LE ET PTS RPANES IE SERRES arr Es EE SR RMANSEREES ESS D ÉTT SRE DRN PRES OST a ee RE LT Pis 1 prets 3 si HISTOIRE L'ACADÉMIE ROUEN AL ‘E PES S CHEN CES, ANNEE AL. D CB XX I I L : Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, pour la même Année, Tirés des Repgiflres de cette Académie. NS ALZ LE N DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M DCÇCLXXVIL | DIR PAR pra ti Fer RCE ERA # LE NN ECL : 3 AAA AAA L'AOB-LCE POUR L'HISTOIRE. Re PHYSIQUE GÉNÉRALE. Fi À UR les variations de l'Aimant. Page 1 Sur les Marées de la Zone torride. bis ete last 3 Sur l'ufage des barres métalliques pour préferver de la Foudre, Ibid. Obfervations de ICE ER RRE CARPE 6 ANATOMIE. Sur la manière de reconnoître par le taë les maladies du Foie, x 9 Sur une Groffeffe extraordinaire. : CHIC ST POP 21 Sur une nouvelle ri en de pratiquer l'amputation des extrémités. 22 Obfervation Ahatbfiique. RENE nine Babies 24 CHIMIE. Sur ls Phénomènes que préfentent la difllation du Verde & 26 fe de Saturne, PSS, LE A un, + ses 26: Sar la Compofition du Fete Mo nns du as 27 Sur des phénomènes 1rès- ir ingaliers ne par différens Mixtes fhnsis ir, RE de ae JEU UE 30 1773: “ii TUAr BAL 'E HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. Sur les Os & les Mufeles des Oifeaux... HE EIUUE 32 BOTANIQUE. Sur les Familles naturelles des Plantes, © en particulier fur CPAS CRONCUIRS AN SE LE à 052100 tea) Ale sn a elle 34 Sur-le Gommier rouge du Sénégal. ..........,.., 36 MINÉRALOGIE. Sür le 12 7 461 ANR A ele fo MR as A * 39 LS ANT A Le VS Sur les Différences partielles... ........ AE ce 43 ASTRONOMIE. Méthodes anabtiques pour la folution des Problemes d'Affro- HONTE Nate eee mie te vis à à à c'e © SONT S 47 Sur la diminution de l'Année. ...,......,....... 48 Sur l'obliquité de l'Écliptique date bé ec 0 ete 52 Sur les Réfratlions Affronomiques . .:............. 53 Sur 'Éclipfe horizontale du Soleil, du 23 Mars 1773... 55 Sur l'Éclipfe de Lane du 11 Odobre 1772...:... Ibid. Sur l'Éclipfe de Lune du 30 Septembre 1773...,,.. s6 Sur l'Occultation d'une Étoile de l'Étreviffe par la Lune, de 1 0) FENTE RARE ee LL: CONORNRTE Ibid. Sur la Conjonchion de Jupiter avec la Lune...,.,,... ST EF A BÊTE. Sur l'Oppofition de Satume:......:............ 57 Sur la Difparition de l'anneau de Saturne. ......... 58 DRE COMTE EE eee ni de on eve à 6 s9 Sur un Voyage fait à bord de la Frégate la Flore... .. 64 GHÉSOICARLALP H TE: Sur la Longitude à la Latitude de Pondichéry . ...... 70 Sur la Carte de. Méfopotamie. .................. Pù MAÉ CAN T O UE: Sur le. Cintrement 7 le Décintrement des Ponts... .... 72 Sur la Filature des Soiess . nu... ses... 74 Ouvrages préfentés à l'Académie. ............... 76 Ælogende M, Morandini. ie ans occn sie voies de 99 Éloge de M. Hérifanr. .... DEL ra ist 118 SR ER RSR NN NN FORCRU'EE POUR LES MÉMOIRES. Pure MÉMOIRE fur l'Acacia des Anciens, © ur quelques autres Arbres du Sénégal qui portent une Gomme rongeätre, &"c. Par M. ADANSON ARS PE NC Page : Occultation de &° étoile de la quatrième grandeur de l'Écreviffe par la Lune, le 6 Février 1773. Par M. Messier... 18 Obfervations de Saturne pour fon oppofition avec le Sokil, du 27 Février 1773, ©'« Par M. JEAURAT: ....... 20 Obfervation de 1 "Éclipfe de Lune, faite à l'Obfervatoire royal de Paris, le 1 1 Odobre 1772. Par M. Cassini le Fils. 23 Mémoire [ur une Groffeffe fr ingulière. Par M. HALLER.. 25 Mémoire fur le cintrement à le décintrement des Ponts; Ua fur les différens mouvemens que prennent les voûtes pendant leur conffruétion. Par M. PERRONET............... 33 Obfervation de l Eclipfe horizontale du Soleil, du 23 Mars 1773. Par M. MESSIER.................. SI Nouvelles Obfervations fur l'analyfe des Criflaux , du Verdet © du Sel de Saturne, &'c. Par M. DE LASsONE........ s4 Suite des Obfervations faites à Saint-Sulpice, au foyer du verre objectif, qui en eff diflant de quatre-vingts pieds. Par M. LE MONNIER Sr 2): die ae mime oiofe nee ol 66 Mémoire pour corriger les Cartes de Géographie, fur la Lati- tude de la Méfopotamie, entre l’Euphrate à le Tigre. Par M D'AMRRENRER RE Me. eee se ce a dec à à cie ee sl 66, Détermination de la di iffance d'Aréturus au bord ae .. Soleil, d'c. Par M. Cassini DE THURY........ Sur la Réfration horizontale aux couchers du Soleil, Par WE DE M ON NP RME a dures Lin de 77 TAN BAL!E. nowvelles Méthodes analytiques pour calculer les Eclipfes de Soleil, rc. Onzième Mémoire. Dans lequel on applique à la folution de plufeurs Problèmes aftronomiques, les Equations déterminées dans les Mémoires précédens. Par M. Dionis PDT EURE CE ce croise dinde D eibdie à 81 Mémoire contenant les Obfervations des deux Cométes qui ont paru en 1766, obfervées de l'Obfervatoire de la Marine à ras crc. ParME MRSSIERS 0, demie ee 0 UT 97 Obfervation de la conjonttion de Jupiter avec la Lune, le 7 Août 1773, au matin. Par M. Cassini DE THURY... 1 68 Mémoire fur la diminution de la longueur de l'Année. Par M. Le RTE «Ed AU PE TIRE DIE ENARNE à AC IEE SNA 170 Obfervation de la difparition de l'anneau de Saturne, faite à l'Ifle-Adam. Pax M. Cassini DE THURY....... 177 Obfervation de l'Anneau de Saturne 7 de [a difparition. Par AE RON SU EE LS 2h 0 ete en 0 187 Obfervation de l'Éclipfe de Lune, du 30 Septembre 1773, faite à Nolon, Par M. le Cardinal DE LUYNES.. 183 Obfervation de l'Étclipfe horizontale de la Lune du 30 Septembre 1773, au foir ; faite à l'Olfervatoire de la Marine , hôtel de Clugny. Par M. MESSIER. ......:........ 186 Mémoire fur des phénomènes nouveaux € finguliers produits par plufieurs Mixtes falins. Par M. DE LassoNE...... 191 Examen de la Famille des Renoncules. Pax M. A. L. DE JuSsrEur LUS HEURE REA E HE RE IRE LR EE Obfervation de l'Eclip e de Lune du 30 Septembre 1773, avec lobfervation d'un phénomène relatif à la difparition de l'anneau de Saturne. Pax M.° LE GENTIL & BAILLY..... 241 Obfervations fur les Marées, à Madagafcar, dans la zone torride. Par M. LE GENTIL......... ML ne ee 243 Opérations faites, tant à bord de la Frégate du Roi la Flore, qu'en différens ports ou rades d'Europe, d'Afrique à d'Amé- rique ; pour la vérification des Inffrumens, &7c. Pax M.° le Chevalier DE BoRDA, PINGRÉ & DE VERDUN.... 258 CA BALE. Méthode direéte pour déterminer les Réfradions, &c. Par M. CASSINTADIE ST AURE W Ebie ie vo à eee D 0 03 323 Addition au Mémoire précédent. Par le même ...,.. 335 Recherches fur le Calcul intégral aux Per ne partielles. Pax Mb rer AP L ACER". rent toner tt one et 341 Second Memoire fur l'Inde, à en rca fur Pondichéry & Jes environs. Par M. LE GENTIL...:..... 403 Remarques fur les Tables de Halley. Par M. LE MONNIER. 437 Mémoire fur la variation de l'Aimant en 1772 D T7 73 NE EEE A Glen Vele nn sellers (die queieué. à » 40e a 440 Troifiè ieme Memoire fur la Filature des Soies. Par M. DE MÉDOANSON ans ue ren ND: 02 der 445 Mémoire fur les Comètes. Par M. DE LA LANDE... 461 Mémoire fur les apparences de l "Anneau de Saturne, en 1773 d 1774: Par le même........:......:,... 486 Recherches fur la compojition du Flint-glaff, avec des vues pour le perfectionner. Par M. MACQUER 24 du 502 Obfervations Botanico- -Météorologiques. Par M. pu HAMEL HE Mémoire Jur une nouvelle Méthode de pratiquer l apres des ere Par MP Oo RTAL Hu date Viens 542 Second Mémoire pour fervir à l’Anatomie des Oi 0 Par Mie Vrc ODA ERE ru. 4 5 ln APT 566 Obfervations fur la fituarion du Foie. dans l'état naturel, Ce PANMMMPOR EME 8 aus Le vd h ne ete 587. Mémoire fur le Bafalte, NX partie. Par M, DESMAREST. 599 LS Mémoire fur la forme des Barres ou des Condutteurs métal hiques ; dc. Par M DE RO y see de: ae 671 Mémoire fur la morfure de la Vipére, de Par M. MONTET, de la Société Royale de Montpellier, ........, 687 CET HISTOIRE HS OIRE L’'ACADÉMIE ROYALE D'E S:2$5 C'IEAN:C-E S. Année M. DCCLXXIII. ; CURE S VARIATION S DE: L'AIM ANT. M. LE MONNIER développe dans ce Mémoire les moyens V. les Mém, qu'ila pris pour diminuer l'erreur quele frottement occafionne P- 44°: dans les expériences fur la direction de l’Aiguille aimantée, & fur-tout dans les boufloles de déclinaifon. De quelque manière que l'en fufpende une aiguille, la réfiftance du frottement empêche qu'elle ne prenne exacte- ment la direction qu'elle auroit , fi elle étoit parfaitement libre: setté réfiftance croît avec le poids de l'aiguille, &, comme l'obferve M. le Monnier, la force magnétique croît aufli avec Hifl. 1773. 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ce poids; ainfi l'aiguille la plus parfaite ne fera pas celle qui aura abfolument le moindre frottement, mais celle où le rapport de la réfiftance du frottement avec la force diredrice, fera le plus petit. Au refle, il y auroit peut-être quelque avantage à s'occuper d'augmenter la force magnétique même, en augmentant le poids , quoique la réfiflance du frottement dût en devenir proportionnellement plus grande , parce qu'il ne feroit pas impofhble de corriger l’erreür qui en réfulte où de d'évaluer: de là corriger en prenant un milieu entre deux obfervations, dont l'une donneroit la direélion trop orientale , & l'autre, la direétion trop occidentale: de l'évaluer par des expériences bien calculées & répétées pour chaque dimenfion, pour chaque poids qu'on voudroit donner aux aiguilles. Les différences qu'on remarque entre les direétions qu'in- diquent les bouffoles dans des lieux très-voifins , tandis que dans des diftances plus grandes, les directions font les mêmes, paroifient à M. le Monnier, une nouvelle preuve de la néceffité de perfectionner la conftruétion des bouffoles, & de déterminer exactement le véritable méridien magnétique. M. le Monnier rend compte enfuite des obfervations qu'il a faites avec deux différentes boufloles, orientées avec foin & placées, lune au Temple, l'autre fur la terrafle des Tuileries; & pour éviter l'erreur des variations diurnes, il a pris la pré- caution d'oblerver chaque jour à la même heure. L’aiguille aimantée fe dirigeoit à Paris du côté de l'Eft, au commencement du fiècle dernier , elle s’'eft rapprochée du Nord jufqu'en 1666, & a pañlé enfuite du côté de l'Oueft ; elle a paru enfuite ftationnaire pendant quelques années, & M. le Monnier creit pouvoir aflurer, dans fon Mémoire, qu'elle étoit encore en 3772. - D'EuSUSIC ai Ne € 3 SRE EEE EEE SAONE ONEEES WONHROLE ES MARÉES DE LA ZONE TORRIDE M. LE GENTIL a obfervé la hauteur des Marces , foit au Fort-Dauphin, foit à Foulpointe: au Fort-Dauphin , le voi- fmage du canal de Mozambique les rend abfolument irrégu- lières : elles femblent même n'avoir qu'un période en vingt- quatre heures: à Foulpointe, elles font plus régulières, mais elles varient très-peu : les plus foibles que M. le Gentil ait obfervées, étoient de 2 pieds 11 pouces, les plus fortes de 3 pieds 2 pouces. A SU RL USAGE DE BARRES. MÉTALLIQUES Pour préfaver de la Foudre. À USSITOT après la découverte des étincelles électriques & de l'expérience de Leyde, plufieurs Phyficiens imaginèrent que le tonnerre pourroit bien n'être qu'un grand phénomène électrique ; mais autant il étoit aifé de faifir quelque reffem- blance entre le tonnerre & l'électricité, &. de fonder fur ces reflemblances des conjeétures plaufibles , autant il paroïfloit difficile de prouver par des expéfiences immédiates, l'identité de la matière électrique & de celle de a foudre , Où plutôt lidentité.entre la caufe des phénomènes électriques & de ceux du tonnerre: car fans doute il eft permis de douter encore qu'il exifte un fluide électrique comme un fluide magnétique ; & la facilité avec laquelle il femble que les Phyficiens admettent l'exiftence de ces fluides eft peut-être un refte de Cartéfianifme qu'ils confervent fans s’en douter. M. Franklin imagina le premier de porter dans les nuages un cerfvolant, ou d'élever dans les airs une barre métallique, il À ij V. les Mém. P- 243. V. les Mém, p. 671. 4 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fentit que fi le cerf-volant & la barre étoient ifolés, ils devoient, dans le cas où les nuages feroient électriques, donner des fignes d’éleétricité ; qu'il feroit facile de charger des bouteilles en les faifant toucher à ces barres ou à ces cerf-volans, & qu’alors le Phyficien, maître de difpofer à fon gré de Ka matière du tonnerre, pourroit la comparer fous toutes les faces à celle de l'électricité terreftre; en démontrer Fidentité ou en obferver les différences, Un Phyficien françois, M. de Romas, eut, peu de temps après M. Francklin, les mêmes idées que lui, & exécuta fes expériences aufi peu de temps après M. Francklin. Heu+ reufement, pour la gloire de M. de Romas, placé dans un autre hémifphère il a pu prouver qu'il n’avoit aucune connoif- fance des idées de M. Franklin. Ces expériences réuffirent, l'identité de l'électricité terreftre & de l'électricité célefte fut conflatée, & les effets de la foudre furent expliqués. Une découverte aufl belle ne devoït pas être flérile entre les mains de M. Francklin, l'étude de a Nature n'étoit que fon fecond objet, l'utilité publique avoit toujours été le premier, & il ne regardoit fes décou- vertes que comme des amufemens, lorfqu'il n'entrevoyoit pas un moyen de lés rendre utiles. L’éle&ricité femble fe tranfmettre par préférence à travers les corps métaliiques ou imbibés d’eau ; il en eft de même du tonnerre, & cette obfervation fuffit pour expliquer ce que fes eflets ont en apparence de plus bizarre. Il paroifloit donc probable que fi on élevoit au -deflus d'une maifon des barres de fer qui communiquaflent enfuite, foit avec l'eau d’un puits, foit avec fa terre, mais à une profondeur affez grande pour qu’elle y füt humide en tout temps : cette barre établiroit une communication tranquille entre la terre & le nuage électrique, tant qu'il feroit à portée de là barre, & que la maifon {eroit à l'abri des coups de la foudre. I pouvoit arriver fans doute que, fi la barre étoit trop petite relativement à la force ckétrique de la nuée, la DIE SIMSNC AFIN. C E s. 5 maifon fût encore frappée du tonnerre: mais alors même la barre de fer devoit recevoir & tranfmettre la plus grande partie du coup; la barre feroit détruite, mais la maifon feroit encore préfervée en grande partie. : Les Habitans de J’A mérique Angloife , accoutumés à fe trouver bien de leur docilité pour les opinions de M. Francklin ; adoptèrent fes idées, & ils armèrent leurs maifons de barres métalliques. Un grand nombre d’obfervations prouvèrent latilité de cette précaution. Non-feulement on obferva que des maifons qui étoient furmontées par des barres, avoient été préfervées, tandis que des édifices voifins avoient été frappés de la foudre; mais on trouva que l'extrémité des barres avoit été fondue, fans que la maïfon eût éprouvé la moindre atteinte. Enfin, il eft arrivé plus d'une fois que les barres ont été frappées par la foudre, & en obfervant alors les effets que la maifon avoit éprouvés, on voyoit que les parties trop voifines des endroits où la continuité de la barre avoit été interrompue, étoient les feules qui euflent fouflert. L'utilité des barres conduétrices fut donc conftatée ,lAn- gleterre fuivit bientôt l'exemple de l'Amérique. L'Italie effrayée de quelques accidens terribles occafionnés par la foudre, adopta cet ufage. Plufieurs édifices publics ont été armés de ces barres dans les États de la Maïfon d'Autriche » par les ordres d’un Prince qui regarde comme une grande partie de fes devoirs & de fa gloire, le foin de faire fervir au bien de fes Sujets les vérités nouvelles que notre fiècle a découvertes dans tous les genres. La France paroît jufqu'ici s'être refufée à l’ufage des barres métalliques, mais “ce n’eft pas la faute de nos Phycifiens ; M. le Roy a donné, dès 1770, un Mémoire où il prouve combien cette manière de préferver les maifons eft certaine & fans danger, & il revient encore fur le même objet dans ce volume. La Socicté Royale de Londres s’eft partagée fur la forme des barres conduétrices : quelques Phyficiens vouloient qu’elles 6 HISTOIRE DE L'AGADÉMIE ROYALE s'élevaffent peu au-deflus des édifices, & qu'elles fuflent obtufes: les autres vouloient qu’elles fuffent plus élevées & terminées en pointes. M° Franklin étoit de ce fentiment, il lappuya fur des expériences démonftratives, & la Société Royale fe rendit à fon avis. Le Mémoire de M. le Roy contient des expériences qui le conduifent à la même conclufion. Il montre que fi les corps pointus attirent la matière éledtrique d’un corps élerifé à une plus grande diflance que les corps moufles, cette transfufion fe fait tranquillement & fans explofion, tandis que les corps moufles tirent une étincelle du eorps éle@rifé à une diflance plus grande; ainfi une barre arrondie à fon extrémité, fera frappée de la foudre plutôt qu'une barre terminée en pointe & plus élevée. Celle-ci en établiffant une communication entre la nuée & la terre, empêchera les corps moufles qui font au-deffous d'elle, d’être frappés; tandis qu'une barre obtufe n'auroit d'autre manière de garantir un édifice que d'attirer fur elle le coup qui auroit frappé les objets voifins, elle ne préfer- veroit pas proprement, mais feulement elle dirigeroit le coup de manière à le rendre moins funefte. OBSERVATIONS DE PHYSIQUE. | I. QE. 17 Juillet 1773, vers minuit, le ciel. étant prefque entièrement couvert du côté du Nord, par des nuages qui s’étendoient depuis l'horizon jufqu'environ à la hauteur de la petite Oùurfe,,, M. Wallot aperçut au-deffus de ces nuages une lumière blanchâtre qu'il prit d'abord pour le crépufcule qu'on aperçoit à Paris, pendant toute la nuit, aux environs du folftice, mais en la regardant plus attentivement ,! il vit {ortir de! ces! nuages plufiéurs rayons blancs dont quelques-uns Le términoient au: Zénith ; &, d'autres paffoient même un DETISIFUS CNE E' NC ME 9 7 peu au-delà vers le Sud; ces rayons blancs & Ja lumière blanchätre qu'il apercevoit au travers de ces nuages interrom pus par intervalles, ne le laifsèrent plus douter que ce ne füt une “Aurore boréale. Les autres parties du ciel, où il ne fe trou- voit point de nuages, ainfr que les intervalles entre ceux du côté du Nord étoient embrumés, de forte qu'on voyoit autour de Jupiter , une atmofphère affez confidérable , & que les Étoiles paroifloient très-foiblement. L’Aurore boréale ne s'étendoit à minuit, que depuis PEft jufqu'à l'Oueft ou même Ouefl-fud-oueit : elle pafloit déjà le Zénith; mais ce qu'il y eut de plus remarquable dans cette Aurore, c'eft que vers minuit & un quart, la lumière en devint fi forte au Nord-oueft, qu'elle fit voir, comme dans un clair de Lune qui fe fait à travers les nuages, les objets dont on ne pouvoit pas diftinguer la moindre trace une demi-heure auparavant ; on voyoit en même temps des flocons blancs qui pafloient par le Zénith du Nord au Sud, & l'Aurore paroifloit occuper tout l'hémifphère fupérieur, mais la lumière en étoit beaucoup plus foible du côté du Midi que vers le Nord, & auffi toujours plus foible au Zénith où elle fe réunifoit, qu'à l'horizon perpendiculairement au- deffous ; le point le plus éclairé de la lumière boréale étoit au Nord-oueft, le moins éclairé étoit au Sud-eft où elle ne paroifloit que très-foiblement. A minuit 2 $ minutes environ, il fe forma un rayon blanc ou traînée de lumière qüi partoit de Fhorizon du côté du Sud-oueft, pafloit par l'étoile Ë du Serpentaire, par le Zénith, & fe réunifioit à la lumière boréale du côté du Nord-eft. Peu de minutes auparavant on voyoit un flocon ou efpèce de nuage blanc fur À d'Antinoüs: cette Étoile de la troifième grandeur, avoit été prefque éteinte par la clarté de ce nuage qui montoit, en s’approchant de la claire de l'Aigle, & qui difparut, avant d'y arriver, à minuit & demi. À côté de ce nuage, vers TOccident, on en vit un autre qui fe forma & difparut en moins d'une minute & demie, il étoit un peu plus peti que le premier, mais aufli très-umineux; pendant que M. Wallot obfervoit ce 8 Hisrotïñ#e DE L'ACADÉMIE ROYALE nuage dans Antinoüs ,*il y en avoit un plus confidérable qui . 72 . . A # . partoit prefque du Zénith, mais du côté du Nord-eft, & alloit, en s'approchant de Jupiter, à l'Eft-fud-eft, mais il difparut aufli avant d'y arriver ; tous les mouvemens de ces pelotons de nuages apparens furent très-lents, & fe firent en différens fens. Quelques minutes après minuit & demi, la fumière de l'Auroré commençoit à fe perdre du côté du Midi, & à minuit à, elle étoit déjà en général fi foible, qu'on ne voyoit plus les objets qu'on avoit diftingués fi parfaitement; pendant ce temps-là les nuages, du côté du Nord, fe diffi- pèrent. À minuit +, le ciel fe couvrit du côté du Midi, & les nuages, enavançant vers le Nord, répandirent la même obfcu- rité qui régnoit une ou deux heures avant l'Aurore boréale. À minuit $$ minutes, l’Aurore ne parut plus que très- foiblement au travers de nuages affez interrompus ; & du côté du Nord même où le ciel étoit encore affez clair, elle étoit fi foible qu'on ne pouvoit diftinguer fi c'étoit la lumière de l’Aurore boréale ou celle du crépufcule qui commençoit. IL LA maifon où s’eft paffé l'accident dont nous allons rendre compte, d’après les détails que M. Baumé a communiqués à .P'Académie, appartient à M.° Léguillier frères , Marchands- Droguiftes ;- elle eft fituée rue des Trois-Maures : cette rue a porté jufque vers l'an 1400, le nom de rue du Win-le- oi, parce qu'on préfume que les caves de cette maifon ont {ervi à contenir le vin deftiné pour le Roï : ces caves font très-grandes, belles, bien voûtées, & bâties avec beaucoup de folidité; elles paroiffent avoir eu autrefois communication avec les caves des maifons voifines, qui font aufli belles & bâties aufli folidement. La rue du Vin-le-Roi a pris par la fuite le nom es Trois-Maures, de l'enfeigne d’une auberge qu'on a établie dans cette rue *, La maifon n’a que deux étages & une manfarde, la cour a trente-deux pieds de long, * Voyez l’Eflai d’une hifloire de la Paroifle de Saint - Jacques-de-Ja Boucherie, par M. FAbbé Villain, Vol in-12, page 207: fur DES SCIENCES o fur feize de large : on a pratiqué le long des murs quatre foupiraux de deux pieds de long, fur un pied de large, pour donner de l'air dans les premières caves ; mais de ces fou- piraux, il n'y en a que trois d'ouverts ; le quatrième eft condamné depuis long -temps. On a encore pratiqué au milieu de la cour un cinquième foupirail de quinze pouces en quarré, & qui n'eft bouché que dans les temps de pluie, par une plaque de fer qu'on met deffus. On defcend dans les premières caves par trois efcaliers ; lun, droit, bien aéré, de quatre pieds & demi de haut, & de trois pieds de large, communique fous la porte-cochère donnant fur la rue. Un autre efcalier eft placé à un des bouts de ces caves , il eft plus large en haut qu'en bas; on peut l'eflimer à trois pieds & demi de largeur réduite, fur quatre pieds & demi de haut; Île troifième efcalier eft petit : ces premières caves font à quatorze pieds au-deffous du niveau de la cour. Un berceau des premières caves a quarante-huit pieds de long, dix-neuf pieds de large & dix pieds de haut, on a pratiqué deflous un berceau femblable pour former une feconde cave, laquelle a à peu-près les mêmes dimenfions : fa voûte eft percée de deux ouvertures; l'une a un pied en quarté; l'autre eft prefque ronde, & a environ deux pieds de diamètre. On defcend de la première cave, pour arriver à la feconde, par un bel efcalier de douze marches ; cet efcalier. a quatre pieds & demi de large, & cinq pieds & demi de haut : c’eft par ces trois ouvertures que la feconde cave tire de l'air des premières, & elle eft à vingt-trois pieds & demi au-deffous du fol de la cour. On auroit tort de reyarder ces détails comme minutieux ; ils font voir d’abord que ces caves font grandes, fpacieufes, & quon pouvoit fuppofer que les différentes ouvertures qu'on y a pratiquées, devoient fuffire pour renouveler Pair : ils font connoître en même temps la néceflité de donner plus : d'air à des caves, dont le terrein auroit été anciennement imprégné de matières inflammables, Aile 1773. B 10 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYÿALE La maifon & les caves avoient été occupées , avant M. Léguillier, par un Marchand de vin, qui fe plaignoit que dans certains temps, on ne pouvoit refter qu’un quart-d’heure dans cette feconde cave; les lumières ordinaires avoient de la peine à s’y foutenir; on avoit tenté de s'y éclairer par plufieurs gros flambeaux, réunis & brülans enfemble, qui ne produifoient qu'une lumière fombre, & finifloient par s'éteindre au bout d’un certain temps. M." Léguillier ont auffi tenté plufieurs fois de s’y éclairer de même, mais avec auffi peu de fuccès. Ceux que la néceflité obligeoïit de tra- vailler dans cette cave, fe trouvoient étourdis , comme ivres, & étoient forcés d’en fortir ; ces tentatives étoient faites ar des perfonnes qui ignoroient abfolument le danger auquel elles s’expofoient ; il n'en eft pas réfulté d’accidens, parce que les vapeurs mofétiques , dans ces différentes cir- conftances, étoient peu abondantes, ou que ceux qui s’expo- foient à les refpirer, n’y reftoient pas heureufement affez long temps pour en être plus incommodés. Il y avoit dans cette feconde cave, depuis environ un mois, huit groffes pièces d’effence de térébenthine, qui y répandoient une odeur très-forte, plufieurs groffes bouteilles d'huile de vitriol, & environ une douzaine de barils d'huile de laurier; on rapporte ces circonftances, parce que les perfonnes qui ont, pour ainfi dire, été témoins de l'acci- dent qui eft arrivé dans cette cave, l'ont attribué à l'odeur de l’eflence de térébenthine, comme on peut le voir dans le procès-verbal de M. Simonneau, Commiffaire, qui a reçu les dépofitions des afliflans. Le 2 O&obre 1773, fur les onze heures du matin, M. Léguillier fils, & un garçon, defcendirent dans cette feconde cave, fans lumière, parce qu'aucune bougie ou chandelle ne pouvoit y refler allumée; ils alloient chercher des bouteilles vides, placées dans le fond de cette cave, ils furent fuivis ‘ par un chienloup de moyenne taille : ces deux perfonnes fe fentirent étourdies prefque en même temps, & environ au bout de quinze fecondes; elles tâchèrent de fortir auffi-tôt DES SetrENCE Ss sat de cêtté cave; mais comme elles étoient étourdies, chance- fantes, fans force, & dans un lieu obfcur, elles ne purent gagner l'efcalier affez promptement. Le garçon s’égara & alla fous lefcalier; M. Léguillier tomba au bas de l’efcalier, mais doucement, & fans fe bleffer ; quoiqu'il n'y eût que douze marches à monter pour fortir du danger, il lui fut abfolument impofñble d'aller plus loin : il conferva néanmoins pendant deux minutes aflez de connoïiflance, pour être afigé de fa fituation & de celle de fon garçon : il appela du fecours tant qu’il le put, mais d'une voix foible & tremblante; fon garçon au contraire le fit d'une voix forte & effrayante : le garçon fait encore quelques pas, manque de nouveau la direction de l'efcalier, & va tomber enfin à la renverfe entre deux tonneaux d’effence de térébenthine, où il périt, fuffoqué, dans cette fituation. M. Léguillier dit qu’il entendit alors un bruit très-fort femblable à celui d’une poulie qui tourneroit rapidement : à ce bruit, fuccéda auffi-tôt un filence effrayant ; les fecours que ces infortunés demandoient, ne leur furent point donnés, parce qu'on n'entendoit pas leurs cris, & qu’on ignoroit le lieu où ils étoient , & leur trifte fituation. M. Léguillier, qui a échappé à la mort, & de qui on tient ce détail, dit qu'entre le moment de fon entrée dans cette cave, & celui où il a perdu connoïffance, il ne:s'eft écoulé qu'environ deux minutes; pendant cet efpace de temps, il n'a reflenti ni douleur ni oppreffion : à l'inftant qu'il perdit connoiflance, il éprouva une fenfation des plus voluptueufes, un délire inexprimable ; une douce rêverie occupoit agréable- ment fon imagination : il goütoit avec plaifir à la porte du tombeau, une fatisfaétion délicieufe, abfolument exempte des horreurs que l'on a ordinairement de la mort : il perdit enfin tout mouvement, tout fentiment, & refla dans cette dernière fituation environ une heure & demie au pied de Tefcalier. Ce ne fut qu'au moment du dîner, qu'on saperçut de leur abfence ; & la cave fut le dernier endroit où on les chercha. Tout fembloit confpirer à leur perte, l'efcalier par B ij 12° HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE où ils étoient defcendus , ef commun à plufieurs locataires : quelques-uns allèrent à leur caveau, & fermèrent en remon- tant la porte à la dlef, croyant qu'il ny avoit perfonne. Un des frères defcend précipitamment dans fa première cave, s'approche de l'efcalier de la feconde, appelle, & ne reçoit point de réponfe : il prête alors une oreille attentive & inquiète, croit entendre un râle, defcend les marches fans lumière , & reconnoît à tâtons que fon frère eft expi- rant : il demande du fecours; on enlève aufli-tôt le jeune homme qui donnoit encore quelques foibles fignes de vie. Une autre perfonne, fans délibérer, va en même temps au fecours du garçon, quoiqu'il füt très-dangereux d'y aller , cherche à tâtons, ne le trouve point, & rapporte le chien mort au fond de la cave. | Cette perfonne fatiguée, & même Ja tête étourdie de Fair mofétique qu’elle venoit de refpirer, n’ofa plus fe hafarder; mais une autre lui fuccède, s'expofe avec le même zèle, defcend avec célérité dans la cave, cherche à tâtons, trouve enfin le garçon, le prend dans fes bras & l'emporte; mais fon fort fut bien différent de celui de M. Léguillier : il étoit mort. On tenta, mais inutilement , tous les moyens pour le rappeler à la vie; on ne put lui tirer que deux ou trois gouttes de fang : il étoit froid par tout le corps; ce qui fit juger qu'il n’y avoit plus d’efpérance, & qu'il étoit mort déjà depuis quelque temps. Ne pourroit-on pas attribuer fa mort à la pofition dans laquelle il a été trouvé? & qui donnoit aux mofettes plus de prifes fur lui. I étoit à la renverfe, entre deux tonneaux d’effence de térébenthine : il avoit la bouche à demi-ouverte, une jambe ployée fous un côté du corps, & difpofée comme pour fe donner un point d'appui pour fe relever. Son vifage étoit vermeil, & n'étoit point défait; ce qui peut être attribué à fa pofition gênante qui a porté le fang au vifage. M. Léguillier au contraire étoit couché fur l'efcalier, un peu moins dans Fair mofétique, le vifage tourné vers la terre, & la tête pofée fur un de fes bras; fa fituation étoit DEN SMESF CONTE, NUCAES, 13 bien moins génante. Il avoit la bouche, le nez & les joues baignés dans une écume noire, le vifage pâle, défait & les dents ferrées. Aufli-tôt qu'il prit l'air, fa poitrine fe dilata, & le râle qu'il avoit, s'arrêta; mais la refpiration étoit prefque infenfible, laborieufe, le pouls petit & concentré : on le mit dans fon lit : il eut prefque aufli-tôt un léger friflon : on lui fit prendre du Lilium étendu dans du vin: un moment après, on lui fit avaler en deux prifes , fept grains d’émétique , diflous dans une petite quantité d’eau : on lui donna enfuite une potion fpiritueufe fudorifique, & émétifée, toujours avec la mème difficulté, à caufe des dents qui ne fe deflérroient point. Ces remèdes ne produifirent aucun changement à l'état du malade, on Îe faigna au bras: le fang vint difficilement : il avoit une forte odeur d’eflence de térébenthine, la faignée ne fit pas plus d'effet que les remèdes précédens. On lui appliqua enfin les véficatoires aux jambes : il refla pendant quatre heures dans cette fitua- tion léthargique; ce ne fut qu'au bout de ce temps, qu'il commença à ouvrir & à fermer aufli-tôt les paupières, fans fixer aucun objet; enfin, vers les cinq heures du foir, le malade ouvrit les yeux, & fortit de fon fommeil léthargique : il témoigna en bégayant & d’une voix entre-coupée fa furprife de fe voir entouré de monde qui lui donnoit des foins :il ne fe reflouvenoit nullement de ce qui venoit de lui arriver; un inftant après, il eut mal au cœur, & vomit du chocolat qu'il avoit pris le matin pour fon déjeüner ; quelques verres d'eau tiède qu'il prit alors facilement, le firent vomir une feconde fois, Lorfque l'eftomac fut dégagé , on procura des évacuations , à l'aide d’un lavement purgatif, qui produifit l'effet qu'on en attendoit , le malade fe trouva tranquille, mais avec une refpi- ration courte & laborieufe; il prit pendant la nuit alternative- ment du thé & une potion cordiale par cuillerées; il tranfpira fi abondamment, qu'on fut obligé de le changer huit fois de chemife pendant la nuit; les premières chemifes fentoient la térébenthine, ainfi que les crachais qui étoient fanguinolens; à 4 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE il n’a recouvré la connoiffance que le lendemain avant de lever l'appareïl des véficatoires : il fe reflouvint alors de tout ce qui lui étoit arrivé la veille, à l'exception de la fortie de la cave, dont il n’avoit nulle idée. Les cordiaux qu'il avoit pris avec abondance, & l'effet des véficatoires lui donnèrent un violent accès de fièvre; mais qui n'eut aucune fuite, & qui céda aux boiflons délayantes & adouciffantes. Le malade s’eft parfaitement rétabli, & jouit maintenant de la bonne fanté qu'il avoit avant cet accident: voilà les faits tels qu'ils fe font paflés. M. Baumé y a joint uelques réflexions. L'effence de térébenthine n'eft point la caufe de cet accident, quoique l'odeur foit paflée dans le fang par la ref- piration & par les pores de la peau. Si les vapeurs de cette effence euflent été affez abondantes pour occafionner la mort, elles fe feroient enflammées à l'approche d’une lumière, & il eft arrivé précifément le contraire ; toute la conféquence qu'on peut tirer de la préfence de ces vapeurs, eft qu'elles ne font pas propres à purifier l'air chargé de mofettes. Pendant que M. Baumé diffuadoit les afliftans de croire que la térébenthine eût quelque part à l'accident qui venoit d'arriver; un parent de M. Léguillier dit, qu'une pièce de térébenthine ayant crevé dans fa cave, plufieurs garçons paffèrent une matinée à ramafler cette fubflance, fans en reflentir la moindre incommodité. Le lendemain de l'évènement de M. Léguillier, M. Baumé defcendit dans cette cave, jufqu’à l'endroit où il étoit poffible d'aller fans danger, c'eft-à-dire, quatre marches feulement : il préfenta nombre de fois de fuite une chandelle bien allu- mée, qu'il tenoit à la main; elle s'éteignoit auflitôt qu'elle entroit dans l’atmofphère des vapeurs mofétiques : ces vapeurs régnoient jufque vers les premières marches de lefcalier, mais à terre feulement, & elles s’étoient un peu répandues dans fair des premières caves; les lumières qu'on y promenoit étoient environnées d’un léger brouillard, & n'éclairoient qu’à peu de diftance. Lorfque cet accident eft arrivé , le baromètre étoit à 27 “ LE DES MS GUINES NhiC: ES 1$ pouces 8 lignes : il y étoit encore lorfque M. Baumé obferva cette cave; deux jours après, le baromètre à remonté à 28 pouces 2 lignes ; les mofettes fe font évacuées dans l'efpace de cinq ou fix heures, avec l'air de la cave, qui charioit avec lui l'odeur de l'effence de térébenthine ; cette odeur étoit fi forte qu'elle occafionna quelques murmures de la part des locataires qui craignoïent d'en être incommodés. Les tonneaux d’efflence de térébenthine font reftés dans la cave; M. Baumé y eft entré avec plufieurs perfonnes, portant à la main des lumières qui ne s’éteignirent point; elles répan- doient au contraire une clarté ordinaire, fans être altérée du moindre brouillard. Depuis ce temps-là, on a continué d’ aller fans danger, quoique les pièces d’eflence de térébenthine y fufflent encore, & qu’elles y répandiffent autant d’odeur qu'auparavant. à M. Baumé avoit prévu que cette cave ne feroit pas la feule du quartier qui répandroit des mofettes. Deux jours après l'accident de M. Léguillier, un Maçon allant fceller un gond dans une cave de l'autre côté de la rue, dans laquelle on n'avoit jamais mis d’effence de térébenthine, ce Maçon, un quart - d'heure après être entré dans cette cave, fe trouva étourdi & tomba fans pouvoir fe fauver; il fut heureufement fecouru auflitôt: il en fut quitte pour une fyncope d'environ une demi-heure, & pour un mal de tête, qui dura prefque Je refte de la journée. Obfervons qu'il fut poffible d'entrer dans cette cave fans danger , le même jour que M. Baumé defcendit dans celle de M.” Léguillier. Il y a nombre de fouterreins dont Fair eft chargé de mofettes ; M. Baumé a cité dans fa Chimie, une cave à Senlis, qui en eft remplie pendant l'été, & qui n’en a point pendant l'hiver; les vapeurs mofétiques, dans cette cave, occupent la partie fupérieure. Ces fouterreins n’ont jamais contenu d'eflence de térébenthine; on a cru devoir infifter fur cet objet; parce qu'il s’eft répandu un bruit dans Paris, que l'accident arrivé chez M. Léguillier, a été occafionné par les vapeurs de l'eflence de térébenthine, | 16 Hi1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE La bal Le 14 Janvier 1773, un Foffoyeur creufant une foffe dans le cimetière de la paroifle de Montmorency, donna par mégarde un coup de bèche fur un cadavre à moitié confommé, il en fortit auflitôt une vapeur infeéte qui le fit friffonner & lui fit drefler les cheveux : comme il s’appuyoit fur fa bèche pour fermer l’ouverture qu'il venoit de faire, il tomba mort dans le moment, le vifage contre terre. Trois perfonnes qui le virent tomber allèrent à fon fecours; on l'emporta, on le mit fur un lit, on lé réchauffa, il ne donna aucun figne de vie. On appela le Père Cotte, Curé de cette paroifle, de qui nous tenons cette Obfervation : ne voyant en lui ni mouvye- went ni connoiflance, il fit venir un Chirurgien qui le faigna ; mais le Foffoyeur étoit mort, & il n’eft forti que quelques gouttes d'un fang noir & déjà corrompu. Les trois perfonnes qui furent témoins de l'accident, fentirent auffi une odeur très- fétide; mais ils n’en reflentirent aucun mal, AU Saulieu, ville de la généralité de Bourgogne, a éprouvé d’une manière bien fenfible, les dangers de l’ufage malheu- reufement fi répandu & fi chér à la vanité, d'inhumer dans les églifes, par une maladie dont on ne doit attribuer les progrès-qu'à l'imprudence des Foffoyeurs. | - Le 20 Avril 1773, ils creusèrent une foffe dans la nef. de l'églife de Saint-Saturnin, pour l'inhumation d'une femme wès-grafle, morte d’une fièvre putride, dont les accidens lavoient fait délivrer avant fon terme, En creufant cette foffe, ils découvrirent le cercueil d’un corps enterré le 3 Mars précédent , la terre fut ouverte à neuf heures du matin, & l'enterrement ne fe fit qu'à fix heures du foir; en defcendant le corps, une des cordes caffa, la bière s'entrouvrit par la chute, & les inteftins déjà corrompus rendirent une odeur fi fétide, que les afliftans furent forcés de fortir fur le champ. ” Le DES SCIENCES. 17 Le Curé, depuis plufieurs jours, affembloit dans cette églie, les jeunes gens des deux fexes qu'il difpofoit, par des inftruétions , à la première Communion. Ils y étoient quelque temps avant & pendant l’enterrement, & conti- nuèrent feurs exercices jufqu’au Dimanche 25 que fe fit la première Communion. Ces enfans étoient au nombre de cent vingt, dont cent quatorze ainfi que le Curé, le Vicaire, les Fofloyeurs & plus de foixante-dix perfonnes furent attaquées de la même maladie dans l'efpace de huit ou dix jours; le 6 Mai l'on comptoit près de deux cents malades. Les fujets qui avoient été plus expofés à prendre le mauvais air à l'inftant ou peu après l'ouverture de la terre , ont été attaqués les premiers , & ont fubi les accidens Les plus ficheux. ï Une autre obfervation démontre que cette maladie a été l'effet des exhalaifons, dont cette églife fut infedtée par l'ou- verture de la fofle, creufée le 20 Avril. Le Vicaire fit un mariage dans cette églife, le même jour à dix ou onze heures du matin ; l'afflemblée étoit compofée de dix-huit perfonnes , toutes ont éprouvé la même maladie. De ce nombre étoient trois Étrangers , qui rendus chez eux, à la diftance de quatre lieues, : ont eu le même fort : deux en font morts. Les fymptômes qui ont précédé la maladie , annoncent auffi quelle en a été la caufe. Les malades conviennent tous, qu'à l'époque des 20 & 25 Avril, ils ont éprouvé.des douleurs de tête très-vives, des maux de cœur, des lafli- tudes aux différentes articulations. Enfin , la partie du faubourg qui avoifine cette égli£e, dont il porte le nom, a été beaucoup plus expofée au ravage de {a maladie que l'intérieur de la ville & des autres faubourgs. Deux cents malades tombés tout -à-coup infpirèrent les craintes les plus vives fur les fuites d'une épidémie, qui parut d'abord d'autant plus dangereufe que la caufe n’en étoit pas encore connue. Hif. 1773: C 18 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Les Médecins ont caractérifé cette maladie une fièvre putride vermineule, accompagnée d'hémorragie, de délire, d'éruption , avec une difpofition inflammatoire au bas- ventre, une douleur de tête infupportable, le pouls prefque naturel, &c. Le nombre des morts n’a pas été cependant proportionné à celui des perfonnes attaquées : l'on n'en compte que quinze V. les Mém. DAS 2e ou dix-huit, en y comprenant le Curé & le Vicaire, enlevés les premiers. Les Officiers du Bailliage de Saulieu fe font occupés de prévenir par la fuite de femblables accidens; le Règlement qu'ils ont_formé : 1.” Défend d’enterrer dans les églifes pendant tout le cours des maladies épidémiques. 2.° Ordonne que dans tout autre temps, on n€ pourra y ouvrir la terre qu'en obfervant la diftance de plus de quatre pieds entre la foffe & celle d’un corps qui auroit été inhumé depuis moins de trois ans. 3° Prefcrit dans tous les cas, de creufer la foffe à plus de cinq pieds, & de charger le cercueil d’une couche de chaux vive, de l'épaifleur au moïns de quatre pouces fur toute la longueur. Ces précautions font-elles fuffifantes ? Nous avons tiré ces détails d’un Mémoire que M. le Sub- délégué de Saulieu a envoyé à M. l'Intendant de Bourgogne. N: Us renvoyons entièrement aux Mémoires: Les Obfervations Botanico - Météorologiques , faites à Denainvilliers en 1772 : Par M. du Hamel. ANA TS OM I E SUR LA MANIÈRE DE RECONNOÎTRE PARU ATME AT ASC ET LES MALADIES DU FOIE Ïc eft impoffible de reconnoître par le tac les maladies du w. tes Mém Foie, d'une manière certaine, fr l'on ne s’eft pas afluré par p- 587- des obfervations fuivies, de fa pofition dans les différens âges, dans les différentes attitudes, enfin dans les différentes maladies qui peuvent influer fur la pofition du foie, fans cependant attaquer ce vifcère. Le foie eft beaucoup plus grand dans les foetus que dans les enfans nouveaux nés. L'’eflomac des premiers, qui étoit perpendiculaire, devient peu-à-peu prefque horizontal; le lobe gauche du foie privé du fang qu'y portoit la veine- ombilicale diminue confidérablement ; le lobe droit, & le petit lobe augmentent à la vérité, maïs dans une moindre proportion, en forte que le foie a plus de volume dans le Jœtus que dans l'enfant de quelques mois ; cette diminution de volume & de poids eft même abfolue. On fent qu’on ne peut s'aflurer de ce dernier fait par une obfervation immédiate, & qu'ainfi il faut fuppofer que, dans des individus différens, le foie avoit à la même époque le même volume & le même poids. Mais M. Portal a obfervé que cette diminution eft Ci 0 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'un quart; diminution trop grande pour l'attribuer à [a différence des fujets. - Ce changement n’eft pas le feul qu'’occafionne la révolution qui fe fait dans la circulation, à l'époque de la naïflance ; le baflin prend peu-à-peu une autre forme, les extrémités infé- rieures qui reçoivent plus de fang s’alongent & fe fortifient. La forme du baffin dans le fœtus, & la petitefle des extrémités inférieures eft favorable à l'accouchement : dans les premiers temps de fa vie, où fa foibleffe ne peut lui permettre que de ramper , l'enfant eft conformé pour marcher à quatre pattes; mais à mefure qu'il devient capable de fe foutenir fur fes jambes, leur proportion & celle des cuifles change, & il ne pourroit plus fe mouvoir autrement que fur deux pieds , fans une extrême fatigue; ainfi tous ces changemens, fuite néceflaire de ceux qu'éprouve la circulation, paroïffent avoir été combinés par la Nature pour l'avantage de cet être foible & mortel, qu'elle prépare par tant de foins à quelques années d'une vie fi rarement heureufe. Les accroiflemens du foie ne font pas proportionnels à ceux du refle du corps; dans les adultes il demeure caché en entier fous les faufles côtes, lorfqu'ils font placés dans une fituation horizontale; s'ils font debout, le foie alors devient ‘fenfible. Il faut donc préférer cette fituation , lorfqu’on veut s'aflurer, par le tat, de Pétat de ce vifcère. L’excès de nourriture, & ce fait eft conftaté par des expé- riences faites fur les animaux, donne au foie un volume monftrueux. Les engorgemens du poumon changent la pofition du foie: il s'étend alors au-deffous des côtes; on fe tromperoit fi on en concluoit que le foie eft attaqué. M. Portal ne craint point d'avouer que lui-même eft tombé plus d’une fois dans cette erreur , dont l'ouverture des cadavres Fa détrompé. Le foie n’eft pas la feule partie du corps qui change de pofition , fuivant les différentes attitudes. M. Portal obferve que la partie antérieure de la veflie répond dans homme debout aux mêmes parties du bas-ventre, auxquelles répond DE SOS CUHE N CES. 21! le fond de la veffie dans l’homme couché : Remarque qui peut être importante dans la pratique. SUR UNE GROSSESSE EXTRAORDINAIRE. ra Mémoire de M. de Haller, contient l’hiftoire d’une femme, qui après avoir eu tous Îes fymptômes d’une groflefle, dont elle rapportoit le commencement au mois de Juin 1763, vit tous ces fymptômes difparoître, & faire place à un état de maladie & de langueur : fa fanté revint dès le mois dé Mai 1764, les règles reparurent, elle n'eut aucun figne de maladie jufqu'au mois de Juillet 1772 ; elle mourut au mois d'Août de cette même année, après fept jours d'une fièvre violente, accompagnée de douleurs cruelles; on trouva à l'ouverture du cadavre un fac qui communiquoit avec l’uterus par la trompe du côté droit, ce fac qui renfermoit la trompe & l'ovaire, contenoit un fœtus d'environ fept mois, c’étoit la putréfation de ce fœtus qui avoit caufé la mort de Ia femme ; mais les détails de fa maladie annoncent que ce fœtus étoit fans vie dès le mois de Janvier 1764. D'après les fymptômes qui fixoient au mois de Juin le commencement de cette groflefle, il auroit eu alors fept mois ; & cet âge étant précifément celui du fœtus trouvé dans les ovaires, il en réfulte une nouvelle preuve que le mois de Janvier 1764 a été l'époque de fa mort. Cependant cette femme a joui pendant huit ans d’une fanté parfaite, fans que cette maffe privée de vie, qu'elle portoit dans fon fein, ait caufé pendant un fi long temps aucun autre dérangement fenfible dans l’économie animale, que de l'avoir rendue ftérile. Une chofe digne de remarque, c’eft qu'après avoir eu des douleurs qui fembloient annoncer une faufle couche, en Janvier 1764, temps qu'on peut regarder comme celui de Ja mort du.fœtus; elle en éprouva de femblables, à l'époque V. les Mém. D'25e 22 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE où , felon fon calcul, elle devoit accoucher : qu'elle eut alors du lait, que ce lait fe diffipa, mais qu'il reparut deux mois après. Nous faififfons cette occafion pour rendre à M. de Haller une juftice! qu'ila paru defirer de nous, on lit dans l'Éloge de M. de Wanfvièten « qu'ayant été attaqué par le célèbre M. dé » Haller, non-feulement il ne lui répondit point , qu’il empécha » même qu'on ne répondit à M. de Hallér, que M. de Haller fit » lui-même la réponfe, & avoua en grand homme qu'il s'étoit trompé. » M. de Haller n’a jamais eu avec M. Wanfvieten aucune difcuflion relative aux Sciences; & il n'a pu par conféquent reconnoître un tort qu'iln'a pu avoir. Le Secré- taire de l’Académie a été induit en erreur par les Mémoires qui lui ont été envoyés ; il feroit fr difficile, & par confé- quent fi glorieux d'avoir raifon contre M. de Haller, que ce trait n'étoit pas à négliger dans un Eloge. SUR UNE NOUV'E L'L'E "METEO -D'E __ DE PRATIQUER LAMPUTATION DES EXTRÉMITES. V. les Mém, ÏL arrive fouvent après lamputation d'un membre , que; P-55% malgré l'habileté de l'Opérateur & les précautions qu'il a pu prendre, une partie de los demeure faillante, ce qui, non- feulement oblige à une opération nouvelle, mais rend la cure plus difficile, peut produire des accidens dangereux, & empèche qu'après la guérifon , le moignon ne foit affez recouvert pour pouvoir être expolé à l'air fans inconvénient ; on ne pourroit aufli employer alors , fans incommodité ; ces moyens fiinfufhifans , mais pourtant fi précieux, auxquels on a récours pour réparer la perte d’un membre. M. Portal propofe dans ce Mémoire une manière nou- velle de ‘faire lamputation, méthode déjà pratiquée avec PRIS SGEN G EF. S 25 fuccès, dans l'hôpital de Strafbourg, par M. Maréchal, Élève de M. Portal. Les parties molles du corps humain font prefque toutes fufceptibles de contraction après avoir été coupées; elles ont même cette propriété dans les cadavres, mais la contraétion eft plus forte dans les corps vivans; elle eft différente dans les différentes parties ; nulle ou prefque infenfible dans les nerfs, elle eft très-forte dans la peau, dans le tiffu cellulaire, dans les tendons, dans les aponévrofes, dans les mufcles, dans les veines, & fur-tout dans les artères, puifqu’elle fuffit quelquefois pour arrêter les hémorragies fans aucun autre fecours : fon plus grand effet s'opère au moment même de la féparation des parties, mais elle agit encore après pendant un temps confidérable. Il doit donc arriver qu'après l'amputation d’un membre, les parties molles, en fe retirant, laiflent los à découvert, & que, les différentes parties fe contractant avec plus ou moins de force, la plaie prenne une forme pyra- midale, ce qui en rend le panfement plus embarraffant & la cicatrifation plus difhcile. . Voici maintenant ce que propofe M. Portal, f: on coupe un mufcle dans l'inflant de fa plus grande contraction, il eft clair qu'il fe retirera moins que fi on lavoit coupé dans un état d’extenfion, & que, puifque la diftance entre le point où le mufcle eft attaché & celui où on le coupe eft conftante, il reftera , après l'amputation, une partie du mufcle plus confi- dérable fi l'opération s’eft faite lorfque le mufcle étoit contraté; mais parmi les mufcles qu'il faut couper & qui font placés des deux côtés de l'os , les uns font contractés lorfque le membre eft tendu, & diftendus lorfqu'il eft plié; les autres au contraire font tendus lorfque le membre eft étendu, & contractés lorfqu'il eft plié ; il faut donc étendre le membre lorfqu'on ampute les premiers ,; & le plier enfuite lorfqu’on vient à couper les feconds. Par ce moyen, Vos ne fera plus expofé à fe trouver à découvert, & la plaie fera plus facilé à panfer. M. Portal, profcrit comme nuifible au but qu'il fe propole,, & comme 24 HisToiREe DE L'ACADÉMIE RoYyaALe au moins inutile d’ailleurs, l'ufage des ligatures & des tourni- quets. I prefcrit de lier, après Fopération, non-feulement les gros vaifleaux, mais leurs branches: on a obférvé que dans le moment où le tronc d’un gros vaiffeau eft coupé, le fang ceffe de couler par fes branches: maïs il recommence auffitôt que le tronc eft refermé; ainfi, forfque l’on fe contente de lier les vaifleaux qui laiflent échapper du fang, on n'arrête lhémorragie que pour un temps, & le malade eft expolé à en efluier une nouvelle bientôt après. On a demandé, fi en liant les artères, il falloit ou lier l'artère feule, où comprendre dans Ja ligature une grande quantité de fibres charnues: ces deux méthodes ont eu des Partifans illuftres; M. Portal confeille de prendre un milieu, parce qu'en comprenant beaucoup de chairs dans les ligatures, on s'expofe à Finflammation, & que fi on ne faifit que le vaifleau feul, il eft à craindre, ou de le déchirer, ou au moins que la ligature ne tombe avant que le vaiffeau foit oblitéré. OBSERVATION ANATOMIQUE. ÏL n'eft pas prouvé, fans doute, que l'exiftence d’un Her- maphrodite parfait dans la clafle des quadrupèdes, foit abfo- lument impoñlible ; mais de tous ceux qu'on a examinés jufqu'ici, & dont les organes préfentoient l'apparence des deux fexes, aucun ne les réunifloit d’une manière complète; les uns appartenoïent à un fexe, mais avec une conformation monftrueufe; d’autres n’en avoient proprement aucun. ,, M. Carrere a envoyé à l'Académie la defcription d’un âne prétendu hermaphrodite. Cet animal n'avoit qu’un tefticule fort gros du côté gauche; à côté duquel on voyoit une verge avec un, gland ;bién conformé & couvert d'un prépuce : cette verge avoit trois pouces de longueur; & elle étoit fufceptible d’éreétion... 1, A trois pouces & demi de la verge, paroifioit une efpèce de DAEUS ISLCLISEUN C'E NS 25 de vulvé qui avoit deux pouces dix lignes de fongueur; vers fa partie fupérieure étoit un petit corps charnu, d’un fentiment très-vif, & qui figuroit le clitoris : il y avoit dans la vulve deux orifices, un petit qui étoit celui de lurètre, par lequel l'animal urinoiït , un autre qui paroïfloit celui du vagin, il préfentoit une circonférence de deux pouces, & n'indiquoit en aucune façon lorifice d’une matrice. Lorfque la verge étoit en érection, elle fe portoit le Jong du ventre, fe glifloit entre les deux lèvres de la vulve, & fembloit pénétrer dans l'orifice du vagin. Ce fait, dont M. Carrere dit avoir été témoin, avoit donné lieu à ce que lon difoit de cet âne, qw'il jouiffoit de lui-même. M. Carrere fe propoloit d'étendre L. obfervations fur cet animal, lorfqu'il vint à périr dans l'incendie d’une bergerie où il étoit enfermé. M. Carrere conclut de fa defcription, que cet âne n'étoit point un hermaphrodite , comme on le difoit, que c'étoit un vrai mâle, & que les parties, qui fembloient annoncer le fexe feminin, n'étoient qu'un jeu de la Nature, 26 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR LES PHÉNOMÈNES Que préfentent la diflillation du Verde à du fe de Saturne. V. les Mém, CE ne font pas toujours les réfultats des opérations Pas éts chimiques qui fournifient le plus de lumières aux Chimiftes- obfervateurs ; l'examen des différens phénomènes qui ac- compagnent ces opérations, eft fouvent un moyen de faifir des vérités fugitives, pour aïnfi dire, qu’il auroit été impoflible d’apercevoir autrement. M. de Laflone s’étoit propofé de vérifier fr, pendant la diftillation des criftaux de verdet & du fel de Saturne, ïäl fe dégageoit un fluide de la nature de ceux que les anciens Chimiftes nommoient Gas, & auxquels les Modernes don- nent plus communément le nom d’Airs ; mais comme, fur la fin de l'opération, il s'échappoit auffi des vapeurs acides fous une forme vifible, il falloit examiner le réfultat de fa diftillation avant le temps où ces vapeurs commencent à paroître. En comparant le poids du produit & du réfidu de la diftillation avec celui du verdet foumis à cette opération, M. de Laffone a trouvé que ce poids étoit diminué d’une quantité confidérable, & qu’ainfi il s’étoit degagé une quantité de gas d’un poids égal. En interrompant la diftillation à ce point, M. de Laffone a pu faifx un fait fingulier , déjà aperçu par quelques Chimiftes, DES SICIINELN CE s. 27 mais qui navoit jamais été obfervé en détail. Le col de la cornue employée à la diftillation des criflaux de verdet, contenoit une fubftance folide , blanche, très-léyère, devenant jaunâtre lorfqu’elle eft expolée à l'air; cette fubftance foumife à l'examen eft un fel volatil cuivreux, diffoluble en éntier dans l'eau; fi on continue la diftillation , les vapeurs acides très- concentrées , qui paflent à la fin, diffolvent ce fel & l'entraînent avec elles; ainfi on ne peut trouver ces fleurs cuivreufes que lorfqu'on arrête la diftillation avant le moment où les vapeurs acides concentrées paroifient fous une forme blanche. Avant ce temps, le vinaigre radical ne contient point encore de cuivre, il ne commence à en contenir que lorfque les fleurs cuivreufes entraïnées par les vapeurs acides viennent fe mêler à ce vinaigre : fi on le reétifie alors par une nouvelle diftillation, ces fleurs ne fe fubliment plus; on peut donc extraire du verdet un vinaigre radical qui ne contienne point de cuivre; maïs auffr on ne peut regarder le vinaigre radical produit par ce procédé, comme abfolument pur que lorfqu'il a été rectifié. Les fleurs cuivreufes obfervées par M. de Laffone, font d'une très-grande cauflicité, & formeroient un poifon très- violent. SUR L A COMPOSITION DU FLINT-GLASS., Où fait que le Flint-glaff eft compolé de chaux de plomb V. les Mém, & de fable; M. Macquer a cru apercevoir que la difficulté P- 502: de faire du Flint-glaff abfolument débarraffé de fils vient de la difficulté qu'ont à s’unir enfemble les deux fubftances dont il eft compolé ; il falloit donc chercher ou à préparer ces fub- ftances de manière qu’elles puffent s'unir plus facilement, ou à découvrir des procédés par lefquels on parvint à produire cette union parfaite, inutilement defirée jufqu’ici. M. Macquer a employé ces deux moyens, dis i] 28 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Le phlogiftique, dont on ne peut débarrafier les chaux de plomb, paroit la caufe principale de la peine qu'elles ont à fe combiner avec le fable; ainfi le premier objet de M. Macquer, a été de ‘chercher à déphlogiftiquer la chaux de plomb. Il a employé, pour y parvenir, l'action des acides minéraux ; l'acide nitreux paroït rendre du phlogiftique à la chaux de plomb plutôt que lui en ôter; cette chaux combi- née avec l'acide marin acquiert une volatilité qui ne permet plus de la faire entrer dans aucune compofition de verre ; mais fi on combine l'acide vitriolique avec le #inium, & qu'on expofe au feu cette compofition pour en dégager l'acide, ox fe procure une chaux de plomb très-peu colorée & très-réfradtaire, Cette chaux eft-elle moins phlogiftiquée que le minium? c’eft ce qu'on ne peut guère décider; fa couleur, fon peu de fufibilité femblent l'indiquer ; mais d’un autre côté les vapeurs d'acide vitriolique qui s’échappent pendant l'opé- ration n'ont aucune odeur d'acide fulfureux. M. Macquer a cru que cette chaux de plomb préparée par l'acide vitriolique pouvoit entrer avec avantage dans la com- pofition du flint-glaff, & il fe propofe de rendre compte dans un autre Mémoire, d'un grand nombre d’effais qu'il a faits avec cette fubflance. Au refte, peut-être le flint-glaff compofé de chaux de plomb déphlogiftiquée, en deviendroit-il moins propre pour les objeétifs achromatiques. En effet, la force réfringente des milieux n’eft pas en raifon de leur denfité, & la force difperfive de ces mêmes milieux, n’eft encore ni en raifon de leur denfité, ni en raifon de leur force réfringente, Ces deux forces dépendent en grande partie de la nature chi- mique des milieux; & il feroit très-poffible que du verre très- pefant fait avec une chaux de plomb très- déphlogiftiquée, approchät beaucoup plus du verre commun, quant à la pro- priété de réfraéter les rayons & de les féparer, qu'un autre moins pefant & fait avec de la châux de plomb plus phlogif tiquée. Cette partie de la Dioptrique avoit fait jufqu'à ces derniers temps que très-peu de progrès, parce que les moyens connus pour mefurér la difperfion des rayons ne pouvoient faire DES MSIE NT C ES) 29 apercevoir de différence entre les forces difperfives, que lorfque ces différences étoient très-grandes. Il y a encore trop peu de temps que M. l'Abbé Rochon nous a donné, en appliquant le télefcope aux prifmes, les moyens de mefurer des différences même très-petites ; & les Phyficiens n'ont pu rafflembler encore aflez de faits pour que lon puiffe même fe permettre des conjectures fur les loiïx que fuivent les forces réfringentes & difperfives dans les diférentes fubftances, M. Macquer s'eft occupé enfuite des moyens d’unir plus intimement la chaux de plomb & le fable ; en fondant ces fubftances enfemble fans addition, on n'obtient qu'une fonte pâteufe, & la combinaifon des deux matières doit fe faire plus difficilement que fi cette fonte étoit plus liquide. D'ailleurs la force qui les unit étant très-foible, action qui rélulte de la différence de gravité des deux fubflances peut troubler leur combinaïfon & nuire à lhomogénéité du verre qui doit en réfulter ; en effet, lorfque dans une opération, les forces chimiques, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, font très-crandes, on peut fans doute faire abftraction des forces mécaniques; mais il'doit y avoir un point où ces deux ef pèces de forces font comparables, par exemple, lorfqu'on veut combiner entrelles deux fubftances qui, comme le fable & la chaux de plomb, ont une affinité très-foible & une difié- rence de gravité très-confidérable; auffi d’habiles Chimiftes ont-ils penfé qu'il feroit poffible de perfetionner le flint-glafT par des moyens purement mécaniques, & qu'en le faifant fondre en grande maffe, dans de larges creufets, en le laïffant refroidir dans ces mêmes creufets lentement, & en plaçant les fourneaux de manière que la matière, foit pendant la fufion, foit pendant le refroidiffement, ne reçût aucun mou- vement, on pourroit fe procurer du flint-glaff exempt de fils, d'une matière homogène, ou du moins qui n'auroit d’hété- rogénéité que dans le fens de l'épaïfeur ; & ce défaut devient alors prefque indifférent dans la conflruétion des lunettes. Le moyen que M. Macquer propofe pour faciliter l'union des deux fubftances qui compofent le flint-glaff eft un moyen 30 HisToiRE DE L’ACADÉMIE ROYALE chimique. Il confifte à mêler à la compofition une quantité aflez confidérable de fondans ; on aura alors une pâte très- liquide; en la laïflant long-temps expolée à l'action du feu, les fels qui formoient le fondant fe fépareront du flint-glaff, une partie s'évaporera ou fera détruite, le refte nagera au- deffus de la pâte du flint-glafl; la fonte deviendra à la fin auffi pâteufe, & donnera un verre auffi tranfparent que par la méthode ordinaire; mais durant cette opération, les molé- cules de la chaux de plomb & du fable qui auroient été amenées à un plus grand point de divifion, auront eu plus de facilité pour s'unir, & le verre fe trouvera plus homogène & plus parfait. M. Macquer s'eft afluré de la bonté de ce principe, par plufeurs eflais qui ont réufii. Nous croyons devoir terminer cet article par deux obfers vations qui peuvent être utiles à ceux qui s'occupent à faire du flint-glaff. Ce qui importe fur-tout, c'eft que ce verre aït une force difperlive beaucoup plus forte que celle du verre commun, quand même le flint-glafT qui auroit cette propriété feroit fort tendre, & fe terniroit à l'air; en effet, il feroit aifé alors de former un objectif de trois vétres, & de renfermer le fint-glaff entre deux lentilles de verre commun. Il fuffroit aufli de pouvoir former des tables peu épaiffes de flint-glaif bien parfait, puifque M. l Abbé Rochon a trouvé qu'on pouvoit ramollir ces tables aflez pour leur donner plus d'épaifleur, & pour les pétrir en quelque forte, fans cependant altérer la nature du verre. Voilà donc deux difficultés de moins qu'ont à vaincre ceux qui voudroient fondre du flint- glafT propre à faire de grands objedifs. SAT R DES PHÉNOMÈNES TRES-SINGULIERS Produis par différens Mixtes falins. V. les Mém. C E Mémoire de M. de Laflone renferme lobfervation P- 191. d’une fubflance très-fngulière : c'eft un mixte falin, liquide MIENSASNCANEUN CE S 31 & tranfparent lorfqu'il eft froid, qui prend une confiftance folide en lexpofant promptement à une vive chaleur, qui fe liquéfie de nouveau en refroïdiffant, pañle auffi fouvent qu’on le veut, par ces alternatives, fans fubir aucune altération, & conferve très-long-temps cette fingulière propriété. On croiroit que, pour expliquer ce phénomène, il ne faut 7 que fuppofer ce mixte falin très-déliquefcent; point du tout : on peut y ajouter beaucoup plus d'eau que l’'évaporation ne peut lui en faire perdre, où que latmofphère ne peut lui en rendre, fans qu'il perde la propriété de devenir folide, lorfqu’on l'expofe à un certain degré de chaleur. Il fufft, pour obtenir cette fubftance, de méler à de l'eau de chaux, une diflolution de fel de Seignette. M. de Laflone a voulu varier la manière de former ce mixte falin, & il a vu que toute combinaifon de chaux, d’alkali fixe & de crême de tartre avoit la même propriété; fi l'on fe fert d’alkali cauftique, alors la craie peut remplacer la chaux. Voilà donc le phénomène bien analyfé ; il ne s’agit plus que d’en rechercher la caufe: nous ne fuivrons pas M. de Laflone dans Fexplication qu’il propofe; il faut la voir dans le Mémoire même; nous obferverons feulement que cette explication fuppofe que, lorfqu’un corps eft échauffé, il reçoit une certaine quantité d’une fubftance qui s’en fépare enfuite pendant le refroidiffement. Cette opinion eft celle de plufieurs Phyficiens célèbres, & elle eft combattue par d’autres Phyficiens d'une autorité égale; mais il faut avouer, que jufqu'ici, les premiers ne paroiffent pas s'être occupés beaucoup du foin de prouver la réalité de cette fubftance. 32 HisToirE DE L’'ACADÉMIE RoYALE HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. SORULCES OSheEr:LES) MU SCHL. DIESNO ES EAUX V. Tes Mém. M. Vico-D'AZIR n'a embraffé jufqu'ici dans fon travail P. 566. fur les Oifeaux, que les os & les mufcles: il divife leur corps en vingt-quatre régions; trois de ces régions ont été décrites (année 1772) dans un premier Mémoire où il a expolé les principes qui l'ont guidé dans fes recherches : celui-ci contient onze régions, & les dix autres feront le fujet d'un troifième Mémoire. En comparant les mufcles & Îles os des oifeaux aux mufcles & aux os de l’homme, on obferve des analogies beaucoup plus fortes que la diffemblance de fa forme extérieure ne pouvoit le faire foupçonner : ces différences femblent tenir aux mouvemens différens que ces parties doivent exécuter; & la Nature paroit avoir fuivi, dans des efpèces fi éloignées, un plan unique, modifié feulement d’après les diflérens effets welle a voulu produire. M. Vicq-d’Azir développe en détail la manière dont le vol s'exécute, il montre comment, par le jeu de différens mufcles, l’omoplate & la clavicule font fixées, comment enfuite l'aile fe développe horizontalement. & s’avance vers la tête de l’oifeau, comment, en l'abaiffant fortement & la reportant en arrière par un même mouvement, la réfiftance que Yaix DSP OS LG ELN. CE 33 l'air lui oppole, donne à l’oifeau une impulfion qui le fait avancer & s'élever à la fois; mouvement qui eft néceflaire, même lorfque loifeau ne veut qu'avancer horizontalement, parce qu'il faut que l'effet de cette impulfion contre-balance la pefanteur de fon corps; enfin, comment, tandis que l’oifeau avance, l'aile fe replie contre le corps pour fe développer de nouveau & frapper l'air une feconde fois, de manière que ces divers mouvemens puiflent s'exécuter fans que la ré- fiftance de Fair y mette obftacle. C’eft ainfi que les rames, en frappant l'eau, communiquent äu bateau un mouvement dans un fens contraire à celui où elles fe meuvent; mais le mécanifme par lequel l'aile de l'oifeau fe replie, fe développe & fe reporte en avant, eft bien plus parfait que tous ceux qui ont été imaginés jufqu'ici pour faire exécuter aux rames les mêmes mouvemens, 34 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Æ AS = EX nt À Lil x SAC RLNENS EME ANNEE SN. A TU R EL ENS | DENXP IL ANITES. Et en particulier fur celle des Renoncules. V.les Mém. L'osser principal de M. A. L. de Juffieu, eft d'examiner Pet dans quelles parties des plantes on doit chercher des carac- ières d’après lefquels elles puiffent être rangées fuivant une méthode naturelle. Les différentes méthodes artificielles ne doivent être confi- dérées que commé des efpèces de tables conftruites de manière que lOblervateur qui examine une plante, puifle, d’après les caractères qui ont fervi de fondement au fyftème , recon- noître le genre auquel elle appartient, le nom qui lui a été donné, les propriétés qu’on lui a reconnues. Le grand nombre d’efpèces que contient le règne végétal a rendu ces méthodes néceffaires EN Hu Il fuffroit fous ce point de vue, que les méthodes de claffer les plantes euflent pour bafe des caractères qui, différens dans chaque efpèce, fuffent les mêmes dans tous les individus, des caractères fixes, faciles à faifir & à obferver. Mais on n'a pu claffler les plantes d’après les difiérentes méthodes artificielles , fans s'apercevoir que ces méthodes avoient encore un autre avantage: les efpèces de plantes que la méthode plaçoït dans un même genre, les genres qu'elle DES SCIENCES. 35 réumifloit fous une divifion plus étendue , avoient des reflem- blances autres que celles qui les avoient fait réunir : on s’aperçut dès-lors que les parties qui compofent une plante, ont entrelles des rapports donnés par la Nature, puifque la configuration de certaines de fes parties étant donnée, on peut en déduire, foit la forme de fes autres parties, fcit les pro- priétés de la plante, foit fa compofition chimique. La Bota- nique qui n'avoit été jufque-là qu'une nomenclature utile à la Médecine & aux Arts, devint alors une véritable fcience. On fentit aufli qu'il n'étoit plus indifférent d'adopter pour claffer les plantes, une méthode ou une autre; qu'il falloit chercher à prendre, pour former la claffification , des carac- tères tels que parmi les plantes qui les réuniroient, il n'y en eût aucune qui différât des autres, foit dans le nombre ou la forme de fes parties eflentielles, foit dans fes propriétés, foit dans fon analyfe. Pour former une pareille méthode, il ne fuffit plus de choiïfir arbitrairement des caraétères de claf- fification, & d'y rapporter les plantes; il faut, non-feulement pour former la méthode, mais même pour s’affurer fi elle eft poffible, avoir examiné toutes les efpèces de plantes, comparé leurs rapports, faifi l'enfemble de chacune. M. de Juflieu donne ici quelques-uns des principes qui doivent-guider dans la recherche de cette méthode, & il les applique à la famille des renoncules; il s'attache fur“tout à montrer quelles font dans cette famille, & en général, dans toutes les plantes, les parties vraiment effentielles, celles qui ne peuvent ni manquer ni changer, fans que les autres parties de la plante foient altérées , fans que la plante toute entière foit changée. Il examine donc les parties des plantes les plus remar- quables, & c'eft d’après cet examen, qu’il fe décide fur le choix des caractères qui doivent former les familles naturelles. Si, parmi le nombre prefque immenfe des efpèces de plantes, & dont une grande partie nous eft encore inconnue, äl s'en trouvoit qui, femblables en tout le refte R différaffent 1 36 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE par ces caractères regardés comme primitifs par M. de Juffieu, s'il ny avoit même aucun caractère qui ne füt fujet à de pareilles exceptions, alors il n'exifteroit point de méthode naturelle ; mais les efforts qu’on auroit faits pour la découvrir, auroient produit un grand bien, en conduifant à trouver la méthode artificielle la moins imparfaite, c’eft-à-dire, celle qui placeroit en des clafles différentes un moindre nombre de plantes , qui par lenfemble de leurs caraétères & de leurs propriétés, paroiffent fe rapprocher. Ces recherches auroient fervi à faire découvrir, dans la Botanique, plufieurs faits ou abfolument généraux, ou fujets à un très-petit nombre d’exceptions , & qu'on peut regarder comme les loix de la Botanique. Nous devons enfin , aux recherches de cette efpèce, l'avantage de connoître quels font dans toutes les parties des plantes, les carattères qui demeurent vraiment fixes dans toutes les efpèces, pour tous les individus de chacune; ceux qui varient dans les individus d'une même efpèce, felon le climat, l’âge, la culture. I ne faut donc point regarder comme de fimples Nomen- clateurs où des compilateurs de didionnaires , les Botaniftes occupés à former des méthodes, & même des méthodes artificielles. Il en eft de cette fcience, comme de toutes celles ui embraffent des détails immenfes; ceux qui n’ont fait qu’en ébaucher l'étude, n’y voyent qu'une longue & inutile nomenclature; & ils difent que la fcience n’exifte point, parce qu'ils ne fe font pas élevés jufqu’au point où elle commence. SUR LE GOMMIER ROUGE DU SÉNÉGAL. Les Langues particulières à chaque efpèce de Science; fembleroient devoir être à l'abri des défauts qui, dans chaque pays, défigurént la langue commune, puifqu'elles ne font pas, comme ces dernières, l'ouvrage du peuple & du hafard; mais les Savans ont, comme le peuple, nommé les objets avant PEN TIGE LE NC NE 6. 37 de les connoître; ils ont confondu, fous un même nom, des efpèces qui ne leur paroïfloient voifines que parce qu'ils ne les avoient comparées que fous un petit nombre de rapports, ou parce que les efpèces intermédiaires que la Nature a placées entr’elles , n’étoient pas encore connues; il a fallu cependant pour s'entendre, conferver la langue, même après que des découvertes nouvelles ont montré combien il feroit néceflaire de la changer. Une autre caufe a contribué encore à cette confufion ; toute la Philofophie n’avoit été long-temps que la fcience des mots: lorfqu'’elle devint la fcience des chofes, on aflecta trop de dédaïgner l'étude des mots, & il a fallu du temps pour fentir combien cette étude eft néceffaire aux progrès des Sciences réelles. M. Adanfon s’eft appliqué dans plufieurs endroits de fes Ouvrages, à perfectionner la langue de la Botanique ; il n'a point, avec raifon, regardé ce travail comme peu important, & le Mémoire dont nous rendons compte , a également pour objet, de montrer la néceflité de rélerver au gommier épineux le nom d’Acacia, que les Anciens lui avoient donné, nom, qui depuis a été étendu à des efpèces abfolument difé- rentes, & de faire connoître les gommiers rouges du Sénégal, dont la principale efpèce eft, pour les caractères botaniques & pour les propriétés, la même que l’efpèce qui croit en Égypte & en Arabie, la même que les Anciens ont connue & employée dans la Médecine. Ces arbres, communs au Sénéoal, y font une production utile : leur somme, à la fois adouciffante & aftringente eft, pour les habitans du Sénégal , un remède efficace dans un grand nombre de maladies ; leur écorce fert à tanner les cuirs ; leur bois eft inaltérable dans l’eau. - M. Adanfon a examiné trois efpèces différentes de ces ommiers : il en donne ici {a defcription complète & faite Ha un ordre méthodique. L'ufage de ces defcriptions méthodiques eft très-utile aux progrès de la Botanique ; la comparaifon, ou des parties d’une 38 Histoire DE L’ACADÉMIE ROYALE même plante ou de plufieurs plantes entre elles, en devient plus facile. L'art de décrire les plantes eft une opération prefque mécanique , que tout le monde peut apprendre en peu de temps. Îl n'eft plus néceffaire qu'un Voyageur foit un Botanifte confommé, pour être en état de donner des lumières utiles fur les ‘plantes des Pays qu'il parcourt ; enfin , le Botanifte même le plus profond qui, en voulant décrire une plante, a devant les yeux un quadre qu'il n'a plus qu'à remplir , eft plus für de n’oublier ni aucune partie de la plante, ni aucun des caraétères de chaque partie. On trouvera dans un autre Mémoire de M. Adanfon, la defcription du gommier blanc & la manière dont on recueille la gomme. MINÉRALOGIE. RER VUEEBA SE AI; FT. E: 4 | trs dit que les Égyptiens ont trouvé en Éthiopie une VW. les Méns. pierre, à laquelle ils ont donné le nom de Bafalt, parce P- 599- qu’elle avoit la couleur & la dureté du fer. H ajoute que la flatue de Memnon étoit de cette pierre, & qu'une flatue coloffale du Nil, placée à Rome dans le Temple de la Paix, & d'environ douze pieds de proportion , eft le morceau de bafalte le plus grand que l’on connoiffe. C'eft d’après ces indications qu'il faut reconnoître le bafalte des Anciens. Trompés par un paflage de Strabon, Agricola avoit cru retrouver le bafalte dans les colonnes prifmatiques de Stolpen, & Dalechamp dans les filex noirs des environs de Gaiïllon : ces deux Commentateurs de Pline s'appuyoïent fur l& figure que Sirabon donnoit à des pierres qu'il avoit vues dans les environs de Sienne; mais M. Def- mareft prouve ici que, dans le paflage de Strabon, il n’eft point queflion de pierres naturelles, mais de pierres taillées; & les relations de Norden, ainfi que fes deffins, démontrent qu'on ne peut donner un autre fens à ce paffage. , Le feul moyen de décider à quelle pierre les Anciens ont donné le nom de Bafalte, feroit donc de retrouver ou k flatue du Nil ou celle de Memnon ; un paflage du Père Hardouin annonçoit que la flatue du Nil exiftoit encore au Capitole : M. Defmareft s'empreffa de fy chercher, il ne trouva qu'une copie de cette flatue faite en marbre de Cararrez 40. Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALE forcé de fe contenter de fimples conjeétures , il examina avec attention les flatues, les vales antiques, dont la matière refflemble à la defcription que Pline donne du bafalte, & en a reçu le nom, des Antiquaires les plus accrédités. I] trouva que deux pierres d’une nature très-diflérente, maïs toutes deux, dures, noirâtres, & nommées Pafaltes par les Antiquaires, pouvoient également être le bafalte des Anciens. L'une eft une efpèce de fchorl noir, nommée Gabbro en Italie; c’eéft une pierre très-dure, criftallifée par lames; tantôt ces lames font parallèles entr’ellés, tantôt elles forment un affemblable irrégulier, tantôt elles femblent fe grouper autour d'un centre : la couleur de ces pierres eft un gris tirant fur le noir; elles prennent le poli, mais ce poli n'empêche pas de reconnoître les lames dont union a formé la pierre : ces’ mafles noires font mêlées de taches, & quelquefois de veines de granit, de quartz, de feld-fpath. M. Definareft a retrouvé des mafles, d’une pierre abfolu- ment femblable, au milieu des granits de l'Auvergne , & ces mafles y font peu confidérables ; le gabbro fe trouve auffi mêlé en petites parties avec le granit, le quartz, le feld-fpath dans un très-grand nombre de bancs de granit, & felon différentes proportions jufqu'à ce qu'il n’y foit plus qu'en petites lames ifolées qu'on confondroit avec le mica, frelles n'en différoient par leur dureté, & par la nature du verre qu'elles donnent lorfqu’on les fait fondre au feu des fourneaux de porcelaine , & qui eft très-différent du verre fpongieux que donne le mica. Si le gabbro eft entouré de feld-fpath ou de quartz, alors il paroît n'avoir plus la même crifallifation, & il prend la forme d’un prifme terminé par deux pyramides d’un nombre de côtés égal au nombre des côtés du prifme. Or, felon Pline, le bafalte vient d'un pays où le granit eft commun; felon Pline, on ne trouve pas le bafalte en grandes mafles. Toutes les circonftances s'accordent donc à prouver que le x gabbro eft une des pierres à qui les Anciens ont donné le nom de Bafalte, | La feconde pierre à qui Fon a pu donner ce nom eft moins DMENS ASNGITIE NICE ‘5. 41 moins noire, fa teinte eft d'un gris verdître, elle eft d’un rain ferré; on n'y aperçoit aucune lame, elle reffemble aux bafaltes - laves , à la pierre dont font formées les colonnes prifmatiques que M. Defmareft a prouvé étre un produit des volcans. Le verre'que donne cette pierre reffemble à celui du bafaltelave; mais pour prononcer d’une manière décifive fur Fidentité de ces deux efpèces de pierres, ïl faudroit connoître les carrières dont a été tirée la pierre qui forme les vafes & les flatues Egyptiennes. Les Anciens ont-ils confondu {e gabbro , & cette pierre fous le nom de Bafalte ! Ne l'ont-ils donné qu'à une de ces pierres? Et à laquelle des deux l'ont-ils donné? C'eft ce que M. Defmareft ne décide pas; & il n'y a qu'un voyage en Egypte qui puifle mettre les Naturaliftes en état de prononcer fur ces queftions. L'objet que M. Defmareft traite enfuite, eft bien plus important ; il donne l’hifloire des fubflances étrangères qu'on rencontre dans les produits des volcans; ces matières ont été entrainées par les laves, tantôt dans leur état naturel, tantôt avec plus ou moins d’altération; les unes sy font confervées fans aucun changement ; d’autres ont changé de nature par des infiltrations fucceflives. On trouve auffi quelquefois les vides des laves remplis par des infiltrations, ou la fubflance même de la lave altérée & changée par elles. M. Defmareft décrit les différentes fubflances qui fe trouvent dans les laves, & leurs variétés. I les range en quatre clafles; le quartz, le gabbro, forment les deux pre- mières. Ces fubflances fe trouvent fouvent dans leur état naturel, & quelquefois altérées; mais elles n’ont point été changées par des infiltrations. Viennent enfuite les fub- ftances calcaires qui fe rencontrent dans les laves, ou dans leur état primitif ou plus où moins calcinées ; on les ÿ trouve amenées par linfiltration de l'eau, à tous les degrés, depuis la pierre calcaire jufqu’à lagate, & fouvent alors on y reconnoît encore la forme de ftaladites dont les parties Hif 1773. 42 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE agatifées tirent leur origine : lorfqu'elles font encore calcaires, fouvent onles voit fous la forme de géodes fphériques dont l'intérieur eft rempli d’eau ou tapiflé de criftaux fpathiques ; enfin , les laves contiennent des fragmens de zéolithes , des parties de terres d’alun; ces fragmens font quelquefois changés, par ces infiltrations, en pierres d’une nature femblable à celles qu'ont données les débris calcaires, & elles n’en diffèrent que par leur forme qui faitreconnoître les zéolithes, ou par l'œil laiteux & la couleur de calcédoine qu’elles préfentent. Si, comme le prétend M. Defmareft, toutes ces fubflances doivent leur origine ou aux matières premières dont la fufion a formé la lave, ou à celles que la lave a entraïnées , il faut que lorfque les produits d'un volcan, tirés d’un courant de lave, contiennent du gabbro & du quartz, de la zéolithe ou des fubftances calcaires ; la matière qui a fourni ces laves en contienne auf. Or c'eft ce qu’on obferve conftamment. Les granits du puy de Charade en Auvergne, contiennent du gabbro, & les courans de lave de ce volcan en renfer- ment ; les granits du puy de Gravenaire ne contiennent point de gabbro, & on n'en trouve point dans les courans qui en tirent leur origine ; les courans de ces deux volcans voifins fe confondent, mais leur direétion apprend à les diftin- guer , & la préflence ou l'abfence du gabbro eft toujours d'accord avec ce que cette direétion indique. Dans le Cantal en Auvergne, tant que les laves n'ont coulé que fur le granit, elles ne renferment aucune partie calcaire, mais du moment où elles ont coulé fur une couche calcaire, on y trouve les débris calcaires qu'elles ont entrainés. On voit les anciennes laves du Véluve renfermer des fubflances étrangères qui ne fe trouvent plus dans les laves nouvelles, parce que celles-ci ne font que le produit de la fufion des laves anciennes. Aiïnf en ltalie comme en Auvergne, les Obfervations font d'accord avec les idées que donne M. Defnareft, {ur l'origine des corps étrangers qu'on trouve dans les produits des volcans. PCR Dr is "S"C Tr Ei NE pr S! 43 D = À RL)] ÈS ‘ Se 7° S VuRULVE.S DIFFÉRENCES PARTIELLES. L À théorie des équations aux différences partielles s'applique V. les Mém. à tous les problèmes de Mécanique où l’on confidère des COTPS p. 341. ou flexibles ou fluides : les folutions qu'on trouveroit indé- pendamment de cette théorie feroient toujours ou incomplètes ou hypothétiques; & fices équationsaux différences partielles fe refufoient moins aux méthodes analytiques, ou fi on trou- voit des moyens de les rendre moins rébelles, on pourroit en faire naître la folution des queftions de Mécanique les plus curieufes, lesälus importantes, même dans la pratique. Malheureufement, ces équations font auffi difficiles qu'elles feroient utiles; & lon n'accufera point ici les théories pro- fondes d’être inutiles à la pratique; mais on pourroit fe plaindre du peu de progrès qu'a fait jufqu'ici la théorie, malgré le génie des grands Géomètres qui l'ont cultivée. M. d'Alembert eft le premier qui ait connu la nature des équations aux différences partielles à trois variables, & décou- vert que leurs intégrales contiennent des fonétions arbitraires d'une fonétion déterminée. Le nombre de ces fonétions arbitraires peut être égal à l'expofant de l’ordre de l'équation, mais il peut auffi être moindre. On trouve, dans les Mémoires de l'Académie / année 1772), une méthode de connoiître quel nombre de fonétions arbitraires doit contenir l'intégrale d'une équation aux différences partielles. F ji 44 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE … Mais fi cette connoiflance fuffit pour diftinguer de quelle nature doit être l'intégrale, elle ne fait pas connoître fi cette intégrale eft poffible ou ne left pas en termes finis On’a inféré, dans les Mémoires de l'Académie / année 1772 }, quelques réflexions fur les deux efpèces d’impotfibilités qu'on peut attribuer aux équations différentielles de tous les genres, & dont l'une eft une impoffibilité abfolue, qui indique une fauffe fuppofition ; lautre n’eft que l’impoflibilité d'exprimer en fonctions analytiques finies, la relation qui exifle entre les variables. M. de la Place fe propole, dans foñ Mémoire, une équation linéaire aux différences partielles à trois variables, étant donnée, de trouver, 1.° fi elle eft fufceptible d’une intégrale d’une forme donnée ; 2.° de l'intégrer, c’eft-à-dire, de la rappeler à l'intégration d'équations différentielles ordinaires. Les équations linéaires aux différences partielles, outre l'avantage d’être les plus fimples, d'être celles qui doivent devenir du plus grand ufage dans les méthodes d'approxi- mation , font encore celles où conduifent la plupart des problèmes de Mécanique. M. de la Place examine les équa- tions du fecond ordre de ce genre, & il cherche à les mettre fous une forme particulière à laquelle M# Euler, dans fon Calcul intégral /troifième volume ) avoit déjà, par une fubf- titution femblable, réduit ces mêmes équations ; cette fubf- titution a deux grands avantages : 1." elle donne immédiate- ment, & par la folution d'une équation du premier ordre de la forme la plus fimple, les deux fonétions arbitraires de Fintégrale : 2.° les coëfhiciens de ces fonétions peuvent tous être donnés par des équations aux différences ordinaires, au lieu qu'on nauroit pu les trouver, en général, par des équa- tions de ce genre , en cherchant à intégrer direétement a propofée. En effet, l'intégrale d'une équation aux différences partielles peut contenir, outre les fonétions-arbitraires, un nombre indéfini de fonétions tranfcendantes, comme on l’a remarqué (Mémoires de l Académie, 1770 ); le terme qui contient ce DiEtst SCENIC ENS 45 nombre indéfini de fonctions, ne peut donc étre donné que par une équation aux différences partielles ; ; à la vérité on peut réduire cette équation à ne contenir qu ‘une feule des deux différences, & la traiter par conféquent comme une équation aux différences ordinaires: mais cette réduélion qui refleroit à faire, en traitant directement l'équation , fe trouve toute faite au moyen de la transformation propoée. Il y a des équations qui fe refufent à cette transformation. M. de la Place les examine à part, & en donne la théorie: M. Euler / Calcul intégral, troifième volume) avon auf parlé de ces équations, & les avoit traitées par une méthode particulière. Lorfque l'équation eft transformée, M. de la Place y fubf titue les formes d’intégrales dont elle eft fufceptible; M Euler avoit montré que l'intégrale peut contenir, fous une forme linéaire, non-feulement les fonctions HO ADEINE mais les dif- férences de ces fonétions, jufqu'à un ordre quelconque, & des fonétions fous le figne d’intégrale , où ces fonétions fe trouvent encore fous une forme linéaire, & il avoit déve- loppé , en fubflituant des formes de cette efpèce , les cas d'intégrabilité de plufieurs clafles d'équations {Mémoires de Turin , tome troifième). Par cette fubftitution, M. de la Place trouve des équations de condition pour les équations aux différences partielles, dont les intégrales ne doivent contenir que les fonétions arbitraires, pour celles qui contiennent de plus les différences premières de ces fonctions, pour celles qui en contiennent les différences premières & fecondes, & ainfi de fuite. Toutes les fois que la propofée eft fufceptible de cette forme, on parvient, en prenant fucceflivement ces équations de condition, à trouver le point où l'intégrale s'arrête, & cette intégrale eft alors réduite à la folution d'une équation linéaire, aux différences partielles du premier ordre, & d'équations aux différences ordinaires ; tout le travail de cette méihde eft ici réduit en formules, & les cas plus compliqués fe dé- duifent des plus fimples par des fubftitutions. 46 Histoire DE L'Acanémie RoYaLe M. de la Place examine enfuite le cas où les fonctions arbi- traires peuvent être fous des fignes d'intégration, & il trouve, par fa méthode, cette conclufion très-curienfe, que, fr dans l'intégrale qui, comme on fait, peut contenir deux fonctions arbitraires, on fuppofe qu'il y en ait une fous le figne d’inté- gration ; on peut toujours fuppoler que l'autre n’y foit pas: nous croyons qu'on pourroit même prouver a priori qu'il eft toujours permis de fuppoler en général, que toutes deux en font débarrafiées à la fois. M. de la Place applique fa théorie à un exemple : dans cet exemple, les équations de condition forment une férie aflez fimple, pour qu’on puifle en-connoître le terme général ; & par conféquent il trouve entre les coëfficiens conftans des différens termes de fon équation, la loi néceffaire pour que l'intégrale puiffe être fufceptible d’une expreffion finie d'un nombre quelconque de termes. M. Euler avoit aufir cherché par fa méthode les cas d’intégralité par une équation femblable, & en avoit trouvé la loi exprimée auffi par une équation entre les coëfficiens conftans. M. de la Place termine fon Mémoire par un Effai fur ja manière de déterminer les fonctions arbitraires dans l'inté- grale une fois connue , lorfque l'on a certaines conditions pour les déterminer; plufieurs Géomètres, & M. de la Place lui-même, s’étoient déjà occupés de cet objet, mais en füppofant les arbitraires déterminées par des conditions d’un autre genre. L'équation linéaire du fecond ordre aux différences par- tielles, qui fait l'objet de ce Mémoire, eft auffi importante dans les Problèmes fur les fluides ou les corps flexibles, que la même équation aux diflérences ordinaires left dans l'Af tronomie Phyfique; & aucun Géomètre n’en avoit encore donné une analyfe aufli complette que celle que lon trouve dans le Mémoire de M. de la Place. RECOG AlSvL RON OM LE, MÉTHODES ANALYTIQUES PLOND RE TANAS Or LUN ON. DES PROBLÈMES D ASTRONOMIE. : FES nouvelles recherches de M. du Séjour, font la fuite v. les Mém, du grand travail qu'il a entrepris pour fubftituer , dans toute p.81. l'Aftronomie, les méthodes analytiques aux méthodes cra- phiques. Onze Mémoires déjà publiés par l’Académie , & deux Ouvrages imprimés à part, Fun fur les Comètes, l'autre fur l'anneau de Saturne, n’ont point encore épuifé tout ce qu'il avoit à dire; mais fi l'on fonge à limmenfité de fon plan, à la néceflité où il fe trouve de mettre toutes fes méthodes au point d’être pratiquées; fi on penle qu'il ne s’agit, de rien moins, que de changer toute la face de lAflronomie pour former en quelque forte une fcience nouvelle, plus méthodique, plus facile, plus exaéte, on ne fera pas étonné que M. du Séjour ait confacré à un obiet fi important, tant de temps & de travail. Dans le onzième Mémoire, dont ce volume ne renferme qu'une partie, M. du Séjour analyfe différentes efpèces de courbes, dont la confidération peut fervir à trouver les lieux qui voient certains phénomènes d’une manière femblable, Il n'eft ici queftion que de deux de €es courbes : les premières qu'il appelle courbes des phafes fimulianées , paflent par V. les Mém. P+ 170. 48 HIisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE tous les points de la Terre qui obfervent au même inflant une diflance égale entre le centre de deux aftres. Les fecondes qu'il appelle courbes des élongations ifocrones, pañfent par tous les points qui ont la propriété d’oblerver des diftances égales des centres de deux aftres, à des heures également diftantes d’une heure donnée. Il eft aifé de voir combien ces dernières peuvent être utiles pour déterminer les lieux les plus favorables pour faire des obfervations ; ceux, par exemple, où le paflage d'une Planète fur le Soleil a la durée la plus grande ; ceux pour lefquels la différence de cette durée eft la plus confidérable, Ces courbes font des courbes algébriques à double courbure, décrites fur un fphéroïde : la théorie générale de ces courbes conduiroit à des méthodes trop compliquées. M. du Séjour en trouve de plus fimples, & telles qu'elles peuvent être employées dans la pratique; ainfi il peut réfoudre par une méthode directe, & ce qui eft fur-tout important, par une méthode füre , les problèmes qu’on ne pouvoit réfoudre avant lui que par une efpèce de tâtonnement , & en traçant fur des cartes une grande quantité de lignes, dont il falloit enfuite obferver les points d’interfeétion : il faut avouer qu’une telle méthode avoit quelque chofe de trop mécanique, & qu’elle répondoit peu au degré de perfection où les Sciences Mathé- matiques font par venues dans ce fiècle. SUR IL, TA DIMINUTION DE L'ANNÉE. L: A diminution de la durée de l'année eft une des queftions les plus épineufes de lAffronomie phyfique. Cette diminution at-elle lieu réellement , en forte qu’à la longue, la Terre doive fe réunir au Soleil? ou l'année n'eft-elle pas plutôt affujettie à des alternatives d'augmentation & de diminution, de manière qu'au bout d’un long temps, la Terre recommence les mêmes mouvemens ? n'es Sci EAN CG ES. 49 mouvémêns? Et fi l'année diminue, quelle eft fa loi de cette diminution? Telles font les queftions que les Aftronomes fe font propofées ; maïs il y a trop peu de temps que nous favons obferver avec exactitude, pour que lobfervation nous en donne la folution, du moins autant que l'obfervation peut la donner, La théorie ne nous offre pas plus de fecours; en efet, cette diminution eft fürement très- petite, & le plus petit changement dans les déterminations des mafles & des pofi- tions primitives des corps céleftes peut changer une expreflion qui donne une diminution perpétuelle en une expreffion qui ne repréfente que des augmentations & des diminutions fuc- ceflives. D'ailleurs, l'influence de Ia réfiftance de l’éther ett du même ordre que l'incertitude de la détermination de ces élémens. Ainfr, tout ce que la Théorie pourroit indiquer , _ c'eft une diminution qui ait lieu durant un grand nombre d'années ; mais fans nous mettre en état de prononcer fi cette diminution ne fe changera point en une augmentation au bout d'une certaine période. Cette queftion demanderoit donc pour être réfolue, & une Théorie très-perfeétionnée, & de longues obfervations qu’on pût y comparer ; mais fi la folution en eft réfervée aux générations futures, ne pou- vons-nous pas du moins former fur cet objet des conjectures appuyées de quelque probabilité? Tel eft l’objet que fe propofe M. Bailli. II compare la longueur de l’année , telle que l'ont fixée les anciens Aftronomes, avec la longueur de l’année actuelle. La première année qu’il confidère, eft de 365i 5h s1. Dominique Caflini l'a déterminée en regardant la période de fix cents ans comme une période luni-folaire. Obfervons ici que cette idée de l'illuftre Caffini eft une fimple conjecture; toutes les périodes ne font point aftrono- miques ; celles de cent, de cinquante, de fept ans, font purement civiles. D'ailleurs, fi les inventeurs de la période Hifi. 1773. 5° H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de fix cents ans ont voulu par elle concilier les mouvemens de la Lune & du Soleil, il eft clair qu'ils ont fuppofé l’année de ce nombre de jours, d'heures & de minutes: mais d’où avoient-ils déduit cette longueur de l'année? Avoient-ils obfervé pendant fix cents ans, ou cette période avoit-elle été imaginée , comme étant en nombre ronds, d’après des obfervations d’une moindre durée? La feconde année à laquelle M. Bailli compare la nôtre, eft celle des Brames; elle eft plus longue que la nôtre & plus courte que la première. Comme les Indiens ont une correction de cinquante-une heures pour le mouvement du Soleil, M. Bailli fuppofe que cette correction a été faite au renouvellement de l'Aftronomie des Brames, d’après l'erreur obfervée en trois mille fix cents ans. Il cherche, dans cette fup- pofition, la diminution de l'année, en regardant l'accélération du mouvement du Soleil, comme conftante; & connoiffant notre année, il trouve quelle a dü être celle des Brames au commencement de la période de trois milie fix cents ans, à la fin de laquelle il a déjà placé leur correction, & il la trouve très-peu diférente de celle qu'ils lui ont donnée. Cette coïncidence formeroit une probabilité affez forte, fi l'on étoit für que la correction de cinquante-une heures a été faite pour une période de trois mille fix cents ans ; que cette correction a été établie précifément à l'époque du dernier renouvellement de l'Aflronomie des Brames, & que la lon- gueur que ces Brames ont donnée alors à l'année, étoit la vraie valeur d’une révolution, & non celle ou de la durée moyenne de cette année ou d'une révolution déterminée à une autre époque. Or, il nous paroïît impoffible de rien favoir, fur ces objets: le problème refte donc indéterminé, & il y a un grand nombre d’hypothèles qui donneroient la même coïncidence que celle de M. Bailli. Nos doutes n'ont porté jufqu'ici que fur la quantité de la diminution; on peut les étendre fur la diminution elle-même, en demandant s'il n’eft pas très-naturel de fuppofer que les DES SCIENCES, st Brames ou les Auteurs de l'année de fix cents ans, ont pu fe tromper de trois ou quatre minutes dans la détermination de l'année; car c'eft d’une auffi petite différence qu'il eft ici queftion. : La connoiffance imparfaite du mouvement des Étoiles fixes en longitude, le peu de précifion des obfervations , pouvoient produire des erreurs plus confidérables; enfin, quelque parti que l'on prenne, il faut convenir qu'Hipparque en a commis de plus grandes; que Ptolémée, en fe fervant plus de deux fiècles après, des obfervations d'Hipparque, n’a point trouvé que fa détermination de Îa longueur de l'année dût être changée. Et feroit-ce être injufle envers les Aftronomes Antidiluviens ou Bracmanes, que de ne pas les croire plus habiles qu'Hipparque & Ptolémée? En eflet, il s’étoit écoulé trois fiècles entre Methon & Hipparque, & plus de cinq entre Methon & Ptolémée. Dès le temps de Methon, les Grecs avoient de bonnes obfervations : l Aftro- nomie toujours a été cultivée avec fuccès dans cet intervalle: Hipparque & Ptolémée fur-tout, n’avoient donc pas befoin de recourir à des obfervations étrangères ? Mais fi après cinq fiècles au moins d’obfervations non-interrompues, faites dans un pays fi fécond en hommes de génie, les méthodes découvertes jufqu’alors, ont fait tomber Ptolémée dans cette erreur ; pourquoi ne pourrions - nous pas foupçonner les méthodes des Aftronomes Brames ou Antidiluviens d’avoir été auflr imparfaites? Il nous paroïît donc qu'il doit refter encore des doutes, & fur la quantité de la diminution de l'année, & même fur lexiftence de cette diminution; ce qui nous refte de l'Aftro- nomie ancienne peut-il nous donner les moyens de les lever? Nous ne fommes pas en état de prononcer fur cette queftion, dont fa folution demande l'union très-rare d’une vafte érudition, & d’une connoiffance profonde de l'Aflronomie ; & nous ne voulons que foumettre nos doutes au jugement de l’Auteur du favant Mémoire dont nous venons de rendre compte. G ïj V. les Mém. P: Page 73e 66. 52 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE IUCR L'OBLIQUITÉ DE L'ÉCLIPTIQUE. Er: ces deux Mémoires, M." Caffini & le Monnier fe font propofé un même objet, celui de déterminer les changemens de l'obliquité de l'Ediptique. L’obfervation & la théorie paroiffent s’accorder à prouver que l'Écliptique ne fait pas un angle conftant avec l'axe de la Terre. Mais l'Eclip- tique fait-il de s révolutions entières? Ou fon mouvement fe borne-t-il à des ofcillations plus où moins grandes ? Son mouvement eft-il uniforme? Voilà ce que ni les obfervations ni le calcul n’ont pu encore nous apprendre, du moins d’une manière bien certaine ; & fi l’on fonge depuis combien peu de temps nous avons de obfervations précifes, on n’en fera point étonné. La queftion du changement dans lobliquité de l'écliptique, eft cependant une de celles qui nous intéreflent le plus. La durée des jours & des nuits, les faifons, la température des différens climats de la Terre, les eflets de l'action du Soleil & de la Lune fur notre globe doivent changer avec cet élément, & sil étoit une fois bien connu, peut- être nous donneroit-il Fexplication des faits les plus impor- tans de l'Hiftoire Naturelle de la Terre. M. le Monnier a obfervé les hauteurs du Soleil au temps des folflices, avec le Gnomon de Saint-Sulpice. M. Caffini les a cherchées en oblervant [a diftance du bord du Soleil à certaines Étoiles, auffi aux temps des fol- flices. La première’méthode feroit la plus commode & Ja plus certaine, fi les changemens qui peuvent arriver dans la pofition du gnomon: par l'affaiflement des terres n’y laif- {oient quelque incertitude. A la vérité, comme cet affaiffe- ment feroit paroître lobliquité plus grande qu'elle n’eft am folflice d'Été, & plus petite au folftice d'Hiver, on a un moyen de vérifier fi c'eft ce changement qui a caufé une variation apparente dans l'obliquité de l'écliptique ; d’après DES SCIENCES. 53 cetté réflexion ,- M. le Monnier fe croit autorifé à regarder ls obfervations faites avec le gnomon de Saint-Sulpice, comme exemptes de cette erreur, & à conclure que fi lin- clinaifon de l'écliptique eft variable , elle left beaucoup moins que M. le Chevalier de Louville ne l'avoit fuppole, c’eft-à-dire, beaucoup moindre que d’une minute en cent ans. M. Caffini s’eft borné à donner le réfultat de fes obferva- tions : il fe propofe d'en multiplier le nombre, d'y joindre celles qu'il trouvera dans les regiftres de l'Obfervatoire, & de chercher, en comparant la variation obfervée dans la hauteur folfticiale du Soleil, à celle que doit produire le mouvement de l'axe de la Terre , fi ces obfervations indiquent ou non un changement dans lobliquité de l'écliptique. RIT ERNC LENS) RÉFRACTIONS ASTRONOMIQUES. LE calcul des Réfraétions, eft une des parties les plus V. les Mém, délicates de l'Aftronomie. P+ 77° -La réfraétion varie fuivant la hauteur de l’Aftre; elle eft nulle au zénith; & à l'horizon, elle eft la plus grande : mais, comme nous ignorons la loi de la denfité des couches de latmofphère, nous ne pouvons déterminer celle que fuit la réfraéion , qu'en cherchant à la déduire des obfervations. L'état de l'atmofphère influe auffi fur ce phénomène, & peut faire varier non-feulement fa quantité de la réfraction, mais même la loi felon laquelle elle ‘diminue de l'horizon au zénith ; & comme la réfrangibilité des milieux dépend à la fois, & de leur denfité &-des principes dont ils font compolés, la réfraction peut encore être différente même pour une égale hauteur du Baromètre; enfin, toutes les circonflances égales d'ailleurs, elle varie dans les différens climats : elle varie même dans le même lieu, felon les cifférens points du ciel où fe trouvent les Aftres, V. les Mém. pag. 323 & 335: s4 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Il n'a pas été poffible jufqu'ici, de connoître les loiïx d’un phénomène aufft compliqué, & il faut fe borner à faïfir des’ réfultats généraux qui puiffent conduire les Aftronomes dans leurs recherches, & les prémunir contre les erreurs où {a réfraction pourroit les entraîner. Il réfulte des recherches de M. le Monnier, que la réfrac- tion décroît très-rapidement dans les parties voifines de l'horizon : fi pour un Aftre élevé de $ minutes au-deffus de l'horizon, elle eft déjà moindre de plus d’une minute; pour un Âftre élevé de $ degrés, elle diminue d'environ 9 minutes fur 33, & n'eft plus que les - de ce qu'elle étoit à l'horizon. Il en réfulte encore que la réfraction horizontale eft à Torneo plus grande d'environ un onzième qu'à Paris. M. Cafñlini a comparé la différence de réfraction pour des ‘ Aftres ayant la même hauteur, mais placés, Fun au Midi, l'autre au Nord; ces obfervations font difficiles par le concours de circonflances qu'elles exigent. Il faut que deux Étoiles ayant une hauteur à-peu-près égale, foient de | la première ou de la feconde grandeur pour pouvoir être commodément obfervées, quelles paffent au méridien à une diflance affez grande pour que lon puiffe obferver leur paflage avec le même inftrument, mais aflez petite pour qu'on ne puifle pas craindre qu'un changement dans Vétat de l'atmofphère introduife des erreurs dans l’obfervation :; il faut de plus que ces Étoiles puiffent toutes deux être obfervées fenfiblement près du zénith: maïs ces deux obfer- vations au zénit ne peuvent pas fe faire dans un même lieu, une des deux doit même être faite dans un autre hémifphère : on eft donc obligé, puifqu’on ne peut pas les faire en même temps & de concert dans des lieux fi diftans, d'avoir recours à des obfervations antérieures ; ainfi, il faut choïfir des Étoiles obfervées près du zénith, par le petit nombre d'Ob- fervateurs qui ont été dans émifphère auftral, & des Étoiles dont on connoïfle le mouvement de déclinaifon. M. Caffini offre aux Aftronomes une Table des différentes DES SCIENCE s. ss Étoiles qui réuniflent toutes ces conditions, & leur procure par-là un moyen de vérifier ce que fes propres obfervations lui ont donné, c'eft-à-dire , que la réfraction eft dans notre hémifphère plus grande au Sud qu'au Nord, dans le même lieu, au même temps, à des hauteurs égales ; la différence eft même trop fenfible pour qu'on ne puifle pas regarder comme conftant ce réfultat de M. Caffini. : D TE ME SAUTR L'ÉCLIPSE HORIZONTALE DU SOLEIL, Du 23 Mars 1773. Pr du ciel a rendu très- incertain le temps des différens phénomènes de cette Éclip{e, & les vapeurs produifoient une forte d’ofcillation qui tantôt augmentoit, tantôt dimi- nuoit la grandeur de la partie éclipfée : cependant M. Meflier avoit eu foin d'employer une lunette qui ne groflifloit que vingt-fept fois le diamètre, car il avoit déjà remarqué que plus les lunettes groffiffent , moins les bords paroiffent bien terminés. Peut-être faudroit-il avant defe déterminer, à préférer dans ce cas, des lunettes qui groffiffent moins, examiner fi l'avantage apparent qu'elles ont alors, vient des lunettes mêmes, ou fï elles le doivent feulement à ce qu’on ne peut apercevoir, avec elles, les ofcillations, ou en général les caufes qui font paroître les bords des Aftres mal terminés lorfqu'on obferve avec des lunettes plus fortes. D DUR BCE CUT PORN D ES LUN Du 11 Oobre 1772. his Éclipf a été obfervée dans le même lieu par M." Caffini fils, du Séjour & du Vaucel: leurs réfultats, pour Ja fin de l'Écliple, diffèrent de 38 fecondes: M. Caflini, V.les Méms Poe Page 23, V. les Mém. Page 183. Page 181, Page 241. Page 186. Page 18. 56 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qui obfervoit avec une lunette plus forte, eft celui qui a obfervé la fin le dernier. SU ROLE TES LE D'EUL LIN Du 30 Septembre 1773. CE volume renferme quatre Obfervations de l'Éclipfe de Lune, du 30 Septembre. L'une, faite à Nolon; par M. le Cardinal de Luynes. - Une autre, à S.-Sever en Normandie; par M. le Monnier. La troifième, au cabinet de Phyfique dela Muette; par M." Je Gentil & Bailly : ces deux Aftronomes, qui obfervoient, chacun à part, ont marqué la fin certaine de F'Éclipfe à la même feconde. La quatrième, a été faite à l'hôtel de Clugny; par M. Mefer. “ UURE LOC, CCU L. TA LOMN D'une Étoile de l’Écrevife par la Lune, du 10 Février 1773. Ge. Obfervation a été faite avec aflez de précifion . . . ’ L pour que M. Meflier croie pouvoir répondre d'une feconde: il avoit eu foin de s’aflurer de l'heure avec la plus grande exactitude ; en comparant fes rélultats avec ceux des Calculs inférés dans la Connoiflance des Temps , on trouve que limmerfion eft arrivée 3° 17" plus tard que ne la donne la Théorie, & l’énferfion 6 minutes & un huitième, SUR DES SCcrENCESs. 57 SUR LA CONJONCTION DE JUPITER AV ENCRERTA PT CCINTE Orne la conjonétion de la Lune & de Jupiter, M. Cafini de Thury fe propoloit d'examiner deux éclipfes de Satellites qui devoient avoir lieu dans le même temps; mais des nuages légers, qui entouroient la Lune, l'empéchèrent de le faire avec exactitude: ils ne déroboïent point la vue des Satelites ; mais vus à travers les nuages , les Satellites paroiffoient avoir une efpèce de mouvement ofcillatoire qui, tantôt les faifoit fortir du champ de la lunette , tantôt les y ramenoit. M. Wallot, qui obfervoit les mêmes Ecliples au petit Luxembourg, a obfervé la même agitation. SUR L'OPPOSITION DE SATURNE. M. LE MONNIER a obfervé l'oppofition de Saturne, le 27 Février 1773, & il a comparé fon obfervation, celle de M. Jeaurat, inférée également dans ce volume, page 20, & une Obfervation faite à Genève, par M. Mallet, avec les Tables des mouvemens de Saturne du célèbre Halley. Ces Tables ont été dreffées d’après les loix de Képler, en fuppofant que les Planètes décrivent des ellipfes dont le Soleif eft le foyer, avec des vitefles, telles que les temps foient comme les aires parcourues par les rayons vecteurs; ainfi, l'on y a fait abftraction des forces perturbatrices qui .peuvent altérer le mouvement des Planètes, l'erreur de ces Tables doit faire connoître l'effet total des perturbations: c'eft ce qui a déterminé M.leMonnier à entreprendre de donner pour toutes les Planètes les différences entre l'Obfervation & les Tables de Halley. Hif. 1773. H V. les Mém, p. 168. V. les Mëm, P: 437: V. les Mém. P 58 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE QD EU EE EE TEE PE TE SRE MEME | POLRNICENA DISPARITION DE L'ANNEAU DE SATURNE. Los ERVATION de la difparition de l'anneau de Saturne ;, eft très-importante pour les Aflronomes , à qui elle peut fervir pour perfectionner la théorie de ce corps fingulier, pour s’aflurer fur-tout fi l'attraétion du Soleil, celle de Jupiter, celle même des Satellites de Saturne changent la pofition de cet anneau. -Le temps où lon obferve fa difparition, dépend de fa force & de la clarté des lunettes, de l’heure où l'on obferve Saturne, de l'état du ciel, de la force de la vue de 'Obfer- vateur. Ainfi lon peut encore employer cette oblervation pour comparer les diflérens inftrumens ; & dans les obfer- vations délicates , cette comparaifon devient de la plus grande importance, 177: Page 181. Page 496. Quant à la théorie de l'anneau de Saturne, le point où Vanneau préfente au Soleil fa plus petite largeur , n'eft pas le moment de la difparition; ce point répond plutôt au milieu de l'efpace écoulé entre l'inftant de la difparition & celui de la réapparition ; & il importe moins peut-être pour la perfec- tion de cette théorie d’obferver avec d'excellentes lunettes, que d’obferver les deux phénomènes avec la même lunette, & en cherchant à rendre toutes les circonflances femblables. M. Caflini de Thury a ceffé de voir les anfes le 30 de Septembre; M. le Monnier a obfervé, le même jour, Saturne parfaitement rond; M. Caffini le fils, n'a obfervé la difpa- rition totale de l'anneau, que le 7 Oétobre; & M. Meffier a vu les anfes jufqu'au 1 1 du même mois, avec la lunette de M. de Saron.* On trouve encore dans ce volume un Mémoire dans lequel M. de la Lande explique les circonftances où l'anneau * Mémoires de M. Caflini de Thury, page 1737: M'ESIASLGRME NES s9 de Saturne doit difparoître, & celles où il doit redevenir vifble ; il donne les pofitions de Saturne & de la Terre qui permettent de faire des oblervations de ce phénomène plus précifes & plus complètes; il développe enfuite les moyens de calculer ces obfervations, & de les employer à perfeélionner la théorie : il difcute les obfervations faites avant 1773. Ce Mémoire avoit été 1ü avant l'époque de la dernière dilpari- tion ; M. de la Lande fe propole de déterminer dans un autre Mémoire les réfultats des oblervations qui ont été faites en 177 3e La difparition de l'anneau de Saturne a été précédée d'un phénomène fingulier : les anfes préfentèrent d’abord l'apparence d’un filet lumineux, ce filet a ceffé enfuite d’être continu, & n'offroit plus qu'une fuite interrompue de points lumineux. M. Meflier a obfervé & fuivi avec foin ces points lumi- neux, lors de la réapparition de l'anneau , & alors ils précè- dent le moment où les anfes ne paroiffent qu'un filet continu ; il eft le premier qui ait annoncé à l’Académie ce phénomène, qui femble prouver que la furface de l'anneau a des inéga- lités comme celle de la Lune; & c’eft pour confirmer cette . femarque importante, que M. Baïlli a cru devoir annoncer ici quil avoit aperçu le même phénomène en obfervant la difparition. SLR LES MOQUE AUTLE S Deus manquons encore d'une méthode à la fois fûre & facile pour déterminer lorbite des Comètes. Newton, qui le premier a découvert que leurs orbites étoient paraboliques, a donné deux méthodes pour trouver d'après trois obfervations données, le paramètre & la pofition du plan de ces paraboles. Toutes deux font des méthodes d’approximation : dans la première, il donne un moyen de couper la corde qui foutend larc parcouru entre la première & la troifième H ij Page 2414 6o Hi1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE obfervation, de manière que les parties font à très-peu-près proportionnelles aux aires parcourues, ce qui permet de fuppofer fans une erreur fenfible que les temps font propor- tionnels aux parties de cette corde; dans la deuxième , il regarde l'orbite comme redliligne, & le mouvement comme uniforme dans l'intervalle des trois obfervations. La première hypothèfe demande que les obfervations foient à-peu-près à diftances égales , & la deuxième demande welles foient très-voifines ; il en réfulte que de petites erreurs dans les obfervations peuvent en occafionner de grandes dans la détermination des élémens de l'orbite : d’ailleurs on ne peut la fuppofer rectiligne, & parcourue d’un mouvement uniforme fans négliger des quantités du même ordre que celles qu'on admet dans le calcul, & lon eft expolé par conféquent à des erreurs inévitables. C’eft ce qu'a remarqué M. de la Place, en examinant analytiquement cette méthode ; car c'eft l'analyfe feule qui peut mettre en état de prononcer fur la légitimité des fuppofitions que lon eft obligé de faire dans les méthodes d'approximation. Les difficultés de la première méthode de Newton ont effrayé tous les Aftronomes. Plufieurs grands Géomètres fe font occu- és du même Problème, depuis Newton, mais les moyens qu’ils ont propolés jufqu’ici ont eu le fort de cette premiere méthode de Newton; & quelques-uns ont cru auf devoir employer l'hypothèfe reétiligne pour parvenir à une première approximation; ainfi l'on peut dire que fon n'a encore aucune folution de ce Problème, du moins aucune folution qu'on puifle employer dans la pratique, fans être ni expofé à de grandes erreurs, ni obligé de faire des opérations trop difficiles & trop longues. Les quantités que l'on cherche, font données cependant par des équations algébriques qu'il eft facile de trouver , on peut éliminer les inconnues, parvenir à l'équation finale, & en tirer une valeur approchée d’une des quantités cherchées. Le problème n'a donc véritablement d'autre difficulté que l'énorme longueur des calculs; mais, c'en eft une fi grande que DENIS ÉSOCULUE NYC. E: S: Gt jufqu’ici perfonne n’a ofé effayer de trouver par la méthode directe l'orbite d’une feule Comète. Remarquons cependant que fi, au lieu de déterminer l'orbite par trois obfervations feulement, on veut en employer un plus grand nombre, il devient beaucoup plus aifé de trouver une méthode commode pour la pratique ; que même on peut, fans beaucoup d'in- convéniens, employer alors pour une première approximation des obfervations qui n’auroient pas la plus grande précifion & qu'on ne manque point de méthodes pour corriger par des approximations fucceflives Îles premières valeurs trouvées. Or , il eft très-rare que l’on n'ait que trois obfervations d'une Comète; il faudroit qu'on ne l'eût vue que pendant une partie prefque infiniment petite de fon orbite, & alors, quelque méthode qu'on prenne, l'erreur des obfervations même les plus préciles, fufht pour laiffer une grande incerti- tude dans les élémens de Forbite; ainfi lon peut fe pañer prefque toujours dans la pratique de la méthode qui n'em- ploie que trois obfervations : cependant, comme celle-ci feroit toujours préférable à toute autre, les tentatives que Von fait pour la perfeétionner font toujours très-intéreffantes, il faut auff compter pour beaucoup le plaifir de vaincre des obftacles que les efforts de plufieurs Géomètres du premier ordre n’ont pu encore furmonter , & c’eft d'ailleurs une efpèce de tache pour la Géométrie que d’être obligée de demander aux Obfervateurs un plus grand nombre de données qu'il n'en faut réellement pour réfoudre le Problème. Il n'eft donc pas étonnant de voir les Géomètres & les Aftronomes s'occuper à lenvi de cette queftion. M. dela Lande pour rendre plus facile l’ufage de la méthode V. les Mém. de faufle pofition qu'il a developpée dans fon Aftronomie , P: #61: avoit befoin d'avoir des Tables qui continflent pour une parabole dont la diftance au périhélie eft donnée, la valeur des rayons vecteurs répondans à une diflance du paffage au périhélie d'un nombre donné de jours. Il donne ici ces Tables depuis une diftance du périhélie égale à la dixième partie de la dif- tance moyenne de la Terre au Soleil, jufqu'à une diftance LU 62 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE au périhélie égale à la diflance de la Terre au Soleil plus deux dixièmes. Les Comètes plus éloignées auroient un mouvement très-lent, feroient vues très-long-temps, & par conféquent leurs orbites feroient plus aifées à déterminer. Dans une autre partie de fon Mémoire, M. de la Lande traite des Comètes qui peuvent approcher de la Terre. Le feul titre de ce Mémoire avoit répandu une terreur panique ; peut-être cette terreur venoit-elle en grande partie du fens différent qu'a cette expreflion, #7 n'efl pas impoffible, dans l'ufage ordinaire ou dans les Sciences; dans l’'ufage ordinaire, elle fignifie feulement qu'une chofe efl peu probable ; dans les Sciences, elle fignifie que fon impoflhbilité phyfique ou mathématique n'eft pas démontrée. Ainfi lorfque les Aftro- nomes ont dit qu'il n'étoit pas impoflible qu'une Comète vint choquer la Terre ou en approchât, du moins aflez près pour occafionner de grands bouleverfemens, ils ontentendu, que vu l'ignorance où nous fommes du temps précis du retour des Comètes, du dérangement que l'attraction des Planètes ou celle des autres Comètes peuvent caufer dans l'orbite de chacune, & même du nombre des Comètes dont peut-être nous n'avons encore obfervé qu'une petite partie ; nous ne pouvons prononcer avec certitude que la Terre n’a rien à craindre de l'approche ou même du choc des Comètes. En effet, il y en a quelques-unes qui paflent très-près de l'orbite terreftre; un léger dérangement dans leurs orbites peut les en rapprocher aufli-bien que les en éloigner; & comme on ignore le temps de leur retour, on ne peut pas aflurer non plus que la Terre ne fe trouvera point alors dans un point de fon orbite très-voifin de celui où peut paffer la Comète ; mais fi on calcule la probabilité que cet évènement aura lieu, on la trouve fi petite, & la probabilité qu’il n'aura jamais lieu fi approchante de la certitude, qu'on peut en employant ce mot ämpoffibile, dans le fens du langage ordi- naire, dire hardiment que la rencontre d’une Comète avec la Terre eft impoflible, & que nous n'avons rien à craindre de ces Aftres, Æ ersiN Sol 'E UN ec 'E S 67 A la vérité, ces calculs n'auroient pu être entendu de ceux que les Comètes avoient effrayés; mais heureufement ils n’en ont pas eu befoin pour fe rafiurer. Les perfonnes dont la frayeur avoit été la plus vive, ont été les premières à ceffer de craindre, parce qu'elles ont été les premières à oublier qu'il exiflât des Comètes; car c'eft un bienfait de la Nature que les imaginations les plus foibles foient auffi les plus légères, & que plus elles font promptes à fe frapper de dangers ima- ginäires, plus il eft facile de les en diftraire. M. de la Lande donne dans fon Mémoire, une Table de la diftance de chaque Comète à fon nœud, & au plan de l'écliptique lorfque fa diflance au Soleil eft égale au rayon de lorbite terreftre ; & il y ajoute d'autres Tables calculées par M. Profperin, qui contiennent la plus petite diftance de chaque Comète à l'orbite de la Terre, la diflance de la Comète au nœud, & celle de la Terre au nœud lorfque la Comète étoit dans ce point, le temps où la Comète ya pañlé, & celui où la Terre s'eft trouvée dans le point de fon orbite le plus voifin. | M. Meflier a donné dans ce Volume les obfervations de V.les Mém, deux Comètes qu'il a découvertes en 1766, la première n’a P- 157: été vifible que pendant huit jours, & la feconde que pendant cinq; le mouvement de la première étoit rétrograde; celui de la feconde étoit direct. M. Pingré a déterminé les élémens de l'orbite parabolique de ces Comètes, d’après les obferva- tions de M. Meffer; l'on trouve dans ce Volume une Table des différences entre la théorie & l'obfervation pour la feconde Comète; la Table femblable pour la première, a été inférée dans le rome VI des Savans étrangers : pour évaluer d’après cette comparaifon l'exactitude des élémens, il faut comparer les mouvemens de la Comète en longitude & en latitude donnés par l’obfervation, avec ces mêmes mouvemens donnés par la théorie pendant l'intervalle de deux obfervations; ainfr pour la feconde Comète, on trouvera pour la latitude Ia plus grande différence de plus de 4 minutes, pendant que la latitude de la Comète n'a varié que d’un degré; & poux V.les Mém. p.25 8. C4 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE la longitude la plus grande différence de plus de 4 minutes “encore fur un degré & demi. Ces différences font beaucoup moins confidérables pour fa première de ces Comètes; pour un mouvement en longitude de $o minutes, les plus grandes différences ne font que de 100 fecondes, & de 70 fecondes pour un mouvement de 37 minutes en latitude: aufli cette Comète avoit -elle été obfervée pendant un elpace de temps deux fois plus grand. ; M. Meffier donne non-feulement la longitude & la latitude de la Comète, telles qu'il les a conclues en les comparant aux Etoiles, mais il a foin de marquer immédiatement la diftance obfervée entre la Comète & chaque Etoile , afin que fi l'on vient un jour à déterminer l'afcenfion droite & la déclinaifon de ces Étoiles avec plus d'exaétitude, on puifie également corriger les pofitions de la Comète qui en ont été déduites. SUR UN. VOYAGE. FAIT. À BORD DELA" FREÉGATE LL À"EFLO'R!E, D ANS les inftruétions données à M. de Verdun, de Borda & Pingré, le Gouvernement les chargeoiït, non-feu- lement d'examiner les différens Inftrumens deftinés à trouver la Longitude, mais aufli de ne négliger aucune des obfer- vations utiles à la Navigation, que leur Voyage les mettroit à portée de faire. Des inflrumens qui peuvent être employés pour la déter- mination de la Longitude, les uns fervent à mefurer le temps, les autres à faire des obfervations aftronomiques, d’autres enfin font deftinés feulement à mettre les Obfervateurs & les inftrumens à l'abri des mouvemens que le Vaifleau leur imprime fans cefle, & qui mettent obftacle à l'exactitude des obfervations : les favans Voyageurs avoient embarqué avec cux de toutes ces efpèces d’inftrumens, Pour Brasil Se HAELN ICE 5. 65 Pour favoir jufqu'à quel point on pourroit compter fur l'exactitude des Montres marines, il falloit non - feulement connoître l'erreur totale de ces inflrumens pour le Voyage entier; mais déterminer à chaque relâche la quantité dont les Montres avoient avancé ou retardé depuis la relâche pré- cédente; il falloit. déterminer ces quantités d’abord abfolument, & enfuite les corriger, en ayant égard aux Tables de cor- rection données par les Auteurs des Montres pour les diffé rentes températures, & même à l'accélération ou au retar- dement moyen que des obfervations faites à terre pouvoient avoir fait remarquer dans chaque Montre. La précifion que jufqu'ici l'on avoit exigée des Montres marines, étoit de donner l'heure avec moins de quatre minutes d'erreur en deux mois; erreur qui en produiroit une d'un degré en longitude. D'après cette condition, les Aca- démiciens ont partagé le temps entier de leur voyage el efpaces de fix femaines environ, au bout de chacun defquels ils ont pu déterminer immédiatement la longitude du lieu où ils fe trouvoient, & connoiître par-Rà l'erreur des Montres durant cet efpace; dans trois de ces Montres, cette erreur a été beaucoup moindre que de trois minutes, & {a précifion beaucoup plus grande qu'on ne lavoit exigée, & que les Auteurs mêmes des Montres ne lavoient promife. De ces trois Montres, deux étoient de M. Leroy ; elles concouroient pour le Prix de l'Académie, & l'une d’elles l'a obtenu; la troifième étoit de M. Berthoud: elle n’avoit point concouru. L'octant de Hadley eft deftiné à mefurer la diftance angu- laire de deux objets, en réuniffant leurs images au même point; on voit directement jun des objets, & l’on aperçoit l'image de l’autre réfléchie par un miroir : l'angle d’inclinaifon qu'il faut donner à ce miroir pour que les deux images fe joignent, donne l'angle de la d'ftance de deux objets. Ainfi, l'on peut, au moyen de cet inflrument, voir à la fois les deux points dont on mefure la diftance, condition indif- penfable , foit lorfque ces objets fe meuvent , foit lorfque TOblervateur lui-même ne peut être regardé comme fixe. Hift. 1773: I 66 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Le mégamètre de M. de Charnières remplit cette même condition en réuniffant auffi les images des objets, mais il emploie un autre moyen: on voit chaque objet à travers un objectif différent, & comme ces deux verres ont un même foyer lorfque les deux images des objets fe réuniffent à ce point, & par conféquent l'angle de la diflance des deux objedtifs fur le limbe de linftrument, donne Fangle de la diftance des objets. I réfute des obfervations faites à bord de /4 Flore, avec ces inftrumens , que l’oétant de Hadley donne les mefures que lon cherche avec moins d'une minute d'erreur lorfque les circonftances ne font pas trop défavorables ; l'accord de cinq de ces oétans de différentes dimenfions, faits par cinq conftruéteurs différens, & employés par des Obfervateurs qui ne fe communiquoient point leurs réfultats , ne peut laifer aucun doute fur la certitude de cette condlufion. Le feul mégamètre qui eût été embarqué, n'étoit pas divifé avec aflez d’exactitude, & le peu de précifion des obferva- tions pour lefquelles on la employé, ne doit point nuire au mérite de l'inftrument en lui-même: cependant les Acadé- miciens ont trouvé qu'il étoit fufceptible de quelques correc- tions avantageufes; ils indiquent ces corrections après lefquelles il paroït qu'on pourra compter fur l'exactitude de cet inftru- ment, qui cependant aura toujours befoin d'être exécuté par des mains habiles. Nous n'avons parlé ici que des inftrumens dont les Acadé- miciens ont pu rendre un compte avantageux. Nous renvoyous pour les autres au Mémoire même. Les détails des moyens qui n'ont point réufli n'intéreflent que ceux qui peuvent puifer dans ces moyens mêmes des idées plus heureufes; mais il fuffit aux autres de connoître ce qui eft utile. Les réflexions des Académiciens fur les différentes méthodes employées pour déterminer la pofition du Vaiffeau, ne font pas moins importantes : ils ont examiné les méthodes propolées par les Aftronomes pour trouver la latitude. Ces DES SCFENCES. 67 méthodes ont toutes en elles-mêmes un égal degré d’exaditude, inais on fent qu'il faut exclure toutes celles qui exigent ou des obfervations trop précifes, ou une connoiffance rigou- reufe du temps, ou des calculs trop compliqués; car il n’efl pas feulement ici queftion d'avoir de bonnes méthodes , il faut des méthodes que on puifle employer dans un Vaificau toujours agité, & qui change continuellement de lieu; il faut que ces méthodes puiflent être calculées en peu de temps, & par tous les Marins. Nos Académiciens accordent la préférence à deux mé thodes ; l’une qui emploie des obfervations de la hauteur du Soleil, & qui eft détaillée dans le Nautical Almanac; l'autre où l'on fe fert d'obfervations d'Étoiles, & dont on peut s'inftruire dans les Mémoires de l'Académie, années 1 736 d 1770. Quant à la détermination des Longitudes, quelque parfzites que foient les Montres marines, elles ont néceflairement befoin j au bout d'un certain temps, d’une nouvelle vérification : ainff, dans les Voyages de long cours, fi lon n’a pu, dans les divers attérages , obferver de nouveau la marche de ces Montres, il feroit imprudent de s’y fier abfolument. Des obfervations bien faites avec l’octant ou avec le mégamètre, pourront faire trouver la longitude avec plus de certitude: au refte, ce ne fera qu'en multipliant les ob{erva- tions, en varjant les méthodes, en embarquant deux Mortres fur le même Vaiffeau : que, fi tout eft d'accord, on pourra compter fur l'exactitude du réfultat, Tous les Marins conviennent de limperfeétion de linf- trument connu fous le nom de Loch ; dans la rigueur ont fuppofe que cet inftrument qui flotte fur l'eau , demeure immobile, & l'on mefure le chemin du Vaifleau dans une minute, par exemple, en prenant la longueur de la corde que le loch a devidée. I eft aifé de voir combien cette fuppoñition eft inexaéte, & que néceffairement le 1och doit fe rapprocher is Vaifleau: 1 68 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE au{li dans la pratique, eft-on convenu en général d'augmenter d'environ un vingt- deuxième la melure que donne cet inftrument. Les courans font une autre caufe d'erreur abfolument variable, & qu'aucune correétion ne peut réparer. Des obfer- vations exacles, ont prouvé à nos Académiciens, que les erreurs que donnoit le loch avec la correction ordinaire d'un vingt-deuxième étoient encore très-confidérables, mais tantôt en plus, tantôt en moins, fuivant la différente direction du courant ; qu'aucune correétion moyenne ne pouvoit remédier à cette erreur, & qu'ainfi cet inftrument ne pouvoit fervir que pour des eflimes groflières. On ne connoit pas avec aflez d’exactitude la déclinaifon de l'aiguille aimantée aux difrens points du globe, pour employer imméuiaten:ent la bouliole, & l’on a beloin de déterminer fouvent fa déclinaifon, par des oblervations aftro- nomiques. Si ces oblervations fe font à l'horizon, les réfrac- tions peuvent caufer une erreur très-fenfible ; ainfi il faudroit au lieu du compas de mer ordinaire, {e {ervir d'un compas azimutal. On à obfervé déjà qu'il faut avoir foin de placer les deux compas de mer, qui font ordinairement fur chaque Vaifleau aflez loin Fun de Fautre pour qu'ils foient au-delà de leur fphère d'adtivité. Les aiguilles de ces compas font fouvent très-foibles, & alors elles ne peuvent fervir à des opérations un peu précifes. Les Aïadémiciens en attribuent la caufe en partie à l'ufage de dépofer ces inflrumens dans un même lieu loifqu'ils font à terre, fans avoir foin de les y ranger par files dans la dire“lion du Méridien magnétique, & de placer les files de manière qu'elles ne puiffent agir l'une fur l'autre. , Nous ajouterons ici que peut-être ces précautions feroient infufhfantes : les changemens qu’éprouve la force magnétique dépendent de tarit de caufes encore inconnues, qu'il paroîtroit méceflaire de ne jamais embarquer de compas de mer, fans Biipesi Shane! NE ES: 69 avoir mefuré de nouveau la force de aiguille, & lavoir retouché, fi cette force a changé, Tels font les principaux réfultais de cet important Voyage. Ji montre à quel point Fart de la Navigation s’eft perfec- tionné, & combien les progrès de l'Altronomie & de la Phyfique, ont contribué a fa perfedion ; mais on voit éya- lement combien il a beloin encore que les Sciences faflent de nouveaux progiès. En général, dans les Arts, Les progrès de la pratique ont fuivi ceux de la théorie, & fouvent mêrre ils ne les ont fuivis que de fort loin. Cette obfervation, qu'il feroit aifé de prouver en fuivant l'hiftoire des différens Arts, pourra paroïtie un paradoxe, On aime à élever la pratique au-deflus de la théorie, parce que lon eft plus humilié de reconnoître dans les autres une fupériorité d’efprit, qu'une fupériorité d’adreffe ou de patience: d'ailleurs, le temps n’eft pas éloigné où l'on confondoit les Obfervateurs & les Prati- ciens, & où on n'entendoit en Phyfique, par le nom de Théorie, que des hypothèfes romanefques ou des fyftèmes bâtis fur des définitions de noms. Dans prefque toutes les parties des Sciences, la Théorie eft fans doute peu avancée; mais la pratique des Arts left encore moins. Ceux qui ne connoiflent les Arts que par leurs produ&ions, ou qui en les étudiant fuperficiellement, n’ont vu que cette foule de moyens fimples & ingénieux qu'offrent les details de prefque tous les Arts, admirent le degré de per- fe&ion où ils font parvenus : mais pour peu qu'on veuille les approfondir, on voit bientôt combien la pratique en eft encore incertaine, défeétueufe & peu éclairée : fi l’on cherche à remédier à ces défauts, on voit, dès le premier pas, combien on a befoin de la Théorie, & lon fent que rejeter k Théorie conime inutile pour ne s'appliquer qu'à des chofes ufuelles , comme on f'a répété tant de fois, c'éft précilément propoler de retrancher les racines d’un arbre, fous prétexte qu'elles ne portent point de fruit. OT 70 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE F l SUUUR ASE ONGITUPE" ET LA L' ATITUDE DE PONDICHÉR HT. V. les Mém. Pre parvenir à déterminer la longitude de Pondichéry, Pe 493: M. le Gentil avoit raffemblé un très-grand nombre d’obfer- vations d’éclipfes de Satellites; mais, à fon retour en Europe, il n’a trouvé qu'une feule obfervation d’écliple correfpondante aux fiennes, du moins parmi celles qui ont été faites dans des lieux dont la longitude eft connue ; cependant comme la différence entre l'intervalle des écliples obfervées eft peu confidéräb'e, & qu'alors on peut, fans beaucoup d'erreur, fe fervir des Tables, M. le Gentil a eu recours à ce moyen; & la longitude moyenne qu'il déduit de toutes ces obferva- ‘tions lui donne la différence des Méridiens entre Paris & Pondichéry, de 5 10’ 6"; une feule obfervation s'éloigne de 43 fecondes en plus, de ce réfultat moyen, & une feule, de 23 fecondes en moins ; enfin la comparaifon faite avec l'oblervation immédiate ne diffère de ce réluliat moyen que de 12 fecondes & demie. Quant à la Latitude ,, M. le Gentil la fixe à 114 41° 55" boréale; il a eu foin, dans cette détermination, de tenir compte dé l'erreur de fon quart-de-cercle qu'il a vérifié avec foin fur des objets terreftres, & de la réfraétion qu'il a déter- minée par une fuite d'obfervations qui feront le fujet d’un D'HSIIS CI EN CIE :s. 71 autre Mémoire. La Table des réfractions de M. Bouguer , telle qu’elle eft imprimée dans les Inftitutions aftronomiques, luia paru s’accorder davantage avec l'obfervation, que celle de M. de la Caïlle : fans doute, obferve M. le Gentil, cette dernière eft exacte pour Paris; mais elle donne les réfractions trop fortes pour Pondichéry, pays fitué fous la Zone torride, & où, par conféquent, la force réfringente de l'atmofphère eft fenfiblement plus petite. | SUR LA CARTE DE MÉSOPOTA MIE. : 100 drefler la Carte d'un pays où les pofitions des différens lieux n’ont pas été fixées par des opérations géomé- triques , mais où l'on connoit feulement certains points principaux déterminés par des Obfervations aftronomiques, il faut chercher à y rapporter les autres points en combinant les mefures itinéraires données par les différens Voyageurs, & alors une erreur en latitude dans la pofition d’un feul lieu, fuffit pour donner, à une Carte entière, une difpofition toute différente de celle qu'elle devroit avoir. Le Mémoire de M. d'Anville en fournit un exemple frappant : il a trouvé que la Latitude de la ville de Tancienne Charrès étoit plus méridionale d’un degré fur les Cartes, que ne la donnoient les Obfervations d’al-Battani, Aftronome arabe, que nous avons déguifé fous le nom d'Albategnius. 11 a conftruit une Carte nouvelle, en rendant à Charrès fa vraie pofition, & il fufht de jeter les yeux fur les deux Cartes pour voir combien la pofition, la grandeur , la forme de la Méfopotamie & des Provinces voifines avoient été altérées par cette erreur fur la pofition d'une feule ville, 4 V. les Mém. p. 68. 72 HisroiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE SE EE CINTREMENT Er 1e DÉCINTREMENT D:E.S P:0 MTS: V. les Mém. Ur Voüte ne peut être en équilibre tant que fa clé n’eft p233: pas pofée: il faut donc, jufqu'à ce.moment, la foutenir par un aflemblage de charpente terminé par une courbe égale à celle de la voûte. L’effort que le poids des différens voufloirs exerce fur ce cintre , tend à en faire remonter la partie fupérieure. Il eft donc nécefaire , pour lui conferver fa courbure, de placer au haut du cintre un poids qui fafle équilibre avec l'efort de la voûte: on fent que ce poids doit varier felon la grandeur de la voûte, fa courbure, la pefanteur des voufloirs; il doit varier auffi felon que la conftruction de la voûte eft plus ou moins avancée. Lorfqu'une voûte n’eft pas abfolument en équilibre, & il eft impofñble dans la pratique d'atteindre à ce point: fa partie la plus élevée tend à defcendre, & par conféquent à féparer les voufloirs par leur extiémité fupérieure : les parties les plus baffes de la voûte, tendent au contraire à fe relever & par conféquent à féparer les voufloirs par leur extrémité inférieure: la voûte la mieux conftruite éprouvera donc un mouvement lors du décintrement, & il eft important d'exécuter cette opération, de manière que le mouvement de la voûte ne lui faffe rien perdre de fa folidité, M. Perronet D EIHNS" CT E N'°C'E S. 73 M. Perronet propole de commencer le décintrement par le bas & de le faire à plufieurs reprifes, en laiflant chaque fois à {a partie fupérieure de Ivoûte, le temps d'exercer fon action fur le cintre ; par ce moyen la clé defcend:a très- lentement ; fon mouvement s’exécutera à plufieurs reprifes, & l'on n'aura point à craindre que l'accélération de ce mou- vement ne vienne à produire une force capable de nuire à là folidité de la voûte. Mais ce mouvement ne peut fe faire fans altérer la courbure de la voûte, on voit donc qu'il fe préfente ici plufieurs problèmes intéreffans , qui n'ont pas encore été réfolus, du moins comme il feroit à defirer qu'ils le fuffent pour la per- fection de l'Art & pour celle de la Théorie. 1.” Déterminer les poids qu'il faut placer fur le cintre, pour que l'aétion de la voûte, pendant fa conftruétion, n'altère pas la figure du cintre. 2.° Trouver le point qui fépare la partie de la voûte où les voufloirs tendent à fe féparer par la partie fupérieure de celle où ils tendent à fe féparer par la partie inférieure. 3. Trouver quelle courbure il faut donner à une voûte, lorfqu'on la conftruit, pour qu'elle prenne , après le décin- trement, la courbure demandée. M. Perronet n’a point tenté de réfoudre ces Problèmes par la Théorie, mais les obfervations qu'il a eu occafion de faire fur des voûtes de cent pieds & même de cent vingt pieds, l'ont mis à portée de donner des règles de pratique qui peuvent devenir très-utiles , lorfqu'il s'agira de conftruire des voûtes folides & d’une grande étendue. Ces obfervations pourront d’ailleurs fervir à confirmer la T'héorie : où même fi, _ comme il n'arrive que trop fouvent dans les queftions de Mécanique, l'impoflibilité de réfoudre les Problèmes d’une manière rigoureufe, par les méthodes connues , obligeoit à recourir à des principes hypothétiques ; ces mêmes obfervations pourroient être utiles, foit pour s’affurer fi les hypothèfes font d'accord avec la Nature, foit pour les rectifier. HA. 1773. K V.les Mém. P: +45: 74 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR L'A DLL. A HD RE Do ES y 1 EVE M. DE VAUCANSON ne s'occupe dans ce Mémoire que du tirage des Soies: il s’agit, dans cette opération, de féparer du cocon un fil d’une ténuité extrême, replié fur lui- même une infinité de fois, & dont les difiérens points où il fe croile font collés enfemble par une matière vifqueule. I! faut que les cocons trempent continuellement dans une eau d’un degré de chaleur approchante de celui de l’eau bouil- lante, parce qu'à une chaleur plus foible, les fils fe détachent moins facilement, font par conféquent plus expolés à fe cafler, ou que, fi on les laifle féjourner dans l’eau trop long temps, la qualité de la foie diminue. Il faut que cette eau ait une chaleur conftante pour que toute la foie reçoive le même degré de préparation : il faut que l’on puiffe renouveler l’eau à volonté x parce que les matières dont elle fe chargeroit au bout d'un long temps, pourroient altérer la foie. Il faut ménager le jour de manière que les Tireufes puiffent bien voir les fils, fans que cependant une lumière trop vive fatigue leurs yeux. La conftruction des hangars à tirer la foie , n’a aucun de ces avantages; ils ont de plus l'inconvénient d’être expofés à la fumée ; le vent qui circule dans ces hangars entièrement ouverts d’un côté, cafle fouvent les fils ; l'humidité de l'air mouille ces fils lorfqu'ils font placés fur le gindre, les colle & les expofe à être caffés en les devidant. M. de Vaucanfon propofe une conttruétion de hangars & de fourneaux qui remédie à tous ces inconvéniens : à côté des hangars il place un féchoir, précaution néceflaire, parce que la foie fe crifpe fi on la devide avant qu’elle foit sèche, & que fr on Fabandonne fur les gindres dans les hangars, jufqu'à ce qu'elle foit sèche, elle et expolée à s'y altérer. Les hangars de M. de Vaucanfon ont donc l'avantage de procurer une meilleure foie, d’être plus économiques & plus DES SCIENCES. 75 fains; ce dernier objet a été trop négligé jufqu’ici dans fa plupart des grands travaux. Le peuple eft content pourvu u'il vive ; dès qu'il peut mettre fa famille à l'abri des premiers befoins , il compte pour peu de pafler fes jours dans la fouflrance ou de les abréger. Les Entrepreneurs de manufactures font plus occupés du foin d'augmenter l'intérêt de leurs avances que de la fanté de leurs Ouvriers : ils ignorent que les dangers de ces Ouvriers entrent néceflairement dans le prix de la main-d'œuvre, & qu'en rendant les travaux plus fains, ils les rendroient moins chers. C'eft aux Phyficiens , amis de l'Humanité, à éclairer les Manufaéturiers fur leurs vrais intérêts, à leur montrer le mal, à {eur en indiquer les remèdes : on fait à quelles maladies cruelles étoient expofées les Tireufes des métiers de Lyon, avant qu'un citoyen eftimable par fes vertus & par fes talens pour la Mécanique, M. de la Salle, eût trouvé les moyens de les en préferver. Ki 76 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALr OUVRAGES | PRÉSENTÉS.-À "LA CADÉMIE. L'Acanémis avoit propolé pour le fujet du Prix de l'année 1773, de déterminer la meilleure manière de mefurer le Temps à la Mer. Ce Prix étoit double & avoit été remis, afin de donner aux Concurrens le temps néceflaire pour faire éprouver à la mer , dans des Voyages d’aflez long cours, les Montres, Pendules ou Inftrumens qu'ils pouvoient foumettre au juge- ment de l’Académie. D'après cette épreuve faite avec foin fur la frégate la Flore, dans un voyage d'une année , l’Académie a adjugé ce Prix à M. le Roy, Horloger du Roï, de l’Académie d'Angers; ïl avoit déjà remporté le Prix fur le même fujet , en 1760. De trois Montres qu’il a préfentées au nouveau Concours, les deux qu'il a données comme les plus exactes, non- feulement ont paru avoir une marche beaucoup plus régulière que les autres Montres ou Pendules qui ont concouru, maïs de plus, elles ont donné la Longitude à moins d’un quart de degré en fix femaines; & dans les cas même où leur mouvement a été dérangé par un accident particulier & imprévu , elles ont donné la Longitude à moins d’un degré près en deux mois: cette précifion a paru très-fuffifante pour donner le Prix à l'Auteur. Parmi les autres Montres foumifes au Concours, il en eft une de M. Arfandeaux, Horloger, dont la fufpenfion a paru ingénieufe & très-propre à arrêter l'effet des grands mouve- mens du Navire, DES SCIENCES. #7 + L'Académie n'a pas cru devoir laïfler ignorer au Public, qu'une autre Montre, défignée par 2.” 8, & éprouvée auffi par ordre du Roi, fur la frégate /a Flore, a paru mériter beaucoup d’éloges, par la régularité de fa marche: mais l Auteur ayant expreffément déclaré qu'il ne jugeoït pas À propos de concourir, & n'ayant point d’ailleurs fait connoître la conf truction de fa montre, l'Académie a cru devoir s’abftenir d’en orter aucun jugement relativement au Prix. Elle a propolé pour le fujet du Prix de 1775, la queftion fuivante : Quelle eff la meilleure manière de fabriquer les Aiguilles aimantées , de les fufpendre, de s'affurer qu'elles Jont dans le vrai Méridien magnétique , enfin d'expliquer leurs variations diurnes régulières ? L'Académie avoit propolé au mois de Juillet 1766, unPrix extraordinaire de douze cents livres, donné par le Roi, & dont l'objet étoit de perfettionner l'efpèce de criftal néceffaire à la conftruction des lunettes achromatiques : n'ayant point été contente de ce qui lui fut alors envoyé pour cet objet, elle prolongea fe temps du Prix qu'elle avoit remis jufqu’à cette année 1773: Quoique ces délais aient produit des Ouvrages intéreffans, cependant elle n’a reçu aucune pièce qui ait parfaitement rempli fes vues, & elle a cru devoir remettre encore, pour la dernière fois, ce Prix, à Pâques 1774. | PRES françoife des Œuvres de M. Franklin, faite par M. Barbeu du Bourg , eft la colletion la plus complette qui ait paru jufqu'ici de fes Recherches fur la Phyfique. Plus de la moitié de cet ouvrage a l'Éledricité pour objet : on fait avec combien de fuccès M. Franklin a cultivé cette partie de la Phyfique ; nous ne rendrons point compte ici de fes décou- vertes fur les deux efpèces d'éedricité, de fon analyfe de la bouteille de Leyde, de fes obfervations fur Féledricité des nuages, ni d'aucun des objets qui ont été traités dans fes 78 HisTotRe DE L'ACADÉMIE ROYALE ‘premières Lettres, puifque ces Lettres ont été traduites en françois par M. d’Alibart, dès 1756. On trouve ici des obfervations nouvelles fur l'électricité de la Tormaline, M. Franklin prouve par des expériences, u'un des côtés de cette pierre eft éleétrifé pofitivement, tandis que l'autre l'eft négativement; un léger degré de chaleur fuffit pour l'éle&rifer. M. Franklin propole , dans une autre Lettre, une fuite d’expériences propres à vérifier fr la com- motion de la Torpille & de l'Anguille de Surinam, eft une commotion éleétrique : ces expériences ont été faites d'abord fur l'Anguille de Surinam, & depuis fur la Torpille à la Rochelle, par M. Valsh, & il eft maintenant bien prouvé que les phénomènes que préfentent ces poiffons, font des phénomènes éleétriques ; lAnguille de Surinam a donné même à M. Valsh des étincelles vifibles. Voilà donc deux efpèces de corps, lun tiré du règne animal, l'autre du règne minéral qui ont une éleétricité natu- relle; la Tormaline conferve fon électricité, & peut même la reprendre tant qu'elle a un certain degré de chaleur ; la Torpille & l’Anguille de Surinam ne l'ont que lorfqu'elles font vivantes, elles la perdent en grande partie lorfqu'elles languiffent , ïl paroît qu’elles peuvent s’en épuiler, la reprendre enfuite par le repos, que même cette propriété dépend jufqu'’a un certain point de leur volonté, foit qu'elles puiflent acquérir de l’éleétri- cité à leur gré, foit qu'elles puiffent en fufpendre l'effet. On ignore également la manière dont la Tormaline, & celle dont les Torpilles acquièrent l'électricité; cette manière n’a rien de commun avec les procédés de l'électricité artifr- cielle ; & l’obfervation dc ces faits nous conduira peut-être un jour à mieux connoître ce que c'eft que l'électricité, & comment les corps peuvent acquérir cette propriété. M. Franklin a fait des recherches fur la facilité plus ou moins grande qu'ont à fe charger d'électricité, ou différentes efpèces de verre, ou le même verre dans différens états. Le verre perd, en s'échauffant , une partie de la propriété qu'il a de fe charger d'électricité; du verre mince fortement DES SCIENCES. 79 échauffé devient même conducteur. Cette obfervaition n’eft pas ifolée ; l’eau qui eft un conduéteur d'éledricité , cefle de l'être à un degré de froid à la vérité beaucoup plus fort que celui de la glace, & ce changement ne tient Point au changement de forme , à fon paffage de l'éjat de fluide à celui de folide, Ce phénomène eft-il général, ou du moins commun à un très-grand nombre de corps? L'analogie porte à le croire ; mais l'analogie, fi utile pour indiquer au Phyficien les quef- tions qu'il doit examiner, lui faire, pour ainfi dire, preflentir les vérités, lui préfenter un fyflème d'expériences propres à les prouver, le conduire dans l'analyfe des faits nouveaux ; Janalogie n'eft plus qu'un guide infidèle, lorfqu'on veut employer comme une preuve, ce qui n’eft réellement qu'un moyen de trouver des preuves. Dès qu'une fubflance, en pañlant par différens degrés de chaleur pañle de l'état de matière, capable de fe charger d'électricité à celui de conducteur, il eft naturel de penfer qu'il y a un degré où elle n'a abfolument ni lune ni l'autre de ces propriétés, & fi ce degré a quelque latitude, fi on trouvoit une fubflance qu'on pût conferver facilement à ce degré, peut-être en pourroit-on tirer un parti utile dans quelques recherches fur l’éledricité ; elle feroit dans les expériences d’éleétricité ce que font, dans les expériences chimiques , les fubftances apyres. Le Recueil contient des morceaux très-précieux fur la manière de préferver les édifices de la foudre. Une maifon fur laquelle on avoit placé un conduéteur, a été expofée à un orage violent, on a obfervé que k pointe de la barre de fer avoit été fondue, & cependant que la maifon avoit été préfervée : cette barre n’étoit point continue, mais formée de plufieurs pièces unies par des crochets, l'extrémité de ces crochets avoit été auffi fondue, ce qui prouve combien {a continuité du condudteur eft un objet important : enfin, on vit une grande lumière à fa Partie inférieure du conducteur, les parties voifines de Ja maifon furent ébranlées, ce qui montre qu'il faut faire defcendre le conducteur, ou jufqu'à l'eau, ou 80 HisTOIRE DE L’'ACADÉMIE ROYALE du moins jufqu'au point où la terre conferve fon humidité: dans tous les temps. M. Franklin a fait devant la Société Royale, des expériences pour établir la néceffité de terminer les conducteurs en pointes, & de les élever de manière queles corps mouffes, placés à côté, ne nuifent pas à l'effet de ces pointes. Ces expériences forment une démonftration , autant que ce mot peut s'appliquer à des vérités phyfiques; elles avoient été faites à l'occafion du projet de préferver de la foudre les magafins à poudre de Purfleet, on a fuivi, dans l'exécution, les idées de M. Franklin; mais malheureufement, on a négligé cette continuité du conducteur fr néceffaire, & le bâtiment fur lequel l'appareil a été placé vient d’être frappé du tonnerre, précifément au point où le conduéteur étoit interrompu ; en forte que cet accident a fervi à donner une preuve de plus de la bonté de [a méthode propofée par M. Franklin. Le refte du Recueil de M. Franklin embraffe différentes. matières de Phyfique, fur lefquelles entraîné par des occu- pations qui lui ont mérité un autre genre de gloire, il n’a pu jeter qu'un coup-d’œil rapide. On y trouve quelques Effais de quarrés à" de cercles magiques, efpèce de jeu, à la vérité, mais qui (füt-il à jamais abfo- lument inutile, ce qui n’eft rien moins que prouvé) a du moins fur les autres jeux l'avantage d’amufer les hommes, en exerçant leur efprit & fans les ruiner ni les corrompre. La defcription d'une Cheminée d'une conftrufion nouvelle , qui, avec une moindre confommation de bois, produit plus de chaleur ; les recherches de M. Franklin fur cet objet l'ont conduit à l'obfervation curieufe du double courant d’air que produit une cheminée pendant l'été, & dont la direction eft pendant le jour du haut de la cheminée en bas, & pendant la nuit, du bas en haut , à plufieurs remarques fur les effets de Pair fur le corps humain, à des vues nouvelles fur la tranfpiration infenfible, à l’idée d’un baïn d’air à la fois fortifant & falubre, dont il a fait fur lui-même une heureufe expérience. a DIF SMASNCD TE NCÉE IS) St I! a obfervé que les corps noirs s’échauffent plus que les corps blancs, lorfque les uns &: les autres font également expofés au Soleil : queles corps diverfement colorés s’échauf- fent moins que les corps noirs, & plus que les blancs. Ce phénomène paroît dépendre de la quantité plus ou moins grande des rayons qu'ils réfléchiffent, en forte que plus un corps réfléchit de rayons, moins il s'échaufle. M. Franklin trouve qu'il y a des corps qui tranfmettent la chaleur avec plus ou moins de facilité, comme il y a des conduéteurs d'électricité plus ou moins parfaits: il confidère fous ce point de vue différentes efpèces de fubftances , & il attribue la chaleur des vêétemens de laine & des fourrures à ce que ces fubftances n'étant point conduétrices de chaleur, elles empêchent celle du corps de fe difliper. Il fait d’heu- reufes applications à! l'économie animale de ce fait obfervé depuis long-temps, que les liqueurs, en s’évaporant , refroi- diflent les corps qu'elles mouilloient. L'invention d'un nouvel Inffrument de Mufique : c'eft Y Har- monica, inftrument exécuté depuis en Europe, qui, par fa lenteur prefque néceffaire , & fur-tout par la nature des fons qu’il produit, paroît très-fufceptible de toute expreffion mélancolique ou plaintive. M. Franklin joint à fa defcription différentes réflexions fur la mufique dont il parle moins en Artifte qu'en Philofophe, Des Expériences fur la réfiflance des fluides dans les canaux peu profonds. C’eft une croyance ancienne & générale parmi les Bateliers hollandois, qu'alors cette réfiftance eft confidé- rablement augmentée. M. Franklin qui regardoit avec raifon ce fait comme très-important à cenflater, l'a vérifié par des expériences telles, à la vérité, que les circonftances où il fe trouvoit, lui ont permis de les faire, & par conféquent trop en petit & avec trop peu de précifion pour qu’on puifle en tirer autre chofe que la preuve du fait en lui-même. H paroiît qu’un raifonnement affez fimple pouvoit conduire à cette conclufion. On fait que plus la viteffe augmente, plus la réfiflance augmente auff ;:on fait également que, lorfqu’un if 1773. 82 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE canal fe rétrécit, la vitefle de l'eau y augmente; on fait enfin, que lorqu'un corps fe meut dans un fluide avec une certaine viteffe, on peut fuppofer que ce corps eft immobile, & que le fluide fe meut en fens contraire avec la même vitefle. Si donc un corps qui parcourt un canal eft affez grand relati- vement aux dimenfions du canal pour le rétrécir fenfiblement, ou, ce qui revient au même, fi un canal où le fluide fe meut avec une vitefle conftante eft rétréci dans une partie de fon cours par un corps placé dans ce canal, il eft clair que la vitefle, à ce point, fera plus grande que dans le refte du canal, & que par conféquent le corps placé dans ce canal, & qui le rétrécit, éprouvera une réfiftance plus grande, D'ailleurs, cette augmentation de vitefle doit avoir une caufe, & cette caufe ne peut être que la preflton du fluide élevé au-deflus de fon niveau dans l'endroit du canal où le corps fe trouve placé; ce corps aura donc à vaincre & le choe de cette partie du fluide, & l'effet de la preflion qu'elle fait éprouver à la partie antérieure. Si le corps placé dans un canal eft très-petit par rapport aux dimenfions de ce canal, on voit alors que l'augmentation de vitefle, & l'élévation de l'eau deviennent très- petites , & par conféquent infenfibles. x La théorie fufhloit pour s’aflurer de l’augmentation de réfif- tance, mais pour évaluer la quantité de cette réfiftance, pour favoir dans quels cas cette quantité étoit affez confidérable pour qu'il fallüt y avoir égard dans la pratique, pour favoix même fi cette augmentation pouvoit devenir fenfible pour les vitefles toujours très- petites que l'on peut faire prendre aux bateaux ; il falloit abfolument recourir aux expériences; celles de M. Franklin ne pouvoient décider que 1 dernière de ces queftions, les deux premières l'ont été depuis par les expériences de quelques autres Membres de cette Académie. Une expérience fur certaines ofcillations des fluides. On a obfervé il ÿ a long-temps que fi on fait ofciller un vale qui renferme un fluide, on peut, pourvu que lon commence par des ofcillations très-petites, en produire enfuite d’aflez grandes, fans agiter D'E $1// 8e x EN C'E 5 83 la furface fupérieure de ce fluide qui paroîtra même parfaite- ment immobile; mais fi lon met dans ce vale deux fluides qui ne fe mêlent point, comme de l'huile & de l’eau, la furface fupérieure de l'huile fera abfolument immobile, & celle de Veau paroîtra au contraire très-agitée, phénomène fingulier obfervé par M. Franklin , & dont l'explication fe déduit des principes de l'Hydroftatique. Une Obfervation fur la durée de la mort apparente dans les mouches. Des mouches noyées en Amérique dans du vin de Madère, ont reflufcité à Londres. Plufieurs autres efpèces d'infectes ont cette propriété: c’eftun champ prefque entiè- rement nouveau d'expériences curieufes, & qui pourroient devenir utiles; car c’eft peut-être par l’obfervation de ces êtres qui paroiflent éloignés de nous , que nous pourrons apprendre un jour ce qu'il y a dans notre nature de plus caché & de plus incompréhenfible. Cette lifte très-incomplète fuffit pour donner une idée de l'ouvrage de M. Franklin. On y voit briller par-tout le génie de l'invention, & cependant, dans une de fes lettres, M. Franklin femble ne regarder ce don de l'invention que comme un avantage funefte qui expofe à la perfécution & à l'envie, qui tourmente fouvent l'efprit & ne Îe fatisfait que rarement, qui en un mot, Ôte le repos fans donner le bonheur. M. Franklin n’eft pas le feul homme de génie qui ait formé ces plaintes. Doit-on pour cela envier le fort de Ja médiocrité? elle fe plaint moins haut, à la vérité; elle parle de fes malheurs avec moins de franchife ; mais les maux qu’on n'ofe avouer ne font pas les moins cruels. M. MoraAND a donnéle fecond volume de fes Opufcules de Chirurgie ; c'eft un Recueil intéreffant des obfervations qu'il «eu occafion de faire dans de cours d’une longue pratique. ». Ces obfervations font d'autant plus précieufes, que l'Auteur, perfuadé qu'en ce genre, le plus léger retour d'amour-propre ne fauroit être innocent, parle avec franchife des malheurs L i) 84 HISTOIRE DE*L'ACADÉMIE ROYALE arrivés dans fa pratique, comme il parle avec modeftie de fes fuccès. Nous en citerons un exemple remarquable. M. Morand, très-jeune encore, avoit été appelé en confultation avec les hommes de ce temps les plus célèbres ; il eut le malheur de fe tromper & d’entraîner fes confrères dans fon erreur, par léloquence avec laquelle il expofa fes raifons. On lui en fit alors un reproche dans un livre abfolument oublié depuis. C’eft plus de trente ans après, que M. Morand s’accufe de cette faute, dont fes ennemis même, s'il lui en refloit encore, ne fe fouvenoient plus ; & il ne lui en coûte rien de l'avouer , dès qu’il peut en tirer une leçon utile. Comme il n'y a perfonne qui ne fe trompe, & même qui ne fe trompe fouvent ; c'eft à celui qui avoue fans peine fes erreurs, que les hommes doivent leur confiance. M. Morand avoit aflifté par ordre du Gouvernement, à ces profanations indécentes & ridicules, connues fous le nom de convulfions , il donne dans fes Opufcules un détail cir- conftancié de tout ce qu'il a vu. Si jamais ces turpitudes vont à la poftérité, il eft utile qu'elle puiffe les juger d'après le témoignage d'un Phyficien éclairé, témoin oculaire. M. BAUMÉ a publié cette année fes Élémens de Chimie, il n’y traite que du règne minéral; c'eft par ce règne qu'il commence le cours complet de Chimie expérimentale & raifonnée, qu'il fe propofe de donner. De favans Chimiites ont cru devoir commencer par le règne végétal; sil nous éioit permis d’avoir une opinion fur cet objet, nousembraffe- rions celle de M. Baumé : nous convenons que parmi les fubftances regardées comme du règne minéral, il y en a un grand nombre qui tirent leur origine des autres règnes; que même la plupart des agens employés dans les expériences chimiques, peuvent être regardés comme des produits du règne végétal : que la Nature ne nous offrant à part aucun de ces agens, il paroît naturel d’enfeigner à les trouver avant DE SILSÉCAMIENIC ES 85 d'en examiner les propriétés ; mais l'ordre naturel & l’ordre fcientifique ne doivent pas être confondus dans l'étude des Sciences Phyfiques. S'il exiftoit une Science complete , peut-être n’y auroit-il rien de mieux que de fe conformer en l'enfeignant à l'ordre naturel, maïs dans l’état d’imperfeétion où font encore toutes les Sciences, & tant qu’elles ne feront qu'une colleétion plus ou moins étendue de faits ifolés , il femble qu'il n'y a d'autre bonne méthode que d'expoler ces faits, en commençant par les moins compliqués : de com- mencer, par exemple, la Chimie par l'examen des corps les plus fimples, ou ce qui revient au même pournous, de ceux qu'il eft le plus difcile de décompofer, de fuivre les com- binaïfons les moins compliquées que forment ces corps , d'étudier les phénomèbes qui en réfultent, d’expoler les loix de ces phénomènes ; enfin, de faire connoître avant de chercher à analyfer des corps compolés, les fubftances plus fimples qui réfultent de cette analyfe, ou qui doivent être employées à la faire. On peut s'inftruire des propriétés, d’une fubftance , fans connoitre fon origine , & la curiofité qui por- teroit à chercher cette origine, feroit alors un aiguillon pour pénétrer plus avant dans la fcience ; mais elle n’empécheroit point d'entendre les faits qu'on expofe. En fuivant une méthode contraire, on commence Îa fcience par des faïis qu'on ne peut analyfer, par des procédés dont on ne peut faifir les raifons ; on décompofe des corps formés de principes qui font eux-mêmes des fubftances très- compolées , dont on ne pourra de long-temps connoître les propriétés, dont plufieurs ont même jufqu'ici échappé à une analy{e exacte. On eft donc obligé d'étudier long temps fans rien favoir, de fe contenter long temps d'idées vagues ou incertaines. Commencer la Chimie par lanalyfe de corps très-compli- qués , parce que la Nature nous les préfente iminédiatement ; c'eil à-peu-près comme fi on commençoit l'étude de la Méca- nique par la théorie du mouvement des corps d’une mafle finie, fous prétexte qu'il n’exifte point dans la Nature de corps réunis en un feul point, 86 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE M. Baumé a raflemblé dans fon Ouvrage les faits chimiques, connus jufqu’ici fur le règne minéral; il y a ajouté les faits que fes expériences lui ont fait découvrir; il a cherché l'explication de ces faits : quelques-unes de ces explications ont pu paroître fyftématiques, mais elles ont du moins cette généralité, cette fimplicité qu'on voudroit que la vérité eut toujours. D'ailleurs les Chimiftes peuvent ne regarder ces explications, que, comme lexpofition d’un fyftème d'ex- périences propres à conflater une vérité nouvelle, ou à détruire un préjugé, & fous ce point de vue ces explications leur feront encore utiles. Î M. BAUMÉ a encore publié, cette année, la troifième édition de fa Pharmacie , les deux autres avoient paru avant que l'Auteur fût Membre de l’Académie ; cet Ouvrage eft le premier, du moins en France, où les préceptes de l’art de la Pharmacie fe trouvent appuyés fur les principes de fa faine Chimie. M. Baumé y montre combien la trop grande compofition des médicamens nuit à leur efficacité, comment alors certaines fubftances perdent, par leur combinaifon avec d’autres, la vertu qu’elles auroïent eue étant ifolées. Il analyfe les procédés employés dans les différentes opérations de Pharmacie , explique pourquoi les uns font néceflaires au fuccès de l'opération, tandis que les autres ne font que des précautions inutiles introduites par Vignorance , la charla- tanerie ou par une forte de fuperftition. IL fait voir d'inutiité de ces fubftances fr vantées dans les anciennes Pharmacopées, & qui devoient toute leur répu- tation à leur rareté, à l'éloignement du Pays dont elles vien- nent, à la bizarrerie de leur préparation, quelquefois même au dégoût qu’elles infpirent. Cet Ouvrage renferme des Obfervations très-curieufes fur la fophiftication des drogues fimples. On a fait un reproche à M. Baumé, d’avoir révélé ces prétendus fecrets, quoiqu'il enfeigne prefque toujours les moyens de reconnoître les drogues fophiftiquées : on a craint DE 5 1S-CUILE N GE <. 87 w’il n'inftruisit les Charlatans : cette crainte feroit peu fondée, uand bien même en ce genre, comme dans beaucoup d’autres, les Charlatans auroient pouffé l'art de tromper plus loin que les yeux éclairés n'ont pouffé celui de les démafquer : cet art de tromper ne s’enfeigne point dans les Livres , il fe tranfmet par des inftruétions fecrettes, & il cefle prefque de pouvoir nuire lorfqu’il eft connu. Il faut chercher à éclairer les dupes, & ne pas s’imaginer qu'on puifle rien apprendre aux Charlatans. M. D'À LEMBERT a publié, cette année, le tome fixième de fes Opufcules : cet Ouvrage eft en grande partie , la fuite des travaux qu'il avoit déjà donnés dans les volumes précé- dens ; ainfi nous nous bornerons à indiquer les objets les plus intéreffans qui y font traités. On fait combien la théorie des mouvemens céleftes doit aux recherches de M. d'Alembert ; on trouvera encore ici des réflexions fur les équations incertaines de la Lune, fur Téquation féculaire de cette Planète, fur les perturbations des Comètes. On eft forcé de négliger différens termes de l'équation différentielle de Torbite lunaire, pour la mettre fous une forme intégrable. M. d'Alembert montre que, fi on a égard à ges termes, ils peuvent introduire dans la valear du rayon vecteur des équations du même ordre que celles qu'on avoit eues en négligeant ces termes : ces petites équations du mouvement de la Lune doivent donc demeurer incer- taines, tant qu'on ne les aura point corrigées, & qu'on n’y aura point fait entrer l'effet qui réfulte de ces termes négligés ; c'eft ce qui manquoit à plufieurs des théories de la Lune, qui {ur ce point étoient reftées imparfaites. M. d’Alembert donne les moyens de remédier à ce défaut. Il avoit remarqué, il y a long temps, que les Planètes pouvoient avoir une équation féculaire apparente, fans que la théorie donnât d'arc de cercle dans lexpreflion du rayon vecteur, & qu’il fuffit que cette expreflion renferme le fus 88 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d’un très-petit angle. Comme lorfqu'on cherche à fe procurer des valeurs plus exactes par de nouvelles approximations, on introduit dans la valeur du rayon vecteur des finus & cofinus de nouveaux angles qui font les fommes & les différences de ceux qui entroient dans la première valeur ; on voit qu'il peut y avoir beaucoup de combinaifons différentes qui pro- duifent ces équations féculaires apparentes. M. d'Alembert examine ces combinaifons ; il cherche celles qui conduifent à des finus d’angles très-petits, & il voit enfuite, fi alors leurs coëfficiens feront aflez grands pour produire une équa- tion féculaire auffi fenfible que celle que donnent les obfer- vations de la Lune; & il conclut que fans doute la théorie de la gravitation peut rendre raifon de l'équation féculaire de la Lune, mais qu'il eft très-diffhcile d'affigner les termes qui peuvent la produire. La théorie des Comètes a des difficultés d’un autre genre que celle des Planètes ou des Satellites. En effet, il peut arriver, ou que la force principale, celle du Soleil, foit incomparablement plus grande que celle des Planètes pertur- batrices, ou que ces deux forces foient comparables, ou qu'enfin la force perturbatrice foit dans une petite partie de lorbite incomparablement plus grande que Îa force principale. Dans le premier & dans le dernier cas, la méthode générale pour réfoudre le Problème des trois corps eft :fufffante ;, il faut feulement calculer à part & la partie de l'orbite où la force perturbatrice eft très-petite, & celle où la force du Soleil devient à fon tour très-petite; & alors il faut confi- dérer cette dernière force, comme une force perturbatrice, & la Comète comme un fatellite de la Planète. M. d’Alembert a fait, dans ce volume, des remarques qui dans ce dernier cas fervent à rendre la folution plus facile; & il donne le moyen d'y appliquer la méthode qu'il avoit propofée pour faciliter le calcul des perturbations dans la partie fupérieure de l'orbite. Mais fi les deux forces deviennent comparables , le Pro- blème change de nature : heureufement cela ne peut guère arriver D''ETS US %E T'EN C E & 89 arriver que par une partie très-petite de l’orbité; & fi lon peut regarder cette partie comme rectiligne, on trouvera encore, dans ce volume, les moyens de calculer les pertur- bations pour cette partie. M. d’Alembert traite une autre queftion, qui n’eft jufqu’ici que de pure curiofité; il s'agit de déterminer dans quel cas une Planète peut devenir Satellite d’une autre: dans quel cas, par exemple, une Comète pourroit venir augmenter le nombre des Aftres qui forment notre fyflème. Dans de nouvelles recherches fur la Figure de la Terre, l’Auteur cherche d’une manière plus générale qu’on ne l'avoit fait encore, les cas d'équilibre pour une maffe fluide homogène qui tourne autour d’un axe, foit que cette mafle fluide ne foit foumife à aucune autre force qu'à l'attraction mutuelle de fes parties, foit qu'elle le foit à l'attraction de plufieurs corps placés autour d'elle d’une manière quelconque : il diftingue deux cas d'équilibre; fun, tel que fi on fuppole qu'une force momentanée quelconque ait altéré la figure de la mafle fluide d’une petite quantité, les forces qui agiffent fur elle, tendent à rétablir l'équilibre ; le fecond , tel que fi l'équilibre eft une fois dérangé, les forces qui agifient fur la mafle fluide ne tendent plus à le rétablir. Si on regarde la Terre comme un corps folide , il fuffit que fa figure convienne à cet état d'équilibre non fixe, pour que les corps foïent en équilibre fur Ja furface de la Terre, & que Îa direction de la pefanteur foit perpendiculaire à cette furface : une obfervation très-curieufe, ceft qu'il y a des cas où l'équilibre fera ferme pourvu que le changement de figure fe fafle en aplatifiant davantage le fphéroïde , mais où Véquilibre ne le fera point, fi au contraire le changement tend à rendre le fphéroïde moins aplati. M. d’Alembert avoit examiné dans fes réflexions fur la caufe des vents, les conditions de l'équilibre pour une mafle fluide qui recouvre un noyau folide, & le Traducteur du Traité de M. l'Abbé Bofcovich , fur Ja figure de là Terre, avoit prétendu trouver une: erreur dans cette partie de if, 1773. M 90 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l'ouvrage de M. d'Alembert; on voit ici un examen appro- fondi de cette objection. L’Auteur prouve que le Traduéteur, s'eft trompé à la fois fur le fond de la queftion, fur les aflertions qu'il attribue à M. d'Alembert, fur les jugemens qu’il porte des différentes théories de la figure de la Terre. M. de Ja Grange, qui de fon côté avoit examiné la même queftion, eft parvenu au même réfultat que M. d'Alembert : cette difcuffion pourroit paroître fuperflue, car les objections de l'Auteur de la note n’auroient pu induire en erreur aucun Géomètre; mais heureufement elles ont donné à M. d’Alembert loccafion de faire des remarques utiles. Le Mémoire fur les atmofphères des corps céleftes, peut être regardé comme une dépendance des recherches fur la figure de la Terre; M. d’Alembert donne des formules pour trouver dans différens cas la forme & la plus grande hauteur de ces atmofphères : cette plus grande hauteur eft donnée par le point où la force centrifuge, ou en général les forces qui tendent à éloigner une particule de la Planète font égales à la force de la gravitation. L'équation qui donne cette hau- teur a plufieurs racines ; il y a eu autrefois une difcuffion , entre M. de Mairan & M. Euler, fur la forme de ces racines, M. d'Alembert reprend ici cette queflion , il en examine les diflérens points, fur quelques-uns il s'accorde avec M. Euler, & avec M. de Mairan fur quelques autres. I! démontre enfin, qu'il eft impoffñible , que l’atmofphère folaire puifle avoir la forme qu'il faudroit qu’elle eût pour produire la lumière zodiacale. Si la force de la pefanteur n’eft que le réfultat de l'attrac- tion réciproque de toutes les particules qui compofent le globe terreftre, cette force ne doit pas être la même au fommet ou au pied des grandes montagnes. Ce changement doit dépendre de là forme, du volume & de la denfité des matières qui compofent chaque montagne. On peut trouver une figure régulière qui repréfente fenfiblement celle de la montagne, & en calculer Fattraétion; mais on ne connoît ni la denfité moyenne du globe terreftre, ni le rapport de DES 2 S1C ELELN C Es. 91 denfité entre les couches qui le compofent; ces couches peuvent être très-inégales & très-irrégulières , la denfnié des grandes montagnes eft également inconnue : on ne peut donc calculer a priori, quel changement l'attraétion des montagnes peut caufer dans la pefanteur des corps placés, ou au fommet, ou au pied de ces montagnes; mais on peut calculer cette attraction en regardant les denfités comme des quantités indéterminées, & connoiflant, par des obfervations, les changemens de la pefanteur, en déduire le rapport de la denfité moyenne de la Terre & des Montagnes. M. d’Alembert donne les formules: où ce calcul la conduit. Ii en réfulte cette conféquence curieufe que la pefanteur au haut des montagnes eut être, ou plus petite, ou égale, ou même plus grande qu'au pied des montagnes, felon le rapport de leur denfité à la denfité du globe terreftre; ainfi quand même des expé- riences feroient trouver cette pefanteur plus grande au haut d'une montagne, if n’en faudroit pas conclure que la pefanteur augmente en s'éloignant de la Terre, mais feulement que la denfité de la montagne étoit plus grande que celle de la Terre; on peut donc trouver la pefanteur plus grande au fommet d'une montagne, & plus petite au fommet d'une autre fans que ces expériences fe contredifent ; elles prouveroient feule- ment que le rapport des denfités des montagnes avec celle du globe eft fort diflérent. Si de telles expériences étoient multipliées, faites avec foin & répétées au fommet, au pied & dans les plaines peu éloignées des hautes montagnes ifolées ou des grandes chaînes de montagnes; fi on les faifoit fur les différens fommets & des deux côtés de ces chaines ; fi y on ajoutoit des expériences femblables faites dans les mines les plus profondes, on en pourroit fans doute tirer des connoiffancesutiles pour la Théorie de la Terre. Mais ces expériences font très-délicates, difficiles à faire , elles exigeroient de la part des Phyficiens le facrifice de beaucoup de temps, & un long renoncement à toutes les douceurs, à toutesles commodités de la vie. Auffion neconnoît jufqu'ici que celles de M. Bouguer au Pérou, & de M.Maskeline M ij 92 H1sToitr£E DE L'ACADÉMIE ROYALE en Écofle; car les expériences qui ont donné lieu à ce Mémoire de M. d'Alembert n'étoient qu'un piége tendu aux Phyficiens, on vouloit voir comment les partifans de la gra- vitation univerfelle s'y prendroient pour expliquer des expé- riences qui y paroifloient contraires, on vouloit donner un triomphe de quelques momens à ceux qui s’obftinent à mé- connoître cette loi générale de la Nature, car il en refte encore quelques-uns: ce furent eux qui découvrirent la fraude; ils fe croyoient intéreflés à conftater la prétendue augmen- tation de pefanteur au haut des montagnes, ils demandèrent des éclairciffemens dans le pays où ces expériences avoient été faites ; & ils apprirent que ni les expériences ni les Auteurs dont elles portoient le nom, n’avoient exifté. Ce n’eft qu'en calculant que les Difciples de Newton favent répondre aux objections, & cette méthode leur a réuffr jufqu'ici, non-feulement contre tous les raifonnemens, mais même contre tous les faits qui paroifloient contredire le prin- cipe de la gravitation univerfelle : elle a réuffi également dans cette occafion à M. d’Alembert, & ila prouvé très-bien que, foit que la pefanteur diminue, foit qu'elle augmente au fom- met & au pied des montagnes, on n'en peut tirer aucune conclufion contre la théorie de l'attraction , du moins tant que la denfité du globe terreftre & celle des montagnes reftera inconnue; car tel eft l'avantage des explications calculées fur les explications vagues, f1 à la mode autrefois en Phyfique: les faits fuflent-ils ou faux ou controuvés, il réfulte toujours des premières une vérité, & fouvent, comme ici, une vérité plus générale que celle qu’on cherchoit. © L'Ouvrage de M. d’Alembert contient auffi des recherches fur d’autres objets que fur le fyftème du monde. M. Klingenf- tierna, Géomètre Suédois, avoit prétendu démontrer qu'une loi de réfraction des rayons de lumière, donnée par Newton, étoit fauffe; M. d’Alembert reconnoït que cette loi eft faufle en effet; mais il fait voir que la démonftration donnée par M. Klingenftierna n'eft concluante que dans une fuppofition faite par ce Géomètre, & qu'on peut lui contefter; & qu’ainfe DATISUSHC-LLE, N € ES 93 c'eft uniquement par l'expérience, & non par la Théorie, qu'on peut prouver la faufieté de la loi dont il eft queftion. M. d’Alembert cherche, dans une dutre partie de fon Ouvrage, à déterminer certaines fonétions analytiques d'après des conditions données ; ces fonctions font de la nature de celles qui entrent dans l'intégrale des équations partielles, & qui par conféquent fe préfentent dans prefque toutes les folu- tions des problèmes relatifs au mouvement des corps flexibles & fluides. La Théorie de ces fonctions a une autre utilité; elle peut fervir à trouver quelle doit être la loi d’un phénomène qu'on fait feulement être aflujetti à certaines conditions. Telle eft, par exemple, la loi du parallélograme des forces, celle de l'équilibre du levier. Ces loix parurent fi fimples lorfqu'elles furent découvertes, qu'on les admit pour ainfi-dire fans démonftration; & ce qui eft pire, quoique plus commun dans l'Hifloire des Sciences, fur des preuves très - vagues. M. d'Alembert eft un des premiers qui ait obfervé que ces principes avoient befoin d’être démontrés. Depuis ce temps, plufieurs Géomètres ont propofé des démonftrations de différens genres. Quelques-uns ont cherché, comme il l'a fait ici, à déterminer a priori, par certaines conditions, à quelle fonétion du rapport des forces doit être égale la tangente de l'angle que forme avec une de ces forces, la force réful- tante, & de même à quelles fonétions du rapport des bras du levier , le rapport des poids doit être égal ; les démonf- trations dé ce genre font très-favantes & très-rigoureufes : on peut être étonné que des vérités fi fimples aient befoin, pour être prouvées, d’un fi grand appareil de calcul; mais cet étonnement feroit peu philofophique. Rien n'eft plus. commun dans les Sciences que la difficulté de prouver des chofes fimples, comme rien n'eft plus rare que de favoir diftinguer ce qui eft prouvé de ce qu'il paroït naturel de croire. M. d’'Alembert ajoute ici quelques réflexions fur les loga- rithmes des nombres négatifs. On fait qu'il a foutenu contre M. Euler, comme Bernoulli avoit foutenu contre Léibnitz, 94 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE que ces logarithmes peuvent être réels. On ne doit pas regarder cette queftion comme une pure queftion de nom, quoiqu'elle dépende en grande partie de ce qu'on entend par le loga- rithme d’un nombre. Plufieurs des difhicultés de cette queftion tiennent aux principes les plus importans de la Théorie des courbes, du Calcul intégral, des Equations. M. d’Alembert prouve ici de nouveau, que fr on regarde les logarithmes comme une fuite de termes en progreflion: arithmétique, répondans à une fuite de termes en progreffion géométrique ; alors on peut fuppofer aux nombres négatifs des logarithmes réels. La même chofe aura lieu encore fi on regarde le logarithme d’un nombre donné comme une quantité telle qu'un nombre conftant pris à volonté, ayant le loga- rithme pour expofant, foit égal au nombre donné. | Nous terminerons cet extrait en expofant une méthode nouvelle & rigoureufe que donne M. d'Alembert, de calculer Je mouvement des fluides dans les vafes. La méthode ordi- naire s’'appuyoit fur cette hypothèfe, que la vitefle étoit la même dans toute l'étendue de chaque tranche du fluide; hypothèfe qui ne peut être regardée comme vraie en général: M. d’Alembert a cherché à réfoudre le problème, indépen- damment de toute fuppofition ; mais cette folution expofée dans fon effai fur la réfiftance des fluides, conduit à des difficultés de calcul, que lanalyfe ne peut réfoudre. Ici ïl propofe une nouvelle méthode; il confidère dans le fluide un tuyau infiniment petit, de forme mobile, dans lequel il fuppofe que l’hypothèfe du parallélifme des tranches peut avoir lieu, la forme de ce tuyau changeant à chaque inflant, on voit qu'il n'y a plus rien de précaire dans la Théorie du mou- vement des fluides; & déjà M. d'Alembert indique les moyens d'expliquer par cette nouvelle méthode, les différens réfültats que l'expérience pourra donner, fuivant k forme & la ftruéture des vafes; mais il fe propofe de développer un jour plus en détail cette Théorie nouvelle : & c’eft un nouveau fervice qu’il rendra à la fcience des Fluides. DES SCTENCES. 95 On a oublié de faire mention dans l’Hiftoire de l'Académie, pendant l'année 1771, de l'Aftronomie nautique de M. le Monnier ; le manufcrit de cet Ouvrage, compolé pour l'utilité de la Marine, a été confié à M. de Verdun, qui comman- doit la frégate /2 Flore , dans un Voyage ordonné unique- ment pour éprouver les Montres marines , les Méthodes aflronomiques & les Inftrumens employés à la mer. M. le Monnier y propole une méthode particulière de déterminer la Latitude orfque des nuages ont empêché d'obferver la hauteur méridienne du Soleil: cette méthode fuppofe qu’on ait l'heure avec exactitude, & que Fon puifle prendre la hauteur du Soleil trois ou quatre minutes avant ou après midi. On trouve alors, dans des Tables que donne M. le Monnier, pour les différentes hauteurs du Soleil, le chan- gement que cette hauteur a éprouvé dans cet efpace de trois ou quatre minutes : cette méthode femble , au premier coup-d'œil, fuppofer connu l'élément que lon cherche ; mais il eft aifé @e voir que la correction , pour la hauteur du Soleil, ett la même à très-peu-près & pour la hauteur méridienne cherchée & pour une hauteur méridienne égale à la hauteur obfervée, & qu'ainfi dans les Tables de correction on peut, fans erreur fenfble, prendre l'une pour l’autre. M. le Monnier a traité enfuite des moyens de déterminer la Longitude, en prenant, par lobfervation, la diftance de la Lune, foit au Soleil, foit à des Étoiles. Il montre que l'on fumplifiera beaucoup les calculs qu'exigent cette méthode, en ayant foin de prendre en: même temps la hauteur de fa Lune; il donne des Tables des moyens mouvemens de la Lune & du Soleil, du mouvement des Étoiles en longitude ; il examine le mouvement propre qu'on a remarqué dans quelques Étoiles de la première grandeur ; enfin, il donne les diftances qu'ontentre ellesles principales Étoiles. Cette dernière Table eft néceffaire pour pouvoir vérifier les mégamètres & les autres inftrumens de ce genre qu’on peut employer à la mer. 96 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Nous avons déjà parlé, dans cette Hiftoire, des Obferva- tions de M. le Monnier, fur les changemens de l’obliquité de lécliptique & des réfultats qu'il en a déduits. On trouve encore dans cet Ouvrage une Table pour les réfraétions aftronomiques. Le but principal de lAftronomie nautique de M. le Monnier , eft de faciliter aux Pilotes l'ufage des méthodes aftronomiques pour déterminer le lieu d’un Vaifleau, de les inftruire des précautions néceflaires à l'exécution de cette détermination, de les délivrer des précautions fuperflues, de leur épargner les calculs trop compliqués, deles difpenfer de l'ufage des Tables trop étendues & trop peu portatives , de leur épargner, en un mot, tout le travail qui n’eft pas néceflaire pour s’aflurer de l'exactitude qu’on peut fe promettre, & de leur abréger celui qu'il ne peut leur épargner. PARA LCA DE CESR RE D PS EEE) Es Arts, dont l'Académie a publié la defcription depuis Pâques 1772 jufqu’à Pâques 1773, font au nombre de trois. Le premier eff l'art du Relieur-doreur de Livres ,par M. Du din: tout le monde connoït la néceffité de relier un Livre pour s'en fervir commodément & pour le conferver, mais on ne connoît pas de même toutes les opérations néceflaires pour mettre un Livre en cet état; M. Dudin les a décrites avec exactitude depuis l'opération par laquelle on plie les blancs pour mettre chaque Livre dans le format qui lui convient, jufqu'à l'opération de dorer & de vernir la couverture pour fui fervir d'ornement , il eft d’autant plus utile d’être au fait de cet art, qu'un Livre mal relié eft fouvent défiguré, qu'il devient incommode à lire, & qu'il ne fe conferve pas à beau- coup près autant que s’il étoit relié comme il devroit être. Le fecond eft Fart du Coutelier en ouvrages communs, par M. Fougeroux: cet Art qui s'exerce principalement à Saint-Étienne en Forès, & qui produit à cette Ville un commerce d'environ 600 mille livres , ne tend qu'à épargner le DYENSMASAC'RE NC E 5 97 le travail à ce temps, pour pouvoir fournir au peuple des Couteaux d’ufage à fi peu de frais, que les moindres {e donnent à quarante ou cinquante fous la grofle, c’eft-à-dire, douze douzaines, & les plus chers vingt-quatre livres ; on peut juger combien il faut en vendre pour former la fomme que nous venons dénoncer, & combien l’'induftrie a dû trouver de reflources pour pouvoir les donner à ce prix. Le troifième eft la feconde Partie de l'Art du Coutelier, par M. Perret, Maître Coutelier de Paris : cette feconde Partie contient la defcription & la fabrique des Inftrumens de Chirurgie. Les Chirurgiens ne peuvent opérer fans inf- trumens, & on peut être afluré que dans la main même du Chirurgien le plus habile, un mauvais inftrument ne peut que rendre une opération moins füre, plus longue & plus douloureufe pour le malade; il eft donc du bien de l'huma- nité de rendre les reflources de fes befoins les plus parfaites qu’il fera poffible. La collection d'Inflrumens que préfente ici M. Perret, eft propre à produire cet eflet; elle eft la plus complète qui ait paru jufqu'ici, & il ne néglige rien pour mettre les Couteliers en état de les bien exécuter, elle ne laifle rien à defirer , finon que quelqu’habile Chirurgien veuille bien y joindre la manière de s’en fervir; il formeroit par ce moyen un Traité des Opérations plus ample & plus complet, que tout ce qui a paru jufquà préfent fur cette matière. |? ES Mémoires approuvés par l'Académie en 1773, & deftinés à être imprimés dans le Recueil des Savans étrangers, font au nombre de dix-fept. Sur un canal qui, dans les Oifeaux, porte l'air du poumon dans les Os: Par M. Camper. Sur la courbe que décrit un corps placé fur la furface de la Terre, ayant égard au mouvement diurne & annuel : Par M. Tinfeau. Hif. 1773. N » 98 HiSTOIRE DE L'ÂACADÉMIE ROYALE Sur le Calcul intégral: Par M. Monge. Sur divers moyens propres à perfectionner la Géographie: Par M. Bonne. Sur les altérations qu’on peut caufer aux Acides: Par M. le Duc d’Ayen. Sur les Méthodes d’approximation pour les Équations déterminées: Par M. le Gendre. Sur l'Éther nitreux tiré par le feu: Par M. Borgues. Obfervations des oppofitions de Jupiter & de Mars: Par M. Mallet. Sur Pair fixe: Par M. Bucquet. Sur une face humaine, prodigieufement défigurée par des exoflofes : Par M. Ribelt, Sur le Zinc traité avec l'acide nitreux: Par M. le Duc d'Ayen. Sur la Mine d'argent de la montagne de Chalance en Dauphiné: Par M. Binelli. Obfervation de l'Édipfe de Lune, du 29 Avril 1771, faite à Montpellier, par M.” de Ratte & Poitevin. Sur l'action du poumon: Par M. Varnier. Sur les Phénomènes qui accompagnent la féparation de Yalkali volatil par la chaux : Par M. Bucquet. Sur la Torpille: Par M. Varnier. Sur les Cocos de mer: Par M. Sonnerat. EL OC E DE MSNM OR A N D. Dis FRAT Cars MorAND, Chevalier de l'Ordre du Roi, de la Société royale de Londres; des Académies de Péterfbourg, Stockolm, Bologne, Florence, Cortone & Porto; ancien Secrétaire de l Académie royale de Chirurgie, Docteur en Médecine , Cenfeur royal & Infpeéteur des Hôpitaux militaires, naquit à Paris à l'Hôtel royal des Invalides, le 2 Avril 697, de Jean Morand * & de Françoife Halefle. Les premiers objets qui fe préfentèrent à fes yeux, furent des pièces anatomiques & des inftrumens de Chirurgie ; les premiers mots qu'il entendit prononcer , furent des termes de cette Science; ce qui- coûte aux autres un travail confidé- rable, fe trouvoit prefque chez lui, grace à cette heureufe circonflance, un préfent de la Nature. Au fortir de fa première enfance, il commenca fes études au collée Mazarin, & les fit avec diftinétion même dans ce Collége, où ilétoit fi difficile de fe diftinguer; il y apporta une f1 grande ardeur, que le rigoureux hiver de 1709, qui fit fermer pendant un temps toutes les claffes, n’en put inter- rompre le cours, il alloit, tous les jours pendant ce temps, des Invalides au collée Mazarin, trouver fon Profefleur, & LEE RE RON CERN SN OU RE SENSSS *, D'abord l’un des Chirurgiens | gagnant maîtrife, comme l'avoit été feu internes de l’Hôtel- Dicu de Paris, | M, Méry, en 1683, & comme l’étoit enfuite Chirurgien gagnant maîtrife, | Jean Morand dès 1688, étoit qualifre & depuis Chirurgien-major en chef & Confultant de l'Hôtel royal des Inva- lides , par Brevet du 12 Août 1707, de même date que l'Ordonnance du Roï, portant-création de cette Place. Avant cette époque, le Chirurgien de Chiruroien-major gagnant maîtrife, & ne reftoit que fix ans dans ce pote. Jean Morand n’y avoit été continué plus long-temps que par une grâce fpéciale, & par la fatisfaction qu’on avoit de fes fervices. N ij 100 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE en prendre des leçons. On peut juger des progrès qu'une étude fi conftamment fuivie failoit faire à un fujet qui avoit d’ailleurs les plus heureufes difpofitions ; aufli en retira-t-if le précieux avantage de pouvoir s'exprimer fur toutes fortes de matières, avec un ftyle noble, ailé, précis, & même auf orné que le pouvoit comporter le fujet qu'il avoit à traiter, fes ouvrages en font une preuve fubfiftante & fans replique. Quand le jeune Morand n’eût employé fes premières années, que comme nous venons de le dire, on n'auroit certainement pas pu lui reprocher de ne les avoir pas mifes à profit, mais il en avoit encore fu tirer un bien meilleur parti. Dès l'année 1710, âgé alors de treize ans, il avoit commencé à joindre à l'étude de la Philofophie, celle de J'Anatomie & de la Chirurgie. I fréquentoit les Hôpitaux, où les jeunes Chirurgiens trouvent le double avantage d'ac- quérir le coup-d’œil & les connoiffances nécefaires à leur état, & de remplir le devoir également impofé par la Nature & par la Religion de fecourir l'humanité fouffrante. Une étude fi conftante & fi multipliée devoit lui faire faire des progrès également rapides dans la fcience & dans l'art de la Chirurgie ; il en fit effeétivement de tels, qu'il fe vit en peu d'années à portée de remplir les poftes les plus importans. Ces poftes qu'il méritoit, à tant de titres, ne lui furent pas refufés. Dès l’âge de quinze ans, il fut mis fur l'état des Chirurgiens employés à l'Hôtel royal des Invalides, enfuite il y fut porté comme furvivancier, & peu d'années après comme titulaire; il ÿ eut bientôt acquis l'eftime des Offciers & la confiance des malades. Jufqu’ici nous n'avons confidéré M. Morand que renfermé, pour ainfi dire, dans la maifon paternelle; nous allons bientôt le voir agiffant par lui-même, & volant de fes propres ailes. Le premier pofte qui lui fut confié, fut celui de Chirur- gien-major du camp de Brouage , il y fut nommé en 1716, âgé pour lors de dix-neuf ans; le Commandant des Troupes peu accoutumé à voir remplir de pareils poftes par d’aufii Jeunes gens que lui, le reçut très-mal, & lui dit d'un ton DrENS UT IS EUR E Nic Es. 101 ironique de retourner à Paris emprunter de Îa barbe; s'il l'eût mieux connu, il ne lui auroit pas au moins propofé d'emprunter de la capacité. Au retour de ce voyage, il reprit fes occupations ordi- haires, & il fe crut alors en état de préfenter quelques Mémoires & quelques Obfervations à l Académie : ces pièces y furent fi bien reçues, qu'il y obtint en 1722 la place d’Adjoint-Anatomifte, vacante par la promotion de M. Petit, Chirurgien , à celle d’'Affocié. Le premier Mémoire qu'il lut en qualité d’Académicien, contenoit des Obfervations fingulières fur les cataraétes ; il réfultoit d’un très - grand nombre de faits qu'il avoit obfervés, qu'il arrivoit quelque- fois que le criftallin avoit été abattu fans que la membrane qui le foutient eût été déplacée ; qu'alors l'humeur vitrée ou l'humeur aqueufe prenoient dans de certaines circonftances Ja place du criftallin en rempliffant cette efpèce de fac ; que lorfqu’il fe remplifloit de l'humeur aqueufe beaucoup moins réfringente que le criftallin, le malade avoit befoin d’une forte loupe pour tenir lieu de cet organe ; mais que lorfque la capfule eft remplie par lhumeur vitrée, beaucoup plus approchante de la denfité du criftallin, le malade peut voir les objets fans loupe, ce qui étoit effectivement arrivé, & avoit fait foupçonner que le criftallin n'avoit pas été abattu, Des obfervations qu’il eut occafion de faire, cette même année, fur des facs remplis d’hydatides attachées à plufieurs vifcères, lengagèrent à rechercher la caufe de ces efpèces de grains membraneux plus ou moins gros, remplis d’une eau claire & infipide; & il fit part à l'Académie de fes recher- ches, dans l'année fuivante 1723; il en réfulte que les hydatides fe moulent dans les vaiffeaux lymphatiques , qui, comme on fait, ont de fréquens étranglemens garnis de valvules : c’eft entre ces étranglemens que la lymphe devenue flagnante, fe forme elle-même une poche en fe defféchant à la furface; & qu’enfuite ayant crevé le vaiffeau, elle paroît comme un grain plus ou moins gros, limpide & tranfparent; 102 HisToiIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE cette hypothèfe fi fimple rend raifon de tous les phénomènes obfervés en cette matière. Voici un travail d’une efpèce bien plus fingulière qui eut l'année 172$ pour époque. On furprendroit peut-être, même encore aujourd'hui, un grand nombre de perfonnes, fi on leur difoit qu'un homme de taille ordinaire eft plus petit le {oir quand il va fe coucher, que le matin quand il fort de fon lit; ce fait avoit été obfervé cependant en Angleterre, & M. l'Abbé de Fontenu, de l'Académie royale des Infcriptions & Belles-Lettres, en ayant voulu répéter les expériences, y trouva bien des fingularités qui avoient échappé à l'Oblfer- vateur Anglois: il obferva que ce décroiffement n'étoit pas continu, qu'il cefloit ou même fe changeoit en accroiffement ‘après les repas: il fit part de fes remarques à M. Morand, qui rechercha les caufes de ce phénomène, & voici la raifon très-plaufible qu'il en donna. Les pièces qui compofent la charpente offeufe du corps humain, font prefque toutes féparées par des lames cartilagi- neufes deflinées à les empècher de frotter durement les unes contre les autres, ces lames cartilagineufes font élaftiques & fufceptibles jufqu'à un certain point de compreflion & de rétabliffement. Pendant qu'on eft debout, le poids de toutes les parties fupérieures comprime tous les cartilages placés entre les os & diminue fa hauteur de Fhomme : pendant la nuit, cette compreflion n'ayant plus lieu , le reflort des cartilages {e rétablit, & le fujet reprend fa première grandeur. Les repas, de leur côté, doivent interrompre ce décroiflement par les nouveaux fucs qu'ils introduifent dans toutes les parties du corps fufceptibles de les recevoir. Avec cette ingénieufe explication, il n’eft point de fingularité dans cette curieufe expérience dont il ne foit facile de rendre raifon d'une manière fatisfaifante. L'année fuivante, il demanda d'être admis dans le Corps des Chirurgiens, & il le fut comme il méritoit de l'être; c'elt-à-dire, avec la plus grande diftinétion. Cette même piess x She WE: Ne'ENs, 103 année fut marquée par des remarques importantes qu’il lut à l'Académie, fur la ftructure réticulaire des cornets offeux du nez, tant dans l’homme que dans les quadrupèdes. Cette même année, S. A. S. M.F le Duc d’Orkans ayant defré qu'on fit devant lui, & pour fon inflruétion, quelques démonflrations anatomiques ; ce Prince éclairé joignit fon choix à la voix publique, & appela auprès de lui M. Morand. Jufqu'ici nous n'avons parlé que des talens & des travaux de M. Morand , & nous ne fommes pas encore épuilés fur cet article, maisle Public nous permettra d'en-interrompre la fuite pour rapporter un trait qui eut l'année 1727 pour époque, & qui fait bien voir que fon cœur éioit aufli eflimable que fon efprit ; il avoit fuccédé à fon père dans la place de Chi- rurgien - major de l'Hôtel royal des Invalides : cette place étoit une des plus belles de la Chirurgie ; mais il avoit une fœur à pourvoir, & il n'héfita pas un moment à facrifier cette place fi brillante à l'établiffement de fa fœur, il la remit à M. Boucot, qui devint fon beau-frère, fans autre précaution que de s’en réferver la furvivance. Trait de générofité dont on auroit peut-être peine à trouver beaucoup d'exemples, & qui doit faire aux yeux de ceux qui favent apprécier le mérite, la plus belle partie de fon éloge. Reprenons la fuite de fes travaux. Tout fe monde connoît Fopération hardie par laquelle on tire de la veflie d’un homme vivant, une pierre qui s'y eft formée. On conçoit aifément que cette pierre ne peut fortir que par une plaie faite à ce vifcère, & pour peu qu'on en connoïfle la fituation, on verra qu'il peut être attaqué ou dans fa partie fupérieure, par une incifion faite au-deffus des os pubis ou dans fa partie inférieure, en faifant Fincifion vers le périnée. La première opération fe nomme X haut appareil, & étoit prefque oubliée, lorfqu'au commencement de ce fiècle, M. Douglaff, célèbre Chirurgien anglois, la renouvela & compofa fur ce fujet, un Traité en fa langue, La feconde façon d'opérer fe nomme X grand appareil, & avoit été conftamment pratiquée lorfqu’un Religieux nommé 104 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE Frère Jacques , apporta de Franche-Comté une façon d'opérer un peu différente du grand appareil, & qu'on nomma appareil latéral, méthode bonne en elle-même, mais des avantages de laquelle lignorance de ce Frère ne lui permettoit pas de profiter ; elle fut reétifiée à Leyde par M. Rau, & à Londres par M. Chefelden, qui publièrent plufieurs écrits à ce fujet. Une queftion fi importante pour l'honneur de fa Chirurgie & pour le bien de l'humanité étoit bien faite pour exciter le zèle & laivité de M. Morand, il partit pour l'Angleterre, s'informa foisneufement de ce qui avoit été fait fur cette matière, conféra avec les plus illuftres Membres de la Société Royale, & revint en France muni d’une infinité de connoif- fances utiles, & décoré du titre de Membre de la Société Royale. Cette célèbre Compagnie avoit faifi avec empref- fement cette occafion de fe l'attacher. Un des fruits de cette favante expédition, fut un Mémoire qu’il lut à fon retour, dans lequel il donnoïit toute l'hittoire de opération du haut appareil, depuis Franco, qui finventa en 1560, jufqu'à M. Douglaff qui favoit renouvelée, & qui la pratiquoit encore avec le plus grand fuccès : c’eft ainfi qu'il eut une part confidérable à l’heureufe révolution qui fe fit alors dans cette partie de la Chirurgie. En 1730, il donna à l'Académie l’obfervation fingulière d'un œil, dans lequel la figure de cet organe & la nature des parties qui le compofent avoient été tellement altérées, qu'il n'étoit pas reconnoiflable; fait unique, & dont il eft utile que la poffñbilité foit reconnue, & deux ans après il donna un autre Mémoire fur les accidens qui peuvent arriver dans les organes de la circulation du fang, comme l’extenfion outre nature du cœur, fa rupture, les embarras caufés par Faltération des tuyaux artériels & veineux qui aboutiffent à cet organe; rien n’y eft oublié de ce qui peut fervir à recon- noître la caufe des accidens qui font la fuite de ces déran- gemens, & à y apporter remède lorfqu'il eft poflible. Ce fut à peu-près dans ce même temps qu’il fut mis à la tête de l'Hôpital royal des Religieux de la Charité , pour la partie de DES: LS CIE SN: C Erns. 10$ de la Chirurgie; nouveau furcroit d'occupation & nouveau moyen d'acquérir des connoiflances & de multiplier fes obfer- vations: on peut être bien für qu'il ne négligea rien pour profiter de ‘cet avantage. Un des fruits qu'il en tira, fut l’obfervation très-fingulière d’un homme qui vécut quatre jours ayant le péricarde & le ventricule droit du cœur percé d’un coup d'épée. On regarde avec raifon les moindres léfions de cet organe comme mor- telles; mais elles donnent prefque toujours la mort fur le champ, & il y a bien peu d'exemples de gens qui aient pu vivre avec une pareille plaie: celui-ci en groflira le nombre. On doit à feu M. Petit, Chirurgien, d’avoir fait voir que les artères ouvertes ne fe fermoient pas par la réunion des lèvres de la plaie, mais par un bouchon charnu que le fang aidé de la compreffion, y formoit, & qui bouchoit l'ouverture à peu-près comme les larges clous de cuivre dont fe fervent les Chaudronniers pour boucher un trou fait à une pièce de batterie; ce fait eft vrai pour les artères fimplement ouvertes, mais M. Petit l’avoit étendu aux artères coupées ; M. Morand fit voir qu'il s’y joignoit un froncement ou un aplatiffement de la partie coupée du tuyau qui favorifoit beaucoup l'adhéfion du bouchon charnu, & rendoit la cicatrice bien plus folide, Ileft toujours effentiel de connoître les reflources de la Nature pour les favorifer, & de ne jamais les contrarier par des fecours donnés mal-à-propos. IL n’eft perfonne qui ne connoifle au moins de nom l'infecte aquatique qu'on nomme Sangfue, & lufage qu'en fait la Médecine pour tirer le fang immédiatement de certaines paties où il feroit dangereux d'employer d’autres moyens; mais on ignoroit comment cet animal pouvoit entamer Îa peau, & faire une plaie par laquelle il püt pomper le fang. Des obfervations fines & délicates apprirent à M. Morand que la bouche de la fangfue, qui lui fert de fuçoir, étoit garnie de trois petites {cies qu’elle pouvoit faire agir, & au moyen defquelles elle fe faifoit un jour fuffifant pour fucer le fang de la partie où elle étoit attachée. Cette efpèce de Hi. 1773. . 106 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE découverte, & l'anatomie de cet infeéte fingulier furent le fujet d'un Mémoire qu'il lut à l'Académie en 1739. Il avoit été, deux ans auparavant, élu Membre de l’Académie de lInftitut de Bologne, fa réputation avoit déjà pénétré jufqu’à cette célèbre Compagnie, & f'avoit follicitée en fa faveur. Cette même année 1739, il fut nommé à l'importante place de Chirurgien - major des Gardes - françoifes ; l'année fuivante, il fut chargé par M. le Marquis de Breteuil, alors Miniftre de la Guerre, de la vifite des Déferteurs & autres Militaires détenus dans les prifons de Paris, afin que dans le cas de maladie ils ne fuflent pas confondus avec les cri- minels qui font fous la main du Magiftrat; commiilion qui lui fut confirmée par le Comte d’Argenfon, & qu'il exécuta avec toute la prudence, toute l'afliduité & toute l'humanité poflbles, jufqu'à ce que fes occupations & fon âge l'euffent engagé à s'en démettre en faveur de M. Louis, Secrétaire de l’Académie royale de Chirurgie: il crut pouvoir lui remettre en toute füreté ce miniflère fi délicat à remplir, & fon attente ne fut pas trompée. En 1741, il fut nommé Infpeéteur des Hôpitaux militaires: il étoit celui qu’on defrroit dans tous les poftes importans; on pouvoit dire, à la lettre, qu'il étoit accablé de fa gloire. Lorfque M. Morand avoit été en Angleterre, pour examiner les différentes manières d’extraire la pierre de a veflie, famour de l'humanité avoit eu pour le moins autant de part à ce voyage que celui de la Chirurgie; ce même amour lengagea au laborieux examen d’un remède propolé en Angleterre, par M." Stephens, pour diffoudre la pierre dans la veflie, & que le Parlement Anglois avoit cru devoir récom- penfer par une fomme confidérable qu'il lui avoit accordée. Au premier bruit de cette découverte, on crut déformais toutes les opérations inutiles; mais M. Morand étoit trop éclairé pour fe livrer à l'enthoufiafme, il voulut examiner par lui-même laétion du remède & de fes effets, il raffembla tous les faits qu'il put recueillir, il varia & multiplia les expé- riences; & le réfultat de toutes fes recherches, dont il rendit DES SCtrENCES. 107 compte à l Académie, dans trois Mémoires qu'il lui lut en 1740, 1741, 1742, fut que le remède pale efle&tivement dans les urines de ceux qui le prennent, qu'il leur donne la propriété d'attaquer certaines pierres, que d'autres fe refufent à fon action, que les veffies ulcérées ne peuvent fupporter, fans des douleurs cuifantes, la préfence de l'urine imprégnée de ce remède : en un mot, qu'il convenoit dans certains cas, & devenoit inutile ou même nuifible dans d’autres, mais qu'il étoit toujours prudent de le tenter avant de fe livrer à une-opération toujours cruelle & quelquefois dangereufe. La fonction de Chirurgien-major des Gardes-françoifes lobligeoit à fuivre le Régiment Jorfqu'il entroit en campagne ; dans un de ces voyages, il fe trouva près des eaux minérales & des boues de Saïint-Amand; on peut bien croire qu’un objet fi intéreffant pour le bien de l'humanité anima fon zèle, Il les examina donc en Phyficien, & fr cet examen les priva de plufieurs vertus chimériques qu’on leur attribuoït, il conflata leur véritable pouvoir, & montra qu'elles étoient excellentes contre les maladies des reins & de la veflie, contre les maladies des nerfs, & fur-tout contre celles où ces organes ont foufiert une rétraction, & enfin contre les obftructions ; il examina de même les boues qui accompagnent ces eaux, & dans lefquelles les malades fe plongent, il trouva qu'elles avoient à. peu-près les mêmes vertus: elles font très-vantées pour les maux de jambes, paralyfies, &c. Mais le principal effet, tant des boues que des eaux, felon M. Morand, eft de détendre les nerfs trop retirés : vertu affez précieufe pour qu’elles puflent fe pañler de toutes les autres. Les épreuves faites par M. Morand fur ces boues & l'inf- peétion du lieu, lui firent foupçonner qu’elles pourroient bien n'être compofées que de charbon de terre détrempé avec une eau chargée de foufre; il étoit aifé de s’en aflurer, & effletivement l'expérience a démontré que des boues arti- ficielles compolées avec ces matières, opéroient les mêmes effets que les boues naturelles de Saint-Amand ; on pourra donc avoir ce fecours, par-tout où lon voudra, & c'eft un O ij 108 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE véritable préfent que M. Morand a fait à l'humanité. Ce : n’eft pas tout encore, il conjectura que puifque des boues de cette efpèce pouvoient fervir à fondre & à réfoudre, on pourroit, à auili peu de frais, s’en procurer de ferrugineufes lorfqu'il s’agiroit de refferrer & de fortifier ; la matière n’en eft ni rare ni précieule , les pieds des chevaux & les bandes des roues laiflent entre & deflous les pavés des grandes villes une térre noire, remplie d’un fer extrêmement rafiné; & on fera peut-être étonné d'apprendre qu'il S'ufe annuellement fur le pavé de Paris, plus de deux cents milliers de fer ; des boues faites avec les terres qui en font imprégnées feroient certai- nement très-aftringentes. L’hiftoire très-fingulière d’un fœtus confervé dans une boîte en partie offeule & en partie cartilagineufe, trouvé à Joigny dans le cadavre d’une femme, après trente-un ans de groflelle, vint en 1748 exercer le favoir de M. Morand ; il rechercha avec foin dans les faftes anatomiques des exemples de faits pareils, & il en trouva fix, mais dont trois feule- ment étoient affez bien conftatés pour qu’on püt s'y fier. I fit voir comment dans lun de ces trois cas l'enveloppe offeufe étoit la matrice même, & dans les autres les enveloppes pro- es de l'enfant, comment ces parties avoient pu s'oflifier ; & enfin il expofe les fecours qu'on peut donner à une femme en cet état lorfqu'on en eft für, & propofe les moyens de le reconnoître. Il avoit depuis peu de temps été nommé Membre des Académies des Sciences de Péterfbourg & de Rouen, fon nom étoit defiré fur toutes les Liftes de cette efpèce, & formoit une lacune dans toutes celles où il n'étoit pas. Dès que l'expérience de Leyde fut connue, on crut avec la plus grande vraifemblance , que la commotion qu'elle excite pouvoit être avantageufement employée à la guérifon des paralytiques ; & cela d’autant plus que les remèdes ufités en pareils cas, tendent à ébranler le genre nerveux , & que la commotion électrique avoit l'avantage de pouvoir ne porter fon action qu'où on en avoit aflaire fans toucher au refte ME SMAS ICO E NCCHE: Sn 109 du corps. M.” l'Abbé Nollet & Morand entreprirent de s’en éclaircir, ils firent aux Invalides un grand nombre d’expé- riences fur trois paralytiques , mais prefque fans aucun fuccès ; aufli s'eft-on aperçu depuis que ce n’eft pas par la commo- tion que l'électricité doit agir dans cette occafion pour devenir utile, & que ceux qui en ont éprouvé de bons eflets, ne les ont dus qu'à une électricité paifible & long- temps foutenue. H parut en 1749 , un prétendu hermaphrodite, qui excita beaucoup la curiofité du Public Phyficien. M. Morand ne fut pas des derniers à l’examiner ; il réfulta de fon examen, que le fujet en queftion, quoique plus hermaphrodite que bien d’autres qui s'étoient donnés pour tels, c’efl-à-dire, ayant une apparence mieux marquée des deux fexes, étoit cependant précifément le contraire d’un hermaphrodite, & ne pouvoit faire ufage ni de lun ni de l'autre. M. Cruger qui le vit depuis en Danemarck , en porta précilément le même jugement. Un autre évènement qui intéreffa beaucoup la curiofité du Public, vint encore exercer la fagacité de M. Morand ; une femme eut à la fuite d’une couche une maladie extraordi- naire , dans laquelle fes os fe ramollirent au point qu'ils fe plioient & fe laifloient tourner comme des cartilages, de façon que fes pieds fervoient de chevet à fa tête; on jugera aifément qu’elle n’avoit dans cet étrange état aucune guérifon à efpérer ; auffil mourut-elle de cette maladie, pendant les derniers mois, de laquelle elle fut foignée par M. Morand fils, Médecin de la Faculté de Paris, qui après fa mort fit ouverture du cadavre, en préfence des Anatomiftes les plus connus, tant Médecins que Chirurgiens, & en publia les détails avec l'hiftoire de la maladie en 17 52. M. Morand pré- para ce fingulier fquelette, dont il fit préfent à l'Académie, & qui fait aujourd’hui partie de fon Cabinet ; mais il fallut faire intervenir l'autorité du Miniftère, pour lempêcher d'être pillé par ceux qui en vouloient avoir des morceaux. Les os auxquels le defféchement a rendu une efpèce de dureté ÿ 110 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE étoient alors dans un état de cartilages flexibles , prefqué: femblables à celui dans lequel font les os du fœtus avant leur offification. Cette circonftance fit adopter à M. Morand, dans le Mémoire qu’il donnaà ce fujet en 1753, la conjedture propofée par M. fon Fils , que la matière crétacée que la circulation doit porter dans les os pour les durcir, avoit pris chez cette femme un autre cours, ce qui étoit confirmé par les urines plâtreufes qu'elle avoit rendues, ou que des acides mélés en trop grande abondance dans fon fang avoient difious la matière crétacée qui exiftoit dans fesos, & leur avoit rendu leur flexibilité primitive. Il communiqua cette idée à l'Acadé; mie, mais en ne la donnant que comme une conjecture très+ vraifemblable ; il étoit Phyficien trop éclairé pour vouloir expliquer d’une autre manière un fait aufli extraordinaire & auffi ifolé, que celui dont nous venons de parler. La célébrité de M. Morand s'augmentoit avec l'accroifle- ment de fes connoiffances; elle lui avoit valu en 1749, une place dans l'Académie de F lorence ; elle lui en valut une en 1755, dans celle de Stockolm; mais ce qu'il trouvoit de plus agréable dans ces honneurs qu'on lui déféroit, n'étoit pas le brillant de ces titres fi flatteurs, c'étoit la facilité d'avoir une infinité d’obfervations qu'il n’eût pu fe procurer autre-. ment. Nous ne pouvons les rapporter toutes, mais en voici: une aflez fingulière pour mériter de trouver place dans. cet Éloge. Une femme du village de la Bonne-vallée, revenant avec: quatre de fes compagnes de chercher des feuilles & du bois mort dans la forêt, qui eft fur la montagne de Montenerre, au pied de laquelle elles étoient alors, fit un grand cri &: tomba ; fes compagnes y coururent & la trouvèrent morte, fes vêtemens déchirés en lanières, & jetés à quelques pas d'elle, couverte de plaies, ayant plufieurs os caflés, & beau- coup de chairs emportées, fans qu'il s’en trouvât fur le liew le moindre veflige ni la plus petite goutte de fang. I s’'agifloit: d'expliquer ce fait fi fmgulier, M. Morand ayant vu dans I relation, qu'au haut de la montagne il y D di deux trous, DES SCIENCES. LA d'où il fortoit de temps en temps de la fumée, penfa que cette femme pouvoit avoir été tuée par l’éruption fubite d’une vapeur qui s’étoit fait jour à travers le terrein; que peut-être ces éruptions étoient aflez fréquentes, & qu'elles n'étoient inconnues que parce que perfonne jufque-à ne s’étoit trouvé à portée d’en éprouver les effets : explication la plus plaufible qu'on puifle donner d'un fait de cette nature. Toute l’Europe a été informée que le feu Roi de Pologne, Duc de Lorraine, honoroit de fes bontés un Nain, nommé Nicolas Ferry, plus connu fous le nom de Bébe, que lui avoit donné ce Prince: ce Nain étant mort en 1764, âgé de vingt- trois ans; M. le Comte de Trefflan qui l'avoit obfervé foigneu- fement pendant tout le cours de fa vie, envoya à M. Morand le réfultat de fes obfervations. Celui-ci fit fur ces Mémoires une Hiftoire de Bébé , -qu'il lut à l'Affemblée publique du 14 Novembre 1764, faifant voir en même temps fa figure en cire fi reflemblante, que pour les Spe“tateurs c'étoit pref- ue la même chofe que de l'avoir vu vivant. Non-feulement M. Morand donne dans fon Mémoire cette hifloire intéref fante, mais il y joint une Differtation fur les Nains en général, de laquelle il réfuite qu’on a fouvent confondu avec les Nains des fujets contrefaits ou eftropiés ; que les Nains font ordi- nairement des enfans defquels le développement a été empêché par différentes caufes , mais qui n’ont aucun organe altéré en particulier; que ce font de petits hommes bien faits, que cette altération générale de toute leur perfonne ne leur permet ordinairement, ni une longue vie, ni une grande liberté d’efprit, quoiqu'on ait quelques exemples même fubfiftans qui contredifent ce dernier point; en un mot, toute l'Hif toire des Nains éparfe dans une infinité d'Auteurs , eft raflem- blée dans ce Mémoire, qui fut reçu avec le plus grand applau- diffement , non-feulement des Anatomifles, mais encore de tout le Public, fhomme de Lettres y avoit été aufli fin que le Phyficien. Un accident fingulier, arrivé à l'Hôtel royal des Invalides, €n 1766, mit M. Morand, qui y avoit repris la place de 112 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Chirurgien-major ; après la mort de M. Boucot , dans Ie cas de faire de nouvelles recherches. Deux bouchers ayant tué chacun un bœuf pour l’ufage de l'Hôtel , fe trouvèrent attaqués de fymptômes ficheux & effrayans : M. Morand leur fit adminiftrer tous les fecours de l'Art; la maladie fut longue & opiniätre, mais enfin il parvint à les guérir. On juge bien qu’en même temps il s’informa foigneufement des circonftances qui avoient pu donner lieu à cet accident ; il réfulta de ces perquifitions , que les animaux qu'on tue immédiatement après avoir été furmenés, & fans leur donner le temps de fe remettre, expofent les bouchers à de terribles accidens , même à perdre la vie, quoique leur chair puiffe être mangée fans le moindre rifque ; que ce cas arrive fouvent dans les armées où l’on n’a pas toujours la poflibilité de laïffer repoler le bétail après une marche forcée; que le fang de ces animaux eft très-contagieux & qu’il communique fon venin par le feul contact , tous faits finguliers & dont l'enfemble forme une Diflertation très-curieufe & très-utile : rien de ce qui peut intérefer la vie des hommes ne lui étoit indifférent. Les erreurs même de la Nature ont leur ufage dans fa Phyfique , quelques exemples de pieds & de mains à fix doigts qui furent préfentésà l'Académie, engagèrent M. Morand à rechercher, avec foin, tous les faits pareils, cités dans les Écrits des Anatomiftes , il en trouva un grand nombre, mais dans la plupart ces doigts furnuméraires n’avoient ni mufcles, ni tendons, ni par conféquent de mouvement, ce n'étoit, s’il m'eft permis de m'exprimer aïinfr, que des fimulacres de doigts; dans d’autres ces doigts furnuméraires étoit pour- vus de tous les organes néceflaires à leur mouvement, & dans le nombre de ces derniers, il s’en trouva deux qui fembloient prouver que cette monftruofité pouvoit être héréditaire dans une famille, & mème fe perpétuer par des alliances, ce qui donneroit une explication plaufible de la monftruofité géné- rale des habitans d’une montagne de lInde qui ont tous huit doigts à chaque pied: M. Morand raflembla toutes {es obfervations DAENSONS CNIL EMNNANCYELS, 113 obfervations dans un Mémoire qu'il lut à ’Affemblée publique de Pâques 1770. Il fe propofe encore dans ce Mémoire une autre queflion, ces mains & ces pieds à doigts furnuméraires rentrent-ils dans le fyflème des œufs primitivement monf- trueux ousdans celui de la confufion des germes? Il ne la réfoud qu'en adoptant les deux fyftèmes, les doigts organifés portent, felon lui, la marque de l'intelligence & de la volonté du Créateur, maïs ceux qui n’en ont que la figure pourroient bien n'être dûs qu’à la confufion de quelques germes & n'être que l'ouvrage des caufes fecondes. Ce Mémoire a été le dernier travail fuivi que M. Morand ait communiqué à l'Académie, on y remarque, comme dans tout ce qu'il a. donné, limmenfe quantité de connoiffances que lui fournifloit la lecture qu'il avoit faite de tout ce qui pouvoit avoir rapport à l'Anatomie ou à la Phyfique; perfonne ne poffédoit à un plus haut degré que lui, cette efpèce d'érudition, ni ne favoit mieux la mettre en œuvre, une mémoire heureufe & un efprit net & précis lui préfentoient toujours le fait analogue à la matière qu'il traitoit & toutes les conféquences qu’on en pouvoit tirer, & fon ftyle, quoique très-pur & même très-orné, étoit ficoncis, qu’on n'y trouvoit jamais un feul mot inutile ou qu'on en eût pu retrancher fans rifque. Les bornes de cet Éloge ne nous ont pas permis de faire ici l'énumération, même la moins détaillée, de plus de foixante, tant Mémoires qu'Obfervations importantes & curieufes qu'il a données à l'Académie , nous n'avons préfenté que ceux de fes Ouvrages que nous avons cru les plus propres à piquer la curiofité du Public, & les plus capables de caraétérifer l'Anatomifte & le Phyficien, en un mot lAcadémicien, Nous ne l'avons cependant peint qu'à demi : ce même Académicien étoit encore un grand Chirurgien , il y avoit peu d'opérations importantes auxquelles il ne füt appelé, & fouvent on sen trouvoit bien; dans l'ouverture d’un abfcès au foie que M. Maréchal fit à M. le Blanc, Miniftre, M. Morand qui étoit préfent, indiqua à M. Maréchal avec Hifl 1773. P 114 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE le doigt le lieu de l'incifion , différent de celui où il Palloit faire; & M. Maréchal eut la générofité de convenir après la guérifon, que fans l'indication de M. Morand, la vie du malade eût été en très-grand danger. avoit exercé très- long - temps la fonction de Profefleur & Démonftrateur dans lamphithéâtre des Ecoles de Chirurgie. Non content de donner à l’Académie des Sciences une infinité de remar- ques & d'obfervations relatives à fon objet, il en. fournifloit d'autres également importantes dans un autre genre à J Aca- démie royale de Chirurgie dont il avoit été long - temps Secrétaire, il en avoit raffemblé un grand nombre de cette efpèce, dans deux volumes qu'il avoit publiés peu de temps avant fa mort, fous le titre d'Opufcules de Chirurgie. Mais cette partie de fon mérite ne nous appartient pas, elle eft réfervée à l'Académie royale de Chirurgie, & c'efl à celui qui en eft le digne organe, à préfenter M. Morand au Public, fous ce dernier point de vue, nous avons été obligés, s'il m'eft permis d’ufer de ce terme, de le décompofer. Quoique M. Morand füt d’un tempérament affez délicat, fa conduite fage & rangée l'avoient prélervé de tout acci- dent, & malgré fes travaux continuels, il avoit joui d'une affez bonne fanté jufqu'’aux deux dernières années de fa vie. I! étoit fujet à quelques attaques de goutte qui ne lincommo- doient pas extrêmement , elles devinrent plus fréquentes, & la goutte menaça plus d’une fois de remonter : d’autres infir- mités $y joignirent, & vers la fin de 1772, fon état comimença à inquicter fon fils qui en reconnut le danger, pour lui il l'étoit fi peu qu'il n'interrompit aucun de fes travaux. Le dépériffement cependant augmentoit toujours, mais il ne fut obligé d'y céder & de s’aliter que peu de jours avant fa mort qu'il envifagea avec la fermeté la plus floïque & la réfignation la plus édifiante. Il mourut le 21 Juillet 1773, emportant avec lui leftime publique la mieux méritée & les regrets de tous ceux qui le connoiffoient. Son corps fut porté aux Invalides; il avoit bien acquis par les fervices qu'il avoit rendus à cet Hôtel, pendant fa vie , l'honorable droit d'y repoler après fa mort. E DOS MSNCUIVE NÈCIE NS 115 M. Morand étoit grand, bien fait, & d’une phyfionomie noble, la douceur de fon caraétère étoit peinte fur fon vifage ; il s'exprimoit avec facilité & précifion, & l'ufage du grand monde, dans lequel il avoit vécu depuis fa jeunefle, lui avoit donné une aétion noble & aifée qui ne s'acquiert point dans le cabinet, & qui bien qu'étrangère au mérite, lui fert pourtant d’un grand ornement: il avoit le talent d’une plaifanterie fine & délicate, mais il a toujours fu fi bien ménager cette arme dangereufe, qu'elle n'a jamais bleflé perfonne entre fes mains. Tous ceux qui pouvoient avoir befoin de fes fecours, avoient droit à fa fenfibilité, quelque pauvres qu’ils puffent être, rien ne leur étoit épargné; l'homme n'étoit pas chez lui au-deffous de lAnatomifte ou du Phyficien. La réputation qu'il s'étoit acquife chez l'Étranger lui attiroit de toutes les parties de l'Europe, des jeunes gens pour être fes Élèves ; le nombre en fut pendant un temps fi grand que fa maifon , toute fpacieufe qu'elle étoit, ne fufifoit pas pour les contenir, & qu'ils étoient obligés de fe loger dans le voifinage. Plufieurs de ces Élèves font devenus Médecins ou Chirurgiens de Têtes couronnées. Il regardoit même l’inftruétion des jeunes gens comme fi eflentielle, qu’en 1766, il offrit de démontrer, dans l'amphi- théâtre de la Faculté de Médecine de Paris, les opérations chirurgicales à la fuite du Cours de M. Morifot des Landes. Pourquoi faut-il qu'un trait pareil faffe partie de fon Eloge? H n'y avoit aucun Anatomifte en réputation qui ne fût en liaifon avec lui, & les noms les plus illuftres en ce genre , entrent dans cette lifte, & plufieurs dans celle de fes amis; il avoit de même la confiance des plus grands Princes de l'Europe, qui le confultoient dans les maladies, & dont plufieurs ont voulu avoir un premier Chirurgien de fa main. Le Roi d'Efpagne, entrautres, lui fit faire par le Marquis de Lamina, alors fon Ambaffadeur, les propofitions les plus avantageufes pour l'attirer chez lui; mais M. Morand ÿ réfifla, & voulut continuer à confacrer fes talens à fa Patrie, Il avoit raifon d'y étre attaché, elle n'étoit pas ingrate Pij 116 HisToifrE DE L'ACADÉMIE ROYALE à fon égard; indépendamment du profit très - confidérable que lui apportoit la pratique de fon Art, il jouiffoit de plu- fieurs poftes & de groffes penfions. Les honneurs ne lui avoient pas été plus épargnés; il étoit, comme nous l'avons vu, Membre de prefque toutes les Académies de l'Europe;il étoit, dans celle-ci, Penfionnaire ; il avoit bien voulu même fe charger du détail de Ia bibliothèque, qu'il avoit mis dans le meilleur ordre, & dont il avoit dreffé un catalogue très-exact. Nous l'avons eu plus d’une fois à notre tête, en qualité de Directeur, & il s’eft toujours tiré, à la fatisfaétion du Miniftère & de l’Académie, de toutes les circonftances critiques, même de celles qui exigeoient les difcuffions les plus délicates: il avoit été de même Diredleur de l'Académie de Chirurgie, & de plus, il y avoit exercé, pendant plus de dix ans, la fonion de Secrétaire. Il avoit inventé, pour la Chirurgie, plufieurs Inflrumens, à fun defquels fon nom ef demeuré, efpèce de confécration .par laquelle le Public Fa mis dans la courte lifte des bienfaiteurs de l'humanité. Il étoit connu, aimé & eftimé de tout ce qu'il y avoit de grand dans le Royaume, & on ne nous accufera pas d’exa- gération quand nous ajouterons que la feue Reine & le feu Roi de Pologne Staniflas étoient de ce nombre. Le Roi voulant récompenfer fes fervices, lui avoit, en 1751,accordé des lettres de Nobleffe, & l'avoit, en 1752, décoré de l'Ordre de Saint-Michel. On s'aperçut bientôt, dans cet Ordre, qu'on avoit. dans les talens de M. Morand une reflource aflurée pour les difcours qu'il eft d’ufage de pro- noncer dans fes Affemblées, & dont le Secrétaire eft ordinai- rement chargé; il fut nommé à cette place en 1768, & Fattente des Chevaliers ne fut point trompée, M. Morand avoit été marié: l’eftime qu’avoit conçue pour Jui feu M. Maréchal, alors Premier Chirurgien du Roi, lui avoit fait defirer de fe lattacher par une alliance, & dans cette vue, il lui avoit fait époufer Marie-Clémence Guérin fa parente, fille du célèbre Martin Guérin, Chirurgien-major du Régiment des Gardes -françoifes : il en a eu fix enfans, mis SICILE Nuc E$; Ér7 dont il ne refle aujourd’hui que Fainé, M. Morand, Médecin de la Faculté de Paris, Adjoint de l'Hôtel-royal des Invalides, qui fe trouve par-là le troifième de père en fils, attaché comme Officier de fanté au fervice du Roi, depuis 1688 dans cet Hôtel, & qui le remplace dignement dans cette Académie: une fille, mariée à Jean- Nicolas Godin de la Hullière, Confeiller du Roi, Juge - Magiftrat au bailliage & fiége préfidial de Tours; & M. Abbé Morand, Chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris. Dans le nombre de Mémoires & d'Obfervations fur [a Chirurgie, trouvés dans les papiers de M. Morand, fe font rencontrés les cahiers des démonftrations publiques fur les principes & les opérations de Chirurgie qu'il avoit faites pendant fi long-temps aux Ecoles de Chirurgie, & des leçons qu'il avoit donné à fes penfionnaires: nous croyons ne pouvoir trop nous hâter d'annoncer au Public que M. fon fils fe propole de les mettre en ordre, & de les publier. Des Traités élémentaires faits par un homme habile & qui a pratiqué long-temps l'art d'enfeigner, perpétuent, pour ainfi dire, fon exiftence, & c’eft une nouvelle efpèce d’immortalité que M. Morand donnera à M. fon Père, il faudra la joindre à celle qu'il lui a déjà procurée, en ornant cette falle du bufte de ce célèbre Académicien, fait de la main de M. le Moyne. La place de Penfionnaire- Anatomifte que M. Morand occupoit parmi nous, a été remplie par M. Tenon, Chirur- gien de Paris, déjà Aflocié dans la même clafle, AA 118 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE DE M. HÉRISSA NT. RANGÇOIS-Davip HÉRISSANT, Docteur-régent de la Faculté de Médecine de Paris , ancien Profeffeur aux Écoles de la même Faculté ; des Académies royales des Sciences de France & d'Angleterre, & de celles des Sciences & Belles.- Lettres d'Angers, naquit le 29 Septembre 1714 à Rouen, où fes Parens avoient été appelés par un procès pendant au Parlement de cette ville, de Jean-Baptifte Hé- riffant, & de Marguerite Marion, tous deux de familles an- ciennes de Paris, & diflinguées depuis long-temps, lune dans la Librairie, & l'autre dans la Jurifprudence & le Barreau. M. Hériflantavoit mêmed'avantage d’appartenir d'aflez près à M." de fa Hire, que l'Académie compte au nombre de fes plus illuftres Membres. Les affaires qui avoient conduit M. & M. Hériffant à Rouen, étant terminées, ils ramenèrent leur fils à Paris, & commencèrent à travailler à fon éducation. Prefque tous les enfans marquent, dès leurs premières années, plus d’inclina- tion pour une occupation que pour une autre. M. Hérifflant fut excepté de cette règle, toutes les connoiflances humaines paroifloient l'affecter également ; Mécanique, Deflin, Hifloire naturelle, tout l'intérefoit ; & il témoignoit l'intérêt qu'il y. prenoit par des queftions & des raifonnemens fort au-deflus de la portée de fon âge, & par plufieurs petits ouvrages dans lefquels paroiffoit fon adrefle. ! Telle fut l'enfance du jeune Hériflant ; bientôt de ces occupations multipliées, fortit le trait de lumière qui fit remarquer fon inclination dominante, & le genre d'étude auquel il étoit deftiné. Le célèbre M. Winflow, de cette Académie, étoit le D'ELS 8 C LE N CE ss. 119 Médecin & l'ami de fa famille; les talens du jeune Hériflant & fon application au travail l'avoient attaché à cet enfant ; une incommodité furvenue à M.X Hériffant , ayant appelé M. Winflow auprès d'elle, M. Hériffant, à peine agé de onze ans, lui préfenta un oifeau qu’il avoit difléque avec tant d’adrefle & tant de favoir, ou plutot avec un inftinct fi marqué { car où auroit-il pris ce favoir à {on âge}, que l'illuftre Anatomifte en fut frappé, & prédit que cet enfant, s’il étoit bien conduit H feroit un Jour au rang des grands Anatomifles. Cette pré- diétion toucha la partie fenfible de ame de M. Hériffant ; & il voua dès-lors tout fon attachement à l'Anatomie & à la Phyfique, dont il fentoit toute la beauté & toute l'im- portance beaucoup plus qu'il n’étoit en état de les connoître. Une prédiétion fi fatteufe étoit bien propre à combler fe Père de fatisfation; elle ne fit cependant que l'aflliger ; il avoit été aflez imprudent pour difpoler du fort de {on fils, fans connoître fon inclination ni fes talens, & l'avoit deftiné au Barreau ; il ignoroit fans doute combien la Nature eft jaloufe de fes droits, & que la rareté des grands hommes, en tout genre, doit être imputée en grande partie au peu de foin qu'on a de la confulter en pareil cas. Il crut cependant que l'extrême jeunefle de fon fils lui permettroit de le ramener à fes premières idées, mais le coup étoit porté, la fympathie avoit joué; rien ne put faire changer le jeune homme, & tous les obflacles qu'on oppofa à fon inclination ne firent que redoubler fon ardeur, .Ce n'étoit pas cependant qu'il négligeät l'étude des Huma- nités, il étoit au nombre des bons Ecoliers de fa claffe ; il {entoit, fans qu'on eût eu befoin de lui dire, combien ces premières connoiflances étoient néceflaires pour parvenir à celles qui faifoient tout l'objet de fon ambition: mais en continuant fes études, il profitoit de tous les momens de loifir qu'il pouvoit avoir, pour jeter quelques regards vers Pobjet chéri; & l’Écolier de quatrième palloit fes jours de congé chez M. Winflow, qui fe faifoit un plaifir de feconder fes heureufes difpoftions & de l'admettre à {es leçons ; il * Voy, Hit 17$0 , Dr 1921 120 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE lui avoit même fait faire un petit placet de bois, fur lequel il le plaçoit, pour qu'il put voir les démonftrations anato-" miques. Nous avons déjà relevé une pareille- circonftance dans l'Éloge de feu M. Petit, Chirurgien *; on pourroit dire de l'un & de l'autre, que la petitefle de leur taille relevoit l'étendue de leur génie. Ce fut de cette manière que le jeune Hériffant fournit la carrière de fes premières études, fans quitter celle où fon inclination le portoit : ce goût étoit f: décidément marqué, que fes frères & fes camarades de claffe ne l’appeloient que #1. le Médecin, efpèce de fobriquet qu'ils regardoient comme une raïllerie, & avec lequel ils en faifoient fans y penfer un très-grand éloge; peu de fujets donnent lieu à des infultes de cette efpèce. Ses Humanités finies, il entra en Philofophie, ïl avoit alors atteint l'âge de quinze ans; le Profeffeur remarqua qu'il étoit peu aflidu, bien éloigné d'en deviner la caufe, il l'attri- bua à quelque dérangement de conduite, & fe crut obligé d'en avertir fon père. On le fit obferver, & on découvrit qu'au lieu de fe rendre à fa claffe, il fuivoit, avec la plus grande affiduité, les cours de Botanique de M. de Juffieu, & ceux de Chimie que M.” Boulduc & Lémery faifoient au Jardin du Roi, & quele refle du temps qu'il pouvoit dérober étoit employé à fuivre les panfémens de l'Hôtel-Dieu. 4 On peut juger du terrible orage que cette découverte lui attira de la part de fon père, les reproches, les remontrances; tout fut mis en ufage, il lui remettoit fans ceffe devant les eux la gloire dont M. Marion fon aïeul s’étoit couvert dans la brillante fonction d’Avocat. M. Hériffant n’avoit plus d’yeux pour lapercevoir , il ne voyoit dans tous fes aïeux que M. de la Hire, & le Jurifconfulte difparoïffoit pour lui devant VAcadémicien. Il fe retranchoit tout ce qu'il pouvoit pour acheter des cadavres & des inftrumens ; un grenier où il avoit établi fon laboratoire, étoit devenu pour lui un lieu de délices; c'étoit-à qu'il s’occupoit à étudier les Loix de la Nature, tandis qu'on le croyoit occupé à s'inftruire chez fon Agrégé des loix humaines & de leur application. Ce DES ScrENCESs. 127 Ce nouveau myftère fut encore découvert, & le père voulant mettre fon fils abfolument hors d'état de le tromper fur ce fujet, lui déclara qu'il n’y auroit plus pour lui d'autre afyle que chez un Procureur où il avoit payé fa penfion. Le jeune Hériffant fut aterré de ce coup, il obéit cependant, quoiqu’avec la plus extrême répugnance. Tranfporté fubite- ment du fein d’une étude chérie, lumineufe & deftinée à fecourir fes Compatriotes , dans lantre ténébreux de la barbare chicane, il fe crut à la chaîne dans le brigantin d'un Corfaire d'Alger; & quelque déférence qu'il eût pour les ordres de fon père, il ne put y tenir plus de deux mois. L'envie de s’en tirer lui fuggéra le deffein d’entrer aux Char- treux ; il ne faifoit fürement pas réflexion que ces pieux Solitaires, uniquement occupés des chofes du Ciel & de la prière, n’ont que bien peu de temps dont ils puiffent difpofer en faveur des Sciences humaines, & que l’Anatomie étoit peut-être de toutes, celle qu'il lui auroit été le plus difficile d'y étudier. Nous ne le louerons pas de ce bizarre deffein ; nous ne pouvons lui tenir compte que de l'efpèce de défefpoir qui le lui avoit infpiré. Ses malheurs étoient cependant bien plus près de finir qu’il ne penfoit ; un de fes oncles, Chanoïine de Saint-Marcel, touché de l'efpèce de perfécution qu'éprou- voit fon neveu, lui offrit un afile chez lui, avec [a plus grande liberté de fe livrer à fon inclination. * On peut juger de la joie & de la reconnoiffance avec efquelles cette propofition fut acceptée, & de l'ardeur avec laquelle le jeune Hériffant reprit fes occupations fr defirées. Bientôt avec les fecours de M. Winflow, de Juflieu & Lémery, & grâce à fon affiduité à fuivre tous les Cours publics, il fut en état d'en faire lui-même pour de jeunes gens qui fe deftinoient à la Médecine. Cette dernière ciconftance éntraïna même une aventure fingulière & bien capable de faire voir jufqu'où alloit fon ardeur pour lAnatomie; il demeuroit, comme nous l'avons dit, chez fon oncle, au Cloïtre Saint-Marcel, & il faifoit fes Cours dans une chambre qu'il .s’étoit procurée rue des Noyers: il mourut, dans le Hif. 1773: Q 122 HisSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE quartier Saint-Marcel, une Laitière célèbre par fon énorme: roffeur, M. Hériffant trouva moyen d'avoir ce cadavre, mais il falloit le tranfporter à la rue des Noyers, perfonne ne vouloit s'en charger. Malgré la petitefle de fa taille, & la délicateffe de fa complexion , il entreprit de l'emporter lui: même, au rifque de fuccomber fous le faix, ou d’être peut être arrêté comme un criminel, fi les gardes qui, veillent à la füreté publique, l’euffent trouvé chargé d’un pareil fardeau; fa témérité lui réuffit, & la grofle laitière arriva à bon port. Les grandes paflions ne connoiffent point de difhicultés. M. Winflow qui s'intéreffoit toujours de plus en plus à {on fort, s’entremit auprès de fon Père & lui arracha, enfin . fon confentement pour faire étudier le jeune Hériflant en Médecine, ce moment termina fes malheurs; nous avons cru devoir en tracer le tableau avec quelque détail, tant pour rendre juftice à la mémoire de M. Hériffant, que parce que nous n'avons que trop fouvent ce genre de conftance à relever dans nos Éloges. ILeftaifé de voir par tout ce que nous venons de dire, que M. Hériffant n’avoit pas attendu à étudier la Médecine, qu'il füt fur les bancs de la Faculté; il étoit Médecin avant que d'en pourfuivre le titre, & la bonté de fon cœur l'engagea, à employer ce favoir en faveur des pauvres, il les fecouroit non-feulement de fes confeils, mais encore de Pargent. qu'il déroboit à fes plaifirs, & il fe livroit avec d'autant plus de confiance, à cette charitable occupation, qu'il. ne rougifloit point dans les.cas embarrafians de demander confeil aux grands Médecins: bien des gens ignorent une grande partie de ce qu'ils croient favoir, M. Hériffant, au contraire, connoifloit rfaitement ce qu’il ne favoit pas. Les études de M. Hériffant, aux Écoles de Médecine, étoient déjà très-avancées lorfqu’il perdit fon Père: maître, alors de lui-même, il ne defroit rienstant que des’attacher à la Médecine , mais la modicité de fa fortune y mettoit. un obflacle, il fut heureufement levé ; M. l'Abbé le Normant étoit alors Doyen de S.' Marcel, il étoit ami de toute La D'ELS SC 7 E NC E 127 famille de M. Hériffant, il voulut bien contribuer à le mettre en état d’être utile au Public en lui avançant généreufement toutesles fommes dont ilavoit befoin pour parvenir au doctorat. M. Hériflant fe mit donc fur les bancs, & malgré fa modeftie & fa timidité, fes premiers Examinateurs eurent bientôt reconnu fon mérite. Sa première Thèfe fut le réfultat d’un travail long & pénible, fur les organes de la refpiration, ce travail fervit enfuite de bafe au premier Mémoire qu'il lut à l'Académie, & duquel nous aurons bientôt lieu de parler. * Les fuccès de M. Hériffant ne firent que confirmer M. Winflow, dans la bonne opinion qu’il en avoit conçue, il ofa alors lui confier des travaux que fon grand âge ne lui péïmettoit plus d’efpérer de finir, il l’engagea plufieurs fois à faire fes Leçons au Jardin du Roi, il en parloit à tous fes amis & le vanta fur-tout à feu M. de Reaumur, de cette Académie, Nous avons dit dans lÉloge de M. Pitot *, que M. de Reaumur étoit chargé du laboratoire de F Académie, & qu'il émployoit toujours le petit revenu qui y eft attaché à former quelque jeune homme qu'il deftinoit à l'Académie ; cette placé étoit alors occupée, mais l'entrée du Titulaire à l'Aca- démie l'ayant fait vaquer en 1743, M. de Reaumur crut ne la pouvoir mieux remplir qu’en y appelant M. Hériffant, ce fut dans cette excellente École, que fans interrompre fes études anatomiques, pour lefquelles M. de Reaumur lui avoit donné un emplacement commode, il prit le goût des obfer- vations d'Hifloire Naturelle, & qu'il apprit fous ce grand Phyficien , l'art d'interroger la Nature, & de favoir, pour ainfi dire , lui arracher fes réponfes. M. Hérifflant étoit déjà connu de plufieurs Académiciens, ile fut bientôt de toute l’Académie, par un Mémoire qu’il y lut cette même année, fur le mécanifme de la refpiration. I étoit affez naturel de penfer que la correfpondance conti- ruelle des mouvemens de la poitrine avec ceux dela refpiration, indiquoient que le poumon étoit un organe abfolument paffif, qui ne recevoit fon mouvement que de celui de la poitrine, Q ïi * Voy, Hife, 1771 » PaGe 146% 124 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE dans laquelle on trouvoit l'appareil d’os, de nerfs & dé mufcles nécefaires à ce mouvement: il étoit cependant connu qu'un très-grand délabrement dans le thorax, & même dans le diaphragme, n'empéchoit pas le poumon de continuer fes fonétions, quoique plus foiblement. Comment accorder ce mouvement avec la privation totale des organes propres à le produire? M. Hériffant en trouve la caufe dans le mouvement du cœur, le fang que cet organe chafle dans le poumon, en fe reflerrant , en diftend toutes les véficules, & leur fait admettre une certaine quantité d’air qu’elles rejettent par leur feul reflort lorfque le cœur en fe dilatant ceffe d'y poufer du fang ; explication très-fimple du mouvement du poumon, dans les animaux dont a ouvert le thorax fans intérefler ce vifcère. Il donna encore cette année , l’obfervation d’un enfant né avec le bec-de-lièvre, qui avoit eu pendant fa vie la fingulière propriété de pouvoir emplir fa bouche d'eau, & de la faire fortir par le nez fans ouvrir la bouche, à peu-près comme le poiflon cétacé, qu'on nomme Souffeur. L'ouverture du cadavre fit voir à M. Hériffant , que cette propriété tenoit à ce que la voûte du palais étoit, dans ce fujet, percée de deux trous, & que les cornets du nez manquoient abfolument, Malgré toutes ces recherches anatomiques, M. Hériffant continuoit l'exercice de la Médecine, il la pratiquoit dans les environs de fa demeure; bientôt il eut acquis comme Médecin la confiance de M. de Reaumur, qui lui confia le foin de fa fanté, & le fit adopter en cette qualité par prefque tous fes amis. . Les travaux de M. Hériffant l’approchoient de l’Académie, ‘il y étoit connu & eflimé, & elle defiroit de fe l'acquérir. L'occafion s'en préfenta en 1748, & il y obtint le 20 Mars de cette même année, la place d’Adjoint-Anatomifte, vacante par la promotion de M. de Laflone, à celle d'Affocié. Prefque auffi-tôt donna un Mémoire fur la ftructure des cartilages des côtes de l'homme & du cheval ; les côtes arti- culées par-dérrière avec l'épine du dos, & attachées par- D E 5; $ © I E N-C ES 125 devant aux cartilages qui tiennent au ffernum, ne peuvent exécuter leurs mouvemens fans que ces cartilages s’y prêtent, en cédant à leur action & fe rétabliffant enfuite par leur reflort. M. Hériffant trouve la fource de ce reffort dans la ftruéture même des cartilages ; des expériences fuivies lui firent voir qu'ils font compolés de lames plates , ovales, un peu plus épaiffes par un bout que par l'autre, ce qui les met dans le cas d'agir à peu-près comme un reffort à boudin : il étoit aflez naturel de penfer que la même ftruéture avoit lieu dans les animaux; cependant M. Hériflant ayant exa- miné les cartilages de la poitrine du cheval, trouva qu'ils étoient compolés d'un tiflu cellulaire, capable de s’alonger quand on les tire, & de fe retirer quand on les abandonne; ce qui leur donne un reflort moins vif, mais plus fort & plus proportionné aux efforts auxquels ces animaux font expofés. Dans le cours de la même année, il lut à l Académie une Difertation très-curieufe, fur le mouvement du bec des Oïfeaux; on avoit cru jufqu'alors que le demi-bec fupérieur étoit fermement attaché au crâne, & que l'ouverture du bec fe faifoit comme celle de la bouche de l'homme, par le feul mouvement de la partie inférieure; on connoifloit cependant quelques exceptions à cette règle. Les recherches de M. Hériflant firent voir que dans la plus grande partie des oifeaux, le demi-bec fupérieur eft mobile comme l'inférieur; il démontra les organes qui fervent à ce mouvement , qui ne font ni en petit nombre, ni aflez petits pour échapper aux yeux; il les démontra fur la tête du Canard, où il les avoit fi bien reconnus qu'il lui étoit facile de les remettre en jeu fur un Canard mort: mécanifme admirable, & qui avoit cependant échappé jufqu’à lui aux regards des Anatomiftes. Les occupations de Médecine de M. Hériffant ne lui avoient pas fait perdre de vue fes Recherches Anatomiques & d'Hif- toire naturelle, il favoit qu'il avoit à la fois à remplir le devoir de Médecin &. celui d’Académicien ; pour s'acquitter de ce dernier, il donna en 1749, un excellent Mémoire fur les dents du Requin. Ceux qui fréquentent la mer ne connoiffent 126 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE que trop le poiflon qui porte ce nom, c'eft le plus vorace des cétacées. On fait que ce dangereux animal a une gueule énorme, garnie de dents auffi tranchantes que des faucilles; mais ce qu'on n'avoit pas examiné jufque-là, c'eft l’immenfe magafn de ces dents qui font , comme en réferve dans {a gueule de ce poiflon , pour remplacer celles que fa voracité l'expofe fouvent à perdre. Les recherches de M. Hériffant lui firent voir que ces dents en réferve ne font pas, comme dans les autres animaux, contenues dans un germe qui ait befoin de fe développer ; mais qu'ellés y font toutes venues & couchées les unes fur les autres à côté de la dent actuelle, comme les feuilles d’un artichaud :; que dès qu'une dent eft détruite , celle qui en eft la plus proche fe relève en peu de temps, & a fa place : ce poiffon eft jufqu'ici le feul dans lequel on ait obfervé ce fingulier mécanifme, dont on doit abfolument la connoiflance à M. Hériffant. Les travaux de M. Hériffant, dont nous venons de parler, n’avoient fait que confirmer l’idée avantageufé que l’Académie en avoit conçue ; elle lui en donna une preuve en le nommant vers la fin de 1751, à la place d’Affocié-Anatomifte, vacante par la vétérance de M. Bouvart. Dès le commencement de l'année fui vante, il lutun Mémoire fur la fituation fingulière de l'eftomac dans le Coucou : l'efto- mac a, généralement parlant, dans les oïfeaux, une pofition toute diflérente de celle qu’il a dans les autres animaux; au lieu d’être placé en devant, il eft au contraire appliqué à la lame d'os très-mince qui leur tient lieu d’épine, & recouvert en devant par le paquet inteftinal, d'où il fuit que d’un côté les jeunes oifeaux ont befoin d’être couvés; leur eftomac mal défendu par une lame d'os mince, & alors encore cartilagi- neufe, ne pouvant conferver la chaleur néceffaire à la digeftion; & que de l'autre les pères & mères peuvent fans fe bleffex couver leurs œufs & leurs petits, n'ayant que des parties molles fous le ventre. Le Coucou feul fait une exception à cette règle, fon eftomac eft placé en devant, & il ne pourroit couver fans fe faire beaucoup de mal : fes petits d’ailleurs ; 1APDIES SN SCALE Nec HS: !! 127 par même raifon , n’ont pas le même befoin d’être couvés que ceux des autres oïfeaux; auffi s'en épargne-t-il la peine, & donne fes œufs à couver à d'autres oifeaux qu'il choifit ordinairement parmi les moins forts, afin que fes petits une fois éclos puiflent fe rendre maîtres du nid, en faifant périr ceux qui le devoient occuper. La même année 1754, fut marquée par un autre travail important. Perfonne n'ignore les recherches qui ont été faites par M.® Dodart & Ferrein, fur l'organe de la voix de l'homme, & l’Académie les a publiées dans fes Mémoires; comme on avoit remarqué dans prefque tous les quadrupèdes une glotte à peu-près femblable à celle de l'homme, on ne s’étoit pas avifé d'y chercher d’autres organes qui concouruflent avec elle à la formation de la voix de l'animal. M. Hériffant entreprit cette recherche, il trouva dans les oifeaux une multitude de pièces néceflaires à produire leur ramage , il n'enfut pas étonné; mais il le fut beaucoup, de, la complication d'organes qu'il trouva dans quelques quadrupèdes, & für-tout dans ceux qui font entendre la voix la plus défagréable, On ne croiroit - pas, par exemple, que l'organe du plus agréable chanteur çoûtât moins de frais à la Nature, que ceux qui font deftinés à faire braire un âne, ou grogner un cochon; c'eft cependant ce que les recherches de M. Hériflant ont mis hors de doute, on feroit tenté de regretter l'art employé à produire des fons fi défagréables, fi Ton ne favoit. que rien dans la Nature n'’eft fans ufage, & que ces, mauffades cris tiennent probablement à quelque chofe d'utile que. nous ignorons. Ce travail fut accompagné, dans la même année, de deux Obférvations..très-curieufes, Dans le cadavre d’un homme mort, d’une maladie de poitrine accompagnée de fymptômes extraordinaires , iltrouva le lobe gauche du poumon détruit, &.le cœur flottant. & comme fufpendu dans lefpace que ce lobe auroit dû oceu- per vil. cherchoit le péricarde qu'il, avoit cependant devant les yeux , mais_ce fac qui dans Fétat naturel fufht à peine pour contenir le cœur & fes oreillettes , sétois. étendæ 128 HisToire DE L'ACADÉMIE RoYALr jufqu'au point de fe coller à la plèvre, & de tapifler toute cette partie de la poitrine : obfervation importante, puifqu'elle eut fervir à reconnoître dans l’'occafion une conformation femblable , &. à afligner la caufe des bizarres effets qu'elle peut produire. Le fujet de la feconde obfervation, étoit un poulet mort à quatre mois, qui avoit vécu afHigé d’un emphysème univerfel, & d’une grofieur à la cuifle. M. Hériflant trouva que cette groffeur étoit une defcente de prefque tout le paquet inteftinal, & que l'adhérence des facs membraneux qui communiquent au poumon charnu avec le tiffu cellulaire qui s'étend fous la peau, avoit caufé l'emphysème en introduifant dans ce tiflu l'air de la refpiration. On a pu remarquer par tout ce que nous venons de dire, ue M. Hériflant avoit toujours foin de diriger fes recherches vers des objets utiles & intéreffans : en voici encore un de cette efpèce, qu'il donna à l'Académie en 1754. On avoit toujours cru, &ilétoit très-naturel de le croire, que les dents d'un enfant perçant la gencive, la partie de la dent qu'on nomme /e collet fe foudoit, pour ainfi dire, aux lèvres de fa plaie, & y devenoit adhérente; cependant les obfervations de M. Hériffant lui apprirent qu'il y avoit dans la bouche de l'enfant deux efpèces de gencives , l'une paffagère & l'autre permanente; que cette dernière étoit eflentiellement unie à la dent vers fon collet, qu’elle enveloppoit la partie de fa dent qui doit paroître à l'extérieur, & qu'à mefure qu'elle s'en détachoit en croiflant, elle brifoit des petites véficules qui contenoient une liqueur blanche deftinée à former l'émail ; & qu'enfin la gencive paffagère deftinée feulement à recouvrir la dent encore tendre & pendant fon développement , étoit déchirée par fon accroiffement, & fe détruifoit alors fans retour; toutes circonftances eflentielles & abfolument in- connues jufqu’alors. Nous voici enfin arrivés à celui de tous les travaux de M. Hériffant, qui lui a fait le plus d'honneur, & qui a le plus intéreffé le public Anatomifte. Tous nn. ‘dé SietsuSto rte Nc Ets 129 - Tous céux qui avoient réfléchi fur la folidité des os dans V'adulte avoient été frappés d’étonnement, en voyant ces pièces de la charpente du corps humain fr molles & fi fouples dans le fœtus, acquérir enfuite tant de fermeté, & pafler de l'état de membrane à celui de cartilage, & de celui de carti- lage à celui d'os; mais malgré toutes les tentatives faites pour découvrir comment fe fait ce changement, l’offification étoit toujours demeurée un myftère impénétrable. M. Hériffant ofa entreprendre de le dévoiler; on favoit depuis long-temps que des acides même aflez foibles pouvoient amollir les os, & leur donner une flexibilité prefqu'égale à celle des cartilages , | foupçonna que ce ramolliffement étoit un commencement de décompofition ; d'après cette idée, il mit des lames d’os aflez minces dans de l'efprit-de-nitre affoibli avec de l'eau, & il eut le plaifir de voir juftifier fa conjeéture. 11 les trouva au bout de quelque temps on à à l'état de membranes & beaucoup diminuées de poids, & en analyfant fa liqueur, il y retrouva à quelques grains près autant de matière crétacée ue les lames d'os avoient perdu de leur poids; il préfenta à Académie les produits de toutes ces opérations, & fit voir que les os d'abord membraneux ne s'endurcifloient qu'à l’aide d'une matière crétacée, jointe à une colle-forte naturelle que la circulation y charioit, & qui remplifloient les maiïlles du réfeau membraneux dont los étoit primitivement com- pofé; en un mot, il mit abfolument fous les yeux cette fingulière opération de la Nature. I fit plus, il fit voir en 1766, que le même mécanifme avoit lieu avec quelques légers changemens dans a production de plufieurs parties animales, & fur-tout dans Ja formation & la dureté des coquilles. Découverte importante, & qui fera à jamais une époque mémorable dans les faftes de F Anatomie. Ce fut par ce travail que M. Hériffant prit, pour ainfi dire, congé de Anatomie. Nous ne le verrons plus paroître fous cette forme, & il eft temps de le préfenter fous celle de Naturalifte, Dans le temps même où il étoit chez M. de Reaumur, HP 1773: R + 1769. 130 HISTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE il avoit cherché un moyen plus für & plus efficace pour conferver les oifeaux & les animaux, que la fimple deflicca- tion qu'on leur faifoit éprouver, & il avoit inventé une poudre avec laquelle il defféchoit bien plus parfaitement les animaux , qu'on ne l'avoit pu faire jufqu'alors. La même poudre, avec cependant quelque différence dans fa compofition, pouvoit fervir à conferver des pièces anatomiques, même des cada- vres entiers; ilavoit imaginé une liqueur qui confervoit à la peau fa foupleffe & même fes couleurs ; il en avoit compofé une autre très-claire, très-limpide, abfolument incapable d’altérer le lut qui fert à fermer les bocaux, & dans laquelle il confervoit les poiflons & les infectes dans toute leur fraî- cheur. Il fit voir, en 1770, à l’Académie plufieurs animaux & un fujet humain confervés à l'aide de fa poudre, & quantité de poiffons & d’infeétes admirablement bien confervés dans fa liqueur. I avoit été nommé Fannée précédente * à Ja place de Penfionnaire- Anatomifte, vacante par la mort de M. Ferrein. M. Spallanzani ayant publié fes étonnantes expériences fur la reproduétion de la tête des limaçons, M. Hérifiant fut un des Académiciens qui s’occupa le plus de cet objet, il fit voir combien il étoit difficile de s’afurer qu’on eût entière- ment enlevé la tête à ces animaux, mais qu'on y parvenoit avec de certaines précautions; il en préfenta un dont la tête qu'il avoit coupée s’étoit confervée fi entière, dans l'efprit-de- vin, qu'on y reconnoïfloit jufqu'aux dents, auquel il en étoit revenu une feconde, reconnoiïffable par fa couleur, garnie de tous fes organes & fpécialement des dents. I eft ficheux que le même privilége n'ait pas été accordé à l'efpèce humaine, que de gens auroient pu efpérer de gagner en fe foumettant à l'opération ? Un fait d'Hiftoire Naturelle très-fingulier, vint, en 1771; exercer la fagacité de M. Hériffant : en démoliffant un mur bâti depuis environ quarante ans, dans un des châteaux de ME le Duc d'Orléans, on trouva un crapaud vivant enfermé dans lépaifleur de ce mur, & qui fûürement étoit enfermé DE TS PSC NE N'CRE IS 131 dans ce mafñlif depuis fa conftruétion, puifqu'on lui trouva les pattes de derrière prifes dans le plâtre: ce fait, rapporté à l'Académie, réveilla le fouvenir de quelques obfervations de ce genre qui lui avoient été communiquées, & on réfolut de fuivre cette ouverture. M, Hériffant fut un de ceux qui s’occupèrent le plus de cette recherche; il enferma , en préfence de l’Académie, trois crapauds vivans dans trois boîtes qui furent fur le champ enveloppées d'un bloc de plâtre affez épais, & gardées dans l'appartement même de l’Académie ; ces boîtes ne furent ouvertes qu’au bout de dix-huit mois, & deux de ces animaux furent trouvés vivans , on les renferma fur le champ , mais les boîtes ayant été ouvertes après la mort de M. Hériflant, ils furent trouvés morts, & ‘état de defficcation où ils étoient, annonçoit qu'ils n’avoient pas réfiflé long-temps à cette feconde épreuve. De toutes les expériences qu'avoit ramañflées M. Hériffant, il avoit fait un Mémoire dans lequel il faifoit voir que ces animaux peuvent vivre très-long-temps fans manger, fans boire & prefque fans refpirer, il la remis lui-même, lors de fa mort, à M. Guettard qui s’eft chargé de le mettre en état d’être donné à l'Académie & au Public. La fin de cette recherche eft de même date que celle de fa vie, & ïl aura fa gloire d'avoir été Académicien même après fa mort. Telle a été la vie de M. Hériflant, confidéré comme Académicien, mais nous lui devons encore de le peindre comme homme & dans l'intérieur de fon ménage , car il en avoit un , & l'hiftoire de fon mariage mérite bien de - trouver place dans cet Éloge. M. Hériffant toujours vivement & uniquement occupé de fes recherches, n’avoit jamais fenti aucun vide dans fa vie, ni connu le befoin d’une fociété domeftique ; une circonf- tance qui paroifloit devoir étre très-indiflérente changea tout d'un coup fa façon de penfer. I! cherchoït un logement, on lui en indiqua un chez M. Bouland, Greffier plumitif de la Cour des Monnoies, il eut par-là occafion de voir la famille de cet Officier; une de fes R ij 432 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE filles fixa l'attention du nouveau locataire, & il comménça à s'apercevoir qu’elle étoit néceflaire à fon bonheur. Bientôt après elle tomba malade, & M. Hériffant la fecourut, on peut juger fi ce fut avec zèle;elle guérit, & pour ne pas rendre le récit plus long à proportion que l'évènement, nous dirons feulement, qu'en moins de quinze jours il prit fon parti, la demanda, Vobtint, & l'époufa. Célérité rare en pareil cas, & ce qui eft encore bien plus rare, il n'eut pas lieu de s'en repentir. Ce changement d’état lobligea de changer fa manière de vivre, & de fe livrer un peu plus à la pratique de Ja Médecine, qui lui devenoit néceffaire depuis fon établiffement. H n'augmenta pas cependant cette pratique autant qu'il auroit pu le faire, il avoit pris pour f Académie cet attache- ment qu’elle ne manque guère d’infpirer, & ïl fouffroit de voir fon temps partagé & fes recherches Phyfiques retardées; d’ailleurs il ne poffédoit que l'Art de la Médecine, & point du tout celui du Médecin. Les malades imaginaires & ceux dont les maux étoient incurables, n’entroient point dans la lifle de fes vifites; felon lui le Médecin étoit fait pour guérir & non pour amufer fes malades, il vouloit d'ailleurs être für de la manière de vivre de ceux qu'il traitoit, il répondit un jour à un très-grand Seigneur qu'il avoit foulagé dans une violente attaque de goutte, & qui le follicitoit de s'établir à la Cour, qu'il s'en garderoit bien; que les habitans de ce féjour étoient trop fujets aux violens eflets des paflions, & que d’ailleurs leur genre de vie & leur façon de fe nourrir exigeoient des Médecins qui en euflent fait une étude parti- culière; on voit aifément combien toutes ces reftrictions devoient rétrécir la fphère de fa pratique, & on ne fera pas étonné qu'il ait laiflé une fortune fi médiocre, que fa veuve auroit à peine confervé de quoi vivre, fi fur le rapport de M. le Duc de la Vrillière, le feu Roï n’avoit daigné venir à fon fecours, en lui accordant une penfion. La pratique de M. Hériffant étoit cependant encore plus grande qu'il ne la defiroit, & il étoit obligé de prendre beaucoup fur Jui pour allier avec ce devoir le travail qu'exi- DES SCTENCE s 137 geoient fes Recherches Anatomiques & Phyfiques. Son tem- pérament aflez délicat par lui-même fuccomba fous tant de fatigues, & fa fanté s’altéra, il s’en aperçut, & plus de fix mois avant fa mort, il étoit perfuadé qu'il n’avoit plus que peu de temps à vivre; mais au lieu d'employer alors toutes les reflources de fon art à reculer fon dernier moment , il ne s’occupa qu'à ménager le peu de forces qui lui reftoit pour finir plufieurs Mémoires qu'il avoit commencés, & qu'il comptoit lire à l'Académie. Le mal cependant qu'il négligeoït faifoit des progrès rapides, il n’en rabattit rien de fon ardeur au travail, & de fon afliduité aux Afflemblées de l Académie ; mais il fallut à la fin fuccomber. Nous lavions encore vu parmi nous le 14 Août 1773, mais le Mercredi fuivant, il tenta vainement deux fois de s’habiller. Deux faignées qu'on lui fit calmèrent un peu fes douleurs, mais fans diminuer fon mal, il vit bien qu'il n'y avoit plus de temps à perdre, il demanda lui- même les fecours fpirituels qu’il reçut avec la piété la plus édifiante. Acquitté de ce dernier devoir, il employa le temps qui lui reftoit à s'entretenir avec M. Guettard, qui de même que M. Cadet ne lavoit point quitté, & à lui faire part de plufieurs obfervations qu'il avoit commencées & qu'il le prioit de continuer: efpèce de legs qu'il faifoit encore au Public & à l Académie. II ne pouvoit choifir un exécuteur teftamentaire plus propre à le leur faire recueillir; fes dernières paroles furent employées à le prier de faire fes adieux à Académie, il mourut le Samedi 21 Août, âgé de près de cinquante-neuf ans. M. Hériflant étoit d'aflez petite flature & d’une figure peu avantageufe, fon tempérament étoit vif & affez délicat, il étoit de la probité la plus exaéte & la plus inflexible, mais il n'avoitpas l’art malheureufement trop néceflaire de favoir modérer faverfion que le défaut de candeur infpire toujours à la vertu ; le moindre manquement qu'il croyoit apercevoir en ce genre excitoit fon indignation, & il ne pouvoit s'empêcher de la laiffer éclater, fentiment noble en lui-même, mais auquel il eft dangereux de fe livrer; ce n’efk 134 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE, &c. pas en reprochant aux hommes des fautes de cette efpèce qu’on peut efpérer de les ramener à la Vertu , il en réfultoit qu'il ne pouvoit guère avoir pour amis que ceux qui favoient pénétrer à travers cette efpèce de roideur de caractère jufqu’à la fource refpectable qui la produifoit: hors de-là & dans le commerce de la vie, il étoit fort gai & favoit même aflai- fonner la converfation d’une plaifanterie fine & délicate. Jamais perfonne n’a été plus attaché que lui à l'Académie, nous lui devons les buftes de M.* de Reaumur & Winflow, qu'il a donnés à l’Académie pour être un digne ornement de cette Salle, il y avoit joint un portrait de feu M. de la Hire, peint de la main même de ce célèbre Aftronome: ces préfens, quelque précieux qu'ils fuffent par eux-mêmes, le font encore devenus davantage par la noble émulation qu'ils ont excitée & qui a porté plufieurs Académiciens, d’autres perfonnes & même un de nos plus célèbres Artiftes en ce genre *, à confacrer ici plufieurs monumens de cette efpèce, à la mémoire de ceux qui nous ont précédés dans la carrière que nous courons. La place de Penfionnaire-Anatomifte, que M. Hériffant occupoit , a été remplie par M. Morand, Médecin de la Faculté de Paris, Aflocié dans la même claffe. * M. le Moyne, de l'Académie Royale de Peinture & Sculpture. ! «0 fe ñ : tel fre. A ! n hu } mue 4 sr mm LE w= 5: D = _ MÉMOIRES MATHÉMATIQUE DE PHYSFO-UE. VIRES DES REGISTRES de l’Académie Royale des Sciences. Année M. DCCLXXIII. PREMIER MÉMOIRE Sur l’Acacia des Anciens, 7 fur quelques autres Arbres du Sénégal qui portent la gomme rougeätre, appelée communément Gomme Arabique. Par M. ADANSON. ee ES Grecs ont toujours donné depuis Théophrafte, t Diofcoride, Pline, &c. & donnent encore aujour- d'hui le nom d'A) à l'arbre qui porte la gomme qui vient de l'Arabie, & que l'on nomme, pour tette raïfon dans le Commerce, Gomme Arabique ; néanmoins, Mém, 1773: 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE malgré les réflexions judicieufes de plufieurs Botanifles, on confond aéluellement fous ce nom, dans nos pays lettrés, deux autres fortes d'arbres, qui n’ont rien de commun avec le gommier d'Arabie, finon d’être épineux, & de porter quelquefois de la gomme, mais d’une qualité fort inférieure, & qui d'ailleurs en diffèrent, non-feulement comme des efpèces, mais même comme des genres de plantes très- éloignés. Le premier de ces arbres eft originaire de l'Amérique feptentrionale, & particulièrement du Canada, d’où il fut apportéen France, avant l'année 1600, par Vefpafien Robin, Profeffeur de Botanique au Jardin royal, où il le démontroit fous le nom d’Acacia Americana, Acacia d'Amérique : on fait que cet arbre porte, le long de fes jeunes branches, des épines nombreufes, brun-rougeâtres, courtes, aplaties & courbées en crochet, comme celles du rofier; que fes feuilles font ailées avec une impaire, affez femblables à celles de la réglifle où du galeca; que fes fleurs font pareillement papil- Jonnacées, blanches, pendantes en épi, d’une odeur fuave de citron, mélée avec celle de la cafle & de Ia manne, mais très-forte, & qui porte à la tête & au cœur; enfin, que fon fruit eft un légume aplati, membraneux, de la longueur du doigt, à une feule loge qui s'ouvre en deux battans, & qui contient depuis deux jufqu'à huit graines en forme de rein, mais aplaties; fon écorce intérieure a un goût de réglifle, qui, au rapport de Plukenet, lui a fait donner le nom de Fiquorice-tree ; c'eftà-dire, réglifle arbre, ghoyrrhiza arbor, & locus par les Anglois habitans de la Virginie {voyez for Almagefle, page 6 ; cet Auteur en a donné une figure. fort incomplète à la planche 73, n° 4 de [a Phytographie. Tant de cara@ères firent penfer à M. de Tournefort que cette plante, quoique très-voifine de la réglifle, méritoit cependant bien d’en être diftinguée, comme genre diflérent, & il lui donna le nom de Pfeudo-acacia ; c’eft-à-dire, faux acacia. Les Jardiniers l'appellent aufii agacia où agacier, agaflier , par corruption du mot acacia, M eft étonnant qu'un Botanifte, du rang de DRENSMSICE EAN IC rs 3 M. de-Tournefort, ait compofé un nouveau nom auffi impropre pour défigner une plante qui a aufli peu de rapport avec l'acacia, lui qui favoit, ou qui ne devoit pas ignorer ue vingt ans avant lui, & mème avant l'année 1680, Élsholtz, Profeffeur de Botanique, & Médecin de l'Eleteur de Brandebourg, connu par un Ouvrage intitulé : Æ/ora Marchica, avoit donné à cet arbre nouveau, le nom Robina, de M. Robin qui l’avoit le premier fait connoître en Europe, C'eft fous ce nom que nous avons cru devoir le rapporter dans nos familles des plantes à la page 323. Le fecond arbre auquel on a appliqué aufli improprement le nom d’acacia, eft le prunelier ou prunier fauvage, dont les fruits appelés prunelles ou petites prunes fauvages, cueillis avant la maturité, rendent par expreffion un fue qui, réduit en confiflance d'extrait folide & en tablettes, au moyen de la chaleur du Soleil ou du feu, s'emploie en Médecine au défaut de la gomme d’acacia, fous le nom d’acacia noffras ; c'eft-à-dire, acacia de notre pays, acacia d'Europe, ou fous celui d’acacia germanica , acacia d'Allemagne, fans doute parce qu'on commença d'abord à en faire ufage dans ce pays. On a encore transféré le nom d’acacia à nombre d’autres plantes épineufes, comme au févier gleditfia, figuré par Plukenet à la planche 352, n° 2 de fa Phytographie, au cytife épineux, qui eft l’afpalathe fecond à trois feuilles de Jean Bauhin, au bois du Brefil, au caretti ou bonduc, & à beaucoup d’autres arbres, qui, quoique de la même famille que l'acacia, méritoient cependant de n'être pas confondus avec lui, Quoique le genre de l'acacia proprement dit, reconnoiffe plufieurs efpèces qu’on ne peut féparer fans faire violence à la liaifon que la Nature femble avoir mife entr’elles; quoique l'Amérique en produife quelques-unes, & que d’autres croiflent dans les Indes, les trois efpèces qui rendent plus abondam- ment fa gomme arabique & la gomme du Sénégal, n’ont encore été obfervées que dans les terres brülantes de l'Afrique, foit en Arabie fur les côtes de la mer rouge, foit au Sénégal À ij 4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vers l'océan atlantique, pays tous deux fitués fous la Zone torride dans l'hémifphère boréal. Les Anciens, depuis Théo- phrafte, connoifloient trois efpèces d’acacia, auxquelles Pline en ajoute une quatrième qu'il convient qu’on néglige à caufe de fon peu de mérite; maïs, autant qu'on en peut juger par la defcription de Diofcoride, le gommier rouge, qui porte plus particulièrement le nom d’acacia, étoit le plus commun en Arabie, au lieu que le gommier blanc eft au moins aufir commun & même plus commun au Sénéoal que le gommiér rouge. C’eft de ces derniers feulement qu'il va être queftion, me propofant de parler dans un autre Mémoire des gom- miers blancs & de la manière dont je découvris les diverfes efpèces de gommiers, dans les premières herborifations que je fis à mon arrivée au Sénégal en l'année 1748. PREMIÈRE ESPÈCE. Gommier rouge. Nebneb. L'acacia des Grecs, felon Diofcoride, c’eft-à-dire, l'arbre fans malice, parce que la piqûre de fes épines n'eft fuivie d'aucun fâcheux accident, avoit été appelé pour la même raifon, du temps de Théophrafte, l'épine par excellence acantha , Yépine d'Égypte, acantha Ægyptia. Les Arabes lui donnent les noms d’achachie, alcharad, alchard, charad, amgailem, fchitta, fchittim ; es François appellent acacie, & quelques-uns par corruption caffie, depuis M. de Tournefort, qui a le premier introduit ce nom impropre dans fes /nfftuts de Botanique. Les feuls Auteurs qui aient donné une figure reconnoiflable & caraétérifée de cette plante, font Lobel, page 536, planche cx, tome 11, fous le nom de Jpina acaciæ Diofcoridis ; Profper Alpin, fous le nom d’acacia fæmina, planche 1x ; Parkinfon, fous celui d’acacia vera five fpina Ægyptiaca ; en Anglois, the Egyptian thorn, or binding beane tree ; & Plukenet, planche CCL1, figure 1 de fa Phythographie, fous le nom d’acacia altera vera, feu fpina Mazcatenfis vel Arabica , foliis angufforibus flore allo, filiquà long& villofä , DES TCNETEN NICE Es. F plurimns iflimis à cortice candicantibus donata, M. Linné la défigne ainf: memofa, nilotica, fpinis flipularibus patentibus , foliis bipinnatis ; partiahbus extimis glandil@ interje&l : Jpicis globofis pedunculatis , dans fon Ouvrage intitulé : Syflema Nature, édition X 11, page 678, n° 34. L'acacia à encore reçu des Botaniftes modernes, beaucoup d’autres noms que nous fupprimons ici comme peu inftruclifs. + Cet arbre croît dans les fables du Sénégal, ainfi que dans ceux de l'Arabie: il eft fur-tout fort commun dans l'île de Sor & dans le voifinage de l'ile Saint-Louis, près de fembor:- chure du Niger, où il s'élève à peine à la hauteur de vingt pieds, fous la forme d'un buiflon peu régulier, dont le tronc eft aflez droit, maïs court, à peine de cinq ou fix pieds de hauteur fur un pied de diamètre, ayant une écorce groffière, fillonnée, comparable à celle de forme, d’un brun noir, qui recouvre un bois compact très-dur, très-pefant, dont l'aubier eft jaune, & le cœur rouge-brun, plein, fans aucune moëlle, Ses racines font rougeätres & s'étendent prefque horizonta- lement à une petite profondeur fous la furface de la terre à la diflance de quinze à vingt pieds. Le tronc fe partage en un grand nombre de branches affez fortes, prefque horizontales, tortueufes, dont les vieilles ont l'écorce femblable à celle du tronc, mais dont les jeunes font rougeâtres, lifles, d’abord triangulaires, enfuite cylindriques. Le long de ces branches fortent des feuilles alternes affez ferrées ou près-à-près les unes des autres, pinnées, c’eft-à-dire, ailées fur deux rangs, dont le premier eft compofé pour l'ordi- naire de cinq paires de pinnules qui portent chacune dix-huit à vingt paires de folioles longues de deux lignes ; le pédicule commun qui foutiént les pinnules a environ un tiers de plus qu'elles en longueur, &. montre une petite glande hémifphé- rique concave entre la première & la dernière paire entre laquelle elle fe termine par un petit filet conique. Chaque feuille porte à l'origine du pédicule commun vers les côtés, au lieu de flipules, deux épines coniques droites, écartées borizontalement, dont l'une eft plus courte d'un tiers que Feuilles, Fleurs. 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'autre: ces épines ne font pas d’égale grandeur fur toutes les branches ; celles de l’année ou de la faïfon précédente, ou pour parler plus exactement, les branches qui ont pouffé au moment où la sève eft prête de s'arrêter, les ont brunes, longues de cinq à fix lignes au plus; les branches, au contraire, qui pouffent dans le temps de la force de la sève, en Juillet & Août, produifent de ces mêmes épines longues de deux pouces à deux pouces & demi fur une ligne de diamètre, & d'un jaune de bois. De l'aifelle de chaque feuille & de chaque paire d’épines, fortent deux têtes de fleurs jaunes, comparables en quelque forte à celles du trèfle des prés, fphériques, de fept lignes environ de diamètre, portées fur un péduncule trois fois auffr long, articulé à fon milieu, d’où part une membrane cylin- drique en. forme de gaine couronnée de quatre denticules ; ce péduncule, avec fa tête, eft prefque une fois plus court que les feuilles : chaque tête eft formée par l'affemblage de foixante fleurs très-rapprochées & contiguës, quoique féparées les unes des autres par une écaille deux fois plus longue que large, d’un tiers plus courte que le calice, figurée en palette orbiculaire, velue, bordée de poils, & dont la grande moitié inférieure forme un pédicule extrêmement mince. En détachant chacune de ces fleurs, on voit qu'elle eft hermaphrodite, compofée d’un calice d’une feule pièce en entonnoir, d’un tiers plus long que large, incarnat, tout couvert de poils courts denfes, couchés en tous fens, & partagé jufqu'au tiers de fa hauteur en cinq denticules égaux trian- gulaires , une fois plus larges que longs, convexes à leur face extérieure, & concaves à l'intérieure. Du fond de ce calice fort une corolle une fois & demie plus fongue que lui, de même forme, mais marquée extérieurement de cinq angles qui font l'alternative avec les cinq dentelures dont elle eft couronnée, & qui font triangulaires, une fois plus longues que larges , concaves à leur face intérieure, & trois fois plus courtes que le tube qui lui-même a une fois plus de Jongueur que de largeur. Les étamines, au nombre de [l D'Æ SASANCITLEIN CES. 7 foixante-dix à quatre-vingts, fortent difpofées fur cinq rangs circulaires, d’une efpèce de difque creufé en hémifphère qui s'élève du fond du calice en touchant la corolle, & enjaiffant un petit efpace vide autour de l'ovaire; elles font affez égales entrelles, une fois plus longues que la corolle, lifles, luifantes & épanouies comme un faifceau dont les filets ne divergent que de quinze degrés ou environ; ces filets font cylindriques, très-fins, comme articulés ou compolés d’anneaux chagrinés de petits tubercules, pointus à leur extrémité, quinze fois plus longs & deux fois plus étroits que les anthères ; celles-ci font fphéroïdes, marquées, fur la face intérieure qui regarde le piflile, de trois fillons longitudinaux, dont les deux colla- téraux s'ouvrent, imprimées fur la face oppofée d'une petite cavité par laquelle elles font implantées fur les filets, & ornées à leur extrémité d'un petit globule blanc trois fois plus petit qu’elles, hériflé de denticules coniques & porté fur un petit filet affez long: la pouflière féminale qui fort de ces anthères eft compolée d’une prodigieufe quantité de petits globules de couleur d’or, lifles & luifans. Du milieu du vide que laïifle le difque des étamines au centre du calice s'élève le piftile qui égale la longueur des étamines, & qui eft compolfé d’un ovaire cylindrique deux fois’ plus long que large, porté fur un pédicule cylindrique menu , égal à la corolle , huit fois plus court que lui, trois fois plus étroit & terminé par un ftile cylindrique, life, Juifant, tortillé, trois fois plus long & trois fois plus étroit que lui, qui fort d’un de {es côtés, & qui a pour ftigmate à fon extrémité tronquée horizontalement, une petite cavité toute hériffée de petites pointes coniques qui ne font bien apparentes qu'avec le fecours d'un verre lenticulaire de deux à trois lignes de foyer: l'ovaire, en müriflant, devient un légume plat, droit, long de quatre à cinq pouces, huit à dix fois plus étroit, vert-brun, life, luifant, compolé de fix à dix articles difcoïdes, fi étranglés qu'ils paroïffent attachés bout-à-bout, comme par un collet qui n'a fouvent pas une Jigne de diamètre; fon écorce eft aflez épaife & contient Fruits; Qualités. Ufages. 8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE entre les deux épidermes un parenchyme gommeux rougeâtre & luifant: les articulations ne fe féparent pas naturellement; elles contiennent chacune une femence elliptique obtufe, gris-brun , longue de deux lignes, imprimée fur chacune de fes faces d’un filon qui enferme un grand efpace pareïllement elliptique, & qui eft attaché au bord fupérieur du légume ar un filet extrêmement court. ‘ Les feuilles de Facacia mâchées ont, aïnfi que fon écorce, une faveur ftiptique très-amère ; il rend naturellement fans incifion, de diverfes parties de fon tronc & de fes branches, après la faifon des pluies, & vers le temps de fa fleuraifon, c'eft-à-dire, depuis les mois de Septembre & d'Octobre, une gomme rougeûtre, en larmes ou en boules, qui ont depuis fix lignes, jufqu'à un pouce & demi de diamètre. Cette omme eft tranfparente & d’une faveur amère. Les Nègres oualofs du Sénégal, font moins de cas de cette gomme, à caufe de fon amertume, que de la blanche, dont nous parlerons ailleurs , mais ils emploient par préférence à elle dans plufieurs maladies, parce qu'elle eft beaucoup plus aftringente. Ils Ja font avaler feule ou diffoute dans une légère décoction de la racine d’une plante malvacée, qu'ils appellent Laff (4), non-feulement dans les maladies vénériennes, mais encore pour arrêter les écoulemens les plus invétérés, après avoir néanmoins favorilé d’abord ces écoulemens, ou difpofé le corps à lation de ce remède, par des apéritifs qu'ils regardent comme appropriés à ces cas, tels que la racine d’une argemone, & les branches d’une plante de la famille des Solanons, qu'ils appellent Dimek, & qui a beaucoup de rapport avec le dulcamara deY Europe, autrement nommé vigne grimpante où vigne de Judée. Cette gomme pañle encore pour le fpécifique des débordemens de bile & des maladies du foie qui en font les fuites; pour cet effet, les Sénégalois en boivent une once le matin, à jeun, (a) Voyez les principaux caraétères de cette plante , dans nos Familles des Plantes, 2 partie, page 400, L : & + 710 Dre SASICUIIE N° CE 5 9 & autant le foir, difloute dans un demi-fetier de limonade faite avec le tamarin aiguifé d'un peu de fucre qui en relève la fadeur : acide du limon eft trop tranchant, trop inciñf & corrofif, il ne rempliroit pas aufli-bien l’objet du tamarin qui eft un acide aftringent. Celui-ci tempère lardeur de a bile, pendant que la gomme lubréfie & ferme les plaies du foie ulcéré par la chaleur de cette bile ; cette gomme en adoucit les douleurs, elle nourrit mieux qu'aucun confommé, en même temps qu'elle guérit; enfin ce confommé végétal eft plus favorable dans les maladies bilieufes, que le con- fommé animal qui eft toujours alkalin ; aufli les Nèvres évitent-ils alors toute nourriture tirée des animaux , ils fe bornent à celle des végétaux, tels que le riz, ou la crème de riz lorfque leur eflomac ne peut pas fupporter davantage. Les Nègres mâchent les feuilles de ’acacia, ou à leur défaut, fon écorce ou fes goufles, comme un déterfif aftringent, dans toutes les affections fcorbutiques. La décoétion de fes légumes entiers, ou l'infufion de leur poudre dans l’eau froide, s'emploie dans les maladies des yeux, qui ont pour caufe le relichement des fibres. Le parenchyme gommeux, qui eft contenu entre les épidermes de fes goulies, ainfi que fon écorce intérieure, qui eft rouge, foit récente, foit sèche, infufée dans l'eau , à froid ou en décoction, donne une teinture rouge-päle ; fon écorce fert particulièrement à tanner les peaux de mouton & de chèvre, en façon des plus beaux marroquins, dont la perfection eft vraifemblablement dûüe aux Sénégalois ou aux Maures qui fréquentent les bords du Niger. Nous favons par les Anciens, & fur-tout par Théophrafte, Diofcoride & Pline, que l’acacia d'Arabie & d'Égypte , rend naturellement une gomme ; que l'on retire outre cela de fes goufles humeïtées d’eau de pluie , broyées avant leur ma- turité & exprimées, un fuc qui, épaifli par la chaleur du foleil ou par l'ébullition, fe réduit en mafles arrondies, jaunes ou rougeitres, dures, s’amolliflant dans la bouche, d'un REMARQUES goût auftère un peu défagréable, du poids de quatre à huit onces, qu'on enveloppe dans des veflies minces; que ce fuc Mém, PRES xo Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE eft rouge-brun ou noirâtre lorfque les goufles dont on 1e tire, font plus avancées & proches de leur maturité; quon en retire auffi de fes feuilles, mais qu'on ne l'eftime pas plus que la gomme de f'acacia de Galatie, parce qu'il eft brun- noir comme elle ; que celle qui eft jaunâtre ou purpurine, qui fe diflout facilement dans l'eau, eft préférée ; qu'elle eft extrêmement rafraîchiffante, épaiffiflante ou incraflante & aflringente ; qu'à caufe de ces propriétés, on l'emploie par préférence à toute autre drogue dans les maladies des yeux, de la bouche & des génitoires, dans les chutes de la matrice & du fondement, dans les pertes des femmes & autres hémorragies, dans les diflenteries & cours de ventre; que fon bois qui eft noirâtre & incorruptible dans l'eau, eft employé pour cette raïifon, pour faire des membrures de vaifleaux; qu'enfin {es goufles fervent au lieu de la gale du chéne, appelée noix de gale, pour tanner & perfeétionner les cuirs, Voyez Hippocrate, livre XX, feélion v,page 1 30. Théophrafte, livre IV, chapitre 111, ui donne le nom de gomme Thébaïque, & dit qu'il y en a une grande forêt dans le champ de Thèbes. Ce que Diofcoride dit, livre 1, chapitres CXXx117 € CxXXIV ne peut s'appliquer qu'à cette efpèce. Acacia efl arbor, alis frutex, mafcitur in calidioribus ut in Ægypto, dc. unde feptentrionale frigus perferre nequit ; gumimi ex cà promanans Arabicum gummi officinarum eft. Succus ejus in ufu quoque eff. Vis ei Jpifandi refrigerandi, ad ignem [acrum, ulcera Jerpen- tia, oculorum affe@us, rc. C’eft cette efpèce que Pline défigne patieulièrement, fvre X X1V, chapitre x11 de fon Hiftoire naturelle, quand ïül dit: Eff € acacie fpina. Fitin Ægypto alba nigräque arbore ; item viridi, [ed longe mellor e prioribus. Fit © in Galatiä tenerrima fpinofiore arbore. Semen omnium lenticule Jimnile , minore eff tantüm grano à folliculo. Colligitur aurumno , ante colle&um nimid validus. Spiffatur fuccus ex folliculis aqua cæleffi perfufis ; mox in pil& tufis exprimitur organis : tunc den- Jatur in fole mortariis in paflllos. Fit ex fohis minàs efficax. Ad coria perficienda femine pro gallä utuntur. Foliorum fuccus & Galatiacæ acaciæ nigerrimus improbatur, item qui valde rufus, DE S'SiCTIE N CE Ss 1f Purparea aut Leucophœa, à que facillime diluitur, vi fumm4 ad “fpilandum refrigerandumque eff , oculorum medicamentis ante alias utiles. Lavantur in eos ufus pafälli ab aliis ,torrentur ab als. Capillum tingunt, Sanant ignem Jacrum , ulcera que ferpunt, Pa humida vitia corporis , collecfiones , articulos contufos, perniones, pterygia. Abundantiam menfium fœæminis_fiflunt, vulvamque à Jedem procidentes. Îrem oculos , oris vitia © genitalium. Belon, le plus ancien, & en même-temps le plus favant des Voyageurs modernes qui ont été dans l'Égypte, nous apprend, dans la relation de fon voyage impriméen 1553, que les déferts ftériles de l'Arabie, fur les bords de la mer rouge , ne produifent pas d’autres arbres que ceux de l'acacia, qui y font fiabondans, que les Arabes ne s’occupent prefque que du foin d’en recueillir là gomme qui porte le nom de gomme d'Arabie ; & cette gomme, que l’on nomme encore gomme de Babylone, contient fouvent des épines & des graines fi femblables à celles du AMebreb du Sénégal, que l'on ne peut douter que l'acacia vrai ne foit la même efpèce. Shaw dit à peu-près la même chofe. Rauwolf qui a voyagé après Belon, dans le Levant, eft le premier qui ait occafionné une confufion qui ne peut avoir lieu lorfqu’on compare le Nebneb du Sénégal avec l'acacia décrit par les Anciens & par les Modernes qui l'ont précédé : cet auteur dit, en 1582 , qu'il a vu autour d'Alep, le long du fleuve du Tigre dans la Méfopotamie, & de l’Euphrate dans l'Arabie déferte, une efpèce d'acacia appelée fchack par les habitans de ce pays, & fthamutk par les Arabes, qui eft le nom corrompu de /fant felon Celle; que lon trouve en vente, chez les marchands d’Alep , des goufles apportées d'Égypte, fous le nom de cardem, que quelques perfonnes croient être l'acacia de Diofcoride & des Anciens; que ces goufles font d’un brun-châtain , partagées en deux à trois loges en forme de facs comprimés , contenant chacun une femence rougeâtre, femblable à celle de la Balfamine male, ceftà-dire, de la pomme de merveille, momordica ; mais ces deux plantes diffèrent beaucoup de facacia vrai. Le B ij # 12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE voyage de Profper Alpin en Égypte, a contribué, à certains égards, à augmenter la confufion. Cebotanifte dit, en 1 592, que a trouve dans l'Égypte, deux efpèces LES Yun mâle, l'autre femelle; que le mâle eft hériffé d'épines, & ne , porte aucuns fruits; que ka femelle au contraire à des épines plus molles, en moindre quantité; qu’elle fleurit en Novembre & en Mars, & fructifie de même deux fois lan; qu’enfin elle croît abondamment fur les montagnes de Sinaï, qui bordent la mer rouge. Profper Alpin eft dE premier & le feul auteur, qui ait dit que l'acacia a deux individus, dont un eft mâle & fans fruits; il a voulu fans doute parler de quelqu'autre plante épineufe , ou de quelque individu qui par hafard s’eft préfenté à lui fans fruits, car tous les gom- miers connus font hermaphrodites, à moins que tranfportés dans des climats froids ou feulement moins chauds, ils ne devinfient flériles, ce qui pouroit bien être arrivé à certains pieds de gommier d'Arabie, tranfplantés en Égy pte: mais ce qui ee tous les doutes, & qui nous aflure que Pr ofper Alpin a obfervé l'acacia vrai des Anciens, qu'il appelle acacia fœmina, C'eft la figure qu'il a donnée des goufles, des grains & de la gomme de cet arbre, qui ne diffèrent en rien de celles du Nebneb du Sénégal. Shaw remarque fort à-propos, ce me femble, que cet acacia qui eft celui dont parle Belon, étant prefque le feul qui croiffe dans l'Arabie pérrée, & le feul qui puiffe fournir des planches, eft fans contredit l'arbre défigné dans l'Écriture fainte, fous le nom “de /chittim. Pour ne rien omettre de ce qui regarde l’hiftoire de l'acacia, nous ne devons pas laifer i ignorer l'opinion de M. Grangé, qui s’eft fait quelques partifans ; voici la note que je tiens dé M. Bernard de Juflieu à ce fujet, ce voyageur, de retour de l'Égypte, dità M. de Juffieu , que le fuc de l’acacia n'étoit pas tiré de l’acacia qui donne la gomme arabique, mais de l'autre efpèce appelée /ant, qui rend une gomme rougeûtre ,: nommée gomme thurique, & dont les goufles font longues & très- nie: on verra Ci- apr ès à l'article du ant, le peu de probabilité de cette opinion, qui au refte n ‘infirme en D'ENMSIC'E E NC m5 13 aucune manière mes Oblervations particulières fur le gommier d'Arabie. Tout ce que les Modernes nous ont appris de plus que les Anciens, fur l'acacia, c’eft que cet arbre fe trouve au- jourd’hui au Caire; que fon fuc analyfé, rend une portion médiocre de fel acide, fort peu de fel alkali , beaucoup de terre fliptique, & une grande quantité d'huile ou fubtile ou groffière; qu’on l'ordonne depuis la dofe d’une demi-dragme jufqu’à une dragme, foit en poudre, foit en bol, foit diffous dans une liqueur appropriée; que cette dernière manière eft la plus ufitée chez les Fgyptiens qui en ordonnent un gros tous les matins, à ceux qui crachent le fang. M. Haflelquift, Elève de M. Linné, qui fut envoyé par la Suède, le 7 Août de l'année 1749, pour faire un voyage de deux ans & demi dans la Palefline, & qui alla au Caire, dans le deflein d'y examiner & décrire entr'autres plantes fameufes dans le Commerce, le gommier d'Arabie, nous a feulement confirmé ce qu’on favoit avant lui, que cet arbre ne produit point de gomme dans la bafle Egypte, qu'il n'y paroït point naturel, mais y avoir été femé de main d'homme, ou par les oifeaux qui y tranfportent {es graines: fi ce Voyageur eût fait attention, que c’eft pour fuppléer à cette gomme, que les habitans en font avec fes goufles, une artificielle qui paile pour le fpécifique des crachemens de fang , il fe füt fans doute préfervé ou guéri de cette maladie, dont il mourut à Smyrne, le o Février de l'année 1752. Au-refte, Hañelquift ignoroit encore alors, qu'avant même qu'il partit de la Suèue, j'avois découvert au Sénégal, non-feulement ce gommier rouge, mais encore toutes les autres efpèces qui fourniffent la gomme. Arabique , parmi lelquelles le gommier blanc, qui paroît n'avoir pas encore été aperçu en Fgypte, ni en Aribie, tient le premier rang dans le Commerce : & c'eft parce que ni cét auteur, ni perfonne avant moi, n’en avoit donné les détails botaniques, que ai cru devoir faire une defcription rompleite de toutes {es parties, c'étoit le feul moyen de pouvoir le faire reconnoitre 14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans des pays moins ardens que l'Arabie ou le Sénégal, où il ne produit pas plus de gomme que dans la bafle Egypte, par le feul défaut d’une chaleur fufhfante. Quoique la defcription d'Hañelquift ne foit pas affez circonftanciée , pour nous aflurer que fon mimofa Nilotica foit le sommier d'Arabie, cependantles propriétés, les ufages & les autres qualités , Que nous en ont rapportées les Anciens, & qui fe trouvent parfaitement femblables dans le gommier rouge, que les Nègres oualofs appellent AMebneb au Sénégal, ne nous laiflent aucun Îieu de douter de l'identité de ces deux arbres. Mais il faut fe garder de confondre avec cette efpèce, le gommier blanc, comme avoit fait M. Linné, dans fes Species plantarum »page $21, où comme M. Gronovius, dans le ffora orientalis de Rauwolf, le fant & le cardem, qui font trois autres efpèces fort différentes de l'acacia en queftion. Le nom de #imofa Nibotica, que M. Linné donne au- jourd'hui à cet arbre, n'eft pas trop exact; car 1.° fes feuilles quoique fujettes comme celles de la plupart des plantes légumineufes, à fe plier en éventail toutes les nuits ou toutes les fois que le foleil refte long-temps caché, n'ont pas au contact, cette efpèce de fenfibilité & de mouvement qui a fait donner le nom de #imofa à la fenfitive; en fecond lieu, cet arbre n'étant pas aufli naturel, aufli commun aux bords du Nil: qu'en Arabie , ne pouvoit être défigné qu'impro- prement , par l'épithète ou le furnom de Motica, de forte qu’il nous paroît plus à propos de lui conferver fon ancien nom d’acacia ou acacia Arabica, Déetu nement ES ie Eee Gomumier rouge. Gonakè. Le Sénégal produit une feconde efpèce de gommier rouge, que les Nègres du pays d'Oualo , connoiffent fous le nom de Gonale ; cet arbre difière du précédent, qu’ils appellent Nebeb, em ce qu'il croît moins volontiers dans les fables mouvans DES TSACIT E NC ES t; de la côté maritime , mais plus communément dans les terres moitié fablonneufes, moitié argileufes , rougeîtres, qui commencent à huit ou dix lieues de la mer, & s'étendent jufqu’à foixante lieues dans le continent, où il compofe la plus grande partie des forêts, qui couvrent généralement tout le pays du Sénégal. Le gonakè s'élève communément à vingt-cinq ou trente pieds de hauteur. Son tronc eft droit, haut de dix pieds, fur un pied & demi d’épaifleur, couronné de branches ouvertes, fous un angle de quarante-cinq degrés, & dont le bois eft comme celui du Nebneb, blanc-fale ou grifâtre, pendant qu'il eft encore humide, mais devient en féchant d’un beau rouge foncé. Ses jeunes branches font d’abord anguleufes, d’un gris blanchätre, puis elles s’arrondiflent, deviennent gris-brun , & font couvertes de poils courts, fort ferrés & couchés en différens fens. Ses feuilles diffèrent de celles du AMVebreb, en ce qu’elles n’ont que quatre paires de pinnules, compofées chacune de douze à feize paires de folioles: on remarque deux glandes fur leur pédicule, comme dans le Nebneb , mais difpofées différemment, lune entre la première paire de pinnules, qui termine fon extrémité, l’autre entre la troifième paire en defcendant. Ses têtes de fleurs, fortent au nombre de quatre de l'aiflelle de chaque feuille; la gouffe qui leur fuccède, eft Jongue de fix à fept pouces, un peu courbe, larce de huit à neuf lignes, d’un brun-noir , terne , couverte de poils comme les jeunes branches, marquée non pas d’étranglemens à collet, mais de douze à treize nœuds, dont les enfoncemens alternatifs, indiquent les féparations d'autant de cellules qui renferment chacune une graine de cinq lignes de longueur. Sa gomme eft plus rouge, plus amère, & pour le moins auffr abondante que la précédente, aufit entre-t-elle pour une bonne partie dans le Commerce qui fe fait dela gomme au Sénégal. Son écorce intérieure, donne, ainfi que fa goufle , une teinture ronge, mais plus foncée, & à laquelle on donne uns préférence fur celle-du Mebneb, Son écorce eft aufñ préférée 6 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE pour tanner les cuirs deftinés à faire le marroquin. Son bois eft extrêmement dur, d’une couleur rouge-foncé, agréable, & très-propre aux ouvrages de marqueterie. Cette elpèce n'a point encore été décrite dans aucun ouvrage de Botanique. T LRO SAT ÉCAGUE) JÉPIS PE lCUE Siung. Celle-ci eft encore une efpèce du vrai acacia, qui n’a été décrite ni figurée nulle part, & qui croît plus volontiers dans les terres argileufes que dans les fables. J'en ai obfervé beaucoup dans les forêts du milieu du continent, & même autour du Cap-vert, C’eft un arbre rarement plus haut que vingt-cinq pieds, & d'une forme fingulière, qui le fait re- marquer par-tout où il eft. Sur un tronc de dix à douze pieds de hauteur, s'élèvent des branches de vingt pieds de longueur, qui s'étendent horizontalement , de manière que Y'arbre entier, fe préfente de loin fous la forme d’un parafol, J'en ai vu qui repréfentoient la forme de divers animaux, & il y en a un qui fert de reconnoiflance au cap Manuel en venant du côté de l'ile Gorée, & que l’on nomme / Chameau, parce qu'il a la figure de cet animal. Ses jeunes branches {ont brunes comme les vieilles , couvertes de feuilles folitaires, mais raflemblées fix à huit en faifceau fur les vieilles; chaque feuille porte quatre à fix, & plus communément quatre pin- nules, .compofées chacune de douze paires de folioles : le pédicule commun, qui foutient les pinnules, ne montre aucune glande, mais à fon origine, on voit deux épines courtes, coniques , longues de deux lignes, noirûtres , courbées en deflous. Du milieu de chaque faifceau de feuilles, fortent comme dans le Mebneb, des têtes compolées chacune de cinquante fleurs blanches, longues de deux lignes, & accompagnées d’une écaille une fois plus courte que le calice; celui-ci ne diffère de celui du Mebneb, qu'en ce qu'il eft vert gai, de moitié plus k: 7 DR ENS SREUR E NNCTE'S 17 plus court que la corolle; fes découpures ont extérieurement une petite boffe très-fenfible. Les découpures de fa corolle, font elliptiques , une fois plus longues que larges ; fes: étamines au nombre de trente feulement & fon piftile reffemblent à celles du Vebneb, mais fon ovaire eft une fois plus long que large, feflile fans pédicule, furmonté d’un ftile deux fois plus long. En muriflant, cet ovaire devient une goufle prefque cylindrique un peu aplatie, à écorce épaifle, avec un paren- chyme charnu , de quatre à cinq pouces de longueur, étroite, douze à quinze fois plus longue que large, life, luifante, vert-brun, de douze à quinze loges, contenant chacune une graine longue de trois lignes, & d’ailleurs femblable à celle du AMebneb. ’ Le fiung rend une gomme blanchâtre, mais peu abon- dante & en petites larmes, qui fe recueille fans aucune diftinction avec les autres: fes feuilles mâchées ont une faveur douce. Ses racines font fi longues , fi égales, ft dures, fi fouples, fi difficiles à fe rompre, & d’un rouge-bfun ft agréable à la vue, que les Nègres en font les manches de leur zagayes, auxquels ils donnent communément fix à fept pieds de Îon- ueur , fur huit à neuf lignes au plus de diamètre. Ils boivent Éinfufon à froid des plus jeunes de ces racines, dans les maladies fcorbutiques. Ses fruits, ou plutôt les graines con- tenues dans fes gouffes, font la nourriture la plus ordinaire des finges verts appelés go/o, & des perruches connues fous le nom de Aueïl au Sénégal. Je réferve pour un fecond Mémoire , la defcription & Yhifloire du gommier blanc, appelé gommier du Sénégal, & la manière dont on recueille la gomme. Men, 1 773 C 10 Février 1773: 18 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE DC CUSL UT! ANDITOONEN De «* quatrième grandeur de l'Étreviffe par la Lune, Le 6 Février 1777. Par M°OMESssIER. ETTE obfervation étoit annoncée dans la Connoiffance des Temps , Yimmerfion à 6h 43’, & Fémerfion à ASF" Le ciel étoit ferein & la Lune élevée de plufieurs degrés au-defflus de l'horizon. J'ai employé à cette obfervation une excellente lunette achromatique de 3 pieds+, qui groffffoit foixante-huit fois le diamètre de objet. L'Etoile difparut derrière le bord obfcur, qui étoit prefque entièrement éclairé; entre deux amas de lumière ifolés, vis - à - vis Gaffendus, L'obfervation fut faite à la précifion de la feconde, Pour l’'émerfion de l'Étoile du bord éclairé, j'avois déter- miné le point de la circonférence de la Lune où l'Etoile devoit reparoiître, par le moyen d’un autre inftrument qui fert aux Obfervations des Comètes, monté fur une machine parallaétique , la lunette garnie d’un micromètre à fils; m'étant affuré du point de fa fortie, j'attendis l'apparition de l'Étoile, avec la même lunette achromatique, elle parut entre Peravius & Langrenus. L'obfervation également certaine à la feconde. J'obfervai la même nuit, le paflage de l'Étoile & du premier bord de la Lune au Méridien à mon inflrument des paffages, ainfr que la différence de déclinaifon entre YÉtoile & le bord fupérieur de la Lune. La marche de fa pendule étoit exaétement connue par les midis obfervés le 6 &le7, & par un grand nombre de hauteurs correfpondantes DES SCIENCES ï -, du Soleil prifes le 4 &le 7 du même mois. Voici le réfultat de mes obfervations. 177 3. Temps vrar 6 Février | 6* 46° 17" |Immerfion de «* de l'Écreviffe à la feconde, 7. 45. 7:4|Émerfon, même précifion. 11. 22. 43|Paflage de a° de l'Écreviffe au Méridien, 11. 28. 27 |Pafage du premier bord de la Lune. Différences des déclinaifons, 6’ 27" de degré entre l'Étoile & Je bord fupérieur de la Lune, Le même bord de la Lune inferieur à l'Etoile, 9 Mars 1773- 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS DD A OA T. UURN ES LINE POUR SON OPPOSITION AVEC LE SOLEIL, Du 27 Février 1773.* : Faites à jai Obférvatoire Royal de Paris, au mural de M. Picard. Par MC OJNETA DR AT, he eme À a été comparé au Méridien avec quatre Étoiles des plus connues ; mais celle dont j'ai princi- palement fait ufage pour la détermination des longitudes & des latitudes de Saturne, eft 8 del'Écreviffe, parce que cette Étoile étoit fr proche du parallèle de Saturne, que, dans ce cas, la déviation de mon mural étoit fans eflet, ou que du moins, la diflérence étoit fi petite, qu'elle étoit inappréciable : voici la pofition apparente de cette Étoile, fur laquelle je me fuis fpécialement fondé; on trouve la Table de fes aberrations dans la Connoiffance des Temps, année 1764, page 92 Pofition apparente de R de ? Ecreviffe, pour le 27 Février 1 77 3 Afcenfion droite apparente. .., 1211 3° 22° Déclinaifon apparente......,. 9. 51. 58: oréale. Voici aufli les obfervations telles qu’elles ont été faites au mural de M. Picard, placé à FOblervatoire royal en 1682, par les foins de M.” D. Picard & de la Hire. * Voyez les Mémoires de IAcadémie, année 1767 , pages 252, 266 7 485: ; DES 20S Te Url: ENNNCtEMS; 27 TEMPS DE LA PENDULE POUR LES PASSAGES AU MÉRIDIEN. ÎHAUTEUR Jours des du centre : de Saturne, Obfervations, Miot B du petit B de Réoul Centre felon ‘2 vrai, Chien, gerer: J'Écrevime. | % 2682 Dde Saturne. l'inftrument. 2e En otaiole oies del |/ria siel » (el afelete 35° 17*|$od $0’ 40 CRETE A SAN ENT PERRET | FRA ERAR EARTE | 9. 45e 24 [uih 37 s”]12. 30. 45 |so. 52. 0 RUE 9. 2: 34 | 8h 43 28"| 8h 56° 41 12. 17. 8 |$0o. $7- 20 T1. 32 ….. . o, 1. 0 5 o 7 12. 8. o+|$1. o. 40 3. 27 |sr. 36 o. oo, 28 8 1 Mars...|1re 59. 55 Zones. |TTe S9e 22 Bee. |ite. 58 49 & du petit Chien... 494 54" so" a Procyon....... 46. 584 20. & de l'Écrevifle..…, SLrr 3e) 1% Hauteurs fur l’inftrument. AR CPUIUSS ere tese S4+ Tdel 30e De ces obfervations réfultent naturellement les détermi- nations fuivantes : nr Rene Jours | Temps vrai | De Gdel'Écrevifle à Saturne. | Afcenfion | Décinaifon | Longitude lattnse des des TS droite Boréale géocentrique El” | Boréale , Obfervations 14 we Auftrale ER bfervations. d En Afcenfion En obferyvée obfervée tel obfervée e des ù obfervée de ;,| Saturne, droite, déclinaifon.| de Saturne. | de Saturne. | 4 Saturne, see EE « [12h 31° 30" +4id 31° 51” 162d 35° 33" 12. 27. 25 |+ 41. 27. 35 12. 15: 9 |+ 41. 14. 18 2e 7e 1 [+4 5.27 12e 2e 59 [+ 4. 1. 3 M te 11. 58, 56 + 40. 56. 32 1 Mars... |1r. 4. ç4 + 40. $1, 47 2essr....l1r. So, 52 “+ 40. 47. 16 Je. ..... 11, 46. ç0 “+ 40. 42. 45 162. 30. 57 162, 17. 40 162. 8. 49 | 9. 54. 33 |5f 9 162. 4 25 9e 52: 43 |5. 9 161. 59° 54 | 9. so. 48 |s. 9 161. 55e 9 | 9. 49. 3 |$. 9. 35. 52 |1. 59- 2 161. 50. 38 | 9. 47. 3 |. 9. 32. 26 |1. 55, 35 161, 46. 7 | 9, 45. 13 |. 9. 29. o |1. 52. 9 ” 4 46 11“|24 09! 19 “A2 52e See «+ 39: 28 |2. 2. 29 ' 22 MéÉMoirEs-DE L'ACADÉMIE RoYALE Et de ces calculs, j'ai déduit les réfultats que voici, & qui font l'unique objet que je me fuis propofé dans ce Mémoire. L'oppofition eft déduite des oblervations des 27 & 28 Février. Oppolition de Saturne avec le Soleil. 1° Temps vrais 4481.14 27ME6vrIer 1773, à To 2 4 Temps moyen...... 27. Février 1773, à 10: 45. 54 Longitude héliocentrique de Saturne. Obfervée dans l'Écliptique, de.......... 5° 9% 43° 14” Obfervée dans fon orbite, de........,.. Se 9e 44e g2e 2.° £ Calculée avec les Tables de M. de la Lande,de. $+ 9. 50. 30. Ce qui donne pour erreur des Tables en longit. + 5. 48. Saturne avoit alors une anomalie moyenne de. 8. 3. 28. 10. Latitude géocentrique de Saturne. Gene PRE CRI Mt, 21106: - e ] Héliocentrique déduite de l'obfervation. .. 1. 52. 30. B. 3 \ Calculée par les Tables de M. de la Lande.. 1. 52, 10. B, Ce qui donne pour erreur des Tables en lait, = 0. 29. DES SCIE N:CE:s 23 OUPAS EE REF ANT OO NTS DE L'ÉCLIPSE DE LUNE FAITE À L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS, Le 11 OGobre 1772. Par M. Cassini le Fils. ’A1 obfervé cette Éclipfe conjointement avec M." du Séjour & du Vaucel, Le premier avoit une petite lunette achro- matique de deux pieds; le fecond en avoit une de quatre pieds; quant à moi, mon projet étoit d'abord de faire cette obfer- vation avec.une lunette fimple de dix pieds, maïs la pofition de la Lune nous ayant forcé à obferver dehors, j'ai fait ufage de la lunette achromatique de Dollon, que S. A. S. M.f° le Prince de Conti a bien voulu me prêter, dont je me fers journellement pour les obfervations d’Éclipfes de Satellites. C’eft la même lunette qui appartenoit précédemment à M. le Duc de Chaulnes. J'ai cru, pour cette Obfervation d’éclipfe de Lune, devoir employer l'équipage de terre. La pendule retardoït au moment de l'Éclip£e, de 31° 6" fur le Temps vrai. La mauvaile pofition ou je me fuis trouvé m’a empêché de voir l’'émerfion. Temps de la Pendule, A 6h o° 15” l'ombre à Grimaldus: 6. 6. 56 Ariflarchus fort. 6 7. 37 Ariflarchus forti. 6. 13. Oo aù bord occidental Kep/erus fort, 6. 20. 48 Copernic fort. 6. 24. So Tycho fort. 6. 36. 19 Manilius fort. G+ 39. 28 milieu de Me Serenitatis indiqué par la raie blanche. ro Mars 1773: 24 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Temps de la Pendule. À 6 39 5x" à Menelaüs. 6. 40. 40 à Dionifus. 6. 46. 17 au bord occidental de Mare Serenitaties 6. 49. 41 à Promontorium acütum. $4. o à Proclus. 7. 7. © au bord occidental de Mare crifum 7. 7e 30 à Langrenus. 7. 4. 2 felon M. du Vaucel. rn.} 7e À 23 felon M. du Séjour. 4. 40 felon moi, MÉMOIRE mis SREUIIE) NÉC ES. 25 M EE AMOR -E SUR UNE GROSSESSE SINGULIÈRE. Pan NL SEL AL LE R. PECHUE IcAMBOANI, mariée à l'âge de vingt- quatre ans, à Dominique Pancaldi, accoucha pour la première fois fort heureufement & àterme, & n'eut d’autres incommodités durant fa groffefle, qu'un hoquet qui la tour- menta pendant quelques mois. Les deux groffefles fuivantes fe terminèrent par des faufles-couches. Au mois de Mai 1763, elle tomba très- malade, & fe rétablit fur la fin de Juin. Ayant alors perdu fes règles, elle foupçonna une nouvelle groffeffe. Ses foupçons s'augmen- tèrent lorfqu’aux autres indices de grofleffe', il fe joignit un hoquet très - fréquent & très-incommode, auquel elle n'étoit fujette que quand elle fe trouvoit enceinte. Comptant donc la fin de Juin 1763 pour commencement de fa grofiefle, elle en fixa le terme à la fin de Mars 1764. En Novembre 1763, cinquième mois de fa groffefle, felon fon calcul, fon ventre avoit proportionnellement enflé & grandi. I fe défenfloit cependant quelquefois fans qu’elle eût lâché des vents où rendu des urines plus copieufes & fans indice d'affection hyflérique. En Novembre & Dé- cembre, elle fut attaquée de coliques jointes à des efforts inutiles de vomir. En Janvier 1764, tourmentée de douleurs plus violentes & plus fréquentes dans la partie inférieure du bas-ventre, elle s’attendit à une fauffe - couche d’un moment à l'autre. Elle avoit même fenti quelquefois des mouvemens qu’elle attribuoit au fœtus; mais ces douleurs, ainfi que ces mouvemens cefsèrent enfin entièrement. En Février , il sécoula de fa matrice une humeur muqueufe & fétide, quoiqu'en petite quantité. Mém. 1773. n 26 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Sur la fin de Mars 1764, elle fentit de fréquentes envies d'uriner & d’aller à la felle, jointes à de nouvelles douleurs femblables à celles de l’enfantement. Le troifième jour, après que ces douleurs eurent difparu, il lui furvint une fièvre, fon fein s’enfla & fe durcit, & ül en fortit du lait pendant plufieurs jours. Peu-à-peu le fein fe défenfla, & le lait difparut enfin totalement ; mais dans le courant d'Avril, il fortit de fa matrice un pus qui fe changea enfuite en une humeur blanche & muqueufe. Cependant le ventre refta enflé & élevé tel qu'il eft dans une femme enceinte de neuf mois; dès-lors il commença peu- à-peu à diminuer de volume ; ce qui obligea cette Dame à me confulter fur Ja nature de fa prétendue grofefe. Je la vis pour la première fois en Mai 1764. Outre ce que je viens de rapporter, j'appris d'elle-même qu’elle man- quoit d'appétit, qu'elle avoit même de là répugnance pour toute nourriture, qu'elle étoit tourmentée d'infomnies, de fréquens évanouiflemens, de maux de tête, & qu'elle mai- grifloit confidérablement. Je trouvai fon ventre plus gonflé -dans la région hypo- gaftrique, & tel qu’elle paroifloit prête d’accoucher. En le touchant, j'y fentis des inégalités dont les unes fembloient plus dures & d’autres plus molles; ces parties changeoïent de place, lorfqu’on les poufloit tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, ou lorfque la Dame prenoit une attitude différente : ces parties me parurent ètre renfermées dans un fac que jaurois cru être l’uterus, fL en ayant touché en même-temps Vorifice , je ne lavois trouvé trop haut pour pouvoir Vatteindre d'une façon convenable, quelle que füt l'attitude de la Dame. Après avoir examiné de rechef, le bas-ventre & pelé mürement tout ce que jy avois obfervé ; je n'héfitai pas d’aflurer qu'il contenoit un fœtus mort, mais je n'ofois déterminer avec la même certitude, fi ce fœtus fe trouvoit au-dedans de l’uterus ou au-dehors. Je confeillai à la Dame de ne faire ufage uniquement que DÉS! SIC LE NC ps : 27 de remèdes émolliens, joints à une nourriture légère & ref- taurative, Pour calmer les maux de tête, je propofai une faignée au pied, qui me parut indiquée par la dureté & l'élévation du pouls. S'étant fait faigner fur Ja fin de Mai, elle fut attaquée de convulfions hyftériques & pafla quelques nuits fans dormir ; mais bientôt après, elle fut entièrement délivrée des convul- fions; le fommeil & l'appétit fe rétablirent, & elle jouit pendant long-temps d’une parfaite fanté. Ce qu'il y eut alors de particulier, fut que fon fein s’enfla de rechef, & qu'il en reffortit du lait pendant quelques jours. Je lui confeillai encore, d'aller jouir de l'air de la cam- pagne, & de fe donner un mouvement modéré, en faifant de petits voyages en carrofle. L'ufage qu’elle fit de ces confeils , fit fortir peu de temps après , des caillots de fang de fa matrice, & continuant toujours l'exercice que je lui avois ordonné, fes règles repa- rurent au mois de Juin, & dès-lors reftèrent toujours régu- lières auffi long-temps qu’elle vécut. Le ventre s'abaifa, le fac fe rétrécit, les matières qu'il contenoit diminuèrent pareillement de volume, & cédoient moins lorfqu’on les comprimoit. En Avril 1765, je revis cette Dame, je la trouvai alors pleine d'embonpoint, avec un teint fleuri, forte, lefte & capable de foutenir tout le poids de fon ménage. N'étant ni difpofée, ni affez courageufe, dès ma première vifite, pour fe foumettre à une opération chirurgicale, elle en voulut encore moins entendre parler, dans le temps que tout paroïfloit vouloir fe changer à fon avantage. Elle com- mença au contraire , à abandonner peu-à-peu toute idée d'un fœtus renfermé dans fon fein. Cependant, quoique bien réglée & mariée à un époux qui la chérifioit, dès-ors elle ne devint plus enceinte. Quant à moi, fermement perfuadé , qu'elle renfermoit dans fon ventre un fœtus privé de vie, je follicitai le Médecin & le Chirurgien qui la foignoient, d’obferver avec foin la fin d'un cas fi fingulier & fi rare. Enfin en Juillet 1772, Dij 28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE appris du doéteur Brufi, Médecin ordinaire de cette Dame; ue fes règles avoient devancé de dix jours le temps ordinaire de leur apparition ; que la même chofe étoit encore arrivée au mois d'Août; que ces deux périodes étoïent ac- compagnées de douleurs dans le bas-ventre, & fur-tout aux aines ; le fang qui fortoit pendant ces deux dernières révo- lutions, fut contre lordinaire, épais & en caillots. Dans le fécond période, la malade defira quelque remède propre à calmer fes douleurs. On lui confeilla d'attendre que le flux des menftrues eût ceflé, dans l'efpérance que les dou- leurs difparoîtroient d’elles-mêmes, comme il étoit arrivé la précédente fois. Mais le fuccès ne répondit point à l'attente, puifque même après la ceflation des règles, les douleurs non- feulement continuèrent, mais s’étendirent à la révion lom- baire droite, & le long de la cuifle & de la jambe. Le dix-neuvième d’Août, il fe joignit à fes douleurs, une fièvre fi violente, qu'on fut obligé de la faigner au pied. Le jour fuivant elle eut de fréquens vomifiemens. Après que ceux-ci furent appailés, elle prit de huile d'amandes douces, qu'elle garda à la vérité, mais fans qu'elle y trouvât du foulagement. Les douleurs & la fièvre continuant, joints à de fréquentes envies d’uriner & à des ténefmes , les urines & les felles n'étant cependant déchargées que très-rarement, on fut de rechef obligé de la faigner. Le fang qu'on tira, comme auffr celui de la précédente faignée & celui de la fuivante , fe trouva coëneux & très-tenace, Ni les faignées réitérées, ni d’autres remèdes adminiftrés, ne parvinrent à diminuer la force de la maladie. Des lave- mens narcotiques, calmèrent un peu les douleurs, & procu- rèrent à la malade quelques courts intervalles de repos. Le cinquième jour fe pafla avec peu de fièvre & prefque fans douleurs. Le fixième la fièvre redoubla, fuivie des autres {ymptômes , & particulièrement de violentes tranchées. Toute la nuit fe pafla fans fommeil, une foif extrême s’y joignit. Le matin du feptième jour, la fièvre avoit confidérablement DA EN St SUCLUEL NV O El 8: 29 baiflé, mais vers le midi, ilfurvint un nouveau rédoublement accompagné de friflons & de douleurs plus aiguës & plus cruelles que celles que la malade avoit éprouvées auparavant. On tenta en vain tous les remèdes que fart pouvoit fug- gérer. Le pouls baïffa & devint petit. Des fueurs froides furvinrent en place des tranchées qui ceffèrent entièrement. La refpiration devint laborieufe, & la malade expira le foir du feptième jour, 27 Août 1772. Je dois la connoiffance de l’hiftoire de cette dernière maladie, au doéleur Bruf, aux foins & à la follicitation duquel je dois pareillement la permiflion que nous obtinmes d'ouvrir le cadavre, qui fut difféqué par le chirurgien Pernetti, en ma prélence & en celle du Médecin que je viens de nommer. Le bas-ventre fut le feul objet de nos recherches. Notre empreflement d'ouvrir ce cadavre, provenoit uniquement du defir de favoir s'il contenoit un fœtus ou non, & dans le premier cas , quel étoit fon état & le lieu de fa demeure. Ayant premièrement examiné le ventre à l'extérieur ; nous en trouvames la forme & le volume proportionné à une femme, telle que la défunte, médiocrement grafle & peu amaigrie par fa dernière maladie ; nous ny obfervames nulle part aucune élévation qui püt indiquer une groffefle. Cependant en touchant Ia région hypogaftrique , outre la roideur ordinaire aux cadavres , nous aperçumes depuis lombilic jufqu'à los pubis, une duretésplus confidérable, qui s'étendoit fur toute cette région. Ayant ouvert le bas-ventre , il en fortit une matière li quide aflez refflemblante à du pus , blanchätre & claire, mais fort fétide, dont toute la cavité étoit inondée. Après avoir Ôté l'omentum, nous vimes une grande tu- meur qui s'étendoit depuis l’ombilic jufqu'à l'os pubis, & qui, {1 elle n’étoit pas l’uterus même, tel qu'il paroït dans le cinquième ou le fixième mois de la groflefle, lui reflem- bloit au moins parfaitement ; au toucher elle fembloit un fac rempli de fragmens offeux & charneux: au-deflus de — 39 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cette tumeur , on apercevoit la veflie urinaire , livide en quelques endroits & ne contenant que peu d'urine. Les intellins & les autres vifcères parurent être dans leur état naturel, à l'exception de quelques petites portions des inteftins, contiguëés & même attachées à la tumeur, qui étoient plus épaïfles & plus dures que les inteflins n'ont coutume de l'être. Ces attaches nous empêchèrent de bien diftinguer a figure & les contours de cette tumeur. Cependant autant qu’il fut poffible de la mefurer, nous en trouvames la largeur de huit pouces, la longueur de douze, & après en avoir féparé les parties qui y étoient attachées , {a profondeur de dix. En détachant la tumeur des parties adhérentes vers lom- bilic, nous vimes que c'étoit en effet un fac ouvert entrois différens endroits , là où fes parois avoient le moins d'épaifieur. Nous jugeames donc que c'étoit par ces ouvertures, qu’étoit fortie cette matière purulente & fétide, d'autant plus qu'en comprimant le fac, il en fortoit une matière parfaitement femblable. Nous introduifimes par ces trous, des fondes obtufes qui pénétrèrent avec facilité jufqu’au centre de la tumeur, & qui fe laifsèrent conduire & replier en diverfes manières , excepté qu'elles heurtoient fouvent contre des parties plus dures, qui leur réfiftoient. Nous abandonnames alors ces recherches , pour féparer Vuterus, le vagin & la tumeur entière des parties adjacentes, afin d'en faire un examen plus exaét & moins confus. Avant de le faire, je voulus premièrement m'aflurer de leur potion , relativement à la partie inférieure du baffin. Ayant donc introduit la main dans le vagin, je ne pus cependant pas parvenir à toucher 'uterus de façon à pouvoir déterminer avec précifion , fr fa grofieur & fa mobilité étoient telles qu'on les trouve hors du temps de la groffefle. Quant à fa pofition, je fentis très-diftinétement , qu'il penchoit plutôt vers le côté gauche , pendant que la bafe D'ES SCIENCES. 31 de la tumeur occupoit la plus grande partie de l'entrée du baffin. La diflolution, la corruption & le défordre de toutes ces parties nous oblisèrent à ouvrir premièrement le vagin , pour pouvoir nous aflurer de l'état de luterus. Quoique Vuterus fût étroitement uni & attaché au fac par fa partie poftérieure & par la latérale droite, nous vimes cependant clairement, qu'il ne fe trouvoit pas dans un état de groffefle. La trompe & l'ovaire gauche, parurent dans leur état naturel : luterus étant ouvert longitudinalement , on n trouva aucun corps étranger; on y vit diftinétement orifice de la trompe gauche. I en fut tout autrement de la trompe & de l'ovaire droit, qui étoient renfermés l’un & l'autre dans la tumeur. On put cependant introduire une fonde de la cavité de l'uterus dans cette trompe; il ne fut même pas difficile de la conduire par cette trompe jufqu'au-dedans de la tumeur. À yant ouvert la tumeur par le moyen de la fonde, depuis fa bafe jufques à fon extrémité fupérieure & de droite à gauche , nous reconnumes qu'elle formoit un fac, dans la cavité duquel un fœtus fe trouvoit enfermé, Quoique ce fœtus fût corrompu & pourri en quelques endroits, fa grandeur montroit aflez qu'il avoit fept mois lorfqu’il ceffa de croître & de vivre. I étoit pofé de façon, que les feffes s’appuyoïent fur la bafe du fac : la tête fe portoit vers la partie fupérieure, le dos étoit tourné du côté gauche, & la poitrine & l'abdomen regardoient {a droite. Les bras & les extrémités inférieures avoient la même pofition que celle d’un fœtus accroupi & renfermé dans l'utérus. Les os étoient encore dans leur état naturel Ceux de la tête avoient confervé toute leur liaifon: on y voyoit les refles des cheveux, des oreilles, des yeux, du nez & des lèvres. Les autres parties du corps & particulièrement Îles extrémités, avoient pareillement confervé des portions confi- dérables de leurs chairs & de leurs membranes. 32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais les vifcères du bas-ventre & de la poitrine étoient confondus & réduits en une efpèce de bouillie, & même d'autres parties qui paroifloient avoir gardé leur forme & leur figure fe diffolvoient & fe détruifoient au moindre attouchement , quoiqu'on les traitât avec la plus grande précaution. On ne trouva point de cordon ombilical. On ne put pas non plus déterminer fi le fœtus avoit été mâle ou femelle. Le placenta exifloit encore : il étoit attaché à la bafe du fac, dont les parois étoient en cet endroit plus dures & plus réfiflantes, mais fon adhérence étoit fi foible qu'on l'en détachoit aifément avec les doigts. La puanteur infoutenable qu'exhaloit cette mafle cor- rompue & fon état de diffolution, nous empéchèrent de faire des recherches plus exactes & plus détaillées, qu'à la vérité on ne pouvoit guère attendre de la diflection d'un pareil cadavre. MÉMOIRE DEUST E NN ECLE 1; 33 ML EAU O el R0:E SUR LE CINTREMENT HERNETE D'ÉCINTREMENT,:DES.PONTS: ÆEï fur les différens mouvemens que prennent les voutes pendant leur conftruétion. Pa M. PERRONET. A conftruétion des grandes arches, telle que celles de plufieurs Ponts faits en France depuis une trentaine d'années, demande beaucoup plus d’art & de foins, que ne pouvoient lexiger des arches de grandeur ordinaire & peu furbaiffées. Indépendamment du choix des matériaux , de l’exactitude de l'appareil & du foin avec lequel les pierres doivent être taillées & polées, le fuccès de ces grandes arches dépend effentiellement de la manière de Îles cintrer & décintrer ; faute d'y avoir donné aflez d'attention, il eft fouvent arrivé que les courbures des voûtes ont été corrompues, & même que quelques-unes des arches font tombées, Ces confidérations qui intéreffent des travaux de la plus grande importance, m'ont paru mériter l'attention de Académie, du Public & des Artiftes qui font chargés de les projeter & faire conftruire. Je me propofe, dans ce Mémoire, d’expofer 1.° comment il me paroît le plus convenable de faire le cintrement en charpente , pour la conftruétion des ponts de pierre, 2.° Les différens mouvemens que prennent les voûtes pendant leur conftruction ; matière intéreflante qui n'a pas encore été traitée. Et 3. la méthode que j'ai employée ayec fuccès pour fe décintrement des plus grandes. arches, Mém. 1773. E, 22 Avril 1773 34 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cintrement des Ponts. Pour conflruire les ponts de pierre en général, on eft obligé d'employer une charpente nommée cintre, ou par les Italiens armature, qui foit affez forte pour en foutenir les voûtes jufqu’à ce qu’elles foient fermées; cette charpente eft compolée d’affemblages pofés verticalement, nommés fermes, :que lon eft dans 'ufage d’efpacer à fix & fept pieds de dif- tance les unes des autres, & de pièces horizontales nommées couchis, qui font deftinées à porter, dans leur milieu, chaque cours de voufloirs d’une ferme à l’autre; on met de fortes calles fous ces couchis, & de plus petites pour achever de garnir chaque rang de voufloir, fuivant la hauteur qu'exige {1 courbure de la voûte ; les fermes font enfuite liées par des moifes /a) & des liernes (4) pofées horizontalement, & entretenues avec des pièces en contrefiches, d’un & d'autre côté, pour en prévenir le déverfement. Les fermes font ordinairement faites avec des pièces hori- zontales nommées entraits, des arbalétriers, des poinçons, des moifes pendantes & potelets : le tout affemblé avec tenons & mortoiles, & boulonné: on peut voir dans le volume des Mémoires de l'Académie de 1767, les deflins d'une ferme qui ont été données par M. Pitot, pour une voüte en plein cintre, & pour une furbaiflée, chacune de 60 pieds d’ou- verture : les entraits & même les arbalétriers doivent, fuivant ces deflins, être chargés latéralement, c’eft la façon la plus défavantageufe dont on puifle difpofer les bois, & qui exige néceflairement d'en augmenter la quantité pour porter le même fardeau. Lorfque les fermes ne font appuyées que contre les culées : & les piles des ponts, on les nomme fermes retrouffées ; chaque point d'appui peut étre, pour lors, établi fur une feule pièce (æ Ce font des pièces qui embraffent jointivement d’autres pièces de bois. (b) Ce font d’autres pièces fimples, qui ne font entaillées que de quelques ouces çontre les pièces qu’elles doivent entretenir, P q D ES SICIT EN C'E:Ss 3S de bois nommée jambe de force, au lieu de l'être fur plufieurs files de pieux , comme on étoit aflez fouvent dans l'ufage de le faire. Les tenons & les mortoifes afloibliffent {es bois; on doit les fupprimer , en affemblant les principales pièces des fermes nommées arbalétriers, {ur plufieurs rangs, en liaifon Fun fur l'autre, & de telle forte, que les bouts de fun des rangs répondent au milieu des arbalétriers fupérieurs , avec lefquels ils : formeront des figures triangulaires, qui auront pour bafe la longueur entière d’un arbalétrier, & pour côtés, deux demi- arbalétriers du rang de deflus. Les principales pièces doivent être moilées au milieu de leur longueur, ainfi qu'a leur extrémité, & boulonnées. Cette manière de difpofer les bois des fermes, qui a été employée par M. Manfard de Sagonne, au pont de Moulins, m'a paru la plus convenable, & je fai adoptée, en retranchant néanmoins beaucoup de bois que j'ai reconnu être inutile. Les cintres s’affaiflent après leur affemblage, & aufi fous le fardeau des voûtes pendant leur conftruétion, foit par {a compreflion des fibres du bois, ou par un peu de courbure que prennent les arbalétriers, ce qui doit obliger de furhaufler fur l’ételon, ou lépure du charpentier, la ‘vraie courbure des arches, de la quantité à laquelle cet aflaiffement peut être évalué d’après expérience. Je vais expliquer les principales dimenfions & les affem- blages des fermes que j'ai fait conftruire pour des arches de 60, 90 & 120 pieds d'ouverture, ainfi que le réfultat des obfervations que J'ai faites à ce fujet. Arche de 60 pieds d'ouverture. L'arche du milieu du pont de Cravant, fitué fur la rivièré d'Yonne, de 6o pieds d'ouverture, & 20 pieds de hauteur fous clef depuis les naïffances , a été cintrée avec cinq fermes retrouffées, efpacées à s pieds & demi de milieu en milieu; chaque ferme compofée de trois cours d’arbalétriers, le premier & le troifième de cinq pièces, & celui du milieu de quatre; E ïÿ 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ces cours d’arbalétriers étoient polés l'un fur l'autre , aflemblés triangulairement & retenus avec des moifes, comme je l'ai expliqué ci-devant; chaque arbalétrier avoit 15 à 18 pieds de longueur, & 8 à 9 pouces de groffeur ; les moifes avoient même groffeur pour chaque pièce, fur 7 à 7 pieds & demi de long : la groffeur de chaque cours de couchis étoit de à $ pouces ; la pierre employée à ce pont, pèfe 176 livres le pied cube, & l'épaiffeur de la voûte eft de 4 pieds à la clef. Arche de go pieds. L'arche, dite de Saint-Edme , conftruite à Nogent-fur-Seine ; & finie en 1769, a 90 pieds d'ouverture, fur 26 pieds de hauteur fous clef depuis les naiflances : elle a été cintrée avec cinq fermes retrouflées, efpacées à 7 pieds de milieu en milieu , chacune formée de trois cours d’arbalétriers, comme au pont précédent ; le premier & le troifième cours étoient faits de cinq pièces, & celui du milieu de quatre pièces, chacune de 18, 20 & 22 pieds de longueur, & de r4à 16 pouces de groffeur; les moifes avoient la même groffeur que les arbalétriers , fur 7 & 8 pieds de longueur ; chaque cours de couchis avoit 6 à 7 pouces de groffeur. Ces cintres étoient de la plus grande force; je crois qu'il auroit fufh de donner 12 à r$ pouces de grofieur aux arbalétriers, comme le portoit le devis, au lieu de 14 à 16 pouces que lEntrepreneur leur a donné, pour employer fes bois tels qu'il avoit pu les trouver dans les forêts. Le grès dont eft conftruit ce pont, pèfe 180 livres le pied cube, & lépaifleur de la voûte à* la clef, eft de 4 pieds £ pouces. Arche de 120 pieds. Chacune des cinq arches du nouveau pont de pierre de Neuilly, de 120 pieds d'ouverture, fur 30 pieds de hauteur fous cléf depuis les naïflances, & 45 pieds de largeur, a été ‘cintrée avec huit fermes retrouffées, efpacées à 6 pieds de milieu en milieu; chaque ferme étoit compolée de quatre \ DE SNIBNCAAE IN CE 6: 37 cours d’arbalétriers difpofés en liaifon & triangulairement, comme ceux des deux arches précédentes ; celui du deffous des fermes étoit compolé de huit pièces ; les deuxième & quatrième chacun de fept, & le troifième de fix pièces qui avoient toutes depuis 19 jufqu'à 23 pieds de longueur , & 14 à 17 pouces de grofleur ; les moifes pendantes, au nombre de treize, avoient 9 à 10 pieds de longueur, fur 9 à 15 pouces de groffeur pour chaque pièce : le tout étoit lié avec cinq moifes horizontales de 9 à 15 pouces de gros, & huit liernes dé 9 pouces aufli de gros; les couchis avoient 7 à 8 pouces de grofleur ; les calles de deflous & de deflus de ces couchis avoient, l'une 6 à 7 pouces, & l’autre, qui eft celle du pofeur, environ 2 pouces de hauteur: en forte que l'intervalle d’entre le deflus des fermes & les voûtes, étoit de 17 à 18 pouces, étant néceflaire de lui donner au moins le double de la hauteur des couchis: cette hauteur s'eft même trouvée encore augmentée pendant fa pofe de 6 à 8 pouces dans le haut, par l'affaiffement des fermes qui a obligé d'augmenter fucceflivement la hauteur de ces calles. Les cintres de Farche du milieu du nouveau pont de Mantes qui a également 120 pieds d'ouverture, étoient auffi retrouflées , & j'avois donné aux pièces de bois fa même difpofition entr'elles, & à peu-près la même groffeur qu'aux fermes du pont de Neuilly. La pierre qui a été employée à ce pont, & à celui de Mantes, eft en grande partie de Ja même carrière de Saillan- court près Meulan; elle pèfe 165 livres le pied cube, un peu plus ou moins, fuivant les différens bancs ; l’épaifleur des voûtes eft de $ pieds à la clef. Pour mieux faire entendre ce que lon vient de dire fur les fermes de ces différentes grandeurs d’arches, on joint au préfent Mémoire, le deflin d'une ferme de chacune de ces arches. 38 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Diffêrens mouvemens que prennent les voñres pendant leur conftrudion. On peut commencer à pofer les premiers cours de voufloirs fans cintre de charpente, jufqu'à ce qu’ils viennent à gliffer fur les voufloirs inférieurs ; cela doit arriver à peu-près comme pour les pierres qui font pofées fur une pièce de bois fciée & non rabotée, ainfi que je l'ai obfervé dans mon Mémoire inféré dans le Volume de cette Académie de l'année 1769; Jorfque le deffus de ces pierres eft incliné avec l'horizon, de 39 à 40 degrés, au lieu de 1 8 degrés 20 minutes que donne l'angle des frottemens des corps polis pour les petites maffes : je dis es petites maffes, parce que cet angle fe réduit à environ 4 degrés pour les grofles maflés, tels que le font les vaiffeaux u’on Jance à la mer, fur un plan auquel on donne ce peu d'inclinaifon, comme je l'ai dit dans le même Mémoire. Les cours de voufloirs que lon pofe enfuite de chaque côté, commencent à charger les cintres; cette charge qui augmente fuccefivement jufqu'à ce que la clef foit pofée, en faifant un peu baifler la partie inférieure des cintres, tend en même temps à faire remonter la partie fupérieure ; motif pour lequel on eft obligé de la charger de voufloirs, ui étant tous taillés, font employés enfuite au haut des voûtes, & cela fe fait à mefure que la voûte s'élève, pour aflujettir les fermes & les empêcher de remonter. Cette charge a été portée, pour l'arche de 60 pieds, à 67 mille 500 livres; la voûte étant pour lors élevée au treizième cours de voufloirs, faifant la feptième partie de a totalité pour chaque côté; les cintres n’avoient pas été fur- hauffés ; ils ont pu baifler d'un pouce fous le poids de la voûte. Le poids total de la voûte, avant que la clef fût pofée; étoit d'environ 1 million 350 mille livres, & ce poïds doit, d’après le calcul fait par M. Couplet, & rapporté dans les Mémoires de l'Académie, année 1729, ère réduit pour les DES SACIILE, NC Ir <. 39 quatré neuvièmes ou environ, à 600 mille livres pour {a charge des cintres, & à 120 mille pour celle de chaque ferme. _ La charge, fur Ja partie fupérieure des cintres de l'arche de 90 pieds, a été de 350 mille livres; on pofoit pour lors les quinzièmes cours de voufloirs, faifant près de la fixième partie de la totalité pour chaque côté; les cintres qui avoient été furhauflés feulement de 3 pouces de plus que la courbure que devoit avoir la voûte, fe font d’abord aflaiflés de 2 pouces fous cette charge, & enfuite relevés d’un pouce ; lorfque Von a pofé les vingtièmes cours de voufloirs, en s'aplatiffant un peu fur les reins ; quand la voûte a été faite aux trois quarts, les cintres ont encore baiflé d'un pouce & demi par la feule compreffion des bois, fans que fon ait remarqué de renflement au droit des reins, & de 3 lignes feulement de plus fous la charge totale; alors il n’eft plus reflé que 3 lignes du furhauffement des 3 pouces que lon avoit donnés à ces cintres. Cette charge totale pour les cintres, avant que la clef fût polée, étant réduite, comme je l'ai expliqué ci-devant , devoit monter à 1 million 245 mille livres, & celle de chaque ferme à 249 mille livres. Pour fes arches de 120 pieds du pont de Neuilly, on a commencé à la fin de 1771 à charger le fommet des fermes de 52 voufloirs, du poids chacun de s mille livres, le tout pefant 260 mille livres; elles ont été comprimées fous cette charge feulement de 9 lignes, & ne l'ont pas été davantage pendant tout l'hiver ; il y avoit pour lors 18 & 19 cours de voufloirs pofés de chaque côté des arches. Le 7 Juillet 1772, la charge du haut des cintres, & Ia plus grande qui ait été mile, étoit de 186 voufloirs, qui pefoient environ 9 30 milliers , indépendamment de ce qu'il y avoit pour lors 46 cours de voufloirs de pofés de chaque côté , le taflement total n’a été que de 19 lignes. C’eft le 26 du même mois qu'on a achevé de pofer les ckfs, & pour lors l'aflaiflement total qui avoit augmenté 5 MÉMOIRES DE L'ACADÈÉMIE ROYALE + fenfiblement chaque jour fous la charge des vingt derniers cours de voufloirs, s'eft trouvé de 13 pouces 3 lignes. La charge totale des cintres étoit pour chaque arche; avant que les clefs fuffent pofées, de 2 millions 400 mille livres, & pour chacune des huit fermes, de 300 mille livres: le tout à peu-près. Cet affaiflement inévitable des fermes, occafionne d’abord une ouverture dans les joints fupérieurs des voufloirs à peu de diftance de laplomb des naïflances, fur-tout aux grandes arches, & enfuite fucceffivement plus haut, à mefure que l'on élève la voûte; ce qui fait craindre aux perfonnes qui ne connoiflent pas ces fortes de conftructions, que ces effets ne foient occafionnés par un défaut de foin, & ne puiflent nuire à la folidité; mais ces joints fe referment enfuite, après que les chefs font pofées ; c'eft ce que j'expliquerai dans la dernière partie de ce Mémoire, en parlant du décintrement des voûtes. ÿ A l'arche de 60 pieds dont j'ai parlé, on ne s’aperçut de ce mouvement qu'en pofant le dix-huitième cours de vouf- foirs de chaque côté; l'effet fut très-peu fenfible. L'arche de 90 pieds étant élevée de chaque côté au vingtième des quatre-vingt-quinze cours de voufloirs qui compolent Îa vote, le joint s'ouvrit jufqu’à 9 lignes au-deflus du quinzième cours de voufloirs, traverfant le mañlif des reins de la voûte, près de laplomb du nu des naiffances de l'arche, ce qui occa- fionna verticalement une féparation du derrière des vouffoirs, en defcendant jufqu'au feptième cours, d'avec les afliles courantes & horizontales des culées. Peu de temps après, ces joints ayant commencé à fe refermer, il s’en ouvrit d’autres à l’exrrados ou au haut des vingt-fixième & jufqu'au trente-unième cours de voufloirs, chacun de près d’une ligne de part & d'autre de l'arche. Aux arches joignant les culées du pont de Neuilly, les joints fe font ouverts à leur extrados, du onzième jufqu’au trente-fixième cours de voufloirs de chaque côté, depuis un quart de ligne jufqu'à deux & trois lignes, excepté celui A s DS SCIE NC ÈS 41. les vingt-fix & vingt-feptième cours de voufloirs qui s’eft ouvert de 10 lignes à l'arche de la culée, fituée du côté de Neuilly, & de 6 lignes feulement à celle de l'autre culée; le tout du côté de ces culées: ces ouvertures ont été moins grandes aux autres arches. Peu de temps après la pofe de Ja clé, les joints de l'intrados ou côtés inférieurs des voufloirs, fe font ouverts au-deflus du trente-fixième cours jufqu'au cinquante-fixième, qui joignent les clés, depuis un quart de ligne jufqu'à une ligne, mais feulement à un, deux ou trois joints au plus de chaque arche. Au pont de Mantes, dont l'arche du milieu avoit, ainft que je l'ai dit ci-devant, pareille ouverture de 120 pieds & 35 pieds de hauteur fous clef, les joints s'étoient ouverts à peu-près comme à celui de Neuilly. Décintrement des Ponts. Pour diminuer le taflement des voûtes, & faciliter le décintrement des ponts, lufage ordinaire a été jufqu'à préfent, de pofer à fec un certain nombre des derniers cours de voufloirs, de les ferrer fortement avec des coins de bois chaflés à coups de maillet entre des lattes fivonnées, & de les couler & ficher enfuite avec mortier de chaux & ciment; cependant on ne l'a point fait au pont de Neuilly, parce que j'ai penfé que la percuflion de ces coups de maillet feroit peu d'effet pour ferrer les vouffoirs entr'eux fur d’auffi grofles mafles de pierre, chacun de ces voufloirs étant du poids au moins de cinq milliers, & jufqu'à huit ou dix milliers; J'avois d’ailleurs appréhendé de caffer des voufloirs, comme cela eft arrivé à d’autres ponts, en chaffant ces coins qui font fouvent en porte-à-faux , à caufe de la difficulté que lon a pour les placer exactement les uns vis-à-vis des autres. . Quelques Ingénieurs font dans l’ufage de laifler les voûtes ke plus de temps qu'ils peuvent fur les cintres; d'autres les font démonter tout de fuite, après les avoir fait fermer, Lorfque l’on a aflez de temps à la fin de la campagne, on fait bien d'attendre un mois ou fix femaines; mais il eft Mém. 1773: | F 42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE toujours prudent de ne point décintrer avant que les mortiers des joints des derniers cours de voufloirs, ayent acquis affez de confiftance pour que l'on ne puifle y introduire qu'avec peine , la lame d’un couteau, & cela arrive en moins de quinze jours ou trois femaines , fur-tout fi la pierre eft sèche & poreufe, pour qu'elle puifle prendre plus promptement Jhumidité du mortier. Le décintrement du pont de Cravant, a été commencé cinquante jours après que les arches ont été fermées & fait en peu de jours; le tafiement de la voûte a été infenfible. La crainte d’être furpris dans l’arrière-faifon par les grandes eaux, ma obligé de commencer le décintrement de l'arche de Nogent-lur-Seine, trois jours après fa fermeture ; cet intervalle de temps avoit été employé à battre les coins aux treize derniers cours de voufloirs & à les couler & ficher. Les mortiers auroient cependant exigé plus de temps à ce pont, pour prendre une certaine confiflance à caufe de la dureté du grès qu'on y avoit employé ; mais comptant fur la fûüreté de la méthode dont je devois faire ufage , je penfai que je ne courrois aucun rifque pour la courbure de l'arche & la folidité de l'ouvrage, & qu'il n’en réfulteroit qu'un plus grand taflement à a voüte , lequel taflement devenoit même utile pour diminuer les rampes du pont, . Ce décintrement a été fait en cinq jours, de la manière que je l'expliquerai ci-après, en parlant du pont de Neuilly, & qui avoit aufir été employée à celui de Cravant. Les férmes qui avoient été comprimées feulenient de 2 pouces 9 lignes, fous la charge de la voüte, font remontées de 2 pouces, après l'enlèvement des couchis & des étrétillons du deflous des voufloirs, par le développement de d'élafticité du bois. Le deuxième jour du décintrement, les joints qui s’étoient ouverts au bas des voûtes, comme je l'ai dit ci-devant, fe font refferrés de deux lignes; le troifième jour, le plus grand joint qui étoit fitué du côté de la ville, s’eft rouvert de 3 lignes ; douze heures après l'enlèvement de tous les couchis, Hess Sc )E Nb crEr ss 43 ces grands joints fe font entièrement fermés du cêté de la ville, & à deux lignes près, au côté oppolé ; ceux de la partie fupérieure de la voûte, fe font aufii reflerrés. Le taflement total de la voûte , a été en quarante-cinq jours après le commencement du décintrement, de 12 pouces 6 lignes à la clé, fe diflribuant proportionnellement fur les autres voufloirs jufqu'au dix-feptième cours; au-deffous de ces cours de voufloirs, la courbure s’eft relevée de ce dont elle avoit pu baiffer fur les cintres pendant la conftruc- tion de la voûte, ce qui s’eft fait pour le total avec tant de régularité , que la courbe fe trouve préfentement très-agréable au coup-d'œil & fans aucun jaret; il en eft feulement réfulté que la partie de Farc fupérieur appartient préfentement à un rayon de 123 pieds, au lieu de 100 pieds que ce rayon ‘devoit avoir fuivant l'épure, avant l'aplatiffement de cet arc : le taffement a augmenté de 1 5 lignes dans la première année, en forte qu'il eft atuellement de 1 3 pouces 9 lignes à la clé. Pour rendre ce changement de courbure plus fenfible, & pour diftinguer la partie de la voûte qui tend à renverfer les culées & les piles de celle des parties inférieures qui réfiftent à cet eflort, J'avois fait tracer avant le décintrement, une ligne horizontale fur les voufloirs des têtes de l'arche , du deflus d’un vingt-huitième cours à l'autre, & d’autres lignes obliques au droit des reins, depuis les extrémités de cette ligne horizontale, jufqu'à l'endroit où fe fait la jonétion du feptième cours avec le mur en évafement de chaque culée. La ligne horizontale a fait connoitre, par fa courbure, celle de labaiffiement des voufloirs correfpondans , en y ajoutant celui des extrémités de cette ligne que fon avoit “repairé d’après un point fixe. Les lignes obliques fe font courbées avec inflexion, en forte qu'au-deflus du dix-feptième voufloir ,: elles étoient convexes par en bas & concaves au-deffous de ce voufloir ; la plus grande ordonnée, étoit de 6 pouces 10 lignes dans le milieu de la partie convexe, & de $ pouces 6 lignes aux deux tiers de la partie concave à compter d’en bas, F ij (a) Mém. de l'Acad, année 1712 (b) Idem, cunée 1729 44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Ce point d’inflexion auquel doit fe faire la féparation des deux actions qui agiflent en fens contraire, étoit d'ailleurs rendu fenfible par le joint qui s'étoit ouvert en cet endroit. Le petit arc qui fe termine au-deffus du dix-feptième voufloir, eft de so degrés, il comprend prefqu'exactement le tiers de la demi-voûte. La connoiffance de ce point d'inflexion eft très-impor- tante pour la théorie & le calcul de la pouffée des voütes, & avec de pareilles obfervations faites fur des arches de différentes grandeurs & courbures , on y parviendra avec plus de füreté, qu’en établiffant des formules, comme l'ont fait M.° de la Hire (a) , Couplet (b) & d'Anefy, d'après des hypothèfes dont ils ont été obligés de fe contenter faute de pareilles obfervations. H me refte préfentement à rendre compte du décintrement du pont de Neuilly, qui a exigé les plus grandes précau- tions à caufe de la hardieffe de fa conftruction. J'ai dit ci-devant que les fermes font garnies de couchis avec leurs calles, qui portent les cours de vouffoirs, ce font ces calles & ces couchis qu'il faut Ôter lentement & dans un certain ordre, pour détacher les fermes des voütes, qui pour lors reftent ifolées, en forte qu'il n’y ait plus qu'à enlever ou faire tomber jes fermes pour achever le décintrement. J'ai dit auffi que lon pouvoit confidérer deux parties dans une voûte, l'une fupérieure qui tend à defcendre, l'autre inférieure de chaque côté qui réfifle & eft repouflée en dehors; cette dernière partie de chaque côté de la voûte, doit comprendre celles qui ne chargent point les cintres, avant que la clé foit pofée. M. Couplet, ayant fait la recherche de arc, dont les voufloirs ne chargent point les cintres, avant que la clé foit pofée, a trouvé, en fuppofant que les vouffoirs {oient polis & fans frottemens, qu'il devoit être de 30 degrés dans les voüûtesen plein-cintre, ou du tiers de la demi-circonférence. On a vu qu'à l'arche de Nogent-fur-Seine , la partie de Yarc qui a été repouflée en dehors, & qui par conféquent mt ES SUCRE Nc: Ers. 45 ne devroit point charger les cintres avant que les clés fuffent pofées, étoit également du tiers de la demi-circonférence. Au pont: de Neuilly, la courbure des têtes étant d'un feul arc, feutenue par des vouflures ou efpèces de cornes de vaches, Finflexion dont on a parlé ci-devant, ne s’eft point fait remarquer; mais les plus grands joints ont indiqué que c'étoit au-deflus du vingt-fixième cours de voufloirs, que devoit fe faire de part & d'autre, la féparation de la portion fupérieure de la voûte, qui tendoit à repouffer les parties inférieures, & ce point eft à deux voufloirs au-deflous du milieu de la demi-voûte, ce qui fe rapproche beaucoup pour ces arches, de lhypothèle de M. de la Hire. On peut donc, d’après ces obfervations, commencer par faire ôter fans inquiétude, tous les couchis qui font pofés de part & d'autre du bas des voütes, tout au moins jufqu'au tiers des demi-voütes, puifque quand les clés font pofées, ces parties, au lieu de porter fur les cintres, font repoufces en dehors par la charge des voufloirs fupérieurs; ce qui le fait encore mieux connoitre, c’eft que les calles & les couchis qui font pofés au droit de ces arcs inférieurs tiennent peu, & l'on trouve même que plufieurs d’entre eux fe font déta- chés des voûtes, quand on fe préfente pour les enlever. On doit cependant avoir l'attention d'enlever ces couchis lentement, en y employant plufieurs jours & en les ôtant en égal nombre par jour & de chaque côté en même temps, pour que les fermes qui font repouflées par leur charge fupé- rieure dans le vide que ces couchis laifient, ne permettent à la partie fupérieure de la voûte, de defcendre auffi que très-lentement, parce que lon doit empêcher avec le plus grand foin de laifier prendre une certaine viteffe à d’aufir fortes mafles ; ce n'eft qu'en modérant cette vitele jufqu'à ce que tous les couchis des voütes foient ôtés, qu'on pré- vient la fraéture des pierres & le danger qu’il y auroit pour la confervation des voûtes même, fi on en ufoit différemment. Ces obfervations doivent faire abandonner, principalement pour les voûtes faites avec des cintres retrouflés, l'ancien 46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ufage qui étoit d’ôter les couchis de deux en deux également de chaque côté dans tout le pourtour de la voûte, & de continuer enfuite la même opération, jufqu'à ce que tous les couchis fuflent enlevés; car on laïfloit par cette méthode, des points d'appui fous Varc fupérieur , qui nuifoient au taflement uniforme & général, & occafionnoïent fouvent des jarets & irrégularités dans fa courbure des voûtes, fur- tout aux grandes arches, lefquelles étoient même expofées à de plus grands accidens, quand il sy joignoit quelque défaut de conftruétion. C'eft, comme on vient de l'expliquer, que l'on a com- mencé le 14 Août 1772, dix-huit Jours après la pofe des dernières clés du pont de Neuilly , à ôter les couchis du bas des voûtes, à commencer du neuvième cours de voufloirs, ceux du deflous ayant été pofés fans couchis ; on a continué enfuite jufqu'au 3 Septembre fuivant, à enlever le refte des couchis en égal nombre par jour de chaque côté & de fuite, en montant & en laiflant quelques jours d'intervalle à diffé- rentes fois fans y travailler, en forte que le tout a étéenlevé en dix-neuf journées: ce qui a été fait en obfervant de mettre des étréfillons ou petites pièces de bois pofées debout , entre les fermes & les voûtes, pour faciliter le dévêtiflement des calles & des couchis fupérieurs, lorfqu'on s'eft aperçu que les fermes, en remontant par la force de l'élafticité des bois, commencçoient à nuire à ce dévêtifiement ; il n’en eft refté le dernier jour, que fept cours au haut des fermes que j'ai fait enlever ; les étréfillons ont été ruinés, c’eft-à-dire, détruits avec le cifeau & le maillet, le tout en moins d’une heure, ce qui seit fait en même temps à toutes les arches. Les Charpentiers commençoient par les rangs des étréfillons les plus éloignés de la clé, & s'en rapprochoient en ruinant toujours en même temps de chaque côté les rangs fupérieurs; lorfqu'ils furent arrivés au dernier rang , on voyoit ces étréfilons s’écrafer d'eux-mêmes avec force, & celui qui conduifoit cette opération à lune des arches, fut renverfé de l'éclat de l'un de ces étréfillons qui vint le frapper fur les nf es STICHIVE" NactErs. 47 reins. Les fermes qui fe trouvoient pour lors affaifées de 19 pouces, compris 6 pouces après la pole des clés, le tout au lieu de 15 pouces, dont elles avoient été furhauflées , fe relevèrent de s pouces.6 lignes, & prefque également à chaque arche avec force & bruit. L’affaifiement des fermes, n'avoit été que de 19 lignes le 18 Juillet, après la pole du quarante-ixième cours de voufloirs de chaque côté, & de 7 pouces 4 lignes fous la charge totale de 9 30 mille livres après la pofe des cinquante- cinq cours de voufloirs. Cet aflaiflement a été de 13 pouces, après avoir pofé les trois derniers cours de voufloirs, compris celui de la clé. Pendant que lon a ôté les couchis, les voûtes ont baiffé de 6 pouces; le tafflement a été fubitement de 18 lignes le jour que l'on a ruiné les étréfillons, & de 13 lignes le lendemain ; aétuellement que le pavé & les parapets font polés fur le pont , le taflément eft en total, de 9 pouces 6 lignes, & je préfume qu'il n’augmentera pas encore de plus d’un pouce, # L'arc fupérieur des arches ayant été mefuré après le tañe- ment des voûtes, on a trouvé que fur 33 pieds de corde de la pointe d’une corne de vache à l'autre, la flèche n’a actuellement que 6 pouces 9 lignes de hauteur, ce qui le fait appartenir à un arc de cercle, dont le rayon eft, à très- peu près, de 244 pieds; d’où l'on peut voir la poffbilité ue lon ne connoïfloit pas, avant la conftruétion du pont de Neuilly, de faire avec de la pierre dure & dans un lieu convenable , des arches en plein-cintre du double de ce rayon, ou d'environ 500 pieds d'ouverture. Avant que les clés des arches foient polées, les joints des voufloirs tendent à s'ouvrir, comme je l'ai dit, par l'affaiflement des fermes , dont le mouvement part des jambes de force qui font placées contre les piles & les culées pour les foutenir, & s’augmente en s'éloignañt vers le haut de ces fermes; mais les clés étant polées & les cintres fe trouvant bientôt après déchargés , la caufe du mouvement des voütes 48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE change, & c'eft des clés & contre-clés, d’où part en fens contraire du mouvement des fermes, l'action des voufloirs, pour fe reporter vers les piles & les culées qui doivent foutenir les voûtes après leur décintrement. C'eft ce dernier mouvement des voufoirs , qui tend à refermer les joints qui fe font ouverts pendant leur pole, & cela s'opère plus facilement, lorfque les fermes ont mieux reffté par leur bon aflemblage & leur force, à la charge des voufloirs. Au pont de Mantes, le décintrement a été commencé le 10 Otobre 1764, treize jours après la pofe des clés; on y a employé dix jours. Le tafflement total de la voûte, s'eft trouvé quinze mois après {a conftruétion, de 20 pouces 7 lignes, dont 12 pouces fur les fermes avant la pofe* des clés, & 8 pouces 7 lignes depuis ce temps ; ce qui fait pour ce dernier taflement , 2 pouces 11 lignes de moins qu'aux arches qui joignent les culées du pont de Neuilly, -en fuppofant, comme on Fa dit ci-devant, que ces arches doivent encore baiïfler d’un pouce; cette différence vient vraifemblablement de ce que l'arche du milieu du pont de Mantes , eft moins furbaïflée de $ pieds, que celle du pont de Neuilly. Avant de revenir au refle du décintrement du pont de Neuilly, je crois qu'il eft à propos d’obferver que les grandes arches doivent être conftruites fur des fermes retrouflées, à moins que les voûtes ne foient trop peu élevées & décintrées comme je viens de l'expliquer, parce qu’en fuivant cette méthode, les voûtes font foutenues par les fermes , fans pouvoir corrompre leur courbure , & que les voufloirs fe refferrent infenfiblement entre eux, à mefure que les fermes s’afloibliffent en perdant leur point d'appui, ce qui fe fait lorfqu'on enlève les couchis des parties inférieures de ces voûtes, contre lefquels les fermes étoient appuyées, & les voûtes continuent à baifler infenfiblement, jufqu'à ce qu'elles fe foutiennent prefqu'entièrement fur elles-mêmes; ce qui arrive de telle forte, que lorfque l'on vient à ruiner les étréfillons, on Dans AS: ICAN En W LES: 49 . ôn s'aperçoit fenfiblement que les fermes ne portent prefque plus ces voûtes, & qu'elles auroïent même pu s'en détacher, fans la force de l'élafticité des bois qui les follicite à remonter. Le Roï ayant defiré de fe trouver à fa partie du décin- trement du pont de Neuilly, qu’il étoit poftible de faire fans rien rifquer pour la folidité des arches, dans le peu de temps que Sa Majeflé pouvoit dohner'à ce fpeétaclke, dont Elle avoit fixé le jour au 22 Septembre 1772, on avoit réfervé de faire tomber les fermes des cintres pour ce jour-là ; après avoir enlevé les moifes, les liernes & contrefiches qui auroient nui à cette manœuvre, & après avoir auf démonté trois fermes, à chacune des deux arches, fituées du côté de Puteaux, pour ne pas trop encombrer, par leur chute, le bras de rivière qui y paile. J'avois fait placer deux cabeftans au-devant de chaqué arche , & autant au derrière des deux arches fituées du côté de Puteaux, ces derniers pour faire tomber deux fermes du même côté, pendant que les fermes reftantes de ces arches, & celles des autres qui font fituées dans la partie de Fîfle, devoient être renverfées avec les cabeftans qui étoient placés pour chacune de ces arches, du côté de l'emplacement qui avoit été préparé pour recevoir le Roi. Les cordages étoient attachés vers le haut des fermes, & pafloient fur deux poulies mouflées à chaque bout ; huit hommes appliqués aux bras de levier, devoient faire manœuvrer chaque cabeftan , ce qui a été exécuté au coup de tambour, & les fermes ont été renverfes en moins de trois minutes & demie. La chute de la mafle énorme des bois, dont le poids pour chacune des arches devoit être au moins de 720 milliers, fit remonter leau en écume jufque fur le pont ; on vit les voûtes à découvert, & le Public parut pour lors vivement affe&té d’une furprife agréable, que lon croit devoir attribuer à la chute fubite d’une charpente, qui, un inftant auparavant, paroïfloit néceffaire au foutien d’un aufli grand édifice, Mém, TA G $o MÉMOIRES PE L'ÀÂACADÉMIE ROYALE Les précautions que lon avoit prifes pour la conftruétion de ce pont, dans la conduite duquel j'ai été très-bien fecondé par M. Chezy, Ingénieur des ponts & chauflées, & Inf- pecteur général du pavé de Paris, ont été fuivies du plus grand fuccès; on n'y aperçoit aucune pierre caflée ou qui foit feulement écornée & défeétueufe, ni joints ouverts, ce qui eft aufli heureux que rare, pour un aufli grand ouvrage. | Mem. de PA: R. des JE. An.1773. 29. 50.P1L. RAVANT , TT D | Li AE) i : RAS trois Ponts, ARR res pendantes . es Uorrontilesr, Ras avec Lurr (les. de Neuilly . Meme. de Pis Rides Je xn3773. Pzo 50 PLL. ARCHE DUPONT DE YA IA 1 li L | 6o. Pieds Legende pour les Fermes des to1s Ponts, © A. ambes de lorce. D. Moirer pendantes. B. Oapeaux . \ EE, Mhrres Morwentater. C. Æ#rbalestriers. EF, Guchir avre leur Ces. CG, Lines. Sur la Planche dulont de Nelly + Lo 2 Gone Ju Mem. de UAe. R. der Se. An.1778.P 60. PI. IT. , CONSTRUITE EN 1768. ue apres le Décintrement DER Hi D É a 1 | ÿ dd j $ u” de Couas Sub Mem. de dc R. der Je. An 1778.L 50. PL IT. Et ARCHE S° EDME DE NOGENT SUR SEINE CONSTRUITE EN 1768, Vue avant le Deécintrement Vue apres le Decintrement y ir Veil ing ia En gnut se es A | il PI. JT: Mem. de LAe. R. des Je. An.1773. Pag.&o. PL. HT. DE NEUILLY, JT be CTI Le ul él le Gouzz Se culp: DES SEIN DUNE DES Meme. de Le: R° der Se. An-1773: Pag Go PL. HU: CINQ ARCHES DU PONT DE NEUILLY. L | Bi me 120; Picd® DES SCIENCES. 2: CRT ARR 2 OT TOTIN DE L'ÉCLIPSE HORIZONTALE DU SOLEIL, Du 23 Mars 1773, au matin. Pa M MESSIER. E n’avois rien négligé pour cette obfervation, j'avois pris $ Maï1773. toutes les précautions néceffaires : dès le 19 Mars, j'avois fait porter à la guérite du collége de Louis-le-Grand, une endule à fecondes, à roue de rencontre, qui avoit été réglée fur celle de mon obfervatoire, par trois fignaux donnés de minute en minute, un quart-d'heure environ après midi, favoir les 19, 20, 21, 22,& le 23 Mars, jour de l’ob- férvation, 25 minutes 40 fecondes avant la fm de lÉclipfe, de manière qu'il ne reftoit aucune incertitude fur la marche de la pendule. De cette guérite on découvre parfaitement l'horizon, & lobfervatoire de la Marine n’a pas le même avantage. Le 22, on tranfporta au collée une lunette ordinaire de trois pieds & demi, garnie d’un micromètre à fils, à deffein de mefurer quelques phafes de FÉcliple; & pour lobfervation de la fin, une excellente lunette achromatique , de trois pieds & demi à triple objectif, appartenante à M. le Préf. de S.** Le même foir, j’eus Fattention de préparer ces inftrumens pour l'obfervation du lendemain matin: au Soleil couchant, je les dirigai fur cet aflre, pour les mettre Yun & Fautre à leurs foyers, préfumant que fr cette opération eût été remife au lendemain, j'aurois eu peine à y réuffir ; ce qui feroit effectivement arrivé par les vapeurs & les ondulations confidérables du bord du Soleil. J'avois eu l'attention auffi de ne faire rendre à la lunette achromatique , qu’un grofliffèment beaucoup moindre que celui qu'elle porte ordinairement , qui eft de cent quinze Gi 52 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fois ; je ne lavois fait groflir pour cette obfervation ; qué vingt-fept fois le diamètre de objet , pour avoir plus de netteté, & les bords du Soleil mieux terminés: la faifant groffir davantage, j'aurois augmenté les vapeurs, & les ondu- Jations du bord du Soleil & de la Lune feroient devenues confidérables. L’obfervation du paffage de Vénus en 1769, m'avoit donné lieu à faire cette remarque avec deux inftru- mens, dont un groffiffoit confidérablement, & l'autre failoit un effet beaucoup moindre; à ce dernier, l'aftre paroifloit incomparablement mieux terminé, Malgré le peu d'effet que produifoit fa funette achroma- tique, lé jour de l'Écliple, le Soleil quittant l'horizon, fe trouva fi mal terminé, fi ondoyant & fi échancré, qu'il n'étoit pas poflible d'afligner aucune limite ni diftinction au bord du Soleil; il étoit confidérablement altéré & inégal dans tout le contour de fon difque, plufieurs parties paroiïfloient s'en détacher pour fe rejoindre enfuite, & cela alternativement jufqu'à la fin de 'Éclipfe. J'aperçus la partie éclipfée du Soleil, mais fi mal terminé, & fi ondoyant, qu'il ne fut pas poffible d’obferver fa grandeur ni la fin de l'Éclipfe que très-impar- faitement. Le bord de la Lune far le difque du Soleil paroïfoit s'étendre en augmentant l'Éclipfe, & dans d'autres momens, le bord fe rétrécir, en diminuant la partie écliplée ; cette alternative dura jufqu’à la fin, j'entends la féparation des deux difques. I reftoit fur cette obfervation plus d'incertitude qu’on n'en trouve dans les Éclipfes de Lune où l'ombre fe confond avec la pénombre. J Voici mes obfervations, L Temps vrai Le premier bord du Soleil quitta l'horizon Es atsty49" 27 Le fecond bord à..... uen LE 0 SENTE INS e 1051252210) L'Éclipfe parut finir à........ ee OR EN ls GS ia Réduite à 'Obfervatoire royal..,............ 5. 56. 27 Mon obfervation s'accorde néanmoins à 8 fecondes avec celle de M. le Gentil, faite à F'Obfervatoire royal, & à fix DES SCrENCES. 53 avéc M. du Vaücel; cet accord fembleroit donner uné cer- titude à la mienne, je ne puis cependant la regarder que comme incertaine à une minute, & même une minute & demie, d’après les raifons que j'ai déduites dans mon Mémoire, M. Pingré a obfervé la fin de cette Éclip{e de fon Obfer- vatoire de Sainte-Geneviève: il l'a marquée à 5h 5723", réduite à l'Obfervatoire royal; il diffère de 14 mienne de 56" & de 1° 4” de celle de M. le Gentil; je n’en füis pas étonné, vu la difficulté de faifir le moment de la féparation des deux limbes, occafionnée par les grandes ondulations des bords du Soleil & de la Lune, » $s4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE NOUVELLES OBSERVATIONS SUR L'ANAEYSE" DES"VCRISTAUX, DU VERDET ET DU SEL DE SATURNE, Relativement à l'air combiné dans ces deux mixtes, à confidéré comme un de leurs principes conflituans : . àT fur un Sublimé cuivreux à falin que le Verdet fournit dans un temps déterminé de lAnalyfe. Par oiM DE IT A SYSTONNE. UOIQUE l'opération par laquelle on retire des criftaux du verdet foumis à la diftillation, l'efprit acéteux que l'on appelle vinaigre radical, ait été fréquemment répétée dans les laboratoires des Chimifles ; cependant il paroît par les détails connus de cette analyfe, que jufqu'à préfent on n'a pas tenu compte, & que l'on n’a point été frappé, comme on auroit dü l'être, de quelques phénomènes remarquables que je crois mériter une attention particulière. Ces faits intéreffans que l'analyfe du verdet m'a d’abord fait connoître, je les ai pareillement obfervés dans l’analyfe du fel de Saturne, que j'ai foumis dans cette vue au même examen, comme étant une fubftance dont la compofition & la mixtion reflemblent le plus à celle du verdet. J'ai penfé que la fimilitude des phénomènes que lune & l'autre matière offriroient également, rendroit le fait bien plus intéreffant & plus digne d'être communiqué , fur-tout dans un temps où les Chimiftes paroiflent s'attacher davantage à rechercher la réalité des diverfes combinaifons que l'air affeéte de eontraéter avec la plupart des fubftances, & les effets qui réfultent de ces combinaifons; car les phé- nomènes dont il s'agit-ici femblent avoir trait bien directement S rs SCA EN CES 5 à cet objet important. Les détails de ces analyfes rapprochés de mes remarques particulières, vont faire juger fi mes induc- tions font juftes & bien fondées. Voici comme j'ai procédé. L'appareil a été une excellente cornue de grès, une alonge & un récipient de verre. La cornue dont je me fuis d’abord fervi, peloit 1 livre 3 onces 4 gros 36 grains; j'ai mis dans cette cornue une livre de criilaux de verdet bien fecs. La cornue ayant été placée au bain de fable, les vaiffeaux ont été fermés avec plufieurs bandes de papier affujettis avec fa colle d’amidon; à la com- miflure de lalonge & du récipient, je nai pratiqué qu'une très-petite iffue, ou communication du dehors au-dedans, ar le moyen d'une épingle de médiocre groffeur, qui y a été infmuée. Tout étant ainfi difpolé, le feu a été adminittré par gradation & avec beaucoup de ménagement. L'opération finie, on a laiflé refroidir entièrement le fourneau & tout l'appareil. ; La liqueur paflée dans le récipient, pefoit environ 7 onces 4 gros. Le réfidu pulvérulent entièrement retiré de {a cornue, peloit $ onces 6 gros 36 grains. La cornue nullement altérée dans aucune de fes parties, avoit fon même poids, à quelques grains près d’excédant, ce qui fans doute ne dépendoit que de quelques parcelles du réfidu cuivreux adhérentes aux parois intérieures, Donc, en rapprochant & le poids du vinaigre radical pafié dans le récipient, & celui du réfidu retiré de la cornue, je trouvai que le poids total & primitif du verdet, employé avant qu'il füt foumis à la diftillation, excédoit d’une once cinq gros. L Donc cette quantité d’une once cinq gros, eft une perte réelle qui s’eft opérée par l'effet de l'analy{e. Je fus d'autant plus étonné de cette perte, que voulant d’abord en rechercher une caufe évidente & palpable, examen de la cornue que je retrouvois faine & bien entière, confer- vant fon même poids; nul figne d’altération des autres pièces 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de l'appareil: le peu de vapeurs fenfibles qui s'étoient échappées par la très -petite iflue d'où l'épingle n'avoit même jamais été Ôtée; & nulle autre circonftance de Fopération ne me permettoient pas d'attribuer cette déperdition ou ce déchet à aucun de ces incidens foupçonnés. Incertain, & ne voulant tirer encore aucune induction précipitée, je crus devoir tout de nouveau confulter l'expé- rience, en redoublant d'attention. 1° Je penfai qu'il étoit à propos de me fervir de la même cornue, parce que j'étois für qu'elle n'avoit fouffert aucune altération, & qu’elle avoit déja éprouvé dans toutes fes parties la première action du feu. 2.° Pour obtenir dans cette feconde analyfe un réfultat que je pufle mieux comparer, & d’une manière plus frap- pante avec celui de la première expérience, je ne voulus employer qu'une demi-livre de criftaux de verdet. L'opération finie, après avoir procédé avec toute Ja cir- confpection poflible, je trouvai que la diminution du poids étoit, à quelques grains près, exactement proportionnelle; c'eft- à-dire, qu'elle n'étoit que de moitié, parce que je n'avois pris, comme je l'ai dit, que demi-livre de verdet, En comparant les réfultats de ces deux expériences, & rappelant les précautions que javois prifes, il me parut certain que le phénomène de la perte réelle obfervée dépendoit de re caufe toute différente de celles que j'avois d'abord ; oupçonnées. Defirant m'en affurer encore mieux, je crus que l'examen du fel de Saturne, par une analyfe femblable à celle du verdet, me procureroit de nouvelles lumières, en fourniflant des faits femblables que je pourrois comparer, & qui fe confir« meroient réciproquement, Je ne fus pas trompé dans mon attente, A yant procédé à lanalyfe d’une livre de fel de Saturne avec le même appareil, & en apportant la même circonfpection, je trouvai, après lopération, que les poids réunis tant de l'efprit de Saturne, extrait & paflé dans le récipient, que du réfidu pulvérulent retiré DES ScrEenNces. $7 retiré de là cornue, différoient en moins du poids primitif du fel de Saturne, & même que cette déperdition étoit ici un peu plus confidérable que je ne l’avois trouvée dans l'analyfe du verdet : la cornue de grès ayant d’ailleurs fon même poids, à quelques grains près de différence en plus, par la raifon que j'en ai dit. D'autres expériences répétées avec la même matière & avec les mêmes réfultats, achevèrent de conflater invaria- blement, & de juftifier les faits dont je viens de rendre compte fa). Alors je me crus en droit d'attribuer une toute autre caufe au phénomène obfervé, & je fus comme forcé de penfer, que pendant l'opération, les deux matières foumifes à lanaly{e, avoient fourni une vapeur extrêmement {ubtile, une efpèce de gas capable de s'échapper & de fe diffiper d’une manière infenfible par fa plus petite iflue , & en aflez grande quantité pour produire fur le poids primitif une perte d'environ un neuvième. Or, que pourroit - ce être que cette vapeur prefque incoërcible, laquelle encore combinée dans les deux mixtes, dont elle faifoit une partie conftituante, en augmentoit fr confidérablement {e poids primitif, & d'où elle s'échappe d'une manière invifible, finon fair lui-même » qui, dégagé de fes entraves, reprend fon état élaftique & toute fa fubtilité ? Ce fentiment déjà fi conforme aux faits obfervés, me paroït encore autorifé par les remarques fuivantes : 1° En diflillant le verdet » ainfi que le fel de Saturne, ce n'eft que lorfque 1a diftillation eft déjà bien avancée & tend à fa fin, que quelques miafmes odorans & fubtils, qui caractérifent le vinaigre radical & l'efprit de Saturne 4 D Un 0, 0. (@)' En réitérant une de ces expé- | dans Ja cornue > au lieu d’un réfidu riences fur le fel de Saturne » je | pulvéulent, le plomb prefque entiès donnai un feu beaucoup Plus intenfe | rement revifié & remétallifé, à la fin de la diftllation 3 je trouvai Mén. 1773. H 58 MéÉmMmoirEs DE L'ACADÉMIE ROYALE. s’échappant par la petite iflue faite avec l'épingle, fe réndent un peu fenfibles à lodorat : 2. Dans les premiers temps de l’opération, quoique fe vinaigre radical & l'efprit de Saturne extraits & détachés paffent dans le récipient, il ne s'échappe au-dehors aucune vapeur odorante qui foit perceptible, même en approchant le nez bien près de la petite iffue pratiquée à la commifiure de lalonge & du récipient; or, voici comme j'ai raifonné d’après ces deux obfervations particulières. Si la perte confidérable & conftante fur le poids primitif ‘des fubflances foumifes à l'analyfe, dépendoit fur-tout de ces efprits fubtils & odorans, qui s’échappent au-dehors lorfque Fopération eft déjà bien avancée, il arriveroit alors que cette diminution ne devroit avoir lieu & ne s’opérer que dans le temps où l’exhalation plus marquée de cette vapeur frapperoit davantage l’odorat, I n'y avoit qu'un moyen de s’en aflurer; c'étoit d’inter- rompre & de fufpendre Fa“tion du feu dès l'inflant que les miafmes-odorans deviennent fenfibles, & déterminer alors les poids des produits, en les comparant au poids primitif. Le réfultat de cet examen a été que, même avant la fortié plus fenfible des efprits fubtils & odorans, la matière foumife à lanalyfe avoit déjà fait, en plus grande partie fur fon poids primitif, le déchet confidérable que les expériences précédentes ont déterminé. D'où j'ai été, ce me femble, bien fondé à conclure que fi l'exhalation de ces efprits odorans, doit concourir & être comptée pour quelque chofe dans cette perte, il n’en paroît pas moins certain que la majeure partie de cette déperdition dépend de la diffipation continue d'une vapeur encore plus tenue, plus fubtile, inodore, à peine coërcible, & dégagée dès les premiers inflans que faction du feu commence à rompre la cohéfion des molécules qui forment lagrégation du mixte foumis à l'analyfe; & que cette diffipation a lieu pen- dant tout Ie temps de l'opération. Une vapeur douée de tels D'ESIBNOTE NC ES 59 £aractères, n’eft felon toute apparence, que l'air même dégagé de fes entraves & remis en liberté. : On reconnoît & lon diftingue, pour ainfi dire à l'œil, cette vapeur aérienne dans un temps déterminé de la difil- lation, & ceci eft fur-tout apparent dans l'analyfe du fel de Saturne. En effet, lorfque la plus grande partie de l'efprit de Saturne eft pañlée dans le récipient, que la matière reftée dans la cornue eft devenue plus sèche, & que le degré du feu ayant été augmenté, agit plus fortement fur le réfidu, pour achever de le dépouiller des parties plus engagées & plus concentrées; alors il fort de la cornue une vapeur abondante ; qui fe répandant dans la capacité de Falonge, la remplit en y formant un nuage blanc: cette vapeur ne produifant nulles ftries, & ne mouillant point du tout les parois du verre, va fe précipiter & fortir à plein goulot& comme un torrent, par le bec rétréci de falonge qui s'enfonce & s'ouvre dans le récipient; ce jet continuel coule très-rapidement fur la furface de la liqueur du récipient, où ül fe répand; c’eft alors que les miafmes odorans, échappés au-dehors par la petite iflue, frappent plus fenfiblement lodorat. Or cette vapeur sèche & blanche, paroïît formée par une huile éthérée, faïfant partie de la mixtion intrinsèque de Vacide acéteux, qui en eft féparée par une forte de décom- pofition, & de l'air qui, fe dégageant en même temps en reprenant toute fa fubtilité, communique à cette huile éthérée, avec laquelle il fort, un nouveau degré d'expanfion , de mobilité & de volatilité. Je dois ajouter ici, que pour ne laiffer nul doute, nul fcrupule fur tous les réfultats dont j'ai parlé jufqu'à préfent, ces expériences ont été répétées en me fervant d'une cornue de verre, & que les principaux faits obfervés, ont été abfolument les mêmes. Je ne doute point qu'un pareil examen, par l'analyfe de plufieurs autres mixtes falins analogues à ceux-éi, ne fit obferver les mêmes phénomènes; & pour éclairer davantage fur tous ces faits, il feroit à propos d'adapter, à l'appareil H ij 6o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ordinaire de ces fortes d'analyfes, celui que Hales a employé; ou tel autre que lon croiroit préférable : on parviendroit alors à mieux reconnoître, non-feulement l'air qui fe dégage, mais peut-être encore fes qualités diverfes; car plufieurs travaux des Chimiftes modernes femblent déjà nous indiquer que ces vapeurs aëriennes entraînent prefque toujours avec elles d’autres matières très-fubtiles, qui pouvant être faifies, arrêtées, & comme maïtrifées, pour en mieux déterminer la nature & les caractères, donneront ainfi aux procédés de l'art un nouveau degré de précifion & d’exactitude capables de dévoiler plufieurs myftères de la Nature. L’attention répétée que j'ai donnée aux diverfes analyfes du verdet, relativement aux objets dont je viens de rendre compte, m'a mis à portée d'obferver un autre fait intéreflant ; quoique étranger aux phénomènes précédens , il mérite attention, parce qu'il me femble que perfonne ne Fa bien fait connoître par les détails qu’il exige; & que vraifembla- blement il m’eüt auflt échappé en grande partie, fans cet examen plus fcrupuleux & plus fuivi de lanalyfe, tant que l'opération dure : les détails vont le prouver. Vers la fin de la diftillation (l'appareil étant tel que je Jai décrit, car nous verrons qu'avec un autre appareil les phénomènes varient) quand on donne au feu un peu plus d'intenfité, & que les vapeurs blanches ont déjà paru , il fe fublime dans la partie fupérieure & interne du col de la cornue de grès une matière blanche qui, peu-à-peu augmente, devient aflez abondante, & paroît prefque remplir & boucher la portion du col de la cornue où elle s'arrête & s'attache, On ne l'aperçoit & ne la découvre que lorfque l'appareil eft difpofé de manière que le col de la cornue foit en face du jour, & que par ce moyen on puifle bien diftinguer le trajet intérieur de ce col à travers l’alonge de verre. On y entrevoit alors cette matière fublimée, ayant affez exaétement la forme de ftalagmites très-blanches ; mais lorfque l'opération eft prête - à finir, & que par l'intenfité du feu, les dernières vapeurs, qui paroiflent un peu plus colorées, font chaflées hors de DES SCIENCES. Gt la cornue ; alors ces vapeurs agiffant fur le fublimé, en altèrent d'abord la couleur ; bientôt on le voit diminuer & enfin difparoître entièrement, entraîné fans doute par les vapeurs qui le diflolvent: de forte que fi l'on ne faifit pas le temps de la formation & de l'apparition de ce fublimé fingulier, & que l'on néglige les circonftances favorables pour l'aper- cevoir & le reconnoître, on n'en retrouve plus ni trace ni veftige. On voit donc ici les raifons pourquoi ce phénomène n'a prefque point été remarqué. Nous verrons encore pourquoi il eft fouvent impoflible de l’obferver. Il me femble que nul Chimifte ne parle plus clairement de ces fleurs fublimées, que l’Auteur d’une note ajoutée par le Traduéteur des /nfftutions de Chimie de M. Spielmann, à un article du texte, que voici: « ]1 ne faut pas craindre, dit M. Spielmann {Tome 1, pages 455$ 456), que le vinaigre diftillé dans un alambic de cuivre ait contracté quelqu'union avec ce métal, quoique cet acide puifle cependant le rendre volatil. On obfervera en général, que le vinaigre même en ébullition ne peut avoir aucune action fur ce métal. » Sur quoi l'Auteur de la note fait ces Obfervations : « Je ne penfe pas de même, dit-il {Tome 1, page 455), LSS « « ce fur la diftillation du vinaigre faite dans des vaifleaux de « cuivre; l'acide du vinaigre, non-feulement attaque le cuivre, « mais encore il le volatilife, ainfi que l'obferve M. Spielmann. On ne peut en avoir un exemple plus fenfible que dans la diflillation des criflaux de Vénus, dans laquelle il fe fublime des fleurs de cuivre blanches qui colorent d’un beau vert lefprit radical. » IH eft prouvé par-à, que l'Auteur de cette note a bien aperçu ces fleurs; mais il n'entre dans aucun autre détail fur leur nature & leur vrai caractère. Je vais donc les faire mieux connoître; & pour y parvenir, il faut que je faffe d'abord quelques remarques préliminaires fur ces deux paflages cités. tant du texte de M. Spielmann, que fur la note qui y a rapport. Los LL 62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M. Spielmann convenant que le cuivre peut être volatilifé ar l'acide acéteux, penfe fans doute auffi que cet acide peut l'attaquer & le difloudre; mais il paroït foutenir que cet acide imprégné des parcelles de cuivre, qu'il tient en diflo- lution, ne peut pas les enlever ni les faire monter avec lui ar la diftillation, tant qu'il refte aflez fluide, ou plutôt mêlé avec aflez du principe aqueux, pour reflembler encore par cette mixtion au vinaigre diflillé ordinaire, même le plus fort. M. Spielmann, pour ne laïfler {ur cela nulle équivoque, auroiït dû faire ces diflinétions & s'expliquer plus clairement. Îl eft de fait, & je m'en fuis convaincu, que le vinaigré même radical extrait immédiatement des criftaux de Vénus, n'eniève & n'entraîne avec lui du cuivre en diftillant, que quand vers la fin de lopération, fes dernières portions de Fefprit acéteux fe trouvant prefque dans un état de ficcité, par l'extrème concentration, font alors devenues capables de fe mieux combiner avec le cuivre, & de le volatilifer avec éiles, comme il arrive à l'acide marin, à l'égard de la partie réguline de l'antimoine. Le vinaigre radical ne devient donc cuivreux que quand, vers la fin de lopération, le fublimé cuivreux pañle dans le récipient. Ce n’eft qu'alors que lalkali volatil, mêlé avec cet acide, y développe une couleur bleue. Dès que le fublimé cuivreux pale dans le récipient, & qu'il fe mêle à laliqueur, il fouffre , dans l'inftant du mélange, une vraie décompofition de fa mixtion, parce que l'acide acéteux très-concentré, avec lequel le cuivre volatilifé étoit uni, fe trouvant alors afloibli par le premier acide en liqueur, qui l'étend & s'y réunit, laiffe auñli-tôt échapper le$ molécules . de cuivre; ceft cette décompofition qui trouble la liqueur &a rend verditre. Or, le cuivre ainfi précipité n’eft plus fufceptible de repañler & d’être enlevé avec le vinaigre radical en liqueur, quand on le rectifie par une feconde diftillation, En effet, ce vinaigre rediftillé paffe très-chair | trèslimpide, & laifle un réfidu terreux, qui n’eft qu'une portion de chaux de cuivre. Dès-ors Yalkali volatil verfé fur cet acide rectifié, ne produit plus de teinture bleue. DES SCIENCES. 63 If eft donc bien certain, 1.° que le vinaigre radical, quoique extrait immédiatement du cuivre, ne contient plus de métal dangereux quand il eft bien rectifié après fa première difillation.. L 2.° On ne devroit pas même craindre, pour l'ufage médi- cinal & intérieur, l’elprit acéteux ordinaire, qui auroit été diftillé dans un alambic de cuivre, pourvu que le chapiteaw ne fût pas de ce métal ou d’étain, ou bien que le chapiteau étant de verre, ne füt pas en contaét immédiat avec le vaiffeau de cuivre. Il faut cependant convenir que maloré ces remarques fondées fur des expériences & des obfervations certaines, on doit toujours préférer & ne jamais manquer de prefcrire, pour lufage médicinal, le vinaigre diftillé dans des vaifieaux de grès ou de verre. Et voilà, ce me femble, le vrai fens des afiertions de M. Spielmann, qui paroiffent d’abord contradic- toires, & de celles de Auteur de la note citée fur l'objet dont il eftici queftion. En effet, ces deux Chimifles ne font en apparence oppolés ici l'un à l'autre, für cette matière impor- tante, que parce qu'ils ont trop généralifé leur doctrine qui d'ailleurs eft également exacte. Je reviens actuellement à l'examen de notre fublimé cuivreuxe La première fois que je l’aperçus, je jugeai, par tout ce qui s'étoit paflé, & dont je viens de donner les détails, que pour pouvoir découvrir & déterminer la nature & le carac- tère de cette matière, il falloit d’abord, après fa formation, ne pas. attendre la fortie des dernières vapeurs colorées qui la détruifent & la font difparoitre ; ceffer brufquement l'opé- ration , fupprimer le feu, déranger l'appareil, & déluter les: vaifleaux; tout cela fut exécuté ponétuellement dans les expé- riences fuivantes. J'eus donc ainfi cette matière bien formée , & je pus la foumettre aux examens que je defirois. * 1. Elle ne fe fublime que dans le trajet intérieur du col! de la cornue de grès : l'appareil étant difpofé, comme je l'ai: dit au commencement de ce Mémoire; car ayant fait cette añaly{e avec une cornue de verre & un funple réciprent, fans: 64 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'intermède d’une alonge, je n'ai point eu ces fleurs fublimées; elles ont pañié entièrement & tout de fuite dans le récipient, où elles fe font prefque entièrement décompofées, en formant fur fes parois un enduit ou couche jaunûtre. Si l'on veut donc avoir plus fürement, & bien obferver cette matière fublimée , il faut fe fervir de l'appareil décrit dans les premières expériences. 2.° Elle eft d’abord très - blanche ; mais expofée à Fim- preflion de l'air extérieur, en peu de temps elle s'humecte, {e ternit & prend un œil verdâtre. 3.° Elle eft d’une finefle & d’une légèreté furprenantes : les fleurs de zinc les plus blanches & les plus volatiles font moins fubtiles. Quoiqu'après avoir été recueillie & raflemblée, elle forme un volume à peu-près aufii confidérable que celui d’une grofle noix ; lorfque lon a opéré fur une livre de matière, fon poids total eft à peine de cinq ou fix grains. 4 C'eft une fubflance vraiment faline. Elle fe diflout très-bien dans l'eau diftillée; l'efprit-de-vin en diflout une artie; l'autre portion que ce menftrue fpritueux n'attaque point, refte fous la forme d’une poudre jaune , entièrement foluble dans lalkali volatil. se L'efprit-de-vin brûlé fur cette matière faline, donne une belle flamme verte. 6.° L’alkali volatil en développe auffitôt une couleur bleue très-intenfe. 7 Mife en contact fur l’extrémité de la langue un feul inflant & dans la plus petite quantité poflble, quantité que Ton pourroit à peine évaluer à un foixantième de grain, elle imprime d’abord une faveur cauflique & métallique ; bientôt il fe développe fur toute la langue & dans toute la bouche, une âpreté & une aflriction des plus fortes, des plus défa- gréables & des plus durables. Les lotions avec de l'eau, fréquemment réitérées, ont bien de la peine à détruire cette faveur abominable qui fait cracher long-temps; d’où lon peut juger combien cette matière faline cuivreule ainfi exaltée, eft dangereufe & redoutable. AS DES IE ST CMINEL NITC 2! !s: 65 -8.° La diflolution de ce fel dans l'eau diftillée fait un peu rougir l teinture de tourne{ol. 9. Ce fel mis für un papier bleu, étant légèrement humedté avec le bout du doigt mouillé par l'eau diftillée, rougit le papier, & il fe fépare en même temps une matière jaune en forme de précipité. 10.° Enfin, l'acide vitriolique n’en développe aucune vapeur fenfible, Ces expériences démontrent que ces fleurs font un vrai fel volatil concret, acéteux & cuivreux. D'où il réfulte que, d’abord le vinaigre radical néceffai- rement imprégné de ce fel volatil, participe réellement du cuivre; mais la rectification qui doit toujours être pratiquée avec l'attention fur-tout de bien ménager le feu vers la fin de la diflillation, dépure totalement cette feconde liqueur, & la met en état d'être employée fans fcrupule & fans crainte à la préparation de quelques remèdes particuliers, parmi lefquels on peut compter aujourd’hui l'Éther acéteux de M. le Comte de Lauraguais, dont on a commencé à faire ufage en Médecine. ; Men. 1773, L 66 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SAUIRTETE PE LEDIEENS) OBSERVATIONS Faites à SAINT-SULPICE, au foyer du Verre objeif, qui en ef? diffant de quatre-vingts pieds. Pa M. LE MONNIER. Le 19 Juin 1773, j'ai tracé par points, fur le marbre que lon a découvert en ce moment-là, la tangente des deux bords du Soleil. J'ai averti en 1767, pourquoi je prenois toujours le milieu des traits gravés en 1745 fur le marbre, pour y comparer chaque ligne au crayon ou trace des deux bords obfervés de l'image du Soleil, & pourquoi la diftance au milieu du trait du Sud, étoit toujours tant foit peu moindre que celle du trait gravé vers le Nord. J'ai donc trouvé aujourd’hui 3,4 lignes du côté du Nord, ou plutôt $ 5"+, en ayant égard à l'épaiffeur du trait vérifié une feconde fois, jufqu’au terme de 1745. Mais du côté du Sud 2,9 lignes, ou 47"+; prenant un milieu, on auroit $1"+ pour la diflance du centre au plus haut terme folfticial, tel qu'il étoit en 1745 & 1764. Le Soleil n'étoit pas encore arrivé au tropique du Cancer; & il s’en falloit aujourd’hui 19 Juin à midi, 37 fecondes; ainfr Yeffet de la nutation étant de 9" + 8",9 — 17,9, dont l'obliquité apparente de l'écliptique doit paroître plus petite, on auroit donc $4”,9, au lieu des $ 1"+ qui s’en manquoient à la plus grande élévation du Soleil ; ainfi l'effet de la nutation eft très-bien repréfenté ici à 3"4 près, ou plutôt à 2 fecondes près, fi on n'a égard qu’à celles d’entre les obfervations, qui répondent à l'année 1764. Que fi l'obliquité de l'Écliptique diminuoit de 6o fecondes en cent ans, felon l'hypothèle de M. de Louville, on auroit Mem. de LLe.R. des Je. An. 2773. lag GC. PL. IT PES / Figure double pour la page 455. 4 72 des Mem. de 2768. Terme Aulftral. Le © o 22. Dec er 44- 2, ’ Terme de lImage ee ? Gravee LS Ÿ 3. Minutes fur le Marbre. > Le ce NY re S 22. Deetre S ® 22 (re 1744. ns dé veu » re Minutes pour & Bord J'uperëur dt J Jigure pour Le £ FL Gousz Seulp Figure double pour la page 433. des Mem. de 1766. Terme Aultral. L LQ a I 22.Decbe17 3ÿ a $ 29 Da 7 3743 arm ; ’ Terme de lImage Gravee fur le Marbre EE du Pord 1nRerieur du Soleal sur 10 “Decl"e 1748 / & à & Ê d 17. Decd'er738. Miular DæEs SCIENCES. 67 dû trouvér én vingt-huit ans, près d’un tiers de minute au foyer de ce verre objectif, puifqu'il repréfente à 3°, ou plutôt à 2 fecondes près, l'effet de la nutation depuis neuf années entières qui fe font écoulées depuis 1764, lorfque l'obliquité a paru flationnaire & la plus grande. Il eft donc vifible que la variation prétendue dans l'obli- quité de l'Écliptique , n’a pas eu lieu d’une manière aflez fenfible. Diverfes objections faites fur la folidité du portail de Saint-Sulpice, ne fauroient guère être adoptées, puifque fr la compenfation a dû avoir lieu au folftice d'été, le figne négatif attribué à l'effet d’un abaiflement prétendu du portail, deviendroit pofitif au folftice d'hiver; en forte que la fomme des deux eflets donneroit en hiver le double de la diminution apparente de l’obliquité, ce qui n'a pas lieu. REMARQUES. Aux deux folftices d'hiver de 1772 & 1773, M. Wallot qui a obfervé à Fobélifque les deux bords du Soleil, & qui doit en publier les Obfervations, ne trouve, ayant égard à la nutation, qu'environ -10 fecondes pour la diminution de l'obliquité de l'Écliptique depuis l'année 1744. Si le gnomon baïfle de S en s, le point folfticial & doit s'approcher du pied du ftyle ou gnomon P, ce qui feroit paroître augmenter Vobliquité de l'Écliptique. Au contraire le point fofticial % de l'hiver, au lieu de refler en #/, paroïtroit à 270 pieds de diftance en #, ce qui feroit ainfi paroître diminuer Vobliquité de lÉcliptique, beaucoup plus que d’une minute en cent ans. 7 Juillet 1773: 68 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE MELON IRÈNE Pour corriger les Cartes de Géographie, fur la Latitude de la Méfopotamie, entre l'Euphrate àr le Tigre. Par MD AN VILLE. ES PAYS que traverfent ces Fleuves, & qui ont été en fituation intermédiaire de deux grandes puiflances, les Romains d’un côté, de l’autre les Parthes , & après ceux-ci les . Perfes de la feconde dynaftie, Safanides ou Artaxerxides , fe préfentent par cette circonflance trop fréquemment dans les fiècles de Fantiquité, & d’un âge immédiatement fuivant, pour qu'il n’y ait pas beaucoup d'intérêt à les connoître. Le peu de folidité des dominations Afiatiques peut même laiffer fubfifler cet intérêt depuis l'établiffement du Mahométifme. Ajoutons, que cette même contrée eft pour les Voyageurs de nos jours un paffage fréquenté entre la Turquie & la Perfe. IT y a bien à redire dans les Cartes, & dans des Méthodes de Géographie, fur ce qui concerne fpécialement la partie diftinguée dans Fantiquité, par le nom de Méfopotamie, que perfonne n’ignore être purement Grec. Celui de Diarbek que lon voit dans les Cartes, ne lui convient en aucune manière. Le fond national étant Syrien, & le nom de la Syrie dans les Livres faints étant Aram, de-là vient qu’elle y eft appelée Aram Naharaim, où a Syrie des Rivières. Dans les auteurs Arabes qui ont traité de la Géographie, la Méfo-potamie eft nommée 4/Gégira, ce qui fignifie l'Ifle ou la Prefqu'ifle, la langue Arabe, toute riche qu'elle eft, n'ayant point de terme particuliergæour diftinguer précifément ce qui n'eft que prefqu'ifle, d'avec ce qui eft entièrement ifolé. Quant à ce nom de Diarbek que donnent les Cartes, il paroît emprunté, en fouffrant une altération, de celui de Diar - Bekr, auquel à final r ne doit point manquer, & D ÉISASICH EN CES 69 qui tire ce nom des Befridis, race particulière où Kurde ou Arabe. Mais cette dénomination n’eft applicable qu’à une artie d’al-Gézira, & la plus feptentrionale , féparément de ce que les Arabes devenus dominans dans le pays, ont appelé Diar - Modzar du côté du cours de l'Euphrate, & Diar- Rabiaa du côté du Tigre. Le doéte Golius, dans fes notes fur l'Aftronomie d'Al-fergane, eût inftruit les Géographes, fans avoir befoin de confulter les Arabes même, fur ces diftinétions à faire dans la contrée dont il s’agit. Mais, ce qui paroîtra fans doute très-grave aux yeux de l'Académie, c'eft de voir cette contrée déplacée toute entière d'un degré en Latitude. Une pofition des plus notables dans al-Gézira, & adjacente à la rive gauche de FEuphrate, eft Racca, ou Ar-racca avecl'article préfixe, felon la prononciation qui eft propre aux Arabes dans cet article. L'avantage de fa dituation avoit déterminé Aléxandre à y faire conftruire une ville Gréque, fous le nom de Mkeé-phorion, qui en Latin fe traduiroit Vi@oriæ tributum. C’eft ce qu'on apprend de Pline, & d'Hfidore de Charax , auteur d’un petit ouvrage fur les flations & les provinces de Empire des Parthes. Dans la Géographie de l'Édrifi, le titre de métropole du diftriét de Diar - Modzar eft donné à Racca; & opinion de Golius que le nom de Racca feroit particulièrement propre, comme on le voit employé en plufieurs endroits, à un lieu où des eaux viennent fe rendre , eft confirmée par la circonflance ‘ qu'un petit fleuve, dont le nom fe lit Billicha dans Fanti- quité , aujourd'hui Belés, s'y joint avec l'Euphrate. Le Khalife Haroun Ar-refchid, vers la fin du huitième fiècle, afletionnant le féjour de Racca, orna cette ville d'un palais, & donna lieu à fon agrandiflement , qui comprit une place contiguë, appelée Rafica (ou la Retraite) & fur le rivage oppolé du fleuve un autre Racca, diflinguée par le nom de Wafith, ou du milieu. Cette pofition, que les faits qu'on vient de rapporter, ennobliffent en quelque manière, ou rendent confidérable, eft déterminée en Latitude à 36 degrés, par un des plus 70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE célèbres Aftronomes de l'Orient, qui vers l'an 3 00 de l'Hégire; ou le commencement du dixième fiècle, s'établit à Racca, pour y drefler des Tables Aftronomiques des Fixes. Le lieu de fa naiffance dans un territoire adjacent (qui eft celui de Harran, ou de l'ancienne ville de Charræ, mémorable par la défaite de larmée Romaine dans l'expédition de Craflus contre les Parthes) a fait donner à cet Aflronome le nom d'al- Battani, quoique communément on dife Albategni. D'autres Aflronomes, au rapport de Golius, ajoutent quelque chofe aux 3 6 degrés, Ebn-founis une minute, Ebn-shatir trois, ce qui témoigne des obfervations réitérées, & faites avec quelque précifion; & on pourroit dire, qu'un vafte empla- cement, où plufieurs lieux ont été habités fucceffivement, comme il en eft parlé dans Golius, a pu mettre dans les réfultats quelque diverfité. Dans une combinaifon que j'ai faite des Tables orientales de Nafir-uddin & du Sultan Olug- beg, le lieu de Racca eft à 36 degrés fans excédant. On trouve ailleurs Racca fous le nom incorrect d’Aracte, & dans la Table dreflée par Philippe Lanfberg , la Latitude eft 36 — 4. Il peut paroitre extraordinaire , qu'une détermination fr décidée ait échappé aux recherches des Géographes, qui ont tant d'intérêt à y trouver un appui femblable dans leur travail, Des Cartes que la réputation de leur auteur accréditent, placent Racca fur le parallèle de 35 degrés, à un degré, & peut-être quelques minutes, plus au fud que ne veut la déter- mination Aflronomique. Ce déplacement de Racca seft communiqué à tout ce qu'al-Gézira, ou la Méfo - potamie, peut occuper d'efpace; & en m'aflujettiffant à une détermi- nation donnée, je n'ai pu manquer de m'en apercevoir dans la compofition de mes Cartes, & notamment dans la feuille inférieure de la troifième partie de l'Europe, dont un angle renferme la Turquie d’Afie prefque entière, avec plus de détail que dans la première partie de ma Carte de FAfie. C'eft en conféquence, que pouffant jufqu’aux limites de cette contrée, la pofition de Kara- Amid, ou de Diar-bekir, H FIS2S © WE IN CES. 7x adjacente à une des rivières qui forment le Tigre, eft montée en Latitude à 37 degrés $o minutes, au lieu de s'arrêter à un degré de moins en partant d’une pofition de Racca à 35 degrés. Et j'aurois pu même m'élever un peu davantage, puifqu’une détermination Aflronomique , qui m'a été communiquée par M. le Monnier, fixe ce point à 37 — 54, ou 4 minutes de plus que ce qu'un travail particulier m'a fait rencontrer. On peut juger de ce que cette élévation de Diar-bekir doit apporter de changement dans l'intervalle des lieux, & la place qui convient à chacun de ces lieux, en defcendant jufqu'à la pofition de Bagdad, fur Jquelle d'autres Cartes que la mienne font d'accord en Latitude, Mais, ce n'eft pas le feul inconvénient d’avoir déplacé Racca d'un degré en Latitude. Ce degré de moins dans la Latitude conféquente de Diar-bekir, a été employé dans l'efpace qui fuccédoit, en donnant trois degrés à ce qui n’en contient que deux. La Latitude a été obfervée à Arz-roum ( dont le nom eft défiguré dans les Cartes où ïl fe lit Erzeron), par le P. Bèze, Jéfuite, à 39 degrés $6 minutes & demie. Un Mémoire manufcrit d’un autre Obfervateur, & qui ma été communiqué par le P. Étienne Souciet, fait conclure 39 — 57+ Or, de 37 — 54, Latitude de Diar-bekir par obfervation, jufqu'à celle de 39 — 56 ou 57, la différence n'eft que deux degrés & deux ou trois minutes. Une remarque qui ne paroitra point ici hors de propos fur la pofition de Racca, regarde la Longitude qu’al-Battani eftimoit de 40 minutes de temps plus orientale qu’Aléxandrie, dont il réfulteroit ro degrés de compte rond, & vraifem- blablement fans grande précifion; n'ayant point mis d'étude à my aflujettir, les notions données fur le focal, & par lef quelles je me fuis laiflé conduire en cet intervalle, ont pris neuf degrés & demi dans les Cartes de ma compofition; & je ne l’aurois point trop refferré à en juger par une autre pofition de Racca entre 56 & 57 degrés de Longitude, ce qui ne fournit que 8 à 9 degrés de différence à l'égard d'Aléxandrie, établie par obfervation à neviron 47 degrés. 72: MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoyALeE Le cours de l'Euphrate fe montre avec de grands circuits ou détours dans la feuille-méridionale, & que j'ai citée de ma troifième partie de l'Europe. Le détail dans lequel je pourrois entrer fur ce fujet, ne feroit qu'un accefoire à ce que je me fuis propolé dans ce Mémoire, & je crois devoir m'y renfermer. Je dirai feulement qu'un grand éloignement vers le midi en defcendant l'Euphrate, & fort au - deffous de la pofition qui convient à Racca, jufqu'au lieu nommé Kahem, eft donné par la trace d’une route de Bagdad à Halep, mieux décrite que beaucoup d'autres ne le font dans les rela- tions des voyageurs, & que l'on doit à Pedro Teixeira ,! Portugais, dont le voyage écrit en Efpagnol, avec une Hifloire abrégée de Perle tirée de Mir-Kond, a été imprimé à Anvers en 1610. Je prends ici occafion d'en parler, pour avertir qu'une traduétion Françoife de Fan 1681, ne rend qu'im- parfaitement cette relation, fur laquelle on confultera avec avantage la narration originale, J'accompagne ce Mémoire d’une efpèce de crayon de Carte, en n'y faïfant entrer d’autres objets que ceux dont la difcuffion a donné lieu de parler, maïs qui eft propre à les faire déméler d’un coup-d’œil. Les pofitions de lieu, & le cours des deux fleuves, felon la diverfité qu'éprouvent ces circonflances par la manière de les employer, fe diftingueront aifément, favoir leurs noms par un caractère d'écriture différent, Romain, & Italique; & le cours des fleuves au moyen d’un trait faivi d'une part, & d'une fimple ligne de points alongés de l’autre. On ne pourra défapprouver le motif de juflifier fe changement qui étoit à faire dans ce qui avoit paru antérieurement fur cette partie, qui n’eft pas des moins intéreffantes, & avantage qui en rélulte pour la chofe en elle-même a dû prévaloir fur toute autre confidération. DÉTERMINATION Mém. de LAc.R. des Se.An.1778.p:72. PL. IV. F 57 = “ ë Fa ES 2 sie 6 6|2 ni À Arz-Roum | Brzeron Pour le Memoire de M.D'ANVILLE, sur la MESOPOTAMIE. COWCCRPTS 51e 7 S . FA KE « ÿ PA LT 5 Mem. de lAc.R des Se.An.1778.p.72. PL IV ôlo 6p 6k2 Arz-Roum sur la MESOPOTAMIE. Pour le Mémoire de M.D'ANVILLE, 6! 40 39 % DES ScteNcESs. 73 D'ÉT'ER MINATION DE LA DISTANCE D'ARCTURUS AU BORD SOLSTICIAL DU SOLEIL, Au Solflice d'Eté de cette année 1773. Par M. Cassini DE THURY. P our éviter tous les foupçons que Fon pourroit avoir _!#4 Juillet . fur les variations que les gnomons peuvent éprouver N dans leurs hauteurs, j'ai toujours comparé le Soleil, lorfqu'il approchoit des termes folfticials, à deux Étoiles à peu-près à la même diflance des deux tropiques, afin de mieux reconnoitre les différences dans l'obliquité apparente de YÉcliptique. J'ai déjà rendu compte dans les Mémoires de l Académie* des obfervations fuivies que j'ai faites de la diftance d’Arc- turus & de B de la Baleine au bord fupérieur du Soleil, obfervée avec deux quarts-de-cercle de fix pieds de rayon, un mural & l'autre mobile; je ne rappellerai pas ici toutes les précautions que j'ai prifes pour parvenir à la plus grande précifion dans une recherche aufli délicate ; je renvoie aux Mémoires, & particulièrement à ceux de 1759. L'Obfervation du Solftice d'été de l'année 1765 , a été rapportée dans les Mémoires de la même année, & publiée par feu M. le Duc de Chaulnes, à l'occafñion d’un inftrument de fon invention, qu'il avoit employé, & dont il vouloit comparer l'exactitude par rapport à nos grands inftrumens. Quoïque le temps ait été fort inconflant aux environs du folflice d'été de cette année, nous avons cependant obtenu 4 obfervations des hauteurs méridiennes du Soleil, obfervées * Années 1747 » 17489 17525 1759 © 1707 Mn. 1773. 74 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE avec Îles deux grands quarts -de-cercle; je les rapporte ici. Juin, Au mural Au mobiles Réd, au Solfiice, Dif. Soflin LE Gn9 Sr -Ricibis | 34 20° 20" | + 0° 36" | 34 20°, 56” 20 | 3420 50° | 3/20. So} + © 6 | 3. 20. 56 21 Pi %oi)55 [134 Ar.(\2 | Ho. | sen 2 Xe AU) (NE OR MES ON EEE + 8. 9 | 3- 20. 59 Nous fuppolerons cette diftance de 34 21° o". Si lon compare cette obfervation à celle de 1765, quia donné la diflance d’Ardurus au bord folflicial, de 34 19° 18", il en réfultera que la diflérence des deux diflances n'a été que de.1’ 42” dans fefpace de huit années, à raifon de 13 fecondes par an au lieu de 19 fecondes que j'avois trouvé par les obfervations de 1748 & 1766; il ett vrai que l'effet de là nutation du mouvement de l'Etoile en latitude, que Jai déterminé de 2° 38" en foixante-fix années , eft une quantité à laquelle if faut avoir égard pour démêler ce qui appartient à la variation dans lobliquité de l'Ecliptique. Pour reconnoître fi cette quantité de près de 13 fecondes avoit été la même dans les années intermédiaires depuis 1765, j'ai comparé les obfervations faites au folftice d'été de l'année 1770. Juin: Au mural Au mobile, Red. au Soft Dif, Soffir. Dei n0 NB o NIMES Apec LS ET 23 | 3. 19. 35 | 3# r9° 35" | + o. 49 | 3% 20° 24” 24 107218, 3001 02-0r8./ 35 re st 5. 20.26 25 |°3. 17. .o | 3. A4 9 |.+ 3. r9 | 3.*20.28 Nous fuppoferons la diftance folfticiale de 34 20’ 24" en 1770, plus petite de 36 fecondes qu'en 1773, à raifon de 12 fecondes par an. Examinons préfentement les Obfervations faites au folftice d'hiver de l’année dernière , de la diflance de LB de la Baleine au bord folfticial. Décenbre. Au murak Au mobile | Réd. au Solflica| Diÿff folfir. Le 2osis 6-50" |-2d-6267 | -0".6" |-34. 56. 52% 23 ER SNS INT NE NE [a eee DES SCIENCES. 75) Il réfulte des deux Obfervations que je viens de rapporter, que la diflance de 8 dela Baleine au bord folfticial, étoit en 1772,de 39 56 51"; on l'avoit trouvée en 1766 fa) de 34 55! 34", avec une différence de 1! 17" dans l'efpace de fix années, à raifon de 13 fecondes par an. ‘ Par la comparaifon des deux diftances obfervées, J'une en 1748, de 3°49/ 24", & l'autre en 1766, de 3455’ 34", on avoit trouvé une différence de 6 minutes, à raifon de 20 fecondes par an. FETES Les Obfervations, tant du folftice d'été que du folftice d'hiver , annoncent une variation bien fenfible dans Îa quantité , dont les deux Etoiles s'éloignent du bord folfticial, foit qu’elle provienne du mouvement des Etoiles, ou du changement de lobliquité de l'Écliptique , ce qui méritoit d’être remarqué, & doit engager les Aftronomes qui ont fuivi la même méthode , à comparer les réfultats de leurs Obfervations. En attendant que je publie les réfultats de toutes celles que j'ai recueillies dans les regiftres des Obfervations de mon grand-père , je dois prévenir que j'ai trouvé des inter- valles de temps où lobliquité avoit été, pour ainfi dire, flationnaire /b), & d’autres où elle avoit changé confidéra- blement dans l'efpace de quelques années. Ce ne fera jamais par les hauteurs abfolues que l'on pourra s’en affurer, d'autant plus que dans les regiftres des Obfervations anciennes, on trouve de grands intervalles de temps, fans que l’on ait vérifié l'état des inftrumens, tandis que l’on y remarque tous les jours des variations, fans que les’inftrumens aient changé de place : j'aurois defiré que la hauteur de quelques Étoiles, oblervée aux environs du folftice, m’eût mis à portée de conftater alors l'état des inftrumens avec lefquels on avoit obfervé la hauteur folfliciale, ce qui au défaut de la même Étoile , nous auroit toujours procuré une plus grande pré- (a) Voyez les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1767: (8) Idem, année 1741, page 148. K ij 76 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALF cifion que par les hauteurs abfolues, toujours dépendantés de lerreur des inftrumens ; mais lorfque je publierai ces Oblervations, je rendrai compte des moyens que j'ai employés pour fuppléer au défaut de vérification; je mets ici fous les yeux la Table des diflances d’Arcurus, oblervées depuis 14748. ? Diffances d'Ar&urus an bord folffcial, STORE AE DTA ANS 7 1ASA UE - ie OPA BUT Su I ET SA die.e 00 2j, > 0119 ele Fer 19 176300 0 » jee 0e m0 ve 3. 18. 27 F0 aielete de donsee ne 7e DOS 3766... CRIER CNE COPIE £” : F7 AO an sine ae de die 2202) 7 177 3essosvseovers 3e 2le © UN RMI SIQULE NN CE 5. 77 SUR LA RÉFRACTION HORIZONTALE AUX COUCHERS DU SOLEIL. Par M. LE MONNIER. IDE lHiftoire Célefle, publiée en 1741, on trouvé 24 Juillet uniquement , page 250, quelques obfervations de Ia 1773. réfraétion horizontale au folitice d'été; fans en tirer les conclu- fions requifes fur l'effet de la réfraction qui avoit été conclue le 20 Juin 1681 au foir, par M. Picard, de 33' os”; car Je confidérai d'abord qu'elle n'étoit pas purement- hori- zontale , puifque la côte d'Andrefis, fituée à fix lieues de Paris, & où le Soleil a difparu , étoit élevée de $ minutes. D'ailleurs, ayant foupçonné quelques erreurs dans les élémens de ces calculs, je la trouvai alors beaucoup plus petite. J'ai refait depuis, avec le plus grand foin, le calcul de ces obfervations, & je n'y trouve abfolument que 31° 27”, pour l'effet de la réfraction horizontale. J'avois introduit auf pour dors la néceflité de recourir aux baromètres & aux thermomètres pour établir les moyennes variations dans la réfraétion, mais jé ne me fuis depuis ce temps-R attaché qu'à faifr les faifons les plus belles aux temps des folftices d'été, & au contraire à éviter les faifons ora- geufes qui fuccèdent quelquefois à l’état naturel & confiant de notre atmofphère, ou qui le préviennent fouvent au point de troubler la conflitution de air pendant deux à trois jours. J'ai donc trouvé dans le méme lieu, le 13 Juillet 1773; favoir, dansla Tour occidentale de l'Obfervatoire, la réfraétion horizontale au coucher du Soleil, ou plutôt celle de fon bord fupérieur, de 31° 52". Le vent dominant étoit ces jours-fà de Sud-eft, & depuis plufieurs jours, l'atmofphère étoit dans un état chaud & confiant; mais la hauteur étoit o4 4 58% 98 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE & nonpas précifément à o ou à horizon, qu'il n'eft poffible d'y apercevoir que quelques jours après au bas de la côte. Comparaïfons de ces Olfervations avec d'autres faies immédiatement après les temps d'oragés. C'eft à la prudence de l'Obfervateur, en fait de réfraétions, Jorfqu'il en recherche la quantité abfolue, à diftinguer les oblervations qu'il faut employer dans des recherches auffi délicates; en voici la preuve. Le 19 Juillet, après quelques orages médiocres, l'air étant moins chaud qu'à l'ordinaire, & le Soleil étant à peine forti depuis: 30 minutes d’un gros nuage , les derniers rayons m'ont donné à l'horizon fenfible, ou plutôt à 904 00" 26" de diflance apparente du Zénith, la réfrafion de 33° 47": Voilà donc un excès de 1” 55", ou à la rigueur 1'+, à raifon de o'+ pour 5/+ d'abaifiement , parce que ce jour -A, 19 Juillet, le Soleil a difparu aflez près de l'horizon. En 1769, le 3 Juin, jour du pafage de Vénus fur le Soleil, la réfraction, à caufe d’un orage, a dû être très-variable & peu décifive dans le même lieu: Feu M. le duc de Chaulnes qui s'y trouvoit, m'a afluré plulieurs fois que le Soleil avoit difparu dans l'horizon fenfible à 7" 57’ 17" de temps apparent ; mais y ayant foupçonné une minute d'erreur, M. Maraldi, à qui jai fait voir depuis le réfultat fingulier que cette heure anticipée entraînoit dans la réfraction, voulut bien me communiquer fon obfervation, faite dans la deuxième fenêtre de la même Tour , favoir, 7" 58" 08”. De cette dernière obfervation , on tire l'abaifflement du centre du Soleil fous l'horizon, o% 43’ 21" ou 43° 29", à caufe de fa parallaxe. En cetendroit, la côte d’Andrefis s'élève à peine, & paroït fenfiblement horizontale, relativement au point que j'ai déterminé le 13 Juillet dernier: Soit donc la hauteur du bord fupérieur du Soleil, de od 5" 06" x 5 fécondes, & par conféquent fon centre fous ni pi su Si CE: MC er 8 79 Fhorizon de 10! 45", on aura donc laréfraélion de 32° 47”. J'avois déjà fait quelqueseffais, le 14 Juin 1741, dans lé mème lieu & à 8h 3° 37", le bord fupérieur du Soleil avoit difparu, mon quart- de- cercle mobile vérifié à l'horizon, m'ayant donné la hauteur de $'À par les tranfverfales ; mais la marche de la pendule que je trouvai en ce lieu, n’étoit pas aflez régulière pour conclure avec la certitude requife les azimuts & la réfraéion horizontale, comme je viens de le pratiquer avec M.° Caffni le fils & Wallot, le 13 Juillet 177 3° Réfiattions de « de la Chèvre, vue au Nord à an Méridien, s aus à 4“ + de haureur. Comme lObfervatoire royal, à l'endroit où j'ai fait les obfervations fur la réfraction, eft fitué 32 à 33 toifes au- deflous du niveau de la grande cour ou périftile du vieux château de Meudon, le baromètre y doit donc paroître 2 + à 3 lignes plus haut; mais la variation des réfraétions y eft infenfible pour une auffi petite différence de hauteurs. Le 6 & le 7 Août 1742, à l'Obfervatoire, l'Étoile fous le pôle:....m..........1.,2%.. 4142" 12" Vin bin AG OMAN ‘ sise remercie Ar 42e 07 Le vent étoit à lOueft le 6 Août, & le thermomètre expofé au Nord, marquoit au foir 13 degrés ; le baromètre 27 pouces dix lignes: les réfractions qu'on en déduit fe trouvent 9° 48" & 43”. En 1759, le 9 Août, à Meudon, x de la Chèvre.….…. 4 41° 40"; d'où lon a conclu la réfradion 9’ 45". Ce jour-là fe baro- mètre marquoit à Paris 28 pouces 1 ligne, & le thermomètre, 15 degrés: je me fuis fervi du même quart-de- cercle, & le f-à-plomb a paru, dans tous les cas, fur 44 40'; en forte que le micromètre indiquoit feulement les variations des hauteurs apparentes, 18 Août 1773% 80 MéÉmorres DE L'ACADÉMIE ROYALE On voit par-là que la différence de hauteur du fol n'a pas dû influer fenfiblement fur l'effet de la réfraction. La déclinaifon de l'étoile « de la Chèvre a été établie 454 42! 50" par mes obfervations réduites au 1.” Janvier 1750, & fon mouvement annuel 4,8 : foit donc la déclinaifon moyenne au commencement d'Août 1742, boréale 454 42" 14": à caufe de laberration moins la nutation, on aura 45 42° 09", ce qui donne la vraie hauteur 4% 32’ 244, & la réfraétion ; par un milieu, 9’ 45"L À Torneä, au folflice d'été, la réfraction horizontale m'avoit paru de 35 à 36 minutes; mais les réfraétions horizontales à Cayenne & au Pérou, ne font pas égales, ainfr de je ai prouvé il y a deux ans dans l'Aflronomie Nautique biaire. NOUVELLES DES SCtENcE:s. 8r NOUVELLES MÉTHODES ANALYTIQUES POUR CALCULER LES ÉCLIPSES DE SOLEIL, LES OCCULTATIONS DES ÉTOILES FIXES ET DES PLANËTES PAR LA LUNE: Et en général pour réduire Les OBfervarions de cer Affre ; Jaites à la furface de la Terre, au lieu vu du cenrre. ONZIÈME MÉMOIRE, Dans lequel on applique à la Solution de plufieurs Problèmes aflronomiques, les Equations démontrées dans les Mémoires précédens. Par M. Dronts bu SÉJOUR. P OUR l'intelligence de ce qui fuit, le Lecteur fe rappellera: (1) Que dans toutes mes Équations, r exprime le demi-petit axe de la Terre, que je fuppofe d'ailleurs égal au rayon des Tables. £ le demi-grand axe. v Farc de 1 54 rectifié, ou plus exactement , l'arc qui mefure le temps vrai correfpondant à une heure moyenne pour le jour de l'Éclipfe. de l'inclinaifon de l'orbite corrigée. Cette inclinaifon fe détermine par l’équation fuivante , Tangente de l'inclinaifon de l'orbite corrigée — 71 mouv. hor, de la € en latit. évalué en fecondes de degré 8 le finus. Ÿ le cofinus 206265" fin.(mouv. hor.dela € en longit. — mouv, hor, du ©) 3 & le cofinus de la latitude de la Lune à l'inftant de la conjonction, vue du centre de Ia Terre. & le nombre de fecondes horaires écoulées depuis Ja conjonction jufqu’à l'inftant pour lequel on calcule, Mém. 1725) L Asile 1764 Ansée 1772, 82 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EU de la latitude corrigée de l'Obfervateur /2.4 Mém. $. 28, Table I), c'eft-à-dire d'un angle qu'il faut fubftituer à la c le cofinus latitude vraie, & qui fe conclut de cette latitude. g lefinus FPE Û l'angle horaire du Soleil. p lefinus et de la déclinaifon du Soleil à l’inftant pour lequel on calculeg g lecofnus £ Île cofinus de l'obliquité de l'écliptique. X=V(g — À). de l'angle de l'orbite relative de la Lune, avec lefil paraïlèle ou le finus équatorial de l’Obfervateur fuppofé au centre de fa Terre. t la tangente Cet ang'e fe détermine par l'équation fuivante, æ le cofinus ee ver FæÆr q q 7 le finus de Ia parallaxe horizontale polaire de la Lune à l’inftant pour lequel on calcule. x° Je finus de Ia parallaxe horizontale du Soleil. À; (@ —— he ° T fin. de la lat. de la © à l'inf. de la con. vue du centre de la Terre NT EEE RE PP CO RE ET ET ee PV. UT fin, de la parallaxe horiz. polaire de la € à l'inftant de la conjonétion 1 £ fin. verfe (mouv. hor. de [1 € en longit. — mouv. horaire du ©)) PET IE fin. de la paraïl. horiz. polaire de la © à l'inftant de la conjonétior SAGE fin. (mouv. hor. de la € en longit. — mouv. horaire du ©) * Ne JL ke fin, de la parall, horiz. polaire de la € à l'inftant de la conjonéion FA n —= —- x fin. { mouv. hor, de la € en longit. — mouv. horaire du C))* E S'il étoit queftion d’ime occultation d'une Étoile ou d’une Planète par la Lune , ou d'un pañlage de Vénus ou de Mercure fur le difque du Soleil, quelques-unes des quantités précédentes s’évalueroïent d’une manière un peu différente ; il faudroit alors revoir ce qui a été dit dans les f. 107 & 163 de mon X.° Mémoire. * Pour avoir avec la dernière exaétitude les valeurs de n & de #', il faut employer les mouvemens horaires de la Lune & du Soleil , correfpondans à une heure vraie pour le jour de l'Écliple , & non pas les mouvemens çorrefpondans à une heure moyenne; ainfi qu'ils font donnés par les Tables, DES SCIENCES. 83 (2.) On fe rappellera pareillement que dans toutes es équations , j'ai fuppofé que les quantités précédentes étoient pofitives; qu'il pouvoit arriver cependant que quelques-unes de ces quantités devinflent négatives. Que dans toutes les Éclipfes de Soleil, les quantités r, 9, u, d,E,c, DA, rx, ,C,y,1,1, étoient eflentiellement pofitives ; que par conféquent le changement de leurs valeurs abfolues ne pouvoit faire varier le ligne des termes dans lcfquels elles entroient. Qu'il n'en étoit pas de même des quantités 8, à, S5 4 b,p, Mol, @, L Que la quantité / devenoit négative, lorfque la latitude de la Lune, vue du centre de la Terre , étoit auftrale à l’inftant de la conjonction. Que Ia quantité 8 devenoit négative , lorfque l'Écliple arrivoit dans le nœud defcendant de la Lune. Que 5 devenoit négatif, lorfque l'inflant pour lequel on calcule, précédoit linftant de la conjonction. Que s devenoit négative , lorfque la latitude de l'Obfer- vateur étoit auftrale, - ï Que g devenoit négatif, lorfque l'heure donnée étoit entre minuit & midi. Que 4 devenoit négatif, Jorfque l'heure étoit entre fix heures du foir & fix heures du matin. … Que p devenoit négatif, lorfque la déclinaifon du Soleil étoit auftrale. Que y devenoit négatif, lorfque le Soleil étoit dans les fignes defcendans , c’eft-à-dire depuis le folftice d'été jufqu'au folftice d'hiver. Que le figne de w, & de 1 qui en eft une conféquence, étoit déterminé par la formule du $, 7, S'il étoit queftion de l'occultation d'une Étoile ou d'une Planète par laLune, ou d'un paliage de Vénus & de Mercure fur K apr ii0) Année 17721 84 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE le difque du Soleil; comme alors quelques-unes des quantités précédentes s'évalueroient d’une manière un peu différente que pour les Éclipfes de Soleil, il faudroit revoir ce qui a eté dit relativement à leurs fignes, dans. les $. 107 € fuivans, 163 © fuirans de mon X Mémoire. (3:) J'ai fuppofé dans ce Mémoire, que pour l'Édipfe du 1.® Avril 1764, on avoit les Élémens fuivans. Heure que Yon comptoit lors de la conjonétion , dans l’obfervatoire de M. Short, à Londres, .....1o" 21° 28" du matin. Lieu de fà conjonction ..... ee cb open 010,564 du)BeliEr, Mouvement horaire du Soleil......... CR T7 Mouvement horaire de Ia Lune en longitude. oo. 29. 39 ?* Mouvement horaire de k Lune au Soleil. ... 0. 27. 11,3 Latitude de la Lune à l'inflant de la con- , JONCHON I Meuse celel=hele else PAC QUUE o. 39. 32 boréale. Éclipfe dans le nœud afcendant.. Mouvement horaire de la Lune en latitude. :. : ©. 2. 44 { Parallaxe horizontale polairé de la Lune... o. 54. 1,5 Obliquité de l'Écliptiquens/: atlas 23202 Déclinaifon du Soleil à l'inftant de la con- Jonction. Pete AE ts REPORT RE 4. 48. so boréale. Demi-diamètre du Soleil tiré des Tables. ... o. 16. :«# Demi-diamètre du Soleil dépouillé de l'irra- à CiaÉLON où 20 She PEN RE EE TO Oo. 115. 56 Parallaxe horizontale du Soleil. ......... o. o. 1a Inflexion des rayons folaires qui rafent le limbe de Eune te 20 Len e) to en à OO. NAS finus ( demi-diam. horizont. dela €) — ee finus ( parallaxe horizont. polaire ): 32007 Demi-diamètre horizontal de Ja Lune. .... © 14 4751 Variation horaire de la parallaxe horizontale ; deanliune.. {1-00 722 HUÉTEECE +: 10 0. 0,5 négatives Variation horaire de la déclinaifon du Solcil.. o. o. 58 poftive. Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 178. ———————————— ——— ——————— ———— "© ———————————————————— * Les mouvemens horaires dont il s’agit, font les mouvemens correfpondans à une heure moyenne , & non à une heure vriie. Pour râmener ces mouvémens à ceux correfpondans à une heure vraie, on remarquera que le 1.*° Avxil 1764, l'heure moyenne furpañoit lheure vraie de 0”,7 de temps, Il I fl If + à XD Qu de æ € SN j + - mn fin. a ETATS be 200. n —= + 50581. nr “a: = + 50737: 206265" — le nombre de fecondes de degré que | D Es Set E N CES D'où j'ai conclu 6 » Logarithme. ..< “= + 794,855. nr (4 du du cercle, lorfqu'on le compare à la circonfcrence. 85 + 100009. T — 10,0000000: + 100565. pg — 10,0024467. + arc de 154 rectifié. v — 94179686. + finus 54 44 26” Î — 9,0001044- colin. 44-020 L — 99978165. + cofin ©. 39. 32. £ — ,9,9999711e + finus. 4. 48. 50. Ib — 8,9238624- + cofin, 4. 48. so. Logarithme.… q —= 99984653. + cofin. 23. 28. 21. Q — 9,9624884 + 33936. X — 9:5903565. + finus. 28. 44. 30. w — 9,6820198. + tang. 28. 44. 30. t — 97391209. + cofm. 28. 44. 30. gp —= 9,9428989. + finus. OO. 54 1,5e 7 —. 8,1963030. + finuss ©. oo. 10. m — 5,6855749 + 99692. D 9,998 660 3e fin, de la latitude de la Lune à l'inflant de la conjondtion, .. — :8,0606800, fin, vérfe (mouv. hor. dela € en long. — mouv. hor. du ©) — 54972284 (mouv. -hor, de la € en longit, — mouv. hor. ©) —= 78981331 98643770. 73008965. 9:7939847- 9:705 3244» 79002877. contient le rayon (4.) Je fuppofe également que le lecteur a préfent à lefprit ce que j'ai dit {.$. 24: du 111 Mém. ) {ur la relation entre le nombre de chiffres dont chaque quantité qui fe trouve dans les formules, doit être compote, & la caraétériftique de fon logarithme. Année 176 3 QAnuée 1 764% 86 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Qu'il fe rappelle l'exception relative au nombre de fecondes , foit d'heure, foit de degré. Qu'il a préfent à la mémoire, la manière de diftinguer chacun des termes d’une équation, en le furmontant d’un chiffe & d’une lettre ; d'une lettre pour fignifier la quantité dans l'expreflion de laquelle fe trouve le terme en queftion; d'un chiffre pour indiquer le rang de ce terme. i Je fuppole encore que le lecteur n’a pas oublié que dans toutes les formules, par la latitude d’un lieu, j'entends fa latitude corrigée. Cette latitude eft réduétible à la latitude vraie; ou réciproquement , la latitude vraie eft réduétible à la latitude corrigée, par la première Table du $. 20 de mon fecond Mémoire. (5:) Dans les premiers Mémoires, j'avois fuppolé 1"— 0,0000000. Logarithme { 10 — 1,0000000. 100 — 2,0000000. & ainfi de fuite. Avec cette notation on a un nombre négatif pour le logarithme d'une fraction de feconde. Afin d'éviter cet inconvénient, jai fuppofé dans ce Mémoire comme dans les précédens. 0”,001 — 0,0000000. O,OI — 1,0000000. O,1 = 2,0000000 Logarithme 1 = 3,0000000. 10 = 4,0000000. 100 — $,0000000. 1000 = 6,0000000. & ainfi de fuite Dans cette notation, 3600"— 6,5563025: Logarithme 8 Mu 2e —= 8,3144255. (6.) On a pu remarquer ($. 3) que lors de l'Écipf du D Es SYc'1 E NÔC ES 87, 1. Avril 1764, la variation horaire de la parallaxe hori- zontale de la Lune étoit négative, & qu'au contraire la variation horaire de la déclinaifon du Soleil étoit pofitive. En général, la variation horaire de la parallaxe de la Lune eft pofitive, lorfque cet aftre tend de apogée au périgée, c'eft-à-dire dans les 180 premiers degrés d’anomalie : elle eft négative dans les 180 derniers degrés d'anomalie ; c’étoit le cas de l'Éclipfe du 1. Avril 1764. Quant à la variation horaire de la déclinaifon du Soleil, cet élément eft pofitif dans les fignes afcendans, c’eft-à-dire depuis le folftice d'hiver jufqu'au folftice d'été. H eft négatif _dans les fignes defcendans, c'eft-à-dire depuis le folftice d'été jufqu'’au folflice d'hiver. Dans le cours de ce Mémoire, j'appliquerai quelques-unes des formules qui y-font démontrées , aux paflages de Vénus fur le difque du Soleil des 3 Juin 1769, 8 Décembre 1874 & 6 Décembre 1882. Voici les élémens que j'emploierai pour chacun de ces pañlages. Pafage de Vénus du 3 Juin 1769, dans le nœud deféendanr. (7) J'ai fuppofé que l'on avoit pour ce pañlage les élémens fuivans; on ne doit point oublier qu'il ne faut regarder ces élémens que comme hypothétiques. Heure que lon comptoit à Paris, à l'inflant de Ja conjonction de Vénus & du Soleil, vue du centre de la Terre ...... . 1ohr5"2" du foir. Eïeu de Vénus & de la Terre, vu du Soleil, a l'inflant de la conjonétion. ...... ONU SE Us "ARE TE Moyenne diflance de la Terre au Soleil. . .. 23605 x 100000 Diftance de Îa Terre au Soleil, à l’inflant de . conjonction.) Lei Re +. 23605 x I10151$ Diftance de Vénus au Soleil, à F'inftant de la conjonction, ...... SOMME ne die FE 2360$ x 72619 Latitude héliocentrique de Vénus à l'inflant de la conjonétion.....,..,,...,,.. où 4 810 boréale; Année 17721 83 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALeE Mouvement horaire héliocentrique de Vénus en Jongitude..4...........4... A Mouvement horaire héliocentrique de Vénus ET IATHURE » sea olsisie ep le led re tieie Mouvement horaire du Soleil...... AS ER Mouvement horaire relatif héliocentrique de Vénus en longitude. ..,..... ra Le Obhquité de Fécliptique. ......... estele Parallaxe horizontale du Soleil dans fes moyennes diftances. ...s........... Parallaxe horizontale du Soleil le jour du pañlage :............. Let Alu bed id Déclinaifon du Soleil à l'inftant de la con- jonétion..................: STE Demi-diamètre du Soleil tiré des Tables... Demi-diamètre de Vénus............. Différence entre 1a durée d’une heure vraie & la durée d'une heure moyenne, le jour du paflage . .... GER ATUSER Tite te ei Mouvement horaire héliocentrique relatif de Vénus en longitude , pour une heure vraie et UNE Re CERTA SE A Latitude géocentrique de Vénus. ....... Parallaxe horizontale de Vénus. .... à Atetayt Mouvement horaire géocentrique relatif de Vénus en longitude pour une heure vraie. . of O. O: O+ 2 3 O. Q: 22. Oo. O. ‘ L/4 3. 58";14 0! O. 14,20 et InCyenre 2° 23,50 SA 1. 34,64 28, I 0. 06,75 Oo. 18,62 26. 30 boréale. 15- 47,2 o. 28,6 + o," 4 oO. 1. 34,68 o. 10. 23,50 boréale, 0. 0. 30,25 O+ 3: Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 178. 57:94 (8.) De ces valeurs, j'ai conclu par les méthodes des $. 1 $z. T Juivans de mon X* Mémoire, les quantités fuivantes 7 — 100000. P =.100565. v = arc 154 rectifié. 8 — + finus. 81 32° 0° Ÿ — + cofin. 8. 32. oo. Logarithme... £ — + cofin, o. 10. 23. p —=\"%#"finus. 22: 26.1 30. g.—= + cofin. 22. 26. 30. D = + cofin. 23. 28. 1. Da Smwmé > & © x 10,0000000: 10,0024467. 9,4179686. 91713893 9:99 51654 9,9999980. 9,5917707e 9:9657982. 9,9625076. pré = | WI IRI EH DES HSÈG-LLE NICE, Sa 89 À = +Hit1335. X — 9:0544215. wo = + finus. 154 34° 40” © — 94290191. t — + tang. 15. 34 40. ÉNNNRO MASSE 72 g —= + colin. 15. 34. 40. Logarithme.. 9 — 9,98 37466. m0 — +} finus. | o: L 0: 8,62 m'I=MNS,6204730. mi— 1-1 finus. WoUMo.120,25 CAPE RICE CE = + 71535. Ÿ — 9,8545186. fin. (latit. géocentrique de Vénus à l'inftant de [a conjon@ion) — 7,48o41 36: Log. { fin. (mouvement horaire relatif héliocent. de Vénus en longit.) — 6,6616492. fin. (mouvement horaire relatif géocentr. de Vénus en longit) — 7,0610450, 1:= + 2061820. SRE PEINE LT duc Log. {n — 10,9007153. n — — 795638. NE. 4 ORPAAT E HD 07 0600 7702 Paffage de Vénus du 8 Décembre 1874, dans lenœud afcendant. (9.) J'ai fuppofé que lon aura pour ce paffage, les élémens fuivans ; ils font tirés des Tables inférées dans la feconde édition de l’Aftronomie de M. de la Lande. Heure que l'on comptera à Paris, à Pre de la conjonction de Vénus & du Soleil, vue du centre de la Terre. ... 19" 39° 30”. Lieu de Vénus & de Ia Terre vu du SUPE à l'inftent de la conjonction. . . .. ten R TG AIO Moyenne diftance de la Terre au Soleil.... 23605 x 100000 Diflance de la Terre au Soleil à l'inftant de 12 conjon(tions,.M-Ai- -- 00 TÉRATÉ 23605 x 98459 Diflance de Vénus au Soleil à l'inftant de Ia conjonétion........... RATES +. 23605 x 72048 Latitude héliocentrique de Vénus à Vinflant ” e de la conjonction. . ... ie cree n..« 0°15" 38" boréale. Mouvement horaire héliocentrique de Vénus ÉHNIOHOITUTE I. EN tu ielem ele leenri els O. 4 1,46 Mouvement horaïre héliocentrique de Vénus Sr UTC RAT PPS ss. - 0 O. 14,20 Mouvement horaire du Soleil.......... #11 10 202:-:22:60 Mouvement horaire relatif héliocentrique de Mém. 1773: M 90 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Méntstentlongitudent "en ER of 1° 28,86 Oblrqure de l'écliptique . 22.5 006 25.27.1030 Parallaxe horizontale du Soleil dans fes moyennes, diffancesk. ll. » sise ‘ ©. o. 8,75 Parallaxe horizontale du Soleil le jour : pafage 0 POLE ER ARE ER ARNERET o. oo. 8,89 Déclinaifon du Soleil à l'inflant de la con- jonction... 211.126. ts LAURE ROMEO 2. So. o aufrale, Demi-diamètre du Soleil tiré des Tables... ©. 16. 16,8 Demi-diamètre de Vénus..:.,.....4... ©. o. 28,6 Mouvement horaire géocentrique relatif de VÉE CAGHIET MO REMMAARANIrE O4 2,15 Latitude géocentrique de Vénus......... o. 15. 22 boréale, Parallaxe horizontale de Vénus......... 0. O0. 32,75 Rapport des axes de la Terre , comme 177 A0 (10.) De ces valeurs, j'ai conclu les quantités fuivantes , — 100000. 1005615: = arc 15dreclifié == fins Mons tro cofm- 9 MS 0To: [ + + cofin. ©. 15. 22. — — finus. 22. 50. oo. cofin. 22. 50. cofin. 23. 27. 30. = — 8882. = — finus. 14. 37 0. = — tang. 14 37. ©. = + cofin. 14. 37 oo. = + finus. oo. o. 8,89 = + finus oo. 0. 32,75 = + 73176. NI SJ m8 RD NN E æ à © Il 4 + Logarithme... T SR CE EE s æ es x NN Yÿ 10,0000000. 10,0024467. 9,4179686. 9:1984336- 9»9945160. 99999980. 9,5888897. 9,9645602. 9:9625350. 8,948 5108. 9,4020048. 9,4162928. 9,9857119. 56300000, 6,2014702. 9»8643687. DNE1SMSNOTLE Ne CE, 6; 91 fin. (latitude géocentrique de Vénus à l’inff, de la conjonétion) — 7,603 043; Log. { fin. (mouvement horaire relatif héliocent. de Vénus en longit) — 6,6340000. fin. (mouvement horaire relatif géocentr, de Vénus cn longir.) — 7,0698352. l — + 2810970. | l = 11,4488 564. — 747910. Log. £n — 10,8738493. M = — 118,94 HI=07,0753279 Pafage de Vénus du 6 Décembre 1882, dans le D nœud afcendant. Il (1 r.) J'ai fuppofé que lon aura pour ce paflage, les élémens fuivans ; ils font tirés des Tables inférées dans la feconde édition de l’Aftronomie de M. de la Lande. Heure que l'on comptera à Paris à l'inflant de la conjonction de Vénus & du Soleil , vue du centre de la Terre......... 7h 56° 30°. Lieu de Vénus & de la Terre vu du Soleil, à l'inftant de la conjonétion.......... 2f 144 37° s7” Moyenne diflance de la Terre au Soleil. ... 23605 x 10000@ Diflance de la Terre au Soleil à l'inftant de « la conjonction. ....... Date SE 2360$ x 98488 Diflance de Vénus au Soleil à l'inflant de 1 RCA. PHBHAERE ser 23005 72069 Latitude héliocentrique de Vénus à l'inflant ea confonctond "14. NT np ol et ranftrale Mouvement horaire héliocentrique de Vénus cn longitude nn it. NEO ET 26: Mouvement horaire héliocentrique de Vénus ER rte CR ONE else ei O0 O2. Mouvement horaire du Soleil..... ses © 2 32,50 Mouvement horaire relatif héliocentrique de VérnsenMonmude Eee eee ro tinre 28,96. Obliquité de l'Éciptique........... Ne A7 40 Parallaxe horizontale du Soleil dans fes moyennes diflances. ......,....,.. +. 10 o. 8,75 Parallaxe horizontale du Soleil le jour du RTE TO A AO BPARET PEACE AE EL TE +... © o. 8,89 Déclinaifon du Soleil à l'inftant de Ia con- JOnCtion. esse. sesseses.ese 22 34. 30 auftrale, M iïj 9? Demi-diamètre de Vénus Latitude géocentrique de Vénus MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Demi-diamètre du Soleil tiré des Tables... Mouvement horaire géocentrique relatif de Vénus en longitude Parallaxe horizontale de Vénus Rapport des axes de la Terre , comme 177 à 178. CCC of 16° 16”,4 o. oo. 28,6 oO. 9. 13,9 auftrale. O4 2,15 0: NO: 232,72 (12.) De ces valeurs, j'ai conclu les quantités fuivantes Il NI 46 nn Et X DA NE © Y 100000. T — 10,0000000. 100565: f — 10,0024467. arc de 15‘ rectifié. UV — 9,4179686. —Gnus: 0 JET oO! 8 — 9,1984336. + cofin. 9. $:l no: L — 9,9945160. + cofin. 0. 9. 13. 5 — 9,9999990. — finus. 22. 34. 30. P —= 95842096. + œfn. 22:,34 30° . Lopaithée.,/ 17, 99653794: + cofin. 23. 27. 30 Q{—:N 9,962 5450 — 10535. X = 9:0226345. — finus. 15. 38. 10. © — 9,4306020. — tang. 15. 38. 10. t — 9,4469789. + ‘cofin. F5. 38. 10. g — 9,9836231. + ‘finus. 10.10-.16389 7 — $,6300000. + finus. Oo. ©. 32,72 m — 6,2014636. + 73176. € — 9,8643687. fin. (latitude géocent. de Vénus à l'inflant de la conjonétion)... — 7,42890441 fin, (mouvement horaire relatif héliocent. de Vénus en longit.) — 6,6340000. fin. (mouvement horaire relatif géocentr. de Vénus en longit.) — 7,0698336 1 = — 1688280. l — 11,2274408. ® — — 747920. Log. 4n — 10,8738551. M = — 118,94 No 70753279 DES SCIENCES, 93 ÆEspofition du fujet. (13) La plupart des recherches contenues dans ce émoire, ont été lües en 1768.Onen peut voir l'expofition dans mon fixième Mémoire , pages 181 © fuivantes ; j'ai cru cependant à propos de remettre fous les yeux du lecteur , l'analy{e de ces recherches. Lignes des phafes frmultanées. On connoit en Aftronomie cette efpèce de courbes que lon voit quelquefois tracées fur un globe, & qui déterminent les différens points de la Terre pour lefquels Ja diftance des centres du Soleil & de la Planète qui léclipfe, eft d’une certaine quantité, à un certain même inftant phyfique afligné. M. de la Lande, lors du dernier pañfage de Vénus fur le difque du Soleil, arrivé en 1769, & M.delfle, long-temps avant lui, ont publié les réfultats de femblables recherches: jen- téprends aujourd’hui de donner la détermination analytique de ces coërbes, que j'appellerai lignes des phafes Jimultanées. La defcription de ces lignes peut mériter quelqu’attention, fur-tout dans les éclipfes de Soleil. Soit en effet une éclip{e avec demeure dans l'ombre , rien n'eft plus curieux fans doute que de connoître à un inftant quelconque , quels lieux de la Terre font atuellement dans les ténèbres, & de déterminer l'interfeétion adtuelle du conoïde mobile d'ombre , avec otre globe. La folution du problème prélente des difficultés de plufieurs efpèces. En effet, fi l'on envifage la queftion géométrique- ment, il s’agit d’avoir l'équation à l'interfedion d’un conoïde mobile, avec notre globe fuppofé elliptique ; la queftion exige de plus, que lon ait égard à la variation du diamètre de {a Lune, relativement à fa hauteur dans les diffrens lieux où on obferve : on peut imaginer outre cela, que les rayons folaires s’infléchiflent en paflant près de la Lune. Telles font les difficultés qu'il faut furmonter, fi lon veut réfoudre la queftion dans toute fa généralité; mais fi les difficultés font Année 1768, 94 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE grandes , les objets de curiofité font intéreflans. Suppofons en eflet la diftance des centres égale à la fomme des demi- diamètres du Soleil & de la Lune , la ligne indiquera les différens points de notre globe , qui obfervent en même temps, le contaét des limbes : fi Pon fuppofe au contraire la diftance des centres égale à la différence des demi-diamètres du Soleil & de fa Lune, on déterminera rigoureufement les. limites qui comprennent les diflérens lieux de la Terre, où l'on pourra obferver une éclipfe totale ou annulaire, dans le même inflant phyfique. Quels fecours de pareïlles mé- thodes n'offrent -elles point pour éclaircir les différentes queftions que l'Aftronomie moderne s'eft propofées, relati- vement à la propagation de la lumiere, fa décompofition dans Fatmofphère, fon inflexion en paflant près du limbe de la Lune! Je détermine d'abord l'équation générale aux fignes des phafes fimultanées , dans toute la généralité que je viens d'expofer; & je donne une méthode pour en trouver tous les points, fans réfoudre des équations d'un decréfupérieur au fecond. Pour parvenir à des équations d'un degré peu élevé, il a été néceffaire d'introduire dans le calcul, un angle variable, qui ne fert qu'à fimplifier les réfultats. J'ai prefcrit de donner à cet angle toutes les valeurs fucceflives; chaque valeur amène un réfultat; mais fi angle n'a pas été choiïfr d’une manière convenable, le réfultat eft imaginaire. Il eft doncutile, poux ne pas être expolé-en pure perte à des calculs pénibles , d’avoir une méthode qui apprenne à connoître la limite des angles qu'il convient d'employer, & tel eft l'objet d’une de mes recherches. La détermination de cette limite, indépendamment de Javantage de fixer les angles dont il convient de faire ufage pour calculer les courbes des phafes fimultanées, préfente encore un nouveau genre d'utilité; c'eft de faire connoître la figure de ces courbes. Ce genre de courbes n'offie point une auf grande variété dans fes contours, que les courbes d'illumi- DAME SU SICUILE NC FELTS. 95 nation. (Voyez les SS. So € fuiv. de mon VII. Mémoire.) Amé 1769: La raifon en eft fimple; comme les courbes des phafes fimul- tanées , ont lieu pour un certain inflant phyfique déterminé, le mouvement de rotation de la Terre eft nul relativement à ces courbes; & toute la variété occafionnée par le rapport de ce mouvement, au mouvement de la Planète dans fon orbite, difparoït dans les courbes d'illumination. Mais quoique moins variées dans leurs figures, elles font cependant fufceptibles de différentes formes qu'il eft intéreffant de connoître. En général elles peuvent être compofées de deux parties diftinétes & féparées, qui tracées fur la furface du globe , par- ticipent de la figure circulaire; elles peuvent aufÎr être com- pofées de deux efpèces de portions circulaires non fermées , ui fe réunifient par des points fmguliers ; elles peuvent enfin fl réduire à des points conjugués, & c'eft le premier état qu'elles commencent à avoir, au premier inflant où un certain phénomène a lieu fur la Terre. Je donne une méthode ur diflinguer facilement dans quel cas on ef. Plufieurs Aftronomes avoient remarqué avant moi que Îles écliples de Soleil, peuvent jeter du jour fur les queftions que TAftronomie moderne «’eft propofées, relativement à 1a lumière. Le principal moyen qu'ils recommandent, confifte à comparer la pofition apparente du point du difque du Soleil, qui commence à être entamé par la Lune, ou qui fe dégage le dernier de deflous cette Planète, avec la pofition du point calculé. Il eft donc utile d’avoir une méthode qui donne directement & rigoureufement tous les lieux de la Terre, relativement auxquels fa Lune doit paroître entamer le Soleil par le même point du difque ; foit pour choiïfir les lieux les plus favorables aux obfervations , foit pour déterminer combien les caufes phyfiques ont altéré des réfultats, qui fans elles euffent été femblables. Cette méthode n’eft qu'un cas particulier des problèmes que je réfous. Lignes des élongations ifochrones. {14-) Après avoir donné l'équation aux difkrentes courbes, g6é MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE déjà connues par les Aftronomes , je m'élève à la confidération d'un nouveau genre de courbes, dont ils ne me paroiffent point avoir eu d'idée. Voici ce qui m'a fait fonger à ces courbes. Pour déterminer les obfervations les plus favorables pour conclure la parallaxe du Soleil, on a d’abord cherché avec M. Halley, les lieux de la Terre dans lefquels les durées totales du pafñfage de Vénus fur le difque du Soleil, font les plus différentes entr’elles. On a auffi cherché avec M. de l'Ifle, les lieux dans lefquels les inftans phyfiques d'une même phale ob- fervée, diféroient le plus qu'il eft poffible , fans exiger toutefois que la totalité du paflage püt être obfervée dans chacun de ces lieux. Je n'entrerai point dans la difcuflion des avantages de lune & de l'autre méthode; je m'abftiendrai de remarquer que la derniere méthode fuppofe exaétement connue fa différence en longitude de deux Obfervatoires qui ne peu- vent être que très-éloignés l'un de autre, & fitués dans des pays où il eft probable que les Obfervateurs n’ont pas encore pénétré, Quoi qu'il en foit, ces différentes manières d’envifager le problème, ont fait fonger aux lignes des phafes fmultanées. On a tracé fur la furface du globe un grand nombre de ces lignes, correfpondantes à différens inftans avant & après la conjonction. On a confidéré les interfeétions de ces lignes; on a enfin conclu de ces recherches, les lieux où il convenoit d'envoyer des Obfervateurs. Ces confidérations m'ont fait penfer qu'on pouvoit par- venir au même but par une voie plus directe, & qu'il n'étoit pas impoflible de déterminer fous chaque parallèle , le lieu où l'on obferve une égale diflance des centres, un certain temps afligné avant & après une certaine heure donnée, Cette diftance n’eft pas la même, à la vérité, pour tous les parallèles ; mais elle eft égale dans chaque lieu, à égale difance de l'heure donnée. Cette propriété m'a fait donner à cette fuite de points, le nom de lignes des élongations ifochrones. Pour faire fentir d’une manière frappante , l'utilité des courbes des élongations ifochrones , prenons l'exemple du paifige / de D Ets SIG LE NE CES: 97 de Vénus, du 3,Juin 1769. Je détermine par un réfultat préliminaire, la durée du paflage vu du centre de la Terre, & le nombre de fscondes de temps écoulé vers les inflans des contacts, pendant l'accroiflement d’une feconde de degré, dans la diftance des centres vue pareillement du centre de la Terre. Soit, par exemple, cette durée de 6" Fr ro ne foit 19",305 , le nombre de fecondes de temps correfpondant à l'accroiflement d’une feconde de degré, dans la diftance des centres de Vénus & du Soleil, vue du centre de la Terre, vers les inflans des contaéts ; je calcule quels lieux de la Terre obferveront une égale diflance des centres 3° 8’ 215% avant & après telle ou telle heure aflignée ; je détermine cette diftance; je compare chaque diftance particulière à celle qui répond à l'entrée & à la fortie de la Planète du difque du Soleil ; jen prends la différence ; je calcule le nombre de fecondes horaires employées à parcourir cette différence, d’après la recherche préliminaire faite pour le centre de la Terre; & fans être obligé de tracer fur le Globe, les courbes des phafes Jimultanées, & de confidérer leurs interfetions , j'ai une idée nette & précile, non-feulement de {a durée du phénomène pour tous les points de la Terre, mais encore de la différence des inflans phyfiques d’une même phafe obfervée dans les difiérens lieux. I me paroïit donc que Les courbes des élongations ifochrones font celles que la théorie indique, comme les plus capables de donner une idée diftinéte de la durée des phéno- mènes relatifs aux paflages de Vénus & de Mercure fur le difque du Soleil. La méthode me paroît plus lumineufe que celle qui confifte à décrire fur notre Globe, les lignes des phafes fimultanées. Suppofons en eflet que l'on ait tracé ces dernières lignes; on verra bien quels lieux de la Terre obferveront, par exemple, l'entrée fur le difque, un certain temps afligné avant ou après la conjonction, mais il eft fenfible qu’elles donneront difficilement des lumières fur la durée totale du phénomène dans chaque lieu. Il eft vrai que fi fon multiplie les Agnes des phafes Jimulianées , Yon pourra avoir, par leurs interfections , une idée de la durée du paflage pour les différens lieux de la Mém, 1773. N 98 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Terre; mais plus ces lignes feront multipliées, plus il y aura de confufion fur la carte où elles feront tracées, & conféquem- ment plus il fera facile de fe tromper, en confondant les interfetions. Si l'on fuit au contraire la route que j'indique, l'on évite ces inconvéniens. Il n’eft pas même néceffaire de tracer les réfultats fur une Mappemonde ; la méthode parle à l'efprit, fans avoir befoin du fecours des yeux; & toutes ces courbes ne fe coupent qu'aux pôles, à la manière des méridiens dont el'es s’écartent aflez peu dans leurs contours. Des lignes des élongations brachyftochrones. (15.) Chacun des points des courbes des élongarions fo- chrones a la propriété d’obferver des diftances égales des centres du Soleil & de la Planète , à deux heures différentes, également éloignées d’une troifième heure aflignée. Mais ces diftances, quoiqu'égales aux deux inftans particuliers auxquels ils répondent, varient fuivant les latitudes. Parmi ces points, il y en a de remarquables; ce font ceux pour lefquels cette diftance eft un maximum ou un minimum , relativement aux diftances obfervées dans les circonftances analogues ; on peut donc fe propofer les queflions fuivantes. De tous les lieux qui obfervent des diflances égales des centres , à deux heures différentes exalement éloignées d'une troi ième heure LA # . « . » | . 1 afignée, déterminer la latitude particulière du lieu pour lequel le durée du paffage obfervé, eff un maximum où un minimum? De tous les lieux qui, fous le méme parallèle , obfervent des diflances égales des centres, à deux heures différentes également éloignées d'une troifième ; déterminer quelle doit être cette troifième heure, pour que la durée du paffage foit un maximum ou un minimum ? La folution rigoureufe de ces deux queflions, conduiroit naturellement à des équations d’un degré fort élevé. Une légère attention fur la nature de ces équations fait voir que pour les paffages de Vénus & de Mercure fur le difque du Soleil, on peut avoir recours à une méthode d'appro- MENTSCMEN CES 99 ximation qui fatisfait aux Problèmes propofés, avec une exactitude fufhfante. J'expofe d'abord la méthode rigoureufe, je pañle enfuite à la méthode d’approximation. Des lieux de la Terre où la durée du paflage eff un maximum ou un minimum abfolu ; à” de la figure des lignes des élongations brachyffochrones. (16.) La folution des deux queflions précédentes nous conduit naturellement à réfoudre une autre queflion très- intéreflante ; je veux parler de la détermination des lieux de la Terre , où la durée du pañlage eft un #aximum où un minimum abfolu. Ces lieux font, fans contredit, ceux dont la comparaifon des obfervations feroit la plus concluante., fi ces obfervations pouvoient être faites. Malheureufement l'épaifleur de la Terre rend une de ces obfervations prefque toujours impoflible ; parce que fi lune des durées fe pafle pendant le jour, fautre arrive pendant la nuit. Je détermine ces points par une analy{e fort fimple. M. de la Grange, dans les Mémoires de Turin de 1768, s'eft propofé un Problènie femblable, à l'occafñion du paflage de Vénus de 1769. Je conferverai très-volontiers la dénomination de pôles de durée, qu'il a donnée à ces points. Je remarquerai feulement que fon analyfe eft différente de la mienne. La folution de la première des deux queftions énoncées dans le $. 75, conftitue ce que j'ai appelé principalement les lignes des élongations brachyflochrones. La raïon en eft facile à fentir; chacun de ces points a la propriété d’obferver un maximum où un #inimum de durée, relativement à toutes les durées dont le milieu arrive aux différentes heures fucceffives. L'analyfe m'a fait voir qu'il y a une infinité de parallèles terreftres, fous lefquels les lignes des éongations brachyflochrones ne peuvent s'étendre. Il y a donc des parallèles terreftres où l’on ne peut jamais efpérer d’obferver un maximum où un minimum de durée, quelle que foitf’heure du milieu du phénomène. Je détermine ces parallèles , afin qu'on puifle les éviter, fi l'on N i 100 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE a pour objet d’oblerver un w#aximum ou un minimum de durée. En général, la courbe des élongations brachyflochrones eft compofée de deux ovales femblables, dont lun s'étend dans l'hémifphère auftral, & autre dans lhémifphère boréal, depuis le pôle jufqu'à une certaine latitude déterminée. L'unde ces ovales eft le complément de l’autre; & ils renferment à eux deux la totalité des méridiens. Quant à la courbe qui fatisfait à la feconde des queflions propofées dans le $. 15, c'eft une efpèce de courbe continue qui s'étend d’un pôle à l'autre à la manière des méridiens , & qui embraffe la totalité de notre Globe, (17-) Après avoir donné l'analyfe des différentes courbes que l'on peutitracer, relativement aux pañlages de Vénus & de Mercure fur le difque du Soleil, pour avoir une idée des pofitions les plus avantageufes aux obfervations ; j'applique ces méthodes aux pañlages de Vénus des années 1874 & 1882. Je ne mettrai point fous les yeux du lecteur, les réfultats de ces recherches ; ce ne feroit qu'une répétition de ce que lon pourra voir dans le corps même de lOuvrage ; je me contenterai de dire que les Élémens dont. jai fait ufage, étant tirés des Tables du Soleil & de Vénus, inférées dans la nouvelle édition de l'Aftronomie de M. de la Lande, l'exac- titude de mes réfultats dépend de l’exattitude de ces Tables. Je remarquera feulement que la Table des paflages de Vénus fur le difque du Soleil pour douze fiècles , qui fe trouve à la page ÿ 87 du fecond volume de la feconde édition de cette Aftronomie , n’eft nullement cohérente avec les Tables du premier volume. Sans parler des paflages arrivés depuis l'an 918 jufqu'à nos jours, & fur lefquels il n'eft pas queftion de revenir, j'ai lieu de croire que plufieurs des pañlages qui arriveront depuis l'époque attuelle jufqu'en 2200 , ont été oubliés. Dans cet intervalle , Ja Table n'indique que trois pañlages de Vénus fur le difque du Soleil, ceux des années 1874, 2004 & 2117; les calculs en annoncent trois autres, ceux des années 1882, 2012 & 2125. II feroit facile, en continuant ces recherches, de trouver que lon aura encore DIE SUNSLCMINENN CHEN S 101 d’autres paflages de Vénus fur le Soleil, en Juin 2247 & 2255, en Décembre 2360 & 2368 , en Juin 2490 & 2498, en Décembre 2603 & 2611. J'ai donné les Élémens qui auront lieu , d’après les Tables de M. de la Lande, dans les fix plus prochains paflages ; ceux des 8 Décembre 1874, 6 Décembre 1882, 7 Juin 2004, $ Juin2112, 10 Dé- cembre 2117 & 8 Décembre 2125. (18.) Je pañle enfuite à l'examen de plufeurs queflions qui auroient dû naturellement trouver place dans mes Mémoires pfécédens, mais que la longueur de ces Mémoires m'a fait rejeter à la fin de l'Ouvrage. Telle eft, par exemple, la déter- mination de Fangle du fil vertical mené par le centre du Soleil, avec le fil équatorial de lObfervateur. Dans a fuite de cet Ouvrage, j'ai fait voir, lorfqu'il a été queftion de conclure les Élémens de la Lune d’après les Obfervations de lÉclipfe , que fi l'on avoit obfervé l'angle que fait avec la ligne de comparaifon , la droite qui joint les centres du Soleil & de la Lune, la connoiffance de cet Élément fimplifieroit fingulièrement les calculs. On peut fe rappeler que par la ligne de comparaifon , j'entends la ligne menée par le centre du Soleil, parallèlement à l'orbite relative de la Lune. Rien ne détermine dans le Ciel, la pofition de cette ligne; quoi- qu'elle faffe avec le fil équatorial de lObfervateur, un angle conflant dont j'ai donné lexpreffion. Il eft donc nécefaire de rapporter cette pofition à quelque terme fenfible. J'ai indiqué dans mon ZX Memoire la manière d’avoir la pofition de cette droite, en pofant la lunette d’obfervation fur une machine parallactique ; mais comme il n’eft pas toujours poflible de fe procurer un appareïl de ce genre , j'ai cru que lon verroit avec plaifir comment on peut y fuppléer , en rapportant fa pofition de la ligne de comparaifon à un autre terme. J'ai choïfi le fil vertical mené par le centre du Soleil; c'eft ainfi que j'ai défini l'interfeélion du vertical paffant par le centre du Soleil, avec le difque de cet aftre. Cette interfection efl facile à déterminer, puifque ce n’eft autre chofe , que celui des diamètres du Soleil qui eft perpendiculaire à horizon. Année 17719 102 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je donne enfuite des méthodes pour déterminer la parallaxe de Mars & de la Lune, par des obfervations correfpondantes faites dans des lieux dont la pofition refpettive eft connue. On fait que ce Problème aftronomique a été un des objets du Voyage de M. l'abbé de la Caille , au cap de Bonne-efpé- rance en 1751 ; il devoit donc entrer dans le plan de cet Ouvrage, de réfoudre cette queftion. Je donne les formules relatives à ce genre d’obfervations. J'ai remarqué dans un de mes précédens Mémoires, que parmi la fuite d'Éclipfes de Soleil que la révolution ses fiècles ramène, il y en a d’une nature fingulière qu'il feroit eflentiel d’obferver, pour la théorie de l'inflexion des rayons folaires. Ce font celles qui font annulaires pour de certains climats, & totales avec demeure dans l'ombre pour d'autres climats; je m'explique. On fait que le diamètre de la Lune, augmente à mefure que cette Planète s'élève fur l'horizon: fi donc le diamètre du Soleil n'étoit que de quelques fecondes plus grand que le diamètre horizontal de Ia Lune, il pourroit arriver, comme dans l'Écliple du 23 Septembre 1699, que l'Écliple fût annulaire pour les climats qui l'obfer- veroient le foir ou le matin, & qu’elle fût totale pour les climats qui l’obferveroient vers midi. Il eft également évident que la pofition des lieux où fe fait le paflage de l'Éclipfe annulaire à lEclipfe centrale avec demeure dans ombre, c'eft-à-dire des lieux où l'Éclipfe eft centrale avec demeure inflantanée dans l'ombre, dépend de l'inflexion plus ou moins grande des rayons folaires. Il eft donc avantageux d’avoir une méthode directe & rigoureufe pour déterminer ces lieux, dans une hypothèfe quelconque d’inflexion. La recherche du lieu particulier qui voit Éclipfe centrale avec demeure inftantanée dans l'ombre , n’eft elle - même qu'un cas particulier d’un cas plus général dans lequel on demande la pofition du lieu où, l'Édipfe étant centrale, le difque apparent de la Lune déborde le difque du Soleil d’une quantité donnée ; je réfous cette feconde queftion qui ren- ferme évidemment la première. Je parviens enfuite à déter- DÉE #S LUS NCITIE UNI LEls: 103 miner les points de la Terre où l'on obferve la plus grande & la plus petite largeur de l'anneau lumineux qui puifle avoir lieu à l'inftant de l'Ecliple centrale. Les Problèmes précédens ne s'appliquent qu'au cas parti- culier de l'Écliple centrale; je fais voir comment cette ana- lyfe peut être généralifée, & je réfous les deux queftions fuivantes. De tous les lieux qui obferveront une certaine méme diflance affignée des centres du Soleil à de la Lune, déterminer celui relativement auquel le difque de la Lune couvrira ou débordera le difque du Soleil, d'une quantité donnée ! De tous les lieux qui obferveront une certaine même diflance affignée des centres du Soleil à de la Lune , déterminer celui relativement auquel le difque de la Lune couvrira ou débordera le difque du Soleil le plus qu'il eft poffitle ! Dans mon feptième Mémoire, j'avois donné une méthode pour déterminer les lieux où l’on peut obferver une phafe quelconque, par exemple, Îe commencement & la fin de TEclipfe , lorfque le Soleil eft au zénith de lObfervateur. J'avois fait voir par l'infpection des formules, que l'ellipticité de la Terre influoit d’une manière fenfible fur la diflérence en longitudes des lieux qui obfervent ces phafes. L'Académie avoit paru defirer que cet examen fût approfondi; je donne le réfultat de ces recherches. (19.) On peut fe rappeler aufii que dans cet Ouvrage, j'ai défigné chaque lieu, non par la latitude vraie, mais par une grandeur également connue & déterminée , que j'ai définie latitude corrigée de l'Obfervateur, J'ai fouvent répété que c’étoit à l'introduction de cette quantité, que j’étois redevable de la fimplification de mes réfultats, qui fans rien perdre de l’exaéti- tude géométrique, ne font pas plus compliqués dans l’hypo- thèfe de la Terre elliptique, que dans f'hypothèfe de la T'erre fphérique. Je démontre les fondemens de cette afrtion, en comparant mes formules avec ce qu'elles deviendroient fi l'on vouloit défigner la pofition de lObfervateur, foit par f latitude vraie, foit d’une autre manière quelconque, Je Année 1769» 104 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE ne crains point de dire que cette fimplification eft un avan- tage précieux de ma méthode, avantage dont les Géomètres fentiront aifément le prix. Ce Mémoire eft terminé par l'énumération de quelques propriétés dépendantes de la figure elliptique de notre Globe , telles que le rayon de courbure, Ja normale, la partie du grand & du petit axe interceptée entre la normale & le centre de la Terre, &c. dont je donne l'expreffion en valeur de la latitude. J'ai cru que les expreffions fimples & rigoureufes de ces différentes grandeurs, que l'on ne trouve réunies dans aucun ouvrage aflronomique, pourroient faire plaifir aux Lecteurs. ( 20.) Si l'on jette les yeux fur les diférens Mémoires que jai publiés, on ne peut s'empécher de convenir que c'eft un Traité complet de toutes les queftions dans lefquelles la Parallaxe entre pour quelque chofe. Les folutions font dé- duites d’un même principe , & lon peut dire avec vérité que ce Traité manquoit à l’Aflronomie. Je ne crois pas m'abufer en difant que chaque queftion eft réfolue avec la plus grande fimplicité dont elle eft fufceptible, Jorfqu'on ne veut pas renoncer à l'exactitude des folutions. Quant à la forme analytique que j'ai donnée à ces Problèmes , c’eft la {eule qui ma paru convenir à un Ouvrage de ce genre; d'ailleurs elle n’eft effrayante que pour ceux qui, faute d’ha- bitude, craignent de fe mettre au fait de l'analyfe. AUR LT IIGALME) L'PERTENMAMEUR Des lignes des phafes fimultanées, SECTION PREMIERE. De la queflion en général. (21.) On connoît en Aflronomie cette efpèce de courbes que lon voit quelquefois tracées fur un globe, & qui déterminent les différens points de la Terre pour lefquels la diflance des centres du Soleil & de la Planète qui Féclipfe, et d’une DES SCIENCES. To$ d'uné certaine quantité, à un certain même inflant phyfique afligné. M. de la Lande, lors du dernier pañlage de Vénus fur le difque du Soleil, arrivé en 1769, & M. de lle, long-temps avant lui, ont publié les réfultats de femblables recherches ; j'entreprends aujourd’hui de donner fa déter- mination analytique de ces courbes , que jappellerai /gnes des phafes fimultanées : on verra qu'elles font un corollaire fort fimple de mes méthodes. La defcription de ces lignés peut mériter quelque attention ; fur-tout dans les éclipfes de Soleil. Suppofons en eflet une éclipfe avec demeure dans ombre; ‘ces lignes apprennent à connoître pour un inflant quelconque, quels lieux de la Terre font dans les ténèbres, & à déterminer l'interfection actuelle du conoïde variable d'ombre , avec notre Globe. La folution du Problème préfente des difficultés de plufieurs éfpèces. En effet, fi lon envifage la queftion géométriquement, il s’agit d’avoir l'équation à l'interfeétion d’un conoïde mobile, avec notre Globe fuppofé eliptique ; la queflion exige de plus, que lon ait égard à la variation du diamètre de la Lune, relativement à fa hauteur dans les différens lieux où Yon obferve; on peut imaginer, outre cela, que les rayons folaires s'infléchiflent en paflant près de la Lune. Telles font les difficultés qu'il faut vaincre, fi lon veut réfoudre [a queftion dans toute fa généralité; mais fi les difficultés font grandes, les objets de curiofité font intéreffans. Suppofons en effet, la diftance des centres égale à la fomme des demi- diamètres du Soleil & de la Lune, la ligne indiquera les différens points de notre Globe, qui obferveront en même- temps le contact extérieur des limbes; fi on fuppofé au contraire la diflance des centres égale à la différence des demi-diamètres du Soleil & de la Lune , on déterminera rigoureufement les limites qui comprennent les différens lieux de la Ferre , dans lefquels l’on obfervera une éclipfe totale ou annulaire , au même inftant phyfique. Quels fecours de pareilles méthodes qui réuniffent l'avantage d'être directes & Mém. 1773. Q 1406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rigoureufes, n’offrent-elles point pour éclaircir les différentes queftions que l’Aflronomie moderne s’eft propolées, relative- ment à la propagation de la lumière, fa décompofition dans Fatmofphère , fon inflexion en paflant près du limbe de la Lune ? S ELCUT E Q'N SE © O. N D E De l'équation aux lignes des phafes fimulranées, & de le manière de les conffruire. (22.) Je me propofe dans cette Section, de déterminer l'équation générale aux lignes des phafes Jimultanées , & de donner une méthode pour les conftruire, fans avoir à réfoudre des équations d’un degré fupérieur au fecond. Soit | & le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonction, jufqu’à l’inflant phyfque pour lequel on calcule. À La tangente de la diftance apparente des centres. (A3) (42} (43) (A4) 7 ee +1 g5® . cgpu Chppo né Ce 7 Ag pile Le (Fr). (F3) (D, LS di g/ gso cgp? chpf © Free me AV rRt FHITT TEE (E 1) (E2) (E 3) Im PST cpqhT EE HE ue Aurée 1765. fuit du $. 1.” du troifième Mémoire, que, Rise rare el Parle A din re Cette relation eft Féquation générale aux lignes des phafes Jfimultanées. (23-) Cette équation renferme quatre inconnues ; le finus & le cofinus de la latitude du lieu, le finus & Île cofinus de Vangle horaire. Si donc lon fuppofe connue, par exemple, L DES SCcrE N-ctr < 107 l'heure que l'on compte dans le lieu à l'inflant du phénomène, & que l'on cherche la latitude correfpondante, ou récipro- quement ; il eft fenfible que, puifque fa Trigonométrie nous apprend que lon à g + #° — À — o s + — 7 — 0, l'équation peut être réduite à ne renfermer qu'une feule inconnue. Mais il paroït également certain que l'équation qui réfulteroit des opérations indiquées par l'analy{e, feroit trop compliquée pour en condureila valeur de l'inconnue. Voyons s'il n'eft pas poffble de donner à a folution , une forme plus commode. Forme plus commode de ‘équation aux lignes des phafes Jimulranées. (24) I fuit du $. 7.2 du troifième Mémoire, que fi on An 1765: nomme À’ un certain angle *, tel que, (1) Tangente 4! — rx (F+ dira A & que l’on nomme de plus, 2 le finus m le cofinus Î de cet angle 4; lon aura les deux équations fuivantes , q (2) AËm Apsm Acpghm NT ET ER" PET A IN IE, 159 cgpo RIM RE — TE — 0; À (3) An Apsn Acpqhn LL gse (qu G x Crt (4 F cp? chppuw nr Ù r FE 74 TT 3600" € x b Es pe D AN TN Pan dx 5 * Quoique langle. A’ repréfente Vangle que fait avec Ia perpendiculaire à l'orbite relative, la ligné qui joint les centres du Soleil & de Ia Lune’, à l'inftant de l’obfervation > ainfr que nous l’avons démontré dans les Mémoires: précédens; cette propriété eft abfolument indifférente à la queftion dont if s’agit, & l’on ne doit regarder l'angle 4° que comme un angle introduit poug la facilité du calcul. Oij 208 Mémorre DE L’AcADÉMIE RoYaALE Soit maintenant m Tr G LIST AA 4 — Ÿ » Cap Cp _ Amp ut, 4? hi Cp ds Brie te PL Jr € ES AL “{ L'OMPIPÉE ET glr "r ee er Ma Abe 360 Ep * ë, ur AnP AR [0] La Up FA QUE PL ut Re Cr è les équations (2) & (3) deviendront (4) Gr — Hrs— Ich — cg — 0; (5) Ar — Ers — Mch + cg® — 0; d’où lon tire Gr — Hrs — cgow KE — Lrs + cg@ (OR 4 M Donc GCGMre A Mrs — KiIr 4 JLrs “ (7) cg — : FPT ESS CNT Mais à caufe de = r — S&de* — r — g°, Féquation chl == Gr — Hrs — cgo {e transforme en la fuivante. (8) (Gr His — cgu) = T(# —rs — ég) —0, ou en éliminant cg au moyen de l'équation (7), (o)(Gor—H@5+ Kro— Losf + (sf —r)x (Mo+-1@) + (GCMr— HMs—KIr + ILs} — 0. 4 ( 25.) Si dans l'équation (9) du $. précédent ,Yon fubftitue, 2G,H,1,K,L, M, leurs valeurs, on verra facilement que fi lon avoit fuppolé directement AËr MD + mo Îr LD + bo ÿ LT Lee ee ol er ee r AP NP + © gr Pr (PE LE ., Ce r P ROME MD + 10 QE (et R eus 27 RE Cr? 4 De = ag! mp — nr) AËp 40 — mo SES CN NS = Al Gree, P/ Lo — ÿo b "Tr Ang r® AD a ( r em 3600 Ce (nes te 7 } 2 Re M RRQ? TR À = —— — y ? PNEU 4 NSR Y Fr Y + pr fon auroit eu (roses Ferre —= 0: ( 26.) Si dans les équations (6) & (7 ) du $. 24,Ton fubftitue aux quantités G, H,1,K, L, 21, leurs valeurs, & que fon y introduife les valeurs de NP, GREY du Paragraphe précédent, ces équations deviendront 1 FrNNREE F LP pb (LED NP NS ce Ces nouvelles formes m'ont paru plus commodes que celles du $. 24: (27-) Si lon jette les yeux fur les valeurs de W, P. Q, RD; dus. 25, l'on verra qu'elles renferment des quan- ui o +7 e téside cette forme, "2e, meme Votre r LA r He TP. Et Oh à ét Rnfible que fi l'on con- tinue de nommer 4’ l'angle que nous avons introduit dans le I Î Î Î SN. CIE |] 110 MÉMoiïkEs DE L'ACADÉMIE ROYALE calcul, & qui repréfente l'angle que fait avec la perpendiculaire à l'orbite relative, la ligne qui joint les centres du Soleil & de la Lune, à l'inftant de loblervation, c'eft-à-dire, l'angle dont » eft le finus & "1 eft le cofmus ; que lon nomme B' angle dont « eft le finus & @ le cofinus, c'eftà-dire, l'angle de l'orbite relative de la Lune avec le fil parallèle ou équatorial de l'Obfervateur ; C” l'angle dont 8 eft le finus & ? le cofinus, c'eft-à-dire , l'inclinaifon de l'orbite relative ; (nous avons donné dans le $. 7.‘ la définition de chacun de ces angles, & la manière de les déterminer ) ; fon a MÉE e (Ar = B); — in. (A — 8); r r BR Te) TO COTE RE MEET E (C'— À’). r Les valeurs N, P, Q, R,T du $. 25, peuvent donc fe transformer dans les fuivantes, 19 — mo Aër aCp AP Cp 2 Cr AY Îr Cp cof. (A —B')— +; cof. {A'— B') — b “ro < ! ! À cof. (B CREER Ce h cof. (A! — B") PA de À fin. (C'— À) — fin, (A — B)—+ n.(B'—C') A nr b Amgq p9 3600" ñ Cp f Cr QUE r }. (28.) Pour faire ufage des nouvelles valeurs de À, P, Q,R,T, l'on fe rappellera que le finus d'un angle quel- conque compris entre ©° & 18od eft pofitif; que le finus d'un angle compris entre 1804 & 36of eft négatif ; que le cofinus d’un angle compris entre o4 & 90, entre 270°& DE USI ISACUL EE EN CE LS CRU à 36od eft pofitif; que le cofinus d'un angle compris entre Be d eft négatif. 901 & 2704 eft négatif. (29-) L'on a vu / $. 2) que le finus des angles 8’ & C’ pouvoit être pofitif & négatif, mais que le cofinus étoit toujours pofitit. D'après les réflexions du paragraphe précédent, lorfque le finus & le cofinus des angles 2’ & C' font politifs, ces angles feront compris entre 0 & 901 ; lorfqu’au contraire, Je cofmus des angles B' & C' étant pofitif, le finus eft négatif, ces angles feront compris entre 2704 & 360% Dans le cas particulier de lEclipfe du 1.% Avril 1764, lon mo 20% of, Ci: 44 26", BC! 2210 4: j Quant à langle 4, on lui fuppofera fucceflivement toutes les valeurs, depuis o{ jufqu'à 360%; nous verrons bientôt cependant quelle modification lon doit apporter à cette généralité. Nous remarquerons aufli que comme cet angle, introduit pour la facilité du calcul, repréfente néan- moins l'angle que fait avec la perpendiculaire à l'orbite relative, la ligne qui joint les centres du Soleil & de la Lune à l'inftant de l'obfervation; fr on fuppofe que À" eft compris entre o4 & god, le centre de a Lune fera vu dans l'angle que j'ai défini dans mes ‘précédens Mémoires, angle boréal fuivant du difque du Soleil. Si A! eft compris entre 904 & 1804, le centre de la Lune fera vu dans l'angle auflral fuivant du difque du Soleil; fi A’ eft compris entre 1804 & 2704, le centre de la Lune fera vu dans l'angle auffral précédent ; fi A! eft compris entre 270 & 36od, le centre de la Lune fera vu dans angle boréal précédent du difque. (30.) Lors donc que l'on veut tracer fur la furfice de notre Globe le lieu géométrique de tous les points de la Terre qui obfervent une même diftance des centres , à un certain inftant phyfique afligné , le moyen qu'indique l'analyfe , eft de fuppofer fucceflivement différens angles 4’, c'eft-à-dire , différens angles de la ligne des centres , avec la perpendiculaire à l'orbite relative, & de chercher la latitude correfpondante à cet y Année 176$ 112 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE angle particulier, au moyen de l'équation (10) du $. 25} lon aura enfuite pour déterminer l'angle horaire correfpon- dant au phénomène, les équations (11) & (12) du $. 26 Et comme d’ailleurs on connoît par la fuppofition, le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonétion jufqu’à Vinflant du phénomène, on connoîtra tout de fuite par la méthode de l'article V1 du IL Mémoire, la longitude du lieu qui oblerve la phafe indiquée. Voici , au furplus , à quoi fe réduit cette méthode, pour le cas dont il s’agit. Soit Heure {a ), l'heure que l'on compte à T'infant de Ia conjonction, dans le lieu à d'où l'on compte les longitudes. Heure (2) , l'heure que l'on compte à l'inftant du phénomène dans le lieu dont on cherche la longitude, B,le temps écoulé depuis l'inflant de Ia conjonction , jufqu'à l'inftant du phénomène. On a, Longitude cherchée — heure /g) — heure /&) — 8. Les longitudes pofitives font des longitudes orientales ; les négatives font occidentales, (31.) Puifque l'heure que lon compte à linflant du phénomène eft déterminée par les équations (11) & (12) du $. 26, il eft évident qu'il n'y a qu'un feul angle horaire correfpondant à chaque latitude. Lors donc que la valeur de g fera connue par le moyen de l'équation (11), il ne fera pas néceflaire de faire le calcul en entier pour déterminer la valeur de 4 correfpondante, par le moyen de l'équation (12); il fuffira de voir quel doit être le figne de cette valeur, afin de choifir celui des deux angles horaires , qui ayant g pour finus, fatisfait au problème. On n'oubliera pas aufir que À eft une quantité toujours pofitive dans le calcul ; & que tous les angles 4°ne font pas tous poffibles. Nous déter- minerons par, la fuite, la manière de connoître ceux qui conduifent à des réfultats imaginaires. Recapitulation MES S CL'E N° CES 113 Récapitularion de ce qui vient d'être démontré. (32-) Pour récapituler ce qui vient d’être démontré, foit, 2 le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonction, jufqu'a l'initant phyfque afigné, À la tangente de Ia diftance apparente des centres, PB" l'angle de l'orbite relative , avec le fl horaire de l'obfervateur, C' Jangle de l'inclinaifon de l'orbite relative, À J'angle arbitraire introduit pour le calcul. Cet angle repréfente l'angle de la ligne qui joint les centres du Soleil & de la Lune, avec. la per- pendiculaire a l'orbite relative, (N1) (N2) : (N3) NM ne cof. (A' — B]) — cof. (BC) — EX = ; (P1) (P2] FDL AE CUT T2) ER RUE PI G cof. {À B') os k (@:) (@3) Q— 7 ct (A —B) + p, ? (R:) R= 5 fin. (A! — B'}, ? (T1) E (T2) PC = AE ATP), à (T3) ; (RE ; (T5) Z 1 y ngA col. (4 pis _nPP. HS (BR CR EE EE EE oo * EL (VW) (V2 (V3) TK SAM: Fall AR RE 2 er CA cg a m3! STE Te lee Mén. 1773. P 114 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE L'on aura, pour déterminer la latitude du lieu, » P te DNS Pri—=30% pour déterminer heure que fon compte dans le lieu, à l'inflant du phénomène, &') (2) SE: Tr Rrs SD CT TONDE (kB) (h2) k — Nr Prs Qc Ge Quant à la longitude du lieu particulier où l'on obfervera le phénomène, on a calculera par la formule du $. 30. TABLE des quantités conffantes de L'Éclipfe du 1°" Avril 1764 relatives à la recherche qui nous occupe. HF = 2844830 N0VENSTA40267) BCE) 281007 N P 2. ue (Ni) ARNAEUINEE Log: ÉRANTREE 8,1974389. Los: HART 1,0772446% (N2) (P2} Ir gr Ty cof.(B'—C)=67189 TT — 99088 (N3,) Log. Re = +2,8285950. Q PAPE Log. a = — 10,0001950 (Q 2) DES NS CUT ENN CUS; Y1$ R sa Her, (R 1) Tu) Log. = — 10,0011070 D'AHen — — 10,136925$04 ? Log. (4) (Ta) —— = 92735705. (T3) —— fin. (B'—C')=2 392: 4 (T4) La ve — ER np? À er ne 2,01213 3600" Cp HAENRLE 365« EXEMPLE (33-) Dans l'Éclipfe du 1° Avril 1764, l'on demande quels lieux de la Terre ont obfervé une diflance des centres de 7 0’ 49" +, 4629" de temps avant la conjontion. FF LIN 77 4029 IP 0] SoLuTIon. Puifque la diftance donnée eft de 30’ 49"+, & que le phénomène eft arrivé 4629" avant la conjonction , Ton a, ÿ a = Tang. 30’40":; Log. à — 7,9526432 ; b — — 4629"; Log. à — 6,6654872 ; (EDEN EC IE (T5) = 4773: Si donc lon donne à 4’ toutes les valeurs depuis o jufqu’à 3604, lon déterminera tous les points de la Terre qui ont obfervé une diftance des centres de 30° 49" +, 4629" de temps avant la conjonction. (34) Si Ton fuppofe 4’, — 2574 5’ 45", l'on aura At— B'— 228421 15", C— A —108d 38/41" fin. (4 — B!)— fin. 2284 21 1 5/..négat. fin. (A! — Pl) = 9,8734700. cof, f/A'— B') —cof. 228. 21, 15...négat. rs cof. (A! — B') —9,8225108. fin, (C'— A!) = fin. 108. 38. 41...pof. fin. (C’ — A) = 99765887. cof 4 — cof. 257 + 45mnnégat. cof, A’ —=9,3489300, Pi 116 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TYPE du Calcul N=—(Ni1)—(N2)+(N3) +... —(N2I+(N3)=— 35994 (N1) s + 7:9526432...log. À. + 9,8225108...log. cof, { A — B'). He 77 SO: — 8,1974389..,log. (Nr). 9,5777151...l0g. 37819. N=—73813... log. N— 9,8681329, log. N'— 19,7362658. = — (P1) — (P2) -.:.... (P2) — 99088. (Pr) | + 7:9526432...log. À. + 9,8225108...1log. cof. (4 — B!). HA 72770U0AON — 11,0772446...10g. ( P1,). 6,6979094...log. 50. P—— 99138.... log. P— 9,9962402.... — 98283. « r Q—=—(Q1)+(Q2).... (Q2) = 8392. (@:) + 7:59526432...log. à. + 9,8225108...1og. cof. ( 4’ — B’). + 1757751540. — 10,0001950...log. (Q 1,). 7:7749590...log. 596. ; Q=+7796..l0g.Q—8,8918718..0g.Q—17,78 37436. C6os. R — — (R:) (R1) + 7:9526432...1log. à. + 9,8734760...log. fin. ( 4'— B'). ® + 17,8261192. — 10,0011070...log. (R1,). 7:8250122...log. 668, 2 R=—668..10g. R=—7,8250122...l0g. R—1 5,6 500244 _ + 0 DES SCIENCES. 117 T=+(Ti)+ (T2) — (Ta (Ta) — (T sp(T 3) = 2392 (T5) = 4773 A (2) (Ti) (T4): 4 y 59526432..lo8. à, + 7195264320. À. + 7:9526432.log. À, + 7:9526432.l0g l f û sn 9,3489300..l00, cof, À’, Den 9:9265887;-log fin. (C'— 4)" 15,8 SEE RP A TR A b + 1792912319 + 17:8261192. M née » 4. _10:1369250..lo8. (T1,). 2 92735765.log. (T2,). De 16,855 6198.08. ( Ta ?° ———————— or o 7:7923069..log. 620. 8,5525427ml0g. 3569. 7r1134406.10%, 130. T'= — 2846. log. T — 8,4542 349... log. T° = 16,9084698. V= (Vi) + V2) + (V3) (Vi) — 98283... EE T S (V3) = 4. V = + 98895... Log. V — 99951743. X = +(X1) — (X2) (X1) (X2) + 9:9962402...1log. P. + 8,4542349...log. 7. + 9,8681329...log. N. + -7:8250122...1l0g. R. + 19,864373r. + 16,2792471. — 9:9951743...log. F. 9:9951743...log. F. 9:8691988...log. 73994. 6,2840728...l0g. 19. MF PET ere log. X — 9,8690850. PRE CNE CNE) (Y1) (Yi) (F3) + 19,7362658...log. N°, + 17783743 6.log. Q%, + 16,9084698... T*, TL 99951743 log, TT _9:»9951743.dog. V. 90951743 + V 9741091 5$..log. S5091. 7 7378856930. Gi Me log. 82. = + 54559. log. Y — 9,73 68664 dog. Vr Ÿ — 9,8684332. Calcul de la Larirude du lieu. Pour calculer la Latitude du lieu, rappelons-nous ce que nous avons démontré dans le quatrième Mémoire, ç +40 © Année 1766, Juivans , fur la manière de trouver les racines d'une équation du fecond degré. Si je compare l'équation particulière du fecond degré qui réfout le Problème dont il s'agit , avec les équations générales du fecond decré dont il ef queftion dans ces paragraphes, Je vois que fi l'on conferve les défini- tions particulières des angles 2, B' de ces paragraphes, & qui 118 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'ont rien de commun avec angle B' dont nous avons He a ; Y(rY)! parlé jufqu'ici , l'on a fin. j 5 È 2 CE, v(rŸ) Bt V{rY) ——— _— ss Pi —— 5 — tng. —X SE) Dig nr Ét les deux valeurs de s font poñitives. TYPE du Calcul. + 19,8684332...log. r V(rY). — 9,8690850...log. Æ. B 9,9993482...log. fin. F2 — 861 $1° 40”. B'=c93 18!" 20% » [ty ty El 425.050 — — 46. 34: 10. B PB’ + 9,9761957-..log.tang. = + 10,0238043...log.tang. A + 0,8684332...log.V{rY). + 9,8684332.-.l08. v{rY). 9,8446289...log.s5. 9:8922375:--1l09.5. Latitudecor. — 44% 22° 0” Latitude corrigée — $14 17° o”. HE 9. 41. + 9 26. Latitude vraie — 44. 31. 41.…bor. Latitude vraie.. = 51. 26. 26. Calcul de l'heure que l'on comptoit à l'inflant du phénomène dans le lieu dont la latitude eff de sr 26 26", Latitude vraie $14 26° 26”. Latitude corrigée $14 17° 0”. s — finus $1d 17° 0". ..pof. 5 — 9,8922329. 6 — cofin. 51. 172,06 Es ve. — 9,7962062. Qc — 18,6880780. ge (gs) — (82) (g1) (g2) + 28,4542349...l0g. Tr + 17,8250122...log. Rr. — 18,6880780...log. Qc. + 9,8922329...log.s. 9:7661569. . .log. 583676 2737272451» ; — 18,6880780...1log. Qc. à | 9,0291671...1l0g. 10694. g = — 69061...log g = 98392329. D EVSNSACILIENNICIE:S. 119 Donc, attendu que la valeur de 4 tirée de l'équation Nr Prs A == RQ re On comptoit donc 21h $’ 17” dans le lieu, à l'inflant du phénomène. eft poñitive, g — fin. 316419'20", Calcul de la Longitude du lieu. Pour calculer la Longitude du lieu, je reprends l'équation du £. 30, & je vois que fi je rapporte les longitudes à lObfr- vatoire royal de Paris, j'ai heure /a) — 22h 31° 23", Mae Cut Se ds 117,0" ; donc longitude cherchée — + 21h $" 17" — 22h 31° 23" + 1h17! 9" — — 8° 57", le lieu étoit donc plus occidental, de 8’ 57" de temps que Paris (3 5+) Quant au lieu dont la atitude eft de 444 31’ 41”, on auroit trouvé que fon comptoit dans ce lieu, 14h 25° 55” à l'inflant du phénomène , & que ce lieu eft plus occidental que Paris, de 68 48’ 19". Le Soleil étoit alors couché, & l'épaifleur de la Terre a empêché d’obferver le phénomène. Au refte, on peut remarquer que la courbe dont il s’agit eft compofée de deux parties, dont l'une appar- tient aux lieux qui peuvent réellement obferver le phéno- mène, & l'autre;appartient aux lieux pour lefquels le Soleil eft fous l'horizon, lors des phénomènes. (36.) Les calculs du Ç. 24, déterminent direétement deux points de la Terre, dont Fun à ja vérité voit fe phénomène, & dont l'autre en eft privé, par l'épaifleur de notre Globe. Mais indépendamment de ces deux points, les mêmes calculs peuvent, avec quelque légère différence, déterminer plufieurs autres points. Pour me faire entendre, fuppofons, comme dans l'Éclipfe du 1. Avril 1764, que B'— 284 44’ 30", O5, 44: 26!, | &PÉAlons AM) 304; Ton aura ei rs 30, Ci At 354 44 2610 Suppofons maintenant 4 — ‘301 + 180, Fon aura 120 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A——B'— 181415 30", C— A4 — 155 44/20" Les finus & cofinus de À’, 4! — B', C' —— À! auront donc les mêmes valeurs numériques que dans Îe premier cas, & ne difléreront que par le figne, L'on auroit des facilités analogues , fi l’on fuppofoit A —= 304 + 901, À! —. 304 +- 2704. Au refte, je ne fais qu'indiquer ces facilités , que Fon trouveroit facile- ment, fi lon fe propofoit d'exécuter un grand nombre de calculs. SECTION TROISIÈME. Des changemens qu'il faut faire aux formules précédentes, pour calculer les contaëts des limbes. (37.) Les formules que nous venons de mettre fous Îes yeux, déterminent bien les différens lieux de la Terre qui obfervent une même diflance aflignée des centres, à un même inflant phyfique donné; mais elles ne détermineroient pas également les lieux qui obferveroient, par exemple, un contact des limbes. En effet, quoique ces deux Problèmes aient beaucoup d’analogie , le dernier cependant renferme un degré de complication fupérieure au premier. H faut en eflet avoir égard à la variation du diamètre de la Lune, relativement à fa hauteur fur les différens horizons. Le Pro- blème fe complique encore, fi lon fuppofe que les rayons {olaires s’infléchiflent en paflant près de la Lune. (38) Soit d finus (demi-diamètre horizontal de la Lune. ) HO finus (parallaxe horizontale polaire de la Lune.) cofinus ( fomme du demi-diam. du ©) & du demi-diam. horiz. de la €) cofinus {différence du demi-diam, du © & du demi-diam, horiz, de la €) le finus demi-diamètre du Soleil, le cofinus d æ BS 9 9 œ Ï unun Er À FT x cofinus ( parallaxe horizontale polaire de la Lune.) [4 On bES SCIENCES. L URI On pêut conclure du $. 46 du V.° Mémoiré, que CAR] Pi One Lt ghT $ contat extérieurs r° rt nus (demi-diamètre de la Ç) — pre ST cpqhæ ? Contaé intérieur, £ ca r* “ER 4 D'ailleurs, puifque le cofinus du demi - diamètre de Ia Lune, ne diffère pas fenfiblement du cofinus du demi-diamètre du Soleil, l'on a lors du contact extérieur, fin. (diftance des centres) — T4 Le PEN A tra r rE P5T cpghx ? r A & lors du contact intérieur, , $ CArA fin. (diftance des centres) — en gs a r 7% PST cpqghæ r Le Donc (Trigonometrie rechiligne) , lors du contact extérieur, tang. (diflance des centres) — ASRNS dE ; SA € 7 0 Eire pqh = rt & lors du contact intérieur, : A fai) (Üntance des cntres) — = — QT £ PSx cCpqñT * r° # (39) On pourroit aufli faire entrer dans la folution, un nouvel élément qui dépendroit, par exemple, d'une inflexion de lumière; il ne s'agiroit que de fuppofer (3 exprimant Yinflexion des rayons {olaires qui rafent le Iimbe de la Lune) s — finus ( demi- diamètre du Soleil 5%), fuivant que on voudra calculer ün contaét extérieur ou intérieur des limbes, (40.) Si dans les équations (2) & (3) du $. 24, l'on fubilitue à À les valeurs de la tangente de la diflance des centres , déduites du $, 39, & que l'on fafle des calculs ana» logues à ceux que nous ayons exécutés ci-deflus, on verra Mém 17734 Q Année 17671 122 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE facilement que le Problème dont il s’agit, fe réfoudra par les méthodes détaillées ci-deflus, en prenant les valeurs fuivantes de N, N ] I " = 0 PORT Contaét extérieur. (N 1) a (Ni) Er cof. (A = B') — ee cof, (4' — B) Abe - (Na) À » 1 1 r — 7; cf. (B — CII AT x 27% 1e 1) (P22 : cof.(4' — B) : ; (@ 19 (@2) a cof. (A — B) + p; (R 1) f ee fin. (A —— B!); 1) (T2) cTql 1 1 cTËpfin./A' — B!) C3 fin. (EC —— A) Sr Cp JE T3) LUE _— Em (À = B) —— 2 fin. (B'—cC'] ù (EPS) (T6) 3 cTqh np? Te ARE al cof. À + es CH Contact intérieur, È Nr) CE (Na) 12 co (A — 81) — TT «ot. (A —8)] 3 (N3) . (N 4) ui = TER (B° Lan = C') ue 3600" * Cp ? ? Pi) P3) | ee” cof. À — B) " F: Jr B— — RTE mer Li / 1e ee Ve TA 14 RE Des deux We de à, la première appartient à l'inflant où l'Éclipfe eft croiflante, ATP MER au centre de la Terre; autre valeur appartient à l'inftant où l'Écliple eft décr D ute Muis la durée totale du paflage eft égale à la feconde valeur de b, moins la première. On a donc, | (4 2,2 2 Durée du pañfage vu du centre dela Terre — 2 x EM AU rs ke 5H} a = Si lon met dans cette formule , les nombres relatifs au paflage de Vénus du 3 Juin 1769, on trouvera que pour le centre de la Terre, la durée du paffage a été de 6" 17° 10". Quant à l'inftant de la plus grande phafe pour le centre de la Terre, cet inftant eft Fe miné par l'équation 36% 8 / b = — X —à FINE ES « S ik MAnnde 1769: 14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorALE (6o.) Pour déterminer le nombre de fecondes de temps; correfpondant à une feconde de degré d’accroiffement de Ia diftance des centres du Soleil & de la Planète, vue du centre de la Terre; on fe rappellera ce qui a été démontré dans les S. 86 à fuivans de mon VII Mémoire. Si lon jette les yeux fur la formule du S. 88, & fur la remarque du $. 9 > du même Mémoire, & que l’on fafle attention, ainfi que nous l'avons remarqué plufieurs fois, que l’on peut appliquer au centre de la Terre, ce qui eft vrai pour un- point quel- conque pris à la furface; en fuppofant, 1.° que la Latitude du lieu foit nulle; 2.° que le parallèle terreftre foit concentré cp en un feul point, c'eft-à-dire, que le rayon — du parallèle foit nul; on verra que, relativement au centre de la Terre, Ton a l'équation fuivante, - {1) Nombre de fecondes horaires correfpondant à une feconde de degré d’accroiflement de la diftance des centres vue du centre de la Terre pen X gl 122 5 = Er fs x fee 7 » 1 2, 00 0] 15 y nes # “ r 3600" ) È ( Ce Ga : bn 47 rx J°1E puifque /S. 59) nn rt LE Mer (61.) Cette dernière formule fait voir que pour le pañfage de Vénus du 3 Juin 1769, vers les inftans des contacts, Jaccroiflement d'une feconde de degré dans la diftance des centres vue du centre de la Terre, répondoit à 19”,305 de temps. Aurefle, nous avons fuppofé que pour tous les lieux de la Terre, l'accroiflement de Ia diftance des centres du Soleil & de Vénus, étoit fenfiblement égal à celui obfervé du centre de notre globe dans les mêmes circonflances, parce que les recherches dont il s’agit nexigent pas la der- nière précifion ; car s'il s’agifloit de déterminations délicates ; comme dans les recherches des $. 9$ à fuivans de mon VII Mémoïe, il faudroit avoir recours aux formules de ce Mémoire. DES SCrENcEs. 41 SECTION TROISIÈME, Des équations aux Lignes des élongations ifochrones ; &* de la manière de les confruire. {(62.) Pour déterminer les lieux de la Terre, qui, fous les différens parallèles terreftres, obfervent une égale diftance des centres du Soleil & de la Planète, lorfque l’on compte dans ces lieux, deux heures également éloignées d’une troifième heure aflignée, je remarque que fi l'on défigne par G l'angle horaire correfpondant à cette troifième heure, milieu du phénomène ; H l'arc de l'équateur qui mefure 12 demi-durée du phénomène; on aura, Angle horaire correfpondant à Ja première obfervation = G — XH. Angle horaire correfpondant à la feconde obfervation = G + AH, Soit donc, À la tangente de Ia diftance des centres affignée; £' le nombre de fecondes horaires écoulées depuis Ia conjonction jufqu'à l'inftant de la première obfervation ; 3 le nombre de fecondes horaires écoulées depuis Ia conjonction jufqu’à l'inflant de la feconde obfervation , on aura les équations fuivantes; ()X = TE x jt REMELA ENS Ex fin. (G — H) 16 r r} + TE x of. (CG — H)) pres — LT x fin. (G— H) cppw nr ER A x cof, ru Ant Al k GONE TE x [CE — LE LE x im. (G+ H) ; + TE x cof. (G + H)} + (hi Et x fin. (G+- H) cppo À ee x col (G + H) + re]. xa3 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYarE 3: Ces équations ne font que les équations générales aux diflances des centres, dans lefquelles nous avons fubftitué les valeurs convenables ; & dans lefquelles, conformément Au 1772, à la remarque du $. 174 dé mon dixième Mémoire , nous avons, relativement aux paflages de Vénus & de Mercure, fuppofé £ = r. D'ailleurs , fi on nomme £ le nombre de fecondes horaires écoulées entre les deux inflans où J'on obferve les diftances égales, Ton aura, | G)2—M"—k—= o. De ces équations lon tire, (0E- — 17) x LEE x (fn (C +4) —fn.(C—H)) = 22 un (cof(G + H) — cot(G—H))f 3 Re + (re x [ES x (in. (CH) — fin. (GB) TP x (cot(G + H) — cot(G—H))] te KE [(cof(G +) + cot(G —H)) x (coff@ 1H) = cor(G—#H)}} Aur l s& cpow * Lis u AE Con pare PE x cof({G — H) 3600"Ù C r 74 = ed x fin, (G — H) — Si - ] : ns cp? : DE jé t LC x sin. (CG + H) — fin. (GC — H)] 5 nr | ee x [ cof. (G + H) — co. (G— H)] —— 10} Soit donc P—=îfn. (G+ H) — fin. HE) ES te | Q— dr(C-RH} = ot (E = H}=— PURE; 2 xcof. G x cof. H L R=cot(C + H)+ ct (G—H) =+ F i DES SCTENCES 143 ] : P cr Leo? st NET po ae aies cp QR T4 ” FA L 7 g50 cppP cppowQ Dire pm pu MP HT. den Te LA, @ / gso cp? = NL EE x in (GC — H) cpso +Anr x cof, (G — — ——— # cof. ( AH) éodt cpo P cppwuQ ur A (a 3600"Û L'on aura, pour déterminer le nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonétion , jufqu'aux inftans des obfervations, 3600"€ CRC ON © 4 (s) D (de LR en Gt Te j ar (GE = — 8% (63.) Pour déterminer maintenant la diflance des centres; lors des deux phénomènes, foit » ARAELUE DA eR + x fin. (G— H) + TE x cof. (G— H); (4 F BEM se sf mi), (7) tange ME pt on aura MIA, (8) PES rx fin, M ° Quant à la Longitude du lieu ; puifque par la fuppoñition Yon connoît l'heure que l’on compte dans le lieu lors de la feconde obfervation, & qui eft égale à l'heure correfpon- dante à l'angle G + AH}; que de plus, lon vient de dé- terminer le temps écoulé depuis la conjonétion jufqu'à Finftant du phénomène, lon connoîtra tout de fuite la Longitude du lieu, par la méthode de l'urticie V1 du troifième Mémoire: voici, au furplus, à quoi fe réduit cette méthode, we 17654 pour le cas particulier dont il s'agit. 544 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Soit Heure /2), l'heure que l’on compte à l'inflant de Ia conjondion, dans le lieu a d'où l'on compte les Ionpitudes. Heure /G + H), Theure que l'on compte à l'inftant du fecond phé- nomène, dans le lieu dont on cherche la longitude, ; B la valeur déterminée par l'équation (5) du f. 42. On a longitude cherchée — heure /G + H) — heure (a) — 8, Les Longitudes pofitives font des Longitudes orientales; les Longitudes négatives font occidentales. (64.) Les équations que nous venons de développer dans les paragraphes précédens, m'ont paru celles que la Théorie indique comme les plus capables de donner une idée diftinéte des phénomènes relatifs aux paflages de Vénus & de Mer- cure fur le difque du Soleil. Cetie méthode me paroît plus lumineufe. que celle qui confifte à décrire fur notre globe, les lignes des phafes fimultanees. Suppofons en effet que l'on ait tracé ces dernières lignes, on verrabien quels lieux de la Terre obferveront, par exemple, l'entrée fur le difque, un certain temps affigné avant ou après Ja conjonétion ; mais il eft fenfible qu'elles donneront difficilement des lumières fur la durée totale du phénomène dans chaque lieu. IL eft vrai que fi l'on muiti- plie les jgnes des phafes fimultanées, Yon pourra avoir, par leurs interfections, une idée de la durée du pañlage pour les différens lieux de la Terre; mais plus ces lignes féront mul- tipliées, plus il y aura de confufon fur la carte où elles feront tracées, & conléquemment plus il fera facile de fe tromper, en confondant les interfeétions. Si l'on fuit au contraire la route que j'indique, l’on évite cet inconvénient. IL n'eft pas même néceffaire de tracer les réfultats fur une mappemonde; la méthode parle à l'efprit fans avoir befoin du fecours des yeux: on aura alors des Tables de la forme fuivante. La première colonne contiendra les Latitudes; fa feconde colonne, les Longitudes correfpondantes ; la troifième colonne , les diftances obfervées; la quatrième colonne, les différences entre ces: DES SCIENCES. 145$ ces diflances obfervées & celle qui convient aux contads; la cinquième colonne enfin, contiendra le temps écoulé depuis la fortie de la Planète du difque du Soleil. Les raifonnemens deviendront fenfibles, par un exemple. Au refle, on ne doit point être effiayé de la multiplicité des calculs; l'ufage de ces formules fera voir qu'il y a un nombre confi- dérable de facilités que l'habitude feule peut donner. (65.) Pour faire entendre, par un exemple, les facilités que peuvent préfenter les Calculs ; fuppofons que la durée du pañlage étant de fix heures, le milieu du phénomène arrive à une heure du foir, & cherchons fous le parallèle auftral de 101, quel lieu fatisfait à cette condition ; il eft évident que dans ce cas, lon aura 5 — — fin. 104, HN let to; Gre— 0; 21 == 45% Ton aura de plus, G + H = 60, G — H — 3301; & Jon évaluera en conféquence les quantités P, Q,R, S,; T,V, Y. Mais il eft évident que les Calculs que lon fera pour le parallèle auftral, s’appliqueront avec un léger chan- gement, au parallèle boréal de 104. Il ef également évident, que fi on fuppofoit que le milieu du phénomène, au lieu arriver à une heure du foir, arrivât à une heure après minuit, on auroit G — 195%, G + H — 2404, G— H— 1504, Orles finus & cofinus de 2404 & de 1 $0d, ne diffèrent que par le figne, des finus & cofinus de 6od & de 3 30, Un léger changement dans le Calcul, réfultant uniquement de la différence des fignes, fervira donc à calculer la ligne de 1° du matin. On trouveroit enfin des facilités analogues pour la fuppoñition du milieu du pañlage à 11P du foir & à 11° du matin. Au refle, je ne fais qu'indiquer ces facilités, que la fimilitude des finus, & cofnus des angles G + #4, G — H, & la permutation des cofinus en finus, ou réciproquement, indiqueront à ceux qui feront exercés dans ces calculs, Mém 1773. T 146 MéÉmorrts DE L'ACADÉMIE ROYALE Simplficarion de la mérhode générale, dans le cas particulier où le milieu du phénomène arriveroit à midi. (66.) Le cas où le milieu du phénomène arriveroit à midi, préfente des fimplifications dans le calcul; on a alors Go; in Go, dG6=r; P— 02 fn. H,Q =", 0 cof. H; fin. (C—H)—=—fn. H; cof.(G— H)=cof.H; J1 41 439 { ane 1 St — = )Jx——xfn, À, Lu hi 1: gl Le : cp® T—=(— ——)x = * fin. , (V3) (Va) (V3) Le 4 sw cppo cp? ci Ai F en Ft x fin. À — 36004 d 3 2 ENT 2cp9 Aur Y — x TE 3600" € , (b 1) (ba) 3600! & ? RP PRE Rad Cemnit Pine « Y ? (2) Longitude cherchée — heure {H) — heure (a) — b. (A1? (42) (A3) A = — HE — x fin, H + EP x cof. H, B B B CE 7% k EVE Er *(b— 4), (3) ang M — . (a 2 (4) À — rxfin M (67.) Si lon vouloit calculer pour minuit, les formules feroient les mêmes que ci-deflus, à l'exception toutefois, qu'il faudroit changer dans les quantités précédentes, le figne des termes multipliés par fin. Æ{ & par cof. H; & que dans léquation à la longitude, il faudroit changer le terme heure /Æ) en heure (12° + H). DE SOI C TE NICE S 147 TABLE des quantités conflantes relatives à la détermination des lieux , qui le 3 Juin 1769, ont obfervé à midi, le milieu du paflage de Vénus fur le difque du Soleil, ( 68.) Dans les recherches fuivantes , nous fuppoferons la durée totale du paflage de 6" 17’ 10", & la demi-durée de 3" 8” 35"; les deux inftans, lors defquels les diflances des centres de Vénus'& du Soleil étoient égales, auront donc été 8” 5125" du matin, & 3h 8’ 35” du foir; nousaurons alors /S, 7) = 22630", 24 — 11315, H — 47 8 4s", fin. À = fin. 47% 8° 45", cof. H — cof. 474 8’ 45". +4 Log. —+0,798382r, ETS REC —+0,:4973521;, 3600” log. fin. H — 9,8651558, log. cof. H — 9,8325930, log. 2 fin. H = 10,1661858. UN $1 gs? CL ge eq | RUE ES +41 £ = = + 2850350. — = + 427685. [0] Log. 25 = — 0,0504552. Log. _ = — 0,6051828. $, T,. TE (Su) ra (Ti,) 29 xfin. apgxfin. H Log. a = 10,4023484. Log. —— = — 9,84762094 y. 1€ ÿ (Va, TH (Ya) x f. 4 x fin. A RE ni s4r7os. Log, EP — = + 0,152379I. Log. (13,9 (Y2) pcxfin. F4 Le à LP TE = — 01486509. LÉTEP PET AR nes 6991650. (V4) LAnr Free 495825: 148 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A. B. — (A2,) (B2) poxfin. H ER = 07033784 Log — ip = + 44898942. Log. (43) ppoxco H To ne TT NAME g. Àe enr ur (X 13) 3600" 7 pit ; tr Log. PAT = — 4,4898942s Log. —— = 6,0206809. (b2,) t Log. 4 — 7,3546846. E XXE MP LE. (69-) Lors da paffage de Vénus fur le difque du Soleil da 3 Juin 1769 ; on demande quels ont été les lieux particuliers qui ont obfervé une égale diflance des centres, 3" 8° 35" avant € après midi ; c'eff-à-dire, lorfque l'on comptoit dans ces lieux 8h s1° 25" du matin, & 3" 8° 35" du foir. SOLUTION. Il ne s'agit que de faire fucceflivement les calculs pour les différens parallèles terreftres. TYPE DU CALCUL, Pour le parallele auffral de 10 degrés. Calcul de la Longitude du lieu. 4 Latitude vraie — 104 0° o — © 3. 18 Latitude corrigée — 9. 56. 42 M Ho SOA ZE. --LnCE: L ÿ — 9237275 3e = çof, 9. 56, 42...., ER Be = 9993425 5e DES SCIENCES. 149 41 gs? LL qgsw RURE CU t F 2 D ER nn 1 | = + 2850350. D = + 427685. gs qgsw r° + 9,2372753....l0g.5, r + 92372753... .log. 5, — 0,0504552-:..l08. <=. — 0,6051828....Iog. —. 9,:1868201....log.15376, 8,6320925... log. 4286, + LE = 2850350+ 15376 _- = 427685 + 4286 = + 2865726. — + 431971. Log. - Le) = 11,4572370. Log.(+- = 10,63 54600. A) S = + (Si) + 99934255: log. c, + 11,4572370...l0g. ee. _— = £ + 2104506625 10,4023484..,1og (S1,), 11,0483141...10g. 1117700, S = + 1117700...10g. S — 11,048314r. T= + (T1), (Ti) # 99934255...log. c, + 10,6354600...log. + 20,628885s. _ 9,8476209...1og. (T'1,), 10,7812646...log. 604315. T = + 604315...1og T — 10,7812646; S—T—=+ 513385...10g. (S — T) = 19,7104420, 150 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE V=+(Vi)+ (V2) + (V3)+ (Vas (Vi) — 4319714) (V4) = 3495825. (Pa) (V3) + 99934255: - log. 6 + 9,9934255...log. c, — 1,154170$-.. og. (V2), — 0,1486509.. log. (V3,), 8,8392550..-log. 6906. + 9,8447746.. log. 69948. V = + 4004650. ..log. V — 11,6025650. Re (Er) (Y2)... (V2) = 6991650: (F1) + 99934255-e-log. 6, + o0,1523791...108. (Ÿ1,), ‘ 10,1458046...log. 139900. Y=+7131550..l08. F—1 1,8531800...log. 5 —=— 1,8531800, (b:) (b2) + 10,7104420..l0g. (S—T). + 7,3546846...10g. (b2,), ,6025650...lo8. F, — 1,8531800..l0ge ER 1, Lg 082038 08 TRE + 18,9572496, 8,8572620. — 11,8531800...Ïlog. Y, 4:4898942...log. (b1,). 4367367808. 23". B=+ 12685 = 3"3r 25 b—3k—=+ 1370.08. (b— +4) = 6,1367206. D; rm, 7:1040696...10g. 12708"; Si donc l’on veut déterminer la différence en longitude entre ce lieu & Paris; comme Îa conjonction eft arrivée lorfque l'on comptoit à Paris, 10h 15° 2" du foir, l'on a, heure {a) = 104 152"; de plus, heure {Æ)— 3" 835" donc, 4 Longitude cherchée — 3" 8° 35° —roM152"— 3" 31° 25° = — 10h 37. 52" DIE SCT NVCHELE, s1 Je conclus donc que le lieu qui, fous le parallèle auftral de 10 degrés, a obfervé des diflances égales des centres, 3h 8° 35” avant & après midi, eft un lieu plus occidental que Paris, de 10h 37’ $2" de temps; ce lieu eft fitué dans la mer Pacifique près de l'ile Saint-Bernard. Calcul de la diflance obfervée des centres. A+ (A1) — (A2) + (A3)...(A41) = 2865726. (Az): (A3) + 9,9934255...108 & + 9:9934255...log. c. — 0,7033784...log (A2,). — 0,5994430.. dog. (43,). 9»2900471...log. 19500. F9:3939825...1log. 24773. kA = + 2870999...log. À — 11,4580332. B = + (B1) — (B2)...(B1) = 4004650. (B2) + 6,1367206...log. ({b — T4). + 4:4898942...log. (B2,). 10,6266148...l0g. 423270. B— + 3581380...log. B — 11,5540528. tang. Me À, # 21,4580332...log. Ar. + 11,4580332...1og. A. — 11,5540528...l0g. B. + 6,0206809...log. (A1, ) 9:9039804...log.tang. A. DR M = 38 43 0”. + 17:4787141. Log. fin M — 9,7962062. — 9,7962062...1og. fin. M. 7:6825079...log x Diftance des centres — 16’ 33". Puifque le 3 Juin 1769, la fomme des demi-diamètres du Soleil & de Vénus étoit de 16’ 16”, le centre de Vénus avoit parcouru 17 fecondes de degrés depuis fa fortie totale de deflus le difque du Soleil; & comme ff. 1) vers les inflans des contadts, faccroïiflement moyen d’une feconde de degré dans fa diftance des centres vue du centre de la Terre 152 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE répondoit à 19,305 de temps, il y avoit 5’ 29” de temps que Vénus avoit quitté le difque du Soleil lors de la feconde obfervation. La demi-durée du paflage a donc été pour ce lieu, de 3h 8° 35" — 5 29" = 3" 3° 6". (70.) Les calculs précédens, ainfi que nous l'avons déjà remarqué, peuvent, avec quelque légère différence, fervir à déterminer quatre points de la Terre; deux fous le parallèle boréal & deux fous le parallèle auftral. Ces quatre points font ceux relativement auxquels les différens termes des équations ont la même valeur abfolue, & ne diffèrent que par les fignes, Un exemple va nous échircir. Paralléle auflral de 10 degrés. 8 = — fin 9% 56° 42" © — + cofin. 9 56° 24”. Diflances égales à 85 51° 25" du matin, & a 3" 8° 35” du foir. = — = + 2865726. = + s5007r. S = + (Si) = + 1117700. T = + (Ti) = + 604315. S —T—= + 513385. V = + (V1) + (V2) + (V3) + (V4) = + 4004650. Y=+ (Mi) + (M2) = + 7131550. Bb = — (b1) + (62) = + 3h 31° 25". A = + (Ai) — (42) + (43) = + 2870999. B = + (Bi) — (B2) = + 3581380. Le lieu qui a vu le phénomène étoit un lieu plus occi- dental que Paris de 10h 37 52" de temps; ce lieu eff fitué dans la mer Pacifique près de File marquée dans les Cartes #le Saint-Bernard. La diftance obfervée des centres étoit de 26! 33". La durée du pañfage a été pour ce lieu, de 6" 6’ 12", c’eft-à-dire 10’ 58" de moins que pour le centre de ka Terre. Diftances DES IS" CINE NICGPE IS. 153 Diflances égales à 8" 51° 25" du foir, & à 3h 8° 35" du matin. gs Ÿ! É nor 2865726. 47 gs® EE éhoralehte à 431971. — (S5) = — 1117700. — (Ti) = — 604315. T' = — 513385. + (Vi) — (V2) — (V3) + (V4) = + 3850942. — (1) + (V2) = + 6851750. + (bi) + (b2) = + 3" 32° 23". + (Ai) + (42) — (43) = + 2860453. + (Br) — (B2) = + 3408072. DB hi MX OS N CL EE PelL-rETEAl Le lieu qui auroit vu le phénomène, fi le Soleil avoit été fur horizon, eft un lieu plus oriental que Paris de 1% 21 10”; ce lieu eft fitué dans le pays des Cafres. La diflancé des centres étoit alors de 16" 2”,5 ; la duré du paflage a été pour ce lieu, de 6" 25! 52", c’eft-à-dire, 8" 42" plus longue que pour le centre de [a Terre. Parallele boréal de 10 degrés. s — fin. 94 56’ 42“ pofit. c — cof. 94 56° 42" poñit. Diflances égales à 8h 51° 25" du matin, & à 3" 8 35" du foir, / L:13 = RASE = 2834974: (dé Le 87 gso RUN era CE) fs S — + (S1) — + 1104200. T = + (T1) = + 592320. Ur = + 511880. + (V1) + (V2) + (V3) + (V4) = + 3995948. + Mi) + (M2) = + 7131355 — (bi) + (b2) = + 3h 30° 58". + (Ai) — (42) + (43) = + 2840218. + (B1) — (B2) = + 3582878. Mén, 1773. U BAR SNS UUun 254 MÉMoiREs-DE L'ACADÉMIE RoYALE Le lieu qui à vu le phénomène , eft un lieu plus occidental que Paris, de 108 37 25" de temps; ce lieu ef fitué dans la Mer pacifique. La diftance obfervée des centres étoit de 16’ 29"; la durée du pañlage a été pour ce lieu, de 6!" 9! 3", c'eft-à-dire, 8° 7° moins longue que pour le centre de fa Terre. Diftances égales à 8h $1’ 25" du foir, & à 3" 8° 35” du matin, _ LE = + 2834974 26re HE = 483309: € r S — — (Si) = — 1104200. TN (Ta) == 592320: S — TT — — 511880. V = + (Vi) — (V2) — (V3) + (V4) = + 3842468 YF = — (Ya) + (T2) = + 6851945. Bb — + (bx) + (b2) = + 3h 31° sis A = + (Ai) + (Az) — (43) = + 2829688. B — + (B1) — (B2) = + 3408078. Le lieu qui auroit vu le phénomène, fi le Soleil avoit été fur l'horizon , eft un lieu plus oriental que Paris de 1P 21 38"; ce lieu-eft fitué dans l'intérieur de l'Afrique. La diftance des centres étoit alors de 15° $8” ; la durée du pañlage a été pour ce lieu, de 61 28/48”, c'eft-à-dire, de 11’ 38" plus longue que pour le centre de la Terre. (71.) Je vais donner maintenant la Table des différens lieux de la Terre, qui, le 3 Juin 1769, ont obfervé des diftances égales des centres du Soleil & de Vénus, à 88 5125 du matin & à LÉ 8" 35" du foir; & par conféquent le milieu du pañage à midi. Je donnerai pareïllement la Table de ceux qui auroient obfervé des diflances égales des centres, à 8h 51° 25” du fox & à 3° 8° 35" du matin, fi le Soleil avoit été levé pour ces lieux: ces Tables ferviront à déve- lopper les idées que j'ai annoncées dans le $. 4. J'ajoutera de plus, que, relativement aux lieux qui ont obfervé des RP m'est © TR N° CLE:S 155 diftancés égales des centres à une même diflance de midi, les phénomènes font affectés le moins qu'il eft poflible des erreurs réfultantes de la différence des réfraétions ; puifque les hauteurs du Soleil fur l'horizon, font les mêmes lors des deux phénomènes. TABLE des Lieux qui, le 3 Juin 1769, ont obfervé des diflances égales des centres à 8" S1°25$" du matin ë7 à 3" 8 35° du foir. DiFFÉRENCES d TEmPs Latitudes | LONGITUDES entre les 3 1h DI1sTANCES|diflancesobfervées écoulé 5 des des centres. & celle d depuis la fortie LIEUX, LIEU x. qui répon aux contads. |dudifque duSoleil, M S — A+ 12, — 3. 4. c . — 1. 56. 10. 36. 40. | 16. 13,5] — 2,5. — 0. 48. oe. COP 2 NT CA ENE E CECE + © 9. 10.) 36. So. | 16. 20 + 4. + 1. 18. 10. 36. 518. 16: 23,5 | +41 7,5 + 2. 25. 10. 37e 5. | 16:26,5| +lro,s + 3e 24 10.720 T0 :029 + 13. de 3: 10. 37 30. 16.1 31 + 15. + 4 47: CEE 722 16: 33 + 17: + 5. 29. ORNE CON CR Er + 18. + $. 49. 10.438014 | 120.1425 + 19. + 6. 8. 10. 38. 26. | 16. 35 + 19 + 6. 8. 10. 38. 37. 16. 34,5| + 18,5 CCD. 10. 38. 46. | 16. 34. + 18. + 5: 49. 10. 38. 53 | 16. 33. + 17: + 5. 30. 10. 38. 59. | 16. 31. + 15. + 4 49. tal ati te 16. 28. + 12. + 3: 52. ER RE EMI PRE EC ONE Le 156 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des lieux qui, auroient pu obferver des diflances égales des centres, à 8 5125" du forr, à à 3" 8' 35" du matin. DIFFÉRENCES| Temps entreles papes a CE te à DisTANC ES |diftancesobfervées écoulé des des des centres. & celle depuis la fortie RE Rte PS sr. - [di difaue du Sole Degrés RSR MC QE. Sec M. 5. 90.Â. + OPEN 16. 28 + 12. Æ, 354 80. I. 20. 2obr.|. 16°) 2 + 9. + 2. 54. 70. 1. 20.120.0Ar6/27,5 | 055 + I. 46. 60. 1. 20. 22e [MIO CS + 2 + o. 38. so. Te 2020 | TION SD T,S — 0. 28 40. T2 O2 0 |NEUO SR 1-55 — Ie 37. 30. T2 OA | NOIRE — 8 — 2. 3$e 20. 1.20% 54e NOUS ;5 = VTo, 5e — 3. 22. 10. 1 MONO NRC VS — 13,5: — 4: 21 o. ER D 0 UE LICE — 16. — 5j. 10. 10.B. 21-4380 |0m5.58e — 18. — $. 49. 20. 1. 21. 48. | 15:56,2|)ù —! 19,8. — 6. 25. 390. 1021. 58 SR S5-2 | 126,6 — 6. 40. 40. 1e 225 006] 15-5521 e—)20,8. — 6. 43. $0. 1.022000 MS 0 INR 120,4% — 6. 36. 60. 1:122.02100 NI S C6 TI9 Se — 6. 18. 70- 10022. 0200RT es 0e — 18. — 5. 49. 80. 1.022 IGN o: — 16. — $. 10. DOM da ceiseeillIT ere — 13. — 4. 12 Nous remarquerons ici que fi l’on prend avec des fignes contraires, le double des nombres de la dernière colonne des Tables précédentes, on aura l'expreffion de la différence entre la durée du paflage dans chaque lieu, & la durée du paffage vu du centre de la Terre. Nous remarquerons auffi que les courbes des élongations ifochrenes fe coupent toutes aux pôles, Nota. La longueur de ce travail à la quantité d'autres matières qui doivent trouver place dans ce Volume, m'obligent de remettre à une autre anne la publication de la fuite de ce Mémoire. AY SX A D EMSNS CT E NE € EL s. 157 mms ame M ŒE-M O0 LR E CONTENANT Les Obférvations des deux Comites qui ont paru en 1766, obfervées de l'Obférvatoire de la Marine a Paris ; la première découverte le 8 Mars, pres du lien des Poiffons ; la féconde près de la Mouche : ce Jont les cinquante-cinquième èr cinquante - fixième Cornêtes dont les orbites aient été calculées. Pa M MESsSsIER. Première Comère de 1 766, la LV: LT: 8 Mars, le ciel ayant été parfaitement ferein pendant la journée & le foir, je profitai de ce beau temps pour chercher le fatellite que l’on avoit prétendu voir à Vénus il y avoit quelques années , j'employai à cette recherche un excellent télefcope Grégorien de 30 pouces de foyer, le grand miroir ayant 6 pouces de diamètre , groflfloit cent quatre fois le diamètre des objets : après bien des recherches, je ne pus rien découvrir , fi ce n’eft de petites Etoiles télefco- piques qui environnoient {a Planète de Vénus : j'employai aufii à cette recherche, une très-bonne lunette achromatique de cinq pieds de foyer, conftruite à Paris, par M. de l'Ettangs, & ce fut en recherchant ce fatellite avec cette lunette, que Je découvris à quelque diftance de Vénus, une nébulofité qui avoit peu d’étendue , lefcentre en étoit lumineux : le temps ne me permit pas de m’aflurer fi c’étoit une Comète ou une Étoile nébuleufe , tout ce que je pus faire avant fon coucher, fut d'en déterminer la pofition , en la comparant directement à une Étoile de quatrième grandeur, que je ne pus reconnoître ce même foir, & je remis au lendemain la vérification de cette découverte. Je confultai après cette 28 Juillet 1773. w Ÿ v M y Ÿ w Ÿ w M v2 M 158 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE obfervation, les Cartes céleftes de Flamfteed, fur lefquelles j'avois rapporté toutes les Etoiles nébuleufes que j’avois décou- vertes depuis plufieurs années, j'en trouvai une fur ces Cartes, rapportée à peu de chofe près , au même endroit du ciel, que j'avois obfervée le 25 Août 1764; fa defcription en étoit rapportée aïnft dans mes Journaux d'obfervations : « J'ai travaillé à la recherche des nébuleufes Ja nuit du 25 au 26 Août 1764, j'en ai découvert une près de l'Étoile & du grand triangle, que je comparaï à cette Étoile, pour en déter- miner fa pofition : cette nébuleufe eft une tache blanchître, qui a quinze minutes de diamètre , d’une lumière prefque égale, cependant un peu plus lumineufe fur la droite: elle fe voit difficilement avec une lunette ordinaire d’un pied. » /a) Je préfumai que c'étoit cette nébuleufe que je venois d’aper- cevoir , & j'avois perdu toute efpérance pour le lendemain : mais je trouvai au contraire, le jour fuivant, que ce que j'avois vu la veille, avoit changé de pofition, s'étant rapproché de l'Étoile, avec laquelle je Favois comparé la veille , & je reconnus que l'Etoile étoit n du lien des Poiflons, qu'on trouve dans le catalogue des Étoiles zodiacales , inféré dans le rome VI des Éphémérides de M. de la Caille. Je déterminai de nouveau, fa pofition de la Comète à l'égard de cette Étoile avec beaucoup de foin , en employant un télefcope Newtonien de quatre pieds & demi de longueur , auquel étoit adapté un micromètre à fil de foie, qui s’'inclinoit dans tous les fens. A 6h 55’ 4” de temps vrai, la Comète étoit occi- dentale à l'Étoile de 14 2° 15”, & plus au Nord de 26/ 40"; de ces différences & de la pofition de l'Étoile, réduite au temps de cette obfervation, de 194 45° 1” pour fon afcenfion droite, & 144 8’ pour fa déclinaifon boréale, des différences & de la pofition de l'Etoile, il réfulte l'afcenfion droite de la Comète, de 18442! 46", & fa déclinaifon 14% 34° 40" boréale : le noyau de la-Comète fut encore comparé le même foir, deux fois à la même Etoile, les pofitions font {2) Sa poñition eft rapportée dans les Mém, de l’Açad. année 1771, pr 448 DE SINS CII EN ACCES 159 rapportées dans la Table qui eft à la fuite de ce Mémoire. Le 10 Mars, à 649" 52" du foir, la Comète avoit la même. afcenfion droite que l'Etoile n des Poiflons, elle étoit plus au Nord de 2° 38”. De ces diflérences & de la pofition de l'Étoile , rapportée à l'article précédent, il réfulte l'afcenfion droite dela Comète, de 19%45° 1", & fa déclinaifon 14 10’ 38" boréale: la Comète fut encore comparée le même foir, plufieurs fois à la même Étoile , on en trouvera les pofitions dans Ia première Table. Le 11 au foir, le ciel parfaitement ferein, je revis da Comète auflitôt que les Étoiles purent paroître : ces appa- rences étoient les mêmes que la veille, fa lumière étoit égale à celle de l'Étoile cent unième du Bélier, que Flamfteed, dans fon catalogue , marque de fixième grandeur, je comparai le noyau à cette Etoile & lEtoile n des jours précédens; à 6h 53’ 47" temps vrai , là Comète étoit orientale à nde $s9'45", & plus méridionale de 2 1’ 25”; de ces différences & de Ia pofition de l'Étoile, ilréfulte l'afcenfion droite du noyau de la Comte, de 20% 4446", & {à déclinaifon 1 3446! 3 s”, les autres pofitions de la Comète font rapportées dans la Table, Le i2 Mars, le ciel également ferein comme le 11, Îa Lune dans fon premier quartier, je revis la Comète que je comparai plufieurs fois à l'Étoile cent unième des Poiflons & une fois avec n; à 6" 56! 28" la Comète étoit orientale à l'Etoile cent unième, de $ 0’ 37" & plus méridionale de 4'4 5", De la pofition de l'Etoile, déduite par obfervation , en la comparant directement à n des Poiflons & des différences rapportées ci-deflus, j'ai déduit l'afcenfion droite du noyau dela Comète de 2 1% 39’ 43", & fa déclinaifon 13%2 345". Le 13, je revis la Comète auffitôt la nuit clofe, la Lune étoit dans fon premier Quartier & peu éloignée de la Comète; j'en comparai le noyau aux mêmes Étoiles de la veille, la cent unième & n des Poiflons. A 6" 49° 46" de temps vrai, la Comète étoit orientale à l'Étoile cent unième, de ad 42! 15" & plus méridionale de 26° 44”. 160 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai déduit de ces différences & de la pofition de l'Étoile’ Jafcenfion droite de la Comète de 224 31° 21°, & fa déclinaifon 13% 1° 46". On trouvera dans la Table, les autres déterminations du lieu de la Comète, Le 14 Mars, le ciel ferein comme les jours précédens, je vis la Comète qui paroifloit aflez belle , fans pouvoir reconnoitre fi elle augmentoit ou diminuoit de lumière, à caufe de fon voifinage à l'horizon & de la lumière de la Lune. Je comparai jÉ noyau à la cent quatrième Étoile des Poiflons, feptième grandeur fuivant le Catalogue de Flamfteed & à l'Étoile . À 6° 53 le noyau de la Comète étoit oriental à la cent quatrième Etoile, de 1440/ 52", & plus au Sud de26'" 50". : De ces différences & de la pofition de l'Étoile, déduite de fa comparaifon avec n & la cent unième des Poiflons , il réfulte Fafcenfion droite du noyau de la Comète, de 234 2216", & fa dédinaifon 124 39’ 40". Les autres pofitions de la Comète à l'évard de n font rapportées dans la Table. Le 1$ Mars, je revis la Comète par un ciel entièrement ferein, fa lumière étoit confidérablement diminuée , foit à caufe du crépufcule , ou de la lumière de la Lune & du voifinage de la Comète à l'horizon, où il y a toujours beaucoup de vapeurs. Je comparai le noyau à la même Etoile cent unième des Poiflons. À 7" 6! 3” temps vrai, le ap de la Comète étoit oriental à l'Étoile de 34 16’ 45”, & plus méridional de 19 10’ 28”. : De ces différences & de la pofition de l'Étoile, il rélulte Fafcenfion droite du noyau de la Comète de 244 5" sun & pour fa déclinaifon r 24 18’ 2” boréale. Je comparai encore deux fois la Comète à la méme Étoile, les pofitions font rapportées dans la Table de ce Mémoire. Le 16, le ciel couvert toute la ; journée , fut aflez ferein le foir, mais il y avoit du brouillard, ce qui empêcha de revoir la Comète. Le 17, par un ciel entièrement ferein , je recherchai encore la Comète, mais ce fut inutilement, elle n’étoit plus vifible _. D'æ's4:$ © É E NAC'E:S 16%: vifible à linftrument , foit à caufe du crépufcule , de Ja lumière de la Lune ou du voifinage de la Comète à l'horizon: ainfi, c'eftle 15 de Mars que fut faite ma dernière obfer- vation fur la vifibilité de cette Comète ; fon apparition n'ayant été que de huit jours. Voici l'explication de la Table qui contient le réfultat de mes obfervations ; la première colonne contient les jours du mois. La feconde, les temps vrais de chaque obfervation. La troifième , les afcenfions droites de la Comète obfervée, * La quatrième, les déclinaifons de la Comète. La cinquième , la différence des pañages en afcenfion droite, entre la Comète & les Étoiles, affectées des fignes + & = pour qu'étant ajoutée ou fouftraite fuivant le figne de l’afcenfion droite de l'Etoile, avec laquelle la Comète a été comparée, on ait lafcenfion droite de la Comète. La fixième colonne, contient les différences en déclinaïfon entre la Comète & les Étoiles , marquées de même que les précédentes des fignes + & —. La feptième, contient la grandeur des Étoiles. La huitième, les lettres de Bayer & les numéros cent un & cent quatre des Poiflons, fuivant l’ordre du Catalogue de Flamfteed : cette explication fera la même pour la Table des pofitions de la feconde Comète rapportée à la fuite de ce Mémoire. La feconde Table, contient les afcenfions droites & les déclinaifons des Étoiles qui ont fervi à la détermination du lieu de la Comète, leurs pofitions réduites au temps des obfervations, n'y ayant fait d'autre réduétion que celle qu’on trouve dans les Catalogues, fous le titre de Fariation annuelle. Min, 1773. X 363 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . TABLE des pofiions apparentes de la première Comte obfervée en 1760, comparée aux Etoiles fixes, depuis le 8 Mars, jour de fa découverte, jufqu'au 1$ du même mois , qu'elle ceffa de paroître aux inffrumens. ; M DiFFÉRENCE aie ÉTOILES Temps |ASCENSION| DÉCLINAI. DirrérencE | 43 | =° droi È en afcenfion mn: EN avec lefquelles vrai rolté | ,, Borcale te en déclinaïfon | +2 | mx Me obfervée, PRE Ë CHER: DE NES obfervée. : ar les Etoiles, SIENS KE : par les Étoiles. |P 8e a été comparée, D, M. S.| D, M. s.|D M. S Mars. 8 17 39: #6/ 14 58. 11|2. $ÿe 15 —|o. 50. 11 + n |des Poifons, 9 8. 42. 46|14. 34, 4o]1+ 2: 15 —|o, 26. 40 + n |la même. 18. 44 46|14. 35. 3|r. 0. 15 —|o. 27 3 + n |la même, 18. 45. 37/14. 31. 4[o. 59. 24 —|o, 23. 4 + n [la même, 19. 45. 1lræ 10. 38[0. oo. o. 0, 2. 38 + #n [la même 19. 45« 31/14. 10. 37/[0+ 0. 30 lo. 2. 37 + n |la même, 19. 45e 46/1q 10. 2/0. 0 45 lo. 2. 2 + n |la même. 19, 47. 1614 9. 33/0. 2. 1$ H|o. 1. 33 + n [la même. 20. 44. 46|13. 46. 3510. 59. 45 +|o. 21. 25 — n |la même, 20. 45. 31|13. 46. 101. 0. 30 +|ao. z1. 50 — n |la même. 20. 45. 3613. 46. 24/0. 3. 30 —|o. 17. 54 + tot |des Poiff. fuiv. Flamfi, 20. 46. 613: 46. 13[0. 3. 0 —|0. 17. 43 + 1or |la mème, 21. 39- 4313. 23. 450. So, 37 lo. 4. 45 — la même, 21. 40. 13/13. 23. 48|0. $1. 7 lo. 4.42 — rot |la même, 101 |la même. n |des Poiffons, 1o1 |la même que deffus. 101 |des Poiff. fuiv. Flamfi. n |des Poiffons. n |la même, 104 |des Poiff. fuiv. Flamft. #n |des Poiflons. n |la même, or |des Poiffons ci-deflus, rot |la même. NO DB NB Q DR © À © © DR BB À PR b Æ RP So 21. 40. 43/13. 23. 52/0. 51. 37 +|o. 4 38 21. 42, 16/13. 22, St|1. 57. 15 + |o. 45. 9 21. 44 S1|13. 23. 58|o. $5. 45 +|o. 4, 32 — 22, 31. 21]13. 1. 46|1. 42. 15 + |0. 26. 44 — 22, 32e 1h13. OO. 1912. 47. O His 7e 41 — 22, 36 113, oo. 18/2. sr. oo +|r. 7. 42 — 23° 22+ 1012. 39. 40|1. 40. 52 +|o. 26. 50 — 23° 22, 46|12, 38. 46|3. 37. 45 +|1. 29. 14 — 23. 20 D|N2-08 0,333. 40 O0 + [1e 29. 27 — 24 Se 51/12. 18° 2/3. 16. 45 + |. ro. 28 — 24 8. Sir2. 17. 27|3. 19. 45 +1. 11 3 — 34e 9e 21/12: 17. 7|3e 20, 1$ [re 11. 23 — 101 [la même. ER RE REA PEUT LT D EIRE C2 ORNE RE APT RETENIR FEES PARA EU EU SSD DE LUE 2 a CE NEA ET TT DiEkrs, Sci em ces, 167 TABLE des aftenfions droes r des déclinaifons des Évoiles avec lefquelles la première Comète de 1 1766 à été comparée : leurs pofitions réduires au Lemps des obfervarions. ÉToires qui ont fervi ASCENSION | DÉCLINAISON droite, boréale. SP ou Uf 2P S21n27 à la détermination Sajloz sp Anopuètey du lieu de la COMÈèTE. ‘521101 134 a D. M. S D. M. | | a le Te n |des Poiffons, déd. du catal. de M. de la Caille, Comète comparée les 8, 9, 10, 1 ME 12, 13 & 14 Mars, o Fa 19, 45. 1/14 :8. 20. 49. 6113. 28, 30| 6. |ror.|des Poiffons, Flamft, déduitelt de » par obfervat. Comète . comparée Îles 11,12, 13 & 15 Mars. 21. 41. 24113. 6. 30| 7. |104.Ïdes Poiflons, Flamft. déduite Ayant communiqué à M. Pingré, la Table du réfultat des obfervations que je viens de rapporter , il en a déduit les Élémens de l'orbite de la manière fuivante. Voy. Mémoires de l'Académie, année 1766, page 42 3; où il rapporte en Tables la comparaifon de mes obfervations avec la théorie propofée. Deendiafcendane ed. eme Ni 9 4 10° 50” Inclinaifon de l'orbite. ....,., ss... ©. 40. SO. 20. Lieu du périhélie.,........... so. 4e 23e 15. 25. Logarithme de la diflance périhélie. ... 9:793570. Paffage au périhélie, 17 Février 1766, à 8h So’ temps moyen, au méridien de l’'Obfervatoire royal. La Comète rétrograde, SECONDE COMËÈTE obférvée en 1766, la LV: * Le 12 Avril 1766, je lüs à l'Académie une annonce de cette Comte, ayant pour titre: Découverte Obfervations X i ï64 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'une nouvelle Comte, différente de celle qui a été obfervée dy a environ un mois dans la conflellation des Poiflons. Cette annonce eft imprimée dans le fixième volume des Mémoires préfentés à l’Académie par divers Savans étrangers, page 92, & contient le détail de mes premières obfervations; favoir, celles des 8, 9, 10 & 11 Avril. On y aura recours pour le détail de chacune de ces obfervations : je ne rapporterai ici que ce qui fut obfervé depuis, avec une Table plus ample de tous les lieux déterminés de cette Comite. Le 12 Avril, ciel ferein, entre 7 & 8 heures du foir, je recherchai, avec une lunette ordinaire de 3 pieds +, montée fur une machine parallattique, l'Étoile & de la tête du Bélier, l'ayant trouvée dans un grand crépufcule & ayant reconnu par les obfervations des jours précédens , que fa Comète devoit fe trouver, à peu de chofe près, fur le parallèle de cette Étoile : après avoir obfervé le paflage de & au fil horaire du micromètre, j'attendis celui de fa Comète, qui devoit y pafler 20 minutes de temps environ après celui de l'étoile : la Comète y fut obfervée comme je Vavois prévu, & je répétai une feconde fois l'obfervation à 7° 39° 5” temps vrai. La Comète fuivoit & du Bélier au fil horaire de 44 58’ 45"; elle étoit inférieure à l'étoile de 41° 39". De ces différences & de la pofition de & du Bélier; déduite pour le temps de cette obfervation du catalogue des étoiles zodiacales de M. de la Caille, il réfulte l’afcenfion droite de la Comète de 334 29! 23", & pour fa déclinaifon 214 39’ 1 6" boréale. La feconde détermination dela Comète eft rapportée dans la Table qui fuit ; la lumière de la Comète étoit très-foible, le noyau mal terminé, la queue n'avoit qu'un degré & demi environ de longueur, & étoit dirigée vers la trentième étoile du Bélier, fuivant l'ordre du catalogue de Flamfteed : les apparences de la Comète n'étoient en grande partie diminuées que par le grand crépufcule qui régnoit alors, lequel fe trouvoit encore augmenté par la grande lumière de la Lune qui étoit fur l'horizon, DES SCcirENCcESs. 165: Le 13 Avril, le ciel étoit également ferein comme à veille ; néanmoins il y avoit des nuages à l'horizon, du côté du couchant : je recherchai « du Bélier, mais pour fa Comète il ne fut pas poflible de la revoir. Le lendemain 14, le ciel fut entièrement couvert le foir avec pluie: j'abandonnaï les jours fuivans 11 Comète, prévoyant qu'on ne pourroit plus la revoir à caufe de fon coucher dans un grand crépufcule ui augmentoit chaque jour : ainfi ma dernière obfervation EE fixée au 12 Avril. L'apparition de cette Cométe n'ayant été que de cinq jours. TABie des Lieux apparens de la feconde Comète obfervée en Avril 1766, comparée aux Etoiles fixes. , Re tn Ê y D1IFFÉRENCE ; a Zz 2 ERO ILES ASCENSION | DÉCLINAIS. ; DiFFÉRENCE| 8 o | $ € ÿ en afcenfion beau. tt 3 a * avec lefquelles droite Boréale d en déclinaifon | 3 ME + bervé bfervé droite Ées LG FE 2 m1 la Comète ervée, ervee. 0 S F4OIES.| # 7 ET PRE » P g par les Etoiles. Fe 5 3 a été comparée. mm a | RER EE Le) du Bélier fuiv. Flamift, À la même, la même. du Belier fuiv. Flamft- } acterminée, 5 du Bélier ci-deffus. déterminée celle ci-deff. du Bélier ci-deffus, la même que ci-deffus. ; la même, ss... nssorsnos De 2% 59 loss ssssssoss b osseuse | 25e 5° Tlosess soso déterminée, du Bélier. du Bélier fuiv. Flamft, la même que ci-deffus. À la même que ci-deflus. Ja même que ci-deffus. la même que ci-deffus, À du Bélier, la même, Us EEHUUUIHENHEHEHHEE EE R RAR - b - N O R = db a même, Ù b b a SN ae unuee) 166 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE T'ABLE des afcenfions droites à” des déclinaifons des Étoiles, avec lefquelles la feconde Comète, obfervée en 1766, a été comparée, leurs pojiions réduites au temps des obfervations. , k ÉTOILES qui ont fervi ASCENSION | DÉCLINAISON x À 7 “As d ù à la détermination droite. boréale. : 4 du lieu de la COMÈTE. du Bélier, Flamft. déduite des Éphém. de M. de la Caille, Comète comp. le 8 Avril. déterminée par la 33.° du Bél. fuivant Flamftéed, Comète comparée le 9 & le 10. déterminée par la même, Com: comparée le 9 & le ro. vérifiée par laï4 1 .® du Bélier, Comète comparée Île 9. du Bélier , fuivant Flamftéed , comparée à celle ci-defius , n.” 2. Com. comp. le 10. du Bélier, déduite du catal. zodiacal de M. de la Caille, Comite comparée le x 1 &le 12 Avril. 36. 46. 26 20: 1EZ-1l 0 35. 51: 34/23. 46. 6 28. 30: 38|22. 20. 55 Ayant communiqué à M. Pingré le réfultat de mes obfer- vations, & ayant pris un milieu entre les obfervations faites chaque jour, il en a déduit les élémens de l'orbite de cette Comte de la manière fuivante : Lieu du nœud afcendant., ....: se 17 174 22° 19° Inclinaifon- de: l'orbite... .,........4. Oo Ne TO AS. Longitude du Périhélie........:. CR ONZE ARLEE Diflance au périhélie. 0,63682 s.….log. de la dif. périhélie 9,804020. Pañage au périhélie 17 Avril 1766 à o* 26° 13° temps moyen, méridien de Paris, mouvement direct. Mem. de LAcad.R. des Se. Ann.1 78.ÆPage 266.PL, V; serves \a L'Observatoire de la Marine 2 PARIS. la premiere decouverte r le ? : à / ; decouverte ln rio apres Z2 PrErnere, Observee Les 8, 9,10,1,12.Avr 1 25 20 15 J'eplentrionale * | #! | Il EE] ox x # \ ‘ i = — j : À © TA hr Li - # Cp y $ JT KT >; È } / de 2 S 5 140 # À ann —— Hem. de UAcad.R. des Se Ann:1778. Page 166.PL, V: CARTE CELESTE qui represente le Route dar deux COMETES de 2766-Observss à lObrervabotre de la Marine 2 PARIS. lo première dééouverte de 8Mans au vatr Chrervee las B,9,10,u,19,18,14, 15. du même mois. La Seconde verte ri mois après lz première, Obrervék las 8,9,10,2,12 Avril. #1 5 ES a { Septentreon ade STE rasren Dex Dechnauson Grandeur das Etoiles HO drole e— Grave par F le Couss, d'après & Danean de M Mani DES ScrENCESs 167 COMPARAISON de mes Obfervations avec les Élémens. Par M. PINGRÉ. ! LarTiTup.| LATITUD, obférvée. | calculée, PSILONGIT.| LONG1T. à Len DiFrér. “A1JqO SP 21quioN ne nn | M, 5, | D. M. 5, |D, — 1: 56/9. 17. 18]9. 19. 34 2. 108. 58. 2618. $9. 1, 4018. 38. 1018. 35. 2. 12/7. 42. 47]7. 44. 3 ÿ 6 2 D'après les élémens que je viens de rapporter, M. Pingré calcula les éphémérides de cette feconde Comète pour les mois de Mai & de Juin, efpérant qu'on pourroit la revoir le matin à fa fortie des rayons du Soleil; mais pendant ces deux mois le temps fut fi: peu propre à la rechercher, que maloré l'attention que javois de faifir les intervalles où le ciel étoit clair, il ne fut pas poffible de la découvrir; la faifon étoit auffi peu propre à ces recherches; c’étoit le temps R des plus grands jours où il n’y avoit prefque point de nuit. Je joins à ce Mémoire une Carte célefte, fur laquelle j'ai tracé la route apparente que les deux Comètes de 1766 ont tenue parmi les Étoiles fixes. La première, depuis le 8 Mars jufqu'au 1 $ du même mois qu’elle ceffa de paroître. La feconde, depuis le 8 Avril jufqu'au 12 qu'elle difparut ‘dans un grand crépufcule : les conftellations que repréfente cette Carte, font le Poifon feptcntrional, Xe Bélier, le petit 4 Triangle & la Mouche. 168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE OBS ER VA D'OUM. D EVLTA CONJONCTION DE JUPITER APCE LUN'E, Le 7 Août 1773, au matin. Par M. CassiNI DE THURY. + AE E ne m'attendois pas à faire cette Obfervation , qui n'étoit 5773. J annoncée dans fa Connoiffance des Temps , que pour le 14 de ce mois; mais comme je devois pafler la nuit pour plufieurs obfervations des hauteurs des Étoiles, & particuliè- rement pour celle de deux éclipfes des Satellites de Jupiter, je reconnus bientôt en regardant la Lune & Jupiter, que les deux Planètes approcheroient fi près l'une de l'autre, qu'il étoit douteux S'il n'y auroit point d'éclipfe ; mails en même temps, je voyois avec peine, que la proximité de la Lune, de Jupiter , m'empécheroit peut-être de bien faire l’obfer- vation de ces deux Eclipfes, dont je voulois profiter pour faire la comparaifon de la bonté & de la force de la lunette de Dollond, dont feu libbé Chappe seit fervi, avec celle du feu duc de Chaulnes; j'avois remis à M. Wallot, la lunette de labbé Chappe, pour qu’il fit lobfervation correfpondante, à l'hôtel de l'Ambaffadeur de l'Empereur. La première éclipfe du premier Satellite, devoit précéder le paffage de la Lune au Méridien, & par les obfervations des pailages de la Lune & de Jupiter par les fils horaires d’une machine parallatique, je reconnus bientôt, qu’à l'heure de lécliple du Satellite, la Lune & Jupiter feroient prefque dans la même ouverture de la lunette, & en même temps que Jupiter ne feroit pas écliplé. : Quoique le ciel füt clair, il y avoit cependant autour de la Lune, D'EIs IS CÉE NC E*S 169 la Lune, des nuages fort léers, qui n'empéchoïent point de voir les Satellites, mais ils paroïfloient fautiller, & dans une agitation qui fembloit les déplacer. A 3h 17, le Satellite paroiïfloit diminuer de grandeur. A 3" 17' 36" je jugeai limmerfion, mais je fus en doute pendant 1 $ fecondes, là caufe du fautillement dont j'ai parlé, qui faifoit tantôt paroître & difparoître le Satellite. J'obfervai en outre le pañfage du dernier bord de la Lune au Méridien, TARA EE EL RRCA SN. oh 24° .40) & celui de Jupiter à...... FRA TE OCDE 22 7- 12- La hauteur du bord dela Lune fut trouvée de..... 43% 39° 0" code lnpite MO EEE ac .… 43e 26e 35e Je retournai enfuite à ma lunette, on voyoit dans fon ouverture, Jupiter & un bord de la Lune, les Satellites paroifloient diftinftement , mais toujours avec le même fautillement; à 3" 36 le fecond Satellite diminuoit déjà de grandeur, & à 3° 37! 2" je le perdis entièrement. M. Wallot, en me faifant part de fon obfervation corref- pondante , me dit qu’il doutoit beaucoup de fon exa&itude , à caufe de l'agitation des Satellites, qui lui avoit fait paroître & difparoître celui qui devoit être éclipfé. Comme j’avois obfervé la même chofe, dont j'attribuois la caufe plutôt à l'effet des nuages légers qu’à l’atmofphère de la Lune, comme quelques Aftronomes l'ont cru, j'ai jugé que notre obfervation méri- toit d’être rapportée avec cette circonftance. Men, 1773, | LA 18 Août 1773" 170 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SE-R, LA DE AAIAN A TION DE LA LONGUEUR DE L'ANNÉE. Paj : M... B,4 EL LAY. O N a déjà foupçonné que la révolution du Soleil eft plus courte aujourd'hui qu’elle ne l'étoit autrefois: cette queftion ne peut être décidée d’une manière complète que par une longue fuite d’Obfervations exattes, qui nous manque, & qui nous manquerà encore long-temps. I eft peut-être poffible d'y fuppléer par des probabilités ; j'en ai découvert quelques-unes qui m'ont paru très-fortes , que je vais propofer dans ce Mémoire. M. Caflini / a) a déduit de la période de fix cents ans, dont Josèphe fait mention, que les Auteurs de cette période, faifoient la longueur de l'année de 365i 5" 51" 36”. Il faut remarquer que cette détermination de l’année eft fufceptible d’une certaine précifion, parce qu’elle eft fondée fur un intervalle de fix cents révolutions. Si on a quelque objeétion à former, ce n'eft pas que cette année foit trop longue, c’eft plutôt qu'elle doit être trop courte, parce que M. Caffini a fuppofé que fept mille quatre cents vingt - une révolutions lunaires, chacune de 2 oj 12h 44 3", répondoïient à fix cents révolutions folaires. Si le mouvement de la Lune s'accélère, comme M. Mayer /&) & moi /c) avons tenté de le prouver, les fept mille quatre cents vingt-une révolutions de la Lune & les fix cents révolutions folaires qui y répondent, embraf- foient alors un plus long intervalle de temps; & l'année qui en eft déduite doit être plus longue que 365 5" 51 36”. (a) Mémoires de l’Académie des Sciences, tome VIII, page 7: (b) Mémoires de Goettingen, année 1752. (© Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1763. D ENGINE INR ETES 771 Cette année & la période de fix centsans, ont eur époque dans des fiècles très-reculés, car Hipparque , ancien Aftro- nome, inftruit particulièrement de l’aftronomie des Chaldéens, n'a point connu cette période. Il examine plufieurs périodes des Chaldéens, telles que celles de deux cents vingt-trois & de fix cents foïxante-neuf mois lunaires ; il ne parle point de celle-ci. Bérofe, à la vérité, cite une période des Chaldéens, de fix cents ans; mais fi fes avantages avoient été appréciés par ce peuple célèbre, Hipparque l'auroit connue , en auroit fait mention, l’auroit examinée comme les autres. Il eft donc clair que cette période, quoique connue à Babylone, y étoit négligée, oubliée même, du moins quant à fon exactitude. Alors, pour trouver Île temps de fon inftitution, il faut remonter au-delà des dix-neuf cents trois années d’obfervations fuivies, que Callifthène trouva à Babylone, & conféquemment au - delà de deux mille deux cents trente - quatre ans avant Jéfus-Chrift. On conviendra que quinze cents ans qui fe font écoulés, fuivant les Septante, depuis le Déluge jufqu'à l'époque des obfervations chaldéennes, ne fuffhifent pas pour l'établiffement & pour l'oubli de cette période; il faut donc la placer avant le Déluge, c’eft-à-dire, plus de quatre mille ans avant J. C. C'ef le fentiment de M. Cafini : d’ailleurs Josèphe l'attribue nommément aux Patriarches qui ont précédé le Déluge ; mais les raïfons que je viens de déduire , me paroiflent encore plus démonftratives que le témoignage de Josèphe : ces raifons font développées avec plus de détail, & mifes dans un plus grand jour, dans mon hiftoire de l’Aftronomie ancienne. M. le Gentil, dans le Mémoire intéreffant fur Aftronomie des Indiens, qu’il vient de lire à l Académie, nous apprend que leur année eft de 365j 5" 50’ 54". Nous ne pouvons apprécier la précifion de cette détermination, & fon ignore la date de fon établifiement ; mais M. le Gentil nous apprend, que, felon les Brames , la durée du monde renferme quatre âges , le premier, d'un million fept cents vingt-huit mille années ; le fecond, d'un million quatre-vingt-feize mille années ; Y i 172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le troifième, de huit cents foixante- quatre mille années ; le quatrième enfin, celui où nous fommes actuellement, duroit en 1762, depuis quatre mille huit cents foixante-trois ans. ILa donc commencé trois mille cent un ansavant Jéfus-Chrift; le petit nombre des années écoulées de ce dernier âge fait un contrafte fingulier & remarquable avec le nombre énorme des années des trois premiers. Il eft évident que la durée de ces trois âges eft chimérique & fabuleufe, ou plutôt fondée fur des périodes accumulées de la révolution des Fixes, comme l'a très-bien remarqué M. le Gentil; mais il eft également évident, que la durée du quatrième âge eft une véritable époque chronologique & même aflronomique ; car c’eft le terme ‘d’où ils partent pour calculer les mouvemens du Soleil & de la Lune. Comme les Brames fe fervent aujourd’hui de méthodes dont ils ne connoiflent pas les principes, comme ils n’inventent nine perfectionnent rien en Aftronomie, on eftafiez bien fondé à penfer que cette durée de l'année, eft chez eux une connoif- fance de la plus haute antiquité; & on verra encore mieux, par la fuite de ce Mémoire , qu'il eft naturel de la placer au temps même de leur époque aftronomique, & par confé- quent vers trois mille cent un ans avant notre ère. La longueur de lannée paroît fixée aujourd’hui à 365i 5"48’ 45"+ (d); nous la rapporterons à l'époque de 1750. Voilà donc une différence de 2° $ 1" entre l'année déduite de la période de fix cents ans & la nôtre, & une différence de 2’ 9" entre l'année des Indiens & notre année moderne. Il s'agit d'examiner fi une accélération non arbitraire pourroit rendre raifon de ces différences, en ayant égard à l'intervalle des temps qui féparent ces trois déterminations. Je vais montrer de quelle fource on peut déduire cette accélération non arbitraire. Les Brames ont une période de trois mille fix cents ans, qui eft certainement une période luni-folaire , compofée de fix périodes de fix cents ans; ainft, (4) Aftronomie de M. de la Lande, tome I, page 264. ES ISNGN IE NRCLESS:. 173 comme le remarque M. le Gentil, ils font ufage, fans le favoir, de la période des Patriarches, citée par Josèphe, & c’eft une preuve de fon antiquité. M. le Gentil nous a fait voir que, dans leur calcul du mouvement du Soleil, ils fouftraient conftamment 2 jours & environ 8 heures indiennes , ce qui revient à peu-près à 2j 3°, fuivant notre divifion du jour. Il eft clair que cette correction faite au mouvement du Soleil, cette correction conftante, eftune véritable équation féculaire, & l'effet d’une accélération!, qu'ils ont fans doute reconnue depuis la fixation de leur époque & de la grandeur de leur année. Je fuppofe que c’eft au bout d’une période de trois mille fix cents ans quils fe font aperçus de cette accélération, & qu'ayant reconnu, par une obfervation quelconque , que le Soleil étoit plus avancé du nombre de degrés qui répond à 2i 3h, ils ont ajouté ces 2i 3" au nombre de jours écoulés, Si l'année avoit été auffi courte qu'elle left aujourd’hui , ils auroient trouvé qu'il falloit ajouter $i 0}, correction deux fois & demie plus grande que celle qu'ils ont établie : cette fuppofñition me paroit légitime & naturelle; ainfi ils fe feront corrigés vers l'an 499 de notre ère, Maintenant il n'eft pas difhcile de tirer de cette fuppofition, la diminution de la longueur de l'année. Soit », la quantité de cette dimination pour chaque révolution du Soleil ; au bout d'un temps 7, cette diminution fera » , & la fomme de toutes les accélérations dans le même temps, fera + n #7, que, dans la fuppofition préfente, on égale à 511, en faifant 1 — 3600 ; on aura donc # — 0",02833 pour la dimi- nution d'une révolution folaire. En quatre mille huit cents cinquante-un ans qui fe font écoulés, depuis lan 3 101 avant Jéfus-Chrift, jufqu'en 1750, la diminution de la longueur de l'année fera donc 48 5 1 #,ou (0",02833) 4851 —2'17". Donc en fuppofant que année, en 1750, fut de 365i $h 48” 45"+; elle a dû être, trois mille cent un ans avant Jéfus- Chrift, de 365i 5" s1° 22, plus grande de 8” Z que les Brames ne l'ont établie. On ne peut pas regarder ces 82 174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE comme une erreur confidérable, puifque nos obfervations modernes les plus exactes, ne nous mettent pas à l'abri d'en commettre une pareille, ou même peut-être une plus grande fur Ja longueur de l'année. D'ailleurs, je fuis bien loin de prétendre que'la quantité de cette accélération de 0",028 33 par révolution , foit ici déterminée® avec une certaine pré- cifion. La correction de 5 1 heures, qui fonde la quantité de cette accélération , eft fufceptible d’une erreur que nous ne pouvons pas afligner. Maintenant, fi en partant de fépoque de notre année moderne, on veut connoître à peu-près dans quel temps a été établie année de 365i 5" 51" 36", qui rélulte de la période de fix cents ans ; on divifera 2’ $1”, différence de cette année avec la nôtre par 0",02833, & l’on aura un in- tervalle de fix mille trente-fix ans , ce qui remonte à l'an 4287, & par conféquent bien avant le Déluge, fixé fuivant la chro- nologie des Septante. Si l'on fe fert de la différence 42” de cette année, avec celle des Brames, on aura un intervalle de quatorze cents quatre-vingt-trois ans , qui , ajoutés à trois mille cent un, donnent l'an 4584 avant Jéfus-Chrift, pour l'époque de Fétabliffement de l'année de 365 5" 51" 36". On fent bien que trois fiècles de différence ne doivent faire aucune peine dans une recherche, qui ne peut jamais donner qu'un à peu-près; il fufhroit, pour que tout s’accordât, de fuppofer que l'année des Brames , a été établie fix cents ans plus tard, c’eft-à-dire, vers 2500 avant Jéfus-Chrift. Il y a même cela de fmgulier, que les 8"+ en excès que le calcul m'a données fur la fongueur de leur année , font précifément l'erreur qui réfulte d’une période de fix cents ans. La révolu- tion moyenne du Soleil, fur fix cents révolutions écoulées, doit être plus petite que la première, & plus grande que la dernière de 8"+. En fuppofant donc qu'ils ajent déterminé la longueur de leur année fix cents ans après l’obfervation, qui leur fervoit d'époque lan 3107, ils auront déterminé une quantité trop petite de 8", & qui répond à une époque poftérieure- de trois cents ans. DRENSNMSLETNRLE NFcrEis 17% La quantité totale de cette accélération, qui n’eft que de 1h25" dans fix cents ans, n'a pu être apparente: elle net devenue fenfible, qu’au bout de fix périodes de fix cents ans, lorfqu’elle a été portée à 5 1 heures. Ces rencontres fmgulières, fondées fur une fuppofition vrai- femblable , me paroiffent établir d’une manière très-probable, qu'il y a une accélération dans le mouvement du Soleil, puifque cette accélération repréfente fort bien les différences entre les trgis années, «léterminées à trois différentes époques, puifqu'elle explique la correction que les Brames appliquent au mouvement du Soleil. C'étoit un préjugé établi chez les Anciens, que le mou- vement du Soleil avoit été autrefois plus lent /e). Les Prètres de Jupiter - Ammon difoient que la longueur de Jannée diminuoit conftamment ; ces idées confufes d’une altération dans les mouvemens céleftes ne font point le fruit de Timagination des hommes, ce font les veftiges de vérités perdues. ‘Toutes les anciennes Nations fe font accordées à faire l'année plus longue qu'elle ne left aujourd’hui. Les Chinois , jufqu'au douzième fiècle de notre ère , ont fait l'année plus longue que 365 5" 50’, à peu-près. égale à celle des Indiens. L'année fidérale des Chaldéens, de 365) 6 11° (f), en retranchant 20° 17" pour la préceffion des équinoxes, fuppofe une année tropique de 365) $" 50" 43". La grande année d’Ariftarque de deux mille quatre cents quatre-vingt- quatre ans /g), dont nous croyons avoir faifi Vobjet /4), nous paroït fondée fur une année fidérale de 365i 6? 10° 49"; d'où il réfulte une année tropique de 36 5j 15" 50’ 32”. Ariflarque /i) n'avoit point fans doute déter- miné cette année par {es obfervations. Nous ferons voir qu'il TR ES SR OMNROE ER EST E DL EAU EE LEE RPRI ES AV IPS ERST ETAPE (e) Plutarque de plac, philof. lib. XV, cap. XV 111, (S) Albateonius, Scient, Stell. cap. XXV II» (& Cenforin de die natak, cap. XVIII. (!) Hiftoire de l’Aftronomie moderne, Avre Z. ( Tbidem. 176 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft très-vraifemblable que l'année même d'Hipparque a été établie, ou du moins confirmée, par la connoiffance d’une ancienne détermination de l'année, & que c’eft cette con- noiffance; combinée avec le mouvement mal connu des Étoiles en longitude, qui empêcha Hipparque de reconnoître fon erreur. Tous ces.reftes de l'antiquité concourent donc à donner au Soleil une révolution plus longue dans les fiècles reculés; & fi l’on ajoute à ces probabilités, la confidération de année de 365j $" 51° 36", établie plus de quatre mille ans avant Jéfus-Chrift, & déterminée d’une manière qui ne comporte pas une erreur de 3", on fera affuré que l'année eft moins longue aujourd'hui qu'elle ne l'étoit alors, & qu'elle a diminué d’une quantité fenfible en fix mille ans. ? LL CZ OBSERVATION | FDPEM NS Té reine tie 177 nn name OBSERVATION PDÉESNTA DISPARITION DE L’'ANNEAU DE SATURN E, Faite à lIfle- Adam. Par M. Cassini DE THury. É: Aflronomes ne fauroient trop fe répandre lorfqu'il s'agit d’une obfervation intéreflante , fouvent dérobée par linconftance du temps. Je devois trouver à fIfle- Adam tout ce que l'on peut defrrer pour cultiver l Aftronomie dont S. A. S. M£' le Prince de Conti. fait fon amufement, mon fils devoit refter à l'Obfervatoire pour faire, de concert avec M." le Gentil, Rochon & du Vaucel, 11 même obfervation. Je ne rappellerai pas ici tout ce qui peut avoir rapport à h théorie d’un phénomène, dont la feule obfervation fait le fujet de ce Mémoire. Feu M. Maraldi a expliqué d’une ma- nière fi précife & fi ingénieufe la théorie des deux difpari- tions de anneau, qu'il feroit difficile d'y rien ajouter pour la rendre plus fenfible ; d'ailleurs j'ai traité cette matière dans un Ecrit particulier, dans lequel j'ai expolé tout ce qui a été publié dans les Mémoires de l'Académie » depuis {a première obfervation de l'interruption de la figure ronde de Saturne, faite par mon aïeul , En 1671, & prédite quatorze ans auparavant par le célèbre M. Huguens. Je n'attendois plus que l'obfervation pour preuve de ce que j'avois annoncé; mais je né diffimulerai pas la crainte où j'étois , que la même caufe qui nous a empêché d'avoir autant d’obfervations que l’on auroit pu en avoir de fa difparition de l'anneau, phénomène qui fe renouvelle tous les quinze Mém, 7 Ar - 13 Novemb. 1773 178 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ans , ne produisit cette année le même effet ; car fi fa difpa- rition de l'anneau fût arrivée quinze jours plus tôt, comme elle eft arrivée beaucoup plus tard que je ne fai annoncé, les rayons du Soleil, qui fe levoit prefque en même temps que Saturne, ou, ce qui revient au même , le commencement du jour, nous auroit privés de l'obfervation de ce phénomène. Depuis que l’on a porté les lunettes au point de perfection où elles font préfentement, c'eft-à-dire, depuis l'invention des lunettes achromatiques , les obfervations qui exigeoient les plus grandes lunettes que lon ne pouvoit placer que dans les Obfervatoires , fe font multipliées ; le zèle des amateurs de 'Aftronomie, augmenté par la facilité de la pratique des obfervations , nous en a procuréun grand nombre dont nous avons été privés par les nuages qui fe raflemblent prefque toujours au moment où lon a befoin du ciel le plus pur. J'avois eu l'attention de prévenir le Public, que je n’ef- pérois pas , avec la lunette de lIfle-Adam , déterminer auffi précifément le jour de la difparition de l'anneau , que j'aurois pu le faire avec les mêmes lunettes dont mon aïeul s’eft fervi pour découvrir les fatellites de Saturne, maïs que je ne les croyois pas néceflaires pour une obfervation moins impor- tante pour l'étendue de nos connoïffances, que curieufe par rapport à l'épreuve des nouvelles lunettes f1 répandues dans toute l'Europe. En effet, cette dernière obfervation , vüe par tant d’yeux & de télefcopes différens, nous offre un moyen de juger de la force des lunettes & de la vue des Obfervateurs, qui de- viendroit par la fuite très -utile , fr fon pouvoit en déduire une règle certaine pour réduire la force de toutes les lunettes à une feule qui leur ferviroit de terme de comparaifon ; mais autant qu'il eft facile de déterminer la force d’une lunette, autant il eft difficile d'apprécier celle de la vue de l'Obfer- vateur qui varie, & qui n’eft pas toujours proportionnelle au nombre de fes années. On remarque depuis que l’on emploie, dans les Obfervatoires, des lunettes de différente force , des différences dans le temps des éclipfes des fatellites , DES SCIENCES. 179 jufqu'à des minutes de temps, tandis qu'avec les anciennes lunettes de quinze à dix-huit pouces , à peine trouvoit-on des différences de plufieurs fecondes. Il eft cependant très-avantageux , lorfqu'il ne s'agit pas de comparaifon d’obfervations pour les longitudes, où l'on ne cherche que la différence des temps qui ne doit pas être altérée par celle des lunettes, d'employer les plus grandes & les meilleures lunettes pour découvrir ce qui eft fi éloigné de nous , qu'on ne fauroit affez le rapprocher pour le bien voir: & fans le fecours des grandes lunettes , l’Aftronomie n’auroit pas fait les mêmes progrès. Celle dont je me fuis fervi eft de la même grandeur & de la même ouverture que celle du feu Duc de Chaulnes } dont S. À. S. M. le Prince de Conti a fait l'acquifition ; mais il s’en faut de beaucoup qu'elle ait la même clarté. Je me préparai à l’obfervation dès le 20 Septembre, cinq jours avant celui où la difparition de l'anneau devoit arriver , felon un calcul fondé fur des élémens, fur des obfervations in- certaines, comme j'ai eu l'attention d’en prévenir le Public ; mais Je ne vis-point Saturne qui fe levoit peu de temps avant le Soleil, & nous aurions manqué l’obfervation fi elle étoit arrivée alors. Ce n'a été que le 23 du même mois que j'ai commencé à diftinguer Saturne, comme nous le vo ons quelquefois en plein jour à fon paflage au méridien ; f. étoit à peine élevé de 2 degrés fur l'horizon ; le 25, je le vis très-diftinétement à une hauteur beaucoup plus grande, il me parut rond ; mais Je craignois que le commencement du jour ne fût la princi- pale caufe de fa perte des anfes que je ne pouvois diftinguer. En effet les jours fuivans , je découvris un refte d’anfes » AVEC un télefcope du fieur Short » Qui appartient à M. le Chevalier de Longtems, amateur de l'Aftronomie 3 ce ne fut que le 30 de Septembre que je perdis entièrement de vue les anfes. Je reçus dans le même temps une lettre de mon fils, par laquelle il me Marquoit qu'il n'avoit vu Saturne que foiblement Z ij 180 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le 25 ; qu'il lui avoit paru rond; mais que les jours fuivans ; il a bien diftingué le refte de l'anneau, jufqu'au 7 qu'il a perdu entièrement : M. Meflier l'a vu jufqu'au 11, avec la lunette de M. le Préfident de Saron. J'attends avec impatience d’autres détails de cette obfer- vation, qui nous feront encore mieux donnés par les Obler- vateurs même; mais je vois avec peine, qu'il fera difhcile de perfectionner la théorie par des obfervations où l'incer- tityude monte à près de quinze jours. DÉEUSIOSNCIR Er N'Ctr ee 181 nine OBSERVATION D E L'ANNEAU DE SATURNE, ET DE NA O. RS) PARLAIT 1 ON. Par M. LE MONNIER. OBSERVATION du difque de Saturne *, avec la Lunerre achromatique de dix pieds à demi. di choïfi les matinées où le vent du Sud-eft régnoit 20 Nov. abfolument à tel point qu'il n'y avoit pas un feul nua CHOLET ni brumes les plus légères. Le 30 Septembre au matin, vent de léquinoxe du Sud-eft; à 5" du matin, j'ai vu Saturne parfaitement rond & fans anfes ; ce quia été décidé fans héfiter, le crépufcule n'étant pas aufli fort & le ciel bien autrement ferein qu'aux jours précédens, Eclp e. de Lune. Le 30 Septembre 1773, au foir, je n'ai pu voir la Lune qu'à 6h 15’, & l'ombre couvroit toute fa partie fupérieure vers le Zénith; à 7h r1’ +, le grand lac noir, que d’autres appellent Platon, fortoit entièrement de l'ombre, & la fin de l'Éclipfe s'eft faite à diftances égales de cette tache & ‘du Pas Meotis ; favoir, à 7° 28’ 15": la lunette qui redrefloit, & dont je me füis fervi, groffifloit environ vingt- cinq fois; mais j'ai vu la fin pareïllement dans la lunette En * Extrait d’une Lettre écrite de Saint - Sever en bafle Normandie » au Secrétaire perpétuel de l’Académie, 182 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE achromatique, l'ombre ayant paru jufqu'à ce moment mieux terminée qu'aux dernières Éclipfes de Lune. Le 13 Octobre, j'ai encore vu, une heure & demie & une heure avant le lever du Soleil, Saturne parfaitement rond & fans anfes. Le 20 au matin, grand vent du Sud-eft & le ciel parfai- tement ferein: à $"?, Saturne m'a encore paru parfaitement rond & fans anfes: dans ces deux dernières obfervations j'ai vu comme une bande légère fur (le difque de Saturne ; mais peut-être y a-t-il quelqu'illufion, parce que la vue fe fatigue, & qu'il ny a que les premières impreffions dont on fe foit affuré pour les autres. Le 10 Novembre au matin, après les pluies abondantes le ciel s'étant éclairci par un grand vent de Sud-oueft, j'ai encore vu Saturne parfaitement rond & fans anfes, avec quelque foupçon d'une bande très - légère fur fon difque. Depuis ce jour-là, nous n’avons eu qu'ouragans , éclairs & groffes pluies : le baromètre dont je me fers, & qui monte ici à 27 pouces 7 lignes tout au plus, a defcendu fe 12 au matin à 25 pouces 11 lignes <. Jaurois ‘pu comparer ces obfervations avec la Théorie, en y employant, à la manière de Heinfus, les anomalies vraies de Saturne & du Soleil; mais il femble qu'il vaut mieux en recueillir toute une fuite auffi complette que les temps variables en cette automne auront pu le permettre aux Obfervateurs de l'Europe. DU E-6:8:.C\HE NC E 183 OS ERMEANTÉTO NS DE L'ÉCLIPSE DE LUNE, Du 30 Septembre 1773. Foie à Nolon. Par M. le Cardinal DE Luynes. A hauteur du pôle à Nolon eft de 484 14 47"; la 20 Nov. différence des Méridiens entre la ville de Sens & 773" Nolon , eft de 2" 53”, dont Nolon eft à l'occident par rapport à Sens, ce qui place Nolon à 3’ 45" à l’orient de Paris. J'ai fait cette obfervation, avec une machine parallac- tique, dont la funette a deux pieds & demi de foyer, garnie d’un excellent micromètre, dont chaque révolution — 100 parties Le diamètre horizontal comprenoiït exactement douze tours ou révolutions de ce micromètre — 1200 parties; ce que j'ai vérifié exactement fur le diamètre horizontal, & fur le diamètre vertical de la Lune, & la veille, & immédiatement après l’obfervation. Le temps a été ferein pendant l'obfervation. Temps vrai. Tours, Parties, GANT MN PUS La Lune étoit prefque dégagée totalement des vapeurs de l'horizon. La Lune étant nette, & la diftance de lombre au bord éclairé, n'ayant point changé fenfiblement pendant plufieurs 184 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE minutes, j'ai jugé que dans ce moment, l'ombre avoit fa plus grande étendue, Temps vrai, Tours, Pariies, éñ 21° 9" ..,.... 3 2 6 58338. 6 TX MEET Janin. Das LE ETC CO TLONE 7 7e 16. 48........: 8 20 AID la lee ele 1e ENO Ta A PNEcooc 4000 7128) 34e MINOMecue 732 57e tasse LTOINO: Te 37e TGeevreee 10 De 7e 40. 46..... es NTTENO: TON NEO NE 0 Mr J'ai eu l'heure vraie avec la plus grande exactitude, par une très-bonne pendule réglée & vérifiée fur une excellente méridienne, qui ne s'écartoit en 24 heures que de 5 tierces depuis plus d’un mois, fur le moyen mouvement. J'ai ceffé d’obferver les doigts pour voir la fin de l'Éclipfe. Fin de la véritable ombre, 7" 45° 56". L'ombre & la pénombre ont difparu, la Lune eft nette, 7h 48 38 L'ombre eft fortie précifément au Nord de la Lune, ma dernière obfervation des doigts ayant donné 11 doigts ££, j'ai comparé le temps que fombre a employé à parcourir ces 25, avec le temps écoulé depuis cette obfervation jufqu'à 27 à ajoutér la fin certaine de l'Édlipfe, ce qui m'a donné -22: aux parties du micromètre de la dernière phale obfervée, ce qui donne 11 doigts #5 pour la quantité de doigts que le micromètre auroit marqué à la fin de lÉclipfe. De cette quantité, retranchant deux doigts que j'ai trouvés dans la partie claire de la Lune au premier moment de l'obfervation, & étant DNELSINSICUMIFENL GES 185 & étant cértain que depuis cet inftant , ombre s'eft toujours éloignée du bord clair du difque de la Lune, dont je mefurois toutes les phafes; la partie du difque de la Lune, qui a été couverte par l'ombre, a été de 9 #E — 945 parties de mon micromètre. Quand je quittai ma machine parallaGtique , pour obferver la fin de lÉclipfe , avec mon télefcope de 30 pouces , qui amplifie les objets cinquante- fix fois, je laiffai à ma lunette une perfonne , dont la vue eft excellente, & qui en a obfervé [a fin dans Ia même feconde que moi. Mén. 1773. As 22 Décemb. 1773 186 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE CBS ER, FARMER DE L'ÉCLIPSE HORIZONTALE DEL A IEONNIE" Du 30 Septembre 1773, au for ; Faie à l'Obfervatoire de la Marine, hôtel de Clugny, Par ME MESSE ni L_ ciel fut parfaitement beau pendant la journée du 30 Septembre : également ferein le foir, cependant un peu de brouillard à l'horizon; pendant l'après-midi je préparai deux inftrumens pour l’obfervation de lEdlipfe, favoir, une lunette achromatique àtriples objedifs de 3 pieds + angloïs de foyer, qui appartient à M. le Préfident de S**, laquelle groffifloit foixante - huit fois le diamètre de l’objet: cette lunette étoit deftinée pour Fobfervation de loccultation des taches , ainfr que pour la fin de PÉclipfe. Pour la mefure du diamètre de la Lune & pour la grandeur de ombre ou de FEÉclip{e, Jemployai un télefcope Newtonien de 4 pieds & demi de longueur, garni d’un micromètre à 16: CAN A fix heures du foir, temps vraï, je commençai à aper- cevoir la Lune entre des cheminées & le clocher de l'églife des Mathurins, éclipfée de plus des trois quarts de fon difque; le brouillard & les vapeurs qui étoient à l'horizon, ne nui- foient pas beaucoup à l’obfervation , l'ombre paroifioit aflez bien terminée : je ne vis alors la Lune, que pendant quelques minutes, parce qu'elle fe cacha enfuite derrière le clocher dont je viens de parler, où elle refla invifible pour mon obfervatoire, l'efpace d'une demi-heure; je ne pus la revoir qu'à 6" 50'. Je continuai d'obferver la partie reftante éclipfée, ainfi que a fortie des taches. » DES, IS ICE NC'E s. 187 Environ une demi-heure avant la fin de l'Éclipl, il y avoit au Levant quelques nuages rares qui s'étoient formés du brouillard & des vapeurs qui étoient à l'horizon & qui s'étoient élevés dans cette partie du ciel: ces nuages rares qui étoient extrêmement denfes , dont une partie s'étoit raffemblée aux environs de la Lune, formoient un cercle blanchâtre autour de cette Planète, & tenoient au difque, qui avoit le demi- diamètre de la Lune pour largeur: ce cercle blanchâtre étoit environné d'un autre cercle de même largeur tenant au premier, mais de couleur verdätre ; les apparences de ce dernier étoient moins fenfibles dans la partie fupérieure de fon cercle qui regardoit le Zénith, que dans la partie inférieure : la couleur verdâtre y étoit très-apparente; ces cercles étoient reftés très-diftincts depuis leur formation jufqu'à la fin de YEclipfe. Elle fut difficile à faifir, à caufe du cercle blanchâtre qui répandoit {ur le difque de la Lune, un nuage léger & rare, ce qui rendoit l'ombre affez mal terminée, cependant j'en marquai la fin par deux momens qui diffèrent entr’eux d’une demi-minute. A l'inftant que l'ombre quitta la Lune , les deux cercles perdirent fenfiblement de leurs apparences, & le cercle verdâtre difparut entièrement dans le temps que la pénombre ceffa d’être fenfible fur la Lune. À 8 heures 3 minutes, il ne refloit plus qu'un foupçon de l'exiftence du cercle blanchâtre ; à 8 heures 6 minutes il étoit entièrement difparu, & il n’en refloit aucune trace, cependant la Lune étoit également environnée de nuages rares ; à 8 heures 20 minutes , le ciel étant ferein aux environs de la Lune , le cercle blanchâtre reparut , mais extrémement foible, & il dura lefpace de 10 minutes. J'obfervai la Lune , au Méridien , la nuit du 29 au 30 Septembre, avec plufieurs Étoiles, ainf que la nuit fuivante du 30 Septembre au 1.” Octobre; j'en rapporterai les obier- vations à la fuite de celles de lÉclipe. Aa ij 1898 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Obfervarions de ’Éclipfe de Lune. EEE AI EL IEEE PARTIES | TEMPS du PARTIES PARMNES : vrai. Men éclairées. éclipfées. DA. M. 5 M. S LG. 5. 2| 440. | 6.22. | 23. 45. 16. 7.471 484. | 7e 0. | 23. 7 DO. 14 11 -c.teteer CS PES Mare humorum à moitié fortie. K6. 18.27 LME RATER à . + [Sortie : la Lune enfuite cachée par le 3 clocher des Mathurins. A6. 50: 25e Ie +......|La Lune commence à reparoître. 6. 52.551 838. | 12. 8. | 17. 59. 16. 56.25/400..//.......)...... Mare netaris fort de l'ombre. LG. 57. 39| 960. | 13. 53. | 16 14. E7. 2.28) 1030. | 14. 54. | 15-13. L/320 On MOI ORNE] DHAOIQUE Mare tranquillitatis commence à fortir. LAMULLE PE RRORE sale Dionyfius fort de ombre. RAMES Le | Promontorium acutum fort de l'ombre. 7. 11.12| 1190. | 17. 13. | 12. 54. A7. 14. 36 be as RSS ss... . | Menelais fort. Ê7. 14. 52 - . +... |oncomm.à voir le borddela Luneéclipfé. N 7. 10212) FENTE do ....| Mare excunditatis quitte l'ombre. H7- 19. 52|... . ...| Promontorium femnii fort. 7.2 022 RME MIEr MRCUr .....| Mare ferenitatis à moitié fortie. É7. 21.21| 1407. | 20.22 9. 45: D. 22. G|... TES .......| Harpalis fort de Tombre. É7. 25. O RlEPrsrer IECTX Mare crifum commence à fortir. D 27065 te RUN DEIURTE Mare ferenitatis quitte l'ombre. 7.28.20/.......1...::..1...: .. [Cercle blanchâtre autour de fa Lune. 7-29. 20 [2e . |. .. | Mare crifium à moitié fortie, l'ombre mal terminée. 17. 30. 50| 1725. | 25. Oo SARA: 7. 33. 191. RU RE Vers ee à Cléomêdes fort de l'ombre. 07. 35.19 DORE :..... | Unfecond cercle verdatre fe fosme autour du premier. D ES TEmPs PT PARTIES vrai, Moi, éclairées, RCE CARS PT FAO PIC) Re AE RER 7.39. 4|l 191 27. 40 ANUS AS A ACRCE PRIT Ne | BAPE EC OPEN HOME RER AMEPES 7:48. 47| 2078. | 30. 5. FRONT AI ATEN LE 7: 53-46| 2084. | 30. 0. PASSER MEN METRE BB uol. Dicielstofe SARONLOIPE EE lie 8 ue SN AVE "NL CES. PARTIES éclipfées. mme | - |[Pénombre encore ferfible. .|Léger foupçon de pénombre. - |Cercleblanchätreprefqu’entière,”" diffipé. Mare crifium fort de l'ombre. Fin de l'Éclipfe. Douteufe à canfe des nuages rares. Fin plus certaine; Îe cercle verdätre prefque diffipé. Diamètre de la Lune, mefuré vertical. Il refle encore de la pénombre. Diamètre de la Lune fuivant fon mouv. Il n’en refle plus aucun veflige. Le cercle blanchâtre reparoiît extrême- ment foible. Paffage de la Lune au Méridien, la nuit du 29 au 30 Septembre 17723. La pendule réglée fur le mouvement des fixes. CE LS On Sn es nm 36 MO mn At” de je Temps à la Pendule, MUST. 21.56.15. oO 22, 3.28.15 22.51.44, 30 Ar TP13:7s 10 2316.47. 15 OMIS TES CHA OA) LE OS OE 12, 14 430 DiFFÉRENCE TES DiFFÉR. avecle "bord É de de la Lune. RE hauteur, sara | 0e RC DORE TA # y inférieur au bord infér. de la Lune. fargærauso) RER 0.15. 19 # (fupérieur au bord infér. de la Lune. AAA ASE EME 3.28.37| X 2 fupérieur au bord infér, de {a Lune. 0303-05 |ieceteaele lin 26-571LX 2% fupérieur au bord infér. de la Lune. 20. 5Je3ole--teriectelUite 50e ll7 X fupérieur au bord infér, de la Lune. Ctabeelas emo T2 277200) ... [premier bord dela Lune au méridien, GENRE TIRER ....| 8.38. 40|Baleine} infér. au bord. infér.dela Lune. 0.25. 32.45l11.5o. de o| 1.13.20|7% centrefupér. au bord infér, dela Lune. CIE decescese..l........ [centre du Soleil au méridien le 30. AE 3 ED RER a al RE EE CR GR ERP RRTR ER ET EU IRESRARER | 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Paflase de la Lune au méridien, la nuit du 30 Septembre au 1" O&tobre Les deux bords de la Lune bien terminés. PP DirFèR ENCES Temps de paflages à la Pendule, avec le centre de la Lune, DiFFÉRENCE | de Hauteur, TEMPS vrai. meme cree ne H OM ss. TH m, Ss Ta] H M S T.| D. Ms. a — EE — — 0. 2:39.15|0.24.45-15|11-46.$0.45| 3. 7-14 a centre infér, au bord fupér, dela Lune. 0.23. 9e30lo. 415. 0|...........| 31435 x d\fupérieur au bord fupér. dela Lune. 0, 27e 24e 30 eusesssse 12. 11e 32e 30e Centre de la Lune au méridien. 0.37-251$|o.10. 0.45.......:...| 3.33-32| X € fupérieur au bord fupér. de la Lune, 5.29. 7e1gge 1e42.45l...........) 4 1413 Orion « fupér. au bord fupér. dela Lune. E 17e 37030 der sels mes cesse} etes e centre du ®) au méridien le r °° Oétobre, D Fa DES SC1ENCES. 191 AR ANONENONR,E SUR DES PHÉNOMÈNES NOUVEAUX ET SINGULIERS PRODUIT TS PAR PLUSIEURS MIXTES SALINS, Par M. DE LASSONE. | : ed que j'entre dans aucun détail fur les phénomènes À que je me propole ici de faire connoître, on va juger d’abord de leur fingularité par la manière feule dont on pourroit ainfi les énoncer en forme de problème. « Compofer différens mixtes falins, dont les diffolutions froides reftent conftamment claires, limpides ; mais qui , rapidement chauffées dans une fiole de verre mince pofée immédiatement fur les charbons ardens, fe troublent aufii- tôt, même avant le premier inftant de leur ébullition , blan- chiflent, deviennent opaques, prennent une confiftance vif queufe , quelquefois femblable à la colle d’amidon , ou au mucilage de gomme adragant le plus épais; reftent telles tant que la chaleur fubfifte , & qui tout de fuite, à mefure qu'elles fe refroïdiflent, & fans y faire aucune efpèce d'addition, perdent peu-à-peu cette confiftance épaifle, & reprennent leur première fluidité & limpidité fans fournir nul dépôt , confervant la propriété de fe troubler encore aufi vite, de redevenir opaques , épaifles , en les expofant quelques inftans au même degré de feu , & de recouvrer enfuite promptement leur première fluidité & leur même diaphanéité, à mefure qu'elles perdent la chaleur communiquée : ces deux eflèts alternatifs pouvant à volonté être fans ceffe répétés avec le même fuccès, fans qu'ils foient déterminés par l'évaporation & la {ouftraction d’une fuffifante quantité de l'eau mife en Préfenté le 22 Décembre 1773, & lù 7 2 Mars 174% 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE » expanfion & réduite en vapeur, & enfuite par la propriété » qu'auroient ces réfidus falins un peu plus rapprochés d'attirer » & de refaifir rapidement dans l'air extérieur la même quantité d'eau dont ils auroïent été auparavant privés. » Dans f'hifloire des faits chimiques, on en connoît plu- fieurs abfolument oppofés à ceux-ci; mais je ne crois pas qu'elle en fournifie de femblables. C’eft ce qui m'engage à les faire connoître /a); ces phénomènes paroiflent tenir à des points cachés d’une théorie curieufe, peut-être même importante. Il faut donc eflayer de les déméler, en exami- nant & comparant la fuite de tous ces faits apparemment liés & affujettis à unefeule & même caufe. Avant de pañler à ces détails & aux induétions que je me propofe d'en tirer, je déclare que dans tous ces faits, où ül s'agit fans cefle de la cauflicité de la chaux & de celle des alkalis employés dans prefque toutes ces expériences , conjoin- tement avec quelques autres fubftances, je ne prétends pas regarder cette caufticité comme dépendante plutôt de la fouf- traction que de l'addition de quelque matière fubtile , con- formément aux deux opinions contraires, qui partagent & qui occupent aujourd'hui plufieurs habiles Phyficiens. Mon unique objet ici eft de faire connoître & de confidérer quelques nouveaux eflets, qui me femblent dépendre direétement de cette cauflicité, quelle qu’en foit la caufe matérielle, ou addi- tive ou fouftractive. On ne doit donc attribuer aux diverfes expreflions dont je me fervirai dans la fuite pour décrire ces effets, qu'un fens abfolument indéterminé , relativement à cette impartialité fondée encore fur des doutes & des diff- cultés que le temps feul & de nouvelles découvertes peuvent difliper. Je doïs d'abord avouer que la première expérience où j'aperçus les phénomènes énoncés, ne fut pas le fruit d’une (a) I faut convenir que ce phénomène mériteroit bien plus [a dénomi- nation de miracle chimique, que celui qui depuis long-temps eft ainft défigné dans la Phyfique expérimentale. combinaifom D'PISUSNGUT EE N'CtEl"sS 193 combinaifon raifonnée & réfléchie ; les vues que j'avois alors portoient fur un objet différent & tout-à-fait étranger. Les travaux des Chimiftes préfentent fréquemment de ces ré- fultats inattendus, quelquefois préférables à ceux que lon cherchoit. Voici ce premier procédé qui me mit fur la voie pour en découvrir & pour en exécuter plufieurs autres femblables. Huit onces de fel de Seignette très-pur & bien neutralifé, & huit onces de chaux vive en poudre furent projetées dans fufhfante quantité d’eau bouillante ; le tout fut foumis encore à une forte ébullition. Mon deffein étoit, dans cette opéra- tion , d'examiner Faltération que la chaux produiroit fur ce fel, & de la comparer avec celle que je lui avois déjà vu produire fur quelques autres fels neutres ; effets très -remar- quables dont je rendrai compte ailleurs : la liqueur bien fa- turée, devenue très-piquante & cauftique , fut {oigneufement filtrée ; elle paffa à travers le papier, d’abord très-lentement, enfuite beaucoup plus vite claire & limpide, & fe maintint en cet état fans faire le plus léger dépôt. Je la foumis de nouveau à une forte ébullition pour la rapprocher encore, de manière qu’elle füt réduite environ à la mefure d’une chopine. Pendant cette opération, la liqueur, auparavant limpide, s’épaiflit beaucoup , fe troubla & devint comme une crême très-épaifle. Je jugeai d’abord qu'il arrivoit ici une forte de défunion & de décompofition. Bien perfuadé de cet effet, je retirai le vaiffeau du feu pour laïffer faire le dépôt qui me paroifloit devoir être fort abondant par la con- fiftance que la liqueur avoit prile ; mais rien, je l'avoue , ne m'étonna tant que de voir cette même liqueur fubitement transformée en cette efpèce de magma, reprendre peu-à-peu, à mefure qu'elle fe refroidifloit, fa première fluidité & limpidité fans fournir nul dépôt. Je fus empreflé de réitérer l'expérience avec la même liqueur redevenue bien claire. Je l'expofai à une nouvelle ébullition, qui furle champ la troubla encore & lépaiflit ; le refroidifiement la rétablit bientôt en fon premier état: ces épreuves furent aflez fouvent Mém, 1773. Bb 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE répétées, pour ne me laifler nul doute fur l'uniformité des réfultats, Au premier coup d'œil la furprife & la curiofité me por- tèrent à rechercher la caufe de ce phénomène extraordinaire. Quoique, par toutes les circonflances du fait qui vient d'être détaillé, il ne me parut nullement probable que 'al- ternative du phénomène püt dépendre d’abord de lévapora- tion rapide d’une très-petite portion d’eau , enfuite de 'at- traction d’une pareille quantité de nouvelle eau fournie par l'atmofphère pendant le refroidifiement : je crus néanmoins qu'avant tout, c'eft-à-dire, avant de pañler à la recherche d’autres caufes plus vraifemblables & plus réelles, il étoit eflentiel de bien examiner & de conftater fans équivoque fi ce premier foupçon, qui d’abord peut fe préfenter, devoit être en partie admis ou abfolument rejeté. x Je fis à cet effet trois expériences décifives. r.° Je pris quelques-unes des liqueurs dont il eft fait mention dans ce Mémoire , à la fuite de celle que je viens en premier lieu de faire connoitre, & qui donnent également les phénomènes déjà énoncés : ces liqueurs falines étoient rapprochées. Cha- cune prife à la quantité de deux onces fut mife féparément dans une fiole de verre mince. Je pris une note du poids très-exaét de chaque bouteille garnie de fa liqueur avant qu'elle füt expofée fur les charbons ardens ; je les foumis enfuite à ce vif degré de chaleur lune après l'autre ; & dans Yinftant mème où je les tirai du feu , j'en déterminai encore le poids, que je ne trouvai pas diminué de deux grains : l'évaporation n'avoit donc fouftrait que cette petite quantité à peine per- ceptible ; après le refroidiffement total , les liqueurs n’avoient pas repris leur premier poids, il y avoit encore environ deux grains de moins : il ne s'étoit donc fait nulle attraction de nouvelle eau. 2.° Les mêmes liqueurs refroidies dans leurs bouteilles ayant été de nouveau miles fur les charbons em- brafés, chaque bouteille, au moment même que la liqueur devint trouble & épaifle , fut exactement fermée avec un bouchon de liése, qui interceptoit totalement la communi- DES SCIENCES, 195 cation avec l'air extérieur ; les liqueurs en fe refroïdiffant n’en reprirent pas moins complètement leur première tran{parence & leur fluidité. 3:° J'étendis chacune des mêmes liqueurs avec une quantité d'eau diflillée égale à leur propre poids : dans cet état où la concentration de la diffolution faline avoit été f1 confidérablement afloiblie, chaque liqueur foumife dans a fiole à la même chaleur, fe troubla & s'épaiflit aufir vite & prefque autant que fi lon n'eût point ajouté d'eau |, & redevint enfuite par le refroidiffement à fon premier état. Ces trois réfultats prouvent bien, ce me femble, que la première caufe qui d’abord pourroit être foupçonnée, ne fauroit avoir lieu, & qu'il en exifte d’autres. Je compris que je ne parviendrois à les découvrir d’une manière fatisfaifante que par une fuite de nouvelles expériences variées & analogues à celle dont on connoît déjà les détails, & qui m'offrit en premier lieu {es phénomènes décrits. Et d’abord il me parut bien certain, que la feule combi- naïfon de f'alkali minéral & de l'acide tartareux étoit inca- pable de produire rien de femblable. I n'y avoit donc que le concours de la chaux & fon union qui duflent être les caufes déterminantes de ces phénomènes: car la préfence d’une portion de chaux étoit ici bien démontrée par la nature même du fait, c'eft-à-dire, par l’épaififfement & l'opacité qui furviennent à la liqueur en la chauffant, & par la faveur piquante &c cauftique que la chaux feule avoit pu communiquer au mixte falin auquel elle adhéroit par une vraie combinaifon faline, & fans rompre la cohéfion des deux fels neutralifés auparavant l'un par l'autre. Mais étoit-ce lalkali minéral ? étoit-ce lacide concret du tartre? étoit-ce l'un & l'autre en même temps, dont le concours avec la chaux devenoit néceffaire? Les expériences feules pouvoient l'apprendre. Je mélai & fis bouillir long-temps , dans environ deux livres d'eau , deux onces de fel végétal & deux onces de chaux vive en poudre. J'avois préparé moi-même le fa, & J'étois für de fa pureté ; la liqueur devenue cauftique fut filtrée, Bb ij 166 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE elle paffa claire & prefque fans couleur; remife enfuite en ébullition, elle s'épaiflit & fe troubla ; en fe refroidiflant, elle redevint fluide & limpide fans former le moindre dépôt. Cette expérience apprit en premier lieu, que lun & lautre alkali fixe, le minéral & le végétal, combinés l'un ou l'autre dans le mixte falin, peuvent également intervenir, le même phénomène ayant lieu. Je penfai qu'il feroit curieux d'examiner fi Falkali volatil fubftitué aux alkalis fixes ne produiroit pas quelque différence notable, Deux gros de fel ammoniacal tartareux, que j'avois pré- paré moi-même par un procédé qui m’eft particulier, & deux gros de chaux vive en poudre furent mis en ébullition avec environ quatre onces d'eau diflillée dans une bouteille de verre mince ; les vapeurs qui s’élevoient & fortoient , avoient une forte odeur d’alkali volatil : après que le mélange eut bouilli quelques minutes, je filtrai la liqueur; elle pafa très- limpide , mais fort colorée : l'ayant enfuite expofée à un degré de chaleur capable de lui donner le premier mouvement d’é- bullition , tout-à-coup elle devint fort trouble & épaifle; en fe refroidiffant , elle reprit toute fa limpidité fans rien dépofer. Il eft donc certain que le phénomène a lieu également, foit qu'il entre dans la mixtion ou un alkali fixe ou un alkali volatil. L Il falloit confiater enfuite fi la préfence d’un alkali quel- conque étoit néceflaire dans la combinaïfon faline , pour la production de ces effets finguliers. On paroïfloit d'abord au- torifé à le conjecturer, puifque, dans les expériences pré- cédentes , j'ai fait remarquer que les liqueurs réfultant de la première ébullition après le mélange étoient devenues cauf- tiques. Cependant la leffive cauftique faite, comme on fait, avec l’un ou lautre alkali fixe & la chaux vive n'étant nul- lement propre à produire feule l'effet dont il s'agit, ainfi que je l'ai conflaté par les épreuves néceffaires, il ne reftoit qu'un moyen pour obtenir d'une manière füre & pofitive les éclair- ciflemens que je defirois, c'étoit d'examiner les phénomènes D ESNSICAMIEN CE S, 197 “de la combinaifon de la chaux vive avec l'acide concret du tartre fans autre mélange. 1. Je fis bouillir dans deux livres d’eau, trois onces de crème de tartre & une once de chaux vive: il en réfulta une liqueur faline qui n'avoit point de cauficité fenfible. 2.° La même opération faite avec parties égales de crème de tartre & de chaux vive, donnèrent , après l'ébullition , une liqueur bien cauftique. 3.° Mais ayant mêlé deux parties de chaux vive & une de crême de tartre, la liqueur faline, après l'ébullition , eut une acuité & une caufticité aufii forte que celle de la leffive des favonniers. 4° Ces expériences réitérées avec le tartre blanc & rouge, fournirent abfolument les mêmes réfultats. Ces liqueurs verdiffent fur le champ le firop de violettes; la cauflicité peut donc exifter ici fans le concours & fad- dition d’un alkali fixe ordinaire. Par conféquent, dans les deux premiers mélanges de la chaux vive avec le fel de Sei- gnette & le fel végétal, la caufticité des liqueurs falines pou- voit bien ne dépendre que de la combinaifon de la chaux vive avec le tartre. Or pour achever de découvrir, fi cette dernière combi- naifon ayant lieu réellement , elle feule pourroit être la caufe immédiate du phénomène extroardinaire , dont je recherchois la caufe, je fis l'expérience fuivante. Je mis, dans une fiole de verre mince , une portion de la liqueur très-cauftique qu'avoit fournie le mélange d’une once de crème de tartre & de deux onces de chaux vive, elle avoit été rapprochée & concentrée, enfuite filtrée; en cet état elle s’étoit confervée claire & bien limpide , fans nul dépôt : ce fut cette liqueur, ainfr préparée, que je foumis de nouveau à l’ébullition ; elle fe troubla, devint opaque & s'épaiffit beaucoup : mais en fe refroïdiflant elle reprit par gradation fa première limpidité , fans rien dépoler, & confervant toute fa caufticité, Il en fut de même des deux autres combinaifons du tartre blanc & rouge avec la chaux. 198 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE I fut donc bien décidé, par ces réfultats très-intéreflans, ue la caufe des phénomènes obfervés, pouvoit réfider dans la feule combinaifon de la chaux vive avec le tartre. Mais ces éclaircifflemens préliminaires, n'étoient encore que les premiers degrés , pour parvenir fucceflivement au développement entier de la théorie d’un fait auffi fingulier : théorie que j'entrevoyois tenir à quelque point important de Phyfique, & que je defirois de pouvoir déméler & éclaircir. Il falloit donc enfuite rechercher : 1.° Si la chaux n'agiflant ici que comme une terre alkaline, on ne pourroït pas lui fubflituer une autre terre abforbante : 2.° Si Faltération & le changement, que l'action du feu fait éprouver aux terres capables de pañler à l’état de chaux, font abfolument nécef- faires pour coopérer à Ja production des phénomènes dont il s’agit ici: 3.° Comment fe fait la combinaifon de la chaux avec le tartre. Les expériences fuivantes me donnèrent des éclairciffemens fur les deux premières queftions ; je fis bouillir affez long- temps dans leau, un mélange, en parties égales, de {el de Seignette & de craie en poudre fine : la liqueur filtrée , n'avoit abfolument que la faveur du fel de Seignette ; foumife de nou- veau à l’ébullition , elle refla conftamment claire & limpide, & ne fouffrit nulle altération. Je fis les mêmes opérations & les mêmes eflais avec acide concret du tartre feul & la craie en poudre, dont je variai les proportions; mais dans tous ces cas, la liqueur, réfultant du mélange, filtrée, claire, très-peu colorée, verdiffant bien le firop de violettes, & n'ayant qu'une foible faveur faline , ne fe troubla point ni ne sépaiflit en la faifant rebouillir. Il fut ainfi prouvé, qu’une fimple terre abforbante après fa combinaifon avec le tartre , eft incapable de produire le hénomène, à moins que le feu ne lui ait imprimé auparavant Les caractères de chaux vive, ou (comme je le démontrerai plus bas par d’autres expériences curieufes) à moïns que le principe de la caufticité, tel qu'il exifte dans la chaux vive, DÉS ISICU TE UNL CE, 199 n'ait été tranfmis & communiqué par une voie particulière & indirecte à la fubftance huileufe du tartre, qui en eft fufceptible. Il falloit d'autres faits , pour m'apprendre enfin, quelle efpèce de combinaifon la chaux contractoit avec le tartre. Je procédai à cette recherche, une des plus effentielles , par une nouvelle fuite d'opérations , dont je vais donner les détails ; & à mefure qu'il fe préfentera quelque circonftance remarquable, j'en tirerai des inductions , dont la réunion & le rapprochement, contribueront à fournir plus de lumière pour éclaircir la Théorie. Quatre onces de fel de foude bien pur & quatre onces de chaux vive en poudre , furent foumifes dans fufifante quantité d’eau à une forte ébullition : la liqueur faline devint bien cauftique ; fans la filtrer, j'ajoutai au premier mélange quatre onces de crême de tartre, je continuai à faire bouillir encore : après cette première addition, la liqueur devenue moins cauftique, fut filtrée , elle pafla claire, mais fort colorée ; & comme elle étoittrès-rapprochée, par conféquent chargée de beaucoup de fel, & que la filtration ne fe faifoit que lente- ment, il fe forma dans le vaiffeau , où la liqueur filtrée tomboit, une aflez bonne quantité de vrais criftaux de fel de Seignette, qui , raffemblés, pesèrent deux onces : le refte de la liqueur, après cette criflallifation, réduite au point jufte & précis de faturation, fut remife en ébullition. Avant même qu'elle eut acquis ce degré de chaleur , elle fe troubla fortement , devint blanchâtre, & prit une confiflance comme celle de la colle d'amidon la plus épaife, Quoique trouble, colante & épaiflie à ce point, elle reprit bientôt, en fe refroidiflant, fa première couleur foncée, avec fa fluidité & une parfaite limpidité, fans nul dépôt. /4) ne Dh 4 1 (b) En général, plus ces fortes de plus auffi ces liqueurs falines ainfi trans- mixtes falins diffous font rapprochés | formées en magma , font de temps à & concentrés, plus ils prennent de ‘reprendre. leurs premières fluidité & confiftance lorfqu’en les éprouvant, limpidité ; parce qu’à raïfon de leur les premiers inftans de leur ébullition denfité, elles perdent plus lentement les troublent & les épaifliflent ; & | la chaleur communiquée, ‘200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette expérience, une des plus curieufes , en ce qu'elle préfente d’une manière plus marquée, l'alternative du phéno-7 mène qui fait l’objet de ce Mémoire, nous apprend encore, que pour la production de ces phénomènes, la liqueur faline n'a pas befoin d’être fort cauflique ; c’eft-à-dire, qu'il n’eft pas néceflaire que le tartre fe combine avec une quantité de chaux aflez confidérable pour lui communiquer une forte caufticité : car on a déjà vu, dans une des combinaifons antérieures , que la liqueur faline, réfultant du mélange & de l'ébullition dans l'eau , de trois parties de crème de tartre, contre une feule de chaux vive, n'eft pas fenfiblement cauftique; cette liqueur pourtant fe trouble. I! paroît de plus, que, puifqu'il fe forme du fel de Seignette qui criflallife, quoique l’on ait fait bouillir en même temps le mélange en parties égales d’alkali minéral, de chaux & de crème de tartre, le concours actuel & immédiat de la chaux n’empécha pas que l'acide tartareux & Falkali minéral ne fe neutralifent bien lun par l'autre /c) ; & comme l'on fait, que pour la formation du fel de Seignette, Ie tartre fe combine avec l'alkali, par la portion acide, qui eft un de Je crois pourtant avoir bien ob- IT y a même une de ces liqueurs fervé, que lorfque ces diverfes liqueurs falines font éprouvées immédiatement après leur préparation, elles s’épaif- fiflent moins & s’éclairciffent beaucoup plus vite, même avant leur entier refroïidiflement , quoiqu’elles foient rapprochées & bien faturées. Au contraire, lorfqu’on les conferve quel- que temps, c’eft-à-dire plufieurs mois de fuite, dans des flacons bien fermés, où, fans doute , elles ne fauroïient prendre, par une nouvelle évapora- tion , un plus grand degré de concen- tration , elles femblent alors avoir acquis la propriété de s’épaiffir davan- tage en fe troublant, & de ne revenir à leur première fluidité limpide, que lus lentement ; c’eft-à-dire, après ur refroïdiflement complet, falines ( c’eft celle dont il s’agit dans l'expérience que je viens de décrire } qu ; au bout d’un an, s’étoit trans- ormée en une forte de gelée bien confiflante , maïs parfaitement dia- phane , quoique jy eufle ajouté aupa- ravant un peu d’eau diftillée pour létendre, qu’elle füt réfervée dans un flacon de criftal bien bouché, & qu’elle n’eüt recu, pour procurer ce nouvel effet, nul degré de chaleur, (c) Ces criflaux féparés de Ja liqueur , bien égoutés, rediffous en- fuite dans un peu d’eau diftillée, n’ont offert ni par l’ébullition de Ja liqueur , ni par le refroidiflement, aucun des deux phénomènes, {es . DITES AMSUICLINENNNCRE *s. 201 fes principes conftituans, il femble s'enfuivre, que la chaux ne peut adhérer en même temps à ce {el neutre, & prendre encore davantage le caractère falin, de manière à refter fufpendue dansla liqueur, qu'en s’'uniffant au principe huileux du tartre : cette dernière induétion , va être appuyée , juflifiée, étendue & développée par de nouveaux faits. La liqueur faline, réfultant du mélange & de l’ébullition dans l'eau d'une partie de chaux & de trois parties de crème de tartre, ayant été filtrée, j'ajoutai à deux parties de cette liqueur claire & rapprochée, une partie d’alkali fixe concret ordinaire ; le nouveau mélange , qui d'abord refta limpide avant que d’être chauffé, ayant été mis en ébullition, fe troubla beaucoup, & ne reprit fa limpidité, par le refroïdif- fement , qu'en laiffant dépofer à mefure & peu-à-peu une terre fubtile & d’une couleur prefque brune; c'étoit toute la portion de chaux , dont la première combinaifon avec le tartre fut dérangée & pleinement détruite, parce que F'alkali qui s'y fubftitua , prit fa place en vertu d’une plus grande affinité ; en effet, cette feconde liqueur , redevenue très-claire, après avoir fourni ce dépôt, ayant été reñltrée, & de nouveau foumife à l'ébullition, ne devint pas plus opaque ni épaiffe. Plufieurs circonftances de cette opération indiquent: 1.° Que puifque la chaux, déjà combinée avec la crème de tartre, en eft enfuite détachée, en entraînant avec elle, comme on Ya vu , une portion de a fubftance huileufe colorante du tartre à laquelle elle adhéroit ; cette combinaifon réciproque, eft bien réelle & même plus intime que celle qui fe fait auffi entre la portion purement acide du tartre & la portion purement terreufe & abforbante de la chaux ; puifque celle-ci étant détruite, l'autre fubfifte en partie. 2.” Quoique dans cette dernière expérience, on mêle & fafle concourir les trois matières qui mont déjà produit le phénomène dont il s’agit dans ce Mémoire ; cependant actuel- lement, le même phénomène n'a plus lieu lorfque le tartre feul, s'étant d’abord chargé de toute Ia portion de chaux dont il eft fufceptible dé fe faturer, le mixte falin, filtré, Mém. 1773. Cc 202 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft enfuite mêlé avec l'alkali fixe : car ces trois matières étant uue fois réunies dans cet ordre différent, fi la folution limpide, après la filtration, eft de nouveau expofée à un degré de chaleur propre à déterminer l'ébullition , elle fe trouble & s'épaiffit ; mais elle ne reprend plus fa limpidité, qu'en laiffant dépofer toute la chaux qui étoit combinée avec le tartre, & qui ne peut plus fe reméler avec le refte de la liqueur claire , en reprenant elle - même le caraétère falin après le refroidiffement. Or ceci ne peut arriver que parce qu’il manque fans doute dans ce dernier cas une appropriation néceflaire pour établir un moyen uniflant entre la chaux & le fel tartareux ; & l'expérience fuivante va fervir à faire connoître en quoi confifte cette appropriation. Je compofai, comme pour lexpérience précédente, une liqueur faline, en faifant d’abord bouillir dans Feau trois parties de crème de tartre & une partie de chaux vive en poudre; après l'avoir filtrée , j'y ajoutai l'alkali fixe cauftique en liqueur, dans les proportions d'une partie de cet alkali & de deux parties de la première liqueur faline. On voit que ce mélange ne diffère de celui qui fut fait dans l'expérience précédente, que parce que j'emploie ici l'alkali fixe déjà rendu cauftique par la chaux. Voici ce que produifit cette feule différence, le dernier mélange où entra l'alkali fixe cauflique ayant été remis en ébullition, toute la liqueur fe troubla fortement; & par le refroïdiffement, elle redevint claire & parfaitement limpide fans former le moindre dépôt. I eft donc démontré par ce dernier réfultat tout-à-fait frappant, quand on le compare au précédent, que la chaux abfolument dérangée par lalkali fixe cauftique de fa pre- mière combinaifon avec le tartre , ne rentre dans cette feconde combinaifon faline, en prenant elle-même le caractère falin, que par l'action intermédiaire de la caufticité imprimée au principe huileux. Il faut le prouver encore par d’autres faits immédiats. Je mis dans un poëlon d'argent huit onces d'eau de chaux DES BC LE NI dE & 203 filtrée | où je projetai une once de fel de Seignette ; ce {el en s'y diflolvant tout de fuite & avant que le vaifleau fût expolé à l'action du feu, rendit la liqueur trouble & blan- châtre; mais auffi-tôt qu'elle commença à bouillir, elle s’€- chaircit entièrement fans veflige de dépôt, ébullition con- tinuée procura l'évaporation des deux tiers de l'eau; à ce réfidu encore bouillant, ÿ'ajoutai pareille quantité de la même eau de chaux, c’eft-à-dire, huit onces , le mélange refta limpide; mais lorfqu’après cette addition un tiers de Ja Ii- queur fut évaporé, le refte fe troubla , & prit un coup d’œil laiteux : en continuant l’ébullition , Mais fans la pouflér trop loin , la liqueur refta conftimment opaque & blanche; alors j'ajoutai huit onces d'eau de chaux : & après avoir encore pourfuivi l’évaporation jufqu’à peu-près au tiers, je décantai dans une fiole de verre mince un peu de cette liqueur toute bouillante, opaque, blanche & fans l'avoir filtrée; en fe re- froidiffant, elle devint très - limpide fans faire le moindre dépôt. Le refte de la liqueur d'où J'avois décanté celle-ci, ayant été enfuite beaucoup plus évaporé , dépofa enfin tout en bouillant, fur les parois du vaifieau d'argent où elle étoit, une couche terreufe blanche fort adhérente ; & immédiate- ment après ce dépôt, la liqueur toujours bouillante s'éclaircit parfaitement : ce qui prouve que, dans cette opération , il ne faut pas pouffer trop loin Févaporation, parce qu’appa- remment on détruit ainfi & fans retour la combinaïfon eflen- tielle & néceffaire qui exiftoit entre les fubftances qui confti- tuent ce mixte falin (d). Sur cette petite quantité de liqueur ainfi éclaircie , je verfai (4) L’efpèce de décompofition qui | furvient, c’efl-à-dire, fi [a féparation arrive ici à ce mixte falin, je l'ai | de la chaux combinée n’eit pas totale pareïllement obfervée fur plufeurs par la deftruétion complète de Ja autres mixtes femblables , qui font caufticité, il arrive du moins que ces Fobjet des expériences décrites dans | effets ont lieu en grande partie, & ce Mémoire lorfque lon poufle & que les phénomènes alternatifs ne font continue trop long-temps l’ébullition; plus f fenfibles. car alors, f la décompofition qui | Cci 204 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE encore huit onces d’eau de chaux ; malgré l'ébullition , le dépôt qui avoit incrufté les parois du vaifleau d'argent , ne fut pas rediffout , mais la liqueur redevint opaque & laiteufe; en cet état & prefque bouillante, elle fut verfée fur un filtre , elle paffa d'abord très-lentement , à caufe de la confiftance épaifle qu’elle avoit prife; bien-tôt le refroidiflement la rendit fluide & claire, alors elle acheva de pañler plus vite fans laifler fur le filtre nulle trace de dépôt. Je fis rebouillir cette liqueur filtrée, elle fe troubla de nouveau, redevint épaifle & reprit enfuite, à mefure qu'elle fe refroiïdit, la même limpidité. Il eft bon d’obferver que n'ayant employé que deux livres ou trente-deux onces d’eau de chaux, il ne put fe combiner avec le {el de Seignette qu'environ foixante grains de la fubf tance faline de la chaux; d’où il faut encore fouftraire 1a portion terreufe qui s'étoit féparée, précipitée & attachée aux parois du vaïfleau d'argent , & qui ne put être redifloute. IH s'enfuit qu'une fort petite quantité de la feule fubftance faline de la chaux fuffit, en fe combinant avec une once de fel de Seignette, pour produire le phénomène dont il s’agit dans ce Mémoire. | Il eft encore à remarquer qu'en même temps que la liqueur faline , après l'addition de l’eau de chaux & par l'effet de lé- bullition, s'épaiflit & devient laiteufe, elle acquiert aufii une faveur mordicante & cauftique. Et comme il a été prouvé, par l'expérience qui précède celle-ci, que la fubftance calcaire combinée avec le tartre feul _en eft entièrement chaffée, & fe dépofe tout-à-fait fans fe redifloudre lorfque l'alkali fixe ordinaire intervient en agiffant avec une affinité fupérieure ; on doit en conclure que dans l'autre expérience où l'alkali cauftique eft employé, la portion calcaire n’adhère alors au mélange & n’eft plus précipitée que parce que cet alkali cauftique en s’uniffant par fa partie: purement alkaline au feul principe acide du tartre , imprime: en même temps fa caufticité à lautre portion huileufe & terreufe du tartre, la difpofant ainfi à fe recombiner avec la chaux; & ceft aufli ce qui fait que, dans l'expérience DIESNUSSICUR E NS GEL S 205$ précédente où l'eau de chaux eft immédiatement appliquée à un fel neutre tartareux, la partie purement terreufe & abfor- bante de la chaux adhère réellement à ce fel neutre, en vertu de la caufticité dont elle eft douée qu’elle communique , & qui eft le feul moyen d’appropriation capable de déterminer cette union réciproque. On va voir que dansles combinaifons fuivantes , les variétés des réfultats tiennent évidemment aux mêmes caufes. Une once de crême de tartre & cinq onces d’alkali fixe cauftique en liqueur, combinées dans eau bouillante, font une mixtion faline neutralifée , dont on juge par la faveur & par les autres effais : cette liqueur filtrée & de nouveau fou- mife à l'ébuilition , refte claire & ne {e trouble point du tout ; cela doit être aïinfi, parce que Falkali cauftique en s’uniflant à la portion acide du tartre , ne peut avoir imprimé & com- muniqué à l'autre portion huileufe & terreufe du même acide concret , que le principe de la cauflicité, fans fournir en même temps aucune parcelle de terre abforbante , dont la préfence dans la mixtion & la combinaifon peut feule dé- terminer fopacité & l'épaifliflement de la liqueur faline , lorfqu’après avoir été filtrée on la foumet à une nouvelle ébullition. En effet, fi dans un femblable mélange de l'acide concret du tartre & de lalkali fixe cauftique , je fais de plus intervenir une pure terre abforbante, telle que la craie, qui ne diffère en rien de la fubftance terreufe de la chaux privée de fa caufticité ; dès-lors une partie de cette terre fe combine, entre dans la mixtion, prend le caraétère falin ; & fi cette nouvelle liqueur, après avoir été filtrée, eft remife en ébul- lition , elle devient opaque, trouble , épaifle, & reprend , en fe refroidiffant, toute fa limpidité , fans laïfler dépofer le moindre atome terreux. Mais afin que cette dernière expérience réuffifle, il eft néceflaire d'y procéder comme je vais le dire, & l'on en tire alors un nouvel éclairciffement pour la théorie. . Dans Ka diflolution bouillante de demi-once de crème de. 206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE tartre, je projetai peu-à-peu fufhifante quantité de craie en poudre , pour obtenir une faturation exacte de ces deux fubflances. J’ajoutai enfuite deux onces & demie d’alkali fixe cauftique en liqueur, & l'ébullition fut encore continuée dix ou douze minutes; la liqueur filtrée pafla claire, d’une couleur un peu citrine; remife enfuite en ébullition, elle fe troubla & devint laiteufe: le refroidiflement fit difparoître cette opacité & rétablit parfaitement la première limpidité, fans aucun dépôt. En employant les mêmes matières, & dans des propor- tions toutes pareilles, fi lon procède pour le mélange, dans un ordre différent; c’eft-à-dire, fr lon commence par unir l'alkali cauftique avec la crème de tartre, & qu'après cette combinaifon on ajoute la craie, il ne fe fait point d'union de cette dernière fubftance, & par conféquent la liqueur filtrée ne donne plus enfuite les mêmes phénomènes par l'effet de l'ébullition & du refroïdiffement alternatifs, comme dans lexpérience précédente : en voici les raifons. C'eft qu'ici lalkali, fe combinant d’abord avec-la crème de tartre, s’unit en même temps aux deux fubftances qui confti- tuent l'acide concret dutartre; je veux dire, au principe acide & à l'autre portion huileufe & terreufe, en vertu d’une affinité réciproque qui lie & retient toutes ces matières; de forte que la craie intervenant enfuite, ne peut plus adhérer par furabon- dance à ce premier mixte, parce qu'elle a une affinité moindre que celle de l'alkali avec toutes les parties de l'acide concret, & que d’ailleurs, tant qu’elle eft feule & ifolée, elle n'a rien par elle-même qui agiflant comme intermède puiffe favorifer fa combinaifon fecondaire, Au contraire, dans l'autre expé- rience, la craie s'étant d'abord unie avec les principes confti- tuans de la crème de tartre , fi Valkali fixe cauftique intervient enfuite, fans doute il dérange la combinaifon préexiflente de la craie; mais comme il eft de fait (on en a vu la preuve) que cette craie ainfi féparée, entraine avec elle & retient une portion du principe huileux du tartre, qui la fait paroîtie file & colorée quand on la précipite entièrement ; il s'enfuit, Di EUSULS 1G $ E :N0 CE) & 207 qu'ayant acquis par-à une première altération qui la difpofe à une nouvelle combinaïfon, fi de plus, fon divorce avec le tartre , eft procuré par l'alkali fixe cauftique, dont l'action fimultanée porte en même temps fur les principes conftituans du tartre ; comme je l'ai déjà fait obferver, & fur la craie qui prend aufli par communication, le caraétère de caufticité ou de chaux vive, felon la remarque qu'en a fait le premier , M. Black; dès-lors il fe fait une double appropriation néceflaire , pour que la craie puifle adhérer par furabondance, & former une nouvelle mixtion faline avec le fel neutre réfultant de la combinaifon de l'acide concret du tartre & de l'alkali fixe : cette dernière expérience, ainfi comparée à la précédente, me paroît être une des plus impor- tantes & des plus curieufes. Si l'on rapproche les effets abfolument femblables , que nous avons déjà vu réfulter dans ce Mémoire, du mélange de la chaux vive avec l'acide concret du tartre, en ajoutant enfuite l'alkali fixe ordinaire ou l'alkali fixe cauftique , l'éthio- logie que je viens d'expofer, & qui eft applicable à tous ces faits réunis, n’en fera que mieux développée & plus conftatée. Car il paroït bien certain que les phénomènes, dont je recherche ici les caufes particulières , ont toujours lieu, pourvu que dans les combinaifons variées de l'acide concret du tartre, avec Îes alkalis fixes ou volatils, avec la terre abforbante ou la chaux, il puiffe réfulter des divers mélanges une altération qui imprime à la portion huïleufe du tartre, le principe de la caufticité, tel qu'il réfide effentiellement dans la chaux vive, parce que c'eft ici l'intermède unique , le moyen uniflant & lappropriation abfolument néceflaire. Une nouvelle preuve , qui même peut être regardée comme le complément des autres, c’'eft que le principal phénomène réfultant du plus grand nombre des expériences précédentes, n'a point du tout lieu, ou ne la que d’une manière impar- faite lorfque pour ces expériences on fe fert, au lieu de la chaux vive & récente de celle qui déjà altérée par l'air & comme éteinte, a perdu en bonne partie le principe de 208 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE caufticité, ou du moins que cette qualité a été altérée & fort affoiblie. M'étant propofé de fuivre & d'examiner toutes les com- binaïfons relatives à l’objet qui m'occupe, il me reftoit à rechercher ce qui réfulteroit du mélange du tartre, du borax & de la chaux vive. J'ai déjà prouvé, dans un Mémoire imprimé parmi ceux de l'Académie /e), que l'acide concret du tartre, en s’uniffant au borax, s'y combine principalement avec le fel fédatif, & que cette forte de combinaifon du tartre s'opère ici en grande partie par le Zatus huileux. De-R feulement, je fus autorifé à préfumer d'avance que la chaux vive intervenant à ce premier mélange, ne pourroit pas y adhérer auffi-bien pour former une combinaifon faline, & refter fufpendue dans la liqueur diflolvante, de manière à ne plus fe précipiter, parce u'en agiflant effentiellement par fa propriété cauftique, ül RAS qu’elle renconträt plus libre & plus ifolée fa fubftance huileufe du tartre, conformément à ce que les faits antérieurs ont appris. Voici ce que prononça l'expérience. Je fis bouillir long -temps dans l’eau une once de crème de tartre, une once de borax, une once de chaux vive en poudre ; la liqueur devint très-cauftique & fort colorée, parce qu'elle étoit chargée & concentrée ; tout en filtrant, elle commença à pafler louche & un peu trouble. Je La refiltrai ; elle paffa plus claire, en laiffant une petite quantité de terre fur le filtre : fur le champ je la fis rebouillir; elle fe troubla, devint blanchâtre & s’épaiffit : en refroïdiflant elle s’éclaircit, mais en formant un dépôt, qui ne püût pas fe redifloudre; après avoir agité & rebrouillé la liqueur avec le dépôt, elle fut de nouveau filtrée & étendue avec un peu d’eau diftillée elle repaffa bien claire. Par l'effet de l'ébullition, elle redevint opaque, mais moins laiteufe & épaifle : le refroidiflement lui reflitua toute fa limpidité, fans qu'il fe fit d'abord aucun dépôt terreux : l'ayant ainfi confervée dans un flacon de criftal (e) Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, année 175 5. DES IS JOUR 'E IN) CES: 209 criflal bien bouché, j'aperçus au bout d’une quinzaine de jours , une couche blanche & terreufe au fond du vaifleau, le refte de la liqueur ayant fa même couleur & la même tranfparence. Je décantai la liqueur claire, & la fis rebouillir, mais en vain: elle ne fe troubla plus, & ne perdit rien de fa limpidité; ceft qu'elle étoit abfolument dépouillée de toute la portion de chaux, qui d'abord y avoit été foiblement combinée /f). En réitérant l'expérience dont je viens de donner les détails, je crus devoir varier les proportions; j'employai deux parties de crème de tartre, contre une de borax & une de chaux vive : les réfultats furent abfolument les mêmes ; & l’éthio- logie de ces effets que j’avois déjà prévue, relativement à la combinaifon particulière du borax, fut pleinement confirmée. Je dois faire remarquer , à propos de la forte de décom- polition, dont paroiïffent plus fufceptibles ces dernières mixtions falines , que parmi les autres liqueurs femblables , auparavant décrites , ilen exifte auf quelques-unes , qui au bout de deux ou trois mois , ont fait un petit dépôt terreux /g), quoique confervées dans des flacons bien bouchés, Je refiltrai alors ces diflolutions falines , pour enlever le dépôt, & les foumis enfuite à l’ébullition : elles n’avoient pas perdu la propriété de fe troubler & de reprendre leur limpidité en fe refroidiffant: d’autres parmi ces liqueurs, fe confervent & fe maintiennent beaucoup mieux; car celles-ci » après plus d’un an, n’avoient pas fait encore le moindre dépôt, n'avoient rien perdu de leur diaphancité. (F). Sur ce dépôt terreux féparé | le mixte falin où entre le borax: il de la liqueur, j'ai verfé de lefprit de | ne fait point d’eflervefcence avec viwiol ; il y a eu cffervefcence : c’étoit | l'acide vitriolique ; il n’a pas non donc une portion de la chaux qui | plus le caractère de chaux vive : il avoit été combinée, & qui, en per- | eft vifqueux, très-blanc ; il me paroît dant la cauflicité, s’éroit précipitée , | être plutôt une terre très-fubtile, dé- n'ayant plus que le caractère de Pure | gagée peu-à-peu de l’alkali où du terre abforbante ou de craie. tartre, peut-être de l’un & de l’autre; (8) Cette forte de dépôt n’eft pas | & qui reffemble aflez à une efpèce de de la même nature que celui dont je | terre argileufe, viens de parler plus haut, fourni par em, 71 773 | D d 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Voulant ne rien négliger de ce que je croyoïs avoir quelque trait aux expériences précédentes, je crus qu'il falloit examiner ce que produiroit le fe d'ofeille fubftitué au tartre, auquel il paroît d’abord affez analogue. Une once de ce fel acide concret fut projetée dans un mélange d’une once de chaux vive & d’une once de criflaux de foude, foumis lun & l'autre à une forte ébullition dans leau, & qui fut encore continuée ; la liqueur filtrée & bien limpide fut éprouvée dans une petite fiole placée fur les charbons embrafés, mais l'ébullition ne lui fit rien perdre de fa limpidité; le fucre fubflitué dans le même mélange ne réuflit pas mieux; enfin - la terre foliée déliquefcente de tartre, & la terre folice criftal- lifée, traitées l'une & l'autre avec la chaux vive ne produi- firent auffi nul effet. Or ces dernières tentatives infruétueufes femblent indiquer que pour obtenir les deux phénomènes alternatifs dont il s'agit, peut-être l'acide concret du tartre devient néceffaire, exclufivement à toute autre matière, comme paroît l'être le concours de la chaux vive. I reftoit à éclaircir un dernier point de théorie tout aufli intéreflant, & qui même eft le principal. Il s’'agifloit, à la fuite des recherches précédentes, de rendre raifon pourquoi ces diverfes liqueurs falines ainfi compofées, bien flitrées & bien claires perdent enfuite tout-à-coup cette limpidité &c s’épaifliffent quand on les expofe de nouveau quelques inftans à un degré de feu capable de déterminer leur ébullition, & pourquoi elles redeviennent bientôt auffi limpides à mefure qu'elles fe refroidiffent. Les moyens immédiats, c’eft-à-dire, la chaleur commu- niquée du degré de l'eau bouillante, enfuite le refroidiffement, qui feuls paroiflent déterminer ces phénomènes, prouvent d'abord que le feu élémentaire pur ayant pénétré le mixte falin, s’y étant fucceffivement accumulé, peut-être aufi s'étant fuperficiellement combiné, en s'interpofant par fur- abondance entre toutes les molécules , eff ici l'agent principal. Mais avant que d'aller plus loin, j'ai prévenu une objection qui fe préfente, & je me fuis demandé, fi lorfque le feu D Est OS CÉVEIN CE :s SYrE appliqué excite l'ébullition, ce n’eft point parce qu'il chañle de cette liqueur l'air pur & élaftique dont fans doute elle eft imbue & pénétrée, qu'elle devient alors capable de préfenter des phénomènes aufi fmguliers ? ou, ce qui revientfau même, fi la préfence ou labfence de cet air n'en feroient pas les caufes immédiates? Car il n'y auroit que cette efpèce d’air élaftique , qui püt être chaflé de ces liqueurs falines par le degré de feu appliqué quelques inflans dans toutes ces expériences. | Il me parut qu'il n’y avoit qu'un moyen de réfoudre ces queftions d'une manière füre & expéditive. I fuffoit de placer dans des vaiffeaux ouverts, & fous le récipient d’une bonne machine pneumatique, quelques-unes de ces liqueurs falines bien limpides, & de pomper Fair autant qu'il feroit pofüble; car, je le répète, il ne s’'agifloit point ici d'extraire l'air fixé déjà combiné, & profondément inhérent comme principe conftituant des fubftances falines ; il falloit feulement enlever à ces liqueurs la même portion d'air libre que le feu pouvoit en chaffer. J'exécutai l'expérience, & je laifflai quelque temps les liqueurs dans le vide, c’eft-à-dire fous le récipient bien purgé d'air. Pendant Fopération , il ne s'étoit dégagé aucune bulle, il ne s’en forma pas davantage par le féjour dans le vide ; en un mot il ne parut pas le moindre figne de changement ou d’altération (4). Bien convaincu par ces réfultats, que l'air, tel que je viens ici de le confidérer, ne pouvoit produire aucun des deux effets; ilne me refta plus de doute que le pur feu élémentaire, à lexclufion de tout autre agent, ne füt fa caufe unique & immédiate que je cherchois , & qui fembloit s'annoncer & fe découvrir d'elle-même. (&) Il faut rapprocher de ce détail | de l’ébullition , reprennent enfuite, par une expérience déjà rapportée aw | leurrefroïdiflement, leurlimpidité dans commencement de ce Mémoïre, fur | les bouteilles qui ont été exaétement cesmixtes falins.qui, devenus troubles | bouchées au moment même où on & épais par l'effet des premiers inftans | les a ôtées de deflus le feu: Dd ij 212 MéÉMoïr£Es DE L'ACADÉMIE ROYALE Or cet agent igné pur, en vertu de fon affinité fupérieure avec le principe huïleux, où fi lon veut, par fa feule proprieté expanfive, tend à déranger & à rompre en partie la cohéfion préexiflemte des molécules terreufes de la chaux, & en dé termine ainfr une demi-précipitation apparente & marquée par l’opacité & l'épaiflifiement de la liqueur , maïs qui n’efb pas achevée ni complète; car dès que lafflux fucceflif & Tin- trufion de nouvelles molécules ignées ceffent ; dés-lors , celles qui avoient déjà pénétré s’échappent fans ceffe, à caufe de leur exceflive mobilité, de leur propre tendance À s'éloigner, à {e diffiper, & de leur très-foible adhérence ; de forte que Îæ liqueur faline fe refroidiffant, c'eft-à-dire, perdant ce feu fur- abondant & interpofé, qui avoit commencé à déranger la mixtion ; alors les diverfes parties conftituantes du mixte falin rapprochées & remifes en leur premier état, peuvent de nou- veau exercer librement entre elles leur action réciproque; &c les premières combinaifons, d'où dépendoient la fluidité & la limpidité, fe trouvent rétablies, confervant pourtant la même difpofition à être altérées & dérangées par le même agent élémentaire, & à revenir enfuite à leur premier état. Ici l'effet & la caufe fe démontrent & s'expliquent très-nettement l'un par Flautre; à la fuite des recherches & des obfervations antérieures /{) on y découvre une affinité particulière & très- (i) On peut rappeler ici ce que j'ai déjà fait remarquer dans une note ‘particulière, que par l’effet de l’ébul- tion trop long-temps continuée, en préparant ces liqueurs, on empêche enfuite, en grande partie ou même entièrement , lapparition des deux hénoménes altematifs. J'ajoute que tes peut l'empêcher encore complè- tement & d’une manière füre ( du moins à l’égard de quelques-uns des mixtes: falins. fur lefquels j'ai fait expérience ) , lorfqu’après avoir compofé & filtré les liqueurs, on les expofe pendant plufeurs jours dans une capfile fur un bain de fable, pour les concentrer beaucoup par une éva- poration douce & lente. Apparem- ment, dans ces deux cas, les molécules ‘ignées furabondantes, plus accumulées & plus long-temps interpofées, opè- rent enfin, par leur vertu expanfve, une défunion entière; tandis qu’elle n'eft qu’imparfaite & incomplète par l'effet d’une ébullition rapide & courte : les liqueurs ainfi privées de leur première propriété par l’effet d’une évaporation lente , mais long- temps continuée, la reprennent par faitement en les faifant rebouillir quelques inftans avec la chaux vive.. DES SCIENCE Ss 2 remarquable du feu élémentaire, & un effet bien marqué de cette affinité, ou fi l’on veut, de l'action expanfive & répulfive de’ cet élément : effet qui doit être également fen- fible & donner lieu à certains phénomènes dans d’autres cas femblables , auxquels on n’a peut-être point encore fait aflez d'attention, en négligeant de les confidérer fous ce point de vue, Il me paroît donc que a théorie entière des faits & des phénomènes que je me fuis propolé de faire connoître & d'examiner dans ce Mémoire, fe trouve ainfi clairement développée, non par des fyflèmes ou par des conjectures , mais par les feules inductions naturelles, que ces faits multi- pliés, comparés & préfentés dans l’ordre le plus convenable ont eux-mêmes fournies, 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EX AMEN DE LA FAMIELE DES RENONCULES Par M. A. L. DE Jussieu. EE Plantes répandues fur la furface de la terre , ont L_1 entr'elles des rapports & des différences fondées fur la fituation , le nombre & la configuration de leurs parties, & ces rapports peuvent, {ous un point de vue, être comparés aux afhnités, que les Chimiftes admettent dans les fubftances minérales foumifes à leur examen. L’affinité chimique eft cette propenfion plus ou moins forte, que deux corps ont à contracter une union, elle n’eft pas la mème dans tous; les uns s’uniflent intimément & avec facilité; d’autres ont une adhérence moins forte, & peuvent être féparés par un inter- mède ; quelques-uns ne s’uniffent point ou très-difficilement. Les végétaux préfentent à peu-près les mêmes nuances , la même gradation ; ils ont des caraétères par lefquels ils fe rapprochent , ils en ont aufli par lefquels ils diffèrent : la combinaïifon variée des uns & des autres, a fervi aux Bota- niftes pour conflituer des clafles, des feétions, des ordres, des familles, des genres, des efpèces. On a réduit en Tableau les principes de la Science, & ce Tableau peut être en Bota- nique, ce qu’eft pour les Chimiftes la Table des affinités. Les Naturaliftes qui fe font occupés de lexamen des végé- taux & du foin de les clafler, ont fuivi différentes routes pour parvenir au même but: chacun a formé fes caractères fur les parties qui lui ont paru les plus faciles à obferver, ou les plus propres à fervir de bafe à un arrangement; les uns ont préféré le fruit, d’autres la fleur , celui-ci la corolle, celui-là les étamines. Sans m’arrêter à apprécier leurs travaux , j'obferverai que tous ont imité, autant qu'ils ont pu, l'ordre de la Nature ; D'ENRSNISNCIMIENTICIELS 215$ que plufieurs d’entreux ont cherché cet ordré ; mais dans l'impoflibilité de le trouver , ils ont donné des fyftèmes que Jon peut regarder comme des Tables raïfonnées, qui rafñlem- blent fous un point de vue les matériaux deftinés à fa conf truétion, jufqu'à ce qu'un génie plus heureux ou plus riche en obfervations, entreprenne de les mettre en œuvre. Dans une méthode artificielle , on trouve aifément des caractères claffiques, puifqu'ils font tirés d’une feule partie, & qu'ils dépendent de la volonté de Fauteur ; après avoir déterminé fes clafles , il peut y ranger indifféremment tous : les genres qui en ont la marque caraétériflique; mais il en réfute, premièrement, que fes caraétères ne font pas inva- riables; une étamine avortée, ou une furnuméraire embarraf- fent les fefateurs du fyftème fexuel; dans uné autre méthode, la corolle régulière fe confond fouvent avec celle que fon nomme irrégulière : en fecond lieu, les plantes analogues font fouvent féparées , parce qu'elles différent en un feul point, pendant qu'un caraétère commun; à des plantes, d’ailleurs très-différentes, les réunit dans la même clafle. C’eft ainf ue M. Tournefort eft forcé, par fon arrangement , de joindre la Quinte-feuille à la Renoncule , & d’en féparer l'Ancolie; que le fyftème de M. Linnæus, nous offre l'Ofeille auprès du Colchique, dans une clafle différente de celle de la Perficaire. Un auteur méthodifte achette bien chèrement l’avantage de créer aifément des dclafles, puifque fon ouvrage ne peut manquer d'être défettueux en quelque point, & que la perfection de fon travail ne fe mefure qu’en raifon des défauts u’il a fu éviter. | Celui qui cherche l'ordre naturel, n’a pas la même facilité, parce que les caractères ne dépendent pas de fon choix, mais il rifque moins de tomber dans les mêmes défauts. Ce n’eft qu'après avoir examiné tous les genres qui paroïffent appar- tenir à une famille, qu'il eflaie d’en former le caractère général; rien n'échappe à fes recherches ; il obferve, avec foin, toutes les parties de la frutification , fans négliger les autres; quand il s’'eft afluré par des obfervations réitérées de 216 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la nature de toutes ces plantes, il établit entr'elles une analogie fondée fur la reffemblance de plufieurs'parties , & le caractère de la famille devient le fruit d'une fpéculation qui équivaut à celles des Sciences les plus abftraites. Un homme d'efprit peut faire des fyflèmes , il peut les varier à l'infini; mais l'ordre naturel ne fera j jamais l'ouvrage que d'un Botanifte confommé, en qui la patience pour examiner les plus petits détails, égale le génie pour en tirer des conféquences, pour former des fuites, pour faire en un mot de Îa Botanique , non une Science de mémoire & de nomenclature, mais une Science nouvelle, qui ait fes combinaifons & fes affinités comme la Chimie, fes problèmes comme la Géométrie. Quelques Savans très-eftimés, ont déjà ébauché cet ouvrage; je ne citerai que les principaux. M. Linnæus a donné fes Ordines naturales ; M. Bernard de Juflieu, mon oncle, a établi, dans le Jardin royal de Trianon, une fuite de familles Nmirelles , qui n'ont que des rapports éloignés avec l'arran- gement du Botanifte fuédois. M. Adanfon, dans fes Familles 5 plantes, fait un plan différent de l'ordre de Trianon, mais qui en approche plus que celui de M. Linnæus. H ne me conviendroit point de louer ici ces Auteurs, tous trois vivans & Membres de cette Académie ; l’expofition & Fana- lyfe de leurs travaux, feroitun éloge plus complet. Mon objet n'eft aujourd’hui que d'examiner une fuite de plantes que M. Linnæus, rapporte à fon ordre vingt-fixième , avec la dénomination de Plante multifilique , & qui à Trianon & dans l'ouvrage de M. Adanfon , porte le nom de famille des Renon- - cules, Cet examen confifte; 1.° à déterminer les vrais carac- tères eflentiels à cette famille, & qui la diftinguent de toute D autre; 2." à lui afligner la place qu'elle doit occuper dans la fuite des ordres naturels : deux points également intéreflans qui demandent beaucoup de détails, & prélentent quelques difficultés à vaincre , quelques problèmes à réfoudre ; d’une part lon doit examiner féparément toutes les plantes de la famille, reconnoitre la ftructure & la fituation de chacune de leurs parties & en fixer les rapports généraux; de l'autre, les confidérant DREMEMIS "CITE ANCIENS. 217 confidérant colleétivement & fous un feul point de vue, if faut, par une comparaifon entre toutes les familles, déterminer celles qui ont le plus d'afhnité avec les renoncules. Je me bornerai, dans ce Mémoire, à la première partie, à l'examen des caractères de la famille. Ces caradtères font: 1.” un embryon à deux lobes ou coty- ledons, renfermé près de lombilic de la graine , dans une cavité pratiquée au fommet d'un corps corné , qui en occupe tout l'intérieur : 2.° un calice de plufieurs pièces, qui manque quelquefois; lorfqu’il exifte, il eft toujours adhé- rent au fupport du piftil, ainfr que la corolle qui eft ordi- nairement compofée de plufieurs pétales : 3.” un nombre indéfini d'étamines portées fur le même fupport ; leurs anthères font à deux bourfes féparées & appliquées dans toute leur longueur fur les deux côtés de l'extrémité du filet qui les foutient ; ces bourfes s'ouvrent longitudinalement en deux valves & laiflent échapper des pouflières globuleufes : 4.° le piftil eft compolé de plufieurs ovaires portés fur un réceptacle commun , & furmontés chacun d’un ftyle terminé par un fligmate fimple : $.° ces ovaires deviennent en müriflant, autant de capfules ou monofpermes ou polyfpermes; celles-ci s'ouvrent, du côté intérieur , en deux valves, aux bords defquellesfont attachées plufieurs graines ; les capfules monof- permes ne s'ouvrent point, & peuvent être regardées comme l'enveloppe extérieure de la graine qu'elles renferment: 6.° les feuilles font alternes dans prefque tous les genres ; leur bafe n'eft jamais accompagnée de ftipules, elle s’élargit quel- quefois & forme des demi-gaines, ou même des gaines prefqu’entières autour de lastige, qui, pour l'ordinaire , eft herbacée, « Parmi ces caractères, Îles uns font conftans, les autres peuvent quelquefois varier: chacun d'eux pris féparément fe retrouve dans une ou plufieurs autres familles; mais leur affemblage ne s'obferve que dans celle des renoncules : c'eft cet aflemblage qui en conftitue le caractère effentiel & inva- riable. M. Adan{on, dans fon expofé, les rapporte tous, en Mém, 1773. E« 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE y joignant d’autres détails qui font fupprimés ici comme moins intéreflans, On peut, d’après lui, divifer cette famille en deux fections ; I premiere renfermera le Cematis , V'Atragene, le Thalirum, Y Anemone , Ÿ Adonis, le Mpofuros , le Ranunculus , qui ont des capfules monofpermes; on rappor- tera à la fetion des capfules polyfpermes, le Pæonia, le Calha, Y Helleborus , Yfopyrum, le Trollius, l'Aquilegia, le Delphinium, Y Aconitum , Ve Garidella, le Nigella. Ce font à-peu-près les genres que les Auteurs cités plus haut ont rapportés aux renoncules, f1 l'on en excepte feulement deux ou trois qu'ils ont ou ajoutés ou retranchés par des vues parti- culières, dont il feroit facile de rendre raïfon. Cette famille porte le nom d'un de fes genres les plus connus; c'eft ce qui convient le mieux, lorfque lon manque de dénomi- nations fimples qui expliquent brièvement les principaux caractères d’une famille, comme font les termes d’ombelli- fères, de compofées; ceux de renoncules, de rofes, d'œillets, de lys retracent fans peine à l'efprit l'idée des familles aux- quelles ces plantes donnent leur nom, & font bien préférables aux termes inufités & barbares employés par quelques Auteurs. On ne fauroit rendre trop clair le langage d’une fcience qui déjà difficile par elle-même, le devient encore je par les entraves que lui donne un idiome obfcur & particulier. La nomenclature ne doit pas être négligée, mais la recherche des caraétères eft une partie plus importante de la Botanique; les uns font généraux, les autres particuliers; il en eft d’eflentiels, il en eft auffi qui ne le font point; la diftinction des familles m'eft pas toujours fondée fur les mêmes parties, ni fur le même nombre de parties; leurs rapports varient. Quelques-unes, comme les labiées, les ombellifères, les légumineufes ont des caractères fi fimples, & en même temps fi uniformes dans tous leurs genres, qu’ils n'ont échappé à aucun Botanifle ; & dans toutes les méthodes elles forment dés claffes, ou du moins des fetions bien caraétérifées. Mais cette uniformité très-utile pour déterminer fürement une famille, embarrafle lorfqu'il faut diftinguer fes genres, qui émeutes Ms ns 2 DES (Sie 1EN © Es: 219 n'ayant alors que des différences minutieufes, fe confondent aifément: c’eft peut-être un avantage que le nombre de ces familles fi fimples ne foit pas confidérable, La Nature, en variant {es productions , a rendu dans les autres {a diftinction des genres plus facile; mais cela n’a pu fe faire fans aug= menter en même proportion les difficultés dans la recherche des familles elles-mêmes, puifqu’alors il a fallu un plus grand nombre de caraétères particuliers pour former le caractère général. On en voit un exemple dans Ia famille des renoncules qui, quoique compliquée au premier alpeét, eft cependant très- naturelle ; l'accord de trois Savans illuftres dans l'énumération de fes genres, eft déjà une forte indu&tion en fa faveur; l'analyfe exacte & raifonnée de chacun de fes caractères vien- dra à l'appui. Pour la rendre plus füre & en même temps plus intéreffante , j'ai cru qu'il feroit à propos de Joindre des vues générales fur la marche que l'on pourroit fuivre dans la recherche de l'ordre naturel, & de rappeler quelques-uns des principes qui établiffent une véritable affinité entre les différentes parties de la frudification. L'embryon contenu dans la graine eft le premier élément d’un nouvel individu; ïl eft La partie la plus effentielle, a plus générale dans les plantes ; leurs Organes principaux concourent à le produire, à préparer le fuc qui lui eft propre, à le conferver jufqu’à fon entier développement & fa parfaite maturité ; ils n’ont été formés que pour cet office, & fe defsèchent après 'avoir rempli. Un appareil fi admirable annonce fon importance, & femble dire aux Naturaliftes que c'eft dans l'embryon qu'ils doivent chercher leurs premiers caractères ; fe nombre de fes parties & Île mécanifme de fa germination fourniflent des différences aflez remarquables pour divifer les végétaux en trois grands ordres, que lon qualifiera du nom de cafés, fans y attacher la même figni- fication que les Méthodites. L'embryon d’un grand nombre de plantes eft compolé d'une radicule, d’une plume & de deux lobes ou cotyledons renfermés dans une double mem- E e ij 220 MÉMOIRES DÉ L'ACADÉMIÉ ROYALE brane; lorfqu'il commence à germer, les membranes fe renflent , les lobes tranfmettent un fuc élaboré à la radicule & à la plume; celles-ci prennent de l'accroiflement; l'une eft dirigée inférieurement pour former la racine; l'autre, deftinée à devenir tige, s'élève hors de terre avec les deux lobes qui fe changent le plus fouvent en feuilles appelées féninales ; ces plantes font nommées Dicotyledones. Dans celles qui portent le nom de Monocotyledones, c'eft un lobe unique qui laïffe échapper la plume & la radicule: ces deux parties ne fortent pas toujours du même point ni de la même manière; Îles différences qu'elles offrent peuvent devenir un objet de recherches curieufes. D'autres enfin, dont la germination paroît plus fimplifiée, n’ont aucun lobe fenfible; le corps que lon prend dans ces plantes pour la graine, fe développe par une fimple extenfion des divers points de fa furface : ces êtres ont été regardés comme imparfaits , parce qu'ils n'avoient pas toutes les parties que l’on trouve dans les autres; auffr dans leur arrangement ne fuit-on pas les mêmes règles. Nous leur donnerons, avec quelques Auteurs, le nom de Plantes fans lobes, où Plantes Acotyledones. Céfalpin, & d’autres après lui, ont connu & adopté ces caractères dans leurs méthodes; mais ils n'ont pas diftingué les trois claffes comme elles le font à Trianon : cette divifion primitive, qui paroît naturelle & conftante, d’après les obfer- vations générales fur la germination, n'a pas été admile par M. Linnæus & Adanfon, dans leurs ordres naturels. On retrouve même, dans quelques-unes de leurs familles des plantes monocotyledones, jointes avec des dicotyledones ; ce mélange eft cependant rare; en général, ils ne confondent point les êtres différens qui compofent ces claffes, mais ils ne diftinguent pas aflez les familles qui doivent être rappor- tées à chacune. Doit-on, avec ces Auteurs, divifer le règne végétal fimplement en familles, ou feroit-il mieux d'admettre des claffes dont les familles feroient des fubdivifions ? ce fecond fentiment eft plus naturel, il eft même confirmé par l'an logie qui exifte entre les végétaux & les animaux. La an de nn Dr PES IPS IENN) CE is 221 germination dans les uns & l'incubation dans les autres, préfentent à-peu-près les mêmes phénomènes ; le cœur qui exifle dans tous les êtres animés, répond à l'embryon végétal; il eft comme lui formé le premier, & par la diverfité de fa ftruéture, conftitue des clafles qui renferment chacune plu- fieurs familles. Les quadrupèdes, les cétacées & les oifeaux ont un cœur compolé de deux ventricules, & d’un pareil nombre d'oreillettes; celui des poiflons & des reptiles n’a qu'un ventricule & une oreillette; dans les vers & les infeétes, il y a un feul ventricule, mais dénué d’oreillette: ces diffé rences dans la ftruélure du cœur doivent en produire dans le développement des fœtus, & les claffes ainfi formées par la Nature, fe diftinguent aifément par un port, une manière d’être qui leur eft particulière; au lieu d’être ifolées comme les clafles des Méthodiftes, elles font liées entrelles par leurs extrêmes , de forte que du polype à homme on peut, jufqu’à un certain point, établir une gradation prefque infenfible : les clafles des végétaux qui ne font pas moins naturelles, ont de même un LA qui leur eft propre, & des genres inter- médiaires qui lès uniflent; deux règnes qui ont d’ailleurs tant de propriétés communes, peuvent bien encore fe reflem- bler dans leurs divifions générales. La fituation de l'embryon dans la graine fournit un fecond caractère effentiel & conftant. Il y a des plantes dont la graine ne renferme que lembryon; dans d’autres, il n’en occupe qu'une partie, & le refte eft rempli par un corps d’une autre fubflance. Il eft ou renfermé dans ce corps, ou placé à côté, tantôt à la bafe, tantôt au fommet, près de l'ombilic ou à la partie oppofée : ce caractère ne change jamais ; toutes les graines d'une plante, toutes celles d’un genre ont l'embryon fitué de la même manière: cette uniformité fe rencontre même aflez généralement dans toutes les plantes des familles reconnues pour très-naturelles; les compofées ont la graine remplie par embryon; les ombellifères ont toujours un corps dur, compact, comme corné, qui renfermel ‘embryon à fon fommet; celui des graminées eft fitué contre la bafe d'un corps farineux . 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'il ne pénètre point. La Nature, en nous montrant ce caractère conftant dans des familles connues, ne nous in- dique-t-elle pas qu'il exifte pareillement dans les autres, &c que nulle ne peut ètre naturelle, fr la fituation de l'embryon n'eft pas uniforme dans tous les genres? Celle des renoncules ne s'écarte point de ce principe fondamental ; fon embryon eft toujours dicotyledone, très- petit, logé dans une cavité pratiquée à la partie fupérieure d'un corps prefque corné qui occupe tout l'intérieur de fa graine. On obferve de plus dans cette famille & dans plu- fieurs autres, que embryon en germant ne développe pas tout de fuite fes lobes; ils reftent enfermés dans le corps qui les recouvre comme une calotte, & s'élève avec eux hors de terre; au bout de quelque temps il tombe de lui-même. Son ufage eft apparemment de garantir le germe trop tendre du contaét immédiat de Fair, jufqu'à ce que devenu plus fort il puifle fe pafler de ce fecours : ces différentes oblerva- tions que j'ai vérifiées avec foin, font fondées de plus fur le témoignage de mon oncle. Je pourrois encoge citer celui de M. Adanlon, qui dans fes caraétères certifié l'exiftence de ce corps, & n'oublie point la fituation du germe, On pourroit demander fi dans chaque clafle les familles qui ont quelques reflemblances par ce dernier caractère , doivent être rapprochées! Quelques obfervations rendent cette opinion probable, mais des obfervations contraires femblent la détruire: cette queflion eft un vrai problème qu'on ne réfoudra qu'après avoir examiné avec foin L'intérieur de toutes les graines , & établi entre les familles une.comparaifon fondée fur ce feul caraétère. L'embryon fournit, comme l’on voit, des diftinétions in- variables : le nombre de fes lobes donne lieu à la formation de trois clafles ; fa fituation dans la graine eft au moins uni- forme dans chaque famille: ces confidérations éloïgnent des renoncules 'A/ma, le Damafonium & le Sagittaria qui font monocotyledones & n'ont point de corps corné. Des différences dans la conformation & dans [a nature de . D'HErMMNÔVET EN. CLE: s 228; ce corps écartent encore le Fraxinella, le Ruta, Y Harmala, ue M. Linnæus avoit joint à fon ordre vingt-fixième. Le Migella & le Garidella placés dans les ciftes par M. Adanfon, viennent mieux dans les renoncules, parce qu'ils ont le corps corné & le germe à la pointe; les détails fuivans fourniront des raifons nouvelles pour écarter les uns & rapprocher les autres. Le calice & la corolle qui enveloppent les organes de a frudification, font les deux parties les plus apparentes de la fleur ; auffi ont-elles dû être obfervées par tous les Botaniftes, & leur fournir des caractères plus fenfibles que les précédens tirés de la graine ; dans quelques plantes, l'une de ces parties n’exifle pas; dans la plupart des acotyledones elles manquent toutes deux à la fois. On peut oblerver dans le calice fa préfence, fa fituation, le nombre de fes parties. Nous venons de dire qu'il n’exif- toit pas toujours; plufieurs genres, & même des familles entières en font privées; dans quelques-unes il eft remplacé par des fpathes ou autres membranes particulières. Le calice, lorfqu'il exifte, étant un prolongement de l'écorce de la tige, & fervant d’enveloppe aux parties effentielles de la fleur, doit toujours commencer au fupport du piftil: c’eft de ce point qu'il s’'écarte ordinairement pour former une partie diftinéte; quelquefois cependant il fait corps avec la bafe du piftil, ou même continuant plus haut fon adhérence , il le recouvre en tout ou en partie. Ce piftil ainfi recouvert n’eft point placé fous le calice, comme le veut M. Linnæus : on peut encore moins dire avec M. Tournefort, qu'il eft le calice lui-même: il eft feulement renfermé dans cette partie qui contracte avec lui une union intime, & devient pour ainfi dire la peau du fruit; le calice eft alors néceflairement monophylle, & s'il fe divife ce n'eft qu'au-deflus du piftil, ER il cefle de lui adhérer. Lorfqu'il n’eft attaché qu'au upport, il peut renfermer une ou plufieurs fleurs; il peut encore être d’une feule pièce diverfement conformée , ou de plufieurs pièces qui tombent féparément. M. Vaillant 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE obferve que dans les fleurs complètes, c’eft-à-dire, munies de toutes leurs, parties, le calice eft toujours monophylle, quand la corolle eft monopétale: on pourroit ajouter que le calice eft encore monophylle, toutes les fois que les étamines ou la corolle lui adhèrent; ces différens axiomes paroïfient démontrés par lobfervation, & donnent lieu à la création d'un nouveau ; favoir, que la pluralité des pièces du calice ne peut exifler que quand là corolle eft à plufieurs pétales, & quand ces pétales font attachés, ainfi que les étamines, au fupport du piftil. Telles font les généralités remarquables dans le calice; fa préfence, qui eft un caraélère conftant dans les crucifères, ne left point dans les renoncules. Plufieurs genres, tels que le : Zhalictrum, le Clematis, l'Anemone, le Caltha, n'ont point de calice; mais à fon défaut l'Anémone eft garnie d'une efpèce d’enveloppe à deux & trois feuilles ou davantage, qui eft très-peu écartée de la fleur dans une efpèce, & beau- coup plus dans les autres. On voit encore dans deux efpèces de Clematis une enveloppe monophylle en forme de godet au-deflous de chaque fleur à laquelle elle a fervi de berceau; l'une eft le Clematis foliis pyri incifis, nunc fingularibus, nunc ternis. Inff. Clematis cirrhofa. Linn. dont M. Adanfon fait un genre particulier fous le nom de Muralta ; Vautre n'eft citée dans aucun Auteur; je l'ai démontré lannée dernière au Jardin du Roi, fous le nom de Clematis Balearica fempervirens foliis tenuids laciniatis: elle vient de File de Minorque & diffère de la précédente par cette enveloppe plus confidérable, fes fleurs plus petites & fes feuilles beaucoup plus découpées; peut-être n'efl-ce qu'une variété, On pourroit, foit dans la Clematite, foit dans Anémone, prendre ces enveloppes pour de vrais calices, en regardant comme un fupport alongé la partie de la tige qui exifte entre ces calices & les pétales. M. Adanfon eft d’un avis contraire, parce que dans quelques Anémones une même enveloppe laiffe échapper de fon milieu plufieurs péduncules terminés chacun par une fleur; ce qui ne s’açcorderoit pas en DNENSIMSUCTLLEL NS CAES 5: 225$ en effet avec le caractère général de la-famille qui n’admet qu'une fleur dans chaque calice. Quelle que foit la nature de ces parties, elles fervent toujours à établir un rapport entre lAnémone & la Renoncule, entre les plantes de cette famille qui n'ont pas de calice & celles qui en ont un: dans celles-ci il eft conftamment diftinét du piftil & attaché à fon fupport; il eft ordinairement compolé de plufieurs pièces dont le nombre n'eft pas toujours relatif à celui des pétales, ni égal dans tous les genres : ce nombre eft encore une des raifons par lefquelles M. Adanfon prouve que l'enveloppe du A{uralta n'eft pas un calice ; le même caractère annonce auffi, d’après les axiomes précédens, quelle doit être Fattache de la corolle & des étamines. La corolle fert de bafe à la méthode du célèbre Tournefort, qui confidère fa préfence ou abfence, le nombre de fes parties, fa forme régulière ou irrégulière : ces caractères très - bien imaginés pour un ordre fyftématique, deviennent fouvent inutiles, ou du moins infufhfans dans l'ordre naturel, parce qu'ils ne font ni aflez généraux, ni même aflez conftans; les labiées ont toujours une corolle, les renouées n'en ont jamais; les tithymales au contraire ont des fleurs avec corolle & des fleurs fans corolle; dans les crucifères même, où la pré- fence de cette partie fembleroit être un figne invariable, quelques efpèces en font dénuées. On peut conclure de-là ue ce caractère n’eft pas toujours définitif, que fi des plantes, d’ailleurs très-analogues , différoient en ce feul point, ce ne feroit pas une raifon de les féparer ; le défaut de corolle n'éloigneroit pas des renoncules un genre qui en auroit tous les autres caractères : ceci eft d'autant plus néceflaire à obferver, que lon pourroit contefter au Zhaliérum & au Clematis Yexiftence de la corolle, en prenant pour calice ce qui porte dans ces genres le nom de pétales, Tant que fon n'aura pas une définition jufte de ces deux parties, on pourra fouvent les confondre ; la même famille nous en offre un nouvel exemple dans lAconitum , le Delphi- uium & VAquilegia, dont M. Linnæus a pris les pétales qui Mn, 1773: 226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE font irréguliers pour des neclaires, en nommant corolle ce que nous appelons calice. Il a fait les mêmes changemens dans le Nigclla, le Garidella,V'Ifopyrum, l'Helleborus & le Zrollius qui ont aufli des pétales fingulièrement conformés; mais cette déno- mination ne paroït pas jufle, puifque les prétendus nectaires de l’Ancolie fe transforment dans la fleur double d’une efpèce en pétales réguliers, puifque ces nettaires & ceux du 7ro/hius différent très-peu des parties que M. Linnæus défigne lui-même fouslenom de pétales dansle Myofuros &V Arragene. M. Adanfon, qui ne penfe pas comme cet Auteur, emploie avec fuccès le parallèle des nectaires de l'Ellébore & des pétales de la Re- noncule qui fe reflemblent en plufieurs points : ce parallèle eft encore plus frappant & plus décifif entre ces mêmes pétales & ceux du Mgella où du Garidella, qui ont également à leur onglet une cavité recouverte d’une écaille; il fournit en même temps une nouvelle preuve de l'affinité de ces deux genres avec la famille des renoncules. Les deux pétales de FAconit, quoique d’une forme tres-bizarre, ne diffèrent des deux fupé- rieurs du Delphinium que par un éperon plus court & un onglet plus alongé; de ce fecond genre à l'Ancolie la tranfi- tion eft facile ; les pétales du Æyofuros, les cornets de l'Ancolie & de l'Ellébore font affez analogues & diffèrent feulement par la fituation de leur onglet; ceux-ci répondent aux pétales. du Nigella & du Zrollius que nous avons déjà comparés à ceux de l’Arragene & du Ranunculus. Cette gradation, dont on retrouve des exemples dans d’autres familles, prouve que les nectaires de M. Linnæus font de vrais pétales, qu’il peut y avoir & qu'il y a en effet dans les renoncules des fleurs régulières & des irrégulières, que la forme de la corolle ne donne tout au plus que des caractères génériques. Le nombre de fes parties fournit des marques plus diftinc- tives, mais toujours infuffifantes & quelquefois variables ; elle eft monopétale dans plufieurs familles, polypétale dans d’autres: parmi ces dernières, les unes ont un nombre fixe comme les ombellifères, les autres un nombre indéterminé comme les renoncules ; quoique celles-ci aient plus commu D'EUS "SGEN à ‘EE. se 227 nément cinq pétales, on en compte cependant au moins douze dans l'AHelleborus & V Atragene , neuf dans le Zrolhus , fix dans la Pulfatille, quatre feulement dans le Clematis, le ThaliGtrum & quelques efpècesde Delphinium, deux dans Ÿ Aconit ; il ya même des Delphinium, dont les deux pétales inférieurs font fupprimés & les deux fupérieurs réunis en un feul ; ce pétale unique, placé d’un feul côté de la fleur, ne doit pas être confondu avec une corolle monopétale quelconque , qui entoure toujours le piftil : elle eft incompatible | comme on l'a vu précédemment , avec la pluralité des pièces du calice, & ne peut par conféquent exifter dans les renoncules. Le principal caractère tiré de la corolle, qui eft fon attache, a été négligé par M. Tournefort & fes prédécefleurs ; il n’eft pas toujours énoncé dans les genres de M. Linnæus: l'ouvrage de M. Adanfon, eft le premier dans lequel il foit cité plus conftamment. La corolle peut s'attacher au calice , ou au piftil, ou à fon fupport: ces différentes infertions, combinées avec celles des étamines & avec la fituation du calice, fournifient, dans l’ordre naturel, des caractères généraux qui ont le double avantage de ne point varier, & d’être faciles à faifir; ils contribuent non-feulement à diftinguer les familles, mais encore à établir leurs rapports, à former la chaîne qui les unit. Ce n'eft pas ici le lieu de les paffer en revue dans le} catalogue du Jardin de Trianon, qui eft formé fur ce plan ; le Maître qui l'a tracé pourroit mieux que tout autre, nous en donner la carte. Il fufht, pour Fobjet préfent, de favoir.que l'infertion de la corolle eft la même dans toutes les plantes d'un ordre naturel , que cette uniformité doit être regardée comme une condition effentielle pour conftituer des familles, qu'elle fe retrouve dans celle des renoncules qui ont toujours la corolle attachée au fupport du pifil, Si l'on admet ces principes, il faut dès-ors rapportér à un autre ordre le Sagittaria, 'Alifma, Ye Damafonium | qui n’ont que trois pétales adhérens à un calice monophylle, divifé aufir en trois parties; par ce nombre & cette attache, ainfi que par les caractères obfervés dans la graine, ils ont plus de Ffi 228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rapport avec le Zriglochin & d'autres plantes voifines des joncs, dont les prétendus pétales font plutôt partie du calice. Les étamines qui font les parties mâles de la fleur, étoient regardées fur la fin du fiècle dernier, comme des tuyaux excréteurs peu eflentiels dans l'économie végétale; leur véritable ufage a été démontré par des auteurs modernes, & le fyftème ingénieux de M. Linnæus a étendu cette connoif- fance en les préfentant fous différens afpects, en confidérant leur nombre, leur attache, leur proportion , leur réunion foit par les filets, foit par les anthères, {eur fituation relati- vement au piftil Son plan eft bien fuivi, mais il ne peut éviter le défaut dé tout fyftème, il s’écarte de l'ordre de Ja Nature qui n’admet que des caractères tirés de l'enfemble des parties; c'eftainfi que le nombre, ou déterminé ou indéfini, ne peut jamais fufhre, & devient même fouvent inutile pour conflituer une famille. Quelle diftance n’y a-t-il pas entre lOrme & le Perfil, qui ont également cinq étamines ? quelle affinité au contraire entre l'Andromeda qui en a dix & la Bruyère qui n'en a que huit, entre l'Hypecoon & la Chelidoine, dont Jun en a quatre, & l'autre un nombre indéfini, c'eft-à-dire, plus de douze? On compte, à la vérité, une feule étamine dans les balifiers, deux dans les jafmins, trois dans les iris, quatre dans les labiées, cinq dans les bourraches , fix dans les liliacées, dix dans les légumineufes , un nombre indéfini dans les mauves, les ciftes, les renoncules : mais ces généralités fouffrent quelques exceptions; le nombre peut varier tantôt dans les fleurs d’une même plante , comme je l'ai obfervé dans le Trientalis, tantôt dans les efpèces d’un genre, comme on le remarque dans la Verveine & la Valeriane : il s’écarte quelquefois dans. deux ou trois plantes, du caraétère commun de la famille : le Riz en offre un exemple dans les graminées. Le #{yofuros qui n'a que cinq étamines, & le Garidella qui en a dix, font placés, malgré cette différence, parmi les renoncules, & ne fauroient en être féparés, ayant tous les autres caractères de la famille : d’ailleurs ces ‘deux genres peuvent être regardés comme en pofñeflion du nombre indéfini, puifqu'ils ont DES ISNCULUE INT CES 229 fouvent plus de cinq ou de dix étamines , au rapport de M. Linnæus.; j'en ai compté fept dans le ÆAyofuros ; alors -elles ne font plus alternes avec les pétales , ni oppolées aux pièces du calice: cette difpofition régulière ne fe remarque généralement dans les étamines , que lorfqu’elles font en nombre déterminé & relatif à celui des parties ou des divi- fions du calice & de la corolle. Ce n’eft que dans le nombre déterminé, que l’on obferve la proportion des étamines & leur réunion par les anthères : aufli ces deux caractères particuliers à certains genres & à plufieurs familles, font-ils étrangers à l’objet de notre difcuf- fion, Nous ne parlerons même de la réunion par les filets, qui fe trouve également dans le nombre indéfini, que pour ajouter qu’elle n’exifte point dans les renoncules , dont les étamines font toujours diftinétes. Il feroit encore trop long d’expofer en détail la fituation des étamines relativement au piftil, de diftinguer les fleurs herma- phrodites de celles qui ne le font pas, de les montrer, tantôt formant des familles féparées, tantôt réunies dans la même, de prouver, par beaucoup d'exemples, que la diftinétion des fleurs mâles & femelles, ne fournit le plus fouvent que des caractères génériques, ou quelquefois fimplement fpécifiques. Elles font généralement hermaphrodites dans les renoncules, & l’on ne connoît que deux Clematites & un 7#alittrum dans cét ordre , qui aient les parties fexuelles féparées fur des pieds différens : quand l'Anemone ranunculoides. Linn. a plus d’une fleur , la furnuméraire eft mâle. L'avortement du piftil ou des étamines, eft la feule caufe de cette fingularité, & n’eft pas fuffifante pour écarter ces efpèces de leurs genres , encore moins de leur famille ; fi le Sagittaria qui eft dioïque, ne différoit pas en d’autres points, il s'y rapporteroit pareillement. L'attache des étamines, eft un de ces caractères généraux & eflentiels , qui n'ont pas été connus des Anciens , que plufieurs Modernes même, n’ont pas aflez développé; elles adhèrent ou au calice ou au piftil, mais plus fouvent au fupport de ce même piftil ou à la corolle ; de plus, comme 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE ces quatre parties ont une certaine étendue, les étamines, dans chacune, peuvent naître de différens points qui font toujours déterminés. Les trois premières infertions font effen- tiellement diftinétes & incompatibles dans l'ordre naturel; la quatrième au contraire, correfpond aux trois précédentes, & peut être alliée féparément à chacune d'elles. Ainfi une même plante ne peut avoir des étamines portées fur le calice, & d’autres adhérentes au piftil ou à fon fupport ; il eft démontré, par une obfervation conftante, qu'un feul de ces caractères exclut les deux oppofés; cette propofition a lieu également pour une famille entière; jamais ces trois caractères ne fe trouveront réunis dans la même; ils ne le font point dans celles que l’on reconnoît généralement comme naturelles ;. on voit toujours les étamines attachées au fupport dans les crucifères, au calice dans les légumineufes , fur le piftil dans les ombellifères. Leur infertion à la corolle n’eft pas fujette aux mêmes loix ; elle efl à la vérité conftante dans les labiées, les bourraches : mais ce caractère ne fe foutient que dans un certain nombre de familles: celle des joubarbes a des étamines adhérentes à la corolle, & d’autres portées fur le calice; on retrouve même dans la fleur de l'ŒÆüillet, cinq étamines atta- chées aux pétales, & cinq au fupport du piftil. L’explication de cette fingularité, ne fera pas difhcile, fi fon admet pour principe, que l'infertion des étamines à la corolle, doit être cenfée la même que linfertion des étamines à la partie qui foutient pour lors la corolle. Ce principe qui paroïit vrai, fournit la folution de plufieurs problèmes ; il fait difparoître les difficultés que pouVoient occafionner , dans l'ordre naturel, l'Œillet & fes congenères; il donne les moyens de concilier enfemble la Joubarbe & le Coty/edon, le Cornouiller & le Sureau; il indique un nouveau rapport entre les rubiacées & les ombellifères. Si en rappelant ici ce qui a été dit plus haut fr le calice, on ajoute que le nombre indéfini d'étamines ne peut exifter que dans le cas d’infertion au calice ou au fupport: fi on obferve de plus, que dans les fleurs monopétales, les HS MS ACT EMN IC. EXs; 231 étamines font prefque toujours portées fur la corolle, que dans les fleurs polypétales elles lui adhèrent rarement, que dans toute autre occafion les étamines & la corolle font pour l'ordi- naire attachées à la même partie; ces faits déjà connus, joints aux principes & aux axiomes précédens, pourront fervir de bafe à une théorie fur linfertion des étamines. On déter- minera alors le véritable degré d’affhinité qui exifte entre les étamines , le calice & la corolle, entre l'infertion des unes & le nombre de parties des autres; on expliquera par les étamines, pourquoi if eft plus difficile de trouver des corolles monopétales dans les pavots que dans les Iégumineufes ; on verra encore qu'il exifte des caractères fi analogues qu'ils fubfiflent le plus fouvent enfemble, & ne varient jamais l’un fans l'autre : l’infertion des étamines à la corolle de certains Trèfles monopétales en eft une preuve. Nous avons obfervé précédemment qu'un calice de plu- fieurs pièces annonçoit toujours des étamines attachées au fupport du piftil; ce caraétère eft en effet conftant dans la famille des renoncules ; il ne varie dans aucune efpèce, pas même dans les Delphinium qui n'ont qu'un pétale: ce pétale unique eft donc bien différent d’une corolle monopétale qui ne s’accorderoit d’ailleurs ni avec le calice des renoncules, ni avec leur nombre indéfini d’étamines. Il ne feroit peut-être as impoflible que cette corolle exiftät dans quelque plante de la famille, mais il faudroit en même temps que le calice devint monophylle, que les étamines fuffent réduites à un nombre déterminé, & portées fur la corolle; ces conditions rendront la variation plus rare; en général, plus il ÿ aura de caraétères dépendans les uns des autres, moins ils feront fujets à varier: les écarts de la Nature doivent être moins fréquens en raifon du nombre des règles auxquelles ils dérogent. Tlies font en abrégé les notions principales que fournit Ra confidération de l’attache des étamines; l'ordre naturel peut encore tirer quelques fignes diftinctifs des anthères, du nombre de leurs loges ou bourfes, de leur manière de 232 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE s'ouvrir, de leur difpofition fur le filet qui les foutient, de la figure des pouflières féminales qu'elles renferment. Les fonctions que rempliffent les anthères dans l'économie végétale, doivent leur mériter une diftinétion particulière. M. Adan{on, dans fes caractères, les décrit toujours, & lon sen fert quelquefois avantageufement pour ranger une plante dans fa vraie famille. C’eft ainfi qu'en 17 39, l'Auteur des Mémoires fur le Lemma & a Pilulaire, rapporta ces deux genrés auprès des fougères, parce qu’ils avoient comme elles des anthères à une feule loge qui s'ouvroit tranfverfalement en deux valves. Le caraétère des renoncules eft d’avoir toujours deux bourfes diftinétes & appliquées dans leur longueur contre l'extrémité du filet qui les fépare; elles s'ouvrent longitudi- nalement en deux valves, & laiflent échapper des pouffières qui, au rapport de M. Adanfon, ont toutes une forme gla- buleufe. On a vu, dans un Mémoire de M. Geofiroy le jeune, imprimé en 1711, combien la figure des pouffières féminales peut varier : cet Auteur obfervoit de plus, qu’elle fe reproduit la même dans toutes les plantes congénères ; il eft à préfumer que ce caraétère doit être toujours uniforme dans une famille : lobfervation pourra feule détruire cette robabilité ou la changer en certitude. C'eft au piftil que fe rapportent toutes les parties de Ia fleur; placé dans le centre, il eft comme le point de réunion du calice, de la corolle, des étamines; fa pofition détermine plufieurs de leurs caractères & peut fervir également de bafe à quelques-uns des principes qui ont été déduits de leur infertion : nous avons vu tantôt dégagé de fes enveloppes, tantôt enfoncé dans le calice, & faïfant corps avec lui, portant quelquefois les étamines ou la corolle, mais plus fouvent élevé au -deffus du point de leur naïflance. Ces fituations font invariables & fubfiftent dans le fruit après fa fécondation; chacune eft liée avec une difpofition particu- lière des parties correfpondantes ; la préfence de l’une annonce celle de lautre, elles ne peuvenñt exifler que toutes deux enfemble : ainfi dans une fleur complète, f1 les étamines font portées DES SCIENCES. 233 portées fur le piftil, je puis en conclure qu'elles font en nombre déterminé, que la corolle eft polypétale, qu'elle eft ortée de même fur le piftil, que le calice fait corps avec lui, qu'il eft d’une feule pièce ; j'ajouterai même que le nombre de ces parties doit être proportionné, que les étamines font alternes avec les pétales & oppolées aux divifions du calice. Ces conféquences fe fuivent naturellement , mais elles ne font as toujours exactement vraies, parce que les principes fur ane elles font fondées , foufirent quelquefois des ex- ceptions : il eft peu de règles dans lefquelles ilne s’en trouve; plus ces exceptions font rares, moins les conféquences feront erronées. Une probabilité qui équivaut à cent contre un, eft prefque une certitude. Outre ces caraétères communs, le piftil en a qui lui font particuliers ; on les tire du nombre & de la pofition ref- pective des parties qui le compofent: ces parties font l'ovaire, le flile qui le furmonte & le fligmate qui termine ce dernier. Cette difpofition eft en même temps Ja plus régulière & la plus ordinaire, mais elle n’eft pas conftante dans toutes les plantes; tantôt il n'y a pas de ftyle, & alors le fligmate couronne immédiatement lovaire ; tantôt ce ftyle au lieu d’être continu au fommet de l'ovaire, fort d’un de fes côtés; quelquefois auffi le ftigmate fe prolonge inférieurement fur le ftyle, & fe confond prefque avec lui. Le nombre varie encore plus que la difpofition ; fouvent il y a plufieurs ovaires dans la même fleur, plufieurs ftyles fur un même ovaire quand il exifte feul, plufieurs ftigmates à l'extrémité d'un ftyle unique. ? Ces différences font faciles à faifir ; le détail des caractères réfultans de leur combinaifon feroit fuperflu. Si nous par- courons feulement les principales généralités, nous voyons que l'ovaire & le ftigmate font les deux feules parties efen- tielles du piftil ; que prefque toutes les fleurs monopétales ont un feul ovaire; que parmi les polypétales même, la plu- ralité des ovaires eft concentrée dans le plus petit nombre; Mém. 1773. Gg 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que dans celle-ci chaque ovaire n'a qu'un ftyle & un fligmate, En cherchant de plus à tirer de ces obfervations quelques avantages pour lordre naturel, on reconnoît que l’abfence du ftyle doit être confidérée comme une difkrence purement accidentelle, que l'unité d'ovaire caraétérife la plupart des familles, que dans certaines elle eft balancée par la pluralité, que dans d’autres enfin, c’eft la pluralité qui l'emporte: ce dernier caractère eft général dans quelques familles, mais jamais effentiel, parce que le nombre des ovaires n'étant alors fujet à aucune règle fixe, peut être tantôt indéfini , tantôt réduit à trois, à deux ou même à un feul. Dans les renon- cules, par exemple, qui fe diftinguent généralement par la piuralité des ovaires, quelques genres en ont beaucoup, comme l’Anémone; d’autres en ont moins, comme la Pivoine; le nombre varie également dans ces deux genres, mais la variation eft plus facile à apercevoir dans la Pivoine , parce que fes ovaires font en plus petite quantité. Il en eft de même pour tous les autres genres; on compte dans le Délphinium, tantôt trois ovaires, tantôt un feul: cette unité ne diminue point fon rapport avec les renoncules ; elle fervira plutôt à lier cette famille avec lAdæa & le Podophyllum, dont i fera fait mention en parlant du fruit. Lorfqueles ovaires font en petit nombre & difpolés régu= lièrement autour du réceptacle qui les fupporte, ils adhèrent quelquefois enfemble & fe confondent prefque en un feul; cette adhérence eft peut-être le motif qui a déterminé M, Adanfon à éloigner des renoncules le HVigella & le Garidella, parce qu'ils n’ont felon lui qu'un ovaire furmonté de plufieurs flyles ; mais cés ftyles, au nombre de trois, de cinq ou de dix , font ordinairement écartés, & avec une pointe l'on fépare aifément l'ovaire en autant de païties : chacune peut être regardée comme un ovaire diftiné , furmonté de fon ftyle propre : l'écartement des capfules d’une efpèce de Nielle, le prouve encore mieux, & démontre l'analogie de ces deux genres avec les renoncules. p' ENS 0S C1 EN C Es: 235 Plufieurs plantes de cette famille, n'ont pas de ftyle, eu du moins il eft fi court, qu'on ne peut la diftinguer du fommet de l'ovaire. Quelques autres, comme la Pulfatille, la Clematite, ont des ftyles aflez longs, mais fillonnés d’un côté dans toute leur longueur ; ce fillon paroït étre un prolongement du ftigmate, & laifle échapper dans quelques efpèces , à la matu- rité du fruit, une grande quantité de poils difpofés comme les barbes d’une plume: il paroît que dans toute cette famille, le ftigmate fe prolonge toujours fur le ftyle. C’eit lui, dit-on, qui tranfmet à l'ovaire la liqueur féminale contenue dans les pouflières des étamines; cet ovaire, ainfr fécondé, prend de l’accroifflement & devient un fruit mür qui porte les noms de capfule, de filique, de gouffe, de baye, rc. felon les formes qu'il affeéte, & la fubftance dont il eft compofé. Ces différences n’offrent rien de conftant dans Vordre naturel : on tire plus d'avantage du nombre de {es loges, de leur manière de s'ouvrir, de la difpofition des cloifons qui les féparent , de la fituation des placenta qui fupportent les graines. Il n’y a que quelques familles dans lefquelles le nombre des graines foit déterminé & fournifie un caractère fixe; mais alors ces graines font nues, elles compofent feules le fruit, & le calice leur tient lieu de capfule, comme dans les labiées, les graminées, &c. On ne trouve point ici de liaifon entre les caractères; rien n’annonce dans la fleur, combien le fruit doit avoir de graines ou de loges : le nombre des ftyles & des ftigmates qui paroït un figne naturel , eft fouvent incertain , ou même contraire. On a feulement obfervé que lorfqu'il y a plufeurs ovaires, chacun devient le plus fouvent une feule graine, ou un fruit à une feule loge: cela fe voit dans les renoncules, dont les ovaires fe changent en autant de capfules, qui, s'ouvrant du côté intérieur en deux valves, laiffent apercevoir plufieurs graines pendantes & attachées fur leurs bords. Dans la fection des monofpermes , les deux placenta qui bordent les valves, font réunis en un feul; alors la capfule ne s'ouvre pas, on Ggi 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la prendroit fimplement pour l'enveloppe la plus extérieure -de la graine. Le Ruta,Ÿ Harmala & le Fraxinella que M. Linnæus a rap- portés dans cet ordre , ont un feul ovaire furmonté d’un ftyle terminé par un ftigmate fimple qui devient une capfule à plufieurs loges; ce dernier caractère eft un nouveau motif d'exclufion pour eux. L’A@za & le Podophylhim font les deux genres qui ont le plus d’affinité avec les renoncules; ils ont à la vérité, un feul ovaire qui devient une baie, mais elle eft à une feule loge remplie de graines qui font portées fur un placenta appliqué contre un des parois de la baie : leurs graines ont de plus l'embryon fitué à la pointe, & leur corps corné fait le même office dans la germination. Il eft indif- férent que ces genres forment dans les renoncules une fection diftinéte, ou qu'ils faflent partie d’une famille voifme ; leurs rapports fubfifteront toujours les mêmes; ils ferviront éga- lement à établir entre deux ordres une communication facile : cette tranfition, qui feroit regardée comme un défaut dans les fyftèmes, eft une perfection dans l'ordre naturel. On a vu, par quelques principes généraux répandus dans ce Mémoire, faffinité qui exifle entre les parties de la fruc- tification; on a reconnu dans cette affinité divers degrés : tous ces caractères n'ont pas la même valeur, la même force pour unir ou féparer des plantes. Les uns font primitifs , effentiels par eux-mêmes & invariables, comme le nombre des lobes de embryon, fa fituation dans la graine, la pofition du calice & du piftil ,. l’attache de la corolle & ,des étamines, ils fervent aux divifions principales. Les autres font fécon- daires ; ils varient quelquefois & ne deviennent effentiels que quand leur exiftence ft liée à celle d’un des précédens; c'eit leur aflemblage qui diftingue les familles. Parmi ces caractères du fecond.ordre, on pourroit placer ceux que fournit la difpofition des fleurs & la confidération . des autres parties des plantes ; la racine tient à la terre, & en extrait les fucs propres à leur nourriture; fon prolongement ttéieisniS Ch NaciE:s. 237 fupérieur forme la tige qui eft proprement le corps du végétal: on ne trouve point dans ces deux parties, des marques fuffr- fantes pour caractérifer une famille; la diflinction générale .des herbes &:des arbres, adoptée par M. Tournefort, ne peut être admife dans l’ordre naturel qui réunit fouvent. des plantes baffes & des arbres élevés, le Bignonia & le Sclame, l'arbre de Judée, & e Haricot. On rapproche dans les,clafles des animaux, le Chevrotin & la Girafe, Aigle & l'Emérillon, quoique leurs dimenfions foient très-différentes : cela doit être égal pour les végétaux; mais dans lun & fautre règne ces êtres ft difproportionnés né fe fuivent pas immédiatement ; ils font toujours féparés par une fuite de genres ou d’efpèces qui dans chaque ordre établiffent une gradation du-plus petit au plus grand. Les feuilles préfentent des: caractères plus généraux, & quelquefois même correfpondans à ceux, de la, fléur:;:dans quelques familles, leur fituation eft indéterminée, mais elle eft uniforme dans plufieurs, comme les labiées; les crucifères, les graminées. Parmi les renoncules il n’y a-que deux genres, (le Clemaris & Y Atragene ) qui aient les feuilles oppolées & la tige un peu ligneufe; dans tous les’autres elles font alternes, & leur bafe s’'élargit ordinairement pour former autour de da tige qui eft herbacée, une demi-gaine où même une gaine prefque entière; elles ne font accompagnées ; ni de vrille comme dans les cucurbitacées, ni de ftipules comme dans les malvacées: la préfence ou abfence, dé cés. deux-parties fert fouvent à diflinguer des familles! fans le, fecours della fructi- fication. On:fait encore-combien-la difpofition des-fleurs ef avantageufe pour reconhoître les ombellifères , les labices ; tantôt elles fortent de laifielle d'une feuille, tantôt d’un autre point de la tige, quelquefois ‘elles la terminent. Ces trois fitvations: font réunies dans les, renoncules.qui, ne peuvent conféquemment en tirer aucune marque diftinétive, Nous fupprimons-tôus des. détails moins importans fur le développement des: jeunes pouffes, fur. l'enroulement des 238 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feuilles & leurs découpures, fur la forme des poils qui les couvrent quelquefois, fur la difpofition générale du feuillage ; chacune de ces parties ne préfente pas, du moins dans les renoncules, des caraétères aflez conftans pour nous y arrêter; elles concourent feulement à former ce que fon nomme le caractère habituel, c'eft-i-dire, le port des plantes qui eft aflez conforme dans tous les genres analogues : aucune def- cription ne peut donner une véritable idée de ce caractère qui tient au coup-d’œil, mais tout homme accoutumé à voir des plantes, le faifira facilement. Tous ces moyens de diftinétion, employés quelquefois par les anciens Méthodiftes, ont été négligés dans les fyftèmes modernes. On ne les a cru propres que pour défigner les efpèces, & l’on a fait paffer cette aflertion en principe. H eft vrai que les caraétères fondamentaux d’un ordre quel- conque doivent toujours être pris dans la fruétification; mais en même temps il faut regarder ceux! que fourniffent les autres parties, comme des caractères accefloires, qui annoncent l'exiftence des précédens ; que leur petitefle ou leur fituation empêchent quelquefois de remarquer, qui dans un individu dénué de fa fleur, fafñfent fouvent pour déterminer fon genre, ou du moins fa famille. C’eft ainfi que chez les animaux fa difpofition extérieure des parties indique le nombre des ven- tricules du cœur, & les autres diftinétions clafliques ou génériques. Il n’eft pas befoin d'étendre ces réflexions, pour s’aflurer que l’ordre naturel peut feul donner des caraétères invariables & propres pour reconnoître une plante dans tous fes états, il offre encore des avantages plus réels; la vertu d’une plante dépend d’un développement particulier de fes parties, d'une proportion déterminée entre les principes qui la compofent : le même développement , Ia même combinaifon fe trouvent dans toutes les plantes congénères, qui font conféquemment douées des mêmes vertus, comme lexpérience journalière nous Fapprend. Les différentes Sauges font employées aux DES SCIENCES. 239 mêrhes ufages; le Polygala des environs de Paris a été fubfitué avec fuccès à celui de Virginie, connu fous le nom de Senela ; la racine du Caïllé-lait donne une teinture rouge femblable à celle de la Garence: de plus, on reconnoît en général une vertu aromatique dans les labiées, amère dans les rofacées, anti-fcorbutique dans les crucifères, diurétique dans les fou- gères, narcotique dans les folanées & les pavots, cauftique dans les renoncules, Plufeurs plantes de cette dernière famille font connues par leurs effets pernicieux ; mais employées à l'extérieur par les maîtres de l’Art, elles fervent utilement pour ronger les chairs baveufes des plaies, pour former des cautères & attirer les humeurs vers la peau ; leur qualité nuilible tourne alors au profit de l'humanité. Si, comme on peut le préfumer avec quelque fondement, toutes les plantes d’une famille ont à peu-près la même vertu , la même pro- priété, ne doit-on pas laifler de côté tout fyflème pour ne s'attacher qu'à l'ordre naturel? La Botanique ne mérite de nous occuper qu'autant qu’elle devient utile à l'homme, en faifant pour lui le choix d'une nourriture falutaire, en multi- Pliant les fecours qui peuvent adoucir fesmaux, en concourant à la perfetion des Arts. La recherche des familles eft l'un des principaux moyens qui nous mettront à portée d'enrichir Ja matière médicale d’un plus grand nombre de plantes ufuelles. Cet ordrea un autre avantage fur tout arrangement artificiel; il foulage la mémoire pour. l'étude des genres, dont les caractères Principaux font toujours compris dans celui de la famille en général. Quand on fait que la Pivoine eft parmi les renoncules, on connoît la pofition de toutes fes parties, & le genre fera déterminé en ajoutant qu'elle a un calice à cinq feuilles , autant de pétales réguliers, beaucoup d’étamines, deux ovaires ou quelquefois plus, couronnés immédiatement d’un fligmate large & aplati, qui deviennent des capfules oblongues veloutées & polyfpermes. I1 en eft de même des autres genres, dont je n'entreprendrai point ici la defcription, que l'on trouve dans Jes livres élémentaires. Cet exemple 240 MÉMofREs DE L'ACADÉMIE RoYALE | fuffit pour prouver l'utilité des familles dans les diftinétions génériquese | La Botanique, confidérée fous ce point de vue, nous montré d’un côté un moyen de fimplifier l'étude & de connoître la vertu d’une plante par fes caractères ; de l'autre; elle prélente à l'imagination un vafte champ à découvrir, une fource de connoïflances nouvelles : double perfpeétive également flatteufe pour celui qui cherche fa propre fatisfation en confacrant fes travaux au bien général de la Société. OBSERVATION DES SCIENCES. 547 CRD SEE PANNE FON DE L'ÉC EIPSE DEMAUME, Du 30 Septembre 1773, Avec l'Obfervation d'un Phénomène relanf à la difparition de l'anneau de Saturne. Pa M. LE GENTIL & BAILLvY. Nous avons fait cette obfervation au cabinet de Phyfique de la Muette. Le 30 Septembre. Midi à la Méridienne............. Si elslat 11h 49! 44" La Lune s’eft levée écliplée, & auffi-tôt qu'elle a été affez élevée pour apercevoir diftinétement les taches, nous avons obfervé leur fortie. Temps k à la Pendule, | Temps vrai Grimaldi à moitié forti.....,.....|6" 14 50" [6n 4 27° Tout-à-fait forti......... ss... 6. 17. 15.46. 6:52. Galilée fort..........2%....... 6. 28. 45. |6. 18. 22. Hanfberge Jort.. Lt, PAU 6. 32. 45e |6. 22. 22. II eft tout-à-fait forti............ 6. 34+ 30. |6. 24. 77. Rheinhold eff Lortishe.s 4 + sotelee de 6.37: 30. |6. 27. 7. CODEC OI... 1e -1= 0e o1e sinie atete 6. 42. oo. |6. 31. 37. Amitarque Morts. he laelete tele 6. 42. 30. |6. 3207 Hi efforti. :. Ne A EL © Le 6%,43-1mou6. 32147 Copernic eft-fortises, mare 6. 44 30. |6. 34 7. Ératofthènes. ...., prsrevrese 6. 49. 5. |[6. 38. 42. Tymocharis...,..... serrresse.|6s 58. 30. |6. 48. 7. HAGFDAILS, 0 Le lens les ele eleners cie sen te30. 16.. (51-17 Archiméde......,.,.,.,,,,,,,17 2. 30. |6. 52 7e Mém, 177 3. HR Août 1776- Lo 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYÀLe Temps à la pendule, Temps vrais Hélicon..... sourssnbehEeee)|7ar SHMOINETNIS:. 27 Pofidonius LEE er de aol 53157 Eudoxe: . «4 metele dois ete ejipie 7e 10: 102 lé: h59: 47. Aviftote tite SAME RIT. 201 (0. |7.0 9:37. Fin douteufe, M. le Gentil..,....|7. 30. 30. |7. 20. 7. Pnee 7.31. ©. |7 20: 30% » : M. le EM Fin certaine. M. Bailly... Ce qu'il y a de remarquable c'eft que M. le Gentil & moi, fans nous être rien communiqué, avons eftimé la fin certaine de l’Éclipfe dans la même feconde, Le 1.7 Odobre. Midi à la Méridienne............ ete A CN AD RIT EZÉe Le 30 Septembre à cinq heures du matin, je confidérai les anfes de Saturne avec un télefcope Newtonien de fix pieds, fait par Dom Noël. -J'ai vu ces anfes comme un filet de Zumière, qui ma paru interrompu , & comme par points lumineux. N’ayant pas eu loccafion de fuivre la diminution de ces anfes & de fixer le temps de leur difparition, je n'avois pas rapporté cette obfervation : mais comme j'ai fu que M. Mefler avoit vu la même apparence & remarqué ces points lumineux; j'ai cru que pour conflater ce phéno- mène ,'il étoit bon de dépofer mon obfervation dans nos Mémoires, pour la joindre‘à cehe de M. Meffier. pres S'CLEN CES. 243 OBSERVATIONS: SUR LES MARÉES, À Madagaftar, dans la Zone Torride. PariM, LE GENTIL. M. DE LA LANDE, m'ayant cité dans fon Mémoire Lüen177s. fur les Marées , comme Îes ayant obfervées de trois pieds Remis par. 4 : F re lAuteur dans la Zone torride, dans les mers de l'Inde: & navant ee Nov. donné à M. de fa Lande, qu'un réfultat moyen, fans entrer 1776. dans aucun détail ; j'ai cru devoir publier aujourd'hui les obfervations fur lefquelles ce réfultat eft fondé. Les marées qui paroïffent aflez réglées en Europe, fur nos côtes, par exemple, ne font pas de même entre les tropiques dans la Zone torride , à moins qu'on ne les obferve dans des endroits où la mer foit bien libre & féparée des golfes & bras de mer trop ferrés, tels que le canal de Mozambique, les détroits des îles de la Sonde, &c. “ De méme, les marées, qui font fi grandes en Europe, ne font que très-peu de chofe dans les parties de l'Océan indien, que j'ai vifitées, à Madagafcar, aux îles de France & de Bourbon, Manille, à Malacca & à Pondichéry. Depuis le Fort- Dauphin jufqu'à la baie d'Antongil, le long de la côte de VEft de Madagafcar , la mer dans les plus fortes marées, ne monte guère plus de trois pieds. Au Fort- Dauphin il n'a été impoñlble de rien fixer fur l'heure des marées; ce lieu eft apparemment trop voifin de Fouverture méridionale du canal de Mozambique, pour que les marées puiflent y ètre réglées, comme elles m'ont paru l'être lelong de la côte, en remontant vers le Nord. Au Fort-Dauphin, qui eft à 25% de latitude, la côte de Madagalcar fuit tout de fuite dans lOueft-fud-oueft & TOueft, de façon, que la pointe la plus méridionale de f'Ifle, | ‘hay né 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n'avance dans le Sud que de quelques minutes au-delà de a pointe du Fort-Dauphin. Il y a de plus une chaîne de moñtagnes prodigieufement élevées, qui, allant du Nord au Sud, partage fIfle en deux parties; ces montagnes , qui m'ont paru plus élevées que celles de file de Bourbon, qui ont plus de feize cents toiles de hauteur perpendiculaire au-deflus du niveau de la mer, changent vraifemblablement la direétion des vents généraux: car, pendant qu’à quinze à vingt lieues à 'Eft du Fort-Dauphin, on reflent des vents frais d'Eft-fud-eft ; on a au Fort- Dauphin & à plufieurs lieues au large, des vents de Nord-eft & de Nord-nord-eft d’une force étonnante ; & ces vents s'étendent le long de la côte, jufqu'aux Matatanes, en re- montant au Nord, à foixante lieues du Fort-Dauphin. Ces vents font donc occafionnés par cette haute chaîne de montagnes dont je parle; auffi les courans, tout le long de cette côte, font de la plus grande violence, & entraïnent les vaiffeaux dans le Sud prefque malgré-eux , comme je le remarquerai plus particulièrement en fon lieu. Le canal de Mozambique, où les vents font plus modérés ; a cependant aufli des courans très-confidérables ; & pendant ue la mer ne monte au Fort-Dauphin, que d'environ trois pieds, elle monte de plus de vingt pieds dans le canal de Mozambique, à la baie de Saint-Auguftin, qui n'eft éloignée du Fort-Dauphin, que d'environ quatre-vingt à quatre-vingt- dix lieues, foit qu'on fuive le chemin le plus dire& , foit qu’on fuive le tour de lle par le Sud. - Les marées de la baie de Saint- Auguftin, que je fais monter à vingt pieds, m'ont été atteftées par M. de Joannis , qui a fait plufieurs voyages dans le canal de Mozambique, & dans un Mémoire fort curieux ; qu'il m'a communiqué, fur cette partie de Madagafcar , il enfeigne qu'il faut avoir attention quand on mouille à la baie de Saint- Auguftin, de laiffer tomber Fancre par neuf brafles quand la mer eft haute , parce que de mer baffle, on n'eft plus que par cinq brafles. DE SM ISNCI IDE) Nic Es: 245 Foulpointe eft dans la partie oppofée au canal, vers le milieu defIfle, à 174 40’ de latitude ; 74 Z'au Nord du Fort-- Dauphin: à Foulpointe , la mer eft très-libre; c’eft-là que Ton peut obferver les marées plus conflantes & plus réglées qu'en tout autre endroit de la même Ifle, & fur-tout qu’au Fort-Dauphin; c'eft aufli ce qui eft conforme à ce que j'ai obfervé, comme on va le voir ci-après. État de la Mer au Fort-Dauphin, depuis le 2 d'O&obre jufqu'au 11 de Novembre 17 61. Extrait de mon journal. ÉMRPAN D D IL AINMUE Re VENTS'| LUNE. Octobre, 2... À s heures du foir, mer baffe. Je| Grande brife fuis allé à fec fur les reflifs jufqu'au| du Nord-eft. bord du rempart. 3--. La mer eft reftée haute pendant Très- toute la journée, fans qu’eile eût encore| grande brife perdu à 6 heures du foir, il y avoit|du Nord - eft. deux pieds d’eau dans le baffin. La mer étoit monftrueufe au large, & c’eft ce qui a fans doute entretenu la mer dans le baflin depuis 1 0 heures du matin. 4... La mer eft reftée haute pendant Calme toute la journée; elle avoit un peu] & fouffle perdu à 5 heures. du Sud-oueft. 5s-.. La mer haute pendant toute la| Foible brife journée. : [du Sud -ouef. 6... La mer de même que dans l’ob-| Bonfrais [Premier Q. fervation précédente. Sud-eft, |à 6" du mat. .+.. La mer dans le même état que] De même. | la Lune | dans l’obfervation qui précède. apogée. 8... À 8 heures du matin, j'aï trouvé Brife la mer tout-à-fait baffle, ce qui m’alde l'Eft foible. fort étonné ; elle eft reftée baffe pen- dant toute la journée : vers $ heures du foir, elle a paru monter un peu, 246 Mémoires DE L’ACÂDÉMIE ROYALE ÉTAT DE LA MER. VENTS. LUNE, Odobre, Dies LA 8 heures du matin, la mer ctoit tout-à-fait baffle; elle eft reftée baffle pendant toute la journée : clle a monté le foir. 10... À 8 heures du matin, la mer baffe de deux à trois pouces moins qu’elle ne l'étoit hier à pareille heure; elle eft reflée dans cet état pendant la journée: elle a paru monter vers 5" du foir. Forte brife du Nord-eft, Brife du Nord-eft; elle n’a pas été forte, 11... La mer a refté dans le même Brile * état qu'hier. de l’Eft foible. 12... La mer a baïffé pendant toute la Brife de l’Ef, bon frais. journée; à 5 heures elle étoit plus baffe qu'à toute autre heure du jour. 13... À 8 heures du matin, la mer a paru avoir un peu monté, Calme; les vents font le toux par le Nord; a midi, la brife au Nord-ef, bon frais. Brife Pleine Lune duN.E.foible| à 2 heures Brife ‘| du matin. du Nord-eft modérée. 14.4." Laÿrmer à peu-près comme elle fut hier, 15... À une heure après midi, j'ai trouvé la mer tout-à-fait haute, & il y a appa- rence qu’elle avoit eu du mouvement, & qu'elle avoit confidérablement dé- ployé fur le rivage. L'endroit jufqu'où elle étoit venue, étoit marqué par beau- coup de plantes ne coquilles brifées qu'elle a apportées aVec elle. Je me fuis F promené le long de fon bord, pendant environ trois quarts d'heure; & je ‘n'y ai vu aucun mouvement fénfible. Brife du Nord-eft y modérée. 16... A 4 heures après midi, la mer avoit beaucoup perdu ; mais elle n’étoit pas à fon plus bas terme : on ne pouvoit pas aller fur les reffifs. Di ES SUCATPEIN EE 6 247 ÉTAT DE'LA MER. Oobre. 17 +: T8". me 20... 21... 22% À 8 heures du matin, la mer 'étoit pas à fon plus haut terme; elle n'a pas continué de monter, . À 8 heures du matin, je fuis allé le Tong du bord de la mer, elle n'étoit pas tout-à-fait bafle; mais à 9 heures elle a monté fubitement, & eft reftée dans cet état jufqu'a 4 heures qu'elle commença à perdre: à 5" 30°, elle étoit tout-à-fait baffle. . La mer a été haute pendant toute 2; Journée. À 5" 30’, elle avoit beau- coup perdu, mais pas tant que la veille a pareille heure. La mer dans le même état qu’elle étoit hier. À 7 heures du matin, la mer étoit à peu de chofe près à fon plus bas terme; mais à 8 heures, elle étoit prefque tout-à-fait haute ; elle eft reftée dans cet état pendant le refte de la journée. .. A 7 heures du matin, la mer étoit prefque à fon plus haut point; elle eft reflée dans cet état pendant la journée. . À 7 heures du matin, la mer étoit a fon plus haut; elle eft reftée ainf pendant la journée. . La mer de même qu'elle étoit hier, . La mer a été haute pendantitoute la journée, à 6 heures du foir, elle déployoit affez fort fur le rivage. La mer a été de même que Hans obhstion précédente. . La mer a toujours été haute, ex- cepté vers les 3 heures après - midi VENTS, | LUNE. Brife du Nord-eft, bon frais, De méme, La Lune périgée. De même. Grand frais du Nord-eft, Calme ; le vent fait le tour du compas par l'Oueit, Dernier Q. a une heure après-midi, . Calme & foible brife de l'Oueft. Calme & foible brife du Sud-ef. À Bon frais, la brife du Nord-eft. Bon frais du Nord-eft. Bon frais de Nord-eft. Très-gr. frais de Nord-ef. 248 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE RSR PR RE EI PE A RER RSR PRE RSR RER EE SIT ARE CPGE PET ÉTAT DE LA MER. LUNE. Oltobre. qu’elle-avoit un pet perdu ; à 5 heures & à 5" 30’, elle étoit revenue à fon plus haut terme, 28... A 7&à8 heures du matin, lamer Brife Nouv. Lune a paru à fon plus haut terme; à 2h modérée à 5 heures après midi, elle a paru à fon plus bas| du Nord-eft. | du matin, terme ; les reflifs étoient prefque à découvert : vers le foir la mer a paru monter. 29... À 1 & à 2 heures après midi, Ja Brife mer avoit beaucoup perdu; alors elle du Nord-eft, étoit prefque à fon plus bas terme : à bon frais. 5" 30’, elle avoit beaucoup monté. o... La mer dans le même état qu'elle] Trés-gréf frais étoit hier. du Nord-eft. 31... Vers les 2 heures après midi, la De même, mer étoit à fon plus bas terme. Novembre, 1... La mera été haute pendant toute| De même. la journée. 2... La mer comme hier, nayant point|Brife modérée] La Lune varié pendant toute la journée. du Nord-eft, | apogée. 3 &4. La mer n'a prefque point varié] De même. | Premier Q. pendant ces deux jours. Sehèures 8... Hier, la mer fut haute pendant| De même. après - midi, toute la journée; elle a été de même aujourd’hui. 9... À 2 heures après midi, Ia mer| De même. paroiffant avoir beaucoup perdu, je fuis allé fur Îles reffifs ; dans le moment les lames fe font gonflées, & ont en peu de temps couvert les reffifs, en me forçant en même temps de revenir précipitamment & d'abandonner mes recherches. SRE EEE EE CRE ER PP, SERRE UTC PASSE BST OLA TERRE ME EP DEEE mme CONCIUSION. D'HASMS "ENT VE NE CE is 249 “CO NCÈUS TON. J'ai fait ces obférvations à la pointe du Sud-eft du Fort- Dauphin, dans une plage que la mer couvre & découvre ; alors on peut aller jufque. fur les bords du reffif, contre lequel la mer déploie prefque toujours avec beaucoup de force ; ‘quand ce reffif découvre, & que la mer n’eft pas bien grofle, on peut approcher fort près du bord qui eften précipice, & forme comme une efpèce de rempart; j'ai jugé dans ces momens, que le reflif étoit d'environ un pied au-deflus du niveau de la mer : quand la mer eft pleine , il y a deux pieds, un peu plus où un peu moins d'eau dans la plage ; la mer monteroit donc au Fort-Dauphin, de trois pieds où environ. Les bizarreries fingulières que j'ai obfervées dans les marées, font que je n'ai pu fixer l'heure de la plus haute mer ; il y a même quelque chofe de bien plus fingulier, c'eft qu'en examinant attentivement les obfervations & les jours dans Jefquels les marées ont paru avoir une forte de marche, la mer n'auroit monté qu'une fois en vingt-quatre heures. _ J'ai fait graver, pour l'intelligence de ces obfervations, ‘une Carte d’une partie de Madagacar, où l’on voit le Fort- Dauphin. Le point 2 eft l'endroit où j'ai obfervé. On voit auffi à côté une partie de [a prefqu'ile du Fort-Dauphin, où Jon peut remarquer plus en grand la plage où j'allois régu+ lièrement plufieurs fois par jour faire mes obfervations. ie Mém. 1773. I 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS SUR LES MARÉES pendant mon fèjour à Foulpointe, île de Madagaftar, depuis de 11 de Juiller jufqu'au 7 de Novembre 1763, Extrait de mon Journal. ÉTAT DE LA MER. em, mm Juillet. 11... A 7h 30"du matin, le reffif étoit Brife tout à découvert. t du Sudsoueft à 2h46" ll médiocre. ; du: matin, I Biife du-Sud L 12... À 8 &-à 9-heures, le réffifa paru allez forte. à fec; il n’a commencé à fe couvrir qu'a 10 heures ou environ. 13-.. Aujourd'hui le refif n'a pas tant| Brie du Sud” découvert ‘qu'il le fit hier ; l'heure à|& du Sud:-eft laquelle iba plus marqué'eftiroheures. tfoible. 14... Le reffif n'a pointidécouvert;:à| Grand vent 10 heures ou environ, lameï-a com-| de Sud-eft. ; Ia Lune périgée , i mencer à monter. Foible vent de Sud-eft. ? ‘Forte brie - du Sud, 15... Aro! 45", la mer avoit beaucoup monté ; le reffi£ n’atpoint découvert. F7... A Midi, la mer paroiffoit avoir ‘tout -a< fait perdu; à unerheure-elle pafoïfloit Avoir monté ; le -reffif ne découvre plus. 19... À une heure, la mer paroifloit avoir tout-à-fait perdu. Premier ol (48! 46° 1du-foir, Petit vent de Nord-eft. Forte brife du Sud - oueft. 21... La mer n’a point ou prefque point marné ces deux jours, & comme il y avoit très-peu d’eau fur le reffif, on diflinguoit parfaitement tous fes con- tours, & par conféquent ceux du Barachoua. 22... À 5" 30’ du foir, la mer paroif- foit tout-à-fait baffe. 23... À 7 heures du matin, le reffif a paru prefque tout-à-fait découvert; à 7" 30’, la merparoïfoit avoir monté. , Grand vent de Sud-oueft. Même vent plus foible. 26 , ne D Juiller Pleine. Lune -.- Entre 7 & 8 heures du matin, | Vents de Sud| Jlezs, le reflf a été tout à fec. foibles, a 2h j° 29... La mer à commencé à monter| Les vents | du matin, à 10 heures; le reflif n’a point décou-|ont fait Je tour! La Lune vert aujourd’hui, mais if eft reflé très par l'Oueft apogée, peu d'eau deflus ; de terre on diftinguoit| & 1e Nord parfaitement fes contours! & par confé-|, jufqu'à J'Eft, quent la forme exacte du Barachoua, | Forte brife ve de cette partie. QUle D nier Sat HT: Dernier Q. 4. Dès hier la mer a commencé à Vent Rex marner, Aujourd’hui, il m'a paru qu’elle| de Sud - oueft à4h2 6 avoit tout-à-fait perdu à 3 heures apres! très-foible, EE 8... Entre 7h 30° & 8 heures, là mer 9--.. A 7'&aà7" 30', le reffif étoit 10. DES S COUE N:cC-E-9 2$1 ÉTAT DE LA MER. midi : à cette heure quelques roches du reffif, plus élevées que les autres, montroient leurs pointes. Grand vent de Sud pendantlanuit; plus foible pendantiejour, & du Sud-eft, avoit tout-à-fait perdu , alors le ref étoit tout à fec; à 8h 30’, la mer paroïfloit avoir monté, À midi & demi, la mer m'a paru tout-à-fait haute, ou à peu de chofe près; à 1h 30’, elle avoit beaucoup perdu. : | Vents de Sud|Nouv. Lune aflez forts, |à rxh 12’ du matin. entièrement à fec; à 8h 30° la mer avoit beaucoup monté. À 2h 15' après midi, j'ai mefuré au pont la quäntité dont Ja mer avoit monté, j'ai trouvé 2 pieds 3 pouces 6 lignes. -+ À 8 heures le reffif étoit à fec ; Vents il m'a été impoffible de fixer le mo-| de Sud-eft ment de la plus baffle mer: cependant tempérés, il m'a paru qu'elle à perdu, jufqu'a 8 SO: à 9 heures elle avoit déjà com- mencé à monter: je n'ai pas pu mettre plus de précifion. À 2 heures après-midi, j'ai mefuré au pont la hauteur de la marée, J'ai Ti ï 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Août. 24: ÉTAT DE LA MER. trouvé 2 pieds 8 pouces 6 lignes; à 2h 45’, j'ai trouvé la même quantité à peu de chofe près, c’eft-a-dire que la mer pouvoit encore avoir un peu monté ; mais il eft impoñhble, à caufe du clapotage qui eft confidérable pen- dant, la brife du jour, de fixer à un pouce près le terme de la plus haute mer. ... À 9 heures le refif étoit entie- rement découvert, à 10 heures, la mer paroïfloit avoir monté; ainfi Ja baffle mer elt arrivée vers 9h 30°. A 3" 30’, j'ai mefuré la haute mer, j'ai trouvé 2 pieds 1 1 pouces 6 lignes. N'ayant pas jugé les mefures ci- deffus affez exactes, à caufe du petit clapotage qui eft toujours fur le rivage à lendroit où étoit le pont de bois pour venir à terre, & voulant vérifier ces obfervations dans un endroit où il y eût moins de houle; je fis planter le ro un poteau à 15 à 20 braffes au large : javois une pirogue avec laquelle j'allois fort régulièrement plufieurs fois par jour aux heures néceffaires, voir & marquer la hauteur de la mer. Au- jourd’hui à 7" 30°, jai marqué Îa hauteur de la mer fur le poteau: la marque s’eft trouvée au -deflous de celles des jours précédens. Je fuis re- tourné à 8° 1 5 an poteau, la mer avoit encore perdu d'un bon demi-pouce. A 2h & à 2h 30° après midi, je fuis allé marquer le point de la plus haute mer. .. Ia fait fi mauvais temps que je n'ai pu aller au poteau pour mefurer la marée qui a paru à fon plus bas terme à 9 heures du matin. VIENT S: - Forte brife du Sud. Les vents variables de l'Oueft au Nord-oueft, prefque calme. calmelematin, après midi, forte brife du Sud-eft. LUNE, Lez. La Lune périgée. Pleine Lune 1é"23, à 3° 47 du foir. pÜrisuS:c'AE NC ES; 257 SEE TEE ET ENT ARE EL SRSECET DE RS EE I MR EE OC SENTE RE CS ÉTAT DE LA MER. VENTS.|LUNE. Re | een nn CE on Août. 26... J'ai fait enlever le poteau, & j'ai trouvé que la mer avoit marné le 24 de 2 pieds 3 pouces 6 lignes. Grand vent variable de la partie k AS : Dernier Q. REMARQUE. & duSud-oueft. dubir II fe peut que la mer ait plus monté hier 25, qu’elle ne fit avant-hier 24, & cela dans a proportion à peu - près que la mer a gardée dans fa marche a la marée précédente; en ce cas elle auroit crû hier 25, de 4 à 5 pouces, ce qui auroit donné 2 pieds 8 pouces ; quantité toujours un peu plus petite que celle que nous avions trouvée à la nouvelle Lune derniére. Septembre. : 4... À 5h 30° du foir, la partie [a plus] Grand vent élevée du reffif étoit à fec; elle l'étoit de Sud encore à 6 heures. > & de Sud-eft. À 5. À 6t 32° du matin, le reffif| Bon vent avoit beaucoup découvert ; à 8 heures| du Sud - ef. il n’étoit pas encore tout-à-fait couvert. 6... A 1" 30° après midi, j'ai fait, De même, planter, comme dans la dernière marée, un poteau à 15 braffes au large, & j'ai marqué l'endroit où le niveau de la mer répondoit ; à 2 heures la mer paroifloit avoir perdu ; à 6* 15’, le reffif étoit déja beaucoup découvert. 7... À 7h 30° du matin, la mer paroiffoit tout-a-fait baffle ; à 8 heures elle avoit monté; à 1" 32°, & à 2h, elle a paru à fon plus haut terme ; à 2h 32’, elle avoit perdu. De même, |Nouv. Lune à 7h 28° du foir. 8... A 7h 30’, j'ai marqué au poteau le niveau de la mer; à 8* rs’, elle paroifloit encore avoir un peu perdu; je fuis retourné au poteau fur lequel j'ai marqué un autre point au - deffous Vent forcé La L du: Sud , DEN avec des grains de pluie. périgée. ’ 2$4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | ÉTAT DE LA MER. VENTS. | LUNE. | Septembre. du premier; depuis ce moment la mer n'a plus perdu; à 9" 15° elle avoit monté. A 2h 20° environ après midi, j'ai fait une marque au poteau, à l'endroit où répondoit Ja mer qui étoit très- clapoteufe ; à 3 heures elle ne paroïfoit pas avoir beaucoup perdu ; au contraire, dans des momens tranquilles , elle fembloit avoir monté d’un pouce, mais le clapotage emportoit fouvent 1 pouce d'incertitude. 9... À 9 heures, la mer tout-à-fait| Bon vent baffe ; à 10 heures elle avoit beaucoup| de Sud-eft. monté. À 26 45 après midi, Ja mer paroif- foit à fon plus haut; le clapotage n’étoit pas fi fort qu’hier ; & il m'a été facile d’eftimer à moins d’un pouce l'endroit du poteau où! elle répondoit. 10... La mer n’a pas à beaucoup près| Vent forcé tant perdu aujourd'hui qu'elle le ft| de J'Eft hier, il s’en eft manqué de près de|qui batencôte.| Premier Q. 8 pouces ; c'eft fans doute la grande] le 14, brife de V'Eft qui en eft la caufe; du hr 27 point où elle eft le plus defcendu, du foir. avant -hier 8 , au point où elle eft le plus montée hier 9, j'ai trouvé 3 pieds 2 pouces juftes, 22... À 7 heures du matin, la méerl Bonvent |Pleine Lune avoit tout-à- fait perdu; le refhf étoit| de Sud-eft. | à 8° 10° prefque à fec ; à 7" 32°, la mer avoit du foir. déjà beaucoup monté. La Lune 23... À 7 heures, on ne voyoit encore Vent FPE à découvert que quelques roches du|de Nord-oueft fefif les plus élevées, calme, REMARQUE. La mer a bien moins perdu aujour- d'hui gu'elle ne le fit hier, & les DÆS,SCALEN CE,s. 255 ÉTAT DE LA MER. nn Septembre. j reflifs de l'entrée du -Barachoua à ftribord, n’ont pas :découvert aujour- d'hui, quoiqu'ils aient été tout-à- fait à fec dans la dernière nouvelle Lune. Je n'ai point obfervé que la marée ait été retardée, puifque de 8" à 8» 39, la mer n'a point perdu ,&à 9‘heures elle avoit beaucoup monté; ainfi la baïle - mer aura été à 8* rs’ environ: fuivant les marques que je fs hier au poteau, comparées à celles de ce matin, la mer n'auroit marné ique/de P8 pouces, mais elle ifut plus baffé hier qu'elle ne a été: aujourd'hui : ‘puïfque la partie des reffifs qui, étoit hier a fec n'a point découvert aujour- d'hui; & que ces mêmes reflifs, où je fuis allé ce matin dans la perfuafion qu'ils découvroient , d'après ce que Javois vu hier, & les marces précé- dentes , étoient au contraire recouverts d'environ 6. pouces d'eau ; je conclus «donc que la mer a marné :d'environ 124 pouces dans cette pleine Lune-ci. Odobre, 6... La plus baffe mer eft-arrivée ce Les vents |;Ja Line matin à 7h &à7h 30', puifque Ja] : yariables Érigée mer avoit monté à 8 heures. deltt | “PSE IA rh 30° 1& 2h apres midi, 4] x J'Oueft mer! battoit fon :plein ; Je clapotage -par le:Sud étoit confidérable , & il alloit a -plu- ficurs pouces ; à 2h20’, da mer ayoit perdu de plufeurs pouces. :& foibles. 7. J'ai fuivila mer jufqu’à 8 heures , Calme ; Nouv. Lune elle-n'a pas plus perdu qu’elle ne fit|les vents var.| à 47 ne hier; à 8n 53" elleavoit déja monté;| :de FOucft du matin. à 2h &aà 2h 30° après,midi, la: merlau Nord-oueft; a paru à fon plus haut Point; à;2*| au Nord; 45", elle avoit beaucoup perdu. au Nord-eft, & au Sud-eft. 256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A IL PR EI REC DE © CE LC SL LS RP US ÉTAT DE LA MER. VENTS | LUNE. Otobre. 8... La mer a perdu jufqu'a 9h ou Vent 9" 15';à9" 30’, elleavoit déja monté.|de Nord-Eft, Selon mes mefures, la mer a monté foible. dans cette marée, de 3 pieds. Novembre, Je n'ai point obfervé la marée de la pleine Lune dernière, qui eft arrivée 1 Le le 22 Octobre. La marée de la nou- Ja 12 velle Lune a été à peu de chofe près périgée. comme les autres. Le jour de Ia plus haute mer a été Nouv. Lune le 7, à 2' 30’ ou environ; elle avoit 45% été baffe le matin à 8" 30°, & à 9! à 1h 52 Ja mer marna à peu-près comme la du matin. veille, de 2 pieds 1 r pouces à 3 pieds. ES CO NC? LUS I CIN: En comparant enfemble les réfultats des obfervations que je viens de rapporter, on voit qu'à Foulpointe, l'heure de la plus haute mer y arrive un jour & demi, ou 36 heures après fa nouvelle Lune; 1 heure 1 $' après fon paffage par le Méridien. Cette règle doit être aflez conftante pour toutes les marées en général entre les tropiques: cependant en exa- minant les obfervations d'un peu plus près, on trouvera que dans les deux nouvelles Lunes les plus près de l'équinoxe (le 9 de Septembre & le 7 d'Oétobre), les marées font arrivées trente-cinq heures après la Syfygie, une heure vingt minutes après le pañfage de la Lune par le Méridien ; & qu'au contraire dans les nouvelles Lunes plus voifines du folftice (le 11 d’Août & le 7 de Novembre), les marées font arrivées près de cinquante heures après la Syfygie, une heure vingt minutes après le paflage de la Lune par le Méridien. Au refte, plufieurs caufes peuvent déranger ces heures, comme & LS Men. de l'Ac.R. des Se. An.1778. p.266 PL.VI. au10911de") CARTE D'UNE PARTIE DE L'ISLE DE MADAGASCAR, pour l'intelligence des Marces. DMEUS ONCYLIENN CE $ 257 comme nous voyons fouvent arriver en France fur nos côtes. | Quant à la quantité dont la mer m'a paru monter à Foul- pointe, mes obfervations la donne depuis 2 pieds 1 1 pouces 7 dignes, jufqu'à 3 pieds 2 pouces dans les nouvelles Lunes. Les marées des pleines Lunes, m'ont toujours paru plus petites que celles des nouvelles, je les ai trouvées de 2 pieds à 2 pieds 6 pouces; mais il faut obferver, que dans le premier cas, la Lune étoit périgée ou très-près de l'être, comme on peut le voir par la colonne que j'ai mife à côté. On voit fur la Carte au point À, l'endroit où j'ai fait ces obfervations : j'avois fait placer ma cafe fur le bord dela mer , à quelques pas feulement de Fendroit où la mer venoit expirer ; je voyois, de chez moi, tous. les. mouvemens de la mer : j'avois une pirogue à moi , & deux Nègres à mon fervice, qui étoient toujours dans ma cafe ou aux environs, fans jamais s'écarter , qui, au premier fignal, me condui- foient à l'endroit où étoit placé le poteau qui me fervoit à mefurer les hauteurs de la mer. Mém. 177 3: fi KE Remis par l’Auteur, le 27 Nov. 1776. 258 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE OPÉRATIONS FAITES TANT À BORD DE LA FRÉGATE DU RO RATE ONRN'ET QU'EN DIFFÉRENS PORTS OU RADES D'EUROPE, D'AFRIQUE Er D'AMÉRIQUE; Pour la Vérification des Inflrumens èr des Méthodes relatives a la détermination des Longitudes fur mer, à à d’autres objets concernant la Navigation. Par M." le Chevalier DE BoRDA , PINGRÉ & DE VERBUN. D eu avoit propolé de nouveau en 1769, pour fujet de fon Prix annuel, la meilleure manière de mefurer le temps à la mer; ce Prix n'ayant pu être diftribué en l'année 1771, vu que les machines qui y concouroient, n'avoient pu être fufhfamment éprouvées , fut doublé & remis à la préfente année 1773. M. de Boynes, venoit à peine d'être nommé Secrétaire d'Etat au département de la Marine, qu'animé du zèle le plus aétif & le plus éclairé pour le progrès de la Navigation, iltournoïit déjà toutes fes vues vers ce qui pouvoit y contribuer. Une expédition déjà projetée lui parut véritablement utile : il la propofa au Roi: elle fut bientôt agréée d’un Prince qui regarde comme un des plus précieux apanages de R Couronne, Favantage de pouvoir contribuer efficacement au bonheur & à la confer- vation de fes fujets. M. de Boynes écrivit donc à l'Académie, en Juin 1771, que le Roï avoit ordonné d’armer à Breft la frégate la Flore ; que l'expédition ne devoit avoir pour objet que des opérations relatives à la perfection de la Navigation, DIE SASLCULEN CE 5, 259 & fpécialement lexamen & la vérification des moyens propres à la détermination des Longitudes fur mer; que le Roi avoit nommé pour Commandant de la frégate, M. de Verdun de la Crenne, Lieutenant de Vaifleau, Chevalier de l'Ordre royal & militaire de Saint-Louis, de l Académie royale de Marine établie à Breft. La campagne devoit durer environ un an; l'occafion étoit favorable , l'Académie en profita pour faire éprouver fur mer , les inftrumens qui concouroient au Prix propolé ; elle nous nomma (M. le chevalier de Borda & moi) pour procéder à cette épreuve. Nous nous rendimes à Breft, vers la fin de Septembre de la même année, nous yÿ reçumes en Oétobre des ordres du Roi plus étendus que ne Yétoit la commiflion de l’Académie : M. de Verdun étoit nommé Commiflaire avec nous, pour lexécution de ces ordres. Nous étions chargés tous les trois conjointement, de l'épreuve des Horloges marines, à” de tous les Inflrumens propofés jufqu'alors, pour la détermination des Longitudes en mer ; HW nous étoit ordonné, dans la fuite de l'inftrution, 4 multiplier les obfervations à la mer, afin de rendre la campagne auffi utile qu'elle pouvoit l'être au progrès de la Navigation ; de faire une comparaifon raïfonnée des avantages © des inconvéniens de toutes les méthodes ; de faire un examen des méthodes de pratique qui ont été employées jufqu'à préfent par les Navigateurs ; à de rendre compte des moyens que nous aurions mis en ufage pour perfectionner ces méthodes. Nous avions ordre, enfin, de dreffer des procès-verbaux de nos opérations , fignés de nous & des Officiers de la frègate , à d'en faire le rapport à l'Académie royale des Sciences, qui en rendroit compte au Secrétaire d'Etat ayant le département de la Marine, Nous dépofons les regiftres des procès-verbaux au fecrétariat de l'Académie ; le rapport que nous allons faire, en contient principalement un précis fidèle & raïfonné. Pour nous conformer aux inftruétions qui nous avoient été données par le Roi, nous joindrons à l'examen des inftrumens, que nous étions chargés d'éprouver, quelques ébfervations & quelques remarques que nous croyons pouvoif être utiles au progrès de la Navigation. Kk i 260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE PREMIÈRE PARTIE. Des Inffrumens propofés pour la détermination des Longitudes à la mer. bio ou fextant d'Hadley, eft généralement employé par les Navigateurs; nous en avions embarqué plufieurs. Les autres inftrumens, que leurs Auteurs du moins avoient jugé propres à la détermination des longitudes, étoient fix Horloges marines, un Mégamètre de M. de Charnières, Lieutenant de Vaifleau ; une Lunette achromatique de trois pieds, accom- pagnée des verres fubfidiaires imaginés par M. l'abbé Rochon; & une Chaife marine propofée par M. Fyot, Profefleur de Mathématiques. $. I De l'Otanr à du Sextant Angloïs. Nous commençons par cet inflrument, parce que c'eft celui dont lufage eft le plus général : il fert à prendre les hauteurs méridiennes & non méridiennes des Aftres, pour en conclure la latitude du Vaifleau ; à déterminer l'heure vraie du bord, par des hauteurs du Soleil & des Étoiles, prifes hors du Méridien; à établir même la longitude du Navire par des hauteurs de la Lune, prifes en des circonftances favorables, ou encore mieux , par fes diflances au Soleil & aux Étoilesfixes. Le fextant ne diffère de l’oftant que par fon étendue, portée jufqu'à 120 degrés, au lieu que les divifions de l'oétant ne s'étendent que vers 90 degrés; c'eft d’ailleurs le même inftru- ment. ]l nous a paru d’abord de la première importance, de nous bien affurer du degré de précifion qu'on pouvoit fe promettre de loétant, nous l'avons fait par trois méthodes que nous avons jugé fufhfantes. Entre les fextans & oétans que nous avions à bord, plufieurs n’étoient divifés que par des tranfverfales, la groffièreté feule de l'ouvrage, avertifloit de fe défier de leur précifion ; l'ufage a cependant prouvé que quelques-uns d'entre eux, étoient DiEnsMStCo PR NrCLE 4 261 aflez exactement divilés, mais c'étoit fur quatre de ces inftru- mens que notre confiance étoit principalement appuyée. Le fextant de M. Laub, Lieutenant en pied fur la frégate, étoit parfait en fon genre : il avoit été conflruit en Angleterre ; quoiqu'entièrement de cuivre, fon poids étoit modéré ; il étoit garni d'une luneite & d’une vis de rappel, pour faire mouvoir le nonius; fon rayon étoit d'environ 1$ pouces Anglois: c'eft de cet inftrument qu'on seft principalement fervi pour prendre les hauteurs des Aftres hors du Méridien, & des diftances de la Lune au Soleil & aux Etoiles. M. de Verdun; ne s'eft jamais fervi que de fon fextant ; il étoit d'un.bois fuffifamment fort, à limbe de cuivre, fait en An- gleterre, garni pareillement d’un nonius, d’une vis de rappel & d’une lunette. M. de Flotte , Enfeigne de Vaifleau , fe ferveit d’un excellent octant, fait aufli en Angleterre, avec foa nonius, mais fans lunette. Enfin M. Pingré, faifoit ufage d’un oétant, conftruit à Paris, par Canivet , fous les yeux de feu M. l'abbé de la Caille, de 1 pied 10 pouces de rayon, fait d'un bois d'inde un peu trop léger, divifé avec la plus grande exactitude, garni d'une lunette & d’un nonius. Le défaut d'ufage & la délicateffe de l'inftrument , ont nui à la précifion des premières obfervations ; lObfervateur, fami- liarifé avec le maniement de fon oétant, croit avoir réufli dans celles qui ont fuivi le premier mois de l'expédition. Lorfque l'horizon fe diftinguoit facilement, que la brume ne le rendoit point incertain, que la lame ne le faifoit pas varier, & c’eft ce qui arrivoit le plus fouvent ; les obferva- tions méridiennes , faites avec les quatre inftrumens, fufdits, s’accordoient prefque toujours dans la minute , & fouvent même dans la demi-minute. M. le chevalier de Borda, crut qu'il ne feroit pas hors de propos, de procurer à cet accord une authenticité abfolument décifive: en conféquence il pro- pofa qu'auifitôt après l'obfervation de la hauteur méridienne du Soleil , chaque Obfervateur lui confiàt fécretement la hauteur obfervée ; M, de Borda l’écrivoit, il y appliquoit la correction convenable qu’on lui communiquoit de même, 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE après la vérification de chaque inftrument : & la différence entre les hauteurs corrigées n'excéda jamais une minute. Nous en concluons qu'un bon fextant ou oétant donne fa hauteur du Soleil au moins dans la précifion d’une minute. Une feconde expérience nous a confirmés dans cette perfuafion. Nous avons pris, avec l’oétant ou le fextant, des hauteurs méridiennes en des rades,dont la latitude étoit connue, foit par des déterminations antérieures , foit par des obferva- tions que nous faifions en même temps à terre ; les latitudes, données par le fextant ou lo“tant, ne fe font jamais écartées d’une minute des latitudes véritables, lorfque les circonftances de l’état aétuel de Fair ont permis à l'Obfervateur de répondre de la bonté de fon obfervation. Enfin, il eft arrivé très-fouvent qu'un Obfervateur ayant pris des hauteurs du Soleil hors du méridien, pour en conclure Yheure vraie du bord, un autre Obfervateur, ou quelquefois le même prenoit de nouvelles hauteurs, foit avec le même inftrument , foit avec un inftrument différent : or, eu égard au témps réellement écoulé, & à la route que la frégate avoit pu faire à l'Eft ou à l'Oueft, l'accord de ces différentes obfer- vations a toujours été tel qu’il n’eût pas été néceffaire d'aug- menter où de diminuer d’une minute entière chaque hauteur obfervée, pour procurer Faccord le plus parfait dans les réfultats. Nous en exceptons quelques cas afléz rares, dans lefquels une partie de la différence pouvoit & devoit même être attribuée à l'incertitude de notre latitude : les circonf- tances étoient telles alors que Ferreur, dans l'eftime de la latitude , agiffoit différemment, & même en fens oppolé fur es temps conclus des différentes hauteurs. H s'enfuit de -à que les hauteurs prifes hors du méridien & au voifinage du premier vertical, nous donnoiïent l'heure vraie du bord dans une plus grande précifion que celle de 4 à 5 fecondes de temps entre les tropiques, & de 8 à 10 fecondes fous la latitude de 60 degrés. Lotfque nous prenions des hauteurs pour connoître fheure, . ous en prénions toujours au moins cinq, fi la férénité du DES SCIENCES. 26% ciel le permettoit, En prenant un milieu entre ces cinq hauteurs, l'erreur de l'oblervation , fi l'on en pouvoit foup- çonner quelqu'une, étoit comme anéantie. Nous avions auffi l'attention de prendre ces hauteurs, autant qu’il étoit poflible, au voifinage du premier vertical; par-là l'erreur de l'eftime de la latitude nous deyenoit indifférente : elle n’influoit point fur la longitude que nous voulions conclure. Nous nous fommes fervis très-fréquemment du fextant pour déterminer notre longitude par des diftances de la Lune au Soleil & aux Étoiles fixes. Il eft arrivé très-rarement que la longitude conclue des diflances du Soleil à là Lune ait différé de plus d'un degré de celle qui nous étoit donnée par les horloges marines: cette différence étoit même le plus fouvent au-deffous d'un demi-degré. Les diftinces de la Lune aux Étoiles nous ont ordinairement donné des réfultats aufit précis, mais les exceptions ont été un peu moins rares: on prenoit quelquefois trois, & le plus fouvent, cinq diftances de la Lune à l'Etoile ou au Soleil; yn milieu pris entre ces diftances obfervées, annulloit prefque les erreurs qui pou- voient affecter chaque obfervation ifolée, Trois Obfervateurs prenoient au même inftant la hauteur du Soleil ou de l'Étoile, celle de la Lune & la diftance des deux Aftres : fouvent un feul obfervoit fucceflivement les hauteurs & les diftances ; le tout étoit rapporté à une montre à fecondes, & une inter- polation facile faifoit connoître les hauteurs apparentes à l'infant de la diflance moyenne des deux Aftres. On en concluoit la longitude du bord, par deux méthodes de calcul qui nous paroifient plus préciles & plus expéditives que celles qu'on à inférées dans le Nawtical Almanar. Non-feu- lement les Officiers & les Gardes de la Marine, mais même nos deux Pilotes, un Aïde-pilote & un Fimonnier , deftiné à commander des Navires marchands, manioient ce calcul avec la plus grande facilité, 264 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE S. II. Des Montres marines. Nous avions à bord de Îa frégate, cinq Montres marines & une Pendule marine; favoir, une Montre marine de M. Berthoud, cotée 7.” 8, apparemment parce que c’eft la huitième Montre marine exécutée par {tuteur ; trois Montres marines de M. Leroy, une étoit défignée par la lettre À, initiale du mot ancienne ; une autre par la lettre S, initiale du mot /éconde ; nous diftinguons la troifième dans nos Reviftres, par la dénomination de Montre ronde, prife de la forme de fa boîte: la cinquième Montre marine étoit de M, Arfandaux ; enfin, la Pendule marine étoit de M. Biefta. De ces fix inftrumens, le 7.” #8 feul ne concouroit pas au Prix de l'Académie; M. Berthoud n'avoit, difoit-il, travaillé que pour le Roi; ïl n'avoit pas jugé à propos, pour des raifons particulières, de préfenter fon ouvrage au concours. Les cinq Montres marines furent placées en arrière du mât d’artimon, près de la grande chambre de la frégate, dans une armoire pratiquée pour cet ufage, & fermée par différentes ferrures, dont les clefs étoient partagées entre les mains des trois Commiffaires : la Pendule de M. Biefta étoit fofpendue aufii près qu'il avoit été poflible, du centre de gravité du Navire, dans uni emplacement fermé. Nous comparions tous les jours, vers lheure de midi, les différentes Montres entr'elles, & nous écrivions ces compa- raïifons fur un regitre; laéte étoit figné des Officiers préfens & de nous. Lorfque dans des ports ou rades, nous voulions vérifier la marche des Montres, nous établiffions un obfer- vatoire à terre, fous une tente ou dans un lieu commode; nous y déterminions la marche d’une pendule aflronomique par des hauteurs correfpondantes du Soleil: vers l'heure convenue, on comparoit une des Montres marines avec la Pendule aftronomique; on donnoit pour cet effet des fignaux de deflus la Frégate; c’étoit des coups de piftolet dont on obfervoit le feu à terre, par le moyen d’une lunette dirigée fur la partie de la Frégate où fe faifoient les fignaux: pendant ce temps DIN SM ISUCNILE MICLE NS 265 cé temps on comptoit les fecondes à la Pendule, & lon marquoit la feconde & la fraction de la feconde à laquelle on avoit aperçu Le feu. Les Obfervateurs qui étoient à bord faioient auffi compter à une des Montres, & marquoiïent le temps de lexplofion. On répétoit le fignal cinq fois, quelquefois plus fouvent, & lon prenoit le milieu entre les rélultats: cette manière de faire les fignaux nous a paru fort exacte; il nous eff arrivé très-fouvent que les réfuliats extrêmes des cinq comparaifons du même jour n’ont différé entr’eux que d’un quart de feconde. Comme de toutes les Montres que nous avions à bord , celle de M. Berthoud étoit la feule qui battit exactement les fecondes, c'étoit à elle que nous comparions toujours la Pendule aftronomique & les autres Montres marines. Telles étoient nos opérations, nous en allons donner les réfultats; nous commencerons par la Pendule du fieur Biefta. Pendule de M. Bieffa. Cette Pendüle étoit arrivée à Breft en très-mauvais état, le 29 Septembre 1771, par le carrofle de voiture. En la déballant le lendemain, nous foupçonnames qu’elle avoit fouffert dans le voyage ; nous envoyames prier le fieur Lanfquenay, Horloger à Breft, de venir achever juridi- quement le déballage. Nous trouvames qu’un des poids de plomb latéraux de l'horloge s'étoit déplacé, & avoit caufé du dommage ; quelques pièces étoient brifées, d’autres fauflées feulement; le rouage ne paroifloit pas offenfé. Le fieur Lanfquenay nous offrit de remettre le tout en état, nous y confentimes; nous écrivimes, dès le jour même, au fieur Biefta, pour finformer du défaftre arrivé à fa pen- dule. Le 10 Oétobre, lhorloge réparée fut tranfportée à bord, & mife en mouvement. Le 13, nous reçumes une lettre du fieur Biefta, qui nous annonçoit fa prochaine arrivée à Breft. Le 15, fa pendule fut trouvée arrêtée; la chaïnette d’un des poids de la fonnerie étoit hors de fa poulie; elle fut remife en place, & s’échappa de nouveau: Mém, 1773. LI 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il étoit facile de parer à cet inconvénient, le fieur Lanfquenay avoit remédié le 23. Le 24, il nous arriva un Elève du fieur Biefta; il étoit fort au fait de la mécanique de l'horloge de fon Maître; il nous déclara que les réparations faites par M. Lanfquenay lui paroiffoient fufffantes. Les autres montres marines avoient été comparées les jours précédens, tant entr'elles qu'avec le mouvement moyen du Soleil; leur marche nous étoit parfaitement connue, & nous paroifloit fenfiblement uniforme. La pendule du fieur Biefta fut comparée les 27, 28, 29 & 30 du même mois d'Octobre avec le ».” 8 de M. Berthoud, & nous trouvames-que le premier jour, la première retardoit fur le ».” 8, de 37° 12"; le fecond jour, de 34° 17"; le troifième, de 34! 57" +, & le quatrième, de 45° 17" + La pendule du fieur Biefta avoit été placée, comme nous Tavons dit, vers le milieu du Vaifleau & affez près du grand mit; elle étoit fufpendue fous le pont à l'aide d’une grofle vis avec fon écrou, que le fieur Biefta nous avoit" envoyée pour cet ufage; la pendule étoit entretenue dans la fituation qu’elle devoit avoir, par un poids confidérable , dont les vibrations étoient parfaitement libres; en un mot, nous avions fuivi en tout les difpofitions que le fieur Biefla avoit indiquées lui-même dans un écrit qu'il avoit remis entre les mains d'un des Commiflaires ; & fon Élève avoit trouvé que les intentions de fon Maïtre étoient parfaitement remplies. Nous avions appareillé le 29 d'Oétobre; le 31, en allant faire la comparaifon ordinaire de cette horloge, nous la trouvames en morceaux: il y avoit un peu de mer, le roulis avoit fait tourner la vis, l’écrou avoit manqué, & la machine en tombant s’étoit brifée. Aïinfi toute l'épreuve de la pendule de M. Biefla n'a duré que quatre jours; mais elle a fufr pour prouver que cette machine ne pouvoit donner le mou- vement journalier d’un Navire en Longitude, même dans la précifion de 2 degrés ou de quarante lieues fous la Ligne. D'ailleurs, le peu de délicatefle du plan & de l'exécution de DES SctIENCES. 267 cette pendule ne nous avoit pas permis d'en concevoir une efpérance favorable. Montre de M. Arfandaux. Cette montre fe remontoit en tirant fortement un cordon garni d’un gland à fon extrémité extérieure ; il falloit enfuite pañler ce cordon dans un crochet évafé; autrement le gland fe feroit engagé entre les cercles de la fufpenfion, & le mouvement auroit été arrêté: il l'a réellement été quatre ou cinq fois dans le cours de Féxpédition; mais nous nous fommes aflurés que la caufe de ce dérangement a été que la première fois le cordon n’avoit pas été tiré avec aflez de force, & par conféquent la montre n’avoit pas été la veille entièrement remontée. Une autre fois le gland du cordon étoit engagé dans les cercles de la fufpenfion, foit que Ra, veille le cordon n'eût pas été pañlé, foit que le mouvement de la Frégate Ven eût fait échapper. Une troïfième fois, le cordon n'étoit pas feulement pafié, il étoit même roulé autour du crochet; le mouvement n'avoit pas eu la force de le dé- rouler. La quatrième fois, celui qui remontoit la montre la dit arrêtée; cependant elle marquoit précifément l'heure & Îa minute qu’elle auroit dû marquer fi elle ne fe füt point arrêtée; fi elle l'étoit réellement, peut-être venoit-elle de l'être à l'inftant même, & peut-être aufli le cordon n'avoit-il pas été tiré aflez fortement la veille : nous préfumons que c’eft à une des caufes mentionnées qu'il faut attribuer le cinquième arrêt de la montre de M. Arfandaux; fi nous n’euflions remar- qué dans cette montre que ces dérangemens pañlagers, nous ne pourrions lui refufer de juftes éloges, en confeillant cependant à Auteur d'adapter à fa montre un remontoir ordinaire; celui qu'il a imaginé eft fans doute plus expéditif, mais il a fes inconvéniens; il demande des attentions qui peuvent échapper quelquefois, fur-tout quand l'efprit eft diftrait par une multitude d’autres objets, ou quandles circonftances ne permettent pas que a montre foit toujours remontée par la même perfonne. - Un défaut plus effentiel que nous avons obfervé dans la LI ï 268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE montre de M. Arfandaux, c'eft que fes mouvemens ne font point ifochrones. Du 26 au 27 Oélobre 1771, elle a avancé de 8 fecondes; du 27 au 28, elle a retardé de 14 fecondes; du 29 au 30, l'accélération a été d’une feconde & demie; du 2 au 3 Novembre, le retard a été obfervé de 56"; les procès-verbaux font foi qu'elle a été fujette à de pareilles irrégularités pendant tout le cours de la campagne. Nous croyons cependant pouvoir faire deux remarques en faveur de cette montre. La première eft que les principales irrégularités de fon mouvement ont eu quelqu'analogie avec les différentes températures de Fair indiquées par le thermo- mètre, non cependant qu'une ‘Fable de mouvemens relatifs à ces différentes températures, puifle donner à cette machine quelque apparence fufffante d’ifochroniline ; mais au moins de manière qu'on peut aflurer que le principal défaut de cette montre vient de ce que le mécanifme que M. Arfandaux a adapté à fa pendule pour fuppléer aux effets de la chaleur & du froid, n’a pas parfaitement rempli fon objet. La feconde remarque a pour objet la fufpenfion de la machine; elle nous a paru ingénieufe & très-propre à arrêter l'effet des grands mouvemens du Navire; nous fommes perfuadés que durant tout le cours de l'expédition, ces mouvemens n'ont point affecté ceux de la montre. Montre, n° VIT, de M. Berthoud. Cette montre marine avoit déjà été éprouvée fur mer en 1768 & 1769 , avec le ».” 6 du même Artifte, par M: de Fleurieu, Officier des Vaifleaux du Roi, commandant la frégate V'/fs, & par un de nous, nommé à cet effet Commiffaire par l'Académie ; le fuccès de cette épreuve, eft rapporté dans les Mémoires de l'Académie, année 17704 On remarqua alors, que quoique la montre n° 8 , eût donné les longitudes fur mer, dans une précifion fupérieure à celle à laquelle l'Auteur s'étoit engagé, elle avoit fubi cependant des retardemens progreflifs dans fa marches En Janvier 1769, elle ne retardoit que de 5" par jour en rade ENS HSNCUICE MUCUEUS 269 de Pile d'Aix ; en Avril, elle retarda de 112 par jour en rade de la Praya, île de Sant-Yago ; de 16"? en Juillet, à Angra dans file Tercère; de 19"+ en Août, en rade de Sainte-Croix de Ténérifle; enfin de 18”+ en Novembre, en rade de l'ile d'Aix. M. Berthoud croit avoir découvert la caufe de cette irrégularité & y avoir remédié: voici les mouvemens de cette horloge, tels que nous les avons obfervés dans nos différentes relâches. Du 10 au 26 Odobre 1771, felon les obfervations faites à Breft, en ces deux jours, la montre #.° 8 avoit avancé fur le temps moyen de $ 5",94; fur ces 55”,94, il y avoit 3370 , qui devoient être attribuées à la température de V'air , conformément à une Table de température , que M. Berthoud nous avoit remife entre les mains ; il reftoit donc en feize jours 22°,24, dont la montre ».° 8 avoit avancé plus qu’elle n’auroit dû le faire, relativement aux degrés du thermomètre: fon avancement*propre & réel, étoit donc alors, de 1,39 par jour. C’eft en fuivant la même marche, que nous avons déterminé fon accélération journalière à Cadiz, entre le 21 Novembre & le 1. Décembre, de 0”, sa de o”,19 feulement à Sainte-Croix de Ténérifle, entre le 25 Décembre 1771 & le 2 de Janvier 1772: elle fut à Gorée de 1”,46, felon les obfervations faites depuis le 1 6 jufqu'au 24 du même mois. Le 28 du même mois de Janvier, comme on fe difpoloit à remonter le 7.” #, on le trouva arrété: s’étoit-il arrêté de lui-même , ou parce qu'il n'avoit-pas été remonté la veille? ce dernier cas nous paroïfloit très-pofflible, vu fa compli- cation trop fcrupuleufe des opérations que nous faifions alors, pour la remonte & la comparaifon des horloges marines : mais il nous falloit ici autre chofe que des poflbilités. On remit le ».” # en mouvement, il s'arrêta de nouveau quelques minutes après ; on le remonta, & nous remarquames que pour le remonter , il fallut faire faire à la clef deux tours entiers & £ du troifième tour ; les jours fuivans, pour le remonter après un mouvement de 24 heures, deux tours 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fuffrent , fans qu'il fût poflible d'entamer le troifième ; ileft donc de l'évidence la plus abfolue, que cette montre n’avoit pas été remontée le 27 : nous primes les mefures convenables pour éviter à l'avenir cet inconvénient; & en effet, il n’eft plus arrivé dans tout Je refte de la campagne. D'un autre côté , il ne nous étoit point indifférent de déterminer altération que cet accident avoit pu produire dans le temps marqué par le ».” #: c'eft ce qu'il n'étoit pas difficile de faire, en comparant cette montre avec les montres A & S de M. Leroy, dont la marche nous étoit fufffam- ment connue. Le 27 à midi, là montre À retardoit de 6’ 36” fur le n° 8; & le 28, le r.” 8 remonté & remis en mouvement, retardoit de 6% 2’ 23",25 fur la montre À; donc dans les 24 heures, le 1.” 8 avoit retardé fur la montre À de 6h 8’ 59,25. Mais des obfervations faites le 24 Janvier & jours précédens à Gorée, & le 17 Février & jours fuivans à la Martinique, il fuit que du 27 au 28 Janvier, la montre À avançoit à très-peu près , fur le temps moyen, de 1,35 en 24.heures ; donc du 27 au 28 Janvier, la montre ».° 8 avoit retardé fur le temps moyen, de 6? 8° 57,0. Pareillement la montre S avançoit alors de 1",$1 par jour, felon les obfervations faites précédemment à Gorée, & fubféquemment à la Martinique. Or le 27 Janvier , la montre S retardoit fur le .° 8 de 1’ 35": le 28,len” 8 retardoit fur la montre S de 6" 7’ 23°,75 ; donc, du 27 au 28, il avoit retardé de 6h 8° 58”,75 fur la montre S'; donc il avoit retardé de 6" 8° 57',24 fur le temps moyen: ce retard avoit été de 6" 8° 57",9 felon la montre À; en le déterminant de 6h 8° 57" +, il eft probable que l'erreur qui en réfultera dans nos opérations , n'excédera pas une demi-feconde. À notre première relâche au Fort-royal de la Martinique, du 17 au 26 de Février, le 7.° 8 avançoit par jour de 1,11 fur le temps moyen, & feulement de o”,5 à la feconde relâche, entre le 12 Mars & le 7 Avril. Au cap François, du 18 DES SCIENCE s. 271 au 29 Avril, il retarda par jour de 0”,63. Du cap François à l'ile de Saint - Pierre près Miquelon, nous eumes des brumes épaïffes, fur-tout en approchant de Saint-Pierre , la température de l'air changea auffi prefque fubitement; les thermomètres gradués, felon la méthode de Reaumur , & renfermés dans les boîtes des horloges , s’étoient foutenus à 23, 24 & 25 degrés au-deflus du terme de la congélation ; vers la mi-Mai ils baifsèrent fenfiblement , & bientôt ils ne marquèrent plus que 8 à 9 degrés dans les boîtes, & 2 degrés feulement à l'air libre, quoique nous ne fuflions que par 45 à 46 degrés de latitude Nord. Les obfervations faites fur l'ile de Saint-Pierre , le 30 Mai & le 4 Juin, nous firent con- noître que le 2.” 8 continuoit de retarder fur le temps moyen ; fon retard journalier fut jugé de 3". Nous éprouvames pareil- lement des brumes épaifles & quelques coups de vent à notre approche de lIflande, le 7° # y retardoit encore plus qu'à Saint-Pierre, fon retard journalier ayant été obfervé de 4,72 entre le 10 & le 18 de Juillet. D'Iflande à Copenhague , nous eumes une mauvaife mer & de fréquens coups de vent, cepen- dant le". 8 avoit prefque repris fon premier mouvement ; felon les obfervations faites à Copenhague, du 20 Août au 4 de Septembre , cette montre avoit avancé de o"41 par jour; enfin du 9 au 17 Odtobre, le retard journalier auroit été oblervé à Breft de 0,29. Mais comme les obfervations du 9, quoique d'accord entrelles, ont été prifes entre les nuages & comme à la volée, & que d’ailleurs on ne peut les admettre, fans en conclure que ia pendule aftronomique, le ».° 8 & la montre S de M. Leroy, fe font accordées à retarder chacune du 9 au 10, d'environ 2” plus qu'elles ne l'ont fait du 10 au 17 : il nous paroïît plus naturel de rejeter ces obfervations du 9, & alors du 10 au 17, ler.” & aura avancé par jour de o’,o4 feulement. Le 17 OGobre, après midi, on fit, conformément à nos inftructions, trois décharges inftantanées de l'artillerie de la Frégate, elle étoit de trente-deux canons, mais il n’y en avoit que vingt-deux de montés, de huit livres de balle: ils étoient 272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chargés comme pour le combat , mais fans boulets ; on y avoit fuppléé en partie, en mettant trois valets fur la gargouffe. On fit les comparaifons ordinaires avant & après les décharges : il ne paroît pas que la commotion ait altéré fenfiblement la marche de li montre ».” 8 ; elle avançoit par jour d'environ 20" fur la pendule aftronomique ; le 17 Otobre, de midi à 3 heures +, elle avança de 2,7, & de 3 heures + à 4 heures +, de 0”,64; c'eft dans ce dernier intervalle que furent faites les décharges. Du 17 au 18, cette mème montre parut retarder, fur le temps moyen, de 1”,47; du 18 au 19, de1",27; & du 19 au 20, de 0,41 feulement : on pourroit en inférer , que l'explofion auroïît retardé fa marche. Mais 1.° ce retard étoit léger, & il paroîtroïit d'ailleurs, que la montre tendoit à reprendre le mouvement qu'elle avoit avant les décharges. 2° Nous obfervons ce même retard décroiflant dans la pendule aftronomique : elle retardoit, chaque jour, de 17",9 fur le temps moyen; du 17 au 18, elle retarda, felon les obfervations, de 20”,34; du 18 au 19 , de 18,51; & du r9 au 20, de 17,76. Or la pendule aftronomique n’a pu être affe‘ée de l’explofion dé notre artillerie. Nous ferions donc autorifés à foupçonner qu'il faut rejeter fur les obfervations , au moins une partie de la petite irrégularité que nous avons remarquée dans le 7° 8, après les décharges de notre artillerie. Tel eft donc le réfultat de nos différentes vérifications de la marche de la montre marine #.° & ; nous allons maintenant examiner , fous trois différens points de vue particuliers, les erreurs où auroit pu nous induire lufage de cet inftrument dans la détermination de nos longitudes : mais nous ferons précéder cet examen, de quelques remarques qui ferviront à établir l’état de la queftion. Nous avons déjà dit que la montre #.° 8 avoit été éprouvée en 1768, conjointement avec la montre 2.” 6 du même auteur. M. Berthoud , s’étoit alors engagé de faire, pour le Roi, des montres marines, dont l'erreur n'excéderoit pas 4 minutes de temps, ou un degré de longitude dans l'intervalle de deux mois, D ESS CU E N-C-E.S 273 mois. Sur le compte qui fut rendu à l'Académie, de Fépreuve de ces montres faite à bord de la corvette ls, quelques Membres de cette Compagnie, furent d'avis qu'il falloit fuppo- {er la marche des montres telle qu'elle avoit été primitivement obfervée en rade de l'île d'Aix, & uniforme pendant tout le cours de l'expédition; & divifer enfuite l'erreur totale propor- tionnellement à un intervalle de deux mois, terme de l'engage- ment de l'Artifle : d’autres ne jugèrent pas cette prétention con- forme à la plus friéte équité, & nous fommes de ce nombre. Qui ne s'engage que pour deux mois, donne clairement à entendre , qu'au bout de deux mois fa machine pourra avoir befoin d’une nouvelle vérification, à laquelle il faudra avoir égard pendant les deux mois fuivans. D'ailleurs, fuppofons, pendant un inftant, que le mouvement d’une montre marine, varie proportionnellement au temps, on voit facilement que les erreurs croitroient comme les quarrés destemps; par conféquent , en divifant le temps total de l'épreuve, par le nombre d’intervalles de deux mois que ce temps total con- tiendroit , on trouveroit un réfultat d'autant plus grand que l'expédition feroit plus longue; c’eft-à-dire , que le degré de bonté de la montre , eftimé de cette manière , auroit une mefure vague & indéterminée, dépendante du temps de l'épreuve. Quoi qu'il en foit, la montre de M. Berthoud, retouchée par cet Artifle, ne craindroit plus maintenant a fuppofition d’un perpétuel ifochronifme , telle qu'on vouloit la faire pour Îe temps de la première épreuve. Nous allons mettre fous les yeux de l’Académie, les longitudes de nos principales relâches: 1.° telles qu’elles nous étoient données, en n'ayant égard qu’au mouvement de la montre, obfervé dans la relâche immédiatement précédente : 2.° telles. que nous les corrigions enfuite, en employant un mouvement de la montre, mitoyen entre les mouvemens déterminés dans les relàches immédiatement antécédentes & fubféquentes: 3.° enfin, telles qu'on auroit pu les conclure, en fuppofant l'avancement jour- nalier du ».° 8 toujours uniforme durant tout le cours de l'expédition, ou de 1”,39, ainfi que nous lavions obfervé à Mémn, 1773. M m 274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE - Breft en OGtobre 1771. Pour éviter la confufion, nous nommerons les premières longitudes, diretes ; elles étoient les feules fur lefquelles nous puiflions nous régler pour nos attcrages: nous appellerons les fecondes, corrigées ; elles doivent naturellement être les plus exactes; enfin, les troifièmes feront dites, Aypothetiques ; on doit conclure de ce que nous venons de dire, que nous ne les inférons ici que par furabondance. Aux longitudes directes & hypothétiques de nos reläches, nous comparerons les longitudes les mieux connues de ces mêmes relâches, tant celles qui ont été déterminées par des obfervations aflronomiques, que les longitudes corrigées conclues des mouvemens combinés de cette même montre marine. Nous avons toujours fuppofé la longitude de Breft de 61 so’ 45’. Les oblervations faites en cette ville ont été terminées le 26 Octobre ; le 21 Novembre, #.° 8 nous a donné pour longitude directe & hypothétique de Cadiz, 84 34' 40" ; la longitude corrigée feroit de 84 37' 32". Nous croyons , d’après les obfervations de M. Tofiño , que la véritable longitude eft de 84 38’. Donc, l'erreur occafionnée par le .° #, feroit de 3° 20" à l'Eft en vingt-fix jours. Sainte-Croix de Ténériffle étant à une bonne lieue à PES de la Laguna, où le Père Feuillée a fait plufieurs obfervations, fa longitude doit être à très-peu-près de 184 3 $s' à l'Oueft de Paris; le ».” 8 nous l'a donnée directement de 18429’ 09"; UNE corrigée, 184 30/ 14”; longitude hypothétique, 184 18’ 8”, Les premières obfervations ont été faites à Sainte- Croix le 25 Décembre; ainfi l'erreur de la longitude hypo+ thétique n’eft que de 16° 52" à l’Eft en foixante jours. Nous détaillerons ailleurs les fondemens fur lefquels nous nous appuyons pour déterminer la longitude de Gorce d’en- viron 19445; cette longitude nous eft donnée direétement de 19% 47' par le ».° 8 ; la longitude corrigée feroit de 194 44 43"; lhypothétique, de 194 32° 52”; Fobfervation à Gorée eft du 16 Janvier, l'erreur de la longitude hypothé- tique eft donc de 12’ 8” à l'Eft en quatte-vingt-deux jours, D MINS IGN E NUCLE;S; AS Dans les déterminations fuivantes, nous avons égard au retard infolite que la montre a fubi le 28 Janvier, faute d’avoir été remontée; ce retard eft, comme nous l'avons dit ci-deflus, de 6h" 8’ 57",5. Nous retranchons auffi un jour du nombre des jours écoulés depuis le 26 Oftobre 1771, vu que le 28 Janvier le mouvement du #.° 8 n'a pas été obfervé, mais feulement eftimé. Le 2 Février, nous fimes quelques obfervations fur l'ilet aux Cailles , dans la baie de la Praya , à l'extrémité méridionale de l'île de Sant-Y ago, la plus confidérable des îles du Cap-vert. Selon les mouvemens du #.° 8, lalongitude de cette baie eft de 25452" 18"; elle peut être dans la réalité de 254 52’, ou à peu-près ; la longitude hypothétique feroit de 254 30’, l'erreur de 22’ à l'Eften quatre-vingt-dix-huit jours. Le 17 Février, à notre première relâche au Fort - royal de la Martinique, Ja Longitude direde du baftion neuf fut, felon le 8, de 63% 25’ 21”, la longitude corrigée de 63126 24", lhypothétique de 634 04 22"; la véritable ef, à ce que nous croyons, de 63% 29’: l'erreur de 24° 30“ à l'E, en cent treize jours. Le 6 Mars, à l'entrée de la rade de Saint-Jean d'Antigue, nous touchames fur une roche dite de Wiällington ; la mer étoit bafle, cet écueil d’ailleurs s'étend plus loin qu'il n’eft marqué fur les Cartes du Dépôt ; les fecoufles du talonnage furent violentes, elles durèrent trois quarts d’heure ; leur effet fur les montres marines ne fe manifefta que par un retard infolite d’une feconde & demie feulement, que nous obfervames dans les montres de M. Leroy fur celle de M. Berthoud. Etoit-ce celle-ci qui avoit avancé, ou les deux premières qui avoient retardé; c’eft ce qu'il n’eft pas facile de décider : {a quantité du dérangement eft heureufement affez petite, & cette légère altération ne parut pas avoir de fuite pour lors. Nous pouvons cependant remarquer que depuis cet accident, nous avons obfervé dans la marche du 1.” 8 un ralentiflement progreffif qui a duré jufqu’en Iflande, & que k montre S de M. Leroy a au contraire accéléré | Mn ij 276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peu de temps après fon mouvement d’une manière bien fenfible. Si ces eflets font düs aux fecoufles verticales que ces montres ont efluyées fur la roche de Willington, il nous paroït que les Auteurs font en droit de réclamer contre Îa dureté d’une telle épreuve; on ne compte point fur de tels ‘’accidens, & ils font aflez rares pour qu’on ne puifle s’em- pécher de regarder comme très-utile une montre marine dont le mouvement ne feroit altéré que par de femblables fecouffes. Nous parlerons ailleurs d’une épreuve encore plus violente, fubie par la montre S de M. Leroy. De retour au Fort-royal de la Martinique, nous trouvames, le 12 Mars, quele ».° # avoit retardé durant les quinze jours précédens , de 7 fecondes fur le mouvement qu'il avoit à notre première relâche. La longitude hypothétique du Fort- royal, conclue des obfervations du 12 Mars, n'auroit plus été que de 63%o1’; & l'erreur feroit de 28 minutes à PES en cent trente-fept jours. Le 18 Avril, longitude directe du Cap-françois, île de S. Domingue, conclue des mouvemens du ».° 8, 74° 33 "374 noinde corrigée , 744 3510"; longitude hypothétique, 73457/15". L'entrée de Vénus, obfervée au Cap en 1769, détermine la vraie longitude de cette ville, de 74% 39"; l'erreur eft donc de 41’45"à l'Eften cent foixante-quatorze jours. Nos premières obfervations fur l'ile de Saint-Pierre ont été faites le 30 de Maï: le 4 Juin, il fut fait vingt - deux obfervations des paffages du bord inférieur de la Lune & de l'étoile du cœur du Lion, par le même Almicantarat; aux premières obfervations de la Lune il faifoit grand jour, le bord de la Lune ne pouvoit fe faifir qu'avec beaucoup de peine. En prenant le lieu de la Lune dans les Tables de Mayer, & un milieu entre les réfultats des vingt-deux obferva- tions, la longitude de l'ile de Saint-Pierre feroit de 584 32’ à YOueft de Paris; en donnant plus de confiance aux dernières obfervations qu'aux premières, on peut, fauf l'erreur des Tables, fixer la longitude de cette ile à 584 37’. Or, la longitude de cette ile donnéé directement par le ».° 8, eft D} ES: M9) E N.C,E.8 277 de 58423 15", la longitude corrigée eft 584 32’ 26", & la longitude hypothétique, 574 17’ 23"; lerreur de celle-ci eft de 1 20'à l'Eft, en deux cents feize jours. M. Caflini fils avoit eftimé la longitude de Saint-Pierre de 584 30°. Nous ne pumes commencer nos obfervations à Vatn-Eyre ou Patrixfiord, fur la côte occidentale d'Iflande, que le 10 Juillet; elles nous donnèrent pour longitude directe de ce lieu, 264 11° 39"; pour longitude corrigée, 264 19° 24"; pour longitude hypothétique, 24% 7’. Nous ne croyons pas que la longitude véritable de Patrixfiord puifle différer beau- coup de 261 30’; ainfi l'erreur de la longitude hypothétique feroit de 2423’ à l'Eft, en deux cents cinquante-fept jours. On continue toujours de marquer dans la Connoiffance des Temps, Copenhague par 104 25°, & Uranibourg par 104 33' de longitude orientale : fi ces déterminations font exactes , il faut que les Écliples du Soleil du 1° Avril 1764, & du 4 Juin 1769, aient été bien mal obfervées à Copenhague ; la longitude de Copenhague, n’eft que de 104 $’+, felon l'obfervation de l'Écliplé de 1764 Voyez la Connoiffance des Temps de 1774, page 274; de 10 1 s' par la fin de l'Écliple de 1769, que nous avons calculée; de 104 6/ par une immerfion du premier fatellite de Jupiter, que nous croyons y avoir obfervée avec beaucoup de préci- fion, le 28 Août, & dont nous avons comparé l'heure avec le rélultat des Tables de M. Wargentin. Selon les obferva- tions que nous avons faites en cette ville le 20 Août, combi- nées avec la longitude approchée , que nous avons donnée ci-deffus, à Patrixfiord , le .” # nous auroit donné pour longitude directe de Copenhague 94 36'+, pour longitude corrigée 94 58", & en rétrogradant des obfervations faites le 28 Septembre à Dunkerque à celles que nous avons faites le 4 du même mois à Copenhague, 1047/L Enfin la lon- gitude hypothétique eft de 13% 2/; fon erreur de 3 degrés moins quelques minutes à PEft, en deux cents quatre-vingt- dix-huit jours. Dunkerque eft de od 2'1 plus orientale que Paris; la longitude de cette ville, donnée direétement par le »,° &, n'eft 1 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE parcillement que d’un très-petit nombre de minutes à V'Ef; la longitude hypothétique feroit de Le s’ +; l'erreur eft de 34 3/ en trois cents trente - fept jours. Enfin, de retour à Breft, nousavons trouvé, le 10 Oétobre, la longitude directe de ce Port, de 61 s2', & fa longitude corrigée, de 64 54. Quant à la longitude hypothétique, telle qu’on la conclut de la marche du 8, obfervée à Breft avant notre départ, & fuppofée conftante pendant toute la cam- pagne, elle n’eft que de 3438" 26", & nous l'avions fuppofée de 64 so/45"; l'erreur feroit donc de 3% 12" 19" à l'Eft, en trois cents quarante-neuf jours ou en onze mois & demi; ce féroit fur le pied de 33” 26" en deux mois, ou de 23" 4" en fix femaines. Telle eft la première manière d'envifager les réfultats de la montre marine ».° 8 : fauf ce que nous avons dit des longitudes hypothétiques , qui ne paroiflent ici que par furabondance, nous avons toujours fuivi cette méthode, foit pour nous régler à nos attérages, en regardant comme exaéte ou du moins comme fort approchée, la lon- gitude qui nous étoit donnée directement par la marche de nos montres marines , obfervée à la relâche immédiatement précédente; foit pour déterminer la longitude des lieux que nous reconnoïflions, en fuppofant, à nos montres marines, une marche moyenne & proportionnelle entre celles que nous avons déterminées dans les reliches immédiatement antécé- dentes & fubféquentes. Nous allons maintenant confidérer Y'ifochronifme des montres, fous un autre point de vue: c'eft celui qui a été fuivi par M. Maskelyne, dans le rapport qu'il a fait de la marche du Garde-temps de M. Harrifon. On fait que l'acte du Parlement d'Angleterre, de fa dou- zième année du règne de la Reine Anne , décerne un Prix de vingt mille livres flerlings , pour celui qui aura inventé & exécuté une Machine, à l'aide de laquelle on puifle déter- miner les longitudes fur mer, avec une telle précifion, que l'erreur n'excède pas un demi-degré dans un voyage de fix femaines ; les trois quarts de ce Prix devoient être adjugés, fi l'erreur n'étoit que de deux tiers de degré, & la moitié feulement, fi l'erreur étoit entre 40 minutes & le degré entier, DES MS CLIN. Cr 8 279 l'intervalle étant toujours fuppofé de fix femaines. M. Harrifon, Anglois, avoit prétendu à ce Prix, & en eflet fa montre marine avoit déjà été éprouvée en deux voyages d'Amérique; le fuccès même avoit paru favorable. Quelque temps après on foumit cette montre à un nouvel examen à terre, fous les yeux de M. Maskelyne, qui fuivit fa marche depuis le 6 Mai 1766, jufqu'au 4 Mars 1767; M. Maskelyne, confor- mément à l'efprit de late du Parlement, partagea. tout l'intervalle de temps écoulé pendant l'épreuve en des inter- valles égaux de fix femaines ; la marche de la montre, pendant un de ces intervalles, lui fervoit de règle pour juger de l'erreur qu'elle auroit donnée dans l'intervalle fuivant ; par-là cet Aftronome déterminoit ce qui faifoit véritablement l'objet de fon examen, favoir la précifion avec laquelle la montre de M. Harrifon auroit donné la longitude à la fin d'un voyage de fix femaines. En fuivant cette méthode, nous divifons l'année ou les cinquante - deux femaines & deux jours écoulés depuis le 10 Odtobre 1771, jufqu'à pareil jour de l’année fuivante, en neuf intervalles aufli approchans qu'il eft poflible de fix femaines ou de quarante-deux jours. Le 10 Octobre 1771 , à Breft, le ».° 4 avançoit fur le Temps moyen de 0” 26",05; il retardoit donc fur le Temps moyen de Paris, de 26" $6",95 : le 21 Novembre il avançoit fur le Méridien de Cadiz de 9° 32",9 ; par conféquent ä retardoit fur celui de Paris, de 24" 5 9”,1 : donc en quarante- deux jours, il avoit avancé de 1” 57,85; felon la Table de Température qui nous avoit été remife par M. Berthoud, il avoit dû avancer de 1°12",88; il refte 44,97 ou 45" d’avan- cement propre en quarante-deux jours; c’eft par jour 1",07. Maintenant, du 2 1 Novembre 177 1 au 2 Janvier 1772, il seft encore écoulé fix femaines où quarante-deux jours. En appliquant à cette période, la marche moyenne obfervée pen- dant la première, le 1.” & auroit dû avancer de 44,97: & en outre, pour les différens degrés de la température de l'air, de 1! 23,86, c'eft-à-dire, qu'en total il auroit dû avancer de 280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 2! 8",83, fi fa marche eût été parfaitement ifochrone; donc, le 2 Janvier, il ne devoit plus retarder fur Paris que de 22'$0",27; mais ce même jour il avançoit fur le méridien de Sainte-Croix de Ténérifle, de 50° 38*,92; & par conféquent il retardoit de 23° 41",08 fur celui de Paris; l'erreur eft de 50,81 en temps, ou de 12° 42" de degré, dont le 1e a trop retardé dans cette feconde période de quarante-deux jours : fon retard abfolu fur le tem psmoyen, a été de 5”,84; ce qui donne par jour un retard de o”,14. Notre troifième intervalle eft de quarante-cinq jours , en ne comptant point le 28 Janvier; il fe termine au 17 Février, à la Martinique. Ce même jour, 17 Février, le r.° 8 retar- doit, fur le Méridien du Fort-royal, de 21 17° 34,9; donc, fur le Méridien de Paris, de 6" 31°30",9. Au com- mencement de la période , il retardoit de 23° 41",8 ; le 28 Janvier, faute d’avoir été remonté, il avoit retardé de 6" 8 $7",5: en quarante-cinq jours , à raifon de o”,14 par jour , il a dû retarder de 6”,3 ; enfin, pour la température, il auroit dû avancer de 27”,0. Donc le 17 Février, fon retard, fur le Méridien de Paris, auroit dû étre de 6" ANA Z GB il n'étoit que de 6h 31° 30",9; ainfi la marche du »° 8 s'étoit accélérée de 46”,98 ou de 47" fur la période précé- dente ; l'erreur, au bout de quarante-cinq jours, n'étoit que de 11° 45” de degré : l'accélération fur le temps moyen, durant cette période , étoit de 40",68, & l'accélération jour- nalière de 0”,90. La quatrième période eft de quarante-deux jours, elle finit au 30 de Mars, jour auquel le .” & retardoit.fur le Méri- dien du Fort-royal, de 2" 17° 1”,19 ; donc depuis le 17 Février, il avoit avancé, fur le temps moyen, de 33",71; il auroit dû avancer de 37”,8 , relativement à la marche obfervée pendant la période précédente, & de 5”,24 felon la Table de température, en tout de 43'",4 ; donc fon mou- vement a été de 9”,33 plus lent, que durant la précédente période: l'erreur , en quarante - deux jours, n'eft que de 2 20" de degré, Durant ce quatrième intervalle, le 1.” 8 a avanc É DE SMS QU T/EL NC 2 ss. 285 ayancé de 28",17; & par jour de 0”,68 : nous défalquons toujours la quantité d'accélération relative à la température de Fair. La cinquième période n'eft que de trente-un jours, du 30 Mars au 30 Avril. Le 30 Mars, le n° 8 retardoit de 2h 17° o1",19 fur le Méridien du Fort-royal, & par confé- quent, de 6h 30’ 57",19 fur celui de Paris. Le 30 Avril, il retardoit de 1h 32° 38”,67 fur celui du Cap-françois, & de 6h 31° 14,67 fur celui de Paris ; ainfi en trente-un jours, il avoit retardé de 17",48 , au lieu qu'à raifon de 0”,68 par jour , il auroit dû avancer de 21,08 & de plus de 1",65 relativement à la température : fon retard réel fur la période précédente , a donc été de 40",2, & l'erreur de 10° 3" de degré en trente-un jours. Pendant ce cinquième intervalle, la montre marine a retardé de 19",13 fur le temps moyen, ce qui donne par jour 0",63 de retard. Le 4 Juin , à Saint-Pierre , le ».° -8 retardoit, fur le Méridien de Saint-Pierre , de 2h 38’ 1,76, & par conféquent de 6h 32! 29",76 fur Paris, fi la longitude de Saint-Pierre eft réellement de 5 84 37’. Alors, durant notre fixième période qui ne comprend que trente-cinq jours entre le 30 Avril & le 4 Juin, le #.” 8 aura retardé de 1° 15",9, il devoit retarder d’un côté de 22",5, & avancer de l'autre de 25,9, relativement à la température : fon retard fur fa cinquième période , aura donc été de 1° 18",94 ; ce qui donne une erreur de 19° 44" de degré en trente-cinq jours. Le retard abfolu, durant ces trente-cinq jours, aura été de 1’ 40",99, ou 1/41", & par jour de 2",89. Si la longitude de Saint- Pierre eft moindre que nous l'avons déterminée, il faudra diminuer d’autant l'erreur de la montre. ; Le feptième intervalle eft de quarante-quatre jours, il fe termine au 18 Juillet, jour auquel le #.° 8 retardoit fur le Méridien de Patrixfiord, de 4 48’ 54",92, ou de 6h 34’ 54,92 fur le Méridien de Paris , fi la différence de ces Méridiens eft de 1P 46’ ou de 264 30’; ence cas, le r° 8 aura retardé, durant le cours de cette période, de 2/25",16: Mém, 1773, Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMTIrE ROYALE or, il devoit réellement retarder de 2° 7",16 , en lui fup- pofant la même marche que durant la période précédente ; & d’une autre part, il devoit avancer de 1° 14”,4, eu égard aux degrés de température: en total, if devoit retarder de s2”,76, il a retardé de 2! 25”,16; il a donc retardé de 1° 32”,4 fur la période précédente : l'erreur eft de 23’ 6" de degré en quarante- quatre jours ; durant cet intervalle, la montre marine a retardé de 3! 39,56, ou de 4",99 par jour. A raifon de 4”,99 par jour, le ».” 8 a dû retarder de 3! 19",60 en quarante jours, que nous établiffons pour durée de la huitième période, & durant ce même intervalle de temps, # à dû avancer de 1! 37,79 pour la température ; donc, dans ces quarante jours, il a dû retarder de 1° 41",81. Le 18 Juillet, il retardoit de 6h 34° 54"02 fur Paris; donc le 27 Août, il devoit retarder de 6" 36 36,73 : or-nous avons trouvé ce même jour, à Copenhague, qu'il retardoit fur Paris, de 6" 33" 53,20 ; l'erreur eft de 2° 43,53 ou de 40’ 5 3” de degré en quarante jours; le retard du ».° 2, fur le temps moyen, aura été de 0° 36”,7 pendant cet inter- valle, & le retard journalier de o",9. Dans ces détermina- tions, nous avons fuppolé la longitude de Copenhague, de 40° 3o" de deoré à VEft de Paris: en diminuant cette longitude, on diminueroit l'erreur de la huitième période, mais on augmenteroit celle de la période fuivante ; en dimi- nuant la longitude que nous avons donnée à Patrixford , l'erreur de la marche du ».” 8 deviendroit moindre dans les deux périodes précédentes. Enfin la neuvième & dernière période, comprend les quarante-quatre jours écoulés depuis le 27 Août, jufqu'au 10 Oétobre: durant cet intervalle, à raïfon de o",9 par jour, ler." # a dû retarder de 0’ 39”,6 ; d'autre part il a dû avancer de 1” 39",3 pour la température de Fair; en tout il a dû avancer de 59”,43 dans ce neuvième intervalle : er, il retardoit le 27 Août fur le méridien de Paris, de 6" 33" 53,2. Le 10 Oëétobre, felon les obfervations faites à Breft, if retardoit de 6h 32° 20”,2 ; il avoit donc avancé DES SCIENCES. | 283 de 1” 33”, au lieu de 59",43: l'erreur eft de 0! 33 574 ou de 8° 24" de degré en quarante-quatre Jours. Dans cette dernière période, le ».° 8 a retardé fur le temps moyen, dé 6",3, ou de 0,14 par jour, Ainfr en fuivant la méthode de M. Maskelyne, on trouve que la marche du ».° 8 seit foutenue durant tout le cours- de l'expédition, de manière à donner les longitudes à un quart de degré près en fix femaines jufqu'au commencement de Juin, & de-là jufqu’en OGobré, dans fa précifion d’un tiers de degré environ, durant le même intervalle de temps, fi l'on en excepte la huitième période où l'erreur peut être attribuée en partie à l'incertitude des longitudes de Saint- Pierre & de Patrixfiord. Des Montres marines de M Leroy. Des trois montres marines qui nous ont été confiées par M. Leroy, deux, favoir les montres À & S avoient été éprouvées fur mer en 1767, à bord de l’Aurore, par M. le Marquis de Courtanvaux, par M. Meflier & par un dé nous: on n'avoit eu la montre S'que durant quarante-cinq jours, & Ton avoit foupçonné dès-lors que la précifion de fa marche Pouvoit égaler & même furpañler celle de la montre 4. Ces deux mêmes montres avoient été éprouvées depuis à bord de T'Enjouée, par M. Caïfini fils en 1768: cette Frégate fit peu de relâches, & il ne fut pas poflible à M. Cafini de conftater la longitude des lieux où lon relächa ; il fut cependant prouvé, par cette expédition , que les deux montres avoient en général fort bien conférvé le temps à la mer. À ces deux montres que nous avions à bord de /4 Flore, M. Leroy en avoit ajouté une troilième; maiMen nous avertiflant par un écrit dont copie fut inférée dans nos regitres, que cette montre n'étoit qu'un eflai duquel il étoit fort éloigné d’at- tendre le même fuccès que des deux autres. Les doutes de M. Leroy fur la bonté de cette montre étoient bien fondés; getté montre rétardoit à Breft de o’,81 par jour fur le temps Nniï 284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE moyen ; à Cadiz, elle avançoit de 5",4 ; à Ténérifle, fon avancement journalier fut de 10",46 ; elle fut trouvée arrêtée le 1 3 Janvier, remife en mouvement, elle s'arrêta de nouveau le 20, le 26 &le 29 du même mois: nous la jugeames fufffamment éprouvée, & nous ceflames de la remonter. La montre À de M. Leroy retardoit à Breft de 2",14 par jour fur le temps moyen, & à Cadiz d’une feconde feulement; à Ténériffe elle avançoit par jour, fur le temps moyen, de 0”,34, de.1”,44 à Gorée, de 2”,54 à notre première reläche à la Martinique, & de 4,19 à notre feconde relâche felon les obfervations faites les 12 & 16 Mars. Le mouvement de cette montre s'eft donc toujours accéléré ; mais accélération . n'étoit pas aflez prompte pour occafionner une erreur d'un demi-degré fur notre longitude dans un intervalle de fix femaines ou même-de deux mois. En fuppofant comme auparavant la longitude de Breft de 64 50’ 45”, la marche de la montre À vérifiée à Breft entre les 10 & 26 Ofobre 1771, nous a donné 84 43! 5 5" pour longitude direéte de Cadiz ; fi cette longitude eft, comme nous le croyons, de 84 38/, l'erreur eft de 6 minutes de degrés à l'Oueft en vinot-fix jours. En prenant un milieu entre les mouvemens de la montre obfervés à Breft & à Cadiz, la longitude corrigée de cette dernière Ville, fera de CREER 7 La montre À donne direétement 184 40° 42” pour lon- gitude de Sainte-Croix de Ténérifle, felon les obfervations commencées le 25 Décembre; la longitude corrigée eft de 184 36" 40", & la longitude hypothétique, ou conclue de la feule marche obfervée à Breft, & fuppolée conftante, eft de 184 55’ 56": nous fuppofons la longitude vraie de 1 84 35"; l'erreur de la longifhde hypothétique eft de 21 minutes de degré à l’Oueft en foixante jours. Le 16 Janvier 1772, nous avons conclu de la marche de la montre À, que la longitude direéte de Gorée étoit de 19447, la longitude corrigée de 19444" 40", la longitude hypothétique de 204 21/ 30”; fi la véritable Iongitude de DES SCIENCES. 28$ Gorte eft de 194 45’, l'erreur fera de 36 30" de degré à l'Oueft en quatre-vinst-deux jours. Le 2 Février, la montre À nous donna 254 51° pour longitude directe de la Praya, & 26% 37! 30" pour longitude hypothétique; l'erreur de celle-ci eft d'environ 4$ minutes de degrés à l'Oueft en quatre-vingt-dix-neuf jours. Le 17 du même mois, à notre première relâche au Fort. royal de la Martinique, fa montre marine À nous donna direétement pour longitude 63° 33, la longitude corrigée fut de 634 29/, l'hypothétique de 644 35’, l'erreur de celle-ci 14 6’ environ à l'Oueft en cent quatorze jours À notre feconde relâche à la Martinique, le 12 Mars, nous conclumes de la marche de la montre À 634 34! pour lon- gitude directe, 63% 31/ pour longitude corrigée, 654 6° 50" pour longitude hypothétique, au lieu de 63% 29/ que nous fuppofons être la longitude véritable ; l’erreur eft de 14 37! 50" à l'Oueft en cent trente-huit jours, ou en près de vingt femaines, ce qui ne donneroïit que 29° 10" d'erreur en fix femaines. Nous fommes forcés, pour des raifons que nous expofe- rons bientôt, de borner ici l'épreuve de la montre À : il réfulte de cette épreuve , que cette montre marine nous à donné , avec aflez de précifion, nos longitudes de relâche en relâche, & qu’elle peut même fubiravec fuccès, l'épreuve à laquelle on vouloit foumettre, il y a trois ans, les montres marines de M. Berthoud , en n'étendant cependant qu’à vingt femaines, la durée de l'expédition: il eft facile de voir qué fi cette montre eût continué d’être éprouvée durant tout le refle de la campagne, & qu'elle eût toujours accéléré fon mou- vement dans la même proportion, elle auroit bientôt donné des erreurs qui auroient furpaflé le demi - degré & même le degré, dans un intervalle de fix femaines ; mais comme nous Yavons dit plus haut, cette manière d’apprécier la marche des montres marines, eft trop vague & trop rigoureule : fa néceffité ne s’eft jamais préfentée à l'efprit de ceux qui ont propofé des Prix fur la meilleure manière de mefurer le temps à la mer, 286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Examinons maintenant les erreurs qu'auroit donnéés Ja montre À, en employant la méthode dont nous nous fommes fervis en dernier lieu dans l’examen de la marche du ».° 2, Nous partageons l'intervalle de temps écoulé, entre le 10 Octobre 1771 & le 16 Mars 1772, en quatre périodes de fix femaines ou environ : on trouve que durant la première période de quarante-deux jours , écoulés depuis le 10 “Octobre jufqu'au 21 Novembre , défalquant l'effet de la température, la montre À a retardé de 1” 6",45, ce qui fait par jour 1,58. Du 21 Novembre au 2 Janvier, dans un intervalle pareil de quarante-deux jours , la montre auroit pareillement dû retarder de 1" 6",45 ; elle n’a retardé que de 12",48 : l'erreur eft de près de 54" de temps, ou de 13° 30" de degré en fix femaines, & durant cette feconde période, le retard journalier n'aura été que de 0",30. Du 2 Janvier au 17 Février , en quarante-fix jours, à raifon de o“,30 par jour, Ja montre À a dû retarder de 13",67 ; elle a avancé au contraire de 1" 8,36 : l'erreur eft en quarante-fix jours, de 1° 22" de temps, ou de 20” 30” de degré, & durant le cours de cette troifième période, Yaccélération journalière a été de 1",48. Notre dernière période fe borne au 16 Mars, elle n’eft en conféquence que de vingt-huit jours où quatre femaines : durant cet intervalle, la montre À devoit avancer de 41,44, elle a avancé de 1° 29",10 : l'erreur en quatre femaines, eft de 47,66 en temps, ou de 12° $5" de degré. Dans les calculs précédens , nous avons eu égard à une irrégularité fingulière que nous avions remarquée dans la marche de la montre À, le 12 Novembre 1771 : cette montre retardoit alors de 2 à 3 fecondes par jour fur le n 8, & d'une demi-feconde à une feconde fur la montre S; mais du 11 au 12 Novembre, nous trouvames qu'elle avoit retardé de 1’ 2”,25 furle n° 8, & de 1° o”,5 fur la montre S, c'eft-à-dire, une minute précifément plus qu'elle n’auroit dû le faire en fuivant la marche des jours précédens, DES! SG cRE mc s. 287 ainfi que celle des jours fuivans , qui fut auffi de 2 à 3" en retard fur la montre ».° £, Le vent avoit foufflé grand frais du 11 au 12, & la mer avoit été très-grofle : nous fuppofames que la roue des minutes qui a foixante dents, n'étant pas aflez parfaitement travaillée , le bâtiment avoit donné une fecoufle à la montre précifément, lorfqu’une dent de cette roue alloit échapper, & avoit fait reculer cette dent en arrière. Quoi qu'il en foit, de notre explication à lhiquelle' nous ne tenons en aucune manière, nous avons cru pouvoir, fans trop favorifer l'Artifte , retrancher dans nos réfultats , une minute de l'heure que la montre À marquoit à Bref, On a pu remarquer plus haut que Faccélération de Ia montre À avoit été entre nos deux relâches à la Martinique, proportionnellement plus grande qu'auparavant ; peut-être étoit-ce l'effet des fecouffes que cette montre avoit éprouvées le 6 Mars fur la roche de Willington : mais l'accident qu'elle efluya à la Martinique eut des fuites bien plus ficheufes, puifqu’il mit fin à l'épreuve que nous faifions de la marche de cette montre. De retour à la Martinique, le 10 Mars, nous fimes tous les préparatifs néceflaires pour virer la Frégate en quille; if falloit réparer le dommage qu’elle avoit fouffert fur l'écueil de Willington. Un des Artiftes avoit demandé que fa montre marine une fois placée à bord ne füt pas déplacée jufqu'à ta fm de l'expédition, & cela nous paroifoit poffible , même dans la circonflance où nous nous trouvions. D'un autre côté, nous jugeames que cette montre ne devoit pas être traitée plus favorablement que les autres, & que fi on en laifloit une à bord il falloit les y laifler toutes; on amarra en conféquence, & on aflujettit fermement un fort cordage par le milieu de la grande chambre, dans le fens de la longueur du Vaifleau; on y fufpendit les montres marines à faide de bons cordages, qui leur laifloit la liberté de fe mouvoir en tout fens & de conferver par leur poids la fituation horizontale qu'elles devoiïent avoir, nonobftant toute inelinaifon qu’on pourroit d'ailleurs faire prendre à la Frégate, Cette opération fe fit 288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE:ROYALE le 17 Mars au matin, &le même jour la Frégate fut abattue en quille fur bas-bord. La fufpenfion réuffit très-bien , & les: boîtes des montres eurent le jeu le plus libre pendant toute la durée du radoub ; tout auroit eu le plus heureux fuccès, fi les caiflons qui environnoient la grande chambre eufent eu la folidité qu'ils devoient avoir ; deux d'entre eux fe. détachèrent du plat-bord contre lequel ils avoient été mal cloués dans l'armement, & vinrent frapper deux des hor- loges, qui par la pofition qu'avoit alors la Frégate fe trouvoient verticalement au-deflous. Peu s'en fallut qu'un de nous, qui étoit dans la grande chambre, les yeux fixés fur les montres , ne füt bleflé. Le coup porta principalement {ur la montre À, &en partie fur la montre S'; les montres de M." Arfandaux & Berthoud n'effuyèrent aucun choc. Le mouvement de la montre À fut totalement dérangé ; le 16 Mars & les jours précédens elle ayançoit de 4 à $ fecondes par jour fur le temps moyen ; du 16 au 17 elle avança de 30 fecondes, les jours fuivans de 8,9, 10 minutes, & même plus, & cela jufqu'à la fin de la campagne ; l'accident étoit arrivé le 17 vers neuf heures du matin, & c'étoit ordinaire- ment à midi que nous déterminions l'état des montres. Quant à la montre S, fon mouvement, avant l'accident , étoit à peu-près le même que celui du ».” 8 ; du 16 au 17 elle retarda fur le ».° & de 8 fecondes & demie, du 17 au 18 de 44 fecondes, de 18 à 26 fecondes feulement les jours fuivans jufqu'au 25, fans aucune progreflion réglée ; le retard ne fut que de 8 fecondes & un quart du 25 au 26, & de 6 fecondes du 26 au 27. Les jours fuivans la montre S reprit parfaitement fon ancienne marche & la conferva fans altération fenfible durant fix femaines. Il eft à remarquer que le 26 Mars, jour après lequel il paroït que la montre S revint à fon premier mouvement, on avoit fait plufieurs tentatives pour abattre la Frégate en quille fur ftribord ; dans une de ces tentatives, la Frégate étant déjà abattue jufqu'aux feuillets des fabords, 'eftrope de la poulie de franc-funin aiguilletée au grand mât vint à cafler ; les crocs de fa chaine pañfée MURUS ASC NUC,ELS 289 pafée fous une gabare qui fervoit à abattre, manquèrent ; la Frégate fe redrefla d'elle-même après plufieurs balancemens violens. Un de nous étoit alors dans la grande chambre & veilloit {ur les montres marines ; il lui parut qu’elles avoient confervé aflez fenfiblement leur à-plomb: ces roulis violens auroient-ils contribué à rétablir le mouvement de la montre S! Nous m’ofons le décider, quoique le fait même & la conftance fenfible du mouvement de cette montre, pendant les fix fémaines fuivantes, femblent affez l'indiquer. La Montre S a toujours avancé fur le temps moyen; à Breft, avant notre départ, l'avancement étoit de 1,48 par jour; à Cadiz, de 1,38; de 2",63 à Sainte-Croix de Ténérifk; à Gorée, de 1",67; de 0",66 à notre première relâche à la Martinique; de 1,12 à notre feconde reläche, entre le 12 & le 16 Mars; & de 1",o9 entre le 28 Mars & le7 Avril Au Cap-François, l'avancement journalier fut obfervé de 2",24, de 9 fecondes à l'ile de Saint-Pierre, de 8",22 à Patrixford, de 7",or à Copenhague, & enfin de 8,07 à notre retour à Breft..On voit qu'il y a eu une accélération fenfible du Cap-françois à l'ile de Saint-Pierre, & la comparaifon journalière que nous faifions de la montre S avec la montre .° 2, fufht pour prouver que cette accélération a eu principalement lieu, lorfque nous avons paflé prefque fubitement d’un climat fec & chaud à un climat humide & tempéré & même froid. Une pareille accélération avoit été obfervée dans la marche de cette même montre par M. Caflini en,1768, & cela dans une circonftance abfolument femblable , à l'approche des brumes & du froid du grand Banc de Terre-neuve. Comme cependant les variations obfervées dans le mouvement de cette montre, paroïfloient ayoir quelque rapport avec celles du thermomètre, un de nous fuppofa que les fecoufies effuyées les 6, 17 &.26 Mars avoient pu altérer les petits thermomètres que M. Leroy 4 imaginés pour compenfer dans fes horloges marines les effets du froid & de la chaleur; que cette altération étoit. trop forte & irréparable pour le préfent dans la montre À; que Mém, 1773. Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le mal étoit beaucoup moindre dans la montre S; que pour rendre à celle-ci fon ifochronifme , if fufhroit peut-être de dreffer fur les expériences faites depuis les accidens jufqu'à notre départ d'Iflande, une nouvelle Table de température, relative aux variations obfervées, & dans le mouvement de la montre, & dans la hauteur de la liqueur des thermo- mètres : c’eft ce qu'il exécuta dans la traverfée de lIflande en Danemarck; & à notre arrivée à Copenhague, avant toute obfervation faite en cette ville, il remit cette Table entre les mains des deux autres Commiflaires ; elle eft inférée dans les regiftres des procès-verbaux. Si l'on admet cette Table, la montre marine S aura avancé de 2",21 par jour au Cap-françois, de 1”,73 à Saint-Pierre, de 1",97 en Iflande, de 2”,83 à Copenhague, enfin de 3”,3 à notre retour à Breft ; & les variations de marche de la montre $ n'auront pu nous donner un quart de degré d'erreur en fix femaines dans tout le cours de l'expédition: il faut cependant avouer que rien ne fonde la néceflité d'admettre cette Table, A notre retour à Paris, nous avons vu fintérieur dela montre S'; le balancier & les thermomètres qui laccompagnent étoient dans leur état naturel : nous regardons en conféquence comme plus probable l'opinion de M. Leroy ; cet Artifte, d’après Ia connoiffance qu'il a du mécanifme intérieur de fa montre, penfe que l'accident de la chute des caïflons a produit des effets contraires dans lerégulateur'; les uns tendoient à accélérer , les autres à retarder le mouvement de la machine; ceux-ci dominoient d’abord; le rédreffement fubit de la Frégate le 26 Mars, a pu les diminuer, de manière que le 27 Mars & jours fuivans, les uns & les autres auront été dans un équilibre affez exaét. En Mai, les caufes de retard auront été détruites, & celles d'accélération auront fubfifté jufqu’à la fin de la campagne. Tout cela fans doute eft poffible; ce qui nous paroît abfolument certain, c’eft que les mouve- mens de la montre S ont été aflez ifochrones depuis le 10 Oëtobre 1771 jufqu'au commencement de Mai 1772, d'une part; & de fautre, depuis la fn du même mois de DEA SIQURE NrC LE 50 29h Mai jufqu’à la mi-Odtobre, pour nous donner nos Jongitudes mieux que dans la précifion d'un quart où au moins d'un tiers de degré en fix femaines; nous en concluons qu'on eft légitimement autorifé à rejeter fur les accidens précédens le dérangement aflez léger & prefque inftantané obfervé vers le milieu de Mai. La montre S nous a donné pour longitude corrigée , de Cadiz, 8d 32° 31", & 84 32° 12" pour longitude directe & hypothétique; l'erreur de celle-ci eft de 5’ 48” à l'Ef en vingt-fix jours. La longitude direéte de Sainte-Croix de Ténérifle eft de 184 41° 15" felon la montre S, la longitude corrigée, de 184 37' 30", la longitude hypothétique 1 84 25 10":ft la vraie longitude eft de 184 35!, comme nous lavons fuppolé, l'erreur de la longitude hypothétique eft de 10 minutes de degré à l'Eft en foixante jours. : : FAO DE HIER Nous avons conclu des. mouvemens de cette montre ; 19% 43! pour longitude direéte de Gorée , 194 44° 42" pour longitude corrigée , & 19% 48° 32" pour longitude hypothétique : l'erreur de celle-ci feroit de 3'+ de degréà l'Oueft en quatre-vingt-deux jours, en fuppofant la longitude de Gorée de 194 45”. Longitude directe de la Praya felon la montre S, 254 52° 05”, à quelques fecondes près, telle que nous avons conclue ci-deflus de la marche du ».° #; la longitude hypothétique, fera de 254 55’ 25", trop occidentale d'environ 3 minutes de degré en quatre-vingt-dix-neuf jours. Le 17 Février, longitude directe du Fort-royal de la Martinique, donnée par la montre S, 63124 30!/'; longitude corrigée 634 27! 40!", longitude hypothétique 634 29° 43": Terreur de celle-ci, à lOueft, n'eft que de 43" de deoré, l'intervalle eft de cent quatorze jours. A notre feconde relâche à la Martinique , le 12 Mars, la montre S nous a donné à 22 fecondes de degré près, la même longitude que nous avions fuppofée à la première relâche, la longitude hypothétique a été de 634 24° 24"; Oo ij 292 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE l'erreur à l'Eft aura été de 4 30" de degré en cent trenté= huit jours. Dans les réfultats fuivans, nous omettons toujours les treize jours écoulés du 16 au 29 Mars : la montre S'étoit fenfi- blement dérangée les onze premiers jours, les deux autres il n'y eut point d’obfervations fufffantes pour conftater fon état actuel ; le 16 Mars, cette montre avançoit de 3? 49! 59":56 fur le temps moyen; & le 29 , elle navançoit plus que de 34 46! 20",96 : donc, durant ces treize jours, elle avoit fubi un retard infolite de 3° 38,6. Le 18 Avril, la montre S nous donne pour longitude directe du Cap-françois 74% 40’, pour longitude corrigée 744 38’ 30", pour longitude hypothétique 744 33! 03"; l'erreur n’eft que de 6. minutes de degré à l'Eft en cent foixante-deux jours. Le 30 Mai, en fuppofant conflante la marche de la montre 4, obfervée au Cap, nous trouverions pour longitude directe de Saint-Pierre 594 o2/ $1"; en prenant un milieu entre les mouvemens obfervés à Saint-Pierre & au Cap, la longitude corrigée fera 584 36° 39"; enfin, en ne tenant compte que de la marche obfervée à Breft, on aura pour longitude hypo- thétique 59% o1’ 42". Nous avons. ci-deflus établi cette longitude de ‘584 37’; l'erreur -de fa longitude direéte & abfolue fera donc'de 25° $1" de degré en trente-un jours. Telle eft Funique erreur obfervée dans la marche de Ja montre S, éxcédant lé demi-dégré où même le quart de degré en fix femaines. L’erréur de la longitude hypothétique, f peu fenfible jufqu'au Cap, eft à Saint-Pierre de 24° 42" de degré; intervalle de temps eft de deux cents quatre jours: on doit préfuppoler que cette erreur va s’accumuler ; mais il feroit injufte de perdre de vue l'accident du 17 Mars. Nous avons fuppofé lalongitude de Patrixfiord de 2 64 30’; k longitudé dirééte de ce lieu, felon les mouvemens de la montre S'eft de 2642 3! 30”; la longitude corrigée, 2 64 27/; la longitude hypothétique, 284 05° 15": l'erreur eft de’ 14 35 15" en deux cents quarante-cinq jours, * DES SCIENCES. 293 Nous fuppofons, comme ci-devant, la longitude de Copenhague, de 10% 7’ 30" à l'Eft de Paris; peut-être eft-elle plus ou moins orientale de quelques minutes : continuant aufi de fuppofer Pairixfiord par 2 64 30! à l'Oueft de Paris, nous trouvons le 20 Août, que felon la marche de la montre S', la longitude dire‘te de Copenhague eft de 104 08'+; fa longitude corrigée, 10%03/+; fa longitude hypo- thétique, 7423" 54": l'erreur de celle-ci eft d'environ 2444’, en deux cents quatre-vingt-fix jours, Le 28 Septembre , par des oblervations faites à Dunkerque, nous trouvons pour longitude directe de cette ville, déduite de la marche de la montre S, 24 35’ à l'Oueft; la vraie longitude eft de 0° 2’ 30" à l'Eft. Ici nous fuppofons encore la longitude de Copenhague de 104 7’ 30". La longitude hypothétique de Dunkerque fera de 34 45’ o5" à l'Oueft ; l'erreur eft de 34 47/ + en trois cents vingt-cinq jours. Enfin, le 10 Oétobre, à notre retour à Breft, la marche de la montre S, depuis Copenhague, donne 74 00’ 20", pour longitude directe de Breft, & 6% 5 $” 30” pour longitude corrigée; nous avons fuppofé cette longitude de 64 50/45"; la longitude hypothétique eft de 104 54 25“: l'erreur eft de 4103" 40° en trois cents trente-fept jours, ce qui eft en raifon de 30° 22" en quarante-deux jours ou en fix femaines. En admettant la nouvelle Table de température, dont nous avons parlé plus haut, on trouveroit, pour longitude hypo- thétique de Breft, 74 34° 54"; & l'erreur ne feroit plus que de 0° 44’ 09" en trois cents trente-fept jours, ou de 5’ 30” de degré en fix femaines. Quant à l'erreur que l'on trouve en n'admettant point cette Table, nous remarquerons qu’elle auroit été beaucoup moindre f1 lon eût borné l'expédition à Dunkerque ou à Copenhague ; au contraire , elle feroit devenue bien plus confidérable, fi la campagne eût duré plus long - temps ; mais outre que cette manière d'apprécier la marche des montres marines n’eft pas conforme aux règles de la plus ftriéte équité, comme nous l'avons dit, ou plutôt comme nous l'avons démontré ci - deffus; l'accident de la 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chute des caiffons, ainfi que nous l'avons pareillement dit; peut être très - légitimement regardé comme la principale caufe de cette erreur. En fuivant, pour déterminer la précifion de la marche de la montre S, la méthode employée par M. Maskelyne à l'égard du garde-temps de M. Harrifon; on trouve que dans la première période de quarante-deux jours écoulés depuis le 10 Oétobre 1771 jufqu'au 21 Novembre de la même année, {a montre S'a avancé fur le temps moyen, de 38",85, ce qui donne o”,92 par jour. Durant la feconde période, comprenant aufli quarante- deux jours entre le 21 Novembre & le 2 Janvier, la montre S auroit dû pareillement avancer de 38",8 5 ; elle a avancé de 1/31",52; l'erreura été de 52,67 de temps, ou de 13' 10" de degré, & la montre avançoit par jour, de 2”,18. A raifon de 2",18 par jour, la montre auroit dû avancer de 1’ 40,28 en quarante-fix jours qu'a duré la troifième période, depuis fe 2 Janvier jufqu'au 17 Février : or elle. n’a avancé que de 1’ 4,93 ; l'erreur eft de 35",35 en temps, ou de 8' 50” de degré en quarante-fix jours, & l'avan- cement journalier a été de 1”,41. Vu les treize jours que nous fommes obligés d'omettre vers la fin de Mars, les trois périodes fuivantes feroïent trop courtes, fi nous fuivions la même marche que pour le #,° 8; ainfi notre quatrième période s'étendra du 17 Février au 18 Avril; l'intervalle eft de foixante-un jours, ou plutôt de quarante-huit feulement,en retranchant les treize jours écoulés du 16 au 29 Mars; en quarante-huit Jours, fur le pied de 1”,41 par jour, la montre S'auroit dû avancer de 1’ 07",68: en fuppofant 44’ 40" de temps entre les méridiens du Fort- royal de la Martinique & du Cap-françois, nous trouvons que du 17 Février au 18 Avril elle a retardé de 2° 54,24; mais durant les treize jours écoulés du 16 au 29 Mars, elle a retardé irrégulièrement de 3° 38",60; donc, dans les qua- rante-huit autres jours, elle a avancé de 44,36, au lieu de 67",68; l'erreur en quarante-huit jours n'eft, que de 23",32: INISPSABUNGPTIE N"C'E # 295 en temps, ou de 5’ 49" de degré, & durant cette période, l'accélération journalière de la montre Sa été de 0,92. La cinquième période fera de quarante-fept jours écoulés entre le 18 Avril & le 4 Juin. Durant cet intervalle la montre S a dû avancer de 43”,24; elle a avancé de 3 50”,23, foufration faite de 1”,45, dont elle avoit dû avancer conformément à la Table de température donnée par M. Leroy; l'erreur eft donc de 3’ 07" de temps ou de 45! 28” de degré en quarante-fept jours ou en près de fept femaines ; & l’avancement journalier de la montre pendant cette cinquième période a été de 4”,9. La fixième période s'étend du 4 Juin au 18 Juillet, fa ‘durée eft de quarante-quatre jours. La montre Sa dû avancer de 3’ 35",6; elle a réellement avancé de 6’ 03",21; l'erreur en quarante-quatre jours eft de 2’ 27,61, ou de 36 54" de degré. Nous avons encore füuppolé ici la longitude de Patrixflord de 264 30/, & nous continuerons de fuppofer pareillement celle de Copenhague, de 104 7/ 30". Durant la fixième période, l'accélération diurne de la montre a été de 8",25. La feptième période n’eft que de quarante jours, elle fe termine au 27 Août; la montre S, au lieu de $’ 30",0, dont elle devoit avancer, n’a avancé que de $' 16”,3; Verreur en quarante jours eft de 0" 13,7 de temps ou de 3’ 25” de degré, & la montre a avancé par jour de 7,01. Enfin, durant les quarante-quatre jours qui compofent la huitième période, finiffant au 10 Oétobre , la montre S'auroit dü avancer de 5’ 48”,04 ; elle a avancé de 5’ 47”,7 5; l'erreur en quarante-quatre jours n'eft pas d’une feconde de temps. On voit par ce détail, que durant les quatre premières ériodes, la montre S a fuivi une marche affez uniforme, k plus grande erreur proportionnelle ayant été de 13 40" de degré en quarante-deux jours ou fix femaines : cet ifochro- nifme fe foutiendroit même aflez bien dans toute la cam- pagne, fi on vouloit faire ufage de la nouvelle Table de température ; en ne l'admettant pas, les erreurs des cinquième 296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & fixième périodes excèdent le demi-degré en quarante-deux jours; celle de la feptième n'atteint pas le quart d’un degré; celle de la huitième ell nulle. Tout fe feroit peut-être foutenu avec une égale précifion, fans l'accident du 17 Mars. Le 17 Octobre 1772, la montre S fut comparée, ainfr que les autres montres marines, à la Pendule aftronomique, tant à midi, felon notre coutume ordinaire, qu'avant & après la triple décharge de notre artillerie. Il ne fut pas difficile de s’apercevoir que durant. le temps écoulé entre les deux dernières comparailons, cette montre avoit retardé de deux fecondes ; elle marquoit 4" 17’ à l'inftant de la der- nière: trois quarts d'heure après on louvrit; elle étoit arrêtée fur 4h45’ 23"+ On la remonta; pour cela on ne fit faire à la clé que neuf dixièmes de tour, au lieu de cinq tours entiers qu’il faut lui faire faire au bout de vingt-quatre heures ; il fut donc conftaté qu'elle avoit été remontée à midi : on la remit en mouvement; un bruit infolite de l'échappement nous convainquit que la machine avoit fouffert quelque dérangement : l'ayant ouverte quelque temps après, nous la trouvames arrêtée de nouveau fur $" 4’ 20”. : Vers la fin du même mois d'Oétobre, toutes nos opérations étant finies, pour nous mettre, s'il étoit poflible , en état de déterminer la caufe des dérangemens occafionnés dans les mouvemens des montres À & S, par la fecouffe du 17 Mars, & de la fufpenfion totale du mouvement de cette dernière montre le 17 Octobre, nous les fcellames toutes deux avant que de nous en deffaifir. Pour ne point faire de diftinétion, nous fcellames pareillement celles de M.° Berthoud & Arfan- daux. Depuis notre retour à Paris, les fceaux reconnus par nous, & levés en notre préfence , nous n'avons remarqué aucun dérangement dans les montres marines de M.” Arfandaux & Berthoud; nous y avons feulement obfervé que tout étoit auff poli, auffi luifant, aufli exempt de rouille que fi les machines n’euffent fait que de fortir des mains de lHorloger: preuve certaine que ces montres peuvent être d'un trèslong ufage à la mer. La quadrature des montres de M. Leroy étoit | pareillement DES ScirENCESs 297 pareïllement en bon état; mais dans la montre A, un des thermomètres deftinés à compenfer les effets des différentes températures de l'air avoit été brifé par l'accident du 1 7 Mars; il ne faut point chercher d'autre caufe des irrégularités ob{er- vées depuis dans les mouvemens de cette montre marine, Dans la montre S, le fil de claveftin qui foutient le balancier fe trouva café; nous en cconclumes qu'il étoit facile d'obvier à l'inconvénient éprouvé le 17 Odobre, en fufpendant le Palancier à un fil plus fort; en eflet, le fil de fufpenfion de la montre À étoit fenfiblement plus fort que celui de la montre JS; & cette montre À n'avoit pas reflenti le plus léger effet des décharges de notre artillerie. Nous obfervons en outre que Îes montres marines pofoient fur 1e même fol que nos canons; par-tout ailleurs 11 commotion eût été moins violente. On pourroit enfin ajouter que même dans un combat naval, les décharges de l'artillerie ne font pas aufr inflantanées que le furent les nôtres: & c’eft peut-être à cette inftantanéité feule qu'il faut rapporter la fufpenfion du mou- vement de la montre S A Copenhague , le jour de Saint- Louis, les décharges furent beaucoup plus nombreufes que le 17 Octobre à Breft; mais elles n’étoient pas inflantanées, elles ne produifirent aucun effet fenfible fur la marche de nos montres marines. S. IIL Du Mégamèrre. M. de Charnières, Lieutenant des Vaiffeaux du Roi, Inventeur de cet inftrument, nous en avoit fait remettre un, dont les objectifs parcouroïent des arcs-de-cercle : M. Merfais, nommé, par le Roï, Secrétaire de la Commiflion , a fait avec cet inftrument, un très-grand nombre d’obfervations tant à terre qu'à la mer. Un crépufcule, ou plutôt un jour continuel, qui commença vers la mi-Juin, & qui dura prefque jufqu’à notre arrivée à Copenhague , interrompit Le cours de ces obfervations; nous y étions préfens, nous y coopérions même affez fouvent. Nous pouvons aflurer que M. Merfais, réuffif foit dans ces fortes d'obfervations avec aflez d'aifance & de Mém. 1773. Pp 298 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE facilité, même dans des circonftances où l'agitation des vagues fembloient devoir rendre l'opération un peu difficile : les réfultats des obfervations de M. Merfais, ne nous ont pas paru bien précis, nous nous fommes aflurés que ce n’étoit ni la faute de lobfervateur , ni celle de l'inftrument confidéré en général, mais celle de louvrier, qui n’a probablement ni la dextérité, ni l'expérience néceflaires pour donner à ces fortes de machines, la précifion & la folidité, fans lefquelles elles ne peuvent être que d’un ufage équivoque & très-peu durable : Ia perfuafon où nous fommes, de l'utilité qu’on peut retirer de cet inftrument fur mer & même fur terre, nous autorife à propofer quelques réflexions qui peuvent en perfectionner l'ufage. La première eft que puifqu'un pas de vis répond à un arc de 8 minutes, & par conféquent, pour l'ordinaire , à plus de 4 degrés de longitude, on ne peut choifir de trop bons ouvriers pour l'exécution d’un tel inftrument. Une feconde réflexion eft que l'angle formé par les deux moitiés de l'objetif, changeant fenfiblement à proportion qu'on approche ou qu’on éloigne les oculaires de lobjedif, il feroit peut-être à propos que les oculaires ne fuffent mobiles, qu’à l'aide d’une vis de rappel, dont les révolutions & parties de révolutions feroient marquées en dehors; de cette manière, on feroit affuré de remettre toujours linftrument au même point : il feroit même poffible d’eftimer la variation que chaque tour de vis occafionneroit dans l'angle des rayons vifuels, & le mégamètre, une fois vérifié pour une vue quelconque, n'auroit pas befoin de l'être de nouveau pour un nouvel obfervateur. Une troifième obfervation que nous nous permettons fur cet inftrument , eft que, tel qu'il eft actuellement conftruit, il eft à craindre qu’on ne réufliffe que bien difficilement & bien rarement à donner à la vis principale, aux écrous qu’elle fait mouvoir, & aux douilles qui portent les platines, toute l'égalité, toute la folidité , toute la liberté de jeu, en un mot, toute la perfection qui leur eft néceflaire, pour que les mouvemens des platines foient parfaitement égaux; le plus pe si SCIE NICE 8 299 grand inconvénient , eft que les inégalités , s'il y èn a, ne peuvent être aperçues au dehors : ne pourroit-on pas remédier à cet inconvénient en fupprimant le micromètre , & en lui fubftituant un nonius, gravé fur une des platines? le mégamètre a 3 pieds 4 pouces de rayon; des divifions de quatre en quatre minutes fur la circonférence, auroient près de trois cinquièmes de ligne d’étendue, & un nonius qui diviferoit ces parties en vingt-quatre , indiqueroit les fecondes de dix en dix: & fi l'inflrument étoit conftruit & divifé par un Artifte habile, on y pourroit diftinguer facilement les fecondes de cinq en cinq, précifion certainement fufhfante ; alors les inégalités de la vis & des écrous, & le trop de jeu des douilles, feroient abfolument indifiérens : on s’aflureroit, avec la plus grande facilité, de l'exactitude des divifions, & il n’y auroit aucune réduétion à faire, les mouvemens des demi-objectifs , des divifions & du nonius étant tous également circulaires. $.. IV. De la Lunerre de M. l'abbé Rochon. C’eft une lunette achromatique de 3 pieds: par une belle mer, on pourroit l'employer à obferver les éclipfes des fatellites de Jupiter; mais pour peu qu'il y ait de roulis, Jupiter ne refte pas en place, il fort bientôt du champ de la lunette, & ce n’eft pas une petite peine de l’y ramener. Pour ly entretenir ou l'y faire rentrer plus facilement , M. l'abbé Rochon a imaginé de placer le long de la lunette, une règle portant deux verres; l'un eft convexe, de 2 pieds environ de foyer; l'autre , placé au foyer du premier, eft plan, dépoli, & de 4 pouces environ de diamètre : une tache noire en marque le centre, la ligne qui joint les centres des deux verres eft parallèle à axe de la lunette. Par cette conftruc- tion, lorfque Jupiter eft au centre du champ de la lunette, Yimage de cette Planète, traverfant le verre convexe, vient fe peindre au centre du verre dépoli, ou fur la tache noire qui détermine ce centre; cela polé , fi d’un œil on regarde Jupiter dans {a lunette , & que lon dirige l'autre œil vers cette même Planète, au travers des verres fubfidiaires , il fera Ppij 300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE facile, felon M. Abbé Rochon, d'entretenir ou de ramener V'Aftre au centre de la lunette, en entretenant ou ramenant fon image fur la tache noire du verre extérieur. Nous ne doutons point que M. l'Abbé Rochon n'ait réuffi fur! mer à obferver des Écliples de Satellites avec cet inftrument ; puifqu'il Fa bien pofitivement afluré: nous fuppofons qu'il doit ce fuccès à quelque mécanifme, à quelque fecret qui ne nous eft pas connu. Quant à nous, nous avons eflayé plufieurs fois de tirer parti de cette lunette, nous n'avons pw y réuflir: nous ramenions, il eft vrai , avec facilité, Jupiter dans le champ de la lunette, maïs il n’y reftoit pas long-temps ; d’ailleurs, fon mouvement étoit fi prompt & {1 continuel, w'il nous étoit même impoffible de diftinguer fes Satellites; | ea ceux qui étoient voifins de fon difque. Si quelquefois par’ une belle mer nous avons réuffr à découvrir les Satellites; c'étoit fans aucun rapport aux verres fubfidiaires; on les voyoit & on les confervoit aufli facilement dans d’autres lunettes d'un égal foyer. 8. V. De la Chaïfe marine de M. Fyor. C’étoit une double chaife, l'extérieure de bois, l'intérieuré de fer , fufpendue librement.par le haut à un mât ou à une vergue qu'on amarroit fortement d’un bout au grand mût, de l'autre à celui d’artimon, & qu’on fupportoit avec des épontilles. Le jeu de cette chaife paroïfloit fort libre. Poux: que la machine participât moins-au roulis du Naviçe, quatre poids, chacun environ de cinquante livres, fe *mettoient dans le bas de la chaile extérieure; lObfervateur s'afleyoit fur la chaife intérieure pour y obferver les Edlipfes des fatellites de Jupiter ou d’autres phénomènes célefles, propres à déterminer la longitude du Vaifleau : cette chaife intérieure avoit pareillement tous fes mouvemens libres &c indépendans des mouvemens de la première. L’Inventeur s’étoit flatté qu'en conféquence de ce mécanifme, quelque mouvemens de roulis & de tangage qu'éprouvât le Vaifleau, ilne pourroit les communiquer à fa machine, ni par conféquent à l'Obfervateux w7 D Es SCIE N CE $ 301 qui y feroit aflis. L'expérience nous a convaincus du contraire ; les mouvemens de cette chaïfe font peut-être moins violens que ceux du Navire, mais ils font plus irréculiers. Nous ofons dire plus; nous fommes prefque tentés de croire qu'il ft moins difficile de fuivre avec la lunette une Etoile, en l'obfervant de deflus le pont, qu'en fe mettant dans la chaife de M. Fyot. Nous favons fur-tont remarqué lorfqu’il y avoit eu de mer; alors le moindre mouvement de lObfervateur, placé fur la chaife marine, imprimoit à cette machine plus de mouvement que là mer:n'en donnoit à la Frégate: Conclufion de la première Parrie. De tout ce que nous avons dit, il eft facile de conclure quelle eft notre manière de penfer fur tous les Inflrumens ue nous étions chargés d'éprouver. Nous tenons que !e RE où oétant d'Hadiey eff un excellent inftrument, tant pour prendre les Hauteurs des Aflres, que pour mefurer leurs diflances à Ja Lune. Les montres marines »° 8 de M. Berthoud, À & S de M. Éeroy, nous ont donné nos lon- gitudes avec une précifion prefque fupérjeure à nos elpérances; nous regardons cependant fa montre S comme un peu plus précife que la montre A: quant à la petite montre ronde de M: Leroy, qui ne nous l’avoit livrée que comme un eflai, elle n'a pas à beaucoup près auffi bien répondu à nos defirs. La montre marine de M. Arfandaux n’a pas été affez ifochrone; fa fufpenfion eft ingénieufe, & nous & paru fufhfante pour garantir la machine des mouvemens les plus violens & les plus irréguliers du Navire. La pendule de M. Biefla étoit fort éloignée de l'exactitude qui doit caraétérifer une bonne horloge marine. Nous croyons que le mégamètre eft un bon inftrument, & qu'il peut devenir très-utile, tant für terre que fur mer. Nous ne prononçons rien fur la lunette de M. Abbé Rochon, nous nous en tenons À ce que nous avons dit dans le $. 2: Enfin, nous ne penfons pas que la chaife marine de M. Fyot puife étre d'aucun fecours pour faciliter les obfervations aftronomiques fur mer, . 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SEC ON ID ENMESAMERMENTRE Remarques fur plufieurs objets concernant la Navigation. | our rendre la Campagne aufli utile qu'elle pouvoit Yêtre, lil nous étoit ordonné de multiplier les obfervations fur mer; nous l'avons fait La Flore eft peut-être celui de tous les Navires à bord duquel il fe foit fait le plus d’obferva- tions, le plus de calculs dans le cours d’une feule campagne; Officiers, Gardes de la Marine, Pilotes & même quelques Timonniers, tous obfervoient, tous calculoïent , autant que le fervice eflentiel du Navire le pouvoït permettre. Nous nous propofons d'entrer dans un détail fuffifant fur nos différentes opérations & fur leur réfultat, Iorfque nous ren- drons compte au Public de notre expédition : nous nous contenterons dans ce rapport, de mettre fous les yeux de l'Académie quelques vues ou réflexions générales fur les Méthodes de déterminer les Latitudes & les Longitudes en mer, fur les relèvemens des côtes & des fondes, fur le caferné, fur le loch, fur les courans & fur le compas de mer. $. 1° Des Mérhodes pour déterminer les Latirudes fur mer. La méthode Ia plus füre, la plus facile, la plus expéditive de déterminer les latitudes fur mer, eft fans doute la méthode commune de prendre avec Poélant ou le fextant, la plus grande hauteur apparente, c'eft-à-dire, la hauteur méridienne d’un des bords du Soleil fur l'horizon , de réduire cette hauteur à la hauteur vraie du centre, de combiner cette dernière avec la déclinaifon actuelle du Soleil, & d’en conclure la hauteur de l'Équateur, & par conféquent la latitudé du lieu: mais les nuages peuvent cacher le Soleil à midi; on peut y fuppléer en prenant la hauteur méridienne de quelqu'autre Aftre, dont la déclinaifon foit connue, pourvu que l'horizon foit alors éclairé, foit par le crépufcule, foit par la lumière de la Lune. Au défaut des hauteurs méridiennes, on peut prendre des. hauteurs non méfidiennes; on a propofé diffé- DES, SC1ENCESs. : 303 rentes méthodes d’en conclure la latitude du Navire ; voici les trois qui ont principalement fixé notre attention. La première eft propofée dans le Nautical Almanach de 1773; on prend ou avant ou après midi deux hauteurs quelconques du Soleil; à chaque obfervation on fait relever le Soleil au compas; on eftime le chemin parcouru entre les deux obfervations; l'intervalle de temps eft compté fur une montre à feconde, on peut même fe contenter d’une montre qui ne marqueroit que les minutes. Nous avons employé cette méthode & avec fuccès: elle n'exige point de calculs difficiles ; il eft néceflaire cependant qu'il y ait entre les intervalles des obfervations, tant entr’elles qu'à l'égard de midi, un certain rapport relatif à peu - près à la fatitude par laquelle on s’eftime, & à la déclinaifon actuelle du Soleil; mais tout cela eft expliqué clairement dans le même Ouvrage. La feconde méthode confifte à prendre fucceflivement pendant le crépufcule ou au clair de la Lune, la hauteur de deux Étoiles dont on connoît l'afcenfion droite & la décli- naïfon; l'intervalle entre les obfervations doit être marqué fur une montre à fecondes. Deux Obfervateurs pQourroient auffi fe réunir pour ne laiffer aucun intervalle entre les obfervations, Il eft certain que connoiffant la diflance de ces deux Étoiles, tant au pôle qu'au zénith, & l'angle formé au pôle par leurs cercles de déclinaifon, il fera facile de calculer la diftance du zénith au pôle. On trouve cette méthode dans prefque tous les Ouvrages nouveaux, où il eft traité de la manière de déterminer les Latitudes en mer. Voyez un Mémoire de feu M. Pitot, parmi ceux de l'Académie, année 1 736, page2$ T° l'Aftronomie des Marins du Père Pézenas , Chapitre IV, Probléme xxx, dc. Voyez auffi une Remarque effentielle faite ar l'un de nous fur cette Méthode, dans les Mémoires de l'Académie, année 7 770; page Sor. La troifième méthode , confifte à prendre aux environs de midi, trois hauteurs du Soleil, en marquant exactement à une montre à fecondes, l'intervalle de temps écoulé entre les obfrvations : nous ne parlons de cette méthode, que 364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE parce que feu M. l'abbé de Ja Caille, dans fon Abrégé dd Traité de Navigation de M. Bouguer, lavoit recommandée comme la meilleure de toutes, & même comme la feule bonne, au défaut de celle des hauteurs méridiennes: nous ne l'avons point employée, elle exige de trop longs calculs ; d'ailleurs elle n’eft pas exadte , lorfque la hauteur méridienne excède Go degrés. Voyez ce qui eft dit de cette méthode, dans V'Affronomie nautique de M. le Monnier, page 1 8 €r fuiv. & dans les Mémoires de l’Académie, année 1770 , page jo0. On a propolé plufieurs méthodes pour déterminer a lati- tude du lieu, par l’obfervation de V'azimuth des Aftres: la plupart de ces méthodes, font fort bonnes dans la théorie, on pourroit même les employer à terre avec fuccès, mais la difficulté d’obferver en mer les azimuths, avec une préci- fion fufhfante , ne nous permet pas d’en confeiller la pratique aux Navigateurs. On trouve enfin dans l Affronomie Nautique de Maupertuis ; dans le 2° volume des anciens Mémoires de Saint-Péterfbourg, & ailleurs, des Méthodes pour déterminer la latitude par Fobfervation ge trois hauteurs quelconques d’un même Aftre, & du temps écoulé entre les obfervations. Nous n'avons pas employé ces méthodes , le calcul en eftlong & compliqué; il left bien davantage fr fon veut avoir égard au mouvement du Navire dans l'intervalle des obfervations. Pour déterminer à terre, la’ latitude de nos relâches, nous prenions , felon la méthode ordinaire , des hauteurs méri- diennes des Aftres; mais le plus fouvent, nous nous fervions d'une méthode imaginée par Fun de nous. On choïfifloit deux Étoiles, dont on préfumoit que la hauteur méridienne difléreroit peu, mais dont l'une médieroit au Sud , l'autre au Nord : on obfervoit les deux paffages de chaque Etoile à un même degré de hauteur le plus voifin qu'il étoit poflible, de leur hauteur méridienne , & lon marquoit à la pendule aflronomique, les quatre inftans précis de ces paflages; connoiflant d’ailleurs la déclinaifon des deux Étoiles, on concluoit facilement la latitude du lieu, fans que l'incertitude des DES SGrENCESs 305 des réfractions & de l'erreur de linftrument, pût occafionner la plus légère erreur. S. IL. Des méthodes pour déterminer les Longitudes für mrer. L’eftime de la longitude fur mer, ne dépendoit autrefois d'aucune obfervation proprement dite : le loch donnoit à peu-près la quantité, de chemin parcouru en vingt-quatre heures, le compas indiquoit à peu-près la route qu'on avoit tenue : de ces deux à peu-prés, on concluoit la latitude & la, longitude d'arrivée du Navire. L'erreur que l'on devoit com- mettre fouvent fur la latitude, fe corrigeoit facilement toutes les fois qu'on pouvoit obferver la hauteur méridienne du Soleil: quant à l'erreur fur la longitude, plufieurs la laifoient accumuler ; d’autres combinoïient l'erreur reconnue fur la latitude, avec les diverfes probabilités d’erreur fur la quantité de chemin parcouru & fur la direétion de la route : ils effayoient ainfi de corriger leflime de leur longitude , ils réuffifloient quelquefois , quelquefois auffi ils multiplioient Terreur au lieu de la détruire; on conçoit en effet, l'infuf- fifance de cette méthode, & cependant la plupart des Navi- gateurs n'en connoiflent, ou du moins n’en pratiquent encore aucune autre. La perfuafion bien fondée où l'on a été, qu'il ne faloit pas chercher d'autre caufe de la plupart des naufrages, a engagé les Savans à chercher des méthodes plus füres de déterminer les longitudes fur mer, & les Souverains à encou- rager les Savans, dans cette recherche, par la promefle des récompenfes. Nous ne connoiflons pour le préfent, que deux moyens’ de remédier à l'infufhifance du compas & du loch : les mouvemens de la Lune, obfervés foit avec l'oétant, foit avec le mégamètre ; & l'heure du Port dont on eft parti, confervée avec précifion par de bonnes horloges marines; l déclinaifon de l'aiguille aimantée peut quelquefois être utile, mais cette méthode eft reflreinte à un frop petit nombre de parages: de plus , la déclinaifon de l'aiguille eft fujette à des variations dont on ignore encore les caufes & la marche, o Les éclipfes des fatellites de Jupiter s'obfervent difficilement Mém, 1773, è Qgq 306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à fa mer, pour ne rien dire de plus : d’ailleurs il s'écoule plufieurs mois fans qu'on puifle en obferver une feule, même à terre. Les éclipfes de Soleil, de Lune & des Etoiles par la Lune , font trop rares pour être d’une utilité générale. Des deux méthodes que nous regardons comme les plus utiles, celle des montres marines ef la plus fimple , la plus expéditive quant à la partie du calcul, & en même demps la plus précife quant au réfultat final; mais fon fuccès dépend d’un mécanifme bien délicat: on peut craindre qu'il ne s'altère avec le temps, & ne pas donner en conféquence à ces machines, toute la confiance qu’elles pourroient mériter d’ailleurs. Un bon fextant n’occafionnera point de craintes pareilles : s'il fubit quelque dégradation , on s’en apercevra auflitôt, on y remédiera avec la plus grande facilité; mais d’un autre côté, cet inftrument ne peut donner la longitude du bord avec la même précifion que les montres marines: la plus légère erreur dans l’obferva- tion, devient fenfible dans le réfultat, vu la lenteur du mou- vement de la Lune; on ne peut être d'ailleurs afluré par le calcul du vrai lieu de la Lune , qu'à une minute près, & une minute d'erreur fur le lieu de la Lune , produit une erreur d'environ un demi-degré fur la longitude du Navire. Nous en difons autant à proportion du mégamètre , fauf que ce dernier inftrument femble promettre dans l'opération un peu plus de précifion que le fextant; d’un autre côté, le fextant eft d’un ufage plus fréquent que le mégamètre ; il s'écoule quelquefois plufieurs jours fans qu'on puifle fe fervir facile- ment de celui-ci, fur-tout quand la Lune eft dans les conftel- lations des Poiflons & du Bélier ; l'ufage du fextant eft de tous les jours. I[ feroit à defirer , de plus, qu’on trouvât un moyen d'abréger le calcul qu'exigent les obfervations faites avec le mégamètre , ainfi qu'on Fa fait dans lAlmanach Nautique, à l'égard de celles du fextant ou de loétant. Au refte, nous penfons que ces inftrumens font faits pour aller toujours enfemble, & n'être jamais féparés; dans les petites traverfées, dans des croifières où l’on fera à portée de recon- noître fouvent la terre, dans des expéditions où il s'agira de DIE ISA UICUMCE INC CNET SL 307 déterminér la pofition réciproque de plufieurs Iffes, de relever les principaux points d’une côte, de s’aflurer de l'étendue & des contours d'une mer méditerranée, il nous paroît hors de doute , que les montres marines doivent être d'un ufage beaucoup plus général. Dans les Voyages de long cours, foit qu'on refte plufieurs mois confécutifs fous voiles , fans recon- noître aucune terre, foit qu'on ne reconnoiffe que des côtes dont la longitude n'eft pas encore déterminée, il y auroit de l'imprudence à s'en rapporter trop aveuglément aux horloges marines : leur mouvement a pu fe foutenir , il a pu aufr s'accélérer ou fe ralentir: en cesfecond cas, les erreurs s’'accumuleroient , il y auroit du danger à en remettre l'é- chairciflement au premier attérage fur une côte connue ; de bonnes obfervations faites & réitérées de temps en temps avec le fextant ou avec le mégamètre, donneront alors {a longitude du bord, avec moins de précifion peut-être que* les horloges marines , mais avec une efpèce de certitude plus fatisfaifante. I nous paroït très-utile, fur-tout dans les voyages de Iong cours, d'embarquer au moins deux montres marines; tant qu’elles fuivront la même marche, ou qu’elles donneront les mêmes longitudes, ce fera un préjugé légitime” qu'elles ne feront point dérangées, fur-tout fr elles font conftruites par difiérens Artiftes & fur des principes différens. Si lon remarque entre elles quelqu'écart fenfible, il faut avoir recours au mégamètre ou au fextant. Nous penfons aufli qu'il eft fort à propos dans toutes les reliches, de vérifier, s’il eft poffble , la marche des montres marines, pour tenir compte des altérations que cette marche aura pu fouffrir. On peut encore juger facilement de l'état de ces montres, en comparant la longitude connue de Ha relâche avec celle que donne l’heure marquée par ces montres. Si la longitude de a relâche n'eft pas connue, on peut Ha déterminer à peu-près par l’obfervation de quelqu'éclipfe du 1. fatellite de Jupiter, par quelque appulfe d'une Étoile fixe à la Lune, obfervée avec le mégamètre, par des hauteurs ns Qq i 308 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la Lune, obfervées avec le fextant, où encore mieux avec le quart-de-cercle , :& comparées: avec des hauteurs égales d’une Etoile fixe dont la déclinaifon foit à peu-près la même que celle de la Lune. Nous avons fait fouvent ufage de cette dernière méthode dans nos différentes relâches; nous la croyons très-bonne, fur-tout dans la Zone torride & aux environs. Dans toutes les opérations que nous propofons ici, nous penfons qu’il ne faut pas s’en tenir à une feule obfervation: qu’on en fafle quatre ou cinq, & qu'on prenne un milieu entre toutes, il eft à prélumer que les erreurs en fe répar- tiflant, s'évanouiront prefque , & que l'erreur totale fera beaucoup moindre que ne le {croit celle d’une obfervation feule & ifolée. Nous terminons cet article par avertir que lorfqu’on prend «des hauteurs d’un Aftre pour déterminer lheure du navire, il eft à propos d’obferver l'Aflre le plus près qu'il eft pof- fible du premier vertical; ou, ce qui revient au même, il faut attendre, s'il fe peut, que l’Aftre foit parvenu à peu-près +à une hauteur dont le finus foit égal au finus dé la décli- naifon de l’Aftre, divifé par le finus de la latitude eftimée du lieu, la déclinaifon de lAftre étant fuppefée de même dénomination que la latitude du lieu. On ne prend ordi- nairement ces hauteurs qu'à quelque diflance de l'heure de midi; il faut donc eftimer le chemin parcouru en latitude entre l’heure de midi & celle à laquelle on prend les hauteurs, Il peut même arriver que Île mauvais temps ne permette pas de prendre la hauteur méridienne du Soleil; alors on fait dépendre leflime de la latitude d’une obfervation faite uñ ou plufieurs jours auparavant : l'erreur* d’une telle eflime peut influer très-fenfiblement fur le réfultat des hauteurs prifes pour déterminer l'heure & en conclure la longitude du bord : elle y influera d'autant moins que l'Aftre fera ob- {ervé plus près du premier vertical. Si l'Aftre dont on prend les hauteurs eft une Étoile fixe, on peut dans le même inflant ou immédiatement après, obferver la hauteur d’une MAIN SGEN Cu SuiM 309 autre Étoile convénablement fituée : lebfervation fera connoître en même temps la Latitude & la Longitude du Navire, $. [IT Du relévemenr des Côres, à des Sondes. Une des principales utilités des montres marines, ainft que nous l'avons infinué ci-deffus, eft de donner le moyen le plus für & le plus facile de perfectionner les Cartes by- drographiques en, faifant en mer le relèvement des îles, des écueils, des principaux points des côtes qu’on reconnoit, C'eft ainfi qu'en partant de la Martinique, où nous avions vérifié la marche de nos montres marines, pour aller au cap François, ile Saint-Domingue, où nous comptions la vérifier de nouveau, nous nous propofions de déterminer la pofition de prefque toutes les Antilles que nous pouvions rencontrer entre ces deux iles. L'accident de la roche de VWillington nous ayant forcé de retourner à la Martinique pour faire virer la frégate en quille, nos vues fe font trou- vées un peu dérangées : nous croyons cependant les avoir remplies, finon en leur entier, au moins dans fa plus grande partie de leur étendue. Nous nous croyons en état de ré- former les Cartes hydrographiques fur la, pofition refpeétive des côtes occidentale & méridionale de la Martinique, fur celle de la Dominique, des Saintes, qui font fort mal placées fur les Cartes du Dépôt, de la Guadeloupe, de Montferrat, d'Antigue, de la Redonde, de Nièves, de Saint- Chriflophe, de Saint-Euflache, de Saba, de Saint-Martin, de Saint-Barthélemi , de l'Anguille , de lécueil nommé Sombrero (le Chapeau), des caps Samana & Cabron, île de Saint-Domingue & du cap Saint-Nicolas, même île; nous avons trouvé fa diftance de celui-ci au Cap-françois beaucoup moindre qu'elle n'eft marquée fur les Cartes. Nous avons auffi cherché à nous aflurer par plufieurs relèvemens de la fituation de plufieurs caps d'Efpagne & de Portugal, de quelques points dominans des îles Canaries, des îles & pointes de l'Afrique voifines de Gorée, de plufeurs :îles 310 MÉMOIRES DE L'ÀÂCADÉMIE ROYALE du Cap-vert, des îles Inague & de plufieurs autres qu'on rencontre en fortant de Saint-Domingue par le débouquement Anglois, des pointes de T'erre-neuve les plus voifines des îles de Saint-Pierre & de Miquelon, de la plus grande partie des côtes occidentale & méridionale de fIflande, de plufieurs îles, caps & écueils de la Norvège, de la Suède & du Danemarck, tant fur la Mer du Nord ou d'Allemagne, que fur celle de Danemarck, enfin du cap Bévéfier fur la côte méridionale d'Angleterre; nous avons trouvé la pofition de ce dernier cap exacte {ur la nouvelle Carte de la Manche par feu M. Bellin. Pour tirer de ces relèvemens toute l'utilité poffible, nous nous étions prefcrit les règles fuivantes. r.° Nos obfervations de latitude & de longitude étoient auffi fréquentes que les circonftances le permettoient. 2.° L’intervalle de temps entre les différens relèvemens d’un même point étoit mefuré fur une bonne montre à fecondes , marqué cependant à la minute feulement, cela fufhfoit. 3.° Dans les réfultats des relèvemens, nous nous fommes principalement attachés à combiner ceux dont Ia différence approchoit le plus de 6o degrés; par-là nous évitions le calcul de triangles dont les angles auroient été trop aigus. 4° On n’omettoit, autant qu'il étoit poffible, aucune occafion de relever deux objets lun par fautre, c'eft-à-dire précifément au même rhumb, ou à des rhumbs diamétralement oppofés; cette opération nous donnoiït im- médiatement le gifement refpeétif des deux objets relevés. 5 Nous étions pareiïllement attentifs à faifir & à marquer les inftans où un objet principal fe trouvoit par rapport à nous à l'Eft ou à l'Oueft, au Nord ou au Sud du monde. Dans le premier cas fa latitude, dans le fecond fa longitude étoit la même que celle de la frégate. Dans ce fecond cas nous faifions, fi les circonftances le permettoient, des Ob- fervations pour nous affurer de notre longitude : nous penfons que dans tous ces relèvemens il n’eft point inutile d’eftimer la diftance de Vobjet; nous favons que cette eftime eft ordinairement fort incertaine; mais lorfque divers relève- DES'SCTENCE s. 318, mens d'un même objet fe contredifent, comme cela arrive quelquefois, les eftimes de diftances peuvent fervir à difcerner quels font les relèvemens auxquels il faut accorder plus de confiance. Nous faifions fonder auf très-fréquemment, toutes les fois que nous foupçonnions que le plomb pouvoit atteindre le fond : on fait que les fondes font quel uefois de précieux de . P points de reconnoiflance pour les Navigateurs: nous obfer- vions auflt, dans ces occafions, de nous aflurer, auffi préci= fément qu'il étoit poffible, de la pofition aduelle dela Frévate, q P oO A S. IV. Du Cafèrné, Le caferné ou table de loch , eft une efpèce de tableau de la route qu’on fait chaque jour : le Pilote de quart, doit, conféquemment aux ordres qui lui font donnés , veiller fur les Timonniers, leur faire fuivre la route prelcrite, jeter le loch pour s’affurer de la quantité de chemin que l'on parcourt, obferver la qualité des vents, la quantité de la dérive, la diverfité des routes que l'on eft quelquefois obligé de varier, foit pour éviter un écueil, foit parce que les vents s'oppofent plus ou moins à la direction de la route qu'on voudroit fuivre, &c. Le Pilote combine le tout, il en conclud Ia di- rection de la route abfolue qu’on a fuivie, & la quantité du chemin que lon a parcouru durant fon quart de fervice ; les Gardes de la Marine, les Aides-pilotes & les Timonniers, font fouvent de leur côté, les mêmes opérations, & rafflem- blent à midi, les réfultats de chaque quart. C’eft d’après ces réfultats , qu'on en forme un total , auquel on a donné le nomf#de point : il contient l'aire de vent qu'on a fuivie, & le chemin total qu'on a parcouru en droiture pendant les vingt-quatre heures, ainfi que la latitude & la longitude, par laquelle on fuppofe qu’eft le Navire à l'heure de midis Telle eft 1 méthode que lon fuit ordinairement pour la difpofition du caferné : elle eft bonne, mais elle ne nous a pas paru fufifante , fur-tout par rapport àMobjet de notre 312 Mémoires DE L'ACADÉMIE RovarE expédition. Sur l'ordre d’un de nous , Commandant de [4 Frégate, outre le caferné ordinaire, il en fut fait un autre lus étendu : tous les élémens des routes y étoient raffemblés & détaillés d'heure en heure, & même plus fouvent, fidans le ‘cours - de, l'heure il étoit. furvenu. quelque changement fenfible. : & important ; {oit dans la quantité , foit dans la qualité de la route; le tout étoit partagé par colonnes : dans les premières on marquoit les routes eflimées feulement au compas, la quantité de nœuds fllés ou de milles parcourus, la variation ou la déclinaifon de l'aiguille, foit eftimée , foit obfervée , la dérive, &c. Des cinq dernières colonnes , Ha première contenoit toutes les routes |corrigées de la dérive & de la variation : les quatre autres donnoient ces mêmes routes décompofées en lieues & tiers de lieue ou milles parcourus au Nord ou au Sud, à l'Eft où à l'Oueft : on ajoutoit enfin la latitude & la longitude eftimée à la fin de chaque quart. Dans cette diftribufion nous apercevions deux utilités principales , Fune générale , F'autre ‘plus particulière à notre objet. La première étoit, qu'ayant fous les yeux les données de nos Pilotes, nous pouvions juger par nous-mêmes de l'exactitude de leurs réfultats. Si des longitudes & latitudes eftimées différoient trop des obfervées , la vérification que nous faifions des réfultats établis fur le caferné, nous faifoit auflitôt connoître s’il falloit attribuer ces différences à quelque défaut du calcul des Pilotes, ou en rejeter la caufe fur quelque courant, ou fur linfufhfance du compas & du loch. Nous pouvions d’ailleurs, par le moyen de ce caferné détaillé , connoître à chaque inftant, & avec la précifion dont ces déterminations font fufceptibles , la Jongitude & a latitude eflimées du Vaifleau; ce qui peut être très-utile, lorfu’on eft obligé de naviguer la nuit proche des côtes & dans une mer étroite. L’utilité particulière confiftoit en ce que nous trouvant dans Voccafion de faire des obfervations à toutes les heures du jour & de la nuit, il nous étoit bien plus facile de diftribuer lesgdifférentes routes partielles fur es intervalles écoulés depuis uñ6 obfervation jufqu'à l'autre: parauneeflime plus Dimis 6:c MEN CES. 313 plus exacte de notre latitude occafionnoit moins d'erreur fur les longitudes que nous étions quelquefois obligés de conclure d’obfervations faites à une affez grande diftance du premier vertical ; & une eftime plus exacte de nos différences de lon- gitude donnoit plus de certitude aux réflexions que nous pouvions faire fur le compas, le loch & les courans. $. V. Du Lock. On fait que le loch eft un feéteur de bois, garni de plomb à fa circonférence, pour qu'il puifle garder conftamment à fleur d’eau une fituation werticale. Une forte ficelle ou corde, eft attachée d’une part au loch; elle eft roulée de l'autre autour d’une efpèce de devidoir, on la nomme /igne du loch. On jette le loch à la mer, à la furface de laquelle on fuppofe qu'il refte immobile; on lui devide autant de ligne qu’il paroïît en demander, jufqu'à ce que le Pilote tienne en fa main un nœud, placé fur la ligne à une telle diflance du loch, qu'on puifle préfumer que le loch eft délormais à l'abri du remoux du Navire ; alors on commence à faire écouler une petite horloge de fable qui ne doit durer qu'une demi-minute, & lon continue de filer de la ligne pendant toute la durée de la demi-minute : la ligne eft di- vifée par des nœuds, dont la diftance eft à un mille géogra- phique, comme une demi-minute eft à une heure: la diftance des nœuds doit donc être égale à la cent vingtième partie d'un mille ou d’un tiers de lieue: le mille ou le tiers de lieue marine eft de 950 toiles; donc les nœuds du loch doivent tre à la diftance de 7 toiles ++ ou de 47 pieds & demi; on marque aufi les demi-nœuds fur la ligne du loch. II fuit de tout cela que le nombre de nœuds qu'on à filés pendant Ia durée de la demi-minute doit toujours égaler le nombre de milles ou de tiers de lieue que le Navire parcourt pendant une heure, en fuppofant le mouvement du Navire conftant & uniforme. On convient affez généralement de l'imperfeétion du loch. En eflet, outre que cet inftrument ne refte pas à la furface de la mer auffi immobile qu'on eft obligé de le fuppofer; Mém. 1773. Rx 314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il n'indique en aucune manière la préfence, lation & la force des courans qui peuvent accélérer, retarder, modifier à l'infini la marche des Vaifleaux, puifqu'il eft aufir expofé que le Navire même à l'action des courans. Quant à la dif- tance des nœuds du loch, la pratique des Marins eft fort variée; quelques-uns veulent que cette diflance foit de 47 pieds & demi, conformément à la théorie; d’autres, en bien plus grand nombre, penfent qu'une moindre dittance fuffit, ils en appellent à l'expérience. Nous fommes fort éloignés de contredire ce qui eft rigoureufement démontré; maïs foit que la ligne du lôch, même orfque fon développement eft aidé avec la main, fouffre quelque frottement, & que par conféquent elle attire le loch. vers le Navire, foit que l'eau foit déterminée à fe mouvoir avec le Vaifleau dans le fens du fillage par le vide que le vaiffeau laiffe derrière lui à une diftance plus confidérable qu’on ne le fuppofe; foit aufft que ce mouvement de l'eau, qui eft inconteftablement aflez fort près du Navire, tende à rapprocher du bord la partie de la ligne du loch qui en eft la plus voifine & en conféquence le loch lui-même; foit enfin en conféquence de quelques autres caufes phyfiques que nous n’entreprenons pas ici de pénétrer; nous croyons avoir remarqué dans nos voyages qu'il ne faut pas dans fa pratique donner 47 pieds & demi aux divifions du loch. Les nœuds de notre loch à bord de /4 Flore n'étoient que de 45 pieds; s'ils étoient trop courts, nous devions eflimer plus de chemin que nous n'en faifions réel- lement: voici ce que nous avons oblervé. Nous avons été en deux jours de Breft au cap Finifière; nous nous y fommes trouvés de cinq lieues plus avancés que par notre eftime ;le vent nous avoit été favorable. Dix-neuf jours ont à peine fuffi pour aller du cp Finiftère à Cadiz, & dans cette traverfée nous avons toujours tenu le plus près du vent, courant différens bords. Les erreurs de l'eftime ont été tantôt dans un fens, tantôt dans l’autre, & toujours petites ; Faclion des marées dans le voifinage des côtes d’Efpagne & de Portugal, pouvoit en être la véritable caulfe. Du 11 au 17 Décembre, entre Cadiz & Madère, nous La De st S,CATIE-N CE 315 fumes toujours au plus près du vent: nous gagnames beau- coup au Sud, ce qui probablement étoit l'effet de quelque courant, comme nous le dirons plus bas. Nous fimes le 17 des Obfervations pour nous affrer de notre longitude; fa longitude obfervée ne différa que d’une minute de la longi- tude eftimée. Du 21 au 24, entre Madère & Téntrifie, notre route véritable excèda la route eftimée de cinq lieues au Sud; le vent étoit favorable. De Ténérifle à Gorée nous agnames en onze jours en- viron vingt-quatre lieues fur leflime; le vent nous avoit contrariés Îles premiers jours; ce ne fut que le neuvième jour, au voifinage du Tropique que nous eumes des vents alifés de Nord-Eft. De Gorée à la Praya, île de Sant-Yago, le vent foufila prefque toujours par notre travers, & même plus défavo- rablement; il étoit quelquefois interrompu par des calmes : la diftance eft d'environ cent quinze lieues; la traverfée dura cinq jours, & nous nous trouvames avoir fait dix-huit à dix-neuf lieues au-delà de notre eftime. + Nous appareïllames de la Praya le 4 Février au matin; le même jour au foir, & le lendemain matin, nous eumes des vents de la partie de l'Oueft & du Nord-Oueft. Nous ne pumes le $ nous affurer de notre longitude. Dès le même jour au foir, le vent fe fixa vers le Nord-Eft & nous fut favorable jufqu'à la Maïtinique. Le 6, nous nous trou- vames arriérés de près de fix lieues; les huit journées fuivantes nous gagnames quarante lieues fur notre eftime, faifant chaque jour de foixante-huit à foixante ue Du 14 au 16, en approchant de la Martinique, n perdimes environ trois lieues, quoique notre marche fût à peu-près auflr prompte que les jours précédens. Il n’eft peut-être pas hors de propos de remarquer qu'en Avril 1769, felon le témoignage d’un de nous, l/fs commandée par M. de Fleurieu, & faifant la même route que la Æore, en 1772, s'étoit trouvée dès le lendemain de fon départ de la Praya, arriérée de près de onze lieues fur fon eftime ; que les jours fuivans elle avoit regagné ces onze lieues & bien au-delà ; Rr ij L 316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'enfin en approchant de la Martinique elle avoit perdu environ deux lieues en vingt-quatre heures. Du 8 Avril au 16 du même mois, entre la Martinique & le Cap-françois, île de Saint-Domingue, nous eumes des vents de la partie du Nord-Eft & de l'Eft, interrompus quelquefois par des calmes. Les premiers jours, fes îles nous mettoient fouvent à l'abri du vent & des courans de la Zone torride ; notre marche réelle excéda de fix lieues au Nord notre route eflimée: mais dès que nous eumes perdu cet abri, l'accélération augmenta, en quatre jours nous gagnames près de vingt lieues à FOueft fur notre eftime. De Breft à Gorée, notre route avoit été prefque toujours au Sud; de Gorée à Saint-Domingue, nous avions porté principalement à l'Oueft; de Saint - Domingue en [flande, notre courfe fut du Nord au Nord-Efft, autant que le vent nous le permit. Le plus fouvent nous étions contraints de ferrer le vent; nous l'avons eu quelquefois de l'arrière, mais rarement; il y eut de gros temps, des mers fort dures, & même des coups de vent. La quantité de chemin eftimée s'accorda affez fouvent avec la quantité réelle , elle Fexcéda très-rarement, le plus fouvent elle fut moindre : il ne nous a pas été poflible de trouver un rapport marqué entre ces variations & celles de la force du vent, de Fangle de fa direétion avec la quille, ou de l'effort que la lame pouvoit faire contre le Navire. En total, l'excès de la route obfervée fur la route eftimée fut d'environ cinquante lieues en vingt- trois jours entre l'ile de Saint - Domingue & File de Saint- Pierre Nm & d'environ trente-cinq lieues en. vingt-quatfe jours entre Saint-Pierre & lIflande. D'Iflande à Elfeneur fur le détroit du Sund, la route fut d’abord au Sud, elle fe dirigea bientôt vers FEft, variant vers la fin de PEft au Sud. Durant cette traverfée, qui dura vingt-deux jours, nouseumes de très-mauvais temps ,. grofle: mer, de fréquens coups de vent, le vent rarement favorable: le chemin obfervé différa peu du chemin eftimé; les difé- rences en excès & en défaut fe font aflez précifément com- penfées dans leur totalité. Dh EAN SO UE A GE s 317 D'Elfeneur à Dunkerque, la route fut d'abord vers le Nord-Oueft, puis à lOueft, enfin au Sud-Sud-Oueft & au Sud. Le vent varia beaucoup, il y eut auffi des calmes, le temps fut beau, la mer tranquille; la traverfée dura dix jours; la quantité de chemin eftimée fut tantôt moindre, tantôt plus forte que la quantité obfervée: la caufe de ces inégalités peut facilement être rejetée fur les marées: en total, la quantité réelle de chemin a égalé aflez précifément la quantité eftimée, Enfin, de Dunkerque à Breft les deux quantités de chemin ont auffi été fenfiblement égales ; nous fumes prefque toujours obligés de courir au plus près du vent: au voifinage des côtes nous nous apercevions fenfiblement de l'effet des marées fur notre marche ; mais fi le flot nous étoit contraire, le jufan nous favorifoit ; les deux effets fe font probablement compenfés. Telles font les remarques que nous avons faites fur e loch; il paroît fuivre de nos obfervations, que nos divifions ou nos nœuds de 45 pieds n'étoient pas trop courts. Il exifte donc des caufes phyfiques qui ne permettent pas au loch de refter immobile à la furface de l'eau, mais qui le pouffent vers le Navire. Nous ne prétendons point pénétrer ces caufes, Pirrégularité des effets nous fait craindre qu'elles ne foient trop compliquées, nous ne pouvons cependant nous difpenfer de dire quelques mots d’une de ces caufes univerfellement avouée & reconnue. $. VI Des Courans. Si les courans étoient la feule caufe de limperfe“tion du Joch, on auroit tort d'en accourcir les nœuds ou divifions. Comme les Navires traverfent ces courans dans toute forte de directions, tel Vaifleau feroit arriéré par le courant, lorfqu’un autre trouveroit au contraire fa marche accélérée ; un troïifième auroit feulement dérivé, fans aucune altération: fenfible dans {a quantité de fa marche. La connoiflance de tous les courans feroit une connoïf- fance bien précieufe pour la Navigation : on n'y parviendra: probablement qu'après une longue fuite d'expériences répétées 318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avec attention, & combinées avec fagacité. On en connoît plufieurs, tels que celui qui entre conftamment de l'Océan dans la Méditerranée, celui qu'on éprouve généralement entre les Tropiques portant de l'EÂt à l'Oueft, celui du canal de Bahama qui tend au Nord & plufieurs autres. Il en eft qui varient comme les vents dans les différentes faïfons de l'année: il en eft dont les variations font journalières ; tels font ceux des canaux ou détroits qui féparent les Antilles ; ceux - ci dépendent probablement des marées & des brifes. Voici.ce que nous avons pu remarquer au fujet des courans dans le cours de notre expédition. De Breft au cap Finiftère, nous avons gagné plus de fix lieues au Sud, & nous en avons au contraire perdu trois & demi à l’Oueft ; nous n’ofons en conclure qu’il règne en ce parage un courant portant au Sud-Sud-Eft ; mais nous ne pouvons en méconnoître un qui coule au Sud le long de la côte occidentale d'Afrique. Eh quelle autre caufe en effet auroit pu nous porter au Sud de vingt lieues entre Cadiz & Madère, de cinq à fix entre Madère & Ténérifle, de vinÿt-quatre entre Ténérifle & Gorée, de onze enfin pendant les preniers jours de notre traverfée de Gorée à l'ile de Sant- Yago? Ce courant entre Madère & Ténériffe, paroïfloit nous porter encore plus à l'Oueft qu'au Sud: depuis 24% + de latitude jufqu'à Gorée, le courant étoit encore fenfible vers l'Oueft, mais un peu moins que vers le Sud. Un de nous avoit remarqué ce courant au Sud en 1768, à bord de VEnjouce ; il ne feroit pas difficile d'en conflater l'exiftence par d'autres autorités. On convient généralement qu'entre les Tropiques, & même un peu au-delà, le courant porte à l'Oueft; on eftime ordinairement à trois ou quatre lieues par jour la quantité dont la marche des Vaifleaux allant en Amérique eft accélérée; en eflét, laccélération de /4 Flore fut très-fenfible dans ce parage. De Gorée à la Praya, en moins de cinq jours ;.élle fut de dix - néüf lieues fur cent quinze. ( Dans toutes ces eftimes de l'eflét des courans, nous fuppofons notre loch bien divifé en nœuds de 45 pieds ; on conçoit que fr nous D''EISIASUO EE INT Gi si 319 euflions donné 47 pieds & demi à ces divifions, l'accélé- ration nous auroit paru bien plus forte.) Du 6 au 14 de Février, nous parcourumes environ cinq cents quatre-vingts lieues; nous n'en avions pas parcouru cinq cents quarante, felon l’eftime des Pilotes ; l'accélération fut de quarante-une lieues en huit jours; elle fut de dix-huit lieues les quatre derniers jours de notre traverfée de la Martinique au Cap, lorfqu'ayant ceflé d’être fous le vent des Antilles, nous eumes mis le cap à l'Oueft. Du 4 au 6 Février, en fortant de {a Praya, nous nous trouvames arriérés ; nous avons dit qu'il en étoit arrivé autant en 1769 à l'/is. En conclurons-nous que fous le vent des les de Sant-Yago, de Feu & de Brava, non-feulement le courant général de la Zone torride difparoît, mais qu'on eft même repouflé par un courant direétement oppofé? L’/rs & la Flore font juiqu’à préfent les feuls Navires qui aient été de la Praya à la Martinique avec des inftrumens fuffifans pour décider chaque jour de la quantité du chemin parcouru en longitude. Nous ne doutons pas qu'il exifle un courant portant au Nord-Eft depuis le môle de Saint - Nicolas au Nord - Oueft de l'ile de Saint-Domingue, jufqu'affez près de l'ile de Saint- Pierre: en dix-huit jours, ce courant nous a fait gagner quarante - deux lieues au Nord , & environ trente - cinq à VEf. La plus grande force de ce courant nous a paru être entre 33 % 44 degrés de latitude. Si en approchant de l'île de Saint-Pierre, nous avons reflenti les eflets d’un courant portant au Sud, ce n'a été que bien foiblement; mais à notre départ de cette île, ce courant nous a paru fe manifefler d’une manière plus fenfible. Les quatre derniers jours de notre traverfée de l'ile de Saint-Domingue à Saint- Pierre, cette dernière île nous reftoit affez précifément au Nord du monde : nous en appareillames le 7 Juin au foir; nous fimes d’abord route au Sud-Eft, puis à l'Eft, enfin au Nord pour doubler la pointe du Sud-Eft de l'ile de Terres neuve, Le 12*à midi, nous étions de quinze lieues plus au: Sud que felon notre eftime ; notre latitude obfervée fut ce 320 Mémoires DE L'AcADÉMIE RoÿALE même jour de 474 1! 30"; de-là au 58.° degré de latitude, il nous parut que nous avions été portés au Nord, & cela d'environ vingt-fix lieues en onze jours; du 12 au, 17, nous avions gagné environ treize lieues à l'Eft; du 17 au 22, nous en perdimes environ dix du côté oppolé; du 23 au 30, nous gagnames feulement fept lieues au Nord & environ autant à l'Eft. Au refle, nous ne citons point ces dernières erreursde notre eftime pour en conclure qu’il y ait des courans bien décidés dans ces parages. Nous mouillames le 1.” Juillet, dans la baie de Patrixfiord en Iflande : nous en appareillames le 20 du même mois; depuis notre départ de cette Jfle jufqu’à notre retour à Breft, nous avons aperçu moins de vefliges de courans, que dans tout le refte de la campagne. $. VIL Du Compas de mer. Le compas de mer ou de variation, n’eft autre chofe qu'une bouflole fufpendue librement, de manière qu'elle foit mobile en tout fens, & que le carton ou la rofe des vents qu’elle fupporte, puifle conferver conftamment une fituation horizontale. Les ufages du compas font connus, il indique & règle la diredion de Ia route que lon veut fuivre, il fert à relever les Navires dont on a connoiïffance , à eftimer la quantité de chemin que ces Navires parcourent, à relever les ïles, les côtes, les écueils qu’on reconnoît, à déterminer leur gife- ment refpectif, & même quelquefois leur pofition abfolue : enfin , il eft des parages où la feule quantité de la décli- naïifon de l'aiguille aïmantée , peut déterminer la longitude du bord: & la connoiffance précile de cette déclinaifon, eft d’ailleurs néceffaire pour tous les autres ufages du compas de variation. - s La méthode ordinaire d'apprécier la déclinaifon de l'aiguille aimantée, eft de relever le Soleil à fon lever ou à fon coucher: on obferve par ce moyen fon amplitude ortive ou occafe, & on la compare avec l'amplitude donnée par le calcul, où extraite des Fables déjà calculées : la différence entre les deux amplitudes, DES S/eTENCE Ss. 321 amplitudes , ft égale à la déclinaifon de l'aiguille. Cette méthode, pratiquée avec difcrétion, ayant égard à l'effet de la réfraction , fur-tout dans les hautes latitudes, eft ordinai- rement fufffante : mais elle a ce défaut, qu'il s'écoule fouvent plufieurs jours fans qu'on puifie l'employer, faute de voir le Soleil à l'horizon ; de plus, nous avons navigué dans des parages où l'inconftance des réfrations, horizontales laifloit une incertitude de près d’un degré fur la quantité de lam- plitude apparente du Soleil. Il feroit à fouhaiter qu'on mit à bord de chaque Navire un compas azimutal, c'eft-à-dire, uñ compas tellement conftruit, qu'on püt, avec fon fecours, obferver l'azimuth du Soleil, à 2$ ou 30 degrés au moins au-deflus de l'horizon. Si l'on relève le Soleil avec un tel compas, & qu'un autre Obfervateur prenne en même temps la hauteur de cet Aftre avec l’octant, a latitude du lieu & la déclinaifon du Soleil étant à peu-près connues , l’obferva- tion fera connoître la déclinaifon de l'aiguille : il ne s'agira que de calculer l'angle au zénith d’un triangle dont on connoît les trois côtés : la différence entre cet angle & l'azimuth du Soleil obfervé avec le compas, fera égale à la déclinaïfon de l'aiguille. Si lon eft afluré, à quelques fecondes près, de l'heure de midi , & nous l'étions affez ordinairement , on peut à midi, faire relever le Soleil avec le compas azimutal : l’obfer- vation donne directement la déclinaifon de l'aiguille aimantée. Cette méthode eft fort bonne fous les grandes latitudes ; fous les petites, fi le Soleil, à midi, pañle trop près du Zénith, l'erreur de quelques fecondes peut en occafionner une très- fenfible fur la direction de l'aiguille; ajoutez à cela, qu'il eft alors difficile de relever le Soleil avec une précifion fuffifante. : On met ordinairement deux compas de route à l'habitacle ‘de chaque Navire: fur la remarque qu’a fait M. Daprès, que ces deux compas pouvoient mutuellement fe nuire, l Académie royale de Marine a fait faire des expériences qui confir- ment décifivement ce que le raifonnement feul avoit dû fug- gérer à cet égard ; nous en conclurons, non pas qu'il faille fupprimer un de ces compas, mais qu'il faut conftruire Mém. 1773. S f 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'habitacle, de manière, que les fphères d'aétivité des deux aiguilles , foient abfolument féparées : c'eft ce qu'on avoit exécuté fur /4 Flore. Nous ne pouvons finir cet article , fans taxer au moins d’un peu d’inattention , ceux qui font prépofés dans les Ports à la garde des compas de mer. Cet inflrument fi utile , fi néceffaire même à la Navigation , devient prefqu'inutile par Je peu de force magnétique qui lui refte lorfqu'on le livre entre les mains des Navigateurs ; cela pourroïit venir en partie, de la multitude des compas qu'on conferve en un même lieu , à de trop petites diftances les uns des autres ; ar-là ils fe détournent mutuellement de fleur direétion natu- relle, lun à droite, l'autre à gauche, & prefque toute leur force eft confumée à fe nuire réciproquement ; s’il eft nécef- faire de les conferver en un même lieu, il feroit peut-être à propos de les ranger en plufieurs files, felon la direétion du Méridien magnétique, & d’efpacer les files de manière que lune ne püt abfolument agir fur l'autre, Des vifites fréquentes , des attentions affidues , des expériences füres, faites, fur-tout à Breft, fous les yeux & la direction de T Académie de Marine, entretiendroient les compas dans une force, dont la Navigation & la Géographie recueilleroient les précieux effets. Telles font en général les réflexions que nous avons faites, en conféquence de ce qui nous étoit ordonné dans nos Inftructions, fur les méthodes de pratique qui ont été employées jufqu'à préfent par les Navigateurs. Conformément aux mêmes Inftruétions, nous-avons donné un précis général de ce que nous avons fait nous-mêmes; cette dernière partie demande fans doute un plus ample détail, que ne comportent pas les bornes d’un Mémoire: nous nous propofons de le donner incefflamment dans un Ouvrage d’une plus grande étendue $& DES SECTEN CE s 323 MÉTHODE DIRECTE POUR DÉTERMINER LES RÉFRACTIONS, Afin de reconnoître fi elles font de la même quantité au Nord à au Sud, a la même hauteur, à fi les variations qu’elles éprouvent font uniformes. Par M. CaAssiNI DE THURY#Y. N a bien remarqué que les réfraétions proche de l'horizon , étoient fujettes à de prandes variations, felon les différentes températures de l'air, qu'elles étoient plus grandes en été qu'en hiver, mais je ne crois pas que l'on ait encore déterminé par obfervations, fi les réfraétions font les mêmes au Nord & au Sud, & fi les variations qu'elles éprouvent dans les deux fens oppolés, font uniformes. Je ne diffimulerai pas que la pofition de l'Obfervatoire, à l'extrémité d'une auffi grande ville que Paris, dont les vapeurs & la fumée , fur-tout en hiver, peuvent produire des variations fubites & momentanées dans les réfraions } rend cette recherche plus incertaine ; mais fes Aftronomes, fitués plus avantageufement , pourront vérifier les réfultats de mes obfervations. Cette méthode, confifte à obferver, prefque dans le même temps, la hauteur méridienne de deux Etoïles, à peu-près également élevées fur l'horizon, l'une au Sud, & l'autre au Nord, je dis prefqu'en même temps, parce que fouvent le degré du thermomètre varie fenfiblement d’une heure à l’autre, & purce que fi les deux Étoiles pañloient au méridien pré- cifément dans le même temps, il ne feroit pas poflible de prendre les hauteurs avec le même quart- de - cercle qu'il faut retourner, ce qui eft une condition effentielle de la Si 4 Août 1773° 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE méthode, qui ne doit laiffer aucune incertitude fur l'état des inflrumens, & fur leurs divifions. H falloit encore que les deux Étoiles fuffent de [a première & feconde grandeur , pour pouvoir être aperçues dans le crépufcule, proche de l'horizon, prefque toujours rempli de vapeurs, qu'elles euflent été obfervées à une même diftance du Zénith, pour que leurs déclinaifons , que lon fuppofe connue, foit indépendante de la réfraction que lon cherche, & enfin, que leur mouvement en délinaïfon, foit prefque infenfible, pour qu'on puifle rapporter les obfervations à différentes époques, fans crainte d'erreur. Les deux feules Étoiles qui fatisfont aux conditions qu’exige la nouvelle méthode , font & de la Chèvre & ‘y du Scorpion, elles font élevées de près 4 degrés + fur horizon, & lon peut mefurer avec le micromètre, leur différence de hauteur ; la feconde, pañle au méridien un quart-d’heure après la pre- mière, de forte que lon a un temps fufhfant pour retourner le quart-de-cercle, & placer le fil à-plomb fur le même point de la divifion , la Chèvre pafle au méridien dans la partie fupérieure de fon cercleà la diftance de près de 44 du Zénith, où la réfraction eff prefque nulle ; l'Étoile du Scorpion a pañié à la même diflance du Zénith du cap de Bonne-efpérance, ,où “elle a été obfervée avec le plus grand foin par M. de la Caiïlle, & puifque fon mouvement en déclinaïfon, n’eft que de 4* au plus, on peut rapporter fans crainte d'erreur , l'époque de cette obfervation en 1750, à la nôtre, aïnfr toutes les conditions qu'exige la nouvelle méthode, font remplies. Pour trouver fa réfration par cette méthode , il faut ajouter aux deux hauteurs obfervées, la diftance au pôle de YÉtoile feptentrionale, & la déclinaifon de l'Étoile auftrale, l'excès au-delà de oo fera la fomme des deux réfractions, dont la moitié feroit la réfraétion qui convient à chaque hauteur fuppofée égale ; lorfqu'il s'y trouvera quelque diffé- rence, il fera facile de tenir compte de la quantité propor- tionnelle à la différence de hauteur. J'ai déjà fait l'application de cette méthode, non-feulement DE SV SN ONE N CIE s: 325. aux deux Étoiles qui m'ont paru ‘réunir tous les avantages que je pouvois defirer, mais encore à plufieurs autres qui font rapportées dans les Mémoires de l'Académie, & dans l'Hiftoire célefte de M. le Monnier, mais je vais d’abord rendre compte de mes premières obfervations que le mauvais temps n’a pas permis de multiplier autant que je faurois voulu ; le ciel eft rarement clair à l'horizon, fur-tout du côté du Sud. J'ai difpofé dans la tour orientale de 'Obfervatoire , trois quarts - de - cercle ; l'un de 3 pieds, du fieur Langlois ; le deuxième du même rayon, du fieur Canivet ; le troifième, de 18 pouces, du fieur Langlois. C’eft avec le quart-de-cercle de 3 pieds, du fieur Langlois, ue nous avons vérifié avec le plus grand foin, de concert avec M. le Monnier , que je me propofe d’obferver toutes les hauteurs correfpondantes au Nord & au Sud ; le fecond quart-de-cercle , celui que feu l'abbé Chappe , a porté en Californie, & que j'ai fait rétablir, reftera toujours fixé à l'étoile du Scorpion; & le troifième, de 18 pouces, à l'étoile de la Chèvre: ïl falloit être afluré de l'état du pre- mier inflrument , pour avoir les hauteurs abfolues , mais cette vérification étoit inutile pour reconnoître les variations journalières dans les réfraétions, qui ne fuppofent que I même pofition du fil à-plomb, par rapport au degré de divifion où il aura été une fois placé. Le temps ne nos a encore permis de faire que cinq obfervations de la Chèvre, je les rapporte à la fin de ce Mémoire; M. le Gentil, Wallot & moi, avons fait de concert ces obfervations. En attendant un plus grand nombre d’obfervations, j'ai calculé celles dont je viens de rendre compte, & j'ai trouvé qu'elles donnoient la réfraction à la hauteur de la Chèvre, de 9’ 20", telle que M. le Monnier l'a déterminée en 1740, dants le même mois & par une même température, & de 10° 2” à la hauteur de réduite à celle de la Chèvre, ce qui fembleroit prouver que les réfractions font plus grandes au Sud qu'au Nord. ÿ 326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je ne bornerai pas mes recherches aux feules hautéurs près de l'horizon , il eft encore plus important de les étendre jufqu’à celles où les Aftronomes font encore en différend de plufieurs fecondes , les étoiles du Nord, dont les deux hauteurs méridiennes, fur-tout lorfque l'une des deux eft proche du Zénith, donnent direétement la réfraétion , font les plus propres pour cette recherche. Pour procurer le même avantage à celles du Midi, je ferai ufage des obfervations faites à Cayenne, par M. Richer, & au cap de Bonne-efpérance, par M. de la Caille ; ces deux Aftronomes ont déterminé avec des inftrumens de 6 pieds de rayon , la hauteur des Étoiles auftrales lorfqu’elles paffoient au méridien , près du Zénith, de forte que la déclinaifon qui en réfulte , n’eft point affectée de la ion. le grand nombre d'Étoiles qu'ils ont obfervés, nous mettra en état de déterminer les réfractions, même jufqu’à {a hauteur de l'Étoile polaire ; M. Richer, ayant obfervé la hauteur d’une étoile de l'Aigle qui pañoit prefque à fon zénith, & qui fe trouve à Paris, prefque à la même hauteur que l'Étoile polaire , dans la partie fupérieure de fon cercle. On trouve dans l'Hiftoire célefte de M. le Monnier, un grand nombre d’obfervations de M. Picard, que l’on pourroit employer pour les réfraétions, felon ma méthode, en atten- dant que le temps permette de faire toutes celles que je me propofe dans la fuite, qui exigent au moins l'intervalle d’une année , cet habile Aftronome , qui s’occupoit particuliè- rement des réfraétions , a eu l'attention d’obferver avec le même inftrument , les hauteurs méridiennes de plufieurs Étoiles au Nord & au Sud, & il s'en trouve plufieurs de correfpondantes pour la hauteur & pour le temps. L'exactitude que cet Aftronome apportoit dans toutes fes obfervations, les rend très-précieufes. Je les ai toutes calculées, en employant les obfervations de Cayenne & du cap. de Bonne-efpérance , pour déterminer la déclinaifon des Étoiles auftrales ; & en général, j'ai trouvé les réfractions plus grandes au Sud qu'au Nord, par les Étoiles ; je dis par les Etoiles, DÉS SCIENCES. $27 car ayant calculé les mêmes jours de lobfervation de la hauteur des Etoiles, les hauteurs du Soleil, pour en déduire les réfraétions par la méthode ordinaire, j'aitrouvé de grandes différences qui appartiennent en partie aux erreurs des obferva- tions , & peuvent faire foupçonner que les réfraétions ne font pas les mêmes le jour que la nuit, ce qui a déjà été remarqué par M. Picard. Je rappellerai ici, à cette occafion, des obfervations que j'ai faites à féquinoxe du printemps de 1757, ayant placé un quart-de-cercle de 3 pieds de rayon , dans la Tour orientale de Obfervatoire, j'ai obfervé à une pendule bien réglée , les hauteurs du Soleil, depuis Fhorizon jufqu’à 35° de hauteur, & le foir j'ai pris les mêmes hauteurs en def cendant jufqu’à l'horizon, & j'ai trouvé que les réfractions étoient plus grandes à V'Eft qu'a lOueft, la différence à 10 degrés de hauteur étoit de 2 $ fecondes , le thermomètre avoit varié que de 2 degrés du matin au foir ; mais il faut con- venir que cette méthode de déterminer les réfraétions, fondée principalement fur le temps où l'erreur d’une feule feconde en produit quelquefois une de 1 $ fecondes dans la réfraction, me permet pas qu'on puifle parvenir à des réfultats affez précis, que l’on doit regarder comme un avertiflement pour prendre des moyens plus fürs. Quoique les obfervations de M. Picard foient déjà rap- portées dans l'Hiftoire célefte de M. le Monnier , celles de M. Richer, à Cayenne, dans le Tome V1] de F Académie, & celles de M. de la Caille, dans un Ouvrage intitulé , Affron. fundamenta, j'ai cru devoir les expofer dans un ordre différent , placer les Étoiles auftrales à côté des boréales correfpondantes, pour que, d'un coup-d'œil, on puiffe juger de leurs rapports entr'elles, des différences dans les hauteurs, & du temps où on pourra les obferver, 28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Hauteur des Étoiles obfervées au Nord à au Sud, par M. Picara, (Voyez Hifloire célefte, 1675 & 1676.) ÉTOILES BORÉALES. ÉTOILESAUSTRALES LETTRES |[H AUTEURS LETTRES |H AUTEURS des méridiennes du côté du Sud: D. M. se. ——————_— ÉTOILES. 2Janv.1675: Baleine. TG ë “2e eo © E r..10 1220 5 ô B...|20. 9. 10 & {a.|23. 6,21 )£..|26. 13. 5 n...|26. 5 o = = = D ND D D NN Du N A Le] CS NJ CadCr | LT, 22 20 Vovemb. RUN re Étoiles de la grande Ourfe. ENT iTe à - ZA TO 22 : “1 O1 Comparaïfons des Etoiles i se 2 "à obfervées au Nord à au Sud. x…|27. $0. 15 m...|22. 214 At AT dE es | 240 34500 PR y de lAïgle. 514 2’ 35° Sud. Re: D PTE L'Étoile pol. 51. 17. 30 Nord. 8 B….|2o. 9. 20 Las. NOEUDS Tao , S \a...|23. 6. 45 yet. 23. 2 £ gr. Ourfe. 15. 31. 55 Nord. = J'AUIÉ, 37028 dlry. 43. 20] d'er. Chien. 15: 18. so Sud. É.-.|20 013-005 ec... [10 87005 J,.. 120: 210-1R0 C1 Re Um.l2o. 56. o nl 9: 52° 55 g....|26. 15. 2Q ÉTOILES - | | DE MSIMONCUIME NACLETS ÉTOILES BORÉALES. Cm TS LETTRES |[HAUTEURS des méridiennes ÉToices. | du côtédu Nord (C pe El O L2 T [el F5 © Comparaifon des Étoiles obfervées à la méme hauteur au Nord & au Sud. 15" Nord. 30 Sud. d gr. Ourfe. 174 43” o gr. Chien. 17. 49. 20 Nord. 20 Sud. n gr. Ourfe. 9. 52. Fomahant… 9. 56. 322 LE ) ÉTOILES AUSTRALES Cr PT LETTRES [HAUT EURS des ÉTOILES. |du côté au Sud. méridiennes D. M, fs. 20 1Vovemb, lrR182 0 B-..123.422. 10 a Mac Dhs 2-00 2) r..-]22/817- 30 © Ja...|24. 53. 30 = x%.| 9. 6. 10 G }--112. 40. 35 0...|17. 49. 30 d...|rs. 18. so #.….|12. 32. 10 4 = 6 7. VI. 20 © Q Pour mettre les Aftronomes en état de fuivré nos Obfer- vations, nous avons dreflé une Table des Etoiles qui, à leur paflage au Méridien, font à peu-près à la même hauteur au Nord & au Sud. Mem. 1773; 339 HAUTEURS|ASCENSION ‘méridiennes, = = b VO AN] LA D nm a La D D EE au en droite. 196: 6. 9. 130: NA. 407 1120: . 59: OE 8. Te HAT . «HAE 132 7052 22 35: 53: 28. HE S- 4 19. S7- 20. 27: 3° HD MÉMOIRES DE LACADÉMIE ROYALE ÉTOILES correfpondantes en hauteur, ASCENSION|HA UTEURS droite, méridiennes. 1 Scorpion. ; Centaure. «& Colombe. € Éridan. Fomabant. Ÿ Sagittaire. @ Sagittaire. d'grand Chien Antarès. & Ophiucus. a Corbeau. Ÿ Scorpion. B Lièvre. B Baleine. B Scorpion. a Lièvre. Sirius. ygrand Chien € Baleine. a Vicroe. B Balance. Rigel. B Verfeau. B Éridan. d' Orion. Procyon. ypetite Ourfe B petite Ourf. L'Étoile pol. Même Étoile a Orion. 7 l’Aigle, D'EISIUSNEIT EUNTC'E s. 331 LEA DIsTANCES DisTANCESs au Zénith ke x au Zénith DÉCLINAISÈ É ToiLeEs. DÉCLINAIS. ÉTOILES. du Collége du Cap Mazarin. de Bonne-Efp. a Caffiopée. . .| 6. 18. 6]55. 9. 434 & Éridan.. .. ,| o. 30. 1034. 25. SO AE RE L 10. 29. 42/59. 21. 23È & Corbeau. , .| 10, 34 58/23. 20. s RE . ro, 3. s1/58. 55. 324 Sirius . . . . , | 17. 31. 16/16. 23. DR DATE [13° 33. 41/62. 25. 26f « orand Chien.| $. 16. 10/28. 38. > Perfée.. 3. 38. 45 ÿZ- 30: DR RPPI TR Meta eo de 6. 19: 24/27. 35. A 6 ES DL ASS lat OR SR er 7. Sd 11126. 0. resandeOurfe.. [la 18-3549. 0 2h y ,.-,....: Set 5% 11/28. 49 F5 RARE 3. 56. 21152. 47. 501 à Lièvre... , .|15. 53. 38/18. 1. (LÉ. MER ES TAHOE Are Pre DNPRRRREAN EE 56. 16/20. 58. des... |14 13. 54163. 5: 40 8 Baleine... .|14. 33: o9Ù19. 21. y petite Ourfe.. |" 6. 13. 3055. $. 6 8 Ophiucus,.,| 9. 11. 45/24. 43 5 SPORT 9- 33: 44158. 25. 250 Ç Sagittaire, . ,| 3. 42. 36/30. 12. e grande Ourfe.| 8. 27. 42157. 17. 208 9...,....,.| 6.41. s5/27. 12 Cu, 5441 7. 22: 40]$6. 14: 171 : Centaure... .| 1. 27. HOlbse 25 FH PRE |. 4. 42.30 |$0. 34: 11h & Colombe. ..| 0.18: 7134. 13. a& Dragon. ...116. 42. 50/65. 34. 391 « l'Hydre. .. ,[28. 51: 45 18. rs [1o. 59. 18159. $1+ OÙ a Vierge... ,,.|24. 3. S5! 9. so. eos bis 10. 22. 42/50, 14. 23 SH UE ol . + DEEE 38. 16/52. 29: 49 Au Zénith de Klepfonte. PE c ; SI. 31- 42 CARE I sal sé 67. 13. 20 MAS ee ep noiateieie RU LOT 1 87 Céphée. .,. SRE TRZ 1 322 1 Fomalhant, 4 1 45+ 29. afliopée, .. erfée.. . 5. = © 9 O D os N EU LU, 8 # B 7 d a B.. B B d (< Esssssssrse| 9: 35: 34139. 15- 43 La Chèvre,,,| 3. 8. 44 45. 42. 40 R Cocher. .,,.| 3. 58. 544. 53. 18 sensessss.|I1. 41. 22137. 9: 53 x grande Ourfe.| o. 44. 1|48. 7. 26 MGieness D] 4. 1p..22|4d; 325 | dresersese.] 4 27. 28|44 23. 55 FAC RÉPARER REC ANT y grande Ourfe.|.....,,,.[72. 43: 27 Latitude du Collége Mazarin, ,,,,,,,6.,,,, 48. S1. 29. du Cap de Bonne-Efpérance, .,,,,,, 33. 55. 13. EP ÉME “ 332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS de la Hauteur méridienne des Étoiles à Cayenne. Latitude de Cayenne. ..... ATAS GRR B NOMS HAUTEUR à des ÉtWONrLE «: MéRipienne. |DÉCLINAISON: D M Ss D. W S Régulus DR BLE ot 81. 24. 55 13. 31e 20. PPADIE RTE RR CE 86. 54. 20 SF Tes PrOCYOnS ete 88. 54. 40 RE TR Au cou de l’Aigle...| 89. 19. oo. 5. 36. 58. PNPÉDALE TE MERE CRE 89. 40. 15: Se 15° 43: OTIONELE re ,..| 84. 28. 45. 0.035210: € Orion. 1.1... 0. 83. 36. 50 T2 7e A DOME EEE He BE 83. 16. 30 le. 47e 24 a Verfeau......... 83. 10. ro. 1. 53. 44 y Merfeau ns nAiezet 125615 LP OR Fomahant ....... «| 53: 44e 40. | 31. 19. 55. Sirius... . . .. s....| 68. 46. 5. | 16. 18. oo. B grand Chien..... 67. 14: 20. 17. 49. 55e a Lièvre. ........ 66, 57. 30. | 18. 6. 46. B Scorpion. ....... 66. 12. 10. | 18. 52. , 6. B Lièvre . . . os] 64e 1. 15: | 21. 3. 47. o grand Chien......| 61. 16. 15. | 23. 48. 8. Antarés. + | 59. 25. 20. | 25. 39. æ Vierge ed te ME T4 9. 26. 32 Rive ere à 76 27e 15 8. 36. 50 D'AEMS NSMCTNEMNLCLELS, 333 OBSERVATIONS des Étoiles au Nord & an Sud, Le 27 Juillet, on a defcendu le. quart-de-cercle de 3 pieds qui étoit dans la Tour orientale, & que M. le Monnier & mon fils ont vérifié, & trouvé qu'il haufloit de 3' 8”. PREMIÈRE OBSERVATION. Du 27 Juillet 1773. Quart-de-cercle de trois pieds du fieur Langlois. Le Thermomètre marquoit 11 degrés. Paffage au méridien. 8h 16’ 1”. LaChévre... 3 Hauteur méridienne, 4 40"+ 378 (7° 35") au quart-de-cercle, PAIE Es de ASE TPE au mural feptent. Do NS bon. fée 30 63 (1.19) au quart-de-cercle, LÉ PATTERN EMA LUN 2 au mural méridion, Au mural feptentrional, l'inftrument haufoit de... 9° 10”, Au mural auftral, de. "re. RER RUES + 9. 40. DEUXIÈME OBSERVATION. Du 28 Juillet. Le Thermomètre marquoit 11 degrés. Pluie & vent. 4. 40 + 376 (7. 33) au quart-de-cercle, $. 12, 0. La Chèvre.... 4e 35e IO veus. au mural feptent. TROISIÈME OBSERVATION. Par M. W A LL O.T. Du 29 Juiller. Le Thermornètre marquoit 10 degrés deux tiers, 4. 40. + 382 (7. 40) au quart-de-cercle, 8. 8.0, La Chèvre.... PC OMAN au mural feptent. 8. 51.0. 8 du Cocher... | 4 o. — 61 (1. 17) au quart-de-cerclé: 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoxaLe QUATRIÈME OBSERVATION. Du 2 Août, Paffage au méridien Hauteur méridienne, 0'+ 36 24") au quart-d le, 7h 52° 0° LaChèvre.... Kb NA NAE NN: 340 20e so violae » au mural feptent. à 30 — 73(r.28.)au quart-de-cercle. 8. 11.0. a Scorpion... . aise Ye 35e Oro... Tau mural méridional. or (1. 28.) au quart-de-cercle. 8. 35. 0. 8 Cocher.... 73 ( jan : ADN Rs lee te au mural feptent. D. 2.0.6 Sagittaire. . 6. So0+ 113 (2. 16.) au quart-de-cercle. 6,38. 50.,....... au mural méridionak CINQUIÈME OBSERVATION. Pa M. LE GENTIL Du. 3. Août, Le Thermomètre marquoit 1 $ degrés & demi. 1 ete 4.40 + 370 (7. 25.) au quart-de-cercle. 7 40010 LRCREVTEE ete A0 DOEl remets .. au mural feptent. Ë ’ ni ul 4301 63 LA 19. ". au quart-de-cercle. ie à JRe A iQ 4 Jde ce ve + au mural méridionals. 2e, 30-+ bb Le 8. 8 au quart-de- “Cercle. 8 8. rs. 0. x Scorpion. ... 5 $ P 2. 4le 4Oe ps, au mural méridional. PE Liu Mig 3. 46.20...:..... au mural feptent, 4 30 + 2524(5. 3.) au quart-de-cercle. 4e de LOuves esse « au mural méridional, k o— 67 (1:29.) au quart-de-cerele. 8. St. 2.» Sagittaire. . MES IS CAE Nice, s. 335 À DD PAMO:N. AU MÉMOIRE PRÉCÉDENT, OU RECHERCHES DE LA RÉFRACTION Par les Hauteurs du Soleil, en 1675. Par M. Cassini DE THURY. x reconnoître fi les Obfervations anciennes, donnoient de même que les nouvelles, les réfraétions plus grandes au Sud qu'au Nord, à la même hauteur , j'ai employé une obfervation de M. Picard, du 19 Novembre 1675, où il obferva dans le même jour, la hauteur de l'Étoile n de la grande Ourfe, & celle du Soleil, à la même hauteur. La déclinaifon de l'Étoile » a été déterminée par un grand nombre d’obfervations, parce que cette Étoile a été employée pour la détermination des degrés en France; en 1 750, la diflance de cette Étoile au pôle , a été trouvée de 39425'55"; donc, retranchant 2 2’ 48” pour foixante-quinze ans, à raifon de 18" -£ par an, on aura la diftance au pôle de cette Étoile, en 1675, de 394 3’ 7°. M. le Monnier, en 1740, a déterminé la diftance au pôle de la même Étoile, de 39422’ 58", qui fe rapporte à la nôtre, à $ fecondes près. La hauteur de cette Étoile ,; à été obfervée au Nord dessert A RAT LE SEE A SRG Si l’on retranche de 484 so’ 15" hauteur du pôle, 39% 37", ‘on aura la hauteur de... 9 47 8. La différence appartiendra à Ia réfradlion qui fera de... Se 47 M. le Monnier*; l'atrouvé à cette-hauteur par la même MICHEL ER RE LA Lies ur $+ 35« * Voyez le Difcours prélim. de l'Hiftoire célefle, page 26, Lûen 1775. .— 336 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Le même jour, 19 Novembre, M. Picard a pris des hauteurs correfpondantes du Soleil, depuis 94 de hauteur, jufqu'à ro 20”; & par un milieu, il a trouvé que la pendule retardoit de 8’ 48" + Cette obfervation m'a paru mériter la préférence fur plufieurs autres, dont on ne trouve point les correfpondantes le foir, parce que lon trouve directement l'heure qui eft l'élément le plus néceflaire pour déterminer la réfraétion par les anciennes méthodes ; j'ai cru devoir rapporter le calcul de lobfervation, pour qu'on puiffe facilement le vérifier. A 8" 41’ 25"+, la hauteur du bord fupérieur du Soleil étoit de 104 0° 0”, la pendule retardant de 4 fecondes par jour. 8h 41° 25"+ 983016. S. «. 47° 26" 0. 8. 48 - 9:94165. Te c. 48. 50. 8. 50. 14. Ti 19,77181.1 30. 2154 215 3e 9. 46. 109. 34e 25. . 26, 30. Anpgle horaire. 47 3 È 78 59% ©. 9,28124 S. c 78 59". 9,87660. S 48. 50. 19115784 9,93492, Je & 30e 35: S. 9,22292. 9. 37. 5. hauteur du centres * o. 16. 13. demi-diamètre. 9. 53- 18. hauteur du bord fupérieur. CI ANONICE Par le Soleil. ".... o. 6. 42. réfraction, Par l'Étoile. ...... o.. 5. 45. au Nord. o. 0. 57+ différence. 1! paroît par cette obfervation , que la réfraction eft plus grande, au Sud qu'au Nord, de $7 fecondes. J'ai DES SCTENCES: 337 J'ai fait la même comparaifon de la réfraction , trouvée par les Étoiles au Nord, avec les hauteurs du Soleil, prifes le même jour, dont je rapporterai ici le calcul. Le 7 Août 1773, au matin, le thermomètre étant à 11 degrés, de même que dans l'obfervation des Etoiles, le 27 Juillet, j'ai obfervé la hauteur du Soleil, depuis fon lever jufqu'à 10 degrés de hauteur. Terps vrai, Hautears, LA Ar 42 3070" SLT MO HDI E MC L'inflrument hauffle de.... 3° 8". Le Thermomètre marquoit II degrés. LT Hauteurs, IL Hauteurs, 9,35454* \ 9,32660. $ 994169. 73% 37 13 9:94169. 73° 37 13° 19,29623. Med et 19,26829. ed le SNS MR re LE ARR see MP .9,87669. | 9,87669. 18,83351. 18,886Co. 9,94160. 9,99265. 8,84185. 3. 59. 5. 8,89395- 4 29+ 35: Oo. 15. 48. 0. 15. 48° APE 4: 45: 23: 0. 26. 52: Oo. 56. 52. : CHENE OT T029 Réfraction à... 44 30°. Réfrachion 3. 51 0. Le 27, par à du Scorpion.......... 104 46’. par [a Chévres. "LM N9e 033. Aïnf les obfervations, tant anciennes que modernes, con- courent à prouver que les réfraétions font plus grandes au Sud qu'au Nord, dansies hauteurs proches de l'horizon , puifque Min, 177 ze U u 338 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE celles que nous avons obfervées n’excèdent pas ai, & qu'une feule obfervation ancienne ne fuffit pas pour pouvoir prononcer fur une recherche fur laquelle tant de caules acci- dentelles peuvent influer. Comparaifon de la quantité de la réfrattion à Cayenne êr à Paris, près de l'horizon. On trouvera dans le nombre de nos obfervations, plufeurs de l'étoile x du Scorpion quieft à peu-près à la même hauteur au Sud que l'Étoile polaire létoit au Nord à Cayenne, & de l'étoile edu Sagittaire qui eft à peu-près à Ja même hauteur au Sud que l'Étoile polaire au Nord dans la partie fupérieure de fon cercle ; j'ai trouvé que la différence des réfractions, correfpondante à [a différence des hauteurs, étoit de 7° 35": or M. Richer a obfervé. à Cayenne les deux hauteurs de l'Etoile polaire. L'inférieure , + on PER ARGENTINE ere 5194 24 43° 50” La fupérieure, de................ S'ercrert-li7e 20e Différence à Cayenne......... "ete ATEN ACs Mais M. Picard, en 1672, a obfervé la hauteur de la même Étoile, Finférieure, de........... 46. 26. 40. La fupérieure, de ... 4. que e poison ne mes ie ee U2o DRE DE LEE 1 faut y ajouter 4 fecondes pour différence des haut. 4. 53. 44. Donc la différence de Ia diftance eft de........: o. 7. 24 Je l'ai trouvé, par les Étoiles au Sud, dé:...:.. 0. 7e 35. Plus grande dés st... soc corn Oo HO te DES SCIENCE S. 339 OBSERVATIONS des Étoiles au Nord &r au Sud en 1773. II faut retrancher 3° 8" de toutes ces hauteurs. La CHèvrs.| à Scorrion. | £ CocHEr. |" SAGITT. Juillet. 27.|4% 47’ 35"l4t 28° 44” Te 28:|4. 47. 32 10. BON ANAL æO: | TNT RUE I . st TAoût. T:l4 47. 2 Ie 3e 58 34 [4 22 ares lat280e213005 8. Li 15. 3447. 13 0.M4028: 442 58.209.144 34" 40 16. 4404710142 280370 4 24 :6. 16. 5-|4 47. 22 15: 6.|4. 47. 39-14. 28. 33.13. 58. 25.14. 34. 50 17. 7.4. 472.29.|4 28. 21:13. 58. 22.4. 34 48 19. 9-4. 47. 23.14. 28.,425.|3. 58. 20.|4. 34 50 2e 10.4. 47e 23.14.128.117.|3.) 58. 4+ 34e 39 18. 11.4. 47: 42:14 28. 39.13. 58. 30.14. 34 59 21 1204.47. 213.4. 286 :21.!30 58. 25.|4 34. 45 Pour lever tous les doutes que lon pourroit avoir fur la déclinaifon de l'étoile À du Scorpion, déterminée au cap de Bonne-efpérance, dont Ja fatitude, beaucoup plus petite qu'à Paris, fuppole une réfraétion de 1° 36", beaucoup plus grande que pour celle de Paris; & fur la variation annuelle de l'Étoile en déclinaifon qu’il a fallu fuppofer connue pour réduire l'obfervation du Cap à l'époque de nos obfer- wations, nous avons employé une autre méthode qui fuppofe une troifième obfervation de la Chèvre, faite au méridien proche du zénith, où la réfraction eft prefque infenfible, alors il n’eft plus néceffaire de connoître la déclinaïifon de l'Étoile du Sud, il füfhra d'ajouter à la diftance de À du Scorpion à la Chèvre, mefurée exactement, le double de la diftance de la Chèvre au pôle, plus la hauteur apparente de la Chèvre ; 1 différence à 180 degrés donnera une quantité qui étant Uuïi 340 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE retranchée de la hauteur apparente de À du Scorpion, donnera la réfraction qui convient à la hauteur de la Chèvre. Pour déterminer la diftance de l'étoile du Scorpion à fa Chèvre, nous avons employé le quart-de-cercle mural de fix pieds de rayon, qui eft exaétement dans le plan du méridien ; car il eft difhicile d’obferver, avec un quart-de- cercle mobile, les hauteurs près du zénith, & encore plus, de le placer exaétement avant l’obfervation dans le plan du mériuien, ce qui eft néceflaire pour avoir précifément les hauteurs méridiennes : Et comme il “ne s'agit que d'une différence de hauteur, l'erreur de linftrument ne peut y influer; voici l'application de cette méthode aux obfervations faites le jour de la plus grande chaleur, où le thermomètre a été à 23 degrés. Le 13 Août 1773, hauteur de a du Scorpion. 4% 34° 1 s"ou20° Le 14, hauteur de la Chèvre..... SEAT ASE 87. 2. 45.ou5o. Diflance de à du Scorpion à la Chèvre..... 82. 28. 30. Double diflance au pôle...... st eR 88-51. Mor Hauteurlde la /Chèvre. te 04e 44705 OR ET HAN TS NASE 4e 16.15% Hauteur de à du Scorpion. ............. 4e 25. 12. Réfraction à la hauteur de la Chèvre....... ot 8. 57 Le thermomètre à midi marquoit 28 degrés. Déclinaifon de Ia Chèvre........... . 45% 44° 46° Aberrationté NutaAHON etes ete =D OS . 45: 44 30. Difance au pôles. 44. 14. 0 0 I 4 ess go. Double, ....,..,...4,42.788, 37 0 @- DES SCIENCES. 34T RECHERUCHES OUR LE CAECUL' INTEGRAL AUX DIFFÉRENCES PARTIELLES. Par M DE, LAuPL À GE: I. E me propofe de donner dans ce Mémoire, une méthode pour intégrer, toutes les fois que cela eft poffible, les équations linéaires aux différences partielles ; cette méthode eft fondée fur k forme dont les intégrales de ces équations font fufceptibles: comme la recherche de cette forme tient à la méthaphyfique du calcul, on pourroîit craindre ici Fobfcu- rité qui fouvent accompigne la méthaphyfique; je vais donc faire en forte de préfenter mes idées le plus clairement qu'il me fera poflible, & de manière à ne laïfler aucun nuage fur un objet aufli intéreffant. L'illuftre inventeur de ce calcul (M. d'Alembert) & plufieurs grands Géomèties après lui , s’en font déjà occupés avec beaucoup de fuccès; mais leurs recherches d’ailleurs très-profondes , ne préfentent, fi j'ofe le dire, que des procédés ifolés , qui, lorfqu'ils deviennent infuffifans pour intégrer une équation propofée , laiffent juftement lieu de douter , s’il ne feroit pas pofible d'en obte- nir l'intégrale par d’autres voies : la méthode füivante , au contraire, en embraflant tous les cas d'intégration , réunit le double avantage de donner les intégrales complètes, lorfqu’elles font poffibles, ou de s'affurer qu'elles font impoffibles; j'efpère d'ailleurs qu’elle ne laiffera rien à detirer du côté de la fimplicité & de la facilité de la mettre en ufage. I IL z étant fonétion quelconque de plufieurs variables x, y, &c. je fuppofe qu’on la différencie, en ne faïlant varier que x, Lüûüenr773. Remis le 4 Décembre 1776. 342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & que l'on défigne par (=) le coëficient de 2 x dans cette différence; (il ne fut Re confondre cette expref- Ù fion /—<-), avec celle- ci —©, qui fignifie la différence ù x entière de z, divifée par SE que lon reprélente encore ùt + Te par Fa le coëfhcient de dy, dans Ia différence de 7; F è ) d une équation quelconque entre 7, x, y, (==) (=), x y eft aux différences partielles du premier ordre. Pareillement, fi l'on différentie 7, 1° deux fois de fuite par rapport à x, & par rapport à y, en regardant ox & 0y comme ep & () les coëfficiens de D x, & de Dy° dans ces différences : 2.° une première fois par rapport à x, & une feconde fois par rapport à J, où, ce qui, comme l'on fait, revient au même, une première a. par rapport à y, & une dira fois par conflans , & que l'on défisne par / rapport à x, & que l’on défigne par f LE =_) Je coëfficient de dl xdy; i l'on a une équation quelconque entre 7, x, y; 5), (5 SET + ), & (LE), elle fera aux as us du fecond ordre, & inf de fuite pour les ordres fuivans. Une femblable équation étant donnée, il s'agit d'en trouver l'intégrale, c'eft-à-dire, de trouver une fonétion finie entre, ZX &y, telle qu’elle fatisfaffe à cette équation de la manière, la plus générale; le problème pris ainfi dans toute fon étendue, Dréleate des difficultés bien fupérieures à celles de l'intégration des équations aux diflérences ordinaires, en forte qu'on peut regar der une équation aux différences partielles, comme intégrée, lorfqu'elle eft ramenée à l'intégration d’une équation aux différences ordinaires, à peu-près comme on eft cenfé avoir l'intégrale de celle-ci, lorfqu'elle ne dépend plus lo] que de l'intégration des fonctions difkrentielles. DES SCTENCES 343 Les équations aux différences ordinaires , peuvent être confidérées comme des cas très-particuliers des équations aux différences partielles: il fuffit pour cela de rendre nuls dans ces dernières, les coëfficiens des différences de 7, priles par rapport à y; On aura, de cetie manière, une équation entre AD A AA Ts &c. dans laquelle y pourra être confidéré comme conftant, & fi cette équation eft de l'ordre”, fon intégrale renfermera » conftantes arbitraires, qui feront fonétions quelconques de y. De ce que dans un grand nombre de cas particuliers, lin- tégrale complète d’uge équation aux différences partielles de l'ordre », renferme » fonétions arbitraires, on a exigé la même condition de l'intégrale complète d’une équation quelconque aux différences partielles : mais il arrive fouvent qu'elle eft impoffible à remplir, & l'on en verra des exemples dans la füite. 11 feroit fans doute bien utile d'avoir une méthode pour s'aflurer fi une équation donnéé eft fufceptible d'une intégrale complète, & dans ce -cas dé la déterminer ; c'eft-là ce que je me propole de faire fur'les équations aux différences partielles linéaires : j'appelle ainfi les équations dans lefquelles ka variable 7 & fes différences, ne font élevées à d'autrés puiflances que l'unité, & ne fe multiplient ou ne fe divifent point les unes par les autres ; j'ai choift ce genre d'équations, de préférence à tout autre, parce qu'il fe rencontre fréquemi- ment dans l'application de l’analyfe à la Nature, principale- ment , lorfqu'il s'agit de détermineï les ofcillations infiniment petites du :fyftème d’un nombre infini de corpuleules, qui agifient les uns fur les autres d’une manière quelconque, & dont l'état primitif peut être quelconque *. * Ces Recherches, à quelques additions près, ont été lûes à l’Académie dans le coutant de J’ânnée 1773,. & jen ai donné, dans le Yonie V1 des Savans. Etrangers, quelques réfultars, parmi lefquels fe trouve lintéeration de l’équation (1) de l'article fuivant. 344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE I LE F L'équation a linéaire du premier ordre eft, o — = He) + “.(<5) + CGrHT, a, 6 & T', étant fonctions abs de x & de y. M. d’Alembert en a donné le premier l'intégrale dans le rome 1 de jes Opufcules. Je vais intégrer la fuivante qui la renferme, ? Où (= ; (1) V étant fonction de x, y & 7. J'obferverai ici que je regarde une équation aux ‘diffé- rences partielles comme intégrée , lorfqu'elle eft ramenée à l'intégration d'une équation aux différences ordinaires. Cela polé. Je confidère d’abord 7, comme fonélion de x & dey, & enfuite comme fonétion de x & d'une nouvelle variable 4, ce qui donne en différenciant, = (a): dx + (5 ).dy, NE MP LD i PC + CRE FL { =) défignant le coëfficient de dx, dans la différentiation de z, lorfque zeft confidéré comme fonétion de x & de y; & ( = )', défignant ce même coëffcient lorfque z eft regardé comme: fonftion de x & de x. Si l'on confidère préfentement , comme fonction de x % de y, on aura Du = (57).0x + (+ —) dy; donc D = (LE) 0x + ST). (== dx + ( 2), y partant DE Es: S dei 3 ÉÉLNEC' ES s 345 _ partant | dz DZ LEA d u Po en Ven ON M ir à 27 "41! dz du . & (2) = (2) (2): l'équation (1) deviendra ainfr, | dZ à LEA du 27 dx FN, ET red dx ) HS (ondt Gone. F. La variable étant indéterminée, je puis la fuppofer telle du dx , . du L que lon ait o — f/—) +a«. PE on aura ain, ù 2 : . 2 . Ty O— (=) + W, équation qui fera réduite aux diffé Y rences ordinaires , lorfqu'après avoir déterminé z, au moyen À) he ds(); on en aura tiré la valeur de y en x & en ”; & on l'aura fübflituée dans F’ IH ne s'agit donc plus que de trouver une valeur qui du à 7 fs DS Une (2 de:celle-ci,0 — f fatisfaffe pour 4, à l'équation o = / u 7 + F7: re 7/2); on aura du — (52.09 — adx); foit AN le faéteur, par lequel multipliant dy — «0%, on rend cette quantité une différentielle exacte, & que l'on fafle Ny — à Nox — 04, du dy N prenons 8 pour cette fonction même, en forte que l'on ait u — B; Ô étant fonction de x & de }; On aura y en fonction de x & de y; cette valeur de y {ubflituée dans rendra cette quantité fonétion de x, z & V. Soit PJ” cette or puifque lon a 04 = ( on aura Ou — {——).0B; partant 4 eft fontion de 8; ; ste Ù nie fonétion, on aura o — (==) + V", équation dont * E l'intégrale, en fuppofant # conflant, peut être mile fous Mém, 1773. X x 346 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE cette forme S — €, S étant fonétion de x, 7 & #; .& C'étant une conftante arbitraire qui peut être une fonétion quelconque de ”, ou, ce qui revient au même, de 8; défiygnant donc par T./8), une fonction arbitraire de 8, l'équation S — T.(8) eft l'intégrale complète de la pro- polée AO fé 1 a.() —- V'; l'intégration de cette équation fe trouve ainfi réduite à celle de deux équa- tions aux différences ordinaires, puifque la recherche du fadteur NV dépend , comme fon fait, de l'intégration de l'équation dy — ax — o. Déterminons, d’après cette méthode, l'intégrale de léqua= SIT à ni tion linéaire, o — pH) + a.(—) pr Gris pour cela on intégrera d’abord celle-ci, du du (0 Pa LE —+- œ(/; foit # — @ (8) fon intégrale: en faifant @/8) = 86, on aura 4 — 8; d'où l'ontirera y, en fonction de x & dev; en fubfituant ces valeurs dans 6 & 7, elles deviendront fonctions de x & de u; foient 6 & 7 ces fonctions, on DZ "AIT . ge aura 0 = (=) + 6 .g + T7, équation dont f'in- tégrale eft , comme lon fait, en regardant # comme conftant ;: LEE de : 6' ) AE fs (C— [T PRE FY; le figne [, fe rapportant à la variabilité de x feul; or la conftante C pouvant être fonétion quelconque de 4, on aura pour l'in- técrale de l'équation linéaire aux différences partielles ik MPa de 1 ONE (5 A = a.(5) = Csgi T; Bret 2e ù : G'o Bi € Fa) + J À SEA: dx.e) ef. d’où il fuit que la forme de cette intégrale eft z = H + A. (4), A, H°& 8 étant des fonétions déterminées de x, 8 de y. | DES SCIENCES. 347 LV On auroit pu trouver cette forme 4 priori, de la manière fuivante. Pour cela, j'obferve que l'intégrale d'une équation aux différences partielles du premier ordre, ne renferme qu'une fonétion arbitraire que je repréfente par @ (8); or il peut arriver que a quantité 4, dont la fonction arbitraire eft compofée, foit une fonétion déterminée de x & de y, cu qu'elle foit indéterminée : examinons féparément ces deux cas. PRE MIE RCA. Lorfque À cf fonction déterminée de X © de y. L'intégrale peut alors être mife fous cette forme 7 — M, ÎT étant fonétion de x, y & de @ (9); or g (8) étant une fonction arbitraire, je puis la fuppofer égale à une fon&tion quelconque déterminée de 9, plus à une fonction arbitraire infiniment petite, que je défigne par iT./8), j étant un coëff- cient infiniment petit. Si l’on fubflitue cette valeur de ® (8) dans M, & que l’on réduife cette quantité dans une fuite afcendante par rapport à à, on aura une expreflion de cette forme 7 — SE NE LR SENON T 8e En MQbE tituant cette valeur de z dans l'équation Da ep este 62 4 Ti (K) que je nommerai dorénavant pour fimplifier, l'équation (K), tous les 'itefmes homocènes par ra ort à À, doivent {e + . E # - o l Ë détruire réciproquement ; on aura donc RO an cr EN LE T 2: > DN: - \ O—(——) + a.( Ole a EL d re 44 Ma 1 11 [e) —= (der op Qi a. { Le ) + CN 1 Ecc. X x i LT 348 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE partant l'équation ; — N + N° fatisfait à l'équation /Æ); de plus elle en eft l'intégrale complète, puifque N° renfermé la fonétion arbitraire T. (8). On aura i N° en diflérentiant A7 par rapport à @ /8), & fuppofant la différence de ® /8) égale à 5.7/8); d'où il eft aifé de conclure que la fonétion arbitraire F .(A/, exifte dans N° fous une forme linéaire : mais elle peut y être affectée des fignes différentiel & intégral, en forte que N° peut renfermer d".T(@) , des termes de cette forme #7. ue , & fi l'on repréfente par æ, m', m’, &c. des fonétions quelconques de x & de y, N' peut renfermer encore des termes de la forme... ALES ef Lea JOUR Roi EE. foit BA — 1*./8), & fuppofons d’abord que le terme pré- cédent ne renferme qu’un feul figne f, de manière qü'il foit PPT. 0 BAT (8); ül eft clair que pour que l'intégration” foit poffible, L . ["./8) doit être fonction de x; or on a dRt—= (E) ox —- () dy; on aura donc HfL.dp.r".(ÿ = H[L:(5E).0x.7". (4, l'intégrale JE .0x.T”./8), étant prife en ne faifant varier que x, & en y ajoutant une conftante qui fera fonétion de y feul; on peut donc toujours réduire l'intégrale fL.duw.T"./(8), à une intégrale de Fune ou l'autre de ces deux formes fW dx.1".(8), ou fV dy.T". (8), ces inté- grales étant prifesen ne faifant varier que x ou y. On réduira pareillement la double intégrale fL0p.f L'ow.1"./0), à June de ces quatre formes Vox. fV'ox.r"./R), fVdoy.[V".0y.T". (8), fVox.[V'oy.r". (8, f[Voy.fV'.ox. Tr”. (8): or on peut réduire à de fimples intégrales, les doubles De SIS CE NecE-s 349 intégrales fV0x.fV'dx.r".(8) & [Voy.fV'oy.r".(8); car fi Von fait fox — R, on aura fVox.[V'ox.T". 8) —R[V'OxF"./0) —/fV'ROx.r"./); on voit ainfi que toutes les fois que dans un terme, deux fignes / confécutifs fe rapportent à la même variable, ce terme peut fe réduire ; il réfulte de-là que le terme HfLom.fL'on.fL" ou". Re... peut être réduit à des termes de l’une ou l'autre de ces deux formes, H[Vox.fV'oy.f[V"ox.&c...… F1. 10), ou H[V0y JV'dx.[V"" dy. &c..… Fr". (8). Préfentement , fi Von fait fF0x — LR, on aura H[Vox. — — HR.T"() —HfR(E)ox. ? Le on peut donc, en fuivant ce procédé, augmenter d'une unité, l'ordre de Ja différence de la fonétion arbitraire enveloppée d.r.(9) 2F foit la plus haute différence de T./8) dans N', on pourra réduire toutes les différences de T./8) enveloppées fous le figne intégral, à être de l'ordre 7; partant, fi fon fait DT. Cdi 0 = VO) Te 4h dr 70) 5 —T- =, (05 &e lexpreffion de z fera comprife dans la formule fuivante, fous le figne f ; fi lon fuppofe conféquemment que IN + A. (8) + H 4.08) + A4) + &e. + L[VoxŸ4./8) + L'[V'ox4. (8) + &e. + 1fUdy4. (8) + l'[U'dy4. (8) + &ce + PQDx.fQ" 24.8) +pfQ"dxfQ"" ày4.(8) + &c. + R[Sdy[S 0x 4./0) + &ec. + &c. : (1) 350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RQYALE SE t-O0 Na0t ERA Lorfque À eff fonction indérerminée de x à” de Y. 1 peut arriver que dans l'intégrale d'une équation aux différences particles, la quantité 8, enveloppée fous le figne de la fonéion arbitraire, foit elle - même indéterminée ; par exemple, fi dans l'équation aux différences partielles, ( 7 = (RP, on fait, (=) — À, on aura dz 0 : LEE (dx + (5).0y — Fox + 807; partant, z = Êx + By — fd08./20x + y} d'où if fuit que 28x + y eft fonction de 8; foit donc f08./28x + y) — 90), & que lon fafe 2. (8) = ®' (9/,on aura z — E.x + y — 9 (0), & 0 fe déterminera par l'équation 28x + y — (8), en forte que cette quantité eft elle-même indéterminée ; mais cela ne peut jamais avoir lieu dans l'intégrale d’une équation linéaire aux différences partielles , ou lorfque cela arrive, il eft toujours poflible de réduire la quantité enveloppée fous la fonction arbitraire , à être une fonétion déterminée ;. car ff, dans l'équation qi fert à déterminer 8, Yon fuppofe la fonétion arbitraire @ /8), une valeur quelconque déterminée, plus une valeur arbitraire infiniment petite, que je repréfente par iT (8), i étant infiniment petit; on trouvera 8 égal à une fonétion finie &, déterminée de x .& de y, que j'exprime par #, plus a une valeur infiniment petite & indéterminée dépendante de i.T./8); fi l'on fubititue préfentement, dans l'expreflion de 7, au lieu de 8 & de (8), ces valeurs, & qu'on la réduife dans une fuite afcendante par rapport à ;, on aura z= NH iN + É,N" + &c N° étant fonction de x, y & de la fonction arbitraire F /æ) ; cette valeur de 7, fatisfaifant à l'équation { X), il eft clair que tous les termes auf DES Sc LE NcEs 354 homogènes par rapport à i, doivent fe détruire réciproquement; d’où il eft aifé de conclure que l'équation z —= N + N' fatisfait à équation /K), & qu'elle en eft conféquemment l'intégrale complète, puifqu'elle renferme la fonétion arbitraire T{æ); or, la quantité & étant une fonction déterminée de x & de y, ce cas rentre dans celui que nous avons confidéré ci-deffus. Pour éclaircir le raifonnement précédent par un exemple fort fimple, confidérons l'équation linéaire aux différences partielles, Ù Ù ; e Ù fs = à (5: fon fait (SE) = p, & (È) — 4 ON AURA g — px}, 07 — p0x + g0y; partant, 0T — pOx + pxdy, & en intégrant, z — PXx + fpx (dy — _ L - donc px ef fondtion de y — lp; foit Jpx.(dy — ) N/D ON AUrA 7 — px + @ (y — lp) & p fera déterminé par l'équation px — @' /y — Ip}, en forte que la quantité ÿ — bp enveloppée fous le figne de la fonétion arbitraire eft ici indéterminée. Pour faire voir comment on peut la réduire à être déterminée, foit PO — PJ= y — Ip +iT./y ont 2 1 ON aura px — «(y — Ip) NT ET (D — Hp}; iT".(y — 1p) RE . L ’ d'où l'on tire P= — + , €n repréfen- tant par L'./y — /p), la différence de T (9 — Ip), divifée par 0./y — lp) ; fur cela j'obferverai en paflant, Lx » par T'.fb); que dans la fuite je défignerai TE , par T".(8); En À par T'"./8),&c. de repré- fenterai femblablement fo 8 .T./8), par T../4) OR T:. ae par L,.(8); /00.T../8), par T,,. (8) &c. & la même notation aura lieu pour toutes les fonctions arbitraires. 352 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Préfentement , fi lon néglige les quantités de l'ordre À, . ae Palo. on pourra fubitituer dans les termes multipliés par i,—, La ET'.{(y + x) ; donc 22 au lieu de p, & lon aura p — — _ z = pr + @.(y — lp) = ps + y — Ip + ir. — Ip) =i + y + + 2iT (y + x) — LTitir./y+ix)] = 1 + y + x HT (y + x); partant l'équation zZ=i1+y + lx HT .(y + kx) fatisfait à celle-ci, (<£) = («). & par conféquent elle en eft l'intégrale complète. L’expreflion précédente de 7 peut être mife fous cette forme plus fimple, z = +4.(y + /x); pour voir main- tenant d’une maniere direéte, comment cette expreflion de : Z, coïncide avec celle-ci, 7 = px + @ (3 — lp); on obfervera que l'équation px — @'.{/y — /p), donne 3 — lp = H.(px); donc, y — lp + Lpx = lip; HN (px), ou y + /x —= l.px + H (px), d'où lon tire px = 7.{/y + x) — pu(y — lp), à caule de px == g'e{y — lp); partant RÉRSE) Ip = 4.(y + x). On voit donc que y — /p & px, font fonctions de ÿ + /x; donc z étant égal à px + @/y — Ip) eft égal à une fonétion quelconque de y + /x. Il fuit delà que 1 forme de l'équation {7} eft la feule dont F'intégrale de l'équation {X) eft fufceptible ; fr l'on fait — ‘V, on auwa préfentement se (nn A Vds 40) = VAE = JA) dx4, (0); en faifant DAREUSMASTCLE NeCLeE ay GE 26 en faifant pareillement = on aura , k dx NA F rm RL D AURA AO EE SR) & ainfi de fuite; on. pourra réduire ainfi le fecond membre de l'équation /7) dans une férie ordonnée par rapport à (8), 4/8), di, (8), &c & Ton aura pour 7, une fuite de cette forme, z=N+H AN + ANA) + AL AR) + &c. fi l'on fubftitue cette valeur de 7, dans l'équation 2 = (SE) +a (+ HT on aura o—/-7) Ha (se) +EN+T d.°V d * + AV) LE) Het), + VOLE) He (5) HA A (RE) a) HO) 0 9 + A AE) a (NT. + &c. La fonction 4 /8) étant arbitraire, il eft clair qu'il n'exifte aucune relation entre 4/8), 4/8), 4 /8), &c. en forte que, dans équation précédente, les coëfficiens de ces quantités doivent être féparément égaux à zéro; on aura donc FPÉSNeS r a (nr) UC Mat 71, ? OÙ — = ue CN rm L 0 = (ST) +a(s) + CA, d 4° à À° e 0—(—) + a (4 —+ GC. À’, &c. d Mém: 1773. Y y 354 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On peut fatisfaire à toutes ces équations, excepté aux trois premières, en faifant 4 = 0, A — 0, &c. & lon aura 2N dN > 0 = (+ Hess) + CNET, 28 28 EN ere 5: ) Hd: Toÿide d A d A utero ac A, K &c. Il fuffit de trouver pour N, 8 & À, dés valeurs particus lières qui fatisfaffent à ces troïs équations : on aura ainfi pour l'intégrale complète de féquation /X) ,7 = N+- 4.4/0); or cette forme eft précifément la même que celle à laquelle nous fommes arrivés précédemment. On peut obferver ici, que les fonctions arbitraires font à peu-près dans les intégrales des équations aux différences partielles, ce que font les conftantes arbitraires dans les inté- grales des équations aux différences ordinaires ; or on fait que ces conflantes y font fous une forme linéaire lorfque l'équation eft linéaire, & il eft facile de s’en aflurer à priori, par un raifonnement analogue au précédent : car fi fon con- fidère équation o — (=) ie gt Te &T étant des fonétions quelconques de x, fon intégrale fera z = M, M étant fonction de x & d'une conflante arbi- traire C; fi Von fait € — 1 + à H, À étant un coëff- cient infiniment petit, & #7 une conftante quelconque, on aura en réduifant A7, dans une fuite afcendante par rapport à 4,2 = N + HN + FHON" + &e: en fubftituant cette valeur de 7, dans l'équation ?t 0 te 7 te Ÿ; tous les termes homogènes par rapport à ?, doivent fe détruire DES SCIENCE ss. 355 réciproquement , on aura donc 2N èx of )+aNLT aN" # o ==Aif ss ) + aN'; &c. d'où il fuit que l'équation z = N + H N°, fatisfait à DE 340 HONTE Ù l'équation différentielle, o — = az HT, & qu'elle en eft l'intégrale complète , puifqu’elle renferme Ia coñftante arbitraire 7; on voit ainfi que le même principe qui donne les conftantes arbitraires fous une forme linéaire ÿ dans les intégrales des équations linéaires aux différences ordinaires, donne pareïllement les fonctions arbitraires fous une forme linéaire, dans les intégrales des équations linéaires aux différences partielles, V. L'équation générale linéaire aux différences partielles du fecond ordre, eft : DZ 2 207 ddz 0 = () Has) + rer ; (L y) +8 (E) au T 7 2,6 » Vs N ET, étant des fonctions quelconques de x & de ÿ On peut la mettre fous une forme plus fimple, en chan- geant les variables x & ÿ, en d’autres, æ & qui foïent fonétions de x & de ÿ; €n regardant conféquemment £ comme fonétion de ces nouvelles variables j Yyi 356 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on ne SE) = (# (SE + (5 A = (5) T) + ele, eh EE je EAST + a mie EH AE ddz ( 24° ) = M (re) US rs ): (ea = ns - (1 … mr Cr De. x + (ZE SE ) cb d0Z dd Dh) Es (op DO EE 2 EE 6 »? u DE il USE AP) el meprte en ; fi les variables & & 86 font telles que l’on ait dm |, Eos dæ dm |, fe et me RES NA 2 28 2 2 o' = fiers F1= 0) il eft aifé de voir que ts (L à prendra cette forme 0 M. (EN (RE) EL (RE) + RT+T;(V) mÙÿ I fuit de-là, que toute équation linéaire aux différences partielles du fecond ordre eft réduétible à cette forme très- fimple. ts ddZ dZ dz { Lo) =) (se) En 7 T7 + 17 (Z} m,n &11 étant fonétions de æ & de 8; il ne s’agit pour cela que de déterminer æ & 8, de manière que ces variables o DHENSNISMES IE N,C:E.S. 357 fatisfaffent aux équations (2) & (3) ou, ce qui revient au même, à celles-ci, (5) = (D) I ie + VE — 0], * ù ù si) = (II ie — VlEe — 6]; or, en intégrant ces équations par Particle 177, on trouvera pour æ & pour 8 une infinité de valeurs, parmi lefquelles on peut choïfir les plus fimples; de ces valeurs, on tirera x & y, en fonctions de æ & de 8, & en fubitituant ces ex- preffiqns de x & de y dans l'équation /W), elle fe transformera dans l'équation {/Z), qui a toute la généralité de l'équation /L), & qui, à caufe de la fimplicité de fa forme, fera l'objet des recherches fuivantes. Si l'on applique maintenant à l'équation /Z}, les raifon- nemens de læticle 11, on trouvera que fon intégrale, toutes les fois qu’elle eft poflible en termes finis, eft néceffairement réductible à cette forme, | z2—=R+ A.o(h) + A'.@(u) + A". qi (u) + &c. + B[Cda.q{n) + B'.[C'dm.q{u) + &c. —+ D.fE08.ç{u) + D'.[E'd8 Q{u) + &c + F[Cdom.fH08.p(u) + &c. + &c ; (A + ad (v) + à 4 {v) + &c. + dfcdæ.d(v) + &c. + étce- e{u) & Ÿ{v) étant deux fonétions quelconques arbitraires & indépendantes lune de l'autre. Pour déterminer les quantités x & v, dont les fonctions arbitraires font compolfées, on obfervera que fr l'on fuppofe V{v) = 0, & que lon réduife l'expreffion précédente de z en férie, comme dans l’article précédent, on aura, RH So(u) + S.0, (4) + &o 358 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE en fubflituant cette valeur de z dans l'équation /Z), on formera les fuivantes, ‘ ddR ir dR Où Mr + nm. (=) +. 55) RAT, du du ONE a A ap , &cc. La feconde équation fait voir que x eft fonétion de æ fans 8, ou de 8 fans æ. On trouvera la même chofe par rapport à v; on peut donc fuppoler u —= æ & uw —= À; fi Von obferve maintenant qu'un terme tel que /£98 .p {æ) fe peut changer en @ /æ).fÆd0, & qu'ainfi ce terme ef compris dans celui-ci À @{8/, on trouvera que lexpreffion (À) de z eft réductible à cette forme, z=R+H A.o(s) + A'.9,(2) + À".0,(2) + &c. + BfCda.e(n)+B.[C'de.p(7) + &c. + DfEDN.fFde.@ (a) + D'JE'D0.[F'dæ.p (a) + &c. + GJHdæ.f108.[K0m.p{s) + &c. + &c. Had (t) + a. d,(8) + &c + 008.48) + &c. + Ce NT: Les recherches précédentes font fondées fur la transfor- mation des variables x & y dans celles-ci, æ & 8; mais il peut arriver qu'elle foit impoñfble dans deux cas qu'il eft néceflaire de difcuter. Le premier a lieu lorfque « — 0, & 6 — 0; l'équa- tion {L) de Varticle précédent, devient dans ce cas, d 2 à QE (==) + 7. (5) ++ ET & Fona(—T) 0, & ($- — 0, ce qui indique que æ & 8 font fonctions de y feul, en forte qu'il n'eft pas poflible alors d’avoir x en fonction de & & de 8. DES LS ,C LUE N C E & 359 Le fecond ‘cas a lieu, lorfque 6 — 1x; on a dans ce dan dæ -, 24 2 cas, r/=—ia(—) & (r/= ia); partant æ eft fonétion de 8; les deux variables æ & 8, ne font donc point indépendantes l’une de l'autre, & puifque x & y font indépendans l’un de l'autre , ils ne peuvent étre donnés chacun par une fonétion de æ & de &. Suppofons conféquemment que dans l'équation (L) de farticle pré- cédent, on laifie fubfifter 7, & que lon détermine æ de x « . , « d® dæ manière qu'il fatisfafle à l'équation = l= "Le. Gr ); on ‘aura x en fonction de æ & de 7, & fi l’on confidère x, comme fonétion de æ & de ÿ, On aura (5) = (5) (2), = GE) + (2) r à | 1) .… . . , ( a 2" étant le coëfficient de d y, dans la différence de Z, confidéré comme fonétion de # & de Ji On aura enfuite 17 007 ddz dæ dz dd ( = 1 (el) Cap Bale 17 DZ hit ddz dæ èz d0Z dz (ass 7 pa Ga (5) (5) + rt A bre 4 dz dd A er is ras Vd gp dx honor dm DZ 1 èz De C7 = ET +) DAT TM ITE DZ y de un me 2 (Te, ) Hs , fi l'on fubflitue ces valeurs dans l'équation (L) de Tarticle précédent , & que lon confidère que € — ue, & (= Là dæ , = — Za(— ) ; on trouvera facilement qu'elle peut être mife fous cette forme, dd Li Z 1 à - L 24 (sl + (HIT) Cr TS 360 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE ainfi les deux cas que nous difcutons ici, condtifent Fun & l'autre à une équation aux différences partielles de cette forme, DE) + yes) + (SE) ++ TH) OÙ = (re or on prouvera comme ci-deflus, que fi l'intégrale de cette équation eft poflible en termes finis , que lon fuppofe une des fonétions arbitraires, nulle, & que l'on repréfente par @ /u) Vautre fonction arbitraire, on aura au moins par une fuite infinie, z=R+ Aq(u) + A'.@(u) + À".o,(u) + &c. en fubftituant cette valeur de 7, dans l'équation précédente, on formera les fuivantes, D) Pre) SR) +6R +T, 0 — A.(E}.e"(u, ù 2h) + VAE) + SA) PE À A RE D A EE ce, RENTE dx &LC. f z ù La feconde de ces équations donne / . ) = 0; partant # È DER à & eft fonction de y feul ; la troifième donne d À. ee — 0! à : du ’ donc fi À n’eft pas nul, on a / 5) = 0,en forte que w n'eft point fonction de y; ainfi w n'étant fonétion ni de x, ni de y, eft néceflairement conftant ; d’où il réfulte que l'intégrale complète de l'équation /A) eft impofhble , excepté dans le cas de ® — o, ce qui réduit cette équation /H) à une équation aux différences ordinaires.entre 7 & x, dont l'in- tégrale renfermera deux conftantes arbitraires qui feront fonétions quelconques de y. H eft d'autant plus remarquable, que l'intégrale complète de l'équation { A) foit impoflible, même par une fuite infinie, dans D 'ÆAS A IBLCMMENN Cle ls 361 dans le cas où d\ n’eft pas nul, que cette équation eft fufcep- tible, au moins dans un grand nombre de cas, d’une infinité d'intégrales particulières. Pour en donner un exemple fort fimple, fuppofons +, À & 6 conftans, & 7 — o. Si l’on fait z — À ee", e étant le nombre dont le logarithme hyperbolique eft unité, l'équation /H) donnera né + ym + du +6 —o; artant, P fé +ym+é) à fn PNR PAR PP AIRE J , A l'équation (A) étant linéaire, il eft clair que l'on peut fuppofer (ré + ym+6) : 3 lg a ete 4 n== Aie d\ Are A CGR A,m, À, m', &c. étant des quantités conftantes quelconques. I y a plus; fi lon fait m — a + ib, on aura, en réduifant (fé +ym+é) en féries, Z2— 4.6 "77 a : Ge HX — 1 + 0[x — y/ tr 71 {“ +ya+é) KV, = 2 ' (a+ > + ü) = As" 5 RTE 1 CC Si lon fubftitue cette valeur de 7 dans l'équation (A), il ft clair que tous les termes homogènes, par rapport à ;, doivent fe détruire réciproquement ; d’où il fuit que cette équation étant linéaire, on peut, à la place des différentes puiffances de 70, fubftituer des conftantes arbitraires ; on aura ainfi, CNE Op 2 À ax—=y (é+ya+6) : ce F* rl d /] ——tls£, - Mince 1 J . (a+) y» ? À Grey a) —/] NGC, A, a, C, C', &c. étant des conftantes quelconques; on Mém, 1773, Z pd 362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE aura ainfi, AN EE EL en (a + ») D — A ES LHC — y RE) + &c.] (a? + ya + €) (ra +) À [HD — y) + &e.] == must KA +: &c On voit ainfi que l'équation { A) eft fufceptible d’une infinité d’intégrales particulières, fans pouvoir l'être d’une intégrale complète. J'obferverai en paffant , que la méthode précédente donne un moyen extrêmement fimple d'avoir une infinité d’inté- grales particulières des équations aux différences partielles linéaires, d’une manière plus étendue que par les procédés connus; mais mon objet étant ici de déterminer les intégrales complètes de ces équations, lorfqu’elles en font fufceptibles ; je remets à m'occuper dans un autre Mémoire , de la recherche des intégrales particulières. VIL Je reprends maintenant l'équation À à © — (EE) + m (SE) + (5) + + T: (2), dont l'intégrale eft, comme on fa vu, z2—=R+ A. (&) + A0,(æ) + 4°, (a) + &c + B.[Coa.g(z)+ B'.[C'dæ.p{a) + &c + D.fED8.[Fdæ.ç(x) + &c + &c. + at (8) + &c. + Ce Je fuppofe pour fimplifier, l'une des fonétions arbitraires par exemple, -{ /8) nulle, & que lexpreflion de 7, confidérée par rapport à la feule fonétion arbitraire @ /æ), ne renferme point le figne /, en forte que l’on ait = R + A.o(e) + A 0,(2)+ A9, (al + &e DE SNS IC EN CES 363 Comme je démontrerai ci-après que ce cas embraffe tous ceux dans lefquels l'intégrale de l'équation /Z) eft poffible en termes finis, il eft très-important d’avoir une méthode pour l'intégrer ; j'ofe me flatter que la fuivante mérite par fa fimplicité, l'attention des Géomètres. Si l'on fait d'abord 7 — o, on aura 07 Nef) cas (E) ee He dont l'intégrale fera z = AQ(®) + ÀA,9,(æ) + A"p,(s) + &c. Si lexpreflion de 7, ne renferme qu'un feul terme, en forte que l'on ait 7 — A.@/æ); en fubflituant cette valeur de t dans l'équation difiérentielle & en égalant féparément à zéro, les coëfficiens de @' (a), & de ® /æ), on aura les deux QE fuivantes, (<= =) + m4, = (jm Lu NAN <) + IA, 0 = ( o ; Si lon fait (1) — (52) — "MZ, On aura 2 A 26) = 7 + mA].® (x) = 0 mais da 0 (Re) mie) + (5€ ) + Zg: peut être mife fous cette forme, 2.((—£-) + m 7) da 1] + #[(D) + mel + 7 [/ — V. 7" ) — nm], ou ù s_ ü) = (x MD) ppt gl (27) nil; Zz ij 364 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE dm x ni md à donc à caufe de 7 —0o,on 2 0 PP —) — 1m; & c’eft l'équation de condition qui doit avoir lieu, pour que lon ait 7 — 4.9 (æ),ou, ce qui revient au même, pour que lexpreflion de 7 ne renferme qu'un feul terme. Si l'expreflion de 7 renferme deux termes, en forte que Von ait y — A.@(æ) + A'.@,(æ); en fubftituant cette valeur de 7 dans l'équation différentielle, on aura les trois fuivantes. _ ) + mA, dd A > A > A > A' . © — CRIE of Pts TE CHUIANE (on? 2 MA, d) A' DA : Da dQ 6 ) +14; {Won fait 7° — (<) + MZ, ON aura d A DO FRE + mA]. (æ) d A! ; d A° ' ï He re. + mA'].@, (a) — re + mA'].9,(æ), en forte que Fexpreffion de 7 ne renfermera qu'un feul terme; préfentement l’équation d0Z dz DEA Sn ee Te) 2e (=) + 1g, peut être mile, comme on l’a vu, fous cette forme, do 7 (TN 6 ) me R) pue ou 7 a) dz dm A Of. = RE he malle (==) — nu]; Re V-22 (220 — nl; ON aura oO — — ) ” e? : LC RE nt mi Ce. en difkrenciant cette équation par rapport à 8, on aura Le G) a) D) Gp (UE) + LE) Era 122 : 0—=-.( 2 H ; 0 dm 2% NE ae PS UETE | D nl Gi T4 2 m m DES SCIENCES 365 fi l'on ajoute à cette dernière LS la précédente mul- tipliée par », on aura, à caufe de ee me + m7 = 7, er °) dm de = ( “qu int H d dr sis culs — n.() + (ar + di 2 Soit ? Ce mt, & LH IMm— un, La I2£ on aura (1) LEE _- jm (= dæ A ph AC On vient de voir que l'expreffion de 2 ne renferme qu'un feul terme, & par ce qui précède l'équation de condi- tion pour que cela ait lieu, eft FL ty, Où — 0) — Æ ». c'eft aufli l'équation de me néceflaire pour que lex- preflion de 7 renferme deux termes. Si l'expreffion de 7 renferme trois termes, en forte que fon aitz —A.g{æ) + A4'.9.(æ) + A"@.(œ), en fubflituant au lieu de 7, cette valeur dans l'équation difk- rentielle, on aura les fuivantes, —) — nm 0—(—,-) + mA 0 (557) + &c Lei fr) 366 pi hé DA L'ACADÉMIE ROYALE en faifant 2 —— = (+ —) + W on aura 2 BD Aïe) 2 fee —) + mA'].0, (a) I Ge + fer ) + mA°].9,(æ) CS) + mAe(e) + LE) + mA‘l.e, (æ): en forte que lexpreflion de z 1 dans l'équation /Z') ne renferme que deux termes; or nous avons vu ci-deflus, que pour que lexpreflion de 7 ne renferme que deux termes, on doit avoir l’équation de condition «) o — 7 es NS PRE LU donc fi l’on change dans cètte équation # en m — (+ =. e &lenu + nm — n. (2 Di (== r/, on aura 1 l'équation de condition pour. que lexpreflion de 2 ne renferme que deux termes, & par conféquent pour que l'expérience de 7 en renferme trois. Pareillement fi, dans cette nouvelle équation, on change men à ? ù n—(=),& en PM Le Rite Er CR m m on aura l'équation de condition pour que z renferme quatre termes, & ainfi de fuite; en forte qu’on aura facilement par ce moyen, l'équation de condition néceflaire pour que Z renferme un nombre quelconque de termes. De-là je tire un moyen très-fimple d’avoir la valeur complète de 7. DES SCIENCES 367 Soit 2 = (+) + 17; ue o — ee) HE) Ho) Le donnera ©) s BE | = (Se y SIM + Ce on am: d'où en fe CRETE 35) — um; nn — y, He I dn & (12 — LL = 7m — no (- EE) ii Ce H on Fa (1) 10 C 0 nr Far nl dre ” se bou Soit z fe EYES 2; + m0? & Fon aura 2 1 dm e F | Sn, ne chine ET NOTA d'où en faifant «) ti pi) 62 | pt) =) 2m m0 nf eue | Fi & 1°? = PAÉ = nm 7, ki er (FE), ne on tirera LAN F cr (2) 52, = ) + m° En. re de = MH Soit e Nes 25 Eu) + nm? A & lon aura @) =) nd 0 po Fe) — am, 368 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE d’où en faifant (3) a} /2) dm (2) (3) ù Bt (Jan 3 m0 = mn (EE), 7 8 16! = pee + am @ . @ on tirera n (= “ )+m GAS fes 2 GS ve CCE En continuant ainfr, on aura G—3) G—2) dz —1) ÿ—2) Y—1 dm 0 —(—<— —) + +3" fé Age = )—1um "er où l'on tirera G—:) en) en 6- ”1; pu on aura enfüite, en faifant 7 z = qe A eme? RTE ’ . (=) Gr) bd pese pos din —)—nn" TA Maintenant, puifque l'expreffion de 7, snbdéée par rapport à la fonction arbitraire g (æ), fe termine, on peut fuppoler , en n'ayant égard qu’à cette feule fonétion 2° — Oo; partant cs je pm ter (rs). ? donc 220? (r) n] . d'où l'on tire EE. y, | Ÿÿ (8) DES SCrENCESs, 369 ‘ÿ/8) étant une fonétion quelconque arbitraire de 8; enfuite l'équation ri) 7 hs =) (—) 2° = Gars + 7 ‘1 ; donne Hi) ait a fr 9 fe — e .[e(e) + fe .00.-/0)]; ayant ainfi Ut, on aura A ou au moyen de l'équation ff —3) (t—2) r 2z Ü—1) , _(1—1) (t—32) dm (r—3)7, CT Er St -[/ —(——)— 1m 1; ce qui donne ou nt ) PE) — n# PU NES (CE MEET é re (r—2) 2 Fm 2 Ÿ 7 1} DFA ) 1j é _ ) un Fi en aura pareillement, RARE =) 3) Ce 5 : è En {r—3) A À 3) am Ce (CR PR | —{ & ainfi de fuite jufqu'à 7; l'expreffion de 7, que l’on trouvera de cette manière, renfermant les deux conftantes arbitraires g(æ) & ®[8), fera complète. J'obferverai ici que files coëfficiens /, #, m étoient conftans, ‘en auroit (1) m—=l— 1m,m" En een T; d’où il eft facile de conclure que l’on aura généralement MR m, & EU Le 1; léquation de condition trouvée ci-deflus, donnera dans ce cas, © — 7 — nm, & comme on a la même équation, en confidérant la fonétion arbitraire 4/8), puifqu'il fuffit alors de changer # en ”, & Mén, 1773. Aaa 370 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE réciproquement , il en réfulte que fr cette équation n'eft pas fatisfaite, l'intégrale de l'équation propofée eft impoflible en termes finis, comme on le démontrera ci-après. Je fuppofe maintenant que dans l'équation d2 à de AU (57) HET, Tne foit pas nul, on fera comme ci-deffus, N =: ) + my, & l’on aura (ge z.[/— (=) — nm] HT; foit / — en) — nm = k; donc, eo) o— —"{ _ ) + = Ha fi l'on diflérencie cette équation par rapport à 8, que lon ajoute à cette équation ainfi différenciée, l'équation elle-même multipliée par »#, & que lon faffe T4 HT + —; n7 a 1 () — TE) + nt = TŸ; m Do RE a na 1u2 j æ on aura dù w 1 1 1 Eu nr A ae He) me TU . on fera enfuite (:) 1 ) _() = = HE but & l'on aura Dh (2) nt) yon (1) (1) D (je age + 7°". [/ = nm ]+7”, DES: S.G/TÆEUN CE 1 37L d'où l'on tirera par la méthode précédente, l'équation @) ; pu mL tr: 28 en continuant d'opérer ainft, on parviendra aux équations fuivantes, SVM dæDdÿ PAL AE dE ( = ) + mn t—3) FT DT en e=—="f ) + n% + Z z 0) ( à 5 ) + m A «r) - Lo a Q— ( — ) SELS nl"? ar PTE HOT 1) — ( — — nm] D TOR maintenant , puifque lexpreffion de z fe termine, on a «1 o = TV PE Jr nm0T, donc tr) o — (“2 (@ ns )+H ai HT T d'où l’on tirera 2° 4 ee [40 ah Cd ider ne dr]; enfuite l'équation (r) L CT? ) We PA 1) 20 1) 29 2 L Aa ij ES RRET T®/ ; 372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE donne Ga) ve G—1) 20 [o/x) fe” 28 “te g fa (r—1) ! ob PTT PE Dm à . ÿ— 1) y— 2 À , ayant ainfi 2" , ON aura 2! ? au moyen de l'équation 6) Ù Es L ÉN L SS (ae CR TEE dm , É ) + am D œ ; on aura pareillement > (t—2) RER PTE PA OS ir (3) be 74 ETS {—3) , dm ( — ) ee rl Le la & ainfi de fuite jufqu’à 7; on feroit les mêmes opérations par rapport à. la fonction arbitraire L /8), fr dans l'ex- preffion de 7, la fonétion arbitraire ®/æ) étoit enveloppée fous le figne f, la fonction + /8) ne étant pas. VIII. La méthode précédente fuppofe l'intégration des équations aux différences partielles | dæ dæ 1 Tr 2 frs ) = (ral La + V{za — 6]; (2) FE ) 29 ui nez . st EC ab ae ME) IG ou ce qui, par l'art, 111, revient au même, elle fuppofe l'intégration des équations aux diflérences ordinaires Oo — 0ÿ — Dx.[La — y{+x — 6)]; (4) Oo — dy — 0x.[ia + Was — 6]; (s) Elle fuppole de plus, qu'ayant & & 8, en fonctions de x & de y, au moyen de ces équations intégrées, on en peut DES STiIENCE.s. 373 conclure x & y en fonétions de æ & de 8; or, dans l'état actuel de lanalyfe, fune & l'autre de cés fuppoñitions ef fouvent impoflible. I feroit cependant utile de pouvoir s’aflurer alors fi l'intégrale complète de l'équation aux diffé- rences partielles eft poffible ou non en termes finis; on s’en aflurera facilement par le procédé fuivant, Je reprends léquation /L) de l'art. V, 20 pp] 20 oi —) + a (=) + Ge dx dxdy dy" (L) dz ÿ ; à a me D RAT on a vu (même artick) qu'elle pouvoit fe transformer dans celle-ci, Lu LE2 24 1 de plus, il eft facile de voir, par l'article cité ci-deffus, que Yon aura M2) + a (42) + (AN 2e) 0), ! dd dd dd N=(— F, AE ed d æ à nn YA + Ne), n— 7. ; dd dp dd L HS ( ù x° Jar) + 64 dy 2 29 29 + y (=) + LT er À RUE À ER UT. L'équation IRPPALE 24 CEA 7 = D: = (no) Em (SE) + HS) HET, donne enfuite N L R T2 PT MR ir ee Mme Ne Des es 374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Soit préfentement # — o, l'équation de condition trouvée dans Varticle précédent entre m, #,1, & leurs différences prifes par rapport à & & à 0, pour que la valeur de 7, confi- dérée par rapport à lune des deux fonétions arbitraires, par exemple, ®/æ) fe termine après le deuxième terme; il s'agit de favoir fi cette équation a lieu, fans avoir m, n & len fonétions de æ & de 8; pour cela on fubftituera dans les GA r e da expreflions précédentes de "m1, n & 1, au lieu de (A & (8), leurs valeurs que donnent les équations (2) & (3); on aura ainfi, #1, n & / en fonctions de de Ddæ 4 229 », J: (Set Ness Enr e mais l'équation Æ — o, renfermant les différences de 1, # & 1, prifes par rapport à æ & à 0, il faut connoître ces différences ; fuppofons conféquemment qu'il s'agiffe d’avoir la valeur de / _ ) ; on différenciera l'expreffion de # par rapport à x & par rapport à y, ce qui donnera dm Om — (=) 0x + (=) .0y; dm dy donc D) = GT) + CE): on doit obferver que les termes tels que dd a 209 Dar: lue (os /, ont 78 qui fe rencontrent dans les quantités (= LT — n? peuvent être éliminés au moyen des équations (2) & (3), en forte que ces quantités feront réduites à être fonctions de dæ da d'æ 28 d8 d 4 Gp hr G () ETs DIR SNS LEMLENLN (C:E 6 375 maïs © étant fuppofé conflant, on a d8 (5) dx; 20 Fan 20 dx of ).2x + (5E).0p, où y = — on a enfuite 28 te à Hay dæ 29 da d0 TA er en & changeant x en y, & réciproquement, on aura 4 dy ( à x U rs Mi dp d& IT, FES : d ) 1 éliminant enfuite (=) & (2) au moyen des équa- dx (rl tions (2) & (3), on aura (==) en fonction de Dœ 2dp , da D & dÿ DEr-3 0 A er cr PP der A Berre on aura par un procédé femblable, les valeurs de 1, dm ddm ddm ddm dm 27 Gr Gas Gen? (Gp h8e (Be (Sn, Eee l'équation £ — o deviendra ainfi fonction de da d® 28 x,Y, er ); y DH (sy? &c. & en réduifant tous les termes au même dénominateur, & failant égale à zéro la fomme de tous les numérateurs, on aura da dd& à entre x}, (5); ( &c. C7 &c. 376 MÉMOIRES DE L'AÂCADÉMIE ROYALE une équation rationelle & entière par rapport aux diflérencés da dd @ dÿ d0ÿ 5, (Gr Re (5), (Sr), &c. Confidérons préfentement un terme quelconque, dæ 2 TÉ, & di.8 JÈTE (Rai a ) « &ce (nr? êe. de cette équation de condition que nous nommerons /Æ), H fera fonétion de x & de y}; mais les équations (2) & (3), qui fervent à déterminer æ & 8, en x & y, étant aux différences partielles du premier ordre, il eft clair qu'on peut changer æ dans une fonction quelconque arbitraire de #, & 0 dans une fonétion arbitraire de 8; que lon change conféquemment æ en @/æ), & 8 en 4/8); le d"æ terme. 77.,{ Fe 1 d æ ù 7 1— : AA (ST) 0" (m).0" (a) .&c. Vi(8). &os lequel doit être féparément égal à zéro , puifque les fonctions g{æ) & 4/86) font arbitraires; on aura donc H = 0, & puifque x & y font indépendans l'un. de l'autre, l'équation À — o fera identique ; d’où il fuit que l'équa- tion de condition /X#) doit être telle, que les coëfficiens de chaque terme y foient identiquement égaux à zéro. Si les intégrales des équations (4) & (5) font poflibles, mais qu'il foit impoffible par les procédés connus, d’en tirer x & y, en fonétions de æ & de 8, on aura facilement l’expreffion de7, par les quadratures des courbes, TX Pour éclaircir par un exemple, la méthode de article VIT, confidérons l'équation aux différences partielles, ddZ ddz ). &c. en produira un de cette forme, 0 = (5x) + as) + b.(=+) ù d sa Ca A dote A fer Al RE E TJ, Ex+fy hx+fr D'ÉSISICURE N CE Ss 377 a,b,c,e, h,f & K étant conftans; cette équation eft d’au- tant Plus remarquable, qu'elle renferme les loix de la propa- gation du fon, en y fuppofant T — o, & en déterminant d’une manière particuliere les one ANDRE: Pour l'intégrer, on changera la variable x & y, en d'autres a & 0, telles que l’on ait d : 3 AE a+ ze — 6)], Re D ut jt SSSR, ce qui donne CHERE ART PE d —5b)] +y, & Data via —i) +7 d’où lon tire Lim Pereira LS gt a re VA a Cm Mie AT EL re z Wa — 4b) 2 on aura enfuite Cr GS) La + Va) avé ab], F3. (Ep atet ne La) ad] +26. lon) _ LE) [a+ 2av{d—4l) 45], (5) = (57) + (52). ddz Gs/=E ve d0Z +). Pa Mr D HEURE) avé — au, ddz d0z (= (5x) + 2 Est Nyur + (5 /; bu : lon fait pour fimplifier E) 24+ fa + Va — 4b)] Lie Er her + Co sA pr E 2 Ka — 46) REC CÈTR 2 Wa — 46) Trot 2e—ac+cy(a — 4b}) LU 5 2 at— cé —4b) x 2 (48 — à) RIT 2(4b— à) ral K : 5 s ns = & x = TS Mém, 1773: Bbb 378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en fuppofant d’ailleurs que lon ait fubftitué dans T au lieu de x & de y, leurs valeurs en æ & 8, on aura Pen e ARC yiLES K°7 1, 0 — fon 1 ASS Eau HG Sr pete Pas ON Tr er Pie encore #'æ — =, & f'0 — 6, on aura d2Z = ED) ES DE (EE ME): on aura in ÆEz ‘3 RE d20Z È TE nm diner ne. J'-(a" u (a ee l'équation propofée fera donc ainfi réduite à une équation dé cette forme, >) Et) +a(E) + 8. (SE =) + (os m + 8 ut a,b,c st des conftantes qui ne fignifient plus la même chofe que précédemment. Pour intégrer on fera, fuivant +T;(Z) age TS OS RE PA at la méthode de l'article VII, 7° — 5 ) + PT & lon arrivera # Que ELA de Sa forme, | 4? «) & _«) W, nt eo: == Dee G+6" AL Li dé o . DEAR NTENDE, en faifant encore 7 * — ( ï FL 2" continuant d'opérer ainfi, on arrivera à une équation de la LL IQ fuivante, © 0 = (RE) + pen ire: + as CE + Er 2 14 & cl? étant des fondions de r, qu'il s'agit de déterminer. " @) UE TP, dl SUISSE Nictes 379 @ &@ Soit" + N — (+ ) + — . 2"; & Ton aura +r) @ DO, 0 0,4 A 07 Bb (t+ 3) (D) pe +ae —a (x) =) + rt FC [ fa +0) ]--T ;(&), d’où lon tire nul. x. DC : 0,0 20350 [se +0} Bu fer 0) 4 TU, fr HP] 4 gl, En différenciant cette équation par rapport à 6, & ajou- tant à cette équation ainfi différentiée, léquation elle-même Itiplié cs bf multipliée par ———, on aura, en obfervant que à 2 (©) (] 1) DEA pt LE 4 1 om FN & +2 LEA GE COMARE UNE ERA ET Au [© G+1) $ L heat ce PAF OS CCE en) | 28 +5) C1) £ é+3) fr+3). nent), donc en comparant on aura al 00 25 EU 30, An) Las Ua ete 14 ge AU ui des: T. la a) , 28 m+f ? équation aux différences finies a + " — af "4 Bbb ij & TU + — ( + 2; 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE # Lé (x) 4 donne en l'intégrant, a — 2r +- À, À étant une conflante arbitraire ; pour la déterminer, j’obferve que étant (r) ’ r nul, on a a — a; donc A—a, ÉRPALLAOREPE e l'équation d AR EE de donne 4! ME b; & l'équation EL ELU) Her LEE donne 1 a AE AR PA dd ERA RSS TA en intégrant, on a 7 = À + (a+ Bb — 1)er + r; À étant une conftante arbitraire; or, en faifantr — o,ona 4 M done Ar tee =c+ (a+ b—r)r +, Pour que lexpreflion de 7 foit poflible en termes finis & délivrés du figne /, par rapport à la fonétion arbitraire @ (æ), il faut qu'en fuppofant 7° — o, & n'ayant égard qu'à la feule fonction arbitraire @/æ), on ait CT = 0 ; r étant zéro ou un nombre entier pofitif ; l'équation /a), ? Û (CAT) donnera dans ce cas, o — ce —+ FA vi ; en fubftituant au lieu de A? ù 80 AToc ce , leurs valeurs ; on aura, Oo — a + © — ab + (1 Ha bjr +; 1 p : B—a—i+v[b+a—i) — 4c] d’où lon tire, r — D 0 MO Si l'une ou l'autre des valeurs de > eft zéro ou un nombré entier pofitif, la propofée fera intégrable en termes finis & débarraffés du figne f, par rapport à la fonction arbitraire @ /æ); en changeant & en à, & réciproquement à en 4 ; dans cette expreffion de 7, on aura L a—b—iEv[É+a—i) — 40 7- sx ee mo EE RON ER EEE | à DES ScrENCcEs. 381 & fi l'une ou l'autre de ces expreffions de r eft zéro , ou un nombre entier pofitif, la propofée fera intégrable en termes finis, & délivrés du figne f, par rapport à la fonction arbi- traire 4/8); mais fi aucune des quatre valeurs de r n’eft Zéro , où un nombre entier pofitif , on fera für alors que l'intégrale eft impoflible en termes finis » comme nous le démontrerons ci -après. Suppofons maintenant que l'on ait, Y OÙ — gfr? = alt Papi. l'équation /c), donnera à C+ry FUN 1) = (<< —) + HT, / . r) , 0 pour déterminer 7 (7, on obfervera que l'on à par ce qui précède , ft + 1 274” me a+ 1r La (r). = ( 29 ) + a + T d & fi l'on fait fuccefivement 7 — 0 —I1—2, &c on aura (47 REUU 2T +2. LE po A RE D + ÿ # ba) anti (+4) CPE D) à 2{4+3) DT Ê. CHERE CET Ar in à as ‘(557 (a+ 2).(a +3) — . (a +9} T, en continuant ce procédé, on aura lexpreffion de T7] ; fr l'on intègre enfuite l'équation précédente, on aura 1) —# mr b TV 5 +0 OST da. (5 + 0)" Ÿ (8) étant une fonction arbitraire de 6 ; l'équation + 382 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoÿALE donnera | «7 — (æ Li D RO ET SP Tee she Ar LL) — [TŸ do. + W'Y] @ (æ) étant une fonétion arbitraire de & ; ayant ainfi 2" ; on aura par larticle VIT, fr) 27° sie ft — 1) 2 — 4 FE ) ee Mers + T ab—a—c+(b—a—r).ff—r3) — ft — 313$ ; (f— 2 à L vr dun {7 — 2) Z 7, — ) + ras et 1 ab—a—c+(b—a—s).(r—2) —(r—2) ? & ainfi de fuite jufqu'à 7, X. J'ai fuppofé, article VII, que l'expreflion complète de 7; confidérée par rapport à l'une ou à l'autre des fonctions arbitraires ® {æ), & 4 (8), étoit débarraflée du figne intégral ; je vais préfentement difcuter les cas dans lefquels ces deux fonctions font nécefairement enveloppées fous ce figne : fi l'on fait pour plus de fimplicité T — o , on aura (article VIL D, en ne confidérant que la feule fonction arbitraire @ (a), z = A.q({=) + A'.ç,(x) + AÀ".o,.(s) + &c + B[Cda.o{z) + B'.[C'.Dæ.p{æ) + &c. + D.fE08.fFDoa.p(a) + &c = nOcCs Je fuppofe d’abord qu'il n’y ait que des termes affectés du fimple figne /; on aura z = A.g(o) + A'.@,(e) + À".p,(m) + &c + B[Cda .q{a) + B'[C'ox.q(x) + &c mt ErSN Sr EURE MICLE:S, 393 S'il n’exifte qu'un feul terme affecté du figne /, en forte que le terme B°.f C" dæ.@{æ) & les fuivans foient nuls, en fubflituant au lieu de 7 cette valeur dans l'équation 0—(S) + mi A) + x: (2) on aura une équation de cette css 2 Us) + + 7 a ART) cr ES) 200.0 (a) + L.e ‘lx) + L'.@,(&) Fa &c. Si la quantité / 27 ) + 28, n'eft pas nulle, en faifant CES ddB dB ? dB Te) EN le PU] ( ns ) #1 ( - ) 2.( ) / dB - farine —L = Pt nt A dc f CARE dB 4 dB fa/etiae ET LME es [() de .o(e) + K[Cdæ.Q(3) L: a = Mg (=) + M'.9/=) + &c. En différentiant red ie par rapport à æ, On aura () «Q{a) + Le Jo g(æ) + KC.@(=) — no + (ET) + M].e (a) + &e Si / Ps) n'étoit pas vi il eft clair que f Cd0æ.®/a) feroit donné en quantités débarraffées du figne J, ce qui ne ñ Fe peut être; donc / ee RE 107 partant, À ne peut être fonction que de 8; on peut ainfi le faire paffer fous le figne FA ÿ (v? dC DEC RSR Lu cb 384 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le terme K/Cd® .p(a) ; l'équation / A) devient alors + KC]doe.ç(e) = M. (a) + M'.q{e) + &e En la multipliant par Jr .08, e étant le nombre dont le logarithme hyperbolique “e l'unité, on aura fer Dlaaaé te ©) + KC].0æ:0(a) — M 30.0 (x) gr de 1.28. @/n) + &e en intégrant cette équation par rapport à 8, & faifant [MU ON, [M8 — N°, &e. on aura - JA8 ; : | Je .Cdoæ.@(o) = No (x) + N'.o{x) + &ec donc “ . N ï [Cd .ç(æ) Er à g'(a) + &c. équation impofñble, puifque fCdæ .p{æ) ne peut être (par hypothète) donné en quantités débarraflées du fgne par rapport à la fonétion arbitraire @/æ). De-là il fuit que on a (==) ND. =—NOSIOION doit avoir en même temps, DB FuR = (555) Lx ce car autrement l'équation (y) der Pen — L.g'{æ) — L'./pæ) — &c, Cd .o(a) — 202 DB DB Fr en ) + nl) + 2. (2 + ce qui ne peut avoir lieu; maintenant, puifque lon a )B die ler aB; =) + 1B; & = (A) m. (5 pe ge pee <) + 1B; il eft DIsrsmSteNnE MOCCE S 385$ il eft clair que l'équation 7 — 2.4/8) fatisfera à l'équation (Z), en forte que l'expreflion de 7 fera délivrée du figne /, en n'ayant égard qu’à la fonction arbitrage (0). Ce théorème important a également lieu’, quel que foit le nombre des termes affeélés du figne /; & quoique nous n'en ayons confidéré qu'un feul, cependant la démonftration précédente s'étend au cas d’un nombre indéfini de termes femblables; mais comme elle exige pour cela quelques arti- fices d’analyfe aflez délicats, je vais l'appliquer au cas dans lequel l'expreffion de 7 renferme deux termes néceffairement affectés du figne f, par rapport à la fonétion arbitraire g (a). Dee 1: On aura pour lors z —= A.o{æ) + À'.6.() + A".0,.(7) + &c. + B[Cdaæ.q(a) + B'[Cdæ.e(#); en fubftituant cette valeur de z dans Fe n 0 () +m(sE) + n() + le: (2) on aura une équation de cette forme dB = Mer m. Æ Es (2) +18] [EC dæ .@({æ) +5) +8] Sr ).d®. ee + ar) + ms ee ER ee ) +18] [C'de.q(a) +) +7 nB] (5). Dæ. ne + L. A + L'. se) + L'.q{e) + &c. or il peut arriver plufieurs cas que nous allons difcuter Le Les ee équations O — RS eme Lesage Mém. 1773, Cce 386 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE peuvent avoir lieu en même temps; il eft vifible qu’alors l'équation 7 — 2°.4/8), fatisfait à l'équation /Z), & qu'ainfi l'intégrale de cette dernière équation, confidérée par rapport à la fonétion arbitraire 4/8), eft délivrée du figne f. o »/ . dB 1 s . 2. L'équation o = /——) — n B', ayant lieu, il peut arriver que celle-ci D) B' dB" dB" 1B* ET De SA er ver D LE ur ou Ar n'ait point lieu; dans ce cas l'équation /F) donnera pour f-.C'dæ.9 (&), une expreflion de cette forme Q.[.Cdæ.@(x) 2C [.C'ozæ.p(s) — + Qf.(--).02.0(a) te + M.q(a) + M'.ç({s) + &ec l'expreffion de 7, peut être ainfi mile fous cette forme, z=A.q(a) + A.ç{x) + A".o(æ) + &c. APE PNR APR MAN (m}) »2 . dB 3° L'équation o — /— ) + n B", peut ne pas avoir Lo lieu; en fuppofant dans ce cas 328" >B" (Œ he ES à B° )+n.( Er ) + LB mo — ? B (= +18 dB \ ps eut , L K DE" ge M = — DB La verte (57 AVIETNE # : &c Di EPSIMISTICHAVE MAC'E:S: 387 re —).dæ.Q(a) y. C0 Qle) j) ù | + A. [.Cdæ.9(a) on Eu Fa qu KR) d8.p(a) en difiérentiant par rapport à æ, On aura ()-9 (2) + (4) SC a .e(a) + K.C".g(æ) (ICda 9 (2) pa Es «OC. @(a) + M] .?(0)+ &c none ers r Dœ.9(a) caso (= —).q(a) Les Si + n'eft pas nul, où aura une valeur de /C'dæ.@{æ), qui, fubftituée dans l’expreffion de 7, la rendra de cette forme, 2—= A9" (c)+ 4,9 (a) + A" (a) +A".9 (8) + &c. ; + HÎCds.e(x) + H' JT). dœ.9(5): e (H? fi Yon a sa — ©, X {era fonction de æ fans # ; or, fi —)& (= (x) fera de . analogue à celle de l'équation {A de l'article précédent ; ainfi, en y appliquant le raifonnement que nous Ccci ù > Æ y ne font pas nuls, l'équation dans ce cas te 388 MÉmotres DE L'ACADÉMIE RoYALE avons fait dans fe même article fur l'équation /A), on prouveræ que/Cdæ.9{/æ) peut être débarrafié du figne f, ce qui eft contre l'hypothèle ; #, À & AT” doivent donc être fonctions de 8 feul; on aura, cela polé, I LKCn re 2j} .de 0/2) [Ed PRO En multipliant cette équation par e JL JO RE Te 0,900 20 fe) ne Ce 00.0. (e) = Mae, ga) + Be EE - A0 ,20.2æ. p(æ) & en intégrant par rapport à 8, on a [C' A Dœ.q(&) Æ JLdm.ç(0).[K'C.d 7.00 + f[d0æ.ç(>).K"C. “ir —[Do.o(o). C0.) Soit ; FA Ga 5 NT ge G, on aura C = 1(- —): & JL0æ.9(/&).K" cdi = 1.Kk",d0 See (a), parce que /.K" HR bétñe fonction de 8 feul, peut être mis hors du figne /; partant ns q{a) —= LCowp(e) = — Dœ.e(æ) +0" (a) [Mod gc: KD de 8 .08, on aura = ? (ae) JMD 0 &ci DhENsU SITE Nicie s. 389 On a enfuite fCdæ — 1[.( — quantités dans lexpreffion précédente de 7, elle prendra fa forme que donne l'équation {u'), & comme cette forme renferme celle que donne l'équation (y), il en réfulte géné- ralement, que l'expreffion de z eft débarraffée du figne /, par rapport à la fonétion arbitraire 4/8), ou que, fi cela n’eft pas, elle eft de la forme fuivante, par rapport à la fonétion arbitraire ®(æ), z=A.@" (a)+A.ç(æ)+ A"ç(a) + A" e.(e) + &c >C + HfCdw.q(x) + H'.[(<).dm.0 (0). Cette valeur de 7, fubflituée dans l'équation /Z) produira une équation de cette forme, CE) +041 2) de .0(#) Di - LR +) en (EE) 1H | RE) +0 poae (a) Le TE Le AC | | | )-0æ; fubitituant ces —+ L.q'() + &c. , Lam) en) +1 A] k .[. Cd .e(a) Suppofons d’abord que la quantité / Le ) + nH", nefoit pas nulle; en faifant dd H' d H° d H* à H° PEMENTT RÉEL s EE H " ere AE Mn ET Cor (=) , Per Fe 20 H dH dH RRRÉAN BP — LH D a OR Ce AE d H° £ L ro +nH g M = EC CUT &c, Fred + a H 390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on aura ee 7 Dæ.9 (a) = Me?" (s) + M'.9"(c) + KS =) 08 .0(8) “His + (C2. p(æ) en différentiant cette équation par rapport à &, on aura dK (Ce (e) + (nf Se )d8.0(2) (pote) + Cdeb(s) = M9" (e)+ Es + K° C.g (m).....s.sssossouse Si (=) ef pas nul, on aura /. (== =). d æ.9{æ), par une équation de cette forme, == 0 æ.0 le) = 1[CD œ.8 (a) + l'Q"(#) + &ec & l'expreffion de 7, fera ainfr réduite à ne renfermer plus qu'un feul terme affecté du figne /, ce qui eft contre l'hypothèfe. Si (22) étant nul, (==) ne l'étoit pas,on auroit/Cda.p (æ) en termes délivrés du figne f, ce qui eft encore contre l’hy- pothèfe ; donc ona{ ==) — — 0, LS TR) = 0; partant K & K°,font Per de 8 feul; on aura ainfi, Post(s) (EE) +R) +R C|= M0" (n) +8 en multipliant cette onto par m OU, m étant fonction de 8 feul, on aura 2 kKD0() = HMOBG"{æ) + &c; (x) + p K' Co] DES SCIENCES. zot of il eff toujours poflible, comme l'on fait, de prendre y, tel que HOUSE) + à K.00 (5) + K'C0, foit une différentielle exacte, & égale à 0 .[u/ _. ) + ac] ’ a étant fonétion de 8 feul, il fuffit pour cela de déterminer . , . ù & & «x, de manière que lon ait Kw — he —+ a, & K'u — (+) ; fi lon intègre l'équation (A") par rapport à 8, on aura Dee) ) + 40] = 9" 7) Mudd + &e, donc 2C tir L x ELLES (æ) — mu JCda.p (x) + (ze) fu08 + &c lexpreffion de z fe trouvera donc ainfi réduite à ne renfermer qu'un feul terme affecté du figne ’, ce qui eft contre l'hypothèfe. Ô , : dH° Suppofons maintenant que l'onaito — ( : 3) +s4H'; on aura pareillement DH A 24 dH = / +) nr. 5/4) + H ê DH DH A (re) ) ne) IA, car il eft vifible que fi une ou l'autre de ces équations n'avoit pas lieu, on pourroit, à l'aide de l'équation /G), réduire la valeur de Z, à ne renfermer qu'un feul terme affecté du figne f, ce qui ne fe peut. Préfentement fi l’on a les trois équations dH' : © Es SD 4 + 11 FI , ” DH" dH 2H . 2H o = Ge) E) en () IA Fe) A1 DH >H 2H == (nié ÿ mdr +-/A; , 392 MéÉnmotRes DE L'ACADÉMIE ROYALE il eft clair que l'équation 7 — H'.4{/8) + H.4,(8}; fatisfera à l'équation (Z) ; donc toutes les fois que l'intégrale de l'équation /Z), confidérée par rapport à la fonction arbi- traire ® (æ), eft fufceptible de cette forme, | z = A9 (®) + À, (&) + &c + B[Cdæ.çp(x) + B'[Cdæ.ç(>) fon intégrale confidérée par rapport à la fonction arbitraire (8) eft fufceptible de cette forme, z = H.4(8) + H'.4 (8); elle eft ainfi délivrée du figne f. En fuivant ce raifonnement, on prouvera généralement que fi l'expreffion de 7, confidérée par rapport à @ /æ), efk de cette forme, z = A.q(e) + A'.Q'(e) + &c + B.[.Cdæ.ç{(x) —+ B".[.C'dæ.®(s) + B".[. C'oæ.o(æ) + &c. Cette même expreflion confidérée par rapport à la fontion arbitraire 4 /8), eft de la forme fuivante, 2 = HN (8) + HAN) + H'4, (8) + &c XL Le raifonnement précédent peut s'appliquer encore au cas où lexpreffion de 7 renferme des termes néceflairement affe@tés du double figne ff, par rapport aux deux fonétions arbitraires @ {æ) & 4/8); pour le faire voir d’une manière fort fimple, ne confidérons que la feule fonction arbitraire @(æ), en forte que lon ait z—=À:0(m) + A. (æ) + A".@, (æ) + &c. + B.[.Cdæ.ç (a) + B'.[.C'd® (x) + &c: + D.f.E08.fFDæ.@ (a) + D'.S.E'D8.[F'om.q{a) + &c. Suppofons qu'il n’y ait qu'un feul terme affecté du double figne DES SCLENCE Ss, 393 figne /f, on aura t — A.0 (az) + A'.9, (æ) + &c. —+ B.[.C0æ.0 (x) +1D°.[. C'da.Q(x) + &c, + D'S.ED.f.Foe.ç (5). En fubflituant cette valeur de z dans équation (Z), on aura une équation de cette forme, D )D Oo (( EE) + m2) HE) + 72] JE 00.[Fdæ.p(x) D DE + LG) + DIE ).00.[Fde Q(x) N; (R) + AJ Lde.e{(x) + KL JL De. (x) + &. + M. (æ) + M .q(s) + &c. Si la quantité / _ ) + mD v'eft pas nulle, en faifant dD dD DD LEE A CT CT Tr d D Lu à + mn D K : ve P — D DR ee S ; &C (y /+mD es )+ a D M = - ; &c. (g )+nmD on aura E à SE) OS FD. Q() _ )P./Ld®.ç{/a) + &c: + ÂÇE0.[Fdæ .ç(a) HE N'a) + &c. cette équation diffrentiée par rapport à 8, donne Cl F de. (x) (5) JL de .Q(x) un (LENS Fa. Q (2) — + P[() dœ.ç(z) + KE [JF dœ. (x) + (5) 0 (8) + &c Mém, 1773, D ad 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE . dE 97 . LI - Si TE n'étoit pas nul, il eftclair que f Æ 08.[F0 a. 9(&) feroit donné en termes fans /, & en termes affectés du fimple figne /, ce qui eft contre lhypothèfe ;; on a donc >K , 14 — o, partant À eft fonétion de > feul; on aura, cela pofé, He) + K E]08/F0æ.@ (a) = en multipliant cette équation par & PL 0 æ.9 (a) + &c. + Na (æ) + &c fKda À & , elle devient LUE) + KE" SP. PT def. Loe.e(a) Dm. fFoæ.p(a) te Ne" Da.ç (a) + &c. en intégrant par rapport à æ , & faifant V = fEF08; VA — pd M ben LE ) xp e) ; — f.RLD®æ.p (x) (QE (Or) — fre Oa.p({æ) + EN dœ.p(a) + &c Donc JS, CC: ON a K ere d À "0. ? (æ) JED8.fFd æ.Q(#) — + pa /Lde. g (æ) + &c d'où l'on voit que fE04.fFdæ.@({æ) eft donné en termes affeétés du fimple figne /, ce qui ne fe Peel I rélulte de-R, que dans l'équation {/R), on a 0 — (—— 4) + m D; mais on doit PS avoir o = (55 + #4. pen fans quoi f £D8.[Fdæ. es feroit denné en termes affectés DES BICARE MICYE:S 395 du fimple figne f; préfentement fi on a les deux équations, me) + ne) + ID; il eft clair que l'équation 7 — D. (a) fatisfera à l'équation différentielle {/Z). On voit donc que le raïfonnement de l'article X° s'applique également au cas dans lequel l'expreffion de z renferme un terme affecté du fimple figne /; on prouvera par un raïifonnement analogue à celui de Farticle X7, que f l'expreflion de 7 renferme deux termes néceflairement affectés du double figne /f, féquation 7 = D.9 (x) + D'.@(x) fatisfera à l'équation différentielle /Z). Et comme les mêmes raifonnemens ont lieu, quel que foit le nombre des termes affe&tés du figne /, & quel que foit le nombre de ces fignes dans chaque terme , on doit en conclure généralement que toutes les fois que l'intégrale complète de l'équation /Z) ef poflible en termes finis, elle eft néceflairement débarraflée du figne /, par rapport à l’une ou à l'autre des fonétions arbi- traires @({æ) ou (0), & dans ce cas, on peut toujours obtenir cette intégrale, par la méthode de l'article V11; on voit ainfi que cette méthode donne généralement les intégrales complètes des équations linéaires aux différences partielles, lorfqu'elles font poffibles en termes finis; ayant une fois ces intégrales , ilne peut refter de difficulté que dans la détermi- nation des fonétions arbitraires ; or la méthode de l'article VII a encore l'avantage de donner un moyen très-fimple pour cet objet, dans un cas très-général, & qui paroit être celui de prefque tous les problèmes phifico-mathématiques. APE à L'équation t PE) FD) 2) he = ) + a.( a + C4 / ; (2) à y) + A) +ar+T D dd ï 396 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE étant donnée, fon intégrale complète, fi elle en eft fufceptible ; renfermera deux fonctions arbitraires @ /æ), & 4 /), de manière que l’une ou l'autre de ces fonctions y exiftera fans être affectée du figne /; fappofons que ce foit ® /æ:). Pour déterminer maintenant la nature des fonctions g/aæ) & 4/4), fuppofons que , ; èz ù SPCERE l'on aitles valeurs de 7 &/ Si ),oude 7 & (==) à l'origine de l'intégrale ; cette origine eft déterminée, ou parce qu'à ce point, l'une des deux variables x ou y, eft conftante ou nulle, ou parce que l’une eft donnée en fonction de f'autre ; fuppo- fons conféquemment que lon ait à l'origine de l'intégrale ù DE CT VX) 00 (x), &(-£) an MN PS T4 I /x), & T (x), feront des fonétions connues de x, Si l'on transforme l'équation { L) dans la fuivante, V0z re) + ne) + + T: (2) dæ df il eft clair 1° que æ & 8 étant donnés en fonétion de x & de y, l'équation donnée entre x & y à l'origine de l'in- tégrale, en donnera une entre æ & 8 à cette origine ; 2. que l'équation 7 — H{x) fe changera dans celle-ci, z — X(8), Z(8) étant une fonétion connue de 8; on aura donc à l'origine de Tintégrale, 07 — 08.Z f8), S' /8) étant la différence de Z /8) divifée par 08; mais on a di — (522.08 ee (=) .dæ, & l'équation entre æ 0 —/ &0, donne D0æ — AH 00, H étant fonction de 8; donc Mais GK 27 WE ; D7 = 08.[/5,) + H.(55)] = 00.2); ou HR (+) + AH. ee ; 3 que l'équation (Æ) — T {x) fe changera dans celle-ci, (5) —= À fi}; Or on a dz dZ D LE 4 de Gr = (Gr + Ge) GUN DA ENSMASNQUIVE NUCTES. 397 d’ailleurs (5) & = gt étant connues en fonctions de x & de y, 46 RE en fonctions de 8, à l’origine de intégrale; foit ( )= M, & (= )=N,M&N étant fonctions de 8, on aura AU=M.(SE) + N.(E); au moyen de cette équation; & de celle-ci, 24) = (SE) + H(, ce qui me donne.. $, 10. o. 30 J'ai trouvé par les Obfervations faites à Paris, COMMELON D EVRPARS pe A SLR Len Je WTO- NA TSI see POESIE La différence des deux réfultats eft de... HAT E- 010.148; Et comme il y a de part & d’autre le même nombre d’obfervations pour chaque réfultar, la probabilité eft la même pour l’un comme pour l'autre, & je n'ai pas cru pouvoir adopter l’un de préférence à l’autre; je prends le milieu entre les deux, & je fixe la Longitude de Pondichéry, de... .. . SH TO MG Oo, On pourra remarquer que je n'ai pas fait ufage de toutes les obfervations que j'ai faites, & que je rapporte; c'eft que je n'ai pas trouvé d’obfervations faites à Paris ou à Londres affez près des miennes; & que je n'ai pas voulu employer d'obfervation faite ailleurs ; c'eft-à-dire, dans des lieux dont la longitude eft mal connue, & par des Obfervateurs que j'ai foupçonnés trop peu exercés alors. Au refte, je crois que les dix-fept réfultats que je viens de donner font bien fuffifans $ & que d’après eux on peut établir {a longitude de Pondichéry, telle que je la viens de conclure, de S"'tro 00" Lifle des Obfirvations faites en Europe, qui ont fervi de comparaïfon à celles que j'ai faites à Pondichéry. {mmerfions, Le 29 Mars, par M. Wargentin........... 13" 36° 54" ets Avril, par le THÈME, AIS AN MS FE 15-032. 304 Le 271, par le même. ......,,..:...... 13: 52. 47: Le même jour, Par M Maraldi EP as 49. 39 Le 28, par le méme PA Res sn 14, 44. 29. Le même jour, par M. Mefer,., vorsrston T4 4 5 15: 430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 28 Avril, à Gréenwich........,....., 14h 35° 7 Le 30, par M. Wargentin.....,.,....4.... 10. 16. 38. Le même jour, par M. Maraldi...,....,,.... 9. 13. 37. Le même jour, par M. Mefñer............ M9 NA 42, Le 8 Juin, Émerfion par M. Wargentin....., 10, 53. 15. Le. méme,jour,,par M Maraldis... . 4. 090.120: Le méme jour, à Gréenwich............ s.. 19e 40:1 56. AR TC L'E NS E'C'ON/D? Latitude de Pondichéry, déterminée par l'Étoile polaire, J'ai eu la fatisfaétion d’obferver de jour , le matin & le {oir, l'Étoile polaire, tant dans fa plus grande que dans fa plus petite hauteur : obfervation qu’on ne peut faire à Paris, & qui doit être bien plus précife que fi j'eufle été obligé d'éclairer les fils de ma lunette, comme on eft forcé de le faire ici, quand on veut avoir, dans les mêmes vingt-quatre heures, les deux hauteurs de l'Etoile polaire, Je me fuis fervi du même quart-de-cercle de trois pieds de rayon, avec lequel j'ai obfervé dans tous les lieux par {efquels j'ai paffé ; j'ai toujours eu grand foin de bien vérifier cet inftru- ment, foit avant que de m'en fervir , foit après m'en être {ervi : j'ai fait ufage des méthodes fuivantes à Pondichéry. Première Vérification du Quart-de-cercle par un objet à l'horizon. Le quart-de-cercle dont je me fuis fervi, avoit 3 pieds de rayon, ilavoit ci-devant appartenu à feu M. l'abbé de la Caille: il lui a fervi dans tous fes voyages : il avoit fait faire fous fes yeux , par feu Langlois, il me le céda en échange d’un autre de pareil rayon , que j'avois de feu M. Bouguer. Je rends ici juftice, avec grand plaïfir, au fieur Langlois; cet inftrument eft très- bien fait & très-bon; plus de trois cents obfervations, faites à des degrés tout-à-fait différens, qui m'ont fervi à déter- miner les réfraétions & la diftance des tropiques entr'eux; par des hauteurs prifes du côté du Nord & du côté du Sud; toutes ces différentes obfervations, dis-je, s'accordent à un degré de précifion fi grand, que la latitude de Pondichéry , 11 DES SCIENCES. 43t, déduite des obfervations de l'Étoile polaire, s'accorde à trois à quatre fecondes près, avec la latitude de la mème Ville, déduite de lobfervation de la diftance des tropiques entr'eux, comme on le verra ci-après. Avant que de vérifier mon quart-de-cercle à l'horizon, par le renverfement , je fis, pendant plus d’un mois, des obfervations fur les hauteurs apparentes des objets à l'horizon, à différentes heures du jour , afin de choïfir celles où les objets étoient les moins fujets à éprouver des variétés dans l'efpace d'un quart-d'heure plus ou moins qui eft néceffaire pour faire la vérification par le renverfement. Parmi tous les objets que m'offroit l'horizon du côté de la Terre, je choifis le plus commode pour ne pas être obligé de fortir de mon Obfervatoire. Cet objet étoit la pyramide d’une pagode, que l’on nomme Chincacol; or la diftance de cette pyramide à mon Obfervatoire, telle qu’elle réfulte de mes mefures que je donnerai ci-après, eft de 4929 toiles Je donnerai dans un autre article, mes obfervations fur les objets à l'horizon, par lefquelles on jugera de l'effet des réfraétions terreftres dans la Zone torride ; il ne doit être queftion ici que de la vérification du quart-de-cercle. Le 8 de Décembre 1769, à 4h 1 5’ après-midi, la journée ayant été très- belle, le Ciel fans un nuage, joli petit frais du Nord à FEf-Nord-eft, & le thermomètre ayant monté à 17 degrés. Le quart-de-cercle étant renverfé depuis un mois, le fil à-plomb paffant exactement par le centre de l'inftrument, & répondant avec la même exactitude fur le premier point de la divifion : j'ai trouvé la hauteur de la pyramide de Chincacol, de 0% + 2 tours 26“21, une autre fois 271; 27", 30"; & enfin 28", par un milieu 2 tours 27” +; ce qui fait 4° 43" 40”, dont il faut ôter 6”,30 pour la demi- épaifleur du fil, ce qui fera 4° 37",10. L'inftrument à été retourné dans le moment & en état; or jai trouvé fa hauteur dé la pyramide de 0’6",30, la 432 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE différence fera 4' 30",40 , dont la moitié 2/;15",20 eft l'erreur du quart-de-cercle , mais elle fe réduit à 2°04",50 à caufe du rayon de Finftrument qui étoit vu de la pyramide fous un angle de 21 fecondes. Indépendamment de cette vérification, à laquelle je me fuis arrêté, comme la plus exacte, quand elle eft pratiquée avec foin & avec adrefle , j'en ai effayé une autre, qui feroit fans doute auffi exaéte que la précédente, fi elle ne dépendoit pas de quelques élémens qu'on eft obligé de fuppofer bien connus. . Seconde Vérification du Quart-de-cercle , par à de Perfée d a du Scorpion. Cette méthode confifte donc à obferver la hauteur méri- dienne de deux Étoiles, dont l’une pañle du côté du Nord, & l'autre du côté du Midi, qui aient toutes les deux la même hauteur, & que cette hauteur foit en même temps affez grande pour éviter les inégalités fenfibles des réfractions. . Dans l'exemple préfent, & de Perfée & « du Scorpion; deux Étoiles fort aifées à obferver, paffent prefqu'à la même _diftance du zénith de Pondichéry , la luifante de Perfée du côté du Nord ; Antares du côté du Midi; elles pañfent de plus à une aflez grande hauteur (à environ 53 degrés) pour ne pas craindre d’inégalité fenfible dans la réfraction, fur-tout dans un climat comme celui dans lequel eft placé Pondichéry. IL eft évident que s'il n’y a point d'erreur dans le quart- de-cercle, la fomme des deux diftances au Zénith, obfervées & ‘corrigées par la réfraction, doit être égale à la fomme des déclinaifons de ces deux Étoiles. S'il y a au contraire de l'erreur dans le quart-de-cercle, elle fe manifeftera par Ja différence des deux fommes. Or, cette différence fera le double de l'erreur; en prenant donc la moitié de la différence des deux fommes, on aura l'erreur du -quart-de-cercle. Je ne diffimulerai pas que le défaut de cette méthode gonfifte dans la fuppoñition que l'on eft obligé de faire, que u lon DES SCIENCES. 433 lon connoiffe bien la déclinaifon des deux Étoiles, & prin- cipalement fa réfraétion ; ce dernier élément eft celui qui à le plus d'influence ici: c'eft auffi ce qui a réglé le degré de confiance que j'ai donné à cette pratique; & fi je n'ai fait aucun ufage du réfultat qu'elle m'a donné pour fixer l'erreur de mon quart-de-cercle; elle m'a du moins fervi à m'indiquer laquelle de nos Tables des réfractions aftrono- miques convient le mieux au climat de Pondichéry. En me fervant en eflet de la Table des réfraétions de M. Bouguer (telle que cette Table eft dans les Inftitutions aftronomiques) , j'ai trouvé que l'erreur du quart-de-cercle, déterminée par cette méthode, diffère à peine de 8"2 de l'erreur trouvée par le renverfement, & par les objets à Yhorizon, Il n’en eft pas de même de la Table des réfradtions de M. l'Abbé de la Caille, inférée dans la Connoiffance des Temps, pour Zannée 1773: en eflet, la différence des deux erreurs du quart-de-cercle dans fa première & dans la feconde méthode, eft de 25”2, quantité qui m'a paru fi confidé- rable, que je crois qu'il eft de Ja plus grande évidence, que quoique la Table des réfractions de M. l'Abbé de la Caille puille être très - bonne pour Paris, elle donne les réfrations trop grandes pour Pondichéry, pays brülant, fitué prefque au milieu de la Zone torride. Voici le détail & la preuve de ce que j’avance. Hauteurs méridiennes de à de Perfee. 19 Janvier 1769...... Manree ne En te où INC STONE RO NS nIeS ne rh eZ S2e 47 15. Dee te 2 Ê ... spi lle 01e . 2+ 52. 43. 45. 21e, ASSET SR Ti Te : Ha 52, 52. 47. 15. AOC Rede cte EE AS à 36 ERRONÉE 52. 52. 48. 45. "TE DC EF ONRAARNS 1 nr. 52e 52 47 _ DRE PANIER ie a ee de £ 2+ 52. 49. 45. Zero. dede rise ses ve . .... 52. 52 47% o. 434 MÉMoirEs DE L'ACADÉMIE RoYyaALE Hauteur moyenne. ...... ati sl sal usa 46" s1” Erreur de l'index. .... DIN UE OMR MEN ES LUE + OO 2, ©. Réfraction felon Bouguer........ se ire 1003 3,1 D. Hauteur moyenne affectée de lerreur de JInftrument ...... SE NA UISr, SE A 52) $2-HNSa05 te Diftanée au zénith. ,..00.. 3% « 37e 7e 44 9 Hauteurs méridiennes de « du Scorpion. 9 Février 1769........., nieinte a slsiaisle ts Ze NO 130HTISe DOM laia late ee ete le lelule le n'es leo RUE Shlriaee 52. 8.:32+ 30e D AREA PRE AENRRE PEER PE AC US 2 Beta 2e RO MAR ere cle orermeiole Fe Tir TS AN OUI DT» de le TOIST EN $2. 8. 31. oo. non none ET oo s'dig oo ed S2. 18: 32/45. Does elolele ceci elest lib JR e. 52 8. 33e 45 FRE EES CAE) SES SPRL RAS EE 52. 8. 32. ©. RS aa steel enter Ci stieiels Et Do Me pie 52e M0 8S RE Hauteurmoyenne. .....1:1. 0.11 $2+ 8..32e 24e Erreur de l'index. .«....%: HUE A ONE NO MAUR Réfraction, felon Bouguer..... sitio Re AUOSNASAUUIDS Hauteur moyenne affectée de l'erreur du quart-de-cercle.. . ..... DIRE LE Te DUT 52+ 7+ 59: 24 Diftance au 2e NL ITS RE 37+ 52. ©: 36 Diflance au zénith de « de Perfée.......... 37. 7. 44 9e Somme des diftances au zénith......... 74e 59 44e 45e Déclinaifon apparente de « de Perfée, réduite au temps de l'obfervation. ©... 020000 AD OT IL QE Déclinaifon apparente de « du Scorpion, réduite au temps de l’obfervation........-...... 25. 54. Oo. 4 Somme des déclinaifons apparentes ..... 7du 5Se 18+ 3e Somme des diftances au zénith......... 74 59e 44e 45e Différence . . ... LA ta LIN NAie O. ‘4. 264 27e Erreur du quart-de-cercle... .. ‘2.4... O. 2: 13° 13e Erreur par le renverfement............... o. 2. 4150. Différence des deux fuppoñitions........ Oo. ©. 8. 23. D es SCA EN CE 6 437$ Si l'on de fert de la Table des réfractions de M. l'Abbé de la Caille, on trouvera la fomme des diftances obfervées des deux Etoiles au zénith, de. 754 o° 18” 45 La fomme des déclinaifons apparentes de ..... #4. 55. 18. 18. Différence des deux fommes.....:.,.. oshnSs:h 0 27: Erreur du quart-de-cercle..............,. “io 2030 a Ærreur par le renverfement,.......,... hise O TAC NET Différence des deux fuppoñitions. ....... O. 02522 Par la Table des réfractions de Bradley, inférée dans la Connoiïflance des Temps pour 1763, on trouve l'erreur du quart-de-cercle de....... (CUNI MO ENTRE Erreur par le renverfement........... ee MO MEDAL 5 Os Différence des deux fuppoñtions. ....... O. O. 17e SIe Hauteurs méridiennes de T Étoile Polaire. rs Décembre 1768 , aufoir. 214... 402. 12400. né ldem.. AR eee SO Hi -U12e 52.139.110. DO UIdEnm.-KRrieteee RES Ne PP Lee Fa 2e 34e 0e Dole Nr ER ER eine 13e $2. 39. 30. 22, Îdem..... net oi = NS he e lee. à da. 2: 135045: 24, Idemigs os vuers ole on mrete MONA IPUES 3 52037.0 0: CSN CAPE LRO Te HEARE RE HAS 2.137200 0 29 matin... fosses venons esse Tom 20 30, Idem... 4 ee Ms ARE Du. État ar o 313 dem". 0.0. e0n08 #rsssers IO 3e 30. © Le même jour au foir....... Free eDneNs2- 12810 0 “M JANVICr 1/09, Mau Matittate see elec TO DA TNT S 2346) (oi PIERRE RARE CNE A PE ERIC UE EM MAT TU CASA Pot DO EE AE 10. 3+ 30. 30 Fermemerourau){oir- detre ete cie HIS) 290" 0 Réduifant ces Obfervations au 1°" Janvier, & y appliquant l'aberration & la nutation, je trouve la plus grande hauteur de l'Etoile polaire , de.. 13. 52. 11. 15. Éaipluspertetdene elle sieste ninetiien TO.) 3. 410 Telles font les hauteurs de l'Étoile polaire, qui réfultent liii 436 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de mes obfervations, maïs elles font affectées de l'erreur de linftrument & de la réfraétion. On vient de voir mon procédé pour connoître la première correction. Quant à la feconde correction, la réfraétion; j'ai fait un très-grand nombre d’obfervations pour m'en aflurer; elles feront le fujet d’un Mémoire que je compte donner inceflamment à l’Académie. Selon ces obfervations, & les réfraétions que j'en ai déduites pour Pondichéry , je fixe la htitude de cette ville à 114 $ 5/42" boréale, Man. de LAc.R. der Sz-An-1778 Pay: #96: P1. WII. NDICHERY, CC. uvre du Crouverreanent CD. Vhservatorre AA, B. Rurne de lx Gtadell Mat de Lrvillon. MUE D'UNE PARTIE DES RUINES DE PONDICHERY, \. LÉO : ou eut suue mon Observatorre. Rue du lrouvernenent Observatoire DRE S!" (SR C/T:EIN CES 437 AD RS PE EEE CR PP A CNE PE PT IE UE RON A EN, APRLODINE, SUR EPS TABLES DE H ALLETY, A loccafion de la derniére oppofition de Saturne au Soleil, Par M. LE MONNIER. Que je n'avois pas encore comparé mes obfervations aux ‘Tables de Halley , dont je me fers, vouiant vérifier l'étoile p du Lion, que je defirois comparer encore une fois à l'étoile y, j'ai demandé à la dernière Aflemblée, combien ces Tables s’'écartoient de la longitude héliocentrique obfervée au temps de la dernière oppofition de cette Planète au Soleil. À la vérité, on avoit effayé déjà de les comparer à d'autres Tables plus récentes, que nous n'avons pas adoptées, & qui fe font écartées en cette occafion, de s’ 48”, felon le réfultat qui en a été donné le même jour. Il faut remarquer ici, que fi l'on a deffein de continuer le Tableau ou colonnes des erreurs des Tables de Halley ou de Caflini; c’eft-à-dire, des Tables qui font fondées unique- ment fur la Théorie de Képler , la fuite des comparaifons que leurs hauteurs m'ont données, doit être remplie au moins durant le cours d’un fiècle. 1 J'ai comparé Saturne avec l'Étoile p du Lion, qui pañoit à même hauteur à mon quart-de-cercle mural, & je latrouv ai fituée’ affez avantageufement pour cette recherche, à caufe du peu d'intervalle de temps écoulé à la pendule de Grabam , entre leurs pañages. | Mais comme l'Étoile B de TÉcrevifle, qui eft aufli fous le même parallèle, avoit été comparée avec Saturne, felon les obfervations qui ont été communiquées à Î Académie, à 13 Mars 1773: 24 Mars 1778 438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la dernière Séance, j'ai d’abord examiné fi les Tables de Halley s’écartoient fenfiblement des mêmes obfervations, en fuppofant l'afcenfion droite de £. Il eft dit, qu'à 10" 33" 1" de temps vrai, les longitudes de Saturne & du lieu oppofé au Soleil, étoient $f 94 43" 4”, ce qui n'excède que de 23 fecondes le calcul du lieu du Soleil, que j'ai wouvé dans mes Tables de l’Aftronomie Nautique. Les Tables de Saturne de Halley, donnent au même inflant Ja longitude héliocentrique de cette Planète, x’ 9h 43" 8"; ainfi l'erreur des Tables de Halley ne feroit que de $ fecondes en excès, felon ces mêmes obfervations. Suite des Remarques fi l'erreur des Tables de Saturne, de Halley. M: Mallet, de Genève, nous a envoyé auffi les obferva- tions qu'il a faites le 27 Février & les 1 & 2 Mars 1773, d'où jai concu pour Genève l’oppofition de Saturne au Soleil, le 27 Février, à 11h00! 48" de temps vrai, & au méridien de Paris, 10! 46/ 8"; ceft 13° $” de temps plus tard que felon les réfultats communiqués à l Académie, par M. Jeaurat: M. Mallet donne d’ailleurs au 27 Février à 11P 48’ 21” au méridien de Paris, la longitude géocen- trique de Saturne, obfervée, he C3 43! 25", plus avancée de 1” 18” que felon les Tables de Halley ; le lieu oppolé au Soleil étant alors felon lui, 5° 94 46! 13", d’où il étoit aifé d'en déduire la parallaxe du grand orbe & la longitude héliocentrique ; ce qui eùt été plus fimple pour comparer les Tables aux obfervations ; il en doit être de même pour la latitude géocentrique, laquelle, felon M. Mallet, étoit, ce jour-R, 24 4’ 46"; ceft-à-dire, plus petite felon lui de 37 fecondes que fuivant Halley. Mais je trouve au contraire {a latitude de Saturne 7 fecondes plus grande, & quant à la longitude, mes obfervations la donnent 1° 13"+ plus avancée au moment de Foppofition, DES: SIC LIEN CE. s, 439 que felon les Tables de Halley, ayant égard à la parallaxe du grand orbe. Les deux Etoiles que j'ai comparées à Saturne , font la 2.° p du Lion, qui avoit alors, fuivant mon Catalogue des Étoiles zodiacales, 1 $ 54 1 2!47"1 d'afcenfion droite moyenne; & y du Lion, 163419’ 52"; or, j'ai pris un milieu entre les deux afcenfions droites de Saturne » Qui différoient entr’elles de 14 fecondes, dans lune & l’autre comparaifon. L'erreur des Tables auroit donc été, au moment de Foppo- fition arrivée au printemps 1773, de 74 fecondes, ou de 1° + en défaut. Voici lobfervation du 7 Mars, tirée de mes Reviflres, favoir, au quart-de-cercle mural de 7 pieds+ de rayon, la pendule réglée fur la révolution des Fixes. ; Diflance au Zésirh. 224 32° 242 Pafage de » du Lion; c'eft a 2.° Étoile 36423 tn) 22. 57. 28% Paffage de Saturne... ....,,..,.. 38 44 55. 23. 4. 53 Paffage de x du Lion. ...,.,... 40. 17. 422, Par les paffages du Soleil obfervés, il a dû être minuit à 35h 26’ 32"1 de la pendule, laquelle avoit accéléré le 8 Mars, en quatre jours, de 16/ 34 5 fur le temps vrai; en forte que l’'afcenfion droite de Saturne à dû ètre à 11h 31° 1” de temps vrai ou apparent; 1614 287 49", ou bien 1614 29' 3". 8 Mai1773. 440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MT, EM OT ORNE SUR LA VARIATION DE L'AIMANT; EN LA 72 COL 72; Par M. LE MONNIER. A Bouflole qui fut préfentée à l'Académie, if y a environ trente ans, m'a toujours paru n'avoir pas les conditions requifes pour indiquer fa variation abfolue, quoique par le renverfement de l'anneau ou boîte ronde , l’Artifle qui l'avoit préfentée comme invention nouvelle, prétendit qu’elle devoit porter à preuve complète, & qu'elle indiquoit le vrai Méridien magnétique. Î y avoit plufieurs défauts effentiels qui furent reconnus dans cette aiguille, laquelle marquoit fucceffivement Ja déclinaifon & l'inclinaifon, mais non pas fun & l’autre au même inflant, comme il avoit été déjà propofé en 1732. M. Daniel Bernoulli a fait voir dans la Pièce qui a remporté le Prix, fur linclinaifon de l'aiguille aimantée , que les centres de gravités étant rariables fuivant les diverfes inclinaifons de ces aiguilles, il n'étoit pas pofiible d'en conclure l'inclinaïfon abfolue ; ainfi quoique l'Artifle eût fait marquer , aux deux côtés de fon aiguille, fenfiblement la même inclinaifon pour Paris, l'expérience a appris qu’à d'autres latitudes, & notam- ment de l'autre côté de la Ligne équinoxiale, la différence s'accroifloit à 2 & 3 degrés, ce qui a confirmé ce que la théorie nous avoit annoncé quelque temps auparavant : on peut voir fur cet article, nos Mémoires de 1751, page 45$ ÿ. Nous ignorons ce que cette même bouflole, horizontalement placée , indiquoit à Paris & au cap de Bonne - Efpérance, puifque pour découvrir, à ce Cap, la variation de l'aimant, on lui a préféré une aiguille ordinaire de quatre pouces & demi, & qui a donné conflamment, felon l'obfervateur, 13 19 degrés M HS 2 Sc f EN: CES: 441 xo degrés vers lOuefl. Quoi qu'il en foit, cette Bouflole, dont il eft encore fait mention dans nos Mémoires de 1754, pèche abfolument (quant à ce qui regarde la déclinaifon ou variation abfolue) par fon frottement; car il eft inutile d'in- fifler fur ce que l'anneau pourroit être fabriqué avec des lames d'argent bien purifié, ou dépourvu de cette prétendue limaille de fer dont M. de la Hire n’exemptoit pas même la colle forte que on emploie aux boîtes de bois, ni fur ce que la rondeur de Panneau n’eft pas d’une exécution facile, puifqu’il importe peu que cette rondeur parfaite ait lieu : en effet la circonférence de l'anneau reçoit fes divifions d’après un bien plus grand cercle gravé fur une plate-forme, de degrés en degrés, ou autres foudivifions. J'ai dit ci-deflus, que la Bouflole préfentée à l'Académie en 1744, ne pèche le plus que dans la fituation hori- zontale, fans parler des frottemens verticaux ou latéraux des deux extrémités de fon axe ou de fes pivots, &cc. parce que je fuppofe que dans le choix de plufieurs aiguilles on ait écarté celles dont les pores ou fibres irréguliers ne donneroïent pas un cours aflez libre à la matière magnétique: cela fe recon- noît par le renverfement de la boîte ou anneau, à chacune de ces aiguilles. Dans celle que j'ai acquife de feu M. de Mairan, je pourrois diminuer le frottement de fes pivots par des rouleaux, à la manière dont cela fe pratique dans lhor- logerie ; mais l'inconvénient eft toujours plus grand pour la déclinaifon que pour l'indinaifon, quant aux effets du frotte- ment, parce que le poids de l'aiguille fe réduit à la moitié dans celle-ci, au lieu que les frottemens étant en raifon des poids, tout le frottement fe fait fur le pivot d'en bas, lorfqu'il s'agit d'obferver la déclinaifon de laimant, La même objection a lieu quant aux aïguilles ordinaires fufpendues fur. un pivot à chape d’agate : on convient affez, généralement aujourd’hui qu'il faut faire les aiguilles plus pefantes que lorfqu’on les évidoit en pointe ; mon frère a même fait ajouter à la fienne, qui vient d'être conftruite par le fieur Canivet, plus d’épaifleur dans la lame d'acier ou Mém. 1773: .… KKKk 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE parallélogramme oblong qu’on n’a coutume d’y en laiffer, & cela, dans la vue de procurer aux fibres régulières de l'acier, plus d'énergie , par Fabondance du courant magnétique. Malgré la vivacité de cette aiguille, qui indique mème des variations diurnes, quoiqu'elle n'ait que quatre pouces de longueur, je ne la crois pas tout-à-fait exempte des effets du. frottement fur fon pivot :le 10 Avril, à FObfervatoire fur l'ancienne Méridienne , elle a donné la variation of 1 5’ plus grande que le 22 du même mois, & à la même heure du jour; mais ce qu'il y a de fingulier dans cette conftruétion, c'eft que la variation de laimant eft un tiers de degré plus grande dans cette Bouffole, que felon l'aiguille évidée en pointe , de fix pouces, à chape d'agate, & du même Artifte, qui a été placée le même jour fur cette ancienne méridienne, Cependant le 10 Oftobre 1772, cette aiguille pointue de fix pouces, & une autre Bouflole tout-à-fait femblable, du même Artifle, mais qui n'avoit que quatre pouces , indi- quoient au même lieu précifément une femblable variation. M. Caflini le fils a bien voulu être témoin dans le dernier cas, des obfervations que j'ai faites le 10 Avril, & M. Vallot avoit voulu affifter à celles que j'ai faites en Oétobre. Je ne me fuis pas contenté d’obferver la variation de l'aimant en un feul lieu, & j'ai établi des amplitudes & des azimuts conflans : ceux-ci au Temple, au Jardin de fon Alteile M.* le Prince de Conti, qui a defiré que cette branche de la Phyfique fût cultivée avec les plus grands foins, & avec l'examen le plus févere; l’autre dans la direction qui pañle dans l'Oueft au clocher du Mont-Valérien, & aw talon méridional de la Statue équeftre de Louis XV. Cette ligne m'a paru, du haut de la terraffe des Tuileries, décli- ner de 5445" de l'Oueft versie Nord , y ayant obfervé l'am- plitude du Soleil couchant en Septembre 1772, & les derniers jours de Mars de cette année-ci. Par-R on eft à portée d’obferver fouvent la variation de laimant à la même heure du jour, & de conftater des faits moins vagues que ne les rapportent les Auteurs vulgaires, qui ne doivent plus. DES SCrENCE s. 442 confondre ces heures, comme on de voit expliqué dans notre programme, & comme il en_a déjà été averti par les Suédois & quelques Anglois aux Tranfactions de 1750. J'avertirai, avant que de donner les obfervations füivantes, que l'aiguille aimantée n’eft Ps encore reconnue rétrograde, comme il feroit ridicule de l'aflürer fans es preuves qui font requifes en une matière auffi délicate » Mais qu'elle ne me paroît encore aujourd'hui fenfiblement flationnaire : en fecond lieu, que l'azimut principal de la Tour auftrale du Temple ne pourra être reconnu, à l'aide de l'inftrument des paffages, qu'aux approches des folflices, mais qu'on l'a fuppofé jufqu'ici en nombres ronds de 19 degrés + de 'Eft au Sud. Suire des Obférvations de la Bouffote. Au Temple, Le 11 Oélobre 1#72 , a Bouflole de 4 pouces MARQUOIT ZOPE D Dilcie = ue dal e LOUIS 501 20: cette Bouflole de 6 pouces marquoit....... 20, 24 Et le 29 Avril 1773, feulement. 40/70 0. 19. 48. Le 22 Décembre, Bouffole de 6 pouces..,.... 50. 1622 Avril... nee er UE 2e CE + 50. J'ai trouvé le 10 Avril » avec Ja Bouflole de mon Don: eAe0s CAN PONT 15e PIE 22 AV UNE ROLE TON CAES Aux Tuileries, diredion de la Flèche du Mont-Valérien & de la Statue de Lonis XV. Le 12 Octobre, Ia Bouflole de 4 pouces marquoit 64. 32. à compter de la pointe de Ia Rofe du compas. Le 4 Novembre, celle de 6 pouces. .......,. 64 30. Le 23 Avril 194 a Nadar re 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE L'autre Bouflole, qui appartient à mon frère, a donné le 1,5 Avril... .... SCORE PE DO Omar CE Ne d A l'Obfervatoire, à [a même heure, le 29 Avril... 20. 10. Au lieu que ma Bouffole de 6 pouces, ne donnoit, le même jour à 4" 2 du foir, comme on l'a déjà TAPPOITÉ , QUE ses. sesssrsee 19e 48. ‘A Breft, M. Fortin & Blondeau trouvent conftamment la même variation qu'à Paris; & cependant à l'Orient & à Hennebond, M. d’'Après l'a fait obferver, & elle y paroït d'un degré plus grande, quoiqu'il y ait employé d'excellentes Boufloles : on voit par-Rà quelle eft fa nécefité de réformer la conftruction ordinaire des Boufloles, & d’avoir la preuve la plus complète qu'elles marquent le vrai Méridien magnétiques DES SCIENCES. 445 TROISIÈME MÉMOIRE D DR TA FLLATUR ES DE SAS Ou kS, Où lon donne les plans 7 la defcription des fourneaux, avec la forme que doit avoir le bâtiment du tirage. Pa M DE VAUCANSON. AI fait voir, dans le premier Mémoire fur cette matière, les inconvéniens de la méthode de tirer la Soie, qui eft en ufage dans le royaume. J'ai montré les avantages de celle que j'introduifois dans la fabrique d’Aubenas , & j'ai donné la defcription d’un nouveau tour propre à cette opération. Dans le fecond Mémoire, j'ai rendu compte du fuccès de ma méthode & de quelques corrections que j'avois jugé à propos de faire à mon nouveau tour. Il me reftoit à parler de la conftruélion du fourneau & de celle du lieu où l’on doit tirer la foie des cocons : c’eft ce qui va faire le fujet de ce troifième Mémoire. La foie des cocons, fe tire avec de l'eau chaude contenue dans une bafline placée fur un fourneau ; lufage ordinaire en France, eft d'avoir un fourneau & une tireufe à chaque tour ; il en coûte vingt à vingt-cinq fous de bois ou de charbon , par livre de foie, Si, comme on le prétend , il fe tire tous les ans, dans le royaume, vingt mille quintaux de foie , il y a donc chaque année , une confommation de bois employé au feul tirage des foies, pour une fomme de plus de deux millions de livres : confommation effrayante pour nos Provinces méridionales où la foie eft plus abondante & la difette du bois plus confidérable. I paroïtra étonnant que dans ces Provinces où l'on recueille le plus de foie, on fe foit peu occupé de chercher les moyens Lü à Ja rentrée publique de la S.' Martin 1773: Remis par l’Auteur le 16 Nov, 1776, 446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dex filer plus avantageufement & avec plus d'économie que lon ne fait. Les uns tirent leur foie dans une cour, d’autres fous une- rémife, fous un veflibule , dans une cuifine:; les fleurs de profeffion la tirent fous des angars faits exprès; je n'ai vu qu'un feul tirage en Dauphiné, conftruit avec beaucoup d'apparat & de magnificence : maïs ce bel édifice, ainfi que tous les autres hangars , ont été conftruits fans intel- ligence , & tout y eft difpofé de la manière la plus défavorable au but que lon s’eft propolé. Les tours & les fourneaux font placés à contre-fens, en forte que le jour: donne dans les yeux de la tireufe , & n'éclaire pas l'objet qu'elle travaille ; prefque par-tout ces fourneaux y font fans cheminées, & comme l'ouverture par où fort la fumée eft au même niveau que celle par où on met le bois, il arrive qu'il ne s’y allume qu'autant que le vent foufle du côté d’une de ces deux ouvertures. Dans les temps calmes, ou lorfque le vent du Midi règne , ce n'eft qu’à force de fouffler & d’attifer le bois où le charbon, qu’on parvient à les faire brûler, mais ce n'eft jamais avec l'activité & la continuité requifes pour entretenir leau de la baffine au degré de chaleur néceflaire. Dans les tirages où les four- neaux ont une cheminée, elle confifle en un bout de tuyau de deux à trois pieds de longueur qui donne iffue à la fumée dans l'endroit même où lon travaille : ce qui n'empêche pas que la vapeur du charbon n'imncommode également les ouvrières, que la fumée du bois ne fatigue la vue des tireufes, & ne nuife confidérablement à la foie qu'elles y filent. Les baflines qui ne doivent avoir que deux pouces on deux pouces & demi au plus de profondeur , afin que l’eau en puifle être renouvelée plus fouvent par celle que la tireufe y verfe prefque à chaque inflant, ont par-tout des rebords de cinq, fix & fept pouces de hauteur : l'eau qui y féjourne trop long-temps, devient fale & crafleufe : elle donne une couleur terne à la foie, -en lui faifant perdre une partie de fon luftre. I y a plus, chaque baffine qui devroit être entière- ment vidée & remplie de nouvelle eau, à chaque repas de Di HIS" 1846 À E MINI C EI S 447 la tireufe, c’eft-à-dire troïs fois dans la journée, né left jamais que le foir , parce qu'une fr grande quantité d’eau n’auroit pas le temps d’être fuffifamment chauffée pendant celui du repas , avec de f1 mauvais fourneaux. La bonne qualité de Veau, fr effentielle au bénéfice du tireur de foie, n'a été recherchée par prefque aucun d’eux ; ils fe fervent indifféremment d'eau de puits ou de fontaine, toujours plus ou moins féléniteufe & chargée de terre calcaire. Cette eau crue ne nuit point, il eft vrai, à la bonté ni àla beauté de la foie, mais elle fait monter en frifons une partie de la bonne foie qui refle en perte pour entrepreneur. Plufieurs cherchent à corriger cette crudité en expofant l’eau au Soleil & en y mettant de la paille , mais maloré cette précaution, elle n'a jamais la même propriété qu'une eau totalement exempte de ce fel neutre, & que l'on reconnoît par le plus ou le moins de facilité qu'elle a de difloudre le favon. On concevra facilement que l'intérieur de tous ces angars, conftruits comme des halles & ouverts de tous côtés, ne fauroit être à l'abri ni du vent, ni de l'humidité, ni du Soleil, toutes chofes cependant nuifibles au genre de travail que Fon y fait. Il ne faut pas un vent bien violent pour rompre des fils de foie très-déliés, qui montent de la bafline fur le dévidoir : cette rupture oblige à renouer fouvent, augmente le déchet & fait perdre beaucoup de temps; le plus léger brouillard ou la moindre humidité dans l'air, vient mouiller la foie des écheveaux fur les guindres , ‘en colle les fils, qui, plus difficiles à être dévidés, font un nouveau déchet dans cette feconde opération. Le Soleil aveugle les tireufes & les empêche , à force de lumière, de voir bien diftintement la foie qu'elles filent. Ce n'eft pas tout , les tours , après l'opération du tirage, qui ne dure que deux ou trois mois, reftent fous ces angars encore expolés à toutes les injures des faifons jufqu’à l’année fuivante. Les bois fe tourmentent, fe fendent & fe déboitent de leurs mortoifes; il y auroit tous les ans de grandes” 448 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE réparations à faire, mais on s'en fert tels qu'ils font jufqu’à ce qu'ils tombent entièrement en ruine, ce qui arrive en peu de temps. Voilà l'état déplorable dans lequel j'ai trouvé tous Jes tirages en France, lorfque j'ai été chargé de travailler à cette partie. Après avoir perfectionné les tours qui fervent à tirer la foie des cocons, je ne ferois jamais arrivé au but que je me propolois , fi j'eufle placé ces tours dans des endroits auffr pitoyablement difpolés ; mon embarras n’étoit point d'imaginer un lieu plus convenable: la difficulté confiftoit à trouver une conftruétion peu difpendieufe, afin de ne pas rebuter ceux que je voulois inftruire. Voici, en peu de mots, la defcrip- tion du tirage que je fis conftruire fous mes yeux. I confifte en une efpèce de galerie de quarante-cinq toiles de longueur fur vingt pieds de largeur, pour contenir cent devidoirs & placer cent tireufes. Les murs n'ont que dix pieds de hauteur; ils portent un léger comble fait en fapin & couvert de tuiles creufes qui font en ufage dans le pays: les deux faces en longueur font ouvertes chacune par vingt-cinq fenêtres de quatre pieds de largeur, fur cinq pieds de hauteur; au- deffous de chaque fenêtre, eft une autre ouverture, au niveau du fol, faite en forme d’arceau, de neuf pouces de hauteur, fur quatre pieds de largeur, par où les eaux du tirage peuvent s’écouler, & qui ont une autre deftination dont je parlerai bientôt: le fol eft pavé en pierre plate, & il y a une porte d'entrée à chaque extrémité de la galerie. Voilà toute la bâtifle de ce nouveau tirage ; c’eft un angard qui ne diffère des autres faits pour le même ufage, que parce qu'il eft clos de murs de tous les côtés, & que j'ai eu foin de l'ifoler de tout bâtiment, afin de me pro- curer le plus grand jour poffhble, abfolument néceffaire à ce genre de travail, & de permettre à l'air de circuler librement à-travers les arceaux, pour entretenir l'activité du feu dans les fourneaux, & à travers les fenêtres, pour fécher la foie fur les guindes de chaque tour, qui fe trouvent placés à côté & vis-à-vis de chaque croifée, Les DES S:ctE:N cE:s 449 Lés fourneaux y font placés à côté de chaqué trumeau ; c'eft dans leur conitruétion que j'ai cherché à économifer le bois dont Ia rareté peut nuire beaucoup à fa culture de a foie dans les provinces méridionales; je n'ai employé qu'un fourneau pour deux tours; j'ai alongé la bafline de manière que deux tireufes peuvent y travailler à Faife & filer chacune fur un devidoir féparé, quoique placés tous les deux fur le même bâti: j'ai encore augmenté l'effet de ce fourneau, en concentrant la chaleur par la diminution de l'efpace qui eft entre la grille & le fond de la baffine; je n'ai donné à cette grille que le tiers de la fongueur de la bafline ; je lai placées, à l'entrée du fourneau, & la flamme pouflée par l'air qui vient du cendrier eft portée contre toute la longueur de la baffine, jufqu’à l'ouverture oppofée du fourneau qui commu- nique à une cheminée pratiquée dans l'épaifleur du trumeau contre lequel eft appuyé le fourneau : cette cheminée n'eft qu'un tuyau de quatre pouces en quarré ou en rond, que l'on réferve en conftruifant le mur, au moyen d'une pièce de bois qui fert de noyau; on la termine au-deflus du toit, avec un bout de tuyau de tôle ou de terre cuite; l'ouverture par où on met le bois ou le charbon, eft fermée avec une porte de tôle, comme celles de nos poëles ordinaires. C'eft par cette conftruétion que je fuis parvenu à épargner une grande moitié du bois que l’on confomme dans les fourneaux ordinaires, pour la même quantité d'ouvrage, & que j'ai donné au feu du fourneau une activité prefque toujours égale, d'où dépend en grande partie le fuccès de l'opération du tirage de la foie. Ceci demande explication. Le brin de foie ne fe détache bien du cacon, que lorfque Veau de la baffine eft au degré de chaleur le plus approchant de celui de eau bouillante : tant que ce degré de chaleur fubfifte, le cocon fe dévide avec facilité & avec toute 1a célérité poffible ; mais lorfque feau perd de cette chaleur, les brins ne fe détachent plus que difficilement, ils caflent fouvent, & lon eft obligé d'interrompre Îe travail, pour les recueillir par une nouvelle battue; les cocons reftant alors Mém. 1773: LII 450 MÉMoIiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE trop ong-temps dans la baffine, ne donnent plus qu’une foie foible, fans nerf & bouchonneufe; l'eau en pénètre même plufieurs qui tombent au fond de la bafline, & dont on ne peut plus tirer la foie. On conçoit maintenant combien if importoit d'éviter ces inconvéniens par des fourneaux qui puffent donner un feu toujours à peu-près égal; c’eft à quoi j'ai parfaitement réuffi, en établiflant un courant d'air entre les ouvertures en arceaux pratiquées fous les fenêtres dont j'ai parlé ci-deflus, & le tuyau de cheminée appliqué à chaque fourneau. # J'ai facilement mis l'intérieur de ce tirage à l'abri du vent & du Soleil, en fermant les fenêtres avec une croifée qui porte quatre chaflis, deux au-deflous de l'impofte, & deux au-deflus; ces chaffis font garnis de toile à treillis, comme celle dont on fe fert à faire de la tapifferie. En interceptant les rayons du Soleil, ils donnent un jour tranquille & bien plus avantageux pour le travail de la foie. Quand on veut donner plus d'air au tirage, & que le temps le permet , on ouvre les chaflis fupérieurs, ceux de deffous reftent toujours fermés pendant le travail, parce qu'ils garantiflentt du vent les fils de foie, fans empêcher fair d'y pénétrer, & parce que le jour qu'ils donnent fur l'ouvrage eft plus favorable à la tireufe. Au milieu du tirage & dans toute fa longueur, j'ai fait conftruire en maçonnerie, & avec de la bonne chaux, un petit canal de dix pouces de large fur un pied de profondeur; J'ai eu la facilité d'y amener l'eau de la rivière d’Ardeche, qui eft très - favonneufe & par conféquent très - propre à la flature; on la puife delà commodément, pour remplir les baflines & le petit vafe de la tireufe, qu'il faut renouveler à chaque inflant : cette eau fert auffi à laver tous les foirs le tirage qui fe trouve plein d’immondices d’une odeur fétide que rendent les vers des coques détrempés par l'eau chaude. Pour cet effet, on ferme le bas du canal au moyen d’une petite vanne; l'eau monte fur ces bords & fe répand de droite & de gauche fur le pavé qui eft en pente de AE,S, SC L'E NC ES 451 chaque côté; chaque tourneufe, avec un balai, lave fa place en pouflant toutes fes ordures fous les arceaux, & que l'eau entraîne au dehors: il ne faut pas fix minutes pour faire cette opération. J'ai établi un féchoir dans la pièce qui précède celle du tirage; c'efl-là où l'on dépofe les guindres chargés de leurs écheveaux que lon place fur des chevalets, afin de donner le temps à la foie de fécher, pendant que les autres guindres fe rempliflent : il eft important de ne point enlever les éche- veaux de deflus le guindre , avant que la foie ne foit entiè- . rement féchée, autrement elle {e crifpe en fe raccourciflant.. On voit que c'eft par des moyens affez fimples. & de peu de dépenfe, que je fuis venu à bout, non-feulement de remédier aux inconvéniens des autres tirages, mais à procurer dans celui-ci, plus d'avantage & plus de commodités. Les ouvrières n'y font pas incommodées de la fumée du bois, ni de la vapeur du charbon, & la foie n’en reçoit aucun dommage: le feu des fourneaux y eft plus atif & plus égal, avec moitié moins de dépenfe pour l'alimenter. La foie qu’on y fait n’eft pas expofée à être rompue par l'aftion du vent; fair qui y pénètre de toutes parts eft toujours modéré; la tireufe n’y eft pas aveuglée par les rayons du Soleil, elle a le jour de côté qui éclaire fon travail & non pas fon vifage. La vapeur que fournit l'eau chaude de toutes les baffines, ne mouille pas les écheveaux de foie, parce que l'air qui vient en deflous, par tous les petits arceaux, la dirige vers le toit où elle trouve à s'échapper à travers les interftices que laiffent les tuiles entr'elles, & que l'on place un peu à claire-voie à ce deflein. Le canal qui eft dans toute la longueur du tirage, fournit promptement de l’eaf à toutes les bafines & au befoin continuel qu'en a chaque tireufe ; c’eft avec l’eau de ce canal qu'on a la facilité de nétoyer fouvent un lieu qui exige la plusgrande propreté, pour le rendre fupportable & l'empêcher d'être mal-fain. Des contrevents placés au dehors des fenêtres, mettent les chaflis de toile à l'abri des injures du temps, & F0 ET TE 452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eu préfervent les tours à foie qui y reftent enfermés tout le refte de l’année. Il ne faut pas douter que les difpofitions faites dans ce local, ne contribuent beaucoup à la perfection des foies qu'on y travaille. La tireufe la plus habile, & munie du tour le plus parfait, ne parviendra jamais à faire de la bonne & de la belle foie, fr elle n’a pas un fourneau qui puiffe donner à l'eau de fa bafline, un degré de chaleur convenable & conflant ; & file lieu où elle file n’eft pas à l'abri du vent & de l'humidité, qui peuvent à chaque inflant déranger & altérer fon ouvrage. C'eft à quoi n’ont pas fait attention ceux qui, dans Ja vue d’imiter les foies d’Aubenas, ont cru y réuflir en fe fervant fimplement de mes tours, fans réformer leurs fourneaux & le lieu de leur tirage. Je l'ai dit dans mes précédens Mémoires, & je ne faurois trop le répéter, c’eft de ce premier travail que dépendent principalement les bonnes qualités que la foie doit avoir, pour être convertie en organcin : les meilleurs moulins deftinés à lui donner cette dernière préparation, n'effaceront jamais les défauts qu’on lui aura laiflés dans la première. Aïnfr tout eft de rigueur dans cette opération, la plus petite néglisence dans les moyens, eft capable de la rendre imparfaite. Mais à quoi bon tant de préparatifs ? m'a-t-on dit: n'a-t-on pas fait, & ne fait-on pas tous les jours, de très- belles foies avec ces fourneaux & dans ces lieux que vous trouvez fi déteftables? Je fais que les Entrepreneurs de fila- tures, qui obtiennent des gratifications de la Province, fe perfuadent, & viennent à bout de perfuader, que la foie qu'ils font filer eft toujours la plus belle & la plus parfaite. Ils fe préfentent munis de ur a les plus favorables, foit de l'Infpecteur , foit des Fabriquans qui emploient leur foie, pour recevoir la gratification promife ; quand on a payé d’après tous ces témoignages, on croit fermement avoir fait une dépenfe utile pour la perfection des foies, & l’on regarde ce que je prupofe, comme peu néceffaire, ou comme fuperflu. MENSMNSNÈTNMElNEE Es. 453 Ceux qui font chargés de ladminiftration de ces Provinces devroient cependant favoir le peu de confiance que méritent de telles atteftations; c’eft par le prix auquel la foie eft vendue, qu'on doit juger de fa bonté, & non pas fur des témoignages toujours mendiés. Un fabriquant peut bien fe laiffer aller à des follicitations preffantes, & donner un certificat favorable; mais {a bourfe n’a jamais la même complaifance ; il n’achette la foie que ce qu'elle vaut; c'eft-là le vrai thermomètre qu'il faut confulter, pour connoître le deoré de perfection de cette matière. Toutes les foies qui ont été filées dans le tirage d’Aubenas, & organcinées fur mes moulins depuis 1756, ont toujours été, & font encore aujourd'hui vendues à Lyon, un écu par livre de plus que les plus belles foies de France & de Piémont; voilà la meilleure réponfe à toutes les objetions qu'on a pu me faire, & le meilleur argument pour prouver l'utilité & la néceffité des conftructions particulières que j’exige dans le local du tirage, comme dans celui qui contient les moulins à organciner. Une expérience de dix-huit années m'a pleinement convaincu que les difpofitions que j'ai faites dans ces deux bâtimens, concourent toutes à la bonté & à la commodité du travail que l'on y fait ; qu’elles font même in- difpenfables pour donner aux organcins le degré de perfetion requis. Ainfi je ne crains point de déclarer bien formellement à tous ceux qui voudroient établir une Fabrique d’organcin avec mes tours & mes moulins, & qui les placeroïent dans les mêmes lieux, ou dans des lieux femblables à ceux dont on fe fert pour les tours & pour les moulins ordinaires, qu'ils feront une dépenfe abfolument inutile, & qu'ils ne réuffiront jamais à y faire de la foie comme celle d’Aubenas. Pi 454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EXPLICATION RAISONNÉE Des Figures contenues danses trois Planches pour la conftruction du Tirage 7 des Fourneaux, PLANCHE PREMIÈRE. À, À, À, À, (figure premiére) elt la pièce qui précède la falle du tirage, qu'on nomme Îe féchoir. C’elt-là où l'on dépofe les devidoirs garnis de leurs écheveaux, & que l'on place fur les chevalets B, B, B, B, our en faire fécher la foie, pendant que d’autres devidoirs fe rempliffent au tirage. Il eft important de ne pas ôter les écheveaux de deflus le devidoir qu'après en avoir Jaiffé fécher la foie, fans quoi elle fe gripe= roit & deviendroit plus difficile à devider. On change de devidoir à chaque repas des tireufes. Chacune d'elles porte fon devidoir plein au féchoir, qu’elle place fur le chevalet à fon numéro. Ces chevalets font en forme d'échelle & contiennent chacun quatre-vingt-feize devidoirs. On a foin pendant le repas de décaver, c'eft-à-dire d'enlever les écheveaux de deflus les devidoirs placés fur le premier chevalet, & d’attacher au lien de chaque écheveau le même numéro du devidoir, afin de pouvoir reconnoitre au devidage le travail de chaque tireufe, Après avoir ôté les écheveaux du devidoir, on le remet vide fur le même chevalet & à fon numéro; Ia tireufe ou fa tourneufe le reprennent en rentrant & vont le placer fur leur tour pour le regarnir de nouveau. a €, C, font deux tables fur lefquelles on dégarnit les devidoirs , deffous lefquelles il y a des corbeilles dans lefquelles on met les écheveaux étendus dans leur longueur les uns fur les autres, fans les plier. On porte enfuite les paniers dans le magañn , où l'on enferme les écheveaux dans des coffres, en obfervant de mettre chaque numéro dans une cafe féparée, d’où ils ne fortent que pour être placés fur les tavelles du devidage. II faut que le Magañn foit pratiqué dans un lieu bas & voûté, afin que la foie qui doit y refter long-temps, ne féche pas trop ; ce qui occa- fionneroit beaucoup de déchet dans l’opération du devidage. D, D, D, D, (fig. 2) eft le plan de Ia falle du tirage, qui doit être prolongée relativement à la quantité de tours qu'on veut employer. L'embrafure des fenêtres doit être fort évafée afin que le jour donne le plus qu'il foit poffible fur le banc du tour. La face intérieure des trumeaux n’eft que de trois pieds, tandis que leur face extérieure ef de fept pieds & demi. Les fenêtres ont quatre pieds d'ouverture, BNENSUISAGMETENN CES. 455 F, F, F,F, font les fourneaux adoffés à chaque trumeau, & placés dans le fens que l'on voit fur le plan, de manière que la tireufe ait Je jour à fa gauche, Le devant du fourneau eft conftruit à la naiffance de A face intérieure du trumeau, afin que le tuyau de la cheminée qui part du milieu du fourneau , fe trouve un peu de côté dans le trumeau, pour éviter la poutre du comble qui eft placée dans fon milieu, & afin que le jour puiffe mieux éclairer les premières filières où la fileufe jette fes brins. Derrière Îes fourneaux font les tours 7, 77, 7, garnis de leurs devidoirs, dont j'ai donné les deffins & l'explication dans un précédent Mémoire inféré dans le volume de 1770. H, H, H, eft un canal de douze pouces de largeur, fur dix pouces de profondeur, où l’on fait venir de l'eau pour remplir les baflines & le petit vafe dont chaque tireufe a befoin dans tous les inflans. Ce canal eft couvert de planches jufqu'en 7, à l’entrée du tirage ; il peut l'être dans toute fa longueur, au moyen d'une feuillure pratiquée fur les deux bords fupérieurs du canal, & ‘en laiffant de petites ouver- tures de trois toifes en trois toiles, pour pouvoir y puifer l’eau néceffaire à fix baffines. A l'extrémité inférieure du canal eft une vanne que l’on baïfle pour faire dégorger l'eau de deflus les bords lorfqu'on veut laver le tirage. À cette même extrémité du tirage, & en face de la porte d'entrée, eft une porte de fortie qui donne dans une cour où font les magafins du bois & du charbon que chaque tourneufe va chercher dans un panier ‘pour l'ufage de fon fourneau. Figure 3. Cette figure repréfente Ja coupe de Ia premiere pièce À, À, où l’on met fécher la foie nouvellement faite fur les devidoirs. On y voit les chevalets en hauteur, dont un eft rempli de devidoirs, & l'autre prêt à recevoir ceux que l'on charge de foie dans le tirage, Les montans Z, à, des chevalets font fixés par le bas au fol, & arrêtés par le haut fur les côtés des poutres qui forment le comble, Ii y a dans cette pièce un marchepied courant pour placer & déplacer les devidoirs dans le haut des chevalets. Le fol eft pavé en dales de pierres, ou en carreaux forts de terre cuite, mais la pierre eft préférable parce qu'elle eft plus folide, & que cette pièce fervant de pañlage continuel à plus de deux cents perfonnes, le carreau de terre ne réfifleroit pas long-temps, Cette pièce a un fimple comblecouvert de tuiles, fans aucun plafond, foit de bois, foit de plâtre; mais le mur de refend qui la fCpare du tirage monte jufqu'au toit, afin qu'il n'y ait aucune communication, par cet endroit, d’une pièce à l'autre, parce que la vapeur de l’eau des 456 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE baflines répandue dans le tirage, viendroit par le comble retomber fur les devidoirs & remouiller la foie des écheveaux. Figure 4. Cette figure eft la coupe du bâtiment du tirage D, D, (fig. 2.) le pavé eft fait de dales de pierre dure, de quatre à cinq pouces d'épaiffeur , fur un maffif de maçonnerie d’un pied d'épaiffeur, en cas ue le fol. ne foit pas bien folide; ce pavé doit être en pente de chaque côté; de Z, bord du canal jufqu'en 4, fous l’arceau , la pente doit étre de deux pouces. AH, eft la coupe du canal. F, F, font les fourneaux adoffés au mur, de chaque côté. On voit dans celui qui eft à droite la coupe longitudinale du fourneau qui en montre l'intérieur, celui quà eft à gauche repréfente Ia face extérieure, t,g, eft un tuyau de quatre pouces en quarré, qui fait office de cheminée, & que l’on pratique dans l’épaiffeur du mur en le conftruifant. Lorfqu'on fe fert de bois pour chauffer les fourneaux, il arrive que la fumée, plus épaiffle que celle du charbon, obftrue plutôt je tuyau de la cheminée, & qu’on eft obligé de la ramonner quelquefois tous les deux ans. Pour cet effet on défcelle l'ouverture 4, d, & on bouche le trou qui communique dans l'intérieur du fourneau; un homme au-defflus du toit fait paffer par l'embouchure 2 un balai attaché à un long manche, & fait tomber toute la fuie par le trou inférieur qui répond dans l’ou- verture d, d. Lorfque toute la fuie en eft fortie, on débouche le trou qui communique dans le fourneau, & on rebouche l'ouverture d, d, avec des briques & de la terre à four, On pourroit mettre au-deffus du toit un tuyau de deux pieds, en terre ou en tôle, mais comme il y auroit trop de danger pour le feu avec le tuyau de tôle & trop peu de folidité avec un tuyau de terre, il vaut mieux y confiruire une petite fouche de cheminée à l'ordinaire, foit avec des briques, foit avec du plâtre, ou autre maçonnerie quelconque, Ce bâtiment ne porte qu'un comble léger comme celui du féchoir, fans aucun plafond; il ne feroit qu'inutile dans la première pièce, mais il feroit très-nuifible dans cette feconde, parce que la vapeur continuelle que fournit l'eau bouillante de cinquante bafines , étant arrêtée par un plafond, refteroit toute dans Je tirage, & mouilleroit la foie des écheveaux faits fur les devidoirs , au lieu que fans plafond elle s'échappe par les interftices que laiffent les tuiles entre elles, vers lefquelles elle eft dirigée par l'air qui vient de tous les petits arceaux a, «a, a. Deux heures après que les fourneaux font allumés, on voit le deflus du toit couvert de petites gouttes d’eau qui fe réuniffent bientôt & qui coulent de chaque côté par les gouttières , comme s'il pleuvoit fur le toit. Figure ÿ+ Elle repréfente une face extérieure & en élévation des ièces À & B. Les fenêtres font fermées par quatre chañlis de toile de treillis, attachés à une croifée dormante, ils s'ouvrent en dedans. Les DES, SCT EN C:E 6. 4S7 Les contrevents C, C, C, s'ouvrent en dehors; on ne les ferme guère que dans un temps d'orage , ou lorfque le tirage detoute la foie eft fini. Ils mettent les tours & les fourneaux à l'abri du Soleil & des intempéries des faifons, feul moyen de es conferver longtemps en bon état. Les lignes ponéluées £, t, t, défignent le tuyau des cheminées pratiquées dans l’épaiffleur du mur. Elles font un peu dévoyées d'un côté, afin d'éviter les poutres du comble, qui appuient par leurs extrémités fur le milieu de chaque trumeau. a, a, a, a, font les petits arceaux pratiqués fous chaque fenêtre du tirage, pour fournir tout l'air qui eft nécefaire à donner de l'activité au feu de chaque fourneau , à diriger la vapeur de l'eau des baffines vers le toit, & à fervir d'écoulement aux eaux qu'on fait dégorger du canal A, pour nétoyer le tirage. Ces arceaux font de même largeur que Ja bafe des fenêtres qui eft de quatre pieds fur neuf à dix pouces de haut dans le milieu du ceintre: on les grille avec quelques barreaux de fer pour mettre en füreté les bafines de cuivre qui reftent fur leur fourneau. IL eft important que Îles deux faces collatérales de ce bâtiment, foient LE ; = : éloignées de toute conftruétion ou de toute montagne qui pourroient intercepter le jour & empêcher Fair d'entreglibrement & abondamment par tous les petits arceaux. Pénal Nec Heërwalle Conffruétion du Fourneau. A, À, (figure première) eft Ja coupe longitudinale du fourneau , faite dans le milieu de fa largeur , qui en montre la forme intérieure, B eft la porte du fourneau par où on met le bois ou le charbon. € eft l'ouverture du cendrier, D, la grille qui appuie fur deux feuillures collatérales pratiquées dans Tintérieur du fourneau. £. Ouverture de quatre pouces de large fur deux pouces de hauteur, qui donne iffue à la fumée dans le tuyau 7, pratiqué dans lépaiffeur du mur M, M. d, d, eft ouverture faite dans le mur pour foïrtir {a fuie de Ja che- minée lorfqu'on la ramonne. G eft la coupe longitudinale de la baffine. 4, a eft une élévation formée par un fecond rang de briques au-defflus de l'ouverture E, afin d'empêcher la fortie de Ja fumée. Mém, 1773, Mmm 458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce fourneau eft adoffé & lié au mur 47, M. II doit être fait avec des briques de huit pouces de longueur, fur quatre pouces de largeur, & de vingt-une lignes d’épaiffeur. 11 en faut quelques-unes de huit pouces fix lignes & de neuf pouces de longueur pour le raccordement de Ia porte & l'ouverture du cendrier. Il en faut d’autres coupées en bifezu fur une de leur tranche, pour former l’auget intérieur du fourneau : Il eft plus à propos de les faire mouler exprès que de vouloir les tailler lorfqu'elles font cuites, parce qu'on les caffe prefque toutes, & qu'il ef impoffible de les bien ajufter. . Les premiers rangs de brique pofés fur le fol, jufqu'’au-deffous de ia grille, doivent être maçonnés avec chaux & fable; tous les autres rangs fupérieurs doivent être conflruits avec de la bonne terre à four. Le mortier, dans les rangs inférieurs, n’elt pas fujet à être détrempé par eau que l'on verfe continuellement fur le pavé, comme le feroit Ia terre, & celle-ci réfifte mieux au feu que ne feroit le mortier. Le fourneau a cinq pieds de longueur, fur vingt-quatre à vingt-cinq pouces de largeur, & vingt-un à vingt-deux pouces de hauteur. F,F,F,F, (figure 2) eft la furface fupérieure du fourneau. 1, 1,1, I, eft ouverture où l'on place la bafline qui eft retenue par fon bord plat, fur les briques. Cette ouverture, dans le haut, eft de trois pieds de long & de treize à quatorze pouces de large; cette largeur diminue jufqu'a la grille, où elle n'êft plus que de huit pouces, ce qui forme une efpèce d’auge qui conftitue la cavité intérieure du fourneau. La baffine qui a également trois pieds de longueur fur treize à quatorze pouces de largeur, fans y comprendre fon rebord, doit entrer jufte dans cette ouverture où elle eft maftiquée avec un peu de la même terre à four qui fert à la conftruction du fourneau. Cette baffine ne doit avoir que trente lignes de profondeur, & doit être affife bien de niveau. a,a,a;,a, eft la partie élevée par un double rang de briques pour empêcher a fortie de la fumée du canal E. d, d, eft le plan de l’ou- verture faite fur le devant du mur A7, M, pour fortir la fuie, L'eau qui fe dégorge prefque continuellement de la bafline, par a froide qu'on y verfe fouvent , fe répand fur les briques fupérieures & détrempe en peu de temps la terre qui les unit ; la chaleur les repouffe en dehors & les dérange bientôt. Il faut donc les contenir au moyen d’ne bride en fer plat, de deux pouces de large fur trois lignes d’épaiffeur , compofée de deux pièces N, N, & d’une traverfe O, O. Chaque pièce N, N, porte une douille à une de fes extrémités qui entre dans le gond p, fcellé dans le mur, L'autre extrémité porte un tourillon taraudé, dans lequel entre le trou de la traverfe O, O, que l’on ferre de chaque côté avec un écrou. Cette bride doit être placée dans le milieu du joint des deux derniers rangs de briques. Dans les endroits où l’on pourra fe procurer de la pierre qui réfifte au feu, & que l'on nomme réfradaire, on trouvera de l'avantage à DIe-s, S'C.LEN CES 459 Vemployer à la place des deux derniers rangs de brique. On pourra en couvrir tout le fourneau avec quatre ou fix morceaux, il y aura moins de joints, & comme la pierre peut fe tailler plus aifément que la brique, ces joints feront plus rapprochés & donneront moins de pañfage à l’eau, ce qui fera durer le fourneau beaucoup plus long-temps. * A, À, (figure 3) eft la furface antérieure du fourneau, où l’on voit la porte B ouverte, & au-deffous l'ouverture du cendrier €, pratiquée au-deffus du premier rang de briques, afin que l'eau qui eft lâchée du canal pour laver le tirage, ne puiffe pas entrer dans le cendrier. La porte d du cendrier elt contenue par deux fils de fer x, x, qu'on arrête par chaque extrémité avec un clou fur les deux grands côtés du fourneau. Cette porte, faite d’un morceau de tôle, ayant la facilité de gliffer deflous les fils, on ferme plus ou moins l'ouverture , fuivant qu'il eft befoin de modérer le feu, ou de lui donner plus d'activité. 0, O, cft la naverfe de la bride N, AN, placée dans le haut du fourneau. F, F, (figure 4) eft Ka coupe du fourneau, faite dans fa largeur, qui en montre l’intérieur. Æ, l'ouverture par où s'échappe la fumée. D, grille du fourneau. p, p, les deux gonds fcellés dans le mur, & qui reçoivent les douilles des deux tirans de la bride N, N. x, a, eît le double rang de briques fur le conduit Æ, par où la fumée communique dans le tuyau de cheminée pratiquée dans l'épaiffeur du mur 47, M. P'TPATNNONEIREr C0 I LITETe d, d, d, d, (figure premiére) plan de Ia grille du fourneau, qui doit avoir quatorze pouces de longueur, fur huit pouces de largeur. Elle eft compofée de deux morceaux de fer de neuf lignes en quarré, de quatorze pouces de longueur, fur lefquels on rive neuf traverfes de fer de même calibre, dont on aplatit les extrémités, & qu'on perce à chaud pour recevoir la rivure. On laïffe quatre lignes d'intervalle entre chaque traverfe que l'on pofe, de manière que les angles fe trouvent de côté & en-deffous. e, e, (figure 2) eft la même grille vue de profil dans fa longueur. f, f, (figure 3) la grille vue de profil dans fa largeur. gg, (figure 4) eft une des neuf traverfes vue dans le fens qu'elle doit être pofée. h,h, (figure 5) eft la même traverfe vue de biais. Toutes les pièces qui compofent cette grille, doivent être faites avec du fer fimplement forgé, fans aucun coup de lime. Figure 6. Cette figure repréfente la boîte de la porte du fourneau fermée & vue par-devant. M m m ij 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Figure 7. Cette boîte eft compofée d’un cadre ,2, 2° en fer coulé, de deux pouces de largeur, fur trois lignes d’épaiffeur , plié à chaud, en forme quarrée, dont l'ouverture intérieure doit être au moins de fix pouces, & dont Ja tranche du devant doit être limée, bien dégauchie, afin que la porte de tôle bien dreffée s'y applique exaétement. +” Au côté droit de ce cadre, on rive deux gonds p, p, avec une longue queue recourbée par) le bout pour le contenir contre les briques dans l'intérieur du fourneau. . a Au côté gauche on rive le crochet 4, g, avec une queue fembla- blement recourbée. Figure 8. Cette figure repréfente ce même cadre avec Ia porte fermée, vue de coté. Figure 9, elt un gond p, vu de face, de neuf lignes de large. Figure 10, eft ce même gond vu fur fon épaiffeur, qui eft d'une ligne & demie. Figure 11, Cette figure repréfente le crochet 7, de même largeur que le gond. Figure 12, fon épaifleur. Figures 13 à 14, le loquet de Ia porte. ur Mem. de VA. R des Se An.1778 Lay. 460 PL. PI: À FE Fours Veulp. Hi L Il | ] il D Ho .4. QE TE LA) PA = NTI TT Ï D (lu [ ll Mem. de LAc.R des Je. An 1773. lag. 460.22. x, F, Le Gouaz Jeu, CR GARE Hrhrir del, F Le Douas Jeu be 4 Ta = Dm pou : Fa, D: 908 10 JERMNENNAICNRTS. 461 M É MOIRE MAR OHLELS COMME TUE Pa M. DE LA LANDE, ‘ E grand nombre de Calculs que j'ai eu à faire fur des L Comètes qui paroïfloient pour la première fois, m'a fait chercher des moyens pour trouver à peu-près , mais prompte- ment, les dimenfions de l'orbite d’une Comète, dont on nx fimplement que trois obfervations. Ce problème, qui, dans fa généralité , eft extrêmement difficile, devient beaucoup plus fimple par les méthodes indirectes & de faufle pofition, que j'ai fimplifiées & détaillées dans le XZX°* Zivre de mon Affronorie. Il n'y refte que la longueur des calculs trigonométriques , dont chaque fuppoñition eft fuivie , & les fuppofitions font quelquefois très-éloignées de la vérité, parce que la groffeur & le mouvement d'une Comète font des apparences qui nous trompent quelquefois, & qui ne nous donnent jamais qu'un indice bien vague de fa diftance au Soleil. _ J'ai donc cherché à rendre les fuppoñitions méme moins imparfaites dès le premier effai, par des opérations gra- phiques ; j'ai fait voir qu'avec un certain nombre de paraboles découpées en carton & divifées en jours, il étoit facile de reconnoître celle qui approchoit le plus de trois obfervations données : il fufñt d'avoir un cercle qui repréfente l'orbite de la Terre, d'y tendre trois fils fur les trois longitudes de la Comète, & d'appliquer fucceflivement les paraboles contre ces rayons vifuels, en mettant toujours leur foyer au centre même du cercle ; celle qui touchera les trois lignes, de manière que les intervalles de jours foient les mêmes que ceux des obfervations, fera la parabole effedtive de la Comète obfervée. La feule difficulté eft donc de divifer des paraboles en jours, Newton a donné, pour cet effet, une conftruction 7 Décenb, 1773: 462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE graphique fimple & élégante *, mais pour mettre dans cette opération toute la précifion & la délicatefle néceffaires, il eft lus utile d'avoir des Tables où lon voit tout d'un coup l'abfciffe , ordonnée & le rayon vecteur de chaque parabole pour tous les jours de diflance à fon périhélie. Ce font ces Tables, dont le calcul eft long, que je joins à ce Mémoire, parce qu’elles n’étoient pas faites quand j'ai publié la feconde édition de mon Affronomie ; elles fuppofent toutes que la diflance du Soleil à la Terre eft prife pour unité: j'ai ajouté trois décimales, ce qui eft bien au-delà de la précifion qu’exi- gent les plus grandes figures. Le calcul de ces Tables eft aflez fimple pour qu'il foit inutile d'en parler ici, on le trouvera d’ailleurs dans mon Affronomie, Je n'ai pouffé les Tables que peu au-delà de l'unité, c’eft- à-dire, de la diftance du Soleil à la Terre, parce que le plus grand nombre des Comètes n’a pas la diftance périhélie plus grande que cette quantité. Sur foixante-deux Comètes obfer- vées jufqu'à cette année 1773 inclufivement, il n’y en a que huit; favoir, celles de 1585, 1664, 1678, 1718, 1729, 1747, 1762, 1772 & 1773, dont la diftance périhélie furpaffe celle de la Terre au Soleil, & ces Comètes doivent avoir en général un mouvement fi lent, que les opérations graphiques dont il s’agit ici, font moins néceffaires dans les calculs de leurs orbites. On trouvera dans la planche xx xXWV1 de mon Affronomie, un modèle de ces paraboles divifées en jour; il pourra fervir pour tracer des orbites plus en grand, dont il feroit facile de compofer une machine cométaire. Cette machine pourroit fervir, non-feulement pour trouver les élémens d’une oxbite inconnue, mais encore pour tracer aifément la route appa- rente d’une Comète déjà connue, pendant tout le temps de fon apparition. * Liy, I, Prov, XXX, Prob, XXII. D ES 160 L'EMNICLE S 463 TABLE des Rayons vecteurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diffance périhélie ef? 0,1 , ou Îa dixième partie de Ia diflance du Soleil à la Terre. Diflance | Rayons au périhél.| veéteurs. Diflance | Rayons fl ka #2 Abfcifles. | Ordonnécs. " aupcrihél. | vecteurs. & Abfcifles. | Ordonnées. mn | uurs n%| 0,113.| 0,013.| 0,072% 52%! 1,439. 1,339,| 0,732. 2. | ©,145.] 0,045. o,13448 55. | 1,496: 1,396.! 0,746. 3. | 0,182.| 0,082.| o,181.1 58. | 1,553.| 1,453.| 0,762. 4. | 0,220.| 0,120.| 0,219. 62; 1,630.| 1,530. 0,782. 5 | 0,258.| 0,158.| 0,251. 66. | 1,704.| 1.604. 0,801.$ 6. | 0,294.| 0,194! 0,278. 7o. | 1,773.| 1,673.| 0,818. 7+ | 0©:330.| 0,230. 0,303 75. | 1,859. 1,759. o,830.k 8. | 0,366.| 0,266.| 0,326. 80. | 1,945.| 1,845.| 0,850. 9. | 0,400.| 0,300.| 0,346. 85. | 2,031.| 1,931. 0,878./ 10. | 0,433.| 0,333-| 0,365.Û 9o. | 2,116.| 2;5016.| 0,898. 12. | 0,496.| 0,396.| 0,398 95: | 2.196,| 2,096.| 0,916: 14 | 0,555] 0:455:| 0,426.1 100. | 2,275.| 2,175.| 0,03 3.À 16. | 0,614.| 0,514:| 0,453.) rro. | 2,435.| 2,335.| 0,966. 18. | 0,670:| 0,570. 0,477.1 120. | 2,577] 2,477.| 0,995. 20. | 0,724.| 0,624.| 0,500. 130. | 2,726.| 2,626.| 1,025. 22 0,776.| 0,676.| 0,519.) 140. | 2,870.| 2,770. 1,05 3. | 150. | 3,010 | 2,910.| 1,070. | 160. | 3,145 | 3:045.| 1,104. 1704 3,276. 3,:176.| 1,128, 1h 180. 3»408.| 3,308.| 1,153.h 1909 /1132539:10035#39:| T5173: 200: | 3,667:| 3,567.| 1,194. 220. | 3,912 | 3,812,| 1,234. 240. | 4,150,| 4050.| 1,273. 260. | 4,384.| 4,284.| 1,300. 280. | 4,610. 4,510.| 1,343. 300. | 4,830.| 4,730.| 1,375. 320+ | 5,047.| 4,947] 1,406. 24. | 0,828.| 0,728.| 0,530. 26. | 0,876.| 0,776.| o,557. 28. | 0,924.| 0,824.| 0,574. 30. | 0,972.| 0,872.| 0,591. 32. | 1,018.| 0,918.| 0,606. 34. 1,064.| 0,964.| 0,621. 36. 1,106.| 1,006.| 0,634. 33. | 1,152.| 1,052.| 0,648. 40. | 1,193.| 1,093.| 0,661. 43e 1,258.| 1,158.| 0,670. 46. 1,320.| 1,220.| 0,690. 49. | 1,380.| 1,280.| 0,716. 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Rayons veéteurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie eff 0,2. EL ift Diftance Rayons Abies, | Ordonnées. tee Rayons Faupérihél.| vecteurs. au périhél. | vecteurs. 1%] 0,204.| 0,004.| 0,056. 6oi“| 1,512.| 1,312.| 1,024. 2 0,214.| 0,014.| 0,106 65. | 1,602.| 1,402.| 1,059. 3 0,230:| 0,030.| 0,155 7o. | 1,692.| 1,492:| 1,092. 4 9,250.| 0,050. 0,2004 75. 1,777] 1:577.| 1133: 5 | 0,273.| 0,073.| 0,242. 8o. | 1,862.| 1,662 | 1,153. 6. | 0,298.| 0,098. 02804 85. | 1,947.| 1,747.| 1,183. z 8 9 10 Ablfciffes, | Ordonnées, 0,324.| 0,124] 0,315. 9o. | 2,029.| 1,829.| 1,210. 0,351.| o151.| 0,347 95. | 2,109.| 1,909.| 1,236. 0,378.| 0,178.| 0,377.) 100. | 2,188.| 1,988-| 1,261. 0,405.| 0,205.| 0,405.] 110. | 2,346 2,146.| 1,310. 2,494+| 252941 1355: 14. | o0,513.| 0,313] 0,501.) 130. | 2,638. 2,438.| 1,396. 16. | 0,566.| 0,366.| 0,541. 140. | 2:782.| 2,582.| 1,437. 18. | o,617.| o,417.| 0,577.1 150. | 2,919.F 2,719.| ‘1,475. 20. | 0,668.| 0,468.| 0,612.) 160. | 3,055.| 2,855.| 1,511. 22. | o,718.| 0,518.| 0,644. 170. | 3:185.| 2,985. 1,545. 24. | 0,768.| 0,568.| 0,6744 180. | 3,316. 3,116] 1,579. 2.6 +4 1e] 9 + a O 9 D a a Q EN LA N m b Oo . | oÿ8r5s.| 0,615.| 0,701. 190. | 3:447.| 3,247,| 1,672. 28. | 0,850.| 0,650.| 0,725.1 200. | 3,573.| 3,373.| 1,643. 30. | o,905.| 0,705.| 0,751. 220. | 3,819.| 3,619.| 1,701. 33. | o,971.| 0,771. 0,785. 240. | 4060.| 3,860.| 1,757- 36. | 1,036. 0,836.| 0,818.1 260. | 4,290.| 4,090.| 1,800. 39: | 1,100.| 0,900:| 0,848. 280. | 4,516.| 4,316. 1,858- 2, | 1,162.| 0,962.| 0,877À 300. | 4:740.| 4,540.| 1,906. 45: 1,223.| 1,023.| 0,905.) 320. 4:955.| 4:755-| 1,950- 48: | 1,283.| 1,083.| 0,931. 340. | 5,166. 4,966.| 1,993. 52: | 1,361.| 1,161.| 0,964 360. | 5,375.| 5,175. 2,035: TABLE DES % S1e0rm Et WC Es . 46% TABLE des Rayons vecteurs, des Abftifles à des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie efl 0,3. Rayons Diflance | Rayons au périhél.| vecteurs, REG ONE aupérihél, | vecteurs. ARE den ESS 1] 0,302:| 0,002.|! 0,049 6% 1,535. 1,29 PIT2017 2 0,307.| 0,007.| 0,092 70 1,622./ 1,322, 11,259 3 0,314] 0,014:|! 0,130 75. | 1,708.| 1,408.| 1,300 4 0,325.|! 0,025: 0,173 80. 1,792] 11,492] 1,338 5: | 0,338! 0,038.| o,2134 85. | 1,875.) 1,575.) 1,375 6 0,352.| 0,052.|1l0,25$2 90. 1:954.| 1,654.) 1,409 7 0,368.| 0,068.| 0,286 95 2,034.P 11,734.| 1,442. 8 0,386.| 0,086. 0,321.) 100 2,212.Pl1;8r2. 11,474. 9 0,406.| 0,106,| 0,357.1 r10 2;265.P11,965.| 11,535. 10 0,426.| 0:126.| 0,389. 120 2/4A12P2;Tr2PIr;992 12 0,468.| 0,168.| 0,449. r30 255 54:P12;254:Pi1,645 14 0,511. 0,211. 0,503. 140 2,694:| 2,394 13695 16 0,556.| 0,256.| o,554.1! r50. 25836: 2,536:Pir,;744 18. | 0,599! 0,299.| 0,599.Û 160. | 2,973.| 2,673.1 1,789 20 0,644.| 0,344| 0,642! 170. | 3;104./12,804.| 1,834 22 0,690.| 0,390.| 0,689.1: 180 3:234:P|25934;P11,876 24; 0,732.| 0:432.| 0,720.|: 190 3:361:P13;061.| 1,9r6 26. | 0,776. 0,476.| 0,756. 200. | 3,487: 3:187F 1,955. 28. | 0,819.| 0,519.| 0,789. 220. | 3,733. 3:433:/12;0 70. 33 0,924:| 10,624.| 0,86 5.1! 260 45202./13;902,[ 12,1 64. 36 0,987.| 10,687. 0,908.11 280 45428:)|4;128:Pl5;255. 39 1,047.| 10,747.| 0:947.]! 300 4:650.| 14:350.| 2,285. 42 1,106. 0,806.| 0,983.) 3:30 45864.| 4,564:| 2;340. 45 1,1 64| 0,864.| 1,018.| 340 5,076. 4,776:| 2,394 Mém. 177 3 Nnn 466. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Raÿons: velteurs, des Abfciffés à ‘des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie eff 0,4. iDiftance | Rayons Abe lordohnés, Diftance | Rayons ART o EE au périhél. | vecteurs! au périhél.| vecteurs, 1%:|0,40 1. :|0,001. |0,040: 65""%|1,487, |1,081. |1,315 2, ,[0,404. 10,004. |0,080. 70. |1,566, 11,166. |1,366 3. [0,408 10,008. |0,1#3 75.011,648..|1,248. |1,4E3 4. |o,414. [0,014 |o,149: 80. |1,730. |1,330. |1,459 5. |o,422. ;|0,022..|0,r88, 851,821. |1,411.:|1,502 6.:10,431.:10,031.,|0,223. 90-:|1,893. 11,493. |1,546 7: 110,442. :|0,042. |o,259 95.-|1,978.411,578. |1,58%4 8. |0,454. |0,054..|0,294. 100. |2,045. |1,645. |1,622 9. :10,467. :|0,067. 10,327. J'r10.-|2,r95., |1,795. |1,694 -10..[0,481..[0,081. |0,360. À 120. |2,342. 11,942. |1,762. 14e :|0,545.:|0,145.:l0,482.. À 140.-12,625. |2,225. |1,887 16. ,[0,879..[0,179. 0,535. À 150. |2,762.-|2,362. |1,944 18.:10,615. |0,215.:[0,586 160. |2,896..|2,496. |1,998 20.,|0,652.:[0,252.-|0,635 170. -|3,025.:|2,62.5. -|2,o$a 22.,10,690..|0,290..|0,681 180..|3,155.0|2;75:5: -|2,099 24.,10,730.-10,330.:|0,727: | r90.:|3,282.0|2,882..|2,147 à 0,767-:|0,367.: [0,766 200. «| 3,408 42..|1,069. |0,669.,|1,035 À) 320..|4,780. |4,380.:12,647. 45.e|1,125.,|0,725..|1,077 340.:/4,990. |4,590.:|2,710. 48..|1,181. |o,78r. [1,118 | 360.:|5,198. |4,798. |2,771. 2../1,25 3. [0,85 3.; [1,168+ À 380.:|5,401..|5,001.:12,829. 5G:211,355:: 10,955; |1,2164 À 400.1|5,601.:|$:201.:|2,885. DER SUONL ENL@ÆErSC AN 467 . TABLE des Rayons vecteurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie ef o, + Diftance au périhél. Rayons vecteurs. Abfciffes. Abfcifles, | Ordonnées, 2°%|0,50 0,002 1,414 |1,682. 4: |0,508. |0,008 1,490. -| 1,726. 6. |0,520. |o,020 1,564. | 1,769. 8. |0,536. |0,036. 1,637 | 1,809. nos «lo,5biss ||o,o15x5. 1,781 c|1,88:7. 12. |o,578. |0,078. 1,922 [1,961 14: [0,602. [0,102 2,060. |2,030 16. |0,626. |0,128 2,195+ |2,0915 18: |o,657. |0,157. 2,327e | 2,157. 20: |0,687. |o,187. 2,456: (| 2,2:1:6. 23: |0,734: [0,234 2,585: 12,274. 26. {0,783 |0,283. 2,714 (| 2,328. 29. |o0,833. |0,333 2,835: 112,38. 32. |0,884. |0,384. 2,957 |2,432. 35- |0:935+ [9,435 3»077+ |2:487. 38. |0,987+ |0,487. DUB Nb2 574. 42: |1,056. |o,556 3»542e |2,661. 46. |1,125. |0,625 37654 |2,744. so. |1,193. |o,693 3:982. |2,822. g4 |1,261. |o,76:1 4,198. |2,897. 58. |[1,327. |0,827 4,410. 2,970. 62. |1,393. |o,893. 4,617- |3,a39. 66, |1,458. |o,958. 4,824 |3,106. 70 |1,523.2 [1,023 020. |3,168. 75+ |1,604.. | 1,104 222; 113,249 80. 1,684. |r1,184 S»407+ |13,2.88. 8:$.0ln762., |x,262, 596. |3:345e 90. |1:838. |r1,338. Nnu i} 468 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Rayons vecteurs, des Abftiffes & des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhéle eff 0,6. | Diflance Rayons au périhél. vecteurs. 2}%| 0,602, 4. |0,607. 6 |0,614. 8. |0,625. ro. |o,638. 12. |0,654. 14. |[0,673: 16. |o,695. 18. |o,718. 20. |0,742: 23. |0,780. 26. |0,820. 29. |0,863. 2. |[0,906. 35: |[0,950. 38: |0,905: 2..|1,060. 46: |1,122;: so. |1,185. Dr 249; 58::|1,311. 62: |1,373. 66. 1,436 70: [1,497 75° 1,57 4 80. |r1,650. 85. fr, 7a5. 90. |1,800. Abfcifles, 0,002. 0,007. 0,015. 0,025. 0,038. 0,0 5 4+ 0,073. 0,095. 0,118. 0,142 0,180. 0,220: 0,263. 0,306. 0,350. 0,395+ 0,460. 0,522. 0.585. 0,648. 9,701 0,77 3: 0,835. 0,897. 9,97 4+ 1,050. 1,128. 1200. Ordonnées. 0,069. 0,128. 0,187. O,2295e 0,302k 0,360! p>438* A7 0,5 353: 0,584: 0,657: 0,727: 0,794 0,857: 0,917: 9,974: [,05T. 1,ED9. 1,185. 1,247. 1,306. 1, 362. 1,416. 1,467. 1, 529% 1,587. 1,643: 1,697: Rayons aupérihél,| veéteurs. 9 5" 1,874. 1,946. 2,099. 2,2 30°. 2,368. 2,5 08% 2,636. 27057 2,895: 3:021. 3,146. 3,270: 3389. 3,508. AGE 3:966. 4,192. AE OŸe 4,621. 4,827. 5,036. 5237: 5438: 5-7 30. 5582h$e 6,015. 6,203. Ordonnées. 13749 1,798. 1,891. 1,978. 2,05 9. 2,1137 2,2IRE. 2,281. LS D EPS 2 SIC EMNTCNE! s. 469 TABLE des Rayons vecteurs , des Abfcifles 7 des Ordonnées d'une parabole aont la diffance périhélie eff 0,7. iflance ayons Dift: ay nl ON A tGRe Loan h D ente |+ RAY au périhél.| vecteurs. aupérihél.| veéteurs. w%lo,7o1. |[0,001. |[0,053. OST ,8400M|r 1470200. 4. lo,3705. |o,005. |o,118. À 100. |1,912. |1,212. |1,842. 6. |o,7rr. lo,ot1. [0,175 Ê rro. |2,o50. |1,350. |1,944. 8. |0,719. |o,019. |0,231. À 120. |2,187. |1,487. |2,040. 10: 0,729: |o,0209.110,2815. 1 130. |2,323: |1,623. |2,132. 12. |0,741. |0,041. |0,339. 140, |2,454 14 |o,756. |0,056. |0,396. À r5o. |2,587. |1,888. |2 16. |0,772. |0,072+ |0,440. HO 027190 2,0115: 12 18. |o,790. |o,090. |o,502. 170. 12,840. |2,140. |2 20. |0,809. |o,109. |0,552. 180. |2,962. |2,262. |2 23. |0,842. |o,142. |[0,630. À 190. |3,086. |2,386. |2,585. Abfciffles. | Ordonnées. ni N ua h [e] " a C1 a 26. |0,875. |o,175. |0,700. | 200. | 3,208. |2,508. 29. [o,910. |o,2r10. |0,767. 210. |3,328. |2,628. 2. [0,947 |o,247. 10,832. | 220. | 3,443. |2,743. 35. [0,985- |o,285. |0,893. À 240. |3,673. |2,973. 38. [1,024 |o,324. |0,952. À 260. |3,900. |3,200. |2,993. 2, [1,080. |0,380. |1,031. | 280. |4,123. |3,423. | 3,096. 46. |1,137- |0,437. |1,006. À 300. |4,339: | 3,639. |3,192. So. |1,194. |0,404. |1,176. À 320. |4,547. |3,847. 13,282. 4 |1:252. |o,552. |1,243. À 340. |4,755. |4055. | 3,360. 58. |1,308. |o,608. |1,305: | 360. |4,960. |4,260. |3,454. 62. |1,368. |o,668. |1,368. À 380. |5,163. 4,463. |3,535. 66. |1,426. |o,726. |1,426. À 400. |5,361. |4,661. |3,612. 7o |1,484. |o,784. |1,482: À 420. |5,555. |4,855: |3,687. 75+ [0557 lo,857. |1,549. L 440. |5,:748. | 5,048. |3,750. 80. |1,629. |0,929. |1,612. À 460. |5,937. | 5,237. |3,828. 85. |1,7o7. |1,001: |1,677. | 480. |6,123. |5,424. |3,897. 470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Rayons velleurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diffance périhélie eff 0,8. | Difance Rayons Abiciffes, lOrdonnées. Diflance Rayons Ablaiftes, lorthése. au périhél.| vecteurs, au périhél.| veéteurs. 10,801. |o,oo1. |0,056. À ro0%|1,893. |1,093. |1,870. 4. |o,804. |0,004. |o,113. | 110. |2,026. 1,226. |r1,98r. 6. |0,809. |0,009. 0,169, nzotlt|2; rise Ris 357c 0) 2: 28)7 8. 0,815. |[o,o15. |o,219. À 130. |2,288. |1,488 |2,182. 10. |o0,823. |0,023. |o,271. Ê 140. |2,417. |1,617. |2,274. 12. |o,833. |0,033. |o,325. À 150. |2,544* |1,744. |2,360. 14. |0,844. [0,044 |0,375. | 160. |2,670. 1,870. |2,446. 16. |o,856. |0,056. |o,423. 170. |2,794. |1,994 |2,526. 18. |o,870. |0,070. |0,473. 180. |2,916: |2,1016, |2,602. 20. lo,886. |0,086. |0,524. À 190. |3,036. |2,236. |2,674. 23. [o,grr. |o,111. |o,596. À 200. |3,155. 12,355. |2,745. 26. |o,939. |0,139. [0,665. À 210. |3,273. |2,473. |2,813. 29.-[0.969. |0,169. |0,735- | 220. |3,389. |2,589. |2,878. 32. |[o,999. |0,199. |o0,798. À 240. |3,618. 2,818. |3,002. 36. |1,046. |0,246. |0,886. À 260. |3,842. |3,042. |3,120. 40. |1,094. [0,294 |o,969. À 280. |4,061. |3,261. |3,230. 44 |1142. [0,342. |1,046. À 300. |4,274. 13,474 13,334. 48. |r,192. |o,392. |r,120. À 320. |4,485. 13,685. |3,434. 2, |1,245. [0445 |r,193. À 340. 14,689. |3,889. |3,528. 56. |1,297. |o,497. |r,261. | 360. |4,893. 14,093. |3,619. 60: |1,350. [0,550. |r,327. À 380. |5,092. |4,292. |3,706. 65. |1,418. |o,618. |1,406. À 400. |5,288. |4,488. |3,790. zo. |1,485. |0.685. |1,480. | 420. |5,483. 14,683. |3,87. 75. 11,553. lo,;753. |1,5524 À 440. |5,672. |4,872. 13,956. So. |1,620. 0,820. |1,620: À 460. |5,860. |5,060. |4,024. 85: |1,688. |o,888. |1,686. | 480. |6,046. 15,246. |4,097. 00. |1,757+ [0,957 |1,749. À 500. |6,232. |5,432: |4,160. os. (1,825: |1,o25. |r,81r: D EuSy IS HCs IE NN CHE Se 471 TABLE des Rayons ve“teurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie eff 0,9. Diflance | Rayons, Diflance | Rayons PAS Abfciffes. | Ordonnees, sel Abfciffes, | Ordonnées, au périhél.| vecteurs. au périhél, | vecteurs. 3i%10,902. |0,002. 0,08 5. 120% |2,132. |1,232.. 2,106. 6. |0,907: |o0,007. |o,159. À 125. |2,195. |1,295. |2,150. 9: |o,9rs. |o;or5s. |0,232. À 130. |2,258. [1,358 |2,217r. 12. |o,926. |o,026. |0,306. À 135. |2,321. |1,421. |2,262. 18. |o,957. |0,057. |0,452. À 150. |2,508. |1,608 |2,406. 21. |o,976. |0,076. |0,523. 160. 31. |1,731. |2,496. Ca oo Ê] 24. |o,998.: 10,098. |0,594. À 170. |2,752. |1,8 52. 28. |1,030. |o,r130. |0,684. 180. |2,871. |1,971. 24 [1,065 |0,165., |o,771. 190. 2,988. |2,088. 36. |T,163. |o,203. 0,855. À 200. 3,104 |2,204. 40. |1,145. [0,245. |0,939. 210. |3,220+ |2,320. 44. |1,188. |0,288. 1,018. | 220. 3,334 |2,434. 48. |1,231. |o.331. |1,092. À 240. 13,559. |2,659. | 3,094. olti277et 0 2770 151 6e 260, |3,779. 12,879. |3,2r0. 56: |1,326. |o,426. |1,238. | 280. |3,995. [3,095 |3,338. 60. |1,374. [0,474 |1,306. À 300. 14,206. |3,306. |3,440. 65: |r,435: lo,535. |1,387. À 320. |4,4r4 |3,514 |3,5 56. 7o. [1,497 |o,507. 1,466. À 340. |4,620. |3,720. |3,650. 75. |1,560. 10,660. |1,541. 360. |4,822. |3,922. 3,757: 80. |1,624. |o,724. |1,614 À 380. |s,o19. |4,119. |3,85r. 85. |1,688. |o,788. |1,684. À 400. |5,212. |4,312. | 3,030. 90: |1,752.: 10,852. |1,751. À 430. |5,405. |4,505. |4,027. 95: |1,816. |o,916. |1,816. À 450. |5,595. |4,695. larrr. 100. |1,880. |0,980. |1,876. | 460. |5,781. 14,881. |4,1092. 105. |1,943. |1,043. 1,936. À 480. |5,764. |5,064. |4270. 110. |2,006. |1,106. |1,995. À 500. |6,147. |5,247. |4,346. 115: 12,069. |1,169. 2,051. 2h2 253 15. |0,940. |0,040. |0,379. À 140. |2,384. |1,484. ps 2,6 DRE REA RL LAS ENBETMRE ITIELN EE ALGER SIT LATE E ET RESTE TE PET EEE ES EEE » 472 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Rayons velleurs, des Abfcifles & des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie eff 1,0. À Diflance | Rayons Diflance | Rayons Abfciffes, | Ordonnées. Abfciffes. | Ordonnées. fau périhél. | vecteurs, aupérihél.| veéteurs, D Es SAGATIENN CAE 5; 473 TABLE des Rayons vedeurs, des Abfciffes à des Ordonnées d'une parabole dont la diflance périhélie ef£ 1,1. Diftance | Rayons Diftance ayons a 1. 5 Y Abfcifles. | Ordonnées. He à R 3 aupérihél. | vecteurs. aupérihél.| vecteurs. Ablcifles. | Ordonnées, s°"|1,103. |0,003. |o,115. 150°"|2,472. |1,37221|2,457. 10. |1,r12. |o,o12. |o,229. À 160. |2,586. |1,486. :|2,557. 15. |1,127. |0,027. |0,344. 170. |2,700. |1,600. |2,653. 20. |1,148. |o,048. |o,459. Ê 180. |2,814. |1,714. |2,746. 25. 1,174. [0,074 |o,571. À 190. |2,930. |1,830. |2,837. 30. |1,204. |0,104. |0,679. 200. |3,040. |[1,940. |2,922. 35- |1,238. [0,138. |0,779. À 210. |3,151. |2,05r. | 3,004. 40. 1,275. lo,175. 10,877. À 220. | 3,261. |2,161. | 3,083. 45 |r1,316. |0,216. [0,974 E 230. |3,370. |2,270. | 3,160. so. |r,36r. lo,261. |r,o71. À 240. |3,478. 12,378. | 3,234. 55 |1,409. [o,309. |1,166. À 250, |3,586. 12,486. | 3,307. 60. |1,459. [0,359. |1,256. Ê 260. | 3,693. |2,593- | 3,377. 65. |r,5r0. |o,4ro. |k,343. À 270. |3,799. |2,699. |3,446. 7o. 11,562. 0,462. |1,425. Ê 280. |3,904. |2,804. |3,512. 75. 11,615. |o,51s. |1,505. À 290: |4,008. 12,908. | 3,577. 80. |1,669. |o,569. |1,582. À 300: |4,110. |3:010. |3,630. 85. |1,724. |0,624 |r,657. À 320. |4,313. |3:213. |3,759. 90. |1,780. |0,680. |1,729: À 340. |4,514. |3,414. |3,875. 95. |1,837. [0,737 |1,80r1. À 360. |4,712. |3,612. |3,986. 100. |r,894 |o,794. |1,869. À 380. |4,908. |3,808. |4,003. 105.2/1,951. |0,851. |1,936: À 400. |5,100. |4,000. |4,195. 110. |2,009. |o,909. |1,999. Ê 420. |5,288. |4,188. |4,292. 115. |2,067. |o,967. 2,062. 440 |5,475: 14,375. [4,387 120. |2,125. |1,025. |2,123: À 460. |5,660. |4,560. |4,479. 125. [2,183 |1,083. |2,183. À 480. |5,843. |4743. |4,568. 130. |2,241. |r,141. |2,241. D $o0o. |6,023. |4,923: |4,654. 1359. 12,299: 11,199: 12,296. À 520. |6,201. |s,101. [4,737 140. [2,357 [1,257 |2,352. CEE EE CC IEEE EE RGO AE EEE DEEE NETE TON NES Mém. 1773. Ooe 474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TABLE des Rayons vecteurs, des Abfcifes à" des Ordonnées d'une parabole dont la diffance périhélie efl 1,2. Rayons Diftance | Rayons i Ordonnées, ARE vecteurs, Abfciffes, AE au périhél.| vecteurs, Diftance au périhél. 3"/1,203. [o,003. |o,119. À 170""|2,687. |1,487. |2,671. 1,210. |o,o1o. |o,219. Ê 180. |2,798. |1,598. |2,760. Abfcifles. | Ordonnées, 10. 15. [1,223. |o,023. |0,332. | 190. |2,908. |1,708. |2,863. 20. |1,240. |o0,040. |0,438. | 200. |3,015. |1,815. |2,951. 25. [1,262. |o,062. |0,545. À 210. |3,124. |1,924. 13,038. 30. 1.288. |0,088. |0,649. À 220. |3,232. |2,032. |3,123. 35. [1,318. |o,118. |o,752. À 230. |3,339. |2,139. |3,204. go. 1,351. |o,rsr. |o,851. À 240. |3,445. |2,245. |3,282. 45. |1,387. |o,187. |o,947. À 250. |3,550. |2,350. |3,358. so. |1,427. |0,227. |1,043. À 260. 13,655. |2,455. 13,432. ss. 11.469. |0,269. |1,136. À 270. 13,759. |2,559. |3,504. 60. |1,513. |0,313. |1,225. | 280. |3,862. |2,662. |3,574. 65. |1,558. |o,358. |r,311. À 200. |3,964. |2,764. |3,642. 7o. |1,605. |o,405. |1,394. À 300. |4,066. 2,866. |3,709. 75. |1,654. |o,454. |1,476. Ê 320. 14,267. |3,067. |3,834. 80. |1,705. |o,505. |1,556. À 340. 14,465. |3:265. |3,957- 85. |1,757. |o,527. |1,635. | 360. |4,660. |5,460. |4,075. 90. |1,809. |0,609. |1,709: À 380. |4,853. 13,653. |4,187. 95. |[1,862. |0,662. |1,782. À 400. |5,044. |3,844 |4,295. roo. 1,915. |o,715. |1,852. | 420, |5,232. |4,032. |4,399: 105. |1,968. |o,768. |1,910. À 440. |5,418. |4,218. |4,4009. r1o. |2,022. |o,822. |1,986. À 460. |5,601. |4,40171, 14,596; 115. |2,076. |0,876. |2,050. À 480. |5,783. |4,583. 14,690. 120. |2,130. |0,930. |2,rT2. 500. 15,962. |4,762. 14,787: 130. |2,242. |1,042. |2,236. À 520. 16,139. |4,939. 14,869. 140. [2,354 [1,154 12,353. | 540. |6,314 |S,114 |4,954: 150. |2 465. |1,265. |2,464. À 560. 16,487. |5,287. 15,037: 160. |2,576. |1,376. |2,569. D ES SAC RE NC E 5 475 REMARQUES Jur les Comncres gui peuvent approcher de la Térre. Depuis long-temps les Aftronomes ont parlé des inégalités que les Comètes peuvent éprouver par l'attraétion des Planètes, mais on na point examiné quelles étoient les Comètes qui pouvoient , par la fituation de leurs orbites , occafionner ou fubir les plus grandes perturbations. On avoit imprimé en 1769 , dans les Papiers publics d'Angleterre , que M. Dunn annonçoit une très-grande proximité entre Vénus & la Comète qu'on obfervoit depuis le mois d'Août 1769; auffi-tôt que j'eus calculé l'orbite de cette Comète, je cherchaï les points où elle traverfoit l'orbite de Vénus, & je vis qu'ils étoient fort éloignés de la circonférence ou de la trace réelle que Vénus parcourt en huit mois ; aïinfi il étoit impoñlble qu'il y eût entre ces deux Planètes aucune proximité remar- quable. {/ Mémoires de l'Acad. année 1768, page 58). Les inégalités de la Terre nous intéreffent encore plus que celles des Planètes : if étoit naturel de chercher fi la pré- diétion que je venois d’écarter pour Vénus, ne pouvoit point fe vérifier fur la Terre , non-feulement par rapport à cette Comète, mais encore pour toutes les autres que nous con- noiflons. J'avois lü dans un Livre * qui eft entre les mains de tout le monde, que fuivant M. Caffini, il ny avoit point à craindre de proximité entre la Terre & les Comètes. M. Lambert, Mathématicien de Berlin, étoit perfuadé que les rencontres des Planètes ne pouvoient avoir lieu, & ille dit formellement dans fes Lettres cofmologiques , réimprimées à Bouillon en 1770, fous le titre de SyfÆme du monde, Whifton, dans fa théorie de la Terre, ouvrage qui eft fondé tout entier fur la proximité de la Comète de 1680, à laquelle il attribuoit le Déluge, fembloit exclure toutes les # Élémens de la Philofophie de Newton, par M. de Voltaire, année 3738, page 381, . U Oooï 476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE autres Comètes, none of the others nodes are [o fituate as is neceffary to bring the Comet near enough to our Earth. (pag. 1 89), mais il entroit dans le fyftème de Whifton, d'avoir une Comète de lan 2340 pour le Déluge, dont il avoit établi la chronologie par les monumens de l’Hiftoire, & il mettoit de côté toutes les autres: moi-même enfin, entrainé par le fentiment commun des Aftfonomes, j'avois infmué dans mon Affronomie (art. 3116), que les Comètes connues ne pou- voient approcher aflez de la Terre, pour y produire d'effet fenfible; mais je n’avois point encore examiné cette queflion; fi quatre mille articles qui compofent ce Traité général, avoient pu être difcutés féparément & à loifir, je n’y aurois rien mis fur la paole d'autrui: mais un Traité de cette efpèce eft impoffible. Lorfque je fuis revenu fur cette queflion , j'ai calculé pour chacune de ces foixante-une Comètes , à quelle diftance de Ia Terre elle pouvoit fe trouver quand elle pafloit à la hauteur de la Terre, ou que fa diftance au Soleil étoit égale à celle de la Terre au Soleil, en négligeant lexcentricité de l'orbite de Ja Terre. Par la propriété du mouvement parabolique , on fait que I rayon vecteur d’une Comète eff égal à la diftance péri- hélie, divifée par le carré du cofinus de la moitié de l'ano- malie vraie (Voyez mon Affronomie, arr. 3042 ) , ainfi la racine de la diftance périhélie eft égale au cofinus de la moitié de l'anomalie vraie pour le moment où la diftance au Soleil eft égale à l'unité. Si lon prend la fomme & la différence de cette anomalie & de la longitude du périhélie, on aura deux longitudes de la Comète dont on ôtera le lieu du nœud, pour avoir la diftance de la Comète à fon nœud le plus voifin dans les deux points où elle s’eft trouvée à une diflance égale à celle de la Terre au Soleil. Si lun de ces argumens de latitude étoit zéro , ce feroit une preuve qu'il y auroit dans ce point-là une interfection des deux orbites, maïs il fufñt que l'argument de latitude foit fort petit ; le fnus de cette quantité, multiplié par le fnus de l'inclinaifon , donne lg DE sep NACE 18000 477 fnus de la latitude héliocentrique ; ou ce qui révient au même, la diftance perpendiculaire de la Comète au plan de l'écliptique, fenfiblément égale à la plus petite diflance qu'il puifle y avoir entre la Terre & la Comète *. Par exemple, la Comète de 1759, #.° 7, avoit fon nœud dans fa dernière apparition à 11 234 49’ de longitude & fon périhélie à i10f 39 16’: fa diftance périhélie eft de 0,5835; la moitié du logarithme de cette diftance eft le cofinus de 404 12/, ainfi J'anomalie de la Comète eft de 804 24! toutes les fois que le rayon vecteur eft égal à l'unité ; la fongitude eft donc de of 2 34 40’ dans le point qui précède fon périhélie, & de 7° 124 52’ dans celui qui eft après le périhélie; ainfr fa diflance au nœud dans le premier cas, eft de 304 9’, dans le fecond 104 57’, ce dernier eft le feul dont il doive être ici queftion ; l'inclinaifon 174 39 avec cette diftance au nœud de 10% 57, donne pour la latitude héliocentrique BF 18’, ou pour le finus de cette latitude 0,057 : c'eft la diftance perpendiculaire de la Comète au plan de l'écliptique, dans le temps où elle étoit à la diflance donnée par rapport au Soleil. J'ai mis dans la Table fuivante, les foixante-une Comètes que nous connoiflons, avec la plus petite diflance au nœud, & la plus petite diftance à l’écliptique pour le cas que je m'étois propolé ; j'en ai remarqué huit d’un aftérique *, ce font celles où les diftances au nœud font les plus petites : il y en a huit où je n'ai rien mis, ce font celles dont la diftance périhélie eft plus grande que la diftance moyenne du Soleil à la Terre, & dont les nœuds par conféquent ne pourroient tomber fur la circonférence de notre orbite. Cependant parmi ces huit Comètes, il y en a qui pourroïent approcher beau- coup de la Terre, comme celle de 1718, dont la diftance périhélie n'excède pas d'un trente-fixième celle de la Terre au Soleil, & celle de 1772 qui en diffère encore moins. * Comme je n’ai befoin ici que d’un aperçu , il eft inutile de mettre plus de fcrupule dans le calcul, 4781 MÉMOIRES DE L'AGADÉMIE ROYALE DISTANGE| DIST. DISTANCE| DIisT. ORDRE.| ANNÉES. à ORDRE.| ANNÉES.| au à l'Écliptiq. l'Édiptiq- 0,006. 0,0 $7- 0,029. 0,164. 0,030. 0,310. mp ls b BR | & œn 0,06 9. O,T5I- 0,28 9. D \o + [LU D mn |: A EM 4 | 0,057 © O Vi Aa in N L Oo a 2% O | Au © LD ms O mn n à [O [Se] O A de] L À ———_— +) —| — Le) n \9 + co o t EN a b O O . Oo © H Uw D La N > Lo e re Us (et D D pb ww D + b D D DT Oo o |__| +2 | | | — mm O Ÿ © b Oo O0 oO D ER 2 (eN © co co U WW D R IVota. La Comète de, 1264. eft. la même que celle de 1556, & celle de 1456 la même que celles de 1531, 1607, 1682 & 1759, ce font les élémens de celle-ci que nous avons fuivis; pareillement celle de 1532 eft la même que celle de 1661. L DES SCIENCE Ss. 479 La diflance à l'écliptique », Contenue dans la quatrième colonne, n’eft pas la plus proche diftance à laquelle chacune de ces Comètes puifle fe trouver, par rapport à l'orbite de la Terre, ni même la véritable diftance lorfque la Comète a fon rayon vecteur égal à l'unité; il faudroit augmenter ce rayon vecteur, jufqu'à ce que la diftance, réduite au plan de l'écliptique, fût égale à l'unité & non pas la diflance dans le plan de l'orbite ; mais les diflances que j'ai calculées ne font pas moins l'indication de ce que je cherche , car elles feroient égales à zéro s’il y avoit une coïncidence parfaite ou un point commun dans Îes deux trajeétoires : j'ai même négligé l'excen- tricité de l'orbite terreftre qui feroit quelques centièmes de plus ou de moins {ur la diflance, parce que nous ne connoif- {ons point aflez les nœuds des orbites » ni leurs variations , Pour afpirer à des déterminations fi précifes. Toutes ces diflances aux nœuds, étant fujettes à des variations accidentelles , plus grandes que les diftances même que j'ai trouvées , nous n'aurions rien appris de plus fur leurs véritables quantités , quand j'aurois cherché plus rigou- reufement ce qu'elles étoient dans les dernières apparitions. Je n'ai compté que pour une feule Comète, fous le po, celles des années 1456, 1531, 1607, 1682, 1750, mais ce font les élémens dans la dernière apparition, c’eft-à- dire, pour 1759, que j'ai employés dans Ja Table précé- dente: il en eft de même des deux autres Comètes, dont nous penfons que la période eft connue, & qui font fous le n° > & le n° 9. Îl y a des Comètes dont les inclinaifons font fi peu confi- dérables, que, quoique Ja diftance au nœud foit fort grande, la diflance à a Terre peut être très-petite , telles font les Comètes de 1743 & de 1756; dans celles-ci, les inégalités ou les perturbations qu'elles pourroient produire fur la Terre, font plus probables que dans les autres, parce qu'elles peuvent arriver dans des limites plus étendues de la diftance au nœud. : : Des foixante Comètes dont j'ai calculé les nœuds ou {es diflances, il ne s’en trouve pas une qui ait été plus près du 480 Mémoires DE L'ACADÉMIE Rotazr nœud que d’un degré en paflant à la diftance dont il s'agit: ainfi, quand même la Terre fe feroit trouvée dans le point correfpondant de fon orbite, au même temps que la Comète, il ne pouvoit y avoir de rencontre entre les deux globes dans la dernière apparition. Mais il y a huit Comètes dont les diftances au nœud ne vont qu'à environ $ degrés; dès-lors on peut regarder la coïncidence de ces Comètes avec la Terre, & fur-tout la proximité & le dérangement qui en eft une fuite, comme des évènemens poflibles, à raifon du changement qui arrive dans les nœuds par les attractions étrangères ; en voici un exemple palpable , tiré de la feule Comète dont nous ayons plufieurs retours bien obfervés, c'eft celle de 1759. En 1682, fon nœud étoit éloigné de fon périhélie de 3° 18d23'; en 1759, ilen étoit éloigné de 3 204 33’: voilà 24 10/ d'augmentation dans fefpace de foixante-feize aus & demi; l'on ne peut pas rejeter cette quantité fur l'incer- titude des obfervations, car la Comète de 1 68 2 fut obfervée affez long-temps & avec affez de foin, quoiqu'on ne connût pas alors combien elle alloit devenir intéreffante pour les Aflro- nomes , dans moins de vingt-cinq ans. Ce déplacement des orbites par les attractions étrangères ; eft donc très-certain , il peut avoir lieu en plus & en moins indifféremment, fuivant la fituation des orbites qui le pro- duifent; ainf nous pouvons regarder comme poffible , la coïncidence des orbites de ces huit Comètes avec la nôtre, même à leur première apparition. Maïs les trois circonftances, la coïncidence exacte des nœuds, le paflage de la Comète & celui de la Terre dans le même temps, dépendent de trop de circonftances & font trop difficiles à raflembler pour qu'on puifle jamais ni les calculer ni les craindre. Le mouvement des nœuds & le déplacement des orbites cométaires, peut amener un jour les quarante-cinq autres Comètes fur la circonférence de l’orbite de la Terre, ainfr ue les huit qui en font aétuellement les plus voifmes ; ‘ailleurs il exifte peut-être deux ou’trois cents Comètes: on a DES SAC IMELNNC E s. 481 on a du moins quelque lieu de le conjeéturer, par le grand nombre de celles qu'on a vues depuis trente ans ; ainfi les pofhbilités de perturbations , de déplacement, de concours même entre les corps célefles, me paroiflent en très - grand nombre; c'eft ce que M. Halley avoit préfumé, quoiqu'il n'en eût alors aucune preuve, lorfqu'il difoit à la fin de fa Cométographie , Collifionem verd vel conta@uin tantorum Corporunt ac tanté vi motorum, ( quèd quidem manifeflum ef? minime impof- fibile eff) avortt DEUS O. M. ne pereat funditus pulcherrimus hic rerum ordo, in chaos antiquum redigatur. ADDITIONS faites pendant l'impreffion, en 1777. La Table précédente n'étoit qu'un effai propre à faire apercevoir à peu-près les Comètes qui approchent le plus de l'orbite de la Terre, je regardois comme inutile un calcul plus fcrupuleux pour des phénomènes dont la poffibilité eft fi éloignée ; cependant mon Mémoire a excité la curiofité de M. Prolfperin , habile Aftronome Suédois ; ‘il a voulu calculer rigoureufement la plus courte diflance, à laquelle nos foixante- trois Comètes ont pu fe trouver par rapport à l'orbite de la Terre , dans leurs dernières apparitions , ayant égard à Yexcentricité de l'orbite terreftre: il en a donné une Table très-détaillée dans fes Mémoires de l'Académie de Stockolm, & je vais la placer ici, parce que ces favans Mémoires, écrits en Suédois , ne fe trouvent pas entre les mains des Aftronomes. J'ai marqué d'un aftérifque les trois Comètes qui fe font trouvées le même jour que la Terre dans le point calculé. Les réflexions contenues à la fin du Mémoire précédent, avoient été deflinées pour l'Afflemblée publique du 21 Avril 1773 , & je leur avois donné beaucoup plus détendue; mais la terreur qui fe répandit alors dans le Public à l'occa- fion de ce Mémoire qui navoit pas encore été lû , m'obligea de le faire imprimer. W. Réflexions für les Comites qui peuvent approcher de la Terre. À Paris, chez Gibert, 1773, 40 pages in-#" ; ainfi je n'ai laiflé que peu de mots fur cette matière, dans le Mémoire qu'on vient de lire. Mém, 177 3e Ppp 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE BERNIE CRT ES PRE TUEUR GLEN EL A LA EEURR LITE SUPER ELA TEGET LAC LOL TC SEM RC TETE INSERT ES ORDRE Noms DisTANCES DiISTANCES DisTANCES des Comètes, des Aironemes NUS LC de la Terre Aie à 4 qu lors de Se ont ça'culé la plus RON PUR 3 dE la Torre de leur apparition. Tenrlorbites à la Terre, même Nœud. | en décimales. | Aeffieurs +# DISEMTNT. D. M, “SF 1. 837] Pingré....|5g 1. 37. o —| 1. 35. o.| 0,048. II. 1231| Pingré.. 9 28. 55. o —|28. 47. 0.| 0 054. III. 1264| Pingré....|s) 2. 45. 30 +| 2.23. o.| 0,026. 111. 1264] Dunthorn..|{ 21. 52. o —|17. 52. o.| 0,087. IV. 1299] Pingré....[9 5. 8. o+| ï. 51. o.| 0,100. V. 1301] Pingré....|5 1. 6. o+| 0.22. 0.| 0,083. “La même ....| Pingré..:.199 1. 6. o+| 0.22. 0.| 0,083. VI 1337] Pingré....|f 14. 53. o +|12. 42. o.| o,r82. 49+ 1456] Pingré....|9s 7. 18. 48 +| 6. 57. 42. 0,0421. VII. -,1472| Halley....109 27. 42. 48 +|27. 36. 36 0.04 34: 490 T531| Halleÿ...:109 9, 252155 | 8. 58: 53 0,0 540. 19. 1532] Halley....1[8 34 53. 11 +] 30. 25. 49.| 0,3331. _Pla mémes!. à: Halley....199 58. 12. 6 —|53. 38. 58.| 0,4806. VII, 1533] Douwes...196 30. 38. 26 —|25. 39. 25.| o,3132. 3: 1556 Haley. !. : OM OMC 6. 20. 18.| 0,0765. IX. 1577] Halley....[9 18. 39.28 +| 5. 8.28. 0,345. X. 1580! Pingré:...19g 5.29. 22 2. 20. 12.| O,1227. La mêmes... Pingré. . 90549: 56 —| 2.29.) 4) 0,129 XI. &i582| Pingré....109 40. 50.48 —|22, 26. 32.| 0,6108. Xi. 1585! Halley.: . 18 24.13 30 —|25; 56-20 | o;ro8o: XL 1590! Halley....|9 19. 23. 48 +|17. 0. 33.| o,r95s. XIV. 1593] de la Caille. 99 21. 50. 27 —| o. 48. 54.| o,2163. XV. 1596| Pingré.. R 4 17. 10 +| 2. 37. 56.| o,o811. 49: 1607 AU ,S 7-45. 28 +| 7. 25. 17.| 0 0426. XVI. 1618] Pingré....[$2 56. 10. 13 +|$4. 14. 26 | 0,3r75: XVII. :1618| Halley....1[99 1. 19.28 —| x: 3. o.| 0,0709. XVIII, 1652] Halley....1[$ 3:31. 3 —| 0. 38. 37.| 0,1240. xXIX. 1661|. Halley....|05 47: 36. 00 —|42. 41. 44.| 0,42 37. La même..... Hailey....1$9 42. 48. 13 +|37. 57. 47.| 0,7635. XX. 1 1664| Halley..:.[S 17. 36. 29 —[16. 28. 24.| o,1705. XXI. 1665] Halley.. r3 07. 141% 3. n2:197-)Noi2 7e XXII. 11672| Halley....[?$ 1. 39. 32 —| ©. 11. 30.| 0,0500. XXII. 1677] Halley....|$ 11. 14. 12 +] 2. 9.37.) 0,2 148. XXIV. ROZ S Quick NA ONE AA NE Mae R: to, 2280: XXV. 1680! Halley....[99 o. 19. 50 +] o. 9: 38.| 0.005 3. 49 1682] Halley:...|09 8. 29. 32 +| 8. 5. 7.| 0,0490 XXVI. 1683] Halley....[$% 2.23. 2 —| o. 16. 59.| 0,0604. XXVIHL. 1684[ Halley....[8 © 9.21 —[| ©. 3. 50.1 0,0092. D ENS SIONWNEMNCES 483 TEmrs OnDre | ANoMaLiEs | LONGITUDES |de l'arrivée des Comètes|de l’arrivée de la Terre! des vraies du aux points aux points Comètes. | des Comites, SOLEIL des des plus proches diflances. | plus proches diftances. À pates ME: ee" : "ru: à MG ANSE NS TRUE: SCT SN 1. 80. 53. o| 0.28. 9. o| 8 Avril. 10. 45|13Av.v.ftyler2. of IL. 30. 7 of11.15. 3. o|19 l'évrier 6. 49/25 Février 14.45 À ILL. 99, 45. of11. 26.22. o| 9 Juin.. 12. 31] 8 Mars. 22. o À 11 |roo. 8. oo. 6.52. 024 Mai.. 7. 30|19 Mas..12. o À 1V. |ro8. 56. o| 9.18. 59. o|21 Février 22. 19/1298 31 Déc. 17. V. 91. 6. af 6.15. 2 o|17 Sept. 22. 34129 Sept... 22.30 Ye 91. 6. ol1z. 14. 38. ol25 Nov,. 1. 26/1302 26 Mars 16. À | VI. Gtn, 51. 9) 1809. 14. ol 03: Mai. 27, 4$|) x Déc... 27-40 à 49. | 79.48. 48] r. rr. 32 8|r16 Juillet. 21. 49/22 Avril.. 6.30 + Vi. 83. 55. 38/10. 9.23. 6|22 Janvier 9. $2|19 Janvier 18. o 49- 81. 39. 54| r. 10.26. 7| 1 Octob. 18. 40/20 Avril. 20.1 o À 19. 65.33.10] 97 20. 1. 12/28 Sep... 1. 7| 2 Nov... 9-60. 19. | 91. 7. 54 lo. 26. 48. 2|29. Nov 22. 52] 8 Avril. 16.4 o À vil. |127. 49. 34] 3. 10. 4. 37|22 Juillet! 16, 27|21 Juin.. 10. o 3° 95: 39- 44| © 2. 2. 18|12 Mars.. 12. 12/12 Mars.. 8.45*] IX. 122. 9.28| 6. 20. 43. 32/20 Nov.. $.44| 3 Oétob. 20.15 À X. 84. 26. 20| 0. 16. 47. 25|1581.11 Janv. 4. 20/27 Mars... 1.20 À Xe 4. 14 22] 6.21. 36. 41|16 Octob. o. 11] 4 Octob. 11,45 À XI 124. 53. 21| o. 28. 40. 48/30 Mars.. 3. 21| 8 Avril..r5. o X1I. 4. 48. o| 6. 13. 46. 1o|11 Olob. 6. 16|sOctnftyle17. 22 À XII 70. 4738110. 28. 30. 7| 9 Mars.. 15, SÂrs Février 22.30 à XIV 4146. 15.132] 15-113. 26: 6113 Août. 17. (SA 4 Sept... 1708 XV 81.23. 10] 4. 18. 14. 46| 3 Juillet. 18. 27|10 Août.. 8.42 À 49. 79.40. 28] 1.12. 55. 43| 3 Déc... 3. 35| 3 Ma... 10.44 À XVI 81. $.13| 1. 29. 10. 34/15 Juillet. 23. 26|19 Mai...23. 48 XWU,. {ro4 53. 32] 2. 7. 4 O|30 Sept... 9. 16| 7 Juin... 14.152 XVII. À 56. 20.29] 8. 7. 31. 23|19 Déc... 21. 2|28 Nov... 13.34 À X1X 98. 55. 50] 1. 9. 48. 46|10 Mars. o. 49/29 Avril. 7. o | XIX. 76. 16. 27| 7. 14. 32. 43| 3 Janvier 14. 53] 6 Nov... o.13 À XX. 31.:50:.:56| 19. 57. 42. 24|281Déc.., 15455128 Déc... 3.4 9* XXL |143. o. 17| 1. 14. 59. 29/21 Mars 6. 3| 4 Mai... 14.40 À XXI. | 68. 51. 28| 9. 27. 19. o| 8 Avril. 7. 47|16 Janvier 1.41 xxui. 110.26. 15| 1.28. 58. 47| 6 Avril. 6.45|19 Mai.. 0.44 À XXIV. 0.20. o| 4 28. 7. 7126 Août.. 22. 6|20 Août... 11.27 XXV. 4170. 57. 19| 9. .1. 52. 22/20 Nov.. 19. 59|22 Déc... 6.54 49e 80. 5.47| 1. 13. 11. 23/22 Octob. 8. 34] 2 Mai. . 20.52 XXVI. À 85. 30.28|r1, 23. .6. ,1|.2/Juin.., 3, r6|13 Mars, 1. 6 XXVII, | 29. 13. 391 2.28. 11. 10/29 Juin.. r1.24118 Juin... 5.25 Ppri 48% DEronre DE L'ACADÉMIE nt ORDRE des Comites, & Année H de leur apparition. XXVIIL. 1686 XXIX. 1689 XXX. 1698 XXXI. 1699 XXXII 1702 1 XXXIII. 1706 XXXIV. 1707 XXXV. 1718 RRXX VI 720 É XXXVII. 1729 h XXX VIII. 1737 XXXIX. 1739 XL. 1742 MOT 1740 XLII. 1743 XLIIT. 1744 RNA LS are) XLVI. 1748 DRIVE SA l'XLVIII 1758 XEIX 170 S L MENT CO LI. 1760 LIT. 18462 Ÿ Lil. 1765 Il memes. LIV. 1764 EVE 1766 LV. 1766 LVIIL. 1769 LVIII. 1770 INX.. U772 LXe. NON 7 7 LXIS 1772 LXII 1773 LEXIII, 1774 N oMS des Aftronomes qui ont calculé Di ISTANCES des Comètes à leur Nœud, lors de la plus proche diflance leurs orbites. à la Terre. Meffeurs Dhs Minas Se Haley....199 14 2 6 + Pingré.'. .. [99 41. 53: 4t + Halley: ...[S 60. 47. 52 + de la Caiïlle.|9$ 3. 45. 40 — de la Caille.|Q 22. 32. 41 + de la Caille.|95 16. 49. 53 — de la Caille.|S 1. 4 44 + de la Caille.|Q oo. 35. T6 — Bradléy 12 mo Douwes...199 7. 11. 46 — Bradley. 10 25:23:00 + de la Cail'e.|99 2. 40. 56 — Struick .» AE DO NO Et Struick... [9 21. 3. 59 + Klinkenberg|99 13. 38. 23 + BREL 8 26. 16: 27 — de Ja Caïlle.|QS 21. 34 45 — Maraldi . .. 19! 1 24. 59 + Struicke 08 4 so" de la'Caïlle.| 9 17. 17: 40 + Poire lé 22 01e de 1a Caiïlle.|{S ro. 10. 3 + de la'Caille:|$à 12, 44. 32 — de la’ Caille.|Sà 137. 15. 41 = Struick:...129 | 9. 16. 1r — Pinare NI OS Po: 28 NON Pingré.""., 83 lo. 57 12 + Pingrén LOS LR 48 7 — 2 RTE 85 6.15. 48 + Pinpré ST A7 Profpérin . . {3 9. 38. 49 — Profpérin..|3 35. 31. 36 + Pingré.... 05 L'se 34 51 Profpérin . . [9 35. o.'s0o — de la Lande:|QQ ro. 32. 53 — de lande, |Q 17. 374 8 — Mechain. 008 49.59. Mr — Distances | DISTANCES des Comètes dela Terre | à orbite au de Ja Ferre : même Nœud. | en décimales... DEN 4 12. 26. 24.| O,1 385. 17. 36. 2 0,6215. 60. 16. 36. 0,1813. I. 19. 44. 0,104 3: 212412, 08 55: 0,0 304 9. 47: 13.| 0,2812. O0. I. 39.| 0,0761. O0. 30. 25. 0,0449e O. 541 7:| 0,0621. 1. 37. 22. 3:0723: 225 01/82 52:| 0,1269. 1. 30. 42.| 0,0578. 1. 17% 40. 0,1629. 2)E0 1321258 O,0141. 9: 36. 4.| o0,2291. 18. 33. 44.| 0,3304. 4+ 16. 30.| 1,4458. 0. 6. 44.) 0,1 502. 2. 13. 1.| 0.090871. 16. 53. 55:| 0,0666. 6.:11:46.| o,28r5. 9° 4T+ 54:| 0,0 5744 2.120. Pad. 0,3 527 37 9+43:| 0.0536. 9: 48. 44! 0,5435: 0. 13. 37.| o,0185. O.“16.%1:5. 0,022 3. . 3° 2 0,0 3444 4. 44. 48.| 0,0862. 51.29. 221 o,1T766. 7: 19° 48.| o,1127. 35- 30- 49.| 0,018 3. 4. 45+ 58.| 0,0590. 34. 29« 6.| 0o,1204. 9+ 59+ 7.| 0,10 30: 3° 39. 40.| 0,3130. Fe 1344) 0,595: D'ENsS' SCT E" NRC Es 485 EE EP EEE DR EE PET UTC ZT TOC 7 QU SEE EU Temps TEMPS ORDRE | ANOMALIES | LONGITUDES |de l'arrivée des Comètes|de l'arrivée de la Terrek des vraies du aux points aux points Comètes. | des Comètes. S'O'LE1L. des des plus proches diftances. | plus proches diflances. Ë D: M: POUTINE, EE 02 À XXVIII. |1O8. 3. 16| 0. 20 Oétob. 21. 4122 Murs... 18.20 À XXIX. |161. $3: 46|10. 17 Déc... 15. 19|25 Janvier 2.31 À XXX. 63. 54 25| 0. 21. Nov. o. 21/16 Avril.. 13.20 À C0 0 IRON CE 22: Février 11. 14|11 Février o. s À XXXIT | 73 16. 52/1. 20 Avril.. 4.47|22 Avril.. 2. 0 XXXIII. |103. 52. 36| 0. 16 Mars.. 5.21/24 Mars... o. 9 À XXXIV. | 28.13. S| 7- 24 Nov... 3. so|rs Nov... ro. 4 XXXV: 6. 37. 44l10. 8 10 Janvier 0. 48|27 Japvier 21.24 REV /NL 2 12) OT S- 17 Oétob. 22. 4 8 O&. TG 1324 XXXVII.| 4. 29. 52| 4. 12. 27 Mai, 18475 a Août. 7e 3% XXXVIL|122. 56. oO| 0: 24. 1736.28Déc.o.27|13 Avril.. 11. 54 À XXXIX. | 72. 32. 30| 6. 28. 26 Juillet. 18. 22123 Ot... 6.46:k XL, 35-17: 38] ©. 4 17. 5126 Février 7. 7/24 Mars.. 14, 39 | XP re 45+ 51.15] 7-17. 7. 43|1742.13Déc.14.53| 9 Nov... 3.16 À XLII. | 74 55. So|11. 25. 40. 21/19 Otob. 4. 33116 Mars. 3.56 XLIII, |125. 11. .8| 8. 419. 4124 Janvier 43326 Nov... 10. 3 À XLIV. | 28.42. $5| 4.23. 2.20/1746.23Déc. 5. 54/15 Août... 22, 54 À XLV. 19: 16.25] 1.22. 59. o|17 Avril. 22. 52/13 Mai... o. 3 À XLVI. 6533. 31 Pr. 022 216. 42/17 Mar. Mol Tl'ANVrI. . 18.41 XLVII, |108. 44. 30| 1. 20. 59. 45/27 Nov.. 18. of11 Mai... 3. 3 IXLVILI. |126. 49. 54| 7: 14: 38. 23/19 Juillet. 9.59] 5 Nov... 13. 57 À XLIX. | 79.37. 3| 1.14 7. 619 Avril.. 4. 18| 4 Mai. . 12. to:} Le 73:20. 32|10. 17. 11. 1|18 Janvier 1. 28| 5 Féviier 22. 331 LT 21.28. 9| 9.26. 50. 28/1759 31Déc.20.37|16 Janvier 21: 44 LIT. 55-16. 25/11. 18. r3. 58|14 Juillet) 23. 15] 8-Mars.. 7.18 LI. 90.40. 35/11. 26. 15. 52/11 Déc... 3. 24/1 5-Mars.. 20. 35 LILI, 89. 28. 31| 5.26. 13. 24123 ent 48|18 Sept... 23. $7 LIV. 85. 3: 35| 3. 20. 23. 48|24 Mars. \ 8. 34/1 Juillet.22. 32 LV: 85. 20. 23| 7. 29.26. 2|24 Mars.. 14/20 Nov...20. 2 | LVI,. | 73. 37 7| 3: 8. 34. 22/23 Mai.. 23: 41/30 Juin.. o. 30 LVII |139. 25. 46| 6. 2.26. o| 4 Sept... 4. 32124 Sept... 18. 57 LVII, | 76. 9. 33] 3. 9. 57. 54| 1 Juillet. $. 48| 1 Juillet. 10. 42 *| LIX. | 83. 54. 17| 3. 23.28. 8|177017O&.2 3.46|1 5 Juillet. 14 35 LX. 40. 59:48] 8. 2.17. 10[22 Mars. 11. 26/23 Nov..23.19 LXI. 24. 50. -7| 8.20. 42. 7|30 Janvier ne g|12 Déc... 8.13 LXII, 3842246|19127.isbs7la Oct. 1 Shizidenviern 1.4 } LXHIL. | 33 24. 59| 5. 29. 32. 16|17 Sept … 21. $|22 Sept... o.56 En SNS Norbert en qe ne ei De] Lû le 9 Juin 1773, & remis le2 9 Mars 1777. 4386 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE M ÉMOIRE SUR'LES. APPARENCES DEBL'ANNEAU DE, ALT EU RAIN: EN 1773 Ÿ' 1774: Par M. DE LA LANDE. | MES E le célèbre Huygens* donna, en 1659, dans fon Syflema Saturnium , Yexplication jufte & fatisfaifante des phafes de Saturne , il fit voir pourquoi Saturne avoit paru rond & fans anneau en 1612, 1643 & 1656; & üïl expliqua les trois caufes de cette phafe ronde , ou de cette difparition des anfes pendant quelques mois; 1° le pañlage du Soleil par le plan de l'anneau ; 2.° le pañlage de la Terre dans le même plan; 3.° la fituation de la Terre à la partie poftérieure ou non éclairée du même anneau. Depuis ce temps-là M. Caflini lobferva de même en 1671, à la fm de Mai & le 13 Décembre, comme on le voit dans le Journal des Savans de 1672, & dans les anciens Mémoires, Tome X, page $ 37. M. Maraldi l’obferva aufli en 1714, ( Mémoires de l'Académie, 171$ à 1716. Nous ne voyons point qu'on s’en foit occupé en 1701 & 1730; les obfer- vations de 1744 & 1760 n'ont point été publiées; ainfi il eft temps de rappeler l'attention des Aftronomes fur ce phénomène, & de nous préparer à cette obfervation. Quoique cette phafe ronde doive arriver à chacun des nœuds de Saturne, c’eft-à-dire tous les quinze ans, on ne l'a jamais obfervée qu’une fois avec toutes fes circonftances, & * C'eft aïnfi que j'ai vu en Hollande le nom de ce célèbre Aftronome, écrit de fa propre main, avec deux points fur ly, on a varié beaucoup fur Vortographe de ce nom, & perfonne ne l’a écrit exactement. DES SCIENCES. 487 d'une manière complète ou à peu-près; la pofition eft moins favorable quand Saturne eft vers l'équinoxe du printemps, comme en 1701, 1730, 1760, 1789, que quand il eft vers celui de la Balance, parce que la Terre pafle quelque- fois alors dans le plan de l'anneau, cinq à fix jours après fa conjonction de Saturne au Soleil, & qu'alors il eft impofñble de l’obferver; d’ailleurs la feconde difparition n’a point lieu dans ces cas-à, du moins cela eft arrivé dans les dernières époques : c’eft pourquoi Fobfervation la plus détaillée & la plus fuivie qu'on ait eue jufqu'à préfent , eft celle de 1714 & de 1715; celle des années 1773 & 1774 fera de même efpèce, Saturne perdra fes anfes deux fois, & les recouvrera deux fois. Ces quatre obfervations feront égale- ment importantes, & peut-être pourra-t-on les faire toutes les quatre. J'ai traité affez au long dans mon Affronomie , de la manière de calculer les apparences de l'anneau de Saturne par rapport äu Soleil & par rapport à la Terre; mais je n'en ai pas fait une application aux circonflances préfentes, parce que je n'aurois pas pu être auffi für des lieux de Saturne par le calcul, ve nous le fommes aétuellement d’après les dernières oppo- fitions obfervées ; actuellement tous les calculs que je vais rap- porter feront utiles, même après obfervation, pour en tirer des conféquences, & pour comparer nos obfervations avec les plus anciennes. C'eft une chofe curieufe dans le fyftème du monde, que de favoir fi la préceffion des équinoxes eft fenfible dans Saturne ; l'aplatiflement de la Terre qui n'eft que d'un trois- centième , occafionne dans notre Équateur un déplacement d'un degré en foixante-douze ans ; l'anneau de Saturne , qui eft fi large & fi mince, & dont l'inclinaifon eft de 30 degrés fur l'orbite de Saturne, femble devoir étre beaucoup plus füjet à un femblable déplacement par l’aétion du Soleil, par celle de Jupiter, & même par celle du cinquième fatellite de Saturne, dont l'orbite eft inclinée d'environ 15 degrés fur le plan de l'anneau : il eft vrai que les diftances font fort 488 MÉnmoirss DE L'ACADÉMIE: RoYALE grandes, ce qui doit affoiblir l'effet de ces attractions; maïs les obfervaiions de cetie année nous apprendront avec quelque exactitude, quelle eft la quantité de cette préceffion des équinoxes dans Saturne, fuppofé qu'il y en ait. Dans la Connoïffance des Temps de cette année 1773, j'ai placé, dès le 1° Septembre, l'avertiflement fur la difpa- rition de l'anneau ; je favois bien que fuivant le calcul fait d'après les obfervations de 1715, elle devoit arriver plus tard; mais s’il y avoit eu un degré de préceflion en foixante ans, cela pouvoit occafionner une anticipation d'un mois dans le phénomène annoncé; il valoit mieux que les Aftro- nomes fuflent avertis un peu trop tôt. La conjonction de Saturne au Soleil arrivera le 6 Septembre 1773, & fi le commencement de la difparition de l'anneau arrive dans ce mois-là, du moins avant le 25, il fera prefque impoflible de Fobferver ; mais s’il n'y a point eu de change- ment fenfible dans le nœud depuis 1714, ce ne fera que dans les premiers jours d'Oétobre que l'anneau difparoîtra pour la première fois, en fuppofant les données dont je vais faire ufage dans ce Mémoire. Pour donner un calcul exaét de cette difparition, je vais expliquer une méthode bien plus naturelle & plus fimple que celles dont on s’eft fervi jufqu'à préfent, & dont le calcul eft fi élémentaire, que les Aflronomes les moins exercés pourroient l'appliquer à leurs obfervations. J'établis d'abord un principe qu'il eft néceflaire de com- prendre pour fuivre ces fortes de démonftrations : c'eft que le‘lieu de Saturne vu de la Terre, & le lieu de la Terre vu de Saturne, font éloïgnés de 180 degrés dans le ciel , & répondent à deux points diamétralement oppofés dans la fphère étoilée. Il fuffit pour en fentir la vérité, de fe rappeler que la parallaxe du grand orbe eft infenfible pour les étoiles ; elle eft donc ou infenfible, ou du moins très-petite même par rapport à l'orbite de Saturne rapportée aux étoiles ; elle ne peut pas aller à 10 fecondes, puifqu'elle n’eft pas d’une feconde pour l'orbe annuel de la Terre, qui eft la dixième partie DIE 88 MSC MEN NEC ETS. 489 partie de lorbe de Saturne, & cette quantité eft infenfible dans tous les calculs dont je vais parler. Ainfi Saturne peut être confidéré, aufli-bien que la Terre, comme le centre de la fphère étoilée; & une ligne menée de Saturne à la Terre, comme un diamètre de cette fphère, dont les deux extrémités répondent à deux points diamétra- lement oppofés. Concevons, par le centre de Saturne, un plan parallèle à l'orbite de {a Terre; ce nouveau plan, prolongé dans lim- menfité des Cieux, paflera par les mêmes étoiles que le plan de l'Écliptique; ils fe confondront dans cette prodigieufe diftance, & les étoiles auront les mêmes longitudes & les mêmes latitudes vues de Saturne, par rapport à cette écliptique paffant par Saturne , qu’elles ont , vues de la T'erre, par rapport à l'écliptique où nous comptons les longitudes, & qui pale par le Soleil & par la Terre. Ainfr, quand Saturne nous paroît répondre à cinq fignes de longitude, la Terre lui paroït en avoir onze ; & s’il nous roît avoir deux degrés de latitude boréale , il voit la Terre à deux degrés de latitude auftrale, c'efti-dire, toujours à un point diamétralement oppoé. Tranfportons-nous au centre Æ de Saturne / fig. 1), fuppofons que G HV M foit un hémifphère de cette planète, & traçons fur cet hémifphère, tous les cercles dont nous avons befoin ; foit G Æ V Yorbite que le Soleil paroît décgire autour de Saturne dans l’efpace de 29 ans 164 jours 7" 21° 50", dont le plan eft le même que celui de l'orbite réelle de Saturne, & dont l'apparence eft exactement la même que fi le Soleil tournoit en effet autour de cette planète : foit NO EL le cerce que nous avons appelé édcliptique, décrit du centre de Saturne; enfin O E À P le grand cercle de Saturne qui eft dans le plan de anneau. L'angle N eft l'inclinaifon de lécliptique N ©, fur l'or- bite G N E V'de Saturne, & cet angle eft de 24 30" 20"; le point Veft le nœud afcendant de l'écliptique fur l'orbite dé Saturne, ou le nœud defcendant de l'orbite de Saturne, Mém. 1773. Qgqq 490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui répond à of 214 43” de longitude fuivant mes nouvelles Tables & mes dernières obfervations. Le nœud Æ de l'anneau fur l'orbite de Saturne GNEV répondoit en 1744, à 111 204 8’, fuivant les calculs de M. Heinfius /De apparentiis annuli Saturni commentatio. Lipliæ , 1745); & en 1715, à 11 194 48", fuivant M. Maraldi (Mém. de l'Acad, 1716, page 180), par des obfervatious faites avec la grande lunette de Campani, de 34 pieds; aïnfr il devra répondre à 11! 209 37’ en 1774, en n’employant que la préceflion ordinaire des équinoxes, fans tenir compte du mouvement particulier que peuvent avoir les nœuds de anneau. Dans une note des /nflitutions Affronomiques ,page 32, il eft dit que les nœuds de l'anneau rétrogradent, & qu'en 1744 ils paroïfloient moins avancés de près d’un degré que vers le milieu du dernier fiècle; mais les obfervations de 1744 n'ont point été publiées, & lon ajoute qu’elles n'ont pas été faites avec d'aflez grandes lunettes; ainfr je n’y aurai point d’égard. Le nœud © de l'anneau fur l'écliptique répon- doiten171$,à11{164 17, fuivant les calculs de M. Maraldi, dans lefquels il emploie la difparition de l’anneau obfervée au mois d'Octobre 1714, la difparition du 22 Mars 1715, & la réapparition du mois de Juillet. I trouve 12’, 17° & 19"; il s’en tient à 17’, & Fon voit que l'incertitude n’eft pas confidérable : il faut que l'anneau foit bien mince pour que les deux phafes donnent, à 2 minutes près, le même lieu pour le nœud. If n’emploie la réapparition du 10 Féwgier, que pour trouver fous quel angle le Soleil doit éclairer l'anneau, pour que nous puiflions le diftinguer / Mém. Acad. 1716, page 179 ). Ainfi ce nœud répondra cette année à 1 1 174 6’. En faifant également abftraction du mouvement propre de Panneau; il y a 34 31! de différence entre ces deux inter- feétions, dont l’une Æ, nous fervira pour connoïtre le temps. où le Soleil pañle dans le plan de l'anneau; & l'autre inter- fection O, pour trouver le temps où la Terre pañle à fon tour dans le même plan. L’inclinaifon Æ de l'anneau fur l'orbite de Saturne eft de 304, & Finclinaifon © fur l'éclip- D ES NOAQAE UN] CG Æ)6 49 tique, de 314 20’. On ne peut obferver cette inclinaifon que dans le temps où l'anneau eft le plus ouvert, Saturne étant à 90 degrés des nœuds de l'anneau ; aïnfi il faut la fuppoler telle qu'on l’a obfervée quand le petit axe de l’ellipfe étoit le plus grand. La difpofition des trois cercles que l'on voit dans cette figure, montre que le nœud © de l'anneau fur lorbite de Saturne étant fuppolé rétrograde, le nœud Æ fur l'écliptique doit aufli rétrograder , quoique d’une quantité différente; en effet, d'arc V£Æ, compris entre le nœud de l'orbite fur l'écliptique, & le nœud de lanneau fur lorbite étant de 534 50’, fi lon diminue le côté EN, on diminue néceffai- rement auffi le côté ON; au lieu que fi l'inclinaifon N de Saturne étoit plus grande que celle de fanneau, il pourroit arriver le contraire, comme je l'ai fait voir ailleurs pour les planètes & pour les fatellites de Jupiter {Æffronomie, art, 1 35 0), ce qui m'a fait découvrir la caufe des variations fingulières qu'il y a dans les orbites des fatellites. Mais action de Jupiter fur l'anneau de Saturne pourroit être fenfible; ainf il eft bon d'examiner fi le nœud de l'anneau fur l'écliptique en feroit avancé ou reculé. Soit /Æ/fig. 2.) l'orbite de Saturne autour du Soleil, / F l'orbite de Jupiter inclinée feulement de 14 15’ fur l'orbite de Saturne, / Mémoires 1761, page 404) © EV Yanneau de Saturne dont angle d’inclinaifon eft beaucoup plus grand, & dont le nœud eft plus avancé de 45$ degrés que celui des deux orbites, qui ft à rof 54. Cette difpofition des orbites fait voir que fi le nœud # de l'anneau rétrograde fur l'orbite de Jupiter de Yen w, il rétro- gradera également fur celle de Saturne de Æene, & par conféquent fur Fécliptique. Ainfitoutes les attractions connues ‘confpirent à accélérer le phénomène de a difparition de anneau dans cette année, & à de retarder dans la fuivante, comme on le verra bientôt. M. Huygens ayant obfervé la phafe ronde de Saturne depuis le mois de Décembre 1 65 $ jufqu’au mois de Juin 2656, en conclut que le nœud étoit à 5! 204 30° /Syffema Qgqqi 492 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Sat. pag. 6Û ), ce qui feroit $f 22% 9’ pour 1774; mais ayant annoncé d'après cette hypothèfe, la phafe ronde pour la fin de Juillet 1671, il fe trouva en retard de deux mois, (Journal des Savans , 1672 ; Anciens Mém. tome X, p. $ 37) ce qui prouve que cette longitude efttrop forte. M. Maraldi, par la difparition de 1685, trouve 5f 19% 55" { Mém. Acad, 171$, pag. 1 8), & même, dit-il, tout au plus, ce qui donne pour 1774, $!2 1% 10. M. Maraldi , en 1715, trouvoit 5! 19%48", ce qui fait pour 1774, 5{204 37'. Cette longi- tude eft moindre que celle de 168$, mais celle-ci eft foup- çonnée d’être un peu trop forte; car M. Maraldi a pris le milieu entre la longitude de Saturne:, le 12 Juillet 1685, où Saturne n’avoit pas encore perdu fes anfes, & celle du 11 Otobre, où ül les avoit déjà reprifes; mais alors elles étoient plus larges qu'elles ne lavoient été le 12 Juillet; cela prouve que dans la première obfervation, Saturne étoit plus proche du nœud de lanneau que dans la feconde; & par conféquent le milieu pris entre les deux longitudes de Saturne eft trop près de la feconde, c’eft-à-dire, trop avancé. Ainfi quoique les longitudes tirées des obfervations de 1656, foient plus fortes de 14 32',& celles de 1685 de 32” que la longitude obfervée en 1715, nous ne pouvons pas aflurer que ke nœud de lanneau ait véritablement un mouvement rétrograde qui lui foit particulier, & c’eft ce qu'il importe de conflater en 1773 & 1774. M. le Monnier vit, le 12 Mai 1760, les anfes foibles & obfcures, c’étoit le commencement de leur réapparition ; fi Von fuppofe que le Soleil avoit paflé quinze jours plus tôt dans le nœud de l'anneau, on trouve que le nœud étoit à 5! 204 34/, plus avancé de 8 minutes que par les obfervations de 1716; mais le réfultat étant tout contraire à celui qui fe trouve annoncé dans les nfftutions Affronomiques, page 32, je n'aurai égard ni à un ni à l'autre. Pour me préparer à décider cette queftion, je vaïs expli- quer ma méthode pour le calcul des phales. Il faut placer d’abord dans la figure, là Terre & le Soleil, de manière à p'EUS SCUME NC 'E & 493 trouver facilement le temps où l’un & l'autre pafferont dans le plan de l'anneau, & le temps où l'anneau pañlera entre le Soleil & la Terre ; ce qui forme les trois caufes de la phafe ronde. Pour placer la Terre, par rapport à l'écliptique NO, fg.r, je prendrai pour exemple la première difparition de l'anneau qui aura lieu cette année. Le ro Octobre 1773 , la longitude géocentrique de Saturne , fuivant mes Tables , diminuée de 7 minutes & demie, comme paroiflent l'indiquer les trois dernières oppo- fitions, fera de $f 204 16’ avec 14 55’ de latitude boréale; ainfi la Terre aura 11 204 16, vue de Saturne, avec 14 ss de latitude auftrale: or dans un triangle 7° O L dont l'angle O eft de 31%20/, c’eft l'angle de l'anneau fur l'écliptique VO L, & dont le côté TL, perpendiculaire à Fécliptique, eft de ad $5': on trouve le côté O L, diftance de la Terre au nœud, de 349’, ce qui fuppofe la longitude du nœud ©, de 11! 179 7'; c'eft en effet celle que nous lui fuppofons; ainfi, le 10 Octobre, {a Terre fera en 7° fur le plan même de l'anneau , où l'on doit fe perdre de vue. Mais peut-être que quelques jours avant ce paflage, la Terre fera placée trop obliquement, pour que nous apercevions l'anneau ; fi lon fuppofe que ce foit environ huit jours, comme a cru M. Heinfus, qui fuppofe une élévation de 30 minutes, ce fera le 2 Oétobre , que l'anneau fera invifible pour nous, la Terre étant trop voifine du plan de cet anneau, & cela durera jufqu'au 23 Janvier, comme on le verra bientôt, Ce ne fut en 1715 , que le 12 O&obre, qu'on le perdit de vue, ceft-à-dire, qu'il difparut du 12 Octobre au 10 Février, pendant cent onze jours, tandis que fuivant mon hypothèfe, ce fera du 2 Oftobre au 23 Janvier, c’eft- à-dire, cent quatorze jours. Pour connoître à chaque jour , l'élévation de la Terre fur le plan de anneau , ou Fobliquité du rayon fur lequel on le voit de la Terre; fuppofons que fa Terre foit en B, fig. 3, ayantune latitude auftrale 2 C'par rapport à l'écliptique N OC, 494 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE répondant au point C de l'écliptique & au point D de l'anneaw, à une diftance C O du nœud O qui eft toujours à 11174 7°. Concevons du lieu B de la Terre un arc 8 O qui pañle par le nœud & un arc D perpendiculaire fur le cercle qui repréfente l'anneau; cet arc B D eft l'élévation cherchée, ou la diflance de la Terre à l'anneau. Dans le triangle B CO rectangle en €, nous connoiffons la latitude BC de la Terre & la diftance au nœud, égale à CO, on cherchera Z C & l'angle CO B; la fomme ou la diffé- rence de cet angle & de l'angle CO D 314 20!, inclinaïfon de l'anneau fur lécliptique, eft l'angle BO D. Dans le triangle B O D, connoïffant cet angle & l'hypothénufe B ©, il eft aïfé de trouver B D ; c’eft l'obliquité de la Terre, par rapport à l'anneau, de laquelle dépend la phafe ou la figure de l'anneau. On fait qu’un cercle, qui eft vu obliquement, paroît fous {a forme d’une ellipfe, dont le petit axe eft égal au grand axe, multiplié par le finus de l'angle d'obliquité du rayon vifuel; ainfi multipliant 42 fecondes, qui font à peu-près la valeur du grand axe de l'anneau , par le fmus de farc Z D que nous venons de déterminer, nous aurons la valeur du petit axe de l'anneau. Telle eft la manière la plus directe & la plus fimple, de calculer, en tout temps, les apparences de l'anneau & fa figure, par rapport à la Terre. Par exemple, je trouve, pour le 21 Septembre 1773, le lieu de la Terre en C, 111184 ©’, & fa latitude C B de 19 51”, la diflance CO de la Terre au nœud $3 minutes, Yhypothénufe BO, 24 3'; l'angle BOC,64* 41; l'angle BOD, 334 21; enfin le côté BD, 14 8'; c’eft l'élévation de la Terre ; les 42 fecondes, multipliées par le finus de 14 8’, donnent o”,8 pour le petit axe de l'anneau. Le ro Oétobre fuivant , la longitude de la Terre fera de 11/20 16’ avec 19 $ 5’ de latitude : la Terre fera dans le plan de anneau ; ainfi, dans l'efpace de dix-neuf jours, la Terre fe rapprochera de 1% 8/ du plan de l'anneau, en parcourant 24 16’ en longitude; fon mouvement, par rapport à l'anneau, eft donc la moitié de fon mouvement par rapport au nœud, D mS-S CQLENCE S 495 À Tégard du Soleil, il paroïit décrire N Æ (fig. 1), avec les mêmes degrés de vitefle que Saturne par fon mouvement héliocentrique ; or il eft très-aifé de calculer la longitude héliocentrique de Saturne. Le jour où ellefera de 5f20d33/, qui eft le lieu du nœud Æ£ ou de fon oppofite, le Soleil fera. évidemment pour lors dans le plan de l'anneau , & cet anneau difparoitra faute de lumière, fes deux faces étant éclairées fi obliquement, qu'il eft impoflible qu'elles réfléchifent affez de lumière pour être aperçues. L'épaiffeur de l'anneau qui eft alors éclairé, eft trop petite, & cet anneau trop mince pour qu'on puifle diftinguer la moindre trace de lumière; cependant il pourroit arriver que cette épaifleur fût de plufieurs lieues fans qu’elle parût à nos yeux; car les 42 fecondes qui font la longueur de anneau . valent 66737 lieues, en fuppofant la parallaxe du Soleil de 8”,6. J'examinerai dans mon fecond Mémoire , après Fobfer- vation, ce que l’on peut eftimer pour cette épaiffeur de l'anneau. Ce n'eft pas le jour même où le Soleil paffe dans le nœud £, que la lumière de l'anneau doit difparoître, mais quelques jours auparavant , fuivant que fes furfaces font plus ou moins ropres à réfléchir la lumière : M. Maraldi avoit cru que la difparition devoit durer un mois, quinze jours avant & quinze jours après le paffage du Soleil par le nœud Æ,/{ Mém. 1775, page 21); mais il n’avoit tiré cette conclufion que des obfer- vations de 1671 & de 1685, en fuppofant que le nœud n'avoit pas varié dans l'intervalle ; il trouva enfüite que le Soleil, le 10 Février 1715 , étoit élevé de 8 minutes fur le plan de l'anneau lorfqu'on commença de voir les anfes, qui venoient d’être nouvellement éclairées par le Soleil /Afém. 1716, page 182); or pour s'élever de 8 minutes, le Soleil en parcourt 16, ce qui exige près de huit jours, le mouvement héliocentrique de Saturne étant alors de 2! 3"2 par jour; ainfi il ne faudroit fuppofer que huit jours avant & huit jours après le pafflage du Soleil dans le nœud, pour la durée de cette difparition , & peut-être fera-t-elle encore moindre. En calculant la longitude héliocentrique de Saturne pour plu- 496 MÉMOIRES DE L'ÂACADÉMIE ROYALE fieurs jours, je trouve que cette longitude fera de $f 204 37° le 8 Janvier 1774; mais fi lon fuppofe qu'il faille quinze jours de plus pour l'élévation du Soleil, anneau pourra ne reparoître que le 23 Janvier 1774, le Soleil ayant traverfé fon plan & l'éclairant par le Nord du côté de notre œil. Ce ne fut pourtant que le 10 Février 1715, que les anfes com- mencèrent à paroître fuivant M. Maraldi. La figure première fert à trouver facilement l'élévation du rayon {olaire fur le plan de l'anneau, où la latitude du Soleil par rapport à ce plan, qui eft évidemment égale à Parc SA, abaiffé perpendiculairement du lieu S du Soleil fur le cercle E À de l'anneau. Dans letriangle fphérique £ SA, rectangle en À, on a l'arc ES, qui eft la différence entre le lieu actuel de Saturne vu du Soleil, & le nœud Æ dont la longitude eft 11f 20 37' pour 1774; on a aufli l'inclinaifon Æ de 30 degrés fur Vorbite de Saturne, on aura fin. $ À — fin. 30 degrés fin. Æ£ 4, pour la latitude du Soleil vu de Saturne, par rapport au plan de l'anneau, qui eft égal à l'angle fous lequel le Soleil voit cet anneau, ou à l'angle du rayon folaire fur le plan éclairé. Cette figure nous fait voir auflr, que , pendant le mois d'Oftobre 1773 , la Terre ayant pañlé en 7° au Nord de l'anneau, & le Soleil étant encore en Æ' du côté du Midi, nous ne verrons point la partie éclairée : le plan de l'anneau paflant entre nous & le Soleil, fera invifible pour nous, jufqu’à ce que le Soleil ait paflé à fon tour en Æ par le nœud de l'anneau, & qu'il vienne éclairer la partie fupérieure, ce qui n'arrivera que le 23 Janvier 1774. C'eft ainfi que l'anneau difparut depuis le 12 O&tobre 1714, où l’on ne voyoit plus qu'une feule anfe à l'Occident, jufqu’au 10 Février 1715, fuivant M. Maraldi /Mém. 171 5, p. 12); cet intervalle fut de cent onze jours, c'eft-à-dire, plus court de deux jours’, que fuivant le calcul précédent. Mais ïül faut obferver qu'en 1715, on ne put voir Saturne que le 10 Février, & que ce jour-là il avoit déjà repris fes anfes, ainfi l'intervalle pourroit bien être diminué de deux jours, Cet DE MSIJ SAC IT EN CE ss. 497 Cet efpace de cent treize jours que je trouve pour la dif- parition de l'anneau , fuppofe que nous le perdions de vue huit jours avant le pañlage de la Terre dans le nœud, & que nous ne puiflions le voir que quinze jours après le paflage du Soleil; fi lon parvient à obferver ces deux phafes & qu'on trouve la durée de la difparition plus courte, comme je le penfe, on jugera que les limites n'ont pas été bien pofées , & qu'il faut ou moins de huit jours à la Terre, ou moins de quinze jours au Soleil, pour acquérir lobliquité fufffante : cela paroît indiqué par la durée de Ja difparition obfervée en1714& 1715, plus courte que fuivant le Calcul précé- dent ; différence qui peut venir des lunettes: Il eft vrai qu’on ne fauroit pas, par ces feules obfervations , laquelle des deux fuppofitions doit être changée, mais on pourra le diftinguer par une autre difparition de l'anneau, qui arrivera en 1774, & dont je vais parler. La Terre continue , pendant quelques mois, d'avancer vers l'Orient , parce qu'après fa conjonction , Saturne eft direct, & la Terre lui paroît auffi direéte ; ainfi l'élévation de la Terre au Nord de l'anneau, continuera d’augmenter jufque dans les premiers jours de Janvier, où Saturne fera flationnaire vers s' 264 10’ de longitude ou environ, c’eft- ä-dire, 54 54’ plus loin que le lieu où elle aura traverfé anneau le 10 OGobre. Mais, comme l'arc de rétrogradation de Saturne, fera de 61 49' cette année-là, jufqu'à la feconde ftation qui n’arrivera que vers le 19 de Mai, on voit que depuis le commence- ment de l'année jufqu'au 19 de Mai, la Terre reviendra fur fes pas, & qu’elle rencontrera une feconde fois, en fens contraire , le plan de l'anneau en allant vers l'Occident. Le Soleil ne pañle qu'une fois en quinze ans par le nœud Æ de fon orbite, en forte que l'anneau ne peut difparoître qu'une fois, par le défaut de lumière, mais la Terre peut pañler deux fois par de plan O Æ, c'eft-à-dire une fois par fon mouvement direct, une fois par fon mouvement rétrograde; ainfi il peut y avoir deux difparitions fucceflives , qui proviennent de Mém. 1773. Rrr 498 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cette dernière caufe, comme on la vu en 1714 & 1715; & comme on le verra en 1773 & 1774 Quand je parle du mouvemént rétrograde de la Terre, on fent bien qu'il s’agit de l'apparence vue de Saturne, & qui réfulte de la combi- naïlon des deux mouvemens de Saturne & de la Terre. Ce fera le 1. Avril 1774, fuivant mes Tables corrigées, que la Terre étant en 7° à 11f 214 13” de longitude, ou à 442’ du nœud ©, aura une latitude 7°'L de 24 27’ qui coïncide exactement avec l'anneau , & c'eft époque de la feconde difparition, mais à caufe des raifons expofées ci-deflus, il pourra arriver qu’on le perde de vue dès le 24 Mars, comme cela fut obfervéle 2 3 Mars 171 $./Mém. Acad. 1716, p.173) La Terre rétrogradera encore de 19 52’ de plus, & par conféquent repaflera vers 2 au Midi de Fanneau; & le Soleil qui continue d’aller vers Orient fur fon orbite LS, éclai- rant la partie boréale, nous ne diftinguerons point l'anneau, jufqu'à ce que la Terre, ayant fini fon arc de rétrogradation à s'19d 21° le 19 Mai, revienne vers l'Orient traverfer encore une fois le plan de l'anneau vers 7: Ce troifième & dernier paflage arrivera le 3 Juillet, la Terre ayant 1 1f 20444 de longitude & 24 12° de latitude; ce jour-là ou au plus tard huit jours après, c'eft-à-dire le 1 1 de Juillet, nous reverrons l'anneau reparoître, pour ne plus le perdre de vue que dans quinze ans; c'eft ce qui fut oblervé auffi le 1 2 Juillet 1715. (Mém. 1716,p, 173) Mais dès le 23 Juillet, la proximité de Saturne à fa conjonction , fit qu'on ne put continuer de voir l'anneau fe dilater & les anfes s'élargir de plus en plus; cependant la conjonction n'arriva que le 21 de Septembre 1715, & elle arrivera le 22 Septembre 1774; les différentes circonftances fe correfpondent aflez exaétement dans lefpace de ces cin- quante-neuf ans. Ainfi la feconde difparition durera cent neuf jours fuivant mon calcul, au lieu de cent onze, qu'elle dura en 1715 & 1716; la durée qu'on obfervera, nous fera connoître exac- tement s'il y a en effet huit jours avant le paflage de la DES SCIENCES. 499 Terre dans le plan, & huit jours après, dans lefquels nous ne puiflions l'apercevoir, avec nos meilleures lunettes, car cela dépendra beaucoup de la force des lunettes. J'ai dit que dans les paffages de Saturne par le nœud afcen- dant de l'anneau vers l'équinoxe du printemps, les obfervations de la phafe ronde n’étoïient pas ordinairement auffi complètes; pour en donner un exemple, je choifis l'année 1760: je trouve que la Terre pafla, dans le plan de l'anneau vers 7, (fig. 4) le 19 Mars, ayant sf 20° 21”de longitude, & x $5"de latitude boréale, & que le Soleil y vint à fon tour en £, le 27 Avril, ayant 5! 20 34/ de longitude ; alors l'anneau reparut , maïs il ne dut point difparoïtre davantage parce que la rétrogradation de fa Terre ne commença que le 7 Juitlet & ne laramena qu'à r1f21% $3/ le 25 Novembre; il auroit fallu qu'elle fût à vif 20 55’, pour qu'elle püt être dans le plan de l'anneau, comme en 7'à 3° 5 3 dunœudO, parce qu'alors fa latitude étoit de 2° 22'; voilà pourquoi il n'y a eu qu'une feule difparition & une feule apparition de l'anneau en 1760. La difparition de l'anneau peut avoir lieu en tout ou en partie, car on fait qu'une des anfes de Saturne difparoït avant l'autre, comme cela fut obfervé le 12 Oétobre 1714 & le 22 Mars171$ (Meém.1715$,pag. 12; © 1716 ,pag. 173). Ces phénomènes méritent d'être obfervés avec foin: à melure que les anfes deviennent plus étroites, elles fe raccourciflent, parce que la largeur d’une ellipfe eft moindre vers les fommets du grand axe que dans le milieu, & que la partie la moins large doit difparoître la première. M. le Monnier, prétend cependant qu'en 1760 , les extrémités des anfés étoient plus apparentes & plus grofles que Ia pagtie yeifine de Saturne, mais vers le commencement de cette année 1773, lanfe orientale paroifloit un peu plus courte que l'autre. Une des anfes paroït fouvent un peu plus large que l’autre , ce qui femble prouver que l'anneau n’eft pas parfaitement plan, comme M. Caflini lavoit déjà foupçonné en 1671; le 1.” Oftobre 1714, le 3, le 5, le 7 & le 9, l'anfe orientale Rrrij 500 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE paroifloit un peu plus large; le 12 de Juillet 1715, lanfe occidentale paroïfloit la plus large, l'orientale étant à peine vifible. Mais ce qu'il y a de plus fmgulier , c’eft que l’infe orientale qui paroifloit la plus large le 9 Oétobre 1714, difparut cependant la première le 12 Odlobre /Mém. 1715, page 12). Cela paroît indiquer un mouvement de rotation de l'anneau , par lequel la partie la plus inclinée à notre œil pañle de la droite à la gauche. Il fera donc fort curieux d’ob- ferver cette fois, de quel côté fera, chaque jour, la partie la plus large, fuppofé que la différence foit fenfible : ces obfer- vations pourroient nous faire connoître là durée de la rotation de Saturne, dont nous n'avons aucune idée. M. Caflini ayant remarqué en 1677, que l'anneau de Saturne étoit divifé par une ligne obfcure, en deux parties circulaires, concentriques, dont l'intérieure étoit plus claire, penfoit que peut-être la partie extérieure de Fanneau étant fimple & obfcure, difparoïfloit avant la partie intérieure qui étoit double & plus claire. / Journal des Savans | 1677, page 56 ; anciens ÂMemoires, tome X, page 583); c'eft ce qu'il faudra encore examiner par les obfervations dont je viens de parler. Pendant le temps que Fanneau difparoît , on diftingue fur le globe de Saturne, une bande obfcure qui eft l'interruption de lumière, ou l'éclipfe que forme l'opacité de l'anneau fur le difque de Saturne , quand nous ne voyons que la partie obfcure de cet anneau. Il y a aufli une bande obfcure fur Saturne , dans les temps même où nous voyons la partie éclairée de l'anneau , à caufe de ombre que cet anneau fait fur le globe de Saturne; mais cette bande fera fort étroite cette année-ci, car elle eft formée par un corps qui n’a que fix fecôes de largeur & qui eft projeté fous un angle de deux ou trois degrés quand nous voyons la partie obfcure de l'anneau ou qu’il pañle entre nous & le Soleil ; dans ce cas-là, il ne peut y avoir qu'un quart de feconde d’obfcurité fur le difque de Saturne. Dans le cours de la révolution de Saturne autour du Soleil, le rayon folaire , fait avec le plan de D, AO TE Memoire sur LAnneau de Salurne Mem. de LAe.R des Se. An 1779 Lg 620.PL.XT. Orbile du Soleil S F Le Gouaz Jap n Memorre sur l'Anneau de Saturne Mer. de Le. RL: An. 1779 Les 600.11 XT. F Le Couue Ju | DES SCIENCE s. sort Janneau, un angle qui va jufqu'à 30 degrés, l'ombre eft plus large, mais nous n'en voyons jamais qu'une partie, l'anneau lui-même nous cachant le furplus de fon ombre. La bande obfcure, formée par l'ombre de l'anneau, paroî- tra depuis le commencement d'Oétobre , jufqu'au commen- cement de Janvier : alors le Soleil , étant dans le plan de l'anneau, fon épaifleur feule pourroit faire ombre, & cette ombre eit infenfible, puifque la lumière de cette épaifleur ne peut la faire apercevoir. Après le 12 Janvier , cette ombre recommencera de paroïtre, & ira toujours en augmentant ; au contraire, da bande noire, produite par l'interpofition de anneau, augmentera depuis le mois d'Octobre, où la ‘Terre fera dans le plan de l'anneau, jufqu’à la fin de Dé- cembre ; & à la fin de Janvier, le Soleil viendra la faire difparoïître. Alors il n'y aura plus que la bande noire, formée par l'ombre de anneau , jufqu'au 24 Mars, où la première renaîtra pour durer jufqu'au 11 Juillet, En 1715, cette bande étoit affez large & aflez noire, fur-tout vers le 1 6 Mai, quoique la Terre ne füt élevée que d’un peu plus d’un degré fur le plan de l'anneau / Mém. 7 71, page 176). Ainfi les quatre phafes , fuivant mon calcul, font pour le 10 Oétobre, le 8 Janvier, le 1.” Avril & le 3 Juillet. Avec les fuppoñitions qu'on a faites fur lélévation néceffaire au- deffus du plan (page 497) on trouveroit le 2 Octobre, le 23 Janvier, le 24 Mars & le 11 de Juillet. Je donnerai , dans un autre Mémoire , la fuite de ces calculs fur les phafes de l'anneau de Saturne, après que lon aura obfervé les phénomènes que je viens d'annoncer. 1." Sept. 1773, & remis Île 29 Mars 1777: so2 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE RE CHER CAES SUR LA COMPOSITION DU FLINT-GLASS Avec des vues pour le perfetlionner. Par M MAcQuER. ui L' fait, depuis quelques années, beaucoup d'expériences pour parvenir à faire de bon fint-glaff : elles teñdoïent principalement à découvrir la caufe des défauts auxquels ce criftal eft fi fujet. J'ai cru devoir d’abord déterminer fi la ‘matière propre du creufet, rongée en partie, & fe mélant au criflal pendant fa fonte, n’étoit pas la caufe de fes filandres & de fa qualité gélatineufe ; j'en ai fait pour cela qui ne conte- noit que du minium & du fable, & auquel j'étois certain que le creufet n'avoit pu communiquer abfolument rien de fa fubftance par la précaution que j'avois prife de doubler ce creufet d’un enduit affez épais de fable broyé & parfaitement pur. Le criflal que j'ai obtenu dans plufieurs expériences de ce genre, étoit fort jaune, & quoique très-brillant & très-tranfpa- rent, j'ai reconnu qu'il avoit les mêmes défauts que tous ceux pour la fonte defquels on ne prend point la précaution que j'avois prife ; il eft décidé par ce premier travail, que ce n'eft point au mélange d’une partie de la terre argileufe du creufet dans ces fortes de criftaux, qu’on doit attribuer leurs imperfeions, & fi ces expériences ne m'ont point procuré un criflal fans défaut, tel que je l’efpérois, elles ont fervi du moins à déterminer un point douteux fur lequel on auroit toujours eu des fcrupules bien fondés, & propres à répandre de l'incertitude fur la caufe des imperfeétions du flint-glaff. Mon but ayant été, en commençant ce travail, d'examiner ainfi fucceflivement toutes les circonftances de la fonte de D'EUSI Stc'T'E N°C E 503 ée criftal, pour découvrir celles dont pouvoient dépendre fes bonnes ou mauvaifes qualités, il me refloit bien d’autres objets à foumettre aux mêmes recherches; les principaux étoient le degré de fluidité qu'il falloit donner dans les diffé- rens temps de la fonte, & la nature des différentes chaux ou préparations de plomb qu'on pouvoit faire entrer dans fa compolfition. Quoique j'eufle lieu de croïre, d'après un très-grand nombre d'expériences, que ce dernier objet étoit prefque indifférent pour la nature du criftal, le peu de fuccès du dernier moyen auquel j'avois eu le plus de confiance, & - dont je venois de découvrir l'inutilité, me détermina à reve- nir fur les préparations de plomb ; & en confidérant qu'il y en avoit plufieurs qui n’avoient jamais été mifes à l'épreuve, je réfolus de les effayer toutes l'une après l’autre. Comme j'ai toujours attribué le défaut de la difiolution parfaite du fable par les chaux de plomb, à la trop grande quantité de principe inflammable qui refte uni à ces dernières, j'ai eflayé d'en préparer de plus exaétement calcinées, & les acides minéraux ayant la propriété de dépouiller les métaux de leur phlogiftique avec beaucoup d'efficacité, ça été par leur moyen que j'ai tâché d’en priver plus exactement les chaux de plomb dont je voulois me fervir dans mes nouveaux effais. J'ai pris du minium, qui eft une chaux de plomb déjà autant calcinée qu'elle le puïfle être par l'action du feu aidée du concours de l'air; je aï mis dans un matras, & j'ai verfé par - deflus aflez de bon efprit de nitre pour le furnager de deux travers de doigt : cet acide n’a point agi fenfiblement à froid , il a feulement rendu la couleur éclatante du minium d'un rouge terne, fombre & fort brun. Ayant mis enfuite ce mélange fur un bain de fable, l'acide, à laide dela chaleur, a diflous une partie du minium avec effervefcence; la portion la plus groflière eft reftée au fond fans changer de couleur. J'ai augmenté la chaleur jufqu'à faire bouillir l'acide nitreux ; il s’en échappoit alors Go Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE beaucoup de vapeurs; mais elles étoient blanches comme quand cet acide eft aqueux & qu’il n'agit point fur une ma- tière métallique ou inflammable; ces fumées ont fubfifté de même jufqu'à ce que le mélange füt prefque à ficcité; alors en augmentant le feu, l'acide a commencé à fortir en vapeurs rouges avec fon odeur particulière ; cette odeur & cette couleur ont augmenté jufqu'à ce que tout füt très-fec. Après avoir café le matras, j'ai trouvé %e minium en un gâteau qui avoit quitté un peu le fond ; il étoit d’un très- beau blanc dans fa partie fupérieure, grifâtre dans fa partie moyenne, & d'un rougegerne briqueté dans fa partie infé- rieure. La portion blanche avoit une faveur fliptique très- forte ; la rouge n’avoit point de faveur fenfible. J'ai pilé, broyé & mélé le tout : cette matière broyée étoit d'un gris tirant un peu fur la couleur de la peau de chamois ; elle avoit une faveur un peu fliptique, & en même temps fucrée. Je l'ai fait calciner à feu nu & à Fair libre dans une capfule de terre à creufet : elle eft devenue entièrement rouge par la calcination, & àä-peu-près comme le minium. Ayant augmenté le feu jufqu'au point de faire rougir obfcurément fa capfule, une partie de cette chaux a commencé à {e fondre en matière jaune comme le maflicot , & fort adhérente à la capfule. Toutes les cireonftances de cette expérience m'indiquoient que la chaux de plomb n'avoit reçu aucun nouveau degré de calcination par l'action de l'acide nitreux ; il m'a femblé même: que cet acide, loin d'enlever du principe inflammable au minium, étoit plutôt capable de lui en rendre, & n'efpérant aucun avantage de la chaux de plomb ainfi préparée pour l'amélioration du flnt-glaf[, j'ai négligé de la faire entrer dans une nouvelle compofition de ce criftal, pour en venir plus promptement à l'examen des effets des acides marin & vitrio- lique fur la chaux de plomb. J'ai fait du plomb corné en précipitant par du fel commun; la difolution de plomb dans l'acide nitreux, J'ai filtré la liqueur D ENS" SI CHE INCCHE NS. 505 Jiquéur pour en obtenir le précipité, & après l'avoir féché, j'en ai mis de pur dans un petit creufet à feu nu : le vaifleau étant bien rouge, le plomb corné s’eft exhalé teut en vapeurs comme de l'arfenic, une partie a paffé au travers du creufet, mais fans rien fondre, & enfin il n’eft rien refté du tout. J'ai mis une autre portion de ce même plomb corné dans un vaifleau de verre, & je l'ai fait chauffer lentement & avec précaution ; quand il a commencé à rougir obfcurément & avant de fumer, il s’'eft fondu tranquillement comme de la cire. Après qu'il a été refroidi, je lai trouvé figé en une . feule maffe blanche, d’un tranfparent de porcelaine , mais qui ne fe laifloit aucunement ni plier ni couper. J'ai mêlé deux parties de ce plomb corné avec une partie de fablon broyé, & j'ai mis le tout dans une petite tafle de porcelaine dure de Sèves, & couverte. J'ai chauffé ce mélange par degrés ; il eft parvenu jufqu’au rouge cerife fans fe fondre, mais il fumoit confidérablement. J'ai couvert ce creufet d’un couvercle de terre, & j'ai pouffé le feu pendant trois quarts- d'heure jufqu'au rouge blanc ; au bout de ce temps j'ai trouvé le couvercle foudé fortement avec le creufet ; l'ayant détaché, la matière fumoit encore; elle étoit au fond du creufet en une mafle blanche non fondue & friable, quoiqu'un peu dure & aflez adhérente au creufet. L'intérieur du tuyau que j'avois mis fur le fourneau, pour le faire tirer, étoit tout garni de fleurs blanches. Ces expériences prouvoient bien décidément que le plomb uni à l'acide marin , a trop de volatilité poûr entrer en vitri- fication avec le fable pur, & que par conféquent je ne pou- vois rien attendre de cette préparation de plomb. Il me reftoit à reconnoitre les effets de la combinaifon de ce métal avec l'acide vitriolique. Dans cette intention j'ai mis du minium dans un matras, j'ai verfé par-deflus, de l'acide vitriolique très-concentré; il s’eft excité auffitôt un mouvement de diflolution aflez confidérable; tout le minium a été pénétré par l'acide, & à laide de la chaleur du bain de fable, il a pris une couleur blanche comme un fel; j'ai Mén, 1773 Sf£ 506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE poufié le feu pour enlever l'acide; il eft forti beaucoup dé vapeurs blanches, mais qui n’avoient aucune odeur fulfu- reufe. La defffecation totale ayant de la peine à fe faire dans le matras, je lai caflé, & j'ai mis la matière qu'il contenoit, dans une capfule de grès. Il a fallu un degré de feu très-fort pour deflécher entièrement ce mélange; il s'en eft exhalé une grande quantité de vapeurs blanches très-épaifles , qui n'avoient point du tout d’odeur fulfureufe, & même qui n'avoient, à proprement parler, aucune odeur. Après la ceflation de ces vapeurs, le fond de la capfule étant rouge, j'ai examiné la matière, elle formoit un pain dont le deflus & le deffous étoient fort blancs, & l'intérieur avoit une couleur incarnat très-foible ; j'ai broyé cette matière, & j'y ai mélé affez de nouvel acide vitriolique pour en former une pâte, que j'ai expofée de nouveau au bain de fable dans la même caplule. Tout seft paifé cette fois-ci comme la première fois ; l'acide $eft exhalé en vapeurs blanches fans odeur, jufqu’à ficcité. La chaux de plomb, après cétte opération, étoit blanche, mais teinte affez uniformément d'une légère nuance d’incarnat. J'ai fait calciner une portion de cette chaux, ou plutôt de ce vitriol de plomb, pendant deux heures, à un feu affez fort dans un creufet; il nem'a paru ni fufiblecommelachaux faite par l'acide nitreux, ni volatil comme le plomb corné ; cette mafle faline a pris feulement par cette forte calcination, une couleur jaune beaucoup plus fenfible à fa furface que dans fon intérieur. Jugeant par ces qualités que ce fel méritoit d’être effayé dans une compofition de criftal, j’en ai mêlé deux onces quatre gros avec une once de fablon broyé, formant en tout trois onces quatre gros ; j'en ai mis trois onces fix grains dans une capfule doublée de fablon préparé, & je l'ai expofé fous la moufle de mon fourneau à vent : après une heure de feu modéré, voyant que ce mélange ne donnoit aucun figne de fufion , j'ai ajouté le tuyau au fourneau, & j'ai pouffé au feu rouge blanc pendant une heure & demie, & j'ai vu avec beaucoup de furprife, que malgré la durée -& la violence de ce feu, Die us Sac 1 hËr Nine «Es: 507 & malgré la quantité de plomb qui étoit entré dans ce mélange, non-feulement il n'étoit pas vitrifié, mais que la matière qui étoit blanche, n’avoit pris que très-peu de corps & de retraite, & étoit, par conféquent très-éloignée de la fufion ; l'ayant recueilli & pefé très-exaétement , j'ai trouvé fur la totalité, un déchet de quatre gros quatorze grains. Le feu de forge que j'ai appliqué enfuite à ce même mélange, ne la point décidé à la fufion, & même ne lui a occafionné aucun changement. Il eft bien décidé par ces expériences, que le vitriol de plomb , fur-tout lorfqu’il eft bien chargé d'acide, n’eft point fufible comme toutes les autres préparations de plomb , & qu'il eft bien éloigné par conféquent, de pouvoir fervir de fondant aux fables & autres matières réfractaires qui doivent entrer dans la compofition des criftaux; c’eft une vérité dônt nous nous fommes encore affurés depuis peu dans l'examen que nous venons de faire de Ja mine de plomb blanche *. Nous avons cependant fondu ce fel au foyer de la lentille de l’Académie, mais avec peine, & même le vitriol de plomb le plus chargé d'acide que nous avons expofé à ce foyer, ne s'et fondu qu'en une matière opaque bien éloignée d’une vitrification parfaite. Cette qualité fi réfractaire que j'avois reconnue dans le vitriol de plomb, ne m’a point empêché d’effayer de le faire entrer dans de nouveaux eflais de flnt-glaff ; maïs j'ai très-bien fenti qu'il falloit néceffairement joindre d’autres fondans aux nouveaux mélanges que je me propofois de faire : en confé- quence j'ai mêlé très-exaétement une once de mon vitriol de plomb, avec autant de fablon broyé, & j'y ai ajouté une demi-once de nitre & deux gros de borax calciné; ce mélange a été mis dans un creufet d'Allemagne, & placé dans un fourneau à vent. J'ai donné le feu par degrés; à la première impreflion de la chaleur, il s’eft dégagé beaucoup de vapeurs * Cet examen a été fait par R cafe de Chimie, & par ordre de ?Académie. ; Sff ij 508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d'acide nitreux ; le mélange s’eft gonflé avec un mouvement d’effervefcence très-fenfible que j'ai laïffé totalement s’appaifer avant que d'augmenter le feu; quarid tout a été tranquille, j'ai donné le degré de chaleur convenable à un verre tendre & fufible ; la matière eft entrée‘en fonte très-liquide , je l'ai entretenue en cet état pendant deux heures, en augmentant un peu le feu fur la fin, & après m'être afluré, par un eflai tiré du creufet avec une verge de fer, que la matière étoit bien vitrifiée, je lai coulée fur une plaque de cuivre. Ce criftal étoit recouvert d’une quantité aflez confidérable de fel de verre provenant dela décompofition du vitriol de plomb, dont Facide s'étant combiné en partie avec lalkali du nitre, en partie avec celui du borax, avoit formé par conféquent du tartre vitriolé & du fel de Glauber , qui s'étoient féparés de R matière vitrifiée, comme cela arrive toujours. Au furplus, le criftal réfultant de cet eflai, quoique tout parfémé d’un nombre infini de petites bulles, & contenant même un globule de plomb réduit, étoit bien tranfparent ; & ce qui m'a paru d'un bon augure, c’eft qu'il étoit infini- ment plus blanc, quoique contenant près de moitié de fon “poids de plomb, qu'aucun de ceux que j'avois faits précé- demment. £ Cela m'a déterminé à faire depuis un grand nombre d’autres effais de compofition, en variant les dofes des ingrédiens & les circonfiances de la vitrification, mais dans lefquelles le vitriol de plomb entroit toujours en grande proportion. Je n'entrerai point pour le préfent dans le détail de cés effais que je me propofe de réitérer & de continuer, & je ter- mine ce Mémoire en faifant part à l’Académie, des idées que m'ont données, pour la perfeétion du fnt-glaff, le grand nombre d'expériences & d'obfervations que j'ai déjà faites fur ces objets. J'ai toujours cru, & à préfent il me paroit certain , que le gélatineux & les filandres de tous les criflaux , dans la com- pofition defquels on fait entrer beaucoup de plomb, n’ont d'autre caufe que le défaut d'union intime & parfaite de la piEis | SCI EN CES, ‘509 chaux de plomb avec les matières fableufes. II eft conftant en effet que tous les métaux, & le plomb en particulier, ne peuvent contraéter aucune union avec les fables, les cailloux, ni avec aucune autre efpèce de terre , tant qu'ils font pourvus de tout le principe inflammable néceflaire à leur état métal- lique, & il fuit de-là que moins les terres métalliques retien- nent de leur principe inflammable, plus elles doivent avoir de facilité à s'unir dans la vitrification avec les terres non métalliques. D'un autre côté, il n’eft pas moins certain que le plomb, quoique fufceptible d’être dépouillé très-facilement par la calcination ordinaire d'une aflez grande partie de fon prin- cipe inflammable pour perdre fon opacité & fa dudilité, eft cependant un des métaux qui, après cette première perte, enretiennent une plus grande quantité, & que celui-ci retient avec le plus de force ce qui lui en refte; cela eft d’ailleurs confirmé par plufieurs des expériences rapportées dans ce Mémoire, & notamment par celles que j'ai faites avec l'acide nitreux. Cela polé, il fe préfente deux moyens principaux de procurer l’union parfaite de la chaux de plomb avec Ia terre fableufe ou filiceufe. j Le premier , c'eft de dépouiller la chaux de plomb de la plus grande quantité poffible de la portion de principe inflam- mable qu'elle retient avec tant de force. Le fecond, qui eft général pour toutes les combinaifons, c'eft de donner aux fubftances qu’on veut unir, c’eft-à-dire, dans l'exemple préflent, à celles qui doivent entrer dans la compofition du fhnt-glaff, la plus grande fluidité & mobilité poffibles. La fixité & la qualité réfractaire que l'acide vitriolique communique à la-chaux de plomb, femblent indiquer cette préparation comme la plus propre à réalifer Le premier moyen; Jai même cru, d’après beaucoup d’effais, que le vitriol de plomb que j'y avois fait entrer, donnoit auffi toujours plus de blancheur aux criftaux qu'aucune autre préparation de plomb, mais j'ai reconnu depuis que ce bon effet étoit dû 510 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RovYaALe auffr au nitre & au borax, que j'étois obligé de faire entrer dans la compofition des mêmes criftaux, ou du moins, que le vitriol de plomb avoit befoin du fecours de ces deux fels pour contribuer à la blancheur. A l'égard du fecond moyen, qui confifle à donner beau- coup de fluidité à la fonte, je crois qu'il mérite la plus grande attention, & rien n'eft fi facile que de l'employer ; il fufhit pour cela de proportionner d’une manière convenable , les: fondans avec le fable. J'ai fait de ces mélanges qui dans le commencement de la fonte & à un feu très-doux, étoient prefque aufii fluides que de l’eau, & dans lefquels, par confé- quent, les ingrédiens diflérens pouvoient fe bien mêler & agir efficacement les uns fur les autres avec une liberté & une facilité qui ne fe rencontrent jamais dans une fonte pâteufe, telle qu’eft ordinairement celle de tous les verres & criflaux. Il eft vrai que tant que le criftal a une fluidité affez grande pour ne point filer lorfqu’on en tire un effai du creufet, ïl n'a pas la parfaite tranfparence ni la folidité convenable; mais comme les fondans s’évaporent continuellement tant que le verre eft en fonte, il eft très-facile, comme je l'ai fait nombre de fois, en prolongeant la fonte pendant un temps fufhfant, & à un degré de feu ménagé convenablement , d'amener un criftal d’abord fluide comme de l'eau, à l'état pâteux & filant qui caractérife un criftal bien cuit & folide. La production du fel de verre, c'eft-à-dire, du tartre vitriolé & du fel de Glauber, qui fe forment pendant la fonte du mélange "où je fais entrer le vitriol de plomb avec le nitre & le borax, peut encore contribuer à la perfection du criftal, d'abord par lation des vapeurs d'acide nitreux très-concentré qui, en fe dégageant, font capables de détruire ou d’emporter une portion des matières phlogiftiques, & en fecond lieu, par le mouvement inteftin d'effervefcence, qui eft très-propre à mêler intimément les ingrédiens de la compofition. On n'a pas remarqué jufqu’à préfent, que le {el de verre nuisit en aucune manière aux criftaux ou verres fur lefquels il fe raffemble pendant la fonte ; comme il n'entre point dans # DÉERSI I SNElIRENNLC ENS: sit la vitrification , on peut l'enlever de deflus le verre Jorfqu’il eft fondu, ou bien le laifler s’évaporer totalement, en prolon- eant la cuite du verre aflez long-temps ; ou bien enfin, fi on laifle refroïdir le verre en mafle dans le creufet avant que ce fel ait été enlevé ou évaporé, il forme, après que tout eft figé, une croûte blanche opaque, qui fe fépare facilement de la mafle vitreufe, & dont on peut enlever jufqu’aux dernières parcelles, par le moyen de l'eau bouillante, Je ne diffimulerai point cependant un inconvénient que je crois devoir attri- buer au fel de verre ; ce font les bulles, dont les criftaux font fouvent tout remplis. Je foupçonne fort que ces bulles font produites par des molécules de fel de verre, qui ne pouvant fe féparer entièrement lorfque la fonte eft pâteufe, fe réduifent en vapeurs dans la place où elles font retenues, & forment par leur expanfion , ces petits vides qu’on nomme bulles ; aufli en ai-je remarqué conflamment, & beaucoup, dans tous mes eflais de flnt-glaff, où il fe formoit du fel de verre; mais outre que ce défaut eft moindre que les filandres & le gélatineux, il y a lieu d’efpérer que la caufe en étant connue, on pourra y trouver du remède; c’eft un objet qui entrera dans les recherches qui reftent à faire, & au fujet defquelles j'ai cru devoir communiquer mes idées & mes vues’ à l'Académie, dans l'efpérance qu’elles pourront être utiles à ceux qui voudront travailler fur cette matière. s12z Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE OBS: ER V ANTIT OMS BOTANICO - MÉTÉOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gâtinois, pendant l’année 1772. Par M. pu HAMEL. AVERTISSEMENT. Es Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes, de même que les années précédentes. On s’eft toujours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace: la barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au-deflous de zéro; quand les degrés font au-deflus, il n'y a point de barre; o défigne que la température de l'air étoit précifément au terme de la congélation. I eft bon d’être prévenu que dans Automne, quand il a fait chaud plufieurs jours de fuite, il gèle, quoique le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boite du thermomètre ont confervé une certaine chaleur; c’eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Obfervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi, & à onze heures du foir. Nota. Les Obfervations du baromètte, à commencer du premier du mois de Janvier, ont été faites fur un baromètre callé fur celui de l’'Obfervatoire, qui eft 3 lignes plus haut que celui dont nous nous fervions les années précédentes. JANVIER. ÿ Est ok É NC E 513 JIRARNÈV JE R. THERMOMÈTRE. a TS À BAR OM. ÉTAT DU CIEL. Matin. Midi. Soir. VENTS. Degrés. Degrés. Degrés. pouces lignes N. El 4. 2° +127. 10 |couvert. N:h E: Oo. 1, [— 1. |27. 11 |idem, N. E.l— 2L|— 1. 2.127. 10+|beau & bruine le foir. N. O. 1£. 2 ©. 127. 9 |variable avec vent. N. El— 225.— 1. |— 32127. 11 |beau temps. S. O.l— 15. 1e 0. [27. 7 [couvert & venteux. SON L. 2 1. 126. 11 [idem & neige, S. |— 24 qe 2.127. <+|variable & neige. S. O.l-— x. xt. ©. |27. 7 |beau temps, S. ©. 2 3- |27. 7+|couvert. S. x. Ze 5: |27- 5$ [beau avec nuages. SO GA 12. 8. 127. 4+2|variable avec bruine. N°: ,E 8. 11. 2. [27.11 |variable & couvert fans pluie. N. E.Ï— x. 3- OM ET A beau & brouillard. SO! EL S 73.12 3 [neige la nuit, bruine le jour. N. 7 11E 4. |26. 821|venteux & pluvieux. S. — 2. |— 1. |— 3. |2 1+|variable avec vents & frimats. E. |— 3. |— <|— 3. |27. 41|brouillard & givre, le foir beau. E. [— 55— 12]— 5. [27. 5 [beau temps. N. Η 4 |— 15]— 2. |27. $ [couvert & verglas. S. E.l— 3. 2. |— 25/27. 6 |beau & brouillard. N. À— 25/— 1. |— 14127. 6 [couvert &givre. S. O.— 1£|— + O. |[27. S$+|couvert & bruine. N. E.l— ï. I. 0. |[27. 42l|couvert, E: = r. 12. ©. [27. 32|brouillard. E. |— £L I 3127. 3 [couvert & pluvieux. N. f— 1. 17|— = 7. |26. 11 |couvert, pluvieux & venteux, 17-15. 10 6. 9. $+ |27. 12\nébuleux & venteux. CE LE 5 at S. 3. |27. 5$ |beau avec nuages. 19. | S. 3- 61.| 427. 53lidem. 20. Se s- 9 1, 4. 27. s |variable, pluie & tonnerre au loin. 21 S. S- = 74-27. 2 |idem avec nuages. 22), S. 72 9- 914.Ï27. 2 |idem avec pluie & vent. 23. |S., O: E “es 4£.Ï27. 21|/dem avec vent froid. 24 E. 27 ras 44.127. 2 |couvert, gelée blanche. 25-1|S4% 0: 4. 10: 5: |27. 4 [variable & pluie. 26-0S.1 0: $ 10L. 6. |27. 6£|idem & vent, 27.0 [90 O: Te 12. 9. 27. 6 |idem & couvert avec pluie & vent. 28-45. 10: 7 | lise 91.127. 41|beau avec nuages. 29. S: 9. 10£. S2-127. 1 |variable, pluie & vent forcé. 30.115.007: 6£.| ro. S- 127. 6 {idem avec grand vent froid. 312 1S.. E: s: 10, 63-127. 5 <|pluvieux. ET ‘ ivr S 518 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Mars. Obfervation de la Bouffole. Le 4, la grande bouffole marquoit......, CES PP À LES Autres Obfervations. Ce mois a été fort doux, le thermomètre n’a pas defcendu plus bas que zéro le 14 & le 15, & a monté le 28 à 15 degrés ; le baromètre a été variable, le temps a été fort venteux; les petites pluies qui font venues aflez fréquem- ment ont été très-favorables pour faire les mars ; les avoines qui ont été faites les premières ont très -bien levé, &les blés verds étoient de Ia plus grande beauté. Le r.”, les oyaux étoient prêts à fleurir. Les boutons à fruit des poiriers étoient tout blancs, en général les arbres fruitiers promettoient beaucoup, cependant les pommiers plus que les poiriers. Le 5, les boutons à fleur des abricotiers & des pêchers étoient prêts à s'épanouir, à la fin du mois ils étoient en pleine fleur. La taille de la vigne étoit très-bonne, le 6 elle commen- çoit à pleurer. Il eft tombé pendant ce mois un pouce trois lignes 2z d'eau. * peus! SCIE Nic ess. 519 AVRIL. THERMOMÈTRE. VENTS | ur PT BAROM: ÉTAT DU CIEL. Matin. | Midi. Degrés, Degrés. Degrés. pouces lignes Te Fe 82. F2: 9.127. 4 |couvert & pluvieux, 24 N. 8. 10. 7227. 7 lidem & venteux. A N. 4. L 3. 128. beau avec nuages. 4. E. o. 9. 4. 127. 11 |gelée blanche à glace, beau temps. Ÿ S- E, 11 | 14. 6. 27. 9 |idem & beau temps. GAS 0. 6. 121. 9. Î27. 10 |couvert & variable. 7. S: 9. 17. 102.27. 91|variable, bruine. 8. O1 10. 11. 92-127. 81\|couvert & pluvieux. O 7e 9. 8. Î27. 9 [pluvieux & venteux. N 6. 9. 4. 27. 11 |couvert. S. 3- 12. 9. 27. 6 |variable, pluie. S.05 8. 12b 7. 27. 4 lidem & giboulées, SOUE 73 123 7. 27. 6 lidem. HUE. 6. 14L. 9. 27. 7 |nébuleux & giboulées. S10; 82. | 14. 94. 127. 7 |variable, avec pluie. Se... 0. 9- 12: 6. !27. G |grand vent & pluvieux, giboulées. # N. O. 6. 9!. 4. |27. 9 |variable & giboulées. INCAREE 4. 92. 6. 27. 6 |variable avec pluie. N. S = 3. 1../27. 721|grand vent, pluie & neige. N. oO. 4. 4. l27. 9 [neige pendant la nuit, gelée à glace. N. o. 102 61.127. 9£l|gelée à glace, beau temps. N. 6. ne S:+ 127. 11 |couvert, le foir beau temps. N- E: 3- 5 4+. 128. 1 |beau avec nuages. N. E. 3% 112 6. 128. beau & couvert. 0. S- 12 7- 128 beau avec nuages. N.2E 6. 12, 52<-127. 9 |beau temps. E. 5- 14. 9- 27. 6 |variable avec bruine, INUES 7 >: 10. 82:./27. 6 |variable avec pluie. STE 7e 14. 101.27. 4 |idem, SAME. 10: 16. 11. |27. 4 |couvert & bruine: 520 MÉMoIRES DE L'ACADÉMIE RoÿALE Avril. Le 7, la grande bouffole marquoit......,..... sr. 19 35° Autres Obfervations. Le 1.”, les oyaux & les jacinthes étoient en pleine fleur, Le 4, il a gelé à glace. Les abricotiers ni les pêchers n’ont point fouflert, mais les cerifiers, quoiqu'en boutons, ont été fort endommagés. Les deux tiers ont été gelés, mais comme il y en avoit beaucoup trop, fi ce qui refloit n'avoit pas coulé par la gelée du 20 & du 21, il y en auroit eu {uffifamment de refte. Le 8, les abricotiers étoient défleuris, ainfr que la plupart des pêchers, cependant il y en avoit encore de ceux en plein vent qui étoient en fleur. La charinille commençoit à donner une teinte de verdure. Il y avoit quelques boutons fur les tilleuls qui avoient de petites feuilles. Les couronnes impériales étoient en fleur. Le temps étoit très-favorable pour les foins & les fain- foins; & comme l'hiver avoit été doux, les arbres étrangers n'avoient point fouflert. Le 11, on entendit le matin chanter le roffignol. Le 12 ; des hirondelles domiciliées, voloient à midi autour des cheminées. Le 18, les feuilles des abricotiers étoient brouies par les vents & les ondées froides. Le 19 , jour de Pâques, il régna toute la journée un grand vent de nord, il tomba une pluie froide & de la neige. Le 20, le thermomètre étant à zéro, il gela à glace de l'épaiffeur de deux lignes. Il neigea pendant la nuit, le matin à 10 heures la neige nétoit pas encore fondue à l'abri du foleil. Il fit toute {a journée un grand vent de nord très-froid. Le 21, le thermomètre étant encore defcendu à zéro, ïl gela à glace, cette gelée a fait plus de mal que celle du 20, parce DES SCÉEnNCE s. Ss21 parcé que celle-ci étoit plus sèche, & que la neigé de fa veille avoit fait tourner la gelée en eau. Le 24 » la végétation n'avoit prefque point avancé depuis dix-neuf Jours. Les char- milles & les tilleuls étoient comme le 8, & navoient qu'un petit œil dé verdure. Les cerifiers étoient tout-à-fait gelés, ainfi que les pruniers, les poiriers,, les noyers, & généralement tous les arbres à fruit, fi on en excepte les pommiers & une partie des pêchers en efpalier qui ont été couverts, & même quelques-uns en plein vent. A l'égard #le Ja vigne , comme elle étoit peu avancée & en bourre, on ne pouvoit pas juger du tort que lui avoient faitles temps affreux dont nous venons de parler, on aperce- voit feulement que le gouas & le bas du fromenté étoit gâté. L’herbe des blés étoit fatiguée depuis une quinzaine de jours, il y en avoit même de Jaunes par places, mais il ne falloit que du chaud pour les remettre. Les fcigles n'étoient pas bien épiés en Gâtinois, ils l'étoient dans la Sologne, oùëils avoient beaucoup fouffert. Les avoines & Îles orges étoient belles & avoient bien levé. Le 27, on a entendu chanter le loriot. Le 29 , on voyoit, depuis quelques jours, des hannetons. IL ef tombépendant ce mois deux pouces 1 d'eau , ce qui fait un mois humide, Mém, 1773: Uuu 522 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE M A Æ THERMOMÈTRE. PR PANUE re BAROM. ÉVPAE "TD UTCGRRE: Matin. Midi. Soir, Jours du |VENTS. Mois. ESS LA IR LE PRTNE SAT ET DPI ER. CPS PRET Degrési Degrés. Degrés. pouces. lignes 1 N. 7e 10. 8. 127. 9 [couvert & venteux. PANIINSE 4. 12 9. 27. 11-+|beau & venteux. Se N. 4. 13 7£L |28. idem, 4. |N: EE S- 15. g+ 128. beau & grand vert. s.-|[N. Æi 6. 16. 124, 27. 10+|idem & petites ondées le foir. 6. |N:. VERS 18. 10. 27. 9 |beau & venteux. 77. MIN: ES TE. 16E. 10. 27. 8 |idem. 8. IN. E. 8. 142 9. |27. 9 idem, 9. IN. E° E 4%. 4227. o+|idem, 10. N. gi. 10. s£ 27. 10 |idem. II N. Si 2, 33-27. 9 |couvert. 12./ N° VE 5e 14. 81.27. 9 [beau temps, gelée à glace. 13 E: 7e 13. 9. 27. 7£|beau avec nuages & vent. 14. NIN°UE 7È ES. 81.127. 9 [beau avec nuages. HS N. 7+- Tan, 8. D27: r1£2|beau & couvert. OA INNES 7=. 14 9. 28. 2|idem avec nuages. T7 INR UO 9. 16£. | x1. 27. 11 |idem, 18. IN. LE] rot 14 11. N27. 101|variable. 19. S. 10. 18. 121,27. 9 |couvert & pluvieux. 20. O. 12. NS: 11. Ü27. 9 |variable fans pluie. 211 SAME GE BE 10. 27. 6 |couvert, venteux & pluvieux. 22} O. De 12 1,27, 11 |variable avec bruine, 2,3 0IS2AUE 8. 18 12. |2 7 |beau avec nuages. 24. Se 102. 15 10. 27. 72+|crand vent, pluie par ondées. 25. S-MO NME D LE 10. 27. $s1|pluvieux, grand vent, tonnerre. 26. O. 10. 14£. 8. 127. 8 |variable, pluie & vent. 27. IN: NO; 8. 13; 9. |27. 9+|variable & pluie. 28. IN. E. 8 Li 7. 27. 104|idem, fans pluie. 20-119. 04E Pre 17. 12.127. 81|selée, beau temps. 30. S. 113 | 19. 13. [27. 8 |variable avec pluie. aie E me 19 12. 27, 8 |idem avec bruine. pie ïs s'SNCNNENÈChE 527 Mai. Obfervations de la Bouffole. Le 8, la grande bouffole marquoït ....,........... 204 0’ LS RP NNe TO PRE NOR OS PE EPA re HO R Le :; rte GES ARR Perou, +102 0e Autres Olfervarions. Ce mois a été très-froïid, très-venteux & très-fec ; il n'a plu que vers la fin & par petites ondées, & il n'eft tombé que 8 lignes _ d’eau, ce qui n'étoit pas favorable aux avoines. Depuis le commencement du mois jufqu'au 18, le vent . re T - EE , a toujours été grand & conftamment au Nord, & il a gelé fréquemment pendant la nuit. Comme il n’a point plu depuis le 1° jufqu’au 1 6 du mois, les blés foufiroient beaucoup dans les terres légères ; ils étoient plus beaux dans les terres noires & fortes ; mais dans les terres blanches & froides, ils ne profitoient pas depuis huit jours, parce qu’il leur auroit fallu dela chaleur. Il y en a eu beau- coup de rouillés, à fa vérité feulement par la feuille, attendu ils n'étoient pas encore en tuyau, mais on fait que les blés rouillés ne profitent prefque plus, cependant ils fe font un peu rétablis fur la fin du mois. La gelée du 12 a fait plus de tort dans les vignes que celle de Pâques, parce qu’elles étoient plus avancées : fi la terre eût été humide, tout auroit été perdu ; mais la gelée n'a pas fait un défordre pareil dans les mêmes vignobles, il y a eu des chantiers gelés en entier; d’autres à moitié, d’autres encore moins. On eftimoit que dans le Gâtinois il y avoit la moitié des vignes de gelées. Tous les fruits à noyau, excepté les pêchers qu'on a couverts, furent entièrement perdus, L Uuu ij 524 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Les hannetons n’ont pas fait grand tort à la verdure, parce qu’il failoit froid, Le 16, les Pivoines doubles & fimples, ainfi que les Nar- cifles, étoient en fleur : on a entendu chanter le coucou. Vers la fin du mois on a tué une prodisieufesquantité de Taupes, foit qu'elles fuffent malades, foit qu'étant forties de terre elles n'aient pas pu y rentrer à caufe de la fécherefle qui l'avoit durcie, PT PT EE DES SGIENCES. 525 THERMOMÈTRE. PUUI-Ne a PPT À BAR OM. pouces lignes PVAEIDIUL CIE Le nn, menton 4 oO. 2 82| variable avec pluie. 5 O. 27. 11 |idem fans pluie. 3. 0: 28. idem avec nuages, 2 ce 27. 10 |idem avec Bruine. él 0. 27. 10 |idem & grand vent. ÉMIS ©; 27. 11 beau & grand vent, ZA IN10: 28. 2 |beau temps, 8. 28. 11|;7em, 28. 1 |em, 28. 11|;Jem, 20 ler. 28. beau & vent froid. 28. beau avec vent & nuages. 11 |beau avec vent. 10 |beau temps. + dem. + | variable avec petite pluie & tonn. - 11+/2dem, 7+ 10+|idem, - 10 |idem avec tonnerre fans pluie. 28. beau avec nuages, 28. beau temps. 7. 102|1/em, 28. idem, 28. idem, 11 |variable avec orage, z | beau avec nuages, tonnerre au loin. + 9+|variable avec vent, 17. 11 |dem, + 113|beau avec nuages, 526 MÉMoIiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Juin. % Obfervations de la Bouffole. Le r, la grande bouflole marquoit. .....,..... d'u ds 1201126" Le 61,0 RER A AE CASE LS CE a EC U2 0 0E EE CO ED RoiiOuc Crchc CA EC bg DT ESS À . 2020: Lez dei e cle oo s series s ZO+ Ie Lie RH 2 MT à 0 RE PNUE Rte ie De AS ste SL ULAT se. 20 37e Lo27estee SSD SEC" 1e Vetetatore me plate = (JT 98 50- Le 2O PERLE se VER ss mols eee sistele Le 2 Os De Autres Obfervations. Ce mois a été extrêmement fec; iln’a pas tombé une goutte d’eau depuis le 1° jufqu’au 16. Les orages du 26 & du 27 ont donné beaucoup d’eau , qui a fait grand bien aux avoines, dans les terres où ces orages ont paflé; car la terre étoit f sèche, qu'on ne pouvoit plus labourer, ce qui a beaucoup retardé Îes ouvrages. Il a fait extrémement chaud le 26 & le 27 ; le 26 le tonnerre tomba dans le vignoble, derrière une de nos fermes, où il a brülé plufieurs fouches de vigne : l'éclair traverfa la cour horizontalement, à la hauteur des bâtimens de la bafle-cour. Ces deux jours d'extrême chaleur ont fait bien du tort aux fromens, dont les épis fortoient du fourreau ; beaucoup ont été échaudés par la pointe. A l'égard des fainfoins, la féchereffe leur étoit favorable; on commença à les couper le lendemain de la Pentecôte; ils n'étoient pas hauts, mais bien garnis & de bonne qualité. La vigne a très-bien fleuri pendant ce mois. Les prèmiers jetons des abeilles ont commencé à fortir les fètes de la Pentecôte. II a tombé pendant ce mois, 2 pouces 26 d’eau, 5 P ee 48 ÉTAT D U, CIEL. ee , Degrés. LS 10. beau & vent froid, idem, Li 12. 122, 14: 15. 16. Fe 16. 12%. 14. 16. 13 17e 152. beau avec nuages. beau temps. grand brouillard, beau temps, beau tem ps. idem, grand brouillard, beau temps. tempête , pluie & vent, variable avec vent. beau avec nuages. beau temps. idem, variable avec petite pluie & tonn. 93 14. 127. 9+|beau avec nuages. 15. 27. 10+|beau temps. 15. + 9 |idem, 12. 27. 72+|variable avec bruine. 8 idem, pluie & tonnerre. idem , petite pluie. beau avec nuages. idem, beau temps. beau & nébuleux. pluvieux & venteux. variable avec pluie, vent & tonner. beau avec nuages. beau temps. variable avec pluie par ondées, 27. 10 |beau avec nuages, 10. 12. 14. 528 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Juillet. ObferPations, de la Bouffole. Le 2, la grande bouflole marquoit,............. HS ss! Len y ES ELETRE sie lele DITS o dettes e (else MATE ee 19.45 ON rar ce c Foot BHHIOE Aer ne ÉMODE Mo een r° Le MO ERA ETE sb istate as aire Statere art à den ete die ea » OS ES En bnor cols drutntre MATHS HÉRL LC CO 0 ir D Le 14.00. eme de 5 ne se see dehors 19:10 On a commencé le 10, la moiflon des feigles, qui étoit peu confidérable en Gâtinois, maïs on l'a difcontinuée à midi à caufe de la pluie ; [a paille étoit longue, parce qu'elle étoit formée &. jaune avant les chaleurs qui ont donné des orages, mais les épis étoient peu chargés de grains. Cette récolte à fini du 18 au 20, & en général elle a été aflez bonne. Il n'y a point eu d'intervalle entre la moiflon des feigles & celle des fromens, parce que comme les blés avoient été mouillés par les brouillards du commencement de ce mois, ils ne profitoient plus fur pied. Le fourrage étoit bas, & il y avoit beaucoup de nielle ou de charbon, mais on ne pouvoit encore rien dire de la grenaifon. On fe plaignoïit de ce que dans beaucoup de vignobles les feuilles rougifioient. Les verjus étoient bien noués, mais ils ne grofffloient pas, & beaucoup de menus grains tom- boient. Les pois, féves & autres grenailles faifoient très-bien en verd. La fleur d'orange étoit paflée en grande partie. H a tombé pendant ce mois, 1 pouce 9 lignes £ d’eau: AOUST;: DE: 511 816 LE N € E 5 529 2D 6 CT ST: ÉTAT DU CIEL. me mens YO: + | beau avec nuages, SO. variable avec pluie & vent, ©. beau & nébuleux. NO: beau avec nuages, NE: idem, N. E idem, N° Æ: idem, N. ©. idem, N. E. beau temps, N. idem, N. E beau avec vent, N. E beau avec nuages. N. E beau temps. beau avec nuages. variable avec vent. beau & venteux, beau temps. idem, variable avec petite pluie. idem, pluie & éclairs. variable avec petites ondées. MO: Mbrz variable avec vent & petite rofée. E. 13, pluie tout le jour. . O.| «as variable avec petite pluie & vent. S. 22. idem avec grand vent. HO NT beau avec nuages. E: variable avec pluie & tonnerre. + E 14. beau avec vent. S. 142. beau temps. E, 122 3. | beau avec nuages, il éclaire le foir. S. 143 variable avec vent, il éclaire le foir. Mn, 1773. NA E 530 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Août. Obfervation de la Bonfote. Le 7, la grande bouffole marquoit............,:. 1945" Autres Obfervations. On 2 profité de la féchereffle du commencement de ce mois pour faire la moiffon des blés, qui ont été ferrés fort fecs, ainfi que les pois, les vefces, &c. Depuis le 14jufqu'à la fin du mois, on a ferré les avoines & les orges tardives Le 1°” on fervoit fur les tables, l’avant-pèche de Troies & Ja prune jaune hîtive, dont il y avoit très-peu. Comme la végétation a été long-temps fufpendue par le froid, on n'a commencé que le 8 à voir quelques grains de raifin de tournés; & à la fin du mois il n'y en avoitpas encore la moitié de tournés, encore étoit-ce les plus hâtifs. Le 10 on a fervi des melons du potager, qui étoient médiocres; ceux de la fin du mois ont été meilleurs fans être excellens. Il y avoit peu de pèches qui étoient petites, mais très- bonnes. En général il n’y avoit point de fruits, ni cerifes , ni prunes, ni poires & peu de pommes. Les cerneaux, qui n'étoient encore qu'en glaire au commencement du mois, ont été fervis vers la fin; mais la récolte de ce fruit a été médiocre à caufe des gelées & des hannetons qui ont dévoré la verdure. Depuis le commencement du moïs il y a eu beaucoup de fièvres tierces & doubles tierces, pour lefquelles on faignoit une fois; ft on réitéroit la faignée , le malade tomboit en délire ; fr on ne le faignoit qu'une fois , il furvenoit des hémorragies prodigieufes par le nez : cependant on a pris ce dernier parti pour éviter les inconvéniens du délire; les rafraichiffans & les purgatifs modérés faifoient très-bien. Il n’eft tombé pendant ce mois, que I pouce 9 lignes 12 d'eau, dont 1 pouce 2 lignes a par orage, ce qui eft peu pour un mois d’Août , auffi a-t-il été fort fec. | La grande bouffole qui le 7 étoit à 19445’, n'a point varié le refte du mois. DES SCIENCES, s3f SEPTEMBRE. BAROM. ÉTAMIDIU CIEL. Pouces lignes 27. 82+|grand vent & pluvieux, .|27. 11 [beau avec nuages. 27. 101| variable avec petité pluie, 27. 10 |beau avec nuapes, 27. 1 | beau temps. 27. 8 [tonnerre au loin. 27. 10 pluie , tonnerre & vent de tempête. 27. 52|pluvieux & orageux. 27. 8 |couvert & pluvieux. 27. 8 |variable & pluvieux. 27. 8 |couvert & bruine. TIRE beau avec nuages. 27. 8 idem , il éclaire le foir. 27. 6:|Couvert & variable. 27. 9 beau avec nuages. 27. 8 |nébuleux & venteux. 3 g |beau avec nuages & vent. beau & nébuleux. 27. 1142|couvert. beau & couvert. | beau avec nuages, 2 17. 18. 19. D bb me, © D D JS Li 1 CRC Ï couvert. Le 27+ 10 23 274 84 grand vent. 2 27. 4:|variable fans pluie. 25 27. 7 |variable avec pluie & vent, 26. 27, 8z|couvert & pluvieux. 27e 27. 9 * [couvert. 28. 27. 8 brouillard. ] duc 27. $ [variable avec petite pluie, 39- 27. 82|pluvieux & venteux. 532 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Septembre. Obfervations de la Bouffole. Le x, la grande bouffole marquoit. ......,........ 19145! Le 4.....,........v...ssssse. resseress.e 19. 40e Le: TOstde lionel elles clehoiol ske nie ici tee AOC Autres Obfervations. Le temps a été fort variable pendant tout ce mois, & le baromètre a toujours été très-bas. Le 7 au foir, il tonna jufqu'à dix heures ; mais à minuit recommença à tonner & à éclairer avec un ouragan fi prodigieux , qu'on n'entendoit pas le bruit du tonnerre. Ce vent a déraciné plufieurs arbres, & entrautres deux beaux platanes qu’il a jetés fur les arbres voifins ; on les a relevés avec une chèvre de charpentier, on les a étayés & ils n’ont point fouffert. Le vent a emporté le plomb de defus plufieurs châteaux & abattu plufieurs cheminées à Pithiviers & ailleurs. Le 13, les pluies continuelles qu'il a fait depuis le com- ment du mois, donnoient beaucoup d'inquiétude, parce que le temps prefloit pour les labours à demeure ; que les féves germoient fur pied, & que les raifms qui n'étoient- encore qu'à moitié tournés, commençoient à pourrir < Le 14 il y avoit beaucoup d’hirondelles en bandes pour fe difpofer à partir, & à la fin du mois on n’en voyoit plus. Le 15, on entendit encore le roffignol chanter le foir dans le bois. Ona commencé la vendange le 28 ; il y avoit une partie du fruit de mûr, une qui n'étoit que rouge, & une partie de pourrie. » / Q 29 » I n'a torbé que 2 pouces 7 lignes + d eau, dont 1 pouce 9 lignes + par l'orage du 7 au 8. (us often ScérË Es M ms Saxo mu ‘559% O:CIT'OB R E. THERMOMÈTRE. PS MTS ÂB48 0m. |: : ÉTAT: DU CIEL. Matin. Midi Degrés. Degrés. pouces. lignes 9: 15% - 127: 112/beau temps. 72 Ze 27. 10+|zdem, 81 16 27. 9+|beau & nébuleux. 12. 135 -127: 9:lorage. 9. 134 28. couvert, 6. 172. 28. +|beau temps. 7 16. 27+ 11 |beau avec nuages. 4 | 10. NA 28e beau temps. Er 10. 18. 28. idem. E. 72: 16. 28. idem, S. 6E+|1e7: 27. 11 brouillard, beau temps. S. 10. 182. ol27- variable avec bruine. O. 9+. ro 8. 28. +|beau avec nuages. ; } 4£. 7e 73.128. 2 |gelée blanche, beau temps. S. 4. HS 8. )28. x |beau avec nuages. S- S- 152: 10. 28. Z 6£. 42.127. 92+|beau avec nuages. 12 S: 3 = 6. 9. #27: 3 |pluie & vent. F3. ©. 8. 8. 52:27: 10=| variable fans pluie, 14 O. S+ 8x. 72128. Z+|variable & bruine. 15. S. 72 8E. 7. |27: 11 |beau & couvert. 16. S 5: 8. 7. |28. couvert, 17. S. 6. 72 4. |28. couvert & bruine. 18. 5: 8. 9. 9. 28. 12:|/dem, 19. êt 8. GX SZ bruine. 20. |S. E. 8. 7L 81.127. 10 |couvert. 21 S. - 7 6. |27: 10%|beau & couvert. 22 N. 4%. SE: 3. |28. couvert. Bou NN Et CE 34 1.128. +|beau temps. RING EU: 3: O. 128. 1 |idem. 2 SR INMREIUMRE: 1:12: oO. 128. x |idem, 26 E. 41.2: L— 2. 128. couvert. DS ane. |: 2,3 2. |— 1. |27. 11, |beau avec nuages & givre. 28. [N° E.|— 2%. 2, |— 2£127, brouillard & givre. 29 E. |— 4. 323-|— 4. 27. 11Xlorand givre & brouillard. 30 E. |— 4. 34 |— 2, 127. 9 |idem, su E. |— 22, 1. [— Lf27. 4 lidem, Mém. 1773, Yyy 538 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE Décembre. Obfervations, Le thermomètre n'ayant defcendu qu'une fois à 4 degrés & demi au-deflous de zéro , Fair peut pafler pour doux, & l ’ 2 . 4o , - comme il n'eft tombé que $ lignes 4? d'eau, ce mois peut être regardé comme fec. OPENC ANPI TU L'UMP ON. Comme nous fommes entrés dans des détails affez confidé- rables fur ce qui regarde chaque mois, nous nous bornerons à préfenter ici quelques-uns des objets les plus intéreffans. FROMENS, L'automne de 1771 ayant été très-favorable pour les femailles, ces grains étoient fort beaux au commencement de 1772; l'hiver ayant été doux, ils étoient encore très-beaux au printemps : quelques brouillards fecs qui font furvenus dans le mois de Juin, les ont rouillés ; le froid & la fécherefle , qui a duré long-temps , les a fatigués ; ils fe foutenoient néanmoins dans les terres fortes, mais ce qui leur a fait le plus de tort, c’eft trois ou quatre jours d’une chaleur extrême, qui s’eft fait fentir dans le temps que les épis fortoient de leur fourreau ; les feuilles de la paille ont jauni fur le champ, & les grains amenés à maturité avant que d’être formés , font reftés en partie échaudés; la pointe de l'épi étoit prefque vide, de forte que quoiqu'il n'y ait eu que médiocrement de paille, H a fallu vingt ou vingt-cinq gerbes pour faire une melure, qui pèle quatre-vingts livres. Au refte, les fromens ont été ferrés fecs, ils font affez nets de mauvaife graine, & quand par le crible on en eut Ôté les petits grains échaudés, le refte étoit de bonne qualité & faifoit de bon pain. DES. SC LE, Ne Ci Es, 539 AVOINES, Le temps a été affez favorable pour faire fes mars : les avoines les premières faites ont bien levé, mais à caufe de la fécherefle & du froid, elles ont épié au raz de terre; ainfi il n'y a pas eu de paille, & le grain n’eft pas fort abondant, mais il eft de bonne qualité. La plupart des orges ont bien réuffi, Gr O0 SYEVE CUT ES. Les pois, les féves, les vefces ont bien gréné, mais ils n'ont pas fourni beaucoup de fourrage. FO TN :S: Nos prés bas ont été inondés, & la fécherefle n'a pas été favorable aux prés hauts, ainfr qu'à la récolte, mais l'herbe des prés hauts étoit fort bonne. A l'égard des fainfoins, ils ont fleuri au raz de terre; néanmoins comme le pied étoit bien garni, on a eu plus d'herbe qu'on n'efpéroit, & elle a été fannée & ferrée fort à propos. DER RE ANS: Les fafrans ont donné abondamment; mais comme à caufe des troubles du Nord, ces contrées en tirent peu, on a été obligé de les donner à bas prix. VINS. La vigne a fleuri & défleuri en huit jours, & malgré les gelées du printemps, il y avoit encore affez de grappes, mais le froid & la fécherefle ayant fufpendu la végétation pendant près d'un mois, les verjus ne groffifloient pas, & ils étoient encore très-petits à la fin d'Août; ils ont grofli en Septembre, mais ils ne mürifloient pas ; de forte qu'en Oétobre il y avoit encore beaucoup de verjus, & comme les grains tournés pourrifloient , on a prisle parti de vendanger. Les cuves ont jeté peu d'écume, les vins avoient une affez belle couleur, Yyyi 540 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & de la verdeur qui s'eft diffipée, de forte que quoiqu'ils n'aient pas beaucoup de force, la plupart font potables: je parle des vieilles vignes, car comme les jeunes ne müriflent pas leur fruit de même que les vieilles , elles ont donné du vin très-médiocre. Ayant fait laïfler aux vignes tout ce qui étoit verd ou pourri, nous avons fait de meilleur vin que les autres, maïs en petite quantité. VRAIES: Il n'y a point eu de cerifes , de prunes, d’abricots, peu de poires, un peu plus de pommes. La récolte des noix a été très-médiocre. GIBIER. Nous avons eu peu de perdrix & de caïlles, un peu de lièvres, & beaucoup d’alouettes. ANBNE LES DEL DEN Il a péri une prodigieufe quantité de jetons d’abeilles cet hiver, les uns ont perdu les trois quarts & plus; ceux qui ont perdu le moins de leurs ruches, font ceux qui n'en ont perdu que la moitié. V0) L'ALT IL RE CET DIE SAT OE SU LET AE Ïl n’y a point eu de maladies épidémiques fur les beftiaux ni fur les volailles ; quelques vaches font mortes du fang. La rareté des fourrages & le haut prix des grains a fait que la viande de boucherie, ainfi que la volaïlle ont été fort chères. INRP NES NO" D ETS CEA D, 2 Les fources ont toujours fourni abondamment, & comme il y a eu de temps en temps de grands orages, la rivière d'Éffonne a débordé plufieurs fois. | D H'80, SUCRE NICE) ES) A DD VEN MESEUEGELE ÉPTOVINENR: Janvier . Février. Mars. Avril. qe . Ps On EDR tee Sels ebresie ee 4e PDO NIQUE Can Bjoln los 610 (eelero te age 4. Juillet … Août.. Septembre MR NA IeS EMI TA RE DD OR TU Octobre. Non ME an se SHC Sebring Décembre pied pouc. TOTAL de la pluie tombée en 1772...... 1. 7, s4t pouces. lignes, 117 5 Remis par l’Auteur, le 17 Avril 1777: s42 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE - M EM) O0 EIRE SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE DE PRATIQUER L'AMPUTATION DES EXTRÉMITÉS. Par "MP o'RtT AL. A dénudation & la faillie de l'os font les inconvéniens les plus communs & les plus fâcheux de l'amputation; c'eft pour les prévenir que les Chirurgiens ont beaucoup varié les méthodes d’amputer les membres; cependant, bien loin d'avoir rempli cet objet, ils voient tous les jours fur- venir les accidens qu'ils ont voulu éviter; j'en ai été frappé plufieurs fois, c'eft ce qui m'a porté à propofer une autre méthode ; je l'ai d’abord enfeignée d’après de feules épreuves faites fur les animaux vivans & fur des cadavres humains, mais dans la fuite, cette méthode a fixé l'attention de plufieurs de mes Auditeurs, qui l'ont mife en pratique avec beaucoup de fuccès. M. Maréchal, aujourd'hui Chirurgien diflingué de Strafbourg, & qui a fous fa direction un des plus grands hôpitaux de cette ville, s'eft fmgulièrement attaché à cette méthode, il a pratiquée avec beaucoup d'avantage. Ce fuccès m'encourage à la publier ; les Chirurgiens qui la pratiqueront en retireront fans doute la même utilité. Pour procéder avec ordre, j'en donnerai d'abord la defcription, je la comparerai enfuite avec quelques méthodes très-connues, & je terminerai ce Mémoire par des remarques fur la rétraétion des parties molles : cependant, avant que d'entrer en matière, il eft bon de jeter un coup - d'œil fur les figures ; elles font un fidèle expofé de ce qui arrive au moïgnon amputé par la méthode d'ufage, & par celle dont je vais donner a def- cription. D E'SUSNGM'E QC € $43 La Figure 1." repréfente la jambe dans lextenfion; 4 défigne Jes extrémités inférieures des mufcles extenfeurs qui font pour lors remontées. B, extrémités inférieures des mufcles fléchifleurs de Ja jambe, plus abaïflées dans cette attitude de Ia jambe que dans la flexion. Figure 2, moignon de Ia cuifle (figure 1.7) coupée, [a jambe maintenue dans l’extenfion. L'os eff recouvert en avant & non en arricre. Figure 3, mufcles féchiffeurs font plus remontés lorfque Ia jambe eft fléchie. Figure 4, le moignon de Ia cuifle [figure 3) coupée, la jambe maintenue dans Ja flexion. L'os eff recouvert en arrière & non en devant, Figure ÿ, moignon de la cuifie, l'os eft parfaitement recouvert de fes chairs, la jambe a été maintenue dans l’extenfion pendant qu'on coupoit les mufcles extenfeurs, & elle a été maintenue dans la flexion pendant le temps qu’on coupoit les mufcles féchifleurs. Figure €, l'avant-bras étendu ; l’extremité inférieure D des mufcles fléchifleurs eft plus defcendue qu'elle ne doit l'être lorfque le bras eft fléchi. Figure 7, Vavant-bras eft fléchi. La portion charnue E des fléchifleurs eft beaucoup plus relevée que dans l’extenfion , voyez figure €. Nous prouvons par les expériences ce que tout Je monde fait, mais qu'il n'eft pas inutile de rappeler ici. 1.” Que les mufcles extenfeurs remontent lorfque le membre fe met en extenfion. 2.” Que lorfque le membre eft fléchi, les mufeles féchif. feurs font pareillement remontés, ou, fi lon veut, que lextenfion & Ia flexion ne s'opèrent que par la contradtion des mufcles deftinés à mouvoir le membre; on peut auffr établir que dans les mouvemens ordinaires , les mufcles extenfeurs remontent en fe raccourciflant, tandis que les fléchifleurs s’alongent, & par conféquent que leurs extrémités inférieures defcendent. 544 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE On peut conclure, en faifant une application de ces remar- ques à la théorie des amputations, que les mufcles fe reti- rent beaucoup moins lorfqu'on les a fait retirer avant de les couper, | Or, comme c'eft cette rétraétion qui donne lieu à Ia dénudation de l'os après lamputation, il n’eft pas douteux qu'on ne la prévienne, ou du moins qu'on la rende inf- niment moindre, en excitant avant l'opération. Voici les procédés à obferver pour y réuflir; nous allons les expofer dans le même ordre qu'ils doivent être fuivis. La néceflité de l'amputation reconnue, on doit y procéder de la manière fuivante; 1.° il faut appliquer le tourniquet plus haut qu'on ne fait ordinairement, tant pour lamputation des extrémités fupérieures que pour celle des extrémités infé- - rieures. 2.° L'on ne doit couper les mufcles fléchifieurs , qu'après avoir fléchi le membre auquel ils s'attachent, & l’on ne doit incifer les extenfeurs qu'après avoir fortement étendu ce même membre. 3° La peau ni les mufcles ne feront pas fixés par des ligatures au - deflus ni au - deffous de f’endroit où l’on veut couper, ces ligatures font entièrement inutiles dans cette méthode. 4 Le Chirurgien coupera d'un feul trait la peau & les mufcles fléchiffeurs ou extenfeurs dans le vif, prefque jufqu'à Jos avec un couteau moins courbe que celui dont on fe fert ordinairement. 5” Alors laide qui foutient le membre par l'extrémité qu'on veut féparer du corps, la mettra dans un état oppolé à celui où elle étoit, je veux dire que de la flexion la plus forte il la fera paffer à la plus grande extenfion, aut vice ver[à. 6. Le Chirurgien coupera également, dans le fens oppolé, la peau & les chairs prefque jufqu’à los. 7. Enfuite, par une feconde fection circulaire , il incifera tout autour les chairs adhérentes aux os, & le plus près qu'il pourra de la peau & des mufcles qui fe font retirés. 8.” L'Aide DES SteNEr MC Es 545 8.° L'aide qui empoignoit le haut du membre, lâchera d'abord les chairs pour faciliter la rétraétion, enfuite, par le moyen d'une comprefle fendue, il les relèvera ; ainfr la rétraction des chairs fera excitée par la fituation des membres, par les mains de l’Aïde-chirurgien , & par la compreffe fendue mife en ufage par les phis habiles Chirurgiens. 9 Le Chirurgien prendra la fcie & coupera los le plus près qu’il pourra des chairs, en obfervant les précautions requifes. 10. S'il y avoit deux os à fcier, il faudroit, pour mieux les aflujettir , les fixer avec un ruban : cette méthode a réuf, & nous avons confeillée d’après un habile Chirurgien. 11.” On doit s’oppofer à l’hémorragie par fa ligature, & la multiplier fr plufieurs vaifleaux fournifient du fang. Le Chirurgien doit même favoir que beaucoup de vaiffeaux qui ne fourniflent pas d'abord du fang, en verfent abondamment lorfqu’on a lié les troncs dont ils émanent : des expériences que nous avons faites fur des. animaux vivans, ne laiflent aucun doute lài-deflus, 12.” En pratiquant cette ligature, le Chirurgien obfer- vera de n'embrafler que très-peu de chairs, & d'éviter les nerfs s’il fe peut. Ces préceptes font communs à toutes les méthodes. OBfervations fur le procédé de l'ampurarion. 1.° Le tourniquet eft nuifible de la manière dont on lapplique ordinairement; en comprimant les mufcles & la peau, il s'oppofe à leur rétration avant l'opération & après lincifion. Cet effet eft général fur toutes les chairs lorfqu'on emploie un tourniquet fimple de corde, & il eft limité à certains mufcles lorfqu’on fe fert du tourniquet à vis de M. Petit; le premier comprime & repouffe uniformément les chairs vers l'axe du membre, l'autre n’agit que fur certains mufcles qu'il empèche de fe retirer; mais l'application de l'un & l'autre de ces deux tourniquets, telle qu’on la pratique ordinairement , nuit évidemment à l'opération. Mém, 177 3. LE2 546 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 2.° On recommande de ne couper les mufcles fléchiffeurs ; qu'après avoir fléchi le membre auquel ils s’attachent; par cette attention, on conferve plus des chairs qu’en fuivant un autre procédé ; les mufcles fe retirent vers le haut, & fe mettent dans le véritable état de contraction : ïls fe retirent aufit ar leur élafticité & par leur force tonique, & la peau, les vaifleaux & les nerfs, qui jouifient de ces deux propriétés, remontent de même; d’ailleurs les mufcles les entraînent en {e retirant. 3.° Il eft évident, par ce qui a été dit, que les ligatures ne doivent point être mifes en ufage ; l'inférieure eft à-peu- près inutile, & la fupérieure s’oppole puifflamment à la rétraétion des chairs. C’eft pour produire cette rétraétion qu'un habile Chirurgien a fagement recommandé de lever la première ligature quand les chairs font coupées, mais comme certains mufcles fe contraétent plus puiffamment que d’autres, la plaie, d’uniforme qu'elle étoit , devient fort irrégulière ; les chairs font enfoncées dans certains endroits, faillantes dans d’autres, & comme la peau eft retirée par les mufcles, elle fe trouve dans quelques lieux , beaucoup plus relevée que dans d’autres. Cette rétraétion produit un tiraillement dans les nerfs du moignon, & une irrégularité dans la circulation, qui doit néceflairement concourir à exciter l'inflammation. Les vaifleaux eux-mêmes font retirés vers le haut, & il en réfulte plus de difhculté au Chirurgien pour les lier. Ces inconvéniens n'arrivent point lorfqu’on met les mufcles, avant de les couper, dans un état de contraétion; ils reftent à-peu- près dans la mème fituation après Fincifion, & la peau eft pour lors fuffifamment rapprochée du bord de la plaie. 4° On peut, dans la nouvelle méthode comme dans les anciennes, couper les chairs avec un couteau courbe, cela n'eft pas douteux, mais on le fait plus commodément avec un couteau droit, principalement dans l'amputation du bras. Douglas a blâmé, il y a long-temps, ceux qui fe fervent d’un couteau courbe dans une pareïlle opération. Cette correétion que nous faifons dans l'inftrument tran- DAS RSNCLIPEMNGN EME. UE à 547 . chant, fera fur-tout néceffaire dans la nouvelle méthode: Le Chirurgien le maniera avec plus de facilité; il ne fera pas aufli effrayant pour le malade & pour les affiftans, & l'on pourra, avec le même inftrument, couper les mufcles fufcep- tibles de rétraction, comme ceux qui ne le font pas. On pourra incifer le périofte, pour le mettre à l'abri de la contu- fion & de la dilacération des dents de la fcie, qui donnent fouvent lieu à des fuppurations qui fufent le long de l'os , & qui occafionnent Ja rétraction des chairs, la dénudation, la faillie & l'exfoliation de l'os. 5” Il eft néceffaire de faire pañfer le membre qu’on veut féparer du corps, de l'état de flexion à celui d’extenfion, quand on a coupé les mufcles fléchiffeurs, aut vice verfé ; fans cette précaution on ne fait pas remonter les mufcles antagonifles , avantage cependant très-grand, parce que c’eft -par-à qu'on prévient la faillie de los, de leur côté. Bien plus , fi pendant tout le temps de l'opération, le membre étoit maintenu dans un état de flexion ou d’extenfion, il y auroit des mufcles qui feroient étendus & d’autres con- traétés, ce qui produiroit une diflérence dans la rétration après l'incifion, & une irrégularité dans la feétion des chairs; on coupe alors beaucoup plus de mufcles étendus ou relä- chés, que de mufcles contraétés , l'os fe trouve recouvert d’un côté par les mufcles fléchifleurs qui, par exemple, font aflez longs, & los eft découvert ou faïllant du côté des mufcles extenfeurs ; de forte qu'il n’eft pas douteux que s'il y a de lavantage à fléchir le membre avant que de couper les mufcles fléchiffeurs, ii ne faille létendre avant que d’incifer les extenfeurs. 6.° La ligature que l'on confeille pour arrêter l'hémorragie après lamputation du membre, eft, comme les Chirurgiens de favent, le meilleur moyen auquel on ‘puiffe recourir. L'application du feu, outre qu’elle ne remplit pas le but qu'on fe propofe, donne lieu à la faillie de los en détruifant une partie des chairs qui doivent le couvrir, & en excitant des fuppurations qui rongent le tiflu cellulaire. Il eft bien Zzz ij 548 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE furprenant que les Chirurgiens n'aient pas tout de fuite reconnu ces,inconvéniens, & il left bien plus, qu'après la découverte de la ligature, il y en ait eu qui non-feulement m'ont pas voulu y recourir, mais qui en ont encore blämé l'ufage. Ambroife Paré eft fans doute le premier qui lait employée en France, mais il ne peut pafler pour l'auteur de la découverte , comme font voulu plufieurs Chirurgiens françois /a). Albucafis en a parlé d’une manière très-intelli- gible, lgetur arteria cum flo © ligatione fort. Vigo a auflt décrit cette méthode de lier les vaiffeaux, & Alphonfe Ferri, contemporain de Paré, donna la figure d'une aiguille /), & indiqua la méthode de s'en fervir; cependant Paré, comme je l'ai obfervé, inftruit des travaux de fes prédéceffeurs, n’a pas prétendu s'approprier la gloire de l'invention que quel- ques Modernes lui attribuent fans fondement /c). Les conteflations qui fe font élevées fur la découverte de la ligature, font moins eflentielles que celles qu’on a fufcitées fur la manière de la pratiquer, nous ne nous occuperons que de celles qui font furvenues de nos jours. Garengeot avoit prefcrit dans le Traité d'opérations, de comprendre, dans la ‘igature, beaucoup de chairs, & M. le Dran & divers autres, “ont fuivi cette doctrine. M. Pouteau, célèbre Chirurgien de Lyon, l'a trouvée fi utile, qu'il attribue aux chairs intermé- diaires entre le fil & le vaifleau, l'avantage de comprimer celui-ci dans le temps qu’elles fe gonflent, & d'arrêter aïnfi lhémorragie. Cependant M. Monro, bien loin d'approuver -cette méthode, en a profcrit l’ufage : il confeille, au contraire, au Chirurgien, de faire fon poñible pour pafler l'aiguille feulement dans le tifiu cellulaire qui environne les artères, parce qu'alors la ligature a plus d'effet pour rapprocher leurs parois. Cette opinion eft donc bien différente de la première, laquelle adoptera-t-on ? comprendre beaucoup de chairs dans (a) Garengeot, Verdier. (b) De vulneribus Sclopet. Gb. 11, Colle, Gefner. pag. 294. (c) Voyez le tome 11 de l'Académie de Chirurgie, page 707: Dm ENT É NS Ces s49 la ligature, c'eft certainement donner lieu à inflammation : n'en comprendre point du tout, c'eft s’expoler à déchirer le vaiffeau , ou du moins on doit craindre que la ligature ne . tombe avant que le vaifleau foit oblitéré; le mieux éft, je penfe, de tenir un milieu, de faïfir dans l'anfe de la ligature , quelque trouffeau de fibres mufculaires qui la fixent & la foutiennent. Il faut s'attendre que l'artère fe retirera après qu’on l'aura liée, nous verrons plus bas combien fon élafticité eft grande, & peut-être eft-ce autant par la rétraction que l'artère éprouve, que par la compreflion de la ligature qu'elle s’oblitère. Nous avons du moins des exemples qui le prouvent : une autre raifon qui nous détermine à confeiller de faifn un peu des chairs voifines, c'eft que la fuppuration furvenant, le tiflu cellulaire feroit le premier détruit & la ligature tomberoit facilement’, fi elle n’étoit maintenue par quelques fibres mufculeufes. L'artère, dans ce cas, remonte confidérablement ; les vaif- feaux, dit M. Louis, qui forment le cordon principal, fe retirent par la fonte des graifles. Ce Chirurgien, a coupé, au bout de fix femainés de l'amputation, des ligatures devenues inutiles & qui étoient à fix & huit travers de doist plus haut que le bout de l'os, quoiqu'on eüt lié l'extrémité du vaifleau à fon niveau. Quelques Chirurgiens ont confeillé de mettre des languettes de linge entre le fil & l'artère, & cela dans l'intention de maintenir la ligature & pour ne pas déchirer le vaiffeau qu'on vouloit comprimer, « tu lieras (dit Ambroife Paré) ton fil aflez ferré fur une petite compreffe de linge en deux « ou trois doubles, de la groffeur d’un doigt, qui engardera « que le nœud n'entre dans la chair & larrètera fürement ». On lit encore dans l'Ouvrage de Bertrandi, qu'après avoir placé le fil, on mettra fur l'artère un plumaceau mollet, & qu'on fera deflus un nœud coulant & une rofette; mais bien loin de regarder cette méthode comme avantageufe , nous ofons en blâmer l'ufage, fur-tout quand il s'agit d’arrèter lhémorragie des gros vaifieaux ; l'expérience nous a appris - que lorfqu'on interpoloit, entre le fil & le vaifeau, quelques 550 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE comprefles de linge, comme le recommande Paré, ou quelque plumaceau molet, comme le veut Bertrandi , la ligature fe relâchoit, & que fouvent l'hémorragie furvenoit, ce qui n’arri- voit pas lorfque le fil ferroit immédiatement les chairs. Les expériences que nous avons réitérées fur des animaux vivans, fur le cheval principalement, nous ont rappelé une obferva- tion du célèbre Saviard , : il pratiqua Ja ligature fur l'artère crurale, fans mettre de petites compreffes fur le corps de l'artère au-deffous du nœud, parce qu'il avoit reconnu des inconvéniens dans cette méthode. Cependant il ne fuffit pas de pratiquer la ligature {ur les gros vaifleaux , il faut la faire fur les rameaux collatéraux ; ceux-ci fe dilatent fouvent à proportion que les troncs principaux font réflerrés ; le fang ne pouvant plus circuler, reflue dans les vai- feaux collatéraux , & coule, par leurs extrémités béantes, fur la farface du moignon: or comme cette évacuation ne fe fait pas tout de fuite, mais qu'elle furvient quelque temps après l'opération , les Chirurgiens ont fouvent négligé de pratiquer la ligature des vaifleaux collatéraux ; quelques-uns même, voyant que l'hémorragie, par ces vaïfleaux , étoit légère dans le temps -du premier panfement , fe font contentés de mettre deflus un peu d’agaric ;: mais bien loin de produire les efléts qu'ils en attendoient, ils ont fouvent vu ces vaif- feaux darder de gros jets de fang. Scharp, ce grand Chirur- gien d'Angleterre, a déjà dit que fi les vaifleaux ne font pas bien liés, il y aura grand danger d’une nouvelle hémorragie lorfque la fièvre s’allumera & que les vaifleaux viendront à fe dilater /d). Une nouvelle caufe qui a induit en erreur “& qui a été obfervée par M. Camper, c’eft que-lorfque le fang ne trouve. pas de réfiftance dans les gros troncs, il ne pénètre point les rameaux. Or ïl n'eft rien de plus propre pour diminuer la réfiftance que les troncs vafculaires oppofent au ‘fang , que de les couper ; ‘le jet de fang devient alors plus confidérable , &c les vaifleaux collatéraux non-feulenrent n’en (d) Traité des Opérations, page 383 ; traduélion françoile. | 1 : ù J J Dj ES, SC L'E N.C:E.5. S51 reçoivent point, mais encore vident celui qu’ils pourroient contenir dans les troncs vafculaires ouverts. Le contraire arrivera lorfque, par la ligature ou par la comprefion , on effacera ou on diminuera le diamètre du tronc: le fang , à proportion de la réfiftance qu'il éprouvera, s’infinuera dans les vaiffeaux qui s’y abouchent. Nous ne quitterons pas l'article qui concerne la ligature des vaifleaux, fans nous récrier contre ceux qui emploient, encore de nos jours, le bec-à-corbin, dont les plus célèbres Chirurgiens ont profcrit l'ufage. Ambroife Paré, lui-même /e), l'a blâmé en divers cas, parce qu'il avoit reconnu des inconvé- niens dans cette méthode. Cependant les Chirurgiens qui ont furvécu à Ambroiïfe Paré, ont pour la plupart employé le bec-à-corbin /f), fans s'apercevoir, que par cet inftrument ils contondoient & meurtrifloient des chairs déjà enflammées : que ce moyen leur devenoit inutile, lorfqu’ils fe fervoient de l'aiguille & qu'il étoit autrement infufffant. Scharp s’eft forte- ment récrié contre cette méthode , il faut dit-il, afin de découvrir les orifices des vaifleaux, ordonner à l’Aide-chi- rurgien de lâcher chaque fois le tourniquet. Cette méthode vaut mieux, continue ce orand Chirurgien , que celle d'em- ployer des pincettes pour Gr les artères, car de cette dernière façon les. vaiffeaux s'échapent aifément de la ligature /g). En effet, les moyens que Scharp prepole, font plus que fuffifans pour découvrir les vaifleaux , ils réuffiffent tous les jours aux plus célèbres Chirurgiens : il eft étonnant que les autres Sopiniätrent à fuivre des préceptes furannés & condamnés par les plus grands Maîtres. Avantages de la nouvelle Méthode. On conferve, par la méthode que nous avons décrite, autant de chairs qu'il en faut pour recouvrir Fos, & par-là "oo -(e) Traité des Opérations, page 449: (f) Ibid. page 450. (g) Ibid, page 384. 5527 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on en prévient la faillie, le plus grand des inconvéniens qui” puiffent arriver après lamputation des grandes extrémités. Le moignon, bien loin d’être terminé en pointe, eomme cela arrive dans plufieurs cas, préfente ici une furface plate, & dont les bords font plus prolongés que Îe milieu; la peau recouvrira les mufcles, & comme ceux-ci ne changent prefque point de place après la feétion du membre, ils formeront , étant coupés, une plaie uniforme, avantage que fouhaitoit le célèbre Monro, lorfqu'il difoit que la feétion de la peau devoit avoir une furface égale avec la fetion des mufcles /4). Le moignon préfente une plaie fimple & dont les chairs, en fe cicatrifant , recouvrent le bout de l'os; elles forment fur eux une efpèce de couffin très-avantageux pour le mouvement de la portion du membre confervée, pour l'application d'une machine arti- ficielle, & pour mettre les os à l'abri du contaét de Fair, & par conféquent de l'exfoliation, qui en eft fi fouvent la fuite. Ambroife Paré tenoit en fi grande utilité de recouvrir los, qu'il confeilloit de faire quatre points d’aiguille en croix aux lèvres de la plaie, profondant lefdits points un doigt dedans la chair , afin qu'ils tiennent plus ferme. Il ajoutoit que par ce moyen, on rameneroit les parties des mufcles coupés: fur Vos, afin qu'il foit mieux & plutôt recouvert, & moins touché de Fair extérieur, afin que ladite chair lui ferve, après la confolidation, d’un œuffinet /i). Scharp & Douglas ont adopté cette méthode; mais plufieurs Chirurgiens mo- dernes qui en ont connu linfuffifance & le danger, ont employé les futures sèches, à la vérité fans fuccès. On n'a befoin d'aucun de ces moyens dans la nouvelle méthode ; la peau n'eft ni trop retirée ni trop prolongée fur la plaie, lun & l'autre feroient nuifibles ; la rétraction de la peau eft prefque toujours produite par le gonflement inflammatoire du moignon, mais lorfqu'il eft diminué ou détruit, la peau fe: prolonge; & comme en fuivant le procédé décrit on en (h) Eflais de la Société d'Édimbourg , tome X, () Ambroife Paré, livre X I, des Contufions, chap, Xx111. conferve DES SCIENCES. s57 conferve fuffifamment en la coupant d'un feul trait avec les mufcles, nous ne croyons pas qu'il foit avañtageux de la couper féparément. avant que de couper Îles chairs qui font par-deflous (k). On n'a pas befoin non plus d'appliquer une ligature au-deflus de l'incifion pour maintenir les mufcfes relevés; nous produifons cet effet avant lincifion, par Ja fituation du membre » & nous fommes d’ailleurs perfuadés que tous les autres moyens font. infufifans & dangereux. M. Louis //) a déjà confeillé d’êter là bande fupérieure qui affermifloit. les chairs dès qu'on les auroit incifées, & cela, afin, qu'elles puiffent retirer: mais comme les mufcles qui fe retirent quand ïls font coupés, forment un moignon plus où moins inégal, il vaut bien mieux les mettre , avant de les couper , dans l'état de rétraction. La nouvelle manière d'amputer n’a pas non plus les incon- véniens dela méthode à lambeaux, celle-ci eft beaucoup plus douloureufe , & jamais en Îa pratiquant on ne parvient à recouvrir l'os aufii uniformément. & dans tout le contour, comme on le fait en fuivant. le procédé, que nous avons expolé; dans lamputation à lambeaux il y a prefque toujours quelque côté de l'os qui n'eft pas bien recouvert: on a beaucoup de peine- à arrêter l'hémorragie , elle, revient. lorfqu'on y penfe le moins ; dans cette méthode. on ne. Pratique point la ligature des vaifleaux, au-lieu que gous la regardons comme très-néceflaire & même ra : Dans amputation à lambeaux, il peut fe former un amas de fang'entre les mufcles qu'on a relevés. & ceux contre lefquels on les a appliqués. Le fang épanché hors des voies de la circu- lation, fe Corrompt bientôt ; &ialtère les chairs & les os qu'il touche; cet accident n’eft point à craindre dans a nouvelle méthode, Je fang & le pus trouvent: facilement un _égout par les. interftices & par les extrémités des mufcles divifés ; €, (4) Recherches critiques. (}) Académie de Chirurgie, rome IJ,. Pa8e,.27 0: Mém. V7 Aaaa 554 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE avantage très-grand fans doute, qui préviendra l’inflammation du membre & la ftagnation des liquides. Ajoutez à toutes ces raifons de préférence pour la nouvelle méthode, qu'on n’a pas befoin d'employer les futures pour maintenir la peau ni les mufcles, que l'on z fouvent été obligé de faire. L Garengeot a été forcé de lier les vaifleaux après ampu- tation à lambeaux /#1). Par notre méthode les fibres mufcu- leufes ne font pas repliées & renverfées fur elles-mêmes , ce qui doit effentiellement nuire à la libre circulation des humeurs,d’où dépend pour ainfr dire , la vitalité du lambeau ; or c’eft cepen- dant ce -qui a lieu dans famputation à lambeau, on ploie des morceaux de chairs en fens contraire à celui de la Nature, & l'on rend les vaifleaux, de droits qu'ils étoient, tortueux, pliflés & angulaires; on diminue le diamètre de certains, & on oblitère entièrement celui des autres, ce qui ralentit la circulation dans la partie. Ajoutez que la compreflion que le lambeau fouffre d’un côté par les os, & de l'autre par le bandage, doit bientôt donner lieu à inflammation, & fouvent à la gangrène /”). H nous paroït donc qu’en général l'opé- ration à lambeaux eft très-mauvaife, & que fi on peut jamais l'employer, ce n'eft que lorfqu’on coupe un membre dans larticle. Nous en dirons autant de la méthode de Ravaton, elle ne diffère ge celle de Vermale de Verduin & de Saboureau, que parce qu’ils confervent deux lambeaux au lieu d'un feul, & qu'ils font la ligature ; il eft vrai que de cette manière ils préviennent lhémorragie, mais non les autres fymptômes. ; Cependant fi la nouvelle méthode eft plus avantageufe que celle dont nous venons de parler, à combien plus forte raifon devons-nous la préférer à celle qui eft la plus généra- Jement reçue, je veux dire à celle où, après avoir incifé & (m) Garengeot. Académie de Chirurgie, tome 11, page 276, (7) La Faye, idem, ibid, page 250. DES SIC MÆEUN C E S 555 relevé la pêau, on coupe les mufcles dans le même plan, le membre maintenu dans la même fituation pendant tout le temps de l'opération. . Par un pareil procédé , les mufcles qui ne font adhérens aux os que par leurs extrémités, fe retirent dès qu'ils font coupés, & ils continuent de fe retirer très-long-temps après, tandis que ceux qui font fixés aux os dans l'endroit où on 2 coupé le membre y reftent attachés, ce qui rend le moignon irrégulièrement pointu , & forme une plaie pyramidale, dont la furface augmente à proportion de la rétraétion des mufcles. Jur la rétrattion qu'éprouvent les parries molles, lorfqu'elles Jont coupées par un inffrument tranchanr. On doit confidérer cette rétraétion fous deux points de vue; celle qui fe fait dans l'inflant que les parties molles ont été divilées, & celle qui fe fait après avec plus ou moins de promptitude: on peut nommer la première reétradion inffantanee, & la feconde rétratfion Jecondaire. L'élaflicité, te ton & la contraétion , font les caufes de cette rétraction. L'élafticité eft une propriété commune à toutes les fibres; elle exifle. après la mort comme pendant la vie : fi Von fait une incifion à fa peau, aux mufcles, aux aponévrofes d'un cadavre ; les deux bords divifés fe féparent & s’éloi- gnent par la rétraction des fibres qui y aboutiffent ; c'eft ainfr que les bouts d'une corde de quelque matière qu'elle foit, qui eff coupée, fe retirent réciproquement ; & comme de ces cordes que je prends pour exemple, les unes peuvent être plus élaftiques que les autres, de même on obferve de la variété dans l'élaficité des fibres animales. La peau dans le cadavre, divifée par un inftrument tranchant, fe retire de part & d'autre, mais les mufcles divifés par leur milieu, fe retirent bien plus que la peau; les artères fe retirent encore plus que les mufcles, & l’on peut dire qu’elles ont plus d'élaflicité que toutes les autres parties du corps; c'eft peut-être par cette caufe que les hémorragies s'arrêtent Aaaai 556. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quelquefois fi facilement dans de grandes artères. Les bouts d’artères, dit Warner, fur lefquels on avoit appliqué de Fagaric, fe retirèrent au point qu'on ne pouvoit plus les apercevoir fur, le moignon lorfque l'hémorragie fut arrêtée /0). C'eft par l'effet de cette, rétraction, favorifée par la fonte des graifles, qu'on peut expliquer pourquoi M. Louis à été obligé de couper les ligatures devenues inutiles /p). Il paroït que la rétraction des artères eft beaucoup plus grande quand elles ont été diflendues, que lorfqu’elles n'ont pas éprouvé de diftenfion avant d’être ouvertes. Un homme dont parle Belchier /4), eut l'épaule arrachée du corps par Vaile d’un moulin à vent, & ne perdit point une goutte de fang; deux autres eurent les doigts arrachés du- corps, & chez eux lhémorragie s'arrêta d'elle-même /r). J'ai fait diverfes expériences relatives fur les animaux, & ell:s n'ont offert le même réfultat. Les nerfs qu’on a fi fouvent acculés de fpafme & de contrac- tion font fi peu élaftiques, qu'on voit à peine leurs bouts s'éloigner lorfqu'on les a coupés; nous avons fait cette expé- rience & fur les cadavres & fur les animaux vivans, & nous avons toujours vu que les bouts des nerfs que nous avions coupés s'éloignoient à peine. M.” de Haller & Senac, ont obtenu les mêmes réfultats des expériences qu'ils ont faites fur lé méme objet, & nous ne doutons pas que la Nature ie les fournifle à tous ceux qui la confulteront. ‘ Mais peut-être, dira-t-on, que la rétraétion eft d'autant plus forte, que les parties coupées font plus longues, plus tendues & moins adhérentes aux parties voifines, cela eft vrai; auffr a-t-oneu égard dans les expériences qu'on à faites ,: de. les réitérer dans diverfes parties & d’en varier les procédés: en voici quelques exemples. (©) Warner, obf. XXXIX, page 181, edit, Françvi CA () Académie da Chirurgie, rome IV, page 464 (4) Tranfaéions philofophiques ,-amhée 1738, n° 4497 (r) Morand, Académie de Chirurgie, one 11, page 86% DES SPC TÉENUNE ESS $s7 -_ 1.° Sur la peau, lorfqu'on Fa fendue longitudinalement , c'eft-à-dire dans une direétion parallèle à l'axe du corps, il y eu peu de rétraclion; mais la peau éprouve une rétraction très - forte lorfqu'elle eft coupée en travers. Les bords de la peau de fa cuiffe d’un cadavre, coupée tranfverfalement de trois pouces & demi, fe font retirés d'environ un pouce vers le milieu de la plaie. On a fait une incifion tranfverfale de F1 même étendue fur la partie antérieure de l'autre cuife, la jambe maintenue dans une forte flexion, & l’on à vu les bords de {1 plaie s'éloigner de près d’un pouce & demi, c'eft-à-dire d’un tiers de plus que dans le ças précédent: La jambe maintenue dans la flexion déjà indiquée, on a coupé, de l'étendue de trois pouces, la peau de la partie poftérieure de k cuifle; mais bien loin que les bords de la plaie fe foient éloignées, comme dans les cas précédens {d’un pouce ou d’un pouce & demi), les bords de la plaie dans ce dernier cas fe font à peine écartés d’un demi-pouce. .. HI fuit de ces expériences que la peau eft dans certaines attitudes & dans certains endroits du corps, beaucoup plus tendue que dans d’autres; qu'elle eft relichée dans le fens de la flexion des membres, & qu’elle eft tendue dans le côté oppolé; que dans quelqu'endroit qu'on la coupe, foit fur le vivant, foit dans le cadavre, les bords ‘divifés s'éloignent par l'élafticité, mais que la rétraétion eft proportionnée à la tenfion. | #4 ï .. Une autre expérience qui a été faite fur la peau, prouve que les bords divifés s’'éloignent peu Jorfqu’on la coupe proche de fes replis, tels qu'on en obferve au vifage, aux mains, aux fefles, aux pieds, &c. Nous avons auflr éprouvé que la rétralion de la peau étoit plus forte, lorfqu’on avoit coupé par-deffous le tiflu cellulaire qui la lie aux parties voifines, avec une, longue aiguille à bas, avec le foufile, ou par l'in- jeétion. Or, à la fuite des abcès qui rongent le tifiw cellu- laire fous la peau, elle fe retire fi elle eft coupée, beaucoup plus. que lorfque le tiflu cellulaire eft dans fon intégrité. 2.” Les extrémités d’un mufcle coupé fe retirent vers leurs 553 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE infertions; mais cette rétraétion eft plus grande lorfque le corps du mufcle n’eft point adhérent aux os ni aux membranes. Les mufcles dont les fibres font longitudinales, fe retirent beaucoup plus que ceux dont les fibres font obliques, ou de diverfes directions, & pour étayer de quelques exemples, ce que nous avançons , nous pouvons dire que fi l'on coupe les mufcles demi-nerveux & demi-membraneux , le grêle antérieur & interne, le biceps de la cuifle, alors la rétraction fera fort grande, & que fr lon coupe le vafte interne & externe & le crural, la rétraction fera très-petite. Dans le premier cas, les mufcles n'étant attachés que par leurs extré- mités, les bouts divifés peuvent fe retirer vers {eur infer- tion. Dans le fecond, la rétraction doit être très-modérée, parce que plufieurs fibres s’'implantant à los, empêchent les autres de fe retirer. Cette théorie fondée fur expérience , peut être appliquée avec fruit, à la pratique de la plupart des opérations de Chirurgie, & principalement à celle des amputations. 3.° La rétraclion des tendons eft de beaucoup inférieure à celle des mufcles , elle left auffi à celle dés aponévrofes ; mais pour bien l'évaluer, il ne faut pas la confondre avec celle des mufcles, qui par leur contraétion éloignent , dès que la fection eft faite, la partie tendineufe qui leur eft continue, de celle qui eft implantée à l'os. Pour Îa déter- miner, cette rétraction des tendons , on n'a eu égard qu'à la partie fixée à los; on a coupé le tendon près du mufcle, & on l'a vu fe retirer vers l'os, mais beaucoup moins que la peau & les aponévrofes, &c. &c. 4° Les artères jouiffent d'une force de rétraction très- confidérable. J'ai fait détacher l'artère crurale d’un cadavre, du tiflu cellulaire & de fes rameaux collatéraux ; je l'ai fait couper vers le jarret, à où elle prend le nom d’artére poplitée , & elle s'eft retirée de huit pouces fur dix-huit qu'elle avoit auparavant, c'eft-à-dire, que la portion reftante de l'artère n’a eu que dix pouces, ‘fur dix-huit qu'elle avoit primitivement. On obfervera qu'en avoit coupé les vaifleaux collatéraux; on les OP 7 DES SCIENCES . s59 a confervés dans un autre cadavre : on a coupé, comme dans le cas précédent, l'artère crurale vers le jarret, mais la rétraétion n'a été que de trois à quatre pouces au lieu de huit. Les veines fe retirent beaucoup moins que les artères. s… Mais les nerfs font fi peu élaftiques, qu'à peine leurs extrémités fe féparent-elles. Dans un cours de Phifiologie que j'ai fait au Collége Royal en 1771, je fis couper le nerf fciatique d'un chien vivant; à peine vit-on les deux bouts divifés fe féparer ; mais de peur qu'ils ne fuffent retenus dans leur place par des filets collatéraux , j'eus le foin de les détruire; le tiffu cellulaire qui lioit le nerf aux parties voifines, fut auffi détruit; mais {a rétraction ne fut prefque pas plus grande. Nous n'en dirons pas davantage fur la rétraction primitive produite par la feule élaiticité des parties, on obferve fenfi- blement dans les cadavres qui ne font pas encore atteints de pourriture, alors l'élaflicité diminue; dans l'état de vie il y a deux autres caufes qui augmentent la rétraction, lune qui eft comme l'effet de la vitalité, & qui s'étend fur toutes les parties , c'eft le ton ronus ; l'autre ef ia contraétion, qu’on n'obferve que dans les fibres mufculaires. IN n’eft pas douteux que les fibres animales ne foient plus tendues pendant la vie qu'après la mort, & que les aponé- vrofes & le tiflu cellulaire ne fe retirent plus fortement alors que dans le cadavre, L'expérience démontre ce que j'avance; c'eft à l'augmentation du to qu'on doit attribuer la rétraction de ia peau pendant le froid dans certaines afleétions de Fame, &c. Mais les bouts d’un mufcle divifés fe retirent par une autre caufe, qui opère fur eux conjointement avec les deux autres, c'eft la contraétion, effet propre de la fibre mufculaire ; nous pouvons la raccourcir ou la contracter à notre gré, & cette contraction eft fouvent la fuite de l'irritation. H ne faut donc pas être furpris fi les mufcles divifés par un inflrument tranchant , fe retirent autant qu'ils le font. Indépendamment de cette rétraction des chairs inftanta- nées, ou qui fe fait dans l'inftant même qu'elles font. divi- fées, il en eft une autre qu'on appelle la réfraclion fecondaire, ÿ s o u Ÿ » » ÿ bi SES M ee F 560 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai coupé les mufcles antérieurs dela scuifie jufqu'à dos; dansrun fujet mort depuis environ dix heures ; leur rétration a été d'abord proche de a peau, & versle milieu.de la plaie, d'environ dix lignes ; le lendemain elle étoit de plus d'un pouce. Cette-expérience rréitérée a offertes mêmes réfültats ; en-eflét, dès que les fibres font coupées, elles fe retirent par leur élaficité, &letiffu cellulaire qui les lie & qui leur donne des gaînes cède, mais il ne.cède pas d’abord .autant qu'il peut de faire ; cependant les fibres-tendant. toujours à fe reti- rer, continuent d'agir fur lui; celui-ci prête &:la rétraction augmente ,ain{i que da: diftance des bords dela plaie. Mais peut-être qu'on trouvera qu'on ne peut rien conclure des réfultats de cette expérience faite fur le cadavre pour l'état vivant? l'on peut répondre que!a-rétraétion quife fait dans le cadavre, ne s'opère que par d'élafticité, & que dans l'état vivant les fibres jouiffent, non-feulement de cette élafti- cité, mais encore de la force tonique ,'& quedes’ fibres muf- culaires font de: plus contractibles; c’eft:ce dont je me fuis affuré par diverfes expériences faites fun les animaux. vivans ; mais pourquoi chercherailieurs que dans Fhomme lui-même, des preuves de la rétraction des chairs? Tous les Chirurgiens ne favent-ils pas qu'après lamputation la mieux faite, où tout indiquoit que los feroit ‘recouvert par’ les chairs, il eftarnivé le contraire, & da milieu des chairs-qui fe font retirées , on a vu faillir un bout d'os qu'ona été obligé de fcier de nouveau ? Qu'on ouvredes bons livres'de l'Art ,‘&' lon fe convaincra de! la folidité de cette doétrine ; nous pourrions certainement étayér notre opinion fur beaucoup d'exemples, un: feul nous fuffira. … Voici ce que dit un habile Chirurgien :« La rétraction des chairs, & celle dutiffu cellulaire, ‘peut-être par le vice des ‘humeurs / furent caufe que l'os,qui à linflant paroïfloit fort enfoncé dans les rhufcles, fit dans la fuite une faillie confr- déräble , de manière que la cicatrice de la circonférence des chairs autour de l'os, fembloit monter jufqu’à da furface de fon extrémité, -& celle-ci refla découverte ;ce quidétermina » M. Veyret £: Li 1 1 EE SO GIE EN C2: 5. 561 M. Veyrét de faire une feconde feétion de los /f) ». Or cette faillie de los, d’où peut-elle dépendre? Ce n'eft point du prolongement de l'os lui-même, ce n'eft pas de la deflruc- tion d’une partie des mufcles, mais de la rétraétion nouvelle qui s'eft faite depuis lopération, foit que le tifu cellulaire ait été trop foible pour contre-balancer l'effort qu'ils font conjointement avec la peau pour remonter, foit que depuis l'opération il ait été détruit par la fuppuration. La rétraétion inflantanée & la rétraction fécondaire font. donc prouvées par des expériences décifives, & les caufes qui la produifent font trop évidentes pour qu’on puifle s'y refufer; il s’agit maintenant, non de s’y oppofer après l'am- putation, les meilleurs moyens que Part fourniroit feroient infufhfans pour y parvenir, mais de l'exciter & la former avant d'amputer le membre. Le meilleur moyen d'y réuffir, eft de faire raccourcir les mufcles autant qu’il eft poffible avant l'opération, pour qu'ils ne fe raccourciflent pas davantage, ou du moins qu'ils le fañlent très-peu lorfqu'ils auront été coupés. Or, y a-t-il des moyens plus efficaces pour remplir cet objet, que de mettre les mufcles dans l’état où ils font dans la plus forte contraction? Les extré- mités mobiles fe rapprochent alors des extrémités fixes d’un efpace qui varie à la vérité fuivant les membres, mais qui eft toujours prodigieux. Propofons des exemples, & prenons-les dans les parties où l’on fait fréquemment l’'amputation. 1. Lorfque l'avant-bras eft étendu, l'extrémité inférieure . du biceps eft éloignée de deux travers de doigt de plus de l'extrémité fupérieure que lorfque l'avant-bras eft fléchi. Si vous coupez alors le bras dans le temps que ce mufcle eft remonté, il vous reftera au-deflus de votre fection plus de mufcles qu'il ne vous en auroit refté fi lamputation du bras eût été faite pendant fon extenfion; fi l’on fait une incifion antérieurement un travers de doigt au -deflus des condyles du bras, Vavantbras étant fléchi, à peine parvien- Ce) M. Veyret, Académie de Chirurgie, tome II, page 265$, Men. 1773, Bbbb 562 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE dra-t-on à la portion mufculeufe du biceps qui eft alors fingu- lièrement remontée, & fon coupera le tendon qui le fixe à la tubérofité du rayon; fr au contraire on fait l'incifion au même endroit, l'avant-bras bien étendu, l’on coupera plus d'un travers de doigt du corps du biceps. Appliquez le même principe à l'égard des mufcles anconés, & vous verrez facilement que fr vous les PR miéditient au-deflus des condyles du bras, lorfc fque lavant-bras eft bien étendu, vous n ‘intérefferez prefque point la partie mufculeufe, au lieu que vous en laifiérez plus de deux travers de doigt au-deffous de l'incifion fi vous fa faites, lorfque Favant-bras fera dans une violente flexion. La peau eft beaucoup moins étendue du côté de la flexion que du côté oppofé, & elle fe trouve déjà repouffée vers le haut du membre par les mufcles qui font par-deflous, & qui font remontés. Or, ce n’eft pas un petit objet que de ménager la peau le plus qu'il eft poflble, les Anciens en ont reconnu Favantage, & lon fait qu'il n’y a pas de meilleur moyen de la relever que de faire fléchir le membre avant de le couper. Il s'enfuit donc que pour conferver le plus de chairs poflible dans lamputation du bras, il faut, avant d’incifer le biceps & le brachial, fléchir Favant-bras, & qu'il ne faut couper les mufcles extenfeurs qu'après avoir mis favant-bras dans la plus forte extenfion. Les mêmes principes que nous venons d'établir pour lamputation du bras, trouveront leur application dans l'am- putation de f’avant-bras, de la cuifle & de la jambe ; s'il s’agit de couper lavant-bras, il faut, avant que d’incifer les mufcles fléchifleurs de la main, faire fléchir la main le plus qu’il fera poflible, & quand on voudra faire la fetion des mufcles extenfeurs, l'Aide aura le foin de faire pañler cette main de l'état de out à celui de la plus forte extenfion; on conferve par cette méthode , beaucoup plus de chairs pour recouvrir les os, qu'on ne le fait lorfqu'on fuit tout autre procédé. Cependant , sil eft avantageux de faire ufage de la méthode 5° fufdite dans les amputations du bras & de l'avant-bras, il DE ISIMONCNILE NU CAES, 563 'eft encore beaucoup plus de l'employer lorfqu’on veut ampu- ter la cuifle ou la jambe. Décrivons fuccinétement amputation de Ia cuifle par la nouvelleiméthode, & examinons-en enfuite les avantages. IL eft égal de commencer f'incifion par la partie poftérieure pour la terminer en avant, aut vice verfä, mais il ne left pas de maintenir a jambe dans la même pofition lorfqu'on coupe les mufcles qui la fléchiffent, & lorfqu'on coupe ceux qui l'étendent. IL faut, quand on coupe les chairs de la partie poftérieure de la cuiffe ou les mufcles Aéchiffeurs de la jambe, fléchir la jambe fur la cuifle & étendre un peu la cuifle ou la porter légèrement en arrière. Cette incifion finie, il faut faire pañer la jambe de l'état de flexion à celui d’extenfion, enfuite on coupe les mufcles extenfeurs de la cuifle. Par le moyen de a languette de linge, l'Aïde-chirurgien repouflera les chairs fi haut quille pourra comme cela fe pratique dans les autres méthodes. En fléchiflant la jambe fur la cuiffe, on diminue de plus d’un pouce, la diftance qu'il y a entre les infertions fupérieures & les inférieures des mufcles fléchiffeurs de la jambe : on permet donc aux mufcles fléchiffeurs de fe raccourcir par la contraction, & la douleur de opération les détermine encore davantage à fe contracter & à remonter, ce qui fait, qu'après la fetion de Pos, il y a toujours affez de chairs pour le recouvrir. Lorfqu'on étend la jambe, on rapproche aufli les points où s'implantent les extrémités des mufcles extenfeurs : ces mufcles fe portent en haut par {a rétraction dépendante de leur élafticité & par leur 10, & par leur contraction qui eft d'autant plus grande qu’elle puiffe jamais l'être. L’irritation excite ha contraction, or peut-il y avoir d’irritation plus forte que celle qu'on produit, en incifant les mufcles, quelque tranchant que foit l’inftrument qu'on emploie. Quoi qu'il en foit, par ce procédé los du moignon fe trouve entouré des mufcles, dont les uns n'ont pas plus de propenfion que les autres à s'éloigner du bout de l'os, & comment le pourroient-ils? Bbbb ij 564 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ou ils font adhérens à l'os lui-même, ou ils étoient remontés par la contraétion , avant qu'ils fuflent incifés. Nous ne traiterons point féparément de famputation de la jambe, par la nouvelle méthode, parce qu'il eft aifé de comprendre, d'après ce qui a été dit, que l’on gagnera beau- coup de faire bien étendre le pied , lorfqu'on coupera fes mulcles extenfeurs, & qu’on retirera de l'avantage de le faire fléchir lorfqu’on coupera fes mufcles fléchiffeurs : cette ampu- tation a été faite de cette manière fur le vivant avec le plus grand fuccès. Un Chirurgien moderne a propofé depuis peu, une méthode ui eft directement le contraire de celle que je viens d’expofer; dan lui, il convient de couper, dans l'extenfion la plus forte, les différens mufcles qui environnent le membre qui eft deftiné à être féparé, & la raifon que l’Auteur allègue «en faveur de cette méthode, c'eft que les mufcles coupés dans lextenfion, confervent , toutes choles évales d’ailleurs, plus de longueur que sils euflent été coupés dans leur contraction. Mais bien loin d’être perfuadé qu'une telle manœuvre foit auffi favorable qu’on le promet, nous ofons penfer le contraire: nous chercherons des preuves à notre opinion, dans le même exemple que lon a propofé pour établir la méthode que nous combattons. Je fuppofe que le mufcle droit antérieur de la cuife ait à peu-près feize pouces de longueur effective, Jorfqu'il eft dans la plus forte contraction , dans un fujet dont le fémur eft de dix-huit pouces //). Ce même mufcle, mis dans l’extenfion la plus forte, acquiert un tiers de plus de longueur abfolue, il paffe à vingt-quatre. Or la manière la plus propre de le mettre dans une telle: extenfion, c’eft de faire fléchir la jambe, fi vous coupez alors les mufcles, au niveau de la partie moyenne du fémur fpolé, qui eff de neuf pouces (1): vous diviferez les mufcles (JS) Académie de Chirurgie, rome 11, page 268, Le) Les AE d'à Mem. de lAc.R. des Je. An.177 8. Las. 554. XII. Lsrsier del Men. d lAe. LR. des Se. 1n 1778 La9.564. 11. XI. F2 Gouze Sup: FE Gouse Jupe DES SCIENCES. 565$ en deux parties, dont celle qui fera au-deffous de la fection fera plus longue, ou au moins autant que celle qui fera par- deflus & que vous vouliez conferver. Si au contraire vous coupez le mufcle dans fa forte contrac- tion, au mème endroit indiqué , la portion fupérieure fera de Beaucoup plus longue que l'inférieure : qu'on l'éprouve fur le cadavre & fur le vivant, & l’on aura les mêmes réful- tats ; quelle eft donc la méthode que nous devons prefcrire? eft-ce celle qui emporte, avec le membre , de plus longs lambeaux de chairs, ou celle dans laquelle fes lambeaux de chairs qu'on enlève font plus courts : celle-ci nous paroît fans doute préférable : moins on détruit d’un mufce & plus fans doute il en refte; la perfection d’une amputaiion confifte à conferver aux chairs qui forment l'extrémité du moignon le plus de longueur qu'il eft poffible, » Remis par l’Auteur le 20 Avril 1777 566 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE SECOND MÉMOIRE POUR SERVIR À L'ANATOMIE DES" OISEAUX. Par:M Viceo-D'AzYer. Suite de la Defcriprion de leur fquelette à de leurs mufcles, ANATOMIE s’eft d'abord livrée prefque uniquement à {a diffeétion des brutes; des circonflances plus favorables lont mife enfuite à portée de faire des progrès rapides en difléquant des cadavres humains, & depuis plufieurs fiècles, il femble qu’elle fe foit bornée à ce genre de travaux. N'eft-il pas à fouhaiter que les Phyficiens faflent aujourd’hui, par choix, ce qu'ils ont fait autrefois par néceffité, & qu'à limitation de quelques Savans qui ont jeté les fondemens de P Anatomie comparée, ils s'occupent à donner à cette fcience, par de nouvelles recherches, un degré de perfeétion dont elle eft bien éloignée, & fans lequel l’enfemble des fonctions du ee SALES ne peut être préfenté d'une manière fatisfaifante? Parmi les différens animaux qu'il eft intéreffant de bien connoitre, les Oifeaux doivent être rangés au nombre de ceux fur la flrudture defquels il refte le plus d’obfervations inté- reffantes à faire. Dans un premier Mémoire, j'ai propoféle plan que je dois fuivre, j'ai déterminé les genres qui fervent de bafe à mes recherches, j'ai indiqué la nomenclature nouvelle que j'emploie dans mes defcriptions, & j'ai divifé en vingt-quatre régionsles difiérentes parties du corps de l'oifeau. Déjà la région thorachique antérieure, la région de la clavicule, & celle de l’omoplate ont été décrites. Dans ce fecond Mémoire, onze régions feront examinées avec foin ; la région fupérieure de l'épaule; la région interne & la région externe de lhumérus; la région interne & la région exterhe de l'avant-bras; celle DIEHSA SNCN R)NUCtE 5. 567 de la main; la région fupérieure du dos & du cou; la région inférieure du cou, la région fupérieure & latérale du crâne; la région inférieure de la tête, & celle de la furface de la peau. Les dix autres régions feront réfervées pour le troifième Mémoire, dans lequel, ainfr que dans celui-ci, on trouvera peu de citations, parce que j'ai toujours été forcé de parler d'après mes recherches particulières. MAUAT RISNEMML ELA RUE) GT ON. Récion fupérieure de l'épaule. - Cette région comprend les deux extrémités des fourchettes, l'angle qu'elles font avec les clavicules, les deux extrémités fupé- rieures de ces dernières; celle de lomoplate & fa partie fupé- rieure de lhumérus: cette dernière eft recourbée en dedans: elle a deux faces, dont l’une eft interne & l'autre externe; toutes les deux font féparées vers le haut par une éminence qui fe jette en dehors, & par une autre faïllie qui fe recourbe vers le thorax. Ces deux apophyfes répondent aux deux tubé- rofités de l'humérus humain; la tête articulaire eft elle-même remarquable , parce qu'elle eft continue avec le corps de l'os, fans col ou rétrécifiement apparent, parce qu'elle eft oblique par rapport au plan de humérus, parce qu'enfin elle eft oblongue & tournée un peu en arrière : la cavité articulaire eft formée par l’omoplate & par la clavicule qui s’'articulent enfemble dans cet endroit ; la capfule s’insère à ces deux os & à l'extrémité de la branche de fa fourchette. Cette région examinée dans un grand nombre d’oifeaux ne m'a paru offrir aucune variété digne de remarque; j'obfer- verai feulement que dans un corbeau & dans le fquelette d'un aigle, j'ai trouvé la poulie du pectoral moyen oflifiée, & que l'os qui, dans lautruche, tient la place de la four- chette & de la clavicule, m'a femblé abfolument continu avec lomoplate, Les mufcles de cette région font: 1.” Le petit releveur de lhumérus: ce mufcle tient la 568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE place de la première portion du deltoïde; il eft mince, ileft collé à la capfule & attaché d’une part à l'angle que la fourchette & la clavicule font enfemble, & de l'autre, au tubercule fupé- rieur de lhumérus , il porte le bras en-haut & en devant, & il empêche la capfule d’être pincée dans le mouvement de l'articulation. 2. Le grand releveur de Fhumérüs : ce mufcle tient la place de la feconde portion du deltoïde; if eft triangulaire & plus grand que le précédent; il s'étend depuis la face externe de l’omoplate à laquelle il s’insère jufqu’au tiers infé- rieur de l'os du bras, fes fibres font un contour très-marqué au-deflus de la tête humérale, & touchent au biceps, ainfi que le précédent: ce mufcle élève le bras & le porte en avant ; il feconde l'action du pectoral moyen; il paroît avoir aufi quelques rapports avec le fur-épineux par {es ufages & par la place quil occupe. 3. Le grand extenfeur de la membrane externe de l'aile: ce mufcle répond à la troifième portion du deltoïde; il eft aplati , étroit & tout charnu; il s’insère à la pointe de la fourchette, fe colle aux fibres du grand peétoral, & s’'épañouit entre les membranes de l'aile que ce mufcle tend dans le vol: il eft placé à la partie fupérieure & externe du grand pectoral. Le deltoïde a trois portions dans l'homme ; ici nous les trouvons féparées, & une d’entr'elles eft deftinée à des ufages qui ne font relatifs qu’à l'oifeau. 4° Le petit extenfeur de fa membrane antérieure de l'aile : ce mufcle eft arrondi, longuet, & paroit être une portion du biceps ; il s'insère à la face interne de lhumérus, & fait un angle aiou en fe réuniflant avec le précédent, pour fe terminer de la même manière entre les membranes de l'aile. 5 Le mufcle qui répond au coraco-brachial: c’eft un mufele court, fémi-penniforme, prefque tout charnu, placé fur fe bord externe de lhumérus auquel il s'attache & dont les fibres vont fe rendre obliquement à un tendon qui fe joint à celui du biceps, pour s’inférer enfemble à l'extrémité de la branche de la fourchette: j'ai donc eu raifon de regarder cette DES SCIENCES. 569 cette partie comme faifant fonction d'apophyfe coracoïde. Dans l’homme, le mufcle coraco-brachial s'insère à la partie interne de lhumérus; fon infertion n’eft pas tout - à- fait fa même dans l'oifeau, dont le bras eft tourné plus en dehors: ce mufcle a le même ufage que les deux premières portions du deltoïde. 6. L'huméro-fcapulaire : ce mufcle et ainfi nommé à raifon de fes attaches: ïl eft petit, rond , tout charnu , & placé dans la même direétion que le cofto-fcapulaire, & au- deflous du fouclavier externe & du fus-fcapulaire : il s'étend depuis le bord interne de l'humérus , près de l'articulation, Spies bord inférieur de l’omoplate : ce mufcle approche lhumérus de Pomoplate. Lorfque le cofto-fcapulaire agit en même temps avec le court fouclavier, l'aile fe trouve autant rapprochée des côtes qu’il eft poflible : ce mufcle a quelques rapports avec le petitrond del’omoplate humaine. Ne femble- t-il pas que les puiflances, qui, dans l'homme, exécutent principalement la rotation de lhumérus, font deftinéesrà fon élévation, à fon abaiflement ou à fon adduction dans l'oifeau? On voit par ces détails, que quoique les mufcles de la clavicule & de l'épaule, paroïffent plus multipliés dans l’oifeau que dans l’homme, on aperçoit cependant entr’eux une ana- logie très-marquée ; que l'on retrouve même les différentes portions d’un mufcle qui paroït avoir été divifé, & que les plus petits, quoique diftribués d’une manière envapparence bizarre , répondent cependant par leur nombre & par leur fituation à ceux de l'épaule humaine. GE Nu On UN RUEUM UE HN RÉ MG HE ON: Région externe de l'humérus. Cette région comprend la face externe de l'os de lhumérus: cet os n'a pas dans les oifeaux la même pofition que dans Thomme; dans ce dernier, comme M. Winflow l'a dit, après Ambroife Paré, fes condyles font fitués obliquement , de forte qu'il eft autant en dedans qu'en devant. Dans l'oifeau, Mém, 1773. Gcce 570 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE au contraire “une des faces eft tout-à-fait en dedans & l’autre tout-à-fait en dehors. C'eft à cette différence que l'on doit rapporter celle que Fon obferve dans l'infertion des petits mufeles de l'épaule: c’eft elle qui donne à l'extrémité fupé- rieure de Voifeau lorfqu'elle eft développée, lhorizontalité néceflaire pour le vol; enfin c’eft pour la même raifon que la tête de l'humérus fe porte en dedans prefque direétement & fans une grande obliquité. On doit fe rappeler qu'une apophyfe aflez grofle & un peu recourbée, fe rencontre vers le haut, où elle répond à la grofle tubérofité de lhumérus humain. Le biceps eft le feul mufcle de cette région‘: il occupe la face externe de los du bras auquel il s'insère fupérieu- rement ; il a deux têtes peu diflinctes, lune eft plus longue, & s'étend jufqu'à l'extrémité de la fourchette, où elle fe joint au mufcle qui tient lieu de coraco-brachial; l'autre eft plus large, plus courte, & elle s’insère au-deflous du tubercule fupérièur, auprès de la capfule que les tendons recouvrent en partie ; inférieurement, les deux portions dont on vient de parler, fe réuniffent pour former un tendon commun &c arrondi, qui pañle au-deffus dû ginglyme de lavant-bras, pour s'inférer au cubitus au-deflus de fa tête articulaire. Dans lhomme, les deux extrémités fupérieures du biceps font bien diflinétes, & fon tendon inférieur fe reploie autour du radius* dont il opère la fupination. Un pareil mouve- ment auroit été inutile & peut-être même dangereux dans Voifeau, dont le biceps eft borné à la flexion; ce mufele; s’inférant au cubitus, tient lieu du brachial dont il fait les fonétions, & qui manque dans cette claffe d'animaux. Quelque circonfpection que l'on doive fe prefcrire à l'égard des caufes finales, ne femble-t-il pas qu’en examinant ainfr en détail les ouvrages de la Nature, & en les comparant enfemble, Von eft aflez heureux pour entrevoir quelques-unes de fes intentions ? DES SCIENCES. S74 S'IXT1È ME RÉ GTI ON. Région interne de l'humérus. On trouve deux mufcles dans cette région, 1.° le grand extenfeur du coude qui répond au premier anconé, autre- ment dit premier triceps dans l'homme : ce mufcle forme un ventre Jong, arrondi & terminé fupérieurement par un tendon qui s'insère à l'omoplate, près de l'angle qu'elle fait avec la clavicule ; inférieurement ,#ks’unit avec l'autre exten- feur, & tous les deux s’insèrent à lolécrâne qu'ils recouvrent de leurs fibres ; il agit principalement fur l'os cubitus & fur los humérus qu'il étend réciproquement l'un fur l'autre : il porte même fon aétion jufque fur lomoplate , comme celle du biceps fe porte fupérieurement fur la fourchette, de forte que ces deux mufcles jouent un grand rôle dans le vol, en fixant & en retenant en équilibre les deux branches , dont ka rencontre forme la pointe de f’épaule. DEP UICE ME RE TG tITO "0 Région interne de l'avant - bras. Cette région s'étend en dedans depuis le ginglyme du coude, jufqu'à celui du carpe & même plus loin, eu égard à certains mufcles, On y remarque: 1.° deux têtes à l’extré- mité inférieure de los du bras, dont l’une eft radiale , plus arrondie, plus grofle & plus faillante ; l'autre cubitale, plus profonde & un peu plus reculée : 2.° los du rayon, qui, quoique foutenu fur la plus groffe éminence, eft cependant moins volumineux , par proportion à los du coude, dans loifeau que dans l'homme : 3.° l'extrémité inférieure du même os qui eft recourbé pour s'articuler avec la partie qui tient lieu de main ; cette dernière eft, ainfi que l'avant-bras, dans un état de flexion qui tient le milieu entre la pronation & la füpination; il n'y a d’ailleurs aucune différence efentielle dans les oïfeaux dont l'envergure eft très-étendue. Les deux os de lavant-bras font feulement , toutes chofes d’ailleurs égales, plus longs & moins recourbés. Creer 572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les mufcles de cette région font au nombre de huit; une aponévrofe les recouvre, les divife, & leur fournit des points d'infertion multipliés. Ces mufcles font : 1.° Le radial interne ; ïl eft rond & enveloppé d'un cornet aponévrotique ; il s'étend depuis fe condyle interne atiquel il s'attache, jufqu'au quart inférieur du radius : il porte Favant-bras en-dedans en le fléchiflant. Dans l’homme il s'étend jufqu’au fecond os du métacarpe. 2.7 Le mufcle qui tiefft lieu du pronateur rond; celui-ci eft court, aplati & plus charnu que le précédent : il s’insère de même au condyle interne qui dans l’oifeau ef inférieur, l’externe étant placé au-deflus ; fon autre extrémité s'attache au radius : il fléchit l'avant-bras avec force, & il maintient Fos du rayon dans un état d'horizontalité dont nous avons fait fentir déjà plufieurs fois tout Pavantage. Dans l'homme fa direction eft plus oblique. 3.” Le court fléchifeur de l'avant-bras ; ce mufcle eft large; plus court que le précédent, & aponévrotique vers le haut ; il eft placé fur Farticulation de lavant-bras avec l’humérus, & il ne pafle pas le tiers fupérieur de l'os du coude : il agit avec beaacoup de force , fur-tout lorfque la flexion: eft commencée. 4. L’extenfeur interne de la partie qui tient lieu de doigt; ce mufcle eft placé entre le mufcle fléchifleur du coude & celui qui tient place du rond pronateur ; il s'attache aux deux os de lavant-bras; fon tendon qui eft long & très-mince, fe porte le long du bord antérieur du doigt, & il fe joint avec celui du mufcle que je connoiïs fous le nom d’extenfeur grêle; quelques-unes de fes fibres s'étendent même jufqu'à la racine des plumes qu'il développe, & qu'il meut en même-temps que les petites articulations du bout de l'aile : ce mufcle répond aux deux fléchifleurs dans homme; ici tout eft au contraire, dirigé du côté de l'extenfion, mouvement très-important dans l'oifeau, la flexion pouvant d'ailleurs être exécutée pargdes puiflances peu étendues & peu confidérables. 5.” L’extenfeur gréle de la partie qui tient lieu de doigt; DES SCIE NcEs S7# cé mufcle femble répondre au grêle palmaire;! fupérieurement il eft un peu aplati : il s’insère au condyle interne ou infé- rieur, & il fe termine par deux tendons dont un s’insère au carpe, auprès de celui du cubital interne, & l’autre fe joint avec ce dernier mufcle, qu'il dirige & qu'il aide dans fon action. 6." Le cubital interne; celui-ci eft plus gros que les précé- dens; il s'étend depuis le condyle interne ou inférieur, jufqu’à une faillie faite dans l'angle de Favant-bras, avec la partie qui tient lieu de doigt, par un petit os appartenant au carpe, & qui eft oppofé à celui que Bélon à nommé appendix, Si on fe rappelle que ce mufcle s'insère à l'os pififorme dans. homme, on retrouvera avec plaifir ces grands traits d’ana- logie entre des individugen apparence aufli éloignés les uns. des autres. 7+° Le mufcle qui répond au court fupinateur ; il eft placé abfolument comme dans l’homme, quoiqu'il ait des ufages différens ; fon infertion eft au condyle externe & fes fibres. font contournées de forte qu'il embrafle le radius prefque dans fes deux tiers fupérieurs. Il exécute principalement Ia. flexion de l'avant-bras au commencement de laquelle il doit. peu contribuer. 8.” Le fléchiffeur profond de l'avant-bras; ce mufcle eft. court , fort mince & fitué dans le pli du ginglyme, à la. capfule: duquel il adhère, & à Fos cubitus au-deflous de fa tête. Il paroît être propre à foutenir la flexion quand elle eft commen cée, & à foulever la capfule, afin qu’elle ne foit point pincée: dans les mouvemens que l'avant-bras exécute fur los humérus.. On ne trouve point dans l’oifeau , de mufcle qui repréfente: le court anconé , ni le quarré pronateur ; feulement on peut. dire que le fléchiffeur court & le fléchiffeur profond de l'avant- bras femblent tenir lieu de ces. mufcles, qui ont. été comme. tranfportés en devant & en dedans du pli de cette articulation, pour y rendre le mouvement de flexion plus fort & plus prompt en même-temps.. s74 Mémotres DE L'ACADÉMIE ROYALE .… HuitæiEME. RE G,.LON,. Région externe de l'avant - bras. Les mufcles que cette région renferme font au nombre de fix. i 1.® Le Tong radial ou l'extenfeur de l'os qui tient lieu de pouce, & que Belon appelle du nom d'appendix : ce mufcle eft gros & arrondi, il s'insère au-deflus du condyle externe, & fon tendon inférieur paffe auprès de la bafe de l'appendix, auquel il donne quelques fibres ; il en fournit quelques autres qui fe joignent avec le radial grêle, & ïl s'attache à los qui tient lieu de première phalange : fon ufage eft d'étendre le doigt en fléchiffant l'avant-bras. + 2.° Le radial grêle : ce mufcle s’insère au quart fupérieur du radius; il ne s'étend pas jufqu’au condyle, & il s’unit avec le radial long , qui le feconde dans fon action, & l’on trouve ainfi deux radiaux dans l'oifeau comme dans l’homme. 3 L'extenfeur externe du doigt : celui-ci eft placé auprès du radial court, avec lequel il communique par quelques troufleaux de fibres ; il s’insère au tiers fupérieur du radius, & il fe termine par un tendon qui croife celui du féchifleur de l'appendix , & qui retenu par un ligament , fe porte le long du bord'antérieur du doigt jufqu'à la dernière pièce qui le compofe : fon ufage eft de l'étendre far lavant-bras. IH y a donc deux mufcles deftinés à ce mouvement très- effentiel pour le vol ; tandis que dans lhomme les mufcles placés en devant fervent à la flexion des doigts & à l'ap- préhenfion. Dans l'oifeau , le bout de aile abandonné à lui-même, après avoir été fortement étendu, fe porte natu- rellement vers la flexion; la faillie que fait l'extrémité du radius, donne au petit os du carpe, une obliquité qui en eft la véritable caufe. 4 Le fléchifleur de l'appendix; c'eft ainfr que Bélon appelle cette éminence qui femble tenir lieu de pouce, & qui et placée dans l'angle que le carpe fait avec l'avant-bras : ce DES SCrTENCES. | ra mufele s'attache au condyleexterne ou fupérieur de l'humérus, au radius, & il fe termine par un tendon qui après avoir croifé le précédent, fe divife en deux branches, dont l'une fe porte vers l'appendix, & l'autre vers la tête de fa partie qui répond à la première phalange du doigt qu'il féchit, ainfr que celle qui répond au pouce. | dt s- Le long fléchifleur du métacarpe; ce mufcle s'insère entre les condyles de l'humérus, & plus près de linterne ou inférieur, & il s'attache au-deflous dé l'ouverture que lon remarque dans Vos qui tient lieu de métacarpe ; il le fléchit avec force, & il feconde le cubital interne dans fon aétion. 6 Le cubital externe : ce mufele eft court & oblique, il fe porte depuis le condyle externe jufqu’au milieu du cubitus, & il s’insère par un prolongement aponévrotique , à la partie inférieure de cet os, qu'il étend fur lhumérus. On trouve donc dans Vavant-bras des oïfeaux , des mufcles qui répondent aux radiaux, au cubitaux, aux pronateurs & aux fupinateurs ; mais il eft effentiel de remarquer que les mouvémens de la partie qui tient chez eux lieu de main, ne fe font que dans le fens de l'addu & de Fabduétion, & non dans celui de la véritable ext bou de la flexion, telle Qu'on l'obferve dans Fhomme. Il t en effet que dans le vol les différentes parties qui compofent l'extrémité anté- rieure, foient de niveau, & qu'elles fe développent horizon- talément pour frapper en même temps un grand volume d'air. La véritable flexion , telle que la main de l'homme l'exécute , auroit même eu l'inconvénient d’ôter au wol une partie de fa force & de fa füreté. H fait delà r.° que dans loifeau les mufcles extenfeurs & les fléchiffeurs ne doivent opérer qu'une efpèce d’adduétion & d'abduétion. 2.° Que les pronateurs & les fupinateurs, ainfr que les radiaux & les cubitaux, ne doïivept exécuter que des mouvemens analogues à ceux-là, puifque ce font les feuls néceffaires. 3.° Que les extenfeurs du doigt doivent être plus forts que les fléchifleurs, puifque la flexion eft en quelque forte opérée par la feule difpofition des parties. Jufqu’ici nous 576 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLE fommes donc en état de rendre raifon des principales diffé: rences qui fe trouvent entre l'extrémité antérieure de l’oifeau & l'extrémité fupérieure de l'homme. N'EÙ Ÿ IE ME. RÉ. G 10 N, Région du bout de l'aile, ou région de la partie qui tienr lieu de la main, Cette région eft compofée, 1.” d’un ou de deux os qui forment le carpe : le premier eft irrégulièrement quadran- gulaire , & fitué entre le radius & los du métacarpe; Belon l'a décrit, & l'a même repréfenté dans une figure; l’autre os eft placé dans le pli de cette articulation près du cubüus,, il eft comme hors de rang, & il eft reçu dans une petite rainure en forme de poulie , creufée fur l'extrémité carpienne de l'os du coude : 2.” d'un os alongé formé par deux branches dont Vantérieure eft la plus épaifle, & entre lefquelles il y a un vide aflez confidérable ; il répond au métacarpe : 3.° d’une petite apophyfe pointue refflemblant à un ergot & articulée par fa bafe, avec, artie antérieure & fupérieure de l'os métacarpien ; Belc mal-à-propos repréfentée dans fa planche, comme artieulée avec Fos du carpe; il l'appelle en latin du mot d’appendix, & en françois du nom d’/eron; cette fubftance offeufe répond au pouce : 4.° Un petit os percé dans fon milieu & divifé en deux branches, de même que l'os du métacarpe; je le regarde comme répondant à la pre- mière phalange du doigt dans loifeau : 5.’ une ou deux pièces offeufes & pointues, que Belon compare au creux de la main ; j'aime mieux les comparer à la feconde phalange : 6.° les tuyaux des plumes ou pennes, dont la fubftance cornée répond très-bien à celle de l'ongle, qui tient à la troifième phalange dans r efpèce humaine, & dans un grand nombre de quadrupèdes. Les mufcies de cette région font au nombre de fix. 1.” L’extenfeur de lappendix : c’eft un petit mufcle court, & fitué au-devant de cette partie qu'il étend. 2.° CLS D''AISAISECMA I EUNLC EEE. s7Y 2. Le court fléchifleur de l’appendix : celui-ci ef fitué dans Tangle que cet os fait avec celui du métacarpe. 3 Le court fléchiffeur de l'os du métacarpe : il ef fitué dans l'angle que cet os fait avec l'avant-bras; il eft plus exprimé que les précédens, & il eft croifé dans fa direction par les tendons du long fléchifieur. 4 Le court fléchifleur du doigt : ce mufcle s'attache au bord inférieur de fos métacarpien, & il s’insère même prefque tout charnu à celui qui répond à la première phalange qu'il fléchit en entraînant la feconde dans fon aétion; quelques- unes de fes fibres s'étendent même jufqu'aux plumes, dont elles recouvrent les racines d'un tiflu aponévrotique. s-” L’inter-offeux antérieur: ce mufcle ef placé dans l'inter- valle qui fépare les branches de l'os métacarpien ; il adhère fur-tout à celle qui eft en-devant, & qui eft la plus grofle; fa forme eft pyramidale : il fe dirige vers la feconde phalange qu'il étend, en s'attachant de plus aux racines de quelques plumes. 6 L'inter-offeux poftérieur, que l'on pourroit appeler auffi Fextenfeur de la membrane de l'extrémité de l'aile : ce dernier s’insère à la petite branche de los métacarpien ; plu- fieurs de fes fibres font placées entre les feuillets de la mem- brane de l'aile, & il s’insère en même temps aux tuyaux des pennes, il agit fur toutes fes parties qu'il étend. Ainfi les oifeaux n'ont qu'un doigt, qu’un os du métacarpe, qu'un ou tout au plus deux os du carpe : mais ces pièces font pourvues d'autant de mufcles par proportion, que celles de l'homme. , Que doit-on donc penfer de la manière avec laquelle Borelli s'exprime, aprèsavoir parlé des deux mufcles peétoraux, en fe contentant de dire, fant ali qui in avibus pufilli funt © breves, fecus quäm in hominibus ! N'eft-il pas évident qu'il a mal-à-propos négligé fa defcription des mufcles des oïifeaux dont la connoiïffance peut feule conduire à l'explication de leur mécanifme & de leurs ufages ? Eflayons, en réfumant, de donner une idée pofitive du Mén, 1773: D ddd 573 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vol, mouvement très-compliqué & qui réfulte de l'aétion de toutes les puiflances que nous avons confidérées en détail, Pour que les ailes fe développent & puiflent fe mouvoir avec force & avec füreté, il faut que Fomoplate & la clavi- cule foient fixées; c'eft ce que font le trapèze, le rhomboïde, la partie fupérieure du grand dorfal, le cofto-fcapulaire & le court claviculaire ; bientôt le point d'appui étant donné, le moyen pectoral fe contraëte avec le deltoide & le fouclavier interne, alors lhumérus eft porté en devant; en même temps les mufcles qui tendent les membranes antérieures & pofté- rieures de l'aile agiflent, les extenfeurs de l'avant - bras & du doigt achèvent de développer l'extrémité antérieure ; les pennes font en même temps écartées lune de F'autre, & la furface de l'aile eft aufli étendue qu'il eft poflible. Le grand ectoral ne tarde pas à entrer en action, comme il efl très- étendu , il abaiffe l'aile encore développée, & il frappe avec force un grand volume d'air; alors le petit pectoral , le fou- clavier externe, lhuméro-claviculaire, l’huméro-fcapulaire &c le mufcle qui répond au grand doifal, rapprochent l’humérus du thorax, toujours en continuant de f’abaiïfler. Le fus-fcapu- laire agit enfuite, en le relevant un peu, le biceps & le fléchifleur fe contraétent en même temps: ces puiflances dimi- nuent le volume de l'aile, & cependant le corps de l'oifeau monte ou avance à l’aide du coup frappé précédemment; enfin le moyen pectoral fe contraéte de nouveau, & le jeu fucceffif de ces différens mufcles recommence. Je diftingue donc trois temps dans le vol: dans le premier , la clavicule & lomoplate étant fixées, l'aile fe porte en haut & en devant, & fe développe; dans le fecond , l'aile encore étendue s’abaifle fortement & fe porte obliquement en arrière ; dans le troifième , l'os humérus eftrapproché des côtes, l'avant-bras & le doigt font fléchis : la vitefle de l’oifeau diminue & il fe meut par le fecours de celle qu’il vient d'acquérir. Ces trois périodes font fans doute très-variées dans le vol des différens oifeaux : mais on peut toujours les y retrouver, & une explication de cette nature, eft la feule qui puife fatisfaire ceux qui connoiffent le mérite de l’exaétitude dans les Sciences. RÉ DES SCIENCE Ss. s79 I ne faut pas croire que la myologie des oifeaux , offre, dans les différentes clafiès , des variétés bien remarquables ; les mucles peétoraux font feulement plus faillans & plus déve- loppés dans ceux qui fe fervent le plus fréquemment de leurs ailes & leurs fibres font plus fines, plus ferrées & plus vibra- tiles: on peut fur-tout faire cette obfervation fur les hirondelles. Les mufcies de l'épaule font encore très- exprimés dans Jes petits oifeaux, & l’on eft étonné de Ja facilité avec laquelle on les trouve: les mufcles qui tendent les membranes font “auffi très-fenfbles. J'en ai trouvé un dans une creffelle qui s'étendoit depuis fa pointe de l'épaule , jufqu'aux mufcles les plus faillans de favant-bras & qui ne pouvoit avoir d'autre ufage que celui de donner plus d'énergie à l'action de ces derniers; Îa difproportion de favant-bras dans les oïifeaux domeftiques , & dans ceux qui volent facilement & fouvent, eft encore très-frappante. Les mufcles de cette région font très-volumineux dans ceux-ci: au contraire, ils font petits & affaiflés dans {es poules , dans les coqs & autres oïifeaux de bafle-cour. Les petits mufcles du doist fur-tout ne feront bien aperçus , que lorfqu'on les cherchera fur des oifeaux qui les mettent fouvent en u age. Dr aun E RICE LION Région Jüpérieure du cou & du dos. Cette région s'étend depuis le bord antérieur de l'os inno- miné jufqu'à l'os occipital : le nombre des vertèbres varie beaucoup dans les oifeaux, dont le tronc & le cou ont fouvent des dimenfions très-différentes ; celui des vertèbres dorfales eft le même que celui des côtes : leurs apophyfes épineufes & tranfverfes font réunies de manière à ne former qu'une feule pièce divifée en trois lames, dont une eft fituée au milieu & les deux autres des deux côtés, vers les têtes des côtes. Les vertèbres cervicales font au contraire très-détachées les unes des autres : elles ont deux apophyfes articulaires fupé- rieures & deux inférieures , aflez éloignées entr'elles pour Dddd ij 580 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE former deuxrangées qui ont l'apparence d’apophyfes tranfverfes: ces dernières manquent abfolument ; dans lés vieux oifeaux, les vertèbres cervicales préfentent fouvent des apophyfes plus ou moins aiguës & fort irrégulières ; fi fon examine cette région dans les différens genres d’oifeaux , dont notre premier Mémoire offre les noms, on trouve que les vertèbres cervicales, font; dans le perroquet, au nombre de onze; dans le cazoar &: dans la corneille , au nombre de treize ; dans l'aigle, dans la buze, dans le coq & en général dans les gallinacées, au nombre de quatorze : que le canard en a feize, la grue dix- huit, & le cigne vingt-trois ;'ainfi on obferve par gradation un plus ‘grand nombre de vertèbres dans les oïifeaux dont le cou eft plus alongé. Les mufcles de cette région font: 1.° Le long extenfeur du cou; ce mufcie s'insère à la première vertèbre dorfale, où il fe confond avec les mufcles du dos: il eft compofé d’un nombre indéterminé de petits mufcles longs & ronds, dont les tendons aboutiflent fur les côtés des vertèbres cervicales jufqu’à la première ; fon ufage eft de tendre le cou avec force, il fait en même temps fa fonétion de ligament cervical que lon ne trouve point dans les oifeaux, & qui eft très-confidérable dans les quadrupèdes. 2.° Le cofto-cervical ; ce mufcle tient fieu du facro-lom- baire : ïl eft compofé de troufleaux obliques qui partent de: l'endroit où les côtes des oïifeaux fe joignent & commu- niquent enfemble; inférieurement, il s’insère à los innominé, & fon aétion principale s'exerce fur le cou qu'il relève. 3.° Le mufcle fpinal; i répond celui que l'on appelle du nom de mufculus multifidus fpinæ dans l’homme & dans les quadru- pèdes ; ce mufcle eft compolé d'un grand nombre de fibres qui s'entre-croifent dans tous les fens poffibles, en s’inférant aux vertèbres; celles de ces fibres qui font placées dans les deux efpèces de rigoles que l’on trouve fur le côté des apophyfes épi- neufes font moins compliquées, & quelques-unes d'entrelles fe confondent avec l’extenfeur du cou dont elles aident l'adtion ;, les autres agiffent fur chaque vertèbre féparément.. 'RÉR. Sn dim SN SN E NICE" Ss 58r 4° Le mufcle qui tient la place du fplénius ; il s'attache à l'occiput dans les deux excavations que lon y remarque; de-là il fe porte vers la troifième vertèbre du cou, à laquelle il s'insère ; c'eft à ce mulcle & au fuivant qu’eft dûe l’extenfion de la tête fur les premières vertèbres. 5- Le mufcle qui tient lieu du complexus ; il eft placé au-deflous du précédent ; il a à peu-près la même étendue & ‘les mêmes ufages; feulement il fe porte un peu plus du côté externe. ! ONZIÈME RÉGION. Région inférieure du Cou à du Larynx. Cette région s'étend depuis la mâchoire inférieure jufqu'aux petites côtes qui font dirigées vers l'intérieur du thorax *. Les mufcles-qu'elle renferme font : 1.” Le flerno-thyroïdien. J'ai donné ce nom à deux mufcles longs & grèles qui s'insèrent des deux côtés de l'éminence moyenne & antérieure du fternum, & qui montent le long de la trachée-artère, pour fe terminer au-deffous de la glotte, & donner quelques fibres à la bafe de la langue: quand ils agiflent , ils diminuent la longueur de la trachée- artère, & ils dilatent le larynx. 2.” Les thyro-hyoïdiens; ce font des bandes larges , mufculeufes & minces, qui s'étendent de la bafe de la langue vers le larynx; ils augmentent la longueur de la fiftule aërienne & font antagoniftes des premiers. Dans le chant, ces mufcles agiffent alternativement , fuivant que l'oifeau , par les différens mouvemens de fon cou, alonge ow raceourcit la trachée- artère. 3.° Les laringiens inférieurs & externes; ces mufcles font deux de chaque côté; ils s’'insèrent aux petites côtes fupérieures du fternum, & fe portent vers léminence que le larynx inférieur & interne fait en dehors ; ils fe continuent encore * La defcription du larynx & de l’os hyoïde, fe trouvera dans les Mémoires fuivans, lorfque je traiterai de la ftruéture des vifcères des oifeaux. 582 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fort loin fur la trachée-artère; leur ufage eft de dilater le larynx interne en f'abaiflant. 4 Le long fléchiffeur du cou; ce mufcle eft placé für le côté du cou & féparé de fon femblable par une ligne blanche; tous les deux s’insèrent dans le thorax entre les faufles côtes antérieures, & ils fe portent ainfi épais & arrondis jufqu’à la troifième & quatrième vertèbre cervicale fupérieure , où ils fe biffurquent & fe jettent fur le côté pour faire place aux muftles droits de la tête ; ils font fur-tout fort exprimés dans les oifeaux qui ont le cou très-alongé. 5.” Les mufcles droits & moyens de Ia tête; ce font deux mufcles triangulaires placés lun à côté de l'autre, & qui finiflent en pointe inférieurement; ils s'insèrent devant le trou occipital & à la partie antérieure des trois ou quatre vertèbres cervicales fupérieures ; ces mufcles fléchiffent direc- tement la tête fur {es premières vertèbres. 6. Les droits latéraux de la tête; ceux-ci font placés à côté des précédens; ils font également triangulaires ; leurs attaches font derrière le trou auditif externe à la branche de l'os hyoïde & fur les côtés du cou , ils tirent l'os hyoïde en arrière ; ils peuvent mouvoir la tête fur le côté, & comme ils font placés latéralement, ils peuvent foutenir fon extenfion, 10, 0-24 DEMI :# EG ILOUN: Région fupérieure à latérale de la têre. Cette région comprend la face convexe & fupérieure de la tête; l'arcade qui tient lieu de zygoma, & le bord externe des deux branches de los maxillaire inférieur, fi on fait bouillir la tête d'un jeune oifeau, on la fépare facilement en neuf pièces, qui font, 1.” deux os affez larges & irrégulièrement arrondis, que lon peut appeler parietaux. 2° Deux os trian- gulaires qui tiennent la place des frontaux, qui fe terminent par deux pointes, qui laiffent entre eux une échancrure, que l'on peut appeler zafale, & qui par leur bord externe forment une partie de l'orbite. 3.° Les os du nez qui s’articulent avec be ads à mn it dun -à Des $C E NICE 8 583 l'échancrure nafale des précédens, qui font courbés fuivant deux plans différens, & qui fe terminent par une échancrure, -de laquelle conjointement avec os maxillaire fupérieur , réfultent les ouvertures nafales. 4° L’os maxillaire fupérieur qui a trois branches dont la réunion forme la partie fupérieure du bec. 5.” L’os maxillaire inférieur, qui des deux côtés eft retenu par un ligament oblique dont finfertion fe fait à Ja partie latérale du condyle & à un crochet offeux qui eft placé devant l'orbite. 6.° La bafe du crâne dans laquelle on obferve 1 le trou vertébral en arrière, & fouvent deux très-petits trous à côté; 2.° le trou auditif externe, à la-partie antérieure duquel j'ai vu quelquefois une petite ouverture ronde; 3. une apophyfe condyloïdienne ou tranfverfale, qui étant mobile dans les deux articulations, permet à la mâchoire fupérieure de fe mouvoir & de fe glifer en arrière, & fert en même temps à l'articulation de la mâchoire inférieure; 4.° deux arcades externes qui tiennent lieu de pommette, & qui s'articulent avec les deux branches latérales de la mâchoire fupérieure ; s deux arcades internes que l’on peut appeler pa/atines, qui s’articulent poflérieurement avec la partie latérale & antérieure du feptum de l'orbite, & en divergeant un peu avec l'apophyfe condyloïdienne, dont nous avons parlé plus haut; les deux arcades palatines par cette double articulation permettent Yélévation & l’abaiflement de la mâchoire fupérieure; 6.° au milieu de ces dernières, une cloifon.qui tient lieu de vomer; 7." un feul trou optique derrière le feptum offeux de forbite; 8. le feptum offeux lui-même, fouvent percé dans le milieu ; 9. au-deflous du trou optique, un canal recourbé qui s’ouvre derrière levomer; 10.° enfin une petite apophyfe ronde, par le moyen de laquelle fa tête s'articule avec la première vertèbre cervicale; elle n’a point échappé à exactitude de M, Hériffant. Dans les quadrupèdes & dans l'homme, Vos occipital a deux apophyfes condyloïdes, & la première vertèbre a deux cavités qui leur répondent; maïs dans ces derniers, les mouvemens du cou & ceux de la tête, font beaucoup moins faciles & moins étendus, je 584 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette defcription fuccinéte fufhit pour faire connoître Ja ftruéture offeufe de la tête de loifeau. Belon n’a parlé que du bec & des futures du crâne, qu'il a vaguement indiquées. M. Hriflant eft le feul qui ait développé convenablement le mécanifme des mouvemens que fa partie fupérieure du bec des oifeaux exécute *; on peut feulement lui reprocher d’avoir grofii fon Mémoire par des détails un peu trop longs, & d'avoir employé une nomenclature difficile, trop éloignée de celle dont on fe fert dans l’Anatomie humaine, & peu propre à faire apercevoir des rapports. Mon travail eft dirigé fur un autre plan ; il devoit donc être plus court que celui de M. Hériflant, & j'efpère que ceux qui compareront nos def- criptions, y trouveront des différences aufli notables qu’il eft poffble, lorfqu’en s’occupant du même objet, d'après des vues qui ne font pas les mêmes, deux Auteurs font tout ce qui eft en eux pour bien obferver. Les mufcles de cette région font : 1. Le crotaphite : c'eft un mufcle femi-circulaire, placé derrière le trou auditif externe , & qui s’insère à un petit crochet que l'on obferve dans l'angle poftérieur de la mâchoire inférieure qu'il relève avec force. 2.° Le mafleter : celui-ci eft placé devant le trou auditif au-deffous de l'orbite, & fous l’arcade zygomatique à laquelle il s'insère; de-là fes fibres vont obliquement vers la branche de la mâchoire inférieure que ce mufcle relève encore avec plus d'avantage que le crotaphite, étant plus éloigné du centre de mouvement. Î1 n’eft pas befoin d’obferver que cette confor- mation eft à-peu-près la même dans fhomme. Il y a auffr à la face interne des branches de l'os maxillaire inférieur, quelques fibres qui femblent tenir lieu du maffeter interne. * Voyez les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, pour l’année 275$ LA f TREIZIÈME DES SCIENCES. 585 MUR NEUIIZ CITE EME RUE UG 110 N: Région inférieure de la Tére à de la Mächoire. Cette région comprend Ja bafe de la mâchoire , la fangue & fa bafe; los hyoïde fe termine par deux petits cônes recourbés & élafliques, qui remontent des deux côtés de locciput. Les mufcles de cette région font : 1.° Le genio-hyoïdien; ce font des fibres mufculaires très: fines, qui vont de la mâchoire inférieure à la bafe de la langue, 2° Le mufcle qui répond au milo-hyoïdien ; ce mufcle eft large & bien exprimé, il s'étend depuis la bafe de os maxil- laire inférieur , jufqu’à l'os hyoïde : ces deux mufcles peuvent mouvoir los hyoïde en-devant & fur les côtés, ils peuvent auffi abaifler la mâchoire inférieure. 3.° Le mufcle conique de os hyoïde ; ce mufcle eft fitué fur les côtés de l'occiput, il entoure les cornes de l'os hyoïde, il eft de forme conique : fon ufage eft d'empêcher en fe con- tractant, que l'os hyoïde ne fe porte trop en arrière ; il peut même le poufler en-devant quarid aucune autre puiflance ne s'y oppole. D 4 Le mufcle qui répond au peauflier; il s'étend de fa bafe de fa mâchoire inférieure vers la peau qui recouvre Îa partie antérieure & fupérieure du cou , il fe continue avec un plan charnu qui fe trouve derrière l'oreille. 5” On obferve encore un grand nombre.de fibres mufcu- Jaires dans le voifmage de celles que nous venons de décrire; mais elles peuvent toutes fe rapporter à quelques-uns des mufcles précédens , fans qu’il foit befoin d'avoir recours à une nouvelle nomenclature, QUATORZIÈME RÉGION. Région de la Peau. Au-deffous de la peau des Oifeaux , on trouve plufiéurs Mém. 1773. Eeec 586 Mémoires DÉ L'ACADÉMIE RoyALE trouffleaux de fibres très-bien exprimés ; nous en avons déjà décrit deux qui font placés entre les membranes de l'aile : on peut faire les mêmes obfervations aux environs de fa peau, dans l'intervalle de la fourchette, & entre les bords de l'os innominé. I m'eft encore arrivé plufieurs fois de trouver en différentes régions, dans le tifiu cellulaire, des lames qui étoient en partie compofées par des fibres mufculaires très- reconnoiflables. Plufieurs Anatomifles ont fait les mêmes obfervations dans les quadrupèdes, en forte qu'il n'y a que uelques nuances à parcourir dans ces régions, pour que le tiflu cellulaire devienne mufculaire, & pour que celui-ci fe réfolve en tiflu cellulaire. Nota. Les dix régions fuivantes, qui ajoutées aux quatorgé déjà décrites, complèteront le nombre de vingt-quatre, annoncées dans le premier Mémoire, feront réfervées pour le troifiéme. D TT D RTE M B'S SCIENCE S, 587 OBSERVATFONS SU Rn L'A Sud TOME RO ND HO DANS L'ÉTAT NATUREE, Avec des Remarques fur la manière de connoïtre, par le tatt, plufieurs de fes maladies. Par M. Po RrT AL. N ne peut traiter utilement une maladie fans la con- noître ; & on ne peut la connoître, lorfqu'on en ignore le fiége. Le premier objet qu'un Médecin doit donc avoir en vue, ceft de découvrir la partie qui eft aflectée, pour y porter le remède convenable. L'examen des fymptômes peut, fans doute, conduire à cette connoïffance; mais le taét peut fournir des notions encore plus certaines, fur-tout lorfqu'il s’agit d’une maladie du bas-ventre, où de quelque partie extérieure. Cependant cet art de palper ou de tâter eft encore fans règles & fans principes. Les Médecins defirent de le voir perfectionné, parce qu'ils en fentent la néceflité, & les Ana- tomiftes le négligent, rebutés peut-être par la difhculté d'y faire des progrès. A peine comptons-nous deux ou trois Médecins qui aient eu le courage de diriger leurs travaux vers un objet aufii utile. Riolan, ce grand Anatomifle, eft le premier qui s’en foit occupé férieufement: on fait que fon travail mérita les éloges de fes contemporains, & fur-tout de immortel Harvée, fi. digne d'en être diftingué M.” Winflow & Ferrein ont marché fur les traces de Riolan: l'Académie connoît le prix de leurs travaux, puifque c’eft dans fon fein qu'ils les ont dépofés. Eçce ïj Lû à l’Affemblée publique du 13 Novemb. 17730 & remis par Auteur, le 3 Maï 17772 5338 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais ces grands Anatomiftes, bien loin d’avoir épuife cette importante matière, nous ont à peine tracé la route qu'il falloit tenir pour l'éclaircir. Le premier point dont il faut s'occuper, c'eft de la pofition des vifcères; eh, qui croiroit que nous manquons encore de notions. certaines fur un point aufli eflentiel? Jufqu'ici les Anatomiftes ne fe font occupés, pour la plupart, que de la fituation des vifcères du cadavre, comme fi leur fituation ne changeoit pas fuivant la pofition du corps, & fuivant d’autres circonftances que nous détaillerons, Les vifcères du bas-ventre font principalement füjets à ce déplacement. Le baffin ne peut fe contourner comme il fait dans nos divers mouvemens, qu’il n’entraïne les vifcères qu'il contient, & ne les dérange de leur fituation primitives Nous allons le faire fentir par un exemple. Le fond de la veffie répond aux mufcles du bas-ventre, dans un homme debout, & dans un homme couché fur un plan horizontal, c'eft la face antérieure de la veflie qui cor- refpond à ces mêmes mufcles; de forte qu'on peut ouvrir a veflie en deux endroits différens, en ouvrant le bas-ventre au même endroit. Oblervation bien importante , & qui trouvera fon application ailleurs. Le diaphragme, ce principal agent de la refpiration, qui tantôt remonte dans la poitrine, & tantôt s’abaifle dans le bas-ventre, donne lieu à des changemens notables dans la pofition de plufieurs vifcères logés dans cette cavité, & l'âge en produit d’aufii effentiels à obferver. J'ai déjà communiqué à l'Académie un Mémoire fur ce dernier point; je n'y ai traité que du changement général des vifcères du bas-ventre, par le développement du baffin, & je n'ai point traité de la fituation particulière d'aucun vifcère. Je communique aujourd'hui à l'Académie mes recherches fur la fituation du foie, pour pouvoir déterminer enfuite les meilleurs moyens de découvrir par le tact, les diverfes altérations de ce vifcère. et en + - 0 nd. D MUST OMC IR IINTCUR 589 Les maladies du foie font fi obfcures ; on les confond fi fouvent avec celles des vifcères voifins, fur-tout avec les maladies du poumon, qu'il eft très-effentiel de s'occuper à rechercher la caufe de ces ficheufes méprifes, La fituation du foie varie dans les divers âges de la vie, dans les diflérentes fituations du corps, dans celles de l'épine particulièrement, & dans diverfes maladies de la poitrine, fans que la fubftance du foie foit altérée en aucune manière; & ce font-là les points que je me propofe de traiter fom- mairement dans ce Mémoire. Donnons d’abord une idée de Ia fituation du foie dans les divers âges. - Dans les fœtus de trois à quatre mois, le foie eft fi grand qu'il remplit prefque la cavité du bas-ventre ; il defcend juf- qu’au nombril, s'étend jufqu’à la rate qui eft très-petite, recouvre leftomac, dont la fituation eft prefque verticale, & remplit tout l’hypocondre droit : il déborde alors les faufles côtes d'environ trois travers de doigt. Dans les fœtus de fept à huit mois, la partie du bas-ventre, qui eft au-deflous du nombril, s’eft confidérablement alongée, les côtes fe font un peu abaïflées par leur propre dévelop- pement & par celui du fternum : le diaphragme eft plus voûté du côté droit qu'il ne létoit précédemment, & quoique le volume & le poids du foie paroiïffent moindres, relativement à la capacité du bas- ventre, ïls ont cependant un peu augmenté. Le foie des fœtus croït donc plus promptement que les autres parties du bas-ventre jufque vers lé cinquième ou le fixième mois de fa formation; mais après ce terme, la cavité du bas-ventre, & les parties qu’elle contient, croiffent à pro- portion plus vite que le foie. Après la naïflance, le foie perd réellement de fon volume & de fon poids; c’eft en melurant & en pefant le foie de dix fujets que je me fuis convaincu de ce fait. J'ai obfervé que’le foie de cinq fœtus venus à terme ; pefoit un quatrième de plus que le foie de cinq enfans 599 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui avoient vécu, les uns jufqu'à huit mois, les autres jufqu'à dix. H s’eft donc fait une diminution réelle dans la fubflance du foie; mais jufqu'ici cette diminution, fielle a été connue des Anatomiftes, n'a point été décrite dans leurs Ouvrages. Ceux qui fe font occupés de cet objet fe font contentés de dire que le foie des fœtus étoit proportionnellement plus gros que celui des enfans, & que le foie de ceux-ci étoit plus gros que ceux des adultes, ce qui certainement ne peut point s'appliquer à la diminution du foie après la naïffance. Frappé de cette diminution dans le poids du foie, j'ai porté mes regards fur la figure & fur le volume de ce vifcère : il y a apparence, difois-je, que le foie perd de fon volume en perdant de fon poids; mais diminue-t-il uniformément par-tout? L’obfervation feule pouvoit m'éclairer À - deffus. Alors j'examinai avec foin le foie de tous les fœtus que j'eus occafion d'ouvrir, ou qu'on difféqua dans mon amphithéâtre. Je vis clairement que le lobe droit & perpendiculaire confervoit fon volume apparent, dans la première année de la vie de l'enfant, mais que le lobe gauche n’avoit pas dans les enfans d’un an, la moitié du volume qu’il a dans les foetus de neuf mois. Cependant le petit lobe du foie, connu des plus anciens Anatomifles, & dont on accorde fans raifon la découverte à Spigel, le petit lobe, dis-je, m'a paru avoir augmenté après la naiflance, plutôt que d'avoir diminué de volume : ce qui préfente à un Anatomifle curieux, un contrafte fingulier & frappant. Il eft vrai que cette augmentation eft bien petite, fi on la compare avec le décroiffement du Iobe gauche; ce lobe ne fe prolonge plus jufqu’à la rate, & ïl ne recouvre plus leftomac, comme il fajfoit auparavant : la face inférieure du foie s’eft fingulièrement creufée, & leflomac qui étoit prefque perpendiculaire dans le fœtus, comme M. Laflone l’a obfervé, devient dans la fuite, pour-ainfi-dire, tran{verfal, comme \ Des oISCÉ E MCE S 5s9r M. Winflow la décrit: les orifices de l’eftomac ne font plus perpendiculaires l'un à l'autre; mais le pylore eft prefque auffi élevé qué le cardia. Je puis aflurer, d’après mes obfervations, que le pylore fe relève à proportion que la partie du foie qui eft fur leftomac, diminue. Ainfi, le temps que l'eflomac emploie pour pañier de l’état où M. de Laflone l'a vu, à celui dans lequel M. Winflow la obfervé, eft proportionnel à celui de la diminution du lobe gauche du foie. Bien plus, s’il arrive que ce même lobe reprenne fon accroiflement dans la fuite, par quelque vice particulier, il répouffe l'eftomac dans fon ancienne fituation, ce qui dévient un état contre nature, & la fource de divers accidens, Des exemples tirés de plu- fieurs fujets morts à la fuite de maladies du foie, m'ont prouvé ce que j'avance ici Mais ce qui achève de confirmer mon opinion, c’eft qu'il efl très-facile de déplacer l’eftomac des animaux, en faifant groflir leur foie, & notamment le [obe gauche; car l'aug- mentation du lobe droit, fait peu au déplacement de l'eftomac, à moins qu'elle ne foit excéflive. Je rapporterai iei des expé- riences qui font familières dans certains pays, & d’autres que j'ai faites moi-même. Si l'on fait manger de force des animaux, jufqu'à ce que leur eftomac & même l'œfophage foient pleins d’alimens, & cela deux ou trois fois par jour, on parvient à leur produire un foie d’un volume énorme. J'ai vu des foies d’oies ainf nourries, qui pefoient près de quatre livres. Un petit chien que je fis gorger d'alimens deux fois par jour, pendant environ un mois, en adaptant un entonnoir à fa gueule, eut un foie trois fois plus gros que ces animaux ne l'ont ordinairement. Expérience très-curieufe, & dont on peut faire d’utiles applications à la pratique de la Médecine. La capacité de l'eftomac des animaux qui ont fervi à ces expériences, étoit confidérablement augmentée, ce qui prouve que le foie ne perd pas de‘ fon volume, à proportion que Feftomac s'agrandit, comme M. Lieutaud Fa préfumé: mais s92 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE au contraire, que la cavité de ce vifcère augmente lorfque le foie acquiert un plus grand volume. Peut-être que leftomac diflendu produit quelque com- preflion fur les veines qui rapportent le fang du foie, en empêche le retour, & y produit une pléthore capable d'aug- menter fa noûrriture & fon accroiflement: ce qu’il y a de für, c'eft que plus les parties reçoivent de fang, & plus elles fe nourriflent & prennent de l'accroiffement. Le lobe gauche du foie, dont le décroiflement après Ia naiflance, a été prouvé ci-deflus, ne reçoit plus de fang par la veine ombilicale après la naiflance, comme il faifoit dans le fœtus : ce lobe s’effaceroit fans doute en entier, fi le fang de la veine-porte n’y refluoit en partie, comme l'ont obfervé deux grands Anatomifles, M.° Haller & Bertin. Par une raïifon toute contraire, le baflin & les extrémités inférieures fe développent très-vite après la naiffance: le fang qui étoit porté au placenta par les artères ombilicales, eft “forcé lorfque celles-ci font oblitérées, de fe répandre dans les artères du baïlin, & dans celles des extrémités inférieures, ce qui en accélère l'accroiflement, Le développement du baflin & des extrémité inférieures, offre plufieurs objets dignes de remarque, je ke expoferai dans une note *, pour ne pas m'éloigner plus long-temps de mon fujet; je veux dire, de la fituation du foie, Dans * Bientot après la naïflance ; le baffin s’agrandit en tous fens: l'os Jacrun fe renverfe en arrière; les tubérofités des os ifchium s’écartent ; les os pubis fe relèvent; les os i/euin s’évafent: opération admirable de la Nature! Le fœtus n’eüt jamais pu fortir du fein de fa mére, fi le baffin eût été développé de cette manière. Il reflemble alors à une efpèce de cône, dont la pointe répond au facrum & aux tubérofités des Ychium; À augmente par degrés en largeur, ainfi il peut dans certains cas fe frayer une route prefque auffr bien que la tête. Les extrémités inférieures euflent pu nuire à l’accouchement par leur longueur; mais à peine l’enfant eft né, que la Nature s’occupe à les lui fortifier, & comme elles font encore courtes & foibles, l'enfant trouve d’abord plus de facilité à marcher, pour ainfi dire, à quatre pattes, qu’a fe tenir debout; mais la Nature lui ayant développé les extrémités , inférieures DES SHC-ILE, N: CE s. 593 Dans l'adulte, le foie eft caché fous les côtes dans prefque toute fon étendue, foit ar la diminution qui s’eft faite en P lui, foit parce que les côtes fe font abaiflées en fe développant, foit encore parce que le ffernum s'eft prolongé; ce dernier point a été confirmé par les obfervations de M. Daubenton. Cependant comme il importe grandement aux Médecins & aux Chirurgiens de connoître la vraie fituation du foie, nous allons entrer dans quelques détails plus particuliers à ce fujet. x Le foie d'un adulte couché horizontalement fur le dos; eft entièrement caché fous le s faufles côtes, excepté vers le creux de f'eflomac, & fous les dernières faufles côtes, qu'il déborde un peu. Je me fuis convaincu de cette fituation du foie par des expériences groffières en apparence, mais qui confirment mon opinion, J'ai enfoncé dans le bas - Je vais les détailler. ventre de quelques cadavres étendus dans cette fituation, tantôt une épéé, tantôt un ftilet ou quelqu'autre inftrument pointu; je le dirigeois, en l’en- fonçant auffi perpendiculairement que je pouvois vers le canal vertébral, & je perçois le bas-ventre le plus près poffible du cartilage xiphoïde, des cartilages des faufles côtes & des faufles côtes elles - mêmes, lhypocondre droit. antérieures & le bafin, l'épine fe trouve déjetéeen arrière; léquilibre eft changé, & l'enfant trouve plus de faci- lité à fe tenir & à marcher debout. J'ai voulu favoir, par des expé- riences , fi réellement l’influx du fang dans une partie pouvoit en augmenter le volume. J'ai lié à ce deflein l'artère crurale gauche d’un chien, qui avoit Pris fon accroiflement , Ie plus près du bas-ventre qu'il me fut poffible. Peu de temps après l'animal perdit lufage de cette extrémité", elle maigrit au point que dans trois mois la cuifle e ce même côté fembloit n'être re- ouverte que par la peau. L’extrémité Mém. 1773. en fuivant tout le contour de gauche, au contraire, paroifloit forte & mufculeufe ; je fis tuer cet animal, & je difféquai enfuite fes extrémités poftérieures : celle dont l'artère étoit liée, étoit tellement defféchée, qu’à peine y diftinguoit-on les mufcles: ils n’étoient rouges que vers leurs infer= tions fupérieures ; on eñt cru qu'ils étoient dégénérés en des tendons vers leursinfert'ons inférieures. Les mufcles de l’autre extrémité étoient d’un rouge très vif, & ils étoient fort gros. J'ai répété cette expérience trois fois, en prenant diverfes précautions, & elles m'ont fourni les mêmes réfultats. FFfF 594 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Dès que linftrument étoit plongé de la manière que je viens d’expofer, je difléquois les parties tout autour, & fans changer en aucune manière a fituation du foie. Je voyois quelle étoit la partie de ce vifcère que j'avois touchée, Or, voici ce que j'ai obfervé en procédant de la forte, On perce l'extrémité du lobe gauche, lorfqu'on enfonce perpendiculairement un inftrument pointu dans la région épigaftrique proche des faufles côtes, à côté du cartilage xiphoïde: on bleffe l'extrémité du lobe droit du foie, Jorfqu’on enfonce l'inftrument au-deffous des faufles côtes en arrière ; mais on ne touche le foie en aucune manière lorfqu’on plonge l'inftrument le long de la portion du bord de l’hypocondre, dont l'étendue fe borneroit à quatre travers de doigt de diftance du cartilage xiphoïde , & à une égale diftance des vertèbres lombaires, efpaces dans lefquels le foie fort faillant au-deffous des côtes. Les Anatomiftes concluront, avec raifon, de cette expé- rience, qu’on ne peut fentir le foie par letaét, à moins que fon volume nait augmenté, en appliquant les doigts le long des fauffles côtes; & qu'on ne peut diftinguer par le ta, dans un homme couché fur le dos, qu’une très-petite portion du lobe gauche, placée dans la région épigaftrique. Cependant les côtes ne cachent pas le foie dans une auffi grande étendue, dans un fujet adulte dont 'épine eft verticale, Je veux dire, dans un fujet qui eft debout ou affis : le foie defcend alors confidérablement, & il déborde les fauffes côtes de deux travers de doigt, dans les mêmes endroits où il étoit caché lorfque le fujet étoit couché. Je me fuis convaincu de cette fituation du foie, dans des cadavtes qu'on tenoit fufpendus: on enfonçoit horizonta- lement un inftrument pointu dans le bas-ventre, on recherchoit enfuite les parties du foie qui avoïent été bleflées. Les précautions que j'ai prifes pour ng pas me méprendre dans ces expériences, pourroient paroître ici trop minutieules, c’eft pourquoi j'en garde le détail pour une de nos féances particulières : mais le réfultat qu’elles m'ont fourni eft, que PÉNLE DARELS AUS ICÉRÉEUNNLCUE LS. 595 Je foie eft placé près de trois travers de doigt pie bas, dans les perfonnes qui fe tiennent debout ou afffes, que dans celles qui font couchées. Rien n'eft donc plus mal vu que de faire mettre les malades dans une fituation horizontale lorfqu'on veut découvrir par le tact quelque vice du foie: il eft au contraire très-avan- tageux alors de les faire tenir debout ou aflifes; je les fais aufli un peu fléchir en avant, pour diminuer la tenfion des mufcles du bas-ventre. Cette méthode de tâter m'a parfaitement bien réufi plu- fieurs fois, & l'application que j'ai occafion d’en faire, dans la pratique journalière, m'eft un garant afuré de fon utilité : elle eft d’ailleurs fondée fur les obfervations les plus exactes. Le foie defcend par fon propre poids dans les fujets qui font debout ou aflis: attaché au diaphragme, il le tiraille & l'entraine vers le bas-ventre, fur-tout dans les fujets qui ont les voies alimentaires vides, comme M. Winflow l'a obfervé. Le foie eft repouflé vers le bas - ventre, à chaque infpi- ration, par le diaphragme qui fe contracte: c’eft ce que tous les Anatomiftes favent; mais on n’a point encore obfervé que la partie poftérieure du foie parcourt un efpace beauëoup plus grand que la partieantérieure, que le lobe gauche defcend à peine dans, l'infpiration, tandis que le lobe droit defcend plus de deux travers.de doigt, & que toute la mafle du foie eft repouffée en avant par le diaphragme qui fe contracte. Je me fuis convaincu de ce que j'avance ici en ouvrant le bas-ventre de plufeurs animaux vivans: les mouvemens du foie dépendent entièrement de ceux du diaphragme: je ne les décrirai point ici, mais je ferai obferver en pafant que là portion tendineufe & moyenne de cette cloifon charnue eft immobile, ou du moins qu'elle fe mouvoit d’une manière infenfble dans les animaux. vivans que j'ai ouverts; le cœur repofe fur cette portion tendineufe comme fur un plancher. Les Anatomiftes qui ont avancé qu'elle fe mouvoit dans la refpiration, n'ont pas fans doute bien confulté la Nature. Quoi qu'il en foit, il faut confeiller au malade de faire une Ffff ij 596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE forte infpiration pour rendre le foie plus faillant: c’eft de cette manière que Je fuis parvenu à découvrir une obftruétion au foie, qui avoit fon fiége à la face inférieure proche du bord extérieur du foie. Le foie defcend fingulièrement dans certaines maladies de la poitrine, fans être altéré en aucune manière, & comme il eft arrivé à de grands Médecins de le croire malade pour lors, & de négliger la poitrine qui étoit affectée, je crois devoir communiquer à l’Académie les deux obfervations fuivantes. Un Avocat de cette ville (M. Dalas) tombe dans une langueur & une ‘foiblefle extraordinaires : il maigrit, toufle & crache abondamment des matières vifqueufes, blanches, mais fans odeur. Il fe plaint de douleurs qu'il rapporte à la région épigaftrique, quelques vomifilemens furviennent. Incertain fur le fiége de la maladie , je le voyoïs tantôt dans le foie & tantôt dans le poumon; pour metirer de cetteincertitude, je tâtai le ventre avec foin ; mais ce moyen, loin de m'éclairer fur le fiége de la maladie, fut pour moi une fource d'erreurs : une, tumeur que je fentis fous lhypocondre droit, m'en impofa au point que je crus qu'elle étoit produite par le foie que je jugeai gorgé & d’un volume prodigieux. Des Médecins furent appelés en confultation , je leur fis Vexpofé de la maladie & de mon opinion qu’ils adoptèrent ; nous ne vimes plus qu’altération dans le foie. Cependant le malade étant mort, je fis tout mon poffñble pour l'ouvrir, & j'y parvins, ce qui n'eft pas toujours ailé; j'ouvris d’abord le bas - ventre, je trouvai tous les vifcères dans l'état naturel. Le foie étoit fans altération; mais il étoit moins couvert par les côtes qu'il n’a coutume d’être. Après cet examen des vifcères du bas-ventre, j'ouvris la poitrine & je trouva les poumons dans une entière fuppuration , principalement le poumon droit: il étoit gorgé dans toute fa fubftance, & repoufloit vers le bas-ventre le diaphragme & le foie. Il y a environ fix ans que feu M. Senac me conduifit Des: S CIE NiciE«s $97 à Ja Charité de Verfailles pour y examiner un malade qui avoit tous les fymptômes d’une hydropifie de poitrine, avec une tumeur confidérable fous lhypocondre droit. M. Senac foupçonnoit qu'elle étoit formée par le foie qu'il jugeoit d'un volume monftrueux. J'examinai le malade, je le tâtai & j'adoptai l'opinion de M. Senac. Cependant le malade étant mort quelques jours après, on en fit l'ouverture, & loin de trouver le foie altéré & plus gros, comme nous lavions cru, on le vit dans fon état naturel, foit dans fon volume, foit dans fa fubftance. La cavité de la poitrine étoit remplie d’eau, le diaphragme refoulé vers le bas-ventre, & le foie defcendu vers les faufles côtes, ce qui nous l'avoit fait eflimer d'un volume exceffif. Si l Anatomie eft le flambeau de la Médecine, c'eft fur-tout lorfquelle nous éclaire fur nos erreurs: on doit connoiître celles dont je viens de parler pour les éviter à l'avenir; elles font plus fréquentes qu'on ne penfe, & elles font d’autant plus dangereufes qu’elles conduifent le Médecin à prefcrire des remèdes pour le foie, qui font pour l'ordinaire fort nuifibles au poumon. I eft encore utile de favoir que l'on peut découvrir par Je taét une plus grande étendue du foie dans les hydropifies de la poitrine, & dans les engorgemens du poumon droit. Les fignes de ces maladies détaillés par les Auteurs, font quelquefois fi obfcurs, qu'il eft fort avantageux d’avoir un figne accefloire dont on puifle s'aflurer par le ta. Chez les phtifiques dont le poumon droit eft malade, le foie déborde les faufles côtes de plus de deux. travers de doigt qu'il ne fait ordinairement, non qu'il foit malade, mais parce qu'il eft repouflé par le poumon; c’eft de quoi je me fuis convaincu par le taét pendant la maladie, & enfuite par l'ouverture de quelques cadavres. J'ai fait, en premier lieu, cette obfervation fur feu M. fe Duc de Chaulnes; fon foie débordoit les faufles côtes de plus de trois travers de doigt, comme M." Senac, Vernage & Bordeu lobfervèrent, 5938 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quelques perfonnes ayant fenti une dureté fous l’hypo- condre droit, prétendirent que le foie étoit la feule partie affectée; mais l'ouverture du corps prouva le contraire, Une pareille réfiflance fous l'hypocondre droit , n’en auroit-elle pas impofé au Médecin célèbre qui fut appelé pour traiter feu M." la Dauphine? On fait qu'il la crut atteinte d’une maladie au foie, quoiqu’elle n'eût que le poumon malade. Cependant fi les obfervations prouvent aufli que le foie defcend dans les fujets qui ont quelque embarras dans la cavité droite de la poitrine, elles prouvent auffi que le foie remonte, lorfque cet embarras diminue, C’eft ce qu'on obferve dans ceux qui ont eu quelque épanchement dansla poitrine, à proportion qu'il s'eft évacué, ou qu'il a étérepompé, on a fenti le foie fe plonger fous les côtes. Le foie remonte encore dans les phtifiques qui commencent à cracher; nous en avons même vu qui fe flattoient d'être guéris, parce qu'ils ne fentoient plus de dureté au - deflous des faufles côtes : trompeufe ïllufion ! Le diaphragme & le foie n’étoient remontés dans la poitrine, que parce que le poumon droit s'étoit dégagé, par les crachats ; d’une patie du pus qu’il contenoit, mais il n’en étoit pas moins affeté mortellement. . ‘ Telles font les obfervations que nous avons cru pouvoir communiquer à l'Académie fur la pofition du foie dans les divers âges, dans quelques fituations de notre corps, & dans certaines maladies de la poitrine. If nous paroît que le fujet de quelques-unes a échappé aux recherches des Anatomifles , & que l’objet des autres a été plutôt entrevu qu'il n’a été prouvé, & comme il convient de connoître parfaitement l'état fain d’un vifcère, pour pouvoir mieux le traiter lorfqu'il eft malade; j'ai fait pré- céder dans ce Mémoire, des obfervations fur le foie dans l'état naturel, pour pouvoir détailler dans un autre Mémoire, Fhiftoire de plufieurs altérations de ce vifcère. nPSÉ TR Qu DES SCIENCES. 599 ne, ME AL OL RIE SUR LuEx DAS A LIT E TROISIÈME PARTIE, Où l’on traite du Bafalte des Anciens; & où l'on expofe l'Hiflire Naturelle des différentes efpèces de Pierres auxquelles on a donné, en différens temps, le nom de Bafalte. Par M. DESMAREST. PP: eft le feul Auteur ancien qui ait parlé du Bafalte, & qui l'ait caradérifé; il le met dans la clafle des Marbres, ou ce qui eft la même chofe, fuivant les principes de la nomenclature des Anciens, il le range parmi les pierres qui prennent le po. Il nous apprend que les gyptiens avoient découvert cette pierre en Æthiopie , & qu'on lui avoit donné le nom de Bafalte, parce qu'elle avoit beaucoup de reffem- blance avec le fer, par fa couleur & par fa dureté /a). Quoique ces caradtères, auxquels fe borne Pline, puiflent être de quelque fecours pour nous guider dans la recherche du bafalte des Anciens » & dans l'application que nous pour- rions faire de cette dénomination à quelques-unes des pierres que nôus connoiflons , cependant ils font trop vagues & infufifans pour décider cette queftion. Plufieurs Commentateurs de Pline, à Ia tête defquels on peut mettre Agricola, & même quelques Naturaliftes de nos jours, d’après Agricol, {e font a qu'on pouvoit (a) Invenit eadem Ægyptus in Æthiopiâ quem vocant bafalten Jerrei coloris à duritiæ : unde 7 nomen ei dedie ; Hib, XXXVI, cap. VII, Lû le 17 Mai 1775. Y + y 2 » Ÿ oi Ÿ 6oÙo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fuppléer à l'infufhfance de Pline: en rapprochant un pañlage de Strabon , de ce que dit Pline, ils ont cru y voir des détails intéreffans fur la forme naturelle du bafalte des Anciens, & fur les carrières d’où on le tiroit. Je ne puis difcuter la valeur de cette prétention, fans avoir mis fous les yeux de mes lecteurs , le paffage de Strabon, traduit littéralement. « Nous allames , dit-il /4), de Sienne à Philé, fur un chariot, & nous traverfames une plaine très-unie : dans le trajet qui eft d'environ cent ftades, on voyoit, aux deux côtés du chemin, des pierres dreflées en plufieurs endroits, affez femblables à ces hermès ou monumens,qu'on place le long des routes à l'honneur de Mercure ; elles étoient rondes , polies & prefque fphériques, & de cette efpèce de pierre noire & dure, dont on fait des mortiers, élevées & établies fur des pierres À plus grofles qui leur fervoient de bafe, & enfin furmontées par d’autres pierres ; quelques-unes étoient culbutées pêle-mêle. Les plus groffes pierres n’avoient pas moins de douze pieds de diamètre, & toutes les autres avoient au moins fix pieds ». Avant de faire la moindre réflexion, foit fur le pañlage de Strabon , foit fur la prétention d’Agricola , il me femble naturel de l'entendre lui-même expofer fon opinion & les autorités qu'il a pu recueillir pour l'appuyer, (b) Nos Philas Siennä plauftro vecti fimus per campumvalde planum, centum ftadiorum itinere ; per totam féré via videre erat utrinque, multis in locis, in anorem AMercurialium tumulorum qui viis apponi folent, petram arduam , rotundam, politann , prope modun fphe- ricam, ex nigro ac duro lapide ex quo mortaria fiunt, majori faxo impofitam, ac rurfum fuper e4"aliam. Nonnulle per fefe jacebant ; earum maxima erat non minore X11 pedum diametro: gtque omyes majores guäm hujus dimidium ; Strab. Rer. Geograph. lib, XVII, traduct. de Cafaubon. Paris, 1720, page 8 r 8. J'obferverai que Epuait @élpoy eft mal traduit par in morem Mercurialium tumulorum : Strabon compare ici ces monumens aux hermes qui avoient la forme de guaines ou de bornes, mais non à des amas de pierres irréguliers , qu’on élevoit auffi à l'honneur de Mercure, le long des routes : il compare monu- mens à monumens, « I! D BASASNCURE NE CES Got «ya, dit-il/c), un marbre qui a la couleur du fer ; tel eft le bafalte que les Égyptiens ont découvert en Æthiopie? on peut lui comparer celui de Mifnie, & pour la couleur -qui eft exactement celle du fer, & pour la dureté qui eft telle, que les Ouvriers qui travaillent le fer en prennent des blocs pour leur fervir d’enclume. Le château de Stolpen, dépendant de l'évêché de Mifnie , eft conftruit fur un rocher efcarpé, qui n'eft compolé que de piliers prifmatiques de bafalte ». « La même Nature, ajoute Agricola /4) dans un autre endroit, produit des pierres en piliers, tantôt cyhndriques , telle eff la forme des pierres de Sienne en Thébaïde , qu'on aperçoit aux deux côtés du chemin, fur la route de Sienne à Philé ; tantôt à plufieurs pañs comme les prifmes du bafalte de Mifnie, fur lefquels eft conftruit, comme je l'ai déjà dit, le château de Stolpen: ces prifmes n’ont pas un nombre de côtés qui foit le même dans tous: ils ont depuis quatre faces jufqu’à fept; es faces des piliers du bafalte d'Allemagne à de ‘celui d'Æthiopie, fe touchent très-exaélement : on en voit cependant quelques-uns dans la Thébaïde , qui font entièrement ifolés. En Saxe, comme dans la Thébaïde, une rangée de piliers eft établie fur une autre, de telle forte que les plus courts (c) Quoddam marmor eft ferrei | copi Mifeni : angulatæ vero funt non coloris qualis eft bafaltes ab Ægyptis in Æthiopià repertus: cui non cedit AMifenus neque colore quem eximié fer- reun habet, neque duritiâ quæ tanta eff ut ex eo fabri ferrari pro incude utantur, Super huncbafaltem Stolpa arx epifcopi Mifeni eft exftrudta : pilæ vero funt angulatæ, Agricola , de Na- turà foffilium , lib. VII, pag. 310. (d) Eadem natura etiam pilas gignit zerates cujufinodi funt.Sienitæ lapides in Thebaïde inter Sienem 27 Philus ex utraque viæ parte: modo angulatas cujufimodi in Mifenià bafaltæ fupra quos ut dixi exftrucla eft Stolpa arx epif- Min. 1773. uno modo ; fed angulos minimum habent quatuor, fummüm feptem Utræ- que autem funt arctius inter fe junétæ : In Thebaïde autem interdum folitariæ quædam. Utrobique alteræ in alteras videntur effe impofitæ &7 quidem mi- nores in majores: fed ex Mifènis ma- ximæ fefquipedem craffæ funt ; altæ pe- des quatuordecin : ex T'hebaïcis maximæ duodecim pedes craffæ ; altæ interdum pedes centum è7 ampliis, ut ex obeliftis quos flatuerunt Reges Egyptii' poteft intelligi. Juxta vero eas pilas reperiuntur lapides globofi ex quibus fiunt mortaria 7 cotes ad cerenda collyria. Ib. p. 315. Géegg Ls4 A À 602 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE font placés fur les plus longs; les prifmes les plus gros qu'on trouve à Stolpen , ont un pied & demi de diamètre, & quatorze pieds de hauteur, au lieu qu’en Thébaïde, les colonnes de bafalte ont jufqu'à douze pieds de diametre , à quelquefois » cent pieds € plus de hauteur, comme on peut s’en convaincre d’ailleurs par la hauteur des obélifques que les Rois d'Égypte » ont élevés en différens endroits: à côté des prifmes on trouve » des pierres en forme de boules dont on fait des mortiers & des molettes pour broyer les collyres ». Lorfqu'on lit, fans prévention , le paflage de Strabon, il eft aifé de fe convaincre qu'il n’y décrit point les carrières d’une pierre noire en colonnes cylindriques, mais des pierres dreffées comme des hermes le long du chemin, E‘puæia Tépor. Sa defcription eft fimple & précifle : on reconnoït , en la fuivant avec attention, qu’il y indique des monumens où il note trois parties diftinétes: 1.° une bafe qu'il défigne comme un bloc de pierre, d’un volume plus confidérable que les autres, Majori Saxo : 2.” une pierre polie, d’une forme ronde, prefque entièrement fphérique, élevée fur la bafe : 3.° enfin une troifième pierre , établie fur la feconde & qui paroît fervir de couronnement. Strabon donne même jufqu’aux dimenfions des pierres qui compofoient ces monumens : il nous apprend que les plus grofles (celles des bafes apparem- ment} avoient plus de douze pieds de diamètre, & que les autres n’avoient pas moins de fix pieds. Qu'on rapproche enfuite de ces détails les autres circonf- tances du récit de Strabon, tel que emplacement de ces monumens & leur diftribution au milieu d’une plaine, il eft aifé de voir qu'elles écartent toute idée de carrières & de rochers dans leur fituation primitive. Strabon nous conduit en chariot au milieu d’une plaine très-unie, il nous montre des pierres amoncelées les unes fur les autres, & placées en plufieurs endroits, de manière qu’on pouvoit les voir des deux côtés du chemin. Comment des rangées de prifmes naturels, qui auroient bordé Îa route à droite & à gauche, auroient-ils laiffé à Strabon l'idée d’une plaine unie! Concluons 7 RÉ ic à me DES SCIENCES. Go donc, que c'eft altérer toutes les circonftances du récit de Strabon , que d'y trouver des carrières de pierres noires en colonnes cylindriques. À Mais ce qui achève de lever tout doute à ce fujet, ce font les éclairciffemens que nous fournit Norden dans fon voyage d'Égypte, & qui me paroiflent être le meilleur com- mentaire du paffage de Strabon qui nous occupe; non-feulement Norden parle de ces monumens décrits par Strabon, mais ce qui eft infrniment plus précieux encore, il nous en donne le deflin ainfi que de la plaine où üls étoient difperfés ; ce deflin montre, dans un grand nombre de ces monumens, les trois parties que j'ai diftinguées d’après Strabon , la bafe qui paroît un gros cube, la partie du milieu arrondie en boule, & le couronnemént en forme de quille prifmatique. Quelques-uns de ces monumens paroiffent, conformément à la remarque de Strabon, être réduits à la bafe feule par la chute de leurs parties fupérieures. Il réfulte de cette difcuffion, que les différens points d’ana: logie, indiqués par Agricola , entre les pierres prifmatiques de Stolpen & les blocs de pierre noire, décrits par Strabon, ne peuvent pas . fubfifter qu’il n'eft poffible de trouver une identité parfaite entre les ouvrages de l'Art & ceux de la Nature. Ainfi les pierres appareillées par les Égyptiens, ne peuvent figurer à côté des prifmes naturels de Stolpen : -ainfr la pierre de Stolpen, n'a pu, fans erreur, être prife pour le bafalte des Anciens , quand méme la pierre noire indiquée par Strabon, feroit le bafalte de Pline. Ce ne font pas au refte les feules méprifes qui fe trouvent dans le paflage d'Agricola : non-feulement il a méconnu les objets dont parle Strabon, mais même il a forcé le fens de fes expreffions pour multiplier les analogies & les rapports : quelles font, par exemple, les expreflions de Strabon qui ont pu autorifer Agricola à avancer que les pierres de la T'hébaïde étoient toutes cylindriques; que quelques-unes étoient, il eft vrai, ifolées & folitaires, mais que la plupart quoique cylindriques fe touchoient auffi exactement que les piliers Gessi 604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE prifmatiques de Stolpen? Comment a-t-il pu imaginer que les prétendues colonnes de la Thébaïde, malgré les dimenfions précifes que défigne Strabon, avoïent cent pieds & plus de hauteur, & qu'on en avoit fait ufage pour des obélifques : il avoit oublié que, fuivant le témoignage de Pline qui eft très-clair à ce fujet , les monumens de bafalte les plus confi- dérables , tels que la figure du Nil, n’avoient pas plus de douze à quinze pieds de longueur (/e). D'ailleurs les obélifques qui avoient été taillés dans les carrières voifmes de Sienne n’étoient pas de bafalte, mais d’une pierre que Pline lui-même appelle indiftinétement /f) Sienites , Pyropæcilon. Nous favons enfin, foit par le rapport des Savans qui ont voyagé en Égypte, foit par l'examen des obélifques même qu'on voit à Rome, qu'ils font de granit rofacé. Sur quelle autorité Agricola a-t-il donc pu fe fonder pour aflurer que ces obélifques étoient de bafalte & de pierre noire? C’eft ainfi qu'il a tout confondu. Il feroit fort facile de montrer qu'il n'a pas mis plus d’exactitude dans fes décifions fur les autres pierres dont parlent les Anciens. Cependant il a entrainé dans fes opinions plufieurs Naturalifes, qui prévenus de fa réputation ne les ont point difcutées. | Pendant qu’Agricola imaginoit en Saxe une reflemblance marquée entre des monumens de la Thébaïde & les prifmes. naturels de Stolpen, Dalechamp /g) à Rouen, qui avoit adopté l'opinion d’Agricola, voyoit le bafalte de Pline & la pierre noire de Strabon, dans les f/ex ou pierres à fufil qu'on trouve difperfés par rognons au milieu des, couches de la (e) Numquam hic major repertus eft quan in templo Pacis ab Imperatore Vefpafiano Augufto dicatus , argumento Nil. Pline, lib. XXX VI, cap. vint. On peut juger, par la copie des Tui- Jeries , que le bloc n’avoit pas plus de douze à quinze pieds. (f) Circa Sienem vero Thebaïdis Sienites quem ante pyropæcilon voca- bant ,…. Tiabes ex eo fècere reges, quodam certamine obelifcos vocantes, Pline, Ibid. (&) Tales lapides fed minutuli repe- riuntur prope Gaillon, arcem Rotho- magenfis Archiepifcopi, foris afpert, tuberofi, velut obliti luto, fed candi- cantes , intus gagate nigriores. Dale- champ, in Plin. lib. XXX VI,cap. VIZ, edit. variorum. Lugd. Batav. 1679, tom. IÏi, pag. 645. D ENS 4 SG UT EN: C-E & 605$ pierre de taille de Vernon & de Gaillon; feulement il avertit que ces rognons font plus petits que ceux dont parle Strabon, & font recouverts d’une croûte blanche : cet Auteur a cru ces détails affez lumineux pour fixer les idées des Lecteurs de Pline fur le bafalte, puifqu'il en fait le fujet d'une note; c’eft encore un abus manifefte du paflage de Strabon mal interprété. . Pococke enfin femble avoir été prévenu des opinions d'Agricola, & les avoir adoptées en partie. Dans fes courfes aux environs de Sienne ou d’Affouaën , il s’eft occupé à rechercher les carrières de pierre noire, dont il fuppofoit que Strabon avoit fait la defcription, & il indique Av. 7, chap. }, l'endroit où il a cru les reconnoître. Mais il faut avouer que les lieux qu'il décrit ne font rien moins que conformes à ce qu'en raconte Strabon, même en interprétant fon récit dans le fens d’Agricola : IH nous apprend que« il fe rendit d’Affouaën à Philé le long des carrières, par un chemin qui paroît avoir été pratiqué entre de petites collines & des rochers de granit rouge. Enfin , ajoute-t-il, quelques-uns font tels que Strabon les décrit. On y voit un rocher en forme de colonne, fur lequel eft une autre gros rocher avec quelques hiéroglyphes deflus. Le granit a noirci par dehors, ce qui a fait dire à Strabon que la pierre en étoit noire. » On voit ici que Pococke en rendant compte de la recherche qu'il a faite des pierres dont parle Strabon, a mal fervi les prétentions d’Agricola & de ceux qui de nos jours ont adopté fon opinion. Prévenu comme eux que ces monumens étoient des rochers naturels , il a été obligé de faire un détour en allant de Sienne à Philé, & au lieu de traverfer la plaine en droite ligne comme avoit fait Strabon qui devoit être fon guide, il a pris la route des carrières, où il agrouvé, au lieu de pierres noires, un chemin taillé dans les granits. J'avoue qu'il m'eft difficile de croire à la découverte de Pococke , & de retrouver la plaine unie de Strabon dans un chemin pratiqué au milieu de petites collines, une pierre polie noire & luifante, ou le bafalte, dans des rochers de granit rouge noircis par la moufle. A La) 606 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais fi l'on s'en tient à cette prétendue découverte de Pococke , & qu'on fuppofe que les monumens décrits par Strabon étoient, comme il ledit, des rochers de granit rouge en forme de colonnes , on ne peut alers ni les comparer avec les pierres prifmatiques de Stolpen, ni reconnoître dans ces rochers le bafalte de Pline. Au refte , ilréfulte toujours inconteftablement, du récit de Pococke, qu'il n’a point aperçu dans la plaine que Strabon a fuivie, des rochers naturels qui aient déterminé fa marche de ce côté -1à. En fecond lieu, comme ïl n'a pas trouvé des pierres noires, mais des granits rouges aux environs de Sienne, fa recherche infruétueufe nous prouveroit, fi nous nee favions d’ailleurs, quela pierre noire ne fe rencontre pas aux environs de Sienne, mais que les rochers élevés qui forment une bordure autour de la plaine, entre Affouaën & Philé, font de granit rouge : c'eft dans ces granits que Pococke a pu voir quelques formes de prifmes irréguliers , & qu'il a pu prendre pour les piliers d’'Agricola. Je fuis guidé dans cette difcuffion par les détails inftructifs que je trouve, comme je l'ai déjà dit, dans le voyage de M. Norden. Le deflin de la planche cxXxI, me repréfente un fite, où la difpofition des lieux eft entièrement conforme au récit de Strabon comme à celui de Pocoeke : on y voit à l'horizon le contour des rochers de granit rouge qu'a fuivi le voyageur Anglois, & fur l'extrémité de cette bordure la plus voifine d’Aflouaën & du point de vue vers la gauche, on diftingue des rangées de rochers dont la forme approche dela cylindrique, & peut avoir fait illufion à Pococke. Enfin planche CX1I1 # œil fe promène dans une plaine que Pococke a évitée , que Strabon a dû fuivre néceffairement, & où fe trouvent figurés les monumens décrits par cet ancien Géographe; de manière qu'on y diftingue, comme je J'ai déjà dit, les trois parties qui les compofent ; après cette infpettion & cette reconnoiffance des lieux, pour ainfi dire, lon ne court plus de rifque, à moins qu'on ne veuille n'es Sel E NrC'E:S 607 fe faire l'illufion à foi-même., de prendre ,comme Pococke, des chemins pratiqués entre des collines pour une plaine fort uyie , du granit rouge recouvert de mouffe pour de la pierre polie , & des monumens faits de main d'hommes pour des colonnes naturelles de bafalte. M. d'Anville a bien reconnu & figuré ces cantons dans fa carte d'Égypte. Il ne s'eft pas mépris non plus fur le vrai fens du pañflage de Strabon , d’après lequel il a vu des morceaux de pierres noires & dures dreflés comme des hermès dans une plaine unie, & difperfés dans cette plaine fur le chemin de Sienne à Philé : il n’a placé cependant, d’après l'indication de Ptolomée , qu'à trente-cinq à quarante milles en s'éloignant de Sienne vers le Levant, les carrières de cette pierre noire : & dans le voifmage de Sienne, celles des bafanites ou granits rouges d'après le même Géographe. Avoir détruit l& méprife de quelques Naturaliftes nciens & modernes fur là prétendue reffemblance du bafalte des Anciens , avec la lave prifmatique de Stolpen, r’eft pas avoir décidé quelle peut être la nature de ce bafalte. J'étois occupé de ces doutes & de cet objet de recherche forfque j'allai à Romeen 1765, bien réfolu de recueillir tout ce qui pouvoit m'éclairer fur cette matière; j'envifageai d’abord comme un moyen fimple de décider cette queftion, l'examen des monu- mens de bafalte que Pline nous décrit, & particulièrement de la flatue du Nil qui étoit de fon temps au temple de la Paix, & qu'il cite comme le monument le plus confidérable de bafalte qu'on connût pour lors. Je favois par les notes du Père Hardouin, que cette flatue étoit au Vatican; mais je fus trompé dans mes efpérances: je ne trouvai malheureufement qu'une copie de la flatue dont parle Pline, en marbre blanc falin. de Luni ( aujourd'hui Carrare) , & femblable à celle du jardin des Tuileries à Paris. IL eft vrai que Pline cite encore un autre monument du bafalte ancien : c'eft la ftatue de Memnon,. qui décoroit le temple de Serapis à Thèbes dans la haute Égypte; mais après avoir confulté Pococke, Norden & les autres voyageurs , 608 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE je trouvois qu'il étoit difhcile , au milieu du défordre & de la confufion où font les reftes de l'ancienne Thèbes, de décider quelle a pu être cette flatue célèbre, & par conféquent quelle eft la nature de la pierre dont elle étoit faite. Défefpérant donc qu'on püt tirer quelque lumière de ce monument , où même en attendant que quelque Savant verfé également dans la connoiflance de Antiquité & de l'Hifloire Naturelle, eut pu s’aflurer fur les lieux de la nature du vrai bafalte des Anciens , je crus devoir fuivre & étudier, quant à la matière feulement, les monumens antiques, les vafes, les buftes, les ftatues que les Savans de Rome & l'Abbé Winckelmann en particulier, regardoient comme les échan- tillons précieux du bafalte de Pline. L'examen & la compa- raifon que j'en ai faite avec ces Savans, m'ont convaincu que n'étant guidés par aucun caraétère précis, ils donnoient cette dénomination à des pierres qui différoient entr'elles, foit par la difpofition & l’arrangement de leurs parties élé- mentaires ou leur grain, foit par les diverfes fubftances étrangères qui s’y trouvoient naturellement mêlées. Au milieu de cette confufion d'objets différens indiqués fous un même nom, je démélai cependant que l'on pouvoit rapporter à deux claffes générales , les pierres qu'on décoroit à Rome du nom de bafalte, & que, fi je ne pouvois pas réfoudre le problème que je m'étois propolé fur fa vraie nature, je ferois du moins en état de reflerrer la queftion dans des limites très-étroites. C'eft d’après ces vues que je vais tracer ici les caractères de deux efpèces de pierres auxquelles les Anciens ont pu donner indiftinétement le nom de bafalte; j'ajouterai à ces détails l'indication des monumens antiques qui nous en reftent, & qui peuvent fervir d'échantillons pour les recon- noître. Je terminerai cette notice par l’expofition des obfer- vations que j'ai eu occafion de faire en France ou ailleurs, fur l'hiftoire naturelle de ces pierres, afin de compléter autant qu'il eft poffible, ce qui peut fervir à nous éclairer fur leur compofition. Je diftingue donc deux fortes de pierres auxquelles les Modernes DES SCIENCES. 6o9 Modernes donnent {e nom de bafale, & qui peuvent avoir été défignées ainfi par les Anciens. La première eft.le bafalte zoir, ou le fchorl en grandes mafles & en petites lames que quelques Naturaliftes Italiens appellent auffi gabbro: la feconde eft le dafañe gris, & même un peu verdâtre. Je rappelle en mème temps le Bafulte-lave d'Agricola & je le caractérife. Enfin, dans un troifième article, j'expole tout ce qui concerne les matières étrangères renfermées dans les faves ou adhé- rentes aux Javes. ARTICRE PREMIER. Du bafalte noir, de la pierre noire de Strabon, du fchorl en grandes maffes & en petites lames, ou gabbro. Le bafalte noir eft un amas de petites lames noirâtres diver- fement groupées enfemble : on reconnoït ces lames dans les caffures comme fur les faces polies de cette pierre : affez fouvent les blocs un peu confidérables de ce bafalte offrent des taches & même des fortes de bandes affez fuivies, ou de quartz ou ; À sde fre de feld-fpath rofacé, ou même de zéolithe (hi) qui les traverfent en différens fens: ces accidens m'ont fervi en plufieurs cas pour reconnoître forganifation des {lames groupées ; & réci- proquement, lorfque dans des mafles de granit rofacé Égyptien " J'apercevois des taches & des veines noirâtres , j'y démélois aifément un affemblage plus où moins régulier de ces lames. Ces deux obfervations correfpondantes m'ont paru décider d’une manière non équivoque que le bafalte noir a une grande affinité avec les granits, & avec ceux d'Egypte en particulier, » 5 ta CIE LE & que c’eft de-à que les Romains l'ont tiré, ainfi que le T 4 { = » + { . . d granit rofacé. Cette pierre eft d’ailleurs d’un noir tirant fur le gris, & d’une dureté fort grande ; elle prend le poli, &, vu PR Nr (4 (1) J'ai mis en digeftion avec l'acide que Îes parties d’un blanc terne , fem- nitreux , la fubftance blanchâtre qui | blables à la bafe du Japis. Jai déjà fert de bafe au bafalte noir, & elle m’a rappelé cette expérience dans la feconde donné une gelée : il ne s’en eft diffous | partie de ce Mémoire, Mém, 1 773 Hhhh 610 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fon mélange avec le granit, il eft difficile qu'on en trouve des blocs un peu confidérables : tous caractères que Pline donne du bafalte Égyptien qu'il décrit. Le plus grand monument de bafalte noir que j'aie vu à Rome, eft une cuvette ou baffin de forme ovale placée dans une falle du collége Clémentin ; fon plus grand diamètre avoit environ fix pieds, le plus petit trois, & fa profondeur deux pieds : les lames élémentaires dont cette matière étoit compofée , quoique très- fines, paroifloient diftribuées aflez uniformément dans toute la mafle ; cependant aux environs des Mafcarons, on y remarquoit des paquets de lames un peu plus larges que les autres qui étoient groupés autour de plufieurs centres ; une bande oblique de quartz & de feld- fpath la traverfoit : ces deux'caraétères fervirent à me faire diftinguer cette première efpèce de bafalte de la feconde qui étoit la matière d’une cuvette femblable ; j'en parlerai à l'article fuivant. La collection des Antiquités du Capitole offre un grand ‘nombre de ftatues de bafalte noir. J'en diftinguai fur-tout trois qu’on voit dans la falle des monumens Égyptiens, & qui font du fecond ftyle des Sculpteurs Égyptiens ; les James de gab- bro font très-vifibles & très-diftinétes fur les différentes parties de ces ftatues, malgré leur extrême poli: la pierre eft de la plus rande dureté, d’un beau noir foncé & rend un fon clair. Les flatues Egyptiennes du palais Barberin font de cette même matière , quoique moins pure; car au milieu du fond de gabbro compofé ou de lames groupées & chatoyantes dans certaines parties , ou bien de lames diftribuées uniformé- ment dans d’autres , elles laiffent voir des points blancs quartzeux & des taches de granit. Ces derniers monumens avec la célèbre flatue de Marforio forment la première nuance du mélange des principes quartzeux ou fpathiques avec le gabbro, & tiennent le milieu entre le bafalte noir pur & le granit noir & blanc. Je ne dois pas omettre ici les Sphinx placés au-deflus de la rampe qui conduit au Capitole, & deux autres Sphinx qu'on hs 1 DA EN su SÉc'11E Nic + s, Grp ‘voit à Ja ville Borghefe: ils font les uns & les autres de bafalte noir. Belon qui avoit voyagé en Egypte, étant à Rome, regardoit ces Sphinx comme des monumens précieux du vrai bafalte Égyptien. Les antiquités que j'ai indiquées ci-devant n'étoient ni découvertes ni raffemblées pour lors. Je pourrois citer plufieurs autres monumens de bafalte noir qui figurent dans les autres collections de Rome , Mais Je préfère de décrire ici ceux qui font à portée de nous. M. le Duc de Chaulnes a rapporté d'Égypte de fort beaux buftes & quelques canopes de bafalte noir. L’on en trouve outre cela deux très-beaux monumens dans le cabinet des Révérends Peres Auguftins de la Place des Victoires. Le premier eft une Îfis accroupie & qui foutient un cube : on y diftingue aflez aifément les lames noires, dont le fond de la pierre eft compolé, & fur ce fond une bande de granit rougeâtre qui après avoir traverfé la main droite de Ia fioure remonte le long de fon fein : quelques taches d’une femblable matière font difperfées fur le bras, l'épaule & la jambe gauche ; la cuiffe gauche montre des points quartzeux ou calcédonieux, & à côté des lames de gabbro bien diftinctes : cette flatue rend lorfqu'on la frappe fur les parties faïllantes un fon clair & femblable à celui que rend le fer battu : la couleur de la pierre eft d’un noir foncé, & elle eft fi dure qu'elle fe laife entamer difficilement par l'acier trempé, La feconde Ifs eft afife fur un cube; elle tient fur fes genoux un rouleau à moitié developpé. Quoïqu'elle n'offre aucune tache graniteufe fenfible, elle a la même couleur, la même dureté & le même grain que la précédente : le fon qu'elle rend paroît altéré par des nn qui la traverfent en diférens fens. Parmi les Antiquités qui font au cabinet de la Bibliothèque du Roi, j'ai reconnu une Jfis debout, d'environ dix - huit pouces de hauteur, qui eft de bafalte noir: elle en préfente tous les caractères d’une manière bien diflinéte : beaucoup de taches blanchâtres quartzeufes & rougeûtres de feld-fpath Hhhh ji) 613 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE y paroiffent difperfées fur un fond de lames noirâtres : Ja pierre n’eft pas d’une grande dureté. Enfin, je finirai par indiquer un échantillon de ce bafalte que j'ai dépofé au cabinet d'Hiftoire Naturelle du Jardin du Roi ; il a été tiré d’une figure Égyptienne mutilée, que M. le Duc de la Rochefoucault avoit acquife à Rome. Après l'étude que j'avois faite du bafalte noir dans les monumens , tant à Rome qu'à Paris, rien n’étoit plus capable de fixer mes idées fur fa nature que la découverte des carrières de cette pierre. À mon retour d'Italie en 1766, j'en trouvai de très-abondantes près de Tulle en bas Limoufin. Le bafalte noir y eft dans fa pofition naturelle, avec tous les phéno- mènes correfpondans à ceux que m'avoient offert les monumens que j'ai cités. I y eft difiribué par fllons aflez fuivis & aflez larges, pour qu'on puifle en extraire des blocs d'un volume confidérable : ces filons occupent une largeur de trois à quatre cents toiles; leur direction qui eft de ES à l'Oueft traverfe les deux vallons approfondis de la Soulane & de la Correze; c’eft fur les croupes efcarpées de ces deux vallons que plufieurs maffes de ce bafalte font à découvert ou adhérentes à leurs bafes, ou bien détachées du fol & culbutées en défordre. A la fuperficie des blocs ifolés, & particulièrement dans les fentes qui les coupent en tous fens , les lames du gabbro font ternes , & même elles s'exfolient quelquefois fort aifément; mais dans l'intérieur , elles ont confervé leur couleur noirâtre & leur adhérence. Dans certaines parties les lames ont une teinte verdâtre & chatoyante, foit que les morceaux aient été long-temps à la furface des mafles , foit qu'ils aient été détachés & tirés du centre, Les blocs font d’autant plus durs que les lames de gabbro font plus fines, & que leur arrangement annonce moins de groupes aflemblés autour d’un centre. Dans toute l'étendue des fllons, le gabbro ou bafalte noir eftaffez pur ; les mélanges qu'on y remarque ne font que des taches fans fuite, ou des bandes fort petites de quartz, .de DES SCIENCES. 613 feld-fpath , ou de zéolithe brute; mais fur les limites des filons, on le trouve mélé en différentes proportions avec ces fubftances. Quelquefois l'un ou l'autre de ces principes entre pour la moitié ou pour le tiers dans ces mélanges : ce qui compofe des pierres qui offrent, lorfqu’elles font polies, le contrafte agréable d’un fond blanc ou rofacé parfemé de taches noires , ou bien d’un fond noir avec des points blancs ou rouges, fuivant que le quartz, la zéolithe, ou le feld-fpath dominent , ou que le gabbro ef le plus abondant. Parmi les monumens antiques qui portent tous Îes carac- tères du ftyle Égyptien , oit flatues, foit vafes , ON En voit au Capitole ou ailleurs un grand nombre où ces mélanges de gabbro avec le quartz ou le feld-fpath fe remarquent en toute proportion, comme on l’obferve dans les filons du Limoufin. La célèbre flatue de Marforio & quelques ‘autres qu’on voit à Tivoli, font de granit tacheté de bafilte noir ou gabbro. Dans les ruines des édifices anciens, on voit beaucoup de ces plaques de granit, parfemées de noir & de blanc, ces plaques ont été tirées d’ gypte, ainfr que les flatues dont je viens de parler. Les Savans qui ont voyagé en Égypte, tels que Pococke, Norden, Belon » &c. parlent fouvent de pierres ou de marbres noirs & aufi fouvent de granif noir : je ne doute pas qu'ils n’aient indiqués, par la première dénomination, le gablro, & par la feconde, le mélange de gabbro & de quartz ou de zéolithe, On a employé dans la conftruétion de plufieurs édifices publics de Tulle, le gabbro appareillé en quartiers plus ou moins gros. À la Cathédrale, on voit des marches & des banquettes qui font de ce gabbro à lames fines, & qui ne paroiflent que très-peu endommagées ou ufées par le frotte- ment continuel des fabots ferrés. Dans un ancien cloître, des colonnes gothiques de ce même gabbro , ont pris un aflez beau poli : enfin j'ai fait polir des plaques où les mélanges du gabbro & du quartz font dans une belle proportion ; & le réfultat 614 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du poliment y a produit le même effet que fur les plaques antiques dont j'ai fait mention ci-devant, D'après cette comparaifon , fuivie dans toutes les circonf- tances, je fuis, ce femble, autorifé à conclure que le gabbro de Tulle eft parfaitement femblable au bafalte noir d'Égypte, à en juger par les monumens qu'on en voit à Rome: que de plus, les mélanges de quartz, de feld-fpath , rouge ou blanc, de zéolithe brute avec les paquets ou groupes des lames élémentaires du gabbro , font les mêmes en Egypte & en Limoufin ; que par conféquent le fol des cantons de l'Égypte, d'où l'on tiroit cette pierre, eft de même nature que celui des environs de Tulle. Ce qui confirme cette conféquence & lui donne la plus grande étendue, c'eft que les carrières du bafalte noir Égyptien étoient à quelques milles de Sienne, fuivant l'indication de Ptolomée , adoptée par M. d'Anville, dans fa Carte de l'Égypte, & précifément à côté & au milieu des maflifs de granit qui s'étendent jufqu’à Sienne. Quoique le granit des environs de Tulle foit moins beau que celui d'Égypte, il n’en eft pas moins abondant & moins propre à fervir de matrice aux filons de gabbro ou de bafalte noir. Au refte, le gabbro n’eft pas borné aux feuls environs de Tulle: à quatre lieues au midi de Tulle, au-deflus de la petite ville de Beaulieu, dans le canal même de la Dordogne & le long des croupes de fon vallon, j'en ai retrouvé un fecond filon , parfaitement femblable à celui de Tulle: ainfi je m’abf= tiendrai d'en donner une plus longue defcription. Je me contenterai de remarquer que fa pofition fur les bords d’une rivière navigable, peut être avantageufe fi l'on fe décidoit à faire entrer cette pierre noire, dure & folide dans la conflruétion de quelque monument public. Les principes du gabbro ne font pas toujours réunis par filons: dans plufieurs cantons du Limoufin & de l'Auvergne, fes lames élémentaires fe trouvent difperfées fous différentes formes & en diverfes proportions au milieu des autres prin- cipes du granit: dans quelques-uns de ces mélanges, des yeux peu exercés le prendroient pour du mica noir; mais MP ONE Deus ASCII E Nu CE Sa 61; un examen plus attentif fait reconnoître plufieurs différences très-marquées entre les lames de mica & celles de gabbro; lorfque celles-ci font folitaires & qu'elles entrent dans la com- pofition du granit, elles ont beaucoup de fermeté & fe plient difficilement : leur couleur eft d’un noir terne & foncé; leur épaiffeur eft plus confidérable que celle du mica qui fe divife & fe partage en feuilles minces, flexibles, d’une couleur plus brillante que foncée & qui ne prend jamais la teinte noire. Enfin, le gabbro fondu au feu de porcelaine, donne un verre bien tranfparent, au lieu qu'avec le mica, on n'obtient qu'un verre fpongieux. D'ailleurs , les granits où le gabbro entre comme prin- cipe, ont une dureté plus marquée que ceux où il ne fe trouve que du mica, & cette dureté croît en raïifon de la quantité & de la fimefle des lames de gabbro. Enfin , les fpaths fufibles de tous les granits où l'on re- marque le gabbro en certaine quantité, quoiqu'ils y foient fous leur forme ordinaire de criflallifation par lames affem- blées en trapézoëdres , font feu avec l'acier trempé, ce qui décide totalement, fuivant la définition des Minéralogiftes Allemands, leur état & leur qualité de feld-fpath , Jpatum cintillans. Outre la propriété de faire feu avec l'acier trempé, ces mêmes fpaths fufibles, prennent ordinairement une teinte de rouge rofacé, fur-tout lorfque le gabbro eft difperfé dans les granits en petits groupes de lames noirâtres. Dans tous les granits à fond rofacé, qu'on voit à Rome, fur lefquels font des hiéroglyphes & particulièrement dans ceux des obélifques, le fpath fufible a la dureté & la couleur du feld-fpath, auffi les lames du gabbro y font-elles difperfées affez uniformément avec le quartz ou le feld-fpath : elles y font même arrangées par paquets ou par groupes qu'on reconnoit en obfervant avec foin, les taches noires apparentes fur les faces polies des obélifques, ou fur celles des autres mafles de granit Egyptien. - I en eft de même des granits du Limoufin, où le gabbro figure avec les deux autres principes, & fur-tout de ceux 616 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui font placés fur les limites des deux fllons de Tulle & de Beaulieu dont j'ai parlé: ils ont ainfi que le granit d'Égypte, une dureté plus grande que les granits où il ne fe trouve pas de gabbro. Le fpath fufible coloré en rouge rofacé qui entre dans leur compofition, fait auffr feu avec l'acier trempé, & y eft comme dans le granit d'Egypte, en état de feld-fpath, Voilà encore un caraétère de reflemblance entre le canton de Tulle & celui des environs de Sienne en Égypte. Je pourrois citer de femblables granits tirés de plufieurs autres provinces de France, lefquels pourroient fervir à prouver que la réunion de ces phénomènes eff aflez générale; tels font ceux que j'ai rencontrés dans différens cantons de l'Auvergne; ceux des environs de Semur & d’Avalon en Bourgogne: ceux des environs de Bruyère & de Gerardmer dans les Vofges; un grand nombre de ceux que M. le Duc de la Rochefoucault a rapportés du Danemarck ; enfin, les mafles énormes de granits que les Hollandoïis tirent des côtes de la Norvège pour la conftruétion de leurs digues dans 1& Nord-Hollande. Le feld-fpath y paroït conflamment uni avec les lames de gabbro. Je ne doute pas que les Naturalifles prévenus fur tous ces phénomènes, & particulièrement fur lexiftence du gabbro en grandes mafles qu’ils ne connoiïfloient pas, ne retrouvent dans plufieurs parties du globe qu'ils parcourront ; le gabbro pur ou le gabbro mêlé avec le quartz, avec le fpath fufble rofacé, ou enfin, avec la zéolithe brute. Il me refte encore à parler d’une circonftance où le gabbro s’eft offert plufieurs fois à moï dans différentes obfervations d'Hifloire naturelle; c'eft dans les filons de quartz & de fpath fufible qui courent aflez fouvent au milieu des mafles de granit où le gabbro eft difperfé par petites lames : pour lors le gabbro eft criftallifé aflez ordinairement en prifmes ou en corps à facettes fymétriques ; ces prifmes font terminés par deux pointes pyramidales d’un même nombre de côtés que les prifmes : il eft aifé de voir que ces corps réguliers font iles affemblages de lames unies plus ou moins étroitement enfemble, DES S ère Nc E-s. C17 enfemble, & qui ont pris un arrangément aflez fousent régulier : ces primes connus des Allemands fous le nom de fchorl ,. font le corneus criflallifarus, prifmaticus , lateribus inor- dinatis de Vallerius, efpéce cxL111 de la première édition, Dans les environs de Tulle, de Beaulieu & d'Argentat en bas Limoufin; dans le trajet d'Arlanc à Saint-Bonnet, d'Ambert à Thiers en Auvergne; proche Poulla - Vouën en Bretagne ; j'ai trouvé ces prifmes au milieu des quartz blancs, du feld- fpath & même dans les fentes des filons de ces fubftances. Enfin, j'ai recueilli une quantité confidérable de ces prifimes & des paquets de lames de gabbro, au milieu des Courans de matières fondues » tanten Auvergne qu'aux envi- rons de Naples, de Rome, & de Vicence en lialie: on en trouve aufli qui font renfermés dans les terres cuites, dans les fcories & même dans les laves très-compacltes : je difeu- térai ce qui concerne ces accidens dans le troifième article de ce Mémoire. | Je ne connois aucune différence entre le bafalte noir d'Égypte, le {chorl en grandes mafles, le bafalte maïtial de Cronfted, la pierre de corne criftallifée de Vallerius, & le - gabbro du Limoufin. Les détails de l'hifloire naturelle de ce gabbro, comparés avec ce que j'ai pu recueillir fur le bafalte noir d'Egypte, ne me laiflent aucun doute fur leur identité; ainfi je regarde comme {ynonymes les diverfes dénominations qui fuivent : Baja noir d'Égypre, peut-être celui de Pline, Pierre noire de Strabon. Bafaltes Scintillis minutiffimis.. Ferrante Imperati, Bafalda nera , dura , Orientale défier Pietra Egizia,ncra, dura, Orientale Gabbro nonnullorum, | l Corneus criffallifatus niger, bafaltes, bafanus, lapis Lidius de Vallerius, genre xv, efpêce 144, variéres 2, 3, 42 5 de’ la traduétion françoife, : Bafale. martial de Cronfled. Mén, 1773. Jiii 618 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Schorl des Auteurs Allemands. Gabbro du bas Limoufin, & de quelques autres provinces de France. Je crois que pour éviter toute équivoque, il conviendroit de donner à cette pierre la dénomination 4e gabbro, qui n'a jufqu'à préfent été appliquée à aucune autre forte de pierre, & fous laquelle je Vaï fait connoître en France depuis mon retour d'Italie. J'indiquerois donc, par le mot de gabbro, auquel on pourroit Joindre ceux de fchor/ en grandes maffes où de bafake zoir, une pierre compofée de petites lames plus ou moins fines, peu flexibles, luifantes, noires, verdäâtres ou même un peu jaunes, quelquefois unies enfemble affez confufément & en grandes mafles, d'autres fois groupées régulièrement autour de plufieurs centres, ou bien affémblées fous 1a forme d'un prifme ou d'un corps à facettes fymétriques, ou enfin en petits paquets de lames parallèles. Ce gabbro fe trouve dans plufieurs circonftances : d’abord fans mélange, diftribué par filons qui ont une allure fuivie & déterminée : ailleurs il eft mêlé avec les principes du granit, qui font le quartz & le fpath fufible, auxquels il faut ajouter la zéolithe brute : il eft alors en petites lames ifolées & foli- taires comme le mica , ou bien par petits groupes où par paquets de lames’ réunies qui forment autant de taches noires ou verdatres fur le fond du quartz ou du feld-fpath ; sil eft diftribué dans les flons du quartz ou dans ceux du fpath fufible , il prend communément la forme de prifmes ou de corps à facettes fymétriques. Telles font les différentes variétés que préfente le gabbro : forte de fubftance pierreufe qui mérite d’être connue parun nom particulier & par des caraétères précis ; comme elle eft fort répandue dans la Nature , il fera facile aux Naturaliftes de a reconnoitre & de l'obferver. ‘ Je diftinguerai donc par des caractères différens ces variétés qui ne font point arbitraires , comme la plupart des variétés DES SCLIENCES. 619 indiquées par les Nomenciateurs, mais qui font fondées fur l'hiftoire naturelle de cette pierre. 1.” Gabbro en maffes confufes : Schorl en grandes mafes. Bañfalte noir. 2.” Gabbro en groupes ou en faifceaux. Gabbro mélé au granit par lames, comme Île mica. 4° Gabbro mélé au quartz ou au feld-fpath , ou à la zéolithe brute, par taches ou plaques plus où moins grandes, plus ou moins nombreufes ; c’eft le granito bianco e nero, duro, Orientale des Italiens. 5” Gabbro engagé dans le quartz ou dans le feld-fpath en prifmes ou en corps à facettes fymétriques. : c’eft le corneus criffalli{atus , prifmaticus , lateribus inordinatis de Vallerius. 6° Gabbro engagé (accidentellement) dans les produits des volcans, même dans les laves les plus compactes, ARTICLE DEUXIÈME. Du Bafale gris & verdärre, è7 du Bafale-lave. LA feconde efpèce de pierre que les Savans modernes regardent comme le bafalte des Anciens, eft grife & quelquefois même un peu verdätre : elle diffère de la première efpèce de bafalte : 1.” En ce qu'elle n’eft jamais d'un noir foncé & luifant comme le bafalte noir : 2.° En ce que l’on n'y découvre jamais,"{oit dans fes caffures , foit fur fes faces polies, aucunes lames élémentaires, maïs un grain aflez femblable à celui d'une live compacte & d’un tiflu ferré, J'ai un morceau de bafalte gris antique, où font encore des hiéroglyphes, & qui reffemble parfaitement, quant au grain & à la couleur, à un échantillon des prifmes du comté d’Antrim, où l’on voit une portion de la convexité d'une articulation. + . Le bafalte gris,comme le verdâtre, ferencontre aflez fouvent dans les monumens anciens, foit Égyptiens, foit Grecs : j'ai déja parlé d’un baflin qu'on voyoit au collége Clémentin à Rome, & qui étoit de cétte feconde efpèce de bafalte : le liii i 620 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE grain en étoit fort fm, & la couleur d'un gris verdâtre : avoit à-peu-près les mêmes dimenfions que l'autre baffin qui eft de la première efpèce, & que j'ai décrit. Les monumens antiques que j'ai vusau Capitole, & dont la matière eft le bafalte gris, font, dans la falle des antiquités Egyptiennes , un anubis & un canope avec une bafe cannelée ; dans la falle des antiquités Grecques, un jeune Hercule de bafalte gris verdâtre, d'unaffez grand volume, enfuite un bufte de Caligula, d’un bafalte gris & très-dur, M. le Duc de Chaulnes a rapporté d'Égypte quelques têtes & quelques buftes de bafalte gris, parfaitement femblables pour le grain, pour la couleur & pour la dureté à ceux que j'ai vus à Rome. M. le Duc de Chaulnes, en ine montrant ces monumens précieux, m'a afiuré de plus, que l’on regardoit communément cette efpèce en Egypte, comme le vrai bafalte de Pline. En cela il fe trouve de même avis que les plus habiles Anñtiquaires de Rome ; mais d’un fentiment oppolé à celui de Belon, qui ne doutoit pas que ce ne füt la pre- mière efpèce. Je puis citer enfin quelques Ifis de ce bafalte , parmi-les antiques de la Bibliothèque du Roi, & l'échantillon que j'ai dépolé au Cabinet d'Hifloire Naturelle du Jardin du Roi. Quoique le bafalte gris & verdâtre vienne certainement d'Égypte, & qu'il ait quelques caractères qui le rapprochent beaucoup de ceux que Pline a donnés du bafalte Egyptien; je ne puis décider ici léquel des deux bafaltes eft celui des Anciens, & fi, maluré les différences qu’un examen attentif m'fÿ a fait remarquer, ils ne les auroient pas confondus, ainft que le font encore quelques Italiens. I feroit donc bien important de reconnoître la flatue de Memnon, en levant les incertitudes que Pococke & Norden ont laiflées fur le: véritable monument que Pline à décrit. Mais ce que je regarde comme très-important pour fixer nos idées fur la nature de cette pierre, c’eft la découverte de fes carrières : lorfqu'on aura pu foblerver dans {à pofition D'UEISRESNCNE MNICLE:S, Gzt naturelle & en mafles un peu confidérables, on fera fufi- famment éclairé fur les caractères qui peuvent fervir ou à la rapprocher de certaines pierres, ou à la diftinguer des autres; en un mot, l'hiftoire naturelle du bafalte gris & verdûtre, recueillie par un Obfervateur éclairé, nous apprendroit s'il eft un produit du feu des volcans, comme la pierre des prifmes du comté d'Antrim & d'Auvergne à laquelle il reflemble fi fort; car quoique le bafalte gris antique ait le même grain, la même couleur que les laves compactes ou d’Antrim ou d'Auverone ; quoiqu’expofé au feu de porcelaine, il donne un verre femblabie à celui de ces laves: on ne peut, fur ces feules indications, placer ce bafalte dans la clafle des laves : la connoiffance de fon hiftoire naturelle eft indifpenfable pour décider une identité parfaite avec elles. Mais autant il feroit, important d'obferver le bafalte gris dans les lieux d'où les Égyptiens letiroient autrefois, autant les Auteurs anciens & les Voyageurs modernes, nous laiflent dans l'ignorance à ce fujet. Nous ne connoiflons point la pofition des carrières-de cette pierre, quoique nous connoiffions celle des carrières du bafalte noir, indiquée par Ptolomée : celte indication même confervée par un aufli favant Géo- graphe, fembleroit prouver que les Égyptiens faifoient un certain cas de la pierre noire, & qu'elle avoit plus de célébrité que le bafalte gris, dont il a omis la pofition. Cependant, f1 lon réfléchit à la dureté du bafalte gris &c verdätre, au beau poli qu'il prend, au nombre & à limpor- tance des monumens qui nous en reftent, il femble que les Égyptiens ont dû le rechercher avec autant de foin que le’ balalte noir, & que les carrières en devoient être auff connues que celles de la première efpèce de bafalte. Au refle, je fuis porté à croire que le bafalte gris étoit aufli commun en Égypte que le bafalte noir, fr j'en juge d'après l'examen de plufieurs morceaux d’une ‘brèche dure que j'ai vue à Rome, & dont Belon, Pococke & Norden font mention. Cette brèche eft un aflemblage de morceaux 622 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE arrondis & roulés de granit rofacé avec points & lames de gabbro, de granit gris, de granit noir & blanc, de bafalte noir & de bafalte gris & verdatre : ces pierres ont été roulées par le Nil, dépofées près de fes bords & réunies enfuite par linfiltration d’une matière fort dure. Si l'on découvre les carrières de cette brèche, on pourroit, en remontant le Nil, parvenir aux différens lieux d'où fes eaux ont détaché les divers échantillons qui compofent la brèche; & comme les échantillons du bafalte gris & verdätre, s’y trouvent en aufli grand nombre que ceux du granit rofacé & du granit noir & blanc, &c. on peut préfumer que fes carrières font auffi communes & aufli à portée des eaux du Nil que celles des granits, &c. Du Bafale - lave. En attendant que tous ces éclairciflemens nous foient parvenus, je crois devoir diftinguer une troifième efpèce de bafalte ; elle fait le principal objet de ce Mémoire: c'eft une pierre noirâtre ou d'un gris cendré, ou même un peu ver- dûtre, dont le grain eft plus ou moins fm; elle ne paroït com- pofée d’aucunes parties élémentaires qui affectent la forme de lames, comme celles du gabbro ou bafalte noir; elle fe trouve ordinairement en prifmes, c’eft la feule forme fous laquelle on l'a connue jufqu'à préfent, mais elle en prend beaucoup d’autres, comme je l'ai déjà fait obferver dans la première partie de ce Mémoire, Agricola qui lui a donné le nom de bafalte, d'après de fauffes analogies avec le bafalte des Anciens, a été fuivi en cela par les Naturaliftes modernes qui n'ont pas trop examiné fur quels fondemens étoient établies ces analogies. Je crois en avoir aflez montré le peu de folidité our n'y plus revenir; je remarquerai feulement ici, que fi le bafalte des Anciens pouvoit fe rapprocher du balalte d’Agricola, ce ne feroit pas la première efpèce que j'ai diftinguée, c’eft-à-dire, la pierre noire de Strabon, qui a des caractères incompatibles avec la pierre prifmatique de Stolpen, dont ïül eft ici queflion. La pierre prifmatique de Stolpen DES SACHELEUNL GES 623 n'eft compararable tout au plus qu'avec le bafalte gris & verdtre, qu'Agricola na ni connu ni indiqué. Au refte, comme j'ai reconnu par des obfervations fuivies en France & en Italie, que la pierre de Stolpen , ou le bafalte d'Agricola, étoit une produétion du feu des volcans, ce caractère de lave nous donne un moyen, outre la contex- ture des parties intérieures, de diftinguer ce bafalte, de la première efpèce que j'ai nommée gabbro , qui eft une pierre primitive & qui fe trouve au milieu des granits non touchés par le feu. Ce caraétère de lave pourroit fervir auffi aux Obler- vateurs qui auroient occafion de retrouver les carrières de bafalte gris en Égypte, à décider fi la feconde efpèce a la même origine que la troifième: au refte je laiffe au bafalte gris, le nom fimple de bafalte ; & j'appelle la troifième, ou bafalte- lave, où pierre d’Æragne, nom qu'elle a communément en Auvergne. Ce nom eft même fi répandu qu’on le donne à plufieurs montagnes , dans lefquelles cette pierre domine. Je tire de cette difcuflion une nomendlature relative aux deux dernières efpèces de bafalte. Seconde efpèce. Bafalte gris €r verdätre d'Égypte fondant au feu, & appro- chant pour le grain & la couleur de la troifième efpèce. Peut-être bafaltes ferrei coloris à duritiæ. Plin. lib. XXX VI, cap. VII. Bafalda cinerina, dura, antica,, Orientale. Bafalda verde, dura, Orientale. J'obferve ici que les Nomenclateurs Allemands ou Italiens n’ont point claffé cette efpèce, parce qu'ils nel’ont pas connue, . & qu’on ne l'a point obfervée dans aucune contrée de l'Europe. . Troifème efpèce de Bafalte. Bafalre - lave. Pierre d'Éragne d'Auvergne. 624 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Bafalte d'Agricola. Pierre de Stolpen en Saxe. Pierre prifmatique du comté d'Antrim. J'entends donc par bafalte-lave, par pierre d "Éragne, uné lave compaéte d’un grain plus où moins fin, noirâtre, grile, & même un peu verditre, qui fe trouve par couchés plus ou moins fuivies, & failant partie des courans fortis des volcans : fouvent ces couches ou ces mafles font divifées par prifmes, réguliers ou irréguliers , articulés, ou d’une feule pièce, en boules, en corps à facettes & en tables , dont les différentes faces font fort unies : elle prend afez bien le poli, ne fe taille pas, mais tombe par éclats fous le marteau, comme les pierres dures : elle eft fort fonore, fait feu avec l'acier trempé , & n'eft pas attaquable par les acides; elle renferme quelquefois des criftaux vitreux de différentes couleurs ; elle enveloppe affez fouvent des matières non altérées par le feu, comme le quartz, le granit, & parti- culièrement le gabbro, en petites lamés, ou en lames groupées, ou en petits prifmes. Elle renferme aufli des fubflances cal- : caires, intaétes, ou altérées par une foible calcination, & qui ont paflé à l'état d'agate & de calcédoine par le travail de l'eau ; on y trouve aufli des zéolithés qui préfentent à peu-près les mêmes phénomènes : ce mélange de matières étrangères à la lave, m'a paru un point aflez important pour être traité dans un articde féparé, qui terminera ce Mémoire fur le bafalie-lave. » RS ARTICLE "PRO TS TE MNE Des fubflances qui font renfèrmées dans le bafalte - lave, & dans les autres produits du ftu. JE ne puis finir ce Mémoire, fans traiter ici de certaines fubftances qui fe trouvent renfermées dans le bafalte - lave, dans les autres laves moins compactes & même dans les terres cuites ou peperines. Quoique 1 D'ÉMIRSNOTENN CE $. 625 :: Quoique j'aie déjà parlé, dans les deux premières parties de ce Mémoire, des quartz & des criftaux de fchorl ou gabbro que m'avoient offerts certains produits du feu, & que j'aie indiqué leur origined’'une manière fimple & non équivoque; je crois devoir reprendre en entier cette queftion impor- tante pour le fujet que je traite, d'autant plus que l'origine de ces corps étrangers devient plus aifée à décider après les détails de lHiftoire naturelle du gabbro & du granit noir & blanc que je viens de préfenter à l'article 1." de cette troi- fième partie, & que les réfultats de cette difcuffion paroiflent efflentiels pour faire connoître complètement la nature & l'origine du bafalte -lave. Jufqu'à préfent on n'a point obfervé & décrit, d’une manière particulière & fuivie, les fubftances qui font ren- fermées dans les laves; on a négligé même la feule voie qu’on eût de remonter vers leur origine, qui étoit d'étudier les diffé- rens états où fe trouvent ces corps, & de les comparer avec les matières premières des laves: toutes circonftances eflentielles & décifives pour la folution de ce problème. Ce font les réfultats de plufieurs obfervations faites fur ce plan & dans ces vues que je vais publier ici: je defire qu’ils contribuent à fixer les idées des Naturaliftes fur des phénomènes qui mal vus ou vus d'une manière incomplète, ont déjà occafionné plus d’une mébprife, Je diftingue trois fortes de fubftances qui font renfermées dans les laves ; les points quartzeux & même les granits entiers ; le fchorl ou gabbro ; les matières calcaires, celles qui font de la nature de la zéolithe ou de la bafe de Falun : ces deux dernières fortes de fubftances préfentent dans les laves, toutes les nuances du travail de l’eau , depuis la ftalas cite fimple , jufqu’à agate & la calcédoine, Dans l'examen de ces phénomènes, je me fuis attaché à deux vues également propres à m'en faciliter la connoiflance; jai recherché d'abord quels pouvoient être les matériaux primitifs qui avoient été expolés à l'action du feu des volcans, & qui avoient été altérés ou fondus, pour en former les Mém, 1773 KEKKK 626 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE laves qui renfermoient ces corps; en fecond lieu, j'ai obfervé, avec le plus grand foin, les différentes nuances d'élaboration que ces corps ont reçues depuis leur état primitif. Je fuivrai cette même marche dans lexpofition des réfultats de mes obfervations. Des Quartz renfermés dans les Laves. L'infpeétion feule d'une fuite d'échantillons de granits altérés plus ou moins par le feu, & que j'ai tirés également de l'Italie comme de l'Auvergne, fufht, ce me femble, pour décider la première queftion fur les points quartzeux renfer- més dans les laves: cette fuite montrele quartz inta&, & le {path fufible avec toutes les nuances d’altération qui conduifent infenfiblement jufqu'aux laves les plus compactes. 1.” Certains granits qui ont été expolés à une chaleur foible, laiflent voir à côté des points quartzeux, le fpath fufible à peine reconnoiffable; il eft terni, exfolié, friable, & dans un état voifm de la ponce. 2.° Souvent tous veftiges de criftallifation ont difparu dans le fpath fufible, & il a été réduit en une mañffle informe & continue qui a éprouvé une fufion plus ou moins complète; elle eft quelquefois compacte, préfentant une furface glacée & luifante, de manière que les matières friables ne Sy montrent plus que par veines: cette bafe enveloppe les criflaux de quartz qui ont confervé leur tranfparence vitreufe ou leur blanc-terne primitif, 3. Dans d’autres maffifs de granits, on voit que le fpath fufible qui eft fondu a pris une teinte grife ou noirâtre, & le grain ferré du bafalte ; les points quartzeux font difperfés au milieu de cette bafe fondue à peu-près comme dans les granits intaéts : les maflifs de ces granits paroïflent avoir reçu l'impreflion de la flamme ou des fumées du volcan, par des iflues fouterraines. 4. Enfin, quelquefois la fufion de la bafe des granits a été pouffée jufqu’à la vitrification la plus complette , & pour lors les points de quartz vitreux & tranfparens font difperfés | . | DES SCIENCES. 627 en aflez grand nombre au milieu d’un verre noirâtre & compact. + Dans le cas des n.” > & 4,le quartz lui-même, lorfqu'il n'eit pas vitreux, paroît avoir fouffert du feu : il eft terni, éclaté & comminué en petits points blanchâtres comme le fablon : c'eft un effet à peu-près femblable à ce qui arrive à certains quartz d'un blanc terne qui fe réduifent en une poudre impalpable , lorfqu’on les jette dans Feau après les avoir fait rougir au feu. Le fond de fpath fufble, depuis l'état de friabilité jufqu’à celui de maffe folidé, luifante & toujours blanchätre, ne fe rencontre dans les granits altérés par le feu, que dans le cas où Îa chaleur feule a gagné les mafifs de proche en proche depuis le foyer du volcan, & fans que la flamme les ait touchés : c'eft en conféquence de cet état & de ces circonftances que j'ai appelé ces granits, cuits. Je voulois aufliles diftinguer des autres granits à fond noir, qui ont reçu le contact de la flamme & des fumées, lorfqu'elles tranfpirent par des iflues fouterraines jufqu’à ces mafles : ces fortes de granits préfentent toutes les nuances de couleur, depuis le gris foncé jufqu'au noir luifant, & jufqu'au verre compact & folide. II eft aifé de concevoir que ces matériaux fe trouvant enfuite expofés à une flamme plus vive ou plus abondante ont coulé en laves, & qu'au milieu de cette fonte les points quartzeux, infufibles lorfqu’ils font feuls, ont pu fe conferver, &, quoique dans un mélange, réfifter quelque temps à la combinaifon , & reparoître en aflez grand nombre, dans les laves, dans les verres de volcans, & dans les terres cuites. Du Gabbro engagé dans les laves compactes , ou difperfe au milieu des autres produits des volcans. On a vu par le détail des obfervations , rafflemblées dans l'article premier de ce Mémoire, que le gabbro fe trouvoit en plufieurs endroits mêlé au quartz, au feld-fpath, à Ia zéolithe féparément, ou avec tous ces principes réunis KkkKK ij 628 MÉMoIRES DE L'ACADÉMIE RoÿaALE comme ils le font dans certains granits: qu’il sy montroit fous toutes fortes de formes, & dans toutes fortes de proportions; & qu'enfmn il y formoit, feul & fans mélange, des filons d’une longueur & d’une largeur confidérables. En partant de ces faits, il m'a femblé que l'origine des criflaux de gabbro renfermés dans les laves étoit aifée à décider. Des Naturaliftes qui n’avoient vu ces mélanges que dans les cabinets des Curieux, ont pu fuppoler quelque temps que ces criflaux étoient, ainfi que les laves, l'ouvrage du feu ; & être fuivis par tous ceux qui adoptent les idées des autres fans les difcuter. Mais tout Obfervateur'attentif abandonnera de pareilles fuppofitions , dès qu'on lui fera voir le gabbro au milieu de matières, dont l'arrangement & la difpofition ne peuvent être attribuées au feu, telles que les granits; ou qui ne font pas fufceptibles d’être fondues fans mélange par le feu le plus violent , telles que les quartz ; ou enfin dont l'exif- tence & la forme font antérieurs aux laves comme les maflifs de granits contenant du gabbro, à travers lefquels le feu des volcans fe fait jour dans fes éruptions. Des obfervations fuivies fur le gabbro vu ; & dans les fubftances intactes & dans les fubftances volcanifées, m'ont convaincu que ces criftallifations fe {font trouvées originai- rement dans les matières premières de la lave, qu'elles ont été dégagées de leur matrice par l'action du feu, à laquelle elles ont échappé enfuite ; & qu'ayant été entrainées & enveloppées par la lave, elles fe font trouvées unies intimément avec elle, après fon refroidiffement. Ces criftallifations appartiennent donc à l'époque de la formation des granits, & non à celle des produits du feu. J1 fuffit de fuivre les différentes nuances des eflets du feu fur les matières premières des laves, pour ne plus douter que ces criftaux de gabbro difperfés au milieu des laves font dans leur état primitif, ou encore dans un état très-reconnoif- fable s'ils ont fouffert quelque altération. J'ai beaucoup vu de granits, dont la bafe paroifloit altérée par le feu, & qui renfermoient des criftaux de gabbro parfai- D'HSTSICRENCLE 629 tement confervés & intaéts : ces criflaux étoient engagés dans cette bafe friable ou folide, fuivant que le feu avoit chauffé plus ou moins les granits. I[ n’eft pas néceflaire de répéter ici ce que j'ai rapporté ci-deflus au fujet des quartz confervés dans les granits cuits ou fondus : on peut dire la même chofe des criftaux de gabbro; quoique cette dernière fubftance réfifte beaucoup moins au feu que les quartz, & que M. d’Arcet en ait fait du verre tranfparent, cependant depuis les granits les moins altérés, on eft conduit par une ‘femblable flite d'échantillons jufqu’aux laves d’un grain ferré, & le gabbro s’y montre toujours fous les mêmes formes , en même proportion & en criflaux réguliers diftribués à peu-près comme dans les granits noirs & blancs, & dans les autres efpèces de granits primitifs où figure le gabbro. On trouve, il eft vrai, des laves où l'on voit plus de défordre & de confufion, par rapport aux mélanges du gabbro ; mais il paroît n'avoir éprouvé que de légères alté- rations par le feu, & par le contaét des matières fondues qui lont enveloppé : ces laves font vifiblement fe produit de plufieurs éruptions qui ont formé autant de courans, au milieu defquels le gabbro à été entrainé & diftribué par accès, fuivant que les matières premières en fourniffoient au foyer du volcan , ou que le gabbro pouvoitéchapper à l'action du feu. Que les matières premières des laves aient influé fur la quantité de criflaux de gabbro engagés dans les laves, on peut le prouver ; 1.” en comparant la quantité qui s'en trouve dans ces laves avec celle qu'en offrent les matières premières intactes ; j'ai trouvé une correfpondance affez conftante entre ces deux circonftances, lorfque j'ai pu les rapprocher. Je fuppofe toujours qu'une certaine quantité de ce gabbro entre en fufion, & difparoït au milieu des autres matières fondues. 2.” En obfervant que dans certains cantons couverts de laves compactes ou d’autres produits du feu , on n’y trouve pas un feul veftige de ces criftaux de gabbro , fi les fubftances intactes qui compofent l'ancien fol n’en préfentent aucun mélange. Ces obfervations font fi conflantes que la préfence 639 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du gabbro dans les laves , ou fon abfence, m'ont fouvent fervi à circonfcrire le produit de telle ou telle bouche de volcan, & ce caractère ne m'a jamais trompé. J'ai, par exemple, diftingué les laves du Puy de Charade chargées de gabbro, d'avec celles du Puy de Graveneire qui n’en renferment point, quoique les courans de ces deux vol- cans voifins de Clermont en Auvergne foient fort mélés. II eft vrai que le grain de ces deux efpèces de laves m'a fervi en même temps de caractère diftinétif; mais ce que la préfence ou l'abfence du gabbro décidoit , jamais l’autre caractère ne Ja contredit. Voici encore des circonftances qui viennent à l'appui de ces preuves. Quoique les criftaux de gabbro foïent confervés pour la plupart dans les laves, fans aucune altération , & en aflez grand nombre pour y attefter une parfaite reflemblance avec ceux qui réfident encore dans les fubftances intaétes , cependant quelques-uns annoncent un commencement de fufion : les lames élémentaires des criftaux paroïflent alors avoir été comme foudées enfemble : la régularité des faces & la netteté des arêtes ont difparu ; enfin, au lieu d’un brillant vif, ils n'ont plus qu’un œil matte & terne. Les paquets de lames de gabbro ont aufii quelquefois été décompolés par le feu , ayant éprouvé une exfoliation générale : chaque lame tombe par éclats & s’égraine fous les doigts en petits points noirs informes , qui ne font que des débris de plus grands élémens. En conféquence de ces décompofitions opérées par le feu, le gabbro eft réduit à de très-petits points dans certaines laves; & fur-tout lorfque les laves anciennes où les criftaux font plus entiers, ont été expofées à une nouvelle fonte. C’eft par cette raifon que les laves modernes du Véfuve ne préfentent guère que de ces débris, parce que le feu en fondant les anciennes laves auxquelles les matières premières avoient fourni abondamment des criftaux de gabbro entiers, y a caufé des décompofitions multipliées. D'ailleurs il fe peut que les matières intactes , qui font au niveau du foyer actuel du Véfuve PA _ DES LS:C TEAM CHE: S 631 ne fourniflent plus que de cette efpèce de gabbro; & ces deux circonftances concourent également bien à prouver qu'il faut rechercher Forigine du gabbro dans les matières primi- tives de la lave. Je conclus de toute la difcuffion précédente ; 1.° que le feu des volcans a dû rencontrer en plufieurs endroits des granits avec des criflaux de gabbro; & qu'au milieu des autres principes altérés par le feu , le gabbro a pu refter inta&: qu'on doit attribuer à cette co tion l’exiftence de ces mêmes criftaux dans les granits ci mme dans les bafaltes: & dans les fcories légères, com ans les matières pulvé- rulentes. 2.” Que les criflaux de gabbro font les mêmes dans les laves que dans les matières graniteufes intaétes: & que les matières intactes, quant à leur compofition & à leur forme, étant antérieures aux éruptions des volcans font les matrices feules & primitives de ces criflaux, qui ont pañfé de-là dans les laves. 3.” Que ces criflaux ne peuvent étre confidérés comme propres aux laves compactes, ni comme le réfultat d’une certaine dépuration plus parfaite des matières fondues, puif- qu'ils fe trouvent aufli abondamment dans les terres cuites & dans les fcories, que dans les bafaltes & dans les verres; que d’ailleurs certains fyftèmes de courans de laves diftribués autour de plufeurs centres d’éruption, n'en offrent pas un feul veftige, pendant que dans d’autres cantons on en trouve de beaux criftaux bien entiers, ou au moins des débris mélés à tous les produits du feu, foit laves compactes, foit laves légères : qu’enfin l'abfence ou la préfence du gabbro au milieu des laves, dépendent non du grain des laves, mais de Ia circonftance des matières premières, qui dans le premier cas n’en contiennent aucun mélange , & dans le fecond en offrent des criflaux femblables & auffi abondans ; qu'il en eft de même de la proportion & des différentes formes du gabbro dans les laves : ces circonftances fuivant les phénomènes cor- refpondans des matières premières. 632 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 4 Que ces criftaux réguliers, quoique renfermés dans les bafaltes prifmatiques , n’ont rien de commun avec ces bafaltes : qu'en toute hypothèfe ils ne doivent pas étre envifagés comme les élémens de ces grands prifmes, puifqu'ils ne s'y trouvent ni aflez abondamment ni affez généralement pour avoir pu contribuer à ces formes fi). Des (1) Le dénouement que pofé en 1771, pour expliqu du“tion & la confervation d L de gabbro dans les laves , me fembloit également fondé fur les faits & fur Ja raifon: je ne croyois pas que des Naturaliftes Obfervateurs. puflent en adopter d’autre. Cependant je trouve, dans plufieurs Écrits publiés depuis, des objeétions contre cette explication, &quoiqueje les aïe réfutées d'avance, je ne puis lesomettre ici: je les rappel- leraidonc fuccinétement, & j’y joindrai des réponfes auffi fuccinétes. 1.° On prétend qu'il eft impoffble que les criftaux de gabbro, qui fe font wouvés dans les matières premières de la lave , n’aient pas été fondus avec elle. Je ne difconviens pas que les criftaux de gabbro ne puiffent fondre entièrement par l’aétion du feu des volcans ; mais je crois qu’il faut pour cela , qu’ils féjournent un certain temps * dans le foyer, & au milieu des ma- tières fondues , & qu'ils foient expofés à l’impreffion de la flamme. Je foutiens outre cela, qu'il eft poffible que ces criflaux foient dégagés par le feu de Jeur matrice naturelle , fans qu'ils reçoivent par cet agent aucune alté- ration fenfible: voilà ce que j’avois à prouver, & je l’aifait. Les crif- taux de gabbro à moitié fondus, prouvent que quelques-uns peuvent fondre complètement , pendant que d’autres feroient confervés entiers & intacts : il n’eft queflion que des cir- conftances oùils fe trouvent. Aumilieu des accès fréquens qui furviennent pendant une éruption , ces criflaux une fois dégagés de leur matrice, peuvent être élancés en dehors du crater, & échapper ainfi à la fonte générale. 2.° On foutient que ces criftaux n’ont pu fe trouver aflez abondamment dans les matières premières des laves, pour fournir à la quantité qu'elles en renferment. II fault d’avoir obfervé, avec attention, certains pays, pour ne plus douter que les granits ne puiflent fournir non - feulement la quantité de gabbro qui refte dans les laves, mais encore, ce qui fubit une fonte complète dans le foyer des vol- cans. On a vu, à l’article 2 de ce Mémoire, qu’on trouvoit des filons de gabbro très - étendus : le feu y auroit rencontré une provifion im= menfe de ces criftaux. D'ailleurs, il paroît qu’on n’a pas fait attention à une circonftance bien importante dans cette queftion : c’eft que les criftaux de gabbro ne fe montrent pas géné- ralement dans toutes les laves & dans tous les pays volcañifés; que même les laves chargées à un certain point de ces criftaux font beaucoup plus rares que les laves qui n’en renferment, pas le plus léger débris. 3." Ona été plus loin encore; on - avoulu expliquer comment ces criftaux avoient pu fe former dans les laves. Les uns ont imaginé que les criftallifa- tions s’étoient rétablies dans la lave lors de fon refroidifflement, par la réunion 24 SCMEUN er s 633 DE S Des Matières calcaires) des Zéolithes, des Argiles où bafès d'Alun, des Agates où Calcédoines renfèrmées dons des laves, er dépofées fur les laves. JE divife les fubftances renfermées dans les laves, ou adhérentes aux laves, en deux clafies, dont je détermine le caractère diflinctif, & par les épreuves chimiques, & par les circonftances où fe trouvent les laves qui m'ont oflert ces fubftances. Dans la première clafle, je place fes matières qui fe diflol- vent fans eflervefcence avec les acides, & fe réduifent en une efpèce de gelée, comme fait la bafe du lapis ou la terre de l'alun : les laves qui renferment de ces fubftances fe trouvent dans le voifinage des aroiles, des mines d’alun , des amas de terres alumineufes, ou au milieu des granits noirs & b'ancs, rem ee a PT ROM on réunion des Principes élémentaires qui conflituoient les anciens criflaux des matières premières; ils ont vu ces Principes anciens , quoique difperfés dans une pâte très-peu fluide , fe dé- ager , fe retrouver , s’aflembler régu- eo de nouveau, & reparoitre en crillaux prifmatiques, avec Jeurs faces & leurs pointes pyramidales , femblables à celles des Premiers criftawx graniteux. J’avouc que je n’ai rien à répondre à ces fuppofitions ; je voudrois que ces Criftallifareurs me fGffent-auffi repa- roître les criltaux du fpath fufible, les mica, &c. D'autres ont prétendu au contraire, ue toute matière fondue indépen- een de telles ou tellés criftalli- fations primitives, devoit produire ; en fe refroïdiffant, des criflaux fem- blables à ceux du gabbro ; que ces criftaux étoient proprement le. réful- tat d’un certain degré de dépuration qu'éprouvoient les matières fondues dans les foyers des volcans. II eff aïfe: Mén. 1 PPS de voir que cette folution pour n’être pas aufli hardie que la première , n’en eff pas plus heureufe. La matière fondue la plus épurée, ft fans contredit le verre de volcan, après quoi vient la lave compaéte à grain ferré où le bafalte - lave : or, fi les ariflaux de gabbro font la fuite d’une dépuration des matières fondues , pourquoi les verres de volcans & les bafalies d’um grain ferré , ne renferment-ils pas tou- jours de ces criftaux Pourquoi n’en renferment-ils pas plus abondamment que d’autres laves moins homogènes £ Pourquoi certaines laves compactes où {Pongieufes, renferment - clles de ces criftaux dans la proportion de la moitié, du tiers, du quart de Ja mañle totale, pendant que d’autres laves femblables , n’en préfentent aucun vellige ! enfin, Pourquoi ces criflaux fe rencontrent-ils auffi fouvent dans les fcories, dans les terres cuites , qui font des mélanges informes de matières ou altérées où à moitié fondues, que dans les layes compactes ! Lil 634 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE dont la bafe eft quelquefois, comme nous Yavons vu, une zéolithe brute. | Celles que je range dans la feconde claffe font les fubflances calcaires qui font eflervefcence avec les acides, & qu’on trouve engagées au milieu des laves dont les centres d’éruption font voifins des pierres & des couches calcaires. Comme fe unes & les autres fubftances préfentent, outre cela, toutes les nuances du travail de l’eau, depuis l'ébauche de linfiltration la plus fimple jufqu’à la teinte & la dureté de lagate & de la calcédoine; j'ai cru qu'il étoit très-important de fuivre & de rapprocher ces différens états, en indiquant les gradations des eflets les plus marquées & les plus inflructives. Dans cette expofition, je ne décrirai pas toujours féparé- ment ces deux efpèces de fubflances, mais j'aurai foin de les diftinguer nommément, toutes les fois que Fobfervation me les a montrées avec des caraétères précis, & qu'un certain degré d'infiltration ne les a pas fouftraites aux épreuves chimiques. 1. Les fubftances calcaires renfermées dans les laves ne font quelquefois que des morceaux de pierres, qui n'ayant éprouvé aucune altération, ni par le feu des volcans, ni par le contact des laves elles-mêmes, fe préfentent encore avec leur grain & la texture primitive qu'elles ont dans les couches intactes. . 2.° Dans les mêmes courans ou maffifs de laves à côté de ces pierres primitives, on voit les mêmes fubfiances calcaires, mais friables & s’égrainant fous les doigts, ou bien réduites en une pouflière farineufe femblable à la chaux éteinte. Dans le premier cas, le feu ayant détruit le lien qui unifloit les parties les plus groflières ; & dans le fecond, la calcination ayant été portée au dernier degré, avant que les lives euffent enveloppé ces fubftances. 3.” Les mêmes principes encore calcaires, paroiflent ici avoir acquis dans les laves une certaine liaifon, par un com- mencement d'infiltration; fouvént ils ne forment qu’une petite pelotte brute d’un blanc terne; d’autres fois les premiers | ! D'E8 SC EN CE & 635 linéamens d'une criflallifation ébauchée s’aperçoivent au milieu de ces petites mafles, brutes; enfin, ailleurs la furface paroît criftallifée & demi-tranfparente pendant que le noyau eft refté blanc, brute, folide ou farineux. Les fubftances zéolithes préfentent auffi à peu-près les mêmes phénomènes que je viens de décrire dans ce numéro, 4 Les matières calcaires ou zéolithes font quelquefois difléminées au milieu des laves par taches blanches fenfibles qui n’ont aucune forme déterminée & par traînées vagues ; mais d’autres fois ces points blancs, foit calcaires, foit zéolithes, quoique fans aucune apparence de criftallifation , font par- faitement ronds ou fphéroïdes alongés , ou préfentent des faces dont le nombre. & la figure varient à l'infini. J'ai vu uelques-uns de ces corps à facettes qui fembloient affecter la criftallifation des grenats, mais j'ai été obligé de renoncer à toute idée de forme conflante, en voyant leurs faces dont les unes font triangulaires, d’autres trapézoïdales ou pen- tagonales , & même à toute idée de criftallifation, en obfervant que l'intérieur de ces corps à facettes étoit brut, fans aucuns élémens réguliers dont laffemblage auroit pu contribuer à la forme extérieure. s- Ces mêmes fubflances font aufit criftallifées fous les mêmes formes de boules ou de corps à facettes; alors les points ronds ftriés du centre à la circonférence, ou compo- fés de couches & calottes concentriques, offrent plufieurs {y tèmes de filets particuliers. Dans les corps à facettes, les couches concentriques font pliées & äplaties fur toute étendue qu'occupent les faces; en forte que flaplatiffement paroît s'être opéré par l'action d'une caufe extérieure, & poftérieu- rement à la diftinction des couches concentriques : certains corps à facettes ne font criftallifés qu'à leur furface, & font reftés brutes, folides ou farineux intérieurement ; quelques- uns même font creux comme des géodes, quoique bruts à l'extérieur. 6° Lorfque la criftallifation a fait un certain progrès dans les boules calcaires, on diflingue plufieurs groupes de criftaux Lil! à 636 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fpathiques diftribués du centre à la circonférence en faifceaux folides : quelques-unes de ces boules font aufi creufes comme des géodes : dans ce cas les criftaux qui compofent a croûte extérieure tapiflent par leurs pointes les parois intérieures de ces géodes : on en trouve beaucoup d'entières , & pour lors elles renferment ordinairement des gouttes d’eau, dont le mouvement de fluétuation fe rend fenfible à travers la demi- tranfparence de l'enveloppe; d’autres font percées d’un trou, & entièrement vides. Dans tous ces états, les fubftances primitivement calcaires peuvent encore faire effervefcence avec les acides; maïs dès que ces aflemblages de criftaux ont acquis une certaine dureté, qu'ils prennent une teinte louche & terne ; enfin qu'ils font parvenus à un état approchant de Fagate, ils ne font plus attaquables par les acides. 7 Les variétés que je viens de décrire, depuis le :° 7 jufqu'au n° $, ont aufli diflérens degrés de dureté qui s'annoncent d’une manière non équivoque, par un œï terne griftre lorfque ces fubftances font brutes, ou par une appa- rence laiteufe lorfqu'elles font criftallifées ; & enfin elles parviennent toutes jufqu'à l’état d’agate & de calcédoine; Dès les premiéres nuances du changement que je viens d'indiquer, on ne peut plus diftinguer les fubftances calcaires des zéolithes; mais, outre que fouvent le premier état de ces fubflances, c’eft-ä-dire, celui où ellesont confervé leur caraétère propre, fe trouve réuni dans les mêmes mañles de laves avec les derniers produits du travail de l'eau, & qu'il femble qu’on foit autorifé à juger des uns par les autres, elles s'annoncent & fe diftinguent, fur-tout la zéolithe, par des formes de criftalli- fations particulières: ce font pour la zéolithe des efpèces de faifceaux de filets épanouis & diftribués autour de plufieurs centres ; d'ailleurs, outre ces criftallifations, l'apparence laiteufe de la calcédoine m'a paru indiquer Fancienne origine zéolithe des mafles infiltrées jufqu'au dernier degré de dureté, Tels font les états les plus remarquables où fe trouvent les fubflances , foit calcaires , foit zéolithes, lorfqu'elles: fent enveloppées dans les laves compactes ou légères, dans D''EMSINTS" CRI EAN. CHE. 637 fes fcories rouges ou grifes, dans les terres cuites folides ou pulvérulentes. Il me refte à parcourir les phénomènes correfpondans , que les mêmes fubftances m'ont préfentés lorfqu'elles ont été introduites dans les vides des laves, ou qu'elles ont été dépofées à leurs furfaces & dans leurs fentes multipliées, depuis que ces laves ont pris une confiftance folide par le refroidiflement. 8.” Il eft aifé de diftinguer les matières enveloppées par les laves lors de leur fufion, des matières introduites depuis par le travail fuccefhif de l'eau, celles-ci étant le réfultat de linfiltration lente d’un fluide chargé de ces matières épurées,, & qui a même pénétré fouvent des mafles d’un tiflu affez ferré, elles ne s'y trouvent alors que dans un état eriftallin &c fpathique: on n'en voit point qui comme les pelottes décrites ei-devant, foient d'un blanc terne, folides ou pulvérulentes: elles ont pris la forme des flalaéites en gouttes rondes ou alon- gées , en filets déliés , en tuyaux creux; & toutes ces formes fe retrouvent au milieu des laves compactes, comme dans les, vides des terres cuites. En fecond lieu , ces fubftances introduites ainfi, ont rempli les vides tels qu'ils étoient formés : auf les cloifons qui les féparent ne paroiffent avoir té ni contournées ni fléchies par un noyau folide. Enfin la plupart tapiffent les parois intérieures des grandes cavités de la lave, fans les avoir remplies entièrement. 9. Mais il n’en eft pas de même de ces matières, foit calcaires, foit zéolithes, lorfqu'’elles ont pu, àf’aide cependant du véhicule de l'eau, fe dépofer fans aueun obftacle à la fuperficie & dans les fentes multipliées des laves, Les croûtes. de ces fubftances, foit qu'elles recouvrent les bafaltes & les terres cuites ; foit qu’elles en remplifient les fentes, foit qu’elles tapiflent les grandes cavités des fcories fpongieufes , font le plus fouvent brutes, d’un blanc terne, folides ou farineufes : fe quelques-unes font criftallifées, très-peu font auffi tranfparentes. que celles du numéro précédent. Les plaques calcaires qu’on: üre des fentes du bafalte, quoique compofées de filets parallèles: 638 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE qui s'étendent d'une face à l'autre, font d’un blanc terne : en eft de même des zéolithes dont les filets épanouis font affemblés autour de plufieurs centres. Ces matières dépofées librement fur les laves fe reconnoiflent encore par l'épaifleur, Fétendue & la multiplicité des couches additives qui annoncent ce travail; ces couches ont autant de difpofitions variées que l'eau a pu prendre de routes pour exécuter en différens temps toutes ces opérations. 10° Dans toutes ces circonftances, quelques-uns de ces dépôts m'ont préfenté différens degrés d'infiltration, jufqu’à la dureté ou la teinte de lagate. Ceux qui ont été d’abord criftallifés & tranfparens , ont confervé malgré ces élaborations leurs formes & leurs tranfparences ; ony voit, quoique dans l'état d’agate ou de calcédoine, les fpires, les couches mame- lonnées , les tuyaux creux des premières flalactites : les dépôts qui n'avoient originairement aucune apparence de criftallifation, ont acquis la dureté de l’agate fans en avoir pris la demi-tranfparence, ils font reftés ternes & blanchâtres comme auparavant; on remarque feulement fur quelques-unes de leurs parties une teinte un peu grife & tirant fur le laiteux de la calcédoine. 11.° L'eau chargée des principes calcaires ou zéolithes les a non-feulement tranfportés & dépofés, comme nous l'avons vu, dans les vides des laves, mais fouvent elle a opéré une infiltration générale dans les bafes des granits cuits, dans les mafles de péperine & de terres cuites; de telle forte que par la fuite de ce travail, ces maffes ont acquis une dureté confidérable : les taches où points blancs , ternes ou criftallins qu'elles renfermoient, ayant participé au même traväil de l'eau , ont pris une dureté encore plus grande que la bafe. C'eft ainfr que les maflfs, d’où l’on tiroit anciennement à Bolfene les meules, dont parle Pline, 46, XXXVWZ, cap. xv 1177, & plufieurs autres qu'on trouve proche Aquapendente & dans les environs de Rome, à Frefcati & à Marino, ont été infiltrés dans une très-grande partie de leur étendue, pendant que d'autres parties étant reftées friables & pulvérulentes, DES SCIENCE Ss. 639 les points blancs qu'elles contiennent ont confervé leur premier état farineux. Voilà tous les phénomènes que m'ont offerts les fubftances calcaires & les zéolithes au milieu des cantons volcanifés de l'Auvergne & de l'Italie, Après une fimple expolition de cette fuite d’eflèts, dont l'enfemble tend à prouver que ces principes font étrangers aux produits du feu, & qu'ils doivent leur origine aux matières premières des laves, altérées le moins qu'il eft poflible ; il femble qu'il ne doit plus refler de doute à ce fujet. On voit d'un coup-d'œil comment ces fubflances {e font trouvées engagées dans les laves, à mefure que les matières des laves fe fondoient autour d'elles : comment elles ont été difperfées fur les courans de faves PAU. à enveloppées par ces laves en mouvement; enfin, comment elles ont été dépolées fur les laves, depuis qu'elles ont pris une confiftance folide. On peut enfüuite parcourir du même coup-d’œil toutes les nuances des infiltrations qu'elles ont éprouvées depuis ces époques, fi lon compare les morceaux de pierres brutes & primitives, avec Îes pelottes farineufes ou folides calcaires, & enfuite avec les mêmes points, d’un blanc terne, qui ont acquis la dureté de l'agate; enfin, les géodes criflallifées calcaires avec lés géodes agatifées & demi -tranfparentes : cette comparaifon femble autorifée paï la réunion de ces corps dans la même lave. Toutes ces nuances inftrudives nous apprennent à fuivre l'ordre des opérations de {a Nature, à diflinguer ce que le travail de l'eau a pu ajouter aux légères altérations du feu ; enfin , à remonter Jufqu’à l'ancien état des fubftances pierreufes avant eur introduction dans les laves. Cette marche de le Nature bien conçue, nous fournit le dénouement fimple de tous les phénomènes que nousavons décrits, & qui, fans cette analyfe, auroient préfenté autant de difficultés qu'il y a d'effets : marqués. Ainfi, dès que lon reconnoît fes pierres calcaires ou les zéolithes renfermées dans les laves avec leur grain primitif, que l'on voit à côté de ces échantillons , les mêmes fibftances: 640 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE plus ou moins altérées, on ne doute plus que malgré quelques différences afez frappames , tous ces corps n'aient eu la même origine, & qu'ils ne foient les uns & les autres également étrangers aux matières fondues. Les petits points ronds bruts ou criflallifés & même aga- tifés (n°3, 4 © 5) paroiflent avoir été pris dans la mème mafle,avoirété enveloppés dans les laves,en même temps & dela même manière que les pierres & les marbres qui ont confervé leur grain primitif /.” 1 & 2); on voit de même les petits points irréguliers, les petites boules, les corps à facettes, qui n'ayant pas contracté plus d'union avec la lave que les ierres brutes intaéles , s’en détachent par des faces auffi nettes & aufli diftinctes. H eft donc naturel de penfer que les fübflances un peu altérées ont toujours, ainfr que les fubflances intactes, fait corps à part de la lave qui les ren ferme, & qu'elles ne peuvent être confidérées comme ayant participé à la fonte générale des matériaux de la lave. Je ne prétends donc pas que le feu n'ait pas un peu altéré quelques parties de ces corps, je ne contefte feulenrent que le degré d'altération. Je vois bien que l'état farineux & pul- yérulent des fubftances calcaires /7.° 2), peut être la fuite d’une calcination plus ou moins avancée. Je conçois même que par cette calcination, ces principes ont été portés à un état de divifion & de folubilité qui auront extrèmement favorifé le travail de l’eau, poftérieur à l'époque de leur intro- duétion dans les laves. Mais je ne puis croire que ces matières aient été chaufées jufqu'à la vitrification; car comment étant mêlées aux torrens de la lave, n’auroient-elles pas difparu entièrement au milieu de ces matières fondues, & fe feroient- elles confervées en mafles ifolées? Si pour parer à cette difficulté, on ne craint pas de fuppoler que ces fubftances fe font trouvées dans le valte foyer du volcan, avec les autres matériaux de la lave, qu'elles ont formé avec elle une feule & même mafle à demi-vitrifiée, qu'elles fe font féparées en points bruts folides ou en criftaux réguliers pendant que la live f refroidifloit, je ne puis difcuter férieufement de pareilles = mie pievsi SrcyR EH NCCLE S Gat: pareilles fuppofitions; je demande feulement quelle eft la matière première qui, quoique mélée intimement dans le creufet du volcan, & fondue en même-temps que les autres principes, ou ne fe fera pas combinée avec eux, ou bien aura eu la force de s’en dégager & de reparoître en petites - mafles ilolées, avec toutes les propriétés de la pierre calcaire, & fous toutes formes différentes de la lave? Il eft donc néceffaire d'abandonner une fuppoñition hafardée pour s'en tenir aux faits. Ils atteftent d’une manière inconteftable que les fubftances calcaires, principes des corps ifolés renfermés dans les laves, de quelque manière qu’elles aient été altérées par le feu, ne l'ont jamais été jufqu’au degré de la vitrification , & qu'elles ont toujours confervé une confif- tance aflez grande pour avoir formé des noyaux {olides , autour defquels les cloifons de la lave paroiïflent fléchies & contournées. C'eft ce qu’on remarque fur-tout dans les bafaltes - laves qui font par-tout ailleurs fans aucuns vides & d’une denfité uniforme , & où les points blancs, ronds & à facettes font contenus comme des hors-d’œuvres dans les loges qu'ils fe font faites. Concluons donc de toutes ces obfervations, que les taches ou points blancs , bruts ou crif- tallifés renfermés dans les laves font des fubftances calcaires ou confervées dans leur état primitif, ou réduites en chaux par l'action du feu des volcans, écartées enfuite du foyer & entrainées dans cet état par les courans de laves qui les ont enveloppées ; que depuis cette introduétion l'eau ayant pénétré ces laves a infiltré une partie de ces corps étrangers , fufcep- tibles de ces élaborations , & les a conduits par les progrès d'un travail lent & fucceffif jufqu'à l'état d'agate , pendant que les autres font reftés bruts, folides, ou pulvérulens. Je le répéte, ces phénomènes deviennent ailés à faifir & à expliquer, lorfqu’on fépare ainfi les effets du feu de ceux de l’eau, qu'on les fixe dans leurs limites, & qu'on les place à leur véritable époque. Je raïifonnerai de même fur la zéolithe ou la terre de l’alun. Nous avons vu dans l'article premier, que cette fubftance {e Mém. 1773, M mmm 642 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE trouvoit brute dans certains mélanges graniteux : n’efl-il pas vraifemblable que le feu des volcans la féparée des autres principes ordinairement plus fufbles qu’elle , & que dans “éet état de divifion elle a été enveloppée par la lave en petites mafles ifolées? On conçoit aufli que le même agent a pu dégager des terres alumineufes & des argiles, &c. ce principe, qui ayant réfiflé long-temps au feu fans fe fondre, aura été difiribué en petits points au milieu des peperines, &c. Dans la fuite des temps'ces corps auront recu toutes les nuances d'élaborations que nous avons décrites ; & fur-tout les formes de criftallifations que prend la zéolithe lorfqu’elle a été infiltrée par l'eau. Au refte, je ne borne pas à la feule forme de points ifolés Pexiflence des deux fubflances dont je viens de parler, dans les laves. Plufieurs obférvations me portent à croire qu'en conféquence des mêmes accidens du feu, elles ont été diffé- minées en atomes imperceptibles au milieu de certaïnes laves, & particulièrement dans les peperines & danslesterres cuites, Ainfi la fubftance calcaire réduite par la calcination en poudre très-fine a été femée, pour ainfi dire, dans les laves au milieu des accès tumultueux du feu : il en eft de même des principes de la zéolithe & de la bafe de l'alun, qu'un grillage un peu foutenu à mis dans un état pulvérulent, C'eft dans cét état d'une extrême divifion que ces principes ont fourni abon- damment aux tranfports , aux dépôts, aux infiltrations que l'eau a faits au milieu des laves : nous avons vu que ces dépôts étoient très-confidérables , & par le précis dés obfer- vations que je donne à la fuite de ce Mémoire, on pourra juger que ce travail a pu produire ces belles criftallifations des zéolithes d'Tflande, des calcédoines, &c. /4) (4) M. Ferber nous apprend , | lamême manière que les cailloux de « Lenre TIL page 25 de latraduétion | Vicence, » dont j’ai parlé dans le de M. Dietrich, « que les boules de | précis de mes Obfervations: il fémble » calcédoïnes & de zéolithes de Feroë | en conclure que les zéolithes de Feroë » & d’flande, fe trouvoient nichées | font auff une produétion du feu , puif- > dans une terre d’unbrun noirâtre, de | qu’elles ont une même matrice que les 4 D ES SCIENCE s. Les circonflances où fe trouvent les daves 643 qui renferment ces petits corps étrangers, viennent à l'appui de la théorie que je viens de développer für leur véritable origine. Qu'on parcoure [es pays volcanifés, dès qu'on rencontrera des laves avec ces taches blanches ou griles , le (ol intact offiira en même temps des granits noirs & blancs, des terres alumi- neufes, des marnes argileufes, débris de ces couches. Par-tout des couches calcaires & des ailleurs les laves compactes font homogènes, & cailloux ou géodes de Vicence , qu'il regarde commeune de ces productions. Aülleurs , il remarque qu’on trouve à Schio, dans le Vicentin , des zéolithes femblables à celles d’Ede/firsen Suède. J'aï cru devoir faire mention ici de ces faits, parce qu'ils fe rangent nature|- Tement dans la Théorie que j’ai expofée en 1771. L’obfervation fur-tout de la fituation des zéolithes de Feroë & d’Mande , au milieu des laves , me paroît précieufe , en ce qu’elle fe die très -bien avec celle dont M. Pingré m'a fourni les matériaux , & qu'on trouvera dans le précis de mes Obfer- vations à Ja fuite.de ce Mémoire. Je me puis me refufercependant à quelques remarques ; tant fur la manière dont M. Ferber expofe ces faits &d’autres analogues, que fur la manière dont il les interprète. 1.° Les zéolithes qu’on trouve à Schio, dans le Vicentin, & à Ja mine d’or d'Édelforsen Suède, font brutes comme la bafe du lapis & celle de quelques granitsnoirs & blancs intacs : On peuten conclure, ce me femble, que Jes zéolithes ;exiftent dans Ja Nature, fans avoir pañlé par le feu. 2.° Les calcédoines & Jes zéolithes d’Iflande , quoiqu’elles fe trouvent au milieu des aerres volcanifées, ne doivent donc pas être confidérées comme les réfultats d’une fufon complète, mais comme des dépôts formés par les eaux au milieu des Javes, & criflallifées en même temps , ou en conféquence d’une infiltration poftérieure. 3° On ne peut guère établir une reflemblance parfaite entre les cailloux ou géodes du Vicentin & les zéolithes dIflande ; car les géodes, à en juger par Les parties du fol qui font intadtes, & même par quelques-unes de ces géodes conférvées dans l’état primitif, font originairement calcaires, & les z60- lithes & les calcédoines d’Iflande ont toujours été zéolithes. 4.° M. Ferber & les Naturalites italiens qu'il a pris ‘Pour guides , ont confondu tous ces Corps blancs où gris calcédonieux , bruts ou criftallilés, folides oufarineux, ronds ou à facettes , fous les nome très - impropres de fehor/ blanc où de grenat Blanc. La première fource de cette méprife vient de ce qu'ayant large vallée. C’eft-là que ces points fe montrent dans toutes fortes d'états, & fur-tout à côté de l’état primitif; c’eft-là que j'ai recueilli les détails intéreflans que j’ai développés dans mon Mémoire, fous le titre de féconde &r troifième Obférvations , page 647 : parcourons prélentement les principaux endroits où ces circonftances fe pré- fentent avec le plus d’avantage. Le long du bord occidental de Ja Limagne , on voit plufieurs collines qui ont environ cent & cent cinquante toifes de hauteur perpendiculaire au-deflus du fond de la plaine. Le noyau d’un très-grand nombre de ces collines, n’eft qu’une mafle immenfe de laves, enveloppée par un affemblage de couches horizontales de pierres calcaires , d'argiles & de brafier, qui atteignent prefque le fommet de ce noyau ; telles font les collines de Mirabel, de Chäteaugay , de Chanturgue, de Gergovie, de Corent , &c. J'ai de plus obfervé que les laves des noyaux, la plupart très- compaétes comme les bafaltes , étoient homogènes & ne préfentoient aucun des mélanges dont il eft queftion : mais que s’il étoit furvenu , depuis la formation des couches horizontales | quelques éruptions des feux fouterrains , les laves & les terres cuites qui font au milieu des couches horizontales de telle forte qu’elles paroiffent en avoir fait la continuation , renferment des points blancs ou gris. À la colline de Châteaugay, entre Châteaugay & Maïfon-blanche ? ? on obferve de pareils effets des feux fouterrains fur une très - grande fuperficie de ces couches; on peut en juger par les déplacemens & les altérations qui ont eu lieu dans les divers matériaux qui compofoient . .. DE . P A primitivement ces couches. Au milieu de ces terres cuites où même fondues , on reconnoît quelques reftes des matériaux inta@s qui ont ; q échappé à l’action du feu & qui font encore enveloppés dans ces PP Lo L PRES fubftances volcanifées. C’eft fur-tout dans les caves de Châteausa k : _ à : 827 » qu'on voit, au milieu des laves, des points blancs, friables, des veines de fubftances blanchätres & même de gros quartiers de pierres calcaires, Les mêmes phénomènes fe retrouvent dans les caves de Clermont. La butte fur laquelle cette ville eft conftruite, eft compofée de couches femblables de laves compaétes & de péperine , remplies de ces fub- flances blanchätres , friables ou folides, en petits points ronds ou en traînées vagues : enfin on y obferve aufli de gros morceaux de pierres calcaires avec leur grain primitif. Sur la face orientale de Gergovie, certaines parties des couches horizontales qui enveloppent le noyau de lave, dont le centre de la colline eft compofé , font déplacées & en défordre comme à Château- gay : quelques-unes font cuites feulement , d’autres font fondues en 654 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE laves compactes comme le bafalte. Les dérangemens paroïffent propor- tionnels au degré de cuiflon & de fufion. Au milieu de ces mafles cuites, ou même fondues , on remarque un grand nombre de points blancs & de matières friables ou folides : quelques-uns de ces points font criftallifés & creux comme certaines géodes, percés d’un trou & vides : on en voit qui font reftés tranfparens & calcaires, d’autres font plus ternes & ont acquis la dureté de l’agate. En confidérant maintenant que les laves & les péperines remplis de corps étrangers , qui ne font pas l'ouvrage du feu, font placés au milieu des couches régulières & horizontales dont ils faifoient partie autrefois , & avec lefquelles ils fe raccordent plus ou moins, on ne peut méconnoître les matériaux primitifs ni des laves ni de ces petits corps blancs qu’elles renferment. Si l’on fuppofe, après cela, que les feux fouterrains , dont on reconnoïît ici les effers, aient continué à chauffer ces mafles plus long-temps & fur une plus grande fuperficie, on aura une idée de la fuite & des progrès de toutes les opérations du feu , qui ont couvert indéfiniment certains cantons, de laves de toutes efpèces & qui les ont remplies de points blancs & gris. Quoique pour lors la comparaifon de ces laves avec l’état primitif manque, il femble qu'on foit autorifé à penfer que tout s’eftexécuté de la mème manière , puifque les réfultats pareils annoncent les mêmes caufes : car on peut conclure d’un état fimple à un état compliqué, pourvu qu'il foit bien avéré, que l’un & l’autre appartiennent à des évènemens du même ordre. J’infifte fur ces principes, parce qu'il eft important de perfectionner la méthode de l'Obfervation, & parce que jaurai lieu d’en faire Papplication à plufieurs cantons d'Italie où il nerefte que très-peu de traces de l’état primitif. Je ne dois pas omettre ici une remarque importante, c’eft que les grands noyaux de laves, recouverts anciennement par les couches horizontales, à Gergovie & à Châteaugay , n’offrent aucune des: matières hétérogènes que renferment les laves poftérieures à la formation des couches horizontales. A quelque diflance de Gergovie, proche le village de Juffat, eft une colline compofée de couches alternativement pierres calcaires & pierres de fable, débris de granits. Sur la face de l’efcarpement qui domine le village , ces couches font bien fuivies & régulières ; mais après le village , la continuation de ce même fyftème de. couches montre un défordre & un bouleverfement proportionnels au degré d’altération qu'ont éprouvée les matériaux des couches primitives ; certaines parties font cuites & durcies, d’autres font fondues en laves légères ou compactes. II eft vifible qu’une éruption Seb SCHENCES 6ss très-violente, s’eft fait jour à travers les anciens Iits, & que la flamme en a chauffé la plus grande partie : c’eft-là que l’on voit les effets du feu, depuis la cuiffon ou la calcination la plus légère, jufqu’à la fufion la plus complète. En examinant attentivement les différens réfultats de l’aîtion du feu, on trouve que les quartz des pierres de fable font reftés intacts au milieu des matières cuites & fondues de toutes efpèces : que certains points blancs produits de la calcination des pierres calcaires, ont été confervés de même dans les terres cuites, comme dans les laves trouées & compactes; que quelques-unes de ces taches ne font plus ni farineufes ni calcaires, mais folides & plus ou moins dures : que d’autres enfin ont acquis la teinte & Îa dureté de ’agate. Tous ces réfultats fe réuniffent à ceux des obfervations de Château- gay, de Clermont & de Gergovie , pour montrer les matériaux primitifs de certaines laves & des corps blancs & gris, renfermés dans ces laves. Je vais expofer encore d’autres circonftances, pour achever d'établir la même vérité par des faits aufli décififs. En fuivant toujours le bord du vallon de la Limagne vers le fud, on trouve plufieurs amas de péperine remplis de points blancs, calcaires ou zéolithes , & toujours dans le voifinage des couches d’argiles , de pierres calcaires & de pierres de fables graniteux. Aux environs des Martres-de-Vaires font deux collines, dont le centre eft une maffe de péperine femblable à celui des.environs de Rome : cette mafle eft encore enveloppée par une fuite de couches argileufes, calcaires & fablonneuies : le péperine d’Au- vergne a pour bafe une terre cuite, qui fert à lier des ponces, des débris de bafalte, quelques quartz, des lames de gabbro inta&t, & une infinité de points blancs , friables ou folides. H en eft de même du Puy de Mouton, fitué à quelque diftance de ces collines : fon noyau eft compofé de femblables matériaux volcanifés , & fon enceinte eft en couches intactes. On retrouve encore des amas aufli confidérables de péperines à Pardines , à Periers & au-deflus d'Ifloire proche le château de Malbattu; ce dernier amas fur- tout eft dans le voifinage des couches d’argiles & de marnes Calcaires. \ H ne me refte plus qu’à indiquer les endroits de l'Auvergne, où fe trouvent les phénomènes décrits dans la troifième Obfervation. Aux environs du Pont-du-château on voit des carrières, dont la pierre préfente un mélange bizarre d'une pâte calcaire & de matières volcanifées, d’un gris foncé, qui forment des taches fur le fond calcaire : parmi ces pierres, font des tampons de poix 656 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE logés dans des vides proportionnés à ces tampons : au milieu des taches de matières volcanifées , on diflingue des points blancs qui ont reçu différens degrés d'infiltration, & dont plufeurs ont pris la dureté de l’agate. Outre le mélange de fubftances auffi difparates, qui de même que l'introduction des tampons de poix, a eu lieu lors de Ia formation des couches dans le baflin de [a mer, il paroïît que depuis cette difpofition par bancs & par lits horizontaux , les couches ont éprouvé un dérangement aflez marqué par l’action des feux fouterrains, qui a été cependant modérée. Je pourrois citer encore beaucoup d’autres faits femblables que pourroient n'offrir les environs du Pont-du-château , de Billom, de Cornon, &c. mais je crois devoir me rapprocher de Clermont. Par l'examen que j’ai fait du Puy de Crouelle, je me fuis afluré que les couches horizontales de ce Puy font un compolé de matières cuites & fondues, & de fubftances intaétes mêlées ainfi dans le baflin de la mer: que ces couches ont été culbutées & déplacées par l'effet d’une éruption poftérieure & plus vive que celle qu’a éprouvé le maflif de la carrière du Pont-du-château, & que c’eft en conféquence de cette fuite d’effets que l’on y trouve des taches grifes & blanches pulvérulentes , des agates qui fe font formées par infiltration au milieu de ces mafles. On conçoit que dans ce Puy, ainfr qu’à la carrière du Pont-du-château , les principes calcaires ou zéolithes bien divifés par l’action du feu , ont eu plus de facilité d’être tran{- portés & dépofés par l’eau: c’eft par une fuite de ces circonftances favorables que l’eau a donné tant de formes bizarres aux flalaétites primitives qui ont fervide bafes aux agates; & que celles-ci ont encore confervé , malgré l'élaboration fucceflive qu’elles ont reçue depuis, tant de traces de leur ancien état, Obfervations correfpondantes faites dans le Cantal, en 1769, d relatives à la première Obfervation, page 646. IV. Ce fut dans le trajet de Murat à Aurillac , que je fis ces obfer- vations : lorfque j’eus gagné le Lioran, je trouvai d’abord les granits intads : enfuite d’autres mafles me parurent avoir été un peu chauffées & cuites: quelques-unes étoient tellement friables , que les eaux les dégradoïent avec la plus grande facilité : d’autres ne m’offrirent plus qu'une mafle blanchâtre, au milieu de laquelle brilloient les points quartzeux ; j'y trouvai aufli beaucoup de criftaux de fchorl ou gabbro, En dont de D dé Mem, de le. R. des Je. An.1778.Lage 686. À. XI CONDUCTEUR F, Le Couaz Jeup. Hem, de lc R. des Je An.1773. Pyge 686. Pl. XI F de Cours Jeu. Frnrier de. D HISNS :c L'EUNEE Es. 657 En redefcendant du Lioran , pour me rendre aux Chazes , je ren- contrai quelques mafles de granits fondus ave une bafe noircie, & “enfin un long filon de verre verdâtre ; dans toutes les matières fon- dues, ainfi que dans le verre, j’aperçus une quantité confidérable de criftlaux quartzeux & même de fchorl. Les puys des environs du Lioran , me parurent être des maflifs immenfes de granits cuits, fur-tout celui que par cette railon, on appelle A/be-pierre. Après avoir vu les matériaux primitifs des laves & leurs premiers degrés d’altération, je fuivis les courans immenfes qui s'étendent fur une pente infenfible de plus de trois lieues le long des deux bords du vallon de la Cere; je reconnus au milieu de ces courans les fchorls ou gabbros difiribués abondamment dans les terres cuites , dans les laves légères & trouées, & même dans les bafaltes prifma- tiques; ces fchorls continuèrent à fe montrer feuls dans les courans jufqu'à Thiezac; mais entre Thiezac & Vic, les points blancs com- mencèrent à paroitre, & ce qu'il y a de remarquable , les couches calcaires commencèrent aufli dans cet intervalle à fervir de lit à ces courans qui, avant Thiezac, étoient appuyés fur les granits & les - {chiites micacés. A mefure qu’on defcend jufqu’à Pomignac, les terres cuites, les fcories, les laves de toute efpèce fe garniflent de plus en plus de points blancs qui paroiffent ètre quelquefois des morceaux de pierres calcaires, avec leut grain primitif; d’autres fois, ils font farineux & pulvérulens ; ailleurs, c’eft une pâte calcaire qui a açquis de la liaifon & de la folidité. Deflous tous ces courans , on fuit aifément les lits de pierres calcaires. Je côtoyai le bord du vallon jufqu'a Pomignac, mais enfuite ayant gagné les hauteurs pour reconnoitre de plus près l’intérieur des courans, je revis toujours le fchorl contenu dans les laves. Dans le trajet de Pomignac à Mamout, je traverfai plufieurs courans fort larges, je rencontrai même l’extrémité de quelques- uns, & je remarquai que dans certaines parties de ces courans fort épaifles, il n’y avoit à la fuperficie que des criftaux de fchorl, des morceaux de granits cuits engagés dans-les laves, & qu'il n’y paroifloit aucun veftige de points blancs. Au contraire , dans les parties inférieures qui touchoient à la bafe calcaire , on voyoit une quantité confidérable de petites pelottes blanches que les laves enveloppoient : ces peloites formoient dans certaines faves, au moins la moitié de la mafle totale ; enfin dans d’autres parties de courans qui ayoient très-peu d’épaifleur , & particulièrement vers Mém. 177 3. O000 658 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE les extrémités, ces mélanges fe remarquoient à la fuperficie comme dans l’intérieur. | Toutes ces obfervations me parurent très-précieufes & très-propres à décider quelques-unes des queflions dont je me fuis occupé dans le dernier article de ce Mémoire. En embraflant ici, d’une feule vue, le fyftème général de diftribution des matières intactes & des matières altérées ou fondues par le feu, jy trouve une correfpondance très-inftructive. D'abord je vois les matières premières, au centre du Cantal, ou entièrement intactes ou altérées, & dans un état de frite, pour ainfr dire; j'y vois, dans leur matrice, les points quartzeux & les criftaux de fchorl que je retrouve enfuite très-abondamment au milieu des courans de laves qui font fortis de ce centre : mais les points blancs calcaires ne commencent à fe montrer qu'à l'endroit même où des couches calcaires fervent de lit aux laves, & ont pu fournir ces fubftances étrangères. Je le répète, tout cet enfemble préfente une forme fimple de diftribution dans les matières premières des laves, dans les laves elles-mêmes , & dans les mélanges des corps étrangers aux laves. La marche de la Nature, dans les opérations les plus tumultueufes du feu , fera donc aïfée à fuivre, tant que les traces de ces opérations ne feront pas détruites par un autre agent, & tant que les différentes circonflances qui y ont concouru fubfifteront dans leur entier, PRÉCIS DES OBSERVATIONS faites en Tale, dans les années 176$ à 1766. J'ai fait, en Italie, des Obfervations correfpondantes" à celles de l'Auvergne. Je commence par indiquer les Obfervations que m'ont préfentées le Vicentin & le Padouan: je fuivrai de même toute la ligne que j'ai parcourue en Jalie, au milieu des matières volcanifées. Productions volcaniques du Vicentin. I. La lave de Lovegno m'a paru remplie de points quartzeux très - aifés à reconnoître après qu’on a vu les granits cuits & fondus de l'Auvergne. J’infifte peu ici fur ce phénomène , j'aurai plus d’une occafion d’en développer les particularités. Il en eft de même des criftaux de fchorl ou gabbro que j'ai trouvés dans les péperines de Montechio & dans les laves de Battaglia. Je m'’attacherai particulièrement à ce qui concerne les points blancs DES NS CHAT INR CE, S. 659 & gris que renferment les laves, parce que je les aï rencontrés dans des circonftances très-inftrudtives. Au milieu des matières volcanifées & Ia plupart pulvérulentes, qui font flrarifées par couches horizontales dans les environs du Mont-Bolca, on voit plufieurs veines & plufieurs taches de fubftances blanchâtres de la nature de la terre de l’alun. Lorfque les matières volcanifées font corps, ces taches font diftribuées par points ronds ou à facettes, on les retrouve de même dans les maflifs de laves trouées & compactes, ainfi que dans les bafaltes. Quelques-uns de ces corps à facettes font bruts & folides, d’autres ftriés & criftallifés par filets épanouis autour d’un centre ; les uns & les autres ont quelquefois une dureté femblable à celle de l’agate. - Les pavés de Venife font de femblables laves remplies de ces points blancs & gris, fous toutes fortes de formes & dans toutes fortes d'états: on les tirè d’un courant voifin de Battaglia, entre Moncelèfe & Padoue, Au refte, je n’ai vu nulle part l’origine de ces points blancs d’une manière plus décifive qu’au mont de fa Rotonda proche Vicence, à Montecchio, à Altavilla & à Brendola; & comme ces détails font intéreffans, je copierai ici mes journaux d’obfervation fans en rien retrancher. Je commençai mes courfes par le mont de Ia Rotonda, voifin de Vicence: j'y vis une grande partie des couches horizontales dont eft compofée cette butte,interrompues par des efpèces de boules & des lames ondées de matières cuites & même fondues, qui paroifloient avoir eu pour bafe la fubftance primitive de ces couches, & être le réfultat de leur altération & déformation par les feux fouterrains. On diflinguoit aufli au milieu de ces boules de terres cuites ou fondues, de petites géodes compofées d’une croûte de criflaux plus ou moins difin&s , au milieu defquels fe trouvoit une cavité ordinairement pleme d’eau. Les effets du travail de l’eau qui a fuccédé à celui du feu, font très-variés dans ces géodes. La charpente criftalline eft calcaire & tendre dans quelques-unes,& dans les autres,elle a acquis la dureté de l'agate; les premières font percées & vides pour la plupart; les fecondes font entières, & lorfqu’elles ont une belle tranfparence, elles laiffent entrevoir une goutte d’eau qui y joue. De même à Montecchio, au milieu des terres cuites & des laves compactes , on trouve des criftaux de la plus belle tranfparence, en forme de géodes arrondies & creufes, & dont les parois intérieures font garnies fymétriquement de pointes pyramidales. Ces laves ren- ferinent aufli de gros morceaux de pierres calcaires qui ont confervé O000 i] 660 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE leur grain & leur texture primitive, ou qui ne font que très - peu altérés. Ce font les mêmes phénomènes à Altavilla Dans l'examen particulier, que je fis du vallon qui eft en face du château de Brendola, je trouvai des productions du feu recou- vertes par des lits de pierres marneufes affez dures : cette pierre intacte, dans certaines parties, eft cuite & noircie dans d’autres : on remarque dans celles-ci des taches blanches difperfées, & qui fe diftinguent aïfément fur un fond gris ; on reconnoît aifément que les points ronds font formés par une pâte pierreufe d’un grain plus ferré que le refte, & qu'ils s’en détachent même fans effort : iE y en a même qui font criflallifés & arrondis comme les géodes du mont de la Rotonda. Je comparai ces parties aliérées avec celles des mêmes couches entièrement intactes, où l’on ne remarque ni taches , ni points blancs, ni géodes criftallines, & je trouvai dans ces dernières des corps marins en débris fort menus , & fur-tout des débris de madrépores branchus. En réuniflant ces faits aux détails des obfervations de la Rotonda, de Montecchio, &c. les circonflances femblent indiquer une expli- cation fimple de la formation des taches, des points blancs, & des petites géodes au milieu d’une pierre un peu altérée par le feu, ou même entièrement fondue comme à Montecchio. Si l'on fuit les différentes nuances de ce travail du feu, on trouvera que les taches ont pour principes les corps marins non détruits, nom mêlés avec la pâte argillo-calcaire qui les enveloppoit. Pendant que ces corps marins fe réduifoient en chaux , la partie argileufe fe dur- cifloit, & il eft réfuhé de ce double effet, qu'après les accès du feu fouterrain, des pelottes de chaux fe font trouvées difperfées au milieu d’une terre cuite. La pâte argillo-calcaire en durciffant au feu a dû auffi réagir continuellement par fa retraite contre les pelottes de chaux, & les arrondir par cet effort qui agifloit en tous fens. On conçoit qu’enfuite le refroidiflement & la retraite qu'a éprouvée toute la mafle cuite, l'ont criblée de trous & l’ont divifée par des fentes multipliées , qui ont fourni autant d’iflues à l’eau pluviale, pour pénétrer dans chacune de ces petites pelottes, & que fon travail les a fait pafler par tous les difiérens états où elles fe trouvent actuellement. Lorfque l’eau a pu difloudre entièrement ces pelottes en entier, elle les a organifées en criftaux, & le fuperflu de l'eau eft refté renfermé dans fon propre ouvrage : ou bien fi elle n’a pu les infiltrer que foiblement, ces pelottes ont feulement acquis plus de com- pacité & de folidité que le refle de la pierre, & font reftées dans l'état de taches & de points ronds folides. D ENSE S CEE ONCE 66xt On voit par-là que le feu n’a fait que préparer la matière de ces taches & de ces géodes, & que les différens états actuels font dûs à l'infiltration de l’eau, plus ou moins complète fuivant qu’elle étoit chargée plus ou moins de principes favorables à ces effets. Les pelottes brutes, les points blancs, les criftaux calcaires ou calcédonieux renfermés dans les laves très-compactes, doivent donc leur formation aux mêmes circonftances, & par conféquent , au même travail fucceflif du feu & de l’eau. Je dois faire obferver ici que toutes les laves du Vicentin ne ren- ferment pas de ces mélanges étrangers, quoiqu’elles foient recouvertes par des couches calcaires, à moins qu’il ne {oit furvenu, depuis la formation de ces couches, quelques éruptions locales des feux fou- terrains. J'ai fait la ième remarque en Auvergne; & je trouve que ces deux pays conviennent infiniment fur cet article, comme fur une infinité d’autres. Trajet d'Aquapendente à Rome. IT. Si nous continuons à parcourir les pays volcanifés de l'Italie, nous aurons la fatisfation d’y obferver dans certains cantons, toutes les efpèces de laves qui renferment ces différentes fubftances : & quoique nous ne puillions pas toujours indiquer, à côté de ces mélanges , les matières premières intaétes, comme en Auvergne & dans le Vicentin, cependant quelques-unes des circonftances qui les accompagnent, nous raffureront au milieu du défordre qui les a fait difparoïtre fouvent entièrement. Je fupprime ce que je pourrois dire de Santa-Fiora & de Radicofani, pour commencer par les détails intéreflans que m'ont offert les environs d'Aquapendente. A mefure qu’on s’élève le long de la rampe très-roide qui conduit à cette petite ville, on reconnoît plufieurs produits du feu remplis de points blancs & gris , & appuyés fur des lits de matières premières intaétes. Les coupures du chemin ont mis à découvert , d’abord tout le cordon inférieur des argiles & des pierres calcaires / Albarefe ) qui occupent le bas de la croupe: enfuite les couches de péperines & des autres laves plus ou moins compaéles , qui enveloppent les points blancs & gris. Ces points ronds ou à facettes, friables ou farineux, bruts ou ftriés, fe font réduits en gelée avec les acides ; d’autres folides & un peu ternes ont échappé à leur aétion, comme ceux qui ont pris la teinte & la demi-tranfparence de la calcédoine. Dépuis Aquapendente jufqu’à Rome, tous les cantons voifins 662 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE de Ia route font couverts de matières volcanifées; mais celles qui renferment les corps étrangers, dont nous nous occupons, malgré la confufion qui a fuccédé au premier état, ne paroifflent que dans certains arrondiflemens aflez bien circonfcrits. Entre San-Laurenzo & Bolfene on rencontre des collines , dont quelques lits font tachetés de femblables points ; on y voit aufli des criftaux de fchorl; & même des morceaux de pierres calcaires dans l’état primitif; ce qu’il y a de remarquable} c’eft que des faves compactes, & même des bafaltes prifmatiques ou de formes indécifes renferment ces mêmes fubftances. Je ne puis omettre ici certains maffifs de matières cuites tous remplis de points blancs ou gris, & qui ont reçu une infiltration générale, en forte que le travail de l’eau a durci non-feulement les points & les taches qui font agatifés, mais encore la bafe qui les enveloppe & qui approche de cet état. C’efl dans de pareils maflifs que les Anciens tailloient les meules que décrit Pline, & dont j'ai vu des échantillons à Rome, à Tivoli & à Paleftrine. En allant de Bolfene à Monte-Fiafcone, le long de Ia rampe par laquelle on quitte le baflin du lac de Bolfene , je rencontrai une fuite de couches horizontales, compofées des débris de toutes fortes de matières volcanifées , cuites on fondues : jy vis auf des matières blanches friables & farineufes diftribuées par veines ; & les ayant eflayées par la fuite , je m'’aflurai qu’elles étoient de la nature de Ja terre de l’alun. Un peu plus loin des maflifs de laves compactes me parurent renfermer de ces mêmes fubftances, par points ronds ou à facettes : je démêlai dans les caflures de quelques-uns de ces points des filets divergens , comme des rayons qui partent d’un centre, aflez femblables aux criftallifations des zéolithes; des criftaux de fchorl fort nombreux, étoient aufii enve- loppés dans les mêmes laves. Après qu'on eft parvenu à la hauteur de Monte-Fiafeone , on ne voit plus aucun de ces mélanges jufqu’aux Bullicames de Viterbe, où l'on trouve d’un côté des amas de terres alumineufes , des dépôts calcaires , & de l’autre des points blancs & gris dans es péperines : après quoi les laves font homogènes, & les mélanges de matières calcaires & zéolithes ne reparoiflent qu'entre Viterbe & Ronciglione, & aux environs de Caprarole. Dans cet arrondiffement les points blancs ou gris , ronds ou à facettes, friables ou folides , bruts ou ftriés, ternes ou vitreux , m'ont paru très-nombreux au milieu des matières cuites ou fondues ; & c’eft-là fur-tout que j'en ei fait une étude. plus fuivie. On les retrouve encore dans les D SUIS CAIITNNCHE re 66; courans qui s'étendent jufque fur la route de Rome à Narni, depuis Civita-Caftellana jufqu’à Borghetto. Malgré la confufion qui règne dans les laves de ce canton, où Jon ne déméle ni les centres d’éruption ni les courans , cependant j'ai eu la fatisfattion de rencontrer proche Caprarole, les reftes des matières premières qui ont fourni ces taches & ces points, en couches aflez fuivies : ce font des argiles, des fables graniteux, des amas de terres alumineufes. Entre Ronciglione & Rome, la plus grande partie des Iaves, comme avant Viterbe, ne renferme ni fchorl ni points blancs ou gris : feulement à quelqué diflance de Rome on aperçoit que le nombre des points augmente dans les laves, & qu’elles renferment même des morceaux de pierres calcaires , à mefure qu’on approche des couches de ces fubftances intactes qui fe réuniffent aux amas des produits du feu, à une demi-lieue des bords du Tibre. .« Environs de Rome, III. J'ai fait, dans les environs de Rome, plufieurs obfervations qui n'ont préfenté la même correfpondance des corps blancs & gris, & des fchorls avec les amas ou les veftiges des matières premières analogues. J’embraffai dans une courfe toutes les hauteurs de Frafcati, de Grotta - Ferrata, de Monte-Cavo , de Marino, d'Albano; & ce trajet m'offrit, par intervalles cependant, un grand nombre de points blancs ou gris au milieu des amas de pépe- rines, & des mallifs de laves légères & compactes, Ces mêmes matières volcanifées renfermoient aufli des morceaux de pierres calcaires , plus ou moins gros , qui avoient confervé leur grain primiuf : quelques autres étoient friables ou réduits en poufliere, comme la chaux éteinte, C’eft fur-tout dans les carrières de Marino & d’Albano qu’on peut fuivre les mélanges de ces fubftances & leurs différens états ; on y voit aufli de petits points de quartz vitreux , des criftaux de fchorl, & des lames de mica. Sur la route de Marino à Rome, ces principes étrangers à la lave font ifolés & difperfés au milieu des matières volcanifées pulvérulentes ; j'ai recueilli dans ce trajet des criftaux de fchorl , de petits quartz, des points ronds ou à facettes, folides, bruts ou ftriés, & plufieurs qui avoient la dureté & la demi-tranfparence de l’agate : ce font les feuls qui aïent réfifté au progrès de la comminution des terres cuites & des fcories. La quantité de morçeaux de pierres çalcaires affez gros, renfermés 664 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans les laves de Monte-Cavo & de Marino , l’effervefcence fort vive que fait le tuf ou péperine de Marino avec les acides , effer- vefcence qui paroît principalement attachée à un certain, nombre des points blancs, prouvent, ce femble, que des couches calcaires ont recouvert autrefois le fommet de Monte-cavo , & que c’eit à l’exiftence de ces anciennes couches & à la calcination des pierres qui les formoient, qu’on doit rapporter là préfence des points blancs & gris dans les laves, & fa diftribution du principe calcaire au milieu de la mafle totale des péperines. a té D'un autre côté les points quartzeux, les criflaux de fchorl , les James de mica, nous indiquent aufli inconteftablement des mafles de granits qui ont fourni ces divers principes par leur décompofition au feu. Les tufs ou terres cuites qui forment des collines confidérables fur les deux bords du Tibre au-deflous de Rome, font la plupart tachetés de points blancs ou gris, & quoiqu'il foit difficile de raccorder ces mafles avec les centres d’éruption, il eft aïfé d’y reconnoitre, ou les fubftances calcaires primitives, ou les terres d’alun. Celui qu’on tire des carrières voifines du Temple de la Bocca della Verita, eft rempli de points blancs qui ne font point effervefcence, & qui font femblables à la terre de l’alun. Dans la carrière de Monte-Rofato au contraire, les péperines ou tufs renferment des taches blanches, rondes ou d’une forme indécife & qui font effervefcence ; la plupart de ces points font vifiblement de petits morceaux de pierres calcaires folubles en entier dans les acides : d’autres un peu infiltrés & ternis échappent à leur action. Le principe calcaire paroït avoir été difléminé dans le fond du tuf, puifqu’il fait effervefcence : c’eft le principe calcaire qui fert à lier les matières qui entrent dans la compofition de ce tuf : les fentes de defficcation qui divifent ce tuf font garnies aufli de croûtes criftallines calcaires que l’eau y a dépofées, après s'être chargée de ce principe en traverfant les différentes mafles. Dans les galeries fouterreines des Catacombes, & fur-tout dans celles de Saint-Sébailien, j’ai trouvé beaucoup de quartz, des points blancs qui s’égrainoient fous les doigts, des points blancs bruts, folides, de petites boules de calcédoine jaunâtres, des lames de fchorl & de mica. Les matières volcanifées, la plupart fous-forme pulvérulente, y font diftribuées par couches. Sur le chemin de Rome à Civita-Vecchia proche Caftelguido, les matières fondues ou cuites m’ont offert des pelottes blanches, friables, DES SciENcEs. 665 friables, calcaires, à côté des pierres à chaux qui font communes dans ce canton. Plus loin, d’autres fubftances blanchâtres diftribuées par points & par veines au milieu des laves compactes ou trouées , ne failoient point effervefcence: il y a parmi ces maflifs de laves quelques P : q refles de marnes argileufes. En allant de la Tolfa au lac Bracciano, dans le voifinage de grands amas de pierres & de terres alumineufes,on trouve des laves de plufieurs efpèces qui enveloppent de très-gros morceaux de fubftances blan- châtres , de [a nature de la terre de l’alun. Ces morceaux font ronds ou à facettes: ils ont jufqu’à un pouce de diamètre, & ils forment quelquefois la moitié & même les trois-quarts de la male totale des laves. La route de Rome à Naples, par le Mont Caffin, m’a offert plufieurs amas de fubftances volcanifées, qui font circonfcrits dans de très-petits efpaces , & par conféquent entourés des matières premières des laves & remplis des débris de ces matières plus ou moins reconnoiflables. Je n’indiquerai ici qu’un feul de ces amas, voifin de Frufinone. Ce font des mafles irrégulières de péperines, toutes remplies de morceaux de pierres calcaires, de points blancs, friables, farineux ou folides, de points quartzeux, de fchorl & de mica. Ces mafles font environnées de couches de pierres de fable graniteux, d’argiles & de pierres calcaires. Il eft aifé de voir que le feu agiflant fur ces matériaux a pu former les péperines dont il eft queltion, avec les mélanges qu'ils renferment. Environs de Naples. IV. Un des principaux objets de recherche que je me propofai en allant au Véfuve, fut de reconnoître les anciens matériaux qui entroient dans la compofition de cette montagne avant qu’elle fût expofée aux ravages des feux fouterreins ; mais je n’y trouvai plus ni les couches, ni les amas fur lefquels le feu dans fes premiers accès, a agi, qu'il a culbutés, enfuite dénaturés ou fondus. Je rencontrai {eulement des débris de ces anciens matériaux difperfés parmi lés courans de laves, mais affez nombreux & aflez caractérifés pour ne me laïffer plus aucun doute fur l’ancien état du Véfuve & fur les matériaux primitifs des laves. Inftruit par les effets du feu que Javois obfervés en Auvergne, je crus pouvoir conclure de Ia collection de ces débris, que le Véfuve, ainfi que je l’ai dit du Monte Cavo , étoit compofé de couches calcaires qui recouvroicnt fon fommet ; que la pierre de ces couches avoit un grain fin, ferré & infiltré dens certaines parties comme le marbre, & qu’elle reflembloit Mén. 1773. Pppp 666 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE à celle qu’on trouvoit dans fes montagnes de ’Apennin, voifines du Véfuve : que la bafe de cette montagne étoit un granit ou un {chifte micacé , chargé de gabbro ou fchorl, de points quartzeux & de mica. Ces conféquences paroîtront d’autant moins hafardées qu’on aura fuivi avec plus d'attention les différens états où font actuel- lement ces débris. C'’eft fur-tout entre Saint-Sébaftien & l’hermitage du Sauveur, autour du Monte-Somma, & à l'extrémité des courans de laves difperfés dans les autres parties de la bafe du Véfuve, qu’on peut ramafler ces refles précieux. 1. Des morceaux de pierres calcaires, foit avec leur grain naturel, foit à moitié calcinés & _friables, foit enfin dans l’état farineux & pulvérulens comme la chaux éteinte. 2° Des granits intaëts & des talcites , remplis la plupart de criftaux de {chorl ou gabbro , de mica & de points quartzeux. Plu- fieurs font cuïs de telle forte que le fond ou la bafe, toujours blanchâtre & friable dans certaines parties, eft fondue & f{olide dans d’autres : les points de quartz vitreux y font difperfés fans être altérés par le feu. Dans d’autres échantillons, dont la bafe eft noircie & fondue comme les laves, le quartz eft blanchi & éclaté. De même le gabbro eft bien confervé dans quelques-uns de ces granks cuits, mais il a fouffert dans d'autres. 3.° Enfin on trouve au milieu des laves d’autres mélanges groffiers, compofés de l'affemblage de tous ces matériaux primitifs. Les granits. cuits ou fondus, les mica, les fchorls, les débris de pierres calcaires & . de marbres, font liés pour lors par une bafe de terres cuites ou fondues : on y démêle aufli quelquefois des dépôts criftallins, que les eaux y ont formés dans des vides accidentels. , Si nous paflons maintenant à l’examen des laves du Véfuve, nous ne trouverons que les laves anciennes où les débris des matériaux primitifs foient plus reconnoiffables. C’eft fur-tout le long de l’efcar- pement femi-circulaire du Monte-Somma & d'Ottajano que l’on peut obferver les terres cuites, les Javes trouées , les laves compactes conune le bafalte, remplies de ces mélanges. Les points quartzeux & les fchorls y figurent comme dans les matériaux primitifs: les fchorls y paroïfent en filets déliés, en aiguilles , en paquets de lames, en prifmes terminés par des pointes pyramidales, ou tronqués , & enfin fous toutes fortes de formes plus ou moins régulières Mais lorfqu'’ils ont été chauffés vivement DES SCIENCES. 667 par Ta flamme du volcan, ils préfentent les mêmes marques d’alté- ration que j'ai indiquées en décrivant les fchorls du Puy de Charade €n Auvergne , page C1. Outre cela , les criftaux de fchorl font plus entiers & plus complets dans les laves anciennes que dans les laves modernes du Véfuve: dans celles-ci les points noirs de gabbro font plus petits & plus rares. II eft vrai que quelques-uns de ces points, quoique réduits à un petit volume, ont une forme régulière & complette; mais le plus grand nombre s'annonce comme des débris de plus gros. Les points blancs ou gris font aufli en différens états dans Îes laves anciennes : on y voit des morceaux de pierres calcaires avec leur grain naturel, d’autres altérés par la calcination: &, toujours dans les mêmes maflifs de laves, des pelottes de matières blanchi- tres, farineufes , dont quelques-unes font brutes > Opaques & folides, d’autres ftriées ; l’on diflingue dans celles-ci plufieurs filets diftribués du centre à la circonférence, comme dans les zéolithes : enfin > il y en a d’un blanc terne ou de vitreux , qui ont pris la dureté de ja calcédoine. Ces points font irréguliers , en petites boules rondes ou à facettes. En effayant certains points blancs & friables | ils m'ont donné de la gelée avec les acides, mais d’autres ont fait éffervefcence; ce qui m'indique deux principes différens dans les matériaux primitifs qui ont fourni ces points. Ce ne font pas feulement les Javes compactes qui renferment de ces points blancs ou gris, & qu’on appelle {aves aux yeux de perdrix, On en trouve auffi abondamment dans les laves trouées & fcorifiées , ainfi que dans les terres cuites. La lave blanche, dont on fait à Naples des tabatières, n’eft pri- ï mitivement que le réfultat d’un dépôt de ces fubftances calcaires ou zéolithes , formé par l’eau dans les vides des Péperinés : l’eau les a infiltrées enfuite de telle forte qu’elles prennent le poli. Elles ne font plus dans cet état ni effervefcence, ni gelée avec les acides. Autant on voit de ces dépôts & de ces points abondamment diftribués dans les faves anciennes > autant ils font rares ou réduits à des atomes impercepübles dans les Javes modernes : Jon en conçoit maintenant la raifon. Les péperines dont on a bäti Herculanum, & ceux qu'on tire des fouterreins de Pompeia, font d’une date aflez ancienne pour avoir réuni un grand nombre de ces Points blancs, comme les laves Pppp i h 668 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE du Monte-Somma. La plupart font effervefcence avec les acides. J'ai vifité, dans ces mêmes vues, les collines de tuf des environs de Pouzzoles, de Baye & de Calvi, & j'y aï retrouvé le principe calcaire fous toutes fortes de formes : d’abord en morceaux de pierres. à chaux , difperfés au milieu de certaines couches; enfuite en points blancs bruts : enfin en points criftallins fpathiques. Ces derniers paroiffent dépofés par les eaux , qui, en filtrant à travers les bancs de tuf, fe font chargées du principe calcaire très-divifé ; c’eft la fuite de ce travail de l’eau qui a vifiblement contribué à donner une certaine liaifon & une certaine confiftance aux matières difparates dont le tufeft compofé; car, outre les terres cuites qui en forment la bafe &les points blancs ou gris dont j'ai parlé, on y voit raflemblés du fchorl, du mica & des points quartzeux. Cette compoftion du tuf, jointe à fa difpo- fition par couches horizontales aflez luivies , m’a faitpenfer qu’ilavoit été formé fous la mer, & que le mélange du principe calcaire étoit principalement dû aux débris des corps marins. : D'après cette confidération, j'ai été bien éloigné de confondre le tufrempli de points blancs calcaires avec le péperine des environs de la Solfatare , des bains de San-Germano, du lac Agani, &c, dont les points blancs font tous formés par la bafe de l’alun ; ceux qui font friables & farineux fe réduifent en gelée avec les acides, & donnent de l’alun avec lacide vitriolique. Ceci ne me furprit nullement lorfque je confidérai les grands amas de terres alumineufes qu’on rencontre dans tous ces cantons. C’eft par une fuite de ces mêmes circonftances , que les maffifs de laves compactes qu’on rencontre fur le chemin de Naples à Pouzzoles, & qui forment une partie de l’enceinte du baflin debla Solfatare , renferment des points blancs prefque auffi nombreux, dont quelques- uns font ftriés & compofés de petits filets épanouis autour d’un centre , les autres font bruts ou calcédonieux : on diftingue encore dans ces mêmes maflifs des quartz & des criftaux de fchorl. I ne me refte plus à parler que de l’île d’Ifchia, où j'ai trouvé des preuves aufi frappantes de lorigine des corps étrangers ren- fermés dans les laves. J'ai d’abord recueilli dans cette Ifle une fuite de granits cuits & fondus, où les nuances des effets du feu m’ont paru aflez remar- quables pour en faire ici la defcription. 1. Plufieurs efpèces de granits cuits dont la bafe, toujours blan: e” #. nt déte— dcoée DES USE MEN CcHEUS, 663 châtre, eft ou friable ou folide & fondue: elle fert à lier une infinité de criftaux de quartz vitreux , intaés : il y a aufi quelques mica. 2.° Les mêmes efpèces du n° précédent, excepté que la bafe eft fondue & noircie comme les bafaltes : les quartz vitreux font reftés intaéts au milieu de ce fond: les quartz blancs font ternis & éclatés. Ces échantillons ont été ramaflés dans un courant. 3° D’autres échantillons , dont la bafe paroît encore plus fondue que celle des échantillons du n° précédent : on y remarque des points de quartz difpérfés dans une mafle de verre noirâtre; il s’y trouve aufli des morceaux de quartz blanchâtre , ternis & éclatés par petits points. Proche Caftiglione dans la même Ifle, font des collines où l’on voit parmi les lits de matières volcanifées, pulvérulentes, des veines de fubftances blanchâtres, de la nature de la bafe de l’alun; lorfque les matières volcanifées font corps, ces fubftances font diftribuées par taches & par poïhts arrondis : j’en ai trouvé de femblables dans des courans de laves modernes, dont le centre d’éruption eft voifin de grands amas d’argiles & d’autres matières intactes qui en ont vifiblement fourni les matériaux primitifs. L'SAEVA NN ED LE, À tant de faits rafflemblés fur l’origine des taches blanches & grifes renfermées dans les Javes, & qui font connoître également leur nature ou calcaire ou zéolithe, j’ajoute ici une obfervation dont M. Pingré, mon confrère, m'a fourni les matériaux. Il m’a montré { en Décembre 1772 ) plufieurs morceaux de laves qu'il a ramaflés au mois de Juillet précédent, à Patrixfiord, fur la côte occidentale de l’Iflande. Dans certains échantillons on voyoit plu- fieurs points blancs, d’une forme indécife, bruts, friables ou folides :: d'autres étoient étoilés par des ftries divergentes d’un centre commun. Des plaques de matières criftallines qui remplifloient les fentes d’un autre morceau de lave trouée , offroient auffi plufieurs paquets de filets épanouis comme les criftallifations de la zéolithe, & enfin “une partie de ces plaques avoit la teinte & la dureté de la calcédoine. En foumettant enfuite aux acides quelques débris des points friables & folides , bruts ou ftriés, je me fuis afluré que les principes, dont ils font formés , doivent être rapportés à la bafe de l’alun ou à la zéolithe. Ces réfultats me confirment dans la théorie que développe 67o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le Mémoire précédent. [ls m’autorifent à conclure , 1.” que l’Iflande peut offrir aux recherches des Naturaliftes, a zéolithe & la calcédoine fous des formes femblables aux échantillons qu’on üre de Feroë ; 2.° que, quand des favans, Danois ou Suédois, ont publié que la zéolithe étoit louvrage du feu, ils ont avancé cette aflertion fans preuves convaincantes, & d’après la feule confidération du mélange de la zéolithe avec les matières volcanifées ; 3.° enfin, que, fuivant les principes établis dans le Mémoire précédent, & qui font appli- cables à l’'Iflande & à Feroë, de même qu'aux autres pays de volcans, Jazéolithe ne peut être confidérée commeun produit du feu ; & qu’au contraire , il paroît certain que le feu ayant divifé & difperfé les prin- cipes de la zéolithe au milieu dés laves , ils ont été ou enveloppés par ces laves, ou dépofés à l’aide du véhicule de l’eau dans les fentes des laves, & infiltrés enfuite jufqu’à l’état calcédonieux. Den ML e- ï — DNENSMUISTENMENNICLErS. 671 N MÉMOIRE SUR LA FORME DES BARRES OU DES CONDUCTEURS MÉTALLIQUES, Deflinés à préferver les Edifices des effeis de la Foudre, en tranfmettant fon feu à la Terre. Par. M. Le. .R'ox: P:: M1 toutes les découvertes dont fe glorifie la Phyfique moderne, il n'y en a pas de plus grande , ni de plus importante que celle de lanalogie, ou plutôt de l'identité du feu électrique avec celui de la foudre. Les Philofophes des fiècles pañlés , les plus hardis dans leurs conjetures, n’auroient jamais penfé , foupçonné même qu'il viendroit un temps où nous parviendrions non-feulement à-découvrir la nature du feu du tonnerre, maïs encore à le faire defcendre dans nos laboratoires pour le combiner; & le toucher, pour ainfi dire, dans les expériences que nous en faïfons. Cependant c’eft ce que nous avons vu de nos jours par une fuite des progrès de nos connoiffances fur l'Éleétricité, & de l'expérience auf ingénieufe que hardie, imaginée par M. Franklin. Non-feulement cette découverte nous mettoit fur la voie, pour déméler les caufes de la foudre; maïs fes avantages ne fe bornant pas à la fimple fpéculation , elle nous frayoit la route à quelque chofe de plus important encore, Je veux dire aux moyens de préferver les édifices des ravages de ce météore; car il étoit affez naturel de penfer qu’en confidérant attentivement les différentes propriétés des corps életriques , nous en découvririons quelques-unes qui nous conduiroient à ce grand objet. I n’y avoit même qu'un pas des verges. Lû à Ia ren- trée publique de la S.' Martin 1773° 672 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de fer placées fur les bâtimens, & ifolées ou foutenues fur du verre (par lefquelles on avoit reconnu la nature du feu du tonnerre ) à ces mêmes verges qui, au lieu d’être ifolées , s'étendroient ou defcendroient jufqu’au terrein en bas. En effet, il étoit très-vraifemblable que le feu de cé météore traverfant les métaux aufr facilement que celui de l'éleétricité, dès qu'on lui offriroit un libre paflage au moyen de ces verges de fer, onlui Ôteroit toute fon action deftruélive. M. Franklin n'avoit pas manqué de faifir cette analogie , & de propofer en conféquence d'armer, fi cela fe peut dire, les édifices de verges métalliques, non ifolées, où communi- quant avecle terrein, pour les garantir du tonnerre, fi toutefois on reconnoifloit, par l'expérience qu'il avoit propofée, que le feu de ce météore füt le même que celui de l'électricité. Un coup d’œil fur la figure première, fuffit pour fe former l'idée de ces verges. Je les appellerai déformais barres préfer- vatives contre la foudre, & encore conduceurs du tonnerre, ou gardes-tonnerre , dénominations qui m'ont paru plus propres à en donner une jufte idée. On voit dans cette figure au haut de latour , qui repréfente ici un édifice en général, la barre du faite F, & au-deflous les barres de tranfmiflion 777 qui fe prolongent jufque dans la terre. On me pardonnera cette petite explication qui m'a paru néceffaire, pour répandre plus de clarté fur ce que j'ai à dire dans la fuite. Je reviens à mon fujet. L'expérience de M. Franklin ayant complettement réufï, & le feu de léleétricité étant bien reconnu pour le même que celui du tonnerre ; il fembloit qu'on devoit en tirer les conclufions les plus favorables pour les barres qu'il avoit imaginées, & s'emprefler d'en mettre fur les édifices. En effet, la Phyfique ne peut fe propofer de plus grand objet que de nous fournir les moyens de parer ou de prévenir ces effets terribles de la Nature, qui paroiffent nous menacer d'une deflruétion générale ; cependant il en arriva tout autrement : au lieu d'en faire ufage, on s'empreffa de le critiquer, je fuis forcé même d’avouer que ce fut en France qu'elles D'EUSIMÈS CN ENICLE:S 673 qu'elles efuyèrent le plus de contradiétions. Non content de les combattre par cent raifons fpécieufes, on voulut jeter du ridicule; on prétendit que le Philofophe de Phila- delphie vouloit foutirer le tonnerre ; enfin peu accueillies en Europe, on n'en tenta l'application qu'en Amérique parmi les compatriotes de M. Franklin, foit qu'ils penfaffent plus favorablement de fes idées, foit qu'ils s'intéreffaffent davan- tage à fa gloire. Les circonflances propres à en vérifier l'utilité & es avantages, ne pouvoient, comme on limagine bien, être fort fréquentes, cependant elles fe rencontrèrent, On apprit en Europe que le tonnerre ayant éclaté à Philadelphie, & dans d'autres colonies Angloifes, au-deflus de plufieurs maifons armées de barres préfervatives , elles avoient pleinement rempli l'effet qu'on en attendoit. Cette confirmation de leurs avantages, fournie par l'expé- rience , occafionna de nouvelles réflexions , on revint des faufles idées qu'on s'en étoit formées, on commença à fe perfüader qu'elles pouvoient être réellement utiles, & la foudre ayant détruit plufeurs édifices fuperbes & fait fauter des magafins à poudre en différens endroits, on fe détermina enfin à fe fervir de ces barres; on en établit en Angleterre, en Italie & ailleurs. Tant il eft vrai que la vérité, quoique lente dans fa marche, triomphe toujours, & ne manque jamais de renverfer les vains obflacles que l'orgueil & l'envie veulent lui oppoler! . Je n'avois pas attendu , je puis le dire, à cette époque pour recommander ces barres ou ces conduéteurs du tonnerre, ayant été perfuadé de leur utilité, dès l’inftant où il avoit été bien reconnu que le feu de ce météore & celui de l'éleétri- cité étoient les mêmes. Je m'étois fouvent élevé contre les faux raifonnemens, par lefquels on prétendoit en prouver le danger; enfin pour achever de détruire toute prévention à ce fujet, je penfai même alors qu'il falloit en établir les avan- tages par une comparaifon fuivie & raifonnée des phénomènes de Félectricité & du tonnerre; & c'efl ce que j'ai exécuté Mém, 1773. Qg19 674 MéÉmMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE depuis dans le Mémoire que je lus fur ces conduéteurs, en 1770, & qui eft imprimé dans le volume de cette année. Je me flatte d'en avoir fi bien prouvé l'utilité dans cet Écrit, que quiconque le lira avec attention ne pourra la révoquer en doute. Cependant limportance de la matière m'oblige d'y revenir aujourd'hui. Principalement occupé, dans le Mémoire dont je viens de parler, d'établir folidement & par les faits les avantages des conducteurs du tonnerre, je me contentai d'indiquer en général la forme qu'il falloit leur donner, fans entrer à ce fujet dans un examen approfondi. De nouvelles réflexions, & la néceflité importante de bien déterminer cette forme, m'ont engagé à y fuppléer dans ce Mémoire, en difcutant foigneufement les raifons & les faits qui peuvent nous décider fur ce fujet. Cela m'a paru d'autant plus néceflaire que c'eft un point fur lequel des Phyficiens très-inflruits, de tout ce qui regarde l'Éleétricité, font encore partagés. En eflet, la Société Royale de Londres ayant été confultée l'année dernière par le Département de lAïtillerie, fur les meilleurs moyens de garantir du tonnerre les magafins à poudre de Purfleet, fitués à quelques lieues de Londres; elle nomma des Commiffaires en conféquence : mais ces Commif- faires, en convenant tous de la néceflité d'employer des conducteurs pour préferver ces magafins, fe trouvèrent d'avis différens fur leur forme & fur leur hauteur, comme plufieurs Membres de cette Société me le mandèrent, en m'écrivant fur ce fujet. Les uris vouloient que ces conduéteurs fuffent terminés en pointe, & fufffamment élevés au -deflus des magafins , comime on le voit dans la figure première; les autres, au contraire, qu'ils fuffent moufles ou arrondis par le bout & ne les débordaffent que le moins poffible, comme on le voit dans la figure feconde ; & ces derniers prétendoient qu'il étoit tellement néceffaire de fuivre leur avis, que fans cela on courroit rifque d'attirer la foudre fur ces mêmes magafins, qu'on vouloit en préferver. J'efpère montrer dans un moment qu'ils s’alarmoient mal DES SCIENCES. 675 à-propos; mais on a par-là une nouvelle preuve de [a néceflité de déterminer d’une manière certaine, la véritable forme des conducteurs afin de diffiper toute incertitude, fur une matière de cette conféquence. Cependant, avant d'en venir là, il eft à propos de parler de la foudre & de ce que nous connoïflons de fes efets, afin de mieux fixer les idées fur l’objet qu’on doit fe propoler, en établiffant ces conducteurs fur les édifices. Quoique nous ayons fait un grand pas en découvrant l'identité du feu électrique & celui de la foudre, nos progrès font fi lents dans la Phyfique qu'il faut avouer que nous n'en fommes pas beaucoup plus favans fur l’origine & fur les caufes de ce météore. Lorfque nous voyons 1e ciel embrafé de toutes parts, les éclairs fe fuccéder avec la plus grande rapidité, & la foudre éclater en cent endroits différens, tout ce que nous favons de plus que le vulgaire, c’eft que cet immenfe volume de feu eft du feu électrique: nos connoif- fances ne vont pas plus loin ; & nous ignorons abfolument , comment & de quelle manière ïl fe raffemble dans les nuées. Si nous nous doutons des caufes qui font partir les éclairs, nous ne favons point quelle eft la quantité de feu qu'ils lancent, pourquoi après qu’ils ont éclaté, les nuées femblent tellement dépouillées de tout leur feu, qu'il n’en paroït plus dans l'atmofphère , comment il revient enfuite peu-à-peu pour éclater encore de nouveau & fouvent d’une manière plus terrible qu'auparavant; enfin quelles font les fources où elles vont reprendre ce nouveau feu. Ainfi, bornés dans leurs connoïflances fur ce point, & uniquement frappés de cette grande quantité de feu que les nuées recèlent dans les temps d'orage, les Phyficiens qui rejettent les conducteurs ou gardes - tonnerre terminés en pointes, allèguent que ce feroit grandement s’'abufer que de prétendre épuifer ces nuées de leur feu, ou les en dépouiller par ces conducteurs. Que fi cela étoit, on n’entendroit pas la foudre gronder pendant quatre ou cinq heures au-deflus des grandes villes, comme on l’obferve cependant très-fouvent: les clochers Qgqgqgq i 676 MÉMoiREs DE L’ACADÉMIE ROYALE & les pointes de toutes efpèces dont elles font hériffées devant épuifer les nuées de leur matière fulminante, & par-Rà faire bientôt cefler l'orage: Que l'ignorance abfolue où nous fommes de la quantité de feu que lancent les éclairs, fait qu'en attirant un volume de feu confidérable avec ces conduéteurs, nous pouvons faire tomber le tonnerre fur un bâtiment, quand nous nous propofons tout le contraire; puifque les pointes attirent le feu éleétrique de beaucoup plus loin que les corps moufles ou arrondis par le bout. Enfin que l'objet qu’on doit fe propofer n’eft point d'attirer la foudre fur les édifices, mais uniquement de tranfmettre fon feu, fans danger lorfqu’elle éclate au-deflus; & que les conducteurs moufles communiquant bien exactement avec le terrein, ont tout ce qu'il faut pour remplir cet objet. A cela, les partifans des conduéteurs formés en pointes, & M. Franklin eft à leur tête, ce qui ne peut que donner un grand poids à leur opinion, à cela, dis-je, ces partifans répondent : Que c'eft précifément parce que les pointes attirent le feu électrique ou la matière fulminante de plus loin, qu'il faut les employer: Que par-là, fi la foudre éclate au-deflus d'un bâtiment, fon feu fe portera de préférence fur le conducteur & n’en attaquera aucune autre partie: Qu'en conféquence de l'aétion de cette pointe, la mafle de feu qui pourroit fe jeter fur ce bâtiment, fera diminuée au point de ne plus occafionner aucun ravage : Que quoiqu’on ne puifle pas connoître en effet la quantité de feu qui fe décharge dans un éclair, on efl fondé à croire cependant, d’après ce que plufieurs obfervations fur le tonnerre nous ont appris, que cette quantité de feu pourra être tranf- mife par les conduéleurs, en conféquence des dimenfions qu'on leur donne: Enfin, qu'en fuppofant encore que la foudre tombit fur un édifice armé de ces conduéteurs, on n’en pourroit rien Di is LS C5 NE Lau CE E:1 se 677 conclure à leur défavantage, puifqu'il eft prouvé par plufieurs obfervations, que dans ce cas-là même ils ont tranfmis la matière fuhminante fans qu’elle causàt aucun dommage fenfible aux maifons qui en étoient armées. Telles font à-peu-près les raifons que les deux partis font valoir pour défendre refpectivemeut leur opinion; mais, il faut l'avouer, elles ne décident pas nettement la queftion; car après les avoir bien pelées on refle encore incertain, & on ne peut s'empêcher de craindre que les barres pointues n'attirent le tonnerre en agiflant fur la matière fulminante de beaucoup plus loin que les autres. Cependant, fi on eût donné plus d'attention aux différens phénomènes qui peuvent leverla difficulté, & particulièrement à ceux que je vais rapportér; on eût bientôt reconnu qu'il ne pouvoit y avoir d’équivoque fur les efleis & les avantages des barres terminées en pointe. Pour mieux comprendre ce que je dirai à ce fujet, il faut fe rappeler que lon diflingue deux différens effets dans la lumière que l'on excite, en préfentant, ou en approchant les corps métalliques, d’un corps éleétrilé; fun eft la lumière tranquille ou point lumineux, qu'on voit au bout du corps préfenté , quand il eft terminé en pointe ; l'autre la vive lumière qui éclate, brille & difparoit dans l'inftant, qu'on appelle l'éfincelle, & que on obferve principalement, quand le corps eft obtus ou arrondi à fon extrémité /a). On fait en général, 1. Qu'une pointe très-aiguë tire ou enlève le feu d’un corps électrifé de fort loin, & que cependant cette même pointe ne peut en faire partir l'étincelle , que de très-près. 2.7 Qu'un corps moufle ne tire que peu ou point le feu électrique d’un corps éleétrifé avant d'en faire partir l’étincelle, a) En décrivant ces phénomènes, | de même dans la fuite , j’en avertis, j'ai fuppofé que le conduéteur ou le | parce que quelques-uns de ces phéno- corps métallique éleétrifé , l’étoit er | mènes font différens lorfque le conduc- plus, où par condenfarion ; j'en ferai L teur eft électrifé en moins, 678 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & que cependant il lexcite de beaucoup plus loin que le corps terminé en pointe. Enfin , que le feu électrique ne produit jamais d'effet violent qu'autant, qu'en conféquence de la différence de fes denfités refpeétives dans le corps d’où il fort, & dans celui où il entre ; il traverfe ce dernier avec rapidité, & qu'il ne le tra- verfe avec cette rapidité qu'autant qu'il y entre en grande quantité tout à la fois ou fous la forme d’une forte étincelle, ces effets n'ayant plus lieu toutes les fois qu'il s’y introduit, ou par une étincelle très-foible, ou fous l'apparence d’une lumière tranquille. Mille expériences ont confirmé ces faits, mais comme ils font très-importans pour mon objet, il faut les mettre en quelque façon fous les yeux de lAffemblée, Je préfentai / figure 3."*), à une diftance de trois pieds de conducteur éleétrifé CC, une pointe ou une aiguille fort aiguë P, & jy vis un point lumineux, preuve certaine qu'à cette diflance elle déroboit déjà de l'électricité à ce conduéteur ; cependant, il fallut l'en approcher de beaucoup plus près, comme en À, à un tiers de ligne de diftance, pour faire partir l’étincelle qui étoit fi foible , que c’étoit plutôt une blueite qu’une étincelle. Je prélentai de même, & à la même diftance, au conducteur, une balle de plomb 2, d'un pouce de diamètre, je n'y vis point de lumière, & elle ne lui déroboit point d’éleétricité; elle ne commença à le faire que quand elle fut arrivée à peu de diflance du point où elle excita l'étincelle, ce qui futen D, à un pouce du conduéteur ou à peu-près. Par ces diverfes expériences, on voit que la pointe déroboit le feu éleétrique du conduéteur à une diftance infiniment plus grande que celle où elle pouvoit en tirer l'étincelle, puifque cette diftance étoit dans le rapport de 1296 à 7, ou comme trois pieds à un tiers de ligne, & que le corps arrondi où la balle n'enlevoit que peu où point d'électricité au conduéteur, avant d'en être aflez près pour exciter l'étin- celle , quoique cependant il la fit partir de trente-fix fois plus loin que la pointe, puifque cette étincelle éclatoit à DES SCIENCES 679 un pouce de diftance, & qu'il falloit approcher cette pointe jufqu’à un tiers de ligne. Ïl n’eft pas difficile de rendre raifon de ces deux différens effets, je veux dire de la très-petite diftance, à laquelle il faut approcher la pointe du conduéteur, pour que l'étincelle parte, & de la diflance beaucoup plus grande, dont il faut en éloigner la balle; car l'étincelle ne part entre deux corps qu'en proportion (toutes chofes étant d’ailleurs égales) de lintenfité du fluide électrique, dans le corps éleétrifé. Or, dès l'inftant que je préfentois la pointe au conduéteur, & qu'elle avoit un point lumineux, dès cet inftant, j'enlevois du feu de ce conduéteur, & cet effet allant toujours en augmentant, à mefure que j'en approchois, il s’épuifoit par-Rà tellement de fon feu, qu'il ne lui en reftoit fimplement que pour étinceler, & on ne peut pas plus foiblement, quand la pointe s'en trouvoit à un tiers de ligne de diflance, Mais les corps ronds ou obtus ne tirant au contraire le feu éleétrique du corps éle&rifé qu’à une diflance fort peu différente de celle où ils en font partir l’étincelle, comme on vient de le voir, la balle que je préfentois au conducteur ne lui enlevant que très-peu d’éleétricité avant d’en être à la diftance propre à faire partir létincelle; cette étincelle devoit éclater de beaucoup plus loin que lorfque j'en approchois la pointe. On voit ainfi évidemment, que fi la pointe tire, dans toutes les circonftances poffibles , le feu d’un corps électrique, de beaucoup plus loin qu'un corps rond ou arrondi; par cette raifon-là même, elle ne fera étinceler ce corps électrique , que quand elle s'en trouvera beaucoup plus près que le corps arrondi. Ce point étant établi, il faut prouver maintenant que les effets violens de l'électricité tiennent à la force de Fétincelle : pour le faire d’une manière plus fenfible, j'aurai recours à l'expérience de Leyde, dont tout le monde connoît & a reflenti les effets. Une bouteille de Leyde ayantété en conféquence fortement chargée d'électricité, en forte qu’elle m’auroit fait éprouver 680 MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE RoYALE une vive commotion en tirant l'étincelle du conducteur à l'ordinaire, avec la jointure du doigt ou un corps obtus, je la déchargeai en préfentant au contraire à ce conducteur, une pointe d’aiguille très-fine; à peine cette commotion fut-elle fenfible: cette expérience répétée cent fois, eut le même réfultat. Je chargeai de même un carreau de Leyde, de manière qu'avec la force de fon choc, j'aurois pu percer du carton ou des cartes, en le déchargeant avec une balle ou tout autre corps arrondi de métal ; mais en me fervant au contraire d’une aiguille très-fine pour tirer l'étincelle du conduéteur, & len approchant graduellement, Île carreau put à peine percer une carte, & quand je Fapprochois plus brufquement, les effets, même dans ce cas, furent encore inférieurs à ceux que j'obfervois, en déchargeant le carreau avec une balle. Or, pour peu qu’on réfléchifle fur ces eflets, on verra qu'ils font entièrement d'accord avec les différentes précau- tions qu'on prend, quand on décharge la bouteille ou je carreau de Leyde, pour en rendre le choc le plus fort qu'il eft poffible. On fait qu'on a grand foin que le corps avec lequel on tire l’étincelle foit rond ou obtus, enfin, de la forme la plus propre à en produire une très-forte. On voit donc clairement, par ces expériences , que lorf- qu'on mexcite qu'une foible étincelle, le feu éleétrique ne paffant plus avec la même rapidité que lorfque cette étincelle eft beaucoup plus forte , les effets qu'il produit font totalement diminués, ou n'ont plus rien de confidérable; car je ne reflentis qu’une commotion prefque infenfible , en déchargeant la bouteille avec une aiguille, & je pus à peine percer une carte, en déchargeant le carreau avec une pointe femblable ; tandis que dans ces deux cas les effets auroient été des plus violens, comme je l'ai dit, fi je m'étois fervi pour décharger la bouteille ou le carreau d’un corps rond, ou propre à exciter une forte étincelle, avec quelque lenteur même que je les eufle approchés du conducteur. Or, cette différence d'effets du carreau déchargé avec une pointe DEN SMS CHINE NUCÉE:1S 681 pointé ou avec un corps rond, tient exaétement à [a même caufe que celle qui fait que pour exciter l'étincelle avec la pointe, il faut approcher de beaucoup plus près que fa balle. En effet, dès l'inftant où la pointe de l'aiguille eft prélentée au conduéteur , elle tire le feu électrique de ce conduéteur , ainfr que du carreau, par leur communication; ce qui continuant toujours à mefure que vous l'en approchez; il arrive que quand elle en eft à la diftance, où elle peut le faire étinceler , le carreau fe trouve alors tellement dépouillé de fon éleétricité, que ce qui en pañle dans cet inflant ne peut plus produire d'effet fenfible, & qu'ainfr il fe trouve déchargé (ce qu'il eft important de remarquer) précifément au même degré, que s'il favoit été par une forte étincelle, au moyen d'un corps rond ou obtus. Il réfulte donc évidemment de tous ces faits, que toutes les fois que le fluide électrique ne pañle pas dans les corps fous la forme d’une forte étincelle, ou qu'il s'y introduit en filence, ces effets n’ont plus rien de violent, & par conféquent rien de dangereux. La comparaifon fuivante pourra facilement en faire com- prendre la raifon. Les corps éleétrifables par communication, recélant dans leurs pores une certaine quantité de feu électrique qui, dans l'état ordinaire, eft toujours la même, peuvent en conféquence être regardés à peu-près comme des tuyaux pleins d’une matière fpongieufe qui contiendroit toujours une certaine quantité d’eau. Or, filon fuppofe que l'on verfe ds l’eau dans un de ces tuyaux d’une manière graduée, en forte ue la quantité que l'on en ajoute enhaut, puiffe facilement fl en bas; cette matière fpongieufe deviendra comme un filtre, qui laiflera pafler toute l’eau que vous verlerez au haut du tuyau fans en être endommagée ; mais fi au lieu de la verfer doucement, vous la forcez avec une grande . vitefle, alors ne pouvant pafler avec la même vitefle, elle déchirera & rompra toutes les parties de cette matière fpon- ieufe, & enfin la détruira entièrement. Telle eft la manière dont on peut concevoir la différence Mém. 1773: Rrrr 632 MÉMoIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des effets du feu électrique , lorfqu'il entre lentement dans les corps ou fous la forme d'une lumière tranquille, ou qu'il y pale avec rapidité & avec violence fous la forme de l’étincelle. Le feu électrique & celui de la foudre étant les mêmes ; tout ce que je viens d’expofer eft parfaitement applicable à la queftion agitée, fur la forme des barres préfervatives, & prouve {1 bien les avantages de celles qui font terminées en pointe, qu'on m'aura fûrement prévenu fur les conféquences qui en réfultent. En effet, tout ce qu'allèguent les Phyficiens qui veulent des barres d’une autre forme, fe réduit à ceci : les barres terminées en pointe attireront le tonnerre , parce que les pointes attirent le feu électrique de beaucoup plus loin que les corps moufles. Mais les faits que nous venons de rapporter, prouvant inconteflablement que , quoique fes pointes tirent le feu éleGtrique de. beaucoup plus loin que les corps moufles, ceux-ci cependant excitent l’étincelle à une diftance bien plus grande , & que c’eft l'étincelle ou l'éclair qui eft dangereux, & non le feu électrique qui entre dans les corps fous une forme tranquille ; il s'enfuit évidemment que tout ce qu'ils difent en conféquence, tombe de lui-même. Que l'on fuppofe pour un moment deux conduéteurs du tonnerre, l’un terminé en pointe, l'autre arrondi par Îe bout, qui ne foient pas fort éloignés l'un de l'autre, & qu'un nuage orageux chargé de matière fulminante flotte dans l'air à une diftance de 2000 toifes de ces conduéleurs, plus ou moins; on voit d'abord que fi fa fphère d'activité s'étend jufqu'à eux , le premier en tirera du feu, mais en filence, ce que ne fera en aucune façon le fecond, puifque la diflance d'où celui-à agit pour tirer le feu eft beaucoup plus grande, que celle où agit celui-ci, étant dans le rapport de 36 à 1, ou de trois pieds à un pouce. Imaginons à préfent que par uné caufe quelconque le nuage s'approche , & qu'il fe trouve trente-fix fois plus près de ces conduéleurs, à 45 toiles ou à peu - près; il eft conftant qu'arrivé à cette diftance, il pEps y Ble ME INNCuE.Ss. 683 éclatera au - deffus du conducteur arrondi, ou qu'il fancera fon feu , fans cependant faire aucun effet fur l'autre ; puif- que , comme nous l'avons vu , la balle fait étinceler le corps éledtrilé, lorfqu'elle s’en trouve trente-fix fois plus près que la diftance où la pointe tire fimplement fon feu en filence; enfin, il fuit en outre des faits que nous avons rapportés, qu'il faudra que le nuage s'approche de la terre trente- fix fois davantage pour éclater au - deflus du conduéteur pointu ; ainfi il eft évidemment démontré par-là que dans le mouve- ment du nuage, ce conduéleur fera le dernier qu'il frappera, puifqu'il efl certain qu'il faudra qu'il s'approche beaucoup plus près de la terre, pour lui décharger fon feu. Partant, que ce foit une nuée orageufe , où un grand nombre de nuées de cette efpèce qui forment un orage ; qu’elles renferment peu ou beaucoup de matière fulminante, tout ce que je viens de dire, n'en fera pas moins vrai, & dans le mouve- ment quelconque des nuages fulminans, le conduéteur arrondi fera toujours frappé beaucoup plus tôt que Fautre. Cependant j'accorde que par des circonftances particulières , la foudre éclate fur ce dernier, quelle fera la différence de fes effets fur celui-ci, comparée à l'autre, elle fera immenfe? car l'éclair n'éclatant que de beaucoup plus près, en conféquence de la forme de ce conduéteur, il aura eu l'avantage pendant tout le temps que le nuage s'en approchoit, de lui dérober fon feu, & les pointes tirant toujours des étincelles infiniment moins fortes que les corps moufles, comme nous l'avons vu, l'éclair en fera d'autant plus foible; mais fi le conducteur arrondi eft frappé de l'éclair, cet éclair fera plus fort, plus chargé de matière fulminante, & produira d'autant plus d'effet que cette matière s’introduira avec plus de rapidité dans ce conducteur. Je nai pas voulu interrompre cet expofé, pour répondre à une objection qu'on pourra me faire, on me demandera quelle certitude j'ai que les chofes fe paflent dans la région des nuages, comme ici bas dans nos expériences fur l’élec- tricité ; certainement je ne prétends pas qu'elles fe paient Rrrr i) 684 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE exactement de même, j'ai voulu feulement fixer les idées; & faire voir par l'identité du feu électrique & de celui de la foudre, que toutes choles étant d’ailleurs égales, le conduéteur mouffe fera plutôt frappé de Téclair que celui qui eft terminé en pointe, & que dans le cas où lun & Vautre en feroient frappés , le premier éprouveroit toujours des effets plus violens que le fecond. Mais cette fuppoñtion même que l'éclair éclatera au-deflus du conducteur de forme pointue, eft une fuppofition qui ne fe réalifera que rarement, c’eft-à-dire, que dans le cas où le nuage fera tellement chargé de matière fulminante, qu'elle ne fera pas épuifée par laétion de la pointe; car je fuis perfuadé qu'excepté cette circonftance, la matière fulminante fera tranfmife en filence, & fans que fon feu fe rende fenfible, comme je l'ai déjà dit dans mon Mémoire de 1770. Mais on me dira, fi ces barres, contre la foudre, doivent tranfmettre ainfi fon feu en filence, comment fe fait-il qu'on ait obfervé en Amérique, que la foudre ait éclaté au-deffus de plufieurs maifons, comme vous le rapportez vous-même À cela je réponds, que, de l'aveu de prefque tous les témoins oculaires, les coups de tonnerre qui éclatèrent au-deflus de ces mailons, étoient des plus violens, & tels qu'ils auroient produit les plus grands ravages fans le fecours de ces barres; que cependant la foudre n’a pas manqué de les enfiler, de defcendre tout le long , & d'aller fe perdre dans la terre. Que fi dans une occafion on l'a vu s'écarter de cette route, c’eft que le fil de métal, qui faifoit la communication de la barre du faîte , avec celle qui entroit dans la terre, s'étant trouvé trop fin, il fut fondu & difperfé par la violence du feu, comme cela eft arrivé cent & cent fois, & notaminent il y a cent ans , à l’abbaye de Saint Médard auprès de Soiflons , ainfi que je l'ai rapporté dans le Mémoire que je viens de citer. Enfin ce qui doit confirmer ce que je viens de dire, par rapport à la violence de ces orages, dans lefquels la foudre éclata au- deflus de ces maifons, c’eft que celle dont je viens de parler, avoit été déjà ravagée plufieurs fois d'ung manière terrible D'FASMISNICAINMENMNNC EE 358 685 par la foudre, étant fans doute , par fa pofition, fort expofée aux orages. Tout ce que je viens de dire, me paroît établir d’une manière fi certaine, la forme que l'on doit donner aux barres prélervatives, que je croirois abufer de l'attention de lA[- femblée qui me fait fhonneur de m'entendre, fi je pouflois plus loin les raifonnemens à ce fujet; je me contenterai d’en rappeler le précis. Un coup-d'œil fur ce que je viens d'expofer nous montre: Que c’eft mal-à-propos qu’on a voulu rejeter les conducteurs du tonnerre,terminés en pointe,en prétendant qu'ils attireroient l'éclair plus tôt que les conducteurs moufles ou arrondis : Que l'effet doit être contraire, les condu@teurs-moufles devant le faire partir beaucoup plus tôt : Que lon n'eft tombé dans cette erreur, qu'en confondant mal-à-propos , la propriété de tirer le feu des nuages, avec celle d'en exciter l'éclair, deux chofes cependant très-diffé- rentes, comme je l'ai amplement prouvé: Que les conduéteurs devant par leur forme, attirer la matière fulminante, de préférence à toutes les autres parties des bâtimens fur lefquels ils font établis, doivent par cette même raifon, être formés en pointe, & les dominer jufqu’à un certain point : Enfin, qu’en fuppofant que la foudre éclate fur ces conduc- teurs, fes effets feront, toutes chofes d'ailleurs égales, infini- ment moindres que fi elle éclatoit au-deflus des autres. De toutes ces conféquences , il réfulte évidemment, qu'il ny a plus de difficulté fur la forme des conducteurs, & qu'ils doivent être terminés en pointe comme je l'ai dit; or ce point étant une fois décidé, on eft entièrement d’accord fur le refte. Tous les Phyficiens, qui ont fufffamment réfléchi fur ces matières, convenant en général, comme je l'ai dit, des mêmes précautions pour les barres de tranfmiffion : ce que je pourrois ajouter d’ailleurs, ne feroit que des détails que je réferve pour nos Affemblées particulières. Cependant avant de finir, je crois qu'on ne fera pas fâché d'apprendre 636 MéÉmoiREes DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'on a élevé, des conducteurs ; terminés en pointe, fur les: magafins à poudre de Purfleet, dont j'ai parlé; & entièrement. d'après les idées de M, Franklin. Puiflent cet exemple & nombre d'autres /), puiffent les raifons que j'ai rapportées, ouvrir enfin fes yeux fur un ufage qu'il eft fr important d'établir, pour préferver les édifices de la foudre & empêcher tous les funeftes effets qui s’enfuivent! Puiflions-nous appliquer des conducteurs à nos églifes, à nos palais, à nos maiïfons , aux magafins à poudre & aux vaif- feaux, & faire enfin cefler le reproche qu’on a fi fouvent fait à notre Nation , & qui n'eft malheureufement que trop fondé, que nous adoptons avec vivacité & empreffement toutes les modes frivoles de nos voifins, & que les ufages fondés fur la raifon, & dont les avantages paroifient les plus démontrés, ne s'introduifent parmi nous qu'après que toute l'Europe les a adoptés ! (Bb) Je crois devoir ajouter à ces exemples, que l'Empereur, qui n’ap- plique les prandes connoïffances qu’il recueille de toutes parts dans fes voyages, qu'au bien de fon pays & de fes peuples, à fait établir dans fes États des conducteurs ou gardes- tonnerre , non-feulement fur les maga- fins à poudre, mais encore fur ceux où. font les habillemens pour fes troupes. C’eft ce que je tiens de ce Prince lui-même, qui m'a fait l’hon- neur de me le dire, pendant fon féjour ici, & dans le temps où on imprime ce Mémoire (en 1777). PL SE LE UE MESSIEURS DE LA SOCIÉTÉ Royal des Sriences établie à Montpellier ont envoyé à l’Académie le Mémoire Juivant , pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles, comme ne failant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi au mois de Février 1 706. EE MEME CO TIRE SERA L LA MORSURE DE LA VIPÈRE, Faite à trois Brebis, deux dejquelles ont été guéries par l'eau de Luce ; Et für quelques fijers d'Hiffoire Naturelle à: de Chimie, Paz M MoNTET. à js commencerai ce Mémoire par une courte hifloire des remèdes employés pour la guérifon des morfures que cet animal venimeux fait à l'homme & aux animaux. M." Charas & Rhedi ont écrit fur la nature de ce venin: le premier de ces Auteurs prétendoit que le venin de la vipère confifte dans les efprits irrités, Le fecond prétend qu'il réfide dans un fac jaune, contenu dans les gencives de la vipère; ce dernier fentiment a été démontré le feul véritable par un grand nombre d'expériences Lü à l'Académie en 17752 “688 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE faites par de favans Modernes. On fait que dès que fa vipère mord , le fuc jaune ou Île venin contenu dans cette poche ou fac qui eftattaché à chaque dent, s’introduit rapidement dans la plaie que fait la vipère en mordant ; de-la s’enfuit une enflure confidérable dans cette partie, fouvent fuivie d’autres accidens très-gravés, comme nous Île rapporterons dans la fuite dé ces obfervations. Les Anciens employoient pour la guérifon de cette morfure, différens cordiaux énergiques, comme Îa thériaque, les eaux fpiritueufes compofées, la chair, la graiffe, la poudre & le {et volatil de vipère, &c. mais le plus fouvent fans fuccès. Îl y a environ quarante ans qu'un païfan Anglois donnoit pour fpécifique contre la morfure de la vipère, l'huile d'olive, La Société Royale de Londres a configné dans les Tranfadtions Philofophiques, le réfultat de toutes {es expériences que cet homme failoit fur lui-même & fur les animaux. L'Académie des Sciences de Paris, fur la réputation de ce remède, nomma deux de fes Membres, M.° Geoffroy & Hunauld, pour répéter ces expériences ; ces Académiciens les firent nommément fur un grand nombre d'animaux, tous tirés de la claffe des volatiles. Leur réfultat rapporté dans le volume de l’Académie de fannée 1737, fut que l'huile d'olive eft un remède fort douteux pour la guérifon de la morfure de la vipère. M. Bernard de Juffieu a guéri le premier, avec l'eau de Luce, un Étudiant en Médecine, que la morfure d’une vipère avoit réduit dans un état déplorable. Voyez l'Hiftoire de cette cure dans le volume de l'Académie Royale des Sciences de l'année 1747. rt Le D'après cette obfervation, M. le Premier Préfident de Malesherbes, guérit le Juge de fa Terre, d’une morfure de vipère, avec l'eau de Luce ; elle ne fut donnée qu'après bien des remèdes qu'on lui avoit adminiftrés , & toujours fans fuccès. Il étoit dans un très-grand danger lorfque cette eau opéra fa guérifon. Voyez l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, aunée 1706. j Voilà D'ErS UE rSN CIE NN CHE: S: 689 Voilà les deux exemples de guérifon que l'eau de Luce a opérée fur l'homme ; mais je ne fache pas que perfonne ait guéri avec cette eau, des bêtes à laine mordues par la vi père, & en danger de périr. Voici les faits que j'ai obfervés. J'étois au mois de Septembre dernier (1774), dans la partie des Cevennes qui avoifine les montagnes de l'Efperou fa), dans un village qu’on appelle Beaulieu ; le Berger de mon frère vint un foir nous dire que deux de fes brebis avoient-été mordues par deux vipères, à la lèvre fupérieure, avec perte de quelques gouttes de fang ; qu'un quart-d'heure après toute cette partie s’étoit fort enflée, & qu'immédiatement après elles avoient ceflé de manger. Le Berger les conduifit de fuite à la Bergerie, qui eft éloignée de Beaulieu d’une petite lieue : il appliqua en arrivant, fur la morfure , de l'huile d’olive chaude /4), & cela fans fuccès ; les deux brebis, malgré ce remède, enfloient vifiblement & avoient peine à refpirer. Dès que ce Berger m'eut fait part de cet évènement, je me déterminai à aller moi-même leur donner de eau de Luce que j'avois dans un flacon, pour voir l'effet qui en rélulteroit & s'il feroit le même que fur les hommes. Mon attente ne fut pas vaine, & il y avoit déjà plus de deux heures que ces animaux avoient été mordus. Je des trouvai dans un état affreux, ne pouvant prefque pas refpi- rer, toute la tête fort enflée; fur le champ je leur fs avaler à chacune huit gouttes d’eau de Luce dans deux cuillerées de vin, & de demi-heure en demi-heure, je leur en faifois donner la même dofe; cela fut répété jufqu’à fix fois : de plus, je leur baffinai la petite morfure avec de l’eau de Luce, qui étoit très-active; je les fis couvrir avec une étoffe de laine. Je leur en fis prendre fix fois la même quantité; vers la (æ) Je ferai remarquer que l’on (b) Je ferai obferver que les bergers ne trouve des vipères que dans les | de tous ces cantons, m'ont dit qu'ils terres voifines des montagnes ; nous | employoient l'huile d’olive pour la n’en avons point aux environs de | morfure de la vipère, & que cette Montpellier. Le mois d’Août dernier | pratique eft de temps immémorial : a été fortfec & fort chaud : les vipères | cette remarque prouve que le remède ontété fort abondantes dans ce pays. | anglois n’étoit pas nouveau. Mém, 1773. S [Tf 690 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE quatrième dofe, les deux brebis refpirèrent plus aifément, & elles étoient toutes moites. Je les laiffai dans cet état neuf ou dix heures, après quoi je leur fis préfenter de l’eau un peu tiède & du regain; elles commencèrent à manger un peu. L’enflure difparut au bout de vingt-quatre heures, deux jours après on les conduifit au troupeau pour les faire paître avec les autres, elles étoient parfaitement guéries. Quinze jours après, un Berger d’un petit hameau éloigné d’une lieue du village de Beaulieu, eut aufli une brebis mordue de la vipère, & toujours,au mufeau. Le Berger, felon l'ufage , appliqua fur la morfure, de l'huile d'olive chaude, mais inutilement. On lui apprit la guérifon que j'avois opérée avec un autre remède ; il vint me trouver, & me pria de lui donner le même remède. Je lui remis de l'eau de Luce, en lui recommandant de la donner à la dofe prefcrite ci-deffus ; ce fut fans fuccès , parce qu'elle ne fut donnée à cette brebis, que douze heures après qu'elle eut été mordue de la vipère. La brebis étoit dans un état affreux, prodigieufement enflée, ne pouvant prefque pas refpirer, ayant de fortes convulfions; elle mourut au bout de vingt-quatre heures. Quoïque cette brebis fût morte de la morfure de la vipère, le Berger, & quelques autres de fes camarades , en mangèrent le foie & les quartiers de derrière, fans qu'ils en aient reffenti la moindre incommodité, Je terminerai ces Obfervations par celle qu'un de mes amis a faite fur les chiens mordus par la vipère. Plufieurs perfonnes pañlionnées pour la chaffe, m'avoient demandé mon avis lorfque j'étois dans ce canton des Cevennes qui avoifinent les montagnes de l'Efpérou, fur ce que les chiens de chafle arrêtent également la vipère comme le gibier, & en font fouvent mordus, principalement au mufeau ; ils . périflent très-fouvent de cette morfure, malgré l'application de l'huile d'olive chaude. Après le fuccès que j'avois eu fur les brebis, je Jeur confeil- Jai en pareil cas, d’effayer l'eau de Luce. A la fin du mois d'Oftobre dernier, deux chiens de chaffe furent mordus; D'E IS ES NC HLTENNUCLE TS. 6g1 et ami me marqua qu'ils s'enflèrent prodigieufement, ne pouvant prefque pas refpirer, qu’il leur adminiftra l'eau de Luce à la dofe de fix gouttes dans une cuillerée de vin, qu'ils en prirent quatre pareilles dofes, à une heure de diftance l’une de l'autre, & qu'ils furent radicalement guéris. On obferva encore de frotter la morfure avec de l'eau de Luce pure. J "A3 remarqué que les huiles effentielles bien colorées, d’une couleur rougeûtre plus ou moins foncée , ne rancifloient pas; les exemples que je vais en donner pourront éclaircir ce que je viens d'expofer. J'ai gardé dans mon laboratoire, qui eft fitué au rez-de- chauflée, pendant plus de vingt-cinq années, & dans une armoire, des huiles eflentielles de thim, de fleur d'orange, de lavande des Cevennes, qui eft colorée d’un rouge clair, fans qu’elles fe foient altérées en aucune manière. J'ajouterai que j'avois expofé de l’huile effentielle dethim fur une tablette, dans un autre laboratoire que j'ai au troifième étage de ma maifon qui eft fort élevée, & dont la température eft bien différente de celle du rez-de-chauflée ; cette huile effentielle y ayant refté autant de temps que celle du rez-de-chauffée, elle wavoit pas plus fouffert d’altération que celles dont je viens de parler. Toutes ces huiles ont la même odeur qui leur ef propre, & la mème liquidité qu'ont les huiles récentes. Ces trois fortes d’huiles effentielles étoient dans des bouteilles bouchées fimplement avec de bon liége, tandis que d’autres huiles effentielles comme celles de baïes de genièvre, de rhue, de citron, de gérofle, &c. expofées au même endroit, s'étoient rancies & épaiflies. Ne pourroit-on pas aflurer avec quelque fondement, que la partie colorante de ces huiles eflentielles contribue beau- coup à leur confervation, & que les autres huiles eflentielles peu colorées, comme celles de rhue, de genièvre, &c..que je donne pour exemple, & qui font d’une couleur diflérente, ne peuvent réfifier à cette altération fpontanée, qui fe fait Sfff à Lû à PAcadémie en 1773: 692 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans prefque tous les liquides qu’on enferme dans des vaifleaux ; & que l'on abandonne à un long repos ? cette partie colorante leur fert, fi je puis m'exprimer ainfi, de vernis, & empêche cette fermentation infenfible & lente qui change la nature des autres huiles effentielles non colorées ou fort peu. On sair que le cyprè3, tant mâle que femelle; laifle tranfuder une réfine tranfparente & liquide, qui découle dutronc de l'arbre, fans qu'il foit befoin d'y faire des entaïlles. J’ai obfervé que cette réfine a la même odeur & eft parfaitement iden- tique avec le baume du Canada, tant pour fes vertus que par fes autres principes. J'en ai donné avec le même fuccès dans les maladies de poitrine, comme la pthifre pulmonaire, &c. dans les gonorrhées, & toujours dans le même cas où on ordonne le baume de Canada. Cette réfine, que lon peut appeler baume quand elle eft liquide, s'épaiffit aifément; dans cet état elle a également les mêmes vertus que celle qui eft liquide. Les cyprès étant d'une belle venue, & devenant un très- grand arbre dans les Provinces méridionales , parce qu'il croît très-aifément, foit qu’on le plante en allées ou féparément, on pourroit le multiplier, & en tirer abondamment du baume ou de la réfine. Toutes les parties de cet arbre en donnent, les fruits ou noix en contiennent une aflez grande quantité, &c que l'on peut retirer par le moyen de l'eau buuillante, Cette opération doit fe faire à la fin du mois de Maï ou au commen- cement du mois de Juin; c’eft alors que ce baume eftle plus abondant : l'eau par fa chaleur liquéfie le baume ou la réfme, & ils viennent nager à fa furface : on les fépare fort aifément, foit par le moyen de l'entonnoir, ou par le même moyen qu'on fépare l'huile d'olive d’avec l'eau au moulin. Le bois de cyprès a une propriété bien précieule; c’eft que les vers ne l’attaquent point, & qu’il chaffe les punaifes : on n’a jamais aperçu de ces infectes dans les lits faits de ce bois. J'ai vu au château de Saint-Michel, près du pont de Lunel, une grande fale & beaucoup de chambres, dont les groffes poutres du plancher étoient de bois de cyprès; ellesétoienten Di E S11:CA0 AN «@ Rs. 693 place depuis près de deux cents ans ; elles avoient une odeur très-forte , fans vermoulure; on auroit dit qu'elles venoient d'y être placées. Depuis que j'ai envoyé{(en 1773) à l’Académie ces obler- vations, on a défriché le bois d’où on avoit tiré ces poutres de cyprès, qui eft voifin du château de Saint-Michel, & qui appartient à M. le marquis de Chaumont-Quitry. On à trouvé en fouillant la terre, les fouches des arbres de cyprès d'où onatiréles poutres employées à [a charpente du château , & on les a trouvées très-faines, fans vermoulure, & répandant la même odeur, quoiqu'enfévelies dans la terre depuis près de deux fiècles, Ce bois, par vétufté, rougit. Je fuis perfuadé que le fameux bois de Montpellier, que lon détruifit pour y bâtir la ville, après que Charles Martel eut détruit la ville de Maguelone , bois dont on vante tant Ja charpente, qui eft d'un rouge plus ou moins foncé, fuivant fon ancienneté, & que les vers n’attaquent pas, étoit le cyprès femelle, que les habitans appellent meuve, La fondation de la ville de Montpellier ne va qu'environ à neuf cens cinquante ans: elle a été bâtie fur une montagne qui n'étoit originairement qu'un bois. Les habitans de Maguelone, qui furent les premiers à fe tranfporter dans Jemplacement où eft aujourd’hui la ville de Montpellier, détruifirent le bois & l’employèrent à leurs bâtimens; ce bois eft fi durable que lorfqu’on démolit quelque vieille maifon dont la charpente eft de ce bois, on la conferve très-foigneufement pour l'employer à la nouvelle maifon que lon rebätit pour la mettre à la moderne. Tout cela ne fe fait qu'à caufe de la durabilité de ce bois, & des autres propriétés dont nous avons parlé. H ne refte préfentement que peu de veftiges de ce bois. Les Botaniftes difent que le bois de meuve eft le larix ou le melèfe, efpèce de fapin qui ne vient point à Montpellier ni aux environs ; celui-ci ne vient qu'aux Alpes , & nous donne l'agaric des boutiques. Il eft probable que le bois de Montpellier, à caufe de fa durée, & de la couleur qu’il prend + 694 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE, &c. en vieilliffant, ne devoit ètre que le bois de cyprès femelle, puifqu'il a toutes les propriétés que je viens d'indiquer. La charpente du château de Saint-Michel a une analogie parfaite avec lui, tant pour fa durée que par fes autres qualités. Nous voyons que les poutres dont on fe fert aujourd'hui pour la conftruction de nos maïfons , font de fapin, qui contient beaucoup de réfine, mais qui eft d’un tifu lâche, & qui ne dure pas, à beaucoup près, tant que l'ancien bois de Montpellier; le fapin eft attaqué par les vers, & le bois de Montpellier n’eft pas ainfi attaqué & eft très-dur, Le grand nombre de perfonnes-de cette ville, & ceci eft paffé en proverbe, difent & indiquent que les arbres qui font dans une prairie à un quart de lieue de Montpellier, auprès d'une maïfon de campagne qui appartient à M. le Maflon, eft le véritable bois de Mompellier : ce font cinq on fix cyprès femelle, dont la plupart font d'une groffeur monftrueufe, foit élevés, & qui ont leurs branches écartées, ce que n'a pas le cyprès mâle, qui s'élève en pyramide. Ce cyprès femelle n'eft prefque pas cultivé aux environs de Montpellier , ce n’eft ordinairement que le mâle, dont on forme des allées très-belles, des paliffades, des cabinets, &e il vient très aifément, & produit de belles tiges. Le cyprès femelle viendroit auffi-bien que le mâle : ce n’eft que depuis quelques années qu'un nommé Dupin, Jardinier, en a fait une pépinière , où il réuflit bien. D'après ce que je viens d’expofer, il paroît, comme je l'ai déja dit, que ce fameux bois de Montpellier eft le cyprès femelle, qui eft d'un tiflu très-ferré & très-dur, contenant une réfine ou un baume difléminés également dans toutes les parties de l'arbre. L’odeur forte que répand cet arbre, tant verd qu'employé à la charpente, fe conferve des fiècles entiers ; on doit attribuer cette odeur à cette même réfine ou baume qui eft intimément unie à la partie ligneufe de l'arbre. PTN Le MSUEs PÉRETECETNIEN OUEST SRE RS À TT TE en HR = RIRE ï SEE = HARAS RER