HD +8 À HISTOIRE L'ACADÉMIE 0 R ONY À LE . POS SCIENCES. ANNÉE M. DPCCEX. Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfque, pour la même Année, Trés des Repiflres de cette Académie, M'A PA R De DE L'IMPRIMERIE ROYALE TER de MH CC DS Vol Ni LS D NE ALT LISE darts NS mire POUR L'HISTOIRE. PHYSIQUE GÉNÉRALE. 9) ur l'incendie de l'éghfe de Royaumont , crc. Page r Sur le rapport qu il ya entre les Coraux & les tuyaux marins , appelés communément Tuyaux vermiculaires; & entre ceux-ci à les Coguilles. 6 Sur divers Offémens qui ont été découverts dans l'intérieur d'un rocher auprés d’Aix. 12 el de Plhyfique générale. 16 ANATOMIE. Sur deux nouveaux ligamens ronds de la matrice 37 Sur l'Exfolation des os. ë 39 Olfervarions anatomiques. 44 CHERMM I E: ” Sur la nature de la bafe de l’Alun. 72 Sur les effais des matières d'Or & d'Argent. 77 B'O:AUN TT QUE Sur la maladie du Maïs où Blé de Turquie. 85 ALGÉBRE. Sur les Series infinies dont tous les Numérateurs Jont égaux & * j; üt, 10 + L'ASPAL'E. ont les Dénominateurs font des puiflanees dés térmes de la Juire naturelle des nombres, pris de deux en deux, de trois en trois , €. 98 Sur une nouvelle analyfe de la mortalité caufee par la petite Vérole, € des avantages de l'Anoculation pour la prévenir. 99 A SR OLNLO MALE. Sur la parallaxe du Sokil, qui réfute de la comparai ifon des Obfervations fimulanées de Mars & de Venus , rc. 108 Sur le retour de la Cométe de 1682, obfervé en 1759 114 Sur les Cométes obfervées en 1760. . 112 Sur les inégalités de Vénus, produites par l'attrattion de la Terre. 116 Recherche de la parallaxe de Mars à de Vénus, par les Olfer- vations correfpondames , faites au cap de Bonne-efpérance € à l'Obfervatoire de Paris. 119 Sur le diamètre apparent du Soleil. 120 Sur les Obfervations faites pour determiner la diflance de Vénus à la Terre. "ADzA Sur l'Eclipfe de Sokil, obfenée à Paris & à Sens le 13 Juin 1760. 127 ET DAR ONG REA RP ELI E Sur une nouvelle folution de quelques problèmes fur la manœuvre des Vaiffleaux, de 141 MÉCANI Q\ LEE 2 Sur le tirage des Chevaur. ISI Machines ou Inventions approuvées par l'Académie en 1760. 155 Eloge de M. Winflow. 165 Eloge de M. Godin. 181 Æloge de M. de Séchelles. 195$ 0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0:0/0,0/0:0,0:0:0:0:0:0:0/0:0:0:0:0:0:0:0 HAS D'AL "TE POUR LES MÉMOIRES. FE SSAI d'une nouvelle analyfe de la morialité caufee par la : petite Vérol, & des avantages de l’Inoculation pour la prévenir. Par M. DANIEL BERNoOULLI. Page 1 Mémoire fur le diamètre apparent du Sokil, & fir Ja grandeur réelle: Par M. DE LA LANDE. 46 Olfervarions de la Comete qui a paru en l'année 17 59. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 53 Obfervations Jur l'incendie de 1 ‘éghle de Royaumont, & Jur cehii de l'éghle de Notre-Dame de Ham. Par M. TiLLET. 6 3 Memoire Jur la parallaxe du Soleil, qui réfulte de la comparaifon des Obfervations Jimultanées de Mars & de Vénus, faites en 1751 cn Europe © au cap de Bone-efpérance. Par M. Ÿ Abbé DE LA CAILLE. 73 OÙfervations de da Cométe qui a paru le 8 Janvier dans la conflellation d'Orion. Par M. DE THurr. 98 Ofervations à théorie de la Cométe qui a paru au mois de Janvier de l'année 1 760, dans la conflellation d'Orion ; «avec des Remarques fur la viteffe apparente des Coméres. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. IOI Oppofiion de Mars, obferce à Paris au Luxembourg, de 7 Mars 1760. Pat M. DE LA LANDE. 109 Mémoire fur le rapport qu'il y a emtre les Coraux & Les Tuyaux marins , appeles communement Tuyaux vermiculaires ; d entre ceux-ci © les Coguilles. Par M. GuETTARD. I 14 Olfervations & théorie de la Comèe qui à paru aux mois de TABLE Ex Février & Mars de cette année 1760, dans la conflellarion du Lion. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 147 Élémens de la Comte objervée dans le Lion. Par M. Pincré. 152 Obfervations de l'élipfe de Soleil du 13 Juin 1760 faires à Paris, au Palais du Luxembourg. Par M. DE CHABERT. 154 Olfervations d'une Comte qui paroïët dans la conffellation d'Orion, faites à l'Obfervatoire Royal, le 8 Janvier 176 0. Par M. MaAaRALDI. 157 Olfervations affronomiques , faites à Biche en 1756, 1757 © 1758. Par M. l'Abbé CHAPPE D'AUTEROCHE. 158 Olfervation de l'Eclipfe de Soleil, faite à l'Obfervaroire royal le 13 Juin au matin de cette année 1760. Par M. MaRALDI. 165$ Memoire fur la théorie des deux Comètes qui ont été obfervées au commencement de cette année. Par M. Abbé CHAPPE D'AUTEROCHE. 166 Nouvelle folution de quelques problèmes fur la manœuvre des Vaif- Jeaux , qui fe trouvent dans le Volume de l'Académie de 175 4: Par M. CLAIRAUT. [7 Differtarion fur la Comete de l'année 1264, à détermination de Ja théorie. Par M. PINGRÉ. 179 Obférvarions de l'Éclipfe de Lune du 22 Novembre 1760. Pa M. Cassini DE THury. 204. Mémoire fur des Os foffiles, découverts le 28 Janvier 1760, dans l'intérieur d'un rocher auprès de la ville d'Aix en Provence, Par M. GUETTARD, 209 Obfervatiou de 1 Éclipfe de Lune, du 23 Novembre au Joir, faire à l'Obfervatoire Royal. Pw M. DE THury. 221 Troifième Mémoire [ur l'exfoliation des Os. Par M. TENON. 223 Reclerches fur la parallaxe de la Lune. Par M. DE THURY. 239 2 ge. “ ÆTrATBALE; Obfervarion fur la maladie du Maïs où BK de Turquie. Pw M. TiLLET. 154 Echpfe du Sokil, du 13 Juin 1760, obfervée à Chaumontel, au nord de Mareuil, proche Lugarches. Pa M. LE Monnier. 262 Mémoire fur le tirage des Chevaux. Par M. DEPARCIEUX. 26; Mémoire fur la nature de la bafe de l'Alun. Par M. BaRON. 274 Remarque fer les, Séries infinies , dont tous les numerateurs [ont égaux, à qui ont pour denominateurs les nombres naturels, Joit … fimples, Joit élevés à une puiffance quelconque , de quarrés, de cubes, O'c. & de la fomme defquelles 4 s'agir d'avoir le rapport à la Jomme de leurs partielles, ou des feries formées par leurs termes pris alternativement , de deux en deux, de trois en trois, rc. des lieux pairs où impairs. Par M. DE MaïRAN. 283 Defcriprion anatomique de deux Ligamens de la matrice , uouvelle- ment obfervés. Par M. PETIT. 287 Obfervation de l'Échipfe du Soleil du 13 Juin 1760. Par M. Cassini DE THURY.. 290 Phafes de l'Échpfe de Sokil du 12 Jun 1760. Px M. PINGRÉ. SPRQT Recherche de la parallaxe de Mars à de Vénus, par les Obfer- vations correfpondantes faites au cap de Bonne-efpérance & à l'Obfervatoire de Paris. Par M. Cassini DE THURY. 292 Obfervation de l'Échpfe de Sokil, du- # Juin 1760 , faire à Paris au Palais du Luxembourg ; avec le réfultat de cene obfervation gour déterminer l'erreur des Tables , ayant égard à l'aplatiffement de la Terre. Par M. DE LA LANDE. 304 Olfervation de 'Éclipfe de Sokil, du 13 Juin 1760, faire à l'Oëfervatoire Royal de Paris. Pax M. l'Abbé CHapPre D'AUTEROCHE. 307 Calcul des inégalités de Vénus par l'attraétion de la Terre, Par M. DE LA LANDE. 309 1 -/ATB ‘LE Ofervations Botanico- météorologiques , faites au château de Denainvilliers , proche Pithiviers en Gätinois , pendant l'année 1759. Par M. pu HAMEL. 334 Mémoire fur les effais des matières d'Or © d'Argen. Px M. TiLLET. | .361 : Sur la Comère de 1759, ou le retour de celle de 1682. Px M. DE L'Ise. - . 380 Mémoire fur un grand nombre de Volcans éteints qu'on a 1rouvés dans le bas Languedoc. Px M. MonTET, dela Société Royale de Montpellier. 466 HISTOIRE HISTOIRE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. , Année M. DCCLX. PHYSIQUE GÉNÉRALE. SULRALTL I NICNEMNEDeI"E DE L'ÉGLISE DE ROYAUMONT, &c, [' n'eft pas rare qu'à la fuite d’un embrafement confidérable, v. tes Méra, & dans lequel le feu a pu fe développer en liberté, ilfe P- 63: préfente quelques faits finguliers, ou au moins plus frappans qu'ils ne le font dans les circonftances ordinaires. Tout eft conduit avec trop de ménagement & trop en petit dans les Haboratoires où l’on étudie les effets du feu, & d'ailleurs on Hit 1760: » À 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE a trop de motifs de s’en garantir & de les borner aux ufiges de la vie pour qu'on puiffe les connoître dans toute Jeur éten- due. Il faut, pour juger de la violence terrible du feu, qu'il puifle fe déployer rapidement fur un affemblage prodigieux de matières combuflibles ; que d'autres matières capables par leur nature de lui réfifler à un certain point, s'y trouvent confondues, & qu'elles foient long-temps expofées à {on aétion : alors fes effets tiennent de la force de l'embrafement; ils offrent des variétés dûes à des mélanges de matière qu'on n'auroit pas imaginés , & ils ont toujours de quoi attirer par quelqu'endroit l'attention d'un obférvateur. L'églife de l'abbaye de Royaumont, qui eft un de nos plus beaux morceaux en Architeéture gothique, fut frappée de la foudre le 26 Avril-1760, à deux heures du matin. Le feu commença à fe manifefter un peu au-deffous de la croix du clocher par une lumière vive & blanchâtre; il ne gagna le beffroi qu'in'enfiblement & au bout de trois heures; mais une fois parvenu là il fe commmuniqua rapidement aux quatre combles qui aboutifloient au bas du clocher; & toute 1a charpente de ces parties de l'édifice fut confumée en moins d'une heure. À mefure que le bois fe réduifoit en cendres, elles étoient diffipées par un vent du nord qui fouffloit violem- ment. Ce qui étoit reflé de braife-après la combuftion des combles, joint au plomb fondu, avoit un peu attaqué les voûtes en achevant de s'y confumer; mais de dommage de ce côté a été fuperficiel & fe trouve aujourd’hui parfaitement réparé. Pendant que le feu, occafionné par la foudre, ravageoit l'églife de Royaumont, celle de Notre-Dame de Ham éprou- voit un défaftre de la même nature, beaucoup plus confidérable & qui avoit la même caufe. Le 26 Avril, à quatre heures du matin, une nuée plus chargée que le refte de l'horizon & fort baffe, s'arrêta au-deffus de cette églife: un éclair, le bruit du tonnerre, la foudre, tout partit en même-temps. Deux minutes après la foudre tomba une feconde fois: au bout d'un quart d'heure ou_ environ, elle frappa l'églife pour la BIENS IIS IC TE NC ES. 3 troifième : le feu fe manifefta alors, & ‘la flamme fe fit jour, tant à la pointe qu'au bas de la flèche. Un vent de nord s'éleva . dans l'inflant; la nuée fondit en eau; les coups de tonnerre redoublèrent pendant deux heures. De ja flèche embrafée le feu f communiqua à la charpente de la nef & à la faufle voûte de cette nef, qui n’étoit qu'en bois & qu'un plancher folide revétifloit; l'incendie devint général & tout fut confumé en peu de temps: les cloches de Féglife de Royaumont n'ont point été fondues par l'effet immédiat du tonnerre, & il pa- roit que celles de léglife de Ham ne l'ont été auffi que par une fuite de l'incendie qui a détruit l'édifice. La charpente-entière de féglife cathédrale de Troyes fut confumée, par un accident pareil, le 9 Octobre de l'année 1700: la foudre étant tombée fur la flèche qui étoit très-élevée, ce ne fut d'abord qu'au bas de la croix que le feu fe déclara par une lumière vive & telle qu'un flambeau l'auroit donnée: il gagna fourdement la charpente de l'églife, & bien-tôt elle fut réduite en cendres. Dès que M. Tillet & Defmareft furent inftruits du dé faftre de l'églife de Royaumont, le defir de juger par eux- mèmes des eflets du feu, confidérés en grand , les engagea d'aller à cette Abbaye, d'y examiner les débris de l'incendie & d'y demander quelques détails fur ce funefte évènement. Une des chofes que les Religieux avoient remarquées, & qu'ils rappelèrent dans le récit qu'ils firent à ces Meflieurs, ce fut la communication très-rapide qui fe fit de la flamme dans une char- pente auffi confidérable qu'eft celle de l'abbaye de Royaumont, quoique le feu eût paru arrêté affez long-temps dans l'endroit où ï s’étoit d’abord déclaré. Cette obfervation fut faite à Ham, & nous avons vu que dans l'incendie dé la cathédrale de Troyes cette prompte communication eut encore lieu. On feroit porté à croire, d'après cet effet, qui a eu la même caufe dans trois endroits différens, que la matière du tonnerre, répandue fur toute la charpente, n’attendoit pour fe développer que le contact de la plus légère flamme. H femble que dans les incendies ordinaires & qui n'ont Ai 4 HIiSToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE point été occafionnés par la foudre , on n’obferve pas que le feu ait une auffi prodigieufe aétivité; il paroît moins difficile de lui couper toute communication. La charpente d'une églife, il eft vrai, femble être difpofée pour fe prêter à toute l’action de la flamme ; mais on fera toujours étonné que les trois quarts, ou environ de la charpente de l'églife de Royaumont aient été confumés en moins d'une heure, pendant que le feu a été limité au clocher feul durant trois heures & n'a eu toute fa violence & fa rapidité qu'après être defcendu aux combles, Quelle que foit la caufe d'un embrafement auffi prompt, & ne füt-il arrivé que par une fuite des loix que le feu oblerve dans fon développement , à melure qu'il fe porte fur une plus grande quantité de matières combuftibles, il avertit au moins que dans la circonftance où les commencemens d’un incendie font düs à la foudre, où il a été précédé par un orage violent & des coups de tonnerre redoublés, il faut redouter la moindre communication du feu & la regarder alors comme plus dan- gereufe pour la rapidité des fuites, que dans les incendies où les effets du tonnerre n'ont eu aucune part. Une des principales chofes que M.* Tillet & Defmareft remarquèrent fur les voûtes mêmes de l'églife de Royaumont, en y examinant les débris de l'incendie, fut l'état abfolument différent des ardoiles qu'ils y trouvèrent : les unes n’étoient que foiblement altérées par le feu ou avoient éprouvé un commencement de vitrification en confervant leur épaifieur ordinaire; les autres étoient extraordinairement bourfouflées., fort poreufes & aflez femblables à de la mie de pain; elles nageoient fur l’eau & avoient acquis jufqu'à trois quarts de pouce d’épaifleur. Dans les morceaux d'ardoifes, foit fimples, foit foudées enfem- ble, qui provenoient de l'incendie de l'églife de Notre-Dame de Ham, aucun n'étoit bourfouflé & ne nageoit fur l'eau : on auroit cru, au premier coup d'œil, que les ardoifes de Royaumont avoient éprouvé une plus violente aétion du feu que celles de Ham; fes premières paroïffoient plus éloignées de leur état primitif, & il n'étoit pas poffible, fans quelques expériences u MENSNASAC TE NT CES particulières, de donner à ce fait une explication plaufble ; auffi M. Tillet & Defmareft y ont-ils eu recours. Ils ont reconnu , par des épreuves répétées, que cette bourfouflure fingulière, fur laquelle nous n'avions point encore d'obfervation, provient de la nature de l'ardoife & nullement du degré feul de chaleur qu’on lui fait fubir: des morceaux du nombre de ceux qui avoient été pris fur les voûtes de l'églife de Royaumont, * dont la couleur feule étoit devenue un peu brune & qui avoient confervé leur épaiffeur naturelle, furent expolés à un feu de ” forge aflez vif; ils fe bourfoufièrent, nagèrent fur l'eau & devinrent abfolument femblables à ceux qui dans l'incendie avoient été pouffés par le feu à cet état; au lieu que les mor- ceaux d'ardoife qui avoient été envoyés de Ham, ayant été expofés au même feu de forge, ne purent jamais parvenir à cet état de gonflement; ils fe ramollirent, fe plièrent fur eux- mêmes & entrèrent en fufion comme du verre. Le hafard fit tomber fous la main de M. Tillet & Defmareft quelques morceaux d’ardoife; ils fe bourfouflèrent au feu & acquirent lépaifleur de ceux de Royaumont. Les ardoifes peuvent paflér de cet état de gonflement à un commencement de fufion.fi le feu eft violent & foutenu. La caufe de cette variété doit donc être cherchée dans a nature même de Fardoife & dans l’arrangement de fes lames ou feuillets élémentaires. M.° Tillet & Defmareft croient apercevoir plufieurs rapports entre la pierre ponce & l'ardoife portée à cet état de gonfle- ment, c'efl-à-dire à une épaifleur fix fois plus forte qu'elle ne Va communément ; lune & l'autre doivent au feu leur grande porofité & la facilité de nager fur l'eau : elles ségrènent au moindre frottement & paflent lune & l'autre à l'état de vi- trification fi on les pouffe à un feu violent. On fent bien que la pierre ponce a des caractères eflentiels qui la féparent des ardoifes gonflées par le feu; mais lorfque M.° Tillet & Definareft rapprochent ces deux fortes de pierre par les endroits où il leur a paru qu'elles ont des rapports {nfibles, leur -obfervation à cet égard tombe principalement fur les eflèts du A ii V. les Mém, p. 114. 6 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE feu & fur les propriétés pareilles, mais étrangères à leur état primitif qu'elles doivent à cet élément. M." Tillet & Defmareft terminent leur Mémoire en faifant obferver que Îes effets du tonnerre ne font jamais plus redou- tables que lorfque fair eft froid & condenfé, parce qu'alors la foudre devient capable d'une plus grande explofion ; qu'après la chûte du tonnerre, il femble que les matières combuftibles dont il s'eft approché fans y mettre le feu, s'embrafent plus facilement au moindre contaét de la flamme qu'elles ne lau- roient fait fi on leur eût communiqué le feu par la voie ordinaire. Ils remarquent ‘enfin combien les clochers élevés font fufceptibles d'une forte électricité, & capables, par {eur difpofition, d'ouvrir une route à la foudre. Dans les trois incendies confidérables dont nous venons de parler, le feu ne s’eft déclaré d’abord qu’à la pointe des flèches par une lumière vive & telle qu'un flambeau l'auroit donnée : peut-être n'eût-il jamais été queftion de ces défaftres fi la pointe des flèches, en facilitant l'entrée de la matière du tonnerre & en la recevant la première, n'eût pas été pour les édifices inférieurs le priu- cipe d'un embrafement général. s SUR LE'RAPRPO RIT Qu'il y a entre les Coraux à les Tuyaux marins, appelés communément Tuyaux vermiculaires ; © entre ceux-ci à7 les Coquilles. F *EsT une belle idée que celle de ces Philofophes anciens, qui foutenoient que tout eft lié dans la Nature, & que dans la multitude des individus qui la compofent, le paffage de Fun à l'autre fe fait d’une manière infenfble : cependant quelque grande que foit cette idée, quelque conforme qu'elle paroïfle aux notions que nous avons de l'ordre, elle a trouvé des contradiéteurs ; mais on ne peut en être furpris quand on pen£ à l'immenfité de la Nature, à la difficulié de fixer dans DPISMONC TE NC ES l'échelle des êtres la place de chaque individu & à reconnoître les nuances infenfibles qui les féparent. Quoi qu'il en foit, & quelques fuccès qu'aient eus les efforts que l'on à faits pour établir cette opinion, il eft toujours bien important de re- connoître, dans quelques parties que ce foit de l'échelle des êtres, les rapports qui s'y trouvent; ils ferviront à répandre un nouveau jour fur la nature de ces êtres & à prouver de plus en plus, comme le dit M. Guettard, que tout eft lié dans la Nature. C'eft dans cette vue qu'il traite, dans le Mémoire dont nous rendons compte, du rapport qu'il y a entre les coraux & les tuyaux vermiculaires, & entre ceux-ci & les coquilles. Ce rapport le frappa d’une manière fenfible, lorfque dans un voyage qu'il fit fur les côtes de l'Aunis & du Poitou, en 1742, il compara plufieurs animaux de ces tuyaux à ceux qu'il aperçut dans plufieurs coralines. En effet, il découvrit alors qu'un grand nombre de coralines, que les Botaniftes avoient miles jufque-là au nombre des plantes, n'étoient que des corps d'une nature particulière qui renfermoient des ani- maux; & comme s'il y avoit des temps fixés pour certaines découvertes, c'étoit peu de temps après que M. Bernard de Juffieu avoit fait fur les côtes de Normandie des obfervations femblables, ou avoit confirmé la découverte que M. Peyflonnel avoit fait quinze ou feize ans auparavant. On fait que ce fut au plus tard vers 1725, que cet habile Naturalifte découvrit que les pores , les madrépores & autres produétions marines, n'étoient que des polypiers ou des fubftances comme les ruches des abeilles, qui recéloient un grand nombre de polypes: ainft cette brillante découverte eft dûe inconteftablement aux François, & il faut que M. Ellis ait ignoré celle de M: Guettardau fujet des animaux des coralines, pour n'en avoir pas parlé dans le Difcours qui eft à la tête de fon Quvrage fur ces fubflances marines: mais il faut revenir an Mémoire de M. Guettard. Pour mieux faire connoître les individus entre lefquels if a trouvé le rapport qu'il entreprend d'établir; il commence 0 8 HiISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE par déterminer le nombre & la nature des diflérens tuyaux vermiculaires, afin de ne comparer entrelles que les chofes du même genre. Il divife ces tuyaux en deux elpèces, les fimples & les ramifiés : les premiers font droits ou fans contours, cependant quelquefois ils {e tortillent en différens fens. Parmi les tuyaux qui font droits, il y en a dont la figure eft conique, & d'autres dont elle efl cylindrique ou prefque cylindrique. M. Guettard appelle les premiers dentales & les feconds ertales. Dans le nombre des tuyaux qui forment des circonvolutions, ou en trouve qui fe contournent fimplement fur eux-mêmes, & d’autres s’entrelaffent avec d’autres tuyaux de la même efpèce & forment différens groupes. La figure de ceux qui, par leur afflemblage, compofent des mafles qui font comme ramifiées, ne varie guère; elle eff plutôt cylindrique que conique, & ils font très-fins; il y a même peu de tuyaux, parmi ceux qui exiftent ifclés, qui le foient autant. Après avoir ainfi fait connoître les différences que l'on obferve dans les tuyaux vermiculaires, M. Guettard pafle aux moyens d'établir le rapport qui fe trouve entre ces tuyaux & les coraux & autres corps marins. Pour le faire avec plus de fuccès il faudroit avoir un grand nombre de ces corps fous les yeux; car les rapports font d’autant mieux fondés, qu'ils {ont le réfultat de comparaifons plus multiplies, malheureule- ment c'eft ce qui n'eft pas poflible. On connoit beaucoup de ces corps marins, mais on eft bien éloigné de les connoître tous ; il faut donc tâcher d’en trouver d’autres, dont la com- paraifon puiffe nous éclairer fur ce rapport, & c'eft ce que fait M. Guettard en y employant les corps foffiles. Tout le monde fait qu'on trouve au milieu des terres & dans les montagnes un grand nombre de foffiles, qu'on fait avoir appartenu à la mer inconteftablement : il faut chercher à reconnoitre dans ces corps, par l'analogie, les clafles des corps marins auxquels ils ont appartenu. M. Guettard montre qu'on trouve dans différentes parties de la France & du Piémont des corps foffiles qui paroiffent avoir tous les caractères des na HAE Nic mi SU | «9 dés dentales, des entales & d’autres produétions marines; &c après les avoir décrits d'une manière circonftanciée pour les faire connoître plus en détail & les faire fervir à déterminer les rapports qu'il veut établir; il paffe enfuite à l'examen des différens corps entre lefquels il veut faire voir qu'ils exiftent. Les tuyaux les plus fimples, qui font les dentales, ont beaucoup de rapport avec une forte de très-petite éhara, qui eft une efpèce de coraline compofée de petites cellules en forme de tubes prefque parallèles; ces petits tubes font à la _ vérité fi près les uns des autres, qu'ils forment comme une couche fur les corps où ils font attachés ; cependant on n’en voit pas moins à la loupe qu'ils font tous ifolés & qu'ils ont en eflet beaucoup-de reffemblance avec les dentales. On eft en conféquence aflez bien fondé à reparder cette efpèce de ma- drépore, qui eft peut-être la plus fimple de toutes, comme formée de tuyaux féparés , mais fixés près les uns des autres & attachés par leur pointe, ce qui pourroit bien être zufli le cas des dentales, qui fe trouvent ordinairement ouverts dans cette partie. Les entales, qui font après les dentales les tuyaux les plus fimples, forment en général, par leur aflemblage, des efpèces de tuyaux groupés, qui n'ayant que très-peu de hauteur, n’ont l'air que d'efpèces de couches fur les corps où on les trouve: cependant il y en a qui forment des mafles plus élevées , depuis trois & quatre pouces de hauteur , jufqu'a un pied, un pied & demi, & au-delà. On voit ces tuyaux s’entortiller les uns avec les autres, fe . coller même par quelques points de leurs furfaces ; mais ce qui montre que cette adhérence n’eft qu'une forte d'effet du hafard, c'eft qu'elle n’eft occafionnée par aucun corps qui les lie entr'eux ; au lieu que dans les autres tuyaux, comme ceux que l'on appelle communément orgues de mer, il y a une efpèce de diaphragme qui produit cette adhérence. Il fmble aufli que les orgues de mer, qui font d’un rouge de corail, tantôt plus, tantôt moins foncé, & qui forment des mafles confidérables , tiennent en quelque forte le milieu entre les Hi, 1760. . B 10 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE tuyaux groupés & fans ramification, & ceux qui forment des mafles du même genre, mais qui en même-temps, par leur arrangement, femblent jeter des efpèces de branches. On ne peut guère s'empêcher de reconnoître, comme le dit M. Guettard, entre ces deux efpèces de tuyaux un rapport avec les madrépores & les coraux, & ils conduifent naturellement à lier ces corps les uns avec les autres. Quant au rapport qui fe trouve entre les tuyaux vermicu: laires & les coquilles, leur examen {eut fuffit prefque pour le: conflater; on voit qu'ils tiennent à ces coquilles, & par leur fubftance & par là figure qu'ils affectent, Cette vérité paroît incontefkble , lorfqu’on fait attention qu'il y a des tuyaux très- fimples, comme le font les dentales ; qu'il y en a enfuite qui ont des finuofités plus ou moins profondes ; que parmi ceux-ci: il y en a encore qui font tournés en fpirale par leurs extrémités, de façon qu'on les prendroit aifément pour des turbinites, fi l'extrémité contournée étoit féparée de celle qui eft droite. M. Guettard appuie encore ce rapport par plufieurs obferva- tions fur des tuyaux gravés d'après ceux qu’on pêche actuelle- ment dans la mer, & fur celui qu'on appelle communément: la fcalata, qu'on doit foigneufement diftinguer, felon lui, des turbinites: car celles-ci ont un axe qui les traverfe dans toute leur longueur, au lieu que la fcalata n'en a point, & cet axe eft, felon M, Guettard, le véritable caractère diftinctif entre les turbinites & les tuyaux. Mais après avoir fait obferver les rapports qui fe trouvent entre les coquilles & les tuyaux vermiculaires, & entre ceux-ci & les coraux, & les madrépores, il reflera une queftion , . favoir, fi ces rapports qui font entre les formes extérieures de ces corps, fe trouvent encore entre les animaux qui les habitent. Il faut convenir qu'entre les tuyaux vermiculaires &c les coraux , il y a une différence affez remarquable, c'eft que les animaux font renfermés dans les premiers, au lieu que dans les feconds ils leur font comme extérieurs, étant logés dans des efpèces de mamelons répandus au dehors für la furface des coraux : néanmoins il y a une très-grande reflemblance entre DES SCIENCES. 1T les animaux qui habitent les uns & les autres: ceux des tuyaux portent à leur extrémité fupérieure deux beaux panaches comme les polypes à panaches; ils ont comme eux le corps charnu & capable de s'alonger & de fe raccourcir: enfin ils font des tuyaux de même. Tout femble donc les rapprocher de la claffe des polypes, qui tient certainement à celle des coraux & des madrépores: mais, demandera-t-on encore, tous les animaux qui habitent des tuyaux vermiculaires ont-ils des panaches comme les précédens & paroiflent-ils appartenir comme eux à R claffe des polypes? M. Guettard convient que c’eft ce que les obfervations ne paroiflent pas décider. M. Adanfon, dans la defcription qu'il donne du rarer & du vermet, & M. Mafluer, dans celle qu'il donne de même, des vers qui rongent les digues de la Hollande, ne parlent d'aucune partie qui ait du rapport aux panaches des autres vers à tuyaux : cependant M. Guettard trouve bien de l'analogie & de la reffemblance entre les deux filets cylindriques du vermet, placés près de la tête, & les bras des polypes, de même qu'entre ce que M. Adanfon appelle de pied, & une partie avancée qui {e trouve dans certains vers à tuyaux qui ont des panaches, dont M. Ellis a donné la figure ; -& quant au taret & aux vers qui rongent les digues de a Hollande, M. Guettard croit même apercevoir aflez de rap- port, ou au moins trop peu de différence, entre les parties qui accompagnent la tête des vers à tuvaux & celles du taret & des vers des digues de h Hollande, pour qu'on les range dans une autre clafle que celle des tuyaux vermiculaires. II remarque , avec raifon, que lorfque l'analogie concourt à réunir des individus fous une même clafle, il ne faut point, par À confidération de quelques différences, les en fparer. En conféquence, il regarde les vers à tuyaux comme formant : dé chaïnon qui doit lier les coquillages proprement dits avec les coraux & les madrépores, & comme devant appartenir à la claffe qui précède celle des coraux & qui fuit celle des bivalves ; ces derniers fabriquant en quelque façon des tuyaux, puilqu'’ils fe font des trous dans 4e fable , dans les coquilles, &c, qui leur reffemblent beaucoup. Ainfi, ft on veut oblerver B ï V. les Mém. p. 209. 12 HisTOIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE la fuite des différences entre ces fortes de corps marins, on verra que les tuyaux marins fimples fe rapprochent le plus, des coquilles fimples ; les tuyaux contournés, des coquilles qui ont des {pires ; les multivalves, des coquilles à plufieurs battans ; les tuyaux ramifiés, des coraux. ‘Tel eft l'ordre dans lequel M. Guettard envifage ces difcrens corps marins & le rapport w'il a obférvé entreux. Nous nous fommes particulièrement attachés à les faire connoître, ce qui nous a empêché de parler de plufieurs autres chofes intéreflantes contenues dans fon Mémoire, fur lefquelles il faudra le confulter. On ne peut qu'être frappé quand on voit ce paflige fucceflif d'une forme à une autre, & le rapport qu'il y a entre des animaux d'un volume fi différent que ceux des tuyaux vermiculaires & ceux des coraux. JOUR DIVERS OS S EME NDS Qui ont été découverts dans l’intérieur d’un rocher auprès d”’Aïx. N ne fauroit être trop réfervé lorfqu'en matière d'Hif- toire naturelle, il s'agit de prononcer für la refflemblance que peuvent avoir quelques corps fofiles avec d'autres primi- tivement organifés, fur-tout fi ceux-ci font d'une fubilance affez délicate pour qu'il foit rare, après un certain temps, de les trouver bien confervés, ou au moins d’en découvrir des parties qui n'aient pas éprouvé des altérations notables. Dès qu'on a cru en effet reconnoître dans ces fortes de recherches quelque rapport décifif, toutes les obfervations viennent aboutir à idée qu'on a d'abord conçue, & lon ne s'occupe plus que de l'explication de tout ce qui n'y quadre point, loin d'y trouver une raifon d'examiner les chofes de plus près, & de revenir fur les premières impreflions qu’on a reçues. Les divers offemens qu'on a découverts auprès d'Aix, & Pris SCTENCES 13 ‘qui au premier coup d'œil ont été regardés comme des of femens humains, confirment ce que nous difons & prouvent combien, dans la comparaifon d’un corps avec un autre, il eft néceffaire de connoître parfaitement ce qui eft le plus “propre à les caraétérifer. à Des bains d'eaux minérales font fort près de l'endroit d'où Vonatiré ces offemens ; plufieurs chaînes de montagnes le fé- parent de la mer qui en eft éloignée de cinq lieues. Un rocher qui, dans cet endroit, & trouvoit à fleur de terre fut fippé à l'aide de la poudre; il formoit une maffe fort dure & où l'on ne remarquoit point de lits ; la partie de ce rocher qui rentroit dans la terre à une certaine profondeur étoit re- couverte d'une couche de glaife, au-deffus de laquelle régnoit la terre à labourer: l'intérieur de ce rocher étoit de Ia nature du marbre le-plus dur & mêlé de veines jafpées & tranfparentes. Ce fut après y avoir pénétré à cinq pieds de profondeur qu'on y découvrit une grande quantité d'offemens: on les regarda comme ayant appartenu à différentes parties du corps humain ; mäâchoires, dents, os des bras ou des cuifies, rotules mêmes, tout y fut confidéré comme tel : ces ofiemens étoient emboités dans d'intérieur des pierres, & n'avoient point changé,en apparence, de nature; leur cavité étoit ordinairement remplie d'une fubftance criftalline ou d'une matière pierreufe, femblable à celle qui les*enveloppoit. La maflé du rocher offroit quelques vides; elle tenoït de la forme du cailloutage & renfermoit une grande quantité de limaçons ordinaires. A quatre pieds & demi de profondeur, on y découvrit des corps d'une figure aflez régulière & refiemblans à des têtes humaines: on a confervé l'occiput de quelques-unes : ils étoient incruftés dans la pierre, & leur partie intérieure en étoit remplie : la face d'une de ces têtes a été confervée fans altération ; elle eft dans les proportions naturellés; on y diftingue les yeux , le nez bien formé, quoiqu'aplati, les joues, la bouche ,le menton, & les mufcles du total font bien ar- ticulés : cette tête eft de la même fubftance que la pierre d’où elle a été tirée. B ij s4 “HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE On trouva dans le même endroit un grand nombre de dents pointues, dont les analogues font inconnues ; on y en remarqua une fur-tout qui étoit ronde, fort recourbée & aiguë comme celles des poiflons; elle n'étoit pas entière, mais on jugea, par ce qu'il en refloit, que fa longueur avoit pu être de trois pouces; fon émail étoit du plus beau poli : on découvrit encore quelques autres dents, qui étoient ou d'une dimenfion plus grande ou plus petite que celle dont nous venons de parler, &. dont la fubflance intérieure avoit beaucoup de rapport avec celle des dents de poiflons. On obferva encore à la fuperficie d'un quartier de pierre une efpèce de corne quarrée, un peu courbe & couchée ho- rizontalement ; elle étoit couverte d’une fubftance qui appro- choit de celle des cornes de cerf; ce qui en eft refté a trois pouces de longueur, & dans ce fens trois canaux qui feroient foupçonner qu'elle a appartenu à quelque poiflon. La carrière d'où l’on a tiré ces offemens, eft fituée dans un endroit affez élevé, où l'on ne voit ni fources, ni ruifleaux, ni eaux qui filtrent. Quoïiqu'on y remarque, en fouillant la terre, beaucoup de briques rompues & des débris de maifons, cependant on n'apercoit aucun de ces veftiges dans la carrière même, ce qui donne lieu de préfumer qu'elle n’avoit pas été ouverte par les premiers Romains qui s'établirent aux environs d'Aix, & que ces offémens font dune époque bien antérieure à eux. M. Guettard, dont le Mémoire a pour bafe une Relation de M. le Baron de Gaillard, n'eft pas difpofé à croire que la plupart de ces oflemens aient l'origine qu’on leur attribue, & que les têtes fur-tout, dont nous avons parlé, aient appartenu à des corps humains. Comment concevoir en eflet que les chairs & les mufcles de ces têtes fe foient confervés affez parfaitement pour qu'un mafque de pierre fe foit moulé deffus avec réoularité & ait faifi exaétement les traits délicats du vifage. I! faudroit, par une fuite de cette idée, qu'un fuc pierreux eüt inondé ces mafques bien formés, & qu'après s'y être durci, il eût donné en relief la figure des têtes fur lefquelles DUPIBNUS CTIE N'C E TS les mafques s'étoient d'abord moulés: d'ailleurs, on voit, par li relation, que la carrière eft formée de débris, que tout s'y eft amoncelé fans ordre; & que les dépôts de matière pier- reufe ne fe faifant que fuccefivement, il faudroit encore fuppofer que ces têtes fe fuffent confervées fans altération pen- dant un temps confidérable pour fervir de noyau à 11 matière qui les auroit enveloppées. L'opinion de M. Guettard paroït d'autant mieux fondée, lorfqu'il refufe de regarder comme des offemens humains ceux de a carrière d'Aix, qu'on y a découvert plufieurs dents de poiffons marins, & qu'il ne feroit pas fans vrailemblance que ce qu'on a pris pour des têtes humaines ne füt que le produit d'une fubftance pierreufe qui. auroit tiré fa forme régulière de quelques têtes de poiffons. On a trouvé à Dax des dents fémblables à celles des environs d'Aix; elles ténoient encore à une mâchoire qui a été confervée dans le Cabinet d'Hiftoire Naturelle de M. de Reaumur, & qui na pu appartenir qu'à quelque gros poiffon marin. D'ailleurs, M: Guettard a obfervé que les pierres mêlées avec les offemens de la carrière d'Aix, font remplies de petits. graviers & de cailloux roulés qui annoncent des dépôts formés par la mer: fa plupart même des offemens, qu'on a pris pour ceux des bras ou des jambes, paroiffent être des portions de côtes de poiffons; & ce qu'on a regardé comme une rotule, na guère que les apparences du bout poftérieur d'une de ces: côtes. + M. Guettard ne nie pas qu'il ne puïfle fe trouvér des os humains enclavés dans la pierre, mais il prétend que lorfqu’il s'y en rencontre, l'endroit où ils font a les marques des terres. remuées & décèle par quelques vefliges que les hommes y ont habité, Il paroît au contraire, fuivant la defcription qui. a été faite de la carrière d'Aix, qu'elle eft encore dans fon état primitif & appartient à la vieille Nature; les graviers & les caïlloux qu'on y trouve font pareils à ceux que dépofe la mer; & il eft aflez vraifemblable que les offemens qu’elle renferme tirent leur origine des poiffons, quelque rapport: qu'on aït cru y remarquer avec les offemens humains. Sw les bizons. 16 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS DE PHYSIQUÉ GÉNÉRALE. I. L M DE BUFFON ayant communiqué à l'Académie une > e Lettre pleine d'obfervations intéreflantes, écrite par M. de la Nux (fun de fes Correfpondans), demeurant à l'ifle de Bourbon, nous allons en rapporter quelques-unes des principales. Les obfervations faites par des gens inftruits ré- fidans fur les lieux, font les plus importantes ; ce n’eft peut-être mème que par leur fecours que nous pourrons jamais parvenir à avoir fur l'Univers des connoiffances certaines. Nous connoiflons encore fi peu les loix que la Nature fuit dans la conformation des animaux & ce qui conftitue le ca- ractère diftinétif de chacun d'eux en particulier, que fouvent nous attribuons à une diflérence dans les efpèces des variétés qui font purement accidentelles & dépendantes du climat ; & qu'au contraire nous regardons comme accidentelles, des variétés qui paroiffent être réellement l'effet de la différence des efpèces, On avoit cru jufqu'ici que ces bœufs qui ont une bofie fur le dos, & qu’on appelle dizons , formoient une efpèce diftinéte de celle des bœufs de nos climats. M. de la Nux nous a appris que ces animaux produifent avec des vaches d'Europe, & que les individus qui en réfultent, reproduifent à leur tour de nouveaux individus, &c. preuve inconteflhble qu'ils font de la nrème efpèce: car s’il y a un caraétère propre à reconnoître & à fixer l'identité des efpèces, c'eft cette propriété de fe reproduire de générations en générations. Cette efpèce de bofle qu'ont les bizons entre les deux épaules , paroït {1 accidentelle ou tenir {1 peu eflentiellement à leur nature, que quand ils produifent avec des vaches bretonnes, elle diminue confidéra- blement dès la première génération & difparoït à la fin en- tièrement dans les fuivantes, On DES ScrIENCES. T7 On croyoit que les canards domeftiques & les canards d'Inde ou des Manilles étoient des individus de la même efpèce, mais de différentes races; cependant M. de la Nux rapporte qu'on n'a encore jamais vu éclore aucun canard (d’une efpèce quelconque ) d’un œuf de cane bâtarde, c'eft-à-dire provenant de l'accouplement d’un canard barboteux avecun canard d'Inde; preuve évidente de la fauffeté de cette opinion. I paroït que cette efpèce fingulière d'êtres, qu'on appelle chacrélat, qui ne reflemble ni aux blancs ni aux noirs, & qui cependant paroît tenir de tous les deux, fe trouve dans des pays bien éloignés les uns des autres. M. de la Nux en a vu un dans l'ifle de Madagafcar, qui étoit fils d'un père & d'une mère noirs & malacaffes: les gens du pays le regardoïent comme un être très-extraordinaire ou comme une efpèce de monftre, IL rapporte en même-temps qu’il y a aétuellement dans l’ifle de Bourbon un autre chacrélat né parmi les Caffres ; & on fait qu'il y en a encore dans W'ifle de Java M. de la Nux ajoute aux defcriptions que nous en avons, que la peau des chacrélas qu'il a vus eft parfémée de taches d’une couleur de marron foncée, & aufli variée entr’elle que ce qu'on appelle des taches de RUE marbrure qui, felon lui, augmente in- finiment leur difformité. Il feroit bien à fouhaiter qu'on exa- minât d’où naît cette différence entre les chacrélas & les autres hommes: fi c'eft l'effet de quelques maladies, fi cela tient à quelques particularités du climat, & fpécialement en quoi ils diffèrent intérieurement des nègres, car on fait que cette efpèce fingulière d'êtres ne fe trouve pas parmi les blancs, I eft fi difficile d'acquérir des notions juftes des effets de Nature, que ce n’eft fouvent qu'après une foule d'obferva- tions que nous parvenons à reconnoître les phénomènes tels qu'ils font. Toute l'Europe croit que dans la grande mer, entre l'Afie & V’Afrique, il règne un vent conftant, qui vient tantôt du fud-eft & tantôt du nord-eft, felon que le Soleil fe trouve dans le Tropique du Cancer ou du Capricorne; c'eft ce vent qu'on appelle autrement vent alizé, mais c’eft encore Hif 1760. r C Sur les canards domeftiques & les canards d’Indeg Sur les chacrélas: ' Sur les vents alizés} 18 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE un fait qui n'eft vrai que jufqu'à un certain point, comme M. de la Nux l'a obfervé, & comme cela eft prouvé par les Journaux de plufieurs Navigateurs. Il eft vrai cependant que sil ne fouffle pas conflimment du même point , il fuit une efpèce d'ordre dans fes changemens. Ainfi, par exemple, dans Yhiver, c'eft-à-dire de ifle de Bourbon, temps où il vient du fud-eft, fouvent il abandonne ce point pour pafler, en molliffant, vers le nord ; de-Rà il pafle fucceflivement au nord- ouelt, à l'oueft, reprend de la force vers le fud-oueff, retourne par le fud, & prenant toujours une nouvelle force, revient au fad-eft, & même à left, Les variations dans les points d'où foufile ce vent alizé, ont lieu dans une étendue beaucoup plus vale qu'on ne Le croiroit, car on les obferve depuis fa côte orientale de l'Afrique jufqu'à Java: outre cela, ces révo- lutions n’ont rien de réglé, & ce vent d’eft, qu'on regardoit comme fi conftant, l'eft fi peu que M. de la Nux aflure que, par fes obfervations & celles qu'il a recueillies de plufieurs Journaux de marins, il paroît qu'il change dans un mois quel- quefois trois ou quatre fois , & que dans le temps où il foufile le plus conftamment du mème point, ce n'eft jamais que pendant vingt-neuf où trente jours. Lorfqu'il change tout-à-fait, c'eft-à-dire quand il repafle au nord-eft, à la fin de Septembre ou au commencement du printemps (nous parlons toujours de l'ifle de Bourbon), ce changement eft précédé & indiqué par des brifes très-fortes qui viennent du nord; elles durent ordi- nairement trois jours, quelquefois davantage; mais ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu'elles font toujours annoncées dans l'Ifle par des fourmies ailées qui fe répandent de toutes parts dans les maifons. Enfin, ce vent de nord-eft eft fi peu conftant dans ces latitudes auflrales, qu'il revient quelquefois au fud-eft, où il fouffle fouvent auffi fort & aufft long-temps qu'en hiver, Si M. de fa Nux détruit ou modif, par fes obfervations, quelques opinions, ilen confirme d'autres, & particulièrement ce qu'on a fouvent rapporté dés deux vents oppolés qui fe font {entir dans les ifles, lun le matin & dans toute lajournce, Fautre le foir & pendant toute la nuit. Il 1emarque que dens re" * d'une rivière montent dans certaines années, ou defcendent , DIEMISN SIGNE Nic ES 19 l'ifle de Bourbon, vers les fept à huit heures du foir, Le vent du centre de l'Ifle commence à defcendre vers la côte, ou à fe répandre du fommet des montagnes en bas, qu'il fouflle enfuite toute la nuit & finit entre fix & fept heures du matin ; qu'alors il f fait un calme qui dure à peu-près une heure, après quoi le premier vent ou la première fraîcheur du dehors fe fait fentir & fouffle toujours dans une direction précifément contraire à celle du vent de terre. L'eau dans ces grandes mers a aufli des courans, que M. de la Nux appelle courans de mouffon , dont les alternatives , en fens contraire, font aflez régulières; elles s'annoncent or- dinairement par un ralentiflement fucceflif du courant qui règne & une progreffion fenfible, & quelquefois même forte, du courant oppofé: celui-ci fe ralentit à fon tour fucceflivement pour laiffer à celui de la mouffon tout fon effet. IT S'il eft curieux & utile d'obf@rver à quel point les eaux Surune augmentation emarquable de dans d’autres ; il ne left pas moins de remarquer dans Îe a cours d'une année, en combien de temps elles montent du ;;;0, juqu'au point le plus bas, au point le plus haut, dans quelle partie Pmmencement de l'année cet effet arrive ; enfin la différence de hauteur 7 ” qui fe trouve entre ces deux points. C'eft ce qui a engagé M. Adanfon à communiquer à l'Académie ce qu'il a obfervé à ce fujet dans les années 1759 & 1760, la Seine à Paris ayant augmenté depuis le mois de Septembre de la première année jufqu'au mois de Février de la feconde d'une manière très-remarquable. En effet, parles obfervations de M. Adanf{on, il paroït que cette rivière n'avoit que trois pieds de hauteur en Septembre 1759, & qu'au $ Février 1760, elle en avoit vingt pieds & demi *; de façon que dans un in- tervalle de moins de fix mois elle a augmenté de dix-fept pieds & demi; cependant cet accroïflement de fes eaux *, Cette hauteur de la rivière dans ces différens temps, eft prife fur Téchelle qui eft à une des piles du pont Royal, dont on trouve l’expli- gation dans un Mémoire de M. Buache, année 1771, page 235: Ci Sur uneincruftation pierreufe d’une nature particulière, 50 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE n'a commencé qu'au 22 de Janvier de cette année, où des pluies médiocres & fouvent interrompues ont fuivi le tremblement de terre qui fe fit fentir le 20 du même mois vers les dix heures du foir: ces pluies durèrent jufqu'au 2 de Février par un vent d'oueft & de fud-oueft qui fouffoit fou- vent avec force, & la rivière arriva à fa plus grande hauteur le Février, quoique dès le 4 le thermomètre de M. de Reaumur füt defcendu au terme de la glace par un vent de nord-eft : ce ne fut que du $ au 6, que ce thermomètre étant encore defcendu 4 degrés plus bas, la rivière commença à baiffer, & fi promptement, que ce fut d'un pied en moins de vinat- quatre heures. Il eft à remarquer que la hauteur à laquelle la rivière monta cette année, eft précifément la même que celle des années 1714 & 1749. L'ILE M. Deparcieux a fait voir à l’Académie une incruflation d’une forme très-fingulière, détachée du bord d'un baffin du arc d'Athis: cette incruflation n'eft point de la nature de celles que forment les eaux d’Arcueil & qu'on trouve dans les canaux par où elles paflent, particulièrement dans Paris & auprès de l'Obfervatoire.Ces dernières font dures & compates, au lieu que celle dont il eft queftion eft tendre & poreufe ; on en trouve de toutes femblables dans deux ou trois fources peu confidérables du même parc, dans plufieurs endroits des en- virons, & même encore dans les eaux des fources de Croix- Fontaine, qui font fort éloignées de celles-ci, & fur un autre bord de la rivière de Seine ; les fources des villages de Savigny, de Viri & de Grigny, forment aufit des incruftations, mais qui font encore moins dures que celles d'Athis. Il paroît ainfi que les eaux qui produifent des incruftations font beaucoup plus communes qu'on ne lavoit cru jufqu'ici : M. Deparcieux conjecture même, avec beaucoup de vrai-femblance, d'après les différens bancs au travers defquels paffent les eaux de la plaine qui eft entre Villejuif & Juvify, que ces eaux doivent toutes charier des parties propres à former des incruftations. Peut-être que fi nous étions plus habiles dans l'analyfe des eaux DES SCIENCES. 27 & à reconnoitre les parties étrangères qu'elles contiennent , nous ferions en état de déterminer à beaucoup d'égards la nature des fubflances qui fe trouvent dans les terres au-deffus des endroits par où ces eaux coulent ou s'échappent : ce feroit une nouvelle obligation que la Phyfique auroit à la Chimie, Nous découvrons tous les jours de nouvelles merveilles dans la Nature, & fi le fait dont nous allons rendre compte, ‘après M. Mufichenbroek, eft exactement tel qu'il eft rap- porté, c'eft un des plus extraordinaires qu'offre l'hifoire des animaux. Cet habile Phyficien marque dans une Lettre à M. ‘abbé Nollet, qu'on trouve dans une rivière de Surinam un poiffon ou une efpèce d'Anguille, qui, felon ce qu'on en dit, a la propriété fingulière de vous frapper comme le choc ou 1 commotion de Leyde, lorfque vous mettez vos mains dans l'eau, près de l'endroit où il f trouve. Si, par exemple, des Pécheurs ou des Matelots sapprochent dans une petite barque à une diftance de ce poiffon de huit ou dix pieds & qu'ils trempent leurs mains dans l'eau, ils fe fentent frappés dans linftant, dit M. Mufichenbroek, comme dans mon Expérience (c'eft la même que celle de la commotion de Leyde) par l'éledlricité de ce poiffon ; s'ils le pouffent avec un bâton, ils éprouvent un coup plus fort, & fr c'eft avec une verge de fer, ils font frappés, continue-t-il, avec la plus grande force; enfin perfonne n’ofe le prendre avec la main, & d'un coup électrique il tue les poiflons qui en nageant pañlent auprès de lui; cependant, ce qui eft très-remarquable, c'eft que fi ces matelots au lieu d'une verge de fer enfoncent du côté de ce poiffon un bâton de cire d'Efpagne, ou même le touchent avec ce bâton, ils ne reflentent aucun coup: de façon que M. Mufchenbroek conclut que dans les diverfes circonflances que nous venons de rapporter, les hommes font _ frappés par la fule électricité de ce poiflon. Voilà des effets bien finguliers, mais il faut qu'on en raconte encore de beaucoup plus extraordinaires, puifque M. Mufchen- broek termine fon récit en difant qu'il y en a d’autres non C ii Sur un poiffon de la rivière de «Surinam , qui produit des effets très-fur- guliers, 22 HisTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE moins certains que les précédens, mais qu'il n'ofe les rapporter: On ne peut étre plus difpolé que nous à adopter les opinions d'un Savant de ce mérite ; cependant en admettant tous ces merveilleux effets, nous ne pouvons croire, avec lui, qu'on doive les attribuer à l'Éleâricité: il femble qu'il a été porté à le penfer d'après l'expérience de la cire d'Efpagne, mais elle paroît incompatible avec les faits que nous connoiflons. En effet, on fait que tout corps éleétrique par lui-même, qui eft mouillé, tranfmet l’éleétricité comme les métaux & les autres fubflances non électriques : ainfi le bâton de cire d'Efpagne étant mouillé, doit produire le même effet que la verge de fer, &c. à moins qu'on ne fuppofe que la petite partie de ce bâton, fituée hors de l'eau, fufhfe pour le prévenir, ce qui neft pas vraifemblable. De plus, il fe pourroit très-bien qu'un bâton, une verge de fer tranfmit certains ébranlemens, certains mouvemens communiqués par le poiflon aux par- ties de l'eau, que ne tranfmettroit pas la cire d'Efpagne. I y auroit encore beaucoup de chofes à dire pour faire voir que lÉle@ricité n'a aucune part aux effets finguliers qu’on attribue à ce poiflon; mais il faut prendre garde de combattre des faits qui peut-être n'exiflent pas & de renouveler une fameufe hifloire, dont malheureufement on peut faire trop fouvent l'application. N'oublions pas toutes les merveilles qu'on a débitées de la torpille; quoique ce poiflon habitit nos mers & qu'il füt facile à tout le monde de s'aflurer fi elles exifloient, il a fallu que M. de Reaumur fit voir prefque de nos jours à quoi elles fe réduiloient pour faire ceffer tous ces contes. Il y a deux mille lieues d'ici à Surinam ; combien les faits peuvent-ils être altérés dans le trajet ! T'out cela nous fait infiniment regretter qu'un de ces finguliers poiflons, qu'on apportoit de ce pays à M. Mufichenbroek, foit mort dans la traverfée : s'ileût vécu, ce fage Phyficien auroit bien -tôt découvert & fait connoître ce qu'il y a de certain dans les effets qu'on en raconte. Le poiflon dont nous venons de parler, eft appelé par les Naturalifles Gymnotus, & par les Hollandois Beef-aal, en françois anguille de bœuf; À eft long de quatre pieds & à EUSNNSNCLANENN CES 2 peu-près de la groffeur du bras d'un jeune homme. I! fe trouve - particulièrement dans les endroits où if y a des rochers. * V. Toute l'Europe a appris avec effroi le tremblement de terre de Lifbonne de 1755; celui qu'on a éprouvé en Syrie en 17959, a été beaucoup plus affreux , comme nous l'apprenons d’une relation que M. Coufinery ( Chancelier du Confulat de Tripoly de Syrie) a envoyée à M. du Hamel. Le 3 0 Oétobre 1759, à 3 heures 4$ minutes du matin, la terre trembla à Tripoly & dans toute la Syrie, d’une manière fi terrible, que près de 30 mille perfonnes périrent de la première fecoufle, & prefque toutes les Villes de cette contrée, ainfi que celles de fa Paleftine , furent détruites, Antioche, Balbec (f1 fameufe par {es ruines), Seyde, Acre, Jafla, Nazareth, Saphet & beaucoup d'autres Villes n'exiflent plus; fa ville de Tripoly a prefque fubi le même fort : fes édifices ont été ébranles jufqu'aux fondemens, & ont été rendus inbabitables pour jamais. Les malheureux habitans de ces contrées, qui avoient échappé aux premières fecoufles, efpéroient en être délivrés ; mais elles ont duré pendant plus de fix femaines, & il n'y a pas eu de jour qu'on n'en ait efiuyé plufieurs, ou pour mieux dire où la terre n'ait pas été dans un mouvement continuel, & comme un vaifleau battu des flots; mais celles qu'on effuya le 25 Novembre à 7 heures 1$ minutes du foir, furpafsèrent toutes les autres, & furent ft épouvantables , que fclon M. Coufinery, on ne peut s'en retracer l'idée fans frémir. Les habitans ont été obligés de camper, au milieu de {a rigueur de hiver, fous des tentes fort mauvaifes : & pour augmenter le malheur de leur fituation, ils ont été * M. Richerparle, danslarelation | un demi-quart d'heure fans pouvoir de fon voyage à Cayenne, d’un poiflon qui paroît tout femblable à celui-ci par fa grandeur & par fes eflets : il dit que quand on le touche avecle doigt & mêmeavec un bâton, il engourdit tellement le bras & la partie du corps qui lui eft la plus proche, que l'on demeure pendant L le remuer; de plus, qu’il a fenti lui- même cet efet : il ajoute que les Pêcheurs difent qu'en frappant les autres poiflons avec fa queue, il les endort; ceci a du rapport à ce que M. Mufchenbroeck rapporte du Gymnotus, maïs eft beaucoup moias extraordinaire, Sur un trerm- lementde terre en Syrie, Sur une mine de Mercure- vierge , qui ef fous la ville de Montpellier, 24 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE forcés de veiller & de fe défendre la nuit contre les bêtes féroces, comme les hyænes & les chacals ; ils craignoient plus encore, ils étoient dans de continuelles alarmes que la neige qui couvre les montagnes , au pied defquelles ils étoient campés, n'en fit delcendre les tigres & les lions, & qu'ils ne fuflent obligés de difputer leur vie contre ces furieux animaux. Quelle prodigieufe force motrice doit être ren- fermée dans les entrailles de la terre, pour produire d’aufit grands & d’aufli terribles effets ! on feroit tenté de croire que leau y joue un rôle confidérable , lorfqu'on obferve que rarement les tremblemens de terre de cette nature fe font-ils fentir dans le milieu des terres, & à des diftances confidé- rables de la mer ou de ces grands lacs, comme la mer Cafpienne. Au récit de ces affreux bouleverfemens, on ne peut que fe féliciter d’habiter des climats qui en font exempts; fi l'on n'y jouit pas d'un fi beau ciel, fi l'on y efluie de rigoureux hivers, on n’eft point expolé à ce formidable fléau , qui paroït menacer la Nature entière. VI Plus on s'applique parmi nous à l'Hifloire naturelle & à la Minéralogie, plus on découvre que la France eft riche en mines & en pofsède de toutes les efpèces ; on fait que les mines de mercure- vierge, ou dans lefquelles on trouve le mercure coulant ; font exceflivement rares; que la plus grande partie du mercure que nous avons, vient des mines de cinnabre , dont ce mercure eft tiré ou revivifié. On vient de trouver une mine de mercure-vierge fous une ville con- fidérable de ce royaume , fous Montpellier , c'eft à M. l'abbé Sauvages, dont nous avons rapporté plufieurs obfervations curieufes dans les volumes précédens, à qui l'on a Pobliga- tion d’avoir levé toutes les difficultés qui pouvoient en faire douter. On avoit déjà retiré plufieurs fois du mercure de différens fouterrains de cette Ville, fans y faire beaucoup d'attention ; mais M. l'Abbé Sauvages ayant exaininé de plus près les temps où on le trouvoit, y a reconnu tous les véri- tables caractères d’une mine, j Lorfqu'on DES SCIENCES. 25 Lorfqu'on creufe dans la partie haute de Ia ville de Montpellier, on trouve deux fortes de matières, 1.” une couche plus ou moins épaifle d'argile, ou d'une terre grife qui blanchit en fe defléchant ; 2. des bancs de fable que l’on retrouve encore après avoir creufé à une grande profondeur; ceft dans cette couche argileufe que lon trouve conftamment le mercure, & on fait que cette matière eft une de celles que Vallerius affigne dans fa Minéralogie comme la matrice propre du mercure-vierge. Le mercure y paroît fous la forme de veines cylindriques très-fines, déliées & dont les ramifications s'étendent en différens fens; il eft contenu dans ces veines comme dans des tuyaux d'une matière grisâtre, qui n'eft autre chofe que les impuretés dont le minéral eft toujours chargé dans cette efpèce de matrice: cette croûte de mercure a même affez de confiftance pour qu'on en puifle détacher des rameaux entiers fans que le mercure s'échappe; pour produire cet effet, il faut preffer le tuyau ou l’écrafer, alors on en voit fortir de petits glo- bules qui ont tout le brillant du mercure le mieux purifié : d'ailleurs, les mottes d'argile qui contiennent ce mercure font fans aucun mélange d'autres terres, & ont tous les caractères d'une terre neuve & qui n'a jamais été remuée. Enfin, ajoute M. l'abbé Sauvages, pour peu qu'on ait vu des mines, il fuffit de jeter un coup d'œil fur celle-ci, pour juger qu'elle eft véritablement une mine & dans le cas de toutes celles qui font répandues dans l'intérieur du globe. Müis il fe préfentera naturellement une penfée, qui s’eft déjà préfentée bien des fois; Montpellier eft une célèbre Univerfité de Médecine où les malades accourent de toutes parts, & qui eft particulièrement en réputation pour guérir une maladie qui n’eft devenue que trop fameufe & dans laquelle on emploie le mercure; celui qu'on trouve dans les fouterrains de la ville ne feroit-il pas celui qui, ayant été évaporé ou em- ployé par les malades, fe condenferoit enfuite, & auroit coulé dans les fouterrains par fon extrême mobilité? Après avoir bien établi que la manière dont on Le trouve dans l'argile a tous Hif. 1760. , D Sur B congélation du mercure. 26 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE les caractères d'une vraie mine, M. l'abbé Sauvages s'attache à prouver combien cette conjeéture eff fauffe. I rapporte que cette argile eft toujours accompagnée d’une humidité qui en bouche tous les pores & qui la rend impénétrable à tout liquide de ce genre; qu'elle eft d’ailleurs fr compaéte; fi ferrée, qu'elle ne laiffe aucune fente, aucun vide par où le mercure ait pu s'infinuer; enfin que c'eft dans les mottes les plus dures, &c qu'on cafle avec peine, qu'on trouve les veines de mercure qui s’y répandent dans de grands efpaces : comment , ajoutett:il, le mercure auroit-il pu y pénétrer? par quelle force auroit-il pu s'ouvrir des milliers de routes & fe ramifier de Ja forte, fr formation n'étoit pas contemporaine avec celle de la couche d'argile? Perfonne n’ignore que ce métal liquide ne pénètre que très-difficilement les corps folides { excepté certains métaux }, & qu'il faut une force confidérable pour le faire pañler à travers certains corps. Il eft difficile de ne pas fe rendre à ces raifons & de ne pas regarder, en effet, ce mercure qu'on trouve fous la ville de Montpellier, comme appartenant à une mine de mercure vierge. On ne peut regretter que fa pofition, qui fa rend comme inutile ; cependant comme la colline de Montpellier n'eft peut - être pas la feule de fon efpèce qui foit dans ce pays, il femble que cette découverte devroit mettre far la voie, pour chercher s'il n’y auroit pas quelqu'autre mine de mercure vierge dans les environs. VNOIPTE Lorfque les premiers Navigateurs qui pafsèrent dans Inde, dirent aux Indiens, que cette liqueur qui leur paroifloit fr mobile, fi fluide, que l'eau enfin, devenoit en hiver, dans les climats feptentrionaux , dure & folide comme la pierre, ïls les prirent pour des impofleurs; ils ne fe rendirent que lorfqu’on eut trouvé le moyen de leur montrer de cette eau durcie, de la glace en un mot, & de leur faire voir que rien n’étoit plus vrai, que ce qu'ils n'avoient jamais voulu croire. Nous aurions été peut-être aufli étonnés & aufli incrédules qu'eux autrefois, fi l'on nous eût dit que le mercure peut acquérir la folidité des corps durs, des métaux; mais plus inftruits DES SCIENCES. 7 aujourd'hui, ce phénomène, quoique très fingulier, ne nous paroît pas impoflble; l'analogie nous apprenant à préfumer par les effets du froid fur certaines fubftances, ce qu'il peut faire fur d'autres, nous imaginons qu’il peut y avoir tel degré de froid , où en effet le mercure lui-même perdra fa fluidité : la nature de ce fluide, fa denfité, feront bien penfer qu'il faudra que ce froid {oit prodigieux, pour produire cet effet; mais enfin lanalogie nous en fera concevoir la poffbilité. Aujourd'hui, ce qui ne nous auroit femblé que poffible, paroît entièrement prouvé par les expériences curieufes qu’on à faites à Péterfbourg , vers la fin de 1759 & au commencement de 1760. M. Poïfonnier /a), qui étoit alors en cette ville, & qui lui-même a répété ces expériences , en a envoyé une relation circonftanciée à l’Académie, d'où nous avons tiré ce que nous allons dire fur cette importante découverte, M. Zeïher, de l'Académie Impériale de Péterfbourg, avoit fait en Allemagne les expériences de Fahrenheit fur le froid artificiel, mais fans avoir pu produire un froid plus grand que celui que cet habile Phyficien avoit obtenu en Hollande, S'étant tran{porté à Péterfbourg, le froid de ce pays, plus grand que celui d'Allemagne, fit penfer à M. Zeiher qu'en répétant ces expériences dans cette ville, le froid qui en réfulteroit feroit beaucoup plus confidérable que celui qu'il avoit eu en Allemagne; mais une maladie l'en ayant empéché, M, Braun fe chargea de es faire à fa place. Le 25 Décembre, le froid sétant trouvé plus grand qu'on ne l'avoit jamais vu à Péterfbourg , il penfa que l’occafion étoit très-favorable pour exécuter fa promefle & répéter ces expériences ; il méêla en conféquence de l'efprit de nitre avec de la neige ( ce qu'on fait être le procédé de Fahrenheit) ; mais quelle fut fa fur- prife lorfqu'il vit la liqueur de fon thermomètre (b), du 205 degré où elle étoit, defcendre rapidement jufqu'au 470, & (a) Ua été reçu depuis de l’Académie. (b} C'étoit un thermomètre de M. del’Ifle, dont on fait que la numé- ration commence, à compter d’en haut, le degré de zéro étant celui de eau bouillante, & toute la. liqueur ou fon volume étant cenfée égale à 10000 parties, D ji 28 HiSToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE le mercure parvenu à ce point demeurer comme immobile en plein air l'efpace d'un quart d'heure ! Le lendemain, ül fit Pexpérience non-feulement avec le même thermomètre, mais encore avec un fecond, & le réfultat fut encore le même. Cet état du vifargent, qui paroifloit comme fixé fans monter ni defcendre, lui fit penfer qu'il pouvoit bien être congelé par ce froid prodigieux, & devenu par conféquent un corps folide : cafler la boule eût été, dans le moment, le moyen le plus fimple de s'en aflurer; mais cet expédient lui échappa, il ne l'employa que le $ Janvier , où ayant vu comme aupa- ravant , en répétant ces expériences, le mercure fixé, il caffa la boule de fon thermomètre dans l'inftant, & vit en effet cette liqueur métallique prefqu'entièrement congelée, ne reftant de parties fluides que quelques-unes de celles qui {e trouvoient au milieu de la boule, Cette expérience fe fit entre neuf & dix heures du matin, le thermomètre marquant à Fair libre 199 degrés; M. Æpinus qui, en faifant les mêmes expériences, obfervoit en mème temps ce qui fe pañloit au fien, en vit la liqueur defcendre très-rapidement prefque au $o0o.° degré; au même moment, il-en cafia le tuyau & y trouva pareil- lement un petit cylindre de mercure congelé qui le remplifloit : ces deux Savans remarquèrent lun & l'autre que ce mercure étoit devenu malléable & ductile comme un autre métal; mais il redevint bientôt fluide & retourna à fon premier état. Pour obferver plus facilement & avec plus de précifion les différens états par lefquels le mercure pafloit pour arriver à celui de folidité, M. Æpinus en mit à la hauteur d'un pouce & demi dans un tuyau fermé par en bas & ouvert par en haut ; le tuyau, qui étoit épais d'un doigt, ayant été expolé au froid des expériences précédentes , le mercure qu'il ren- fermoit fe durcit & prit une confiftance folide dans l'efpace de 45 fecondes. M. Æpinus a encore obfervé que le mercure devenu ainfr folide par le froid, eft, comme tous les autres métaux (excepté le fer qui, dit-on, fe dilate en fe refroidiffant }, plus denfe que fous une forme liquide, & en conféquence qu'il defcend ou DES SCIENCES. 2 s'enfonce, quand on le plonge dans du mercure fluide: enfin le 6 Janvier , le froïd étant devenu fi violent entre neuf & dix heures du matin, que le thermomètre étoit defcendu jufqu'au 2 1 1. degré, M. Braun répéta encore ces expériences & les trouva entièrement conformes à celles de la veille. Une chole remarquable , c’eft que ce froid étoit plus grand que le froid artificiel de Fahrenheit que Boërhaave regardoit - comme fi terrible; car on fait que dans ce froid le thermo- mètre du Phyficien Hollandois ne defcendoit que jufqu'au 40° degré au-deflous de zéro, qui répond au 2 00 du thermomètre de M. de 'Ifle. Telles font en général les expériences qui ont été faites à Péterfbourg fur la congélation du mercure, & ‘qui ont été. répétées par les plus habiles Phyficiens de l’Académie Impé- riale de cette ville. Après des témoignages de cette nature, ï paroît difficile de ne pas regarder le fait comme certain, quoique quelques perfonnes le révoquent en doute, & il y a lieu de croire que ces Phyficiens profiteront du premier hiver, où le froid approchera de celui de 1760, pour répéter ces expériences & conftater entièrement une découverte de cette importance, On acquerra par- plus de certitude fur l'intenfité du froid néceffaire pour produire la congélation du mercure, ce que les expériences de cette année 1760, n'ont pas déterminé, quoiqu'on fache que ce foit à peu - près au $00.° degré du thermomètre qu'il a lieu; enfin on faura mieux quel eft le degré de folidité que ke mercure acquiert dans ces expériences, point qui efl encore également indécis : mais on conçoit que tout cela eft fort difficile à déterminer, par la difficulté de conférver dans un endroit, pendant un certain temps, un froid fi prodigieufement différent du froid naturel & déjà exceffif, quon y éprouve. Lorfque l'Académie reçut la nouvelle de ces expériences, quelle apprit aff par M. de Montilembert, qui étoit alors à Péterfbourg, elle chargea un de fes Membres d’eilayer juf- qu'à quel point on pourroit porter le froid artificiel dans nos: D ii 30 HisTOiRE DE L'ACADÉMIE Royate climats; mais comme ces expériences ne produifirent pas un froid confidérable , nous ne les rapporterons pas. Ce n'étoit pas que l’Académie imagint qu'on püt atteindre , par les moyens employés à Péterfbourg , au froid qu'on avoit produit dans cette ville, mais enfin pour favoir au moins quel degré de froid on auroit. Car on conçoit qu'il fera toujours relatif au froid na- turel du pays, & qu'il y aura une certaine proportion, entre les froids artificiels produits par es mêmes moyens, dans différens -climats, qui tiendra des degrés du froid naturel de ces mêmes climats, En eflet, ce froid artificiel dépend tellement du froid primitif, que M. Æpinus ayant répété ces expériences dans une chambre où le thermomètre n'étoit qu'à 122 degrés, & fait refroidir l'efprit de nitre & la neige jufqu’au r $ 0. degré, il ne put obtenir, par leur mélange, qu'un froid artificiel de 300, c'efl-à-dire de 200 au-deflus du point néceflaire pour la congélation du mercure. Au refle, pour qu'on foit plus en état de répéter ces expériences, nous allons donner plus en détail la manière dont elles ont été faites. On verfe dans un verre à boire jufqu'à la moitié, de lefprit de nitre fumant ; on y jette enfuite une égale quantité de neige, & on remue le tout jufqu’à ce qu'il ait acquis la confiftance d’une bouillie affez épaiffe ; d'abord ce mélange s’échauffe, comme on fait, mais enfuite, & très-promptement, il contraéte un degré de froid prodigieux & fufhifant pour congeler le mercure. Ce procédé a réuffr non-feulement à M.° Braun & Æpinus, mais encore à plufeurs autres Savans de l Académie de Peterfbourg. H feroit bien à fouhaiter que ft la Rüuflie envoye quelque Savant dans les parties de la Sibérie oùles froids font fi rigoureux, il répétät dans ces endroits ces expériences ; car inconteflablement la congélation du mercure s’y fera facilement, à caufe de la rigueur de ce froid : on fouhaite de même & par les mêmes raifons, que les Anglois en faffent autant à la baye de Hudfon. La congélation du mercure achèvera de confirmer la théorie de la dilatation & de la condenfation des corps , qui eftune des plus belles qu'on doive à la Phyfique moderne. Cette même année, le froid fut très-vif en Suède, à Stokolm, DES SCIENCES. 31 Je s Janvier, le thermomètre de M. de Reaumur defcendit près de 23 degrés au-deflous du terme de la glace, & à Torneñ , le même jour, un autre thermomètre de M. de Reaumur defcendit à 7 1 degrés au-deflous de la congélation , ce qui parut d'autant plus fingulier, que dans cette ville le thermomètre n'étoit jamais defcendu plus bas que 3 8 degrés, même à Atzoski vers le Cap nord. Los année, M. Fabbé Nollet a publié Ja feconde partie de fes Lerres fur l Électricité. - L'objet de ces Lettres eft de foutenir Île principe des effluences & affluences fimultanées, contre la doctrine de M. Franklin, & contre les nouvelles prétentions de fes . partifans. Dans la première de ces nouvelles Lettres, adreffée à M. Necker, M. abbé Nollet apporte quelques éclairciffemens fur les effluences & affluences fimultanées. M. Necker en admettant l’exiftence des attractions & répulfions, avoit pro- poléà M. l'abbé Nollet, quelques doutes fur leur fimultanéité & en même temps fur l'opinion qui attribue ces effets aux courans oppolés de matière éleétrique. | Pour lever ces doutes, M. abbé Nollet procède, comme il la fait pour établir le principe même, c'eft-à-dire par des expériences directes & avouées de tous les Phyficiens éleétrifans ; il rappelle l'expérience dans laquelle des feuilles de métal ou autres corps légers placés fur la main d'un homme qu'on éle&rife, s'envolent en l'air, tandis que la même main attire de pareilles feuilles que l’on tient fur un carton à quelque diftance au-deflus d'elle ; celle où un tube de verre nouvellement frotté, foutient conftamment en l'air une plume qui s’eft électrifée en le touchant , & attire néanmoins pendant ce même temps, les autres corps légers qu’on lui préfente, De plufieurs expériences de cette nature, qui établiffent les attrac- tions & répulfions fimultanées, M. l'abbé Nollet pafle à celles. qui déterminent à confidérer ces attractions & ces répulfions 52 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE comme produites par les mouvemens de deux couransoppofés de matière électrique ; une barre de fer qu'on électrife dans l'obfcurité, donne un écoulement très-fenfible de matière en- flammée à celle de fes extrémités qui répond au globe de verre; & à l'extrémité oppolée, on voit le fluide éleétrique s’élancer dans f'air en rayons lumineux & divergens ; lorfque les attrac- tions font foibles, on les rend plus fortes en mettant derrière les corps attirables quelques-unes de ces matières dans lefquelles on fait que le fluide électrique fe meut avec plus de liberté ; il part donc de ces corps une matière qui fe dirige vers le conducteur, & dans celui-ci, les émanations ne continuent pas moins d'une manière également fenfible. La matière électrique afuente, dit M. l'abbé Nollet, eft un fluide univer- fellement répandu qui tend, comme les autres, à l'équilibre, & qui par cette tendance s'empreffe d'entrer dans le corps qu'on éledrife pour y remplir les vides que laiflent les émanations ; parmi les pores du conduéteur, les uns permet- tent les émanations , les autres admettent les affluences; celles-ci font déterminées par les premières : la nature du corps frotté, celle du frottement, & celle du milieu dans fequel s'exercent les mouvemens de la matière effluente & de la matière affuente, peuvent beaucoup contribuer à faire varier la vitefle de la matière effluente ; mais la matière affluente fera toujours fubordonnée aux variations que celle-là éprouve, Dans la feconde Lettre, pareillement adreflée à M. Necker, M. l'abbé Nollet examine l'hypothèfe que M. Jallabert avoit ropofée pour expliquer les phénomènes électriques. Selon M. Jallabert, la matière électrique lancée du conduéteur, entraîne avec elle les corps légers qu'elle rencontre, & comprime en même temps la matière électrique répandue dans le milieu qu'elle traverfe; lorfque par cette compreffion cette matière effluente a épuifé fa vitefle, celle quia été com- rimée , fe rétablit par fon élaflicité, & ramène vers le conduéteur , les mêmes corps qui en avoient été écartés , d'où naiffent des ofcillations auxquelles M. Jallabert penfoit qu'on devoit attribuer les attractions & répulfions ; mais M. l'abbé HONÉARTEL pi ist SC ELNIC ES Yabbé Nollet, entre plufieurs autres obfervations ,. rémarque 45. que füivant ce fyflème, les répulfions devroient toujours précéder des attractions, & cependant c'eft le contraire qui a coutume d'arriver ; 2.” comment ces ofcillations s’accorderoient- elles avec l'immobilité conftante d’une petite feuille d’or qu’on tient fupendue dans un air calme au - deffus d’un tube de verre A Cbnment s’accorderoient-elies encore avec la direction conflante que prend un fil de lin ou un ruban qui s'incline toujours ,-par celle de fes extrémités qui eft libre, vers le tube électrique? Comment ces olcillations, loin d'accélérer l'écoulement d’une liqueur renfermée dans un vafe, d'où elle ne s’écouleroit d'elle-même que goutte à goutte, ne rendent- - elles pas au contraire cet écoulement intermittent ? La troifième Lettre, adreflée à M. du Tour, regarde es électricités en ps & en moins, Les éleétricités en plus & en moins, les éleétricités pofirives & négatives, les électricités par condenfation & par raréfaclion du fluide éleétrique, font autant d’expreffions qui ont été en ufage chez quelques Phyficiens éleétrifans, mais auxquelles ils ne s'accordent pas à attacher la même idée : quelques-uns les ont fucceffivement fubftituées les unes aux autres; M. le Roi, qui s'arrête à la dernière de ces expreflions , entend l'état de certains corps qui font furabondamment chargés de matière électrique & d’autres corps qui ont perdu la leur en tout ou en partie. Selon M. le Roi, le fluide électrique eft de nature à fe laifler refferrer dans des efpaces beaucoup plus petits que ceux qu'il a coutume d'occuper, comme auffi à s'étendre par expanfion dans les vides qu'il trouve à remplir: mais M. l'abbé Nollet obfeive qu'il eft difficile de concilier cette idée de la matière éleétrique avec les faits que lon remarque journellement. Je n’imagine pas, dit M. l'abbé Nollet, qu'un corps puifle demeurér un: certain temps privé ni furchargé de fluide électrique dans un milieu tel que l'air de notre atmofphère, qui peut en fournir où il en manque & recevoir ce qu'il y a de trop ailleurs. M. l'abbé Nollet combat cette opinion par plufeurs raifonne- mens qu'il faut lire dans l'ouvrage même; if examine enfuite Hi. 1700, JE 34 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE l'ufage que Fon en fait pour l'explication de certains phénomènes d'électricité, & trouve que dans la comparailon des eflets de Ja prétendue compreflibilité de la matière électrique avec ceux de la compreffibilité de Fair, on a confondu la caufe occafion- nelle avec a caufe efficiente ; que d'ailleurs cette comparaïfon eft inadmiffible en ce qu'il y a difparité dans les effets, le phéiomène éle&rique étant toujours double & en deux fens oppofés, tandis que l'eflet du reflort, auquel on Île compare, eft fimple & unique. M. l'abbé Nollet examine, de la même manière, plufieurs autres faits qu'on a tenté d'expliquer en ne fuppofñant qu'um feul courant de matière électrique; il s'attache à faire voir Finfufffance de ce courant unique, tant par les difhcultés dont les explications qu'on en déduit, font: fufceptibles, que- par la néceflité où fe font trouvé réduits ceux qui ont tenu à ce principe, d'admettre tantôt un fait, tantôt un autre pour figne caractériftique de telle ou telle électricité. En effet, tel fait que l'on donnoit pour caractère d’une électricité ex plus , eft devenu, en variant les circonftances fans changer l’efpèce, un caractère d'électricité er moins. Dans la quatrième lettre, adreflée auffi à M. du Tour, it s'agit des éle@ricités réfineufe & vitrée: c'eft à M. du Fay que Yon doit la connoiffance du fait qui a conduit à la diftinélion des éle&tricités réfineufe & vitrée; on tenoit avant ce temps, pour règle générale, que deux corps éle&ifés fe repoufloient mutuel- lement. Des expériences plus fuivies ont appris enfuite que les. corps qui ayant reçu leur électricité du verre , étoient repouflés. par du verre rendu éleétrique, étoient au contraire attirés par les gommes, les réfines, le foufre nouvellement frottés, &c réciproquement. Cette différence dans les eflets de la réfine & du verre, a conduit quelques Phyficiens à regarder les éleétricités de ces deux matières comme {pécifiquement diffé- rentes. M. l'abbé Nollet s'élève contre cette prétention &c Fattaque par ces trois moyens; 1° en faifant voir que les faits. fur lefquels on veut l'établir ne font point invariables, 2.° qu'ils ne font point concluans pour la caufe en faveur de laquelle DES SCIENCES. 35 ‘on les appelle en preuve, 3. parce qu'on peut expliquer ces mêmes faits par des principes bien connus & bien prouvés. Dans la cinquième lettre, M. l'abbé Nollet s'entretient avec M. du Tour fur les moyens de ramener au principe des efuences & affluences fimultanées les phénomènes qui ont fait imaginer la diflinétion des éleétricités réfineufe & vitrée. Après l'explication des phénomènes les plus ordinaires, M. Tabbé Nollet revient aux feux électriques, d'où l'on prétend tirer les caractères de deux fortes d'éleétricités L'électricité du verre fait paroître un point lumineux par-tout où celle des matières rélineufes fe manifefle par une aïgrette épanouie, & réciproquement : fur ce fait, M. l'abbé Nollet obferve d'abord que le point lumineux n'eft lui-même qu'une aigrette, & c'eft une vérité conftatée par plufieurs expériences. Aiïnfr il n'eft queftion que d'expliquer pourquoi ces feux, qui font les mêmes quant au fond, changent de grandeur quand on élettrife avec du foufre ou avec du verre. Le foufre, lorfqu'on en dilateles pores par le frottement, peut devenir plus propre que le verre à abforber la matière électrique qui enfile le conducteur pour fe rendre à lui : alors la matière affluente, qui fe préfente avec plus de précipitation & de force, empêche de progrès de la matière efHuente, qui cherche à déboucher & ne laifle voir que l'origine de l’aigrette. La fixième Lettre eft adreffée au P. Beccaria ; elle contient 1 réponfe à quelques objeétions que ce Profefleur avoit faites contre le fentiment de M. l'abbé Nollet. Les principaux objets qu'on s’eft propolés dans cette Lettre, font de repréfenter au P. Beccaria, 1. qu'il s'eft donné des foins luperflus pour foutenir, contre M. l'abbé Nollet, certaines vérités fur lef- quelles cet Académicien n'a jamais faitfé entrevoir le moindre doute; 2.° que fur ces vérités, le P. Beccaria n’efl d'accord ni avec lui-même ni avec M. Franklin, dont il prend la défenfe; 3- qu'il oppofe des difficultés que M. l'abbé Nollet a préve- nues dans la première partie de fes Lettres; 4° que ce que le P. Beccaria dit contre les efHuences & aBibnees fimulta- mées, ne répond point à la confidération que mérite un fait E ÿ 36 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYaALeE fi bien établi; 5. que les explications tirées des principes de P. Beccalia ne font point auffi folides ni auffi conféquentes qu'il le penfe. Dans la feptième Lettre, qui eft adreflée à M. Watfon, M. l'abbé Nollet examine quelques remarques de M. David Coldey fur la première partie de fes Lettres. Enfin dans la huitième, M. fabbé Nollet sentretient avec M. de Romas fur les cerfs-volans électriques, fur une nouvelle manière d'ifoler les corps qu'on veut électrifer & fur quelques difficultés concer- mant les efHuences & affluences fimultanées. Comme tous fes différens objets dont M. l'abbé Nollet s'eft occupé dans chacune de ces Lettres, roulent principale- ment fur des faits, dont quelques-uns quoique conflatés par un grand nombre d'expériences , n'ont pas été admis par quelques Phyficiens (en très-petit nombre à la vérité), M. abbé Nollet a rafflemblé à la fuite de fes Lettres toutes les expcriences qui fervent de bafe à fon principe des effluences & affluences fimultanées , & qui ont toutes été faites en préfence de cinq Commiflires que l'Académie avoit nommés pour y aflifler.. DES MC EN C € & 37 ANATOMIE. SUR DEUX NOUVEAUX LIGAMENS RONDS DE LA MATRICE, N neft point étonné, malgré le nombre infmi de diffeétions du corps humain que des parties très- petites & dont la pofition eft cachée, foient échappées aux recherches des Anatomifles ; leur petitefle, leur fituation ont pu empécher de les découvrir: mais que des parties d’un volume fenfible , & dont les fonctions femblent très- déterminées , fe foient dérobées à leurs regards, ceft ce qui devroit nous furprendre beaucoup, fr nos n'obfervions tous les jours que mille objets nous échappent qui font fans cefle fous nos yeux. Il femble que le défaut d'attention, habitude de confidérer les chofes fous les mêmes faces, une forte de répugnance à les examiner, nous réduifent prefque toujours à n’y apercevoir que ce que nous y avons déjà vu: rien, peut-être, na plus fervi à éternifer les erreurs & à retarder le progrès des découvertes dans les Sciences. Quoi qu'il en foit, voici une preuve de ce que nous avançons par rapport à la matrice: ce vifcère a été l'objet d'une infinité de recherches ; d'habiles Anatomiftes s'en font occupés uni- quement; cependant il a deux ligamens ronds qui jufqu'ici n'avoient point été aperçus, & que M. Petit a découverts. On fait que la matrice elt comme flotiante au milieu du bas-ventre ; il femble en conféquence que la Nature a dû difpofer les chofes pour qu'elle y foit maintenue à peui-près : dans la même pofition, malgré les diff.rens mouvemens quelle peut avoir pendant la grofféfle : on connoïtloit bien fes liga- mens lafges qui paroïlent, entrautres fonctions, deflinés à E ii V. les Mémr, p. 287. 358 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Y'empêcher de fe porter à droite ou à gauche, & fes ligamens ronds antérieurs qui préviennent de même qu'elle ne remonte trop haut dans le ventre lorfqu'elle eft chargée de l'enfant ; mais on ne connoifloit point les antagonifles de ces derniers , c'eft-à-dire des ligamens qui foutinflent la matrice & qui l'em- péchaffent de trop defcendre dans le petit baflin; ce font Les, ligamens ronds poflérieurs que M. Petit a le premier démontrés. Ces ligamens qui forment deux cordons arrondis, font recouverts par une production du péritoine femblable à celle qui couvre les autres ligamens ; ils font un peu moins rouges que les ligamens ronds antérieurs, mais un peu plus gros: fitués à la partie poftérieure de la matrice, du milieu de laquelle ils paroiffoient naître fur le côté, ils defcendent juf- qu'au col de ce vifcère, puis ils {e réfléchifient , en fe courbant, pour gagner la partie poftérieure du petit baflin vers laquelle ils remontent jufqu'au haut de los facrum , où ils femblent fe terminer. Ils différent des ligamens ronds, en ce qu'ils ne font prefque point vafculaires, tandis que ceux-là le font beaucoup; ils font en général plus faillans dans les femmes qui n'ont point eu d’enfans, ou qui, en ayant eu peu, font accouchées facilement. Lorfqu'en foulevant la matrice, on la tire en devant, on aperçoit ces deux ligamens poftérieurs , qui repréfentent comme deux croiffans, dont les concavités fe regardant forment une. ouverture ovale, qui conduit à la cavité qui fe trouve entre le vagin & le rectum : les pointes de chacun de ces deux croiflans qui fe correfpondent, font les unes fur le côté du col de la matrice à fa face poftérieure, les autres fur fa partie la plus élevée de l'os facrum. Outre l’ufage de ces deux liga- mens, qui eft, comme nous l'avons dit, de foutenir la matrice, M. Peiit penfe encore qu'ils peuvent fervir à tenir un peu en arrière fon col, afin que dans le moment de [a généra- tion, fon orifice interne le préfente plus direétement au jet de la femence, La pofition de ces ligamens, leurs attaches donnent encore f'explication de ces douleurs de reins dont les femmes fe f DEUSLS GLEN C ES plaignent fi fouvent dans les derniers temps de leur groffeffé, & que jufqu'ici on n'avoit pas expliquées d'une manière trop fatisfaifante, En effet, il y a apparence que ces douleurs vien- nent du tiraillement de ces ligamens, comme celles des aines naiflent de celui des ligamens ronds antérieurs. Rien n'eft plus- effentiel dans la Médecine, comme le remarque M. Petit, que de découvrir les vraies caufes des douleurs des différentes par- ties du corps: éclairé par-là fur la nature des parties affectées , le Médecin eft bien plus en état de juger des accidens & de prefcrire les moyens de les prévenir ou de les calmer. SUR L'EXFOLIATION DES OS. OUS avons rendu compte dans le volume de 1758, L N du premier Mémoire de M, Tenon , fur l'exfolition des os, & nous avons parlé du travail qu'il a entrepris fur cette importante matière ; nous avons dit qu'ikavoit montré que dès que les os font découverts, foit par une caufe interne, foit par une caule externe, il y a toujours exfoliation , enfin, qu'il avoit fu fixer par fes expériences , l'incertitude où lon étoit fur la nature des remèdes les plus propres à la cure des plaies de la tête, avec dénudation des os. Dans fon fecond Mé- moire, M. Tenon examine s'il eft vrai que la méthode de Bellofte, qui confifte à faire plufieurs trous dans la fubftance- de los découvert par la plaie, accélère la guérifon de cette plaie & préferve los de l’exfoliation; il difcute en même- temps plufieurs particularités intéreffantes, relatives aux effets, qu'elle produit. Ainfi dans ce troifième Mémoire, en fuivant toujours la loi qu'il s'eft prefcrite, de neïen décider que par la voie des expériences , il prouve par ces mêmes expé- riences, que les avantages de la méthode de Bellofte ne: confiflent point à préferver de l'exfoliation , toute dénudation: de l'os y étant fujette, comme il a été dit; & il fait voir en: même-temps que les bourgeons (efpèces d’excroiflances fongueufes ) qu'elle occafionne , ne viennent point. d'un {ue V. les Mém:. p2253e > 40 HisToiRe DE L'ACADÉMIE Royare moëleux, comme Îe croyoit fon auteur, ni du diploë, comme on de penfoit généralement ; mais qu'ils tirent leur origine de la partie parenchymateule de l'os, ce qui eft très-remarquable, Ici le parenchyme , fous cette forme de bourgeons, eft deflitué de fa craie, ce n'eft en quelque façon que la partie organique déVos qui fe remplit enfuite peu à peu de cette craie, pour acquérir la confifance d'os à mefure que la guérifon de la phie acquiert de l'ancienneté. JL étoit important de décider ‘ces différens points, par rapport à ce qui fe pafle dans la cure des plaies de tête où l'os eft à découvert , mais pour compléter en quelque façon ce travail, il falloit fe tourner plus particulièrement du côté de la pratique, & reconnoître encore par les expériences, fr cette méthode de Bellofte, avoit cet avantage précieux d'accélérer la guérifon des plaies dont nous venons de parler ; il falloit déterminer s'il étoit général, ou s’il n'avoit lieu que dans certains cas; enfin, fi cette méthode n'entraînoit pas avec elle quelques inconvéniens qu'il feroit utile de connoître, afin de pouvoir les prévenir; tels font les différens objets que M. Tenon fe propofe dans ce troifième Mémoire, La folution des deux premières queftions , auroit peut - être été fort difficile, fi cet Académicien n'avoit pas déjà déterminé la meilleure manière de guérir les plaies de tête; car cette ee de méthode, qui confifte comme nous l'avons dit 5 à les traiter 16 avec des humeétans, étant connue, lui fournifioit un moyen für de reconnoître, en l'employant conjointement avec celle de Bellofte, fi celle-ci l'emportoit fur la méthode des humectans employée fimplement. En effet , il pouvoit, en faifant ufage de ces deux méthodes en même-temps, comparer les divers phé- nomènes qu'elles préfenteroient & les différens progrès qu'elles occafionneroient dans les plaies, à la guérifon delquelles elles feroient employées, &, par cette comparaifon, déterminer de quelle façon elles opéroient l'une & l'autre, & les avantages que la première pouvoit avoir fur la feconde. Cependant il eût pu refter une incertitude, les deux fujets fur lefquels on feroit ces expériences, pouvoient n'être ni du même âge, ni du DES SCrTIENCES. ar du même tempérament, & ces différences dans deux chofes qui influoient fi fenfiblement dans la guérifon des maladies, pouvoient produire des variétés dans les réfultats, qu'on auroit pu attribuer à la différence des méthodes lorfqu'elles n’auroient appartenu qu'à celle des fujets. I étoit donc important d'écarter encore cette incertitude. Si pour parvenir à la vérité dans nos raïfonnemens, nous fommes obligés d’analyfer ou de décompofer les difficultés pour les réduire aux termes les plus fimples, nous ne fommes pas moins obligés de fuivre la même voie Jorfque nous voulons découvrir le vrai par nos expériences, & ceci eft peut-être une des qualités les plus importantes du Phyficien : mais il faut revenir au Mémoire de M. Tenon. Pour que le doute dont nous venons de parler ne puiffe pas avoir lieu , il a fait fes expériences fur le même fujet, c'eft-à-dire que fur Ha tête du même animal il a fait deux plaies, dont il a traité l'une par la méthode fimple, & l'autre par celle de Bellofte. Ayant donc pris un chien, il lui fit deux plaies à la tête avec dénudation de l'os; iltraita la première avec des humectans; la fconde, felon la méthode de Bellofte, jointe avec les humeétans : dans celle-ci, on vit paroître les bourgeons dès le fixième jour, & le feizième, ils étoient unis & couvroïent Yos en entier, pendant qu'on ne voyoit pas mème encore de bourgeons à l'autre plaie, traitée fimplement avec les humeétans, excepté cependant quelques-uns à fa circonférence: lexfoliation fe fit auffi plus promptement dw côté où los avoit été perforé que de l'autre. En confidérant les progrès de la cure du côté où l'on avoit employé la méthode de Bellofte, l'avantage paroïfloit entièrement en faveur de cette méthode; cependant il arriva quelque chofe de fingulier, c'eft qu'au bont de quelques jours; fa cure du côté qu'on n'avoit point percé fit des progrès fi rapides, que la guérifon de l'autre ne fut pas plus prompte que celle de ce côté imperforé, tellement que les deux côtés furent guéris en même temps. + Dans une autre expérience du même genre, que fit M Tenon, excepté qu'il y employa le Bafi/icum au lieu des plantes émollientes, dont il avoit fait ufage dans la première; il obferva Hifl, 1760. NE 42 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE encore Îles mêmes phénomènes; les bourgeons fe firent voir beaucoup plutôt du côté perforé que de l'autre, & Fos fut recouvert de même beaucoup plus proimptement ; cependant il remarqua que la cicatrice marcha encore ici d’un pas égal des deux côtés, comme dans l'expérience précédente. Cette fin- gularité pourroit faire conclure que la méthode de Bellofie n'a aucun avantage fur celle des humectans, au moins quant à la guérifon entière de ces plaies, puifque dans ces deux méthodes elles fe cicatrifent en même temps; mais felon M. Tenon, cette conclufion ne feroit pas jufte : ex effet il paroït qu'on doit regarder la guérifon des plaies de ce genre comme divifée en deux époques, là première où l'os eft entièrement recouvert par les bourgeons, & la feconde où la cicatrice eft achevée ; or il eft conftant que celle-à eft manifeflement accélérée par la méthode de Bellofte, quoique l'autre, c'eft-à- dire celle de la cicatrifation de la plaie, fuive le même cours que la guérilon dans celles où l'on n'a point employé cette méthode; mais puifqu'il eft de fait que lorfqu'un os eft long- temps fans fe couvrir de bourgeons fpongieux , la dénudation eft aufli fort long-temps fans fe couvrir d'une cicatrice, & que la méthode de Bellofte fait que l'os eft plutôt recouvert , M. Tenon en conclut que cette méthode eft avantageufe. Mais l’eft-elle également dans tous les cas? C'eft le fecond point que cet Académicien fe propofe de déterminer. Son eflet, comme on vient de le voir, eft d'accélérer la crûe des bourgeons; mais fi dans certaines circonflances ils fe produifent auffi rapidement que par cette méthode, on con- vient qu'alors elle devient inutile: il eft facile d'imaginer que ces circonflances feront vraifemblablement celles de la Jeunefle, où l'animal jouiffant, fi cela fe peut dire, d'une force produétrice très-grande & qui tend à tout développer, elle fufft pour occafionner nombre d'effits que l'art feul peut produire dans un autre âge. Cependant M. Tenon re voulant rien admettre que d'après les expériences , en fit encore pour reconnoître fi une conjeéture fi conforme à l'analogie des. chofes étoit vraie. I f fervit d'un jeune 121 Deus Sue AhÉT NC E 5 4% chien fort & vigoureux, mais qui n'toit encore qu'à {à première dentition, & l'expérience ayant été faite de la même manière que les précédentes, le rélultat fut entièrement con: forme à fa conjecture ; le côté traité avec les humectans fimplement , fans avoir été perforé, fit voir des bourgeons qui recouvrirent la plaie tout aufli promptement que de l'autie où Von avoit employé la méthode de Bellofte. Cette expérience apprend ainfi que fi: cette méthode eft avantageufe, elle ne left que dans l'âge adulte & lorfqu'il faut favorifer la crûe des bourgeons, que les forces de la Nature ne font plus en état de produire aufli promptement fans e fecours de l'Art, Le troifième | point qui reftoit à décider, c'étoit sil n'y avoit pas des cas où cette méthode pouvoit avoir des incon- véniens. Afin de employer avec fuccès, il faut perforer les os du crâne à une certaine profondeur, ainft que M. Tenon la reconnu; pour cela, ces os: doivent avoir une certaine épaifleur; dans les scas où ils ne l'aurôient pas, ion rifquéroit de les enfoncer ou de les percer tont-à-fait, & de produire par-là des accidens très-fàcheux ; :toutés les fois qu'on pourra donc foupçonner que les os feront dans ce cas-là, il faudra n'employer que la méthode fimple & non celle de Bellofte, M. Tenon s'étend encore à ce fujet fur les variétés que lon trouve dans l'épaifleur des-os.du crâne-des adultes, fur da minceur de ces os dans certains fujets : 1enfin il !indique les moyens par Jefquels on pourra reconnoître &: déterminer les cas où ces os étant trop minces, on courroit des rifques en employant la méthode de Bellofie. Combien d'expériences, de tentatives ne faut-il pas faire pour s'affurer d’un fait, & avec quelle attention & quelle exactitude ne devons-nous}pas interroger la Nature pour parvenir à découvrir fa marche fans équivoque ? mais fi cette févérité eft nécéffaire dans la Phyfique pour trouver le vrai, combien l'eft-elle plus encore dans la Chirurgie & dans la Médecine, où les moindres erreurs peuvent quelquefois être funeftes à des milliers d'homimes? | jura Sur un Os fngulier, trouvé dans le bas-ventre, 44 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS ANATOMIQUES. fe N foldat Bavaroïis, mort âgé de cinquante-un ans , dans l'hôpital militaire de Bruxelles, & qui en avoit fervi vingt- huit, s'étoit très-bien porté jufqu’à cinquante ans; à cet âge if commença à fe plaindre d’une dureté dans le ventre, & à être fujet de temps en temps à une rétention d'urine, dont il favoit fe fou- lager en {e tournant fur le côté droit, & s'inclinant un peu fur le ventre. On ne favoit à quoi attribuer cette incommodité, mais ayant été ouvert après fa mort , occafionnée par une maladie inflammatoire, on ne fut pas peu étonné de découvrir ce qui en avoit été la caufe; on lui trouva dans le baffin une efpèce d'os du poids de 20 onces, qui s'étoit logé vers le côté droit, entre la veflie & l'os pubis. H n’avoit de connexion qu'avec le méfentère, & nulle adhérence avec les parties voi- fines , il étoit enveloppé d'une membrane très-mince qui étoit attachée au méfentère, par un corps épais & glanduleux, ayant la forme d'un cône; la pointe de ce cône s'inféroit dans une cavité qui étoit à la partie fupérieure de l'os; ayant tiré en en haut cette attache, qui étoit plus membraneufe que carti- lagineufe, los fuivit : fans qu'il für befoin de rien couper ni même de fairé aucun efort : on voit, par le poids & la pofition de cet os, pourquoi ce Soldat fe foulageoit de fa rétention d'urine en fe plaçant fur le côté droit, & fe penchant un peu en devarit, Une particularité remarquable de cet os, c'eft qu'il étoit marbré, plus pefant & plus dur que les os ordinaires. H eût été peut-être bien difhcile de deviner que c'étoit une pareille caule qui produifoit le fentiment de dureté que ce foldat avoit dans le ventre, & la rétention d’urine à laquelle il étoit fujet : il ne feroit pas plus facile d'expliquer comment cet os a pu fe former, mais il eft toujours bien inportant de recueillir des faits de cette efpèce ; ils font connoitre les écarts de la DES SCIENCES. 45 Nature, & pourront fervir à d’habiles gens à reconnoître un cas femblable, & peut-être à délivrer le malade de fon in- cominodité, en lui enlevant, par une opération hardie, ce corps étranger. L'Académie tient cette obfervation de M. Terence Brady, Médecin de S. A. R. le Prince Charles de Lorraine, qui lui a envoyé en même-temps un deflein ide cet os où on voit la manière dont il eft marbré, qui a quelque chofe de fort fingulier. Il eût été bien à fouhaiter que cet habile Médecin eût fait un examen un peu approfondi de cette. mafle offeule, pour voir fi fa fubftance étoit réellement de la même nature que celle des os ; car il y a de fortes raifons d’en douter. IT. Le cœur, ce principe de la vie, eft fujet à beaucoup de: maladies qui paroiffent encore abfolument inconnues & qui le feront encore long-temps, fans doute, par la difficulté de pouvoir reconnoître dans les fymptômes des maladies de ia: poitrine, les effets qui réfultent de cellés de ce vifcère, de ceux qui appartiennent aux autres parties qu'elle renferme : voici une maladie fingulière du cœur, qu'on regarde comme ayant donné maïffance à une hydropifie de poitrine, & dont la defcription a été communiquée à l'Académie par M. Doazan Doéteur en Médecine de Montpellier. Un homme d’un tempérament fanguin, pituiteux, petit de taille, mais conftruit en athlète, ayant langui chez lui pendant deux mois, fut tranfporté le: 6 Avril 1759 à l'hôpital de la Charité de cette ville; il fe plaignoit d'une difficulté de refpirer; il ne pouvoit fe tenir couché dans fon lit & étoit fouvent obligé de f relever pour refpirer plus à fon aïfe; il fuccomba à fon état & mournt le 23 du même mois, maluré les remèdes qu'on avoit employés pour le guérir : on fouvrit. On ne doutoit guère que la poitrine ne füt pleine d'eau; on trouva qu'elle étoit remplie en effet d'une eau de couleur verte tirant fur le brun ; le: péricarde, qui étoit épais de deux lignes , contenoit: une eau noirâtre ; le cœur parut de la mème couleur, teint apparémment. par cette eau, car il F ï Surune maladie: du. Cœur, Sur une tumeur à la joue. 46 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE perdit cette couleur dès qu'il eut trempé quelque temps dans l'eau froide. On le fendit en deux fuivant fa longueur; il parut recouvert de deux concrétions ou enveloppes, l'une ex- terne , d’une fubftance cotonneufe & celluleufe; l’autre interne, formée d'une graiffe blanche & ferme : cependant ces deux enveloppes étoient réellement continues, & ne faifoient qu'un même tout, dont l'épaifleur étoit de 7 ou 8 lignes; on ne peut s'empêcher de regarder ces concrétions, dont la membrane du cœur étoit recouverte, comme très - fingulières ; mais il {eroit bien difficile d'expliquer la nature & la fucceflion des caufes qui ont pu produire une maladie du cœur fi extraor- dinaire : ce malade avoit été bien gras ; car malgré le temps qu'il languit, on lui trouva encore les vifcères du bas-ventre recouverts d’une grande quantité de graifie. LI A Un enfant d'un an avoit fur la joue gauche une tumeur prefqu'aufir groffle que le poing, & qui s'étendoit depuis l'oreille jufqu'à l'angle des lèvres. Cette tumeur qui avoit cru, pour ainfi dire, depuis la naiffance de l'enfant, & peu à peu, étoit molle, blanche, indolente , mobile & comme compolée de grains glanduleux ; elle paroifloit de plus, parfemée de gros vailleaux qui formoient deçà & delà fur fa peau , comme des lacis en fpirale ou des tourbillons rougeâtres. On confulta, &c à plufieurs reprifes , d'habiles gens pour juger de cette tumeur, & de ce qu'il y avoit à faire pour la diffiper. Comme le caraétère en étoit fort équivoque, les avis furent fort partagés; les uns penfèrent qu’elle étoit caufée par un fluide épanché , les autres par une fimple infiltration ; il y en eut qui écartant tout foupçon d’épanchement ou d'infiltration , la regardèrent comine l'effet d'une lymphe qui circuloit difficilement ; ellé parut à d’autres avoir une difpofition prochaine au cancer ; enfin, quelques-uns foutinrent qu'elle n'étoit qu'un vice de conformation avec lequel l'enfant étoit né ; & ceux-là, comme on le verra dans un moment, étoient ceux qui approchoient le plus de fa vérité. On imagine bien qu'ane fi grande diverfité d'opinions fu la nature de la maladie, n'en produifit pas DE SYSUCT'EIN © ES 47 ne moindre dans les remèdes propres à Ja guérir ; & que n'étant pas prefcrits d'après fa véritable œuf , ils furent tous inutiles. Cependant la mort de l'enfant , qui arriva quelque temps après, mais par une caufe étrangère à cette mahdie, mit M. Tenon (de qui l'Académie tient cette obfervation } en état de prononcer fur Ja véritable caufe de cette tumeur. En effet, ayant enlevé les tégumens qui la recouvroient , & féparé les parties environnantes , il trouva qu'elle n'’étoit autre chofe que la glande parotide, qui, fortie de fes limites ordinaires » avoit pris un accroiflement confidérable, & s’étendoit für toute la joue, comme nous l'avons dit: De grofies artères qui venoïent des carotides & maxillaires externes , fé rendoient à cette glande, & y entroient par fa partie inférieure. I] y a tout lieu de penfer que la quantité de fing que ces artères portoient à cette glande, fut ln caufe de fon prodigieux accroiflement. Si on eût connu la véritable caufe de la maladie, on auroit pu tenter d'en borner les progrès , au moyen d’une légère compreffion , qu’on auroit pu augmenter par degrés flon les circonftances. Que d'étendue de fivoir, & quelle fagacité ne doit pas avoir le Médecin , pour reconnoître & diftinguer les vraies caufes des maladies ! I V. On eft effrayé lorfqu'on voit par les tables de mortalité, combien d’enfans meurent avant de parvenir à un certain âge, & que la moitié n’exiftent déjà plus au bout de huit ans : on le froit bien davantage, fi on potivoit connoître combien il y en a qui périflent avant de voir le jour , ou peu d’inftans après, par des vices de conformation , des accidens, &c, Voici un enfant, du fexe féminin » né à terme en 17 59 , au Coudray-Macouard, près de Chinon, auquel il manquoit tout à la fois les deux claviculés, le flernum & les cartilages, qui dans l'état naturel, s'attachent aux côtes. Il réfuitoit de cette conformation , que cet enfant avoit à découvert & hors de la poitrine, le cœur & une partie des poumons placés à la partie fupérieure de cette capacité, & au défaut des clavicules. Cette pofition du cœur faifoit qu'on en voyoit fenfiblement Sur un enfant auquel il man- quoit les deux clavicules , le flernum & les cartilapes, qui dans l'état na- turc! l'attachent: aux cÔtes, Sur n anévrifme de l'aorte. 48 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE les mouvemens de fyftole & de diaftole ; car il eft bon de favoir que cet enfant vint au monde vivant, & qu'il vécut enfuite vingt heures ; une particularité remarquable , c'eft que Jorfqu'on touchoit le cœur, les mouvemens étoient plus vifs, ce qui paroitroit ne pas saccorder avec ce que quelques Phyfiologiftes ont dit de l'infenfibilité de cet organe de Ha vie. Cet enfant ayant été ouvert, on obferva que le cœur fembloit fortir de la partie prefque fupérieure , & un peu latérale de la poitrine du côté droit. Il étoit adhérent au péri- carde & attaché par fa bafe à un pédicule de la grofieur d'un doigt : ayant été ouvert, on y trouva les deux oreil- lettes, les deux ventricules & les gros vaifleaux , tant arté- ris que veineux, qui formoient par leur afflemblage, fous une même enveloppe, le pédicule dont nous venons de parler. c On voyoit au-deflous du cœur & à la place du fternum & des derniers cartilages , une partie aflez informe, cependant d'une figure à peu-près ronde & oblongue, & qui failloit en dehors d’un pouce & demi ; cette partie étoit le foie qui étoit recouvert d'une portion du diaphragme, qui étoit attaché aux dernières des vraies côtes. Cet enfant étoit d'ailleurs très-bien conformé dans toutes les autres parties de fon corps ; il feroit à fouhaiter que la perfonne qui a envoyé cette obfervation à M. Morand, qui l'a communiquée à l'Académie, eût marqué, en même-temps qu'elle a parlé du mouvement du cœur que l'on voyoit, fr l'on obfervoit auffi ceux des poumons. Plufieurs Phyfiologiftes prétendent qu'ils fe: meuvent encore quoique la poitrine foit ouverte; cependant il paroît que la conformation de l'enfant s'y oppoloit. V. S'il eft dangereux de préfumer trop des fecours de l'art, & d'avoir trop de confiance dans les remèdes, il l'eft peut- être auffi de n’y en pas avoir affez; dans le premier cas, on fe repole trop fur leurs effets ; dans le fecond , on attribue fouvent la continuité d'une maladie , à leur inefficacité, lorfque ces DÉS OS NCUTENICE S 49° @es remèdes font réellement leurs effets , mais ne guériffent point le malade, parce que fa maladie a une autre caufe que celle qu'on lui fuppofe ; enfin , cette difpofition à rejeter fur les remèdes , le peu de foulagement qu'en retire le malade ; fait fouvent qu'on n’obferve pas aflez les fymptômes de 1x maladie; pendant que fi on les eût examinés avec plus d'at- tention, on en eût peut-être découvert la véritable caufe ou Timpoffibilité de la guérir. M. Gaillard, Receveur des Fermes à Touloufe, fe plaignoit d'une douleur qu'il rapportoit le long de l'épine du dos : cette douleur étoit dans quelques momens plus forte & dans d'autres plus foible; mais elle étoit conflante; quelquefois aufli elle fe faifoit reffentir fur le devant de la poitrine, tantôt d'un côté, & tantôt de l'autre. On crut, d'après ces douleurs, que c'étoit une humeur de rhumatifme qui caufoit la maladie, en conféquence on ordonna les remèdes d'ufage en pareil cas ; ils n’eurent aucun fuccès ; le malade empiroit; le marafme augmentoit; enfin les douleurs devinrent fi vives & fon état fi fâcheux qu'il y fuccomba: on l'ouvrit. On trouva l'eftomac pouffé dans l'hypocondre gauche par une tumeur d’une figure un peu ovale, fituée entre les deux têtes du mufcle inférieur du diaphragme , & qui adhéroit aux deux dernières vertèbres du dos, & aux deux ou trois premières des Iombes; elle étoit de la groffeur de la tête d'un enfant nouveau né, & l’œfophage & une partie du ventricule rampoient fur fa furface, On recon- nut, après qu'on en eut fait l'ouverture, qu'elle étoit formée par un anévrifme de l'aorte, & que les tuniques de cette artère étoient un peu cartilagineufes vers le milieu de cet anévrifme & encore beaucoup plus à fa partie inférieure, où il finifloit. On trouva dans cette tumeur du fang fluide, du fang coagulé & divifé en petits flocons, & une grande quantité de matière poly- peufe adhérente aux parois de l’anévrifme, & y formant des couches d'une confiftance affez folide : après avoir ôté toute cette matière polypeufe, on découvrit une petite quantité d’une autre maticre purulente. La tumeur, en grofliflant, avoit rendu le diaphragme plus convexe, & ayant formé une Fife 1700, ; * G Sur une arti- culation fingu- lière formée par la Nature. 50 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE Royate adhérence avec ce mufcle dans l'endroit où pafle l'œfophage ; ce canal en avoit été refferré & s’étoit enflammé, ce qui avoit vraifemblablement produit ce pus; maïs cette compreflion de l'œfophage avoit certainement occafionné les vomiflemens dont ce malade fut attaqué dans les derniers inftans de fa vie. Il paroît que les maladies des gros vaiffeaux font beaucoup plus fréquentes on ne le croit. On trouve dans les Mémoires de 1724, la defcription d’un anévrifme femblable à celui-ci; & ce qu'il y a de fingulier, c'eft que le malade, qui en mourut, avoit eu auparavant des douleurs au dos, qu'il attribuoit, comme M. Gaillard, à un rhumatifme. La Médecine n'offre que peu de fecours pour guérir ces maladies; mais en s'attachant à bien décrire & fpécifier les fymptômes qui les accompagnent, on parviendra peut-être à les reconnoiître & à éviter au moins, fi on ne peut pas les guérir, de faire prendre au malade beaucoup de remèdes inutiles. Nous devons cette obfervation: à M. Morand le fils, à qui elle a été envoyée. VE Quelques multipliées que foient nos obfervations, nous fommes encore bien éloignés de connoître toutes les reflources de la Nature, & de pouvoir prononcer d’une manière certaine, fur ce qu'elle peut & fur ce qu'elle ne peut pas. On fait que dans certains cas elle a reproduit des os, ou formé les prolon- gemens néceflaires pour réunir deux parties d'un os cflé, trop éloignées pour pouvoir fe joindre. L'obfervation dont nous allons parler, eft beaucoup plus extraordinaire ; if eft queftion d’une articulation que la Nature a formée avec des ligamens capables, en permettant aux os leur mouvement , de les retenir toujours dans la même pofition. Un chat qu'on avoit jeté d'un troifième étage, fe caffa la cuifle droite en tombant fur le pavé; on le panfa d’abord méthodiquement , mais ne voulant fouffrir aucun appareil, on le laiffa fe placer à fa fantaifie fur un oreiller, où il refla environ trois femaines, en faifant de temps en temps quelque mouvement ; peu après il commença à marcher, mais en boitant d'une manière qui avoit quelque chofe de fingulier, DES SCIENCES. st Non-feulement quand il marchoit, la partie poflérieure de fon corps penchoit du côté droit, mais encore on voyoit ka cuifle de ce côté fléchir, lorfque par fon mouvement il s'ap- puyoit davantage fur cette cuiffe. Il étoit tout fimple que le premier effet arrivât, la cuifle droite pouvant être raccourcie après Ja réunion de fes parties ; mais le fecond avoit quelque chofe de trop extraordinaire pour ne pas frapper un obfer- vateur attentif. Aufll M. Tenon (de qui l'Académie tient cette obfervation ) foupçonna-t-il auffi-tôt qu'il vit marcher ce chat, que cette flexion de la cuiffe étoit l'effet d’une nouvelle articulation qui s’étoit formée, au lieu d’un calus, entre les parties de l'os qui avoit été café. Le chat étant mort au bout d'un an, cet Académicien examina la cuiffe droite de cet animal, pour reconnoître fi fa conjecture étoit jufte, & s'il y avoit une nouvelle articulation, Les mufcles ayant été enlevés , il trouva en effet que les deux parties de l'os de la cuiffe s'articuloient enfemble, & voici comment. Du côté interne de l'extrémité inférieure de cet os ou du fémur, & à un pouce du condyle sélevoit une large apophyfe, longue de huit à neuf lignes, qui savançoit en fe courbant au-devant de l'extrémité de l'autre partie de los, c’eft-à-dire, de la partie fupérieure : cette apophyle étoit terminée par une large cavité articulaire & prefqu'ovale. L'extrémité de la partie fupérieure de l'os, f terminoit par dèux apophyfes , l'une antérieure , arrondie, articulaire , & qui étoit reçue dans la cavité dont nous venons de parler ; l'autre angulaire & fituée poftérieurement, Toute cette artiçulation étoit entourée, ce qui eft bien digne de remarque, d'un tiflu blanc, fibreux & aflez ferré, qui émanoit de la fubflance même des deux parties de l'os cafté, Ce tiflu faifoit l'office d'un ligament capfulaire, il retenoit les bouts des os, & leur permettoit cependant de fe mouvoir en deux fens, comme l'auroit fait une articulation à charnière; lorfque le corps repofoit trop fur la cuiffe droite, elle plioit en dehors & en en bas ; quand au contraire l'animal fe relevoit, en portant le poids de la partie poftérieure de fon corps fur 'autre cuifle, la cuïfle malade sétendoit & £e redrefloit un peu. : Gi 52 HisToite DE L'ACADÉMIE RoYALE La manière dont fe fit cette fracture, ou plutôt la pofition que prirent enfüite les deux parties de l'os caflé, paroït avoir donné lieu à cette fingulière articulation ; ces deux parties fe croifoient, la fupérieure paflant obliquement de haut en bas, & de dehors en dedans devant f'inférieure, & fon extrémité allant répondre vis-à-vis le côté interne de cette partie infé- rieure ; enfin, comme ces deux parties de Fos ne fe répondoient pas, l'extrémité de la fupérieure defcendant un pouce plus bas que le point où répondoit l'extrémité de la partie inférieure, & qu'elles étoient éloignées lune de fautre de plus de deux lignes, il n'a pu fe former d'adhérence entr'elles , ni d’articula- £ion directe entre leurs extrémités. | Ce fait fingulier a beaucoup de rapport avec celui qui a été obfervé par M. Sylveftre, Médecin de Paris *. Un homme s'étant caffé 'avant-bras, ne voulut jamais fouffrir qu’on le panfit ; & pendant le cours de fon efpèce de guérifon , ayant remué plufieurs fois le poignet, il fe fit une efpèce d'articulation entre les parties fracturées des deux os du bras, telle que l'homme plioit affez bien & à volonté Favant-bras dans cet endroit, On eft fouvent étonné des reproduétions qu'on obferve dans certains animaux, mais il y en a peu de plus extraordinaires que celle que nous venons de décrire: il n'eft point ici feu- lement quetion de deux os qui fe font arrondis par leur frottement l'un contre l'autre, c'eft la Nature qui a fait tous les frais de cette articulation, &, ce qu'il y a de plus intéref- fant encore, qui à garni cette jointure d'une membrane, qui, aux yeux de tout elprit non prévenu, paroîtroit l'effet d’une organifation antécédente. Nouvelle difficulté pour déterminer les parties qui conflituent véritablement l'effence des animaux, où qui appartiennent à leur organifation primitive , lorfqu’on voit la Nature former des parties organiques qui ont l'air d’une véritable articulation , & que cette articulation fi bien con- formée, eft uniquement l'ettet du hafard. Et combien ces prodiges fe feroient-ils remarquer plus fréquemment , {1 on j * Su le trouve dans les Nouvelles de la République des Lettres e 168$ DES SCILNCES 53 pouvoit toujours les obferver, ou s'ils n'étoient pas prévenus par les traitemens ordinaires des fractures ! MEET: L'économie animale eft fujette à mille défordres qui font très-peu connus, où qui quelquefois ne le font point du tout. Attribuer cette ignorance aux gens de l'art, feroit fouvent une injuftice ; le Médecin, comme le Phyficien & le Naturalifte, ne peut obferver que ce que le hafrd des circonftances lui fait paffer fous les yeux , & nous éprouvons nombre de petites incommodités, qu'au milieu du tumulte de la vie nous ne remarquons pas ; de forte que les Médecins ne font avertis en quelque façon que des grands déflordres de l'économie animale, & que fouvent les petits leur échappent. Nous n'avons point d'organe plus précieux que la vue, & tout ce qui 'intérefle “eft de la plus grande conféquence ; cependant, parmi les différentes maladies qui lafHigent , il y en a une qui eft affez commune, & qui néanmoins eft peu connue. Cetie maladie, ou plutôt cette incommodité confifte à voir, lorfqu'on regarde des objets fort éclairés , où au grand jour , des petites taches noires flottantes dans l'air, qui reflemblent à de petites mouches: quelquefois elles paroiflent fous la figure de ces nœuds qu'on voit dans le bois, & trainant après elles comme des petites queues ou filets. Ces taches ne font point fixes, on les voit tantôt d'un côté de l'œil, tantôt de l'autre, & leur pofition , par rapport à cet axe, change particulièrement lorfqu'on fait un mouvement de tête un peu fort & fubit; quand on regarde devant foi, après avoir levé la tête, & qu'on fixe fes yeux fu un objet, fur quelques parties d’un mur, par exemple, on les voit defcendre graduellement. M. de la Hire paroît être le premier qui ait parlé de ces taches fingulières & de cette incommodité de la vue, mais il fa croyoit beaucoup plus rare qu'elle ne left, & il fuppoloit que les feuls Prefbytes y étoient füjets, lorfque les Myopes n'en font pas plus exempts. L'hifloire fuivante de plufieurs perfonnés qui en ont été affligées, & d'une manière très - férieufe , fervira à faire mieux connoître cette maladie, & particulièrement à faire mieux fentir le danger de trop fatiguer fa vue, Sur une maladig des yeux affez commune cependant peu connue, 54 Histoire DE L'ACADÉMIE Royate M. Boze, profeffeur en Philofophie à Wittemberg, écrivit à M. l'abbé Nollet, qu'un homme fort & bien portant , âgé de quarante- huit ans, s'aperçut tout d'un coup d'un grand changement dans l'un de fes yeux; il lui fembloit avoir dans l'œcil droit un difque du côté du grand angle; bientôt cette apparence changea de place, & pafia du côté du petit angle ; alors cet homme ne vit plus diflinétement que par l'autre côté de l'œil. Dans le commencement, ce difque étoit affez tranfparent pour lui laifler diftinguer les objets, qui lui paroifloient feulement un peu plus petits qu'il n'avoit coutume de les voir: quelque temps après ils perdirent de leur régularité, il ne les vit plus que tortueux , courbés, contrefaits & frangés ; les jambages des caraétères imprimés lui paroifloient brifés & en forme de 7, & en même-temps tous les objets lui fembloient colorés en bleu ou en vert; mais bientôt le difque qui étoit de la grandeur d'un forin, devint entièrement opaque, de façon que l'œil ne voyoit plus qu'une très-foible lumière , & feulement les objets qui étoient à fa droite; dès que l'œil fe tournoit de ce côté, le difque, apparemment par fon mouvement acquis, couvroit les objets au point de les rendre invifibles ; mais alors cet homme voyoit ceux qui étoient de l'autre côté, & qui difparoifloient à leur tour, lorfque Fœil fe dirigeoit vers eux. Au bout de vingt-quatre ou trente heures, ce difque occupa les deux tiers du champ de l'œil, & au bout du fixième jour il devint abfolument opaque dans toute fon étendue, depuis le deflous du grand angle, jufqu'au deflus du petit. Cet homme fe contenta de fe faire appliquer une fangfue près de l'œil malade , & de fe baigner les pieds dans de l'eau tiède pendant quatre ou cinq mois , trois fois par femaine ; ce traitement produifit un mieux dans l'œil : cependant la partie gauche refla prefqu'entièrement aveugle, l'autre moitié diftinguant les objets, mais avec peine & comme s'ils étoient enveloppés d'un épais brouillard ; malgré cette maladie, on ne remarquoit dans Vœil aucun changement à l'extérieur, Lorfque cet homme regardoit des deux yeux quelque corps lumineux , comme une chandelle allumée, il lui paroifloit / DNEUS SG DIEUN © ES s double; limage de ce corps, vue par l'œil gauche, étant claire, nette & bien terminée ; & l'autre, vue de l'œil droit, paroiflant obfcure & comme enveloppée d'un brouillard , & fe préfentant auffi plus bas que l'image de l'œil gauche. Au printemps fuivant , la verdure des arbres & des gazons lui parut blanche, comme s'ils euflent été couverts de givre, mais enfuite il vit aflez bien, quoiqu'un peu obfcurément, les objets fort éclairés; ils lui paroifloient feulement un peu courbés. Il attribua la caufe de cette incommodité à un coup aflez violent qu'il avoit reçu au vifage quatre mois auparavant ; cependant ce coup n'eut aucune fuite immédiate, & cet homme étoit parfaitement guéri de cette contufion long-temps avant d'avoir eu fon accident aux yeux. Dans tout ce recit, on fent que cet homme, dont parle M. Boze, eft M. Boze lui-même, & en conféquence , que cette hiftoire de fa maladie doit être d'autant plus exaéte. En voici une qui nmeft pas moins conftante, c’eft celle de M. de Buffon lui-- même, plus capable que perfonne de rendre bien compte de ce qu'il a obfervé. Ayant travaillé fans interruption pendant l'automne de 17 5 8,& l'hiver fuivant, depuis cinq heures du foir jufqu’à onze heures, à la lumière de deux bougies bafles ; il: s’aperçut au bout de fix femaines qu'il voyoit des flammes dans l'obfcurité. Mais comme il n'avoit jamais eu mal aux yeux, & que long- temps auparavant , il avoit vu les mêmes flammes, fur-tout. après avoir fait des obfervations microfcepiques, ou des ex- périences au miroir ardent , il ny fit pas grande attention, & il continua comme auparavant à lire & à écrire le foir à la lumière, quoiqu'il écrivit auffi affez long-temps le matin, Les flammes rouges continuèrent, & fe firent remarquer pendant trois femaines; mais le 17 Janvier 17 5 9, ayant écrit. depuis 8 heures du matin jufqu'à 11 heures, dans une chambre aflez peu éclairée, & fans s'être aperçu qu'il fe fût rien paflé d’'extraordinaire dans fes yeux ; il fut fort étonné, en {ortant de cette chambre pour fe promener au Soleil, d'une apparition fingulière qu'il vit à fa main gauche: en effet, à 56 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE peine eut-il fait quatre pas qu'en jetant par hafard les yeux fur cette main, il lui parut qu'il pendoit à fa manchette un anneau noir f1 foncé, fi bien terminé, qu'il le prit pour un objet réel & qu'il fit trois fois de fuite un mouvement de l'autre main pour le faifir. Après s'être défabufé & avoir reconnu que c'étoit une apparence & non pas un corps, il porta fes regards fur ce qui l'environnoit, & alors cet anneau noir lui parut s'étendre & couvrir la plupart des objets ; il'effaya fes yeux Jun après l'autre, & il reconnut que cette apparence n'étoit que dans l'œil gauche & que l'œil droit étoit dans fon état ordinaire : ce qu'il y avoit de plus ficheux , cet qu'il ne fe fervoit que du premier, Fautre étant plus foible, Il crut d'abord que cet accident mauroit pas de fuite & if rentra à Jheure ordinaire dans fon cabinet; mais il s'aperçut bientôt qu'il ne lui étoit plus poffible de lire de cet œil; une groffe tache noire couvroit tous les objets fur fefquels il le dirigeoit, les lumières mêmes des bougies ne lui paroifloient que comme un nuage coloré, & il ne lui étoit pas poflble de diftinguer aucun objet : cette impoñhbilité abfolue de voir de cet œil ne dura qu'un jour & deux nuits; il s'aperçut enfuite que cet anneau ou difque, qui avoit couvert en entier le rayon vifuel, s'en étoit écarté un tant foit peu, & lui permettoit de voir les objets qui étoient à droite & en bas, il ne couvroit ab{o- lument que ceux qui étoient à gauche & en haut; il ouvrit un livre, il n’y vit que les extrémités des mots à droite au bas de la page; il prit la plume, & if ne vit point ce qu'il écrivoit : le difque noir couvroit les lettres à melure qu'il les traçoit. Cet état dura près de quinze jours fans douleur & fans la moindre apparence d'aucun mal extérieur aux yeux; mais enfuite il lui furvint une efpèce de fluxion, qui pafla même de l'œil gauche à l'œil droit, & qui dura trois mois avec une inflammation & des picottemens aflez vifs. Perfuadé que cette incommodité n'étoit venue que de fatigue, M. de Buffon fit le moins d’ufage de fes yeux qu'il lui fut pofhble; il fe couchoit de très-bonne heure, &1es tenoit fermés Ia plus grade partie de la journée ; ces précautions firent diminuer la fluxion DÜENSAUSNG L'EUN CE, Se Ja. luxion peu à peu, mais l'éblouiffement fui fembloit être toujours à peu près le même. Cependant au mois de Juin fuivant, le difque s'étoit éclairci, & en même-temps s'étoit affez éloigné du rayon vifuel , pour permettre à M. de Buflon d'écrire quelques mots, dont il ne voyoit néanmoins encore que les dernieres lettres, à mefure qu'il les traçoit ; au mois de Juillet, il pat lire la ligne entière; & enfin au mois d'Août , fes yeux étoient, pour ainfi dire, rétablis, non pas affez pour lire facilement, mais au moins pour écrire de fuite üne page entière. Au commencement de 1760, les chofes étoient encore à peu-près dans le mème état; cependant le difque s'étoit féparé en plufieurs parties qui paroifloient à cet Académicien comme autant de petites taches noires qui fe portoient fur les objets qu’il regardoit ; & il voyoit très-net- tement {es points fur lefquels il fixoit fon œil, ces taches fe rangeant au-deffus, & n'étant plus, comme au commencement, d'une figure conftante. On obfervera que M. de Buffon eft myope, & même a la vue très-courte. Par ce récit, on voit que cet anneau & le difque de M. Boze, font de la nature des taches dont nous avons parlé; mais elles occupoient infiniment plus de place qu'elles ne le font ordinairement dans les perfonnes qui en font incommodées, comme on le verra éncore mieux par le détail fuivant, qui a été communiqué à l’Académie par une perfonne de confidéra- tion qui, fujette à voir de ces taches, a fait à ce fujet plufieurs obfervationscurieufes : cette perfonne eft myope, & fe fert prin- cipalement de l'œil gauche, le droit étant beaucoup plus foible. Au commencement de 175 3, elle saperçut qu'elle voyoit de fon bon œil de petites taches brunes oblongues qui fe prome- nojent comme un nuage fur fon papier ; en regardant au travers d'un trou d'épingle, elles étoient plus diftinétes & paroifloient fous la forme de plufieurs virgules mifes au bout l’une de l’autre; elles augmentèrent avec le temps, mais par un progrès lent & prefqu'imperceptible. Vers le milieu de 175 $, ce nuage avoit acquis une forme qui le faifoit reflembler à une efpèce de > placé en fens contraire, & c'eft celle qu'il a confervée depuis Hiff 1760, . H 58 Hisrôire DE L'ACADÉMIE RoyaLe ou à peu - près; il n'a jamais été abfolument noir ni opaque; mais il paroït d'autant plus brun & plus fenfible, que la perfonne le voit à un plus grand jour ou qu'il pañle fur des objets plus éclairés; il fuit fe mouvement de l'œil, mais en paroiffant encore en avoir un particulier qui rélulte, comme nous l'avons dit, de fon mouvement acquis. La pofition de ce- nuage & fà direction changent dans les différens mouvemens de l'œil ; au lieu d'être dans une fituation verticale, il en prend quelquefois une prefque horizontalé, & au lieu de fe montrer de face, il fe montre de côté. Cette perfonne ajoute, qu'inquiétée par cette incommodité, elle confulta tous les Oculiftes, mais qu'ils furent auffi peu d'accord fur le lieu, la nature & la caufe de la maladie, que fur les remèdes. Cependant sen occupant toujours, elle fit un jour une remarque curieufe, c'eft qu'en regardant dans un microfcope, ce nuage paroifloit beaucoup plus gros qu'il ne lui avoit jamais paru & très-bien terminé ; elle découvrit encore, en regardant avec ce microfcope, qu'il étoit accompagné de plufieurs fila- mens tranfparens qui flottoient dans tous les fens, & qu'elle’ n'avoit pas encore aperçus. Elle a répété cette expérience nombre de fois depuis cinq ans, & elle a vu le progrès fucceffif, mais fort lent, de fes filamens, qui fe font multipliés & alongés : d'abord en regardant au travers d'un trou d'épingle, ils n'toient pas perceptibles; enfuite, & vers les derniers temps, elle commença à en apercevoir quelques-uns, cependant fans pouvoir les diflinguer ni en fixer la pofition; mais en regardant dans le microfcope, comme nous l'avons dit, ils étoient tous extrèmement fenfibles. Cette obfervation, qui n’avoit peut - être été faite encore par perfonne, eft fort intéreffante, ë& il y a tout lieu de croire que ces taches, non-feulement deviennent plus fenfibles à l'aide du microfcope, mais encore qu'il peut en faire découvrir à ceux qui, fans cet inftrument, nen auroient pas encore aperçues; il y a plus, il eft très- vraifemblable que le télefcope en fait voir de même, für-tout lorfqu'on s'en fert pour regarder des objets fort éclairés; & c'eft un effèt dont il eft bon d'être averti. DES SAGE N CIE SSL * Par toutes les circonftances qu’on oblerve dans fa pofition, Je mouvement & la figure de ces taches ou de ces nuages, on ne peut s'empêcher de croire, comme M. de {a Hire, qu'ils font produits par des corpufcules qui flottent dans l'humeur aqueufe ; mais eft-ce dans la partie de cette bumeur contenue dans la chambre antérieure de l'œil, ou dans celle qui eft dans la chambre poftérieure au-delà de l'iris ? tout femble déterminer que c'eft dans la première. M. de la Hire croyoit que le mouvement de haut en bas qu'on obferve dans ces taches n'étoit qu'apparent, & qu'au lieu de defcendre, elles moñtoient, en les fuppofant formées par des corpufcules plus légers que l'humeur aqueufe, & placés apparemment au-delà du point où fe croifent les rayons vifuels qui entrent dans la pupille. Cependant on obferve que ces taches, après qu'on a levé les yeux en l'air, fe meuvent dans le même. fens que Les particules de l'humeur qui enduit la cornée, ce qui fmble montrer que leur mouvement fe fait de haut en bas, comme celui de ces particules, qui, defcendent incon- teftablement. Quant au groffiffement & à la plus grande diftinétion qu’on obferve dans ces taches lorfqu'on regarde : dans un microfcope, il y a plufieurs chofes à confidérer : il eft für, 1.° que comme le microfcope augmente beaucoup Ia quantité de lumière que reçoit l'œil , fObfervateur eft à cet égard, en regardant dans le microfcope, comme sil portoit fes yeux fur un objet très-éclairé; 2° comme à caufe du grof fifement , l'image d'un objet quelconque eft plus grande qu'elle ne {eroit naturellement, il s'enfuit que les corpufcules flottans qui produifent ces taches interceptent des rayons qui iroient couvrir un plus grand efpace fur la rétine, que fi ces rayons étoient moins divergens dans l'œil, & par conféquent que ces taches doivent paroître plus grandes , plus diflinles, &c. Nous fouhaiterions bien pouvoir ajouter ici quelque chofe fur les remèdes qui peuvent fervir à difliper ces nuages, & lincommodité qui en réfute; mais jufqu'ici on n’en connoît aucun de bien für: peut-être les incififs pourroient-ils y être favorables, Si ces nuages étojent très-confidérables comme , * Vyy, Hi, < ! Acad. année 1739 P: 26, 1741, Pr 49 1742, pr 40 17431 le 69 6o HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE par exemple, dans le cas de M. Boze, nous oferions propofer une opération, ce feroit de faire une Iégère pon@ion à Ja cornée tranfparente * pour faire écouler toute l'humeur aqueufe & faire fortir en même-temps les corpufcules moins diaphanes qu'elle renferme ; on fait que l'humeur aqueufe fe reproduit promptement, & que les plaies de la cornée fe guériflent très-facilement, HT année a paru un Ouvrage de M. Fouxeroux, intitulé : Mémoires ur les Os. W eft deftiné à fervir de réponfe aux objections qui ont été propofées contre le fenti- ment de M. du Hamel, fur la formation des Os. Les Mé- moires de cet Académicien, qui ne font à proprement parler, qu'un réfuliat fidèle de beaucoup d'expériences qu'il a faites pour appuyer fon fentiment, fe trouvent confignés dans quelques-uns des volumes de l'Académie, & nous en avons rendu compte *, à mefure qu'ils ont été donnés au public. IL paroîtroit naturel qu'ayant à faire une courte analyfe du travail de M. Fougeroux , nous rappellaffions ici fommairement ce que nous avons dit des expériences de M. du Hamel, & des conféquences qu'il en a tirées, puifque ces conféquences font devenues l'objet des difficuhés auxquelles M. Fougeroux répond , & dont nous expoferons les principales : mais ce précis néceffäire dans une matière auffi fufceptible de difcuffion qu'eft celle de la formation des os, fe trouve placé à a tête des Mémoires de M. Fougeroux : fon difcours préliminaire inftruit le Lecteur de ce qui a donné naiflance aux premières recherches de M. du Hamel fur ce point intéreffant de l'éco- nomie animale, des épreuves multipliées auxquelles il a été conduit à mefure que de nouveaux faits fe font développés à fes yeux, & des vérités qu'il a eu lieu d'éablir par l'enchai- nement de fes obfervations. Il nous fufhra donc de donner en fubftance ce difcours préli- minaire , pour qu'on fe forme une jufle idée de ce qui fait la * Cette opération a été pratiquée chez les Anciens, & on l’a déjà propolée, mais pour d’autres maladies que celle dont nous parlons. DIELSUISUENT/EUNIC Es. 6r bafe du fentiment de M. du Hamel & a fourni matière aux objeélions auxquelles M. Fougeroux a répondu. Les recherches qui avoient été faites jufqu'ici fur la formation des os & fur les moyens par lefquels ils peuvent fe réparer, foit dans les fradures, foit lorfqu'ils ont été lézés fimplement, m'avoient procuré que des connoiflances impafaites & qui w'étoient point appuyées d'un affez grand nombre d'obfer- vations pour donner lieu à une théorie qui s’'accordât avec tous les faits. Celle qui étoit généralement reçue avant que M. du Hamel en eût préfenté une nouvelle, & qui a encore des partifans diftingués, comme on le verra par les difficultés que M. Fougeroux a eu pour but d’aplanir , confifte à confidérer l'accroiflement des os, ainfr qué leur réunion orf- qu'ils ont été rompus, comme ayant lieu d'une manière intérieure, & à la faveur d’un fuc offeux dont ils font abreuvés; par une fuite de ce principe & dans le cas d’une frature, ce fc fuinte, dit-on, des deux bouts de l'os rompu & les réunit en coulant dans l'interftice, comme, à peu-près, la colle fert à joindre deux morceaux de bois. Ce fentiment, quoique généralement reçu, ne parut pas bien fondé à M. du Hamel, & il fe propofa de faire une étude par- ticulière de la formation des os. L’attention qu'il avoit donnée à un fait de l'économie végétale analogue à celui-ci, lui fournit les premières idées de la théorie que fes Mémoires tendent à établir : il entrevit d’abord quelque rapport entre l'accroiffement des os des animaux & celui du corps ligneux dans les arbres; & comme la groffeur de ces derniers eft attribuée avec raifon à l'addition des couches ligneufes qui fe forment dans l'écorce, il regarda de même le périofte comme l'origine des couches offeufes, auxquelles la groffeur des os eft dûe. Le hañrd avoit fait obferver à Londres, qu'une décoétion de racine de garance, mêlée avec la nourriture d'un porc, _avoit teint en rouge les os de cet animal, & lon avoit vu, par une expérience faite à deffem, que cetie même racine, mife en poudre & jointe à la nowuriture d'un coq, avoit produit fur fs os un effet pareïl. H iï 62 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Quoique cette obfervation n’eüt pas abfolument le mérite de la nouveauté, elle fixa l'attention de M. du Hamel & le conduifit à des expériences relatives au travail qu'il projetoit fur la formation des os : il nourrit un grand nombre d'animaux volatiles avec une pâtée dans laquelle la garance entroit, & il commença par bien établir plufieurs faits ; nous ne les détail- lerons point ici. Les principaux, que nous nous bornons à rapporter, font que tous les os, même les plus déliés, deviennent rouges par l'effet de la garance, tandis que le bec-& les ongles , qui font d’une nature diflérente, ne prennent aucune couleur; que les cartilages qui font deftinés à s'oflifier ne { teignent en rouge qu'a mefure qu'ils paflent à la confiftance des os; & que cette couleur difparoït dès qu'on remet les animaux aux alimens ordinaires. M. du Hamel eut bientôt appliqué les lumières que lui fournirent ces expériences aux idées qu'il avoit déjà fur l'ac- croifléèment & la réparation des os ; il n’en devint que plus perfuadé que loffification a fon origine dans le périofte, & que c'eft précifément dans cet endroit que la Nature difpole tout ce qui doit fournir ou de nouvelles couches offeules, lorfqu'il s'agit d'un fimple accroiflèment, ou intermédiairement, dans quelques circonftances , Ja matière même des os, outre les couches ofleufes lorfqu’il eft queftion de fraéture & de la formation du cal : ilavoit remarqué en effet que quelque temps après la réduc- tion d’une fraéture & en difléquant avec précaution la tumeur du périofte, on n'apercevoit plus les bouts de l'os à l'endroit de la rupture; qu'elle étoit recouverte d’un feuilleroffeux ; que ces premières productions fe prolongeoient quelquefois entre les bouts fraéturés de l'os lorfqu'ils n'étoient pas exactement rapprochés , & que fi Fon enlevoit cette couche offeufe, on découvroit l'ancien os bien diftinét par fa couleur & fa denfité, Il avoit obfervé encore qu'après avoir fait un trou à un os avec un trépan perforatif, on voyoit quelques jours après cette ouverture eccupée par un mamelon qui émanoit du périofle, qui s'enlevoit avec lui & s'endurcifloit peu à peu en fermant exaélement le trou que le trépan avoit formé, D'ASILE N, CE 5 63 La propriété qu'a la garance de colorer les os, ne s'étend point aux parties molles & n’influe pas même fur celles qui ne font encore que deftinées à s’offifier ; il n'y a que la partie des os qui s’endurcit pendant qu'un añimal prend une nour- riture où entre la garance & à mefure que l’oflification devient + plus complète, il n’y a que cette partie dans faquelle la couleur rouge s'annonce, M. du Hamel eft parvenu, tantôt en mêlant de fa garance avec la nourriture des porcs, tantôt en ne donnant à ces animaux que des alimens ordinaires, à obtenir des os qui, étant fciés tranfverfalement, offroient fur leurs coupes des couches alternatives & très-diftinétes, tant en rouge qu’en blanc. Une expérience auffi délicate étoit bien propre à confirmer M. du Hamel dans fon fentiment: le périofte, en pañlant à la confiftance d’un feuillet offeux, fe coloroit en rouge par une fuite de l'emploi de la garance dans la nourriture de l'animal : une nouvelle lame du périofle acquérant enfuite la dureté d'un . feuillet offeux, pendant que le même animal étoit remis aux alimens ordinaires, prenoit la blancheur naturelle des os, & ainfi voyoit-on, ou au moins paroïfloit-il très- vraifemblable, que la couleur rouge ou la blancheur dépendoit des change- mens qu'éprouvoit le périofte & des fucs dont il étoit abreuvé, Lorfque M. du Hamel confidère les couches offeufes comme émanées primitivement de celles du périofte, il ne prétend pas que toutes les lames de cette membrane foient également propres à fe convertir en couches ofleufes bien organifées; il feroit difpolé à croire qu'il y a dans le périofte des James purement deflinées à former des feuillets offeux , tandis qu'il y eu a d'autres qui font toujours maintenues dans l'état propre au périofte, & n'ont pas apparemment dans leur organifation ce qui favoriferoit le dépôt du tartre offeux & les difpoferoit à prendre la confiftance des os. Tel étoit en fubflance le fentiment de M. du Hamel fur - la formation des os & fur la manière dont ils f réparent après les fractures ou de moindres accidens: il ne s'y étoit arrêté qu'après une foule d'expériences & la combinaifon de tous les faits qui lui avoient paffé {ons les yeux. Son Travail 64 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE attira l'attention des Anatomiftes, & plufieurs, diftingués parmi eux , adoptèrent fon fentiment ; d'autres, non moins éclairés, mais dans l'habitude de confidérer les os comme nourris par intus-fufception, & les cals comme formés par un fuc offeux épanché, attaquèrent les conféquences que M. du Hamel avoit tirées des faits nombreux qu'il avoit publiés. Après avoir ré- pété la plupart des expériences que M. du Hamel avoit faites & y avoir obfervé les mêmes phénomènes, ils en déduifirent une différente théorie & fe confirmèrent dans l'opinion même que M. du Hamel avoit cru devoir rejeter par une fuite des faits, dont au contraire ces Anatomiftes appuyoient Jeur opinion. M. Dehtléef, difciple du célèbre M. Haller , fut le premier qui attaqua le fentiment de M. du Hamel, par une Thèfe qu'il publia en 175 3: bien-tôt le Maître lui-même, faifant ufage des obfervations que M. Dehtléefavoit faites de concert avec lui, donna un Mémoire, où il foutint que la formation des os ne dérivoit pas du périofle, & que celle du cal en étoit auffi abfolument indépendante. Cette affertion, fr oppolée à ce qu'avoit avancé M. du Hamel fur ce point intéreffant, trouva un nouveau défenfeur en France. M. Bordenave préfenta deux Mémoires à l'Aca- démie, où il prétendit déduire d'un grand nombre d'expériences la théorie ancienne fur la formation des os & enlever à M. du Hamel ce qu'il y avoit de décifif dans fon fentiment, ce qui tendoit à faire reconnoître clairement dans le périofte les commencemens de cette formation. L'objet du Travail de M. Fougeroux, a donc été de re- cueillir , avec la plus grande fidélité, les objections qu'on a propofées contre le fentiment de M. du Hamel, de rappeler les expériences qu'on a prétendu être peu propres à étayer ce fentiment, tandis qu'on les a cru favorables à l'opinion contraire; de rendre compte de celles qu'il a faites lui-même pour jeter plus de Jumière fur ce qui n'avoit pas été vu affez nettement, & de mettre le Lecteur à portée d'apprécier les raifons qui ont été données des deux côtés. Nous ne fuivrons pas M. Fougeroux dans les détails où il DES SCIENCES. 6$ il a été forcé d'entrer, pour ne point laiffer fans une réponfe plaufible tout ce qui a été relevé par M.® Haller & Bordenave dans les Mémoires de M. du Hamel, dont il a pris la défenfe. IL nous fufhra, en expofant ici quelques-unes des difficultés qui ont arrêté ces Anatomifles par rapport au fentiment que M. du Hamel a adopté, de dire en fubftance comment M. Fougeroux a tâché de les aplanir & y a trouvé des expli- cations fatisfaifantes, tant par les réfultats bien combinés des expériences de M. du Hamel, que par les fiennes propres méditées fur les objections mêmes qu'on a faites. Dans le fyfième de M. du Hamel, dit-on, le périofte eft Jorgane où fe forme le fuc deftiné à loffification, & l'os n'eft, à proprement parler, que le périofte endurci : dès-lors comme la garance, mélée avec la nourriture des animaux, produit conftamment fa couleur fur leurs os, elle devroit l'annoncer aufit dans le périofte, confidéré comme le dépôt du fuc offeux , & fufceptible, felon toutes les apparences, de l'impreffion colorante que ce fuc ne manque jamais de recevoir. A ce raifonnement, qui a quelque chofe de fpécieux, M. Fougeroux répond, par le réfultat de plufieurs expériences , lequel eft admis dans toute fon étendue par les Anatomiftes mêmes dont le fentiment diffère de celui de M. du Hamel, c'eit qu'il n’y a que la partie crétacée des os qui prend da teinture de la garance , que tout ce qui eft cartilagineux ne s’en charge point, & que la couleur rouge, quand elle a produit fon effet, a d'autant plus d'intenfité, que les os où elle a lieu ont acquis plus de dureté. Tous les Anatomiftes conviennent que la grande apophyfe du fferumm des oifeaux eft formée par l'endurciffement du cartilage qui en occupoit la place: tant que cette partie n'eft encore que cartilagineufe, la garance n'a fur elle aucun effet, au lieu qu'il y en a un bien fenfible dès que le cartilage prend la confiftance d'os. I faut en conclure, avec beaucoup de vraifemblance, que la partie crétacée des os eft feule propre à recevoir la teinture de la garance, & que le périofte ne fauroit en être coloré, Hifl. 1760. rl 66 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE puifqu'on ne peut le regarder que comme un tiffu délicat dont il fe (pare fucceflivement des lames dans lefquelles cette matière crétacée doit s’'introduire. On eft redevable à M. Hérifflant d'an travail curieux fur la diftinétion bien réelle de la partie terreufe des os d'avec celle qui eft cartilagineufe & deftinée à contenir la première, Les recherches de cet Académicien n'ont pas peu contribué à jeter du jour fur la matière dont il s'agit: le moyen fimple qu'emploie M. Héritlant pour faire cette féparation, eft l'efprit de nitre affoibli. Ayant mis tremper dans cette liqueur un os, en partie blanc & en partie rouge par l'effet de la garance, il retira de fon expérience un cartilage où l'on ne remarquoit aucune trace de teinture de la garance; elle tenoit à la matière crétacée, dont le cartilage avoit été dépouillé, & donnoit une preuve fenfible que tout ce qui ne porte pas le caractère d'offification ne participe point à la couleur rouge que la garance fournit, quelque préparé qu'il foit dans l'ordre naturel à pafler à l’état offeux. La texture du périofle, continue-t-on à objecter, & la ftruéture des os font abfolument différentes: comment feroit-il poffible par conféquent qu'il réfultät du pañage de l'état de l'un à l'état des autres une organifation pareille ? comment concevroit-on que le périofte, dont les fibres & les lames n’ont aucune direction conflante, prit néanmoins, en acquérant de ka confiflance, la difpofition des fibres offeufes & finit par une direction parallèle à la longueur des os ? H ne s'agit pas, répond M. Fougeroux, de comparer le périofte à los entièrement formé, mais au cartilage qui eft defliné à fe convertir en os: combien la matière crétacée, en s'introduifant dans les pores de ce cartilage, ne doit-Ëlle pas en changer lorganifation? Au premier coup d'œil, on ne remarque aucune conformité entre le ffrmum encore cartila- gineux &- cette même partie devenue offeufe ; cependant on ne fauroit douter que le flernum parvenu à état offeux, ne. doive fa bafe, fa principale origine au cartilage : s'il n'eft plus organifé comme il l'étoit primitivement, c'elt, convenons-en, DES SCcTENCES. 67 par une fuite du dépôt de la matière terreufe; peut-être dans un os examiné avec foin trouveroit-on encore des indices de la texture du cartitage, qui en eft en quelque forte la charpente, comme on: remarque tous les jours dans un corps pétrifté , foit du règne végétal, foit du règrie änimal, les traces de fa première organifation. On perfifte à attaquer le fentiment de M. du Hamel, en difant que les exoftofes des dents fourniffent des exemples d'offification où le périofle ne fauroit influer, & en avançant encore qu'on a trouvé quelquefois au milieu des défenfes de l'éléphant des fquirres offeux plus durs que Fivoire. Il faut bien diflinguer, dit M. Fougeroux , l'émail des dents d'avec leur racine ; celui-là, tout autrement formé que lesos, n'a point de périofte, au lieu que les racines des dents ‘font de véritables os, ont leur périofte, reçoivent la teinture de la garance, & s’en chargent par couches intermédiaires, fi cette racine n'a été mélée que par intervalles dans là nourriture des animaux, D'ailleurs , il y a toute apparence que ces exoftofes & ces fquirres ofleux dont on parle , ne préfentent: point une organifation décidée, & ne font qu'un amas de la matière terreufe des os. | Dans les fractures, foit accidentelles , foit produites à deffein für les animaux, pour les rendre le fujet d’une expérience, il fe fait une tuméfaction du périofte für a partie rompue de Jos, & cette tumeur , fuivant M. du Hamel, s'endurcit peu à peu , s’offifie enfin, & forme proprement le cal, Plufieurs expériences avoient conduit cet Académicien à le conclure ainfi, & toutes fes obférvations bien liées, l'avoient toujours rappelé au périofte, comme à l'origine de la formation dés os. Maloré l'expofñition fidèle de tous les faits fur lefquels fon fentiment .eft appuyé, on lui a objectéque la tuméfaétion du périofte , dans les cas de fraéture, peut le diffiper fans qu'il en réfulte des concrétions offeufes, & conféquemment fans qu'il faille partir du périofte tuméfié, pour établir la formation du cal. pre , + A toutes {es lumières qué M. du Hamel avoit jetées fui’ Ii 68 HIisToiIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ce point important de la difcuffion, M. Fougeroux en a ajouté de nouvelles, & a tiré d’une expérience fort curieufe tout ce qui étoit capable de prouver que le périofte contribue effentiellement au rétabliflément des os fracturés : voici cette expérience en détail, il n'y a rien à y négliger , tant elle met en évidence ce fait effentiel que M. du Hamel avoit déjà établi. M. Fougeroux rompit l'os de Ta jambe à plufieurs volailles ; lorfqu'au bout de quatre jours il fut bien certain que la tumeur étoit formée , il fit pafler un fil au travers : pour saflurer fi {on fil étoit bien placé dans Ra tumeur, il tua un de ces animaux aÿant que le cal füt endurci, & lorfqu'il n'étoit encore que dans l'état d'un cartilage affez folide : il trouva le fil placé comme il le defiroit ; ce fil traverfoit la tumeur à une petite diflance de l'os ; alors il conçut l'efpérance de remplir fes vues; car, difoit-il, fi la tumeur du périofte fe diflipe fans former d’offification, le fil fe trouvera dans le périofte, au lieu que fi la tumeur s'offifie, il fera engagé dans lé cal. M. Fougeroux tua un de ces animaux lorfque le cal n’étoit encore qu'en partie cartilagineux, & occupé en partie par des grains offeux; en difléquant le périofte , il parvint à enlever prefque toute Ja tumeur, & avec elle le fil qui fe trouva engagé, tant dans la fubflance cartilagineufe, qu'entre les grains offeux. Satisfait de ces premières obfervations, il ne fit tuer une de ces volailles que quand le cal fut bien formé & entièrement endurci; ce cal étoit traverfé par le fl, & lui fervoit en quelque forte de gaine ; il étoit prolongé en effet le long de ce même fil, & formoit un vrai tuyau. Pouvoit-on mieux prouver que par cette expérience, l'état offeux auquel paffe la tumeur cartilagineufe dans le cas des fractures ? & dès que l'on convient que cette tumeur eft le gonflement du périofte, n’en doit-on pas conclure néceffai- rement que c'eft par ce même périofte que les cals font formés. Nous nous bornons à cet expolé fuccinét de quelques-unes des objeélions qu'on a propofées contre le fentiment de M. #7 DMEUSSMSMENTLE NOC:'E xs 69 du Hamel, fur la formation des os, & des réponfes que M. Fougeroux y a faites; c'eft en le fuivant pied à pied dans fes Mémoires, & en examinant comment il a recueilli fans paitialité tout ce qui a été dit de plus frappant par M. Haller & Bordenave , pour écarter le périofte, comme principe immédiat des os, c'eft, difons-nous , en prenant l'enfemble de fon travail qu'on peut juger de toute la conviction où il conduit, & combien les faits confionés dans fes Mémoires, avoués de part & d'autre, font favorables au fentiment qu'il a défendu. Il eft rare qu'en multipliant les expériences , & en y portant une certaine fagacité, on ne fafle pas quelque découverte, même dans une matière connue, & qui a donné lieu à des recherches délicates. Parmi la multitude de faits que renfer- ment les Mémoires dont nous venons de donner le précis, il y en a un afflez fngulier, qui n'avoit point été obfervé jufqu'ici, mais qui n'a point échappé à l'attention de M. Fou- geroux ; c’eft la réunion de deux os, lefquels d'abord étoient très-diftinéts ; & cette réunion eft fr complète, qu'il n’en réfulte qu'un feul os prefqu'auffi fimple dans fà forme, que | sil ne devoit pas fon origine à cette fingularité. « Dans les embryons de vaches, de brebis, de cochons, dès que la partie qu'on nomme Îe canon , a acquis la longueur d’une ligne ou d'une ligne & demie, on aperçoit, dit M. ce LCA Fougeroux, deux petits os féparés, mais qui n'ont points« d'épiphyfey ces os augmentent en longueur & en groffeur, étant féparés l'un de l'autre, chacun eft revêtu de fon périofte, €: les épiphyfes paroiffent. Dans les cochons, ces deux os’ continuent à être féparés lun de l’autre pendant la vie de l'animal, & cela n’offre rien de fingulier; mais dans les brebis, les vaches, & fans doute dans plufieurs autres embryons de quadrupèdes , vers le cinquième mois de leur formation, on voit les fibres du LC S LUS LCA Les cc L] » » » 76 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE RoÿALE les extrémités des deux os; peu à peu l'offification s'étend dans toute leur longueur, & alors les deux os {& trouvent tellement réunis , qu'ils n'en forment plus qu'un. Si quelque temps après la naiflance d’un veau, on coupe cét os en travers, on n'eft point furpris de voir alors les deux tuyaux féparés par une cloifon épaifle; mais à mefure que l'animal devient plus âgé, la cloifon devient plus mince ; quelque temps après, au lieu de cette cloifon, on n'aperçoit plus qu'un tiffu réticulaire qui fouvent même difparoît entièrement ; Fos du canon eft alors unique, il n'a intérieurement qu'une cavité, & on m'aperçoit qu'il a été formé par la réunion de deux os, que par un fillon profond qui paroit toujours à l'extérieur, & qui n'a point échappé à M. Daubenton , dans la Defcription qu'il * Hi raw, à donnée de l'os du canon du bœuf *. » Tome 1V, Outre ce fait curieux dont M. Fougeroux nous a procuré la connoiflance , il a prouvé évidemment que les os font compolés de lames ou feuillets, & que les couches qui en réfultent, font tellement féparées les unes des autres, qu'un gros os de bœuf que M. Fougeroux fit tremper dans l'efprit de nitre afoibli, s'attendrit au point de reffembler à un cartilage, que les lames dont il étoit formé commencèrent bientôt à y paroiître diftinétes, & que mis un inflant dans l'eau bouillante , il fe divifa tout entier par feuillets. C'eft encore par une fuite des recherches de cet Académi- tien , que les eflets de la garance fe trouvent mieux caraétérifés qu'ils ne l'avoient été jufqu'à préfent ; on fait aujourd'hui d’une manière bien pofitive , que la teinture de cette plante n'agit que fur la portion des os qui commence à s’endurcir ; que l'intenfité de la couleur fuit fucceflivement le degré d'endur- ciflement des os, de manière que les parties qui approchent de loffification complète, deviennent d’un rouge très- vif, tandis qu'au contraire les os bien formés d’un animal qu'on nourrit de garance , ne font plus fufceptibles de fon impreflon, & confervent toute leur blancheur. L'exaétitude de M. Fougeroux, dans les extraits qu'il a donnés des Mémoires de M” Haller & Bordenave, n'eût pas Le Di ENSMISNCNT E NrC:iEI:s 71 été foupçonnée fans doute, quand même il eût négligé de joindre en entier ces Mémoires à ceux qu'il y a oppofés : mais par cette précaution , il a annoncé toute la droiture qu'il a mife dans fa défenfe, & d’ailleurs il a procuré par - {à au Lecteur le moyen de mieux faifir l'efprit des Mémoires, dont il devenoit intéreflant qu'on fût bien inftruit , qu'il n’eût été poffible de le faire dans des morceaux ifolés & toujours réduits en forme d'objeétions. Nous finiflons par obferver que le ton modéré qui règne dans les difcuffions épineufes où les Auteurs de ces différens Mémoires ont été forcés d'entrer , doit fervir de modèle pour les ouvrages Polémiques. Cette difpofition tranquille dans l'exa- men des faits, lorfqu'on n'’eft point d'accord fur les conféquences qu'il en faut tirer, ne feroit-elle pas un indice que l'amour feul du vrai influe fur les efprits, quelqu'éloïgnés fouvent qu'ils en foient? L'erreur adoptée de bonne foi, peut maintenir {es hommes dans une contradiétion vive, mais fans aigreur, & leur tenir lieu de là vérité pour la manière tempérée dont ils foutiennent leur opinion. V. les Mém. P: 274: 72 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 100000000000000000006001 C H:EMPRE LERIREA NATURE DE LA BASE"DE\L'ATLUN. Fe RSQUE les premiers principes d’une Science ont été une fois établis, & que les connoiïflances qu'on y a acquifes fe trouvent portées à un certain degré de perfection, celles qu'on y réunit dans la fuite ne viennent que lentement ; elles ne naïllent, pour l'ordinaire, que des recherches combi- nées de plufieurs hommes éclairés ; & il arrive même quel- quefois qu'on ne les doit qu'au hafard : convenons cependant qu'il faut du génie & avoir accumulé un grand nombre d'obfervations pour faifir des vérités d'un certain ordre que le hafard prélente, & pour voir d’un coup d'œil ce qu'elles ont de nouveau dans lenchaînement des connoiffances qui en dépendent. Le Mémoire de M. Baron, dont nous allons donner une courte analyfe, nous a conduit à cette réflexion, & il feroit difficile de citer un Ouvrage où elle eût une plus jufte application. L'ufage des fels eft fort commun dans les arts & métiers; celui de la teinture tire fur-tout de grands avantages de l'alun ; ce fel augmente l'éclat de plufieurs couleurs & aflure la folidité de quelques autres. II femble que la véritable compofition d’une fubflance aufit utile devroit être parfaitement connue, tant pour le progrès de la Phyfique que pour un ufage peut-être plus étendu de ce fel, ou un emploi plus avantageux dans les circonftances où l'on s’en fert. Cependant les plus habiles Chimiftes ne l'ont confidéré pendant long-temps que d’une manière aflez fuperficielle : l'autorité des premiers a réglé le fentiment de ceux qui les ont DES SCIENCES ont fuivis, & d'un commun accord ils ont regardé l’alun comme un fel neutre compofé de l'acide vitriolique, combiné avec une terre abforbante de la nature de la chaux ou de la craie. S'ils ne f trompoient pas en faifant entrer Facide vitriolique dans la compofition de ce {el ils étoient dans l'erreur en donnant pour bafe à cet acide une terre calcaire ou crétacée. M. Margraaf n'a point adopté l'opinion commune à ce fujet: après s'être procuré, par la voie de calcination ou de précipitation, une grande quantité de la bafe de l'alin, il fa combinée avec dif- férentes fubftances, & eft parvenu à prouver que cette terre n’a aucune des propriétés de la chaux ni de fa craie. C'étoit, nous lavouons, un premier pas à faire pour parvenir à Îa vérité, dès que le préjugé dominoit & auroit pu arrêter les recherches; mais le réfultat des expériences de: M. Margraaf fe borne à détruire l'opinion reçue, & ne donne aucune ouverture fur la véritable bafe de 'alun, Quoique des expériences & des faits nouveaux fur cette bafe fi difficile à connoître, puiffent faire foupçonner avec affez de fondement à M. Baron qu'il l'a entrevue telle qu'elle eff, cependant il ne donne fes obfervations qu'avec beaucoup de réferve, & commence par montrer combien il eft eflentidl, avant que d'employer la bafe de l'alun, de favoir dépouillée abfolument de l'acide vitriolique, & quelles précautions if faut prendre pour l'obtenir dans toute fà pureté, La décompofition du fel ammoniac par l'intermède de Ja bafe de falun, eft une des expériences que M. Margraaf a faites : M. Baron l'a répétée; mais au lieu d'y voir falkalt volatil fe dégager, comme il devroit naturellement réfulter de l'emploi d'une terre pure abforbante, M. Baron a remarqué au contraire avec furprife, ainfi que Javoit obfervé M, Margraf, qu'il s'élevoit de véritables vapeurs d’efprit-de fel. Toutes les précautions que prefcrit M. Margraaf pour que la bafe de falun foit bien édulcorée, avoient été prifes par M. Baron, & en la fuppofant telle, il répugnoit qu’elle füt capable de chaffer l'efprit de fel de fa bafe volatile. La décompofiion du, nitre & celle du fel marin par le Hiff. 1760. ni 74 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE _ même intermède de la bafe de l'alun, furent fuivies de l'effet inattendu que nous venons d'obferver ; l'acide nitreux & marin fe dégagèrent, & l'intermède s’'unit à leur bafe alcaline. M. Baron foupçonna alors que les moyens indiqués par M. Margraaf pour purifier la bafe de l'alun n'étoient pas fufffans, & il en devint bientôt certain, en pouflant au feu un mélange de parties égales de bale de l'alun & de pouffière de charbon; l'odeur fétide de foie de foufre décela l'acide vitriolique ; la bafe de l’alun, quelque pure qu'elle parüt, en avoit ‘retenu une portion; l'objet important fut donc de réduire cette bafe à une parfaite pureté; M. Baron, après bien des réflexions & plufieurs tentatives, trouva enfin le moyen fimple d'y réuflhir qui avoit échappé à M. Margraaf : voici fommairement en quoi il confifte, Lorfque la bafe de Falun a été précipitée par l'aleali fixe & édulcorée avec foin, M. Baron fait bouillir ce précipité dans une forte leffive de cendres gravelées ou de potaffe; if laifle enfuite dépofer le précipité, décante la leffive qui le furnage, le lave avec foin, le fait bouillir de nouveau dans de l'eau pure, verfe le tout fur un filtre, dépouille le fédiment de tout alcali fixe par des lotions réitérées, & obtient enfin une mafle blanche qu'il fait deflécher & réduit fous la molette en une poudre impalpable ; ce procédé enlève à la bafe de l'alun tout l'acide vitriolique qu'elle contient : foumife en effet aux expériences qui ont été rapportées plus haut, elle conduit à des réfultats différens de ceux que nous avons vus; la décompofition n'a plus lieu, foit qu'il s'agifle du fel ammoniac, foit qu'on emploie le nitre ou le {el marin. La bafe de Falim fe diffout dans tous les acides & princi- palement dans les acides minéraux ; il réfulte de ces dernières combinaifons , des fels vraiment alumineux qui fe bourfouflent fur les charbons ardens & affeétent une criftallifation parti- culière. On’ doit regarder comme un phénomène digne d'attention que l’alun régénéré par l'acide marin fe criftallife de la même façon que Falun ordinaire ou vitriolique, & qu'il ne s'annonce aucune différence entre lun & autre : DE SINSICHEIN IE Es. s M. Baron avoit déjà obfervé cette fingularité dans les favantes notes qu'il a ajoutées à la Chimie de Lémeri, & il y infifte de nouveau dans la crainte que, d'après une reflemblance auf marquée entre des fubftances différemment combinées, quelque Chimifte ne regarde l'acide marin comme celui qui eft propre à Falun, s'il fui arrive jamais de trouver ce fel ainfi formé par la Nature & dépouillé totalement de acide vitrio- lique, qu'on fait être conftamment celui de Falum. La forme de fes criftaux n'eft pas précifément celle que M. Geoffroi lui a donnée; fi la figure octaèdre par laquelle ce Chimifte caractérife les criflaux de l'alun, a lieu quelquefois , on ne doit a regarder que comme une exception & une variété; celle qui réfulte conflimment d'une criflallifation parfaite, eft un polihèdre terminé par quatorze faces, & dont les moindres particularités ont été confidérées par M. Baron avec beaucoup de foin. Plufieurs faits dont il faut lire les détails dans fon Mémoire, Tont conduit à regarder la bafe de lalun comme étant de nature métallique, & en ayant plufieurs propriétés : s'il a adopté ce fentiment, c'eft d'abord parce que cette bafe diffère fenfiblement des efpèces de terres connues , qu’elle a beaucoup d'analogie avec les terres métalliques, par Îe goût aflringent vitriolique qu'elle prend avec les acides comme ces fortes de terres, tandis que celles qui font proprement abforbantes, Wacquièrent, par celte union, qu'une faveur plus ou moins amère : c'eft encore par Île rapport qu'il y a entre l'alun & les vitriols qu'on tire pour l'ordinaire de la même mine ; mais - ces induétions f1 bien fondées ne font pas précifément ce qui a porté M. Baron à foupçonner un principe métallique dans la bafe de lalun ; un fait curieux , & dû au hafard , a fixé fes idées fur ce point de Chimie; & il étoit bien capable, par fa nouveauté, d'attirer l'attention d’un Phyficien qui étoit déjà fur la voie pour faïfir les conféquences où il menoit. M. Baron confervoit dans du papier de 'alun régénéré par acide nitreux : après un certain temps l'alun fe trouva humide, quoique tenu dans un Jieu fec, & l'enveloppe étoit humectée. M Baron K ij 76 HisToirE DE L'ACADÉMIE ROYALE remit cet alun dans un autre papier, & jeta au feu l'ancienne enveloppe ; la flamme qui s'en éleva étoit d’une belle couleur verte. M. Baron y reconnut, avec furprife, le principe colorant qui eft une des propriétés eflentielles du fel fédatif : l'expé- rience répétée plufieurs fois fut fuivie du même effet, & il eut lieu encore à l'égard de toutes les efpèces d’alun régénéré. La flamme verte sannonçoit conflamment ; un phénomène auffi inattendu trouvoit une explication pfaufible dans l'opinion où font plufieurs Chimifles, que les couleurs tirent leur origine des particules métalliques extrêmement divifées ; & fur ce fondement M. Baron fe crut fuffifamment autorifé à foup- çonner que la bafe de Falun tient à un principe métallique, ou eft totalement tel par fa nature. Le point décifif eût été fans doute de faire la réduction de cette bae, & de la convertir en métal ou demi-métal; mais les tentatives que M. Baron a faites fur cela, ont été fans fuccès, II n’en doit pas réfulter cependant plus de difficultés fur le fond de fon opinion ; les fleurs d’antimoine ont été regardées pendant long- temps comme irréductibles , tandis qu'il eft facile aujourd'hui de leur rendre tout leur éclat métallique ; & M. Pott nous a appris à revivifier les fleurs du zinc, qu'on avoit défefpéré avant lui de faire revenir à leur premier état : ainfr, quelque jour, par une circonftance heureufe & une manipulation qui pourra ne pas avoir pour objet précis la réduction de la bafe de l'alun, jouira-t-on peut-être de cet avantage, ou au moins fera-t-on averti des moyens fimples de l'obtenir. On ne connoît point encore parfaitement quelle eft la bafe du fel fédatif : il fembleroit cependant , d’après une expérience nouvelle de M. Baron, que la bafe de ce fel feroit la même que celle de l'alun, ou y auroit un rapport bien décidé; & c'eft encore ici le fruit de la fagacité de M. Baron, au moment où il fort un fait intéreflant du milieu d'autres qui paroiffent être l'objet unique de fon attention. Il projetoit un jour dans un creufet rougi au feu parties éoales de borax & de falpêtre rafiné; le mélange fe gonfla. M. Baron y ajouta du charbon DERSASICUNE NC ES $ en poudre, & fur le champ il fe fit une violente fulguration : il continua de jeter du charbon en poudre fur le mélange jufqu'à ce que la fulguration eût cefié ; après un feu très-vif & long-temps foutenu, M. Baron laiffa refroidir le creufet, il y trouva une mafle dure compofée de couches bleuâtres & ayant une faveur très-cauftique; il en fit la diffolution dans de l'eau commune & eut pour dépôt une matière charbon- neufe mêlée d'une grande quantité de terre blanche, friable entre les doigts, & abfolument infipide ; l'acide vitriolique verfé fur cette terre y produifit une grande efférvefcence, & au grand étonnement de M. Baron, ce mélange avoit la faveur de l'alun : les criftaux qu'il en tira, après l'avoir étendu dans beaucoup d'eau, avoient auffi un goût fliptique & alu- mineux ; placés fur un charbon ardent, ils fe gonflèrent comme Yalun & laifsèrent une terre infipide. N'eft-il pas naturel de penfer que la terre alumineufe qui s’annonce dans cette expérience, ne pouvant ètre le produit de l'opération du nitre fixé par les charbons, eft une fuite de la décompofition du fel fédatif? D'ailleurs, ce qui rapproche beaucoup l'alun du fel fédatif, quant à leur bafe, c'eft, comme nous l'avons obfervé, ka propriété fingulière de fe bourfoufler fur les charbons ardens, qui eft commune tant à cette première fubftance qu’au borax, d’où fort le {el fédatif; la bafe du fel marin, autre principe du borax, n’a rien de la terre de l'alun, & fr, d’après les expé- riences délicates de M. Baron, on eft forcé de reconnoitre cette terre dans la décompofition du borax, il faut néceffaire- ment qu'elle foit attachée au fel fédatif. SUR LES ESSAIS DES MATIÉRES D'OR ET D'ARGENT. pe Aïts qui tiennent à des matières précieufes, telles que lOr & l'Argent, méritent une attention particulière ; & ce n'eft pas toujours fe former un objet de pure curiofité que de tourner {es vues du côté de Ja perfection dont ils font K i V. les Ménrs P 36F- 78 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE fufceptibles. L'application qu'on y donne devient fur-tout intéreflante, s'il s'agit de ne rien perdre de ces métaux dans les épreuves qu'on leur fait fubir, & d'en fixer la jufte valeur. L’effai des matières d’or & d'argent eft une opération affez déli- cate par laquelle on conflate leur titre, & l'on reconnoît quelle eft la quantité d'alliage que les unes ou les autres contiennent. Quoique ce travail foit généralement connu, & qu'au premier coup d'œil il ne paroifle demander qu'une certaine dextérité & un peu d'attention, cependant il a des difficultés dont on ne s'aperçoit bien que lorfqu'on veut le porter à une précifion rigoureufe, & à une conflante égalité dans létabliffement du titre des matières qui font abfolument les mêmés. Outre les variétés dans lefquelles les Effayeurs font fujets à tomber, en ne prenant pas toutes les précautions qui dépendent d'eux, M. Tillet a remarqué qu'il y a encore dans leur art une imperfection dont ils ne fauroient fe garantir : elle eft attachée en effet à leur méthode , quoique la meilleure qu'on connoiffe; & fi l'on ne s'y eft pas rendu attentif jufqu’ici , c’eft fans doute parce qu'ayant lieu conflamment, elle ne paroît pas influer fur l'opération. Le défaut de précifion attaché au moyen ordinaire d'établir le titre des matières devient frappant, lorfqu'on réfléchit fur un fait que M. Tillet donne pour certain & n'héfite point à regarder comme inhérent à la méthode des Effayeurs. Ce fait, dont on ne sétoit point occupé jufqu'à ce moment, confifle en ce que /es effais de l'or, 7 fur-tout ceux de l'argent, Jont toujours rapportés au-deffous du titre réel, du degré de fin intrinsèque de ces matières , lors même que l'opération a été faite avec toute l'exactitude que le meilleur Artifte peut y apporter. Dans la furprife où l'on fe trouvera, en confidérant toute la conféquence d'une telle erreur, & comment il eft arrivé qu'elle foit échappée à la fagacité des plus habiles Méallur- gifles, on demandera par quelle voie elle a été conftatée & mife dans toute l'évidence qu'exige un point auffi important. M. Tillet répond à cela par l'expolt fimple d'une expérience Des ASIC PEN CE S. : 79 qu'un grand nombre d'Eflayeurs ont faite fans s’aperéevoir de la conféquence qu'il en falloit tirer. Les matières d’argent perdent toujours un peu de leur matière propre dans lopéra- tion de l'eflai, à quelque degré de fineffe qu’on les ait portées auparavant. Le bouton même d'eflaï, qui eff la petite portion de matière afhnée d’après laquelle on fixe le titre, en la fuppofant parfaitement pure, ce bouton, net & brillant, diminue de poids chaque fois qu'il pañle par l'épreuve de la coupelle, & difparoit enfin tout entier, fi l'on réitère lopé- ration autant de fois qu'il le faudra pour qu’il n'en refte aucun veflige. Comment feroit-il poflible qu'une matière d'argent, dans laquelle ïl entre une certaine quantité d’alliage, & qu'on eflaye pour la première fois, n'éprouvât pas quelque diminution, quant au métal précieux , puifque argent le plus pur perd quelque chofe de fa mafle chaque fois qu'onle met à l'épreuve & fouffre ce déchet, tant à raifon de fon poids qu'à propor- tion de a quantité de plomb qu'on emploie pour l'effai. 1} femble même que la diflipation totale de alliage dans l’effai des matières où il eft entré du cuivre, doit faciliter la perte, plus ou moins fenfible, qu'on obferve fur le métal précieux, & laugmenter peut-être jufqu'à un certain point. Si lon fuppole donc que le bouton d’efiai qui réfulte d'une opération , où l’on aura mis à l'épreuve une matière d'argent alliée, ne repréfente pas toute la portion du f#7 qui étoit contenue dans l'échantillon de cette matière qui avoit été pris pour l'effai ; on fera forcé de conclure que la fixation du titre à laquelle conduira le poids exaét de ce bouton, ne fera pas tout-à-fait jufle ; elle fe trouvera en effet un peu au-deffous du titre intrinsèque de cette matière, & cette perte approchera de celle qu'éprouvera ce même bouton, s'il pafle de nouveau à la coupelle avec la même dofe de plomb qu'on avoit employée ka première fois. Jufqu'ici M. Tillet n’a confidéré la diminution qu’on obferve fur l'argent, foit fin, foit allié, qu'autant que par l'opération de leflai il entre en fufon avec le plomb, qu'il bouillonne 8o HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE avec lui, & tend à fe former en bouton au milieu de Ja coupelle à mefure que la litharge s’y imbibe. Cette perte peut être attribuée au mélange de l'argent avec le plomb, & if ne féroit pas hors de vraifemblance que le premier participât au déchet très-fenfible qu'éprouve le fecond , en paflant de l'état métallique à une forte de vitrification ; mais plufieurs expé- riences ont appris à M. Tillet, que de l'argent pur expofé feul dans une coupelle à un feu très-vif & long-temps foutenu, peut perdre jufqu'à la 24° partie de fon poids fans qu'on ait lieu de foupçonner que cette diminution foit occafionnée par un léger pétillement ou par quelqu'autre caufe différente d'un feu violent & capable d'entretenir le métal dans une fufion parfaite, - Le moyen que M. Tillet a employé pour conflater cette perte, s'eft borné à couvrir la coupelle qui contenoit le bouton d'argent pur d’une autre coupelle de la même grandeur, à les placer ainfr arrangées dans la mouffle & à les laifler pendant deux heures en cet état au milieu d'un feu vif, quoiqu’animé fimplement par un courant d'air; on voit que dans cette expérience la coupelle qui étoit au-deffus de l'autre & qui la recouvroit par fa partie concave, formoit fur elle une efpèce de petit dôme qui empéchoit par-là qu'aucune des particules du bouton d'argent fin ne pût s'échapper. M. Tillet a obfervé, après l'opération & en enlevant avec précaution la coupelle fupérieure , que toute fa partie concave étoit parfemée de petits globules brillans ; il les a reconnus, à l'aide de la loupe, pour être des particules d'argent qui sannonçoient comme les fuites d'une forte de fublimation, & s’étoient condenfées fous le petit dôme à mefure que l'activité du feu les y poufloit. Peut-être ces particules d'argent ne s'élèvent-elles pas bien haut dans cette circonftance, & n'eût-il pas été pofflible de les raflembler dans l'épreuve , fi la coupelle fupérieure n'eût pas été à une fort petite diflance du bouton; mais dans le point le plus concave, elle n'avoit qu'une ligne ou environ de profondeur, & cette profondeur étoit la même pour la coupelle inférieure qui contenoit Île bouton : ainfi pour peu que les particules d'argent DES SCIENCES Hs &r d'argent s’élevatfent, elles rencontroient le: petit dôme & y refloient adhérentes. Quand on demeureroit dans lopinion commune que l'argent pur expofé au feu le plus violent, tel que celui d'un fourneau de verrerie, y refte toujours. fixe &. n'y éprouve pas la plus légère diminution, quoique l’ex- périence de M. Tillet püt laifier du doute fur ce point, au moins conviendra-t-on que ce même argent fin peut fe fublimer avec le fecours d'une matière qui volatili{e aifément & à un feu modéré: voici un fait qui en efk la preuve & que M. Tillet garantit. Un Directeur de monnoie, qui étoit dans l'ufage d'épurer les matières un peu trop bafles en les pouffant au falpêtre dans le moment même de la fonte & à un, feu ouvert; éprouva des déchets extraordinaires, par cette opération; il en recouvra une partie dans la fuie des cherninées de fes fourneaux, & dut à une fimple curiofité les matières qu'il en retira, Nous avons obfervé plus haut que dans les effais des matières d'argent, la perte fur le fin toit plus où moins confidérable, fuivant Ja quantité de plomb qu'on y émployoit. Cette vérité n'avoit pas encore été mife dans tout fon jour, Jorfqu’il s'éleva une ..conteflation entre l'Effayeur général des Monnoies & VEffayeur particulier de la Monnoie de Paris, au fujet d’un Jingot fu Le titre duquel ilsn'étoient, point, d'accord. L'inégalité de leurs rapports ne pouvant provenir que de leur manière différente d'effayer , la Cour des Monnoies jugea que ce travaif demandoit à être confidéré dans fes-principes, &. elle chargea M.” Hellot & Tillet de faire des recherches {ur la meilleure méthode de conftater le titre des matières, d'or & d'argent. - La, -curiofité avoit porté, M..Tillet . depuis long-temps à: étudier cette matière, &c, il avoit déjà raffemblé un grand. nombre d'expériences fur l'opération des effais,, Jorfque, des occupations de toute une, autre mature Jui firent. perdre celle-ci | de vue :-if s'y trouva rappelé par la commiffion dela Cor des Monnoies,, dont il vient d'être queftion. Ses premières - expériences eurent une application utile. & le ‘conduifirent _bien-1ôt à de nouvelles obfervations. | Mén. 1700. | alt À 82 -HisTotRE DE L'ACADÉMIE ROYALE L'inégalité du rapport des: Effayeurs dépend de plufieurs chofes plus ou moins difficiles à faifir & qui tiennent à une pratique délicate. Le degré de chaleur du fourneau n'eit réglé für-tout que par le coup d'œil de l'Arifte. Il eft eflentiel cependant que ce degré de chaleur foit à un, point précis au moment où l'on net dans les coupelles le plomb & la ma- tière des eflais : il eft vrai que fi dans cette circonftance la chaleur du fourneau eft moins forte qu'il ne faut, on peut la rendre plus vive & parvenir à ce point convenable que les Eflayeurs intelligens favent diftinguer: mais quand il n'a pas été faifi, & que les coupelles fe uouvent chargces de la ma- tière des effais il faut beaucoup plus de chaleur pour la mettre en fufion, qu'elle n'en eût exigé fi lé feu eüt été d'abord porté au degré néceflaire ; & dès-ors cette chaleur trop vive peut devenir nuifible aux effais. M. Tillet à donc tourné principalement fes vues de ce côté &ia imaginé an‘inftrument propre à faire connoïtre le degré de chaleur du fourneau, ou plutôt celle de l'intérieur de la moffle, efpèce de creulèt aplati d'un côté, dans lequel les coupelles d'effai font placées. C'eit dans fon Mémoire même qu'il faut lire les détails qui concernent cette efpèce de pyro- mètre & la manière de l'employer. H nous fufhra de dire ici en fubflance, qu'au moyen d'un petit barreau de fer quarré, de cinqj lignes d'épaiffeur, qui eft plié en forme d’équerre & dont une dés brañches s'étend dans toute la profondeur de la mouffle ; tandis que l'autre eft au déhors du fourneau & reçoit à fon extrémité la boule d'un thermomètre à mercure dans une petite cavité qu'on y a ménagée, il nous fuffira, difons-nous, de remarquer qu'à la faveur de cetinftrument fimple on a la connoif- fance d’une chaleur relative, dont Faccroiflement fe fait peu à peu & avertit l’Artifte à chaque inflant de l'état de fon fourneau. Lorfque la branche de l'équerre qui eft renfermée dans la mouffle éft devenue d'un rouge très-vif & approche de la blancheur , Vautre branche, qui eft en dehors du fourneau, participe gra- duellement à cette grande chaleur, & au bout d’une heure ow environ , le mercure d’un thermomètre réglé fur les principes. DIE 5M SCT E Nc EST 83 de M. de Reaumur, parvient au 1 20° degré: cette chaleur relative fait connoître à l'Efliyeur que celle de la mouffle eft au point qui convient; le plomb mis alors dans les coupelles, ne tarde pas à s’y découvrir; la matière des eflais dont on es charge enfuite y entre bientôt en fufion; le bain de itharge mélée avec l'argent y circule, en diminuant:à mefure qu’elle s'imbibe dans les coupelles; & lorfque 1e mercure a atteint le 135.° degré ou à peu-près, l'opération eft finie. H y a lieu d'efpérer que par l'emploi de cette efpèce de yromètre, la méthode ufitée de faire les eflais, fera moins fufceptible dés légères variations dont on la voit fuivie commu- nément, & qu'au moins le degré de chaleur! du fourneau d'effai, qui eft un des points principaux, pourra toujours être connu par un Effayeur, quelque peu d'habitude qu'il ait dans fon art. Les expériences que M. Tillet à faites fur d'opération des effais , ont exigé de lui qu'il donnit quelquefoisau fourneau “deftiné à ce travail, & conféquemment à la matière même des eflais , un degré de chaleur beaucoup plus fort, qu'ils ne le demandent ,.& que néanmoins il n'y -eüt:rien : de changé dans la manière de faire rougir les coupelles, c’eft-à-dire, qu'elles ne fuflent pas expolées à l’action immédiate des charbons, & qu'il füt toujours poffible d'y obferver commo- dément les matières en fufion, M. Tillet seft procuré cet avantage en faifant un léger changement au cendrier du four- neau d'eflais. Au lieu de tirer l'air des.trois ouvertures qu’on y pratique pour l'ordinaire, tant aux côtés que fur le devaut, il ferme ces ouvertures , perce le plancher même du cendrier, qui eft proprement la bafe du fourneau d'eflai, adapte une grille à cette ouverture, & place enfuite ce fourneau fur l'em- bouchure d’un autre fourneau de fufion ordinaire, bâti en brique, où le feu eft animé par un courant d'air qui eft tiré d’une rue ou d'une cour : un long tuyau adapté à l'extrémité * fupérieure du fourneau d’effai, contribue encore à l'accéléra- tion du courant d'air, & le feu en devient plus a&if, Il réfulte du Mémoire de M. Tillet, indépendamment des obfervations qui tiennent à quelques points de fimple méca- L ji 84 Histoire DE L'ACADÉMIE Royare nifme ; 1.° que les matières d'argent dont on fait effai, font conftamment à un titre plus haut que celui qui eft indiqué par l'Effiyeur, & que ce vice dans l'opération qu'on emploie » eft néceffairement attaché ; 2.’ que le bouton d’eflai mis à une nouvelle épreuve; peïd toujours une partie de fa mafle à quelque degré d'afnage qu'il foit parvenu; 3° qu'il eft avantageux de ménager le plomb dans ce genre de travail, & d'en proportionner da quantité à celle de falliage que les matières contiennent ; 4° qu'une chaleur exceflive & long- temps foutenue, peut occafionner une perte fenfible fur l'argent le pluspur, lui faire éprouver une forte de fublimation , fur- tout fi l'on y joint une matière très difpofte par elle-même à fe volatilifer; 5 enfin, qu'il y a lieu de préfumer que la perte conflante qu'on éprouve en effayant l'argent le mieux affiné, vient de la petite quantité de fin qu'abforbent les coupelles à mefure que la litharge sy imbibe ; & quele vrai moyen de conflater ce fait curieux, feroit de reflufciter La ditharge, & de lui faire reftituer , par une feconde opération, le fin qu'elle auroit entrainé dans fa coupelle, SUR LA MALADIE DU MAÏS ou BLÉ DE TURQUIE. Ï L eft rare qu’en fe livrant à un certain genre d'obfervations w. 1e Men, & dans les circonftances mêmes où un feul objet inté- p.254: reffant occupe fortement Y'efprit, on ne détourne pas quel- quefois fes regards fur ce qui fe préfente de fingulier dans Vordre des chofes auxquelles on s'applique, & qu'on ne foit pas tenté de l'approfondir fans négliger néanmoins l'objet principal. M. du Hamel & Tillet furent chargés par l’Académie, en 1760, de fe rendre en Angoumois pour y, oblerver les papillons qui font depuis long-temps le fléau des moiflons de cette province, & pour y chercher les moyens d'arrêter, s'i eft pofñble, les ravages confidérables que ces infeétes y font; le Public a été inftruit du travail de ces deux Académiciens & des expériences où leurs obfervations les ont conduits. Le foin de veiller à ces mêmes expériences, exigea que M. Tillet reftit en Angoumois pendant les mois de Septembre & d'Oftobre de l'année 1760 : ce fut alors qu'il eut occafion de confidérer la maladie du maïs ; il recueillit plufieurs pieds de cette plante qui en étoient attaqués, & les mit fous les yeux de l’Académie en lui rendant compte de fes obfervaiions. M. Tillet remarque avec raifon que, pour parvenir à Ja connoiflauce exacte des maladies des plantes, il eft néceffaire de les bien étudier chacune en particulier, de fe rendre très- attentif aux fymptômes qui leur font propres & de ne pas trop s'arrêter à certains accidens extérieurs pour établir une analogie entre la maladie d’une plante & celle à laquelle une autre eft fujette, L ii 86 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Il eft aflez d'ufage, par exemple, de défigner la maladie du maïs, ainfi que celle du froment & de quelques autres grains farineux, fous les noms de sielle, de pourriture, &c. & ce font d'abord ces noms vagues & trop généraux qui conduifent à les confondre : cependant elles n'ont aucune reflemblance , quant au fond ; les fuites en font abfolument différentes; & nous verrons fur-tout que celle du maïs n'a rien de contagieux, tandis que les grains de froment attaqués de la carie font par eux - mêmes un principe de corruption pour les grains les plus fains de certe efpèce qui ont été mélés avec des grains corrompus, Pour peu qu'on fafle attention à la maladie du maïs, on voit qu'elle a des caraétères qui lui font particuliers, & qu'elle exige une claffe à part ; elle fe déclare par une protubérance plus ou moins forte dans la partie attaquée ; les fucs s'y portent avec furabondance, & les utricules du tiflu cellulaire font exceflivement gonflés ; les parties voifines de celle où le mal réfide, font maigres & quelquefois defféchées : l’excroiffance qui eft la fuite de cette maladie, ef fouvent de la groffeur d'une pomme, & l'excède quelquefois ; elle eft blanche, charnue, & fait corps avec la plante; bientôt elle devient fpongieufe & fe convertit en fe defféchant en une pouffière noirtre qui approche aflez de celle du lycoperdon. Quoique la tige & épi foient plus communément frappés de la maladie que les autres parties de la plante, cependant celles-ci en font quelquefois attaquées , & les étamines mêmes y font fujettes. C'eft dans le Mémoire même de M, Tillet qu'il faut con- fidérer en détail ce qui caractérife cette maladie, & la fépare vifiblement de toutes celles que nous obfervons dans plufieurs plantes. L’ergor , entrautres, qui femble le plus fe rapprocher de la maladie du maïs, a cela de particulier qu'il ne fe montre que fur le grain, ou plutôt qu'il n'eft, à proprement parler, qu'un grain monftrueux , tandis que les excroiffances du maïs, dont il eft queftion, font remarquables, comme nous l'avons dit, fur les différentes parties de cette plante, & finifient DUENSILSMQNIEURIC ETS 87 d'ailleurs par pafler à un état qui n’a aucun rapport avec celui de /'ergor. | M. Tillet ne put pas encore fe rendre certain, en 1760, fi là maladie du maïs étoit contagieufe où non ; les expé- riences qu'il avoit faites précédemment fur le germe bien réel de corruption que contient la pouffière des grains de froment cariés, & fur Îles moyens d'en prévenir la contagion, ce premier travail le rendoit attentif à ce qui avoit l'apparence d'un mal aflez actif pour fe communiquer par la voie d'une fimple pouflière, & aux remèdes dont il feroit poffible de faire ufage , au cas que fes craintes fuffent fondées. Ce ne fut qu'en 1761, dans un fecond voyage qu'il fit en Angoumois avec M: du Hamel, qu'il tenta quelques expériences à ce fujet, & trouva que comme l1 maladie du maïs & celle du froment , n’ont prefqu'aucun rapport à l'extérieur , elles n’ont point auffi des fuites pareilles, quant à la communication du mal, & chacune relativement aux plantes qu'elles attaquent. Cet éclairciflement étoit d'autant plus important , que l'ac- cident auquel le maïs eft fujet, a lieu beaucoup plus fouvent fur les pieds vigoureux, que für les pieds foibles, & que la contagion n'y produiroit par conféquent que des effets plus funeftes , fi la pouffière noirâtre en laquelle {es excroiffances du maïs dégénèrent , avoit quelque chofe de peftilentiel. On voit, par le détail des expériences que M. Tillet a faites pour s'aflurer du fait dont il s'agit, que non-feulement œtté pouffière noirâtre du maïs n'a rien de dangereux pour les grains de cette plante, qui en ont été faupoudrés, & qu'on a femés enfuite, mais encore que des plantes de là même elpèce qui languifloient en apparence, ou qui fmbloient annoncer quelque vice par leur port extérieur, & que M. Tillet tranfplanta du champ où elles avoient été axrachées dans un jardin où il les cultiva, on voit, dis-je, que ces plantés ne furent point attaquées par la maladie : il y aplus, des grains altérés en partie, dont le bout étoit noir, & qui mavoient de fain que le germe, ont donné des plantes fur lefquelles il n’y avoit aucun accident, loin qu'elles & 88 Hisroire DE L'ACADÉMIE RoYALE reflentifient des défauts extérieurs des grains dont elles avoient tiré leur origine. M. Tillet parle d’une trace légère de maladie que portoit une des plantes qu'il cultiva après l'avoir tranf plantée; mais elle fe borna à f1 peu de chofe , qu'elle ne mérita qu'une attention pafagère de la part de M. Tillet, & lui laifla toujours lieu de conclure d’une manière pofitive que la pouffière des excroiffances du maïs n'a rien de contagieux. Il feroit très-utile fans doute de connoître la caufe & le remède de cette maladie, qui occafionne quelquefois une perte aflez confidérable fur la récolte du maïs, & cette perte mérite d'autant plus d'attention , qu’elle tombe fur un grain qui entre dans la nourriture du pauvre, & fait fouvent fon unique reffource ; mais on ne fait point encore à quoi il faut attribuer cet accident fingulier. M. Tillet foupçonne, avec affez de vraifemblance , que ces excroiflances du maïs font dûes à une farabondance de féve qui fe porte vers certaines parties de la plante, & y gonfle avec excès les utricules du tiflu cellulaire. Alors l'organifation étant dérangée, les fucs féjournent dans les endroits où ils fe trouvent rafflemblés en grande quantité; ils y produifent des protubérances plus ou moins fortes, & finiffent par y croupir, d'où réfulte la mauvaife odeur de ces excroiflances, quand elles deviennent fpongieufes & com- mencent à fuinter, Le remède à un pareil mal, dans le cas où la caufe qu'on lui affigne ici feroit fa véritable, paroïît difhcile à imaginer. La plante en effet qui s'y trouve fujette, eft par fa nature très-vigoureufe & végète avec une force étonnante, quand le climat & le terrain lui font favorables : dès-lors, ce qui la caractérile avantageufement, femble entraîner une difpofition à l'épanchement de la féve ; la maladie naît d'un excès de vigueur, Peut-être d'autres expériences nous apprendront-elles dans la fuite que des circonflances particulières auxquelles on ne s'eft pas rendu attentif, des pluies abondantes, des terres humides, contribuent auffi à cet accident ; il ne feroit pas fans exemple qu'un fait di au hafard & faifi par un bon obfervateur, répandit DES SCIENCES, 89 répandit du jour fur cette matière, & décelât tout d'un coup une caufe qu'il froit au pouvoir des hommes d'écarter. por le cours de l'année 1760, M. du Hamel a publié un Livre qui a pour titre: des Jemis 7 Flantaïions des Arbres à de leur culture. Cet Ouvrage qu'on doit regarder comme une fuite du Traité des Arbres à Arbufles , par le même auteur, fait, avec celui-ci, partie du Traité complet des bois & des forêts, Dans le Traité des Arbres & Arbufles, M. du Hamel avoit donnéun tableau de l'économie végétale, en développant la nature des différentes liqueurs, & des vaifeaux qui les contiennent ; & l'organifation du bois, celle de l'écorce, des boutons, des feuilles, des fleurs, des fruits & des femences. La plupart de ces connoiffances dévoient précéder celles des femis & plantations. Le même Traité des arbres & arbufles, renfermoit des principes aflez étendus fur la culture & les propriétés de plufieurs efpèces d'arbres ; mais cette matière, loin d'y avoir été épuifée, n’y étoit confidérée que relativement aux arbres qu'on élève pour des ufiges particuliers, comme le murier, l'olivier, &c. Dans celui dont nous parlons, M. du Hamel à principa- lement en vue les arbres forétiers, & en général ceux dont Vufge eft le plus étendu; mais quoique ceux-ci foient l'objet principal , on y en confidère encore plufieurs autres dont la culture, fans être d’une nécefité auffi grande, n'en eft pas moins utile. | , On fent affez que la matière préfente n'eft pas du nombre de celles qu'on puïffé traiter en peu de mots; tout doit être détail: notre extrait ne pourroit donc être fidèle fans fortir des bornes que le peu de temps dont nous avons pu difpofer, nous force de lui. donner. Si, à la néceflité des bois dans la navigation, dans lex- ploitation des mines, dans le travail des verreries, dans une Hif!. 1760. e M 96 HisTOIRE DE L'AGADÉMIE ROYALE infinité de Manufactures , dans les machines, éclufes, moulins ; charpentes, &c. on ajoute leur ufage dans plufieurs Arts, foit par rapport à leur matière propre, foit par rapport à leurs gommes, leurs réfines, &c. on fentira aifément l'utilité du travail de M. du Hamel; quant à fon étendue, on pourra s'en faire une idée jufte, en faifant attention qu'en confidérant feulement les efpèces d'arbres qu'on peut élever en pleine terre, on en peut compter plus de quinze cents efpèces. Le Traité des Semis & Plantations eft divifé en fix Livres: dans le premier, on examine quels font les terrains propres aux arbres, ce qui peut réfulter de lexpofition & du climat, & les raifons qui doivent décider dans Je choix des arbres qu'on veut planter. IL n'eft point queftion d'examiner quelles font les terres les plus propres à la végétation ; celles-ci ne doivent point être employées pour les bois, mais pour les productions de néceflité première ; cependant on fent très-bien que le nombre des terres propres aux plantations eft encore très- étendu : d'ailleurs 1 ne s’agit pas feulement ici de comparer ces terres entr'lles, cet examen doit être relatif à chaque efpèce d'arbre. Des règles générales en pareille matière , pour n'être point des chofes très-vagues, fuppofent fans doute bien des recherches, bien des expériences & des méditations profondes fur ces expériences, & l'on auroit peine à fe perfuader qu’on ait pu établir fur un fi grand nombre d'objets quelque chofe de précis, fi l’on ne favoit que l'Ouvrage des Semis & Plantations eft celui d’un Phyficien éclairé & le réfultat de plus de trente années d'expérience. Le climat & l'expofition qu'on doit donner aux arbres font encore deux objets importans; la chaleur & l'humidité influent beaucoup fur la végétation : tel arbre planté dans une bonne terre ne fait qu'y languir; lorfque placé dans un terrain humide, il y prend des accroiflemens rapides; tel autre, au contraire , fe plait dans un terrain fec & aride. Les montagnes & les vallons nous procurent les moyens de fatisfaire à ces différens cara@tères, : DIETSMSNCT'E NC ES or La connoiflance des diverfes températures d'air qui peuvent rélulter des pofitions refpectives de ces élévations & abaif- femens, peut donner à un Obfervateur intelligent prefque tous les climats différens dans un même lieu. Les réflexions de M. du Hamel fur tous ces objets également curieux & utiles, perdroient à être abrégés; c’eft dans le Livre même qu'il faut les fuivre. La nature du terrain, Favantagé de Fexpofition, font deux confidérations principales dans le choix des arbres qu'on fe propole de planter; mais il ft d'autres confidérations qui ne méritent pas moins d'attention. Si l'on n'a pour objet que de planter des jardins de propreté ou des parcs peu étendus, on doit préférer les arbres qui, par leur grandeur, la forme de leur tige & de leur tête, puiflent faire un bel effet, ceux qui fouffrent le croiffant & le cifeau lorfqu'on a deffein d'en former des portiques, des cloitres, des paliflades, &c; mais s'il s'agit de grandes plantations, on doit s'attacher aux arbres dont le débit eft le plus avantageux : à portée des arfenaux de Marine, des chantiers, on mettra des chênes qu'on laïfiera croître en futaie: dans les pays de vignoble, des bois qui puiffent fournir des échalas, des cerceaux, comme les ofiers ; à portée des forges, des bois propres à faire du charbon, &c. M. du Hamel expole dans le plus grand détail quels font les arbres qui peuvent le mieux fatisfaire à tous ces différens objets, & à plufieurs autres dont nous ne pouvons nous permettre l'énumération. Le fecond Livre traite des différentes manières de mul- tiplier les arbres : cette multiplication peut s'exécuter par plufieurs moyens, dont les principaux font les femences, les boutures, les marcottes, les drageons enracinés, &c. Les marcottes, les boutures & les drageons enracinés, fe trouvent fuffifamment expliqués dans le T raité de la Phyfique des arbres; l'objet de M. du Hamel eft aujourd'hui d'indiquer les efpèces d'arbres à l'égard defquelles on peut employer ces voies de multiplication. La multiplication des arbres par les femences n'ayant point M ÿ 92 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE été traitée dans cet Ouvrage avec la même étendue, & cette voie d'ailleurs étant fa plus naturelle, &c fouvent la plus avanta- geufe, M. du Hamel en traite ici plus à fond. Après avoir rappelé fommairement ce qui a été dit dans la Phyfique des arbres, fur la forme des femences, on indique ici à quelles marques on peut reconnoître {1 elles font parvenues à leur état de maturité, quelles attentions on doit apporter pour en faire un bon choix, relativement aux arbres qui les ont produites; cette difcuffion conduit M. du Hamel à examiner un principe prefque généralement admis par les Planteurs ordinaires ; ce principe eft qu'on doit toujours préférer les femences les plus groffes dans leur efpèce. M. du Hamel rapporte plufieurs faits qui limitent beaucoup ce principe, ou plutôt qui font voir que la grofleur des femences n’eft point du tout le figne caraété- riflique de leur bonne qualité. L’ige des arbres dont on recueille la femence que l'on veut employer, eft encore une confidération que lon regarde communément comme très-importante ; M. du Hamel ne penfe pas ainfi. ï La manière de recueillir les femences , les précautions qu'on doit employer pour les garder jufqu'au temps où on doit les mettre en terre, la faifon la plus avantageufe pour les femer, l'examen des circonftances où on doit les faire germer dans le fable avant de les méttre en terre ; tous ces objets font examinés dans ce fecond Livre, avec tout le détail qu'on peut defirer, & fouvent accompagnés de la comparaifon des méthodes qu'on y propofe, avec celles qui font pratiquées ailleurs, & des raifons de préférence de celles-là à celles-ci. Dans le troifième Livre, on confidère les arbres depuis qu'ils font femés, jufqu'à ce quils foient en état d'être plantés au lieu où ils doivent refler ; le choix des terrains propres aux pépinières , la manière d'y élever les arbres, le temps qu'ils doivent y refter, font les principaux articles qui font la matière de ce Livre. : Le quatrième Livre eft defliné à expliquer en détail tout ce qui concerne la plantation des arbres, DE Spa L'EN4AG ES es 03 M. du Hamel expofe des méthodes qu'on doit fuivre dans Ja plantation des maflifs, des remiles, des garennes, &c. les différentes fortes d'arbriffeaux dont on peut des garnir, {lon que les propriétaires ont plus ou, moins le temps ou fa volonté d'attendre ; les plantations des paliffades & des haies qui bornent Jes héritages , celles des jardins, foit par rapport à l'utilité, foit par rapport à la décoration. Quoique cette partie de l'Architecture qui enfeigne à planter les jardins avec goût & intelligence , n'entre point dans le plan de M. du Hamel, on trouvera néanmoins, à cet égard , des principes généraux qui pourront être utiles aux propriétaires éloignés des grandes Villes, & qui ne font point à portée de confulter les Architectes. La plantation des grandes avenues, des quinconces, des lifières qui ornent ies campagnes, terminent ce quatrième Livre, . À ces détails fuccède, dans le cinquième Livre, la manière de former les forêts ou les bois d’une grande étendue; c'eft Tobjet principal , & fans doute le plus utile de ce Traité, On y examine d'abord quelle répartition on doit faire du terrain ; en femant une étendue de terrain un peu confidérable, il,ne fuffit pas deréferver les chemins néceffaires, &.les voies publiques ; en çoupant une forêt par des routes bien diftribuées & point trop -multipliées , non-feulement on fe procure des promenades agréables & des communications commodes pour la chafle, mais en méme-temps on ouvre à fair un paflage libre , qui! contribue. beaucoup. à rendre les arbres plus vigou- reux ; on fe ménage des débouchés, pour le tran{port des bois; on,rend plus aifées les. divifions par, ventes .& coupes réglées ; enfin, ce qui n'eft pas, moins important, on fe prépare des coupures pour arrêter les incendies. Les principes établis dans les Livres précédens , font égale- ment applicables à la plantation & à la culture des forêts; mais l'économie devient encore. ici plus nécefaire : dans les grands objets, il faut conçilier les facultés des, propriétaires avec les vues qu'ils { propolent, | | M ii 94 HiSTorRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour fournir les moyens de fatisfaire à cette confidération ; M. du Hamel joint aux préceptes qu'il donne, des exemples tirés d'un grand nombre d'expériences qu'il a faies fur la façon la plus économique de femer, planter & muliplier les bois, & de défricher les terrains incultes. A fes propres expériences , il ajoute ce qui a été pratiqué en diverfes provinces par-des perfonnes exercées & éclairées , additions d'autant plus convenables, que les circonftances n'étant pas les mêmes par-tout, la diverfité des méthodes ne peut que donner au Livre qui les renferme, une utilité beau- coup plus générale. Quelques attentions qu'on apporte à bien faire les femis; toutes les différentes parties du terrain ne donnent pas toujours un égal fuccès. M. du Hamel indique comment on doit fe conduire dans la recherche des moyens néceffaires pour y fuppléer. Après avoir parcouru toutes les différentes parties de Ja culture des forêts, M. du Hamel termine fon cinquième Livre, en remettant fous les yeux des Lecteurs les motifs les plus puiflans pour engager les propriétaires à élever des bois dans ceux de leurs terrains qui font le moins propres aux autres productions. Leur intérêt propre, celui de leurs enfans, enfin le bien public, ne peuvent manquer d’être préfentés avec force par un homme chez qui ce dernier motif eft fi puiflant, Le fixième Livre enfin, traite de l'entretien des bois & du rétabliffement des forêts dégradées. Les moyens de prévenir les incendies, & d'y apporter remède lorfque cet accident arrive ; l'examen des caufes de dégradation ; les précautions néceflaires pour procurer au public des bois de fervice; quelques réflexions fur l'exploitation des bois, font les prin- cipaux points que M. du Hamel traite dans ce fixième Livre. À a fuite de cet Ouvrage, on trouve trois fortes d'addi- tions ; l'une appartient à l'ouvrage même ; la feconde au Traité des Arbres & Arbuftes ; & la troifième à la Phyfique des Arbres, DES SCIENCES. 95 C ETTE année, M. Deparcieux a publié un Ouvrage fous ce titre: Addiion à l'Æffai fur les probabilités de la durée de la vie humaine. Les fommes que l'on place à fonds perdu , doivent produire un intérêt proportionné à la valeur du fonds & à l'âge du Rentier. La valeur ab{olue du fonds , & l'intérêt qu'il doit produire ; eu égard à la quantité de ce fonds , n'ont pas conftamment un même rapport l'un à l'autre : ce rapport dépend beaucoup des circonflances dans lefquelles fe trouvent Emprunteur & le Rentier, de la rareté ou de l'abondance des efpèces, &c. L'intérêt confidéré par rapport à l'âge du rentier, a quelque chofe de plus fixe, il dépend de la durée de la vie moyenne du rentier; & quoique cette durée ne foit pas la même pour chaque âge dans différens pays , elle paroït, du moins pour un même pays, ètre fenfiblement la mème. Quoique le rapport de Ja valeur abfolue d’un fonds à l'in- térêt qu'il doit produire lorfqu'on fait abftraction de l’âge du Rentier, foit fujet à des variations, ces variations néanmoins font aflez limitées : ainfi une Table deftinée à repréfenter les rentes viagères , & qui feroit conftruite dans la fuppofition que Targent placé à rente perpétuelle dût produire le denier 20, une pareille Table, dis-je, ne ferviroit à la vérité que dans cette fuppofition particulière ; mais il feroit fuperflu d'en conf- tuire pour toutes les fuppofñitions qu'on peut faire fur l'intérêt de l'argent placé ainfi à rente perpétuelle : cet intérêt ne varie guère que du denier 20 au denier 1 8 & au denier 1 6. C’eft dans ces hypothèfes que M. Deparcieux avoit conftruit les Tables qu'il a données dans fon Effai fur les probabilités de la durée de la vie humaine, & dans lefquelles il a calculé ce que doit produire de .rente viagère un fonds placé à un âge propofé. Dans l'addition dont il s’agit aujourd’hui, M. Deparcieux a confidéré une autre manière de placer un fonds, manière 96 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE onéreufe à l'emprunteur , au moins en la refferrant dans certaines limites. Si on conçoit qu'un rentier place, dans un très-bas âge, une fomme quelconque dont il puifle fe difpenfer de toucher les intérêts, & qu'il la place fous cette condition que l'intérêt dû chaque année foit regardé conime un nouveau fonds qui, avec le premier, lui produira pro- portionnellement à la totalité du fonds & à l'age qu'il aura, on fent qu'il viendra un temps où le rentier acquerra une rente qui pourra être la moitié de fon fonds, égale à ce fonds, ou double , ou triple, &c. M. Deparcieux s’eft propolé de calculer pour chaque âge, depuis trois ans jufqu'à quatre- vingt-quatorze, quelle féroit fa rente dûe à chaque âge du rentier, sil confentoit à ne point toucher les intérêts jufqu'à cet âge, Par ce calcul, qui a été fait en prenant Ia rente füucceffi- vement au denier 20, au denier 18 & au denier 16, ïül paroïit qu'une fomme de 100 livres, placée au denier 20 & à l'âge de trois ans, produiroit 100 livres de rente à quarante- cinq ans & demi ou environ; qu'à cinquante-quatre ans, elle en produiroit 200; à cinquante-huit, 300 , à foïxante-neuf, 1000 ; & enfin qu'elle produiroit à quatre-vinot-quatorze ans 6 millions 134 mille 69 livres de rente. On voit par -là que le terme jufqu'auquel l'emprunteur peut adopter les conditions de cette nouvelle manière, n’eft pas fort étendu; qu'au contraire un rentier peut y trouver un bénéfice exhorbitant : mais comme if n'eft pas à craindre qu'aucun emprunteur confentit à cet arrangement jufqu'à quatre-vingt-quatorze ans ; bornons-nous à envifager l'utilité des Tables de M. Deparcieux, dans des cas qui peuvent avoir lieu. If eff certain qu'une pareille conftitution deviendroit très-avantageufe pour des perfonnes qui pouvant économifer für leur travail une certaine fomime , la’ placeroient en diffé- rentes parties, & fous la condition de toucher la rente de ces différentes parties , à différentes époques. Lorfqu'à un certain âge les befoins augmentés, & la faculté de travailler diminuée, exigeroient dés fecours , on les trouveroït , par cette nouvelle difpofition , L DES SCrENCrSs. difpofition, augmentés à proportion de ce que les beloins auroient augmenté ; ces Tables peuvent avoir plulieurs autres ufages très-utiles. Ces mêmes Tables préfentent encore l'état du rentier à chaque âge, c'eft-à-dire ce qu'il devroit recevoir fi on jugeoit à propos de le rembourfer à un certain âge, ou, ce qui revient au même, ce que devroit lui payer une perfonne de cet âge qui voudroit fe mettre à fa place. Nous avons dit ci-deflus, que l'intérêt qu'un fentier étoit en droit d'exiger, eu égard à fon âge, dépendoit de la durée de la vie moyenne à chaque âge ; cette durée fe détermine par les lifles mortuaires : quoiqu’on fe foit beaucoup OCCUPÉ de cet objet depuis un certain nombre d'années, on n'a pas encore atteint toute l'exactitude qu'on pourroit defirer. IL froit fort à fouhaiter que les Curés de chaque paroifle, formaffent des liftes exactes du nombre & de l’âge des perfonnes de chaque fexe qui meurent chaque année; M. Deparcieux, par fes invitations, sen eft déjà procuré quelques-unes, qu'il a jointes aux Tables dont nous avons fait mention ci - deflus. C'eft de la multiplicité de ces liftes pour chaque endroit que dépend la détermination exacte de la durée de la vie moyenne, & par conféquent de la fixation du prix des rentes viagères. If eft de l'intérêt public que ceux qui font à portée, par leur état, de faire ces obfervations, veuillent bien les recueillir & les communiquer, foit à l'Académie, foit à toutes les autres per- fonnes qui pourroient en faire ufage. e Æif 1760: | : N V. les Mém. pe 283. 98 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE lee = | ARIL .C:ÉESRIBUE SUR LES SÉRIES INFINIES Dont tous les Numérateurs font égaux 7 dont les Dénorninateurs font des puiffances des termes de la fuite naturelle des nombres, pris de deux en deux, de trois en trois, dc. ‘Dé en travaillant à quelques recherches fur la caufe du chaud & du froid, que M. de Mairan découvrit les rapports des différens termes de ces féries, dont il déduit fr finplement, comme nous allons le faire voir, la fommation des fuites partielles qui réfultent de ces termes, pris ainfi de deux en deux, de trois en trois, &c. Pour mieux faire connoître ces rapports, & la manière dont M. de Mairan en tire la fomme de ces féries , imaginons qu'on écrive de fuite les termes de la fuite des quarrés des nombres naturels 2, 2,1, 1, 1 &c. fi on confidère ces termes avec attention, on verra que les termes pairs ENST &Ce font refpectivement le quart du premier, du fecond, du troifième terme, &c. de. cette fuite; ce que M. de Maïran rend fenfible, en faifant correfpondre tous les termes de a nouvelle fuite à ceux de la première. En effet, on voit alors évidemment que chaque terme de celle-ci contient exaéte- ment quatre fois le terme correfpondant de l'autre. Il fuit de- à, avec la même évidence, que fr ces deux fuites font pro- longées à l'infini, la fomme des termes de la première fera à celle des termes de la feconde, comme 4 à 1. On verra de même que la férie partielle, formée des termes +, -E, +, &c. pris de trois en trois aux impairs, fera le neuvième de {érie totale ; ainfi de fuite. Si l'on veut en outre favoir le rapport DES SCrENCESs. 99 qu'il y a entre la férie des termes impairs +, +, 2, -L, &c. & celle des termes pairs +, —, ==. CT &c. rien ne {era plus facile ; car la férie compofée de ces deux féries étant à a feconde comme 4 à 1, il s'enfuit que celle des termes impairs eft à celle des termes pairs comme 3 à 1; puifqu’en retranchant cette dernière férie de la férie générale, on a 3, qui exprime le rapport de la férie des nombres impairs à celle des nombres pairs. Cette manière de comparer les fommes de ces féries eft neuve, ingénieufe & aufli fimple que folide; M. de Mairan fait voir qu'elle s'étend aux puiffances plus élevées que le quarré; mais comme fes raifonnemens font eux-mêmes très-fimples , nous renvoyons à la leéture du Mémoire, SUR UNE NOUVELLE ANALYSE DE LA MORTALITÉ Caufée par la petite Vérole, à des avantages de l'Inoculation pour la prévenir. UOIQUE les avantages de l’Inoculation euffent déjà été amplement difcutés, il faut cependant convenir qu'on n'avoit point encore donné la méthode qui doit diriger dans le calcul de ces avantages. En laïffant à part les rifques que * JInoculation peut faire ou ne pas faire courir, & confidérant cette pratique, uniquement comme un moyen afluré de garantir les hommes de la petite vérole naturelle, on fent affez qu'il y auroit un gain réel à fe faire inoculer ; mais on fent auffi que ce gain neft pas le même à tout âge. Le rifque de prendre la petite vérole naturelle, paroît s'étendre jufqu'à ta fin de la vie, ainfi que celui d'en mourir ; on ignore fi cha- cun de ces deux rifques eft toujours le même, ou, s'il eft variable , on ignore felon quelle loi il varie ; mais quand même ces deux derniers objets auroient été bien connus , il eft certain que jufqu’ici on ne lesavoit point employés d’une manière convenable dans le calcul des avantages de Finoculation ; & N ÿ V. Jes Mém, pans 400 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE c'eft cependant fur ces deux points qu'il porte effentiellement. D'ailleurs ces rifques ne font pas par-tout les mêmes; on dit affez communément que la petite vérole naturelle emporte Ia treizième ou la quatorzième partie de chaque génération ; & quelques liftes indiquent même plus que la treizième partie. Qn fait encore que cette maladie enlève environ la feptième où la huitième partie de ceux qu'elle attaque, dumoins lorfqu’on prend la proportion fur un grand nombre d'épidémies; car if y en a qui enlèvent jufqu'au tiers & au-delà, des fujets attaqués, tandis que d’autres n'emportent que la vingtième, trentième ‘Où quarantième partie, Müis cette proportion moyenne eff différente en Angleterre, de ce qu'elle eft à Paris; différente à Paris de ce qu'elle eft à Bâle; & ainfi dans plufieurs pays. Le rapport de la mortalité de la petite vérole naturelle, à la mortalité entière du genre humain, eft en Angleterre celui de 1 à 14: par des lifles de M. Sufmilch, ce rapport eft de 1 à 13 + pour Londres ; de 1 à 12 À pour Vienne; de r à 51 + pour Berlin; & de 1à10 + pour Breflaw; mais ces derniers rapports ne doivent pas être regardés comme parfaitement exaéls, parce qu'ils font fondés fur deux ou trois ans feulement, pendant lefquels il peut y avoir eu une épidémie un peu forte. Il feroit fort à defirer qu'on füt exactement tous les rapports moyens pour différens lieux ; le feul parti qu'il y ait à prendre, quant à préfent, c'eft de former les hypothèfes les plus vrai- femblables : voici celles que M. Daniel Bernoulli a choifies, I! fuppofe que le danger de prendre la petite vérole naturelle eft le même pour chaque année de la vie: cette hypothèfe éft conforme à l’obfervation pour tous les jeunes gens jufqu’à feize & même vingt ans ; & quoiqu'au premier afpeét de ce terme elle ne paroifle pas auffi vraifemblable au-delà, M. Bernoulli fait voir qu'elle n’en eft pas moins exaéle : en effet, s'il eff vrai que le nombre de perfonnes attaquées de la petite vérole au-delà de vingt ans diminue à proportion qu'on s'éloigne de cet âge; il faut faire attention que c'eft parce qualors le plus grand nombre en a déjà été atteint. PES USICIENCES 107 La feconde fuppofition que fait M. Bernoulli, eft qu'à quelque âge quon prenne la petite vérole, le danger d'en mourir eft toujours le même : on eff affez d'accord fur cette fuppofition pour les perfonnes au-deflous de vingt ans. Au-deflus de cet âge, on la regarde ordinairement comme plus dangereute ; & à cet égard, l'hypothèle de M. Daniel Bernoulli demande un examen plus paticulier, qu'il fait enfuite & dont nous aurons occafion de parler. Le but de M. Bernoulli étant de féparer de la mortalité entière, ce qui eft dû à la petite vérole naturelle, if s'attache d'abord à fixer la première de ces deux mortalités : c’eft en confultant les liftes mortuaires faites dans différens pays. Ces lifles repréfentent combien, fur un certain nombre de perfonnes, en meurt à chaqué année d'âge, jufqu'à la mort du dernier ; on y regarde tous les fujets qui y font compris comme nés dans le même temps. Pour remédier aux inégalités qui doivent naturellement affedler ces fortes de liftes, on prend un milieu entre les réfultats de plufieurs liftes annuelles femblables : M. Halley a donné une Fable des mortalités, à laquelle après un examen fuffant, M. Bernoulli croit devoir s'arrêter, en. réformant cependant, fur de meilleures obfervations, la mor- talité pour li première année de la vie, qu'il établit telle, que fur 300 enfans nouveaux nés, 1000 parviendront à l'âge d’un an. Tous ces préliminaires difcutés, M. Bernoulli entre dans: examen analytique de la queflion ; cet examen confifle à chercher la relation qu'il doit y avoir entre lâge, le nombre des furvivans à cet âge, le nombre de ceux qui n'ont pas eu: la petite vérole, le rifque que l'on court à chaque âge d'avoir cette maladie, & le rifque que l'on court pareillement à chaque âge d'en mourir. L'accroiflement que reçoit dans un efpace de temps déterminé le nombre de ceux qui ont eu la petite vérole, dépend du nombre de ceux qui mont pas encore eu cette: maladie, du temps pendant lequel on confidère cet accroif- fement , du nombre de perfonnes qui peuvent mourir pendant ïi] ro2 HisToiRE DE L’ACADÉMIE ROYALE ce temps, par les autres maladies, & du rifque qu'il y a d'avoir fa petite vérole à un âge déterminé, C'eft en combinant les rapports de ces différentes caufes; que M. Daniel Bernoulli parvient à une équation qui exprime la relation générale qu'ont entr'elles les quantités dont nous venons de faire mention. Ce favant Académicien n’a point fait entrer dans cette folution le rifque d'être attaqué plufieurs fois de la paite vérole , rifque qu'il paroït révoquer en doute, & qui d’ailleurs, vu le petit nombre d'exemples qu'on en peut citer, ne pourroit avoir qu'une médiocre influence fur les conféquences qu'on peut tirer de fa folution. Cette folution, envifagée analytiquement, offre plufieurs remarques curieufes pour les Géomètres , mais il faut les voir dans le Mémoire même ; nous nous bornerons aux réfultats numériques & à lufige qu'en fait M. Bernoulli. Quoique M. Bernoulli ait fuppofé que le rifque d'être attaqué de la petite vérole & le rifque d'en mourir fuffent les mêmes à chaque âge, il n'a cependant point limité fa folution à aucune détermination particulière de chacun de ces deux rifques ; de forte que cette folution devient par -là applicable aux différens lieux dans lefquels l'obfervation démontreroit que ce rifque n'eft pas le même pour un même âge. Cependant pour comparer fon calcul à l'obfervation, M. Bernoulli donne à chacune des quantités qui dans fon calcul repréfentent ces deux rifques, des valeurs particulières fondées fur Le plus grand nombre d’obfervations: il fuppole, par exemple, que la petite vérole attaque chaque année, une perfonne fur huit, & que de huit attaquées, il en meurt une, D'après cette fuppofition &c fes calculs, M. Bernoulli conftruit une Table, dont la première colonne repréfente les années d’âge ; la feconde indique le nombre de ceux qui reflent en vie à chaque äge, fur le nom- bre de 1 300 ; la troifième donne le nombre de ceux qui à cet âge ne doivent pas avoir encore eu la petite vérole ; la quatrième donne le nombre de ceux qui ont échappé à la petite vérole, & qui ne font pas morts par aucune autre maladie ; DES UBINE NC Es 107 Ja cinquièmé colonne marque le nombre de ceux qui proba- blement auront pris la petite vérole pendant l'année précé- dente ; la fixième marque le nombre de ceux qui auront la petite vérole pendant l'année dont il s’agit ; la feptième exprime la fomme de tous ceux qui font morts de la petite vérole depuis la naiffance jufqu'à chaque année d'âge accomplie; la huitième indique le nombre de ceux que toutes les autres maladies, hors la petite vérole, enlèvent pendant chaque année courante. Il réfulte de cette Table, qu'à l'âge de fix ans accomplis, le nombre des furvivans eft également compolé de gens qui n'ont pas eu la petite vérole & de gens qui l'ont eue : qu'à quinze ans il ne refte plus qu'environ un fixième des furvivans qui n'ait pas eu cette maladie, ce qui revient à un douzième de la génération entière ; en forte que pour chaque nouveau né, ya 11 contre 1 à parier qu'il aura la petite vérole avant l'âge de quinze ans ; & il y a 39 contre 1 à parier que chaque nouveau né prendra la petite vérole avant vingt- quatre ans. Les hypothèfes de M. Daniel Bernoulli, ne s'étendent à la rigueur, ainfi que nous l'avons obfervé ci-defius, que jufqu'à vingt-quatre ans; mais en les comparant à l’obfervation, on peut les étendre au-delà, en fuppofant que le nombre de ceux qui n'ont pas eu la petite vérole, diminue de moitié tous les cinq ans ; d'où il réfulte que fur une génération de 1300, il n'en refle plus qu'un à quarante-neuf ans qui n'ait pas eu la petite vérole. Suivant ces mêmes calculs, il n’en refteroit que trente-deux à l’âge de vingt-quatre ans; fur ces trente-deux, il en faut compter trois feulement qui mourront de la petite vérole pendant cette année, parce que fuivant les mortalités ordinaires, il doit y en avoir huit d'emportés par d'autres maladies : joignant ces trois avec quatre-vinot-dix-huit que la petite vérole emporte avant l'âge de vingt-quatre ans, on a en tout 101 fur 1300, ce qui fait la treizième partie de la génération, & s'accorde . pufaitement avec l'expérience, La feptième colonne de cette même Table, fait voir que: to4 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de tous ceux qui meurent de la petite vérole, la moitié fera morte avant l'âge de cinq ans. Par la huiueme colonne, il Paroït que de douze à treize ans, le danger de mourir de toute autre maladie que de la petite vérole, eft moindre quà tout autre âge. La mortalité entière de la petite vérole, eft la treizième partie de toutes les mortalités entières ; mais fi on confidère ces mortalités d'année en année, le rapport change beaucoup; pendant là première année, il eft comme de 1 à 17 ; ïf augmente enfuite jufqu'à devenir celui de 2 à 3 vers lâge de neuf ans, après quoi il diminue ; ainfi à neuf ans, la petite vérole emporte les deux tiers de ce qu'emportent les autres maladies : à vingt-quatre ans elle n'enlève plus que Ja quinzième partie de ce que font toutes les maladies. Plufieurs autres comparaifons confirment le choix des hypothèles de M. Bernoulli. Ce favant Académicien pafle enfuite à l'examen de l'aug- mentation que recevroit la vie moyenne, fi tous les homines étoient garantis de Ja petite vérole naturelle. Pour trouver ce qu'on appelle la vie moyenne naturelle, on prend fur un grand nombre de perfonnes, la fonme des vies de chacun, & on divife cette fomme par le nombre des perfonnes. Pour trouver cette vie moyenne dans l'état non variolique; il faut d'abord déterminer quel feroit le nombre des perfonnes à chaque âge, fur une génération déterminée, & ayant fait une fomme de tous ces nombies, on la divife par le nombre des hommes de cette génération. C'eft dans cette vue que M. Daniel Bernoulli a confluit une feconde Table qui marque par année le nombre des furvivans dans l'état vario- lique, le nombre des furvivans dans l'état non variolique; & les différences de ces deux nombres; cette Table peut fervir à beaucoup d'autres ufages que M. Bernoulli fait con- noître, & qui peuvent être utiles pour réfoudre plufieurs queftions qu'on peut propoler concernant l'inoculation. Mais pour revenir à la vie moyenne, il réfulte des recherches de M. Bernoulli, que la vie moyenne, qui dans l'état variolique, : eft ee ee éd nr DES SEL EN CES 105$ eft de vingt-fix ans & fept mois, fe trouve de vingt-neuf ans & neuf mois dans l'état non variolique. Après avoir tiré plufieurs autres conféquences que nous ne pourrions apporter ici, fans nous étendre trop, M. Bernoulli s'attache à déterminer plus particulièrement les motifs qui doivent nous décider pour ou contre l'inoculation. Ï n’y a pas de doute que fi l'inoculation n'entraînoit aucuns rifques, il faudroit être dénaturé pour ne pas faire inoculer les enfans ; ainfi la difi- culté ne peut tomber que fur les rifques de l'inoculation : fur cela M. Bernoulli examine cette queftion, quel feroit l'état de l'humanité, fi moyennant un certain nombre de vitlimes, on pouvoit lui procurer une exemption de la petite vérole naturelle ! On voit bien qu'ici M. Daniel Bernoulli confidère l'inoculation par rapport à l'État, & non par rapport aux individus. La folution de cette queflion , qui paroït d'abord afez difficile, découle aflez facilement des principes de M. Ber- noulli; pour en donner une idée, fuppolons que le rifque de mourir de linoculation foit de 1 fur 200 (& cette fuppofition eft de beaucoup trop forte ) ; alors il eft vifible qu'il faudra diminuer dans le rapport de 200 à 199, les nombres qui marquent létat d’une génération, dans le cas où humanité feroit exempte de la petite vérole. M, Bernouili ayant donné la méthode de calculer ceux-ci, il eft facile d'en déduire avec lui, que le nombre des furvivans à l'âge d'un, deux, trois ans accomplis, fera fucceflivement 1012, 877, 831 fur 1300; or dans l'état non variolique, ces nombres feroient 1017, 882 & 833, dont les différences avec les premiers, font $, 5, 2, ceft-à-dire, fort petites; au lieu que dans l'état variolique naturel, ces différences feroient 17, 27, 35- On voit donc que dans ces trois premières années, par l'inoculation on facrifieroit douze viétimes, tandis qu'en fe foumettant à la petite vérole naturelle, on en facrifie foixante- dix-neuf; la différence eft encore plus frappante fur un plus grand nombre d'années; d’ailleurs ïl ne faut pas perdre de vue qu'on a exagéré Je nombre des victimes qu'on fuppole que l'on facrifieroit à l’inoculation, Hif, 1760. 10 * 106 HisToiIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Nous avons dit ci-deflus que, dans l'état naturel, la vie moyenne eft de vingt-fix ans & fept mois, & que dans l'état non-variolique elle feroit de vingt-neuf ans & près de neuf mois; en fuppofant toujours que l'inoculation enlève une per- fonne fur deux cents, on trouve qu'alors la vie moyenne feroit de vingt-neuf ans & fept mois: ainfi l'inoculation, dans cette fuppofition, ne diminueroit la vie moyenne que de deux mois fur ce qu'elle feroit fi l'humanité étoit abfolument à Fabri: du fléau de la petite vérole naturelle. M. Bernoulli ajoute plufieurs autres réflexions tendantes à prouver que quand on fuppoferoit même les rifques de l'inoculation beaucoup plus grands qu'il ne les a fuppofés, elle n'en apporteroit pas moins à PEtat un avantage qu'on ne doit pas négliger : à l'égard des particuliers, c'eft un problème qui * demande d'autres confidérations; les circonflances dans lefquelles ils peuvent { trouver demandent des calculs particuliers pour déterminer le parti le plus avantageux & l'âge fe plus conve- nable pour lInoculation. $ De ces réflexions, M. Bernoulli paffe à l'examen d’une objec- tion qui a déjà été beaucoup répétée; favoir, qu'en inoculant on répand la contagion d'une maladie qui auroit pu refter dans Y'inaction pendant plufieurs années. Sur cela ce favant Acadé- micien obferve d'abord, que l'humanité fe trouveroit peut-être mieux, fi la maladie en queflion devenoit épidémique & qu'elle exerçät fon activité uniformément fans la fufpendre: peut-être le retour d’une épidémie long-temps fufpendue fait-il plus de ravage dans une feule année qu’une épidémie uniforme n'en feroit pendant un nombre confidérable d'années. Mais en laiflant cette queftion à décider aux Médecins, M. Bernoulli attaque objection d’une manière plus directe & plus victorieufe, en comparant les deux infeétions, celle qui réfulte du cours or- dinaire de la Nature, & celle qui auroit lieu fr on inoculoit généralement tous les nouveaux nés. Dans le premier cas, fur 1 300 enfans il y en aura 800 qui, tôt ou tard , prendront la petite vérole, & $0o0 qui mourront fans avoir jamais eu cette maladie; dans le fecond cas, il y aura 1300 enfans ES D'ENSMASMENTIE NUC IS 'E 107 auxquels on donnera cette maladie, en fuppofant au'elle fifle fon effet fur tous: de forte que les nombres de malades, dans le premier & dans le fécond cas, feront comme 800 à 1300, ou comme 8 à 1 3 : mais l'infeétion des inoculés eft beaucoup moindre que celle de la petite vérole naturelle ; & ce n'eft pas outrer les chofes que de la fuppofer treize fois moins maligne que celle-ci, & alors le rapport de 8 à 1 devient celui de 8 à 1. D'ailleurs dans l'évaluation du deoré de l'infection, il eft néceffäire d'avoir encore égard à l'étendue de la furface du corps malade, & dans ce cas, eu égard à “tout, on doit fuppofer que la furface moyenne des gens atta- qués de la petite vérole naturelle eft quadruple de celle de tous les enfans nouveaux nés & inoculés tous à {a fois; de forte que l'infeétion dans les premiers fera trente- deux fois plus grande que dans les derniers. Il paroïît, d'après les réHexions de M. Bernoulli, que le temps le plus avantageux pour arracher par l'Inoculation un plus grand nombre de victimes à la petite vérole naturelle, eft celui de l'enfance: en effet, dès l'âge de cinq ans celle-ci a déjà enlevé Ja moitié de ce qu'elle doit moiflonner, & les trois quarts à l'âge de neuf ans. Le vrai temps paroït donc être celui où les enfans fortent de nourrice : l'Etat ne gagneroit peut-être plus rien fi on attendoit à l'âge de vingt ans ou au-delà, le bénéfice eft plus réel alors pour le particulier qui na pas eu la petite vérole. Nous terminerons ici cette analyfe du Mémoire de M. Bernoulli, dans lequel on trouvera encore l'examen de plufieurs autres queftions fur cette matière; queftions également inté- reffantes par leur uülité, par la fineffe & l'étendue des vues que l'Auteur y expofe, & enfin par la nouveauté de l'appli- cation de l'analyfe à ces fortes de queftionsa “ Se & O ij V. les Mém. P- 73: 108 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE D AE EEE ASTRONOMIE. 7 SUR LA PARALLAXE DU SOLEIL, Qui réfulte de la comparaifon des Obfervations fimulianées de Mars 7 de Vénus, faites en l'année 1751, en Europe à au cap de Bonne= efpérance. N a rendu compte dans plufieurs des volumes précédens du travail que M. l'abbé de la Caille avoit entrepris, & qu'il a exécuté pendant fon féjour au Cap de Bonne -efpérance : le Mémoire dont il s'agit aétuellement en fait aufli partie. Le paffage de Vénus fur le Soleil, eft, fans doute, une des occafions les plus favorables pour déterminer avec précifion la parallaxe du Soleil ; il eft plus facile d'afligner les limites des erreurs qu'on peut commettre, & par conféquent de déterminer jufqu'à quel point on peut compter fur les réfültats de cette obfervation: mais comme cette voie n'eft pas à Yabri de toute incertitude, il n’en eft pas moins important de mettre à profit toutes les autres reflources que l'Aflronomie peut fournir pour déterminer un élément aufli délicat. C'eft par cette confidération que M. Tabbé de la Caille, avant fon départ pour le cap de Bonne -efpérance, prévint les Aftronomes de l’Europe {ur le travail qu'il fe propoloit de faire, principalement pour la détermination de la parallaxe du Soleil, parla comparaifon des obiervations fimultanées de Mars & de Vénus. Cette invitation a produit un grand nombre d'obfervations correfpondantes à celles que M. l'abbé de la Caille a faites au Cap; il s'agit actuellement des conclufions qu'on peut tirer de ces obfervations pour la parallaxe du Soleil. Re. t: ‘à t # DES SCIENCES. 10 On doit bien penfer que dans une recherche auffi délicate, & dont le réfultat doit dépendre du foin & de l'adrefle de tant d'Obfervateurs différens , de la perfection plus ou moins grande, & des dimenfions des inflrumens & de plufeurs autres caufes ; on ne trouvera pas toujours un accord bien parfait : mais un Obfervateur intelligent & exercé, fait faifir les caractères qui doivent déterminer la préférence dûe à certaines obfervations. Cependant, quelque droit qu'eüt M. Jabbé de la Caille, de prononcer avec confiance fur cette matière, il prévient les Obfervateurs , dont il emploie le travail, que le defir de n'employer leurs obfervations que dans toute leur valeur, lui a fait différer long-temps la publication de fon travail, efpérant leur donner par -là le temps de publier tout ce qui pouvoit fervir à déterminer fon choix. . M. l'abbé, de la Caille procède d’abord à la recherche de la parallaxe du Soleil, par les obfervations de Mars, en n'em- ployant que les obfervations qui lui paroiffent les plus décifives, comme ayant été faites avec les inftrumens les plus propres & dans les circonfiances les plus avantageufes. Ces obferva- tions font celles qui ont été faites ; 1° par lui-même au cap de Bonne-efpérance; 2.° par M. Bradley, à Greenwich; 3.° par M. Zanouï, à Bologne; 4° par M. Cafini de Thury & le Geniil, à fObfervatoire Royal; s° par M. Wargentin, à Stockolm ; M. Strommer, à Upfl ; M. Schenmark, à Her- nofand ; M. Gadolin, à Abo, & M. Hellant à Tornet. Le détail de ces obfervations ne peut appartenir qu'au Mémoire même : if fuflit de dire ici que par un milieu pris entre vingt- neuf réfultats bien difcutés de ces obférvations, M. de fa Caille conclut 26,1 pour Ra parallaxe horizontale de Mars en oppofition, le 14 Seflembre 1751, & par conféquent 10",2 pour Îa parallaxe horizontale du Soleil dans la moyenne diftance de cet Aftre à la Terre. Après cette conclufion, M. l'abbé de la Caïlle examine les rélultats qu'on peut tirer des obfervations faites vers le même temps par d'autres Aftronomes ; ces obfervations font celles de feu M, Caffini & de M. Maraldi, faites à Thury ; O ii 110 HisToire DE L'ACADÉMIE RoYaAre de M. de l'Île, à Paris; de M.” Garipuy & d’Arquier, à Touloufe ; du P, Béraud, à Lyon; du P. Carcani & de M. l'abbé Sabatelli, à Naples; & de M. Boze, à Wirtemberg. Par un milieu pris entre quarante-trois déterminations fondées fur ces obfervations, la parallaxe horizontale de Mars, eft de 26,2 pour le 14 Septembre 175 1, ce qui s'accorde très-bien avec la détermination ci-deflus ; mais un accord qui mérite encore plus d'être remarqué, c'eft que la parallaxe de Mars déterminée par M. l'abbé de la Caille, coïncide parfaitement avec celle que M. Dominique Caffini conclud en 1672, de la comparaifon des obfervations faites à Paris & à Cayenne, & avec celle que Flamfiead déduifit en même-temps de fes obfervations des diflances de Mars à une même Etoile éloignée du Méridien à lorient & à l'occident. La détermination de Ia parallaxe du Soleil par celle de Vénus, dont M. l'abbé de la Caille s'occupe enfuite, n'eft pas fondée à la vérité fur un auffi grand nombre d’obferva- tions que la précédente, La faïlon dans laquelle efl arrivée la conjonction inférieure de Vénus en 1751, n'a permis qu'un très-petit nombre d'obfervations ; ce font celles de Greenwich, de l'Obfervatoire royal, de Thury, de Bologne & du cap de Bonne-efpérance. De ces obfervations, M. l'abbé de Ka Caille conclut de nouveau 10",2 pour la parallaxe horizontale du Soleil dans fa moyenne diftance. Ces recherches font terminées par celle de Ia parallaxe du Soleil, par la comparaifon des obfervations des hauteurs mé- ridiennes de cet Aftre & d’Aréturus, faites du 20 au 30 Juin 175 1 , ces obfervations donnent 9",94 pour la parallaxe horizontale, d :DNE si SIC EN CES) 11x SUPREME, RETOUR DE LA COMÉTE DE 1682, OBSERVÉ EN TS 0e ous avons park fi au long, dans l'Hifloire de 1759, V. les Mém. de l'apparition de la Comète fameule, prédite par M. p.53 & 380. Halley. & obfervée pendant cinq mois, qu'il ne nous refte prefque rien à y ajouter actuellement. Parmi les Mémoires de cette année, on en trouvera deux fur ce fujet qui ne furent lüs qu'en 1760, & qui d'ailleurs navoient pu avoir place dans le volume précédent à caufe de l'abondance des Mémoires qui s’y trouvoient: le premier eft de M. l'abbé de Ia Caille, le-fecond a été communiqué à l'Académie par M. de lIfle : Quoiqu'il contienne principalement les obfervations de M. Meflier, on voit que M. de Flfle avoit eu affez de part dans les méthodes qui y font expliquées pour avoir droit de le préfenter lui-même à l’Académie pour le faire inférer dans fes Mémoires, Le Mémoire de M. de la Caille contient la defcription du réticule rhomboïde ; efpèce de chaflis fait en lofange, qu'il plaçoit dans fa lunette pour comparer la Comète aux étoiles; il contient enfuite vingt-deux obfervations réduites & calculées fuivant lufage de M. f'abbé de la Caille, qui ne donnoit jamais fes obfervations à l'Académie fans y joindre les réfultats, Cet exemple, digne d'être propolé à tous les Aftronomes, ne peut guère être imité que par un Calculateur auffi infatigable que le fut M. de la Calle pendant toute fa vie; tout autre pourroit à peine y fufhre, & il vaut mieux publier des obfervations non réduites que de n’en point publier. Parmi ces obfervations, il y ena une, du 13 Avril, fort remarquable par la pofition de la Comète auprès de l'étoile A du Capricorne : cette oblervation fut faite dans un temps où l'on pouvoit à peine voir la Comète aflez bien pour déterminer exaétement fa pofition. Le Mémoire de M. Meffier, contient les calculs & les V.les Mém. p.98, 101, 1475 152; 157; 166. 112 HISTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE préparatifs que M. def'Ifleavoit faits pourtrouver cette Comète, les Tables qu'il avoit dreffées par avance pour fa ftuation, les oblervations qui lui ont été envoyées pat la plupart des Aflronomes avec qui if étoit en correfpondance , & celles de M. Mefier lui-même; les pofitions des étoiles qu'il a falle déterminer avant que de pouvoir trouver par leur moyen le lieu de fa Comète, & les rélultats que M. Meffier a tirés de chacune de fes obférvations, On jugera, par l'étendue de fon Mémoire, du travail immenfe que M. Meffier y a mis. Nous aurons occafion de parler encore des travaux de M. Meffier à l'occafion des Comètes de 1760. SUP RN VEVETS COMÉTÉS OBSERVÉES EN 1760. E Comètes obfervées au commencement de 1760, font la quarante-feptième & la quarante-huitième parmi celles que l'on a obfervées & calculées de manière à pouvoir les reconnoître exactement lorfqu'elies réparoïtront ; c'eft la pre- mière fois qu'elles ont été oblervées, ainfi nous ne fommes point en état de déterminer la durée de leurs révolutions ni de prédire leurs retours , cependant leurs apparitions ont été accompagnées de circonflances aflez remarquables pour que nous ayons cru devoir en parler dans cette Hiftoire, Le 8 Janvier au foir, le ciel qui depuis long-temps étoit couvert, . s'étant enfin éclairci, tout le: monde aperçut dans la partie du ciel la plus remarquable &c la plus connue, c'eft-à-dire dans la conftéllation d'Orion, une Comète fort apparente, environnée d’une chevelure qui paroifioit un peu moins large que la Lune: M. Maraldi s'en aperçut à l'Oblervatoire royal vers les fept heures & demie, tandis que M. Turgot de Brucourt l'ayant vue en paflant le Pont-neuf, alloit avertir M. l'abbé de la Caille de ce nouveau phénomène, Elle étoit alors fort près de l'étoile % qui forme l'angle inférieur à gauche du grand quadrilaière d'Orion, c'eft-à-dire k DES LSNCUIE NUCLE:S 127 la plus orientale & la plus méridionale des quatre, qui elt de feconde grandeur, & dont elle égaloit la lumière. On voyoit dans la lunette un noyau pañlablement terminé & une petite étoile au milieu de fa chevelure: cette petite étoile fit remar- quer à M. Maraldi, en moins d'une demi-heure de temps, que la Comète avoit un mouvement fort fenfible: M. Cafini de Thury, M. Maraldi & M. l'abbé Chappe difposèrent plufieurs Inftrumens & déterminèrent plufieurs fois fa pofition cette nuit-là, jufqu'à 1° 37° après minuit; ils reconnurent que dans l'efpace de 4h 20’, fon mouvement avoit été de 44 58" contre l'ordre des Signes, en afcenfion droite, & de 19 57’ en déclinaifon du midi au nord. M. de la Caiïlle, dans fon obfervatoire du Collége Mazarin; détermina auffi la pofition de cette Comète plufieurs fois dans la nuit, & tous ces Académiciens continuèrent à l’obfer- ver le o,le 12 & le 16 du même mois; elle fut obfervée à Mafeille par le P. Pézenas, beaucoup plus. long temps & jufqu'au 3 0 Janvier. M. de la Cuille a fait ufage de ces obfer- vations pour calculer l'orbite de cette Comète. Dès le fecond jour de fon apparition, c'eft-à-dire le 9 Janvier, cette Comète d'Orion avoit beaucoup diminué & de vielle & de lumière; elle ne reffembloit plus qu'à une étoile de quatrième grandeur; elle ne faïfoit par heure que 55 minutes au lieu de 72, & fix jours après, c'eft-à-dire le 15, fa lumière étoit devenue fr foible qu'il étoit prefque impoflble de Ja voir fans le fecours des lunettes; cependant M. de la Caiïlle l'obferva à Paris le 4 Février, & M. Maraldi la fuivit encore pendant plufiewrs jours, quoiqu’on eût peine à lapercevoir, même dans la lunette : lorfqu'on la perdit de vue, elle étoit éloignée de nous de 2£, ou un tiers de plas que la diflance du Soleil. Nous ne connoiflons que la Comète de 1472, dont la viteffe apparente ait approché de celle-ci ; aurefte, cette grande vitefle ne venoit que de la grande proximité de la Comète à Ja Terre, car le 8 Janvier, à 9 heures du foir, elle étoit quatorze fois plus près de nous que le Soleil. M. de la Caille Hifl, 1760. We x14 HISTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE - examima ce qui devroit arriver fi une Comète fe trouvoit auf près de nous que la Lune & qu'elle füt en oppofition dans fon périhélie; cette Comète paroïtroit décrire dans le ciel 142 degrés en une heure. Il pourroit fe faire qu'une Comète fe levant fur les 7 heures du foir , arriveroit au zénith en moins de trois quarts d'heure, & emploieroit enfuite plus de 4 heures à regagner l'horizon pour fe coucher. Les obfervations de M. Maraldi furent communiquées à TAcadémie le 9 Janvier, celles de M. de Thury le 1 6, celles de M. dela Caiïlle le mois fuivant , & celles de M. Chappe au mois d'Avril. M. de la Caille détermina les élémens de fon orbite, c'eft-à-dire le périhélie, l'inclinaifon & le nœud, & M. l'abbé Chappe donna enfuite ces mêmes élémens aflujettis à trois de fes obfervations. M. Pingré, dans un Mémoire lù le 6 Février, remarqua que cette orbite fe trouvoit avoir, à un degré près, le même nœud que la Comète de 1669; par fon périhélie elle n’en différoit que de 8 degrés, & par fa diflance, de -; de celle du Soleil, mais l'inclinaifon de la nouvelle Comète étoit plus grande de 16 degrés. M. Pingré penfoit que les attraétions planétaires pouvoient avoir altéré cet élément , mais M. de la Caille foutint, avec bien plus de vraifemblance, qu'un tel effet ne pouvoit avoir lieu, & que la Comète de 1759 étoit différente de celle de 1664. M. Pingré n'a rien voulu publier à ce fujet, jufqu'à ce qu'il eût appuyé fes doutes fur des calculs rigoureux. Une AUTRE CoMmÈTE fut encore obfervée en 1760; près de la confellation du Lion, dans le temps même où l'on obfervoit la précédente, que nous appellerons la Comere d'Orion pour la diftinguer de celle dont il s'agit actuellement : M. Pingré # . 1 . a appelé celle-ci la /econde Comête de 1759, & il appelle la Comète d'Orion la sroifiéme Comére de 1759, quoique l'une & l'autre n'ait été vue qu'en 1760, mais ces dénominations l RS ta LINE font relatives au paflage de chaque Comète par le périhélie. La célèbre Comète de 1682, prédite par M. Halley, attendue » P ( 3 avec tant d'impatience & dont nous venons de parler dans DES SétrENCESs rt l'article précédent de cette Hifloire, avoit pañlé à fon périhélie le 12 Mars 17 59: la Comète du Lion y paflale 27 Novembre & celle d'Orion le 16 Décembre: ainfi quoique la Comte d'Orion ait été vue & obfervée avant la Comète du Lion, elle n'eft que la troifième qui ait paflé fon périhélie en 1759 ; elle eft Ja quarante-huitième, fuivant le Catalogue qui fe trouve dans l'Aftronomie de M. de la Lande, page 118 9; & celle du Lion, qui n'a été vue que poftérieurement , eft placée la quarante-feptième, c’eft-à-dire qu’elle précède l'autre à raifon du temps où elle avoit été dans fon périhélie, ; La Comète du Lion, là quarante-feptième Comète, ou la deuxième de 1759, dont nous parlons aétuellement , fut obfervée le 25 Janvier 1760 , par M. Meffier, obfervateur habile formé par M. de l'ffle, choifr dès Fannée 175 3 pour lui aider dans les obfervations aftronomiques. M. Meffier avoit été attaché par le Miniftre à l'Obfervatoire de {a Marine, en même temps que M. de Flfle fut nommé Aftronome- Géographe de la Marine; il avoit fécondé M. de l'Ifle avec un zèle incroyable, & il s'étoit déjà diftingué par l'obfervation de la première Comète de 1 759, que lui feul obferva au mois de Janvier 17 59. IL obferva feul encore pendant plufieurs jours celle dont nous parlons; il n’en donna avis à l’Académie que le 8 Février; elle étoit près de fon oppofition, elle reffembloit alors à une étoile de la quatrième grandeur: M. de la Caille l’obferva treize fois jufqu'au 10 Mars; il détermina, par des hauteurs correfpondantes & des hauteurs méridiennes, les pofitions exactes de plufieurs étoiles du Lion, de la grande Ourfe & du Lynx, auxquelles il avoit été obligé de comparer la Comète, & M. l'abbé Chappe obferva de fon côté cette Comte jufqu'au 36 Mars. Dès le 16 Février, M. Pingré donna à l'Académie le calcul des élémens de cette Comte, d'après les obfervations que M. Meffier avoit lües à Académie, jointes à deux obfervations que M. le Monnier lui avoit communiquées : le 27 Février il donna ces mêmes élémens reétifiés par un plus grand nombre EU V. Jes Mém. p: 309: 116 Histoire DE L'ACADÉMIE RoÿALE d'obfervations. M. de la Caille donna les fiens le r 9 Mrs; & M. l'abbé Chappe le 19 Avril Lorfque cette Comète difparut par fon éloignement, elle navoit prefque plus de nébulofité, mais la:Cométe d'Orion avoit confervé la fienne jufqu'à la fin de fon apparition, c'eft probablement parce qu'elle étoit encore befucoup plus près du Soleil lorfqu'on la perdit de vue, que ne fut enfuite a Comète du Lion, en difparoiffant à fon tour, ou parce que la Comète d'Orion étoit d’une fubflance moins compacte &z moins fixe que la Comète du Lion. SUDORPLUENS LINE GANT RE DE EVENE PRODUITES PAR L'ATTRACTION DE LA TERRE. N { difpofoit en 1760, à l'obfervation du fameux paflage de Vénus fur le Soleil, qui arriva l'année fui- vante; les Voyages que l’on avoit entrepris à cette occafion,. & le grand nombre de recherches qu'on avoit faites, rap- peloient toute l'attention des Aftronomes. fur la théorie de cette planète, & faifoient fouhaiter de connoître. parfaitement fes inégalités pour être en état de prédire mieux. l'inflant de fon entrée fur le Soleil ou pour tirer enfuite de l'obfervation des conféquences plus fûres ; le mouvement de Vénus par rapport au Soleil dans fes conjonétions inférieures eft fi lent. qu'une erreur de 5.2 fecondes en produifit une de plus de demi - heure fur le temps de la conjonction annoncée dans les calculs de la Connoiffance des Mouvemens Céleftes, par M. de la Lande; il cherchoit à éviter de pareilles erreurs en s'occupant dès 1760 de la théorie de Vénus. La théorie de l'attraction, cette découverte fr féconde en Aftronomie, avoit déjà fervi à M. de la Lande, pour chercher _ les inégalités de Mars, & nous en avons parlé dans l'Hifloire de 1758. M. Euler, dans les Pièces couronnées en 1748;, 1752 & 1756, avoit déjà traité les inégalités de Saturne, = - DES SciE NcCEs 117 de Jupiter & de la Terre; M. Clairaut dans les Mémoires de 1755, avoit aufli calculé celles de la Terre, & M. d'Alembert, dans fes Recherches fur divers points du fyflème du Monde, avoit appliqué aux mêmes planètes fa folution du problème des trois corps ; ilne refloit que Vénus & Mercure, dont on ne s'étoit point occupé, mais les inégalités de Vénus devoient être évidemment les plus confidérables , parce qu'elle eft plus près de la Terre & plus éloignée du Soleil, c’eft pourquoi M. de la Lande crut devoir commencer par celles-là ; elles étoient d'ailleurs plus importantes que celles de Mercure; car Vénus paroiffant très- fouvent , long - temps, & avec le plus grand éclat, elle froit d'un très-grand ufage pour y comparer la Lune, quand on veut obferver les longitudes en rner ; il ne faudroit qu'avoir des Tables aflez exactes de fon: mouvement, pour en répondre toujours à 30 fecondes près; c'eft à quoi M. de la Lande efpère de parvenir; mais c'eft ce qu'on ne peut atteindre fans le calcul des attractions dont nous parlons ici, puifque les inégalités qu'il a trouvées vont feules à 30 fecondes, fans parler de l'erreur qu'il peut y avoir dans les autres élémens qu'on a déterminés, fans avoir égard à celui-là. Ces attractions de la Terre fur Vénus, exigeoient des calculs extrèmement longs, pour la feule expreffion de da diftance de Vénus à la Terre; c'eft ici une difhculté du problème qu'if eft ailé de fentir: les diftances de Vénus au Soleil étant entre elles comme 2 eft à $, leur diftance mutuelle n’eft que de > quand elles font en conjonétion; mais elle eft de 7 quand elles font oppofées l'une à fautre par rapport au Soleil ; cette différence f1 confidérable fait qu'on ne peut exprimer la di£- tance de Vénus à‘ Terre par une férie algébrique, elle feroit trop peu convérgente ; on eft obligé d'y employer des approxi- mations d'une efpèce particulière, des quadratures de courbes dont il faut avoir un très-grand nombre d’ordonnées; if faut les calculer de degré en degré pour différens angles de com- mutation, cefl-à-dire pour différentes pofitions de Vénus: par rapport à la Terre. P ïÿ 118 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette rouvelle efpèce de calculs, dont les trois Géomètrés que nous venons de citer, avoient donné la méthode affez fuccintement, eft expliquée par M. de la Lande, avec toute la clarté & tout le détail dont les Aftronomes pourront avoir befoin pour appliquer fes formules à d'autres planètes : il a même rendu cette application de la plus grande facilité, en réduifant chaque inégalité à une feule expreffion algébrique, dans laquelle il fuffit de mettre les nombres de chaque planète à fa place des lettres, Par-fi M. de la Lande a donné dans fon Mémoire un com: mentaire fur le problème des trois corps, qui en rend Fap- plication auffr élémentaire & auffi fimple que fufage des Tables Aflronomiques, dont les Oblfervateurs fe fervent con- tinueilement ; toutes les propofitions préliminaires que les Géomitres avoient fuppofes dans leurs théories, & fur- tout celles dont M. Clairaut avoit fait ufage dans là Théorie de la Lune, & dans fon Mémoire fur les inégalités de la Terre, font démontrées au commencement du Mémoire de M. de la Lande, avec fa plus grande clarté; & l'on trouve à la fin une Table qui renferme les principales inégalités déterminées dans fon Mémoire; lune eft de 10 fécondes, l'autre de 22, & leur combinaifon peut produire 30 fecondes d'inégalité, tantôt en plus, tantôt en moins. On ne trouve point dans ce Mémoire les inégalités qui pourroient dépendre de la figure elliptique des orbites de Vénus & de la Terre ; ces deux planètes font précifément celles de toutes qui ont le moins d'excentricité, & leurs orbes approchent tellement de la figure circulaire, qu'on peut, même fans calcul, juger que ces inégalités feroient extrêmement petites ; au refle, on trouvera dans les Mémoires de l'Aca- démie pour 1761, un Mémoire fur les inégalités de Mars, produites par l'aétion de la Terre, dans lequel M. de la Lande a œlculé de fa même manière les formules des inégalités que produit l'excentricité de la planète troublée, & c'eft ordinai- rement celle des deux excentricités qui influe le plus fur les équations que l'on trouve; il fera aifé de les appliquer à Vénus, Si depuis Ja découverte de l'attraction , lon n'a point encore DIE SSI E NCE S, 119 examiné les eflets dont nous venons de parler, c'eft qu’on les avoit jugés négligeables, c'eft que la théorie n'étoit pas affez avancée, ni les Tables aflez exaétes; mais aujourd'hui que toutes ces raïfons ont ceflé, il étoit temps de fe livrer au wavail que M. de la Lande vient de donner, & ce feroit renoncer à toute la précifion des recherches de l’Aftronomie, que de négliger de pareilles inévalités. RE CAL ELR °CIHE DE LA PARALLAXE DE MARS ET DE VÉNUS, Par les Obfervations correfpondantes faites a cap de Bonne-efpérance à à l'Obférvatoire de Paris. F Cassini DE THuRrY ayant fait, à l'Obfervatoire, Y. les Méra. M. des Obfervations correfpondantes à celles que M. pages 75 & Yabbé de la Caille a faites au cap de Bonne-efpérance DOBr, | la détermination des parallaxes de Mars, de Vénus & du Soleil, rend compte dans le Mémoire dont il s'agit ici, des conclufions que lui donnent ces obférvations : nous avons donné ci-deflus une idée des comparaifons que M. l'abbé de la Caille à faites de fes propres obfervations avec celles qui ont été faites en même temps en divers lieux de l'Europe, dans lefquelles font comprifes celles de M. de Thury; celles-ci font d'autant plus intéreffantes qu'elles ont été faites avec un inftrument de même grandeur & de même forme à peu-près que celui de M. l'abbé de Ja Caille, ce qui donne lieu d'attendre la plus grande précifion dans la compaaifon des obfervations faites avec ces deux inftrumens. De dix obfervations de Vénus, faites de part & d'autre, trois feulement font correfpondantes ; parmi celles de Mars, il y en a fept correfpondantes. Par les premières, M. de Thury trouve la parallaxe de \ YŸ. es Mém. p.46. 120 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Vénus fucceflivement de 42”, 37" & 34"+, & par un milieu 38 fecondes. Par les fecondes obfervations, la parallixe de Mars eft d'environ 26 fecondes; d'où M. de Thury conclud que la parallaxe horizontale du Soleil eft de 10 fecondes, réfultat fort approchant de celui de M. l'abbé de la Caille. SUR LE DIAMÈTRE APPARENT DU SOLEIL. ES Anciens avoient déjà reconnu que la largeur dont le ; Soleil leur paroïfloit, étant répétée fept cents vingt fois, fufhfoit pour faire le tour du Ciel, ou la circonférence entière d'un grand cercle, c'eft-à-dire que le Soleil occupe environ un demi-degré du ciel. C'eft ce qu'avoit trouvé Ariflarque, au rapport d'Archimède / de Arenæ numero) ; Proclus, dans fes Hypothèfes aftronomiques, nous dit que Sofigènes avoit établi de même 30 minutes pour la valeur du diamètre . + y, y, . apparent du Soleil en tout temps ; Ptolémée nous dit, dans le cinquième Livre de fon Almagefle, que s'étant fervi de - pinnules, à fa manière d'Hipparque, pour confidérer le diamètre du Soleil, il lavoit trouvé fenfiblement de la même grandeur en tout temps: à l'égard de la quantité abfolue, elle lui paroifloit difficile à déterminer ; la feule mefure que l'on peut en avoir, dit-il, en avançant ou en éloignant à plufieurs reprifes différentes la tablette qui cache le Soleil le long de la règle qui eft entre l'œil & le Soleil, peut être très-fautive. En conféquence, Ptolémée fe fervit de la grandeur des éclipfes de Lune pour déterminer le diamètre de la Lune, & ayant trouvé une entière égalité entre celui du Soleil & celui de fa Lune apogée, il les fuppofa lun & l'autre de 312 Tycho - Brahé s'étant fervi d'un tube de 32 pieds pour confidérer le Soleil, trouva que fon diamètre apparent étoit de 30° dans fon apogée, & de 3 2’ dans fon périgée; Képler décidoit formellement que le diamètre du Soleil étoit de 30 : (Er à? + ROMENSEES Æ “ DES SCIENCES ver & 31 minutes ( Afronomie, pars optica, p. 343 ). Quoique aujourd'hui nous le trouvions de 31 +à 32'+,0onne doit pas être furptis de voir 1° d'erreur dans un temps où lon m'avoit point encore l'invention des lunettes ; mais après leur découverte même, Képler perfiftoit encore dans le même fentiment, comme on le voit dans le quatrième Livre de fon Abrégé d'Aftronomie, imprimé en 1 622 ; il cherchoit des raifons phyfiques ou métaphyfiques de ce nombre 30 , com- pris exactement fept cents vingt fois «dans 360 degrés. Le P. Riccioli, même en 165 1, employoit les diamètres 30° 30" & 33 8", lun trop petit, & l'autre trop grand de beaucoup ; jufqu'alors on n'avoit pu employer, à cette mefure, de méthode aflez exacte, il étoit réfervé à M. Huyghens de donner, par la découverte du micromètre, un moyen für & facile de déterminer la quantité des diamètres apparens. Cette découverte fut annoncée en 1659, dans le Livre qui a pour. titre Syflema Saturnium ; cependant nous voyons encore que dans ce même Livre, M. Huyghens fuppofe 30° 30" pour Je diamètre moyen du Soleil, quantité qui eft trop tite de 1’4; fans doute qu'il n'avoit point encore appliqué au Soleil la méthode qu’il venoit d'inventer peur déterminer les diamètres des Planètes. L'édipf de Soleil du 2 Juillet 1666, fut une occafion de chercher’ avec plus de foin qu'on ne f'avoit fait jufqu'alors le diamètre apparent du Soleil; on peut voir à ce fujet les anciens Mémoires de l’Académie { Tome 17 page 10, Tome VII, page 118) ; les Aftronomes de f Académie trouvèrent que le diamètre apogée étoit de 31° 37", ce qui ne furpafle que de 6 fecondes la quantité trouvée par les dernières obfervations : ainfi c'eft à l'établiffement de l'Aca- démie que remontent les premières connoiffances exaétes qu'on ait eues dans cette partie. M. Mouton, Chanoine de Lyon, publia en 1670 un volume qui a pour titre : Obfervationes diametrorum , &c. dans lequel on voit que dès l'année 1 661 , il avoit déterminé le diamètre du Soleil de 31’ 31° dans {on apogée, quantité fort Hif. 1760. EAOEE » Q 122 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYAL=E exacte à laquelle on ne trouve rien à changer aétuellemenr, mais dont l'exactitude peut nous furprendre quand on confidère le peu de fecours que M. Mouton avoit pour opérer exaftement. Il paroît donc que M. Mouton fut le premier qui s'occupa avec fuccès de certe recherche, quoique fes obfervations n'aient paru qu'après celles de M. Picard; & M. le Gentil lui en fait honneur dans fon Mémoire fur le diamètre du Soleik ( Meém. de l'Acad. 17$2, page 444). M. le Chevalier de Louville, en 1724, ayant fait avec beaucoup de foin de fémblables obfervations, trouva le diamètre apogée de 3 1' 3 es cela n'empêcha pas que dans les Tables de Flamftead, publiées en 1746, on ne lemployât de 31° 40": dans celles de M. de la Hire & de M. Halkey 31° 38”, la différence entre: Mouton & Flamftead étoit de 9 fecondes ; l'incertitude devint encore plus grande lorfqu'après la découverte des: micromètres objectifs, on apprit que M. Bradley & M. Short, en Angleterre, ne trouvoient le diamètre du Soleil: que de 31° 28" environ. | La découverte des micromètres obje&ifs ou héliomètres,. que M. Bouguer donna dans les Mémoires de l Académie pour 1748, étoit bien propre à lever tous les doutes fur les diamètres du Soleil & de la Lune; les obfervations faites. avec ces micromètres ,; ne font fujètes à aucune incertitude, à raifon du mouvement diurne; on peut les adapter aux plus. grandes lunettes, & obtenir, par ce moyen, une précifion: toute nouvelle. M. de la Lande fe trouva à portée, en 1760, de décider: cette queftion, au moyen d'un héliomètre appliqué à une très- bonne lunette de 18 pieds; la perfpeétive de la rue Tournon, qui eft dirigée vers fon obfervaoire & qui a 900 pieds de longueur, le détermina à entreprendre la mefure d'une bafe & la vérification de cet héliomitre, opérations qui font toujours fort longues & qui exigent d'être répétées fouvent & avec beaucoup de foin, Il mefura la longueur de la rue plu- fieurs fois de manière à pouvoir s'aflurer d'un pouce, & il go auroit fallu fix d'erreur pour produite une feconde fur le: DES SctENcESs. 123 diamètre du Soleil ; il établit des mirés fur la maïfon oppolée au palais du Luxembourg, il es examina avec fon héliomètre un grand nombre de fois, & , après avoir ajufté les verres à la diftance convenable pour que les mires paruffent concourir, “il dirigeoit la lunette au Soleil fans rien changer au micromètre, & il voyoit les deux bords du Soleil, qui étoit alors apogée, exactement compris dans les mêmes termes que les mires dont l'angle étoit connu; ce qui lui faifoit connoître l'angle du diamètre folaire. Cette bafe eft bien plus petite que celle dont M. de Ia Lande fit la mefure le 19 Juillet 1753, entre le jardin des Tuileries & la barrière de Chaillot; celle-ci étoit de 4824 pieds, mais plus difficile à mefurer exactement , à caufe des interruptions qui s’y trouvent & des réduétions qu'il falloit faire; d’ailleurs lorfqu'on opère tranquillement &c feul dans fon obfervatoire, on eft plus für de fes obfervations, on les répète plus fouvent, on s'en affure davantage, on choifit mieux les momens, on varie les circonftances, on multiplie les épreuves & les expériences ; c'eft ce que M. dela Lande fit à loifir, & il s'aflura enfin que le diamètre du Soleil apogée, vu dans fa lunette de 18 pieds, ne furpañloit pas 3 1° 3 1". . Nous difons dans fa lunette de 18 pieds; car M. de la Lande n’eft pas éloigné de croire que des lunettes plus petites, caufant un peu plus d'aberration dans les rayons, font paroître le diamètre un peu plus grand; ce qui paroït le plus favorifer ce fentiment, eft que M. Short, habile Opticien de Londres, avec les meilleurs télefcopes & des micromètres objectifs achromatiques très-bien faits, a toujours trouvé environ 2 fecondes de mojns que M. de la Lande, & il ne paroît pas que l'on puiffe attribuer ces 2 fecondes à Y'incertitude des obfervations qui, de put & d'autre, font garanties dans la feconde même par les Aftronomes qui les ont faites. M. le Gentil a donné dans les Mémoires de l’Académie pour 1755 (page 437 ), quelques expériences fur cette aber- ration qui fe fait au foyer des lunettes; if y a joint une Q ÿ V. les Mém. P: 239- 124 HisTOïrEe DE L'ACADÉMIE RoyAte Table dans laquelle on trouve que l'image fenfible d’un point lumineux excède l'image réelle d'environ 2 fecondes au foyer d'une lunette de 18 pieds, & de 3 fécondes au foyer d'une lunette de 6 pieds : on pourroit croire que cette aberration eft telle en effet dans une lunette de 6 pieds, car M. dela Caille, qui s'en ef fervi dans toutes fes obfervations, a toujours fuppolé le Soleil plus grand d'environ 3 fecondes que M. de la Lande ne l'a trouvé; cela peut venir de la différence des lunettes, mais il faut avouer auffi que la difficulté d’ob- ferver exactement avec un micromètre ordinaire & une lunette de 6 pieds , doit y entrer pour quelque chofe ; il ne faut com- parer enfemble que des obfervations qui, par elles-mêmes, foient fufceptibles d'une égale précifion : telles font celles de M. Short & de M. de la Eande, qui diffèrent de 2 fecondes. SU R LE Sr OBSERVATIONS FAITES POUR DÉTERMINER LA DISTANCE DE VENUS À LA TERRE. ( Efuten 1751 &1752,que les Obfervations faites an cap de Bonne-efpérance & en Europe, apprirent enfux aux Aftronornes la véritable diflance de la Lune avec une précifion qu'on n'avoit pu obtenir jufqu'alors ; c'étoit un des objets que M. Fabbé de la Caiïlle s’étoit propofés dans fon voyage au cap de Bonne-efpérance, entrepris en 17 50, quoique la partie la plus confidérable de fon travail füt le Catalogue des Etoiles auftrales. Les obfervations que M. de la Caïlle fit fur à Lune depuis le 10 Mai 1751, furent publiées dans les Mémoires de 1748 (page 602), qui simprimoïent en 17 $ 2 au moment que ces obfervations arrivèrent à Paris; les correfpondantes furent faites en plufieurs endroits de l'Europe; M. de la Lande fe tranfporta exprès à Berlin *, & il y obferva pendant près * Voyez l'Hiftoire de l’Académie pour 1752, page r0 6, & pour 175 33 page 225$ , les Mémoires de 1751, de 1752, de 1753 & 17564 DES SCIENCES. 125$ d'une année les hauteurs méridiennes de la Lune, qui pafloit au méridien prefque en même temps pour M. de la Caiïlle & pour lui; M. Bradley fit à Greenwich beaucoup d'obfervations pour le même objet / Mém. de l'Acad. 1752, p. 424 ); mais M. Caflini de Thury en fit fur-tout un grand nombre à l'Obfervatoire royal de Paris : ce font celles qu'on trouvera dans ce volume avec les conclufions qu’il en a tirées pour fa parallaxe de la Lune. La Lune eft affez près de la Terre pour que M. de la Caille & M. Caffini, éloignés lun de autre d'environ deux mille lieues en ligne droite, la viffent répondre à divers points du ciel, ou, filon veut, à différentes étoiles ; c'eft cette dif férence qu'on appelle la parallaxe, elle nous fait juger de éloignement de la Lune : ainft déterminer la diftance de la Lune ou déterminer la parallaxe, c’eft à peu-près la même chofe. On a déjà vu dans les Volumes de f Académie pour 1752, 1753 & 1756, trois Mémoires de M. de la Lande, dans lefquels il a déterminé la parallaxe de la Lune par les obfer- vations de M. de la Caïlle, combinées avec les fiennes; M. de la Caille fit enfuite lui-même une femblable comparaifon de fes obfervations avec celles des Aflronomes qui avoient obfervé la Lune en même temps à Paris, à Berlin, à Greenwich & à Bologne; on la trouvera dans les Mémoires de l’Académie de 1761 & dans le dernier Volume de fes Éphémérides, Avant que M. de la Caille eut donné ce Mémoire, il n'y avoit eu que les. feules obfervations de Berlin qui-euflent été comparées à celles. du eap de Bonne-efpérance ; M. de Thury voulant favoir également ce qui réfultoit de celles qu'il avoit faites à Paris, en entreprit la comparaifon. Ces oblfervations, faites avec un très-bon quart-de-cercle de 6 pieds de rayon, avoient le même degré de. précifion que celles de M. de la Caille & celles de M. de la Lande, ainft elles devoient naturellement donner le même réfultat; le feul défavantage qu'elles pouvoient avoir, étoit la grande différence qu'il y a entre le méridien de Paris &c celui du Cap, qui Q ii] te 126 HisToire DE L'ACADÉMIE ROYALE eft de 1h 4, en forte que toutes les obfervations de M. de Thury étoient faites une heure plus tard que celles de M. de la Caille ; il a donc fallu faire des réduélions à chacune de ces obférvations pour les ramener à :ce qu'on auroit oblervé fi les deux Aftronomes euflent été fous le même méridien; mais ayant fait ces réduétions avec beaucoup d'exactitude, M. de Thury a trouvé un accord parfait entre fes obfervations & celles de Berlin, & il en a déduit cette conféquence, que la vraie parallaxe de Ja Lune eft réellement moyenne entre celle des Tables de M. Halley qui étoit trop petite, & celle des Tables de M. Caflini qui étoit trop grande ; il y avoit toujours environ une minute de plus dans M. Caflini que dans M. Halley ; l'obfervation fe trouve communément entre deux dans les douze réfultats que M. Caffini a tirés de {es obfervations. | De-là ïf réfulte que la parallaxe horizontale de Ja Lune dans fes moyennes diflances ef d'environ 57° 43" pour la latitude de Paris ; nous difons pour la latitude de Paris, parce que laphtiffement de la Terre met une différence de quelques fecondes entre les parallaxes qui ont ljeu pour différens pays ; M. de Thury n'a pas eu égard à cette petite différence, mais cela n'empêche pas que fon réfultat ne contienne à peu-près la parallaxe moyenne ou celle qui auroit lieu fur un globe dont le rayon tiendroit un milieu entre les deux rayons inégaux de la Terre, & cette parallaxe eft exaétement celle qui a lieu réellement pour Paris: en effet, lorfque la parallaxe horizontale fous le pôle eft de 57 minutes , celle qui a lieu fous l'Équateur eft de $7' 19",23 ainfi fa moyenne eft 57° 9",6 : or celle qui a lieu pour Paris eft de 57’ 9,3; donc on peut prendre lune pour l'autre, Tout ceci fuppofe que l'aplatiffement de la Terre eft 2 & les augmentations des degrés proportionnels aux quatrièmes puiffances des finus des latitudes / Aem. de l'Acad, 1752, page 106 ). La parallaxe horizontale moyenne de Ja Lune pour Paris étant fuppofée de 57" 43", d'après toutes les obfervations, & Je Cat ne = D'ESASUG IE NICE .s. 127 rayon de la Terre qui fert de baf@ à cet angle étant de 14 32 lieues +, on trouve, par la fimple réfolution d’un triangle rectiligne, que la diflance correfpondante de la Lune à la Terre eft de 8 5 39 3 lieues moyennes, en les comptant fur le pied de 25 lieues par degré ou de 2282 toifes chacune : cette con- féquence, qui réfulte de toutes les obfervations, eft certaine à 50 lieues près, car c'eft à peu-près-à l'erreur auxquelles ces obfervations font fujettes : il y avoit Jong-temps que les Aftronomes defiroient de pouvoir connoître la difiance de la Lune avec une auffi grande précifion. MORE ETIPSE DE SOLEIL, Obfervée à Paris à à Sens le 7 3 Juin 1760. ] ES éclip{es de Soleil font afez rares pour déterminer les Aftronomes à les obferver avec foin: auffi trouvera-t-on parmi les Mémoires de cette année l'obfervation de celle du 13 Juin 1760, faite par le plus grand nombre des Aftro- nomes de Paris, mais nous ajouterons que S.É. M le Cardinal de Luynes l’obferva auffi dans fon palais à Sens avec une excellente lunette de fept pieds, & détermina le moment de [a fin à 8h 2 S' 53" très-exactement : cette phafe eft la plus importante dans une Écliple, c’eft celle qu'on peut obferver avec le plus de précifion, parce que le moment où le Soleil cefle d'être échancré par le difque noir de la Lune, paroït dans une bonne lunette avec la dernière évidence : ainfi cette feule phafe füffira pour donner fort exaétement la longitude de Sens. I ne faudra, pour la trouver, que calculer le temps. vrai de; la conjonétion vraie à Sens, en rectifiant la latitude des Tables, par le moyen des calculs que M. de la Lande à donnés à Ja fuite de fon obfèrvation. La différence entre le temps de la conjonétion à Sens & celui que M. de la Lande a trouvé pour Paris, fera la différence des Méridiens : læ méthode que l’on fuit pour ces fortes de calculs a été expliqués: V. les Mérr, Pages 1 54» r6S, 262% 290,297, 304) 307% Y. les Mém. P- 109. p- 158. p- 179» p: 204. 728 HisToiREe DE L'ACADÉMIE ROYALE fort au long dans le Traité d’Aftronomie qu'il a publié en 1764. Nous avons déjà eu occafion plufieurs fois de rapporter des obfervations faites par M. le Cardinal de Luynes, dont les talens & le goût font honneur depuis long -temps à l'Académie & aux Sciences. ous renvoyons entièrement aux Mémoires : L'Obfervation de l'Oppofition de Mars, faite au Palais du Luxembourg. Par M. de la Lande. Les Obfervations aftronomiques faites à Bitch. Par M. ‘abbé Chappe d’Auteroche, Le Mémoire fur là Comète de 1264. Par M. Pingré. L'Obfervation de l'Éclipfe de Lune. Par M. Caffini. ns année, M, Chairaut a publié un Ouvrage qui a pour titre, Zheorie du mouvement des Comètes, dans laquelle on a égard à l'action qu'elles éprouvent de la part des Planêtes , avec l'apphcation de cette théorie à la Comére des années 1531, 1607, 10682 © 1759. Cet Ouvrage eft divifé en trois parties, la première con- tient la folution des principaux problèmes néceffaires dans la théorie des Comètes, avec quelques calculs généraux relatifs à celle qu'on a vu paroître en 1759 ; on commence par y donner lexpreflion générale des forces avec lefquelles une Planète quelconque peut troubler les mouvemens d'une Comète, & l'on examine dans quels cas cette expreflion peut être fimplifiée, comme il arrive dans les parties où la Comète eft fort loin du Soleil & de cette Planète: cet examen efll'objet de a première fection. Dans la feconde, M. Clairaut donne une préparation à fon ancienne folution générale du problème des rois corps, qui la rend d’un ufage plus facile dans la recherche préfente ; gite préparation confifte principalement à exprimer le a vecteux M +1 D'E:8:: $:C1E NICE 5; 129 vecteur & le mouvement moyen par l'anomalie excentrique, au lieu de l'anomalie vraie, & à négliger quelques termes dont l'effet ne pourroit être fenfble que lorfque l'on confidéreroit un certain nombre de révolutions, ce qui n'eft pas néceflaire ici, où lon n'en prend que deux confécutives. On donne la préférence à lanomalie excentrique, pour fervir d’argument à toutes les quantités, tant parce que leurs expreffions deviennent plus fimples que parce qu'il en réfulie des variations moins rapides de degrés en degrés. La troifième feétion contient des préceptes pour faire ufage des formules précédentes, lorfque les forces ne font exprimées que par des fuites de nombres & non algébriquement : on y donne quelques Tables générales qui facilitent beaucoup cette pratique, & la manière dont on y emploie les ordonnées des courbes mécaniques pour avoir la quadrature de leurs efpaces, eft auffi facile que la nature du problème peut le comporter, & peut fervir dans beaucoup d'autres occafions. Dans la quauième feétion, on donne des moyens de fim- plifier le calcul général des altérations de l'orbite, en partageant cette orbite en plufieurs parties, & cela donne lieu à quelques problèmes qui font réfolus d’une manière fort élégante : dans le premier, on fuppofe que la Comète ; après avoir parcouru un arc quelconque depuis le périhélie, cefle à la fin de cet arc d'être foumife aux forces perturbatrices, & l’on cherche le emps qu'elle mettroit à parcourir, foit des arcs quelconques placés à la fuite de ce premier, foit le refte de la révolution, {oit la révolution fubféquente. Le cacul, qui feroit le même que demande le mouvement d’un projectile dans des trajectoires ordinaires, fr on avoit commencé par trouver, la: variation . des élémens pendant l'arc précédent, fe fait ici par la méme méthode que pour le cas où Îes forces perturbatrices-ont lieu, on a feulement attention d'examiner ce que les aires des courbes, employées pour le premier arc, deviennent lorfque les forces qui entroient dans leur .compofition s'évanouiffent, M. Clairaut ne {e contente pas de cette manière de prendre le problème, il le réfout encore par la méthode qui fe préfente if. 1700. . R 130 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE le plus naturellement, favoir celle par laquelle on déterminé le changement que les élémens ont fouffert par l'aétion des forces perturbatrices pendant le premier arc. Cette feconde folution, qu'il traite par une voie très-neuve & très-élégante, le conduit à des réfultats fort fimples, qui, en indiquant des opérations différentes des premières, fervent aufir beaucoup à confirmer les calculs de la première méthode. Pour faire ufage, le plus fimplément & le plus exaétement qu'il foit poffible, de cette feconde méthode, l'auteur divife l'orbite de la Comète en quatre parties, féparées par les deux axes. Le caleul de la première & de la dernière, qui ne donne jamais qu'un petit nombre de jours pour l'altération que les planètes , Jupiter & Saturne, y caufent, font beaucoup plus pénibles que ceux que demandent les altérations qui réfultent du premier quart pour les trois autres, & du dernier quart pour la révolution fubléquente : auffi M. Clairaut a-t-il tou- jours réfervé pour la fin de fon opération le calcul complet des premier & dernier quarts; il s'eft contenté, dans le commencement , des premières opérations que demanderoient les premier & dernier quarts pour en déduire ce dont le refle de l'orbite & l'orbite fubféquente doivent être altérées, ce qui lui donnoit affëz promptement le plus grand eflét des planètes perturbatricés. Enfuite , pour compléter l'Ouvrage, lorfqu'il a vu à 1peu-près ce que ces premiers calculs donnoient pour le retour ‘de la Comète, il a achevé les détails qui donnoient le nombre de jours d'altérations qui avoient lieu pendant fa durée de ces mêmes premier & dernier quarts. Dans Le calcul du dernier quart, M. Clairaut change un peu la méthode qu'il fuit pour lé premier, parce que lordré faivant lequel marchent les aires de courbe qui ont commencé au premier périhélie, feroit que ces aires, én retournant vers le fecond périhélie, renfermeroient des termes affectés de très-petits divifeurs, qu'il feroit fort difficile d'employer fans commettre d'erreur fenfible; c'eft ce qui a engagé l'auteur à prendre, en quelque manière, 'inverfe de fa folution, pour. faire marcher les aires dés courbes dans le fens oppolé à celui DE SIISUCÉA E NICIELS |. co du mouvement de Ja Comète. Cette confidération demandoit des attentions délicates & fubtiles pour éviter la confufion des fignes; mais les préceptes qu'il donne dans le réfultat font fr clairs, qu'on peut les employer fans rifque. | Tous les calculs précédens fuppofent qu'on a tracé lescourbes, ou échelles des forces perturbatrices , en prenant autant de points qu'il y a de degrés d'anomalie excentrique. Dans la cinquième feGion, on cherche à diminuer ces opérations, en fabftituant une ligne parabolique déterminée par cinq ou fix points communs avec les échelles tracées. Quand il arrive que les lignes paraboliques , déterminées par ce nombre de points, reffemblent fufffämment aux vraies courbes (&cil y a des cas où cela eft en effet ainft}, l'opération devient infini- ment plus fimple. Si cetté méthode n'eft pas aufii exacte que celle qui eft fondée fur l'ufage des courbes entièrement mé- caniques, elle peut du moins fervir à les vérifier; & dans le cas où étoit M. Clairaut, de chercher un réfultat fondé fur tant d'opérations , il ne pouvoit trop multiplier les moyens de vérification. Au refte, cette cinquième fetion renferme beaucoup d'adreffe de calcul pour arriver aux formules géné- rales, & ila fallu en outre faire un grand nombre d'opérations extrêmement délicates, dont le travail ne pouvoit être confié à perfonne, & d'où il réfulte un procédé fort fimple à employer dans tous les -cas où on voudra faire ufage de cette méthode. Dans la fixième feftion, l'auteur reprend’ l’examenr dés perturbations pour le fecond & le troifième quart de l'orbite, qu'il n'avoit d'abord confidérée qu'en ‘tant qu'elle réfultoit de V'altération qui avoit eu lieu pendant le premier quart. Quoi- que les forces perturbatrices de la Planète foient moindres dans cette partie éloignée que dans celles qui font voifines du Soleil, elles méritent cependant bien Ja peine d’être traitées auffi; @c pour fimplifier, autant qu'il eft poffible, ce nouveau calcu}, M: Clairaut le partage en deux parties: ‘dans fa prenvière, 1l ne confidère que la perturbation qui réfulte de l'aétion de la Planète fur le Soleil, & cette perturbation fe détermine : par une méthode générale directe & fort élégante. Cetté méthode R ï 132 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE eft fondée fur ce que, dans cette fuppofition , la Comète décrit à peu près une ellipfe autour du Speétateur qui feroit placé dans le centre de gravité commun du' Soleil & de la planète perturbatrice. Pour faire ufige de ce principe, on emploie plufieurs problèmes très-intéreffans, dont la folution demande beaucoup d'art, & le tout eft terminé par un réfültat analytique fort fimple à employer. Quoique la force directe de fa Planète fur la Comète foit beaucoup moindre que celle avec laquelle elle agit fur le Soleil dans toute la moitié fupérieure, elle n'étoit cependant pas à népliger f on vouloit annoncer, avec quelqu'exaétitude, le retour de la Comète: aufli M. Clairaut la-t-il calculé avec tout le foin poflible pour pouvoir l'achever avant le retour que fes premières opérations lui annonçoïent. Dans ce calcul il n'a point égard ni à l'excentricité de la planète perturbatrice , ni à linclinaifon, tant parce que le calcul auroit été très- fatigant, & peut-être impoñlible, dans le peu de temps qui reftoit jufqu'au retour de la Comète, que parce que l'incertitude fur le mouvement moyen de la Comète pouvoit, en ce cas, être auffi nuifible que l’omiffion de l'excentricité & de l'inclinai- fon. La même caufe laiffe quelqu'incertitude dans le calcul de là première partie de l'effet fur cette moitié fupérieure & n'eft pas fans influence fur la première moitié. Combien donc ne doit-on pas s'étonner qu'un calcul fondé fur tant d'opéra- tions délicates & fufceptibles d’incertitudes inévitables, ait pu approcher, à trente jours près, de l'Obfervation. Le calcul dont nous venons de parler, pour leffet de {a force directe de la planète fur la Comète dans toute la partie fupérieure de l'orbite, n'eft pas feulement fimplifié par l'omil- fion de l'excentricité & de l'inclinaifon, la petitefle de l'ano- malie vraie dans cette partie a fait apercevoir à M. Clairaut qu'on pouvoit, dans ce cas, réduire l'équation de l'orbite troublée: c’eft cette réduétion , fondée fur un artifice de calcul fort ingénieux, qui compofe la feptième feétion. La huitième traite de altération pour toute la révolution entière, en fuppofant que lon n'ait égard qu'à la force de la Ë DES SUCIATE UN © E. # 133 planète fur le Soleil. Ce titre femble d'abord annoncer un double emploi, parce que l'auteur a traité dans la fixième fedtion de cette méme efpèce de perturbation pour la moitié fupérieure, mais il n'y en auroit que pour le calcul de la per- turbation caufée par Jupiter, pour lequel M. Claïraut n'a point recours aux méthodes de cette huitième fection. Dans la perturbation caufée par Saturne, M. Clairaut ayant féparé , pour le premier & le dernier quatt, la force de la planète fur le Soleil de celle qui agit fur la Comète, & n'ayant uaité, par la méthode des quadratures mécaniques, que la perturbation caufée par lation du Soleil , il a fallu revenir, pour l'orbite entière, à Ja perturbation caufée par l'adion du Soleil. La raifon de cette diverfité de méthodes pour Saturne & Jupiter, vient, comme l'auteur en avertit, de ce que lorfqu'il a commencé le calcul de Saturne & a indiqué aux perfonnes qui l'ont aidé les opérations qu'il pouvoit leur con- fier , il étoit préocupé de l'idée que l'effet de Fadion fur le Soleil, lorfqu'on le prend pour toute la-révolution de la Comète, eft le même dans tous les cas; idée qu'il avoit conçue d’après la méthode générale & fynthétique , dont nous avons parlé à l’occafion de la moitié fupérieure. Comme il n'a reconnu que cette méthode n'étoit pas bonne pour ces premières parties de l'orbite, qu'après l'exécution des calculs qui donnoient la fuite dés forces fur la Comète pendant toute l'orbite ; il a fallu revenir en entier fur la partie de la pertur- bation caufée par la force exercée fur le Soleil. Il a fait ce calcul par une méthode qui a l'avantage d'une méthode directe , c’eft-à-dire., qui convient à toutes ces révolutions : elle donne par une formule très-fimple, dépendante feulement de la pofition de Saturne, au moment du périhélie, la valeur de la durée de la période, La neuvième feétion eft uniquement employée à expliquer les Tables relatives au mouvement de la Comète, de Jupiter & de Saturne, que auteur avoit conftruites pour faciliter le calcul des forces; on y voit aufli le modèle des opérations, qu’il avoit dreffé & fait imprimer pour conduire les Calcula- R ü ## 134 HISTOIRE DE L’ACADÉMIE RoyAtE teurs auxquels il avoit abandonné la partie purement pratiqué & numérique de ce travail. Toute cette fection montre un grand art pour la fim} lification des calculs, avantage qui ne peut être que le fu des foins que l'auteur prenoît depuis long-temps, de rendre {a théorie utile aux Aftronomes. La feconde partie que nous ne pouvons pas détailler autant que la premitre, contient les réfultats de tous les calculs qui compofent l'application de la théorie précédente aux trois dernières révolutions de li Comète. On y voit les réfültats qu'il avoit annoncés dans le Mémoire de la rentrée de l’Aca- démie à la Saint-Martin, avec quelques petits changemens qu'il ya faits depuis, changemens occafionnés, foit par les opéations qu'il avoit avoué n'être pas entièrement finies alors, {oit par quelques légères correétions dans fes calculs. L'accord de la théorie avec l'obfervation , fe trouve de quelques jours moins exact qu'il nétoit d'abord pour les deux premières révolutions ; mais il y en a un peu davantage dans la feconde & la troifième. Le périhélie de la théorie , fuivant les nouvelles corrections , fe trouvoit au $ Avril. M. Cliraut indique les opérations qu'il faudroit faire pour approcher davantage de lobfervation, fi la queftion dépend uniquement de l'artrséion de Jupiter & de Saturne, ou pour s'aflurer qu'il y a d'autres caufes ; il avoue que la fatigue que lui ont donné les calculs précédens, l'empêche de fuivre maintenant ce fecond travail, Il invite les Aftronomes & les Géomètres à ce travail, qui . peut-être très-utile à l'Aflronomie Phyfique : il regarde M poflible qu'il fit découvrir la réfiflance de PES , par exemple, de nouveaux calculs faits avec une rigueur ‘d ne pouvoit être employée qu'après les premiers rase appre- noient encore que la Comète précède conftimment le temps que la théorie donne, il faudroit l'attribuer à la réfiftance. La troifième partie contient de nouvelles recherches que M. Clairaut a faites fur le changement que l'action de Jupiter & de Saturne ont caufé aux élémens de la Comûe, c'eft-à-dire, au lieu du périhélie, au lieu du nœud, & à l'obliquité de lon orbite: dans cet objet, comme dans celui de la durée ii Ê DES SCIENCES. 135 de la période, l'auteur traite féparément la moitié füpérieure & les deux quarts qui compofent la moitié inférieure ; il fe fert d'une finthèfe fort délicate pour la principale partie des chengemens arrivés dans la moitié fupérieure, c’eft-à-dire, de ceux qui viennent de la force fur le Soleil, & des quadra- tures mécaniques pour les autres parties: La manière de lier toutes ces opérations, lart qu'il faut dans chacune pour en rendre les calculs les moins pénibles qu'il foit poffñble , font de cette troifième partie, un morceau aufli favant que les deux autres; mais la difficulté de fe faire entendre fans figure , nous oblige de terminer ici lanalyfe de cet Ouvrage. ETTE année, M. de la Lande publia 7 Comoiffance des Mouvemens célefles pour 1762. Nous avons rendu compte dans l'Hifloire de l’Académie pour 1750 , de Yorigine & des accroiflemens de Ouvrage qui jufqu'alors avoit eu pour titre Connoifflance des Temps ; M. de la Lande, qui en. avoit été chargé en 1759, avoit publié dans la même année les Volumes deftinés pour 1760 & 1761. En donnant cet Ouvrage pour la troifième fois, il crut devoir en changer le titre, quoique confacré , pour ainfi dire, par un ufage de quatre- vingt-trois ans; le mot de Connoiffance des Temps avoit donné lieu à quelques perfonnes de croire qu'il s'agifloit dans ce Livre de prédire des temps, c'efl-à-dire les variations de l'at- mofphère & les phénomènes météorologiques, tels que les pluies, les vents ou le tonnerre : ces fortes de prédictions font aujour- d'hui fi décriées parmi les vrais Savans, que M. de la Lande rédouta le foupçon même de s'y être arrêté; mais quoique le Livre dont: il s'agit foit en effet defliné à Ja connoiffance des mouvemens célefles, il fut appelé Connoiffance des Temps en 1679, en tant quil traitoit des révolutions planétaires, qui font la règle & la melure des temps : ce motifétoit fufhfant pour juftifier l'ancien titre &c pour le faire maintenir, Le projet de perfection & d'accroiffément qu'avoit annoncé M. de la Lande auffi - tôt qu'il fut chargé de cet Ouvrage, 136 Histoire DE L'ACADÉMIE RoyaLe efË également rempli dans le Volume de 1762 ; on y trouve un grand nombre de Tables nouvelles & d'articles intéreffans pour le progrès de l'Aftronomie, dont nous allons donner une idée. Nous renvoyons à l'Hifloire de 1759 pour tout ce qui concerne les calculs ordinaires de chaque année, que M. de la Lande continua de donner comme dans le Volume de 1761 & fur les mêmes Tables. On trouve d'abord dans le Volume de 1762, la troi- fième fuite des Tables d'aberration & de nutation pour les principales toiles, c'eft-à-dire, vingt-quatre nouvelles étoiles de feconde & de troifième grandeur , principalement des étoiles boréales de Céphée, de Cafliopée, de la grande & de la petite Ourfe, du Cocher, du Bouvier, du Dragon; ces Étoiles dont les Aftronomes fe fervent fouvent pour avoir la hauteur du pôle, & pour vérifier leurs inftrumens, ne fe trouvoient pas dans les deux Volumes précédens, où M. de a Lande s'étoit attaché fpécialement aux plus belles étoiles , & aux étoiles zodiacales. Cette troifième fuite , jointe aux deux autres , forme un nombre de foixante-douze étoiles, dont on peut trouver l'afcenfion droite & la déclinaifon apparente en quel- ques minutes de temps, prefqu'avec autant de facilité & d'exactitude que fi les étoiles n'étoient pas fujettes aux trois inégalités de préceflion , d’aberration & de nutation. Ces T'ables ont été enfuite étendues jufqu'au nombre de cent cinquante-trois étoiles dans lesautres Volumes que M. de fa Lande a donnés, jufqu'au temps où l’on imprime cette Hifloire, c'eft-à-dire jufqu'à l'année 1766. Par leur moyen on peut trouver l'aberration de toutes les principales étoiles, & chacune n'exige pas deux minutes de temps ; on peut même trouver à très-peu-près celles de toutes les autres étoiles, car il n'y en a guère qui ne foient fort proches de quelques-unes des cent cinquante-trois étoiles que M. de la Lande a calculées, &c dont l'aberration ne puifle être fuppofée la même à très-peu près. Les Tables fuivantes contiennent une équation du mou- vement annuel des étoiles fixes, en afcenfion droite & en décdlinaifon , calculée de trois en trois degrés d'afcenfion droite & de } Dos dos be nés gps CARE Dies SAC TRE) Nic Es 137 & de déclinaifon, en fuppofant que l'obliquité de l'écliptique diminue de 47 fecondes par fiècle ; les formules ordinaires de la préceflion, qui donnent pour chaque étoile le chan- gement d’afcenfion droite & de déclinaifon par le moyen du changement de longitude , fuppofent que f'écliptique & l'Équateur foient fixes : fi l’un des deux eft mobile, il faudra- appliquer aux fituations des étoiles, par rapport à ce cercle-là, une équation qui contienne l'effet du mouvement de ce cercle; les Tables dont il s’agit étoient fort propres à donner prom- ptement & exactement cette correction dans l’hypothèfe que la diminution de l'obliquité de l'écliptique vint d’une variation dans le plan de l'Équateur. Si, comme on a lieu de le croire, elle vient du déplacement de l’écliptique, on peut encore, avec quelques attentions, fe fervir des mêmes Tables. M. de la Lande avoit fait un Mémoire fur les interpolations en Aftronomie, &, par une formule fort fimple, il avoit montré la correction qu’exigeoient les parties proportionnelles que l'on fait pour le mouvement de la Lune; il s'en fervit pour conftruire une Table qui eft inférée dans le Livre dont nous parlons, & qui eft fort néceflaire pour avoir exaétement le lieu de la Lune à une heure quelconque, par le moyen de celui qui eft marqué de 12 en 12 heures dans le Calendrier de la Connoïflance des Mouvemens céleftes. Lorfqu'on a le lieu de la Lune à midi & à minuit, & qu'on veut lavoir pour 6 heures, on f contente fouvent de prendre un milieu entre les deux longitudes connues ; cela fuppofe que le mouve- ment de la Lune ait été uniforme: il y a quelquefois une minute d'erreur dans cette fuppoñition ; mais on a corrige très-aifément par la Table que M. de la Lande a calculée pour cet effet. - Ontrouve enfuite la Table des inégalités que Vénus éprouve par l'action de la Terre, faite d’après la théorie que M. de la Lande avoit expliquée dans les Mémoires de l’Académie, & dont nous avons parlé ci-devant. La déclinaifon de l'aiguille aimantée, dont les Marins font un ufage perpétuel, a été obfervée dans prefque tous les pays connus, mais elle n’eft pas conflamment là même; à Paris, Hif. 1760, , S 138 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE elle augmente d'un degré tous les fix ans; elle paroît être conflante à l'ile Barbade : elle diminue dans d’autres climats. M. Halley entreprit autrefois une Carte générale de la décli- maifon de l'aiguille, elle a été perfeétionnée par M.* Mountaine & Dodfon en 1744, & ils ont donné dans les Tranfaétions philofophiques de 17 $7 ,une Table fort étendue qui contient le réfultat de cinquante mille obfervations faites depuis 1700 jufqu'en 1756; M. de la Lande a mis dans la Connoiffance des Mouvemens céleftes, pour 1762, la partie de cette Table qui peut fervir aétuellement ; il y a joint un abrécé de la théorie que M. Euler a donnée dans les Mémoires de Berlin pour expliquer tous les changemens de cette déclinaifon , au moyen de deux pôles magnétiques mobiles, placés à la furface de la Terre. À la fuite de cette Table, on en trouve une que les Aftronomes defiroient depuis long-temps, de la hauteur & de l'azimuth des aftres pour différentes déclinaifons & dif: férentes difiances au méridien ; elle avoit été calculée par M. Pingré, mais elle n’avoit point encore paru ; cette Table eft fort utile pour calculer les éclipfes par la méthode de M. de la Lande, qui et elle-même la plus abrégée qu'il ait pu trouver; elle fert auffr à trouver facilement avec un quart-de- cercle les Afres qu'on veut obferver pendant Le jour, à réduire différentes obfervations, à faire des cadrans folaires; enfin on peut dire que c'eft une Table auxiliaire des plus utiles u'il y ait en Aftronomie, Elle eft fuivie d’une Table des arcs femi-diurnes , calculés de dix en dix minutes de déclinaifon, en heures, minutes & fecondes pour la latitude de Paris; c’eft la plus étendue que lon eût faite jufqu'ici, & elle peut fervir à calculer très- exactement le lever & le coucher des Planètes. L’accourciflement que caufe la réfraétion fur les diamètres du Soleil & de la Lune , mefüurés obliquement & en difitrens fens, n’avoit jamais été calculé; cependant les obfervations que l'on fait du diamètre de la Lune toutes fes fois qu'elle n'eft pas dans fon plein , exigent une réduction dont jufqu'ici D'ESANNONTE NC ES 139 il paroît qu'on n'avoit pas tenu compte; les obfervations des paflages de Vénus & de Mercure fur le Soleil y font également füjettes ; M. de la Lande en a fait une Table calculée fuivant la figure elliptique des difques du Soleil & de la Lune, qui eft une fuite néceflaire de {a réfraction aftronomique. A la fin de ces Tables, on trouve l'explication des calculs ordinaires du Calendrier, & enfuite celle des Tables elles-mêmes, après quoi M. de la Lande nous donne une hiftoire abrégée des travaux & des découvertes de l Académie des Sciences depuis fon établiffement , relativement à la grandeur & à {a figure de la Terre; on y voit les réfultats des opérations faites en 1669, en 1683,en 1700, en 1713, en 1735, €n 1752, & enfin en 1756; cette dernière opération con- fifloit à vérifier & à conftater définitivement la bafe de Ville-juif à Juvifr: on venoit d'élever une pyramide à Juvifi; la diflance des deux pyramides, fuivant les mefures de M. Picard , étoit beaucoup plus grande que M. Caffini de Thury & M. de la Caïlle ne lavoient trouvée, & M. le Monnier avoit toujours penfé que la mefure de M. Picard étoit la meilleure. Pour lever tous les doutes à ce fujet, l’Académie nomma huit Aftronomes en 1756 pour mefurer de nouveau cette bafe & les triangles qui en dépendent ; ils fe partagèrent en deux compagnies pour avoir deux mefures différentes ; celle des deux mefures à laquelle M. de la Lande travailla le 31 Août 1756, donna la longueur de la bafe de $717 toifes entre les deux pyramides, en employant la toife qui avoit fervi en Lapponie à la température de 11 à 12 degrés (Mém. de l'Acad, 1754, p. 172). Nous paflérons rapidement fur les articles fuivans; ils on$ pour objets les dernières oppofitions de Jupiter & de Saturne, les élémens des deux Comètes de 1760, dont nous avons parlé ci-devant, les tremblemens de terrearrivés en 17 5-9 & 1760 , la manière de trouver les hauteurs des montagnes par le baromètre, les dimenfions des Planètes, leurs révolutions & leurs diflances calculées d'après les nouvelles obfervations , la manière de calculer les longitudes en mer par le moyen de la Lune, S i 140 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE L'article le plus fmgulier, eft le rapport d'une expérience curieufe faite à Péterfbourg le 14 Décembre 1759, du degré inconnu jufqu'alors, & dont nous avons parlé ci-deffus ; en mêlant de la neige & de l'efprit de nitre bien faumant, on fit defcendre le mercure à $oo degrés de la divifion de Fahrenheit, qui répond à 187 degrés du thermomètre de M. de Reaumur; le mercure fe congela & fe durcit, de façon qu'ayant caffé la boule, on eut une mafle métallique, folide & malléable : à cette occafion, M. de la Lande nous donne une Table de la comparaifon des différens thermomètres qui ont été employés par M." de la Hire, Fahrenheit, de Reaumur & de fIfle, & qui font encore cités dans différens Auteurs. C'eft ainfi que M. de la Lande a rempli pour la troifième fois le projet qu'il avoit annoncé de donner chaque année, dans ce Livre, des Tables & des recherches nouvelles, ou des extraits intéreffans, afin de perfectionner l'Aftronomie & de faire connoïtre fes progrès. NT: ÆSTPE n'es, SENTE N°C:ES IAT Re 51e Ste ve Se Se Se Se Ste Ve Se Se si HYDROGRAPHIE. SUR UNE NOUVELLE SOLUTION DE QUELQUES PROBLÈMES . SUR LA MANŒUVRE DES VAISSEAUX, … Qui fe trouvent dans le Volume de l Académie de 1 75 4. C E que cette folution a de particulier confifte principa- lement dans, fa partie analytique ; M. Clairaut a adopté les principes que M° Bouguer avoit employés pour la réfolution de ces problèmes; mais il s’eft propofé d'en déduire d'une manière plus fimple & qui donnät des conftructions plus faciles, les équations qui expriment les conditions de ces problèmes. à Des problèmes qui conduifent à une. équation du fecond degré où même à une du quatrième, mais fans fecond & quatrième terme, plufieurs font réductibles à la divifion de V'angle en deux parties égales : comme cette divifion eft facile, il s'enfuit qu'un problème qui l'y réduira, fera cenfé réfolu Jorfqu'on aura déterminé Fangle ou l'arc qu'il s'agit de divifer. Or, telle eft la nature des problèmes dont M. Bouguer s'étoit occupé en 17 54; mais feulement attentif à la réfolution abfolue de ces queftions, il paroït n'avoir pas cherché quelle feroit la réfolution la plus fimple. La quantité dont M. Bouguer a fait dépendre fa folution , eft, à proprement parler, Îe finus où le cofinus d'un arc qui eft moitié ou quart d’un autre arc ; de forte que fa réfolution enveloppe des quantités radicales affez compofées, & qui, par une fuite néceffaire de cette complication, deviennent d’un ufage peu commode, foit pour les applications numériques, foit pour les conftructions. M.. S ii V.les Mém.. P- 223: 143 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE Clairaut, au contraire , s'eft propolé de déterminer quel eft cet arc dont la divifion donneroit la réfolution de la queftion ; en regardant ainfi comme faite une opération que fa facilité permet de regarder comme telle, on évite dés radicaux & la multitude des termes qu'ils doivent affecter. L'art qu'a employé M. Clairaut, confifle principalement à changer les puiflances des finus & cofinus des arcs qui entrent dans fes équations, en finus & cofinus de multiples de ces arcs, & à ramener les produits des finus & cofinus de ces arcs, à des finus & cofinus de leur fomme ou de leur différence, ce qui s'exécute par des méthodes qui font aujourd'hui familièresaux Géomètres. A près avoir ainfi préparé fes équations, & leur avoir appliqué les différentes opérations que l'état de laqueftion exige, M. Clairaut éxamine de nouveau quels font les termes , qui rapprochés les uns des autres, compolent le finus ou le cofinus de la fomme ou de la différence de deux où d’un plus grand nombre d'ares, ou de leurs multiples. L'application de cette méthode aux queftions actuelles, conduit à une équa: tion finale, entre des finus de cette elpèce, & qui fe trouvent combinés de manière qu'on peut facilement en conclure une équation entre les arcs mêmes , laquelle donne enfin une réfolution très-fimple. Ces fortes de queftions font aflez utiles pour qu'une réfolution même compolée, doive être regardée comme fort avantageufe ; à plus forte raïfon doit-on faire cas du travail de M. Clairaut, qui en fimplifiant ces objets, met par-là un plus grand nombre de Leéteurs à portée d'en profiter, Con année, parut un Livre de M. le Chevalier d'Arcy, intitulé: Æffai d'une Théorie de l'Artillerie. Nous avons rendu compte dans le Volume de 1757, d'un Mémoire que M. d’Arcy lut cette année, fur cétte im- portante matière. Nous avons dit qu'après avoir fait voir qu'on peut confidérer l’Artillerie comme compofée de deux parties, June phyfique & l'autre militaire, ilexpole les vues qu'il s'eft \ DES SCIENCES 14 formées fur les moyens de perfectionner la première, & les différentes recherches & expériences qu'il a faites pour y parvenir. L'ouvrage dont nous rendons compte, renferme non-feulement ce qui eft'contenu dans ce Mémoire, mais encore plufieurs autres parties relatives à lArtillerie , & néceflaires pour la perfeétionner!, qu'il navoit pu y faire entrer. Ainfi M. d’Arcy traite dans cet ouvrage de la fabri- cation de la poudre, de la meilleure manière de l’éprouver, de la fabrique des canons, des dimenfions qu'on doit leur donner, &c. D'après ce que’ nous venons de dire fur ce qué ce Livre a de commun avec le Mémoire de 1751, nous ren- verrons quelquefois à ce dernier, particulièrement lorfqu'il fera queftion des machines que M: d'Arcÿy à employées ‘dans fes expériences , & dont la defcription {e trouve dans cé Mémoire. Pour mieux faire comprendre l'objet qu’il fe propole dans cét Ouvrage, M. d'Arcy a raflémblé fous un certain nombre de chefs les points qui lui paroiffent les plus importans à déterminer, pour établir fur une bafe folide 1a théorie dé VAïtillerie phyfique. Il faut, felon lui, rechercher, 1° queiles font les inatières les plus propres à faire de bonne poudre, & les proportions dans lefquelles on doit les méler ; 2.° Jes moyens les plus certains de mefurer fes ‘effets, pour recon- noître celle qui eft Hi meilleure; 3° es matières les plus propres à entrer dans la compofition des pièces d'artillerie & les pro- portions dans lefquelles il faut les méler; 4° les épaifleurs de ces pièces dans leurs différentes parties relativement aux efforts qu'elles ont à foutenir de l'explofion de la charge; les longueurs queices pièces doivent-avoir pour produire le plus grand eflet poffible avec la même charge; la Jongueur de cette charge la plus avantageufe pour la même pièce ; comment & jufqu'à quel point la réfiflance de l'air peut influer füur leurs effets, &c. On conçoit combien une pareille entreprife comporte de difficultés, combien de dépenfes, de foins, d'expériences pour parvenir même à ne réfoudre qu'un petit nombre des queftions que nous venons d’expofer; mais tous ces obftacles n'ont point arrêté M. d’Arcy : encouragé par le x44 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE def d'établir quelques principes fürs dans une matière ff importante & fur laquelle cependant on n'avoit trouvé jufqu'ici prefque que de l'incertitude, les faits oppolés étant foutenus avec une, égale vraifemblance & mêmé paroiffant également établis fur des expériences. Nous n'avons cité qu'en fecond la néceflité de découvrir les meilleurs moyens de mefurer les effets de la poudre: cependant on fent qu'un travail de Ja nature de celui de M. d'Arcy doit commencer par-à, aufli c'eft le premier objet qu'il s'eft propofé : les éprouvettes employées jufqu'ici, & même le mortier d'épreuves comportant beaucoup d'incerti- tudes, voici pour cet effet linflrument qu'il a imaginé, I fofpend une verge de fer, comme un pendule, fur des couteaux; cette verge porte un canon de cuivre fitué tranfverfalement à l'axe de ces couteaux ; de façon que ce canon peut faire des vibrations comme un pendule: on conçoit ainfr qu’en le tirant , il reculera &, par ce mouvement, décrira des arcs, qui don- neront la facilité de mefurer les vitefles de ce canon au point de départ, puifque ces viteffes feront comme les arcs décrits par le centre d’ofcillation de ce pendule. En comparant ces arcs, on pourra donc comparer les efforts du fluide élaftique, qui caufe le recul en fe développant dans le canon. Mais il n’étoit pas facile de me‘urer d’une manière certaine l'amplitude de ces arcs; cependant M. d'Arcy y eft parvenu de 1 manière fuivante. Une aiguille, dont le centre fe trouve dans l'axe du canon, fe meut le long d'un limbe ou d’une portion de cadran de cuivre divifé & placé fur un chafis de fer au-deffus de la fufpenfion de ce canon; une efpèce d’étoquiau ou de cheville fixée à la tige du pendule & contre laquelle s'applique conftamment la queue de l'aiguille, fert à lui faire parcourir Jes mêmes arcs que le pendule ; enfin cette aiguille ayant un léger frottement fur fon axe , refte par-là précifément au point où elle a été menée par l'excurfion de ce pendule, La nature de cet inftrument annonce afez la précifion qu'il #V. ls Mém. de doit donner *, mais M. d’Arcy s'en eft affuré par des expé- ‘73411 #9" riences répétées, faites avec la plus grande exaétitude ; fur | plus DES SCIENCES 145 plus de deux mille, il n'a jamais trouvé plus d'un trentième d'erreur dans les différentes vitefles qu'elles ont données. Muni de cet inftrument, M. d’Arcy pafla à l'examen des différentes poudres, & fit faire divers effais par M. Baumé ( habile Chymifte, & connu par plufieurs très-bons Mémoires . lus à f Académie), pour tächer de reconnoiïtre quelles étoient les proportions de foufre, de falpêtre & de charbon qui donnoient la meilleure poudre. La méthode qu'on fuivoit dans cette recherche, c'étoit de faire varier fucceflivement la dofe d'une de cestrois matières, les deux autres reftant les mêmes ; auffi-tôt que ces compofitions étoient faites, on les effayoit avec l'éprouvette ou le canon fufpendu. De tous ces effais, & des expériences. qui en ont été faites, il réfulte, ce qu'il eft important de remarquer; 1. que la perfection de la poudre dépend beaucoup plus des moyens qu'on emploie pour mêler & unir les matières qui la compofent, que de la proportion de ces matières, tellement que de petites dif- férences dans les manipulations de ce mélange, caufent de plus grandes variétés dans les forces des poudres, que de grandes différences entre les dofes des matières dont elles font compofées; 2.° que la bonté de la poudre dépend beau- coup du degré de ficcité dans lequel fe trouve la pâte lorfqu'on Ja met en grains; 3° qu'il faut triturer enfemble les trois matières, ou commencer par mêler le nitre avec le charbon, parce que le foufre enduit le nitre d’une efpèce de vernis qui l'empêche de sunir au charbon ; 4.° qu'il faut triturer enfemble les trois matières jufqu'à ficcité, fans quoi lorfqu’on fe fert du feu pour fécher le mélange , il rappelle l'humidité à la furface des grains, ou le nitre fe criftallife alors en fe féparant des deux autres matières; 5° que la groffeur des grains ne fait rien à la force de la poudre ; 6.° que la meilleure poudre n'eft pas, comme on le croit, celle qui falit le moins es mains; 7. que les charbons de bois durs ou légers, font également propres à faire de bonne poudre ; 8.° que le fl marin nuit beaucoup à a poudre, ce qu’on a reconnu fans équivoque par des expériences faites exprès : 9.° qu'il eft Hif. 1760. mi) 146: HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE important de dépouiller le falpêwe en grofle mafle d’une eau de nature alcaline, qui fouvent emplit fes cavités, parce qu'il en réfulte un fel alcalï, qui attirant fortement l'humidité de Vair, porte cette humidité dans la poudre ; enfin que les moulins à poudre fauteroient bien plus rarement, fi l'on avoit foin de purger bien exactement les leflives de falpètre, des fables & graviers qu'elles renferment, M. Baumé en ayant trouvé près d’une demi-once par cent livres de nitre: on préviendroit de fi funefles accidens en filtrant ces leflives par des tamis de toile ou de crin. On imagine bien que dans cette analyfe de la poudre & de la meilleure manière de la fabriquer, M. d'Arcy n'a pas négligé d'examiner avec fon éprouvette les poudres qu'il a pu fe procurer, telles que la poudre de guerre, la poudre de chaffe ordinaire, une autre poudre de chafle de Flandre, regardée comme meilleure, & la poudre d'Angleterre; ila trouvé que leurs effets font entr’eux comme 198, 127, 125 & 129, ce qui montre que la poudre de guerre, moins lifle & grénée beaucoup plus impar- faitement que les autres, leur eft cependant très-fupérieure, Pour remplir fon objet, M. d’Arcy devoit s'attacher à reconnoitre ou à déterminer ce.que l'on doit penfer des effets les plus généraux de la poudre ; un des plus importans étoit de favoir fi fon inflammation eft fucceflive ou inftantanée, ou, en d'autres termes , fi cette inflammation dure affez de temps pour qu'il en réfulte des effets fenfibles. M. d'Arcy a prouvé fans replique que l'inflammation de la poudre eft dans ce dernier cas, & cela avec un inftrument très-ingénieux dont il donne la defcription dans fon Ouvrage, & qu'on peut voir auffi dans le Volume déjà cité, page 49. L'inflammation de la poudre n'étant point inflantanée, if étoit intéreffant d’examiner dans quelles loix elle s’enflammoit: on avoit bien déjà avancé que les temps des’ inflammations de différens globes de poudre étoient comme les racines cubes : des ces globes; mais cette détermination n'étoit que d'après ? la théorie; & la chaleur réfultante de l'ixflammation d'une mfle confidérable de poudre devant altérer cette loi & hâter : 1 * 14 DIE SN SICTENN CES. 147 linflammation, il étoitutile de reconnoître, par des expériences, - ce qui en étoit; auflt M. d’Arcy a-t-il trouvé par les fiennes, dont on verra le détail dans le Mémoire de 175 L, que ces inflammations fuivoient une loi bien différente. Ayant examiné ces différentes queflions fur la fibrication de la poudre, fur fa force, fur fon inflammation, M. d'Arcy pafle à l'examen des avantages & des inconvéniens des différentes matières & des compofitions dont on a fait jufqu'ici les pièces d’Aitillerie. Il remarque d'abord qu'on a bien évité en partie les chambres qui fe rencontrent, comme on fait, dans l'épaiffeur des canons de fer fondu, en les fondant pleins pour les forer enfuite; _ mais qu'on perfectionneroit encore Ja fabrique de ces canons en sattachant à rendre le métal moins caflant, & en le pur- geant par des affinages réitérés du laitier qu'il contient : il obferve de même que le bronze ou la fonte compofée de cent parties de cuivre & de dix livres d'étain, n'eft pas exempte d’inconvéniens. Cet Académicien penfe que Fétain peut être aifémerit diflout par l'acide de la poudre , parce que les pièces d'Artillerie s’échauffant affez par le férvice pour que ce métal entre en fufion, cet acide agit alors fur lui, le métal de ces pièces d'Artillerie étant, felon M. d'Arcy, dans l'état d’une éponge de cuivre remplie d'étain : ainfi cet acide attaquant l'étain, il le détruit en peu de temps; ce qui fait que ces pièces ne durent pas Jong-tempSfdans les fiéges. On obferve même que, devenant poreufes, la liqueur que produit la poudre pale à travers le métal jufqu'à fa furface, & on dit alors que la pièce fuë; c’eft pour obvier à cet inconvénient, qu'on règle dans les fiéges le nombre de coups que chaque pièce doit tirer.en un jour. Il réfulte de-là qu'il faudroit avoir un métal pour les pièces d’Aïtillerie dont toutes les parties puffent réfifter également aux efforts de la poudre & à l'action de fon acide; mais c'eft ce qu'on na pas encore découvert. Un moyen d'y fuppléer, ce feroit de faire des canons de fer forgé, dont l'intérieur feroit garni d'une ame de cuivre brafée avec le canon, & qui feroient pareïllement recouverts à extérieur d’une chemife du même métal pour éviter la rouille; T ÿ A 148 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ce moyen, propofé par le fieur Annoteau , a paru à M. d'Arcy devoir fournir des canons d’une conftruétion préférable à toutes les autres, parce qu'ils auroient autant de corps & qu'ils feroient beaucoup plus légers. M. d’Arcy, après cet examen de la matière des pièces d’Artillerie & de la meilleure manière de les fabriquer , recherche encore par l'analyfe la force & les épaiffeurs qu'on doit donner aux différentes parties du canon, pour qu'ayant le moins de matière poflble, il réfifte le plus avantageufement aux effets de la poudre pour l'ouvrir, &c. Mais on fent qu'à cet égard il y a telle découverte chimique fur Ja nature & la fabrication d’un métal, qui pourroit tout | d'un coup porter ceci à un point de perfeétion beaucoup plus grand , au moins quant à la légèreté de la pièce ; car par fapport aux épaiffeurs de fes différentes parties, comme elles font fondées fur les efforts qui fe font dans un tuyau cylindrique, en con- féquence de la force d’un fluide qui s’y développe, elles feront toujours dans la même relation. Nous voici parvenus à la parüe la plus importante, fi cela peut dire, de l'Ouvrage de M. d'Arcy. On difputoit depuis long-temps fur la longueur des armes & des bouches à feu ; les uns prétendoïent que paflé une cer- taine longueur, on a beau les alonger, il n'en réfulte aucun avantage ; les autres prétendoient le contraire. Les expériences n'avoient point décidé da quéftion , parce que ces expériences ne comportoient pas une précifion fufhfante; les Géomètres & les Phyficiens qui lavoient examinée, ne doutoient pas à la vérité que plus les armes & les bouches à feu avoient de longueur , plus elles devoient communiquer de vitefie à la balle où au boulet; mais cette conféquence dépendoit d’une analyfe affez délicate & de raifonnemens, que tout le monde n'étoit pas en état d'entendre. M. d'Arcy crut donc ne rien devoir négliger pour prouver d'une manière certaine, que cette vérité théorique étoit égale- ment une vérité de fait. Pour cet effet, il fit faire un canon de fufil qui avoit 1466 parties de long, dont 400 étoient égales au pied de Roi, c'eft-à-dire, que ces 1466 parties ve DES SCIENCES. 149 fafoient 3 pieds 8 pouces ; ce canon fut rogné peu-à-peu, en retranchant à chaque fois 1 3$ parties : on tiroit à chaque longueur huit coups, en obfervant dans le calibre de Ja balle, fa pefanteur, celle des charges, &c. tout ce qui pou- voit aflurer de l'égalité de ces coups. M. d’Arcy fit quatre- vingts expériences de la forte, en réduifant ce canon de 1146 parties à 116; il tiroit contre une palette de fer fufpendue comme léprouvette dont nous avons parlé, & dont les reculs étoient marqués fur un 1imbe, par un index à peu près comme dans cette machine ; on en voit la defcription dans le Mémoire de 175 1. Le réfultat de toutes ces expé- riences , comme on le voit dans les Tables que M. d’Arcy en donne dans fon Livre, montre évidemment, par les viteffes moyennes de la palette à chaque coup, que celles de la balle aloïient conflamment en diminuant, à melure qu'on diminuoit la Jongueur du canon. Les mêmes expériences furent répétées avec un canon dé fix pieds , les charges étant les mêmes, ainf que les poids des balles , le calibre en étoit feulement un peu moindre que celui du premier. On raccourcifloit ce canon à chaque fois de 266 de ces parties, de 400 au pied de Roi; on le ré- duifit de la forte de 2406 parties à 273 ; fon raccourciffe- ment produifit encore conflamment une diminution fenfible dans la viteffe des balles, comme le raccourciffement de l'autre canon: ces canons étoient folidement établis fur un traiteau, toujours à la même diflance de la palette, . Le raccourcifement d’un canon diminuant toujours la viteffe de Ja balle tirée avec la même charge ; il s'enfuit qu'au contraire en l'alongeant continuellement, on augmentera cette viteffe ; d'où il réfulte encore qu’il n'y à pas de longueur déterminée qui foit la plus avantageufe pour un canon (en ne la confi- -dérant que fous le point de vue de faction de la charge), puifque plus fa longueur augmentera, plus avec cette même charge la balle acquerra de viteffe, à moins que cette longueur ne devint fi grande que la nouvelle viteffe que la balle acquierroit ne füt plus qu'égale à la réfiftance de f'air à fon mouvement : : Ti 166 HisTotRE DE L'ACADÉMIE (ROYALE cependant M. d’Arcy a encore conilaté cette vérité :par fes expériences, ayant obfervé que les coups les plus foibles d'un eanon de fufil de fix pieds de long , furpafloient toujours les plus forts d’un canon de 4. pieds tirés avec la même charge. Une autre vérité non moins importante, que M. d’Arcy a reconnue & établie par fes expériences, cit que la charge la plus avantageule: pour un canon d'une longueur donnée, doit en occuper plus du tiers & moins de la moitié; ce rapport trouvé par l'expérience, approchant de fort près de celui que donne la théorie qui fe trouve de 100 à 271. Pour mefurer l'eflet de la réfiftance de Fair fur les viteffes des balles, M. d'Arcy a comparé deux fuites d'expériences faites avec un canon fufpendu comme l’éprouvette, en tirant contre une même palette placée d'abord à la diftance de huit pieds de la bouche du canon, & enfuite à une diftance de 92 pieds: le réfuliat moyen d'un grand nombre de coups montre que la balle perdoit un onzième de fa vitefle en traverfant 84 pieds d'air. Partant de ce fait, M. d'Arcy calcule les différentes portées de deux boulets, dont Fun fortiroit de la bouche du canon avec une vitefle de 1 100 pieds par feconde, & l'autre avec une viteffe de 1000 pieds, & il trouve que cette différence d'un onzième dans la vitefle, n'en donneroit qu'une d'un centième entre les portées; d'où l'on voit chirement combien la méthode des portées eft infufh- fante pour déterminer avec précifion la vitefie du boulet, lorfqu'il fort de la bouche ‘du canon. M. d’Arcy penfe que da réfiftance de fair ne contribue que très-peu au recul du canon ; il a recherché par une fuite d'expériences & par une analy{e affez fubtile, dans quelle pro- portion agiflent la réfiflance de l'air & la mafie de la poudre, pour produire le recul du canon; mais il eft fr difhcile de déméler la quantité de leurs actions refpeétives , & d'en aff- gner la valeur avec précifion, que la Phyfique n'eft point encore aflez avancée pour qu'on puifle évaluer cet élément. Tel eft en général lOuvrage de M. d’Arcy; on conçoit que nous avons été obligés de paflèr fous filence beaucoup de ê x L EC PT RTS DIE's\ SCT E N c Ets Et eg chofes & de détails intéreffans que nous n'avons pu mettre ‘ici; cependant nous en avons dit aflez pour faire connoître avec quel foin il a fait les différentes expériences dont il ävoit befoin, & comment.il ef parvenu à décider : d'une manière inconteflable plufieurs queftions dont la folution eft de la plus: grande conféquence dans Artillerie phyfique. Quand on n'examine que fuperficiellementles Arts, & particulièrement ceux qui font importans, on eff porté à croire qu'ils font fondés far de folides principes & des faits bien conftatés : mais lor£ qu'on en fait un examen:plusapprofondi,, on eft tout étonné de voir l'inexactitude qui y règne, & qu'on n'eft pasmême d'accord fur les faits qu'il eft le plus néceffaire de connoître. = est CANIQUE. SUR LE TIRAGE DES CHEVAUX. N OUS 1€ pouvons trop nous appliquer à connoitre: la N nature des agens que nous employons', de quelle manière ils agiffent, quelles font leurs forces, &c Ces connoiffänces de fait font dans la pratique, ce que font les principes généraux: dans es Sciences de pure fpéculation , dont l'application ‘eft d'une utilité fi étendue, & nous épargnent tant de travaux, Auffi dès le renouvellement de l’Académie, plufieurs Acadé- miiciens Soccupèrent - ils à découvrir les forces des différéns agens de la Nature, les loix de leur ation; &c. pour tâcher enfuire d'établir de folides principes fur la manière de lés em ployer ; la force de lhômme, celle des quadrupèdes , & particulièrement celle du cheval , devoient naturellement: entrer dans cet examen: L’ufige prefqu'infini que nous faifons de’cet animal.que nous avons fü dompter, rend cet examen d'autant plus néceffaire & intéreffant. C'efl! ce qui enpagea autrefois M: de la Hire & M, des Camus à l'entreprendre ; mais V. les Mém. p- 263. 152 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE malgré l'importance de la matière & le temps qui s’eft écoulé depuis qu'ils s’en font occupés , on n'a rien ajouté à ce qu'ils en ont dit; la plupart des Auteurs qui en ont parlé depuis m'ayant prefque fait que les copier. M. des Camus, qui le premier a traité des avantages des grandes roues, particulièrement pour celles de devant des voitures à quatre roues, a auffi parlé de la fituation des traits des chevaux , pour qu'ils tirent le plus avantageufement poffble ; il prefcrit pour cet effet de les placer horizontale- ment à la hauteur du poitrail. M. de la Hire qui a traité d’une manière plus particulière de la force de l'homme, ayant aufft parlé de la force des chevaux, & de la manière dont ils agiffent en tirant, a été caufe que cette opinion de M. des Camus, fur la manière de placer les traits, a été plus géné- ralement adoptée, parce qu’elle fembloit réfulter de l'opinion que l’on avoit de la manière dont fe fait la traction du cheval. M. de la Hire prétendoit , avec raifon, que la force des chevaux pour tirer, dépend principalement des mufcles de leur corps & de la difpofition générale de leurs parties, qui ont un très-grand avantage pour pouffer en avant ; mais felon M. Deparcieux , cet Académicien n’a pas été bien entendu, & c'eft particulièrement pour fuppléer à ce que M. de la Hire a dit fur ce fujet, que M. Deparcieux a entrepris, comme nous l'avons dit, d'examiner cette matière. Lorfque nous ne confidérons nombre d'effets que fuperficiel- lement, ils nous paroiffent faciles à expliquer ; il femble que nous pouvons rendre raifon de tout ce qui s'y pañle; mais dès que nous voulons les approfondir, ce qui nous avoit paru fimple nous paroît très-compofé, & ce que nous avions cru aifé à expliquer, nous paroît fort difficile ; à peu-près comme quand nous voyons un objet de loin, nous croyons d'abord en faifn la forme & les contours, & nous fommes tout étonnés de nous être groflièrement trompés lorfque nous le voyons de plus près. Un homme tire un fardeau , des chevaux traînent une voiture; il femble d'abord clairement que l’un & Fautre ne produifent le mouvement du corps qu'ils traînent que D ESNSCTEN CES 153 que parce que portant eur maffe en avant en conféquence de action de leurs mufcles, cette mafle étant avancée, le fardeau qui la fuit doit avancer pareillement ; cependant ce n’eft point ainfi que cela fe fait : felon M. Deparcieux , l'homme & le cheval ne tirent que par leur poids ou par leur pefanteur , & l'effort de leurs mufcles ne fert qu’à porter fucceflivement leur centre de gravité en avant ou à produire continuellement le renouvel- lement de cette action de leur pefanteur. On convient aflez que c'eft ainfi que fe fait l’action de l'homme pour tirer, mais par rapport au cheval & aux quadrupèdes, cela ne paroït pas aufli évident. Pour prouver cependant que tel eft le mécanifme de leur action, M. Deparcieux commence par démontrer que réellement l'homme qui tire un fardeau n'agit que par fon poids; il fait voir, que par attitude que tous les hommes prennent en tirant , qu'ils tendent conflamment à diminuer le levier par lequel agit ou réfifte le poids qu'ils veulent tirer & à augmenter la proportion qui eft entre ce levier & celui par lequel tend à defcendre leur centre de gravité. On voit clairement par-là que c'eft par l'action du poids de l'homme que fe fait fa traétion , puifque plus ce poïds agit avec avantage contre l'obftacle qui réfifte, par la pofition que l’homme prend, plus cet homme a de force pour furmonter cet obflacle; mais fi l’on fuppofe maintenant qu'il fe baifle fucceffivement, l'avantage avec lequel il agira augmentera à mefure qu'il s’in- clinera, & il fera le plus grand poffible lorfqu'il pofera les mains par terre : or ce cas eft précifément celui du cheval ; donc, en conclud M. Deparcieux , le cheval agit comme homme par la pefanteur de fa mafle en tout ou en partie. Comme quelques perfonnes pourroient avoir de la peine à fe perfuader que le cheval en tirant, n’agit que par fa pefan- teur, M. Deparcieux cite plufieurs expériences pour faire voir que quoique cette opinion paroifle contraire aux gotions communes , elle n'en eft pas moins certaine ; il prouve qu'aufi- tôt que le cheval veut faire un eflort, il ne pofe prefque plus fur les pieds de devant, n'appuie que fur ceux de derrière, Hifl. 1760. eV 154 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qui deviennent par-là comme un point d'appui autour duquel une partie de fa mafle tend à tourner ou à defcendre pour roduire l'effet de la traétion : il rapporte à cette occafion l'expérience de la bafcule où le cheval, placé de façon que fes pieds de devant pofent fur un bout & ceux de derrière fur l'autre, fait baifler tout d'un coup celui-ci dès qu’on tire le palonnier pour faire faire au cheval la même aétion que sil troit une voiture; M. Deparcieux fait voir en outre que le cheval, par la difpofition de fes parties, a un avantage très- confidérable fur homme pour tirer indépendamment de fa plus grande force, ce qu'on fentira facilement fans qu'il foit néceffaire de nous y arrêter. Ayant ainfi prouvé de quelle manière le cheval agit lorfqu'il tire un fardeau, M. Deparcieux examine enfuite comment if doit tirer pour produire le plus grand effet poffible; or comme il tire par la même caufe que l'homme & que pour Fhomme plus les traits font bas, jufqu’à un certain point, plus il tire avantageufement, ainfr que M. Deparcieux s’en eft afluré par fa propre expérience ; il s'enfuit que les traits du cheval ne doivent point être horizontaux, comme M. des Camus avoit avancé, mais qu'au contraire ils doivent être inclinés. M. Deparcieux a décidé, par des expériences faites avec foin, que cette inclinaifon des traits doit être de 74 à 15 degrés ; aïnfi en leur donnant cette pofition, on aura encore cet avantage, qu'ils foulèveront ou porteront une petite partie du poids de la voiture, & foulageront ainfr les petites roues de devant. M. Deparcieux prévient une objection qu'on pourroit lui faire : on pourroit imaginer qu’en prefcrivant la néceflité de placer les palonniers bas, ou de façon que les traits fe trouvent à la moitié de la hauteur du cheval, il voudroit profcrire les roues de devant qui feroient trop grandes ; mais comme la pofition des traits n'a rien en quelque façon de commun avec la grandeur de ces roues, rien n'empêche qu'en donnant aux palonniers la pofition qu'ils doivent avoir, on ne donne en même temps aux roues de devant toute Îa grandeur poffible, DES SCIENCES. 155 MACHINES ou INVENTIONS APPROUVÉES PAR L'ACADÉMIE EN M DCCLX, L. P:* DULE du fieur Quinette, Horloger, o4 l'on remédie aux inégalités du pendule, caufées par le froid le chaud, au moyen d'une verge ou d'un pendule de correthion égal au premier, d qi, agiflant en fens contraire, en corrige les inégalités de le même manière qu'elles font produites. Pour cet effet, cette verge ou pendule de correction eft placée dans la pendule de façon qu'agiflant en contrefens du pendule du mouvement, lorfque celui-ci s'alonge par la chaleur d’une certaine quantité, elle fe dilate de la mème quantité, & ainfi le raccourcit précifément de la même longueur qu'il s'eft alongé; & pour que cet effet { faile fans que la verge correctrice foit obligée d'élever le pendule du mouvement, ce pendule eft fufpendu à une croix qui eft toujours pouffée vers le haut par un reffort : ainfi c'eft ce reflort qui eft chargé de relever ou de raccourcir le pendule dans le chaud , lorfque la vérge de correction le lui permet; & dans le froid, cette verge elle-même force le péndule à defcendre précilément de la même quantité dont il s’étoit raccourci par la même caufe.. Lorfque les lentilles font fort pefantes, le fieur Quinette prétend avec raïfon qu'il ne fufht pas d'établir un lévier, comme cela s'eft pratiqué, & une verge qui foit d’une lon- gueur égale à celle du- pendule pour agir fur le bras de ce lévier oppolé à celui qui porte le pendule, mais qu'il faut charger ce bras de lévier d’un poids égal à la lentille; fr elle pèle 30 livres, qu'il en porte 30 pareillement pour faire équilibre, & qu'il faut en outre charger de 30 livres la verge de fer correétrice , afin qu’elle foit tendue par un poids | oo na 156 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE égal à la lentille que porte la verge du pendule & que tout foit parfaitement égal. On a trouvé que ces réflexions du fieur Quinette & les conféquences qu'il en tire pour la pratique font juftes ; on fait, d’après plufieurs expériences, & l'analogie phyfique lindiquoit, qu'une verge ou un fil de métal ne fe dilate & ne fe contracte point de la même manière lorfqu'il foutient un poids confidérable relativement à fa force que lorfqu'il n’en porte aucun. Pour que les changemens qui pourroient arriver à la confole qui porte le mouvement , ne puiflent produire aucun incon- vénient, le fieur Quinette propofe de fufpendre la cage à l'extrémité inférieure de la confole & de placer la verge de correction fur une confole femblable qui, éprouvant les mêmes changemens, confervera aux parties leur même fituation refpective ; enfin dans fa pendule , le fieur Quinette a encore remédié aux inégalités de l’engrénage de l'ancre avec le rochet, produites pareillement par le froid & le chaud: pour y parvenir, les pivots de l'ancre font portés refpetivement par un coq de la même longueur que cet ancre, & ces coqs font eux- mêmes immédiatement portés par deux rochets égaux &c concentriques au rochet de la pendule, mais fixes & immobiles. 11 eft trop évident, pour l'expliquer, que par cette difpofition la quantité de lengrénage du rochet & de l'ancre feront toujours dans la même proportion; mais on a trouvé que depuis l'ufage des groffes lentilles & des échappemens à repos, les irrégularités qui pourroient réfulter de l'inégalité de l'engrénage du rochet avec l'ancre ou la partie qui forme l'échappement , n'étoient plus à craindre. IL Machine à pétrir le pain, inventée par M. Solignac, ci- devant Négociant à Louifbourg. Cette machine confifte effentiellement dans une efpèce de herfe , qui fe meut circulairement dans une cuve; en conféquence un arbre vertical, dont le pivot d'en bas tourne dans une crapaudine placée au fond & au centre de la cuve, porte une forte croifée de bois à la hauteur du bord fupérieur de la cuve; chacun des D''EMSAISICANE N°C'E S. 157 bras de cette croilée eft arrné en deflous d’un certain nombre de bâtons ou de dents taillées en couteau, placées perpendi- culairement & dont la longueur eft à peu-près là même que la hauteur de la cuve; de plus ces bâtons font diftribués fur la croifée de façon que ceux d'un bras répondent aux intervalles de ceux de l'autre bras; enfin leur tranchant eft tourné du côté où fe meut la roue & dans da fituation la plus propre à couper. Pour que la pâte foit battue avec des viteffes moins inégales, vers le centre ou l'intérieur de la cuve, il doit encore y avoir une grande herfe immobile, afin de refferrer l’efpace dans lequel la pâte fera battue : on conçoit, d’après cette défcription, que cette herfe tournant dans la cuve avec une certaine vitefle, fi l'on y met de l’eau & de la farine, ces matières feront battues & mêélées enfemble d’une manière à peu-près femblable à celles dont on bat la pâte où l'on pétrit le pain. L'expérience en a été faite avec une machine d'un petit volume dont on faifoit tourner la herfe à la main, au moyen d’une manivelle; la pâte, faite avec cette machine en 14 minutes & cuite au four à la manière ordinaire, a formé de fort beau pain qui a été préfenté à l’Académie & trouvé très-bon. Il eft inutile d'ajouter ici que cette machine étant exécutée en grand, on pourra employer telle force motrice que fon voudra pour la faire mouvoir comme celle de l'eau ou des chevaux , en y joignant un équipage néceffaire à cet effet. Celui de la machine préfentée par M. Solignac eft compofé d'une roue menée par un cheval; d’une feconde dans laquelle celle-à engrène & qui ne fert que de renvoi; enfin d'un pignon mené par cette feconde roue & qui eft enarbré fur arbre qui porte la herfe : comme il faudra fouvent hauffer & baifler cette herfe fans déranger le refle de fa machine, le pignon dont nous venons de parler, qui entre carrément fur arbre, eft retenu à la hauteur qu'il doit avoir au moyen dune cheville qui le traverfe horizontalement; ainfi en la tirant, l'arbre ne faifant plus corps avec le pignon, . on peut la haufler ou baiffer à volonté : une petite grue fituée au-deffus de cet arbre , fert encore à pouvoir l'élever facilement avec la here. 158 HisToiRe DE L'ACADÈMIE RoyaLe On a trouvé que cette Machine de M. Solignac méritoit d'être exécutée & approuvée, & qu'elle pouvoit être eflayée utilement pour faire du pain pour une armée , où du bifcuit pour une flotte , ainfi que l’Auteur fe le propofe. T4 Lampes où Chandeliers à huile, préfentés par M. Meffier ; le mécanifme de cette lampe eft renfermé principalement dans la capacité d'un pied de chandelier ordinaire , & confifte particulièrement en ceci : un cuir fouple qui fe replie fur lui- même, & qui eft garni à chacune de fes extrémités d’une petite plaque de fer-blanc, percée d'un petit trou garni d'une foupape , renferme un petit reflort à boudin , qui éloigne continuellement ces deux plaques l'une de l'autre, & forme par-là une efpèce de petite pompe; cette pompe fert à faire pafler ou monter l'huile du pied du chandelier dans le haut de la lampe ou dans la partie qui repréfente une bougie ou une chandelle ; cette partie eft compolée d'un tuyau de la groffeur à peu-près d'une forte plume, & de fept à huit pouces de longueur ; ce tuyau eft renfermé dans un autre qui a un pouce de grofieur, & à l'extrémité duquel le porte- mèche eft placé; enfin, celui-ci eft recouvert de celui qui eft peint, ou du tuyau qui lui fert de fourreau : lorfqu'on veut fe fervir de la lampe, on verfe de l'huile par la bobèche, dont le fond eft percé, & on en remplit toute la capacité du pied du chandelier; enfuite en faifant de l'autre partie de la lampe, qui repréfente une bougie artificielle, un mouvement en tournant comme pour la faire entrer , on fait monter de l'huile dans ce tuyau , & en trois ou quatre compreflions de la forte, on a bientôt rempli ce large tuyau. On a trouvé que ces lampes étoient plus commodes, plus ingénieufes & d'une forme plus agréable que toutes celles dont on s'eft fervi jufqu’à préfent, qu'on peut les incliner confidérablement fans répandre l'huile qu'elles renferment ; qu'elles remédient aux inconvéniens qu'on a remarques dans les autres lampes à pompe, qui paroiffent avoir contribué à donner l'idée de celle-ci; mais on a remarqué qu’elles feront difficiles à nettoyer | | DIELS) S\CITENN.C E S. 159 & à réparer, fur-tout dans le cas où l'huile viendroit à s’'épaifhr & à fe gâter, ce qui pouvant falir les foupapes, en empêche- roit le jeu; cependant on a jugé malgré cela, qu'étant entre- tenues avec foin, elles front fort utiles. IV. Machines à élaguer de grands arbres à tondre de grandes charmilles , préfentées par le fieur Mufy. Un mât d'une certaine hauteur, établi fur un plateau mobile fur des roulettes, & fendu dans fa partie fupérieure de façon qu'il peut recevoir une pièce de bois, qui porte par un boulon un levier fixé horizontalement & armé à fon extrémité d'un inftrument tranchant , forme la première de ces machines: des hommes qui font par terre, tirant par des cordes un des bras de ce levier, font décrire des arcs à l'autre qui porte l'inflrument tranchant, au moyen de quoi il coupe & élague toutes les branches qui f rencontrent fur fon paffage où dans le plan qu'il décrit. Par une mécanique particulière, on élève la pièce de bois qui porte le levier à la hauteur que l'on veut, afin d'élaguer les arbres aux différentes hauteurs requifes. La feconde machine, pour élaguer & couper les branches qui font vers le haut du berceau que forment les allées, eft conftruite fur le même principe que la précédente ; elle a pa- reillement un levier, mais il eft plus fort que celui de l'autre, & fitué verticalement àune hauteur affez confidérable pour atteindre au faîte des arbres qu'on veut tailler en berceau ; & comme les hauteurs auxquelles cette machine doit agir, ne varient pas, à beaucoup près, autant que lorfqu'on élague les côtés d'une allée, où il faut couper tantôt haut & tantôt bas, le levier eft fufpendu fur un boulon, qu'on peut élever plus ou moins haut, felon la néceffité. Enfin la troifième machine, conftruite encore fur le même principe, a un mât qui fe meut fur fon axe, de façon que ce mât recevant perpendiculairement une efpèce de bras étendu & armé d’un inftrament tranchant, on peut tondre avec cette machine ces efpèces de falles formées en quinconces & qui ne font pas fort hautes. | 160 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE On à jugé que ces différentes machines, & particulièrement les deux premières, méritoient d'autant plus d'être eflayées, qu'elles ont plufieurs avantages , & particulièrement celui d'em- pêcher le rifque que courent les hommes qui tondent de grandes charmilles & élaguent de grands arbres. Machine où efpêce de Siphon à élever de l'eau, éxécuté dans les mines de Schemnitz en Saxe. Deux récipiens fitués l'un au-deffus de l’autre à une diflance de 06 pieds, & commu- niquant enfemble par leur partie fupérieure , compofent prin- cipalement cette machine. Dans une mine de so à 6o toiles de profondeur, on a placé, dans une galerie d'écoulement & très-près du puits de la mine, un récipient qui fe trouve à 96 pieds du fond de cette mine : ce récipient a cinq pieds de diamètre & cinq pieds & demi de haut: le fecond réci- pient, placé au fond de la mine, n'a que la moitié de a capacité du premier; ils communiquent enfemble par un tuyau qui va de la partie fupérieure du premier à la partie fupérieure du fecond. Le premier a une ouverture au fond, par laquelle il reçoit l'eau de deux réfervoirs, placés à 1 3 2 pieds au-deflus: Jun de ces réfervoirs eft rempli par une fource d'eau minérale qui eft dans la montagne; l'autre par des eaux qu'on ramafle des environs de la mine: ce récipient a en outre deux robi- nets, l'un en deflous pour laiffer fortir l’eau lorfqu'il a été rempli, & l'autre en deflus, pour laifler entrer l'air à mefure que cette eau s'écoule ; enfin chacun des tuyaux dont nous venons de parler a auffi deux robinets, l’un pour Jaïfler entrer l'eau du réfervoir dans le récipient, & autre pour laiffer pañler l'air de ce récipient dans l'autre. Le fecond récipient a un tuyau qui monte de fon fond jufqu'à la galerie d'écoulement, & qui eft garni d'une foupape près du récipient, pour em- pêcher le retour de l'eau. Il a aufli deux robinets, l'un pour y laiffr rentrer l'eau d’un réfervoir , où fe ramaflent toutes les eaux du fond de la mine, & l'autre pour laiffer fortir Fair de ce récipient à mefure que l’eau y entre lorfqu'on le remplit. Rien weft plus fimple que le jeu de cette machine: on lâche Fr = 2. DES SCIENCES, 161 fiche de l'eau dans le premier récipient (après avoir ouvert le robinet du tuyau de communication avec le fecond ), cette eau y entrant en chaflé fair, qui comprime & chafle à fon tour l'air renfermé dans le tuyau de communication dont nous venons de parler; & cet air comprimant pareïllement l'eau contenue dans le récipient inférieur, la force à fortir par fon tuyau qui monte dans fa galerie d'écoulement; de forte que, par cette compreffion de l'air, l’eau s'élève à une hauteur de 96 pieds. On voit affez le rapport de ce fiphon avec la fontaine de Héron, fans que nous nous arrétions à l'expliquer ; mais il y a deux fingularités dans le jeu de cette machine qui mé- ritent d'être rapportées. La première, qu'elle ne dépenfe que : le double de l'eau qu'elle élève (commeon le voit par le rapport des deux récipiens) ; ce qui ne paroït pas trop d'accord avec ce qui indique ha théorie ; la feconde, plus remarquable encore, c'eft que lorfqu'on ouvre le robinet du fecond récipient qui lifle {ortir l'air & qu'on expofe à cet air, fortement comprimé & qui fort avec violence ,un chapeau ou quelqu'autre corps, on voit avec furprife qu'il fort en même-temps une grande quantité de grêle qui vient frapper le chapeau. Si ce robinet n’eft qu'à demi-ouvert, cette grêle fe transforme en une véritable neige. Ce quil y a encore de fingulier dans ce phénomène, c'eft qu'il n'a lieu que lorfque l'eau qui entre dans le récipient fu- périeur eft de cette eau minérale dont nous avons parlé : quand € font des eaux ramafites, on ne voit fortir ni grêle ni neige. On a cru que quoique le principe d’où dépend le jeu de ce fiphon ne foit pas nouveau, Fapplication ingénieufe que M. Hell, qui en eft l'auteur, en a fait méritoit d'être connue, d'autant plus que ce fiphon peut être employé dans quelque cas aflez avantageufement, L'Académie tient la defcription de ceite machine de M, Jars, qui voyage, par ordre du Confeil, : dans difiérentes parties de l'Europe pour y examiner les diffé- rentes manières d'exploiter les mines, & qui eft connu par plufieurs bons Mémoires fur cette importante matière, el do À Nouvel étamage, blanchiment ou enduit pour Je cuivre, préfenté Hif. 1760, ° X 362 HisToiRe DE L'ACADÉMIE RoYyALE par le fieur Chartier. On a trouvé que cet étamage ou enduit, dont l'auteur n’a donné la compofition que fous le fecret, étoit plus dur que l'étamage ordinaire , mais qu'il donnoit plus de prile aux acides ; ainf qu'il ne pouvoit & ne devoit être em- ployé qu'à garantir du verd-de-gris des ouvrages de cuivre expolés à l'air, & à cet égard qu'on pouvoit s'en fervir avantageufement. VAL Pompe à incendie , préfentée par le fieur Varau. Cette pompe, prefque femblable aux autres, a paru cependant avoir une propriété utile & nouvelle; c'eft de pouvoir afpirer l'eau des puits qui n'ont pas plus de douze où quinze pieds de pro- fondeur , ce qui fe fait en y ajuftant en dehors un tuyau de cuir qui répond à une ouverture faite au côté de fa cuvette. On 2 bien penfé que dans le trouble & le défordre d'un incendie, on auroit peut-être de la peine à ajufter ce tuyau ; mais on a cru au moins que dans les villes où les puits n'au- roient que cette profondeur, de petites pompes faites unique- ment pour en tirer l'eau & la laifler couler enfuite fur le pavé, pour être enfuite reprile par les pompes à incendie, pourroient être fouvent fort utiles, D:;: le nombre des Pièces qui ont été préfentées cette année à l’Académie, elle a jugé les vingt - trois füivantes dignes d'avoir place dans le recueil de ces Ouvrages qu'elle fait imprimer. Obfervations de la Comète qui a paru dans la conftellation d'Orion. Par M. Gabry, Correfpondant de l'Académie, Obfervations de la même Comète. Par M. Heller. Obfervation de la même Comète. Par le P. Pézenas, Correfpondant de l'Académie. Sur la Diffraction de la Lumière. Par M. du Tour, Correfpondant de l'Académie. DES SORTE N cie S 163 Obfervations fur une Coquille du genre des poulettes, pèchée dans la Méditerranée. Par M. le Préfident de Joubert, Correfpondant de l'Académie, Sur les Oppofitions de Jupiter & de Saturne, obfervées en 1759. Par M. Meflier, Sur la Difiolution du mercure dans les différens acides. Par M..Navier, Correfpondant de l'Académie, Oblervations aftronomiques , faites à Béfiers. Par M. Bouillet, Correfpondant de l’Académie. Obfervations aftronomiques , faites à Polling. Par M. Goldhower. Sur la Choroïde. Par M. Defcemet. Obfervations fur la Matrice. Par M. Suë. Sur le Paflage de Vénus fur le Soleil du 6 Juin 1761: Par M. Libour. Obfervation de l'Éclipfe de Soleil du 13 Juin 1760; faite à Vire. Par M. Gaultier. Comparaifons de la Lune aux Étoiles & Obfervations des deux Comètes qui ont paru en 1760, & de quelques Aurores boréales, faites à Rouen. Par M. du Lague, Sur la Manière de conferver l'eau douce à la mer. Par M. de Coffigny, Correfpondant de l'Académie. Sur la Diffraction, fecond Mémoire. Par M, du Tour, Correfpondant de l Académie. Sur la Refpiration des Chenilles & des Papillons, Par M. Bonnet, Correfpondant de l Académie. Oblervations de l'Éclipfe de Soleil du 13 Juillet 1760; faites à Béfiers. Par M. Boüillet , Correfpondant del Académie. Età Rome. Par le P. J: acquer, Correfpondant del Académie, Sur quelques Coquillages de la Méditerranée. Par M. le Préfident de Joubert, Correfpondant de F Académie, X i 164 HiSToIRE DE L'ACADÉMIE RoïYaALE Sur la Crifallifation des fels neutres qui ont pour bafe un alkali fixe ou une terre abforbante. Par M. Baumé. Sur la Décompofition du Fartre vitriolé par l'acide nitreux feul. Par le même. Obfervation de l'Éclipf de Lune du 22 Novembre 1760. Par M. les Aftronomes de Béfiers. À "ACADÉMIE avoit propofé pour le fujet du Prix de 1760 : S'il y a de l'ahération dans le moyen mouvement des Flanetes } ©, Juppofe qu'il y en ait, quelles font les caufe. de cette altération ? , Elle a adjugé ce Prix à la Pièce n° 1, dont l'auteur eff M. Charles Euler, fils de M. Léonard Euler, de l Académie Royale des Sciences de Berlin, Affocié-Etranger de l'Académie. Celle qui lui a paru en. approcher davantage, a été celle n.° 2, dont l'auteur eft Le P. Frifi, Correfpondant de l’Académie. Un Citoyen zélé, qui n'a pas voulu fe faire connoitre, ayant propofé pour cette année un Prix extraordinaire de soo livres & celui qui, au jugement de l’Académie, aura le mieux réuffe a déterminer ls MOYENS les plus propres pour porter la perfection & l'économie dans l'art de la Verrerie. Elle a adjugé ce Prix à la Pièce n° 3, dont l'auteur eft M. d'Anic, Correfpondant de l'Académie. Des SctrENcESs 165 10000000000000000000C0OI P'L'OIGNE DE), M WINSLOKW. ACQUES-BÉNIGNE WinsLow, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, Interprète de la Langue teutonique à la Bibliothèque du Roï, ancien Profeffeut d'Anatomie & de Chirurgie au Jardin royal, de l'Académie Royale des Sciences & Belles- Lettres de Berlin, naquit à Odenfée dans la Fionie, province de Danemarck, le 2 Avril 1669, de Pierre Winflow, Curé d'Odenfée, & de Marthe Brun, Sa famille, originairement fuédoife, étoit noble & depuis Tong - temps dans le Miniftère eccléfftique, & le nom de Winflow, qu'il portoit au lieu de celui de Manfen qui eft leur véritable nom de famille, eur venoit du village de Winflée en Scanie, dont le grand - père de M. Winflow avoit été Curé. Il fut deftiné à la même profeffion, à laquelle il fe préta de bonne foi dès qu'il eut atteint fige de raifon : il sappliqua à l'étude de la Théologie, & compofa même plufieurs Sermons qui eurent aflez de fuccès pour engager, fur la feule réputa- tion de M. Winflow, un Curé vieux & infirme à lui pro- poler de venir partager fes fonétions, en lui aflurant fon bénéfice après fa mort. Malgré ces premiers fuccès de M. Winflow, ce n'étoit pas à cet état qu'il étoit deftiné, & bien-tôt une circonflance fin- gulière le mit à portée de reconnoiître & d'écouter la voix de Ja Nature. | Un de fes compatriotes, avec Iequel il s’étoit lié d'amitié, avoit été deftiné par fes parens à la Médecine: les deux amis ne purent fe voir long-temps fans fe faire réciproquement part des objets de leurs études; c'en fut affez pour développer chez le jeune Winflow le goût qu'il avoit apporté en naïflant pour X à 166 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALE l'Anatomie & pour le déterminer à fuivre les confeils de M. Roëmer, de cette Académie, & de M. Molh, Confeiller privé du roi de Danemarck, qui le follicitoient vivement de fe livrer à cette étude. D'un autre côté, fon compagnon fut auffi fatisfait de l'étude de la Théologie que M. Winflow lavoit été de la Médecine, & les deux amis, après un peu d'oppofition de la part de leurs parens, obtinrent la liberté de fuivre leur goût naturel & de changer de deftination. La nouvelle carrière dans laquelle entroit M. Winflow lui impoñà bientôt la néceflité de voyager. Après un an d'étude au collése de Borrichius, le roi de Danemarck daigna l’honorer de fa proteétion & de fes bienfaits, & lui enjoignit en même temps de parcourir les plus fameufes Ecoles de Médecine, d'y voir les plus habiles Maîtres & de profiter de leurs lumières pour fe perfectionner dans fon Art. Malgré l'efpèce d'infidélité que M. Winflow avoit faite à a Théologie, en l’abandonnant pour fe livrer à l'étude de la Médecine, elle fit cependant un dernier effort pour le rappeler. Étant fur le point de partir, il reçut une lettre de fon père, par laquelle il l'invitoit à venir en Fionie prendre poffeflion d’une Cure qu'on lui offroit, mais cet appas, tout féduifant qu'il étoit, ne lébranla pas; il fut fidèle à fa nouvelle occu- pation, & partit le 7 Février 1697, âgé de vingt-huit ans, accompagné de M. Backweld , depuis Médecin du roi de Danemarck & Profeffeur à Copenhague. Leur premier féjour fut en Hollande, où ils reflèrent en- viron un an; & la vérité de l'hiftoire ne nous permet pas de diffimuler que le même M. Molh, qui avoit eu tant de part à fon changement d'état, eut la générofité de contribuer à ce long fjour par les fecours qu'il lui fit tenir. Pourquoi faut-il que des traits femblables, qui devroient être fi naturels à l'homme, paient pour des phénomènes & méritent des éloges? Au commencement de 1698, M. Winflow quitta fa Hollande, après avoir tiré de la converfation des grands Hommes qui y vivoient alors tous les fecours qu'il en pouvoit DY ES) SUCRE N° Cie s 167 attendre & vint en France en chercher de nouveaux : c'étoit là en effet qu'il devoit trouver à la fois & ceux qui pouvoient lui ouvrir la route à la gloire de ce monde & ceux qui pou- voient lui donner droit à celle qui fait l'heureufe efpérance des Chrétiens. M. Winflow étoit, comme nous l'avons dit, né dans le fin du Luthéranifme & avoit été foigneufément inftruit des principes de cette Religion par fon père; mais il étoit Luthérien de bonne foi, bien éloigné de regarder Îa Religion comme une chofe indifférente: il ne penfoit pas que la probité, qui n'eft que la pratique conftante de l'équité naturelle, pût per- mettre de fe difpenfer du devoir le plus effentiel qu'elle impoe, en refufant à l'Etre fuprême de lui rendre un culte & un hom- mage publics & reconnus pour tels. Nous ne pouvons même omettre un fait qui montre bien avec quelle exactitude il füui- voit la Religion qu’il profeffoit alors. A fon arrivée en France, il conçut un violent defir de voir le roi Louis XIV, qui régnoit alors, & fe tranfporta dans cette vue à Verfailles, avec deux jeunes Médecins Allemands, Luthériens comme lui : leur curiofité ne put être fatisfaite qu'à la Mefle du Roi. La vue de ce grand Prince, la pompe & l'éclat qui l'environnoient, firent oublier à fes deux compagnons que, fuivant les principes de Jeur Religion, ils ne devoient pas refler à Ja Chapelle pendant le Canon de la Meffé; M. Winflow feul sen reflouvint & fe retira, facrifiant à fa délicateffe la plus grande partie du plaifir qu'il étoit venu chercher. De retour à Paris , il y rencontra M. Worm, fon compatriote, fils du Préfident de Ripen Jutland, avec lequel il eut bientôt fait une étroite liaifon : tous deux également perfuadés de la vérité de leur Religion, entreprirent, pour fe fortifier dans leurs principes , de faire entr'eux des conférences fur les points principaux de controverfe, & il fut arrêté que ce feroit M. Winflow qui feroit 'agrefeur dans cette efpèce de difpute, Les conférences fe tinrent effectivement, mais avec un fuccès bien différent de celui que M. Winflow en avoit efpéré; il ne les avoit entreprifes que pour { fortifier dans Île v68 HiSTOiRE DE L'ACADÉMIE Royce Luthéranifme, & elles le rendirent Catholique. Un jour qu'il étoit allé acheter chez M. Delprez, Libraire, la Phyfiqu. de Rohault, il trouva dans le même endroit l'Expofition de la Dochine de l'Églife de l'illuftre M. Boffuet; il crut, avec raifon, y trouver des armes pour foutenir le combat /dits lequel il s’étoit engagé. M. Defprez lui prêta obligeamment le Livre; M. Winflow le lut avec attention; & il en fit de même de tous les Ouvrages du favant Prélat. Il fe préfenta à la difpute muni de bonnes objections, auxquelles cependant il croyoit trouver des réponlés fatisfaifantes dans celles de fon adverfaire : il en arriva tout autrement: & comme les deux Acteurs étoient de bonne foi, il réduifit fon antagonifte au filence, quoiqu'il eût puifé dans les meilleur:s fources celles qu'il employa: Ce fuccès inefpéré étonna également nos deux Controverfiftes; mais M. Winflow en fut plus qu'étonné, il en fut ébranlé, & retourna chez lui priant Dieu de l'éclairer dans une occafion fi importante. I{ lui vint alors dans la penfée de conférer avec le Prélat, dont les feuls Écrits l'avoient ff fenfiblement touché, M. Defprez lui réndit encore ce fervice; un Chanoine de Meaux, auquel il l'adrefla, fe préfenta au favant Évèque , qui le mena à fa maifon de campagne de Germigny, où AE ans auparavant il avoit déjà converti feu M. Saurin, de cette Académie : après plufieurs conférences il diffipa tous fes doutes & le détermina à faire abjuration entre fes mains le 8 Octobre 1699. L'Oracle de l'Églife g oallicane étoit digne de compter au nombre de fes pieufes conquêtes deux hommes qui ont fait tant d'honneur à l'Académie & à la Nation. Dès que le changement de religion de M. Winflow fut “fu en Danemarck, on peut juger quel orage séleva contre lui: les reproches les plus vifs & les plus amers & les menaces les plus fortes ne lui furent point épargnés : il ceffa dès ce moment de recevoir les fecours qu'on lui avoit jufque-là envoyés de Copenhague & il fe trouva dans une fituation fâcheufe , dont le témoignage de fa confcience pouvoit feul adou- cir l'amertume. M. Bofluey fit agir inutilement Ÿ Ambafladeux de DES SCTENCES 169 de France, pour engager le roi de Danemarckà appaifer fa colère de fes parens; ils furent inexorables, & M. Winflow ne trouva de reflources que dans fa parfaite réfignation à Ja volonté de Dieu. I étoit queftion d'embraffer un étât : inftruit comme il l'étoit , il pouvoit choifir chez les Catholiques comme chez les Proteftans entre 1a Théologie & la Médecine: il fit même une retraite aux PP. de l'Oratoire, pour demander à Dieu d'être éclairé fur fa vocation. Le Père Sainte-Palaye, alors Supérieur, examina fes talens pour l'un & pour l'autre état (car il w'étoit queftion ni de fes mœurs ni de fa piété), & après un mûr examen, il crut lui devoir confeiller de fe tourner du côté de la Médecine, & manda à M. de Meaux qu'il croyoit M. Winflow plus utile en habit court qu'en habit long. Dans cette circonftance, on lui propofa de pañfer en Hollande où il avoit des amis & où la Religion catholique eft tolérée, eu bien d'aller à Florence avec une recommandation auprès du Grand-Duc. Il avoit d'autant plus lieu d'efpérer la protec- tion de ce Prince, qu'il l'avoit déjà accordée à f'illuftre Stenon, Grand-oncle de M. Winflow, qui après avoir été en Dane- marck l’oracle de l'Anatomie, avoit, comme fon petit-neveu, tout abandonné pour rentrer dans le fein de l'Églife, où il parvint à l'Épifcopat & à la dignité de Légat apoflolique dans le Nord : mais malgré toutes ces convenances , M. Bofluet, qui Yaimoit comme fon père, & qui en avoit en effet pour lui toute la tendrefle, ofa lui confeiller de demeurer en France, l'aflurant des fecours de la Providence, fur lefquels en efket perfonne n'avoit plus lieu que lui de compter. M. Winflow déterminé à prendre le parti de Ja Médecine ; f prélenta en 1702 à la Faculté: M. Bofluet lui procura dans ce Corps d’illuftres Protecteurs, en la perfonne de M. de Tournefort & de M. Dodart. Il foutint en 1703 une Thèfe, qu'il dédia à ce Prélat, qui, tout infirme qu'il étoit alors, s'y fit porter & l'honora de fa préfence. Cette Thèfe , dont l'auteur -étoit M. Vernage, père du célèbre M. Vernage actuellement vivant , tendoit à prouver que les graines & les légumes des environs de Paris étoient une nourriture auffi faine que tout Hif!, 1760: = x70 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE autre aliment: c'étoit adroïtement faire fa cour au religieux Piélat, que de détruire le prétexte fi fouvent allégué pour fe difpenfer de l'oblervation de l'abftinence impofée par l'Églife. 1 revint encore fur cette queflion dans une Thèfe qui fut foutenue fous fa Préfidence en 1749. Dans la fituation où fe trouvoit alors M. Winflow, privé de fes biens, de fes parens & de fa patrie, on ne foupçonne- roit pas qu'il eût pu avoir de nouveaux malheurs à redouter ; if en efluya cependant un bien fenfible en 1704, par la perte qu'il fit de M. Bofluet. A la première nouvelle qu'il reçut du danger où fe trouvoit l’'illuftre Prélat, fa reconnoiflance le fit voler à Meaux, mais il le trouva à toute extrémité, & déjà fi foible qu'à peine put-il lui donner fa bénédidion qu'il lui demanda, & mourut prefqu'auffi-tôt après la lui avoir donnée, Privé de fon Protecteur, M. Winflow ne penfa plus qu'à fournir la carrière dans laquelle if s'étoit engagé, mais il s'y rencontroit une difficulté confidérable. Les différens aétes né- ceflaires pour parvenir au Doétorat exigent des frais ; il en avoit payé déjà une grande partie, mais ceux qui refloient à yer excédoient de beaucoup ce qu'il étoit en état de donner. Ce fut dans une circonflance fi critique qu'il prit le parti de s'adrefler à la Faculté même, par un difcours qu'il prononga, en fuppliant pour lexamen de pratique: ce Difcours, qui refpire par-tout la candeur, la modeftie & la Religion, fit fur cette célèbre Compagnie tout l'effet qu'il devoit faire : M. Winflow fut admis à l'examen & difpenfé de tous les frais qui lui refloient à faire; il fut reçu le 4 OGtobre 1705 ; la Faculté même pouffa plus loin fa générofité à fon égard , car douze ans après M. Winflow ayant offert, fuivant l’uface, de fatisfaire à tout ce qu’il devoit pour être admis à préfider & au titre de Docteur - Régent, elle lui en fit une entière remife ; diftinction qui navoit pas encore eu d'exemple. Un génie tel que celui de M. Winflow ne pouvoit être long-temps caché à un Anatomifte auffi zélé pour le progrès de fa Science que l'étoit feu M. du Verney; il preffentit d'abord ce que le jeune Médecin pouvoit êure un jour, & fe DES ScrENCES 17% Hita de sen emparer. Bientôt il en fit fon penfonnaire & plus encore fon ami : ce fut fous la conduite de cet excellent Anatomifte qu'il apprit à le devenir lui-même, & il profita fi bien de fes leçons, que dès l'année 1707 l'Académie le jugea digne d'être admis au nombre de fes Membres, & lui conféra le 12 Mai la place d'Elève de M. du Verney, vacante par la promotion de M. du Verney le jeune à celle d'Afocié. 11 ne fut pas long-temps fans juftifier le choix de Académie par les excellens Ouvrages qu'il donna dans nos Affemblées, & que l’Académie a publiés dans fes Recueils : le nombre en eft trop grand pour que nous puiflions faire mention de tous dans cet Eloge; nous en choïfirons feulement quelques-uns qui puiflent donner une idée de la manière dont il favoit choifir & traiter fes fujets. De ce nombre eft le Mémoire qu'il donna en 57x11, fur la ftruéture du cœur; il y fait voir que chacun des deux ventricules eft un vafe diftinét & qui peut être féparé de l’autre fans aucune incifion; que le ventricule gauche, féparé du droit, eft percé à fa pointe d’un aflez grand trou, qui, dans l'état naturel, eft bouché par une efpèce de tampon formé par les fibres mufculeufes qui enveloppent & uniflent les deux ven- tricules : il donne dans le même Écrit la manière de féparer les deux ventricules & de préparer le cœur, de façon qu'on y puifle voir toutes les valvules à la fois; car il n'arrive que trop fouvent dans Anatomie que les coupes qu'on fait pour apercevoir certains organes, les détruifent abfolument ou les rendent méconnoiffables. M. Winflow en donna deux ans après un exemple bien frappant, en faifant voir que la fituation prefque verticale, qu'on avoit toujours attribuée au cœur, ne venoit que de la manière dont on ouvroit le cadavre, & que dans l'état naturel il s'en faloit très-peu que l'axe du cœur ne füt horizontal. Il releva dans le même Mémoire une erreur dans laquelle la plupart des Anatomiftes modernes étoient tombés, en plaçant l'ouverture par où les alimens entrent dans l'eflomac, & le pylore, par où ils en fortent, abfolument de . niveau : il fait voir qu'au contraire le. dernier eft placé plus L'an 172 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE bas; ce qui délivre de l'embarras où cette fauffe fituation jetoit pour expliquer la fortie desalimens, qui devient toute naturelle en remettant les deux orifices dans leur vraie pofition. Lancifi avoit parlé d'une valvule de fa veine-cave inférieure, qui paroifloit avoir un rapport eflentiel avec la circulation du fang dans le fœtus, mais cette valvule fe déroboit aux recherches des Anatomiftes. M. Winflow la démontra à l'Académie dans un vaifleau plein d’eau, & fit voir que fi elle avoit jufqu'alors échappé aux yeux, ce n'étoit que parce qu'on favoit prefque toujours détruite en la cherchant, & que d'ailleurs les parties minces & flottantes fe pliffent fi elles font fraîches, & fe re- tirent fi bien quand elles font sèches, qu'elles difparoïffent en- tièrement, tant il eft vrai que dans l’Anatomie il faut que l'efprit & le génie conduifent les yeux & la main. On regardoit communément les cartilages fémilunaires qui fe trouvent dans l'articulation du genou , comme definés feu: lement à empêcher, par leur interpofition, que les os de la cuifle & de la jambe ne s'appuyaflent à nu & trop durement lun fur Fautre: M. Winflow fit voir que les cartilages avoient bien d’autres ufages; qu'ils rendoient l'articulation fufceptible de trois mouvemens, qui fans eux, auroient exigé plufieurs os & plufieurs articulations. En 1720, il lut un Mémoire fur l'action des mufcles , dans lequel il donne une infinité d'idées abfolument neuves fur ce fujet; il fait voir, par exemple, qu'il n’eft pas toujours néceffaire, pour le mouvement d’une partie, qu'elle foit tirée par un mufcle, qu'il fufht fouvent que l'antagonifle de ce mufcle ceffe d'agir; que pour baifier, par exemple, la tête, il ne faut que laifler les extenfeurs du cou fans ation, le feul poids la devant entrainer en avant; que dans le cas où les mufcles agifient enfemble, les antagoniftes font toujours en action pour ne fe prêter qu'autant qu'il eft néceflaire; qu'un même mulcle peut avoir différentes fonétions, lorfqu'il fe trouve attaché à deux parties toutes deux mobiles; & qu'enfin les mufcles compofs de plufieurs plans de fibres. peuvent quelquefois n’agir que par une de leurs parties. On peut juger DES SICHENCE ss. ana! combien ces remarques peuvent répandre de jour fur la manière dont {e fait l’action & le jeu des mufcles; mais nous croirions dérober quelque chofe à la gloire de M. Winflow , fi nous paflions ici fous filence que s'étant aperçu que des mufcles inter-offeux , qu'il avoit donnés comme nouveaux dans ce Mémoire, étoient décrits dans un Livre, intitulé Semaine anatomique, donnée par Nicolas Habicor, À en fit hautement J'aveu dans le premier Mémoire qu’il lut à F Académie. Ses découvertes étoient une preuve de fon génie; mais cette géné- reufe franchife en étoit une fans replique de fa candeur & de fon exacte probité. Tout eft ou peut être matière de recherches aux Phyficiens, Un Vénitien vint à Paris en 1723, faire admirer une infinité de tours de foupleffe qu'il favoit faire, entre lefquels un des plus finguliers étoit de faifir une corde entre les deux omoplates & le dos, & de la ferrer affez fortement pour fe faire enfever avec cette corde: M. Fabbé Bignon , pour qui M. Winflow avoit toute la déférence poflible, & qui venoit depuis peu de l'attacher à la Bibliothèque du Roi, par Ja place d'Interprète en Langue teutonique qu'il lui avoit fait donner, fouhaita que M. Winflow examinât les tours de cet homme, Ce fut la matière de deux favans Mémoires qu'il fut en 1723 & 1724, dans lefquels il explique le jeu & la mécanique des mufcles nécefliires, aux tours finguliers du Vénitien, & ees deux Mémoires furent bientôt fuivis d’un examen général de action des mufcles qui fervent aux différens mouvemens de. l'épaule, qui le conduifit à des remarques nouvelles & furprenantes fur cette action. L'ingénieux Anatomifte trouva bien-tôt après à exercer fa fagacité dans l'examen des mouvemens en rond, qu'on attri- buoit ordinairement à un feul os d'une feule partie, ce qui en rendoit l'explication impoflible dans beaucoup de cas & occafionnoit dans {a pratique une infinité de méprifes. I réfulta de fon examen, que les autres os de la même partie & leurs mufcles concouroient à cet effet, ce qui diffipa tous les nuages & fit rentrer l'explication de ces mouvemens dans la fimplicité qui caraétérife toujours le plan de la Nature, 174 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Les mouvemens par lefquels la tête fe tourne à droite & à gauche, fembloient feuls fe refufer à cette explication; la ftructure des vertèbres & leur jonétion-dans le fquelette pa- roifloient ne pouvoir s'y prêter; un examen plus exaét fit : reconnoître à M. Winflow que cette illufion venoit de deux caufes ; la première, de ce que la partie fupérieure de l'épine n’eft pas, à beaucoup près , auf verticale dans l'homme vivant que dans le fquelette, & la feconde, que les vertèbres dans l'homme vivant ne font point engrénées les unes dans les autres à nu comme dans le fquelette, mais féparées par des cartilages qui leur permettent de fe tourner un peu les unes fur les autres. En 1732, M. Winflow donna au Public le plus grand Ouvrage qui foit forti de fi plume: /'Expofiion anatomique du Corps humain. Ce Livre eft en effet l'expofition la plus méthodique qui ait été donnée de la merveilleufe machine du corps humain, Si la multiplicité des tuyaux, des filtres, des organes deflinés au mouvement, aux fenfations, & à mille autres ufages, & le petit efpace où ils font raffemblés, femblent effrayer lima- gination ; l'art avec lequel M. Winflow a fu en préfenter le tableau, diflipe bientôt cette frayeur. Son extrême attention à ne préfenter jamais à {on leéteur aucun objet que la defcription précédente n'ait commencé à éclaircir; fa fidélité à en écarter foigneufement toutes les conjectures, quoique quelquefois ff commodes, & à ne rien avancer qui ne foit ou prouvé ou confirmé par fes propres obfervations, fuffroient certainement par elles-mêmes pour en faire un excellent Ouvrage; mais il a fu y joindre bien d’autres avantages : un même mufcle, par exemple, eft fouvent attaché à plufieurs os; la fection de ce mufcle leur Ôte à tous au moins un de leurs mouvemens: un feul os fert quelquefois d'attache à plufieurs mufcles ; Ja fracture de cet os les rend tous inutiles : une table de l'aétion refpective des uns fur les autres devient un guide für, tant pour l'examen des plaies & des maladies, que pour conduire fans accident le Chirurgien dans fes opérations. Le ftyle TE r] WT — - ‘pets Scie Nc. s 175 répond à l'ordre méthodique & à la modeflie de l'auteur ; on y trouve tout ce qui peut fervir à inflruire le feéteur, & rien de ce qui ne ferviroit qu'à faire valoir l'Écrivain, Nous ne pouvons nous difpenfer d'ajouter ici que M. Winflow y a confervé un excellent écrit de Filluftre Stenon, fon grand- oncle, fur l'anatomie du cerveau: cet article y paroît d'autant moins déplacé, qu'on reconnoît par-tout le même génie, la même adreffe, la même circonfpeétion, la même modeflie, Les vertus du grand-oncle avoient été probablement le modèle ou le précieux héritage du petit-neveu. La Faculté de Médecine, dans l'approbation qu'elle donna, fuivant l'ufige ordinaire, à cet Ouvrage, fur le rapport de M.° Falconer, de Juffieu l'aîné & du Verney, déclara que c'étoit le guide le plus éclairé qui eût paru jufque-là fur cette matière; & le Cenfeur Royal, Juge très-inftruit en cette matière & peu fufpet d'approuver légèrement, dit dans fon approbation, que jamais Livre d'Anatomie n'avoit mieux mérité d'être imprimé, Depuis la publication de cet Ouvrage, M. Winflow fe trouva engagé dans une difpute anatomique avec feu M. Lémery, fur la formation des monftres. M. Lémery attribuoit à la confufion de deux germes, qui s’étoient unis en perdant chacun plus ou moins de leurs parties. M. Winflow foutenoit au contraire qu'ils venoient d’un feul germe primitivement monftrueux : cette difpute produifit d’excellens Mémoires de part & d'autre, mais elle eut le fort ordinaire des difputes; chacun perfifta dans fon fentiment, & la queftion refta indécife, Ce travail empècha M. Winflow de fuivre plufeurs objets qu'il avoit en vue : il donna néanmoins dans ce même temps des remarques fur le Livre de moru animalium du célèbre Borelli, où il éclaircit plufieurs articles de ce favant Ouvrage, des obfervations far une contorfion involontaire de a tête, qu'on étoit d'autant plus éloigné de guérir, qu'on appliquoit les remèdes fur les mufcles qui n'étoient point malades, & à laquelle M. Winflow remédia, du moins en grande partie, au moyen d’un fimple ruban de fil qui fuppléoit à l'aétion des mufcles relächés; une differtation fur la difpofition que , 176 HisToirE DE L'ACADÉMIE RoYALE nous avons à faire certains mouvemens des deux mains & des deux pieds plutôt en fens contraire que du même fens, & fur la difficulté de faire à la fois certains mouvemens différens des deux mains & des deux pieds, dont l'alternative n'a aucune difficulté ; il trouve que Fun vient du croifement des fibres nerveules, tant dans le cerveau que dans Fépine, chaque nerf étant compofé de deux tiges qui vont aux parties femblables, & que l'autre a pour caufe l'ordre uniforme avec lequel Les fibres qui vont à chaque partie {ont arrangées dans les deux tiges de chaque nerf. L1 donna en 1741 un Écrit far les inconvéniens des corps baleinés, dans fequel il fait voir que par l'ufage mal-entendu de ces corps, que chaque Tailleur conftruit tous de la même manière, on ne forme fouvent la taille qu'aux dépens de la fanté, & propole enfuite les moyens de remédier à un fi dangereux inconvénient, Cet Ouvrage a été, à proprement parler , le dernier qué M. Winflow ait là à l’Académie; le refte du temps-pendant lequel il a pu travailler, a été employé à des ouvrages d'un autre genre; quelques difputes qui s’élevèrent d'abord entre lui & M. Monro, & depuis avec M. Ferrein, de cette Académie, le forcèrent plus d’une fois à prendre la plume : *. mais la principale occupation des dernières années de fa viea été de répandre dans le Public, par les Cours publics & particuliers qu'il faifoit, ces précieufes connoiflances qu'il avoit acquifes par tant de travaux. I avoit fait long-temps pour M. du Verney, fon ami, les Cours de leçons d'Anatomie & de Chirurgie au Jardin du Roi ; différentes circonflances ayant empêché que cette place ne tombât entre les mains de M. Winflow à li mort de M. du Verney, elle lui fut donnée le $ Janvier 1743, après le décès de M. Hunauld, de cette Académie, qui avoit été le fuccefleur immédiat de M. du Verney. Il s'en acquitta comme il favoit s'acquitter de tout ce dont il fe chargeoit, avec toute l'exactitude poffible , & ce n'a été queivers les dernières années de fa vie, que fon âge ne fui permettant plus d'y fatisfaire comme il le defiroit, il demanda qu'on lui nommät un fucceffeur D ES SICHEN CES. 177 fucceffeur qui pût faire les leçons en fa place, & le choix du Roi fut en faveur de M. Ferrein, Membre de cette Académie. La Faculté de Médecine ayant fait rebâtir en 1744, l'am- phithéatre qui fert à fes démonftrations publiques d’Anatomie, elle crut ne pouvoir mieux confacrer cet édifice à l'utilité publique, qu'en engageant M. Winflow à y faire le premier Cours d'Anatomie; il étoit jufte que poflédant alors dans fon fein celui que les fuffrages de toute l'Europe avoient mis à la tête des Anatomiftes, elle s’en fit l'honneur aux yeux du Public dans une occafion de cette nature, Jufqu'ici nous n'avons peint M. Winflow que comme Anatomifte, comme Profeffleur & comme Académicien. Quand il n’auroit eu que ces trois efpèces de mérite, fa gloire féroit en füreté, & on ne lui pourroit certainement pas reprocher de navoir pas été utile à la focicté : ce n'étoit ce- pendant pas encore tout le fien ; il pratiquoit la Médecine avec affiduité, & favoit fi bien partager fon temps, que jamais aucun de fes devoirs n’a rien pris fur l’autre. Jamais perfonne n'a été plus affidu que lui, ni à l'Académie, ni auprès de fes malades. On n’avoit qu'une feule chofe à craindre de lui, c'étoit fon extrême complaifance , & fa modeflie, qui, lorfqu'on navoit pas l'attention de le faire parler le premier, Vamenoient trop facilement à l'opinion des autres; heureufement ce défaut qui avoit fa fource dans une vertu très-eftimable, n'eft pas fort commun. Il étoit fur-tout appelé dans les occa- fiôns où il s'agifloit de déterminer le fiége d’une maladie inconnue, la parfaite connoiffance qu'il avoit de la machine du corps humain , lui faifoit fouvent deviner des cholés qui avoient échappé aux yeux les plus exercés en ce genre. If ne s'acquittoit pas moins fidèlement des devoirs que le titre de Docteur lui impofoit envers la Faculté: on a de lui plufieurs thèfes foutenues fous fa Préfidence, qui peuvent paflèr pour des diflertations achevées fur les fujets qu'il y traitoit. Dans deux de ces thèfes, il entreprend de faire voir que la certitude de Ja Médecine dépend en grande partie de l'avancement de Hifi 1760. , 178 HisroiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE YAnatomie, & que le Médecin qui la néglige, s'expole volon- tairement à tomber dans de funeftes erreurs. Dans une autre, il infifte beaucoup fur les opérations qu'il croit néceffäires, pour s'affurer qu'un homme eft véritablement mort; nous ne diffi- mulerons pas qu'il avoit peut- être pouffé trop loin les pré- cautions qu'il jugeoit néceflaires en ce cas; mais on l'excufera aifément, Jorfqu'on faura qu'il avoit été enféveli deux fois comme moit, dans le temps de fa jeuneffe ; fon humanité lui failoit appréhender pour les autres, le danger auquel il avoit été lui-mème autrefois expofé, Malgré le peu de fanté qu'il avoit eue dans fa première jeuneffe ; maluré-la foibleffe apparente de fon tempérament, M. Winflow avoit joui, grace à fa faveffe, d'une fanté affez conftante, juiqu'à un âge très-avancé. Depuis plufieurs années, il étoit devenu fujet à une furdité, qui alla toujours en aug- mentant; il venoit cependant toujours à l’Académie, & fe failoit inftruire à l'aide d'un cornet, de ce qu'il ne pouvoit entendre : à la fin, les infñrmités augmentèrent , &c l’obligèrent de refier chez lui; il continua autant qu'il lui fut poffible de répondre à la confiance de ceux qui venoient Fy confulter ; mais il fallut à la fin céder à l'âge & au dépériflement , & if mourut le 3 Avril 1760, âgé de quatre-vingt-onze ans. Nous croirions faire tort à {1 mémoire, fi nous voulions relever ici fa candeur & fa probité; elles étoient connues de tout le monde, & jamais perfonne n’a eu fur ce point ,une réputation plus nette que lui ; rien n'égaloit l'attachement qu'il avoit pour h Religion Catholique qu'il avoit embraïffée, ni fa fidélité à en remplir jufqu'aux moindres devoirs. Nous n'en rapporterons qu'un trait, qui fait bien voir jufqu'où il poufloit l'exactitude fur ce point. L'Eylife qui a defliné certains jours plus parti- culièrement que d'autres au Culte public, à interdit ces jours à le travailaux Fidèles, pour leur donner le moyen de vaquer plus aifément à ce culte. Il eft aifé de voir quelle foule de raifons exceptent le travail du Médecin de cette règle, & que ce fevoit aller vifiblement contre les loix de la charité, que de refufer ces jours-là même aux malades des fecours néceflairess DES SCIENCES 179 malgré cela, l'honoraire attaché aux vifites, génoit la confcience délicate de M. Winflow. Il trouva moyen de fe débarrafer de ce fcrupule ; il voyoit à l'ordinaire fés malades ; mais tout ce qui lui revenoit de ces vifites, étoit foigneufement mis à put, & diftribué aux pauvres qu'il aimoit tendrement, & auxquels il a toujours donné les fecours les plus aflidus & les plus défintéreflés. Il portoit fa modeftie à un point qui eût pu paroître rare dans un füujet ordinaire ; mais qui fercit incroyable dans un homme d'un mérite aufli univerfellement reconnu, fi une longue expérience n'avoit appris que le vrai mérite & Ja mo- deftie ne marchent guère lun fans l'autre ; il fe croyoit toujours mieux récompen{é & mieux traité qu'il ne méritoit ; fes amis avoient, à fon infu, employé tout leur crédit pour lui faire obtenir, fous le miniftère de M. le Comte d’Argenfon, une penfion plus confidérable que la fienne: tout étoit difpofé pour cela, M. Winflow n'avoit plus qu’à là demander. Ce fut-là que la négociation échoua ; il refufa nettement de faire cette démarche, & fe ficha prefque contre ceux qui lui avoient fait cette obligeante fupercherie. Il n'étoit pas plus ambitieux pour les titres littéraires: il étoit de l'Académie des Sciences de Berlin ; mais fa réputation feule avoit follicité pour lui, & jamais il n'eût obtenu cette place, sil avoit fallu la demander. Après ce que nous venons de dire, il eft prefque inutile d'ajouter que perfonne n'étoit plus doux que lui dans le com- merce de la vie. Quand on eft parvenu à fi bien étouffer chez foi l'amour- propre, on n'a guère à craindre de choquer celui des autres. M. Winflow avoit époulé en 1711, Demoifelle Marie- Catherine Gilles, de laquelle il a eu un fils, aujourd'hui Capitaine de vaiffeau à Pondicheri, & une fille, à préfent veuve de feu M. de la Sourdiere, Médecin de la Faculté de Paris. Madame Winflow & fes enfans, ont décoré le monu- ment de M. Winflow de l'Épitaphe füuivante, dans laquelle on voit en ftyle lapidaire, un abrévé fidèle de fa vie & de fes vertus. Z ij 2180 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE 1, @:7" M: EI ONTEANCNENT. In fpem beatæ immortalitatis, JACOBUS-BENIGNUS WINSLOW, Patri& Danus, commoratione Gallus , Ortu 7 genere nobilis, nobilior virtute ér doétrin&, Parentibus Lutheranis natus , Harcfim, quam infans imbiberat , vir ejuravit, Et adnitente illuffriffime Epifcopo Meldenfi Jacobo - Benigno Bofluetio , Cijus nomen Benigni in Confirmatione fufcepit , Ad Ecclefiam Catholicam evocatus , Stetit in qjus fide, vixit Jub ejus lece , Obit in eus finu Wir æquè verax 7 pius ; In Pauperes fimme mifericors , MNulläque erroris aut vitii pravitate afflatus, Regius Linguarum Teutonicarum interpres , Salub. Facultatis Parifienfis Dottor Regens. um medicæ Arts, &7 prefertim Anatomicæ Dodtorem ac Profefforem peritiffimum , Regia eruditorum Societas Berolini , Regia Srientiarum Academia Luteti , Socium communi fufragio elegére ; Et utrâque digniffimum Ejus Siientiâ illuffratus Orbis Publico judicio comprobavit. Wa excefit 3. Non. Apr. an. [al. M. DCCLX, atatis gr. Pio conjugi 7 parenti Uxor à liberi hoc monumentum Marentes pofuere. . VEN AMS NC NO TAUTUIN ouis Gopin, Colonel d'Infanterie au fervice de Sa Majefté Catholique, Directeur de l’Académie des Gardes-Marine d'Efpagne, des Académies Royales des Sciences de France, d'Angleterre, de Pruffe & de Suède, naquit à Paris le 28 Février 1704, de François Godin, Avocat en Parlement, & d’Élifabeth Charron. Il fit fes études au Collése de Beauvais, & les fit avec le fuccès le plus brillant; une imagination vive & fleurie, jointe à une extrème juftefle d'efprit & à une heureufe mémoire, rendoient prefqu'inutile à fon égard cette multitude de règles qui fatiguent fouvent plus lefprit des Commençans qu'elles ne l’éclairent. La fubtile Métaphyfique de la Grammaire fe trouvoit naturellement à fa portée; bien-tôt il eut franchi cette première carrière & fe trouva en état de lire les meilleurs Auteurs latins & d'y reconnoître la jufteffe des pentes, ornée de celle de l'expreffion & de la nobleffe des images, ou, pour le dire en moins de mots, de pénétrer jufqu'aux fources du beau & aux principes de la véritable éloquence: il ofoit même quelquefois fe livrer à la Poëfie, & j'ai vu de lui quelques pièces qu'un bon-Poëte auroit pu avouer fans honte. Le feu de l'imagination, ordinairement fi indomptable, fembloit s'être en fa faveur réconcilié avec la jufteffe du raifonnement. Il étoit naturel que des commencemens fi favorables fffent naître à fon Pere le defir d'engager fon fils à fuivre la même profeffion que lui, dans laquelle ces mêmes talens pouvoient le conduire à la’ réputation la plus brillante; mais quelque raifonnable que parût ce projet, il éprou va bientôt des obftacles infurmontables. Le cours des humanités de M, Godin étant fini, la Phi lofophie lui ouvrit une nouvelle carrière , En lui préfentant Zi 182 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE une idée de toutes les Sciences humaines, d'autant plus nette & plus précile qu'il {e trouva Difciple du célèbre M. Benet, auquel nous ne pourrions fans injuftice refufer la pat qu'il eut, par fes foins, aux fuccès de ob Élève; bien-tôt l' Aftro- nomie eut attiré les regards & fixé le choix du jeune Philo- fophe; & malgré les remontrances de fon père, il facrifia toutes fes autres occupations à cette étude favorite, à laquelle il fe livra entièrement & fans réferve. Il n'en eft pas de l'étude de l'Aftronomie comme de celle des Mathématiques fimples ; celles-ci, qui ne s’exercent que fur des objets abfiraits & métaphyfiques, n'ont befoin que de jufteffe d'efprit & de réflexion: mais lorfqu'il eft queftion d’ap- pliquer ces raifonnemens mathématiques à la recherche des loix que fuivent les Corps célefles dans leurs mouvemens , on voit bien-tôt le travail fe multiplier. L'Aflronome doit non-feulement être initié dans les myflères de la haute Géo- métrie, qui eft comme la clef de toute l'Aflronomie-phyfiaue, mais il faut encore qu'il emprunte de Optique l'art de rap- porter les Afres à leur véritable place; de difcerner leur vrai mouvement à travers toutes es apparences trompeufes dont la Nature femble l'avoir enveloppé, & celui de diftinguer les objets que l'éloignement faifoit échapper à notre vue: il doit pouvoir mefurer avec précifion des quantités prefqu'i imper- ceptibles, qui fervent de bafe à la mefure de diftances immentes, & {e garantir d’une infinité d'illufions optiques auxquelles on eft indifpenfblement expolé. La Phyfique doit lui procurer les movens de déterminer les altérations que l'action mutuelle des Planètes les unes für les autres peut caufer dans leurs mouvemens; elle doit lui faire connoître les changemens que le froid & le chaud , le fec & l'humide peuvent caufer aux meilleurs Inftru- mens, & aux milieux par où pañlent les rayons : la Mécanique doit lui fournir les moyens de conftruire ces Inflrumens avec folidité, de les divifer avec exactitude & de les manier avec facilité. Il doit, par une leéture réfléchie des Ouvrages que les Aftronomes ont publiés, s'être mis en état non-feulement d'y puiler des obfervations fouvent effentielles, mais encore DES" SIGUPE Nic E s 182 d'évaluer le. degré de confiance qu'une fage critique peut teur accorder : il: faut qu'il fe dévoue à l'ennuyeuf occupation de réduire & & calculer fans cefle des nombres ; qu'il foit prét nuit & jour, & en toute faifon, à facrifier aux Obférvations fon repos même le-plus néceflaire, & à fe tran{porter , s'il le faut & mulgré ous les rifques & toutes les fatigues, dans les régions du monde les plus reculées. Ce n'eft qu'à ce prix qu'on peut prétendre au titre & à la réputation d’Aftronome. Rien n'eit peut-être plus avantageux à un jeune homme qui ofe s'engager dans cette pénible carrière, que de trouver un guide capable de Jui épargner, par fes confeils, une infi- nité de tentatives inutiles & qui partage, pour ainfi dire, avec lui l'expérience qu'une longue fuite d'années lui a fait acquérir M. Godin fut aflez heureux pour trouver ce guide fi defirable- en la perfonne de M. de l'Ifle: ce célèbre Aftronome, aux foins duquel l'Académie doit la plus grande partie de ceux qu'elle pofsède aujourd'hui, reconnut bien-tôt fes talens & n'oublia rien pour les mettre en œuvre : fes foins furent füivis d'un tel fuccès, qu'en moins de trois années M. Godin fut en état de fe faire connoître dans le monde favant, & même de fe faire defirer à F Académie des Sciences: il y obtint le 29 Août 1725 la place d’Adjoint, vacante par la vétérance de M. Bomie. R La fimeufe Aurore boréale du 1 9 Otobre 1726, vint dès l’année fuivante exercer la fagacité du nouvel Académicien il en lat l'Obfervation à t'affemblée publique du 1 3 Novembre fuivant, & il‘ y joignit une efpèce d'Hifloire abrégée de lap- parition de ces phénomènes & un effai d'explication phyfique.. En lifant cet Ouvrage, on eft étonné des recherches qu'il contient & du nombre prodigieux dé Livres totalement étran- gers à fon principal objet, qu'il falloit que M. Godin eût lus avant cette obfervation: car le peu de temps qui s’étoit écoulé depuis le 19 Odtobre jufqu'au + 3 Novembre ne lui. auroit certainement pas permis des recherches aufli étendues. que celles qu'il avoit faites: exemple bien propre à faire voir: qu'il neft point de connoiffance abfolument étrangère aus 184 HistToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE autres, & qu'on ne rifque jamais rien d'en acquérir de touté efpèce & en toute occafion. Nous ne diffimulerons pas que l'explication phyfique qu’il donna de ce phénomène ne mérite pas, à beaucoup près, les mêmes éloges que la partie hiftorique & qu'elle s'éloigne extrèmement de la caufe très - vraifem- blable que M. de Mairan publia quelques années après, mais M. Godin fuivoit en ce point les idées adoptées alors paï tous les Phyficiens, & d'ailleurs il étoit important de publier p'omptement une explication capable de raflurer les efprits d'ane infinité de perfonnes que ce phénomène avoit étrange- ment alarmées. La Philofophie même doit, en de certaines occafions, fe prêter aux foiblefles du Peuple. Le talent dé rendre nettement des idées abftraites en Mathé- matique & en Phyfique, duquel M. Godin venoit de faire preuve dans l'ouvrage dont nous venons de parler, engagea bien-tôt l'Académie à le charger d'uggoccupation bien plus importante, Cette Compagnie , établie dès 1 666, n'avoit pris la forme qu'elle a préféntement que par le Règlement de 1699, & ce n'efl qu'à cette époque que commence la publi- cation régulière & annuelle de fes Mémoires; jufque-là chaque Académicien avoit publié fes Ouvrages à part ou dans les Journaux; peu du moins avoient paru avec Fattache & fous le nom de l'Académie, & feu M. du Hamel, alors Secrétaire, s'étoit contenté d’en faire une courte mention dans l'Hifloire latine de l'Académie qu'il avoit publiée. 11 étoit néanmoins extrèmement à defirer que ces Membres épars fuffent réunis en un feul Corps & qu'une Hiftoire plus détaillée mit le Public au fait des travaux qui avoient occupé l'Académie pendant près de trente-trois ans ; on en avoit même fi bien fenti la néceffité, que l'Académie avoit engagé feu M. de Fontenelle à rédiger les quatorze premières années de cette Hifloire, mais le grand âge auquel ce célèbre Académicien étoit dès-lors parvenu, ne permettoit plus d'efpérer qu'il püt achever les dix-neufannées qui reftoient à faire pour atteindre jufqu'à 1699. Dès que M. Godin fut entré à l'Académie, on elpéra de trouver une reflource dans fes talens, & on ofa, malgré DIS MUSCLE NICIE :55 185$ malgré fa jeuneffe, le charger non-feulement dé rédiger les dix-neuf années d'Hifloire qui manguoient, mais encore de raflembler les Ouvrages & les Obférvations des différens Académiciens & de les faire imprimer en un feul corps : la vafte lecture qu’il avoit faite de tout ce qui pouvoit avoir le moindre rapport aux Mathématiques ou à la Phyfique le mettoit à-portée de remplir mieux que-perfonne les vues de Académie. Il fut en effet retrouver une infinité de pièces dont on avoit à peine connoiflance: il parvint à {e procurer pour celles mêmes qui avoient déjà paru, des additions & des correc- tions importantes ; il acheva ce qui manquoit de l’'Hifloire, & nous pouvons aflurer que des onze Volumes in - 4.° qui compofent cette collection, il n’en eft prefqu'aucun qui ne lui doive quelque pièce intéreffante ou quelque nouveau degré de’ perfection. Il fit plus, l'ordre qu'il avoit été obligé d'employer pour l'arrangement de toutes les pièces de ce Recueil, lui fit naître la penfée de former une Table alphabétique des matières qui y font contenues, & il étendit le même travail à tous les Volumes de Académie jufqu'en 1730. Ce font les quatre premiers volumes de ces Tables, {1 utiles & f1 commodes, qui ont depuis été continuées par M..Demours, & au moyen defquelles on peut voir en un jaflant & d’un. coup d'œil, non-feulement où l’on doit chercher un Ouvrage particulier, mais encore tous ceux qui peuvent concerner la même matière ou la même Science & tous ceux qui font fortis de la plume du même Académicien. : Ce travail, qui occupa M. Godin pendant plufieurs années ; fufffoit fans doute pour occuper un homme tout entier ; il n'avoit cependant pas abandonné Le ciel ni J’Aftronomie, & les Mémoires qu’il donna pendant toute la durée de cette édition, en fourniflent la preuve la plus complette. , ME -… 1 lut à l'Académie, en 1730, une nouvelle folution du Problème aftronomique , dans lequel on cherche le lieu de Torbite d’une planète où fon mouvement en afcenfion droite, où rapporté à l'Équateur, eft égal à fon mouvement en lon- gitude ou, fur l'écliptique, & non - feulement il réfolut le Hifé 1700. » Aa 186 Histoire DE L'ÂCADÉMIE ROYALE problème d'une manière beaucoup plus fimple qu'on n'avoit fait jufqu'alors, mais il en tira encore une méthode de déter- miner fa pofition des Nœuds; problème bien plus important que le précédent, auquel cependant perfonne avant lui n’avoit penfé. C’eft un don précieux, même en Mathématique, que de favoir connoître fes avantages & de ne pas laifier échapper ce que l'on tenoit, pour ainfi dire, entre fes mains. L'année fuivante, il donna un Ouvrage aftronomique d'un genre tout différent; il y détaille toutes les précautions néceffaires pour conftruire, vérifier & placer dans le plan du Méridien un quart-de-cercle mural. Ceux qui ne font pas au fait de femblables opérations n'imagineroïent certainement pas com- bien il faut employer de peine, de travail & d'attention pour pouvoir fe répondre à foi-même de l'exactitude d'une obfer- vation faite au méridien ; un homme même qui auroit une connoiffance aflez étendue de Aftronomie, en pourroit être encore légitimement étonné. I donna dans la même année une méthode de déterminer ; par lobfervation des phafes d'une écliple partiale de Lune, plufieurs élémens importans de la théorie de cette planète: il eft fur-tout fingulier de voir avec quelle adrefe il fe fert, au moyen d'un inftrument très-facile à conftruire, du mouvement connu du Soleil pour déterminer la pofition des verticaux par lefquels la Lune a paffé pendant la durée de l'opération. C'eft enrichir véritablement l’Aflronomie que de lui procurer des moyens faciles de multiplier fes Obfervations. Nous voici infenfiblement arrivés à l'endroit le plus inté- reflant de la vie de M. Godin: nous ne répéterons point ici ce que nous avons dit dans les Éloges de M." Caflini, Bouguer & de Maupertuis , de la difpute qui s'éleva fur la détermination de la figure de la Terre. Cette queftion intéreffoit trop les Aftronomes de l’Académie pour que M. Godin y püt être indifférent : il avoit donné dès l’année 1733 un moyen de décrire & de mefürer fur le terrain une parallèle à l’Équateur, & il y avoit joint des réflexions fur Ja proportion de ces cercles dans les différentes figures qu'on pouvoit fuppofer au Globe DES SCIENCES. 187 terreftre, II réfultoit de ces réflexions, que la nature de fa courbe que fuit chaque méridien étant inconnue, il étoit très-difficile de Ja déterminer par la melure de quelques degrés, à moins qu'on ne choisit ceux qui pourroient donner les plus grandes différences ; & que l'un de ces termes devant être certainement le degré le plus voifin de l'Équateur, il étoit d'autant plus utile d’en entreprendre la mefure, que les cir- conftances locales permettroient peut-être de déterminer im- médiatement celui de l’Équateur. Nous demeurions alors enfemble, tous deux unis des liens de l'amitié, tous deux Académiciens, tous deux occupés des mêmes objets, il étoit aflez naturel que nous nous fiffions part réciproquement de nos idées: un de nos amis *, logé dans le même endroit, fe plaifoit à prendre part à nos entretiens. M. Godin nous ayant communiqué fes réflexions fur la mefure de la Terre , elles nous parurent {1 folides que nous n’héfitames pas un moment à les approuver, & nous lui offrimes lun & l'autre de concourir à exécution de ce projet. En très- peu de conférences nous eumes arrêté le lieu que nous crumes le plus avantageux pour cette opération & la manière dont elle £& pouvoit exécuter, & le projet fur dreflé, préfenté &c adopté par l'Académie & par le Miniftre. J'ai cru devoir à Ja vérité & à la mémoire de M. Godin cette efpèce de té- moignage que nul autre que moi ne pouvoit lui rendre, reftant feul aujourd'hui des trois qui avoient formé le projet & le deffein de ce voyage. ‘objet dont il étoit queftion intérefloit prefqu'également toutes les Nations: M. Godin crut devoir, avant {on départ, : en conférer avec les Aflronomes de la Société Royale de Londres, & s’embarqua pour l'Angleterre. Il-eut lieu de fe favoir bon gré de ce voyage; il en revint décoré du titre de * M. le Chevalier de Pimodan, | la feconde Compagnie des Mouf- frère de M. le Comte d’Efchenay, | quetaires du Roi, & de M. de -grand Bailli & Lieutenant général.| Pimodan , Chevalier | de Malte, Re le Roi, des ville & pays de | Officier au Régiment des Gardes- oùl, oncle de M. le Marquis de | ‘françoifes. Pimodan , saujourd'hui Cornette :de Aa ï 388 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Membre de Ja Société Royale, muni de plifieurs excellens inftrumens qui lui furent dans a fuite d’une très-grande utilité, & éclairé des confeils du célèbre M. Halley, qui ayant pafñlé la meilleure partie de fa vie à des voyages aflronomiques, étoit plus à portée que perfonne de lui en donner d'excellens. M. Godin ne refla à Paris après fon retour d'Angleterre , qu'autant de temps qu'il lui en fallut pour difpofer & pour faire partir les chofes néceffaires à fon voyage : on juge bien que la plus grande partie de ce bagage confifloit en Inflru- mens, & que penfant comme il failoit, il avoit pourvu avec plus de foin au fuccès des obfervations qu'à la commodité. de Tobfervateur, H partit, le 16 Mai 1735, de la rade dela Rochelle; & après une heureufe traverfée, arriva le 1 1 Juin au fort Louis de Saint-Domingue, & de-là au petit Goave, où les Académiciens débarquèrent : c'étoit-là qu'ils devoient commencer à entrer fur les Terres de la domination efpagnole, R moitié de cette ile appartenant à l'Efpagne & l'autre moitié à la France, Diverfes circonflances les y retinrent environ trois mois : il profita de ce retardement pour y faire des obfervations de la longueur du pendule à fecondes, defquelles il rendit compte dans un Mémoire qu'il a envoyé à l'Académie & qu'elle a publié dans fon Volume de 1735. I fe livroit d'autant plus volontiers à cet examen, qu'il étoit für d'avoir à Paris des obfervations cor- refpondantes faites avec la plus grande exactitude. M. de Majran __s'en étoit chargé, & les avoit faites avec ces attentions favantes &c délicates qui caraétérifent tous fes Ouvrages. Il réfulta de la com- paraifon des unes & des autres, que le pendule fe trouvoit plus court à Saint-Domingue qu'à Paris d'une ligne & environ un huitième, Ceux qui voudront prendre la peine de lire le Mémoire de M. de Mairan & celui de M. Godin fur ce fujet, verront à quel prix on achette la précifion en pareille matière. M. Godin étant enfin arrivé à Quito, la fuation où il fe trouvoit lui fit imaginer une méthode d'obferver immédiate- ment la parallaxe du Soleil, & cette méthode ef {i fimple, qu'on feroit étonné qu'elle ne fe füt pas préfentée jufqu'alors, DES SCIÉNCES, F8 fr on ne favoit par expérience que les idées. les plus fimples font ordinairement celles qui s'offrent les dernières : elle confifte à obferver en même temps, en des lieux très-diflérens en latitude, la différence de déclinaifon entre le bord du Soleil & une même étoile. Il eft certain que fi la corde du Globe terreftre, qui joint les deux Obfervateurs, a un rapport fenfible avec la diflance de la Terre au Soleil, on aura, par la diffé- rence des diflances apparentes de l'étoile au Soleil, la parallaxe ‘de cet aftre avec d'autant plus de précifion, qu’en faififfant bien les circonflances favorables on peut éviter toutes les caufes d’erreur auxquelles les obfervations font ordinairement fujettes. Depuis ce Mémoire’, imprimé dans le Volume de 1738, on ne trouve plus rien de M. Godin dans nos faftes acadé- miques; ce n'étoit pas cependant qu’il fût demeuré oifif en Amérique, ni même qu'il n'eût envoyé plufieurs pièces en urope. J'ai eu moi-même long-temps entre Îles mains un excellent Mémoire de lui fur lobliquité de l'écliptique, qu'il me redemanda à fon dernier voyage en France, parce que cet Écrit dèvoit, avec plufieurs autres qu'il avoit envoyés, entrer dans une Relation générale de fon voyage, à laquelle il tra- vailloit & qu'il comptoit publier inceflimment. C’étoit la raifon du filence apparent qu'il avoit gardé, & nous ne favons prefque de ce qu'il a fait pendant le cours de opération principale, que ce que nous en ont appris les Relations de M.” Bouguer & de la Condamine. 20 Lorfqu'on avoit réfolu en 17 34, le voyage à PÉquateur, on ne croyoit pas qu'il pût durer plus de trois années: diffé- rentes circonflances, qu'il auroit été impoflbles de prévoir , en prolongèrent extrêmement la durée. M. Godin étoit demeuré en Amérique pour donner un dernier arrangement aux affaires de la Compagnie : le Vice-Roi de Lima fit valoir une condition -appofée aux _pafléports du Roi d'Efpagne , par laquelle les Académiciens françois étoient expreffément obligés à rendre à la Nation efpagnole tous les fervices qui dépendroient d'eux; il exigea que M. Godin remplit au moins pendant quelque temps la Chaire de Mathématique de Lima qui fe trouvoit Aa ii 190 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE vacante, perfuadé que les lumières qu’il y répandroit fe per: pétueroient & éclaireroient encore l Amérique long-temps après fon départ. Ce Seigneur même eut bien-tôt après lieu de fe favoir bon gré de l'efpèce de violence qu'il avoit faite à M. Godin. Un affreux tremblement de terre détruifit la plus grande partie de Lima, & toute la petite ville du Callao qui lui {rt de port. Les talens de M. Godin devinrent une reffource dans ce défaftre : il donna pour la reconftruétion de la ville des idées fondées fur la bonne Phyfique , qui rendoïent en pareil cas les maifons moins fufceptibles d'accidens ficheux : il préfida à l'exécution & fit reconftruire en entier les forti- fictions qui afluroient le port du Callao : l'Aftronome devint fucceflivement Ingénieur & Architeéte, &, grâces à l'étendue de fes connoiffances , il remplit toutes ces fonétions comme . s'il en avoit été occupé toute fa vie. M. Godin étoit avant fon départ pour l Amérique Penfion- naire de l’Académie, & il connoiffoit la févérité des Règlemens, qui excluent irrévocablement de ce titre tous ceux qui ont des fonctions ou une réfidence hors de Paris. La Chaire de Mathématique de Lima étoit certainement de ce nombre, mais il n'ignoroit pas auffi qu'il y a des circonftances privilégiées & au-deffus de toutes les loix; d’ailleurs il m'étoit pas trop en fon pouvoir de refufer les offres du Vice-Roi, moins en core de prendre fur ce point les ordres de la Cour de France : il accepta donc le parti qui lui étoit offert, prenant feulement la précaution d'en éerire en France, pour rendre compte au Miniftre des raifons qui l'y avoient engagé. Le vaiffeau qui portoit fa letire fut pris par l'ennemi: on apprit ici l'engagement qu'il avoit pris fans en apprendre les motifs, & on jugea qu'il avoit quitté le fervice de fa patrie dans de temps même qu'il ne foupiroit qu'après fon retour. Telles furent {es malheureufes circonftances qui firent que, fans qu'il y eût aucune faute de fa part, l'Académie reçut ordre de nommer à fa place de Penfionnaire. Il comptoit cependant fi peu’avoir renoncé à fa patrie, qu'auffi-tôt que le temps pendant lequel il s'étoit engagé à LE JS D'ES SCIENCES. 191 remplir la Chaire de Mathématique de Lima fut expiré, il fe mit en chemin pour repafler en Europe : il s'embarqua à Fernambouc fur un vaiffeau Portugais, & arriva heureufement à Lifbonne; fa réputation l'y avoit précédé, & le Miniftère portugais fit toutes les tentatives poffibles pour l'y fixer, mais elles furent toutes inutiles, Son amour pour fa patrie, qui l'avoit rappelé d'Amérique, ne lui permit pas d'écouter de pareilles propofitions : il fe mit en route & arriva à Paris au mois de Novembre 1751; il y refta environ un an, & mayant pu pendant ce temps trouver jour à rentrer dans Académie , il repartit pour aller, avec Ia permiffion du Roi, remplir à Cadiz la place de Direéteur de l’Académie des Gardes - Marine d'Efpagne. Le Marquis de la Enfenada, ce Miniftre éclairé, né pour la gloire de fon Maître & pour le bien de fa Nation, avoit bien-tôt connu de quelle utilité les talens de M. Godin pouveient être, & s'étoit hâté de s'en faifir pendant que l'incertitude du temps où il pourroit rentrer à l'Académie le laïfloit en quelque forte vacant. M. Godin partit de Paris vers la fin de l'année & em- mena avec lui toute fa famille, Nous difons toute fa famille, car il étoit marié; ilavoit époufé en 1728, Demoifelle Rofe- Angélique le Moyne, & il en avoit eu, avant fon départ pour YAmérique, un fils & une fille, qui trouvèrent heureufement dans l’efprit & les talens de cette dame toutes les reflources néceffaires pour leur faire oublier en quelque forte la longye abfence de leur père & pour leur procurer la meilleure éducation. IL fat reçu à Madrid de la manière la plus flatteufe; il trouva à deux lieues de cette Capitale D. Antonio de Ulloa, lun des deux Officiers efpagnols qu'il avoit eus pour Adjoints au Pérou , qui venoit exprès au-devant de lui, pour lui remettre de la part du Miniftre un brevet de Colonel d'Infanterie pour lui & un d'Ingénieur & de Lieutenant pour fon fils. Une réception fi honorable étoit bien capable de fatisfaire M. Godin, mais fa joie fut bien-tôt & bien cruellement troublée: à peine étoit-il arrivé à Madrid , que ce fils, pour lequel il entrevoyoit déjà une perfpective fi agréable, y fut attaqué de la petite vérole dont il mourut, | 192 Hisroire DE L'ACADÉMIE Royare Après avoir donné quelque temps à fa douleur & aux arrangemens qu’il avoit à prendre, M. Godin fe rendit à Cadiz & y commença l'exercice de importante fonction dont il étoit chargé. Il étoit apparemment defliné à obferver de près les effets des tremblemens de terre; il étoit, comme nous l'avons dit, à Lima lorfque cette ville fut renverfée en grande partie en 1746 par un de ces accidens, & il fe trouva à Cadiz lorfque celle-ci fut ébranlée par celui qui détruifit Lifbonne; & dans ces deux occafions il eut la plus grande part aux mefures qu'on prit pour diminuer en pareil cas le danger & pour réparer le dégât caufé par ces terribles phénomènes. On eût dit que a Providence le conduifoit comme par la main par-tout où fes talens pouvoient être utiles. Il fit en 1756, un voyage à Paris & eut enfin le plaifir de fe voir rendre la juftice qu'il demandoit depuis f1 long- temps : fur le rapport que M. le Comte d’Argenfon, alors Miniftre , fit au Roi de tout ce qui Sétoit paflé, il fut rétabli au rang de Penfionnaire- vétéran de l'Académie, & nous eumes le plaifir de ly voir reprendre féance, &, pour tout dire auflr, fe même zèle & le même attachement qui n'étoient en effet jamais fortis de fon cœur. Il fut un de ceux que l'Aca- démie nomma en 1756, pour mefurer une nouvelle bafe qui pût lever tous les doutes que caufoit l'ambiguité des termes de celle de M. l'abbé Picard. « Il avoit profité de fon féjour à Paris pour l'établiffement de fa fille qu'il avoit ramenée d'Efpagne avec lui; il la maria avec M. Lefévre de Dampierre, Avocat au Parlement, après quoi il retourna en Efpagne pour y reprendre fes fonétions ordinaires & pour mettre la dernière main à la Relation de fon voyage à l'Equateur. H ne comptoit cependant pas s'y fixer pour toujours, & dans fon dernier voyage il m'avoit dit plus d'une fois qu'il efpéroit être affez heureux pour venir finir fes jours dans le fein de fà famille & dé fa patrie; mais il n'a pas eu cette confolation , fa fanté commença à fe déranger prefqu'auffi-tôt qu'il fat arrivé à Cadiz Il travailloit cependant dans les intervalles DES SCIENCES. 193 intervalles de fes maux ; il compofoit un Cours de Mathé- matique à l'ufage de fes Élèves, duquel il avoit fournis la première partie au jugement de l'Académie : il comptoit lui envoyer fucceffivement toutes les autres, mais if n’en a pas eu le temps, un malheur accablant mit fin à fes travaux & à fa vie. Sa fille, devenue, par la mort de fon aîné, le feul objet de fa tendrefle, mourut au bout de trois années de mariage, ne laiffant qu'un fils encore au berceau. Ce funefte accident dé- truifit ce qui Ju refloit de force , & il ne fit plus que fanguir jufqu'au 11 Septembre 1760, qu'une attaque d'apoplexie lemporta, âgé de.cinquante-fix ans & quelques mois. Sa taille étoit au- deffus de la médiocre & fa phyfionomie fpirituelle ; fa converfation étoit enjouée & il favoit affaifonner les matières les plus férieufes de plaifanteries qui lui réuffiffoient affez bien : on lui a reproché quelquefois d'avoir porté la vivacité jufqu'à l'emportement, mais ce n'étoit jamais chez lui qu'un mouvement pañager , & je fai, par expérience , que rien n'étoit plus facile que de le défarmer : une réponfe douce & modérée, fouvent une faillie plaifante triomphoient prefque fürement de fa plus grande colère, & le fond de fon commerce n’en étoit ni moins für ni moins agréable. Du refte parfaitement honnête homme, très-attaché à fà religion, à {a famille, à fes amis, & fur-tout à l'Académie, pour laquelle il étoit toujours prêt à tout facrifier. Il na jamais rien négligé de ce qu'il a cru pouvoir le rendre utile, & nous ne croyons pas qu'on puifle lui reprocher de n’y avoir pas réufil. IL pofédoit le talent précieux d’obferver avec la plus grande exactitude, & il a pu aller de pair fur cet article avec les plus grands Aftronomes; mais ce qui le diftinguoit particulièrement, étoit la profonde connoïflance qu'il avoit de tout ce qui pou- voit concerner l'Aftronomie : non-feulement il avoit Ià prefque tout ce qui a été écrit fur cette matière, mais ft dans un Ouvrage de toute autre efpèce il y avoit quelque chofe qui püt y avoir rapport, on pouvoit être für qu'il ne lui avoit pas échappé. On peut juger combien cette efpèce d'érudition lui avoit coûté de fe@ures pénibles & ennuyeufes. Hifi, 1700. . Bb 194 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyALe Perfonne auffi ne favoit mieux mettre fon temps à profit: indépendamment du travail de Cabinet, de fes obfervations continuelles & de l'affiduité la plus exaéte à nos aflemblées, il a toujours paflé, jufqu'à fon départ pour l'Amérique, une matinée par femaine en conférence avec M. de Mairan. L'eflime & l'amitié de ce célèbre Académicien fait une partie trop confidérable de fon éloge pour que je puiffe laifler ignorer qu'il les lui avoit accordées, & le Public devinera aifément comment & à quoi ces conférences f1 régulières étoient employées. IL paroît, par plufieurs de fes Lettres, que M. de ffle a bien voulu me communiquer, qu'il avoit entrepris de publier une Bibliothèque aftronomique, c'eit-à-dire un Catalogue des Livres écrits fur cette matière, avec une notice abrégée de chaque Ouvrage. Je fais même, par ce que je lui en ai entendu dire avant {on départ pour l'Amérique, qu'il ÿ penfoit depuis long- temps. Perfonne n'étoit en effet plus en état que lui de rendre ce fervice aux Aflronomes: il penloit aufli à publier une Hifloire célefte ou un Recueil d'oblervations plus ample & plus correct que ceux que nous avons. Ces projets n’étoient pas chimériques & fon äge lui permettoit encore d'efpérer de voir les Aftronomes jouir de fes travaux, mais il a été prévenu par la mort, & nous ignorons encore s'il fe fera trouvé dans {es papiers quelque partie de ces ouvrages en état d'être donnée au Public, L DES S EMPE NICE S ù 195 Doccoconoocoocoononooco0o0cco ÉD O1 GE DE M DE SÉCHELLES. EAN MorEaAuU, Chevalier, Seigneur de Séchelles, Miniftre d'Etat, ancien Contrôleur général des Finances, naquit à Paris le 10 Mai 16 90, de Pierre Moreau, Secrétaire du Roi, Tréforier général des Invalides & d'Hélène Charron. Il fit fes premières études au Collége des Jéfuites de Paris, d’où il ne fortit que pour recevoir dans la Maifon paternelle une éducation plus particulièrement propre aux fonétions auxquelles il étoit deftiné, & il en profita fi bien que dès l'âge de vingt-deux ans, il avoit acquis toutes les Fees néceffaires pour en commencer l'exercice : la plupart des hommes font à peine à cet âge capables de fe conduire; M. de Séchelles étoit déjà en état de partager avec les Miniftres les honorables & pénibles fonétions du Gouvernement. Il les partagea en effet bientôt. Il époufa en 1711, Marie- Catherine d'Amorezan de Preflieny, petite-fille, par fa mère, de M. le Marquis d'Alèore, Grand-Sénéchal d'Auvergne : ce mariage lui procura l'avantage d'être connu de M. Def- maretz; ce Miniftre n'eut pas befoin d’un long examen pour reconnoître fes talens & l'étendue de fes connoiffances; il ofa, malgré fa grande jeuneffe, lui confier un travail confidérable qui avoit pour objet la liquidation des dettes dont l'État étoit chargé au moment de la paix d'Utrecht & la recherche des moyens propres à les acquitter. Le jeune Séchelles remplit cette commiflion de manière à juftifier fa confiance du Miniftre, l'on a entendu dire plus d’une fois à M. Defmaretz, qu'il auroit fait ufage des vues de M. de Séchelles fi la mort du feu Roi Louis XIV & les changemens qu'elle entraîna n'y avoient pas mis obflacle. Les talens & la capacité de M. de Séchelles étoient trop Bb ji / 196 HisTôiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE marqués pour demeurer dans lobfcurité; M.le Blanc, devenu Miniftre, n'héfita pas à en parler à feu M. le Duc d'Orléans, Régent du Royaume, &c le préfenta même à ce Prince, qui bientôt l'honora de fa confiance dans un grand nombre d'affaires délicates & de circonftances particulières. Jufque-Rà lefpèce de miniflère qu'avoit exercé M. de Séchelles n'avoit d'autre titre que fon mérite & la confiance qu'il s'étoit attirée ; il n'en étoit peut-être que plus flaiteur, mais on mavoit pas prétendu le tenir toujours caché, & il étoit temps que fes talens paruflent au grand jour & à découvert. Ce-fut dans cette vue que, pour acquérir le caraétère de la Magiftrature néceflaire pour s'ouvrir l'entrée aux poftes qu'on lui deftinoit , il entra en 1719 comme Confeiller au Parlement de Metz & pañla peu de temps après au Confeil en qualité de Maître des Requêtes. Ce fut alors qu'il fut chargé de plufieurs opérations impor- tantes , entre lefquelles nous ne pouvons paffer fous filence le travail qu'il fit pour le rétabliffement des Maréchauffées : ce corps, auquel les Citoyens, & fur-tout les Voyageurs, doivent la füreté dont ils jouiflent, étoit tombé par le concours de plufieurs circonflances dans une efpèce de langueur qui en diminuoit beaucoup l'utilité; M. de Séchelles fut pénétrer jufqu'aux fources du mal, en reconnoitre les caufes & y remédier par un projet dont il fit fon rapport au Confeil de Régence & qui y fut approuvé : il fut chargé de l'exécution, & c'eft à lui qu'on doit prefqu'en entier Fordre & la police qui règnent aujourd'hui dans cette partie; un travail de cette efpèce {uffiroit prefque feul pour le mettre au rang des bien- faiteurs de l'humanité. La mort du Prince-Régent , arrivée en 1723, fufpendit les effets de fon zèle; Fattachement qu'on lui connoifloit pour M. le Blanc lui fit partager la difgrâce de ce Miniftre, qui dura trois années, & il ne fut rappelé qu'avec lui. Le deflein de M. le Blanc, qui connoifloit à fond fa capacité, étoit de fe l'afocier au minifière de la guerre; mais les DEN SSICANE NC Es 197 circonflances ne lui ayant pas permis d'effleuer ce projet, . Je Roï deflina M. de Séchelles à l’Intendance du Haynault, à laquelle il fut nommé en 1727. On n'imagine qu'à peine combien un pareil pofle exige de talens & de travail lorfqu'on ne fe contente pas de l'occuper, mais qu'on fe propofe de le remplir: entretenir le bon ordre & l'abondance dans toute une province; veiller à réprimer les abus ; empêcher la diffipation des fonds qui doivent être employés à des ufages utiles ; préfider avec équité à la répar- tition & à la levée des impôts; empêcher autant qu'il eft pofhible les vexations trop ordinaires en ce genre; prévenir les fraudes & les malverfations des fubalternes, qui, prefque toujours, ne cherchent qu'à abufer de F'autorité qu'on leur confie; être toujours prêt à devenir auprès du Prince ou de fes Miniftres l'organe, l'interprète & fouvent linterceffeur de la province; en expofer les befoins ; lui procurer l'abondance par des objets de commerce dont elle peut être fufceptible, par des chemins, par des canaux ou des jonélions de rivières qui facilitent le tranfport des denrées, par une attention fuivie à mettre en valeur les terrains que la dureté d'une mauvaile adminiftration peut avoir laiflés incultes ; favoir en même temps foutenir les priviléges de la Noblefie, toujours d'autant plus refpeétables qu’ils font le prix du fang verlé & le gage de celui qui fe doit répandre pour la Patrie, & empècher cependant l'abus qu'on en pourroit faire; terminer un grand nombre d'affaires qu'il feroit dangereux de faire éclater dans les Tribunaux ordinaires ; s'acquitter enfin avec la plus grande prudence d'une infinité de commiffions fecrettes & délicates dont on peut être chargé. Telles & plus nombreufes encore font ou doivent être les fonctions ordinaires d’un Intendant ; mais ceux qui {e trouvent chargés des provinces frontières, ont encore bien d'autres objets de travail : c’eft à eux à veiller à ce que les troupes, foit dans leur pañlage, foit dans leur féjour , foient pourvues de tout ce qui leur eft néceffaire & ne commettent aucun défordre; ils doivent tenir la main à l'exé- cution des entreprifes & obliger ceux qui en font chargés de | Bb ii 198 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE remplir exaétement les conditions auxquelles ils fe font fourmis ; faire en forte que les hôpitaux militaires foient bien adminifirés, & fanver, par ce moyen, la vie à une infinité de défenfeurs de l'État, qui ne font que trop fouvent les viétimes d'une baffle & cruelle avidité; prévenir tous les maux & tous les défordres que la licence ne manqueroit pas de caufer fi on ne s'y oppoloit continuellement ; favoir enfin prendre fur le champ fon parti dans une infinité d'occafions qui ne fouffrent point de délai & dans lefquelles il faut fe charger de l'évè-. nement. On a peine à croire qu'un feul homme puifle avoir aflez de talens, de zèle &° d’aétiviié pour fufhre à tant d'objets différens ; nous ofons cependant aflurer que M. de Séchelles n'a manqué à aucun, & le peu que les bornes de cet éloge nous permettent de rapporter de fon adminiftration en donnera la preuve la plus convaincante. Il n'avoit pas attendu jufqu'à ce moment à fe mettre au fait des détails militaires, qu'il prévoyoit devoir un jour lui être néceffaires; il en avoit pris la plus exaéte connoiflance qu'on puifle en acquérir dans le cabinet; & il s'étoit fi bien inftruit, que les objets fur lefquels il alloit s'exercer, ne devoient lui offiir prefque rien d’abfolument nouveau. Son premier foin, en arrivant dans la province, fut d'en faire une vilite exacte & de prendre par lui-même la connoif- fance la plus détaillée des objets defquels il devoit principalement s'occuper ; il n'en trouva que trop qui demandoient une prompte & fcrupuleufe attention. Les habitans des villes étoient furchargés du logement des troupes & des Offciers qui y étoient en garnifon; la difficulté des chemins ôtoit jufqu'à la moindre poffibilité du commerce ; la province ne pouvant fournir de grains que pour la nourriture du tiers ou environ de fes habitans, il falloit en tirer des provinces voifines, quelquefois mème de l'Etranger; ce qui ne fe pouvoit faire fouvent qu'avec des difficultés incroyables, & M. de Séchelles l'éprouva lui-même dans deux difettes qui, de fon temps, délolèrent la province; les Communautés étoient endettées & hors d'éat de payer les impofitions, qui étoient, pour la DES SCIENCES. 199 plupart arrièrées de près de trois ans, & pour comble de maux, il régnoit prefque par-tout une divifion capable feule de mettre obftacle à toutes les melures qu'on auroit pu prendre pour fortir d’un état fi ficheux. Tel étoit l'état de la Province, lorfque M. de Séchelles ÿ arriva ; fon extrême fagacité lui eut bientôt fait apercevoir les fources du mal, & les moyens d'y remédier ; des corps de cafernes bätis dans les villes qui en manquoient, foulagèrent les habitans , que le logement des Troupes accabloit : il établit des greniers & des emplacemens capables de contenir trente- fix mille facs de blé; il fit des marchés pour faire & entretenir ar la fuite, cette fourniture qui met à jamais le Haynault à l'abri des difettes; & pour trouver les fonds néceflaires à un fi utile établiflement, il n’en coûte à la Province-qu'un liard par pot de bière vendue dans les cabarets. La ville de Valenciennes, place d’une extrême importance, mavoit pas de magafns fuffifans pour y renfermer des vivres & des munitions qui puflent aflurer la défenfe de la place & la fubfftance des Troupes & des habitans en cas de fiége. M. de Séchelles lui en procura ; il s'étoit aperçu que des marais qui environnoient la ville de Condé ; en rendoïent l'air très mal-fain, & y caufoient de fréquentes maladies; c'en fut aflez pour le déterminer à les faire deflécher ; il forma une compagnie qui entreprit cette opération, fans autre indemnité que la jouiflance des terrains defléchés pendant un temps limité, & par ce moyen, ce defléchement fi utile à la Province, ne lui coûta pas la plus petite impolfition ; ce terrain jufqu'alors inutile, fut un véritable préfent que lui fit M. de"Séchelles : les Communautés n'étoient obérées que par le peu d'exadi- tude, & par une infinité de dépenfes abfolument inutiles; il rétablit l'ordre, & retrancha févèrement toutes les dépenfes fuperflues ; il rétablit, par { douceur & par fa prudence, lunion que de vils intérêts, des prétentions mal entendues, fouvent même des fujets encore moindres, avoient bannie; car il n’eft pas toujours für que les querelles & les difputes même les plus vives qui s'élèvent entre les hommes, aient 200 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE un fondement réel. Au moyen de toutes les peines qu'il fe donna, les comptes fe rendirent, les Communautés les plus obérées fe libérèrent & fe trouvèrent en peu d'années en état de payer” les arrérages des rentes qu'elles devoient , & les : impofitions dont elles étoient chargées ; à voir le peu de temps qu'il employa à remédier à tous ces maux , on feroit tenté de croire qu'un génie bienfaifant lui avoit prêté un fecours furnaturel ; ce génie cependant n'étoit que la bonté de fon cœur , & il ne puifoit fes fecours que dans la droiture de fon efprit, & dans fon extrême afliduité au travail. I n'avoit trouvé en arrivant dans le Haynault, qu'un feul chemin réparé , les autres étoient impraticables ; il y fit conf truire des’ chauflces qui aboutiffoient à tous les endroits un peu confidérables, cette réparation répandit par-tout labon- dance, interceptée par le défaut de communication, & ranima le commerce de cette Province qui languifloit depuis tant d'années faute de ce fecours : les fils qui fervent à la fabrication des dentelles & des batiftes, font un objet de commerce très-confidérable pour Valenciennes. Les Manufacturiers étoient dans l'ufige d'envoyer blanchir ces fils en Hollande, pré- tendant avoir inutilement eflayé de les blanchir à Valen- ciennes. M. de Séchelles ne fe rebuta point, il fit venir des Ouvriers de Hollande, & fes foins épargnèrent pour toujours aux Fabriquans , l'embarras que leur caufoient ces envois, & au Royaume, l'argent confidérable que cet objet en failoit fortir. La province du Haynault pofédoit dans les eaux & les boues de Saint- Amand, un remède admirable pour une infinité de maux, & fur-tout pour les fuites de plufieurs efpèces de bletfures ; la Nature fembloit les avoir placées par préférence dans ce pays, qui de temps immémorial eft le théâtre de la guerre ; mais ce remède fi falutaire devenoit prefqu'inutile, du moins pour les Soldats , faute d'un lieu propre à les y recevoir ; le cœur compätiflant de M. de Séchelles leur ouvrit cette reflource par un hôpital militaire qu'il obtint du Roi, & à la conftruction duquel, lui & M. de la Grandville, alors DREVs IS UCHNE NC 5 201 alors Intendant de Flandre, veillèrent avec la plus grande ° attention. ke L'envie qu'il avoit de perpétuer autant qu'il le pourroit le bien qu'il faifoit dans fa Province, lui fit établir "des maifons de charité, où lon enfeigne différens métiers aux pauvres enfans de l'un & de l'autre fexe; & il rendit par ce moyen à la fociété, un grand nombre de fujets que la misère auroit anéantis, ou que la fainéantife en auroit rendu l'opprobre. On juge bien que tant de chofes utiles exécutées en {1 peu de temps , exigeoient que M. de Séchelles employât un grand nombre de perfonnes fous fes ordres, & le fuccès de fes entreprifes fait voir qu'il les favoit bien choifir; mais comme il favoit auffi qu'il eft prefqu'impoñfible que dans un grand nombre de fujets, il n'y en ait quelqu'un qui fe relâche ou qui fe démente totalement , il avoit imaginé un moyen pour les tenir toujours en haleine; il faifoit de fréquentes tournées, & jamais fa venue n’étoit annoncée ; il alloïit, en mettant pied à terre, droit aux Hôpitaux militaires, goütoit le bouillon des malades , écoutoit leurs plaintes & feur rendoit juftice, vifitoit les chambres & jufqu'aux lits des Soldats auxquels il faifoit exactement donner par les Entrepreneurs, ce qu’ils devoient fournir ; il examinoit les travaux avec la même attention: en æn mot, l'incertitude de fon arrivée, & fon activité à fe porter par-tout où fa préfence étoit néceffaire, le rendoient pour ainfi dire, préfent à a fois dans toute la Province, ou pour parler fans figure, aucun de ceux qui auroient eu envie de malverfer, n’eût ofé le croire abfent. Pendant que M. de Séchelles étoit occupé de tous ces objets, il étoit encore chargé de lintendance & de Tappro- vifionnement du camp que le Roi avoit affemblé fur la Sambre en 1727, fous les ordres de feu M. le Maréchal de Montmorency, alors Prince de T'ingry, & Lieutenant général des Armées du Roi: ce camp qui contenoit feize à dix-huit mille hommes dura près de deux mois, & fut toujours abondamment fourni de tout ce qui pouvoit être néceffaire. | L'attention de M. de Séchelles mérita les plus grands éloges Hifl. 1760. NU TMEE 202 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de la part des Officiers, & lui gagna le cœur de tous Îles Soldats; il ne remplit pas avec moins d'attention la place d’Intendant des autres camps que le Roi fit affembler fur a même rivière en 1731 & en 1732, fans que le détail immenfe & inféparable de femblables fonctions, eût rien pris fur le foin qu'il devoit au refle de la Province. Tout ce que nous venons de dire, a dû peindre la douceur & l'humanité de M. de Séchelles: cétoit effectivement le fond. de fon caraétère : mais il favoit en fortir lorfque les cir- conftances le demandoïent ; nous n’en rapporterons qu'un feul exemple ; fon attention à prévenir jufqu'aux moindres abus, lui épargnoit ordinairement les occafions de punir ; mais cet exemple au moins fera voir qu'il favoit, quand il le falloit , être févère, & facrifier fon inclination à fon devoir. Un bataillon de Milice avoit ordre de fe rendre à Philippe- ville; dans la marche, quelques mutins s'élevèrent contre leurs Officiers, & poulsèrent la hardieffe jufqu’à faire feu fur eux ; M. de Séchelles effrayé des terribles conféquences que pouvoit avoir cet attentat s'il reftoit impuni , écrivit en Cour pour être autorité à punir les coupables avec fa plus grande rigueur; ceux-ci avoient cru fe mettre à couvert du châtiment qu'ils méritoient, en engageant leurs camarades par ferment, à ne les pas découvrir, ainfi les perquifitions de M. de Séchelles demeurèrent inutiles ; fa fermeté ne l'abandonna pas dans cette occafion : il fe rendit à Philippeville, & ayant fait mettre la garni{on fous les armes, il en fit entourer le coupable bataillon , auquel il déclara qu’il alloit être décimé, & fit en même-temps faire les préparatifs néceffaires : à cette vue tous fe jettèrent à genoux en demandant grâce. M. de Séchelles fouhaitoit autant de la leur accorder , qu'eux de l'obtenir ; if tint bon néanmoins pendant quelque temps, & ne fe lila fléchir qu'après qu'ils eurent déclaré les coupables , qui fe trouvèrent au nombre de uatre : ils avouèrent eux-mêmes leur crime, furent exécutés fur le champ, & le bon ordre fut rétabli. H s'étoit aperçu que la lenteur & la difficulté du tranfport des bombes, des boulets, des grenades, &c. étoit un obflacle à D'ESNSCTENCES 203 la vivacité avec laquelle de certaines opérations doivent être füivies ; mais il n'avoit à fa portée aucune forge où il pût commodément en faire fondre. Il imagina d'établir auprès de Valenciennes une fonderie, & d'y faire porter tous les débris de canons & d'autres pièces de fer fondu : par ce moyen il parvint à fe procurer, à peu de frais, une quantité immenfe de ces pièces, dont il remplit un parc entier fur lefplanade de la citadelle, Les talens de M. de Séchelles n'étoient pas bornés à la fimple adminiftration d’une province, les intérêts des Princes, & tout ce qui peut faire partie du Droit public, lui étoit familier , & il en a donné des preuves dans plus d'une occa- fion; il fut en 1738, nommé Commiflaire du Roi avec M. de la Grandville, alors Intendant de Flandre, pour affifter aux Conférences qui f devoient tenir à Lille avec les Commiflaires Impériaux , pour régler les limites des Pays-bas Autrichiens, conformément au Traité de Bade. Ces Confé- rences durèrent plus d’une année, pendant laquelle M. de Séchelles eut plus d'une fois occafion de faire paroïtre fi capacité & fon efprit de conciliation, & elles ne furent inter- rompues que par les circonftances particulières qui occafion- nèrent la guerre entre la France & la Maifon d’Autriche. Cette guerre donna lieu à M. de Séchelles de faire paroître dans tout leur jour fes talens & les connoiffances qu'il avoit acquifes dans quatorze années d’Intendance militaire : il fut sommé en 1741 Intendant de l'Armée que le Roi fit affembler fur le Rhin, & qui étoit compofée de quarante mille hommes ; il sy rendit dès le mois d’Août , & pref- qu'auffitôt l'armée fe mit en marche, Rien n'étoit peut-être plus difficile à exécuter que la com- miflion dont il étoit chargé; f Armée de France devoit fe joindre à celle du Roi de Pruffé, alors notre allié, & à celle de l'Électeur de Saxe : il falloit traverfer des Pays alliés & fouvent des Pays ennemis ; empêcher par-tout le défordre, & pourvoir à la fubfiflance des Troupes, d'autant plus difficile à keur procurer, que mille circonftances imprévues pouvoient Cci 204 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE à chaque inflant déranger la marche de l'armée & rendre inutiles toutes les précautions qu’on pouvoit prendre; il falloit négocier avec les Miniftres des différens Princes qui fe trou- voient fur le paflage ou dans le voifinage de armée, & fur- tout éviter jufqu'aux moindres fujets de plainte ; il falloit enfin, malgré les incommodités des chemins & de la faifon, faire voiturer un train nombreux d'artillerie & des munitions de toute efpèce. On ne fe perfuadera qu’à peine que tant d'objets différens aient pu être remplis, malgré toutes les difficultés que nous venons d'expofer, & nonobitant f'alternative des fuccès,. prefqu'inféparable de toute expédition militaire. Toute l'Europe . eft cependant témoin que les mefures prifes par M. de Séchelles réuflirent par-tout, fans qu'aucune lui ait jamais manqué: le fuccès, qui fe dérobe fi fouvent aux projets les mieux concertés, fembloit enchainé en quelque forte par fa prudence, & forcé de répondre à tous fes deffeins. La véritable fource de ce bonheur étoit la profonde étude: qu'il avoit précédemment faite de toutes les parties de ce genre de fervice : il avoit pris la connoiffance la plus exacte des pays qu'il prévoyoit pouvoir être un jour le théatre de la guerre, & de toutes les reffources qu'ils pouvoient fournir. Un coup d'œil toujours jufte, parce qu'il étoit toujours éclairé, lui failoit prévoir d'avance les projets que pourroient former les Généraux, & il ne manquoit jamais de {e préparer tout ce qui pouvoit devenir néceflaire, foit en cas d'heureux fuccès, foit en cas de revers: les pays même ennemis dans fefquels on étoit obligé de faire fubfifter l'armée, étoient ménagés autant qu'il le pouvoit , & fon extrême attention à empêcher les vexations , trop ordinaires en pareil cas, lui faifoit fouvent tirer plus de fecours de ces Peuples qu'on n'en eût obtenu par les plus cruelles violences : enfin il s’étoit fi parfaitement acquis la confiance des Généraux & du Miniflère, qu'on le laïfloit prefque toujours agir de lui-même & felon ce que lui diétois fon zèle & fa prudence. L'armée françoife qui avoit paf le Rhin le 1 $ Août, fe mit en marche pour la Bohème fur deux colonnes: celle où à D'É SNS MGM 'E N CE. 6 205$ f trouvoit M. de Séchelles prit par la Bavière, d'où elle paña en Autriche, & arriva en Novembre fur les frontières de Bohème, où { fit la jondlion de l'autre colonne qui avoit pris une route différente, & auflitôt après arriva la füprife de Prague, que nos troupes, aidées des Saxons, prirent prefque fans coup-férir: ce füt-là principalement que brilla lhabileté de M. de Séchelles. Quoique l'armée du Roï fe fût emparée de Prague, elle ne jouifloit dans la Bohème que d’une affez petite étendue de terrain ; les Saxons & les Pruffiens occupoient une partie de ce Royaume ; & le refle étoit rempli par l'armée ennemie, qui avoit l'intérêt le plus vif à empêcher les appro- vifionnemens néceflaires à {a fubfiflance de la nôtre. Malgré cette circonflance fi embarraffante, M. de Séchelles parvint à faire raffembler dans Prague les grains. & les autres chofes né- ceflaires à la vie des Soldats & à la fubfiftance des chevaux : une partie de l’armée fut diftribuée dans les cantons du royaume dont nous étions les maitres, & le refle demeura dans Prague pour la füreté de la Place; mais bienôt les circonftances for-- eèrent toutes nos troupes de fe rapprocher & enfin de fe renfer- mer dans la ville, où elles entrèrent dans les premiers jours d'Août, & prefqu'auffi-tôt la Place fut inveftie & affiégée par l'ennemi. Les Généraux Autrichiens ne penfoient guère à emporter de vive force une Place dans laquelle il y avoit cinquante-un bataillons , quatre-vingt-dix efcadrons & plufieurs compagnies franches d'Infanterie & de Dragons, mais ils comptoient bien. qu'un fi grand nombre de troupes enfermées dans uné ville inveflie de toutes parts n’y pourroient fubfifter loñg-temps , . & que la difette les forceroit de fe rendre aux conditions. qu'ils voudroient leur impofer; & il faut avouer que leur raifonnement mauroit été que trop jufte fi la prudence de: M. de Séchelles n'y avoit pas pourvu. avoit foupçonné la poffbiliié de l'évènement, & c'en avoit été aflez pour l'engager à fournir la Place de provifions fuffifantes ; & pendant le fiége & le blocus, qui durèrent près de trois mois, il trouva moyen, fans aucun fecours extérieur, de faire fubfifter les Cc ii 206 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE troupes & les habitans. Il mit à profit les provifions de tout genre difperfées chez les particuliers ; il établit la plus fage & la plus exacte économie dans leur diftribution ; enfin il fut fi bien tirer parti de tout ce qu'il avoit dans l'intérieur des murs où il étoit renfermé, qu'il donna le temps aux troupes du Roï de venir dégager la Place, & priva en quelque forte, par fes foins, les Ennemis d’une conquête qu'ils regardoient comme affurée. Le Roï, pour lui marquer combien il avoit été fatisfait de fa conduite, lhonora d'une place de Conftiller d'État le 30 Juillet 1742, & lui accorda le droit de féance du même jour, quoique fon abfence ne lui eût pas permis d'en prêter le ferment. C'étoit beaucoup que d'avoir garanti de Ia difette l'armée qui étoit enfermée dans Prague, mais ce n'étoit rien fi on ne lui afluroit la fubfiftance dans fon retour. Obligé de parcourir des pays déjà dévaftés & de fe prêter à des changemens de projets que les circonflances exigeoient, combien de fois M. de Séchelles fe trouva-t-il réduit à chercher des reffources chez les Seigneurs du pays, que fon caraétère liant & plein de douceur amenoit à faire fouvent plus qu'il ne paroifloit poflible ! combien de fois s'eft-il trouvé dans la néceffité de fuppléer de lui-même à des ordres contradictoires qu'il recevoit à la fois des deux Généraux! Cependant, malgré toutes ces difficultés, l'armée ne manqua de rien pendant une marche de plus de quatre cents lieues, ou fi elle manqua de quelque chofe, ce ne fut que de ce qu'il étoit phyfiquement impoffible de lui procurer : l'impoffibilité phyfique avoit feule le pouvoir de l'arrêter, fa prudence & fon activité l'avoient mis depuis long-temps en état de braver ou d'éluder l'impoflibilité morale, De retour en France, M. de Séchelles fut transféré de Fintendance du Haynault à celle de Flandre , dont il reçut la commiflion le 1° Mars 1743, & peu de temps après il fut nommé Intendant de l’armée que le Roï lui-même devoit commander dans les Pays-bas: il eut avantage d'y rendre les mêmes fervices fous les yeux de fon Maitre, qu'il fuivit DES NSNGUIREAN CIEL S. 207 en cette qualité à Metz, en Alfice & enfin au fiége de Fribourg, d'où le Roi l'envoya à Munich, pour y coñcerter avec les Miniflres du feu Empereur les projets de la campagne fuivante, dans laquelle il fit encore la fonétion d’Intendant de l'armée du Roi, commandée par feu M. le Maréchal de Saxe : il n'eut pas eu de peine à füivre la rapidité des conquêtes de ce Général, & il eut b«foin, pour y répondre, de toute fon activité: elle parut fur-tout au fiége de Bruxelles, que M. le Maréchal de Saxe jugea à propos d'affiéger en plein hiver. Tout fut prévu de la part de M. de Séchelles avec autant de foin que fi c’eût été l'expédition la plus ordinaire: il pouffa même l'attention jufqu'à faire aller en pofte quelques équipages d'artillerie qui n’avoient pu fuivre & dont on auroit pu avoir befoin. C'étoit peut- être la première fois qu'on en avoit vu aller de cette manière. La favante marche que fit M. le Maréchal de Saxe pour afliéger Maëftrecht , fut encore une occafion de faire briller fes talens. On fait quel appareil de vivres, de munitions & d'atillerie eft nécefliire pour affurer le fuccès du fiége d'une telle Place: il ne falloit cependant rien faire paroïtre de tout cela aux Ennemis, qui auroient aifément deviné à quelle Place on en vouloit, s'ils avoient vu amafler des magafins autour de Maëftrecht. L’habileté & l'activité de M. de Séchelles lui firent farmonter cette difficulté, & Îles mefures qu'il avoit prifes furent fi juftes , que l'ennemi n'aperçut les préparatifs du fiége qu'en mème temps que l'armée qui venoit l'afliéger. Ce fiége a été le dernier auquel ait aflifté M. de Séchelles; la Paix, qui le fuivit immédiatement, termina fes fonctions militaires, mais ce ne fut que pour lui fournir d'autres occafions de fervir. Il fut chargé, le 4 Janvier 1749, conjointement avec M. du Chayla, de traiter avec les Commiflaires de YImpératrice - Reine, pour tout ce qui avoit rapport à féva- cuation & à la remife des conquêtes du Roï, & s’en acquitta à la fatisfaction des deux Souverains. Jufque-R le zèle & l'activité de M. de Séchelles l'avoient foutenu, mais un peu de tranquillité, ou pour parler plus jufte, une diminution de travail , laiffa voir l'effet que tant de fatigues 208 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fi long-temps éprouvées avoient produit fur fon tempérament. Il tomba dangereufement malade’ à Mons: il eft impoflible de peindre la confternation que fa maladie jeta, non -feulement parmi les fujets du Roi confiés à {es foins, mais encore parmi les habitans des pays conquis dont if avoit eu fadminiflration par une commiffion particulière , & la joie qu’ils firent éclater en apprenant fon rétabliflement. Il étoit digne en effet de l'attachement des uns & des autres; il avoit gouverné les pays commis à fes foins avec tant de droiture & d'équité, & il y avoit fait des établiflemens fr utiles, qu'il a eu le plaifir de les voir adoptés & protégés, lorfque par la Paix les pays conquis retournèrent à leurs premiers Maïtres. Cette efpèce d'adoption fi glorieufe, & l'amour que ces Peuples avoient pour lui, font un plus bel éloge de fes talens, de fon cœur & de fon adminiftration, que tout ce que nous en pourrions dire. Nous nous fommes jufqu’ici occupés à repréfenter les fer- vices rendus par M. de Séchelles comme Intendant des armées du Roi, il eft temps de parler de ceux qu'il rendit comme Intendant de Flandre, car on peut être bien afluré que dans le plus fort de fes occupations tumultueufes il n’avoit pas perdu de vue le bien de cette Province qui lui avoit été confiée, & que dès qu'il put être libre, il commença l'exécution des projets qu'il avoit formés pour le procurer. La Flandre n'avoit pas plus de chemins ni de routes propres au commerce & au paflage des Troupes & de l’Artillerie, que n'en avoit le Haynault quand M. de Séchelles en avoit pris l'adminiftration ; la plupart de fes canaux étoient inutiles, parce qu'ils n’avoient aucun débouché vers les endroits où il eût été néceffaire. Il entreprit de lever ces inconvéniens, en faifant conftruire des chemins, foit aux dépens du Roi, foit aux frais des Communautés, qu'il eut l'art d'y engager: par ce moyen le commerce fe ranima, & une grande quantité de denrées, qui demeuroient inutiles faute de débit, apportèrent dans la Province une abondance jufqu'alors inconnue. I avoit été témoin des dépenfes immenfes qu'exigeoit le tranfport DES SCIENCES 209 tranfport par terre de l'artillerie & des équipages des armées ; c'en fut affez pour l'engager à propofer l'ouverture d’un canal de jonétion entre la haute & la bafle Deulle, par le moyen duquel F'artillerie , les équipages & les marchandifes peuvent être tranfportés par eau jufque dans les Pays-bas autrichiens, & même dans la Hollande, & par où réciproquement les marchandifes de ces pays peuvent arriver jufqu'à Lille: il fe trouve même que ce canal forme un embelliflement confidé- rable à {a principale promenade de cette dernière ville. C’eft un avantage de plus, quand ce qui n'eft deftiné qu'à être utile peut encore procurer de l'agrément. Ce même canal ouvroit une communication facile entre Valenciennes, Condé, Arras, Lille, Douai & Aire, où la rivière de Lys commence à être navigable, mais il étoit encore fufceptible d'une bien plus grande utilité, en formant, par un nouveau canal, une jonétion entre cette dernière rivière &. celle d’Aa, qui fe jette dans la mer à Gravelines & qui communique par un canal à Calais, à Bergues & à Dunkerque, par les eaux de la Colme & par le canal de Bourbourg. Ce canal, indépendamment de la commodité du tranfport & de la navigation , offroit encore un obftacle à l'ennemi qui auroit voulu s'ouvrir un paflage dans ces Provinces, Il n’en falloit pas tant pour déterminer M. de Séchelles à en folliciter lexé- cution; elle fut en effet ordonnée, & il eft aétuellement fort avancé, mais la guerre furvenue depuis en a empêché l'exécution. Depuis la démolition du port de Dunkerque, un des prin- cipaux quartiers de cette ville étoit devenu prefqu'inhabitable, par les vapeurs qu'exhaloient les foffés qui reçoivent l'égoût des boucheries & qui n'avoient plus d'écoulement à la mer : M. de Séchelles fit ouvrir une cunette, qui non-feulement procure à ces foffés l'écoulement néceffaire, mais qui y fait encore entrer la mer à toutes les hautes marées. Depuis cet ouvrage fi néceflaire, ce quartier devenu prefque défert, fe repeuple comme auparavant. Noncontent d'avoir rendu ce fervice àla ville de Dunkerque, i Jui procura un bâtiment pour la Bourfe ou l'aflemblée Hif, 1760. . Dd 210 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE des N gocians ; il y fit bütir des prifons fûres & faines; if fit faire en plufieurs endroits des égoûts grillés pour l'écou- Jement des eux, qui n'en avoient point; en un mot il ne népligea rien de ce qui pouvoit contribuer à la falubrité de cette ville où à l'augmentation de fon commerce. Muis ce qu'il y a peut-être de plus fingulier dans l'admi- niflration de M. de Séchelles en Flandre, c'eft d'en avoir tellement banni la mendicité, qu'il ne fe trouve pas à préfent dans toute la Province un feul pauvre demandant l'aumône. Il commença par chercher les moyens de pourvoir à Îa fubfifiance des vrais pauvres de la Province, foit en procurant des travaux à ceux qui étoient en état de s'y livrer, foit en augmentant les revenus des hôpitaux deftinés au fecours des malades & des infirmes, par des fondations qu'il y fit réunir, par des oétrois qu'il leur fit accorder, foit enfin par le bon ordre qu'il fut mettre dans l’adminiftration des revenus. Il fe crut alors autorifé à profcrire la mendicité par des. ordres févères, à l'exécution defquels il tint exaftement la main. L’eflet de ces ordres fut de renvoyer tous les pauvres de la Province chacun dans le lieu de leur naïflance, où les Magiftrats & les Officiers municipaux étoient obligés de les examiner & de leur procurer, où du travail, ou la fubfiftance dans les Hôpitaux, & d'en faire difparoître ceux que la fainéantife y avoit attirés d’ailleurs : ce changement seft fait, grâces à fes foins & à fa prudence, fans aucun murmure, fans aucun effort, & il a fait voir dans cette occafion que le fuccès des opéra- tions les plus fingulières eft plus fouvent attaché aux précautions fages qu'aux moyens violens. Nous ne finirions point fi nous voulions rapporter en détail tous les établiflemens qu'il a faits pour le bien d'une Province où fa mémoire fera toujours en honneur, & il eft temps de le repréfenter fous un autre point de vue, I fut appelé, au mois de Juillet 1754, à l'adminiftration des Finances, & eut féance au Confeil d'Etat en qualité de Miniftre en 1755. 1 apporta à cette nouvelle fonétion le même zèle & la même ardeur qui l'avoient toujours animé; DES SCIENCES. 21F maïs fon tempérament, épuifé par de longues & continuelles fatigues , n'y pat réfifter : il fut obligé de demander à fe retirer en 1756, & depuis ce moment fa fanté n’a pu fe rétablir. Ce fut à peu-près vers ce même temps que l'Académie acquit M. de Séchelles; il y obtint, le 16 Juillet 1755, la place d'Honoraire, vacante par le décès de M. le Maréchal de Lowendal : nous avons eu pendant quelques années fe plaifrr de le voir apporter à nos aflemblées ce même amour du bien public qui l'avoit toujours animé, & qui devoit être fi cher à une Compagnie qui {e fait honneur d'en faire fon objet prin- cipal ; mais enfin fes infirmités augmentèrent, il fut obligé de fe tenir plus affiduement chez lui, & mourut le 3 1 Décembre 1760, âgé de plus de foixante-dix ans, après douze jours de maladie, ayant envifagé l'éternité avec une fainte frayeur, & la mort avec le plus grand courage, Il étoit grand & bien fait; il avoit le regard fpirituel & s’exprimoit avec nobleffe & facilité ; la douceur de fon carac- tère, & la candeur qui en faifoit le principal fond, étoient peintes fur fon vifage; fon air ouvert infpiroit la confiance au premier coup-d'œil ; il poffédoit au plus haut point l'efprit de conciliation & l'art fi peu connu d'amener les hommes à adopter fes vues, mais on n'avoit rien à craindre de cet art, qu'il . n'employoit jamais que pour le bien : il jouiffoit d'une égalité d'humeur, d'une aménité de mœurs & d’une tranquillité dame qui ne fe trouvent jamais avec le vice & ne peuvent fubfifter qu'avec la vertu. Ïl étoit fidèle ami, père tendre, bon parent, rien n'égaloit fur-tout fa compañlion pour les malheureux, & je croirois dérober quelque chofe à fa gloire, fi je taifois un fait qui peut fervir de preuve à ce que j'avance & que je tiens de fa propre bouche. Re Dans une des campagnes de Flandre, il avoit, après une action aflez vive, fait porter les bleffés, qui étoient en grand nombre, dans le cloître d'une Maïlon religieufe, où ils étoient étendus fur de la paille: le danger du feu, qui pouvoit être à craindre pour eux, le pénétra fi vivement, que s'étant endormi, après avoir paflé la plus grande partie de la nuit à 212 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE donner les ordres néceflaires, il fe réveilla peu après en fur= faut, croyant voir en fonge le malheur qu'il craignoit, & ré- veilla tout le monde par fes cris. Une fenfbilité f1 honorable mérite bien d'avoir place dans cet Eloge : tous les gens en place ne favent pas rêver de la même manière. I n’a laiffé de fon mariage que deux filles; l'aînée veuve de feu M. Hérault, Confeiller d'Etat, d'abord Lieutenant de Police, puis Intendant de Paris; & la cadette, mariée à M. de Moras, fucceflivement Intendant d'Auvergne & du Haynault, Intendant des finances, Confeiller d'Etat, Con- trôleur général des finances, Miniftre & Secrétaire d'État de la Marine. La place d'Honoraire de M. de Séchelles a été remplie par M. le Marquis de Montmiraïl, Capitaine-colonel de Ja Compagnie des Cent-Suiffes de la garde ordinaire du Corps du Roi, & Meftre-de-camp du régiment Royal-Rouffillon, Cavalerie, ED Demn 4) ES IDE Slsasalie asser} À Er] G BEC 15 DR ee, RE ON EC A & MÉMOIRES /l HT a MÉMOIRES MATHÉMATIQUE DE :-PHYSLOUE. TIRÉS DES REGISTRES de l'Académie Royale des Sciences, De Année M. DCCL\Xx. ESSAI D'UNE NOUVELLE ANALYSE De la mortalité caufée par la petite Vérole, à” des avantages de l’Inoculation pour la prévenir. Par M. DANIEL BERNOULLI. INTRODUCTION APOLOGÉTIQUE*. C EUX qui ont fenti tout l'avantage de lInocufation, ont imaginé différentes façons de repréfenter cet avantage, qui, quoique revenant au même, ne laiflent pas’ de faire une * Cette Introduction n’a été faite dus Jong-temps après le Mémoire, Étant du 16 Avril 1765. Mém, 1760. + À 3 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE impreffion fort inégale: qu'on fuppole, par exemple, une génération de 13 mille enfans, il eft für que fi on pouvoit les affranchir de la petite vérole, on fauveroit par ce moyen la vie à environ mille de ces enfans. D'un autre côté, la même exemption ne feroit quajouter environ deux ans à la vie moyenne de ces nouveaux nés. Voilà deux manières d'envi- fager le même objet, mais la première intéreffera beaucoup plus de monde que la feconde, parce que dans la première on: fait tomber l'avantage immédiatement & uniquement fur les’ fauvés, & que dans l'autre on diftribue fur toute la génération: le même avantage, qui, par l'évènement , devient inutile pour douze treizièmes de cette génération. Je ne fuis donc point: furpris que le vulgaire foit peu frappé de ce dernier afpect, mais je ne puis m'empêcher de l'être quand je vois des perfonnes + de mérite & d’une grande réputation ,. demander férieufement: fi c'efl la peine de fubir une opération telle que l'inoculation, dans l'efpérance de prolonger fa vie de deux ans: il feroit à fouhaiter que les critiques fuflent plus réfervés & plus cir- confpedts, & fur-tout qu'ils fe donnaffent la peine de fe mettre au fait des chofes qu'ils fe propofent d'avance de critiquer. En compofant ce Mémoire, ce que j'ai fait à la prière de feu M. de Maupertuis, qui fe trouvoit alors à Bâle & que je voyois très-fouvent, je me fuis attaché fur-tout, à expofer dans une même Table les deux états de l'humanité, lun tel qu'il eft effectivement , & l'autre tel qu'il feroit fi on pouvoitaffran- chir de la petite vérole toutle genre humain. J'ai penfé que le parallèle de ces deux. états en expliqueroit mieux la différence & le contrafle , que ne feroitle plus ample commentaire, mais j'ai Rnti auffila difficulté de l'entreprife; & la défectuofité des lifles mortuaires, qui ne marquent point l'âge de ceux que la petite vérole enlève, ne fauroit que mettre un grand obflacle : à ces vues. Je voyois bien d'abord que l'exécution d'une telle idée demande deux connoiffances élémentaires : quel eft le rifque annuel à différens âges d'être furpris par l petite vérole, pour ceux qui ne l'ont pas eue , & quel eft celui d'en mourir pour ceux qui en font attaqués? Il eft vrai que nous ne fommes: DE SASNICOTEUN C'E S pas immédiatement informés fur ces deux élémens, mais d'autres connoiflances m'ont paru y fuppléer avec beaucoup .de vraifemblance ; j'en parle cependant dans tout le cours de mon Mémoire avec les reflriétions convenables : j'accorde même que ces deux rifques pourroient bien n'être pas tout-à- fait les mêmes en différens pays. Voici quelques réflexions que j'ai faites là -deflus. qd nous voyons que la petite vérole n'attaque guère que les enfans & les jeunes gens, nous fommes d’abord portés à juger que la feule jeuneffe y eft expofée par fa conflitution ; auffi appelle-t-on cette maladie en ce pays *, puflules d'enfans : mais un peu plus de réflexion nous fait bien -tôt revenir de cette erreur. S'il eft rare que la petite vérole attaque les adultes, c'eft qu'il eft rare que les adultes ne aient pas eue, & qu'elle n'attaque jamais, ou prefque jamais, deux fois la même perfonne, C’eft ici le caraétère effentiel de cette maladie: ajoutez à ce caractère fa grande activité; elle eft telle, que füivant mes hypothèfes il y a autant à parier qu’on aura la petite vérole avant âge complet de $ ans qu'après, & qu'on peut parier trois contre un de la prendre avant lâge de 10 ans, quinze contre un avant lâge de 20 ans, & plus de quatre mille - 204 51°42", & fa latitude 24 8° 27" auttrale, en fup- pofant l'obliquité apparente de l'écliptique de 2 34 28°1 3". La Comète me parut aflez grofle, obfcure, & entourée d’une nébulofité, fans queue fenfible. Dans le refle du mois d'Avril, je ne pus faire aucune autre obfervation. La Comète, qui devenoit de plus en plus auftrale, cefla de fe lever fur notre horizon, & je ne la vis plus que le r." Mai fuivant; M. Zanotti me mande de Bologne qu'on Fy a vue dès le 29 Avril, mais qu'on n'a pu l'oblerver. Le 1.* Mai, la Comète parut fort belie; on la vit fur les huit heures & demie du foir, près du méridien , haute de plus de 15 degrés: elle paroifloit comme une Étoile de la pre- mière grandeur, vue au travers d’un léger brouillard; à la lunette, elle étoit mal terminée & fans queue, la nébulofité paroifloit feulement plus forte vers lorient. Je trouvai ce DES, SCIENCES. 59 jour-là qu'à oh 26" 33" de temps vrai, la Comète fuivoit fa. précédente des deux Étoiles de l'Hydre, appelées + par Bayer, de 14',7"2, & qu'elle étoit plus boréale de 14° $ 1"; elle füivoit l'autfe Etoile 9 de 11° 9", & étoit plus auftrale de 12° 55: prenant, dans le Catalogue des Etoiles auftrales, que jai publié dans les Mémoires de l'année 1752, les polt- tions des deux Etoiles s, & les ayant réduites au 1. Mai 1759, j'ai conclu l'afcenfion droite de la Comète de 1 594 s4 40", & la déclimaifon auflrale de 2 SAS RSA O6 PAE conféquent fa longitude dans 224 32° 36" np, & fa latitude auftrale 31427 10". Le 2 Mai, le temps fut couvert; le 3, je comparai fa Comète à l'Etoile nommée par Flamftead > ad b Hydre à Crareris, dont l'afcenfion droite, réduite au 3 Mai 1759, a dû étre 160% 25° 23", & la déclinaifon auftrale 1 84 50° 40". À 977" de temps vrai, la Comète précédoit l'Etoile de 11° 52" de temps, & étoit plus auftrale de 41° 38"; ce qui donne fafcenfion droite de la Comète 1 574 27 23", & fa déclinailon auftrale de 194 3 2° 1 8"; & par conféquent fa longi- tude dans 174 10° 12" ny, & fa latitude auftrale 264 47° 5". Le 4 de Mai, le temps fut couvert le foir; & dans les jours qui fuivirent, & qui furent da plupart freins, on ne put comparer la Comète qu'à de petites Étoiles de l'Hydre & de la Coupe, dont quelques-unes font dans Flamftead : il a fallu déterminer la pofition des autres, fur-tout de celles qui environnoient la Comète fur {a fin de fon apparition; ce que j'ai fait à l'aide de ma lunette montée fur la machine paral- lactique, & de l'Étoile appelée le Cœur de l'Hydre, par le parallèle de laquelle la Comète a paflé le 14 de Mai. Ainfi, pour éviter de plus longs difcours , je me contenterai de mettre ici. deux Tables, l’une des pofitions de la Comète que j'ai déduites d'un grand nombre de comparaifons à diverfes Étoiles, l'autre des pofitions apparentes d’un grand nombre de petites Étoiles qui fe font trouvées fur la roùte de la Comète, & que j'ai déterminées ou vérifiées plufieurs fois avec Îe réticule rhomboïde que j'ai décrit. H ji; 60 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Pofiions obfervées de la Comête. DATE DES Onsenvarions. [ASCENSION DÉCLINAISON LATITUDE LONGITUDE. Temps vrai. droite. auftrale, auftrale, Ë Heur. Min. Sec. TD. Min Se | De. din. Sec. Deg. Min. Sec. .. Min. Sec. 13 Avril. 16. 11.41 323. 58. 30 |16..35- 35 |&20. s1. 42 1 Mai. 9.26. 33 |159. $4. 40 |25. 45. 15 [np22. 32. 36|31. 27. 30Mai NO 7e 1157. 27 20NIN0 032-018. 17. 10. 12|26: 47. sou + 53° PORN ARTS RE -LSLS 140 1013512347 HSE . 44 155. 31.48 |13. 58. 43 12. SO. 14/2226. DOC . . 154. 47. 25 |I11. 41. 20 11. . . Ê à éodt SP 154. 32. 8 |10. 44. 37 TO + 49° 154. Oro | 8.35 40 9. 10. : FBror CSrE 1513.49: 12017-22158 CRETE . sat co CS SENS 7er 7°.40 8. Nesle ANS 15.3. 42.,50 | 6.41... 0 8. CrNERS APS 15 2-4. 2 GS22E TT Ze dois de . : 153. 39+ 40 | 6. 1. 44 a Ada Don RE NB OM SH RSS 0635 De ns Aou 68 lu Sent 4415 ae DE LEE) 7 Es) A 520 . 59. 153.45. 35 |. 4 48. su 7 A tas à . 34e 153048 4382028 7 ESA 9. 53-00, |153.tso.x2 | ge 2 2 7 26 9. 56. 30 |nS3+ 54 11, | 4. 19:43 NH 3573 Hide 10. 400 053 8 Worst sr F5 “MOINE 10. 13, © |154 «149 |t 4148: 483 PE ESRI EEE EC ET ER Comme cette Comète a toujours été fort obfcure & confufe, ces pofitions ne font füres que dans la minute, & il ne feroit pas étonnant qu'elles ne s’accordaffent quelquefois avec d'autres faites en même temps, qu'à 2 minutes près. DES SCIENCES. 61 TABLE 2 Pofitions apparentes des Étoiles, dans le voi fnage defquelles la Comète a paflé depuis le $ Mai jufqu'à la fin de fon appariion. NOMS NOMS DES ÉTOILES] ASCENSION |DÉCLINAISON O DES ÉTOILES] ASCENSIoN |DÉCLINAISON| © dns É dans Es le Catalogue droite, auftrale. © | le Catalogue droite. auftrale, — de Flamftead. = de Flamftead. £ 24 ÉDITION 5 | D M As | D ms 58 |MS 4763320 8 Sextantis.| 149. 451 o| 7. 14.139 “153. 36. 38115. 36. 4214 5 7 Sextantis.| 149. 33412] 57.014.006 SO 26: 1O|14. 55: 58| 4 Y12 Sextantis.|151. 26. o| 6. 52. 42 ris... [166. PRET PET 28, 017724 - NÉE + Oo] 6. 52. 3016. 156. 25. S|12. 7. 6]$. 6lrr Sextantis.|150. 32. 28| 6. 48. 4| 6 2 AduHydræ|148. 20. sorr. 53. 7| 5 153. 29.0 | 6. 38: 8) > 149-435 017|11. 37e OS 153- 50.40| 6. 34. 27| 7 DA br MS PRE 4 DAS 154. 45.24] 6. 24. sol € 114 9 52145 149% 50. 15] 6. 9.15] 6 12/10. 56. 5815. 6 CEE ENS S2.24|$s. 6 10. 55. 8| 6 153: 34 56) 5. 14 sk 7 38/10. 38. 43| 6 | HAN MNTS| SCAN 15/10. oo. 8| 6 Be ATONL4| 54 TERRE 9. 47- 20| € TON T SA sr DAME CES NET 152.16: ,36| 4. 14. 55116 159-254! 8 35. 16| 6 152: 11. 2| 4. 12.45| 6 «171. 6.45| 8. 27. 56| 4 LOSC 1e 74) NP TOR 2 © 1] CS EE NUS On NE 0) ]VEe7 DS SATA MS 521 DOME SIZE FUN NS OT O0. 07 STE SAIS 4 2 To NO is.|T 59. 33. /27|l57. 384 IN 6 SSD NO |l3. 5 60 25106 138. 56. 37| 7. 37. 40| 2 153 1e37| 3. 44. 5316. 7 jo BAM 2) 3.12. 4 6) RECRUE Quoique cette Comète ait paru fans une queue remarquble, cependant lorfque le ciel étoit bien net & le crépufcule fini, on apercevoit une lueur très-déliée qui s’'étendoit afiez loin vers lorient ; je l'ai principalement remarquée le 17 & le 21 Mai » temps auquel la Comète étoit fort près de cefler de H iij 62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE paroître : je la vis pour la dernière fois le 30 Maï entre des nuages ; le clair de Lune qui vint enfuite & la longue durée des crépufcules , nous empêchèrent de la voir plus long-temps. J'ai déjà lu à l'Académie Ja méthode que je comptois employer pour calculer l'orbite de cette Comite, telle que les obfervations précédentes la donnent; plufieurs Aftronomes de cette Acacadémie s'en font fervis ; il eft donc inutiie de l’ex- pofer ici : il fufhra de rapporter le réfultat de mes calculs. J'ai trouvé le Nœud dans 11 234 49"; l'inclinaifon de 174 38; le lieu du périhélie dans rof 30% 1 5° 30”; le logarithme de ia diftance périhélie 9,766264; & le paflage au périhélie, le 12 Mas17$9,à 13° 30’, temps moyen à Paris. Pour faire les calculs dans lellipfe, qui n'ont donné les réductions ou corrections des obfervations, j'ai employé une révolution de 28070 jours, conformément à ce que M. Clairaut a trouvé. Je finis par une remarque fur la méthode que j'ai donnée dans les Mémoires de 1746, pour calculer l'orbite parabo- lique des Comètes. J'y propole de fuppofer comme connues les valeurs de deux diftances accourcies de la Comète au Soleil, & de les faire varier fucceffivement jufqu’à ce qu’elles donnent une orbite qui foit conforme aux obfervations. Or lorfqu'un des angles, formé au point de projection de la Comète fur l'écliptique, entre le Soleil & la Terre, approche fort d'être droit; la diflance accourcie qui eft oppolée à cet angle, ne peut fervir à le calculer avec précifion , ni à décider s'il ef aigu ou obtus : c’eft ce qui eft arrivé le 14 Avril de cette année. Donc en ce cas, & généralement dans toutes les recherches des orbites des Comètes, au lieu de fuppofer une valeur à la diftance accourcie, on en peut fuppofer une à l'angle oppofé ou même à l'angle à la Comète entre la Terre & le Soleil ; car quand on doit employer les fauffes pofitions pour réfoudre un triangle qui fait partie d’une figure & dans lequel on ne connoît que deux chofes, il n’y a que la commodité du calcul qui aflujettiffe à fuppofer connue une des quatre autres parties de ce triangle plutôt que l'autre. LE à DES SCIENCES 6; OBSERVATIONS* SUR L'INCENDIE DE L'ÉGLISE DE ROYAUMONT, Et fur celui de l'églife de Notre-Dame de Ham. Par M. TILLET. E 26 Avril 1760, à deux heures après minuit, & à la fuite d’un coup de tonnerre qui n'eut rien de bien marqué qu'un roulement fort fong, on aperçut une lumière vive & blanchätre un peu au-deffous de la croix du clocher de l'abbaye de Royaumont. Cette lumière étoit le commen- cement d’un incendie qui s'étendit infenfiblement pendant trois heures jufqu’au beffroi ; dès qu’il y fut parvenu, l'embrafement devint tout-à-coup plus confidérable ; il fe communiqua d'une manière très-rapide aux quatre combles qui aboutifloient au bas du clocher, & la charpente tant des combles, qui étoit de bois de châtaignier, que celle dela bafe du clocher, fut confumée en moins d’une heure. . À mefure que le feu détruifoit une partie de la flèche, le vent qui foufHoit violemment du côté du nord, diffipoit les charbons ; cette deftruétion fucceflive des matières embrafées a empêché , à l'égard du clocher, le fracas d’une grande chute, & n'a laiflé prefque aucuns veftiges des bois qui le compoloient, Le peu de braife qui étoit reftéde la combuftion des combles, joint au plomb fondu & à la matière des cloches, dont on n'a trouvé que quelques fragmens, a produit dans plufieurs endroits des murs & de la voûte des calcinations de la pro- fondeur d'un pouce ou environ. * Ces Obfervations me font communes avec M. Defmareft, de l’Aca- démie Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Bordeaux, & nous avons fait de concert les expériences qui en ont été Ja fuite, 64 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE L'activité du feu a été telle, qu'une grande partie de l'ardoife a éprouvé un gonflement confidérable dans le fens de l'épaifieur des fames ou feuillets élémentaires, ce qui l'a réduite à un état approchant de celui de la pierre ponce, en la confidérant comme légère & très-poreufe; une autre partie a toutes les marques d’une vitrification complète; les morceaux d’ardoife difperfés qui n'ont pas éprouvé une auffi grande chaleur, préfentent à June de leurs furfaces un enduit brillant, rempli de bourfou- flures, de grains métalliques, & tous les commencemens d’une vitrification, Il paroït qu'à mefure que les ardoifes fe détachoient des lattes enflammées, cet enduit, qui étoit le premier effet du contact de la flamme, les foudoit les unes aux autres; c’eft ce qui a formé des amas confidérables d’ardoifes à moitié fondues entafiées les unes fur les autres & fortement unies : nous en avons va un ,'dans l'angle rentrant du comble de la croifée méridionale & du comble du fanétuaire, qui avoit trois pieds de hauteur fur quatre de largeur en tout fens. Dans certaines parties de cet amas , les ardoifes étoient collées fans être confondues: on y remarquoit un gonflement qui avoit augmenté leur épaifleur jufqu'à à trois quarts de pouce ; dans d'autres | parties, les ardoifes étoient confondues & ne formoient qu'une feule mafle recous verte par une croûte de fcories qui avoit aflez [a forme d’une matière qu'un feu violent a fait couler ; fur les faces des caffures des unes & des autres, on rernarquoit une couleur rougeitre entremélée de gris-brun & quelquefois noirûtre. Les débris d’ardoife qui étoient reftés fur les voûtes, paroif- {oient peu de chofe en comparaïfon de toute celle dont la charpente étoit couverte avant l'incendie ; mais cette ardoife, devenue friable par Fétat de gonflement auquel le feu avoit portée, s'étoit réduite aifément en pouflière, avoit été en partie diffipée par le vent, ou fe trouvoit confondue avec les cendres. La croix de la flèche, dont chaque branche avoit trois pieds & demi, n’a point étéaltérée par a foudre ; & il y a tout lieu de croire que l'incendie a commencé par Fextrémité de la D'STSHUBICIT Æ IN CE & 65 la poutre qui portoit la croix ; elle n’eft cependant pas tombée dans les premiers infans du feu; la principale pièce de bois qui fervoit de noyau à la flèche, l'a foutenue affez long-temps, & ‘une lame de plomb qui en enveloppoit la bafe, n'a pas même été fondue ; cette flèche pouvoit avoir quatre-vingt-dix pieds de haut, en partant de la voûte qui elle-même eft fort élevée. Le 9 Octobre de Fannée 1700, la foudre tomba fur a flèche de la cathédrale de Troies, & y fut fuivie à peu-près des mêmes effets que nous venons de remarquer ; l'incendie commença par l'extrémité du clocher, & ne s’annonça d’abord que comme une petite lumière vive, telle que Fauroit donnée un flambeau allumé au bas de la croix d'un clocher ; mais le feu gagna fourdement toute la charpente de la flèche, & eût bientôt confumé toute celle de l'églife. Les trois quarts ou environ de la charpente de l'églife de Royaumont ont été détruits; & de la quantité prodigieufe de bois qui y entroit, il n’en eft refté que quelques folives à demi-brûlées, & des lattes que le vent a chaflées dans les cours & les jardins de l'Abbaye : les voûtes ont été un peu atta- quées, comme nous l'avons dit, par la vivacité du feu, mais la calcination ne s'étendant que fur quelques endroits, & les ogives ne fe trouvant pas altérées , il fera aifé de réparer les voûtes. On s’attendoit d'autant moins à cet accident, que Îe froïd étoit piquant fur les dix heures du foir, & que le ciel étoit affez net quatre heures avant l'orage ; mais il eft d'expé- rience que c’eft précifément dans des circonftances pareilles que les fuites du tonnerre font les plus dangereufes. ‘abbaye de Royaumont eft fituée dans un baflin entouré de montagnes; celles qui forment une chaîne vers le midi, ont leur direétion de l'eft à 'oueft; vers le nord on aperçoit de femblables hauteurs qui s’abaifflent en courant de left à : Voueft; à l'eft s'élève un côteau couronnéde bois ; vers l’oueft eft une vallée où coule la rivière d’Oife : la nuée étoit pouffée dans ce baffin par un vent de fud-oueft, & refoulée contre les montagnes du fud par un vent de nord direct ou refléchi, Mém, 1760. I _ 66 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYABE en forte que ces obflacles & ces efforts réunis l'y ont concentrée ; & qu'elle y a crévé par fon féjour. Cette célèbre Abbaye, fondée par Saint-Louis, & qui eft un de nos plus beaux monumens en Architecture gothique, éprouva dans le quinzième fiècle un défaftre femblable à celui qu'elle vient d'efluyer. Ces obfervations fur l'incendie de l'églife de Royaumont, avoient été lües à l'Académie lorfque M. Defmareft & moi, priames M. de Malesherbes de nous procurer quelques détails fur un défaftre pareil, que les Nouvelles publiques nousapprirent être arrivé à l'églife de Notre-Dame de Ham; M.le Préfident a bien voulu écrire à ce fujet à M. Méliand, Intendant de Soiflons, & en a obtenu les éclairciflemens que nous deman- dions. Ce Magiftrat, zélé pour.ce qui peut intéreffer l'Académie, a adreflé à M. de Malesherbes un Mémoire fait avec beaucoup d'exactitude, par M. de Champiron, Prieur de l'abbaye de Ham, & dont nous allons donner le précis. Nous avons recu par le même canal diférens débris de l'incendie, un plan de l'églife telle qu'on la voyoit avant le défaflre, un détail bien circonflancié fur les endroits que le tonneïre a frappés, & un autre plan plus petit de cette même églife telle qu'on la voit après tous les ravages que le feu y a faits. L'abbaye de Notre-Dame de Ham ef fituée à une des extrémités de la ville ; l'églife de cetie Abbaye a deux cents pieds de longueur fur quatre-vingts de hauteur; le clocher étoit pofé fur le milieu de-la croifée ; il avoit cent vingt pieds ou environ d’élévation au-deflus des voûtes de l'églile & étoit couvert d'ardoile & de plomb; la même efpèce de couverture règnoit fur toute l'églife & les autres bâtimens adjacens ; à l'ex- trémité de la croifée de l'églife du côté du fud, sélevoit un petit clocher en forme de dôme, ouvert de tous côtés, couvert de plomb & qui pouvoit furmonter l'arête du toit de quinze ou vingt pieds ; il renfermoit un horloge & fon carillon. Pendant toute la journée du 2 $ Avril dernier, le temps fut couvert & froid; la nuit du 25 au 26 & vers une heure du DAFUS LIST CEE N.C:E:S. 67 matin, le tonnerre commença à gronder fourdement ; le bruit fut affèz conflant , mais foible, jufqu’à quatre heures du matin; le vent étoit peu confidérable & if ne tomboit pas une goutte - d'eau : cependant le temps étoit fort fombre & couvert de tous côtés ; la nuée qui a occafionné le défaftre de l'églife, étoit un peu plus chargée & plus obfcure que le refte de l'horizon; elle étoit très-bafle & patoiffoit immobile. A quatre heures & un quart, un éclair, le bruit du tonnerre, fa foudre , tout partit en même temps : ce coup ne fut pourtant pas le plus violent ; deux minutes après il en furvint un fecond de la même force, & plufeurs perfonnes atteflent que le tonnerre tomba chaque fois, foit fur l'églife, foit fur les bâtimens qui y font contigus, mais fans défigner précifément les endroits qui avoient été frappés de la foudre, & fans qu'on aperçût encore aucune trace de feu. Vers quatre heures trois quarts, un troifième coup fe fit entendre, la foudre tomba fur l'églife, & le feu fe manifefta au même inftant dans le petit clocher de l'horloge; on y monta fur le champ, & en moins d’un quart d'heure on y éteignit le feu : il n'en paroifloit alors aucun veftige dans la charpente ni au grand clocher; mais à cinq heures précifes , on vit fortir la flamme tant par les ouïes de la flèche, que immédiatement au-deflous de la croix, c’eft-à-dire à près de cent pieds de l'un à l'autre endroit ; un vent furieux de nord nord-oueft s'éleva dans l’inftant ; la nuée de l'orage fondit en eau ; les coups de tonnerre redoublèrent & devinrent effroyables pendant deux heures entières ; mais on ne s'en occupoit plus : l'embrafement de la flèche attira toute l'atten- tion ; elle fut bientôt confumée malgré le fecours qu’on s’'efforça d'y apporter. A fix heures, le petit dôme de l'horloge où le feu avoit d'abord paru, & où il avoit été éteint, s’en- flamma de nouveau & fut détruit en moins d’un quart d'heure; l'incendie ne tarda pas à fe communiquer à la charpente du chœur & de la nef par la bafe enflammée de la flèche; l’em- brafement devint alors général, & d'autant plus rapide qu'il n'y avoit fur {a nef qu'une fauffe voûte en bois, revêtue elle-même d'un plancher folide & compofé de forts madriers : tout a été l'i 68 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE confumé en très-peu de temps; l'orgue, qui étoit un feize pieds, a été réduit en cendre; la chute de la faufle voûte a occafionné un dégât confidérable dans l'intérieur de l'églife ; & de limmenfe quantité de bois qu'on a vu expolée aux flammes, il n'eft reflé que quelques chevrons à demi-brülés, comme nous l'avons remarqué dans l'incendie de l’églife de Royaumont, Les cloches de l'éghile de Notre-Dame de Ham ont été fondues en grande partie; mais il paroït qu'elles ne l'ont été que par une fuite de l'embrafement de la charpente & nullement par un effet immédiat du tonnerre : nous fommes fürs que les cloches de Royaumont n’ont été fondues auffi que lorfque le feu, mis par le tonnerre à l'extrémité de la flèche, s'eft communiqué au beffroi & en a brülé les bois. On infifte, dans la relation qui nous a été envoyée, fur Ja rapidité avec laquelle le feu s'eft communiqué d’un bout de l'églile à l’autre, & l’on eft porté à croire que la matière du tonnerre , répandue fur toute la charpente , fembloit n’attendre que le moment de fe développer & de prendre toute fon action à l'approche de la plus légère flamme. Quoiqu'il y ait lieu de préfumer que le tonnerre étant tombé trois fois en vingt minutes fur l'églife de l’abbaye de Ham, il a mis le feu en plufeurs endroits fans qu'on s’en foit d'abord aperçu, & par - là en a rendu la propagation plus facile , cependant il ne feroit pas hors de vraifemblance que la matière du tonnerre, fe trouvant répandue avec abondance dans tout l'intérieur de la charpente de cette églife, en eût accéléré la combufion, eût donné au feu une adivité extraordinaire, & lui eût, pour ainfi dire, tracé différentes routes pour l’embrafement. Cette communication très-rapide du feu dans une charpente aufli confidérable qu'eft celle d'une vafte églife, a encore été remarquable dans l'embrafement de celle de Royaumont, & fut auffi obfervée à Troies en 1700 dans l'incendie de Ja Cathédrale de cette ville: nous avons eu fur cet ancien défaftre un détail authentique & bien circonfancié. Toute la charpente de cette églife, qui eft à peu-près auffi vafte que celle de Notre-Dame de Paris, fut confumée en trois quarts d'heure, A Ne ee NOR Ve TETE D'ENSH SICHEN CES. 69 à partir du moment où le feu, mis par le tonnerre à l'extré- mité de la flèche, comme nous l'avons obfervé, eut defcendu jufqu'au beffroi & approché de la charpente qui couvroit les voûtes. Dans. la relation de l'incendie de l'églife de Notre-Dame de Ham, on fait quelques remarques fur l'état des matières qui ont éprouvé l'action du feu, & l'on regarde en particulier la matière jaunâtre répandue fur plufieurs débris de cet incendie comme des dépôts de foufre que le tonnerre a formés ; nous obferverons ici que cette matière ne nous a paru étre autre chofe que du plomb réduit en litharge & tel qu'on le remarque dans les incendies où la flamme a été vive & sell portée librement fur ce métal. On paroït ignorer dans la même relation d'où provient l'enduit brillant qui recouvre une grande quantité d’ardoilfes ; nous allons donner quelques obfervations fur cet article, en comparant l’état des ardoifes qui nous ont été envoyées de Ham avec celui des ardoifes que nous avons prifes à Royaumont & qui ont été miles fous les yeux de l'Académie. Une des premières chofes dont nous fumes frappés en examinant fur les voûtes mêmes de F'églife de Royaumont les débris de l'incendie, ce fut l'état différent des ardoifes que nous y trouvames ; les unes ou n'étoient que lécèrement altérées par le feu & n’avoient perdu que leur couleur naturelle, ou, fans être devenues plus épaiffes , avoient éprouvé un commen- cement de vitrification, lequel sannonçoit par une confufion des lames élémentaires de l'ardoife; d’autres étoient extraor- dinairement bourfouflées & affez femblables, pour leur grande porofité, à de la mie de pain; elles avoient acquis Jufqu'à rois quarts de pouce d'épaiffeur & toute la légèreté néceffaire vour nager fur l’eau. L'état de ces ardoifes, dont on peut juger par les échantillons que nous préfentames à l’Académie, nous fit defirer une comparaifon de celles-là avec quelques débris de la toiture de l'églife de Notre-Dame de Ham ; nous étions perfuadés que le feu ayant été très-violent dans l'incendie des deux églifes, les mêmes effets für les ardoifes devoient s’ÿ manifefter, Ji 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Dans le grand nombre de morceaux d'ardoife, foit fimples ; foit formés en grouppe, qui ont éprouvé l'action plus ou moins violente du feu & qui nous ont été envoyés de Ham, nous n'en avons trouvé aucun qui foit bourfouflé & qui nage fur eau: on auroit cru, à la première infpection, que les ardoifes de Ham avoient moins fouffert dans l'incendie que celles de Royanmont, & que la diflérence feule du degré de chaleur en avoit occafionné une dans l’état où elles étoient reftées; mais nous nous fommes aflurés, par des expériences, ue cette variété provient de la nature même de l'ardoife, & que la bourfouflure dont nous parlons n'eft pas uniquement la fuite de l'impreflion d'une chaleur violente. Nous avons commencé par expofer à un feu de forge très-vifun morceau d'ardoife de Royaumont qui étoit à peu - près dans fon état naturel & auquel le feu n'avoit guère enlevé que fa couleur; il en eft réfulté au bout de quelques minutes un effet tel que nous l'attendions ; le morceau d’ardoife s'eft bourfouflé, g nagé fur l'eau & n'a point différé de ceux que nous avions pris, ainfi gonflés, fur les voûtes de l'églife de Royaumont : quant à l’efpèce d'ardoife qui nous a été envoyée de Ham, nous n'avons jamais pu la porter à cet état de gonflement, quoiqu'elle fût expofée tantôt à une chaleur modérée, & tantôt à un degré de feu extraordinaire; elle s’eft ramollie, pliée fur elle-même, & eft entrée en fufion comme du verre. J'ai répété plufieurs fois cette feconde expérience ; lardoife de Ham tendoit toujours à la fufion & n'acquéroit point d’épaifieur. 1! eft conflant, par-là, que c’eft dans la nature même de Yardoife qu'il faut chercher la caufe de cette variété, & nulle- ment dans le grand degré de chaleur auquel on 'expofe; j'ai même eu occafion de remarquer qu’un feu trop vif peut faire pafler lardoife de l'état de bourfouflure à un commencement de fufion : le feu de forge m'a donné lieu en effet de réduire les ardoifes de Royaumont aux différens états dans lefquels je les ai obfervées fur les voûtes de l'églife. Non contens de ces épreuves, nous avons encore expolé au feu de forge quelques morceaux d'ardoife qui par hafard nous étoient tombés DE /S/ESLCUIT EE N CE s 71 fous la main; ils fe font trouvés de la nature de ceux de Royaumont, & le gonflement y étoit bien caraétérifé, . Le bourfouflement extraordinaire de ces ardoifes, en conféquence duquel elles fe trouvent portées à une épaifieur fix fois plus forte qu'elles ne l'ont naturellement, leur grande porofité, la facilité qu'elles acquièrent par-là de nager für l'eau, tout femble les rapprocher de la pierre ponce, établir entre June & l'autre matière quelques rapports, quant aux effets que le feu produit fur elles, & fournir une nouvelle preuve, S'il en étoit befoin, que la pierre ponce fort -des volcans & y 2 éprouvé une altération qui l'éloigne beaucoup de fon état primitif *, Voici encore deux caraétères qui leur font communs : 1.° lardoife qui n'a pas paffé l'état de gonflement, s'égrène avec facilité, ainfi que la pierre ponce, & fe réduit en pouffière par un fimple frottement ; 2.° quand f'ardoile eft parvenue au dernier point de bourfouflure & qu'on continue de lui faire éprouver une violente chaleur, elle pañle à l'état de vitri- fication ; & c’eft aufli à ce même état de vitrification que parvient la pierre ponce lorfqu’on f’expofe au feu de forge & au fortir de l'état de gonflement dans. lequel nous 11 voyons toujours. Nous fentons bien que la nature des parties de a pierre ponce, leur arrangement par filets, leur état conftant d’une forte de calcination, fans qu'on y aperçoive jamais la plus légère marque de vitrification , toute fortie que foit cette pierre des feux terribles des volcans, & quoiqu'un feu ordinaire foit capable de la viurifier, nous fentons que la pierre porice, confidérée intimément , a des caraétères effentiels qui la féparent * Il y a beaucoup d'apparence | qui ont été décrits rendent cette que les matières fondues par les vol- | fuppofition vraifemblable , il yaen- cans, foit dans l’état de fcories, foit core une raifon qui y vient à l’appui: 5 de pierre ponce, font dûes | le feu des volcans eft entretenu par des a dés pierres en lames telles que les | matières combultibles de la nature fchites, & de la nature des ardoifes des charbons de terre; oron fait qu’ils qui ont éprouvé l’action du feu dans | font toujours accompagnés de pierres les incendies dont nous avons rap- | à lames commelesardoiles, qui en fui- POrté les détails ; outre que les effets | vent exactement Les fillons. 72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de Fardoife gonflée par le feu; & fr nous avons rapproché ces deux matières, c’eft dans la vue principale de faire obferver que comine f'ardoife acquiert dans le feu des propriétés qui lui font en quelque façon étrangères, la pierre ponce en a eu d'autres que celles que nous lui connoiflons, & doit à un certain degré de chaleur fa épèreté qui là diftingue de toutes les autres pierres. Nous finirons ce qui concerne l'incendie des trois vaftes éolifes dont nous avons parlé, en remarquant 1.° que les eflets du tonnerre font ordinairement funeftes lorfque l'air eft froid & condenfé; que la foudre, concentrée alors, ne fe développe qu'avec violence, & devient capable de la plus grande explofion, 2.7 Qu'il y auroit tout lieu de, foupçonner que le tonnerre peut quelquefois, fans détraire d'abord & même fans altérer fenfiblement les matières combuftibles fur iefquelles il tombe, les difpofer à être plus promptement & plus fortement atta- quées par le feu, comme nous l'avons fait entrevoir dans le détail qui vient d'être préfenté ; & que dans d’autres circonf- tances il peut tout brifer & tout détruire en un inftant, fans laiffer après lui la moindre trace de feu, ainfi qu’on l'obferva en 1747 lorfque la foudre tomba fur le clocher des Auguitins. 3° Enfin nous remarquerons, en rapprochant les trois exemples frappans que nous avons cités d'un incendie confi- dérable occafionné par la chute de la foudre, & dont les commencemens fe font conftimment manifeftés à l'extrémité des flèches, nous remarquerons, dis-je, combien les clochers élevés font fufceptibles d’une forte électricité, & peuvent, en ouvrant une route à la foudre, devenir fouvent la caufe d'un embrafement général. ++ ” MÉMOIRE DNES St S° GIVE N°C E ss. 73 MÉMOIRE SUR LA PARALLAXE DU SOLAIRE, Qui réfulte de la comparaifon des Obfervations fimulianées de Mars à de Vénus, faites en l'année 1751 en Europe à au cap de Bonne-efpérance. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. E me fuis propofé depuis long-temps de préfenter à Aca- démie les calculs de a parallaxe du Soleil &: de celle de la Lune , tels que je les ai faits fur les Mémoires qui n'ont été communiqués, principalement par M. de ffle , qui étant én correfpondance avec prefque tous les Aftronomes de l'Eu- rope, les a engagés à fe conformer à l'avis que j'avois fait imprimer lors de mon départ, & s'eft procuré par -là un recueil confidérable d’oblervations propres à la recherche de ces parallaxes. Je n'ai différé jufqu'ici, que parce que j'aurois fort fouhaité que tous ceux qui ont bien voulu obférver de concert avec moi, pendant mon féjour au cap de Bonne- efpérance , euflent fait chacun en particulier & publié eux- mêmes les réfultats de leurs recherches. 11 eût été facile enfuite à ceux qui favent apprécier les circonftances des obférvations & l'exactitude des calculs, de fe décider fur la préférence de ces réfultats, & je ne me férois pas trouvé expolé à bleffer la délicateffe de quelques Obfervateurs, qui croiront peut - être avoir lieu de fe plaindre de ce que je n'aurai pas aflez fait valoir leur travail. Quoi qu'il en foit, je.me hafarderai de faire ici les comparaifons de toutes les obfervations qui font parvenues jufqu'à môi, & que ceux qui les ont faites n'ont pas qualifié de douteufes. Leur plus ou moins d'accord , & la grandeur des inftrumens qu'on y aura employés, ferviront à juflifier le choix que j'en ai fait. À Je commence par la parallaxé du Soleil , afin que fi dans les Mem. 1760. , K 23 Juillet 17060. 74 MÉNOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe deux prochains pañages de Vénus fur le difque de cet aflre, on parvient à faire quelques obfervations bien décifives pour déterminer Ja diftance de la Terre au Soleil, on puifle juger jufqu'à quel point on a pu parvenir à cette détermination, indépendamment de ces fameux & rares phénomènes. RECHERCHES DE LA PARALLAXE DU SOLEIL, par Les obfervations de Mars. Pour faire les réduétions des obfervations de Mars, j'ai calculé avec grand foin les déclinaifons de cette Planète pour les inftans auxquels j'ai obfervé les diflances au zénith du Cap. J'en ai dreffé une table où font d'autres calculs préliminaires, dont les titres indiquent fuffifamnient lufage qu'on en doit faire. TEMPS M OŸE N|Décun. ausrn.|LOGARITHME Demi-diam. du rapport au Méridien de de la -parallaxe apparent $ aétuelle de du cap de Bonne-efpérance. Mars calculée. à la parallaxe | dans l'oppofition. MaARs. #4] H. A1. S. 1): D'EE, so Août, (13.416 52) 7-19. 17 0,0060 | 160 | gi LnS Se MON 7 2%. QURT 0,004 5 16,0 t Sept. 13 8. 22| 7. 28. 461| 0,0032 16,0 Se. 18 0,9991 TEE QU I 9. 307] O,0001 16,1 8. 45 0,0157 15,5 o 1 18 0,0188 HA 15,4 ET es CO | us Us CO : vire ide + 30 0,0216 ae 0,0244 15,3 15:3 o PA | 4 ASS el 2 Co co œ| 9 9 |\9 9 V9 | 9 9 | co co | X 14| 22 56 0,0274 15,2 geutts 0,0305 15,1 328 0,0337 15,0 1 5% | 0,0430 FO FRE o.t2 0,0463 14,5 58. 47 | 0,0497 ET 56. 50 0,0 5 32 14,3 54: 224 0,0572 14,2 CS LE 0,061 3 14,7 49. 221] o,0656 14,0 À ) : | Des) $S GnEN CE s J'ai calculé les demi-diamètres de Mars qui font dans fa quatrième colonne, fur les obfervations que j'en ai faites avec le curfeur de foie qui eft au foyer de la lunette de mon fextant , laquelie a fix pieds & demi de longueur. J'ai réduit ces obf&r- vations à celles qui euffent été faites au moment de l'oppofition de Mars, par les logarithmes qui font dans la troifième colonne: voici mes obfervations. Diam. nbf. Dix Téd, BASES. n 3 14 ILANT 20 Deus MR LE #1, Deere 31,0... 32,4 (diamètre de Mars au moment de TeF-2 ni F s SIOI IN ONE Lai 29,9... 31,9 fon oppoñitionavec le Soleil; lunette de fix pieds & demi. 5 Oétob. 28,8... 32,4 e fix pieds emi Le diamètre de Mars a été aufir obfervé en Europe : en voici le calcul flon l'ordre des longueuts des lunettes qu'on y a employées. M. Wargentin , avec un micromètre appliqué à une lunetté de neuf pieds, a trouvé par un milieu puis entre plufieurs: mefures, depuis le 8 Juin jufqu'au 22 Septembre, que le diamètre de Mars étoit de 27 fecondes. M. Bradley, avec la lunette de fon inftrument mural qui a huit pieds Anglois de rayon , a trouvé Diam. obf. Diam. réd, 1751, le 1.* Oétob. 27",5... 29",9) Donc par un milieu, 29/8 diamètre de Mars en oppofitiôn, PTT DE AA AO Eee une lunette de fcpt pieds & Hreleisete 27,0.... 29,8 Jdemi de Roi. M. Schenmark, Aftronome Suédois, a obfervé avec une lunette de fept pieds de longueur, armée d'un micromètre , que le diamètre de Mars étoit de 29 fécondes du 28 au 30 Septembre: par conféquent il étoit de 3 1 fecondes le jour de l'oppofition. A l'Obfervatoire Royal de Paris, M.° Caïfini de Thury & le Gentil, ont obfervé avec un quart-de-cercle mobile de fix pieds de rayon, & dont la lunette a par conféquent fix pieds & demi , auffi-bien que celle dont je me fuis {ervi au cap de Bonne-efpérance , que le diamètre apparent de Mars K ÿ 76 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | étoit le 1 1 Septembre de 38",5, & le 8 Oétobre de 37,8. li en faut Ôter l'épaifieur du fil d'argent qui a fervi à ces mefures , laquelle eft de 7 fecondes, puis réduifant au 14 Septembre, on a 31",5 & 35",4: par un milieu 3 3",4« M. Zanotii à Bologne, a déterminé avec un quart-de- cercle mural de près de cinq pieds de rayon, fait en An- gleterre , les diamèties fuivans. Diam. obfe Diam. réd. 13 Septembre. . 32... 31,9 ORNE BARRE Ce 34,0 LORRAINE: 36. hou he 36,1 Par un milieu, rejctant le réfultat 18 \ 8 du 7 Oë&obre, on a 34,6 diamètre DA AL LONCEE À 1 2 RER PERTE Mars le 14 Septembre , avec uue PIS NT ef 32.4... 33,4 {lunette de cinq pieds, DEL ES LOI ECO OS A ZAOCObre rt ele RENE 41,8 M. de l'Ifle a auffi trouvé le diamètre de Mars de 32",8, par une obfervation faite le 4 Septembre avec fon telefcope catadioptrique de quatre pieds & demi, M. Strommer, Aflronome Suédois, a trouvé le diamètre de Mars de 36 à 38 fecondes, avec une lunette de huit pieds garnie d’un micromètre. Cette obfervation s'accorde peu avec les précédentes, & par cette raifon nous n'en ferons pas ufage; l'excès ne vient peut-être que de l'épaiffeur des fils de la lunette, Je fuppofe donc que le demi-diamètre de Mars obfervé à une funette de fix pieds & demi, a dû paroitre de 1 6”,1 le 14 Septembre 1751, & parce qu'il a paru plus petit aux plus longues lunettes & plus grand aux plus courtes, il s'en fuit qu'il nous faudra faire une réduétion à chaque différence obfervée entre le parallèle d'une Étoile & celui du bord fep- tentrional de Mars. Voici donc une petite Table des corrections que j'emploierai, dreffée tant fur les comparaifons des diamètres rapportés ci-deflus, que fur d’autres obfervations faites avec des quarts-de-cercle de deux pieds & demi & de trois pieds, & dont je fupprime le détail pour abréger : les longueurs DES SCIENCE S 77 différentes des pieds étrangers ne font rien ici, puifque cette Table à été drefiée fur les. différences entre les inflrumens dont on emploie les Obfervations dans ce Mémoire, LONGUEURS| MARS MARS des étant plus boréal|érant plus auftral Lunettes. quel'Éroice. | que l'ÉTOILE. gré a 24 e 2",4 8 + 1,9 — 1,9 8 + 1,4 — 1,4 7 È 1,9 fn — 1,0 , 7 + 90,5 x TE 0,5 6 = + 0,0 — 0,0 6 — 04 + 04 5 rt O7) + 0,9 5 mL AU) 4 — 2,2 ae 2e 3 Kay 30 (ir 30 2 — 3,6 + 3,6 Mais, lorfque j'aurai par obférvation la différence des parallèles de étoile & du centre de Mars, foit par l'obfervation immédiate de ce centre, foit par celle des deux bords de cette planète , j'emploierai le demi-diamètre de Mars tel qu'il eft dans lapremière des deux tables précédentes de quelque longueur qu'ait été la lunette qui aura fervi, car alors lobfervation fe trouvera réduite à celle qu'on eût faite avec uife lunette de fix pieds &. demi. Les hauteurs & les diflances au zénith que je rapporterai dans ce Mémoire ,. font telles que je les ai trouvées manufcrites ou imprimées : je n’y ai fait aucune des corrections nécefaires pour avoir-les hauteurs vraies ou les vraies diftances au zénith, parce que je n'avois befoin que de leurs différences & non de leurs quantités ab{olues. K ÿj 78 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE- ROYALE REMARQUES fur les Obfervarions faites au cap de Bonne-efpérance. A vant que de comparer entre elles les obfervations de Mars, il eft néceffaire d’expoler ici les circonftances qui doivent fervir à diftinguer celles des miennes qui font les plus fûres, d'avec celles qu'on peut regarder comme douteules. Quoique j'aie employé tous mes foins pour obferver avec la plus grande précifion poffibie, j'avoue que par un fcrupule mal entendu, je n'y fuis pris un peu trop tard , pour corriger un défaut qui fe trouva dans mon micrémètre. La vis étant un peu trop longue, le bout qui failloit dans la boîte atteignoit le reffort qui poufle le chaflis mobile du micromètre, Jorfque le curfeur porté par ce chaflis étoit à environ 8 minutes au- deffus du fil fixe ; le jeu de ce reflort devenoit alors gêné, tantôt il faifoit fon effet, & tantôt il ne le faifoit pas. Je ne in’étois pas encore aperçu de cet inconvénient , parce que dans lufage de mon fextant, je m'étois aflujetti à cette loi, de ne faire jamais faire au curfeur un chemin de plus de cinq minutes ou de cinq tours de vis, foit en deflus, foit en deflous du fil fixe. Cependant, comme dans la circonflance de Foppolfition de Mars, il me paroifloit plus avantageux de melurer la diffe- rence des parallèles de cette planète & des étoiles par le fimple mouvement du curfeur du micromètre, que de la déduire des obfervations des hauteurs abfolues des aftres, je me propofai d'arrêter mon fextant , de forte que le fil à-plomb battant exactement fur un des points de divifion, je n’eufle plus qu'à faire marcher le curfeur pour mefurer direétement l'intervalle des parallèles de Mars & des étoiles. Ce fut donc le 25 Septembre, qu'ayant placé le fil à-plomb fur 244 50", & voulant faire “venir le-curfeur fur une étoile qui précédoit Mars de 3° 21" de temps, & qui étoit plus boréale d'environ 1 $ minutes que le point du ciel qui répondoit à AP SO’! je m'aperçus qu'en faifant , felon ma coutume, revenir plufieurs fois le fil fur l'étoile, l'index marquoit à chaque fois un nombre d'EisbS chi e Nic s 79 très-différent des parties de tours de vis. Je remarquai encore que la vis du micromètre éprouvoit moins de réfiflance qu'à l'ordinaire, & j'en conclus que le reflort n'avoit plus d'effet. Je n’ofai plus y remédier fur fe champ, craignant de déranger la pofition du fil fixe de ma lunette, de forte que le micro- mètre refta dans cet état pendant le refte du mois. De-là il eft arrivé que les diflances de x =+ au zénith, obfervées depuis le 25 de Septembre jufqu'au mois d'Oétobre, ne s'accordent guère entr'elles, parce qu'il falloit faire fept tours de vis pour atteindre au parallèle de cette étoile, & que c'étoit préci- fément au feptième tour que le reflort commençoit à être gêné. A Fégard des diftances de Mars, elles ne furent pas fujètes à cet inconvénient. Dans l'extrait de mes Oblervations, imprimé parmi les Mémoires de 1748 { page (11), j'ai eu foin de prévenir les Aftronomes fur cet accident. Par un excès de fcrupule , j'ai jeté quelques doutes fur les obfervations du 2 & du 14 Sep- tembre, quoique le jeu du micromètre ait été libre, & r'ait fait qu'approcher du terme où le reflort étoit gêné. 1° RECHERCHE DE LA PARALLAXE"DE MARS, par les Obfervarions de M. Bradley , Jaies à Greenwich. Quoique M. de l'Tfle ait déjà publié dans les Mémoires de Vannée 1752, le réfultat des comparaifons qu'il a faites des obfervations de M. Bradley avec les miennes, je ne laiferai pas d'en faire le calcul à ma manière, pour employer des élémens uniformes dans toutes mes recherches. FER TERRE COR EE PAREEn Dit. du centre de g au zénith. Demi-dinm. appar. de &.... 80 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Dift. du bord bor. de g' au zén. Diflance de l'Etoile au zénith. Différ. appar. des parallèles. . Réduét. au Mérid. du Cap...|— Réfradtion A Enr 5 ne ne Diff, des parall, réduite... . Diff. au Cap corr. de la réf. LR LE RER R En O Argument de la parallaxe.. . . Parall. horiz. de & en P..... * J'ai fuppofé Greenwich plus occidéntal que le Cap, de 1% 14. Dans le calcul de lobfervation du 3 Otobre, jai employé pour la diftance de az au zénith, la moyenne entre celles qui ont été obfervées au Cap le 24 Septembre, & les 4, Sr 6,7, 8 & 9 Octobre. D'RAIR EIC'HRE RICGURLE, Par les: obfervations de M. Zanoi, à Bologne. J'ai fuppof Bologne plus occidental que le Cap, de 28 s de temps. Dans le calcul de Fobfervation du 31 Août, où ke ciel nébuleux empécha de prendre exaélement la diflance du zénith à l'étoile 30° C du catalogue de Flamflead, felon ce que M. Zanotti m'a mandé, j'ai employé un milieu pris entre les diflances obfervées le 1 & le 2 Septembre, jours auxquels le temps étoit fort beau. 3e Août, |13 Septemb|14 Septemb| 3 Ofobre. | 4 O&obre. | 7 Oétobre. | 9 Oobre. 33 X: RIGEL. | RIGEL. Ales. À %: LT À te DM. 5. | D. M'S. D. MS, DM. S. D'EM."S. D, M, S D: M. S, 8.44.15,9|59:49.46,5[59.53.52,5|60:25.31,0|60.24.13,0|Go0.18.32,0|60.13.15,0 58H Halet 16,11— 16,1|— 14,6 — 14,5 | — 142 — 13»9 Ë 3 16,4|60.23.58,5|Go.18-17,8o.13. a,1 58:43:30: | 59-49-30 |59:53:3 64] 60.25.1641 60.23. 58,5 Û 3e LP te 59-57:36»0|60.20.34,0 6e.120.33,0 60.207335, 6o.20.35$,0 11. 4,9 8. 6,6 3-509:6| 4.424| 32535 24157 73319 14,61 12,8|+ 12,61 + che 47 — 74|— ,9 - 0,8| + 0,5 | + 0,2| + 0,3 + 0,2 | 0,1 |+- 0,6 10.51,1 8. 19,9 4: 12,4 446,3 3-34. 2. 8,4 725,06 10.18,4 8.517 44353 A1 5,2 2.58,3 2.367 7576 2, 31,8 39,9 EN 32,1 28,3 32,0 SEA 245 23»9 26,7 27 | 2550 28,8 DES SICTENCES 8r 31 Août. | 1.% Sept. | 13 Septemb.| 14 Septemb, | 2 s Septemb. 27 Septemb. 3o.° YX: 30 X. | RIGEL. | RIGEL. LATE À DIM S D. M. S, D. M, S, D. M. S D. M, S. D. M. S. 1 D. M. S. ——— @————— à ———— ————_————— | ——— | —————————— | ———_— | A Dift. du centre de g' au zén.. . 52.$1.170|52.55.26,0| 53.26. 3,0|53.28. 8,0|53.20.17,0) Demi-diam. apparent de & . — 16,1|— 16,1 15,4|— 15,3|— 14,2 Dift. du bord bor. deg'au zén.|$r,s0. 4,0 S1-.54.53,0{52.51. o,9|$2.55. 9,9 Dit. de l'Étoile au zénit.. ... S1-52-16,5|51.52.170 53°25:47:61$3.27.52:7|53.20. 2,8 DT 0 ee mnt CHU RE 4 | 53:22 ADif. appar. des parallèles... , 2.12,5| ÿ2-5921 5,0 22. 8,0|53.22. 7,0|53.22.11,0 2,36,0 CESSE +39,6 45; 2. 8,2 fRéduétion au mérid. du Cap.. | + $5|— in: mi € Fe = 3 pee ee À Dr _ 2,8 Réfradion LARMES 00. : He o,1|+ o, 1 0,4| + 0,2| + 0,2 | + 0,3 | + 6,t Correétion pour la lunette... . | — 1,3 | + 1,3 ù Différ. des parallèles réduite, . 2.16,8 2.32,0 410,3 3-3 8,2 S-45t ZEN Diff. obf. au Cap + la réfr… , 2.48,1 2. 0,2 4433 3e 147 $:29,0 2.36,7 nt he 25h el Tea RERO Er 279 PRE Nr 2 Bree C7 | # JArgument de {a parallaxe. .., 3133 31,8 3310 235 16,1 UE Parall. horiz. de g en P..... 25,6 26,0 26,9 20,0 139 29h EEE EE IEEE Œ Quoique les obfervations du 25 & du 27 Septembre ne “4 foient pas marquées douteufes dans l'extrait de M. Zanotti, cependant on verra par les comparaifons que je ferai dans la | fuite, que la différence des parallèles de Mars & de A x a | dû paroître à Bologne beaucoup plus grande qu'elle n'eft marquée ici. La diflance de a obfervée le 7 Oétobre à Bologne, | étant plus grande que celles des jours précédens , fr on prend L un milieu entre Îles quatre que M. Zanotti a trouvées, on aa $3%22"7",8, qui donne pour le 7 O&tobre la parallaxe de de 26, 2, qui s'accorde bien mieux avec les autres. RE RECHERCHE par les obfervations faites à Paris à l'Obfervatoire Royal, par M* Cassinr DE THURY d7 LE GENTIL. Les obfervations de Mars ont été faites avec trois inftrumens différens, favoir, avec un mural de fix pieds de rayon, avec un quart -de- cercle mobile, auffi de fix pieds de rayon, & & Mém. 1700. 82 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avec un quart-de-cercle mobile de deux pieds & demi de rayon. Je n'emploierai ici que celles qui ont été faites avec le quart-de-cercle mobile de fix pieds, tant parce qu'il eft de la même grandeur que mon fextant, que parce qu’en obler- vant avec le quart-de-cercle mural, on ne s'eft fervi que des divifions marquées fur le limbe par des tranfverfales. Voici le calcul des quatre qui font correfpondantes aux miennes. 13 Septembre, | r4 Septembre. | 24 Septembre.| 8 Oëtobre. R1GELzL | RIGEL. Are À D: Me. S. PM S 15 PU FE Haut. mérid. du bord fup. deg |32. 50. o0,0|32. 45, 50,232. 16. 32,7|32. 23. 45,5 Épaïffeur du fil de la lunette... | — 35 | — 35|— 3:5 | — 35 = 2 — +" Haut. mér. corr. du bord fup.& | 32. 49. 56,5[32. 41. 46,7132. 16, 29,232. 23. 42,0 Haut. mérid. de l'Etoile... 32. 41e 40,832. 41. 46,8]32. 18. $1,3132. 18. 55,0 Différence appar. des parallèles. 8 957 3+ 599 2. 22,1 4. 470 Réduétion au Mérid. du Çap..| + 11,0 [+ 10,9|— HAN 72 REfrition:- 2 ets Greater + 0,5 | + 0,2| + 0,1 + 0,3 Différence des parallèles réduire, 8. 21,2 4+ 11,0 2. 18,0 4 40,1 Diff, obf. au Cap +- la réfraét. 8. s1;7 4 4333 1. 39,6 187 Argument de la parallaxe. . . 30,5 3253 38,4 28,6 Parallaxe horiz. de gen oppoñit. 24,0 25,5 31,3 16,0 ERP ER CT DIRES ES J'ai eu égard à l'épaifieur du fil d'argent qui eft au foyer de la lunette, parce qu'il eft marqué expreflément dans les obfervations, que le bord de ce fil n'a fait que rafer le bord feptentrional de Mars. I V. RECHERCHE par les Obfervations de Mars, faites en Suède. Le roi de Suède ayant defiré que fes Aftronomes fiffent, autant qu'il feroit poffible, les obfervations nécefaires pour la parallaxe de la Lune & du Soleil, ces Meffieurs fe font chargés volontiers d'en faire en différens lieux peu éloignés du méridien du cap de Bonne-efpérance. Les principaux ont été M. Wargentin à Stockolm, avec une lunette de 9 pieds, garnie d'un micromètre: M. Stommer à Upfal, avec une D ES SRCPT EN ICE JS 3 fmblable lunette de 8 pieds de longueur ; M. Schenmarck 8 à Hernolnd, avec une pareille lunette de 7 pieds de lon- gueur; M. Gadolin à Abo, M. Heéllant à Torne&. Mais le peu de hauteur à laquelle Mars s’'élevoit für lhorizon, & {a failon où l'oppofition eft arrivée, ont été caufe que la plu- paït des obfervations que ces Meflieurs ont faites font dou- teufes; cependant ce qu'il y en a de certaines, et fuf&nt pour établir la parallaxe de Mars. En voici le calcut. CE 2 TE 9 Il Date à lieu 0 Dif obfery. l'Obfervation | l'Obfervation LE a à N faite au Ca US de Etoile | de B. Fe | & del'Etoile. EH. MA; M, 1 Septemb.|o. 47.Av.| ro. 475.À Stockolm. |o. 36.Av.| 10. 47,s DO 13 AV. |To; 49,6 0. 8.Av.|r10o. $2,5 2 Septemb.|o. S.Av.| 2, 33,5.A Uptal. |o. 2.Ap.| 2. 35,5 30. X. |[o. 9.Ap.| 2. 37,0 24 Sept. |o. G.Av:| 2, 22,5.À Upfai. À , 25 Sept. | 1. 57.Av-| 3. 46,7.A Stockolm. | 0. 4342Ap.| 3. so,t N 1#:-0| 0. 2 +Ap:.| 31-1536 Up. |r. 21.Av-| ze o. s.Ap:| 3 Hernofand. lo. 3- : 27 Sept. |o. 23.Ap.| 6. 2,0.A HAN 2e 1.Ap. 6. 12,5 À &. es 3 Oétobre.|r. 14 Av. 5. 2,3.A Stockolm. |o. 15.Av.| 4. 58,8 À #, 5 O&obre. o. 16.Av.| 2. Stockolm. 6 Oétobre.| 1. 25.Av. Upfa, 11,0.A |— 7,4|+ 0,0 Correct. s! Correct, pot a diff. des ét. | parallaxes de Mars. 6 Oétobre.| 1. 37. Av. 12,0.A|— 68,o|+ 0,0|— 0,3|— 2,4 Stockolm.|o. $0.Av. 8,3 |— 41|+ 0,0[— o,1|— 2,4 11,1 — 0,0|+ 0,0|— 0,0|— 2,4 — 0,2|— à CIERORET EU APE ZIP PU TPE ENTRE D | Corre&, |. -D'f corr, pour enire, la différ. | les paralleles Miicux. des de Mars Luneties.| & de l'Et. Je [Ars M. 24]10. 55,3l10. 53,0. A Doc — 2,410: 50,7 — 254/uo-t52,7 Ne 03353 nu DIM) naze 3425 — ” RETRO — 254] 3: 50,4| 3. 50,4.A — 24] 3. Ko,6 —=12;4| 3% 50, ee Li 84 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Parmi ces obfervations, aucune de celles qui ont été faites à Upfail ne fe trouve qualifiée, ni comme douteufeni comme certaine, en forte que je n'ai pas eu de raifon pour en admettre quelques-unes préférablement aux autres. Celles du 2 $ Septembre& da 6 Oétobre, faites à Stockolm, font marquées fpécialement bonnes. Dans celles du 1. Sep- tembre, on voyoit Mars au travers des vapeurs comme chevelu, de forte que le bord feptentrional de Mars, qui étoit au fud du parallèle de l'Etoile, a dû paroître plus près de ce parallèle de quelques fécondes, que j'ai eflimé pouvoir s'étendre à deux ou trois: dans celles du 3 Oétobre, le ciel étoit très-beau & ferein, l'objectif de la lunette fe trouva feulement couvert de gouttes de rofée; cet inconvénient ne nuit qu'à Ja clarté des images des objets, formées au foyer , fans altérer leurs dimenfions : dans celle du $ O&tobre, Mars parut dans le brouillard. M. Wargentin a encore fait une obfervation : correfpondante aux miennes le 30 Septembre ; mais le vent violent qui agitoit fa lunette, lui fait craindre qu'elle n'ait été .dérangée. Parmi les obfervations faites à Hernofand, il n'y en a que trois du 27 Septembre, qui ne foient pas marquées douteufes, encore dans la première M. Schenmark fe plaint-il du vent; c'eft pourquoi je n'ai employé ici que la feconde & la troi- fième. Des deux qui furent faites le 2$ Septembre au travers du brouillard, la première efl marquée doueufe , & la feconde encore un peu douteufe ; je n'ai donc employé que celle-ci, parce qu'on peut prendre dans le ciel des mefures affez füres, malgré un léger brouillard, fur-tout quand la lunette n’eft pas fort longue. Pour faire les réductions de ces obfervations, j'ai fuppofé, d'après les Aflronomes qui les ont faites, la latitude de Stockolm de 59121" 30", & la différence des méridiens de oh 1° 30" à l'occident du Cap; la latitude d'Upfal de 59% 51° 50", & la diflérence des méridiens de 3° 10" à l'occident du Cap; la latitude de Hernofand de 624 45", & la diffféncedes méridiens de 3 minutes à l'occident du Cap. DES SCIE NICE S 85 Nous aurons donc pour achever le calcul 25 Septembre, 27 Sept. AR. VII Upfal. Stockolm, | Hernofand.| Hernofand. 1 Septembre| z Septemb.| 24 Scpt. Stockolm, Upfal. MS. REA Nemo une ne, ln D |A Différ. des parall.|ro. 55,5|2. 4 21,613: 47,813. 50,43. 49,016. : 5,3 Difiér. au Cap...|r0. 18,4|2. + 39,513: 14,73 14,713. 14,7[5. 29,0 Arg. de parallaxe. 3731 3954 ps 3453 36,3 Parall, de S'en #. 27,S 25,5 230 26,1 27:9 Différence des parallèles. Différence au Cap...... Argument de parallaxe. . . Parallaxe de Sen? ..... . CONCEUSION de la parallaxe horizontale de MARS, en oppofirion le 14 Septembre 1751. Jeregarde les vingt-neuf réfultats précédens, comme fuffifans pour établir par un milieu la parallaxe horizontale de Mars en oppofition le 14 Septembre 175 1 ; je la trouve donc de 26",1: cependant je crois qu'on ne peut fe difpenfer de rejeter Îes calculs tirés des Obfervations de M. Zanotti pour le 2$ & le 27 Septembre; car par les obfervations faites en Suède, la différence des parallèles du bord feptentrional de Mars & de a = devoit être le 2$ Septembre au moins de 3°45" à Bologne, au lieu de 3" 38”, puifque la différence qui a été obfervée la plus petite eft celle de M. Schenmark à Hernofand de 3° 49" (encore eût -elle été d'environ 3° s3" fi jeuffle employé la première obfervation faite ce jour-là à Hernofand ). Or la différence des parallaxes de Mars, caufée par 184 1 5’ de différence en latitude entre Hernofand & Bologne, L iü 836 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE _ne pouvoit monter à 4 fecondes ; l’obfervation de Bologné doit donc être fufpeéte, & par conféquent rejetée. Celle du 27 Septembre à Bologne s'accorde encore moins, elle donne Ia diflance de Mars au zénith trop petite de 10 ou 12 fecondes, comme on peut s'en convaincre, en ajoutant les mouvemens de cette Planète en déclinaifon à la diflance au zénith, obfervée le 23 Septembre. Rejetant doncles deux réfultats tirés de ces obfervations, & prenant un milieu entre les vingt-fept autres, on en con- clud la parallaxe horizontale de Mars le 14 Septembre de 26",8: or fa diftance à la Terre étoit alors de 3 841 parties, dont celle de la Terre au Soleil étoit de 10047, & par conféquent la parallaxe horizontale du Soleil étoit le 14 Septembre r0",246 ; elle devoit donc être de 10",198 ou de 10”,2 dans la diftance moyenne. RECHERCHE DE LA PARALLAXE DE MARS, par les Obfervations faites par d'autres Aflronomes , vers le 1emps de l'oppofition du mois de Septembre 17ÿ1. Je n'ai donné la préférence aux obfervations rapportées ci- devant, que parce qu'elles ont été faites avec des inftrumens plus propres & dans des circonftances plus avantageules ; &c quoique par cette raifon celles que je me propole de comparer maintenant ne foient entrées pour rien dans la détermination de la parallaxe de Mars, à laquelle j'ai cru devoir m'arrèter; cependant on verra que s'il n'y avoit eu d’autres obfervations à comparer que celles qui vont faire le fujet des articles fui- vans, on n'eût pas faillé d'avoir à très-peu près la même parallaxe , en prenant un réfultat moyen. à Par les Olfervatons de feu M. CASSINI & M. Maraior. Ces obférvations ont été faites au château de Thury, dont DES SCIENCES, 87 la latitude eft 494 21° 32", & Ja diférence des Méridiens de 6 fecondes de temps à l'occident de Paris; on s’eft fervi d'un quart-de-cercle de deux pieds & demi de rayon, armé d'un micromètre & dont le plan étoit aflüjeiti verticalement dans celui du méridien, à l’aide de deux àä-plombs aboutiffans à une Méridienne exactement tracée dans une tour au premier : étage, & comme il n’y avoit qu'un plancher folidement appuyé fur de grofiès folives, ces Mefliturs ont eu foin de fe tenir pendant chaque obfervation, Y'un à regarder dans la lunette, & l'autre à examiner la pofition du fil à-plomb fur les divifions. Dans les comparaifons que j'ai faites de Mars à l'égard de À &, j'ai pris la hauteur de cette Étoile moyenne entre toutes celles qui furent obférvées du 24 Septembre au 8 Octobre. En EE 13 Septemb.| 1 4 Septemb. | 2 4: Septemb.| 2 5 Septemb:| 28 Septemb. 7 OGobre, | 8 O&obre. RIGEL, | RIGEL À À # À % A %. À 5e. . M S |D. M. S DM. S |D M. S? [DE S. (pm S. Haut. mér. du bord bor, de g Hauteur de l'Étoile, 3211.572|31.43. 87 31:47:36,5|31.49.50,6 2e 7e55r5 31.45.12, 31-45-12,3|31.45.12,38 31:41.37:4]31.38.46,9 31-45-12,3|31.45.12,3 Porn. Différence des parallèles esse à 4e 1,57 2e 336 3-349 # C2514 2.24,2 44753 NE Différence des lunettes... .. — 333 | + 3»3 | + 33 | + 3»3 | — 3:3|— 33 Réd. au Méridien du Cap. . 10,9|— 42] — 38] — 1,2 | — 6,3 |— 72 {WCorr. pour la réfraction, 0,2 | O1 + 0,3 + 0,41 + 0,2 [+ 0,3 SCANS ; 4 9,5 2:#2,8 3347 6. 67,9 2,14, 4371 44333 t392 3-147 5.593 2:36,7 s- 87 rte 3358 se 20,0 28,6 21,9 31,6 dE HS OT 26,5 18,9 16,5 24,0 19,6 28,6 : s - ne ns ) AT. Par les Obfervations de ML. DE L'ISLE, à Paris. Ces obfervations ont été faites avec un télefcope cata- dioptrique de quatre pieds & demi, montéen inflrument des paflages ; il porte un microfcope armé d’un Juicromètre, avec lequel on prend les déclinaifons des Aftres, en marquant à quelle divifion d'un demi-cercle d'environ deux pieds de 88 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE rayon , le microfcope paroît répondre dans la fituation actuelle du télefcope. N'ayant pu décider quelle correction je devois employer pour la différence des lunettes, je n'en ai fait aucune; j'ai été d'autant plus autorifé à la négliger , que le diamètre de Mars obfervé avec ce télefcope le 4 Septembre, s'accorde fort bien avec celui que jai trouvé au Cap. ETES EEE EE ETES E” QEMNCLE APS LETTRE TERRE CA CRETE EI - EEE À 24 Septemb.| 25 Septemb.| 26 Septemb.| 3 Oëtobre. 7 O&obre. | 8 O&obre, À #. À #. À %. À “#. À 4 À %#, DM Pme DANS M SU DA MIS) DUMAS. Dift. du centre de g au pôle bor.|98.59-33,0|99. 1.140099. 2.21,0|09. 1.49,0|98.54.50,0|98.52.13,0 Demi-diamètre de g....... — 155 |— 15,4|— 1513 | — 14,6|— 14,2|— 14,1 Dift. du bord fept. au pôle... + [98.59.17:5 [99. 0.58,6199. 2. 5,7|99. 1.34,4/098.54.35,8]08.51.58,9 Dift. de l'Étoile au pôle.....[98.57. 0,0/98.56.52,0|98.56.52,0|98.56.52,0|98.56.50.0 98.56:43,0 Différence des parallèles. . ... 2-1755 | 4 6,6 $-13:7 442,4 2,14,2 444,1 Réd, au mérid. du Cap. .... — 42 |— 3»8|— 2,7 | + 3»2|— 6,3|— 712 Réfraétion. |. 29.8... + 0,2 | + 3|+ 4 Hal He 4 Dift. des parallèles réduite... . 213,5 ETOT S-11:4 4.459 2. 8,1 43752 Diff. au Cap + la réfraét.…. 139,6 3147 430,2 4-15»2 2:36,7 S. "87 Arg. de la parallaxe. .. ..... 3359 48,4 41,2 30:7 28,6 31,5 Parallaxe de æ en P....... 273$ 39:5 338 26,7 25,8 28.6 EST 7 DT ES ME SR EE CE PS AS RELEASES RE Il ÿ a, parmi les obfervations de M. de lle, une du 14 Septembre, mais la diflance de Rigel au pôle prife ce jour-là ne s'accorde ni avec celle qui fut prife le 16, ni avec ce qui doit réfulter de la différence des parallèles de Æige/ & de À =, obfervée par-tout ailleurs; c’eft pourquoi je mai pas comparé cette obfervation. LEE Par les Obfervations du R. P. BERAUD, à Lyon. Le P. Beraud s'eft fervi d'une lunette de 7 pieds, garnie d'un micromètre. 31 Aoùûc. |. Septembre. 30 X. 30%. S |2. M. En Diff. des paral. du bordde Corr. pour la diff. des lun. Réd. au mérid du Cap. . . Réfraction......... : Différence réduite. . ... Diff. obf. au Cap + Ia réfr. Argum. de la parallaxe. . Parall. hor. de & en #. L'obfervation du 1.” Septembre n'a pas été faite dans le Méridien, mais 1% 31° 19" après l'obfervation faite au Cap. FUAPOUES I V. Par les Obfervarions faites à Touloufe par M.'° GARIPUY à D'ARQUIER. Ces Meflieurs fe font fervis d'un quart-de-cercle de trente- deux pouces de rayon, dont la lunette avoit un micromëtre, & d’une lunette de fept pieds & demi, auffr garnie d’un micro- mètre & placée dans le Méridien. Voici ce qui réfulte des obfervations faites x cette lunette. | L Diff. des parall. du bord fept... 2 111,6 Corr. pour la diff. des lunettes. | + 1,0 Réd. au mérid, du Cap...... + Rétraiiontente. 2. 40027 ss... ne Argument de la parallaxe.. . .. Parallaxe de & en P........ » Mém. 1760. oo MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Avec le quait-de-cercle, ces Meflieurs avoient trouvé les différences des parallèles du bord feptentrional de Mars & de a 30. Étoile des X, le 31 Août, de 2° 3",3, & le 1.” Septembre de 2° 32",9; d'où il fuit qu'employant 3" pour la correction des différences de lunettes & les autres élémens comme ci-deflus, que la parallaxe horizontale de Mars en oppofition, étoit de 27",4 & de 18,6 *, V. Par les Obfervarions faites à Naples. Ces obfervations ont été faites aux Écoles Pies par Îe R. P. Carcani & par M. l'abbé Sabatelli, avec un quart-de- cercle dont le rayon étoit de cinq palmes & un quart, mefure de Naples (c'eft quatre pieds & demi de Paris), conftruit à Rome par le célèbre Dominique Lufwerg ; 4 étoit divifé à la Tychonicienne , les fils de la lunette étoient garnis de che- veux très-fins : les bords de Mars ne faifoient que toucher ces cheveux , de l'épaiffeur defquels on n'a pas tenu compte dans le rapport des obfervations. Je tiens ces détails de M. Sabatelli ; il paroît que les hauteurs ont été prifes avec une alidade, puifqu'on ne s’eft pas fervi de là-plomb. * M. Garipuy m'écrit (le 6 Août 1760) que le diamètre de Mars n’a pas paru bien terminé dans les lunettes dont lui & M. d’Arquier fe font fervis ; que par conféquent la fauffe lumiète qui en- touroit Mars a dû faire paroître fon diamètre trop grand, ce qui aura rendu trop grande la différence des parallèles le 31 Août, le 7 & le 8 Odobre, & trop petite les trois autres jours; qu'enfin il ne peut apprécier ces erreurs. Si donc on fuppofe que la lunette de fept pieds & demi ne diminuoit pas plus la couronne lumineufe qui entouroit le diamètre apparent de Mars que la lunette de fix pieds & demi, il faudra ajouter 1 feconde à toutes les parallaxes de Mars. DES SN EUN CES. 91 RDS RER MP EEE 2 30 Août. | 31 Août. | 1,2 Sept. 14 Sept. | 24 Sept. bs Sept. 33e 0Y 30. 30 RIGEL, ET LUE Drame mromamel'ams ours | 2.11 5 | | nn ann os me Haut. mérid. du centre de g.. 41,53-11,5|41.48.44,0|41.43.20,0 40:43:25,0|40.13.54,0|40.12.27,0 Demi-diamètre de & .......|4+ 16,0|— 47 | + 16,1|— 47 |+ 15,5 + 15,4 41.48.30,3 41:43-45:1|44.43.20,3 40.14. 9,5 40.12.42,4 41.46.26,0 41.406,25,0 40.39.20,0,40.16,22,0 40.16.24,0 Haut. mérid. du bord bor.... 41-53-2725 Hauteur mérid. de l'Étoile... l42. 4.11,0 Dift. appar. des parallèles... 10.43,5 | 2.39,9 4e 0,3 212,5 3-41,6 Réd. au mérid. du Cap..... — 3:6| + 351 — 314|+- 3,01 — 11l— RÉMAÉORN 2 2 1e + 0,4 | + 0,1 | + 0,1] + 0,2 | + o,1| + o, Diflance réduite... ....... 10.40,5 2.16,9 2.3 6,6 4 335 2.11,5 3.40,8 Diftfau Cap + la réfr...…. 10.18,6 2.48,1 2-10;2 443,3 1.39,6 3-14,7 Argum. de la parallaxe.. .... 21,9 3132 3 6,4. 39,8 31,9 26,1 Parallaxe horiz, de & en ?.. r 8,6 26,3 30,6 33)$ 279 CE 26 Sept. | 27 Sept. | 28 Sept. | 29 Sept. | 29 Sepr. 30 Sept. À À %. À À À fe Haut. mérid. du centre de g…. |40.11.22,0 49.10.18,0|40. 9.56,0|40. 8.56,0 40. 8.56,0|40. 9.37,0 Demi-diamètre.. .......... + 15,3 | + 15,535| + 15,2|+ 15,1] + 15,1 15,0 Hauteur mérid. du bord bor.. , 40:11:37:3|40.10.33,3|40.r0.11,2/40. 9.11,1140. o.r1,1 40. 9:52,0 Hauteur mérid. de l'Étoile. .…. 40.16.23,0l40.16.24,0|40.16.22,0 40: $:16,0|40.16.22,0| 40.16.24,0 Dift. appar. des parallèles... , 44557 S-507 6. 10,8 | 34551 710,9 6.32,0 Réd. au méridien du Cap... | — 0,7|— 0,5 | — 0,3 | + 0,1 | — o,1| + 0,3 Réfra&tion .......... + 10,24 0,3 | + o,3| + 0,2| + o,4| + Diftance réduite... ...... LE 4:45,2 S.50,$ 6.10,8 3554 711,2 Dift. au Cap + ha réfrat… , 430,1 $-29,0 525933 445,7 6.17,0 Aroument de fa parallaxe. . , 15,1 25135 4|00e 11,5 50,3 542 491 Parallaxe de S'en ?....... 1314 19,3 10,4 455 RE J'ai fuppofé la hauteur du pôle de 404 50” 10”, & Ia différence des méridiens de Naples, de 1 7° 30" de temps à l'occident du Cap. Quoique les dernières obfervations saccordaflent affez peu, & qu'ainfi j'eufle pu les rejeter, je les ai néanmoins calculées, parce qu'elles pèchent manifeftement par excès & par défaut, de forte qu'elles fe compenfent à peu-près. Dans les obfervations du 31 Août & du 14 Septembre, on n'avoit obfervé que le bord boréal de Mars, & Jai Ôté M ÿ 92 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 4,7 qui eft la différence entre le demi-diamètre de Mars, obfervé à Naples (entre 40 & 42" conftamment) & celui que j'ai employé dans tous mes calculs précédens. Dans lobfervation du 14 Septembre, il y avoit une erreur manifefte du Copifte, felon laquelle la hauteur méri- dienne de Mars eût étéde 404442 5", au lieu de 40443"2 5". V I. Par les Obfervations de M. Bose, à Wirremberg. M. Bofe s'eft fervi de deux lunettes garnies de micro- mètres, l'une de fix pieds, l'autre d'environ huit pieds & demi; comme chaque jour il s’eft fervi des deux lunettes, nous prendrons le milieu entre leurs réfultats , fans faire de correétion pour la différence de leurs longueurs avec celle de fix pieds & demi dont je me fuis fervi. J'ai fuppofé Wirtemberg, comme dans la Connoiffance des Temps, fous le parallèle de 514 43° 10", & 23° 45" de temps à l'occident du Cap. DATE |[Nou|TEemps DirFrér|RÉDUCT. CREEGE p'irrés avant entre gs sg P .. . de de |, au méridien | la réfraétion l'obfervat. | le Bbrd de FA : & réduite, l'Obfervation. | l'Étoile.| du Cap. | & l'Étoile. | du Cap. la parallaxe. ER PS INTRANET Œ 26 Sept..lxm..| 1. 48]4 40,0! + 5,0 | T. 3214 42,0] + 4,5 27 Sept. là = 1. 4815. 57,01 + 3,6 1Ë 32[$s. $2,0| + 3,1 28 Sept, |a = | 1. 4816. 4,0| + 1,9 PIS 21IC NC ol EN 29 Sept..|xæ..| 1: 48/7. 12,0| + 0,0 | HEUA 8e + 0,0 29 Sept..|x ,..| 1. 4 î TEA 47,0| + 0, 4 Octobre.|à æ.,| 1. 48 32 DES SCIENCES. 93 On a donc, pour achever le calcul en prenant des milieux , À Wiremberg.|4 45",915" 58,116" 4,1[7 10°,3|3° 49,0] 3" 26",7l2" 19", Au\Caperiiecte 4 30,1 |5- 29,0 | 5. 59,3 |6. 17,0 |4. 45,7 |2. ne QE 7 7 Arg. de parallaxe.| 15,8 29,1 4,8 5 3:3 56,7 Parallaxe de ..| 12,8 | 23,8 4,0 | 44,2 | 46,8 Tels font les réfultats des obfervations que j'ai pu comparer entrelles; j'en ai eu en main quelques autres , mais {ur lefquelies j'aurois fouhaité des éclairciffemens que je n'ai pu me procurer. ConcLusION des Recherches précédentes. * En prenant un milieu entre les quarante-trois détermina- tions de la parallaxe de Mars, que je viens-de rapporter, on la trouve de 26",2 pour le 14 Septembre au moment de l'oppofition, ce qui ne diffère pas de 3 de feconde de celle que j'ai cru devoir adopter; elle eft même précifément coale à la moyenne entre les vingt-neuf réfultats des obfervations que j'ai calculées ci- deflus, comme les plus propres à donner la parallaxe de Mars avec certitude, Il n'eft pas inutile de faire remarquer ici que la parallaxe de Mars que nous avons déterminée , s'accorde fingulièrement avec celle que Dominique Caffini conclud en 1672 de la comparaifon des Oblfervations faites à Paris & à Cayenne, & avec celle que Flamftead déduifit en même temps par fes obfervations des diftances de Mars à une même Étoile prifes à l'orient & à l'occident du méridien, RECHERCHE DE LA PARALLAXE DU SOLEI1 Ca par celle de Vénus près de [a conjonétion inférieure. Cette recherche ne nous laïffe pas tant de calculs à faire que dans les articles précédens, parce que la faifon dans laquelle eft arrivée la conjonétion inférieure de Vénus en 1 751,na permis de faire qu'un très-petit nombre d'obférvations. Parmi M iïi 94 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE celles qu'on peut employer avec plus de confiance, à caufe de la grandeur & de R bonté des inftramens avec lefquels elles ont été faites, je n'en trouve que cinq ou fix correfpondantes aux miennes ; en voici le calcul. I. Le 25 Octobre à Greenwich, la différence de hauteur méridienne du bord feptentrional de Vénus & de 4 = fut trouvée de 7° 1 $”,0, dont à étoit plus boréale; tant 1" pour la différence des lunettes, ajoutant $ 1",8 pour la réduétion au méridien du Cap, & 1",5 pour la réfraction, on a 8° 7',3; au Cap, j'ai trouvé 7° 26",2, ayant gr à la réfraction : donc l'argument de la parallaxe eft 41, ; R diftance de Vénus à la Terre étoit de 2776 pie dont la diftance moyenne de la Terre au Soleil en contient 10000 : donc la parallaxe horizontale de Vénus étoit 35”,0 ; ce qui donne celle du Soleil dans fa diflance moyenne de 9”,8. IT. Le même jour, la différence entre le même bord de Vénus & 4 = fut obfervée au quart-de-cercle mobile de fix pieds de rayon à lObfervatoire royal, de 7° 24",1 ou de 2' 27,6, ayant égard à l'épaifleur du fil ee ; la réduction au méridien du Cap ft + 45”,1 ; la réfraétion + o",9: ainfi l'argument de la parallaxe feroit 47,4, ce qui donne 41",0 pour la parallaxe horizontale de Vénus, & 1 1",4 pour celle du Soleil dans fa diflance moyenne. A Thury, M. Maraldi trouva avec feu M. Caffini 7° 27"; ils fe fervoient de leur quart-de-cercle de deux pieds & demi. De cette obfervation, on conclud, toutes réductions faites, la parallaxe de Vénus de 43”,5, & celle du Soleil de 12,0. HT. Le 27 O&tobre à l'Obfervatoire Royal, l'étoile 8 du Lièvre parut plus auftrale que le bord feptentrional de Vénus de 11”,6 ou, ayant égard à l'épaiffeur du fil, de 8",1 ; la réduction au méridien du Cap eft — 53",2 : donc le bord de Vénus étoit plus boréal de 45",1 au moment qu'on la trouvé au Cap plus auftral de 3",2 ; l'argument de la parallaxe eft 41",9 : or la diflance de Vénus à la Terre étoit alors 27 34; donc la parallaxe horizontale de Vénus 36”,0o, & celle du. Soleil dans fa diflance moyenne, 9",8 5. DES SCIENCES. d5 À Thury, on trouva 9 fecondes entre le bord boréal de Vénus & le parallèle de 8 du Lièvre; te qui donneroit la parallaxe de Vénus de 37,9, & celle du Soleil de 10",4. Mais à Bologne, M. Zanotti trouva que le bord boréal de Vénus étoit plus auftral de 3° 49" que le paralle de A du Lièvre ; or, par un milieu pris entre huit Obfervations de D & de 8 du Lièvre, obfervées le même jour dans cette même faifon, j'ai trouvé J plus boréal que B de 3° 24,8 ; on auroit donc 24,2, dont le bord de Vénus eût été vu à Bologne plus boréal que A du Lièvre : ajoutant 2 3",5 pour la réduction au méridien du Cap, & ôtant 1",3 pour l1 différence des lunettes, on auroit 46",5, & par conféquent 4 3,2 pour Fargument de la parallaxe, laquelle feroit de 38",1 pour Vénus, & de 10",4 pour le Soleil dans fa diflance moyenne, IV. Le 17 Novembre, le bord auftral de Vénus fut trouvé à l'Obfervatoire Royal plus boréal que’< de la Baleine de 8 15",5 ou de 8” 12”, ayant égard à l'épaifieur du fil: ajoutant 48,0 pour la réduétion des méridiens, & o",7 pour Îa réfraction, on a 9’ o",7. Au Cap, j'ai trouvé 8’ 1 79, ayant égard à la réfraction; donc argument de {a parallaxe 42",8, laquelle fe trouve de 34”,6; la diftance de Vénus à la Terre étoit de 3045 parties: donc la parallaxe du Soleil dans fa diflance moyenne eft HO, 5 Le même jour, M. Zanotti trouva à Bologne 8’ 8”, dont le bord auftral de Vénus étoit plus boréal que l’Étoïle : y ajoutant 2 1”,2 pour la réduction des méridiens, o”,6 pour la réfraction , 1”,3 pour la différence des lunettes, on auroit 8° 31",1, ce qui ne donneroit que 13,2 pour l'argument de fa parallaxe de Vénus, quantité manifeftement trop petite pour entrer dans le calcul de la parallaxe du Soleil, & qui dénote quelque erreur gliflée dans l’obfervation de la Hauteur de Vénus; car celle de l'Étoile s'accorde aflez bien avec les obfervations faites à Paris & au Cap. Pour faire mes réduétions au méridien. du Cap, j'ai inter- polé la fuite des hauteurs méridiennes des bords de Vénus, telles qu'elles ont été obfervées à Paris, fans y avoir fait 96 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE aucune correction, les erreurs des obfervations ne pouvant influer fenfiblement fur l'ufage que j'en fais ici. Haurcur mérid apparente. 24 Octobre..| où 38’f. |roû 22° 47" bord boréal, 215 4e Le Le inties tte 0. 32 |19. 38. 57 DO elte a AE o. 26 19. 56. 18 ON O0 0. 20 20, 15.0) 8 16 Novembre|10o. 27 m.|27. $o. o bord auftral. Tate tele al als 10. 23 2 ESA 18e Ne 10. 19. 128. 25. 4x Si donc on prend un milieu entre les quatre principales déterminations précédentes 9”,8; 11",4; 9",8; & 10",$,0on aura 10",38 pour la parallaxe du Soleil dans fa diflance moyenne à la Terre; & comme le fecond de ces réfultats furpaffe exceflivement les autres, on pourra s'en tenir à 10",2 comme à une quantité certaine , à un quart de feconde près, & déduite tant des obfervations de Mars que de celles de Vénus. RECHERCHE DE LA PARALLAXE DU SOLEIL, par la comparaifon des obfervations des hauteurs méridiennes de cet Affre à d'Aréturus. Par huit obfervations faites du 20 au 30 Juin 1751, jai conclu la diflance folfliciale apparente du bord auftral du Soleil au zénith du cap de Bonne-efpérance, de 574 2° 46,5: y ajoutant 1° 39”,3 de réfraction, & 31° 34" pour le dia- mètre du Soleil, tel qu'il paroït à ma lunette au temps du folftice d'été, on a 574 35° 59",8 pour a diflance foffli- ciale du centre, fans avoir égard à l'erreur de la pofition de la lunette à l'égard du premier point de la divifion, laquelle étoit d'environ + 3° 30". Par cinq obfervations faites du 19 Juin au 26, la diftance apparente d'Ær@urus au zénith fut trouvée de 54% 19° 38",0: y ’ DES SciIENCESs 97 y ajoutant 1°29",9 de réfraction , on a pour diftance cor- rigée 54% 21" 8,8, & par conféquent la différence des parallèles du bord feptentrional du ‘Soleil dans le tropique du Cancer & d'Aréurus , étoit de SAN (AT 0. A l'Obfrvatoire royal de Paris*, la diftancé apparente * Voyez Méms des parallèles d'Arurus & du bord feptentrional du Soleil mit dans le Tropique, obfervéeen Juin 1 7 $1,avecuninftrument page : 84 ” de même rayon que le mien, étoit de 3414 33",6 (dans le calcul de cette détermination, j'ai employé*des diftances du Soleil au Tropique, un peu plus exactes que dans le Volume de 1752): y ajoutant 4”,8 pour la différence des réfractions, on a 34 14° 38",4, qu'il faut ôter de 3% 14° si" pour avoir la fomme des parallaxes de la hauteur du Soleil 1 2",6 ; & par conféquent la parallaxe horizontale de 9";9 du Mé, 1700? | : N | Ï cre Obfervation. 98 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS DE LA COMÉTE QUI A PARU LE 8 JANVIER DANS LA CONS TELLATION D'ORION. Par M. DE THURY. dé ETTE Comète me parut à la vue fimple beaucoup plus groffe que les Étoiles de Ja première grandeur ; je n'y diflinguai aucune queue fenfible, fa chevelure toit confidérable & s'étendoit jufqu'à une Étoile que je crois être la fuivante des deux qui fuivent le genou d'Orion, dont l'afcenfion droite eft de 874 28’, & la déclinaifon de 109 38’; on voyoit à droite de la Comète l'Etoile + d'Orion. Par une obftrvation faite à la hâte à 8h 10”, fon afcenfion droite étoit de 884 36’; mais ayant difpofé l'inflrument dans le plan du méridien, j'ai obfervé à 9h 1 6° 50" fonafcenfion droite de 874 34° 52", & la déclinaifon de la Comète de 9% 50° 15"; le mouvement de da Comète en afcenfion droite avoit donc été de 14 1’ 8" dans l'intervalle de 1P 6’, à raifon de 5521" par heure. -Comme la Comète approchoït du méridien , je me préparai à faire l'obfervation de fon pañlage & de celui de l'Étoile au méridien, & à 10h25" 52" la Comète pañla au méridien à la hauteur de 3 14 54° 3 5”; l'Étoile l'avoit précédée de 8” 24" d'heure , avec une différence de hauteur de 29° 2 5" de degré: le calcul de cette obfervation donne l'afcenfion droite de la Comète de 864 12° 25", fa déclinaifon de 94 16° 50", fa longitude de 2f 254 33 10", & fa latitude de 32442"; le mouvement de a Comète en afcenfion droite avoit donc été de 14 22’ dans un intervalle de 1? 9',enraifon de 1411" 34" par heure : ainfi Ja viteffe apparente de la Comète augmentois _confidérablement. J'ai attendu que la Comète füt éloignée du méridien d'un DES SCIENCES. intervalle de 3 heures pour faire une troifième obfervation, & à 13" 26° j'ai déterminé l'afcenfion droite de là Comète de 824 58”, fa déclinaifon de 840"45": le mouvement de fa Comîte en afcenfion droite a donc été de 34 14° 25" dans un intervalle de 3 heures, à raifon de 14448" par heure, & de 254 $ 6” par jour; mais la viteffe de la Comête diminuoit {enfiblement. Le 9 Janvier à 7 heures du foir, je découvris la Comète fort près de l'Étoile » de l'Éridan, elle paroifloit beaucoup moins grofle que le jour précédent ; j'attendis {on pañage au méridien; mais quelques nuages répandus dans le ciel ne me permirent pas de voir la Comète affez diftinétement pour obferver fon paffage au méridien & fa hauteur méridienne ; elle paroïfloit plus claire avec la lunette de trois pieds qu'avec celle de fix pieds de Finftrument mural; à oh 10’, nous déterminames exactement fon afcenfion droite de 65456’ 55", & fa déclinaifon de 24 1 1” 20" méridionale : par l'oblervation du jour précédent, faite à 9 16’, on avoit trouvé fon afcenfion droite dé 874 34° 5 2", le mouvement de la Comète en afcenfion droite avoit donc été de 2 14 38’ dans 24h 0'*6", beaucoup moindre que celui qui réfultoit de la dernière obfervation du jour précédent, qui fuppoloit un mouvement journalier de 254 0° 56”. Le ciel ayant été couvert le 10 & le 11, nous ne pumes faire aucune obfervation de la Comète, maisle 12 à 540}, je reconnus la Comète beaucoup diminuée de grandeur : elle étoit entre les Etoiles À & & de la Baleine; on voyoit dans fa chevelure une petite Étoile: comme le parallèle de l'Étoile x étoit éloigné de celui de la Comète de près de 2 deorés, je fai comparée à une Etoile dont l’afcenfion droite eft de 434 53° 15", & la déclinaifon boréale de 64 43' pendant un ‘intervalle de fix heures & demie, favoir, une heure un quart avant fon paffage au méridien & cinq heures après. N ï LUE Oblfervation. IIIe Obfervation, TV: Obfervation. 100 MÉMOIRES DE LÂACADÉMIE ROYALE Mouv, hor. Afeenfion Dore, 1. Obferv.| : 58 57° 15” , LS u NZ ON] OMS 50 Pothl eee NO TO Fa +5 43 4e 53 | HE GE ANT MS 6) 8. Us 42: 53 1000| 6: To. 20 PCR PIITIOIONE LAN PET AS NS 38 42, 49. 30 ST OLCUCE BR 8. 6. 18 g. 28 [+2 45: 49 OÉANRA ER 10, 20. 16 8. +. HO PATES SEE 12. 16. 49 ne AZ TO N20 |'OM27. 150 Il réfulte du mouvement de fa Comète dans l'intervalle de s heures, que fon mouvement horaire a été de 8° 30", à raifon de 34 24' par jour; le mouvement de la Comète en afcenfion droite, dans l'intervalle de trois jours, a été de 234 32", tandis que le premier jour if étoit de 2 5 56’ en 24: heures. Le 13, le ciel fut couvert & la Comète ne parut qu'un inftant. y Le 14, la Comète étoit avec plufieurs Étoiles de la Baleine; elle paroïffoit à l'occident de l'Étoile , dont nous avons détérminé fafcenfion droite de 374 59° 55”, & la décli- naifon de o4s'25" Afcenfon droite. Déclinaif. mérid. AO MAO EEE te TAROT Se 2e 84 40° 35° TO MO ADI el SO NAIO MTS eee te CORP ETES L'intervalle entre ces deux obfervations m4 qui eft de 1° 30, donne le mouvement horaire de la Comète de 4° 50”, à raifon de 14 56° par jour. L'Obfervation de la viteffe apparente de la Comète donne le rapport des diftances de la Comète à la Terre, & fert à déterminer Ja route, par rapport à la Terre, par la méthode que mon Grand-père a donnée dans plufieurs Ouvrages. f D! ENSMISN CNT EUNUC!:E 8: JOË ONBISME RE AT LON.S ET THÉORIE LD'E) L'A COMETE Qui a paru au mois de Janvier de l'année 1760, dans la Conftellation d'ORION ; Avec des Remarques fur la vieffle apparente des Cometes. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. E 8 Janvier de cette année, le Ciel qui avoit été couvert pendant plufieurs jours de fuite, s'étant enfin éclairci, on aperçut une Comète aflez brillante dans la conftellation d'Orion près de fon genou oriental : le premier avis que j'en eus me fut donné par M. Turgot de Brucourt, qui l'ayant remarquée dans le ciel, me fit l'honneur de me la venir montrer; jen pris auffitôt la pofition à l'aide de la lunette montée fur la machine parallatique , & dont j'ai donné la defcription dans mon Mémoire fur la Comèteobfervéeen Avril & Mai 17 5 9. Quelque temps après Fobfervation, je m'aperçus que {a Comète étoit fenfiblement avancée vers l'occident & rapprochée de l'étoile x d'Orion, ce qui me fit juger que fa viteffe apparente étoit fort grande ; c’eft pourquoi comme le temps étoit ferein, je réfolus de prendre plufieurs pofitions de cette Comète à des heures différentes de la même nuit pour avoir fa vitefle apparente & fadirection , &, pour prévoir les Jieux du ciel où il faudroit la chercher dans la fuite. Je trouvai que la Comète avoit fait 14 12° d'un grand cercle en une heure de temps; elle étoit égale en éclat à x d'Orion, qui eft prefque de la feconde grandeur , fans queue fenfible, mais entourée d'une nébulofité aflez fenfible ; fon noyau ne paroïfloit pas fort gros ni trop bien terminé. Le lendemain, 9 Janvier, je comparai la Comète aux ii 26 Février 1760. 102 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE étoiles w, » & « de FEridan; fon éclat & fa viteffe étoient confidérablement diminués ; elle reffembloit à une Étoile de la quatrième grandeur, & ne failoit plus que 55 minutes par heure. Le ciel fut couvert le ro & le 12, mais s'étant éclairci le 12, je comparai la Comète aux étoiles À de la Baleine, o & 2 du Taureau, dont je pris les pofitions dans le Catalogue inféré dans l'introduction aux Éphémérides de M. Zanotti; ayant remarqué par plufieurs comparaifons, que dans cet endroit du ciel, les Etoiles ont été déterminées avec beaucoup de préci- fion : la Comète étoit déjà fort foible de lumière, difficile à diftinguer à la vue fimple, & fans apparence de queue. Le ciel refla convert le 13 & le 14; le-r1 5, je trouvai ha Comète près des étoiles w & £ de la Baleine; fa lumière étoit devenue fi foible, qu'il étoit prefque impoflible de a voir, fans le fecours des lunettes. Le 16, la Comète étoit encore dans le voifinage des mêmes Étoiles, auxquelles je la comparai. Depuis ce jour, le ciel refta couvert fans interruption juf- qu'au 2 $ Janvier; la Comète étoit alors en conjonction & fort près de la Lune, qui étoit dans fon premier quartier ; il n'étoit plus poflible de la voir avec la lunette dont je me fers, & ï y avoit lieu de croire, par F'affoibliflement fi fubit de fa lumière, qu'après la pleine Lune on ne la verroit plus ; fa marche d'ailleurs devoit être alors fi lente, que les obfervations qu’on en eût pu faire, euflent été peu utiles pour a recherche de la théorie de fes mouvemens : cependant ayant calculé la pofition que la Comète devoit avoir dans le ciel le 3 Février, je l'y trouvai effectivement & je l'oblervaï ce jour & le lendemain. Sa lumière étoit fr foible qu'il falloit ufer de beaucoup de précautions pour ne la pas perdre de vue au moment qu'elle devoit pafler par les lames de mon réticule; e’eft pourquoi je ceflai de lobferver: M. Maraldi l'a fuivie encore pendant plufieurs jours. Pour fuppléer aux obfervations que je n'ai pu faire depuis le 16 Janvier jufqu'au 3 Février, je donnerai ici celles que DES SCTENCES 103 Je P. Pézenas m'a communiquées ; il les a faites à Marfeille avec un excellent télefcope Anglois, monté für une efpèce de machine parallatique, qui porte une grande portion de cercle divifée pour avoir les différences de déclinaïfon. La Comète a toujours été comparée à 4 de la Baleine, dont l'afcenfion droite apparente eft, felon M. Zanotti, 384 o’ 16", & la déclinaïfon 94 5’ 32" boréale, Différence d'afci) Différ, de déclin, droite, dont pa| dont celle de la excède celle de| Comére ef? plus À MARSEILLE, la Cométe. | grande, 17 Janvier à 6h 26° 39", temps vrai..|4% 20° 56"[of 33° 15” Leone 6. 57. 20........... Se 9. 45 [O. 39. 45 CHIOTS LANCE OT CPR AOUEUE $+ 55- 130. 54 s LA PEN EU 6. 38. 4... 6. 24. 61. 7. 35 A PE TAUE 6. 42. 35e eee. 6. 50. 22/11. 20. 30 SPpereuée RUMEURS MAD EMER AE 17. T5. 41 |r. 29. o DONS era. à BUT O Beni eee lereneee 8.128. 31 |2. lo. 30 CLIN MENON SL EAN MIS EM LNAUUIU TE 8. 43. 55 |2. 13. 30 BOL... + lai De Aya). VOis Horse) elete hi je 95 MST 90|22 1 27.015 A l'égard de celles que j'ai faites, en voici le détail. … À PARIS. Longitude apparente. | Lat, auffrale appar. Le 8 Janvierà où 2° 44”,t.v.|n27% 28° 11°|33% 10° 51" TAN 0: 24: 45. 37 |32 21. 48 4 12. 53. 0 22238 AO: |31: 35:28 13.1 OT10. 22. 15. 10 |31. 32. 36 PR pe 22. 4: 38 |31. 30. So Leo Aa MIS IO IE HE 3742230 57: TE ONPAU ISIEE 3e 43° 2123. 31. .44 Peintre CONTE EME T2. 130 421 loss 427 6. 46. 30.. me. 26. 1| 9, 52. 58 DNS OR Me 12:54. 4MN9 35-133 à X OPPOSER Pi CE AE 6. 25. 13 | 5, r6. 36 LE SEINE a10. 11H25 BE Sd Nid 2 BRIE © EI FE TH Er AE 47.25 te DSD LS No. 0) 20B LR On 35e 407 0. 51, 20 | © 7. 56B par x d'Orion par v, €, x de lÉridan. par à Ceti. par à Ceti,o&%. par à Ceti &o®. par u & £ Ceti. par u & £ Ceti. par la 31. & Ja 38,° + dans Flamficad; 104 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On peut juger à la vue de ces obfervations, que la viefe apparente de cette Comète étoit très-grande le 7 Janvier; j'ai calculé en effet, par la théorie que je rapporterai bientôt, qu'elle a parcouru près de 41424 en longitude, & près de 44 en latitude dans l'intervalle de 2 4 heures, comptées depuis le 7 Janvier à o heures du foir, jufqu'au 8 Janvier à pareille heure. J'ai trouvé auffi que fa parallaxe horizontale étoit le 8 Janvier à g heures du foir, de 2° 22", & le 16 à oh 18", de 28"; le tout en fuppofant celle du Soleil de 10"L. Nous ne con- noiflons dans l'hifloire des Comètes que celle que Regiomon- tanus obferva en 1472, dont la vitefle diurne apparente ait approché de celle de notre Comète, dont cependant la diftance réelle à la Terre étoit le 8 Janvier 1760 à 9 heures, de -Z£ du rayon de F'orbe annuel, c'efl-à-dire de plus de + de la diflance du Soleil à la Terre: ainfi notre Comète étoit alors au moins vingt-quatre fois plus loin de Ia Terre que n'en eft la Lune dans fa diflance moyenne; d’où lon voit combien étoit ridicule le bruit quicourut que les Aflronomes avoient dit que peu s'en étoit fallu que ceite Comète n’eût caufé quelque dérangement dans les mouvemens de là Terre. Je ferai voir dans la fuite de ce Mémoire, qu'une vitefle apparente qui feroit beaucoup plus rapide que celle de notre Comète ne devroit guère nous alarmer. | Quoi qu'il en foit, celle que la Comète avoit les 8 & Janvier étoit trop grande pour ny avoir pas d’égard dans les réduétions des temps obfervés à la pendule, qui fervent”à trouver les difiérences de déclinaïfon de la Comète avec l'Étoile ; & la parallaxe étoit aflèz fenfible pour en tenir compte dans les réductions des obfervations deftinées au calcul de la théorie de à Comète. Pour déterminer les élémens de cette théorie, j'ai employé les obférvations que j'ai faites le 8 Janvier à oh 2' 44", le 16 à9h 18" so", & le 3 Février à 6P 42°25"; j'aitrouvé, felon la méthode ordinaire de calculer les orbites paraboliques, que le Nœud afcendant étoit dans 2° 1 94 so" 45"; le périhélie dans 4f 18424" 35"; l'inclinaifon de l'orbite 44 $ 1° 32"; le logarithme DES SCcrENcCEs. 103 Togarithme de la diflance périhélie 9984972; & le temps du pañage au périhélie le 16 Décémbre 1759 à 21h13‘ temps moyen à Paris ; le mouvement réel de la Comite étant rétrograde. 1 n’y a aucune Comète connue dont l'orbite puifle être cenfée la même que celle dont je viens de donner les élémens; celle qui en approche le plus, a été obfervée à la fin de 1 6 64 & au commencement de 1665. La principale différence entre les élémens des deux orbites fe trouve dans leurs incli- naifons; elle eft de 164 27", dont la Comète de 1 664 s'écartoit plus du plan de l'écliptique ; car les Nœuds ne diffèrent que de 14 2 3, les périhélies de 74 43", & les diftances périhdlies de -£. La route apparente de notre Comète dans Le ciel a fait conjeéturer à plufieurs Obfervateurs qu'elle pourroit bien être la même que celle de 1 664, & M. Pingré a remarqué que notre Comète a dû pañler fort près de Jupiter, qui auroit pu altérer des élémens de fon orbite. Je trouve en effet que, felon les Tables de M. Cafini, & en employant les élémens de la théorie que j'ai trouvés, le 6 Novembre r 758, Jupiter fut en conjonction avec la Comète dans 274 17°, la Comite tendant à fon nœud defcendant, mais étant plus boréale de 23 minutes que cette Planète, & plus près du Soleil que cette Planète de 5 du rayon du grand orbe: il me paroît que dans cette polition, Jupiter a dû obliger la Comète à atteindre fon Nœud defcendant plutôt qu'elle ne l'auroit fait, & par conféquent il a dû augmenter l'inclinaifon de l'orbite. de la Comète, loin de la diminuer. D'ailleurs , fi-une dimi- nution aufir prodigieufe que celle de plus de 1 6 degrés pouvoit être l'effet de l'action de Jupiter dans fes circonftances que jé viens de rapporter, les orbites des Comètes feroient fujettes à devenir abfolument méconnoiflables ; il faudroit renoncer à l'efpérance d'en faire un jour le dénombrement, & d'en prédire les retours : ce qui peut raflurer à cet égard, c'eft que la théorie des actions des Planètes fait voir que leur effet. fur l'inclinaifon des orbites ef généralement parlant moins fnfible que fur les autres élémens, comme on le pourra voir. Mém, 1700. . O 106 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans la théorie du mouvement des Comètes de M. Clairaut à l'occafion du retour de la Comète de 1682. Une autre preuve affez fenfible que la Comète de 166% eft différente de la nôtre, c'eft que celle de 1664 étoit beaucoup plus groffe, ayant été vue depuis le 2 Décembre juiqu'au 19 Mas 1665, ceft-à-dire cent cinq jours depuis fon paflage par le périhélie, arrivé le 4 Décembre 1664, & plus de deux mois & demi depuis fon oppofition avec le Soleil; au lieu que celle-ci n'a pu être vue qu'avec une extrême difficulté un mois & demi après fon périhélie, & un mois après fon oppofition. REMARQUES fur la viefle apparente des Comites. A l'occafion de la rapidité du mouvement de fa Comète le 7 Janvier de cette année, il ne fera peut-être pas inutile d'ajouter ici quelques remarques fur la prodigieufe vielle apparente qu'une Comète peut avoir, quoiqu'elle ne foit pas plus proche de la Terre que n’en eft la Lune dans fa diflance moyenne, laquelle eft d'environ quatre-vingt fix mille deux cents lieues à vingt - cinq au degré, telles qu'on les compte communément en France, Le calcul eft fort aifé à faire: voici les élémens que j'y emploie. Je fuppofe pour plus de facilité que l'orbite d'une Comète rétrograde foit couchée fur le plan de l'Écliptique, & que la Comète fe trouve périhélie & en oppofition avec le Soleil au moment que 1 Terre elle-même eft périhélie, c'eft à dire le 31 Décembre. La diflance périhélie de la Terre eft de 0,98 3 19 parties, dont la diftance moyenne eft 1 ; le mouvement horaire de h Terre périhélie eft de 2° 33" précifément, & cet arc, réduit en parties de fon rayon, eft 0,0007293. La parallaxe du Soleil étant à très-peu- près de 10"+ & celle de la Lune de $57'+, il en réfulte que la diflance moyenne de la Lune à la Terre eft = de la diftance moyenne de la Terre au Soleil; elle eft donc de 0,000 30435 parties du rayon de l'orbite terreftre, & par conféquent la DES SCctENCESs. 07 diflance périhélie de {a Comète que nous avons fuppofée, feroit 0,98 34943 5 ; fon mouvement horaire héliocentrique feroit donc de 3° 34"1, & cet arc évalué en parties de fon rayon, eft o,00102 19e Soit maintenant S le lieu du : Soleil; 7 celui de 11 T'érre périhélie ; Celui de la Comète périhélie & en oppofition ; ayant fait a perpendicu- lire 77 — 0,0007203 & Cr — 0,0010219, il eft clair que les points z, c, repréfentent les lieux héliocentriques de 11 Terre & de la Comète une heure avant ou après l'oppofition ; fi donc on joint cz, & fi par 7 on lui mène une parallèle & égale TK, le point Æ fera le lieu géocentrique apparent de li Comète par rapport à un Spedtateur qui fe croit immobile au centre de la Terre en 7°; la droite CK repréfentera l'efpace Parcouru en apparence pendant une heure: & l'angle CT Æ le mouvement horaire géocentrique de la Comète. Le calcul de cet angle donne cette analogie : la diflance CT de la Cométe à la Terre au moment de Zoppofition eft à la Jomme CK des mouvemens héliocentriques de la Comére, & de la Torre dans un méme petit efpace de temps quelconque, comme d finus total eff à la tangente du mouvement géocentrique apparent pendant ce temps. Ainfi, felon les fuppoftions précédentes, une Comite éloignée de la Terre de quatre-vingt-fix mille deux cents lieües, paroftroit décrire dans le ciel un arc de 1414 40’ en une heure; de 1 604 14° 54" en deux heures; de 1784 20" 20; en vingt-quatre heures ; en comptant la moitié du temps avant & la moitié après loppofiion; elle feroit au moment de loppofition . 28"40" par minute de temps; & Srzo à chaque feconde de temps : cette vitefle feroit incroyable fi elle n'étoit déduite d’élémens bien conflatés, & fi ce n'étoit une conféquence néceffaire de Ja prodigieufe diftance de la Terre au Soleil comparée avec celle de la Lune à la Terre, Si on avoit fuppolé la Comète en conjonction inférieure O à 108 MÉMOIRES DE IAAGCADÉMIE ROYALE dans fes mêmes circonflances, on trouveroit à très-peu-près: les mêmes viteffes ; le plus grand mouvement horaire feroit de 1414 40’ 20" Une viteffe fi grande feroit. encore augmentée de r degrés par heure par l'éffet du moüvement diurne; elle le feroit aufli par la parallaxe, fi la Comète étoit occidentale par rapport au méridien, & vue de deffus la furface de la Terre; de forte qu'on pourroit ailément déduire de cette compo- fiiion de mouvemens un grand nombre de phénomènes extraordinaires. Si, par exemple, on fuppoloit un Spectateur placé entre les deux Tropiques, il pourroit fe faire qu'il vit une Comète fe lever fur les 7 heures & demie du foir, arriver au zénith en moins de trois quarts d'heure, puis employer plus de quatre heures à regagner l'horizon pour fe coucher. Vers le moment de Foppofition, il verroit cette Comète grimper dans le ciel avec une vüeffe plus fenfible à la vue fimple qu'un Speétateur, placé fur le parapet oriental du Pont- royal, ne verroit ur homme vis-à-vis de lui pafler à grand pas fur le: parapet oriental du Pont-neuf, en fuppofant même que la viefle de cet homme fût capable de lui faire parcourir l'efpace de deux mille fept cents toifes par heure, ce qui fait. à peu-près laplus grande vitefle avec laquelle on puiffe marcher fans courir ; car en fuppofant que la diflance de ces parapets foit de deux cents foixante-dix toifés, comme on l’a trouvé fur le plan de Paris de M. l'abbé de la Grive, celui qui par- courroit quatre pieds & demi par feconde de temps, décriroit un efpace qui paroïtroit fous un angle au-deffous de 5’ 40", tandis que la Comète paroitroit monter d'environ s' 45” à chaque feconde de temps. Enfin fi fon fait réflexion que la grande nébulofité qui entoure les Comètes & qui forme leur queue eft un indice affez für que la matière qui compofe le noyau a peu de denfité, l'on en conclura, avec beaucoup de vraifemblance, qu'il n'y auroit aucun dérangement à craindre dans les mouvemens de la Terre, quand même une Comète paroîtroit tout-à-coup en décrivant plus de. 90 degrés en une heure par un mouvement rétrograde. Poe DES SCIENCES. 109 OPPOSLTIITON D E MARS, OBSERVÉE À PARIS AU L UXEMBOURG., le 7 Mars 1760. Pi M. "DE LA L'ANDE ES opofitions de Mars font plus rares que celles des autres ro Mars: Planètes, puifqu'il y a entre deux oppofitions moyennes 1760: 779) 20h 45": cette confidération doit rendre les Aftronomes’ . plus attentifs à les obferver; pour moi, qui ai fait déjà grand nombre de recherches. fur la théorie de cetie Planète, Javois une raifon de plus, & j'ai apporté le plus grand foin à obferver celle qui vient d'arriver. Une pendule aftronomique, que je faifois conftruire pour cet effet, a été placée au commencement du mois. dans le dôme du Luxembourg; M. le Paute, Hoïloger du Roi, déjà conau par un grand nombre d'excel- lentes pendules aflronomiques , a apporté dans la conftruétion de celle-ci toutes les précautions & toute l’habileté qui peuvent en aflurer l'exactitude ; la lentille pèfe foixante-dix livres ; les arcs conflans ne font que de cinq lignes ; l'échappement eft à repos & à chevilles, les intervalles des chevilles ont été calibrés au microfcope ; la verge du pendule eft une barre de fer d'un pouce d’équarriflage, afin de rendre les variations qu'elle éprouvera par la chaleur plus lentes & plus uniformes; enfin je ne doute pas que cette pendule ne foit une des plus parfaites qu’on. ait encore employée dans les obfervations d’Af tronomie. La pefanteur de la lentille eft le feul moyen de maitrifer les inégalités du rouage, comme la petiteffe des arcs. eft le feul moyen de les rendre ifochrones ; cependant il. femble que les plus fameux Horlogers n'aient pas compris ce fecret de leur art, la groffeur de la lentille & la petiteffe des arcs, dont M. Rivaz a tant célébré l'importance; on en avoit cependant, mais.elles étoient trop rares pour ne pas faire croire O ii 110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'on en méconnoifloit les avantages. Toute la précifion que l'on peut mettre dans les engrénages & dans les pivots, ne fauroit fufhre pour la régularité extrême que nous exigeons dans une pendule; mais la feule pefanteur de la lentille remédie à toutes ces inégalités que l'œil ne fauroit apercevoir & que l’'Artifte le plus habile ne fauroit éviter. Il en eft de même de la groffeur des verges; on peut remédier à a dilatation par des pendules compofés #, mais on peut y fuppléer en partie par la grofleur de la verge: en eflet, ce n'eft pas la quantité dont une pendule peut avancer ou retarder que les Aftronomes prétendent éviter, mais feulement l'inégalité de cet avancement; ainfr une pendule qui avanceroit de 20 fecondes par un progrès uniforme, vaudroit incomparablement mieux que celle qui. n'auroit avancé que d'une demi-feconde , mais cela fubitement. Il eft évident que dans de gros pendules, pour que la chaleur produife un alongement dans une verge de fer, il faut que l'impreffion en parvienne jufqu'aux parties du centre ou de l'axe de cette verge; plus ces parties feront éloignées de la furface & défendues par un plus grand nombre de parties, c'efl-à-dire par une plus grande épaiffeur, plus tard l'impreffion de la chaleur y parviendra, plus elle y fera graduelle & lente, plus elle y fera peut-être afloiblie; car une même chaleur de l'air environnant, doit fe communiquer moins à une grofle mafle de fer qu'à une petite, du moins fi on fuppofe qu'elle ne foit pas continuelle ; ainfi la fraicheur de la nuit fera pour mon pendule une efpèce de défenfif qui le préfervera long- temps de la dilatation. C'eft avec cette pendule que j'ai obfervé le 7, le 8 & le 10 lafcenfion droite de Mars, comparé avec Régulus, 8 du Lion, & les deux Étoiles Ë de la Vierge; j'oblervois leurs paflages à une lunette de quatre pieds, mobile dans le * Depuis la leéture de ce Mémoire, | j'en apportai la conftruction ; je j'eus occafon de voiren Angleterre, | l’ai donnée dans mon Aftronomie, en 1763, le pendule compofé que | arr, 1972, & M. Lepaute l'emploie M. Harrifon avoit imaginé; j'ap- | aétuellement dans toutes fes pen- pris par combien d’expériences on | dules aftronomiques. s'étoit afluré de fon exactitude : DES SCIENCES II méridien fur un axe folide, & lon verra que les différentes déterminations s'accordent affez bien pour prouver l'exactitude de chacune en particulier. KE Pour pouvoir employer des déclinaifons auffi exactes que mes afcenfions droites, j'ai eu recours à M. l'abbé Chappe, qui a obfervé la hauteur méridienne de Mars les 0 700 de ce mois, avec le quart-de-cercle mobile de fix pieds qui eft à l'Obfervatoire royal. Voici ces hauteurs méridiennes apparentes, jointes à celles de Rigel & de Procyon, qui m'ont fervi à reconnoître qu'il y a environ 50 fécondes à ôter des hauteurs que donnent le quart-de-cercle, & que je rapporte ici fans aucune réduction. Hauteurs méridiennes, Différence, Le $ Mars........ 404 Rates tee + 8° 35° ECO CEE As ADe 22 Idessu.... 8. 24 (Le ELA EEE PDA 49. 30. 38..,.., 8. 24 LOIRE EEE 49 39 2. Ripelsi Lel6s. 0 à 32° 42, 21, Eracsonsele Ga. 42, eu 47 D 7 J'ai auffi ajouté à mes obf@rvations celles de M. abbé Chappe, qui obfervale $ & le 6 Fafcenfion droite de Mars à lObier, vatoire royal, deux jours avant moi ; je les ai calculées auff bien que les miennes pour avoir une füite plus fatisfaifante & plus complète des fituations de la Planète devant & après l'oppoñition, Le $ Mars à 12h 17 46", temps vrai, différence d’af cenfion droite entre Mars & Procyon 594 48’ $9", entre Mars & la 2. £ de la Vierge 24 2 3° 54"; ainfi lafcenfion droite de Mars 1 ASOON:S 71%29'41”, la déclinaifon . véritable 84 2’ 18" Le 6 Mars à 12h 12’ 38" entre Procyon & Mars, 5926" 45"2, afcenfion droite 1 714 7’ 46", déclinaifon St’. r': | | Le 7 Mars à 12h 7’ 27" entre Régulus & Mars, 214 52" 10", entre Mars & 2 Q 3126" 19",4; ainfi l'afcenfion 712 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE droite 1704 45° 51" & 1704 45° 57", la déclinaifon 84 19° 16". Le 8 Mars à 12h 2° 20" entre Mars & [a 2° £ mp, 242957", entre Mas&8Q 3448" 37"2+, la déclinaifon conclue des jours précédens 84 27’ 50"; ainft lafcenfion droite eft 1 7od 2 3° 38", exactement la même par les deux Étoiles. Le o Mars, le ciel étoit abfolument couvert. Le 10 Mars, à 118 $1° 57" entre AQ & Mars, 44 19" 5’, entre Mars & la 1° Enp 34 3443", entre Mars & la 2.E 4414 34", entre à & BQ 4433 8"; les quatre afcenfions droites qui en réfultent font 1 694 38'43", 16943845", 1694 39° 1",1694 39° 8", & par un milieu 1694 38° 54"; la déclinaifon conclue aufli des obfervations du 7 & du 8, 844455". Voici une Table du réfultat de toutes ces obfervations, dans lequel j'ai pris un milieu entre les afcenfions droites ; j'ai fuppoté lobliquité de l'écliptique 234 28" 1 5”, & la parallaxe horizontale de Mars 16”,6, ce qui donne 10”,8 pour fa parallaxe de hauteur. | LONGITUDES. DIFFÉR.|LATITUDES.| DIFFÉR. 5. D, M. Les Mas. 5. 19. 1. (HICAIGE CHINE De TÉC CT € SHLB NEA BC FAI 7 CR TOR Fa Dire dE Les afcenfions droites des Étoiles dont je viens de parler font tirées les unes dr Catalogue de M. l'abbé de Ia Caille (Aflronomiæ fundamenta), es autres de celui de M. le Monnier ( Olfervations , liv. 3). Voici ces afcenfions droites telles que je les ai employées, réduites en apparentes, ainfi qu'on eft obligé de les avoir. Procyon DES, S CIE: NiCÉ ss. 113 - £ Afcenfon. droite apparentes Procyon. . me seeliene HU PÉRONTESNATQ ONE “Régulus. ..…..,.....: La CEA Len St ER 148. 53. 41 d\du Lionsrete 41. Foc Éd idb non RES 165. 19. 38 . 173- 13. 28 Tes 242... sobres dev vis at Étant DANCERSE JR LOIS E HOME ADR SA A À NAME 174 12. 16 Pour conclure des obfervations précédentes l'heure & le lieu de l'oppofition, j'ai calculé, par les Tables de Halley, la lon- gitude géocentrique pour les momens des obfervations du 7 & du 8, entre lefquelles l'oppofition eft arrivée; je l'ai trouvée pour le 7 de sf 184 16’ 50”, & le lendemain moindre de 23° 33; ce mouvement diurne eft celui que j'ai employé, comme devant être plus exaét, & tenant à peu-près un milieu entre ceux que donnent les obfervations; la fongitude du Soleif pour l'obfervation du 7, eft fuivant les Tables de M. l'abbé de la Caille, r1f 174 55" 37"+, & pour celle du lendemain de 59° 37" plus grande. En appliquant ces élémens à l’ob- fervation du 7, on a le temps vrai de loppofition au 7 Mars 17h33" 9", temps vrai, & la longitude pour ce moment 5° 1849" 8", moindre de 57” que celle des Tables d'Halley pour le même moment ; la latitude géocentrique 34 58" 57" au moment de loppofition, moindre de 28” que celle des Tables; en forte que fa fatitude héliocentrique des Tables de Halley ne doit être en erreur que d'environ 7 fecondes par excès, quantité qui eft prefque infenfible & qui prouve la perfection des Tables dans ce point-ià. , Si l'on veut tenir compte de l'aberration & de la nutation, il faudra ôter de la longitude des Tables 12" 1 pour avoir la longitude actuelle & apparente, & l'erreur diminuera encore de toute cette quantité. : , LARG Mém. 1760. { k P 114 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE MES M O0 LLRE Sur le rapport qu'il y a entre les Coraux &r les Tuyaux marins , appelés communément Tuyaux vermiculaires; &7 entre ceux-ci & les Coquilles. | Par M GuETTARD. } 20 Mars EST une vérité connue des Anciens, qu'il y a une 1760. liaifon entre tous les êtres créés, que cette liaifon eft telle que le paflage d'un genre à un autre fe fait infenfiblement, & non par une efpèce de faut qui laïfle entr'eux une forte de vide, dans lequel il ne fe trouve aucun être mitoyen qui tienne des deux. Cetie vérité a été de temps en temps confirmée par de nouvelles Obfervations & par des Ouvrages plus inté- reflans les uns que les autres; c’eft elle qui a donné naïffance à céux qui font intitulés Æarmonie de l'Univers ; on en trouve un beau plan dans la Relation des voyages de Pietro della Vallé, & M. Bradley la encore mieux établie par une fuite d'obfervations tirées, pour le plus grand nombre, des Ouvrages qui avoient paru avant le fien. I fembleroit donc que cette vérité n'auroit plus befoin de preuves, mais comme il n'y en a point qui ne trouve des contradicteurs, il eft bon de fournir de ces preuves de temps en temps aux vérités les mieux établies : c'eft dans cette vue que je me füis propofé de faire voir qu'il y a de Yanalogie entre les tuyaux marins & les corps renfermés fous la claffe des coraux & des madrépores, de même qu'entre les coquilles & ces tuyaux. Je fus frappé de ce rapport, lorfqu'en 1742 je découvris les animaux d'un grand nombre de coralines des bords de la mer de l'Aunis & du bas Poitou, & que j'examinai plufieurs de ceux qui forment les tuyaux vermiculaires ; M. de DES SCIENCES. mie: Reaumur, à qui je fis part de cette obfervation , comme de toutes celles que je pouvois faire alors en Hiftoire naturelle, me marqua, par une lettre, qu'elle étoit des plus curieufes, mais qu’elle me feroitconteftée par les Botaniftes qui mettoient les coralines au nombre des plantes. Je revis & examinai de plus en plus ces corps; & je revins des bords de la mer, perfuadé que les coralines étoient non des plantes, mais des amas d'animaux qui, par leur arrangement, formoient des efpèces de corps qui avoient l'air de plantes. Heureufement que M. Bernard de Juffieu, qui ne m’avoit pas communiqué les idées qui l'avoient conduit fur les bords de la mer qui baigne les côtes de la Normandie, avoit fait les mêmes obfervations; les fiennes & les miennes fe trouvoient conflatées les unes par les autres : M. de Reaumur a fait le récit de cette découverte dans la Préface de fon fixième Volume fur les Infectes ; il en a été fait mention dans le Traité des microfcopes, par Barker ; dans un Difcours public, prononcé par M. Mufichenbroek, & dans quelques Ouvrages ou Diflertations. Les années fuivantes, M. de Reaumur fe tranfporta fur les bords de la mer, où je l'accompagnai, & nous fumes occupés à faire deffiner non-feulement toutes les coralines que j'avois obfervées, mais beaucoup de tuyaux vermiculaires & autres corps marins auffi finguliers les uns que les autrés ; il n'auroit pu qu'en réfulter un Ouvrage très-curieux & très-intéreffant, fortant fur-tout de la plume de M. de Reaumur, mais mal- heureufement ce grand Naturalifte, occupé d'autres obfervations dont le Public.jouit en grande partie, eft mort fans pouvoir apparemment mettre Îa dernière main à fon Ouvrage fur les polypes. Le Public, au refte , ne peut pas en être pour toujours fruftré, puifque l'Académie pofsède les Manufcrits de M. de Reaumur, & que fa mémoire lui eft trop chère pour laifler . dans l'oubli des obfervations auffi précieufes. Je n'ai rappelé ici l’hiftorique de cette découverte, que parce que M. Ellis, dans l'introduction qu'il a mife à la tête de fon Ouvrage fur les Coralines, femble ignorer ce qui avoit été Pi} 116 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE fait en France fur cette matière ; il n’eft pourtant pas probable que M. Ellis füt dans cette ignorance, lui qui vit dans un royaume où les nouveautés en Hifloire naturelle ne reftent pas long-temps inconnues, lors fur-tout qu’elles font annoncées par des Naturaliftes tel qu'étoit M. de Reaumur. M. Ellis, même de fon aveu, n’a commencé les recherches qu'il a faites des coralines qu'en 1751 ou 1752, M. de Reaumur avoit annoncé dès 1742 ce qui avoit été découvert, dans le fein même de l’Académie, au fujet de ces prétendues plantes; 4 étoit donc alors facile à M. Ellis, comme à tout autre Natu- ralifte, de conclure de Fannonce faite par M. de Reaumur, que les coralines étoient des amas d'animaux , & non pas des plantes, & dès-lors les découvertes qu’il a prétendu avoir faites ne font que des conféquences de ce qui avoit été obfervé par les Naturaliftes françois. C'eft ce qui fera inconteftablement prouvé par l'Ouvrage- de M. de Reaumur, sil paroît jamais au jour , ce qui feroit à fouhaiter & pour la gloire de ce grand Naturäalifte, & pour celle des autres Naturaliftes qui peuvent avoir concouru avec M, de Reaumur à perfectionner les recherches qui ont été faites fur les animaux de la claffe des polypes & des autres animaux qui, comme eux, ont la propriété de fe reproduire Jorfqu'ils ont été coupés en plufieurs morceaux. En attendant que cet Ouvrage curieux foit donné au Public, Jai cru pouvoir développer dans ce Mémoire l'idée que j'ai eue de l'analogie qu'il y a entre les tuyaux marins & les coraux, les madrépores & mêine les coquilles: cette idée eff fi naturelle, qu'elle s'eft aufli prélentée à feu M. Boulanger, Ingénieur pour les ponts & chaufiées; il y avoit été conduit par la découverte qu'il avoit faite d'un grand nombre de tuyaux femblables, mais fofliles. M. Boulanger, que j'avois engagé il y a deux ou troisans à communiquer fes idées à l'Académie, ne l'ayant jamais voulu faire & ne voulant pas, comme il s'énonçoit, n'enlever une idée que j'avois eue comme lui; étant mort fans changer de réfolution, je me fuis enfin déterminé à entreprendre ce que certainement il auroit mieux exécuté que Re RÉ ES ts de ’ + DH SMS ICT EEN CE 58 117 Moi : file Public perd en ne lifant pas ce que M. Boulanger auroit écrit en ce genre, il ne perdra pas du moins entièrement les obfervations qu'il avoit faites fur es tuyaux foffiles, puifque ce fera au moyen de ces corps & de ceux que j'ai pu voir d’ailleurs , foit qu'ils foient tirés de là terre ou de la mer, que Jai tâché de prouver l'idée que je me propofe dans ce Mémoire. Pour le faire avec plus de netteté, je diviferai les tuyaux vermiculaires en plufieurs ordres: on peut premièrement en faire deux divifions générales ; les uns font fimples, les autres font en quelque forte ramifiés ; les premiers font en fecond lieu droits ou fans contours tou ils {e tortillent plus ou moins en diflérens fens ; parmi ceux qui {ont droits, il y en a dont la figure ef cylindrique ou prefque cylindrique, & d'autres qui en ont une conique; de ceux qui forment des circonvo- lutions, les uns fe contournent ainfi fimplement fur eux- mêmes; les autres s'entrelaflent avec d’autres de leur même efpèce & forment des groupes de différentes figures: les uns ou les autres ont encore quelques propriétés qui les diflinguent entreux, comme on le verra lorfque je parlerai de ces tuyaux en particulier. Quant à ceux qui, par leur affemblage, donnent naiffance à des mafles ramifrées, ils ne varient guère par leur forme : elle eft plutôt cylindrique que conique; ils font très-préles & il y en a peu d'aufli fins & d'auffi déliés parmi ceux qui font fimples. Une partie de ceux-ci porte communément le nom de dentale, parce qu'apparemment on leur a trouvé la figure d’une dent ; Lemery veut qu'ils reffemblent à celle d'un chien * fuivant lui, ils portent auffi le nom de Jyringites, parce qu'ils ont à figure d’an petit chalumeau, Je’ relèverai ici. puifque Foccafion s'en trouve, une faute fingulière de cet Auteur au fujet de l'animal qui vit dans cette forte de tuyau. Lemery veut que l'animal qui y sat Le quitte pour aller chercher Ja aouiriure ; 1 eft. étonnant que M. Lemery ait avancé une femblable propofition ; il faloit qu'il n'eût jamais vu de ces fortes d'animaux lorfqu’il a écrit ce paradoxe: les animaux qui vivent, dans le dentale peuvent s'alonger hors de leur tuyau &. iif, * Voy. Lemerys. Ditlionnaire des- Drogues, au mozr dentalium. * Voy. la colle? acad. Tom, Vde la partie étrung. 2. 122, Dijon, 175 8, in-4.° 113 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaL£ y rentrer entièrement, mais ils ne peuvent en être totalement détachés fans périr ; c'eft ce qui peut aifément fe confirmer non-feulement fur ce tuyau, mais encore fur tous les autres tuyaux vermiculaires. M. Lemery, dans cette occafion, eft tombé dans une faute bien différente de celle que Swammerdam à commife * : cet illuftre Naturalifte, contre le fentiment des anciens & des modernes & contre l'expérience journalière, veut que l’efpèce de crabe, appelé Bernard-l'hermite , foit réellement l'animal qui forme la coquille où on le trouve, qu'il ne puifle {ortir de cette coquille & qu'il y foit attaché par des mufcles ou tendons très-grèles à la vérité, mais fuffifans pour y contenir; il eft cependant facile de retirer cet animal des différentes coquilles dans lefquelles on le trouve renfermé, fans qu'il en fouffre en aucune manière, puifqu'il y rentre aufliôt, ce que ne peut faire le ver du dentale; car fi on larrache de fon tuyau, il fe fait un délabrement fi confidérable qu'il ne peut furvivre à cette opération, & quil en meurt dans l'inftant. Ces deux opinions font maintenant affez communément abandonnées, & je ne fache pas d’Auteurs qui foutiennent l'une ou l'autre; il en eft encore à peu-près de même d’une qui régarde le nom de dentale, que quelques Auteurs donnent à une forte de tuyau préférablement à d'autres qui n'en diffèrent que par quelques propriétés qui ne font propres qu'à les dif- tinguer fpécifiquement. Il eft généralement reçu par les Natu- raliftes que tout tuyau vermiculaire conique, flrié ou non flrié, eft une efpèce de dentale; on eft revenu de cette efpèce de fcrupule que quelques Auteurs e faifoient de regarder comme une efpèce de dentale tout tuyau qui n'étoit pas ftrié ou cannelé longitudinalement , qui, entre ceux-ci, en choififloient encore une efpèce plutôt qu'uneautre, comme étant celle qui devoit, préférablement à toute autre, porter le nom de dentale, & qui regardoient les autres pour un faux dentale ou qui l'ap- peloient enrale. | Pomet eft un de ceux que je connoiffe qui ait le plus DES SCrENCES. 119 infifté fur ces diftinéions /a) ; il donne le nom de deniale à un tuyau conique dont l'extérieur eft relevé de côtes, & celui de faux dentale à un autre qui eft plus petit, également co- nique, mais liffe ou fans cannelure; il appelle entale vrai un tuyau qui ne diffère du premier qu'en ce qu'il eft tronqué fupérieurement & qu'il eft prefque cylindrique, & faux entale, des tuyaux cylindriques un peu coudés dans plufieurs endroits de leur longueur & qui n’ont point de cannelures. Pomet paroit fe flatter d’avoir faite une découverte intéreffante en mettant ainft une diflinétion entre le dentale & l'entale; il prétend même que perfonne avant lui n'avoit jamais parlé du vrai dentale, & il avoue que c'eft à M. de Tournefort à qui il doit cette connoiffance, ce favant Botanifte lui en ayant donné un; il reprend même les Apothicaires, en les excufant ce- pendant, de ce qu'ils fe fervoient dans certaines compofitions d’un tuyau de différentes couleurs qui fe trouve abondamment fur nos côtes en place du vrai dentale. Il ne les épargne pas plus en parlant de l'entale; il veut encore être le premier qui a connu le vrai entale ; il s'élève également contre M. de Renou, Médecin de Paris, qui avoit fur ces tuyaux les mêmes idées que les autres#Auteurs de fon temps /b). Cette efpèce de chicane au refle que Poinet fait aux Écrivains qui l'ont précédé, ne vient que d'une exactitude trop fcrupuleufe /c) qu'il croyoit qu'on devoit apporter dans le choix de ces tuyaux dont on fe fervoit dans certaines compolfitions pharmaceutiques. Pomet ignoroit une vérité qui étoit connue à de Renou, que tous ces tuyaux avoient une même vertu, & qu'ils n'étoient pas plus efficaces (a) Voyez Pomet, Hiftoire géné- rale des Drogues, page" 104 1o$, planche des perles. À Paris, 2694, in-fol. (b) Voyez de Renou, les Œuvres Pharmaceutiques , pages 454 & 455, Lyon, 1626, in-fol Tra- duétion françoife; par de Serres. (€) Pomet portoit ce fcrupule juf- que dans la façon d'écrire les noms de dentale ou entale; il écrivoit dentalé & antalé en françois, danta- lium & antalium en latin, & ne vouloit pas qu’on écrivit dentalis ; il paroît fuivre en cela de Renou, en partie du moins, car cet Auteur écrit dentalium & anthalium , qué paroît la meïlleure manière, puifque dentalium vient de dens’ & qu'an- thalium paroït avoir du rapport avec: 2 Planche I, fi. 1—9. 5 Ibid. fig. re “Ibid. fig, 7. 4 Jbid. fig. 2. 120 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que toute autre efpèce de coquilles, qui, comme ces tuyaux, ont toutes une vertu abforbante. Il réfulte donc de ce que je viens de dire à ce fujet, qu'il ef affez indifférent de donner à ces tuyaux le nom de dental où de ‘entale , ces difcuffions minutieufes étant fouvent plus propres à jeter de la confufion dans les idées qu'a les éclaircir: f1 lon vouloit cependant fe fervir de ces deux noms pour fpécifier une forte de tuyaux plutôt qu'une autre, Jemploierois le nom de dentale pour les tuyaux coniques, & celui de entale pour ceux qui font cylindriques. Les dentales fe diftinguent Îles uns des autres par des flries circulaires *, par des côtes ou cannelures , ou par ce qu'ils manquent des unes ou des autres. Les tuyaux font les plus fimples; ils ne fe contournent point & ne forment jamais d’'amas par leur adhérence b, on les trouve toujours ifolés; ceux d’entre eux qu'on doit regarder comme les plus fimples de tous, font ceux qui font liffes: on ne leur remarque aucuns des caraétères qui fpéciñient les autres efpèces. On en trouve de femblables à Courtagnon & à Thuri en Picardie; ce même endroit en fournit aufli qui font circulairement divifés en articulations qui ne fe diflinguent guère qu'à la loupe , mais qui font bien marquées & bien diftinctes les unes des autres par un petit filon circulaire. Un grand nombre d'autres font flriés longitudinalement; mais ces f{tries font très-fines dans les uns & fortes dans les autres, de façon qu'elles forment plutôt des efpèces de côtes. Les flries des premiers font fi fines, que fouvent on ne peut les apercevoir qu'à la loupe d; parmi ceux-ci il y le nom d’une plante qui eft ainfi écrit dans Pline; quant au mot dentalis, que Pomet rejette, il n’eft mauvais qu’en ce qu'il faudroit y joindre le mot svbulus, ou bien écrire, avec Lemery, dentalium {eu dentale. Pomet fait une remarque plus intéreffante que celle-ci; il rejette le fentiment de ceux qui penfoient que le dentale étoit un petit os de poiffon, convexe d’un côté & plat d'unautre, lequel côté elt cannelé tranfverfale- ment; ce petit os, dont l’animal, auquel il appartient, toit inconnu à FRE éll communément regardé maintenant pour être une elpèce d’opercule, & n'être par conféquent point le dentale. en à DES SCIENCES. 121 en a dont les firies font très-fréquentes & près les unes des autres *, au lieu que dans d'autres ces ftries {ont rares & kiflent entre elles un grand efpace liffe b, La coupe horizontale de tous ces tuyaux eft circulaire ‘; il y en a d'autres où elle eft hexagone; le corps de ces tuyaux eft à fix pans : celui que j'ai fait graver a des côtes longitudinales alternativement plus ou moins groflès, qui font circulairement coupées par d'autres. Tous ces tuyaux, qui font fofliles, font ouverts par les deux bouts, & communément on les trouve vides. de ma- tière étrangère ; quelquefois cependant ils font remplis d'une matière quelconque, ils le font fouvent de débris de co- quilles ou de falun, ou bien de terre, & quelquefois d'une matière de filex ou d'agate. Dans mon Mémoire fur les accidens des coquilles foffiles, jai parlé de tuyaux dont les Bois pétrifiés étoient quelquefois percés, & qui avoient tout leur canal rempli d’une femblable matière, Je dirai de plus ici que le tuyau appelé par M. Allioni, dans fon ouvrage intitulé Oryétographie du Piémont *, zuyan marin, cyln- rique, folitaire , rond, coupé circulairement de fîries fines, © qui ne fe courbe Point , et rempli quelquefois d’une ma- tire d'un bleuâtre glaifeux, qui fmble tendre à devenir agate. Je rémarquerai à l'occafion de ce tuyau, que fi celui que M. Allioni m'a envoyé pour être l'efpèce qui, dans fon ouvrage, eft défignée par la phrafe que je viens de rapporter; ce tuyau a des ftries aflez fortes pour être vues à la vue fimple & former des elpèces de côtes longitudinales, & que ce tuyau eft plutôt un cône tronqué qu'un cylindre, car depuis fon extrémité inférieure jufqu'à l'extrémité fupé- rieure le diamètre diminue in(enfiblement , & 1e tuyau fe courbe quelquefois un peu; c'eft même ce qui arrive ordi- nairement à ces fortes de tuyaux, & c’eft ce qui m'a fait dire au commencement de ce Mémoire, au füjet d'un de ces tuyaux, qu'il étoit prefque cylindrique ; j'ai dit prefque cylin- * Voyez Allion, Oryétograph. Pedemont, fpecimen 2 PAS: 499 M° 93 1S, 1757, in-8.° F Min. 1760: , Q * Planche E, fig. 5. b Ibid. fig. 6. “Ibid. fig. 9. ® Planche I, fig. 10. » Ibid. fig. 7. “Ibid. fig.12, 122 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYAL? drique, parce que fi l'on examine bien exaélement le diamètre que peuvent avoir ces tuyaux dans toute leur longueur, on fe convaincra fürement que ce diamètre n'eft pas par - tout le même, mais qu'il diminue infenfiblement : cela doit être ainfi, puifque lorfque f'animal commence à former fon tuyau, il eft beaucoup plus petit que lorfqu'il le continue &c le finit; ces animaux , de même que ceux de toutes les co- quilles, ne les augmentent qu'à proportion que leur corps grandit : ceft ce qu'on peut même dire pour toute efpèce de tuyaux qui n'ont pas une figure conique aufli bien dé- terminée que peuvent l'avoir ceux-ci, tels que peuvent être ceux qui {e contournent, fe groupent ou fe ramifent , & qu'on appelle communément #yaux vermiculaires. Je fais cette remarque afin d’être plus exact en parlant de la figure de ces corps; & s'il m'arrive de dire qu'un tuyau eft cylindrique ou prefque cylindrique, on entendra que la diminution de ce ‘tuyau eft prefque infenfible dans toute fa longueur , quoiqu'il y en ait réellement une. Ceux dont je vais parler font, par exemple, dans ce cas, & conféquemment du nombre de ceux que j'ai dit qu'on pourroit nommer eutale pour les diftinguer des précédens, qui ont une figure conique bien déterminée; les entales font d'un diamètre plus égal dans toute leur longueur, comme je viens de le dire; ils fouffrent quelques finuofités, mais ils ne fe contournent pas en fpirale, Les entales que j'ai vus & qui étoient foffiles , avoient, de même que les dentales, des côtes longitudinales & cir- culaires en même temps *, ou de ces dernières feulement P; dans quelques - uns ces fries circulaires font ondées, & le corps du tuyau eft à quatre pans *, d'autres font htles & albid.fg.17, un peu plus où un peu moins. coudés dans leur longueur 4; 14 15. “Ibid. fig. 6. # Ibid. fg,17, parmi ceux qui ont ainfi quelques légères fmuofités, les uns. font fhiés longitudinalement *, d'autres ont quelques côtes peu élevées, carrées & circulaires f. Tous ces entales ont été trouvés par M. Boulanger dans les pierres des environs de Tours; ils y font mélés avec une DES SCIENCES. 12} quantité d'autres corps marins qui eft immenfe : voici comme M. Boulanger.en parle dans un pétit ouvrage de la nature de ceux qui paroiflent tous les premiers jours de chaque année *: «on trouve dans les campagnes de Sainte - Maure, de Sainte-Catherine, &c. ces falunières que M. de Reaumur a déjà rendues célèbres, immenfe dépôt dont on ne con- noît pas la profondeur, & où les coquillages fe voient en mature mêlés avec un menu gravier & mille débris, comme fur les plages de la mer. On rencontre aufli de nombreux foffiles dans les côteaux de Luflant, de Rochecorbon, &c. La mafle de leur banc en eft prefque toute formée, mais ils y font adhérens & pétrifiés. On doit s'arrêter encore près de Tours & aux portes de cette ville, pour y admirer les huitres à rateau d'une grof- feur extraordinaire, qui {trouvent dans les efcarpemens de Grandmont, avec une multitude d’autres productions ma- xines; on remarquera les foffiles abondans & récemment découverts dans les fouilles & les abords du pont de la Motte, où les coraux, les madrépores & autres polypiers de toute efpèce fe font trouvés accumulés & mélés avec différentes fortes de coquilles, d'ourfins & de pointes d'ourfins fingulièrement .diverffiées ; on y a vu auf des dents, des vertèbres, des offemens & des pinces de plufieurs poiffons & autres animaux de mer. | H ne faut point omettre les autres foffiles répandus au Join dans la province : ces fongites, par exemple, qui affectent la figure de différens fruits terreftres & qui fe ramaflent prefque par-touten Touraine fur la furface de la terre, fur des côteaux & rarement dans l'intérieur de la contrée. - ‘Les carrières de Samblançay , de Saint-Pater & du château de la Roche, offrent de même mille particularités, des bancs entiers & pétrifiés de griflites entaffés les uns fur les autres ; on voit fur-tout avec étonnement près de ce dernier endroit de prodigieufes cornes d'ammon de plus de deux pieds de diamètre, Ê Q i * Voy. l'Alman, ec Æifforique de Touraine pour l'an 175 fe cc po] » 2» 124 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Enfin, fr on s'écarte infenfiblement de la Touraine, en portant par-tout un regard curieux & attentif , l’on rencontrera à chaque pas dans le Saumurois, lAnjou & Je Maine, parties » de cette Généralité, une multitude d’autres monumens rar »_dont les ardoifières de ces contrées , les marbrières & fes mines #PlancheF, Fig. 10. B PfancheIll, J8: 4 de charbon abondent. » M. Boulanger fait précéder ces obfervations par des réflexions fur les fyflèmes qu'on a formés pour expliquer la façon dont ces dépôts de corps marins ont pu fe faire, qu'on peut voir dans Ouvrage que j'ai cité : comme M. Boulanger n'eft point entré dans un détail qui püt fpécifier chaque foffile en particulier , j'ajouterai à ce que j'ai dit plus haut des entales, qu'un de ces tuyaux renferme un corps olivaire qui me paroît être le terme d'une des crûües que l'animal qui a vécu dans ce tuyau lui a données *; ce corps eft femblable à ceux que j'aï obfervés dans d’autres tuyaux, dont il a été queftion dans mon Mémoire fur les accidens des coquilles foffiles. Un autre entale & qui eft un des plus beaux que j'aie vus, a été tiré des montagnes des environs de Chaumonten Vexin? ; ce tuyau, dans l’état où il eft maintenant, peut avoir trois, quatre, cinq pouces & même plus de longueur, & quatre à cinq lignes de diamètre à fa plus grande ouverture; if eft cannelé longitudinalement & ftrié circulairement; les cannelures & les fries font comme grenues; il n’eft point à pans, mais purement circulaire. Cette figure eft toujours la même, quelqu'autre dimenfion qu'il puifle avoir, car on en trouve des morceaux qui font plus où moins gros ou plus ou moins longs ; il fouffre plufieurs coudes ou finuofités dans fa longueur, & approche par-là de ceux qui fe con- tournent. Ceux-ci font en grand nombre; le plus fi imple & le plus petit de tous ceux que j'ai vus, eft le tuyau dont j'ai parlé dans mon: Mémoire:fur-dés aecidens des coquilles foffiles, qui s’at- tache fur des coquilles & qui reflemble beaucoup à ceux dont les fieus de mer font très-fouvent chargés en une grande quantité: ce tuyau ne fait qu'un tour; il approche beaucoup DES SCIENCES. 125$ d'un autre qui fait deux tours & qui eft un peu plus gros; lun & lautre font lifles *. Deux autres qui ont auffi beaucoup plus de groffeur, font, comme ces deux-ci, contournés en limaçons aplatis; ils font deux ou trois tours, & m'ont paru ne point avoir de flries ni de côtes P, Un quatrième , qui m'a femblé être auffi life, fe contourne plutôt comme font certains vers”; il fait deux grands & longs replis fur lui-même, Un cinquième, qui eft ftrié circulairement , fe replie trois foisd, mais ces plis fe couchent & approchent par-là de ceux qui font le limaçon. Un fixième, qui a des côtes longitudinales, & qui pour- roit bien n'être qu'une partie du fuivant, fe plie feulement un peu vers une de fes extrémités, &. forme ‘une efpèce de fiphon coudé *. Il pourroit très-bien fe faire que ce tuyau eût été caffé un peu au-deflus de ce coude & qu'il eût perdu par cette fracture la partie contournée en limaçon que l'autre a: cette partie fait deux ou trois tours. Un huitième reflemble, en quelque forte par fes contours, à un petit ferpent replié fur lui-même f; il eft un de ceux que l'on prenoit pour des ferpens pétrifiés, dans des temps où lon n'étoit pas auflr éclairé qu'on left maintenant en Hifloire naturelle; erreur qu'on entretenoit fouvent, en ajuftant au gros bout de ces fortes de tuyaux une tête de ferpent fculptée en pierre. M n’étoit pas trop aifé de faire revenir de cette erreur certaines perfonnes prévenues par cette fupercherie, & Jen ai même vu que je n'ai pas pu convaincre du contraire. Le tuyau dont il s'agit ici eft cannelé longitudinalement & ftrié circulairement , & fes cannelures font comme grenues. Un neuvième approche plutôt par fa figure de certaines türbinites alongées Ê; il a fept pas ou contours cannelés circu- lairement. Quelques autres peuvent être comparés à des tire-boures; leurs pas font très-approchés les uns des. autres À ; les uns ont trois ou quatre de ces pas, d'autres fix ou fept: il y en a de lifies, däutres font cannelés longitudinalement. ? Planche H, Je. 1. 4 Ibid. fig. 5» Planche II, Fig. 6 7 7: Ibid. fe. & 5 Ibid, fg. 9, h Ibid. fig, ro (24 4 do. {* Planche], fig, 12—17: b Planchelll, f&: 7 “Ibid. fig. re 126 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE Les plis & replis de beaucoup d'autres fe font de façon qu'ils rentrent les uns dans les autres en forme d'inteflins de vers ou de ferpens qui fe font repliés en faifant des efpèces de nœuds”, Tous les tuyaux vermiculaires dont j'ai parlé jufqu'à préfent font folitaires , c'efl-à-dire qu'ils ne font pas collés à d'autres tuyaux; ils ne forment pas des groupes comme tant d'autres dont j'ai donné des exemples dans mon Mémoire fur les ac- cidens des coquilles foffiles. J'en rapporterai encore un icib: ces tuyaux forment , par leur réunion , des mafles irrégulière- ment rondes; ils ne paroiflent pas être bien longs, on ne peut pas trop déterminer leur longueur ; ils font tellement mêlés les uns dans les autres, que leur extrémité fupérieure eft fouvent cachée dans le corps du groupe qu’ils compofent. On trouve de ces groupes dont les tuyaux font de différentes grofleurs; le diamètre des uns peut avoir une ligne, & celui des autres une ligne & demie ou deux lignes ‘, Ces groupes, de même que les tuyaux folitaires, font ifolés ou ne font adhérens à aucun autre corps; il y en a d'autres qui font collés & qui rampent fur différentes coquilles, comme je Vai fait voir dans le Mémoire déjà cité plufieurs fois dans celui- ci:on en voit encore un exemple à Ja figure $ de la troifième planche, Cette figure repréfente une huître confr- dérable par fà grandeur, tirée de la montagne de Saint-Mihel ou de Saint-Michel près Toul en Lorraine: les tuyaux dont elle eft couverte font lifles, d’un diamètre d'environ une demi- ligne dans prefque toute leur longueur. Parmi ces tuyaux, les uns font étendus fans fe contourner; d’autres fe courbent & forment feulement un pli fur eux-mêmes; d'autres font deux ou trois circonvolutions, & même plus à une de leurs extrémités. 3 Je remarquerai, à l'occafion de ces différences, qu'il peut arriver fouvent qu'on prenne pour des tuyaux des différentes efpèces des portions d'un même tuyau. Par exemple, fi un de ces tuyaux contournés à une extrémité , toit caflé à endroit où il forme ces circonvolutions , alors on en auroit un qui DES SCIENCES 127 froit cylindrique & un autre en fpirale, dont on pourroit faire deux efpèces, qui dans la réalité n’en feroient qu'une; c'eft ce que j'ai fait preflentir en parlant des tuyaux gravés, "4 aux figures 6 € 7 de la deuxième planche. On en pourroit dire autant de ceux de la ongième figure de la même planche : k il en peut être ainft de plulieurs autres, & même de ceux dont j'ai parlé. IL me paroît donc que pour bien caraétérifer les tuyaux vermiculaires, & en général toute efpèce de ces corps, il faut plutôt avoir recours aux côtes & aux ftries qu'ils peuvent avoir qu'à toute autre propricté: encore faut-il, lorfqu'il s'agit de ceux qui font fofliles, avoir égard à ce qui peut leur être arrivé dans la terre ou dans la mer avant qu'ils fuffent dépolés fur la terre. Si ces tuyaux avoient été, avant ce dépôt, roulés | par les flots, ou que depuis ils euffent été en partie détruits + par les fluides qui circulent dans la terre; ils pourroient très- $: bien avoir perdu leurs flries & leurs côtes & paroître lifies; | peut - être que: le dentale de la fywre 7, planche premiere, eft dans ce cas. Ce dentale eft lifle ; mais comme il" paroît un peu dénaturé, il a peut-être perdu les flries: ou les côtes qu'il pouvoit avoir, | À La figure des tuyaux , quoique très-propre à les caraérifer, i ae eee demande aufli quelqu'attention: les tuyaux à plufieurs pans, . comme les quadrangulaires & les hexagones, paroiflent bien — conflamment être toujours de cette figure, mais les triangu- _ = laïres pourroient bien quelquefois ne l'être que parce qu'en f formant ils auroient été preffés de façon à prendre cette figure ; En -c qui peut très-bien arriver s'ils l'étoient par les deux côtés, … outre celle qui eft occafionnée par les corps fur lefquels ils font attachés; c'eft une conjeélure que j'ai déjà infinuée dans mon Mémoire {ur les accidens des coquilles. H faut cependant avouer . qu'il y a des tuyaux triangulaires, quoique ifolés, & que par … ænféquent cette figure ft très-propre à les caratérifr, pourvu que lon confie bien auparavant fi ces fortes de tuyaux ont cette: figure étant dégagésde tout corps qui peut les avoir preffés. Tous les tuyaux dont il aété queftion dans ce Mémoire, &c même dans: celui: des accidens des coquilles foffiles, qu'ils 128 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE foient folitaires , contournés ou non, groupés ou non groupés ; adhérens ou non adhérens, tous ces tuyaux, dis-je, font fimples & ne forment point de muafles branchues ; ceux dont il me refte à parler en jettent au contraire plufieurs, *. dg forte qu'on prendroit. d'abord les morceaux qu'on en trouve dans la terre pour des fragmens de quelque corail où de quelque madrépore branchu. M. Boulanger en avoit découvert de femblables dans les carrières des environs de Tours ; plufieurs des morceaux n'avoient point, il eft vrai, de ces branches, mais il eft évident que ces morceaux font de vraies branches détachées des troncs ou des portions même de troncs: par exemple, le morceau gravé à la fgure premiére de la quatrième Planche , net qu'une branche certainement femblable à celle qui eft encore attachée au tronc & repréfentée par la figure $ de la méme Planche. Le morceau de la quatrième é figure paroit être un éclat de quelque tronc; cet éclat eft : circulaire & a la cavité formée par une branche lorfqu'elle sen eft détachée : il y a des cavités femblables au tronc de la figure $. (5 On voit aux figures 7, 2 & 3 de la planche V, des portions de différens troncs plus groffés les unes que les autres, ou, fi lon veut, de quelques branches confidé- rables par leur groffeur ; car comme ces portions nont point d'accidens qui puifle les caraétérifer pour être des. troncs ou des branches, il n’eft pas poflible de déterminer, fi elles ont fait partie de quelque tronc ou de quelque. branche, Pour les morceaux qui font repréfentés par les figures 2, DS sn Bad la quatrième vlanche , il n'y a point de. ÿ doute qu'ils ne foient des troncs, puifqu'il leur refle encore Ge des portions de branches plus ou moins longues ; il y a même de ces branches qui ont encore quelques bouts de leurs ramifications, comme on peut sen affurer par les figures 3, 6, 8. | Lu. L'infpection feule de ces figures fera encorg voir que les 5 tuyaux ee À DE 8, 4800 NE NiC EE: & 129 tuyaux qui compofent ces corps, font de différentes grol- feurs:; cette différence en annonce -t - elle une dans l'efpèce de ces tuyaux! ceft ce qu'il eft impoffble de déterminer. Tous ces tuyaux font prefque cylindriques ; ils n'ont ni cannelures ni flries circulaires ou longitudinales; ils font pour la plupart fi fins qu'on ne peut pas trop, fans la loupe, en bien déterminer la figure. Au moyen de cet inftrument, on diftingue facilement qu'ils font, chacun en particulier, fimples ‘où fans ramifications ; de forte que fi les maffes qu'ils forment le font elles-mêmes, cela ne vient que de ce que ces tuyaux s'appliquant les uns contre les autres, gardent le même arrangement jufqu'à ce que quelques-uns gênés par ceux qui leur font proches, fe détournent à droite ou à gauche en continuant leurs tuyaux , & donnent par-fà naïflance à des branches qui saccroiffent par l'application de nouveaux tuyaux, lefquels formeront des ramifications lorfqu'ils fe trou- veront dans le cas où fe font trouvés ceux qui ont com- mencé à former des branches. . Non - feulement ces tuyaux ne fe ramifient pas, mais communément ils ne fe contournent point; ils font droits : on en remarque cependant quelques-uns au moyen de la loupe, qui plus ou moins tournés en demi-cercle, & lorfqu'ils font près de quelques"branches ou de quelques ramifications, * font un peu courbés pour prendre la direétion de la branche ou de là ramification dans la compofition de laquelle ils entrent; ce qui devoit naturellement arriver dans ces endroits, autrement ces fous-divifions n’auroïent pas eu de confiftance & même ne fe feroient pas formées. Lorfqu'on coupe horizontalement ces amas, la coupe fait voir une quantité de trous, & on la prendroit pour être celle de certains madrépores ; cette refflemblance fe foutient dans une coupe longitudinale ; celle-ci fait encore très-bien diftin- “guer que les tuyaux ne font point féparés par des cloifons, * comme ceux qui ont des corps globulaires ; mais ils font vides - dans toute leur longueur. Les mafles compofées de ces tuyaux ne renferment préci- Mém. 1760. , R * Vide Alhonr, Oryéograph Pedemontana Peg. 47 130 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fément que de ces corps attachés les uns aux autres par quelque endroit, il n’y a point de matière intermédiaire qui les lie; fi on y en remarque quelquefois, il eft manifefle que cette matière eur eft étrangère, & qu'elle s'eft introduite dans les interftices que les tuyaux laïffent entr'eux ; cetté matière eft de la nature de celle qui eft formée par le détriment que: les coquilles & les autres corps marins fouffrent dans la terre ou qu'ils ont fouffert lorfqu'ils étoient roulés par les flots de la mer; par conféquent les mafles de ces tuyaux ne fe font pas faites dans la terre, mais dans la mer lorfque les animaux qui ls habitoient étoient vivans. Il n'en eft pas de ces maffes comme de celles qu'on trouve fi abondamment dans des montagnes des environs de Beleu près de Soiffons; ces maffès dont il y a des rochers prefque entiers, ne font vifiblement qu'une quantité prodigieufe de tuyaux folitaires, qui font difperfés dans une mafñle très-confidérable de la matière calcaire qui a donné naiffance aux rochers. Cette matière eft jaunâtre, les tuyaux font d’un beau blanc, ce qui les fait très- bien diflinguer indépendamment de {eur groffeur, qui eft telle qu'on remarque très- bien qu'ils font des efpèces de dentales liffes ou fans ftries ni cannelures ; ces dentales cependant font en général affez fines , & il y ena beaucoup qui ne fe diflinguent bien qu'à la loupe. M. Allioni rapporte dans fon Oryétographie du Piémont * qu'il y à une figrande quantité de tout genre de tuyaux entre Annone & Ouarto, que la terre de cet endroit n'eft compolée que d’une matière fablenfe &'tophacée d'une couleur jaunâtre; quant à la couleur & à ln dureté; la pierre de Beleu ref femble berucoup à celle dônt-M: Allioni parle, mais elle eft peirfableufé', frmême éllé: l'eft ; & ce qui la diftingue princi- palément de la première, c'eft qu'elle ne renferme exaéte- ment que des tuyaux d'une même efpèce, qu'elle n'a même qu'infiniment peu de fragmens de coquilles; je ny ai guère remarqué que quelques petits morceaux d'échinite , de Fefpèce de ceux qu'on appelle communément échinite de la mer rouge , quelques petites pierres lénticulaires & numifmales, D BIMÈSICUNE NAC:EnSo um \M L3L & rarement d’autres ‘corps; il faut par conféquent qu'il y * aiteu, dans l'endroit de la mer où eft maintenant Beleu, une prodigieufe quantité de ces dentales, & que ces tuyaux aient été les animaux qui y vivoient principalement. Mais ce qui m'intéreffe fur - tout ici, c'eft de faire remar- quer que ces mafles de tuyaux ne font qu'accidentelles, qu'elles ne font pas formées par les animaux qui vivoient dans ces tuyaux, comme celles. qui font ramifiées & dont les tuyaux font adhérens les uns aux autres; ce qui prouve inconteftablement cette dernière vérité, eft que l'on. tire maintenant dans la Méditerranée des amas de petits tuyaux groupés de façon que le total jette plufieurs troncs branchus, dont les branches s'anaftomofent les unes avec les autres, & forment des efpèces de mailles. Les tuyaux dont ces amas font formés me paroifent être du même genre que les tuyaux foffiles, s'ils ne font pas de la mème efpèce; je n'y ai tout au plus trouvé de différence que d'être un peu ridés circulairement dans une grande partie de leur longueur ; ces rides font fi fines qu'il faut être très- attentif en les examinant, même à la loupe, pour les dif- tinguer ; quant au refle la groffeur, la forme, les contours, l'intérieur font les mêmes que j'ai décrits en parlant des tuyaux foffiles, de. forte que ce {roit donner uné nouvelle defcription de ceux-ci, que de m'arrêter à en faire une des premiers; je dirai même,de plus en faveur. de l'entière reflemblance qui me paroît étre entre les uns & les autres, que les rides de ceux qui ne font pas foffiles, étant aufii fines qu'elles le font, peuvent très-bien s'être effacées dans ceux qui font foffiles, vu le temps qu'il y a qu'ils font renfermés dans. Ja terre : au refte, que ces tuyaux foient de la même elpèce ou d'efpèces différentes, on ne peut difconvenir qu'ils ne foient du même genre, & que probablement les amas de œux qui font foffiles, qu'on trouve maintenant dans la terre, ont fait partie de mafles ramifiées , femblables à celles que Yon pêche de nos jours *. [left vrai qu'on n'en tire point © # On ‘conferve une de ces mafles das le Cabinet de =. A. S..M4f le : Planche V, f8- 4. 132 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'entières de la terre (je n’en ai du moins point vu de telles), mais il feroit étonnant d'en trouver dans cet état, ces mafies ayant dû être très-fragiles, fur-tout fr elles ont été femblables à celles que la Méditerranée nous fournit: celles-ci le font extrêmement, & il ne faudroit pas trop les prefler entre les doigts pour les mettre en poudre. Par conféquent les mouve- mens de {a mer ont dû facilement brifer ces amas lorfqu’ils ont été dépofés où amoncelés avec les autres corps qui forment maintenant les montagnes où nous les trouvons : d'où je crois pouvoir conclure que quoique nous ne rencontrions maintenant dans les montagnes que des morceaux fruftes de ces amas de tuyaux, ces morceaux ont fait partie de mafles femblables à celles que l’on tire aétuellement de fa mer. Lorfque je vis pour la première fois de celles-ci, je fus furpris de {a forme & de l'arrangement que leurs tuyaux affec- toient : je me confirmai dans l'idée où j'étois depuis long- temps, que les tuyaux marins avoient du rapport avec les coraux & les madréprores, & il me parut que ces amas ainfr ramifiés fervoient de liaifon & de paflage au genre des coraux & des madrépores. C’eft ce que j'ai maintenant à faire voir, étant l'objet principal que je me fuis propolé de prouver dans ce Mémoire. .: ! Pour procéder à cette preuve avec plus d'ordre, il eft né- ceffaire que je prenne les chofes d’un peu plus haut & que je commence à parler des tuyaux ifolés, pour enfuite revenir à ceux-ci. [ faut encore, avant tout, que je faffe voir le rapport qu’il y a entre les tuyaux foffiles & ceux qui fe pêchent maintenant dans fa mer: cette comparaïfon doit abfolument précéder l'autre, af que celle-ci puifle f foutenir. On ne peut douter que les tuyaux foffiles n'aient beaucoup de reffemblance avec ceux que nous tirons de la mer, mais font-ils de même efpèce? voilà le point intéreffant à déter- miner. Ilparoît, par l'Ouvrage de M. Allioni, que cet auteur Duc d'Orléans ; il y en à deux femblables dans celui de M. le Marquis de Paulmi, & une dans celui de M. Féret, Apothicaire à Dieppe, du Cabinet duquel vient celle qui cft dans celui de S. A4S, ess IS IQUEE NN GES > 133 pente que plufieurs de ceux qu'il a trouvés en Piémont font les mêmes que ceux que M. Gualteri a fit graver dans fon Ouvrage fur les coquilles: M. Allioni fe fert même pour défigner les fiens, des dénominations données à .ces tuyaux par M. Gualteri. Il faut avouer qu'au premier coup d'œil qu’on jette fur la Planche que M. Gualteri a fait graver, on eft frappé de la reffemblance que plufieurs des tuyaux qui y font repré- fentés ont avec ceux que l’on rencontre dans fa terre, & je crois, avec M. Allioni, que ces tuyaux font de la même efpèce. Celui , par exemple, que M. Gualteri dit être un dentale *, eft entièrement le même que cœglui dont il y a une fr prodi- gieufe quantité dans les pierres de Beleu : ce tuyau, de même que celui qui eft gravé dans l'Ouvrage de M. Gualteri, eft life, blanc, un peu arqué, aigu par une extrémité & un peu tors. Celui que le même auteur dit être régulièrement tors, ftrié, dont les flries font rares, groffes, fillonnées, me paroît être de la même efpèce que celui que j'ai fait graver, & qui eft repréfenté à la figure 9 de la première Planche de ce Mémoire. La couleur verte & les ftries d’un vert plus. foncé, que M. Gualteri dit avoir obfervés à fon tuyau, ne doivent pas empêcher de regarder ces deux tuyaux comme étant femblables, quoiqu'on ne les trouve plus dans celui qui eft foflile; ces couleurs fe font perdues par fon féjour dans Îa terre. Le dentale, nommé par M. Gualteri #uyau marin, régulièrement tors, qui a quelques légères flries circulaires , & qui eft couleur de rofe, a beaucoup de rapport à celui de la figure du n° 3 de. la premiére Planche. W en eft de même de ceux qui recouvrent les coquilles dont j'ai parlé dans mon. Mémoire fur les accidens des coquilles & dans celui-ci, & de ceux que M. Gualteri à fait graver ainfi attachés à une coquille. Enfm, pour ne pas repafler en revue tous ceux que cet Auteur à fait repréfenter, je me contenterai de dire qu'on ne peut guère douter qu'on ne trouve dans la terre des tuyaux femblables à ceux qui fe pêchent dans la mer, & qu'il eft plus que probable que ceux qui font des mañès ramifiées dont j'ai parlé plus haut, font de Ja même efpèce. * Voy. Gualrer. index Téflar, 7 cs Tab, X, fig. E, Florent, 1742; in-fol, 134 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ceci fuppolé, je fais voir le rapport que ces tuyaux peuvent avoir avec les coraux & les madrépores. Parmi les premiers, il yen a, de même que parmi les feconds , qui font fimples , ne fe contournent point en fpirale, qui ne s’attachent point les uns aux autres & qui ne font point des amas ramifiés. M. Ellis parle, dans fon Efai fur l'Hiftoire naturelle des coralines, d’une efpèce de très-petite echara *, qu'il dit être compol&e de petites cellules en forme de tubes prefque parallèles. La figure qu'il donne de ces tubes, groflie par le microfcope, repréfente très-bien des efpèces de dentales : cette efpèce de madrépore eft des plus fimples, fr elle meft pas la plus fimple de celles que nous connoiffons. Il eft vrai que ces petits tuyaux font f1 près les uns des autres, qu'ils forment, comme dit M. Ellis, : une efpèce de couche fur les corps où ils font attachés, & que par-là ils approcheroïent peut-être plus des tuyaux groupés & qui sattachent ainfi; mais la figure groffie à la loupe re- préfentant ces tuyaux de façon qu'ils ne font pas adhérens les uns aux autres, il y a lieu de croire que ce font des tuyaux folitaires attachés près les uns des autres par leurs pointes, comme pourroient très-bien faire les dentales dont cette ex- trémité eft ordinairement ouverte. Après les dentales, les tuyaux les plus fimples font les entales ou ceux qui font prefque cylindriques & qui ont quelques finuofités légères dans leur longueur : ces finuofités font infenfiblement plus ou moins profondes dans différentes efpèces de ces tuyaux; & plus ils approchent de ceux qui fe groupent, plus ces finuofités le font. Parmi les tuyaux groupés, les uns ne s'élèvent pas, mais ne forment que des groupes bas & étendus fur quelques corps; d'autres font plus ou moins élevés & forment des mafles de deux, trois, quatre pouces de hauteur, & même plus: dans d'autres ces maffes s'élèvent jufqu'à celle d'un pied, un pied & demi & audelà, fur une largeur proportionnée à leur hauteur. Ces tuyaux s’entortillent les uns entre les autres, fe touchent * Voyez Ellis, Effai fur l’Hiftoire naturelle des Coralines , page 90, n° 6, planche 29,n° 3,0, EÆ, DE! SM SUGIAE ACC: Enr 135 par quelques points de leur furface & y font collés; cette adhérence ne fe fait dans ces tuyaux par aucun corps qui {oit entre ces tuyaux, au lieu que dans d’autres, comme dans ceux qu'on appelle communément orgue de mer, cette adhérençe fe fait par le moyen d’une efpèce de diaphragme ou de lame qui entoure chaque tuyau dans les endroits où ils font collés les uns aux autres. Ces diaphragmes me paroiflent être les termes des diférentes crûes de ces tuyaux , qui probablement font ainfi étendus à leur extrémité fupérieure par les animaux qui y vivent, toutes les fois qu'ils finiffent un des prolonge- mens qu’ils donnent à leurs tuyaux. Cette orgue de mer, dont il y a des mafles qui ont quel- quefois plus d’un demi-pied de largeur fur prefqu’antant de hauteur *, & qui font d’un rouge de corail plus ou moins foncé, tiennent le milieu entre les tuyaux groupés & qui ne fe ramifient point, & ceux qui font de femblables mafles , qui par leur arrangement jettent des efpèces de branches, On ne peut guère -méconnôître dans ces deux efpèces de tuyaux un rapport avec les inadrépores & les coraux, & ils conduifent naturellement à lier ces corps les uns avec les autres: l'orgue de mer a même la couleur du corail rouge. I! faut cependant avouer qu'il y a une diflérence aflez grande entre les tuyaux marins, les coraux & les madrépores; les animaux font renfermés dans les premiers, au lieu qu'il paroît que les animaux des feconds font extérieurs aux corps durs qui forment les autres. L'efpèce de membrane parfemée de mamelons, & dont chacun de ces mamelons eft la loge d'un de ces animaux auxquels font dûs les coraux & les madrépores, recouvre exlérieurement ces corps: cette différence, qui en eft réellement une bien effentielle, ne peut détruire au refte les rapports établis entre ces corps ; elle me paroît établir au contraire que les tuyaux ont été ainfi formés pour être inter- médiaires entre la clafe des coraux & celle des coquilles. En * Onen voit deux belles maffes femblables dans le Cabinet des Jacobins de la rue Saint-Honoré à Paris; lequel Cabinet a été formé parle fameux ‘P. Labat. s 136 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE effet, les tuyaux tiennent aux coraux par leur arrangement, & aux coquilles par la fubftance de ces tuyaux & par la figure u'ils ont. En effet il eft impoffible de ne pas fe rendre à cette vérité, lorfqu'on fait attention qu'il y a des tuyaux auffi fimples que le font les dentales, qui n’ont aucune finuofité, qui font au plus un peu courbés; qu'enfuite il y en a qui fouffrent des finuofités lus ou moins profondes; qu'il y en a de ceux-ci qui, outre ces finuofités, font tournés en fpirale par une de leurs extré- mités, de façon qu'on les prendroit aifément pour des turbinites fi l'extrémité qui n’eft pas contournée étoit féparée de celle qui eft droite. J'ai rapporté dans ce Mémoire des exemples de tous ces tuyaux qui ont été tirés de la terre. Ces exemples font encore plus frappans dans les tuyaux qu'on pêche maintenant dans la mer. De tous les Auteurs qui ont parlé de ces corps & qui en ont fait graver, il fufft de citer M. Gualteri, qui a donné les figures d’un aflez grand nombre: il a réuni dans une planche les tuyaux les plus fimples, les finueux, ceux qui font fimplement contournés & ceux qui forment une fpirale plus ou moins alongée & lus ou moins régulière, Cette fpirale eft dans un de ces tuyaux d’autant plus régu- lière, qu'il a été mis par plufieurs Ecrivains au nombre des turbinites *:; l'Auteur de la Conchyliologie le place avec les vis. Il n’y a cependant guère lieu de douter que ce ne foit un vrai tuyau: les turbinites ont intérieurement un axe qui les traverfe d'un bout à l'autre , auquel le corps de l'animal ef attaché; les tuyaux au contraire font vides ou n’ont tout au plus que quelques diaphragmes tranfverfaux qui les divifent en plufieurs longues cellules. Ce qui a fait croire que le tuyau dont il s'agit, & qui eft fi connu fous lenom de fcalura , étoit une vis, c'eft la régularité de fa forme : les pas de fpirale qu'il fait {ont fr réguliers, qu'il y a peu de vis où ils Je foient plus; outre cel , les côtes à jour dont il eft relevé extérieürement * Voyez Hiftoïre naturelle éclaircie, page 232, planche XI, fig. 5, Paris, 1757, in-4° planche XIV, fig. $s 1742) in-qu° | ont DES SCIENCES. v37 ont auffi contribué à faire tomber dans cette erreur, Ces câtés le font encore beaucoup plus reffembler à des turbinites qui en ont de pareilles, qui ne différent guère de la fcatata que parce qu'elles font à jour dans celle-ci ; ce qui la diflingue beaucoup de cette petite turbinite qu'on trouve dans plufieurs endroits des côtes de France, & qu'on regarde fauflement comme une petite féalara. Les côtes de cette turbinite font continues avec le corps de la coquille. Une propriété qui la diftingue encore plus , eft l'axe de toutes les turbinites qui la traverle dans fa longueur. Ce manque d'axe eft, à ce qu'il me paroît, le caractère diftinétif entre Les tuyaux & les turbinites: & c'eft parce qu'il manque à un tuyau * qui eft confervé dans le Cabinet de M. de Boisjourdain , que je regarde ce corps comme étant de ce genre plutôt que comme une turbinite ; avec lefquelles il pourroit aufli bien être placé fi on ne s'arrétoit qu'à fa figure extérieure, Il eft compoé de fix pas de vis entiers & d'un qui n'eft pas fini: ces pas font féparés les uns des autres par une lame horizontale très-mince qui n'eft point adhérente au pas: il ya entr'elle & ces pas un efpace vide, de même qu'il y en a un entre les côtes de la éalara. Un caradtère femblable eft bien propre à faire reconnoître ces deux fortes de tuyaux, indé- pendamment de ce que la falara eft d'un beau blanc, & que celui-ci eft brun & flrié circulairement. Ce dernier tuyau peut encore très-bien {ervir à prouver fe rapport des tuyaux avec les coquilles proprement dites: if prépare à a liaifon qu’il y a entre ceux qui font irrégulièrement contournés & la fcalara, qui l'eft très-réaulièrement, & qu’on peut dire l'être même un peu plus que celui-ci, dont le dernier tour n'eft pas aufli bien déterminé que dans la falata. Ces rapports fe prouveront probablement de plus en plus, à proportion. qu'on ramaflèra avec foin tous les tuyaux qu'on peut journellement pêcher, & qu'on n'en rejettera aucun de ceux même qui n'auront rien de bien frappant pour la figure ni pour leurs autres propriétés: Le tuyau le plus fimple & le moins beau peut être très-intéreffant Par rapport au fujet dont il s’agit, Mim. 1700. : S * Planchell}, Fig: 2. * Voyez Mém, de l'Acad, annee 17114 138 MÉmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE L'examen des tuyaux fuffit feul pour conflater le rapport qu'ils ont avec les coquilles; maïs fi on veut s’aflurer de celui qu'ils peuvent avoir avec les coraux & les madrépores, je crois qu'il faut y joindre celui des animaux qui forment ces tuyaux. Quelques Auteurs nous ont déjà fait connoître les animaux d'un petit nombre d’efpèces : Rondelet a donné la figure de celui du pinceau de mer, dont le tuyau eft mem- braneux & recouvert de fable, & celle d'un tuyau vermicu- lire. De femblables figures qui repréfentent, à ce qu'il paroït, les mêmes animaux , fe voient dans lOuvrage de M. Ellis /a) fur les coralines, où ces figures font beaucoup plus belles & plus exactement gravées : M. de Reaumur a donné celle du ver qui habite dans des tuyaux formés de grains de fable &- de gravier, & dont les amas font fi confidérables qu’ils forment des males, qui par leur groffeur & leur étendue * donnent naïffance à des efpèces de petits rochers dont les plages de la mer du bas Poitou font hériffées dans les environs de ‘la tranche. Les animaux qui font les tuyaux dans lefquels ils font renfermés, portent à leur extrémité fupérieure deux belles pañaches dans le goût de celles des polypes à panache; ces deux belles parties, le corps charnu de ces animaux, leur propriété de s'alonger & de fe contracter, celle de faire des tuyaux comme les polypes, les rapprochent, fans contredit, de la clafle des polypes, qui tient certainement à celles des coraux & des madrépores. Mais les animaux qui vivent dans des tuyaux vermiculaires ont-ils tous des panaches comme les précédens ? Il n'y a pas lieu de le croire, vu les obfervations que nous avons fur les animaux de quelques autres vers à tuyau ; ceux, par exemple, qui rongent les digues de Hollande paroiffent en être privés /b); M. Maïluer n’en parle pas, du moins dans la defcription qu'il a donnée de ces vers; M. Adanfon, dans fon Hifloire naturelle, (a) Voyez Ellis, Eflai fur l'Hif (b) Voyez Mafluct, Recherches toire naturelle des Coralines, page | intéreffantes fur l’origine, la forma- 107,planche >4; page 117, planche | tion, &c. des diverfes efpèces de 28, fig. 2, à la Haye, 1756, | versà tuyau, page 6—25, Amiterd. in-4." Traduction françoife. 17335 in-12. DES, SCIENCES. 139 n'en fait point non plus mention dans fa defcription qu'il a faite de ceux qu'il appelle le ares & le vermet ; ces animaux , au refte, ont quelques autres parties qui paroiffent compenfer celles-ci, Le vermet a, fuivant M. Adanfon, deux efpèces de petites pattes ou, comme il dit, deux filets cylindriques placés à l'endroit où la partie qu’il appelle # pied fe joint à la tête *; ces deux petits filets ou pattes me paroiffent bien analogues aux pattes ou bras de ceux des-polypes qu’on nomme po/pe à Bras , & tenir dans le vermet la place de ces bras à panache des autres vers à tuyau ; lopercule qui eft placé fur le bout du pied, qui eftcylindrique comme le dit M. Adanfon , rap- proche encore le vermet des vers à tuyau qui ont des panaches : celui que M. Ellisa fait graver à la figure 2 de la planche XXV111, & qui eft un vrai tuyau vermiculaire à panache, eft doué d'une partie évafée par fon extrémité fupérieure, que M. Ellis compare à une trompette droite; cette partie eft analogue à celle que M. Adanfon appelle le pied dans le vermet; cette partie eft dentelée fur les bords de fa partie fupérieure, qui eft outre cela beaucoup plus dure que le refle & comme recouverte d’un opercule, ce que j'ai obfervé dans de femblables tuyaux des bords de.la mer du bas Poitou; je crois donc que cette partie fert d'opercule dans ce tuyau & a les mêmes fonctions que l'opercule du vermet : ainft tout concourt à ne pas éloigner ces animaux les uns des autres & à les placer au moins dans la même clafle. Voyons s'il en peut être de même des vers des Digues de Hollande & du taret; M. Mafluet a obfervé dans les vers dont il fait l'hifloire* « trois fibres charnues qui n'ont aucune “Vie Mafier, adhérence les unes avec les autres, quoiqu'elles fe touchent « 7 2: & femblent ne former qu'une feule pièce... de plus, deux « petits corps blanchâtres & fort durs placés aux deux côtés des « trois fibres charnues ; » il me femble reconnoître dans ces fibres charnues & dans les corps durs, l'équivalent & des pattes des * Voyez-M. Adanfon, Hiftoire naturelle du Sénégal, page 160 d7 Jüiv. planche XI, fig. 1 ; page 264 à7 Juiv. planche IX, fig. G , 11, à Paris, 1757, in-4.° - , S ij 140 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE autres vers à tuyau & de leur opercule ; les palettes font l'office de ces opercules, & deux des fibres charnues celui de pattes; la troifième peut être la partie qui fert de bouche. Le ver des Digues de Hollande ne feroit différent des autres vers à tuyau que par la différente configuration de ces parties & par un arrangement particulier. Quant au taret, il a les deux petites palettes & un tuyau cylindrique ou plutôt deux tuyaux inégaux dentelés fur leur bord; ces deux tuyaux m'ont bien l'air de tenir lieu à ces ani- maux des pattes & des panaches qu'ont les animaux des autres vers à tuyau; l'on remarque dans tous ces animaux une reffem- blance dans la ftruéture généralement parlant la même, mais qui varie dans la forme, les rapports & Ia pofition des parties. 1! en ef de ces animaux comme des polypes; il y a des polypes ui ont des bras fimples & qui ne font point garnis fur leurs côtés de petits doigts, d’autres ont des bras qui en font très- fournis, ce qui donne au total l'air de jolis panaches, d'autres n’ont que de petites palettes oblongues qui ne font ni divilées ni échancrées fur leurs bords. Ces différences dans la figure des bras de ces polypes les feront-elles éloigner les uns des autres, malgré les autres rapports qu'ils peuvent avoir entr'eux? Je ne puis me le perfuader, & je ne crois pas qu'aucun Naturalifte exact le fafle : je penfe qu'il en doit être de même des vers à tuyau; qu'ils aient des pattes, des fibres charnues, des panaches, que leur opercule foit pofé fur un corps charnu ou non, qu'il foit compolé d’un ou deux corps, je crois que ces différences ne peuvent tout au plus qu'établir une difiinétion entre les genres & non dans les clafles, & que par conféquent ils doivent tous en former une dont les genres feront caraétérifés par les différences qui pourront fe trouver dans les unes ou les autres de ces parties. Au moyen de cet arrangement, l'on ne verra pas dans une même clafle des coquilles qui ont tous les caractères des bivalves ou de multivalves, telles que peuvent être la forme , la char- nière, la figure de l'animal & fesattributs ; l'on ne verra pas, dis-je, de femblables coquilles rangées avec des corps tels que DES SCIENCES. 143 font les tuyaux qui n’ont point de charnières, qui forment un corps continu & qui contiennent des animaux dont le corps & fes parties fe reffemblent en général &. ne varient que par la figure. Ceci pofé, où placer, me dira-t-on peut-être, les vers à tuyaux dans un ordre fyflématique! ce que j'ai dit jufqu'à préfent dans ce Mémoire doit faire préfumer la réponfe que je ferois à une femblable demande. Penfant, comme je fais, que les vers à tuyaux forment le chaînon qui doit lier les coquillages proprement dits avec fes coraux & fes madrépores, je les placerois avant la clafle qui comprend ées corps, & fi lon veut, à la fuite de ces bivalves qui fe font en quelque forte des tuyaux, en fe faifant des trous dans le fable, dans des coquilles, dans des madrépores , dans du bois où dans d'autres corps femblables. Quelque place au refte que je me déterminafle à donner aux vers à tuyaux, je ne les fépareroïs pas les uns des autres ; je n’en rangerois pas une partie avec des turbinites, es autres avec les multivalves , fondé feulement fur ce que les animaux qui forment ces vers ont des rapports qui font réellement très- éloignés avec les animaux de ces coquilles, ou parce qu'ils ont une partie différente de leurs tuyaux qui tient de la nature des coquilles. De femblables rapports peuvent-ils anéantir ceux que ces animaux ont entreux par la figure de leur corps & par celle des tuyaux qu'ils font? l’analogie qu’ils ont entr'eux par ces propriétés, n'eft-elle pas plus grande & beaucoup plus frappante que par celle qu'ils peuvent avoir par leurs autres propriétés. L'on ne remarque point dans la Nature des difparates ‘ auffi grandes que le feroit celle d’avoir formé des corps fem- blables aux tuyaux marins, qui fe reffemblent à tant d'égards, pour être féparés les uns des autres & placés fous des claffes avec les animaux defquelles ils ont une analogie bien moins grande que celle qu'ils ont entr'eux. Les tuyaux vermiculaires ont bien des rapports avec les coquilles proprement dites, mais ce n’eft pas à dire pour cela qu'il faille dépecer, f on peut parler ainfi, la clafe qu'ils S. ii 142 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE compofent pour en ranger une partie avec les turbinites, une autre avec les multivalves & une autre avec quelqu'autre claffe d'animaux. Chaque branche peut bien en quelque forte divifer & fous-divifer en plufieurs branches, plufieurs racines qui luniflent avec plufieurs autres clafles; mais cette elaffe fait toujours un tout indivifible, & les corps qui terminent chaque divifion lui appartiennent autant que les corps qui terminent les fous-divifions des autres appartiennent à celles-ci. 11 faut confidérer chaque clafle comme un tout qui a un centre, d’où partent un nombre de rayons qui tendent vers Îles rayons femblables d'un autre centre avec lequel ils: n’ont pas autant de rapports qu'avec celui d'où ils partent : il femble qu'il y a dans chaque claffe un être qui eft, pour ainfi dire, celui auquel tous les autres fe rapportent comme à celui qui en eft le chef, & dont ils s’éloignent d'autant plus qu'ils sapprochent plus des êtres de quelqu'autre clafle. Le rapport qu'ils ont avec ce centre ne permet cependant point qu'on les en éloigne entièrement pour les tranfporter dans une autre clafle d'êtres, avec le principal de laquelle, & dont il fait le centre, ils n'ont pas tant d’analogie qu'avec le premier. Il en eft ainfi de la clafle des tuyaux marins, ceux qui font fimples forment un rayon qui peut tendre vers les coquilles fimples ou qui ne font pas en fpirale, les tuyaux contournés vers les coquilles qui ont des fpires, les multivalves vers les coquilles à plufieurs battans, les ramifiés vers les coraux ; mais tous ces tuyaux devront toujours faire à part une clafle indé- pendante de celle des coquilles & des coraux proprement dits. Ils feront, comme je l'ai dit, le chaïnon qui liera ces claffes, mais ils en formeront toujours une féparée des deux autres : vérités que jé m'étois propofées de prouver dans ce Mémoire, & dont la démonftration il eft vrai n'eft pas auf rigoureufe qu'elle pourra peut-être l'être lorfque les oblervations feront plus multipliées qu'elles ne le font maintenant, mais que je crois avoir affez foutenues de preuves pour ne pas faire regarder comme un paradoxe ce que j'avois entrepris d'établir.» DES SCIENCES. 143 EXPLICATION DES FIGURES PLANCHE JL Fianne 1, dentale life, Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. 2 —) 3» TA ne, 13» 14 25 16, 17, dentale à légères côtes longitudinales, dentale à légères côtes circulaires. dentale à très -légères côtes longitudinales. dentale à côtes longitudinales fréquentes. dentale à côtes longitudinales rares. dentale life. 4 dentale à côtes longitudinales fines & à côtes circulaires. dentale hexagone à côtes longitudinales , alternativement grofles & fines. e entale à pans & à côtes longitudinales groffes & fines, & à côtes circulaires. entale à côtes fines circulaires. entale quadrangulaire à côtes circulairés & ondées. entale life légèrement coudé. entale liffe un peu plus coudé. - entale life encore plus coudé. entale à côtes longitudinales, contourné. entale à côtes circulaires & rares, contourné Nota: 1.° Tous ces tuyaux font foffiles , excepté les trois premiers , mais on en trouve de foffles femblables. 2.° Le tuyau de la figure: 1 0 a intérieurement un corps olivaire, qui paroît n'être que le bout d'une crûe de ce tuyau. Figure 1, Fig. Fig. Fig. Fig. Fig 2) 3, # ÿ; 6, PL A N CH E TI tuyau vermiculaire liffe à deux tours bombés. tuyau vermiculaire liffe à deux tours aplatis. tuyau vermiculaire lifle, à trois grands tours bombés, tuyau vermiculaire life, contourné & alongé.\, tuyau vermiculaire»à côtes fnestcirculaires & à trois tours. tuyau vermiculaire: à côtes fines longitudinales , & coudé par un bout en forme de fiphon. Æ L 144 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Fig. 7, tuyau vermiculaire à côtes fines fongitudinales, contourné en limaçon par un bout. Fiate, tuyau vermiculaire à côtes fines longitudinales & circulaires, grénu, contourné & alongé. Fig. 9, tuyau vermiculaire à côtes circulaires fines, contourné en turbinite. Fig. 10, tuyau vermiculaire à côtes fines longitudinales & circulaires, & contourné en tireboure, Fig. 11, tuyau vermiculaire à côtes fines longitudinales & circulaires, contourné en Vis. Fig. 12, tuyau vermiculaire life, coudé en fiphon. Fig. 13, tuyaux vermiculaires à côtes fines longitudinales , irrégu- lièrement contournés. ° Fig. 14, tuyaux vermiculaires liffes, irrégulièrement contournés. Fig. 15, tuyaux vermiculaires à côtes fines longitudinales, irrégu- lièrement contournés. Fig. 16, tuyaux vermiculaires liffes, irrégulièrement contournés. Fig. 17, tuyaux vermiculaires lifles , irrégulièrement contournés & formant un plus gros groupe. Nota. Tous ces tuyaux vermiculaires font foffiles. PURLAUNEC "A EPHE Figure 1, tuyaux vermiculaires , contournés & amoncelés, Fig. 2, tuyau vermiculaire à côtes fines circulaires, à tours ou pas alternativement gros & minces. Fig. 7, tuyaux vermiculaires à côtes fines longitudinales, irrégulière- ment contournés & amoncelés. Fig. 4, tuyau vermiculaire , finueux , à groffes côtes longitudinales, grénu , & qui a longitudinalement une rainure à jour dans toute fa longueur. Fig. $, tuyaux vermiculaires liffes, cylindriques ou triangulaires , finueux ou contournés en vis par un bout, attachés fur une grande huître. * Nota. 1.° Tous les tuyaux des Planches I, 11, III, font ou coniques ou cylindriques; les dentales font coniques, les entales cy- lindriques ; des tuyaux vermiculaires , il n'y en a que quelques-uns de la figure j de cette Planche qui foient triangulaires. 2°. Les. tuyaux des figures 1, 4 ér 5.de cette Planche III, font foffiles; ceux des figures 2 à 3 ne le {ont pas. o 3° DES SCIENCES 54 3.° Celui de la figure 2 pourroit être regardé comme une fcalata, sl en différeroit par la lame tranfverfale qui fépare chaque pas, auxquels elle n’eft pas adhérente par toute fa furface, La fcalata ordinaire à plufieurs lames femblables pofées verticalement & qui lui forment des efpèces de eûtes à jour. PLANCHE I V. Tuyaux vermiculaires cylindriques, liffes, finueux, formant par jeur réunion des corps ramifiés, Figure 1, branche détachée. Fig: 2, tronc avec l'origine d'une branche, Fig. 3, wonc avec une portion d'une groffe branche, & l'origine de plufieurs autres, Fig. 4, portion d'un tronc avec le nœud d'une branche. Fig. j, tronc avec une longue branche femblable à celle de la figure 1.%*, & des chicots de plufieurs autres, Fig. 6, tronc qui jette deux branches, dont une fe ramifie en deux autres ; Îles tuyaux de cette maffe font plus fins que ceux des troncs précédens. i Fig. 7, tuyau vermiculaire prefque cylindrique & life, qui fait groupe ou qui eft fimple ou folitaire. Fig. 8, tronc qui fe ramifie comme celui de la figure 6, mais un peu différemment & dont les tuyaux font encore plus fins. Nota. Tous les tuyaux repréfentés dans cette planche font foffiles. PLANCHE V. Tuyaux vermiculaires cylindriques , liffes , finueux , formant par eur réunion des corps ramifiés, Figure 1, portion de tronc. Fig. 2, portion d'un tronc moins gros & plus alongé, Fig. 3, portion d'un grand tronc coudé ; ce coude peut être l'origine d’une branche ou fimplement une déviation du tronc, qui n'étoit apparemment pas droit dans toute fa longueur. Fig. 4, male entière de tuyaux femblables aux précédens , & qui a la forme de corail ou de madrépore branchus, & dont les branches s'anaftomofent. Nota. 1° La mafle de la fgure 4 de cette planche V n’eft pas foffile ; elle eft de 12 Méditerranée à ce qu'il paroït; celles des figures 1,2 & 3 font fofiles. | Mén. 176, LL. ne À 146 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 2.° Les dentales foffiles de la planche I font de différens endroits, tels que peuvent être Courtagnon, Grignon, les environs de Tours. Les entales de cette même planche ont été trouvées dans les carrières des environs de Tours. Les tuyaux vermiculaires de Ta planche II font des mêmes carrières des environs de Tours, excepté ceux des figures 4, 8 à 9, qui font de la Ferrière de l'Arçon. Le groupe de la figure 1 de la planche III eft de la Ferrière de T'Arçon. Le tuyau de Ia figure 4, des environs de Chaumont en Vexin. L'huitre chargée de tuyaux, figure $, de la montagne de Saint- Mihel ou de Saint-Michel, des environs. de Toul en Lorraine. Les tuyaux repréfentés dans la planche IV font tous des environs de Tours. Ceux des figures 1, 2 à 3 de la planche V font du même endroit. USER L: SIERRA - Û : D ,. ue t Mim. de LAe.R:des Se. 1760 Lag. 146. Re DT. de à Je ! NE D Mende V'Ae.R. des Je 1760. Pag. 146. PL.2;: NE re Je, RSFIRETTS 47 a 4 PR Mem.de l1Le R des Se.17 60. Pa a, 146: PL. 8. 1e Cal pe is pompes À Mem. de L'Ac.R: des Se.1760Paa. 146: PL. 4 DIRE Le) ” ss ME + my APN Mende l'Ac.R.dar Se.1760 Pag. 146 PL, 8. D'E.S, SGH 'E N° CES. 147 OBSERVATIONS ET RÉ CORAIE »-D\E LA! COMÉT É Qui a paru aux mois de Février à” Mars de cette année 1760, dans la conftellation du LION. Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. PE Comète a paru avant que la précédente, fur laquelle je lus un Mémoire il y a quelques femaines, eût ceflé d'être vue à la lunette; je n'en fus averti que le 8 Février, un peu avant qu'elle atteignit l'oppofition avec le Soleil. Ce jour-là elle paroïfloit à fa vue fimple fans éclat, & avec une queue peu fenfible; elle reffembloit à une étoile de la quatrième grandeur, un peu terne: je la comparai deux fois avec l'étoile n du A, en me fervant de la lunette de deux pieds & demi, garnie du réticule dont j'ai fait la defcription dans un autre Mémoire. Le 9 Février, je comparai encore la Comète à # du Q, & par le calcul des pofitions que j'en conclus, je trouvai- que loppofuion s'étoit faite le 8 Février à 15 37° 13", temps moyen, dans 194 55" 31" Q, la Comte ayant alors 34 47° 17° de latitude boréale apparente. Le 11 Février, je comparai a Comète à À Q, dont je pris l'afcenfion droite & la déclinaifon dans les Éphémérides de Zanotti, après les avoir rectifiées fur celles des belles Étoiles voifines qui m'étoient parfaitement connues. La Comète n'avoit de queue fenfible qu'à la lunette. Le 12, je comparai la Comète à À & € Q, & le 14 à e & x Q: le temps s'étant enfuite couvert jufqu'au 17, ce jour-là je trouvai la Comète prefque auffi claire que les din 19 Mars 1760. 148 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE jours précédens ; je la comparai à 7 &, dont je pris la pofition dans le catalogue de Flamftead. Le 20, la Comète étoit près d'une petite étoile qui n'eft dans aucun catalogue ; ceft la plus orientale d'un groupe formé en arc de cercle, & marqué fur les cartes par « %. Je déterminai le 22 la pofition de cette étoile, en a comparant, en même temps que plufieurs autres, à une étoile de la quatrième grandeur, placée au bout de la queue du Lynx, felon les conftellations d'Hevelius. Je donne ici les pofitions apparentes de ces Étoiles, afin que ceux qui sen feroient fervi ces jours-là, faute d’autres, puiflent les employer aux calculs de leurs obfervations. Afecnfion droite | Déclinaifon boréale apparente. apparente, Grandeur. 132% 31° 6"|33% 19° 48”|6 ou7 133. 19 2133. 30. 15 |6 ou7 133. 30. 26134. 51. 6]|$ ou 6 135 6. 58135. 36. 30 |5 ou 6 135 37. 4634 31. 15 |6 136. 41. 24|33. 55. 20 |6 136. 44 58 |33. 16. 40 |6 Le 22 Février, je comparai la Comète à l'étoile du Lynx, dont j'ai parlé, & j'en pris les différences d’afcen- fion droite & de déclinaifon avec la plus grande exactitude poffble, parce que je deftinois cette obfervation au calcul des élémens de l'orbite de la Comète. Les mauvais temps, enfuite le clair de la Lune, ne per- mirent pas de revoir la Comète avant le 4 Mars. Ce jour, elle étoit déjà fort foible de lumière, & fans aucune appa- rence de queue; je la comparai à l'étoile n de la grande Ourfe, dont je déterminai enfuite la pofition, comme je le dirai bientôt. Les 6, 7, 8 & 10 Mars, la Comète, qui avoit rallenti extrêmement fon mouvement, étoit encore près du paral- lèle de la même étoile à laquelle je la comparai. Je la vis DES SCIENCES. 49 encore le 11, mais fa lumière étoit fi foible dans ma lunette de deux pieds & demi, qu'il ne m'étoit plus poffible de m'aflurer des inflans des paflages de cette Comète par les lames du réticule: j'en ceflai donc les obfervations, quoique jeuffe pu les continuer jufqu'à la pleine Lune de ce mois de Mars. Je joins ici, dans une table, les afcenfions droites & décli- naifons, les longitudes & latitudes que j'ai trouvées chaque fois que j'ai obfervé la Comète. Temps vrai Afcenfion droite. | Déclinaif, boréale, Longitude, Le 8 Févrierà 7h20" 58"|r434 56° 35"l174 52° 12°|@ 20û 25’ 52 à 9.29. 28 |143. 50. 43 [18 o.24| 20.17. 22 Heno er. à 8.48. 50 |142. 50. 5 |19. 44. 43 | 18.40. 18 LOT: - 4 417. 212% 35 |r40. 53: 35 |22. 56. 22 16: 5. 3 Ler2..:.. à 7.47 4139. 53. 2124. 27. 29| 14.43.21 IL 0 à 6. 41. 01138. 6.20 |27. 10.20! 12.20. 18 LENTAMIAIEE à 9.35. o|135. 31. 35 |30. 47. 16 9. 2.24 Ec20 7. à 10. $. 10 |133. 18. 16 |33. 40. 5 6. 19. 35 LES à 7.17. 30132. 6.45 |35. 9.23 4e 54. 31 COCO LORS SI SES RCR ER ES TP: A5 22000 Le 4Mars.. à 7.23.24/|127. 0. 3$ |41. o.40 [S29. 9.45 LEO EENE à 7.24. 54 126. 25. 15 |41. 40. 50 | 28. 3r. 4 LENOIR à 10. 35. 50 |126. 8.20 |42. 1.40 | 28.12.10 Le 8....,à 8. 38. 55 |125. 55. 5 |42. 17. so] 27. 56. 50 Lero..... à 11.52. Of125e 29. 43 [42. 51.12 | 27.28. so Avant que de calculer l'orbite de cette Comète, j'ai cru devoir m'aflurer de l’afcenfion droite & de la déclinaifon des Étoiles qui feroient employées aux déterminations fonda- mentales de ce calcul. Pour cela il m'a fallu obferver les étoiles de la queue du Lynx & » de la grande Ourfe. Le 10 Mars, par douze hauteurs correfpondantes du Soleil, prifes avec le quart-de-cercle de trois pieds, conftruit pour feu M. Bouguer, je trouvai Le midi vrai à ma penduleà....,,.......,,.. 23" 23° 32",r Par une hauteur correfpondante, # paffa au méridienà 8. 43. 48,5 ii Latitude boréale, D D D NN DR D D = 2101 26. 46. 14e + 24. “120 Vire . 304 + 39. #4 42 48 s° 18 150 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Par douze hauteurs correfpondantes , la queue du Lynxä........................... OMC RE CT Par treize hauteurs correfpondantes , & A paflaa.... 9, 54. 23,5 Le v1 Mars, par douze hauteurs correfpondantes, Procyon pañfa au méridien à...... dA-ruleherereté 7e 25+ 40,5 n de la grande Ourfe par 14à.............:.. 8,43 05437 a du @ par 8 à4.4.4..%4.%. leur. 9. 16. 56,8 GIDIPARNO AL: EL et ee 205 Ar MONDE g A PA 164....... 0.00 ee 0e asie e 11. 7.427 VAN PAT TA A ets sdl anni aie laieeie ee ehele = lei 11. 32. 28,9 J'obfervai enfin , avec mon fextant de fix pieds de rayon, les diflances au zénith qui fuivent, & qui font corrigées feulement de la déviation de la lunette à l'égard du premier point de la divifion, laquelle eft $", 7 fouflractive. h de la grande Ourfe. La Queue du Lynx, À &: s &. y mm. Le 8 Mars. 618’ 14”,8|13%27 33,0 Lerc:#-0648- 16,5 13 272302 Lérrtsn. sua Solos 2095124050 3.3 l40020/524,340 66/50 J'ai rapporté ici les obfervations des étoiles du Lion & de la Vierge en faveur de ceux qui y auroient comparé Mars, qui étoit alors en oppofition avec le Soleil. Par le calcul de ces obfervations, en fuppofant l'afcenfion droite apparente de Procyon, de 1114 41" 0",6, & celle de «a Q de 1484 53° 38",1; employant d'ailleurs les mêmes élémens dont je me fuis fervi pour réduire les obfervations des Étoiles qui font dans le livre intitulé, Affronomiæ fimdamenta ; je trouve les pofitions fuivantes pour le 10 Mars 1760. Afcenfion droire apparente, Déclin, boréale appar. n de la grande Ourfe... 131% 14. 33 4e 04243 8" La queue du Lynx... 136. 35. 37,5:.... 35.123142 2 AIR Ua la ele ele ele tel Le 139. 30. 2,1:.... 24 MOT SC CT 0 NS CO PVEL DEA 20e AMAR OT 720036 rnb ur MR CR EE 173 22e S1,0+- TS 2e 27 DES SCIENCES. ISI Ayant dégroffi la théorie de cette Comète für les quatre premières obfervations que j'avois faites, & fur une obler- vation du P. Pézenas, faite le 6 Février à Marfille, je trouvai que l'inclinaifon de fon orbite étoit d'environ 80 degrés, & que par conféquent fon mouvement en longitude hélio- centrique étoit très-petit en cômparaifon du mouvement en latitude; c'eft pourquoi je pris le parti de faire le calcul pour la recherche des élémens de forbite, en fuppofant d'abord que la latitude héliocentrique de la Comite étoit au moment de l'oppofition de 14 22’ boréale, & le 7 de Mars à 10} 35° $o”, temps vrai, de 124 58 aufli bo- _réale: faifant enfuite varier alternativement les latitudes de deux minutes, j'en conclus que les véritables latitudes avoient été de 14 21° 5", & de 124 56 28"1; furquoi je dé- terminai enfin les élémens qui fuivent. Le nœud afcendant dans 4f 194 39° 24", le périhelie dans 17234 24° 20”; l'inclinaifon de l'orbite de 784 59’ 22"; la diflance périhélie de 0,798 51 parties du rayon de l'orbite terreftre fuppolé — 1 ; le temps du paffige au périhélie le 27 Novembre 1759 à 2h 28° 20" de temps moyen au Méridien de Paris, le mouvement dired. Je ne connois aucune Comète dont la théorie ait quelque rapport avec celle-ci. 27 Février 1760. 152 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EL ÉLENS DPEEA COMÉTE OBSERVÉE DANS LE LION. Par MAN PEN CT: ETTE Comète peut être appelée la feconde Comète de 1759, puifqu'elle a paflé par fon périhélie avant celle que l'on a obfervée au commencement de Janvier de cette année: j'ai calculé fon orbite fur les Obfervations que M. Meffier a lûes à l'Académie, & fur deux Obfervations qui m'ont été communiquées par M. le Monnier, & j'ai préfenté ces Élémens à l’Académie le 1 6 de ce mois; mais, à l'aide de nouvelles Obfervations, je les ai perfectionnées depuis, & j'y ajoute aujourd'hui une comparaifon de plufieurs de ces Obfervations avec le calcul réfultant des Flémens. Cetie comparaifon étoit néceffaire pour prouver l'exaétitude de ma théorie. Les quatre premières Oblervations font de M. Meffier, la cinquième de M. le Monnier , les autres de M. Caffini: les premières, faites avant le paffage de la Comète en fon Nœud, m'ont paru pouvoir être d'un très - grand fecours pour fixer la théorie de ce nouvel Aftre, quoiqu'il y ait peut-être de juftes motifs pour en révoquer en doute l'exactitude. J'ai toujours été perfuadé de la vérité du proverbe : Vis unira fortior. Périhélie en g........ SN La aie ra us à 2e 23 BB 2T OS La Comète y a palñlé le 27 Novembre 1759, Temps MOVE A Eee ele ie ee Cie ATOME ts. Nœud'alcendant en ee ARR REP 194 39° 41° Inclinaifon. . ... A M NOUS 5 AIRES A ESS HAS tb CNE SU Diftance logarithmique du périhélie. ..,...,.... 9,903844 La Comite eft directe, Mois DS SU EN, CE, S. RS ROTS Temps vrai | Temps | Lonciupe | Loncirupe |ÉRREUR|[arirupe|LariTunr| ERREUR des 4 ; u Jours. |Obfervations| MOyen. obfervée. calculée, Calcul. 14 24 23 m18.13.10 o. o 120.46. 1 [20.45.46 |—o.rs 17 12. gi 8.46, 55 |-o. 1 |13.10.49:|13. 9: 57] — 0.52 12, ÿ4 18 |@ 26.52.20 | Q26. $0.10 |— 2.10 | 12.33.4121 2:33.43 |+o. 12 8. 51. 37 2337. 113] 23.37.40 [0.28] 0,23.23+ 0.24.17 |+o.531 12.12.44 | 18.36.39 18.37. o |+o.21 | 457.422 4.57:37+|—0. 5 8. 16.35 12.16.25 12.116,20 |—o. $ |10.33.23 |10.32.22 |— 1. à 11, 12.25 8. 58.27 8. 58.27 0. 0 |13.18.232| 13.10. 5614 1,33 10.39 9 4-48: 25 448,18 |[+o. 7 |16.44.10 16.44.13 |[+o. 3 x EE S D | D. M. S Pour faire ces calculs, j'ai pris le lieu du Soleil & le logarithme de fa diftance à la Terre dans la Connoïffance des Temps. Mém, 1760: : V x4 Juin 1760. x$S£ MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DIS ENR IT ANT TONNES DE L'ECLIPISE DE SOLE DU' #13 JUIN ‘1760, Faites à Paris, au Palais du Luxembourg. Par M. DE CHABERT. 1 RSR examiné avec grand foin l’Inftrument dont je comptois de me fervir ; c'eft un micromètre objectif de 1 5 pieds 6 pouces de foyer, mefure d'Angleterre, adapté à un télefcope de réflexion de 9 pouces + même mefure, fait à Londres par M. Short. Le télefcope avoit été exactement difpolé pour les rayons parallèles, & la pofition des deux fegmens d'objectif bien vérifiée. La connoifflance de l'état & de la marche de la pendule, étoit auffi aflurée par des hauteurs correfpondantes du Soleil , prifes le o & le 12 Juin. Après avoir obfervé fe commencement de l'Édip£, que j'aperçus bien inftantané à 6 41° 16", & que je préfumai avoir été vu une feconde, ou tout au plus deux fecondes auparavant , je mefurai d’abord quelques diftances des cornes, enfuite je pañlai à la mefure de la partie éclairée du diamètre du Soleil, perpendiculaire à la ligne des cornes; j'en pris huit phales pendant que l'Écliple augmentoit, & enfuite, à mefure qu'elle. diminua, je repris les mefures correfpondantes de ces mêmes phafes. Aux environs du temps de la plus grande phafe , je m'atta- chai à mefurer la partie reftante du diamètre, & je a trouvai de 16° 45" au moment que l'Éclipl étoit la plus grande, c'eft-à-dire à 7h 30° environ. J'obfervai auf, à l'inftant de la mefure de toutes ces phafes , quelle étoit l'inclinaifon de la ligne des Cornes avec le vertical, DES SCIENCES 155$ L'Inftrument donne cette inclinaifon, ce qui mêt en état d'avoir égard à la réfraétion convenable dans l'ufage des Obfervations. . Je vis la fin, avec la plus grande précifion, à 8° 21° 43"; & pendant toute la durée de l'Écliple, qui fut de 1h 4o' 28", je fus entièrement à l'abri du vent. Les dix phafes correfpondantes, dont je donne ici les mefures , font autant de moyens de connoître le temps & le lieu de la conjonétion, ainfi que l'erreur des Tables en lon- gitude & en latitude. Elles montrent encore, par le court intervalle que l'on voit entre ces Obfervations (lequel eft communément de 2 à 3 minutes fans fe preffer), combien on trouve, dans l'ufage de l'Inftrument dont je me fervis, d'avantages & de commodités. - J'ai évalué les phafes que je rapporte, en fuppofant le diamètre du Soleil de 31° 34,3, tel qu'il eft dans la Con: noiflance des Temps, & j'ai fait valoir le même nombre de minutes & de fecondes à celui des révolutions & parties du micromètre, trouvées le même jour dans la mefure que je pris du diamètre du Soleil, j ÿ ÿ 156 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 1 MESURES CORRESPONDANTES DES PHASES DE L'ÉCLIPSE, prifes avec un micromètre objehif de 1 ÿ pieds € pouces de foyer , mefure d'Angleterre , adapté à un télefcope | de réflexion de 9 pouces à demi, même mefure, fair à Londres par M. Short. I PIRE | PR CHR ED EEE IE QE DEEE EEE DEEE ECO PT e —— \ [GRANDEUR] / TT \ L'ÉCLIPSE AUGMENTANT.| desPhafs, L'ÉCLIPSE DIMINUANT. mm | À fuppofant [ Mr ere Serbe 16. 46,8 L'érat & la marche de la pendule étoient très- As 7. 29 57 6 42 8 * D pee pe des pers correfpondantes du aites ASIA EEE QE 5 À oleil , priles le o & le 12 Juin. nn lenvirons 0 71805 le etes 16. 44,8 Le Free aie Ar as Re pe ls : rayons paralleles & {a pofition "des deux fegmens d'ob- LA RUE 7° 390$ el 6o.....|16. 45:77 jetif bien vérifiée. fe k PSS I 7- 32+.:.] 62..... 16. 46,1 AN. B, Les Obfervations marquées d'une étoile font Ainfi la partie éclairée reftante du diamètre , fut de 16’ 44, 8 déc. aucelles qui ont laiffé quelque doute. moment que l'Éclipfe étoit la plus grande , c'eft-à-dire à 7h 30” environ. EE | s2C-SX4 c : INQUNAERR ANTÈTE RGO aan | ommencé e la d » p PE TEMPS ligne des Cornes du SOLEIL; É des Cornes TEMES | a I apercevoir vo marquée de 31/34", marquée vrai. | = 41° 16”. par linftrum.' Ë linftrum.t | Commencement | H M. Degrés. IM S Dé. F Drgrés. HA. M. S. préfumé. | 6. gt. 1ÿfere.esseles... elec. CN FIN. | | AR CR PE loterie 1100202334 ELLES cl OEM Pr | Diflances É ï - Diflances | DES CoRNES.{6+ 47 1| 2 13. 21,2 66: +..[8. 15.11 / 48 50 À ce 15. 14,4 69 helene Bee 2/2 DES CORNES. CSS MOINE ESE ETS PEUT a ss... 8. 5.36 | - 7-02 MO |MTO et. lan 206 23e... 18. 56. 52 : panel Sad ssl Poser les. ne ç frise AS orern. 7. 7: 4923211 -/20.12%;2 AE 8. 51.26 Vu SOLEtE perpendiculaire ÿ, 11,0 x 19. 375 BB 0 BR 4e perpendiculaire à la FAN SR à : à la ligne des Cornes. #7" 13 38 mArre 18. 50,8 | 833-.--18.45. 25 ligne des Cornes. 7010018 MA GER 18. 1H,1 8r..... 8.43. 6 2 7e 18 34 39% ue 17 44,2 76 LÉ GRETE 7:40 21 DES SCIENCES. 157 OBSERVATIONS D'UNE COMÉÊTE QUI PAROIÏIT DANS LA CONSTELLATION D'ORION, Faites à l'Obférvatoire Royal, le 8 Janvier 1760. Par M. MARALDI. sa aperçu hier, 8 de ce mois, à 7°2du foir, dans la conftellation d'Orion, une Comète environnée d’une chevelure qui, à la vue fimplé, paroifloit un peu moins grande que le difque de la Lune, fa lumière étoit foible & pâle, un peu plus vive cependant vers le milieu : je l'ai regardée avec des lunettes de différent foyer, & j'ai vu au milieu un noyau affez bien terminé; fa chevelure, dans laquelle on voyoit une petite Étoile, m'a paru occuper 20 minutes au moins; en attendant fon paffage au méridien, je l'ai comparée à la hâte & fans beaucoup de précaution à l'étoile x d'Orion, & à 8h 30", j'ai trouvé fon afcenfion droite de 8 84 29’ environ ; mais quel- que temps après m'étant aperçu que l'Etoile qui étoit dans fa chevelure en étoit fenfiblement éloignée, nous difpofimes, M. de Thury & moi, la machine parallatique avec tous les foins poflibles, & ayant comparé la Comète à la même Étoile, nous trouvames à 9* 16° 40" fon afcenfion droite de 874 34! 5 2”, & la déclinaifon de 94 50° 1 2” méridionale ; à fon paffage au méridien, qui arriva à 10h 25° 53" environ (car je n'ai pas eu le temps d'examiner avec fcrupule Fétat de notre pendule), l'afcenfion droite a été trouvée de 8 64 1 2° 24", & Ja déclinai- fon de 9{ 1 6" $ 3" méridionale. Enfin à 1 3P 37° 24”, l'afcenfion droite étoit de 824 36° 5 6", & la déclinaifon de 74 $ 3" 41"; de forte qu'en 45 20° 44”, fon mouvement en afcenfion droite a été de 4 57’ 46" d'orient en occident, & fon mouvement en déclinaifon de 14 5 6” 3 2" du midi au nord. FE V üj 9 Janvier 1760. | 358 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES, FAITES À BITCHE EN 1756,1757 & 1758. Par M. l'abbé CHAPPE D’AUTEROCHE. N 1753, je fus chargé, par ordre du Roi, de la direction des plans que Sa Majefté faifoit lever dans le comté de Bitchegquoique fa fituation de cette ville au milieu d’une vafle forêt de Ja Lorraine allemande, rende le ciel peu propre aux obfervations aftronomiques, y étant prefque toujours couvert de nuages ; dès mon arrivée je cherchai les moyens de me procurer un quart-de-cercle que feu M. Caflini n'avoit dit être dans le Cabinet de M. le Prince de Deux-ponts ; je ne pus me procurer cet inftrument qu'en 1756, par le canal de M. de Morlket, Commiflaire des guerres à Bitche, grand amateur des Sciences, dont il s'eft toujours occupé. Avant de faire ufage de ce quaït-de-cercle, qui avoit 3 pieds de rayon, je voulus déterminer le rapport de la vis du micro- mètre avec les minutes & fécondes des degrés de la divifion, & connoître la quantité dont haufloit ou baifloit la lunette, Pour déterminer le rapport de la vis du micromètre, je mefurai, avec tous les foins poflibles fur un terrain uni, une bafe de cent toiles, dont les extrémités étoient terminées par deux pointes de fer; je plaçai fur une extrémité de la bafe un plan qui lui étoit perpendiculaire & qui fupportoit deux mires éloignées de trois pieds fix pouces ; l'autre extrémité de a bafe répondoit exactement au tiers de l'épaiffenr de l'objectif du quart-de-cercle : après avoir vérifié plufieurs fois fa valeur de l'angle, qui avoit pour bafe la diftance des deux mires, je * Ce Mémoire a déjà été I à l'Académie avant que j’euffe eu l'honneur d'y être reçu ; il avoit été deftiné pour être imprimé dans les Mémoires des Savans étrangers, ainfr qu’un Rcohd que j'ai là dans le même temps fur les montagnes des Vôges, les corrections que j'ai faites à ces deux Mémoires m'ont engagé à les relire de nouveau à l’Affemblée, DES SCIENCES. 159 trouvai que cet angle de 20 minutes exactement, répondoit à 7 84 parties, & une minute à 22. Pour déterminer la quantité dont haufloit ou baifloit la lunette du quart-de-cercle, j'obfervai la hauteur de l'étoile » de la queue de la grande Ourfe, l'inftrument étant tourné dans deux fens différens *, Le 28 Mai 1757, j'obfervai la hauteur méridienine de cette Étoile d'inftrument tourné à l'occident... ,........ … 88% 30 —328" Le 2Drrrossssse sean , 88. 30:—327 RES JS Late sh ICI ble AN 20 2 88. 30.—28 (Par Mn MIE ee à aeid Lol enete at à RURALE VA 88. 30.— 3272 Hauteur réduites ANA An na LC UNE ER 8821 37" Le 30 Mai, l'inftrument tourné à l'orient.. 4... 914 39 —3792 EME REMRERNE au bel +. 91. 30—3813 MCE AA SRE ONE CP AMENER à 91. 30.—380 £ Pacun milieu BL TEL SEAL ME 91. 30. 3802 Hauteur réduite. .....,...400,.0078 FETE des L'inftrument tourné à l'occident ..,....... 88. 2r. 37 SONT EÉdeta tal). e Labs MN EE Ru RAR APT PIRE D'où l'on déduit 9’ 2” pour la quantité dont baiffe la lunette. OBSERVATION de la latitude de Biche. Le 2 Octobre 1756, j'obfervai la hauteur du bord fupérieur du Soleil de 374 20'— 148 +, réduite. . .…. cesse 374 16° 51 Quantité dont baïffe la lunette... ....,..... + 9 2 Hauteur apparente du bord fupérieur. ........ 37 250 TS Réfraction — Ia parallaxe. . . .../.... SU Cr, ro Hauteur vraie du bord fupérieur, ....,.:..... YANEAENDS Déni: daméner titane here age de vin he $ Hauteur vraie du centre. ...,..,..,...... 37 8.110 Déclinaifon méridionale ....,:.,....,.... +3 49. 28 Hauteur de l’Équateur.. ............. +... 40. 57. 28 Latitude de Bitche. . : :..... Sen. 4 these 49. 2. 32 JA On rapportera dans ce Mémoire des obfervations faites précédemment: à celles-ci, le mauvais temps & mes occupations m'ayant empêché de Le: Rire en 1757. 160 MÉMoirEes DE L'ACADÉMIE ROYALE J'obfervai le 9 Oétobre de la même année la hauteur méri- dienne du bord fupérieur du Soleil de 344 3 5° 9", &le11 de 33449" 37"; de ces obfervations, j'ai déduit les latitudes fuivantes. Ré aAO0Étabre ASS ORe EAMTA TeE Ne Re AIO NZNE 24 Mere é A LE DAS à DIS OMAN Hernies SO A ie À du D dote .c Be Me 49.02.0419 Prenant un milieu. ,...... das OR AR CAO STE, En faifant ufage de Fobfervation de l'étoile n de la grande Ourfe, on a le 30 Mai 1757 fa diflance au zénith de.... 1% 20° 18" Quantité dont baiffe la lunette. .......... ; TO 2 Diftance apparente au zénith. ........ ss SE I. 29° 20 Rétachont-e eee ARC che pter ue I Diflance corrigée par la réfraction. . . ..... sine Te: 2 DD Pour avoir la déclinaifon apparente de l'Étoile , j'ai fait ufage des nouvelles Tables que M. l'abbé de la Caille a publiées en 1757, dans Jefquelles j'ai trouvé la vraie déclinaifon de l'Etoile pour l'annee 02 idee ei lee Et 2: 90 3 ANDRE IDE MINOR a LI attstere lo ie ete te 7 Déclinaifon corrigée par la déviation. ......... 5o. 34. 18 Prétefion slt: ner bre 1 AE — 2. 14 Déclinaifon corrigée par lapréceffion. ........ 50. 32. 4 ASE Des FM SM EN ME — 15 Déclinaifon apparente. ...,..,.... sntoiete ms IS OUI Ts 40 Diftance au zénith..... NT NEUTRE —I. 29. 21 TatitudeldeBitehe CCM PSV MAI IV2TER Par les hauteurs méridiennes du Soleil. .... srl 49e eniluié Comparant cette latitude à celle déterminée par des opérations éométriques, qui me donnèrent la diftance de Bitche à la méri- Sen de Paris, de 190 mille 890 toifes, & à la perpen- diculairede 18 mille 632, je trouve Ja latitude qui en réfulte plus grande de 29 fecondes que celle déterminée par n de la grande Ourfe; mais il ne m'étoit guère poffible de lavoir plus exactement par mes opérations géométriques, à caufe de da petiteffe de l'inftrument dont j'avois fait ufage à ce fe A éduit D'E SUSICU EN c Es rér déduit des mêmes opérations la différence des méridiens entre Bitche & l'Obfervatoire royal, de 516'20",&en temps 2025", dont Bitche eft plus à l'orient, Occulration de « du Taureau fous le difque de la Lune, le 2$ Février 1757. Je me füuis frvi dans cette obfervation d’une lunette de 8 pieds, à deux verres convexes, mais fa pendule n'étoit pas des meilleures : je lavois réglée par des hauteurs corref- pondantes ; le ciel ayant été couvert prefque toute la journée, Javois défefpéré de pouvoir obferver l'occultation de cette “toile; mais les nuages s'étant diflipés en partie vers 6 heures du foir, j'obfervai l'immerfion fous la partie obfcure de la Lune à 7h 3° 23"2, temps vrai; le ciel s'étantenfuite couvert de nouveau, je ne pus obferver l'émerfion. Occuliation de « du Lion, le 21 Juin 17$7: Cette obfervation a été faite avec la même lunette que Ja précédente & avec une nouvelle pendule, dont Ia verge étoit de bois & f'échappement de Graham, parfaitement exécuté à Metz: je ne pus obferver que l'émerfion qui commença à 8h42 32"+ du foir, temps vrai; l'Étoile ne me parut tota- lement détachée dela Lune qu'à 85 42’ 3 5"; quand j'aperçus cette Etoile fortant de derrière le difque éclairé de la Lune, elle étoit entourée d’une couleur rouge, & me parut beaucoup plus groffe dans ce moment que lorfqu’elle fe fut éloignée de. la Lune. Ce phénomène fingulier a déjà été obfervé par M. de File, dans 'occultation de Vénus par la Lune en 17, &en 1753, pa M Maraldi & le Gentil, qui remarquèrent cette couleur rouge dans la partie concave du croiffant de Vénus; en 1757, M. Maraldi obferva dans l’occultation d'Aldebaran par fa Lune, que cette Étoile employa plufieurs fecondes à fe détacher totalement de fa Lune IEC qui confrmeroit ce que j'ai obfervé dans l'émerfion du cœur du Lion. Ha Mém. 1760: » X 162 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE OBSERVATION DE L'ÉCLIPSE DE LUNE. Du 30 Juillet au foir de l'année 1757: Pour obferver fa quantité dés doigs dont la Lune féroit: éclipfée, j'avois fait conitruire un réticule fur lequel j'avois - difpofé treize fils parallèles , quelques minutes avant le commen- cement de l'Éclipfe; ils comprenoient exactement le diamètre apparent de la Lune & le divifoient en 12 doigts. - J'ai. obfervé cette Éclipfe avec la lunette de 8 pieds : Ja: pendule avançoit àmidi le 30 Juillet de 2 1° 10" fur le temps vrai, & de 34 fecondes dans vingt-quatre heures ; c'eft d'après ces obfervations que j'ai corrigé les temps des phafes de l'Éclip{e : marqués à Ja pendule. Temps vrai corrigé. Phafes de la Lune 10h 30 32” la Lune paroît entrer dans la vraie ombre. 10. 33. 6. il eft certain que l'Édipfe eft commencée depuis quel- que temps, mais l'ombre n'eft pas bien terminée à- caufe d'un nuage clair. 10. 36. 14:un doigt. 10. 41.17 deuxdoigts. 10. 45. 19 trois doigts ; l'ombre commence à être bien terminée: - 10. 50. 13 quatre doigts. : 10. 59. 6 Copernic entre dans l'ombre. - 11. 2: 9 Képler entre-dans l'ombre. 11. 4-11 fix doigts. ris 9. 16 fept doigts. 11. 22: 38 neuf doigtsà travers un nuage- Un gros nuage a enfuite couvert la Lune & m'a empêché d'obferver_les autres phales. . OBSERVATION- DE L'ÉCLIPSE DE LUNE: Du 24 Janvier au matin de l'année 1756. Dans Fobfervation de. cette Éclipfe, j'ai fait ufage de ls: DES SCIENCES 163 ‘même lunette, du réticule & de la pendule dont je m'étois fervi dans l'Écliple de 1757. La pendule avançoit le 2 4 à midi de 20° 34" fur letemps vrai, & de 4° 12"7 dans vingt-quatre heures; le ciel étoit très-ferein, tel qu'on pouvoit le defirer pour faire de bonnes obférvations. Temps vrai. corrigé, Phafes de 'Éclipfé 4" 35" 54" la Lune paroît entrer dans la pénombre. la Lune paroït entrer dans la vraie ombre. le commencement de l'Éclip{e paroît certain. on ne peut plus douter que Ia Lune ne foit dans l'ombre $. NA « sÙ A La LA 4 La Là La Là La Là Là L Se AE 54: 55- 56. ST 26 «6 46 24 56 42 Le I. 6 38 L2T 12 et .depuis quelque temps. -Grimaldus entre dans l'ombre. Grimaldus totalement.dans l'ombre, un doigt. Ariflarcus éntre dans l'ombre Ariflarcus totalement dans l'ombre. deux doigts. Mare humorum -éntré dans l'ombre trois doigts. Copernic entre-dans l'ombre. Copernic totalement dans lombre. quatre doigts. Eratofthenes entre dans l'ombre. totalement dans l'émbré. cinq doigts. Platon entre dans l'ombre. Tycho entre dans l'ombre, fix doigts. Tycho totalement dans l'ombre. Manilius entre dans l'ombre. Manilius totalement dans l'ombre: fept doigts, Menelaüs entre dans l'ombre. Menelaüs totalement dans l'ombre. Plinius entre dans l'ombre. huit doigts. K ij 164 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Témps vrai corrigé, Phafes de l'Éclipfes s" 41° 28" Promontaculum entre dans l'ombre. s. 41. $5 Promontaculum totalement dans l'ombre, + 43. 14 neufdoigtsz. 23 dix doigts. 48. 7 Mare crifum entre dans l'ombre. sr. 44 onze doigts. . 57 onze doigts x. 5. 27 onze doigts £. 57+ 39 la Lune s'éclipfe totalement. 58. r on voit encore une foible lumière. 58. 21 elle eft totalement dans l'ombre + LA LA KA LA LA LA LA LA LA . CÉR T ALAN Lu fe tj LA Us Quoique tout le difque de la Lune füt dans l'ombre, Ia partie par où avoit commencé l'éclipfe étoit beaucoup plus obfcure, aufli voyoit-on dans l'autre Âfare crifium à travers l'ombre ; la Lune me parut entrer totalemerit dans la plus grande ombre à 6* 38" 34", & fut cachée quelques minutes après par des nuages qui étoient à l'horizon. MES LS lelTir AM GE. Su, 165 OŒBISE R KA TI ON D'AAVÉCL LP SE" DIENS O.L'EA L, Faite à l'Obférvatoire royal le 13 Juin au matin J de cette année 1760. Pa M MARALDT A1 obfervé cette ÉclipR avec une lunette de 7 pieds, garnie au foyer commun des verres d’un réticule compofé de treize fils parallèles évalement éloignés les uns des autres, dont les deux extrêmes comprenoient exaétement au commen- cement de l’Éclipfe le diamètre du Soleil, qui étoit divifé par conféquent par ces fils en douze parties égales; le ciel à été ferein pendant tout le temps de l'Éclipe. hs PE EE 41” 19”, temps vrai, commencement de l'Éclipfe. 46. 26. l'Éclipfe eft de.... un doigt. SNA MINE IEC HONNEUE deux doigts. JB Dire re lg ele ete .... trois doigts. COUR SD D el ehetete quatre doigts. NE MODE CDD HAL +. cinq doigts. 30. o jai jugé l'Éclipfe de cinq doigts =, quia été la plus grande phafe, A9 Te dede delete tletsles- cinq- doigts. SC DO E LOST LES trois doigts. COR NAT OMC ON CHOC EE deux doigts: VE ROC Co Ab HE un doit. 21. 35 fin de l'Éclipfe un peu douteufe, parce que ma lunette, qui étoit pofée fur une machine parallactique peu folide & que j'avois été obligé de remuer quelques fecondes auparavant, vacilloit un peu. Suivant ces obfervations, la durée de cette Écliple a été de L' 40" 15". CRE, X iij 16 Avril 1760. 166 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SUR L A THÉORIE DES DEUX COMÉTES Qui ont étéobfervées au commencement de cette année. Par M. l'abbé CHAPPE D’AUTEROCHE. YA le retour de la Comète de 1759 avoit - il mis . le fceau à la découverte du vrai fyflème de l'Univers, que deux nouvelles Comètes parurent fur l'horizon: la pre- mière, qui parut le 8 Janvier à côté de l'étoile x d'Orion, étoit {1 vifible qu'elle fut aperçue le même jour par tous fes Aftronomes de l’Académie & plufieurs par ticulicrs ; elle auroit paru plus tôt fans le mauvais temps qui précéda le jour de fa découverte à Paris : la vitefle apparente de cette Comète, étoit fi prodigieufe, que dans vingt-quatre heures elle parcouroit 2 degrés environ en afcenfion droite; M.” Caflini & Maraldi obfervèrent ce même jour fon mouvement horaire avant & après le paflage au méridien pour en déduire fa parallaxe, Le 9, j'avois placé une lunette de $ pieds fur une machine parallactique, ayant au foyer de l’'oculaire un réticule romboïde; cette lunette que j'ai fait conftruire dans le goût de celles de nuit, n’augmente que vingt fois la grandeur apparente des -objets, mais elle a un grand avantage fur les lunettes ordinaires, procurant beaucoup plus de lumière & un plus grand champ: d’ailleurs, par Je moyen de cette lunette J'ai eu occafion de vérifier avec M. Caffini, que celles qui grofhiffent confidé- rablement ne font pas toujours les plus avantageufes dans les obfervations des Comètes; car le 1 s Janvier, M. Caflini voyoit à peine à Comète à fon paflige au méridien avec une lunette de 6 pieds, qui augmente cinquante fois la grandeur des objets, tandis que je la voyois parfaitement avec la mienne; elle avoit | DES SCIE N CES. 167 difpara dans fà lunette au commencement de Février, &c nous la fuivimes avec la mienne jufqu'au 1 1 du même mois, je remarquerai cependant que les obfervations faites vers ce temps, n'ont point Je degré d'exattitude des précédentes, les plus imparfaites étant toujours les premières & les dernières, parce qu’alors les Comètes ne paroïffent que comme un nuage qu’on voit avec peine, & qui ne permet pas de diftinguer le centre du noyau. Je rapporterai feulement dans ce premier Mémoire les obfervations dont j'ait fait ufage pour déterminer les élémens de la Théorie de ces deux Comètes; & je donnerai dans un. fecond le détail de mes oblervations: Suivant lobfervation du 8 Janvier, faite par M. Maraldi à 9" 1645" du foir, temps vrai, la longitude de la Comète étoit de 87< 8° 3 1", & fa latitude de 3349" 34" méridionale. Le 12 à 8" 40° sg" du loir, je déterminai la longitude’ dela Comète de 424 6’ 56”, avec une latitude de od 41° 10".- Le 16 du même mois à 9h 16° 41", je trouvai la longi-- tude de la Comète de 3 5423" 39”, & fa latitude méridionale de 44 25° 40". D'après ces obfervations; j'ai déterminé le paffage par le périhélie au 16 Décembre 1759, à 12h 58” 12", temps: moyen. FC Hièr de périhéhe io seed gflingt | 3" 52% Lenlieu-dumœnd,... hell ut 20/19. 1200124; E'inclinaifon dé l'orbite... ...:........ AAA NT Le logarithme de Ia diflance périhélie 39, 83064 — 9618 parties - dont la diftance moyenne de la Terre au Soleil eft de 10000. Cette Comète, qui d'abord avoit été très-vifible, n'étoit: prefque plus fenfible au commencement de Février; on a voyoit cependant ‘encore le 9, lorfque M. Meffer fit part à Académie, qu'il avoit découvert au mois de Janvier, une Attre Comèrs” 3 \ ë ET : obfervée nouvelle Comète qui paroifloit alors dans le Lion, de façon 1760%- que le même jour on obfervoit les deux Comètes. L'hiftoire nous fournit peu d'exemples où l'on ait vu en même temps: plufñeurs Comètes fur l'horizon: en 1165, deux parurent à: Lumière zodiacalc. Aurore boréale, 168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROTALE la fois, trois en 1618, & deux en 1 3 37. Tous les Hiftoriens conviennent encore, qu'en 729 on voyoit le même jour deux Comètes, une le matin à lorient, & l’autre le foir au couchant; mais il eft vraifemblable que c'éioit la même Comète. Le 11 Février, on jouifloit encore de l'apparition de ces deux Comètes; mais celle qui avoit paru dans Orion étant déjà très-éloignée de la Terre, je l'apercevois d'autant plus diffici- lement qu'elle étoit confondue dans la lumière zodiacale. J'ai obfervé ce phénomène, depuis le 3 Février jufqu'au $ Mars, repréfentant un cône, dont la bafe étoit cachée fous l'horizon, & la pointe s’étendoit jufque vers les cornes du Bélier, occupant ainfi dans le zodiaque depuis fe Soleil un arc de so devrés, il a enfuite augmenté fucceffivement jufqu'à la fin de Février, étant alors de 88 degrés. Le 14 Février, quoique le ciel füt très-ferein, je ne pus découvrir la Comète d'Orion, mais à 9 heures une aurore boréale parut au couchant; le ciel offroieainfi le même jour trois phénomènes également intéreffans ; ces trois phénomènes, la lumière zodiacale, l'aurore boréale & la queue des Comètes, fuivant l'ingénieufe explication de M. de Mairan, n’ont d'autre eaufe que latmofphère du Soleil répandue dans celui de la Terre. L’aurore boréale occupoit au nord-oueft 1 00 degrés environ & s'étendoit en hauteur jufqu'à Cafiopée; fa couleur blanche tirant un peu fur le jaune, reffembloit parfaitemement à F'at- mofphère de la Comète qui paroifloit à l'orient dans le Lion & à la lumière zodiacale qu'elle avoit effacée, avec cette dif- férence cependant, qu'elle étoit beaucoup plus vive & très- claire vers l'horizon, au lieu que la lumière zodiacale étoit d'une couleur tirant ui peu fur le rouge vers fa bafe, occa- fionnée fans doute par la grande réfraction qu'elle y fouffroit; l'aurore boréale au contraire, ne commencant à être vifible qu'au-deffus d’un nuage qui avoit $ à 6 degrés de hauteur, devoit par conféquent en éprouver moins les effets. La queue de la Comète du Lion étoit déjà beaucoup plus petite le 14 Février, & quoique toujours diriée du côté oppofé D'ESN SIEME.N C E « 169 oppolé au Soleil, elle confervoit conftamment une déviation méridionale : effet de fon mouvement propre du midi au nord: diminuant enfuite chaque jour, elle ne paroïfloit plus au com- _mencement de Mars, que comme une étoile de la cin- quième grandeur que je diftinguois difficilement des autres étoiles, n'ayant prefque plus de nébulofité. Je l’oblervai encore le 16 Mars, maïs lé mauvais temps & le clair de la Lune, ne m'ont pas permis de la revoir par la fuite. J'ai déterminé les élémens de la théorie de cette Comite, par mes obfervations du 16 Mars, du 22 Février & celle du 25 Janvier, faite par M. Meffier. De ces obfervations on déduit, pour le 2$ Janvier à 14h 29° 29", temps vrai, la longitude de la Comète de $f 184 11° 47", avec une lati- tude méridionale de 2 04 4 59": le 22 Février à 10h 34/ 30’, je trouvai la longitude dela Comète de 4f 44 49” 14", & f latitude 164 44° 1 5" boréale; le 1 6 Mars à 7f 59’ 21", la longitude de la Comète étoit de 31 264 31° 45", & fa datitude de 334 40’ 56". Par ces obfervations, je trouve le paffage par le périhélie de ta Comète du Lion le 27 Novembre à oh 43" 1 9" temps moyen. # Le lieu du périhélie.. ..........,..... ste 30,38" Bethenidiineud trie ele he As 19 40 15: L'inclinaifon de l'orbite. .............. 3 7900, 354193 Le logarithme de la diftance périhélie 39,042 18 — 802 1 parties dont la diflance moyenne de la Terre au Soleil eft de 10000. La Comète qui a paru dans Orion , paroiffoit rétrograde, Tarc héliocentrique qu'elle a parcouru en longitude, depuis e 8 Janvier à 9" 16° 45" jufqu'au 11 Février à 7 58 45" ou dans l'intervalle de 3 3i 22h 40° 25" eft de 334 21°30", & en latitude de 24 43’ 56” du midi au nord, ayant parcouru fur fon orbite dans le même temps un axe de 33% 17 6". La Comète du Lion a été directe, Tarc héliocentrique qu'elle a parcouru en longitude , depuis de 25 Janvier à 14h 29° 29" jufqu'au 16 Mars à 7h 59 21", ou dans l'intervalle de sai 17h 28’ 5 5" nel 2 = M, 1760: À s Éfémens de la Comète du Lion, De la Comète d'Orion, De celle du Lion; 170 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que de 4% 29° 4", & en latitude du midi au nord de 2 24 "13", avec un arc de 23410’ 31” fur fon orbite, dont Y'inclinaifon à Fécliptique étoit prodigieufe, favoir, de 794 3° 19", moins confidérable cependant que celle de la Comète dé 1707, qui avoit une inclinaïfon de 884 36 prefque perpendiculaire à l'écliptique. Les deux Comètes qui ont paru cette année, ont étéobfervées: fous des apparences phyfiques bien différentes; celle d'Orion a confervé fa nébulofité jufqu'au moment qu'elle a difparu, étant alors éloïgnée de la Terre de 13619 parties, dont la diftance moyenne de la Terre au Soleil eft de 10000 ; celle du Lion, au contraire, quoiqu'elle füt le 16 Mars plus près de la Terre de 1072 parties environ, n'avoit prefque plus de nébulofité fenfible :. il eft vrai que celle d'Orion, dans fa plus grande diftance à la Terre, n’étoit éloignée du Soleil que” de 13552 parties, tandis que celle du Lion en étoit éloignée le 16 Mars, de 20240. Cette grande différence dans leurs diflances au Soleil, me paroît la principale caufe dela différence de nébulofté qu'on a obfervée entre ces deux Comètes, quoique celle du Lion fe foit plus approchée du Soleil, à fon paffage- par le périhélie, de 1597 parties; car fi cette plus proche diflance au Soleil a dü procurer à celle du Lion une plus grande atmofphère vifible dans le même rapport , auf le 16 Février elle étoit plus éloignée du Soleil de 668 8 parties ; d'où Yon conclut qu’en faifant abftration des autres caufes phy- fiques, fi celle du Lion a dû acquérir à fon pañage par le- périhélie une atmofphère plus grande comme 1, le 16 Mars, elle a dû être plus petite comme 4 que celle de la Comète d'Orion le 11 Février, & n'être par conféquent prefque plus £nfible, 2 4. DES SCIENCES 171 NOUVELLE SOLUTION DE QUELQUES PROBLÈMES SUR LA MANŒUVRE DES VAISSEAUX, Qui Je trouvent dans le Vol. de l'Académie de 175 4. Par M CLATRAÀ UT NV chargé de faire l'extrait d'un Mémoire fort 26 Mars LVL intérefflant, que M. Bouguer a donné dans le Volume 1760. de 1754, je me fuis laiffé entraîner au penchant auquel les “Géomètres ont ordinairement bien de la peine à réfifter lorf- qu'ils lifent des ouvrages de Mathématiques, je veux parler -du defir de réfoudre les problèmes qu'ils y rencontrent, par ‘une route ou entièrement neuve, ou-du moins dans laquelle ils faflént ufage de moyens d'artifices qui leur foient propres. C'eft ce dernier cas qui m'eft arrivé: ce que la Géométrie evoit emprunter de la Mécanique, je F'ai pris dans le Mé- moire de M. Bouguer; convaincu que cet habile Mathéma- ticien exercé comme il l'étoit à Ia confidération des principes -de la Manœuvre des Vaifleaux , avoit choifi ceux qui devoient être les plus aifés à employer pour l'objet qu'il 'étoit propolé. Quant à J'ufage de ces principes, ou à la «manière d’en «déduire l'équation qui exprime les conditions du problème, .& au traitement de cette équation, mon goût pour les re- -cherches de ce genre m'a porté à examiner la difficulté par «moi-même; j'ai trouvé une manière de la réloudre, qui ma «paru mériter d'être publiée, foit par la fimplicité de l'analyfe, doit par celle de la conftruction qui en réfülte. Au refte, quand ma folution n'auroit pas Îles avantages que _Jy crois voir pour la commodité des opérations, j'efpère du moins que l'expofition que j'en vais faire, aura la clarté & la brièveté néceffaires pour être de quelque fecours aux Géo- mètres qui voudront s'occuper de la même matière. Y ÿ 172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ofe même affurer que c'eft ma principale vûe dans ce Mémoire, & que ce dont je fuis le plus éloigné, c'eft de vouloir déprimer les Ouvrages d'un Mathématicien à qui l'art de la Navigation eft redevable de tant de belles recherches. Les problèmes renfermés dans le Mémoire que je viens de citer, font au nombre de trois; dans le premier, qui ne- peut être que rarement utile, & qui n'eft, à proprement parler, qu'un préparatif aux problèmes fuivans, on fuppofe que l'obli-- quité des voiles par rapport à la quille eft donnée, & lon demande queile eff alors la route que le navire doit fuivre,. pour que la vitefle de fon fillage foit la plus grande qu'il puifle avoir. Dans le fecond, qui eft beaucoup plus important & dont on a fréquemment befoin, on fuppofe que la direction de la route eft donnée, & l'on demande quelle eft la pofition que doivent avoir les voiles pour le waximum du fillage. Enfin dans le troifième problème, qui eft de la claffe des maïima maximorum , on. fuppole que le Pilote n'a d'autre but que de s'éloigner le plus. vite qu'il eft poffible d'un lieu donné, & Yon demande, tant la direction de Îa route, que celle des voiles qui conviennent le mieux pour remplir cet objet; CET a Principes © dénominations préliminaires: Fig.1, BA, eft la quille du navire. À, fa proue, B fa poupe. ED, GF, deux voiles égales & parallèles, qui équivalent: à toutes les autres pour la quantité de furface frappée dans: toutes les inclinaifons poffibles. CM, diretion & melure de la force abfolue du vent. MI = «, direction & mefure de la vitefe relative da vent fur les voiles. CI — u, route du navire, & mefure de fa vitefle DAS, parallèle à 422. | D PHSANSUECIANE NICE: s. 173 DE + FK, furface frappée par le vent. v (DE + FK) fin. DKF?, impulfion totale du vent fur les voiles. iu, impulfion totale de l'eau fur la carène, À étant ce que la figure du navire, l'inclinaifon des voiles & l’angle de fa dérive contribuent à cette impulfion. La figure du navire étant donnée, 5 doit être une fonction de l'angle ACD, parce que la dérive eft elle-même une fonction de cet angle. Equation fondamentale de la Manæuvre. D'(DE + FKjn. DKF° = ii. Elle eft fondée fur ce que les deux impulfions précédentes , celle du vent fur les voiles, & celle de l'eau fur la carène, doivent être égales, lorfque le navire a acquis une vitefle conftante. - Après ces préparatifs qui font les mêmes que ceux de M. Bouguer, je pafferai à a folution des problèmes dont je viens de parler, & je m'attacherai d'abord au plus important, qui n'eft pas plus difhcile par ma méthode, que celui qui le pré- éède dans le Mémoire de 17 54e $ IE Pros. I. Le navire Juivant une route dont la direction ef donnée, trouver les conditions d'où dépend la plus grande viefle du fillage ! La folution de ce problème doit £ tirer de la différenciation de l'équation précédente, dans laquelle on fera 44 == 0, afin que # où la'vitefle C7 du fillage foit un maximum; mais pour rendre efficace cette différénciation, il faut ne faiffer dans Téquation précédente que les variables néceffaires, & fixer 14 relation qui doit être entre leurs différencielles, afin qu'elles difparoiffent toutes & qu'il ne refte qu'une équation en termes finis. Cette équation nous donnera, comme celle de M. Bou guer, la-relation qui doit être entre l'angle ACD des voiles: X ii, 174 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYyazE avec la quille, & l'angle DXF de l'impulfion apparente. du vent fur les voiles, afin que le maximnm demandé ait lieu. SOÉAC RAIN TIONE JU angle ACER l'angle DKF = 7, La largeur de à première voile... ......E£ED — 6, La diflance:des deux. mäts 4.1. 4 7. CET Avec ces dénominations FH — c cof.g; DH — cfin.q, € fin cof. € . ue & partant AK = = , qui, conjointement avec FH, compofe la partie varable EK de l'efpace frappé par le vent, D'où l'équation du paragraphe précédent fe changera en € fin. g cof. 2 2 v (b + € cof. g Fm HOME iu° bfnf He cof. q fin.” —H- € fin.g cof.? fin. — Jr Où Fb+zccof.g —+(b+ ccof.ghcof. 24 ou de 5 degrés, c'eft ce que les témoignages de Thierri, du Jacobin Bernard, du compilateur chronologique de Vito- duran, du Fr. Gilles lui-même, ne nous permettent pas d'admettre. En effet, le Fr. Gilles au Chapitre 7.° dit que la Comète fut d'abord vue le foir après le coucher du Soleil, & que peu de jours après, pafiant de l’autre côté du Soleil, on la vit lematin. Po//paucos dies , Solem pertranfiens , in mané vila eft. Ceci feul femble demander un mouvement en longitude plus prompt que le Fr, Gilles ne le fuppofe. Mais pourfuivons : on la vit, dit-il, le matin vers le 8.* degré de l'Écrevifle, & de-à, elle rétrograda avec promptitude dans les Gémeaux. Æz ex hinc co retroceffit in Geminos. Elle a donc eu, de laveu même du Fr. Gilles, un mouvement afléz prompt en lon- gitude, & a parcouru-en peu de temps au moins 8 degrés : donc encore une fois le témoignage du Fr. Gilles eft icien Aa i 188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE contradiétion & avec lui-même, & avec tous les auteurs de fon fiècle. Raflemblons maintenant toutes les circonftances de l'appa- rition de la Comète, éparfes dans les auteurs que j'ai cités. 1.” La Comète ne paroît point avoir été vue avant le 1 ou avant le 14 de Juillet: il eft donc probable qu'il n'étoit pas facile de la voir auparavant, 2. Le 14 ou le 17 de Juillet, elle ne fut vue qu'en peu d'endroits, c'eft-à-dire, en France feulement. On pourroit en conjecturer que quelque obflacle, pris ou de fa diflance à ka Terre, ou de fon peu d'élongation du Soleil , ne permettoit pas de la voir auflr clairement qu'on la vue depuis. 3. Elle paroifloit alors le foir après le coucher du Soleil. 4 Un feul auteur, non contemporain , mais ancien, dit qu'elle commença à paroître vers le 22 de Juillet au matin. Si elle fut vue le 22 Juillet, elle dut l'être de bien peu de perfonnes L puifque les autres auteurs anciens n'en parlent point. 5. Le2 5 de Juillet, elle étoit plus vifible, puifque quelques. autres écrivains datent de ce jour fon apparition : elle devint de jour en jour plus facile à découvrir. Vers la fin de Juillet, on li voyoit préfque par-tout. 6. Le 27 deJuillet au matin, le Soleil étant en 1 x degrés & plus du Lion, la Comète fut vue dans 30 degrés de l'Écievifle. Son élongation n'étant que de 1 1 degrés, il falloit qu'elle eût encore une latitude feptentrionale aflez forte, pour qu'elle pût monter {ur l'horizon une heure & demie, où même deux heures avant le Soleil 7 Vers le 1.% d’Août, elle paroifloit deux heures avant le lever du Soleil. 8.2 D'abord elle fe levoit avant la Planète de Venus; bien- tÔt par un cours précipité, elle paña cette Planète & la précéda de beaucoup. 9." Elleavoit deux mouvemens , l'un en longitude d'Oïient en Occident, l'autre en latitude du Septentrion au Midi : il paroït que ces deux mouvemens étoient à peu près également fnfibles. 88 + L D ES So E Nice somiM. 489 10. Sa latitude varia de 40 degrés & plus , en deux mois, & de plus de $o degrés durant tout le temps de fon apparition. 11. Quant à fon mouvement en longitude , elle pafla en peu de jours du 8.° degré de l'Écrevifle dans les Gémeaux, on la vit entre Orion & le Chien, elle s'approcha de Ja confiellation d'Oïrion: le 22 Septembre, elle pafla au: Mé- ridien avant l'aurore : enfin elle trayerfa la conftellition d'Orion. 12° Sa queue diminuant eu fargeur, augmenta beaucoup en longueur. 13." Elle difparut enfin vers les premiers jours d'O&tobre, fa diflance à la Terre étant probablement devenue trop confi- dérable , pour que fon püt continuer de la voir. J'explique parfaitement toutes ces circonflances par la théorie fuivante : Lieu du Nœud afcendant en................. SN 2 ON 14054 Diéniduipernnlienen. er RE. ee 2 MON ESS LAS Inclinaifon de l'orbite à l’écliptique. .............. 30. 2 Logarithme de Ia diftance périhélie. . .......,... 9,61 3640 Paffage au périhélie, le 17 Juillet, à 6" ro’, temps moyen, méridien de Paris. à Mouvement direct. J'ai calculé fur cette théorie les lieux fuivans de la Comète. J'ai pris les lieux du Soleil, &c. dans les Tables de Halley ; & j'ai cru pouvoir choifir pour chaque jour l'heure de midi, temps moyen, méridien de Londres. Le 7 Juillet, loñgitude de la Comète, Q 1 84 40'1, H- titude 10% 12'+ boréale. Le Soleil étoit alors en & 224 13/; ainfr la Comète étoit aflez éloignée du Soleil, mais fà diftance à la Terre de 0,968 parties, égale prefque à celle du Soleil à la Terre, ne permettoit pas de la découvrir facilement. Le 17 Juillet, longitude de la Comète, @ 144 34, Hati- tude 1 64 9’ boréale. Le Soleil étoit en Q 14 47”. La Comète a dû fe lever à peu près en même temps que le Soleil, & Aa ii 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fe coucher environ deux heures après lui; elle étoit fort près de fon périhélie; fa diftance.à la Terre n'étoit plus que de 0,7438 à midi, moindre le foir , & par conféquent elle étoit plus petite que les trois quarts de la moyenne diflance du Soleil à la Terre : la Comète étoit donc certainement wifible le {oir : elle auroit même pu être vue dès le 14; mais, comme on ne la voyoit que dans le crépulcule & dans les brouillards de l'horizon, elle a pu échapper à la plupart des Obfervateurs. Le 22 Juillet, longitude de là Comète, Q 74 58, lati- tude 1 69 28’, Soleil en Q 64 35". Vu la grande latitude de la Comète, on auroit pu abfolument la voir le matin & le foir , & plus facilement le foir. Il y a cependant lieu de croire que le crépufcule & les vapeurs de horizon auront nui à fon apparition. La Comète aura échappé à la plupart des Obfervateurs. Le 27 Juillet, Comète en 5 294 33", latitude 144 19, Soleil en Q 114 23°. Versles 4 heures du matin, la Comète étoit en 5 304 8", & le Soleil en Q 1 144”. La difance de la Comète à la Terre étoit à peu près égale aux trois cinquièmes de celle de la Terre au Soleil. Il n’y avoit pas dix jours qu'elle avoit pafié par fon périhélie. Toutes ces circonftances peuvent faire croire qu'elle fut ce jour-là très-vifible, nonobftant l'aurore & le voifinage de l'horizon , mais elle dut l'être encore davantage les jours fuivans; le 27, elle fe levoit plus d'une heure &c demie avant le Soleil; les jours fuivans, elle parut fur l'horizon deux heures & plus avant l'aftre du jour. Sa queue devoit être belle & grande, elle devoit paroître avant la Comète même, Au mois d'Aoùût, la Comète s'éloignoit & du Soleil & de la Terre : fa queue devoit donc diminuer en largeur réelle, & plus encore en largeur apparente, mais en même temps la Comète approchoit de fa quadrature: donc la longueur apparente de fa queue pouvoit paroître augmenter, d'autant plus qu'elle ne s'éloignoit de la Terre que par des degrés prefque infenfibles, Le 28 Juillet, Comète en & 274 53", latitude 1 34 36”, Soleil en Q 12% 21°, Vénus en 5 44 37". La Comte fe levoit après Vénus, ou du moins fa fuivoit, D''ES SC € NtC Es DL Le 7 Août, Comète en 5 134 39°, latitude 34 44 Borcale ; elle a deux mouvemens bien {enfibles , l'un d'Orient en Occident, contre l'ordre des Signes, l'autre du Septentrion au Midi. Le même jour Vénus en 5 16420, La Comite a déjà paflé cette Planète. Le 17 Août, Comète en & 34 48", latitude 64 s7' Auftrale. Vénus en 5 284 1 1” ; la Comète précède Vénus de plus de 24 degrés. Le Fr. Gilles a pu voirle 1 3 Août au matin a Comète en 8 deyrés de s. Le 27 Août, li Comète en H. 26dr10!, latitude 1 64 19": ainfi en aflez peu de jours, la Comète à rétrogradé du 8." degré de l'Écrevifle dans le figne des Gémeaux. De plus, vers ce même temps la Comète eft entre Orion & le petit Chien; dans peu de jours, elle fera entre ta partie lépten- trionale d'Orion & le grand Chien. Le 6 Septembre, Comète en 418443, latitude 244 9’; elle eft fort près de fa ceinture d'Orion, elle eft en quadrature, Le 16 Septembre, Comète en H rod 237, latitude 30443; elle n'eft qu'à 2 degrés du pied d'Orion ; fà dif tance à ja Terre eft environ les trois quarts de celle de la Terre au Soleil : on doit encore la voir , mais elle doit commencer ‘à s’affoiblir; auffi le temps de fon apparition eft-il terminé felon plufieurs auteurs. Le 22 Septembre, étant vers $ degrés Z des Gémeaux ; elle doit paffer au Méridien vers 4 heures & demie du matin, ou avant d'aurore. Le 2 6 Septembre, elle eft en H 1422 avec 35126 de htitude, elle à traverfé Orion ; fa diftance eft égale aux # de celle de la Terre au Soleil, | Erfin le 6 Octobre, elle eft en & 214 20/ avec 37444 de latitude méridionale. Sa diftance à la Terre eft égale à 2 de celle de la Terre au Soleil. D'ailleurs elle s'élève peu fur Thorizon, Depuis le 17 de Juillet, eHe a parcouru plus de 5 © degrés en latitude, & plus de 40 depuis le 3 du mois d'Août. Il paroît donc que la théorie que j'ai propokée , fatisfait à 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE toutes les circonflances connues du mouvement de cette Comète. M. Dunthorn trouvoit fa théorie de Ja Comète de 1 264 fort approchante de celle que M. Hälley a déterminée pour la Comète de 1 556. La mienne en approche encore davantage, voici la comparailon de ces trois théories. Comète EN Cométe de 12643 de ISS 64 flmM, D Jelon moi, Lieu du Nœud....... m25%42"|m1igt o'|m284 45" Lieu du périhélie.…... ... m8 5o NE 2re0No| ESS Inclinaifon deForbite...| 32. 61] 36. 30 30:25 Logar. de la dift, périhélie.|9,666424 | 9,648 360 | 9,61 3640 Paflage au périh. en Juillet]. ....... 6i 8h |17i 6" ro',t.m. Mouvement... "17 0 Direct. Dire“. Direct. Entre quelques autres théories que j'ai eflayées, en voici une qui approche un ‘peu plus de celle de 15 56. Lieu du Nœud.. :.. m,251 30° en 292*%il auroit rétrogradé de 342, Lieu du Périhélie... % 2. 30.en 292. il auroit avancé de 2.3. Inclinaifon de l'orbite. 30.25.ilya 142 de différence. Logarithme de la diftance périhélie. .. ... RES DER 9:6 33469 Paffage au Périhélie le 16 Juillet à midi, Cours direct. Cette dernière théorie fatisfait autant que la première à tout ce que nous connoifions de cette Comète: un feul fcrupule m'a retenu. Suivant cette dernière théorie, la Comète aurait rétrogradé jufque dans l'Éridan, 18 ou 20 degrés au-delà d'Orion: or T'hierri ne le dit pas; on pourroit dire d'un autre côté qu'il ne dit pas le contraire: je crois qu'on peut au moins de ces deux théories conclure avec quelque vraifemblance que li Comète de 1264 eft la même que celle de 1556, & qu'en conféquence fa révolution périodique eft de deux cents quatre-vingt-douze ans. On peut être furpris de ce que, pour déterminer les mou- vemens de cette Comète, je n'ai employé ni fautorité de Nicéphore D ES SIC EN CE $. 19% Nicéphore Grégoras, ni celle de Pachymère ; j'avoue que les paffages de ces deux auteurs, que lon à coutume de rapporter à la Comète de 1 2 64, n''auroient fort embarrafé. «La Comète - parut près du figne du Taureau, dit Grégoras (iv. IV, chap. v, art. 6) ; on la voyoit la nuit versle point du jour un peu au- deffus de l'horizon; autant que le Soleil s’'avançoit felon la fuite des fignes , autant la Comète s'écartoit peu - à - peu de Yhorizon, jufqu'à pafler même le milieu du ciel ; car lorfqu'elle commença à paroiître, le Soleil parcourant l'Écrevifle, ramenoit l'été fur la terre ; l'automne égaloit les nuits aux jours au temps que la Comète perdit fa lumière & fe diffipa ; ainfr depuis fe Solftice d'été jufqu'à l'Équinoxe d'automne, le Soleil parcourut l'efpace de trois fignes, la Comète reftant toujours comme « fixe vers le Taureau , & fe diffipant peu-à-peu. > La Chronique de Carion, celle de Calvifius, Hévélius & mille autres auteurs, appliquent cette defcription à {a Comète de 1264. Pachymère, au Livre IL de fon Hiftoire du règne de Michel Paléologue, annonce dès le titre du chapitre 2 3 qu'il pardt une Comète dans les mois de l'été vers la partie boréale du ciel; dans le chapitre même , il n’en dit autre chofe, finon qu'elle parut d’occident en orient depuis le printemps jufqu'à l'automne : dans le Manufcrit fur lequel on a principalément dirigé l'édition de Pachymère, on trouve fur ce paflage une note aflez fingulière. Pour en.eftimer mieux la valeur, il n'eft pas inutile de remarquer que nous avons deux Volumes de Pachymère; le premier renferme l'Hiftoire du règne de Michel Paléologue, mort en 1283; le deuxième préfente l'Hifloire d'Andronic, fils & fucceffeur de Michel : or Andronic mourut en 1 3 32 ; mais {on hiftoire eft terminée par Pachymère à lan 1308 : ces deux Ouvrages, à pro- prement parler, n’en forment qu'un feul; Pachymère lui- même les repréfente comme tels dans le dernier chapitre de fon Andronic. Dans ce même chapitre, il infmue clairement qu'il n'écrivoit point en 1308 , mais quelques années après; auffi n'entre-t-il point fur à Comète de 1 264 dans un détail femblable à celui dans Jequel il eft entré fur celle de 1301; MM T7C 0, - . Bb à 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE celle de 1264 étoit trop ancienne : quoiqu'il eût alors environ vinot-deux ans, il fe défia de fa mémoire ; il fe contenta de dire qu'il avoit paru une Comète vers le nord, qu'elle s'é- tendoit de l'occident à lorient, & qu'elle parut depuis le prin- temps jufqu'’à l'automne. L'ouvrage de Pachymère étant publié, un anonyme le lut & crut fa mémoire plus fidèle que celle de l'auteur; en marge du manufcrit, il ajouta ces mots : « L'Hiftorien >» ne rapporte pas le fait tel qu'il eft; la Comte dont ïl s'agit, » comme nous l'avons obfervé de nos propres yeux, avoit fon +» mouvement de lorient, ab oriente movebarur, JE dvaronxs » Tu minou tm; elle paroifloit vers les Hyades. Je n'accuferai >» point Pachymère d'erreur fur ce qu'il dit qu'elle parut vers la + partie boréale du ciel, car le Taureau, dans lequel font les » Hyades, eft un figne boréal; mais cet auteur eft contredit >» unanimement par tous les autres Écrivains, non-feulement par >» rapport au cours de la Comète, qui fut, felon eux, de lorient > jufqu’au milieu du ciel, mais encore par rapport au temps » de fon apparition : ils témoignent qu'on la vit durant les mois >» de Juillet, d'Août & de Septembre, & non point depuis le printemps jufqu'à l'automne. » On trouve cette note dans Pachymère même, page 45 3. L’anonyme reproche donc deux infidélités à Pachymère. Mais premièrement, fur le temps de Yappaiition de la Comète, Pachymère ne dit point qu'on la vit depuis le commencement du printemps jufqu'à la fin de l'automne : il dit dans le titre qu'elle parut durant les mois de l'été; donc il ne lui donne de durée dans le texte que depuis la fin du printemps jufqu'au commencement de l'automne, ce qui s'accorde fort bien avec ce que dit Grégoras, & ce qui même peut fe concilier avec la feconde théorie de Ja Comète propolée ci-deflus. Si Pachymere parle de notre Comète, cette feconde théorie aura un avantage de plus fur la première ; en la fuivant, on peut dire qu'abfolument parlant il n'étoit pas impofhible de découvrir la Comète quelques jours avant le Solftice d'été. Quant au deuxième chef d'accu- fition intenté contre l'exaétitude de Pachymère, il ne me paroit pas plus folide ; le fens de Pachymère eft peut-être que D E:S 49.C I EN CE & 195 l'extenfion de la Comète avec fa queue étoit d’occident en orient, & non du feptentrion au midi ; peut-être auffi n’a-t-il voulu dire autre chofe, finon qu'elle avoit paru d'abord à l'occident & qu'elle avoit enfüite paflé du côté de l'orient, ce qui eft vrai de la Comète de 1 264; le texte grec de Pachymère peut fouffrir également ces deux fens. L’annotateur anonyme, faifant mention des Hyades près defquelles on vit la Comète, parle manifeftement de la même . Comète que Grégoras : or j'avoue que Île deuxième fens que j'ai donné aux paroles de Pachymère eft abfolument incom- patible avec la defcription que Grégoras donne de fa Comète ; mais cette defcription ne dément pas moins les témoignages que j'ai cités plus haut, témoignages d’Auteurs contemporains, intelligens & fidèles, qui s'accordent tous à repréfenter le cours de la Comète dans l'Écrevifle & les Gémeaux, fans aucune mention du Taureau ni des Hyades, qui conviennent que la Comète, vers la mi-Juillet, paroifloit du côté de l'occident le foir après le coucher du Soleil, qui, enfin, établiffent fes divers mouvemens par la comparaïlon de fon lieu avec ceux du Soleil, de Vénus, du Chien & d'Orion. S'ils parlent de la même Comète que Grégoras, il n'y a point de milieu: ou il faut les facrifier tous à l'autorité du feul Grégoras, ou il faut convenir que Grégoras n'étoit pas fr verlé dans la connoiïflance du ciel que quelques-uns ont paru fe le per- fuader, & qu'il connoifloit beaucoup mieux le nom que la vraie pofition des aftres. Ce dernier article ne feroit pas fort difficile à prouver; j'en toucherai quelque chofe autre part : quant à ce qui regarde la difficulté préfente, je crois qu’on peut la lever autrement. Il a paru plufieurs Comètes vers 1264, plufieurs Hifloriens les ont confondues! celle dont parle Grégoras a paru en 1265 , ou même plus tard: c’eft ce qu'il me refte à éclaircir; je ne le puis faire qu'en donnant un précis de l'Hifloire de ce temps. L'empereur Frédéric IT, durant le cours d’un aflez long règne , n’avoit guère été occupé qu'à foutenir les droits de fa couronne contre les Guelphes d'Italie. II étoit en même temps Bb à 196 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE roi de Naples & de Sicile, excommunié par les Papes, dé- pofé par Innocent IV au Concile de Lyon. Il mourut le 1 3 Décembre 1 2 5 0, fous un anathème qui enveloppa en quelque forte fa poftérité. Conrad, fon fils & fon fuccefleur, étant “mort en 1254, Mainfroi, fils naturel de Frédéric, s'empara du trône des Deux-Siciles, & s'y maintint près de douze ans. II marchoit fur les traces de fon père : il étoit comme le chef des Gibellins d'Italie, il fut excommunié. Urbain IV offrit en 1264 la couronne de Sicile à Charles, comte d'Anjou, frère de S.' Louis. Urbain mourut le 2 Oftobre dela même année. Clément IV lui fuccéda en 1265 , au mois de Février. Celui-ci exécuta le projet d'Urbain. Par une Bulle datée du 28 Juin 1265, il déclara Mainfroi déchu de tout droit aû royaume de Sicile, & il donna ce royaume à Charles d'Anjou, qui vraifemblablement étoit déjà en Italie, prêt à appuyer, par la force, le droit que la politique & le reflentiment lui donnoient fur les États de Mainfroi. Charles ayant fait fes préparatifs, eft couronné à Rome le 6 Janvier 1266. Il marche contre {on ennemi : le 26 de Février, il fe livre une bataille décifive. Mainfroi y perd la Couronne & la vie: Charles eft maitre de la Sicile & de Naples. : La plupart des Auteurs contemporains , comme je fai dit plus haut, ont regardé la Comète comme le figne de la mort d'Urbain , cela eft affez généralement vrai des Hiftoriens d'Allemagne & d'Italie: lors donc que ceux-ci, par erreur de Chronologie , ont déplacé la mort d'Urbain , il eft naturel qu'ils aient également altéré la date de l'apparition de la Comète. Aüinfi Cardan & Mizaud ont marqué fur lan 1260, & la Comète & la mort d'Urbain IV. D'ailleurs ces deux auteurs font trop récens, pour que leur autorité puifle ici nous occa- fionner quelque embarras. Selon Crufius, en fes Annales de Souabe / partie 171, lv. 3 1); en 1262, on vitune Comète durant quelques mois : ce même auteur, peu après, fait mention de la Comète de 1 2 64; ainfr il pourroit bien en avoir paru une en 1262, mais je n'ai trouvé aucune autre autorité fur laquelle je puifle appuyer l'exiftence de cette Comète. DES SCWENCES, 197 La Chronique de Nuremberg met la mort d'Urbain & fa Comète fur an 1263. La Chronique d'Augfbourg en fait autant , & répète ces deux évènemens en mêmes termes für l'année fuivante. Voici les termes d’un auteur contemporain : « Moi Guillaume Ventura, jai vu dans les jours de ma vie ce qui eft écrit en ce Livre; j'ai obfervé le Soleil & la Lune, & une Comète admirable. L'an 1261 , la veille de l'Afcen- fion vers l'heure de None, j'ai vu, & le Soleil étoit à moitié obfcurci. Peu après, j'ai vu la Lune prefque totalement éclipfée: J'ai vu une Comète admirable en l'an 1263 ; fon lever fut vers l'Orient, à l'heure du premier chant du coq; en fon lever, elle briflloit comme une fournaife ardente ; fà forme ronde reflémbloit à la moitié de la Lune; fa chevelure étoit grande comme celle d'un grand cheval, & divifée en plufieurs parties : elle f coucha du côté du midi. On la vit durant fix mois, & pas davantage *, » I] paroît par d’autres endroits de cet Ouvrage, que l'an 126 3 étoit le treizième de la vie de Guil- lume, & qu'il en avoit plus de foixante quand il écrivoit, En conféquence, on peut révoquer en doute la fidélité de fa mémoire. Son inexactitude en effet eft affez bien démontrée par l'anachronifme qu’il commet au fujet des deux Edclipfes qu'il prétend avoir vues. Celle de Soleil na pu arriver la veille de l'Afcenfion qu'en 1267, le 25 Mai: il nya eu aucune Étlipfe de Lune vifible en Italie, ni en 1267, ni en 1267. De quelle autorité peut donc étre le témoignage de Ventura fur le temps où la Comète dont il parle a paru ? Je ne trouve que deux autorités fur lefquelles on pourroit établir l'apparition d’une Comète en 1263, maiselles - ne font pas aflez anciennes pour opérer une certitude abfolue + ce font celles d’Achilles Pirminius Gaffarus & d’Adizreitter : le premier, dans fes Annales d'Augfbourg {au 1° Tome de la Collection de Menkenius ); & le fecond , dans fes Annales de Bavière, parrie L, livre 24, difent qu'aux mois de Juillet & d’Août 1263, on vit un Aftre .extraordinaire qui ,. femblable à une Camète, lançoit au loin fes rayons, & que: * Voyez Tome II de Ja Colleétion de Muratori. BB ïïj 198 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE l'année fuivante un femblable météore étonna les hommes durant plus detrois mois, & parut annoncer la mort du Pape Urbain, L'apparition d'ane Comite, en 1264 , ne fouffre aucune difficulté: on la regarda affez généralement comme un pronoflic de a mort du Pape: felon quelques-uns, elle fignifia la tranflation de la Couronne de Sicile, de la perfonne de Mainfroi à celle de Charles d'Anjou. Ien eft même qui regardent la mort de Müinfroi , comme effet de ce phénomène, Ceux-ci fans doute ne connoifloient point la Comiète de 1265. H y a cependant quelque apparence qu'on en vit une en cette dernière année, mais ce neft point celle de Grégoras: « En 1265, Urbain mourut, & eut Clément pour fucceffeur, dit l'auteur de la Chronique de Melck. > II fe trompe en cela: en général, il retarde d'une année la mort de tous les Papes de ce fiècle jufqu'a celle d'Urbain IV inclufivement, mais il eft très-exact fur les autres dates : d’ailleurs , il ne met aucune liaifon, entre la mort d'Urbain & Fapparition de la Comète. « Vers le commencement de l'automne, ajoute-t-il, , On vitune Étoile extraordinairementéclatante ; elle commençoit » à paroître peu après minuit, & brilloit le refte de fa nuit, » On la vit jufqu'à la fin de l'automne: comme une fournaife ardente , elle vomifloit en quelque forte une épaiffe fumée. » Un grand nombre d'auteurs, même Italiens, Joigñent l'appa- rition d'une Comiète à l'arrivée de Charles en Italie: « On » vit au mois de Septembre, dit un auteur contemporain, une » Comète qui fut de longue durée. Je J'ai vue fouvent vers le » lever de l'aurore , à l'endroit du Ciel où eft le Soleil à Ja » troifième heure du jour : du côté de occident il en fortoit » une trainée de fumée qui fe terminoit en une pointe fort aiguë ; elle avoit la longueur d'une pique de Soldat *.» Cet auteur avoit alors vingt-cinq ans. Dans fa Compilation Chro- nologique, il ne parle de la Comète qu'après l'arrivée de Charles à Rome. François Pepin , dans fa Chronique au IX. tome de Muratori , témoigne pareillement que la Comète * Voy. Ricobaldus Flifforia Dnpérarorum, dans le [°° Vol. d'Eccard. DES SCIENCES. 19 parut en Septembre, en l'année même que Charles vint à Rome. Il eft vrai que celui-ci a tort de rapporter à la méme année la mort d'Urbain. Mais s'il a réellement paru deux Comètes, lune en 1264, Fautre en 1265, il n'eft pas furprenant que dans ce fiècle, on ait confondu les effets de ces deux Comètes, & les deux Comètes même. Tel qui ne connoifloit que la Comète de 126$, & qui favoit d'ailleurs une Comëte avoit été regardée comme ayant-coureur de la mort d'Urbain, étoit naturellement porté à retarder d’un an a mort de ce Pape; telle eft peut-être la caufe de l'erreur du Continuateur de Mathieu Paris , qui paroït auteur contem- porain & qui ne rapporte cependant la mort d'Urbain que fur l'année 1265. C'eft auffi peut-être par une raifon fem- blable, que quelques auteurs anticipent d'un an la date de l'arrivée de Charles en ltalie, & de la mort de Mainfroi. Quoi qu'il en foit, Fapparition de la Comète de 1265 paroit avoir effrayé Mainfroi. « Ce Prince, dit un auteur grave & contemporain, ayant appris l’arrivée de Charles à Rome , parut un peu déconcerté. Les prodiges que le Ciel, la Terre & les Eaux produifient vers le «même temps, ui occafionnèrent de férieufes réflexions; car la Comète, laquelle cachée pendant plufieurs luftres dans la profondeur du Ciel, n'a coutume de paroître que pour transférer les Sceptres & abattre les Trônes des plus folides, étendit jufqu'à la Terre des rayons prefque aufli éclatans que ceux: du Soleil.» Ce font les termes de l'auteur de la vie de Frédéric IL & de fes fils, dans le L.® Volume de la Collection d'Eccard & dans le dernier de l'{alia facra Ugheli, Ces mêmes termes font répétés. par le Continuateur de Nicolas de Jamfilla, & par Sallas ou: Sabas Malafpina , {hv..2, chap. 20 ), au VIII. tome de Muratori. Le même Bernard, qui: dans la vie d'Urbain IW. parle au long de la Comète de 1264, dit dans la vie de Clément IV , que la viétoire de Charles fur Mainfroi fut pré- cédée de l'apparition d'une Comète. Dans un: Abrégé de Thiftoire d’ltalie que l'on trouve au XVI. volume de: Mu: ratori, il eft pareïllement dit, qu'en 1265 , Charles vint à: 2060 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Rome & que l'on vit une Comète; enfin, pour ne pas accu- muler un nombre ennuyeux de pafläges qui ne différent point eflentiellement des précédens, je finis par le témoignage d'Amaulri Auger, de Béfiers, dont l'ouvrage intitulé, Ades des fouverains Pontifes , fe trouve au [volume de la collection de Piftorius. Cet auteur qui écrivoit vers l'an + 321, nous a confervé des vers barbares qui furent compolés au fujet de la victoire de Charles; les voici : Carolus Athleta Chrifli, pro uti Cometa Hoc prafignavit, Manfredum fippeditavit. Plus decies centum quater, juxta Beneventum Janitor proffravit , hüinc eccleflam roboravit. Sanus (annus f.) enim Chrifli datur iffi mille ducentus Sexagefimus quoque fenus , bell finis fit. Je n’entreprends point d'éclaircir ces vers: je ne les cite que pour appuyer l'apparition d'une Comète vers la fin de l'an 126% , avant Ja défaite & fa mort de Mainfroi; car, quoique quelques auteurs aient regardé la Comète de 1264 comme un figne de cet évènement, je me perfuade néanmoins que la comparaifon des témoignages que j'ai cités rendra au moins vrailemblable l'apparition de deux Comètes, de l'une en 1264 aux mois de Juillet, d'Août & de Septembre, de l'autre ‘en 126$ au mois de Septembre & durant le refle de Jautomne. Je n'ai point cité Crufus; celui-ci, .outre les ‘Comètes de 1262 & de 1264, en marque encore une fur Yan 1265 ; mais d'après Hermannus ZÆdituus, il date fa durée depuis la fête de Saint-Jacques jufqu'à celle de Saint- Michel: la Chronique de la Cava au VIL tome de Mu- ratori en fait autant. Cette circonftance femble caraélérifer la Comète de 1264; ainfi je fuppofe qu'il y a ici quelque confufion. Les Annales de Milan , au tome XVI de Muratori ; font paroître une Comète au temps de la mort du roi Mainfroi ; «lle dura trois mois, on n’en avoit jamais vu une fi grande, Mainfroi DES SCIENCES 207 Mainfroi fut tué le 26 de Février 1266. S'il parut alors une Comète, elle étoit fans doute diftinéte de celle qui avoit paru l'automne précédente ; mais l'auteur de ces Annales n'a peut- être pas prétendu déterminer l'apparition de la Comète au temps précis de ‘a mort de ce Prince. Il fufht qu'elle ait ou précédé ou fuivi de quelques mois : on pourra toujours dire qu'elle a paru vers le temps de la mort de Mainfroi. Guillaume de Nangis témoigne qu’au moisd’Août 1266, avant l'aurore, on vit en France une Comète; fes rayons, dit-il, étoient tournés du côté de l'Orient *, Cette Comète fut vue au Japon & à la Chine, felon le témoignage de Kæmpfer en fon hiftoire du Japon, hvre 2, chapitre ÿ. Voïlà deux grandes autorités: je les appuie d’une troifième, de celle de Grégoras , & j'entreprends de prouver que la-Comète de Grégoras ne peut être rapportée qu'à l'an 1 266. Si Grégoras & Pachymère euflent daté les évènemens qu'ils rapportent, il n’y auroit aucune difhculté dans la détermination du temps de cette Comète; mais ces deux auteurs n'ont pas cru cette ® précaution néceflaire : il faut donc les fuivre dans les faits qu'ils racontent, & tirer de ces faits mêmes, & du témoignage des autres Hifloriens, la fuite de leur Chronologie, Un habile Jéfuite, nommé Pierre Poffin , a éclairci & mis en ordre la Chronologie de Pachimère ; j'en ai tiré quelques lumières, pour débrouiller 1e chaos qui enveloppe en quelque forte Tépoque de la Comète de Grégoras. Le P. Poflin s’eft ici malheureufement trornpé dans les principales dates, mais il m’a fourni au moins les matériaux néceflaires pour en établir de plus füres. Pachymère rapporte l'apparition de la Comète , avant de parler de la dépofition d’Arsène, Patriarche de Conftantinople, & de Félection de Germain, fon fucceffeur. Il à raifon, s'il a voulu parler de Ja Comète de 1264, & que cette Comète ait paru dès le printemps; car Arsène accufé dès le famedi s Avril 1264, ne fut condamné, ou du moins chafé de fon * I faut lire fans doute du côté de l'occident ; une telle erreur peut facilement échapper à un Copilte. Men. 1700. . Ce 202 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Palais, que vers la fin de Mai, & Germain fut confacré le 8 de Juin, jour de la fête de la Pentecôte. Grégoras, au hvre 4 de fon Hifloire, chapitre 4 , rapporte ces faits qui appartiennent certainement à lan 1264. Au chapitre $ , après avoir raconté plufieurs faits qui appartiennent problablement à l'année fui- vante , il nous repréfente Baudouin en Italie, Celui - ci avoit été dépouillé en 1261 de lempire de Conflantinople par Michel Paléologue. Il cherchoit à fe rétablir. Pour y réuffir, il fit alliance avec Charles, roi d'Italie, faifant époufer à fon fils la fille de ce Prince. Je demande fi Charles pouvoit être appelé Roi d'Italie en 1264? il n’y étoit pas encore. En 1265, il n’y poflédoit encore rien; ce ne fut qu’en Février 1266, qu'il fe trouva affez puiflant pour faire efpérer du fecours à Baudouin. « Mais, dit Grégoras, les efpérances de » celui-ci s'évanouirent bien -tôt : l'empereur Michel affembla » une flotte puiflante, & s'empara de toutes les îles de l’Ar- » chipel qui tenoient encore pour Baudouin. Durant ces fuccès, » Michel, Defpote d'Étolie, fe révolte une feconde fois : l Em- » pereur. eft enflammé de colère; il marche en perfonne contre » l'Étolien; la Comète paroît ; l'Empereur épouvanté, retourne à Conflantinople à bride abattue , oA© purres. » Cette fuite de faits ne permet pas de placer l'apparition de la Comète avant Fan 1266. Dans le chapitre 6, qui eft très-court , Grégoras rapporte quelques autres faits qui peuvent appartenir à la même année, Le capire 7 eft épifodique. Au chapitre 8, il parle dela démiffion du Patriarche Germain, arrivée certainement le 14 Septembre 1266 ; de l'élection de Jofeph, de l'abfo- lation accordée à l'Empereur par ce nouveau Patriarche , enfin de l'Éclipfe prefque totale du Soleil vue le 25 de Maï en l'année 6775 de l'ère des Grecs, c'eft-à-dire, l'an 1267 de Jéfus-Chrift : on ne peut donc point, à ce qu'il paroit, placer la Comète de Grégoras plus tard qu'en 1266. On dit bien en marge qu'elle fe rapporte à l'année 1264, mais les rai- fonnemens que je viens de faire ne le permettent pas ; la fuite des faits rapportés par Grégoras s'y oppole ; enfin la defcription que Grégoras fait de fa Comète eft abfolument incompatible | Des SAGE Nic Eu 203 avec les connoiflances que des auteurs graves ; éclairés & contemporains, nous ont données de la Comète de 1264: la Comète de Grégoras n'eft donc point celle de 1264: ïl eft plus naturel d'en déterminer Fapparition à l'an 1266, & le témoignage de cet Hiflorien ne peut occafionner aucun doute légitime fur la théorie que j'ai donnée de l'orbite de la Comète de 1264 Cci 204 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE OŒBISLELR VAUT. I O NS OUALLA BAS BED. LU NE du 22 Novembre 1760. Par M. CassiNI DE THURY. P RÉSENTEMENT que l'on s'occupe à perfeétionner les Tables de la Lune, & que nos plus grands Géomètres s'appliquent particulièrement à déduire de la théorie, toutes les incgalités que l'on a remarquées dans le mouvement de cette Planète, les éclipfes de Lune, dont on ne fait plus d'ufage pour les longitudes , parce que l'on a des moyens plus exacts pour les connoître , font cependant encore intéreflantes pour reconnoître jufqu'à quel point de précifion les calculs faits für les Tables corrigtes, approchent de l'obfervation ; car il ne faut point ê re furpris de la différence que l'on remarque entre les calculs publiés dans les Éphémérides ou dans les Almanachs, & ceux des Aflonomes qui ayant fait ufage des corrections découvertes en différens temps, ont fait les calculs avec la plus grande précifion. Le 21 Novembre, le Ciel qui étoit couvert à midi, fe découvrit vers $ heures du foir; j'obfervai à 8h 22° 13", le paffage au Méridien de y du Pégafe, & fa hauteur de 5 5% 3° 40”, J'attendis le paffage de la Lune au Méridien, dont le premier bord pafla à 11h 21° 32", & le fecond bord à 115 23° 56", la hauteur du bord fupérieur fut trouvée de 564 2° 15", & celle du bord inférieur de $ 54 28° 25"; j'obfervai dans la même nuit à 19h $7' o”, le paflage au Méridien de @ du Lion, & fa hauteur méridienne de 57 6’45", quoique la hauteur de y du Pégafe ne diflérât que de 24' 554 de celle du bord inférieur de la Lune, & approchät plus du paraltèlé de la Lune que l'étoile 8 du Lion; DES SCIENCES. 205$ cependant l'incertitude d’une feconde de temps où j'étois {ur le pañlage de la 1° étoile, m'avoit engagé à faire l'obfervation de la feconde. Le 22 Novembre, jour de léclipfe, fes deux bords du Soleil étoient cachés au moment de fon paffage au Méridien, mais j'obférvai la hauteur du bord fupérieur de 214 11° 15", le Ciel fe découvrit après midi, & je fis es obfervations. fuivantes avec une lunette de 8 pieds. PAL Te 7e + co 2 Go oo Go oo do 0 co 0 Go oo Ga 09 99 0 co LYVVY VV 50° S2- 55: 31:-47 Képler hors de l'ombre, . 2o cinq doigts. . zo Copernic dans l'ombre, 6" temps vrai, la Pénombre eft forte. 26 commencement de l'Éclipfe. 56 un doigt. . 26 deux doigts. . 11 bord de Platon. . 29 milieu d'Ariftarque, v + 13 trois doipts. . 41 au bord de Mare tranquillitatis. - SI quatre doigts. . 11 l'ombre à Galilée. $ à Copernic. 25 l'ombre à Képler. 3 l'ombre à Manilius: $ à Menelaüs. . 15 au bord de Mare crifum. . 55 fix doigts. . 20 fin, Mare crifium. . 35 fix doigts un tiers. + 55 fix doigts & demi. o fix doigts trois quarts, . 49 Képler eft forti. + 30 fix doigts. 32 Ariftarque forti. 52 Copernic fort. 52 Copernic forti. Cciÿ 206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A 9" 33 2" cinq doigts. 9. 43. 32 quatre doigts. 9. 46. 12 Menelaüs forti. 9. s1. 12 Pline forti. 9. 53 2 Manilius forti. 9 2 trois doigts. 2 Platon forti. 10. 3. 2 deux doigts. 8 commencement, Mare crifium fort. 10. Io. 2 un doigt. x0. 12. 32 fin, Mare crifium. 10. 16. 58 fin incertaine de l'Éclipfe à caufe des nuages. 10. 19. 18 le Ciel fe découvre, on voit encore la pénombre. Il réfulte de la détermination des doigts, & de l'obferva- tion des principales taches , que le milieu de l'Éclipf eft arrivé à gl 1° 0°. x J'atendis le paflage de la Lune au Méridien, dont le premier bord pafa à 12h 22' 2°2, & le fecond bord à 12#24 32"+; la hauteur du bord fupérieur fut trouvée de 619 1425", & celle du bord inférieur de 60d 40° 25"; je déterminai le pañlage au Méridien de l'étoile y du Lion, à 18h 24 45", & fa hauteur méridienne de 624 14° 40”, la révolution des fixes à la pendule étoit de 23 57° 41”. Le 23, le Soleil parut à midi, & le paflage du centre arriva à ob 17 54", la hauteur méridienne du bord fupérieur du ‘Soleil fut trouvée de 204.46" 2 5". Le commencement de cette Ecliple étoit annoncé dans le Livre de la Connoiflance des Mouvemens Célefles, à 7 52’, & la fin à 10h 21',le milieu à 9" 7, & la grandeur de 6 doigts 6 minutes. Dans les Ephémérides de M. de la Caiïlle, le commen- .cement à 8h 5, la fin à roh 31', le milieu à ro 15, & la grandeur 6 doigts 20 minutes. On voit que le Calcul de la Connoiffance des Mouve- mens Célefles, diffère fort peu de lobfervation dans le DES SCIENCES. 207 commencement & la fin, que le milieu & la grandeur font un peu différens de lobfervation ; ce qui annonce une erreur dans la latitude de la Lune. La différence entre le calcul des Ephémérides & l'obfer- vation , eft bien plus confidérable, puifqu’elle monte à 1 ÿ': elle provient de ce que M. de la Caille na fait aucun ufage dans le calcul du lieu de la Lune, des corrections que jai indiquées dans mes additions aux Tables; ni dans le calcul du lieu du Soleil, de la correction au lieu de l'apogée qui monte préfentement à près de 1 $’; cette correction eft fondée, non fur de fimples conjeétures , mais fur nos obfervations appliquées à la méthode fa plus fimple, pour déterminer l'apogée du Soleil, celle que mon Père appelle dans fes Élémens , a quatrième, par laquelle il a trouvé le lieu de Tapogée en 1738, de 3° 8d 25’; il a également déterminé le mouvement de l'apogée de 1° 6” par an, par la compa- raifon des obfervations modernes ; j'ai employé ces de élémens tels que mon Père les a déterminés, & je n'ai trouvé aucun autre changement à faire dans les autres élémens, & jofe aflurer que les Tables du Soleil de mon Père, ainft corrigées, repréfenteront le plus fouvent à 1 $ ou 20” près, le lieu du Soleil ; or M. de la Caiïlle nous dit expreffément (Meém. 1750, page 12), on ne doit pas ëtre furpris de trouver quelquefois 20° de différence entre l'obfervation & le calcul, © il feroit inuile d'entreprendre de faire des Tables qui s'accordaffent mieux. Quoiqu'il foit poîlible de déterminer avec précifion , par le moyen des Écliples , la longitude de la Lune au temps de la conjonction, je crois cependant que les obfervations faites au Méridien , font encore plus exactes, & que la différence entre le lieu de la Lune calculé, & le lieu déduit de l'obfer- vation, deux heures après l'Éclipfe, doit être à peu près la. même qu'au temps de l'Écliple; pour trouver le lieu de a Lune le 22 Septembre, j'ai fuppofé Fafcenfion droite de y du Lion de 151% 40° 40”, la quantité dont haufoit la. lunette du quart-de-cercle de 2° 20", & après avoir fait le: 208 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE cacul de l'Écliple, felon nos Tables corrigées , je n'ai trouvé qu'une minute de différence entre le lieu de fa Lune, calcuk felon les Tables, & le lieu réfultant de l’obfervation. En 1724, il y eut une Écliple correfpondante à celle-ci, mais elle n'étoit pas vifible à Paris ; au défaut de l'obfervation, jai employé pour connoître l'erreur des Tables, les obfer- vations de la Lune faites au Méridien, & c'eft Ia méthode que jai fuivie toutes les fois que je nai point trouvé d'obfervations correfpondantes d'une Éclipfe. MEMOIRE . DES SIC ITENN € E & 209 MÉMOIRE FOR DES O0 S°'EOS SILES, Découverts le 28 Janvier 1760, dans l'intérieur . d'un rocher auprès de la ville d'Aix en Provence. Par M. GuUETTARD. Le découverte d'os humains , enfouis dans une terre qui À _j n'auroit point encore été ouverte, & fur-tout mêlés avec des corps marins, feroit une des plus importantes découvertes pour lhiftoire des Fofliles. Depuis long - temps, plufieurs Naturaliftes ont prétendu en avoir rencontré de femblables ; cependant ces os, bien examinés, fe font trouvés être des os dépendans de fquelettes de poiffons. La découverte, qu'on a faite depuis peu aux environs d’Aix en Provence, de quelques os qu'on attribuoit au fquelette humain , ne pouvoit donc que m'intéreffer beaucoup. Je defwois ardemment d'avoir, fur ces os, dés connoiffances plus exactes que celles qu'on en avoit données dans un Ecrit public, où l’on avoit même mélé, avec ce qu'il pouvoit y avoir devrai, une efpèce de mer- veilleux , dans l'idée fans doute de rendre cette découverte plus propre à piquer la curiofité des Naturaliftes. l Les correfpondances que M." de Bois-Jourdain entretient dans le Royaume avec différens Naturaliftes, me firent penfer qu'elle pourroit me procurer , plus que toute autre perfonne, ce que je defirois; mon efpérance ne fut pas trompée, non- feulement elle a reçu un Mémoire inftruétif, mais plufieurs morceaux de ces os , féparés de la pierre ou enclavés encore dans la pierre où on les a trouvés, & plus propres les uns que les autres à éclaircir le fait dont il s'agit : on doit ces éclairciflemens à M. le Baron de Gaiard - Lonjumeau. Mém. 1760. . Dd 22 Mars 1760. 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M." de Bois - Jourdain na eu rien de plus preffé que de me communiquer le tout, & perfuadée qu'elle eft, que les découvertes qu'ont fait en Minéralogie, ne font réellement utiles qu'autant qu'elles font communiquées au public, & “qu'elles ne font données que pour ce qu'elles font réellement & dépouillées de tout ce qu'on y met trop fouvent de merveilleux ; elle a trouvé bon que je communiquafe à l'Académie tout ce qu'elle avoit reçu, & que je tâchafle de réduire ceite découverte à ce qu'elle avoit de certain, ou au moins à ce qui étoit de plus probable ; je n'ai eu pour cela befoin que de me fervir des réflexions qu'elle a faites elle-même fur ce qui lui a été envoyé ; elle a reconnu auffi-tÔt qu'on ne pouvoit regarder les corps qu'elle avoit reçus, comme des os humains : j'en dirai les raifons après avoir rapporté la relation de cette découverte , qui a été jointe à l'envoi de ces fofliles *, L'endroit où ils ont été trouvés , eft fituié à cent cinquante toifes de la ville d'Aix, & à cent foixante au-deflus des bains des eaux minérales ; la fuperficie du terrain y eft unie & étendue ; elle eft dominée à huit ou neuf cents pas au nord , par les hauteurs que l'on monte en allant à Avignon; Ja mer enceft éloignée de cinq lieues au midi ; il y a entrelle & cet endroit, plufieurs chaînes de montagnes élevées. Les Propriétaires du terrain , où ces os ont été découverts, s'étant propolés de faire faper un rocher qui génoit la culture des terres, y employèrent la poudre ; ce rocher étoit à fa * La mort a enlevé en 1765, | part. On en jugera par plufieurs M."° de Boïisjourdain ; la Miné- | Mémoires inférés parmi ceux de ralogie perd en elle une perfonne | l’Académie, & fur-tout par celui dont le goût éclairé pour cette Science, a procuré à ceux qui la cultivent , des connoiffances plus in- téreffantes les unes que lesautres: jy ai perdu plus qu'aucun autre; Ja riche collettion que M."° de Boïs- jourdain avoit faite en tout genre, m’ayant fouvent fourni des lumières que je n’aurois pu trouver autre où il s’agit du Palmier marin: puif- fairje, par ce foible trait de ma reconnoiffance , faire connoître à la poftérité une Dame dont l'amour pour les Sciences ‘étoit une des moindres qualités & qui joïgnoit à cet amour , le caractère le plus uniforme , le cœur le plus droit, & lame la plus forte : DAEISMISNEAMME NCIE 5 211 fuperficie d'une pierre grife fort dure ; elle ne formoit point de lits, & n'étoit point feuilletée, c'étoit une maffe continue & entière. En rentrant dans la terre, elle fe prolongoit vers le nord ; elle étoit placée au-deflous d’une couche horizontale d’une terre glaife jaunître, d'un pied d'épaifleur, qui étoit elle-même précédée de la terre à labourer ; après la terre glaife, on a rencontré un banc d’une terre-à-four rougeñtre , dont le lit étoit également horizontal ; ilétoit fuivi d'un autre, dont l'épaifeur avoit un demi-pied, & d’une glaife rouge & feuilletée. Sous ces différens bancs étoit donc placé le rocher : il s'eft trouvé être, dans fon intérieur, dela nature du marbre le plus dur , & mélé de veines jafpées & tranfparentes. Après avoir, par le moyen de la poudre, pénétré à cinq pieds de profondeur dans le cœur de cette pierre , on y trouva une grande quantité d'offemens humains de toutes les parties du corps, favoir; des mâchoires & leurs dents, des os bras, de la cuifle, des jambes, des côtes, des rotules, & plufieurs autres mêlés confufément & dans le plus grand défordre. Les crâhes entiers ou divifés en petites parties, fem- blent y dominer. Outre ces offemens humains, on ‘en a rencontré plufieurs autres pal” morceaux qu'on ne peut attribuer à l’homme ; ils font dans certains endroits ramaffés par pelotons , ils font épars dans d’autres : leur fituation eft horizontale, perpendiculaire ou oblique; tous font enclavés dans l'intérieur des pierres. Ces os n'ont point en apparence changé de nature ; leur cavité eft ordinairement remplie d’une matière criftallifée & dure; au lieu de cette matière, ce n’eft quelquefois qu'une fubftance pierreufe , femblable à celle qui les enveloppe : cette différence ne fe remarque ordinairement que dans les os qui étoient cafés par leurs extrémités & qui lui avoient ainfi donné un pañlage libre , lorfqu’elle étoit dans une efpèce dé liquidité; la mafle du rocher n'eft pas pleine & unie, mais en forme de caillou- tage, remplie de cavités, parfemée de limaçons ordinaires , & compofée d'un gros gravier lavé, bleuâtre, qui y forme fouvent des veines plus où moins confidérables, Dd à 212 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Lorfqu'on a eu creufé jufqu'à la profondeur de quatre pieds & demi, on a rencontré fix têtes humaines dans une fituation inclinée, De cinq de ces têtes, on a confervé l'occiput avec fes adhérences , à l'exception des os de la face: cet occiput étoiten partie incrufté dans la pierre , fon intérieur en étoit rempli, & cette pierre en avoit pris la forme: la fixième tête eft dans fon entier du côté de la face, qui n'a reçu aucune altération, elle eft large à proportion de fa longueur : on y diflingue la forme des joues charnues ; les yeux font fermés , affez longs, mais étroits; le front eft un peu large, le nez fort aplati, mais bien formé; la ligne du milieu un peu marquée, la bouche bien faite & fermée, ayant la lèvre fupérieure un peu forte , telativement à l'inférieure ; le menton eft bien propor- tionné, & les mufcles du total font très-articulés: la couleur de cette tête eft rougeûtre , & reflemble affez bien aux têtes s Tritons, imaginées par les Peintres; fa fubftance eft fem- blable à celle de la pierre où elle a été trouvée ; elle n’eft, à proprement parler, que le mafque de la tête naturelle: ce malque s’eft moulé fur cette tête, lorfque‘la matière de fa pierre étoit encore molle. On voit für la fuperficie de quelques débris un grand nombre de dents pointues, de différentes efpèces, & dont on ñe connoït pas les analogues. Il y en a une entre autres qui eft ronde, crochue, recourbée plus qu'un demi-cercle, aiguë comme celle des poiffons , blanche, longue d'un pouce & demi dans ce qui refte , la partie fupérieure ayant été rompue ; elle pourroit avoir trois pouces de longueur, fi elle étoit entière ; l'émail en eft du plus grand poli ; fon intérieur, qui s'aperçoit par la partie fupérieure qui eft caffée, a confervé fa nature; il peut avoir deux lignes & demie de largeur. Un autre morceau de la pierre renferme une dent différente de celle-ci: cette déht eft brune & recouverte de fon émail qui ef très-reluifant ; elle eft à demi recourbée en cercle: la partie qui en eft reflée, a deux pouces de longueur fur quatre lignes de largeur ; elle pouvoit avoir, lorfqu'elie étoit entière, cinq pouces dans la première dimenfion. Une troifième dent , DES DCIENCES. 213 dont la pointe fe perd dans un quartier de pierre, laifle paroîre quelques lignes de fa partie inférieure ; la racine en eft rompue & féparée : ce qui refle eft d'un pouce trois lignes en largeur ; Yintérieur eft d'une fubftance femblable à celle des dents de poiflon; fon émail eft d'une couleur grife, tirant fur le bleuñtre. Une quatrième dent eft peu crochue; elle a trois pouces une ligne de longueur , fur trois lignes de largeur ; elle eft arrondie fur le tranchant & moufie: fon émail eft de couleur minime: elle adhéroit aux autres dents qui lui étoient contiguës, & elle étoit attachée à une partie de cette pierre qui lioit un tas d'offémens humains, brifés & difpertés fans ordre. Toutes ces dents paroiflent être celles de quelque gros poiffon. A la fuperficie d'un autre quartier de pierre, eft implantée une efpèce de corne carrée, un peu courbe, couchée hori- zontalement & de couleur rouffe ; elle eft couverte d’une forte d'émail, ou plutôt d’une fubftance de a nature de celle des cornes de cerf : il ne fubfifte qu'une partie de cette corne, & ce qui eft reflé, a trois pouces de Jongueur fur un de largeur ; fon intérieur eft percé de quatre canaux , elle a Vair de la corne de quelque poiffon. La carrière où fe font trouvés ces différens os, eft fituée dans un lieu affez élevé, où il n'y a ni fources, ni ruifleaux, ni eaux qui y filtrent, ni tuf renfermé dans la terre: ces environs ont été habités par es Romains, du temps de la République ; ils font remplis des décombres de feurs maifons & de briques rompues , fans qu'on y rencontre aucuns offémens qui y foient mêlés. I[ eft conflant que Fon n'a vu, parmi les os de l'intérieur de la carrière, aucune partie de briques ni de bâtifle; ce qui fait conclure que la carrière & ce qu'elle renferme, étoient , lorf qu'on Ja ouverte, dans le même état que du temps des premiers Romains qui. ne l’ouvrirent pas, & conféquemment ce qu'on y trouve eft d'une époque bien antérieure à eux ; ce qu'on a mis au jour de cette carrière, donne tout lieu de penfer qu'on y trouvera des mêmes offemens, fi on continue à y travailler. On peut juger par le détail précédent, combien eft peu Dai > # > ÿ > Ÿ w Ÿ J Ÿ # ÿ “ Le 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE exact ce qu'on a rapporté de cette découverte dans la Gazette d'Amfterdam , du 7 Mars de cette année 1760 : « On y dit, qu'en faifant fauter une pointe de rochers près les murs d'Aix en Provence, du côté des eaux de Sextius, on a trouvé à la profondeur de cinq à fix pieds des corps d'hommes pétrifiés , qui faifoient également corps avec le rocher : ces corps étoient debout, à un pied & demi, plus ou moins , les uns des autres. On a confervé beaucoup d'offémens & fix têtes, dont une a les traits du vifage bien marqués; fe refte de la pierre, dur comme marbre & brute comme la pierre ordinaire , &c. On aperçoit fur quelques-uns de ces os, une enveloppe rembrunie très-dure; les parties offeufes ont confervé. prefque toute leur blancheur : en les grattant, on en enlève des parties, comme on feroit à du plâtre dur ; la moëlle de ces os eft généralement criftallifée: on a trouvé dans le même rocher deux dents très-aiguës, recourbées, & longues de deux , trois, quatre & cinq pouces, que l'on croit être des dents d'animaux marins. Les Curieux ont fait ceffer la fouille ; l'on croit que Jon aura de la peine à en tirer d'entiers. » Rien n’eft moins exaét que ce qu'on vient de lire, comme il eft prouvé par la relation précédente. En eflet , il y eft dit que les offemens fe font trouvés pêle-mèle; la plupart étoient brifés. Il paroït même, par cette relation, qu'on peut très- raifonnablement douter que les prétendues têtes humaines foient des têtes, & fur-tout des têtes d'hommes. La compa- raifon que l'auteur de la relation fait de ces têtes avec celles des Tritons qu'ont imaginées les Peintres, donne tout lieu de penfer que cette reflemblance eft plutôt dûe à l'imagination, qu’à quelque chofe de réel. De plus, comment concevoir que des têtes humaines fe font confervées aflez long-temps recou- vertes de leurs chairs & de leurs mufcles, pour qu'il fe moulât fur elles un mafque régulier, tel que celui qui eft décrit? Tout ce qu'on voit dans cette carrière , annonce qu'elle s'eft formée de débris de corps qui ont été brifés, & qui ont dû être ballotés & roulés dans les flots de la mer, dans le temps que ces os {e font amoncelés; ces amas ne fe faifant qu'à la longue + DES NISNEMNIENNC ES 215 & n'étant {ür-tout recouverts de matière pierreufe que fuccefir- vement, On ne conçoit pas aifément, comment il pourroit s'être formé un mafque fur la face d’une de ces têtes, les chairs n'étant pas long-temps à fe corrompre, lors fur - tout que les corps font enfévelis fous les eaux: on peut donc très-rai(ona- blement croire que ces prétendues têtes humaines n’en font réelle- ment point. Si je n'eufle pas vu une de ces prétendues têtes, & proba- blement celle qui étoit la mieux confervée , j'aurois imaginé que ces corps pouvoient tenir de Ja figure de ces maffes de grès, qui, fuivant les trous où elles fe forment , prennent .la figure de têtes, ou de buftes humains plus ou moins réguliers. J'aurois encore pu foupçonner que ces corps étoient des noyaux moulés dans les têtes des poiffons, des dents defquelles il eft parlé dans la relation ; j'aurois pu penfer qu'il fuffoit pour cela, que la matière pierreufe, qui pouvoit s’y être introduite, eût rempli les orbites des yeux, les narines & la gueule de ces poiflons , pour donner à ces noyaux une forme de tête régulière, & que la préoccupation fait prendre pour des têtes humaines. Je n'aurois peut-être guère héfité à prendre ce fentiment, quoiqu'il foit dit dans fa relation, qu'on a L'ouvé avec ces têtes des amas d'os humains. Il eft fi facile de fe méprendre en faifant de ces fortes de comparaïfons , qu'il ne feroit pas étonnant qu'on eût pris des os de poiffons pour des os qui euffent appartenu à l'homme. Il ÿ a même tout lieu de penfer que ces os font ceux des fquelettes des poiflons, dont on a trouvé les dents, & dont quelques-unes étoient enclavées dans les mêmes quartiers de pierre qui renfermoient des os qu'on dit être humains. Il paroït que les amas d'os des environs d'Aix, font fem- blables à ceux que M. Borda a fait connoître depuis quelques années, & qu'il a trouvés près de Dax en Gafcogne. Les dents qu'on a découvertes à Aix, paroiffent, par la defcription qu'on en donne, être femblables à celles qui ont été trouvées à Dax, & dont une mâchoire inférieure étoit encore garnie, On ne peut douter que cette mâchoire ne foit celle d'un gros 216 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE poiflon ; elle étoit confervée dans le Cabinet d'Hiftoire natu- relle de feu M. de Reaumur, & il a été facile de s'aflurer quelle avoit appartenu à un poiffon marin, d’une certaine groffeur : je penfe donc que les os de da carrière d’Aix font femblables à ceux qui ont été découverts à Dax; je le crois d'autant pius volontiers , que l'examen que j'ai fait des pierres, des os, & d'une prétendue tête qui ont été envoyés à M." de Bois-jourdain , me portent à embrafler ce fentiment. Les pierres font calcaires, fégèrement rougeîtres, remplies de petits graviers, & même de petits caïtioux roulés ou galets ; les os qu'elles renferment, me paroiffent être pour la plupart des portions de côtes de poiffons marins, plutôt que d’os de bras & de jambes humains; c'eft probablement ces portions de côtes, qui en ont impolé à ceux qui les regardent comme des os de bras & de jambes. Un de ces os qui pourroit bien être pris pour une rotuke par un Oblfervateur peu attentif, me paroît être le bout poftérieur de quelques côtes. Les os renfermés dans les pierres envoyées à M." de Bois-jourdain , font friables, dénaturés. La matière criftalline qui remplit Ja cavité de quelques-uns, eft de la nature du fpath criflallifé en facettes ; ce fpath eft entièrement femblable à celui qui incrufte plufieurs trous, dont les pierres font percées ; l'un & F'autre fe diflout à l'eau forte, ainfi que la pierre & même les os : les cavités longitudinales de plufieurs autres os, font remplies d'une fubftance femblable à celle dont des pierres qui renferment ces os, font formes. Après toutes ces réflexions, je penfe qu’on doit rapporter ces offemens , quels qu'ils foient , à des fquelettes de poiflons, plutôt qu'à des fquelettes humains. Ce n’eft pas cependant que je fois éloigné de croire, qu'on ne puifie trouver des os humains renfermés dans la terre & enclavés même dans des pierres, mais ces terres & ces pierres où l’on rencontre de femblables os, font voir des marques qui prouvent qu'on a remué ces terres, où qu'on a travaillé ces pierres ; au lieu qu'il ‘ef conflaté, par la defcription de la carrière d'Aix , que cette carrière étoit dans {on état primitif, lorfqu’on l'a ouverte: le gravier DES SVOMEUN CE s 21 gravier & les cailloux roulés qui font difperfés dans a pierre, font femblables au gravier & aux cailloux dépofés par la mer. Mais que doit-on penfer des prétendues têtes humaines ? font-elles réellement des têtes? font-elles des corps marins ou plutôt des noyaux pierreux , formés dans quelques corps qui aient vécu dans la mer on éclaircira ces doutes par la delcription d'un de ces noyaux, qui probablement étoit regardé comme la tête la plus parfaite, puifque, comme il a été dit dans a relation, il n’y a eu qu'une de ces prétendues têtes qui a été prefque confervée en fon entier. Ce corps a environ fept pouces & demi de longueur , fur trois de hauteur & quelques lignés de plus; fa forme eft celle d'un globe alongé , aplati à fa bafe, plus gros à l'extrémité poftérieure qu'à l'extrémité antérieure, divifé fuivant fa largeur, & de haut en bas, par feépt ou huit bandes larges depuis fept jufqu'à douze lignes : chaque bande eft elle-même divifée en deux parties égales par un léger filon; elles s'étendent depuis la bafe du corps jufqu'au fommet : dans cet endroit , celles d'un côté font féparées de celles du côté oppofé, par un autre filon plus profond, & qui s'élargit infenfiblement depuis la partie antérieure jufqu'à la partie poftérieure. A cette defcription , on ne peut reconnoître le noyau d'une tête humaine ; les os de la tête de homme ne font pas divifés en bandes, comme l'eft le corps dont il s’agit ; une tête humaine eft compolée de quatre os principaux, dont on ne retrouve pas la forme dans le noyau dont on a donné la defcription; elle n'a pas intérieurement une crête qui s'étemde longitudi- nalement , depuis fa partie antérieure jufqu'à fa partie pofté- rieure qui da divife en deux parties égales, & qui ait pu former ke filon tracé fur la partie fupérieure du noyau pierreux. Ces confidérations me font penfer que ce corps eft plutôt celui d'us nautile, que celui d’une tête humaine. En effet, il y .a des nautïles qui font féparés en bandes ou boucliers, comme ce noyau ; ils ont un canal ou fiphon qui règne dans a longueur de leur courbure , qui les fépare en deux & qui aura formé le filon du noyau pierreux. à Mém. 17060. Ève 22 Avril 1760, 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE De plus, je nai rien remarqué dans ce noyau qui eût quelque rapport à la bouche , au nez & aux orbites des yeux d'une tête humaine ; enfin, on ne peut attribuer les bandes ou boucliers de la mafle pierreufe, à l'empreinte des mufcles de la tête de l'homme, elle n'en renferme point; les bandes ou boucliers ne pourroient être düs qu'à l'empreinte de la dure-mère x mais cette membrane n'eft pas ainfi divifée par bandes. Quand on voudroit que le corps pierreux ne fût pas un noyau formé dans l'intérieur d'une tête, mais que ce fût un mafque moulé fur l'extérieur d'une tête humaine, ce mafque ne pourroit avoir les bandes dont il s’agit, les mufcles de la face, le frontal, les crotaphites n'étant pas ainfi féparés : il n'y a donc aucune apparence qu'on puifle regarder ce corps foflile , comme s'étant formé dans l'intérieur d'une tête humaine, ou s'être moulé fur une femblable tête; je crois au contraire que ceft, comme je l'ai dit, une pétrification dûe à quelque efpèce de nautile ou de corne d'ammon. H me paroït donc qu'on doit rendre tous ces offemens à la mer, & n'en pas attribuer une partie à des poiflons & l'autre à des corps terreftres. Ces fqueleites humains, trouvés entiers, felon un Ecrit périodique, font démentis par rs relation : que jai rapportée ; les offemens & les prétendues têtes bien examinées, paroiflent être düs à des poiffons ou à des co- quillages : le merveilleux qu'on avoit donc mis à la découverte, difparoît, ce qui doit rendre de plus en plus attentif à recevoir avec beaucoup de reflriétions, ces relations annoncées précipi- tamment dans les papiers publics , fur-tout Jorfque ces annonces font faites d’un ton extraordinaire , & qu'elles font dûes à des perfonnes qui ne fe font pas fait connoître pour être des Obfervateurs fcrupuleux & de vrais Naturaliftes. M e HÉRISSANT a I la note fuivante, qui doit être ajoutée au Mémoire de M. Guetard, fur plufieurs os remplis de fuc pierreux , &c. Jai eu occafion d'examiner plufieurs portions offeufes , fem- blables à celles que M. Guetard a fait voir à l’Académie le 22 DIE rS 4 SYÉVTSÆEIN CE 6. 219 Mars 1760, & qui ont été trouvées comme pétrifies, aux environs d’Aïx dans une carrière. Il ny a perfonne qui, au premier coup-d'œil, ne s'imagine que ces fortes d’offemens font encore demeurés os, c’eft-à-dire, qu'ils confervent encore en eux les différentes fubftances propres à ces parties ÿ cependant pour m'aflurer plus pofitivement de leur 2 état actuel, j'ai cru devoir foumettre plufieurs de ces morceaux à la forte de pierre de touche, que je regarde comme très-propre à éclaircir ce fait. Pour cela, j'en jetai dans ma liqueur acide , & fur le champ j'en ai vu {ortir une quantité prodigieufe de bulles d'air très-fines, & exactement femblables à celles qu’on voit fortir en pareil cas d’un os bien calciné ou d'un morceau de craie. Au bout de quelques heures, ces offémens fe font trouvés totalement diflous; il y a plus, c’eft que toute la mafle piérreufe qui les environnoit, pour ne faire enfemble qu’un feul bloc, s’eft de même trouvée entièrement difloute. Je donnerai le détail de ce phénomène , dans le Mémoire que je fournirai fur le mécanifme de la pétrification des parties offeufes des animaux. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCcuHE I. nee r, mafle de pierre lardée de plufieurs portions d'os; Ia portion z eft de quatre pouces de longueur , fur quatorze lignes de largeur dans fon plus grand diamètre, &'onze dans fon plus petit; différence qui ne vient que de ce qu’elle eft un peu comprimée laté- ralement: la portion 2 eft de vingt lignes dans fon plus grand diamètre, & de quinze dans la partie la plus large de fon plus petit diamètre, La différence de celui-ci eft produite par la figure de la portion d'os qui eft prefque triangulaire ou plutôt un ovale, dont une extré- mité a fes côtés beaucoup plus rapprochés que ne font ceux de l'extrémité oppolée; c, fragment d'un petitos; d,e, f,g, empreintes de différentes portions d'os; A, taches noires formées par de petites dendrites. Fig. 2, portion d'os gravée de grandeur naturelle ; fa cavité eft remplie de criftaux fpatheux blancs, à facettes & à pointes de diamant. Fig. 3, autre portion d'os, gravée de grandeur naturelle, ouverte dans fa longueur, & remplie de criftaux femblables à ceux de la portion d'os de Ia figure 2. Fig. 4, troifième portion d'os moins gros que les précédens , cylin- drique & non comprimée latéralement comme les deux précédentes, EE 220. Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE remplie d'une fubflance de la nature, du grain & de la couleur de-la pierre où les os étoient enclavés. PELVAN.C HIT Figure 1, prétendue tête humaine, & qui n’eft probablement que le- noyau de quelque efpècede nautile ; 4, 4,0, fillon formé , à ce qu'il paroit, par le fiphon de ce nautile; d, d, d, d, d, bandes ou bous cliers dont ce corps eft coupé tranfverfaiement & de haut en bas; e,exe, portion de la pierre dans laquelle il étoit enfermé; ce corps eft repréfenté environ d'un tiers moins gros qu'il n'eft en nature. Fig, 2, os qui a du rapport à cette partie des quadrupèdes que l'on appelle communément l'offélet , l'extrémité feft arrondie , le coté g eft un peu concave, l'extrémité À eft beaucoup moins épaiffe que celle qui lui eft oppolée , elle finit par des efpèces d'apophyfes pointues’ le côté z eft arrondi, le corps de cet os eft dans fon milieu un peu creufé ,* ou un peu moins relevé que fes bords, la furface qu'on ne voit point dans la gravure eft aplatie , cet os eft repréfenté de grandeur naturelle. Fig. 3, portion d'os prefque cylindrique criflallifée en dedans... … Fig. 4, autre portion d'os qui approche de la figure triangulaire: également criftallifée. fi Fig. $, portion d’un autre os plus gros, dont l'intérieur eft remplit d'une fubftance rougetre femblable à celle du rocher où ces os fes font trouvés. L Fig. 6, éclat de pierre qui renferme une dent #; cette dent eft à pans angulaires, profonds; l'éclat de pierre renferme encore un caillou roulé /: quant à-la dent, elle n'eft point certainement une dent humaine; les dents de l'homme n'étant point ainfr divifées en plufieurs facettes on pans, dont les angles rentrans & fortans font trés-aigus, & leur couronne n'étant point par conféquent entourée d'efpèces de pointes formées par l'extrémité fupérieure des angles. rentranss | Mern.de lAc.R.des Se.17 60 Pag. 220. PL 7: st PORTE | Pod. Echelle de Mem.de l'Ac R.dar Se 1762. lag. 220.21. 8, À 57 S NA CS DES SCrENcCESs 22 O BSÆE KV AT TION D'EL\ ES ÉC'E # PSE D'E,L ÊNE D 23 Novembre, au foir ; FAITE À L'OBSERVATOIRE ROYAL. Pa M CE UC Er 2 y. pe fait cette obfervation avec une lunette de 8 pieds, / qui avoit à {on foyer un micromètre garni.de réticules ; à7" 45" on voyoit déjà la pénombre fur le bord de la Lune par où l'éclipfe devoit commencer; à 7h 50’ $s”, le bord de la Lune paroifloit fombre, & j'ai donté du commence- ment de l'écliple; mais à 7h $ 2’ l'éclipfe étoit commencée : j'ai mefuré avec le micromètre la quantité des:doigts éclipfés.. À 7" 55° 56”l Eune étoit éclipfée d'un doigt. 8. 2. 31 de deux doigts. 8: 3. 16 l'ombre à Platon. 8. 10. 18: de:trois doigts, 8. 17. o.de quatre doigts. 8: 26. 21 de cinq: doigts. 8. 29. 30 l'ombre à Képler.- 8 A ‘26 Novemb:- 1760. . 42. oO de fix doigts. # 2! j'ai jugé la plus grande éclipf de 64 ou 64‘ 50°. 9 1° 45" Képler eft forti de l'ombre. 9. 17. 30. l'éclipfe eft. de fix doigts. 9 33. 30 de cinq doigts. 9. 44. o de quatre doigts. 9: 54 6 de trois doigts. 9-55: 26 Platon eft forti. To. 2. 30 deux doigts. 10. 9. 30.un doigt. ÿo. 16, 58 fm de ''éclipfe, incertaine à caufe dés nuages: qui cachoient le bord de la Lune. Ee ii 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE On voyoit cependant le bord de la Lune un peu obfeur: la Lune a reparu à 10h 0" 20", & on voyoit encore de l'obfcurité fur le bord de la Lune; l'ombre n’a pas paru bien terminée, Par la comparaifon des phafes des doigts, j'ai trouvé le milieu de léclipfe en cette manière, PA ASE MROES ON OA PK LA NE 218 Fe 9 2 T2 4.911020 5---8. 59. 53 6 8. 59. 4x Par un milieu. .... DA TANRO Le ciel s'étant découvert quelque temps après la fin de l'éclipfe, j'ai attendu le pañfage de la Lune au méridien. A2" 7 13°+ pañage du 1° bord. 9. 435 paflage du 24 bord. La hauteur du bord fupérieur a été trouvée de Gi 14° 25", & celle du bord inférieur de 604 40° 25". Comme l'étoile y du Lion fe trouvoit à peu près dans le parallèle de la Lune, j'ai fait l'obfervation de fon pañage au méridien qui eft arrivé 6" 2" 42" + après le pafage du premier bord de la Lune, à ma pendule qui donnoit la révolution des fixes de 234 57° 41",1a hauteur de l'étoile a été trouvée de 624 14! 40”. Je donnerai dans la fuite le calcul de cette obfervation, & de celle de l'éclipfe de Lune dont je me propole de refaire le calcul fur les nouvelles tables. D ES) SICARNEUN CE « a TROISIÈME MEMOIRE SUR L’'EXFOLIATION DES OS, Pa M TENON « ] E métis propofé dans mon fecond Mémoire fur l'exfolia- tion des os, l’échaircifiement de quelques doutes concernant la méthode de Bellofte. Il s'agiffoit de rechercher fi, comme on l'avoit penfé d’après différentes oblervations, il eft vrai que cette méthode prélerve de l'exfoliation dans certains cas, & là procure dans d'autres. D'examiner pourquoi il croît quelquefois des bourgeons. dans les trous pratiqués fuivant cette méthode, tandis que dans d'autres occafions on ne voit fortir aucun bourgeon de ces mêmes trous. De s'aflurer quelle peut être la fource de ces bourgeons qui croiflent dans les trous, ou qui pouffent à {a furface des os dénués ; enfin, de déterminer, sil eft poflble, à quel point, & dans quelles circonftances, l'expédient de Bellofte eft avan- tageux dans le traitement des dénudations récentes des os du crâne. J'ai déjà fatisfait à trois de ces queflions ; j'ai fait voir, d'après les expériences, que la perforation appliquée par Bellofte aux os récemment découverts, ne Îes garantifloit nullement. de f'exfoliation, ou d'une décompofition dont on découvre: les traces fur toute l'étendue de la furface dénudée. De plus, jai fait voir par rapport au fecond point de mes: recherches, que l'on obtient conflamment des bourgeons dans les trous, toutes les fois que l'on perfore jufqu'au fang ; & même dans toutes les occafions où, quoiqu'il ne paroiffe: point de fang, la perforation a été portée jufqu'à une pro- fondeur , où l'os n'ait point encore acquis le dernier degré. de dureté, & tienne encore un peu de l'état de cartilage, 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE Enfin, j'ai démontré que la fource de ces bourgeons n€ procède pas d’un fuc moëlleux , comme le croyoit Bellofte, qu'elle n'émane pas non plus du diploé, comme on le penfoit généralement ; mais qu'elle tire fon origine de la fubftance parenchymateufe de los, qui, fous cet état de bourgeons, eft privée de fa craie, pour s'en charger de nouveau en rede- venant os, à* mefure que l'on s'éloigne du terme de la guérifon. Pour ce qui eft du dernier objet de mes recherches ; (l'examen des avantages ou des inconvéniens que peut avoir la méthode de Bellofte ) je le renvoyai à un autre Mémoire, & c'eft ce Mémoire que j'ai l'honneur de préfenter aujourd’hui à la Compagnie. Inftruit par mes expériences des avantages que lon tire de Vufage des humectans, & fur-tout de celui des humeétans balfamiques & gras , dans le traitement des dénudations récentes dont ils hâtent la guérifon plus qu'aucun remède que je fache, il ne me reftoit plus, pour me mettre en état d'apprécier les effets de la perforation, qu'à prendre les effets des humeétans pour terme de comparaïfon, & de les oppofer à ceux de la perforation afflociés dans un m£ine traitement à l’ufage de ces humectans : car il eft vifible que fi les humeétans déterminoient Fexfoliation, & hâtoient le bourgeonnement & la guérifon, autant & même plus que ne pourroit le faire l'expédient de Bellofte employé avec les humedtans, il feroit fuperflu de recourir à cet expédient ; mais aufii fi la méthode de Bellofte employée conjointement avec les humectans, hâtoit encore Vexfoliation & la crûe des bourgeons; & fr elle accéléroit la guérifon, fon utilité feroit démontrée, & ce feroit certainement tomber dans une négligence impardonnable, que de ne pas y avoir recours: je crus donc que ce feroit contribuer au progrès de l'art, que de lever le doute qui s'offroit à moi. Mais ce n'eft pas le ful que préfente la queftion que j'examine ; car, non-feulement la perforation pourroit être conftamment inutile » & dès-lors rejetée , ou conftamment avantageufe & par confé- quent adoptée, mais encore il pourroit fe faire que cette méthode PEN SNSAGPYEN CE EM 92 miéthode fût feulement inutile dans certains cas, & avantageufe dans d’autres ; il pourroit même arriver qu'il y eût telles cir- conftances, dans lefquelles il fût dangereux d'y avoir recours. Si tous ces doutes font fondés, ils ont befoin d’être éclaircis y afin dé réduire à leur jufte valeur les avantages de cette méthode , en s'aflurant, s’il eft poffible, des cas où elle froit inutile, de ceux où elle feroit avantageufe, de ceux: enfin où elle peut être dangereufe, pour , en conféquence de cet examen, fe déterminer fur lufage que l'on doit raifonnablement faire dans la pratique, de l’expédient de Bellofte : les expériences & les obfervations me guideront dans ces recherches, ainfr qu'elles m'ont guidé dans mes travaux précédens. Un fait à conftater, duquel je pouvois tirer de grands éclairciflemens, concernant la queftion: $ /a méthode de Bellofte employce conjointement avec les humectans , accélère plus l'ex- Joliation, le bourgeonnement © la guérifon, que ne feroient les humetlans employés feuls, étoit ce que j'avois vu dans une des expériences de mon premier Mémoire , favoir ; que fa partie de la dénudation qui bordoit un trou d’où if avoit pouffé des bourgeons , fût plus tôt couverte que la partie correfpon- dante de la même dénudation qui navoit pas été perforée; : & quoique je n’eufle pas befoin d'une précifion mathématique pour apprécier les effets des deux procédés que je comparois ; il me parut néanmoins important de déterminer , le plus exac- tement qu'il étoit poflble, le produit de mes expériences, pour fonder d'autant plus fürement les raifons qu'on peut avoir d'adopter ou de rejeter lexpédient de Bellofte. C'eft pourquoi, au lieu de former une dénudation fur la tête d’un chien, & une autre fur la tête d’un autre chien; de panfer l'une avec des humeétans, de perforer & de panfer Pautre avec des humectans, je mis ces deux procédés en comparaifon fur la même tête; car je periorai les os d’un feul côté de la future fagittale, laiffant le côté oppolé fimplement dénué, & je panfai le toutavec le même médicament humedtant : j'en ufai ain, dans la crainte que la diverfité d'âge des animaux que Jaurois pu employer dans mes expériences ou quelqu'autre Men, 1700. ; 5326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALe circonftance, ne donnafient à leurs os plus ou mois dé dureté, & noffriflent des difpofitions différentes pour l'exfo- lation & le bourveonnement, ce qui m'auroit trompé dans: “eflimation que j'aurois faite. Je fis donc quinze trous fur la moitié d'une dénudation; je ne perforai pas l'autre moitié, qui étoit féparée de la première ar la füture fagittale, je les panfai toutes deux:avec un cata- plafme de plantes émollientes. Je difpofai de même un autre chien, mais je panfai celui-ci avec l'onguent. Zafilicum : voici le rélultat de ces deux expériences. Le fixième jour du panfement fait avec le cataplafme, if parut des bourgeons dans tous les trous; le neuvième, quelques-uns de ces bourgeons débordèrent les trous ; les jours fuivans, il fe détacha de leur fommet une petite efcarre ou exfoliation molle, femblable à celles que j'avois vu tomber de deflus des bour-. geons dans d'autres expériences où je m'étois pareillement fervi de eataplafme. Malgré ce contre-temps, les bourgeons étoient , le douze. vermeils & affez folides ; ils furmontoient alors les trous de: plus d’une ligne : un de ces bourgeons s’étoit joint à un autre ,. qui avoit pouflé dans les futures; ceux de la circonférence. s'étendirent vers les bords de la plaie auxquels ils touchoient, ceux du milieu étoient encore ifolés; mais le feize , tous les bourgeons étoient unis & couvroient los du côté qui avoit été perforé : il s'étoit détaché ce jow-là, entre chacun d'eux, de fort petites lames ofleufes, fous lefquelles avoit: crû une fabftance femblable à celle des bourgeons des trous; il y avoit. feulement cette différence entre ces deux fubflances, que celle qui avoit pouffé dans fes trous furmontoit d'environ une ligne & demie celle qui étoit crûe fous les petits feuillets offeux, mais cette dernière fe mit en fort peu de jours, de niveau avec le fommet des bourgeons des trous. Tandis que les chofes fe pafloient ainfr du côté perforé, los étoit encore découvert & brun du côté imperforé: les bourgeons y croifloient, mais feulement à la cisconférence de la dénudation, & en tendant vers le centre, ils étoient DIE SLASNGURE AN BE LS M 227 précédés d’une portion de cercle qui étoit rouge. L'os reprit vie en rougiflant un peu les jours fuivans: il s’exfolia le vingt ; il y avoit fous tout le feuillet offeux qui venoit de tomber en une feule pièce, des bourgeons parenchymateux , bien moins épais que ceux du côté perforé; car les derniers furmontoient alors les autres de plus d’une ligne, ce qui pouvoit, au premier coup d'œil, être envifagé comme un avantage confidérable : mais avant, d'apprécier cet avantage, fi effectivement c'en eft un, nous dirons qu'ils ne jouirent pas long-temps de cette prérogative ; la fubftance dont étoient formés ces bourgeons, du côté imperforé, crût aflez en cinq jours de temps pour s'élever au niveau de celle du côté perforé, qui, pendant le même tefpace de temps, ne parut plus faire aucun progrès en élévation ; la cicatrice qui s’étendit enfuite fur cette fubflance fpongieufe, s’avança d’un pas égal fur les deux côtés; elle venoit des bords de la plaie ou plutôt les bords de Ja plaie s’avan- çèrent eux-mêmes vers le centre en s'étendant peu-à-peu fur les bourgeons. J'ai eu occafion de remarquer dans cette expé- rience-ci, & dans beaucoup d'autres, qu'a mefure que la cicatrice s'avance {ur les bourgeons de la circonférence de la dénudation, elle les affaifle, les cofiche & les étend en manière de rayons, tandis que les autres bourgeons, qui font placés au centre & fur lefquels cette cicatrice ne s’eft pas encore élevée & éten- due, demeurent droits, furmontent un peu les bords des lèvres de la plaie, qui preffent fur les côtés & tout autour la maffe parenchymateufe crûe fur los ; de cette preffion, qu'exercent des bords de fa plaie fur la circonférence de la fubflance fpongieule ou bourgeonnante, réfultoit ane cannelure bien marquée , dans laquelle la peau, avec:un peu de tiflu cellulaire & quelques fibres orbiculaires qui f xencontroient dans des ‘Ièvres de la plaie, s'étoient engagés en manière de .collet ; mais lorfque de bord de la cicatrice eft prêt à furmonter Ja fubftance fpongieufe qui forme les bourgeons du centre, Ja cannelure eft effacée, & peu de temps après le tout.eft recouvert. Je n'oferois m'étendre davantage ici {ur les obfervations que j'ai faites conceraant ce qui fe paffe dans les cicatrices des Ff ij 228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plaies du crâne avec dénudation, dans la crainte de trop m'éloigner de ce qui fait le principal objet de mes recherches, auquel je reviens. Javois tenté cette expérience dans la vue de mm'aflurer fi la perforation employée conjointement avec les humectans , accéléreroit davantage lexfoliation, te bour- geonnement & la guérifon, que ne pourroient faire les feuls humectans ; elle nous a mis dans le cas d'obferver que l'exfoliation s'eft faite pluôt du côté perforé: que du côté imperforé; la différence des deux rélultats ef telle que la perforation accélère dans le cas préfent l’exfoeliation d'un cin+ quième, puifqu'elle fe fit le feizième jour, du côté perforé & feulement le vingtième du côté imperforé, & c’efl. déjà un avan- tage confidérable qu'elle produit. Nous avons vu en outre, par rapport à la produétion & au: développement des bourgeons, que ces bourgeons parurent plus tôt, furent formés plus promp- tement, & atteignirent le terme de leur croiflance ou de leur élévation plus promptement du eôté perforé que du côté imperforé, puifque dès le fixième jour du traitement on vit paroître des bourgeons dans tous les trous ; que l'os entier en étoit couvert le feize; que les bourgeons avoient acquis toute leur élévation le vingt; au lieu qu'il n'en paroifloit point encore le feize fur le côté imperforé, fi ce n’eft à la circonférence; que le vingt, ces bourgeons, du côté imperforé, étoient moins élevés d'environ une ligne que ceux du côté oppofe. Jufqu'ici les avantages de la méthode de Bellotte font fen- fibles & confidérables; mais ce qui paroîtra peut-être furprenant ,. du moins ce qui m'étonna beaucoup ; ce fut de voir que le côté perforé ne parut pas conferver dans le refle de la cure les. avantages dont il avoit joui.jufqu'alors fur le eôté imperforé, puifque cinq jours après que Fexfoliation fut tombée de deffus le côté imperforé , la fubftance fpongieufe de ce côté fe trouva élevée au niveau de celle du eôté perforé; que la cicatrice qui s'étendit fur cette fubftance fpongieufe y avança d’un pas égal, & que la gaérifon ne fut pas plus prompte d'un côté que de l'autre : Fexpérience feule pouvoit nous faire connoitre * des faits aufli finguliers. Mais de ce que les bourgeons du côté DES SCIENCES. 224 imperforé ont atteint fur la fin de la cure ceux qui étoient crûs fur le côté perforé, & de ce que a cicatrice s’eft étendue également fur un côté & fur autre, en forte que les deux. côtés ont été guéris en même temps,. conclurons-nous que Îa perforation n'a aucunement accéléré la guérifon dans cette expérience ? c’eft une conféquence à laquelle je ne faurois me livrer : maïs avant. dé la difcuter, il eft néceffaire de rendre compte de la feconde expérience que j'ai annoncée, dans laquelle je me füis fervi du aflicum pour les panfemens ; j'efpère que le réfultat nous procurera quelques lumières fur ce doute. EXPÉRIENCE où je me fuis fervi du baflicum. Le cinquième jour de cette expérience, il parut des bourgeons dans tous les trous ; le fixième, les bourgeons qu’on avoit vus Îa veille dans tous les trous crûrent & les débordèrent. Ce jour-là ,. les-futures bourgeonnèrent ; if parut aufli des bourgeons fur le côté imperforé, mais ceux-ci fe montrèrent feulement à a. circonférence de la dénudation, ils étoient précédés à l'ordi- maire d'une portion. de cercle rouge : le fept & le huit, les bourgeons crûs dans les ‘trous s'étendirent fur los, & le côté: perforé en fut entièrement couvert le neuf; ils crürent beau- couples jours fuivans jufqu'au quatorzième, où ils acquirent. à: peu près leur élévation. à Tandis que les chofes alloient ainfi fur le côté perforé , le côté imperforé n’étoit point encore recouvert; il. croifloit feu- lement des bourgeons à la circonférence & dans les futures : ceux des futures avançoient au-devant.de ceux qui venoient de la circouférence, Tous ces bourgeons étoient moins élevés vers. le milieu de cette demi-dénudation qu'à fa circonférence ;_ enfin Vos s’exfolia le feize,.& tout Le côté imperforé fe trouva revêtu de petits bourgeons qui groffirent & s'élevèrent en cinq jours au niveau. de ceux du. côté perforé : alors la cicatrice gagna peu-à-peu fur les deux côtés & s'y avança d’un pas égal. Mais defirant examiner la fubilance des bourgeons, avant: qu'elle les eût entièrement couverts, pour m'aflurer de l'état. F£ iÿ 530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans lequel je la trouverois , tant du côté perforé que du côté imperforé, je terminai cette expérience : Je difléquai la plaie, -& je remarquai que la peau des lèvres de cette même plaie étoit engagée dans une raïnure ou cannelure formée tout autour de la fübftance bourgeonnante ; fous cette peau fe remarquoient beaucoup de fibres blanches , orbiculaires, roides & élaftiques, jointes à quelque peu de tiffu cellulaire, le tout étoit pareil- lement engagé par fon bord dans la cannelure décrite ci-deflus : ayant donc enlevé la peau , les fibres orbiculaires dont je parle, & le tiffu cellulaire qui compofoient les lèvres de ta plaie &c qui couvroient une partie de la fubftance fpongieufe, je trouvai cette même fubftance fpongieufe couchée , difpofée en manière de rayon, & moins élevée d'une ligne que celle du centre de la dénudation , fur laquelle la cicatrice ne s'étoit pas étendue; confidérant enfin la fubflance de ces bourgeons , après l'avoir coupée jufqu'à los tant d’un côté que de l'autre, je remarquai que celle du -côté perforé étoit plus ferme que celle du côté imperforé : j'obfervai en outre que la fubftance de ce premier côté tiroit déjà un peu fur la nature & la couleur du cartilage près des os, ce qui ne fe remarquoit point encore dans Ja fubftance fpongieufe du dernier côté. Cette expérience prouve, comme la précédente, 1? que la méthode de Bellofte accélère l'exfolation ; car encore qu'il ne fe foit pas fait d’exfoliation fenfible du côté perforé, nous ne pouvons douter, d'après toutes les expériences que J'ai gapportées dans mes précédens Mémoires, qu'il ne s'en foit cependant faite une, où une décompofition équivalente: ainfr en eftimant que cette “exfoliation ou cette décompofition fe foit faite le neuf fur le côté perforé, jour où tout ce côté fut couvert de bourgeons, il réfiilteroit que la perforation auroit accéléré l'exfoliation de fept feizièmes, ne s'étant faite que le feize du côté imperforé. 2. Cette expérience prouve encore, en confirmation de Ja précédente, que la perforation a accéléré l'apparition, le développement & la crüe des bourgeons, puifqu’on commença à découvrir des bourgeons dans les trous dès le cinquième + DIE SN SNGP ENG E se 411 226 jour du traitement, que los fut entièrement couvert le neuf. & que le quatorze ces bourgeons eurent pris à peu près leur croiflance , au lieu qu'il en parut fulement le (eize {ur le- côté imperforé après que l'exfoliation en eût été détachée, &. ce ne fut que cinq jours après (le vingt-unième) que ces derniers atteignirent la hauteur de ceux du côté perforé, par où il eft prouvé que la perforation accélère dans le cas préfent la croiflance des bourgeons de fept feizièmes. Nous avons vu enfin dans cette expérience, ainfi que dans la précédente, que les bourgeons du côté imperforé fe font élevés fur la fin du traitement au niveau des bourgeons erûs- fur le côté perforé, & qu'enfuite la cicatrice s'eft étendue en même temps, & également fur les uns &c fur lesautres de ces bourgeons ; circonftances qui.pouvoient faire douter que la méthode de Bellofte hâtoit la guérifon, encore qu'elle eût: accéléré l'exfoliation & le bourgeonnement : mais une obfer- vation- que je fs: {ur la fubftance même des bourgeons crûs- fur les deux côtés, leva tout fujet de doute; car ayant fendu - cette fubftance fpongieufe jufqu'à l'os, je trouvai celle du côté perforé folide & prefque cartilagineule près des os, état par: où j'ai fait voir que pafloit la. fubftance bourgeonnante avant: de redevenir os, tandis que la fubflance. crûe fur le côté imperforé étoit encore molle, & n'avoit pas encore acquis la confiflance cartilagineufe; preuve bien évidente que quoique ces deux fubflances fuffent de niveau, celle du côté perforé étoit néanmoins plus avancée & plus près du terme de la. guérifon que celle du côté imperforé ; d’où il réfulte que la: perforation accélère véritablement Ja guérifon , ainfi que nous: avons vu qu'elle accélère l'exfoliation & le bourgeonnement. Il fe préfente ici deux queftions auxquelles je vais effayer: de répondre : une eft de favoir comment il a pu fe faire que les bourgeons du côté imperforé, qui ont pouflé & plus tard. & plus lentement que ceux du côté perforé , ont cependant: atteint ces derniers, & fe font mis de niveau avec eux ? L'autre eft de favoir pourquoi nonobflant tous les avantages de la perforation, la cicatricene s'eft pas formée plus tôt {ur #32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je côté Je plus avancé, mais s'eft étendue également & en mème temps fur les deux côtés ? Je réponds à la première queftion, que fes bourgeons du côté imperforé ont rattrappé fur la fin de leur développement ceux du côté perforé, parce que les bourgeons du côté per- foré ayant une fois atteint une certaine élévation , fe font durcis, ce qui a fixé & borné leur hauteur ; au lieu que les bourgeons de Fautre côté, encore fufceptibles de croiffance & d'expanfion, fe font étendus & élevés au niveau des autres, dont les progrès étoient arrêtés, après quoi ils fe font durcis comme ceux-ci & par les mêmes raifons. Quant à la feconde queftion, je réponds qu'il y a eflen- tiellement deux chofes à confidérer dans une dénudation qui fe recouvre ; 1. la fubftance fpongieufe & bourgeonnante que Yos fournit, & dont il faut procurer le développement le plus prompt & le plus avantageux; 2.° les bords ou lèvres de fa plaie, qui doivent s'étendre fur cette fubflance fpongieufe. Or je dis que fa perforation qui a été employée avec tant d'avantages dans les cas précédens, a porté fes effets fur -tout fur les os dont elle a tirédes bourgeons en donnant lieu à la fubftance fpongieufe de fe développer plus promptement , fur le côté perforé, &c. mais qu'elle n'a pu influer que de fort loin & très-foiblement fur les bords ou lèvres de la plaie, dont le mécanifme, quoique lié jufqu'à un certain point avec la crüe & le développement des bourgeons fpongieux, ne laiffe pas de fuivre des loix étrangères à la produétion de ces mêmes bourgeons; d'où if réfulte qu'il n'eft pas furprenant que la perforation ait hâté, comme elle la fait, la production des bourgeons fpongieux & avancé la guérifon à cet égard, & que la cicatrice fe foit étendue d'un pas égal fur les deux côtés, & j'ajoute que cette uniformité de marche que l'on a remarquée ici de part & d'autre dans le progrès des lèvres de la plaie, ne doit rien diminuer des avantages que nous venons de reconnoître qu'avoit produit la perforation , puifqu'il eft certain que lorfqu'un os eft long- temps fans fe couvrir de bourgeons fpongieux, la dénudation eft auñli fort long-temps fans fe couvrir d'une cicatrice ; il eft pareillement DENSCIENCES. 233 pareïllement certain que plus tôt un os eft recouvert de bourgeons fpongieux, & plustôt la cicatrice fe forme fur ces bourgeons, ce qui prouve invinciblement que orfqu'on hâte la crûe, la per- fedion, la maturité des bourgeons, fr je puis m'exprimer ainfr, on hâte en même temps la formation de la cicatrice; on hâte en un mot la guérifon par tous les côtés qui peuvent nous conduire à la procurer. I demeure donc pour conftant, d’après les expériences précédentes, que la perforation affociée à l’ufage des humeétans, eft préférable à l'ufage pur & fimple de ces mêmes humeétans ; mais jouit-elle de ces avantages dans toutes les occafions, & n'y a-t-il pas des cas où elle eft inutile? C’eft ce que nous allons examiner. Puifque les bourgeons ne font que la fubftance parenchymateufe des os développée, il paroît que s'il y a quelque cas où la perforation foit inutile, ce doit être dans la jeunefle, où les os étant moins durs, la fubftance paren- chymateufe moins chargée de craie, elle eft dans unedifpofition plus prochaine au bourgeonnement ; d'après cette réflexion, je pris un gros & fort chien, mais jeune, & fi jeune qu'il en étoit encore à fa première dentition, je difpofai une dénu- dation, comme j'avois fait les précédentes, en la perforant d’un feul côté, & je la panfai avec le bafhicum. Dès le troifième jour du traitement, on vit paroître des bourgeons qui poufloient de toute la furface de la dénudation, il en poufloit auflt des futures, mais il n'en paroifloit pas encore dans les trous ; les os, qui avoient également confervé une couleur vermeille des deux côtés, furent continuellement humectés pendant les cinq ou fix premiers jours par une grande quantité de matière grafle fingulièrement vifqueufe, qui tarit enfuite peu-à-peu à mefure qu'on approcha du terme de la guérifon. Le cinquième jour, je découvris au fond de chaque trou une fubftance blanche, molle, comme organifée , qui étoit cou- _verte d’un fuc vifqueux & qui ne faigna point, quoique je l'euffe piquée avec une épingle; le lendemain , cette fubftance s’étoit élevée au niveau des trous, elle tournoit {ur le rouge & donna Mém. 1760. GE 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE un peu de fang lorfque je l’eus piquée; les bourgeons qui sétoient élevés de deflus toute la furface des os , tant du côté perforé, que du côté imperforé, avoient beaucoup profité, & les deux côtés fe trouvèrent entièrement garnis ; le feptième jour, les bourgeons fe confondirent avec ceux des futures & avéc ceux des trous; la fubflance fpongieufe crûe fur le côté perforé ne fut jamais plus épaifle, mieux nourrie , & plus ferme que celle du côté imperforé: il eft bien prouvé, au contraire, par la gradation des eflets que nous venons d'ob- ferver, que la fubflance fpongieufe crûe dans les trous eft reftée un peu en arrière de celle qui avoit pouffé à la furface des os tant du côté perforé que du côté imperforé, puifque les bourgeons qui poufsèrent dans les trous, ÿ parurent deux jours plus tard que ceux qui fortirent de la furface des os. Inutilement aurois-je pouffé plus loin mes recherches pour déterminer les avantages que le côté imperforé pourroit avoir eu fur le côté perforé dans cette expérience; il fufhit d’être inflruit qu'il y a des cas où la décompofition , le bourgeon- nement & la guérifon fe font au moins auffitôt fur le côté imperforé que fur le côté perforé, pour qu'on foit en droit de rejeter la perforation comme un procédé inutile, Cette expérience fait donc voir que la perforation ne hâte pas toujours lexfoliation, le bourgeonnement & la guérifon au-delà de ce que le peut faire l'ufage pur & fimple du Laft- licum où des humeétans; par conféquent, qu'il y a des cas où cette méthode eft inutile, comme il y en a où elle eft avan- tageufe: elle eft inutile, lorfque les os ont une grande difpo- fition au bourgeonnement, comme dans la jeunefle, où ils n'ont pas encore acquis toute la dureté dont ils font fufceptibles ; elle eft avantageufe, lorfque les os font fort durs, & qu'il faut aider à leur décompofition pour donner à la fubftance parenchymateufe la faculté de bourgeonner & de céder à Fimpulfion des forces vitales, à l'action des vaifleaux & à l'affluence des liqueurs qui tendent à les dilater ; ces cir- conftances ont lieu dans l’âge mur, & fur-tout dans l'âge avancé, & c'eft alors qu'il eft utile d'y avoir recours : en effet, les D'ENS ISIGIL"E NC €. 6 235 os du crûne des adultes & des vieillards ont communément deux, trois & quatre lignes d'épaifleur, un peu plus ou un peu moins, felon les fujets, & même felon les différens os & les diflérentes parties des os. 11 y a même des fujets dont les os du crâne font encore plus épais: je conferve des pariétaux d’un adulte très-durs & très-pefans, où l'on ne remarque point de diploé, & qui ont jufqu'à fept lignes d'épaiffeur dans quelques endroits. Or il n'eft pas douteux que l'on peut dans ces différens cas y recourir fans redouter aucun inconvénient , puifque les os ont autant d'épaifleur qu'il en faut pour fupporter une perforation affez profonde, Mais il eft ici de la plus grande importance de remarquer que cette dureté &. cette épaifieur des os du crâne, ordinaires dans l’âge avancé, ne fe trouvent pas univerfellement dans tous les fujets, même les plus avancés en âge, & que fi malheu- reufement on vouloit appliquer la méthode de Bellofte dans LEA cas extraordinaires, on s'expoferoit, en perçant le crâne d'outre en outre, à bleffer la dure-mère avec le perforatif du trépan, & à occafionner un épanchement fous le crâne. Il y a donc aufli des circonftances où la méthode de Bellofte pourroit devenir dangereule, & c’eft le dernier point qui me refle à examiner. Je conferve dans mon cabinet, deux crânes, lun d’un fujet de foïxante-dix ans, l'autre d’une perfonne de cent un ans, tous deux fort légers, dont les pariétaux font tranfparens, fans diploé, & n'ont qu'un quart de ligne d'épaiffeur dans la plus grande partie de leur étendue : ces obfervations, dont je ne fache pas qu'aucun Auteur ait fait mention, ne font peut-être pas neuves, je ne préfume pas même qu'elles foient uniques ; imais plus on en pourra citer de femblables, plus on donnera de poids aux réflexions fuivantes, S'il eft important d'être inflruit que les os du crâne des adultes peuvent être quelquefois fort minces dans quelques- unes de leurs parties, & du danger qu'il y auroit, dans le cas où une dénudation tomberoit fur une de ces parties amincies, Gg ij \ 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de recourir à la perforation, il ne le feroit pas moins de déterminer au jufte dans l’homme vivant les cas où les os étant minces , il feroit dangereux de les perforer, de ceux où étant épais, on pourroit recourir en toute füreté à cette opération; fans cette détermination , les obfervations précédentes feroient redouter de fe fervir de la méthode de Bellofte, lors même que les circonftances de l’âge feroient préfumer qu'elle devroit être avantageufe, parce que malgré cette prélomption, il refleroit encore des circonftances poñlibles qui rendroient Vapplication de la méthode hafardeufe & imprudente. Mais ce n'eft pas feulement lorfqu'il s'agit de perforer qu'il faut être inftruit fi lés os ne font pas auffi peu épais que nous venons de l’obferver ; cette connoiffance eft encore néceflaire & indifpenfable par rapport à l'opération du trépan, dans laquelle on fait que l'on prépare la voie de la pyramide avec le perforatif, on ne manqueroit pas en pareil cas de bleffer la dure - mère, non-feulement avec le perforatif, mais encore avec la pyramide, & bientôt après avec les dents de la couronne. Elle eft encore néceflaire, cette connoiffance de l’état des os, lors même que l'on ne trépane point ; mais que l’on traite une dénudation en employant les remèdes humectans. Je prie qu'on fe rappelle ici que j'ai fait voir dans les Mémoires précédens , que les os dénudés s'exfolient ou fe décompofent toujours dans toute l'étendue de la dénudation ; il feroit à craindre que des os auffi minces que ceux dont je viens de parler, qui auroient été dénudés, venant à s'exfolier, ne s'ex- foliaffent ou fe décompofaffent dans toute leur épaiffeur ; cette crainte eft d'autant plus fondée que j'ai vu la chofe arriver dans un os bien plus épais que ceux dont je viens de parler; les deux tables furent décompofées & trouées dans deux de mes expériences, où je ne m'étois fervi que d'eau tiède, Quiconque ne feroit pas inftruit des faits que nous pré- fentent ces obfervations, pourroit, s’il ne panfoit foigneufement ces fortes de dénudations, bleffer la dure-mère & le cerveau, après cette décompofition, en comprimant le lieu décompolé DES SCIENCES. 2 avec le bandage ou quelques pièces de Fappareil, où en faifant quelques recherches dans la plaie avec la fonde, que l'on enfonceroit avec fécurité , ‘s'attendant à trouver un plancher offeux, ou bien, fi le cas fe préfentoit, en cautérifant des bourgeons fongueux que l'on auroît cru placés fur les os , & qui feroient appliqués à la dure-mère ; l'omiflion de ces connoif. fances pourroit faire prendre une tumeur formée par le cerveau & la dure-mère, qui feroit faillie à travers la partie décom- pofée de os, pour une tumeur crüe fur les os, & ne point rendre affez circonfpects dans le choix & l'application des moyens auxquels on auroit recours pour f'attaquer. L’aver- tiflement que nous donnons ici pourra mettre en garde contre de fi grands malheurs, & les fignes ou caractères fuivans nous feront diftinguer avant que l’on perfore, les cas où les os font minces de ceux où ils font épais, afin de { difpenfer de perforer s'ils font minces, & de perforer en toute füreté s'ils font épais ; voici quels font ces fignes. Les os qui font minces dans une partie de leur étendue , font déprimés extérieurement dans le lieu où eft l'aminciflement. J'ai remarqué, par rapport à cette dépreflion, qu’elle ne fe fait pas fentir à la table interne, qui n’eft aucunement bombée en dedans, mais qu'elle dépend feulement de ce que ne fe rencontrant pas de diploé dans le lieu aminci , la table externe s'enfonce & sunit à la table interne, tandis qu'y ayant beaucoup de diploé à toute la circonférence de::cet aminciflement, les bords en font fort élevés. Les os amincis & déprimés font liffes & unis extérieurement dans toute l'étendue de a dépreffion ; le péricrâne n’y eft pas plus adhérent qu'ailleurs; on ne remarque point de cicatrice à la peau qui recouvre le lieu déprimé :* ces fignes feront diftinguer une dépreffion de cette efpèce d'avec une dépreffion furvenue à l’occafion d’une plaie ou d’une ‘dénudation dans lefquelles on rencontre toujours une cicatrice, une adhérence intime de la cicatrice à os, & où le lieu déprimé n'eft plus life, mais inégal & raboteux. Les os fort minces, tels que ceux-ci, font bruns dans le Gg ii SIGNES, 238 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE lieu de l'aminciflèment, & blancs à la circonférence , parce qu'étant tranfparens là où ils font fort minces, ils participent à la couleur des parties qui font deffous; ce que {es autres, qui font plus épais, ne fauroient faire. L Lorfque lon frappe la partie amincie de ces os avec un inftrument dé fer ou d'argent, elle rend un fon beaucoup plus foible & plus obfcur que quand on frappe fur la partie plus épaifle. Inftruit par ces fignes, fi les os font minces ou épais, il n'y aura plus à héfiter ni à redouter l'ufage de la méthode de Bellofte; on rejettera cet expédient comme dangereux lorfque les os feront fort minces. On fadopiera comme avantageux & d'une pratique füre dans l'âge avancé lorfqu'ils feront fort épais ; enfin ceffant d’être livré à uneefpèce d'empyrifme & de hafrd, la pratique de cette méthode ne nous offrira plus qu'un traitement raifonné moins effrayant pour le Chirurgien, plus für pour le malade, & réduit en général à peu-près à fa jufle valeur. Je réfume en peu de mots; j'ai difcuté dans ce Mémoire les avantages & les inconvéniens de la méthode de Bellofte, comparés à l'ufage des feuls humectans,.& j'ai fait voir que cette méthode ne fauroit être profcrite ou adoptée généralement, mais qu'il y a des cas où elleeft inutile, d'autres où elle eft avan- tageufe, d'autres enfin où elle eft dangereufe; j'ai déterminé les uns & les autres de ces cas, & j'ai donné des fignes pour :connoître les circonftances où il eft dangereux de perforer ; enfin j'ai indiqué certaines attentions qu'il faut avoir dans le traitement des dénudations où les os feroient fort minces, & dont l'omiflion pourroit être très-préjudiciable aux malades. Je fuis fort éloigné de croire que j'aie tout vu & tout dit fur cette importante matière; je m'eftimerai fort heureux fi jai pu fuggérer à quelqu'un le defir de la remanier, de cor- riger mes erreurs, & de, l'approfondir davantage, ce que je ne crois pas impoflble. LOG DES" S'C1EN cet, 239 R''ENC ANENR C AHVLESS SUR LA PARALLAXE DE LA LUNE Par M. DE Tuurvy. Enûäi différé jufqu'à prefent de rendre compte des obfer- 26 Juillet J vations de la Lune, correfpondantes à celles qui ont été 1760. faites au cap de Bonne - efpérance, que dans l'attente où J'étois que M. de la Caille qui a donné d'excellens Mémoires fur plufieurs parties de l'Aftronomie, publieroit quelque chofe fur un des élémens des plus importans dans. la Théorie de la Lune, fa parallaxe , dont la recherche a été un des objets du voyage de cet Aftronome. Je defirois avec d'autant plus de raifon que M. de fa Caïlle nous donnât quelques éclairciffemens fur cette matière, qu'ayant reconnu, par la comparaifon de fes obfervations avec lesnôtres, qu'il falloit fuppofer quelques erreurs de chiffres dans les obfer- vations de cet Aflronome; j'ai été obligé d'entreprendre de longs calculs Pour reconnoitre une erreur dont il eût facilement découvert le principe, en confultant Le repiftre de fes obfer- vations *, La méthode que noûs avons fuivie de faire nos obfervations avec deux inftrumens différens, ne nous permettoit pas de douter de leur exactitude, mais d’un autre côté la confiance que j'ai dans l'exactitude des obfervations de M. de la Caille mavoit engagé à difcuter avec le plus grand foin fes obfer- vations faites de part &. d'autre; Je vais donc rendre compte à cette affemblée, des obférvations qui ont été faites à l'Obfer- vatoire de Paris, correfpondantes à celles de cet Aftronome, Jai * M. de la Caïlle a donné l’errata dans les Mémoires de 1761 > Où il a comparé fes obfervations avec celles de divers Aftronoines. iere Obfervaion. II. Obfervation, 240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE divifé ce Mémoire en deux Parties; dans la première, j'ex- poferai les obfervations telles qu'elles ont été faites & avec toutes les circonftances qui peuvent en affurer la précifion ; dans fa feconde, je ferai la comparaifon des obfervations faites de part & d’autres, d'où je déduirai la vraie parallaxe de la Lune correfpondante à chaque obfervation. PREMIÈRE PARTIE. N ous nous fommes fervis pour les obfervations de Ia Lune & des Étoiles, des deux inftrumens de fix pieds de rayon, dont j'ai donné la defcription dans différens Ouvrages ; les obfervations ont été faites par feu mon Père, M.° Maraldi, le Gentil & moi: les hauteurs de la Lune & des Étoiles ont été eftimées au mural fur les tranfverfales, & ont été prifes au quart-de-cercle mobile, tantôt avec la lunette horizontale, tantôt avec la lunette du milieu, en mefurant les hauteurs avec le micromètre; dans toutes les obfervations on faifoit en forte que le fil du micromètre füt une tangente exacte du bord éclairé de la Lune. Le 12Mai175$1,à 14221", heure du pañfage du centre de la Lune au méridien, la hauteur du bord boréal de la Lune a été obfervée au quart-de-cercle mural de 184 16’ 20", & celle de l'étoile fm, de 19423" 45", plus grande de 14 7° 25"; la différence de hauteur entre la Lune & la même Étoile a été obfervée au Cap de 6% 5’ 34" (en fuppofant que M. de la Caille s'eft trompé de 20°). Le 9 Juin à 12h 45° 55", heure du paflage du centre de la Lune au méridien, on a obfervé la hauteur de cette Planète avec la lunette horizontale du quart-de-cercle mobile de 184 30’ 7"; la hauteur de l'étoile Dm a été trouvée de 194 19' 49", plus grande de o4 40° 42"; la hauteur de la Lune à été obfervée au mural de 184 43" 10", & celle de l'Étoile de 194 23° 49", plus grande de 040 39"; la différence dé hauteur entre la Lune & la même Étoile a été obfervée au Cap de of 19° 39". s Le DES SCIENCES. 241 Le 2 Août à 8° 26° 14", heure du paffage de Ja Lune au méridien , on a obfervé avec la lunette horizontale la hau- teur de la Lune de 184 18° 19", celle de l'étoile x de 194 49° 38", plus grande de 14 31° 19"; la hauteur de la Lune a été oblervée au mural de 184 22° 35", & celle de l'étoile de 199 $4' o", plus grande de 14 31° 2 $"; au Cap, a différence de hauteur entre la Lune & l'étoile a été obfervée de od 28° 59”. Le 2 Septembre à oP 42° 31", heure du paflage du centre de fa Lune au méridien, on a obfervé la hauteur du bord boréal de Ja Lune, de 25% 53° 57", & celle de l'étoile 8 de 254 40° 10", plus petite de 13° 47", la hauteur de la Lune a été obfervée au mural de 254 58° 20", & celle de d'étoile de 25% 44 45", plus petite de 13° 35"; M. de la Caille a obfervé la hauteur du bord auftral de la Lune, & a trouvé une différence entre ce bord & l'étoile de o% 41" 43", de la Lune avec la lunette horizontale de 434 20° 48”, celle de l'étoile y de la Baleine de 434 22° 18", plus grande de 1° 30": la hauteur de la Lune a été obfervée au mural de 43425" 25, & celle de l'étoile de 434 26° 55", plus grande de 1° 30"; au Cap, la différence de hauteur entre le même bord de la Lune & l'étoile a été trouvée de 14 2° 40", Le 3 Novembre à 12h 28° 54", heure du paffage du centre de la Lune au méridien, on a obfervé la hauteur du bord de la Lune avec la lunette du milieu du quart-de-cercle mobile, de 1947" 43", & celle de l'étoile y Y de 1 8d40'1 3", plus petite de o4 27° 30"; la hauteur de la Lune à été obfervée au mural de $9% 47 10”, & celle de l'étoile de s9%19'45", plus petite de od 27° 25"; au Cap, la diffé- rence de hauteur entre le même bord de la Lune & l'étoile a été trouvée de 14 39° 8". LR TE Le 4 Novembre à 1 3h 31° 29”, heure du paffage du centre de la Lune au méridien; on a obfervé la hauteur du bord de Meém. 1760. UEPR IL. Oblfervation. IV. Obfervation. € Obfervation: VIS Obfervation. VITE Oblervation. VIII. Oblfervation. TÈXEE Obfervation, KE Obfervation, D, Ai (E Obfervation, 242 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE la Lune avec la lunette du milieu, de 214 24° 48", celle de l'étoile £ de 214 33" 47", plus grande de 8° 59"; la hauteur de la Lune a été obfervée au mural, de 634 25", &celle de l'étoile de 63% 1 3" 20", plus grande de 8° 5 5”; au Cap, la différence de 14 $' 3”, maisil y a une minute d'erreur dans Fobfervation faite au Cap; ainfi la vraie différence doit étre des1d 16:35 Le 2 Décembre à 121 $” 58", heure du pañlage du centre de la Lune au méridien, on a obfervé la hauteur du bord boréal de la Lune avec la lunette du milieu, de 214 19'40", celle de Pétoile de 2 Lo 58", plus grande de 14° 18"; la hauteur de la Lune a été obfervée au mural & a été trouvée de 614 $9° 10", & celle de l'étoile de 624 13° 20", plus grande de 14° 10"; au Cap, la différence de hauteur entre le même bord de la Eune & l'étoile a été trouvée de 14 3° 16". Le } Décembre à 13" 10° 7", heure du pañfage du centre de la Lune au méridien, on a obférvé avec la lunette du mi- lieu, la hauteur du bord de la Lune de 214 7° 14", & celle de l'étoile EH de 214 30° 26", plus grande de 23° 12°; la hauteur du bord de la Lune obfervée au mural a été trouvée de 61446" 36", & celle de l'étoile de 624 9° $0”, plus grande de 23° 15"; au Cap, ha différencea été trouvée de seeds Le 29 Décembre à 9h 30° 21”, heure du pañage du centre de la Lune au méridien, on a obfervé avec la lunette du milieu Ja hauteur du bord de la Lune de 204 40° 39", & celle de l'étoile £8 de 214 33° 51", plus grande de oŸ 53° 12"; la hauteur du méme bord de la Lune a été obfervée au mural de 614 20° 5”, & celle de l'étoile de 624 13° o”, plus grande de 52° 55"; au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de 21° 16". Le 25 Janvier1752 à 7" 6° 50”, heure du paflage du centre de la Lune au méridien, on a obfervé avec la lunette du milieu Ja hauteur du bord de la Lune de 194 42° so" & celle de l'étoile £H de 214 33° 53”, plus grande de 19 51° 4"; la hauteur de la Lune obfervée au mural a été D ES SAC AE UN CÆS. 2 trouvée de 604 22° 10", & celle de l'étoile de 624 1 3' CHR plus grande de 14 $0' 5 5”; au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de od 39° 20". Le 30 Janvier à 12h 3° 54", heure du pañage du centre de la Lune au méridien, on a obférvé avec a lunette du milieu fa hauteur du bord de la: Lune de 124 37" 19", & celle de l'étoile a & 1 34 23" 5 6", plus grande de od 46" 37"; Ja hauteur de li Lune obfervée au mural a été trouvée de 53416" 25", & celle de l'étoile de 54% 3° 10", plus grande de 0446" 45"; au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de 4447" | Je pourrois rapporter ici un plus grand nombre d'obfer- _vations de la Lune & des étoiles, faites pendant l'intervalle de temps que M. de la Caille a féjourné au Cap & aux jours que cet Aftronome avoit indiqués, car je n'ai manqué aucunes de celles que le temps a permis de faire; j'ai refté conftamment à l'Obfervatoire, tandis que mon Père & M. "Maraldi continuoient les mêmes obfervations au château de Thury en Picardie, mais j'ai cru ne devoir rendre compte que des obfervations correfpondantes, d'autant plus que l'on trouvera le détail de toutes les obfervations de la Lune pen- dant les années 17 5 1 & 175 2, dans mes additions aux Tables aftronomiques de mon Père, SECONDE PARTIE. I L nous refte préfentément à faire ufage de nos obférvations pour en déduire la parallaxe de la Lune, mais avant de les réduire & de les comparer, il eft bon d'examiner le degré de précifion que l'on en peut attendre: malgré tous les foins que nous avons pris pour apporter la plus grande préci- fion dans nos oblervations, j'ai fouvent remarqué combien il étoit difficile de déterminer exaétement Ja hauteur de la Lune lorfque fes bords font ondoyans, j'ai obfervé plufieurs jours de fuite la hauteur méridienne de l'étoile à laquelle on avoit comparé le bord de la Lune, fouvent j'ai trouvé des différences de deux à trois fecondes dans la hauteur de la Hh ji NANTES Oblfervation, * Mem, Acad, année 1 74 Va 7 60, 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE même étoile obfervée deux ou trois jours de fuite, en vain lon fe fatteroit d'atteindre à une plus grande précifion; que l'on confulte les Obfervations des Aftronomes les plus exacts, on remarquera que la hauteur de l'étoile £ & , obfervée au Caple 29 Décembre 1751, de s4 51" 42", par M. de la Caille, a été trouvée le 30 de 544 $1° 39”, avec une différence de 3”; que la hauteur de EH oblervée le $ Novembre de 54 48" 18" a été trouvée le 6 de 54% 48° 15"; que la différence de hauteurentre l'étoile £Y & £H a été trouvée le 4 Novembre de 3° 24", & les de 3° 21"-2, avec une différence de 3" : Que lon examine de même les obler- vations de M. Bradley *, on y remarquera des différences à peu-près telles que je les ai évaluées, on trouve les diflances au zénith de À du Verfeau, obférvées le 23 Décembre de 604 20° 35" & le 1. Otobre de 60% 20° 38°+, plus randes de 3"1; la hauteur de + du Verfeau obfervée le 1. Octobre de 6od 31° 35", & le 2 du même mois de God 31° & 32”, il fufhit d'obferver, de comparer les obfer= vations, d'examiner leurs réfultats, pour reconnoître les petites erreurs inévitables dans les obfervations. Je n’expliquerai point ici les différentes méthodes que l'on peut fuivre pour déduire de nos obfervations la parallaxe de la Lune, elles font connues de tous les Aftronomes; j'ai calculé, fuivant les principes de M. Bouguer, & felon fa méthode expliquée dans fon Traité de da figure de la Terre, en fuppofant le diamètre de l'équateur de 6562026, & l'axe de 6525377 l'angle que la verticale de Paris & du cap fait avec le rayon tiré de Paris & du Cap au centre de la Terre que j'ai trouvé pour la fatitude de Paris de 19° 37 & pour celle du Cap de 16° 27”, j'ai trouvé la diflance de Paris au centre de la Terre de 3 27 1 602 dont le logarithme et 65147634, & la diftance du Cap au centre de la Terre de 3276135 dont le logarithme eft 651 5361 8, jai fuppafé la longitude du Cap de 1* 4° 45". Pour réduire au même inftant, les hauteurs méridiennes de a Lune, obfervées à Paris & au Cap, à des heures difié- D} ES SAGE UN. CE S 245$ rentes, j'ai calculé le mouvement de la Lune en déclinaifon dans f'intervalle de 1P 4’ 45". J'aurois pu, pour éviter de longs calculs, faire ufage des Tables de mon Père, & des lieux déjà calculés dans mes additions, car il eft certain que quelle que foit l'exactitude des Tables, elles ne peuvent différer fenfiblement pour repréfenter le mouvement de la Lune en déclinaifon dans l'intervalle d’une heure; mais j'ai cru qu'il féroit avantageux de comparer les réfultats de plufieurs Tables, & je me fuis fervi de celles de M. Mayer, dont le calcul ef fort fimple, & dont Fexaétitude eft furprenante, l’Auteur les annonce telles, fondé fur un grand nombre d’obfervations qu'il a examinées, & particulièrement fur celles que j'ai publiées qu'il a pris la peine de calculer, & qui s'accordent par- faitement bien avec fon calcul ; d’où il conclud que {es Tables repréfentent à une minute près toutes les oblervations ; il me femble que pour bien conflater l'exactitude des Tables, il faudroit les comparer avec des obfervations faites dans les points critiques, ce font ceux que j'ai indiqués dans mes additions, & où les Tables de mon Père s’éloignent de Fobfervation d'une quantité qui va à 18 minutes, celles de M. Halley diffèrent de 5 à 6 minutes, celles de M. d'Alembert & Clairaut, les plus exactes qui aient encore paru, s'écartent jufqu'à près de $ minutes, comme dans les obfemwations du 16 Juin 1737, du 1° Avril 1738, du 3 Mai 1740, du 8 Mars 1742 & du 14 Janvier 1746. Je rapporte dans la Table fuivante, la longitude, Ia Jau- tude & la déclinaifon de la Lune, calculées felon les Tables de M. Mayér pour le temps des hauteurs de cette planète, obfervées à Paris & au Cap, on trouvera dans mes additions les lieux obfervés. - Hh ij 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Temps moyen, Longitude, . Latitude, Déclinaifon ‘ Mai 2 58" 16"| 820846" 53" loë 44’ 15"B.l226 25 40" te 12. 53: 21.| 8.20. 14. 4t lo. 41. 23 B.l22, 25. LE 12. 44, 31 | 8. 29.12. 6 |r. 30. 4 B.|22. 0:56 7 MT eo AC NE CR 0 ete 7 ONE. |2ireNS SN Part 8. 31. 44 | 8. 19. 52. 9 |o. 46. 16 A.|22. 19.26 : 7 DAS AU O6 19. 19. 48 0.43: 26 A.l22. 19. 7 ù Sept} 9-41. 43 |10. 5.49. 35 |4. 14. 18 B.114. 43. 58 8. 36. 58 |1o. 5. 14. 43 |4. 12. 38 B.|14. 53. s4 ; O&.f'9 46. 53 |11. 25:29 53 |4 46-5808; 1022 35-00 9. 42 8 |i1. 24. 514,54. 47. 48 B.| 2. 21.76 3 Nov.f12: 12:43 EMDONNSAMNagUIr I2 OMS SLT BAS AT Ie U7S 7 Te 00-013 SON 124. Ro B.|T8.0377.65 0 4 Nov. 13: 15.29 | 2. 4.41. 33 |o. 5.46 A.|21. o.45 12, 10. 44 | 2. 4. o.41 |o. 1. 56 A.|20. 56. 58 > Dec.’ GORE ETES EE 45. 31 A.|21. 29. 32 10. $1. 17 | 2. 11. 10. 59 |o. 41. 43 A.l21. 27. 45 ; Dee 19. 0. 37 1 ©. 27.46. 21 |24110.14 A.|21. 20010 ki re 55 SA NN2s 127-105-1036 2. 63 CA | 2 172 29 Dec. 9133-1141 12003. 18 20) lo. l'o. 18 A.|20. 50. 42 8. 28. 29 | 2. 2. 37. 58 |o. 3. 36 B.|20. 46. 35 25 Janv A Me 26:050::36 lo: 241421B.|r9.152.152 GS. 1er a Mn Al lot NT BS)|do tar eo 30 Janv. $12: 17: 5804-28 44447. 30 A2 20.44 T3.) T8 ANT 20 3 340-2108 A7 me 1215 Après ces calculs, il eft facile de trouver l'angle parallac- tique & la parallaxe de la Lune. R ; ST On a trouvé à Paris la différence de hauteur entre le bord E la 1. Obirvation. boréal de {a Lune & l'étoile de 14 7° 25", & au Cap de DNENSN SIT LEN É Es. 247 od $” 34"; mais comme Ja Lune & l'étoile paroïfloient à des hauteurs différentes à Paris & au Cap, il faut avoir égard à la différence deréfraétion pour 1 84 1 6", & 194 24 qui eft de 12”, & on aura la vraie différence de déclinaifon à Paris de 14 7° 37", il faut y ajouter le mouvement de à Lune en déclinaifon dans l'intervalle de 1h 4° 45", que l'on a trouvé de 3 $ fecondes pour avoir la différence de déclinaifon entre la Lune & l'étoile à fheure de lobfervation du Cap de 14 8° 12"; au Cap, la hauteur de la Lune & de l'étoile étoient à peu-près la même, elles ne différoient que de 5° 34" qu'il faut retrancher de 14 8° 12° pour avoir l'angle paral- kétique de 14 2° 38”. ' On retranchera de la diflance de la Lune au zénith de Paris, trouvée de 714 47° 0", l'angle que le rayon fait avec la verticale , déterminé ci-deflus de 19° 37"; de même, de la diflance de fa Lune au zénith du Cap 1 14 56° 8", l'angle de la verticale 1 6" 24", on ajoutera le finus de ces deux angles aux logarithmes conflans de a diftance de Paris & du Cap au centre de la Terre, & l’on trouvera deux nombres dont la fomme eft au premier nombre comme l'angle parallactique eft à un quatrième nombre auquel il faut ajouter l'unité, & en retrancher le finus de la diftance de la Lune au zénith de Paris pour trouver la parallaxe horizontale de la Lune de s4 26”. On a trouvé à Paris le 9 Juin, la différence de hauteur entre le bord boréal de la Lune & l'étoile 9 m de 0440" 42", la Lune paroiffoit à la hauteur de 1 89 40", & l'étoile à celle de 194 r10':0or la différence de réfration pour ces deux hauteurs eft de 7 fecondes qu'il faut ajouter à o 40° 42”, le mouvement de la Lune en déclinaifon a été trouvé de 2° 39", ainfi la vraie différence de déclinaifon à Paris étoit deod 43" 28"; au Cap, la hauteur dela Lune & de l'étoile étoient à peu-près la même & ne différoient que de 19° 39" qu'il faut ajouter à 0443-28", pour avoir l'angle parallaétique de 14 3° 7”, avec lequel on trouvera la parallaxe de la Lune de $4 7 RÉSULTAT de h11. Obliervation, RÉSULTAT dela IL. Obiervation, RÉSULTAT de la IV. Obfervation. RÉSULTAT dela V.S Obfervation. RÉSULTAT dela VI. Oblervation, 248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 2 Août, à différence de déclinaifon entre le bord boréal de la Lune & l'étoile x a été oblervée de 14 31° 39", la Lune paroifloit à la hauteur de 1 84 18”, & l'étoile à celle de 194 50: or la différence de réfraétion pour ces deux hau- teurs eft de 27 fécondes , lé mouvement de la Lune en déclinaifon a été calculé de 19 fecondes, d'où lon trouvera la vraie différence de hauteur entre la Lune & l'étoile de 14 32" $";au Capiln'y avoit point de différence de réfraction, il faut donc retrancher 28° $9" de 14 32° 5" pour avoir l'angle parallaétique de 14 3° 6", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de 54 46". Le 2 Septémbre, la différence de hauteur entre le bord boréal de la Lune & l'étoile LB % a été trouvée de te 47", il faut y ajouter 1 feconde pour la différence de réfraction, comme M. de la Caille a oblervé au Cap la hauteur du bord auftral de la Lune, il faut retrancher du diamètre de la Lune obfervé à Paris de 30° 43", 13°48", & y ajouter 9° 56" pour le mouvement de li Lune en déclinaifon, & on aura fa vraie différence de hauteur à Paris de 26" $ 1"; au Cap, à différence a été trouvée de 4 1” 43" qu'il faut ajouter à 2 6° $ 1" pour avoir l'angle parallatique de 14 8° 34", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de $ 6° 2". Le 3 Octobre, on a oblervé à Paris la différence de hau- teur entre le bord boréal de la Lune & y dela Baleine, de 1° 30” qui eft la véritable; au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de 14 2°40", il faut y ajouter 2 fecondes pour la différence de réfraction à 36 & 37 degrés de diflance au zénith, le mouvement de la Lune en déclinaifon a été calculé de 14° 15" qu'il faut ajouter à 1° 30", & on aura la vraie différence de déclinaifon à Paris de 1 45" qu'il faut ajouter à 19 2° 42" pour avoir angle parallactique de 1° 18° 27”, avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 59° 7". Le 3 Novembre, fa différence de hauteur entre le bord boréal de la Lune & f'étoiley Y a été trouvée de od 27° 30”, il faut y ajouter 1 feconde pour la différence de réfraction à la DÉENS USC,T E WC E 249 à fa hauteur de 50 15° & 591 42’, & on aura la vraie différence de hauteur de o% 27" 31"; le mouvement de fa Lune en déclinaïfon a été calculé de 7° $ 1” qu'il faut retran- cher de 27° 31" pour avoir la vraie différence de hauteur à Paris de 19° 40"; au Cap, fa différence de hauteur apparente a été trouvée de 14 39° 8", il faut y ajouter 4 fecondes pour la différence de réfraction à $2 & 534 40’ de diflance au zénith, & on aura la vraie différence de déclinaifon de 1439" 12", dont il faut retrancher 1 9" 41" pour avoir Yangle parallactique de 14 19° 32", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 60° 55”, On a trouvé le 4 Novembre, la différence de hauteur entre le bord boréal de la Lune & fétoile £t de 8° 55" qui eft la véritable, if faut y ajouter 3° 47" pour le mouve- ment de la Lune en déclinaifon, & on aura la vraie différence de déclmaifon de 12° 42"; au Cap, la différence de hauteur apparente a été trouvée de 14 6° 3", il faut y ajouter 4 fecondes pour la différence de réfraétion, pour avoir {a vraie différence de déclinaifon au Cap de 14 6° 7" qu'il faut ajouter à 1 2° 42” pour avoir l'angle parallactique de 14 1 8° 49", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 60° $7". Le 2 Décembre, on a trouvé à Paris la différence de déclinaifon ‘entre le bord auftral de la Lune & l'étoile £Y% de 1419", il faut y ajouter 1° 47" pour le mouvement de 1a Lune en déclinaifon, & on aura la vraie différence de décli- naifonde 1 6" 5"; au Cap, la différence de déclinaifon apparente a été trouvée de 14 3° 16", il faut y ajouter 4 fecondes pour la différence de réfraction à la hauteur de 5 54 54 & 544 52’, & on aura la vraie différence de hauteur de 14 3° 20" qu'il faut ajouter à 16° 5” pour avoir l'angle parallactique de xd 19° 25", avec lequel on trouvera la parallaxe de la Lune de 61’ 24". RÉSULTAT de la VIT. Obfervation. RÉSULTAT dela VIIL.© Obfervation. Le 3 Décembre, la différence de déclinaifon apparente R£surrar entre le bord auflral de fa Lune & l'étoile £ H a été trouvée de 23° 12°, il faut y ajouter 1 feconde pour la différence de réfiaétion à la hauteur de 61% 41" & à celle de 624 4, Mém. 17604 sl dela IX. Obfervatione RÉSULTAT dela X.° Obfervation. RÉSULTAT dela XI.° - Oblervation, 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il en faut retrancher 2° 40" pour le mouvement de la Lune en déclinaifon, & on aura la vraie différence de 20°! 33": au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de of 58" 54”, il faut y ajouter 4 fecondes pour la différence de réfraction à la hauteur de 5 54 47’, & on aura la vraie différence de hauteur de $8' 58" qu'il faut ajouter à 20’ 33" pour avoir Jangle parallaétique de 14 19° 31", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 61° 26". Le 29 Décembre, on a trouvé la différence de déclinaïfon entre le bord auftral de Ja Lune & £% de of $ 3° 12”, il faut y ajouter 2 fecondes pour la différence de réfraétion à la hauteur de 624 7° & 61414", & on aura la vraie différence de déclinaifon de $ 3" 14; il faut y ajouter le mouvement de la Lune en déclinaifon, trouvé de 4’ 7", & on aura la vraie différence de déclinaifon de 57" 21"; au Cap, la différence de hauteur a été obfervée de 22° 16", il faut y ajouter 1 feconde pour la différence de réfraétion à la diftance de 55 12"& 545 1" du zénith, & on trouvera la vraie différence de 21 17" qu'il faut ajouter à $7° 24° pour avoir l'angle parallactique de 14 1 8° 38", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 60° 37". Le 25 Janvier 1752, on a trouvé à Paris la différence de déclinaifon apparente entre le bord de la Lune & ËH de 14 5174", il faut y ajouter 3 fecondes pour la différence de réfraction à la hauteur de 60'16" & 62’ 8", & on aura la vraie différence de hauteur de 14 5 1° 7”, à laquelle il faut: ajouter 5° 32" pour fe mouvement de la Lune en déclinaifon, & on aura la vraie différence de déclinaifon de 14 56° 39"; au Cap, la différence de hauteur apparente a été obfervée de od 39° 20”, il faut y ajouter 2 fecondes pour la différence de réfraction à la diflance de 54% 12° & 541 52’, & on aura la vraie différence de 04 39° 22" qu'il faut retrancher de 14 56° 39" pour avoir l'angle parallatique de 14 17° 17", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune desot2n" Le 30 Janvier, on a trouvé à Paris la différence de hauteur DENSMISIGATE NC ES. 25T apparente entre le bord boréal de la Lune & Pétoile à 5 Risuzrar de od 46° 37", il faut y ajouter 2 fecondes pour la différence deaXII* de réfraction, & on aura la’ vraie différence de hauteur de UE in od 46' 39", dont il faut retrancher 1 1° 44" pour le mou- vement de la Lune en déclinaifon , & on aura la vraie différence , de hauteur de 34 55"; au Cap, la différence de hauteur a été trouvée de 44 47", il faut y ajouter 2 fecondes pour la différence de réfraction, & on aura la vraie différence de hauteur de 44’ 49", laquelle étant ajoutée à 34° s 5", donne l'angle parallactique de 14 19" 44", avec lequel on trouvera la parallaxe horizontale de la Lune de 60” 6”. Il nous refte préfentement à comparer la parallaxe réful- tante des douze obfervations avec celles que donnent ies Tables aftronomiques publiées par différens Aftronomes; & pour rendre cette comparaifon plus fenfible, j'ai dreffé la Table fuivante, Parallaxe de la Lune. TABLES TABLES TABLES PARALLAXE E de de obfervée. MAYER, HALLEY. CASSINI. M. £ M S. M. S. 54. 26 24 5BrL155 54 56 54 37° S4e «4e 54. 46. 54: 50: $4 17- 55+ 9: SOS R 2: 56. 18. 56. 10. ANS S9 7- S9+ 24. 58. 53: $9+ 53: 601155 ÉLTA Se 60. 48. CT AUIIASE Sante 61. 14. 60. 45. ONE 6I. 24. 61., 32. 6e Lo: 62-1004 61. 26. 61 17 60. 46. GLS 2: 60.57. 60. 34 6o. 29. 61. 21. 59 21. 59% 43: 59° 9+ 59 52- GONG: 59. 47. 59 T9: 60. 18. nt se Von ces, © ee SEE 1 On voit par cette T'able que la parallaxe obfervée eft moyenne entre la parallaxe des Tables de mon Père & celles de M. Halley, & s'accorde très-bien avec les Tables de M. Mayer. Ii i 252 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Avant que d'entreprendre le calcul de tous les lieux de la Lune rapportés dans mes additions , j'avois examiné toutes les recherches qui ont été faites par difiérens Aftronomes pour déterminer la parallaxe dela Lune, élément qui entre nécelai- rement dans le calcul de la déclinaifon de cette planète ; mais les variétés que j'avois remarquées dans les réfultats des obfervations , bien loin de me tirer de l'incertitude où j'étois, fur la parallaxe que je devois adopter, m'avoient engagé à ne prendre aucun parti, & à fuivre les Tables de mon Père; nous voyons que M. Euler, dans fes premières Tables de la Lune, fuppofe la plus grande parallaxe de 61° 59", & qu'il Ta diminuée de 44"en 1750 : j'ai examiné les obfer- vations qui font rapportées dans les Mémoires de l’Académie, mais elles ne m'ont pas paru d’une précifion fuffifante ; en effet , la méthode que lon a employée, fondée fur les différences d'afcenfion droite entre la Lune & une Étoile obfervée avant & après le paffage de cette planète au Méridien, fuppofe beaucoup de précautions & des circonflances rares ; d'un côté, les obfervations les plus éloignées du Méridien font les plus avantageufes, parce qu'alors l'argument de la parallaxe eft plus grand ; mais d’un autre côté on doit craindre Feffet de la réfraction qui eft fort fenfible lorfque les hauteurs font petites; nous l'avons remarqué dans les obfervations du 29 Novembre 1737 & du 2 Janvier 1738 , dont mon Père a rendu compte dans les Mémoires de l'Académie de 1739 (page 220 ).; nous avions trouvé hi parallaxe de la Lune, fans tenir compte de la réfraction de $ 5" $ 5“ dans l'obfervation du 29 Décembre 1737, & après la correction, elle n'étoit plus que de $ 5" 10"; ainfi à la hauteur de 6 degrés, il y a eu une différence de 48 fecondes ; les obfervations proches du méridien font exemptes, à la vérité, de la réfraction, mais elles ne font pas fi avantageufes. Mon Père en a rapporté trois qui donnent la parallaxe de la Lune le même jour de 55 39" 32" & 21"; dans l'obfervation du 2 Janvier 1738, on à trouvé la parallaxe de la Lune par trois obfervations de 54° 12", 17" & 3", plus petite que felon les Tables de mon DES SICTENCE S. 253 Père: enfin toutes les obfervations que j'ai calculées donnent la paraliaxe plus petite que felon nos Tables. Nous ne pouvons plus douter préfentement que la parallaxe de M. Halley ne foit trop petite & celle desTables demon Père trop grande, puifque quand même on fuppoleroit Ferreur poffible dans les obfervations, que j'ai évaluée à 3 fecondes, il n'en réfulteroit qu'ane pareille erreur dans la parallaxe obférvée, qui diffère fouvent de plus de 30 fecondes de celles de M. Halley & de mon Père; j'ofe aflurer que les obfervations que j'ai rapportées font auffi exactes qu'il eft poffible de les, faire, ayant rejeté toutes celles où j'ai foupçonné quelque défaut. Pour me convaincre de l'exaétitude de celles que j'ai employées, je les aï comparées avec celles de M." Bradley & de la Lande; je me fuis engagé dans un travail long & pénible par le grand nombre de calculs qu'il a fallu faire pour réduire des obfer- vations faites à des heures différentes à un même temps, & - par l'attention qu'il a fallu avoir pour ne pas fe tromper ; mais j'en ai été dédommagé par la fatisfaétion que j'ai eue de trouver un accord parfait entre toutes ces obférvations. 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE QU SERA ALT. L'OUN SUR LA MALADIE DU MAÏS ou BL É DE TURQUIE *. Par NL SRE LE: { S' lon peut efpérer de parvenir à [a connoiflance des maladies des grains, & à l'application des remèdes qui leur font convenables , c’eft fans doute en étudiant chacune de ces maladies en particulier, en remarquant avec foin les fymptômes qui leur font propres, & en ne confondant jamais les accidens extérieurs dont elles font fuivies , quelque reffem- blance qu'on y trouve au premier coup d'œil, Ces précautions deviennent füur-tout néceffaires , {orfqu’il eft queftion d'examiner des plantes d'une utilité générale & qui fervent à la nourriture des hommes. Je conviens que le Maïs ou blé de Turquie, dont je vais décrire la maladie, n'eft quelquefois cultivé que pour les animaux: mais il arrive fouvent que la difette ou la pauvreté forcent le Payfan d'y chercher fa propre nourriture; & n'eft-ce pas un nouveau motif de veiller à la confervation de cette efpèce de grain, puifqu'il contribue à la fubfiftance d'une portion d'hommes * La partie de ce Mémoire qui n’a pour objet que la fimple defcrip- tion de la maladie du Maïs, fut lûe à VA cadémie le 8 Mai 1761, &auroit dû naturellement fe trouver inférée dans le Recueil de nos Mémoires pour cette même année; mais je me propofai alors de faire quelques expé- riences qui puflent me donner des Jumières fur la caufe de cette maladie, & il étoit aflez convenable qu’elles ne fuffent pas féparées de mon obfer- vation. Les expériences que j'ai tentées en effet depuis cette époque, & dont le détail eft à la fuite de ce Mémoire , n’ont été communiquées a l’Académie qu'après l’impreflion du Volume de 1761 : n’y ayant donc plus lieu de faire rentrer mon obfervation dans l’ordre de fa date, en y joignant le réfultat de mes expériences, on a tout réuni dans le Volume de 1760, qui fe trouve publié poftérieurement à celui de 1761 par les raifons dont le Public eft inftruit, DES SCIENCES. 255$ que V'État a tant d'intérêt lui - même à conferver? Ce moti devient encore plus preflant, lorfqu'on réfléchit que nous devons à ces mêmes hommes la culture pénible du froment ; que peu d’entreux, dans certaines Provinces, ofent en con- fommer une partie; & qu'après nous l'avoir abandonné comme trop précieux pour eux, ils cherchent dans le blé de Turquie joint au feigle & à l'orge, une nourriture fimple & qui tienne toujours de leur extrême économie. Peut-être ne parviendrons- nous pas au but utile que nous nous propofons ; mais au moins prouverons - nous à ces hommes laborieux que leurs intérêts nous touchent , & que nous voudrions garantir de tout accident le grain qu'ils fe font réfervé, en reconnoiffance d’un autre plus eflentiel que nous devons à {eur travail. Pendant le féjour que je fis l’année dernière * dans ’An- goumois , & après le départ de M. Duhamel, j'eus fouvent eccafion de confidérer la maladie fpéciale du Maïs & d'en examiner tous les fymptômes. Ce n'eft guère que vers la fin du mois d'Août ou au commencement de Septembre, qu'elle fe déclare d’une manière fenfible : fans doute qu'elle s'annonce plus tôt & qu'on pourroit la remarquer, dès que la plantea acquis une certaine force : mais nous nous rendimes trop tard dans TAngoumois, M. Duhamel & moi, l'année dernière , Pour en obferver les commencemens ; peut-être font-ils difficiles à faifir, quand on ne les a pas long-temps étudiés ; & d’ailleurs nous avions un objet plus important qui nous occupoit. Nous allons être plus à portée de füivre les progrès de cette maladie, & d'y chercher un remède. En attendant, je prie l’Académie de trouver bon que je mette fous fes yeux différentes parties du Maïs attaquées de ce mal, & que je fupplée, par une courte defcription, à ce qui n'eft plus fenfible , ou à ce qui a changé de forme par le dépérifflement de a plante. On a confondu jufqu'ici cette maladie avec celle du froment & de quelques autres grains, fous le nom vague de rielle ou de pourriture ; mais pour peu qu'on y fafle attention, on voit bien qu'elle demande une claffe à part, & ne dégénère en pouffière noirâtre | qu'après des effets particuliers & que je Dai vus que dans le Maïs, * 1760. »x6 MÉMOIRES'DE L'ACADÉMIE ROYALE Il eft conftant d'abord que la maladie de cette plante fe déclare par une protubérance plus ou moins forte dans partie attaquée; qu'il y a vifiblement une fürabondance de fucs , un engorgement confidérable dans les utricules ou tif cellulaire; & que les parties voifines de endroit où le mal s'eft montré, font altérées, maigres & quelquefois defléchées. L'excroiflance accidentelle que cette maladie occafionne dans 4e Maïs , eft fouvent de la groffeur d'une pomme de reinette, & même plus forte; elle ‘eft blanche, charnue, & aufit adhé- rente à la plante que left une loupe au corps humain. A mefure que le mal vient à fon point , cette excroiffance devient fpongieule ; elle eft tachée intérieurement de petits points noirs ; il en fuinte , lorfqu'on la prefle, une liqueur limpide & d’une odeur défagréable, mais bien différente de celle qu'exhalent les grains de froment cariés, La corruption s'étend infenfi- blement dans la partie affeétée, & fon dernier eflet confifte à convertir cette excroiffance en une pouflière noirâtre & aflez femblable à celle qui fort du Æcoperdon où veffe de loup. Cette maladie attaque tantôt a tige du Maïs , tantôt les feuilles, communément l’épi & quelquefois les étamines : un épi eft en partie fain & en partie malade; fouvent le mal fe borne à li pourriture de quelques grains; fouvent'auff l'épi eft entièrement corrompu, tandis que les balles qui l'enveloppent font parfaitement confervées : lorfque l'excroiflance a lieu fur la tige & qu'elle y eft confidérable, il s'y fait un étranglement ; la tige fe ploie dans l'endroit affecté, & la protubérance charnue y eff fur-tout remarquable : lorfque cet accident tombe fur les fleurs mâles de la plante, il a encoreun caraétère plus fingulier ; quelquefois le mal fe borne à une ou deux petites excroif- fances: fur les étamines ; quelquefois auffi la plus grande partie de ces mêmes étamines font dans un état de monftruofité, & forment au haut de la tige une mafle charnue qui a deux pouces ou environ de diamètre, & fait plier l'extrémité de la tige par fa pefanteur. Les fymptômes de cette maladie font, comme on voit, tout-à-fait différens de ceux que préfentent les’accidens ny 1 DES SCcrENCES. 257 le froment, l'orge, l'avoine & quelques autres plantes font fujettes. L'ergor, maladie du feigle, auroit en apparence plus de rapport avec celle dont je viens de donner la defcription ; mais bien confidérées l’une & l'autre, elles ont des différences qui les féparent totalement, & ne laiffent pas foupçonner qu’elles aient la même caufe. Il fuffira de dire dans ce moment-ci, que fergor eft un accident particulier au grain, tant du feigle & du froment, que de plufieurs gramen, & fur-tout du gramen loliaceum ; au lieu que la maladie du Maïs fe montre fur toutes les parties de cette plante, & dégénère enfin en une pôuflière noirâtre, tandis que lergor conferve toujours de Ia confiftance & la blancheur intérieure qu’il a d'abord eue. Je n'ai pas été à portée d'examiner fi cette maladie du Maïs eft contagieufe, & f1 la pouffière noire, qui en ef le dernier effet, contient, comme celle du froment carié, un. virus funefte au grain le plus fain. Peut - être ferai-je mieux inflrüit cette année, & pourrai-je donner für ce point une obiervation précife. Dans la fuppofition où le mal fe perpé- tueroit par voie de communication, il y auroit un remède à efpérer; lon pourroit arrèter des ravages qui, s'étendant quelquefois fur toutes les pièces de Maïs d’une province, y caufent un déchet confidérable fur la récolte ; & de cette ré- colte dépend la fubfftance d’une foule de malheureux. Le remède feroit d'autant plus à fouhaiter, que j'ai eu lieu d'ob- ferver, en comparant plufieurs pièces de Maïs, que les pieds les plus vigoureux font plus fouvent frappés de cette maladie, que les pieds foibles & dont la tige eft peu élevée. J'efpère qu’à la faveur de quelques expériences, j'aurai des détails plus inté- reflans à préfenter à l'Académie, & qu’au moins cet accident fera mieux connu, fi je ne fuis pas affez heureux pour en découvrir le remède, I] n'a paru néceflaire d’abord d'en bien établir les fymptômes principaux , & d'empêcher par-là qu'on ne s'écarte du vrai moyen de la traiter , s'il yen a un à attendre, en ne la diflinguant pas de quelques autres qui, felon toute apparence, m'ont pas fa même caufe que celle dont il s'agit, Quelqu'occupés que nous fufions, M. Duhamel & moi, dim, 1760. : Kk 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le féjour que nous fimes à la Rochetoucault en 1765 ; pour y étudier , fur les épis naiflans de l'orge & du blé, les premiers développemens de l'infecte qui ravage les moifons de lAngoumois, je ne perdis point de vue {a maladie du Mais; je profitai du temps où il eft d'ufage de le femer, tant pour fuivre les progrès de fa végétation en pleine cam- pagne, que pour en femer moi-même quelques grains qui étoient plus ou moins fains à l'extérieur, & que j'avois diffé- remment préparés. De la maifon où je logeois à la Réchefoucault, dépendoit un jardin aflez vafte, très-bien expolé , dont le fol étoit bon, & où il y avoit une petite pièce de beau froment , tandis qu'un autre canton donnoit des légumes ou portoit des arbres fruitiers Je me bornai à un petit efpace dans un coin de ce jardin, pour y faire les expériences que je projetois : je le partageai en trois planches , qui avoient chacune fix pieds de largeur fur dix-huit ou environ de longueur; elles étoient féparées par un fentier large de deux pieds : É nr ae de ces planches étoit divifée fur fa longueur en fept rayons, & conféquemment ils étoient à un pied lun de l'autre. Je ne femai dans la première planche & dans les quatre p'emiers rayons de la feconde , que des grains de Maïs que Javois confervés long -temps. dans la pouflière noirâtre, en laquelle f convertit l’excroiffance plus ou moins confidérable qui eft l'eflet de la maladie de cette plante : ces grains étoient aflez couverts de cette pouflière, lorfque je les femai, pour qu'il s'en détachât une partie , à mefure que les grains tom- boient, & qu'elle fe trouvât au fond du rayon où le germe devoit fe développer. Les trois derniers rayons de fa feconde planche & Le premier de la troifième, contenoient des grains de Maïs qui d'abord avoient été ainfr noircis , mais que je lavaï, avant que de les femer, dans une eau de lefive où j'avois fait fondre de . ka chaux, comme il eft d'ufage de le pratiquer aujourd'hui, pour la préparation du froment. J'avois objervé qu'il £ rencontroit quelquefois fur des épis D EUS SNCAIMENN CE S 25 de Maïs des grains dont le bout étoit noir, & fembloit être un commencement de corruption, Je recueillis une petite quantité de ces grains altérés, & je les femai dans le fecond rayon de la troifième planche ; les troifième , quatrième & cinquième rayons ne reçurent que du grain ain, auquel je n'avois donné aucune préparation ; je mis-enfin dans'les frxième & feptième rayons de da troifième planche, .des grains qui provenoient d'épis, en partie fains & en partie gâtés. Lorfqu'on enfemence une pièce de Maïs, on y répand toujours plus de grains qu'il n'en faut pour qu'ils foient à une diflance convenable & que les pieds deviennent vigoureux : lorfque les plantes fe font annoncées par-tout & ont jeté leurs premières feuilles, on laboure la terre qui eft autour d'elles; fon arrache celles qui font trop près les unes des autres ; & fuivant la force du terrain , il eft affez d'ufage dans TAngoumois de laïffer entre elles un pied ou un pied & demi de diftance. Je crus devoir profiter un jour du facrifice que je vis faire d'une affez grande quantité de jeunes plantes de Maïs, pour examiner fi celles qui me paroiïffoient les plus foibles, ou qui portoient un feuillage d’une couleur plus foncée que d'autres, étant tranfplantées dans le jardin de la maifon que j'habitois, auroient quelque difpofition à la maladie que je cherchois à connoître, & n'en déceleroient pas les commencemens, par les fymptômes extérieurs qui me les faifoient diftinguer d'avec les autres plantes de la même efpèce dont les champs étoient couverts. Je recueillis en conféquence parmi ces plantes nou- vellement arrachées, celles qui me parurent fufpectes , d'après -un coup d'œil général fur toute la pièce de Maïs d'où elles fortoient, & je les tranfplantai auffi-tôt dans le petit canton, où étoient les trois planches dont on a vu la diftribution : au moyen de quelques arrofemens, elles y eurent bientôt pris racine, & leur accroiffement fuivit de près celui dés plantes de cette efpèce qui étoient en plein champ. "Voilà où fe bornèrent les préparatifs que je fis pour remonter, s'il étoit poflible, à la caufe de la maladie du Maïs, t ; KKk ij 260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE où au moins pour être en droit d’écarter tout ce qui n'en eft pas l'origine, & à quoi néanmoins on feroit tenté de l'attribuer par analogie à ce que d’autres plantes donnent lieu d'obferver conftimment. J'avois fans cefle les yeux fur les plantes qui étoient matière de mon expérience, & j'avois lieu tous les jours, au retour de mes courfes en pleine campagne, de les comparer avec celles que j'y avois examinées. Je remarquois avec foin, en vifitant fcrupuleufement chacune des plantes, les moindres altérations, la plus légère tache qui sy trouvoient, dans l’efpé- rance que quelques-unes d’entr'elles pourroïent me fervir à reconnoitre les commencemens de la maladie, & à me faire recueillir toute mon attention fur le point effentiel ; mais toutes fes précautions que j'avois prifes pour faire naïtre, s'il étoit poflible , la maladie dans un endroit limité de mon petit canton d'expérience, n'aboutirent à aucun effet fenfble; je n'aperçus pas la plus légère protubérance dans le grand nombre de plantes que mes trois planches contenoient : une feule, parmi celles que j'avois tranfplantées, portoit à fa nervure d'une de fes feuilles, un commencement de maladie; je crus d'abord que cet accident feroit fuivi d’une protubérance confi- dérable, de la nature de celles que j'avois déjà obfervées en pleine campagne ; mais l'accident refla toujours borné à une gère excroiffance qui avoit une ou deux lignes d’épaifleur, & s'étendoit de la longueur de neuf à dix lignes fur la ner- vure de la feuille. Il paroït donc conftant par ces expériences, que a pouflière noirâtre en laquelle fe convertiflent ces excroiflances acci- dentelles du Maïs, n'a rien de contagieux ; que les grains de cette plante où il y a un commencement d'altération & dont le bout eft noir, ne renferment point le principe de la maladie: il paroît encore, d’après le réfultat que m'ont donné les pieds de Maïs que j'avois tranfplantés , que le feuillage de cette plante qui a une couleur plus où moins foncée & quelque chofe de bleuâtre, qu'un certain état lan- guiffant dans tout fon port extérieur n'annoncent pas cette maladie DES SCIENCES. 26r fingulière, & conduiroient même à une conclufion oppofée. J'ai obfervé plus d'une fois en effet, que cette excroiffance charnue fe montroit communément fur des pieds vigoureux, & qui étoient garnis de plufieurs épis ; il étoit rare que je la remarquaffé dans un champ, où les plantes étoient foibles & ne portoient qu'un ou deux épis médiocres. Il fembleroit dès-lors que cette protubérance ne feroit, comme nous l'avons déjà infinué, que les fuites d'une trop grande aboridance de la sève , laquelle dans un terrain vigoureux fe porteroit vers certaines parties de a plante avec plus de force que ne le demanderoit la texture naturelle de fes parties, & occa- fionneroit une dilatation exceflive dans les utricules ou tiflu cellulaire du parenchyme, Il n’y a guère d'apparence que cet accident foit dû à la piqûre de quelque infecte. La pellicule fine qui enveloppe ces excroifflances du Maïs , eft blanche, tranfparente, & ne paroït pas avoir recu la plus légère atteinte. D'ailleurs, J'ai ouvert un grand nombre de ces excroiffances, & de toutes les groffeurs; je les ai prifes à différens degrés de maturité, je n'y ai aperçu aucun indice de l'attaque d’un infecte ; & dans les excroiflances nouvelles, l'efpèce de chair dont elles font compolées , étoit auffi faine en apparence que celle du meilleur fruit. Quoi qu’il en foit de la caufe de 11 maladie du Maïs, fur laquelle mes expériences ne m'ont rien appris de pofitif, je puis au moins aflurer , d’après ces mêmes expériences & beaucoup d'obfervations dont on a vu les principales, que cette maladie n'a rien de contagieux : je conviens qu'il ne réfulte pas un avantage direct d'avoir jeté fur cela quelques lumières ; mais il eft bon que fi les Agriculteurs redoutent à jufte titre la contagion, lorfqu'il s’agit de la grande maladie du froment ; ils n'aient aucune inquiétude fur la communication de celle-ci, & ne voient pas dans une année où Îe mal eft confidérable ; un fujet de craindre que Fannée fuivante il ne foit beaucoup plus étendu, ne KK iÿ 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ÉCLIPSE DU SOLEIL, D D as ua CIN 170: OBSERVÉE À CHAUMONTEL AU NORD DE MAREUIL, PROCHE LUZARCHES Avec la Lunette d'un quart -de - cercle de 2 picds de rayon, de même qui a férvi plufieurs jours de fuite à régler la Pendule pour les hauteurs égales du Soleil du côté de lorient àr de l'occident , communiquée. Par M. LE MONNIER. A latitude du lieu a été trouvée de od r 5! 00", pré- cifément au nord de l'Obfervatoire de Paris. Réduifawr au mérid, de Paris. A 6% 42° 34°:, commencement de r'Éclipfe. ser OASIS Bi Be ei ES Date ele sie Ga Le Note 8. 22, 6 A Paris, dans l'ile Notre-Dame, avec un télefcope de 30 pouces de diamètre, faifant l'effet d’une lunette de 1 5 pieds. A 6h 4° 43", commencement de l'Éclipfe. 8:lzr IS8Gn: # Voy. Men, de Je rendrai compte * des différences en dédclinaïfon entre le T'Acad, 1764 bord fupérieur de la Lune & le bord fupérieur du Soleil, prifes avec le même télefcope garni d'un nouveau micromètre ou objectif coupé en deux, l'inftrument d'ailleurs étoit monté { fur une machine parallaétique. Elle étoit à 7h 29" 1" de oŸ16 18", & à 7° 33 15" deod 1543": onaeftiméle inilieu de l'Éclipfe à 731" 51”, & le diamètre du Soleif 31° 41", dont il faudra Ôter 2 à 3 fecondes pour le temps perdu de la vis de ce micromètre. ODA M MN LSLCMLEUN (Cr s% | 263 MÉMOIRE SUR LE TIRAGE DES CHEVAUX. Par M. D:E PAR GLEUX, OS fait: que le principal but dela Mme pratique’, eft de: chercher à tirer, dans. tous lestcas, le: meilleur . poffible de la force de Tagent qu'on emploie. … La force des animaux ,. & fur-tout des Chevaux, eft fans contredit celle dent on fait le: plus d'ufage ;: on peut Yavoir par- tout & à tonte heure, &: c'eft de la manière de les faire: tirer dont. il fera queftion:dans: ce- Mémoire. L'examen des: moyens propres à faire: travailler , avec plus d’aifance, les: animaux que l'indufitie, humaine’ fournis. à fon fervice, “foit pour leur faire faire plus d'ouvrage, foit pour les foulager dans: celui qu'ils font, & lés rendre par-là capables de réfifter: plus long-temps,, nanéfulement: pour le tirage des voitures &: des:bateaux , mais aufli pourde-labour, qui nous eft d'une utilité plus. indifpenfble : ; cet’ examen, dis-je, m'a:paru un-objet:des- ‘plés dignes de l'attention de l'Académie. De tous ceux qui ont écrit fur la force desanimaux, il ne faut compter que M: deja Hire & M, de Camus, Gentil. homme Lorraïn:;-tous les autres pa mi ceux qui font venusii ma connoiffauce, n'ont fait que répéter, fans‘examen:, ce que ces deux-là: ont:dit. M. de la Hire-na proprement parlé que-de-1a. force dont. un homme eft capable. dans: toutes les différentes manières, fuivant lefquelles.il; peut: agir , toutes: ces différentes forces confidérées abfolument en-ellesmêmes. Tout ce que M: de la Hire dit fur la force de (animes Eft fondé fur l'expérience & fur le raifonnement , autant 264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que la matière le comporte ; il dit encore que la force de homme eft plus avantageufement employée à porter qu'à tirer, au lieu que celle du cheval eft plus avantageufement employée à tirer qu'à porter, parce, dit-il, que toutes fes parties font-plus favorablement difpofées pour cet eflet, que celles de l'homme ; & tout cela eft vrai : il ajoute, que la force des chevaux ne dépend pas abfohument de leur pefanteur, comme celle des hommes , mais principalement des mufcles de leur coïps er de la difpofition générale de leurs parties, qui ont un très - grand avantage pour pouffér en avant ; À ajoute encore, ce ef? pas qu'étant chargés ils peuvenr tirer un peu lus. . M. de la Hire a raïfon dans tout ce qu'il dit , fi on l'interprète bien ; mais on la mal entendu ; il cft vrai que ce favant Académicien auroit pu s'étendre davantage für ce qui regarde Ja force des chevaux ; if n’a d’ailleurs rien dit de la manière de femployer, quoique ce füt-là l'article le plus important, & qu'il füt plus en état que perfonne de Le difcuter, De ce que M. de la Hire a dit, que la force des chevanx ne dépend pas abfolument de leur pefanteur, comme celle des hommes , mais principalement des mufcles de leur corps, &c. on a entendu que c’eft la force des mufcles qui fait la traction ; je ferai voir que la force des mufcles ne fert qu'à pouflér la mafle du cheval en avant, plus ou moins yigoureufement ; maïs que c'eft toujours la pefanteur ou partie de Ja pefinteur de cette mafle qui fait la traction; que tous les mouvemens du cheval, comme ceux de l'homme, lors même qu'ils y mettent le plus de force, ne terident qu'à augmenter le bras de levier de leur propre mafle, & à diminuer celui de la réfiflance ( j'avertis que j'entends toujours par réfiflance , le poids qui eft tiré, foit qu'il réfifle ou qu'il cède ) ; je ferai voir enfin que sil étoit poffible qu'un cheval n'eût aucune pefanteur, il auroit beau avoir des mufcles auf forts qu'on voudra Jes fuppofer, il ne froit capable d'aucune traction, M. de DES SCIE N:iCE <$ 265 - M. de Camus, Gentilhomme Lorrain , eft le premier qui ait parlé de Ja pofition des traits ;il dit dans fon Traité des Forces mouvantes /page 387), après .plufieurs remarques utiles fur les perfeétions & les défauts des voitures, qu'il faut toujours mettre le palonnier à la hauteur du, poitrail des chevaux, difant que quand ils tirent avec des traits inclinés, cela leur appefantit les jarrets, parce, dit-il, qu'ils foulevent & portent un peu la voiture, & que-le cheval n'eft pas f propre à porter qu'à tirer; ce font-là toutes les raifons qu'on donne en faveur des traits parallèles au chemin : on pourroit demander fi des chevaux qui portent entièrement , foit un Cavalier, foit une charge, ont es jarrets plus appefantis que ceux -qui tirent les charrettes, & en fuppofant pour un moment que cela fût (ce qu'on ne voit pas), qu'importe-t-il qu'un cheval deftiné pour toute fa vie à tirer, ait les jarrets appefantis ou non, pourvu qu'il foit foulagé dans fon travail, ou qu'il en faffe davantage? Il eft bien vrai, comme l'a remarqué M. de a Hire, que les chevaux font plus. propres à tirer qu'à porter ; mais il ne s'enfuit pas de-là,que ce foit par la force ablolue de leurs mufcles qu'ils tirent, ni qu'il faille mettre les palonniers à la ‘ hauteur du poitrail des chevaux , de crainte de les charger ou de les-faire porter en partie ; je penfe au contraire que ce que l'inclinaifon convenable des traits leur fait porter , eft plus favorable au tirage que nuifible , puifque cela fait le même effet que fi on les chargeoit d’un fort petit poids , fans qu'ils en foient réellement embarraflés , leur Jaïflant toujours toute . leur liberté, $ Pour démontrer que les traits inclinés au. chemin, font plus. favorables à l’ation du cheval ou de quelqu'iutre agent animé que ce foit, il faut que je faffe voir auparavant qu'ils pe tirent tous que par leur pefanteur ; je commence par l'homme, quoiqu'on ne le,contefle pas ; ce que je dirai fur fa manière d'agir en tirant , contribuera à rendre plus intelli- gible, ce que j'ai à dire pour le cheval. “If eft aifé de voir que homme À P, que je fuppofe tirer Am. 1760! » Li 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE un ‘ear d'eau d'un puits, ne le fait monter qu'autant qu'en fe penchant il appuie le poids de fon corps contre la bretelle AB , en s'expofant à fe laiffer tomber fi la corde venoit à: caffèr ; on voit que le centre de gravité € où Fon doit fuppofer tout le poids de l'homme réuni , tend à s'approcher du centre de la terre, en fuivant l'arc CG qui a pour centre le pied ? qui porte à terre, & ce qui arriveroit infaillible- ment fi l'autre pied Æ' ne venoit au fecours faire un nouveau point d'appui, & en tendant le jarret peu à peu, tenir le centre de gravité de la mafie de l'homme, toujours à la même hauteur ou à peu près fuivant le befoin. Il eft bien évident que cet homme ne tire que par fa pefanteur , car fi la réfiflance ne cédoit pas lorfqu'il s'appuie contre la bretelle, fa mafle fe trouveroit portée ou foutenue par le pied P qui fait le point d'appui, & par le trait ou corde 8 L ou Â1Q que nous fuppofons ne pas céder, foit que l'autre pied foit levé , foit qu’il femble porter à. terre :. car dans ce dernier cas, s'il touche à terre, il n'y appuie pas, il n'eft-là tout machinalement que pour foutenir le corps en cas d'accident , & faire un nouveau point d'appui quand. Vautre jambe fera entièrement tendue ; mais tant que la réfiflance ne cède pas, le poids de l'homme eft porté par le - point d'appui P où eft fon pied, & par là corde Z L ou MQ de la réfiflance, comme le feroit une poutre ainft inclinée. Fous ceux qui ont étudié les premiers principes de: Ja: Mécanique, favent qu'à chaque inftant de l'action on peut. prendre pour bras de Jevier, les. perpendiculaires abaifées du point d'appui aux direéétions, fuivant lefquelles agiffent: les poids ou les puiffances ; ainfi dans la pofition de l'homme que nous avons fuppofée, le bras de levier de fa mañle ef la ligne P D perpendiculaire à la direction CD , fuivant laquelle le centre de gravité de Fhomme tend à chaque inflant à s'approcher du centre de la terre, le bras de levier de la: réfiflance feroit PAZ, fr lhonime tiroit par un trait horizontal, & il ne feroit que PF tirant par un trait incliné, DES SCIENCES. 267 - Si cet homme fe baïffe ou s'incline plus qu'il n'eft, il fe dprocurera deux avantages ; fon centre de gravité venant par «exemple en Z, la direction LÆ de la réfiflance fera defcendue au-deflous de la première pofition , qu’elle foit defcendue en L N par ce mouvement, {e bras du levier PF fe raccourcit & devient PO ; la réfiftance reftant la même, & agiflant ou réfiftant maintenant par un bras de levier plus court, elle a perdu de fon avantage, tandis que le poids de l'homme agiffant par un bras de levier P À plus long que le premier, PD en a gagné. Si dans la première pofition l'homme ne faifoit que tendre fes mufcles fans fe baifler, H alongeroit tout fimplement fa ligne PÆ menée du point d'appui P au point Æ, où fe -coupent les deux directions ; fi le poids L ne cédoit pas, le point Æ décriroit un arc de cercle en montant autour du centre L, & le point D s’approcheroit du point d'appui P, le bras de levier PD de la mafñle de l'homme diminueroit, celui de la réfiflance augmenteroit, & l’homme perdroit de fon avantage au lieu d'en gagner : ce n’eft donc pas Îa force des mufcles, en s'étendant, qui fait la traction ; mais cette mème force, aidée du jeu des mufcles , met le poids de l'homme en état de vaincre la réfiflance , fi elle peut l'être par un homme. La force des mufcles qui agiffent dans un homme qui tire n avançant & continuant fa route, ne fert qu’à lui faire porter continuellement fon centre de gravité en avant, & pour le dire en deux mots & diftinguer l'effet de la caufe, de poids de homme fait la traction, le jeu & la force des amufcles en font la continuité. . Si de deux hommes également grands & également pefans, l'un tire plus que l'autre, cela vient bien de la vigueur de fes mufcles, mais non en agifflant comme celle d'un arc qui banderoit plus fortement fa corde ; c'eft parce qu'ils lui fourniflent le moyen de fe pencher davantage, & par - là augmenter fon bras de levier, & diminuer celui de ka æéliflance, le plus de vigueur dans fes mufcles, fait que cet LI ÿ 268 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE RoYALE homme peut incliner davantage la ligne menée de fon centre de gravité au point d'appui , & l'alonger à mefure que 14 réfiflance cède, & enfin à faire réfifler l'homme plus long- temps ; mais C’eft toujours, comme on doit le voir par tout ce que j'ai dit, le poids de l'homme, plus ou moins penché füivant le befoin , qui fait céder la réfiflance fi elle peut être vaincue, On voit par-Bà, qu'un homme qui eff grand & gros à proportion , & aufli agiffant qu'un homme de moindre taille, . doit tirer un poids beaucoup plus pefant qu'un homme plus petit, quoique ce dernier puifié porter autant que le grand, & même davantage. Les parties du cheval, ainfi que de tous les autres quadru- pèdes, font tellement difpofées, que les jambes de devant en portent fa. plus. grande partie ; l'office des mufcles des jambes de derrière d’un cheval qui tire, eft de poufler fa mañle en avant, en inclinant les piliers qui en portent le plus, & la mettre en état de tomber, fi les traits venoient à caffer. Dans un tirage ordinaire & modéré, là mafle du cheval a deux points d'appui bien marqués , l'un aux pieds de derrière, & l'autre aux pieds de dévant ; mais dans tous les cas, le plus marqué eft celui des pieds de derrière; car lorfqu'un cheval tire avec effort, les jambes de devant portent très-peu à terre, la mafle du cheval eft alors foutenue-par les traits & par les pieds de derrière, s'il a les mufcles des reins, des hanches & des jarrets affez vigoureux pour cela. Si on avoit de {a peine à fentir que les jambes de devant partent une bien moindre partie de la maffe du cheval quand il tre, que quand il ne tire pas; om pourroit s'en affurer par une expérience : qu'on mette un cheval fur ur plancher fait avec des madriers, foutenus par les deux bouts feulement, afin qu'ils puiffent faire reffort par le milieu ; que lé cheval ait fes deux pieds de devant für un madrier, & ceux -de derrière fur un autre ; qu'on tire par-derrière le palonnier du cheval, pour lui faire faire la même action que s'iltiroit, on verra dans le moment le madrier de devant s'élever, & celui. D BIS NSMGUI EN CE. S. .269 de derrière s’abaiffer ; on verra la même chofe en mettant Je cheval dans un petit bateau, ce qui montrera fenfiblemert que les jambes de devant portent moins quand le cheval tire que quand il ne tire pas; ce qu'elles portentile moins eft un poids qui tend à tomber en tournant autour du point d'appui qui eft aux pieds de derrière, & c'eft action de ce poids tendant à tomber, qui fait la traction : la force des mufcles des jambes de derrière & autres:, ne fert qu'à pouffer la mafle en avant, & mettre le poids en état d'agir conti- nuement comme à l’homme ; car fi on veut fe repréfenter pour un moment un-cheval fans pefanteur, avec des mufcles auffi forts qu'on voudra les füppofer , il ne fera- capable d'aucune traétion., les mufcles agiffant comme des reflorts- qui’ tendroient à fe redrefler , la partie antérieure du cheval s'éleveroit en quittant terre ; ce qui arriveroit à un cheval qui n'auroit aucune pefanteur , arriveroit à un cheval ordinaire, -quelle que fût la force de fes mufcles, fi la réfiftance étoit plus grande: que celle que le poidsdu cheval eft capable de vaincre; mais s’il a la totalité de fes mulcles aflez forts, on pourroit lui faire furmonter la réfiflance en le chargeant de quelque poids, comme le dit M. dela Hire; il feroit néanmoins dan- gereux-de le faire, les harnois, tels qu'ils font, font toujours un poids fuffhfant, - La peine que j'ai -éprouvée à fxre- entendre à quelques perfonnes , que ce n’eft pas la force des mufcles qui fait la traction , mais la pefanteur de agent , me porte à mettre encore ici une comparaifon qui nefera peut-être pas inutile. On ne peut pas difconvenir que l’homme polé fur fes deux pieds, ou fur un feulement , s'appuyant contre la bretelle, ne tire par le poids de fa maffe tendante à tomber ; fi la réfiftance eft grande , l'homme fe baïflera davantage, mais qu'il {oit plus ou moins baïffé, c’eft toujours par l'effet de fa pefanteux qu'il agit; cet homme pourroit tant fe baifler , qu'à la fin fes mains toucheroient. à terre ; ce feroit toujours la mêmes action, je veux dire celle de la pefanteur ; elle feroit alors : beaucoup. plus d'effet, & c'eft-là le cas ‘du cheval. î * Eli, 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette pofition naturelle au cheval , indépendamment de l'inégalité des mafles, eft le principal avantage que le cheval a fur l'homme pour tirer; par fa pofition naturelle, fa mafle eft baiflée aëtant qu'elle peut l'être, ou à peu près; elle eft appuyée fur un ou fur deux pilliers mobiles, par-là, moins expofée à tomber ; les mufcles des jambes de derrière ne font qu'appuyer cette malle contre le collier , plus ou moins vigou- reufement, felon que la réfiflance eft plus ou moins grande, & ils l'appuient quelquefois fr fortement, que les jambes de devant ne portent plus rien; c'eft l'appui de derrière & les traits qui portent tout, & c’eft-là le plus grand effort que le cheval puiffe faire ; s'il s’eft baiffé autant qu'il le peut, & que la réfiftance ne cède pas, le cheval aura beau tendre & bander fes mufcles tant qu'il pourra, il fe cabrera & perdra de fon avantage, comme l’homme dont j'ai parlé ci-devant , au lieu d'en acquérir. Je crois que j'ai fufffamment montré que c’eft Ja pefanteur ou partie de la pefanteur de la maffe du cheval qui fait la traétion; cela prouvé, il en doit être de fa manière de tirer comme de celle de l'homme ; que les traits inclinés rendent le bras de levier de la réfiflance, ou la perpendiculaire qui leur eft menée du point d'appui, moindre que ne font les traits arallèles au chemin , il fuffit pour cela de jeter les yeux fur a figure, & c’eft-Jà ce que je voulois prouver. Pour mieux fentir ce que je viens de dire, qu'on examine le cheval en action ; a-t-il un fort coup de collier à donner, il fe baifle le plus qu'il peut, tant pour augmenter le bras de levier de fa maffe, que pour diminuer celui de la réfiftance , ce qu'il fait beaucoup plus hardiment fur terre que fur le pavé, parce que pinçant mieux par fes pieds de derrière, qui fe font un appui un peu incliné, il craint moins de glifier & de s’abattre. ” Or , par ce mouvement auffi naturel & machinal à l'homme qu'au cheval , outre l'avantage que procurent les traits inclinés, en rendant le bras de levier de la réfiftance plus court que ne font les traits parallèles , il arrive encore que de quelque 4 ù DES SCIENCES, V'eyr quantité que le cheval fe baiffé pour vaincre la réfiflance , il gagne davantage par des traits inclinés que par des traits parallèles ; car en fe baiant , il diminue prefque de la même quantité les perpendiculaires qui feroient menées du point d'appui à l'une & à l'autre de ces deux pofitions de traits ; mais celte diminution eft une plus grande partie de la per- pendiculaire abaiffée au trait incliné, puifqu'elle eft plus courte qu'elle n'eft de l'autre perpendiculaire , qui eft plus longue, & par cette raifon dans les momens où il faut donner un fort coup de collier, le cheval n’a pas befoin de fe baiffer autant en tirant par des traits inclinés au chemin, qu'en tirant par des traits parallèles, & par-là il ef moins expolé à gliffer, avantage qui mérite attention pour la confervation d’un animal aufir utile. Enfin, dans tous les cas du tirage ordinaire, tant en plaine: qu'en montant, il faut que le cheval s'incline & 1ende davan- tage fes mufcles en tirant par des traits parallèles au chemin ,. qu'en tirant par des traits inclinés; autre raifon pour qu'il foit: plus fatigué en tirant par les premiers que par les dernierés Pour m'aflurer, par l'expérience, de ce qui me paroifloit évident par le raifonnement , j'ai pris moi-même la bretelle d'un Batelier , &-jai remonté un batelet prefque depuis Croify jufqu'à Chatou, dans un efpace de quatre à cinq cents toies,. où l'on marche, tantôt fur la grève & tantôt für la berge à: différentes hauteurs, je trouvois une différence fenfible par” Le plus de facilité que javois à tirer, lorfque je marchois- fur la berge médiocrement haute, le batelet reflant à la même: diflince de la berge ow à peu près. On dira peut-être que les Bateliers qui remontent les: batelets de Sèves à Paris, mettent une perche au devant de leur batelet, du. haut de laquelle part-a corde qui va à la* bretelle, ce qui en éleve le tirage, & qu'il faut croire qu'ils y trouvent leur avantage pour tirer plus facilement; on peut le penfer d'abord , on trouvera même des Bateliers qui le” diront fans y avoir réfléchi; mais les Bateliers de bon fens ,- difént, & on le fent d'avance; que c’eft afin que la: cordé- pale par-deflus les-obfiackes. 272 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour examiner le mieux que je pourrois la même chofe; pour le tirage des chevaux, j'ai fait ajufler une pièce de fer au bout du levier d’un manège de pompe ; j'ai fait tirer le cheval pendant des temps égaux , après s'être repolé en plaçant le palonuier à différentes hauteurs, pour voir à laquelle ;il me paroîtroit avoir le moins de peine, & qui feroit en même- temps la moins fujette à inconvénient, car il faut tout confi- dérer : il m'a paru que les traits étant inclinés de quatorze à quinze degrés, le cheval alloit avec le plus d’aifance & le plus commodément , ce qui met le palonnier à.la moitié de fa hauteur du poitrail ou environ, pourvu que les traits n'aient que la longueur néceflaire pour que le palonnier ne batte pas contre les jarrets du cheval. Plufieurs perfonnes ont écrit en faveur du tirage haut ou parallele au chemin, quoique ce précepte n'ait pas encore fait de grands progrès, pouvant faire voir qu'il eft contraire à tout principe, j'ai cru qu'on me fauroit quelque gré d'éclaircir cette queftion, dont les applications font très-intéreffantes dans l'éconemie journalière. ‘ Mais en montrant l'avantage du ro bas ou incliné au chemin , je fuis bien éloigné de vouloir infinuer de diminuer les roues du devant des ‘carroffes & chariots ; il ya plufieurs bonnes raifons en faveur des grandes roues , qu'on peut voir dans le Traité des Forces Mouvantes de M. de Camus, dont j'ai déjà parlé. | Je ne répondrai point à ceux qui croient que c’eft un défaut de faire les roues de devant un peu grandes, difant que les chevaux ont plus de peine à retenir la voiture dans les defcentes ; c’eft avouer qu'elles facilitent le tirage en plaine & en montant; car c'eft à l'avantage que procurent les grandes rouss de devant , qu'on doit attribuer la facilité que. les chevaux ont à tirer les voitures où l'on a tant élevé le tirage, & non à cette élévation de tirage ; quand aux defcentes, on rémédiera ay trop de facilité qu'on y trouve, avec raifon, en enraÿant. Il feroit à fouhaiter qu'on pût mettre le tirage des charrettes à deux roues, auffi bas qu'aux charrues & aux carroffes , fans £€ÿ in DES SCIENCES 73 gn diminuér les roues ; ; mais. j'avoue que (fe n'en: vois ré te moyens fans inconvénient, car ce qu'on pourroit mettre au- deflous des limons & de f'effieu, pour y. attacher les traits, formeroit un bras de levier au ne duquel agiroit la force du cheval , qui tendroit à faire renverfer la charrette en arrière, & à mettre le limonnier ‘hors de force , en plaine & dans les montées, fans le foulager dans les Lines Il feroit bien à fouhaiter encore pour les chevaux & pour les chemins, qu'on ne fit ufage que de voitures à quatre : foues, comme on l'a tant de fois ordonné , fur-tout' pour : les grandes voitures de rouliers; le fardeau étant partagé fur quatre points , au lieu de deux , chacun en porteroit une moindre partie, & les chemins ne feroient ni détruits ni rompus ; & quant aux chevaux, on mettroit le palonnier à la hauteur la plus avantageufe pour le.tirage, les limonniers ne feroient point chargés à dos en defcendant , ni foulevés & mis hors de force en montant ; ils n'auroient point les flancs continuellement battus, comme ils les ont à chaque cahos grands & petits. A n'eft, je crois, pas inutile d'avertir qu'en mettant. le palonnier à la moitié de {a hauteur du poitrail, comme plus avantageufement placé que plus haut, il faut avoir foin quand on met quatre chevaux ou davantage , fur un carroffe ou autre voiture, de faire tirer ceux de devant par une volée placée au bout du timon, & non fur les raits mêmes des deux chevaux du cocher, parce que l'effort des chevaux de devant tendant à mettre en ligne droite la totalité des traits, charge. trop à dos Îes deux chevaux du cocher, .outre que dans tous les cas ces traits les gènent & les fatiguent beaucoup. Mine 1760 à Mn 16 Avril 1760, 274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE CE AE RE ARE CURE NA NATURE DE LA BASE DE L'ALUN. Par M. BARON. À connoiflance des Sels, eft fans contredit une des plus intéreffante qu'il y ait pour la Phyfique & pour la fociété; fi quelqu'un pouvoit douter de cette vérité, il lui feroit facile de s’en convaincre en jetant feulement les yeux fur les travaux des différens Arts & Métiers. Il feroit bientôt agréablement furpris de voir, qu'il n'y en a qu'un aflez petit nombre dans lefquels on ne faffe point d'ufige d'un ou même de plufieurs fels. L'alun en particulier eft un de ceux dont l'ufage eft le plus général & le plus commun, fur-tout dans Fart de la T'ein- ture, qui ne peut abfolument pas s'en pañler, & auquel il eft indifpenfablement néceffaire pour augmenter l'éclat & la vivacité de plufieurs couleurs, pour affurer la folidité de quelques autres & pour les rendre ce que l'on appelle des couleurs de bon teint. If eft étonnant qu'un fel, dont il importe fi fort de connoître la véritable compofition, tant afin de l'employer plus avantageufement, que pour découvrir la véritable caufe phyfique de fes différens effets, n'ait été examiné , avant ces derniers temps , qu'aflez fuperficiellement par les plus habiles Chimiftes; ils fe bornent tous à répéter , les uns d’après les autres, que l'alun eft un fel neutre compoté de l'acide vitriolique combiné & corporifié avec une terre abforbante de la nature de fa chaux ou de la craie: il eft vrai que l'expérience con- firme cette affertion par rapport à l'acide vitriolique, & tout le monde eft d'accord fur ce point; mais elle dépofe abfo- lument le contraire au fujet de la terre calcaire ou crétacée que l’on donne pour bafe à l'acide de Falun. M. Margraf, fivant Chimifte de Berlin, ne s’eft point laiffé entrainer au DES SCIENCES 275 torrent , il a le premier entrepris fur lalun un: travail fuivi, dont il a fait imprimer le détail, il y a quelques années, dans les Mémoires de l Académie de Berlin : la meilleure méthode dont ce Chimifle fe foit fervi pour découvrir ce qu'il cher- choit, & j'ofé même dire la feule dont on puiffe fe promettre quelque fuccès , a été de fe procurer une grande quantité de la bafe de l'alun, en décompofant ce fel par les voies connues ou de la calcination ou de la précipitation, après quoi il a fait un grand nombre de combinaifons de cette terre bien édulcorée, ävec plufieurs fortes de fubflances différentes, & il eft enfin parvenu à faire voir que la terre en queftion n'a abfolument aucune des propriétés de la chaux ni de la craie, en forte que le réfultat de toutes fes expériences, fe borne à nous apprendre que la terre de l'alun n'eft point ce qu'on a cru qu'elle étoit ; fans faire connoître ce qu'elle eff pofitivement. Je ne me flatte pas d'avoir mieux réuffi que M. Margraf; ce que j'ai à propofér de nouveau à ce fujet, quoique fondé en partie fur l'expérience , eft encore trop informe : ce n'eft qu'une efpèce d'induétion qui pourra mettre fur la voie d'autres Chimiftes plus heureux ou plus ingénieux que moi, & je me contenterai de la gloire de leur avoir fervi de précurfeur ; mais avant d’expofer ce que des faits nouveaux me font foupçonner fur la nature de la bafe de l'alun, il eft à propos de démontrer l'importance dont il eft, & en même temps la difficulté qu'il y a d'avoir cette bafe dans toute fa pureté, c'eft-à-dire abfolument exempte du plus léger veftige d'acide vitriolique, afin de la foumettre à des expériences {ur lefquelles on ne puiffe plus former aucun doute, Comme j'ai répété la plupart des expériences de M. Margraf, Jorfque j'en vins à celle de la décompofition du fe[ ammoniac par lintermède de la bafe de F'alun bien édulcorée, je ne fus pas moins furpris que l'avoit été ce Chimifle, de voir que cette prétendue terre, au lieu de dégager lalkali volatil, failoit élever au contraire de véritables vapeurs d'efprit de fel; j'étois bien affuré d'avoir pris toutes les précautions que recommande M. Margraf pour bien édulcorer la bafe de l'alun : précipitation, Mn ÿ 276 MémoïrËs DE L'ACADÉMIE RoYALE calcination, ébullitions répétées dans ‘de nouvelle eau à chaqué fois; rien n'avoit été négligé: d'où pouvoit donc venir dans une terre pyre une propriété fr fingulière & dont la Chimie ne connoît point d'exemple? feroit-il poffible qu'une terre qui ne contiendroit pas le moindre atome d'acide vitriolique, & qui d’ailleurs fe combine aifément avec lefprit de fe, comme on le verra dans la fuite de ce Mémoire , fût capable de chafler cet acide de fa bäfe volatile ? je flottois encore dans l'incertitude fur la caufe d'un phénomène fi bizarre , lorfque je m'avifai de répéter, d’après M. Margraf, la décompofition du nitre & celle du ff marin par le même intermède de la bafe de l'alun édulcorée comme il a été dit plus haut, & je fus tout aufli étonné que je l'avois été ci-devant de la réuffite des expériences, c'eft-à-dire de voir que f'acide nitreux & Facide marin reprenoient leur liberté à la faveur de l'union que l'intermède contractoit avec leur bafe alkaline. J'avois cru jufqu'alors, avec M. Margraf, que les moyens que javois employés d'après lui avoient dû être plus que fuflifans pour amener la bafe de l'alun. à fon plus haut degré de pureté poflible, mais je commençai à me perfuader que nous étions, mon garant & moi, l'un & Fautre dans l'erreur ; j'en fus tout-à- fait convaincu après que j'eus mis en ufage la. véritable pierre. de touche, qui ne trompe jamais en pareil cas, c’eft-à-dire *:. après que j'eus pouflé au feu un mélange de parties égales de la bafe de l'alun & de la pouffière de charbon , car je reconnus auflitôt lodeur fétide du foie de foufre, qui dénote infailli- blement la préfence de l'acide vitriolique : il n'étoit donc plus poffible de douter que h bafe de l'alun purifiée par la méthode ordinaire retient opiniâtrement une portion d'acide; mais pour une plus parfaite conviction, je crus qu'il feroit encore mieux de trouver un moyen de porter la purification de la bafe de Falun jufqu'au point que cette bafe n'eût plus aucune adtion de décompofition fur les fels neutres qui ont pour acides l'efprit | de nitre ou l'efprit de fel; l'embarras étoit de Je trouver, ce moyen; auflt ne fut-ce qu'après bien des réflexions en pure perte que Je conçus enfin le projet d'une expérience bien. Ste MS /GL EN: CG ES 277, fimple, mais bien décifive, dont le fuccès a été auffi complet que je pouvois le defirer : voici mon procédé. Je prends de la bafe de l'alun qui a été précipitée par l'alkali fixe, & déjà bien édulcorée, fuivant la méthode de M. Margraf, je fais bouillir ce précipité pendant une bonne heure au moins dansune forte leflive de cendres gravelées ou de potaffe ; je laifie enfuite dépoler le précipité, & après avoir décanté la leflive qui le furnage, je le lave à grande eau & je le fais bouillir de nouveau dans de l'eau pure; je verfe là liqueur toute trouble & encore bouillante fur un filtre, & à melure que l'eau s'écoule, j'en reverfe de nouvelle, toujours chaude, jufqu'à cinq ou fix reprifes différentes, afin d'entraîner tout ce qui pourroit . être refté d’alkali fixe dans le fédiment; je laifle enfuite. def- fcher mon précipité qui forme une mafle blanche que je réduits en poudre dams un mortier de marbre & que je pañle enfuite fous la molette pour la rendre plus fine &:plus atténuée: la bafe de l’alun réduite en cet état, eft fr parfaitement dépouillée de tout acide vitriolique, qu'étant foumile aux expériences rapportées ci-deflus, elle ne décompolfe plus ni le fel ammo- niac, ni le nire, ni le {el marin; le premier de ces fels fe dégage en entier de fon mélange & fe fublime en fleurs, & chacun des deux autres fels pouffés féparément au feu avec eette bafe, lui refte confondu fans en-avoir reçu la moindre altération & fans lui en avoir caufé aucune. Je pañle pour le préfent fous filence différentes combinaifons que j'ai faites avec cette terre &. qui ne m'ont rien offert qui foit digne de remarque, pour parler de fà-combinaifon avec différens acides ; en général la bafe de l’alun fe diflout dans tous les acides & forme avec eux des compofés falins , les uns fecs , les autres déliquefcens, mais elle fe diffout plus aifément dans les acides. minéraux & forme avec eux des fels, vraiment alu- mineux, c'eft-à-dire des fels aftringens flyptiques qui fe bour- fouflent fur-les charbons ardens comme l'alun ordinaire, & qui affectent une criftallifation régulière, fur quoi je crois devoir rappeler: ici une obfervation que j'ai déjà faite dans une des: notes que j'ai ajoutée. à la Chimie de Lémery au fujes Mn iij. 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de l'alun régénéré par l'acide marin, favoir , que cet alun eft femblable en tout à lalun ordinaire ou vitriolique, même pour la configuration de fes criflaux, phénomène qui me paroït unique de fon efpèce & qui mérite, felon moi, la plus grande attention de la part des Chimifles ; car je fuppole pour un moment, ce qui n'eft pas impoflible, que la Nature dans quelqu'un de fes faboratoires ait formé de cette efpèce d'alun, qui n'eft encore connu que pour artificiel, & que le hafard fafle tomber un jour entre les mains de quelque Chimifte un échantillon d'un pareil fel, ce Chimifte ne manqueroit pas tôt ou tard de reconnoître, par l'ufage qu'il en feroit dans fes travaux, que l'acide de cet alun eft l'acide marin & non pas Facide vitriolique : en conféquence il pourroit fe croire fondé à annoncer la découverte du véritable acide de lalun & à contrarier là-deffus les notions les plus tniverfellement reçues ; cependant il n'en feroit pas moins vrai que l'älun ordinaire ne contient pas d'autre acide que le vitriolique ; mais la difpute feroit bien-tôt terminée ou la difficulté réfolue , par ce que je fais obferver ici, tant il eft vrai qu'on ne fauroit être trop réfervé dans les conféquences que l'on tire des expériences. Avant d'aller plus loin, je me crois encore obligé de dire deux-mots de la forme des criftaux de f'alun, qui ne me paroït pas avoir été décrite par perfonne , telle qu'elle eft lorfqu'elle a toute la régularité dont elle eft fufceptible ; je fais que la criflallifation de l'alun , ainfr que celle de tous les autres fels , eft fujette à une multitude de variations prefque fans nombre ; mais je fais aufii, comme tout le monde , que chaque efpèce de fl , lorfque des circonftances particulières ne dérangent point l'ordre établi par la Nature pour l'arrange- ment de fes molécules, prend une forme conflante & régulière qui lui eft propre ; or , il m'a paru que la figure qu'on aattri- buée jufqu’ici comme conflante à Falun, eft la figure octaèdre, c'eft celle que M. Geoffroy lui donne dans fa matière médicale, & il a été füivi en cela, par tous les Chimiftes qui ont écrit depuis lui : cependant , fi l'on examine la chofe de plus près, on verra que cette figure n'eft qu'une variété & une exception D'AUSNSNCNT EN: C, E. 79 à la récle, & que la figure conftante de f'alun, parfaitement criflallilé, eft celle d'un polièdre terminé par quatorze faces, dont deux grandes parallèles entr'elles font hexagones, difpo- fées de façon que les angles de chacune débordent les côtés de l'autre, & que l'épaifleur qu'elles laiffent dans leur puallélifme, eft bornée par douze petites facettes triangulaires équilatérales ; inclinées alternativement en fens contraire, & dont le fommet eft l'angle de chaque grande face, & la bafe un des côtés de la face oppolée. Il eft temps préfentement de pafier à l'expolé des faits qui m'ont fait naître de nouvelles conjectures fur la nature de la bafe de l'alun, & afin de ne pas tenir le Leéteur trop long- temps en fufpens, je commence par dire que je crois cette bafe de nature métallique ; je me fonde d'abord fur ce que cette bafe n'a prefqu'aucune propriété commune avec les différentes efpèces de terre connues ; en fecond lieu, fur Janalogie qu'elle a avec les terres métalliques , qui toutes contractent, avec les acides, un goût aftringent vitriolique, que ne prennent pas les autres terres abforbantes proprement dites, qui au contraire acquièrent , par cette union , une faveur plus ou moins amère que n'a point lalun ; en troifième lieu, fur le rapport marqué qu'il y a entre l’alun & les vitriols, avec lefquels il fe trouve communément confondu dans la même mine; mais voici quelque chofe de plus pofitif & de bien remarquable par fa nouveauté , dont le hafard feul m'a procuré la découverte ; je confervois de l’alun régénéré avec l'acide nitreux , dans une fimple enveloppe de papier, je m'aperçus quelque temps après que ce papier, quoique tenu dans un air fec en apparence, s’étoit humecté , & que mon alun étoit humide; je le changeai de papier, & je jetai l'ancienne enveloppe au feu ; mais je remarquai qu'elle eut beaucoup de peine à fe deffécher avant de prendre feu, & que la flamme qui s'en éleva étoit d'une belle couleur verte ; je laiffe à penfer quel dut être mon étonnement de retrouver ici le principe colorant qui eft une des propriétés effentielles du fel fédatif; où naura pas de peine à croire combien ma curiofité s'aug- 280 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE menta à l'afpeét d'un phénomène fi peu attendu ; je réitéraf Yexpérience plufieurs fois, & j'eus toujours le même fuccès; je la tentai pareillement fur toutes les efpèces d’alun régénérées, fur chacune defquelles je fis digérer de l'efprit-de- vin, & toutes ces différentes portions d'efprit-de- vin, donnèrent conftimment une flamme verte en brûlant : les différentes réflexions que je fis fur cette expérience , me rappelèrent bientôt dans l'idée le fentiment plus que vraifemblable d'un grand nombre de Chimiftes qui prétendent que toutes les couleurs réelles de la Nature font dües à des particules extrémement divifées , & je me crus par-RÀ füfffimment autorifé à foupçonner que la bafe de f'alun contient un pareil principe métallique, & qu'elle eft peut-être elle-même de nature abfolument métallique : fi j'avois été affez heureux pour opérer la réduction de la bafe de lalun en un métal ou demi-métal quelconque , tout auroit été dit, & ce qui n'eft aujourd’hui que conjecture, fe trouveroit parfaitement démontré ; mais j'avoue que mes tentatives à ce fujet ont été jufqu'ici fans fuccès : je fuis cependant bien éloigné de regarder la chofe comme impoflible, car fi on fait attention que l'on a cru de tout temps que les fleurs d’antimoine étoient irré- ductibles , quoiqu'il n'y ait rien de fi facile que de leur rendre l'éclat métallique, comme l'a démontré depuis peu M. Rohault, Médecin d'Amiens , parent du célèbre Rohault ; fi lon confidère de plus qu'il n'y a pas un fi grand nombre d'années que M. Pott, en nous faifant connoître que la bafe du vitriol blanc de Goflar, inconnue jufqu'alors , étoit du zinc, nous à appris en même-temps que les fleurs de ce demi- métal, qu'on avoit regardées avant lui comme irréduélibles , peuvent aifément fe revivifier ; je ne penfe pas que ce foit faire une propofition trop hardie d’avancer qu'un jour viendra que la nature métallique de la bafe de l'alun fera prouvée par des expériences inconteftables ; mais en attendant que cette découverte fe réalife, voici une autre expérience qui n'a pas moins le mérite de la nouveauté que celle que j'ai rapportée £ñ dernier lieu, & qui par la liaifon qu'elle a avec elle Fi ervir DIENSMISNCNIE NIC'E !S 28r Frvir à faire voir que la bafe de F'alun eft peut-être bien suffi celle du fel fédatif, jufqu’ici inconnue, malgré tant d'efforts que l'on a fait en dernier lieu pour fa découvrir. Lorfque jetravaillois fur le borax, je projetai un jour, dansun creufet rougi au feu, parties égales de ce fel & de falpêtre rafiné, le mélange fe gonfla fans produire aucune détonation ; mais à peine eus-je ajouté de la poudre de charbon, qu'il & fit une violente fulguration, dont le fpeétacle étoit de la plus grande beauté; car comme le borax avoit formé à la furface du mélange, une efpèce de croûte fort épaifle, le nitre placé au-deflous de cette croûte, fous laquelle il étoit en fufion, faifant effort pour détoner, avec la poudre de charbon , perçoit enfin & fe failoit jour à travers cette croûte de borax , & lançoit avec impétuofité des traits de flamme d'un éclat & d'une vivacité admirables , qui repréfentoient les ferpentaux du plus beau feu d'artifice ; je continuai de jeter de la pouffière de- charbon , jufqu'à ce qu'il ne fe fit plus de fulguration; je pouflai encore le mélange à grand feu pendant long-temps, & ayant laiflé refroidir le creufet, je trouvai une mafle qui avoit une faufle apparence de verre ; elle étoit fort dure & compofée de couches bleuâtres de différentes nuances ; elle avoit une faveur cauftique des plus brülantes ; j'en fis la diflolution dans de l'eau commune, & j'aperçus après un très- Jong-temps, que cette diffëlution avoit dépofé une matière charbonneufe mélée d'une grande quantité d’une terre blanche: ce dépôt ou précipité formoit des maflès friables entre les doigts, & tout-à-fait infpides : je voulus effayer quel effet les acides produiroient fur cette terre, & j'eus tout lieu d’étre fatisfait de ma curiofité, car ayant verfé de l'acide vitriolique fur ce précipité, il s’excita d’abord une violente effervefcence, qui ne ceffa que lorfque j'eus faifi le point de faturation: je goûtai alors fe mélange, & ce ne fut pas fans étonnement que je lui trouvai la véritable faveur de falun ; je fus obligé d'étendre la liqueur de beaucoup d'eau, parce qu'elle étoit devenue épaifle & gluante : l'ayant enfuite verlée fur un filtre, ilen pafla d'abord très-peu par Le filtre, à caufe de la vifcofité Mem. 1760. . Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la matière qui s'étant appliquée aux parois du filtre, en bou= choit les pores ; cependant à force de l'étendre d’eau, il en a paffé davantage ; la liqueur qui a paffé étoit jaune , & contenoit une grande quantité d’une matière gélatineufe , tremblante & tran{parente, qui avoit une faveur flyptique & alumineufe très- marquée , qu'elle a dépolé fur le filtre ; je mis la liqueur filtrée en évaporation pour la faire criftallifer, & elle m'a donné des criflaux aflez irréguliers, mais qui avoient la faveur ftyptique de l'alun, & qui polés fur un charbon ardent , s’y font gonflés comine fait l'alun, & ont laiffé une terre infipide : plus on réfléchit attentivement fur cette expérience, plus il paroît difhcile de pouvoir en conclure autre chofe, finon que la terre alumineufe que lon y retrouve , eft une fuite de la décompofition qui s’eft faite d’une partie du fel fédatif contenu effentiellement dans le borax ; car il eft de fait que dans Fopération ordinaire du nitre fixé, ni les charbons, nile nitre, ne fourniffent point une pareille terre alumineule ; & ce qui ajoute encore un degré de vraifemblance de plus à cette opinion, c'eft la propriété commune au borax & à Falun de bour- foufler un comme l'autre fur les charbons ardens, à raïifon fans doute de la bafe alumineufe qu'ils contiennent tous deux, & qui dans le borax ne peut avoir d’autre place que dans le fel fédatif, puifque fon autre principe conftitutif, favoir la bafe du fel marin ne participetén rien de la terre de l'alun. Au refle, tout ceci demanderoit une plus ample difcuflion que les limites prefcrites à une Affemblée publique, ne permettent pas de pouffér plus loin ; je terminerai donc ici ce Mémoire, & je meflimerai trop heureux, fr les nouvelles vues que je viens de propoler, peuvent contribuer à faire connoître par la fuite la véritable compofition du borax, que lon ne tire qu'à grands frais de l'Étranger, chez lequel il forme une branche de commerce confidérable, qu'il feroit bien à fouhaiter que la France püt s'approprier , par la voie auffi légitime qu'hono- rable de la découverte d'une fabrique de la plus grande utilité pour les Arts, SRE A D'ENS AM SNOMIENN CHE 5 283 RE MAR QUE Sur les Séries infinies, dont tous les numérateurs [ons égaux, à7 qui ont pour dénominaieurs les nombres naturels, foir fimples, foit élevés à une puiffance quelconque, de quarrés, de cubes, àc. à de la Jomme defquelles 1] s'agit d’avoir le rapport à la fomme de leurs partielles, ou des Jéries formées par leurs termes pris alternativement , de deux en deux , de trois en trois, àc. des lieux pairs où impairs. Par M DE MAIRAN. A BR férie des quarrés, 1 x 1 Le mn: + + HE — + à. 2 4 9 16 25 dont il fra aifé de faire l'application à toutes les autres On demande quel eft le rapport de la fomme de cette {érie à la fomme de fes termes pris de deux en deux aux lieux ages Tequ - - &c. ou de trois en PAPe se Denis il « OÙ ro . . . Li T L Le ? {MOIS AUX IMPaÏrs, — He + — + — + &c! 9 36 8: 144 ou de quatre en quatre, aux lieux pairement impairs, &cc. ce qui donne autant de féries infinies, ceft-à-dire, d'une infinité de termes, Aie de tenir ilot ee Bus. NAT La Tree + &c. Cine rép ee open er ep te pipi) GG 9 36 81 -144 À D tot es be Es 16 6 144 56 & ainfi de fuite, d'autant de quantièmes qu'on voudra, Nn ij 23 Décemb. 1760. 284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je dis que les fommes de routes ces Jéies, À, B,C, D,é Jeront entr'elles, comme leurs premiers termes, —., + ce —, &c en tant que chacun de ces termes frattionnaires exprime le rapport du dénominateur au niumerareur, L'occafion que j'eus dernièrement de faire ufage de ce Problème fur un fujet de Phyfique, m'ayant conduit à cette folution, & à la démonftration qu'on en va voir, lune & Fautre me parurent fi fimples & fi directes, que je ne préfumai pas être le premier qui les eut aperçues. J'eus cependant la curiofité d'ouvrir les Livres que je croyois en devoir faire mention , & fur-tout l'excellent Traité de Seriebus infinitis, de M. Jacques Bernoulli, imprimé à la fin de fon Ar de conje“turer, ouvrage pofthume de ce grand Géomètre. C’eft-à en effet que je trouvai tout ce que j'ai vu de plus pofitif {ur ce fujet, & cette propofition, « qu'en toute férie infinie, » dont les numérateurs font égaux, & qui ont pour dénomi- » nateurs les nombres naturels, ou les quarrés, ou les cubes ; » où telle autre puiffance de ces nombres, la fomme de tous » les termes qui y occupent les lieux impairs, eft à fa fomme » de ceux des liéux pairs, comme une femblable puiffance du binaire moins l'unité eft à l'unité ». C'eft-à-dire, que dans le cas des quarrés, où le fecond terme de la férie À, eft “a Ja fomme de tous les termes des lieux impairs, eft à celle des fieux pairs comme 4 — 1; ou 3 eftà 1, & par conféquent, la toute à la partielle, en raifon de 4 à 1 comme il fuit aufli de ma propofition générale, Müis ce qu'il eft encore important de remarquer, c'eft que M. Bernoulli n'arrive à la démonflration de ce rapport dans l'application de fa théorie aux quarrés, que par le circuit de la férie des impairs décompofte en une infinité de progreffions géométriques, où chaque terme des lieux impairs fait le premier terme, telles que Li LI IPS MU UT LE Le LAPS IE 1 4 16 64 3X1 HE + > + &c = 9 36 144 576 FE 3x9 ? Hi À a. —— Co 25 100 Eu na 400 1600 ER & 3 x 25 2 1 1 L ï 4 s — + — + — + + &c — à 49 196 784 3136 - 3 * 49 où il fufht, à la vérité, de ces quatre exemples, pour en conclure le rapport dont il s'agit, de 3 à 1 ; d'après le Co- rollaire dont M. Bernoulli les a fait précéder, « qu'en toute progreflion géométrique, le premier terme eft au fecond « comme la fomme de tous fes termes, moins le dernier, eft « à la fomme de tous fes termes moins le premier ». Quoi qu'il en foit, & fans prétendie déroger à la méthode de M. Bernoulli, qui fent par-tout le grand maître, non plus qu'aux préliminaires qu'il y a joints, voici la démonfiration de la mienne. Elle ne confifte que dans la comparaïfon, l'appofition, Ia multiplication, ou , ce qui revient au même, la fiiple divifion de la férie totale par chacun des termes de la {crie partielle, tout de fuite & terme à terme. Car foit, comme dans l'exemple propofé, la totale , AS AU Rp et plu res 1 .4 9 16 la partielle, Divifant chacun des termes de la première par chacun de ceux de la feconde, terme à terme, on aura EL 1 = #; c|- |= sf I < il 306 d'où réfulte vifiblement le rapport de la toute à la partielle 14.1, & À — B à B, ou la fomme des impairs à celle des pairs :: 3-1; h raifon d’un tout à un autre tout n'étant autre chofe que celles de leurs parties homologues. Na ii 286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Il en fera de même de Ja férie des termes de À, pris de troisen . . Li I trois, favoir, €... RUE + — + &c. Car divifant ceux de la première par ceux de la feconde; AE 1 9 1 36 I 8r ON AURA LE NAT DIER CAE TES AO EE C L 1 4 1 9 ï 1 144 9 36 8r 1 += x tac L ET LL À 16 1 1 4 9 16 NC 7 = _ ee + + &c. qui donne vifi- blement le rapport de Ja totale à la partielle : : 9 . 1, &ainf de toutes les autres puiffances, ou des termes de À pris de quatre en quatre, de cinq en cinq, &c. Donc les fommes de toutes ces féries, 4, B, C, D, &c. , . Li Li font entrelles comme leurs premiers termes, —, PR I ; Li — , —, &c C. Q F. D. 9 16 DES SCTENCES 287 DESCRIPTION ANATOMIQUE DE DEUX LIGAMENS DE LA MATRICE, NOUVELLEMENT OBSERVÉS. Par M PET. L y a long-temps que les Anatomiftes connoiffent les ligamens qui s'attachent à la matrice en devant & fur les côtés : ils ont donné aux premiers le nom de /igamens ronds, ce font ceux que M. Winflow appelle Zgamens vafculaires ; Jes autres ont été nommés hgamens larges. La ftructure de ces parties eft bien décrite: on fait que . les ligamens larges ne font qu'une duplicature du péritoine, dont les lames font collées par le moyen d’un tiffu cellulaire, & entre lefquelles rampent les vaifleaux , qui vont fe rendre à la matrice, aux ovaires, aux trompes de Fallope & au vagin; on fait auffi que la membrane, qui couvre la matrice en devant & en arrière, fe continue fur les côtés, pour donner naiffance : à ces ligamens,, & qu’ils vont finir à la partie latérale & un peu poftérieure du petit bafin ; il eft évident que ces lisamens foutiennent les vaifleaux fanguins & Iymphatiques qui vont à la matrice ou qui en reviennent : peut-être fervent-ils auffi à fixer cet organe à peu près dans le milieu du petit bafin, & à l'empêcher de fe jeter trop à droite ou à gauche. Les ligamens ronds font formés de même par une duplicature de la membrane extérieure de la matrice, qui vient du péri- toine ; M. Winflow ne les a nommés vafculaires , que parce qu'entre leurs deux lames, il a cru découvrir un petit lacis de vaifleaux fanguins; il n'y a perfonne qui ne fache que ces ligamens partent en devant de la partie fupérieure & latérale de la matrice, & que faifant une courbure affez marquée , ils Vont gagner les anneaux des mufcles obliques externes du bas- ventre, par lefquels ils fe rendent à laine, où ils fe terminent : 16 Juillet 1760. 288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il eft affez naturel de penfer que la Nature les a deftinés 4 retenir Je fond de la matrice , & à l'empêcher de fe porter trop en arrière. A ces quatre ligamens connus jufqu’à ce jour , il me paroït qu'on en doit ajouter deux autres , que je penfe avoir démon- trés le premier, & que j'ai cru devoir nommer les /igamens ronds poflérieurs de la matrice , parce qu'en effet ils font ronds & placés à la partie poflérieure de cet organe : ces ligamens nouveaux font deux cordons arrondis & couverts d'une production du péritoine, femblable à celle qui forme ou qui couvre les autres ligamens ; ils {ont un peu plus gros que les ligamens ronds antérieurs, ou les anciens ligamens ronds; ils font un peu moins rouges qu'eux ; on les voit à la partie pofté- rieure de fa matrice, du milieu de laquelle ils paroiffent naître fur le côté; ils defcendent enfuite jufqu'au col de ce vifcère, puis fe réfléchiffent en fe courbant, pour gagner la partie poftérieure du petit baffin, vers laquelle ils montent jufqu'au haut de l'os facrum , où is femblent fe terminer ; leur ftruéture ne paroit guère différente de celle des ligamens ronds anté- rieurs, & a principale différence qu'à cet égard j'ai pu obferver entreux, confifle en ce que les ligamens ronds poftérieurs ne font prefque point vafculaires , au lieu que les antérieurs le font beaucoup; ce qui fait que leur manière de fe terminer n’eft pas la même, les antérieurs formant à leur terminaifon dans l’aine une efpèce de patte-d'oie, qui fe perd dans le tiffu cellulaire, tandis qu'on ne voit rien de femblable à l'infertion des ligamens ronds poflérieurs, vers la partie Ia plus élevée du facrum. Quoiqu'il n'y ait aucun fujet féminin dans lequel ces liga- mens ne puifent fe voir très-diftinétement, cependant ils font en général plus faillans dans les perfonnes qui n'ont point eu d'enfans , ou qui en ont eu peu, & qui font toujours accouchées fans difficulté. | Quand en foulevant le fond de la matrice on la tire en devant, on aperçoit les deux ligamens ronds poftérieurs , qui font comme deux croiffans, dont les concavités fe regardent & DES SCIENCES 289 & font uné grande ouverture ovale, qui conduit à la cavité que chacun fait être entre le vagin & l'inteflin redum , & qui defcend fort bas ; les pointes de ces deux croiffans font, lune en devant fur le côté du col de la matrice à fa face poftérieure , les autres font fur la partie la plus élevée de l'os Jacrum : quand Vinteftin redum eft fort gonflé, il paroît comme embraffé & ferré par les.deux ligamens en queftion. Il y a quelqu'apparence que les parties, dont je viens de donner la defcription, ont pour ufage de foutenir fa matrice dans les premiers temps de la grofiefle, & de l'empécher de fe trop enfoncer dans le petit baffin ; je foupçonnerois auffi affez volontiers, qu’ils peuvent fervir à fixer un peu en arrière le col de ce vifcère, afin que dans le moment de la génération, fon orifice interne foit placé de manière à recevoir directe- ment le jet de la femence de l'homme; quoi qu'il en foit de ces idées que je ne propofe que comme de fimples conjec- tures , il me paroît certain que ces douleurs de reins, dont les femmes fe plaignent fi fouvent dans les derniers temps de leur grofefle, proviennent du tiraillement des ligamens ronds poftérieurs, comme les douleurs des aïnes naiffent incontefta- blement de celui des ligamens ronds antérieurs ; avant cette découverte , la véritable caufe de ces douleurs n'étoit pas bien connue, & les explications qu’on en donnoit , n'étoient en aucune manière fatisfaifantes. On peut encore, d'après cette expofition, dire pourquoi toutes fes femmes chez qui la matrice eft oblique, ont dans le travail de l'accouchement des douleurs fi vives dans les reins : il ne n'a pas paru que jufqu’à préfent ce phénomène ait été bien expliqué ; c’eft la chofe la plus eflentielle en Médecine, de découvrir les vraies caufes des maux, on fe met en état par-là d'en trouver certainement les remèdes. Mém. 1760. . Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBS ER PANTIN ON DE L'ÉGL 1 PR. S\Et DU S OM EME DU: 1 70 SCNNIARr ED. Par M. CASSINE DEN EUR Y. à He employé pour cette Obfervation une lunette de 8 pieds qui avoit au foyer commun de fes verres un micro- . mètre à réticules garni de fes fils, dont douze comprenoient exactement l'image du Soleil. A 6" 41° 17” commencement de l'Éclipfe très-exattement. 46. 30 un doigt. 2. 56 deux doigts. 58. $7 trois doigts. 6. 12 quatre doigts. 15. 47 cinq doigts. . 37 cinq doigts & demi, qui eft la plus grande phafe que: j'aie aperçue. 43. 30 cinq doigts. 53- 26 quatre doigts. I. 14 trois doigts. 8. 17 deux doigts. 14. 34 un doigt. 21. 43 fin de l'Éclipfe, RNOS 00000 EE TN EN RENTE LU O If nous a été difficile de déterminer avec précifion lé milieu de l'Edipfe, dont la quantité ne varioit pas fenfi- blement dans l'efpace de quelques minutes; mais par les obfer- vations correfpondantes des doigts, nous l'avons trouvé à 7" 30° +, en employant les phafes où l'augmentation, de même que la diminution de l'Ecliple eft plus fenfible Le bord de la Lune a paru pendant toute lÉdlipfe bien terminé fans aucune inégalité fenfible. CONTE NS ay ER dd DUT Des SciENcESs. 291 PREMANSYE S D'EMPRACIENLE SE SD BUS ONLE LL DU 12 JUIN 1760. Par M. PINGRÉ. Co MMENCEMENT de l'Éclipfe ou plutôt Éclipfe déjà commencée, mais depuis très-peu de fecondes à. ........... 18h 41° 16” Hinibienquité a RIRE Et 20. 21. S$=< Ces deux phafes ont été obfervées avec un télefope Grégorien de 6 pieds. M. Bouin, qui obfervoit avec une lunette de 17 pieds, a déterminé la fin une feconde au plus avant moi. J'ai déjà averti que mon Obférvatoire étoit de 3 fécondes de temps plus oriental que l'Obfervatoire royal. J'ai fait les obfervations fuivantes avec la lunette d’un quart- de-cercle de 2 pieds; fa connexion avec le quart-de-cercle me gênoit, comme on peut fe l'imaginer, voulant prendre directement avec le micromètre la largeur de la partie claire du Soleil; auffi je ne prétends pas donner ces Obfervations pour abfolument précifes. SENTE tUnn uts NO PS RATE MSP NE 19h 587 MS Pibes LMD Qi M TTRE ORNE ANNE NN NES 19 ISSUES AAA OCT CNE AC UE APE 02 PO DOI IE 19. 48 o HO OO Ad: duc le ROSE NEC io io PCIe 19. 42. 50 5 ED Men GI E La Bio cu L9:N22.0298. 0 01: res. 19. 36. 59 COS CG CUP ERP 19 29. Se co Oo ji 14 Juin 1760. 9 Août 3760. 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE RÉFIOURCE RUE NARE DÉ LA PARALLAXE DE MARS ET DE VÉNUS, Par les Obftrvations correfpondantes faites au Cap de Bonne-efpérance à” à l'Obfervatoire de Paris. Pa M. CASSINIDE THURY. N des principaux objets du voyage de Cayenne, exécuté: en 1672 par ordre de l'Académie, avoit été la recherche des Parallaxes du Soleil, de Vénus & de Mars; quoique M. Richer ait rempli les vues de Académie dans tous les points, nous ne voyons pas que l'on ait fait ufage de fes Obfervations pour la parallaxe de Vénus; cependant cette Planète devoit fe trouver vers fon périgée dans le mois de Mai & pañler à peu-près dans le parallèle d'Aréturus , dont elle r'étoit éloignée le 1$ Mai 1673 que de 14 13° 5", & lé 19 du même mois que de 1% 34° 58"; M. Richer a profité de cette occafion, & il auroit été à defirer que l’on eût fait à Paris des Obférvations correfpondantes, pour en déduire très-exactement la parallaxe de Vénus. Il n’en eft pas de même des obfervations qui avoient rapport à Ja parallaxe de Mars & du Soleil: mon Grand-père en a fait ufige dans fes Élémens d'Aflronomie vérifiés : il en conclud fa parallaxe horizontale de Mais de 2 5" +. Je n'infifterai point ici fur les détai!s des obfervations faites de part & d'autre, je ferai feulement remarquer que la parallaxe déterminée étoit fondée fur une différence des parailaxes de 15 fecondes, quantité trop petite pour être détermince très- exaétement avec des inftrumens qui n’avoient point l'avantage des nôtres, d’être armé d’un micromètre avec lequel où peut mefurer uès-exactement des différences aufli légères , &. nous FAT TS DES SCIENCES 2 dévons à l'attention, je dis plus, à l'adrefie des Obfervateurs qui ont eu part à ces obfervations, une détermination fr exacte qu'elle a été coñfifméé par toutes celles qui ont été faites dans la fuite. Mon Grarid-père, indépendämment des obfèrvations de M. Richer, chercha K parallaxe de Mars par la méthode qu'il avoit employée à Foccafion de la Comète de 1680; cette méthode , entièrement fondée fur le temps, fuppole que dans quatre Obfervations nécefäires pour trouver l'argument de la parallaxe, on ne fe trompe pas d’une, ou au plus de deux fecondes dé temps, & ce n'eft qu'en répétant les oblervations qu'on peut s'aflurer que les différences que l'on trouve appar- tiennent à la parallaxe & non au défaut des obfervations. Le réfultat de ces différentes méthodes n’a prefque rien changé au premier rélultat ; les obfervätions dé 1704, 1713, 1721, 1736, toutes faites dans les circonflances les plus favorables, fe font prefque toutes accordées à donner Ia parallaxe de Mars de 2$"+, & celle du Soleil de 10”. À l'égard dé la parallaxe de Vénus, il femble que l'attente d’une occafion ati favorable que célle du paffage de Vénus fur le Soleil ait arrêté les efforts des Aftronomes pour parvenir à la connoître paï d'autres voies. Nous n'avons que trop d'exemples que les obfervations uniques nous échappent par Finconftance du temps ; méme dans les plus belles faifons: nous trouvons cependant quelques obfervations faites dans ce: deffein; mon Grand-père & M. Picard ont obfervéen 1681x Vénus dans le parallèle du Soleil pour en conclure la parallaxe; M. Bianchini, en 1716, a cherché la parallaxe de Vénus; feu M. Maraldi a teñté la même recherche en 1722; mais on ne pouvoit rien conclure de certain de toutes les recherches: dont il eft fait mention dans {es Mémoires de l’Académie. M. de la Caille, qui dans le plan de fes oblervations avoit embraffé toutes celles qui pouvoient le plus contribuer au progrès de l’Aftronomie, nous ayant averti du temps où H obferveroit Vénus & Mars, & des Étoiles auxquelles if f propoloit de rmpporter ces deux Planètes, nous n'avons Oo ii] 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE manqué aucune des obfervations que le temps nous a permis de faire. L'inftrument dont s’eft fervi M. de la Caïlle étant conftruit dans la même grandeur & dans la même forme à peu-près que le quart-de-cerclé mobile de FOblervatoire, on doit attendre la plus grande précifion de lt comparaifon des obfervations avec ces deux inflrumens ; M. de la Caille rapporte dix obfervations de Vénus : nous en avons fait autant à l'Obfervatoire, parmi lefquelles il ne s'en trouve que trois correfpondantes, favoir, celles des 25, 27 Oftobre & du 17 Novembre; les obfervations de Mars faites au Cap font au nombre de dix - neuf. Dans le grand nombre de celles que nous avons faites à l'Obfervaioire, il ne s’en trouve que neuf faites avec les deux quarts-de-cercle & fept corref- pondantes; M. de la Caille, dans les obfervations de Vénus, a pris tantôt le bord boréal & tantôt le bord auftral de cette Planète; c'eft ce qui nous a engagé à déterminer plufieurs fois le diamètre de ces Planètes, & j'ai trouvé le diamètre de Vénus de 1° 2", & celui de Mars de 32": j'ai fouvent remarqué en obfervant Vénus une efpèce de trémouffement qui faifoit paroître le bord de cette Planète tantôt toucher le fil, & tantôt s'en écarter à l'heure de fon paflage au méridien. Les hauteurs des Étoiles n'ont pas toujours été prifes fe même jour que celle de la Planète, parce que fouvent le temps ne le permettoit pas ; mais nous avons déterminé très- exactement la hauteur de la même Etoile par des obfervations répétées ; la hauteur moyenne étoit celle à laquelle il falloit comparer la Planète. La différence des méridiens entre l'Obfervatoire & le Cap exigeoit que l’on tint compte du mouvement de la Planète en déclinaifon , que j'ai calculé felon les Tables de feu mon Père. 1." RECHERCHE DE LA PARALLAXE DE VÉNUS, Par les Obfervarions correfpondantes du 2$ Octobre. Par les obfervations des 25 & 26 Oobre, nous avons RE. E. de 28% 7° 56" 58", avec une différence de 8’ 14 40" (DES (SICNE N CE s 295$ trouvé la hauteur de 8 2 de 194 46 21" 25", &' de 1 gd 46 24" 44"; & par un milieu, nous la fuppoferons de 19,46" 23" 4": La hauteur du bord fupérieur de Vénus a été trouvée le 2 5 Octobre de 194 38° 57" 18", il en faut retrancher 3 fecondes pour le demi-diamètre du fil, & on aura la hauteur de Vénus de 194 38° 54" 18°”; Ja différence eft 7° 2846": mais le mouvement de Vénus en décli- naifon a été de 45 fecondes additives ; on aura donc la différence de déelinaifon entre Vénus & l'Étoile, réduite au Cap, de 8" 13" 406"; elle a été obfervée de 7’ 26": donc argument de la parallaxe o' 47" 46"; donc 42" parallaxe horizontale de Vénus. DÉÉNNRMENON IT EUR -C UE Par l'Obfervarion du 27 O&obre. La hauteur de Vénus a été trouvée le 27 Octobre, de 20415 8"27"; cellede 8 du Lièvre de 204 14 56" $1", avec une différénce de 11" 36”, dont il faut retrancher Ed à caufe de l'épaiffeur du fil, & l'on aura 8" 36" pour R vraie: différence ; le mouvement de Vénus en déclinaifon dans Fefpace de 1° 5',a été de 53", dont retranchant 8“ 36", on aura la vraie différence réduite au Cap, de 45" 24"; elle a étéobfervée au Cap de 3": donc argument de parallaxe 42"> donc parallaxe horizontale de Vénus 37". Lad RUELCOHGE RG LE, Par l'Obfervation du 17 Novembre. Le 17 Novembre, la hauteurde « de {1 Baleine a été obférvée de 28d 16/12" 8"; le £5 ,elle a été trouvée de 284 16° œ1" 9", & par un milieu, nous la fappoferons de 284 16! 11° 38"; la hauteur du bord auftral de Vénus a été obfervée: fl dont il fiut retrancher 3" pour l'épaiffeur du fil: mais le mouvement de Ja planète en déclinaifon a été de 48"; donc 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on aura la vraie différence pour l'heure de l'obférvation du Cap, de 8° 59" 40": elle a été oblervée de 8° 17"; donc argument de parallaxe 42" 40°", & parallaxe de Vénus 34", Pour déterminer la parallaxe de Mars , nous avons choiff quatre obfervations correfpondantes , des 13 , 14, 24 Septembre & du 8 Octobre. LE RECILERCHE,.DEEM ARS, Par l'Obfervarion du 13 Septembre. Le 13 Septembre, Ja hauteur du bord fupérieur de Mars a été trouvée de 324 50° o” o”, il en faut retrancher EU épaifleur du fil, pour avoir Ja hauteur corrigée de 324 49° 57" 0". La hauteur de Rigel a été obfervée les 14 & 15 Septembre, de 324 41° 46" 48", avec une différence de 8’ 10" 12°: le mouvement de Mars en déclinaifon dans l'intervalle de 1* 5’, a été de 1 1"; donc la différence réduite au Cap étoit de 8' 21" 12"; elle a été obfervée de 8h S1+ l'argument de parallaxe eft donc de 30° 30", & la parallaxe * Mém. Acad. horizontale de 24". M. de la Caille remarque * que cette av ré 43, obfervation a le même défaut que la précédente, c'eft-à-dire que le micromètre étoit vers la fin de fon reflort. RG EN CERE RCE, Par l'Obfervarion du 14 Septembre. Le 14 Septembre, la hauteur du bord fupérieur de Mars a été obfervée de 324 45° 50" 14”: la hauteur de Rigel a été trouvée la même que le jour précédent; donc différence de déclinaifon 4° 3" 26", dont il faut retrancher 3" pour l'épaiffeur du fil, & lon aura la différence de 4’ o" 26": le mouvement de Mars en déclinaifon a été de 1 1”; donc la différence réduite au Cap.eft de 4 11° 26” : elle a été obfervée de 4° 43" 20"; donc l'argument dela parallaxe étoit de 32"+, & la parallaxe horizontale de 25° +; M. de la Caille remarque que ceite obfervation eft exacte. HL." RECHERCHE, DES SCIENCES, 297 LR no Eu RC HE, Par l'Obfavarion du 24 Septembre. Cette obfervation doit paroître moins exaéte que les autres ; par la grande différence que l'on remarque entre les obfer- vations faîtes avec les deux inftrumens ; l'Étoile à laquelle on a comparé la Planète, étoit À du Verfeau, nous avons obfervé plufieurs fois fa hauteur, & par un milieu ; noûs l'avons fuppofée de 324 18° 52" o"'; la hauteur du bord fupérieur de Mars a été obfervée de 324 16° 32" 42" ou 324 16’ 29" 42°", ayant égard à l'épaiffeur du fil ; la différence eft de 222" 18"’:le mouvement de Mars en déclinaifon a été de 4”, donc la différence réduite au Cap étoit de 2° 18" 18"; elle a été obfervée 1° 39" 35"; donc argument de la parallaxe 3 8 [71 43 LL 1 2 \ , & parallaxe horizontale 3T at) «ui TV _R EC EUR, CEE Par l'Obfervarion du 8 O&obre. Le 8 Oëétobre, la hauteur du bord fupérieur de Mars a été obfervéede 324 2 345" 32", & celle de À zx de 32418" 55 0°; comme cette hauteur eft grande, nous la fuppoferons telle que nous l'avons déduite, d’un milieu entre plufieurs obfervations, de 324 18° 52”; la hauteur corrigée par Yépaifleur du fil étant de 324 23° 42" 32°, & comparée . à celle de l'Etoile, donne une différence de 4’ SOS 2NETE mouvement de Mars en déclinaifon a été de 7"; donc la différence réduite au Cap étoit de 4° 43" 32°; elle a été obfervée de 5" 8" 35", avec une différence de 25" pour Fargument de {a parallaxe, d'où l'on trouve la parallaxe hori- zontale de 2 3". Je dois faire remarquer que M. de la Caiïlle a fuppolé cette parallaxe plus grande, en partant de nos obfer- vations; cette diflérence provient de ce qu'il a füppofé la hauteur de l'Étoile telle qu'elle a été obfervée ce jour-là, qui eft la plus grande qui ait été obfervée, tandis que le 24 Septembre Mén. 1760. à ° Pp 298 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaiE il Va fuppolée de 4" plus petite ; j'ai cru qu'il étoit plus exaét de prendre un milieu entre les obfervations répétées de cette Étoile. Pour m'aflurer de l'exactitude de l'obfervation de cette : Étoile, j'at comparé les obfervations de M. Bradley, de la hauteur de Rigel & de À du Verfeau, avec celles que nous avons faites à Paris; par les obfervations de M. Bradley , la diflance de Rigel au zénith a été oblervée de 594 57° 37"; celle de À du æ de 604 20° 35", avec une différence de 22" 58". Par nos obfervations à Paris, nous avons trouvé la hauteur de Rigel de 324 41" 47"; celle de À telle que je l'ai fuppofte de 324 18° $2",avec une différence de 22° 55", à 3° près de ja détermination de M. Halley : j’aurois trouvé une plus grande différence, fi j'avois fuppofé la hauteur de À = de ED LOST UE Par la comparaifon de nos obfervations & de nos calculs, nous établirons par un milieu la parallaxe du Soleil de 1 0". DES SCIENCES 299 OBSERVATIONS DE VÉNUS. Première Obfervarion, 24 Odobre. ES (te | PASSAGE HAUTEURS | HAUTEURS à OBSERVÉES OBSERVÉES 1 au au MÉRIDIEN. | Quart-de-cercle mobile. | Quart-de-cercle mural. SPRENEIR ECO AIS ENT TI SRE à EG ee | 1 Q 194 22° 47" oo“ 194 27° A7" 8. 44 220%...| 19. 46. 21. 25. | 19. 51: 20 23° 34 23° 33° Deuxième Obfervarion, 25 Ofobre. RAT NES... nos 81h57 4 Lo 8. 39. 5928 Liévre.| 19. 46. 21. 25. Ga 2 6" Tioifiëme Obfervation, 26 Otobre. 194 43 55° 19. S1+ 20 Ai 254 GENRE 194. 56128", 07] 2oû ,»,13" 8h 35° 5726 Lièvre.| 19. 46. 24. 44. | 19. 51. 20 CAEZAË USA Quatrième Obfervation, 27 Ofobre. & Liëvre.| 20% 14° 57" 0"| 204 19° so SU MEE L 20. 15. 8. oo. oO 19 55 Cinquième Obfervation , 17 Novembre. Œrritr8". 1429... se. az 37/25" 0" |. 2280 8% 19" 9. 32. 40. 8 Baleine| 21. 52. 0. 33. | 21. 56. $o 2n1)/213/ 11° 27° rrimumensssnl Ppi 300 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Sue des OBSERVATIONS DE VÉNUS. Sixième Obfervation, 2 Novembre. PASSAGE HAUTEURS/|HAUTEURS se OBSERVÉES OBSERVÉES au ‘ au MÉRIDIEN. Quart-de- cercle mobile: | Quart-de-cercle mural. I I k 12° s'+9 T1: 224 27° 26" Oo” 224 32° 10” 8. 28. 38 LBaleine| 21. 52. oo. 33: | 21: 56. 50 DS 24" 20: 20° Septième Obfervation, 1 1 Novembre. D root 240.14. R6 Er Gé Lo" LR Ctir2t 11.62 75 27. 10\4 me... | 26. 24. 20. 0. | 26.29: #5 PA “ 74 o” Huitième Obfervation, 13 Novembre. 10 9° 43” e] 264 SIT 29" 0” » 6h 56° 40” JL =. 216-024020.0. 10 26-29. 5 27 9° 27 25 Neuvième Obfervation, 16 Novembre. 9" pe) 16” ‘0 EL : D 274 51’ 12” 0” 274 56‘ ae Fe 1 EE EN res PE) À Re PRESS CRI INE- 7 CREED NS 52 _34 52° 27° Dixieme à dernière Obfervation, 17 Novembre. ro" 50° 46"19 KL 284 8’ 59" o” 284 14 o” 10. 23. 30 & Baleine] 28. 16. 11. 39. ot. FA 19% 71 7" RES | DHETSIUOU CRIME NC Es: 30r OBSERVATIONS DE MARS Première Obfervation, 1 3 Septembre. OBSERVÉES, OBSERVÉES, fr ne TS bord inférieur, bord inférieur, | (2 (1 EU Gr 53" 4 PR 12h 12° 491324 50° o° o"| 32% 54 35" 17. 20. 447Rigel..|..........132. 41. 47. © | 32. 46. 17 Temps APPARENT. | Temps vrar. | Quart-de-cercle mobile. | Quart-de-cercle : Se g’ 13" 8’ 13" Deuxième Obfervation, 1 $ Septembre. LA 4 PASSAGE AU MÉRIDIEN. HAUTEURS |HAUTEURS a , < IF S2 44e Dan NS lat AS SOA A2 So 257 17. 16. 43 Rigel..|.......... 32. 41. 46. 48 | 32. 46. 25 4 34 4 10” | Troiféme Obfervation, 16 Septembre. LEOPARD EN ER A ANR CON Pa AA a24.. 42 10 ÆRigel..|.......,..132 41.46 48 | 32. 46. 25 ll * 3 40° 3 45° Quatrième Obfervation, 18 Septembre. AIR 32 T7 ne dleratelhe ta delete or son lot 3203" 47" RAR TAN STI EUR 32. 41. 47. © | 32. 46. 25 10 30° 10° 38" Cinquième Olfervaiion, 24 Septembre. NORTH a basses eee ee DM TON AZ | 22802 31 Fo” CLONE ME SES 1 2290) 32, Nrs 0 | 222027. |; $ PPp ii 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royarr Sue ds OBSERVATIONS DE MARS. Sixième Obfervation, 25$ Septembre. OBSERVÉES, OBSERVÉES, ” PS bord inférieur, bord inférieur, Temps APPARENT. | Temps vrai. | Quart-de-cercle mobile. | Quart-de-cerclemural. FALL 32% 18° 51 o"| 324 23° 15° 32. 1.52 164 . «O0 2 AT 90 45 PRET LE PC me ED PET DEEE ET CEE RCE MERE ERREUR LACET PASSAGE AU MÉRIDIEN. HAUTEURS |HAUTEURS 31135 212101 Septième Olfervarion, 26 Septembre. (72 OM 2 283 TON © 32018012 4 58" Huitième Obfervation, 3 Odobre. 90 8400 a 1 RIRE RSS. za: 18:50:10", 32% 23° 25° TICUL 2 31 le hate rade D2NTA TAN OS 2-8 Sr 4 36" 4 30" Neuvième Oférvation, 8 Ofobre. gh 18 38"5a 42. SAT X 55 53: entre À & d' entre x & & DES SCIENCES 30 C'ONMP AR A TS ON DES OBSERVATIONS DES ÉTOILES, avec celles de M. Bradley. DISTANCE AU ZÉNITH| HAUTEURS À GREENVWICK. À PARIS. Ame. 007 201 Site 324 18° 52° 3 O&.|x=...60. 31. 32...,::.1 32. 8. o Di LUS HSE 10° 52° DNS ENGINE TATRERE 324 41° 47" 3 Odt.|a#...60. 20. 25...... 32. 18. 52 NME SNS TRES AND ATT COMPARAISON DES OBSERVATIONS DE MARS. d ‘ " 4 4 # Ha USEpt: [I cel 591 49° 46 MAR 32° $0o oo # to" 14 Sept.|.....5$9. 53. 52 7. 46 32. 45. 50 7 43 16 Sept.|.....60. 1. 38 32. 38.7 Comme la hauteur des Étoiles ne change pas fenfiblement d'un jour autre, & que les différentes obfervations de {a hauteur d’une même Étoilé ne donnent pas toujours la même quantité, à une ou deux fécondes près, il faut alors prendre un milieu entre les obfervations pour en déduire la hauteur moyenne ; ainfi la hauteur de À = ayant été obfervéele 24 Septembre de 324 18° 50° 41°’; le 3 Otobre de 324 18" 51".0"", & le 8 Oétobre de 3 24 18° $ 5" 0”, le milieu entre ces tro's obfervations donne 324 18" 52", hauteur moyenne à laquelle il faudra comparer les obfervations de Mars : à l'égard de la hauteur de Rigel , elle a été prife deux fois fans qu'on y ait remarqué la moindre différence; elle a été trouvée de 32441246" 48", c'eft à cette hauteur qu'il faudra com- parer Mars. = A SX F 14 Juin 1760. 304 MËmorres DE L'ACADÉMIE RoYaALE OCB SE RV AT TON DEL ECM PERD, SR OMDRENCIE DU<13 JUIN 1760, Faite à Paris, au Palais du Luxembourg. Avec le réfuhat de ceue Obfervation pour déterminer l'erreur des Tables, ayant égard à l'aplariffement de la Terre. Par M DE GA LANDE. *0BSERVAI hier matin le commencement de l’éclipfe de Ÿ Soleil avec une lunette de 9 pieds, à 68 4115", & la fin de 'écliple à 8h 21° 41". La partie éclairée du Soleil, mefurée plufieurs fois vers 7% 30’, étoit de 16" 43”, avec un excellent micromètre adapté à une lunette de 6 pieds. Avec un héliomètre de 18 pieds, j'ai trouvé que la partie éclipfée du Soleil a été exactement def, _, SAHUNUE ATEN EEE. nettes 2haiele te 47 “ + 14: 36. Suppofant le diamètre du Soleil de........... 31. 34% Ces obfervations ont été faites avec beaucoup de foin, je m'en fuis fervi pour déterminer l'erreur des Tables, & y appliquer la méthode & les Tables de parallaxe dans le fphé- roïde aplati, que j'ai donné dans la Connoiflance des Temps de cette année: voici les élémens que je fuppofe connus par un calcul préliminaire. Hauteur de la Lune au commencement de l'Éclipfe. 234 ss’ 40° à la fin de l'Écliple.... .... 40. 37. 28. Angle du vertical avec le cercle de latitude. .. fe 1358 ; AT AIOs Parallaxe D HS SIC EN C ES 305$ Parallaxe horizontale de la Lune......,..... TAHOE LR Diamètre horizontal........ :2); PPT ES ARR A DRE 3424 210» Mouvement horaire en longitude fur l'écliptique.... 37. 33. en latitude vers le nord....... 2522134 6 Parallaxe de hauteur dans l'hypothèfe de la Terre fphérique # Correction de la parallaxe de hauteur à raifon de l'apla- tiffement de la Terre, prife dans la Connoiïflance des Temps, page 126,ou dans les Mém. de l'Académie, Dan année 1756, page 372... sr ess — 2,9 Parallaxe de la Lune hors de fon vertical, ou parallaxe : d'azimuth vers le nord ; Connoiff. des Temps, p. 128 3 1737 4 177 En, faifant cette proportion, la parallaxe de hauteur eft à la parallaxe d'azimuth comme le rayon eft à la tangente 18° 5” au commencement. d'un angle, on aura AReAnEle, 21.42. à la fin. qu'il faut _ äjouter à l'angle du vertical avec le cercle de latitude, pour avoir un angle, dont le finus & le cofinus feront la paral- laxe en longitude & en latitude, le rayon étant la parallaxe de hauteur corrigée; dans l’éclip{ dont il s'agit , on trouvera 2. “ 4o"I à 14321 la parallaxe en longitude : # bas en latitude Lx ne Donc le mouvement apparent pendant la durée de l'éclipfe, c'eft-à-dire dans l'efpace de 1h 40" 26", a été de 52° 24° en longitude & de 1 2° 31” en latitude, en obfervant d'ajouter la diminution de la parallaxe au mouvement réel de la Lune en latitude, mais de les retrancher pour la longitude. _ Soit S fe Soleil, D le lieu apparent de la Lune, au com- mencement de l'éclipfe, B fon lieu apparent | s à la fin de l'éclipfe ; le mouvement apparent © 7" en ligne droite BD a été des 3" 52",4 & B* Yindlinaifon apparente C BD 1 3426". Les diamètres de la Lune augmentés par l'effet de Ja parallaxe étant de : ‘ à à s È on aura la fomme des Mém, 1760. , . Qq 306 MÉMoiR£s DE L'ACADÉMIE ROYALE demi-diamètres ou les diflances entre les centres de la Lune & du Soleil HUE ee ce font les deux côtés d’un ï 32-2302 192 , , triangle BSD, dont le mouvement apparent Fe $ B D eft le troifième côté; on trouvera donc?" Yangle S BD — 34 17’, dont on Ôtera B CBD, & ilrefteral'angle SC égal à BSA — 2095 1".Ordansletriangle BSA ,connoiffant BS— 32° 39",2, & l'angle adjacent, on aura AS" diflance de la Lune à la conjonétion apparente vers lorient 30° 3 1”, & B A latitude apparente 1 1° 37",3 vers le fud ; mais la parallaxe en longitude de la Lune par rapport au Soleil étoit alors de 3 1° 12°,2, & la parallaxe en latitude de 34° 46”,2; donc la diftance de la Lune à fa conjonétion vraie étoit de 41 fecondes à l'oc+ cident , & fa latitude de 2 3° 9"au nord ; ainfi la conjondtion vraie a dû arriver à 8P 22° ç1", la longitude du Soleil & de la Lune étant de 2f22437'21", & fa latitude 2 3° 11" Les Tables de M. Mayer dont je m'étois fervi pour les calculs de 14 Connoiïflance des Temps, donnoient 38” de moins pour la longitude, & 13” de plus pour Ka latitude: auffi la durée, fuivant mon calcul, n'a été que de 9" au de-là de l’obfervation, & le moment de l'entrée cbfervée a précédé le calcul de 1° 17" feulement. J'ai meluré plufieurs fois pen- dant la durée de l'éclipfe la grandeur de la partie éclairée du Soleil, ou celle de la ligne des cornes avec le micromètre; mais ces obfervations ne me paroiffant pas fufceptibles d'une aufli grande précifion que les cinq obfervations dont je viens de rendre compte, je n'ai pas cru devoir en augmenter ce Mémoire, DES SCIENCES. 307 ——_——__———__—————_—_——— OBSERVATION DE L'ÉCLIPSE DE SOLEIL, DU 13 JUIN 1760. . . Faite à l'Obfervatoire Royal de Paris. Par M. l'abbé CHAPPE D’'AUTEROCHE. ie fait cette Obfervation avec une lunette de 7 pieds; 14 Juin paflablement bonne, loculaire avoit à fon foyer de 2 1760 pouces 2 lignes, un réticule contenant treize fils parallèles qui divifoient le diamètre du Soleil en douze parties égales. La Pendule, réglée par des hauteurs correfpondantes ; retardoit fe 13 à midi de 5’ 58"2, & avançoit dans vingt- quatre heures de 8", À 6h 41° 2 12 du matin, temps vrai, j'ai u l'édlipfe commencée. 6. 46. 29 un doigt. L 6. 52. 20 deux doigts. 6. 58. so trois doigts, 7e 6. $ quatre doigts, 7+ 15 31 cinq doigts. J'ai enfuite abandonné ma lunette pour déterminer avec un quart-de-cercle, les différences d’afcenfion droite entre Ia Lune & le Soleil ; mais le vent étoit fi confidérable qu'il ne m'a pas été poffible de faire des obervations aflez exactes pour pouvoir en faire ufage. A7 43 25" cinq doigts. 8. 1. 21 trois doigts. 8. 8. 48 deux doigts. 8. 14. 51 un doigt. 8. 21. 43 fin de l'Éclipfe “Qqi 308 Mémoires DE L'AGADÉMIE Roxare L'éclipf pouvoit être commencée de 4 ou s fcondes quand j'ai obfervé l'entrée de la Lune fur le difque du Soleil ; j'ai vu très-exaétement à 8h 21° 43", que le bord de Ja Lune quittoit le difque du Soleil: fi dans cet inflant une perfonne en paffant, avoit pas touché ma lunette, peut-être aurois-je vu la fin 2 ou 3 fecondes plus tard. I'réfulte de mes obfervations du commencement & de Ja fin, que le milieu de l'éclipfe a été à 7h 31° 33", & la durée de 1F 40° 21" Des: !S.Cf EN CES 309 Créé Li Goal L DES INÉGALITÉS DE VÉNUS, PAR L'ATTRACTION DE LATERRE. Par M. DE LA LANDE. 1 es oblervations auxquelles on fe prépare pour le célèbre paflage de Vénus devant le difque du Soleil , & dans lefquelles il fera néceffaire de bien connoître Ja théorie de cette Planète, ont été loccafion des calculs dont je vais rendre compte ; le réfultat fera voir des inégalités qui vont jufqu'à une demi-minute, en plus & en moins, beaucoup plus grandes par conféquent que celle de laberration & de la nutation que les Aftronomes emploient dans leurs calculs; ce féroit donc renoncer d’une manière inconféquente à toute la précifion de nos recherches, que de négliger les inégalités qui réfultent de l'attraétion mutuelle des Planètes les unes fur les autres. Parmi le grand: nombre de termes qui fe rencontrent dans l'expreffion des forces perturbatrices, & ‘dont on doit évidemment négliger la plupart, païce que l'effet n'en fauroit être fenfible ; j'ai choifi les plus confidérables, & je les ai réduits fous dés formules , dont fapplication devient extrêmement facile, même dans d'autres cas & pour d’autres Planètes. L Soit S le Soleil, Z'la Terre, & F/ la Planète de Vénus, dont les orbites font concentriques ; la force que la Terre exerce fur Vénus, fuivant la ligne TT qui les joint, étant en raifon directe dela mañle , & en raifon inverfe du carré de la diftance, fera , en Li 5 fuppofint que 7° exprime la maffe de la Terre ; fi lon confidère 7 comme la ‘* diagonale d'un parallélogramé Z7SY, on 16 Juillet 1760. 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE verra que la force agiflant de en Z'équivaut à deux forces qui agiroient de } en S$ & de Ven Z, qui feroient entr'ellescomme VS'eft à VZ, & qui feroient à la force qui agit de Ven T, comme VS & VZ font à NT. Ainfi, à la place de la force agiflante de F en Z; on en aura deux autres ; l’une de Ven Z , ou, ce qui revient au même, de S'en 7, puifque V’Z eft parallèle à ST, sa 1 . T qui fera Dorcel RUE , & qui tend à FR Vénus du Soleil; Fautre de F en S, qui fera x , & qui tend à rapprocher Vénus du Soleil ; Ia première doit être retranchée de la force de la Terre fur le Soleil, parce que la Terre ne peut caufer d’altération dans le mouvement de Vénus, qu'en tant qu'elle agit plus ou moins fur le Soleil que fur Vénus, & il n'y auroit aucune inéoalité; f1 l'action étoit égale fur le Soleil & fur Vénas, rien ne pourroit alors changer a fituation refpective de Vénus par rapport au Soleil, & fon mouvement feroitle même que s’il n’y avoit eu aucune force perturbatrice, PA LATE Tr VT= PIÈUOT TETE confidérée fuivant Ra direétion ST; fi du point 7 on abaifle une perpendiculaire fur le rayon vecteur prolongé SF, & qu'on achève le parallélograme 7 X SF, la force de S'en T pourra fe décompofer en deux autres, l'une de S en l'autre de S'en You, ce qui revient au même, de Xen T'; mais comme 7° eft perpendiculaire fur SX, TX fera le finus de angle TS, & SX en fera le cofinus; ainfi la force de Yen 7 fera (= s FF — =) fin. TSF, qui tend à diminuer a vitefle de Vénus dans fon orbite, & la Ainfi la force perturbatrice eft DELSA ISLONTLE IN, CE: 317 T TES) orce de S'en V'fera [+ —— rl +) cof. TSV, qui tend à éloigner Vénus du Soleil: mais nous avons déjà eu ci-devant une autre force fuivant FS, _ . = qui tendoit à rapprocher Vénus du Soleil, il ne faudra prendre . ” , T Sr que la différence des deux, & l’on aura ——— . ——— — VT* VT CE fi 2 — . ) cof. T'SV pour a force qui agit füuivant le rayon veéteur, qui tend à rapprocher Vénus du - Soleil & qui augmente par conféquent la force centrale du ® Soleil. Nous avons donc la force perturbatrice totale décompolte en deux parties, dont lune agit fuivant le rayon vecteur de Vénus, & l'autre per pendiculairement à à ce même rayon; la première, que M. Clairaut appelle @, & qui n'affecte que la force centrale; la feconde, qu'il appelle #, & qui affecte Ia vitefle ; fi l'on fuppofe que la diftance JS de Vénus au Soleil foit r, la diftance ZS de la Terre f, l'angle de commutation STE L* diflance As de k Terre à Vénus —5,. —=—T “2 or rs — parce qu ‘elle on aura @ —= tend à etes les aires décrites par la Planète de Ren Y; elle auroit le figne + fi la Planète troublante étoit plus près du Soleil que la Planète troublée ; quant à la force @, elle a toujours les mêmes fignes. IT. Lorfquune Planète tourne autour du Soleil fans éprouver aucune force étrangère, elle décrit une ellipfe parfaite ; f1 lon nomme p le demi-paramètre du grand axe, a le demi- grand axe, e la diftance entre le centre & le foyer , r le rayon vecteur, # anomalie vraie, on aura cette équation Fu I — cof. # # Voy, Mém.de P'Acad. 1748, & 437 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyaALE En effet, foit SP le rayon vecteur dans 'ellipe AP B, C S l'excentricité, ASP fanomalie vraie, A CE, Pit fait CR = £ a ; eh ae ne LE VERS KL fra == se = — PA, S SK pi | CG &ènt € £ le petit axe de f'ellipfe, on a CG* — aa ù — ee; par la propriété générale de l'ellipte, Me z CG :PL':24a aa — XX, OUuad —eEe:7y 11 AA — CC (AA —R#RYX La — XX ( ( ? TT 0 a ï : dépader+a sx pate e — x Je x None LP er EE TE aa do Her ex : UP EE ie dr Ant SP: PH :": 14 LT, LITE se: a; mais PH—=SL + SX (4 € ad — te aa —te = cof. u + ;-doné ? : r'cof. i-45 => : er cof. 4 + aa — ee ::e:a; doncr— at —er oi L a da —te ë é—ce aa — ee, = 4 — 2 cof. u ; mais p —= ñ d a » € . Lt I La donc 2- — 1 — — cof. # ,oubien ————— cof.", [4 a r P ? en mettant au lieu de —<— la lettre c, qui exprimera une fraétion de la diflance moyenne CA. M. Clairaut a démontré * que par l'effet des forces per- turbatrices , on aura = = 1 — c cof. u + fin. v [Q du eo. u ar du A1 (° + Mer à rdr . 7 » du (grrr ie — 2 f. É ), M eft là fomme des mafles du Soleil & de la Planète troublée, — cof. 1 f Q du fin. u, Q étant égal à IL DAEPSMASNOMN EN: C Es 313 III. Si la valeur de Q@ eft exprimée dans cette forme cof. mu, M. Chiraut a trouvé que la quantité fin. vf Q du cof.u — cof. 4{Q du fin. u fe réduit alors aux deux termes » ï COf. 4 — 2 cof. mu ; comme I — 1 MM — 1 il n'a point donné la démonftration de ce lemme, on fera bien aife de la trouver ici. or Q — cof. mu, @ cof. à —= cof. w cof. mu = + cof. /m+ 1) u ++ cof. (m— CH Q du cof. w —= + cof. Ke —+- 1) udu+ +cof. (m — # udu ; [Qdu cof.w — ER DE ME Pat = Hour ie (+1) 4 +- 2 Cure) 1 )H de même Q fin. du — col. mu fin. u du + fin. (m +- 1 )udu d 1 Den LUN (m — 1) udu, [@ fn. udu — fuivans z(m+ 3) cof. (mn + 1) 1 + et cof. (ni — 1) u. Pour com- pléter cette intégrale , il faut faire # — o; alors, comme le 2 ï L HIT ÉOLIEN RE OAI EL AE 2 RAT 2(m—1) 2(m—:1) 1 à Ale s = —— —= — — ; ainf l'intégrale complète eft DL — 1 Et: a, L ‘ T2 TER cof. (nr —+ 1) U —-— Eye cof. (m— 1) 1/1 E 1 CO: 9 fin. EE — —— HA EPn a cof. u [@ fin. u du DATE cof. (nm + 1) 1 cof, 4 — RE En cof. (UE 1) u cof.wr cof. .U ——— , fin. y fQ cof. du — fi ONE % fa SN im, (+ 1) RO PP EN PORT {nm — 1) 1 fin. u; ces deux 2z2{(m—a) termes, pris enfemble, renferment le produit des finus moins le produit des cofinus, ce qui équivaut au cofinus de la différence pris en moins ; Men, 1760. TEE NE r 2(m+ 1) 2(m— 1) 314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ns Cu a0 5) ali fm )4oNh— cof. mu 2(m+ 3) 2(m+1) 1 1 fin, (n— 1) u fin.u — FEU cof. (m— 1) u cof.u = — ant DTA ainfi l'expreffion propolée fin. u/Q du cof. — cof.ufQ du 1 ï cof. x fin, v fera ————cof. mu — ——— cof. mu + — ; z(m+1) 2(m—:) D — 1 i - —= ——— ; donc on aû US —— — —— —— =; ——/ doi n aura rs z(m+ 1) 2(m— 1) lot De 9 1 ! AU enfin ——— co. u — —— cof. mu. Tout fe réduit HE 1 1 = donc à exprimer Q en termes qui aient tous cette forme cof. mu; comme Q eft compolé de 9 & de +, que ® & + font compolés principalement des quantités : & 5, il faut exprimer z & s fous une forme qui ne contienne que cof. mu, I V. On fait que dans un triangle obtufangle S7 F, dont on connoît deux côtés f, r, & l'angle compris r, le troifième cotés —Vv{f + — 2 fr cof.r);donc 1 US 3 3 ll — cof.r) *,en fuppofant r = 1. x 2f Cette valeur renferme , comme on le voit , l'angle z qui change très-inégalement , & de plus elle renferme a puiflance — _ d'un binome, dont le premier terme = f + _ approche trop de l'unité, pour qu'on puifle efpérer de convertir ce binome en une férie convergente; il faudroit en prendre une multitude énorme de termes, & encore ne feroit- on pas raffuré fur les autres ; il eft donc néceffaire de trouver par un artifice de calcul, quelque moyen d'évaluer ce binome, fans recourir à la formule ordinaire. M. Euler fe tira de cette difficulté d’une manière très- ingénieufe, dans la Pièce fur les inégalités de Saturne, qui remporta le Prix de l'Académie en 1748. Voici une autre méthode très-élégante & très-fimple, de M. Chiraut, qu'il n'a démontrée nulle part; je vais donc, DIESN/S)CHNE N° C:E S. 315 avant d'en faire l'application, en expliquer, avec un certain détail , toute la théorie. Suppofons un binome indéterminé /4 — cof. 1)”, dont il faut trouver la valeur , en fuppofant que 4 & m foient données, & que l'angle # ait paflé par tous les degrés poflibles ; fup- pofons cette valeur égale à la férie fuivante, A+ B cof. + C'cof. 214 D cof. 3 + C cof. 41, &c. La queftion fe réduira à trouver la valeur des quantités À, B,C, D,&c. pour la trouver, imaginons une courbe dont 1 foit l'ablciffe , & lordonnée {#4 — cof. 2)" ; muitiplions lordonnée par dt, pour avoir l'élément de cette courbe, & nous aurons f {h — cof. 1)" di = [ (Adt + B col. tdt + C'oot. 214dt) &c. En intégrant tous les termes du fecond membre, on aura At + B fin. 1 + +Cfn.21, &c. Et lorfque 7 vaudra deux angles droits (ce que nous expri- merons par 2 ), comme tous les finus s’évanouiront, la formule fe réduira à 2 g À. SUE— œt r)" de 7 agouist on fe fert pour avoir une valeur de À exprimée par la quadrature d’une courbe, dont on peut avoir autant d’ordonnées qu'on voudra; on le verra bien+ôt par des exemples. Pour avoir fa valeur de 2, on confidère que dans la férie A + Boof.t + € cof. 21 + D cof. 31,&c. Si l'on multiplie tout par cof. 7, le terme B cof. r feta le feul qui donnera un terme dégagé de finus, parce que cof. £ . cof. 1 = + + + cof. 21; 0r+B dt a pour intégrale 2 B#, & lorfque z fera — 2 g, ce terme fera Bg, tous les autres s'évanouiront ; - Et l'on aura fdt cof. ? ({h — cof. 1)" — B . 90 Sdrcof 1 (h — ct) ol À q Si fon multiplioit de même la férie par cof. 27, ce feroit le terme C cof. 2 ?, qui donneroït un terme dégagé de fnus, Rr i Donc alors 4 — ; tel eft l’artifice dont 316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lequel refleroit feul en faifant : — 2 g, en forte que C = {dr cf 217( h— of. 1)” : Jr et 31 (h— 1)" * T cof. 31 — cof.f . De même D — AMC , He. mais nous allons voir que connoiflant re deux premiers À & B, on n'a pas befoin des quadratures pour trouver les autres C, D, &c. ils fuivent une progreffion uniforme , dont voici {a démonftration. V. Suppofons qu'on ait la valeur de [ (R — cof. 1)" cof. PE NS & celle de f { 4 — cof. 1)” cof. {p + TARA EU" on demande la valeur de f / h — cof. 1)" cof. /p+-2) t dt — X" Soit {h — cof:1)"*" fin. (p + 1)1= y; en prenant la différentielle de cette équation, on aura dy — (m+ 1) (h—cof. 1)" fin. 1414 fin p + 114 (h — cof.1)" (PH 1) dt cof p+1 ( == {fin + 1) (li — cof. 1)" fin. p+itfmidt + h (p+Hi)op+Hit (h — cof.1)" dr — (pH 1) cof. ? col pH I (h — cof. 1)" di; mais fin. p + 1 # fin ? —=+cof pt — 3 of. (pH 2), & cof. ? cof pH T1 — 3% cf. (PH 2)1#2 cof. pt ; donc dy — = {h — cof. 1}"- 2 cof. ptdr — — (4 — cof. LE cof. (P + 2)1 dt —+4(p+) cof. p + 11 (h— cf. 1)” dt — 2— (h — cof. 1)” cof. {p + 2) 1 dt — 2, (h — cof. 1)" cof. ptdr; Donc y = 2 X — È N' hp) X! 2 . + +" D — EUR RER PEER ORNE X= = X 2 2 + Cp Hi) A — 2 X' ; DES SCIENCES. 317 TEL TC IC DE CN Cell PP Tr Y NN Donc À° — 2+p+m“ d Mais fi x — 1804, y fera nul parce qu'il renferme un 2h(p+i) A+ (m—p)x : , formule 2+p+ mn finus, donc X" — générale. AM CEE dobné AI = RP Sr sn Le. h — cof r)" A er , On aura p — © dans la formule 4 générale, X — 2 Ag, X' = Bq, X = Cg; 2Bk + 2 Am don C = —————. 2H V L Étant donnés Z & C,, on ferap — 1 dans la formule , ax — 1) X générale, & Ton aura X” — FE, N— Ba, Ar = Cgr Ave) Da; 1 PET ge ER tr Bit PE == RE ED TC Où de rmememE ent er 210 __ 8hE+(m—3)D PTE, A __ 10Fh+(m—4)E# G— m + 6 nu 1GhH(m=S)F H = TE y GLS 14 Hh + (m — 6) G HAN TO TON EE, Si dans ces expreflions, on fait m — — 3 qui eft le cas particulier { Arr. 1W) dont jai befoin dans ce Mémoire ; on aura | C = 4 Bh — 6 À SIIGH-U'SiB PNR scene: ue Le 318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ape 16 Eh — 9 D En 7 er 20 FA — 11 E ‘Te 9 24 Gh— 13 F HSE Se 28 Hh— 15 G Fee APR EUR oi re ES 2 K — E VII. Pour connoître la valeur entière de 1a férie À + B cof. t + C cof. 21, &c. il fuffra donc de chercher par les quadratures , les valeurs de À & de B ; c'eft ce que nous allons entreprendre. Puifque À — MCE CHSCT PR il faudra prendre, 29 par exemple , d: pour un degré, & fuppofant à 7 toutes les valeurs depuis zéro jufqu'à cent quatre-vingt degrés, on calculera pour ces cent quatre-vingt-une fuppofitions, la valeur {4 — cof. 1)”, & l'on aura toutes les ordonnées de la courbe dont la quadrature, ceft-à- dire la furface, exprimera la valeur de À. La valeur de 4 eft —— + == (art. IV) f eft la diftance 2z moyenne de la Terre au Soleil, en fuppofant celle de Vénus égale à l'unité ; ainfi f — 1382495, — == '0,301 6065; donc ee À — 1,052912%— "4, Suppofons d'abord : = 0, alors coft — 1, À — cof. 1 — 0,052912,f1 lon en prend le logarithme, qu'on y ajoute fa moitié & qu'on en prenne enfuñe le complément , £5 on aura pour la valeur de / À — cof. 1) * le nombre qui fera la première ordonnée de la courbe indiquée arr. 1. DES SCIENCES 319 log. 0,052 Dialale Me 1e ee 8,7235542 MOINE MANN odeis bia ele Eat efete 9:3617771 LOMME AS ARR MIÈTE in Fr HR 8,085331 3 complément :................ sus. 1,9146687 auquel répond. ..... VON PRÉC ARRET TS ERET NES 82,1616 Telle eft la première des cent quatre-vingt-une ordonnées que nous avons à chercher. Pour avoir la feconde ordonnée, z étant — 1 decré, & le cofinus de 1 deoré — 0,999 848 ; on aura } — cof.: —0,053064, &(h—cof.1) * — 81,8088 pour la feconde ordonnée, & ainfi de toutes es autres , fur quoi il faut obferver que quand z furpañfera 90 degrés , les cofinus changeront de figne, & qu'il faudra les ajouter avec 1,052912, pour avoir # — cof. 4. VIIT. Lorfqu'on a plufeurs ordonnées d’une courbe, dont l'intervalle eft l'unité, & qu'on veut trouver la furface com- prife par ces ordonnées ; il faut fuppofer une courbe parabo- lique qui paffe par toutes ces ordonnées. Soient z, 4, c, d, &c. les ordonnées dont il s'agit, l'équation des lignes paraboliques ty —m + ux px + gx, &c. fi on la difpofe de manière qu'à l'abfciffe o réponde 4, à l'ablcifie r réponde b, à l'abfcifle 2 réponde c, &c ; on trouvera Pi at b—a)x + (= bi + —)x (x — 1); pour avoir l'aire, il faut intégrer y dx = a dx + (b—a)x dx + (= — b + — ) (xxdx — xdx), b—a fydx = ax + + (— b + =) 2 3 2 (=) formule générale, 3 2 Si l’on à trois ordonnées , il faut dans cette formule générale , fubflituer 2 à la place de x, & lon aura pour la furface 34H #0 ++ oc Par la même raifon, la furface com- prife par les ordonnées c, 4, e fera te+#d+le, 320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & celle qui eft comprife par les ordonnées e, f,g fera + e —+ À f+ +8; ainfi des autres ; raffemblant donc toutes ces portions de furfaces, on aura a + $b+ 4 Le cor 1) = 8,702 + 15,4666 cof. t + 12,9235$ cof. 21 10,506 cof. 34 + 8,4541 cof 44, &e. Pour en conclure la valeur de——, il faut multiplier tous ces termes par (2f)7 : (art. IV) dont le logarithme eft9,3374508, Meém. 1760. . Of 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & l'on aura. enfin —- = 1,8926 + 3,3639 cor. + 2,8108 cof. 2 1: 2,285 cof. 3 1 + 1,7973 cof. 4 1; ce font ces hs niers nombres que nous appellerons él, &cc. dans l'arc. XV L\ci- après ; Nous Naurons pas ae des termes ultérieurs, à beaucoup près. XI. Pour pafler à l'expreflion des forces 9 & x, on fe rappellera que fur a fin de l'arricle L°" nous avons eu p=T TE + cof. 1,&r = TT — F6 ) fin. 1}; pour réduire en nombies ces deux valeurs, on a FE 0,523; _— 2,09 4 _ 4,651 cof. 4 + 3,386 cof. 24 = 3,159 cof. 37 nn = Jcon a 1,943 cof. 1 1,579 cof.2 1; si car il faut fe rappeler que cof. 4 . cof. t —= + + Zcof 27, ( toutes les formules des produits de finus & decofinus, qu'il faut avoir très-familières dans ces fortes de calculs, font rapportées dans mon Mémoire fur les inévalirés de Mars, Mém. de l'Acad, pour 175 8, p. 1 8) ; on aura donc la quantité : Æa — 7) ot 1 = EN 0 0728 Loft E: 5 1,093 cof. 27, qui étant multipliée par 7, c'eft-à-dire par la mafle de la Planète troublante, donnera la valeur de ®; 1 0,151 fin? — 0,746 4 2%; . fe = — T'(0,673 cof.t + 1,093 UNE Ainfi am — T (0,151 fin. + 0,746 fin. 21), XII. ms avoir Ja valeur de @, c'eft-àä-dire de rdv Tr du ere (orr+ # TROT J- ) HU ee P D'EASMSLCIR IE NICENS. 323 ST r3 du 2 M que des termes extrêmement petits , qui multiplient des termes auffr petits qu'eux, il n'en réfulitera que des termes d'un ordre inférieur ; ainfi lon peut en toute füreté {e négliger : ne renfermant on obferve d'abord que le-divifeur zrdr } KIT: on obfervera fecondement , Que —— peut fe népliger, parce que l'excentricité de Vénus eft fi petite, qu'on doit Ja fuppofer nalle dans des recherches dont il sagit ; ainfr r fera conflamment égale à l'unité, & dr n'aura pas lieu dans les calculs : fes quantités conftantes n'ont point de différentielles ; ilne refle donc pour la valeur de Q que —— (®—2/fxdu), AM exprimant la fomme des mafles du Soleil & de la Planète L 16928 décrit autour du Soleil par la Planète troublée, que nous fuppolons auffi uniforme , à caufe du peu d'excentricité de Wénis, énloïte que p} ir — Le : T' é ; erturbatrice , en forte que ——- foit — & u Vanole XTIL Soit 1 le mouvement de Vénus, 1 —— » le mouvêment de la Terre ; en forte que quand Vénus ‘aura décrit autour du Soleil un angle 4, la Térre'ait faitwi— nu, & qu'alors leur diftince vue du-Soleil c'eft-à-dire l'angle de commutation foit #y, le même que nous avons appelé # dans les articles précédens ; 1e logarithme du mouvement annuel de li T'erré en fecondés, eft 6,1 r 2 3165, & celui du mouvement de Vénus, 6,3 233032; ainff 1 — n — 0,615196 , n — 0,384804, a du—=—T (Host fn #üdu + 0,746 fin. 21udr,) frdu— + T( 0,3924 cf. Hu 4 0,969 3 cof.2 audu); donc 0 > “ai (H4SR ef Run. 3,032 cof. 2 nu) divifant le premier térme par 1 — #r — 0,8 s19, le fécond par 1 — 4 #1 == — 0,4077 : on aura da valeur des, ii 324 MÉmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE termes ajoutés à équation = 1 — ccof. , par l'effet des forces @ & # (ar. 11) ; nous appellerons Z ces derniers termes ; nous n'avons pas befoin de confidérer les autres, parce que l'inégalité elliptique de Vénus eft reprélentée dans les Tables ordinaires, pu. 2= 7 (1,711 cof. NU —+ 7,437 col. 2 Hu ). XIV. Connoiflant l'équation de l'orbite, il s'agit de trouver fexpreffion du temps ou de la longitude moyenne; M, Claïraut a démontré que l'élément de ja longitude rrdu valeur dé dans lexpreffion de 'article précédent , on en peut conclure celle de la longitude moyenne, moyenne et — ; ainfi eonnoiflant Îa « Li x x Puifque — = 1 — € cof. 4 +- Z, on aura à peu près q : P f—1—272, en négligeant les termes afleétés de l’excen- ricité es puiffances de Z, de même = ticité, ou des pu É ême D EVE PT) — f — [xr d'u, en négligeant les puiflances du fecond terme qui n'eft qu'une fraétion très- petite; rrdu RERAY 8 CE RENTE 3 à donc eee re —=—(22Z+/f7xr du) du; or nous avons eu dans les articles précédens, les valeurs de Z & de fx r3 du, ou fimplement + du, car r — 1, il fuffira donc de multiplier par du, & d'intégrer pour avoir l'expreflion du temps, (2Z+ fr r du) du = — — (3:030 cof. 7u + 13,905 cof. 2 nu) du; A 4e $ 242 “ ê or pour intégrer cof. #4 du, il fuffit d'écrire ; ainfr lon aura l'intégrale qu'il faudra multiplier par — , & de plus par le nombre de {econdes.auquel la longueur du rayon DES SCIENCES. 322$ *- eft égale, parce que tout le calcul précédent ne donne les quantités cherchées qu’en parties décimales du rayon ; ces parties fe réduifent en fecondes par l'addition du logarithme ÿ»314425 1e 31030 cofin, Z#.........logar.......,.... 0,48144 ôtez logar. 7.7........ —9,58523 L T ajoutez logar. y "te. 477139 ajoutez logar. 574, &c..... . $,31442 4 .9",6 fin #4... uns réfultate.......e. 098202 13,905 cf. 2nu....,....Ïogar.......... + 1,14333 ôtezlogar. 2 7......., 9,88626 ë I u ajoutez logar. > ...... 4,77139 ajoutez logar. 574, &c..... 5,31442 + 22°,0 fin. 2 2H... 2e use. .réfultate .......... 1,34288 Ayant ainfi l’expreflion de la longitude moyenne en longitude vraie, il faut renverfer la queftion pour trouver là longitude vraie exprimée en longitude moyenne. X V. Soit, par exemple, en général x — # + a fin. mu, & que lon veuille avoir # exprimé en x, le coëfficient & étant fuppolé très-petit, on peut d’abord fuppofer groffièrement u égal à x dans le terme qui eft fort petit, l'on aura donc U—X— an MX,MU— MX — Ma fin mx, fin. mu— fin. m x cof. (ma fin. mx) — cof. six fin. (ma fin. mx) = fin, MX — + ma fin. 2 mx, en fuppofant égal à l'unité 1e cofinus d’une quantité m a fin. m x, qui eft fuppofée très-petite ; ainfi & fin. mu — @ fin mx — = ma fn 2 mx WU — x — à fin mx + + ma fm 2 mx MU — MX — am fin mx + Lm «à fin 2 mx fin, #4 —= fin. mx cof. (a m fin. mx — Lui « fin. 2mx) 1 2 2 — cof. mx (am fm. mx — + nm a&° fin 2 mx). mais le cofinus d'un arc # eft 1 — 2 1 à peu-près ; ainfi le cofinus de &« m fin. mx fera 1 — + m fin mx ni pa m + +am cf 2 mx; donc fin. #y f Sf ij Donc fin, "mu 326 MÉmMoirEs DE L'ACADÉMIE RoyaALr = fin mx (1 — + an + am cof. 2 m x} a La nm fin. 3 MX — + æm fin. 2 MX + a M fin. MX; on néglige les termes æ* qui doivent être encore incompa- rablement plus petits. — fin, mx — Lan fmmx — za min. z2mx + Lam fin. 3 mx — +amfin.mx brise + La? mfin.mx To ÉATOIREEES 2 A am) fin mx — Lamfin. 2 mx + + fm fin. 3 mx Ainfi la valeur cherchée de 7, exprimée en x, fera x — « F'=—— : a” nm ) fin. MX + La: m fin. 2 mx — 32 nm fn. 3 M1x; On peut VOir le réfuitat de ces fortes d’expreffions dans la Pièce de M. Clairaut qui remporta le prix à Péterfbourg en 1751: comme dans l'expreffion précédente, on ne voit que des termes affeétés de 4° qui doivent devenir extrémement petits par rapport à &, puifque & lui-même eft une fraétion extrêmement petite, on aura dans le cas préfent u = x — & fin. mx, c'eft-à-dire qu'il fufhra de changer les fignes des équations trouvées dans l'article précédent pour avoir celles qu'on doit appliquer à la longiuide moyenne lorfqu'on veut chercher la longitude vraie, & comme par #4 & 2 nu nous avons entendu ci-devant F'angle 7, .c'eft-à-dire angle au Soleil ou l'angle de commutation, nous aurons les équations fuivantes : — 9,6 fin ? — 22",0 fin. 24, l'angle z étant ce qui refle après qu'on a retranché la longitude héliocentrique de la Terre de la longitude héliocentrique de Vénus. X VI Comme pour parvenir au réfultat précédent, nous avons négligé une multitude de termes, quelquefois fans donner les railons qui prouvent que ces termes doivent fe négliger, nous allons reprendre l'expreffion algébrique & la conduire jufqu'au réfultat fans y appliquer les nombres ; par-là nous arri- verons à une formule générale, où l'on verra d'un coup d'œil tout ce qui a été employé, & par conféquent tout ce qui a été négligé. = Ait Bot Coœotar +, D «ot. 31 5 DES SAC IL EMN € 1 5 327 LL fA—= + fB cof.s + fC cof 21 + FD cof. 37 FAIR Lee (fa 77) oo ++ fBeos? + JC co.r eo. 2 «+ f Do 3 r eo = (fA— = + NÉS EPA AT EN Le MIE pa f 2 2 2 Nous négligeons ici les termes 37, 47 &c. parce que, comme on le verra ci-après, il faudra divifer plufieurs fois chaque terme par le quarré de ce coëfficient de 7, qui feroit 9,16, &c. pour les termes 37, 47, &c. ce qui lés réduiroit à rien en comparaifon des précédens. Nous négligeons auffi les termes qui ne renferment point l'angle 7, parce que ces termes-là ne donneront point d'iné- galités périodiques , telles que nous les cherchons ici. XVII. Cette expreffion de la diftance nous donne celle des forces : Ga f 1 x T CG e — anitt) À Len NE (El TA eniee =) co er PL 2 2 + T (€ — f: 1 1 \ pin (fa F7 fin. 1 fB cof.1 fin. r + fC col. à sfin.r + fD co. 3 rfin.r mr (fa EEE) ins 2 T (LE 17 fin. 2° se = ff LE) imera da = LE 8 } in nds M — 2 => Ê-—- LE) at + + (ÉE— LT Jos ar Car on fait que pour intégrer & fin. 11 du, il faffit d'écrire — — col. nu. DRE ie = (B—fA ii ne A Jones ane ALAN A M 2= +. LE (B—fA+ À = de en DE + k SAN Ve na a 328 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Donc f{(2Z+ f es Li (B—fA+—— LPPIL UNE DB u ) du qui eft l'équat. cherchée — M (1 nn) n F a = ga L ue LE — LE) mme M RCCNC AR ONE Mr" = = ts 1? | fin. 2 #4, Telle eft la valeur générale des équations qui ont été trouvées (ar. XIV), & que lon retrouvera exactement fi lon prend la peine de réduire cette formule en nombres, & de la convertir en fecondes fuivant la remarque de l'article XIV. Les détails que je viens de donner, {e trouveront expliqués d'une manière encore plus élémentaire & plus détaillée dans le xxri Livre de mon Aftronomie *. XVIII. Si lon veut favoir dans quel cas ces deux inégalités donneront un maximum, on égalera à zéro la dif- férentielle de 9”,6 fin. : — 22" fin. r, l'on aura 9”,6 cof. # — 44" cof. 27, c'eft-à-dire qu'il faut que le cofinus de Yélongation fimple foit au cofmus du double comme 440 eft à 96, ou enfin que # foit environ de 494 10°; de-là on tire une conféquence, la plus grande digreflion de Vénus arrive lorfque l'angle de commutation eft d'environ 4312, & l'on a toujours eu foin d'éviter ces fortes d'obfer- vations lorfqu'on a voulu déterminer les élémens de l'orbite de Vénus : il y a donc lieu de croire que les élémens des Tables ne feront pas affectés de toute cette erreur ; cependant comme à 30 degrés de commutation, qui répond à 19 degrés d'élongation , l'équation eft encore de 24 fecondes , & que c'eft à peu-près 1à un des points les plus favorables pour les obfervations, il eft clair qu’on devra néceffairement y faire ufage des inégalités que nous venons de trouver. * Depuis la leéture de ce Mémoire, ce Traité d’Aftronomie a paru, en deux Volumes in-4.° à Paris, chez Defaint & Saillant, rue Saint- Jean-de-Beauvais & rue du Foin. Les DES SCIENCES 329 Les deux équations précédentes 10" fin. ? —— 22" fin. 2 font contenues dans la Table qui fuit, dont l'argument eft Z Longitude moyenne héliocentrique de Véus moins la Longitude moyenne du Sokil, vue de la Terre. TABLE DEs ÎINÉGALITÉS DE VÉNUS, produites par l'alion de la Terre. Ex ARGUMENT. Longitude héliocentrique de Vénus — la longitude moyenne du Soleil. So ON PR RES + 1 LA Fed Ave héliocentr. deMénus mme | | annees [same emsemmmse | — Jongit. | , à à : ê : du Soleil. otez otez otez |ajoutez |ajoutez|ajoutez me en | ms Secondes | Secondes | Secondes | Secondes | Secondes | Secundes | ©. | 14. | 10. | ro. | 28. | 24. 30+ 3 15. 8. | 14 | 29. | 27. 25: 6. | ré. | 5. | 18. | 30.4 157: 20. GANTS. 2. | 20. | 29. | 14. 15. 11 LP NE RE 23%, 28. | T0: 10. LEA RER 6.111026. | 27 5 $* DAC TO MNT 28. | 24. o. o. Longitude héliocentr. | mm mme | | de Vénus 1x. [vus] vis vi [oi sn M 0) ajoutez|ajoutez| ôtez | ôtez | ôtez | ôtez EXT On obfervera que les fignes de cetté Table, ajoutez, étez, ont lieu lorfqu'il sagit de convertir la longitude moyenne héliocentrique de Vénus en apparente ; il faudroit faire le contraire de ce qui y eft indiqué, fi l’on vouloit convertir la longitude héliocentrique apparente déduite de l’obfervation, en longitude moyenne, Mém. 1 760. LTÉE © MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE If faut auffi oblerver que le trait qui divife la colonne de If ou de IXf, indique un changement de figne; par exemple, SAR RNA INSCRIT n pour IXT rod, on a 2° à Ôter; mais pour IXT 2 sd, il y a 8 à ajouter, parce qu'ayant -paflé le trait, il faut changer de dénomination. L'argument de cette Table eft, comme on Ja dit, Ia longitude moyenne héliocentrique de Vénus, moins la lon- gitude géocentrique du Soleil; mais pour éviter à ceux qui pourroient faire ufage de cette Table, la peine d'en calculer l'argument, nous allons placer à la fuite de la Table, tant les époques principales, que le mouvement d'année en année qui fért à conclure toutes les autres époques. Les mêmes formules pour la valeur de Z far. XVII), donneroient aifément les variations que l'attraétion de la Terre doit cauler dans les diftinces de Vénus au Soleil: ces inéoa- lités entraînent auffi des différences dans l'élongation de Vénus vue de la Terre, & par conféquent dans fa ingitude géocen- tique; mais ces inégalités de la diflance font aif£es à calculer d'après les valeurs que j'ai données ci-deflüs. Je réferve ces détails pour un autre Mémoire, il me fufht d'avoir montré dans celui-ci que les inégalités les plus confidérables dans la longitude de Vénus ne font pas fenfibles lorfqu'elle paroït fur le Soleil : le Paffage que nous attendons pour 1761, a été le principal objet des calculs que je viens de rapporter; or l'on voit bien que dans ces paflages, l'angle z & fon muhiple 2 + s'évanouiffent, & qu'ainfi les deux équations font nulles. Au refle, quand on aura calculé les inégalités de la diflance, a Table fuivante fervira auffi à en trouver l'argument, qui fera toujours la différence entre la longitude héliocentrique de Vénus & le lieu du Soleil, Di:E}ISN ST CUrL UN) CE «9 337 © du Mouvement de Vénus — celui du Sokil. TABLE de la Longitude moyenne héliocentrique de Vénus — celle du Soleil, ANNÉES.| LONGITUDE, nee MOUVEMENT. fus MOUVEMENT. B. 1664.| 6! 22% 22° 1. 27 A TIS ENNTÉ 8 A4! SG B. 1672.| 6. 23. 51 2 31 o- NE. 9 Se 1213 B. 1680.| 6. 25. 19 Be OMIS ES) 10 6. 10. B. 1688.| 6. 26. 48 | B. 4. 6. o. 44 II. 6. 47. B, 1696.| 6. 28. 17 GE 155 115.1 46 12. 7. 24e C: 1700.| o. 27. 2 6. 9. o. 48 13 POUMANE B. 1708.| o. 29. 53 4 15: 49 T4 620 GET RE Mois compl,} : Mouvement ii ARE B'r7224- A2 Sophie) 16. GARE B. 1732.| 1. 4. 18 Janvier. OO NE 18 IO. 29. B. 1740.| 1. s. 47 WFévrier. TINPON2D 19 11. 6. B. 1748.| 1. 6. 15 Mars. 1.025.030 20 II. 43. B. 1756.| 1. 7. 43 Avril 2e I3< 59 21 12. 20. B. 1760.| 7. 8. 28 JMaï. HAN 22: 15-54 C. 1761] 2. 23. 30 Juin. 3: 21. 36 2 3e 14. LI. C. 1762.]10. 8. 31 MJuillet. 4+ 10. 43 24 14. 48. C. 1763.| 5. 23. 33 JAoùût. 4+ 29. 49 25 HIS ASS B. 1764. 1. 9. 12 Septembre] $s, 17. 19 26, ANS C. 1765.| 8. 24. 14 Octobre. | 6. 7. 26 27e 16. 39. C. 1766.| 4 9. 16 ENovembre| 6. 25. 55 28. 7 AMC C. 1767.|11. 24. 17 fDécembre.| 7. 15. 2 2 9: 17. 53- B. 1768.| 7. 9. 57 Per Ter 30. 18. 30. C. 1769.) 5. 24. 58 Jours compl. ouvement, 32e 19. 7 C1:770.|10o.Uro.1 No 1. of 3 TS Earl asie di È de Dans les années Biffextiles, Bor772.| 10 TON 4x 3° I. on retranche un jour de la (@, 177 34 8. 2hS 42 4 2. date propofée, parce que dans ces années-là les époques C. 1774] 4. 10. 44 5: 3+ font pour le 1." Janvier à C 1775.11. 2 46 6. 3: 4 midi; au licu que dans les autres années elles font pour B. 1776.| 7. 11. 25 7 | 4 la veille. PERLE TE LAN RAR PRET NANEENE . Tti 332 MÉMOIRES DE WACADÉMIE ROYALE ; De la Maffe de la Terre. Suivant les premiers principes de la gravitation, 1.° le force que la Terre exerce fur la Lune, eft à la force qu'elle exerceroit fi la Lune étoit aufli éloignée que le Soleil, comme le quarré de la diftance du Soleil eft au quarré de la diflance de la Lune; 2. la force du Soleil fur la Terre eft à la force de la Terre fur ki Lune, comme les diflances divifées par le quarré des temps périodiques. Si donc l'on appelle 7 le temps périodique de la Terre, & 1 celui de la Lune, D la diflance du Soleil à là Terre, d celle de la Lune à la Terre, & qu'on appelle r la force: du Soleil, celle de la Terre pour une même diftance , ou, ce qui revient au même, la maffe de la Terre fera e 1L = g fi lon fuppofe donc le temps périodique 13,368 pour la Lune, fa parallaxe moyenne 57° 43", & celle du . Li Soleil 10", on aura = pour fa mafle de la Terre, ’ P 232400 ce qui ne fait qu'environ les £ de celle que Newton 282 z fuppofé la parallaxe du Soleil de 10"Z, & celle de fa Lune beaucoup plus petite que moi ; mais comme une feule feconde fur la parallaxe du Soleil peut faire toute cette différence de trois à quatre, je n'ai pas cru devoir changer la détermination de Newton , connue de tous Îles Aflronomes ; il faudroit d'ailleurs y faire entrer le calcul des perturbations, que Newton a négligé, & ces recherches font fuperflues, jufqu’à ce que l'on connoiffé mieux la parallaxe du Soleil ; on pourroit entreprendre, il eft vrai, de déterminer ces inégalités, par des obfervations très-exaétes, pour vérifier par elles la parallaxe du Soleil ; mais comme les inégalités de Mars font beaucoup plus confidérables , elles feront aufli beaucoup plus propres à remplir cet objet ; car une feconde fur la: établit, car il la fuppofe ———; il eft vrai que Newton a. 169 DES SCTENCE:Ss, 333 parallaxe du Soleil, en produira dans certains cas plus de quarante fur la différence en longitude de Mars, pourvu que Von choififé deux pofitions telles que je les indiquerai en déterminant les inégalités de cette Planète. Nota. Depuis la lecture de ce Mémoire , le Calcul des inégalités de Mars, produites par l'action de la Terre, m'a fait trouver des équations de 28”, de 30”, de 68”, dont la combinaifon pourra fervir à vérifier la parallaxe du Soleil ( Voy. les Mém. de 1761, P: 259). On trouvera aufli dans le même Écrit la fuite des formules néceffaires pour le calcul des attractions planétaires, dont je n'ai pas eu befoin dans ce Mémoire, à caufe du peu d’excentricité de Vénus; Mars étant au contraire parmi toutes les Planètes l'une des plus excentriques, m'a donné lieu de développer de nouvelles confidérations & d'éclaircir de nouvelles difficultés dans ces fortes de Cälculs. II refte encore à faire’ tant d'applications utiles des mêmes recherches & des mêmes formules , que j'ai cru les devoir expofer avec une efpèce de prolixité, encore aïje fupprimé bien des éclairciffemens qui auroïient peut - être paru trop élémentaires dans nos Mémoires, mais qui fe trouvent dans mon Aftronomie , de même que la démonftration du théorème fondamental! que j'ai fuppolé ci-deflus, art. 11. T't à 334 MÉMorREs DE L'ACADÉMIE Roxare OBSERVATIONS BOTANICO-MÉTÉOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gâtinois, pendant l'année 175 9. Par M. pu HAMEL. AVERTIS S E M E N\T. Le Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes, de même que les années précédentes. On s'eft toujours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace : la barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au-deflous de zéro; quand les degrés font au-deflus , il n'y a point de barre; o défigne que la température de fair étoit précifément au terme de la congélation. I eft bon d’être prévenu que dans l'Automne, quand il a fait chaud plufieurs jours de fuite, il gèle, quoique le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur; ceft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Obfervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi, & à onze heures du foir, DES SNENDIENN CES 335 JANVIER, Sci + | THERMOMÈTRE. TT | Baromètre ÉTAT DU CIEL: Matin | Midi. | Soir, re rs | EE 7 CE DRE QE PEU a Pme Dégrés.| Degrés. | Degrés | pouc dign. 2 4 $ |27. $ [couvert & bruine. 6 4 4 12 2 ; |pluvieux, 4 6 6 |27. 6 lidem, 8 92] 7 |27. 6 pluvieux & venteux. 6 8 4 |27. 3 |pluvieux & grand vent, 3 4 O |27. 8 |beau avec nuages. 2 |—3 3 :[2 + 10 |beau & couvert. 6 4 $ |27. 10 |couvert. 12] 7 72127. 9 lpluvieux. 7 9 | 62127. 11 idem. 7 8 7 127. 9 |couvert. 3 6 22/27. 7 |brouillardlematin, couvert après-midi. . ©. o $ 1 |27. 10 |beau & couvert. S. © |—22]—1 |27. 101poelée blanche, grand brouillard. S o O |—2 |28 » {grand brouillard. 16 S. — 2 3 O }28. 6 lidem. 17 E: SF 28. 18 E. |—2 |— 1}—11l27. ot & givre. 19 SE. [= El 21! #r 27e LS 20 | N.E. |—21}l 1-2 |2,, 10 | beau & variable, brouillard. 2914 DENON EE Per BI ES 27 TN 22 | N. E. |—21l o 2 27. 11 2 E — 3 o |27. 10 2 E A À 12/27. 10 beau temps, DIS AISNE 2 8 2 |27. 10 26 E |-2 7 2027010 27 E. {1 7 1 po 10 |beau temps, brouillard. 28 | SE. 2 | 6 © |27. 10+|beau temps. 29 EF: 1 7 2 |27. 11 |couvert. 30 | S. E. © |—4 o |27. 11 |brouillard. . 31 | SE. |—2:| 4 O |27. 9+|beau temps. 336 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le commencement de ce mois a été chaud & humide; Ja fin froide & sèche, & on a profité des intervalles de la gelée pour donner les labours qu'on appelle d'emre - hiver & pour parer les vignes. Les perce-neiges & l'ellebore jaune ont fleuri vers la fin du mois, & on voyoit aux endroits abrités des boutons de violette prêts à s'ouvrir. FEVRIER, D ES OHENN Cr 337 FÉÊÉVRIER. THERMOMÈTRE. : du Vent | | Baromètre ÉTAT I DIU ‘(CI'ELL: i Matin | Midi. | Soir. Degrés. | Degrés. | Degrés.| pouc, lign. HS 10. 1 6 O |27. 11 |pluvieux. 2 O. |—1il—-x 22127. 10+|heau & brouillard. SHIIOSX O. 3 62] 4 |27. 11 |couvert & bruine, 401 SO: Ô 6 né 285 2 ; ; S S. I 4 2 |27. 11 6 SO. 3 6 og re couverts 7 N. 4 T4 SHI27LUr— 8 N. E. $ 7 S 2 8. 9 E. 4 6 Er: 10 | N.E. Alta) ere nr lou temps & brouillard. 11 | N.E. o |—9 3 128. # |beau fixe. 12 NN. LE. o 5 O |28. ” |beau avec nuages. La NINTE, o | 6 1 |28. ” |beau temps & brouillard. 14 | N.E. 3 9+| 22128. w | idem, IS ALUNSE, o | 10 32|27: 112] beau avec nuages. 16 | N.E. 1 | 10 22128. # |beau temps & brouillard. RMI INSE: Q 9 22128. |;dem 18 INS4E. 11? 2 ÿ 2 |27: 11 |beau avec nuages. 19 | N.E. © 5 1 |27. 9 |petite gelée blanche, couvert & vent. 20 | NE. |— :| 6 1 |27. 8 |beau temps. 21 NN EN Eee) 7 |27- 8+{beau temps, avec du vent, 22 S: 6 9 7z\27- 7 |couvert & bruine. 2 S 6 9 1 |27. 6+|beau avec nuages. 2 S I 10 7 |27- 2]|pluvieux. 25 S 8 9 7 127. " |idem. 26 S. 7 | 10 7 |27. 1 [couvert. 27 S 7008 EE @ 61127. 3 |couvert avec des ondées. 28 S 7zl 9 6 |27. 4T|couvert & variable, Mém, 1760. FT | Vu 338 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyaALE Quoiqu'il ait gelé une partie du mois, il ne peut pas pañler pour froid ; il a peu tombé d’eau; néanmoins il a été variable étant entremélé de brouillards & de beau temps. Il na pas tombé aflez de neige pour couvrir les blés, cependant comme la gelée n'a pas été forte, ils fe font entre- tenus bien verts. Vers la fin du mois, la sève s'étant mis en mouvement on a commencé à tailler la vigne; les boutons à fruits étoient fort gros, & on a vu quelques abricotiers & quelques pêchers en fleurs. Les perdrix étoient appareillées à la fin du mois. DES SCIENCES. 339 MARS, SR ST US Tonre THERMOMÈTRE pare du | VENT. | | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin | Midi. | Soir, 100 Degrés. | Degrés.| Degrés. | pouc. lign. RL (ed) et je Ge SORSSENEN EE 1 SO: 2 3 4 127. 4 beau avec nuages. 2 Se $ 9 6 |27. 3 |beau temps & brouillard. 3 Se 4 | 6 3 |27+ S |beau avec nuages. 4 Se. 3 8 | 227 RS d idem, S S. 3 6 62\27. 1 E'couvert & pluvieux. 6 SO 6 8 25127. 4 |variable. 7 SO IME 92| 5 |27. 2 |variable & pluvieux. SES NO. LL 5 |27- # |geléeblanch. variab. avec pluie & vent. 9 S. 4 81] 5 126. 97 pluvieux & le vent orageux. 10 S. O. S 6 12127. * |vent de tempête pendant la nuit. II SO: NAS 1 |27. 4:|couvert & variable. 12 | S. O. I s 1527000 13 O. 10 30127-0%10 su temps , gelée blanche. 14 | S.O. Site 4 |27. 10 15 64 6 61427000 variable. 16 rai 6 6 7 |27. 6 |couvert & venteux. 17 O. 3 41] 2 27. 6x|giboulées de pluie & grêle, 18 | N.O. 3 33 270000 idem, 19 | S. ©. I 7 3 [27. 7 |couvert & variable, 36 O. 6 8 s |27. 6 |variable. 2H O: 4 7 2 |27. 9 |idem. SA DINÈNE I 8 2 |27. 11 <|beau temps, gelée blanche. 23 N. 3 | ro 6 |27. 11 |idem. 24 N. 6 8 6 |27. 11 |peau temps. 25 N. 3 71] 2 27. 11 |idem, 26 INC 3 8 6 |27. 10 27 S: 6 8 6 |27. 10 ‘couvert. 28 S: 6 8 62711 8 29 O. 6 8 3:27. 323|beau, variable & froid. 30 E. S sl 32127. 6 pluvieux. 31 | N.E 3 8 32127. 7 |beau temps. * matin, 26P 7l<. PERTE PEU AT ENT PROS DENTS AREAS RODEN ST Sel CREER PEPS LEIEIIE RQ Vuïi L 340 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE Royarr Ce mois a encore été variable, quoiqu'il nait pas tombé beaucoup d’eau; cependant la terre a toujours été fraiche & le temps favorable pour les femailles des avoines qui, à la fin du mois, étoient avancées. Les arbres fruitiers qui avoient commencé à fleurir à la fin de Février, étoient en pleine fleur Le 1 o , ainfï que les narciffes doubles & les jacintes. Le22, il fit une gelée blanche affez forte pour gâter plufieurs bourres de vignes qui étoient plus avancées que les autres. Le 25, on vit les premiers fcarabées, pD'E SNS icrT ENNIC-E.Ss 341 AUHNATINT,. PRE ue. cr nmmres |) CARROSSERIE TT LEPTERS EN EEE To THERMOMÈTRE. du [Vent | ns | Baromètre ÉINANTDM ID IUNCIILE, Mois. Matin | Midi. | Soir. CT Degrés. eg | Daprés. pouce, | | lign. I N. 2:| 10 4:|27. 8 |beau temps, gelée blanche, SRUANOME sure 62127. 5 <|beau temps. 3 SUUE El 81/27. 4 couvert. | 4 S 7 10 7-127. 6 |beau & couvert. s Se 8 | 12 7 |27. 6=rlidem. 6 SO! 10 9 32127. 8 |variable avec pluie & vent, 7 | S- 0. AOF IOL S |2 9 |beau temps, gelée blanche. 8 | SO: 4 | 13 6 |2 7 idem, 9 S 9 15 9 |2 S |variable, pluie & tonnerre. 10 S. ©. 7 11 4 |27. 6+|variable avec pluie. 11 SAO! A 13 B+ 27. 4=|pluvieux. 12 SO: 8 HS MON ANGES IR HINS RO ANTONIN 9312 7 ia avéc nuages, 14 | S. O.-| 10 | 16 92|2 7 15 N 4 | 10 4 |27. 6 |beau temps avec tonnerre. 16 N. 7 =| 2 |27. 9 |beau avec nuages, grand vent froid. 17 | S. O. æ | 10 7 |27. 6 |beau temps, gelée à glace & vent. 18 N. ME 4 |27. 9%|beau temps avec nuages & vent. 19 N. 3+| 102] $ |27. 10+|beau temps, gelée blanche. 20 N. s | 12 6 |27. 10 21 N. 9 | 134] 8 |27 0 ni N. 8 15 9 : 27. 8 beau avec nuages, 2NINL VE JANTES 7227.18 24NNE 7 | 14. 8+|2 6 |beau temps. 25 S: 72] 183) 12 |27. 3 [beau & chaud avec de gros nuages, 26 S. 12 15 9 |27. 4 |beau avec nuages & petite pluie. 27 Si gl 11 8 !27. 4 |variable avec petite pluie. 28 SÈLE ANRT | 72 42|beau avec nuages. 29 E 8 | 16 | 11 |27. 3 |variable avec petite pluie & vent. 30 | N.E. | 12 | 15 | 112/27. 1 |beau avec nuages. LEE TT D OT 2e MD SNL IS 22 Vue SRE ae peerIÉEE PAÉ LUS TNT OET ITEM ET À 342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce mois a été fort fec, tantôt chaud & tantôt froid, II ÿ a eu beaucoup de fleurs de poiriers & de pommiers gelées en boutons, ainfi que celles des noyers. Les blés qui étoient fort vertsau commencement du mois ont été fatigués par les vents qui ont fait jaunir la pointe des feuilles qui fembloient être rouillées, On avoit grand befoin d’eau pour les avoines & pour labourer dans les terres fortes où la charrue ne pouvoit plus piquer à caufe de la fécherefle, Le 2, on vit les premières hirondelles, Le 3, les pruniers commençoient à fleurir, Le 9, on entendit chanter le roflignol, Le 13, le coucou, Les pruniers étoient en pleine fleur & les cerifiers com: mençoient à fleurir. D'ELS VSICITLENN. CES 343 M À 1 er nn THERMOMÈTRE. | Baromètre ÉTAT DU CIEL, Matin | Midi. | Soir. Ds os ne Degrés. | Degrés. | pouce lign. Degrés. RSR RTE ET 13 |27. O lcouvet & väriable. 5 S. nr 15 92127. 3 |couvert & pluvieux. 3 | SE 10 | 16 92127: 4+|variable avec nuages. JUPSNE 11 | 15 2127+ 22]variable avec pluie. s IS. E 8 | 144 2|[27+ 4 |beau avec nuages. 6 E. 11 | 14 9 |27+ 62|beau & difpofé à lorage. ANS OA TPE MON arabe avecpluie & tonn. il y a rofée. 10 I NOM: 5 ; ês à) on D 11:/27. fe Yheau avec nuages 6 O. 9 | 12 1127. 61] variable. 4 I ARE 7 s 11 nr ve É DU aziig Qbeau avec nuages , rofée la nuit. 12 + O. 1 + 273, 108 131 1NS40 NME M3 beau avec nuages. 14 | N.O. | 125] 16 AE 9 15 O. 2] 14 9 127. 10 beau temps , gelée blanche, 16 N. ©. 10; 15+ 13 |27. 8+ ‘ FT UN. 0: geo 9 |27. 8 (beau temps. 8 14 2|27. 10 F à 2 | 8 {27. 11 20 Peau temps, gelée. 20 N. 81| 15 10 |27. 11 1 N 13 | 18 | 11 27. 10 Ébeau temps avec grand vent, 22 N. 10 | 14 9 |27: 102|beau temps, 23 N. E, 9 | 14 2[27- 10 [couvert. 3 N. E. 9 | 14 | ro |27. 9 i” N.E duo | 16 |lr2 le 8 beau temps. 26 N. E. | 13 21 11 |27. 8 [beau avec vent, ZUNE 9 115 2127. 7 |beau temps. 28 | N. O. DB Ex Dar 0 5 ben temps, gelée blanche, A NO. ro re ag ler. | at vent. 30 ES 8 | 14 2|27- 42|beau temps, vent froid & dur. 31 S 12 | 22 | 11 |27. 1 |variable avec pluie & tonnerre. . NA ml 344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE FRorars Le vent ayant toujours été au nord, ce mois a été froid & fec. Il a gelé prefque tous les matins, mais la terre étoit fi sèche que les vignes n'en ont point été endommagées, Le 28, il fit une gelée qui caufa quelque dommage aux vignes qui avoient été fumées ou nouvellement labouréés. Les blés ont peu profité pendant ce mois, ils fe rouilloient ; & ceux qui étoient femés dans des terres légères devenoient jaunes : les avoines étoient encore vertes, mais très-bafles, & les premières femées commençoient à monter en tuyaux pour épier au raz de terre. La terre étoit fi sèche qu'elle fe fendoit comme au mois d'Août, ce quia été caufe que plufieurs terres À mars n’ont point été enfemencées : cette fécherefle failoit que les orges devenoient à rien, ainfi que les pois, les vefces & les menus grains. Les feigles étoient fort beaux, parce quils étoient montés en tuyaux & avoient épié avant la féchereffe. Le 1.” on entendit chanter le loriot. Le ro, les poiriers à fleur double étoient et pleine fleur } il y en avoit même qui commençoient à défleurir, cette efpèce eft ordinairement plus tardive. Le 15, les abeïlles commencèrent à jeter, mais on appré: hendoit qu'elles ne périffent toutes, parce qu'il n’y avoit point d'herbes dans les blés, point de pois ni de vefces, & qu'elles n'avoient pas eu le temps de faire d'abondantes récoltes fur les finfoins qu'on a coupés vers le 25. JUIN, Des SCOxrENCESs 345 JUIN. À CEE PET SSP STEP TERRES EE EE EE COTRETIE CI MISSILES ETEOIECEE ES Tone THERMOMÈTRE. du |VENT. | | Baromètre ÉTAT ND !C LE L. & Mois. Matin | Midi. | Soir. ET Degrés.| Degrés! | Degrés.| pouc. lign ; I S. 122] 19£| 114127. 12|variable & petite pluie. 2 SO: 12 0] As; 9 |27. 2+|variable avec pluie & tonnerre. 3 | SO. | ro | 132] 10 a 3 |idem, avec pluie & vent. 4 | S. O. ['irzl 14 7 l27. 6 |pluvieux par ondées. $ | S. O. | 10 | 14 | 16 27: $ [va iable avec petite pluie par ondées. 6 | S: O. | 15 | 16 | 11 |27. 3 3 |idem, avec ondées de pluie, 7 | S. O. | 15 ! 16 | 11 |27. 7 |beau avec nuages. 9 | N.E. | 12 | 17 | 11:/27. 10 2 | ON 122] 19:lli3 |27. 8 à Vheau temps. 10 S. 14 | 212) 15 [27. 6 {beau & couvert. II S. 121] 142] 10 |27. 3 [variable avec pluie & vent. 12 SV 0: 161| 14 |27. Silidem, & venteux. 13 S. O. | 1o | 15 | 11 |27. 6 [pluvieux & couvert, 14 | S. ©. 11 16 9 |27. 81 beau avec nuages, 15 O. |uir | 18 | 13 |27. 10 |beau temps. 16 ©. 132] 21 | 14 |27. ro1|couvert, 17 | N.O. | 141] 202] 14 |27. 104 18 | N. E. | 152] 20 | 17 |27. iles temps. 19 | NE. | 16 | 2 17 |27. 10 20 E. 18 | 26:| 19 |27. 8+|beau avec nuages. 21 S: 17 | 21 | 15 Î27. 8 [tonnerre & averfe d’eau, 22 S: 15 | 172] 16 |27. 6Z|couvert & tonnerre. 2 O. 15 | 16 | 11 |27. 4 [grande pluie le matin, 24 | N.Q. | 14 | 17 | 12 |27. 11 |variable avec pluie. 25 O. 13 | 17 | 14 |27. 107 b 26 N. 142] 19 | 161127. 10 É eau avec nuages, 27 | S- E. 17 | 21 15 |27. 6 |variableavecnuages, tonnerre & rofée. 28 | S. O. | 12 | 14 | 122127. 7 |pluie & tonnerre la nuit. 29 | S. O. | 12 | 14 | 125127. 7 |pluvieux. 30 | S. O, | 12 | 13 | 12 |27. 9 |idem, Mim, 1760. RE LME 346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le commencement de ce mois jufqu'au 20 a encore été extrêmement fec : tous les grains avoient grand befoin d’eau, fur-tout les avoines & les menus grains qui fouffroient beaucoup, excepté dans quelques endroits où il étoit tombé des pluies: d'orages. Depuis le 23 jufqu'à la fin du mois, il tomba affez d'eau pour remplir les mares qui étoient defféchées. Pendant ce mois, la vigne entra en fleur; mais comme les: fleurs ne fe détachoient point des verjus on appréhendoit la coulure : la terre avoit été fi sèche qu'il y avoit des endroits où on navoit pas pu piquer les échalas. Les premiers fainfoins qui ont été ferrés avant la pluie étoient bas, mais bien garnis du pied, & de bonne qualité; mais ceux qui ont été fauchés entre fleur & graine ont été mouillés. Les fromens n'étoient pas hauts, mais aflez beaux, leurs feuilles d'en bas étoient jaunes & sèches : depuis les pluies: il s'en étoit développé d'autres qui étoient vertes. Les feigles étoient jaunes à la fin du mois & on comptoit: les moifflonner bientôt. D'E S' $C EIN C Es. 347 DUUPAIENLE TL THERMOMÈTRE. | VENT. | ns | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Degrés. | Degrés.| pouc, lign ul S.O. | 12 | 165| 12/27. $ +|variäble avec pluie & tonnerre. S.O. | 13 Fix re [27 o lecuvert & Btüine. 0. 13 17 | 132127. TO |beau temps ; avec gros nuages noirs. O. E3 | #8 12. 28. 6 N.E. | 12251 19 | 13 428. : N.E. | 135] 202) 17 |27. 114 Mhphréilestligs lez: 0 beau temps. SE | 18 | 252] 20 |27. 19 E. 19 27| 20 |27. 8 S. 19 | 261] 20 |27. 71|beau avec nuages. S. 16 | 22:| 19 |27. 9 variable avec nuages. S! 16 | 221] 161|27. 9 + f à mi 1 : He k beau temps. N. E. 18 26 193127. 7 S. 17 | 24 | 18 |27. 81|beau temps & tonnerre au loin. N. 163| 21 | 1$ |27. 9+|variable avec pluie & tonnerre. N.E. | 15 | 20 | 14 |27. 11 |beau avec nuages, N.E. | 16 | 22 | 17 |27. 10 3 N. 18 | 25 | 181127 + N. 17 | 25 | 181/27. 9 :?beau temps. N. 18 | 261! 19 |27. 82 N. 132| 26 | 20 |27. 7 N.E. | 18 | 27 | 21 |27 6+| variable avec nuages; il éclaire le foir: N. 182] 25 | 171]27. 6 [beautemps. N. 18 | 24 | 18 |27. $ |variable & tonnerre fans pluie, N. 182} 24 | 17 ]27. s |pluie & tonnerre. | N. 14 | 20 | 14 |27. 7 N. 17 | 23 | 15 |27. 7 ÿ beau avec nuages. N.E 15 | 21 | 18 |27. 6 S 16 | 20 | 15 |27. 42|variable & venteux. X x i] 438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce mois a été fec & chaud, il n'eft tombé que quelques petites averfes d’eau. On a commencé la moiffon des fromens le 15, & à [a fin du mois elle étoit faite aux trois quarts. Le blé étoit très- fec, bien net des mauvaifes herbes, menu, mais de la meilleure qualité. Les raifins étoient fort beaux , & on a vu des grappes tournées le 20 du mois. H y a eu beaucoup de cerifes, & on en a mangé jufqu'à la fin du mois, mais elles n'ont pas été grofles. % D£Es SCIENCES 349 AOU ST. | THERMOMÈTRE. Barometre | ÉTAT DU CIEL. Soir. Matin | Midi. Degrés.| Degrési| Drgrés.| pouc, lign, I Si 15 | 20 | 15 |27. 7 |beau avec vent & nuages. 2 SJ. 15 | 19 | 13 |27. 7 |variable avec pluie. 3 | S. O. | r2 | 17 | 125127. 9 idem, avec nuages. 4 | S- O. | 12 | 19 | 14 |27. 8 |beau avec nuages. S ©. 15 | 19 1} 15. [27. : 8. |variable & pluvieux. 6 | S.O. | 147] 182] 12 |27. S1|pluvieux. 7 | S. O. | 13+ 19 | 16 |27. 10 [couvert g ; S: O. 16 | 24 | 16 |2 8 + |beau avec nuages. 9 | SO. | 16] 221] 17:/27. 7 [variable avec vent & Brouillard. 10 | S. O. 16 | 225] 17 l27. 7 |beau & venteux. j II S. O. | 162] 25 | 15 |27. 7+|beau temps. : 12 N. 20 | 26:| 20 |27. 8 |beau avec nuages. 13 N. 15 | 19 | 14 |27. 9 [pluie & vent. 14 N. 15 | 21 | 16 |27. 7 |variable. 15 ©. 152] 19 | 14 |27. 7£|variable avec brouillard 16 N. 132] 19 | 14 |27. ro couvert. 17 N. 15 | 20 | 16 |27. 92|beau temps. 18 N. 141] 1924] 13227. 9 |couvert & brouillard. 19 | N.O. | 122) 19 | 13 |27. 8 |variable. 20 S. 122] 172] 11 27. $ variable avec pluie. 21 S.O. | 131] 181] 13 |27. 4 [pluie & tonnerre, 22 S- 112) 142] 1 |2 s [variable & tonnerre. 23 | S. O. 10 | 14 | 121|27. 6:|idem, avec pluie. 24 S. O. 12 | 172] 12 Her 6 |beau avec nuages, 25 S. 12 | 18 | 12 |27. 41|couvert. 26 S. 11 14 | 11127. $ pluvieux tout le jour: DT S. 13 | 165] 122|27. 5 28 | N.O 13 | 18 | 11127. 7 Videm, & tonnerre. 29 | S.O. 12 | 17 | 12 |27 AA] NES o | N. O. | 12 | 16 £ ‘ So role La 1 44 à {beau avec nuages, | RE EE ER NES ES PRS POTARETS Xx il 350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaAtE __ Le commencement de ce mois a été affez chaud & fec; mais depuis le milieu du mois les nuits ont été fraiches, & il eff tombé quelques averfes d’eau qui ont humecté Ja terre. La moiflon des fromens à été achevée dans les dix pre- miers jours du mois, Comme on attendoit de la pluie pour enlever fes avoines elle n’ont été ferrées qu'à {a fin du mois. Une partie des raifims étoit tournée, mais parce qu'ils avoient refté long-temps en fleur, une autre parue étoit en verjuse On à fervi des figues dans les premiers jours du mois , & fucceffivement les petites pêches jaunes ou alberges & a pêche Magdeleine, ont müri. Malgré fa féchereffe de l'été, les melons ont prefque tous été mauvais. BB SN SICTENN € € 35 SEPTEMBRE. THERMOMÈTRE. Matia | Midi. | Soir. | Degrés. | Degrés.| Degrés. | pouce, 1 ©. sl 15 | 10 |27. 2 | S.O. | 11 | 181] 13 |27. 3 S. O. | 121] 165] 141127. 4 | S.O. 114! 17 | 13 A S S. 12 | 13 15 |27. 6 S. O. 15 | 1821 15 |27. 7 | S.O. | 15 | 182] 15 |27. 8 | SO. | 15 | 22 | 15:27. 9 E. 14 21À 15 |27- 10 E* 133] 23 | 18 |27. 11 O. ra} 20 E 15 |27 12 | N°E. | 14 | 195| 14 |27. 13 S 1212] 224) 17 |27. 14 | S. O. | 16 | 23+] 161|27. 15 N. 13 | 17 | 11 |27. 16 | N.E. | 10 | 151:| 10 |27. 17 | N.E. 9 | 16 | r1 |27 18 | N.E. 21 152| 112 |27 19 | N.E. | 1o | 15 | 10 |27 20 | N.E. 9 | 16 | 17 |27 21 | NE. 9 | 15 | 10 |27- 22 N. 85| 15 | 17 |27. 23 N. 8 | 12 o |26 24 | N.O. | 10 | 14 1127 25 ©. 9 | 15 | 12 |27. 26 O. 11 | 147] 10 |27 27 E° 12 | 152 2127: 28 | N.E, 8 | 17 | 12 |27. 29 N. 9 | 18 | 122187. 3° N. 10 À 152] 8:|27- RSR | Ge 7 Cu rame | RERO OPERA EE RDS PM | Baromètre ÉTAT DU CIEL. dign. 7 z| beau avec nuages. 6 |beau temps. 7 |pluie & tonnerre, 9 [beau avec nuages. 7 |pluvieux. beau avec nuages & vent. beau avec nuages. e © beau temps. qu variable avec brouillard. couvert & beau. 1 3 1 A LP z| grêle & tonnerre Ia nuit.. 102|beau temps; il gèle. Qbeau temps. Nix | | beau avec nuages.. beau & venteux. z z|beau & vent froid. couvert de gros nuages: variable fans pluie. idem, beau avec nuages. beau temps & brouillard, = 2 J N ON ©N NN au ww © © lo OO © 10 19 NJ io {beau temps. 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE Ce mois a été fort beau & très-fec, & quoique les matinées fuflent fraîches , il failoit fort chaud à midi, On a commencé la vendange le 20, & après l'avoir laïflé bouillir dix jours dans les cuves on l'a tirée, elle a bien bouilli & jeté une écume fort rouge : cependant il y avoit quelques grappes qui n'étoient pas parfaitement müres, parce que la vigne a été plus d'un mois à défleurir. Vers la fin du mois, on a commencé à voir quelques fleurs de fafran, & on n'apercevoit plus d’hirondelles, OCTOBRE; \ DES SCIENCES: OCTOBRE. ones THERMOMÈTRE. du | VENT. | a | Baromètre ÉTAT DU CIEL. Mois. Matin| Midi. | Soir. Fac Déegrés. | Degrés. egrés. . dign TMMINÈUE 8 | 14%] 7227. 7 [beau temps, gelée blanche. 2 N.E 4 | 12 821127. 8!|idem, grand brouillard, 3 S. 6 | 16 | 11 |27, 8 [brouillard & pluie. 4 S. 13 16+| 111127, 8 pluvieux. $ N, 7 | 14 9 |27. 10 |beau temps. 6 | N.E. 61] 152! 9:2|27. 10 [édem, gis.d brouillard. 7 | N. 4 73 Fa 115+|27. 10 SH NRE 9 I1 |27. 9: 9 [NE |1o 19 | 13 |27, 8 beau temps. 10 | S.O 9 | 18 | 11 27. 91 II S. 115] 16 | 14 |27, s:lcouvert. 12 S. 12 | 17 | 14 |27. 3 [grand vent. 13 D: 12 | 135] 10 |27. 3 |variable & venteux, 14 S. 7 | 1231 8 |27. 4 |variable. 15 S. 8 | 13] 8 |27. 8 |couvert. 16 St 6 | 12 | 10 |27. 8:|beau & variable. 17 | S: O. | 12 | 15 | 12:|27. 61|couvert & variable, 18 E, | 8 | 14 | 12 l27, x |pluvieux. 19 | N.E. s 8 7 |27: 5 [variable avec bruine. 20 | N.E, 4 F] 5 |27. 8 |variable. 21 N. 32011 6 |27. 8 beau temps. 22 SJ 7 | 13 9 |27. 8+:|couvert & bruine, 2 S. O, | 10 | 72 7227. 7 Û HA N. E. 2il nu Bel 6 couvert. 25 | SE | o | 132] 82/27. $ [variable ; il éclaire le for, 26 S. 8 | 1x 3 |27+ 6 [variable avec brouillard, 27 S.E. 8 | 14 | 10 |27. 1 |beau avec nuages. 28 E. 8 9 93/27: 2 [pluvieux & couvert. 29 S. 10 | 12 | 10 ?27, 7 |brouillard & pluie. 39 S. 9 | 102] 82/27. 92lcouvert & pluvieux. 31 | N.E 47 3| 2 |27, 10 |beau temps. Mém, 1760. 354 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce mois a été doux & variable. Les blés ont été femés par un temps très-favorable & n'ont pas été plus de dix jours en terre fans lever, parce que la fuperficie de Ha terre avoit été humeétée par les pluies & les brouillards du commencement du mois. DES SCIENCES. NOVEMBRE. ESS eee S TRS THERMOMÈTRE. du | VENT. Baromètre ÉTAUE D D NCIEL: Mois Matin| Midi. | Soir, Degrés. | Degrés. | Degrés. pouc, lign. 1 E: o 6 2+:|28. o 4 E. 3 62 118. 2 beau temps, gelée blanche à glace. 3 | N°.E. |—1il 7 1 |28. . 4 E. — 1 10 3 127. 112/ beau temps, S E. 2 | 11 Sz|27. 10 ÉAIMSNO: s 6 RNA7TA 77 Linie HAS ONE NL 1e: 7 2 CPAvIER. 8 S. ©. 3 42| 32127. 6 [variable 9 S. 4 62] 7 |27. s |couvert & pluvieux. 10 O. 10 | tr 47127. 4 [grande pluie & vent. 11 | S. O. 4 7 3 |27. 5$ |beau temps. 12 S. ©. 3 43| 2 |27. 3 [grande pluie, vent & tonnerre, 13 SO: 3 $ 2 (27. s |pluie & grêle. 14 | N.O. 2 4 12127. S \variable avec pluie. 15 | N. OO. o 43| 1 |27. 62|beau temps, gelée blanche à glace. 16 N. 12] 42 O |27. 8 lidem,ïil gêle. . O. [— 1: = 2127. 829. Eat ï Ur AE 4 AUS pi g Videm, gelée à glace. I 154 — = 27. (6* * FA E. LE 2 1 : ru 1 1 pluvieux, 21 | S.O. 04 2 |27. 1 22 N,. |—:7 I Oo 27. 25 couvert 2 N. l—2 O |—2:|27. 32 petite neige, 24 | N°E, |—7 1 [—3 |27. 62|{couvert. 25 | NE. |—5 1 |—2 |27; 92|beau temps. 26 S. FT 4 32/27: 9 [couvert 27 S. 4 62| 4 127. 9 |brouillard & ruine, 28 S. 5 7 62127. 7 |couvert. 29 ©. 2 S 11270119 36 N. ia 1 M MAN N beau temps. RENE RCE RES PENSE SOLS SEPT * le foir, 26P 1112, TS ON Ty i 356 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce mois a été frais pour la faifon, & il eft tombé peu d'eau; néanmoins on a achevé de femer les blés qui ont levé promptement. DES ScirENCESs fsZ DÉCEMBRE. THERMOMÈTRE. / Baromètre ETAT DU CIEL. Matin | Midi. | Soir. Degrés.| Dogrés.| Degrés.| pouc. lign: 1 | NE. ® ;. 2|27: 9 couvert & brouillard, 2 S: L) r 31127. 030$ 3 | NE. 2 4 27. 3 |idem, & bruine. 4 | N. E. o 13|—1 |27. 24{variable. s E. Liste 1 © |27. 1 |idem, avec pluie 6 vent. 6 | NE. “ hors 20.3 * Peouver & grêlots. 7 | NE. |—1 12]—1 |27. 3 8 | NE. |—r7r 27 32| idem, avec neige & pluie froide, 9 | NE. —2 |—o3 127 6) ro N. —3 |[—1 |—3 |27 6 eme Fr, N.°E. o |[—ril—3 |27. 2 12 | N.E. [= 21} :|—1:27. 3 lcouvert & grand vent froid. 13 | NE. [= 217 |[—2:|27. 2 |variable & vent froid. 14 | NE. |—2 |— :|—2 |27. 2 couvert & venteux. 15 NE. |=5$ |[—15}—5 |— 12|beau & venteux. 16 LINE. |— 5 |— 3 |27. 3 |idem, & couvert. 17 | N.E. |—5 — 3127. 22|couvert & verglas. NE: © —, 3127. 2+|brouillard. N.E. 2 [27+ 2 |couvert & bruine, N. E. 2 |27. 2 |brouillard. INQNE: O |27. 4+|beau avec nuages. N-E. aa LA #4 {beau temps. N. E. |—1t Fl—1 26. z1 3 |2 y |couvert & bruine. 4 l27. 43%]couvert. 6 |27. r+|variable, 1 |27. 6 |beau temps. 4 |27. 2 |variable. 6 126. 11 [couvert & variable. 7 |26. xr idem, & vent de tempite. 63/27. 2 |variable; il tonne au nord. NNNUU GNU DE NU O m = NI da + U BR BB ] W WW = DO © D Oo Y y i 358 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Ce mois a été froid, le ciel a toujours été couvert avec du brouillard & de petites pluies qui ont tellement amolli la terre que les chemins font devenus impraticables & les travaux ont été fufpendus, quoiqu'il ne foit pas tombé beaucoup d'eau. IDÉE GÉNÉRALE DES PRODUCTIONS DE LA TERRE, pendant l'année 17 ÿ9. FROMENS, La récolte des blés a été aflez abondante & Je grain de très-bonne qualité, quoique menu; mais comme les moiffons “ont été faites par un temps très-fec, le grain tomboit de a gerbe pour peu qu'on la fecouît, ce qui a occafionné un déchet afez confidérable, auffi a-t-il fallu dix-huit gerbes pour faire une mine qui eft le tiers du fetier de Paris, & la récolte peut étre eflimée au plus à deux tiers d'année. Le prix du beau blé a toujours été entre 17 & 18 livres le fetier. APHORION ENS -MEUTI UONRY*E) EL S: La récolte de lavoine a été foible, elles ont été baffes, le grain léger & de mauvaife qualité; elle a toujours valu 6 à 7 livres le fetier de Paris. L'orge a manqué entièrement, Pois, VESCES ET LENTILLES. Il n’y a point eu de velces, de pois, de fèves ni de lentilles : toutes ces graines font très - chères ; les lentilles valent 48 livres le feptier. CHANVRES Les chanvres ont bien réuffi dans les terrains gras & frais; mais ils ont été petits dans les courtils fecs; en général, la filañe eft de bonne qualité. DES SCIENCES 359 Vins. On à commencé la vendange de bonne heure; mais quoi- qu'elle ait été faite par un beau temps, & que l'automne ait été chaude & sèche, les vins n'ont pas autant de force qu'on auroit pu lefpérer, parce que les raifins n’ont müri que tard en automne. ls ont bien bouïlli & ont jeté une écume fort rouge, les vins ont une belle couleur & un peu de qualité, & ils feront probablement de garde. La récolte peut être regardée, comme année commune , à raifon de fix pièces l’arpent. PUR OT T9, Il y a eu une grande quantité de cerifes, peu de prunes; point d'abricots, très-peu de pêches, point de poires, mais beaucoup de pommes; c'eft prefque le feul fruit qui foit de bonne qualité. ABEILLE S. Les abeilles ont beaucoup fouffert pendant l'hiver 1758 ; celles qui l'ont pañlé ont donné de bon miel & de beaux effains, mais toutes les ruches qu'on a changées ont péri faute de nourriture. SAFRAN S: Il y a eu beaucoup de fafran, la récolte a durée depuis 1e fs jufqu'au 14 Ofétobre, avec une fi grande abondance qu'il y en a eu beaucoup de perdu, faute de monde pour l’éplucher, On a payé depuis 3 0 fous jufqu'à 3 livres pour faire éplucher une livre de fafran verd, ce qui fait 71 1 of pour livre de fafran fec. Il ne s'eft vendu que 15 à 16! la livre, GIBIER, Il y a eu beaucoup de nids de perdrix , mais les mères Îles ayant abandonné à caufe de la fécherefle de la terre, plufieurs des petits perdreaux font morts de foif, Les grives ont paru 366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en abondance pendant là vendange, On a vu auff quelques cailles, mais peu de beccafles. MALADIES. Il a régné pendant les mois de Janvier & de Février ; des fièvres putrides très-dangereufes ,& qui font devenues épi- FEES , 2 [7 » : , FA LS 7 démiques ; elles n'ont cédé qu'aux faignées multipliées & à l'émétique. INSECTES Onn'avuni chenilles, ni grillons, prefque point de hannetons, peu de cantharides, maïs une grande quantité de mouches- guépes , de la teigne du blé, des rats & des fouris, &c des mulots pendant automne, MÉMOIRE DES SéieNcEs 36r MÉMOIRE SUR LES ESSAIS DES MATIÈRES D'OR ET D'ARGENT. ParMIA DE TET. ’1L yaen Chimie une opération délicate & digne, par 20 Décemb, le but où elle tend, de toute l'attention dont un homme 1760. eft capable, c'eft fans doute Feffai des matières d'or & d’ar- gent, ce travail généralement connu, par lequel on conftate leur titre, & lon indique d'une manière aflez précife quelle eft la portion d’alliage dont lun ou l’autre de ces métaux fe trouve chargé. Dès qu'on s'y applique en effet & qu'on y porte l'œil du Phyficien, on fent qu'ila des difficultés qui échappent à la routine de l'artifle; on s'aperçoit qu'une précifion rigoureufe & cependant nécefaire, ne s'obtient dans ce travail que par des foins qui doivent aller jufqu'au fcrupule ; & encore, après avoir pris en apparence toutes les précautions qu'il exige, eft-an quelquefois furpris de ne pas fe trouver d'accord avec foi-même dans des rapports qui ne devroient jamais varier. ! D'un autre côté, fi Fon confidère les fuites efléntielles qu'a cette opération, je veux dire da détermination fixe du fn que contiennent les matières effayées , la marque authentique qui décide de la valeur intrinsèque des ouvrages d'orfévrerie, la confiance que cette opération fait naître dans le nee efpèces monnoyées; en un mot, cette efpèce de fceau imprimé fur la chofe même pour en affurer le prix, tout coneourt à faire regarder leflai des matières d'or & d'argent comme wn travail de la plus grande conféquence dans fon objet. Ce que j'avance ici fur le défaut de précifion attaché au Mém. 1760. VAIz. 362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE moyen connu de fixer letitre des matières, fe trouve confirmé par un fait que Je ne balance pas de donner pour conflant,. & qui jufqu'à préfent na pas été mürement confidéré ; c'eft que les effais de l'or, & fur-tout ceux de l'argent, font toujours rapportés au-deffous du titre réel, du degré de fin intrinsèque de ces matières, lors même que l'opération a été fuivie avec foin, & que l’effayeur a pris de fon côté toutes les précautions: que les plus habiles Ghimiftes ont indiquées... Ce rapport, conflamment au-deffous du titre réel, quelque intelligent que foit l'artifle, paroïtra peut-être furprenant. On: feroit plus difpofé à croire que les matières dont on a fait eflii, ne font pas parvenues par cette opération: au dernier degré d'afhnage dont elles font fufceptibles, que de les regarder comme établies fur le pied d’un titre inférieur à celui qu'elles avoient intrinsèquementavant qu'on les efliyät. Mais la fur- prife cefle quand on fait attention que les matières d'argent perdent toujours un peu de leur matière propre dans l'opé- ration de l'eflai, à quelque degré de fneffe qu'elles foient par- venues auparavant; quand on confidère que la petite portion de matière affince,. connue fous le nom de bouton d'efai, diminue de poids,. chaque fois qu'on lui fait fubir cette opé- ration, &. difparoît enfin totalement fi l'on réitère l'effai autant de fois qu'il eft néceflaire pour en venir à cette extrémité. Si une portion d'argent très-épurée, & telle qu'on doit fa concevoir, après qu'elle a fubi plufieurs fois une opération qui eft regardée comme propre à l'afliner parfaitement dès la pre-- mière fois, fi dis-je, cette portion d'argent pur ne ceffe point de diminuer de poids à mefure qu'on l'eflaye, il eft naturel de conclure qu'elle a perdu auffirune partie de fa matière propre dès le moment qu'on en a.enlevé l'alliage par le premier eflai; & Fon -doit regader comme certain que le moyen même dont on s'efl fervi pour.en bannir l'impureté a porté une légère atteinte au métal précieux qu'on a eu pour but d'afhner. Comment feroit-il poffible, en effet, qu'une matière d'argent alliée, dans quelque proportion que ce foit, ne foufhit pas alors une légère diminution, quant au métal eflentiel, puifque DES OS CM VEN: Cons dt 3És réduite à a plus parfaite pureté, cette matière éprouve un déchet fnfble & ne réfifte point à l'opération vive qu'on lui fait {ubir ? Cette obfervation, dont on voit toute la conféquence, &c que je développerai bien-tôt, eft appuyée fur des expériences que jai fuivies long-temps avec beaucoup de (M & qui concourent à établir d'une manière invariable. Je peux même aller plus loin, par rapport à ce fait important, en affurant contre l'opinion commune, d’après des épreuves que j'ai faites attentivement que l'argent le plus pur, étant expolé feul à toute l'action d'un feu violent, peut perdre quelque chofe de fa mafle, & en perdre une quantité aflez fenfble lorfqu'il eft réuni à une autre matière très-propre à fe vola- tilifer. Il eft certain, en effet, qu’en expofant un bouton d’effai pendant deux heures à un feu très-vif, je lui ai fait perdre la 24.° partie de fon poids, fans qu'on puifle attribuer ce déchet à un pétillement ni à quelqu'autre caufe différente d'un feu violent & bien foutenu. Dans cette expérience, J'avois couvert la petite coupelle qui contenoit le bouton d'effai d'un autre coupelle de la même grandeur : la fürface intérieure de celle-ci étoit parfemée de petites particules d'argent qui n'étoient fenfibles qu'à la loupe, & qui s'y étoient raflemblées à me- fure que la vivacité du feu avoit occafionné dans le bouton d'effai en fufion une efpèce de fublimation. Peut-être a-t-on douté jufqu'ici que l'argent pur éprouvât quelque diminution dans le feu, parce qu'elle étoit légère & n'avoit pas été appréciée auffi rigoureufement que je lai fait. Je ne l'ai confidérée, il eft vrai, cette diminution, que fur de petites mafles mais fa moindre de leurs parties ne pouvoit pas échapper à mes yeux; & j'ai tenu compte des rélultats avec des balances que la 128. patie d'un grain, poids de marc, fait inclinen Si nonobflant les épreuves réitérées que je peux rapporter fur cette diminution de l'argent pur expolé à un feu très-vif, on refufe de fe prêter aux inductions qu'il Rmble naturel d'en tirer, je demande pourquoi l'argent pur étant fuppolé inalté- table, la petite portion de cette matière, à laquelle je fais Zz ij 364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fubir plufieurs fois l'opération de l'effai, difparoïit enfin tota: lement. Je conviens qu'il y a lieu de préfamer que quelques par ticules d'argent s'imbibent dans la coupelle pendant que le plomb la pénètre & entraîne avec lui les métaux impurs. Mais ilMeit pas encore prouvé que la perte totale du f7 qui réfute de chaque effaï foit une fuite de cette imbibition feule: J'ai remarqué en effet, que les coupelles les plus poreufes, telles qu'on les compofe avec des cendres leflivées, donnent, toute égalité obfervée d’ailleurs, un bouton -d'effai qui ne diffère guère en. pefanteur de celui qu'on obtient avec des coupelles plus compaétes & formées d'os de mouton calcinés. Comment ne {e trouveroit-il pas une différence notable dans. le poids des boutons d'effai par l'ufage des coupelles plus où moins poreufes, sil étoit conflant que la perte du f# des matières n'eût lieu que parce qu'il s'y imbibe à mefure que la litharge les pénètre, & nullement par la raifon qu'il s'en volatilife quelques particules? J'ai déjà dit qu'à l'aide d'un feu très-vif, j'avois perdu fur un bouton d’effai la 24.° partie de fon poids. Une petite portion d'argent pur expolée à une cha: leur violente & foutenue, faifoit, comme on voit, tout le fond de l'expérience: je n'y avois point employé de plomb afin qu'on ne pût pas foupçonner que la litharge, en s'imbibant, avoit entraîné la partie du f7 qui manquoit; & je ne laïflois d'autre conclufion à tirer fur cette diminution du fn que celle où l'on étoit conduit naturellement, en confidérant l'état favorable à la fublimation auquel le bouton d'argent fin avoit été long-temps expolé, Quoi qu'il en foit de la manière dont l'argent pur expofé à un feu très-vif fouffre une diminution , il eft toujours certain que dans l'opération de l'effai, & chaque fois qu'on la répète, le métal perd quelque chofe de fa mafie & fouffre un déchet plus ou moins confidérable fuivant le degré de chaleur qu'on lui donne & la quantité de plomb qu'on emploie pour Fafhiner. Un de ces deux points effentiels vient de donner lieu à DRASS SOUCHON CU ESA UN SG une difcuffion féfieufe entre l'Effayeur général des monnoies de France & l'Eflayeur particulier de la monnoie de Paris. L'un & l'autre ont effayé un même lingot d'argent, en ont fait plufieurs reprifes & ne fe font point trouvés d'accord fur le titre. La conteflation a ‘été portée à la Cour des Monnoies qui a jugé que la différence des rapports venoit fans doute de la manière différente dont les deux Effayeurs opéroient & a rendu un Arrêt par lequel elle nomme M. Hellot & moi pour faire des expériences fur la meilleure méthode de confiater le titre des matières d'argent. Cette commiflion m'a rappelé à un travail que des occu- pations d’une toute autre nature m'avoient fait perdre de vue, J'ai vérifié de nouveau quelques expériences importantes que j'avois fuivies avec foin, il y a plufieurs années, & que je me difpofois à mettre fous les yeux de l’Académie: elles tiennent intime- ment au fond de la conteflation qui seft élevée entre les Eflayeurs général & particulier de la monnoïie de Paris, & jetteront quelque lumière tant fur le moyen de juger invaria- blement du degré de chaleur- du fourneau d'eflai, que fur la quantité fixe de plomb qu'il faut employer dans l'opération, en ayant égard à la portion plus ou moins confidérable d'alliage que les matières contiennent. Plufieurs caufes influent dans Tinégalité du rapport des eflayeurs: une imperfection, même légère, foit dans leurs balances, foit dans leurs poids fait naître des erreurs fenfibles : fi les matières qu'ils eflayent ont été mal fondues; fi le mé- linge n'y eft pas parfait, le tire du lingot ne fera pas le même dans toutes fes parties, & conduira néceffairement plufieurs Éflayeurs & un feul même, à différens rapports. Leurs coupelles compofées de parties trop groffières, pourront ne pas s’imbiber du plomb à mefure qu'il fe vitrifiera; où n'é- tant pas aflez sèches occafionneront peut-être des pétillemens : “le degré du feu, & ceci efk un point délicat, pourra n'être pas faifi dans le jufte milieu qui convientaux effais, 1.° à l'égard du moment où il faut mettre Je plomb dans Ja coupelle, & 24° par rapport aux mériagemens, dans da chaleur graduée qu'exige toute l'opération. 366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette circonfpeétion avec laquelle on doit conduire fe feu en efläyant des matières d'or & d'argent, n'a toujours paru fi nécefaire & fi difficile à obferver lorfqu'on n’y eft pas formé par le grand ufage, que je cherchai, il y a quelques années, un moyen fimple de parvenir à ce but & de le trouver in- failliblement en tout temps, quelque peu habitué que l'on fût à ce genre de travail. Je conçus que le thermomètre pouvoit être appliqué d'une manière éloignée au fourneau d'effai; & qu'il fufhfoit que cet inflrument annonçât une chaleur relative, mais toujours conftante dans fon rapport, pour que j'en tirafle un moyen für de régler mon travail. ; Le parquet de la moufle / Joy. la Planche C, fig. 1, 2 7 4), efpèce de creufet aplati d'un côté, dans lequel les coupelles font placées, eft l'endroit effentiel du fourneau dont il importe de bien connoître la chaleur: celle que reçoivent les cou- pelles répond à la chaleur de ce parquet; & une fois bien étudiée dans L'intérieur de la moufle elle fert de règle fans qu'on ait befoin de s'en occuper d'ailleurs. J'ai donc, par une fuite de cette idée, imaginé un inf trument fimple & à la portée de fartifle le moins intelligent, J'ai fait couder en forme d'équerre un petit barreau de fer quarré en tout fens & de cinq lignes d'épaifleur £ (fig. 1 &"4), la branche de cette équerre, deflinée à entrer dans fa moufle & à s'appliquer immédiatement fur le parquet, a fix pouces & demi de longueur & une épaifleur égale dans toute fon étendue : l'autre branche de l'équerre qui eft hors du fourneau & règne le long de la tablette D | fig. 1, > © 4) placée au devant de la moufle, n'a que cinq pouces & demi de longueur; elle eft, comme la première, d'une épaifleur égale, à l'excep- tion qu'on a ménagé aflez de matière dans fon extrémité pour y former une forte de petit vale propre à recevoir la boule d'un thermomètre À" {fig 1 @ 3). Lorfqu'on veut faire ufage de cette efpèce de piromètre, on- a foin que la branche de l'équerre qui doit entrer dans la moufle s'applique exactement fur le parquet fans toucher aucune partie du fourneau , & que l'autre branche ne porte que | DES hi CT ÉENN EUELS 367 für un ou deux points ifolés, & non fur Ja furface de la tablette, On à la précaution encore de mettre un peu de limaille de fer, tant au fond de la petite cavité deftinée à recevoir la boule du thermomètre que dans le peu de vide que cette boule laiffé autour d'elle forfqu'on l'a une fois placée. D'ailleurs te thermomètre lui-même eft garanti (a,a,a,a, fig. 1 à 3. Voyez la defcripiion) autant qu'il eft pofhble, de toutechaleur étrangère à celle qu'il reçoit par le canal de l'équerre de fer; & ce qu'il en éprouve d'un autre côté fe perd bien-1ôt dans l'intenfité de celle qui lui vient de l'intérieur même de la moufle, Lorfque les eflayeurs ont mis le feu à leur fourneau, & que les coupelles ont commencé à y rougir, ils font dans l'ufage de tenir ouverts les regîtres du devant de la moufle, & de garnir fon embouchure de charbons un peu longs, afin qu'elle prenne plus tôt le degré de chaleur que le plomb exige pour fe mettre fur le champ en fufon, & ne pas tarder à fe dé- couvrir ; ils font encore dans l'habitude, Jorfque les coupelles ont été chargées & pendant que les effais travaillent, de laiffer un où deux charbons bien embrafés à l'embouchure de la moufle, dans la crainte qu'elle ne fe refroidit s'il entroit par fon ouverture plus d'air que les efis n’en demandent pour que là matière circule avec une certaine adtivité, & pour que k litharge annonce par fes fumées qu'elle s'imbibe dans les- coupelles fans y trop languir. On voit, par la ffgure 4, que la branche du pyromètre Æ qui entre dans la moufle, paie auffi nécefairement dans l'ouverture qui la précède, & que la partie coudée de T'in£- wument qui eft portée fur Ja tablette, fe trouve vis-à-vis de cette même ouverture. Les charbons embrafés, dont on la: fuppole garnie ne manqueroient pas d'échauffer cette branche du pyromètre s'ils portoient immédiatement fur elle: ils ui. donneroient un degré de chaleur étranger à celui de la moufle;. & le thermomètre n'indiqueroït plus alors une chaleur rela- tive à celle que les coupelles éprouveroient dans l'intérieur du fourneau: mais cet inconvénient qui , s'il avoit lieu, teroist 368 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royare à l'opération ce qu'elle a d'utile pour guider leflayeur, fe trouve écarté par une précaution aflèz fimple, que voici. On garantit du contaét des charbons la partie de cette branche du pyromètre qui paffe dans l'ouverture , au moyen d'une efpèce de petite chape ou enveloppe de tole À (fig. r à 4), qui a a figure d'une équerre, & couvre tant le deflus que les deux côtés de cette partie fans les toucher; il y a entre elle & a branche du pyromètre un vide de trois lignes ou environ : à la faveur d'une petite foupape S, qui eft attachée au milieu du bord fupérieur de cette chape, du côté de fa tablette, & qu'on foulève lorfqu'on le veut, il-eft facile, fans ôter les charbons qui ferment l'embouchure de {a moufle, de juger du degré de chaleur qu'elle a, & conféquemment de celui qu'elle communique au pyromètre. | Les eflayeurs obfervent tous les jours qu'en mettant le plomb dans les coupelles avant qu'elles aient acquis un degré de chaleur convenable, il en réfulte un inconvénient: le plomb fe convertit en une efpèce de gale, il s’hérifle & demande, pour revenir à un état de fufion complète, une chaleur plus vive que les effais ne l'exigent; mais cette augmentation de chaleur peut occafionner quelque déchet extraordinaire dans Fopération, & donner lieu dès-lors à une incertitude fur le titre du bouton d'effai qui en proviendra. Cet inconvénient n'eft plus à craindre avec le fecours du pyromètre que je propofe. Plufieurs expériences m'ont conduit à regarder le terme de 1 20 degrés du thermomètre de M. de Reaumur, comme le point fixe de chaleur relative qu'on devoit faifir pour mettre le plomb dans les coupelles; j'éprouve tous les jours en eflet qu’à ce même degré de chaleur le plomb entre en fufion tout d'un coup, fe découvre promptement & acquiert là fluidité néceffaire pour difloudre les matières d’or & d'argent, & entrer dans cette circulation bien foutenue que connoifient les effayeurs. Il y a plus encore : dans le moment où les eflais travaillent, le feu peut fe ralentir à uu certain point par un défaut d'attention de la DES SCIENCES. 369 de fa part de l'artifte ; l'effai peut fe noyer, c’eft-à-dire f couvrir d'une pellicule rougeâtre & ne plus circuler. Alors on redouble le feu; mais combien.ne faut -il pas qu'il foit vif pour fire reprendre à la matière fa première fluidité? & quel foupçon ne doit-on pas avoir fur lé déchet extraordinaire que cette aug- mentation de chaleur eft capable d’occafionner ? On ne s'expofe point encore à ce fecond inconvénient, d’une plus grande conféquence que le premier, fi l'on emploie le pyromètre dont il s’agit, avec l'attention feule de garnir de charbons le fourneau d'eflai lorfque le thermomètre marque 120 degrés; on ne doit plus sen occuper dans la fuite. L'ac- croiflement de la chaleur fe fait infenfiblement : le travail des eflais eft foutenu, fans être trop vif; la circulation eft conf * tante, l'imbibition du plomb entière, l'éclair fubit, & lon remarque que le terme de 1 35 degrés ou à peu près, pour les effais dans lefquels on a employé deux gros de plomb, eft celui qui annonce la fin de l'opération. On peut juger, par cette expofition , que le terme de 120 degrés une fois obtenu, & le fourneau d'effai étant garni fuff- famment de charbons, l'effayeur n’eft plus expolé aux alternatives d'une chaleur trop ralentie, ou pouffée tout - à -coup vive- ment. Le défaut d'exercice ou même d'expérience ne le jette plus dans l'erreur fur le véritable degré de chaleur qu'ont {es coupelles ; if a fous fes yeux un guide de comparaifon dont la marche eft invariable: & il eft toujours le maître, quand il a éprouvé des matières’, d'en renouveler les effais avec la précifion rigoureufe & le même art à conduire le feu qu'il a employé la première fois qu’il les a faits. Avec les avantages .que cet inftrument fimple procure, on peut à la vérité rendre la méthode ufitée de faire les effais moins incertaine & moins dépendante de la capacité de l'artifte, mais on n'obvie pas à ce qu'elle a de défectueux confidérée en elle- “même & par une fuite de l'action puiffante du feu, qui en eft le fondement effentiel. Peut-être n'aurons-nous jamais de meilleure reffource pour défunir par la voie sèche des métaux fondus gxattement l'un dans l'auure, & dont la féparation eft opérée paï Mém. 1760, j BA a 370 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE un troifième, qui perd lui-même fon phlogiftique en détruifant tout ce qui n’a pas la confiftance de l'or & de l'argent ; mais d'un autre côté il feroit difficile que dans une opération dont les. effets font fi violens, ces métaux précieux n'éprouvafient pas | une légère altération & ne perdiflent pas quelques particules de leur matière propre pendant la deftruétion de ceux qui leur étoïent alliés, & qui, comme moins parfaits, cèdent enfin à: l'action du feu. g Et c'eft précifément .ce que l'expérience nous montre; füur-tout à l'égard de l'argent, quoique cette vérité n'ait point été confidérée jufqu'ici fous le point de vue que je la préfente, & comme une conféquence naturelle du réfultat ordinaire des- effais. Je n'héfite donc point à donner comme un principe cer- tain, 1.” que les matières d'argent dont on fait eflai font. conflamment & par elles-mêmes à un titre fupérieur à celui qui- eft indiqué par l'effiyeur, quelque exaétitade qu'il ait portée à. fon opération , & que cette erreur ef néceflairement attachée à la méthode que nous employons: il y auroit peut - être un moyen de fixer exactement & avec une précifion rigoureufe le titre des matières qu'on eflaye; ce feroit d'examiner combien Yargent pur, un bouton d’eflai par exemple, perd au feu dans. l'opération ; d'ajouter au titre des matières efayées lé montant de cette perte, comme y ayant exifté avant l'action du feu, &c. ayant dû fe trouver dans les- matières alliées avant qu'on les: effayât, ainfr qu'il étoit dans les matières affinées avant qu'elles. fübiffent une féconde opérations. Il eft de la même certitude, en fecond lieu, qu'un bouton: d'effai, à quelque degré d'afhinage qu'il foit parvenu, perdra toujours une partie de fa mafle à mefure qu'on lui fera fubir Vopération de l’eflai, & qu'il difparoitra enfin totalement fi on réitère cette opération autant de fois qu’elle fera néceflaire pour la diffipation entière de cette portion d'argent fin. : 3° Ieft hors de doute que plus on emploie de plomb en effayant des matières d'argent qui contiennent peu d'alliage,. plus il en réfulte de déchet fur le bouton d'eflai par la dongueux: das SIQEn c'es 371 inévitable de opération, & plus on s'éloigne du titre réel, du degré de fin intrinsèque de ces matières dans le rapport qui en eft fait. Cette obfervation devient effentielle aujourd’hui, parce qu’elle tient au fond de la conteflation qui s'eft élevée entre les Éffayeurs général & particulier de la monnoie de Paris, & influera dans le règlement auquel pourront conduire les expé- riences dont M. Hellot & moi fommes chargés. 4 Des épreuves réitérées m'ont convaincu qu'un bouton d'effai mis dans une coupelle neuve & placée à l'ordinaire dans le fond d'une moufle, perd, fans l’intermède du plomb, fans éprouver aucun pétillement , une partie de fa matière propre, fi on l’expofe à un feu vif & continu. La diminution du poids peut aller jufqu'à un vingtième ou environ fur cette petite portion d'argent pur, lorfque la chaleur fe foutient également pendant deux heures; il n'eft arrivé en effet de faire defcendre autitre de onze deniers un quart de grain, par cette épreuve vio- lente, un bouton d’effai que j'avois trouvé d'abord à onze deniers treize grains trois quarts. J'avois recouvert la coupelle qui le contenoit d'une autre coupelle neuve & très-nette ; il s'y fit, felon toute apparence, pendant le travail une efpèce de fu- blimation , car le fond de cette coupelle fupérieure étoit parfemé d’une grande quantité de petits globules brillans; je les reconnus à la loupe pour être des particules d'argent condenfées fous le petit dôme que je leur avois ménagé, afin de retrouver la portion de matière que devoit perdre le bouton d’efai. Cette fublimation, fi elle eft bien conftante, n'eft opérée, «comme on voit, que par le feu {ul ; il ne s'y eft joint aucun intermède. De quelque manière qu'on l'envifage, après les faits -que j'ai rapportés, au moins eft-il certain que l'argent eft capable de fe volatilifer, & qu'il s'en fublime une partie lorfqu’on le pouffe au feu avec le falpêtre. Un ancien Directeur de la mon- noie de Nantes, qui n'employoit que ce dernier moyen pour ) donnent prefqu'entièrement les ouveriures de ces deux endroits du cendrier. On à repréfenté ce fourneau au-deffus d’un fecond cêndrier A, qui eft fimplement de terre cuite, auquel on a donné les mêmes dimenfions qu'au premier, & quiales quatre ouvertures dont on vient de parler: Pair que ce fecond cendrier procure , paffe. à travers le fond du premier , & anime les charbons embrafés qui font fur la grille de fer G, immédiatement au-deffous de la moufle. J J, fourneau à vent ordinaire, conftruit en briques & fur la partie vide duquel XX on fuppofe le fourneau d’effais établi, afin qu'il reçoive un courant d'air plus confidérable par le moyen d'une ventoufe Z qui le tire de [a chambre où le fourneau eft conftruit : on peut tenir cette ventoule ouverte , au moyen d’une porte à couliffe A1 garnie d’un anneau qu’on lève verticalement. Au-deflous de la fig. 2, on voit repréfentée par la coupe de V M cemême fourneau à vent, dans l'intérieur duquel des flèches indiquent le courant d’air qui eft tiré de la rue , au lieu de l'être de la chambre , lorfque les opérations demandent qu'il foit plus fort, & qui va fe rendre dans le fourueau d'’eflais. Par le moyen d'une coulifle ©, où il y a un anneau, on ôte quand on le veut, cette communication extérieure de lair ; & en. fermant l'autre porte à couliffé 47, on ne luüfle au fourneau A De 11 Mer De Cri” Lee + À Le Mém. de lle. LR. dar Se. 1760. Pyg 870. PL.10.. pan onto n as DAMERT RES rate when D'ES 79 0 VE NC E SUP 379 d'eflais d'autre air que celui qu'il tire de l’intérieur du fourneau à vent VW . “es : Il y a au-deflous du {cond cendrier Æ, une plaque de fer P à quelle tient un anneau ; elle gliffe horizontalement & avec jufteffe dans des rainures, & eft deftinée à couvrir dans le befoin l’em- bouchure du fourneau à vent, & à intercepter par-là tout d’un : coup ; tant le courant d'air dont il étoit le canal, & qui étoit fourni par la rue, que celui qui provenoit de ce même fourneau à vent: ona repréfenté dans les fo. 1, 3 é7 6, certe plaque de fer P un peu tirée en devant, & laiffant à l'air une libre communication. Sur le devant du fourneau d’effais ; entre les deux cendriers}, on a repréfenté une tablette où fupport Q (fig. 1, >? & $) dort Ja deftiomtion eft de foutenir les charbons un peu longs qu'on met defflus la grille G, pour augmenter la chaleur de la moufle. à On voit au bas-du fourneau à vent, repréfenté fousla fr. 7, l'ouverture 7 par liquelle l'air tiré de la rue au moyen d’un tuyau de cinq à fix pouces de diamètre , s'introduit dans le corps de ce fourneau , pafle à travers les deux cendriers du fourneau d'effais A & après avoir animé le feu, entraîne avec lui la flamme dans un long tuyau qu'on adapte dans le befoin au fommet de ce dernier fourneau. 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR LA COMÈTE DE 1759, OU LE RETOUR DE CELLE DE 1682. Par M ps . LI SL; pose eft fuffifamment informée du travail que j'ai fait fur cette Comète Jong-temps avant fon retour, & depuis qu'elle a commencé à reparoître, ainfi que de la nouvelle méthode que j'ai inventée pour {a découvrir dans le Ciel auffi-tôt qu'elle pourroit étre vifible aux lunettes. Cette méthode m'a réuffi, M. Meffier ayant pu apercevoir la Co- mète, & l’oblerver long-temps avant que les autres Aftronomes aient pu le faire par leurs méthodes particulières. I a com- pofé une relation hiftorique, non-feulement de ma méthode, mais encore de toutes les obfervations qu'il a faites de cette Comète dans l'obfervatoire de la Marine à Fhôtel de Clugny, & des conféquences qu'il en a tirées. Pour accélérer l'impref- fion de cette relation, j'ai l'honneur de la communiquer à YAcadémie, pour être imprimée en fon entier dans fes Mé- moires : elle me paroïit pouvoir fervir de fuite au recueil des Obfervations de cette Comète, rapportées dans le volume de 1759: la voici. HISTOIRE à OBSERVATIONS du retour de la Comète de 1682, découverte à l'obfervatoire de la Marine à Paris, le 21 Janvier 1759, vers les fix heures du Joir, dans la conftellarion des Poiffons, obfervée juf- qu'au 3 Juin. Par M. MESSIER, attaché au Dépôe des Plans de la Marine, des Académies d'Angleterre, de Hollande à d'lalie, La Comète de 1682, prédite depuis plus de cinquante DES SCIENCES. 381 ans par M. Hälley, pour la fin de l'année 1758,0u pour le commencement de 1759, vient enfin de paroitre, & fon apparition eft une des plus intéreflantes pour la connoiffance du vrai fyfième du monde *,. Tout ce que les Aftronomes ont pu faire depuis les plus anciens-temps jufqu'à préfent , dans les recherches des Loix des mouveinens céleftes, ne leur a fait découvrir que celle des anciennes Planètes: il étoit réfervé à notre fiècle d'avoir une connoiflance également certaine de ces corps errans qui ne paroiflent que dans des temps indé- terminés, & dont les Anciens ignoroient entièrement les vrais mouvemens, la plupart doutant même que ce fuflent des corps céleftes. L'on fait que ce n'eft que depuis les recherches du grand Newton fur les véritables loïx des mouvemens célefles, & lufage que le célèbre Halley en a fait dans la détermination du mouvement des Comètes, que l’on en connoît la véritable théorie, & qu'on en peut déterminer certainement le cours. Ces deux grands hommes étoient fi fürs d’en avoir acquis la véritable connoiffance, que M. Häalley ofa prédire le retour d'une Comète qu'il avoit reconnue pour la même dans les trois apparitions des années 1531, 1 607 & 1682; mais pour le prouver par l'expérience, à ceux qui n'étoient pas en état de comprendre les raifons qu'il en avoit, il falloit attendre plus de cinquante ans l'accompliffement de cette prédiction, Quel honneur & quelle fatisfaction auroit à préfent ce grand Aftronome, s'il eüt furvécu au fuccès de fa prédiction, dont nous avons eu l'avantage d’être témoins ! Je ne rapporterai pas ici tout ce que lon a dit depuis M. Haley, pour ou contre fa prédiction ; je ne me propofe que de dire, quel a été le fuccès, de quelle manière je me fuis préparé, & comment j'ai réuffi à vérifier cette prédiction par l'obfervation. M. Halley avoit annoncé, comme je lai déjà dit, le retour de cette Comète pour la fin de l'année 1758, ou pour le commencement de la fuivante 175 D * Je ne fais que rapporter ici ce que M. de l’Ifle a déjà publié dans le Journal des Savans, Juin, 1.” volume , 7 Août 1759, & dans le 1,7% Mercure de Juiller de la même année, | Bbb ij 382 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALrE quelques Aftronomes, peu convaincus apparemment de {a folidité des raifons de M. Hälley, ou fe fondant fur d'autres principes, en ont efpéré le retour beaucoup plus tôt. M; Clairaut publia un Mémoire rapporté dans le Journal des Savans, du mois de Janvier de la préfente année 1759, dans lequel enchériffant fur les principes & les calculs de M. Hälley, il crut pouvoir prédire plus précilément que lui, le temps de fon périhélie, qu'il fix, après un travail auffi favant que pénible, au milieu du mois d'Avril, fans prétendre cependant le déterminer, à un mois près, à caufe des petites quantités négligées néceflairement dans les méthodes d'appro- ximation dont il a été obligé de fe fervir dans fes immenfes calculs. Cette nouvelle détermination s'eft en effet trouvée jufte, à un mois près; la Comète eft defcendue à fon périhélie le 13 du mois de Mars au matin. L’impatience des Aflronomes, & l'envie qu'ils ont eue de fe préparer à vérifier le fuccès de la prédiction de M. Halley, leur en avoit fait rechercher depuis plufieurs années le lieu du ciel où cette Comète devoit paroître ; mais comme ils igno- roient le temps précis de fon retour, ils n'ont pu favoir le lieu du ciel où ils devoient l'attendre, qu'en faifant diverfes fuppofitions du temps qu'elle devoit pañler par fon périhélies C'at ce que M. Dirck-Klinkenberg, célèbre Mathématicien & Aftronome Hollandois, de la Société des Sciences de Harlem & Correlpondant de celle de Paris, avoit commencé de faire, il y avoit fept à huit ans, s'étant donné la peine de calculer les principaux points de quatorze routes différentes que la Comète en queftion devoit tenir dans autant de dif- férentes fuppofitions de fon paflage par le périhélie, prefque de mois en mois, depuis le 1 9 Juin 1757 jufqu'au 15 Mai 1758. C'eft aufli à peu près de la même manière que s'y font pris M.° Pingré & de la Lande dans les calculs qu'ils ont donnés dans les Mémoires de Trévoux, du mois d'Avril 1759 (premiere &r feconde parties), avec ia différence que ces derniers dans leurs fuppofiions arbitraires ont pris des limites plus reflerrées & plus approchées de la détermination de M, DES SCIENCES. 38 Clairaut, qui avoit fixé, comme je l'ai déjà dit, l'arrivée de la Comète en queftion vers le milieu du mois d'Avril, avec la reftrition qu'il pourroit bien ÿ avoir un mois d'incertitude, pour les raifons que je viens de rapporter. M. de f'Ifle ayant été curieux d'apercevoir cette célèbre Comète à fon retour, aufii-tôt qu'elle pourroit être aperçue avec des lunettes ou télefcopes, avant d’être vifible à la vue fimple, penfa qu'il falloit s'y prendre d'une autre manière que celle dont les autres Aftronomes s'étoient fervis, pour favoir Je lieu du ciel où on devoit la chercher. Pour cela, M. de Ylfle confidéra qu'il n'étoit pas néceffaire de connoître fon lieu dans tout fon cours, qu'il fufhfoit feulement de le favoir ‘au-moment qu'elle devoit commencer à paroïtre, parce que l'ayant trouvée une fois, l’on pouvoit enfuite la fuivre par Yobfervation & par le calcul, pendant tout le refle de fon apparition. M. de l'fle s’y prit de la manière que l'on va voir, pour trouver cette Comiète dès le commencement de fon apparition; il confidéra qu'elle ne pouvoit cominencer à paroitre, tant à la vue fimple qu'aux lunettes ou télefcopes, qu'un certain nombre de jours avant que de paffer par fon périhélie, lorf- que fa lumière empruntée du Soleil auroit été affez forte pour la faire apercevoir de la Terre, ce qui ne f pouvoit connoître que par l'expérience des précédentes apparitions : il confülta pour cela les obfervations, & il trouva que dans l’année 1 S31; cette Comète n'avoit commencé d’être vifible que dix-huit Jours avant que de pañler par fon périhélie. On na point marqué de quelle groffeur elle étoit alors, ni ce qui la fit reconnoître pour une Comète: on fait feulement que fix jours après, fa queue paroifloit longue de 15 degrés *. La Comète de 1607 commença à paroître trente-trois jours avant que d'arriver à fon périhélie : on n’a pu apprendre quelles étoient fa groffeur & fa figure le premier jour qu'on l'a vue; on fait feulement que trois jours après fa découverte elle paroifloit avoir une queue fort courte; fa tête n’étoit pas * Appiani Affronomicun Cæfareumn, 384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE aiors bien ronde * ; & quoique plus grande que les étoiles de là première grandeur, elle étoit d’une couleur päle, d’où l'on pouvoit croire que cette Comète auroit pu paroitre trente= cinq jours avant fon pañlage au périhélie, fi on l'eüt cherchée avec des lunettes dans l'endroit du ciel où elle étoit; mais les lunettes alors n'étoient pas encore inventées, & l'on n'at= tendoit pas cette Comète. La Comète de 1682 a commencé à paroître à la vue fimple, vingt-quatre jours avant que d'arriver à fon périhélie, & lorfque lon commença à l'apercevoir, elle étoit blanchâtre & fans queue; ainfi l'on peut conjeclurer qu'elle auroit pu paroître un mois environ avant fon pcrihélie, {1 on l'eût cher- ch'e avec des lunettes dans l'endroit du ciel où elle étoit. M. de l'Ifle ayant vu par le réfultat de ces trois apparitions, que la Comète pouvoit paroître environ un mois avant de paffer par fon périhélie, pour déterminer le lieu du ciel où elle devoit commencer à paroître, quoique M. de Tffle ignorât le temps qu'elle devoit pafler par fon périhélie, il penfa qu'il n’y avoit que deux fuppoñtions à faire ; la première, que la Comète pouvoit commencer à paroître trente-cinq jours avant que d'arriver à fon périhélie, & la feconde vingt-cinq jours feu- lement. On va voir comment M. de l'Ifle s’eft fervi de ces deux fuppofitions, pour indiquer les lieux du ciel où elle devoit paroître, & cela dans quelque temps de Fannée que ce fût, durant même le cours de plufieurs années. Suppofant donc que la Comète en queftion puifle paroître trente-cinq jours avant que de pafler par fon périhélie, on remarque aifément que lon peut déterminer le lieu du Ciel où elle devoit paroïtre chaque jour donné; car l'orbite réelle de la Comète étant fuppofée fixe dans les efpaces céleftes, de même que le point de fon périhélie; fi l’on cherche fur cette orbite le point où la Comète doit fe trouver à la diflance de trente-cinq jours de fon périhélie avant que d'y arriver, ce point fera auffi déterminé, & par conféquent il n’y aura plus que la différente fituation de {a Terre fur fon orbite, qui * Heveli, Cometograph, p. 871+ de OIVE DES SCIENCES. 385 doive faire changer le lieu apparent de la Comète parmi fes étoiles fixes. Or le lieu de la Terre fur fon orbite eft tou- jours connu pour chaque temps propofé que ce foit ; on pouvoit donc déterminer pour chaque jour donné le point du ciel où devoit répondre la Comète vue de la Terre, dans la fuppofition que la Comète füt à la diflance de trente-cinq jours avant que de pafler par fon périhélie: on en doit dire autant en fuppofant que la Comète commençât à paroître vingt-cinq jours avant fon pafage au périhélie, M. de l'Ile & moi ayant fait les calculs néceffaires pour connoître les fongitudes & les latitudes apparentes de la Comète pour tous les jours de l’année, je rapporterai feulement ici en Table les longitudes & les latitudes de la Comète pour trois fois par mois, favoir, les 1, 10 & 20 de chaque mois, dans chacune des deux fuppofitions que M. de f'Ifle avoit faites ; nous en dreffames la Table qu'il annonça dans les Mémoires de Trévoux, du mois de Novembre 1757 , page 2689: la voici. TABLE des lieux de la Comète pendant une année enilre, depuis le 1. Novembre, dans la fuppofition géelle commençât à paroître trente -cing jours ou vingt - Cinq jours avant fon paflage au périhélie. Pour trente - cinq jours. Pour vingt-cinq jours, LONGITUDE. Faxitene LONGITUDE: LATITUDE boréale. boréale. Novembre.. 1|%15%45° 1244 14 [284 5° |r74 23° 10 23-5047 01 ND NI 2 7 DO STE NE D Sktl20/|D2 Ur Décembre... 1 8. 5 |ro. 34 23. 50 |ro. 21 10| 13.25 | 9 9 | o 5 - 18 20| 19.25 | 7. 55 LS + 23. Janvier". 2: Tr] 2 6m 6. 56 14. 35 10|)X: 0: 50 | 6. 21 20.,15 20 6:20) | 15 52 26., 20 Févrierse. 2444/1255 11 52601)003.:25 | Mém. 1700. . Ccc 386 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Pour trente-cinq jours. Pour vingt-cinq jours. LR | LATITUDE { MEME EN LATITUDE LonG : ; L ONGITUDE Pareales boréale, Février". ..1o|x174 #5 | 54 ro 20128: MMM a . Mars. ... 111] 27 135 4 4 Se 47 10ÏY 2. 15 | 4. 41 S+ 42 20| 7: 30 | 4 36 S+_ 39 Avril. 144 1| 13. so | 4 34 29 10 18. $ | 4. 32 se 41 20) 23. 15 | 4 34 S. 47 Matane DMMSIBSMSTS 4 36 24 5 SES 10[Y 3. so | 4. 42 BASS MICEHAE 20 8. 25 | 4. 51 Ciao hiéarao Juin AN. I 14: 27 se us3 11,35 6. 41 10| 18. 50 $+ 14 NOR TS TUE 42. 20| 24 5$ | 5: 32 22085 17-20 NME NN 2102005 00 PNO GNT 10 3e 55 CN2MANE PARIS 8. 54 20 Janus 6. 56 10. 50 9. 54 AoÛt..... I $ NS 1 NON QE AS CE 10 OL 7 74 26.450 T BIO \ 20 5 10. 12 Go 4. 50 15, 54 Septembre. . 1 351 |12. 52 18: 35 |20: 39 10 ZT US je MU ENT 20 26022: 28 [np 0-25) 33. 1519 Odtobre: same) 491137 25,06 5 137-129 rolnpi4. 35 |62. 24 [m18.25 |3r1. 36 2025. 5 l44 38 Iprr: 35 |23. 40 Je:me füuis fervi de cette Table pour marquer fur une carte célefte toutes les pofitions, lefquelles ont formé deux efpèces d'ovales, lune plus grande que Fautre. La plus petite con- venoit à la fuppofition que là Comète ait pu commencer à paroïre trente-cinq jours avant fon paflage au périhclie, & la plus grande ovale à la fuppofition de vingt-cinq jours. A l'égard de la carte célefte dont je me füis fervi pour tracer ces deux ovales, & pour reconnoître parini les Étoiles DES SCIENCES. 337 fixes le lieu où lon devoit chercher {a Comète ; quoique j'eufle pu y employer toutes fortes de caries , tant particulières que générales, & un globe même, ayant égard au mouvement propre des Étoiles, depuis Fépoque de {a confiruction de ces cartes ou de ces globes, jufqu'au temps préfent ; j'ai préféré d'y employer un planifphère, fur lequel on pt voir toutes les Etoiles qui paroiflent fur l'horizon des Obfervateurs. J'ai choifi pour cela le grand planifphère de deux pieds de diamètre, gravé en Angleterre par Senex en 1746, lequel renferme toutes les conftellations, tant anciennes que nouvelles, & les Etoiles vifibles fur l'horizon de Londres. Ce planifphère eft décrit autour du pôle feptentrional du monde comme centre, & toutes les Étoiles du Catalogue Britan- nique de Flamftead , y font exaétement placées fuivant leurs longitudes, latitudes, afcenfions droites & déclinaifons réduites à l'année 1740. L'on y a aufli marqué à chaque Etoile les lettres grecques & latines de Bayer ; enfin les conftellations y font deffinées d’un trait léger, fans ombres ou hachures ; ce qui fait que l'on aperçoit mieux les Étoiles qui les com: polent , & qu'elles y font marquées exactement, chacune fuivant leur grandeur. Le planifphère dont je parle, & dont je me fuis fervi pour tracer ces ovales, avoit encore cet avantage que l'écliptique y étant placé & divifé en degrés, avec des cercles parallèles de dix en dix degrés de latitude , l'on y pouvoit placer le Soleil & {es Planètes dans le lieu qu'elles devoient occuper chaque jour dans le ciel, pour apercevoir facilement à quelle diflance apparente du Soleil & des autres Planètes la Comète auroit commencé de paroître, & auroit dû fe trouver les jours fuivans, ce qui a fervi à prévoir les termes de la vifibilité de la Comète, felon qu’elle a été plus ou moins éloignée de la lumière du Soleil & de celle de la Lune, fur-tout lorfque cette dernière fe fut approchée de fon plein. L'on verra à fa fuite de ce Mémoire un planifphère que j'ai réduit *, fur lequel j'ai tracé les deux ovales dans les deux fuppofitions de vingt- cinq & de trente-cinq jours, dont il vient d'être parlé : je Cccij * Planche I, 388 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'ai inféré dans ce planifphère que les confiellations par où paflent les deux ovales. Il eft aifé de voir à préfent l’ufage de ces deux ovales; car fi lon imagine par les points des mêmes jours, pris fur ces deux ovales, des petits arcs de cercles indéfiniment étendus de part & d'autre, ce devoit être fur ces arcs qu'il falloit chercher chaque jour à Comète, & elle devoit néceflairement S'y trouver à quelque diflance qu'elle eût été de fon périhélie, lorfqu'elle auroit commencé à paroïtre ; & aufluôt qu'elle y auroit paru, on pouvoit réconnoitre par le point de ces arcs auquel elle auroit répondu , le jour qu'elle devoit pañler par fon périhélie : en effet, fur chacun de ces arcs il y a deux points qui répondent à la diftance du périhélie, un de vingt- cinq & l'autre de trente-cinq jours : donc en comparant ces deux points avec celui où la Comète auroit paru , on pouvoit aifément juger de combien la diftance de l'aftre à fon périhélie furpañloit vingt-cinq ou trente-cinq jours, ou étoit moindre que ces deux termes; par conféquent , le jour qu'il devoit paffer à fon périhélie après fa première découverte, pouvoit être facilement déterminé. Dans tout ce qui vient d'être rapporté, M. de VIe n'a confidéré que le temps & le lieu de l'apparition de la Comète : mais il vit encore qu'il pouvoit déterminer par la même carte, la vitefle de fon mouvement apparent dans l'intervalle de dix jours au commencement de fon apparition, & qu'il ne falloit pour cela qu'imaginer un arc de cercle tracé par le point de tel jour qu'on auroit voulu , comme par celui du 10 Novembre pris fur la petite ovale (qui répond à trente- cinq jours avant le périhélie} & par le point de dix jours après, ou par le point du 20 Novembre, pris fur la feconde ovale ; cet arc devoit montrer la direction du mouvement apparent de la Comète, & en mefurer la vitefle pendant ces dix jours, ce qui eft évident, car fi la Comète eût commencé à paroître le 10 Novembre au point du ciel marqué fur l'ovate répondante à trente-cinq jours avant le périhélie, ç'auroit été une, marque que trente- cinq jours après le 10 Novembre , DES SCIENCES. 389 c'eft-à-dire le 1 5 Décembre , la Comète auroit dû pafler par fon périhélie; & comme dix jours après cette première décou- verte, c'eft-à-dire le 20 Novembre, elle ne devoit plus être éloignée de fon périhélie que de vingt-cinq jours ; elle auroit par conféquent dû fe trouver fur le point de la plus grande ovale qui auroit répondu au 20 Novembre; ainfr l'arc de cercle mené du point du 1 0 Noverbre fur la petite ovale, au point du 20 Novembre fur la grande ovale, devoit montrer le mouvement de la Comète, tant dans fa direction que dans fa vitefle, dans l'intervalle des dix jours pris pour exemple. Si la Comète, dans le premier jour de fon apparition , n’eût pas paru fur l'arc tracé pour ce jour-là , par les deux points du même jour pris fur les deux ovales , ç’auroit été une preuve, ou que ces points auroient été mal placés, ou bien qu'il y auroit eu quelque changement dans le mouvement de la Comète depuis fa dernière apparition en 1 68 2 : ou enfin cela auroit pu venir de ce que ç'auroit été une nouvelle Comète inattendue qui {e feroit trouvée par hafard aux environs du lieu où auroit pu paroître la Comète prédite par M. Halley ; fur quoi il faut remarquer que nous n'avions pas calculé dans la dernière exaétitude les pofitions de la table qui ont fervi enfuite à les marquer fur la carte aux jours donnés : nous ne les avions conclues en partie que par des opérations mécaniques qui ont paru fufhfantes pour indiquer à peu près les lieux du ciel où je devois chercher la Comète chaque jour. Voilà quels furent les préparatifs de M. de l'Ifle, qui me mettoient à même de rechercher la Comète dans l'endroit du ciel où elle devoit paroître dans {es deux fuppofitions , qu'elle pouvoit être vue vingt-cinq ou trente-cinq jours avant qu'elle arrivât à fon périhélie, en la cherchant avéc des lunettes ou télefcopes, dans les lieux du ciel marqués fur la carte célefte ; j'ai fait ufage de cette carte en cherchant la Comète pendant plus d’une année & demie, & cela toutes les fois que le ciel étoit favorable ; jemployois à cette recherche un télefcope Newtonien de 4 pieds Z de longueur, c’eft 2 celui avec lequel j'avois obfervé & fuivi la petite Comète Ccc ii * Voy, Mém. de l'Acad. anne . 4759P154 90 MÉMOIRES DE L’'AGADÉMIE ROYALE de l'année précédente * ; depuis le 1$ du mois d’Août jufqu'au 2 Novembre, lorfqu'elle étoit éloignée du Soleil de plus de deux fois & demie la diflance qu'il y a de la Tene au Soleil, quatre mois & demi environ après avoir pafié fon périhélie : ayant fuivi cette Comète fi long-temps, & à la diftance où elle fe trouvoit du Soleil, j'avois lieu d’efpérer que je pourrois apercevoir celle que lon attendoit auflitôt qu'elle fe touveroit dans l'endroit du ciel marqué fur la carte, & cela en promenant le télefcope dans l'intervalle des deux fuppotiions que M. de TIfle avoit faites. Après bien de la peine & des recherches, j'en fus enfin récompenfé , ayant eu avantage de découvrir cette Comète le 21 Janvier 1759, vers les fix heures du foir , cinquante jours avant qu'elle arrivat à fon périhélie , étant alors éloignée du Soleil un peu plus que cet Aftre n'eft éloigné de la Terre, & la diftance de la Comète à la Terre égalant une fois & demi la mêine düiftance de la Terre au Soleil : elle ne paroiffoit alors que comme une lumière extrèmement foible, également étendue en rond autour d'un point lumineux qui en étoit le noyau, fans être terminé, fa lumière étoit affez vive & blanchätre : la Comète, dans cette première appari- tion , répondoit à peu près à l'endroit du ciel où la carte qui m'avoit fervi à la chercher, montroit qu'elle devoit com- mencer à paroître le 21 Janvier , qui étoit dans la conftellation des Poiflons , ou plus exaétement fous le ventre du précé- dent des deux Poiffons qui compofent cette conftellation : c'eit par le moyen du télefcope Newtonien de 4 pieds + de longueur , que j'ai aperçu cette Comète. H y avoit bien de l'apparence que fi M. de Ffle avoit pris des limites moins refferrées que celles qu'il avoit prifes en fuppofant que la Comète ne devoit commencer à être vue avec des lunettes ou télefcopes , que trente-cinq jours avant fon pañlage au périhélie ; s’il avoit, dis-je, fuppolé la première apparition de la Comète beaucoup plus éloignée du périhélie, il eft à préfumer que je l'aurois découverte beaucoup plus tôt, quoiqu'elle fut plus éloignée du Soleil ; mais auffi DES SCIENCES. 39T elle étoit plus près de la Terre, même deux mois avant le 21 Janvier; ainfi,-on auroit pu découvrir la Comète par le moyen des lünertes ou télefcopes, trois mois & demi environ avant qu’elle eut atteint fon pafage au périhélie, Cette méthode m'a paru une des plus avantageufes pour chercher cette Comète dans l'endroit du ciel où elle devoit paroître pour tous les temps de l'année, & on ne doit point oublier la manière dont M. de l'Ifle s’y eft pris, laquelle peut fervir de modèle quand on aura beloin de prédire une autre fois le retour de quelqu'autre Comète dont on ignoreroit le temps précis du retour, & par conféquent le jeu du ciel où il la faudroit chercher. IL y avoit long temps, comme je l'ai dit ci-devant, que je cherchoïis cette Comète avec le télefcope Newtonien fufdit, & il m'a femblé plufieurs fois lavoir vue; je reconnoiflois enfuite que je n'avois découvert que d'autres lumières, telles que des nébuleufes , qui f trouvoient en plus grand nombre dans cette partie du ciel que l'on n'en a obfervé jufqu'i ici; il m'étoit facile de les diflinguer des Comètes, après l'oblervation de quelques jours, lorfque j je ne leur apércevois point de mouve- ment propre parmi les Étoiles fixes qui les environnoient & qui les compooient quelquefois : outre cela, fon fait combien le ciel de Paris eft défavantageux aux obfervations céleftes, fur- tout pendant l’hiver, & c’eft ce qui m'a empêché de chercher cette Comète auffi fouvent que je l'aurois fouhaité : le ciel qui avoit été extraordinairement couvert pendant les mois: de Novembre & Décembre 1758 , ne commença à fe découvrir que le 21 Janvier fuivant : la journée fut très-belle, fans nuages, de même que le foir, j'en profitai, & auffi-tôt que les Étoiles purent lit après le coucher du Soleil, je par- courus avec le télefcope Newtonien dé 4 pieds+ de longueur, les endroits du ciel où la Comète devoit paroître fuivant la carte célefte fufdite qui me fervoit de guide : après bien de la peine je découvris vers les {ix heures du foir une lumière femblable à celle de la Comète que j'avois obfervée l'année dernière en Août, Septembre, Oétobre & au commencement 392 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de Novembre. Je deffinai d’abord la configuration que formoit cette nouvelle lumière avec les Étoiles voifines, pour examiner le lendemain f1 elle auroit eu quelque mouvement parmi les Étoiles fixes. Cette lumière me parut aflez étendue ; au milieu d'elle je remarquai un noyau où une lumière beaucoup plus vive, ce qui ne décidoit pas encore fi c'étoit une Comète ou non , y ayant des nébuleufes au milieu defquelles il y a de même une lumière plus forte. Je pris la configuration de cetie nouvelle lumière à l'égard des Etoiles voifines ; favoir, avec la dix-huitième fous la lettre grecque À des Poiflons, de la cinquième grandeur, fuivant le catalogue de Flamftead , feconde édition ; & avec une autre Etoile nouvelle de la huitième grandeur , laquelle comparée avec l'Étoile ci-deflus À des Poiflons , s'eft trouvée avoir d’afcenfion droite 3524 13° 5", & de déclinaifon boréale 14 6’ 40", c’eft la vingt-huitième du catalogue des Étoiles qui n'ont fervi à connoître la pofition de la Comète : ce Catalogue eft à la fuite de ce Mémoire : à 6h 56", temps vrai, la pofition de la Comète en afcenfion droite a été eftimée de 3524 15° 47", & fa déclinaifon boréale de 14 32° 6" à l'égard de l'étoile À des Poiffons. Le lendemain 22 Janvier, à pareille heure que la veille , le ciel également ferein, je vis la même lumière que j'avois aperçue la veille avec le télefcope de 4 pieds +, & je reconnus que cette lumière avoit fenfiblement changé de place ; mais fes apparences étoient toujours les mêmes ; à cette feconde obfervation je ne doutois plus que ce ne fût une Comète ; je commençai dès ce fecond jour à obferver Ia fituation du noyau , en le comparant à une petite Étoile nouvelle qui ne fe trouve pas dans le Catalogue ni fur les cartes de Flamftead ; c'eft celle dont je viens de rapporter la pofition ci - deffus n° 28 du Catalogue qui eft à la fin de ce Mémoire : ce ne fut pas fans peine que je pus prendre la pofition de la Comète à l'égard de cette petite étoile, parce qu'il falloit éclairer les fils d'un micromètre à fil de foie qui eft adapté au télefcope de 4 pieds?, & la moindre lumière de la hougie dont je me fervois, failoit difparoître la Comète & l'Étoile : je Dir 8 Cl|ELN ©. R1s, 393 je trouvai enfin par obfervation qu'à 6" $ 1° 20", temps vrai, la Comète précédoit l'Étoile au fil horaire de 22° 0", elle étoit fopérieure à la même Étoile de 22° 53": de ces diffé- rences, & de la pofition de l'Etoile nouvelle n° 28 , rapportée hier, il en réfulte celle de la Comète en afcenfion droite de 3514515", & 14 29° 33" de déclinaifon boréale, Le 23, par un ciel entièrement ferein, j'ai revu la Comète; fes apparences étoient les mêmes que les deux: jours précé- dens : j'ai comparé ce foir le noyau de la Comète avec une Étoile nouvelle très-petite, de la dixième grandeur , que j'ai connue en la comparant avec une Étoile des Poiffons rapportée dans le catalogue de Flamflead ; c'eft la feizième de cette -conftellation de la fixième grandeur ; fon afcenfion droite ayant été conclue par fon pañlage au Méridien de 3 $ 14 0° 1”, & fa déclinaifon de o4 44° 48" boréale; celle de la nouvelle Étoile n° 27 de la feconde Table, étant de 3 soû 52° 16” d'afcenfion droite, & 14 $' 8" de déclinaïfon boréale : à 7P 5" 37" temps vrai, la Comète fuivoit la nouvelle Étoile au fil horaire de 34° 1 $", elle étoit fupérieure à la même Étoile de 20° 20"; de ces différences & de la pofition de à nouvelle Étoile, il en réfulte celle de la Comète en afcenfon droite de 351426’ 31", & en déclinaifon 14 25° 28" boréale. La Comète a encore étécomparée avec la même Étoile à 7h 1 0' 9" temps vrai, fa pofition fe trouve à la fuite de celle-ci dans fa Table 1.* qui eft à la fin de ce Mémoire, & qui contient toutes les pofitions de la Comète, tant en afcenfions droites & déclinaifons , qu'en longitudes & latitudes obfervées. Le 24 Janvier au foir, le brouillard , les nuages rares & les vapeurs de l’horizon où fe trouvoit la Comète, ne la faifsèrent voir qu'avec peine, tout ce que je pus faire pour avoir fa fituation , fut d’obferver des différences d’azimuts & de hauteur de la Comète, avec les deux étoiles de Pégafe, nommées Algenib & Markab ; ces différences ne font pas aflez exactes pour qu'on puifle fonder fur elles la détermination du lieu de la Comète, ainfi je ne les rapporte pas. Le 25 au foir, le ciel ayant été ferein par intervalles, Mém. 1760. . Ddd LL 304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE jai revu la Comète, mais augmentée de lumière, & fon noyau plus brillant que les jours précédens, fans aucune appa- rence de queue ; elle avoit le {oir 2 5 degrés de hauteur fur Y'horizon ; je l'ai comparée direétement avec l'étoile feizième des Poiflons, fuivant le catalogue de Flamftead , où elle eft marquée auflt de la fixième grandeur ; fa pofition en afcen- fion droite & en déclinaifon pour le temps préfent, eft rap- portée au 23 de ce mois, dans la Fable feconde qui eft à la fin de ce Mémoire : à 6h 58 54" temps vrai, la Comète précédoit l'Etoile au fil horaire de 21° $2" ; elle étoit fupérieure de 29° 9":de ces différences, & de la pofition de Étoile, il en réfulte celle de la Comète en afcention droite de 3504 38° 9", & fa déclinaifon étoit 1d 13° 57° boréale. La Comète a encore été comparée avec la même Etoile en afcenfion droite feulement , & avec une nouvelle Etoile n 26 dela Table où fa pofition eft rapportée , ainfr que celle de la Comète dans la Table première. La Comète étoit affez vifible ce foir pour étre aperçue avec une lunette ordinaire de deux pieds, & une d'un pied feulement : à 7" 40', la Comète fe voyoit encore à la hauteur de 1 3 degrés fur fhorizon , avec le tél-fcope de 4 pieds +. Le 26 au foir, le ciel couvert empêcha de revoir la Comète ; mais le 27 par un ciel aflez ferein (il y avoit cependant des vapeurs dans l'air), j'ai revu la Comète, mais je n'ai pu juger de fes apparences ; Je lai comparée à une Étoile nouvelle de la huitième grandeur n.° 25 de ma Table, que j'ai connue en la comparant à des Étoies connues , fon alcenfion droite pour le temps préfent étant de 3494 40" 54", avec 14 1° 14” de déclinailon boréale : j'ai aufli comparé la Comèteavec l'étoile feizième des Poifons , fuivant le catalogue de Flamftead , fixième grandeur ; la pofition de cette Étoile pour le temps préfent , elt rapportée au 23 de ce mois : à 6h 8' o” temps vrai, la Comiète précédoit l'étoile feizième des Poiffons au fil horaire de 14 7° 0"; elle étoit fupérieure à a même Étoile de 19’ 48”; de ces différences il en réulte la pofition de la Comèête en afcenfion droite de 349% 53° 1", DES SCIENCES. 395 & 144" 36” en déclinaifon boréale : les autres déterminations de la Comète fe trouvent dans la Table première. Le 28 Janvier au foir, le ciel affez ferein, je com- mençai à voir la Comète à la hauteur de 264 38° fur Fhorizon ; mais un feu d'artifice que l'on avoit tiré à l'hôtel de Condé, avoit tellement obfcurci l'air, que je ne pus juger de fa figure ni de fon éclat; tout ce que je pus faire fut de la comparer trois fois avec l'étoile nouvelle n° 2$ de ma . Table, & une fois avec l'étoile n°” 16 des Poiflons , dont la pofition eft rapportée au 23 de ce mois : à 6h 21° $o” temps vrai, la Comète précédoit au fil horaire cette dernière étoile de 14 28° 15", elle étoit fupérieure à la même étoile de 14 50"; de ces différences & de la pofition de l'étoile, on conclut celle de la Comète en afcenfion droite de 3494 31° 46", & fa déclinaifon de o 59° 38" boréale : les trois autres déterminations de la Comète font dans la Table 1° Le 29 & le 30 au foir, le ciel aété trop couvert pour laiffer apercevoir la Comète ; mais le 3 1 le ciel s'étant un peu éclarci , a Comète parut dans des intervalles de nuages affez rares, fans pouvoir juger de fon augmentation ; j'ai pu du moins la comparer avec deux étoiles qui ne font point dans © Les cartes de Flamftead, ni dans fon catalogue , mais qui étoient peu éloignées de létoile Æ de la cinquième grandeur de la confiellation des Poiflons , avec laquelle je les ai com- parées ; la pofition de l'une & de l'autre, pour letemps préfent, fe trouve dans ma feconde T'able, fous les numéros 2 3 & 24; elles font l’une & l'autre de la huitième grandeur : à 7h 1 5° 31° temps vrai, la Comète précédoit fa nouvelle étoile n° 24 de 23 30"; elle étoit fupérieure à la même étoile de 1 1° $ 6”: de ces différences & de la pofition de l'étoile qui eft de 3484 ! 10" en afcenfion droite, & od 32° 29° en déclinaifon boréale, il réfulie celle de la Comète en afcenfion droite de 348425" 40", & où 44' 25" en déclinaifon boréale. Le 1. Février au foir, le ciel étant devenu parfaitement frein, à 6° 45’ la Comète commença à paroître malgré la force du crépufcule & la lumière de la Lune qui n'en étoit Ddd 396 MÉMorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE pas fort éloignée; la Comète étoit alors élevée de 244 38: ces circonflances ne m’empéchèrent pas de Ja comparer à plufieurs étoiles, & fpécialement aux deux étoiles nouvelles n.” 23 & 24 de la feconde Table, La pofition de l'étoile n.° 24 de la huitième grandeur eft rapportée fur le 31 Janvier : à 6h 52° 40" temps vrai, la Comète précédoit cette nouvelle étoile au fil horaire de 43° 40"; elle étoit fupérieure à la même étoile de 7° 28”: de ces différences & de la détermination de l'étoile, on conclud celle de la Comète en afcenfion droite de 3484 5’ 30”, & de od 39° 57" endéclinaifon boréale ; les autres pofitions de la Comète fe trouveront dansla Table. La pureté de l'air, ce foir, m'a engagé à mefurer le diamètre de la chevelure de la Comète avec le micromètre adapté au télef- cope Newtonien de 4 pieds Z dont je me fervois; je ai trouvé de 2 minutes +; J'ai déterminé auffi la groffeur du noyau, qui me parut être de 20 fecondes, l'ayant comparé avec l'épaifleur d'un des fils du micromètre que j'ai mefuré enfuite en parties du micromètre ; le crépufcule étoit alors d’une force à favorifer cette mefure & les autres obfervations. Le 2 au foir, les nuées empéchèrent de voir la Comète, mais le > vers fept heures, le ciel étant devenu affez ferein, la Comète parut, quoique foiblement à caufe du voifinage de l'horizon & de la Lune; j'ai pu cependant la comparer avec une étoile du catalogue de Flamftead, marquée de la lettre grecque x’, c'eft la huitième de la conflellation des Poiffons, de la cinquième grandeur ; fa pofition pour le temps préfent eft de 3484 38° 36" en afcenfion droite, & de o1 3° 40" én déclinaifon auftrale; à 7h 6’ 46" temps vrai, la Comète précédoit cette étoile au fil horaire de 14 1 3" 30”; elle étoit fupérieure à la même étoile de 35° o": fi on en ôte la déclinaifon de létoile qui eft auflrale, on aura celle de la Comète qui fera boréale; afcenfion droite de la Comète conclue de ces différences 3474 2 5’ 6”; déclinaifon od 31° 20" boréale, Le 4 au foir, j'ai été auf incommodé que la veille par la proximité de la Comète à l'horizon, & par la grande f " pes ScrEeNces 97 lumière de a Lune; je vis la Comète lorfqu’elle n'étoit élevée que de 16 degrés fur Fhorizon, mais je ne pus juger de l'augmentation de fon éclat ; je l'ai feulement comparée avec la même étoile x’ des Poiffons : à 6h 39° 56", temps vrai, la Comète précédoit l'étoile au fil horaire de 14 33" 30", ce qui étant Ôté de 3484 38° 36”, afcenfion droite de l'étoile, on, aura celle de la Comète de 3474 5° 6"; la Comète étoit fupérieure à la même étoile de 30° 38", dont étant ôtée Ja déclinaifon de l'étoile qui eft od 3’ 40” auftrale , il en réfute celle de la Comète de od 26’ 5 8" boréale. Depuis le 4 Février jufqu'au 1 r, il a été abfolument im- poflible d’obferver ni même d’apercevoir la Comète, à caufe des nuages dont cette partie du Ciel a été offufquée dans le temps que la Comète devoit paroître; mais ce dernier. jour 11 Février, le ciel, qui avoit été ferein pendant la journée, continua de l'être le foir : je commençai de voir la Comète un peu après fix heures un quart, haute de ro degrés; je n'ai pu juger de fes apparences à caufe du voifinage de la Comète à horizon & de la grande lumière de la Lune, qui étoit dans fon 8 à plein; j'ai été très-incommodé auffi par la hauteur des cheminées des maïfons qui bordent l'horizon de lObfervatoire de la Marine du côté du couchant, c'eft ce qui m'empècha de com- parer la Comète pendant un quart d'heure qu'elle me fut vifible avec les Etoiles qui paroiffoient autour d'elle: tout ce que je pus faire, fut de deffiner Ja configuration de ces Étoiles avec la Comète, tant avec le télefcope de 4 pieds + qu'avec une petite lunette de 2 pieds, qui étoit attachée au-deffus du télefcope dans une fituation parallèle. De cette configuration , j'ai eftimé la pofition de la Comète en afcenfion droite à 6* 3 1’ 30" temps vrai, de 344% 42° 20", avec od 2° 20" dedéclinaifon boréale, Le 12 Février, le ciel, qui avoit été couvert une grande partie de la journée, s'éclaircit un peu le foir; mais les vapeurs de l'horizon dans lefquelles la Comète fe trouvoit, m'empé- chèrent de la comparer exaétement avec les Étoiles voifines. La Comète même ne parut que pendant quelques minutes, ayant été bientôt cachée par les cheminées des maïfons dont il eft Ddd ii) 98 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Roe parlé ci - deffus; tout ce que je pus faire, fut d'en eflimer Ja pofition à l'égard des Étoiles voilines : à 6h 20’ temps vrai; j'ai eftimé la pofition de la Comète en afcenfion droite de 3444 18’ 50”, & fa déclinaifon de o4 6’ o" au fud. Le 13 Février, le ciel fut entièrement couvert toute la journée; mais Le r 4 au foir le ciel étant ferein, je ne pus voir la Comète que près de l'horizon à la hauteur de 6 degrés; je Jai vue pendant quelques minutes ; elle s'eft bientôt cachée derrière des objets terreftres trop élevés fur l'horizon, & dont il ne m’avoit pas été poflible de me garantir: tout ce que je pus faire dans le court intervalle de temps qu’elle parut , fut d’eftimer à la bâte fa pofition à l'égard de l'étoile À des Poiflons , fixième grandeur : à 6h 30" temps vrai, là Comète avoit d'afcenfion droite 343441 20",& de déclinaïfon of 1 5° 47" au fud; ce fut la grande lumière du crépufcule qui empêcha de découvrir la Comète plus tôt. Le 15, je fis tranfporter le télefcope Newtonien de 4 pieds dans le jardin qui eft au-deffus des bains de Julien l'apoñlat, appelés À Palais des thermes ; ce jardin eft de la dépendance de. T'Obfervatoire de Ja Marine : j'avois vu que je pouvois y avoir Yhorizon plus libre que dans l'Obfervatoire; j'y cherchai donc la Comète; mais quoique le ciel fut affez beau ce foir, l'horizon fe trouva trop chargé de vapeurs pour la laïfler apercevoir. H arriva la même chofe le 17 de Février au foir : je ne pus revoir la Comète à caufe du grand crépufcule dans lequel elle fe coucha; de forte que ç'a été le 14 Février au foir que a Comète a été vue pour la dernière fois, quoiqu'elle eût encore pu être vifible auprès de l'horizon les trois jours fuivans fans les empêchemens que j'ai rapportés. Après toutes ces oblervations, là Comète n'étant plus vi- fible les foirs, & entrant pour quelque temps dans les rayons du Soleil, nous examinames, M. de l'Ifle & moi, la route ap- parente qu'elle avoit tenue fuivant les plus exactes obfervations que j'avois faites, ce qui nous fervit à déterminer le temps & le lieu du ciel où elle devoit reparoître le matin à la fortie des rayons du Soleil; nous employames pour cela une méthode fort DES SCIENCES. 399 fimple pour déterminer le temps du périhélie; nous trouvames que ce devoit être le 10 Mars vers Îes quatre heures du foir, quarante-huit jours après la première découverte de 11 Comète. La méthode dont nous nous fommes fervis pour déterminer le temps du périhélie n’emploie qu'une feule obfervation de lon- gitude & de latitude, parce que l'on fuppofe les autres élémens de la théorie de cette Comète connus d'ailleurs; nous Îles avons fuppofés précifément les mêmes qu'en 1682: mais comme javois obfervé la fituation de la Comète affez exaétement plufieurs jours différens, nous avons voulu eflayer de voir ce que donneroient ces différentes obfervations, pour connoître jufqu'à quelle précilion on pouvoit déterminer le temps du périhélie pour chacune. En faifant ces calculs fur huit obfervations choiïfies entre le 22 Janvier & le 4 Février, nous avons été furpris de trouver conftlamment que les réfultats des premières obfervations donnoient le temps du périhélie toujours un peu plus tôt que les poftérieures, ce qui nous a paru indiquer que le mouvement vrai de cette Comète fur fon orbite n'étoit pas pré- cifément le même que celui de la Comète de 1682, mais qu'il étoit un peu retardé en s’approchant du périhélie N'ayant rien voulu décider fur cela, nous avons pris un milieu entre ce que nous donnoient ces huit obfervations, en fixant le temps du périhélie, comme je l'ai dit ci-devant, au æo Mars à quatre heures du foir: ayant donc déterminé à peu près le temps du périhélie de cette nouvelle Comète par mes premières obfervations, il nous a été aifé de calculer le refte de fon cours, en fuppofant qu'elle ait eu les mêmes élémens que celle de 1682. C'eft fur ces calculs que j'ai déterminé la route que cette Comète devoit tenir dans le refle de fon apparition, lorfqu'après fa fortie des rayons du Soleil elle pourroit reparoïtre le matin; je traçai cette route fur un planifphère célefte & fur une grande carte qui devoit me conduire dans la recherche de cette Comète auffitôt qu'elle auroit pu reparoïtre, ce qui devoit arriver fur la fin de Mars; mais les temps couverts qui régnèrent à Paris pendant ce mois m'empêchèrent de Ja revoir: outre cet inconvénient, 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'Obfervatoire de la Marine, qui eft à l'hôtel de Clugny, ne fe trouvoit pas affez élevé pour a pouvoir apercevoir le matin à {on lever. Il fallut chercher dans le voifinage un lieu plus commode, ce que lon trouva à la maifon du collége de Louis le Grand, où il y a une puérite, de laquelle on découvre l'horizon, & où le P. de Merville, Profeffeur de Mathématiques, fait fes obfervations. Le 31 Mars je fis tranf- porter dans cette guérite le télefcope Newtonien de 4 pieds +; on y tranfporta auffr une pendule à roue de rencontre, & à fecondes. Je paflai la nuit du 31 Mars au 1° Avril dans cette guérite avec M. de fIfle. A trois heures Qu matin, je com- mençai à tracer fur le plancher une méridienne par le moyen d'une bouflole, & je traçai auffi une ligne qui formoit avec la méridienne un angle d'environ 74 degrés, à compter du fud vers l'eft; c'étoit dans la direction de cette ligne que la Comète devoit commencer à paroître. Je plaçai fur cette ligne le télefcope de 4 pieds +, & à 3h 52’ je découvris la Comète, n'ayant que 2 degrés de hauteur fur l'horizon ; elle paroiïfloit alors bien plus grofle & plus lumineufe qu'elle m'avoit été vue au milieu de Février, auffi n'avoit - elle pailé fon périhélie que depuis dix-huit jours: or l'on fait que les Comètes font beaucoup plus lumineufes après le périhélie qu'à même diflance auparavant ; outre cela, la Comète après avoir pañlé fon périhélie, étoit une fois plus près de la Terre qu'elle n'en étoit le 14 Février, lorfque j'avois cefé de la voir le foir. Quand j'ai revu cette Comiète le 1.” Avril, elle avoit une queue fort fenfible; je ne pus en eflimer toute la longueur à caufe du crépufcule naïffant dans lequel elle paroïfloit, & qui ne tarda pas à devenir plus confidérable ; je jugeai qu'elle avoit au moins $ 3 minutes d'étendue dans fa partie la plus lumineufe, ce que j'eftimai par le champ du télefcope, qui occupoit cette étendue; la queue dela Comète leremplifloitentièrement , & devoit aller fe terminer à plus de 2 $4 au-delà. Le noyau étoit confidérable fans être terminé,& excédoit enapparenceles étoiles de la première grandeur; la couleur en étoit pâle, blanchâtre & refflémbloit DES Soir NIC:E:s. 40 & reffembloit afez à celle de Vénus: la queue, dans Ja partie qui enveloppoit le noyau & qui alloit enfuite en diminuant, avoit des couleurs rouges, & ces couleurs étoient plus fen- fibles vers les parties les plus lumineufes de fa queue. Le crépufcule du matin, qui ne tarda pas à fe fortifier, fit bientôt dilparoïtre ces apparences, & enfuite la Comète elle-même, non pas cependant avant que j'eufle pu Fapercevoir à a vue fimple, lorfqu'elle fut un peu dégagée des vapeurs de l'horizon : dans ce cout intervalle de temps, je n'eus prefque le temps que de confidérer la figure de la Comète avec le télefcope, & de la comparer à une étoilefixe, la 30.° du Verfeau fuivant le catalogue de Flamftead, elle y eft marquée de la fixième grandeur ; l'afcenfion droite de cette étoile pour le temps préfent eft de 327%41" 29", & fa déclinaifon de 74 40 52" auftrale: à 4° 17 0" temps vrai, le 1. Avril matin, la Comète fuivoit l'étoile au fil horaire de 1 9’ 4" de degré du parallèle, qui étant ajouté à 3274 41° 29" afcenfion droite de l'étoile, donne Tafcenfion droite de la Comète de 3284 0° 33". Pour la décli- naifon de la Comite elle n’a été qu'eftimée à l'égard de la même étoile par le moyen des diftances des fils placés dans le micro- mètre qui eft adapté au télefcope; là Comète étoit inférieure à l'étoile de 44° 44" environ, ce qui étant ajouté à 7éaoiso2f déclinaifon auftrale de l'étoile, l'on aura celle de a Comèté de 8 25° 36" auftrale. Le temps vrai de cette obfervation n'a été conclu que par une montre à minutes, qui avoit été mile la veille au temps vrai pris à la pendule de l'Obfervatoire : il en eft arrivé de même à l'égard des obfervations qui ont été faites pendant le mois d'Avril dans la guérite du Collége, où il Y avoit une pendule à roue de rencontre, réglée fur la montre à minutes dont je viens de parler, & qui étoit vérifiée à chaque jour d'obfervation. Auffitôt que nous eumes reconnu cette Comète au fortir des rayons du Soleil, nous. Jugeames qu'il étoit néceffaire d’en donner avis à quelques Aftronomes de l'Académie, crainte que fans cet avis ils ne l’euffent laifiée échapper fans l'obferver, vu les circonflances où la Comète {e trouvoit, & qui rendoient Men. 1760. , Eee 402 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE de plus en plus fon obfervation difficile. J'allai donc dès le même matin de la première découverte de cette Comète, le 1. Avrif, chez M. le Monnier lui en donner avis. M." Pingré & de la Lande en furent auffi avertis dela même manière, ce même matin, & en en répandant auflitôt la nouvelle, ils procu- rèrent à d'autres la fatisfaction de trouver cette Comète le len- demain matin 2 Avril, par un ciel auffi favorable qu’il pouvoit l'être, fur -tout à ceux qui avoient horizon bien libre. Je vis la Comète le 2 Avril au matin, un peu avant quatre heures, à la hauteur d'environ 4 degrés ; fa queue ne parut pas auffi fenfible ce matin qu'elle avoit été la veille, foit que le cré- pufcule füt plus confidérable ou qu'il régnât plus de vapeurs à l'horizon. Je ne pus reconnoître fur la queue les apparences que j'y avois remarquées la veille; je comparai dans le crépuf- cule le noyau de la Comète avec une étoile fixe qui fe trouvoit prelque fur fon parallèle, leur différence n'étant que de 2° 36", dont la Comète étoit méridionale à l'étoile; leur paffage par un mème cercle horaire donna leur différence d’afcenfion droite de $ 47", ou 14 26" À, dont la Comète étoit occidentale à l'étoile ; cette étoile étoit plus petite que celle avec laquelle la Comète avoit été comparée la veille: j'ai reconnu par fa fuite que cette étoile étoit nouvelle, c'eft-à-dire qu'elle ne fe trouve ni dans le catalogue de Flamflead ni fur les Cartes célefes ; j'en ai déterminé la pofition par fon paflage au méridien, pour le temps préfent, de 3294 11° 24" en afcenfion droite, & de 84 41° 31" en déclinaifon; elle fe trouve dans la feconde Table qui accompagne ce Mémoire, fous le n° 22; je fai eftimée de la feptième grandeur : par les différences d'afcenfion droite & de déclinaifon obfervées entre cette étoile & la Comète rapportée ci-deflus, j'ai conclu la pofition de la Comète, à 4h 34 0" du matin, temps vrai, le 2 Avril, de 327444'39"en afcenfion droite, & de 84 44 7" en déclinaifon auftrale, Le 3 Avril au matin, le ciel fut entièrement couvert, tde même que le 4 & le 5. Je profitai de ce temps-là pour accom- pigner M. de l'ifle à Verfailles, & pour annoncer au Roï l'apparition de cette Comète ; Sa Majefté vit avec plaifu la DES SCIENCES. 403 route que là Comète avoit tenue depuis fa découverte le 2 r Janvier, & celle qu'elle devoit tenir dans la fuite: j'avois tracé l'une & l'autre, comme je l'ai déjà dit dans ce Mémoire, fur un planifphère célefte, qui étoit accompagné d’un Mémoire par rapport à la théorie de cette Comète & aux obfervations que j'en avois faites. À mon retour à Paris, j'en fis part auffi à l'Académie dans fon affemblée particulière du 7 Avril; j'y fis voir la route que la Comète avoit tenue depuis le 21 Janvier, & celle qu'elle devoit tenir pendant le refte de fon apparition , fuivant les calculs que M. de lIfle & moi avions faits, d'après mes obfervations de Janvier & de Février: j'avois rapporté ces obfervations fur la grande Carte qui devoit me fervir à la rechercher auffitôt qu'elle devoit reparoître le matin à fa fortie des rayons du Soleil ; je fis part aufli à l Académie du journal de mes premières obfervations, que M. de Fouchy, Secrétaire de Académie, eut foin de parapher. Le 6 Avril, je LR la Comète avec le télefcope de 4 pieds + de longueur ; elle ne pouvoit plus être aperçue à la vue fimple, à caufe du grand crépufcule dans lequel elle fe levoit : je commençai à la voir après 4 heures + du matin, haute d'environ 6 degrés fur l'horizon; je {a comparai à une étoile nouvelle de la feptième grandeur, qui ne fe trouve point dans le catalogue de Flamftead ; j'en ai connu la pofition en l'ob- fervant au méridien avec d’autres étoiles connues ; fon afcenfion droite pour le Fire préfent eft de 3264 12° so", & fa déclinaifon de 94 42° 0” auftrale; elle fe trouve dans ma fe- conde Table fous le n° 21 :à 4h 35’ o" temps vrai, la Comète fuivoit l'étoile au fil horaire, où elle étoit plus orientale de 28"$ 3",ce qui étant ajouté à l'afcenfion droite de la nouvelle étoile, l'on aura celle de la Comète de 326* 41 43"; la Comète étoit inférieure ou méridionale à la même étoile de 43° 30", en ajoutant cette différence à la déclinaifon de l'étoile, celle de la Comète fera de 10 2 $’ 30“ auftrale. Le7 Avrilau matin, le ciel n'étant pas des plus fereins , j'ai cependant commencé à revoir a Comète un peu avant 4 heures, élle avoit 3 degrés de hauteur fur l'horizon; fes apparences Ece ij 404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'étoient pas auffr fenfibles aujourd'hui que les jours précédens : pour avoir la pofition de la Comète, j'ai commencé par prendre des différences d’azimuts & de hauteurs entre la Comète & les deux étoiles principales du Verfeau, qui font 4 & B; cette détermination ne me paroît pas aflez précile pour la rapporter : j'ai enfuite comparé le noyau de la Comète à une petite étoile de la feptième grandeur, qui eft nouvelle, où qui ne fe trouve ni dans le catalogue de Flamflead ni fur les Cartes céleftes; j'en ai déterminé par la fuite la pofition, l'ayant obfervée plufieurs fois au méridien; fon afcenfion droite pour le temps préfent eft de 32510" 5"; & fa déclinaifon de 1 14 26” 3" auftrale; elle eft rapportée dans ma feconde Table fous le n° 20 : à 4° 19° 0° du matin, la Comète fuivoit cette nouvelle étoileau fil horaire de 14 16" 30", ce qui étant ajouté à l'afcenfion droite de Fétoile, on aura celle de 18 Comète de 3 261 26° 3 5”; la Comète étoit fupérieure à la même étoile de 26° 40", qui étant Ôtées de la déclinaifon de l'étoile, laifleront pour celle de là Comète 1 04 9'23"au fud : la Comète a encore été comparée à la même étoile à 4P 2 8"; la détermination fe trouve rapportée dans la première T'able à la fuite de Faure pofition. : Le 8 au matin, le ciel fut prefque totalement couvert; proche de l'horizon il y avoit des intervalles ; j'y ai aperçu la Comète quelques minutes avant 4 heures, elle avoit 4 degrés + d'élé- vation fur l'horizon. Les nuages qui font venus couvrir la Comète quelques minutes après m'ont empêché d'en prendre exactement la pofition; tout ce que j'ai pu faire, ça été de l'eflimer à l'égard de l'étoile nouvelle avec liquelle la Comète avoit été comparée la veille : à 4h 2 0" temps vrai, j'ai eftimé que a Comète pouvoit fuivre l'étoile au fil horaire d'un deyré du parallèle, & que la Comète étoit inférieure à Fétoile de 9° 7”; de ces différences & de la pofition de l'étoile, il rélulte celle de la Comète en afcenfion droite de 3264 10" 5”, & de 114 35° 10” pour fa déclinaifon auftrale, Le 9 à 4h23'du matin, j'ai revu la Comète à travers des nuages rares; elle avoit 8 degrés environ de hauteur fur l'horizon; le peu de temps qu'elle a été vifible n'a pas permis d'en pouvoir prendre la pofition. D ESS ICI E N° CES 405 Les 16,11, 12 & 1 3 au matin, les nuages empéchèrent totalement de voir la Comète; je fis tranfporter le 1 3 au foir mes inflrumens dans un endroit encore mieux fitué que la gu ‘rite du Collège de Louis le Grand, c'eft-à-dire à la maifon de l’Imprimerie de M. Defprez, rue des Sept-voies, auquel endroit j'ai continué mes obfervations jufqu'au 2 Mai: le 14 Avril au matin, je revis la Comète par un ciel entièrement ferein, fans aucun nuage ; je n'étois incommodé que par le grand éclat de la Lune, laquelle n'avoit paffé fon plein que depuis le 12 à une heure après midi; fa lumière éclatante jointe à celle du crépufcule m'empécha de voir la Comète à fon lever: je ne pus la découvrir qu'à 3 heures L du matin, à la hauteur d'environ 4 degrés ; elle ne fe voyoit que difficilement, & le noyau ne fe diflinguoit pas de la chevelure de la Comète, ainfr elle ne paroifloit que comme une lumière foible & ronde; elle étoit alors voifine des étoiles de la troifième & de la quatrième grandeur, nommées par Bayer + & À, dans fa queue du Capri- corne; elle étoit aflez près de la plus occidentale de es deux étoiles ; je n'eus pas le temps d'en prendre la diflance par le moyen du micromètre, la force du crépufcule ayant bientôt fait difparoïître la Comète; tout ce que je pus faire ce matin avant que la Comète difparut, fut de déterminer aflez exac- tement fa fituation par lemoyen des différences d’azimuts & de hauteurs avec les deux étoiles des deux épaules du Verfeau , & d'eftimer la pofition de la Comète à l'égard de l'étoile 9 du Capricorne ; à 4 r o'1emps vrai, la Comète pouvoit étre orien- tale à l'étoile de 3 3° 1 5”, ce qui étant ajouté à 3234 25" 38”, afcenfion droite de l'étoile pour le temps préfent, il en réfultera celle de a Comite 3234 58° 5 3"; j'ai eftimé que la Comète pouvoit être fupérieure à la même étoile de 36’ 30”, ce qui étant Ôté de 174 12° 5", déclinaifon auftrale de l'étoile, l'on aura celle de la Comète de 164 35° 35" auftrale: la pofition de la Comète déterminée par les azimuts & hauteurs dont j'ai parlé, a donné 3234 5740" pour l'afcenfion droite de {a Comète, & 164 3 5° o” pour la déclinaifon auftrale; la pofition déterminée par l'eftime me paroît plus füre. Eee ïÿ 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La nuit du ræau r 5, le ciel a été prefque continuellement couvert ; cependant dans les intervalles des nuages j'ai revu Ja Comète, & cela un peu avant 4 heures du matin; elle étoit élevée de 4 degrés environ fur l'horizon. Le crépufcule & la lumière de la Lune empêchèrent de reconnoître les apparences de la Comète; le noyau étoit mal terminé, environné d'une nébulofité blanchâtre qui avoit peu d’étendue: à 4} 1° temps vrai, le 1$ Avril matin, lt Comète étoit occidentale à l'égard de l'étoile Ÿ du Capricorne d'une minute du parallèle, ce qui étant Ôté de lafcenfion droite de l'étoile rapportée ci-deflus, l'on aura l’afcenfion droite de la Comète de 3 334 24 38';je n'ai pu qu'eftimer la différence de déclinaifon entre la Comète & la même étoile; elles étoient trop éloignées entr'elles pour pouvoir mefurer leur diftance , qui excédoit l'étendue du micro- mètre; j'ai eflimé que la Comète étoit méridionale à l'étoile de 37° 1 1":cette quantité étant ajoutée à la déclinaifon de l'étoile A rapportée ci-deflus , l'on aura 174 49° 1 6" pour la déclinaifon auftrale de la Comète; à 4h 1 9” la Comète a difparu par la force du crépufcule, n’ayantalors que 8 degrés de hauteur fur l'horizon. Le ciel a été couvert le 1 6 au matin; mais le 17 par un ciel entièrement ferein, la Comète a commencé à paroître peu après 3 heures ? du matin, n'ayant que 2 degrés + de hauteur fur l'horizon ; elle ne fe voyoit que difficilement à caufe du crépuf- cule & du grand clair de Lune; elle paroiffoit plus foiblement qu’elle n'avoit paru le x 5 : j'ai comparé le noyau de la Comète à deux étoiles proche defquelles elle fe trouvoit ; ces étoiles ne font pas dans le catalogue de Flamftead ni fur les Cartes céleftes; j'aieftimé que l'une étoit de la fcptième grandeur &c l'autre de la huitième, & j'ai inféré lune & l'autre dans ma feconde Table fous les n° 18 & 19; j'ai déterminé leurs pofitions en afcenfion droite & en déclinaifon en les obler- vant au méridien: voici ces déterminations pour le temps préfent; la 18.%a 3224 3° 1 $” d'afcenfion droite & 204 5 2° 19" de déclinaifon auftrale; l'autre a 3224 25° 3" d'afcenfion droite & 20441 5 6” de déclinaifon auftrale: à 4 6' du matin, le 17,1a Comète étoit occidentale à la nouvelle étoile n° 1 8 p'E s\"S"eR EN © ES 407 de 3” de temps ou de 45" de degré, ce qui étant Ôté de l'af- cenfion droite de l'étoile, l’on aura celle de la Comète de era 2° 30”; la Comète étoit méridionale-à la même étoïle de 20’ 41”, en ajoutant cette différence à la déclinaifon de l'étoile, celle de la Comète fera de 214 13" 0" auftrale; la Comète a été comparée encore deux fois à la même étoile en afcenfion droite feulement, & une fois avec l'étoile nouvelle n.° 19; les pofitions que j'en aï conclues font inférées dans la Table pre- mière, à la fuite de celles que je viens de rapporter. Le 18 & le 19 au matin, par un ciel entièrement ferein, j'ai cherché {a Comète fans pouvoir la découvrir, ne fachant à quoi en attribuer la caufe, fr ce n'eft à la lumière du crépufcule ou à celle de la Lune. Telles font les obfervations que j'ai pu faire fur cette Co- mète après fa fortie des rayons du Soleil, depuis Le 1. Avril au matin jufqu'au 17 du même mois; la grande latitude que la Comète alloit acquérir chaque jour ne devoit plus faire efpérer de la voir fur notre horizon le matin; mais on favoit la route qu'elle devoit tenir dans le ciel; elle devoit remonter fur notre horizon après avoir parcouru, avec une prodigieufe vitefle, plufieurs conflellations auftrales & s'être approchée du pôle auftral jufqu’à la diflance d'environ 1 $ degrés; les conftellations auftrales par Jefquelles la Comète a dû pañler après être fortie du Capricorne, font Indien, le Paon, l'Oifeau de Paradis, la Croix & le Centaure, d’où elle devoit traverfer l'Hydre par un mou- vement prefque perpendiculaire à l'Équateur pour aller enfin. fe perdre dans le Sextant qui eft au-deflous du Lion; ce n'étoit que dans cette dernière confiellation qu'elle devoit cefler de paroître; on devoit fy obferver jufqu'en Juin en prenant les mêmes précautions dont je m'étois fervi pour apercevoir la Comète de l'année précédente lorfqu'elle étoit éloignée du Soleil de plus de deux fois & demi la diflance qu'ily a du Soleil à la Terre; on peut juger de l'utilité que devoient être ces dernières obfervations comparées avec les premières dont elles étoient diftantes de cinq mois pour déterminer les vrais élémens de la théorie de cette nouvelle 408 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE apparition, pour reconnoître les changemens arrivés à ces élémens depuis apparition de 1682, & pour déterminer par ce moyen plus fürement & plus démonfrativement l'effet deJ'action des Planètes fur les Comètes. Après avoir ceffé de voir cette Comète le 17 Avril au matin, ainfi que je l'ai rapporté plus haut, j'ai été empreflé à la rechercher fur la fin de ce mois dans l'endroit du ciel où javois calculé qu’elle devoit reparoïtre auprès de l'horizon ; mais les mauvais temps ont empêché de la voir, & ce na été que le 29 d'Avril que je l'ai vue très-près de l'horizon à travers de légers nuages fans en pouvoir prendre la pofition ; Je lendemain 30, le ciel fut entièrement couvert, mais le 1." Mai je la vis à la vue fimple vers les neuf heures du foir fortir des nuages qui étoient à l'horizon & qui fe dif- fipèrent bientôt ; elle paroifloit à la vue fimple plus grande que les étoiles de la première grandeur, le noyau étoit envi- ronné d'une grande chevelure; fa lumière étoit peu éclatante, elle reffembloit à celle des Planètes qui fe trouvent dans les vapeurs épaiffes de l'horizon ; elle auroit paru plus brillante fans Ja lumière de la Lune, qui probablement a empêché de faire une eflime exacte de la grandeur de la Comète: le noyau fe diflinguoit aflez bien au milieu de la grande nébulofité qui l'environnoit, & qui paroifloit plus étendue vers lorient d'un degré & demi: à o" 2743", la Comète fe trouvoit entre deux étoiles nouvelles, de la huitième & de la feptième grandeur avec lefquelles je l'ai comparée; j'ai déterminé la pofi- tion d’une de ces étoiles pour le temps préfent en lobfervant au méridien avec d’autres étoiles connues; j'ai trouvé fa pofition de 1594 26’ 5” en afcenfion droite, & de 254 31° $ 5" en décli- naifon auftrale. Cette pofition eft rapportée dans la feconde Table qui eff à la fuite de ce Mémoire fous le n° 17, & étoile eft marquée de la feptième grandeur : à 9° 27'43"temps vrai, la Comite étoit orientale à l'étoile de 25" 15", ce qui étant ajouté à 1 594 26’ 5" afcenfion droite de l'étoile, l'on aura l'a cenfion droite de la Comète de 1594 51° 20°; la Comète étoit inférieure ou méridionale à la même étoile de 1 x” 1 1g fi on DES S CIENCES. 4:09 Ton ajoute cette différence à la déclinaifon de l'étoile, l'on aura celle de la Comète de 2 54 43" 6"auftrale. La Comète a encore été comparée à la même étoile quatre fois de fuite; j'ai rapporté daus la première des Tables qui fuivent ce Mémoire les quatre politions que ces comparaifons m'ont procurées. Toutes les ob- frvations faites depuis le 14 Avril au matin jufqu'au 1. Mai au foir, ont été faites dans la maifon de l'Imprimerie de M. Defprez, rue des Sept-voies, comme je d'ai déjà dit dans ce Mémoire : la pendule qui a fervi à ces obfervations n'avoit été réglée fur le temps vrai que par une montre à minutes que J'avois eu foin de régler fur la pendule de lObfervatoire, de forte que dans les temps vrais des obfervations il peut y avoir erreur de quelques minutes. Ayant vu, par l'obfervation du 1° Mai, que je pouvois obferver la Comète les jours fuivans à l'Obfervatoire de la Marine, j'y ai fait tranfporter le télefcope de 4 pieds 2 de longueur, ainfr que la pendule, qui n’a plas fervi à ces obfer- vations, y ayant employé celle de lOblfervatoire , qui eft réglée fur Je mouvement des étoiles fixes,,& dont la marche eft très- régulière; ainfi c'eft dans l'Obfervatoire de la Marine que j'ai continué à obferver la Comète jufqu’à fa difparition totale. Le cielentièrement couvert le 2 Maï : s'étant éclairci le foir du 3, j'ai revu la Comète entre deux étoiles de la huitième & de la neuvième grandeur, qui ne fe trouvent pas dans le catalogue de Flamftead ; j'ai déterminé pour le temps préfent la pofition de ces deux nouvelles étoiles en les comparant à V'étoile & de l'Hydre, de la fixième grandeur, & qui fe trouve dans le catalogue de Flamftead : leurs pofitions en afcenfron droite & déclinaifon font rapportées dans ma feconde Table fous les n° 14 & 15. A 8h 58" 7" temps vrai, la Comiète étoit occidentale à l'étoile n°1 5, huitième grandeur, de x s'10" de degré elle étoit méridionale à la même étoile de 14° 2"; de {es différences & de la pofition de l'étoile qui a 1 574 40" 41" d’afcenfion droite, &. 19% 21" 39" de déclinaifon auftrale, Yon a celle de la Comète en afcenfion droitede 1 57425" 31", & fa déclinaifon de 1 94 3 $' 41" auftrale; l'autre détermination Mém. 1700. s PET 410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la Comiète fe trouve dans la Table première : on voyoit diflinétement ce foir la Comète à la vue fimple, elle reflem- bloit à un petit nuage de lumière, au centre duquel étoit un point lumineux ; ce noyau étoit affez bien terminé en le re- gardant avec le télefcope de 4 pieds +; je comptois d'en mefurer le diamètre, mais j'en ai été empêché par le monde qui étoit venu à l'Obfervatoire pour voir cette Comète. La Lune, qui étoit dans fon premier quartier, diminuoit fenfiblement les apparences de la Comète; on y remarquoit cependant une queue dirigée à left, longue d'un degré & demi environ. Le 4, le ciel fut entièrement couvert; mais le $ il devint parfaitement ferein ; le foir, j'ai commencé à revoir la Comète à 8h 18’, élevée de 24 degrés fur l'horizon ; je n'ai pu juger de fes apparences à caufe de la lumière de la Lune; j'ai comparé la Comète à deux étoiles qui font dans le catalogue de Flamftead, la première & la feconde de Ka confiellation de l'Hydre, marquées l'une & l'autre de la lettre grecque , la première de la fixième grandeur , & l'autre de la cinquième; les pofitions de ces deux étoiles ont été réduites au temps préfent & fe trouvent dans ma feconde Table. A 8h 44° 11" temps vrai, la Comète étoit occidentale à l'étoile g* de 6" 53"; cette quantité étant ôtée de 1 564 8° 5 6” afcenfion droite de l'étoile, l'on aura l'afcenfion droite de la Comète de 1 5642" 3"; la Comète étoit méridionale à la même étoile de 28° 16", ce qui étant ajouté à la déclinaifon de l'étoile qui eft de 1 54 5’ 53”, la déclinaifon de la Comète fera de 154 34° 9" auftrale ; la Comète a enfuite été comparée à l'étoile g? fix fois de fuite à des heures différentes: les pofitions de la Co- mète qui en ont réfulté fe trouvent dans la Table première, qui eft à la fuite de ce Mémoire. Le 6, j'ai revu la Comète, la lumière de la Lune em- péchoit toujours de reconnoître fa véritable grandeur ; j'ai comparé le noyau de la Comète à une étoile nouvelle que j'ai eflimée de la feptième grandeur ; j'en ai déterminé la pofition pour le temps préfent, en l'obfervant plufieurs fois au Méridien ; fon afcenfion droite eft de 154% 57° 2”, & DES SCIENCES, 4Tt fa déclinaifon 134 39° 6" auftrale; elle eft rapportée dans ma feconde Table fous le n° 12. À oh 31° 7", temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile de 3 3° 0", & méridionale à fa méme étoile de 21° 3"; de ces différences & de la pofition de l'étoile, il en réfulte celle de la Comète en afcenfion droite de 1554 30° 2", & pour fa déclinaifon 144 o' 9" auftrale : la Comète a encore été comparée deux fois à la même étoile; les pofitions fe trouvent à la fuite de celle-ci dans la Table première. Le 7, j'ai vu la Comète ayant 20 degrés de hauteur fur Fhorizon , j'ai comparé fon noyau à une étoilenouvelle que j'ai eftimée de la feptième grandeur, j'en ai déterminé la pofition en la comparant à l'étoileu* de l'Hydre, cinquième grandeur, rapportée dans le catalogue de Flamftead; j'ai trouvé la pofition de la nouvelle étoile de 1 544 47' 30" en afcenfion droite, & de 124 21° 11” en déclinaifon, cette étoile fe trouve dans ma feconde Table fous le n° 10. À 10 4 13” temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile de 18° 26", & méridionale à la même étoile de 21° 17"; de {a pofition de la nouvelle étoile & de ces différences, il réfulte que la Comète avoit d’afcenfion droite 1 $ 54 $' 56" & 12442' 28" de déclinaifon auftrale. La Comète a encore été comparée deux fois à la même étoile, les pofitions fe trouvent dans la Table première. Le 8, je n'ai commencé à voir la Comète que lorfqu'elle avoit 24 degrés de hauteur, on la voyoit mieux que la veille, la Lune qui étoit fur Fhorizon en étoit auffi plus éloignée . que les jours précédens. J'ai comparé la Comète à une nouvelle étoile que j'ai eftimée de la neuvième grandeur, j'en ai connu la pofition en la-comparant avec d’autres étoiles connues ; fa pofition pour le temps préfent eft de 154% 52° 21" en af cenfion droite, & de 114 $2° 46" en déclinaifon auftrale; cette étoile eft dans la feconde Table fous le numéro 11. A 10h43" 12"temps vrai, la Comète étoit occidentale à l'étoile de 6” 17", elle étoit feptentrionale de 12° 9"; de ces diffé- xences & de la pofition de la nouvelle étoile, on conclud Fff ji 412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Yafcenfion droite de la Comète de 1 54% 46° 4”, & fa décli- maifon auftrale de 1 14 40° 37”. Le 9, le ciel fut entièrement ferein; la Comète fe trouvoit fur le parallèle d’une étoile nouvelle que j'ai eflimée de Ja feptième grandeur, j'en ai déterminé a pofition pour le temps préfent, en lobfervant plufieurs fois au méridien ; fon afcen- fion droite a été trouvée de 1564 8° r5", & fa déclinaifon auftrale de 114 1° 37",elle eft dans ma feconde Table fous le n° 13. À 10 35" 5o" temps vrai, la Comëte étoit occidentale à Y'étoile de 14 37° 50", & feptentrionale à la même étoile de 1 5° 45"; de ces différences il réfulte l'afcen- fion droite de la Comète de 1 54% 30° 25", & fa déclinaifon auftrale 104 45° 52”. Le 10 & le 11, le ciel fut couvert le foir; mais le 12 il fut entièrement ferein jufqu'à 1x heures du foir: j'ai commencé à voir Ja Comète ayant 28 degrés de hauteur: la Lune qui étoit pleine diminuoit fenfiblement éclat de la Comète. J'ai comparé le noyau à une étoile nouvelle que j'ai eflimée de la fixième grandeur ; comme elle ne fe trouve pas dans le catalogue de Flamftead, j'en ai déterminé la pofition en la comparant avec des étoiles connues ; fon afcenfion droite pour le temps préfent a été trouvée de 159% 25" 32", & fa déclinaifon de 84 34° 41" auftrale; elle eft rapportée dans la feconde Table fous le n° 16. À 10 50° 30", temps vrai, la Comite étoit occidentale à l'étoile de 54 25° 37", ce qui étant Ôté de l'afcenfion droite de l'étoile, donne f'afcenfion droite de la Comète de 153% 59" 55":la Comète étoit feptentrionalé à la même étoile de 0" 35", lefquelles étant ôtées de la déclinaifon de l'étoile, celle de la Comète fera de 84 34° 6" auflrale, Le 13, le ciel fut couvert la plus grande partie de a journée, de même que le foir ; dans les intervalles des nuages, jai-revu la Comète, la Lune n'étant pas encore levée ; fes apparences étoient plus fenfibles que la veille; on la voyoit à la vue fimple, mais difficilement : j'ai comparé le noyau de à Comète à une très-petite étoile que j'ai connue en la 2 D'Ets* Sert E N'c'ENs 412 comparant à des étoiles du Sextant; fa pofition pour je temps préfent étant de 153457" 40", & fa déclinaifon de 84 19° 29" auftrale ; cette nouvelle étoile eft dans ma feconde Table fous le n° 8. À ol 24° 10" temps vrai, la Comète étoit occidentale à l'étoile de 4° 8", & feptentrionale de 1 6’ 3"; de ces différences & de la pofition de Îa nouvelle étoile, il réfulte celle de la Comète en afcenfion droite de 1534. 53 32", & de 84 3° 26" en déclinaifon auftrale, Le 14, le ciel étant ferein le foir, j'ai vu la Comète à Ja vue fimple avant que fa Lune fe levât ; elle égaloit encore en grandeur les Etoiles de la quatrième claffe : je déterminai le diamètre apparent du noyau de la Comète que je trouvai de 27 fecondes, en le comparant à l'épaiffeur d’un des fils du micromètre qui étoit adapté au télefcope de 4 pieds + de longueur : j'ai enfuite comparé la Comète à trois étoiles, dont deux font nouvelles, & la troifième eft la vingt-deuxième du Sextant, fuivant le catalogue de Flamftead: Ja pofition de cette dernière, pour le temps préfent , a été déterminée de 151425" 27" en afcenfion droite, & de 64 s2'25'en déclinaifon auftrale ; les’ pofitions des deux nouvelles étoiles font rapportées dans la feconde Table fous les n.® 6 & 7. A 9h 45 12" temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile vingt-deuxième du Sextant de 24 21° 35", & méridionale à la même étoile de 37° 50", ce qui étant combiné avec la pofition de l'étoile, Yon aura l'afcenfion droite de la Comète de 153%47 2", & fa déclinaifon auftrale de 74 30° 15"; les autres pofitions de la Comète à l'égard des deux nouvelles étoiles n.* 6 & 7 de la feconde Table, fe trouvent dans la première Table. Le 15, le ciel entièrement ferein le foir, je vis très-bien là Comète à la vue fimple, fans y pouvoir apercevoir de queue ; mais je lui en remarquai une en la regardant avec une petite lunette d’un pied, compofée de verres convexes très-clairs & d'un champ très-étendu ; je m'en fervis aufi pour recon- noître les Étoiles qui répondoïent à l'extrémité de la queue , & je déterminai enfuite Ja pofition de ces Etoiles à l'égard Fff ii 414 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE de la Comète avec le télefcope de 4 pieds +, dans le champ duquel on voyoit ces Étoiles, ce qui me fervit à connoître la longueur & la direction de 1 queue ; elle fut trouvée longue de 34 £, comme on peut le voir dans la carte de fa route de la Comète qui accompagne ce Mémoire ; cetté queue n'étoit pas vifible au télefcope de 4 pieds L, fans doute à caufe du trop grand effet de cet inftrument qui ne laifloit voir autour du noyau de la Comète, qu'une lumière ronde & mal terminée. À 9" 15° 17" temps vrai, j'ai comparé la Comte à l'étoile vingt- deuxième du Sextant, dont fa pofition eft rapportée fur le 14 de mois; la Comète étoit orientale à l'étoile de 24 18° 58", & plus méridionale de 13" 15", ce qui étant combiné avec la pofition de l'étoile, Y'afcenfion droite de la Comîte fera de 153444" 25", & fa déclinaifon de 74 $” 40" auftrale. A 11h 34° 23", la Comiète a encore été comparée à la même étoile; la pofition conclue de cette comparaifon ef rapportée dans la première Table. Le 16, le ciel ayant été auffi ferein que la veille, je vis a Comète jufqu'à fon coucher ; fa queue me parut aufli longue que je l'avois remarquée le 15. À oh 54° 54",temps vrai, la Comète étoit orientale à la même étoile, vingt-deuxième du Sextant, de 2415" 43", plus feptentrionale de 1 1° 2": de ces différences & de la pofition de l'étoile , afcenfion droite de la Comète a été conclue de 1534 41 10", & fa déclinaifon de 64 41° 23" auftrale. Le 17, ciel ferein le foir , j'ai commencé à voir la Comète auffitôt qu'il a été nuit, & je l'ai fuivie jufqu’à fon coucher ; j'ai revu fa queue par le moyen de la lunette d’un pied, je J'ai trouvé longue de quatre degrés ; fa direction & fon étendue font rapportées fur la carte qui repréfente la route de la Comète: j'ai comparé fa Comète ce foir à l'étoile vingt-deuxième du Sextant, & à deux nouvelles étoiles ; la première de la fixième grandeur, & l'autre de la feptième ; leurs pofitions pour le temps préfent font rapportées dans la feconde Table fous les numéros 1 & 2. À 9 20° 47", temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile vingt -deuxième du Sextant de 24 DES SCIENCES AI 13 1", ce qui étant ajouté à f'afcenfion droite de l'étoile, lon aura celle de la Comète de 1534 39° 18": la Comète étoit feptentrionale à la même étoile de 30° 15", qu'il faut ôter de la déclinaifon de l'étoile, & Yon aura la déclinaifon de la Comète de 64 22° 10” auftrale ; les deux autres déterminations de la Comète à l'égard des deux nouvelles étoiles n° 1 & 2 fe trouvent dans la première Table. Le 18 , le ciel étant entièrement ferein le foir , j'ai revu la Comète avec la petite lunette d’un pied ; la queue de la Comète m'a paru être un peu augmentée, mais fa lumière étoit très- foible, & ce n'a été qu'avec peine que j'ai pu lapercevoir : j'ai comparé la Comète ce for aux deux nouvelles étoiles numéros 1 & 2 ; on en trouvera les pofitions pour le temps préfent dans la feconde Table. A oh 25" $1" temps vrai, la Comète étoit orientale à Ja nouvelle étoile, n° 2, de 13’ 0"; elle étoit méridionale à fa même étoile de 10" 24": en ajoutant June & l'autre différence à la pofition de la nouvelle étoile, il en réfultera celle de la Comète en afcenfion droite, de 1 $ 34 8"25",& de 64 1° o” en déclinaifon auftrale ; es deux autres pofitions de la Comète fuivent celle-ci dans la première Table. Le 19, le ciel également ferein le foir, j'ai revu la Comète auffitôt qu'il a été nuit, fes apparences étoient les mêmes que la veille ; j'ai pris la pofition du noyau en le comparant aux deux étoiles nouvelles des jours précédens, n.”* 1 & 2. À oh 19’ o", la Comte étoit orientale à la nouvelle étoile n° 1, de 3449" 0", & feptentrionale de 2 3° 1 8”; de ces différences & de la pofition de la nouvelle étoile, on conclud Fafcenfion droite de la Comète de 1534 37° 55", & fa déclinaifon auftrale de 5444 27"; l'autre détermination de Ia Comète à F'égard de l'étoile n° 2, fe trouvera dans la première Table, Le 20, le ciel paroïfloit entièrement ferein ; il y avoit- cependant un peu de vapeurs dans fair; la queue de la Comète n'étoit pas aufli fenfible qu'elle Vétoit la veille ; le noyau étoit diminué de grandeur fans être terminé : j'ai comparé la Comète à l'étoile nouvelle des jours précédens, n. 2, & à deux autres nouvelles étoiles que j'ai connues en 416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les comparant à des étoiles connues ; leur pofition pour le temps préfent fe trouve dans la feconde Table fous les n.°* 3 & 5. A SP 56" 19", temps vrai, à Comète étoit orientale à l'étoile nouvelle n.° 2, de 12° 45", & plus feptentrionale de 21° 39°; de ces différences, j'ai conclu l'afcenfion droite de la Comète de 1534 38 10", & fa déclinaifon de Fi 28° 57" auftrale ; les deux autres déterminations de la Comète, avec les deux étoiles nouvelles n° 3 & 5, fe trouvent dans la première Table. Le 21, par un beau ciel fans nuages, j'ai revu la Comète & je l'ai comparée à une des trois étoiles nouvelles dela veille, défignée dans la feconde Table parle n° 3, de la huitième grandeur, fa pofition pour le temps préfent eftde 1534338" en afcenfion droite & de $4 12° 52” en déclinaifon auftrale, A oh 17" 30" temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile de 6’ 10", & plus méridionale de 1° 10"; de ces différences & de la polition de la nouvelle étoile, il réfulte celle de Ja ‘Comète en afcenfion droite de 153% 39° 18", & en décli- naifon au fud de $4 14° 2°. Le 22, j'ai remarqué que a Comète diminuoit confidé- rablement de lumière, auf s’éloignoit - elle continuellement du Soleil & de la Terre, fon noyau étoit aufii beaucoup diminué de grandeur fans.étre terminé; la tête fe voyoit encore fort bien avec le télefcope de 4 pieds 2 de longueur, mais difficilement à la vue fimple: la queue de la Comète fe voyoit avec peine avec la lunette d'un pied, elle alloit fe terminer à J'étoile 41 du Sextant fuivant le catalogue de Flamftead ; elle a été trouvée longue d'un peu plus de 4 degrés. A 9" 34 28" temps vrai, la Comète étoit orientale à la nou- velle étoile n° 3, de 7" 48" & plus feptentrionale de 1 HS 0": de ces différences & de la pofition de l'étoile, fon conclud l'afcenfion droite de la Comète de 1534 40° 56" & fa déclinaifon auftrale de $4 a” 2”. Le 23, ciel-ferein le loir , j'ai commencé à voir la Comète auflitôt qu'il a été nuit, elle avoit 22 degrés de hauteur fur d'horizon, {es apparences étoient les mêmes que la veille ; j'ai comparé DES SciENCESs. 17 comparé la Comète à l'étoile nouvelle ci-deffus défignée par ‘Jen 3. À 0h 42° 0" temps vrai, la Comète étoit orien- tale à étoile de 9° 41", & plus feptentrionale de 23° 40"; de ces différences, J'ai conclu l’afcenfion droite de la Comète de 153442" 49", & fa déclinaifon auflrale de 4409 2"; la Comète a été vue jufqu'à fon coucher. Le 24, le ciel étant parfaitement ferein le {oir, j'ai revu la Comète, & je l'ai comparée à la même étoile n.° 3, à une autre étoile nouvelle très-petite que j'ai eftimée de {a dixième grandeur ; j'ai connu celle-ci en la comparant à d'autres étoiles connues : la pofition de cette nouvelle étoile, pour le temps préfént, eft rapportée dans la féconde Table fous le n” 4 À 9f 12°25$" temps vrai, la Comte étoit orientale à L'étoile n.° 3, huitième grandeur, de 11! 59", & plus feptentrionale que l'étoile de 34° 30"; de la pofition de Tétoile & des différences de paffages, on conclud lafcenfion droite de la Comète de 1534 45" 7’, & fa déclinaifon de 41 38° 22" auftrale, A ro 42° 41", la Comète à encore été comparée à la nouvelle étoile n.° 4 ; fa pofition fe trouvera dans la Table première. Le 25, par un beau ciel, j'ai révu la Comète auflitôt qu'il a été nuit; j'ai comparé le noyau à Îa nouvelle étoile n.” 4; la pofition de cette étoile, pour le temps préfent, eft détr53d 42 34° en afcenfion droite, & de 4d 28’ ENTÉ en déclinaifon auftrale. A 9h 26 s7" temps vrai, a Comte étoit orientale à l'étoile de 5’ 28", & plus fptentrionale de 1 2” feulement ; de ces différences, il réfulte la pofition de Ja Comète en afcenfion droite de 1 s 3448" 2", & fà déclinaifon 44 28 23" auftrale, | FO Le 26, le ciel évalement ferein le foir , J'ai revu la Comète auffitôt que le crépufcule a ceflé d'y mettre obflacle : elle avoit beaucoup perdu de fa lumière, fur-tout depuis huit jours : fe noyau de fa Comète ne paroifloit plus diftinct, & on ne le rémarquoit au télefcope que par une lumière plus fenfble que la nébulofité qui l'environnoit ; j'ai comparé la Comète à la même étoile n° 4. À 9h33 58" temps vrai, la Comète Mém, 1760. . Geg 418 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE étoit orientale à l'étoile de 8° 47", & plus feptentrionale de ! 2" : de ces différences & de la pofition de la nouvelle étoile, il réfulte pour l'afcenfion droite de la Comète 1 5 34 s1'21", & 49 19° 33" pour fa déclinaifon auflrale. Le 27, par un beau temps, j'ai commencé à voir la Comète aufli-tôt que les étoiles ont pu paroitre après le coucher du Soleil, elle avoit 20 degrés de hauteur fur l'horizon : la queue fe voyoit avec peine à la lunette d'un pied; je l'ai jugé longue de près de 4 degrés { Voyez la carte de la route de la Comère où elle efl deffinée). ai comparé la Comète à la même étoile nouvelle n° 4 A ol 29° 15" temps vrai, la Comiète étoit orientale à l'étoile de Lai. UC & plus feptentrionale de 17" 2 3"; de ces différences, on conclud Yafcenfion droite de là Comète de 1534 5 5" 26", & fà décli- naifon auftrale de 4d 11° 12". Le 28,je n'ai pu revoir la Comète avant 10 heures, parce que le ciel étoit couvert ; fes apparences étoient beaucoup diminuées; il n’eft plus poffible de la voir à la vue fimple LA J'ai comparé le noyau de la Comète à la même étoile nou- velle n° 4 A 9h 20" o" temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile de 16° 30", & plus feptentrionale de 25° 24". J'en ai conclu l'afcenfion droite de la Comète de 1534 59 4", & fa déclinaifon auftrale de 44 3° 1 1". Le 29, ciel couvert le foir; mais le 30 j'ai revu la Comète, & ce n'a pas été fans peine, fa lumière étoit confidérablement afioiblie, celle de la Lune qui étoit près de fon premier quartier contribuoit à cet affiblifiement , & il étoit à pré- fumer que la Comète ne feroit plus vue long-temps; la lumière de la Lune devant empêcher de la voir au bout de quelques jours. J'ai pu encore comparer le noyau de la Comète à une étoile nouvelle n.° 9 de la feconde Table, j'ai déterminé la pofition de cette étoile en la comparant à des étoiles connues, fon afcenfion droite eft de 1549 7° 39", & fa déclinailon * On remarquera ici que le 28 Mai, la Comète paroiffoit à peu RS de la même grandeur, quoiqu’un peu plus forte encore que quand je Fai découverte le 21 Janvier au (oir, D'E Si SC? r Not plis) 419 auftrale de 44 13° 20". A 10h 12! 49" temps vrai, | Comiète étoit orientale à cette nouvelle étoile de r' 30", & plus feptentrionale de 2 5” 5”: de ces différences, on conclud la pofition de la Comète en afcenfion droite de 1 54 9° 9" & de 34 48° 1 5" en déclinaifon auftrale. Le 3r, ciel couvert de même que le r.% Juin. Le 2, dans des intervalles de nuages, j'ai revu la Comète fans en pou- voir prendre la-pofition; mais le 3 elle s'eft montrée vers 9" 5 dans des intervalles des nuages, où le ciel étoit parfaite- ment ferein ; elle avoit une lumière très-foible, & pour la diftin guer, il falloit des yeux accoutumés à la voir : la Lune qui étoit dans fon voifinage, & qui avoit paflé fon premier quartier, contribuoit beaucoup à l'affoiblir , de forte que j'ai repardé ce jour comme le dernier terme de la vifibilité de cette Comète, au moins avec fe télefcope Newtonien, de 4 pieds £ de longueur que jy aï employé. Je ai cependant pu comparer à use étoile de la fixième grandeur , qui eft la vingt-feptième du Sextant fuivant le catalogue de Flamftead, & dont la pofition pour le temps préfent eft de r 5 34 35’ 49" en afcenfion droite, & de 34 10° 3" en déclinaifon auflräle. A 10h 1° za temps vrai, la Comète étoit orientale à l'étoile de ‘4 ui & plus méridionale de 16’ 8"; de ces différences & de Ia pofition de l'étoile rapportée ci-deflüs, il réfalte pour l'afcenfion droite de la Comète 1 544 26° 50", & 342611" pour fa déclinaifon auftrale. ; J'ai encore recherché Ja Comète les jours füivans, mais inutilement ; ainfi le 3 Juin eft le terme de mes obfrvations fur cette Comète ; la durée de fon apparition a été de cent trente-quatre jours , à compter depuis le 2 1 Janvier que J'ai commencé à la découvrir dans PObfervatoire de la Marine, avec fe même télefcope Nevvtonien de 4 pieds 2 de {on- gueur, dont il a déjà été fait mention plufieurs fois dans ce Mémoire, & qui groflit le diamètre des objets d'environ foixante-fix fois : toutes les obfervations de cette Comète ont été faites avec ce télefcope auquel étoit adapté un micromètre à fils de foie, qui s’inclinoit dans tous des fens, de forte qu'il Ggegi / 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE étoit aifé de mettre un des fils dans le parallèle de l1 Comite, un autre fil mobile parallèle fervoit à prendre les différences de déclinailon entre la Comète & les étoiles ; le fil perpendi- culaire à ces deux premiers, fervoit de fil horaire ou de cercle de déclinaifon ; c’eft à celui-ci que j'ai obfervé les différences de paflages en afcenfion droite des étoiles & de la Comète : le champ du télefcopecomprenoit environ cinquante-trois minutes d'un grand cercle. A l'égard des obfeïvations étrangères, M. de l'Ifle recut une lettre d'Heidelberg, le 1” Avril au foir ( 1759); dans quelle on lui marquoit que l'on avoit publié à Léipfick, le 24 Janvier de cette innée, un Mémoire Allemand dans fequel il étoit dit, que cette Con avoit été vue en Saxe par un Payfan, nommé Palitzfch, les 25 & 26 Décembre de l'année dernière 1758 : j'ai bien de la peine à concevoir comment ce Pay fan aura pu la découvrir à la vue fimple, fans la chercher ni la foupçonner > un mois plus : tôt que je ne fai vue à Paris, puifque quand j'ai commencé à la voir, le 21 Janvier, £ lumière étoit fi foible qu'il n'étoit pas poffible de l'apercevoir à la vue fimple : il eft vrai cependant qu'un mois avant ma découverte, la Comète étoit plus près de la Terre ; mais elle étoit plus éloignée du Soleil. Je donnerai un extrait du Mémoire de Léipfick dans le recueil des Obfervations étran. gères de cette Comète. Pour me borner à ce que j'ai vu, je puis diflinguer trois appar itions de la Comète fur notre horizon : la première nous avoit fufh pour prévoir les deux autres; nous les avions calculées, M. de flfle & moi, dès le mois de Février: l'évènement a juftifié la jufteffe de notre calcul. La première apparition de la Comète s'eft faite le foir, en Janvier & Février, fuivant mes obfervations, ou dès le mois de Décembre précédent fuivant celles de Saxe; cette première apparition a duré jufqu'à ce que la Comète foit entrée dans les rayons du Soleil, ayant ceflé d'être vue le 1 4 de Février. La feconde appaition seft faite lorfque la Comète eft fortie des rayons du Soleil après fa conjonction avec cet aflre, L D.Exs!, Sc ilE N'C'E:S r4air .œæ qui devoit arriver peu de jours après fo paflage au péri- hélie; l'on fait que dans cette fituation fa Comète devoit paroître fort grofle & très-lumineufe à caufe de fa plus grande proximité du Soleil : outre cette circonftance, la Comète étoit alors affez près de la Terre, ce qui la devoit rendre encore plus fenfible ; ainfi il ne falloit, pour l'apercevoir, que regarder le ciel aux environs du Soleil auprès de l'horizon de fort grand matin, avant le lever du Soleil, fur la fin du mois de Mars: j'y fus attentif: mais comme le ciel fut couvért à Paris fur la fin de ce mois, & qu'il ne commença à fe découvrir que le dernier jour de Mars, je ne pus revoir la Comète que le 1.” Avril au matin, un peu avant le lever du Soleil, ainfi que je l'ai dit dans ce Mémoire ; elle fut vue à Lifbonne dès le 27 de Mars par des Matelots, qui en donnèrent avis comme d’une grande étoile extraordinaire qu'ils avoient vue & qui jetoit beaucoup d'éclat : c'eft le P. Chevalier, Prêtre de l'Oratoire, Correfpondant de l'Académie des Sciences de Paris, qui l'a marqué à M. de YIfle dans une de fes lettres. L'on apprit auffi par une lettre de M. Zanotii, Aftronome de l'Infitut de Bologne en Italie, que cette Comète y avoit été vue dès le 27 Mars (le même jour qu'à Lifbonne } ; mais M. Zanotti ajoute que le brouillard : avoit empêché ce premier jour d'apercevoir les étoiles, & que la force du crépufcule avoit bientôt fait difparoître la Comète; que les jours fuivans le ciel avoit été continuellement couvert, ce qui l’avoit empêché de faire aucune détermination du lieu de cette Comète jufqu’au 9 Avril, jour de la date de fa lettre. A Marleille, le P. Pezenas, Correfpondant de l Académie des Sciences de Paris, & le P. la Grange, ne virent la Comète que le 16 Avril, & continuèrent de l'obferver les 17, 18, 19 & 20 du même mois. À Avignon, elle fut obfervée les mêmes jours qu'à Marfeille par le P. Morand habile obfervateur ; je ne doute pas qu'elle n'ait été encore vue ailleurs. Pour ce qui eft de {a durée de cette feconde apparition de la Comète qui devoit refter d'autant plus long-temps vifible fur Thorizon, que l'on auroit été fous une latitude plus méridionale ; je n'ai pu la voir que jufqu'au 17 d'Avril, au lieu que les RR, Te GE 3) 422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RovyaLe PP. Pezenas & la Grange Font vué jufqu'au 20, & fe P. Chevalier à Lifbonne jufqu'au 2 2 du même mois. La troifième apparition de la Comète, dont on attendoit Le comméncement peu de jours après la fin de la féconde, lorfque la Comète après s'être cachée au - deflous de l'horizon auroit pu reparoître au-deflus, dévoit être d'autant plus accélérée que les lieux auroient été plus méridionaux, auffi le P. Chevalier a mandé à M. delle, dansune feconde lettre, qu'elle avoit reparu à Lifbonne dès le 28 Avril; mais qu'il n’avoit pu l'obferver que le 2 9 au foir, lorfqu'elle étoit encore dans le figne de la Balance ; que depuis ce jour il avoit continué à l'oblerver autant qüe le ciel le lui avoit permis jufqu'au 2 r Mai, jour de la date de fa feconde lettre. À Marfeille, le P. Pezenas a commencé à la revoir le 20 d'Avril, &ila continué de l’obférver fans inter- ruption es 25 Mai, jour de la date de fa lettre. M." Ratte & Danify, tous deux de la Société de Montpellier, ont auffi commencé à obferver cette Comète dans fa troifième appa- rition dès le 29 Avril; ç'a été le même jour que j'ai commencé à la revoir à Paris dans la maïfon de M. Defprez, comme je J'ai déjà dit dans ce Mémoire; elle a été vue auffi le même jour à Béziers par M. Bouillet : dans cette troifième apparition de la Comète fur l'horizon, elle a été obférvée prefque de tous les Aftronomes de l'Europe. EXPLICATION des deux Tables qui font à la fuite de ce Mémoire. La Table première contient tous les lieux de 11 Comète en afcenfion droite, déclinaifon, longitude & latitude conclues de fa fituation obfervée tant à l'égard des étoiles nouvelles que de celles qui étoient déjà connues: voici les titres de chaque colonne. La première contient les jours du mois, la feconde les temps vrais de chaque oblervation, la troifième les temps moyens, la quatrième les afcenfions droites de la Comèie oblervées, la cinquième les déclinaifons, la fixième les Jongi- tudes obfervées, la feptième les latitudes, la huitième les difié- DES :$ GIENCE:6, 423 rences de pafge en afcenfion droite de R Comète avec les étoiles marquées du figne -— fi la Comète précédoit ou fi elle étoit occidentale à l'étoile, & du figne +- fi elle fuivoit l'étoile ou fi elle étoit orientale, cette différence étant ajoutée à l’afcen- fion droite de l'étoile rapportée dans la feconde Table, ou en étant fouftraite fuivant le figne qui l'affefle, on aura l'afcen- fion droite de la Comète; la neuvième colonne contient les différences en déclinaifon entre la Comète & les étoiles, ces diférences font aufli marquées des fignes + & — ; en les ajoutant ou les fouftrayant fuivant le figne de la déclinaifon de l'étoile avec laquelle la Comète aura été comparée, on aura la déclinaifon de la Comète; la dixième détermine la grandeur des étoiles ; la onzième contient les lettres de Bayer & les numéros ui diftinguent tant les étoiles nouvelles que celles du catalogue de Flamftead, fuivant l’ordre qu'elles ont dans chaque conftel- lation, la douzième & dernière colonne contient les étoiles. La feconde Table contient les afcenfions droites & les dé- clinaifons des étoiles, tant des nouvelles que de celles du catalogue de Flamftead pour le temps des obfervations. L'on voit par cette dernière Table, que la Comète m'a donné occafion de déterminer la pofition de trente-une nouvelles étoiles, dont le lieu n'étoit. pas encore connu, & qui m'ont fervi à la détermination du cours de la Comète. Je joins à ce Mémoire deux Cartes céleftes qui repréfentent la route apparente que la Comète a tenue parmi les étoiles fixes fuivant mes obfervations; ces cartes font divifées en afcenfions droites, déclinaifons, longitudes & latitudes répondantes, de forte qu'il fera aifé de juger à l'infpection de ces Cartes de {a pofition de la Comète obfervée & de celle des étoiles: 1a première de ces Cartes * contient la route de la Comète dans fes deux premières apparitions, lune depuis fà découverte le 2 1 Janvier au {ir jufqu'à fon entrée dans les rayons du Soleil Je 14 Février, l'autre depuis fa fortie des rayons du Soleil le 1." Avril au matin jufqu'au 17 du même mois, que je l'ai .… obfrvée pour la dernière fois avant qu'elle fe cachât fous notre horizon, en conféquence de fa latitude trop méridionale, Cette * Planche II. Planche III, 424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ‘ première carte contient les confiellations du Capricorne, du Verfeau, de Pégafe & des Poiflons; aux pofitions de la Co. mète rapportées fur cette carte le 31 Mars & le 1.” Avril, j'ai ajouté la trace de la queue de la Comète de deux nuances, la première nuance eft la plus forte, elle tient au noyau; elle repréfente tout ce que contenoit le champ du télefcope, qui avoit $ 3 minutes; cette lumière devoit s'étendre confidérable- ment au-delà ; je n’en ai pu mefurer la longueur à caufe du cré- pufcule qui y mettoit obflacle; maïs fuivant ce que j'ai vu, la queue de la Comète devoit avoir plus de 25 devrés, c'eft pourquoi je lai continuée fur la carte d'une feconde nuance plus foible, La feconde carte contient tout ce qui regarde la troifième apparition de la Comète depuis le 1.” Mai au foir jufqu'au 3 Juin qu'elle a ceffé d’être vifible au télefcope de 4 pieds +; cette feconde carte eft compofée des conftellations de 'Hydre, de la Coupe & du Sextant : toutes les étoiles, tant les nouvelles que celles du catalogue de Flamflead , qui ont fervi à déterminer les pofitions de la Comète, fe trouvent furces cartes; on pourra juger non-feulement de leur pofition, mais encore de leur grandeur, en confultant le modèle que j'ai fait graver au bas de chacune de ces deux cartes. L'on trouvera de plus fur ces Cartes deux diverfes routes de la Comète; lune a été obfervée, les pofitions en font liées par un trait continu : où les obfervations m'ont manqué, j'ai eu recours au calcul dans l'ellipfe, & alors la route de la Comète n’eft continuée qu’en points ; quant à la route dont la totalité n'eft déterminée que par des points, c'efl celle que la Comète auroit tenue fi fa trajectoire eût été parabolique: ces deux routes diffèrent confidérablement entr'elles, fur-tout lorfque la Comète commence à s'éloigner de fon périhélie, où j'ai fuppofé qu'elles devoient fe réunir. Je me fuis fervi pour calculer ces deux routes dans l'ellipfe & dans la parabole des élémens de la Comète tels que je les ai déduits de mes propres obfervations , par un calcul qui a dû me les donner à très-peu-près : voici ces élémens. | Longitude DES SCIENCES. 425 Longitude du nœud afcendant 8 ........... IE A0 ANG MIONIAE LONDITENE Nesle leclerc ae telelae 17. 38 JreuvrdusPérihélierse #08 CUS C EE SE CHCATC LE 10, 3. 14 Logarithme de la diflance périhélie. ........... 9,766080 Le pañage de la Comète au Périhélie le 12 Mars à 13" 33°, temps moyen au méridien de Paris. Le mouvement de la Comète rétrograde. Voici d'autres élémens de l'orbite de cette Comète, calculés par M.° dela Caille, Maraldi & de la Lande. M. de la Caille. M, Marddr M, de la Lande. Lieu du nœud afcendant &...|1" 23449" o"|1f 234 49° 21"/1f 23445" 35" Inclinaifon de l'orbite. ...... 17. 39. O 172,354 20 17: 40. 14 Leur duePérihélie.v. Messie cts 10.3. 16. Oo |10. 3. 16.20 |10. 3. 8.10 Logarith. dela diftance Périhélie.| 9,766039 9,766115 9,7670848 Paffagc au Périhélie le 12 Mars, T. M. au méridien de Paris, 2..| 13" 41 o"| 12 57° 36"| 13" 5924" Le mouv. de la Comète rétrograde. On trouvera à la fuite de ce Mémoire , un recueil des Obfervations de cette célèbre Comète, faites tant en Europe que dans fes Indes orientales, & recueillies, pour la plupart, des Lettres que les Oblervateurs eux-mêmes ont écrites, foit à M. de fffle, foit à moi. L'on trouvera peut-être les détails qui précèdent & qui fuivent un peu trop longs ; mais il faut confidérer que cette Comète eft la feule qui nous affure avec certitude du retour ‘de toutes les autres, & rien n’y doit paroître inutile, puifque cès Oblervations font le feul terme de comparaifon qu'on puifle avoir pour déterminer exaétement fa période & les élémens de fon orbite: c’eft aufli ce qui n'a engagé à publier les Tables fuivantes ; on y verra dans un affez grand détail les réfultats de mes obfervations, & les pofitions des Étoiles qui ont fervi à conclure celle de la Comète. Mém. 1760, , Hhh 426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLE sr AS CNE: E Re AU NS TABLE de la route de la célèbre Comère de 1682, aperçue à l'Obfervatoire èT comparée avec les Étoiles fixes D iso osEt . o is : 6. oAÀ,| 15.30.59 T6. 5-22 : 44:37 | 3433-41-20 15.47 14 52.22| 6.10.47 Mars. . 31 16.17. oO .21. 61328. 0.33] 8.25.36 #27: 16.40), 45.40 Awril... 1116.34 o|r6.37.48 |327.44.30| 8.44. 7 26.55.-33| 4 3-33 slr6.35- 0116.37. 361326.4r.43|r0-25.- 30 25-22. 56| 2-48.5Z . 34-40 | 344 8. 50 Temps | TEMPS ue ur DÉcLINAISON [LONGITUDE| LATITUDE | 1759 vrai, moyen: FA obfervée. obfervée. obfervée. ERREUR CAREUERS | PAR ER ESENNUEBE | CERN | CNE RES CENENNNES H M S | HA M. S. Us) ED Me: DILMNSNIEDIOMENS. Janvier. 21| 6.40. o| 6.51.55|352.15:. .32.58B.|[x 23. 30.48| 4.29.44B. 6-56. o| 7 7-55 |352-15- +32 6 23: 30.37 | 4 31.26 22|. 651.20 | 7- 23- 6. 32), 436.26 23| 7+ 5:37 | 7-10. . 22.42.16 _4:42-23 7.10. 9| 7.22 6 SES Ce Le te 25| 6.58. 54| 7-11. . 38. AE 21.53.10] 450.53 7. 6. MOI 119- + 39° Fiat lte ce Ponte 7. 10-001] RS 350+ 39: 14 21.54 8| 4.51. o 27| 6.22.31| 6.35. . $4- . 21. 9.31] 4 59.34 ‘6.38. o| 6.51. 60: a 21e 7e STI US MONS 7. MOINE): AE . 4e 2 65950043 28| 6. o.56| 6.14. PDP Me doc AÉTRE 6. o.56| 6-14 22e . 20.47.23] 5 3-40 6.21. 50 | 6.35. . - 20.46. 38| S- 3-47 62e 50e # S'9k 20.46.25] 5 3-51 31| 6.57.38| 7.11. ERECEEE 32 LIRE k 71531 | 7-29» 25e + 44e 19-39.12| $.15-49 Février. 1| 5.48: 12 | 6. 2. 19-19. 4| 5:20. 0 Se Son20ul) 64,4 2711348» 5421 core fe sep his . 5: 52:26 | 6. 6. .e las 6. 52.40 6. 19.18.46| 5-19-33 3| 7. 6.46 Be 18.38. s| 5-27-28 4| 6.39. 56 s4- 18.17. 52] $.31-r5 xæ] 16: 46. 15.56 2} @ 4. o 6. 6. 5] JS oO aan) D” D a ' D El À s : . DES SCHENCESs 427 PREMIÉRE. | Rare RE a men pe sep dela Marine à Paris, le 21 Janvier au Jeir 17$9, dans la conflellation des X Jufqé'au 13 Juin de la même année. LETTRES z DIFFÉRENCE DiFFÉRENCE | Grandeu : FAN de Bayer, | ÉTOILES avec lefquelles la Comite en afcenfon droite en déclinaifon des par les Étoiles. par les Étoiles. Étoiles. pu a, été comparée: RENE EEE NES CE CRE D. M. 5. D. M 5. ——————— mm Oo. 2. $3 | o. 26. 18 étoile nouvelle ; Comète eftimée, ©. 10. 19 —| 1. OS. 13 Poiffons ; pofition de 1a Comte eftimée. 0. 22. O —| 0. 22. 53 nouvelle, ci-deffus. O+ 34 15 | o. 20. 20 o . [nouvelle. O3 De MIS ns Le : . [la même. O+ 21. $2 —| o. 29. 9 + : + [des Poiffons , fuivant le catal. de Flamftead. OMAMIO NE). LE ENS D, . . [la même. Os Se IS —|] ©. 23. 34 + : . nouvelle, O- 13. $3 —+| ©. 3. 34 + : . nouvelle. I. 7. Oo —| o. 19. 48 + È . [des Poïffons , fuivant Flamftead, 1e 8. 1 —| o. 0. 4 + : + |la même. Eu GENE) RE PETER . + (nouvelle. o 8. Oo —| o. r. 20 la même. 08 53 —|.0.. 1. 30 la même. 1. 28. 15 —| ©. 14. So des Poiffons , fuivant Flamftead. ne Mpile ere OPA 127 nouvelle, 0. 23. 30 —| o. 11. 56 nouvelle. 4 0. 27. 45 —| 0. 27. 3 nouvelle, ci-deflus. 7e JON lt 461. LL : + a même. ER GOUT LL. D! 04 : . [la même. O+ 43- 40 —| © 7. 28 nouvelle, ci-defius. 19184030 —| ©! 35. o des Poiffons , fuivant Flamftcad. 1, 33: 30 —| o. 30. 38 la même, ae 40 REINE PRES PL ALES OT SP | 'EE "Or Comète eftimée avec plufeurs étoiles. RANGS LR RADARS IAE NS eftimée de même. cn AE RENTREE nt rs Et 6. A. des Poiffons ; Comète eftimée. : 19. © 44 +| 6. 30. |du Verfeau, fuivant Flamftead. 1: 26. 45 —| © 2. 36 + 7: 22. |nouvelle. , 30 + 7° 21, Inouvelle. Hhh ÿ 428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALr SUITE DE SOMMES Temps | TEmPSs RS DÉCLINAISON [LONGITUDE| LATITUDE roilc 1759. vrai. moyen. SbreNtes obfervée. obiervée. obfervée, | RER RE | FDOAL A 4 | CORRE RE 4 Avril... 6|16.79. o 16.21. 0 |326.26.35|\10. 59.23 A|# 24.57. 36| 2121.52 B.|4 16,28. © |16. 30. 0|326-26. 5|ro. 59.2 D I) A cer 7116.20. 0 |16.21.43|326.10. S$|11. 35-10 2H ONE | ETES 20 | de o [16.10.21 | 328: 58.5 3116.35.35 20 T5 ANNZE- NON 2 Nc o |16.14.15 1323. 57:40|16.35. o 20- 5025814240 9-4 14/16. 1. o|16. 1. 6|323-.24. 38|17.49.16 1957-2943 «8372 M6IT6 12600 16.,5-261322- 2.50|21618-%o 17: 38.44| 5. 56:45 16.12. 0 |16.11.36 322. 2. ol. Æ pce) que Eee 16. 14. OL 61 -p O2. UNTS 406) EE ete MTS 7: T 16-15-0164 4 36132241. 29/21 15 15 17: 37: 8] ENS 8 220 Mai. 11 927.43 | 924.33 |159.51.20|25:43. 6 |m22.28.20/31.26:27 _9-36.10 9-33. oO OPA Eee 22.27. 3 31-25-28 09-43-51 | 9.40-.41 |159. 50. 16125.40. 52 22,26. 10] 3524452 Ho-Mo-rr111M0--5 7-05 040. 50215-13626 22. 28:28) 37228. 07 10.43% 2 |10. 39. 51 |159.46.12|25- 31.55 22.1743| 31.18.25 31 8.58. 7| 8 5443115725: 31/19. 35.40 | 17. 9. 59/26. sm o 9. 8.49| 9. 5.25|1157.25.28|19. 54.33 17. 09:31) 26840. 5 0 $| 8.44.11| 8.40.35|156. 2. 3115.34. 9 14: 1.28/23. 2:22 8. 53.30 | 8.49.541156. 1. 33/15. 33.42 14… 0.332342. 2 9. "1-00 57:24 M56.. 01e 18| 152133. 13 14e O. 3/23: 41e 34 9° 38.17 | 9: 34.41 1156. 0.18|15. 30.43 13. 58. 1423: 39451 9. 50.20 | 9.46.45 Je Oo. 10|15.29.19 3: 57 158.|235:48-50 9. 56.19 | 9:52.44 0.43|15-29. 8 13.59. o|23. 38.28 10. 2.51} 9-59-16 pans s5]15:29 o 13. 57: AB. 21 6| {g. 31. 7 79.27.26 155. 20 M2 T4 O0 00 12: So 09l 22828072 9.39: 53 | 936.72 |[155:29. 47/14. 0. o 12.49. 4622.28. 6 0.47. O| 9413 R9M055: 29-30] 3:15 9-23 12.49.19/22-27.41 7. Ho. 1 3, | 10.00.27 ns. 25: 56)12.42.28 MESA NBI 2\12 215. 20 10+ 14:20 |I1O. 10. 34155. 5:38 12.42. 10 11: 53-49/21425. 40 10.21.16 [10.17.41 |[155. 5 23124202 153292482537 8|10.43.12 [10.39.22 154.46. 4111.40.37 FE: 49.24. | 20-26-2110 9|10. 35.50 |10. 31. 57 |154. 30.25|10.45. 52 10. 31. $$|10. Ste 34 12/10. 50. 30 [10.46.30 |153.59.55l 8.34 6 9 9.39/18 3 5 DES SCIENCES. 429 DE LA COMÈTE DE 17f9. TP VE CEE RME | Dirrérence | DiFFÉRENCE | Grandeur | LETTRES ; : de Buyer, | ÉTOILES avec Iefquelles la Comète en afcenfion droite en déclinaiton ; des & N° AUS par les Etoiles, par les Etoiles. Étoiles. {des Étoiles. a mparce. EE EEE D, M: S D. M S | 1e n6: go | 0. 26.140 —| 1 7. nouvelle, I. 2106. o—+| 0. 26. 40 — TL la même. Mer oLeLE do do. ice Dre la même; Comte eflimée, o 33. 15 | .0. 36. 30 — 3. du Capricorne ; Comète eflimée. AUTES SCSRONN E ERRRE pofition de la Comète par azimut & hauteur, où Lino] 0.497. 4, 3 du Capricorne ; la déclinaifon eftimée. oubr6: 452) 0 so 4 8. nouvelle. où SRE be. Art 8. la même, over Job | Mi, Ne... 8. OR PS PR ON 2: Où 23. 34 —| 10. 53. 7 + 7È 19. |nouvelle, Où es. ns | ON. Br ES 7 17. |nouvelle, ot (24% 37 | 04 9. 48 + 74 17. |la même. o. 24. 11 +| 0. 8. 57 + 7 | 17. |la méme. oz 53 | 10. 6. 31 + 7e 17. |la même. 0: 20. -7 | 10. ©. . 0 7e 17. |la même. o: A.lero —| 0.14. 2 + 8. 15. |nouvelle, oM257.) SOLE) 10) MHE8 1 9. 14. |[nouvelle. Oo. 6. 53 —| o. 28. 16 + 6. gp. de (Hydre, fuivant Flamftead. Ne nee) os 75 Et su ep. de l'Hydre, fuivant Flamftead, * LE ons | Lo. M. ls — S- go. |la même. k” 0! 4134 38 —| 0. 6. 55 — $< g. |la même, F 0. 43. 46 —|) o. 8. 19 — s- @. |la même, $ Où 42.0 1h1=—) lo. 182 30 — se @. |la même. ' CARPT7SEEEN EEE 38 ai 5 gp. |la même, où 33. oo! 10. 21. 3 +| 7. 12. |nouvelle. À Te TT 0: 32. 45 + 0. 20. 54. ï 7. 12. |la même. s 0. 32. 28 +| 0. 20. 17 + 7e 12 la même. 0! “18! 26 +| GANT. Tu a 10. |nouvelle. « CTP MANE ME NO NERO PEN 10, |la même, AIR NA CN case LEE NS ELEC 7e 10. |la même. CHANT TE OUT NOR De 11. nouvelle. EPRAEUE : 1. 37. 50 —| o. 15. 45 — a 13. |nouvelle. Cs Se 25 57 135 O+ O0, 35 — 6. 16. |nouvelle. Hhh ijj , me 430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SQUALT Er 2 ot NL ME Lu PES D +R ab pb R| -48 [153.45 7 2 9 v Ÿ + + PB à | La La La ta R NI Le] x D y D D = D D b À S va m [e] 1 A D D a + N = 6 BUS Je 9: 28| 9. o. CR eo Ce M Om mm mt Lu s L 22 NA VO ES MOMIE ES 21 CRÈE ES NS Juin.... 3|1 Temps |TEemps A DÉCLINAISON PANCGREL LATITUDE roIte : vrai moyen. des obfervée, obfervéc. oblervée. L'OOMNS AIRIS | DU M SA D MAS, DOM. DV A AMEUS 13| 9-24. 10 | 9.20. 9 nie 5.2 132| 8. 3-26 À):m 08, sm25|17. 35 21A 14] 8.57.34| 8.55. 32 [153.47.28| 7. 32.19 Ha ae 22e D SES 9:45. 12 | 9.41.10|153.47. 2| 7-30.15 8. 32. 24/17. 6.45 TO. 16.27 | 10.12.25 1153. 40% 52] 7+ 30-23 Beta NE GS 1 15 Otis LPO LT Er USSR dde 215 | 721 15° 40 8.20. 1116.44. 50 LI: 34293 11, 30.21 |1$3.44.10| 7. 3.17 8..1,8. 56| 16.42.42 16| 9.54. 54 | 9. 50.53 |153.41.10| 6.41.23 De Ge 281] 16e 23-030 17| 9.20.47 | 9.16.47 153. 39:18| 6.22.10 TS 0e TAÏOE CET 10 37: 34 10 33- 34 fa 53e 38.155 6.20. 35 7. 56.45|116. 4.58. 11.30.26 [11.26.26 153. 38-40| 6.17.22 77e: SiSe 401 T5, PLAN E8| 9.25. sr Mo:21-60l05n-6582s | 6h. Lo FaAi9s Wall 1356 dot 02 9.48. 52 _9-44-541153-38.75 6: o. 24 7-48. 51115. 46: 30 10.57. 38 |10. $3.40 1153 38. 5| 6: 0. lo 7-48. 30|15.46.13 19| 9-19. 30 | 9.15-33 [15337155] 544.27 7-42-22|15- 31.50 10.28.31 [10.24.34 |153. 37: 55| 5-43: 14 7e Ale SANS 301453 20| 8.56. 19 | 8.52.26 |153-38.10| 5.28. 57 7e 36- 39) 115% 17-120 DUpre | 0 ire JE 28010 7. 36.47|105: 16-30 9- 33-14) 9.29. . 27. S8 7e 36. So|I5S. 16.13 21| 917.30 | 9, + 39e 144 V2 17e Dei D SN TES = SUIS 22| 9.34.28 | 9.30. 153:40 SAND 7-28 974] de 50-123 : = 7 7. 7: DÉS SCIENCES. 431 DE LA COMÈTE DE 17f9. LETTRES de Bayer, & N.° des Etoiles. DiFFÉRENCE | DiFFÉRENCE | Grandeur | en afcenfion droite en déclinaifon des par les Étoiles. par les Etoiles. Étoiles, ÉTOILES avec lefquelles la Comète a été comparée. t | D, LM: S DM S Et = mm om DA] 0:16. —|iro. étoile nouvelle, CV A TOME AE IC EN RE VS 8. nouvelle. 2. 21. 35 +| ©. 37. 50 + 6. du Sextant , fuivant Flamftead. | © Oo: 30 —| 0. 17. 51 +| 10. 7. |nouvelle. 12. 18. 58 +| o. 13. 18 + 6. 22. |du Sextant, fuivant Flamftead. 2. 18. 43 +| o. 10. 52 + 6. 22. |la même. L 2e ES. 43 +] o 11. 2 — 6. 22. |la même. b2AN TT SI +| Oo 30. 15 — 6. 22. |la même. h 3. 50: © | 0: 12. so + 6. 1. |nouvelle. É | O. 13. 15 +-| 0. 26. 46 + 7e 2. |nouvelle. Dos 13.4 0 | oi ro. \zgpt 1% 2. |la même. | 3. 49. 20 +| o. 7: 24 — 6. 1. nouvelle, ci-deffus. 0 + TE 2. |nouvelle, ci-deffus. 3. 49 + 6. 1. |nouvelle, ci-deffus: O. T2. 30 + De 2. |nouvelle, ci-deffus. Ro:lr2. == A 2. |la même. nouvelle. nouvelle. nouvelle, ci-deffus. la même, 4 PE Ne ER AU m Q IN us ka ve o. Ja même. bo. 1 la même. , o. nouvelle. o. Ja même. 4 } o 8. . |la même. li © 12. ce É la même. Oo. 16. la même. L IRAN ; nouvelle: J MO- Sr ,x à du Sextant, fuivant Fhimilead, CR SES RE EE EE RE PE PE SE ED LA RER MAD AA À 432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE IT TABLE des AfCenfions droites à des Déclinaifons des Etoiles, pour le temps des Obférvations de la Comère de 1759, tant des Etoiles nouvelles que de celles du Catalogue de Flamflead, qui onf fervi à déterminer les pofiions de la Comnite. 2 2 ÈS ASCENSION 5 © | s EN ce DéÉcuinason.| 2 |ÉTOILES qui ont fervi à la détermination de la Comète. Ti roitc. Sa 5 2 = DONS DA, US. EE 1 |149. 48. s$ | 6. 7. 45 A| 6 |Etoile nouvelle, la Comète comparée les 17,18 & 19 Maï au for, DS 2 MAT MINCE ES 2 ETS du Séxtant, la Comète comparée les 14, 15, 16 & 17 Mai au foir. 1153: 25. 2 Se 50. 36 7. |nouvelle, la Comète comparée les 17, 18, 19 & 20 Mai. ORNE ONE RS 8 prouvele la Comète comparée les 20, 21,22, 23 &124 Mai. 153- 35. 49 FORCE: 6 du Sextant, la Comere comparée le 3 Juin. 153-4254 | 4.288035 | 10 |nouvelle, la Coimète comparée les 24, 25, 26, 27 & 28 Mai. He ML EM | ere TES 10 |nouvelle, la Comète comparée le 20 Mai. 153. 46.121 | 741158. 55 8 {nouvelle, la Comete comparée le 14 Mai. 153e 47» 22. | 702. 32 ro |nouvelle, la Comète comparée le'14 Mai. 153-057 4O0N NS MO 29 10 |nouvelle, la Comète comparée le 13 Maï. 154 07.039 0|M4# 003.120 10 |nouvelle, là Comète comparée le 30 Mai. 154 47. 3oMr2- 2." rit 7 nouvelle, la Comère comparée le 7 Mai. 154. 52. 21 |r1. 52. 46 9 inouvelle, la Comète comparée le 8 Mai. Ni4-Us 722 |, 046 7 |nouvelle, la Corère comparée le 6 Mai. 156 8. 56 lus. 5.53 6 :p° de l'Hydre, la Comète comparée le $ Maï. SG-ARBANS * nouvelle, la Comète comparée leo Mai. p' de l'Hydre, la Comète comparée le $ Mai. {nouvelle , la Comète comparée le 3 Mai. nouvelle, la Comète comparée le 3 Mai. nouvelle, 11 Comète comparée le 12 Maï. nouvelle, la Comète comparée le 1. Mai. à a alons| nouvelle. nouvelle, la Comète comparée le 17 Avril matin. nouvelle, la Comète comparée le r7 Avril matin. [A du Capricorne, la Comète cftimée les 14 & 15 Avril matin. nouvelle, la Comète comparée les 7 & 8 Avril matin. nouvelle, 11 Comète comparée le 6 Avril matm. du Verfeau, la Comètc comparée le 1. Avril matin. nouvelle, la Comète comparée le 2 Avril matin. A des Poïffons, la Comète eftimée le 14 Février au loir, IN = | o DE 5117 SPGYME N'G'E°S. 433 ASCENSION Fe DÉCLINAISON. “Sa|IOIY ap 'SAJIONZ S2p AN2pÜErT) droite, DE TENNIS SPP ET SUNSET EEE ÉTOILES QUI ONT SERVI À LA DÉTERMINATION DE LA COMÈTE. M. S a ne 7. 28 K|] 8 |nouvelle, In Comète comparée le 31 Janvier & le 1." Février. - 3. 40 A! 5 x" des Poiflons, la Comête comparée les 3 & 4 Février. | . 32. 29. B| 8 nouvelle, là Comète comparée fe 1. Février. 1e 14 8 |nouvclle, la Comète comparée les 27 & 28 Janvier. 26 HCEUCT 10 |nouvelle, la Comète comparée le 25 Janvier. 27 SNS 10 }nonvelle, la Comète comparée le 23 Janvier. 16 . 44. 48 6 {des Poiflons, la Comète comparée les 25, 27 & 28 Janvier. 18 NN 8 |nouvelle, la Comète eftimée le 21 Janvier, & comparée le 22. 18 . 26. 53 5 |A des Poïffons, ln Comète eftimée le 21 Janvier. . 58 A! 5. 6 |nouvelle, 6 |nouvelle. 29 |154 8. 33 055-290 5% 5 © Vi æ o Aa © OBSERVATIONS de la Comète de 17$9, faites en Æurope à dans les Indes orientales, recueillies tanr de la Correfpondance de M. de l'Ifle que de la mienne. À la Haye, par M. Dircx DE KLINKENBERG, Commis au Secretariat de L. H. P. les Etats Généraux de Hollande & de Weft-frile ; de la Société des Sciences de Hollande, à Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. Extrait de fes Lettres des 20 Août 1759 àT 24 Février 176$: À YANT reçu une indication des lieux où on devoit chercher la Comète pendant fon apparition & ayant appris d'Allemagne & de Paris, qu'on l'avoit obfervée : je commençai à la chercher vers la fin d'Avril, les foirs après le coucher du Soleil, aux environs du fud; mais le ciel fut très-couvert les 24, 25, 26,27 & 28 dece mois; maisle 29, le ciel étant devenu fort frein, malgré mes foins je ne pus rien découvrir. Le léndemain 30, auffi-tôt que les étoiles purent paroître après le coucher du Soleil, j'aperçus la Comète un peu à loueft du fud & aflez élevée au-deflus de lhorizon, je Mém. 1760. . Tii 434 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Fexaminai pendant une heure + avec un télefcope, je lui vis à la vue fur ple une queue longue d'environ 2 degrés. Je comparai enfuite le noyau de la Comète avec quelques étoiles fixes par le moyen d'un Arbalefrille (inftrument très-imparfait), ce que je fisautliles 1, 2 & 3 de Mai, mais je n'en rapporte as les obf ;vations, ne les juveant pas aflez exactes. Les okfcrvations qui vont fuivie, ont été faites avec un télefcope grégorien de 21 pouces de foyer, le champ ayant 18 ninutes de diamètre. Je dreffai dans le jour (dit M. de Klinkenberg } le télef- cope , de forte que le mouvement vertical fut exact ; & comme les fils qui f croifoient au centre n'étoient pas aflez vilibles, je plaçai dans le champ de l'inftrument un petit morceau de papier noir 8, €, D: Comète a fe trouvant dans le télefcope, je prenois bien garde au temps qu'elle devoit en fortir, faifant À en forte que ce füt toujours au point 2; > prenant enfuite bien garde que l'inflrument ne changeät pas d'azimut, & attendant qu'une étoile des plus voifines de la Comète & la plus convenable paffàt par le même vertical en dirigeant le telefcope plus haut où plus bas , de forte que Yétoile fortit au point 8 ayant marqué le moment. Ob'ervant de méme la différence de hauteur entre étoile & li Comète & laiffant l'inftrument en cet état jufqu'au lendemain matin, à la faveur du jour, je faifois defcendre le télefcope verti- calement jufqu'à quelque objet proche de l'horizon répon- dut au. point 2 ; je mefurois enluite avec un aftrolabe le nombre de deurés & de minutes dont cet objet étoit diflant du méridien déterminé, & c'eft parce moyen que je trouvois Vazimut. C'eft de cette manière que j'ai fait les obfervations fuivantes. Le 9 Mai, la Comète au point 8 3...... CO DNINONREN, 25 L'étoile » de l'Hydre au même point à....... NO LU 10 Différence chMtEMpE NN ARE M ENICENT RE oz Pre La Comète étoit plus élevée que l'étoile de 4% 30'; lle ! > 4 D ES SDS NC IUELNN CHE) SN 435 étoit au - deflus de l’horizon d'environ 20%. L'azimut de la verticale étoit de 3 342 à l'oueft du fud. De ces obferva- tions il refulte la longitude de la Comète calculée de 104 39" de la Vierge, & fà latitude méridionale de 194 47". Le 10 Mai, la Comète au point Bà........ « 9" 23° 30° Étoile dont l'afc. droite étoit de 1 584 A ZA(E Ne 8 ÆEtla déclinaifon méridionalede 16. 2 fu PTIT PAT 7 Différence de paflage en temps. ..... SRE 2007 La Comète étoit plus élevée que l'étoile de 64 28’, elle étoit élevée au -deflus de Fhorizon d'environ 20 degrés. L'azimut de da verticale étoit de 3644 à l'oueft du fud : de ces différences, la longitude de la Comète a été conclue de 9% 52° "y, & fa latitude méridionale de 194 18°. Le 14, la Comète au point Ba...........,. 9 56° 43° L'étoile » de l'Hydre au même point à......... 10. 35. 37 Différence du paflage en temps............ 38. 54 La Comète étoit plus élevée que l'Étoile de 84 22’, & au-defius de l'horizon d'environ 1 64 : l'azimut de la verticale étoit de 494 35° à l'oueft du fud: de ces obfervations, il réfulte la longitude de la Comète de 84 3 3° mp, & fa latitude méridionale 174 5’. Le 16 Mai, la Comète au point B 4....... le tee LORS TR L'étoile » de l'Hydre au même point à........, 1O. 32. S2 Différence de paflage................... 41. 40 La Comète étoit plus élevée que l'Étoile de p4 251,188 au-deflus de l'horizon d'environ 16 degrés; lazimut de a verticale étoit de $o4+ à Joueft du fud:; il réfulte de ces obfervations, que la longitude de la Comète étoit de 84 4” dans la np, & fa latitude méridionale 1 64 2 1”. Le 17, la Comète au point Ba.....,........ 9* 49° 25 L'étoile , de la Vierge au mémepoint à..,..,.. II. 50. 21 Différence de paffage en temps............ 2. 0. 56 … 436 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La Comète étoit plus baffle que l'Étoile de 74 s'; elle étoit élevée au-deffus de l'horizon d'environ 18 degrés; l'azimat de la verticale étoit de $ 144 à l'oueft du fud: de ces ober- vations, il réfulte que la longitude de la Comète dans fa Vierge étoit de 74 56”, & fa latitude de 1 64 1 6’ méridionale, Le 19, la Comète au point Bä.......... a T0 TA TON L'étoile & de la m au même point a........... 11-013 30 Différence de pañage ....... ANA SL ANTOINE EEE La Comète plus baffe que l'Étoile de 104 1 s', elle étoit élevée fur l'horizon d'environ 1$ degrés; l'azimut de la verticale étoit de 574 5 5’ à l'oueft du fud ; on a trouvé, par ces obfervations, la longitude de la Comète de 74 36 dans la Vierge, & fa latitude méridionale de 1 54 28°. Le 21,1a Comète au point Ba...,.,...... te MOSS ANS AR L'étoile , du Lion au même pointà........... TON 37-7413 Différence de paffage en temps............ o. 42. 49 La Comète plus baffle que l'Étoile de 342 3’, elle étoit élevée au-deflus de Fhorizon d'environ 17 degrés ; l'azimut® de la verticale étoit de $$4 50’ à l'oueft du fud: de ces obfervations, il réfulte que la longitude de la Coimète étoit de 7% 32'dansla Vierge, & fa latitude de 1 $4 $” méridionale, Le ciel n'a permis de rechercher la Comète que le 28 de Mai; mais il n'a pas été poffible de là revoir, à caufe du fort crépufcule & de la proximité de la Comète à l'horizon. Ayant reçu de Paris les oblervations de cette Comite, faites par M. l'abbé de la Caille depuis le 14 Avril au matia- jufqu'au 28 Mai au foir, j'ai trouvé, par ces obfervations, les élémens de l'orbite de la Comète, tant dans la parabole que dans l'ellipfe; ayant employé, pour trouver les lieux de læ Terre, les Tables du Soleil de M. l'abbé de la Caille, voic& ce que j'ai trouvé :. DES SCIENEES. 437 La diflance périhélie étant 0,59707 ?, & prenant pour l'unité Je rayon annuel de la Terre. Paffage de la Comète au Périhélie le r 3 Marsà ro 11° 31"2, temps moyen au méridien de Paris. La Longitude périhélie dans l'orbe parabolique. 1of 14 o° 24" La Longitude du nœud afcendant. ...,.. 24 71 205 Inclinaifon de l'orbite. .... s SEVÉRAUR st 17. 28. 55 Le mouvement rétrograde. En fuppofant le temps de la période entre les années 1682 & 2 1759, de 27936 jours ?, ou 670480 heures, j'ai trouvé le grand diamètre de l'orbite elliptique. . . .. LS SM ape AE 36,036934 Le petit diamètre. ..... EP RURS LT EAU ET Lacie + de 9,092565 La diftance périhélie (1759). ....... eu à 0,5829726 Le rayon de l'orbe annuel étant comme ci-defus égal à l'unité, Pafage de la Comète. au Périhélie le 12 Mars à 13735", temps moyen au mcridien de Paris. La Longitude périhélie dans l’orbe elliptique. .. 1of 34 r9° 18" La Longitude du nœud afcendant......... 1. 23. 45. 35E L'inclinaifon de l'orbite. ..... CARRE ENT 17* 40. . 5 Le cours rétrograde. Par ces deux élémens, j'ai calculé toutes les longitudes & latitudes de la Comète au temps des obfervations de M. l'abbé de 1x Caille: les réfultats des calculs fe trouveront comme dans la Table fuivante : les diffirences font marquées par le figne +- lorfque les longitudes & les latitudes calculées ont été plus grandes que celles qui ont été obfervées, & elles: font marquées du figne — loifque les pofitions calculées: ont été trouvées moindres. Li üg 438 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE ARCS ET L TIEDOORENEL ET DA RAME TONNES CALCULS PITERENSS DE LA COMÈTE, s u Calcu TEMRS par M. de ra Caille, dans un orbe parabolique. avec l’obfervationt 1759: PONS A nn à Paris | Loncirupe | FATITUDE FLoncirune | LATITUDE! Différence Différehi méridionale, méridionale, en cn obfervée, oblervce. ! calculée. cheuse | longitude, lariro Qi ramener 7: DAT M 0 À. Dn Mon. RE : - — Avril 16. 12.210520 sr. 42 2. 8. 27iæ20: 51. 7] 2 461—0. 35 —o 30|, 9° 14..3e k 2% DOTE 47e 17|34 39 4 Mai. 1| 9.23. 19|m22- 31 49131: 26. 52] 22. 30+ 20/31. 26. 40|—1. 20| —o. 5 3| 9. 35| 17: 10.421,26. 47. 5ÿ 17-11. 12/26. 48. $9|+o. 30 +1. SIMS one 2 NON 23. 41: 551 14. 1. 48 23. 42. I $|+0. 13 +o. 6| 9-40. 17| 12.53. 0122-26: 201 12. 52. 7|22. 28. 14|—0o. 53/1. $4 8 |110. 62 Mty Il TE MlErAMO er: 36.25) x1. 12. 57/20. 36. 12|+1, 57|—0o. 1 9! 9. 4026, 1 To 53 5119: 49: 45) 40. 35. 3119. so. 37]+1. 580. 12| 9. 37: 58 9. 10 4018. COS) 9: 12: 29/18. 2. 4o|+1. 1411085257 8. 35. 20|17-. CS 203 05 7 9, 45|+1. ri 100: JC 8. 21. 50,16. 46. 20 8. 22. 39lr6. 46. 29|+0o. 16/10. 36. 58] 8. 8.40116: 22. 334 8. 9.53|16. 24. 8|+1. 38. 59] 7: 59-48116. 4 55! 8. 81 7 50. 20/15. 46.224 7. 9. 2piuf 7. 38. 20/15. 16. 18 7e 9. MDN. 7e Bosnen NE jee) OA 7 2 9- 49. 13 7e 31.25 M4, 49:39 7.3 2 231 9. 55.47] 7-28.42|14. 37-10) 7.28. 3|r4. 37. 57|—0. 24| 9. 30.2 7- 26. 5o|14 26. 56 7- 26: 17|14 26. 54|—0. £ 9: 492 7- 24. 46114 16. 0 7: 25+ 15/14. 16. 14/0. 26| 9-58: 4 7e 25° 30|14: 7- 7] 7-24. 5614. 6. 2010. 34 27/10. 0.40 7125050103 7e Ne 725. 17|130571 0010.26 28|10. 9.47 7. 26. 32113. 49. oO 7e 26. 14 13. 48. 14[—0o. 18 MOYE à Paris. H. M. 16. 12. 30 9 Ile REU 9 23. 9+. 3. DbEzs SÉTENCES. TUE MP S N l EN 32 29 35 CrANLICHULELS 439 ER M ET RESTE APRES NET ENSD PIPERE TND E TENER EE SAR DENT EEE ES DIFFÉRENCES du Calcul dans un orbe elliptique. Re D LONGITUDE calculée. # 20. ny, 26. 22: 17. ————————— MNNNINNNN NYN ü PRE CLS ARE CR Er] 2 7: 46 MES 34 Ao-aiSt DB 3 ST Me. 29+ 9 314 25. 33 |— 2. 31 10. 24 | 26. 48. 55 |— o. 18 LENS AN ME EE DEC En o. 28 St. 30 | 22. 28. #4 |— "1. 30 12-016 | 20- 36. 21 |Æ r. 16 3475344 | r9.150.:38 IF re? HER, 18. 2. 41 |+ 1. 27 36. 35 17 9. 47 [+ 1. 15 22. 21 | 16. 46. 31 |+ © 31 9 37 | 16. 24. 10, |+ o. 57 59- 58 | r6. 5. 47 |+ ©. ro ST- 21 PS A7 ON ET. I NPA M NE NE: | L o 27 34. 15 LME RCE ent 0 à 30. 34 | 14. 49. 57 É d SE AND UANEr7- 7 Wu COS 2,62 01% 14 26. 54 Nono RUE 14. 16. 14 + o. 26 24. 55 14 6. 20 dE 0. 35 217 | Mu 7 No ler 136 26. 16 | r3. 48. 13 |— 0. 16 LATITUDE méridionale , calculée. Différence a longitude. Différence latitude, AN EAON 7 O4 SONO ni UNO —+ ©. 20 + I. $4 OA T 0 53 + 0. 36 + I. 22 —+ © II: HU + o. 52 + 1. 28 Ty 0 45 — 0. 38 + 0. 27 + ©. 47 —" ol 2h 0e 14 avec l'obfervation. 440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE À Leyde, par M. LuLors, Profeffeur de Mathématiques, Membre des Académies de Londres, de Berlin, de Harlem, dr Correfpondant de celle des Sciences de Paris. Extrait de fes Lettres des 22 Juin 1759 7 19 Février 17654 J'a héfité, Monfieur, fi je vous enverrois mes obfervations fur la Comète préfente, à caufe de leur peu de précifion ; je l'ai obfervée par fes hauteurs au-deflus de l'horizon & par des azimuts, m'étant fervi de mon quart-de-cercle azimutal, qui a 6 pieds 8 pouces de rayon du Rhin (dont j'ai détermine le rapport au pied de Paris, comme :1391,835 à 1440); Ka lame azimutale fur laquelle l'index tourne elt un Nonius de près de 18 pouces de diamètre, & il eft fi bien ajufté fur un tuyau de cuivre , que l'on peut aflez exactement y marquer les divifions de 5 en $ fecondes par une allidade qui. foutient une lunette dioptrique de 6 pieds 9 pouces. Le 1. Mai à oh 14° 16", j'ai commencé à u la Co- mète; fa hauteur fur l'horizon, corrigée, étoit de 104 53° 25: | & fon azimut du midi vers le couchant ; I 5 32; & par | conféquent fon afcenfion droite de 159° 57" o”, fa décli- naifon méridionale de 254 28° 10”; elle pañoit alors 40 fecondes plus tôt par le fil horaire du micromètre qui eft. * Déterminée adapté à mon quart-de-cer cle qu'une petite étoile télefcopique *, * par M-Mefier. & [a différence de déclinaifon étoit de 10° 46"; la Comète Voyez fa feconde PARUS. Table: cet'Er. plus méridionale, nouv.n 17%! Le 2 à UD SE temps vrai, la Comète étoit élevée | fur l'horizon de FE ‘43. 12”, & fon azimut du midi vers le couchant de 174 $9' 0” à par conféquent fon afcenfion droite À La de 1584 34 30", & fa déclinailon méridionale de : AUX Le staon as a. temps vrai, la Comète étoit élevée fur l'horizon de 1 3 46° so”, & fon azimut du midi vers le couchant de 284 7' 30"; : il en rélulte l'afcenfion droite de la Lois de I 57° 28’ 20”, & fa déclinaifon méridionale de 19453" 40": obfervation douteufe. A la D0E 5 Sel TE Nec Ensi 441 À la même heure of 45" 26", la Comète a paffé par un fil horaire 1° 1 5” de temps plustôt qu'une petite étoile *, & fa * Détermince déclinaifon étoit de 9’ 7” plus grande que celle de l'étoile. A 9h $o',la même petite étoile paffoit 1° 1 1° plus tard que la Comète au fil horaire, & la déclinaifon de la Comète étoit de 8’ 41" + plus grande. Le 6 à 10" 39° 58”, la hauteur de la Comète fur l'ho- rizon étoit de 1247' 17"; fon azimut du midi vers le cou- chant de 464 42° 30", & par conféquent lafcenfion droite de la Comte {era de 1554 41° 30”, & la déclinaifon de 149 15° 30" méridionale; je ne me fie pas beaucoup à cette obférvation à caufe de celui qui m'aidoit à compter, qui aura pu fe tromper. A io! 23°, une petite étoile * eff parvenue au fil horaire 2° 7" plus tôt que la Comite, & la même étoile avoit une déclinaifon de 25° plus petite que la Comète. Le 9 à 10h 29° 36" temps vrai, la Comète étoit élevée fur l'horizon de 1 3% 10° 30"; fon azimut du midi vers le couchant étoit de $ 14 5 9° 0", & par conféquent fon afcenfion droite de t 541 43 10", & fa déclinaifon méridionale de 104 44' 30°. Un peu avant cette obfervation , une petite étoile a précédé la Comète au fil horaire de 26 fecondes de temps, & la déclinaifon de là Comète étoit de 1 8’ 59": plus grande que celle de l'étoile: avant le pañfage de cette étoile, c'eft-à-dire à 10° 25° 33", la Comète arrivoit 1’ 3” detemps plus tôt au fil horaire qu'une autre étoile, & 1a même étoile avoit 10! 4 5 "de déclinaifon plus grande que celle de la Comite, Le ï 5 à 10h 30° 20", la Comète étoit élevée für l'horizon de 144 14" 23", & fon azimut du midi vers le couchant étoit de 574 so’ 30”; de ces obfervations il réfülte l'afcenfion droite de la Comète de 1534 41° 20", & fa déclinaifon méridionale de 74 1’ 40", Le foir, on voyoit autour de la Comète plufieurs petites étoiles, mais aucune n'a pu fervir; la queue de la Comète avoit 20 minutes de longueur. Mém. 1760. . KKkk par M. Meffier. Voyez fa feconce Table ; CeftVEt. nouvellen.° 15, 8." grandeur. * Déterminée par M. Meffier. Voyez fa feconde Table; c'eftlÉt. nouvelle n.° 12, 7-"° grandeur. 442 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 20 à 10? 24 7", la Comète étoit élevée fur l'horizon de 1540” 40", fon azimut du midi vers le couchant étoit de 624 53° o" ; il réfulte de ces oblervations, droite de la Comèe de 1 53° 22° 30", & fa déclinailon méridionale de sa 28' 20”. l'afcenfion A 10h 30", la Comète faifoit un angle aigu avec deux petites étoiles qui ont paru être de la fixième grandeur, & la # Déterminée Comète avoit 1 5’ 11" + de déclinaifon plus que l'étoile * la UN Mïlier. plus voifine d'elle, & en même-temps cette étoile pafloit 24" Voyez fa feconde Table; C'UÉt. de temps plus tôt par le fil horaire que la Comite. nouvelle n° 3, M, Luloffs marque qu'il a imprimé quelques détails de fes 8." grandeur, obfervations dans Îe cinquième volume des Mémoires de l'Académie d’Harlem, qu'on pourra confulter. A Mompellier, par M. DE RATTE, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Sciences de ]Mompellier. HA. D, M. IMareeniee 7Z|L To. (T9U]m E1:4 56. 8| 9. 47 TLe 170: 12) (10.2 JADE 7 7 7 A 7e 2e 7 7 7 ré 1759: vrai. obfervée. S. TEMPS | LONGITUDE;|[LATITUDE auftrale obfervée. D. MIS, » 27e 31 . 34 2 1. 48 . 46. 29 32+ 4I : 8. 55 3 36 + 50. 36 + 36.118 272032 17e 16 Mason x ar. LA8 24% DLE sh SUCRE .N € ES 443 À Ariguon, Bar le P.MorAND, habile Obfervateur ; les cinq premières Obfervations ont été faites le matin, 7 les autres le Joir. ASCENS. DROITE DÉCLINAISONS NOR CONTE obfervée. auftrale ebfervée. A MS DRASS [DOM S 4 13e 57 10322 45 26 1920. 19. 20. 23. 4 MSN 22e "er 6e Hola xt ASTM Set 0. ON 23-2557 AZ MENTON O2 OMIS RICE 4 12. 9 | 318. 25. 20 Î29. 39. 14 8. 18. 56 | 164. 51. 14 |36. 21. 8 1O. 24e 39 158: 25° 13 |22, (7.40 9. 26. 18 15.65 2. 113 ANS: L292ri0S 8, 42. 48 | 155. 38 16 |13. 59. $o 8. so. 24 | 155. 15. 36 |12. 44. 14 84-03 CMS 449 MONT 4 TA20 SSI Lrs429r 52. s2 |r0o 10: 44e 177 8. 24. 46 | 154 19 Hana CONEE: lose: 8.440. 49, | 1154, 10.122 19.112. 16 8. 34: 47 | 154 oo. 37 | 8. 35. 37 8. 34. 19 | 153: 49: 52 8. _8 3. 22 8.140 ro 53-41. M9) 760.120 9. 2. 8 | 153. 37. 32 | 7. 5. 43 8. 46. 25 153- 37: 24 | 6. 39. 50 8. 54: 49 | 153 38: 42 6. 17. 41 9. 34 4 | 153: 38. 43 |.5. 49. 16 8. 52. 18 | 153. 38- 49 ls. 39. 18 SHMB US USB al a BU NS rez Ado ue | Et se LAS VER a D A2 9.016289 05344 153. 44 12 | 4 56. 19 231 9. 20. 10 | 153. 46. 26 | 4. 40. 56 24] 8. 57: 55 | 153-:48. 19 | 4 33. 18 25118.057 220 153 50.156 M4 26 28/9. 21.2 153. 56. 13 | 3-057- 31 2,0) AO 2 PEUT 154 o. 8 | 3. 49. 40 go 19 TEA 8S SD SAS sen 5i (]N3e 44 46 PE ER + 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A Vienne en Autriche, par le R. P. HELL, Affronome de L. ML Tpériales , Correfpondant de l Académie Royale des Sciences de Paris. ANNÉEÏ|TEMPS|ASCENS. DROITE] DÉCLINAISON| LONGITUDE 1759. vrai. obfervée. auftrale obfervéc. obfervée. PRE PO RE EN EEE D: M US: Mais. 2/10. 57158. 33. 27]21. 58. 191m19. 22. 36 amor: 28.132109 Mano NET T:20 rs lof 3063 RS ANS INRIA TA 19|11. 7153. 39. 42] 5. 45. 33] 7. 44. 44 2010054830 ns 210 NO ANATMNOL 21/0. DNS Eden ACTE: 71210 2e | Von |T53. 42 Ms 2er 7. 30. 48 2)roMOS TS STD MIA ON 72 ANAL 28l10. 4 154 OO. 3l 4 7. 32 7: 26. 42 LATIT. AUSTR. obfervée. 28. 54 12 26. 46. 22 16:47. 052 RTE 32. 18 IIS. 17. NEA 15e M2 REA 14. 50. 45 1450 1;72#e5 0 13-5348 On trouvera le détail de ces obfervations dans les Éphé- mérides del’ Auteur ; qui s’impriment à Vienne, année 1760, page 6 du Recueil des Obiervations Aftronomiques, avec une carte de Ja route apparente de la Comète. À L'ÉIPSICE. L'on publia dans cette ville, le 24 Janvier 175 o,un Mémoire Allemand que j'ai vu, ayant pour titre « Preuves de » l'apparition réelle dela Comète quia paru en 1682, &qui, » fuivant la Théorie de Newton, a été prédite par M. Halley, » & des apparitions qu'elle aura dans la fuite des temps, donné par un Amateur de l'Aflronomie : » cet imprimé contient quinze pages in- 4°, il y eft dit que cette Comète paroît réellement , quoique maintenant on ne puifle l'obferver qu'avec des télefcopes ; l'auteur de ce Mémoire s'étant fervi d'une lunette Aflronomique de 3 pieds pour la voir. « Il étoit à un Payfan de Saxe , nommé Palitzfch, à » Prohlis près de Drefde, de découvrir le piemier cette Comète: = réfervé (dit-il ) Di HIS UIC IH IEUN, CE, S 445 fans connoitre le prix de fa découverte , fes obfervations des 25 « & 27 Décembre 1758, avec celles du Docteur Hoffmann, « amateur d'Aftronomie , faites le 28 Décembre, ont fervi à « faire connoître que c’étoit le retour de la Comète de 1 682. » L'auteur de ce Mémoire dit qu'il m'attendoit plus qu'un ciel ferein pour la voir lui-même; ce fut le 18 Janvier que le ciel lui permit de la chercher avec une lunette de 3 pieds ; le lendemain 19, il l’obferva encore, fon mouvement étoit rétrograde, & tel que la théorie lexigeoit ; convaincu en effet que c’étoit la Comète fi long-temps attendue, il travailla à déterminer d'avance fes phénomènes , pour la fuite du temps qu'elle devoit être vifible ; & afin de la trouver & de l'obferver, il calcula en gros les éphémérides fuivantes, qui fe trouvent dans le Mémoire Allemand. Dog ns ie ©} NI RUE HA TIMOnE POSITIONS DE LA COMÈTE 1759 géocentrique, geocentrique. pendant fon oppoñition, D. M, 4. 30.B 5025 (HR) AMC 6. 40 Mars. “all cie Drago io allée M EPA E La Comète en conjonétion avec le Soleil. 9 7+ 10 6. 57 : LB bts: 14 $+ 10 6. 53 La Comète à fon périhélie. CONNONES PS REED 29] # 29: 23 5: 47 Avril.,. 8| 25. 24 3-128 ne MES I 5 © La Comète dans fon nœud defcendant. 18| 16. 41 4. 53.A 21 8. 52 12. 50 231626. 3 26. o : SC TT AE Ru RTE à La Comète à fon périgée. AIRE ICE Roue ose La Comète en oppofition avec le Soleil. Kk k iÿ 446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le refte du Mémoire contient des détails fur les apparences que devoit avoir la Comète pendant fon apparition, de la grandeur de fon noyau, de l'étendue de fa queue, & du temps qu'elle refleroit vifible, &c. Il ne fe trouve dans ce Mémoire aucune obfervation faite de cette Comète en Saxe. A ROME. LE 16 Avril, à 16* 30° 37", la Comète étoit auftrale à Y'étoile x du Capricorne de 20° 35", & la différence d'af- cenfion droite étant de 22° 33", la Comite à l'occident : afcenfion droite de la Comète, 3214 56° 18"; déclinaifon 20426" 11" auftrale. Le 16 Maià 9h 5° 54", la Comète plus à lorient que l'étoile « de l'Hydre , de 144 44 16”, la Comète plus méridionale que là même étoile de $7' 42": de ces obferva- tions , il réfulte l'afcenfion droite de la Comète de 1 534 44 28", & fa déclinaifon de 64 41° 0” auftrale, Le 17 Mai à 9h 49° 54”, la Comète plus à lorient que Y'étoile & de l'Hydre, de 14% 43" 16", & la Comète plus méridionale de 14 14° 9": ilen rélulte l'afcenfion droite de Ja Comète de 153443" 28", & fa déclimaifon 64 24° 33" auftrale. JE n'eft pas dit avec quel inftrument ces obfervations ont été faites. A CAD1IZ. Lettre de M. Godin du 12 Août 1759: Nine avons vu la Comète ici depuis le 6 Avril au matin jufqu'au 22 inclufivement, & depuis le 28 au foir du même mois jufqu'au 21 Mai au foir, dernier jour qu'elle nous a été vifible (il n'a point communiqué ces obfervations , & voici ce qu'il écrit}; j'ai mis de côté ces obfervations, jufqu'à ce que j'aie achevé la defcriptionde notre oblervatoire, des inftrumens qui y font, & des obfervations que nous y avons faites ;-c'eft un-des petits ouvrages auxquels je travaille DES SEE NC ES, 447 actuellement, & que je compte de pouvoir imprimer cette « année. La Cour le fait, & c'eft pour cela que je ne dois rien « communiquer jufqu'à ce premier eflai rendu public. » Je n'ai point appris que cet ouvrage ait été mis au jour, pi que les obfervations fur la Comète préfente aient été imprimées. A Lifhoune, par le P. CHEVALIER, Prêtre de lOratoire, de la Sociäé Royale de Eondres, à Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris. Extrait de fes Lettres. À ANT appris dans les premiers jours d'Avril, par des Mariniers, qu'une Comète paroïfloit fur notre horizon; je ne pus rien voir ce jour-là, le ciel s'étant couvert quelques heures avant le lever du Soleil. Le s Avril à 4 45° du matin, je vis la Comète à travers de légers nuages, comme une étoile de la première grandeur, avec une queue fenfible longue de deux degrés, & large vers fon extrémité de près d’un degré : Ia lumière de la Comète étoit tant foit peu obfcure & pale, ce qui étoit caufé par des auages, rares, & par la clarté du crépufcule ; j’eftimai la pofition de la Comète à l'égard des étoiles « & R du Verfeau , dans le vingt- quatrième degré de cette conftellation , & fa latitude fepien- trionale d'environ 3 degrés. Le 6, je vis la Comète s'élever fur notre horizon fenfible; qui eft un peu plus élevé que l'horizon vrai: à 4° 28’ on diflinguoit la queue de la Comète à travers les vapeurs de Yhorizon : lorfque la Comète fut élevée de $ degrés , fa queue qui étoit longue, s’étendoit jufqu'aux étoiles c de la queue du Capricorne, avec une largeur de 3 degrés : j'obfervai la Comète avec un télefcope grégorien de fept pieds, le noyau qui étoit aflez diftinét de la chevelure, parut plus grand que Saturne dans fon oppofition ; la figure du noyau étoit elliptique ; le noyau & la chevelure de la Comète paroifloient occuper quatre minutes d'un grand cercle : ayant comparé la 448 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Comète aux étoiles des épaules du Verfeau, j'eflimai fa pof- tion dans 234 1 5’ du Verfeau ,avec une latitude feptentrionale de 2er Le 7, je vis la Conte auffi-tôt qu'elle fut fortie de l'horizon : à 4° 27° du matin, le noyau paroifloit plus clair, ainfi que la queue qui étoit aufli plus grande, & qui touchoit les étoiles c de la queue du Capricorne : j'obfervai le paflage de la Comète par le fil vertical d'un quart-de- cercle, ainfi que le paflage de fétoile 8 du Verfeau, & j'en conclus que la Comète étoit dins 224 40° de cette confiella- tion, avec une latitude de 14 $0" boréale, Le 9, le ciel fut couvert; le 10 , couvert en grande partie, je vis la Comète pendant quelques momens, & fa queue qui brilloit à travers les nuages rares : j'eflimai qu'elle étoit dans 2 24 8’ du Verfeau, avec une latitude de $8 minutes boréale. Les11r,12,13 & 14, le ciel fut couvert; mais ie 15 étant devenu ferein, j'oblervai la Comète avec un télefcope grégorien de 7 pieds de longueur ; le noyau étoit clair, on le diftinguoit bien de la chevelure, & il étoit bien terminé principalement du côté d'où la queue partoit : le grand diamètre «du noyau fut mefuré avec un micromètre adapté à une lunette de 10 pieds, & trouvé d’une minute 2 1 fecondes d'un grand cercle. La Comète paroifloit fous l'étoile 9 du Capricorne ; mais la queue s'étendoit jufqu'à 34 30’ touchant prefque l'étoile du Capricorne; ayant comparé le paflage de cette étoile par le fil vertical d’un quart-de-cercle avec le paflage de la Comète au mème fil, je conclus que la Comète &oit dans 194 48' du Verfeau , avec une latitude méridionale ra Le 16, je vis la Comète dès les quatré heures du matir, prefqu'auffi brillante que le jour précédent, fa queue n'étoit pas cependant fi longue, & rendoit une lumière femblable à celle de la Lune, elle touchoit néanmoins l'étoile x du Capri- corne , avec laquelle je comparaï la Comète : ayant aufft comparé le paflage de la Comète par le fil vertical du quart-de- gercle, avec celui de l'étoile + de la même conflellation, par le méme D{E:8: S:c 1 È Nc Es. mème fil, je jugeai que fa longitude étoit de 184 3 5’ dans le Verfeau, & fa latitude de 49 52° méridionale, ; Le 17, le ciel fut couvert, maisle 18 je vis la Comète fous les Étoiles e & € du Capricorne ; l'ayant comparée avec ces Étoiles dans le temps du paflige par le fil horaire, je la trouvai dans 14 30° du Verfeau, & fa latitude étoit de 8 degrés méridionale : on diflinguoit très-bien dans un télefcope le noyau & la queue ; mais la queue ne fe diflinguoit guère à la vue fimple, à caufe de la clarté de la Lune & du cxépul- cule : cette obfervation fe fit à 4h 38. Le 19, je vis la Comète, mais peu élevée fur l'horizon à caufe de fa grande latitude”méridionale (il étoit 4h 3 5’ du matin ) , auffi étoit-elle peu brillante, fa queue & fa chevelure paroifloient plus petites : ayant obfervé le paflage de la Comète par un fil vertical, ainfi que les étoiles e & & du Capricorne; jai conclu que la Comète étoit dans 114 2 s' du Verfeau, & que fa latitude étoit de 1 09 45" méridionale. Le 20, je ne pus voir la Comète que très-peu de temps; lhorizon étoit obfcurci par des nuages & des vapeurs ; la Comète étoit peu élevée au-defflus de f'horizon à 4} 30": cependant on la voyoit à la vue fimple, fa queue étoit longue de 2 deorés ; par le paffage de l'étoile « de la tête du Capricorne ; & par celui de la Comète par le fil vertical, je conclus qu'elle étoit dans 64 40" du Verfeau, avec une latitude de 134 30° méridionale. Le 21 à 4° 30’ du matin, je vis la Comète affez brillante, quoique dans le voifimage de la Lune ; fa queue étoit courte, mais elle paroifloit plus large que la veille, & blanche : j'oblervai le paffage de fa Comète par le fil vertical d’un quart- de-cerle, & celui de l'étoile « de la tête du Capricorne, & je conclus que la Comète étoit dans 28% 20° du Capri- corne ; pour fa latitude, elle me parut être d'environ 164 20° méridionale. Le 22 Avril à 4P 40° du matin, j'obfervai la Comite qui étoit peu élevée fur horizon & peu brillante , néanmoins on voyoit encore fa queue à la vue fimple, mais avec une Méëm, 1760. . Lil 450 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE lumière terne : comme il ne fut permis de la voir que pendant quelques minutes , tant à caufe des vapeurs de Yhorizon , qu'à caufe de la clarté du crépufcule, je ne pus la comparer bien exactement avec les étoiles voifines ; mais par l'eflime que jen fis, je conclus qu'elle étoit dans 234 du Capricorne , ayant une latitude méridionale de 2 2 degrés. Le 23, quoique le ciel fût clair & ferein, je ne pus voir Ja Comète, ce à quoi je m'attendois déjà, à caufe de fa trop grande latitude méridionale. ’ Le 28 Avril, à Comète parut de nouveau le foir après le coucher du Soleil : à 9 heures, elle étoit à une telle hauteur au-deflus de horizon ,‘ que lon pouvoit la voir à l'œil avec fa queue; je ne pus l'obferver à caufe d'une indif- pofition ; mais le 29 à 8" 30° du foir , les nuages s'étant diffipés, je vis la Comète très-éclatante , fa queue dont Ia lumière étoit blanche & chaire, s’étendoit dans un efpace de 41 30. La Comète paroifloit à l'œil plus grande & plus éclatante que dans les derniers jours de l'autre apparition le matin ; c'étoit fans doute à caufe de fa grande élévation au- deffus de l'horizon & de l'obfcurité de {a nuit : cependant en l’obfervant par le moyen d'un télefcope , le noyau ne paroifloit ni fr grand, ni fi diflingué de fa chevelure, que dans les premiers jours de ce. mois : comme je ne m'étois pas préparé pour lobfervation, je ne pus obferver fon pañlage au méridien , avec toute la certitude néceffaire ; mais par l'obfervation que je fis auffiiôt après fon pañlage, je conclus que la Comète avoit paflé par le méridien à 8h 33° 35" du {oir, ce qui donne fon afcenfion droite de 1654 21° : je l'ai déduite à une petite différence près du paflage des étoiles B & Ode l'Hydre, lefquelles j'ai obfervées & comparées avec la Comète; de ces obfervations , j'ai conclu qu'à 9" 20'elle étoit dans 3% 15° de la Balance, &- qu'elle avoit 3 as"! de latitude méridionale. Le 30 Avril, à près de 8 heures du foir , je vis la Comète avec fa queue, qui avoit une étendue de $ degrés ; la lumière de la Comète paroifloit affez chaire & diflinéte : DES E SCT EUNLE EXS 4ST jobfervai exatement fon paffage à un quart-de-cercle que j'avois pofé foigneufement dans le plan du méridien; le noyau de la Comète pafla par le méridien à 8h 13° $1" du foir, temps vrai, ce qui doune pour l'aicenfion droite 1614 10’: j'ai déduit {a déclinaifon pour Ja même heure de 304 $ o' mri- dionale , par la différence de hauteur obfervée entre la Comiète &. l'étoile 8 du pied de là Coupe , que je fuppole cette année avoir 214 29' de déclinaifon ; la différence obfervée étoit de FEMME Le 1.” Mai, j'obfervai le pañlage de [a Comète par le méridien, de la même manière que fa veille à 8° s’ 52": fon afcenfion droite a été trouvée de 1 604 6° x 5"; l'étoile v de l'Hydre dont je fuppofe l'afcenfion droite de 1594 26’, avoit pallé à 8h 3° 11"; la différence de 2° 41° donne prefque la mème afcenfion droite de la Comète : la différence de hauteur que j'ai obfervée entre 11 Comète & l'étoile fufdite, étoit de 1 14 20’, qui étant aïoutée à la déclinaifon de l'étoile que je fuppofe être de 144 $ 6’, donne la déclinaifon méridionale de la Comète de 264 16’, Les 2,3 & 4,le ciel fut couvert; mais le $ je vis la Comète à o heures du foir, à travers des nuages qui la cachoïient fouvent ; on voyoit fa queue à la fimple vue, mais peu claire & peu diftinéte à caufe de la clarté de la Lune qui étoit dans fon premier quartier : je ne pus obferver exacte- ment fon paflage, ni par le méridien, ni par aucun autre cercle horaire ; mais par la comparaifon que je fis-de la Conrète, avec les plus prochaines étoiles de l'Hydre & de la Coupe, jai conclu que la Comète étoit dans 144 15° dela Vierge, avec une déclinaifon: méridionale de 164 3 s’, car elle étoit prefque d'un degré plus méridionale que la troifiéme étoile @ de lHydre, dont je fuppole la déclinaifon pour cette: année de 154 36: Le 6 Mai, j'obfervai la Comète dèsles 8 heures du foir, ayant obfervé le diamètre de fon noyau avec un télefcope , je le trouvai plus petit que le 1. du mois; la queue paroifloit aufh plus petite à la vue fimple & avec de petites luneues, LI i 452 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE mayant que 3 degrés de longueur; ce que j'attribuois à Ja lumière de la Lune : j'obfervai le palfage de la Comète & d'une petite étoile, par le fil vertical d'un quart-de-cerle ; Yétoile paffa à 81 40° 20" du foir, la Comète à 8h 42° 58", la différence en temps étant de 2° 38", donne 39° 30” d'un grand cercie, dont à Comète étoit plus orientale que l'étoile que je fuppofe être celle qui eft nommée la quatrième @ de VHydre, dans le catalogue Britannique ; elle y eft marquée de la cinquième grandeur , fon afcenfion droite pour cette année étant de 155% 16’, il s'enfuit que l'afcenfion droite de la Comite fera de 155% 55" 30":la Comète étoit un peu plus feptentrionale que la même étoile ; cependant l'obfervation de la différence de hauteur n'eut pas lieu. Depuis le 7 jufqu'au 14 de Mai, le ciel fut couvert & pluvieux ; mais le même jour 14 à 8° 20’ du foir, je visa Comète avec le télefcope ; elle paroïffoit beaucoup diminuée en comparaifon de la première apparition : on diftinguoit encore le noyau de la chevelure, & on le voyoit avec des petites lunettes comme une étoile de K troifième à la quatrième grandeur , la queue étoit peu brillante, fur-tout après le lever de la Lune. J'ai obfervé le pañfage de la Comète par le fil vertical d’un quart-de-cercle, à 8° 28" 11”; le paffage d'une étoile de la fixième grandeur, que je ne connois point, à 8h 37° 42"; le pañlage de l'étoile + du Corbeau , à 10 15° 4": la différence en temps de la Comète & de cette dernière étoile étoitde 1h 46” s 3", & en degréd'un grand cercle, 26443" 1 5”, qui étant fouflrait de lafcenfion droite du Corbeau ( qui felon le catalogue Britannique, réduite à cette année eft de 1804 52° 3"), donne l'afcenfion droite de la Comète de 154% 8° 48”; la différence de hauteur entre l'étoile + & la Comite étoit de 84 8’, la Comète plus élevée que l'étoile, en Ôtant cette différence de hauteur de la déclinaifon de l'Étoile qui eft de 164 12° 20", il reftera 84 4’ 20" pour celle de la Comète méridionale. Le 15, j'obfervai la Comète avant le lever de la Lune; la nuit étoit belle; la queue paroïfloit longue de plus de 5 DE S SICLIENCES. 45 degrés à la -vue fimple, mais peu large ; la Comète étoit de même grandeur que le jour précédent. Le pañlage de la Comte par le fil vertical du quart-de-cercle fe fit à 8° s4'47',le paflage de « de l'Hydre à 7 54° 14", la différence étant de 1548’ 15", à ajouter à l'afcenfion droite de « de l'Hydre, qui eft pour le temps préfent de 1 384 $ 6° 40”, donne pour l'afcenfion droite de la Comète 1 $ 44 4’ 5 5"; la différence de hauteur étoit de 15 minutes à ôter de la déclinaifon de l'étoile qui eft de 74 37° 35", ce qui donne la déclimaifon méridionale de la Comète de 74 22° 35”. Le 16, la Comète paña par le fil vertical à oh 10" 47", & a de l'Hydre à 8" 10° 31°" ; la différence de pañfage 1 544’, donne pour lafcenfion droite de la Comète 1544 0’ 40"; la différence de hauteur étant de 34 minutes, donnera la déclinaifon méridionale de la Comète de 743" 3 $". Le 17, la Comète parut vers les 9 heures très-brillante avec une queue bien finie, longue de 6 degrés , ayant peu de largeur ; la queue ne paroïfloit pas droite étant courbée, la partie concave regardoit l'horizon , & 1a partie convexe étoit tournée vers le zénith ; on voyoit parfaitement bien la queue à la vue fimple & avec de petites lunettes, m'étant point pälé ou blanche pendant cette nuit, mais éclatante & rayonnante; cependant, en la regardant avec un télefcope, la queue étoit peu diftinguée de la lumière du ciel : la chevelure même de {a Comète étoit comme des nuages blancs autour du noyau, dont le diamètre mefuré par le moyen d’un micromètre, fut trouvé de 25" ;la Comète pañla par le fil vertical du quart-de-cercle, à 8h 50'29", & l'étoile « de l'Hydre y paf à 7h s0'13"; la différence de paflage étant de 1° o” 16”, donne l'afcenfion droite de la Comète de 1 54 0° 40"; la différence de déclinaifon étoit de 14 10’, & donne là déclinaifon de ta Comète de 6% 27° 35" méridionale. Le 18, la Comète pafla par le vertical à 8h 48’ 29", & l'étoile à de Hydre à 7h 48" 2 5"; différence de pañlge, 8 o° 4" ; afcenfion droite de fa Comète, 1534 57’ 40", la différence de déclinaifon étoit 14 13 ou 14 minutes, & © Lili ï 454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE, ROYALE par conféquent la déclinailon de la Comète fera de 61 23° 35" méridionale : la Comète fut vue fous la même figure & fa même grandeur que le jour précédent. Le 19, la Comite pañla par le fil vertical à 9P 22’ 24", & « de l'Hydre à 8h 22" 30"; différence de pallage, s9' 542 afcenfion droite de là Comiète, 1 5 34 5 5’ 10”; différence de déclinaifon, 14 22°; déclinaifon de la Comète, 64 1 s35t méridionale, Le 20, la lumière de Ja Comète paroïffoit pâle, ainfi que la queue, qui n'étoit longue que de 4% 3a'; le ciel étoit cependant ferein & fans nuages. Paflage de la Comète par le fil vertical à 9" 20° 32”, celui de « de l'Hydre à 8h 20" 48"; différence de paffage, 59° 44 : afcenfion droite de la Comète, 1 5 34 52° 40": la Comète plus au nord que « de YHydre de 1436"; ainfr, déclinaifon dela Comète, 6d 1° 3 5* méridionale. Le 21, la Comète pañla au vertical à 8h 57" s 3", & & de l'Hydre à 7h 58" 13"; différence, 59’ 40" ou 149 55" de grand cercle : afcenfion droite de la Comiète, 153% 51° 40"; la différence de déclinaifon étoit de 14 50", par con- féquent l«déclinaifon de la Comète fera de 54 47° 35" facridionale, Le 22,la Comète paffa au fil vertical à oh 2° 30", & & de lHydre à 81 2° 46" ; différence, 59" 44" : afcenfion droite de fa Comète de 153% 52° 40"; différence de décli- naifon 2 degrés ; déclinaifon méridionale de la Comète de 5137 35”. Aujourd'hui la Comète & la queue paroiffoient plus petites , la queue n'avoit que 342 de longueur. Le 23,la Comète pafla par le fil vertical à oh 1° 43", & à de l'Hydre à 8P 1°49";différence, 59" 54": alcenfion droite de la Comète, 153% $ 5° 10”; une petite étoile du Sextant pafla auffi par le fil vertical à oh 2° 18 ou 35" après la Comète: dédinaifon de la Comète 54 22° méridionale, déduite de la différence de hauteur entre la Comète & l'étoile # de l'Hydre qui étoit de 24 15° 35". Les 24, 25,26 & 27, je ne pus faire aucune obfer- DE sit S Te rte Ne € 6 455 vation : le 28, je vis 1 Comète, je ne pus obferver exacte- ment le pallage du centre par le fil vertical du quart-de-cercle, mais le corps entier de a Comète y pafla à 9" 10° 52", & a de lHydre à 81 9° 5 3"; différence, 1 o° 59" : afcenfion droite de la Comète, 154% 11° 25"; la déclinaifon conclue de la différence de hauteur de « de l'Hydre, étoit de gd 5’ auftrale : la Comète n'avoit plus qu'une lumière foible,& on ne la pouvoit voir comme il faut à la vue fimple; mais avec de petites lunettes, on voyoit la queue longue de près de 2 degrés. Le 29, le ciel fut couvert, cependant je vis encore la Comète avec une petite lunette, & la queue étoit fenfiblement vifible; mais je ne pus rien obferver. Les jours fuivans , juf qu'au 5 Juin, le ciel continua d'être couvert ; à ce jour ( s ) je vis la Comète fous des étoiles de la cinquième grandeur, qui font dans le Sextant d'Hévelius : la Comète étoit à peu près de la même grandeur que ces étoiles , mais lumi- neufe. J'obfervai la Comète avec un télefcope grégorien, & avec une petite lunette aftronomique ; mais je ne pus _ établir aucune obfervation exacte, parce que les nuages étoient fréquens. Les jours fuiväns , le ciel étant devenu ferein, la lumière de la Lune qui étoit en oppofition, fut un nouvel obflacle qui m'empêcha de voir la Comète qui étoit déjà très-éloignée de nous. Je défefpérois de la revoir ; mais le 15 Juin, fans beaucoup de recherches, je la vis à 9 heures dans mon télefcope grégorien de 7 pieds ; la chevelure occupoit encore : un grand efpace dans ce télefcope, & on la diflinguoit un peu du noyau ; mais la couleur en étoit fombre & päle, & on la voyoit mal avec des petites lunettes : j’obférvai avec le plus grand foin qu'il me füt poflible, le paffage de la Comète par le fil vertical d'une lunette de 3 pieds adaptée à mon quart-de-cercle , fon pañlage arriva à 9" 24’20"; j'obfervai pareillement le paflage d'une étoile de la 5.” grandeur à 9° 20’ 0"; la différence entre les deux obfervations eft de 4 20” ou 14 5’ d'un grand cercle, dont fétoile devançoit 456 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Roÿate la Comète : cette étoile m'a paru être celle qui et appelée dans le catalogue Britannique, in Regula ad Pimacidium * : donc f'afcenfion droite pour cette année eft de 1 $ 34 45° 10”, & la déclinaifon de 14 30° 30”. Si donc on ajoute 14 s'à cette afcenfion droite, celle de Ja Comète fera de 1 544 50" 10", & fi l'on retranche 8 minutes de la déclinaifon dont la Comète étoit plus haute que l'étoile, la déclinaifon de la Comète fera de 14 22° 30” vers le midi, Le 16, je vis la Comète fous la même figure, & fenfi- blement dans le même lieu du ciel ; je ne pus faire aucune autre obfervation, Le 17, je ne vis point la Comète; le 18, le ciel n'étant pas bien ferein, je la vis, mais plus obfcure, & la cheve- lure ctoit d'un plus petit diamètre, Le 19, j'obfervai le pañlage de la Comète par le fil vertical , ainfi que le paffage de l'étoile du Sextant que j'avois Oo obfervée le 15 ; je trouvai Fafcenfion droite de la Comète augmentée de 12 minutes, & par conféquent être de 15 51 * IT n’y a pas d'apparence que ce foit avec cette Étoile que la Comète a été comparée le 1 s, ainfi queles 19 & 20 Juin; ceferoit plutôt avec l’une ou l’autre des deux nouvelles Étoiles dont j'ai déterminé les pofitions le 15 Juin 1759, en les obfervant plufieurs fois au méridien avec & de l'Hydre fémelle, & la 30.° du Sextant, {uivant l'ordre du Catalogue de Flamitead : voyez ma feconde Table, ce font les deux dernières n° 29 & 30. En déterminant la pofition de ces deux nouvellesétoiles, Jai reconnu une erreur dans l’af- cenfion droite de l'Étoile 38.° du Sextant, fuivant Flamflead , feconde édition ; l’afcenfion droite de cette toile, déterminée par fon paflage au méridien avec & de l’'Hydre pour le 15 Juin 1759, eft de 154 39° 30”; fuivant Flamftead, cette Étoile devoit avoir d’afcenfion droite pour le même jour 153% 45! 10"; différence 34’ 20”; l'Étoile 29 du Sextant, 5. grandeur, fuivant le Catalogue de Flamftead dont l’af cenfion droite y eft rapportée de 153423’ 45”, & la diftance au pôle de go% 10’ 30”, rapportée auffi fur ces Cartes céleftes, ainfi que fur celles de l'Uranographie de M. Bevis, n’exifte plus dans le ciel; je m'en fuis afluré plufieurs fois. Les obfervations que je viens derap- porter des 15, 19 & 20 Juin ne font pas bien bonnes, ainfi que les . précédentes , y ayant de très-grandes différences avec les déterminations des autres Aftronomes ; mais dans les détaïls que je viens de rapporter, on y trouve de très- bonnes remarques fur les apparences de la Comte, comine de fa lumière , de fon noyau, de fa chevelure & de fa queue. $ & DES SCIE Ce E's 457 2' 10”, & la déclinaifon étoit au contraire diminuée de 30 minutes, & étoit par conféquent à 9" 15’ (temps où lobfervation fut faite) , de 52" 30” vers le midi, Le 20 Juin, le ciel étant frein & clair, je vis la Comte à 9 heures avec un télefcope grégorien, car je ne pouvois plus la voir avec de petites lunettes, c’eft pourquoi je ne pus cbferver avec un quart-de-cercle fon pañlage par aucun cercle horaire; mais mefurant par l'éfpace du télefcope la diftance de 1 Comète à l'étoile du Sextant, j'ai conclu avec une très- grande probubilité que la Comëte étoit diflante de l'étoile de 19 21° vers lorient, & que fon afcenfion droite étoit de 155 6" 10”, quelle étoit diflante de cette étoile de 43! vers le fptentrion , & par conféquent que fa déclinaifon auflrale étoit de 47° 30"; on voyoit auf à l'extrémité occidentale de Ja chevelure de la Comète, une petite étoile, dont la déclinaifon étoit prefque la même que celle de {a Comiète ; mais cette étoile ne fe trouve point dans le catalogue Anglois. Le 21, le ciel fut couvert; mais le 22 dès 9 heures, je cherchai la Comète avec beaucoup de foin, & enfin je fa vis à oh 20’, elle étoit fi obfcure & fi petite, qu'elle ne paroifloit que comme un petit nuage , on ne pouvoit déjà plus diftinguer le noyau de la chevelure: comme elle fe hätoit vers Fhorizon, qui étoit chargé de vapeurs , il ne fut plus permis de lobferver, & même je perdis l’efpérance de la revoir les jours fuivans, comme il arriva en effet. Je compte très-peu, dit le Père Chevalier, dans une de fes lettres, du 21 Mai 175 9, fur mes premières obfervations en Avril, à caufe du peu d'élévation dela Comète für horizon, du crépufcule qu'il y avoit alors, du peu de temps qu'elle étoit vifible ; fe défaut d'expérience dans ce genre d'ober- vations, les rend douteufes: j'ai travaillé avec plus d'exaétitude aux obfervations qui ont fuivi, Men. 1700, , Mmm 458 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe À Pondichery , dans les Indes orientales , par le P. Cozur-poux, Extrait de fa Lettre di 29 Septembre 1759, CE ne fut que le 28 Mars 1759 que nous remarquames pour ka première fois, à 4 heures du matin, une Comte qui paroifloit apparemment depuis long-temps, vu fa groffeur & la longueur de fa queue, laquelle s'étendoit à plufieurs degrés; elle paroiïfloit à left dans la conftellation du Verfeau, & par rapport à Pondichery à peu près dans le même vertical que l'étoile la plus brillante de l'épaule fud du Verfeau, mais un pe plus au nord que ce vertical. Suppofant une ligne droite tirée de l'étoile de l'épaule nord du Verfeau aux deux étoiles plus apparentes de la queue du Capricorne, h ligne que la Co- mète a décrite pendant long-temps peut être regardée comme une parallèle tirée au-deflous & fort près de cette ligne, mais au-delà de laquelle elle fut prolongée fort loin vers le fud. Comme la Comète étoit alors vifible en Europe, on ne crut pas devoir l’obferver fort attentivement, d'autant plus que pendant plufieurs jours on mouvement étoit prefque infenfible, Vers le 9 Avril, il nous parut s'accélérer confidérablement ; comme elle fe trouvoit fort avancée vers le fud & qu'elle devenoit invifible en France, on fit les obfervations fuivantes. Le 25 Avril à 4 heures du matin, elle nous parut faire une ligne droite avec l'œil du Paon & la claire du Triangle auftral, c'eft-à-dire la plus voifine de l'Oïfeau de Pâradis, & elle paroïfloit à une égale diflance de lune & de Fautre ; nous trouvames la hauteur de là Comète fur l'horizon de 124 40'; celle de l'œil du Paon, 179 54"; & celle de la claire du Triangle auflral de 64 42”, Les deux jours fuivans le temps fut extraordinairement couvert, & nous comptions, vu la grande rapidité du mou- vement de la Comète vers le fud, qu'elle auroit totalement difparu pour nous. Le 28, peu après le coucher du Soleil, nous la vimes à left de notre méridien & dans une pofition fi différente de celle où nous la croyions, que nous doutames fi ce n'étoit Bei LS QUE UN CEUX 459 pas uné nouvelle Comète qui eût paru fur notre horizon. Ce jour-là, à ot 52°, nous trouvames fon élévation fur l'horizon de 304 30’; une ligne tirée par les deux étoiles plus à l'oueft du Corbeau, vu la pofition où étoit alors cette conftellation par rapport à nous, alloit rencontrer la Comèse ou à peu près. Le 29 Avril à 7h 28’ du foir, élévation de la Comète fur Thorizon 374 6”; à la même heure, élévation du pied de la Croix du fud 134 34° : alors la Comète & cette étoile fe trouvèrent dans le même vertical; à 8h 2 0’ du foir, élévation de la Comète fur l'horizon 401 o'; à 85 40’ élévation de Ja Comète fur l'horizon de 404 36": elle avoit paffé alors le méridien, & on ne put obferver le moment de fon paffage ; à 9" 53" élévation de la Comète fur l'horizon de 374 42'; à oh 56 élévation du pied de la Croix du fud 164 42'; à 10h 26'la Comète qui s’avançoit vers le nord-oueft étoit dans une ligne tirée de Tétoile Ja plus oueff, & en même temps la plus nord du Corbeau, à l'étoile la plus oueft des trois qui font fur le repli de l'Hydre, La montre à fecondes qui avoit appartenu au feu Père Boudier, fe trouva le lendemain à midi avoir retardé de 45" en 24 heures. | Le 30 à 75 28° 30", élévation de la Comète fur Fho- rizon de 444 0’; à 7h 32° élévation du pied de la Croix fur l'horizon 1 14 4.6’: la différence azimutale de la Comète à l'étoile, la Comète étant plus oueft que l'étoile, nous a paru feulement de 6 minutes; à 8* 5 9’ élévation de la Comète {ur Vhorizon 454 3’; à 9" 5’ le pied de la Croix 1 5 3 0°. La queue de la Comète paroifloit s'étendre à plus de ‘10 degrés & fon diamètre apparent paroïffoit diminuer à pro- portion qu'elle s’élevoit vers le nord. Le lendemain, la montre # trouva à midi avoir avancé en 24h de 1° 45°. Le 1.” Mai, le ciel fut fort couvert. Le 2 à 7 26’ élévation de Ja Comète fur l'horizon de 53445"; à 7h 32° le pied de la Croix 134 36';a 7" 5 3° la Comète 541 48’: une ligne tirée par les deux étoiles les plus fud du Corbeau, Mm m ji] 460 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE rencontroit à peu près la Comète vers le pied de la Coupe. Le lendemain, la montre qui n'avoit pas été réglée la veille retardoit à midi de 2° 30" » Le 3 Mai à 7h 34’ élévation du pied de Ja Croix 1 34 0’; celle de la Comète à 7h 37° de 574 42’, différence d’azi- mut entre l'un & autre 94 46’: une ligne tirée par l'épi de la Vierge & les deux étoiles les plus nord du Corbeau, alloit rencontrer la Comète. Le 4 Mai à 7h 29", élévation de la Comète s94d 54; à 7" 13 le pied de la Croix, de 1 3“ 0, différence d'azimut 7“ 32°. Le lendemain à midi, la montre fe trouva retarder de 1° 30”. On difcontinua d'obferver Ia Comète à caufe de fa trop grande élévation, & parce que les Aftronomes d'Europe pou- voient aifément lobferver avec une plus grande exactitude que nous. Les obfervations qu'on vient de rapporter, ont été faites avec un demi-cercle de 10 pouces de diamètre placé perpendiculairement {ur un cercle de même grandeur &c armé d'une lunette de 18 pouces. A l'ile de Bourbon, par M. be LA Nux, Correfpondans de l'Académie Royale des Sciences. ÆExtrair de fa Lettre à M. l'abbé de la Caille, du 8 Décembre 1760 que m'a communiquée M. Pingré. J *EXTR AIS de mon journal, Monfieur, les obfervations fui- vantes fur la Comte de 1750. L'on a vu cette Comète ici (à l'ile de Bourbon ) fans difcontinuer depuis le 26 Mars jufques & compris le 30 Mai. Je ne fai obfervée pour la première fois que le 29 Mars à 3° 45 temps vrai du matin, ma montre bien réglée; elle fortoit pour lors de l'horizon de notre montagne, élevée pour moi en cet endroit de 74 50’; fa direction avec le méridien, faifoit un angle de 854 $’ 18" vers le fud : fa diftance à à du Verfeau étoit de 64 7”. Pour reclifier cette indication, ne connoiffant guère les conftellations qui fe levoient alors dans cette partie du ciel, il n'y a qu'à imaginer un triangle formé par « du Verfeau, A du Capricorne, DPENSNISNCUDIE NICE /S 46r & la Comète pour fommet; la différence de 64 7” fera le petit côté de ce triangle, & le grand côté fera le chemin que par- courut la Cométe jufqu'au 1 $ Avril qu'elle pafla très près & à left de l'étoile A du Capricorne, l'appulfe fut au moins de 8’. Le 20 Avril à 2h 37° du matin, temps vrai, ma montre bien réglée, j'ai trouvé l'élévaion de la Comite de 2 s#10, ou fa diflance au zénith de 64% 50’: fa diflance à 9 du Ca- pricorne, 12% 3 $'; & à Phomalhaut 1 8d 40". Du 1 8 au 20, la Comète avoit accéléré fon lever de 2 $ minutes; le noyau de la Comète augmente fenfiblement en grofleur, de même que la queue en lorigueur qui pouvoit être de 6 à 7 degrés; elle n'étoit que d'environ 34 quand je la vis la première fois. Le 25 à 1h 1° du matin, temps vrai, la Comète com- mence à paroître au-deflus de la montagne, élevée de74 538’, & l'angle avec le méridien étant de 574 45’, appulfe de la Comète en ce moment avec l'étoile + du Sagittaire d'environ 1 degré, la Comte à l'eft: Le noyau de la Comète étoit bien terminé, il a été comparé à Jupiter & eftimé le tiers: la cheve- lure occupoit tout le champ de mon télefcope, la queue longue de 8 degrés, au bout defquels elle paroiffoit très-éval&e. Je vis fur le bord auftral du noyau de la Comète une forte de phale ou échancrure ; mais fur le champ ayant regardé Jupiter, je vis une Iris du même côté du tube; & comme il s'en falloit de beaucoup que là Comète eût le même éclat, Je préfumai que cette ris avoit pu noircir cette portion du difque rou- geître de là Comète, Le 22 à 1} 4’ du matin, diflance de la Comète au zénith 764 35'; angle avec le méridien 54% 55 à 1h 30’ diflance de la Comète à £ du Capricorne 254 o'; le noyau fe dif- tinguoit moins aujourd’hui qu'hier, & fa chevelure étoit à peu près la même: la Comète avoit alors un mouvement confi- dérable, ce qui furprit tout le monde. Le 25, la Comète parut à 6h 45’ du foir, diflante du zénith de 664 40', diftante de « du Centaure de 1 9 degrés, de & du Triangle auftral, de 24 s4'. ‘Le 26 au foir, ma montre réglée fur le coucher du Soleil, M mm ii 462 MÉnNOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE je trouvai la diflance de la Comète à « du Frame à 7ho' de 144 36"; ; à a de la Croix, MAC derr$ x ; de æ du Centaure, à 7h 131, de 8° 45 à 9h 2" de 84 575 ; de & de la Croix, à" té”, de 9° 40"; à 14" 50" de 5458; de a du Centaure, à 14h 54, de 104 24 Le 27, ma montre mife {ur le coucher du Soleil, la Comète dès qu'on put lapercevoir, fe trouva prefque en ligne avec le bras précédent de la tête de la Croix & entre les deux étoiles : elle étoit difante de « de la Croix, à 6h 27, de 44 58. À 6h sr'+, de sd11". À oh 27, de 64 43°. A 16h 10", de 109 0’; & de « du Centaure à 16P 17° de 224 35°: le noyau de la Comète diminue fenfiblement & la queue plus mince s'alonge beaucoup, je lai mefurée aujourd’hui de 1 o degrés; le mouvement de la Comète seft ralenti confidérablement, puifqu'en RES 3’ fon mouvement à été de 302 minutes, & le 26 en 7" 47° la Comète par- courut 303 minutes. Pour juger de ce mouvement, je me fuis fervi de « de Ja Croix qui étoit pour lors près de la Comète ; cette comparaifon fe fit avec le plus incommode de tous les inflrumens pour de femblables obfervations, c'étoit une planchette de 6 pouces de rayon avec fes deux lunettes, conflruite pie la ‘Compagnie des Indes. Le 28à7h 58 la diflance de la Comète à de la Croix étoit de 174 305 & 1 6 minutes avant, J'avois trouvé la diftance de la Comète à à de la Vierge de 424 45’, la queue avoit alors 25 degrés de longueur environ. Le 1.” Mai, la queue paroiffoit longue de 3 3 à 74 degré és; je trouvai la Comète près du méridien. à àv8b s à 9H fa diflance à & de Ja Croix étoit de 384 5 5. Comme la Comète pouvoit fe revoir alors en Europe, je fupprime ici les autres obfervations pour finir, en rapportant feulement que le e2. Mai à 9" a: Ja Comète parut diflante de Regulus de 171 42, & à 9° 47" de & de l'Hydre de 154 37°. Le 30 à 6" 49, ma montre ar ha diflance de la ÉTAEAS à a de Regulus étoit de 17% 34, & à & de l'Hydre de 154 43° DE S/ISICIIIE NICE SG 463 Nous vimes fa queue de la Comète s’amincir & s'étendre jufqu'au 5 Maï, que je la mefuraï de près de 47 degrés, & le 1 4 elle avoit encore 1 9 degrés de longueur. Le temps où a Comète m'a pau plus brillante eft celui auquel elle a commencé à paroître; tout petit que fe montroit alors fon noyau, il avoit un éclat & une forte de fintillation qui me furprit. Pour obferver lès azimuts de la Comète fürement & promptement, je me fuis fervi d'un fort bon compas de variation que je métois procuré de M. Daprès, Officier de la Compagnie des Indes. Je fus plus de trois {emaines fans m'apercevoir que cet inflrument, dans ce pays-ci, eft une fource d'erreurs. Je reconnus enfin que fur ma pierre de méridienne, de l'extrémité d’undefes côtés à l’autre, l’inftrument varioit de 2, 3, 3% & plus, que de l'angle du fud-oueft à celui du nord-eftil varioit de $ degrés. J'avois appris, il y a longtemps, à me méfier de cet inftrument, mais j'en perdis pour lorsentièrement le fouvenir: aufft ai-je eu tant de foin de m’affurer de ce défaut local que je ne tomberai plus dans l'incon- vénient dont j'aurois pu me garantir en opérant uniment comme javois fait pour la Comète que j'ai obfervée en 1758. Je rapporte ici les obfervations de cette Comète. OBSERVATION d'une Comte obfervée à T'ile de Bourbon en 175 8, par M. DE LA Nux, communiquée par M. PINGRÉ. Extrait de mon Journal, année 175 8. E 30 Mai au foir, j'ai diftinétement aperçu une Comète ; un peu au-deflus du grand Quadrilatère d'Orion. Le temps étoit trop chargé de nuages à une hauteur raifonnable au-deffus de l'horizon pour pouvoir l'obferver à fouhait: il m'a feule- ment paru qu'elle étoit à peu près en ligne droite avec le baudrier d'Orion, & Sirius entre deux; fa queue ma paru longue d'environ 1 degré. Le 3 r au foir, la Comètea paru, je l'ai obfervée au-deffus de la dernière étoile du baudrier d'Orion & de l'épaule boréale de cette conftellation , formant un triangle avec ces deux étoiles, Q L figl ET P 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dont elle étoit le fommet vers l'eft, & plus près du Baudrier que de l'Épaule. Dans les Jongues vues * elle paroifloit au milieu de deux très-petites étoiles prefque horizontalement ; cependant elle étoit vifiblement au-deffous, c’eft-à-dire vers 1° o + nord-oueft du monde; elle étoit le fommet d'un triangle très- obtus avec ces deux petites étoiles. Sa queue m'a paru prefque double de ce qu'elle étoit hier: elle avoit moins d'éclat ainfi que le noyau. Le 1.” Juin au foir, la Comète a été comparée aux deux petites étoiles entre lefquelles elle étoit hier & au-deflous ; elle étoit aujourd’hui au-deflus de la plus boréale & à une aflez bonne diftance pour qu'on en juge à peu près; je ne pou- vois la voir ainft que dans le champ de ma lunette. Le 2 au foir, la Comète s'approche de l'épaule orientale d'Orion en s'élevant toujours. Le 3 au foir, la Comète étoit encore plus approchée de l'épaule orientale d'Orion & j'ai apercu dans le télefcope une fort petite étoile; fuivant le champ de F'inftrument elle n'en pouvoit être qu'à 17 ou 18 minutes au plus à l'eft. Le 4 au foir, à travers les nuages & dans les intervalles j'ai revu fa Comète qui paroifloit avoir acceléré de beaucoup fon mouvement; elle étoit au nord de l'épaule orientale d'Orion & par un relèvement très-imparfait avec un demi- cercle d'environ $ pouces de rayon, J'ai trouvé que l'étoile étoit alors à 8 si 40° du zénith, & la Comète à 834 45", & que fon amplitude étoit occidentale vers le nord de 1 14 12°. Le S la Comète paroïît accélérer fon mouvement; j'ai obfervé fon amplitude de 134 16, & il m'a paru qu'elle n'avoit pas beaucoup changé d’Almicantarat, relativement à & d'Orion. Le 6, là Comète a continué à paroître à 844 30" de diflance du zénith; j'ai trouvé fon amplitude de 164 20’, elle à paru ce foir bien plus baffe qu'hier, comparée à l'épaule d'Orion. Le 7 au foir, 11 Comète a paru, à la vue fimple, plus * Mon inftrument eft une lunette de 3 pieds. k près ERP AR PESRE A: k m0 DES S CIE NCA: SA 465 près de l'horizon que l'épaule orientale d'Orion; ayant obiervé en même temps les deux azimuts, j'ai trouvé la diftance de la Comète au zénith de 8 $ degrés, & celle de l'épaule 85% 10’: mais je ne me fie pas à l'inftrument qui a fervi pour l'étoile, & je tiens cette obfervation défe@tueufe de 2 à 30°. J'ai pris le mieux que j'ai pu, avec une planchette de fix pouces de rayon”, la diflance de là Comète à l'épaule d'Orion, je l'ai trouvée de 7% 50’, l'amplitude de la Comète 184 6": il paroïtroit que fon mouvement seft ralenti dans ce fens; mais comme elle a plus baiflé que les jours précé- dens, fon mouvement réel peut être même plus orand que lapparent dans un feul fens. Le 8 Juin, fa Comète étoit encore vifible, elle s'approchoit du Soleil, fa clarté étoit extrêmement pâle & blanchätre: on la voyoit cependant auffi-tôt que l'épaule orientale d'Orion qui eft déjà dans la forte lueur du crépufcule. Le 9, la Comète na pas été vifible ce foir:; l'étoile d'Orion a été vue à peine. L’amplitude & lazimut de la Comète ont été prifes le 7 & le 8 de ce mois, avec un parallèlépipède de bois placé fur ma méridienne P : j'en ai formé des triangles, & j'ai fupputé les côtés avec une mefure de 2000 puties pour le pied de Roi, J'ai trouvé pour l'amplitude du 7, [LL 174 3° 21", & pour celle du 8, 1 84 S3 is Nota, M" Pingré & de la Lande m’ont dit qu'ils avoient calculé quelques-unes de ces obfervations, & qu'ils avoient trouvé que c'étoir là même Comète que j'avois obfervée en Août, Septembre, Oobre & au commencement de Novembre 1758. Voyez mes Oëfervations dans le Mémoire que M. de l'Ile à publié dans les Mémoires de l’Académie de 1759, p. 154. Voyez auffi l'Hifloire de la même année, page 166, chez moi en revenant de Rodrigue ; L Pour les obfervations du 7 & outre l’incommodité de s’en fervir | du 8, j’avois démonté le tube de pour le ciel, j'ai reconnu des défauts | mon télefcope, que j'avois appliqué dans la graduation; j'en ai donné | le long de mon parallélépipede pour depuis Ja jufte valeura M, dela Cailie: | voir la Comète, OA Mém. 1760. . Nan * C’eft celle que M. Pingré a vue | je ne m'en füuis fervi que ce jour. 466 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE ma re RE TVR ex a Æ Che, 2e os & Eos BASE RING MESSIEURS DE LA SO CLÉrE Royale des Sciences établie à Montpellier, ont envoyé à l’Académie l'Ouvrage qi fuit, pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi au mois de Février 170 6. M Ë M O ÎlRE (a) SUIVRE UN, GRAND NOMBRE DE VOLCANS ÉTEINTS, QU'ON TROUVE DANS LE BAS-LANGUEDOC. Par M. MONTET. ’HisTOIRE naturelle des pierres, des terres, & de tout ce qui a rapport au règne minéral, doit une grande partie des progrès qu'elle a faits de nos jours, aux con- noiffances chimiques qu'y ont introduit la plupart des Auteurs qui en ont traité. Je ne crains pas d'avancer que la Chimie, cette fcience qui met prefque fous nos yeux les principes des corps, en les analyfant par diflérentes voies, ne devienne un Jour le principal Hambeau de la Phyfique. (a) @e Mémoire a été Iù à l’Affemblée publique de la Société Royale de Montpellier le 27 Avril 1766. Mem.de ÜAe R. der Se, ÉMIS PILE ÈRE BORKAI. recherche dei ja C omète de 1602. qui deve nt reparoïtre al: aB un 2760. Pgo 466. Plu, : de 1758 .ou au commencem. de 1769. Le Dauphin L peut Cheval 1 CES LS Pæ. fees GA a &. # * + rs Are Le ie 7e) 1 Crondenr dar Ftoiler * + + re C4 , 7 NPD D. Mem. de Ac: Rder Se 1760. PL. . AB Pl 12. le de le Marine a paris Le 21 Janvier au soir, par MMESSIER . Observer pusqu'au 3 lun. lente ler dernieres observanons faiter en Mar et Juin . = Ale 0 ÿ é * \ } y. É \ ; \ S Ÿ Bell \ XX. M /xébuieure HAN \ DHP4 \parour. en 1746 \ : k \- — EE. est Ë AE ""ÂLE VERSÉAU \ Ve \ 27H ARS \ honale \ eric 7" LEAPRICORNE M de denret de,on Tédge TG né pti | [C ARTE & 4 routeapparente dela célébre CONTE derz5p que artle retour de à! Pratt RO1 le 6 d'turilera Clardinie Revale dar L_Planchelt. le de16821607 et1681 Découverte del Observateur de ne der dumene mous. Læ Planche M1 qué sut, pri - _ a Marne avais lez: danver da ï ir; par MMESSIER Obs derniete ebervations Jiitar en Mat ét Jun | ST 3ko 335 880 935 À A5 GE 360 3x5 Alfcenfon droite 7 ; Ve { \) Belle | di 74 £ pébuleure £ PA au s + cri 706 PÈGASE RES VER SÉAU FR n LES POISSONS. & re pniete atleulee Asliur fe Pari ï ENT Latitude Meridionule Decutarfon 10 #Æ. # È = Crandeur des Etder HAMEATEE droite Aitenfon - » #7: 4, TT: 350 346 Le Mem. de LAe.Rk. des Se 17 60. Pag.468. P£z9, Afcenfñon de oite “ # 10 S In - [eridionale LA COUPE nd SQ JC'HY DIRE Î > Latuu / È $ È È hnar 7 Dec Ÿ L #4 ed Ma 7 Crandeur das Etoiles. PURE REMArRE roite 7 8 9 10 7 I _— 0 115 11 de 17 Pranche AIT S & Grandeur dae Etoiles EE Er XEX Pa” 5 z 8 9 1 De So rcitiE INC ES 467 Les embrafemens fpontanés qu'on obferve journellement dans l'éruption des volcans en Europe & dans les autres parties de la Terre, ont été ïmités en petit par les Chimiftes, M. Nicolas Lémery en a donné des eflais /4), auffi bien que des tremblemens de terre ; la manière d'enflaummer les huiles eflentielles & les huiles par expreflion , a été perfétionnce de nos jours par M. Rouelle, Je communiquui à la Société, il y a environ douze ans, une oblervation qui prouve que les étofles de laine appdées imperiales , que Von fabrique dans les Sévennes, entaflies en grand nombre les unes fur les autres, pendant l'Eté, dans un lieu où l'air a peu d'accès, font fujettes à s'échauffer & à fe réduire en charbon. J'ai expolé ailleurs avec plus d'éendue , toute cette théorie, que j'ai communiquée à l'Acadmie royale des Sciences de Paris; on peut voir ce qu'elle a imprimé à ce fujet dans fes volumes. L’hiftorien de cette favante Com- pagnie, rendant compte des embrafemens fpontanés arrivés à Breft en 1757, dans les toiles qu'on nomme pre/art, qui fervent à la voilerie, que l'on imprime d'un côté avec de l'ocre rouge broyé à l'huile, attribue, avec raifon, cet accident à la même caufe que j'avois aflignée à l'embrafement fpontané des impériales ; le terrible incendie de Rochefort, arrivé en 1756, s'explique naturellement par les mêmes principes. Je conclus de tous ces faits, que la plupart des embra- femens fpontanés qui arrivent dans les trois règnes, ont tous une analogie bien marquée, l'aliment de tous ces enbraf-mens étant toujours l'huile, es matières fulfureufes, bitumineufes & métalliques, comme je me flatie prefque de le démontrer dans la fuite de ce Mémoire. Il y a trois ans que je lüs à cette Société, un Mémoire (b) M. Sage a donné, dans un bon Mémoire qu’il a lù à l'Aca- démie cette année ( on écrit ceci en 1766), la manière d’aflurer l'effet de ces petits volcans de M. Lémery; le fuccès dépend particulièrement de la quantité d’eau qu’on y emploie; il faut qu'outre celle dont on fe fert pour former une pâte molle avec la limaille de ter & les fleurs de foufre, on en verfe encore par-deflus le mé- Jange aflez pour qu'elle le recouvre de l’épaiffeur d’une ligne. Nan i 468 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fur les Volcans, & principalement fur celui que je crois avoir exifté à Montferrier : voici quelle fut l’occafion de ce Mémoire. Parmi différentes queftions relatives à l'Agriculture, auxquelles la Société nous chargea, M." Danizy , Romieu & moi, de répondre, on demandoit de quelle nature étoient les pierres dont on pavoit nos rues ; nous répondimes qu'il y en avoit de calcaires où de marbres de différentes couleurs, de grès & de noires; ces dernières nous embarrafsèrent quand il fut queftion d'en déterminer la nature; ces pierres font très- dures , compaétes, pefantes , faifant feu avec l'acier, & d’une figure tantôt ronde , tantôt ovale, oblongue, &c : je décou- vris peu de temps après la nature & l'origine de ces pierres. Ayant été me promener à Montferrier, village éloigné de Montpellier d’une lieue, je fus curieux de voir le château de M. le Marquis de Montferrier, de cette Académie; ce château eft fort élevé & bâti au fommet d’une montagne; j'y montai par le côté qui regarde la rivière du Lez, & chemin failant, je trouvai quantité de pierres noires détachées les unes des autres, de différentes figure & groffeur ; j'en vis d’autres mêlées avec une efpèce d'argile, fans aucune liaifon : j'examinai ces pierres avec attention, & les ayant comparées avec d’autres qui font certainement louvrage des volcans, d’où on les a urées , je les trouvai de même nature que ces dernières : aïnfr je n'héfuai point à conclure que ces pierres de Montferrier ne fuflent elles-mêmes une lave très - dure ou üine matière fondue par un volcan, éteint depuis un temps immémorial. Toute la montage de Montferrier eft parfemée de ces pierres ou laves ; le village en eft bâti en partie, & les rues en font pavées. Voilà donc la nature des pierres noires qui font partie du pavé de Montpellier, connue & déterminée; ces pierres de Montferrier font entraïnées journellement dans Je Lez, à caufe de la grande pente de la montagne ; elles s'arrondiffent, & fe polifient en roulant, & fe frottant l’une contre l’autre dans le temps des débordemens des eaux. J'ai obfervé qu'on ne trouve point de ces pierres arrondies au-deflus, ni au- deffous du village & du chiteau; elles préfentent pour la DE si ISGrTEN.CE:.Ss 469 plupart à leurs furfaces de petits trous ou de petites porofités qui annoncent bien qu'elles font formées d’une matière fondue par un volcan; on trouve cette lave répandue dans toutes les terres qui avoifinent Montferrier , où elle a été entraînée foit par les éboulemens qui doivent arriver fréquemment à une montagne qui eft fort élevée, foit par d’autres caufes phyfiques qui fe font aflez fentir, fans que je les explique. - J'ai parcouru tous les environs de Montferrier, & je n'y ai remarqué aucune autre trace de volcan éteint; mais il n’en eft pas de même du côté de Péfenas ; ces volcans éteints y font en grand nombre, comme je m'en fuis afluré dans différens voyages que j'ai faits dans cette ville, où j'allois paffer quelques jours chez M. Venel, Profeffeur en Médecine, & Membre de cette Société. Nous avons fouvent parcouru enfemble tous les environs de Péfenas, M. Venel ayant la bonté de me conduire {ur les lieux où il avoit obfervé des vefliges de volcans éteints. Je vis avec furprife que ces volcans étoient en fr grand nombre, que toute cette contrée en eft remplie, principalement depuis le cap d'Agde, qui eft lui - même un volcan éteint, jufqu'au pied de la mafle des montagnes qui commencent à cinq lieues au nord de cette côte, & fur le penchant ou à peu de diflance defquelles font fitués les villages de Liuran, Peret, Fontés, Nefiez, Gabian, Fau- geres. On trouve en allant du midi au nord, une efpèce de cordon ou de chapelet fort remarquable, qui commence au cap d'Agde, & qui comprend les monts de S. Thibery & le Cauffe (c) de Beflan, le Pic de la tour de Valros, dans le territoire de ce village , le Pic de Montredon , au territoire de Tourbes, & celui de S.® Marthe, auprès du Prieuré royal (c) On entend par Cauffes, dans le bas- Languedoc, des montagnes ou au moins des hauteurs confidé- nairement .pierreux & dépouillés d'arbres & de verdure: ce qui les caractérife particulièrement , c'eft rables fituées au milieu de plaines, & dont le haut eft terminé par des paities montueufes; le Caufle de Beflan, par exemple, porte deux pics dans fon milieu; ils font ordi- qu'on n’y trouve point d'eau; de façon que les habitans des villages fitués fur ces cauffes font obligés de boire de l’eau de citerne. Nan iij 470 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE de Caflan, dans le territoire de Gabian; il part encore du pied de la montagne, à la hauteur du village de Fontés , une Jongue & large mafle qui finit au midi, auprès de la Grange de Prés, où font à préfent les cafernes de Péfenas, & qui eft terminée dans la direction du levant au couchant, entre le village de Caus & celui de Nizas, ce qui comprend les Caufles appelés Coffe-nègre, Arnet, Siflan & les Caufles de Fomés, Caus & Nizas. Ce canton a cela de remarquable, qu'il n'eft prefque qu’une mafle ‘de lave, & quon obferve au milieu une bouche ronde d'environ deux cents toiles de diamètre , auffi reconnoiffable qu'il foit poffible, qui a formé un étang qu'on a depuis defféché , au moyen d’une profonde faignée faite entièrement dans une lave dure & formée par couches, où plutôt par ondes immédiatement contiguës. On trouve dans tous ces endroits, de deux fortes de pierres qui appartiennent fpécialement aux volcans ; de la lave très- dure & des pierres ponces; prefque toute la ville de Péfenas eft pavée avec de la lave ; le rocher d'Agde n'elt que de la lave très-dure, & toute cette ville eft bâtie & pavée de cette lave, ui eft très-noire; auffr les Romains l'appelloient-ils la ville noire, & elle l’eft encore aujourd'hui. Prefque tout le terroir de Gabian où lon voit la fameufe fontaine de Pétrole eft parfemé de laves & de pierres ponces ; celles-ci font percées de petits trous à toutes leurs furfaces. On trouve au Caufle de Befflan & de S.! Thibery, une quantité confidérable de bafalte, femblable à celui dont parle Pline, qui eft décrit dans la Continuation de la Lithogeo- gnofie de M. Pott, page 219, dans le Traité de Boot & dans d’autres Auteurs : ces bafaltes font ordinairement des prifmes à fix faces, de dix à quatorze pieds de long , dont on fe fert à Péfenas & dans les villages voifins, pour faire des bornes, aufi-bien qu'en Saxe, felon M. Pott. M. Venel, m'a rapporté qu'il avoit entendu dire l'hiver dernier à Paris, à l'Académie des Sciences, qu'on avoit préfenté depuis peu à cette Compagnie, des conjeures fur la formation de cette pierre, qu'on croyoit avoir pris fa forme régulière, par voie DAEVS AUS )CHINE | NTe2ÉAS 47L. de criflallifation dans le liquide igné /d); fur quoi il fax obférver que depuis Henkel, les Chimiftes ont toujours attribié les formes régulières fpontanées des corps naturels à la criftil- lifation, quoique Henkel lui-même n'ait pas regardé les bafaites comme des criftallifations , en quoi il eft réfuté par le traduétzur François ; nous remarquerons encore que le bafalte dont nous parlons , fe trouve dans un lieu où les veftiges d'un ancien volcan éteint, font on ne peut pas plus reconnoiffables, Les bains de Balaruc, fi renommés pour les maladies de relâchement, nous offrent par-tout les débris d'un volcan éteint; les pierres qu'on y rencontre , ne font que des pierres ponces d’une certaine pefanteur & de différentes formes, d’une couleur grife tirant fur le brun & qui font perfillées fur prefque toutes leurs furfaces: ainfi tout nous indique qu'elles font l'ouvrage d'un volcan. Voilà en raccourci tous les volcans éteints que j'ai vus dans le bas Languedoc; il eft à remarquer qu'ils font peu éloignés de la mer, & que dans toutes les courfes que j'ai faites fur les montagnes de l'Efpérou & des Sévennes , du côté du couchant, je n'ai trouvé aucun indice de volcan ; je fuis perfuadé ce- pendant qu'il doit y en avoir beaucoup d'autres dans cette Province, mais faute de recherches faites par les Naturaliftes & les Chimiftes, ils font encore inconnus. (d) M. Venel eut pu ajouter auffi que l’auteur de ces conjeétures (M. des Marets, habile Naturalifte) avoit été plus loin & avoit fait connoître dés l'été dernier , l'origine du bafalte, entièrement ignorée aupa- ravant ; il eft le premier en effet qui ait prouvé que c’eftune production de volcan, & qu'il doit fon origine au granit, ainfr transformé par l’ac- tion du feu. Il expofa cette curieufe découverte à l’Académie le 3 Juillet 1765 ; dans un Mémoire qu'il lut fur ce fujet; il prouve, dans ce Mémoire, que parmi les différentes produétions de volcans éteints de l'Auvergne, on trouve une pierre qui a la couleur, la dureté & la figure du bafalte décrit par les Anciens; que cette pierre eft formée en prifmes qu font dans une fituation verticale, que par leurs amas elles ont l’ap- parence & préfentent le même afpect que celles que forme la chauflée des Géans dans le comté d’Antrim, au nord-eft de l’Irlande /Voy, le 48.° volume des Tranfaë?, Philofoph. 1. Partie, pages 226 T 238: Et l’Ouvrage de M. du Cofta, intitulé Vatural Hiftory of foffils), ce qui annonceroït que cette chauflée feroit une production de volcan : l’obfervation de M. Montet fur le bafalte qu'on trouve près des volcans éteints du Langucdoc, eft une nou- velle confirmation de la découverte de M. des Marets, nn, 472 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette partie de l'Hiftoire naturelle ne doit pas être négligée, elle peut conduire à l'explication de beaucoup de phénomènes chimiques & phyfiques , qui font encore enfévelis dans d'é- paifles ténèbres, comme la chaleur des eaux minérales, les tremblemens de terre, &c. M. Guettard nous a donné dans les Mémoires de V’Aca- démie royale des Sciences pour l'année 17 52, lhifoire de quelques volcans qui ont brülé dans l'Auvergne. Prefque tous les auteurs qui ont écrit fur cette matière, s'accordent à dire que la plupart des montagnes qui ont brülé, ont la figure cônique; celle de Montferrier a cette forme, en forte que la bouche du volcan devoit être, où eft bâti le village & le chûteau ; mais cette forme, felon. moi, eft indifférente, On comprend en général que les embrafemens qui fe font dans l'intérieur des terres, des matières fulfureufes & bitu- % Voyez Mém, de l’Académie des Sciences , œnpée 17S 7e mineufes élèvent ou abaïfent, dans le fort de l'éruption, la montagne ou le terrain dans lequel fe fait l'explofion; l'air, l'eau & les autres élémens peuvent concourir à cet effet, qui eft fufceptible de plufieurs variétés ; les volcans des environs de Péfenas font peu élevés, & n'ont point pour la plupart de forme régulière, L'époque de ces embrafemens fpontanés, de ceux fur-tout qui font arrivés dans des terrains d'une étendue peu confidé- rable , efl difficile à déterminer ; il faudroit faire des recherches vers les temps les plus reculés, ce qui n’eft nullement de mon reflort ; je dirai feulement que M. de la Condamine rapporte dans fon voyage d'Italie *, que les fondemens d’Æerculamm, bâtie il y a deux mille ans, enfévelie par les grandes éruptions du Véfuve, font de la lave pure ; ce qui fait voir que ce volcan peut dater de fort loin; peut-être ceux de cette Province remontent-ils encore plus haut : quoi qu'il en foit de ce point de chronologie , c'eft je penfe, une chofe affez curieufe d’in- diquer les endroits de cette Province où lon trouve des laves, des pierres ponces, des bouches même de volcans , ou d’autres indices de leur exiftence, & de démontrer par l'analy{e chimique que ces laves & pierres ponces ne peuvent être que DES S CrENCE S 473 . que l'ouvrage d'une fonte fpontanée. C’eft l'unique but que Je me fuis propolé. Dans tous-les volcans que j'ai examinés , j'ai remarqué que la matière ou les pierres qu'ils ont vomies, font fous diffé- rentes formes , Îes unes font en mafle contiguë, très - dures & pefantes, comme le rocher d'Agde; d'autres, comme celles de. Montferrier & la lave de Touwrbes, ne font point en mafle, ce font des pierres détachées, d’une pefanteur & d’une dureté confidérable; il s'en trouve qui font légères & fpon- bieufes, comme celles de Balaruc & de Gabian » qu'on peut appeller pierres ponces ; celles-ci diffèrent entrelles par 1 couleur. Celles de Balaruc font grifâtres, & celles de Gabian font noires ; il y a des pierres ponces des environs de Péfenas, parfaitement {emblables à celles que vomit le Véfuve ; on peut s'en convaincre par l'échantillon que je préfente à la Compagnie, La lave du rocher d'Agde eff très- noire à fa furface & intérieurement, celle de Tourbes left moins , & celle de Montferrier left encore moins, mais uniquement à fa furface : car dès qu'on la cafe, l'intérieur paroit beaucoup plus noir; elles différent effentiellement les unes des autres par la dureté : celles d'Agde, d’Arnet, de Tourbes, de Montferrier , font dures; celles de Gabian & de Balaruc font tendres comme le tuf, On trouve fouvent dans le même volcan des pierres plus dures les unes que les autres, vitrifiées intérieurement, plus ou moins percées de petits trous. … J'ai foumis à différentes épreuves , plufieurs laves & pierres poñces ; j'ai pulvérifé, par exemple, les pierres de Montferrier dans uti,mortier de bronze , avec {on pilon de même matière (car elles mordent au pilon de fer, & on auroit pu foup- çonner que le fer venoit du pilon & non de la lave ): jai promené enfuite la pierre d'aïmant, ou des barreaux d'acier aimantés dans cette poudre, & j'ai vu que l'aimant en attiroit de petits grouppes de fer parfaitement aiguillés. Si on expofe un peu de cette lave pulvérifée à l’action des trois acides prinitifs , à peine remarque-t-on avec l'acide nitreux une Jégère effervefcence : facide vitriolique concentré jufqu'au Mén, 1700, Ooo 474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE degré moyen, efl ici fans action; mais fr on lui donne un degré de chaleur un peu fort , if fe fait une diffolation, à la vérité fort légère, & par l'évaporation & la criflallifation , on en obtient du vitriol vert & un peu de félénite : les laves de Balaruc & de Gabian, font une légère effervefcence avec Facide nitreux : la lave de Gabian pulvérifée a été préfentée auffi à la piérre d’aimant, qui n’en a rien attiré ; mais ayant pris un égal poids de cette poudre & de flux noir, & expofé fe tout dans un’ creufet d'effii à l'action du feu de forge pendant deux heures, j'ai eu par-là quelques grains de fer parfaitement attirable par l'aimant. Un de mes amis, feu M. Porral, me donna, il y a quelques années, différentes pierres ponces & laves vomies par le Véfuve, dans l'éruption de 1737 ; j'en caflai plufieurs, & j'aperçus dans leur caffure quelques points brillans tirant fur le jaune; je penfai d'abord que c’étoit ou quelque matière mé- tallique, qui n’avoit pas perdu fon phlogiftique, où du foufre commun ; je foumis cette lave pulvérifée à la fublimation, dans une petite cucurbite armée de fon chapiteau aveugle au feu de fable, il fe fublima au haut du chapiteau quelques grains de foufre très-pur. On voit par cette expérience, que dans les grandes éruptions des volcans, il y a toujours une partie de la matiére inflammable qui échappe à fa décompofition , de même que le fer que l'on trouve dans certaines laves, comme dans celle de Montferrier; le fer contenu dans celle de Gabian m'a pas été attiré par l'aimant , parce qu'il avoit perdu fon phlo- giftique, qu'il a fallu lui rendre pour le faire revivre. Enfin, j'ai aperçu, avec le fecours de la loupe , dans la lave d'Agde & des environs de Péfenas, caffée en plufieurs mor- ceaux , plufieurs parties brillantes, ayant tout l'afpeét d'une matière parfaitement vitriñiée /f). Ne peut-on pas conclure , avec beaucoup de fondement , de tout ce que je viens d’expoler, (f) Dansune groffe pierrede lave, | can, il doit y avoir dans différentes j'ai remarqué quelque petite pierre | laves des morceaux vitrifiés, comme, de quartz qui n’avoit pas été altérée. | par exemple, dans le rocher d'Agde. Ceci doit nous faire voir que quand | Le célèbre M. Pott nous en a donné ël fe trouve des quartz dans le vol- ! un effai dans fa Lithogéognofie, DES SCIENCES. 47$ que les feux fouterrains répandus dans toutes les parties du globe, & principalement les volcans, doivent leur origine au fer &-au foufre qui fe trouvent toujours dans la lave, tantôt en nature & tantôt décompolés ou détruits, comme je l'ai fait voir par mes expériences ; felon cette idée, on conçoit qu'à la faveur de l'eau douce ou de l'eau de la mer, ces matières fe font échauffées au point de s'enflammer, comme l'ont démontré M. Lémery & Homberg, par le mélange artificiel du fer, du foufre & de l'éau. La Chimie nous apprend que dans ces terribles embrafe+ mens fpontanés, qui fe font dans les entraillés de la terre, par le foufre & le fer, ou par les matières bitumineufes , les différentes terres ou rochers, foit calcaires, foit vitrifiables, les pyrites, les métaux, les fubflances mêmes les plus réfrac- taires qui avoifinent ces volcans, tout fe combine, tout fe fond à la longue par ce terrible feu; le foufre qui fe forme dans cette fufion, ou qui eft déjà formé, favorife beaucoup la diffolution des matières réfraélaires, qu’on auroit peine à unir par l'action du feu la plus foutenue dans nos fourneaux. If doit {e paffer dans ces grandes fontes, de différentes fubftances, opérées par la Nature, ce qui fe pañle dans les fufions métalliques; les plus pefantes vont toujours au fond: voilà pourquoi on voit le plus fouvent dans le même volcan , des pierres poreufes, légères, & d'autres pefantes & très-dures; celles-ci contiennent tout le métallique ou la fubflance minérale privée le plus ordinairement de fon phlogiftique: les légères font, pour parler le langage chimique, les fcories, comme, par exemple, celles de Gabian, de Balaruc & bien d’autres des environs de Péfenas & du Véluve, qu'on prendroit de loin pour du mâchefer. Les différentes couleurs des laves, des pierres ponces, des volcans /g) dépendent de la nature des matières métalliques, & (g) La pouflolane dont on s’eft fervi pour enduire les jointures des gorgues qui conduifent les eaux de S.' Clément fur le Peyrou, n’eft u’une matière vomie par le Véfuve Le différentes éruptions; ce qui fournit une terre à laquelle Ja ma- tière métallique qu’elle contient, & qui eft ferrugineufe, donne cette propriété, & qui mêlée avec la chaux, forme une efpèce de maltic très-propre à boucher Îles jointures des pierres, & à -fe durcir dans l’eau, 476 MÉMoIREs DE L’ACADÉMIE ROYALE, &c: de la coloration des pierres & des terres qui font unies par l'action du feu plus où moins continue : la même aétion du feu, long-temps foutenue, produit, quand il fe trouve dans un volcan, des terres & des pierres vitrefcibles, ces différentes vitri- fications qu'on aperçoit dans certaines laves. La légèreté des pierres de Gabian , de Balaruc & des environs de Péfenas, ne vient fans doute que des fubflances qui fe font trouvées fans mélange de matières pyriteufes lors de l'éruption de ces volcans: : je penfe auflt que quand toute une montagne qui a été em- brafée vient à s'éteindre, en forte que la bouche du volcan ne vomit plus de matière fondue, tout étant brûlé & confumé, il & forme une maflé ou carrière , comme eft le rocher d'Agde; à l'égard de ces pierres détachées & ifôlées qu'on trouve à Tourbes & à Montferrier, il y a tout lieu de foupçonner . que le volcan ne les a vomies qu'à différentes reprifes. Voilà à peu près toutes les connoiffances que j'ai pu me procurer jufqu'ici, fur les lieux & Îles montagnes de cette province qui ont brülé. Ces découvertes ne font pas inutiles à ceux qui par état recherchent les endroits où il y a des mines , & fur-tout celles de charbon de terre & de foufre, &c. que je crois être le plus grand aliment des volcans ; je puis citer ici la mine de charbon de terre que feu M. Valguerie a fait ouvrir dans la paroiffe de Nefiez ( village aux environs de Péfenas , du diocèle de Béziers), & qui eft voifine de quelques-uns des volcans dont j'ai parlé. Enfin, quand l'hifloire des volcans éteints n'auroit d'autre, utilité que de les faire connoître à la poftérité, c’eft faire un grand pas, que de pouvoir indiquer, en cas de nouvelle éruption, les endroits qui ont été autrefois les foyers de plufieurs embrafemens. FIN. 14 COPA EC TONNES LUN LOT ALAIN ES ri " M WA W At fi A | Ü ' . v #: + Ù 4 \ Y ( { : fa A ñ } { Usa 1l {l Li (Ait LA ANA A OP il MA ( LL LUN PAT AR TOP TE PES FAN dE k 1% D y Es dates is