïs cas, les ayant recherchés & recüeillis avec foin , mais je me bornerai à celui des parties grafles & des tumeurs contre nature. M. Ruyfch parle dans plufieurs endroits de fes Traités anatomi- ques, de pelotons de poils trouvés dans l'épiploon, d’autres trouvés dans cette efpece de tumeurs enkiflées, connües fous le nom d'afherome. Vanderwiel , dans fes obfervations, rap- porte qu'il a vü à Ja Haye une Femme à qui on avoit ouvert une tumeur au ventre, dont à chaque panfement fortoit des poils mêlés avec une matiére graffe. Il y a peu de temps que M. Maugue, Médecin de Strafbourg, envoya à Paris une Obfervation finguliére que j'ai 1à à l'Académie, & dont voici l'extrait. La Femme d'un Libraire de Strafbourg ayant été Iong- temps malade, eut deux tumeurs au ventre, dont une ayant été ouverte, donna une livre de matiére graffe & épaifle ; un TT ETT ES DES SCIENCES 4Tt mois après l'ouverture, il {ortit des poils avec fa matiére, & cela continua jufqu'à fa mort, arrivée vers la fin de 1727. A l'ouverture de fon corps, on découvrit dans le ventre une feconde tumeur enkiftée, laquelle étant ouverte, fut trouvée pleine d'un peloton de cheveux de la grofleur d’une balle de jeu de paume, & enfin une troifiéme pleine d’une touffe de cheveux qui fembloient y avoir pris naiffance. I] y avoit de "ces cheveux longs de plus d’une demi-aulne. En confidérant avec un Microfcope les membranes intérieures de ces tu- meurs , elles paroiffent bulbeufes & glanduleufes. II y avoit auffi quelques poils fur la furface des inteflins grèles. Je reçûs cette obfervation dans le temps que je travaillois au Sac de fa Civette, & je füs frappé d’un certain rapport entre la formation de la foye du Sac & celle des poils trouvés -dans ces tumeurs enkiftées. Ce rapport fe foûtient dans pref- que toutes les circonftances, Ces poils contre nature, trouvés en différents endroits du corps, ne fe nourriflent point comme les cheveux, les poils de la peau, les plumes, que l'on peut regarder dans les animaux comme des parties organifées. Ces poils n'ont point de racines, & M. Ruyfch l'avoit bien ob- fervé; ces poils ne font point adhérants aux parties , ils y font fimplement collés, & on les -en détache facilement. Enfin on les trouve dans des parties grafles, ou confufément mêlés avec une matiére grafle & onctueufe. Or il n'y a pas une de ces circonftances qui ne fe trouve dans les foyes qui : font l'éponge de nôtre Civette, & fi la reflemblance eff f parfaite, pourquoi ne nous fervirions-nous pas de ce que nous avons découvert fur la formation des uns pour expli- uer celle des autres ? I faut donc fe rappeller ici la différence des concrétions qui peuvent être faites par une même liqueur fuivant la dif- férente configuration de fes parties & la difpofition différente des ouvertures propres à leur fervir de filiéres. Qu'on ajoute à cela un certain aflemblage des parties hétérogencs, on peut concevoir qu'il y a telle partie du fang propre à former des matiéres foyeufes difpofées à être filées par des filtres : | Fffij 412 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoyALE particuliers ; du moins nous avons vü dans le Sac de la Ci- vette des glandes, & dans l'intérieur de nos tumeurs en- kiftées des membranes bulbeufes & glanduleufes. Mais il femble que cela ne fuffife pas pour expliquer toutes les fingularités de nos poils, car dans l'obfervation de M. Mauguc les cheveux ont plus de demi-aulne de longueur , dans celle de M. Ruyfch il s'en trouve qui ont un grand doigt , d'autres près d'un pied de long. Cette circonftance peut sexpliquer par des réfervoirs & des trous excréteurs pareils à ceux de nôtre Civette , & il eft probable qu'il y en a dans les membranes de nos tumeurs ; des pores fuflroient même pour fervir de filiéres à la matiére qui doit faire les poils, de même que les trous des mammelons de l'Araignée pour la foye qu'elle file, & c'eft peut-être ce qui arrive aux poils qu'on trouve fur la furface des vifceres. L'origine de ces poils pourroit donc bien être une matitre grafle & onélueufe , qui ayant féjourné dans des follicules ( & ces follicules fe forment aifément par la defunion de deux tuniques contigües , où la dilatation de quelque cextré- mité de vaifleau ) s'épaiflit au point néceffaire, pour faire des brins velus ou foyeux, lorfqu’elle aura été filée par des trous excréteurs, ou par des pores. Cette explication paroît expliquer d'une maniére fimple & naturelle la formation de ces poils, & l’analogie que j'ai eflayé d'établir entre eux & la matiére foyeufe du Sac de la Civette, fournit une nouvelle preuve des lumiéres que l'Ana- tomie comparée peut répandre fur celle de l'Homme. - Mem . de L'Acad.172g.PlL.20. PAIE \ Ph .Jimonneatt Seule ce del [rame d À D Le à à Do ï © S À È à PEU 4 a) Mem .de L'Acad 1728. Pl21.pag 412. Se \, HD) 1 ES ( TER AU NS) il \ sl j a \\ jy VA rm EE ———_— Mer .de l'Acad 1728. Pl 21.pag æ12. DES SAC EN CES 413 A0: BS EUR AÎT TON Sur un Dépôt fingulier formé dans le Péritoine a la fuite d'une Couche. Pa EMEA CM OEM LL y a peu de cavités dans le Corps humain où il ne puiffe 3 Juiller fe former un dépôt ou épanchement, Lorfque c’eft d'une 1728: humeur féreufe, on l'appelle Hydropifie ; il s'en amaffe même, mais plus rarement, dans des endroits où il n'y a aucune cavité fenfible, comme entre les mufcles & Îles membranes. Cette maladie change de nom fuivant {a partie où fe fait la congeftion de lhumeur, La plus commune eft l’Afcite, lorfque la férofité eft épanchée dans la cavité du bas-Ventre; & l Hydrocele, lorfqu'elle eft dans le Scrotum. L'Hydropifie de la Tête, où Hydrocephale, celle de la Poitrine , celle de la Matrice & des autres parties ne font pas fi ordinaires ; mais le dépôt fingulier du Péritoine, dont je vais rapporter un exemple, qu'on peut appeller une efpece d'Hydropifie du Péritoine, eft une maladie qui a paru jufqu'ici des plus rares. Les anciens Auteurs n’ont fait aucune mention de cette . efpece particuliére d'Hydropifie, quoiqu'elle pôt être arrivée de leur temps, & qu'on lait peut-être confondüe avec l'AÇ cite. L’Anatomie, perfectionnée dans ces derniers Siécles, & les découvertes qu'on 4 faites des Vaiffleaux Iymphatiques , ont rendu évidente üne maladie que Galien & fes fe@tateurs croyoient impoflible. Entre les Anatomiftes modernes, Antoine Nuck nous ap- prend quel'Hydropifie du Péritoine arrive moins rarement qu'on ne l'avoit erû jufqu'alors , & les exemples qu'il en rap- porte dans le Chapitre qui traite des Vaifleaux |ÿmphatiques du Péritoine , en fourniflent des preuves inconteftables. Ces exemples, & ceux qu'on à remarqués depuis, donnent Fff i 414 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE lieu de faire de nouvelles réfléxions tres-utiles dans la prati- que de la Médecine, {oit pour diftinguer cette maladie de l’Afcite, en connoître les caufes, & en diftinguer les fignes + foit pour la maniére de la traiter avec plus de fuccès que par les fecours quon employe ordinairement dans l'Hydropifie afcite. Le fait que je vais rapporter dans toutes fes circonftances, fera fuivi de quelques rctiéxions fondées fur l'anatomie du Périoine, & fur les obfervations des Auteurs fur cette efpece de maladie. : Une jeune Femme de vingt-quatre ans arriva au dernier terme d'une premiére groflefle malgré des contre-temps fà- cheux, & quelques indifpofitions que lui cauferent des cha- grins très-fenfibles ; fon accouchement fut cependant afés heureux, mais les fuites ne furent pas fi favorables ; la fiévre qui furvint le troifiéme jour (comme il arrive ordinairement) devint continüe, & donna occafion à la fuppreffion des éva- cuations qui fuivent l'accouchement : la faignée lu pied au- roit été alors d'un grand fecours, mais celui qui fut appellé our la fecourir, ne connoiffant pas tous les ivantages de ce remede, lui préféra l'ufage des potions cordiales & hyftéri- ques, & des fomentations émolientes qu'il fit appliquer fur le ventre de la malade, qui étoit enflé & douloureux. Ces remedes la foulagerent, mais ne la guérirent pas ; la grofleur de fon ventre fubfifta, & augmenta même de jour en jour fr confidérablement , que trois femaines après l'accouchement | elle paroifloit prefque auffi grofie qu'avant d’accoucher; cette enflure étoit accompagnée de douleurs dans le ventre, quoi- que fa fiévre fut modérée. Cette diminution de fiévre l'en- gagea à fe lever, elle fe fentit même affés de force pour fortir & s'aller promener le 24 de la couche. Cette fortie renouvella fes douleurs, l'enflure de fon ventre en augmenta , & commença à l'inquiéter & s'en plaindre à fes amies ; une d’entre elles lui affürant que ce nétoit que des vents, lui confeilla d'appliquer fur le nombril un mélange de Mufcade & de clous de Gérofle en poudre, détrempés DE 18 SCIE AU miss 41$ avec l’Eau-de-vie ; la malade reflentoit quelque adouciffement dans fon mal, après l'avoir employé pendant deux jours, lorf- que dans fon premier fommeil elle fut réveillée, fe fentant comme inondée dans fon lit, & prefque engloutie de l'odeur d’une humeur qui étoit fortie de fon ventre par l'ouverture de fon nombril. Malgré l'mfeétion qui penfa la fuffoquer, elle eut la force d’appeller du fecours , & je fus averti dans Yinftant , me trouvant dans le voifinage. J'y courus aufli-tôt, après m'être muni d’une liqueur cor- diale, appelée Eau divine, que je trouvai chés moi. J'eus peine | à foûtenir l'air que je refpiraï en entrant dans la chambre de | la malade par l'infeétion qu'y caufoit l'odeur de l'humeur qui avoit percé le lit, & coulé fur le plancher ; une faumure cor- rompüe n'eft pas plus puante. ! Je fis glifler quelques linges fecs fous la malade, que je trouvai dans une foibleffe & un épuifement extrême, le poux imperceptible , qui commença à fe ranimer après qu'elle eut | pris quelques cuillerées d'Eau divine. Je lui en fis reprendre, & la trouvant revente à elle, j'eus la facilité d'examiner l'état de fon ventre, après n'être informé de ce que je viens de rapporter. | Je tirai quelques cuillerées de liqueur par l'ouverture qui s'étoit faite au Nombril, en comprimant les mufcles de bas en haut & par les côtés. La couleur & la confiftance de cette liqueur étoit aflés femblable à celle d'une férofité laiteufe un peu grisâtre ; fon odeur approchoit de celle d'une faumure avec quelque mélange d’un fel urineux. Je fs mettre enfüuite far l'Ombilic & fur le Ventre des comprefles trempées dans. Le le Vin chaud, & la laiai repofer. Son fommeil fut afés tran- quille pendant deux heures, après lefquelles ayant fait venir fon Chirurgien , nous examinämes d'abord par le Stilet Er profondeur & l'étendiüe de la cavité qui fervoit de rélervoir à cette liqueur extravafée qu'on‘introduifit par l'ouverture du Nombril, & qu'on conduifit fans réfiftance dans les parties Hatérales & inférieures de lHypogaftre jufqu'à lOs pubis & les Aines. Du côté du Nombril l'étendiüie pouvoit avoir deux ’ 416 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYaLe travers de doigt de chaque côté, & un demi-doigt au deffus ; fa plus grande largeur étoit dans la partie inférieure. H n'y avoit aucune communication dans la capacité du bas-Ventre, en forte qu'il nous parut que cette congeftion étoit une ef- pece d'Hydropifie laiteufe formée entre le Péritoine & les mufeles depuis da région ombilicale jufqu'à la partie inférieure de l'Hypogatre, à loccafion de la fupreffion de fes lochies. IL n'étoit pas poffible de mefurer la quantité de liqueur contenüe dans ce fac, mais par la grofieur de fon ventre {ur le rapport du Mari, & la quantité répandüie dans le lit & fur le plancher, on pouvoit conjcéturer qu'elle étoit de quatre à cinq pintes. Ayant appellé du confeil pour délibérer fur un mal auff fingulier, on fut d'avis d'augmenter Fouverture du Nombril par l'Eponge préparée, pour y introduire la Sonde, ou un inftrument propre à faire une contre-ouverture au bas de l'Hypogaitre, pour donner une ifluë à la maticre de la fupu- ration qui pourroit s'amafler dans la partie inférieure du Ven- tre, pendant qu'on entretiendroit par le fecours d'une mèche l'ouverture de l'Ombilic & celle qu’on feroit à côté de l’Aine pour feringuer les liqueurs convenables qu'on y injecteroit. Mais l'extrême foibleffe de la malade, laquelle avoit effuyé une groffeffe & une couche ficheufe, nous obligea de diffé- rer cette opération ; & on prit le parti de commencer par fire les injections vulnéraires & déterfives par le Nombril, après en avoir dilaté l'ouverture par Eponge préparée ; ce qu'on continua deux ou trois fois par jour avec fuccès pen- dant près de trois femaines : les injcétions reffortoient en même quantité après avoir lavé ce fac, d'où l'on tiroit , avant d'injeéter, une quantité affés raifonnable d'un pus bien condi- tionné, fans mauvaife odeur, & d’une couleur aflés blanche, Tout fembloit nous promettre un heureux fuccès ; on fen- toit avec la Sonde que l'étendüe de la cavité diminuoit, fur- tout du côté gauche, & que le Péritoine fe recolloit aux mufeles du bas-Ventre : la fiévre avoit été modérée, le fom- meil tranquille, PEflomac faioit fes fonctions, la malade n'avoit NV TP TT! dE Rene omis te DUR, EU SRE don trente al Éd D'ESMSCTENCEÉS 417 n'avoit eu aucune envie de vomir, ni hoquet, le Ventre mol- let, & fans aucune tenfion douloureufe dans toute fon éten- düe. Les forces revenoient peu-à-peu par un régime de vie exact, & quelques potions vulnéraires & fégerement cordiales, avec deux boüillons par jour, altérés par les herbes ameres & vulnéraires qu'on employe ordinairement pour purifier le fang, de forte qu'on commençoit à fe flatter de parvenir à la guérifon , fans être forcé d’en venir à l’opération qu'on avoit propofée d’abord, lorfque la malade s'étant un peu trop relà- chée fur la quantité & la qualité des aliments qu’on lui avoit prefcrits, la fiévre furvint, les envies de vomir, enfüite le vomifiement lui prit d’une humeur bilieufe, femblable par fon odeur & fa couleur à la matiére des felles, & elle tomba dans une fr grande foibleffe, qu'elle n'appercevoit pas une bougie allumée. A ces ficheux fymptômes fucceda un cours de ventre avec des douleurs & tranchées très-vives, & un gonflement dans le Ventre. Enfin ce relâchement dans fon régime ordinaire produifit un fi grand changement du matin au foir, que lorfqu'on vint à panfer la malade, on tira peu de matiére purulente, & injection ne revint point par la playe comme à l'ordinaire, ce qui nous fit juger que le Péri- toine altéré par la matiére purulente , s’étoit ulcéré dans la partie inférieure de l'Hypogaftre, où étoit la douleur la plus fenfible, & avoit laiflé échapper l'injection dans la capacité du bas-Ventre. Nous appréhendions une mort prochaine, ce qui nous détermina à tenter à tout événement la contre- ouverture qu’on avoit propofée. Elle fut executée fur le champ par un inftrument convenable, entre la Ligne blanche & VAine droite, dans la partie inférieure & latérable de VHy- pogaftre ; il en fortit peu de matiére purulente fanieufe. On introduifit une mêche par l'ouverture de lOmbilic & celle qu'on venoit de faire pour entretenir leur communication & donner iffuë par l'ouverture inférieure aux injeétions qu’on feroit par l'autre. Cela réüflit aflés bien, & dans les panfe- ments des premiers jours on eut la confolation de voir fortir la plus grande partie de la liqueur injectée, chargée d'une Mem. 1728. . GEg 418 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE matiére purulente d'une qualité & d'une confiftance afés fatisfaifante. On s'apperçut vers le quatriéme jour de Fopération, qu'il fortit par la playe près d’une cuillerée de matiére d’une cou- leur & d'une odeur différente de celle du pus ordinaire, &c femblable à la matiére fécale ; ce qui nous fit juger que le Péritoine étoit altéré & percé en quelque endroit, & que cette altération s’étoit communiquée aux inteftins, dont quelqu'un avoit été ulcéré & ouvert, & avoit laïffé échapper par cette ouverture la matiére contentie dans fa cavité. Cependant, en continuant les injeétions vulnéraires & dé- terfives, cette matiére ceffa de couler, l'inteftin fe cicatrifa & fe recolla contre le Péritoine qui fe réünit auffr, puifque dès le troifiéme panfement, l'injection fortit toute entiére, char- gée d'un pus fans aucun mélange de matiére bilieufe & fter- corale comme auparavant , laquelle ne reparut plus depuis. On foûtint les forces de Ia malade par un régime modéré, deux boüillons amers & vulnéraires chaque jour, avec quel- ues cuillerées de potions cordiales, & pour boiffon ordinaire elle buvoit de la tifane faite avec la racine de grande Confoude & le Ris pour modérer le cours de ventre, qui avoit de la peine à s'appaifer ; la gelée de Corne de Cerf ne fut pas ou- bliée. Enfin avec la fimple injection & la mêche imbibée d'un digeftif ordinaire, le Péritoine fe recolla aux mufcles du bas-Ventre, & trois femaines après qu'on eut fait la contre- ouverture dans l’Aiïne, on n'employa plus de mêche, & on laiffa former la cicatrice de la playe faite dans l'Aïne ; on fe contenta d’injeéter par le Nombril, & l'injection ne trouvant plus d'iffuë par l'ouverture inférieure , reflortoit par la fupé- rieure, qu'on entretenoit ouverte jufqu’à ce qu’on s’apperçut par la Sonde & la petite quantité de l'injection, que le fac, ui avoit ci-devant contenu la grande quantité d'humeur qui pue l'efpece d’Hydropifie liteufe dont nous avons parlé, fe refferroit, & que fes parois s’étoient collés lun contre l'au- tre fi exactement, qu’on pouvoit, fans appréhender un nou- veau dépôt, laiffer avançer la cicatrice de la playe du Nombril, DES 'S €eTEN CEST" 419 ce qui arriva au bout de deux mois, à compter du jour de l'évacuation qui fe fit naturellement par l'ouverture du Nom- bril, & cinq femaines après l'opération de la contre-ouverture dans l’Aine. La malade guérit parfaitement. Elle n’a reffenti depuis aucune douleur dans le Ventre, fon Dévoyement s’eft totale- ment arrêté, & fes Regles font revenües réguliérement ; mais elle n'eft point devenüe groffe depuis quatre à cinq ans que cet accident lui eft arrivé. Nous avons dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de l'année 1707, l'obfervation d'une Hydropifie du Péritoïine, rapportée par M. Littre, qui a quelque conformité avec celle-ci par le lieu où s'eft faite la congeftion de f'hu- meur. Mais la circonftance de a Couche, qui a donné lieu à celle dont je viens de faire le récit, & la guérifon de Ja malade, fourniflent de nouvelles réfléxions pour la cure de cette maladie, Ce ne fut qu'après la mort que M. Littre fut confirmé dans l'idée qu'on avoit que l'Hydropifie de cette malade n'étoit pas un Afcite. On lui avoit fait jufqu'à treize fois la ponction dans l’efpace de deux ans, fur le foupçon que c'étoit une Hydropifie humorale formée dans un fac par- ticulier, qui pouvoit être le Péritoine. Dans nôtre nouvelle Accouchée, l’épanchement au dehors qui furvint par l’ouver- - ture de l'Ombilic, par laquelle on s’aflüra de l’étendüe & de la capacité du réfervoir où l'humeur s’étoit amaffée en très- P RC at our SENTE peu de temps, convainquit évidemment que c'étoit entre le Péritoine & les mufcles du bas-Ventre, L'expérience nous apprend que les nouvelles Accouchées P # L . - font expolées, par la fuppreflion de leurs évacuations ordi- naires, à de très dangereufes maladies, particuliérement aux dépôts laiteux qui furviennent dans différentes parties de leurs corps. Tâchons d'expliquer comment s’eft pü former celui-ci dans lefpace de quinze jours ou trois femaines, après avoir rappellé ce que Anatomie nous apprend de Ia ftruéture du Péritoine. Ceft une membrane placée immédiatement fous les muf Gegi 420 MEMOIRES DE L'ÂCADEMIE ROYALE cles du bas-Ventre, laquelle enveloppe les parties qui yfont contenücs : fa furface antérieure & extérieure eft inégale à caufe de l'union qu'elle a avec les mufcles tranfverfaux : fa furface interne, qui couvre les Inteftins, eft très unie. Cette membrane reçoit des artéres & des veines des épigaftriques & des mammaires, des phréniques & quelquefois des fperma- tiques : fes nerfs font du nombie de ceux qui font diftribués aux mufcles du bas-Ventre. Le Péritoine a aufli fes Vaïfleaux Iymphatiques , que Îes Anatomiftes modernes ont découvert. Rudbeck les a obfervés, venants des mufcles tranfverfes & obliques de Abdomen, & traverfer enfuite le Péritoine avant de fe rendre au réfervoir du chyle. Nuck en a fait une plus exacte recherche pour expliquer la caufe de l'Hydropifie du Péritoine, dont il rapporte plu- fieurs exemples dans un Chapitre particulier qui traite des Vaiffeaux lymphatiques de cette membrane, dans laquelle il en a découvert qui vont s’inférer dans les glandes qu'il ap- pelle acrées, à caufe du voifimage de lOs facrum , de-là fe portent aux glandes iliaques, d'où ils fe répandent fur la Veine-cave avant de parvenir au réfervoir du chyle. Outre ces Vaïffeaux lymphatiques, cet Auteur en a trouvé d’autres , lefquels après avoir parcouru par différentes ramifi- cations les mufcles de l'Abdomen, & pénétré la duplicature du Péritoine, fe réüniflent en trois ou quatre branches qui fe répandent fur la partie fupérieure de la glande iliaque , de-1à fur la Veinc-cave, & vont enfuite fe terminer au réfervoir commun du chyle. Cet Auteur doit fes découvertes à la pré- caution qu’il prit de lier l'Uretre d'un Chien vivant, & d’ou- vrir enfuite Ja Veine-crurale pour y injeéter une liqueur pro- pre à fon deflein, & mieux diftinguer par cette expérience. les vaiffeaux gonflés par cette ligature. La Figure 3 1€ de Ja Planche virt expofe la difiribution de ces Vaïffeaux d’une maniére affés fenfible. A l'égard de la Duplicature du Péritoine, dont Nuck & les autres Auteurs ont parlé, M. Winflow en a démontré la DES SCIENCES. ‘421 fauffeté, en faifant voir que la Lame externe du Péritoine qui regarde les mufcles du bas-Ventre, eft un tifiu cellulaire & filamenteux plus ou moins épais qui part de fa furface ex- terne pour s'attacher aux mufcles, femblable en quelque façon à de la Laine pofée entre l’étoffe d'un habit & fa doublure. On remarque dans ces cellules quelques endroits graiffeux, & quand on veut détacher le Péritoine des mufcles , les pel- licules de ce tiffu étant tiraillés & allongés, repréfentent une efpece de Membrane qui a impofé à ceux qui ont foûtenu Ia duplicature du Péritoine. La flruéture de ce tiflu cellulaire, démontrée par M. Winflow, facilite la maniére d'expliquer comment fe peut former l’épaiffeur extraordinaire du Péri- toine dans quelques Sujets, dans lefquels on en a trouvé des portions de l'épaifleur d’un demi-pouce , laquelle étoit pro- bablement caufée par l'épaifliffement d’une fymphe figée & endurcie dans les cellules de ce tiflu, qui avoit acquis la confiftance dure & cartilagineufe qu'on y a remarquée. Les Vaifleaux lymphatiques, que les Anatomiftes ont ob- fervés dans le Péritoine , fervent auffi à expliquer de quelle maniére l'Hydropifie peut fe former entre cette membrane & les mufcles du bas-Ventre par l'engorgement de la Jymphe dans ces Vaifleaux , d'où s'enfuit leur rupture & lépanche- ment de l'humeur par quelque caufe qu’ait été occafionné cet engorgement , comme nous l'examinerons dans a fuite de ce Mémoire. Cette anatomie du Péritoine fuppofée, voici mes conjec- tures fur la caufe & l'origine de cette efpece d'Hydropifie fin- guliére, ou Dépôt féreux, dont je viens de faire le rapport. Le Tiffu cellulaire qu'a remarqué M. Winflow entre le Péritoine & Îles mufcles, étant parfemé de Vaïfleaux 1ympha- tiques, dont la lymphe avoit été altérée & aïgrie par le reflux du Lait de nôtre Accouchée, a d’abord été le lieu où a com- mencé l'épanchement de l'humeur, qui par fon acreté a rongé & détaché les pcllicules de ce tiflu, & occafionné enfuite Ja. rupture des Iymphatiques, dont l'humeur extravafée a écarté. & féparé le Péritoine des mufcles, & formé par fon épanche- Geg ÿ 422 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ment le fac qui contenoit la férofité laiteufe qui s’eft échap- ée par le Nombril. L'origine de cet épanchement dans une nouvelle Accou- chée n’eft pas difhcile à concevoir, puifqu'après l’accouche- ment la liqueur deftinée pour Ja nourriture du Foœetus dans la Matrice eft portée aux Mammielles qui doivent l'allaiter, d'où elle eft obligée de refluer dans la maffe du fang pour retourner à la Matrice, & s’écouler par les évacuations des Accouchées qui ne nourriflent pas leurs Enfants. On fçait que les Arteres & les Veines épigaftriques four- niflent des branches au Péritoine aufli-bien que les Arteres & les Veines mammaires, & que les épigaftriques envoyént auffi des rameaux aux Marmmelles par deflus les mufcles droits. C'eft vrai-femblablement par la communication de ces Vaif feaux que la fymphe eft conduite dans les Iymphatiques du Péritoine , laquelle fe trouvant d'une mauvaife qualité dans la maffe du fang d'une nouvelle Accouchée, devient capable de gonfler & de rompre les Vaifleaux 1ymphatiques, dont la tiflure eft très-délicate, & de fe répandre entre le Péritoine & les mufcles de Abdomen, en écartant le tiffu cellulaire qui les unit enfemble ; & cela d'autant plus aifément, que dans les derniers mois de la groffefle, la Matrice augmentant de volume, prefle le Péritoine contre les mufcles du bas- Ventre, & par cette compreflion gène le cours de la lymphe dans fes Vaiffeaux, & peut occafionner leur rupture & l'épan- chement de cette humeur. En comparant lobfervation de M. Littre fur l'Hydropifie du Péritoine, celles de Bartolin, Blafius, Tulpius, Donatus, Nuck, & les Auteurs des Journaux d'Allemagne, avec celle que je viens de rapporter, je remarque une circonftance par- ticuliére, qui eft la lenteur avec laquelle la liqueur s’eft amaflée dans le Péritoine fuivant cet Auteur, puifque ce n'a été que dans l'efpace de plufieurs mois, & même des années entiéres qu’elle étoit parvenüe à une quantité affés confidé- rable pour fe faire diftinguer par la fluétuation, & indiquer par ce figne évident l'opération de la Paracenthefe. Au lieu 44 DE 5: SC LE N°C Es. 423 que dans nôtre Accouchée l’épanchement seft formé dans l'intervalle de quinze jours , & a augmenté aflés confidéra- blement pour forcer la réfiflance des mufcles, & Ja qualité de l'humeur extravafée eft devenüe en très-peu de temps aflés acre & corrofive pour ronger l'Anneau ombilical, & fe faire un pañlage au travers. Voici les raifons de cette diffé- rence qui me paroiffent les plus vrai-femblables. L'obftruction & le gonflement de quelques-unes des glan- des contentües dans l'épaifleur du Péritoine, a été, fuivant le fyfême de M. Littre, la premiére caufe de l'Hydropifie qu'il explique par l'écartement des deux plans de fibres qui forment la fuperficie extérieure & intérieure de cette membrane ; Ia féparation de ces plans avoit occafionné la rupture d’autres glandes voifines, & l’épanchement de la liqueur qu'elles fi- troient dans l'épaiffeur du Péritoine s’amaflant peu-à-peu , a pù former un fac & une cavité capable de contenir jufqu’à dix-huit pintes de liqueur qu'on à tirée par la premiére ponc- tion , qui n'a été faite qu'après deux ans de maladie, Nuck regarde la rupture des Vaifleaux Jymphatiques du Péritoine comme la caufe du prodigieux épanchement qui s'eft fait entre le Péritoine & les mufcles de Abdomen dans les obfervations qu'il rapporte, dont il y en a une d’une Dame de cinquante ans, à laquelle on trouva par l'ouverture de fon Corps, après quatre années de maladie, jufqu’à quatre- vingt-quinze livres de liqueur accumulée dans cet efpace. De quelque maniére qu'on conçoive que fe forme l'épan- chement entre le Péritoine & les mufcles, foit par l'obftruc- tion des glandes, foit par la rupture des Vaifleaux lymphati- ques, il eft conflant qu'après l'accouchement , les dépôts fe font tès-promptement. On obferve tous les jours que 1a fuppreffion des lochies occafionne des tumeurs confidérables dans différentes parties du Corps dans l'efpace de quelques jours : j'ai vü deux Femmes, dont les Cuifles étoient deve- nües en vingt-quatre heures d’une groffeur confidérable, dont je n'ai pü procurer l réfolution qu'avec bien de da peine, & par le fecours d'une fomentation faité avec la Perficaire & TAbfnthe animées avec le Sel armoniac. 424 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE Les fels acres & lixivicls, dont la liqueur laiteufe de nôtre Accouchée étoit chargée, ayant été capables de ronger l’An- neau ombilical, avoïent probablement détruit les Vaifleaux excrétoires des glandes du Péritoine, & ouvert les Vaifleaux lymphatiques répandus dans le tifiu cellulaire de fa fuperficie externe, d'où s’étoit enfuite formé l’épanchement. L’infec- tion, qui exhaloit de l'humeur épanchée, pouvoit étre l'effet du ferment utérin qui s'y étoit mêlé, & qui par fon féjour avoit acquis un degré de corruption femblable à une vieille faumure. Aïinfi je crois qu'on peut conjeéturer avec beaucoup de vrai-femblance, que l'engorgement des glandes & la rupture des Vaifeaux lymphatiques du Péritoine ont concouru à for- mer conjointement le dépôt féreux qui s’eft amañé entre le Péritoine & les mufcles du bas-Ventre de nôtre Accouchée par les raifons que nous avons avancées ci-deflus, & que cette efpece particuliére d'Hydropifie peut arriver dans pareille cir- conftance après l'accouchement, lorfqu'il fe rencontrera des Sujets dans la même difpofition. J'ai connu une Dame, laquelle après un premier accouche- ment d'un Enfant mort, devint très-enflée, & a vêcu plu- fieurs années le Ventre auffi gros qu'elle l'avoit étant prète d'accoucher, faifant d’ailleurs le plus fouvent les mêmes exer- cices qu'une femme groffe en bonne fanté, buvant & man- eant aflés bien, dormant de même, la couleur de fon teint aflés bon, fes urines naturelles, fans foif ni altération comme il arrive aux autres Hydropiques ; elle étoit réglée tous les mois, excepté fur la fin de fa vie, qui fut avancée par les remedes violents dont elle ufa entre les mains de quelques Charlatans, qui lui promirent de la guérir fans ponction, quoiqu'il y eut une fluétuation fenfible, & un épanchement d'humeur marquée fous les mufcles. Elle s’y réfolut enfin, & on lui tira plus de quinze pintes d’eau femblable à de l'urine en préfence de M. Morand, de cette Académie ; elle n'a pas furvécu long-temps à cette opération par l'épuifement extré- me où l'avoient mis les remedes qu’elle avoit pris. On n'a pû r, DES SCriENCESs 425$ pû obtenir de fa famille d'en faire l'ouverture, par laquelle on auroit pû s’affürer du lieu où s’étoit formé cet épanche- ment, mais il eft vrai-femblable que c'étoit entre les mufeles & le Péritoine, n'ayant point eu les fymptômes & fignes or- dinaires aux Hydropiques afcites. Dans toutes les obfervations des Modernes für l'Hydro- pifie du Péritoine , je n’en ai point trouvée qui foit furvenüe après l'accouchement, en quoi celle que je viens de rapporter m'a paru nouvelle » & mériter une attention particuliére. Je n'ajoûterai rien ici touchant la pratique & a cure d’une pareille maladie dans les différents Sujets de l'un ou l'autre Sexe où elle pourroit arriver ; M. Littre s’eft aflés étendu fur cette matiére dans le Mémoire qu'il a donné en 1 707, & il n'y a point de Médecin expérimenté qui ne foit capable de traiter une pareille maladie, & d'ordonner la Paracentefe ; comme la propofé M. Nuck dans fes obferyations, Mem, 1728. +: Hhk B Janv. 3729° 426 MEMOIRES DE L’ACADEMIE RoYALE —— OBSERVATIONS ME UTLE OR O'E CG 100" "020 PENDANT L'ANNÉE M, DCCXXVIII. _ Par M MARALDI. N 2 obfervé plufieurs fois fa Lumiére boréale , non feu- lement dans le Printemps & dans Automne de Fannée 1728 comme les précédentes, mais on la vüë encore quel- quefois en Eté, ce que lon n'avoit pas encore remarqué jufqu'à préfent. Pendant cet Eté elle a paru Îe 1 6 Juillet, le 2 Août, Ie 29 du même mois & le 15 Septembre. Au temps de cette apparition l'air étoit tranquille, après avoir regné un vent de Nord le jour même de l'apparition , ou le jour précédent. Ce phénomene confiftoit comme les autres fois dans une Lumiére uniforme & conftante attachée à Fho- rifon, & accompagnée de quelques rayons qui s'élevoient perpendiculairement. M. Weiïdler Fobferva aufli à Witem- berg le 29 Juin, depuis ro heures du foir jufqu'au matin, la Lune étant fur l’horifon ; elle étoit fort éclatante, & accom- pagnée des phénomenes.ordinaires, L'air étant tranquille. Ce phénomene, vù M. Weïdler, aura été mélé avec le Crépufcule ; car à Paris, dans Je Solftice d'Eté, & plufieurs jours avant & après, on voit ume Lumiére, comme l'a remar- ué feu M. Caffini, qui tourne d'Occident en Orient, comme fait le Soleil au deffous de l'horifon , de forte qu’à minuit elle fe trouve précifément au Nord, fon terme fupérieur s’élevant de quelques degrés au deflus de l'horifon ; & comme Witem- berg, où M. Weïdler a obfervé, eft trois degrés plus feptem- trional que Paris, le Crépufcule caufé par le Soleil y doit paroître plus clair, plus grand & plus élevé qu'à Paris, & cette Ds cn DES SCIENCES ! 427 Lumiére ; jointe à la Lumiére boréale, peut l'avoir fait pa- roitre plus éclatante, Obfervarions fur la quantité de Pluye. lignes lignes En Janvier......,:,, 352 | En Juillet :......,.. 92 HOVICR nee sv OZ Août sVorsséees 13 Mars... ose 193 Septembre. ....... 64 Avr 5 Se 2e Otobre. ..…. vs 14È M. + 224 Novembre...... 161 AU. crocue ne T2 Décembre... 224 L Somme totale de la Pluye, 1 0 3 lignes +, qui font 1 6 pou ces 1 ligne +. La Pluye tombée dans les fix premiers mois eft de 9 pouc: 2 lign. +, & celle des fix derniers eft de 6 pour. x 1 lignes +. Cette quantité de Pluye eft plus grande que celle qui eft tom- bée à Paris dans chaque année depuis huit ans, à 11 réferve de 1725, qui en donna 17 pouces 7 lignes. M. de Montvalon, Confeiller au Parlement d'Aix, nous a communiqué les obfervations qu'il a faites à Aix en Pro- vence fur la quantité de Pluye tombée pendant 1728. Les voici : lignes lignes En Janvier ..,,... 352 | En Juillet.....,,.., es Février.s este 285 Aoûtisessnsenc 24 Mars he. . 21Z Septembre... :... 91 Avril......... 26% | OGtobre...,.... 833 Mai... .e 17+ Novembre ..... 19 Juin ..... sa. 22% Décembre....., 49 D'où il paroït qu'il a plû à Aix, pendant l'année 1728, 297 lignes d'eau, qui font 24 pouces 9 lignes & environ une demie, ce qui eft 8 pouces 8 lignes plus qu'à Paris, Hhhij 428 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Dans les fix premiers mois il eft tombé à Aix 1 r pouces & une demi-ligne de Pluye, c’eft-à-dire, près de 2 pouces plus qu'il n'en eft tombé à Paris dans les mêmes mois, & dans les fix derniers if eft tombé à Aix 13 pouces 9 lignes, pen- dant qu'il n'en eft tombé à Paris que 6 pouces 1 1 lignes. M. Weïdler a fait auffi les obfervations fuivantes fur Ha. quantité de Pluye, pouc. lign. pouc. lign. En Janvier a 12 | En Juillet ::22 x + Février... 1 47 AOÛ eee 216 MAS mes IN UE Septembre... 2 $ HAVE à se set Po Maisons 103 Jens I 2% ! Obfervarions fur le Thermomerre. Les plus grandes chaleurs de l'année 1728 ont fait monter le Thermometre à 75 degrés le 17 Juillet à 3 heures après midi, ce qui n’eft pas une marque des plus grandes chaleurs de ce climat , puifque les années précédentes il eft monté juf- qu'à 82 degrés. Il eft monté à 72 &73 degrés le 28 Juin, le 6,le12,ler6, le 27 Juillet & le r 3 Septembre. Dans les trois premiers mois de l’année, le plus bas qu'il fpit defcendu a été à 26 degrés, ce qui eft arrivé le r 2 &le 13 Février, où il s’eft encore trouvé fe 29 Décembre ; te 30 du même mois il defcendit au 23, & le 3 1 au 21 ; le 6- Janvier 1729 il eft defcendu à 19 +, le vent étant au Nord. Dans les plus grands froids des années 1709 & 1716 ce Thermometre defcendit à $ degrés, ainfi le froid de cette année eft beaucoup moindre que celui qui s’eft fait fentir il y a 20 ans. M. de Montvalon à auffi obfervé à Aïx la hauteur du Thermometre, dont nous connoïffons le rapport avec celui de l'Obfervatoire, par la comparaifon que nous en avons faite: DES -S;C I E:N CES , ;{ 429 avec une autre qu'il nous a envoyé , & qu'il avoit réglée fur celui avec lequel il obfèrve. Ce Thermometre defcendit à Aix le 8 Février au lever du Soleil à 2 2 degrés, qui répondent à 28 de celui de l'Obfervatoire ; nous l’obfervâmes le 1 2 & le 1 3 Février à 26 degrés : donc il y a eu 2 degrés de diffé- rence entre Îc plus grand froid qu'il fit le 8 Février à Aix, & celui qu'il fit à Paris le 1 2 & le 1 3 Février. Les plus grandes chaleurs font arrivées à Aix le 17 &le 1 8 Août, lorfque le Thermometre étoit à 82, le vent étant Sud-oùüeft & Oïüeft : ces 8 2 degrés répondent à 8 r de celui de 'Obfervatoire; mais le nôtre n'eft monté qu'à 75 : donc il y a eu 6 degrés de différence, dont celles de Paris ont été moindres que celles d'Aix. M. Weïdler marque que la plus grande chaleur arriva à Witemberg le 29 Juin avec un vent de Sud-eft ; à Paris elle eff arrivée le 17 Juillet par un vent d'Eft, à Aix le 17 & le 18 Août, le vent étant Oüeft & Sud-oùeft, Le plus grand froid à Witemberg arriva le 26 Février avec un foible vent d'Eft, à Paris le 12 & le 13 du même mois par un vent de Nord-oüeft, à Aix le 8 avec un vent de Nord-oïüeft ; par où il paroït que dans les Pays plus fep- temtrionaux Îe grand froid y a ceflé plus tard que dans les Pays méridionaux, & que les grandes chaleurs y font arrivées plütôt que dans les méridionaux. Sur le Baromerre. Le Barometre a été pendant l'année 1728 très-fouvent à 28 pouces & au deffus ; il fe trouva à 28 pouces 4 lignes le 8 Février, le 10,le14,le 15 & le 16 Mars, le 13 & le 14 Août & le 1 2 Décembre, l'air ayant été ces jours-à tranquille & ferein , à la réferve du 14 Mars qu’il fut couvert, auffi-bien que quelques jours avant & après. Le plus bas qu'il foit defcendu a été de 27 pouces o ligne, ce fut le 7 Dé- cembre, le vent ayant été Sud-oüieft avec pluye. La varia- tion du Barometre a donc été cette année depuis 27 pouces Hhh üj 430 ME. DE L'AcAD, ROYALE DES SCIENCES. o ligne jufqu'à 28 pouces 4 lignes, qui eft r pouce 4 lignes, M. Weidier l'a obfervé à Witemberg le 11 Mars de 28 pouces 2 lignes , au lieu qu’à Paris elle y a été obfervée le 14 du mème mois, c’eft-à-dire, trois jours après. Les vents qui ont regné le plus fouvent à Paris en 1728 ont été ceux du Nord, qui rafraïichiffent l'air ; & ceux du Sud & Sud-oüeft, qui nous amenent la pluye. Par les obfervations de M. de Montvalon, il paroît qu'à Aix les vents y font plus réglés qu'à Paris; que ceux qui y ont regné depuis fe commencement de l’année jufqu'à la fin de Juin font prefque toûjours venus du Nord-oüeft, ou de fop- pofite qui eft le Sud-eft; que c'eft ce vent de Sud-eft qui leur vient de la Méditerranée, qui leur amene la pluye. Il paroït auffi qu'en Juillet & Août, c’eft le vent d'Oüeft qui a été de lus longue durée. Ce vent leur a donné le beau temps, la fécherefle & les plus grandes chaleurs qui fe font faites fentir le 17 &le18 Août. Par la comparaifon de nos obfervations avec celles de M. de Montvalon, il paroït que les vents ont prefque toüjours été différents. Sur la Déclinaifon de l'Aimanr. La déclinaifon de l’Aimant obfervée le r 7 Novembre avec Ja même méthode & avec la Bouffole des années précédentes, - a été de 13° 50” Nord-oüeft, un peu moindre que celle que nous obfervâmes au commencement de Janvier 1728, qui avoit été de 14° o'. M. Weidler a obfervé à Witemberg Ia déclinaifon de l’Ai- guille aimantée de r 3° vers le Nord-oüeft. Cette Aiguille a 2 pouces + Il l'obferva au mois de Juin , dans l'Obfervatoire de Berlin, avec une Aiguille de 6 pouces, de 12° + PAT HAUMMEN A CORRIGER Dans les Mémoires de 1726. Page. Ligne Lifés. 205- 9. je gardera. 214 31e Parallaxe. Dans les Mémoires de 1727. Page 86 ligne 27, Périphélie : fes, Perihélie. à Page 1 23 ligne 1 9, analogiquement égaux : Bfes, indéfiniment égaux. Ligne 21, après ces mots, du 24 genre : adjoätés, eft vrai ( dans un fens de calcul infinitaire } que ces deux derniers termes ; fçavoir, l’ante-infinitiéme & l'infinitiéme, font chacun infiniment petits ; mais il n’eft pas moins vrai, dans ce fens, que le pénultiéme terme eft au dernier comme R3 eff à 1 indéfiniment. Page 1 30 ligne 7, au lieu de la fraffion fuivante, I mm © TF5 0052 000007 : Ül. rortsocee055200 107: c'eff-à-dire, qu'au lieu de 999 dans le dénominateur de la feconde fraction, il faut lire 299. Page 1 24 àr fuivantes , jufqu'à la page 1 3 0 inclufivemenr ; la Démonfration qui commence à la ligne 2 0, le Corollaire r les Remarques auroient befoin d'un plus grand éclairciffement , que l'Auteur donnera féparément des Mémoires de l'Académie dans un Traité exprès. | Dans les Mémoires de certe année 1728. Page 2 9 ligne $ : lifés, mouvement uniforme dans chaque inftant. 2°. - . Page $ 2 ligne 31, & fuivre les contours : 4fés, & de fuivre les contours que l’on peut tracer. Page $ 3 ligne 33, & fi Yon y a fait: 4fé, &fi Von ya fait avant que de la mettre au feu. Ligne 34, feront : fs, deviendront. | : Page $ 4 ligne 24, laïffent : /ifés, laïffe. Page 56 ligne 1 $ , téendus : lfés, étendus: + ” LM. Mrs pe qu FES EEE ET, eu 3 le . re Lo EC RER er PS ROME IEEE EN Un BALE a kolr 4h rl fu MU YA SU LT Pate M HIT EL Tr > RP T , & { 1 4218 4 y 22] M1 she DIE s 0 sa sanl = #: * Q Ù N qu CLÉ et LS" Le | RU sagas à à naar ke qi , é > st saint 07 je fi. 1e Re RUES) re Et LU LS SLA De: T° Pos JE Lu a 7" jus sie : Mr 3 Chhrgues 48 j iQ ve ne sf 3 exe Soit 1 sa See à ei se sm LH Hu ON, t at ml id A En Ge: A Cr Ip