(LA CA s A 7 HISTOIRE L'ACADEÈMIE RD TA E ED SCEENCES. ANNEE M DCCLXXVII. A PR Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfque, pour la même Année, Tirés des Regifires de cette Académie. | Peu 2 CR SEAL Hoi M PA NM ES, DE L'IMPRIMERIE ROYALE. M DCCLXXX d Vade « 2 Labs # prete gta alta rmmeldiéen Érade rev AY ND MAT + » r + +4 à à £ ee LE MAO RE TNT EUR EU L ant cr “ . : RS ve CG mt 4 GS PP li, LOUE AN der RER 7 L'A x.4 KE FE SP HET $ TAXE POUR L'HISTOIRE. PHYSIQUE GÉNÉRALE. À; JE) Frbid der 720. sis «be 5e sis Page x Sur des Globules obfervés [ur le difque da Soleil... 3 Sur les Obfervations magnétiques. ........... d'he. S Obfervations fur l'Aiguille aimantée...,,....,.... s Voyage en Italie. .......... DA ver Re 6 Sur la Liqueur dont il convient de remplir les Lentilles vides. 9 Sur des Figures trouvées dans l'intérieur du bois... ... 10 A.N AE MIE. Defcription des nerfs de la deuxième © troifieme paire COVIEAI Bee re etes AYSAEE DR Re ete PE ES PRES I£ Sur la néceffité d'ouvrir les femmes mortes dans l'état de ER TIE RS: «28 dite ere a OI DDC Sie den ue à 12 Arles maladies diMfipie hi SIM L A ER Ps 2 2 14 HISTOFRE NATURELLE. TR DOS UT 5 due Dont dt) à D ré MINÉRALOGIE. Vs Cresienflalifés ie put cite de bete er LÉ Année 1777. * TABLE. CIN TE Sur les fluides aëriformes.. . :... DANS PHSMAPAERTE 20 Sur la.combuftion. du. Phofphores.. x... 5... ce 25 SurlelPyrophore à ue sise viepepialeltse die te ste rt Sur la vitriolifation -des Pyrites. ...... di AN Rte 27 Sur'le Kitriolide mercure... ei en nbsp: De la combuffion dans les vaiffeaux fermés. . :. ..... 29 Sur la’ Refpiration.." Re 30 Sur le’ Fluide igné: 3 2 US Snele te 5 ces leWete 37 Sur la Combifior Te eeiene eee Ta aies 32 Sur lès cendres des Salpétriers..,::.:::......... 33 Sur EVA E de a DEL Ne al NbUn cet bile ere eue 35 Sür le Fluide de la tranfpiration infenfib'e.. ..:...... 37 Obfervation Jur l'acide phofphorique. ............ Ibid. Sur l'Acide phofphorique concret... ........ Se ART 38 Sur l'Acide du Sucre…. AA 12 LNOSERIN RER é etes De Sur le Salpétre de Houfage.............. is 39 A ST. R O'N'OMNU.E, Suite des. Méthodes analytiques pour. RE les. Problèmes d''AfFOROMMNTE 2 seen due late ANSE TR 40 Obfervation de la Lune... "5. PS OE RTS 44 Obfervations des Satellites de Jupiter. ............ 45. Conjonélion de Mercure avec ne étoile dés Gémeaux... Xbid. Cômparaifon d'obfervations faites à Madrid é à Paris. 46 TABLE. Sur la Longitude de Padoue... ..:, RE TE Sardes Cometesge 1781 de TT 72 NE 47 Sur une nouvelle Nébuleufe © fur trois Aurores bLoréales A EE LA gr At EE QT Le ER TL Là 48 MÉCANIQUE RATIONNELLE. Suite des Recherches [ur le mouvement des fluides qui recouvrent sun [phéroïde +. 42:20» nv pie se ve Ne ne SL HSI0 MÉCANIQUE. Sur l'épaiffeur des piles des Ponts............... S1 AN ACT TC ONE: Sur une Méthode pour le retour des CHE SENS ER ou Le 53 ondes: Sériesh is MO RE AN de in dde s4 Sur les Méthodes d'approximation pour les Equations dfecentlene ie Sr e Rae 08 4 alger sens le ss Ouvrages préfentés à l’Académie. ..........,.... 58 DR Re Ne RESTE 12 RRT RS dep VAR AS LILAS Ibid loge dé M. Tradaine. NE EE ee un, ro Éloge de M. de Juffieu. ..... PEN rite 94 - Éloge de M. Bourdelin....,...... PAL PANNE 118 Éloge de M. de Haller............. SEULE 127 RE POUR LES MÉMOIRES. Sur le Zinc. Cinquième Mémoire, Par M. DE Lassone. Page 1: Mémoire fur la defcription des Nerfs de la [econde & troifième paire cervicale. Par M. Vic@-D'AZYR..........,. 21 Obfervations des Éclipfes des Satellites de Jupiter, faites en 1777 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, &c« Par M. MARALDL. 24) ale i N ANANeTS RENE 41 Troifième Mémoire [ur les Grès de Fontainebleau, &c. Par DE DE LASSONE 2e PNR CALE R LEURS Méthode facile pour réfoudre les Problèmes qui fe rapportent au retour des fuites. Pax M. l'Abbé BossuT...... sZ Sur la combuffion du Phofphore de Kunckel, à fur la nature de l'acide qui réfulte de cette combuffion. Par M. Lavoisier. À 6s Mémoire [ur l'amélioration des Bêtes à laine. Pa M. DAUBENTONÉ:. :5 TS ASTON ENEUE TE 79 Extrait des Mémoires de l’Académie de Suède, au Trimeffre des trois derniers mois de l'année 177 f. Par M" LE MONNIER. .,,: 5:12: 5,3: A5 NM A ENNERe Suite des Obfervations fur 1 ‘inclinaifon de l’ Aiguille aimantee, ic, Par le méme... 1:10 Le AMEN AS 89 Analyfe de quelques Eaux rapportées d'Italie par M. Caffini le fils, Par M. LavorsieRu....., 4,00. 92 Mémoire fur l'ufage du Calcul aux différences partielles, dans la théorie des Juites. Par M. DE LA PLACE. ...... 99 TABLE. Expériences fur la Cendre qu'emploient les Salpétriers de Pañs, fur fon ufage dans la fabrication du Salpétre. Px M. DVOrRSIER 4 ee Ab AMEL ee. 0193 Examen de quelques Obfervations aflronomiques à Météo- rologiques, faites à Madrid à à Paris, © comparées Entreliess Lac MS DE RAI ÉANDE SN NA ANR RS 137 Conjonétion de Mercure avec une Etoile des Gémeaux, obfervée au Collége royal le 4 Juin 1776. Par Ie même.. 149 (Memoire Jur la Longitude de Padoue, Par le même.. 1 SI Mémoire contenant les Obfervations de la x111° Comte obfervée à Paris, de l'Obfervatoire de la Marine, pendant les mois d'Avril, Mai à Juin 1771. Pa M. Messie... 154 Expériences fur la Refpiration des animaux, à fur les chan- gemens qui arrivent à l'air en paflant par leur poumon. Par PAANORERL ER ARRET RCE RE TRES Mémoire [ur la combuflion des Chandelles dans l'air atmo- fphérique, © dans l'air éminemment refpirable. Par le RDC NIC te rl PTE nci Lt ART SR halte le 01 D Ace 195$ Mémoire fur la néceffité de faire l'Opération Céfarienne aux Femmes qui meurent enceintes , dc Par M. BORDENAVE. 205 Mémoire fur une fubfflance aëriforme qui émane du Corps humain , © fur la manière de la recueillir. Par M. le Comte DEN ND ANS EPS ERNEST: Es en SE à Nouvelles Méthodes analytiques pour calculer les Eclipfes du Soleil, les eccultations des Etoiles fixes © des Planètes par la Lune, dc. Par M. Dionis pu SÉJOUR..... 225 Expériences propres à faire connoître que ce qu'on nomme Acide phofphorique concret retiré des os calcinés, à /a maniere de M. Schéele, n'eff point un acide à nu, &c. Par M. LT TNT PP RER AR ER ES RRMRENE EE: T ABLE. Mémoire fur la diffolution du Mercure dans l'acide vitriolique, dc. Par M. LAVOISIER.....:..... PR PR UR Mémoire fur la préceffion des Équinoxes. Par M. DE LA PEACE. LA SnEUAn HER se HN SANT ES Mémoire contenant les Obfervations de la XIV Cométe obfervée à Paris de l'Obfervatoire de la Marine, dc Par M. MESSIERS.. se... dre RENE Second Mémoire fur le Gas animal. Par M. Île Comte de Mine Lt 50 ait A AU DEN RENE EAN Expériences fur la combinaifon de l’Alun avec les maticres charbonneufes, &c. Par M. LAVOISIERS AL 01h 1 3603 Memoire fur l'intégration des Équations différentielles par approximation. Par M. DE LA PLAGES... dun. 373 Mémoire [ur la vitrioli ifation des Pyrites martiales. Pæx M. DAVOISIER 4. es pe vélo eisbvs à DC PER NEE Obfervations [ur l Inclinaifon de l’Aiguille aimantée , Jaites dans les Mers de l'Inde & dans l'Océan Atlantique. Par M. LE GENTIL. Se 4 HORS ARR SR De la Cr de la matière du feu avec les fluides évaporables , à de la formation des fluides élafliques aëri- formes. Par M: LAvoisier EEE 20 Obfervations fur le Nitre à bafe de terre abforbante, retiré du Salpêtre de Houffage. Par M. SAGE......... 433 Obfervations fur l'Acide phofphorique obtenu par le deliquium du Phofphore © fur les fels neutres qui réfulient de la combinaifon de cet acide avec les alkalis. Par le même.. 435 Obfervations fur l'Acide concret retiré du Sucre. Par le même. 437. Oëfervation d'une Aurore boréale fingulière à d'une forme très-extraordinaire , obfervée à Paris de l'Obfervatoire de la Marine, le 26 Février 1777, dc. Pa M. MEssiER. 440 sos né # T''ASBAL'E Obfervation fingulière d'une prodigieufe quantité de petits globules qui ont paffe au-devant du difque du Soleil, le 17 Juin 1777, depuis 7 1 heures 46 minutes du matin jufqu'à 11 heures SI minutes ; obfervée de 1 ‘Obfervatoire de la Marine. Par M. MESsiER................. 464 Obfervations des Éclipfes des Satellites de Jupiter, faites en 1774 4 Périnaldo , dans le Comté de Nice, dc. Par M. MARAEDI . 4. ele tale ea Ie ee iadie de 2 473 Obfervations des Éclipfes des Satellites de Jupiter, faites en 1775 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, dc. Par ÉMRCRENR MME A à ne co set er ie he 479 Obfervations des Éclipfes des Satellites de Jupiter, faites en 1778 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, dc. Par RADIOS FE PUS ee à seu à + ARTE ee 404 Objervation de la Lune, faite à l'Olfervatoire royal, à comparaifon du lieu obfervé de la Lune, dc. Pax M. JEAURAT. 487 Premier Mémoire fur des Deffins trouvés fur l'écorce © dans l'intérieur d'un gros Hêtre qu'om débitoit en fente. Par M. FoucrRouUx "DE, BONDAROYSS 4 SE, . 491 Expériences faites par ordre de l'Académie, fur le Froid de l'année 1776. Par M BéÉzouT, LAvOISsIER & VANDERMONDE ....... Pr nbte Paeie RE te s05 : Second Mémoire fur des Deffins trouvés dans des büches de Chênes, fciées tranfverfalement où ces deffins font concentriques. Par M. FoucEroux DE BoNDAROY......... 527 Mémoire fur le pouvoir réfringent des Liqueurs, foit J:mples , Joit compofées. Par M. Caper & BRISSON..... $4r Mémoire [ur la réduttion de l'épaiffeur des Piles, &‘c. Par M. LERRONET fois! eee où 01e MR PEN LA PE 553 Remarques Ca Obfervations raffemblées dans un Voyage d'Italie, fait en 1775. Par M. Cassini le Fils. .... 1e TS 6$ TABLE Mémoire [ur la Combuflion en général, Par M. Lavoisier. x (Mémoire fur quelques Maladies du Foie, qu'on attribue à d'autres organes; © fur des Maladies dont on fixe ordi- nairement le fiége dans le Foie, dc. Par M. PoRTAL. 601 Obfervations Botanico - Météorologiques, faites à Denainvit- liers pendant l'année 1776. Pa M. pu HAMEL.. 614 Troifième Mémoire [ur plufieurs Sujets d'Hifloire naturelle & de Chimte. Pa M. MonTET, de la Société royale de Montpellier, . .....,,.4.4,4 44e I0Re HISTOIRE. \ xt 5 A à AU É Y al : #} E Le NN Vr ee Æ4\ 7 N ER Bee 217 4} we ME APN PAM 17 2 AK #, is À ê ® Ds K À à À « n_N RE k St HISTOIRE L'ACADÉMIE ROYALE DS SG PE NC ES: DCCLXXVITI. Année M. SEE SEE: = = É ; PHYSIQUE GÉN SUR LE FROID DE 1770: * L étoit naturel que ceux qui ont efluyé la rigueur du froid de 1776, fufient curieux de favoir fi ce V. les Mém, page 595: 4 froid étoit plus foible ou plus fort que celui de 1709, qu’un petit nombre de perfonnes fe fouvenoit encore A d'avoir éprouvé, qui étoit le froid le plus rigoureux connu Hiff. 1 777 2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYaAze dans nos climats depuis l'invention des Thermomètres, & dont les effets funeftes pour la végétation, réunis aux maux de la guerre, avoient laïflé une mémoire effrayante. Plufieurs perfonnes proposèrent cette queftion à l Académie; elle crut devoir charger des Commifiaires de l’examiner avec foin, & c’eft de leurs travaux fur cet objet qu'ils rendent compte dans cé Mémoire. Il leur a été impoffble de fe procurer un thermomètre qui eût éprouvé le froid de 1709, du moins n'en ont-ils trouvé aucun qui leur parût authentique : c’eft donc à un thermomètre de M. de Réaumur, & fur lequel cet Obler- vateur célèbre avoit marqué le froïd de 709, qu'ils ont été obligés de s’en rapporter ; & comme l’époque à laquelle M. de Réaumur avoit marqué fur ce thermomètre le froid de 1709, étoit poftérieure aux froids de 1740 & 1742, qui lui avoient fervi pour fixer le point de 1709, on peut regarder ce point comme marqué aufli exactement qu'il pouvoit l'être fur un thermomètre qui n’avoit pas éprouvé individuellement le froid de cet hiver, Cependant il paroït que ce thermomètre avoit fubi quelque altération, Îes Commuiflaires de l’Académie en ont tenu compte; & il n’en peut réfulter qu’un quart de degré environ d'erreur dans la détermination du froid. Ils ont comparé avec ce thermomètre ceux qui avoient éprouvé le froid de 1776, en les plaçant dans un bain de glace & en les expofant à la température des caves de 'Obfer- vatoire; ils en ont déduit le rapport de leurs graduations, & il réfulte de cette comparaifon , que fur les thermomètres qui ont donné, en 1776, 14 degrés dans quelques lieux de Paris, & 13 degrés + dans d’autres, le froid que M. de Réaumur a marqué pour celui de 1709 a fait defcendre la liqueur à environ 15 degrés +; ce qui prouve que le froid de 1709 a été de 1 degré + ou de 2 degrés au-deflus de celui de 1776. Ces obfervations ont été faites avec beaucoup de foin: ce ne font point les thermomètres ifolés qu’on a trempés dans un bain de glace, ou placés dans les caves de l'Obfervatoire; c’eft un DE SIIS:C TE NC ES 3 vafe d’efprit-de-vin dans Îe premier cas, & un bain d’eau % dans le fecond, où ces thermomètres étoient plongés : par ce moyen, tous recevoient rigoureufement le même degré de froid par le bain de glace, & la température qu'une mafle liquide, affez confidérable, avoit prile dans les caves au bout de plufieurs jours, ne pouvoit être changée par l'approche des lambeaux que les Obfervateurs étoient obligés d’avoir avec Eux. Quelques Phyficiens ont afligné d’autres différences entre les froids des deux années; maïs comme ces différences tien- nent à la manière dont ils ont évalué le froid de 1709, & que, comme nous l'avons dit, il n'en refte plus d’obfervations immédiates, il eft impoffhible que, réduits à de fimples conjec- tures, les Phyficiens puiflent être rigoureufement d'accord entre eux. SUR DES, G:LOBULES OBSERVÉS SUR LE DISQUE DU SOLEIL. En obfervant le Soleil dans un moment où il étoit couvert d’un nuage très-rare, M. Meffier vit pafler fur cet aftre un nombre immenfe de petits globes ronds, bien terminés, & qui paroifloient monter fur le difque de cet afire. M. Wallot, Correfpondant de l'Académie, en appliquant à ce phénomène les loix du mouvement relatif, fit voir que des corps pourroient avoir la direétion apparente de ceux qu'avoit obfervés M. Méffier, & cependant avoir un mouve- ment réel ou horizontal, ou même incliné de haut en bas. Une feule obfervation ne fuffifoit point pour déterminer ni la groffeur réelle de ces globules, ni leurs diftances ; on fent én effet qu’on peut augmenter la diftance & la groffeur réelles à volonté, fans changer la groffeur apparente : mais il n'eft pas poflible déles diminuer demême, & il y avoit un minimum de diftance ; & un de petitefle, poffibles à trouver. C’eft ce qu'a fait d’une manière ingénieufe , M, Bofcowich, Correfpondant A ij V.les Mém, P. 464. V. les Mém, pag. 88 & 89. 4 HisSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de l'Académie , dans une lettre adreflée à M. Meffier qui en donne l'extrait dans ce Mémoire. - Les globules paroifloient diftinétement terminés avec Ia lunette de M. Meffier: ainfi, {a lunette étant donnée, on pouvoit en conclure la plus petite diftance à faquelle les objets obfervés pouvoient paroître terminés. Quant à la groffeur des globules , il faut obferver que tous les rayons partis d’un point du Soleil, qui tombent fur lobjeétif d’une lunette , fe réuniffent au foyer en un feul point : l'interpofi- tion d’un corps ne fufñit donc pas pour empêcher de voir un efpace du Soleil ; ilne fuffit pas que ce corps intercepte une artie des rayons partis de cette portion du Soleil , qui tombent fur lobjeétif, il faut que la quantité des rayons que l'objet intercepte foit affez confidérable , relativement à l'étendue de l'objectif, pour que la force de ces rayons réunis au foyer, foit diminuée d’une manière très-{enfible. C'eft d’après ces données que M. Bofcowich conclut que lon ne peut fuppoler aux globules obfervés, moins de quatre ou cinq pouces de diamètre, & moins de huit à neuf cents toiles de diftance ; & à cette diftance de la Terre, ce n’eft guère qu'en regardant ces globules comme de gros grêlons qu'on peut expliquer leur figure ronde, leur nombre prodigieux & l'efpèce de régularité de leur mouvement. SUR LES OBSERVATIONS MAGNÉTIQUES. Es Mémoires de M.le Monnier, font la fuite des travaux fur le Magnétifme, dont il s'occupe avec fuccès depuis fr long-temps. | M. le Monnier y examine les Obfervations faites par M. Ekelberg , Officier de la Marine fuédoife, dans les Voyages de la Chine, & elles lui fervent à déterminer quelques points des lignes où l'inclinaifon de l'aiguille eft nulle”, c’eft-à-dire où les forces magnétiques perpendiculaires à la Terre font en équilibre. DES SCIENCES. . Hréfulte de ces obfervations , que cet Équateur pañfe du Sud au Nord, & traverfe la ligne équinoxiale entre la Chine & le Pérou. M. le Monnier obferve encore que la variation de l'incli- naïfon entre Sainte-Hélène & l’Afcenfion , intervalte où pafle T'Équateur magnétique , eft de plus de 20 degrés pour une diflance de 8 degrés en latitude ; d'où il fuit que lon peut employer ces variations dans cette partie du Globe pour con- duire le Vaiffeau & fuppléer aux Obfervations de la latitude. OSBNI ERA TI O NES NAT R NE TS AUTIGAUPISTILLEUN At IUT A NN UT É VE: M. LE GENTIL rend compte dans ce Mémoire de fes Obfervations fur l’inclinaifon de Aiguille aimantée, dans les mers de l'Inde & dans l'Océan atlantique. En fuppofant à chaque point de l'aiguille, placée dans une direction fixe, une force parallèle à une direétion donnée . dans le plan de Vhorizon, & une force perpendiculaire à ce V. les Mém. p-401. plan, on trouve des phénomènes très -approchans de ceux que M. le Gentil a obfervés. En effet, dans cette hypothèfe, au point où l'aiguille eft dans la même direétion que 1a force horizontale , l'inclinaifon doit être la moindre, pafer à 90 degrés lorfque la direction fera changée d'un angle droit ; la pointe inférieure doit au- delà de cet angle pafler dans la partie fupérieure , & lorfque la direction fera changée de 1 80 degrés, l'inclinaifon redevenir 1a même , mais en fens contraire : dans cette même hypothèle, YAiguille ne peut refter horizontale dans aucune direétion ; ou fi elle left dans une, elle le fera également dans toutes les autres. Enfin, dans les points éloignés de 90 degrés du Méri- dien magnétique, les ofcillations doivent être les plus faciles à produire, & l'équilibre moins fixe 2 or c’eft précilément ce que M. le Gentil a obfervé. A la vérité l'Aïguille étant retournée du Nord au Sud du Méridien magnétique, ne donne pas V. les Mém. P+ 565 6 Hi1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE rigoureufement la même inclinaifon , mais cette différence eft petite; elle peut, elle doit même être attribuée à descaufes locales, & les détails dans lefquels M. le Gentil eft entré, orteroient à croire que cette inégalité tient à la conftruction de la bouflole ; mais il penfe ,avecraifon, que cet objet méri- teroit d’être examiné par des obfervations fuivies & faites avec exactitude, ce qu'on ne peut attendre que d'obfervations faites à terre & à {a campagne. VOY'AG ET E N\IILANVTE. CE Voyage de M. Caffini fils, en Italie, renferme plufieurs Obfervations d'Hifloire Naturelle. On lui avoit propolé de faire des recherches fur les différentes efpèces de müriers : il a confulté fur cet objet M. Targioni, Naturalifte de Tofcane. Quoique Linné ait placé le mürier dans la claffe des plantes monoïques, cependant la plupart des efpèces d'Italie paroiffent être de la clafle des plantes dioïques , c’eft-à-dire que le fruit fe trouve féparé des étamines & fur des individus différens. Le mürier noir à fruit de nos jardins eft conftamment monoïque , & les fleurs mâles font féparées des femelles, quoique fur le même individu ; cette différence entre dés plantes qui païoiffent du même genre, eft moins eflentielle peut-être qu'elle ne le femble au premier coup- d'œil. Une obfervation approfondie a fait apercevoir aux Botaniftes que dans cette efpèce d'exception aux loix d’uniformité, les fleurs des différentes efpèces font réelle- ment hermaphrodites, & que ce qu’on regarde comme Îes fléurs mâles ne font que des fleurs imparfaites, dont cer- taines caufes ont empêché l’entier développement : d’ailleurs quelque méthode que l'on adopte en Botanique, de quelque manière qué l’on forme des claffes & des genres, il y aura toujours des exceptions, parce que ces clafles & ces genres ne font que des abftractions de l'efprit humain, & que la Nature paroît n'avoir fait que des efpèces. Il ne pourroit y, DE SNSNCL DE NC ES: 7 avoir de genres formés par la Nature que ceux qui feroient le réfultat de différentes variétés formées par la dégradation ou {a perfection d’une efpèce première. Or ces changemens d’efpèce font encore pour nous au moins incertains, & il faudra peut-être encore bien du temps pour trouver en ce genre les véritables loix de la Nature. M. Caflini fe propofoit de vifiter les environs du lac de Latera , village fitué à vingt-cinq lieues de Rome & à trois milles environ de Bolsène. Ce lac eft célèbre par des mines d'alun & de foufre , mais il n’a pu exécuter ce projet, & Ia defcription qu'on lit ici eft l'ouvrage de M. l'Abbé Fortis. Cette contrée, couverte de débris des volcans, renferme plufieurs fources d’eau minérales. M. Caffini en a rapporté des bouteilles que M. Lavoifier a analyfées , & dont il donne l’ana- lyfe dans ce même Volume. Ces eaux font alumineufes , ce- V. les Mém, pendant elles ne donnent pas de l’alun par l'évaporation , mais P-92: eulement une maffe faline avec un excès d'acide: fi on fature cet acide avec de l’alkali, il fe fait un précipité qui fe redif- fout; lorfque a faturation eft parfaite, lévaporation donne des criftaux d’alun, & on neretrouve plus d’alkali : il en réfulte, comme M. Margraff & Macquer l’avoient déjà obfervé, que la terre de J'alun n'eft pas une terre fimple, mais une combinaifon de l'alkali avec une terre argïleufe ; combinaifon que, lorfqu'elle a été une fois formée, ïl n'eft plus poflible _de détruire, du moins par les moyens employés jufqu'ici par les Chimifles. "Dans les alumières de la Tolfa, on retire l'alun tout formé, parce que les terres voifines de celles qui donnent l'acide ‘vitriolique contiennent de l’alkali. Ces expériences ont fait naître à M. Lavoïifier l'idée d'examiner de nouveau ces aluns ‘imparfaits que produifent les terres argileufes & les fels qui en réfulteroient , fi pour faturer l'excès d'acide, on fubflituoit à l'alkali végétal l'alkali minéral, les alkalis volatils & les terres abforbantes. C'eft un travail qu'il fe propofe de faire, mais qu'il annonce dans l’efpérance d'être prévenu. I y a très- peu d'hommes qui aiment aflez la vérité pour qu'il leur foit 8 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE parfaitement indifférent qu’elle foit trouvée par d’autres ou par eux-mêmes : mais nous ofons croire, pour Phonneur de l'efpèce humaine, que les Savans qui aimeroïent mieux voir la vérité refter cachée que de la voir découverte par d'autres qu'eux , font prefque aufii rares. Dans une de ces fontaines dont l’eau eft froïde, quoi- qu'elle paroifle bouillante, les grenouilles qui y tombent meurent au bout de quelques heures : cependant on y voit vivre & fe mouvoir de petits vermiffeaux femblables à ceux qu'on obferve dans le vinaigre. Les puits que lon creufe pour extraire du foufre ou de l'alun , fe rempliffent de mofettes très-meurtrières : ces mofettes ne font ni à la température de l'atmofphère ni à celle du terrein d'où elles fortent ; dans les temps de chaleur , le thermomètre placé dans les mofettes , y defcend ; dans des temps plus froids, il monte. Ces mofettes paroiflent être de l'air gazeux; en effet, elles font plus pe- fantes que l'air atmofphérique , l'eau y devient acidule ; elles rougiflent la teinture de tournefol & précipitent l'eau de chaux : les corps des animaux morts dans ces mofettes s'y confervent très-long-temps. On y a trouvé des rats qui y. étoient depuis plufieurs années ; leur poil n'étoit pas tombé; ils avoient confervé leur peau entière & toute leur forme, mais leurs chairs & les vifcères avoient éprouvé un com- mencement de décompofition. M. l'Abbé Fortis voulut faire fur lui-même l’effai de ces vapeurs méphitiques : il defcendit dans un des fouterrains, y refta debout pendant près de fept minutes, y refpira fans en être fortement incommodé ; le picottement des yeux l'engagea à reflortir , quoiqu'il eüt pu y refter plus long- temps, & il fouffrit pendant environ un quart-d'heure après, une aflez forte difficulté de refpirer. D'autres obfervateurs ui effayèrent en même-temps la même mofette, ne purent la fupporter auffi long-temps, ce qui peut venir de ce qu'étant plus petits, ils refpiroient dans un fluide plus denfe, SUR D ES! S'CTE NTCES. 9 SUR MAN LT QUE. U.R Dont il convient de remplir des Lenrilles vides. E NTRE les Lentilles d’une même courbure, celle dont Je foyer eft le plus court, & par conféquent celle dont le pouvoir réfringent eft plus grand , réunit plus de rayons dans an même efpace & a plus de force pour brüler. Il eft donc important, dans l'ufage des Lentilles brülantes formées par un fluide retenu entre deux plaques de verre, de choïfir -entre les différentes liqueurs tranfparentes, celles dont le pouvoir réfringent eft le plus fort. Le moyen qu'ont employé M.” Cadet & Briffon (moyen : dont l'exactitude étoit fufffante pour l'objet propolé) a été de regarder avec une même Lentille , remplie {ucceflivement de différentes liqueurs, un même objet fitné conftamment à une même diftance de la Lentille, & de juger de la diftance du foyer par le point où l'Obfervateur devoit fe placer pour que l'image de cet objet lui parut diftincte : c'eft par ce moyen w'ils ont comparé le pouvoir réfringent d'un grand nombre de fubftances, Parmi celles qui peuvent fervir dans la pra- tique, l'huile de térébenthine diftillée leur a paru joindre à beaucoup de tranfparence une réfringence très-forte, être celle en un mot qui réunifloit au plus haut degré les conditions méceflaires. : A la vérité l'huile de térébenthine unit à une grande ré- fraction une difperfion très-confidérable , & cette circonftance nuit à la force du foyer brûlant : la meilleure liqueur feroit celle qui, à beaucoup de force réfraétive, joindroit peu de force difperfive ; mais comme il faut qu’elle foit en même- temps très-tranfparente , qu'elle ne foit pas corrofive, que même on puifle sen procurer une grande quantité fans trop de dépenfe , une liqueur de cette efpèce peut être très-difficile à trouver. - Les auteurs du Mémoire qui ont obfervé cette forte di£ perfion de {a térébenthine, propofent d'en remplir des verres Hifl, 1777: V. Tes Mém P- SL 10 HisTOoIRE DE L'ACADÉMIE RoYaAzrE & de fubftituer des Lentilles ainfi formées aux objectifs de flintglaff. SLR DES. FIGURES TROUVÉES DANS L'INTÉRIEUR DU BOIS. V. les Mém. É£ eft aflez commun de trouver dans l'intérieur du bois pag. 491 & 527: de ces figures, qui après n'avoir été long-temps pour le Peuple qu'un aliment de fuperitition, font devenues peur les Phyfi- ciens un objet de recherches , & même de recherches utiles, Non-feulement l'explication de la manière dont ces figures ont été formées, paroït un objet de curiofité , auquel l’avan- tage de détruire une apparence miraculeufe & d'ôter au Peuple un prétexte de fanatifme, peut donner de l'intérêt ;. mais l’obfervation de ces Figures conduit encore à mieux connoître les loix de l'accroiffement des arbres. C’eft d'après ce point de vue que M. Fougeroux examine plufieurs mor ceaux de boïs provenus d'arbres, fur le bois defquels on avoit tracé des figures placées verticalement, & d’autres qu’on avoit préparés de manière que les tranches horizontales de l'arbre préfentoïent une croix: il prouve que les phénomènes qu'on obferve fur cés différens morceaux font d'accord avec les expériences de M. du Hamel fur la phyfique des arbres & avec {a théorie de leur accroiflement, que ce Phyficien célèbre a déduite de fes expériences, DESCRIPTION :DES NERF ST DE LA DEUXIÈME ET TROISIÈME PAIRE CERVICALE. ÎL y a dans toutes les Sciences des détails minutieux en apparence, que fouvent lon néglige, parce qu'ils femblent demander feulement du travail & de la patience, que le mérite de ces travaux n'exifle que pour le petit nombre d'hommes qui ont approfondi la fcience, dont ces détails font partie, & qu'enfin, ils n'offrent même l'efpérance d'une utilité éloignée qu’à ceux qui en ont faïfi tout l'enfemble. Maïs ces mêmes détails font fouvent ce qui intérefle le plus les Obfervateurs philofophes: ils les regardent comme nécef- faires pour compléter es Sciences ; ils favent qu'il eft rare de fuivre ces détails fans trouver des chofes importantes, inattendues , & fouvent l'explication de faits finguliers, dont il eft utile de connoitre es caufes. Tels font les détails que M. Vicq-d’Azir publie fur Les nerfs de la deuxième & troifième paire cervicale. Il commence par expoler les travaux de ceux qui l'ont précédé : Galien chez les Anciens, Charles Étienne, le premier des Modernes; après lui, Véfale, Willis, Vieufens, Winflow, Haller & Meckel, font ceux dont les Ouvrages ont le plus ajouté à ce qu'on connoifloit avant eux. M. Vicq-d'Azir entre dans une defcription détaillée de ces nerfs: de telles defcriptions B ï V. les Méme p.21- (VW. és Mém. P: 205. P2 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE font fouvent difficiles à fuivre, mème lorfqu'on a l’objet: fous les yeux; mais il évite cet inconvénient en: donnant à fa defcription une forme méthodique, & telle qu'il met les Élèves en état de préparer ces nerfs, de.les féparer & de les étudier. Après avoir fuivi ces nerfs dans leurs ramifications,. M. Vicq-d'Azir obferve les parties auxquelles ils répondent ,. les autres nerfs auxquels ils fe communiquent, & par-là, il explique la fympathie obfervée entre différentes parties du corps humain. De telles obfervations font très-utiles, puifque fouvent la caufe du mal eft fort éloignée du lieu où une partie du mal fe fait fentir. Parmi ces exemples d’affeétions fympathiques, nous nous. bornerons à citer ceux qui nous ont paru les plus frappans.- On a vu un coup donné fur l'omoplate faire perdre la voix; un véficatoite appliqué à la partie fupérieure du dos a fait- ceffer fubitement le hoquet; une irritation caufée dans l'oreille provoque: la toux, caufe des douleurs au cou & même dans ie bras du mème côté ; la dentition donne quelquefois une * toux convulfive, fans que la poitrine foit affle“tée. M. Vicq- d'Azir explique de la mème manière des phénomènes fimguliers- obfervés dans de certaines efpèces de fièvres, dans la colique des Peintres, enfm, dans les maladies hiftériques. EE CE ET PEN EE BCE GAS SO EE RE TETE EU RL Ai, NÉCESSITÉ D'OUVRIR LES FEMMES MORTES! DANS L'ÉTAT DE. GROSSESSE. Ï L eft prouvé que fouvent un enfant furvit à fa mère: morte pendant la groffeffe, & qu'ainfi on peut quelquefois le fauver, en faifant fur le cadavre de la mère l'opération céfarienne ; mais les cas. où cet enfant furvit, & ceux fur-tout: où fa vie n'eft pes feulement prolongée de quelques heures. font précilément ceux-i même où la caufe de la mort de la mère a été prompte, & par conféquent, ft elle n'eft pas la: pie ns m Se 'TlEr NICE xs 13 fuite d’un accident , ceux où les fignes de la mort font incer-- tains : or bien qu'a fa vérité l'opération céfarienne faite avec foin, ne {oit pas fürement mortelle, on ne peut nier qu’elle ne foit très-dangereufe, & que Fefpérance de fauver la mère, 1 on avoit le malheur de commettre une imprudence, ne foit prefque illufoire; il eft donc fage de ne pas enterrer une femme morte dans l’état de groffefie, fans avoir tenté l'opé- ration céfarienne:; mais il ne faut tenter cette opération, que lorfque la mort de la femme eft bien conftatée. C'eft ici qu'il faut craindre que des idées d'intérêt ou de vanité, les préjugés & les paflions, ne conduilent à des opérations préci- pitées, & que dans le cas où il faut prononcer entre deux êtres , tous deux dans un état où la vie leur eft indifférente , on ne réfufe à celui dont les droits fur la fociété font déjà exiftans , la préférence que la juftice & lhumanité exigent w'on lui donne. H arrive fouvent aufli que Îes enfans naïffent avec tous les fymptômes de la mort, & que cependant, cette mort ne foit qu'apparente : plufieurs heures de foïins & de tentatives inutiles ne fuffilent pas même pour étre affuré de {a mort; & quelquefois les enfans n’ont commencé qu'après cet efpace de temps à donner des fignes de vie. Il ne faut donc aban- donner cés enfans qu'après un long temps, ne pas {e rebuter, & l'on ne doït même s'arrêter qu'après que la mort a été marquée par des fignes non-équivoques. M. Bordenave entre ici dans Île détail des fecours qu’il faut adminiftrer, & dont finfuflation de l'air dans le poumon paroît être le plus fur. Il faut obferver entre les deux cas qui font traités dans ce Mémoire, deux différences remarquables : dans le premier , on peut craindre une erreur funefte, irréparable, qui même pourroit faire périr deux individus, dans l’efpéfance d’en fauver un; dans le fecond, ïül n'y a que des avantages à efpérer : heureufement, d’un autre côté, que le premier cas fe préfente rarement, le nombre des enfans réellement fau- vés par l'opération faite à leur mère, eft très- petit, car on ne doit compter qu'ayec précaution au nombre des enfans k V.les Mém. p- 601. 14 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE réellement vivans, ceux en qui on a cru remarquer quelques. fignes de vie, qui ont ceffé auflitôt que les inquiétudes de leurs parens fur leur état futur, ont été diffipées. Le fecond au contraire, eft affez fréquent, & la vie de l'enfant, ainfr confervée, eft ordinairement durable. SUR LES M AL ADIES NUL FOME Diss t petit nombre de maladies internes dont l'inf pection & le taét peuvent faire reconnoître les fignes , il arrive même encore que cette connoiffance eft incertaine, & que le tact conduit à des erreurs d'autant plus dañgereufes que ce moyen paroiît en lui-même plus afluré. Le Mémoire de M. Portal eft deftiné à avertir de ces erreurs que fa pra- tique lui a fait découvrir, car il ne craint poiit d'avouer que lui-même s'eft trompé : ce courage eft rare, & il eft difhcile de favoir pourquoi : un homme en effet ne peut guère pré- tendre à la gloire d’être infaillible, & il lui refte, en conve- nant de fes erreurs, le mérite de la bonne foi, l'avantage d'être utile & l'honneur d’avoir trouvé lui-même la vérité qui lui avoit échappé. Souvent , lorfqu’on tâte le foie, il paroït s'étendre plus bas que dans l’état naturel ; on en conclut. que fon volume eft augmenté & qu'il eft le fiége du mal: cependant ce dépla- cement du foie eft fouvent caufé par un engorgement du poumon droit, & il eft l'effet de l'augmentation du volume de ce vifcère; le déplacement de la rate, caufé par l'engorge- ment du poumon gauche, peut auffi faire foupçonner la rate d’être obitruée dans d’autres maladies de {a poitrine. D'un autre côté, il arrive fouvent auffi que fans que le foie manifefte aucun figne d’engorgement , il foit réellement atta- qué & qu'il caufe, par l'augmentation de fon volume, des maux d'eftomac & des vomiflemens : on les traite alors comme s'ils dépendoient d’un vice de ce vifcère, & on y applique des remèdes contraires à ceux qui peuvent foulager : c'eft ce D ES S:CAEN CES. 15 que M. Portal a reconnu par la diffeétion. Averti par-là , il a eu recours aux remèdes qui attaquoient la caufe du mal, & il a réuffi : ainfi on lui a vu guérir des vomiflemens par l'ufage de l'émétique en petite dofe ; efpèce de paradoxe qui peut furprendre ceux qui ne font pas Médecins. M. Portal termine fon Mémoire par plufieurs obfervations fur les jauniffes qui n’ont point pour caufe les maladies du foie ; fur les inflammations de ce vifcère, guéries par des hémorragies dans le canal cholédoque ; fur des gonflemens fanguins de la rate, également guéris par un dégorgement de fang dans l'eftomac : ce dégorgement fe fait par les vaif- feaux courts, qui dans cet état, acquièrent une capacité qu’ils n'ont point dans l'état naturel. Dans ces deux efpèces d’hémor- ragies, il furvient des crachemens de fang : ainfi, tandis que trompé par le taét, on accufe le foie ou la rate de maladies où le poumon feul eft attaqué , il arrive auff que Ton traite comme phtyfiques -des fujets chez lefquels le foie ou la rate font feuls le fiége de la maladie, Ÿ. les Mém. P- 79. 76 HisToire DE L'ACADÉMIE ROYALE HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. PURE L'OE ER RP ANT EN VETAUR | F2 Laines font une production utile pour le Cultivateur, dont elles augmentent les profits ; pour le Peuple qu'elles habillent ; & 1a perfeétion des Laines de France, en nous rendant indépendans de lindufrie étrangère , en multipliant nos fabriques de draps fins, & en nous donnant ou la {upé- riorité ou la concurrence pour ces fabriques, augmenteroit les productions de notre fol, & par conféquent la richeffe nationale. | M." Trudaine, à qui leslumières & le zèle de M. Daubenton étoient connus, le chargèrent de s'occuper des moyens de perfectionner les Laines en France , ou plutôt d'améliorer. en général l'efpèce des bêtes à laine: plufieurs Mémoires ; imprimés dans les Recueils de l’Académie & dans ceux de Ja Société Royale de Médecine , ont prouvé combien M. Daubenton avoit multiplié fes expériences & fes re- cherches. Celui que renferme ce Volume, a pour objet principal fa perfection que peut donner aux Laines le croifement des races. On fait qu'en général en mélant des races différentes d'une même efpèce , il en réfulte un mélange des deux & une race nouvelle: mais dans chaque forte de mélange, dans Dress LS ct EN CES. 17 dans chaque efpèce d'animaux, ces changemens peuvent étre foumis à des loix différentes. 4 M. Daubenton a obfervé que dans celle des moutons, la race qu'on voudroit perfeétionner par les mères, n’acqué- roit de perfection que par une Îongue fuite de ces con- jonctions ; qu'au contraire fa marche de l'amélioration devient très-rapide en employant les béliers, parce que l'agneau, quel que foit fon fexe, tient conftamment beaucoup plus du père que de la mère : aïnfr, foit qu'on veuille relever {a taille de l'efpèce, ou augmenter la quantité totale de {a Laine, ou diminuer celle du poil groflier qu'on nomme jars , ou rendre la Laine plus fine , après deux croifemens , la nouvelle efpèce fe rapprochera , égalera même celle des béliers dont on a voulu fa rapprocher. Cette obfervation a-t-elle lieu pour toutes les efpèces d'animaux ! C’eft ce qui ne feroit peut-être point facile de décider encore, du moins on n’a fur aucune efpèce des expériences auffi-bien fuivies & faites par des Phyficiens. Or, parmi les faits même qui paroiîtroient le mieux prouvés par une longue pratique, on ne peut admettre comme dignes d'être placés dans la mafle des connoiffances phyfiques, que ceux qu'un Obfervateur inftruit a vus & difcutés. Dans l'efpèce humaine , l'obfervation de M. Daubenton ne paroît pas générale ; mais il eft bien difhcile de diftinguer dans l'homme ce qui n'appartient qu'aux propriétés phyfiques de l’efpèce, Une longue civilifation a produit des altérations fi grandes, l'éducation, la nourriture, les paffions , les évè- nemens de la vie, mettent une telle différence entre les in- dividus, entre l’homme d’un jour & celui de la veille, que pour être conduit à des réfultats certains, il faut des obier- vations longues & multipliées qui permettent de faifir la loi de la Nature , altérée par les inftitutions fociales & les paffions qu'elles ont exaltées ou produites, Hi 1777: G V. les Mém, P: #3: #ä 18 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR LES GRÈS CRISTALLISÉS. Ïr reftoit à M. de Laflone, pour compléter fon: travail fur les Grès de Fontainebleau , de donner une analyle des grès criftallifés, comparés aux autres grès : les grès criftallifés en rhombe lui ont donné trois parties de fubitance calcaire fur . cinq de fable; les grès criftallifés en boules ont à peu-près les mêmes proportions, mais les ftalagmites fableufes ne con- tiennent que deux parties calcaires fur fix de fablé; enfin la {ubflance calcaire n’entre dans les grès tendres & en maffe de Fontainebleau que pour un vingt-quatrième : comme M. de Laflone n'a trouvé aucun grès qui ne contint de la même matière, & que plus cette matière eft abondante, plus le grès eft dur, il croit devoir en conclure que c’eft à cette fubftance qu'eft dûe l'union que contraétent entrelles dans les grès les molécules fableules, En examinant le précipité quartzeux que donne la diffo- lation du grès criftallifé dans un acide, M. de Lafone la trouvé formé de molécules d’une groffeur fenfible , & qui, vues à la loupe, paroiffent des débris irréguliers de quartz ; la criftallifation ne s’eft donc point faite par la réunion de particules femblables , formées d’une combinaifon élémentaire du quartz avec la fubftance calcaire: mais, par la réunion des molécules quartzeufes avec les parties élémentaires de la fubflance calcaire, es deux parties exiflent féparées & non combinées dans les criftaux de grès ; obfervation fingulière, DES SCIENCES. 19 unique même jufqu'ici, puifque les criflallifations connues, du mois toutes celles que nous produifons à volonté, paroïflent être formées par la réunion de parties femblables. H paroit aufi, comme nous l'avons déjà obfervé, que c'eft au milieu d'un fable pulvérulent que s'opère Ja crittallifation ; autre phénomène fingulier , puifque cette opération ne fe fait en général que par le refroidiflement ou l'évaporation. La craie, qui fait partie du grès, donne de l'air gafeux, en faifant effervefcence avec l'acide nitreux : mais tandis que la craie, expolée feule à la calcination, donne ce même air, le grès criftallifé, où la fubftance calcaire eft très -abondante, n'en fournit pas, & cette obfervation pourroit faire regarder Fair galeux comme la caufe de l'union qu'ont contraétée en- femble les deux fubfiances qui forment le grès. . de Lafone finit fon travail par des recherclies fur Ja couleur de quelques grès : les grès jaunes & rougeâtres doivent conftamiment leur couleur au fer ; & il feroit nawurel de penfer que les grès noirâtres, dont la couleureft plus foncée, con- tiennent une plus grande quantité de ce mé al: c'elt cepen- dant le contraire qui eit vrai; aufli tandis que le jaune & le rouge des grès prend une plus grande intenfité lorfqu'on les expofe au feu , les grès noirs perdent-ils de leur couleur : elle elt dûe aux débris des moufles, qui, entraïnées par l'eau, ont coloré le grès, & une partie de cette fubftance colorante fe diflipe par l'action du feu ; phénomène qui s'obferve en général dans les fubflances végétales. 20 HisSToiIRE DE L'’ACADÉMIE ROYALE GET M IE SUR LES FLUIDES AËRIFORMES Eies Chimiftes connoifflent depuis long-temps ces fluides tranfparens, expanfibles & incapables d’être réduits en liquides par le refroidiffement ou la compreffion, & qui fe fépagent des corps par l'effet de différentes opérations chimiques. Boile avoit obfervé que dans d’autres opérations, différentes fubftances abforboient une partie de l'air de l'atmofphère, & Hales avoit mefuré les produits aëriformes que laïffent échap- per les corps : on les regardoit en général comme de l'air, & les différences qu'on obfervoit entre ces- fluides ex- panfbles, étoient attribuées à quelques parties extraites des corps que l'air avoit retenues en fe féparant d'eux, & qui lui étoient plus adhérentes. C’eft ainfi qu'un grand nombre de corps renferment un fluide aqueux, qui eft le même dans tous, mais qui contracte, par fa combinailon avec les différens corps, une odeur, une faveur qu'il conferve après en avoir été féparé, . Depuis quelque temps , une foule d’expériences ont montré que ces fubftances expanfibles font eflentiellement différentes, ou du moins ne peuvent être réduites aux mêmes principes par les moyens connus; que notre atmofphère, loin d’être formée d’un fluide fimple, en contient plufieurs que l'on peut féparer , & que les opérations chimiques Ma refpiration des animaux , la végétation, changent la proportion de ces fluides dans une maffe d'air: donnée. Il faut donc maintenant tenir D'E SN SUCIT EN CE? & 21 compte dans toutes les expériences de la Chimie de toutes ces fubftances négligées jufqu'ici, examiner dans chaque phcno- mène ce qui eft dû à l'influence de ces fubflances , les analyfer elles-mêmes, afin de les réduire au moindre nombre & aùû plus haut degré de fimplicité poflible : & pour rémplir cet objet , il faut répéter toutes les analyfes chimiques connues, examiner toutes les théories adoptées. Tel eft le grand travail que M. Lavoifier s'eft impolé, & dont les Mémoires fuivans font une partie. Il faut diftinguer foigneufement dans ces Mémoires les faits des fyftèmes , ou plutôt les vérités prouvées ou reconnues, des opinions adoptées par l’auteur & propolées par lui aux Phyficiens & aux Chimifles , moins comme des opinions qu'ils doivent recevoir, que comme des conféquences que l’enfemble des faits préfente, qu'il faut examiner & vérifier , & fur lefquelles l’auteur lui-même fe propofe encore de nouvelles recherches. Une des théories chimiques les plus générales & reçues avec le moins de contradiction , eft celle du phlogiftique que Staal a donnée; mais dans prefque tous les phénomènes où Staal a vu une combinaïfon du phlogiftique, il y a la fépa- ration d’un fluide aëriforme : prefque par-tout où, felon Staal, un corps perd du phlogiftique , il fe combine avec lui un fluide aëriforme; ainfi dans les phénomènes où Staal a obfervé des combinaifons ou des {éparations de phlogiftique, il faut admettre aufli des féparations & des combinailons d'air prifes en fens contraire. La théorie de Staal n'étoit donc point complète: mais faut-il l'abandonner ou feulement la compléter & la corriger; & comment faut-il la corriger? Ces queftions partagent les Chimittes : l'expérience & le temps fauront feuls les décider. Heureufement c'eft moins par des raifonnemens que par des expériences que les Phy- ficiens fe combattent maintenant; & ces fortes de difcuffions, quand même elles refteroient indécifes, auroient produit du moins des faits nouveaux, & ne feroient pas inutiles pour les Sciences. Ainfi quand même on rejetieroit la doétrine chimique que M. Lavoifier fubftitue à celle de Staal, ces { 22 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Mémoires n'en feroient pas moins un recueil de faits inté- reffans qui ferviroient aux progrès®de la Chimie. Les Chimiftes ne font pas d'accord entre eux fur les noms qu’ils donnent aux différentes elpèces de fluides aëri- formes. Obligés de rendre compte de Mémoires où fouvent une même fubitance reçoit des noms différens, nous avons cru devoir adopter une nomenciature particulière : nous avons cherché à la rendre fimple & la moins éloignée qu'il elt potlble du langage vulgaire; à défigner chaque iubfiance par quelque propriété caractériftique qui ne tint à aucun fyfiemie: en {orte que le nom que nous lui donnons puitle être adopté par tous les Savans, quelque différentes que foient leurs opinions fur la nature de ces fluides. Nous conferverons d’abord à ces fubftances le nom d'arr, parce qu'étant expanfibles , tranfparentes, irréduétibles en liqueur par ie retroidifiement & la condenfation , poffédant en un mot toutes les propriétés mécaniques du fluide de l'atmo- fphère, le nom d'air nous a pu défigner de la manière la plus fimple les propriétés communes à ces fluides. Les Phyficiens anglois ont appelé air fixé l'air combiné dans les corps, & ils ont enfuite confervé ce nom à Fair dégagé des corps : enfin, comme le premier des airs dégagés des corps fur lefquels les Chimiftes fe font exercés, eft cette elpèce d'air que les acides féparent des pierres calcaires & qui fe dégage des corps qui fubiffent la fermentation fpiri- tueufe, cet air a confervé feul en Angleterre le nom d'air fixed, air fixe, quétnous avons traduit par air fixe. On {ent combien ce nom eft impropre : M. Lavoifier a propolé d'y fubftituer le nom d'acide crayeux aëriforme, parce que cet air eft réellement acide, & qu'on en obtient en verfant un acide fur de la craie ou en la calcinant; mais comme on obtient le même air non-feulement des autres fubftances calcaires, mais encore par la fermentation {piritueule, nous croyons devoir adopter par préférence le nom d'air gafeux, du nom de gas que Van-Helmont avoit donné à ce genre de fubftance. M, Prieftley a donné à l'air qui fe produit par la réduétion DE sAAS C1 Wic:E:s: 23 du mercure précipité per. Je fans addition, le nom d'air déphlogifliqué, ce nom eft une conféquence du fyflème de ce Phyficien célèbre, & d'ailleurs cet'air eft celui où les corps brülent plus facilement & dont la préfence paroît même néceflaire à la combuftion. Mais cet air eft aufli celui où les animaux peuvent vivre le plus long-temps, & même fans lequel ils ne peuvent vivre : on lui a donné en conféquence le nom d'air pur, comme fi la falubrité d’un air pour les animaux qui le refpirent, étoit une preuve de fa pureté; on Fa aufli appelé air refpirable, air éminemment refpirable, nom auquel nous avons cru devoir fubitituer celui d'air vital, parce que l'expérience a prouvé* que cet air elt néceflaire à la vie, & que les autres fluides expanfibles peuvent être également refpirés, puifque le mécanifme de la refpiration eut s'exécuter avec eux, quoique cependant ils ne puiflent Rvie à entretenir la vie. Lorfqu'on fait diffoudre des métaux dans l'acide nitreux, il s'en dégage un air auquel les Chiiniftes s'accordent à donner le nom d'air nitreux, & comme on n’a pu jufqu'ici obtenir cet air qu'en employant de l'acide nitreux à fa produétion, nous lui avons confervé le nom d'air nitreux. Les deux autres acides minéraux fourniffent chacun une efpèce d’air moins connu que l'air nitreux : ces deux efpèces d'air font acides, mifcibles à l'eau: quand ils font mélés, ils redeviennent, l’un de l'acide marin, l’autre de l'acide fulfu- reux; ainfi les noms d'air acide marin & d'air Julfureux paroiffent leur convenir le plus. Le fpath, nommé improprement Jpath fluor, produit un air acide que M. Prieftley a obfervé, & fur lequel il a fait des expériences très-curieufes : comme nous avons nommé air gafeux Vair qu'on retire du fpath calcaire, & qui eft en tout femblable à celui que donnent les autres pierres de cette claffe, nous croyons que ce nouvel air fera défigné d'une manière aflez précife par le nom d'air fpathique fous lequel _ileft d'ailleurs déjà connu des Chimiftes. Nous appellerons air alkalin, celui que M. Prieftley a retiré 24 HisroiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE de F'alkali volatil, du moins jufqu'à ce que des expériences nouvelles nous aient appris à en mieux connoître [a nature. La diffolution de fer dans l'acide vitriolique, produit un air inflammable ; il sen dégage aufli de la vale des marais; ces airs ont la propriété commune de s'enflammer & de détonner lorfqu'ils font mêlés avec l'air vital ; ils diffèrent cependant à quelques égards, foit qu'ils aient une nature différente, foit qu'ils fe trouvent mêlés avec d’autres efpèces d’airs, dans différentes proportions : nous leur donnerons donc le nom d’airs inflammables, en obfervant qu’il eft néceflaire d’avertir de la manière dont ils ont été produits. Lorfque l’on a fait calciner des métaux, brûler du phof- phore dans une mafle d'air, en un mot, lorfqu'on a fait éprouver à fair atmofphérique les opérations qui en diminuent la quantité, en féparant de l'air atmofphérique la portion d'air vital qu'il contient, & qu’enfuite, par le lavage, on en a encore féparé l'air gafeux qui a pu fe former ou fe dégager pendant ces opérations , il refte un air qui forme les trois-quarts ou Îles quatre cinquièmes de l'air de l'atmo- fphère. Cetair eft méphytique, ne peut {ervir à entretenir la combuftion; il n’a aucune propriété acide, ne précipite point l'eau de chaux, n’eft point inflammable ; M, Prieftley l'a nommé air phlogiftiqué : cette dénomination, qui tient à un fyflème, ne nous a point paru devoir être confervée; mais comme le mot air, fans aucune addition, défigne l'air de l'atmofphère , nous avons donné à cet air, qui eft l'air de l'atmofphère privé d’une de fes parties, le nom d'air réduir. Telle eft la nomenclature que nous avons adoptée, non par la prétention d’avoir une langue différente des autres Phyficiens, mais dans la vue de rendre Ia le‘ture de ces Extraits plus intelligibles pour ceux qui ne font pas familia- rifés encore avec les noms différens que les Chimiftes ont cru devoir donner aux mêmes fubftances aëriformes. SUR DE SILSICU'E INC ES 25 SUR LA COMBUSTION DU PHOSPHORE. ON regardoit, depuis les découvertes de M. Margraf fur v. les Mém, le Phofphore, cette fubftance comme une combinaïlon d’un p-65. acide animal particulier avec le phlogiftique, de même que le foufre étoit Ia combinaifon de l'acide vitriolique avec le phlogiftique : fi cette théorie eft exacte, du moins eft-il certain qu'elle n'eft pas complète. En effet, M. Lavoifier a eflayé de brüler du phofphore dans des vaiffeaux fermés, il ne s'en brüle qu'une petite quantité proportionnelle à la maffe d'air contenue.dans le vaifieau; cetie mafle diminue d'un cinquième: f1 on ramafle alors l'acide produit par la combuf- tion du phofphore, on trouve qu’il furpañle le poids du phof phore employé dans l'expérience, & cet excès de poids fe trouve égal à la quantité d'air qui a été abforbée ; l'air qui refte n’eft plus ni refpirable, ni propre à la combuftion ; mais 1 on lui ajoute une quantité d’air vital, tiré de la réduction du précipité per fe en mercure , il reprend toutes {es propriétés d'air atmofphérique. Des phénomènes femblables ont lieu dans la combuftion du foufre. , Les foufres ne font-ils donc en général qu’un acide privé de cet air , & l'acide un foufre à qui on l’a rendu ; ou le phlogiftique du foufre & du phofphore, pendant que leur acide fe combinoit avec une partie de l'air atmofphérique, s'eft-il combiné avec le refte de cet air? + M. Lavoifier penche pour la première opinion;mais un grand nombre de Chimiftes paroiflent tenir à la leconde, qui, s'éloi- . gnant moins des idées reçues, a dû avoir plus de partifans. M. Lavoiïlier pale de ces recherches à l'examen des combinaïfons de acide phofphorique avec les fubffances alkalines & les métaux. L’acide phofphorique verfé dans l’eau de chaux, la trouble, & en fépare un précipité qui reflemble à celui que produit d'air gafeux. Hif. 1777: D Vies Mém. P- 363. 26 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE Mais ces deux précipités, malgré l'identité que quelques Chimiftes ont fuppofée entre l'acide phofphorique & l'air gafeux, n’ont de commun que la première apparence; l’un eft de fa craie infoluble dans l'eau, l’autre eft un fel phof phorique foluble ; fun fait effervefcence avec les acides, l'autre n’en fait aucune : enfin, le précipité que produit l'acide pholphorique , préfente à la Joupe une forme criftalline. Nous ne fuivrons pas M. Lavoifier dans fe refte des détails où il entre fur la forme des mixtes falins que fourniffent les combinaifons de l'acide phofphorique. DUR L'EMIEN EXO PT ONRIE Ox fait que le Pyrophore eft une efpèce de foie de foufre, foit à bafe d’alkali fixe, foit à bafe de terre d’alun, qui a fa propriété de s’enflammer fpontanément à Fair libre: fi on prend de l'alun & du fucre calcinés enfemble, au point de ne plus donner ni fumées, ni vapeurs, & qu'on les poule au feu dans une cornue pour obtenir du pyrophore, il s’en dégage d’abord de Fair gafeux pur, puis de l'air gafeux mêké d’air inflammable, enfin de Fair inflammable prefque pur. On fépare ces deux airs en les agitant dans l’eau qui abforbe f'air gafeux, ou en plaçant dans ces airs un alkali cauftique avec lequel l'air gafeux fe combine ; lorfqu’il ne fe dégage plus rien du mélange, ce qui refle dans la cornue eft le pyrophore: fi on en place fur un plateau de balance; il s'enflamme, & augmente de poïds en brülant. | D'après cette expérience, M. Lavoifier a fait brüler du pyrophore dans des vaiffeaux fermés, en les rempliflant d'abord d'air commun: dans ces expériences, le pyrophore a brûlé jufqu'à ce qu’il ait abforbé un peu plus du quart de Fair Commun : aucune autre fubftance n’en fépare par fa combuftion une quantité aufli confidérable ; le réfidu de l'air contient fenfiblement de Fair gafeux. En brülant enfuite du pyrophore dans l'air vital, M. Lavoifier a obfervé qu'il s'en détruifoit environ les fix feptièmes ; f on fépare-du refte par DES SCIENCES. 27 Ja lotion dans l’eau l'air gafeux que ce réfidu contient, on a un nouvel air très-pur où l’on peut faire brüler le pyrophore, & en répétant cette opération, on parvient à convertir en air gafeux, ou à combiner avec le pyrophore [a totalité de Y'air vital à une cent quarante - quatrième partie près. À Le pyrophore a augmenté de poids en brülant , & tout indique que cette augmentation eft dûe à l'air qui s'eft combiné avec cette fubftance pendant la combuftion. En effet, le pyrophore eft un foie de foufre avant la combuftion; il en a la couleur, l'odeur, le goût; après Ja combuftion, il devient blanc, a la faveur ftyptique de l’alun ; enfin, il eft le véritable alun avec excès de terre, tel que M. Beaumé l'a décrit dans fes Ouvrages. Le pyrophore contenoit du foufre ; fon réfidu contient de l'acide vitriolique , & fuivant les autres recherches de M. Lavoifier, dans l'opération où l’on forme le foufre avec l'acide vitriolique, il y a dégagement d'air vital, & dans l'opération où lon tire l'acide vitriolique du foufre , y a abforption de la même fubftance. On pourroit demander cependant pourquoi, puifque l'acide vitriolique a pour principe conftituant l'air vital, qui s'en fépare dans la formation du foufre, on obtient, au lieu d’air vital dans la formation du pyrophore, de l'air gafeux & de l'air inflam- mable ? C’eft, répond M. Lavoifier , que l'air vital, com- biné avec la fubftance charbonneule, produit de l'air gafeux : c'eft ainfi que les chaux métalliques réduites fans addition, produifent de l'air vital, & réduites avec addition, donnent de l'air gafeux. L'air inflammable eft dû au charbon, & il eft d'autant plus abondant, que la quantité de fubflances char- bonneufes employées à faire le pyrophore eft plus confidérable, SUR LA VITRIOLISATION DES PYRITES, | HA Pyrites martiales font une combinaifon de fer & de foufre : fi on les diftille dans leur état naturel, on en tire du foufre, mais ces pyrites s’altèrent à l'air ; & fi on les D ji V. les Mém, P- 3964 Ÿ. les Mém. P: 324. 28 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE leflive lorfqu'elles ont fubi l’action de l'air, elles donnent -du vitriol martial. Ce changement exige le concours de Pair :. mais comment l'air agit-il dans cette décompofition? C’eft ce que M. Lavoifier a cherché à reconnoître; & il a trouvé que les pyrites abforboient la partie d'air vital que contient Yair atmolphérique employé dans cette opération : en effet, lorfqu'une mafle d'air donnée a été employée à vitriolifer des pyrites, elle fe trouve diminuée, & il ne refte plus que cette partie d'air non-refpirable, non-mifcible à l'eau, à laquelle M. Lavoifier a donné le nom de zwofette atmofvhérique, & sed 7 que nous nommons air réduit. SUR LE VITRIOL. DE MERCURE: LA diftillation du vitriel de mercure a fourni à M. Lavoifer de nouvelles obfervations qui s'accordent avec la fuite des faits que préfentent les recherches que nous venons d'expofer. Le foufre eft, fuivant M. Lavoifier, de l'acide vitriolique: privé de l'air vital, qui en eft un des principes : en effet, le foufre, en brülant, abforbe de l'air vital, & on retrouve: à la place Facide vitriolique. Or le vitriol de mercure: donne, par la diftillation, de lacide fulfureux. aëriforme,, c'eft-à-dire une fubftance acide comme l'air gafeux , abforbé comme lui par les alkalis, & mifcible à l’eau ; vient enfuite l'air vital, & lorfque cet air s’eft dégagé du mélange, le mercure reparoït fous la forme de mercure coulant : voilà donc l'acide vitriolique décompolé en deux parties, dont l'une eft l'air vital, & l’autre un aït acide, M. Lavoifier ne rapporte pas dans ce Mémoire d'expériences qui prouvent fr. le mélange de ces deux airs produit inftantanément l'acide vitriolique en liqueur, comme la combinaifon de fair vital & de l'air nitreux reproduit l'acide nitreux. Cette recherche fera partie de la fuite du travail qu'il fait efpérer au Publics DES SCIENCES 23 3 SR AE CRC DE DE DEEE EN PEINE PP LE D DIE M SE DE LA COMBUSTION DANS LES VAISSEAUX FERMÉS. Si on place une bougie dans un récipient rempli d'air atmofphérique, elle s'y éteint au bout de quelque temps, & l'air n’eft point fenfiblement diminué. M. Lavoifer s'eft afluré de ce fait par des expériences irès - rigoureufes ; mais fi alors on y place de l'alkali cauftique, il abforbe environ un dixième de cet air altéré par la combuftion; fi on verfe enfuite un acide fur cet alkali, l'air gafeux s'en dégage, & le volume d’äir redevient le même qu'il étoit auparavant. Cet air dont on fépare l'air gafeux, eft encore un peu refpirable; le phofphore y brüle & peut, en fuppofant la totalité de J’air de cent parties, en*abforber encore dix: mais. c'eft de l'air vital qu'il abforbe, & sil eût été placé dans Yair atmofphérique, il en eût abforbé vingt parties : les dix parties abforbées ou dénaturées par la combuftion font donc de l'air vital. Ce qui refle enfuite paroïît être un air femblable à celui qui refte après la calcination des métaux, puifqu'on peut réduire l'un & l'autre à l'état d'air atmofphérique par le mélange d’une quantité d'air vital égale à celle qui a été détruite. une bougie dans cent parties d'air vital, & ayant abforbé par lalkali cauftique l'air gafeux que cette opération avoit pro- duit, il eft refté trente-quatre parties d’un air que M. Lavoifier- a reconnu de nouveau être plus chargé d'air vital que celui de l'atmofphère; une lumière, en y brûlant, en abforba ow en changea encore en air gafeux vingt-deux parties ; les douze: reftantes euflent été encore diminuées par la combuftion du: phofphore ou du pyrohore. Or cette obfervation femble prouver que ce n’eft pas er changeant fair de Fatmolphère en air réduit, qu'agit la M. Lavoifier à fait fur l'influence que la combuftion a fur- Vair de fatmofphère, une expérience décifive. Il a fait brüles V.les Meme, P: 195: .. les Mém. p- 185. 3o HistTorre DE L'ACADÉMIE ROYALE combuftion des lumières ; c’eft plutôt en abforbant ce qué l'air atmofphérique contient d'air vital. JURA VAR, E SJ PIS ATOS Ex calcinant du Mercure dans une portion donnée d'air atmofphérique & propre à la relpiration, une partie de cet air fe combine avec le mercure; le refte ceffe d'être refpi- rable & de pouvoir entretenir la combuftion; l'air nitreux n'y caufe plus aucune diminution, mais cet air ne trouble point l’eau de chaux: fi, par un feu violent, on fépare du mercure calciné par ce moyen l'air qui y étoit joint, & qu'on le mêle avec ce réfidu non relpirable, cet air dégagé du mercure lui reñd toutes fes propriétés. Si on place un animal fous une cloche dans de Fair atmo- fphérique, il y périt en affez peu de temps; l'air qui étoit fous la cloche a été diminué, mais moins que celui où l'on a calciné du mercure; ce qui refte n’eft plus refpirable, éteint les lumières, ne diminue pas avec l'acide nitreux, mais trouble l'eau de chaux, différence eflentielle entre ce réfidu & celui de la calcination du mercure. Si on place dans cet air de l’alkali cauftique, une partie de cet alkali perd fa caufticité & abforbe une portion de l'air : ce nouveau réfidu d’air privé par la refpiration des ani- maux de l'air vital qu'il contenoit, & par l’alkali cauftique de ce qu'il contient d'air gafeux , ne diffère plus en rien de l'air qui refte de Ia calcination du mercure, & l'addition d'air dégagé du mercure fuffit pour la rendre propre à en- tretenir la vie. Aïnfr, tandis que la calcination du mercure paroït ne changer l'air atmofphérique qu’en féparant Fair vital qui y eft mêlé, la refpiration paroît, outre ce même effet, produire dans l'air atmofphérique une portion d'air gafeux. . L'air vital abforbé par Ia refpiration fe transforme-t-il en air gafeux dans cette fonétion, ou la refpiration abforbe-t-elle B'ES US CITE NE ES # Yair vital pour rendre un air gafeux déjà tout formé dans le poumon! L'obfervation a montré à M. Prieftley que le contact de l'air vital eft néceflaire pour que le fang conferve fa couleur rouge qu'il perd dans les autres airs, & même dans le vide. D'un autre côté, l'air vital où l’on brüle du charbon, femble {e transformer en air gafeux. La première de ces ob- fervations paroît prouver qu'il doit y avoir dans la refpiration, une véritable abforption de Fair vital; la feconde femble montrer que l'air vital peut fe transformer en air gafeux: peut-être, & c'eft l'opinion de M. Lavoifier, que dans Îa refpiration il y a en même temps & abforption d’une partie de Y'air vital, & transformation d’une autre partie en air gafeux. SUR LE FLUIDE IGNÉ Ass Phyficiens ont obfervé que l'évaporation des fluides eft accompagnée de refroidifflement; ce refroidiflement a lieu lorfque l'évaporation fe fait dans le vide, & qu'ainfi elle n’eft que la vaporifation du fluide qui, n'étant plus preflé par l'air, prend la forme d'un fluide expanfible: M. Lavoifer a conftaté ce dernier fait par des expériences fuivies avec foin. On peut en conclure en général, que lorfqu’un. fluide prend cette forme, les parties environnantes ou le refte du fluide perdent de la chaleur. Si on combine un alkali fixe ou volatil avec un acide, plus cet alkali eft chargé d'air gafeux, & plus il fe dégage de cet air pendant la combinaifon de l'acide avec l'alkali, moins l'augmentation de chaleur eft grande ; & même fi la quantité d’air dégagé eft très-grande, il y aura diminution de chaleur: c'eft d'après ces expériences que M. Lavoifier propofe, non comme un fait, mais comme une hypothèle plaufible, la théorie fuivante. La vaporifation, fuivant cette théorie, eft toujours accom- agnée d'une combinaifon de la matière du feu avec la fubftance qui fe vaporile, & le fluide expanfble eft fine combigaifon du liquide qui l'a produit avec la matière du V. les Mém. p. 420, V. les Mém. P: 592+ 32 H1sSTOIRE DE. L'ACADÉMIE RoTALE feu : ainfi cette matière du feu eft dans les corps dans deux états différens {comme on fait que l’eau exifle dans les fels ) libre & fervant à difloudre les corps ou du moins à les di- later, combinée avec eux & formant un de leurs principes. Dans toutes les opérations qui abforbent une partie du feu libre, il y a refroïdiffement; dans toutes celles, où il y a dégagement de feu libre, il y a augmentation de chaleur: les Phyficiens font partagés depuis le renouvellement des Sciences, & le feront encore long-temps entre l'opinion de l'exiftence d'un fluide igné, tendant à {e mettre en équilibre dans tous les corps, & qui caule la chaleur par fa condenfation, & le refroidiflement par fa raréfaction, & l'opinion que c'eft le mouvement feul qui caufe la chaleur, & que le fluide igné n'eft que la lumière & n’exifte libre dans les corps que lorfqu'ils font lumineux. Au refte, ce fluide igné, principe des corps qu'admet M. Lavoifier, a bien du rapport avec le phlogiftique de Staal; mais la manière dont M. Lavoifier penfe que ce principe agit & [e combine, eft très-difiérente de l'opinion de Staal, comme nous allons le voir dans le Mémoire fuivant. SUR LA COMBUSTION Les différentes expériences de M. Lavoifier, recueillies dans ce Volume, dans les précédens & dans fes Opulcules chimiques, l'ont conduit à une manière d'expliquer a combuftion que nous ailons expofer. Nous avons averti que l’auteur ne donne ces théories que comme des hypo- thèfes, qu'il foumet au jugement des Savans pour les véritier ou pour les combattre, ou plutôt comme des vues qui con- duifent à des fyftèmes d'expériences nouvelles, dont le réfultat doit éclairer fur les phénomènes les plus importans de la Chimie, de la Phyfique, de l'économie animale, Toutes les fois qu'il y a combuftion, il y a en même temps ablorption ou deftruétion, ou du moins altération da vital, DES SCIENCES, 33 vital; Ta combuftion eft impoñlible par-tout où cet air ne fe trouve pas; &,dans la combuftion des corps peu compofés, ou du moins que la combuftion décompofe en peu de prin- cipes, on obferve que la quantité qui peut brüler eft pro- portionnelle à a quantité d'air vital qui eft confommée. M. Lavoifier regarde ce fluide comme formé d’une certaine bafe, & du fluide igné qui eft combiné avec elle; cette bafe a plus d’affnité, foit avec le corps que l’on brûle, foit avec quelqu'un de fes principes, qu'avec le fluide igné; elle s’en fépare, & le fluide igné paroït dégagé fous la forme de lumière. Ainfi lorfqu'on brüle un corps, ce n’eft pas lui qui brûle, c'eft l'air qui l'entoure, c’eft-à-dire que ce n’eft pas au corps, mais à l'air qu'appartenoit la lumière qui fe développe. En combinant cette opinion avec celles qui ont été expofées dans les Mémoires précédens, M. Lavoifier a été conduit à une explication de a confervation de la chaleur animale dans les animaux qui refpirent, & qui précifément font ceux où cette chaleur eft la plus grande: l'air vital reçu dans le poumon, s’y décompofe, & il en fort de l'air fixe : cette décompofition n'a lieu que parce que la bafe de l'air vital eft féparée du fluide igné ; alors celui-ci fe trouve libre & s’unit au corps voifin fans y être combiné; il y produit donc de la chaleur. Ceux même qui n’admettront pas cette explica- tion, ne pourront s'empêcher de la trouver très-ingénieufe. Tel eft le précis des recherches de M. Lavoifier, fur l'in- fluence des airs dans les phénomènes de 1a Chimie: les volumes fuivans contiendront a fuite de ces travaux inté- reffans. SUR LES CENDRES DES SALPÉTRIERS. Ee Salpêtriers de Paris font dans lufage de mêler aux plâtras qu'ils leffivent, des cendres fouvent dépouillées par le lavage de ce qu'elles contenoient d’alkali végétal. Hif. 1777. E V. les Mém, P: 123, 34 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALE En Languedoc, ils font pafler la leflive des plâtras à travers des cendres de tamarifc, cendres qui ne contiennent point une quantité fenfible d’alkali : ces faits avoient donné lieu de croire que les cendres n'étoient dans ces travaux qu’un moyen de dégraifler les leffives de falpêtre; M. Lavoifier a cru devoir examiner de plus près cette opération. I a obfervé que les cendres des Salpêtriers de Paris, comme celles de tamarifc, font privées d’alkali, maïs contiennent des {els vitrioliques à bale alkaline; if s’eft afluré que le nitre à bale terreufe décompoloit ces fels, formoit avec leur bafe du falpêtre, & que l'acide vitriolique formoit de la félénite, fel peu foluble. C’eft donc fur cette double décompolition qu'étoit fondée leur opération. M. Baumé a montré que l’acide nitreux décompofe le tartre vitriolé ; maïs la décompofition dés fels vitrioliques par le nitre à bafe terreufe, étoit inconnue, ou plutôt n'étoit connue que de quelques hommes à fecrets: car, fur-tout en Chimie, fl cette efpèce d'hommes a peu de connoiffances utiles, ils ont fouvent des faits très-curieux dont ils favent fe fervir, ou pour infpirer la confiance, ou pour faire illufion. M. Lavoifier examine dans le même Mémoire, par quelle raifon les Salpêtriers préfèrent les cendres épuifées à la potafle, qui produiroit le même effet; car il trouve que l’alkali que renferment les fels vitrioliques contenus dans les cendres, eft encore plus cher que la potaffe malgré le bas prix de ces cendres. Mais ces cendres contiennent un peu de fel marin, & c’eft ce fel marin qui en rend l’ufage plus avantageux : à la vérité il ne peut l'être que parce que le privilége du fel marin oblige de le payer aux Salpètriers un prix qui ne foit pas fort éloigné: de celui qu'ils le vendroient en fraude aux particuliers; car il faut fixer pour ce fel, entre le prix naturel du fel & celui du fef vendu en fraude, un prix moyen, tel que la crainte d'être füurpris l'emporte fur le profit de la fraude. Si donc il s’eft introduit dans la fabrication du falpêtre un procédé vicieux, c'eft à l'établiffement d'un privilége exclufif qu'il doit fon exiftence, & en général c’eft à l'influence que les erreurs: h DES SCIENCES. 35 politiques ont für les Arts, que l'on doit attribuer Ja plupart des ufages défectueux qui en défigurent les produits & en ralentiffent les progrès. SURLE, ZINC à RAA de ce Mémoire eft d'examiner l’action qu’exercent V. ïes Mém. fur le Zinc l'alkali volatil cauftique, les alkalis fixes miné- page 1. raux, foit cauftiques, foit non-cauftiques , enfin le vinaigre radical. Les alkalis fixes cauftiques diffolvent une partie du zinc, & réduifent en chaux a partie qu'ils ne diflolvent pas: il faut qu'ils foient concentrés pour produire cet effet. Si donc l'alkali volatil cauftique n’agit point fur le zinc d’une manière fenfible, c'eft peut-être parce que cet alkali ne peut être amené au point de concentration néceffaire. Le vinaigre radical diffout complètement le zinc, forme avec ce demi- métal, un fel talqueux & argenté qui fe fublime prefque en entier fans rien perdre de fa pureté & de fa blancheur. Nous ne fuivrons pas M. de Laffone dans le détail de toutes ces expériences, dont il rapporte les plus petites circonf- tances, parce que fouvent c’eft à l’obfervation de ces circonf- tances minutieufes en apparence, que l’on doit l'explication des phénomènes les plus importans. Nous nous bornerons à indiquer ici quelques obfervations curieufes qu’il a eu occafion de faire. Le zinc produit fur le verre une altération fenfible, foit qu'on fafle digérer dans des vaifleaux de verre de lalkali volatil fur du zinc, foit qu’on foumette le zinc à l'action du feu dans une cornue de verre; quelques combinaifons de fer, l'acide fpathique produifent un effet femblable. Si l’on précipite le zinc diffous dans ’alkali cauftique par un acide, la combinaifon produit une eflervefcence, & il fe dégage un fluide aëriforme ; cependant 'alkali cauftique v'eft que l’alkali fixe privé de l'air gafeux qui lui eft combiné | E ÿ 36 HisToOIRE DE L'ÂCADÉMIE ROYALE dans fon état naturel: ce nouveau fluide aëriforme eft donc produit par le zinc. H sen dégage également pendant la diflolution du zinc dans lalkali non-cauftique ; fuivant les expériences de M. Prieftley , le zinc fans addition laifle auffi échapper une pareille fubftance, & ïf faut obferver que pendant ces opérations le zinc perd fa forme métallique. H fe fépare des différentes diflolutions du zinc, des Hocons noirs plus ou moins abondans; ces flocons font les mêmes, quel que foit le diffolvant employé : M. de Laffone 2 cherché à en déterminer la nature. Ï1 trouve qu’ils font diffolubles dans les acides, & que les alkalis les précipitent fous Ja forme d’une terre blanche; ik montre que ces mêmes flocons ne contiennent ni fubftance inflammabie, ni rien de métal- lique , & il les regarde comme une terre abforbante qui doit fa couleur noire à une petite portion de phlogiftique u’elle a retenue. M. de Laffone termine fon Mémoire par quelques obfer- vations fur les eflets médicinaux du zinc. On fait ufage du zinc dans fes maladies des yeux; & M. de Laffone avoit déjà propofé de fubftituer aux chaux de zine qui entrent dans ces médicamens, le fel acéteux ou tartareux de zinc: Ces fels qui font d’ailleurs plus folubles que le fel acéteux de plomb, pourroient être fubftitués avec avantage à cette préparation. On a attribué aux fleurs de zinc une qualité fédative; les expériences de M. de Laflone ne lui ont donné aucune preuve de cette propriété : il eft également éloigné de croire que cette chaux ait des propriétés nuifibles. Quant au zine fous la forme faline, il n'y a rien de conftant fur les effets de fon ufage intérieur : M. Groffe, Chimifte, de cette Aca- démie, prétendoit que même en très- petites dofes, le fel acéteux de zinc lui avoit caufé, ainfi qu'à fon Neveu, des coliques violentes & des fortes naufées.. Ce fait ifolé, mais’ appuyé d’une autorité auffi forte, montre du moins qu'il ne faut ni faire un ufage interne du zinc fans précaution, ni DES SCIENCES. 37 autori{er fans de Iongues épreuves l'ufage des vaiffeaux de zinc pour préparer les alimens, DODPROTLUE TE ESC 'DVE DE LA TRANSPIRATION INSENSIBLE, M. le Comte de Milly s'aperçut qu'étant dans le bain, il fe formoit fur les diflérentes parties de fon corps de petites bulles d'air qui finifloient par s'élever à la furface. de l’eau, & fe mêler à l'air de latmofphère: cet air paroît être la matière qui s'échappe par la tranfpiration infenfible, ou du moins la partie de cette matière qui n’eft pas inftantanément mifcible à l'eau. II en a recueilli, par ce moyen, une quan- tité très-petite, mais fuffifante cependant pour la foumettre à quelques expériences qu’il a faites en préfence de M. Lavoifier : l'air ainfr détaché des corps, diffère de l'air commun; les lumières s’y éteignent; il trouble l’eau de chaux; en un mot, il offre les rapports les plus frappans avec l'air gafeux & avec celui de l'expiration. On fait que ce dernier contient de l'air gafeux, mais qu'il contient aufli une partie d'air réduit : l'air de la tranfpiration infenfible eft-il abfolument le même? C'eft ce que, vu la petite quantité qu’en a obtenu M. de Milly, il n'a pas eu le temps d'éprouver.. À OBSERVATION SUR L'ACIDE PHOSPHORIQUE. Si on emploie le procédé de M. Schéele , pour tirer des: os l’acide phofphorique , on n'obtient point cet acide pur, mais -on trouve à la place une mafle vitreufe | quelquefois acide, d’autres fois privée de toute apparence faline, & indiffo- luble dans l’eau : en diftillant cette fubftance avec du charbon, on obtient du phofphore, & la partie d’acide phofphorique V. les Mém. p- 221 & 360. Page 321. Ÿ. les Mém, P: 435: Page 437. 38 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYyaLeE qui le forme, fe trouve à peu-près le quart de {a mafle vitreufe,. M. Sage n'a point pouffé plus loin ces Obfervations ; ainfr, il n'a pu déterminer précifément quelle eft Ia fubftance qui, en s’uniflant avec l'acide phofphorique, lui a donné l'appa- rence vitreufe, ni examiner fi cette matière vitreufe eft ou un véritable verre, ou une combinaïfon faline, quoique fans diffolubilité & fans faveur. L SUR L'ACIDE PHOSPHORIQUE CONCRET. Ok peut retirer l'acide phofphorique du phofphore par Ia combuftion de cette fubftance, mais on la retire aufli en laifant tomber Île phofphore en deliquium ; opération qui n'eft peut-être, dans Îa réalité, qu'une combuftion lente & infenfible. L’'acide phofphorique obtenu par M. Sage, en employant cette feconde méthode, diffère de l'acide phof- phorique que donne la première, principalement en ce que plufieurs des fels neutres qu’il produit ne font pas déliquefcens. SUR L'ACID.E DU, SUCRE On retire du fucre combiné avec l'acide nitreux un acide particulier, fous forme concrète, qui a été nommé acide du Jucre. C’eft à M. Bergman que l’on doit cette découverte, ainft que celle d’un acide auffi concret , que par le même procédé on retire de la gomme arabique. M. Sage rend compte ici des deux procédés que ce célèbre Chimifle a pro- polés, & obferve que cet acide du fucre décompole le nitre lorfqu'on les diftille enfemble: il ne paroïît pas qu'on ait encore fufffamment conftaté quelle part le fucre & l'acide nitreux ont dans ]a formation de cet acide. D'E s SC AE: N:e RS 39 SUR LE SALPÉTRE DE HOUSSAGE. M. SAGE, dans ce Mémoire, a donné le nom de ferre abforbante à celle qui fe trouve dans les os, lorfqu’après les avoir calcinés on en a féparé par le lavage le natrum qu'ils contenoient, & il obferve que le nitre à bafe non-alkaline qu'on retire du falpêtre de houfiage, a une reflemblance plus grande avec celui qu’on forme avec cette terre des os, qu'avec Je nitre à bafe de terre calcaire. Page 433. 40 HistTorRe DE L'ACADÉMIE RoYALE VW. les Mém. de 1775; page265; 1776, page 273; & 1777; P-225. ASTRONOMIE. SUITE DES MÉTHODES ANALYTIQUES POUR-RÉSOUDRE LES PROBLÈMES D ASTRONOMIE. En rendant compte des travaux de M. du Séjour, nous avons fait remarquer les avantages de fa méthode pour réfoudre analytiquement les Problèmes aftronomiques ; méthode de- venue néceflaire aux progrès de cette Science. Un des prin- cipaux avantages de cette méthode, eft la facilité qu’elle donne de corriger les différens élémens, d’après de nouvelles obfervations , en renfermant toutes les différences de ces élémens dans des équations générales, réduites à une forme fimple & commode pour le calcul : ces mêmes équations fervent également à calculer l'effet que des caufes phyfiques dont on foupçonne l'influence, peuvent avoir fur les obfer- vations , & à examiner fi l'on doit admettre l'influence de ces caufes, plutôt qu’une correction dans les élémens. Dans les Mémoires dont nous rendons compte, M. du Séjour obferve que dans les Éclipfes de Soleil, la théorie n’eft as d'accord avec {es obfervations, & il cherche les raïfons de cette différence: après avoir débarraffé les obfervations de l'eflet de la réfraction, il trouve une équation entre les diffé- rences des élémens de l'Éclipfe, c’eft-à-dire, entre les petites erreurs qu'il peut y avoir dans la détermination de ces élémens DEN "C T'EN CES; Ai élémens & la quantité de l'inflexion ; cette équation doit fatisfaire aux obfervations: M. du Séjour prouve d'abord que l'inflexion des rayons folaires, ou une erreur dans la valeur du diamètre de la Lune, font le feul moyen de fatisfaire à cette équation. IH indique les circonftances où l’obfervation peut faire reconnoître à laquelle de ces deux caufes il faut recourir, & il obferve de plus, qu'il eft difficile de fuppofer que le diamètre de la Lune eft plus grand que les T'ables ne le donnent, puifque cette erreur, qu’on peut reconnoître par beaucoup d’obferva- tions, ne l’a pas été: il préfère donc lhypothèfe de l'inflexion des rayons folaires, mais fans chercher à en affigner la caufe. M. du Séjour cherche enfuite à s’affurer immédiatement de la réalité de cette inflexion , & à la calculer : pour cela, il propole d’obferver Ia diftance d’une Étoile qui eft prête d’être éclipfée par la Lune, avec une autre Étoile voifine, qui ne doit pas être éclipfée ainfi dans l'inflant où le phénomène de linflexion des rayons aura lieu pour la première de ces Étoiles , il n'aura point lieu pour la feconde ; & a diftance apparente des deux Etoiles changera: par exemple, fr, au moyen d’un micromètre objeétif, on a placé l’une fur l'autre les deux images, elles fe fépareront. M. du Séjour donne les calculs néceflaires pour déduire d’une obfervation de ce genre, l'inflexion des rayons près du difque de la Lune. . Lorfqu'on obferve une occultation d'Étoile par {a Lune, il arrive que l'Étoile avant de difparoître, eft aperçue fur le difque de la Lune: on a expliqué ce phénomène ou par 1a réfrac- tion produite dans latmofphère de la Lune, ou en fuppofant le dilque réel de la Lune entouré d’une efpèce d'irradiation; M. du Séjour rejette la première hypothèfe, oppole à la feconde, mais fans la rejeter abfolument , des obfervations dont il paroît réfulter que le diamètre de la Lune paroït de la même grandeur , foit qu'on obferve la Lune éclairée fur un fond obfcur , ou la Lune obfeure fur un fond lumineux, & il en propofe une troifième : celle-ci confifte à fuppoler que la réfraction de la lumière des différentes Étoiles n'eft pas Ai 1777: 42 HiSToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE rigoureufement la même. M. du Séjour convient que les expériences ingénieufes de M. l'Abbé Rochon ont prouvé que la lumière des Étoiles étoit décompofable de la même manière & dans les mêmes couleurs que celles du Soleil ; mais il ne réfulte pas néceffairement de cette obfervation une identité parfaite entre les deux lumières, une égalité abfolue entre les réfraétions moyennes de ces lumières, & il femble qu’une légère différence entre la réfraction des fluides lumineux qui appartiennent à des corps fr différens, efE plus d'accord avec la marche ordinaire de la Nature. Au refte, M. du Séjour propofe aux Aflronomes des moyens fimples & rigoureux de reconnoître, par des obfervations , fi l'explication qu’il propole eft d'accord. avec les phénomènes. La détermination de la rotation des taches du Soleil eft encore un Problème où les méthodes de M. du Séjour peu- vent s'appliquer avec le plus de fuccès, & il en donne ici une folution nouvelle. M. du Séjour confidère enfuite les Écliples de Lune: il donne une méthode pour Îes calculer dans l’'hypothèfe ellip- tique. Cet Affre ne difparoït pas en entier dans les Éclipfes totales ; il eft toujours un peu éclairé, parce que l’atmofphère de la Terre ne dérobe pas à la Lune toute la lumière du Soleil : M. du Séjour examine pour chaque point de la Lune quelle eft précifément la quantité de lumière qu’il peut recevoir du Soleil. De chaque point de cet Aftre, part un cône de rayons, qui, dans les circonftances.que l’on examine ‘ici, eft en partie intercepté par la Terre, en partie détourné & abforbé dans l'atmofphère; & on peut chercher quel eft fur la Lune l'ef pace que ce point du Soleil laifle obfcur, & celui qui n’en reçoit qu'une lumière plus ou moins affoiblie. La même chofe ayant lieu pour chaque point du Soleil, on cherche également pour chaque point de la Lune quelle partie du. Soleil lui envoie une lumière direéte ou une lumière afloiblie par l'atmofphère; M. du Séjour renferme toutes ces queftions dans des équations générales, qui lui donnent les limites & la loi de chaque phénomène : c’eft par l'intégration approchée : D'ETSMISCITE NN CES. 43 d'une formule dépendante des quadratures, qu’il parvient enfin à déterminer la quantité de fa lumière reçue par chaque efpace de la Lune. La loi de {a denfité de l’atmofphère, celle de la réfraétion, celle de la dégradation de la lumière, entrent dans ce Problème & le compliquent fmgulièrement ; mais l’auteur choifit parmi ces loix , les plus vraifemblables, débarrafle le Problème des quantités qui le compliqueroient inutilement, & parvient à des folutions auffi fimples que la nature des queftions peut le permettre. C’eft d’après ces folu- tions que M. du Séjour trouve que la Lune doit être prefque toujours vifible, comme les phénomènes Font appris : il prouve de plus que le centre de l'ombre ne doit pas être plus lumineux que Îa circonférence. On avoit cru avoir obfervé le contraire, & cela paroïfloit d'autant plus naturel, que le centre de l'ombre reçoit la lumière d’une partie du Soleil, qui n’en donne pas à la circonférence; mais M. du Séjour montre que cette lumière eft trop foible pour être fenfible, & qu’elle peut contre-balancer à peine le défavan- tage qu'a le centre de recevoir moins de lumière d’une autre partie du Soleil. M. du Séjour détermine enfuite l’intenfité de Ia Iumière cendrée de la Lune, c'eft-à-dire de la lumière que donne la partie du difque de la Lune qui ne reçoit pas la lumière du Soleil : on ne peut attribuer cette lumière cendrée qu'à la réflexion des rayons {olaires renvoyés par la Terre. Ce n'eft pas l'intenfité abfolue de cette lumière que M. du Séjour calcule, mais les rapports de cette intenfité pour les diflérentes élongations de la Lune, en la fuppofant égale à l'unité dans le cas le plus favorable: celui où l'élongation eft zéro. Nous avons rendu compte de FOuvrage important que M. du Séjour a publié en 177 sfur Ÿ Anneau de Saturne: il ajoute ici de nouvelles recherches fur la manière de déter- miner l'inclinaifon de Anneau, par la comparaifon de fes diamètres. Cette détermination demande, à la vérité, des obfervations exactes du diamètre de l’ Anneau ; mais heureu- fement qu'en même temps que M. du Séjour donnoit {es F ij 44 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Méthodes pour calculer ces phénomènes, M. l'abbé Rochon inventoit, pour faire ces obfervations délicates, un nouvel Inftrument d’une précifion à laquelle on avoit pas ofé fe flatter d'atteindre. Enfin, ces Mémoires font terminés par des recherches fur la plus grande durée d'une Éclipfe de Soleil en général; fur la plus grande durée poffñble d’une EÉcliple annulaire ; fur {a plus grande durée poflible d'une Écliple totale, foit pour un lieu donné, foit pour un lieu quelconque du globe. M. du Séjour y fait une remarque qui peut paroître un paradoxe; c'eft que la plus grande durée poflible n'appartient pas à une Éclipfe centrale, mais au contraire exige que dans l'efpèce d'Éclipfe que l'on confidère, la moindre diftance du centre foit la plus éloignée d’être nulle qu'il eft poffible. Nous n'avons donné ici qu'un fimple expofé des objets » les plus importans, traités par M. du Séjour : on fent com- bien toutes les queftions qu'il difcute font délicates & curieufes ; {es méthodes de les réfoudre peuvent paroître un peu dif ficiles, ou plutôt un peu pénibles à ceux qui n'ont pas l'habitude du calcul; mais lorfqu’il s'agit de queftions réelles qui intéreffent le fyftème entier des Corps céleftes, on n’a le droit de faire ce reproche à une méthode, que lorfqu'on en connoît de plus faciles & qui aient à la fois la même exactitude & la même füreté. OBSERVATION DE LA LUNE V. les Mém. LE 17 Mars 1775, M. Jeaurat, après avoir obfervé le lieu P487* de {a Lune dans une circonftance favorable à l'exactitude de lObfervation, en a comparé les réfultats avec les Tables de Mayer & celles de Clairaut : l'erreur de Îa longitude a été de 8 fecondes pour les Tables de Mayer, & de 26 pour celles de Clairaut ; l'erreur de la latitude a été de 12 fecondes pour les premières Tables, & de 16 pour les deuxièmes. On voit par-là combien lune & l'autre de ces DES SCIENCES 45 Tables répondent aux Obfervations : quant à Îa fupériorité que paroiflent avoir celles de Mayer, comme elles ont été corrigées en partie, d’après les Oblervations, & que celles de Ciairaut ont été faites par la théorie feule, le temps feul peut apprendre fr elles conferveront cette fupériorité. OBSERVATIONS DES SATE LLATES, DE) JIUP ITE R:- Ces quatre Mémoires fervent à compléter a fuite des Obfervations des fatellites de Jupiter, faites par M. Maraldi. Le Volume de 1774 contient les Obfervations pour 1773; celui de 1776 contient les Obfervations de la même année ; celui-ci contient celles de 1774, 1775, 1777 & 1778. Placé fous le beau ciel qui l'a vu naître, M. Maraldi, que fa fanté a obligé de s’y retirer, femble avoir voulu prouver qu'il n'avoit quitté l'Académie, que pour lui être plus utile. CONJONCTION DE MERCURE AVEC UNE ÉTOILE DES GÉMEAUX. V. les Mém. pag. 41 & 473: La conjonction de Mercure avec l'Étoile des Gémeaux, Y. es Mém, qui a eu lieu en 1764, étoit une des Obfervations qui ont fervi de fondement aux Tables de Mercure, inférées dans Y'Affronomie de M. de la Lande. En 1776, cet Aftronome a eu occafion de répéter cette obfervation, dont la compa- raifon avec fes Tables devenoit un moyen de juger de leur exactitude : c'eft de cette obfervation qu'il donne ici les détails, & de laquelle il croit pouvoir conclure l’exactitude de fes Tables. Un grand nombre d'obfervations faites à Touloufe par M. d’Arquier, & à Cremfmuniter par le P. Fixlmiliner, ont également confiwmé la bonté des Tables de M. de la Lande, P- 149. V. les Mém, P- 137: V. les Mém. Pers. 46 HisToiREe DE L'ACADÉMIE ROYALE COMPARAISON D'OBSERVATIONS FAITES À MADRID ET À PARIS. Qusrours Obfervations de Don George Juan , envoyées à M. de la Condamine, ont été remifes à M. de la Lande: il y a joint d’autres obfervations faites à Madrid, les a comparées à des obfervations faites à Paris, & a cherché à en"déduire la latitude & Ia longitude de Madrid. On peut regarder comme exacte la latitude que M. de la Lande fixe ici à 4042518"; il n’en eft pas de même de la longitude, que, par un milieu pris entre un grand nombre d’obfervations , M. de la Lande fuppofe de 23’ so": en effet, les réfultats extrêmes des obfervations diffèrent entreux de 1” 30”. M. de la Lande obferve, & prouve par des exemples, qu'on ne connoîit avec exactitude que la longitude des lieux où il y a des Obfervatoires fixes, où on a pu fe procurer des fuites d’obfervations. Ce Mémoire eft terminé par des Obfervations météoro- logiques faites à Madrid, mais malheureufement en trop petit nombre pour qu’elles puiffent fufhre à donner quelque réfultat. «SUR LA LONGITUDE DE PADOUE. Pom eon. que M, Toaldo à établi à Padoue, rend plus importante la connoïffance exacte de la longitude de cette ville : il-faut du moins avoir fait une fois ces calculs pour chaque lieu où l'on obferve , afin que les Obfervations, qui y feront faites dans Ja fuite, puiffent être rapportées à celles qui auront été faites dans d’autres lieux : M. de la Lande fixe ici, par la comparaifon d'Obfervations faites à Padoue par M. Toaldo avec les fiennes & celles de M. Méchain, la longitude de Padoue à 38 minutes. M. de Ia Lande remarque que la longitude de Venife n’eft encore connue qu'imparfai- tement; c'eft une efpèce de tache pour une grande Capitale, DES SMISTICUME NICE si 47 mais elle fera bientôt effacée, grâce aux progrès que les Sciences conmencent à faire dans cette partie de FItalie. S'UMR OI ETS COMÈTES DE 1771 ET DE 1772. N ous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit de la méthode , fuivant laquelle M. Meflier obferve les Comètes, & préfente le réfultat de fes Obfervations ; nous nous borne- rous à obferver ce que l'Obfervation de celles dont il parle dans ce Volume , lui a préfenté de plus intéreffant. La Comète de 1771, la Lx. des Comètes connues, en fuivant l’ordre de leur découverte , a été vue par M. Meffier depuis le 1.” Avril jufqu'au 19 Juin: en la comparant aux Étoiles, il a eu occafion de déterminer la pofition de dix- huit Étoiles nouvelles, qui ne fe trouvent point dans les Catalogues ; il a obfervé auffi que deux Etoiles obfervées par Flamftéed n’exiftoient plus, du moins à la place où ce grand Oblervateur les avoit marquées. Le 2 Juin, vers les 9 heures du foir, M. Meffier obferva dans la conftellation des Gémeaux , une lumière femblable à la queue d’une Comète; elle avoit 2 $ degrés de longueur environ, 7 degrés dans fa plus grande largeur : ce phénomène ne dura qu'une demi-heure après le moment où M. Meffier Vaperçut, & difparut peu-à-peu. M. de Sylvabelle a vu à Marfeille la même Comète juf- qu'au 24 de Juillet. La Comète de 1772, la LxI." des Comètes connues, a été vue à Limoges, par M. Montagne, le 6 Mars; M. Meffier commença à l’oblerver à Paris, le 26, & la vit le $ Avril pour la dernière fois. A la fin de fon Mémoire fur cette Comète, M. Meffier a placé quelques extraits de Lettres de M. Lexell; ce favant Aftronome y donne de nouvelles preuves de la néceflité de fuppofer à 1a Comète de 1770 une période très-courte, fi V. les Mém, pages 154 & 345. V. les Mém. p' 440. 48 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Yon veut fatisfaire aux obfervations , & d'attribuer la non- apparition de cette Comète dans l'époque où l’on peut fixer fon retour , aux dérangemens qu'a dû cauler dans fon mouvement l'attraction de Jupiter. M. Lexell y donne enfuite les élémens de l'orbite fuppofée elliptique de-la Comète de 1773, dont M. Meflier a publié les Obfervations dans nos Mémoires {année 1774); où plutôt * il détermine l’excentricité de cette orbite, car cette Comète n'a pas été vue dans une aflez grande partie de fon orbite, pour que le temps périodique qu'on déduiroit de cette théorie püt étre regardé comme repréfentant la vraie période de la Comète. SUR UNE NOUVELLE NÉBULEUSE ET SUR TROIS AURORES BORÉALES, Obfervées en 1777. Le 2$ Février 1777, M. Mefñer obferva dans la Che- velure de Bérénice, une nouvelle Nébuleufe, & qui avoit jufqu'ici échappé à fes recherches : le lendemain, il en déter- mina la pofition. A peine cette Obfervation étoit-elle finie, que M. Meffier aperçut une lumière blanchâtre dans la conftellation d’An- dromède; elle avoit la forme d’un fufeau ; bientôt elle préfenta toutes les apparences d’une Aurore boréale : elle paroifloit dans le plan de l'Écliptique; mais les mouvemens qu'on y remarquoit, ne permettoientp as de la confondre avec la lumière zodiacale. Pendant qu'on obfervoit ce phénomène, on voyoit encore une Aurore boréale dans la partie du Ciel qu’elles occupent ordinairement, & qui paroifloit indépendante de la première. L'arc lumineux qui formoit la principale apparence de ce phénomène, a été obfervé à Limoges & à Mondidier. M. Montagne, qui l'avoit vu à Limoges, a cherché à déduire de DIEXSUISY CARE NC EU, 49 de ces deux obfervations, l'élévation du phénomène, & il Ja trouve de‘vingt-huit lieues : il ne regarde point cette déter- mination comme très-précile; mais c'eft du moins une ten- tative aflez approchée. M. Meflier, qui a fenti combien il deroit important que de pareilles déterminations puflent être faites avec exactitude, a foin dans fes obfervations, de rap- porter chaque apparence, & à l'heure où elle a commencé à étré fenfible, & aux Étoiles auxquelles il a pu en com- parer la pofition. I eft certain que fi le hafard failoit concourir à l’obfervation d’une même Aurore boréale deux Oblervateurs auffi exacts, la région où fe pafle ce fingulier phénomène feroit connue; & l'on fait que fans cette connoiffance, on ne peut faire fur fa nature des Aurores boréales que des çonjectures vagues & incertaines. Les deux autres Aurores boréales obfervées par M. Mefer, n'ont préfenté aucun phénomène extraordinaire. Hif. 1 277: G V. les Mém. P: 373 so H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUITE: D'ESR'ECHIER CITES SUR LE MOUVEMENT DES FLUIDES QUI RECOUVRENT UN SPHÉROÏÎDE, ÎLE Géomètre à qui l'on doit la première folution du Problème de la préceflion des Équinoxes, & ceux qui dans la fuite ont rélolu ce même Problème, ont cru pouvoir regarder le fphéroïde de la Terre comme une maffe folide, & faire abflraction du fluide qui fe recouvre en partie : les calculs de M. de la Place l'ont conduit, dans fes Mémoires précédens, à conclure que l'effet de l'aétion de cette mafle ne devoit pas être négligé, mais qu'au lieu de regarder Îa mafle fluide comme nulle, il falloit la confidérer comme folide. Il prouve ici par une méthode direéte, que cette der- nière hypothèle eft très-exacte; ‘que l'erreur qui en rélulte peut toujours être négligée, & qu'ainfi on peut fans erreur, dans les queftions relatives au Problème de la préceffion, regarder la Terre comme une mafle folide. On pouvoit foupçonner d'avance ce réfultat : le changement que l'attraction des corps céleftes peut caufer dans la mafle des fluides, étant bien peu de chofe en comparaifon des inégalités du globe & de la différence de denfité entre fes parties, quantités dont on eft obligé de faire abflraétion ; mais dans les Sciences phyfico-mathématiques, il y a toujours fort loin d’une opinion, quelque certaine qu'elle puiffe paroïtre, à une vérité prouvée, & il eft arrivé fouvent que des opinions dont on ne s’avifoit point de douter, ont été démenties par le calcul. LTÛ TE SUR L'ÉPAISSEUR DES PILES DES PONTS. L'ancne d'un Pont exerce fur les piles deux forces diffé . Jes Mém. rentes, l’une verticale qui tend à les enfoncer , l'autre latérale p: 553. qui tend à les renverfer ; mais cette feconde force eft balancée par celle des arches voifines, en forte que fi les arches font égales, les piles n'éprouvent aucune preffion latérale. M. Perronet a obfervé que, tant pour les Ponts anciens que pour les modernes, on a fouvent fait les piles étroites & quelquefois très-larges ; pour connoître quelles ont pu être les raifons de cette différence, il examine fi ces piles très-larges avoient aflez d'épaifleur pour fervir de culée, en forte que chaque arche, confidérée comme féparée , eût la folidité nécefaire, & il trouve que cette épailleur eût encore été infufñfante, & qu’ainfi l'indépendance abfolue des arches navoit pu être le but de cette pratique : c’eft d’après cette réflexion qu'il propofe de diminuer encore la largeur des piles, de ne leur laiffer que l'épaiffeur néceflaire pour foutenir , fans fe brifer, le poids qu'elles ont à porter, l’aétion de l'eau, le choc des glaces & des bateaux. En leur donnant enfuite un grand empattement pour que la pile foit moins fufceptible d’être enfoncée par le poids, il augmente encore la folidité. Mais il faut obferver ici que, dans la manière d'envifager la preffion latérale fur les piles, M. de la Hire, d’après lequel M. Perronet a fait fes calculs, n'ayant pour objet que la G ij s2 H1iSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE folidité durable des pieds- droits des voûtes, ne confidère ue Ja force qui pourroit renverfer un pied-droit, en le RiÉnt fimplément pofé fur un plan horizontal : or un pied-droit trop foible pour réfifler dans cette hypothèfe ,1à la pouffée d’une voûte, fcroit affez folide , fr on fuppofoit qu'il ne peut être renverlé qu'en fe'brifant. Il exifte une folidité du moins momentanée, même dans ces pieds- droits que les calculs de M. de la Hire donnent comme ‘trop foibles, & cette folidité peut fufhre pour prévenir les fuites d'un accident & foutenir une arche pendant un certain temps, quoique pour la foutenir long-temps & dans l’état habituel, le même pied-droit manquât de folidité ; ainfi la grande épaiffeur qu'on a donnée aux piles des ponts étoit peut-être fufhfante pour leur donner cette efpèce de folidité qui fuffit à a füreté. Un des grands avantages de la diminution des piles eff, indépendamment de l'économie , celui de moins rétrécir le lit des rivières, & par conféquent d'expofer moins les Ponts à être entraînés par l'eau & d'éviter les affouillemens. C'eft dans l'intention également de rendre plus libre le cours des rivières, que M. Perronet propofe de placer la naiffance des voûtes au-deflus des hautes eaux & non pas feule- ment au-deflus des bafles eaux, comme c'eft l'ufage, & alors de donner aux voûtes non la forme d’anfe de panier, mais {a forme d’un arc-de-cercle. Dans cette conftruction, à la vérité, on auroit befoin d’avoir des piles plus fortes qu'en fuivant la méthode ordinaire. Au refte, il faut obferver que la naiffance de la voûte étant donnée, ainfi que fon fommet &c fa charge, la condition de l'équilibre donnera la figure qui Jui convient le plus. SiCANE NC Æ 6: SUR UNE MÉTHODE POUR LE RETOUR DES SUITES. On peut regarder les Séries fous deux, points de vue, V.les Mén. ou comme le développement d’une fonction à laquelle on P-52- fuppole une forme dont elle, n’eft pas fufceptible, ou comme une expreflion fimple, & de plus en plus approchée d’une valeur, dont l'expreffion rigoureue feroit ou irop. compliquée ou impoflible à trouver. Dans le premier cas, la théorie des fuites eft d’une grande utilité dans l'Analyfe , foit pour connoître la poihbilité de certaines équations, foit pour reconnoître l'étendue des folu- tions dont elles font fufceptibles , foit enfin pour -donner les folutions indirectes d'un grand nombre de Problèmes. Dans le.fecond , les {éries font utiles, fur-tout pour la partie de l'Analyfe qui fert. dans les Sciences phyfiques. Le Mémoire de.M. l'Abbé, Boflut a, pour objet les féries confidérées fous ce dernier point de vue. Lorfque l’on a une quantité égale à une fonétion quelconque d’une autre quantité, on peut chercher, à avoir la feconde quantité exprimée par une fonction de la première ; cette opération n'eft fouvent poflible qu'en employant les féries, & c'eft ce qui arrive dans plufieurs problèmes d'Aftronomie-phyfique. M. l'Abbé Boflut avoit donné en 1762, une méthode élégante & d’une approximation, très-commode pour le cas où, dans une ellipfe peu excentrique, on cherche l'anomalie vraie , lanomalie moyenne étant donnée. Ÿ. les Mém. P- 99: s4 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROTALE If étend ici à d’autres équations fa méthode qui confifte à employer des différenciations répétées, & à comparer, pour une valeur où l’on connoït les deux quantités, deux expref fions des différences fucceflivés de celle qu’on cherche, l’une donnée par l'équation propofée , l'autre d'après une valeur hypothétique qu'on fuppofe à la quantité cherchée, & dont il faut déterminer les coëffhciens. L’Auteur montre que cette méthode eft générale toutes les fois que la quantité de laquelle eft cherchée l’expreffion, eft telle , que fa différence étant fuppofée conftante, la différence »° de la quantité donnée, divifée par la puiffance # de la différence de la quantité cherchée, eft égale à une fonétion de cette même quantité, qui fe puiffe réduire à une férie convergente de finus, de cofinus, d'exponentielles fimples, ou même de puiflances. Les exprefions que donne cette méthode fe trouvent très- fimplement, & d'une manière commode, ce qui eft fort important, parce que tous les problèmes de l’Aftronomie-phy- fique fe réduifent précifement à des équations de cette forme. SUR MES SÉRITES Less ET principal de M. de la Place, dans ce Mémoire, eft de démontrer des formules en féries que M. de la Grange a données fans démonftration dans les Mémoires de l Académie de Berlin {années 1769 à 1772); V'une de ces for- mules eft l'expreflion en férie d’une quantité qui n'eft connue que parce qu'on a une fonétion donnée de cette quantité égale à une autre quantité, ou bien même une équation entre ces deux quantités. M. de la Place trouve directement la forme & la loi de la férie par laquelle on peut exprimer les quantités cherchées ; if avoit paru déjà, dans les Mémoires de Turin, tome V, quelques recherches fur cet objet. Une autre de ces formules eft l'identité d'expreflion entre les fuites de certaines fonctions d'exponentielles & celles qui expriment des diffé- rentielles finies ou des intégrales, en forte que les coëfficiens reftant les mêmes , il fuffit de fubftituer des différentielles à DE! SIMSEC I EN NèùG Ets: 55 des puiffances de même expolant, & que l'expofant des diffé- réntielles ou des intégrales foit le même que l'expofant pofitif ou négatif de la fonction exponentielle. Aucun Géomèire n'avoit encore publié la démonftration de ce théorème de M. de la Grange. Ces deux démonttrations ne font que des exemples d'une méthode générale, que M. de la Place propole ici, comme très-propre à perfectionner la théorie. des féries. En démontrant ces différens théorèmes, l'Auteur y a ajouté des remarques nouvelles, dignes de Fattention des Géomètres. SUR LES MÉTHODES D'APPROXIMATION POUR LES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES. 15 Es Géomètres qui ont cherché des méthodes pour V. les Mém, réloudre, par approximation, les équations difkrentielles, P- 373- ont trouvé dans toutes ces méthodes une difhculté qui paroît naître de eur nature, & qui en rend lufage com- pliqué, & fouvent mème incertain. Ces méthodes confiftent à donner la valeur d'une quantité cherchée, exprimée par une autre quantité que l'on regarde comme connue : cette quantité regardée comme connue, eft dans les problèmes d’'Aftronomie- phyfique, ou le temps écoulé depuis un moment qu'on regarde comme le commencement du mou- vement, ou l'angle parcouru en vertu du mouvement angu- laire : or ces deux quantités augmentent continuellement , & font fufceptibles d'augmenter à l'infini : fi donc dans la valeur qu'on cherche, il y a des fonctions de ces quantités qui leur foient proportionnelles, ou généralement qui augmentent en même-temps qu’elles, ces fonétions, quels que foient leurs coëfficiens, ne pourront être fuppofées comme étant toujours très-petites, & la méthode d'approximation ne pourra fervir que pour un certain elpace de valeurs de cette quantité connue, pour un certain efpace de temps par exemple. Dans ces méthodes d’approximation , on a ordinairement la 56 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE uantité cherchée, égale à une fonction rationnelle en férie, de finus & de cofinus de la quantité regardée comme connue , & cette férie eft convergente; maïs il y a une infinité de cas où elle contient auflr des puiffances entières de cette quantité même, & alors la férie ne peut plus ètre convergente , du moins lorfque cette quantité eft parvenue à un certain point de grandeur : l’on dit alors que la folution, au lieu de ne renfermer que des finus & des cofinus, ren- ferme des arcs-de-cercle. Si Ja quantité cherchée étoit réellement fufceptible d'aug- menter indéfiniment avec la quantité connue, toutes les fois que la folution contient des arcs-de-cercle, il s’enfuivroit feulement que les méthodes d'approximation ne pourroient jamais fervir que pour un efpace de valeurs, après lequel ïl faudroit recommencer le calcul, mais il n’en eft pas ainfi. Les arcs-de-cercle peuvent fe trouver dans les folutions , quoique Ja valeur de la quantité cherchée foit reflerrée entre des Jimités; il eft donc important dans ce cas, ou de les éviter ou de les en faire difparoïtre. C'eft cette dernière opération qui eft l’objet du Mémoire de M. de Ia Place. Nous allons expofer les principes de fa méthode. La quantité fuppofée connue ne fe trouve point dans les équa- tions qu'il traite, elles ne contiennent que les finus ou les cofinus de fes multiples; elle fe trouve cependant dans les intégrales, & des féries ordonnées, par rapport aux puiflances de cette quantité, multiplient les fonctions en finus. C’eft en cherchant à fommer ces féries, que M. de la Place cherche à faire évanouir les arcs-de-cercle : pour cela, il remarque que fi on fuppofe que cette quantité qui ne fetrouve pas dans les propolées ,'& qui fe trouve dans les intégrales, eft augmentée d'une quantité arbitraire, les nouvelles inté- grales ainfi formées, doivent fatisfaire également aux équations propofées; les féries de la quantité qu'on veut exclure font donc des fonctions de cette quantité, plus une quantité fuppofée conftanté : or lorfque ces fortes de fonétions de fa fomme de deux quantités font ordonnées en frie, par rapport ‘aux DES SCIE NC E-$s. s7 aux puiffances fucceflives d’une de ces deux quantités, il fubfifte une loi connue entre les deux premiers coëfhciens ; le premier eft une fonction de l’autre quantité femblable à Ia fonction génératrice; le fecond eft la différence de cette même fonétion. Si donc le coëfficient du fecond terme eft une fonction du premier, ou fi dans un fyflème de féries du même genre, chacun des feconds termes eft une fonction des premiers, confidérant les premiers termes comme une fonétion de la variable, pour laquelle la férie a été ordonnée, & le fecond terme comme la différence de cette fonction, on déterminera cette fonction, & par conféquent on aura la fomme de la férie. Si on obtient ces équations fous une forme ou finie ou fous l'expreffion de férie convergente; fi l'équation différen- tielle ou le fyflème d'équations différentielles, dont dépend cette fommation , & qui fe trouve toujours du même ordre que l'équation propolée; fr, dis-je, cette équation ou ce fyftème d'équations font intésrables, foit rigoureufement, foit par approximation, alors il pourra arriver, qu’au lieu d’une férie qui renferme des puiflances de la quantité fufceptible d’au- gmentations à l'infini, on aura une fonction de cette quantité, ou finie ou en férie ; mais qui ne fera pas fufceptible d'augmenter indéfiniment, & alors la méthode d'approximation donnera une folution qui fera bonne pour toutes les valeurs, au lieu de ne l'être que pour un certain efpace de valeurs. Telle eft la folution que M. de 1a Place donne de cette queftion, qu'il regarde comme la plus importante & la plus dificile que puife offrir la théorie des méthodes d’approxi- mation , pour les équations diflérentielles. OUVRAGES PRÉSENTÉS AS CADÉMIE. PERTE LAcanéme avoit propolé pour fujet du Prix de 1775: Des Recherches fur la meilleure Méthode de confruire à de Jufpendre les Aiguilles aimantées, d de s'afurer fi elles font dans le plan du Méridien magnétique, de maniere qu'on puiffe obferver avec ces Aiguilles les variations diurnes de la déclinaifon. L'Académie propoloit en même temps : La Recherche des loix de ces variations diurnes. Aucune des Pièces envoyées pour le Prix de 1775, n'ayant rempli fes vues, elle a propofé les mêmes Queftions pour l’année 1777, avec un Prix double, Ce Prix a été partagé entre deux Pièces, l’une ayantpour devife ; Etiam non affecutis, voluiffe abunde pulchrum atque magnificum eff, eft de M. Van Swinden, Profefleur de Philofophie à Frane- ker en Frife; l'autre ayant pour devife : #14 Facilits quid non fit, quam quid fit de hujufmodi rebus poffe confirmari, eft de M. Coulomb, Capitaine au Corps royal du Génie. L'Académie a diftingué parmi les inftrumens qui lui ont été envoyés pour concourir au Prix, une Bouflole de M. Magni, Ârtifte depuis long-temps avantageufement connu dés Phyficiens. La fufpenfion de l’Aiguille a paru ingénieufe, & la Bouflole très - commode pour faire à terre des obfervations délicates : en conféquence, l’Académie a cru devoir décerner à l’'Auteur une fomme de 800 liv. fur celle qui formoit le Prix. DES RAS CE E-NCLE:S 59 UNE Compagnie de Négocians diftingués par leurs Jumières & par leur zèle pour le progrès des Arts, avoit remis à l'Académie une fomme de 1200 liv. deftinée à former un Prix fur l'Art de la Teinture. L'Académie avoit accepté leurs offres avec la reconnoiffance qu'elle doit à tous ceux qui veulent bien concourir avec elle à étendre ou à répandre des lumières utiles; & elle avoit propolé pour fujet d'un Prix qu'elle devoit décerner en 1777: | L'Analyfe de l'Indigo © l'examen chimique des opérations employées dans les Teintures dont cette fubftance eff la bafe. Les Pièces qui ont été préfentées au Concours, renfer- moient toutes des expériences ingénieufes & des vues utiles: l'Académie a cru devoir partager le Prix entre deux de ces Pièces. La première, ayant pour devife : l Vincant queis Neptune dedifli Quamquam, Ge eft de M. Quatremère. La feconde, ayant pour devife : Felix qui potuit rerum cognofcere caufas, eft pour la partie théorique, de M. Hecquet d'Orval; & pour la partie expérimentale, de M. de Ribaucourt. L'Académie a cru devoir auffi accorder des éloges à deux Pièces qui ont pour devifes, la prenfière : Nif utile eff quod facimus flulta cf? gloria; & la feconde : Experientia juvat timidum ratiocinantem. L'Académie invitoit en même temps les Auteurs de ces deux Pièces à fe faire connoître, & à publier leurs Ouvrages: M. Bergman, Auteur de la Pièce qui a pour devife : if utile eff quod facimus flulta eff gloria, s'eft rendu au vœu de l'Académie; & fon Ouvrage a été imprimé dans le Tome 1 X des Mémoires préfentes à 1 ’Aca- démie par des Savans étrangers. H ÿ Co HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALr M. Rouillé de Meflai, en léguant à l’Académie les fonds deflinés à former le Prix de Mathématiques qu'elle diflribue tous les ans, avoit cru devoir léguer en même temps à cette Compagnie, une fomme qui put dédommager fes Membres des frais & des travaux que la réception, l'examen des Pièces, ou la vérification des expériences qu’elles contenoient, pou- voient leur occafionner. Ceux des Académiciens qui,en1777, avoient quelques droits fur cette partie du legs de M. de Meflai, ont demandé à l'Académie la permiflion d'y renoncer, & ont proposé de deftiner cette même fomme à un Prix de Phyfique; l'Académie a agréé leur demande, & flatué en conféquence qu'elle donneroit tous fes deux ans, à commencer en 1779, un Prix de Quinze cents livres, qui feroit propofé alternati- vement par chacune des trois claffes de Phyfique qui compofent l'Académie. ARTS. | HS Re eee a publié cette année {a fuite d’une divifion de l'Art d'exploiter les Mines de Charbon de terre, Cette divifion d'un Art, l'un des plus étendus & des plus importans que l'Académie ait publiés, a pour objet l'emploi du charbon de terre dans les Arts, & fon utilité pour le chauffage : il ne s'agit point dans cette partie publiée en 1777, de l'ufage du charbon de terre en nature, mais de quelques préparations de ce charbon. En le dépouillant par*la combuftion d'une partie de fes prin- cipes, on lui ôte, comme au bois qu’on réduit en charbon, une partie de fa fubftance inflammable, mais en même temps onle rend propre à des ufages où les principes qui s’en féparent auroient été un obftacle au fuccès des opérations. Cette manière de brüler le charbon de terre pour le réduire en braife, eft connue depuis long-temps & dans plufieurs pays: M. Morand rend compte des différentes méthodes qu'on a employées, en difcute les procédés, & examine les avantages & les défauts des braifes qui en réfultent. M. Morand parle aufli des moyens de préparer un chauf- fage économique par le mélange de la poudre de charbon DA E CUISIGUALE Nue es 61 avec les différentes terres; & ilrecherche quelles font les terres les plus propres à cet ufage. M. L'ABBÉ BossuT a publié cette année un Ouvrage intitulé : Nouvelles Expériences fur la réfiflance des fluides. On avoit propolé, pour établir une communication très-importante au Commerce intérieur, de conftruire un canal fouterrain très-étroit, de fept mille toifes de long. Parmi un grand nombré d’objeétions qu'on pouvoit oppofer à ce Projet, une: des plus effentielles, étoit l'augmentation de la réfiftance que les bateaux devoient éprouver. Mais quelle feroit cette augmentation? C’eft ce qu'il étoit impofhble de déduire des expériences & de la théorie connues. Le Miniftre éclairé & ami du peuple, qui étoit chargé en 1775, de ladminiftration des Finances , chargea M." d’Alembett , {Abbé Boffut & de Condorcet, de faire des expériences fur ce point important de Îa théorie des fluides; elles ont été dirigées par M. Abbé Boflüt, fous les yeux des deux autres Académiciens , & exécutées avec les appareils qu'il a cru les plus propres à donner des réfultats précis. II a publié dans cet Ouvrage le détail de ces expériences. Il a fenti qu'il ne falloit pas fe borner au feul fait, qui étoit l’objet particulier de fes recherches, & qu'il feroit néceflaire d’embraffer dans fes expériences les loix que fuit la réfiflance des fluides, dans les canaux affez larges, pour être regardés comme indéfinis. En effet, il falloit connoître les loix du mouvement dans ces canaux pour pouvoir y comparer celles du mouvement dans des canaux étroits. , La réfiftance qu'un fluide fait éprouver à un plan qui s’y meut, eft proportionnelle à la furface du plan, au quarré de fa vitefle, au quarré du finus de l'angle que la furface choquée fait avec la direétion du corps. Telles font les loix que la théorie a établies, loix qui femblent conformes aux principes de la Dynamique, mais qui peuvent paroître ne point s'ob- ferver dans la Nature, fans en être moins vraies, parce que en établiflant ces loix, on fuppole à toutes les molécules du 62 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fluide une vitefle égale, ou plutôt une vitefle nulle, ce qui ne peut avoir lieu dans la Nature. Il falloit donc difcuter ces quatre queftions, 1.” Quelle eft la réfiftance pour une furface d’une étendue donnée, mue dans une direction perpendiculaire à cette furface avec une vitefle donnée ? 2.0 En changeant la vitefle du corps, la réfiftance augmente-t-elle en railon directe du quarré des vitefles? 3° Si on change la grandeur de fa furface, la réfiftance augmente-t- elle en raifon des furfaces? 4.° Enfin, en faifant varier l'angle du plan qui fe meut avec la direction du mouvement, la réfif- tance elt-elle proportionnelle au quarré du finus de cet angle? Les réfultats des expériences de M. l'Abbé Boflut, l'ont orté à conclure, 1. Que la réfiftance qu'éprouve de Ia part d’un fluide un plan perpendiculaire à la direction du mouvement, eft égale au poids d’un prifme de ce fluide, dont a bafe feroit égale à la furface de ce plan, & la hauteur égale à celle dont il faudroit qu'un corps tombât pour acquérir une vitefle égale à celle que le plan a dans le fluide. 2.7 Que da loi qui fuppofe les réfiftances proportionnelles au quarré des vitefles, eft fenfiblement exacte, 3. Que celle qui les fuppofe proportionnelles à l'étendue des furfaces mues dans les fluides , eft aufli fenfiblement exacte, foit qu'on augmente les dimenfions du plan dans le fens de la profondeur ou dans celle de la largeur , & en général, quelque forme qu'on lui donne. Mais que pour la troifième partie de la loi générale, c’eft- à-dire pour celle qui donne les réfiftances proportionnelles au quarré des finus de l'angle, que la direction du mouve- ment fait avec le plan mu dans un fluide, l'expérience n’eft en aucune manière d'accord avec la théorie. Après avoir examiné les loix de la réfiftance dans les fluides indéfinis, M. l'Abbé Boflut les a examinées dans les canaux étroits; 1.” dans le cas des canaux indéfinis en largeur , & très-peu profonds; 2.° dans le cas des canaux indéfinis dans la profondeur, & peu larges; 3.° enfin dans les canaux à DES: MSC NE: NN IG: ENS: 63 Ja fois étroits & peu profonds. II a réfulté de ces recherches, que la réfiftance augmente confidérablement dans les canaux étroits, dans quelque fens qu'on diminue les dimenfons de la tranche du canal perpendiculaire à a direction du mouvement, & augmente même de manière que dans un cas où le canal qui fervoit aux expériences, étoit proportion- nellement moins reflerré que le canal fouterrain qui avoit été loccafion de ces expériences, la réfiflance s'eft trouvée aug- mentée dans le rapport de $ à 3. Ainft, quand même une foule de raifons qui nous font étrangères, n'auroient pas concouru à faire fentir la néceffité d'arrêter la conftruétion du canal fouterrain de l'Efcaut, ce réfultat feul auroit fuffi pour y déterminer {a fagefle du Gouvernement. Cet Ouvrage doit intéreffer à la fois les Géomitres & les Phyficiens, par le grand nombre d'expériences qu'il renferme, par Île foin qu'a pris M. l'Abbé Boflut, de répéter chaque expérience jufqu’à ce que les réfultats de plufieurs expériences * confécutives fuflent fenfiblement d'accord, par le choix des dimenfions des furfaces, affez grandes pour donner des réfultats précis & applicables à la pratique, & cependant n'ayant pas: cette étendue, qui, en nuüifant à la folidité des appareils & à la régularité des mouvemens, rend impoflible toute exac- titude dans les expériences. Ce dernier point fur-tout eft très-important: en eflet, fi d'un côté un Phyficien exact, comptant fur la perfection de fes inftrumens & fur les foins qu'il apporte dans fes expé- riences, croit trop facilement pouvoir appliquer à des opérations en grand le réfultat d'expériences faites en petit ; d'un autre côté, les Praticiens ignorans croyeñt trop fouvent que des expériences en grand, qu'on ne peut ni analyfer ni “calculer, font le feul moyen d'éclairer ou de guider Ja prati- que, & de fuppléer à Ia théorie par l’obfervation. H manquoit à cet Ouvrage , pour compléter: la théorie expérimentale de la réfiftance des fluides, d’avoir tenté de découvrir par des expériences Ja loï de a réfiftance pour les 64 - HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE différens angles; c'eft ce qu'a fait M. l'Abbé Bofut, par une nouvelle fuite d'expériences, dont les réfultats doivent être publiés dans la fuite de nos Mémoires. On a joint à cet Ouvrage un Mémoire fur une Méthode pour déterminer les loix des phénomènes, d’après des expé- riences; cette matière avoit été traitée par M. de {a Grange, dans le premier volume des Mémoires de 1772 , par une méthode très - favante : l’ Auteur du Mémoire dont nous rendons compte, n'a préfenté la fienne que dans l'idée qu’elle pourroit être utile. En effet, on ne fauroit trop multiplier les méthodes deftinées à devenir des méthodes-pratiques, parce que ce n’eft fouvent que de la comparaifon de diverfes méthodes , qu'on peut tirer pour chaque circonftance les règles de pratique les plus fimples & les plus commodes. M. L'ABBÉ DE RocHoN a préfenté à l’Académie deux Inftrumens deftinés à mefurer les angles, ou plutôt les diftances angulaires, & les diamètres apparens des objets. Qu'on fuppofe un prifme de criftal de roche, qui ait été rendu fenfiblement achromatique, en le combinant avec un prifme de verre ordinaire ; puifque le criftal de roche a une double réfraction , les objets vus à travers ce prifme paroi- tront doubles. Suppofons enfuite, que tenant l'œil à une certaine diftance de ce prifme, on regarde un objet, & qu’on s'en éloigne jufqu'à ce que les deux images de l'objet fe tou- chent; on peut, comme dans la vifion directe, faire cette proportion : la diftance de l’objet à l’œ:il eft à fon diamètre, comme le finus total eft à la tangente de l'angle fous lequel l'objet eft vu, ou au diamètre apparent de l'objet. Si on approche maintenant ou qu'on éloigne l'œil du prifme jufqu’à ce que les deux images d’un autre objet, qu'on regarde à une diftance quelconque, fe touchent, on pourra faire alors cette nouvelle proportion : le diamètre apparent du fecond objet, eft au dia- mètre apparent du premier, comme la diftance de l'œil au prifme en obfervant le fecond objet, eft à Ja diftance de l'œil au prifme en "1 ee 1 DUESS ISECArINE N:ICVE 5. 6; en obfervant le premier. C’eft fur ces obfervations très-fimples, qu'eft fondée la théorie du premier inflrument de M. l'Abbé Rochon; il commence par former avec du criftal de roche un prime fenfiblement achromatique, ce qu'il exécute facile- ment par des méthodes dont il eft l'inventeur ; il place ce prifme dans l’intérieur d’une lunette près de l'obje&if, & il a foin de mefurer très-exactement la diftance du prifme au foyer de l'objectif; il regarde enfuite un objet meluré très-exacte- ment avec la lunette armée de ce prifme; il s'éloigne jufqu’à ce que les deux images de l’objet fe touchent : il melure alors avec précifion Îa diftance de l'objet au foyer de l'objectif, & il en déduit le diamètre apparent de cetobjet: on fent que cette opération fondamentale eft fufceptible de la plus grande précifion. Si enfuite on fait mouvoir le prifme le long du tube de la lunette, jufqu’à ce que les deux images d’un objet, dont on veut melurer le diamètre, fe touchent, on connoitra facilement ce diamètre, puifqu’il eft au diamètre connu du premier objet obfervé, comme la diftance du foyer de lob- jeétif au prifme eft à la diftance du même foyer au point où le prifme avoit été placé dans l'opération fondamentale. Cette détermination des diamètres eft fufceptible d’une grande précifion. Suppofons en effet que le prifme ait été conftruit de manière que le diamètre apparent du premier objet foit de 10 minutes, & que la lunette étant de 3 pieds +, on ait porté à 3 pieds l’efpace que le prifme peut parcourir, on pourra faïfx dans les 10 minutes autant de parties fenfibles qu'on en peut faifir dans 3 pieds, c'eft-à-dire que l'infrument aura autant d’exactitude qu'un quart-de-cercle dont un feul degré auroïit 18 pieds d’étendue. Cet inftrument peut donc fervir avec avantage pour déterminer avec la plus grande exactitude les diamètres apparens des Corps céleftes , ceux de lAnneau de Saturne, les phafes des Éclipfes, en un mot foit à faire avec une précifion plus grande une foule d'obfer- vations délicates , foit même à en faire de nouvelles que Yimperfection des Micromètres connus empêchoit de tenter. Ce même inftrument eft encore fufceptible d’un très-grand Hifl. 1777. 66 HistroiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE nombre d’autres ufages non-moins utiles : nous nous bornerons à en expofer ici les principaux. Suppofons qu’on ait regardé un objet avec cet inflrument, & qu’on en ait déterminé le diamètre apparent ; qu'on s'éloigne de cet objet, & qu’on en détermine de nouveau le diamètre, il eft clair que les diftances feront en raifon inverfe de ces diamètres obfervés : donc puifqu'on connoît la différence de ces diftances, une fimple règle de Trois donnera la diftance inconnue. Dans ce genre d’obfervations, l'erreur dans la diftance totale, fera à cette diflance comme l'erreur de Finftrument eft à la diftance du foyer de linflrument au prifme. Aïnfi, par exemple, fi on a choïfi un objet dont les images fe tou- chent à la plus grande des deux diftances, lorfque Îa diftance du prifme au foyer de l'inftrument eft de 18 pouces, & que les erreurs de l'inftrument foient de -=.° de ligne, l'erreur fur Ja diftance ne fera que de "=. de fa diftance. L'erreur dans a diftance totale dépend auffi à la vérité de l'erreur dans la mefure de la différence entre les diftances ; mais cette erreur peut être regardée comme nulle; puifque l’erreur dans la diftance totale eft à la diftance totale, comme l'erreur dans Îa différence eft à cette différence; & qu’ainfi c’eft uniquement de Ha précifion dans la mefure de cette différence, que dépend en cette partie l'exactitude de l'opération. Si l'on fe contente d’à-peu-près, comme cela fuffit dans les opérations militaires, on fent avec quelle facilité on peut, avec cet inftrument, connoître en un inftant les diftances, mefurer {a largeur des rivières, déterminer les pofitions, lever en quélques minutes la Carte d’un Canton, ou le plan de la difpofition d’une armée. Suppofons maintenant qu'on regarde avec linftrument un objet d’un diamètre donné, & qu'on faïfiffe l’inftant où les deux images fe touchent; alors, puifqu'on connoît par l'inf trument à quelle diftance devroit être l’objet, pour que le prifme étant placé à l'extrémité de la ligne qu’il parcourt, les deux images fe touchaffent, on peut faire la proportion fuivante: DES SCctENCEs. 67 la diftance cherchée eft à cette diftance qu’on regarde comme donnée, comme la diftance du foyer à l'extrémité de l'inf trument eft à la diftance du même foyer au point où le prifme fe trouve dans l'Obfervation : une feule opération fuffit dans ce cas pour déterminer une diftance inconnue; mais il faut connoître exaétement le diamètre d'un objet qu'on obferve. On fent avec quelle facilité on peut par conféquent employer cet inftrument à toutes les opérations géographiques, fur-tout aux mefures de degrés & les rendre à la fois & beau- coup plus fimples, & beaucoup plus exactes que par tous les moyens connus jufqu'ici : les opérations de l’arpentage qui, pour être faites en grand, demandent beaucoup de temps & de dépenfes, fe feroient, au moyen de cet inftrument, avec autant de promptitude que de facilité. Cet inftrument peut encore fervir à guider les Vaifleaux près des côtes pendant la nuit. Suppofons en effet qu’on ait placé fur une tour un fanal compofé de quatre fanaux en croix, dont la diftance foit connue ; l’inftrument donneroit la diftance du Vaiffeau au fanal, en obfervant les deux fanaux perpendiculaires; & en obfervant les deux fanaux horizontaux, on auroit la pofition du Vaiffeau par rapport au même fanal. Cet inflrument ne peut mefurer que des diamètres apparens ou des diftances angulaires de 20 minutes; & M.l Abbé Rochon en a imaginé un autre, deftiné à mefurer de plus grands angles. Il emploie, pour cet objet, deux prifmes achromati- ques, auxquels il donne l’un fur l’autre un mouvement circu- laire : ces prifmes reprélenteront donc fucceflivement tous les prifmes, depuis le plan jufqu’à un prifme dont l'angle foit le double de celui de chaque prifme ; ainfi en regardant un même objet à la fois direétement & à travers ce prifme, & tournant Le prifme jufqu’au point où les deux images de l’objet ne feront que fe toucher, l'angle du prifme donnera alors le diamètre apparent de l’objet. L’exactitude de l'inflrument dépend ici des moyens de connoître avecune grande précifion l'angle d’un prifme donné, & M. l'Abbé Rochon en a trouvé fur li 63 HistoiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l'exactitude defquels on peut compter : fi d’après cela-on veut juger de la précifion dont l'inftrument eft fufceptible, on obfervera que la circonférence entière du cercle repréfente feu- lement tous les angles que peut donner linftrument. Suppofant, par exemple, qu'on emploie deux prifmes de S degrés, qui donnent les angles depuis o jufqu'à 10 degrés, f1 les divifions du cercle donnent les minutes exactement, les mefures faites par l'inftrument donneront les 3 6° de minutes: on peut même donner à cet inftrument une précifion bien plus grande, pourvu qu'on connoifle d’abord une première valeur approchée. En effet, fuppofons qu’on fache que le diamètre*ou a diftance que l'on cherche, eft entre 4 & 6 degrés ; il fufht alors de combiner un prifme de 1 degré avec un de $, le dévelop- pement de la circonférence entière répondra à deux degrés, & l'erreur d’une minute dans les divifions, n’en donnera qu'une d’un tiers de feconde dans l'obfervation. Ces inftrumens ont été connus de l'Académie, dans Îles premiers mois de 1777 : l'Auteur en a Îü la defcription dans l’Affemblée publique du 9 Avril de la même année, Ainfi quoiqu'il n’en ait point encore imprimé ni la conftruc- tion ni fes ufages, on doit les regarder comme connus du Public depuis cette époque. Lrs Mémoires que l'Académie a approuvés en 1777, & jugés dignes d’être inférés dans le Recueil des Savans Etrangers, font au nombre de douze : Sur un dérangement de fa Matrice : Par M. Marrigues. Sur les Champignons : Par M. Paulet. Sur la fonte de Fer : Par M. du Hamel, Correfpondant de l'Académie, Sur les Mines de Sainte-Marie : Par M. Monet. Sur les Mines de Cuivre : Par M. Jars. Sur le Tibia des Crapauds & des Grenouilles : Par M: Troiïa. p'Ets x S\C IELN:C E:s. 69 Deux Mémoires fur les Bandages : Par M. Geoffroi. Obfervations aftronomiques & minéralogiques : Par M. Rome, Correfpondant de l’Académie. Sur l'origine des Sables que Ia mer dépofe fur fes côtes : Par M. Defbiei. Sur différentes couches de terre, obfervées dans un puits à Montmorenci : Par le Père Cotte, Correfpondant de l Académie, Sur Ia formation du Soufre par la voie humide : Par M, le Veillard. Lies Machines approuvées par l’Académie, & deftinées à être inférées dans le Recueil des Machines, font au nombre de fix : Machine pour remettre à flot les Bateaux engravés : Par P 8 M. Tremel. Une Machine à curer les Ports & les Étangs : Par M. Chatel. Un Microfcope : Par M. Dellebarre. Une Machine pour fermer avec facilité, & fans fortir de fa place, les fenêtres d’un Appartement : Par M. de Fontanieu. Un Compas de variation : Par M. Gaule. Un Mécanifme qui fert à perfeétionner les Oétans : Par M. Cavé. 70 HIsToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE. M. .:T.: RO D'ACRAMNES Jran-Cranres-PHixiserr TRUDAINE, Confeiller d'État & au Confeil royal, Intendant des Finances, Honoraire de l'Académie royale des Sciences, & Membre de la Société royale de Londres, naquit, en 1733, à Clermont en Auvergne, de Daniel Trudaine, alors Intendant de cette Province, & de Marie-Marguerite Chauvin. Si le hafard de la naïffance peut jamais être regardé comme un bien réel, ce n’eft pas fans doute quand fes avantages fe bornent à pouvoir compter une longue fuite d’aïeux, relégués dans les généalogies & dans les liftes chronologiques, mais oubliés ou flétris par lhiftoire : c’eft lorfque le bonheur d’avoir pour ancêtres une fuite d'hommes vertueux, difpofe à les imiter, & qu'entouré en naïflant d'exemples domeftiques, on s’ac- coutume à trouver les vertus faciles. L’eftime publique, devenue alors en quelque forte un bien héréditaire, fait jouir un jeune homme du fruit des vertus de fes aïeux, l'oblige à contracter l'engagement de marcher fur leurs traces, & oppofe un frem puiffant aux foiblefles & aux paflions, écueils de la jeuneffe toujours redoutables, même pour les ames les plus fortes & les plus pures : ce fut le fort de M. Trudaine. Son aïeul donna des exemples de défintérefflement & de patriotifme dans un des temps de notre Hiftoire où ces vertus ont été les plus rares : il abdiqua la place de Prévôt des Marchands de Paris, parce que trop inftruit pour être la dupe des idées chimériques de Law , il ne voulut point s’abaïffer à faire femblant de l'être *, Le père de M. Trudaine conferva pendant # Voyez l'Éloge de M. Trudaine le père, Mém. de l’ Acad. 1769. N'ES ASNCUR EN, C.E, S 71- lus de trente ans, dans l'exercice d’une charge d'Intendant des Finances, la réputation qui lui avoit mérité cette Charge, celle d’une probité rigoureufe, éclairée, incorruptible. Mais ce ne fut pas le feul avantage que M. Trudaine dut aux vertus de fa famille : la difficulté de parvenir aux places, ou la certitude de les obtenir fans talens éteint également lémulation: M. Trudaine fentit, dès fa première jeunefle, qu'il avoit une jufte efpérance de fuccéder un jour à fon père, mais que ce Magiitrat vertueux n'emploiroit pas fon crédit pour lui faire obtenir fes places, s’il ne le croyoit digne de les occuper, & que toute la faveur qu'un fils pouvoit attendre de lui, c'étoit d'en étre jugé avec plus de févérité. Il feroit à defirer que ceux qui gouvernent les autres hommes, les furpaflaffent en lumières, comme ils les furpañlent en auto- rité : l'ordre de la Société fe rapprocheroïit de l'ordre de Îa Nature: & en obéiffant à la raifon plutôt qu'à la puiffance, l'homme fembleroit n'avoir perdu aucun de fes droits. Tel fut le principe qui dirigea M. Trudaine le père, dans l'édu- cation de fon fils: tel eft le but que le fils fe propofa lui- même dans l'intervalle de temps qui fépara fa première édu- cation, de l'époque où il devoit fe livrer aux aflaires. Les Loix furent le premier objet de fes études, & dans ce travail il eut fon père pour guide : if ne fe borna pas à une étude fuperficielle de la Jurifprudence ; né avec un efprit naturelle- ment jufte, il dut fans doute être bleffé des défauts & de la complication de nos Loix, mais c’étoit une raifon pour lui de es étudier avec plus d'ardeur. Il fentoit que le hafard l’avoit fait naître dans un temps où le progrès rapide des lumières feroit bien-tôt defirer à la Nation, des Loix plus fimples, plus douces, plus conformes à ces principes généraux de la raïifon & de la Nature, que lefprit humain perfectionné a appris enfin à ne plus méconnoître; mais il fentoit en même temps que pour réufir à fe faire écouter en propofant de corriger des Loix qu'un vieux refpect fait regarder comme facrées, il faut que le Réformateur puifle dire à ceux qui veulent les défendre : /e 7% HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE connois mieux que vous ces Loix, que vous me reprochez de vouloir détruire ; © c'efl parce que je les connois que je voudrois les changer. H fentoit que la connoiflance des Loix d'un pays eft pour un Adminiflrateur, ce qu'eft la bravoure pour un Général, une qualité commune, mais néceflaire, dont il n’eft pas toujours obligé de faire ufage, mais fans laquelle toutes les autres deviennent inutiles, & dont le défaut lui Ôte fa plus grande force, la confiance de ceux qui lui obéiffent. Cette étude approfondie des loix eût fuffi pour faire de M. Trudaine un Magiftrat éclairé, & même un favant Jurif- confulte; mais des connoïflances d’un autre genre lui paroif- foient également indifpenfables pour bien remplir la place où il fe voyoit appelé: le Commerce, les Manufactures, les Ponts & Chauflées formoient une partie du département de fon père. Les matières du Commerce & leurs préparations , les pro- cédés des Arts, la théorie & la pratique des conftruétions, parurent done à M. ‘Trudaine autant d'objets dont l'étude lui devenoit néceffaire : ne pouvant fans cette étude ni con- noître les chofes, ni juger les hommes, il auroit été forcé ou d'agir au hafard, ou d'obéir aveuglément aux guides qu'il auroit choïfis. Aufli non-feulement ïl étoit bien éloigné de vouloir fe contenter de ces connoiflances fuperficielles qui donnent plus de préfomption, fans donner plus de favoir réel, qui mettent en état de parler & non de juger. Mais même il auroit fenti que des connoïffances purement pratiques, avec lefquelles il eût été toujours dans chaque genre au-deffous des gens de l'Art, ne fufhfoient pas à un Magiftrat qui doit voir & agir en grand, & connoitre non-feulement ce qui eft, mais ce qui doit être. Il avoit vu que des lumières étrangères ne peuvent guider un Adminiftrateur; en effet, vainement il confiera l'examen des procédés nouveaux qu’on lui propofe à des hommes habiles & incorruptibles ; en vain ils lui développeront les motifs qui diétent leurs décifions; l Admi- niftrateur pourra fe tromper encore, lors même qu'ils ne lui auront dit que la vérité; car en ce genre, comme dans tous DES SCIENCES, 73 tous les autres, jamais on n’entend parfaitement, jamais on ne juge bien que ce qu'on auroit pu faire foi-même. M. Trudaine voulut acquérir fur les matières du Commerce & fur la théorie des Arts, une connoiflance fondée fur leurs véritables principes, fur la Géométrie, fur la Phyfique, fur l'Hiftoire Naturelle; ainfi, par une étude profonde de Ia Théorie, il fuppléoit au temps qui lui auroit manqué pour approfondir les détails : en fe plaçant au-deflus des objets, pour les embraffer d'un coup-d'œil, il apprenoit à les voir plus vite, & cependant à les voir mieux; c'étoit encore pour lui le feul moyen d'acquérir une fupériorité réelle fur les hommes occupés des Arts, dont ladminiftration lui étoit confiée, & cette fupériorité eft, pour ainfi dire, néceflaire à l'Adminiftrateur. Les hommes livrés à la pratique des Arts, attachent au mérite de leurs inventions, une importance prefque toujours exagérée, mais qui naît de feur enthoufiafme pour l'objet de leurs travaux, & fans laquelle ils ne feroient rien d'utije. Is font donc portés à méprifer lAdminiftrateur qui rononce fur les Arts, & qui les ignore, & tout bien dèvient impofhble lorfque les hommes ont découvert que celui à qui ils doivent obéir, eft indigne de eur commander, comme toute éducation eft perdue lorfque les enfans ont deviné l'ignorance de leurs Inflituteurs : or de tels fecrets font ämpoffibles à cacher long-temps; l'intérêt. de les pénétrer donne à ceux à qui on voudroit les diffimuler, une fagacité funefte. M. Trudaine fe livra donc à des études abflraites & épineufes, dans un âge où avec fes efpérances & fa fortune, la plupart des jeunes gens auroient été trop heureux de trouver le préjugé d'accord avec leur parefle ou avec leurs paflions, & de pouvoir dire que les Sciences étoient inutiles. M. Clairaut fut fon maître dans les Mathématiques : M. Trudaine étudia avec lui tout ce qui étoit connu alors, tout ce qui étoit difficile même pour les Géomètres; leur union dura autant que la vie de M. Clairaut ; 1e Magiftrat riche, accrédité, if. 1777. K 74 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE s’honora toujours d’avoir l’homme de génie pour maître & pour ami. Après la mort de cet illuftre Académicien, tout ce qui lui avoit été cher, trouva dans M. Trudaine un appui zélé, & par une manière de voir trop rare dans un homme en place, il ne crut jamais s'être acquitté envers M. Clairaut, dont il avoit reçu des lumières utiles, & à qui il n’avoit donné que de la fortune. M. Trudaine cultiva la Chimie , l'Hiftoire Naturelle & la Phyfique, fous les Maïtres les plus habiles : ïl alla dans les Ateliers des Ponts & Chauflées, s’inftruire de tous les détails de Part de a Conftruétion ; il parcourut plufieurs grandes Fabriques; apprit à connoître les matières qu'elles emploient ; la manière dont avec ces matières on forme les différens tiflus : il vit dans les Mines la Chimie appliquée en grand aux métaux, & cette foule de procédés ingénieux ou favans qui fervent à rendre l'exploitation de ces Mines moins périlleufe & plus utile: il vifita les Ports; il y oblerva la conflruction des Ouvrages deftinés à les défendre contre les flots ou contre les vents: enfin, il étudia la Marine, qui emploie tous les Arts, & qui a befoin de toutes les Sciences. M. de Montigny laccompagna dans ces voyages utiles : quoique beaucoup plus jeune que M. Trudaine le père, il étoit fon ami ; il le fut alors du fils, & cet exemple rare prouve qu'aucun des trois n'avoit les défauts de fon âge. Ce ne fut qu'après toutes ces études, qu’enfin M. Trudaine le père crut pouvoir répondre à la Nation des talens & des lumières de fon fils: il obtint pour lui en 1757, la furvi- vance & l’adjonétion de fa place. Cependant M. Trudaine navoit pas encore vingt-cinq ans, & c'eft à cet âge qu'il fe vit appeler aux quatre Départemens importans, des Fermes générales, du Commerce, des Manufaétures, des Ponts & Chauflées : il les adminiftra pendant près de vingt années, Les détails de l’Adminiftration nous font étrangers: mais le tableau des principes d’un Magiftrat éclairé, & de lime d'un bon Citoyen a droit d'intéreffer l'Académie, & nous DE S'IS IC T'ENIC EE 75 ofons aflurer que ce tableau fera fidèle. On fait que M. Tru- daine aimoit à difcuter avec fes amis ces principes généraux, dont dépendent le bonheur ou le malheur des Etats, principes qu'on faifit aifément quand on a reçu de Ia Nature un cœur droit & un efprit jufte, & que cependant l'intérêt, les pré- jugés & l'amour du fophifme font parvenus à faire prefque regarder comme des rêves fyftématiques ; il ne craignoit pas que fes opinions fuflent connues du Public , bien für que toujours il agiroit d'après fes opinions, & que jamais on n’auroit à lui reprocher, comme à tant d’autres, un contrafte humiliant entre fes principes & fa conduite. Le département des Fermes générales dont M. Trudaine étoit chargé, a pour objet la plupart des Impôts établis fur les confommations & fur le Commerce. M. Trudaine croyoit cette forme d’impofition également contraire aux intérèts de Ja Nation, & à ceux du Prince: felon fes principes, les Impôts font toujours réellement payés par les Propriétaires, fur le revenu de leurs terres, foit que ce revenu foit foumis à un Impôt dire&, foit que des Impôts indirects augmentent Îa dépenfe du Propriétaire, en augmentant le prix des denrées qu'il achette, & diminuent fon revenu en diminuant pour lui le prix de fes denrées, ou en augmentant les frais de l’exploi- tation des terres. Mais felon les mêmes principes, la forme des Impôts n’eft point indifférente : un Im ot direct fur le revenu des terres eft le feul équitable, parce qu'il eft le feul qu'on puiffe diftribuer avec égalité ; il eft le moins onéreux au Peuple, parce qu'il n'exige rien de celui qui n’a rien; le moins onéreux aux Propriétaires, parce qu'il n'exige point de frais pour fa perception, & qu'ainfi les Propriétaires, en payant directement la totalité de f'lmpôt, payeroient réelle- ment moins que lorfque fous uñe autre forme, ils croient n'en payer qu'une partie, Les Impôts indireéts au contraire fe lèvent immédiatement fur la partie du Peuple qui vit de fon travail ; & c’eft contre elle que s’exercent ces rigueurs trop fouvent néceffaires pour en affurer le recouvrement : la difiribution de ces Impôts eft toujours red qu'il 1j 76 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE eft impofible de les proportionner, foit aux facultés de ceux qui les payent, foit à la valeur des objets fur lefquels ils font impofés. Ces Impôts entrainent des frais énormes de percep- tion; découragent le Commerce, les Arts, l'Agriculture; emploient un grand nombre d'hommes, dont le temps & linduftrie font perdus pour FEtat; infpirent au Peuple le defir de fe fouftraire par la fraude au joug qu’ils appefantifient fur lui; font naître une race nombreufe de fraudeurs, que Thabitude de faire un métier dangereux & de braver les loix peut rendre funefles à Ja Société ; entretiennent une guerre fourde entre la Nation & les Régiffeurs des Impôts; obligent, enfin, pour réprimer ceux qui font la fraude ou qui en profitent, d'établir des peines févères, injufles même, ofons le dire, puilqu'elles mettent au rang des crimes des actions qui ne bleflent aucun des devoirs primitifs de l'homme; & ces peines , que le nombre des délits oblige de multiplier, font perdre des Citoyens, ruinent leurs familles, anéantiflent leur poftérité. Tels étoient aux yeux de M. ‘Trudaine, les fuites néceffaires & prochaines des Impôts indirects :ilen gémifloit ; il voyoit que, par une influence plus éloignée, ces Impôts tendoient à relâcher les liens qui attachent l’homme à la Patrie, à transformer en une charge odieufe, ce qui ne feroit dans une Société bien réglée qu'un aéte de Citoyen, une contribution à la dépenfe commune de l'État, un facrifice de chacun à la füreté de la Patrie, & à la fienne propre. M. Trudaine étoit même perfuadé quela réduétion des Impôts indireéts à un feul Impôs direct, loin d’être une chimère, comme quelques Politiques ont paru Île croire, pourroit s'exécuter fans troubler le repos des Citoyens, fans fe permettre aucune injuftice même paffagère, & qu'il ne falloit pour opérer une révolution fi néceffaire au bonheur public, que du temps, de la fagefle, des vues faines & du courage. Cependant enchaîné par les circonftances, fubordonné tou- jours (fi on en excepte deux époques très-courtes )} à des Miniftres qui avoient d’autres opinions que les fiennes, M, Trudaine ne pouvoit fuivre fes principes dans toute leux, DES SCIENCES. 77 étendue ; mais il cherchoit toujours à diminuer {a complication des Droits, à les concilier avec l'intérêt du Commerce: il fe rapprochoit de cette fimplicité à laquelle il fentoit trop qu'il ne pouvoit elpérer d’aîteindre : tel un Pilote porté fur une mer ora- geufe, & forcé d'obéir à des vents qui le pouffent fucceffivement vers tous les points, & tendent à l'écarter de fa route, paroît céder à leur impulfion, & naviguer au hafard, tandis qu'oc- cupé fans ceffe du point où il veut fe rendre, il y dirige toutes fes manœuvres, & fait fervir à fe rapprocher de fon but les mêmes forces qui femblent devoir l'en écarter. M. Trudaine defiroit depuis long-temps de trouver un Canton où, fans gêner l'Adminiftration générale, il pût faire un effai de fes principes, & oppofer aux hommes qui les rejetoient, une preuve de fait qui, fans être plus concluante que les preuves de raifonnement, feroit du moins plus difh- cile à combattre. Dans un voyage entrepris pour rétablir fa fanté, il avoit vu ce pays de Gex, alors honoré par le féjour de M. de Voltaire, & devenu l'objet de la curiofité des Voyageurs éclairés qui s’emprefloient d'aller rendre hommage au Génie. Ce petit pays, féparé de la France par une chaîne des Alpes, maïs ayant une communication libre avec la Suifie, ne pouvoit être aflujetti à des Droits de confommation, fans employer une foule de Prépofés, fans une févérité rigoureufe, fans une dépenfe exceflive : les maux qui étoient la fuite trop néceffaire de cette pofition, & qu'il falloit peut-être attribuer à la fituation du pays & à la forme des Impôts, plutôt qu'aux hommes qui en paroifloient les auteurs, ces maux avoient fouvent fait couler les larmes du Vieillard de Ferney; fouvent il les avoit combattus par fon éloquence, & foulagés par fes bienfaits : il n'eut pas de peine à fe faire entendre au cœur de M. Trudaine, & cet Adminiftrateur humain & éclairé profita d’un moment où les principes du Gouvernement paroiffoient fe rapprocher des fiens. Une contribution unique impolée par le pays même, remplaça cette foule d'impôts fous lefquels il gémifloit, & le Peuple, malheureufement trop peu nombreux, que renferment ces 78 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE montagnes, vit naître, grâce à M." de Voltaire & Trudaine, des jours heureux qu'il n'efpéroit plus. Les Fermiers des Impôts trouvèrent dans M. Trudaine un Magiftrat exact à maintenir les engagemen$ que le Roi avoit contractés avec eux ; mais n’oubliant jamais que le Souverain étoit lié à fon Peuple par des engagemens antérieurs & plus facrés ; combattant ces extenfions, que trompés fans doute {ur l'étendue des Droïts affermés par le Prince, ïls cherchoient à donner à ces droits; s’y oppofant avec une vigilance qu'on ne pouvoit furprendre , avec une fagacité qu'on ne pouvoit tromper, même en prenant le bien public pour prétexte; enfin avec une fermeté inébranlable qu'on étoit étonné de trouver dans un homme d’un caractère naturellement doux & affez facile pour qu'on ait pu quelquefois l'accufer d’être foible. Maïs amour de la juftice & du bonheur du Peuple, avoient eu Îa force de l'emporter fur fon caractère, force qui femble n’appartenir qu'aux paflions. Nous n’ajoutons pas qu'il montra dans ces occafions une équité incorruptible : heureufement nous ne vivons ni dans un pays ni dans un fiècle où une telle obfervation puiffe être un éloge. Dans ladminiftration du Commerce, M. Trudaine trouva encore que les opinions adoptées par le commun des gens en place étoient en contradiction avec fes propres principes. Selon lui, le Commerce devoit être entièrement libre : les reftriétions qui le gènent ne lui paroïffoient que des impôts mis fur le Commerçant, & payés par le Peuple : toutes ces loïx, qu'on veut employer à favoriler l'induftrie nationale, à faire pencher en fa faveur la balance du Commerce, fem- bloient à M. Trudaine autant d’obftacles au bien même qui en avoit été quelquefois le motif, & fouvent le prétexte. Ï croyoit que les Loix les plus fagement combinées, pro- duiroient tout au plus le même bien que la liberté feule eût produit, & le produiroïient plus lentement & d’une manière: plus imparfait. Maïs le Commerce , lié d’un côté à l'adminiflration des Finances, enchaîné de l'autre par des Traités politiques, étoit LÉTHMENSNSUE LE NC Es. 79: bien loin de pouvoir efpérer une liberté entière: M. Trudaine fut obligé de fe borner à relâcher fes fers , à rouvrir à l'induftrie des routes que les préjugés avoient long-temps fermées, Par une fuite des mêmes principes, il pen{oit que plus une denrée eft-néceffaire, & le befoin de cette denrée général & preflant, plus aufli le Commerce en doit être libre, puifque l'effet naturel de Ia liberté du Commerce eft de rendre les denrées plus communes, d’en diminuer le prix, & de les faire circuler plus rapidement & avec plus d’uniformité: c’étoit donc fur- tout dans le Commerce des fubfiflances, que toute atteinte à la liberté lui paroiloit dangereule ; avant même d’avoir aucun autre droit de s'occuper de ces objets, que celui qui appar- tient à tout Citoyen éclairé, il avoit employé auprès des Miniftres pour obtenir des Loix favorables à Ia liberté du Commerce des fubfiftances, cette activité, cette perfévérance, que les hommes n’ont guère que pour leurs intérêts particuliers. Ce zèle ne pouvoit naître que d’une conviion profonde, que d'un defir bien pur du bonheur public, fur-tout dans des circonitances où il s'agifloit de mettre en pratique des idées regardées encore en France comme des nouveautés, & otrcelui qui avoit olé fes propoler pouvoit demeurer {eul chargé de tous les rifques de l'évènement. La liberté intérieure fut rétablie en 1763 : en 1764, on accorda au Commerce extérieur une liberté limitée; c’étoit beaucoup pour M. Trudaine, quoiqu'il -eût demandé davantage, quoiqu il eut cherché à prouver que toute reftriction étoit un mal, & qu'en ce genre, c’eft préci- fément lorique la liberté eft entière & illimitée , qu'elle eft un grand bien. En foilicitant ces Loix, en éclairant le Gou- vernement {ur leur utilité, M. Trudaine ne favoit pas encore qu'il follicitoit le facrifice de fon repos au bien du Peuple; mais quand il l'auroit prévu, {on zèle n’en eût pas été ralenti, & il l'a bien prouvé depuis. Quelques années après la publication de ces Loix , il fut chargé de ladminiftration du Commerce des fubfiflances, & bien-tôt il eut à combattre en même temps , & les mau- vailes récoltes, & les préjugés qui en attribuoient l'effet aux » » » » 2 80 HiSToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE. nouvelles Loix, & les contradiétions fans nombre que toutes les nouveautés efluient, & des terreurs peu fondées fans doute, mais juftifiées par la grandeur des maux qu'une erreur eût pu produire. M. Trudaine fentoit qu'aux yeux du Public peu éclairé fur ces objets, il avoit à répondre de Ia fubfiftance de tout un Peuple; mais il eût cru manquer à fon devoir s’il fe füt permis le moindre retour vers {es propres intérêts, vers le danger que pouvoit courir ou fa fortune ou même fa réputation : cependant, excédé du travail qu’entrainoit l’exé- cution d'un nouveau plan, tourmenté par la crainte des maux publics, par celle de voir en accufer les mêmes Loix qu'il regardoit comme le feul moyen de les réparer & de les prévenir ; {a fanté fuccomba fous tant de peines, il vit appro- cher lentement le terme de fa vie, accablé par cette penfée cruelle que peut-être le fruit de fes efforts alloit difparoître avec lui. Nous n'efflayerons pas de peindre dans cette circonf- tance terrible l'ame de ce Magiftrat vertueux; nous le Jaiffe- rons parler lui-même: voici comment il s'exprime dans une efpèce de teflament qu'il fit alors, teftament digne d’un père qui lègue à fes enfans un héritage plus précieux que fes biens, {es leçons, fes fentimens & fes exemples. « L'origine de mes grandes peines (dit-il) a été le département des Grains, dont je me fuis trouvé chargé dans un moment où plufieurs années confécutives de récoltes médiocres avoient amené une cherté défolante : cette circonftance étoit d'autant plus affreufe pour moi, qu'elle fuivoit immédiatement une loi que j'avois fort {ollicitée pour la liberté du commerce des-Grains, loi que je croyois & que je crois encore le falut du royaume & de l'humanité. Maïs la plupart des hommes remplis, les uns de préjugés, les autres de mauvaifes intentions, ont cherché à en arrêter l'exécution: j'ai cherché à la foutenir par mon travail & mon courage, parce que je prévoyois que l'inexé- cution de cette loi entraneroit des maux infiniment plus grands; j'ai eu la douleur de voir mes intentions perpétuel- lement traverfées par les préjugés les plus abfurdes & les plus populaires ; fouvent deffervi par les faifons, j'aurai traîné la vie DES LAS ICT VE. NiC EPS: S1 lavie la plus malheureufe, fi je ne furvis pas long-temps au moment où j'écris, & je crois devoir le dire afin de fervir de leçon à mes fils, qu’ils faffent tous leurs efforts pour être utiles à leur patrie, ils doivent s'attendre à éprouver des contradiétions & des obitacles ; mais qu'ils emploient tout leur courage pour les furmonter , comme j'ai tâché de leur en donner lexemple : puiffent-ils, pour leur bonheur, avoir un peu plus de calme que moi!» | M. Trudaine fe trompoit fans doute, en formant ce dernier fouhait pour fes enfans; ce calme qu’il fembloit defirer pour eux & pour lui-même, & dont il étoit bien incapable , eût été de l'indifférence : malheur à l'homme d'Etat qui , dans une fituation pareille, feroit tranquille ou mettroit fon orgueil à le paroitre : Heureufement pour la Nation, le repos rendit à M. Tru- daine une partie de fes forces ; fa fanté afloiblie lui permit encore d’être utile : il vit les Loix à l'exécution defquelles il l'avoit facriñiée, adoucir les malheurs des récoltes, & donner à l'Agriculture une aétivité nouvelle, que la fufpenfion mo- mentanée de ces Loix n’eut pas le temps d'arrêter ; il les vit enfin rétablir, & il a eu cette confolation, la feule néceffaire à homme de bien, que les facrifices qu'il avoit faits n’ont point été perdus pour fa patrie. M. Trudaine avoit porté dans l'adminiftration des Manu- faétures, les mêmes principes de liberté qui avoient préfidé conftamment à toutes fes opérations fur le Commerce: dans ces règlemens , diétés par le defir de perfectionner l'indufirie, ou de Îa diriger, d'établir de l'ordre parmi les Ouvriers, de veiller aux intérêts du Public ou même à fa füreté, il ne voyoit encore que des impôts qui renchérifloient le prix des denrées ; des fers qui retenoient dans l’oppreflion la partie la plus pauvre du Peuple; des entraves qui retardoient l'induftrie au lieu de la régler; des moyens enfin d'éternifer les préjugés & de perpétuer enfance des Arts. Mais if n'en eft pas des Manufaétures comme du Commerce, qui, dans les principes de M. Trudaine, ne reçoit d'encouragement ; Hifé-_ 1777. ce LS S «a LA c Li 4 L14 "82 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE utile que la liberté ; il y a dans les Arts des procédés impar- faits qu'il faut rectifier: chaque Nation eft en pofleflion de fecrets, qui lui affurent la fupériorité dans certaines Fabriques, & dont un Adminiftrateur élairé doit chercher à enrichir Tinduftrie de fon pays. I y a par-tout & dans tous les Arts, un point de perfection à fe propofer, dont on eft par-tout éloigné, & qu'on ne peut aitefndre que par une fuite de recherches & de découvertes : fous ce point de vue, les Manufactures ont befoin d'être encouragées; mais l'encoura- gement devient inutile ou nuifible, s'il n’eft dirigé par une connoiflance approfondie des Arts. Guidé par la théorie de la Chimie & de la Mécanique, M. Trudaine avoit étudié les Arts en Philofophe & en homine d'État : fous lui, nos Manu- fadures fe corrigèrent ; on ravit à l'induftrie étrangère la plu- paït de fes fecrets; une foule de découvertes ajoutèrent à la perfeétion de nos Arts; mais en cherchant à connoitre les {ecrets des autres Nations, il ne cherchoit pas à leur cacher ceux de nos Manufaélures : ces idées mercantiles qui font regarder l’induftrie étrangère comme ennemie, & fuppofer qu'il exifle dans les Arts & dans le Commerce un intérêt national féparé de l'intérêt général de l'humanité; ces idées étoient trop éloignées des principes de M. Trudaine, & fur-tout de fon caractère. I étoit convaincu que les hommes de tous les pays n’ont qu’un même intérêt, celui que toutes les terres produifent le plus qu'il eft poffible, & que chez toutes les Nations les Arts foient au plus haut degré de perfection, puifque le véritable intérêt de tous les hommes, eft d’avoir avec le plus d'abondance, des denrées meilleures, & des marchandifes plus perfeétionnées. ‘ M. Trudaine ne fongeoit à multiplier en France que les’ produétions qui conviennent à fa terré, à fon climat: cette: manière de forcer toute terre à tout produire, d’arracher d’un fol les plantes qu'il fe plait à nourrir , pour le charger de produélions qui n’y croiffent qu'à regret & à force de dépenfes; d'exécuter à grand frais chez foi ce qu'on peut tirer à bon marché de l'Etranger ; ces petites vues avoient cédé à des PA Di E4 SSSR CIS F EN -CES. 83 ‘vues plus profondes. L'idée de fatter {a vanité nationale, par une indépendance prétendue de toute produétion étrangère, ne pouvoit guider un Adminiftrateur aufls éloigné que M. :Trudaine de toute charlatanerie politique ; il vouloit {eule- ment enrichir le Peuple par l'augmentation des productions de la terre, par l'emploi le plus -utile de ces produétions. Toute protection, toute faveur accordée à une branche particulière d’induftrie lui paroifloient fouvent un mal & prefque toujours une injuftice : ainfr il ne lui refloit pour «encourager l'induftrie qu'il croyoit la plus utile que deux moyens, l'inftruétion & l'exemple, & jamais il ne fe crut permis d'en employer d’autres. + Le talent d'invention dans les Arts méritoit des récompenfes particulières, & c’eft précifément pour ces idées nouvelles, inconnues, dédaignées , quelquefois même combattues par ceux à qui elles feroient le plus utiles, que le Gouvernement doit avoir des encouragemens. Sous l’adminiftration de M. Trudaine, ces récompenfes fe bornoient fouvent à acheter des Artiftes un certain nombre des machines qu'ils avoient imaginées ; on diftribuoit ces machines dans les Manufadures : les découvertes fe répandoient avec plus de rapidité, & ces récompenfes étoient encore utiles au Public, au lieu de lui être à charge. conome des tréfors du Peuple, il faifoit rarement des avances : il falloit du moins que la probité des Artiftes répondit de l'emploi de ces avances, & leurs talens du fuccès de leurs tentatives. 14e Mais des marques d’eflime & de confiance encourageoient les hommes qui travailloient utilement; des diftinétions hono- rables attendoient ceux qui fe fignaloient d’une manière plus grande, &, ce qui vaut mieux pour l'encouragement des Arts que des récompenfes brillantes, tous fe croyoient fürs * que rien de ce qui feroit utile n'échapperoit à la juflice de M. Trudaine; que jamais l'envie ne leur feroit manquer une récompenfe méritée; que la charlatanerie ne pourroit la leur enlever. Tels étoient les moyens de M. Trudaine : il vouloit L ij 84 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE qu'ils coûtaflent peu à V'État , & ne coûtaflent rien à Ja liberté. Comme ce n'étoit point de la vanité des Artiftes, & encore moins de la fienne, qu'il s’occupoit, il ne mettoit aucun fafte dans ces récompenfes : il craignoit que les mêmes chofes qui, chez une Nation grave, euflent honoré les talens, ne devinflent un moyen de les avilir chez une Nation légère, habile à faifir le ridicule, & qui amie de la fimplicité, mème au milieu de la frivolité & du luxe, voit prefque comme un ridicule tout ce qui a de l'appareil & de l'éclat. I favoit encore que dans un pays où il y a une Cour, de grandes Charges, des Dignités héréditaires, des Ordres dont le Sou- verain femble s’honorer de porter les marques, enfin une Noblefle militaire qui fe plait à cacher fon origine dans la nuit des temps, toute autre diftinction paroit bien petite, & fouvent même a l'inconvénient d'annoncer que celui qui l'obtient n'a pas droit de prétendre à ces grandes préro- gatives : il favoit qu’en récompenrfant le mérite, il ne faut pas le dégrader, du moins aux yeux des premières Claffes de la Nation, par des honneurs qui lui faffent fentir une diflérence d'état déjà trop marquée. Une ame délicate & haute, faifoit apercevoir toutes ces nuances à M. Trudaine : il vouloit que fi les talens recevoient d’autres diftinétions que la gloire (récompenfe qui ne dépend pas de l'autorité ), ces diftinétions fuffent dignes d'eux & de lui; mais il pouvoit donner toujours une récompenfe précieule, grâces à fes lumières & à fes vertus; c'étoit fon fuffrage. Les Artiftes, qui favoient combien fes connoiffances étoient profondes & étendues, préféroient cette récompenfe à toutes les autres: il n'eft pour un Adminiftrateur ignorant aucun moyen de remplacer cet avantage; fi les diftinétions qu'il diftribue peuvent flatter la vanité, jamais elles n’encouragent le talent. Telles furent dans ces différentes parties de fon adminif- tation, les principes de M. Trudaine, principes qui, comme nous l'avons déjà dit, furent la règle conftante de fa conduite; & fur lefquels il ne varia jamais, parce que jamais il ne facrifia DÆ Su SAC ILE, NC EG 85 ni fa raifon aux circonftances, ni fa confcience à fes intérêts. Ces principes n'étoient pas uniquement le fruit de l'étude profonde qu’il avoit faite de l'Art d’adminifirer les grands États: peu d'hommes, ont plus 1ü, plus médité fur cet objet important ; mais l'expérience l'avoit encore plus éclairé que la théorie: trouvant prefque par-tout dans les détails de fon adminiftration, des opinions, des ufages, des règlemens con- traires à {es principes, il avoit été fatigué de cette foule d'inconvéniens & de défordres, qu'il en voyoit naître à chaque inftant, il avoit été affligé des maux fans nombre qui en étoient la. fuite, & ce que le raifonnement avoit fait découvrir aux autres , il l'avoit vu. . L'aétivité du Commerce & de l'Induftrie dépend de Ja multiplication des grandes Routes, des Ports de commerce, des Rivières navigables, des Canaux, de ces Ponts qui uniflent les Provinces que la Nature a féparées par des fleuves; difons plus, fans tous ces moyens de communication, les Provinces de l'intérieur d’un grand Etat, les Cantons éloignés des grandes Villes, feront toujours fans fertilité, fans force, fans population; les fubfiftances circuleront lentement, & la vie d’une partie du Peuple reftera toujours à la merci des faifons. C'eft ce qu’avoit {enti M. Trudaine le père, & dans cette partie, fon éloge n’eft plus féparé de celui de fon fils: il eft doux de pouvoir unir ces deux noms chers à la Patrie, chers à l'Académie, qui les a comptés long-temps parmi fes Mem- bres, & qui s’honoroït de leurs vertus. Le département des Ponts & Chauffées prit entre leurs mains une aétivité & une importance que jamais il n'avoit eues; toutes nos Provinces furent réunies par des Routes nouvelles , les grandes Rivières traverfées par des Ponts; nos Ports de commerce réparés & multipliés: la France entière prit fous cette adminiflration , une face nouvelle. L'intérêt du Commerce & de la défenfe de l'Etat préfidoit à l'établiflement des communications , & pour citer un exemple, unique peut-être dans l’hiftoire d’une Monarchie, on vit aux portes de la Capitale, conftruire fur la Seine un Pont de pierre deftiné à une route de Commerce, 86 HIsToirEe DE L'ACADÉMIE ROYALE tandis que la communication de la Cour, qui fous des Admi- niflrateurs courtifans eût été le premier objet de leurs foins, fe faifoit encore par des Ponts de bois. M. Trudaine croyoient que la véritable fplendeur du T rône, n'eft que dans les monu- mens utiles aux Peuples. | Dans cette partie de l’adminiftration, les connoiflances de M. Trudaine le défendoient encore contre des erreurs, d’au- tant plus difhciles à éviter, que la voix publique eft prefque toujours en ces occafions complice des fautes de Adminif= trateur : il ne fuffit pas que les Ouvrages confacrés à utilité publique, rempliffent le but qu’on s’eft propolé ; il ne fufft pas que les difhcultés qui s'oppofoient à la conitruétion de ces Ouvrages, aient été heureufement furmontées ;-fr, comme il n’eft arrivé que trop fouvent, des vues particulières ont empêché de donner à ces travaux une utilité plus grande; fr l’idée d’une magnificence déplacée, en a augmenté fa dépenfe; fi la vanité a raflemblé des obflacles pour avoir l'honneur de les vaincre ; alors tandis que le vulgaire eft frappé du mérite de la difficulté vaincue, qu'il admire le fpeétacle impofant d'une conftruétion hardie, d’un immenfe travail, d’une dépenfe énorme, l'homme éclairé ne voit qu’une charlata- nerie méprifable, plaint le Peuple immolé à la vanité d'un Artifte, & gémit de l'ignorance de l'homme en place. M. Trudaine favoit qu'un Ouvrage public n’eft digne d’eftime, que lorfqu'il réunit tous les avantages dont il eft fufceptible, & n'eft grand que lorfqu'il étonne par la com- parailon de ce qu'il eft avec ce qu'il a coûté ; enfin qu'il n'annonce le vrai génie que par la fimplicité des moyens: mais pour n'être point trompé en ce genre, il faut être en état non-feulement de juger les Projets qu'on a fous les yeux:, if faut encore favoir deviner en quelque forte s’il n’exifte point d’autres moyens ou meilleurs ou moins difpendieux , moyens que des motifs fecrets ont pu écarter des yeux de l Adminif- trateur: il faut être fupérieur en lumières à ceux dont on doit craindre ou la vanité-ou intérêt; il faut être défenduwpar l'amour du bien public contre l'illufion d’une gloire pañlagère, DS AS NCUIMNE. NËC-:E2SS rl 87 & contre le goùt du grand, fi puiflant fur les ames élevées. Nous ne dirons pas ici que M. Trudaine n'ait jamais été entrainé dans des Projets inutiles & magnifiques, que rendu à lui-même il eût défapprouvés : & quel homme en place obligé de combattre fans ceffe les intérêts particuliers, toujours réunis contre l'intérêt du Peuple, n'auroit pas eu dans l’efpace de vingt ans un moment d'erreur? du moins il fuccomba rarement, & fi le devoir de rendre juftice à la mémoire des morts, pouvoit autorifer à dire aux vivans, des vérités dures & inutiles, nous pourrions citer des exemples remar- quables , où il oppofa fon courage & fes lumières à des Projets impofans, mais ruineux, célébrés par la voix publique, & condamnés par le jugement des hommes éclairés. Nous pouvons ajouter que M. Trudaine a fait plus encore, qu'il a eu le courage de réparer ce qu'il regardoit comme une faute: nous l'avons vu foufcrire avec empreffement à da loi qui réduiloit à une largeur néceffaire aux befoins de la circula- tion, ces grands Chemins dont une fauffe idée de magnificence avoit augmenté Ja largeur aux dépens de la culture. Dans les différens Départemens, M. Trudaine ne fut ni jaloux de ceux qui travailloient fous {es ordres, ni gouverné par eux ; fes lumières, la nobleffe de fon ame, la pureté de fon zèle, le défendirent de ces deux fautes, entre lefquelles marchent les hommes chargés des grandes affaires, & qu'il eft malheureufement plus commun de commettre toutes deux ue d'éviter à la fois. M. Trudaine regardoit la juftice comme la première loi de toute adminiftration: ennemi de cette politique encore trop accréditée, refte odieux de l'École que fonda Machiavel dans un fiècle d’ignorance & de crimes, il ne croyoit pas que ce qui étoit injufte püt jamais être utile; le bonheur du Peuple étoit à fes yeux le feul devoir & la feule vraie gloire des Souverains : c'étoit uniquement par le bonheur dont jouit le Peuple, qu'il jugeoit de la richefle ou de la puiffance des Nations, des talens ou des vertus de ceux qui les gouvernent; * I croyoit que les gens appelés à l’'adminiftration , ont plus 88 HisToire DE L'ACADÉMIE RoYALE befoin de vertus & d’inftruction, que d'adrefie & d’habileté, I ne voyoit dans toutes ces prétendues fineffes, qu'on donne pour la fcience de gouverner, qu'un art inventé par des fourbes, pour corrompre les Souverains & opprimer les Peuples ; telle fut toute fa politique : elle étoit fimple, elle étoit celle d’un homme vertueux, & d’un ami de l'humanité. Avec de tels principes, forcé d’être témoin des maux que les circonftances ne lui permettoient pas de foulager, le bien qu'il avoit fait ne le confoloit pas de celui qu'il n’avoit pu faire : le fuccès même de fes travaux dans les Ponts & Chauffées ne lui donnoit point une joie pure: il avoit wop Jong-temps demandé en vain que les Poffeffeurs des terres employées en grands Chemins, fuffent dédommagés de leur parte; & il n'obtint cette juflice que dans les dernières années de fon adminiftration. 1! voyoit fur-tout avec douleur que cestravaux coûtoient trop au Peuple, & que le Pauvre étoit forcé de donner gratuitement fes journées ; M. Trudaine auroit voulu que les grandes Routes payées par les Propriétaires qu'elles enrichifloient, euffent offert des falaires au Pauvre qui étoit fans travail, & qu'elles euflent été pour lui une reflource dans fes maux, & non un Atelier de fervitude & de misère : il avoit pu efpérer un moment d’être témoin de cette heureufe révolution qui étoit l’objet de tous fes vœux, & cette efpérance trompée fut une de fes dernières peines. H y avoit long-temps que fa fanté afloiblie par le travail, ne lui laïfloit plus qu’une exiftence pénible, & qu'il foupiroit après la retraite ; il fentoit qu’en gardant fes places, il faifoit au bien de fon pays le facrifice de fon bonheur & de fa vie. Ï avoit obtenu l'avantage de confier une partie des objets de fon Département à M. de Fourqueux, dont il avoit époufé la fille; ce n'étoit point parce que ce Magiftrat vertueux étoit fon beau-père, que M. Trudaïine Favoit choïfr, mais il s'étoit trouvé heureux d'avoir dans fa famille un Citoyen éclairé & ami du Peuple, que la voix publique appeloit aux places de fadminiflration , & il favoit qu'en préparant par cette adjonction D ES S'CcryE N'c Es 89 adjonétion un appui à fes enfans, il donnoit un Proteéteur au Peuple, & au Souverain un ami de la vérité & de la juftice, La fuppreffion des charges d’Intendans des Finances vint enfin lui rendre le repos. Nous ne dirons pas qu'il a perdu fans regret, une place qui depuis plus de quarante ans étoit dans fa famille, .& dans laquelle M.° Trudaine avoient tou- jours fi bien mérité de la Patrie : il n’y a qu'un moment où l’homme vertueux puifle quitter les affaires fans regret ; c'eft celui où il ne peut plus efpérer de faire le bien, & comme il eft pour les ambitieux déplacés, des douleurs qu'un Citoyen vertueux ne connoîtra jamais; il en eft pour celui-ci, que les ambitieux ne peuvent même foupçonner : ‘tel feroit la douleur de -voir fa chute être le fignal du malheur public, tel eft le regret d'abandonner des projets utiles déjà com- mercés, de renoncer à des vues encore trop peu développées pour qu'on puille fe flatter qu’elles ne feront point aban- données, que le bien fera fait du moins par d’autres mains, & qu'on n'aura perdu que l'honneur d'y avoir contribué. Ainfi, nous ne craindrons pas d’avouer que M. Trudaine a regretté ladminiftration des Manufaétures, où l'étendue de fes lumières & fes principes de la liberté avoient pro- duit tant d’heureux effets : il regreta fur-tout le département des Ponts & Chauflées : c’étoit dans ce département qu'il avoit travaillé le plus, qu'il croyoit avoir été le plus utile, & qu'il avoit le plus d’efpérance de l'être encore. Mais tandis que le temps ne fait que rendre plus fenfible à ambitieux la perte de fa puiffance, il confole l'homme de bien: éloigné des objets dont il s'occupoit, il cefle bientôt de prendre aux affaires d’autre intérêt que celui dont un bon Citoyen n’eft jamais corrigé par l'inutilité même de {es ‘vœux ou de fes efforts. M. Trudaine, rendu au repos, à Famitié, aux Sciences, alloit être heureux ; il jouifloit d’une grande foriune liérédi- taire, qui ne lui avoit coûté ni peine, ni bafleffe, ni remords, qu'il ne pouvoit avoir la foitife de regarder comme un mérité, puilqu'elle n'étoit pas fon ouvrage, mais qui lui Hifl 1777 90 HisToirE DE L'ACADÉMIE ROYALE laiflant la poflbilité de faire du bien, & d'entreprendre des travaux utiles aux Sciences, étoit pour lui un moyen afluré de bonheur : l'éducation de deux fils, qui annonçoient déjà w'ils feroient dignes de leurs pères, des recherches fur la Chimie & la Phyfique déjà commencées, & qu'il avoit été obligé de facrifier à {es devoirs, lui offraient un rempart für contre l’ennui ; en perdant fes places, il avoit confervé toute fa confidération , parce qu'il ne la devoit pas à {es places, mais à vingt ans d'une adminiftration fans tache, à une probité pure & courageufe, à l'habitude que la Nation avoit prife de refpecter fon nom. Une iñort inattendue le ravit à fes amis, le $ Août 1777; elle fut douce pour lui & cruelle pour ceux qui l’aimoient: ils alloient jouir de lui tout entier: Cher à fa Patrie, qui fe fouvenoit de fes fervices, & qui n’avoit pas renoncé à l’efpé- rance de le voir lui en rendre de nouveaux, il fut regretté des Étrangers : ceux qui avoient parcouru Îa France avoient appris à le connoître par ce qu'il avoit fait ; ceux que le defir ou de jouir de nos Arts ou de connoïtre nos hommes célèbres avoit amenés à Paris, admis dans fa fociété, en rap- portant dans leur pays le fouvenir de ce qu'ils avoient vu dans M. Trudaine, le peignoient comme un Magiftrat éclairé & incorruptible, comme un Citoyen ami du Peuple, comme un Philofophe occupé du bonheur de tous les hommes, aimant fa Patrie fans être l'ennemi des Nations, qui, par une fauffe politique , fe regardent comme nos rivales, ne croyant point que la profpérité d’un Etat (fi elle fe fonde fur le mal- heur de fes voifins) puiffe jamais être ou réelle ou durable, & convaincu que pour les Nations qui habitent le Globe, comme pour les hommes réunis dans la mème fociété, l'intérêt particulier bien entendu fe confond avec l'intérêt général. Nous ne parlerions pas du défintéreffement de M. T'rudaine, fi malheureufement cette vertu n’étoit très-rare, même parmi ceux qui n'aurojent aucun mérite à la pratiquer ; fi fur-tout elle n'étoit pas trop fouvent un effet de l’orgueil ou d’une avidité plus adroite: M. Trudaine fut définterefé, & il le DES SC1E NC. Ss. ot fut fans fafte. A a mort de fon père, ayant été nommé à fes places dans le Confeil des Finances & dans celui du Commerce, il demanda au feu Roi 1a permiilion de n’en point recevoir les appointemens. Os me demande fi rarement de pareilles grâces, dit le Roi, que pour la fingularité, je ne veux pas vous refufer. M n'y a rien jufqu'ici qui doive fur- prendre; mais ce qui eft moins commun, c’eft que ce trait loit refté ignoré, qu'aucun compilateur de flatteries pério- diques n'en ait parlé, qu'aucun fubalterne n'ait imaginé de flatter M. Trudaine, en le publiant, M. Trudaine favoit que le défintéreffement eft du nombre de ces vertus qui font d'autant moins de bruit qu’elles font plus fincères, & que les hommes qui s’enorgueillifent de leur générofité, ou qui fouffrent qu'on les en loue avec éclat, avouent par-là combien les facrifices qu’elle a exigés d'eux leur ont été pénibles. Dans une vie toute remplie par fes devoirs, il n'avoit pas négligé les Sciences : obligé de s’inftruire pour être utile, de goût vif qu'il avoit contracté pour elles ne l'abandonna jamais; il renonça aux Sciences de calcul, qui maîtrifent trop l'efprit, & qui exigent ou tout le temps ou toutes les forces de ceux qui sy livrent; les Sciences phyfiques furent pour lui un délaffement : il avoit dans fa Terre de Montigny un Labo- ratoire où il s’occupoit d'expériences. Admis dans l Académie, où il fuccéda à fon Père après avoir partagé fa place ( car l’Académie, comme la Patrie, ne les avoient point féparés ), aflocié aux Compagnies favantes de l'Europe, il fentoit que ne pouvant juftifier ces titres par des travaux fuivis, il devoit contribuer du moins au progrès des Sciences en les encou- rageant. 11 propola un Prix fur la meilleure manière de faire le Verre métallique, connu fous le nom impropre de fint-glaff; il fit exécuter une Lentille plus grande que celles qui avoient été conftruites jufqu'ici, & deftinée à des expériences de Chimie qui devoient ajouter une nouvelle branche à cette Science. M. Trudaine, qui voyoit les Sciences plus encore en homme d’État qu'en Phyficien, fembloit préférer a Chimie à toutes les autres, parce qu'il lai croyoit Ja id utile, 1] 92 Hi1sTOoiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Les Ingénieurs des Ponts & Chauffées furent chargés par lui de raflembler dans toutes les Provinces, les matériaux néceffaires pour connoître en grand & d’une manière utile l'Hifioire naturelle de la France. M. Trudaine avoit cultivé la Littérature Françoife; celle des Anglois, des Italiens & des Allemands lui étoit fami- lière : nous ne parlerons pas ici de quelques Ouvrages d'agrément qui furent les fruits de fa jeuneffe & de fon goût pour les Lettres, & que lui-même a condamnés à l'oubli. A la mort de fon Père, il parut defirer de lui rendre le trifte devoir dont je m'acquitte aujourd'hui envers la mémoire du Fils; cet Eloge écrit avec élégance & avec noblefle, eft un monument précieux pour l'Académie, & le feul Ou- vrage imprimé de M. Trudaine: la piété filiale pouvoit feule lui dérober des inftans dûs à la Patrie. M. Trudaine fut bon ami, bon fils, bon mari, bon père; aux vertus du Citoyen & du Magiftrat, il joignit les agrémens de l’homme du monde : aimable & doux dans fa vie privée, fe livrant à la Société avec plaifir, on eüt pu f'accufer de trop de facilité, & d’amour de la diffipation; mais le goût de la diflipation ne lui a fait négliger aucun devoir; peu d'hommes en place, peu de particuliers même, ont réuni des connoiflances auflt étendues, aufli variées; enfin la facilité de fon caraétère ne la jamais fait confentir à une chofe injufte. Auffi les enn.mis de M. Trudaine, en lui reprochant cette facilité, qu'ils nommoient foibleffe avec une févérité qu'on na jamais ni pour la médiocrité, ni pour le vice, ne lui reprochèrent que cette mollefle de caraétère que les obftacles qui s’oppolent au bien rebutent trop facilement; qui ne fent pas affez la poffibilité de vaincre ces obflacles & paroît ignorer trop, tout ce que peuvent l'activité & le courage ; cette foiblefle qui, dans toutes les actions où la juflice n’a point prefcrit rigoureufement notre conduite, cède trop aifé- ment à la commifération ou à l'amitié; & qui femble ne tenir qu'à la pareffe ou à la bonté. Mais jamais ces mêmes ennemis n'ont ofé ni le foupçonner, ni même l'acculer de cette foibletfe DÜEtsMSTC'IE: NC. ELS 93 vraiment coupable, qui née de l'indifférence pour la gloire & la juftice, ne voit dans le bien qui s'offre à elle que des obftacles & des dangers, fe prête au mal lorfqu’elle ne craint point d'avoir à en répondre, le commet même avec tran- quillité lorfque pour s'y refufer , il faudroit compromettre un intérêt d’ambition ou de repos; foiblefle que l’on juge trop favorablement en ne la regardant que comme un défaut du caractère, puifqu'elle n'eft dans ceux à qui on la reproche qu'un art de cacher fous le mafque de {a timidité ou de linfouciance, des vices plus odieux, & un moyen adroit de fe dérober à findignation publique en fe dévouant au mépris, parce qu'on {e fent le courage qui fupporte le mé- pris, & qu'on manque de celui qui brave la haine. M. Trudaine préféroit la fociété des Savans aux fociétés brillantes que fes places ne lui permettoient pas de fuir, & où fa réputation d'homme d’efprit le faifoit defirer. Il voyoit les Savans comme des Citoyens utiles, comme des hommes fupérieurs aux autres par leurs lumières, & qui, préfervés par l'étude de l'ennui & de l'oifiveté, échappent aux deux caufes de corruption les plus dangereufes peut - être, parce qu’elles font les plus communes, celles dont on fe défie le moins, & dont on a le plus rarement le courage de fe dé- fendre : il favoit eflimer les Savans, les fervir & ne jamais prétendre à les protéger. Cette conduite prouve qu'il a été du petit nombre des gens en place qui ont aimé les talens pour eux-mêmes, & non pour cette influence fi puiflante que le fuffrage des hommes à talens a toujours fur l'opinion & fur l'eftime publique. Sa place d'Honoraire à l’Académie a été remplie par M. ie Duc d’Ayen, que lui-même avoit defiré d’avoir pour Confrère, & qui nous a apporté les mêmes goûts, les mêmes lumières & les mêmes fentimens. LA 94 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE DIE, A. 1 DE TJOU. SRE C0 Drsnaun DE Jussieu , Docteur en Médecine des Facultés de Paris & de Montpellier, Profefleur & Démonf- trateur de Botanique au Jardin royal, de la Société royale de Londres, des Académies de Berlin, Péterfbourg, Upfal, de fInftitut de Bologne , &c. naquit à Lyon, le 17 Août 1699, de Laurent de Juflieu, Docteur en Médecine, puis Maitre en Pharmacie de la même ville, & de Lucie Coufin, I vint à Paris en 1714, achever fes études fous es yeux d'Antoine de Juflieu fon frère, Membre de | Académie royale des Sciences, Profefleur de Botanique au Jardin du Roi, & qui jouifloit d'une grande réputation, foit comme Botanifte, foit comme Médecin. A peine les études de M. de Juffieu furent-elles finies, que fon frère entreprit en 171 6, un voyage pour examiner les Plantes des Pyrénées, de l'Efpagne & du Portugal; M. de Juffieu Faccompagna dans ce voyage : jufqu'alors il n’avoit montré pour la Botanique aucune préférence marquée; c’étoit Ia première fois qu'il obfervoit des Plantes hors d’un jardin de Botanique, & jamais il n’a oublié ni aucune de celles qu’il vit alors, ni le nom & la polition des lieux où il les avoit trouvées. On a vu fouvent des hommes indiflérens à tous les objets qu'on offroit fucceflivement à leur attention, & mon- trant pour toute efpèce d'exercice de l’efprit, une indolence que lon prenoit pour de la ftupidité, fe porter tout-à-coup vers un objet pour {equel ils fembloient exclufivement deftinés, le fuivre avec une véritable paflion , & déployer dès leurs premiers pas une ardeur & une fagacité qu'on n’eût pas foupçonnées ; mais rarement ces hommes, que la Nature DÉEMS HOT ELLE NC Es. 95 paroifloit avoir formés par une organifation particulière pour macquérir qu'un feul genre d’idées , ont été dans ce genre même des hommes fupérieurs, & il ne faut pas en être furpris: ce talent exclufif pour un objet eft une preuve qu'ils man- quoient fans doute de cette flexibilité, de cette mobilité d’efprit, qui loin d'être incompatible avec le génie, fert à multiplier fes moyens & {es reflources. Ce n’étoit pas feulement pour être Botanifte que M. de Juflieu étoit né, c'étoit pour obferver la Nature, & c'eft précifément pour cela qu'il a été un f grand Botanifte : peu d'hommes ont réuni au même degré les qualités d’un excellent Obfervateur ; une mémoire prodigieufe qui pouvoit embrafler une immenfité d'objets, & une netteté d’efprit qui ne les confondoit jamais ; l’avidité de favoir & la patience; des vues grandes & hardies, & une timidité fcru- puleufe quand il falloit s'arrêter à une opinion ; un efprit capable de former des combinaifons étendues & profondes, mais qui defcendoit fans peine aux plus petits détails; enfin, un amour vif de la vérité, & nul defir de la gloire ; car l'amour de la gloire & l’avidité d’en jouir, conduifent fouvent les Obfervateurs, à n’apercevoir jamais que des chofes ex- traordinaires , où à prétendre avoir vu ce qu'ils n'ont fait qu'entrevoir. À fon retour d'Efpagne, M. de Juffieu obferva avec fon frère les plantes du Lyonnois & d’une partie des Alpes, uis il le quitta pour ailer à Montpellier fuivre les études de Médecine. I{ fe deftinoit à exercer la Médecine dans fa Patrie: ni le féjour de la Capitale, ni la confidération attachée aux Sciences, & dont il avoit vu jouir fon frère en France & chez les Étrangers, ni la gloire à laquelle fes heureufes difpo- fitions lui permettoient d’afpirer, n’avoient pu faire naître en lui des prétentions plus relevées. Heureufement pour la Botanique, à peine eut-il effayé Ia pratique de la Médecine, qu'il éprouva une impoflibilité entière de continuer l'exercice de cette profeflion: trop fenfible aux maux de fes malades, il fouffroit de leurs peines; elles lui caufoient de violentes palpitations de cœur; l'humanité faifoit 96 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALE fur lui fes effets que produit à peine l'amitié fur les hommes d'une fenfibilité commune. I falloit cependant à M. de Juflieu un état qui lui tint lieu de fortune: il l'obtint de fes talens, de la réputation de fon frère, & de la juftice de M. Vaillant. Ce Botanifte célèbre étoit alors Démonftrateur au Jardin du Roï; il avoit pu efpérer d'y remplacer M. de Tournefort dans le titre de Profefleur, & la place avoit été donnée à M. de Juflieu l'aîné: ce choix devoit d'autant plus blefler M. Vaillant, ue M. de Juffieu l'aîné fuivoit les idées & les vues de M. de Tournefort, dont M. Vaillant avoit plus d’une fois combattu les opinions, & qu'ainfi la préférence accordée à M. de Juffieu, fembloit l'avoir été en même temps aux idées de M. de Tournefort; cependant en vivant avec M. de Juffieu , M. Vaillant lui pardonna bientôt. Inftruit des talens & de da fcience prématurée du jeune Bernard de Juffieu, il fut le premier à propoler de l'appeler à Paris, & à deftiner au frère de fon rival, devenu fon ami, la furvivance d'une place que fon âge ne lui permettoit plus de remplir. M. de Juffieu vint donc à Paris, & bientôt après il fut nommé à la place que la mort de M. Vaillant laifloit vacante. Le Jardin royal n'étoit pas alors dans l'état où nous le voyons aujourd'hui : confié aux foins du premier Médecin ‘du Roï, l'état de ce Jardin dépendoit du goût plus ou moins vif que le premier Médecin avoit pour l'Hifloire Naturelle; les fonds deftinés à l’entretien de cet établiffement étoient fouvent employés à d’autres ufages, regardés comme plus im- portans par celui qui en avoit la difpolition : un établiffement de ce genre, ne pouvoit devenir floriffant qu'en acquérant un Chef qui mit fon honneur à le faire profpérer, & qui attendit une partie de fa confidération du fuccès de fes foins. Le Cabinet d'Hiftoire Naturelle n'étoit alors qu'un fimple Droguier, dont le Démonftrateur de botanique avoit l'in{ pection; & M. de Juffieu l'aîné avoit été obligé de facrifier fes appointemens pour empêcher la dégradation totale du Jardin des plantes, A l'arrivée MES OSPCPINENN CE 5: 97 A l’arrivée de M. Bernard de Jufieu, tout changea de face : avec autant de zèle que fon frère, il avoit tout fon temps à donner au rétabliffement du Jardin du Roi ; le Droguier devint bientôt un Cabinet d'Hiftoire Naturelle, qui fournit les premiers matériaux de cette collection immenfe, que le zèle & les foins de M. de Buffon & Daubenton ont rendu fi célèbre. M. de Juflieu veilloit lui-même à la culture des Plantes, à leur diftribution dans les ferres, aux détails des précautions néceflaires pour les conferver; il inftruifoit les Jardiniers, & il parvint à en faire de vrais Botaniftes. Chaque année, il conduifoit dans les campagnes des envi- rons de Paris, les Elèves qui avoient fuivi fes Leçons du Jardin du Roi : on n’apprend pas mieux la Botanique dans un Jardin qu'on n'apprend l'Hiftoire Naturelle dans un Cabinet; mais la Botanique a un grand avantage fur l'Hifloire Natu- relle: il n’y a point de pays qui ne renferme un affez grand nombre d’efpèces de plantes pour fuffire à cette partie d’inf truétion qu'on ne peut recevoir qu’en obfervant la Nature. Dans ces promenades favantes, M. de Juflieu enfeignoit à fes Élèves à reconnoitre les Plantes, malgré les changemens e leur fait éprouver la nature du terrein, malgré les accidens qui les défigurent; il leur apprenoit à diftinguer le fol qui convient à chacune. Souvent fes Élèves fe permettoient avec lui des fupercheries qu'ils n’euffent ofé rifquer fous un Maître moins habile: ils lui préfentoient des plantes qu'ils avoient mutilées exprès, dont ils déguifoient les caraétères, en y ajoutant des parties tirées d’autres plantes; quelquefois même ils lui préfentoient des plantes étrangères : M. de Juflieu reconnoifloit bientôt l’artifice, nommoit la plante, le lieu où elle croïfloit naturellement, les caractères qu'on avoit ou effacés ou déguilés. On répétoit vingt fois cette manière d’éprouver fon étonnante fagacité; il sy prétoit toujours avec la même fimplicité, & cette bonté lui étoit fr naturelle, qu'il ne s’apercevoit même pas qu’il eût befoin.de Favoir : il ne trouvoit dans cette manière de répondre qu'un moyen d'épargner du temps & des paroles. M, sms , dans fon Hi 1777: 98 HisSToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE Voyage en France, affifta à l’une de ces Herborifations: les Élèves de M. de Juffieu voulurent tenter avec lui la même plaifanterie. Z/ »'y a qu'un Dieu ou votre Maître qui puiffent vous répondre, dit-il; aut Deus aut Dominus de Juffreu. Les connoiïflances de M. de Juflieu embrafloient toute l'Hifloire Naturelle. La plupart des Botaniftes joignent l'étude des infectes & des vers à celle des plantes : les infectes qui, par le nombre de leurs efpèces, la diverfité de leurs formes, la ftructure variée de leurs parties, doivent être étudiés par la même méthode que les plantes, & clafiés comme elles dans des divifions méthodiques, ont encore avec les végétaux des rapports plus intimes ; la plupart vivent fur les plantes, s’en nourriffent, y dépofent leurs œufs, y caufent des altérations fingulières ; enfin c’eft dans la clafle des vers que fe trouvent les efpèces qui marquent par des degrés infenfibles le paffage d’un règne à l'autre. Mais M. de Juflieu avoit été beaucoup plus loin que l'étude des infectes & des vers : tous les animaux, toutes les fubf- tances minérales, avoient été l'objet de fes méditations; äl s’étoit fur-tout appliqué à l'examen des pierres qui renferment ou des débris, ou des empreintes d'animaux ou de végétaux ; il favoit reconnoître ces débris ou ces empreintes avec une fagacité rare; diftinguer les efpèces vivantes auxquelles ils appartenoient ou dont ils fe rapprochoïent; les pays où ces efpèces fe rencontrent, & dont le climat eft fouvent fi dif- férent de celui où l’on retrouve leurs reftes. Depuis les êtres que leur petitefle dérobe à nos regards, jufqu'aux traces des antiques révolutions du Globe, aucun phénomène, aucun fait n'avoit échappé aux yeux pénétrans de M. de Juffieu: il n'ignoroit que les fyftèmes imaginés pour les expliquer. Loin d’étaler cette immenfité de connoif fances, il fembloit la cacher; mais les notions précifes qu'il donnoit à fes Hlèves, lorfque dans fes Herborifations ‘ils lui prélentoient des infectes ou des pierres, les idées lumineufes qui lui échappoient dans {a converfation, ont trahi un fecret, qu'il gardoit, non par modeftie (M. de Juflieu étoit natu- BRUS MAS ICUI IE NUCIE 99 rellement trop fimple pour avoir jamais befoin d’être modefte) » mais par une perfuafion fincère que ce qu'il favoit m'étoit rien en comparaifon de ce qu'il faudroit connoître, pour ofer dire qu'on fait quelque chofe. M. de Juffieu avoit fait deux Ouvrages pour l'inftruction de fes Elèves; un refté manufcrit, contenoit les vertus connues des plantes: il le diétoit tous les ans, & cet Ouvrage, outre le mérite de donner des connoïffances utiles, avoit celui de faire fentir à des Jeunes gens, prefque tous deftinés à la Médecine, l'utilité d’une connoiïflance approfondie de la Botanique, de leur montrer qu'elle étoit un guide für dans la connoïffance des remèdes, & qu'elle pouvoit conduire à des innovations utiles dans l'art de guérir. Quoiqu'il eût renoncé à la pratique de la Médecine, il étoit trop bon Obfervateur de la Nature pour n'être pas un bon Médecin, & il avoit acquis toutes les connoifiances que l'excès de fa fenfibilité lui avoit permis d'acquérir : fouvent fon frère avoit trouvé en lui des lumières utiles, des vues fur des cas rares & difficiles. Il avoit enfin long - temps médité fur l'application de la Botanique à {a Médecine; fur Ja manière de remplacer les plantes étrangères par des plantes indigènes; fur la facilité de fubftituer des remèdes fimples aux remèdes compliqués des laboratoires; fur les véritables vertus des plantes; fur l'intenfité de ces vertus, felon les terreins, les climats, les faifons & l’âge de la plante; fur la nature des fubftances qui poflédoient ces vertus, & des parties des plantes qui renfermoient ces fubftances ; fur les préparations qui pouvoient ou les altérer ou les conferver. Il développoit toutes ces vues dans fes Leçons ou dans la con- verfation, fans oftentation comme fans préjugé, oppofant toujours l'obfervation à la routine qui arrête la marche des Savans, comme à l'efprit de fyflème qui les égare. Le fecond Ouvrage de M. de Juffieu eft une édition du Livre de M. Tournefort fur les plantes des environs de Paris : il l'enrichit de la defcription de plufieurs plantes, quiavoient échappé à ce Botanifte célèbre, & il y ajouta des notes. iJ 100 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE L'Académie des Sciences s'emprefla d’adopter alors M. de Juffieu; il y entra en 1725. Quoique la haute opinion que fes Confrères avoient de fes talens, eût pu lui infpirer de la confiance, il fut quatorze ans fans ofer rifquer aucun Ouvrage, & le premier Mémoire qu'il ait donné eft de 1739: ül a pour objet de décrire les parties de la fructification de la plante à qui la forme de la caplule qui renferme fa fleur, & qu'on avoit prile jufqu'alors pour fa graine, a fait donner le nom de pi/lulaire. M. de Juflieu avoit fuivi cette plante dans toutes les époques de fa durée; il avoit trouvé qu'elle étoit du nombre de celles qui n'ont qu'une feule feuille féminale, un feul cotyledon : -elle eff donc de la claffe des monocotyledons, ajoute M. de Juffieu; clafle qui doit être /4 première dans la méthode naturelle. Ces mots derniers font précieux ; ils prouvent que M. de Juffieu avoit déjà fenti à cette époque la néceflité d'une méthode naturelle; qu’il en avoit déjà poé les principes; qu'il s'étoit déjà déterminé à tirer des circonftances qui accompagnent la germination des plantes, les premières divi- fions de cette méthode; principe fondamental qui {e retrouve {oit dans l’ordre des plantes du Jardin de Trianon, foit dans celui qui a été établi au Jardin du Roi. M. de Juffieu a f peu écrit, a été fi peu jaloux de s’aflurer la propriété de fes idées, que c'eft un devoir pour nous de ne rien négliger de ce qui peut confltater {es titres. Il examina au microfcope les différentes parties de 1a fruc- tification de la pillulaire; fa pouffière des étamines ne lui offrit point les mêmes phénomènes qu'il avoit obfervés dans celles des plantes crucifères; & M. de Juffieu remarque à cette occafion & comme en paflant, que fi on jette ces pouf fières dans l'eau , chaque petit grain fe brife & laifle échapper, par une déchirure qui e fait à {a capfule, un jet d’une liqueur qui ne peut fe mêler à l'eau & qui y refte fufpendué en forme de petits globules : de favans Phyficiens ont publié depuis ceite Obfervation. M. de Juflieu parut avoir oublié qu'il les avoit prévenus ; il ne réclama point fa découverte: DUENSS ACT EN CLENS: 101 a conduite fut la mème dans toutes les occafions; jamais il n’a refufé à perfonne de lui communiquer non-feulement {es lumières, mais fes vues, fes conjeétures, fes méthodes, fes découvertes, & l'on pouvoit s’en parer fans rien craindre: on étoit für du fecret. ; On aflure que M. de Juffieu avoit étendu fes Obfervations microfcopiques jufqu'aux liqueurs des animaux, & que les phénomènes qu’il y avoit obfervés lui avoient fait découvrir une analogie fmgulière entre les deux règnes ; mais comme il n'a rien écrit fur cet objet, & que ces Obfervations, publiées depuis par d’autres Savans, ont été contredites par des: Phyficiens très-éclairés, nous imiterons fon filence, & nous nous garderons bien d'attribuer des obfervations peut- être incertaines à un Savant, fi réfervé fur celles même qui étoient le mieux conftatées. Dans ce même Mémoire, M. de Juffieu donnoit la préfé- rence à M. Linnæus fur M. Tournefort , pour la méthode, non de clafier Îles plantes, mais de fixer les caractères bota- niques ; il ne lui en avoit rien coûté pour prononcer en faveur d'un étranger & d’un rival : tous ceux qui contri- buoient aux progrès des Sciences, étoient pour lui des compatriotes & des amis. Un fecond Mémoire de M. de Juffieu, a pour objet fe Zemma, plante connue des Anciens, & dont la fruétification, qui a des rapports très-fenfibles avec celle de Ja pillulaire, étoit également inconnue. M. de Juflieu compare ces deux Plantes, les rapproche toutes deux du genre des fougères , & annonce qu'elles doivent avoir des vertus analogues. Ces rapports faifis avec tant de fagacité entre des genres de plantes diflérens, ces découvertes de parties inconnues dans une plante , peuvent n'intérefler que les Botaniftes ; mais tous les Phyficiens doivent voir avec intérêt les Obfer- vations de M. de Juflieu, fur ces deux plantes, qui croiïffent également dans l'eau & fur la terre, qui deviennent prefque méconnoiffables par les changemens qu'elles éprouvent dans ces deux états, & qui dans l'eau, font fortes, mais prefque 102 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE toujours infécondes, tandis que dans une terre affez sèche, on les voit foibles & fécondes en même temps. Dans un troifième Mémoire, imprimé en 1741, M. de Juffieu décrit une efpèce de plantain: les fleurs apparentes de ce plantain, les feules qu'on connûüt alors, font des fleurs mâles, toujours privées de piftilles; les fleurs femelles étoient cachées, & M. de Juffieu les avoit découvertes, I avoit fait cette même année un Voyage fur les côtes de la mer, pour y obferver les plantes, les infeétes, les coquillages ; & ce voyage eft devenu une époque importante dans lHif toire Naturelle. Les coraux & les madrépores ont appartenu fucceffivement aux trois règnes de la Nature ; d’abord, ils furent regardés comme des pierres, erreur très-pardonnable, parce qu'ils en ont la dureté, & qu'ils font compolés d’une fubftance femblable à celle des pierres calcaires; alors on igno- roit encore que la mafle entière de cette efpèce de pierres, n'eft autre chofe qu'un immenfe débris du règne animal; on expliquoit donc par différens fyftèmes les caufes qui pouvoïent déterminer {a forme fingulière de quelques-unes de ces pro- duétions, & les faire reflembler à des plantes. Le Comte Marfgli les rangea enfuite dans le règne végétal, & fes Obfervations parurent convaincantes, Enfm, en 1724, M. Peiïflonel an- nonça que ces mêmes corps marins étoient l'ouvrage d’un grand nombre de petits infectes qui fe bâtifloient des loges avec une fubftance pierreufe, qu'ils tiroient d'eux-mêmes. Cette idée de M. Peiïffonel étoit alors prefque dénuée de preuves ; on ne la regarda que comme une hypothèfe hardie; elle fut prefque oubliée des Naturaliftes, mais elle ne l'étoit point de M. de Juffieu : il avoit obfervé fouvent les polypes d'eau douce, il avoit vu fa manière dont ils développent ou retirent leurs bras, & une partie des merveilles que préfentent ces infectes , long -temps inconnus ou népgligés par les Naturaliftes : l'idée que les prétendues fleurs du corail n’étoient que des polypes, lui paroifloit avoir affez de vraifemblance pour le déterminer à faire des recherches, il les fit pendant fon Voyage. Ses expériences, fes obfervations , furent fans replique, & l'origine de ces corps marins fut démontrée : . s DES NSNC'ANE N1 CES. 103 on a développé depuis comment ils fe forment, & le myftère une fois découvert, n'en a été que plus merveilleux. Notre Hiftoire de 1747, rapporte une Obfervation bien importante de M. de Juflieu : depuis long-temps on faifoit ufage en Médecine des fels & des efprits volatils qu'on retire des fubflances animales & de plufieurs familles de plantes, & que l’on fait maintenant n'être qu'un alkali volatil, par- tout le même, qui ne retient rien des fubftances dont on l'a tiré : Moïfe Charas, Membre de cette Académie , avoit donné beaucoup de vogue à ce remède ; il le recommandoit pour une foule de maladies; & il avoit imaginé d’oppofer le fel volatil de vipère au venin terrible de ces reptiles. Des expériences faites fur des animaux, des obfervations fur lui-même & fur un de fes Auditeurs, qui avoit été mordu dans le cours de fes expériences, rendoient fon opinion vrai- femblable : M. de Juffieu avoit fait encore plufieurs expé- riences pour conflater l'efficacité de ce remède; elles avoient eu du fuccès : un autre que lui, eût donné ces effais comme des preuves certaines, mais elles étoient en trop petit nombre pour qu'il fe permit d'en tirer une conciufion ; il favoit combien en ce genre on eft expolé à fe tromper, fi l'on s'en rapporte au fuccès de quelques expériences ; combien :ïl faut les avoir multipliées pour ofer prononcer qu'un effet falutaire eft produit par un remède & non par des circonftances étrangères ; combien il arrive fouvent qu'un remède n'agit point par une vertu particulière, mais feulement en remplif- fant une indication générale ; combien es remèdes, même les plus falutaires, font éloignés d'être des {pécifiques : cependant, il portoit dans fes Herborifations un flacon d'eau de Luce, comme une reflource, qui du moins n'étoit qu'incertaine; Toccalion d'en faire ufage fe préfenta. Un jeune homme mordu d'une vipère, fut traité par M. de Juffieu ; ïl ne prit le remède qu'après des accidens aflez graves pour annoncer que la vipère avoit communiqué le venin, & que la maladie feroit, finon mortelle, du moins dangereule ; cependant le . malade fut fauvé, & l’eau de Luce étoit le feul remède qu'on 104 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE lui eût adminiftré. D’autres expériences , faites depuis, ont également été fuivies de la guérifon. Cependant des Phyfr- ciens éclairés conteftent encore l'efficacité de l'alkali volatil contre le venin des vipères; ils croient que les feules forces de la Nature fuffifent pour guérir le mal à moins que fa peur ne l'ait rendu incurable : mais fi on peut nicr avec ces Phyficiens que l’alkali foit un fpécifique néceïiaire pour Ia guérifon, du moins il eft très-difficile de ne pas croire qu'il ne foit un remède falutaire. Au refte, nous nous garderons bien de décider, puifque M. de Juffieu lui-même, malgré fon fuccès, s'eft borné à expoler les détails de F’obfervation & n’a pas voulu prononcer. Tels font les Ouvrages de M. de Juffieu: jamais homme n'a joui d’une réputation auffi grande, n’a obtenu & mérité tant de gloire avec un auffi petit nombre d'Ouvrages imprimés, & en paroiffant ne chercher que loblcurité. 1] a peu écrit, a-t-on dit, ais il a parlé, © d'autres ont écrit d'après lui : mot heureux qui mérite d’être confacré dans nos faftes. On ne connoifloit point de Livres de lui, maïs l’Europe étoit pleine de fes Difciples ; fon nom étoit cher à fes Compatriotes, & refpeété des Etrangers; jamais aucune voix n'a troublé ce concert unanime du Monde favant; & dans le cours d’une fi longue vie, il n’a trouvé dans l’Europe entière qu'un rival, dont il obtint l'eftime, & pas un ennemi. Quelques Savans ont du leur réputation à leur commerce de Leitres, encore plus qu’à {eurs Ouvrages; M. de Juffieu écrivoit très-peu de lettres, fes leçons, {es converfations étoient le feul titre de fa gloire; & l’on fent combien ïl falloit de connoiflance, de mémoire, de génie, & fur-tout combien il falloit avoir un jugement für & un efprit jufte, pour inftruire dans de fimples converfations. On peut croire cependant que fes talens ne lui auroient pas mérité tant d'hommages, & que l’on auroit abufé plus fouvent de fa facilité, en s’appro- priant {es découvertes que jamais il n’auroit revendiquées, ft le refpect pour fa perfonne, ne lui avoit fait autant d’amis zélés de tous ceux qui le regardoient comme leur maître, Un DIESSMSIENRE. NC 2E à 105 Un trait feul fuffra pour juger de l’idée qu’on avoit de fes lumières, & de la confiance qu'infpiroit fon caraétère. II vaquoit à Padoue une chaire de Botanique ; M. Marfili alors à Paris, prétendoit à cette place; il n'oppofa aux proteéteurs, aux follicitations de fes concurrens, qu'une Lettre de M. de Juffieu, & la place lui fut accordée : cet hommage rendu à M. de Juffieu par une Nation étrangère & féconde en Savans dans tous les genres, eft un honneur bien rare, & ce qu'on croira fans peine, cette anecdote glorieufe étoit ignorée de fa famille & de fes amis: c’eft des amis de M. Marfili que nous l'avons apprife. Les gens en place confultoient fouvent M. de Juffieu, il étoit bien für que puilqu'ils s’adrefloient à lui, ils ne vou- loient que connoïtre la vérité, & il la leur difoit toute entière; mais s'ils fe conformoient à fes vues, il leur en laifloit tout l'honneur, perfuadé, quefouvent les hommes puiffans craignent moins la vérité que l'orgueil de ceux qui fe vantent de ia leur avoir dite, L'efpèce d’obfcurité où M. de Juflieu fembloit enfevelir fon génie, n'étoit l'effet ni de la parefle, ni de l'indifférence pour la vérité, ni de cette faufle modeftie habile à cacher {ous le voile de la philofophie & de la parefle, la crainte de perdre une réputation qui ne peut foutenir le grand jour ; fa réferve tenoit à une défiance fincère de lui - même, défiance bien naturelle à un Philofophe qui n'avoit jamais fongé à comparer fa fcience à celle des autres Botaniftes, mais le petit nombre de fes connoïffances à limmenfité des objets de la Nature. Un contrafte piquant de zèle pour le progrès des Sciences & d'indifférence pour l'honneur d'y avoir contribué, formoit, comme nous l'avons déjà dit, le fonds de fon caraétère : fa paffion de la gloire n'eft jamais que la feconde dans une ame vraiment vertueufe, & cette pañlion qui, comme toutes les autres, a le malheur de ne dédommager que foiblement des tourmens :qu’elle caufe, n’a point agité la vie de M. de Juflieu ; plus heureux en cela que tant d’autres hommes célèbres. HI 777. O 106 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYAzr Peut-être cependant eût-il aufli payé ce tribut à la foibleffe humaine, s’il eût éprouvé des obftacles au commencement de fa carrière ; mais quand il auroit defiré cette gloire qu'il avoit acquile fans peine, fa paflion eût été fatisfaite avant qu'elle eût pu avoir le temps de s'irriter par la réfiftance. Lorfqu'il fepréfentoit à lui des idées nouvelles, des décou- vertes particulières, il les annonçoit à fes Difciples, à {es amis, aux Etrangers qui le vifitoient; il s’afluroit par ce moyen u’elles feroient connues, qu’elles feroient utiles, & fon but étoit rempli. Il communiquoit avec la même facilité fes grandes vues fur Ja Botanique; il facrifioit (& même fans croire faire un facrifice ) l'honneur d'être Légiflateur dans cette Science, au defir d'en accélérer les progrès; mais des vues fi étendues & fi profondes ne pouvoient être développées que par celui dans la tête de qui elles étoient nées, & quoiqu'ait pu faire M. de Juffieu, il lui a été impofñfible d'échapper à fa renommée, Des Savans, qui apparemment ne connoifloient de la Bota- nique que fa nomenclature, ont regardé cette Science, fi utile à la fois & fi piquante, comme une Science de mots: lexpofition que nous allons faire des idées de M. de Juflieu, quelqu'imparfaite qu'elle puille être, fufhra pour détruire cette opinion, qui n'a été que trop accréditée par l'importance exceflive que quelques Botaniftes peu philofophes ont attachée à leurs méthodes artificielles. Les Anciens paroïflent n'avoir étudié que les Plantes qui fervent à la nourriture des hommes, à la Médecine & aux Arts, & le nombre de ces plantes étoit trop borné pour que l'embarras de les connoître & de les étudier, obligeät de recourir à des méthodes. A a renaiffance des Lettres, on s’aperçut que fi l'on attendoit pour s'occuper d’un ebjet, que l'utilité en fût reconnue, on feroit expolé à ne connoître de long temps des chofes très-utiles : on fentit que fi le hafard feul avoit fait découvrir tant de propriétés dans les produc- tions de la Nature, Île hafard, aidé de l’efprit d'oblervation & de recherches, ne devoit pas être moins fécond; d’ailleurs, par une fuite des idées philofophiques alors généralement DES NÉSrCOÏTE MICHEUS 107 adoptées, on croyoit que rien de ce qui exifte fur la terre ne peut être inutile à l'homme ;idée confolante, & qu'ilne faut pas trop condamner, parce que quand bien même la Nature n'auroit pas tout fait pour nous, le génie de l'homme parviendra un jour à employer pour lui tout ce qu'elle a fait. On étudia donc les Plantes, non pour reconnoître celles que les hommes favoient employer à leurs befoins, mais pour connoitre les Plantes en général & apprendre à les rendre utiles : on trouva bientôt qu'elles étoient en trop grand nombre, pour qu'on pôût en fuivre l'étude fans employer des divifions méthodiques, & les Botaniftes furent long temps occupés à chercher les divifions les plus füres & les plus commodes, ou à déterminer les caractères qui devoient fervir de fondement à ces divi- fions, ou enfin à rapporter les Plantes aux clafles établies par les méthodes. M. de Juffieu porta fes vues plus loin: il aperçut d'abord que parmi les caraëtères tirés de Îa forme ou du nombre des parties différentes des Plantes, il y en a qui changent avec le climat, l’âge de Ia Plante, la nature du fol qui la nourrie, & que l'influence de ces caufes accidentelles eft plus étendue que ne l'avoient foupçonné plufieurs des Bota- niftes qui avoient propolé des méthodes, Il vit enfuite que parmi les caraétères conftans, il y en avoit quelques-uns qui fembloient fuperficiels, pour ainfi dire, en forte que deux efpèces dé plantes qui ne différoient que par ces carac- tères, prélentoient les mêmes phénomènes dans leur géné- ration, dans leur développement, dans ‘leur reproduétion, & donnoient dans l'analyfe des fubftances femblables; que par conféquent fi de tels caraétères fervoient de bafe à une méthode , ils fépareroient des Plantes que la Nature avoit rapprochées, ou rapprocheroient celles que fa Nature avoit féparées : la manière dont les Plantes fe développent, croiffent ou fe reproduifent, & la nature de leur fubftance, parurent à M. de Juffieu devoir fervir de bafe à la méthode de les claffer. Ces caractères embrafloient les trois grandes époques de la vie de chaque Plante; les loix que la Nature avoit O à 108 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fuivies dans leur formation; les rapports des Plantes avec les principes des corps & avec les beloins de l'homme: ainfi, en claffant les Plantes d’après les caractères , la place qu'occu- peroit une Plante dans la méthode, donneroit en même temps fon hiftoire & fes propriétés : l'ordre méthodique fembleroit avoir été dicté par la Nature, & feroit en même temps le plus commode pour appliquer les Plantes à notre ufage. M. de Juffieu avoit vu encore qu'en examinant les dif férens caraétères qu’on peut employer, il s'en falloit de beaucoup que toutes les combinaifons poflibles de ces carac- ières fe trouvaffent dans la Nature : il en conclut qu'il y avoit entre eux des relations néceflaires ; que leurs combi- nailons avoient été réglées par des loix ;-que fa découverte de ces loix devoit être un des principaux objets de la Botanique; il crut voir fur tout que la germination, Île développement, la reproduction, & la nature des produits que donne l'analyfe chimique des Plantes, étoient liées par des loix de cetté efpèce. Une méthode de Botanique fondée fur ces loix, & qui en donneroit en même temps la démonftration, n'étoit donc plus une fimple nomenclature plus commode, une efpèce de mémoire artificielle, elle devenoit le fondement d’une fcience : cet ordre de Plantes, établi d’après les loix générales de la Nature, paroïfloit à M. de Juffieu la feule véritable méthode de les étudier, & il lui donnoit le nom de méthode naturelle. Ces loix de la Botanique‘ qu'il cherchoit, ne pouvoient être faifies que par une longue & profonde méditation fur le nombre immenfe de faits que fes obfer- vations lui, avoient fait connoître; aufli Le voyoit- on pafier des journées entières dans fon Cabinet, fans Plantes, fans Livres, fans autre fecours que quelques papiers où il avoit jeté ces idées dont lui feul avoit la clef; il méditoit dans les rues, dans fes promenades, fur les problèmes qu'il s’étoit propolés: il avoit porté dans une fcience d'Obfervation ces méditations profondes qu’on croit uniquement réfervées aux Sciences abftraites, & il étoit parvenu à éprouver dans l'étude de la Bota- nique les plaifirs qu'elles donnent à l’afpect de la vérité. DIE s SCIE NC Es. 109 Privé dans fes dernières années de l’ufage de fes yeux, ne pouvant plus lire ni prefque même oblerver, il fut toujours également occupé; & c'étoit un fpeétacle nouveau, que de voir un Botanifte n'avoir befoin pour travailler long -temps que de fes propres idées, eomme un Géomètre, un Méta- phificien ou un Poëte. On pourroit demander fi ces loix que M. de Juflieu vouloit faire fervir de fondement à la Botanique exiftent dans la Nature? Sans doute pour en être abfolument für, il faudroit que ces loix fuflent découvertes: il faudroit connoître les Plantes de tous les climats, pour être certain que de nou- velles obfervations ne viendront point détruire les loix qu’on auroit données comme générales; mais du moins on pourra lorfque les recherches de nos Botanifles auront embraffé tout le Globe, ou découvrir ces loix générales, ou s’aflurer qu'il n'en exifle pas. M. de Juflieu étoit perfuadé de l'exiftence de ces loix; il fe flattoit d’en avoir découvert quelques-unes, & fon autorité eft d'autant plus grande, qu'en général ce qui n'étoit pour lui qu'une opinion, auroit été pour tout autre une chofe prouvée : cependant il ne publia point.fes opinions, quelque bien fondées qu'elles fuffent à fes propres yeux ; & il laïfla l’Europe entière adopter une méthode artificielle, quoique cette méthode füt l’ouvrage du feul homme qu'il püt regarder comme un rival. Le feu Roi avoit defiré d’avoir à Trianon un Jardin de Plantes, & M. de Juffieu fut chargé en 1759 de préfider à l’arrangement de ce Jardin : cette faveur, s’il eft permis de parler ici le langage des Courtifans, n’étoit düe qu’à fa réputa- tion. On peut obferver encore comme une efpèce de phéno- mène qu'une place, que le goût du feu Roi pour la Botanique pouvoit rendre très-importante, ne fut pas demandée, & que perfonne ne fe crut digne de la remplir : mais telle étoit 1a fupériorité reconnue de M. de Juflieu, que fon. refus pou- voit feul donner le droit. de fe propoler. Le Roi le mandoit fouvent à Trianon, & {e plaifoit à cauler familièrement avec 110 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoyaLr Jui : Pextrème fimplicité du Botanifte avoit ôté au Monarque dès leurs premières entrevues, cet embarras que fait con- tracter aux Princes l'habitude de la repréfentation, le trouble involontaire que leur préfence fait éprouver, importance de leurs moindres paroles, le malheur fur-tout de ne vivre avec des hommes occupés, en leur parlant, de vues br. & la néceflité de fonger en leur répondant, à fe défier de leurs piéges. Le feu Roï trouvoit dans M. de Juflieu, un homme toujours également prêt à répondre à fes queftions ou à lui avouer qu'il n’y favoit pas répondre, & ce Prince ne pouvoit craindre de lui, ni infinuations dangereufes, ni demandes indifcrètes. M. de Juffieu ne retira de la familiarité de fon Souverain aucun autre avantage, que le plaifir toujours piquant, même pour un Philofophe, d’avoir vu de près un homme de qui dépend le fort de vingt millions d'hommes : il ne demanda rien, & on ne lui donna rien, pas même le rembourfement des dépenfes que fes fréquens voyages lui avoient caufces. Cependant le Roi ne l'avoit pas oublié; il cefla au bout de quelques années de le mander à Trianon où fa préfence n'étoit plus utile; mais il parloit fouvent de M. de Juflieu avec intérêt : un tel homme devoit en effet laifler des traces profondes, fur-tout dans l'efprit d’un Roï condamné à ne voir prefque jamais que des Courtifans. L’arrangement du Jardin de Trianon, pouvoit être pour M. de Juïlieu un moyen de développer fes idées fur la Botanique; mais à cette époque, il n'en étoit pas encore aflez content. M. Linnæus avoit publié un Catalogue de genres de Plantes divifés en ordres naturels, & M. de Juffieu adopta cette diftribution: il plaça feulement les claffes de M. Linnæus dans un ordre difiérent, & fit quelques changemens dans la diftribution des genres ou dans le nombre de claffes d’après des vues qu'il avoit alors ; mais le mérite de ces changemens étoit perdu pour tout autre que pour des Botaniftes capables d'en pénétrer les raifons. Cepen- dant à mefureque M. de Juffieu examinoït ces ordres de DÜE 184 SCT E NEC MS 111 Plantes, & y trouvoit de nouvelles correétions à faire, ïl s'éloignoit infenfiblement de ce qu'il avoit paru vouloir adopter d'abord, & Îa méthode naturelle de M. Linnæus devenoit peu-à-peu la méthode de M. de Juffieu; mais toujours mécontent de ce qu'il avoit fait, occupé toujours d'un point de perfeétion qu'il avoit aperçu & qu’il ne pouvoit encore atteindre, il ne vouloit rien publier; il craignoit d'égarer le Public après lui avoir donné tant de lumières utiles : plus fon autorité étoit refpettée & faifoit attendre de lui, plus il fe croyoit obligé de ne rien hafarder, Un de fes Elèves qui avoit partagé avec lui les travaux du Jardin de Trianon, publia en 1763 une méthode naturelle, laccueil que le Public fit à cet Ouvrage ne caufa que du plaifir à M. de Juflieu: il rendit juftice à l'étendue des connoiffances, aux vues ingénieufes qu'on trouve dans Ouvrage, & n’en eut pour l’Auteur que plus d'amitié comme plus d’eftime ; mais il ne crut pas que ce füt pour lui une raïlon de rompre le filence qu'il s'étoit impolé ; aufli l'anecdote que nous allons rapporter prouve-t-elle que même long-temps après il fe croyoit encore bien éloigné d’avoir complètement réfolu le grand Problème dont il s'occupoit depuis tant d'années. Un homme juftement célèbre par des Ouvrages d’un genre bien éloigné de la Botanique, M. Rouffeau, dégoûté de travaux qui n'avoient fait que troubler fa vie, voulut s'occuper de l'étude des plantes; il fit demander à M. de Juffieu quelle mé- thode de Botanique il devoit fuivre? Aucune, répondit l'illuftre Botanifle ; qu'il étudie les Plantes dans l'ordre où la Nature les lui offrira ; qu'il les claffe d'apres les rapports que [es obferva- tions lui feront découvrir entr'elles ; il eft impoffible, ajeutoit- til avec modeflie, qu'un homme d'autant d'efprit s'occupe de Botanique, © qu'il ne nous apprenne pas quelque chofe. Heureufement la fenfibilité de M. de Juflieu nous a rendu ce que fa réferve nous eût fait perdre. Il avoit perdu M, Antoine de Juflieu fon frère, qu'il avoit aimé comme un ami, & refpeété comme un père; leur union avoit été inal- térable: jamais M. de Juffieu n’avoit oublié un moment que 112 HISTOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE fon frère avoit été fon maître, & jamais fon frère n’avoit fongé que la réputation de M. de Juflieu s'étoit élevée au-deflus de la fienne. À fa mort, M. de Juflieu fe livra à une douleur profonde; il refufa d'occuper au Jardin du Roi la première place de Botanique que fon frère laifloit vacante, & en faifant ce refus, il ne fongea pas que, quelle que füt la place qu’il occuperoit, elle ne pouvoit plus être que la pre- mière; il vouloit même quitter Paris, & enfevelir fa douleur dans Îa retraite; mais fhabitude, le plaifir d’être utile, un charme fecret qui l’arrêtoit dans les lieux où fon frère avoit vécu, le retinrent: il chercha de nouveaux liens; il appela auprès de lui les enfans d'un autre de fes frères, & les adopta. Un de fes neveux annonçoit du talent pour la Botanique, & le foin de le former devint l'occupation chérie de M. de Juffieu : il expoloit à ce neveu toutes fes idées, toutes fes vues ; lenfemble du vafte plan qu'il avoit formé, les incer- titudes qui lui reftoient encore; les vides qu'il n'avoit pu remplir. Le neveu avide de s’inftruire, & tendrement occupé du foin de rendre heureux les jours d’un Vieïllard, que Îa privation prefque totale de Îa vue empéchoit de lire ou d’obferver long-temps, cherchoit à lui propofer des doutes, & à trouver des queftions diflciles & piquantes, capables d'intérefler fon oncle & de l’occuper. Ainfi la méthode de M. de Juffieu, les principes fur lefquels elle eft fondée, les obfervations qui lui ont fait découvrir fes principes, fa méthode d'étudier la Nature, fa Philofophie, tout ce qu'un excès de défiance l'empêchoit de donner au Public, a été dépofé dans la tête d’un Savant, jeune, actif, capable de fuivre la route tracée par fon oncle, & d'achever l'édifice dont il avoit pofé les fondemens: M. de Juffieu a concilié par ce moyen, le devoir d’être utile au Public, & la crainte de ne pas remplir ce devoir dans toute fon étendue. La jufte reconnoiffance de M. de Juflieu le neveu pour fon oncle, nous répond que nous ne ferons point privés du fruit de tant de travaux il lui eft permis de les croire dignes du Public, & des talens dont il a déjà donné des preuves, nous affurent D'PNSMISECUIMENN CHEFS. 113 affurent que cet hommage de fa reconnoiffance ne fera pas indigne du Maître auquel il doit être confacré. Sans lui, nous n'aurions pu même offrir à l'Académie & au Public la foible efquiffe des idées de cet homme célèbre que nous avons eflayé de tracer dans cet Eloge. M. de Juffieu, qui connoifloit toute fa Nature, n'avoit pas négligé d’éjudier les hommes, & le fruit de cette étude avoit été l'amour de la retraite, & une mélancolie douce & tranquille; il haïfloit le vice, mais fa haine fe bornoït à le fuir: un petit nombre d'amis formoit fa fociété; il les avoit cherchés parmi les hommes inftruits, occupés des mêmes objets que lui, & .qui pouvoient l'entendre. Pour prouver à quel point il favoit bien les choïfir, nous nous contenterons de citer M. du Hamel, & un homme illuftre, que Ia variété & l'étendue de fes confoiffances ont placé parmi les Savans, qui a honoré la Magiftrature par fon éloquence & par fon courage, qui porté aux grandes places par fa feule renommée, n'a pu fe déterminer à les remplir que par l'efpérance d'y faire le bien, & qui les a quittées fans regret. M. de Juflieu s’étoit difpenfé de ces inutilités qu'on appelle devoirs de fociété, mais il {es avoit remplacées par une bien- faifance réelle; il croyoit que des avis utiles, des réponfes promptes, & qui fouvent étoient des Traités complets {ur l'objet qu’on lui propoloit, la communication entière & fans réferve de toutes fes fumières, valoient mieux que des vifites ou des lettres de politeffe : il confentoit à employer fon temps pour les autres, mais non pas à le perdre pour eux. Ceux qui, par des motifs de perfonnalité ou de pareffe, feroient tentés de limiter dans cette efpèce de négligence, doivent fonger qu'ils ne pourront fe la faire pardonner qu'aux mêmes conditions. Il connoïffoit d'autant mieux la vanité des autres hommes, qu'abfolument exempt lui-même de cette foiblefe , elle Le frappoit davantage, & qu'il la voyoit de fang-froid ; mais il ne {e fervoit de cette connoiffance que pour fe mettre à l'abri des querelles que ia vanité des autres lui eût fufcitées, & pour Hi. 1777: 114 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE leur étre utile fans les blefler. Quand un Auteur lui lifoit un Manufcrit, & lui demandoit fes obfervations, il les propofoit avec fimplicité, mais avec franchife ; s’il s'apercevoit aux réponfes de l'Auteur que c'étoit fon approbation & non fes avis qu'on lui avoit demandés, il écoutoit en filence le refte de l'Ouvrage, & des formules de politefle (car la fimplicité & la franchife font fouvent réduites à en employer) étoient alors toute fa réponfe. Si on lui demandoit fon avis fur un . Savant, il difoit volontiers le bien qu'il en penfoit, mais fi le mal furpafloit le bien, il fe taifoit. Souvent il répondoit aux queflions qu'on lui propoloit, je ne fais pas; & cette réponfe embarrafloit quelquefois les confultans, honteux alors de s'être crus plus favans que lui. I aïffoit la charlatanerie & pardonnoït aux Charlatans; une gaieté douce & des plaifanteries fans fiel, que fa bonhommie rendoit piquantes, aflaifonnoient les converfations qu'il avoit fur ce fujet avec fes amis: c'étoit alors, que faifant à certaines opinions une guerre innocente, & où jamais le nom de leurs Auteurs n'étoit prononcé, il fe permettoit de rire de ces vues ou fuperficielles ou fauffes, qu'on donne avec orgueil pour le fecret de la Nature; de ces découvertes annoncées avec emphale, & qu'on lit dans les Livres anciens ; de ces fyflèmes généraux, fondés fur quelques faits fouvent mal obfervés, & contredits par mille autres; de ces Livres qui pro- mettent des vérités grandes & univerfelles, & qui ne renfer- ment que des fophifmes, des erreurs & des phrafes. Cette charlatanerie, devenue fi commune de nos jours, eft le fruit de l’efpèce de goût, d’ailleurs fi utile, que le Public femble marquer pour les Sciences, & peut-être de la facilité de trom- per des hoinmes qui veulent en parler fans les étudier ; elle exciteit le rire ou la pitié de M. de Juffieu, & il ne la croyoit pas bien dangereufe; les efprits qui s’y livrent ou qui en font la dupe , auroient été, felon lui, de peu de reffource pour les Sciences , & les injuftices que cette charlatanerie entraine dans la diftribution de {a fortune ou de la renommée, ne lui paroifloient pas mériter l'indignation d'un vrai Philofophe, D'EMS NISNGUILE EN UICHENS: 115 Pendant plus de cinquante ans qu'il a vécu parmi nous, . nous l'avons vu affidu à nos Affemblées ; occupant toujours la place que les Règlemens lui avoient marquée; ne parlant jamais que lorfqu'on lui demandoit fon avis; le difant avec précifion & en peu de paroles ; toujours fage, jufte & modéré fi on le confultoit fur les affaires de la Compagnie; toujours clair, lumineux & profond s'il prononçoit fur un point de Science. Naïfloit-il une difcuffion fur une queftion d'Hifloire naturelle? quelque longue, quelque vive qu'elle püt être, il gardoit le filence ; mais fi au milieu de la difpute, une voix s'élevoit pour propofer de demander l'avis de M. de Juffieu, alors tous fe taïloient : il difoit un mot, & la difpute étoit terminée. M. de Juflieu avoit fait deux Voyages en Angleterre; il efpéroit y trouver des richeffes en Hiftoire naturelle qui nous manquoient : l'Angleterre devoit avoir acquis en ce genre quelques avantages fur la France par les Voyages immenles que les Anglois avoient entrepris, par Ja grandeur de leur Commerce, par l'étendue de l'empire qu'ils poflédoient alors dans le nouveau Monde. M. de Juflieu rapporta dans un de ces Voyages, le Cèdre du Liban qui manquoit au Jardin du Roi, & il a eu le plaifir de voir les deux pieds de cet arbre, qu'il avoit apportés d'Angleterre dans {on chapeau, croître fous fes yeux & élever leurs cimes au-deffus des plus. grands arbres. | S'il eût pu être fufceptible d'un mouvement de jaloufie, il eût été jaloux des Botaniftes affez heureux pour embrafler dans de grands Voyages les pays immenfes où {ous un autre ciel & fur un fol différent , la Nature a raffemblé une foule de végétaux inconnus à nos climats: il leur eût envié le plaif de voir à chaque pas des chofes nouvelles, & de compter le nombre de leurs découvertes par le nombre des Plantes qu'ils recueilloient. On lui parloit, il y a quelques années, d'un Voyageur qui fe vantoit d’avoir découvert quatre mille efpèces de Plantes : une trifteffe involontaire parut un moment s'emparer de lui. J'efayerai du moins de les comparer Pi \ 116 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE à ce que je cennois, dit-il un inftant après ; & il fut confolé. Malgré fon âge, M. de Juflieu avoit confervé une fanté: forte; elle étoit dûüe à l’'uniformité de fa vie, à l'habitude de faire chaque jour, chaque femaine, chaque année, la même chofe à la même heure, au même jour, dans la même failon; mais lorfqu'après avoir prefque perdu la vue, il eut abandonné à fon neveu le foin des Plantes, du Jardin du Roi, la celfation brufque de tout exercice l'appefantit peu-à- peu, fon embonpoint augmenta. Cependant, quoiqu'i eût efluyé quelques étourdiflemens dans le cours de l'été dernier, fa fanté n’en paroïifloit point afloiblie; il affifta à nos Affem- blées du mois de Septembre; mais le 20 du mème mois, il fut frappé d’apoplexie: des fecours prompts le rappelèrent à la vie; il retrouva fa tête & fa mémoire, mais il ne put retrouver fes forces; elles allèrent toujours en s'affoiblifiant, & il mourut le 6 Novembre, après fix femaines de langueur, dans les bras de fes neveux & de fes domeftiques, dont if recevoit les foins avec reconnoiflance, au milieu de {es amis, qu'il confoloit par cette gaieté douce & touchante qui ac- compagne encore dans fes derniers inftans le Philofophe qui a fu apprécier la vie, & l'homme jufte qui meurt fans re- mords: il ne paroifloit point avoir changé, fi ce n’eft que dans fa dernière maladie, il étoit plus doux encore , plus calme & plus fenfible que dans le refte de ja vie. Sa famille, fes amis qui n'avoient prefque jamais connu fa fenfibilité que par fes foins, fes bienfaits & fes fervices, le virent avec attendriflement & avec douleur parler alors le langage de Jamitié, dont ils ne lui avoient connu que les procédés, &c il leur dit pour la première fois combien il les aïmoit, lorfqu'’il fentit qu'il faloit renoncer pour toujours au plaifir de leur en donner des preuves. Les mœurs de M. de Juffieu étoient pures & mème févères; tout ce qui étoit contraire à la décence , dans toutes les ac- ceptions de ce mot, le biefloit : il ne défapprouvoit pas, du moins hautement, ceux qui y manquoient en {a préfence, mais il en fouflroit; il avoit rempli toute fa vie fes devoirs de D'ES SCT EN C rs ITA Religion, comme fes devoirs de morale, avec la même exactitude, la même fimplicité & le même filence. Sôn frère aîné, avoit acquis dans la pratique de la Méde- cine, une fortune confidérable : M. de Juflieu en avoit été le feul héritier, & il l’a faiflée toute entière à fa famille, ne donnant qu'une préférence qui ne pouvoit blefler fa fenfi- bilité de fes autres parens, au neveu qu'il avoit déjà rendu l'héritier de fa place, & {ur-tout de fes idées, la portion de fon héritage la plus noble & a plus flatteufe. Quelques années avant fa mort, M. de Juffieu avoit vu fon neveu admis à l'Académie: fes Confrères, accoutumés dès long-temps au refpect pour fes lumières, & à un {entiment plus tendre qu’on ne pouvoit refufer à fon caractère & à fes vertus, {ui donnèrent avec empreflement cette marque de leurs fentimens, qui pour cette fois n’a rien coûté à la juftice. Sa place de Penfionnaire dans la Clafle de Botanique a été remplie par M. le Monnier, déjà Penfionnaire furnuméraire dans la même Clafle. 118 HiSToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE LOC an DE MADLE: BOUT REDMPMENTAN L ours-CLaupe BourDELIN, Docteur-Régent & ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris, Profeffeur royal de Chimie au Jardin du Roi, Penfionnaire de l'Académie des Sciences de Paris, Membre de celles de Berlin & des Curieux de la Nature, premier Médecin de Madame & de Mefdames de France, naquit à Parisle 18 Odtobre 1696. . L'aïeul de M, Bourdelin avoit été un de nos premiers Académiciens; il fut nommé Penfionnaire au renouvellement de l'Académie & mourut peu de temps après: il eft le premier à qui M. de Fontenelle ait rendu le même devoir que je rends aujourd’hui à fon petit-fils. Le père de M. Bourdelin fut auffi Membre de cette Aca- démie; fon oncle l'étoit de celle des Belles- Lettres : cette Noblefle académique, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, a fur les autres efpèces de Nobleffe un avantage bien précieux; lillufiration qu'elle donne finit aufitôt que l'on cefle de la mériter; elle eft à {a fois, & plus atteufe pour ceux qui la pofsèdent, & plus utile pour la Société, à qui jamais elle ne peut devenir onéreufe. M. Bourdelin perdit fon père à l’âge de quatorze ans; fa mère époufa bientôt après un Militaire, & ce fut à feize ans, qu'héritier d’une fortune aflez confidérable, entouré de féduc- tions de toute efpèce qui tendoient à l'éloigner de la Profeflion de fes pères, il eut le courage d'abandonner la maifon pater- nelle, qui ne lui offroit plus ni exemples ni leçons, pour aller dans une Penfon, fe livrer tout entier à l'étude des Sciences aient nd DNENSLU SICILE N°cE ss 119 qui avoient fait la gloire de fa famille, la Médecine & la Chimie. IL fut reçu Docteur en Médecine en 1720; l’année d’aupa- ravant il s’étoit marié : fes parens l’avoient preflé de prendre cet engagement ; ils lui avoient propolé des partis avantageux qu'il refufa tous. Le choix de la perfonne qu'on époule peut malheureufement être indifférent à ceux qui diflipant {eur vie entière dans les intrigues ou dans les plaifirs, n'ont pas le temps, au milieu de l'agitation ou plutôt du mouvement dans lequel ils vivent, de fouflrir des défauts de leurs femmes ou même de les connoître ; mais un Médecin, livré à des occupations pénibles. fans cefle renaïffantes, partageant fa journée entre des travaux fatigans & des vifites qui n'offrent que des fcènes affligeantes, a befoin de trouver dans fa maifon de quoi repoler fon ame & la confoler. M. Bourdelin choifit Mademoifelle Dubois, fille d'un Apothicaire, dont le labo- ratoire lui ofiroit des reflources utiles dans fes travaux Chi- miques; elle ne lui apporta pour dot que de la beauté, de l'efprit, des vertus, & quelques dettes de famille à payer. Il fut reçu à l'Académie en 1725; & les Mémoires qu'il a inférés dans nos Recueils font les feuls Ouvrages qui reftent de lui. Les deux premiers de ces Mémoires ont pour objet les fels alkalis qu'on retire des cendres; M, Bourdelin y annonce que ces {els exiftent tout formés dans les Plantes, & qu'ils font combinés avec des acides ou d’autres fubftances qui s'en dégagent pendant la combuftion de ces Plantes: cette idée eft devenue depuis l'opinion générale des Chimiftes, & fr on ne peut pas aflurer encore que les alkalis ne foient jamais une combinaifon nouvelle des principes de 1a Plante produite par le feu , au moins eft-il certain jufqu’ici que plus on a multiplié les expériences, plus elles fe font accordées à confirmer l'opinion de M. Bourdelin. IL examine dans un autre Mémoire le {el volatil de fuccin: il y prouve que ce fel eft acide; il trouve même entre cet acide & celui du fel marin des rapports capables d’en impofer; 120 HiSToiIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE . mais en Phyficien fage, il n'ofe prononcer fur l'identité de ces deux acides, & les recherches qu'on a faites depuis ont prouvé combien fa circonfpection étoit fondée, malgré tout ce que Îes apparences avoient de féduifant. Ses deux derniers Mémoires traitent du fel fédatif, efpèce d'acide concrets dont la combinaïlon avec laikali marin forme la fubftance connue fous le nom de borax; M. Bour- delin eflaya d'en déterminer fa nature, mais fes expériences ne le conduifirent qu'à détruire les conjectures formées par d’autres Chimiftes {ur l'identité de ce fel & des acides les plus connus: jufqu'ici perfonne n'a été plus heureux dans cette recherche, & nous fommes encore dans l'ignorance fur la nature & l'origine de cette fubftance fingulière, de laquelle des favans Chimiftes fe font occupés, & qui leur a paru offrir des indices de fubftances cuivreufes, d’acide vitriolique, d'acide marin, enfin d’un acide pareil à celui qu'on retire des graïfles, Le dernier de ces deux Mémoires fur le fel fédatif, eft de 1755, & depuis ce temps M. Bourdelin n'a rien publié dans nos Mémoires: il avoit vu la Chimie changer de face en France, par l'adoption des idées de Beker & de Staal, à-peu-près comme dans le fiècle dernier l'invention des nouveaux calculs avoit produit une révolution dans les Sciences mathématiques. Dans ce renouvellement de la Géométrie, la plupart des Géomètres trop âgés pour fe plier à une marche toute nou- velle, s’élevèrent contre l’ufage de ces calculs; M. Bourdelin fut plus fage, il fe contenta de fuivre le fil des découvertes dont il ne pouvoit partager l'honneur, & il eut la modeftie de ne plus écrire fur une Science qui fuivoit des principes nouveaux, & qui avoit adopté une langue nouvelle, L’exactitude de fes expériences, & l'elprit de doute qu'on remarque dans fes Ouvrages, font regretter qu'il n’en ait pas laiffé un plus grand nombre; mais le changement arrivé dans la Chimie ne fut pas la feule caufe de fa longue inaction ; l'amour de l'étude n'étoit pas fon unique paflion; il en con- noifloit une plus forte, la bienfaifance : il {e livra à la pratique de D'EMSMISICOILE NC ENS: 121 de la Médecine, & fe confacra fur-tout au traitement des Pauvres; il fe dévoua à cette profefion pénible, où le fpec- tacle douloureux des malheurs qu'on ne peut foulager, l'em- porte fur le plaifr du bien qu'on a pu faire, où le Médecin eft obligé de payer les remèdes qu'il ordonne, & de nourrir les malades qu'il guérit. M. Bourdelin ne regardoit pas le foin qu'il prenoit de vifiter les Pauvres, comme un eflai de fes forces , comme une étude qui pouvoit le rendre plus digne de traiter d’autres malades : s’il eft une claffe d'hommes devant qui l'inégalité des états doive difparoître, ce font les Médecins : témoins ou confidens néceflaires des maladies, des foibleffes & des paflions, ils voient combien la Nature a rapproché ceux que la différence des rangs ou des fortunes femble féparer le plus; auffi, au milieu de la pratique la plus brillante, M. Bourdelin donna toujours la préférence aux Pauvres, comme à ceux qui avoient le plus befoin de lui, & qui pouvoient le moins recourir à des mains habiles. Cependant quelque peu d'éclat que püt lui donner la reconnoiffance vraie, mais obfcure defes malades, fa réputation s'étendit; le fuccès des Cours qu'il avoit faits dans la Faculté de Médecine, lui avoit mérité l'eftime de fes Confrères, & grâces à fa modeftie & à la dou- ceur de fon caractère, ces fuccès ne lui avoient point fait d’en- nemis; fes Difcours, fes Thèfes avoient encore ajouté à cette réputation; on y reconnoit un Médecin exact & patient, un fage obfervateur de la Nature, inftruit de ce que contient la foule immenfe des Ouvrages de Médecine, mais n'en adoptant les affertions que lorfque l'expérience & l'obfervation les lui avoient confirmées : à ce mérite effentiel fe joignoit celui d'une Jatinité élégante. Dans les fiècles d'ignorance où le Latin étoit la langue ufuelle des Savans, la néceffité de parler en Latin de tout & fur le champ, avoit introduit une latinité plate & barbare, formée de mots, d’expreffions, de tours des Langues vulgaires, déguifés fous des términaifons ou une fyntaxe latine. Après la renaïffance des Lettres, cette latinité devint ridicule & les Médecins, qu'un Poëte philofophe avoit cherché à corriger Hif 1777: Q 122 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de ce qui leur reftoit d'une ancienne barbarie , s'emprefsèrent de renoncer au Latin des Écoles; mais, comme il arrive toujours, on alla un peu au-delà du but. A une latinité top commune, on fubftitua des expreflions recherchées; les mots barbares furent remplacés par des termes choifis avec affe@ation; au ftyle fcholaftique fuccéda un ftyle fleuri, trop peu aflorti aux idées qu'il falloit rendre: le ftyle de M. Bourdelin n'étoit pas abfolument exempt de ces défauts; mais il n’en avoit gardé que ce qu'il falloit pour réuflir alors. La réputation qu’il avoit acquife en fe livrant à fa bienfai- fance, devint bientôt pour lui une reflource néceflaire. Le fecond mari de fa mère mourut en 1732, après avoir diflipé fa fortune & celle de fa femme ; il laïfloit des dettes confi- dérables, au payement defquelles elle s'étoit engagée: quel- qu'étrangères que ces dettes puflent paroïtre à M. Bourdelin, elles intéreffoient l'honneur de fa mère, il voulut les acquitter ; il voulut lui affurer une fubfiftance indépendante & conve- nable à fon état; ces facrifices abforbèrent une grande partie de fà fortune. M. Bourdelin avoit alors un frère encore mineur, à qui les loix ne permettoient pas de partager les devoirs de fon aîné ; mais le premier foin du cadet, à l'époque de fa majorité, fut d'obliger fon frère à lui accorder l'honneur de la moitié du facrifice, & il l’obtint: M. Bourdelin ne mit point d'or- gueil à le refufer; il fentoit que fon frère avoit le même droit que lui à cet acte de piété filiale; & comme il étoit vraiment généreux, il devoit être jufte. Ces vertus fimples & fans effort étoient héréditaires dans leur famille; cependant comme ils avoient été élevés loin des yeux paternels, elles n'étoient pas en eux l'ouvrage de l'éducation, Qu'il nous foit donc permis de croire que les vertus peuvent aufli fe tranfmettre par le fang ; & pourquoi la Nature nous auroit-elle condamnés à n’hériter de nos pères que des diflormités & des maladies ? Pourquoi l'heureufe conftitution: qui rend les vertus naturelles & faciles, ne fe tranfmettroit-elle pas comme celle qui donne une fanté vigoureufe ? D'EUSMIST EN E NICE NS 123 M. Bourdelin fut obligé de chercher dans l'exercice de la Médecine, un dédommagement de la perte de fa fortune: heureufement fa réputation étoit faite d'avance, & il n'eut u’à en recueillir le fruit; fa pratique étoit comme fon carac- tère, fimple, douce, patiente : on le voyoit toujours fuivre la Nature, l'aider quelquefois, & ne la contrarier jamais, n’employant qu'avec une fage épargne les fecours de l'Art, & n'ajoutant qu’à regret aux dangers & aux douleurs de la maladie les dangers ,& l’incommodité des remèdes; auffi occupé de confoler & de foulager fes malades que de les guérir; traitant chacun comme s’il étoit fon ami & l'unique objet de fes foins ; indulgent pour leurs caprices; compatifiant pour leurs peines imaginaires, & n'ayant d'indifférence que fur la manière dont fes foins feroient recompenfés. En 1736, M. Bourdelin avoit été Doyen de la Faculté de Médecine : Chef électif & annuel d'une Compagnie com- pofée d'hommes réunis par les mêmes études, mais divifés d'opinions, chez qui la rivalité de gloire & de fortune rend cette contrariété plus aétive, & change en partis les difputes fur les Sciences; M. Bourdelin connoifloit tous les devoirs & toutes les difficultés d’une telle place ; il voyoit combien il étoit difficile de gouverner un Corps, qui deftiné à aug- menter & à répandre les lumières, eft en même temps foumis à une conftitution formée dans les fiècles d’ignorance ; un Corps qui tient par les formes, aux anciennes Écoles, & par fes connoiffances, à la Philofophie moderne ; qui doit à fa fois détruire les préjugés, & s’oppofer aux nouveautés, où lefprit de Corps peut être dangereux pour les Citoyens, où la réunion des lumières & des travaux leur eft fi utile; dont tous les Membres font égaux & libres, mais où l'âge & la réputation afpirent à la domination, tandis que la jeunefle affete l'indépendance : il favoit que le Doyen d’une telle Compagnie doit y maintenir la paix fans éteindre émulation, conferver la dignité de fa place, en fe fouvenant de l'égalité 2 n'a perdue que pour un moment, être enfin un Chef erme & refpecté, fans ceffer d’être un Confrère modefte, Qi 124 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE M. Bourdelin fut vaincre fans effort les difficultés de fa place, & remplir fes devoirs fans foibleffe, & cependant fans fe faire un feul ennemi: tous applaudirent à fa conduite, parce qu'ils connoifloient les fentimens qui la lui infpiroient, le zèle pour fa Compagnie, une eftime vraie pour les talens de fes Con- frères, l'amour des Sciences & de l'Humanité. I fut nommé en 1743, Profefleur de Chimie au Jardin du #Roï : lorfque fon âge ne lui permit plus de remplir les fonctions de cette place, il en fit obtenir la furyivance, & en confia l'exercice à un de fes Confrères qu'il eftimoit affez pour croire fincèrement que le Public ne perdroit rien à fa retraite. M. Macquer l’a remplacé en 1770. M. Bourdelin fut nommé, en 1761, premier Médecin de Mefdames: mais il obtint d'elles la liberté d'exercer la Méde- cine à Paris: en continuant à s’inftruire par la pratique, ïl ne pouvoit que fe rendre plus digne de leur confiance, ff malheureufement elles avoient befoin de fes foins. Elles n’eurent pas de peine à lui accorder fa demande; elles favoient combien eft cruelle pour ceux qui fouffrent ou qui craignent la mort, la perte du Médecin dont ils attendent la confer- vation de leur vie, ou la fin de leurs douleurs ; combien eft amer le fentiment de ceux qui, accablés de leurs maux, implorent en vain la feule main qu'ils croient capable de les foulager : & Mefdames cédèrent moins en cette occafion à leur propre intérêt, qu'à ce fentiment d'humanité. La Cour ne corrompit pas M. Bourdelin : if y arriva très- tard, & y vécut peu; mais il y refta aflez pour être témoin des intrigues des Courtifans, & elles excitèrent en lui les feuls mouvemens d’indignation que cette ame fi pure & fi douce ait jamais connus. La Nature en accordant une longue vie à quelques hommes, les condamne à des pertes irréparables, qui ne peuvent être adoucies que par l'efpérance de ne pas furvivre long-temps à ce qu'on a perdu: M. Bourdelin vit d’abord mourir fon frère, qui étoit encore fon élève, fon ami, le compagnon de fes travaux, qui fuivant la même carrière, vivant dans la même DUE :SMISNCLNIEUNNC "ENS. 125 maifon, pratiquant la même bienfaifance, heureux par les mêmes goûts & par les mêmes vertus, lui appartenoit par les liens les plus chers à la fois & les plus refpeétables. I le perdit, quoique la différence des âges dût lui faire efpérer de n'avoir jamais à le pleurer; il le perdit, au moment où après l'avoir rendu digne du nom qu'ils portoient, il alloit le voir partager fa réputation, où il alloit jouir de fes fuccès, I avoit fuivi Mefdames à Plombières en 1762; pendant que fon devoir l'y retenoit, fa femme lui fut enlevée, & après cinquante-trois ans d’une union heureufe & inaltérable, il fut privé de la confolation de lui donner fes derniers foins & fes derniers fecours : heureufement, ce fentiment affreux, que fa prélence eût pu lui conferver la vie, ne vint point ajouter à fa douleur; il l’avoit confiée aux foins de M. Bouvart fon ami, en qui, foit modeflie, foit juftice, il reconnoifloit fans peine des lumières fupérieures, & dont l'amitié adtive, tendre & généreufe , rendit à une malade, fi chère à tous deux des foins que M. Bourdelin même auroit à peine égalés. I perdit enfin en 1775, le fils de ce frère qu'il avoit tant aimé, le feul héritier de fon nom, qui fuivit la profef fion de fes pères, le feul objet par qui M. Bourdelin tenoit encore à la vie; cette perte mit le comble à tous les malheurs qu'il avoit éprouvés, & les facultés de fon ame s’en reffen- tirent: cet homme, d’un efprit fi fage, d’une raifon fi faine, d'une mémoire immenfe , d’une érudition fi étendue & fi exacte , éprouva le dépériflement d’efprit & de corps, qu'entraîne le chagrin joint à la vieïllefle ; une mélancolie profonde, fruit de la douleur de fes pertes & du fentiment de fa décadence, s'empara de lui; ïl traînoit & fupportoit avec peine des jours qu'il ne pouvoit plus rendre utiles aux autres. Nous l'avons vu fouvent venir chercher dans nos Aflemblées, des diftraétions aux fentimens qui l’accabloient, continuer par habitude une affiduité qu'il avoit toujours regardée comme un devoir (& il n’en négligeoit aucun ), s'intérefler à nos travaux lorfque fon état lui permettoit de s'en inftruire, & jouir encore avec quelque plaifir du refpeét que nous infpiroit le fouvenir de fes travaux & de fes vertus. 126 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE M. Bourdelin étoit né avec une conftitution foible, que l'étude avoit dû affoiblir encore : cependant le calme d'une ame fenfible, mais douce, qui n'aimoit que ce qu'elle devoit aimer, & n’étoit agitée que de fentimens vertueux & paifr- bles; fa modération dans le travail, comme dans les délafle- mens du travail, dans fon régime comme dans fes opinions; fon indifférence enfin pour la gloire & pour la fortune, lui aflurèrent une longue carrière. Il avoit depuis l’âge de quarante ans environ, l'habitude de prendre tous les jours du vin de quinquina: il y renonça peu de temps avant fa mort, & ce changement fut fuivi d'un dépériffement prompt & rapide. Il mourut le 13 Septembre 1777, âgé de près de quatre-vingt-un ans. M. Bourdelin a laiflé une nièce, mariée à M. de Bufñ, Contrôleur de lExtraordinaire des Guerres : il lui avoit choiff un mari dans la famille de fes amis ; les foins réunis des deux époux ont fecouru fa vieilleffe , ont adouci fes malheurs, nous n'avons dans cet Éloge que des vertus à peindre & à regretter. H ne refte plus qu'un feul rejeton de cette famille, fi chère à l'Académie, aux Lettres & à la Vertu; M. le Che- valier de Rumilly, Meftre-de-camp de Cavalerie, fils de M. Bourdelin, de l'Académie des Belles-Lettres, oncle de Académicien que nous venons de perdre. La place de Penfionnaire-Chimifte de M. Bourdelin, a été remplie par M. Cadet, Affocié dans la même Claffe. É LOGE DE: M: 4D'E HALLER. À LBERT DE HALLER, Membre du Confeil Souverain de Berne, Préfident de la Société économique de la méme ville & de l’Académie de Gottingue, Aflocié-Étranger de l'Aca- démie des Sciences de Paris, & de prefque toutes les autres Sociétés favantes de l'Europe, naquit à Berne le 18 Octobre 1703, de Nicolas de Haller, Avocat & Chancelier du comté de Baden, d'une ancienne famille patricienne de la ville de Berne, & de Anne-Marie Engel, fille d’un des Membres du Conleil Souverain de cette République. Dès fa plus tendre enfance, M. de Haller annonça non le génie qui ne peut fe manifefler à cet âge que par des fignes équivoques, qu'on ne fe rappelle jamais qu'après que le fuccès les a confirmés; mais cette activité d’efprit, cette facilité pour le travail fans laquelle l'adtivité ne peut fubfifter, cette mémoire prodigieule, inflrument néceflaire pour ceux qui veulent embrafler plufieurs Sciences & fuivre de grands travaux , ce gout enfin pour former des Recueils auquel nous devons tant de bons Ouvrages. Né d'une famille où la piété étoit héréditaire, M. de Haller, âgé feulement de quatre ans, faifoit à la prière commune de la maifon, de petites exhortations aux Domef tiques fur des Textes de l'Écriture: à neuf ans, il avoit compofé pour fon ufage, une Grammaire Chaldaïque , un Dictionnaire Hébreu & Grec, enfin, un Diéionnaire Hiftorique renfermant près de deux mille articles extraits des Dictionnaires de Moréri & de Bayle. Ces talens prématurés n'étoient pas l'ouvrage de l'éducation; 128 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE au contraire, c’eft malgré l'éducation qu'ils fe développèrent. M. de Haller le père avoit donné à fon fils pour Précepteur, un homme à la vérité aflez favant dans les Langues, mais dont le principal mérite étoit la perfécution que fes opinions théologiques lui avoient attirée : il traitoit avec rigueur fon Élève, dont la conftitution foible & l’ardeur pour l'étude n'euflent demandé que de Ia liberté & des ménagemens ; cette éducation févère & pédantefque eût pu étouffer dans M. de Haller, le germe du génie; la dureté du Précepteur eût dégoüté un autre enfant de l'étude; elle n’infpira au jeune Haller que le defir de s'en venger par une fatyre en vers latins, qu'il fit à l'âge de dix ans contre ce Précepteur, & il ne put jamais le revoir dans la fuite fans éprouver un fen- timent de terreur involontaire: nous avons déjà rapporté un trait femblable dans Eloge de M. de la Condamine. Ces faits prouvent que les enfans font fufceptibles plus tôt qu'on ne le croit, de pañfions fortes & durables; auffi, fouvent le caractère eft déjà formé, & par conféquent l'objet le plus important de l'éducation eft rempli ou manqué avant qu'on ait à peine fongé à la commencer. M. de Haller wavoit que treize ans lorfqu'il perdit fon père qui le deftinoit à l'état Eccléfiaftique, & dont le bien étoit prefque uniquement borné aux appointemens de fes places; mais en perdant fa fortune & fon père, M. de Häaller acquit la liberté de choifir les objets de fes études, & la connoiffance de la néceflité où il étoit de devoir tout à lui- même, & c'eft peut-être en grande partie à ces malheurs de fa jeuneffe que M. Haller doit fes talens & fa gloire. L'année fuivante il alla pafler quelque temps à Bienne chez le père d’un de fes Condifciples, Médecin célèbre, & dont il efpéroit recevoir des lumières fur l'étude de la Nature; mais ce nouveau Maitre ne lui enfeigna que les fyftèmes de Defcartes : auffi le jeune Élève préféra-t-il les fiétions de Ja Poëfie à celles de la Philofophie, comme fouvent les bons efprits aiment mieux lire un Roman donné pour tel, qu'une Hiftoiregmélée de fables, I fit donc beaucoup de Vers, & le feu DES SCIENCES. 129 feu ayant pris à la maifon qu'il habitoit, il courut chercher fes Vers au milieu des flammes, les enleva & crut avoir tout fauvé. Cependant la Philofophie lemporta bientôt, & un an feulement après cet évènement, fon efprit avoit déjà acquis tant de maturité, qu'il eut le courage de condamner au feu ces mêmes Vers qu'il en avoit fauvés l’année d'auparavant au péril de fa vie. Il y avoit parmi ces Poëfies plufieurs fatyres, genre pour lequel M. de Haller avoit déjà montré beaucoup de talent ; ainfi ce facrifice prouvoit non-feulement fa modeftie, mais encore les progrès qu’il avoit faits dans la connoiffance du cœur hamain: il fentoit que l’homme vertueux doit rarement employer cette arme qui punit, mais qui ne corrige point, & dont il femble qu'il ne doit être permis de fe fervir que contre ceux qui par leur rang ou leur pouvoir font à l'abri de tout autre fupplice. Le moment de fe choïfir un état étoit venu: M. de Haller vouloit étudier la Nature, & il embraffà la feule profeflion qui pût lui laiffer la liberté de fe livrer fans réferve à cette étude , celle de la Médecine. Ce n'étoit pas fans doute l'état qui pouvoit le conduire le plus fürement à a fortune & aux places, mais il ne l'en excluoit pas. Le Gouvernement de Berne en concentrant fes fonétions dans un certain nombre de familles, n’en a pas exclu les états utiles à la Société & qui exigent des lumières; peut-être même Îa carrière des Sciences étoit pour un homme né avec des talens fupérieurs, un moyen de fuppléer par la confidération que donne la gloire, à ce qu'il lui auroit fallu employer d'intrigues s'il eut fuivi la route ordinaire des honneurs. I alla étudier à Tubingen fous Camerarius & Duvernoi; à Leyde, fous Boërhaave & Albinus: il vit à Amfterdam le célébre Ruifch, alors âgé de quatre-vingt-dix ans; à Londres il {e lia avec Sloane, Chefelden & Duglafs; enfin il fuivit à Paris les Leçons de Winflow & de Juffieu, Hi 17 77 R 130 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE C'étoit à l'âge de feize ans qu'il avoit commencé fes Voyages, & la liberté entière dont il jouifloit à cet âge eût pu devenir dangereufe, mais une circonftance fingu- lière le fauva: entrainé à Tubingen par fes Condifciples dans une partie de débauche , les excès dont il fut témoin lui infpirèrent un dégoût falutaire; dès ce moment il renonça au vin pour toujours, afin d’être bien für d'éviter les excès, & pour fe garantir plus infailliblement de fa corruption, il crut devoir porter jufqu'au rigorifme la févérité de {es mœurs, I refta peu de temps à Paris: un cadavre qu’il difféquoit incommodoit un de fes voifins qui le dénonça ; M. de Häaller connoifloit la févérité de nos Loix contre ceux qui enlèvent des cadavres, & par une erreur pardonnable à un Etranger, il crut que cette févérité s'étendoit fur l’Anatomifte qui les difsèque : ïl fe hâta donc de quitter un pays où la recherche de la vérité expoloit à de fi grands dangers. Il fe rendit à Bâle où il étudia les Mathématiques fous Jean Bernoulli : ces Sciences ne feroient pas inutiles à un Anatomifte quand elles ne lui ferviroient qu’à connoître com- bien les raifonnemens fondés fur la Mécanique, font incertains lorfqu’on les applique à la Médecine; & c'étoit un préfervatif dont pouvoit avoir befoin un Difciple de Boërhaave, élevé comme fon Maitre dans la Philofophie Cartéfienne, M. de Haller revint dans fa Patrie vers 17 303; il étoit alors dans fa vingt - deuxième année : Ia pratique de Îa Médecine, d’immenfes travaux d'Anatomie, des Voyages fur les montagnes de Suiffe où il embrafloit l'Hiftoire Natu- relle dans toute fon étendue, ne fufffoient pas encore pour remplir fon temps. Son goût pour la Poëfie fe réveilla, ou plutôt il redevint Poëte une feconde fois, mais comme il convenoit de l'être à un Philofophe occupé depuis long- temps d'études profondes : des Tableaux de la Nature, non de cette Nature de convention que peignent fi fouvent les Poëtes, & qui n’eft que la Nature vue autrefois par Homère & défigurée par {es imitateurs, mais de la Nature telle que DES SCIENCES. 137 M. de Haller lui-même l’avoit obfervée, lorfque graviffant fur les rochers & à travers les glaces éternelles des Alpes, il cherchoiït à lui arracher fes fecrets; des Poëmes où il fonde les profondeurs des queftions les plus abftraites & les plus infolubles de 1a Métaphyfique & de la Morale; des Épitres où il peint les douceurs de l'amitié & de la vie paftorale, les plaifirs attachés à la fimplicité des mœurs, les charmes des vertus douces & tranquilles, & le bonheur qui fuit les facrifices que commandent les vertus fortes & auflères: telles font les Poëfies de M. de Haller. En répandant fur la cor- ruption des mœurs le ridicule & le mépris , il peint l'hypo- crifie de couleurs plus odieufes ; if chante les bienfaits de {a Religion, qui apprend aux hommes à s'aimer ou du moins à fe {ouffrir les uns les autres, & il s'élève contre les crimes de l'intolérance avec cette horreur toujours d'autant plus forte dans les ames vertueufes , qu’elles font plus fincèrement attachées à la Religion: on croiroit entendre à la fois Fénelon, célébrer les délices de l'Amour Divin, & l’Auteur de Îa Henriade tonner contre le Fanatifme. Les Poëmes de M. de Haller furent bientôt traduits en François; les Nations européennes virent avec étonnement la Poëfie allemande, inconnue jufqu’alors, lui offrir des chef: d'œuvres dignes d’exciter la jaloufie des Peuples, qui depuis plufieurs fiècles fe difputoient l'empire des Lettres: heureufe d'être née plus tard, elle réunifloit dès fes premiers pas, cette profondeur de Philofophie qui caraétérife les fiècles éclairés, & ces richefles d'imagination, apanage heureux des premiers âges de la Poëfie? Peut-être même ( qu'il nous foit permis de hafarder ici cette remarque), peut-être la Littérature allemande dut-elle la prompte juftice que lui ont rendue les Nations étrangères, & M. de Haller une partie de fes fuccès comme Poëte, à la réputation qu'il avoit acquife comme Phyficien. Les Gens de Lettres apprirent avec furprife que l'Auteur de ces Poéfies fi douces & fi aimables, étoit un Médecin qui pañloit fa vie au milieu des cadavres, occupé de chercher les refforts les plus fecrets de l'organifation Rij 32 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE & de la vie; & les Savans virent avec complaifance, que quelques inftans de loifir où M. de Häller s'étoit livré à fon goût pour les Vers, lui avoient mérité une place parmi les premiers Poëtes de fa Nation. Quelques Critiques, trop févères peut-être, ont reproché à fes Poëfies une imitation quel- quefois trop marquée du ftyle Oriental : ce ftyle impofant & fublime plaît dans les Auteurs originaux, parce qu'il y paroït l'expreflion naturelle des idées du Poëte, qu'il pique par fa fingularité même, en nous tranfportant dans ces époques de la Nature forte, mais fauvage, que l'on aime à fe retracer; mais ce même ftyle bleffe fouvent dans les imitateurs, parce qu’il femble que les Modernes , fi différens des anciens Peuples par leurs mœurs ou leurs opinions, ne doivent avoir ni les mêmes idées, ni la même manière de Îes rendre: on foupçonne alors que ces imitations Orientales pourroient bien n'être qu’un effet de l'Art du Poëte, occupé de déguifer fous des tournures extraordinaires des idées qui, fans cet appareil étranger, n'euflent été que des idées très - communes. Per- fonne n’avoit moins beloin d’une telle reflource que M. de Haller, & ce ftyle (s’il efl vrai qu'il en ait abufé dans fes Poëfies), a plus fervi à cacher des beautés qu'à voiler des défauts. En 1734, la République de Berne établit un Amphi- théâtre public, où il enfeigna l'Anatomie ; il fut, malgré fa jeunefle, nommé Médecin d'un Hôpital; enfin, on lui confia le foin de mettre en ordre la Bibliothèque publique & le Cabinet des Médailles : dans la première année qu'il fut chargé de ce travail, il drefla un Catalogue raifonné de tous les Livres de la Bibliothèque ; il difcuta & rangea fuivant leur ordre chronologique, cinq mille Médailles anciennes. Cependant il devoit bientot quitter fa Patrie: George II, Roi d'Angleterre & Électeur d'Hanovre , qui vouloit faire fleurir l'Univerfité de Gottingue, y appella M. de Haller, & - créa pour lui une Chaire d’Anatomie, de Botanique & de Chi- rurgie. Aucun grand Ouvrage n’avoit pourtant encore illuftré le nom de Haller; mais les Differtations qu'il avoit publiées DES ScrEeNcE*Es. 133 annonçoient aux Anatomiftes un homme fupérieur : ceux qui étoient alors les plus célèbres, voyoient en lui un Savant qui pourroit un jour prétendre à la première place, mais qui ne leur difputoit point encore celle qu'ils occupoient. II fe trou- voit en ce moment dans cette heureufe pofition, où le mérite peut efpérer une indulgence qu'il n'éprouve qu’une fois, & même qu'il n’éprouve pas toujours ; où un Savant qui a fait affez pour mériter l'eflime , & pas affez pour exciter la jaloufie, ne reçoit de toutes parts que des marques de bienveillance : heureux fi dans une autre époque il peut feulement obtenir de la juftice! M. de Haller fe rendit aux invitations du Roi d'Angleterre: ïl lui en coûta d'abandonner fa Patrie; de renoncer au titre ou plutôt à la jouiffance des droits de Citoyen libre; d'arracher une jeune époulfe qu'il aimoit, à fa famille & à fon pays ; mais ce facrifice étoit néceflaire: il ne pouvoit efpérer à Berne d’aflez grands avan- tages pour affurer la fortune de fes enfans. Son âge l'éloignoit encore pour long-temps des places qu'il pouvoit fe flatter d'obtenir dans le Gouvernement : il s'étoit aperçu qu'on fe fouvenoit à Berne qu’il avoit montré du talent pour la Poëfie fatyrique, & quoiqu'il eût brülé fes Satyres, fes ennemis & {es rivaux ne les avoient pas oubliées. C’étoit aflez qu’on lui en connüt le talent, pour qu'il infpirât de l'ombrage dans une Ariftocratie, tant la Satyre eft redoutée dans ces Conftitutions où la plus grande force du Gouvernement réfide dans l'opinion Pa les Citoyens ont de fa fagefle ; où les Chefs ne font urs de régner fans trouble, qu'autant qu’ils favent cacher au Peuple qu'ils font fes Maîtres, & lui perfuader qu'ils ne font que fes Magittrats! D'ailleurs , ces Chefs, preique toujours affez fages pour affeéter une modeftie qui affure leur puifflance en 1a rendant moins odieufe, diftingués des Citoyens par leurs prérogatives, mais confondus avec eux dans la vie privée, n'ont ni ces titres, ni cette pompe, ni ces refpects extérieurs, qui ne préfervent pas les Grands des Monarchies de {entir les traits du ridicule, mais qui les empêchent d’en être humiliés. M. de Haller voyoit qu’en renonçant pour quelque temps 134 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RofaLeE à fa Patrie, en acceptant un emploi qui afluroit l’état de fa famille, qui lui laifloit une liberté entière de fuivre fes études & lui offroit plus d'occafions de multiplier fes expériences & fes découvertes, il n'abandonnoïit cette patrie que pour fe rendre plus capable de Ia fervir, de contribuer à {à gloire, & pour y revenir un jour plus utile & plus confidéré. Une autre railon pouvoit contribuer à lui faire quitter Berne, la difficulté d'y trouver des cadavres : l’hiftoire des contradic- tions que les Anatomiftes ont éprouvées à cet égard depuis Hippocrate jufqu’à nos jours, ne feroit pas une des moindres preuves de cette fingulière inconféquence de l'homme, qui paflionné pour fon bonheur , en néglige les moyens avec tant d’indifférence, ou même leur oppofe les plus grands obftacles, comme fi le genre humain trompé par des hommes intéreffés à prolonger fon ignorance & fon malheur, s’étoit entendu avec eux pour former une ligue contre fes propres intérêts. Les dix-fept années que M. de Haller pafla à Gottingue furent celles de fes grands travaux, & c'eft pendant cette époque qu'il a raflemblé fes titres à la gloire : le détail de toutes fes recherches, la fimple lifte de fes Ouvrages pafferoient les bornes de cet Éloge, & nous ferons obligés de rejeter ce qui auroit pu être l’ornement & Îa gloire de tout autre, pour ne nous arrêter qu'aux grands ouvrages qui doivent immortalifer le nom de Haller. Il avoit choïfi pour l'objet principal de fes études 1a Phyfiologie, cette partie de la Médecine qui, pénétrant dans la ftruéture intime des parties du corps, y cherche par quelles loix l’homme fe forme, {fe développe, croît, vit, reproduit fon femblable, dépérit & meurt; comment chaque organe exécute les mouvemens qui lui font propres, & remplit les fonctions auxquelles il eft deftiné; par quels moyens les or- ganes, que l'exercice même de leurs fonétions tend conti- nuellement à détruire, peuvent fe réparer par la nourriture & le fommeil; par quel mécanifme une force dont le principe nous eft inconnu, tantôt exécute au gré de la volonté des actions néceffaires à la confervation ou au bonheur de l'homme, DES SciENCESs. 135$ tantôt produit indépendamment de la volonté des opérations eflentielles à fon exiftence; comment les changemens dans les organes font tantôt la caufe, tantôt l'effet du défordre des fonétions vitales ; quels rapports exiftent entre l’altération de ces fonctions & le vice des parties qui les exécutent; comment enfin les remèdes de toute efpèce peuvent, en agiflant fur ces organes, rétablir l'ordre dans l'économie animale. s M. de Haller n'ignoroit pas que long-temps livrée à l'efprit de fyflème, cette Science étoit devenue fufpecte aux Phyficiens philofophes ; mais il fe propoloit précifément de détruire ces préventions: il efpéroit faire de la Phyfiologie une Science auff certaine qu'aucune autre Science phyfique; une Science où les Philofophes pourroient apprendre à connoître l'homme, où les Médecins trouveroient une bafe fur laquelle ils puffent s'appuyer dans a pratique. Pour cela, il falloit chercher à établir les fondemens de la Phyfiologie fur une anatomie exacte de l'homme, & fur l'anatomie des animaux qui nous a fi fouvent révélé fur l'économie animale de l’efpèce humaine, des fecrets que l'étude de l'homme lui-même ne nous eût pas découverts : il falloit bannir de la Phyfiologie, & cette métaphyfique qui dans toutes les Sciences a fervi long-temps à cacher une ignorance réelle fous des mots {cientifiques, & ces théories ou mathématiques ou chimiques, rejetées des Mathématiciens & des Chimiftes, & toujours employées avec d'autant plus de confiance, ou adoptées avec d’autant plus de refpect, que les Maîtres ou les Difciples ignoroient davantage les Mathématiques & 1a Chimie. Il falloit fubflituer à tous ces fyflèmes des faits généraux, conftatés par l’obfervation & l'expérience; avoir 1a fagefle de s'arrêter à ces faits, de confentir à en ignorer les caufes, & favoir que dans toutes les Sciences, il exifte des bornes au-delà defquelles il eft dou- teux que lefprit humain puifle jamais pénétrer, mais que fürement il ne peut franchir qu'à laide du temps & ‘d’une longue fuite de travaux. Teleft le plan que M. de Haller avoit formé : il a fuivi avec tant d'activité & de fuccès, que s'il s’eft montré dans 136 Histoire DE L'ACADÉMIE Royarr fes autres Ouvrages comme un Phyficien exact & profond, il a été vraiment créateur dans la Phyfiologie, & que de fon vivant même, fes contemporains & fes rivaux l'ont placé au premier rang des Auteurs claffiques. Mais ce ne fut qu'après avoir, dans une nombreufe fuite de Mémoires, examiné des queftions difficiles & importantes fur la refpiration, fur la circulation du fang, fur la génération , fur la formation des os, qu'enfin il fe crut en état d'embraffer Ja Phyfiologie dans toute fon étendue; encore fa première Édition portoit-elle le titre modefte d’une fimple efquifle, & ce n’a été qu'après plus de trente ans de travail & de recherches immenfes, qu’il a cru pouvoir donner à fon Ouvrage le titre qu’il méritoit, Toutes les parties du corps humain y font décrites ; leurs fonctions véritables y font expliquées: on y examine les opinions ou célèbres, ou du moins avancées par des Auteurs célèbres, qui ont attribué aux mêmes parties diflérens ufages : M. de Häaller ne décide pas toujours entre ces opinions, quelquefois même il montre qu'il faut les rejeter toutes, Rien de ce qui étoit important dans es Ouvrages publiés avant lui n’avoit échappé à {es lectures, & prefque par-tout il ajoute aux connoiffances qu'il a puifées dans les Livres, des obfervations qui lui font propres. Nous n'entrerons point dans le détail immenfe des erreurs que M. de Haller a détruites dans fa Phyfologie; des faits pouveaux qu'il y a confignés; des vues ingénieufes ou pro- fondes qu’il y a répandues; des doutes qu'il a éclaircis; des théories qu'il a perfectionnées ou rectifiées ; il faudroit copier prefque tout fon Ouvrage: nous ne parlerons que des objets, fur lefquels il a tiré prefque tout de fon propre fonds , la génération, la formation des os & l'irritabilité, Ce fut fur les Oifeaux que M. de Haller fit fes rombreufes expériences, qui ont la génération pour objet : la facilité de pouvoir examiner les œufs dans tous les temps, & prefque à toutes les heures de l’incubation, lui offroit des avantages qu'il n'eût pas trouvés, en faifant les mêmes recherches fur d'autres genres d'animaux, Il fuivit la formation du poulet, depuis MUETNOMSCTR EE NOCÉE :$ 137 depuis {'inftant où l’on aperçoit dans l'œuf une première appa- rence de changement, jufqu'à celui où fanimal quitte l'œuf dans lequel il s’eft formé: il vit, pour ainfi dire, les organes naître fucceflivement fous fes yeux, acquérir de la vie & du mouvement ; fe transformer, {e perfectionner, prendre entr'eux la difpofition qu'ils doivent avoir dans animal ; les artères, les veines fe développer; enfin, il vit naître un poulet par J'accroiflement & le développement d’un petit corps oblong & blanc, à quelque diftance duquel on voit battre & fe mou- voir une petite lame alongée, qui en paroît abfolument féparée. Les vaiffeaux du poulet naïflant fe confondent avec ceux du jaune de l'œuf, & forment avec eux un tout continu; & comme ces vaifleaux du jaune s'obfervent dans les œufs non fécondés, M. de Haller crut pouvoir en conclure que le poulet exifte tout formé dans l'œuf avant la fécondation : il ne douta point que le fœtus ne füt également tout formé dans les femelles des animaux vivipares, & il regarda cette obler- vation comme une preuve concluante en faveur du fyftème du développement fucceflif des germes: peut-être cependant ne l'eüt-il regardée que comme une fimple probabilité ; peut-être ne fe füt-il pas écarté en ce feul point de cette fagefie, qui le rendoit inacceflible à l’efprit de {yftème , fi des raifons d’un autre ordre ne lui euflent infpiré une pente fecrette pour cette opinion du développement des germes. H croyoit que la produétion d’un animal, par des forces urement mécaniques, pouvoit détruire une des preuves du dogme de la Providence. Mais ne fuffit-il pas à ceux qui cherchent dans la Nature des preuves de ce dogme, que les phénomènes foient réglés par des loix certaines, quelles que foient ces loix? La criftallifation d'un fel toujours affujetti à prendre une même forme, n’eft-elle pas un phénomène auffi admirable que la génération conftante des animaux ? Enfin, les loix qui agiffent fur la matière, étant également conftantes, & les phénomènes qui -en réfultent offrant toujours la même régularité , quelque fyftème qu’on emploie pour les expli- quer , n'eft-ce pas dans la fagefle ou dans la bonté qu'annoncent Hifl. 1777. 138 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l’enfemble de ces phénomènes, & non dans la nature des forces qui les produifent, qu’il faut chercher des preuves de l'exiflence d'un Etre fuprème? Il doit paroître d’autant plus fingulier que M. de Haller ait pu croire la Religion ou la Morale intéreflée dans les opinions des Philofophes fur la formation des êtres organifés, qu'il avoit combattu dans fes Diflertations fur les Monttres, les mêmes raifonnemens métaphyfiques qu’il a employés de- puis en faveur du développement des germes; & qu'il avoit éprouvé lui-même, comme nous le dirons bientôt, que le repos d'un Phyficien peut être troublé par ces inculpations qu'on fe permet fouvent avec tant de légèreté. Dans les expériences fur loffification, M. de Haller fuivit les progrès de l’accroiflement & de la folidité des os dans les animaux que renferment les œufs; enfuite, il examina les progrès de la formation du calus dans les os des animaux adultes. I crut avoir découvert dans fes expériences, que les os ne font d’abord qu'une gelée peu confiftante, mais déjà orga- nifée & fournie de vaiffeaux d’abord infenfibles à la vue, parce qu'ils font tranfparens & remplis d’une liqueur non- colorée: cette gelée prend enfuite une confiftance plus folide; les vaiffleaux deviennent vifibles; elle s’ofifie enfin par le dépôt d'une matière terreufe qu'abandonne le fang des artères qui la traverfent : felon lui, le périofte ne con- tribue en rien à l’offification, parce que cette membrane a une organifation toute différente de celle des os, qu'il y à des os qui en font privés, que fouvent des calus ou des productions offeufes recouvrent le périofte; & qu'enfin dans l'animal naïffant, à l’inftant où les os prennent leur confiftance, ils n'ont aucune adhérence avec le périofte. Ces idées de M. de Haller font contraires à celles de M. Duhamel, qui explique la formation des os par l'oflification fucceflive des lames du périofte: à la vérité, quelques-unes des expériences de M. de Haller paroïffent difficiles à expliquer, fr on adopte l'opinion de M. Duhamel ; mais il n'eft pas moins difhcile d'expliquer dans le fy fème de M. de Hiler DES O1 CLIN AC MES 139 la formation des lames ofleufes, & fur-tout les couches alternativement rouges & blanches qu'on obferve dans les os des animaux nourris, tantôt avec leurs alimens ordinaires, tantôt avec ces alimens mélés de garance: aufli ces deux opinions, toutes deux fondées fur des expériences, toutes deux avancées par des Phyficiens bien connus par leur averfion pour les idées fyflématiques, ont partagé & partagent encore les Phyfiologiftes. M. de Haller entendoit par irritabilité, cette propriété qu'ont certaines parties des corps vivans de fe contracter lorfqu'on les blefle ou même lorfqu'on les touche, indépen- damment de a volonté de animal foumis à l'expérience & fans qu'il éprouve de douleur : propriété que Îles Plantes femblent partager, & qui, diftinéte de la fenfibilité, n'appartient point aux mêmes organes. [| prouva que f'irritabilité réfide exclufivement dans Îa fibre mufculaire & la fenfibilité dans les nerfs; il démontra comment dans les diflérentes parties du corps prefque toutes mêlées de mufcles ou de nerfs, la fenfibi- lité qu'elles font paroître n'appartient qu’à leurs nerfs & leur iritabilité à leurs mufcles ; que les parties deftituées de mufcles ne font pas irritables ; que les parties deftituées de nerfs ne font pas fenfibles; qu'en coupant les nerfs qui joignent une partie au cerveau, elle perd fa fenfibilité fans cefler d'être irritable : le nerf féparé du cerveau devient inca- pable de fe contracter; il ne conferve une apparence de mouvement que parce qu'il peut fervir comme un corps étranger à exciter l'irritabilité dans le mufcle qui lui eft attaché. Au contraire, le mufcle féparé du corps vivant conferve encore des fignes d'irritabilité; mais la force de cette irrita- bilité eft afloiblie; elle cefle au bout d’un temps très-court. Ainfi, il ne faut pas la confondre avec l’élafticité, propriété purement mécanique, comme on ne doit pas confondre avec les mouvemens que produit F'irritabilité, ces changemens purement chimiques que lapplication des cauftiques fait éprouver à toutes les parties molles des corps organifés. L'Ouvrage où M, Haller publia ces découvertes fut l’époque S ij 140 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE d'une révolution dans l’Anatomie : on apprit qu'il exiftoit dans les corps vivans une force particulière qu'on pouvoit regarder comme le principe immédiat de 1eurs mouvemens, comme la puiflance qui, répandue dans les organes, fai exercer à chacun la fonétion qui lui eft propre; la Phi- fiologie, trop long-temps appuyée fur des idées métaphyfiques & incertaines, put enfim avoir pour bafe un fait général &c prouvé par l'expérience. Les Anatomiftes s'emprefsèrent de s'occuper de l’irritabilité, pour confirmer les vues de M, de Haller ou pour les combattre. On commença, fuivant lufage, par foutenir que ces p'étendues découvertes étoient faufles, & on finit par dire qu'elles étoient connues long-temps auparavant: M. de Haller répondit à ces objections avec la noble fimplicité d'un homme qui fent le mérite de fes travaux, & qui ne veut que la gloire qu'il a méritée. Il oppofa à ceux qui conteftoient fes découvertes, des expériences qui les con- firmoient ; il répondit aux autres par une hiftoire détaillée de tout ce que les Anatomiftes avoient écrit fur l'irritabilité ; il montra que plufieurs lavoient obfervée, mais que per- fonne n’avoit ni décrit les phénomènes de l'irritabilité avec exactitude; ni démêlé que la fibre mufculaire eft la feule partie qui en foit douée eflentiellement, & que les organes. n'en font fufceptibles qu’en raifon des fibres mufculaires qui. entrent dans leur compofition; ni démontré que la fenfibilité & l'irritabilité diffèrent par leur nature, & appartiennent à des parties diflérentes : cette franchife augmenta la gloire de M. de Haller au lieu de la diminuer. On fent combien il eit aifé de fe tromper dans des expé.- riences de ce genre, de caufer, en touchant par mégarde une. partie fenfible, une douleur & de l'attribuer à la partie infenfible qu'on examine; de rapporter à lirritabilité ou à la fenfibilité. propre d'une partie les phénomènes que produit l'irritabilité. des mufcles qui y fontattachés, ou la fenfibilité de fes nerfs; de: prendre pour un effet de l’'irritabilité l'effet d’un cauftique ou. DES SCIE N'C Es. IAE celui de l'élafticité: aufli M. de Haller avouoit-il lui-même qu'il s’étoit trompé plufieurs fois ; il prit même pour devife à la tête d’un de fes Ouvrages, une bouffole avec ces mots: fidem non abflulit error. Cet aveu fuffit pour juftifier à la fois, & les Hommes célèbres qui l'ont combattu, & la jufle confiance qu’il avoit dans le dernier réfultat de fes travaux. Ses expériences n’avoient pu être faites fans aflujettir un grand nombre d'animaux à des douleurs cruelles, & c'eût été acheter bien cher une vérité inutile: M. de Haller le fentoit, Sa pitié pour les victimes de fes recherches, fe montre fouvent dans le compte qu'il en rend: on voit que pouflé par une forte de remords, il ne manque aucune occafion d’infifter fur l'utilité que le genre humain peut retirer. de ces expé- riences ; on voit même qu’il eût voulu croire que ces animaux ne foufiroient point, & qu’il eût defiré n'être pas obligé de renoncer à l’opinion de Defcartes: il penloit que le defir de connoître une vérité flérile, ou l'amour de la gloire, ne pouvoient donner le droit de faire périr dans les tourmens des êtres fenfibles, & que s'il y a peut-être de l’orgueil à les croire formés pour nos befoins, il eft abfurde & cruel à la fois d'imaginer qu'ils font deftinés à être le jouet de notre curiofité ou de notre vanité, Ces découvertes fur l'irritabilité furent pour M. de Haller Foccafion d’un chagrin très - vif : Lametrie fit de cette pro- priété de la matière animée, le fondement d’un fyftème de matérialifme, & il trouva plaifant de dédier fon livre à M. de Haller, & de dire que c'étoit à lui qu'il devoit la con- noiflance des grandes vérités que ce Livre contenoit. M. de Haller étoit fincèrement attaché dès l'enfance à fa Religion ; il regarda comme une infulte grave cette plaifanterie de Lametrie, & vit avec horreur qu'on le dénonçoit à l'Europe: comme un fauteur du Matérialifme ou du moins comme l'in- venteur des principes qui y fervoient de bafe; le refpe& qu'il avoit témoigné conftamment pour le Chriftianifme dans tous fes Ouvrages, fa vie fi conforme aux préceptes de l'Évan- gile ne le raffurèrent point contre cette accufation ; il s’en: 142 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE plaignit amèrement: Lametrie foutint le même ton dans fes réponfes, & M. de Haller étoit prêt à publier une réfutation très-férieufe & trèslongue de ces réponies lorfqw'il apprit à la fois la mort de fon adverfaire, & que, trompé par un excès de délicateffe louable fans doute, lui feul avoit été la dupe du ton plaifamment férieux que Lametrie avoit pris. Chargé d’enfeigner la Botanique à Gottingue, M. de Haller dreffa un Catalogue du Jardin des Plantes de cette ville, & c'eft-là principalement qu'il a développé fon fyfleme de Botanique : M. Linnæus avoit choifi pour fondement du fien des caractères tirés du nombre des parties fexuelles des plantes; M. de J uflieu paroïfloit préférer les caractères que donne la fituation de ces mêmes parties; M. de Haller ima- gina de choïfir pour fondement d'un nouveau fyftème le rapport qu'ont entre eux le nombre des étamines, &c celui des pétales & dans les plantes monopétales le nombre des étamines & celui des divifions du calice : ce rapport lui pa- roifloit plus conftant que le nombre abfolu des mêmes parties, & lui fournifloit un plus grand nombre de divifions, que celles qu'on peut déduire de leur pofition refpective, mais il ne fe borna pas à fon fyflème, & ne s'aflujettit point à le fuivre à la rigueur; les fyftèmes de Tournefort & de Linnæus, l'ordre de M. de Juffieu lui fourniffent fouvent des divifions. Perfuadé de la néceflité de chercher un ordre naturel de ranger les plantes, & ne regardant les fyflèmes que comme des moyens de rendre l'étude de la Botanique moins pénible, il paroit regarder le mérite d’être facile comme le premier de tous pour un fyftème artificiel; il croit qu'on peut facrifier à cette facilité l'unité du fyftème, & le mérite de la régularité & de l'enfemble. Peu de Botaniftes ont fuivi le fyftème de M. de Häller; mais tous ont admiré dans fa Delcription des Plantes qu’il avoit obfervées fur les plus hautes parties des Alpes, l'exactitude & la belle exécution des Planches qui ornent cet Ouvrage, les profondes connoïflances de l'Auteur, & fur-tout la patience infatigable, l'activité & le courage qui lui avoient fait furmonter les difhcultés & les dangers d’une telle entreprife. DhEnSN ISICNTE Nic'r's 143 Tels ont été les principaux travaux de M. de Haller comme Phyficien; mais nous n'avons pas encore parlé de toutes les obligations que les Sciences ont eues à cet Homme illuftre. En lifant une foule de Livres fur toutes les parties de la Médecine, il fentit-combien il fe feroit épargné de . pont dé » A i sir x peines & de dégoûts s'il eût trouvé réunis dans une efpèce de Catalogue, la lifte de ces Livres, une indication précife de leur objet, les chofes nouvelles qu'ils renferment, & même un jugement fur le degré de confiance que méritent, ou les Auteurs ou les Ouvrages. Il voulut épargner aux autres la peine inutile qu'il avoit été obligé de prendre, & forma le projet de quatre Bibliothèques, d'Anatomie, de Botanique, de Chirurgie & de Médecine-pratique. H publia fon premier effai en ce genre dans un Commentaire furla méthode d'étudier la Médecine de Boërhaave : c’eft-là que pour épargner à fes Lecteurs l’ennui d’une longue lifte de jugemens fur un grand nombre d’Auteurs, jugemens dans lefquels il eût été difficile à la longue d'éviter la monotonie ou l'afleétation, il avoit imaginé de diftinguer par un nombre d'étoiles plus ou moins grand le degré du mérite de ces Auteurs. Il embraffoit dans cette lifte même les Auteurs vivans. On fe doute bien que peu de Savans furent contens du nombre de leurs aftérifques : nous ne favons pas jufqu'à quel point la franchife de M. de Haller a multiplié fes adverfaires & fes critiques; mais pour qu'un homme qui s'étoit chargé du devoir de juger fes contemporains & qui étoit incapable de les flatter, ait joui prefque fans conteftation de {a renommée la plus brillante, il falloit qu'il eût un mérite bien rare: & fi jamais la grande réputation d'un Savant a été une preuve inconteftable de la fupériorité de {es talens, c’eft fans doute dans une circonf. tance où tant d'hommes étoient intéreflés à diminuer l'autorité de fes décifions. M. de Haller rifquoit dans ce moment fa confidération & fon repos: il le favoit & il n'héfita point : il ne s’agifloit pas dans ces jugemens de diftribuer la gloire avec une équité plus ou moins fcrupuleufe entre des hommes occupés d'études frivoles, mais de décider quels guides 144 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE RoYaALE devoient choifir de préférence des jeunes gens qui alioïent embraffer une profeflion où ils auroient à prononcer fur la vie de leurs femblables, & M. de Haller crut que c’étoitune de ces circonftances où le courage de s’expofer à la haine en bleffant l'amour -propre, peut devenir une vertu. IL falloit pour compofer ces quatre Bibliothèques, non-feu- lement qu'il eût extrait des Livres qu'il avoit Iüs tout ce qu'ils contenoient d’utile,-mais encore qu’il fût renfermer en peu de mots la fubftance d’un Ouvrage, le caraétérifer à a fois & l'apprécier en quelques lignes: ce talent fuppofe une grande juitefle & une grande netteté d’elprit; l'Art de trouver le mot propre & de favoir choïf les tours qui n'obligent pas à employer des mots inutiles. Nous avons raffemblé ici cette courte efquifle de fes tra- vaux, quoique plufeurs n'aient été finis & publiés que depuis fon départ de Gottingue; parce que c'eft à Gottingue qu'il en raflembla les matériaux & qu’il en forma le plan, & que les dix-fept années qu'il y pafla furent les feules de fa vie qui aient appartenu aux Sciences fans difiraction. M. de Haller favoit que fi c’eft le génie qui feul dans les Sciences fait les grandes découvertes, ce font les Sociétés favantes, les Établiffemens d’inftraction publique qui éclair- ciffent ces découvertes, les répandent & les perfectionnent: il n’employa fon crédit auprès du Roi d'Angleterre, que pour obtenir de lui des Établiffemens utiles à la ville de Gottingue; telles furent l'inftitution d’une École de Chirurgie; celle d’une Académie des Sciences; d'un Hôpital pour les femmes grofles, où l’on enfeignoit l'Art des accouchemens ; d'un Cabinet de pièces anatomiques préparées, moyen par- ticulier à cette Science de fixer les phénomènes que l'œil de lAnatomifte a une fois aperçus, & de mettre fous les yeux d’une manière durable, non la fimple expofition des découvertes, mais les découvertes elles - mêmes & leurs réfultats; enfin une École de Deflinateurs que l’on inftruit à rendre avec exactitude & avec vérité tous les objets de l'Hifloire naturelle, inflitution qui eft encore unique, tandis que DELSA ASC I EN C Es. 145 que les Écoles de Peinture {e font tant multipliées. Cependant on eft für, par ce moyen, de fe procurer des Deflinateurs utiles aux progrès des Sciences, au lieu qu'il peut être douteux que les Ecoles de Peinture foient aufli utiles pour former de grands Peintres. L'objet que fe propofoit M. de Haller eft peu brillant, mais il étoit du moins afluré de le remplir : c'eft un avantage que Îles Établiffemens deftinés à répandre les Sciences, nous paroiffent avoir en général fur ceux qui tendent à faire fleurir les Arts de l'imagination. Dans Îes Sciences d'obfervation & de calcul, on contribue néceffaire- ment à leurs progrès en multipliant {e nombre de ceux qui les cultivent, parce que les progrès fucceflifs de ces Sciences peuvent être le réfutat des travaux combinés d’un grandnombre d'hommes; les Arts de l'imagination au contraire, où chaque Ouvrage eft néceffairement le fruit du travail d'un feul homme, ne doivent être cultivés que par les efprits capables de produire de grandes chofes. Dans les Sciences dont la pratique eft utile, fouvent même néceffaire, on ne peut trop étendre les lumières, parce qu'il importe que tous les Praticiens foient éclairés; dans les Arts d'imagination, tout ce qui n'eft pas neuf ou brillant eft inutile, & la multiplication des Ouvrages médiocres corrompt le goût au lieu de Îe former. Dans les Sciences, un enfeignement méthodique & régulier eft d’une utilité certaine; il n’eft queftion que d’expoler une fuite de faits ou de vérités, d’en développer les preuves par des calculs ou des expériences, genres de preuves foumis à une marche exacte & déterminée: on peut avoir autant de Maîtres qu'il y a d'hommes qui réuniffent un efprit jufte à des connoiffances étendues, & plus un Maître a de talens & de lumières , plus ileft bon. Dans les Arts au contraire, il n'y a d’autres études vraiment utiles que la méditation des grands modèles; & pour chaque Élève peut- être les leçons d’un Maitre que lui-même {e feroit choifr. T'andis que M. de Haller publioit tant d'Ou- vrages, veilloit fur tant d'Établiffemens, profefloit à la fois prefque toutes les parties de la Médecine; tandis qu'il rem- plifloit les Mémoires de l’Académie de Gottingue & des HP 1777. T 146 H1STOIRE DE L'AcADÉMIE RoYALE Académies dont il étoit Membre, des détails de fes expé- riences & de fes recherches, les Journaux de fa même ville étoient pleins d'articles où il rendoit compte des Ouvrages importans publiés par toute l'Europe, en homme digne . de les juger, & quelquefois de les corriger & d'y ajouter. Il faifoit traduire en Allemand les meilleurs Livres étrangers & les ornoit de Préfaces, qui fouvent elles-mêmes étoient de véritables Ouvrages, Tant de fervices rendus à la ville de Gottingue, mé- ritoient les récompenfes du Souverain, qui voyoit réuflir au-delà de fes efpérances fes projets pour rendre cette ville floriffante & peuplée : M. de Haller, de toutes les grâces qui lui furent offertes, accepta uniquement la qualité de Noble de l'Empire, que le Roi d'Angleterre avoit obtenue pour lui de la Chancellerie Impériale; cette décoration pouvoit être utile à fa famille fi elle reftoit à Gottingue, mais ne pouvoit: illuftrer un Citoyen né dans une République où le titre de Noble eit inutile, & dans laquelle au lieu de la Nobleffe telle qu'on la connoît dans les Monarchies de l'Europe, les familles puiffantes ont obtenu des prérogatives héréditaires plus réelles : auffi M. de Haller refufat-il conflamment le titre de Baron qui n’auroit pu flatter que fa vanité & qui peut-être lui eût fait un tort réel dans fa République, où ces titres étrangers font en même temps dédaignés & regardés avec jaloufie comme une diftintion odieufe. Pendant fon féjour à Gottingue, il avoit réuni tous Îes avantages qu'il pouvoit defirer, la confidération publique , les marques d'eftime des Savans étrangers, le fuccès de fes Eta- bliflemens pour les Sciences, le plaifir de faire des décou- vertes utiles, & la gloire que fes travaux lui méritoient; mais des malheurs domeftiques avoient troublé fa vie: une femme chérie lui fut enlevée un mois feulement après fon arrivée ; elle mourut d’une fauffle-couche caulée par une chute qu'elle avoit faite en fuivant fon mari à Gottingue, & toutes les cir- conftances qui pouvoient rendre cette perte plus amère s'étant xéunies pour accabler M. de Haller, il adoucit fes douleurs Dir SUSICNE N EE 8. 147 en peignant dans des Vers remplis d'une mélancolie douce & profonde, les vertus & les grâces de celle qu'il pleuroit. Une feconde femme qu'il époufa deux ans après, mourut au bôut de quelques mois de mariage, & il la célébra dans de nouveaux Vers; alors on cefla prefque de le plaindre; on trouva qu'il fe confoloit trop facilement & trop vite, tant nous fommes difficiles & févères pour la fenfibilité d'autrui, ne fût-ce que pour donner une bonne idée de a nôtre ! Cependant M. de Haller ne s'eft trouvé peut-être inférieur en délicateffe à ceux qui le condamnoïent le plus amèrement, que pour avoir cherché des confolations pu- bliques & légitimes. Un troifième mariage qu'il contraéta , fut moins malheureux, mais on le condamna encore; il fembloit qu'on lui eût pardonné plus aifément trois maïtreffes que trois femmes. Nous ne fommes pas furpris qu'on ait jugé M. de Haller avec plus de févérité qu'un homme ordinaire; mais pourquoi lui envier ces douces & innocentes diffipations de la vie domeftique, lorfque fon auftérité & fon ardeur pour l'étude lui avoient interdit toutes les autres? Pourquoi ne pas fonger à tout ce que les Sciences auroient perdu fi M. de Haller ne fe fût point confolé? Après dix-fept ans d’abfence, il revint enfin dans fa Patrie en 1753 ; fon éloignement avoit produit l’eflet qu’il en devoit attendre : ce même homme qu'on avoit paru craindre dans fon pays, ne l’eut pas plutôt quitté qu'il en fut regardé comme Thonneur & la gloire. Dans un voyage qu'il fit à Berne en 1745, il fut élu Membre du Confeil Souverain: ce titre le rendoït capable de remplir plufieurs des places de l'Admi- niftration. [1 lui en échut une par le fort en 1753, car on fuit à Berne cette manière de donner les Magiitratures ; elle peut d’abord paroître fingulière, mais lorfque le fort ne pro- nonce qu'entre des hommes que la voix de feurs Concitoyens a déjà choifis, & qu’elle a déclaré capables d'occuper les places, cette forme de fcrutin a peut-être moins d'inconvéniens qu'une éleétion rarement exempte de féduétion ou de brigues. C'eft une des confidérations les plus importantes dans No 148 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l'établiflement d'une conftitution politique de n'exiger des hommes qu’une vertu ordinaire, & de ne leur fuppofer qu'une méchanceté commune. Ainfi l’on ne doit pas efpérer qu'en donnant leur fuffrage pour remplir une Magiftr ature particulière, le plus grand nombre des Citoyens facrifient à l'intérêt de la Patrie l'intérêt prélent de leur fortune, de leur famille ou de leurs amis, & l’on peut croire qu'il fé: moins dangereux de s'en rapporter au hafard qu'à l'ambition & à l'intrigue ; mais aufli ne doit-on pas craindre qu’en choififfant les Membres d’un Sénat, le grand nombre puifle être aflez vicieux ou fache calculer aflez profondément des projets d'ambition & de fortune, pour fe croire intérefié à n'accorder le pouvoir qu'à des hommes incapables ou cor- rompus ; & l’on confie au zèle, à la probité des Citoyens, ce qu'il feroit imprudent d'abandonner au fort. Nous allons maintenant confidérer M. de Haller dans une nouvelle carrière , où lon prétendoit jadis que les hommes livrés à l'étude ne devoient pas efpérer de réuflir : nous ne combattrons pas ici par des raifons ce préjugé , qu'il feroit difficile de conferver dans le fiècle qui a produit Haller & Franklin. Il eft des parties de l’Adminiflration qui, liées par : leur nature aux Sciences phyfiques, femblent ne pouvoir être dirigées avec fuccès que par des hommes à qui ces Sciences ne foient point étrangères : le Gouvernement de Berne devoit donc s’applaudir de compter parmi fes Membres un Savant qui avoit étudié & mème approfondi toutes les parties de la Phyfique ; auffi lemploya-t-on, fur-tout dans des com- miflions où il falloit que le Magiftrat füt en même temps ou Phyficien ou Philofophe. H perfectionna ladminiftration des Salines, non pas comme on pourroit limaginer, en augmentant le revenu qu'elles produifoient au Gouvernement, mais en rendant leur ex- ploitation moins onéreufe au Piblicé : il ménagea les intérêts pécuniaires du Peuple en diminuant le prix de la denrée ; & (ce dont il eft douloureux d’être obligé de faire un objet d'éloge ) il veilla fur les intérêts de fa fanté en ne négligeant DES SCIENCES, 149 aucun des moyens de rendre cette denrée plus pure & plus parfaite. Il donna fes foins à l'établiffiement d’une maifon d'Orphelins où il falloit leur procurer une éducation faine qui confervät des Citoyens à l'État, une éducation bien di- rigée qui ne lui donnût que des Citoyens utiles, enfin une éducation réglée avec cette économie rigoureufe, néceflaire dans un Gouvernement qui n'ayant pas le droit d'augmenter fon revenu par des taxes, eft dans l’heureufe impuiflance de fe permettre une dépenfe nouvelle, fans retrancher en même temps fur des dépenfes moins nécefaires. 1 drefla le plan d'une Maïfon d'éducation, deftinée aux fils des Citoyens opulens; ce plan avoit pour objet principal de former les hommes qui devoient un jour remplir les places de la République, & de leur apprendre non ce que les Gram- mairiens du xvi. fiècle avoient cru qu'il falloit enfeigner, mais ce que les Philofophes & les hommes d'État du xvirr.° fiècle peuvent croire utile à l'humanité. M. de Haller favoit combien {es Paffeurs difperfés dans les campagnes, peuvent y contribuer à la félicité du Peuple, lorfque leur fortune leur permet de joindre à leurs confolations des fecours diftribués avec fageñe; lorfque fupérieurs au befoin qui infpire des paflions bafles & fait naître des vues étroites, ils peuvent réunir les lumières & la vertu, inftruire & édifier; il fentoit fur-tout combien il importe que ces Pafteurs, deftiñiés à conduire les autres & à les éclairer, ne foient pas dans la dépendance des hommes dont ils ont à combattre les préjugés & les vices, & qu'ils n'aient pas des intérêts qui les rendent les ennemis de ceux dont ils doivent être les con{olateurs & les amis. M. de Haller détermina le gou- vernement de Berne, à augmenter les appointemens du Clergé du pays de Vaud, & fut chargé de la diftribution. Il exifte à Berne un Confeil de fanté, occupé de veiller, & fur les abus qui peuvent intérefler la vie du Peuple, & fur les fecours qui peuvent lui être néceffaires : il ne faut attendre du Peuple ni attention pour fa fanté, ni prévoyance contre les maux extraordinaires; il femble fentir que fa vie 150 Histoire DE L'ACADÉMIE RoYALE eft peu de chofe pour lui, qu'elle eft beaucoup pour fes Maitres, & qu'ainfi c'eft à eux de s'occuper de fa confervation. On trouve des Tribunaux de cette efpèce dans prefque tous les pays où ceux qui gouvernent n'étant féparés du Peuple que par quelques degrés, peuvent craindre de partager fes maux & {es dangers ; & ces Établiffemens y font d'autant plus néceflaires, que fans un Tribunal d'hommes éclairés, la peur feroit profcrire des nouveautés utiles ou confacreroit des préjugés dangereux, & fouvent infpireroit dans ces Gouver- nemens des précautions, ou tyranniques ou ridicules, prefque toujours plus dangereufes que le mal qu'on voudroit déraciner. I eft inutile fans doute d'oblerver qu'il ne s'agit pas ici d'un Tribunal uniquement compofé de Médecins, car les Médecins peuvent avoir aufli des. préjugés ou un intérêt différent des intérêts du Peuple; sais nous parlons d’un Tribunäl de Magiftrats éclairés fur la Médecine, & doués d'une Philofophie qui les élève au-deflus même des préjugés des Savans. On fent quelle influence M. de Haller devoit avoir dans un Confeïl de fanté: 1! employa l'autorité qu'il avoit dans ce Confeil, à faire une guerre aflez vive à ces hommes connus en Suifle fous le nom de Meiges, qui fur- prennent la confiance du Peuple, à qui ils paroiffent d’autant lus habiles qu'ils fe vantent de n'avoir rien appris; que ra raifonnemens, fondés fur des idées analogues aux idées populaires, femblent plus clairs & plus frappans à la multitude; qu'ils mêlent prelque toujours à la Médecine des obfer- vances fupertlitieufes ; qu'ils emploient des remèdes, tantôt fimples, tantôt bizarres, & fouvent des fecrets que le hafard leur a révélés, ou qu'ils fe vantent de devoir à une grâce particulière de la Providence, qu'ils annoncent même quel- quefois un remède univerfel, reflource commode qui difpenfe le Médecin de toute étude, & raflure les malades contre les erreurs qu'il pourroit commettre. M. de Haller eût voulu prévenir les accidens trop fréquens, que caufent l'ignorance ou a coupable hardieffe de ces Charlatans, & les maux plus grands peut-être que produifent PE. SUSLC:h EN CE s 1$4 les préjugés ridicules , introduits ou enracinés par eux dans l'efprit du peuple. Mais il favoit combien l’on doit en même temps refpecer le droit f1 naturel & la liberté fi chère à l'homme qui foufire, de choïfir celui à qui il veut demander des confolations & des fecours. En effet, le feul moyen peut-être de préferver le Peuple des fuites de {a confiance aux Charlatans, fans bleffer cette juftice éternelle & inflexible qui doit préfider à toutes les loix, feroit de ne réprimer que la fourberie & de ne s'oppofer à l'ignorance qu’en multipliant l'inftruétion & les lumières. M. de Haller accoutumé à n’admettre aucune opinion fans avoir remonté à fes premiers principes, & à {e rendre compte de toutes fes idées en les écrivant dans un ordre méthodique, p'avoit pu s'occuper long-temps d'Adminiftration fans s'être formé un fyfième régulier & complet d'économie politique : il le publia dans trois Ouvrages auxquels il donna 1a forme de Romans. Dans l’un, Ufong, defpote vertueux & fenfible, rend heureux un grand Peuple en faifant régner la juftice & les mœurs. Dans le fecond, le fage Alfred, Souverain d'un pays où la Noblefle & le Peuple ont confervé des droits au Gouvernement, perfeétionne Îes Loix, fait fleurir le Commerce, les Arts & les Sciences, tient l'équilibre d’une main jufte & ferme entre les différens intérêts, & corrige les abus en refpeétant les formes établies. Le troifième eft la peinture d’une Ariftocratie: dans ces trojs Ouvrages, on voit un Philofophe ami de l'humanité & de la vertu; mais peut- être on peut leur reprocher aufli un défaut commun à tous trois: c'eft de fuppoler dans ceux qui gouvernent des talens & des vertus au-deflus du commun des hommes. Il femble que dans les Gouvernemens où le hafard dela naiflance difpofe du pouvoir, l'objet d’une bonne politique feroit de chercher au contraire quelles doivent être les meilleures loix, en ne fuppofant à ceux qui commandent que des intentions droites, &/ce degré de vertu, d’efprit, de lumières & de courage qu'on peut {e flauer de trouver dans a plupart des hommes 152 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE qui ont reçu une éducation raifonnable. I] manque à ces Ouvrages une quatrième partie qui auroit dû renfermer le tableau d'une Démocratie parfaite, mais l'exécution de cette partie de fon plan eût trop expolé M. de Haller à bleffer l'efprit Ariftocratique de Berne : les limites de ces États font quelquefois fi peu diftinétes, Île paffage de l'un à l'autre eft fouvent fr facile; enfin dans les Républiques Ariftocratiques, où il y a prefque toujours un parti populaire, l’impoffbilité d'une Démocratie bien réglée eft fi généralement la feule raifon publique que l’on oppofe à ce parti, qu'il ne faut pas s'étonner f1 le Roman Démocratique qui fembloit devoir compléter les Œuvres politiques de M, de Haller n’a pas même été entrepris. Les occupations auxquelles il fe livroit comme Magiftrat, ne l'enlevèrent pas tout entier à fes travaux phyfiques : fes expériences fur le poulet furent faites à Berne ; il s’occupoit fans relâche à perfeétionner & à compléter fa Phyfiologie ; il mit en ordre fes Bibliothèques ; il recueillit fous différens titres fes Ouvrages épars; il continua d'envoyer des Mémoires à prefque toutes les Compagnies favantes, dont il étoit Membre ; l'Académie des Sciences en a inféré plufieurs dans {es Recueils, & ces feuls Mémoires, dont nous ne rappor- terons pas même ici les titres, auroient fourni aflez de maté- riaux pour l'Éloge d'un autre que lui. Enfin il remplit les Supplémens de l'Encyclopédie d'ar- ticles d'Anatomie, de Médecine & de Phyfiologie : il femble que cette étendue de connoiffances , cette profondeur de penfées qui diftinguent tous fes Ouvrages phyfiques, foient plus frappantes encore dans ces articles, où la nature de l'Ouvrage le forçoit de refferrer plus d'idées dans un plus petit efpace, & l'on eft étonné en même temps de la préci- fion & même de l'élégance de fon ftyle; fouvent on y trouve, comme dans quelques petits Ouvrages qu'il a écrits égale- lement en françois, une éloquence févère & forte, jointe à | une pureté de langage, à une propriété de termes qui feroient un mérite, quand même le françois auroit été fa langue naturelle, DIE LSLMSNGNT EE NAGUEL S) 153 naturelle, & qu’on ne peut affez admirer dans un Étranger : ainfi, par une fingularité unique peut-être, il a été à la fois un grand Poëte en allemand, & en françois un Écrivain de role très-diftingué. M. de Haller étoit né avec un tempérament foible ; mais la tempérance l'avoit fortifié, l'excès du travail, le moins dangereux , le plus excufable de tous, & celui dont l'effet eft le plus lent, n’altéra point fes forces; la goutte fut fa feule infirmité jufqu’à fes dernières années, qu'attaqué d’une maladie de veflie, il y fuccomba après des douleurs longues & cruelles. L'opium fut le feul remède qu'il y oppofa : fi ce remède abrégea fes jours, il en rendit la fin moins doulou- reufe; M. de Haller fut même aflez heureux pour que l'opium, qui femble n'adoucir les douleurs qu'en portant l'engourdil- fement & le trouble dans toutes nos facultés, lui laiffât la faculté de travailler encore. C'eft au milieu de fes fouffrances qu'il mit la dernière main à fa Phyfologie : il imagina de dreffer un Journal détaillé de fa maladie, qu'il envoya à l’Académie de Got- tingue. À lumières égales, le malade lui-même doit être meilleur obfervateur que tout autre; mais malheureufement il eft rare qu’il conferve aflez de fang-froid pour obferver avec exactitude. M. de Haller fentit approcher la mort fans terreur, comme fans impatience, plein de confiance dans le Dieu qu'il avoit fidèlement fervi, & prèt à lui rendre compte d’une vie employée toute entière à étudier la Nature, & à faire du bien aux hommes. - Il exigea d’un de fes amis, M. Roffelet fon Médecin, de ne lui rien cacher de fon état : fon ami eut le courage de lui dire la vérité, & lui fixa l'automne de 1777, pour le terme de fa vie: M. de Haller l'entendit fans trouble, continua fa manière de vivre ordinaire, s’occupa lui-même dans fes derniers momens, de fuivre les progrès du dépériffement de fes organes ; il fe tâtoit le pouls de temps en temps; #04 ami, l'artère ne bat plus, dit-il tranquillement à M. Roffelet, & il expira. II fut enlevé à fa Patrie, âgé de foixante-neuf Hif 1777. U 154 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE ans, de 12 Décembre 1777, cinq femaines après M. de Juflieu; & l'Humanité devoit bientôt avoir encore à pleurer quelques-uns de ces hommes rares, nés pour l’éclairer ou pour la déiendre. Dans moins de huit mois, elle a perdu Juflieu, Haller, Linnæus, Voltaire & Roufleau; & jamais une épo- que funefte aux Sciences & aux Lettres, n’a rafflemblé, dans un fr court efpace, des pertes fi grandes & fi multipliées. Peu de Savans font nés avec une auffi grande facilité, &c peu ont perdu moins d’inftans que M. de Haller: il palloit fa vie dans fa Bibliothèque, entouré de fes Élèves, de fes amis, de fes Concitoyens, de fes enfans, de fa femme, à laquelle il avoit infpiré le goût des Sciences ; tous faifoient fous fes yeux des extraits de Livres, ou deflinoient des Plantes & des Animaux. Son aétivité étoit fi grande, qu'un jour qu'il s’étoit café le bras droit, il parut moins s’occuper des moyens de le guérir, que de ceux d'y fuppléer; & le Chirurgien qui le vifita le lendemain, fut furpris de le trouver écrivant déjà aflez bien de la main gauche : il ne lui avoit fallu qu'une nuit pour fe procurer cette reflource, & il n'avoit pas attendu pour en faire ufage, qu'il füt fi elle lui deviendroit néceffaire. M. de Haller avoit eu onze enfans, & vingt petits enfans : un de fes fils, Membre du Confeil. fouverain de Berne, marche fur fes traces, & s'occupe comme fon père, de culti- ver les Sciences &. de fervir fon pays. Sa place d’Affocié-Etranger a été remplie par M. Tronchin;, Dilciple comme lui du célèbre Boërhaave. FAUTES À CORRIGER Dans l'Hifloire de 1776. Pier 36, lignes 15 &7 19, ïl s’eft gliffé une erreur importante. Au lieu de à la $80.° partie de la force principale , lifez a trois fois la force principale; à au lieu de la 49 1° partie de la Planète principale, /ifez deux cents vingt-quatre fois plus grande que la force principale, Page 43, lignes gèr 15, M.Daniel Bernoulli, /ifez M. d'Alembert, Dans ce Volume. PAGE 269, ligne 15, Z — cof. &, life Z = cof.:t. à T\ AP pot os wh REA : DCS TS LIL Lie. ds Qu ES del [a A Ï Ne 4 Hr:} ÿ JA È Givi " LA Murs re pti Li 4 ste ns Lo = L F DE Eu dt er SUIS eT Le - TRE 4 + ea 2 nm MÉMOIRES MATHÉMATIQUE DE PHYSIQUE BR ES DES RUE GEST RES de l’Académie Royale des Sciences. Année M. DCCLXXVITI PE Re LE; ZHANG Cinquième Mémoire. Par M. DE LASSONE. | 4 A1 parlé dans les Mémoires précédens , de l’action Lé qu'exerce fur le Zinc le feul alkali volatif en liqueur, le 20 Août dégagé du fel ammoniac par l'alkali fixe. J'ai fait connoître ‘777 les caufes qui font fi fort varier cette aétion difloivante, Him. 1777. A 2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'expoferai d’abord dans celui-ci, mes obfervations parti- culières fur les diverfes manières dont les autres fels alkalis, tels que l’alkali volatil fuor ou cauftique , les deux alkalis fixes végétal & minéral, les mêmes alkalis fixes cauftiques, & enfin l'eau de chaux, agiffent fur le même minéral par la voie humide. On trouve en général dans les Ouvrages des Chiniftes, fi peu de détails & fi peu d'accord fur tous ces faits énoncés, relativement aux différences, quelquefois très-marquées, avec lefquelles chacune de ces liqueurs alkalines exerce plus ou moins, felon certaines circonftances , fes propriétés diflol- vantes, que fur tous ces objets, j'ai cru devoir faire de nouvelles recherches pour obtenir des réfultats plus pofitifs & plus appropriés à chacun des diffolvans alkalins, appliqué féparément au zinc, conformément à la méthode que jai déjà fuivie. Je ferai enfuite un examen comparé de Ia matière noirâtre féparée du zinc, lorqu'il eft complètement diflout par falkali volatil & parles acides nitreux : je dé- taillerai un effet aflez particulier de l’eau feule fur les leurs du zinc. Ce Mémoire fera terminé par quelques obfervations fur la combinaifon du zinc avec l'acide acéteux , & par des remarques relatives aux propriétés médicinales de ce minéral. Le tout fera difcuté & préfenté dans une fuite de paragraphes réunis fous le même titre. g'E Aion de l'Alkali volaril cauflique fur le Zinc. Quoique lalkali volatil cauftique, confidéré comme . diflolvant, ne paroifle pas d’abord agir fur le zinc d'une manière fenfible , il eft pourtant certain qu'à la longue ce minéral fe trouve plus attaqué, & bien différemment qu'il ne peut l'être par l'eau fimple: cette altération offre quelques phénomènes remarquables. Je mis dans un matras demi-once de limaille de zinc avee trois onces d'alkali volatil cauftique dégagé par la chaux DES SCIENCES. vive; J'adaptai un petit vaifleau de rencontre, & les matières renfermées ne confervèrent de communication avec l'air extérieur que par une très-petite iffue, faite avec une épingle, ainfr qu'on le pratique dans ces fortes d'appareils : le vaifleau fut placé fur un bain de fable, à un degré de chaleur tempéré ; Falkali, après plufieurs jours, ne paroifoit point encore avoir eu d'action marquée fur le zinc; on n’apercevoit aucune bulle, comme il s'en forme par la feule action de l'eau fimple, & la couleur de Ja liqueur alkaline reftoit la même. En continuant la digeftion, on commence enfin à aper- cevoir qu'une portion de Ja limaille du zinc fe ternit & perd fon brillant métallique : toute la couche de Iimaille en contact, avec la paroi du verre qui la contient, devient de plus en plus adhérente à cette paroï, de forte, qu'en agitant & fecouant aflez fortement le vaifleau, on ne parvient plus à détacher les molécules du zinc, qui, confervant encore en partie leur forme, font une efpèce d’enduit d’un gris foncé, À mefure que ces parcelles contraétent une telle adhérence, on remarque qu'elles éprouvent de plus en plus un change- ment réel, & que la propre fubftance du verre foufire pareil- lement une altération fenfible dans cet endroit du contad, car elle perd beaucoup de fa tranfparence & de fa diaphancité; elle fe colore de difiérentes manières, fe remplit d'iris, & devient raboteufe. En répétant cette expérience , le hafard me préfenta un vaifleau d’un verre fort mince; il arriva que le fond de ce vaifleau, fur lequel le zinc fit fon impreflion, non-feule- ment fut altéré, comme je viens de le dire, il devint encore comme boffelé, & inégal en plufieurs endroits; il n’étoit pas tel avant d'avoir été employé à cette opération, mais il faut obferver, que pendant le temps de Îa digeftion, Îe bain de fable reçut quelquefois un degré de chaleur un peu plus fort, de forte que l’alkali volatil étoit alors en ébullition, & il eft très-vraifemblable, qu'eu égard au peu d’épaiffeur du verre, ce degré de chaleur continué a pu ramollir & déformer le fond du matras, & cette circonftance a pu contribuer auffi A ij 4 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE à rendre plus fenfible l'autre altération dont j'ai parlé, roduite inconteftablement par le zinc même , & aflez femblable à celle dont on reconnoit les eflets fur quelques verres, confervés dans les cabinets des Antiquaires, & qui ont été pendant plufieurs fiècles enfouis dans la terre, où fans doute ils ont été pénétrés par une vapeur très-fubtile & colorante. L’efpèce d’adhérence ferme, établie entre le verre & les molécules de zinc, femble prouver qu'il s’eft développé, & qu'il exifte réellement entre ces deux fubftances un moyen uniflant, capable de les aglutiner, qu'il s’eft fait en un mot une forte de combinailon. Parmi les fubftances métalliques, il en eft une, c’eft le fer, dont je pourrois faire remarquer plufieurs analogies avec le zinc, & qui, développée par difiérens diflolvans , agit fur le verre, y adhère fortement, s'y combine en quelque manière, & le pénètre. On fait que l'acide fpathique, mis en expanfion dans un grand degré de concentration , fait une impreflion très- marquée {ur la propre texture du verre. On obferve pareillement , que les fubftances alkalines cauftiques peuvent produire des altérations à peu-près fem- blables fur le verre; & peut-être dans le fait particulier, dont il eft ici queftion, faut-il admettre le concours de la caufticité propre à l'alkali volatil fuor, avec certains miafmes _ qui fe dégagent du zinc lorfqu'il perd fon brillant métallique, & qu'il foufire une forte de décompofition. Cette matière fubtile , que le zinc peut fournir fans le fecours d'aucun intermède, & l’action dont elle eft capable pour altérer fenfiblement la propre texture du verre, font bien démontrées , en expofant à un feu de réverbère des portions de zinc dans une cornue de verre; car après l’opé- ration , j'ai trouvé les endroits du verre en contact avec le minéral dépolis, prefque opaques, ternis & profondément colorés par diverfes couleurs : rien de femblable n'arrive au verre d'une cornue expofée feule au même degré de feu. DIE ISMMSTCNNIE IN CES: s s: "MT"T, Aion des Alkalis fixes [ur le Zinc. Mon objet étant d'examiner plus en détail fa manière dont les alkalis fixes non cauftiques , confidérés comme diffolvans , agiffent fur le zinc, ïl eft d'abord néceflaire d'expoler brièvement ce que d’autres Chimifles , qui ont recherché les mêmes eflets, difent avoir obfervé, afin que je puifle mieux déterminer en quoi mes.remarques s’accor- dent ou différent. Il ne s'agit ici que des procédés par la voie humide, car par la voie sèche, l'action des alkalis fixes fur le zinc n’eft ni douteufe ni équivoque. M. Pott s'exprime aïnfi d'une manière générique: Zincum vi humid& cum lixivio coélum nihil notatu dignum exfolvit (a). IL paroït pourtant convenir avec M. Hellot, vers la fin de la même Diflertation, mais en termes aufli génériques, que ces alkalis fixes en liqueur agiffent réellement un peu & à la longue fur le zinc. Ce que M. Malouin dit dans fes Mémoires fur ce minéral * eft conforme à ceci. Les obfervations, dont j'ai à faire part, différeront donc par une diftinction eflentielle, en ce que je maintiens que l'alkali fixe végétal & minéral purs & non cauftiques, n’ont abfolument aucune prife fur le zinc, par la voie humide, tandis que je démontrerai dans le paragraphe fuivant, que par la même voie, l’action diflolvante des alkalis fixes, rendus cauftiques par la chaux , eft très-marquée & affez prompte. Sur du zinc en limaille, je mis de l'alkali fixe végétal, réduit par l’eau diftillée en confiftance huiïleule; cette liqueur alkaline faturée, furnageoit le zinc de deux travers de doigt: après cinq ou fix jours de digeflion à une chaleur tempérée du bain de fable, elle fut un peu plus colorée; en l’agitant elie {e troubloit , devenoit louche, blanchâtre, & laïfloit (a) Pou, de Zinco. *Aunéer 743 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE enfuite dépofer une très-petite portion de chaux de zinc: le brillant métallique de la limaille ne paroïfloit pas encore bien fenfiblement altéré. Ayant décanté cette première liqueur alkaline , j'en verfai quatre onces de nouvelle ; je la fis digérer long-temps à une chaleur plus forte , en agitant le vaiffeau plufieurs fois chaque jour : après plus d'un mois de digeftion, il n’y eut pas plus d’altération marquée, peut-être même fut-elle moindre que celle qui a lieu par la feule action de l’eau fimple diftillée. Cependant, comme ces liqueurs alkalines s'étoient un peu plus colorées, je les filtrai, & après en avoir étendu une portion avec Peau diftillée, j'y verfai goutte à goutte lefprit de vitriol : il s’excita une vive effervefcence; mais nul atome de chaux de zinc ne fut précipité. La teinte jaune-foncé de la liqueur alkaline difparut entièrement. Les mêmes expériences, faites fur les fleurs de zinc, ne m'ayant pas fait remarquer d’autres eflets, je me crus bien fondé à conclure, que par la voie humide, les alkalis fixes non cauftiques, magiflent pas fur Îa limaille de zinc ni fur fes fleurs, & que la légère altération , indiquée par la petite quantité de chaux de zinc , qui s’étoit d’abord formée, dépendoit bien plutôt de Ia feule ation de feau, dont on connoît déjà le pouvoir pour opérer la calcination de ce minéral, que du feul alkali lui-même, puifqu’il ne fe charge d'aucune parcelle de zinc. Mais la même expérience , répétée avec l'alkali fixe cauftique, va préfenter des réfultats bien difiérens. se TT Aion des Alkalis fixes caufliques fur le Zinc. JE pris deux capfules de verre; je mis dans l’une demi- once de Îimaille de zinc & une once & demie d’alkali fixe végétal cauftique en liqueur très-faturée, comme left la leffive des Savonniers; dans l’autre, 1a limaïlle de zinc & Falkali fixe minéral cauftique, pareillement en liqueur très-chargée & en même proportion. | DIE SL SAUCE NICE S, Quelques inftans après avoir fait ces mélanges, laétion réciproque des fubftances fut démontrée par un mouvement qui s’excita, & qui fit développer beaucoup de bulles aëri- formes. Les vaiffeaux ayant été expofés à la chaleur tempérée du bain de fable, l'action & Îe mouvement peu de temps après devinrent plus forts, & il {e fit une vraie effervefcence, moindre à la vérité & moins foutenue que celle qui eft excitée par la pénétration diflolvante , telle que je l'ai fait connoitre, de l’alkali volatil dégagé par l'atkali fixe. L'action des deux diflolvans alkalins paroïffant épuifée après vingt-quatre heures, je décantai les liqueurs teintes & colo- rées en jaune-foncé fur le zinc, dont le brillant métallique n'exiftoit plus, & qui étoit brun; je verfai pareille quantité des mêmes diflolvans alkalins cauftiques : quelques inftans rès, les vaiffeaux étant toujours expofés à la chaleur douce du bain de fable , il fe fit une nouvelle effervefcence aufli vive que la première, mais qui dura peu: deux jours après, les diflolvans furent décantés, & j'en verfai enfuite fur le même zinc une nouvelle quantité; ïls agirent beaucoup moins. Les ayant ainfi renouvelés quatre fois, la dernière digef- tion fut long-temps continuée; il n'y eut ni mouvement fenfible ni dégagement de bulles aériformes : les liqueurs fe colorèrent moins, ®& la limaille de zinc, entièrement dé- pouillée de tout brillant métallique, eut alors l’afpe“t d'une chaux abfolue colorée en brun-foncé. Je filtrai toutes ces liqueurs alkalines qui avoient agi, & après les avoir fufflfamment étendues avec l'eau diftillée, elles furent éprouvées en y verfant peu-à-peu & par inter- alles l'efprit de vitriol; elles laifsèrent précipiter beaucoup de chaux de zinc, & il y eut une effervefcence très-marquée, ce qui prouve que falkali avoit perdu fon caraétère de cauflicité /b). (b) Lorfqu’on veut procéder dans | manquer d’étendre & d’affoiblir avec ces expériences avec la précifion & | l’eau diftillée les alkalis fixes caufti- l’exactitude requifes , & en tirer des | ques, qui ont été employés en liqueurs induétions juftes , il ne faut jamais | srès-rapprochées , ou dans l’état de 8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La chaux de zinc précipitée fut redifloute en verfant une furabondance du même acide: par l'évaporation, j'obtins avec du tartre vitriolé & du fel de Glauber un vrai vitriol de zinc. Sur un gros de fleurs de zinc bien blanches & bien fubtiles, je verfai une once & demie d’alkali fixe végétal cauftique en liqueur ; je fis le même mélange avec lalkali fixe minéral cauftique : pendant Ia digeftion , long -temps continuée à une douce chaleur, il n’y eut entre ces fubftances aucune aétion apparente ; elle fut démontrée abfolument nulle en verfant enfuite gouttes à gouttes fur ces liqueurs afkalines, filtrées & affoiblies par l'eau diftillée , lefprit de vitriol qui n’occafionna point de précipité, & ne fit nulle effervefcence. De toutes ces obfervations rapprochées, il réfulte : 1. Que les alkalis fixes cauftiques, le végétal & le minéral, employés dans un grand degré de concentration, font de vrais diffolvans du zinc par {a voie humide. 2. I paroït qu'ils l’attaquent d’abord & en partie par le latus du phlogiftique; en effet, leur action diffolvante n'a lieu que lorfque le zinc eft encore revêtu de fon brillant métallique, ou du phlogiftique fur lequel l’alkali cauftique agit d’abord; car lorfque le zinc eft réduit en chaux, & qu'il eft privé de fon phlogiftique, dès-lors l'alkali fixe cauftique n'a plus aucune action fur cette chaux, & n'éprouve lui- même aucun changement, aucune modification. .” On peut préfumer, que la diflolution de Ia limaiïlle de zinc par l'alkali fixe cauftique, s'opère auffi par le /atus de leffive des Savonniers, s’il s’agit de les éprouver par les acides , parce que je me fuis affuré que ces fels cauftiques, tant le végétal que le minéral, con- centrés, comme ils le font, dans la leffive des Savonniers, ou même en- core plus rapprochés en les réduifant prefque à ficcité , font toujours une petite effervefcence réelle avec l’efprit de vitriol, tandis qu’ils ne font jamais effervéfcens après avoir été étendus & afloiblis avec fuffhfante quantité d’eau diftillée. Ce fait important donne à connoître les erreurs aux- quelles on s’expoféroïit , en tirant certaines inductions des expériences faites avec les alkalis fixes cauftiques, fans les précautions & les attentions que j'indique. l'aix .. miEr SN ISN Cr A E NC US: 9 l'air fixe combiné ; en concours avec le phlogiftique, puif- qu'il y a un dégagement confidérable de bulles aëriformes. Or cette portion de gas aérien qui s'échappe pendant l’ébul- lition ou l’effervefcence ne fauroit être fournie par le diflolvant alkalin; puifqu'il eft aétuellement établi par un grand nombre de faits, qu'un fel alkali ne devient cauftique, que parce qu'il eft privé & dépouillé de l'air fixe qui y étoit auparavant com- biné. I faut donc admettre , que ce gas aërien eft dégagé du zinc mème où il fe trouve combiné comme une des fubftances conftituantes de ce minéral encore revêtu de fa forme métal- lique; & qu'en pañlant à l’alkali cauftique, qui le faifit & s’en impregne en vertu d’une plus forte affinité, il lui reftitue la propriété de faire effervelcence avec les acides, ainfi que je l'ai fait obferver. De plus, j'ai déjà dit, que la déflagration fpontanée , particulière au zinc, n'eft peut-être procurée que par ce même gas aërien plus abondant & plus difpofé dans cette fubftance à s'échapper avec le phlogiftique, quand on calcine le minéral pour le réduire en fleurs. M. Prieftley à extrait du zinc feul fans aucun intermède, un gas aérien inflammable, c’eft-à-dire, un combiné d'air fixe & de phlo- giflique /c). 4+ Si l'action de l'alkali volatil cauftique fur la limaille de zinc eft comme nulle, comparée à celle de l’alkali fixe cauftique concentré, il eft vrailemblable que cette diflérence remarquable dépend fur-tout du plus grand degré de con- centration du principe falin par fa réduétion en leflive des Savonniers ; car lorfque ce même alkali fixe eft afloibli par un mélange d'eau diftillée, il n'agit guère plus fur le zinc en limaille que l'alkali volatil cauftique le plus fort. (€) Les anciens Chimiftes , fans Beccher *, qui a fi bien imprimé dans être guidés par des expériences & des fes divers Écrits l’empreinte du génie, obfervations aufli immédiates que celles des modernes , avoient entrevu & admettoient des-lors ces gas aëriens dans la compofition des corps terreftres, & même des minéraux. Voici com- ment s'exprime à ce fujet le célèbre Mém. 1 777 & qui a fair un réfumé fr intéreffant de toute cette doctrine ancienne , en la rapprochant de fes propres idées : Aër congelatus vocatur , item aër corpo- rum , qui in generatione præfértinr mne- tallorum inhalat, exhalat &T corrnfar, T0 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE C'eft fans doute par la même raifon que l'eau de chaux, encore moins chargée d’un principe alkalin cauftique, n’agit fur le zinc que d'une manière à peine fenfible, Sa BE Aion de l’eau de chaux fur le Zinc. se QUELQUES inflans après avoir verfé de l'eau de chaux fur la limaiïile de zinc, je vis fe former & fe développer une très-grande quantité de petites bulles d'air, qui reftoient adhé- rentes aux molécules de zinc & aux parois du vaifleau, & que les fecoufles ni l'agitation imprimées à la liqueur ne détruiloient pas & ne faifoient pas difparoître; malgré le développement confidérable de ces bulles aëriennes, & la durée de la digeftion favorifée par une douce chaleur, la limaille de zinc perdit très-peu de fon brillant métallique ; je crus que je devois répéter cette expérience après avoir expolé la limaille de zinc dans une capfule de verre à un degré de chaleur, non pas tel que le zinc pût ètre calciné, mais affez fort pour détacher & pour chaffer l'air commun qui pouvoit être refté adhérent à la furface des molécules avec les vapeurs humides que latmofphère dépole fur tous les corps qu'il touche; par-là je prévenois une objection que je m'étois faite d’abord. Ayant ainfi difpofé préliminairement la limaïlle de zinc, l'expérience répétée différa peu de fa première relativement à l'apparition prefque inftantanée des bulles aëriennes fur les molécules de zinc par leur contaét avec l'eau de chaux; il faut avouer pourtant qu'il parut moins de bulles. è La même expérience tentée fur les fleurs de zinc ne fut fuivie de nul effet marqué , il ne parut point de bulles. Ces réfultats fembleroient indiquer, que l'eau de chaux attaque le zinc métallifé uniquement par le /atus du gas aërien inflammable, qui fait partie de ce minéral; mais que l'action exercée entre ces deux fubitances eft bien foible; puilque les bulles aëriennes, quoique très-nombreules , qui fe D'EGUIS ICT EUNUGUE NS. fr démontrent à la fürface des molécules du zinc, ne s’en déta- chent point, & que l'eau de chaux n’eft pas fenfiblement altérée, c’eft-à-dire, que la terre calcaire n’eft point précipitée. SAV: Examen comparé des flocons noirs féparés du zinc par Ja diffolurion completre dans l'alkali volatil en liqueur, dégagé par l'alkali fixe. JE me propofe ici d'examiner plus en détail les flocons noirs, qui reftent & fe précipitent après la difiolution totale que j'ai déjà décrite de la limaille de zinc dans l'alkali volatil, & fur lefquels la même liqueur alkaline ne paroït plus avoir de prile. Plufieurs Chimiftes, qui ont diffous par les acides le zinc métallifé, font mention d’une matière noirâtre toute pareille, qui, après l'entière diflolution du zinc par quelques-uns de ces acides, refte flottante dans Ja liqueur en forme de flocons, fe dépole enfuite & paroît épargnée. On ne s'accorde pas fur plufieurs phénomènes relatifs à cette fubftance féparée par ces acides. M. Hellot qui l'a examinée plus particulièrement s'exprime ainfi : « L’acide du fel & celui du vinaigre épargnent une matière noire, rare & fpongieule ; j'ai furvidé la diffo- lution (faite par l'efprit de fel) pour féparer cette matière { noire) non difloute, que j'ai édulcorée avec de l'eau chaude; elle a pris en féchant une couleur d'ardoïle; fur l'or & fur le cuivre, elle n'a donné aucun indice de mercure, quoiqu'il ait des Auteurs qui prétendent qu’elle en contient; aufli eft-elle trop légère pour qu'on puifle y en foupçonner ; j'en ai approché une petite portion de la lumière d'une bougie, elle sy eft calcinée fans brüler ; fur le charbon ardent, elle fe calcine de même, & rien ne s’en reffufcite en métal ; l'ef- prit de nitre & l'huile de vitriol {a diflolvent également ». * M. Hellot femble indiquer ici, que cette matière noire ._n'eft véritablement épargnée que par l'acide marin & par B ij * Voyez Méms de l'Académie, année 173 $s “ 12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Vacide nitreux diftillé. M. Pott avance au contraire, que Îes trois acides minéraux féparent du zinc cette matière noire, qui refte flottante dans la liqueur. Effectivement en répétant ces expériences, J'ai bien reconnu que tous les acides, en y comprenant même facide concret du tartre, féparent ces flocons noirs du zinc en le diflolvant; mais il m'a paru que chaque acide opère cet effet d’une manière plus ou moins marquée. Les flocons font les plus abondans dans les difolutions par l'acide marin ; on en obtient peu par lacide vitriolique, moins encore par l'acide nitreux. Or en compa- rant ces produits de la matière noire féparée du zinc avec celui qui rélulte de la difiolution complette opérée par lal- kali volatil, on trouve que ce dernier moyen en fournit le plus ; car quatre gros de limaille de zinc m'en ayant toujours donné à très-peu-près, en répétant la même expérience, vingt-quatre grains, & deux gros ayant fourni douze grains, c'eft un douzième épargné fur le poids total. Quelle eft donc cette matière fingulière? Rappeler fim- plement fur fon caraétère mercuriel l'opinion des Chimiftes dont parle M. Hellot, c'eft la réfuter fuffifamment, fans qu’il foit befoin d’autres preuves. Quelques-uns ont avancé, que cette poudre contenoit du foufre /4) ; il eft vraifemblable , que ceux-ci confidérant d’abord linflammabilité du zinc, voyant enfuite la matière noire refter feule & intacte après la deftruction totale du minéral par l'äcide, & négligeant fans doute tout autre examen ultérieur, ont jugé fur ces pre- mières apparences, qu'il s’étoit féparé une fubitance inflam- mable, un vrai foufre. Nous venons de voir par les effais qu'en a faits M. Hellot, que ces flocons noirs n’offrent abfo- lument rien qui puifle y faire foupçonner du foufre ni rien d'inflammable. Immédiatement après M. Hellot, M. Pott a dit: Completum Julphur zinco non ineffe patet, quia nec per oleum, nec [al alcali tale quid extrahitur; & ailleurs : Su/phur (@ Voyez dans la traduction françoife des Œuvres de Henckel , une noté ajoutée au texte du Traité qui a pour titre: Æora faturnifans, page 280, D'MASOSTONIIE IN CHE Ts. 13 completum quod acidum vitriolicum contineat ex eo demonflrari nequit ( Pott, de zinco ). J'ai répété toutes les expériences tentées par M. Hellot, pour examiner de même la matière noire que l'alkali volatil épargne également, elles ont eu de pareils rélultats; ce qui prouve l'identité de tous ces flocons noirs, de quelque manière qu'ils foient extraits, & de plus leur nature terreufe & réfractaire. Quelle eît enfm cette efpèce de terre ainfi colorée? Au premier coup-d'œil, on pourroit préfumer qu’elle eft ferru- gineufe ; mais les preuves décifives pour conftater la préfence du fer, fe font conflamment refufées aux divers effais que j'ai tentés fe). Lorfque l’alkali volatil a complétement diffout le zinc, & qu'il ne refte plus que les molécules noires épargnées & flottantes dans la liqueur ; j'avois obfervé, que la noirceur abfolue de ces flocons, fouflroit elle-même une altération ultérieure bien fenfible, c’eft-à-dire, qu'ils finif- po (e) En raifonnant à priori ou par de fimples inductions tirées de la théorie, on fe croiroit d’abord affez bienautorifé à admettre dans le zinc une fubitance ferrugineufe , dont la matière noirâtre pourroit participer. 1.° Les Minéra- lopiftes conviennent que les fubftances d’où l’on extrait le zinc , participent du fer, & les Chimiltes très-exercés , affurent que le fer, dont l’affinité paroît comme nulle quand on veut le mêler en grandes proportions avec le zinc, s’unit pourtant fort bien avec ce miné- ral, y adhère, & y eft retenu très- intimément lorfqu’il n’y entre qu’en petite quantité. M. Port a publié fur ceci, dans fa Differtation fur le Zinc, uelques expériences intéreffantes qui fi font propres. 2.° L’exiftence réelle du fer dans le zinc eft admife par quel- ques célèbres Chimiftes , & fur-tout par Henckel , que je me bornerai à citer. Voici comme il s’exprime dans une de fes Differtations particulières fur le zinc. « 1 eft très-probable, dit-il, que lefer eft l’inftrument de Ja « formation du zinc, & peut-être un « inftrument qui lui refte en quelque « façon uni, & non pas un inflrument «e feulement préparatoire , & qui fe « fépare enfuite» {Œuvres de Henckel, traduction françoife , p. 495 êT 496), Il en donne une preuve dans fa Pyri- thologie, par un fait qui lui appartient (page 176). Il affirme encore qu’on peut faire avec le zinc & le fer une efpèce de régule, qui reflemble à de largent, qui eft duétile & malléable, quoique très-dur , & que l’aimant attire avec aflez de force. Voilà fans doute des motifs pour admettre l’exif- tence dé quelques portions de fer dans le zinc. Maïs malgré ces préfomptions, fi l’on procède enfuite par la voie plus immédiate & plus direéte de l’analyR, on trouve que dans le zinc bien pur, aucun eflai, s’il eft fait avec toutes les précautions requifes , ne peut deceler ni manitelter la préfence du moindre atome ferrugineux, 14 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE foient par fe dépoler fous la forme d'une poudre de teinte ardoiïfée. Or ces flocons d'abord très-noirs, quand ïls font encore fufpendus dans le diflolvant, m'ayant fait préfumer, qu’en les faififfant en cet état, & fans attendre leur déphlo- giftication ultérieure quand ils fe précipitent, il pourroit peut- être réfulter alors de leur examen quelque nouvelle lumière fur leur nature, je répétai l'expérience de la diffolution com- plette de la limaille de zinc par lalkali volatil; & lorfqu'il ne refta plus que la matière noire encore flottante, je filtrai tout de fuite la liqueur, qui laïfla & dépofa cette matière fur le filtre; en féchant lentement & avec précaution, elle perdit également la teinte noire, & devint ardoifée, comme l'autre matière qui fe précipite d'elle-même après la difolution com- plette ; je n'y trouvai non plus aucune différence par les effais que j'en fis; l’une & l’autre ne me parurent être qu'une même terre abfolument réfraétaire. Sur différentes portions de cette matière noirâtre, je verfai féparément différens acides ; chacun en particulier fit eflervef- cence, mais plus ou moins; l'acide vitriolique & le nitreux agirent plus vivement; ces diflolvans firent difparoître & ab{or- bèrent prefque en entier les portions de la poudre foumife à leur action : pendant la diflolution, il parut encore dans la liqueur quelques atomes noirs, flottans, dont il ne fut plus poffible de tenir compte; fur ces liqueurs chargées de la matière difloute, & étendues avec l’eau diftillée, je verfai quelques gouttes d'huile de tartre, qui occafionna fur le champ un précipité blanc : ceci démontre que la matière noirâtre extraite du zinc par l’alkali volatil & épargnée, contient encore des molécules folubles par les acides, & comme ïl eft auffr prouvé par les eflais que cette même poudre n'eft ni inflam- mable, ni fufible, ni réduétible en aucune efpèce de fubftance métallique, il y auroit lieu, ce me femble, de la confidérer comme une efpèce de terre purement abforbante, profon- dément colorée par du phlogiftique, qui lui refte intimément uni, & qui peut-être la mafque & l'enveloppe affez pour la garantir en partie de l'aétion plus foible de l'acide marin LB ES SD CITIE NI CEELS. 1$ & de Facide acéteux, tandis que les acides nitreux & vitrioliques plus énergiques l'attaquent & la détruifent. Or comme je me fuis afluré que ces eflets ont lieu fur Ja matière noirâtre extraite du zinc par lalkali volatil, ainfi que fur celle qui eft épargnée du même minéral diflout par lacide marin & par le vinaigre diftillé, conformément à la remarque particulière de M. Hellot, déjà rapportée : c'efl une nouvelle preuve que cette matière, extraite par l'un & l'autre procédé, eft en tout femblable ; mais malgré les expériences & les recherches fur {a nature & fur fon caraétère, il refte des doutes & des difhicultés, que j'avoue ne pouvoir réfoudre d'une manière plus fatisfaifante & plus décifive. Si VUE Aion de l'eau fimple fur la Chaux de Zinc. J'ai parlé; dans le premier Mémoire, de l'effet que l’eau feule produit fur le ziné, en le dépouillant de fon phlogif- tique & le réduifant en chaux: je vais, dans c: paragraphe, faire connoître une nouvelle altération que l’eau feule opère auffi fur les fleurs de zinc, en changeant d'une manière aflez fingulière leur couleur, & en leur imprimant à volonté & conftamment deux teintes très-différentes. Je pris la chaux ou les fleurs de zinc les plus fubtiles, c'eft-à-dire celles qui par l'effet de la déflagration fpontanée, s'élèvent fur la furface du minéral en fufion, & que l’on appelle laine ou coron philofophique ; ; les ayant miles dans un filtre de papier blanc en forme d’entonnoir, jy verfai de Veau diflillée qui les affaiffa; lorfque l'eau eut entièrement pallé, je la reverfai fur les EUR la cohobation & {a filtra- tion de l’eau furent réitérées un grand nombre de fois : par l'effet de ces lotions, la furface des fleurs de zinc encore humeétées & pénétrées d’eau, paroît d’un blanc éclatant; mais en dérangeant un peu la première couche, tout le refte de la mafie fe trouve coloré d’un beau bleu : cette couleur, dont la teinte augmente fenfiblement en réitérant là fufion & 716 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la filtration de l'eau, fe foutient & refte bien apparente, tant que la male eft encore humide; mais en la laïffant fécher, peu-à-peu elle perd la teinte bleue & devient d’un jaune fale, comme il arrive aux fleurs de zinc ordinaires quand, après leur préparation par la déflagration, on leur fait fubir enfuite dans un creufet une nouvelle calcination. On ne peut, ce me femble, attribuer le développement de ces couleurs qu'à une portion de phlogiftique, dont Ia chaux de zinc refte profondément pénétrée, & qui devient plus apparent par l'effet de l'intus-fufception de l’eau dans les molécules. On va voir, dans l'expérience fuivante, à peu- près les mêmes effets & par des caufes femblables. Voulant préparer Îa chaux azurée de Kefpour, Artifte fameux par la fingularité de fes procédés, & dont j'ai parlé dans le premier Mémoire fur le zinc, je mélai deux parties de chaux vive pulvérifée avec une partie de fleurs de foufre ; ce mélange, renfermé dans un creufet couvert, reçut au milieu des charbons embrafés un coup de feu affez fort dans un fourneau de réverbère. La matière, après cette opération, parut jaunâtre, & quand elle fut bien pénétrée d’eau, il S'y développa une teinte bleue; elle exhaloit une odeur de foie de foufre, effectivement ce n’eft ici qu’une elpèce de foie de foufre terreux imparfait. Or, il paroït par ces remarques rapprochées, que de pareilles caufes déterminent ces phénomènes refpeétifs de changement de couleur, par la feule ation de l’eau dans fes deux matières différentes. SUV IUT Aion de l'acide acéreux [ur le Zinc. + On fait que le zinc eft foiblement attaqué par le vinaigre; & par le même acide acéteux diftillé; avec cette différence pourtant, que le vinaigre ordinaire chargé de tout ce qu'il a pu difloudre ne fournit par l’'évaporation qu’une efpèce de magma extractif nullement capable de criftallifer ; au lieu qu'avec DES: C FE HN CES 17 u’avec le vinaigre diftillé, on obtient des criftaux affez fem- blables à des parcelles de mica. Soupçonnant que le vinaigre fortement concentré par la gelée auroit peut-être plus d'action fur le zinc, j'employai ce diflolvant; mais je le trouvai auffi _peu énergique que le vinaigre ordinaire; en déterminant la quantité du minéral, qui avoit été diffoute par lun & par l'autre. La railon en eft, ce me femble, qu'à mefure que Facide a été plus concentré par l'effet de la gelée, il eft auffi plus rapproché de la matière huileufe & extraétive, qui le mafque, l'enveloppe & l'afloiblit en même proportion. Douze onces de vinaigre diftillé, m'ont à peine fuff pour difloudre complètement, à l'aide d’une douce chaleur, deux gros de limaille de zinc; il n'y eut qu'une bien foible effer- vefcence; par lévaporation , j'ai obtenu le fel talqueux déjà connu, il a une faveur fucrée & légerèment acerbe. Pour-examiner plus particulièrement ce fel, & rechercher l'action de l'acide acéteux pur dans un plus grand degré de concentration, je procédai à la diflolution du zinc par le vinaigre radical. Deux gros de ce minéral en limaille furent très-bien & aflez promptement diflous par fix gros du dif folvant, & avec une vive effervefcence; la liqueur après Ia diflolution eft rougeâtre, elle fournit un fel talqueux, qui étant bien égouté fur le papier gris, devient blanc, argenté, brillant, & tout pareil par les apparences au fel acéteux mercuriel. Enfuite fur deux gros de fleurs de zinc bien fubtiles, je verfai une once du même vinaigre radical; dans l'inftant du melange, il fe développa une chaleur forte, & qui augmenta beaucoup en agitant le vaifleau; alors les deux matières parurent fe pénétrer & s'unir davantage, & ne formèrent plus qu'un magma épais & blanc, mais fans aucune effervefcence fen- fible. Ayant ajouté une once d’eau diftillée, quantité pareille à celle du diffolvant d’abord employé, le magma devint fur le champ très-fluide, tranfparent, fans couleur, & toutes les fleurs de zinc parurent parfaitement bien difloutes ; cette liqueur donne les mêmes criftaux de fel talqueux & argenté : ce fel, que j'expofai feul dans une cornue de verre à un feu de Mém. 1777. C 18 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE réverbère, fut fublimé en entier, en laiffant pourtant un petit fédiment noirâtre dans le fond du vaiffeau; il n’eft ni altéré, ni décompolé par cette fublimation ; il n’en devient que plus pur, plus argenté & plus éclatant. H paroît donc que l'acide acéteux radical, qui, par fa nature & par certains caractères, a plus d’analogié ou de fimilitude avec l'acide marin qu'avec les autres acides miné- raux, s’en rapproche encore ici davantage par Îa propriété qu'il a de donner des ailes, ainfr que s'exprime Boërhaave à l'égard de l'acide marin, ou de volatilifer quelques fubf- tances métalliques fous une forme faline. La diflolution du fel de zinc acéteux radical ne s'opère pas plus complètement dans l’efprit-de-vin que celle du fek de zinc préparé avec l'efprit de vinaigre ordinaire; lune & Vautre reflent louches, fans néanmoins que la chaux du minéral fe précipite : elles donnent en brülant une belle flamme d’un vert jaunâtre ; & fur la fin de Finflammation, il fe fait une décrépitation bruyante. Ces deux mêmes fels font parfaitement bien diffous par l'eau diftillée, & l'on peut étendre autant qu'on veut la diflolution fans qu'elle devienne louche, SUONVLETEÉ Sur / ufage médicinal du Zinc. Le fel de zinc acéteux & le fel de zinc tartareux, dont j'ai parlé dans le quatrième Mémoire, peuvent être affimilés au fel de faturne & à l'extrait tartareux du même métal avec lequel on fait eau vegeto-minerale de Goulard. Quel- ques expériences que j'ai faites, mais qu'il feroit à propos de répéter & de multiplier, m’ont appris que l'un & l'autre fel de zinc, employés comme topiques après leur diflolution dans quelqu'eau diftillée appropriée , font réellement plus efficaces à raifon de leur état falin, que les feules fleurs de zinc, pour cértaines maladies des yeux, où les déterfifs & les toniques font indiqués; pour plufieurs autres maux externes, où l'on fe fert aétuellement avec fuccès de l’eau vegero-minerale DES SCcitENCESs. 19 de Goulard; le {el acéteux de zinc, beaucoup mieux foluble dans l'eau, peut-être pourroit-il lui être fubftitué avec avantage? Au refte, je ne penfe pas que le zinc, confidéré comme remède interne, doive être admis de même dans la matière médicale. Cependant quelques Médecins, à la tête defquels il faut mettre M. Gaubius, célèbre Médecin Hollandois, prétendent, en fe fondant fur des épreuves qu'ils ont faites & qu'ils rapportent, que les fleurs de zinc ont une vertu fngulièrement fédative dans certaines affections convulfives : mais j'avoue qu'après avoir moi-même eflayé d'employer ce médicament dans diverfes circonftances, & en variant les dofes, je n'en ai obtenu aucun effet fatisfaifant. J'ajoute qu'un Médecin, chargé par fa place de foigner un grand nombre de malades de tous états & de tout âge, après avoir adminiflré plufieurs années de fuite les fleurs de zinc, dans beaucoup d'accidens convulfifs, & même à des dofes plus fortes qu'elles n'avoient été employées par M. Gaubius, m'a afluré ne leur avoir point reconnu cette propriété fédative fupérieure a celle des médicamens ordinaires auxquels on attribue cette vertu. Quelquefois les accidens ont paru diminuer un peu; mais doit-on attribuer cet effet aux feules fleurs de zinc? ne fait-on pas que ces maladies, très-irrégulières dans leur marche, font fujettes à des variations & à desrémiffions bien marquées, même fans faire ufage d'aucun remède? Pour prononcer d’une manière certaine fur l'action pofitive de ces fortes de médi- camens, il faudroit des effets conftans, foutenus & beaucoup mieux caractérifés : rien de tout cela ne s’eft démontré, En même-temps, il convient d’avouer que l'ufage interne des fleurs de zinc ne nous a point paru occafionner d'accident ni de fymptôme fâcheux ; quelques perfonnes feulement, après en avoir pris, fe font plaints de maux de cœur, mais qui ne duroient pas & ne laïfloient point de trace. M. Hellot, de cette Académie , redoutoit beaucoup les effets du zinc fur le corps humain; il avertit de s'en garantir comme d’un mixte très-dangereux ; il s’autorife d’un accident grave, qu'il me dit lui-même avoir éprouvé pour avoir préparé beaucoup 1] 20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de fleurs de zinc, & refpiré dans fon laboratoire un air chargé des miafmes de ce minéral ; car on fait que les déflagrations répétées du zinc embrafé, quand ïl fe réduit en fleurs, répandent dans l'air une grande quantité de molé- cules, où elles reftent long-temps flottantes, & dont on eft expolé à refpirer une portion , quelque précaution qu'on prenne : M. Héllot reflentit une fuflocation & une toux violente, qui durèrent plufieurs jours. Mais il faut remarquer, que M. Hellot étant afthmatique , toufloit habituellement, & qu'il avoit la refpiration courte & gênée, ce qui doit faire préfumer qu'il a été beaucoup plus affecté , relativement à -ces circonftances, que par l’impreflion délétère des vapeurs du zinc ; car en oppolant mon propre exemple à celui de M. Hellot, je puis affirmer, qu'en préparant plufieurs fois des fleurs de zinc en aflez grande quantité, les vapeurs que j'ai refpirées, fans ménagement, ne m'ont jamais caufé d’autre incommodité fenfible qu’une toux paffagère & peu durable. H paroïit donc réfulter de ces faits rapprochés, que fi la chaux de zinc, prife intérieurement, ne fauroit être regardée comme un remède réellement efficace, on ne doit pas non plus la regarder comme fort dangereufe ; apparemment elle le deviendroit étant de même adminiftrée fous forme faline, car M. Hellot rapporte que M. Groffe & fon neveu, après avoir avalé un peu de leur falive imprégnée de quelques parcelles difloutes du fel acéteux de zinc, dont ils vouloient bisn goûter la faveur fucrée, reffentirent beaucoup de naufées & de fortes coliques : ce même fait, qui dans le temps me fit aufli affirmé par M. Grofle lui-même, exige fans doute qu'on y ait égard , & femble devoir fixer l'opinion qu'il convient d’avoir fur l'ufage du zinc, comme remède, en Île bornant , ainfi que le plomb , aux maladies externes ; & même dans ce cas, il eft à defirer que par des obfervations exactes & plus multipliées , fes effets foient encore plus recherchés & mieux conftatés. LA Ta DAMES IG NCLISE NN IC 'EUS, 21 HE AT OL PSE Sur la déféription des Nerfs de la feconde &7 troïfième Paire cervicale (a). Pan VTC On A7 v 8 : 14 ue que Euftachi, Willis, Vieuflens & Winflow ont publié en difiérens temps, chacun un fyftème complet de Névrologie, il femble que les Anatomiftes fe difpofent à un nouveau travail, & qu'ils defirent une defcrip- tion plus détaillée des nerfs du corps humain, dans laquelle leurs principaux ufages foient expliqués par leurs communi- cations nombreufes. Nous avons déjà quelques pièces pour fervir à cet ouvrage; la ftruéture des ramifications nerveufes qui {e diftribuent dans les organes des fens, a été developpée par plufieurs Phyficiens. Walther, Senac & M. de Haller ont bien décrit le nerf intercoftal, & en particulier les plexus du cœur; les derniers nerfs cervicaux qui fervent principa- lement à former les grands plexus du bras & les nerfs du baflin , ont été foigneufement décrits par M. Camper. Mekel s’eft occupé avec le plus grand fuccès de la cinquième & de la feptième paire du cerveau; la ftruéture de [a moëlle épinière a été expolée fort au long par Hubert; & celle de la première paire cervicale, autrement appelée la dixième paire du cerveau, Ya été par le Docteur Alche, & depuis par M. Sabatier. … C'eft dans les mêmes vues, & pour exécuter une partie ‘de ce plan, fur lequel plufieurs Anatomiftes ont déjà travaillé, que je me fuis propolé de décrire les deux paires de nerfs EP. (4) On doit être prévenu que le nerf connu par quelques Auteurs , fous le nom de Dixième paire du cerveau, eft regardé fuivant notre manière de Compter , qui eft aufli celle de M. de Haller & de plufieurs Modernes, #Æomme étant la première paire cervicale. Lû le 12 Juillet 1777: _ 22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui fe trouvent au-deflous de la précédente. Les difficultés que j'ai toujours éprouvées dans {eur diffeétion, le grand nombre de leurs rameaux, le peu d’exactitude, & fur-tout de méthode des defcriptions qui en ont été faites, & dont les unes m'ont paru trop courtes, & les autres infidèles , font les principales raifons qui m'ont déterminé à entreprendre cet ouvrage. Les deux Diflertations que Mekel a écrites fur les nerfs, lui ayant mérité approbation de tous les Savans, j'ai cru devoir me Îles propoler pour modèle; elles font toutes les deux divifées en trois Parties; dans la première, il expofe le fentiment des meilleurs Auteurs, relativement au fujet qu'il traite, & il offre le tableau chronologique des découvertes qui y ont quelque rapport ; la feconde et confacrée à la def- cription des branches nerveufes; dans la troifième leurs ufages {ont expliqués par la férie des phénomènes qui peuvent avoir quelque liaifon avec eux: j'ai fuivi en tout le même plan dans ce Mémoire. PREMIÈRE PARTIE. Ox ne trouve dans les Livres d'Hippocrate, rien qui mérite d’être rapporté fur les deux paires dé nerfs qui font lobjet de ce Mémoire. Quoique Galien furpafle à cet égard plufieurs de ceux qui ont écrit depuis lui, il ne les décrit pas avec la même exactitude qu’il a mife dans plufieurs autres endroits de fes ouvrages; après avoir expliqué la manière dont les trous font formés entre les vertèbres; il fe contente de dire que la feconde paire fpinale {ort entre le premier & le fecond fpondile, & fe diftribue aux mufcies qui fervent à leurs mouvemens & à ceux de la tête fur l'atlas. La defcription qu'il fait de la troifième paire eft plus detaillée; fuivant lui, plufieurs de fes branches fe ramifient dans les muicles des joues & dans les extenfeurs de la tête; quelques-uns fe portent le long du cou, & fe joignent avec ceux de la feconde & quatrième paire; enfin il en eft d’autres qui fe perdent dans — DES 4 S4C ILE. NC Es, 23 les mufcles du cou & de la tête, & dans la partie poftérieure de Ia région auriculaire, Les defcriptions qui en ont été faites par les Arabes, font bien inférieures à celles de Galien ; plufieurs ont même ab{o- lument oublié ces nerfs dans {eurs ouvrages. Inutilement encore, on confulteroit les Anatomiftes des x111.° & x1v.° fiècles , à peine en trouve-t-on les noms dans Mundinus, dans Achillinus & dans Alexander - Benedictus. Charles Étienne eit le premier qui, depuis Galien, ait parlé de ces nerfs avec une certaine précifion; cet Anatomifte traite dans un chapitre particulier, dés paires cervicales ; il rapporte la defcription de Galien qu'il commente, & il décrit deux rameaux fournis par la feconde paire fpinale, & qui fe diftribuent, l'un aux mufcles qui font au-deflus de la pre- mière vertèbre, l'autre à ceux de la mâchoire, & à ceux qui font fitués aux environs de l'os pierreux. La troifième paire a aufii felon lui deux rameaux: l’un eft antérieur & fe porte vers le bas de la région cervicale, l'autre fe divife dans les mufcles poftérieurs ; il remarque que la première & la feconde paires naïflent plus en arrière que les fuivantes, & dans fes planches les rameaux qui montent à la tête font aflez bien exprimés. Nicolas Mafla, qui vivoit dans le même temps que Charles Étienne, n’a pas décrit les nerfs du cou aufli bien que ce dernier ; & tous deux ont été furpaflés par Véfale, dont le Livre parut quelques années après : cet Auteur décrit les nerfs du cou fort au long ; ce qu'il dit fur la manière dont la feconde paire fort entre la première & la feconde vertèbre eft de la plus grande exactitude ; à fa fortie, elle fe divile en deux rameaux; le premier fe porte vers les mufcles anté- rieurs du cou; le fecond qui eft le plus gros, fe joint avec un rameau de la troifième paire, & tous deux fe diftribuent à la peau qui eft derrière les oreilles, jufqu’au vertex & dans les troifième & quatrième mufcles de la tête. La troifième paire dès fa naïflance fe fépare en deux branches; lune fe diftribue poftérieurement dans les mufcles du dos & de Ia 24 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE tête, & fur les côtés de la région cervicale ; l’autre fe fubdi- vife en quatre nerfs, dont le premier fe porte vers le fecond mufcle du cou; le fecond fe joint à la quatrième paire, le troifième à la feconde, le quatrième fe termine dans le rele. veur de l’omoplate, & dans les mufcles qui s’insèrent aux apophyfes tranfverfes; enfin leur naiffance & leur divifion font aflez reconnoiflables dans les planches que cet Auteur a publiées. Dépuis cette époque jufqu'à Willis, lhiftoire des nerfs & des vifcères a été très-négligée; il femble que l'on ait oublié les travaux de Charles Étienne & de Véfale : Ambroife Paré paroït cependant avoir confulté ce dernier, au moins la planche qu’il donne de ces nerfs reflemble beaucoup à celle de cet Anatomifle, mais la defcription qu’il en fait eft moins exacte; il dit feulement, que chacune de ces paires a deux rameaux, & que ceux de la feconde, unis avec un rameau de fa troifième, vont au cuir chevelu & aux mufcles pofté- rieurs du cou: nous obferverons que fa manière de compter les paires cervicales eft particulière ; il n’en admet que fept, quoiqu'il compte la dixième pour la première, parce que la première paire dorfale ou du métaphrène fort, felon lui, entre la feptième vertèbre du cou & la première du dos. Colombus, dont ouvrage a été publié quelques années avant celui d'Ambroife Paré, décrit des rameaux qui, de la feconde paire fpinale, vont à l'oreille , à la peau du çou & au cinquième mufcle du larynx à côté de la dent ou feconde vertèbre ; il ajoute que la troifième paire fe divile en quatre branches principales & en plufieurs autres plus petites ; fa defcription , qui eft fort fuccinéte , femble être un abrégé de celle de Véfale; mais on ne peut lui refufer a gloire d’avoir connu les principales branches de {a troifième paire cervicale, c'eft au moins ce que l’on peut conjeéturer ; & d’après fa defcription & d'après ce qu’il dit en finiffant, avec une forte d’enthoufafime : Adeo pulcherrima eff hujus tertié nervorum conjugii diffributio. | Depuis Colombus jufqu'à Dulaurent, il s'eft pañlé plus de la D'ErSNSECATNE N'C'ENS. 2$ de la moitié d’un fiècle fans que lon ait avancé l'hiftoire des nerfs du cou ; on n’en oblerve que les troncs dans les planches d'Euftache ; & fi l’on confulte Fallope, Vidus- Vidius, Volcherus Coiter, Piccholmini & Gafpard Bauhin, on trouve que prefque tous, ou n'ont fait que les nommer, ou que, comme Dulaurent, ils fe font contentés de dire que plufieurs rameaux de la feconde paire, vont à l’occiput & à la face, ce qui n’eft pas tout-à-fait conforme à la ftructure anatomique de ces parties, & que ceux de la troifième paire fe diftribuent dans les extenfeurs & dans les fléchifleurs du cou. Les Anatomiftes qui ont écrit dans le commencement du xvur.” fiècle, n'ont pas été plus exads : Riolan & Courtin parlent d’une manière très-vague de quelques nerfs qui vont à la tête & au cou: Spigel, Thomas Bartholin, Weflingius & Wanhorne méritent le même reproche. Die- merbroëck décrit les paires cervicales fupérieures avec un peu plus de méthode ; fur-tout il développe très-bien 1a naïflance & la fortie de ces nerfs; mais Willis eft le premier qui ait donné une planche dans jaquelle on voit, d’une manière fatisfaifante , les filets qui les compofent dans le canal des vertèbres, leur communication latérale avec l’inter- coftal, & plufieurs rameaux mufculaires dans leur véritable fituation. IL étoit réfervé à Vieuffens d'ajouter beaucoup aux connoif. fances que l'on avoit avant lui {ur les deuxième & troifième paires fpinales; cet Anatomifte admet la dixième paire du cerveau , établie fur-tout par Willis, & c’eft la feule des paires fpinales qu'il décrive ; il fe contente de préfenter les autres dans fes planches, dont la netteté & la précifion rendroient , dit-il, tout autre détail fuperflu. Dans 1a vingt- troifième, on voit la première paire cervicale qui, conjoin- tement avec un rameau de a feconde, fe diftribue dans les mufcles obliques fupérieurs & inférieurs de la tête; un autre rameau fe joint à une branche de la cinquième paire, & fe porte vers la langue, ce qui n'eft pas exact. Dans la vingt- quatrième planche, on aperçoit les principaux rameaux de Mém. 1 7771 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ja feconde paire cervicale qui y font préfentés avec beaucoup d'étendue: on reconnoît ceux qui fe difiribuent à l’occiput, à l'oreille, à la parotide & au trapèze, de forte que cet Auteur eft le premier qui ait bien prélenté les rameaux fcapulaires, les auriculaires & des parotidiens. Werréhien qui a écrit fur la fm du dernier fiècle , 1& quelques années après Vieuflens , n’a point profité des planches de ce dernier, à peine fait-il mention de deux ou trois rameaux de ces nerfs, & Heifter, quoique beaucoup plus court, eft pour le moins auffi exaét. D'après ces recherches , les Anatomiftes ‘qui ont décrit avec plus d’exactitude les nerfs fupérieurs du cou, font, avant le feizième fiècle, Galien; dans le feizième fiècle, Charles Étienne & Véfale; dans le dix-feptième, Willis & Vieuflens: mais c’elt principalement dans le nôtre que la diflection & la defcription de ces nerfs ont été faites avec le plus de {oin, & Von peut dire que Winflow furpañle à cet égard, comme à beaucoup d’autres, un grand nombre de ceux qui l'ont précédé. Cet Anatomifte décrit quatre rameaux qui naifient de la première paire cervicale ; Îe premier remonte fur la racine de Fapophyle tranfverfe de l'atlas pour fe’joindre à Ja dixième paire; le fecond , conjointement avec un rameau de la feconde paire cervicale , fe porte vers l'occiput; un troifième s’unit encore à la deuxième paire; le quatrième fe termine dans le fplénius; dans la diftribution de la deu- xième paire , il compte fix rameaux principaux , Fun fe joint à la troifième & donne un filet qui s'unit inférieure- ment à la neuvième paire du cerveau; le fecond fe confond avec l'accefloire ; un troifième fe porte vers l'occiput ; un quatrième eoncourt à la formation du diaphragmatique ; le cinquième remonte vers l'oreille & la parotide ; le dernier fe difiribue vers la partie antérieure du cou. Depuis cet Anatomifte , on a fuivi plus fcrupuleufement quelques-unes des branches de la troifème paire fpinale. M. de Haller & Mekel, ont décrit aflez au long les nerfs de Foreille & de la parotide ; & le dernier, dans fon Mémoire p'evs.: S C1 E N_C-E & 27 fur les nerfs de la face, a fait mention des rameaux fupé- rieurs du foufcutané du cou. Enfin, M. Sabatier a décrit avec foin, dans l’Anatomie qu'il a publiée dernièrement, les principales branches de ces nerfs; & s’il eût été dans le plan de fon Ouvrage, d'en donner une defcription très-étendue , nous fommes bien perfuadés qu'il n'auroit rien laiflé à defirer à cet égard. Que refte-t-il à faire maintenant, relativement à l'expofi- tion anatomique des deuxième & troifième paires cervicales! Sans doute elle eft fufceptible d’être perfectionnée, comme la defcription de plufieurs autres nerfs l’a été depuis Winflow ; mais en quoi confifte ce degré de perfection? Tout le mérite des détails anatomiques eft celui de l'exaétitude : {a deuxième & la troifième paire cervicale feront donc mieux connues qu'elles ne l'ont été jufqu’ici, fi l’on en fuit toutes les divifions jufqu'au lieu où elles paroïffent fe terminer; fi l'on décrit plu- fieurs ramifications auxquelles on n’avoit point fait affez d’at- tention ; fi lon ne néglige aucune de leurs communications ou de leurs entrelaffemens; fi on détermine leur pofition refpective affez exactement pour qu'il foit facile de les trouver dans la diflection ; f: on donne à leurs principales branches des noms qui foient relatifs aux parties dans lefquelles elles fe divifent ; fi enfin, en aidant ainfi a mémoire, on rend en même temps l'adminiftration anatomique de ces nerfs plus facile, & leur hiftoire plus complète, c'eft ce que je me fuis propofé de faire dans la feconde partie de ce Mémoire, SECONDE PARTIE. Defcriprion de la feconde Paire cervicale. La feconde paire des nerfs cervicaux eft comme les fui- vantes, formée par deux plans de filets nerveux, dont lun efl antérieur & l’autre poflérieur ; on compte ordinairement cinq ou fix filets dans ce dernier; autre eft plus arrondi, les cordons merveux qui le compofent m'ont paru moins D à 28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nombreux : la principale différence que l’on obferve dans fa naiflance de la feconde paire, c'eft que les filets qui la com- pofent font beaucoup plus obliques que ceux des nerfs cer- vicaux inférieurs; c'eft de la réunion de ces deux plans que réfulte le tronc principal du nerf; à leur fortie du conduit fpinal, ils communiquent enfemble pour former un ganglion arrondi & aflez confidérable, qui eft placé latéralement entre les deux premières vertèbres & un peu en arrière. Le tronc de la feconde paire cervicale eft donc fitué derrière les apo- phyfes tranfverles, mais il ne pafle point par un trou parti- culier comme les autres paires cervicales. Du ganglion dont nous avons parlé, & que l'on trouve au-deffous de l’apophyfe tranfverfe de la première vertèbre, fortent deux gros nerfs, dont l'un eft placé en devant & Tautre en arrière: ce dernier paroît être la continuation du tronc qui le fournit; dès fa naiflance , il donne un filet qui fe difribue dans la partie la plus élevée du mufcle angulaire; - il fournit auffr quelques rameaux aux mufcles obliques pof- térieurs de la tête, & il fe divife en deux branches, dont le volume eft très-différent ; la plus confidérable eft placée au- deflous du complexus, & elle s'étend obliquement jufqu'à Focciput fur lequel elle fe ramifie. Quelques-unes des divifions de ce nerf fe dirigent vers K partie poftérieure de la région temporale, où elles don- nent au crotaphite des rameaux qui communiquent avec les nerfs temporaux de la feptième paire; d’autres pénètrent l'é- paiffeur des mufcles, & fe joignent au fous-occipital; plufieurs s'élèvent en fe portant fur la convexité du crâne, & vont au-devant des dernières ramifications du nerf frontal, avec lefquelles elles s’uniffent vers le bord poftérieur des pariétaux ; enfin les plus inférieurs fe joignent aux rameaux du petit occipital qui appartient à la troifième paire. Le nerf que nous décrivons, eft le plus gros: de tous ceux que l'on trouve dans la région de la nuque, & nous avons cru pouvoir le défigner fous le nom de grand occipital, pour le diftinguer du précédent qui eft beaucoup plus grêle, &#de celui que DES SCIENCES. 29 lon peut appeler du nom d'occipital profond , & que l’on défigne ordinairement par celui de fous-occipital : ce dernier appartient à la première paire cervicale, fuivant notre manière de compter. La branche poflérieure de la feconde paire fpinaie donne au-deflous du nerf précédent un rameau beaucoup plus petit & plus court, qui fe porte obliquement, & de bas en haut, vers l’origine des mulcles vertébraux du cou, & vers l'in- fertion inférieure des petits mulcles extenfeurs de la tête, Quelques-unes de fes divifions vont jufqu'au trapèze, & fe joignent avec celles du grand occipital ; quelquefois le filet nerveux de l'angulaire & celui des mufcles obliques pofté- rieurs en tirent leur origine. Nous connoiffons ce nerf fous le nom de cervical pofférieur | - Le fecond rameau fourni par le tronc primitif de la feconde paire cervicale eft antérieur ; il fait un angle prefque droit avec le poftérieur qui vient d’être décrit, & il fe porte directement en devant en remontant fur l'apophyfe tranfverfe de la pre- mière vertèbre; de cette anfe fortent quatre ou cinq petites branches nerveufes ; une fe dirige vers le mufcle droit de la tête; deux pour l'ordinaire forment une efpèce de triangle en fe réuniflant avec le ganglion cervical fupérieur ; deux très-petites, & ce font les plus élevées, fe joignent avec la huitième paire. Le rameau le plus confidérable eft celui qui fortant de la partie inférieure de l'anfe, & fe dirigeant le long des apophyfes tranfverfes cervicales, s’unit en faifant un angle très-aigu avec le tronc de la troifième paire cervicale, De ce rameau, naît 1. un cordon qui fe porte tranfverfate- ment vers la partie inférieure du premier ganglion de l’inter- coftal : ce cordon fort quelquefois de l’anfe que les deux principales branches font dans {eur divifion; 2.° un filet très- fin qui fe porte obliquement en bas & en devant, & qui s'unit en faifant un angle très-aigu avec un pareil rameau appartenant à la troifième paire cervicale, pour communiquer enfemble avec le grand byppoglofle ; ces branches feront décrites plus bas, 30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Defcriprion de la troifième Paire cervicale. La troifième paire cervicale eft formée par union de deux plans à-peu-près femblables à ceux que nous avons déjà décrits; is n’ont rien de particulier dans leur naïflance, non plus que le tronc de ce nerf dans fa fortie; nous obferverons feulement qu'il eft plus oblique que les troncs des paires cervicales infé- rieures. I fort par un trou creufé fur les côtés de la feconde & de la troifième vertèbre; là il forme un ganglion femblable au fruit connu fous le nom de /armes de Job, & qui eft placé un peu plus en devant que celui de la feconde paire cervicale ; on le trouve dans l'angle que le complexus & le releveur de lomoplate font avec le fterno-maftoïdien; on en voit {ortir plufieurs rameaux derrière ce mufcle, & il.en fournit encore un plus grand nombre le long de fon bord poftérieur & fur fa face antérieure. Nous le confidèrerons, 1.° dans fa naïf- fance où il eft recouvert par le flerno-maftoïdien; 2.° derrière ce mufcle; 3.° fur le devant du cou; c'eft en fuivant cette divifion, que nous tâcherons de donner un tableau précis & méthodique de Ia diftribution de ce nerf. Le ganglion de la troifième paire cervicale fournit deux. branches primitives; l'une ef fituée poftérieurement & très- profonde ; elle eft foutenue fur l’'apophyfe tranfverfe de Ia feconde vertèbre cervicale; après avoir donné trois ou quatre filets nerveux aux mufcles droits & obliques poftérieurs de latète, & aux mufcles épineux du cou, elle fe divife dans le complexus; quelques-uns de ces rameaux percent les mufcles qui recouvrent ce dernier, & s'étendent jufqu'à la peau. Nous avons donné à ce nerf, le nom d’occipital moyen. La feconde branche fournie par le ganglion de la troifième DE cervicale eft antérieure, & l’on peut la regarder comme a continuation du tronc; elle fe dirige obliquement de haut en bas, & de devant en arrière; immédiatement après fa fortie, elle donne plufieurs petits rameaux, dont le nombre eft aflez indéterminé. Le premier remonte obliquement vers le nerf intercoftal, avec lequel il fe joint au-deflous de {on DES SCIENCES. 3r ganglion fupérieur; ce cordon nerveux eft rougeître, & a la confiftance ganglioforme; il n’eft pas éloigné du filet de com- munication de la feconde paire cervicale avec ce nerf, & il Feft au contraire beaucoup de ceux que les paires inférieures Jui fourniflent. Le fecond fe porte de bas en haut, & de dehors en dedans, vers la huitième paire. Le troifième remonte fux l'apophyfe tranfverfe de la feconde vertèbre, pour fe joindre avec le nerf de la feconde paire cervicale; de cette réunion naiffent fouvent des rameaux qui fe dirigent vers l’intercoital, & quelquefois la troifième paire n'en donne point d'autre à ce nerf. Le quatrième filet fe joint avec un rameau de {a qua- trième paire, pour concourir à la formation du nerf diaphrag- matique ; mais ce rameau n'eft pas conftant, & j'ai difléqué plufieurs fujets dans lefquels la troifième paire cervicale n’y contribuoit aucunement : le grand droit de la tête & les dif- férens chefs de langulaire, recoivent de petits nerfs que l’on . peut ‘regarder comme da cinquième divifion de ceux que fournit de tronc primitif & antérieur de la troifième paire cervicale. La fixième divifion de ce nerf fournit quelquefois un filet pour de nerf diaphragmatique; elle eft placée {ur l'apo- phyfe tranfverfe de da troïfième vertèbre cervicaie, & elle fe joint avec la quatrième paire; enfin , la feptième & dernière, xi naît de la troifième paire cervicale fur les côtés de la ‘région profonde du cou, eft fouvent un rameau de la branche dont il vient d’être queftion : ce nerf, grêle & long, 4e porte obliquement vers le larynx; à peu-près au milieu de l’efpace qui fe trouve entre la trachée artère & lextré- mité des apophyfes tranfverfes, ïl fe joint en faifant un angle frès-aigu avec un autre filet nerveux, fourni par la deuxième ‘paire cervicale, dont nous avons parlé plus haut : de leur #éunion , il réfulte une branche nerveufe qui fe porte vers le #mufcle fterno-thyroïdien & vers la glande thyroïde, où elle fe -confond.en formant fupérieurement un angle aigu avec un filet \quirdefcend de la meuvième paire. Dans cette rencontre, ce #ont trois nerfs qui fe réuniffent pour n'en faire qu'un, & 32 MÉMÔIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans Îe contact defquels on obferve un efpace triangulaire & aplati : cette manière de s'exprimer eft plus conforme à la ftruéture anatomique que celle de Winflow, qui a écrit dans fon expofition que le nerf fourni par la troifième paire cer- vicale fait une anfe qui remonte vers le grand hyppogloffe. Je n'ai point obfervé non plus, comme l'a dit cet Auteur, que les filets dont il s'agit fortent conftamment du rameau qui établit une communication entre la troifième & la quatrième paire cervicale; de l'aplatiflement qui fe trouve dans la réu- nion de cette branche de la neuvième paire avec les filets de la feconde & troifième paire cervicale, naïflent de petits nerfs qui s’écartent les uns des autres, comme des rayons tirés d’un centre commun, & dont la delcription n'a point été faite d’une manière conv. nable. Ils font au nombre de cinq ou fix; le plus interne, qui eft en même temps le plus élevé, fe diftribue dans les muicles fterno-thyroïdiens & thyro-hyoïdiens, où il communique avec un petit nerf fourni plus haut par le rameau defcendänt du grand hyppoglofle ; les deux autres branches font beaucoup plus longues; elles fe dirigent vers le haut du fternum, où elles s'étendent juf- qu’auprès du plexus cardiaque antérieur, avec les filets duquel il m'a paru dans deux fujets, qu'elles contraétoient quelque union; une ou deux autres petites branches fe terminent dans Yépaiffeur des paroïs de la carotide, où je les ai fuivis plu- fieurs fois; la dernière branche qui eft la plus externe ef fort longue, fe perd toute entière dans le mufcleomo-hyoïdien ; quelquefois même il fort un ou deux petits filets de nerfs très-fins de la partie fupérieure de l'aplatiffement dont nous avons parlé. On peut donner le nom de cervical antérieur à lun & à l'autre des rameaux qui naïflent de la feconde & troifième paire cervicale pour fe joindre avec lhyppoglofle, & défigner l'un de ces rameaux par le nom de /upérieur, & Vautre par celui d'inférieur ; le nerf qui réfulte de l'union des deux cer- viçaux antérieurs, peut être appelé du nom de thyroïdien, parce qu'il eft placé au-defflous du cartilage & au-deflus de la glande D'ES (SCIENCE Ss. 33 Ja glande qui porte le même nom; il donne des branches qui vont au larynx, où elles communiquent avec les nerfs laryngiens de {a huitième paire & du récurrent; on peut les connoïître fous le nom de laryngiens inférieurs, & réferverx celui de jugulaires profonds aux divifions de lanfe formée par la réunion du nerf thyroïdien avec le rameau du grand hyppoglofie. | Nous avons confideré jufqu’ici le nerf de la troifième paire cervicale à fa naïflance, dans la région profonde & antérieure du cou, & en grande partie fous le fterno-maftoïdien; décri- vons maintenant les rameaux fitués vers le bord poftérieur de ce mufcle : 1à il en donne un grand nombre, dont les uns fe portent en arrière & en bas, les autres en devant, en croifant da direction du maftoïdien ; les autres enfin fe-con- tournent fur fon bord poftérieur, & fe dirigent vers la région auriculaire. Nous fuivrons ces branches les unes après les autres; mais auparavant d'aller plus loin, nous croyons devoir faire mention de quelques entrelacemens ou plexus nerveux, qui {e trouvent derrière le fterno-maftoïdien; le premier eft formé par la rencontre du nerf accefloire, avec deux ou trois branches de a troifième paire cervicale; les différens points où ces filets fe réuniflent font légèrement aplatis; deux ou trois marchent parallèlement avec l'accef- foire auquel ils s’uniflent, & ils font croifés dans leur direc- tion par une autre branche dont la rencontre avec les précé- dentes forme un ou plufieurs triangles : c’eft de cet entrela- cement que naiffent les rameaux poftérieurs & inférieurs de la troifième paire cervicale. I réfulte de ces recherches, que ce nerf eft celui avec lequel l'accefloire contracte l'union la plus intime & la plus multipliée, & fi l'on fe rappelle que Jorigine de l’accefloire dans l'intérieur du conduit vertébral, répond à-peu-près à celle de Ja paire de nerfs dont il eft quef - tion, on s’apercevra ailément qu'il établit de chaque côté un cercle de communication fympathique, dont le mécanifme & les rapports cachent aflurément quelque myftère. Le deuxième entrelacement eft très-voifin du premier; il Mém. 1777. E 34 Mémoires DE L'ACADÉMIE Rorare fe rencontre dans le lieu où le tronc des nerfs auriculaires fe recourbe pour fe porter vers l'oreille : c’eft dans ce contour ve plufieurs filets nerveux fe compliquent enfemble, & c'eft de leur mélange que fort une grande partie des rameaux moyens & antérieurs de la troifième paire cervicale, dont nous allons maintenant achever de décrire les ramifications. Les rameaux poftérieurs font 1.” une branche nerveule que l'on peut appeler du nom de petit nerf occipital, pour le diflinguer du fous-occipital ou occipital profond, du grand occipital & de loccipital moyen, dont nous avons parlé plus haut. I eft placé fous le fplenius; plufieurs de fes filets com- muniquent avec le premier entrelacement, & ils fe joignent , avec l'accefloire : quelques-uns d’entr’eux fe diftribuent dans le fterno-maftoïdien; d’autres vont au fplenius & à la pointe fupérieure du trapèze, où ils rencontrent le petit occipital du côté oppolé; ces filets communiquent d’ailleurs avec le rameau de la feconde paire, que nous avons appelé du nom de cervical poftérieur. 2° Le nerf de la troifième paire cer- vicale, donne en arrière cinq ou fix rameaux, dont les plus poftérieurs fe joignent avec l'accefloire près du fecond entre- lacement : ceux-ci marchent obliquement, en fuivant {a direétion des fibres du trapèze, auquel ïls fe diftribuent en partie, & ils fe mélent encore avec les divifions de laccefloire & avec les branches de Ia quatrième paire. Quel- ques autres rameaux, également confondus avec ceux de cette même paire de nerfs, s'étendent vers l’extrémité fcapu- laire de la clavicule où plufieurs entourent les artères & les veines en forme d’anfe; les autres donnent des filets aux fcalènes, & ïüls fe ramifient fous la peau qui recouvre la cla- vicule en croifant la direction de cet os; ïls communiquent avec les paires dorfales fupérieures & avec les rameaux thorachiques des paires cervicales inférieures; ils s'étendent même jufqu'à l'extrémité fternale de la claviculé, & en pañfant derrière cet os, quelques filets vont jufqu'au mufcle fous- clavier : j'ai toujours donné les noms de fcapulaires ê& de claviculaires à ces différens nerfs. ONEASH SA CAL ENIN.Ci-E LS: 35 . Les rameaux moyens de la troifième paire cervicale naïffent d'un gros nerf qui, après avoir formé en partie le deuxième entrelacement, remonte vers l'oreille en croïfant le mufcle fterno-maftoïdien ; il fe divife en deux branches principales ; la plus antérieure donne des filets à Ja parotide & à la peau qui la recouvre; il en donne aufi à l'extrémité arrondie qui termine en devant le cartilage de l'oreille. La branche pof- térieure fournit un rameau à la partie antérieure de la conque qui eft percée pour fui donner paflage; elle en donne un fecond à la partie convexe & poftérieure de ce même car- tilage, & un troifième à la peau qui fe trouve dans la région maftoïdienne. Je connois ces rameaux fous les noms de parotidiens fupérieurs, d’auriculaires antérieurs & pofférieurs, & de nerfs maftoïdiens : ils communiquent avec les petits nerfs occipitaux & avec les nerfs temporaux de la feptième paire: j'ai fuivi très-diftinétement, & plufieurs fois, dans l'épaiffeur de la parotide, des rameaux de a troifième paire cervicale, qui, quoiqu'affez confidérables, fe confondoient avec des branches du petit fympathique. Les rameaux antérieurs de la troifième paire cervicale, partent tous d’un tronc moyen, moins confidérable , à la vérité, que celui des nerfs auriculaires; ce tronc eft divifé pour l'ordinaire en deux branches qui, avant de fe féparer, forment {ur le bord antérieur du fterno-maftoïdien un entre- lacement aflez étendu : un filet en forme d’arcade, en fe portant d'un côté à l'autre, compofe plufieurs mailles ou réfeaux; la première branche qui en réfulte fe dirige vers la parotide, où elle donne cinq ou fix nerfs très-minces, dont un s'élève affez pour fe porter jufqu’au lobule de l'oreille, où il fe joint avec des filets auriculaires antérieurs; un autre, également délié , fe diflribue dans la peau qui eft fituée devant l'oreille ; les autres rameaux qui naiflent de cette branche, & que je connois fous le nom de nerfs parotidiens inférieurs, remontent, en formant un angle aigu fupérieu- rement dans fépaiffeur de la parotide, jufques auprès du tronc du petit fympathique; quelques-uns même fe diftribuent l E ïj 36 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à la carotide, de foite qu'il fe fait dans cette région, entre les nerfs auriculaires antérieurs, les parotidiens fupérieurs, les nerfs de la feptième paire , les rameaux de la cinquième, & ceux que nous venons de décrire, une complication dont if nous femble que l’on n’avoit pas donné une defcription aflez exacte. La deuxième branche qui fort de lentrelacement nerveux antérieur, fe divife en deux rameaux fubalternes; le plus élevé donne un nerf qui remonte vers la feptième paire, & qui communique fi intimément avec elle, qu'il paroît concourir également pour donner naïflance aux filets qui, vers le trou mentonnier , je joignent avec le nerf - maxillaire de la cinquième paire du cerveau ; ïl fe place enfuite le long & au-deflous de la mâchoire inférieure, où il fournit des nerfs au peaucier, au digaftrique, à quelques- uns des mufcles releveurs de los hyoïde & aux glandes maxillaires : celui-ci communique avec les divifions infé- rieures de la feptième paire, avec le nerf accefoire du maxillaire de la cinquième paire, & avec la neuvième paire du cerveau; il peut être appelé du nom de serf fous-maxillaire de la troifième paire cervicale. Le rameau inférieur de la deuxième branche {ur la région antérieure du cou, donne des nerfs très-minces qui fe rencontrent en formant des mailles très-étendues, & qui font fitués en grande partie dans l'épaiffeur du mufcle peaucier, ou bien entre ce mufcle & la peau; quel- ques-uns de ces petits nerfs entourent la jugulaire, & l’on en trouve une aflez grande quantité jufqu’à la hauteur du larynx: au- deflous de la faillie faite par Le cartilage thyroïde, ils de- viennent de plus en plus minces & tenus; on les détruit d’au- tant plus aifément dans la difleétion, qu'il eft très-difficile de les diftinguer fans une attention extrême , d’avec le tiflu cellu- Jaire. J'ai vu plufieurs fois ces petits filets nerveux, collés fur les lames du tiflu muqueux : je me fuis convaincu qu'ils font fenfiblement aplatis, il ef même poffible de les fuivre jufqu’à la clavicule & au fternum , où ils communiquent avec les nerfs claviculaires & avec les jugulaires profonds ; ceux-ci peuvent recevoir les noms de foufcutaués du cou ou de jugulaires cutanés. D'EUS MS AICAME'NC'ESS Et Tel eft le développement des principales branches & des rameaux des deuxième & troifième paires des nerfs cervi- caux; quoique cette defcription foit longue & compliquée, nous fommes perfuadés que par le fecours des divifions établies & de notre nomenclature, il fera non-feulement facile d’en apprendre la diftribution , mais encore de les préparer foi- même; pour le faire avec fuccès, on doit commencer par la difleétion des troncs auriculaires qui conduifent aux divifions placées le long du bord poftérieur du flerno - maftoïdien : les branches moyennes qui croifent ce mufcle, & dont on découvrira en même-temps l'origine, mènerontaux nerfs jugu- laires cutanés, au rameau fous-maxillaire & aux nerfs paro- tidiens inférieurs. Revenant enfuite au bord poftérieur du fterno-maftoïdien, on difléquera les différens plexus nerveux & fes communications avec l’accefloire : le petit occipital fe trouvera enfuite très-facilement : en foulevant le fterno- maftoïdien en arrière , & après avoir diffléqué les têtes du mufcle angulaire, on trouvera fans peine le nerf occipitai moyen; on pourra enfuite s'occuper de fa préparation des nerfs fcapulaires & claviculaires: en foulevant le bord anté- rieur du fterno-maftoïdien, les communications des deuxième & troifième paires cervicales avec l’hyppogloffe, les nerfs thyroïdiens & jugulaires profonds, fe préfenteront à l’obfer- vateur. L’arcade fupérieure de la troifième paire mènera néceffairement à la feconde, dont il fera facile de fuivre les divifions antérieures & poftérieures ; on trouvera alors le grand nerf occipital; enfin, en détruifant f'infertion inférieure du fterno-maftoïdien, & en le relevant enfuite, fi lon a fait cette diffection avec tout le foin poflible, & fi laccefloire & les divifions principales de la quatrième paire cervicale font préparées en même-temps, on apercevera fur le côté du cou une quantité de nerfs fi confidérable, & dont les entrelace- mens font fi variés, que l’on ne peut les voir fans étonnement, 38 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TROISIÈME PARTIE. Pre terminer fhiftoire des nerfs de {a deuxième & de la troifième paire cervicale, il ne nous refle plus qu’à expoler ce que l'expérience a appris fur leurs principaux rapports avec les autres nerfs du corps humain : comme ils font placés fur les côtés du cou, où ils communiquent avec Finter- coftal & avec prefque toutes les paires de la bafe du crâne, il n'eft pas étonnant qu'ils foient affectés dans un grand nombre de circonftances. La pratique médicinale offre en effet aflez fréquemment des phénomènes dans lefquels il eft facile de reconnoître leur influence. Huxam compte parmi les fymptômes des fièvres qu'il décrit, un fentiment de douleur, de pefanteur ou d’'engour- diflement à la nuque, qui a fon fiége dans les rameaux occipitaux de la feconde & de la troifième paire cervicale; alors tout le fyflème nerveux en fouffre; mais les deux paires fufdites font principalement affectées dans la première période de ces fièvres. Vers le temps de la crife, ce font les nerfs parotidiens qui éprouvent le plus de gêne lorlqu'il fe fait un dépôt dans les glandes qui portent le même nom; alors tout le cou eft douloureux, & cette fenfibilité s'étend jufqu’à l’omoplate & aux clavicules; les rameaux fcapulaires & claviculaires de la troïfième paire cervicale expliquent aflez bien cette fympathie. Hoffmann a vu, & l’on voit très-fouvent, les catharres du poumon porter leurs eflets jufque fur le cou & le rendre douloureux, s'étendre même jufqu'à l'oreille, exciter des tintemens dans cet organe, & fe propager jufqu'aux narines qui fe gonflent quelquefois : n’eft-il pas probable que, dans ce cas, les nerfs auriculaires & tous les rameaux de la troi- fième paire cervicale jouiffent d’une fenfibilité exceffive, qu'ils partagent avec ceux du poumon, & qu'ils tranfmettent à ceux du bras! Le Doéteur Hilari & les Médecins de Fhôpital de la Dre SMS CUITE NC Es 39 Charité de Paris, ont fouvent obfervé que les malades attaqués de la colique des Peintres, reffentent une douleur affez forte au-deflus de l'épaule & dans les mufcles voifins. On en peut trouver la raifon dans la communication des nerfs cervicaux avec f'intercoftal & la moëlle épinière, qui, comme le remarque le Docteur Monro, paroïit être principalement affectée dans cette maladie. Pifon, appuyé de l'autorité de prefque tous les Praticiens, a écrit que l'hépatitis eft accom- pagné d’une douleur entre la première vertèbre du cou & le haut de l'épaule; ce qu'il eft poflible d'expliquer par les communications du nerf phrénique avec les paires cervicales, ou par celle de l'intercoftal, qui, étant affecté dans le plexus hépatique, peut réagir fur les nerfs les plus voifins de fon premier ganglion. Van-Swieten a vu plufieurs fois la toux être un fymptôme de la dentition, fans que la poitrine éprouvât d’ailleurs aucune douleur locale ni aucun fentiment de gène & de pefanteur; on peut rendre une raifon très-fatisfaifante de ce phénomène, en fe rappelant les communications de la deuxième & de la troïfième paire cervicale avec la portion dure du nerf auditif, & avec quelques rameaux de la cinquième paire du cerveau : ce font ces mêmes communications, qui, comme Monro l'a très-bien remarqué, expliquent pourquoi le ris fardonique fe manifefte lorfque le diaphragme eft affedté, & pourquoi l’on fait quelquefois ceffer l'éternuement en fe pinçant la bafe du nez. On obferve fouvent dans les femmes hyftériques, un fym- ptôme qui n’a point échappé à Willis. Plufieurs, après l'accès, ont le cou comme brifé : j'en aï connu une qui, dans le mo- ment du fpafme, éprouvoit une douleur femblable à celle que cauferoit la rupture de plufieurs fibres le Iong du cou. Tous ces fymptômes font évidemment nerveux, & doivent être rapportés aux branches très-nombreufes de la troifième paire cervicale, qui s'étendent depuis lomoplate & la clavicule jufqu'à l'occiput, & jufqu'au-deflus de l'oreille : c'eft auffi pour la mème raifon que les douleurs que fon reflent dans 46 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE cette dernière partie, ainfr que celles que les dents font éprou- ver, s'étendent quelquefois fur toute la partie latérale du cou, ui devient alors beaucoup plus fenfible qu'à lordinaire. On lit dans la Bibliothèque-pratique de Mauget, qu'un pois intro- duit dans l'ouverture extérieure de la conque, a caufé des douleurs au cou, & même au bras du même côté, qui ont été fuivies de convulfions : des phéromènes à peu-près fem- blables ont eu lieu au rapport de Hilden, une boule de verre ayant été introduite dans l'oreille externe ; dans l’ef- quinancie, tout le cou eft douloureux, & les bras participent même quelquefois à cette fenfibilité : l'inflammation de l’oreïlle eft fouvent accompagnée de la toux, & j'ai obfervé plufieurs fois que la feule irritation de la face interne de la conque, excite le vomifflement dans les enfans attaqués de la coque- luche. On a vu un coup appliqué fur l'épaule, faire perdre l'ufage de la parole; & Monro rapporte qu'une irritation un peu forte vers la partie fupérieure du dos & au-deflus de lomoplate, ou un véficatoire appliqué dans cette région, font cefler le hoquet fur le champ. On ne peut méconnoître dans tous ces cas les communications des nerfs de l'oreille avec la huitième paire du cerveau & celle de [a deuxième & troifième paire cervicale avec le grand nerf hyppoglofle, avec le nerf intercoftal, avec les nerfs du larynx, & avec les diaphragmatiques. Je pourrois citer un grand nombre de faits, qui tous prouveroient la grande étendue des rapports qui uniffent les deuxième & troifième paires cervicales avec les autres nerfs du corps humain. I femble qu'elles foient deftinées à entre- tenir un commerce intime entre le cou & les autres parties : on pourroit fur-tout regarder la troifième paire du cou comme un Jympathique cervical. I étoit donc important de décrire ces deux paires de nerfs avec foin, & d’en connoître tous les rameaux & toutes les communications, CE EN OBSERVATIONS DFERSINSRCNILENX CES, 41 OBSERVATIONS DES ÉCLIPSES D'FrS PATELLITESSDE JUPITER; Faites en 1777 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, avec une lunette achromatique de 3 pieds, dont le diamètre de l'ouverture eft de 27 lignes, à qui groffit foixante-cing fois. Pa M MaARALDIL BRAS TEMPS VRAI, Jours. Janvier... 4|r4t 3931" Émerfion du premier Satellite; il fait beau ; on voit bien les bandes. 18/13. 28. 1 3| Immerfion du troifième, douteufe, il fait beau, mais la Lune qui me donne dans les yeux, m'incommode fort. 27|10. 9. 18| Immerfion du quatrième ; il fait parfaite- , ment beau. 27|14. 21. 6| Émerfion du quatrième; Jupiter eft terne, j cependant bien terminé, & on voit bien , les bandes. 27|14. 54. 23| Émerfon du premier ; l'air chargé de : vapeurs ; Jupiter mal terminé ; on ne . voit point les bandes. AMars,... 10] 7. 20. 27| Emerfon du fecond ; il fait beau; on voit très-diftinctement les bandes , mais le Satellite eft forti de l'ombre fi proche du premier Satellite, qu'il pourroit y avoir . quelque incertitude. 17| 7. 44. 45| Émerfion du premier ; il fait beau , mais . Jupiter très-proche de la Lune. 17|10. o. 38| Émerfon du fecond; douteufe à caufe de , la clarté de Ja Tune. 24| 9.42. 9|Émerfon du premier; ïül fait beau. 24|12. 40. 46| Emerf. du fecond; il fait parfaitement beau, 26 9: 30e 35 Immerfon du troifième ; il fait beau; om voit parfaitement Îles bandes. Min, 1777: F Préfente le 21 Janvier 1778 42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MOIS TEMPS VRAI. AR ct 0 BE EN Mai..... ‘5|ro. 32. 30 Septembre. 21/16. 12. 20 Détobre.. 23/15. so. 8 Novembre. 5|16.47. 9 Décembre. 7|17. 12. 45 Émerfion du troifième ; il fait beau. Émerfon du premier; il fait beau, mais Jupiter me paroïît un peu terne, cepen- . dant bien terminé. Emerf. du premier; il fait médiocrem.' beau. Emerfion du fecond ; il fait beau, on voit bien les bandes , mais il fait jour. Immerfion du quatrième ; il fait beau, on voit affez bien les bandes, mais Jupiter eft ondoyant, Immerfion du troïfième ; il y a des vapeurs, Jupiter eft terne, mais bien terminé. Immerfion du fecond ; il fait beau, mais Jupiter eft ondoyant. Immerf. du premier ; il fait médiocrement beau; 7% eft bien terminé, mais fombre, on ne voit pas trop bien les bandes. Immerfion du fecond ; ïÿl fait beau, mais la Lune m'incommode, Immerfon: du quatrième; il fait beau. Immerfon du fecond; on voit affez bien les bandes, mais Jupiter eft tremblant. Immerfion du premier ; il fait beau, mais . il fait grand jour. Emerfion du quatrième ; il fait beau. Immerfion du premier ; Jupiter eft on- doyant, on ne voit point les bandes. Immerfion du fecond; il fait beau. Immerfion du premier ; il fait beau. Immerfion du premier; Jupiter eft trem- blant, on ne voit pas Îles bandes. merfion du troifième; ül fait beau. Immerfon du premier ; il fait parfaitement , beau, mais il fait grand jour. Émerf, du troifième, parmi les nuages; ce- pendant # eft bien net & bien terminé, Immerfion du premier ; l'air chargé de vapeurs , cependant Jupiter eft bien terminé, & on voit bien les bandes. CNE RO BMErSAISUCrILIE Ne CÉE2S. 43 RUE SORTE PET SELLE LP ES DS BEST ER EE EE EX GE TROISIÈME MÉMOIRE TOUR LES GRÈS DE FONTAINEBLEAU, ONE Analyfe de ces Pierres, à" principalement des Grès criflalli[és. Pa M. DE LASSONE. pes avoir examiné les Grès, relativement aux phéno- 4Juin 17774 V mènes les plus remarquables de leur hiftoire naturelle, je penfai que leur analyfe chimique feroit un nouveau moyen qu'il ne falloit pas négliger, pour faire mieux connoître encore les principes conftituans, ou la compofition de ces fubftances confidérées dans leurs variétés, &-pour en déterminer plus exactement les vrais caractères. Les grès criftallifés devant étre l'objet principal de ces analy{es , je commençai par ceux-ci; je mis en poudre des criftaux de grès, choifis parmi les plus purs & les plus régu- liers; une once de cette poudre, auparavant bien defféchée , fut expofée dans un vaifleau de verre à l’action de quatre onces d'acide nitreux foible; il fe fit une vive effervefcence, & qui fe foutint tout le temps que le diffolvant parut agir: l'action du menftrue, après les premiers inftans, fut favorilée par un degré de chaleur médiocre; par-là toutes les parties conftituantes du grès furent bien féparées & défunies. Après vingt-quatre heures de digeftion, je filtrai la liqueur chargée de tout ce qu'elle avoit diflous ; elle pañla bien claire & fans couleur: fur le filtre, il refta une matière fableufe ; jy verfai à diverfes reprifes de l’eau chaude pour fa bien laver: le tout ayant été lentement féché fur un bain de fable, je trouvai cinq gros d’un fable fin & brillanté; en lexaminant Fi MÉMoiIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE 44 avec une forte loupe, je n'y remarquai qu'un amas de petits grains vitreux , anguleux , de figure irrégulière, & parfaite- ment femblables à ceux qui conftituent le fable ordinaire, que j'avois eu foin, pour faire cette comparaifon, de prendre dans la même carrière où fe forment les criftaux de grès. Sur l'acide nitreux filiré & chargé de la matière difloute, je verfai peu-à-peu l'alkali fixe bien pur en liqueur ; je pré- cipitai une terre abforbante blanche, qui féchée peloit à très- peu-près trois gros, & me parut tout-à-fait femblable à fa craie pure, dont j'ai fait remarquer ailleurs qu'il règne une couche fous les bancs des grès de Fontainebleau: expérience répétée fur deux onces d'un pareil grès criftallifé, eut le même rélultat avec de femblables proportions dans les principes défunis. : En décrivant toutes les variétés des grès criftallifés, j'ai fait remarquer, que parmi les criftaux , il en exiftoit de très- purs & de bien réguliers ; que d’autres confervant la même forme rhomboïdale, paroifloient pourtant plus grofliers, plus raboteux, moins bien terminés; qu'il y avoit une autre efpèce de ces mêmes grès affectant la forme entièrement globuleufe; d’autres figurés en vrais ftalagmites: ces fubftances offrant au premier coup-d'œil des différences bien fenfibles dans leurs formes extérieures, il étoit à préfumer que leur analyfe pourroït peut-être faire reconnoître quelques variétés dans les propor- tions refpectives de leurs principes conftituans. F Je choifis parmi mes criftaux de grès, un rhombe affez gros, mais dont les furfaces étoient fort raboteufes & grof fières, & dont les angles étoient mal terminés; l'ayant café pour le réduire enfuite en petits fragmens, je vis que Îa matière intérieure avoit abfolument le même coup- d'œil miroité que les autres criflaux les plus purs; & que le rabo- teux & la groflièreté apparente des furfaces ne dépendoit que d’une couche fuperficielle de grains fableux moins bien liés; je fis difloudre une once des fragmens de ce grès avec l’ef- prit de nitre afloibli : après avoir féparé le fable pur, & pré- cipité Ja fubftance fpathique par le moyen de l'alkali fixe, D'ENsS WSLCUT/E (NN 'C'E S 45 je trouvai que la proportion du fable , comparée à celle de Texpérience précédente , excédoit d'environ un demi-gros, & que la quantité de la matière fpathique étoit à-peu-près la même que dans les purs criftaux ; la petite portion excé- ‘dante de fable ne paroît ici dépendre que des grains fableux adhérens à la furface, & formant une enveloppe ou couche inégale qui mafque la régularité du rhombe. J'examinai enfuite par les mêmes procédés les ftalagmites fableufes ; je trouvai par plufieurs expériences répétées, que fur une once il y avoit fix parties de fable pur, & feulement deux de matière fpathique : les ftalagmites font donc compo- fées de plus de fable & de moins de terre ablorbante, que les criftaux de grès les plus purs & les plus réguliers. Enfin les grès figurés en boules, ou, fi l'on veut, criftal- lifés fous une forme globuleufe , avec quelques inégalités fur leur furface, ayant été analyfés par la même voie, me paru- rent compolés des deux fubftances fableufe & fpathique, liées & combinées dans des proportions exaétement pareilles à celles qui exiftent dans les rhombes de grès les plus purs; c'eft-à- dire, de cinq parties de fable, fur trois de matière fpathique /a). En confidérant ici que ces deux matières calcaire &c vitref- cible, affez grofflières avant leur union, fe font, pour ainfr dire, neutralilées l'une par l'autre en fe combinant, puifqu'il én réfulte un troilième corps devenu un peu diaphane, d’un grain plus fin que le grès ordinaire & criftallifé régulièrement prefque à la manière d’un fel neutre; on devroit préfumer , qu'au moyen de cette pénétration réciproque, leurs molécules refpectives auroient été beaucoup plus atténuées: cependänt ind ob reg 2 purge éd es Hélas 1 Lu 1e - fa) Dans le catalogue & la def- | rique, que ce grès contient un peu cription du Cabinet d’Hifloire natu- relle de M. Varenne de Beolt, publié par M. Romé de l’Ifle, & où il eft fait mention pour la première fois des grès criftallifés , on trouve une note particulière, que j'ai déjà citée, & où il eft dit, d’une manière géné- plus d’un tiers de fubftance fpathique & deux tiers de fable. Mes obferva- tions viennent de déterminer avec plus de précifion les proportions de ce mélange, & leurs différences dans ces fortes de grès difléremment cri£r talliféss 46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Yanalyfe ayant disjoint & remis en évidence chacune de:ces deux fubffances, on ne retrouve pas la terre abforbante ou crétacée plus fine, ni plus divifée, ni les grains fableux moins groffiers, moins anguleux, ni plus petits qu'avant leur com- binaifon; c’eft ici une fingularité digne d'être remarquée ; c'eft un phénomène non moins furprenant que la formation de ces criftaux ifolés, opérée au milieu d’un fable pulvérulent comme dans un fluide : on doit préfümer que dans le règne minéral, bien d’autres fubftances ou pierreufes ou métalliques . régulièrément criftallifées, font formées de même, & ont une femblable origine. Comme toutes les efpèces de grès criftallifés, dont je viens de parler, font une aflez vive effervefcence avec l'acide nitreux, je crus qu'il convenoit de déterminer la nature du gas aërien qui s'échappoit pendant cette opération. L'appareil que j'employai fut une cornue de verre, dont le bec plongeant dans une grande cuvette pleine d’eau s’in- finuoit fous un grand récipient de verre également rempli d’eau. J'eflayai d'abord une once des criftaux de grès les plus purs; tant que dura l'effervelcence, foutenue & favorifée par un degré de chaleur médiocre, j'obtins une émanation de gas aërien, qui déplaçant fucceflivement l'eau du récipient, occupa un efpace de cent trente pouces cubes ; les premières portions ne me parurent diflérer en rien des dernières: elles avoient toutes les principaux caractères de l'air fixe. Après avoir filtré l'acide nitreux, chargé de tout ce qu'il avoit diflout, & l'avoir rapproché par l’évaporation en con- fiftance d'huile de craie, je le mis dans une cornue de verre, qui fut expofée dans un fourneau au feu de réverbère, con- fervant d'ailleurs le refte de l’appareil décrit ci-deflus. Les premières portions de gas aërien qui s’échappèrent furent un air un peu plus pur que l'air de latmofphère ; les dernières portions furent un air très-bien déphlogiftiqué. Les mêmes réfultats eurent lieu en général, avec toutes les autres efpèces de grès criftallifés, DES SCIENCE 47 Je crus devoir examiner encore quelle efpèce de gas aérien donneroient tous ces grès criftallifés, en les expofant feuls & fans aucun mélange à un très-grand feu, & avec le même appareil. Le gas extrait fut peu confidérable ; mais ayant déplacé Jeau du récipient où il pafla, il parut permanent , prefque entièrement femblable à Fair de Fatmofphère, & fans le moindre veftige d'air fixe, quoiqu'il y en ait beaucoup dans la portion de terre abforbante ou de craie qui entre dans la compolition de ces criftaux. Or, tandis que la craie traitée feule à grand feu & fans intermède fournit de l'air fixe /b), quoiqu'en petite quan- tité; pourquoi la même aétion du feu n’a-t-elle plus abfolu- ment ce pouvoir fur la craie, quand elle eft combinée avec la fubftance, purement fableufe? La double affinité de l'air fixe, puifqu'il femble ici fervir de lien ou de moyen uniffant entre les deux fubftances, en feroit-elle la caufe? II ne fera poffible de bien répondre à cette queftion importante, que lorfqu’on connoîtra mieux les rapports de l'air fixe, & les divers degrés de ces rapports avec la plupart des fubftances de la Nature. | Je voulus m'aflurer enfuite, fi les grès ordinaires de Fon- tainebleau, contiennent quelqu’autre matière que la fubftance purement fableufe. J'ai déjà dit que ces blocs de grès varient par la couleur ; il y en a de blancs, c'eft le plus grand nombre ; quelques- -uns ont une teinte jaune ou rougeitre; quelques-uns font * prefque noirs , c’eft le plus petit nombre; ils font de tous es moins compaétes: ce n’eft, pour ainfi dire, qu'un fable qui commence à fe condenfer.& à fe lier; il y en a parmi ceux-ci certains, où l'on obferve qu'à mefure qu’ils prennent un peu plus de dureté, leur couleur noire s'éclaircit peu-à- peu, & pafle à la teinte rougeätre & jaune. (b). Noyez lOuvrage de M. Prieftley , fur les différentes efpèces d'air, tome II, pages 147 7 148; tome II], page 219, 48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les uns & les autres furent féparément éprouvés par le même acide nitreux afloibli; il n’y eut aucune eflervefcence fenfible ; il parut feulement pendant la digeftion quelques bulles qui s’élevèrent de temps en temps; la couleur de l'acide nitreux digéré fur les grès blancs, ne parut pas changée; il fut coloré en jaune foncé par le grès jaune & rougeître : il prit une couleur plus chargée encore & plus fombre, en digérant fur le grès noirâtre. L’alkali fixe en liqueur, verfé fur toutes ces portions d'acide les rendit louches, & occafionna un précipité, qui examiné & féché fut trouvé d'environ vingt-quatre grains, un peu plus, un peu moins, fur la quantité d’une once de ces diffé- rens grès; ce nétoit qu'une vraie terre abforbante, fans couleur lorfqu'elle eft extraite des grès blancs & les plus purs ; d’un blanc fale quand elle a été fourniet par les grès jaunâtres ; & brune quand elle vient des grès noirâtres. Pour avoir un objet de comparaifon, j'éprouvai de la même manière les différens grès de la forêt de Marly; je les trouyai tous altérés par la même fubftance fpathique, & dans des proportions à-peu-près femblables ; de forte qu’on pourroit afhrmer qu’il n’exifte aucune efpèce de grès dans les forêts de Fontainebleau, ni de Marly, ni peut-être aïlleurs, qui ne contienne une très-petite portion de fpath. Peut-être encore doit-on penfer que la condenfation des grès, c'eft-à-dire, que la liaïfon & l'agrégation ferme & compacte des grains purement fableux, pour compofer les mafles pierreufes des grès, dépend en plus grande partie de ce mélange de la matière fpathique; car il eft de fait, que les mafles des grès criftallifés , où la matière fpathique entre en bien plus grande proportion, ont une dureté de beaucoup fupérieure à celle des grès ordinaires , les plus compaétes & les mieux liés. Les Ouvriers qui exploitent les blocs de grès à Fontainebleau, pour les tailler en pavés, fe gardent bien d'attaquer & de travailler les blocs plus fpathiques , où fe forment les criftaux, à caufe de leur exceflive dureté, dont ; je me ve - à mms “ DES SCIENCES. 49 je me fuis pareillement affuré par moi-même : ils es négli- gent & les rejettent. Dans quelques-unes des notes, ajoutées en forme de Com- mentaire à l'excellent Traité de Henckel, fur l’origine des pierres; Zimmerman, auteur de ces notes, avance que les molécules fableufes dans les grès, peuvent être liées & aglu- tinées , tantôt par une fubflance calcaire, tantôt par une fub- ftance ferrugineufe ; & dans ce dernier cas, où, felon lui, le principal gluten eft le fer fc), la connexion & l'union des molécules fableufes lui paroïfiant bien ferme & folide; il en * conclut que les grès ferrugineux font ordinairement les plus durs & les plus compactes. Le fentiment de Zimmerman, fur la propriété de la fubftance calcaire de lier les molécules fableules & de les condenfer en grès, eft bien appuyé par les obfervations que j'ai rapportées en détaillant l'analyfe des grès; mais je crois que ces mêmes obfervations modifient, ou plutôt infirment la dernière affer- tion de Zimmerman, fur la propriété qu’il attribue à la fub- ftance ferrugineufe de beaucoup mieux aglutiner les grains fableux, & de coopérer ainfi à la formation des grès les plus durs. En effet, étant démontré d’abord par mes remarques déjà expofées, que les grès les plus fpathiques, tels font les grès criftallifés, font bien plus durs que tous les autres; je fais obferver encore, que les grès colorés, où je vais dans un moment démontrer l’exiflence du fer, égalent à peine en dureté les grès blancs ordinaires, qui n’ont rien de ferrugi- neux; mais qui contiennent la matière fpathique en même proportion que les grès colorés. Le feul afpeét de ces grès colorés, me les ayant fait regarder comme un peu ferrugineux ou empreints de quelques portions de fer, je cherchai à m'en aflurer d’abord par la voie humide; je pris une partie de l'acide nitreux, que j'avois fait aflez (c) Zimmerman s'appuie ici de quelques expériences qu'il a faites & qu'il rapporte, pour démontrer dans le fer un pouvoir réel d’aglutiner les grains de fable. Mim. 1777: G so Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALeE long-temps digérer fur ces différens grès; après avoir étendu cet acide avec l'eau diftillée, j'y verfai la teinture de noix de gale : ce mélange ne produifit aucun changement ; fur une autre portion du même acide digéré, je verlai la liqueur alkaline faturée du bleu de Pruffle; aufli-tôt il parut une couleur bleue qui manifefta la préfence du fer ; ces expé- riences répétées furent toujours fuivies des mêmes effets. Pour conftater que cette couleur bleue, qui venoit de fe développer, dépendoit réellement du fer extrait des grès colorés, & non de celui qu'auroit pu déjà contenir l'acide nitreux, avant que de favoir fait digérer avec les grès, * j'étendis cet acide pur avec l'eau diftillée, & j'y verfai l'alkali Pruflien : il n’y eut pas la moindre apparence de teinte bleue. On voit fans peine pourquoi l’alkali Pruflien rend ici le fer fenfible & apparent, & pourquoi la teinture de noix de gale, fur-tout celle qui eft préparée avec l'efprit-de-vin, & dont je me fers ordinairement, ne produit pas Îe même effet; c'eft que la teinture de noix de gale étant incapable d'abforber l'acide nitreux ; celui-ci reftant libre conferve la propriété qu'il a dans cet état de détruire l'encre formée, où de l'empêcher de fe former; au lieu que lalkali Pruffien, ouvant par fon /atus alkalin abforber & mafquer cet acide, dès-lors le bleu de Prufie, qui n’eft qu'une efpèce d'encre moins foncée, dont le fer eft également la bale, devient apparent. Les expériences fuivantes, tentées par la voie sèche, ont démontré d'une manière encore plus directe F'exiftence du _. fer dans ces grès colorés; mais fur-tout dans les jaumes &c rougeätres. [ls furent calcinés l'un après l’autre dans un creufet & fans aucun mélange, au feu de forge ; la poudre du grès noirâtre fut décolorée, & devint grife à fa furface , tandis que les portions intérieures avoient confervé la teinte noire; mais en continuant la calcination, fi la matière eft agitée & remuée profondément, de manière que chaque molécule occupe fucceffivement la furface, alors la poudre prend peu-à-peu la même teinte grife dans toutes fes parties, D'E SUSTCTENCE (7: Les grès jaunes & rougeîtres expofés au même degré de feu, bien loin de perdre leur couleur, en prirent une plus inten{e. La poudre de ces fubftances ayant enfuite été mêlée avec un peu de fuif, le vaiffeau recouvert fut remis au feu de forge, & tenu rouge un temps fufhfant; après cette opéra- tion, les grès originairement jaunes & rougeâtres parurent noirs & brillantés; & par le moyen d’un barreau aimanté, jen tirai un grand nombre de parcelles de vrai fer; les grès noirs n’en fournirent que quelques molécules, après qu'ils eurent été foumis aux mêmes épreuves, quoique leur couleur primitive eût dû faire préfumer d’abord qu'ils feroient les plus ferrûgineux ; mais en confidérant les endroits où ce fable noirâtre commence à fe condenfer & à fe lier, on reconnoit que cette teinte noire fr aifément deftruétible par le feu, ne lui eft imprimée & communiquée que par une forte de pourriture des petites racines de bruyère dont il eft couvert & pénétré, Et comme j'ai déjà fait obferver, que ce fable noir, dont les grains commencent à fe lier, acquièrent enfuite plus de dureté, prennent davantage le caractère de vrais grès, & qu'’a- lors la teinte noirâtre ayant paflé peu-à-peu à une couleur jaune & quelquefois rougeitre , ils font devenus plus ferru- gineux ; on peut en conclure, que la Nature nous préfente ici un fait, où felon les remarques & les principes de la belle théorie de Henckel, développée dans fon Traité intitulé, Flora faturnifans , on découvre très-fenfiblement l'influence d’un règne fur un autre, leur commerce & leur coopération réciproques , fources d’un grand nombre de phénomènes qui intéreflent- également la Chimie & l'Hifloire naturelle, & qui peut-être ne font pas aflez attentivement obfervés. se Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉTHODE FACILE POUR RÉSOUDRE LES PROBLÈMES QUI SE RAPPORTENT AU RETOUR DES SUITES. Par M. l'Abbé BossurT. $ L le 5 Sept. EF}, 1765, je fis imprimer à Charleville mes Recherches Jur la ” iffance de l'éther, qui avoient remporté en 1762 , le Prix de l'Académie, fur la queflion : S$ %es Plantes fe meuvent dans leur milieu, dont la réfiflance produife quelqu'effet fenfible [ur leurs mouvemens. À cet Ouvrage, je 14777: joignis un petit Mémoire fur le mouvement des Planètes dans le vide, & j'y réfolus entr'autres problèmes, celui de Képler, d'une manière nouvelle & fort fimple. M. de Ia * Acad. de Grange a traité depuis la même matière *, par une méthode Fe 17691 très- Ent & très- digne de fon auteur. Comme la mienne s'applique avec une extrême facilité à toutes les queftions de ce genre, Je vais l'expliquer plus au long que je n'ai fait dans le Mémoire cité, & j'en montrerai de nouveaux ufages. Rappelons d’abord ma folution du problème de Képler. COMPTE PROBLÈME I. dues = B6)E Ayant l'équation dy — (dans laquelle + Tai +écos ef? le demi-grand axe de l'orbite planétaire ; b, la diffance da centre de l'ellipfe à l'un des foyers ; x, l'anomalie vraie ; Y» d'anomalie moyenne , comptées l'une & l'autre depuis le périhélie) : on demande l'expreffion de x en y, en négligeant b* & les puiflances plus hautes de b? éd Cr hd EE on SE Étant EE WE + ane ch nas nu DE SISNCTE N CE S; 53 L'équation propofée, donne ARE dy(1 | Bcot.x)* . (1 — Bee dyf[r HS fo + (20 + 30)cof.x pere & par conféquent 2 ; . d » F cof. 2 pe — 1 + 24 + (26430 )cofx + EE. Je différencie fucceflivement quatre fois cette équation, en faifant /y conftant, & fubftituant après chaque diféren- ciation particulière, au lieu de dx fa valeur, puis divifant tout par dy, Parmi les équations que j'obtiens ainfi, je n'écris ci-deflous que celles des ordres impairs , les feules qui me doivent être utiles. Les voici: IL Li = 20 — [2b + 184) . cof. x — 8 bŸ cof. 2x — 11 D? cof. 3x. 0 ..... IIL —— — 20 + /20 + 78 D5),. cof, x —— 38 cof. 2X —- 185 & cof. 3 *, Cela polé, feignons qu’on ait x — y + À fin ÿ + Bfn2y + C'fn 37; oh trouvera, en faifant dy confant, LE —1-+ A cof y + 28 cof 2} + 3 C cof. 3 en eee 00. + + 0... III _ — À cof. y + 32 B cof. 2ÿ + 243 € cot. 3Ye Maintenant, pour déterminer les coëffciens À, 8, C, jobferve qu'en faifant x — o, on a aufi y — 0, & 54 MÉMorRes DE L'ACADÉMIE RoYaLE qu’alors les cofinus des angles x, 2 x, 3 x, aïnfi que les cofinus des angles y, 2y, 3y, valent chacun 1; d'où il réfulte qu’en _égalant entr'elles, dans cette même fuppofition, les deux ee & les deux dx valeurs de ——, les deux valeurs de ——, dy dy? dx # o valeurs de —, on aura les équations, 7 I+A+ 2B + 3C = Las AH 8B+ 27C—2b + 1o+ 290, A + 328 + 243C— 20 + 40 + 2634; B F BP lefquelles donnent A— 20——, D = e—= . À Ainfi on aura F3 s fin. 2y 13 bfin.3y AIS (2b ALL OUR NE PARLES à Cette formule fe trouve également par la méthode ordinaire du retour des fuites ; mais le calcul devient alors bien moins : fimple que le précédent. SSAPTAEGTE M. de la Grange détermine anomalie de l'excentrique , lanomalie vraie, & Île rayon vecteur par le moyen de l'anomalie moyenne. En nommant avec lui 4 ou 1 le demi-grand axe de l'orbite planétaire , # la demi-excentricité ; r le rayon vecteur ; x l'a- nomalie de l'excentrique; # lanomalie vraie; : anomalie moyenne (toutes ces anomalies comptées depuis l’aphélie } ; on trouve facilement les équations, LE — x + nfin.x; PLU EN MATE IL r — nee ; 1 — nc 4 PP CR DES SCIENCES 55 LE PRESS dx Vs — nr) l 1 + rcof. * 1 du (x — nn)? (3 — acof. u }* V. dt Il Ve — rdr Vo G—5p]" Or, la feconde & la troifième donnent immédiatement r, lorfqu'on connoît l'anomalie de l’excentrique, ou l’anomalie vraie; la queflion eft de trouver x en #,renz,xen ”, nent. Voici comment tous ces Problèmes, & d’autres fem- blables, fe rélolvent par ma méthode. SA LTV PROBLÈME Il. Mar Il Tirer de l'équation t —= x + nfin.x, la valeur de x en t? Cette équation donne dt — dx{1 + #ncof.x); & par conféquent dx — di{1 + ncof.x) = dt{1 — ncof.x + D cof. x — n° cof. x? = nf cof. x* — &cc. ), Arrétons- nous aux #*, NOUS aurons 7 dx I. ZT = I AcolXx + D cof.x° — 1 cof. x? + nf cof. x*, On pourroit, à limitation de ce qui a été pratiqué far. I), développer cof. x, cof. x?, cof.x*, en d’autres quantités qui continfient des cofinus d’angles multiples de x; mais le calcul 'eft plus court, fans faire ce développement. Je différencie l'équation précédente, en faifant dr conftant; puis ayant fubftitué dans le fecond membre, pour dx fa valeur, je divile tout par 47}; ce qui donne x ddx z 3 z ne — nfn.x — 3#cof.xfin. x + 6% co. x” fin. # — 10 cof, X fin. 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On trouvera femblablement les équations, B x IL = = ncoftx + 3 fin x — 4 n° cof.x" — 15 #oof. # fin # + 10 # co + 45 nf cof. x* fin. x* — 20 H* cof. x*; IV. Es = — nfnxX + 154 cof. Xfin.X = 15 # fin. x” — 75 # cof. X‘fin. X + 245 #* cof. ’ fin. X — 105$ #*cof. X fin. x’; v. _ = — noof.x + 16H cof. *— 15 # fin. X* + 210 #cof. xfin. X* — 91 #? cof. x? — 1260 #*cof. x“ fin. #* + 336 n* cof. x* + 105 #* fin. x*; VL ne = nfinx — 63nfin.Xcofx — 210%'fin.x? —+- 7 56 n° cof, x* fin. x +31 $ O fin. X? çof. X - — 4620 nf cof. x’ fin. x; æ , VIS __. = no x — 64ncof.x" + 63 fin. — 220$ # fin. X*cof.X* + 820 #° cof. x? — 3150 nt fin x* — 5440 n* cof. x* + 25515 #fin.x cof. x’. Ainf de fuite, fi on vouloit poufer le calcul plus loin que Les nf. Cela pofé, feignons qu'on ait X—1 + Afn.t + Bin.2t + Cfn.31 + Dfn.4t; on continueroit cette fuite de la même manière, s’il falloit aller au-delà des rt, En différenciant fucceflivement cette équation, & faifant d# conftant, nous trouverons, L D'EMSNSS ACT EN IC? ESS. $7 L Æ— 1 + Août + 2Bcof2t + 3 Cool. 3e + 4D cf4t; IL — — Ami — 4 Bin 21 — p Cia. 34 — 16Dfn.4r; LIL 2 — — Acolft — 8 Bcof.2t — 27 Ccol.3 f — 64D cof.4t; IV. = Afnr + 16Bfn2r + 81 Cfn. 35 + 256 Dfn.4f; V. TE — À cof.f + 32 Bcof. 21 + 243 Cocof. 3t + 1024 D cof. 4f; ds = — Ant — 64 Bfn.24 — 729 Cin.3t — 4096 D fin. 4f; VIL == — Acoft— 128 Bcof.25— 2187 Ccof. 31 — 16384D cof. 4. Suppofons maintenant, pour déterminer les conftantes À, B, C, D, que les deux angles x & z s'évanouiffent en même temps; on aura alors fin. x — 0, ox 1, fin. — 0, fin. 2/— 0, fin.3{— 0, fin. 4/0, cof.{— I,cof.21— 1, M2 1, co 47 —,1,;, d'où Lai par la comparai- fon out des deux valeurs de < __ UE deux valeurs de ——, des deux valeurs de ———, &c, les quatre équa- z 2 9 tions eflectives , Mém, 1 ZT H ei 53 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE At2B+3C+-4D—=—n+n À LEE A + BE 270 + 64D = — nr + 4 2:10 PS2 ee A + 32B OS RS EU 16 OI + 336%, A + 128B+ 2187 C + 16384D — A ho oc s44or. n, Ces équations donnent A = — Fr + ——, 14 3m a+ B — . £, EE é , C — 8 , D — Ab e Ainfi on aura x —t— (n Per ee — 2) .fin.24 CRT _ fin fi êcce Réfultat qui revient à celui de M. de fa Grange. &.V. PROBLÈME IIL Trouver la-valeur de x en t? Les équations 1 & 17 de l'article IT, donnent refpective- dr Dent HGLX = —e — Li Ho X ur — 1, ainfi dt , . 27 onar —-;.Or, par l'article précédent, dt ; D dé TO 1+ Acof.t + 2 Bcol.at + 3Ccof. 31 + 4 Dcof.qi re 7— (1 + Acoft + 2B cof.24+- 3 Ccot. 31 + 4Docof 4t) ”} ou bien, en mettant pour À, B,C, D leurs valeurs, & ordonnant par rapport à », f. Ë T= [1 — nooût + n'eof27 + P( EE — nn cof.4r DNS Por = PE — — 2] ; DHEA SIC I EINIGLE s9 d'où l’on tire T— 1 Hricof.t En 1 cof. 21 — ARE + 3 Cette même formule peut fe trouver par le moyen de la feule équation vi de l'article III On fera pour cela, — cof. 27 = co 3 cof. 31 — 3 cof. s PR Dee Porn as m7 | ) + &e 7 — 1 — 7; ce qui change l'équation dont il s'agit en celle-ci, dé — — dy (1 + 7). (nn — 2D : d'où l'on tirera ME (en faifant Zf conftant) les d7 ddz valeurs de PU e —£ , &c. Enfuite on fuppofera 2 — A cof..f -F B\cof 21 4 C' cor 3£ ci &cC ; L \ L « » à dd d’où l’on tirera d’autres valeurs de “tir e pat. Zi 2: LÉ TRRTEs € = 7 (e Les 17° [4 & généralement EE — tente fr ; dt l'équation (4) donnera donc RO Ps as has" L'Ece, Ph SLT ai TE ai en forte que l'on aura J'ai LAON RTE r L LEE tr EE © EE 2 + = + RE = CC. («4 SES )i pourvu que dans le développement du fecond membre de cette équation, on applique à la caraétériflique 0 les expo fans des puiffances de 07, & que l'on change les différences +sg+as. (2) + &e — » La » . LA L x . L . à négatives en intégrales, c'eft-à-dire qu'au lieu de / _ 2% L4 Li 2” # e # *“ , on écrive { — ), & fi n eft négatif & égal à — "1, qu'au “ D'RTT . lieu de / ), on écrive f”. 701”; on aura donc avec CHE dE ces conditions, SAR 7 £ ; [4 aiet- Mai. & comme cette équation a lieu quelle que foit la fonction 7, en changeant 7 en 4, on aura +, PTETENT (5) 0 ES Dans Ia fuppofñition de à — 1, l'équation (s) devient 1 Z.u— ————, en forte qu'en développant la du a#() 2, D Méim, 1777. 9 106 MéÉmotrEs DE L'ACADÉMIE ROYALE , On aura Îa loi des termes de Ïa quantité Du «U(r) — 1! férie qui exprime l'intégrale finie de fa fonétion 4; cette loi eft très- importante dans la théorie des fuites : on peut y parvenir directement de la manière fuivante, Suppofons RL = — +9 +eg + aq + LE À + aT".g see &c € = 1 on aura par ce qui précède, Jar a EP — du À dr da RE RE A AE RUE Un à tout fe réduit donc à déterminer la loi des coëfficiens 4,4 AR &c. or il eft vifible que lon a Le , : : Se pourvu que lon fuppofe « — o après les différenciations: on a enfuite 2 2 e — 7: e + 1 de plus, il eft clair que fi lon fuppole 4 — o après les différenciations, on a C2 D. hr FN pet PROS LE CRr I —— 5 (Eh DES SCIENCES. 107 ce qui donne a dt: A nés De En EAP L # Eu da” HET Are F be SAR TT 7. 2” £ 4") )i se ss ê 2” É Pad 1: BEN 7 cer da” LA: Da” AU DAT da" & Partant, fi lon fuppofe toujours & — o après les diffé- renciations, on aura = roi de Le hic ts DN tie ê = à QE Pi Ne e EE TS Se ACTE Vo ("= 1).de" — parce que D”. me Î= ur. : HS nn An} e Ti) SEE eo 3 LA 1 ’ cer 1 L lorfqu’on fuppofe 4 — o; donc LE 1 ro] . an TNT ER ET 1.2.3...{(t—1).(2"— 1) de" = nda.d TT", de CHI Le , Ontrouvera Si l'on différencie préfentement la quantité : k € HI A) 5 LS M RE va — € nus L54 EL Da eue da* Ten AE & en continuant de procéder ainf, on voit que l'on aura généralement . CR 0 ji 108 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE - LI CHA) EE pe 1 AT T LPS AU) u—2)a, 4!?) À eB—3/a ge. A 2 D OT IRC || Ce + 1)" rt /2 3 sé - ; , 4; A"? À ) &c. étant des coëfficiens indépendans de 4; & le numérateur du fecond membre de cette équaton ne renfermant que des puiffances pofitives de &*, en forte que la plus petite des quantités # — 1, 2, — 3, NC ne peut être zéro ou négative. Pour déterminer ce numé- rateur, nous obferverons que l’on a PRE CPR = 1 sine Sa ER REPOS rs } #_ A Met A4 0es &c. +1)". il ne s'agit donc que de développer en férie la fonétion a 4 — 1€ Ze 2 (fé + 1)". 2 rlé+ 1), en rejetant toutes les da re: . æ . . puiffances de e , qui font zéro ou négatives, & dont Îes coëfficiens doivent par conféquent fe détruire d'eux-mêmes : or on a CEE PT RTE à ne rate M Ce na Mie © Partant, è Re — U—1 —24 PET ART: Hem —AU COUR 3 4 a ON ne) 3 ue AN enNE dc le figne + ayant lieu fi # eft impair, & le figne — s'il eft pair; en multipliant cette quantité, par (+ 1) "A 6 : d MT œ rejetant Jes puiffances négatives ou nulles de e , on aura DES MSUENRENNEG ES 109 72 — 1) | prop ei, nferrrale L — 1 (n — LR | AI nn. (An—1 Mr, je das pe #® /z De, NL. de D)". — Z— — “A 72 (an — )& A— n—1 HR n,(n—1) èa Cu ein ae A —3 MASEAS AIT M — CE — ) 1e EME es Si l'on fubflitue cette valeur de AT AE pe &c. dans | ne AE rahe mi ARE EAN | l'équation (7), & que l'on y fuppole & — o, on aura Bi Da nl tn + — ? _ ARE NE 1,2 1 ARE À da 2" | Partant, # sr lo LA pd # {n — 1) As E n?+43 2 steam 2 | &c. SG (up nf 3) EN Lac} 1.2 D | | | Fe 1,2,.3...{n—1).(2"—1).2" À le figne fupérieur ayant lieu dans cette dernière équation | fi» eft pair, & l'inférieur s'il eft impair. | La formule précédente n’a lieu qu'autant que » eft plus | grand que 1, & lon ne peut trouver par fon moyen la | valeur de ge; mais cette valeur eit très-facile à déterminer | | | , I en confidérant que EE C4 LA pe CAN AE 15. «ce a | — + + &c. d'où l'on tire 4, = — + Dans le cas où » eft impair & plus grand que l'unité, il 110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE eft très-remarquable que l'expreffion de 4,_, fe réduife toujours à zéro; pour le faire voir, nous obferverons que fi l'on ne confidère dans les premiers membres des équations fuivantes, que les puiflances {/n — 7)" dans lefquelles n — r eft pofitif, on aura par la théorie connue des différences finies, (n— 3) on. (n— 2) "+ er .(n— 3) 7 "— &c = A", (n— 1) "43, St TRES .(B— 4) Or CS .2 (u— 2) —n.(n— 3) "+ = A. (n— 2) "42" (CERET CT CEE? Re CT CS ES 2.{(n— 3) + 2 2, Li ñn = A". (n— 3) 7 '+ 3 —2 T2 + &c. De plus, on a généralement A”, x 7" — o; en fubftituant ces valeurs dans l’expreflion de g,_,, on trouvera facilement qu'elle fe réduit à zéro dans le cas où n eft impair, & que dans le cas où # eft pair & égal à 25, on a pp tt: à 52e SRE Re D ED) MD re AP a si bal ci LE NN DR ù — &ec. 53 — l DRE te Pen pe UN at aa NO VOTE PP PTE" lobes Las te 1) expreflion que l'on peut mettre fous cette forme très-fimple F 25.(25— 1) ENT 25.(25— 1) QU Sn ra 2 3 CO PE NE 1 ASE TU dual ua à ÉRatas 25—1 —(s—3) ras +&c. = a ——————————_—_—_—_—————— 2j) — ps ETES" 205. 1-23...(25—1).2 HER /1n0) le figne + ayant lieu dans ces deux formules, fi s ef impair, & le figne -— sil eft pair. DES LSCIENCE S. 111 II fuit de ce que nous venons de voir, que l'expreflion de ZX .4 peut être mile fous cette forme, uÙ u 1 EN = lu tek (LE). h (2) du ide JE (x) — &e. & que l'on a généralement, 2i—1: Fr ie Er ie Là 28.(ai—i) y Tr 2 4 D ÉOENS RE (imp 7 iteier, Mr ME y era) 21. (2i—41) LE MERS) à RME] 5 ré .2 1:2:3 pie A 2i7 ai 1:2,.3...{21— 1) ,2t -(2 —:1) de Reprenons les équations (3) & (5) des articles III & IV, PVR : A‘ a = fé) ji; (3) ces deux équations peuvent être repréfentées par la fuivante, aug = (et) sh; (8) pourvu que dans les deux membres de cette équation, on applique aux caractériftiques A & à les expofans des puiflances de A x & de Du, & que lon change les différences négatives en intégrales; par exemple, que l'on écrive 3°. au lieu : ar | À k di de A ï.u, & f'.u0ti au lieu de _- L'équation (8) ayant lieu, foit que la puiffance ; de Az foit pofitive, ou qu'elle foit négative, il en rélulte qu'une fonction quelconque de A # eft égale à une pareille fonction de e 04, pourvu que. dans le développement des 1° {log (à 112 MÉMoIReEs DE L'ACADÉMIE ROYALE deux fonctions, on ait foin d'appliquer aux caraétériftiques A & à les expofans des puiflances de À u & de D.u, & de changer les différences négatives en intégrales. De ce théo- rême général, on peut tirer les deux corollaires fuivans. + Au ki— Ÿ log. (1 SR AE mi. at " VE partant, fi i eft pofitif, on aura 5 d'u k À ai.(—) = log. (1 + Au)}; (9) & fi i eft négatif, & fe change en — i, on aura HEC CINE 1 1 TE Pr [log. (x + Au)]' ’ (10) En fuppofant À — 1, cette dernière équation pourra fervir à déterminer les furfaces des courbes, au moyen des ordonnées équidiflantes. Hot du Æ 2.° (1 +-Au) # Me RE le — Le partant, a" PE D ONE NE ME or ft l’on défigne par les caractériftiques ‘A & ‘E, les différences & les intégrales finies, lorfque + eft la différence finie de 4; on a dans le cas où À eft pofitif, 1,04 Ain (em 2 3 }i, & dans le cas où à eft négatif, & fe change en — ;, on , 1 a Zi.u = —————— \; donc, PT — ji * At. 4x Le ART GE 1}; (11) L'ONU TE — se (LE Ces DES SCcrENCESs. 11% Ces deux formules renferment la théorie des interpolations prile avec toute la généralité dont elle eft füfceptible, Je dois oblerver ici que les équations CEA T0 (o), (10), (11) & (12), ont déjà été données pa M. de ja range, dans un excellent Mémoire, qui a pour titre : Jur une nouvelle efpèce de Calcul relatif à la différenciation & à d'intégration des guantites variables, & qui eft inféré dans le volume de l’Académie de Berlin pour lannée 1772. Ce grand Analyfte y eft parvenu au moyen d’une analogie très- remarquable entre les puiffances pofitives & les différences, & entre les puiflances négatives & les intégrales ; analogie qu’il fe contente d’obferver, mais dont il femble regarder la démonf tration comme très-diffciie /voyez le Mémoire cité, pages 186 d'19 5); c'eft ce qui m'a engagé à les démontrer ici par une méthode qui, fi je ne me trompe, eft auffi directe & auf fimple qu'on puifle le defirer, & qui de plus a l'avantage de faire voir à priori la railon de cette analogie fingulière, VOLE Revenons préfentement au développement des fonctions en fuites; mais au lieu de fuppofer la fonction # donnée immédiatement comme dans l'article 11, imaginons qu’elle foit une fonction de x, x étant donné par l'équation aux différences partielles dx d x Ep) = Carr dans laquelle 7 eft une fonétion quelconque de x; cela polé, pour réduire # dans une fuite ordonnée par rapport d'u = / dans du du D» le cas de & — 0; or on D — Ce l ù dx : dx de = t( = PA 2e à caufe (Eee — Z es 1 partant, Dr) dx (D) = (——); (4) Mém. 1777. Ë à «, il faut (article 1‘) déterminer la valeur de / xi4 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyarE en différenciant cette équation par rapport à &, on aura du d0u D.fr(5) 04 pas ( Se 1 Vas ET or l'équation (a) donne en y du du dfr(ss) dx à. fr (Sr )dx PRES + dæ dr te ù changeant # en /7( -— JD%) PSC (Sr) dr* a à da [D (RE) d# par rapport à &, On aura Curl ES dr? da À g ddu 5 . partant [ Tr EUX différenciant encore elL ; : SLA changeant dans l'équation (a) # en [7 (——)0x, on aura 2 u d d SC) dx DSC (a) dx pau Ÿ 2 T —= 5: Fe PR DE. (2) dx : : S k = ——<"—— ; en fuivant ce procédé, il eft aifé de conclure généralement n à n—: n du dx Rs) er D. SES) dx onde Te D RU da" HET ds" A dre _ Du d" = cs Suppofons maintenant qu'en faifant «— o,on aitx — 7; T étant fonction de r; on fubflituera cette valeur dans 7 & dans 4; foient Z & 4 ce que deviennent alors ces quantités, & don aura dans la fuppoñition de 4 = 0, du Mt, Z".(—) ep d'u dr 4 d a” À = De 0 partant farticle 1), DE 2". (©) Ti ie Vs & œ D [ “ Ve en forte que l'on aura par le même article, DIE S SCIENCES 11ÿ 2 A DZ (—) :] d4 . à C2 a=U+al.(—) + CL = 2 5% ds d.Z F5) ) . a &c. é 14210 d# il ne s’agit plus que de déterminer la fonétion de 7 & de « que x repréfente en intégrant l'équation aux différences è dx dx partielles (==) = 7(--). Pour cela, on obfervera que 0 x — C%) da + (pot == eo -(0t + 704), en fubftituant au lieu de { sé ) fa valeur A) or on a 01 + 70 — 0(t—+ az) — a En -0x; donc à 0] dx DX = (<=) .d (t + az) — a (=). (5) 0x; 4 d x (5,7 > > Lin œ (==) Ée _ ÿ] d'où lon tire x — ff + az), ®(t + az) étant une fondion arbitraire de ? + 47, en forte que la quantité que nous avons nommée 7° eft ici égale à @ /1); toutes les fois donc que l’on aura entre x & æ une équation de la forme x — @{a + a7), la valeur de # fera donnée en vertu de l'équation /4), par une fuite ordonnée fuivant les puiffances de 4, pourvu qu'après les difkrenciations on fuppofe + — a. Si lon a @{a + a7) — a + 47, on aura le beau théorème que M. de la Grange a trouvé par induétion daïñs les Mémoires de Berlin pour l'année 1769; & fi de plus on fuppofe z — 1, on aura le théorème de Taylor, que nous avons démontré dans l'article LL dartant 0x — *O(t + az}; P (A); #16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE En général, s’il exifte entre x & «7 une équation quel- conque, on y fubflituera au lieu de 47, & l’on en tirera la valeur de x enr; fi l'on fubftitue enfuite cette valeur dans 7 & dans z, pour en former Z & %, l'équation {A} donnera l’expreffion de x en férie, pourvu que l’on fuppofe t — o, après les différenciations. NAT: ‘ On peut généralifer le théorème de l'article précédent, & l'étendre à un nombre quelconque de variables; pour cela, confidérons les deux équations pf—+ az), g'( ie &' 20 z & g' étant des fonctions quelconques des quantités x & x", & fuppofons qu'il s’agifle de développer une fonction quel- conque # de ces mêmes quantités, dans une fuite ordonnée par rapport aux puiflances & aux produits de « & de «'; le problème fe réduit évidemment /article 1) à déterminer le terme &”".a'"". qu,» de cette fuite, & lon a par le même article, { —) da" .da'"” AE AE LEUT- dis x ï x IL {I LEURS Qui ; » 5 7 x # x pourvu que l'on fuppole & & «' égaux à zéro après les différenciations, dans le fecond membre de cette équation; cela pofé, en confidérant 4 comme fonétion de x feul, on LNTRR , du ; y » da 2 ta ( de a par l'article précédent, ( A D = PES r L du L den >" —: a! ef artant /—) — — , è : ee [2 ni ñn du xZ du arona 2 re RE 145 7 , pourvu da" DES SCIENCES. LÉ que dans le réfultat de a différenciation du fecond membre de cette équation, on change 7 en z'; de plus, on a par AI AER > 7 du du l'article précédent, z.( Re PA = /; on aura donc en , Ù changeant 7 en 7* dans l’expreflion de ( —) du fecond t À F membre de l’équation fuivante, DÉS HERE HELENE ( ). T1: ) = EETR , À 2" .u 2" 1 #1 du Préfentement on a / rent Ne vence UN OU Sr LA in! dr": da" da" dæ. Dan" à" —: ! (a pourvu que dans l’expreffion de Cu de: du fecond membre de cette équation, on change 7' en 7'" ; partant on aura dd NAS Lo RENTE A 7 ÉARERRSAE RER pourvu que dans la double différentielle ( da". dæ'*" DETTES En 1 dde &æ .da' /, on change z en 7°, & z'en z'" ; fi l'on y fupppofe enfuite 4 — 0 & &' — 0, on aura, toujours avec la condition précédente } E ? Lee du RE rene, Ta — CEE ES CCC CARRE PERS PO TT a De-là il eff aif£ de conclure généralement que fi l'on a les r équations # =? (f+az . X = (É + arf À M ec) ec. TT , &c. étant fondions des r quantités x, x, x'', &c. & que l'on propoe de développer une fonétion quelconque 4 To, v'yn, EG de ces mêmes quantités dans une fuite ordonnée par rapport aux puiffances & aux produits de à, dy a", &c Ai lon I 11 HOME le HE De MCCCs le terme de da n',n' 7, &c n° Le 11 l'ordre a”.æ' * .a'°" ,. &c. de cette fuite, on aura tee Mon j d".u - à da .daæ'. da. &c. È î LE 1 RL Ra RÉ TU se... 2. EN 123 er DIET. Ëce F d".u pourvu que dans la différentielle PR RE ), on , : AMEUEE - 1 11 change 7 en 7”, z'enz'", g' en z ” , &c. & qu'en- fuite on y fubftitue @ /t) au lieu de x, æ (f') au lieu de x, @''(t') au lieu de x", &c. tout fe réduit donc à déter- miner la valeur de cette différentielle. Si lon ne confidère qu'une feule variable x, on aura par et, Le du du r Yarticle précédent, (=) = 2.(-=7); partant fi lon nomme # & Z ce que deviennent # & 7 en y fubflituant g (1) au lieu de x, on aura mn —! 1 n 0) ? -Z". (==) Ta 1230 T0 UN L ‘ Si l'on confidère deux variables x & x', on aura d'abord du du dd4a ddu fs — L: ( 2: J; partant éreneeŸ | Qi (6 Re 1 dz d : du : + (Es où on a (5) = (€ 27 RR 2 Ù en changeant 7 en 7 dans cette équation, ona f _ Jet _ Pa ) du dr dr donc (=) NZ . dv. ( 100% du 7H) ERA dore r4t DÉEMSOMSNCRL TE NICE NS 119 - dd ddu da d7 APE SE A AG: Got AA : du RE: AIS: en changeant z en 7”, z'en 7 ”, & nommant #, Z, Z' ce * que deviennent », 7, 7', lorfqu'on y fubftitue @ /t), ç‘(f} au lieu de x, x', on aura A Mr Le A Rte d FARESTA pe r) +nZ 2 Ve Je (a) ne 2 ZUUIEE ee LR (= PES Ne 12030207 OPA CE Li NH —2 DIS = . 7 », 7 Si l'on confidère trois variables x, x', x", l'équation ddu z ddu du 27 : 20 3 one / = US rl éd donnera en la différenciant par rapport à 4", d?.u 3 d5.u ddr LEA L. END Casa /=u rond Corn) À Clan). Et HE È+ ce 24 ) — Ù BE on à (or) = ae (are (ne Le (SE) ré) nf ue ne =); d'où lon tirera facilement !a valeur de / ); en y changeant enfuite 7 en 7”, da.daæ'.da'" 1r 1 117 Pour ,z ‘enz 1, nommant 4, Z, Z, Ziucæe que deviennent #, 7, 2°, x, lorfqu'on y change x, x", x°* en @(t), ® (t), ®'"(t'), on trouvera n20o Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyAL= L à Ü 11 TT ZT à 2 dr dm dr" n Zi Du n un} NL LT d.Z" +( Puy. Îz RE RL Z.z = 9 x 1n AE ant uni 2.2" PDT fe D RAR (RER # x a AE n ryntt 2.2" LEZ. ee ÉTÉ Z Nes 1n1 TT 22.2" sn As a DeiZ? LENS A CNRS RE NOR VERS Drr+nil 3 sa 71 F PR AT CLEAN ee D.Z"" + dU ) F ( d1.dr" ) £ ( dr / ( ds" 7 5 >. 2" à,Z" Le (pe ) > Fe 1 ) de nn — Te" D RON En AP à MR SE EE OEM Li = | & ainfi de fuite. Lx En confidérant d'autres équations aux différences partielles entre x,a« & 1, on pourroit par la méthode de l'article ! 1Z, développer en férie une fonction quelconque 4 de x, & l'on trouveroit -infi une infinité d'équations très - générales entre x & à, pour lefquelles ce développement feroit poflible; mais on feroit encore bien éloigné d'avoir la folution du problème général dans lequel on {e propofe de développer en lérie une fonction quelconque de x & de a, quel cs oit DEUSNA SAGE RU CC E${ y21 foit l'équation qui donne x en 4, pourvu que la férie qui en rélulte ne renferme que des puiflances pofitives & entières de «. Voici pour le réfoudre, un théorème qui par fa géné- ralité & par fa fimplicité, peut mériter Fattention des Analyftes. Soit g{x,«) — o l'équation propofée entre x & «, & u la fonction de x & de « qu'il s'agit de réduire en férie; on commencera d’abord par réfoudre l'équation g{x,0) = o dans laquelle fe change la propolée, lorfqu'on y fuppofe a — o, & l'on aura différentes racines qui donneront autant de féries dans lefquelles # pourra être développé; foit x — a — 0, une de ces racines; la quantité © /x, o} aura donc pour facteur une puifflance pofitive de x — à, que je fuppolfe égale à ;; cela pofé, fi l'on nomme &".9, le terme de l'ordre 4” de l'expreflion de # réduite en férie lorfqu'on fait ufage de la racine x — 4 — o, on aura M du j bts >". 1 à À): œe{ra) À er (& — a)}: LÉLEE REMREREEe da" 1.2.3-..7.0@" LV 12.301 ES Aie (= Lies > en obfervant dans le fecond membre de cette équation, 1. de confidérer les deux variables x & & comme indé- pendantes ; 2.° de fuppoler 4 — o , après les différenciations relatives à &, & x — a après toutes les différenciations. Soit, par exemple ,.@/x,a) — x — a — ay, 7 étant fonétion de x, & fuppofons # fonction de x fans à; on trouvera facilement en fuppofant & — o après les différenciations , Mém. 1 PAP Q 122 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE duty ‘ sh ».( ) «log. (x — a— ar) ie SET PR JT. (==) d Enr TEA, du de plus, on a frs 0, & == 1; patant, du Ha ud k LATE 4 2 3". ce qui eft conforme à ce qu'on a vu dans l'article VII, D Es, S CIE N° C:E:s. 123 ENX PP ÉRTI'ENC ES Sur la Cendre qu'emploient les Salpériers de Paris, &7 Jur fon ufage dans la fabrication du Salpétre. Par MMA AIO ENS ER. UELQUES circonflances, dont je ne puis rendre compte dans ce moment, m'ont rendu dépofitaire d'un fecret dont l'application peut être de quelqu'importance en Chimie, * & avoir quelque rapport avec les faits rapportés dans ce Mémoire; en conféquence, je crois devoir dépoler entre les mains de M. le Secrétaire, le détail de ce qui s'eft pañé à cet égard, afin qu'on puilfle y recourir au beloin, qu'on foit à portée de diflinguer dans tous les temps ce qui m’appartient d'avec ce qui ne m'appartient pas, & qu'on ne puifle pas me foupçonner d'avoir vou u m’attribuer la découverte d’un autre, Les Salpètriers de Paris & ceux d'une partie du royaume, font dans l'ufage de mettre au fond des tonneaux ou cuveaux, dans lefquels ils leffivent les terres & plâtras, un quart où un tiers de cendres : ils rempliflent enfuite le refle de chaque tonneau ou cuveau avec les matières dont ils fe propofent d’ex- traire le falpêtre, & ils verfentenfuite de l'eau par-deflus pour en faire la leflive. à Dans toutes les Fabriques du Languedoc , au contraire, on leflive les terres ou gravois falpêtrés fans addition d'aucune efpèce; on concentre par évaporation la leflive qu'on en retire, & on la fait pafler enfuite à travers une couche affez épaiffe de cendres de tamarilc. Cette préférence exclufive, que donnent aux cendres de tamarifc les Salpêtriers du Languedoc, a d'autant plus lieu de furprendre , que d’après les expériences de M. Montet, Membre diftingué de l'Académie Royale de Montpellier, confirmées depuis par celles de M. du Coudrai, Capitaine Qi Là le 12 Mars 1777° 124 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE au Corps-royal d’Artillerie, & Correfpondant de cette Ac démie, les cendres de tamarifc ne contiennent point du tout d’alkali fixe , mais du vrai fel de Glauber, en aflez grande abondance, & qu'on en peut retirer par lixiviation. ÿ Cette fingularité, dont M. Venel paroït avoir été frappé le premier, /Encyclopédie, article Nitre) Ya porté à croire que les cendres ne fervoient pas, comme prefque tous les Chimiftes l’avoient cru jufqu’alors, à décompoler, en raifon de leur partie alkaline, le nître à bafe terreufe contenu dans la leflive des Salpètriers, à en précipiter la terre, & à donner à l'acide nitreux une bafe d’alkali fixe. M. du Coudrai même dans un Mémoire fur la meilleure méthode d'extraire & de rafhner le falpêtre , 1ù à l’Académie & imprimé fous fon Privilége en 1774, a cru pouvoir conclure que les cendres ne fervoient qu'à dégraiffer la cuite, & à favorifer la criftal- lifation du falpêtre à bale d’alkali fixe végétal déjà tout formé dans la leffive. Quelque conféquente que puiffe paroître cette conclufion, quelque conforme qu’elle femble aux principes reçus en Chi- mie, les expériences contenues dans ce Mémoire, feront voir qu'elle n'en eft pas plus vraie : elle fuppofe la vérité d'un principe abfolument faux ; or, en attaquant le principe, ce fera détruire en même-temps Îa conféquence. Je n’avois d'abord pour objet, en entreprenant ce travail, que de répéter, pour ma propre inftruction fur la cendre des Salpêtriers de Paris, ce qu'avoient fait M.° Montet, Venel & du Coudray, fur celle de tamarife, & je ne fuppo- fois pas qu'il püt réfulter de ces expériences rien qui mérität d'occuper l'attention de Académie : mais infenfiblement m'étant trouvé conduit à des réfultats très-inattendus, & mon travail s'étant trouvé lié avec des faits intéreffans relatifs à la théorie des doubles affinités, j'ai été obligé de le divifer en deux Mémoires. Je me bornerai à donner dans celui-ci l'analyfe de la cendre des Salpétriers de Paris, à examiner les diflérens fels qu’elle contient, quel peut être leur ufage dans la fabrication du falpêtre; enfin, quelle eft l'action de D ESSONNE N C'E se 125$ chacun d’eux fur le nitre à bafe terreufe. Je donnerai dans un fecond Mémoire qui fuivra de près celui-ci quelques détails fur l’action réciproque de l’eau - mère de nitre & de : la plupart des fels vitrioliques & phofphoriques. En général, les cendres dont fe fervent les Sapêtriers de Paris , font à peu-près le rebut de celles qu'on emploie dans les autres Arts. Des femmes, des enfans de la claffe {a plus indigente du peuple, & qu'on connoit fous le nom de chiffonniers & de chiffonnieres , de cendriers & de cendriéres , la ramaflent au coin des bornes, & 1a portent aux Salpêtriers, qui la leur paient deux fous fix deniers le boifleau. (Cette mefure rafe eft environ de cinq cents quarante-deux pouces de folidité). Ces cendres proviennent communément de bois flotté , fouvent elles ont fervi aux Blanchiffeufes qui les ont - déjà lefivées ; comme d’ailleurs elles font ramaffées dans les rues , elles y ont éprouvé les intempéries de l'air, & ont été lavées par l'eau du ciel & par les égouts des toits. Une preuve de la mauvaife qualité de ces cendres eft le peu de cas qu'on enfait, & le bas prix auquel on les vend : on vient de voir qu'elles ne valent que deux fous fix deniers le boiffeau , tandis que les cendres de bonne qualité, celles qui ont été bien recuites, & qui contiennent tout leur alkali, font achetées par les blanchiffeufes jufqu’à dix & douze fous la même mefure. Toutes les faïfons ne font pas également propres pour {a récolte de la cendre; les Salpétriers font obligés d'en faire provifion pendant lhiver, & d’amaffer fous des hangards la quantité dont ils préfument avoir befoin pour le travail de toute l'année. C’eft à un tas de cette efpèce, dont la hauteur étoit de dix ou douze pieds, fur une étendue affez confidérable en tout fens, & qui avoit été formé pendant Fhiver précédent, que j'ai pris la quantité de cendres dont j'avois befoin pour es expériences dont je vais rendre compte. J'ai obfervé de faire tomber des portions de toutes les couches indiftinéte- ment, & pour qu'il y eût plus d’uniformité dans toutes les parties, & que la portion de cendres que je me propofois d'em- ployer füten quelque façon un réfultat moyen entre un grand 126 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nombre d’efpèces , j'ai fait mêler long-temps à {a pêle la quantité qui avoit été abattue, J'ai mis vingt-cinq livres de cette cendre, c’eft-à-dire un peu plus d’un boifleau & demi dans un petit baril défoncé par un bout, auquel j'avois pratiqué par le bas un trou de quatre à cinq lignes que j'avois garni de quelques brins de paille. J'y ai fait fucceffivement pafler différentes portions d’eau bouiilante, & j'ai continué d’en ajouter de nouvelle juiqu’à la concurrence de quarante pintes. La leflive que j'ai obtenue par ce procédé étoit fenfiblement infipide, elle étoit claire & limpide, mais rouffätre. Je l'ai mile en évaporation dans douze caplules de verre au bain de fable & àun degré de chaleur un pu inférieur à celui de l'eau bouil- Jante; j'avois foin de remplir les capfules à mefure que la liqueur s'évaporoit. Comme la quantité d’eau étoit contidérable, cette opération a duré fix fois vingt-quatre heures. Vers la fin de l'évaporation j'ai eu foin de réunir dans une même caplule la liqueur qui fe trouvoit dans plufieurs, & en opérant avec précaution je fuis parvenu à raffembler tout mon produit dans deux caplules feulement, l’une defquelles contenoit des fels aflez purs & aflez blancs, & l'autre des matières extractives fort épaifles, des efpèces d’eaux - mères que j'ai eu peine à obtenir fous forme concrète. Ces deux réfidus peloient enfemble douze onces fept gros dix-huit grains, ce qui revient aflez exaclement àune demi-once par livre de cendres. J'ai enfuite procédé avec l'attention {a plus fcrupuleufe à l'examen de ces deux réfidus en les avant chacun fucceffi- vement & féparément avec de l’eau tiède & avec de l’eau bouillante, & en divifant en différentes fraétions les fels que j'obtenois par évaporation de chacun de ces lavages. Comme il eft intéreffant dans les expériences de donner le détail des procédés qu’on a fuivis, & que cette manière eft la feule qui puiffe infpirer de la confiance au leéteur, je vais tranfcrire ici le détail de chaque opération, tel qu’il fe trouve infcrit fur mon journal d'expérience ; je puis répondre de MEUS LL SL CALE N.CiE LS 127 l'exactitude & de la fidélité la plus fcrupuleufe dans chacun des réfuiltats. PRODUITS obtenus par évaporation du lavage du premier réfidu. Premier LAVAGE tiede. n ñ. | Co fraétion..ÿ" F LA fel de Glauber.....,. y RGO II. fraction... 7° 3. fel de Glauber...... y F0 AN DEL IITSt fraction... 2° 2 Melmarimels 2e y ; AIR fe marin imprégné de IVtrchonss7. se. matières extractives & comme grafles... y 2 11 Second LAVAGE chaud TÆ fractions. 7. De, AtATITE VILTIOÉse. cle +, LU , lie 66. IT fraction. 7° 7 tartre vitriolé...... 1. 2. 34. III.° fraétion.… 7.” 2. tartre vitriolé...... # 6. 36. fel marin mêlé de quel- que peu de tartre IV. fraction. 7° 9. vitriolé, & d’un peu de matière grafle & CXÉTAGLIVE PURY où se 0h A AC Troifième LAVAGE. fel en longues & fines aiguilles canelces & 1. fraion.… 7.” 10. mal terminées mêlé avec un peu de tartre VINCENT le a is, JIM # 60, mélange de tartre vitriolé & de fel maiin avecun peude matière extractive.. y 2422 Labo. 17 11.4 128 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quatrième LAVAGE. mélange de tartre L'ARE EL vitriolé & de fel en fraction unique. aiguilles, fines. : 1 "#5 24e a Cinquième LAVAGE, fel en aiguilles fines, PF : comme au ».” 10 I," fraction... n° 17. : avec quelques ato- mesdetartre vitriolé # 1 38. tartre vitriolé avec un He Tu peu de fel en aïguil- SÉRIE PONT 4 7 II. fraction. Sixième LAVAGE. fel en aiguilles , avec LME D quelques atomes de fraction unique. ? tartre vitriolé..... “ PORTION infoluble dans l'eau, Te Ron ere pl félénite mélée d'unpeu de terre calcaire... 3° $ 4e II. fraction... 7° 17 félénite prefque pure. # 7. 6. I. 2 |. (60: PRODUITS obtenus par évaporation du Lavage du fecond réfidu. Premier LAVAGE tiède, I fraion… ».° 18.tartrevitrioléunpeujaunâtre # 5$+ 54 fel marin fec mélé de JI.° fraction. 7.° 17.) parties jaunes ex- traclives. .. .. D 'An dcNoun 48. fel marin déliquefcent u’oneftparvenu ce- III. fraclion… 7,° 2 0... pendant adeffécher, il eft mélé de parties jaunes extraclives.. 4 2. 12. mn. 2. # 42: CE ns Second DES SCTENCES. Second LAVAGE chaud. n1 29 1.'* fraction... #.° 21. tartre vitriolé très-pur. .. 1° ygrs 3 Genine LS fadione n°22.) fel marin imbibé de ma- tière extraclive. ..,. 2°. 12: T-HN2 40e Troilième LAVAGE, ONE Ep tartre vitriolé, & fel en gupnsrs aiguilles... ........ 7 4 18. IL. fraction. n°24. tartre vitriolé. ....... 7 7 $2- ! I. 70. PorTIONS infolubles. Frat. unique... 7.°25. félénite. ........... 1 Re Matière réfino-extraclive , foluble dans l'eau & dans l’efprit-de-vin. #1 4 60. Matière extractive, foluble feule- ment dans l'eau... . # 2e Île # 6. 60. RÉEA PIT UL'ATIO'N onces. gros. grains. 1. Lavage... "1. 124 66 Ze TL AVADC ee 3e O2 3 Lavage. .. n 3. 30 LP REÉfdus. 40 Lavage. 14 3 249. de Baies joe çaeninn sn Lavage. mi 5er 38 6.° Lavage. .. # 1 u Portionsinfolub. 1. 2, 60 1." Lavage. .. 2. #1 42 ILA Réfidu. … Lavage. .. 1. 2. 48 TERRE 3. Lavage. .. y 1. 7o Portions infolub. x, 32 Parties réfineufes & extraétives... #” 6. 60. T'OST AL eee 7 18. Mén. 1777. 130@ MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE RÉCAPITULATION par efpèce de Sels des produirs obrenus de 2$ livres de cendre des Salpérriers. Nota, Tous les articles de cette Récapitulation ne cadrent pas exaétement avec les détails précédens, à caufe des évaluations qu'on a été obligé de faire relativement aux mélanges de diflérens fels, & à la quantité de matitre extractive qu'ils pouvoient contenir. Sélénitents tartine Dates STRESS DEL Sel en aiguilles de nature inconnue, .. » $e 45e tte MIMOEsS -MMe eh Res, Sa ZM AE Sel marin...........+....e,s. 2e 6: 30 Sel de Glauber........s........ 1 7e 4 Matière réfino-extractive , foluble dans l'efprit-de-vin & dans l'eau....... # 6. 31. Matière extractive foluble feulement dans Tease RE een te %e ” RÉCAPITULATION des mêmes produits rapportés au Quinral. Sélénite.....,...,..,.,.., plve @oncs. pgrs Ggrins Sel en aiguilles de nature inconnue » 2e Li 6 36% Martrevitnols Re PRES Ac 1 SEMAINES {a lales + eee ler e s AURA De LATE AIO Sel de Gfauber. 4e... 1 3e 4e “ Matière réfino-extradive. ..... DONNE 52 Matière extraétive.. ......... y TO à 1 TOTAL des fels par quintal de cendres.. 3. 3. 5. =) D 'EHAOAGLEIN CE S. 131 RÉCAPITULATION des mêmes produits , rapportés au boiffeau des Salpéniers de Paris, en fuppofanr 1° que cette mefure eff de ÿ42 pouces de folidiré; 2. que la cendre qu'il contient mefurée prefque rafe pèfe 16 livres 12 onces; 3. que le quintal de cendre équivaut à fix boiffeaux. Sélénite, Rethel. ople ee ES) roc Sel en aïguilles de nature inconnue... .. # 3e S4e Tartre vitriolé.....,....,....., 3. 7. 48 Sélimentre 1-1 te Mr ETC 16 Modem AU TETE SelideiGlauber AA BEC CT 4 48. Matière réfino-extractive. ....,,.,,, 1 PAMONER Mañierelestracliness lle ce ep ilt- 2e 8 4. 6o. Cette analyfe de a cendre me ramenoit à l’obfervation faite par M." Venel & du Coudray; favoir, que les Salpêtriers emploient des cendres qui ne contiennent que des fels neu- tres, & point du tout d’alkali fixe à nu : il n'étoit plus queftion d'après cela que de diriger mes expériences de manière à déterminer, 1.° fi de pareilles cendres fervoient réellement de quelque chofe dans la fabrication du Salpêtre; 2° en fuppofant faffirmative, quel pouvoit être eur ufage : ces deux objets m'ont déterminé à adopter le plan d'expériences ui fuit, J'ai pris deux petits barils défoncés par un bout & percés d'un trou par le bas; j'ai mis dans chacun douze livres de cendres des Salpétriers, parfaitement leflivées, & dans lef- quelles je ne pouvois pas foupçonner qu'il reflât d'autre fel neutre que de la félénite : j'ai fait paffer fur l'un une quaniiié médiocre d’eau-mère de nitre, telle que je l'avois prie chez un Salpétrier, & feulement étendue de beaucoup d’eau : j'ai fait en même temps pafler fur l’autre une eau-mère que j'avois compofée moi-même, en faifant difloudre de la craie de R ij 132 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Champagne dans de l'acide nitreux très-pur. Quoique j'aie repailé chacune de ces eaux-mères chaudes un grand nombre de fois fur les filtres ci-deflus, je ne me fuis pas aperçu que ces filtrations répétées y euflent apporté aucun change- ment fenfible ; l'eau-mère artificielle, celle que j'avois fait moi-même, n'a pas donné par évaporation un feul atome de falpêtre à bafe d’alkali fixe. Quant à leau-mère des Salpêtriers, ayant comparé par des expériences très-exaétes celle’ qui avoit pañlé fur des cendres leflivées avec celle qui avoit été évaporée directement, il ne m'a pas été pofñble de découvrir la plus légère diflérence dans les réfultats. Certain, d’après ces expériences, que les cendres bien Jeflivées n'avoient aucune action fur l’eau-mère de nitre, & que cette dernière en reflortoit comme elle y étoit entrée, je commençai à foupçonner que les cendres, lorfqu’elles ne contenoient point d’alkali fixe, ne fervoient abfolument à rien dans la fabrication du falpètre, & que c'étoit par un ufage ancien, une efpèce de routine qu'on employoit en Languedoc celles de Tamarifc; mais cette conféquence, comme on va le voir, étoit précipitée, & je fus bientôt détrompé par l'expérience qui fuit : Je pris vingt-cinq livres de la même cendre des Salpétriers, non leflivée, dont j'ai donné ci-deflus l'analyfe; je la mis dans un petit baril défoncé, tel que je F'ai décrit plus haut, & jy fis pafler de la même eau-mère artificielle étendue d'eau que j'avois compofée moi-même, & dans laquelle j'étois par conféquent für qu'il n’exifloit que de facide nitreux & de la terre calcaire. Ce fut avec bien de la fur- prife, qu'ayant fait évaporer cette eau-mère après qu’elle eut ainfi pañlé plufieurs fois fur la cendre, j'en obtins près de fept onces de très-beau falpêtre, que je reconnus par une fuite d'expériences être à bafe d’alkali végétal, & dont en eflet je retirai par la détonation avec la pouure de charbon environ cinq onces de véritable alkali fixe, femblable à celui qu'on retire du tartre. Deux conféquences fuivent naturellement de cette expé- D'ÆPSITONCNIIEIN C ELS. 133 rience & de la précédente ; la première, que les cendres, mème celles qui ne contiennent aucune portion d’alkali fixe à nu, peuvent fervir à convertir en vrai falpêtre une portion aflez confidérable de nitre à bafe terreufe ; la fe- conde, que cette propriété de la cendre ne nil pas dans fé partie terreufe, mais dans fa portion faline ou foluble dans l’eau : c’eft en conféquence vers cette dernière portion de la cendre que j'ai dirigé les expériences dont il me refte à rendre compte. J'ai leffivé de nouveau à l'eau bouillante une portion de la même cendre des Salpêtriers que ci-deflus, & après m'être afluré que cette leflive ne contenoit pas plus d’alkali à nu que dans les premières expériences, je l'ai verfée fur de l’eau- mère de nitre; auflitôt la liqueur s’eft troublée, & au bout de quelques inftans il s'eft raflemblé au fond du vale un précipité blanc qui, lavé & féché, s’eft trouvé être une véritable félénite ; ayant fait évaporer l'eau furnageante , je n'en ai obtenu que du fel marin & du falpêtre, mais pas un atome ni de {el de Glauber ni de tartre vitriolé. IL étoit évident, d’après cela, que le nitre que javois obtenu dans cette expérience, avoit été formé aux dépens du fel de Glauber & du tartre vitriolé contenus dans la cendre, ou plutôt dans fa leflive, & il ne m'étoit pas poffible de douter qu'il ne fe füt opéré une double décompofition en vertu d’une double affinité; que d’une part, l'acide vitrio- lique qui entre dans la compofition de ces fels ne fe füt combiné avec la terre calcaire de l'eau-mère pour former de la félénite, & que de l'autre l'acide nitreux ne fe füt emparé de la bafe alkaline du fel de Glauber & du tartre vitriolé pour former de véritable falpètre. Je ne me fuis pas contenté de cette feule expérience pour prouver l’action réciproque de l’eau-mère de nitre, du fel de Glauber & du tartre vitriolé; j'ai cru devoir la confirmer par des expériences plus détes J'ai mis en conféquence de l’eau-mère de nitre très- -pure étendue d’eau dans difiérens verres, & j'ai verfé deflus une folution, non-feulement de 134 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoxarE tatre vitriolé & de fel de Glauber, maïs encore de tous les fels neutres vitrioliques connus, & je me fuis afluré qu'avec tous il y avoit décompofition de l’eau-mère ; que d’une part, il fe formoit de la félénite qui fe précipitoit au fond du verre, faute de trouver une fufhfante quantité d'eau pour être tenue en diflolution, & que de l'autre il fe formoit différens fels nitreux , fuivant la nature de la bafe des {els , à l'aide defquels on avoit opéré la décompofition. La fuite de ces expériences fur la décompofition de l’eau- mère de nitre par les différens fels vitrioliques, quelle qu’en {oit la bafe, étant deftinée pour le fecond Mémoire que j'ai annoncé, je ne m'étendrai pas davantage dans celui-ci, & je me bornerai à quelques réflexions relatives à fon objet; c'eft- à-dire à la fabrication du falpètre. Il eft évident, d’après tout ce qui vient d'être dit, que les cendres qu'on emploie dans la fabrication du falpêtre ne fervent pas feulement en raifon de la partie alkaline qu'elles contiennent à nu; qu'elles agiflent encore en raïfon de-la partie alkaline qu’elles contiennent dans un état de neutralité, & combiné avec l'acide vitriolique. Aiïnfr, peu importe qu'on emploie pour décompofer l'eau-mère, & pour la convertir en vrai falpêtre, un alkali fixe à nu, ou un fel vitriolique à bafe d’alkali; l'effet eft le même, & l'acide nitreux, dans les deux cas, va chercher de préférence 'alkali contenu dans le fel, & en déloge l'acide vitriolique. La découverte qu'a faite M. Baumé de fa décompofition du tartre vitriolé par J’acide nitreux à nu, étoit déjà un p'emier acheminement à cette vérité, & elle prouve qu'il eft une infinité d'opérations chimiques qui demandent à être revues & examinées fous un point de vue nouveau, qu'il y a encore des découvertes à faire fur les objets les plus familiers en Chimie, & qui paffent le plus habituellement par nos mains. Ce qu'on peut conclure de ce Mémoire, d'applicable à la pratique de l'art des Salpêtriers, c’eft 1.” que la cendre ne {ert point à dégraiffer le falpètre, comme on l’a cru icng temps, DE: SC TE NC E 5. 135 & comme on étoit encore en droit de le croire, d'après l’obfervation faite par M. Venel & par M. du Coudray. 2.° Qu'il n’eft pas nécefaire que l’alkali, dans les cendres, foit à nu pour opérer la décompofition de l’eau-mère ; que pourvu ue la cendre contienne des fels vitrioliques à bafe d'alkali fixe, l'effet eft le même. Tout ceci peut encore nous conduire à d’autres réflexions importantes fur le travail des Salpêtriers, & c'eft par où je terminerai ce Mémoire. Les cendres que j'ai examinées ne contiennent en tout que quatre onces & demie environ par boifleau de fels vitrioliques à bafe d’alkali fixe. Or, ces {els eux-mêmes contenant environ les fept huitièmes de leur poids d’alkali fixe , il s'enfuit qu’un boiffeau de cendres ne contient réellement que quatre onces d’alkali fixe: ce boiffeau coûte aux Salpétriers deux fous fix deniers; d’où il fuit que les Salpètriers achettent réellement l'alkali qu’ils emploient dix fous la livre, tandis que la potaffe, qui eft un alkali prefque pur, ne vaut tout au plus que huit à neuf fous dans le commerce. H eft donc prouvé que fous ce point de vue il feroit beaucoup plus avantageux pour les Salpêtriers d'employer la potafle que la cendre. Mais une autre confidération non moins importante balance cet intérêt; le boiffeau de cendres, comme on fa vu plus haut, contient près de deux onces de {el marin; or le fel marin contenu dans Îa cendre pafle dans la leflive, & de-là dans la cuite: enfin, en dernière analyfe, il eft livré à l’Arfenal mêlé dans le falpêtre brut, ou bien, fi la cuite en contient trop, & qu'il en ait été féparé, il eft repris par la Ferme générale fur le pied de fept fous la livre, ou vendu en fraude au public au moins au prix de dix fous. Deux onces de fel marin repréfentent donc pour le Salpétrier au moins un fou, de forte que le boïfleau de cendres ne lui coûte réellement qu'un fou fix deniers. Le calcul précédemment fait n’eft donc pas exaét pour Îe Salpêtrier ; quatre onces d’alkali fixe que contient le boiffeau de cendres ne lui coûtent réellement qu'un fou fix deniers, 136 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ce qui ramène pouglui à fix fous la livre le prix deW’alkali contenu dans les cendres ; il trouve donc plus d'avantage à fe fervir même de mauvaife cendre que de potafle; à plus forte raifon lorfqu’il peut mettre la main fur quelque partie de bonne cendre. Le payement de fept fous par livre qui fe fait aux Salpé- triers pour le fel marin qu’ils livrent à l’Arfenal, payement qui a pour objet d'encourager leurs travaux, eft donc fufcep- tible de beaucoup d’inconvéniens, relativement à la fabrication du falpètre, puifqu’il s’oppofe à ce que les Salpètriers emploient de la potafle dans leurs travaux. H feroit à fouhaiter qu'on püt convertir cette dépenfe en une augmentation de prix du falpêtre, maïs d’un autre côté, l'intérêt du Roï, relative- ment à la vente exclufive du {el, femble mettre un obftacle invincible à cet arrangement. Une réflexion fingulière que préfente cette difcuffion, c’eft que la queflion de favoir s'il eft plus avantageux pour les Salpêtriers de fe fervir de potafie que de cendres pour la fabrication du falpêtre, tient à l’exiftence du privilége exclufif de la vente du fel; tant il eft vrai que dans les Arts, les queftions phyfiques fe compliquent prefque toujours avec des queflions politiques, & qu'il faut être lent à prononcer jufqu'à ce qu'on ait envifagé fon objet fous tous les points de vue qu'il peut préfenter ! EXAMEN DE SUISTOUT E NICE LS. 137 EXAMEN DE QUELQUES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES ET MÉTÉOROLOGIQUES, Faites à Madrid &7 à Paris, à” comparées entr'elles. Pa N'DEVE À LANDE. DEA Obfervations avoient été lües à l'Académie en 1749. Elles ne furent point imprimées pour lors, à caufe de l'étendue des matières qui devoient entrer dans le volume de F'Aca- démie; M. de la Condamine en profita pour raflembler diverfes Obfervations faites dans le mème temps a#Paris, & en tirer des conclufions ; je m'en occupai avec lui; ces matériaux m'étant reflés entre les mains après la mort de M. de la Condamine, j'ai cru devoir y mettre la dernière main pour les préfenter à l’Académie. ù Les Obfervations de Madrid font de M. le Commandeur Don George Juan, lun des deux Offciers de la Marine d'Efpagne qui firent le voyage du Pérou avec les Acadé- miciens françois, il y a quarante ans; qui fut enfuite Chef d’efcadre, Commandant des Gardes de la Marine de Cadiz & Correlpondant de l'Académie, & que nous avons perdu le 21 Juin 1773 *. Le favoir & l'expérience de l’Auteur dans la théorie & Ia pratique de l’Aftronomie, dont il a donné des preuves publiques, répondent de l'exactitude de fes Obfervations. La latitude de Madrid a été déterminée par des hauteurs méridiennes du Soleil, avec un quart-de-cercle de 24 pouces de rayon, mefure de Paris, l'un de ceux qui a fervi pour la Mefure de la Terre au Pérou. * Voyez fon Éloge à la fin de fon Recueil d'obfervations du Pérou, édition de 17737: Mém. 1 T7 S Lû le7 Décemb, 1776. 138 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE D'A'TES FA ANUPIL'ETURIS LATITUDES des MÉRIDIENNES OBSERVATIONS. obfervées, CONCLUES. D. fupérieur 46. Bord fupérieur 47. 36. 30 Bord fupérieur 49. 11. o Bord fupérieur 49. 34 35 Bord inférieur $1. 24. 10 Bord inférieur 53. 44. 40 Bord inférieur 54. 7. 25 Bord inférieur 55. 16. 20 Bord inférieur GT. 15. 10 1748. Mars 12 Mas 14 Mars 18 Mas 19 Mars 25 Mars 31 Avril : Avril 4 Avril 19 La latitude moyenne qui en rélulte, eft de 401 2 5’ 6" 20”, füuivant le calcul de l'Auteur; ou 40d25/ 9", fuivant les calculs de M. de l'Ifle. Le lieu de l'Obfervation étoit dans la rue de Los Prefiados, près du Poftigo de San-Martino, à environ 500 vares ou 194 toiles du centre de la grande place de Madrid au Nord, 1$ ou 16 vares à l'Eft. La vare de Caftille eft au pied de Paris, fuivant la comparaifon qui en à été faite par M. le Commandeur Don, George Juan, comme 371 à 144; cette diftance & cette pofition ont dù faire paroître le pôle nord moins élevé de 12 fecondes, que s'il eût été -obfervé fur la grande place : ainfi la latitude moyenne de la grande place de Madrid, déduite des Obfervations précé- dentes, eit de 401 25" 18”. On trouve 5 fecondes de plus pour cette latitude, en comparant quatre de ces Obfervations avec celles qui furent faites le même jour à Paris par M. l'abbé de fa Caiïlle, au collége Mazarin, en fuppofant 484 $1' 20" pour la latitude du collége Mazarin. "I ne fe trouve dans les Mémoires de l'Académie, aucune D'UEMSANSACUIF EN C Ets. 139 obfervation de latitude faite à Madrid, quoiqu'il y en ait plufieurs de la longitude de cette même ville; cependant M. le Chevalier de Louville, dans fes obfervations manuf- crites dont j'ai l'original, rapporte qu’il a coriclu la latitude de Madrid de 40% 25’ 0” avec un gnomon de 11 pieds de hauteur, & c’eft fans doute fur ce fondement qu'elle eft ainfi marquée dans la Table des latitudes du Livre de la Connoiffance des Temps, depuis 1706, jufqu’au temps où je lai corrigée d’après les obfervations précédentes, & elle y étoit marquée d’un aftérifque, qui défigne les obfervations faites par nos Académiciens. La différence de cette détermi- nation à la précédente eft peu de chofe pour un gnomon, & peut venir de la diftance de fa grande place au lieu où M, de Louville obfervoit. On trouve dans les Tranfactions philofophiques, 1, 22, art, 3, que par une obfervation faite à Madrid par le Comte de Sandwich en 1666, la latitude de cette ville eft de 40 degrés 10 minutes; M. de la Hire l'avoit aïnfi adoptée dans la première édition de fes Tables en 1687: dans l'édition de 1702, on la trouve de 40 degrés 14 minutes; & dans l'édition de 1735, publiée par M. Godin, elle eft marquée de 40 degrés 26 minutes. Quant à la longitude de Madrid, elle fe trouve de 23 minutes 28 fecondes, par les obfervations de l'Écliple de 1764, faites à Madrid par M. l'abbé Clouet, & calculées par M. du Séjour , comme je l'ai rapporté dans la Comnoif- fance des Temps de 1775, page 323, & comme il l'a inférée dansles Mémoires de l Académie de 177 1, page 240; mais cette pofition y eft marquée d’un aftérifque, qui défigne quelques incertitudes dans cette détermination: il n’eft donc pas inutile de rapporter ici les obfervations de l'Éclipfe de 1748, faites par Don George, avec une lunette de 17 pieds & demi de long ; les élémens nécefaires pour le calcul de cette Éclipfe ont été donnés par M. Pingré, dans les Mémoires de l'Académie pour 1766, page 35. S i 140 MéMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE À 8h 49 11", commencement de l'Éclipfe. 8. 56. 44... e Peel te totetele .. un doigt éclipfé. CHEAP DA OOOOUAACE OPORRES, deux doigts. 9 TÉPRDQe eee ele aie le le lee ou ..... trois doigts. 9. 28. See te ne quatre dois 9. 40. SN MR R E ROnqudoistse De Ge F7. SHOP à fix doigts. À 10" 38° 24", diminution de l'Éclipfe.« .. fix doigts. 10. ÿ7e 3eme cinq doigts. TL TOM etais SPA AE ... quatre doigts. TU 7 lee eleiele 0 De bel Aie . trois doigts. Tle 33e IZesooos.mosoms see ee: deux doigts. 11.043 8er see e clone e un doigt. PTNpen ADAM neo his ee 07 20 LOC CURE Les phafes précédentes ont été obfervées avec la même lunette, au travers de laquelle on recevoit l'image du Soleil fur un carton arrêté fixément au tuyau de la lunette; l'image étoit divilée en douze parties égales par fix cercles concen- triques, au moyen defquels on voyoit le progrès de la Lune fur le Soleil. La plus grande phafe fut de 6 doigts +, la hauteur du thermomètre étoit à fept heures du matin de 16 degrés 30 minutes ; à dix heures troïs quarts, vers le temps du milieu de l'Écliple, & à midi, elle éioit de 21 & de 23 à quatre heures du foir : fe baromètre marquoit 26 pouces une ligne. L’obfervation de l’éclipfe de Soleil de 1748, fut égale- ment faite à Madrid par Don Antonio de Ulloa, & fe trouve rapportée en latin dans les 7 ranfations philofophiques, n' 491, page 8. Dans les manufcrits de M. de l'Ifle, où fe trouve l'Obfer- vation de Don Antonio, le commencement eft à 8h 49’ 6”, temps vrai, & il dit qu'il na pu obferver la fin, parce que Le Soleil étoit trop élevé, & que le télefcope n'avoit pas les commodités néceffaires pour y pointer; d’ailleurs, M. de Tlfle avertit dans un autre endroit, qu'il a trouvé le détail DES MONONMTIEUNCCIE,S, 141 de cette obfervation dans les Zranfadtions philofophiques, abfolument conforme à celui que Don Antonio lui avoit envoyé, & que je viens de rapporter. F Le Duc de Solferino obferva auffi cette Fclipfe à Madrid, & voici un extrait de fa lettre à M. de fIfle, en date du 29 Juillet 1748 : Nous eumes ce jour-là (le 25 Juillet) vn ciel trés-clair, mais je ne pus obferver que le conmencement € la fin ; le Roi voulut la voir, & il me fallut, dans le 1emps même de l'Eclipfe, faire tranfporter les télefcopes chez Sa Majeflé, ce qui m'empêcha de pouvoir faire l'obfervation des éclipfes des taches ; le commencement arriva à ## 49" 2 SW: temps vrai, © la fin à 1 1% $2" 0"; j'avois vérifié le jour avant la pofition du cadran folaire, qui fert pour prendre la méridienne par des hauteurs égales, © je m'affurai de la montre à fecondes qui me fervit pour les deux obfervations , en la comparant : immédiatement avec une grande pe:dule du Roi, qui marque le temps vrai © moyen avec la dernière jufteffe. . ...: je ne ache pas qu'il y ait à Madrid d'autres perfonnes qui aient obfervé l'Eclipfe avec la précifion requife, parce que l'Aftro- nomie n'eff pas ici fort en vogue, à moins que cela n'ait été exécuté par Don George Juan, que je n'ai pourtant pas vu il y a long-temps, dc. M. Mechain, Aftronome du dépôt de la Marine, a calculé rigoureufement & par les méthodes les plus exactes toutes ces obfervations : il a d’abord fuppofé, avec Don George, le commencement à Madrid à 8° 49’ 11°; la fin, à 11° 52’ 1”: il en a déduit la différence des méridiens avec Paris de 2346" 30” par le commencement , & de 23’ 44* par la fin; il trouve 23! 51" 30”, en employant le com- mencement à 8" 49" 6" de Don Antonio ; mais il obferve que le commencement à 8F 49 11", & la fin à r1P 52’ 3 1”, donnoient précifément la même erreur des Tables en latitude, que l'obfervation de Gréenwich-faite par M. Bradley, ainfi que d’autres obfervations qui lui ont paru fort exactes : le commencement, par le Duc de Solferino , donneroit la diffé- rence des méridiens 23 30” environ; mais la fin donneroit 142 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 24! 15", ce qui paroit être trop peu d'accord, quoique plus voifin du réfultat tiré des fatellites de Jupiter. Je rapporterai ici les élémens principaux qui ont fervi à M. Mechain pour calculer cette Ecliple, & qui pourront fervir pour d’autres obfervations de la même Édliple, & fur-tout pour les phafes précédentes obfervées par Don George. Longitude du Soleil à 21", temps moyen a Paris. 40241,3702110,3e Equation du temps... Se 583 De Longitude du Soleil à 24 heures............ 4.2. 44031, 4. Équation du temps. . . Se 59» 3e Mouvement horaire du Soleil..........,.... 2423344 Diametreldu Soleil. se CAMES nine = 31e 028, 8e Diminué de....... CARNTICE Longitude de la Lune par les Tables à 21 heures.. 4. 1. 29. 44, o. Latitude. .rceet 10-10-20" iGs remps/ARALLAXE MOUVEMENT HORAIRE. PA CR MOYEN. PARIS Heures, 21I 22 25 24 Enfin , il a trouvé la conjonction vraie à Gréenwich, à 298 14/45", temps vrai, dans PE 20”, la Lune ayant une latitude vraie boréale de 27 57,5 ; les Tables de Mayer, feconde édition, faifoient la longitude de la Lune trop forte de 13 fecondes, & fa latitude auffi trop forte de 14 fecondes; la plupart des obfervations fur lefquelles on pouvoit compter, lui ont donné à-peu-près la même erreur ; il fe propole de DIEM LONEULE Ne © Es 143 donner à l’Académie, le détail de plus de foixante obfervations de cette Écliple, faites en différens lieux, qu'il a calculées & difcutées les unes par les aufres avec le plus grand foin. L'Éclipl du 1. Avril 1764, calculée par M. du Séjour, _ne donne que 23/28"; & par M. Pingré, 23/10”, Mém. Acad, 1760, page 29, où 23/4" page 53, au lieu de 2345" que donnoit celle de 1748. Je rapporterai encore les obfervations d’une Écliple de Lune, qui arriva le 8 Août 1748 , quoique le commence- ment & la fin aient paru à Don George, fufceptibles d’une incertitude d’une minute, à caufe de la difficulté de diftinguer l'ombre réelle de la pénombre. Temps vrar. % 9" 55 06”, commencement de l'Ecliple. 19. 05. 12, commencement de l’immerfion de la mer des Humeurs. 10. 11. 29, Tycho commence à entrer, 10. 13. 34, immerfon totale de la mer des Humeurs. 10. 14. 34, Grimaldi commence à entrer. 10. 22. 22, Grimaldi eft tout entier dans l'ombre. 10. 44. 33, Saellius & Furnerius commencent à entrer. 10. $1. 07, la mer de Nectar commence à entrer. II. 19. 32, la mer des Humeurs commence à fortir. 11. 44. 02, la mer de Nectar eft entièrement fortie, 11: 49. 1, émerfon totale de Tycho. 11. 59. 00, émerfion totale de Srellius & Furnerfus. 12. 10. 30, fin de l'Éclipfe. M. l'Abbé de la Caille obferva à Paris l'émerfion totale de Tycho à 12h 13/21", ce qui donne pour la différence des Méridiens 24/ 20"; il obferva la fin de lEclip{e à 12h 350", ce qui donne 24 30”. M. de Chabert obferva le commencement de limmerfion de Tycho à 10" 36’ 16", le réfultat eft 2447"; & l'émer- ion totale à 12Ÿ 13/11", ce qui ne donne que 24/ 10”. I me femble que trouvant ici une immerfion & une émer- fion qui ne difièrent pas beaucoup entrelles, on doit juger 144 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE que les obfervateurs étoient aflez d'accord fur la manière d'apprécier le bord de l'ombre ; cependant ce réfultat diffère beaucoup de celui de l'Éclipfe de Soleil de 1748. Voyons donc ce que donnent les obfervations des Satellites de Jupiter ; elles ont été faites à Madrid avec la même lunette de 17 pieds+, par un temps clair & ferein, À MaADprip. |À PARIS. 1748 Juill 18|[Immerfon IV.| 2h 59° 1" matin. Juill. 18|Immerfion I. |ro. 3. x foir, Juill, 27|Immerfion II. |r1. 10. 17 foir. Août b ; 24 T8. 16, Immerfon I. I. $I. 20 matin. À 2. 16, 54 + 1$+ 30. Août 4|Immerfion II. | 1. 51. 16 min. de 14:95 3° 9+ 22e 18 $9+ 14 foir. matin. Août 19|Émerfon I. Août 29|Emeñon II, Sept. 3 Émerfon I. O DR © Le) Le] Lo $1. 55 matin. 9. 48. 30. 9- 48. 35. Sept. 14/Émerfon 111. 9. 25. 23 foir. % Sept. 18/Émerfon I. |rr. 15. 21 foir.. ne 39413f° j ; II. 39. 32e Sept. 22|Emerñon Il. |rr. 16. 54 foir. L'obfervation du 2 Août, fut faite à Paris par M de'Ifle & Maraldi ; celle du 4, par M.* Maraldi & Chabert; celle du 19 Août, par M. de l'Île; celles du 14 & du 18 Sep- tembre, par M." de Ffle & Maraldi. L'obfervation du 27 Juillet, s’écarte trop du calcul, & ne paroït pas exacte; dans celle du 2 Août, le Satellite étoit fr près -du difque de Jupiter, qu'il étoit facile de s’y tromper de plufieurs fecondes. L'immerfion du premier Satellite, le 2 Août, donne 2 s! 4"; & lémerfion du 19, 23/6"; le milieu 24 20", eft e réfultat pour le premier Satellite, en partant de l’obfer- vation de M, Maraldi, Par DES IS1E MENU NC Es. 145 Par limmerfion du fecond, le 4 Août, on a 24/4"; & parlémerfion du 22, 24’ 10"; le milieu eft 24° 6". L’émerfion du Holène, le 14 nl donne 23! 12", mais n ‘ayant péint d'immerfion du troifième pour y comparer, je ne crois pas qu'on puifle y avoir égard. Aiïnfi les quatre rélultats de l'Écliple de Lune avec les quatre des Satellites de Jupiter, réunis enfemble, donnent 24/22" pour la différence des Méridiens entre Paris & Madrid. M. Pingré trouva 24! 16" par les écliples des Satel- lites, Mémoires de l'Académie, 1766, page $ÿ2. Cependant par l'Écliple de 1748 & par celle de 1764, - on trouve beaucoup moins, & ce qui eft encore pire, M. Pingré par les Écliples de 1699 & de 1706, ne trouvoit qu'environ 23” 3". {bidem. Voilà des incertitudes qu’il n’eff pas poffible de fixer, jufqu’à ce qu'on ait fait dans cette Capitale de l'Efpagne, un plus grand nombre d'obfervations; en attendant, on peut luppoler la différence des Méridiens entre Paris 8 Madrid ;défé3l 50" Cette différence des Méridiens de 23” so”, eft une elpèce de milieu entre une quinzaine de réfultats qui diffèrent d’une minute & demie dans les extrêmes; ainfi il pourroit y avoir plus de 39 fecondes d'erreur, cela eft inévitable toutes Îles fois qu'il n'y a pas un Obfervateur établi dans une ville, & qui fafle une fuite d'obfervations. Avant qu'il y eut un Obféervatoire à Cadiz, on avoit la même incertitude fur la fituation de cette ville, quoique importante pour {a navi- gation , & la différence des Méridiens entre Cadiz & Paris, que nous faifons actuellement de 34/ 16”, étoit évaluée il y a trente ans, à 33’ 49" feulement, avec une erreur de 27 fecondes; encore ne pouvoit-on répondre que l'erreur ne füt pas beaucoup plus grande. Avant la reftauration des études & vers 1530, on étoit dans une ignorance bien plus étrange, puifqu'on fuppofoit 53 degrés de différence entre l'Efpagne & V'Égy pte, là où véritablement ïl n’y en a que 25, comme je l'ai remarqué dans la Préface de mon Affronomie, Mém. 1777. T 146 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS du Thermomèrre de Reaumur, faites à Madrid dans une petite cour à l'abri du Soleil à du venr. I} marquoit 6 degrés de plus quand il étoit placé fur une muraïlle expofée au midi quoiqu’à l'abri du Soleil, dans le temps des grandes chaleurs. AnNNéElà7 HEURES] À 4 HEURES! A ny n É | À 7 HEURES|À 4 HEURES 4 du du £ du du 27! matin. foir, AE matin, foir, Degrés. Degrés. Degrés Drgrés. Juill, 19 22 2 Août 23 172 212 20 20 24 24 18 22 21 21 25 25 18 22 22 22 26 26 20 24 23 22 2.6 27 19 23% 24 19 24 28 20 22 25 16+ 23 29 19 23 26 17 23 30 20 22+ 27 74 213 31 16+ 22% 28 IS 20 Sept, - 1 18 23 2 175 21 2 19 23 30 17 22, 3 17 23> ANNE 172 24 41 17 233 Août 7 17 26 $ 17 232 À, ANR 222 6| || 11722) fees 4 17 22 7 17+ 24 $ 174 21 8 19 23 6 14 20 9 18 23 7 16 21 10 18 23 8 17 235 11 17 22 ) 13 24. 12 17 22 10 19 2 13 18+ 22% II 19+ 24 14 19 232 12 18+ 2 15 182 23 13 152 22 17 15 We 14 18 2 18 147 17+ 15 197 26 19 TBE 15 16 19= 20 20 10 15 17 17 21 21 9 16 18 19 22 22 10 16 19 16 21 23 12 17 20 16% 21 24 15 19 21 15 20 21 14% 19 22 18 21 26 16 20 HAEUSIMSNIC) 1 EN CES 147 HAUTEURS du Baromètre obfervées à Madrid. î À 7 HEURES| À 4 HEURES} A K NÉE. | À 7 HEURES|À 4 HEURES ANNÉE 8 du du s du du CAR matin, foir. AT matin, foir. Pouces. Lis Pouves. Lignes. Pouces, Lignes, | Pouces, Lignes, Juill. 21] 26. F3 26. 2+ ns 25| 26. 1+ |26. 1 2 31H26 26. 07 26| 26.1 26. o+ 24| 26.1 26% 1 2:7| 26. 15 |26. 1 25| 26. r |26. oi 28| 26. 12 |26. 1-+ 26| 26.1 26. 1 29 IM2 CN EM IREM 27|126. ur 26, 11 2026-13: 112625 218)1t2,6-0x 26. 0 3m 26035 26:01 29| 26. o+ |26. 1 1(a)ISept. 1] 26. 3 |26. 2 30| 26. 25 |26. 24 20 26: 3111126. 27 31| 26. 32 |26. 3 4| 26. 25 |26. 1: Aout ll u26..2 1 262412 FIRMES 2261 26. © (b). GC M2 IR CNT 3| 26. 1+ |26. 21 71026.:2 0126 17 4| 26. 22 |26: 11 826.122 126.12 HIM2 61200 |26:12 91 26. 34 |26. 35 6| 26. 2+ |26. 27 Ro 2 CA NNIE6.03 7IN26-.,250|26:12 111, 26. 31 |26. 3 8] 26. 25 |26. 1+ 12|, 26.122) |26. 127 9| 26. 22 |26. 11 tal Abu ee) 3€ 10| 26. 35 |26. 2% LEA RCE 0 CURE: 11| 26. 2% |26. 2 ny N26.2 5 11B 6.100 = 12| 26. 23 |26. 12 16| 26. o1 |26. oF{d) 13| 26.15, 26. of 17112640 |26. 07 12411082 6282) 2 GANT 18| 26, o1 |26. 1 15/2627 1267 19] 26. 0+ |26. o+ î AMEL" 26. OZ 20|26/0/ 126: 0 C0 E 17| 26. 1+ |26. 154) 21] 26. 01 |26. 2 br { 18| 26. r2 |26. où 22| 26. 21 |26. 3 IA | 19| 26° 7 26. 0% 25) 2603 126.3 EX: 20| 26. 2 26. 1+ 24263: |26. 3 7 UM ECE ES I EME 212003026202 Ho 220262 26. 1- 26| 26. 31 |26. 3 À 23| (26.12 26. 12 27| 26. 32 |26. 32 24| 26. 27 |26. 0% 28] 26. 45 |26. 4 5 LP Nuages & vent du Sud. (d) Du 16 au2o, pluie continuelle (b) Vent du Sud. & vent du Sud. (c) Vent, tempête & | M UT Ti 148 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Les premières hauteurs contenues dans la Table précédente, comparées avec celles que M. de 'Ifle obfervoit à Paris, au Collége royal, nous font voir que la hauteur du Baromètre eit d'environ 1 pouce 10 lignes plus confidérable à Paris qu'à Madrid, ce qui indique pour Madrid une fituation plus élevée par rapport au niveau de fa mer. Si l'on prend la difiérence des Logarithmes de 28 pouces & de 26 pouces 2 lignes, on aura 204 toifes pour la difié- rence des hauteurs ou des niveaux de Paris & de Madrid; je n'y fais aucune correction pour la chaleur, parce que cette règle eft exaéle pour 16 degrés + du thermomètre, & que c'étoit à-peu-près le degré de chaleur dans cette faïñon-là. Voyez M. de Luc, Recherches fur les modifications de l'at- mofphère, & la Connoiffance des Temps de 1775. La variation de l'aiguille aimantée füt trouvée le 30 Juillet, d'environ 16 degrés & un tiers; mais l'aiguille n'avoit que 4 pouces de long, & comme Don George fe fervoit de f'azi- muth du Soleil, & d'Autares, calculés pour le moment de Tobfervation, il y trouvoit des diflérences d’un degré, On l'obfervoit cette année-là à Paris de 16 degrés, la différence n’eft pas fenfible pour des obfervations peu nom- breufes & peu exactes, & elle s’'évanouit fur-tout aétuelle- ment que l’on fait combien la déclinaïlon de l’aimant éprouve de variations dans le courant d’une journée, fouvent même de quelques heures. Voyez le Zraité de Météorologie , par le Pere Cotte, 1774, in-4. Æe à ee #3 "ST DREMSHISACNIFE, N CES. 149 ME CONJONCTION DE MERCURE AVEC UNE ÉTOILE DES GÉMEAUX, | Obfervée au Collége royal le 4 Juin 1776. Par M. DE LA LANDE. P ARM1 les Obfervations fur lefquelles ont été conftruites Lû mes nouvelles Tables de Mercure, il n’y en avoit pas Le “+ Nov. de plus exactes que celle du 24 Mai 1764, Mercure avoit 77/7 été comparé plufieurs fois de fuite avec l'étoile « des Gémeaux, qui étoit exactement fur le même parallèle /AMEémoires de l’Académie, annee 1766, page 257). J'ai eu la facilité de répéter cette obfervation le 4 Juin 1776 avec une égale précifion , dans mon nouvel Obfervatoire du Collége royal * ; Mercure s'eft trouvé à côté de l'étoile 6 des Gemeaux, & fi près qu'à la vue fimple on auroit cru l'étoile écliplée par la Planète; ces fortes d’obfervations font affez rares pour mériter d'être rapportées & difcutées féparément, & celle-ci en parti- culier me fournira un réfultat intéreffant pour les Tables de Mercure ; je le comparai avec l'étoile fept à huit fois de fuite, avec un réticule romboïde, appliqué à une lunette acromatique de quatre pieds; je trouvai que Mercure, à 8h 35° 7" temps moyen , fuivoit l'étoile de 9 fecondes de . temps, & employoit 7 fecondes de plus à traverfer le réticule ; … ainfi, il étoit plus avancé de 2’ 1 $" en afcenfion droite, & … plus auflral de 1” 35" en déclinaifon. … La pofition de cette étoile, dans les Catalogues de la Caïlle 1e & de Mayer, ne diffère que de 2 fecondes, & prenant un . milieu entre les deux Catalogues, j'ai trouvé lafcenfion RS M 6 À ni Pr tam DRE commencé à y établir mes inftrumens au mois d'Oétobre 177515 après la conflruétion dû bel édifice que le feu Roï a confacré à l'inftruction . publique de fon Collége royal. (Voyez le Journal des Savans, Sept, 1777) 150 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE droite apparente de Mercure 074 34’ 40", la déclinaifon 254 18° 22", la longitude 3! 64 $ 1’ 12", la latitude 24 1” 12" boréale. A Îa hauteur de 94 22/, où fe trouvoit Mercure, la réfrac- tion ne change que de 4 fecondes pour 7 minutes de cifé- rence en hauteur; ainfi je n'y aurai pas égard. Quant à Îa parallaxe, Mercure étant prefque aufli éloigné de [a Terre que le Soleil, je trouve qu'il faut ajouter $ fecondes à la longitude & 7 fecondes à la latitude, pour avoir les véritables quantités, vues du centre de la Terre. Le calcul fait fur mes Tables, pour le même temps, donne 25" de moins pour la longitude de Mercure, & 9 fécondes de moins pour {a latitude; favoir 31 64 50’ $2" de longitude, & 24 1’ 10" de latitude. Dans l’obfervation correfpondante du 24 Mai 1764, je trouvai la longitude au contraire trop forte de ro fecondes; mais ces erreurs font peu fenfibles. Cela me prouve que le lieu de l’aphélie de Mercure eft auffi-bien repréfenté dans mes ‘Tables qu'il foit poffible de l'avoir dans l’état actuel des chofes ; car, dans ces deux années, Mercure étoit également vers fa plus grande digreflion & vers fa moyenne diftance au Soleil; ainfi, les obfervations de 1764, font parfai- tement confirmées par celles de 1776. Au refle, mes Tables de Mercure fe trouvent encore vérifiées par un grand nombre de comparaïfons que M. d'Arquier a faites de fes obfervations avec ces Tables, dans le Recueil qu'il vient de publier: Obfervations Aftronomiques faites à Touloufe, in-4° 1777, & par un grand nombre d’obfervations que le P. Fiximillner m'a envoyées de Cremf- munfter, & que je publierai dans une autre occafion, COPPONETE DÉEISHSAGELIE INNCIE S. 151 M É MOIRE SU R LA LONGITUDE DE PADOUE Par MD /E AN LAN DIE: Es Obfervations que M. Toaldo fait dans le nouvel Lü le 10 Déc. Obfervatoire de Padoue , rendent la fituation de cette 1777. Ville importante pour les Aflronomes, comme elle l'efk pour pis la pofition géographique de cette extrémité de l'Italie, fur le 12 Mai laquelle il y a encore prefque un demi-degré d'incertitude. 1779: C'eft ce qui m'a déterminé à calculer rigoureufement une Éclipfe d'étoile, obfervée à Paris & à Padoue le 21 Sep- tembre de cette année 1777. Les deux étoiles d du Taureau ayant été éclipfées le même jour, je vais rapporter les quatre obfervations de M. Toaldo, & celles que M. Meffer fit en même-temps à Paris M. Meflier aflure qu'elles font exactes à la demi-feconde,. À PADOUE. Immerfions, Émerfions. ROME LOI Ed idee a eve TO An2 03 245" 2 MIE toile 2. à naAMaanze | 2215 Sen 36 Immerfions, Émerfions, TE ‘ "3 1 c MAN TMMEON EMA) ele vtere ete IEMIA20E ITA NO tes 3 3 PCR Te COLE OUR [1. 23. SO2| 12. 21. 344 La parallaxe de la Lune pour Paris, étoit alors de 594 441", & pour Padoue de $9'45",1 ; le mouvement horaire en longitude 35! 54,4, & en latitude 21/2 2/44 La longitude de la feconde étoile 2° 44 o' 58", & fa latitude 44 8! 1 5" auflrale ; la conjonction vraie de Ia Lune Hauteur appar. de ( 152 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à cette feconde étoile, eft arrivée à 12F 40 31" temps vrai à Paris, la latitude de la Lune étant 34 18’ 9" par lobler- vation de Paris, & 3418’ 30" par celle de Padoue. J'ai calculé cette Éclipfe par ma méthode des angles parallaétiques; voici les élémens pour les quatre inftans dobfervations de la feconde étoile, la latitude de Padoue étant fuppofée 454 22! 26" à l'Obfervatoire. La: AA PURARIRATILIS. A" Prat D otre Pour Ll’Immerfion, | Pour 1 * Émerfion. Pour L’Immerfion, | Pour L ” Émerfon. Ja Lune. 241 53 1 si 344 67 121 sl 45’ 49" 401 46 46" Parallaxe de hauteur... …. ÿ4. 11,2 49: 27,5 50. 48,1 45+ 147 Efet de l’aplatiffe ments. . — c,8 ex en — 3,3 Parallaxe d'azimut /. .. .. — 15,5 + 15,0 — 15,5 + 14,8 Différence de hauteurappar.! TO./29,1 TOUTE 14.) 30,1 3. 38,6 Différence d’azimuth. . .. 132 18,0 16. 4,8 9. 23 © 15. 44,9 Parallaxe de Longitude . . 29: 31,1 26. 4,9 304 8,7 201024) Parallaxe de Latitude. . .. 45. 23,8 41. 59,7 40. 53,8 371282 Demi-diamètre apparent. . 16. 24,5 16. 26,8 LE N216,2 16. 28,3 Dift. à la conjonct. vraie.. | 1h 16° 40" | oh 18° 56" | 1h 16‘ 6” | c' 22° 22" Temps de Ja conjonélion. |r2. 40. 31. |12. 40. 31 13. 18.18 |r3. 18.18 Aïnfi la différence des Méridiens eft de oh 37 47". La première étoile ne m'a donné que 37" 2 5". M. Mechain Ja trouvée par l'éclipfe de 1748, de 37’ 55"; par celle de 1706, 37! 7"; par une autre occultation d'étoile, obfervée le 23 Août 1777, 38’ 6"; par l'écliple de Soleil du 24 Juin 1778, 380". M. Dagelet trouvoit par l'éclipfe de 1715, 38! 32", en calculant le commencement, & 36 17° px la fin. Les réfultats que je viens de donner, paroïffent préférables , & je crois qu'on peut s'en tenir à 38’ o”; cependant M. Toaldo compte 2 minutes entre Padoue & Venile, & je nal RÉ din DIENSUISYCUR'ENICIE:S. 153 avai trouvé que 38/ 22" pour cette capitale; / Mémoires de l'Académie, année 177 Si ) mais il nous manque encore pour Venife des obfervations concluantes. Il faut faire à cet égard les réflexions que j'ai faites ci- deffus /page 145), à l'occafion de la longitude de Madrid; l'incertitude étoit encore plus grande fur celle de Venife, mais elle fera bientôt levée par les foins d’un habile Aftro- nome, tel que M. Toaldo, fecondé par {a proteétion du Gouvernement de Venife : le bel Obfervatoire qu'on vient d'établir à Padoue, & pour lequel on a fait faire en Angle- terre un grand quart-de-cercle mural de 8 pieds anglois de rayon, nous procurera une fuite d'excellentes obfervations. I! étoit bien jufte que dans une Univerfité aufli ancienne & eufli célèbre, Aftronomie fût enfin cultivée , auffi-bien que les autres Sciences. Quant aux corrections à faire aux Tables de la Lune le 21 Septembre 1777, l'erreur de celles qui font dans mon Affronomie eft + 26" en longitude, & + 3" en latitude, par un milieu entre les éclipfes des 2 4 du Taureau. Mém. 1777. [8] 154 MÉMoiRes DE L’ACADÉMIE RoYALE MÉMOIRE CONTENANT DOE NS CODE VE RPC ANT TO SNA DE" L ANT DOONMMEÆETE Obfèrvée à Paris, de l'Obfervatoire de la Marine, pendant les mois d'Avril, Mai à Juin 1771 *. Par. M. ME, Sùs I ER. E ciel avoit été entièrement ferein le jour & Ia nuit, pendant les derniers jours du mois de Mars 1771: mais la Lune, pendant ces belles nuits, étoit fur l'horizon, & fa lumière m'empêchoit de parcourir le ciel pour larecherche La Comite des Comètes. Le 1.” Avril, le ciel étant également beau & sel É ferein, la Lune, qui ne devoit paroïtre fur l'horizon qu'à 8h du for, ol 7’ du foir, me donna Île temps, depuis la nuit clofe jufqu’à fon lever, de parcourir le ciel, & à 8 héures je découvris une nouvelle Comète qui paroifloit au couchant, à 1 2 degrés environ de hauteur fur horizon, placée au - deffous & à la droite des Pléiades; par plufieurs obfervations rapportées enfuite fur les Cartes céleftes de Flamftéed, je fixai, à peu de chofe près, fa pofition entre les étoiles » & € de la conftellation du Bélier; mais il étoit difficile de reconnoître ces Etoiles à la fimple vue à caufe du peu d'élévation qu’elles avoient au-deffus de l'horizon : le noyau de cette Comète étoit très-brillant , d’une lumière très-vive & blanchätre, qui égaloit celle de l'étoile e du Bélier ; elle étoit environnée de nébulofité, avec une queue Longenr apparente de 2 degrés + de longueur, dirigée vers les Piéiades: de la queue, E ë 3 11, On ne pouvoit voir cette Comète que par le fecours des C'eft la Lx.‘ Comète dont l'orbite ait été calculée, en fuivant la Table qui eft dans lAffronomie de M. de la Lande, rome 111, page 366. DAEAMSMSICIEE Ni AC dE 16 0 à 155 inftrumens à caufe fans doute de fon peu d’élévation au-deflus de l'horizon, où il y a toujours beaucoup de vapeurs; fi elle avoit paru à une plus grande hauteur, il eft à préfumer qu'elle auroit été aperçue à la vue fimple. Pour déterminer les pofitions dela Comite, j'ai employé une lunette ordinaire de 3 pieds!, dont l'objectif a été travaillé par moi-même, garnie-d’un micromètre à fils & placée fur une machine parallactique, polée, à peu de chofe près, dans le plan du Méridien. Le même foir, je comparai le noyau de la Comète à trois Étoiles de cinquième, de fixième & de feptième grandeur, en obfervant le paflage de la Comète & des Étoiles au fil horaire du micromètre; leurs différences en déclinaifon furent déterminées par le moyen du fil fixe & du mobile: il ne fut pas poflible ce même foir de reconnoître exactement ces Etoiles, comme je l'ai déjà remarqué; je me contentai de faire une figure qui repréfentoit {a pofition de ces Étoiles avec celle de la Comète, & je remis au lendemain à les recon- noître, en laiflant la machine dans la même poñition. Je comparai le même foir le noyau de la Comète à un des fils du micromètre, & j'eftimai fon diamètre de 1/22" de degré. Le 2 Avril, beau temps pendant la journée, fans nuages ; le foir, dans un *crépufcule encore confidérable, je cherchai da Comète par le moyen de {a lunette montée fur la machine parallactique , l'ayant trouvée, & reconnu les Étoiles avec lefquelles le noyau avoit été comparé la veille, je vis que c'étoient & du Bélier, la feconde & la foixante-feptième du Catalogue de M. l'abbé de la Caille, inféré dans le fixième volume des Éphémérides, & la troifième Étoile le lieu n’en étoit pas encore déterminé; je dérangeai enfuite la machine parallaétique pour {a rapprocher d'une croifée de l'Oblerva- toire, pour être à même de voir la Comète tout le temps qu'elle devoit refter, ce même foir, fur l'horizon, & cette Pofition devoit fervir auffi pour les jours fuivans : le noyau de la Comète paroifloit très-brillant, d’une lumière blan- U ji Diamètré du noyau; 1! 22/4 La Comîte fe voyoit difficilement à la Simple vue, La Comite paroiffoit avec la même lumière que les jours précédens, 156 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE châtre fans être terminé, environné de nébulofités, avec une queue de même longueur & de même lumière que fa veille, ! dirigée encore vers les Pléades ; en regardant à l'œil l'endroit du ciel où paroifloit cette Comète, on pouvoit l'apeggevoir, mais elle étoit d'une lumière très-foible : je comparai le noyau aux mêmes Étoiles que la veille & à & de la queue du Bélier: je reconnus exactement par ces obfervations & par les précédentes le lieu de cette Comète, en même-temps que fon mouvement ; elle fuivoit l'ordre des fignes allant du Bélier dans la conftellation du Taureau , parallèlement à l'écliptique, en s’élevant vers le Pôle feptentrional du Monde. Le 3 Avril, ciel couvert la plus grande partie de la journée, & fur-tout l'après-midi jufqu'à 7 heures du foir qu'il com-: mença à fe découvrir, & peu de temps après il devint ferein : je comparai le noyau de la Comète à une des Etoiles des jours précédens, « du Bélier, de cinquième grandeur : le noyau étoit très-brillant & paroïffoit être augmenté en lumière, toujours environné de nébulofités avec une queue de même longueur que les jours précédens ; comme la Comète paroifloit près de l'horizon, où il y a toujours beaucoup de vapeurs, on avoit de fa peine à l’apercevoir à la vue fimple. Le 4, ciel ferein pendant la journée, le foir le ciel étoit fans nuages : à 7 heures & demie, temps vrai, je commençai à voir la Comète; le crépufcule étoit alors confidérable : je comparai le noyau à la même Etoile que ci-deflus, <.du Bélier. C’étoit toujours avec beaucoup de peine qu'on pouvoit voir la Comète à la fimple vue; fes apparences dans la lunette étoient les mêmes que les jours précédens, & il étoit très- difficile de reconnoître fi elle augmentoit ou diminuoit de lumière : par les obfervations du noyau de cette Comète, je reconnus que fon mouvement en afcenfion droite étoit prefque uniforme en vingt-quatre heures, ainfi que fon mouvement en déclinaifon. Le $, beau temps, & le foir fans nuages ; Ja Comète paroifloit avec la même lumière, fa queue toujours dirigée vers les Pléiades : je comparai le noyau à la même Etoile DES: ONCE; Nic Es 157 que les jours précédens, e du Bélier, & à deux autres Étoiles qui étoient les quatre-vingt-deuxième & quatre-vingt fixième du Bélier, fuivant le nouveau Catalogue de M. de la Caille, que j'ai cité. Je déterminai auffi, ar le moyen du micromètre adapté à la lunette parallaétique, la pofition d'une Etoile de neuvième grandeur , en la comparant à e du Bélier : cette Étoile étoit, à peu de chofe près , fur le même parallèle que la Comète; j'obfervai fa pofition parce que je reconnus que dans la fuite cette Étoile pourroit fervir à déterminer le lieu de la Comète, que je ne pouvois plus comparer à « du Bélier, à caufe de fa grande difiérence en déclinaifon par rapport à cette Étoile. j Le 6, il y eut quelques nuages l'après-midi; le foir, ciel ferein : Ia Comète paroïffoit avec la même lumière que les jours précédens. Je comparai plufieurs fois le noyau à deux Etoiles , favoir, les foixante-dix-huitième & quatre-vingt-fixième du nouveau Catalogue de M. de la Caille, fa première de feptième grandeur, & l'autre de la fixième; je comparai celle- ci avec des Pléiades, & je reconnus que fa pofition ne différoit que de quelques fecondes de celle qui eft rapportée par M. de la Caïlle; je m'en fuis tenu à la pofition de cette Etoile, tirée de fon Catalogue, pour en déduire celle de la Comète en afcenfion droite & en déclinaifon : la queue de Ja Comète paroiffoit alors fort évalée. re Le 7 Avril au foir, le ciel étoit parfaitement ferein : la Comète paroifloit avoir plus de lumière queles jours précédens, ce qui pouvoit provenir de ce que le ciel étoit peut-être plus pur & plus ferein : le noyau paroifloit très- brillant fans être terminé: la queue avoit auffi plus de lumière & paroïfloit s'étendre plus que la veille; elle pañloit par l'Etoile de feptième grandeur, qui eft la foixante-dix-huitième du Catalogue de M. de la Caille, & alloit fe terminer à un demi-degré au-delà : 1a Comète fe voyoit fans peine à la fimple vue: je comparai ce même foir le diamètre du noyau à un des fils du micromètre, & je l'eftimai de 1! 33". Pour déterminer la pofition de la Comète en afcenfion droite & La queue de la Comté fort évafée, Diamètré du noyau, 133" 158 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en déclinaifon, je me fervis des mêmes Étoiles que fe jour précédent : la première obfervation fut faite dans un grand crépufcule. Le 8, beau temps pendant la journée, & le foir fans nuages; la Comète paroifloit avec la même lumière que les jours précédens, la queue de même longueur : je comparai le noyau aux mêmes Étoiles que ci-deflus , les foixante-dix-huitième & quatre-vingt-fixième du Catalogue de M. de la Caille. Le 9, beau temps comme dans la journée du 8, a Comète avoit même lumière; la queue 2 degrés + de longueur: Longueur je comparai le noyau aux mêmes Etoiles que les trois derniers dekaeu, jours précédens, & direétement à n des Pléïades, qui étoit "peu éloigné du parallèle de la Comète. Le 10 Avril, beau temps toute la journée, & le foir fans nuages ; la Comète étoit fa même pour fa lumière, ainfi que pour la longueur de fa queue: je comparai le noyau aux mêmes Etoiles que le jour précédent. Le 11, ciel ferein pendant le jour, & le foir même appa- rence de la Comète ; je déterminai fa pofition en comparant le noyau aux mêmes Etoiles que ci-deflus & à une quatrième qui étoit la quatre-vingt-huitième du Catalogue de M. de la Caille. Le 12, le ciel également ferein : la Comète paroïfloit avec la même lumière; on ne pouvoit l'apercevoir à la fimple vue qu'avec beaucoup de difficulté: pour déterminer fapoñition, je comparai le noyau aux mêmes Etoiles. Le 13, beau temps une partie de l'après-midi; le foir vers es huit heures , le ciel étant devenu entièrement ferein , la Comète paroifloit avec la même lumière & la queue de même longueur que le 10 ; fon mouvement paroiffant toujours uniforme en vingt-quatre heures, à compter depuis le jour où je lavois découverte, décrivant une ligne prefque parallèle à l'écliptique. Pour déterminer la pofition de la Comète, je comparai le noyau à l'Étoile quatre-vingt-huitième, de fixième grandeur, du Catalogue de M. de la Caïlle, & à une autre Ftoile de même grandeur, dont le lieu n'étoit pas encore DES MS LCHLIÉ:NNC ELs. 159 connu ; j'en déterminai la pofition avec foin, en comparant cette Étoile direétement à n des Pléïades ; c'eft l'Etoile ».° > de la feconde Table qu'on trouvera ci-après. Le 14 Avril, ciel en partie couvert le foir jufqu'à 8 heures + qu'il devint paflablement ferein ; j'eftimai encore que la lumière de la Comète ou fes apparences étoient les mêmés que les jours précédens : je comparai le noyau à YÉtoile qui avoit fervi le 13 , dont la pofition avoit été déterminée par x des Pléïades. Le 15 Avril, le ciel fut prefque totalement couvert l'après-midi, & la neige avoit blanchi la terre ; vers les 7 heures le ciel commença à fe découvrir, peu de temps après il devint entièrement ferein : la Comète paroifloit avoir un peu plus de lumière que les jours précédens ; pour con- noître la pofition de fon noyau, je le comparai à la même Étoile que les 13 & 14, & à l'Etoile quarante-unième du Taureau, de fixième grandeur, fuivant la feconde édition du Catalogue de Flamftéed ; & pour connoître avec plus de foin la pofition de cette Etoile , je la comparai directement à l'étoile J du Taureau, 7° 107 du Catalogue de M. de la Caïlle, de cinquième grandeur : par ces obfervations, je reconnus que la déclinaifon de cette Etoile, 1.” 107, étoit fautive dans le Catalogue de M. de la Caiïlle, où elle eft 10 minutes marquée de 284 10'44"-7 boréale, je ne l'ai trouvée pour PS Er le même temps que de 28420/ 44", il y a 10 minutes de de différence. Le 16, le ciel vers l'Occident étoit en grande partie couvert, & ce ne fut pas fans peine que je pus revoir la ÆComète à travers des nuages rares : je comparai le noyau à la même Étoile que les jours précédens, dont j'avois déter- miné la pofition en la comparant à 1 des Pléïades ; je compa- rai encore ce foir a même Étoile avec p du Taureau, de fixième grandeur , qui eft la cent neuvième du Catalogue de M. de la Caille. … Le 17, il y eut peu de Soleil pendant la journée, on eut de la pluie & un peu de neige; vers les 6 heures + du foir, M. dela Caillez 60 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le ciel devint en grande partie ferein : des nuages rares reftèrent à l'Occident, & de temps à autre faifoient difparoître la Comète; pour déterminer fa pofition, je comparaï le noyau avec l'étoile @, qui eft la cent quinzième du Catalogue de M. de la Caille, de cinquième grandeur, avec p, la cent neuvième, de fixième grandeur, & avec la quarante-unième du Taureau, fuivant Flamftéed. Le 18 Avril, peu de Soleil l'après-midi, le foir vers les 8 heures, le ciel étant devenu en grande partie ferein, excepté vers le couchant où les nuages étoient plus fréquens , je ne pus apercevoir la Comète que de temps à autre par le moyen de la lunette : je trouvai cependant un moment favorable pour comparer le noyau à différentes Etoiles, & je reconnus que ces Étoiles étoient les mêmes qui avoient fervi le jour précé- dent à fixer le lieu de la Comète en afcenfion droite & en déclinai{on. Les 19,20,2r,22 & 23 Avril, le ciel fut couvert tous les foirs. Le 24, ciel couvert l'après-midi avec pluie & vent; vers les 8 heures du foir, le ciel étoit devenu ferein; mais la Lune qui étoit fur l'horizon répandoit une grande lumière & effaçoit une partie de celles des Étoiles. Je recherchaï a Comète qui devoit, fuivant mes dernières obfervations, fe trouver à peu-près fur le parallèle de létoile B de la corne feptentrionale du Taureau; je la retrouvai fans peine dans l'endroit du ciel où elle devoit être; fa lumière étoit encore très-apparente, {e noyau brillant & à peu de chofe près de même grandeur que le 18 ; la queue d’une lumière très-foible: pour connoître la pofition du noyau de la Comète, je le comparai avec @ de la corne feptentrionale du Taureau, & je déterminai en même-temps, par obfervation, les pofitions d'un grand nombre d'Etoiles, dont le lieu n'étoit pas encore connu; ces Étoiles étoient de feptième & huitième grandeurs. Le 25 au foir , le ciel en grande partie couvert; dans les inicrvalles des nuages je vis la Comète : j'obfervai ie paffage du noyau au fil horaire du micromètre & celui de B du Taureau ; D'CEASL ES ALCULIEAN SC NS, 161 Taureau; après ces obfervations, le ciel devint entièrement couvert. Le 26 au foir, ciel ferein & fans nuages, mais la Lune qui étoit fur l'horizon y répandoit une grande lumière : je comparai directement le noyau de la Comète à la même étoile B du Taureau & à d’autres Étoiles dont les lieux n'étoient pas encore déterminés dans nos Catalogues, j'en fixai les pofitions par des obfervations. Le 27, beau temps pendant la journée ; le foir il y avoit quelques nuages à l'horizon & beaucoup de vapeurs au couchant, qui diminuoient fenfiblement les apparences de la Comète, ainfi que là grande lumière de la Lune qui appro- choit de fon plein: la queue de {a Comète, vue à la lunette, paroifloit d’une lumière très-foible & difficile à apercevoir: je déterminai la pofition du noyau en le comparant avec B du Taureau, & en même-temps je déterminai les pofitions : de deux Étoiles de huitième grandeur, dont le lieu nétoit pas encore connu. Le 28 Avril, le ciel entièrement couvert le foir. Le 29 au foir, le ciel s'étant éclairci au couchant, je vis la Comète, mais ce ne fut pas fans peine à caufe des vapeurs de horizon & du grand crépufcul e qui exiftoit M je comparai le noyau, comme les jours précédens, à B d Taureau & à une Etoile de fixième grandeur, dont le Hu n'étoit pas encore connu, & j'en déterminai la polition; après ces obfervations, le ciel fe couvrit dans cette partie du ciel, Le 30 Avril, le ciel couvert à l'Occident, Le 1.” Mai, ciel couvert au couchant. Le 2 au foir, le ciel en grande partie couvert ; je vis Ja Comète entre les nuages, & J'avois commencé à comparer .fon noyau à une Étoile de feptième grandeur qui étoit placée au-deflus de 8 de la corne feptentrionale du Taureau; mais au paflage de la Comète au fil horaire du micromètre Îles nuages la couvrirent, & j'eftimai qu’elle auroit fuivi l'Étoile à ce fil quatre ou cinq minutes après l'Etoile, j'eftimai de lamème manière la différence en déclinaifon ; mais ces obfervations Mém, 1777: X Longueur de la dueue, ad+ 162 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne font pas affez précifes pour être rapportées dans ce Mémoire. Le 3, beau temps l'après midi & le foir jufque vers les 9 heures que le ciel commmença à fe couvrir: j'examinai la Comète avec une lunette achromatique de 3 pieds+ à triple objeäif; elle paroifloit aufft belle à cet inflrument que le premier jour où elle avoit été découverte, & avec un peu d'attention, en regardant fixément l'endroit du ciel où elle étoit, on l'apercevoit à la fimple vue : la queue, vue à la lunette, avoit environ 2 degrés+ de longueur, mais d'une lumière très-foible : je déterminai la pofition" de la Comète en comparant le noyau à deux Étoiles de fixième & {ep- tième grandêur ; la première étoit la vingt fixième du Cocher, fuivant le Catalogue de Flamftéed ; je ne m'en tins pas à la pofition de cette Étoile, tirée de ce Catalogue , j'en vérifiai le lieu en la comparant à d’autres Étoiles plus connues; Îa feconde Étoile étoit de feptième grandeur, le lieu n’en étoit pas encore déterminé; mais par de nouvelles obfervations, je la comparai avec £ du Taureau , & j'en déterminai l'afcenfion droite. Le 4 Mai, ciel couvert la plus grande partie de l'après- midi; orage, pluie & tonnerre vers les deux heures ; le foir, vers les huit heures, le ciel commença à s’éclaircir : 'obferyai la Comète en comparant le noyau à la même étoile du Cocher , la vingt-fixième de cette conftellation , fuivant le Catalogue de Flamftéed ; après ces obfervations, le ciel fut couvert. Le 5, ciel couvert l'après-midi; vers les 7 heures du foir il commença à fe découvrir; à 8 heures il étoit devenu en grande partie ferein : Je comparai le noyau de la Comète à la même Étoile que ci-deflus, c’eft-à-dire, la vingt-fixième du Cocher, & j'en ai déduit l'afcenfion droite & la déclinaifon de la Comète ; le même foir , je comparai aufli à 8 du T'aureau l'étoile x du Cocher, de cinquième grandeur, cette Étoile devant fervir les jours fuivans à la détermination du lieu du noyau de la Comète. Le 6, ciel couvert le foir. DANS SNICAIINE HN CES. 163 Le 7 au foir, le ciel en grande partie couvert ; dans les intervalles des nuages je comparai le noyau de Ja Comète à l'Etoile rapportée ci-deflus, x du Cocher, de cinquième grandeur ; j'avois commencé aufli à déterminer le lieu du noyau de la Comète par l'étoile vingt-fixième du Cocher, de fixième grandeur, qui avoit déjà fervi les jours précédéns à en fixer la pofition; mais comme je reconnus que la diffé- rence de pañlage entre la Comète & l'Étoile étoit d'environ 26 minutes, je ceffai cette comparaifon, craignant de ne pas avoir le temps d’obferver ces deux paffages à caufe des nuages fréquens qui, de temps à autre, faifoient difparoïtre la Comète, & je préférai de m'en tenir à la feule comparaifon de la Comète avec x du Cocher. Le 8, ciel couvert le foir, ainfi que le 0. Le ro au foir, le ciel parfaitement ferein ; la Comète étoit très-belle Fame lunettes, & paroifloit n'avoir pas encore perdu fenfiblement de fa lumière : je comparai le noyau à l'étoile x du Cocher & à l'Étoile quarante-huitième de la même conftellation, de fixième grandeur , fuivant le Catalogue de Flamfléed ; pour être afluré de la vraie pofition de cette Étoile, je la comparai directement à l'étoile ci-defflus, x; j'en ai déni fa vraie pofition en afcenfion droite & en déclinaifon qui a fervi à déterminer le lieu du noyau de la Comte. Les 11, 12 & 13, ciel couvert les foirs. Le 14, le ciel aflez beau le foir; mais les illuminations de Paris, occafionnées par le Mariage de M." le Comte de Provence, avoient répandu dans l'air une fumée confidérable qui s’étendoit à la hauteur de la Comète , & qui en dimi- nuoit fenfiblement les apparences : je comparai le noyau à trois Étoiles, favoir, x & la quarante- huitième du Cocher, fuivant le Catalogue de Flamftéed, & la cent quatre-vingt- quinzième r des Gemeaux, de cinquième grandeur, fuivant celui de M. de Ia Caille , inféré dans {es Ephémérides ; après ces obfervations, je comparai « de cinquième grandeur ou {a deux cents treizième du même Catalogue à B des Gemeaux , & je reconnus, par ces obfervations, que la X ji Jlumination qui empéche de bien voir la Comete, 11 deprés d'erreur dans la pofiion de l'étoile > des Gemeaux, Comparaifon de Mercure à s des Gemeaux. 164 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE RoyALE pofition en déclinaifon de cette étoile dE rapportée par M. de la Caiïlle, étoit fautive de r1 degrés, qu'au lieu de 1 op: 49" de déclinailon boréale, elle avoit réellement 294 2549. Le 15, le ciel pañfablement ferein le foir; je comparai le noyau de la Comète à l'étoile r des Gemeaux , & par plufieurs comparaïlons j'ai déduit la pofition de la Comète en afcen- fion droite & en déclinaifon. Le 16, le ciel en partie couvert le foir; dans Îes inter- valles des nuages je comparai le noyau de la Comète à la même étoile que ci-deflus, Tr des Gemeaux ; la Comète paroifloit avoir un peu moins de lumière que les jours précédens. Le 17 au foir, ce ne fut pas fans peine que je revis Ja Comète; le ciel étoit prefque totalement couvert, je la vis à travers des nuages rares, mais aflez pour pouvoir en déter- miner le lieu, en comparant le noyau à la même étoile que les jours précédens, Tr des Gemeaux. Le 18, le ciel entièrement ferein le foir : je comparai le noyau de la Comète, à deux reprifes différentes, à la même étoile que ci-deflus, r des Gemeaux. Le 19 Mai, vers les 9 heures +, je comparai le noyau de la Comète à la même étoile, + des Gemeaux ; la Comète étoit pour lors couverte de nuages rares; avant ces obferva- tions le ciel étoit ferein, mais je fus occupé avant de compa- rer la Comète à cette Doit à obferver Mercure pour en déterminer le lieu , en comparant cette planète à l'étoile € des Gemeaux qui pañloit au fil horaire du micromètre une heure environ après Mercure : Mercure & l'Étoile étoient prefque fur le même parallèle. Le 20 , beau temps l'après-midi ; avant d'obferver 1a Comète, j'obfervai Mercure, comme le jour précédent ; enfuite, je déterminai la pofition du noyau de la Comète en le comparant aux étoiles +, 8 & + des Gemeaux. . Le 27r, le ciel entièrement ferein le foir , la Comète paroïfloit encore très-belle à la lunette, quoique la Lune füt für l'horizon; je déterminai fa pofition en comparant direéte- DAEUS SIC ILE (NC Es. 165 ment le noyau à l'étoile 8 des Gemeaux, de feconde grandeur : J'obfervai enfuite plufieurs Etoiles des cinquième & fixième grandeur, en les comparant directement à 8 des Gemeaux, ce font les étoiles du Catalogue de M. de la Caille, favoir, les deux cents troifième, deux cents quatrième, deux cents fep- tième, deux cents huitième & deux cents onzième; je reconnus auffi, le même foir, que les deux étoiles fvixante-douzième & foixante-treizième des Gemeaux , fuivant le Catalogue de Flamfléed, la première de fixième grandeur, & fa feconde de fixième ou feptième grandeur, n’exiftoient plus, du moins, à l'endroit où le Catalogue Britannique les fuppofe. Le 22, le ciel entièrement couvert le foir. Le 23 au loir, ciel ferein: la Comète paroifloit auprès de l'étoile £ des Gemeaux, fa lumière étoit fort afloiblie par celle de la Lune ; je comparai plufieurs fois Le noyau de la Comète à cette Étoile, & de ces obfervations j'ai conclu fon afcenfion droite & fa déclinaifon. Le 24, beau temps le foir ; la Comète, depuis la veille, avoit pailé £ des Gemeaux , fa lumière étoit toujours affoiblie par celle de la Lune: je determinai la pofition du noyau de la Comète en le comparant directement & plufieurs fois à cette Etoile, Le 25 Mai, ciel ferein le foir; après avoir obfervé Mercure, & l'avoir comparé à l'étoile e des Gemeaux, de troifième grandeur , je recherchai la Comète avec la lunette arallactique, & je comparai le noyau à la même étoile que ci-deflus, 8 des Gemeaux : la grande lumière de la Lune diminuoit fenfiblement les apparences de la Comète. Le 26, par un beau temps & un grand clair de Lune, je recherchai la Comète ; après l'avoir retrouvée; j'en déter- minai le lieu en comparant le noyau aux deux étoiles 8 & @ des Gemeaux. Le 27, le ciel à l'Occident en grande partie couvert ; dans les intervalles des nuages Je vis la Comète, & j'avois commencé à obferver le pallage de @ des Gemeaux au fil horaire du micromètre, mais au paflage de la Comète les nuages empéchèrent de l'apercevoir. Les deuxétoiles LA e { c 72e & 73- des Geme aux n'exiftent plus, Longueur de la queue, 1 degré, Aurore boréale. 166 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE Le 28, ciel couvert le foir. Le 29, le ciel prefque totalement couvert le foir à FOccident; dans les intervalles des nuages la Comète paroil- foit, & j'avois commencé à comparer le noyau à plufieurs Étoiles, lorfque des nuages la firent difparoître. Le 30, le ciel prefque totalement couvert le foir ; entre les nuages il y avoit des nuages rares, & avec peine pouvois- je voir à la lunette l'étoile 4* de l'Écrevifle, de quatrième grandeur ; j'obfervai le paffage de cette Étoile au fil horaire du micromètre, enfuite celui de l'étoile + , la deux cents trentième du Catalogue de M. de a Caille; après ces pañages j'attendis celui de la Comète; mais avant qu'elle parvint au même fil horaire, les nuages la couvrirent, & j'eftimai feule- ment le temps de fon paflage, ainfi que la différence en déclinaifon à l'égard de l'étoile 47 de l'Écreviffe. Le 31 Mai, ciel ferein le foir; avant le lever de la Lune, la Comète paroiïfloit à la lunette avec beaucoup de lumière ; le noyau étoit confondu avec l’atmofphère qui l’environnoit; la queue d’un degré environ de longueur; mais d’une lumière très-rare; je comparai le noyau de la Comète à l'étoile 4° de l'Écrevifle, quatrième grandeur , & je répétai plufieurs fois ces obfervations. Le 1° Juin, le ciel couvert jufqu'à ro heures du foir. Le 2, beau temps le foïr; mais il exiftoit une aurore boréale fans gerbe, dont la lumière fortoit d’un arc de brouil- lard ou de fumée répandu également à l'horizon, depuis lOueft jufqu'au Nord; ce phénomène dans cet état dura jufqu'à 10 heures ?; vers les 11 heures plufieurs gerbes ou jets de lumière commencèrent à paroître, & devinrent très- fréquens. Ce ne fut pas fans peine que je pus voir la Comète à travers cette aurore boréale; je comparai le noyau à diffé- rentes Étoiles, & fur-tout à l'Etoile du jour précédent 4? de l'Écrevifle; & par plufieurs obfervations, j'ai déduit F'af cenfion droite & Ia déclinaifon du noyau de la Comète. Le }, le ciel entièrement ferein le foir; la Comète paroifloit moins brillante que les jours précédens, ce qui pouvoit pro- DRENSALISNCHIVE, NC: EuS 167 venir d’une grande quantité de fumée, produite par les illu- minations de Paris, pour le mariage de MF" le Comte de Provence ; je comparai le noyau de la Comète à deux Étoiles, favoir, l'étoile » de l'Écrevifle, cinquième grandeur, & une Étoile de fixième claffe dont le lieu n'étoit pas encore connu ; je déterminai la pofition de cette Etoile, en la comparant plufieurs fois à l'étoile ci-deflus » de l'Ecrevifle, & de fa pofition j'ai déduit celle du noyau de la Comète, Le même foir, ciel ferein & calme; vers les 9 heures, examinant le ciel du côté du couchant où paroïffoit la Comète, j'aperçus à la fimple vue, à 20 degrés au-deflus de l'horizon, près de la tête des Gemeaux, un cône de lumière femblable à la queue d’une Comète, de 25 degrés environ de longueur fort évalé à une de fes extrémités qui avoit environ 6 à 7 degrés de largeur, l'autre extrémité fe terminoit en noyau, d'une lumière plus fenfible & plus amaflée que celle de a queue, de manière que je pris d’abord cette lumière pour une Comète, & je ne fus afluré du contraire qu'après l'avoir examinée avec une lunette: cette lumière étoit blanchaâtre & agitée comme dans les jets des aurores boréales; elle étoit plus fenfible vers la pointe ou noyau, que vers le milieu ou vers a partie évalée; ces ondes de lumière paroïffoient fortir du noyau, & parcourir le cône jufqu’à l'extrémité, une de ces lumières n'étoit pas plutôt finie qu'une autre fuccédoit : ce cône de lumière en confervant fa forme & fon agitation avoit un mouvement qu'on pouvoit apercevoir de minute en minute, en comparant la diftance du noyau à une des étoiles de Îa tête des Gemeaux, il alloit de la tête des Gemeaux vers celle du Lion : ce phénomène dura l’efpace d’une bonne demi-heure, & enfuite difparut infenfiblement. J'ai rapporté le deflin de cette lumière, tel que je l'ai vue exifter, entre æ des Gemeaux & la Chèvre, fur la feconde Carte de 1a route apparente de la Comète, qui eft jointe à ce Mémoire. Les 4, 5 & 6 Juin, ciel couvert tous les foirs. s Le 7, le ciel commença à fe découvrir vers les o heures du foir, & peu de temps après il devint ferein; je vis la H'uminations à Paris qui empêchent de bien voir la Comëte, Cône de lumière femblable à [a queue d’une Comète, La lumière de la Comète diminuée, Dernière Obfervation de la Comite, le 19 Juin. 168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Comète, & je reconnus qu'elle avoit perdu fenfiblement de fa lumière. depuis le 3 ; je comparai le noyau aux étoiles » & £ de l'Écreviffe, de ces obfervations, j'ai déduit l'afcenfion droite & la déclinailon de la Comite. Le 8, beau temps pendant la journée, le foir le ciel entiè- rement ferein; je reconnus encore que la Comète perdoit beaucoup de fa lumière, le noyau n'étoit prefque plus appa- rent, il paroiïfloit confondu avec la lumière qui l'environnoit, Je comparai la Comète à une des deux Etoiles du jour pré- cédent, £ de l'Écrevifle. Le 9, beau temps le foir, il y avoit cependant quelques nuages à Occident; je comparai, comme les jours précé- dens, le noyau de la Comète à l'étoile £ de l'Ecreville, & de ces obfervations, j'ai déduit l’afcenfion droite & la décli- naifon de la Comète. Je déterminai aufli le même foir, par le moyen de la même ‘étoile £, la pofition d’une Etoile de feptième grandeur, dont le lieu n'étoit pas encore connu. Depuis le 10 jufqu'au 19, le ciel fut conftamment couvert tous. les foirs. Le 19 Juin, le ciel en grande partie ferein jufqu’à 9 heures du foir; il y avoit alors un grand crépufcule, dans lequel il ne fut pas poffible d’apercevoir la Comète; après 9 heures, le ciel fe couvrit prefque totalement à l'Occident ; dans les intervalles des nuages qui étoient de peu de durée, je vis par le moyen de la lunette parallactique, l'étoile n du Lion, auprès de laquelle la Comète devoit être fuivant mes dernières obfervations, je aperçus un inftant ; mais il ne fut pas poffible d'en déterminer le lieu par obfervation , j'eftimai qu’elle pou- voit précéder l'étoile n du Lion au fil horaire du micromètre d'environ 13 minutes de temps, ou 34 15’ de degré : Îa différence de déclinaifon entre l'Étoile & la Comète fut éga- lement eftimée de 3000 parties du micromètre qui répondent à 5355"; de la pofition de l'Étoile prife de la Connoiffance des Temps, & réduite au 19 Juin, j'ai déduit lafcenfion droite de la Comète, de 145127! 37", & fa déclinaifon de 18146’ 10" boréale, Je DR EMSUSNCUINE ANT CAES, 169 Je recherchai la Comète les jours fuivans, favoir, les 217, 25 Juin & 7 Juillet, par le moyen de la lunette montée {ur la machine parallaétique, & avec une lunette achromatique excellente de 3 pieds & demi, à triple objeétif, dont j'avois diminué leffet, en ne la faïfant groffir que très-peu, pour avoir un plus grand champ & plus de lumière : toutes mes recherches furent inutiles, ïl ne fut pas poflible de apercevoir quoique le ciel fût beau & ferein; ainfr c'eft au 19 de Juin que fe font terminées mes obfervations fur cette Comète. Je rapporterai à la fin de ce Mémoire, deux Tables, lune qui contiendra les pofitions de la Comète, & la feconde celle des Étoiles : en voici l'explication. La première Table contient tous fes lieux de la Comète en afcenfon droite & déclinaïfon, conclus de fa fituation, obfervée tant à l'égard des Etoiles dont les lieux n’étoient pas encore déterminés, que de celles des Catalogues de Flamftéed & de M. de la Caiïlle, d’une partie defquelles j'ai vérifié les pofitions, en {es comparant à d’autres Étoiles bien connues. Voici ce que contient chaque colonne de cette Table; la première, les jours du mois; la feconde, les temps vrais de chaque obfervation; la troifième, les afcenfions droites de la Comète obfervée; la quatrième, les déclinaifons de la Comète; la cinquième, les différences de pañfages en afcen- fion droite, entre la Comète & les Étoiles, indiquées du figne — fi la Comète précédoit, ou fi elle étoit à l'Occident ” de l'Étoile; & du figne +- fi elle fuivoit l'Étoile, ou fi elle étoit orientale : cette différence étant ajoutée à l'afcenfion droite de l'Étoile à laquelle le noyau de la Comète aura été comparé & qui fe trouve dans la feconde Table, ou en étant fouftraite fuivant le figne qui affecte, on en déduit lafcenfion droite du noyau de la Comète; la fixième colonne contient les différences en déclinaifon , entre le noyau de la Comète & les Etoiles : ces différences £" de même que les précédentes, affetées des fignes -+-"& —— pour qu'en les ajoutant ou les fouftrayant fuivant le figne, de la décli- naïfon de l'Étoile avec laquelle le noyau de Ja Comète a Ménm. 1777. * . Dix-huit Ftoilesajoutées aux Catalogues. 170 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE RoYALE été comparé, on ait fa déclinaifon. Je n'ai rapporté ces deux dernières colonnes, qu'à deffein de rendre les lieux du noyau de la Comète plus certains, fi dans la fuite des temps l'on détermine avec plus de précifion, la pofition des Étoiles qui ont fervi à conclure celle du noyau de la Comète ; la fep- tième colonne détermine la grandeur des Étoiles; la huitième contient les lettres de Bayer, & les numéros qui diftinguent tant les Etoiles dont le lieu n'étoit pas encore déterminé, que celles des Catalogues de Flamftéed & de M. de la Caïlle ; la dernière colonne fait connoiître les conftellations auxquelles appartiennent ces différentes Étoiles. La feconde Table contient les afcenfions droites & les déclinaifons des Étoiles pour le temps des obfervations, leurs pofitions ont été tirées des Catalogues, & je les ai vérifiées pour a plupart, en les comparant à d’autres Étoiles plus connues; je n'ai fait d'autre réduction à l’afcenfion droite & à la déclinaifon de ces Étoiles, que celle qu'on trouve dans les Catalogues, fous le titre de Variation annuelle qui dépend de la préceffion des équinoxes; un calcul plus exact des petites variations caufées par la nutation & par l'aberration, m'a paru inutile, vu qu'on n’eft pas encore certain de la vraie pofition des Étoiles mieux qu'à une ou deux minutes près , {ur-tout de celles qui font rapportées dans le grand Catalogue de Flamftéed, feconde édition. L'on voit par cette dernière Table, que le cours de la Comète n'a donné occafion de déterminer par obfervation les pofitions de dix-huit Étoiles, dont les lieux n’étoient pas encore connus dans nos Catalogues, & dont plufieurs ont {ervi à déterminer les lieux de la Comite. Je joins à ce Mémoire deux Cartes célefles qui repréfentent June & l'autre la route apparente que la Comète a tenue parmi les Étoiles fixes, fuivant mes obfervations : ces Cartes font divilées en rés d’afcenfion droite & de déclinaifon, de manière qu'il féra aifé de reconnoître à l'infpedtion de ces deux Cartes, la pofition de la Comète obfervée, & celles des Étoiles auprès defquelles elle a pañlé. La première de DE tSUnSAc AE, NC Es: 171 ces Cartes / Planche I), contient la route apparente de Ia Comète, depuis le jour que je la découvris le 1. Avril, jufqu'au 7 de Mai; cette Carte renferme les conftellations du Bélier, de la Mouche, du Taureau, avec les pieds du Cocher & la maflue d'Oon La feconde Carte / Planche 11), contient les pofitions de la Comète, obfervée depuis le 10 Mai inclufivement jufqu’ au 19 de Juin qu'elle cefla de paroïtre: cette Carte contient les conftellations des Gemeaux, de l'Ecrevifle & du Lion. J’ y ai rapporté aufli une figure, tracée d’après les élémens de la théorie de cette Comète, par M. Pingré, ainfi que le cône de lumière obfervé le 3 “Tu, defliné de manière à rendre fenfible les coups de lumière qui paroiffoient fortir du noyau pour parcourir ce cône. Ces deux Cartes font conftruites de manière qu’on pourra les joindre enfemble en les collant, pour en former une feule & même Carte qui fera voir la route entière de cette Comète, depuis la première obfervation, le 1.* Avril juf. qu’à la dernière faite le 19 Juin. 172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TasLe [. Des pofitions apparentes de la feconde Comète obfervée en 1771, © comparée avec les Étoi es fixes depuis le 1°" Avril jufqu'au 19 Juin. D'FFÉRENCE | DIFFÉRENCE É To LES k o Z a TEmPs FLAT ns 1 en afcenf. dr. | en déclinail, HE ë à avec lefquelles vrai. si LL obfervée. [entre la Comète| entre la Comète| 3 à sr la Comiète à & les Étoiles. | & les Étoiles. ë Ep a été comparée. À. s.\D2. M. S D. MS. 8. . 40] 2. 29. o—|0. 32. 4 +| 6 de la Caille, GE ..27| 2. 45e 30—|0. 7. 22 —| 5 du Bélier. 8. 24| 2° 39: 30—|0. 23. 36 —| 7 déterminée. 8. 17| 2. 44e 45—|0, 6. 30 —| 5$ du Bélier. 8. 46. 52| 38.447055 te elenelee 2e 27. 30—|.......,... 6 de la Caille. D 46 52 11 30/0480 la lle epiediele 2e 38e 15—|vrou sen 7 s | détermin. ci-deffus. 7. 61 5e 39e o—|o. 31 8 + s fs Ÿ du Bélier. 2 15 44e 30—|0. 17. 26 + $ € 7. rasta here lt i [ta même que ci-deff. 8. 26| 1. 43. 30—|0. 17. 37 + $ € 8. + 36| 1. 42. 45—|o. 17- 47 + | 5 € 7. 7| 0. 40. 45—|o. 43. 18 +| 5 € 7e 11] 0. 40 O—|0. 43. 22 + $ € 8. Que) ACTE Ce] CO OUEST Se £ ee ÿ Halte assassin Bises lits du Bélier. 8. P2| o. 26. 15+|1. 9. 23 + $ € 8. 341 0. 27. o+|1. 9.45 + s € | : 7- 11] 1. 32e 52/1. 34 22 | S$ € 8. 30 1. 33e 451. 34 qi +] $ | € 8. + ST] 1. 34. 30+ 11e 35. 2 + ÿ € 8. AIN BEM o—=|MREN Eee 7 82 te + 331 7 4 1$—|1. 39. 21 —| 6 86 7e + 32] 5° 58. 15—|1. 16. 22 — 6 86 7. 14] 3. 26. 45—|1. 28. 41 —| > 78 8. 90! 5+ 56+ o—|1. 15. 4 —| 6 86 8. 3| 3e 24 30—|1. 27. 52 —| 7 78 7 + 27| 4+ 50. 15—|0. 50. 27 —| 6 86 7. . 42 2. 18. 30—|1. 3.13 —Ù 7 78 de la Caille. 7° + 47| 4: 49- 15—|lo. 50. 7 — 6 86 7: + 1] 2.17. 45—|1. 2. $4 —| 7 73 . 8. 15] 4 48. 7—|o. 49. 39 —Ù 6 86 8. ..37| 2 16 37—|1. 2. 38 —| 7 78 7 44| 3. 40, 30—|0. 25. 10 —| 6G 86 7. 4g| 1 9e o—!lo. 38. 6 —| 7 78 7: 59| 1+ 8. 30—|0. 37. 56 —| 7 | 78 7 $4l 3° 39. 45—|0. 25. o —| 6 86 DES SCIENCES. 173 NRC CCE OO SRE : DiFFÉRENCE] DiFFÉRENCL| + 22 | ÉToizres \ Temps AREN ON a ever en afcenf. dr. | en déclinaif. Era : ô avec lefquelles 77 !: vrai, Re obfervée. lentrela Cométe| entre la Comète ë ë ER la Comète ue & les Étoiles. | & les Étoiles. | d ë a été comparée, TA M S. DM. S D. M. 5 [EN vril 8| 8. 3e 38. oo —|l0. 14. so —| 6 86 - 8 RS SU ete Bree CE OR CP 8. 3- 36. 45 —|lo. 24. 47 —| 6 86 8. ne 445 —o. 37. 45 —| 7 | 78 o! 7. 5-43. 15 —|o. 16. 18 +| 3 : | des Pléïades. Ù 7- 2. 28. 30 —|0, 1. 20 6 86 Que la Caille. 7e 0. 3 0 +lo, 1 = 8 8. gl aa biotte | hs de à 4 à | des Pléïades, 8. 9 4e #5 lo. 13.50 —| 7 | 78 {den Caille. 8. 2.27 0 — lo, 1. 4 —| ‘6 8 10| 7. 4.31. 0 —|o, 40. 47 +| 3 # | des Pléïades, 7° 1. 15e 15 Hlo. 10. 10 +| 7 | 78 7. 1. 15. 45 —|o0. 23. 17 +| 6 86 ?} dela Caille, 8. 1. 16. 37 lo. 10. 24 +| 7 | 78 8. 4+ 29° 30 —|lo at VE + 3 #h | des Piciades, « 8. 1. 14e 45 —|o. 23. 30 +| 6 86 xx | Der Mao | 6146. 2 | 86 de la Caiïlle, 8. 2e 29° 0 +9 34 4 + 7 78 3: Car ns à 4 38 —+ 3 # [des Pléïades, 8. 0. 2+ 15 —|0. 46. 58 +| 6 | 86 8. nets — {0 6 9 —| « | 88 8. 0, 1.15 0. 47: 55 +| 6 86 12| 7. te 11» 30 +1, 9. 40 +| 6 86 /de Ia Caille, 7° 0. 214 15 —|o. 16. 54 +| 6 88 8. De 20450 17017 + 6 88 8. 2. 20 15 —|1, 28 4 +| 3 # | des Pléïades, 8 0, 20. © —|o. 17. 13 +| 6 88 | | de Ia Caille. 8. 1e 30 —|1, 28 15 +| 3 n |des Pléïades, 8. FAST ue trrst3 | 671186 . 8. où 188451 l0. 17 38 +: 6 gg fe la Caïlle, 13] 7- 1e 27: 30 —|lo, 21. 59 +| 6 3 | déterminée, Le 7° 0. 53: © —{|0, 40. 3 +| 6 88 | de la Caille, 4 8. 1» 264 7 —\o. 22, 13 +| 6 3 …. 14| 7- 54 . 56. . 36. 0: 10, 30 0. 44 1 +| 6 3 8. 4 0. 10. 15 —|o. 44 13 +| 6 3 déterminée, 8. 0+ 10. O —|o0. 44. 30 +| 6 3 15| 3 1 7e 30 He $s.17 +] 6 3 8. 12. 2. 50. 15 —|o. 58. 26 —| 6 41 | Taureau, Flamféed, 8. 38. D 8 o+l1. 5.41 +| 6 3 16| 8. 14. 2. 27. 19 +1, 26. 21 + 6 3 “4e 3e 43-15 +1. 47 37 +Hl 6 3 174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE | AscENsIoN | Décumwaison | DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE) 2 E| ÉToires TEMPS ue Boréale. | en afcenf. dr. | en déclinaif. ma ao avec lefquelles vrai. STE obfervée. [entre la Comète |entre la Comète 52 me Ja Comète & les Étoiles. | & les Étoiles. | ‘ 5 2 a été comparée. AEMICTE TD. M. SD M + 8 15. 2 26. 39. 4613. 38. 30 — — $ de la Caille 115.° 8. 15. 2 26. 39° 461, 18. 37 — —+—| 6 109 la méme. Hole 89:40) oe;e ir CN au Taureau, Fam. 8. so. 19 26, 40. 16|0, 9e 4$ — — 6 ge T:024 26. 40e 3110. 9. 15 —) == 6 la même. | 9 11. 24 26, 40. 25|1. 15. 15 — + 6 109 de la Caiïlle. + 8. 20, 30 264 59 29|1. +8. 45. + +| 6 Taureau, j + 20. 30 26. $9- 14]2. 16. 15 — + si] 11$- 8. 59. 34 26, $9- 380. 4.45 + +| 6 109 de la Caille, 8. 59. 34 26. 59. 31/2. 14. 22 — = S 115. 8. 38. 41 28. 47. 11]lo.10. 30 — +] 2 8. os. 28 29. 1. 4618. 44. o —|o lea B 8. 19. o 29-45. 28/7. 15. 15 — er B Taureau 8. 23. 39 29e 20. 10|$. 45. 45 — = 2 B 8 18. 4 29e Sie 51/2. 44 45 — Pr ANT B 8. so, 14 30. 24 23|0. 26. 30 + Dre) PT 26 | du Cocher, 8. so. 14 30. 24. 22/3. 17:45 + 7 1H facterminée, ge 5. 6 30. 24. 23|3. 26. 19 + ee 7 LE Das 6 30. 24. 2410. 27. 45 + 4 6 26 8, 41, 44 30. 29. 4s|1. 59. 30 + | ere) FANS 26 AMF É F0 402313) 4 RATE +| 6 26 9+ 18. 25 3o. 34. 24|3- 35. 37 + TE) EN 26 , 49. 4 30e 39e 3212 30. 30 — + $ L2 ARC. 9 6 32 30-039-035)|2"N29- 85 cr | PAS x 8. 54 29 30. 40. 62. 14.30 + AS x {| 8. 54. 29 30. 40. 3|1. 1. o — 106 48 9 10. 37 30. 23e 10|5. 16. ,52 + rc 48 9+ 10+ 37 30. 22. 508. 32, 52 +li:s La 9+ 10. 37 30. 23. 2515. 23+ 52 — — $ T 8. 51. 9 30. 16, 52/3. 51e 0 — Nes T | 9+ 9e 31 30. 16, 303. 50. 0 — —| 5 T 9e 22. 24 30. 9. 4|2. 164 30 — —| 5 T 9 33- 14 jo. 8. 612. 15.45 — rs T 9+ 10. 26|103 29% 59e 31/[0e ge 159 —|o. 36. 24 —| S T 9 21. 10|104 29. 48. $6lo. 46. 45 +]|o. 46. 59 —| 5 T des Gemeaux, 9+ 26. 1104 $$+ 19129. 48. solo. 47, o +|o. 47. $ —| 5 T 9+ 46. 351106. 29. 4/29. 38 7,2. 20. 4$ + lo. 57, 48 —} $ T 9. 30.238 | 107. 57. 49/29. 26. 1313. 49. 30 +|1. 9.42 —| S T 9. 32: 281107. 58. 12|29. 24. 474. Sie 30 —|o. $1. 9 +| 2 B 9. 32. 28|107. 58. 20/29. 24. 47|4. 16. 30 —|o. 0. 0 s Ca 21] 9. 26. 47109. 27» 2729. 12e $713e 22+ 15 —|0. 39. 19 +] 2 8 DES SCIENCES. 175 FE Em © MMÉUE SI avec lefquelles la Comète DirPENGE Di FFERENCE enafcenf. dr. | en déclinaif, bfervé Press: JEU la Comète | entre la Comète obfervée. obiervée. Sr Ep & les Etoiles. | & les Étoiles. ASCENSION | Décuinaison TEMPS Ÿ £ droite Boréale S2[10YZ sap ansputi) vrai, S2ILO1Z S2P 'N PÈ Uokeg 2p saine a été comparée l | DAMES DIN EMN TE: D. M. S. . 48 2. 38 37 52 L++ttt des Gemeaux. V9 VI) Ÿ) Ÿ Y © Oo w WARS AM AM Qi À Bb BB HP D LR D DR D D D R N hR VO du Cancer, B B B B B B B B B 9 8 J J* J° Ÿ° JL 4° ©. CANNES INOESOD NO ENS dos Cote dr déterminée. du Cancer. détérminée. du Cancer, Æ PC INC SEC UN NN NN © = NN] = N] © OQAOT OO O OU DIE LOTS tt TUE Tnt, PRE du & com, eftimé. À Ayant communiqué à M. Pingré, les obfervations de cette T'able, il en a déduit les élémens de l'orbite de la Comète de la manière fie Nœud afcendant...... AR RICINO Ne RE ban EEMOUS HET A0". Inclinaifon de l'orbite... ....... ciel ei pete Mie state DES Se 20e PonplhdendiiEeMhemen ts 6h Latest 3 19828, 13. Diftance Égh àe NEMe BOULE tee 10 05/0 Pofarithme, "#01 c SASHA OH ES + 9957013: Paffage au périhélie, le 18 Avril 17270714 A 14 27", temps moyen. Son mouvement étoit direct, c’eft-à-dire, fuivant l'ordre des fi ignes, 176 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Tage IL Des Afcenfions droites à Déclinaifons des Étoiles qui ont été employées à la détermination des lieux de la feconde Cométe obfervée en 177 1. Les pofitions réduites au temps des Obfervations. ASCENSION | DÉCLINAISON droite Boréale des Étoiles. des Étoiles. 24. S. + 36 o Qi A "Sao S2P anopuese) a ANNu D] AN «a an ax NON B NI à GN NN œû © L) t9keg op sam2T *S2|1014 S2P 5° N LS © = NN + ® Oo © oN au: 6% + D — D Oo Noms DESs' ÉTOILES qui ont fervi à la détermination du lieu de la Comite. . [Catalogue de la Caïlle, Com. comp. le 1." Avril. dét. par « du Bélier, Com. comp. les 1 & 2 Avril. Bélier , déduite de la Caille, Comète comparée les 1,2, 3,4 & $ Avril, déterminée par € du Bélier , fur le parallèle de Ia Comète le 5 Avril. Bélier , 74.° de la Caïlle, Com. comp. le 1. Avril. - [la Caïlle, Com. comp. les 6, 7, 8,9, 10 & 11 Avril. de la Caille, Comète comparée le $ Avril. de la Caïlle, Comète comparée les 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 & 12 Avril. de la Caïlle, Com. comp. les 11, 12 & 13 Avril. des Pléïades , la Caïlle, Comète comparée les 9, 10, 11 & 12 Avril. déterminée par n des Pléïades, Comète comparée les 13, 14, 15, 16 & 17 Avril. du Taureau , Flamftéed , Comète comparée les 15, 17 & 18 Avril. 107 de la Caïlle, Comète comparée à la 41.° du Taureau ; erreur de 10‘ dans la déclinaifon, 109 de la Caïlle, Com. comp. les 17 & 18 Avril. 115 de la Caille, Com. comp. les 17 & 18 Avril. déterminée par ( du Taureau. déterminée par comparaifon. déterminée de même, déterminée de même. déterminée de même. déterminée par B du Taureau. déterminée par obfervation. Taur. Com. comp. les 24, 25, 26, 27 & 29 Avril. dérerm. par 8 du Taureau, Com. comp.le 3 Mai. Cocher vérifié, Com. comp. les 3,4 & $ Mai. déterminé, la queue de la Comète à cette Étoile le s Mai. ASCENSION LE EE SAESL ENT: E NC Es. 177 n RE 2 a 2 : ASCENSION | DÉCLINAIS. | % © | “:£ Noms DES ÉTOILES, droite Boréale SRE RC qui ont fervi s F5 £ 5 3 2 RAT se ns des Étoiles. | des Étoiles. NIREE à Ja détermination du lieu dela Comte. 3 3 7 13 déterm. par B du Taureau & x du Cocher. s] x |Cocher, Comète comp. les 7, 10, & 14 Mai. 6 48 |du Cocher, Flamftéed vérifiée, Comète comparée les 10 & 14 Mai. s T |des Gemeaux, Comète comparée Îles 14, 1$, 16, 17,18, 19 & 20 Mai. 5 æ |des Gemeaux, Comète comparée le 20 Mai. 2 B |des Gemeaux, Comète comparée les 20,21,23;, 24, 25 & 26 Mai. 14 |déterminée par f des Gemeaux. ® |Gemeaux, la Caïlle, Com. comp. le 26 Maï. de l'Écrevifle, la Caille, Comète comparée les 30, 31 Mai & 2 Juin. déterm. par L* de l'Écrev. la déclinaif. eftimée, déterminée par la même 4°. déterm. par » de f'Écrev. Com. comp. le 3 Juin. de l'Écrev. la Caïlle, Com. comp.les 3 & 7 Juin. l'Écrev. vérifiée, Com. comp. les 7, 8 & 9 Juin. déterminée par Z de l'Écrevifle, du & Connoiff. des Temps, Com. eftim. le 19 Juin. w ON ou AN on rB NN RECUEIL des Obfervations de la feconde Comte, obfervée en 1771, x AU TON CUE OL M. Wargentin, m'envoya dans fa Lettre du 12 Juillet 1771, les oblervations qu'il avoit faites de la feconde Comète, obfervée en 1771 *, avec les élémens qu'en avoit déduits M. Profperin, des Académies de Stockolm & d’Upfal : voici l'extrait de fa Lettre, + On les trouvera imprimées aufli dans les Éphémérides de Vienne, année 1772, page 2523 celles de Berlin, 7776, page 185; & dans le quatrième Trimeftre de l’Académie de Suède, année 1771, page 253. Mérn, re # 178 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Je vous envoie les élémens de la Comète de cetté année que M. Profperin a trouvés par mes feules obfervations : & ces mêmes obfervations comparées au calcul. Après lé 16. de Mai, il ne fut pas poflible de voir la Comète, à caufe * de a grande clarté du crépufcule qui dure ici toute fa nuit, & qui dans cette faifon eft ici prefque comme le jour , de forte qu’on voit à peine les Etoiles de la prenuière grandeur à minuit. Je ne m'attendois pas à voir ces obfervations fi bien s’ac- corder avec les élémens , en étant fouvent peu fatisfait par différentes circonftances. Le 18 Avril, je comparai la Comète avec l'étoile 41° du Taureau, fuivant le Catalogue de Flamftéed. Le 19, avec l'étoile g du Taureau. Le 2r, avec +. Le 22, avec £ de la Cofne feptentrionale. Le 27 & les jours fuivans, jufques & compris Îe 4 de Mai avec la 26."° du Cocher. Les 6, 7 & 8 de Mai avec la 41. du Cocher, & enfin les quatre derniers jours avec des Gemeaux. J'ai trouvé les lieux des Étoiles L, @, B du Taureau & de r des Gemeaux, mieux déterminés dans le Catalogue de feu M. l'Abbé de la Caille, qu'il a inféré dans le fixième tome de fes Éphémérides, & j'en ai fait ufage; mais pour les lieux de la 41.”° du Taureau & des deux étoiles du Cocher, il m'a fallu les prendre du Catalogue de Flamftéed, réduit au temps de l'obfervation. Ces. deux Catalogues dife- rent fouvent très-confidérablement entr'eux , jufqu'à trois minutes en afcenfion droite. Je ne doute pas que les élémens de M. Profperin, ne puiffent & ne doivent être beaucoup, rectifiés, par une plus longue fuite de vos obfervations. Les élémens de M. Profperin, ne s'écartent cependant pas beau- coup de ceux de M. Pingré, à l'exception du temps du périhélie, LC D ES29 CS EN. CES 179 Élémens de la théorie de la Comte qui a été obférvée à Stockolm, par M. Wargentin, dans les mois d’ Avril à de Mai 1771, en fuppo- Jant fon orbite parabolique : par AA. Profperin. Lieu du nœud afcendant,.........., ol 40) 37" 2 Inclinaifonsde l'orbite... ...., sssass ancré TT 16: 44e Lieu du périhélie...... durs esse 3h30 48e -2i Logarithnie de la diflance périhélie...... 9,9551478. Temps moy. du paff. au pér. à Stock. le r9 Avr.1771, à 1° 42° 26", Le mouvement direct. OBSERVATIONS de la Comète faites à Stockholm, comparées avec les Elémens rapportés ci-deffus. à LL. TI E TEMPS Loncrrupe| Loncirupe : HET: Br ; DiFFÉR.| Doréale Boréale |D1FFÉR. moyen : 3 à STOCK. obfervée, | calculée. obfervée. | calculée, BMW. S. | D. M. &.| D. M SIM. 5 DOM. S | D M SIM. 9» 53-21] G2:45. 38| 62.47. 8]1: 30 —|] 6.25. 16| 6. 25. 20/0. 4 — 9» 55-48] 64. 3.16| 64. 3, 17lo. à —Ù 6.29. so| 6. 2 47|0. 3 + 10. 0.49| 6G. 37. 21| GG. 37. 42/0. 21 —Ù 6. 37. 15| 6. 38. 16|1. 1 — 10. 53-49] 67. 57. 24| 67. 57. 47|o: 23 —| 6.42. 36| G. 42. 14l0. 22 + 19: 7: 53] 74: 30.49] 74+ 29. $9lo. so + 6.58. 30| 6. 58. 35lo. $ — 10 2. 55 75 $0- 29 75 49. 491]0. 40 = 7° 0. 45 7° 1. 12|0. 27 — 9e 54-41] 77: 9-57] 77. 9. 44loi 13 #Ÿ 7. 3.24] 7 3. 35/0. 11 — 9» 48-41] 78.30. o| 78. 30. 910, 9 —Ù 7. 5. 50| 7 5.44lo. 6 — 10- 35: 38] 79. 53. 31] 79.53. 40/0..18 —1 7. 7.441 7% 7e4ilo. 2 + 9: 42«46| Br. 11. 59| Br. 12 05 9 —Ù 7. 9.18| 7 9.18l0. o 10. 8. 0! 82.34. 25| 82. 34. 43/0. 18 —Ù 3.10. 33| 7: 10. 43|0. 10 — 10-38. 41| B3. 57. 23| 83. 58. 15/0. 52 —117. 11% 55| 7% 11. 56|0.. 1 — 11: 2.56] 86.42.30] 86.43. 810: 38 —Ù 7. 12. 38] 7. 13. 28/0. so — 10.39. 33| 88: 3.17| 88. 3. 46/0. 29 —Ù 7.112. 56| 7.13 silo. 5$ — 10.24. 48| 89. 24. 54| 89.24. $5lo. 1 —Ù 713. 51] 7. 13. 5910. 8 — 10: 54m 15| 96: 16.38] 96. 16. 15/0; 23 +] 7. 10. 37| 7e 10. 53l0. 16 — 1043+,L] 97-37 8] 97:37. 170. 9 —| 7. 8.46] 7. 9. 32|0. 46 — 10. 51: 55] 98. 59. 15] 98. 59. 1210. 3 +7 7. 57| 7 7. 5710. o 10. $4-4$|100. 20.:39| 100, 20, 43/0: 4 —Ù 7. $. sol 7. 6. olo. 1o — 11. 7: S1l100. 21. 20/ 100. 21. 28/0. 8 —Ù %., $. 52] 7 6. 10. 9 — L'obfervation du 18 Avril, douteufe pour la longitude. Al MAR SE TI LE. M. de Saint-Jacques de Silvabelle m'a envoyé dans fa lettre du 18 Septembre 1771, les Obfervations qu'il avoit faites dans l’'Obfervatoire de Marfeïlle, de la feconde Comite obférvée en 1771. Voyez la Table fuivante. Zi s 180 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE TEMPS |ASCENSION [DÉCLINAISON . : droite boréale He HE obfervée. obfervée, PAM S D M. S DM TES Avril 224 11,8. ,40.1 5606444645 lle 8. rs. lto 25 | 9. 5. 57 | 69. 11. 45 | 29. 4 30 26: |: 8.144.551 7038520: UE o 2700 8252 21e |72.473. 301120. 26.030 28 | 8. 49. 38 | 73. 42. 30 | 29. 39. o 3009.06 .02 76 43: 30 | 30. 2. o Mai. 1! DN24 AO 7 BL 0NON Na 0: Gr2 010 BRIE Ke 0 EN EE Ce Ce ol MES 1 Er Dec 2HINO 25260) 82) 1200 R0-128.PLO 4 | 9: 40. 33 | 83. 1. 15 | 30. 34. oo 5.118: 43 517 | 84 32. o.| 30. 36. lo 9 | 9. 29: 3 | 90. sr. o |.30. 46. o 10 | 9. 46. 55 20e 7 4530-40: 110 RSS SI MN SAS TN 06 AC TA 095300) 1302398 10 1 es Ro 721301302011 140805 6,231 08:71. Hola 0o.:24 ho 16 Ds na Ton 52 NEO 30.419.010 174 0 47 0U9NL03 127.0) 30-4210 18 | 9 7. 26 |104. 55. 15 | 29. 47. o 20.119 ,8 11 |107 58. 301 | 29. 24 lo 21/10 8;"%ou|r109. 31.101 29:1r2. 000 22 9e 51. 20 |111. Oo. 45 29. :© o 23 |19: 41. 36 |112. 26. 30 | 28. 44.0 244000035130 0) 109015321115 2 |0el0 1266080 25 | 9. 40. 22 |115. 21. oO | 28. 13. 30 29 | 9. 21. 39 |120. 49. o | 26. 59. o 30/9. "4re 10122. 18. lo | 2641. oo 31009-7347 9142333 3001026 79. 30 Juin 4x |'9. 39. 28 |r24. 55: 1501 25 57 oo 2 | 9.135. 16 |126. 10, 15 | 25. 36 o 3 | 9° 37° 57 |127e 27: 45 | 25-15, o droite boréale obfervée, obfervée. 182 MÉMOIRES, DE L'ACADÉMIE ROYALE Le travail que M. de Saint-Jacques de Silvabelle a fait fur cette Comète, eft confidérable ; il me mande que le détail de fes obfervations monte à quatre ou cinq cents comparaifons de la Comète à différentes Étoiles, dont il a tenu regiftre & qu'il n’a pu réduire faute de grand Catalogue d'Étoiles ; ces obfervations furent faites à un réticule rhomboïde qu'il avoit conftruit lui-même, & qu'il avoit adapté à la petite lunette ou chercheur de fon grand télefcope de 8 pieds. Si ce grand nombre d’obfervations étoit réduit, les pofitions de la Comète feroient plus certaines que celles qu'il a déter- minées par un autre moyen que voici. Îl s’eft fervi du cercle de l'Équateur & de celui de déclinaïfon de la machine parallactique fur laquelle étoit monté fon grand télefcope, & il en a déduit Îles afcenfions droites & les déclinaifons de la Comète , de la manière que je les ai rapportées dans la Table précédente. M. de Silvabelle aperçut encore la Comète le 20 Juillet; mais comme il y avoit beaucoup de vapeurs, il ne lui fut pas poflible de prendre exactement fon paffage au fil de linftrument, à çaufe qu'on ne pouvoit la voir que par intervalles ; il efpéroit que le même foir les vapeurs fe diffr- peroient ou qu'il pourroit trouver un moment favorable pour en déterminer le lieu ; mais les vapeurs augmentèrent au point qu'elle difparut. Le lendemain & le fuivant le ciel fut fort brouillé, & prévoyant qu'il feroit très-difficile de l'aper- cevoir, pañlé le 24 Juillet, il l'abandonna entièrement. L'on remarquera par les obfervations de M. de Silvabelle, qu'il a fuivi.-cette Comète plus d’un mois au-delà de ce que je n'ai pu la voir à Paris, quoique j'aie employé, pour la chercher, une excellente lunette achromatique de 3 pieds + à triple objectif, qui eft peut-être une des meilleures lunettes qui exiftent de cette longueur, faite à Londres par Dollond; elle appartient à M. le. Préfident de Saron; mais le ciel à Marfeille eft bien plus pur & plus favorable que le nôtre aux Oblervations'aftionomiques. ’ \ piEssu SCT E NecirrS 183 À CREMMUNSTER en PBavitre. » Le P. Fixmillner y obferva la Comète de 1771 : fes obfervations font rapportées dans les Ephémérides de Vienne, année 1773, page 306. Les voici en Table, TÉMPS ASCENSION |DÉCLINAISON : droite boréale vrais obfervée, obfervée * # A GRÉEN W.I-C H. Les obfervations de la feconde Comète de 1771, faites _ à Gréenwich, par M. Maskelyne , Aftronome royal, font rapportées dans le Recueil des Obfervations aftronomiques , publié à Londres en 1774, än-folio, page 115 du Livre des Diftances. À ROUEN. M. Dulague a obfervé la Comète de 1771, de l'Obferya- toire de Saint-Lô, avec une lunette achromatique de $ pieds, garnie d'un réticule rhomboïde; le détaïl de fes obfervations eft rapporté dans le VIL. volume des Mémoires des Savans étrangeïs, page 422, Voici la Table de fes Obfervations. 184 MÉMorres DE L'ACADÉMIE ROYALE Mai. Avril 12 13 F4 15 1:6 17 18 22 23 28 ASCENSION droite obfervée, DÉCLINAISON boréale obfervée. EXPÉRIENCES Mom. de l'Acad.R. des Se. An.1777. Pag:184. PL. Z: CAS 1! Avrid au sovr, dans la Constellatiôn du Beler, entre Les Etoiles y et € Planche L'hments La Pla avec une Figure tracee d apres Les Elements de “a, T] heorte , par MT Pngre LA MoucuE Ÿ \ E : 2 Le D À \ Lu R = Jen — jam = from — Q È 5 S S | \ à \ KE \ = If 6 ) LS à) s \ Î 4 we LQN : ; £ EX 1 a ÿ 2, # | & AT72 T\ X \ DE CNE | Î- ? | tt = - - - ee EE à SR Hem de L'AcadiR. des Se PL z. An-1777: Pag. 184 CARTE &@ la Roue à pparerte de ZE "2 ee COMÈTE Dr en 1771: Decouverte de L'Obrervatoe dela Marne à PARIS le 1° Avr au ot, dans la £ ondtellation du Beler, [Planche we ds des C rer Lrturqu ’au 19. Juin qu'elle à cetré de Paroitre auæ Znétruments es 7 Prelentce au ROI le ?3. Juin 1771. | La Planche I que wub, represente a Route se vs même COMETE suvant les derniers Obrer vatons, faites depuis le 10: Ma, jusqu'au 19: un avec une Fiqure traces di aprei Les Elements de a, Theorre entre les Etoiles et € û 4 , par ME Pigre ñ5 55 35 à un pe peer Re ==, = RE —— pe LUE = — ns (re \ L 2 - \ \ \ # \ 50 4 Ames d'Etodes LES | | ROUTE LA Moucnr\ A \ | * R = — té a > do pue se re pt — pt 2 EC BY pers me FA _1 | # ê * rm x jt — Grave par F Le Couxz d'apres le dasrin de AC Mexner PL, + . yPag.184. PL IL. 7 ses: dei Bteiles 4 Gravé par F L Gouaz d ‘apres le de/Ÿn de M. Heleer ; PLU, Dem. de l'Acad À. des Se. An-1777-Page184. PL AL. Planche II. Grandeur. des Ktoilar " de Asventon droite Grave par 5 Le Gouaz d'après le deffn de M Meier DES SCIENCES. 185 PAPER IE NCE S SUR 4 LA RESPIRATION DES ANIMAUX, Æt Jur les changemens qui arrivent à l'air en paffant par leur poumon. Par M. LAVOISIER. E tous les phénomènes de l’économie animale, if n’en eft pas de plus frappant ni de plus digne de l'atten- tion des Phyficiens & des Phyfiologifles , que ceux qui accompagnent la refpiration. Si d'un côté nous connoifions peu l’objet de cette fonétion fingulière , nous favons d’un autre qu'elle eft fi effentielle à la vie, qu'elle ne peut être quelque temps fufpendue, fans expofer l'animal au danger d'une mort prochaine. L'air, comme tout le monde fait, eft l'agent, ou plus exactement le fujet de la refpiration ; mais en même-temps toutes fortes d'air, ou plus généralement toutes fortes de fluides élaftiques, ne font pas propres à l’entretenir , & il eft un grand nombre d’airs que les animaux ne peuvent refpirer fans périr auflt promptement au moins que s'ils ne refpiroient point du tout. Les expériences de quelques Phyficiens, & fur-tout celles de M. Hales & Cigna, avoient commencé à répandre quelque lumière fur cet important objet: depuis, M. Prieftley, dans un Écrit qu'il a publié l’année dernière à Londres, a reculé beaucoup plus loin les bornes de nos connoiïflances, & il a cherché à prouver, par des expériences très-ingénieufes, très-délicates & d’un genre très-neuf, que la refpiration des animaux avoit la propriété de phlogiftiquer l'air, eomme a calcination des métaux & plufieurs autres procédés chimiques, Men, r 777 Aa 3 Mai 1777° 186 MÉMoiIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE & qu'il ne cefloit d’être refpirable qu'au moment où il étoit furchargé, & en quelque façô#t faturé de phlogiftique. Quelque vraifemblable qu’ait pu paroïtre , au premier coup-d’œil, la théorie de ce célèbre Phyficien , quelque nombreufes & quelque bien faites que foient les expériences fur lefquelles il a cherché à l'appuyer , j'avoue que je lai trouvée en contradiction avec un fi grand nombre de phéno- mènes, que je me fuis cru en droit de la révoquer en doute: j'ai travaillé en conféquence fur un autre plan, & je me fuis trouvé invinciblement conduit, par la fuite de mes expé- riences, à des conféquences toutes oppofées aux fiennes. Je ne m'arrêterai pas dans ce moment à difcuter en particulier chacune des expériences de M. Prieflley , ni à faire voir comment elles prouvent toutes en faveur de l'opinion que je vais développer dans ce Mémoire; je me contenterai de rapporter celles qui me font propres, & de rendre compte de leur réfultat. J'ai renfermé dans un appareil convenable , & dont ül feroit difficile de donner une idée fans le fecours de figures, so pouces cubiques d'air commun: j'ai introduit dans cet appareil 4 onces de mercure très-pur , & j'ai procédé à la calcination de ce dernier , en l’entretenant pendant douze jours à un degré de chaleur prefqu'égal à celui qui eft nécef- faire pour le faire bouillir. H ne seft rien pañlé de remarquable pendant tout le premier jour : le mercure, quoique non bouillant, étoit dans un état d'évaporation continuelle ; il tapifloit l'intérieur des vaifleaux de gouttelettes, d'abord très-fines , qui alloient enfuite peu-à-peu en augmentant, & qui, lorfqu'elles avoient acquis un certain volume, retomboient d’elles-mêmes au fond du vale : le fecond jour, j'ai commencé à voir nager fur la furface du mercure, de petites parcelles rouges, qui, en peu de jours, ont augmenté en nombre & en volume; enfin, au bout de douze jours, ayant ceflé le feu & laiffé refroidir les vaifleaux, j'ai obfervé que l'air qu’ils contenoient étoit diminué de 8 à 9 pouces cubiques, c’eft-à-dire, environ d’un fixième D! ETSMISNCQNILE INIC2E NS. 187 de fon volume; en même-temps il s’étoit formé une portion aflez confidérable & que j'aévaluée environ à 4$ grains, de mercure précipité per fe , autrement dit, de chaux de mercure. Cet air, ainfi diminué, ne précipitoit nullement l'eau de chaux ; mais il éteignoit les fumières , il failoit périr en peu de temps les animaux qu'on y plongeoit, il ne donnoit refque plus de vapeurs rouges avec l'air nitreux, il n'étoit plus fenfiblement diminué par lui, en un mot, il étoit dans un état abfolument méphitique. On fait par les expériences de M. Prieflley & par les miennes, que le mercure précipité per fe, n'eft autre chofe qu'une combinaifon de mercure avec un douzième environ de fon poids, d’un air beaucoup meilleur & beaucoup plus refpirable , s'il ett permis de fe fervir de cette expreffion, que l'air commun : il paroïfloit donc prouvé, que dans l'expé- rience précédente, le mercure, en {e calcinant, avoit abforbé la partie la meilleure, la plus refpirable de l'air, pour ne laïffer que la partie méphitique ou non refpirable ; l’expé- rience fuivante m'a confirmé de plus en plus cette vérité. J'ai foigneufement raflemblé les 45 grains de chaux de mercure qui s'étoient formés pendant la calcination précé- dente; je les ai mis dans une très-petite cornue de verre, dont le col, doublement recourbé , s’engageoit fous une cloche remplie d'eau, & j'ai procédé à la réduétion fans addition. J'ai retrouvé , par cette opération, à peu-près la même quantité d’air qui avoit été abforbée par la calcination, c'eit-à-dire, 8 à o pouces cubiques environ, & en recom- binant ces 8 à 9 pouces avec l'air qui avoit été vicié par la calcination du mercure, j'ai rétabli ce dernier aflez exacte- ment dans l’état où il étoit avant la calcination, c'eft-à-dire, dans l'état d'air commun: cet air, ainfr rétabli, n'éteignoit plus les lumières, il ne faifoit plus périr les animaux qui le refpiroient, enfin , il étoit prefque autant diminué par l'air nitreux que l'air de l’atmofphère, Voilà l'efpèce de preuve la plus complète à laquelle on Âa ij 188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE puifle arriver en Chimie , la décompofition de l'air & fa recompofition, & il en réfulte évidemment, r.° que es cinq fixièmes de l'air que nous refpirons font, aïnfi que je l'ai déjà annoncé dans un précédent Mémoire , dans l’état de mofette, c'eft-à-dire, incapables d'entretenir la refpira- tion des animaux , l’inflammation & Ia combuftion des corps: 2. que le furplus, c'eft-à-dire, un cinquième feule- ment du volume de fair de f'atmofphère et refpirable : 3. que dans la calcination du mercure , cette fubftance métallique abforbe la partie falubre de l'air pour ne laifler que la mofette : 4.” qu'en rapprochant ces deux parties de Vair ainfi féparées, la partie refpirable & la partie méphi- tique, on refait de l'air femblable à celui de l’atmofphère. Ces vérités préliminaires fur la calcination des métaux , vont nous conduire à des conféquences fimples fur la refpi- ration des animaux, & comme l'air qui a fervi quelque temps à l'entretien de cette fonction vitale, a beaucoup de rapport avec celui dans lequel les métaux ont été calcinés, les connoiflances relatives à l’un vont naturellement s’appli- quer à l'autre. J'ai mis un moïneau-franc fous une cloche de verre remplie d'air commun, & plongée dans une jatte pleine de mercure ; la partie vide de la cloche étoit de 31 pouces. cubiques : l'animal n’a paru nullement affeété pendant les. premiers inftans ; il étoit feulement un peu afloupi : au bout d'un quart-d'heure il a commencé à s’agiter ; fa refpiration eft devenue pénible & précipitée, & à compter de cet inftant, les accidens ont été en augmentant ; enfin, au bout de minutes il eft mort avec des efpèces de mouvemens convulfifs. Malgré la chaleur de l'animal, qui néceflairement avoit dilaté pendant les premiers inftans l'air contenu fous la cloche, il y a eu une diminution fenfible de volume: cette diminution étoit d’un quarantième environ à la fin du premier quart-d'heure; mais loin d'augmenter enfuite, elle s’eft trouvée un peu moindre au bout d’une demi-heure, & lorfqu'après la mort de l'animal, l'air contenu fous la cloche a eu repris la DES SCIENCES. 189 température du lieu où fe faifoit l'expérience, Ja diminution ne s’eft plus trouvée que d’un foixantième tout au plus. Cet air, qui avoit été ainfi refpiré par un animal, étoit devenu fort différent de l'air de l'atmofphère; il précipitoit l'eau de chaux , il éteignoit les lumières , il n'étoit plus diminué par l'air nitreux ; un nouvel oifeau que j'y ai introduit n'y a vécu que quelques inftans; enfin, il étoit entièrement méphitique , & à cet égard il paroifloit aflez femblable à celui qui étoit refté après la calcination du mercure. Cependant, un examen plus approfondi m'a fait aperce- voir deux différences très-remarquables entre ces deux airs, je veux dire, entre celui qui avoit fervi à la calcination du mercure, & celui qui avoit fervi à la refpiration du moineau- franc : premièrement, la diminution de volume avoit été beaucoup moindre dans ce dernier que dans le premier; fecondement, l'air de Îa refpiration précipitoit l'eau de chaux, tandis que Fair de la calcination n’y occafionnoit aucune altération. Cette différence d’une part, entre ces deux airs, & de l'autre la grande analogie qu'ils préfentoient à beaucoup d'égards , n'a fait préfumer qu’il fe compliquoit dans Îa refpi- ration deux caufes , dont probablement je ne connoiflois encore qu'une feule, & pour éclaircir mes foupçons à cet égard, j'ai fait l'expérience fuivante. J'ai fait paffer fous une cloche de verre remplie de mercure & plongée dans du mercure, 12 pouces d'air vicié par la refpiration, & j'y ai introduit une petite couche d’alkali fixe cauftique: j'aurois pu me fervir d’eau de chaux pour le même ufage, mais le volume qu'il auroit été néceffaire d’en employer auroit été trop confidérable , & auroit nui au fuccès de l'expérience. L'effet de lalkali cauftique a été d’occafionner dans le volume de cet air une diminution de près d’un fixième; en même-temps l'alkali a perdu en partie fa caufticité, il a acquis la propriété de faire effervefcence avec les acides, & if s'eft criftallifé fous Ja cloche même en rhomboïdes très-réguliers, \ # 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALr propriétés que l'on fait ne pouvoir lui être communiquées qu'autant qu'on le combine avec l'efpèce d'air ou de gas, connue fous le nom d'air fixe, & que je nommerai doréna- vant acide crayeux aëriforme *; d'où il réfulte que l'air vicié par la refpiration contient près d’un fixième d’un acide aëri- forme, parfaitement femblable à celui qu'on retire de [a craie. Loin que l'air, qui avoit été ainfr dépouillé de fa partie fixable par l'alkali cauftique, eût été rétabli par-Hà dans l'état d'air commun, il s'étoit au contraire rapproché davantage de l'air qui avoit fervi à la calcination du mercure, ou plutôt il n'étoit plus qu'une feule & même chofe ; comme lui, ül faifoit périr les animaux , il éteignoit les lumières ; enfin, de toutes les expériences de comparaïfon que j'ai faites avec ces deux airs, aucune ne m'a pu laïfler apercevoir entre eux la moindre différence. Mais l'air qui a fervi à la calcination du mercure, n’eft autre chofe, comme on a vu plus haut, que le réfidu méphitique de l'air de Fatmofphère, dont la partie éminem- ment relpirable s’eft combinée avec le mercure pendant la calcination ; donc, l'air qui a fervi à la refpiration, lorfqu'il a été dépouillé de fa portion d’acide crayeux aëriforme qu'il contient, n'efl également qu'un réfidu d'air commun privé de fa partie refpirable; & en eflet, ayant combiné avec cet * Il y a déjà long-temps, que les Phyficiens & les Chimiftes fentent la néceflité de changer la dénomination très-impropre d’azr fixe, air fixé , air Jixable; je lui ai fubititué, dans le pre- mier volume de mes Opufcules phy- fiques & chimiques, le nom de fluide élaftique , mais ce nom générique qui s'applique à une clafle de corps très-nombreux , ne pouvoit fervir u’en en attendant un autre : aujour- “hui, je crois devoir imiter la conduite des anciens Chimiftes ; ils défignoient chaque fubflance par un nom géné- rique qui en exprimoït la nature, & ils le fhécifioient par une feconde dénomination qui défignoit le corps d’où ils avoïent. coutume de la tirer: c’eft ainfi qu'ils ont donné le nom d'acide vitriolique , à Vacide qu’ils reti- roient du vitriol, le nom d’acide marin, à celui qu'ils tiroient du fel marin, &c. Par une fuite de ces mêmes prin- cipes , je nommerai acide de la craie , acide crayeux, Va fubflance qu’on a défignée jufqu’ici fous le nom d’air fixe ou air fixé , par la raïfon que c’eit de la craie & des terres calcaïres que nous tirons le plus communément cer acide, & j’appellerai acide crayeux aëriforme celui qui fe préfentera fous forme d’air. DT BE SUGS AQAE NC: Ens 191 air environ un quart de fon volume d'air éminemment refpirable, tiré de la chaux du mercure, je ai rétabli dans fon premier état, & je l'ai rendu auffi propre que l'air commun, foit à la refpiration, foit à l’entretien des lumières, de la même manière que je l'avois fait avec l'air qui avoit été .vicié par la calcination des métaux. I rélulte de ces expériences, que;pour ramener à l'état d'air commun & refpirable, l'air qui a été vicié par la refpi- ration , il faut opérer deux eflets: 1.° enlever à cet air, par la chaux, ou par un afkali cauftique, la portion d'acide crayeux aëriforme qu'il contient; 2.° lui rendre une quantité d'air éminemment refpirable, ou déphlogiftiqué, égale à celle qu'il a perdue. La refpiration, par une fuite néceflaire, opère linverfe de ces deux effets, & je me trouve à cet égard conduit à deux conféquences également probables, & entre lefquelles l'expérience ne m'a pas mis encore en état de prononcer. N l En effet, d’après ce qu’on vient de voir, on peut conclure qu'il arrive de deux chofes l'une par l'effet de la refpiration : ou la portion d'air éminemment refpirable, contenue dans l'air de l’atmofphère, eft convertie en acide crayeux aëriforme en paflant par le poumon; ou bien il fe fait un échange dans ce vifcère, d’une part, l'air éminemment refpirable eft abforbé, & de l'autre le poumon reftitue à la place une portion d'acide crayeux aériforme prefqu'égale en volume. La première de ces deux opinions a pour elle une expé- rience que j'ai déjà communiquée à l'Académie. J'ai fait voir, dans un Mémoire Îü à la Séance publique de Pâques 1775, que l'air éminemment refpirable pouvoit être converti en totalité en acide crayeux aëriforme par une addition de poudre de charbon, & je prouveraïi dans d’autres Mémoires qu'il eft plufieurs autres moyens d’opérer cette même conver- fion : il eft donc poñfible que la relpiration aït cette même propriété, & que l'air éminemment refpirable qui eft entré dans le poumon en refforte en acide crayeux aëriforme : mais d’un ‘autre côté, de fortes analogies femblent militer en 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE faveur de la feconde opinion, & porter à croire qu'une portion d'air éminemment refpirable refte dans le poumon, & qu'elle s’y combine avec le fang : on fait que c’eft une propriété de l'air éminemment refpirable de communiquer la couleur rouge aux corps, & fur-tout aux fubflances mé- talliques auxquelles if eft combiné : le mercure, le plomb & le fer en fourniilent des exemples; ces métaux forment avec Vair éminemment refpirable, dés chaux d'un beau rouge, la première , connue fous le nom de mercure précipité per Je ou de mercure précipité rouge ; la feconde fous le nom de minium; enfin , la troifième fous le nom de co/cothar. Les mêmes effets, les mêmes phénomènes fe retrouvent, comme on vient de le voir, & dans la calcination des métaux & dans la refpiration des animaux; toutes les circonftances font les mêmes, jufqu’à a couleur des réfidus : ne pourroit-on pas en induire que la couleur rouge du fang eft düe à la combinaifon de l'air éminem- ment refpirable, ou plus exactement, comme je le ferai voir dans un prochain Mémoire , à li combinaifon de la bafe de l'air émiremment refpirable avec une liqueur animale, de Ia même manière que la couleur rouge du mercure précipité rouge & du minium eft dûe à la combinaifon de la bafe de ce même air avec une fubftance métallique! Quoique M. Cigna, M. Prieflley & les auteurs modernes qui fe font occupés de cet objet, n'aient point tiré cette conféquence, j'ofe dire qu'il n’eft prefque aucune de leurs expériences qui ne paroifle tendre à l'établir: en eflet, ils ont prouvé, & fur-tout M. Prieftley, que le fang n'eft rouge & vermeil qu’autant qu'il eft continuellement en contact avec l'air de l'atmofphère ou avec Fair éminemment refpirable; qu'il devient noir dans l'acide crayeux aëriforme, dans l'air nitreux, dans l'air inflammable, dans tous les airs qui ne font point refpirables, dans le vide de la machine pneumatique; qu'il reprend au contraire fa couleur rouge lorfqu’on le met de nou- veau en contact avec l'air, & fur-tout avec l'air éminemment refpirable ; que cette reftitution de couleur eft conftamment accempagnée d'une diminution dans le volume de l'air : or ne Di Est Si CR RCNS CES 193 _me rélulte-t-il pas de tous ces faits que Fair éminemment refpirable a la propriété de fe combiner avec le fang, & que c'eft cette combinaifon qui conilitue fa couleur rouge. Au furplus, quelle que foit celle de ces deux opinions qu’on embrafle, foit que la portion refpirable de l'air fe combine avec le fang, foit qu'eile fe change en acide crayeux aëri- forme en paffant par le poumon; foit enfin, comme je Jerois aflez porté à le croire, que l’un & l’autre de ces effets aient lieu pendant l'aéte de Îa refpiration , on pourra toujours, en ne s’attachant qu'aux faits, regarder comme prouvé, ; 1." Que la refpiration n'a d'alion que fur la portion d’air pur, d'air éminemment refpirable contenue dans l'air de l'atmofphère; que le furplus, c’eft-à-dire a partie méphi- tique , eftun milieu purement paflif qui entre dans le poumon, & en reflort à peu-près comme il y étoit entré, c'eft-à-dire fans changement & fans altération. 2. Que la caicination des métaux dans une portion donnée d'air de l’atmofphère, n'a lieu, comme je J'ai déjà annoncé plufieurs fois, que jufqu'à ce que la portion de véritable air, d’air éminemment refpirable qu’il contient , ait été épuifée & combinée avec le métal. 3." Que de même, fi l'on enferme des animaux dans une quantité donnée d'air , ils y périflent lorfqu'ils ont abforbé ou converti en acide crayeux aëriforme la majeure partie de la portion refpirable de l'air, & lorfque ce dernier eft réduit à l'état de mofette. 4" Que l'efpèce de mofette qui refte après Ia calcination des métaux, ne difière en rien, d’après toutes les expériences que j'ai faites, de celle qui refte après la refpiration des animaux, pourvu toutefois que cette dernière ait été dé- pouillée par la chaux ou par les alkalis cauftiques de fa partie fixable, c’eft-à-dire de l'acide crayeux aériforme qu’elle contenoit; que ces deux mofettes peuvent être fubftituées l'une à l'autre dans toutes les expériences, & qu'elles peuvent être ramenées toutes deux à l'état de l'air de l'atmofphère par Mém, 1: ZTZ Bb 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE une quantité d'air éminemment refpirable égale à celle qu'ils ont perdue. Une nouvelle preuve de cette dernière vérité, c'eft que fi Fon augmente ou que l’on diminue dans une quantité donnée d'air de l'atmofphère, la quantité de véri- table air, d'air éminemment refpirable qu’elle contient, on augmente où on diminue dans la même proportion la quañtité de métal qu'on peut y calciner, & jufqu'a un certain point le temps que les animaux peuvent y vivre. Les bornes que je me fuis prefcrites dans ce Mémoire, ne m'ont pas permis d'y faire entrer beaucoup d’autres expé- riences qui viennent à l'appui de la théorie que j'y expole; de ce nombre font une partie de celles dont nous nous fommes occupés dans le laboratoire de Montigny, M.° Trudaine, de Montigny & moi pendant les vacances de l'Académie: ces expériences, fuivant ce que nous avons lieu d’'efpérer , jetteront encore un nouveau jour, non-feulement fur la repiration des animaux, mais encore fur la combuftion; opérations qui ont encore entre elles un rapport beaucoup plus grand qu'on ne le croiroit au premier coup-d'œil. DE SIHSACULLE IN CAES. 195 MÉMOIRE SNUERNYIEVA COMBUSTION DES CHANDELLES DANS L'AIR ATMOSPHÉRIQUE, Et dans l'air éminemment refpirable. Par M. LAVOISIER. ’A1 fuffifamment établi dans de précédens Mémoires, que l'air de l'atmofphère n’eft point une fubftance fimple, un élément comme le croyoient les Anciens, & comme on la fuppolé jufqu'à nos jours; que l'air que nous refpirons, n’eft compolé que d’un quart d'air éminemment refpirable, & que le furplus eft une mofette vraifemblablement très- compofée elle-même, qui ne peut fervir feule à l'entretien de la vie des animaux, à la combuftion & à l'inflammation. Je me trouve obligé en conféquence , ponr me rendre intel- ligible dans ce Mémoire, de diftinguer quatre efpèces d'airs ou de fluides aëriformes. Premièrement, l'air atmofphérique; c’eft celui dans lequel nous vivons, que nous refpirons, &c. Secondement, l'air pur, l'air éminemment refpirable ; c'eft celui qui n'entre que pour un quart environ dans la compo- fition de l'air de latmofphère, & que M. Prieflley a très- improprement nommé air déphlogiflique. Troifièmement , la mofette atmofphérique qui entre pour les trois-quarts dans la compofition de l'air de l'atmofphère, & dont la nature nous eft encore entièrement inconnue. Quatrièmement, fair fixe, auquel je donnerai dorénavant, à limitation de M. Bucquet, le nom d'acide de la craie, d'acide crayeux , & que je diftinguerai fous le nom d'acide crayeux aëriforme où d'acide crayeux en liqueur, fuivant qu'il fe préfentera dans fun ou l'autre de ces deux états. Bb ij 196 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Prefque tous ceux qui fe font occupés d'expériences far la combuflion des chandelles ou bougies, fe font perfuadés qu'il fe failoit une diminution confidérable du volume de Fair pendant la combuftion: on a fait pour le prouver une expérience très-fimple, mais qui n’eft rien moins que con- cluante. On a placé une bougie fur la platine d’une pompe pneumatique, à on a mis par - deflus un récipient : on a obfervé que la bougie s'éteignoit au bout d’un très-court intervalle de temps, & que, lorfque les vaiffeaux étoient refroidis, le récipient tenoit à la platine; or, cet effet ne pouvoit avoir lieu qu'autant que le volume d'air qui reftoit fous le récipient, après la combuflion, étoit moindre que celui qui le remplifloit avant l'introduction de la bougie; mais on n'a pas fait attention qu'on ne peut placer un réci- pient fur une bougie fans que l'air du récipient ne foit échaufté dans l’inftant même où on le place fur la bougie , & avant qu'on l'ait appliqué fur la platine; c’eft donc de l'air chaud qu'on enferme fous la cloche: or, de l'air chaud diminue de volume en {e refroidiffant ; il n'eft donc pas étonnant que le récipient tienne à fa platine quand la lumière efl éteinte, & que les vaitleaux font refroidis. "I faut obferver d'ailleurs qu'il eft peu de machines pneu- matiques, dans lefquelles il ne puifle pafler quelques portions d'air entre les cuirs & les bords du récipient, dans un moment fur-tout où le récipient, loin de tenir à la platine, en eft au contraire repouflé, en raifon de leflort occafionné par la dilatation ; il s'échappe donc prefque toujours de l'air pen- dant la combuftion de la chandelle : dès-lors il ne refte plus fous le récipient aflez d’air pour faire équilibre avec la preffion de l'atmofphère, & il en réfulte une nouvelle caufe d’adhéfion du récipient à la platine, Les expériences, faites fous des cloches plongées dans de l'eau, ne font pas plus concluantes. 1.° L'air fe dilate pendant le temps même qu'on y introduit les lumières, il continue de fe dilater pendant le temps de la combuftion, & il s'échappe en conféquence une quantité notable d'air par-deflous les DIENSIOSF CUT E NiC:E-s. 197 bords de la cloche ; il eft donc impoffible de connoître exacte- ment la quantité d’air fur laquelle on a opéré, & de favoir par conféquent s il y a réellement eu diminution de volume, & de combien. 2.° La combuftion des chandelles a la propriété de changer en acide crayeux aëriforme une portion de air atmofphérique , ou plus exactement une portion de fair pur contenu dans l'air de l'atmofphère : or l'acide crayeux aéri- forme a la propriété de fe combiner avec l’eau: en fuppofant donc qu'il y ait dans cette expérience une diminution de volume occafionnée par la combuition , il eft impoffible de la diftinguer de celle qui a lieu en Apr de la combinaifon de l'acide crayeux aëériforme avec l'eau. Ces réflexions m'ont obligé de prendre une autre route, & jai reconnu la néceflité de n'opérer que fur du mercure: en conféquence j'ai commencé par plonger dans un baflin rempli de mercure, une cloche de criftal en l'inclinant fous un angle donné ; puis l'ayant redreffée , j'ai fait une marque à l'endroit où répondoit la furface du mercure : j'ai répété plufieurs fois de fuite la même expérience, & je me fuis afluré que le mercure répondoit à chaque fois à peu- près à la marque que j'avois faite la première fois fur la cloche, Après m'être ainfi afluré qu'avec du foin & de lattention, on pouvoit enfermer fous une cloche une quantité d'air à peu-près conftante, j'ai procédé de la même manière , en tenant la cloche de la main gauche inclinée & en par tie plongée dans le mercure, & en introduifant deflous fort promptement de la main db une petite bougie allumée. Introduire {a bougie , achever de plonger la cloche & la redreffer, doit être l'affaire d’un clin-d'œil, & ïl faut de néceflité recommencer cette expérience jufqu’à ce qu’on foit arrivé au degré de preftefle néceflaire pour que toutes ces opérations {oient faites en un inftant prefque indivifible. Quelques inftans après que la bougie a été’ enfermée fous la cloche, la lumière qu’elle répandoit seit affoiblie, & peu de temps après elle s’eit éteinte. On conçoit que le mercure eft defcendu d’abord fort au-deffous de la marque par l'eflet 198 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE de la chaleur & de la dilatation de l'air contenu fous la cloche: mais lorfque la fumière a été éteinte & que les vaifleaux ont été parfaitement refroïdis, il eft revenu aflez exactement à la marque qui avoit été faite avant l'introduétion de Ia boupie ; je dis affez exaétement, parce qu'il eft impoflible de répondre de très-petites différences dans cette expérience, attendu que pour peu qu'on incline plus ou moins la cloche, pour peu que quelques circonftances varient en la redreffant ou autrement, il peut en rélulter de petites erreurs dans la hauteur du mercure, Ce n’étoit pas affez que de m'être afluré que Ia combuftion d'une bougie n'occafionnoit pas de diminution fenfible dans le volume de l'air, il falloit encore déterminer l’état de Fair après la combuftion & Îes changemens qui lui étoient furvenus: j'ai introduit en conféquence fous la même cloche & dans le même air, dans lequel la bougie venoit de s’éteindre, une petite couche d’alkali fixe cauftique en liqueur ; auflitôt le volume de Fair a commencé à diminuer, & il s’eft réduit de 26 pouces cubiques à 23 pouces+, c'eft-à-dire, que la dimi- nution a été prefque d’un neuvième du volume originaire de l'air; én même-temps, la portion d’alkali cauftique que j'avois introduit fous la cloche eft devenue fufceptible de faire effer- vefcence avec les acides, ce qui m’a prouvé que la diminu- tion de volume avoit été occafionnée par la combinaïlon de l'acide crayeux aëriforme avec l’alkali. J'ai acquis à cet égard un complément de preuve très-fatisfaifant, en introduifant fous la même cloche un peu d'acide vitriolique : cet acide s’eft combiné avec l’alkali, en faifant une effervefcence afez vive; en même-temps l'acide crayeux aëriforme qui avoit été abforbé, s'eft dégagé de nouveau, & le mercure eft redefcendu aflez exactement jufqu’à la marque que j'avois faite fur la cloche. Quoique cette expérience füt parfaitement concluante à quelques égards, elle ne l'étoit pas encore füffifamment à mes yeux, relativement à la diminuion du volume de l'air par la combuftion, & il reftoit encore fous ce dernier point de vue quelque chofe à defirer : en effet, il ne s’agifloit que De ENEU SNCHEE -NAC:E 1. 19 d’avoir incliné un peu plus ou un peu moins {a cloche, dans l'expérience ci-deflus rapportée, pour occafionner des diffé- rences, & il étoit rigoureufement poffible que la diminution de volume de l'air eùt été compenfée par quelqu'erreur dans l'expérience ; j'ai donc réfolu de prendre toutes les précau- tions poflibles pour obtenir un réfultat plus certain, plus indépendant de toute erreur, & voici l'expérience qui m'a paru devoir être la plus décifive. J'ai aflujetti au mijieu d’une capfule de verre une petite bougie; j'ai fixé à la partie fupérieure de la mèche, un petit morceau de phofphore de Kunckel, du poids d’un fixième de grain environ ; après quoi j'ai placé ia capfule fur un bain de mercure, & je l'ai recouverte avec une cloche de criflal ; enfin avec un fiphon de verre qui communiquoit de l'inté- rieur de la cloche à l'extérieur, j'ai élevé en fuçant, le mercure jufqu’à une certaine hauteur que j'ai marquée très-exactement avec une bande de papier collée. Lorfque tout a été ainft difpolé, j'ai fait rougir une petite tringle de fer que j'avois recourbée pour cetobjet, puis je l'ai paflée par-deffous la cloche à travers le mercure pour aller toucher le haut de a bougie & enflammer le petit morceau de phofphore. On conçoit que le morceau de fer rouge a été confidérablement refroidi en pafñlant à travers le mercure ; cependant il a confervé encore aflez dé chaleur pour allumer 1e phofphore, & ce dernier a allumé la bcugie, comme je me l'étois propofé. H y a eu dilatation de l'air pendant la combuftion de 1a bougie; mais lorfqu’elle a été éteinte, le mercure eft remonté infenfiblement , à mefure que les vaifleaux fe font refroidis, & il s'eft fixé un peu au- deflus de la marque que j'avois faite avant la combuftion de la bougie: de ce que le mercure avoit excédé la hauteur de la bande de papier, il en réfultoit qu'il s'étoit opéré une petite diminution de volume dans l'air, & ayant meluré avec une fcrupuleufe attention, elle s'eft trouvée très-exactement de trois quarts de pouce cubique ; mais un grain de phofphore abforbe en brûlant environ trois pouces cubiques d'air, ainfi que je lai établi par plufeurs 200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE expériences { Voyez Opufcules phyfiques & chimiques , tome L°". chapitre ÎX); donc un fixième de grain a dù abforber un demi-pouce, ce qui réduit à un quart de pouce la diminution réelle de l'air occafionnée par la combuftion de la bougie ; la cloche avoit 72 pouces cubiques : en fuppofant donc que la diminution d'un quart de pouce ne dût pas être attribuée à quelque légère erreur dans les mefures, la diminution occa- fionnée dans l'air commun par la combuftion d’une bougie, ne feroit que de 1, ce qui peut être regardé comme ab{o- lument nul, fur-tout fi l'on fait attention qu'un très-léger changement dans la température du lieu où {e failoit l'expé- rience a pu produire cette différence. Comme la cloche que j'avois employée pour cette expé- rience étoit très-longue & très-étroite, j'ai penfé qu'il étoit pofible que la bougie n'eût pas brûlé auffi long temps qu'elle l'auroit fait, fi ce vale eût été plus bas, & la circulation de Fair dans fon intérieur plus facile. J'ai donc recommencé la même expérience dans une cloche de .criftal plus large, moins haute, & dont la partie vide n'avoit que 30 pouces de capacité, à Les circonftances de l'expérience ont été exactement les mêmes que celles de la précédente; le phofphore a été allumé avec un fer chaud de la même manière, ül a communiqué la flamme à la bougie, & quand les vaifleaux ont été entiè- rement refroidis, il s’eft trouvé une diminution de volume d'un demi-pouce cubique , ce qui répond exaétement à labforption qu'auroit occafionnée le fixième de grain de pholphore, s’il eût été brülé feul fous a même cloche : la combuftion de la bougie n’avoit donc pas occafionné de diminution fenfible dans le volume de l'air. D'après ces expériences multipliées, on peut regarder comme conftant, 1. que la combuftion des chandelles ou bougies ne diminue pas fenfiblement le volume de l'air dans lequel on les brûle; 2.° que cette combuflion a la propriété de convertir en acide crayeux aëriforme environ un dixième du volume de l'air; 3.° que fi l'air dans lequel une chandelle ou une bougie Des t$ cr E N°CE 8 of bougie a brûlé fe trouve en contact, foit avec de l'eau, foit avec de l'eau de chaux ou de l'alkali cauflique, alors il s'opère une diminution d’un dixième dans le volume de Fair, en raifon de l'acide crayeux aëriforme qui eft abforbé. L'air dans lequel on a ainfi fait brüler des chandelles ou bougies, lorfqu'il a été dépouillé par l'eau , ou par un autre moyen quelconque, de la portion d'acide crayeux aériforme qu'il contient, eft, fuivant M. Prieftley & plufieurs autres Phyficiens, de l'air en partie phlogiftiqué. Ils fe perfuadent qu'il fe dégage des chandelies qui brülent, des métaux qui fe calcinent, &c. une émanation phlogiftique qui fe combine avec l'air & qui le fature. Je penfe au contraire, & j'en aï déjà donné quelques preuves, que ce réfidu de la combuftion n'eit que la mofette qui entre pour les trois quarts dans la com- pofition de l'air de l'atmofphère plus ou moins dépouillé de fa partie pure & refpirable; & en effet, fi on lui rend ce dixième d'air refpirable qu'il a perdu, on lereftitue dans fon état primitif; or fi cet air étoit phlogiftiqué, comme le prétend M. Prieftley, s’il étoit inquiné par un principe quelconque qui le rendit mal- fain, il ne fufroit pas pour le rétablir dans l'état d’air com- mun, de lui rendre ce qui lui manque, il faudroit encore lui Ôter ce qu'il a de trop. Au refle, comme je fuis au moment de combattre par une fuite d'expériences, la doctrine de Staalh fur le phlogiflique; les objections que je ferai contre cette doûtrine tomberont également fur la phlogiftication de l'air, prétendue par M. Prieflley. L'air de l'atmofphère contient, fuivant moi, environ un quart de fon volume d’air pur & refpirable ; laëcombuftion des lumières n'en convertit en air fixe, en acide crayeux aëriforme, qu'un dixième; donc en fuppofant que ce volume de l'air fût 100 avant la combuftion, il doit refter après fa combuftion foixante-quinze parties de mofette atmofphé- rique, & quinze parties d'air refpirable; aufli les animaux peuvent-ils vivre encore dans l'air, dans lequel les chan- delles ont brülé, on peut encore y brüler une certaine portion de phcfphore; & même après cette dernière épreuve, Mn. 1777 Cc 202 MÉMOIRES DE L'ÂACADÉMIE ROYALE il refte encore au moins cinq parties d'air éminemment. refpirable. Cette dernière portion d'air eft tellement unie à fa mofette atmofphérique, que je ne connoïs d'autre moyen de l'en féparer que la combuftion du pirophore, ainfr que je le ferai voir dans un prochain Mémoire. H ne me refte plus pour compléter ce que j'ai à dire fur ce fujet, qu'à rendre compte des phénomènes que préfente la combuftion des chandelles dans l'air éminemment refpi- rable; ces expériences me fourniront encore de nouvelles armes contre la fuppoñition gratuite de la phlogiftication de l'air. J'ai introduit une bougie allumée fous une cloche de criftal remplie d'air pur, tiré du mercure précipité rouge; cette cloche étoit plongée dans un baflin de mercure: la combuf- tion s’eft faite avec une vive lumière, avec une flamme très- élargie, & avec tous les phénomènes décrits par M. Prieftley; la chaleur pendant la combuftion a été fi grande, qu'une portion d'air a paflé par-deflous les bords de la cloche, & s'eft échappée, mais cette quantité n’a pas été fort confidé- rable : lorfque la lumière a été éteinte, j'ai laïflé refroidir les vaifleaux & j'ai introduit une couche d’alkali fixe cauftique fur la furface du mercure: auffitôt l'air fixe ou acide crayeux aëriforme a été ablorbé, & j'ai reconnu par cette épreuve que les deux tiers de l'air pur avoient été convertis, par la combuftion, en acide crayeux aëriforme; mais ce qui m'a paru plus intéreffant, c’eft que le tiers reftant, après l'abforption de l'acide crayeux aëriforme par l’alkali cauftique, étoit encore de l'air prefque pur ; ayant fait pafler cet air fous une cloche plus petite, jy ai fait brûler de nouveau une bougie; elle y a donné une flamme élargie, la moitié de l'air environ a été converti en acide crayeux aëriforme, & a été abforbée par lalkali cauftique ,.& ce qui refloit étoit encore à peu-près du même degré de bonté que l'air commun. IL fuit de-Hà que lorfqu’on introduit une bougie dans une cloche qui contient cent parties d’air pur, ou air éminemment refpirable, foixante-fix parties font converties en air fxou DES SCTENCES. ÉDE) acide crayeux, que des trente-quatre parties reftantes, vingt- une un quart font encore dans l'état d'air pur, & fufceptibles d’être converties en-acide crayeux aériforme; enfin qu’il ne refte des cent parties que douze trois quarts, c'eft-à-dire, environ un huitième d’un air qui éteint les lumières fans précipiter l'eau de chaux, & qui paroît être une portion de mofette atmofphérique que contenoit l'air pur ou déphlogifti- qué; fans doute cette portion eft d'autant moindre que fair étoit plus pur. I eft aifé de fentir combien ces dernières expériences font éverfives de l'opinion de M. Prieftley, fur la phlogiftication de Fair par la combuftion ; en effet, fi, comme le prétend ce célèbre Phyficien, la combuftion avoit la propriété de phlogifliquer Fair, il devroit fe former d’autant plus d'air phlogiftiqué que la quantité de matière brülée auroit été plus confidérable; or à volume égal d'air, la combuftion eft prefque quadruple dans l'air pur que dans Fair atmofphérique; il devroit donc fe former quatre fois plus d’air Mogitiqué tandis qu'au contraire on en obtient neuf fois moins; la difproportion de ce qu'on a avec ce qu'on devroit avoir, fuivant l'opinion de M. Prieftley, eft donc dans le rapport de 1 à 36. Enfin le réfidu que laiffe la combuñtion du phofphore, & fur-tout du pirophore, dans l'air pur ou air éminemment refpirable, eft moindre encore que celui qui refte après Ia combuftion des lumières, & on pourroit prefque dire qu’il eft nul, tandis que dans l'opinion de M. Prieftley, il devroit être plus confidérable : il eft donc faux que ce foit à l’éma- nation du phlogiftique qu'on doive attribuer la formation de Yair méphitique que laïffe après la combuftion l'air de V'at- mofphère; donc cette partie méphitique de l'air exiftoit avant la combuftion, comme je lai avancé. Pour récapituler les principaux faits qui paroiffent prouvés par les expériences précédentes , il me paroit bien établi: 1. Que la mofeite atmofphérique qui entre pour les trois quarts dans la compoïfition de l'air de l’atmofphère , ne con- tribue pour rien aux phénomènes de la combuftion : Co 204 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 2. Que la combuftion n’a d'aétion que fur la portion d'air pur, de celle que M. Prieflley a nommée air dephlogif tiqué, laquelle entre pour un quart dans la compofition de Yair de l’atmofphère : 3° Que deux cinquièmes feulement de cet air pur font convertis en acide crayeux aëriforme par la combuftion des chandelles, & que les trois autres cinquièmes reftent unis à la mofette atmofphérique, fans que la combuftion ait la force de les en féparer : 4 Que le phofphore a une force combuftible beaucoup plus confidérable que les chandelles & les bougies, puifqu'i peut épuifer les quatre cinquièmes de l'air pur contenu dans l'air de l’atmofphère : s- Que le pirophore porte encore fon aétion plus loin, & qu'il paroït convertir prefque totalement en air fixe, la quantité d'air pur que contient l'air de l'atmofphère. : Je pourrois porter beaucoup plus loin toutes ces confé- quences ,. & faire voitique l'acide crayeux aëriforme qui fe forme pendant la combuftion des chandelles & des bougies, n'eft autre chofe que l'air inflammable qui fe dégage de la chandelle ou bougie, plus l'air éminemment refpirable dans lequel fe fait la combuflion, moins une portion confidérable de la matière du feu qui entroit dans la compofition des deux airs primitifs ; mais les preuves que je pourrois apporter de ces aflértions, fuppofent des connoiffances que mes Lecteurs ne peuvent avoir encore, & je fuis obligé de fufpendre le developpement de cette théorie, jufqu'à ce que j'aie prouvé d’une part l’exiftence de la matière du feu dans tous les fluides aëriformes, & que j'aie fait voir d’une autre comment on peut former de l'acide crayeux aëriforme en combinant l'aix inflammable avec la bafe de l'air éminemment refpirable, DES SCIENCES. 20$ PACE LAT O0 LR E SUR LA NÉCESSITÉ DE FAIRE L'OPÉRATION CÉSARIENNE AUX FEMMES QUI MEURENT ENCEINTES, Et fur les moyens de rappeler leurs Enfans d’une mort apparente à la vie. Par M BORDENAVE. S' un nombre infini de maladies auxquelles l’homme eft Préfenté expofé , le conduit indifpenfablement à la mort, enle 11 Déc. détruifant en lui les fources de la vie, fouvent aufli des 1776. Lû caufes extérieures, en agifflant diverfement fur fes organes, le 8 Février; fufpendent feulement laétion vitale, au moins d'abord, & le procurent ainfi une mort apparente, qui deviendroit bientôt réelle, fi on ne lui oppoloit divers fecours. Les perfonnes noyées , fufloquées par la vapeur du charben ou par des vapeurs méphitiques , préfentent pour lordinaire ces appa- rences funeftes : des enfans nouveaux-nés. ont quelquefois paru dans ces mêmes difpofitions ; mais les obfervations ont démontré que fouvent la mort n'étoit alors qu’apparente, qu'elle devenoit bientôt réelle, fr on difléroit trop, ou f on ne perfévéroit pas affez dans l’adminiftration des fecours, qui fouvent n'ont été utiles qu'après plufieurs heures. L'huma- nité a applaudi au zèle âvec lequel on s'eft attaché, parti- culièrement depuis quelques années, à fecourir ces infortunés, & on a eu la fatisfaction de fauver ainfr des victimes qui . étoient déjà condamnées au tombeau /a4). (a) Voyez le détail des fuccès de l’Établiffement de la Ville de Paris, en faveur des perfonnes noyées, par M. Pia. Le Mémoire de M. Harmant , (ur les funeftes effets du charbon allume ; & le rapport de M. Portail, fur les effets des vapeurs méphitiques dans le corps de l’homme. remis 1.°7 Mars 1777: 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Mais on peut étendre plus loin fa bienfaifance de l'Art. IT eft des malheureux qui font réputés morts avant que de naître ; j'entends parler des enfans que portent les femmes qui meu- rent enceintes, auxquels, par cette prévention, on néglige fouvent de porter aucun fecours, & que l'on laïfle périr dans le fein de leur mère, quoique cependant ils puifient fouvent lui furvivre, ainfi que le prouvent beaucoup d’obfervations. Combien d’enfans ont été perdus par cette négligence, & com- bien peut-être pourroit-on en conferver avec plus d'attention! Comme les obfervations réunies préfentent fouvent pour le progrès des Sciences & pour le bien de humanité, des conféquences utiles, que l'on ne pourroit tirer des mêmes obfervations ifolées, j'ai cru dans cette vue devoir en réunir plufreurs pour établir la néceflité de pratiquer lopération céfarienne fur les femmes qui meurent enceintes, faire voir Futilité des fecours que l’on peut donner à leurs enfans, & par lefquels on aura l’avantage d'en conferver à l'Etat. C’eft Yobjet principal du travail que j'ai l'honneur de préfenter à Académie ; je m'eftimerai heureux s’il peut devenir utile à la Société, & c’eft le vœu que je forme avec les Citoyens refpectables qui m'ont communiqué lobfervation fuivante , en me priant de la rendre publique {4}. Au mois d'Otobre 1773, M. Defbons, Deffervant dé fa paroiffe de Mazerolles près la ville du Mont-de-Marfan, ayant appris qu'une femme de ladite paroïfle étoit décédée à une heure après midi, enceinte d'environ fix mois , & ue malgré fa forte recommandation d’un Curé voifin qui l'avoit affiftée en fa maladie, elle n'avoit point été ouverte auffitôt après fon décès, pour au moins baptifer fon énfant en cas qu'il fût trouvé vivant, fe tranfporta à la métairie de Pébaïle, domicile de ladite femme, & fe hâta d'envoyer chercher un Chirurgien pour pratiquer opération néceflaire en pareil cas. M. Dayries, Chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu & (b) M. Taïffandier, Directeur du Séminaire d’Aire, & Beyries , Dixec» teur du Séminaire des Miffions Étrangères de Paris. DUEUSMSNCMINE, N-C'E 207 Accoucheur de la ville du Mont-de-Marfan, accompagné d’un de fes Confrères, ne put arriver qu’à fept heures du Sir ; ïf ouvrit aufflitôt la femme morte, & en tira un enfant mâle, irès-diftinét en tous fes membres , lequel, étant bien déve- loppé, nettoyé, & montrant à fon vifage un air u'ès-vitai par la couleur vermeille répandue fur fes joues , fut bapulé à l'inftant par le Prêtre qui étoit refté à cette intention dans une chambre voifine : l'enfant étant enfuite examiné plus attenti- vement, les Chirurgiens & les afliftans reconnurent par le tact une palpitation très-fenfible à la région du cœur, lui virent remuer bien manifeftement Îles YEUX , & fe retirèrent une demi-heure après, laiffant l'enfant bien vivant, & qui a vécu encore environ deux heures , ainfi que l'ont certifié deux femmes de la Métairie, auxquelles il avoit été remis. II convient d'oblerver qu'on n’avoit pas eu l'attention d’entre- tenir la chaleur du corps après la mort, & qu'on l'avoit déjà renfermé dans un linceul neuf où il étoit aflez ferré. Ce fait expolé avec fimplicité & certifié par des perfonnes dignes de foi, paroîït ne pouvoir étre révoqué en doute; d'ailleurs, il eft confirmé par un fi grand nombre d'oblerva- tions à peu-près femblables , qu'on ne peut y refufer une attention particulière. M. Cangiamila, Chanoïine de Falerme, en a rafiemblé beaucoup d'exemples dans fon Ærbryologie Jacrée (c), ou Traité des devoirs des Prêtres, des Médecins, des Chirurgiens © des Sages-Femmes envers les enfans qui Jont dans le [ein de leur mere : Ouvrage eftimable, peut-être trop peu connu, diété par l'amour de la Religion & de YHumanité. IL fufhra d'en rappeler quelques-uns pour confir- mer la néceflité & les avantages des fecours que l'on doit aux enfans, même avant leur naïflance. Quoique dans l'avortement , l'embryon ou le fœtus foit ordinairement privé de la vie, avant d’être expulfé, cependant, (©) Embryclogia facra , five de officio Sacerdotun , Medicorum 7 aliorum , circa æ@rernam parvulorum in utero exiffentium Jaluem. Panormi, 1755. Cet Ouvrage a été traduit en abrégé avec quelques changemens & augmentations, Paris, 1766: SH 7e 208 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE il convient d'examiner ces corps immédiatement après eur fortie, pour voir s'ils ne font point en vie, fur-tout fi l'avorte- ment eft l'effet d’une caufe fubite ou arrivé à un terme avancé : cette même précaution , relative au fœtus, doit encore plutôt avoir lieu, lorlque, parvenu à un certain degré de développement dans un terme plus avancé, il eft réputé viable, & que la mère meurt le contenant encore dans fon fein; alors, on peut le tirer vivant par l'opération céfarienne, faite à temps, & plufieurs exemples démontrent que l'on a ainfi fauvé des enfans dont la perte auroit été inévitable fans ce fecours. On fait, par expérience , que la mort de la mère n'eft pas toujours auflitôt fuivie de ce'le de l'enfant renfermé dans {on fein, & il eft prouvé par les faits, que l’un furvit fouvent à l’autre ; il faut donc dans ces cas ne point tarder à faire l'opération célarienne , pour tâcher de fauver l'enfant, & quoiqu'il fe foit écoulé un temps confidérable depuis la mort de la mère , il convient cependant de ne pas l’omettre. Cangiamila /d) rapporte cinq exemples d’enfans tirés vivans par l'opération célarienne, faite quinze, vingt-trois, vingt- quatre heures, & même plus après la mort. Ces faits fervent à appuyer celui que nous avons rapporté d'abord. On peut encore ajouter à ces confidérations, que l’on a vu quelquefois des fœtus affez vigoureux pour venir au monde fpontanément après la mort de leur mère; or fi quel- ques-uns de ces fœtus ont pu venir vivans, ainfi que l'aflu- rent des Auteurs dignes de foi, dès-lors le fecours que l’on donne à l'enfant par l'opération céfarienne , paroît d'autant plus indiqué, que fans elle il pourroit arriver que l'enfant mourüût dans Ja matrice, la Nature n'ayant pas tou ours aflez de force pour l’expulfer; ou en admettant {a poflibilité de cette expulfion fpontanée, que l'enfant fût fuffoqué dans fon pañlaze. Un état des femmes enceintes, ouvertes après leur mort Qt OT DONS RE Le SON ne : L2 LLFÉSRREEE (4) Libri II, cap. v. dans DES SCIENCES. 209 dans fa ville de Montréal & dans les campagnes voifines , rapporté dans l'ouvrage déjà cité (e), prouve que dans l’efpace d'environ vingt-quatre ans, vingt-un enfans ont été tirés vivans par l'opération céfarienne » ont reçu le Baptème, & ont furvécu plus ou moins long temps. Depuis l'année 1704 jufqu'en 1748 , de foixante enfans tirés vivans par l'opération céfarienne à Caltanifle“ta, on n’en à trouvé que cinq de morts. À Victoria, ville du diocèfe de Syracule , il y a eu depuis 1734 jufqu'en 1 752, vingt accouchemens céfariens, les enfans ont été tirés vivans. Dans l’efpace de neuf ans, à Sambuca, ville du diocèfe de Girgenti, vingt-deux femmes étant mortes enceintes, dix-huit enfans ont été tirés vivans ; & des quatre autres, trois étoient morts avant leur mère, comme il parut par la putréfaction de leur corps; & le qua- trième fut trouvé fous les couvertures, où il avoit été étoufé , étant venu vraifemblablement au monde de lui-même dans les derniers momens de la vie de la mère, Quand même quelques-uns des faits que nous venons de rapporter, pourroient être révoqués en doute, au moins en réfulte-t-il que dans le plus grand nombre de cas, les fœtus étoient vivans. Cette confidération eft d'autant plus impor- tante, que fa groffefe eft plus avancée, parce qu'alors non- feulement on Pourra tirer les enfans vivans, mais encore les rappeler entièrement à la vie & la leur conferver. Quoique fa mère meure la première, le fœtus n’eft pas pour cela auffitôt privé de la vie, fur-tout fi la mort eft Yeffet d’un accident, d’une affection apopleétique, d'une maladie aiguë qui n'ait pas été accompagnée d'épuifement de fang ; it pourroit n’en être pas de même après une maladie chronique. Le fœtus a une circulation qui lui eft propre, & par laquelle il prépare pour fa nourriture les fucs qu'il reçoit; la refpiration de la mère ne lui eft pas d'une utilité immédiate; il peut donc furvivre à fa mère, & fe fuffre pendant quelque temps pour entretenir fa vie. €) Embryobgia facra » Cap. IX, EM, 1777 D d 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ainfr quand une femme meurt enceinte, fur-tout dans un terme avancé, l'opération céfarienne ne doit pas être négligée, & on doit la regarder alors, au moins comme un devoir d'humanité. Ce feroit s’expoler à un homicide ma- nifefte que d’enterrer les femmes enceintes fans leur avoir fait cette opération, qui ne fera pratiquée qu'après s'être bien affurée de leur mort : un Praticien éclairé & attentif ne s'y laifiera fürement pas tromper, & fi on réfléchit que l’opé- ration célarienne peut être faite utilement, mème fur Ja femme vivante, on fera bientôt convaincu qu'avec les atten- tions convenables, il ne refte aucune crainte à avoir relati- vement aux mères, dont la viene pourroit être expolfée que paï ignorance où par une précipitation indifcrète. Mais pour éclairer les gens moins inftruits & diffiper toute efpèce d'inquiétide fur la crainte d’une mort qui pourroit n'être qu'apparente, il fuffra de confidérer l’efpèce de maladie ou les accidens qui ont précédé : une femme qui feroit morte à la fuite d’une maladie lente, de pulmonie, de marafme, &c. ne laiflera point de doutes fur l'état de mort, qui arrivée lentement, s'eft annoncée par degrés, & porte avec elle des fignes qui ne permettent pas de la méconnoitre. On pourroit douter davantage fi la femme étoit morte fubi- tement d’une attaque d'apoplexie, dans la léthargie, dans les convulfions, &c; la rigidité des membres, qui indique pour l'ordinaire {a mort d’une manière certaine, deviendroit alors un figne équivoque : la couleur moins pâle du vifage, pourroit encore faire héfiter à la reconnoître; mais outre les différens fignes qui annoncent la mort, & que tout le monde connoit, fans attendre un délai qui feroit funefte pour la vie du fœtus, la fimple infpection des yeux, qui deviennent bientôt ternes & flafques, fuflira pour déterminer cet état abfolu. D'ailleurs pour plus de certitude & raflurer contre une crainte peut-être mal fondée, on appellera un confeil, autant que le lieu & les circonftances le permettront, & on agira alors avec d'autant plus de fécurité, qu’en faifant l'opération céfarienne, on aura la même attention que fi on opéroit fur une femme vivante, DIESS MRSNCAIVEUNANC #E LS. 27E If ne fufñit pas de pratiquer cette opération; il faut encore pour en tirer l'avantage qu'on fe propole, favoir diftinguer les enfans qui viennent au monde fans aucun figne apparent de vie, quoiqu'ils ne foient pas véritablement morts, afin de tenter enfuite les moyens convenables pour les rappeler à la vie. | IL n'eft pas rare, après les accouchemens difficiles, de voir naître des enfans avec tous des fignes d’une mort appa- rente, fur-tout fi le travail a été long; il peut même arriver que, par la compreflion ou la gêne que l'enfant a éprouvée, quelques parties de fon corps foient livides, que la face foit pale ou d'autrefois d’une couleur violette, l'enfant paroiflant comme fufloqué par le fang retenu en plus grande quantité vers la tête. Ces apparences trompeufes, qui fe manifeftent quelquefois dans les accouchemens fimplement difficiles, peuvent à plus forte raifon avoir lieu quand un enfant refte dans fa mairice après la mort de fa mère, fur-tout fi lamort a été l'effet d’une maladie lente, ou fi on a différé quelque temps à faire l’opération céfarienne. IL faut donc alors donner la plus grande attention, & ne rien négliger pouf diftinguer la mort réelle de l'enfant, d’avec l’état d'afphyxie ou de mort apparente, qui deviendroit bientôt réelle faute de fecours. Les raifons que nous venons d’expoler, prouvent que l'état de mort apparente n'eft pas rare dans les enfans naif- fans; ainfi on peut raifonnablement préfumer qu'ils ne font pas mbrts, quand il n'y a aucun figne qui le démontre in- conteftablement. Un enfant qui n’a pas refpiré, fe conferve plus aifément la vie que celui qui a exercé cette fonétion; la difpofition mécanique des parties fuffit pour que la cir- culation puifle s'y entretenir foiblement fans le fecours de la refpiration, & fouvent il ne faut que ranimer le corps, trop foible pour produire ce mouvement, & rétablir fenfr- blement la vie. La pâleur du corps, la lividité, le froid, le défaut de refpiration, ofons même dire l’abfence du pouls, ñe font pas des fignes abfolus de mort dans un enfant naïflant. Le fang peut dans ces fujets fe conferver le mouvement Dai 212 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE néceflaire à la vie, quoiqu'il ne fe fafle pas fentir au dehors, & la foibleffe extrême fuffit pour que le corps paroifle fans mouvement; la putréfaétion feule eft alors un figne indubitable, & encore convient-il de la diflinguer d'une difpofition gangréneufe, qui pourroit être l'eflet de la com- preflion, d'une contufion, ou de telle autre caufe accidentelle. L'ufage & une expérience éclairée, peuvent fervir de guide dans ces cas, & préferver de l'erreur. Entre plufieurs faits que la pratique n’a préfentés, j'en rapporterai particulièrement deux qui confirment ce que nous avons avancé. Une femme d’un tempérament délicat, mourut pulmonique, étant enceinte d'environ huit mois & plus; les parens attentifs crurent ne devoir rien négliger pour fauver, s'il étoit poffible, l'enfant renfermé dans fon fein; en confé- quence on prit toutes Îles précautions convenables pour que la femme fut ouverte aufli-tôt après fa mort. Je tirai par Vopération céfarienne, un enfant bien conformé, mais qui, examiné attentivement, ne donna aucun indice de vie; if étoit froid, livide, & il paroifloit probable qu'il étoit mort avant fa mère, qui avoit éprouvé une maladie longue, fente, & une très-longue agonie. Les chofes ne fe préfentèrent pas de même dans un autre cas. Une femme replette, forte & vigoureule, étant au terme de fa groffefie, mourut fubitement en reflentant les premières douleurs de l'accouchement. Je fus requis prefque auffitôt pour lui donner des fecours, mais en arrivant auprès d'elle, je la trouvai abfolument morte, & je reconnus qu’elle l’étoit depuis plus d’une heure, ce qui me fut confirmé par les informa- tions que je pris. Je propolai l'opération céfarienne, pour fauver l’enfant, sil étoit poffible; elle fut faite auflitôt, & par fon moyen, Je tirai un enfant à terme, fort, d’une car- nation vive & animée, dans lequel je crus reconnoître, ainfr que deux Chirurgiens diftingués qui fe trouvèrent-là avec moi, des pulfations à la région du cœur & aux artères tem- porales. L'enfant fut baptifé & remis enfuite à une femme pour l’échauffer peu-à-peu, faire quelques frictions sèches fux DES SCTIENCESs. 21% le corps, & tenter de Îe rappeler plus décifivement à Ia vie: il parut ainfi vivant pendant environ une heure, mais nos foins furent inutiles, & on reconnut bientôt l’état de mort réelle par la pâleur, le froid du corps, & la ceffation des mouvemens pulfatifs que nous avions fentis. En réfléchiffant au genre de mort de la mère, on conçoit aifément que dans ce dernier cas, l'enfant avoit pu furvivre, & les fignes que nous avons obfervés, ne permettent pas de douter qu'il n'ait été tiré vivant. Ainfi en admettant qu'un enfant puifle furvivre à fa mère, ce qui paroît démontré par un grand nombre d'exemples, on aura des préfomptions fondées fur fa mort apparente ou réelle, relativement aux caufes & à l'efpèce de maladie qui auront précédé la mort de la mère. On objectera peut-être qu'un enfant ainfi tiré, he peut pas ètre réputé vivant pendant une, deux, trois ou quatre heures, fans donner des marques plus fenfibles de vie, fans refpirer ni crier; mais l'exemple des gens fufloqués, des noyés & des pendus, que lon rappelle à la vie après trois ou quatre heures, & même plus d’une mort apparente, prouve que l'on peut conferver la fource de la vie fans aucun figne fen- fible extérieur, fans refpirer ni crier: or fi cet état peut avoir lieu dans les adultes qui ont refpiré, on conçoit qu'à plus forte raifon dans les enfans qui n’ont pas encore exercé cette fonétion, la vie peut fe conferver pendant un certain temps, au moyen de la circulation qui leur eft propre, fans fe ma- nifefter par des fignes très-apparens. Ces confidérations font plus que fuffifantes pour déterminer à adminiftrer d'abord le baptême à un enfant dont la vie peut ètre équivoque ; mais il faut étendre plus loin les fecours, faire des tentatives pour le rappeler à une vie apparente & réelle, & ne rien négliger pour conferver & rendre un homme à la fociété, Dans ces vues, on aura recours à différens moyens. Un des principaux fera de fouffler de l'air chaud dans fa bouche avec un tuyau, ayant foin de fermer Îes narines de l'enfant, ® 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE afin que cet air pénètre dans le poumon, pour déterminer le jeu qui lui manque & faciliter lation du cœur. Ce pro- cédé eft excellent ; il a fouvent produit d’heureux effets fur des enfans nouveaux-nés, qui avoient befoin d’être ranimés ; mais nous penfons que le fuccès en feroit plus afluré fi, par un mouvement d'humanité, quelqu'un fouffloit de l'air chaud, en appliquant momentanément fa bouche fur celle de l'enfant : cette efpèce d’infufHation fera paffer plus immédiatement & en plus grande quantité dans {es poumons, un air qui aura les qualités convenables, & elle eft indiquée par un fentiment naturel. L'expérience a fouvent démontré que le procédé de linfufation par l'application de la bouche, a réuffi à des gens qui y ont eu recours, n'obtenant pas le fuccès defiré par les machines propres à une infufHation artificielle, ou ne les ayant pas fous leurs mains. On irritera les narines en les chatouillant avec la barbe d'une plume; on y préfentera des liqueurs fpiritueufes, ou quelques odeurs fortes, même de la fumée de tabac avec précaution. On chatouillera Ia plante des pieds ; on fera des friétions sèches à la furface du corps; on pourra auffi le frotter avec des liqueurs fpiritueufes. Ces moyens font également utiles pour exciter l’action des nerfs & rétablir la circulation. On peut encore baigner l'enfant jufqu'au cou, dans une décottion aromatique, l’envelopper de compreffes trempées dans le vin chaud, que l'on entretiendra dans un degré de chaleur convenable. Ce fecours, en raréfiant les liqueurs & en ftimulant les houppes nerveules, fera très-propre à ranimer le principe vital. L’afperfion de l'eau froide peut auffi être utile par l'efpèce de faïfiffement ou d’irritation fubite qui en réfulte; mais fon ufage mérite attention, & pourroit avoir des incon- véniens fr elle étoit employée en trop grande quantité. La fuccion du mamelon, fur-tout du gauche, a été encore recommandée comme propre à ranimer l'enfant. Les houppes nerveules qui entrent dans fa compofition le rendent très- fenfible, & font propres à tranfmettre à toute l'économie animale un ébranlement falutaire. Des exemples d’enfans DRENSN SEC IDE, NRC: ES: 215$ rappelés à Ja vie, femblent prouver Fefficacité de ce fecours, qui au moins peut être tenté fans aucun riique (f}. L’infuffation de la fumée de tabac dans les inteftins avec Je tuyau d’une pipe, ou avec une machine fumigatoire, peut encore être tentée; mais ce moyen demande des attentions. S’il peut être avantageux en introduifant une petite quantité de fumée , il {eroit nuifible en en pouffant trop, & il en pourroit réfulter une diftenfion funefte, ou une irritation dangereufe ; ainfi il faut être rélervé fur fon ufage. Les fecours qui viennent d'être indiqués conviennent particulièrement dans les cas où {a mort apparente eft l'eflet de la foibieife ou de la ftafe des liqueurs; mais fi elle dépend de la fuflocation du principe vital, caufée par Ia pléthore fanguine, ou par un engorgement qui a fuivi de la compreffion de l'enfant, alors une petite évacuation de fang procurée exprès, dors de Îa fection du cordon ombilical, devient plus utile, & doit précéder l’ufage des fecours indi- qués. Cette efpèce de faignée faite avec tout le ménagement téceffaire, a été fouvent de la plus grande utilité, & nous devons {a connoiffance de fes bons effets à des Accoucheurs de nos jours. Cesfecours ne produifent pas toujours d’abord les fuccès que lon defire obtenir; c'eft la perfévérance qui les procure, & lexprience a fait voir que fouvent on n’avoit éprouvé des effets fenfibles qu'après plufieurs heures de tentatives réitérées. Cette confidération eft eflentielle pour ne pas abandonner légèrement l'adminiftration. des fecours, & on eft fondé à y infifter, puifque dans beaucoup de cas la mort eft longtemps apparente , ayant que d'être réelle. L'ouvrage de Camgiamila contient fur ce point des faits bien dignes de remarque. H rapporte /g) que M. Gandolpho, Bruhier, Differtation fur l'incertitude des fignes de la mort , rome II, chapitre IV , page 285; & Cangiamila , Gbri 111, caput XVI, ! (g) Embryologie facrée , traduite par M. l'abbé Dinauart, édirin de 1766» livre [IL , chapitre 1x ; page 227. 216 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Archiprètre de Bidème, près Syracufe, a obfervé que de cinquante-deux enfans qui naquirent abfolument femblables à des enfans morts, vingt-fix l'étoient réellement, étant déjà en putréfaétion; que des vingt-fix autres, dix -fept furent rappelés à la vie; que les uns ont vécu une heure, d’autres plufieurs jours , d'autres plufieurs mois , & que quelques-uns vivoient encore actuellement, quand il écri- voit, Des faits de cette nature méritent {a plus grande attention, & font voir les avantages que l'on doit attendre des tentatives continuées, & quil eft louable de faire, quand mème elles deviendroïient inutiles. Au mois d'Octobre 1775, une femme étant morte à la fin de fa groffeffe, on crut devoir pratiquer après fa mort l'opération céfarienne pour fauver l'enfant, s’il étoit poffible. 1 paroifloit mort, mais au moyen de quelques légers fecours il donna des fignes de vie bien manifeftes, & parut autant bien qu'on pouvoit le defirer. On le porta à l'églife pour être baptifé ; mais après environ fept à huit heures, il ceffa de vivre. L'ouverture du corps peut donc étre utile, & ne doit pas être négligée en pareil cas. On ne peut trop rapprocher les exemples, quand il s’agit d'établir un objet d'utilité relative à la confervation des hommes. J'aurois pu en rapporter beaucoup qui ont été confi- gnés dans différens ouvrages (4); mais je me contenterai d'en recueillir quelques-uns qui ont été feulement publiés dans des ouvrages périodiques, & qui pourroient être moins connus, On me permettra de rappeler dans cette vue un fait cité dans une Gazette de Manheim, année 1773, qu'on ne fauroit trop répandre pour faire voir qu'il y a beaucoup de danger , & même une forte d’inhumanité à abandonner auflitôt des enfans nouvellement nés, lorfqu'ils paroifient morts, au lieu d'épuifer auparavant toutes les reflources pour les rappeler à la vie. ÿ « Un des Membres de l'École des accouchemens, de =— {7) Bruhier & Cangiamila, Ouvrages cités ci-deflus. Manheim, D PSUISMCMETINNICt ENS. 217 Manheim, ayant été appelé à Lampertheïm, auprès d’une femme qui étoit dans les douleurs de l’enfantement, la trouva dans un état de foibleffe extraordinaire, occafionné par un flux de fang de quinze jours. Il parvint à délivrer la femme, & reçut un garçon qui étoit bien conformé, mais qui ne donna aucun figne de vie, malgré tous les fecours qu'on a coutume d'employer en pareil cas. Cependant l’Accoucheur fe rappela qu’en coupant le cordon ombilical, l'artère qui s'y trouve étoit encore remplie de fang, d'où il conclut que le flux de fang de la mère ne devoit pas avoir été la caufe de la mort de l'enfant, puifque dans le cas où il l'occafionne effectivement , l'artère ombi- licale fe trouve ordinairement vide & rétrécie. Cette réflexion l'engagea à faire la tentative fuivante. | Il appliqua fa bouche fermement fur celle de l'enfant, dont tout le corps étoit baigné dans du vin tiède, introduifit fon haleine dans la bouche de l'enfant, lui bouchant le nez de la main droite, pour forcer l'air d'entrer dans la trachée artère, pendant que de la main gauche il lui frottoit conti- nuellement le bas-ventre, & produifit de cette manière une forte de refpiration artificielle dans l'enfant. Il continua cette opération pendant l'efpace d’une demi-heure entière, fans remarquer aucun effet, finon que le corps de l'enfant fe couvroit d'une couleur un peu animée. Cette légère appa- rence de fuccès le fit perfifter dans fon entreprile Après dix minutes de nouveau travail, l'enfant rendit tout-à-coup « un fouffle en quelque forte convulfif, mais auquel il n'en « fuccéda pas d'autre. En même-temps on obferva un léger battement de pouls au cordon ombilical, fans mouvement fenfible de la poitrine. Encouragé par ces fymptômes de vie, on ne cefla point de fouffler dans la bouche de l'enfant qui ne tarda pas à poufler des fanglots répétés, & peu de temps après, un fuccès complet fut la récompenfe d'un travail opiniatre de trois quarts d’heure ». Ce récit authentique & fi intéreflant pour la population, prouve d’une manière non équivoque que l'on peut rappeler Mém. 1777. Ee 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à la vie des enfans qui paroiffent morts en naifflant, Auñli l'Auteur eftimable de cette obfervation prie les Accoucheurs & ‘les Sages-femmes, par amour pour l'humanité, d’ufer en pareil cas de la même perfévérance que lui, & il ne diffimule pas qu’il avoit douté lui-même du fuccès de fon entreprile, à caufe du violent flux de fang qui avoit précédé l'accouchement. M. Andrieu, Chirurgien à Gaillac en Albigeois, a commu niqué à l’Académie royale de Chirurgie un fait intéreffant, qui prouve Îa néceflité de perfévérer dans ladminiftration des fecours. Au mois d'Avril 177 3, ce Chirurgien ayant tiré par un accouchement long & laborieux un enfant dont la mort étoit apparente, crut cependant devoir tenter de lui adminiftrer les fecours convenables. Il mit en ufage l'infufHa- tion, en appliquant fermement fa bouche fur celle de f’enfant, dont le corps étoit enveloppé de linges chauds, les liqueurs fpiritueufes fous le nez, l'irritation des narines par l'intro- duétion de la barbe d’une plume, & les fritions extérieures. Ayant aperçu une efpèce de trémouffement aux lèvres, & en: même-temps un léger battement du cœur, il fouffa plufieurs fois promptement répétées dans la bouche de l'enfant; alors la poitrine fe foutint dilatée, la refpiration s'établit peu à peu, & ainfi, après plus de cinquante minutes de tentatives , il eut la fatisfaction de rappeler à la vie un enfant qui étoit vivant deux ans après, lorfqu'il a communiqué cette obfervation. L’Aca- démie de Chirurgie a cru devoir donner à l'Auteur une marque particulière de fon eftime, en lui adjugeant une des médailles d'or deftinées chaque année à récompenfer l'émfu- lation pour des progrès de l'Art. Son jugement a été applaudi, & elle a par-là acquitté autant qu'il étoit en elle, la recon- nojflance publique dûe à M. Andrieu. Un exemple plus récent fert encore à confirmer Vutilité des fecours que nous avons indiqués (i). M. Faifloles, Chirurgien gradué à Lyon, ayant été appelé le 13 Janvier (1) Ce fair a été inféré par extrait dans la Gazette de France du 24 Mars 17715 D is 28: ÎLE N:C Es. 219 177$, auprès d'une femme, dont les douleurs , quoique continuelles & fort vives, ne laifloient aucune efpérance d'un accouchement prochain, & craignant pour Îa vie de la mère & de l'enfant , fe détermina à employer le forceps pour terminer l'accouchement. Par ce moyen, il délivra fa mère d’un très-gros garçon, qu'il crut mort, qui étoit fans mouvement, fans pouls, & avoit le vifage de couleur violette très-foncée. Pendant qu'il faifoit la ligature du cordon ombi- lical, & qu'il étoit occupé de la fortie de Farrière-faix, ül ordonna de chauffer du vin; enfuite il s’occupa du foin de l'enfant , auquel on avoit déjà adminiftré quelques légers fecours; il le plongea dans le vin tiède animé d’eau-de-vie; il ui fouffla avec fa bouche contre la fienne autant d'air que pouvoient en fournir fes poumons. Dix minutes s’écoulèrent fans fuccès ; M. Faifloles, quoique fatigué, ne fe rebuta point : il infifta fur l’infufflation ; il lui fit lairer de l'eau de luce, du vinaigre radical , le tenant toujours dans le vin tiède, & faifant faire des friétions. Après vingt-huit minutes il vit fortir de la bouche de l'enfant beaucoup d’eau écumeufe; il redoubla, & fentit quelques légers battemens de cœur. Enfin, au bout de trois quarts d’heure , l’enfant s’annonça à fa mère & aux afliflans par un cri qui caufa une joie d'autant plus grande , qu'il étoit le premier enfant après quatre années de mariage : il s'eft porté très-bien, & a été allaité par fa mère, Les faits que je viens de préfenter pour appuyer la pofii- bilité & la vérité de celui que j'ai rapporté d’abord, & qui a donné lieu à ces recherches, méritent d’être recueillis, & ils doivent paroître de a plus grande importance pour exciter le zèle des Pafteurs qui n'y font peut-être pas affez attentifs, & défabufer ceux d’entre les Chirurgiens qui négligent de faire l’opération céfarienne aux femmes mortes enceintes, & abandonnent ainfi des enfans à une mort certaine. Une atten- tion aufli louable, relativement aux enfans qui reftent dans le fein d’une mère qui vient de mourir, ne peut être aflez encouragée, & quand ce foin feroit fouvent inutile, on feroit Ee ï > > ÿ ÿ 220 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE amplement dédommagé, fi quelquefois on étoit affez heureux pour conferver des enfans, dont la perte feroit fans cela inévitable. Sauver un homme eft une fatisfaction glorieufe; & fi YArt falutaire qui veille à fa confervation ne peut empêcher la Mort d'exercer fon empire, il aura au moins quelquefois l'avantage de lui difputer fes viétimes. L’antiquité paroït avoir porté fort loin l'attention fur ce point. Le Digefle nous apprend /k) « qu'une Loi royale défend d’enterrer une femme morte enceinte, avant qu'on lait accouchée par l'opération céfarienne; ceux qui feront le contraire, paroiflent avoir détruit avec la femme grofle l'efpérance de la vie d'un homme. » Heifter en propofant des réflexions fur cette loï, fe plaint de l’oubli dans lequel elle eft tombée, & de ce qu'on néglige de la mettre en vigueur, parce qu'il regarde comme une vérité, gw'on donne la mort à ceux qu'on n'a pas fauvé quand on l'a pu. Peut-on trouver des motifs plus puiflans pour exciter l'attention générale fur un objet fürement trop négligé ? Les obfervations raffemblées dans l'ouvrage de Cangiamila ont donné lieu à de fages règlemens fur cet objet, dont il paroït que fa Sicile a lieu de fe féliciter. L'Académie, dont les travaux font confacrés aux progrès des Sciences & à Yutilité, ne peut fe refufer à des vues auffi intéreflantes, & il paroît digne d'elle de contribuer au bien de l'humanité, en publiant des faits fr utiles & fi propres à exciter l’atten- tion de tous ceux qui ont une ame fenfible. Son approbation fufhxa pour encourager les hommes, & le zèle excité dans Je cœur: de chacun tiendra dieu des règlemens que le Gou- versement pourroit utilement donner. 42 Libri XI, vitul, vizz. ‘ CRT DES US#C TE ENT ES 22 M ÉMOIRE SUR UNE SUBSTANCE AËRIFORME QUI ÉMANE DU CORPS HUMAIN, Et für la Manière de la recueillir. Par M. le Comte de MiLLy. L y a long-temps que lon a obfervé la tranfpiration dans les êtres fenfibles : on croit que “’eft le Philofophe grec Héraclite qui le premier a parlé de la tranfpiration, & il étendoit cette opération de la Nature fur tous les corps en général. « Tout perfpire, difoit-il, dans la Nature, & dans homme, c'eft la tranfpiration même qui fe condenfe, & devient une humeur vifible, telle que l'urine, la fueur, &c. » On voit, par l’expofé de l'opinion d'Héraclite, qu'Ariflote nous a tranfmife, qu'il croyoit que les émanations animales fe rélolvoient en eau, & il n'avoit pas d'idée d’un autre fluide qui fort des corps fous la forme aërienne, dont je vais parler, parce que les Anciens n’avoient pas le fecours de la Phyfique expérimentale & de la Chimie, comme les Modernes. Hippocrate vint après Héraclite, qui en adopta la perfpi- ration, mais Santorinus eft le premier qui ait fait des expé- riences plus décifives fur cette matière, & qui ait déterminé la quantité & la proportion de la fubflance qui s’exhale du. corps de l’homme par la tranfpiration infenfible. Nous n'avons malheureufement de lui qu’un réfumé de fes expériences, & nous ignorons abfolument les détails des obfervations qui l'ont conduit à ces rélultats; mais nous favons qu'il a évalué la tranfpiration infenfible à cinq huitièmes des alimens, & les trois huitièmes reftans pour les déjections excrémentielles, Mais fans vouloir examiner les erreurs dont le calçul de 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Santorinus eft acculé, je dirai en général que les Modernes, tels que Homme, Rye, Keit, Garter, Linings, Chalmes, &c. qui ont répété fes expériences, ne fe font point trouvés d'accord avec lui. IT eft certain que les émanations du corps doivent être en rapport avec la quantité des alimens, l'état de l’atmofphère, la chaleur naturelle de l'individu fur lequel on fait l'expérience, & enfin avec le climat; car il eft évi- dent que les corps doivent moins perfpirer l'hiver que l'été, & dans le Nord que dans le Midi. J'avertis que les obfervations que je vais mettre fous les yeux de l’Académie, ne regardent point {a perfpiration pulmonaire : je ne parlerai que de la cutanée, qu'il faut bien diftinguer de la fubfta.fce aqueufe qui s’'exhale par les pores, & qu'on nomme /weur ; celle-ci eft fi diftincte de l'autre, que lorfqu'elle a lieu, la perfpiration aérienne, s'il m'eft permis de la nommer ainfr, cefle dans l'inftant. Le but de ce Mémoire eft de rendre compte, 1.° de ce qui m'a conduit à lobferver; 2.° de la manière dont j'ai recueilli cette fubftance fingulière, qu'on peut ramaffer, par ma méthode, en aflez grande quantité, pour la foumettre à des expériences capables d'en faire connoître la nature; 3. de préfenter aux Savans une matière encore informe, dont ils pourront tirer peut-être un parti avantageux pour reculer à certains égards les bornes de nos connoiïtlances fur le fyflème animal. Le Phyficien verra de fes propres yeux le rôle fingulier que l'air joue dans l'économie animale, & que nos corps ne font qu'une grande éolipyle, d’où il fort fans ceffe une fubftance aëriforme confidérable ; & le Chimifte pourra fou- mettre cette fubftance inconnue à des expériences, pour en connoître la nature. L'ennui, dit un Moderne célèbre, peut contribuer à nos connoiflances : c'eft lui qui m'a fait obferver dans le bain, lorfque j'y étois tranquille, une quantité prodigieufe de petites bulles argentines, femblables à de la femence de perle; elles groffiffent en peu de temps, & enfin pour peu D'E:s SCA E N'C2E-6 223 qu'on s'agite, elles fe détachent de leur bafe, & s'élèvent à la furface de l’eau, où elles décrépitent, s’il m’eft permis de parler ainfi, & difparoiflent. Ce fpeacle m'intéreffa d'abord, & je formai, dès ce moment, le projet de recueillir & de raflembler cette fubf: tance aëriforme. Une carafe de verre qui m'avoit fervi à mettre de la limonade, & que j'avois entre les mains, fat le prémier inftrument dont je me fervis; je la remplis d'eau, & l'ayant renverlée, je tins l'ouverture de cette carafe au- deffus des parties où il y avoit des bulles raflemblées ; je paffai l’autre main fur ces bulles qui s’élevèrent auflitôt, & fe rafflemblèrent fur la furface de l'eau contenue dans la carafe renverfée, Content de ce premier effai, qui me démontroit {a pofli- bilité de faire mieux , je remis au lendemain à continuer mes-tentatives. Je revins muni d'une bouteille plus grande, & fur-tout d'un entonnoir de huit pouces de diamètre, inftrument. indifpenfable pour l'opération en queftion, je me mis dans le bain dont la température étoit de 27 degrést, & celle de l’atmofphère à 17 degrés du thermomètre de Reaumur : après 4 minutes de tranquillité, j'aperçus les bulles fe former; alors de la main gauche je tenois ma bouteille remplie d'eau, au bout de laquelle lentonnoir étoit adapté & luté avec du lut gras, & de la main droite je frottai légèrement. la furface de la peau pour en faire élever les bulles qui montèrent avec vivacité, comme des globules d'huile, & fe raflemblèrent d’abord dans l'entonnoir renverfé, & palsèrent. de-à dans la bouteille où elles déplacèrent l’eau à mefure qu'elles montèrent, c'eft-à-dire, qu'elles fuivent la même marche que les différens airs dans les expériences de M. Prieftley. Cette manière eft fi aifée, qu'on en peut amaffer en deux heures aflez pour en remplir une bouteille de demi-pinte: tout le monde peut répéter cette expérience avec la plus 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE grande facilité & fans autre frais que celui du bain, il né faut que du temps & de Ia patience pour en venir à bout. H s'agit actuellement de foumettre cet air animal (je demande permiflion de le nommer ainfi) à des expériences ‘ convenables , 1.” pour déterminer fa pefanteur fpécifique comparativement avec l'eau diftillée & avec l'air atmofphé- rique; 2.° s’il a quelque chofe de commun avec les difiérens gas obfervés par les Phyficiens modernes. Moyennant ces expériences, on trouvera peut-être la raifon pourquoi les hommes, raflemblés en grande quantité dans un lieu trop peu fpacieux, infeétent l'air au point dele rendre inrefpirable. Il y a apparence que c'eft celui qui fort fans cefle des corps fenfibles, que la Nature rejette, qui communique à fair atmofphérique les mauvaifes qualités qui le rendent méphitique, C'eft à l'expérience à dévoiler ces myftères, NOUVELLES DfE S:, SCIE N.CE Ss. 225$ ARE EE EEE LE DE EE SE CE NOUVELLES MÉTHODES ANALYTIQUES POUR CALCULER LES ÉCLIPSES DE SOLEIL, LES OCCULTATIONS\DES ÉTOILES FIXES ET DES PLANÈTES PAR LA LUNE: Er en général pour réduire les Obférvarions de cet Affre ; faites à la furface de la Terre, au lieu vu du centre. Suite du DOUZIÈME MÉMOIRE. Par M. D'rongs DL SJ UÉ L'OUU IR. ART TELE, LE SECTION PREMIÈRE. Des Courbes d'extinétion. G29)N °c: avons vu dans les Articles précédens, que les rayons émanés des différens points du difque du Soleil, & qui parviennent à un point donné du plan de projection, ne décrivent pas tous la même trajectoire ; la ligne qu'ils parcourent dans latmofphère, ainfi que la denfité des parties de l’atmofphère qu'ils traverfent, font différentes. L'afloibliffement de la lumière qui parvient à un point donné du plan de projection, n’eft donc pas le même pour les difié- rens points lumineux du difque du Soleil, Cet afloibliffement, ou, fi l'on veut, la diminution de l’intenfité de la lumière, dépend évidemment, & de l’efpace parcouru par le rayon dans latmofphère, & de la denfité des parties qu'il traverfe. Nous * Comme cette partie du Mémoire, eft une fuite de celles inférées dans les Volumes de1775 & 1776, on a fuivi l’ordre des articles & des paragraphes. Mém. 1 777. (2) [eR'+ 226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avons donné dansle $. 222, l'équation générale à {a courbe traverfée par les différens rayons émanés des différens points du difque; nous avons déterminé dans les $. 2} € fuivans, l’expretiion des denfités des différentes parties de l'atmofphère. Il s’agit de faire réfulter de ces recherches, l’expreflion de l'afloibliflement de la lumière, relativement aux rayons émanés des diflérens points du difque. Ce font ces réfultats que j'ai définis Courbes d'extinélion. (330.) Si l'on conferve les définitions des paragraphes précédens, nous avons vu, f. 322, que l'on avoit pour équation générale à la trajeétoire du rayon lumineux dans l'atmofphere , (1) [e(R+ 24) + (a — 1)r]:cof. (a — 1)7 — ar(R+2k) = 0; la valeur de #’ étant d’ailleurs déterminée par l'équation (a — 1)h + K].cof. <= ME + par.hor. © + 1,001 7)] — aT(R + #) = o. 4 Cette dernière équation n’eft autre chofe que l’équation {4) du f. 320, dans faquelle nous avons negligé les termes 4° & Al", attendu leur extrême petitefle. Nous avons vu de plus { S. 326, équatior (2) ) queles denfités des différentes couches de l'atmofphère avoient pour expreffion, D (3) à — PPT EN TER NEENP AR e L I ne s'agit que de faire ufage de ces équations. 31.) Dans féquation (1) du paragraphe précédent, Z €ft l'angle des diflérentes tangentes aux difiérens points de la trajectoire du rayon lumineux, avec une certaine tangente particulière donnée de pofition, celle qui répond au fommet de la trajeétoire & qui eft perpendiculaire au rayon vec- teur. Comme nous aurons befoin d’avoir l'équation à cette irajectoire, par-rapport au rayon vecteur compté du centre de la Terre, & à l'angle traverfé; il faut d'abord éliminer l'angle z, pa le moyen de l'équation (1) du f. 243; GE Des ASACUNE NICLE.S. 227 comme d’ailleurs lerayon de la Terre peut être pris pour le finus total, nous fubflituerons tout de fuite r à R'; nous fubftituerons de même 10 fecondes à la parallaxe horizon- tale du Soleil, dans l'équation (4) du $. 320, or l'on aura Gi) [af + 24) + (a — 1) r']xcof. (—— ) x arf + 2h) = 0; a — 1 (2) (r + h)x(ar + h— h) xcof. [( )x(G + 10°+ 2 — ar (r + k) — "9; D (3) 4 = VS CJ € LA Dans ces équations, r exprime le rayon de la Terre, & à la fois le finus totai; H la hauteur de l'atmofphère à laquelle pafle le rayon particulier dont il s'agit; k Ia hauteur totale de F'atmofphère qui contribue à la réfraction. r + À le rayon vecteur particulier correfpondant au fommet de Ia trajectoire. Ce rayon eft compté depuis le centre de la Terre ; r' la quantité dont chaque rayon vecteur furpañle le rayon vecteur du fommet de la trajectoire ; d’où l’on voit que r + # + r eft l'expreffion du rayon vecteur, compté du centre de Ia Terre. u l'angle traverfé, ou l'angle des différens rayons vecteurs de Ia tra- jeétoire du rayon lumineux avec le rayon vecteur du fommet ; 4 le nombre de fois que l'angle traverfé contient l'angle que font les différentes tangentes aux différens points de la trajectoire, avec la tangente particulière au fommet ; fuivant M. Bradley, a — 7; fuivant M. Bouguer, «4 = 6,39 ; G Yangle qui mefure la diftance d'un point quelconque du difque du Soleil, au point du difque folaire, fitué dans le prolonge- ment de la droite qui joint le point du plan de projection pour lequel on calcule, & le centre de Ja Terre ; x angle fous lequel le demi - diamétre de la Terre eft vu à la diflance du plan de projection; cet angle eft égal à la paral- laxe de la Lune; D Ia denfité de l'atmofphère a la furface de Ia Terre; A la denfité de l'atmofphère aux différentes hauteurs ; e le nombre dont le logarithme hyperholique — 1 ; Pr 1,001 #)] 228 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE x la foutangente de la logarithmique , dont les ordonnées repré- fentent les denfités de l’atmofphère de la Terre ; fuivant M. Bouguer, # — 4197 toiles, ou 128,44 parties telles que le rayon de la Terre en contient 100000. (332.) Nous pouvons avoir maintenant l'élément de l'extinétion de la lumière, lors de fon paffage par l'atmofphère; en effet, cet élément eft égal à l'élément de la trageétoire du. rayon lumineux dans l'atmofphère de la Terre, multiplié par la denfité correfpondante de l'atmofphère, & par l'intenfité particulière de la lumière lorfque le rayon lumineux parcourt l'élément en queftion. Maintenant, puifque r + #! + 7 eft le rayon vecteur de la trajeétoire de la lumière; que # eft l'angle traverlé, & que ’ eft la portion variable du rayon vecteur, on a VG+# + rj'di + dr] our élément de la trajetoire = à l ; D L DER ere eft l'expreflion de la denfité cor- € ñn refpondante de l'atmofphère; donc, fi l'on nomme 1 J'intenfité variable de fa lumière, on aura : Ù (r) diminution de l'intenfité, ou élément de l'extinction = — 41, & par conféquent, . PE A ete A Pr DE Kæ+r 5 LE € ” Il ne s'agit que d'intégrer cette équation das manière convenable. … (333:) Si lon différentie l'équation (1) du $. 331, dans laquelle ’ & # font les variables, l'on aura (:) (æ — 1) cof. (=D) urdr—[a(fr+ 2h) +(a—3)r] x fin. [( = ) a] du = 0. Maintenant, fi dans cette équation l'on élimine fin.( = = - )u D'IE 1S MOUE TNEL NC *E'!s) 229 A — 1 & co. { ) u, au moyen de l'équation (1) du £. ;37, elle deviendra, (2) a{@— 1)rf+2k) dl —=[afr+2#)+(a— 1)r] Vi[za+2h#)+(a— r1)r]x(a—x1)r} du=o; ou en népgligeant les termes multipliés par les puiflances de 7 & de #' fupérieures à la feconde. (3) (a— 1 )xfr + 2 hdi — Ts (a — 1)r+12ak+ 2ar]r dé —=o. Si l'on porte maintenant la valeur de dif tirée de l'équation précédente, dans l'équation (2) du $. 332, elle deviendra dl D POSTE UNIT Or [4 ñ VIGHN —rPufe — s)x{/r+ 2h) + ri (zar + 2al + s {a — 1)r!)] ve *X e Vi (par + izah + Sa — ir) (334) L'expreflion que nous venons de trouver, feroit celle de l'élément de l’extinétion de la lumière, lors de fon pafage par l’atmofphère, fi l'on devoit faire ufage de l'équa- tion à la trajectoire du rayon lumineux; mais il s'élève une difficulté, relativement à cette fuppoñition. Nous avons remarqué en eflet {$. 327) que le principe d'où fon déduit {a trajectoire du rayon lumineux n'eft nullement cohérent avec le principe qui fert à calculer la denfité de l'atmofphère. Cette trajeétoire eft plutôt une courbe hypothé- tique à laquelle les obfervations ont amené, qu'une courbe donnée par la théorie. On a conclu des obfervations, que toute Îa partie de atmofphère fituée par-delà une certaine limite n'infléchifloit point le rayon lumineux; que jufqu'à cette limite la route du rayon lumineux étoit une ligne droite, & que, parvenu à cette limite, le rayon commençoit à s'infléchir. Mais eft-il bien démontré que quoique le rayon ne s'infléchiffe que d’une quantité infiniment petite avant la limite dont il s'agit, il n’éprouve aucune extinction de la part de latmofphère? IH eft évident, en effet, qu'à la hauteur où l'on fuppofe la limite de la force infléchiffante , la denfité de a 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Jatmofphère eft encore comparable à celle qu'il a à la furface de la Terre. En un mot, la loi des denfités ne pouvant s’accorder avec le principe d’où l’on déduit la trajectoire du rayon lumineux, l'extinction de Ja lumière doit-elle être regardée plutôt comme un corollaire de la loi des trajeétoires, que de la loi des denfités, ou réciproquement! Si j'avois cette queftion à examiner, je ferois fort tenté de faire dé- pendre la loi de l'extinétion, de Ja loi des denfités, & d'aban-. donner la trajectoire du rayon lumineux. Au refte, comme la trajectoire du rayon lumineux, même dans l’hypothèle que nous avons prife, diffère très-peu de la ligne droite, nous fubftituerons la tangente au fommet de a trajectoire, à la courbe que décrit le rayon lumineux; & nous calcu- lerons l'extinction comme fi le rayon traverfoit l'atmolphère en décrivant la tangente au fommet de fa trajectoire. Cette fuppoñition , dont les réfultats ne diffèrent que très-peu de ceux que l'on auroit fi l'on employoit la véritable trajeétoire, me paroit plus conforme aux vrais principes de la Phyfique. (335-) Si lon cherche l'équation à la tangente aux fommets des trajectoires des différens rayons lumineux, par rapport aux rayons vecteurs r + #" + 1, & à l'angle traverfé 4, on aura () G+# + r)cou —r(r +) —o; Donc, roof.u dr — (fr + & + r)finudu = 0; donc enfin, ; rh} dr = dé fr + hr x{2r(r 4) + 7°]; & fubftituant cette valeur dans l'équation (2) du $: 332, On aura d1 D {t+h+r)dr re rennes er ane [4 LA (336) L'équation (2) du paragraphe précédent, peut être mile {ous la forme fuivante, ph russu iSC) À ENT Ca En s< 231 L D 4 r) dr (r) Logarith. DE — ef AG (Pa rot ic TA EP ar PEN] Et comme dans a fuppofition que nous avons adoptée pour calculer l’extinétion, l’atmofphère peut s'étendre à l'infini ; 4 h! r') dr : Jvc au ee la fonction f (EE Mirti doit être intégrée dans Len ri + 27(1+4)] l'hypothèfe, qu’elle foit prife, depuis 7 —.0 , jufqu'à 7 — infini; Ceft-à-dire, que la fonéion foit nulle lorfque r — o., & qu'elle s’étende indéfiniment. Or dans ce cas, il eft évident que #' eft une quantité infiniment petite relativement à r & à r’, puifque 4’ repréfente la hauteur du fommet de la trajeétoire , qui ne peut jamais furpañier celle au-delà de laquelle des rayons n'éprouvent aucune réfraétion fenfible; or cette quantité .eft très-petite relativement au demi- diamètre de la ‘l'erre :& à la hauteur de Fatmofphère qui amoriit les rayons. On peut. donc intégrer comme fi lon avoit l'équation fuivante, : (2) Log: = Æ fi — er } 3 2 + {+ 2771!) [4 La quantité 4’ n’entrera donc ni dans l'intégration, ni dans l'évaluation des conftantes qu'il faudra ajouter; & f1 l'on nomme 2 l'expreflion de cette intégrale qu’il nous eft indif- férent de connoître, & qui fera la même pour toutes les droites; on aura, fans erreur fenfble, 1 D (3) SN — 7 At B. € _(337-) Cette dernière confidération neft pas particu- lière à la ligne droite, & elle auroit pu s'appliquer à lé- quation (4) du S. 333: Si même nous ne l'avons pas appliqué à cette équation, ceft que nous en avons été empéchés par une raïfon particulière, tirée de la nature du Problème. En effet, la courbe dont nous avons tiré l'équation (4) du f. 333, eft telle qu'elle ne s'étend qu'à une “ 232 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALE petite diftance ; & elle conduiroit à des réfultats erronés, fi on la fuppoloit étendue par de-là cette diftance. Nous avons donc préféré de confidérer avec les Aftronomes, la trajectoire du rayon lumineux comme une ligne droite, qui s'étend indéfiniment. Nous ferions même tombés dans une contra- diction. manifefte, fi en partant de lhypothèfe de la ta- jeétoire curviligne, nous avions fait ufage pour intégrer, de fuppoñitions tirées d’une étendue indéfinie de cette tra- jeétoire. Au refte, l'analyfe que nous venons d'employer, s'applique non-feulement à a ligne droite & aux courbes de la forme de celles qui fatisfont aux phénomènes des réfractions , elle s'applique également à toute courbe dans laquelle Ja différentielle de l'arc eft à a différentielle du rayon vecteur, comme une fonétion de + #! & de r' eit à une fonction de r + #4. On doit fentir par-là, la légiti- mité de la conclufion à laquelle nous fommes parvenus; car il eft toujours poffible de prendre une fonétion de r +- #' & de 7’, telle que, en y faifant # — o, elle repréfente la courbe de la réfraction horizontale, quelle que foit la courbe qui a lieu à la furface de la Terre; or en faifant ufage de cette courbe particulière dans le calcul, on fera conduit au _ même réfultat. On tombera à la vérité dans quelque erreur, à mefure que l’on s'élèvera au-deffus de la furface de la Terre, DR l'on n'aura pas calculé da véritable courbe de réfraction qui convient à cette hauteur, mais les erreurs qui peuvent en réfulter dans l'évaluation de l’extinétion de fa lumière , font d’autant moins confidérables que le rayon lumineux pañle à une plus grande hauteur; & par conféquent notre hypothèle eft fuffifamment exacte. (338) Si l'on jette les yeux fur l'équation (3) du $. 336, & fur l'équation (3) du $. 337, dans laquelle on fera » — 0; il eft aifé de voir que B & D étant des conftantes, le logarithme de l'intenfité des rayons lumineux dont le fommet de Ia trajectoire eft ‘à la diftance #’ de la furface de la Terre, eft après le paffage dans l'atmofphère, en raifon inverfe de la dénfité de l’atmofphère correfpondante à cetie De ts MSc slErN € 2e: s. 233 à cette hauteur /’; mais la denfité eft proportionnelle au poids de l'atmofphère fupérieure , & ce poids eft propor- tionnel à la hauteur du baromètre; donc en général on a le théorème fuivant, Le logarithme de l'intenfité des rayons folaires qui parvien- nent au plan de projettion, en traverfant l'atmofphére, eff en raifon inverfe de l'élévation du baromètre aux fommets de leurs trajectoires. (339-) Le principe que nous venons d'établir, fournit une méthode bien facile pour calculer l'intenfité des diffé- xens rayons qui parviennent au plan de projeétion. Suppolons, en effet, que nous connoiffions l'intenfité du rayon particulier qui parvient à ce plan en rafant la furface de la Terre; nommons 1’ l'intenfité du rayon qui rafe la furface de la Terre ; I l'intenfité du rayon qui pañle à la hauteur #'; $' la hauteur du baromètre à la furface de la Terre; 5 la hauteur du barométre correfpondante au fommet # de la trajectoire ; : on aura, d'après notre principe, ñ (1) Log.1 = Sr Log. #. Voici au furplus la démonftration de cette équation. u Li On a vu, que log. —- — Cx—7; C eft une conflante n € qu'il s’agit de déterminer. Je remarque d’abord, conformément L ë b aus. 234, que; de plus, log. TE log. 1 — log. l: et done log. I — log. 7 = 7 repréfenter l'intenfité du rayon lumineux qui rafe la furface Mém. 1777: Gg x _C. Or, cette équation doit 234 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE de la Terre. La conflante € doit donc être telle que lorfque b LJ LA \ , 7 = 1, log./ foitégal à log. 7’; donc C— log: 1 — log. 7. b à Donc log. 1 — Iog. / — —- (log. 1 — log. 7’) — 0; mais b Jog. 1 — 0; donclog. 7 = —- log.’ 40.) Suivant M. Bouguer, fi l'unité exprime l'in- tenfité de la lumière avant que d’entrer dans l’atmofphère , 0,0006 exprimera l'intenfité de Ia lumière qui parvient à notre œil lorfque le point radiant eft à l'horizon, de forte que 0,9994 eft l'expreflion de l'extinétion; *& comme la lumière qui parvient au plan de projeétion en rafant la Terre, n'a encore fourni que la moitié de fa carrière lorfqu'elle parvient à notre œil; que d’ailleurs il eft évident que depuis notre.cœil jufqu'au plan de projection, l'extinction doit fuivre la même loi qu'elle a fuivie depuis l’Aftre jufqu'à notre œil; que par conféquent pour calculer la feconde branche d’extinétion, on peut fuppofer un corps lumineux à la fur- face dela Terre, dont l’intenfité de la lumière feroit 0,0006 de l'intenfité du point radiant, & qui éprouveroit comme dans la première branche , une extinétion exprimée par 0,9994 decette intenfité Bypothétique; Fintenfité de La lumière après fon paffage total dans l’atmofphère, fera done exprimée par 0,0006 x {1—0,99994) — 0,00000036; & l’on aura (x) Log. 7 — £ log. (0,000000 36). H n’eft plus queftion pour déterminer la quantité de lumière que reçoit un point quelconque du plan de projection, des différens points du difque folaire, que de calculer, au moyen de l'équation (2) du.$. 337, la hauteur #’ à laquelle pañle dans l'atmofphère le point du difque du Soleil, dont la pofition éft déterminée par la quantité G, DES SCIENCES. 235 Conjectures fur les apparences que doit préfenrer la Tire, à un Obfervateur placé dans l'efpace. (341.) Je terminerai cette Section par des conjedures fur les apparences que doit préfenter la Terre, à un Obfer- vateur placé dans f'efpace. I eft d’abord évident que les bords qui terminent la Terre éclairée, doivent être extrês mement fombres, puifque ces bords relativement auxquels le Soleil eft à l'horizon, ne recoivent, fuivant M. Bouguer, que 0,0006 parties de lumière, tandis que les points qui répondent au zénith en reçoivent 0,8 123 parties. Sous ce premier point de vue, l'intenfité de la lumière du centre de la Terre, eft à l'intenfité des bords, comme 8 123 eft à 6. J1 femble donc que la Terre doit paroître mal terminée, avec un noyau lumineux dont la lumière fe dégrade en s'éloi- gnant du centre; & on pourroit la comparer aux Comètes chevelues, dont la nébulofité eft probablement occafionnée par une atmofphère femblable à la nôtre. (342.) Indépendamment de cette première confidération, la pofition de l'Obfervateur par rapport au Soleil & à la Terre, doit encore influer fur l'apparence que lui préfente la Terre. Suppofons, en effet, l'Obfervateur en quadrature avec le Soleil & la Terre; fe point de la Terre qui a le Soleil à fon zénith, verra l'Obfervateur à l'horizon, tandis que le bord qui termine la Terre éclairée, verra l'Obfervateur au zénith. Le point le plus éclairé ne tranfmettra donc fa lumière qu'en traverfant la totalité de l’atmofphère, & qu'en perdant, fuivant M. Bouguer , la 0,9994."° partie de fon intenfité, tandis que le point le moins éclairé, tranfmettra prefque toute fa lumière à l'Obfervateur. L'Obfervateur verra donc la Terre envi- xonnée d’une nébulofité; tandis que fi ce même Obfervateur eût été placé entre le Soleil & Ia Terre, il auroit vu le centre de la Terre trèslumineux & les bords très-obfcurs. (343:) Comme fon n'obferve pas dans les Planètes des phénomènes analogues à ceux que nous venons de prélenter, & que dans toutes leurs pofitions, la lumière des bords paroît Gg ji 236 MéÉmerres br L'ACADÉMIE RoyaLe aufr vive que celle du centre, ne pourroit-on pas préfumer qu’elles n’ont point d’atmofphère, ou que du moins, fi elles en ont, fa tranfparence efl incomparablement plus grande que celle de Fatmofphère qui nous environne! Ce qui nous em- pêche cependant de prononcer fur cet objet, c’eft que les bords des Planètes, qnoïque moins éclairés que le centre, préfentent fous le même angle une furface incomparablement plus grande, & peuvent ainfi compenfer par l'étendue le peu de lumière qu'ils reçoivent. SECTION SE CON D E. De la quantité de lumière que reçoit un point quelconque du plan de projeétion. (344) Nous pouvons déterminer maintenant la quantité de lumière que reçoit un point quelconque du plan de pro- jeétion; mais pour ne pas compliquer la queftion de toutes les dificultés dont elle eft fufceptible, je me contenterai de calculer d’abord a quantité de lumière que reçoit le point du plan de projection fitué au centre de l'ombre. De la quantité de lumière que reçoit le eentre de l'ombre. (345-) Pour réfoudre cette première queftion, on fe rappellera que pour le point particulier dont il s’agit /$. 29 3), fi du centre du Soleil fon trace un’ cercle dont le rayon ; fin. 7 égale {5 — 52,236 ) *x tang. (14 5’ 50"); ce cercle déterminera tous les points du difque du Soleil dont la Jumière parviendra deux fois au point du plan de projection dont il s'agit. Plus le rayon du cercle fera grand, pourvu r . »s # x é LL fn.7 toutefois qu'il n'excède pas {1 — 52,236 CE TA x tang. (19 5° so"), plus le faifceau fumineux émané du Soleil pailera près de la Terre; de forte que pour le cercle dont le rayon égale /r — 52,236 Le ) * tang. fitgt 50" T le faifceau lumineux émané du Soleil rafe la Terre, La hau- DES S C1 E Noirs 237 teur de l’atmofphère à laquelle pañle le faifceau lumineux augmente enfuite à proportion que le rayon du cercle dimi- nue, jufqu'à ce*que le rayon du cercle devenant nul, on a la hauteur à laquelle pafñfe le faifceau lumineux émané du centre du Soleil. On continue enfuite / $. 294) de confi- dérer des cercles dont, géométriquement parlant, les rayons pourroient s'étendre depuis zéro jufqu'à /r + 4) » . Er, expreffion /$. 294) du cercle terminateur de l'atmofphère réfraétive; mais qui aflronomiquement ne peuvent pas être plus grands que le rayon du difque du Soleil, puifque le difque feul du Soleil fournit de la fumière. | (346.) Ce que l'on vient d'expoler, fait voir que Îa folution dont il s'agit, dépend de l'intégration d'une quantité de la forme fuivante, Soit G le rayon des différens cercles dont nous venons de parler. # je rapport du rayon du cercle à la circonférence. n Si l’on conferve d’ailleurs toutes les définitions des S:33E 332, 339 © 340, Ton aura (1) Quantité de lumière que reçoit le plan de projedion — S1Gd4G. Pour intégrer l'équation précédente, il convient d’avoir lexpreflion de 7 en valeurs de G. Pour y parvenir, je b remarque (f. 339) que log. Z — —- log. 7’. Dans cette h " b à x équation, —- exprime Îe rapport des hauteurs du baromètre aux fommets des trajectoires des différens rayons lumineux, & à la furface de la Terre. Ces hauteurs font entr’elles comme la pefanteur de l’atmofphère fupérieure; & comme les den- fités de latmofphère font proportionnelles à cette pefanteur, b ; 5 ; On aura -— dans le rapport, des denfités de l'atmofphère : on concluera donc r, zx (2)7=-. mr € 238 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE n 5 ! ; IEP Maïs log. 7 — —> log. Z ; &parconféquent/ = 7 ; on aura donc (3) Quantité de umière — Ps SG r ac. [22 b Dans cette équation, il faut fubftituer à fa valeur tirée b' de féquation (2); & avoir l'expreffion de #' en valeur de G, Pour avoir l'expreffion de #’ en valeur de G, il faudroit reprendre l'équation (2) du $. 337, (4) Cr+h—h)x(r+1) cof. [(—— )x(G+1o+ 1,0017)] — ar (+) = 0; & en tirer une valeur de #’ en G; maïs cette méthode conduiroit à des expreflions non intégrables. Nous donne- rons dans la fuite une approximation facile & aufli exacte que le comporte la nature de la queftion, lorfque nous aurons réfolu Je problème pour un point quelconque du plan de projection. 5 De la quantité de lumière que reçoit un point quelconque du plan de projettion. (347.) Le calcul pour un point quelconque du plan de projection, eft beaucoup plus compliqué que pour le point qui répond au centre de lombre. En effet, fi l’on fe rappelle ce qui a été dit dans les $. 284 © fuivans, on verra faci- Îement qu'il ny a que le centre de l'ombre, relativement auquel le centre du Soleil coïncide avec le centre des cercles terminateurs. Pour tout autre point, le difque du Soleil eft excentrique aux cercles terminateurs : on n'a donc plus pour exprimer la quantité de lumière que reçoit le point parti- culier dont il s'agit, des équations de la forme de celle du S. 346 ; on a au contraire une équation de la forme fuivante, M/S ONE L'ENCRE d 239 (1) Quantité de lumière = f14Gxf4F, J'entends par V, l'arc du difque folaire commun à ce difque & au cercle dont le rayon = G. La raïfon de cette différence eft bien fenfible: lorfque le centre du Soleil coïncidoit avec le centre des cercles ter- minateurs, la totalité du cercle qui a G pour rayon, appar- tenoit au difque folaire; tous les points du cercle étoient . . ÿ « également Jumineux, & l'on avoit JdV = = G; mais V7 lorfque tous Îes points ne font pas communs au cercle & au difque folaire, il ne faut confidérer que la partie lumi- neufe de ce cercle, c'eft-à-dire celle qui eft commune au difque du Soleil. II faut donc intégrer Îa quantité JV par les confidérations particulières , fur la pofition du centre du Soleil relativement au centre des cercles terminateurs, Comme Je calcul, déjà très-com pliqué dans le cas du centre del’ombre, le devient encore davantage par le cas dont il s'agit, nous nous contenterons de mettre le Problème en équation, & nous paflerons tout de fuite à la méthode d'approximation. (348.) Soit r le finus total, A" le rayon du difque folaire, G le rayon des différens cercles que nous confidérons, £ la diftance du centre de ces différens cercles au centre du Soleil, g la moitié de l'arc du difque folaire commun au Solcil & aux cercles qui ont G pour rayon, . il eft évident que l’on aura Gr) cote = AT, Soit en effet B' le centre des différens cercles qui ont G pour rayons; le centre du difque du Soleil ; Am! m le difque folaire; MT m arc commun au difque du Soleil & au cercle qui a G pour rayon; SM le rayon du difque du Soleil: ileft Fig. 25 Fig, 25. 240 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE évident, d’après cette conftruction, que SM ou Sw’ eft {a quan- tité que nous avons nommée A, que SB'—6, que BT— G, & que l'arc T'M—+œ; de plus, fi du point #1 l'on abaiffe fur S'B' Ia perpendiculaire AIN, Yon aura MN — _ 2 G col. G cof.p 1) RE SN E — —"—-, r ut FN G* fin ? 1 G cof.? 5 DR NRC CAR AT En à & par conféquent G — 2 Ge’ cof.g ere PAS ner LÉ l'équation (1) eft donc démontrée. I faut maintenant fubftituer dans l'équation (1) du $. 347 à fdV, deux fois l'arc dont le cofinus eft donné par l'équa- tion (1) du préfent paragraphe ; mais comme cette intégrale dépend de la quadrature du cercle, & que d’ailleurs la feconde intégration préfenteroit encore des difhcultés infurmontables, nous paflons tout de fuite à la méthode d'approximation. SE CT10N T #O IS I ÈE M$ Méthode d'approximation pour réfoudre Les queflions propofées dans la feétion précédente. (349.) H eft facile de réfoudre d’une manière expéditive & très-approchée les queftions propofées dans la fection précédente. Nous fuivrons dans cette difcuffion l'ordre de la dernière feétion ; nous commencerons par réfoudre de Pro- blème pour le centre de lombre; nous généraliferons enfuite Ja folution pour l'appliquer à un point quelconque du plan: de projeélion. Méthode d'approximation pour le centre de l'ombre. (350.) Puifque pour le centre de l'ombre, la quantité que nous avons à intégrer a la forme fuivante, (1) quantité de lumière — [— GIdG; # ME TS 19:10 AE IN:CE 8 241 il eft évident que fans erreur fenfible on peut partager le difque du Soleil en différentes zones fucceflives , pourvu toutefois que l’on prenne ces zones aflez proches les unes des autres, pour que l'intenfité moyenne de la lumière que l'on emploira dans le calcul foit l'intenfité moyenne de chacune des zones que fon confidère ; on aura par-là un certain nombre de rélultats très-approchés, dont le réfultat total fera la lumière demandée: il ne s'agit que d’avoir une relation commode entre les différens rayons G & l'intenfité corref pondante de la lumière. (351) Pour y parvenir, je reprends l'équation (4) ‘du S. 346, & je l'écris ainfr, CN | (1) (ar+h—h} x (t+h)cof.[( — ar(r+k) = o. )x(G+10"+1,0017)] J'obferve que les hauteurs barométriques étant comme les denfités de l'atmofphère, fi lon conferve les définitions pré- cédentes, on 2: (2) = Tree / 4 : L! 7 donc log. (7) — "log. ; donc nxlog. (5) — W'; fab- flituant cette valeur de #4 dans l'équation (1) elle deviendra (3) Ler—h+nlog.( 2 )]x (+4) cof.[( — rar + nxlog.(©)] = A — 9 )x(G+10"+1,0017)] 3 Maïs ($. 331) n — 0,001128 xr; de plus, (£. 255) Æ — O,00102 247, El 7e Donc (4) [6,998067 + ,00128 log.(7)] x 1,001932 cof. 3 (G + 10"+ 1,001) F2 ZT, + 0,00128 log. (-—)] == \0; Mém. 1777. HR 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE x cette équation va fervir à connoître la relation entre G & les différentes hauteurs du baromètre. Nous fuppoferons que la hauteur du baromètre à Îa furface de la Terre eft de 28 pouces ; de forte que fi lon eftime toutes les hauteurs du baromètre en pouces, on aura log. #' — og. 28 : nous b' obferverons enfin, que 1og. {—-) — log. d' — og. b, & que ces logarithmes font hyperboliques. Comme en général log. hyperb. d’un nombre quelconque — 2,302 58 5 1 xlog. des Tables, fi l’on veut fe fervir des logarithmes des Tables pour calculer l'équation (4), il faudra la transformer en la fuivante, (5) L6998067 + 2,3025851 x 0,00128 log. EE x 1,001932 cof. 3(G + 10"+ 1,0017)—7r[1+2,3025851 x0,00128l0g.()]=0; ou enfin, (6) [6,998067 + 0,002947 (log.L' — og. )] x 1,001932 cof. 3 (G + 10°+ 1,001 7) — 7r[1 + 0,002947 (log. # — log.)] = o. (352-) Suppofons que lon cherche, au moyen de fa formule précédente, la valeur de G qui répond à la hauteur barométrique de 28 pouces; dans cette formule , je fais B— 28, & jai log (2) — 108.#— log — 0; l'équation (6) du paragraphe précédent devient donc 6,998067x1,001932cof.3 (G+ 10" 1,001 #)—=7xr; d’où l'on tire 3 {G + 10" + 1,0017) — 31740"; donc G + 10" + 1,001 — 1553". Si donc l'on fuppofe la Lune apogée, que par conféquent # — 53'53", & 1,097 — 53/56", on aura G — 11/47". Silon fuppofe la Lune dans fes moyennes diftances, & par confé- quentæ — 57/39", l'onaura G — 8/1"; fi l'on fuppofe la Lune périgée, & par conféquent x — nes , (On aura G — 415". (353-) Au moyen de femblables calculs on formera facilement une Table de la forme fuivante : DE IS MS1CTE N'C'E:S: 243 TABLE des différentes valeurs de G, pour les différentes hauteurs du Baromètre correfpondantes aux fommets des trajecloires. HAUTEUR VALEURS DE G, “ nn QE BAROMÈTRE. 3 ! K LUNE APOGÉE,| MOYENNES DIST.| LUNE PÉRIGÉE. | ES = NS CA S S LA ee ART RS) 10. 6. 58 Pr Ne as Sr 56 Ze 10 Ce Petit 0e Cercle. 7.4 LES 3* 55 Cercle.| 0 9 6. 4 2.1 Al 0. 52 s. Cercle. rois 1. 55 "e O. 44 Luy 1e 3° G#2 4 15 _. I. 48 SAME & 3R 42 6. 58 2 4.42 8. 28 2. 36 6. 22 ere 4 2 GNT O II. 56 Grand F2 10. 9 nt 8 4ù 12. 27 \Grand| 16. 13 AR 1e 19 \Grand} 15+ 5 Cercle. LORE 4: 24 Cercle. LE d 8. 3 21. 2 26. 8 7 4 Je ne continuerai pas plus loin cette Table, qui nous Hh ïÿ 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE conduit au point que l’on regarde communément comme la limite de l'atmofphère réfraétive. (354) Après avoir déterminé les différentes valeurs de G, correfpondantes aux différentes hauteurs baromé- triques, il convient de déterminer les différentes intenfités de lumière correfpondantes à ces hauteurs. Pour y parvenir, je reprends l'équation (1) du £. 339. log. l'; (1) log. Ta qui, d’après les obfervations de M. Bouguer, devient, b | (2) log. 1 — Ta Jog. /0,000000 36 ): L'unité exprime l'intenfité de la lumière à l'inftant qu’elle émane du Soleil. Au moyen de cette équation lon formera la Table fuivante, TABLE des intenfités des rayons pour les différentes hauteurs du Baromètre correfpondantes aux fommets des trajectoires. HAUT EURS HAUTEURS du INTENSITÉS. du INTENSITÉS. BAROMÈTRE. BAROMÈTRE. em ÆFouces, 28 0,000000 36 16 0,00020800 27 0,00000061 15 0,00035300 26 0,00000104 14 0,00060000 25 0,00000177 13 0,00102000 24 0,00000 300 12 0,00173000 23 0,00000 509 11 0,00294000 22 0,00000865 10 0,00 500000 2% 0,00001470 9 0,00849000 20 0,00002500 8 0,01440000 19 0,0C0004240 A 0,02400000 18 0,00007210 6,184] 0,03800000 12 0,00612200 DES SCIENCES. 24$ . 2 . à Je ne continuerai pas plus loin cette Table qui nous conduit au point que l’on regarde communément comme la limite de l'atmofphère réfractive. (355-) Au moyen des Tables précédentes, il eft aifé de calculer la quantité de lumière que reçoit le centre de l'ombre. Prenons pour exemple une éclipfe qui arriveroit lorfque la Lune eft dans fes moyennes diftances; je fuppofe d’ailleurs que le Soleil eft pareïllement dans fes moyennes diftances, ce qui donne 16 minutes pour fon demi-diamètre. Je calcule d’abord les parties comprifes dans le petit cercle terminateur; je vois que le plus grand des rayons compris dans le petit cercle eft de 8’ 1", que le fecond eft de 6’ 58”; je calcule la zone comprife entre ces deux rayons ; je compare la furface de cette zone à la furface totale du Soleil, & je trouve qu'elle eft une certaine portion de cette furface; & comme Îe premier des rayons répond à 28 pouces de hauteur du baromètre, & le fecond à 27 pouces, je prends dans la feconde Table la moitié de la fomme des intenfités qui répondent à ces hauteurs, je multiplie la portion de la furface trouvée ci-deflus par cette intenfité, & j'ai l'intenfité de la lumière fournie par la zone comprife entre le premier & le fecond rayon. Je calcule de même l'intenfité de la lumière fournie par la zone comprife entre le fecond & le troifième rayon, & ainfi de fuite. Je fais la même opération pour le grand cercle terminateur, en obfervant de m'arrêter au rayon égal au demi-diamètre du Soleil, & j'ai une fomme d’intenfités de lumière, qui, addi- tionnées, donnent la lumière totale demandée. Un exemple rendra ce raifonnement fenfible, Mérhode d'approximarion pour un point quelconque du plan de proje&ion. (3 56.) L’approximation pour un point quelconque du plan de projection ne préfente pas plus de difficultés ; elle entraîne feulement de plus longs calculs. En effet, le difque du Soleil étant excentrique aux cercles terminateurs, la totalité 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE des zones compriles entre les différens rayons GC ne font point néceflairement partie du difque du Soleil, comme dans le cas du centre de l'ombre; il faut donc avoir recours à l'équation (17) du $. 348. DRRI(GERIPAS EPA Er Er) CON FPI== EP L pour conclure Îa portion du difque folaire engagée dans la zone pour laquelle on calcule. (357) Dans l'ufage de cette dernière formule, nous remarquerons que, - ceft le finus total, A' le rayon du difque folaire. G le rayon des différens cercles pour fefquels on calcule. 6 la diflance du centre de ces différens cercles au centre du Soleil; cette diftance doit être exprimée en valeurs du rayon du difque folaire. g la moitié de l'arc du difque folaire commun au Soleil & au cercle dont le rayon eil G. Si cof. @ eft négatif & en même-temps plus grand que le finus total, la furface du cercle dont G eft le rayon, eft toute entière fur le difque du Soleil, & il faut calculer de la même façon que pour le cas du centre de lombre. Si cof. @ eft pofitif & plus grand que le finus total, le cercle qui a G pour rayon eft extérieur au difque du Soleil, & il efl inutile de faire aucun calcul pour ce rayon, ni pour tous ceux qui feroient plus petits. Lorfque cof. @ eft pofitif ou négatif, mais en même-temps moindre que le finus total, alors une partie de l'arc eft commune au cercle qui a G pour rayon & au difque du Soleil ; il faut dans ce cas prendre la partie commune ; bien entendu que cette partie eft plus grande que 180 degrés, fi cof. @ eft négatif, & plus petite que 180 degrés, fi cof. eft pofitif. _ (358:) I me paroît fuperflu d'entrer dans un plus grand détail fur l’'ufage des méthodes précédentes, qui d’ailleurs ne préfentent aucune difficulté dans la pratique. Je pañle au DE SNISUC. L'E IN CES: 247 calcul de la quantité de lumière que recoit le centre de l'ombre dans deux éclipfes, dont lune auroit lieu lorfque le Soleil étant apogée, la Lune eft périgée, & dont l'autre arriveroit lorfque le Soleil étant périgée la Lune eft apogée ; ces circonftances conduifent aux rélultats les plus différens qu’il foit poflible d’avoir. SECTION QUATRIÉME. Application des principes précédens au calcul de la quantité de lumière que reçoit le centre de l'ombre dans les Éclip fes de Lune. (359-) Dans l'application des principes précédens au calcul de la quantité de lumière que reçoit le centre de ombre dans les Eclipfes de Lune, je confidérerai les deux cas extrêmes de la Lune périgée & du Soleil apogée ; puis du Soleil périgée & de la Lune apogée. Application du calcul au cas de la Lune périgée à du Sôleil apogée. (360.) Puifque nous fuppofons le Soleil apogée, fon demi-diamètre eft de 15’ 46”; d’ailleurs, la Lune étant périgée par la fuppoñition , l'on doit faire ufage des réfuliats - de fa quatrième colonne de la Table du £. 353. Je calcule d'abord la furface du Soleil, & je vois qu’elle a 2811470 fecondes quarrées; je calcule enfuite les deux furfaces qui ont refpeétivement 4 1 $" & 3" 12" pour rayons; je vois que la première a 204285 fecondes quarrées; que la feconde en a 115812; je fouftrais la feconde de la pre- mière, & il refle une zone de 88473 fecondes quarrées, ou de 0,0315 de la furface totale du Soleil; je multiplie cette furface par 0,00000046, & j'ai pour premier réfultat 0,0000000145 ; je fais un femblable calcul pour la zone qui eft la différence des deux furfaces dont les rayons font 248 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE refpectivement 3! 12" & 2/ 10", & j'ai 0,0000000185, && ainfi de fuite. Je parviens enfin aux réfultats fuivans : PETIT CERCLE. À GRAND CERCLE. de LUMIÈRE., 0,9000000145 0,0000000122 0,0000000808 LA NA Nour D 0 0,0000000185 0,0000002595 0,0000007075 0,0000017522 0,0000040411 28 0,0000090 378 g | °:0000205740 56 0,0000448170 0,0000982840 0,0001767200 TorAL... 0,0003562861 L'unité repréfente Ia lumière totale du difque folaire. 0,0000000189 0,0000000128 2 ain + Ls “4 Q OQ VA Le CO BR La 0,0000000647 en 6 nm ww = 0 AS 2 y VA J'additionne tous ces nombres, & j'ai pour la lumière totale que reçoit le centre de l'ombre 0,0003 563 508. Application / DE s: SCIE N°CE 5. 249 Application du calcul au cas de la Lune apogée & du Soleil périgée. 1 (361.) Par un femblable calcul, on aura pour fa Lune apogée & le Soleil périgée. BEMREICERCLE: GRAND CERCLE. QUANTITÉ QUANTITÉ RAYONS. de RAYONS. de LUMIÈRE. LU MIÈRE. 2 5 De 42 4I 41 40 37 SPOOOEDOSAMSS | 0,0000003180 0,0000000649 0,0000036572 0,0000000985 er na 0,000000 1478 ; 0,0000002223 0,0000383580 0,000000 3343 Î 0,0001056500 30 0,0000004962 E 0,0000007075 II. 58 0,0000008767 14: 0,0000008 334 2 0,000871 5900 0,000272 5600 0,0006962500 5) 8. 7e 6. S- 4. 3° 1. o. [e] TOTAL... 0,0000038231 ToTAL... 0,00200168 52 a Che 3 J'additionne tous ces nombres , & j'ai pour 1a lumière totale que recoit le centre de ombre 0,00200$ 5082. Dans le cas des moyennes diftances du Soleil & de Ia - Lune, la lumière totale que reçoit le centre de l’ombre égale 0,0009032790. Nous voyons maintenant le rapport qu'il y a entre Îa quantité de lumière que reçoit le centre de l'ombre dans une éclipfe, & la quantité que reçoit un point quelconque de Mém, 1777: Ji 250 MÉMoiREes DE L'ACADÉMIE RoyaALreE la Lune Jorfqu’elle eft dans fon. plein. Cette quantité dépend de Îa parallaxe de Ia Lune. Lorfque cet Aftre eft apogée, la quantité de lumière du centre de l’ombre, eft environ la. 5se paitie de celle que reçoit la Lune dans fon plein; cette quantité nef au contraire qu'un 0,000 36.° de la lumière de la Lune, lorfque cet Aftre eft périgée. Elle eft donc environ . ‘ A1 fix fois plus grande dans le premier cas que dans le fecond. (362.) Pour fe former une idée de l'intenfité de a lumière du centre de l'ombre dans les écliples, prenons le cas de la Lune apogée & du Soleil périgée, & imaginons une écliple qui arriveroit au folftice d'hiver lorfque la Lune étant dans le Méridien, a environ 66 degrés de hauteur. La quantité de lumière du centre de l'ombre ef, d’après nos calculs, de 0,002. A la hauteur de 66 degrés , fuivant les Tables de M. Bouguer, la lumière perd un cinquième de fon intenfité; l’intenfité 0,002 fera donc diminuée d’en- viron un cinquième, & elle ne fera plus que de 0,0016.. Suppofons que le même jour lon oblerve la Lune à l’hori- zon, fon intenfité fera pour les parties qui feront à l'horizon, de 0,0006. Lalumière du centre de l'ombre au milieu de léclipfe fera donc plus intenfe, dans le rapport de 16 à 6. Suppofons la Lune élevée de 1 degré, fon intenfité fera, fuivant M. Bouguer, de 0,0047, & par conféquent trois fois plus lumi- neufe que le centre de l'ombre. À 2 degrés de hauteur, la lumière de la Lune fera douze fois plus intenfe que dans Féclipfe; ces calculs peuvent donner une idée de nos réfultats. Au refte, l'on ne doit point oublier que nous avons pris le cas où la lumière eft la plus vive; & que lors de la Lune périgée, la lumière eft fix fois moins intenfe, (363-) Les calculs que nous venons de developper, expliquent d'une manière fatisfaifante, les phénomènes que l'on obferve dans les éclipfes de Lune. I eft fort rare que la Lune difparoifle totalement, quoique l'hiftoire de l'Aftro- nomie en fournifie quelques exemples. Telles ont été, fuivant Képler & Hévélius, les Écliples du 9 Décembre 1601 EE ce DES SCIENCES. 251 & du 25 Avril 1642. En général, ces difparitions totales doivent arriver principalement vers Îe périgée de la Lune, & l’on en doit chercher la raifon dans l'état particulier de l'atmofphère du lieu où l’on obferve; car d'après la théorie, a Lune ne doit jamais difparoître entièrement. La hauteur de la Lune fur l'horizon influe aufli d’une manière notable fur cette difparition. Nous remarquerons enfin que le petit cercle d'illumination fournit infiniment peu de lumière; puifque dans le cas du maximum de cette lumière, elle n’eft que Ja millième partie de celle que reçoit le centre de l'ombre: on pourra donc dans les calculs que l’on entreprendra pour toutes les diftances de {a Lune, négliger, fans erreur appré- ciable, la partie de a lumière donnée par le petit cercle; & même relativement au centre de l'ombre, on pourra n'avoir égard qu'aux fix ou fept derniers rayons du grand cercle. Au refle, on doit fentir qu'il faut que l'écliple foit totale pour que la Lune foit vifible dans l'ombre; car lorfque l’écliple-n'eft que partielle, la partie éclairée amortit le peu de lumière de Îa partie obfcure, & l'empêche d'être {enfible. Nous remarquerons que dans nos calculs, nous avons fuppofé l'atmofphère pure & fans nuages , telle que la fuppo- foit M. Bouguer, lorfqu’il déterminoïit Ia déperdition de la lumière d’un Aftre à l'horizon. Cette remarque doit faire fentir que nos réfultats, relativement à l'intenfité de la lumière, font peut-être exagérés, puifqu’il n’eft pas probable que l'atmofphère jouiffe par-tout de cette pureté, qui a fait la bafe de nos calculs. On obfervera cependant, que la région des nuages n'étant pas fort élevée, la partie fupérieure de l'atmofphère a, généralement parlant, Ja tranfparence que lui fuppofe M. Bouguer. La lumière tranfmife par les régions élevées n'eft donc point altérée; c’eft principalement fur les bafles régions de l’atmofphère que tombe notre remarque; & comme ce font ces régions qui fourniflent la lumière du petit cercle d'illumination, nous fommes d'autant plus fondés à négliger dans les réfultats toute la lumière de ce petit cercle. li i Fig. 26, 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Jur la diminution de la lumière reçue par le plan de rs AU %2 projedtion , en allant de la circonférence de l'omtre au centre. (364-) Les remarques du paragraphe précédent, fur le peu de lumière que fournit le petit cercle illuminateur, nous met à portée de réfoudre la queftion de la dégr don de la lumière du plan de projection, en allant de la circonférence de l'ombre au centre. Il a pu s'élever des doutes fur cette queftion; car le centre de l'ombre étant éclairé doublement par une portion confidérable du difque folaire, on a pu penfer que ce centre devoit être plus lumineux que les bords même de l'ombre. Ce phénomène auroit effeivement lieu, fans l'extinction de Ja lumière dans l'atmofphère de la Terre; mais {1 l'on fait entrer ce dernier élément dans la folution, &e ül n'eit pas pofhible de réloudre le Problème fans cette confidé- ration, les réfultats feront abfolument différens. En eflet, puilque la lumière du petit cercle d’ilumination eft nulle, il eft évident qu'il ne faut confidérer que le grand cercle illuminateur; or dans cette hypothèle, il eft facile de démon- trer que la lumière doit diminuer graduellement, en allant de la circonférence de l'ombre au LRU Pour s'en convainere, foit 7, 4, 11, 12 le difque de Îa Terre vu du centre C de l'ombre; S, Sr, S2, S3 le difque folaire concentrique au difque de la Terre; S”, Sr, S'2, S3 le difque du Soleil vu d'un autre point « du plan de projection; relativement à ce point, le difque du Soleil eft excentrique au difque terreftre. Il eft clair que les cercles S, Sr, S2, S3,,9, Si, S'2, S3, étant égaux, les furfaces S,S1,9,93, S1,52,S3,S'2 font égales; de plus, la furface 5’, Sr, F2, Sy eft commune aux deux cercles. La lumière tranfmife aux points €, c, par cette dernière furface, pale donc par des parties également élevées de latmofphère, elle eft par conféquent également intenfe. Quant à la lumière tanfmife au point € par. la furtace S, Si, S, S3, & au point « par la furface Sr, S2, S3, S'2; quoique ces DES S CTENCES. 253 furfaces foient égales, il s'en faut beaucoup que la lumière foit également vive. En effet, a lumière tranfmife par la pre- mière furface traverfe des parties de l’aimofphère plus denfe que celle tranfmife par la feconde furface. Le point c eft donc plus éclairé que le point € ; & comme ces deux furfaces augmentent à mefure que le point c s'éloigne du point €, il ef évident que la lumière reçue par le plan de projection diminue en allant de la circonférence de l'ombre au centre. On voit par-là qu'il eft contraire à la théorie, que l'ombre ‘de la Terre foit plus denfe vers la circonférence que vers le centre; que par conféquent, il eft fort douteux que le phé- nomène ait été obfervé, & qu'en tout cas, il feroit dü à des circonftances particulières qu'il eft impoñlible de fou- mettre au calcul. Je paie à une nouvelle queftion, qui par fa fingularité , mérite quelqu'attention de la part des Aftronomes. ANR Te CHA EL NUE Détermination de l'intenfité de la lumière cendrée de la Lune. (365.) Quoique le calcul de la lumière que la partie non éclairée de la Lune reçoit de la Terre, & que l'on nomme lumiere cendrée , ne paroïfle pas avoir de rapport avec les éclipies de Lune ; les principes que nous venons de développer , s'appliquent néanmoins d’une manière fi directe à cette queftion, que je ne puis me refufer de Îa traiter. (366.) On fent affez qu’il n’eft pas poffible de déterminer la quantité ablolue de la lumière que la Terre réfléchit fur a Lune. I faudroit pour cela que l'on eût pu faire dans la Lune, des obfervations analogues à celles que M. Bouguer a faites fur notre globe. Au défaut de poffbilité de pareilles obfervations, on ne peut avoir que des rapports; & com- parer la lumière que reçoit la Lune de la part de la Terre, lorlqu'elle eft nouvelle , à celle qu’elle reçoit dans une autre pofition quelconque. Nous allons nous occuper de cette queflion ; nous ferons ufage dans cette recherche , Fig. 27. 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de quelques principes que M. Bouguer a conclus de fes expériences. PRE MIT ER UP SR TN LLC) TA PAES Si un corps Jphérique eff éclairé par un corps lumineux, l'intenfité de lumière que reçoit chacun des arcs infiniment petits, eff proportionnelle au finus de l'élévation du corps lumirieux au-deffus de l'arc. Ce principe eftévident, & n’a pas befoin de démonflration. 9 E CO N D PirR TN CP ES Si l'on nomme I l'intenfté de la lumière d'un Aftre correfpondante à fes différentes hauteurs fur l'horizon; + fa hauteur fur l'horizon ; & que l'on prenne unité pour la lumière de l’Aftre avant qu'elle s'engage dans notre atmofphère , on a, à très-peu-près, (1) Î = 2,r19fin.y — 2,10 fin°r + 0,73 fin? v. M. Bouguer a déduit cette équation en partie de la théorie, & en partie de fes expériences ; elle eft une fuite de la déper- dition de la lumière dans fon paflage par latmofphère. TRIO 25 RIMIENPIR 1 N Cr PE Si l'on confidère la furface d'un corps fphérique , comme compofée d'une infinité de petits globules fphériques ; l'intenfité de la lumière émanée du corps S, à réfléchie au corps L par une fuite de petits globules places en À, eff proportionnelle à une fonction du cofinus de la moitié de l'angle LAS. M. Bouguer a déduit ce principe de fes expériences; & il a conclu des obfervations la fonétion du cofinus de la moitié de l'angle L' AS qui paroït fatisfaire le plus exactement aux phénomènes. Examinons maintenant quelles conféquences lon peut tirer de ces principes, A maloté me mets SCIE Nic, Else 255$ (367.) J'obferve d'abord que fi l'on n’a point égard à Fig. 27. la parallaxe du Soleil & de la Lune, & que par conféquent, fi l'on fuppofe que les droites menées d'un point quelcon- que À de la furface de la Terre au Soleil & à la Lune, font parallèles aux lignes menées du centre 7° de la Terre ; Fangle LAS eft égal à l'élongation de la Lune au Soleil ; en effet, dans cette hypothèle, il eft évident que l'angle LAS eft égal à l'angle LTS qui melure cette élongation; Z fera donc une fonction du cof. + angle d’élongation. Ces premières confidérations nous font voir que fi l’on nomme y la hauteur du Soleil au-deffus d’un point de Ia Terre; +" la hauteur de la Lune au-deffus du même point ; t l'élongation de la Lune au Soleil; Z une fonction de cof. ? & déterminée par expérience ; Yon aura pour lexpreflion de fintenfité de a lumière A renvoyée à la Lune par la petite furface À de la Terre, (1) Intenfité = Zfin.v afin. y — Bin v+ cfin2v)x (afin. — 2fin£y + c fin?) = Zfinév. fin. (a — bfin.y + cfiny) x {a — bin. y + cfiné y); a, D, c ayant d'ailleurs les valeurs fuivantes, tag bte 2 ose 0775 & Z étant une fonétion de cof. + élongation de la Lune au Soleil. L'équation (1) du préfent paragraphe eft un corollaire des principes précédens. Le facteur Z eft une fuite du troifième principe ; le fa&teur fin.» eft un corollaire du premier principe; le facteur afin. — bfin/ y + cfn y exprime l'extinétion de la lumière du Soleil en parvenant de cet Aftre à la petite furface À de la Terre ; le faéteur afin.» — bn. v + cfinv' exprime l’extinétion de cette même lumière dans fon trajet de la Terre à la Lune. Et en efet , il eft évident que l’on: ne doit pas moins avoir égard à l'extinction de la lumière dans la feconde branche de fa trajectoire , que dans Ia première branche, 256 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE (368.) Soit S le Soleil, L la Lune, C le centre de a Terre, CS la droite menée du centre de {a Terre au Soleil, CL la droite mencte du centre de la Terre à la Lune, CT le rayon de la Terre mené du centre au point 7'éloigné de 90 degrés du zénith du Soleil, C7 le rayon de la Terre mené du centre au point { éloigné de 90 degrés du zénith de la Lune. D'après cette conftruétion, l'angle LCS au centre de fa Terre, fera l’élongation de la Lune au Soleil; le cercle HT fera l'horizon du Soleil; le cercle Æ71A fera l'horizon de la Lune; & la zone AT ht de la Terre, fera celle qui fournira de la lumière à la Lune ; il faut donc calculer la lumière renvoyée par cette zone. Pour y parvenir, fuppofons un grand cercle de la Terre tournant autour de l'axe A Ch interfection des deux hori- zons. Soit Ph l'une des pofitions de ce cercle, il eft évident, d'après nos conftructions, que fi des points S & Z qui répondent aux zéniths du Soleil & de {a Lune, l'on mène par le point P, milieu de l'arc HP4, le cercle SPL, l'angle en P fera droit. De plus, f par un point 47 quelconque du demi-cercle AMP, lon mène au zénith $ du Soleil l'arc MS, & au zénith L de Ia Lune arc A2L, on aura deux triangles fphériques APS, MP L rectangles en P, qui auront l'arc AP commun. L’arc SM fera le complément de {a hau- teur du Soleil au-deflus du point 41, & l'arc LM fera le complément de Ja hauteur de la Lune au-deflus du même point M: d’ailleurs , l'arc L P fera égal à l’élongation de la Lune, moins Farc $ P. Donc, fi l'on nomme € l’élongation de la Lune, e x Varc SP, ÿ Parc PAT, l'on aura LP — € — x; de plus, (Trigonométrie Jrhérique) of SM — cof. x cof. y; cof. LM — cof. (Ë — x) cof.y; donc fn.v = cof. x cof.y ; fin D — cof. (Ë — x) cof. y; donc Ts COR D ESA NE VICE NICE, 257 donc [ $. 367, équation (1)], (x) intenfité de lumière du point M = Z x cof.’y cof*x cof.(£ — x) x (a — bcof.x cof.y + ccofxcof."y) x [a — bcof. /E — x) cof. y + ccoff (£ — x)cof* y]. Maintenant, pour avoir l'élément de la lumière réfléchie, il eft évident qu'il faut multiplier la quantité précédente par dy x dx cof.y, expreflion de la petite furface 4/2; & intégrer Fig. 28. 1.” dans la fuppofition de x conftante; puis une feconde fois en ne regardant que x comme variable ; on aura donc (2) intenfité de la lumière reçue par la Lune — 2 Zf[ [dx (a — bcof.xcof.y+ccof*xcofy) x [a — Zcof. /£ — x) cof.y + cool (f — x)cof.*y]cof*x cof. (£ — x) coftydy]. Il eft fuperflu d’avertir qu’il faut ajouter convenablement les conflantes. Dans la première intégration, par exemple, l'inté- grale doit être nulle lorfque y — o, & elle doit fe terminer à y — god; dans la feconde, l'intégrale doit étre nulle lorfque Ë — x — god, où x — € — 90; elle doit fe terminer à x — 904. (369.) Il eft facile d'avoir l'expreflion de [a — bcof.xcofy + ccoféxcofy)x[a — bcof./& — x) cof.y + coff(£ — x) coffy] coffx col. (£ — x) cofty dy 7. En effet, fi l’on développe cette fonétion , on aura, à caufe de (a— bcof.xcof.y+ccof xcof*y) x[a— bcof. (£—x)cof.y+ ccof? /£—x) cof y1 = + Ecof. (€ — x) cof.x col y + «À co. (£ — x) of.’ x cofy — ab [cof. x +cof. ({—x)]cof.y+ac[cofx+cof (Q—x)] cofy—5ccof. ({— x) cof.x [cof. x + cof. (€ — x)]cofy; Ja—bcof.x cof. y+-ccofx cof*y)x [a — beof. (£— x) cof.y+ccof* (£—x) cof*y] cof x cof. { E — x) cofty dy] = [[& cof* x cof. (E — x) cofty dy] + SU cof(E — x)cofxcofty dy] + [col (£ — x) coftx cof.!y dy] + ffacTcofx + coff(E — x)]cof(£ — x) cof° x cof6y dy] — flabTéof x + cof {£ — %) 1] cof. (£ — #) cofx cof5 y dy] — Slbe [eofxi 4 col (E,— x)] of (6 +») cof x col y dy] ; Mém 1777: KKk 258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lefquelies quantités , attendu que l'intégrale complette doit être nulle lorfque y — o, & qu'elle doit. fe terminer à y — 90, ont pour intégrale 273 arc got a° cof. (£ — 3 — = arc got a cof. (E — x) cof x 2 x 4 + 325 arc po48* cof (£ — x)cof°x 2*x4%6 LE Tr ot NA des 3 4 ER TE D OU CO LS _— x) coffx 2x4x6%x8 ? (64 ) FS 2 arcooïzc [cof* x + cof* (Y — x)] cof. (€ — x) col» 2x4 20 [cofx + cof(f — x)]cof. (E — x)cof®x Le sde Belcof.x + cof. /£ — x)]cof® /g — x)cofx. ASP I faut maintenant multiplier chaque terme par 2 dx, & intégrer une feconde fois en ne regardant que x comme variable, (370.) Prenons d’abord le terme arc 90% a cof. (£ — x) col x x 2 dx. 1 x 3 4 J'obferve que cofx cof.(& — x) = L(1 + cof.2x).cof./£ — x) — T[cof. © — x) + zcof. (Q + x) + +cof. (Q — 3x)]; donc 1x3 ci 1X3 2 x 4 x Leof. (£ — x) + Zcof. (T + x) + + cof. (E — 3*)]dx. arc 9044 cof. (È — x)cof® xx2dx — arc go 4 On a donc pour intégrale du premier terme arc 90!x a°[— fin. (£ — x) + Lin. (& + x) — (TC — 3x)] + À; & comme cette intégrale doit étre nulle lorfque x = — god, DES SCIENCES. 259 & par conféquent lorfque fin. (£ — x) = fin go 1; fin (+ x) = fin (z£ — goi) = — cof.2f; fin. (£ — 3x) = fin(— 28 + 2701) = — cof.26; on a Zacooda { — 1 — jcof. 20) + A = 0. Donc A = gacgoïax (1 + Eco. 2Ë). On a donc pour intégrale du premier terme arc go%a*[ — fin. {£ — x) + Efin C+ x) — Efin ff — 34) +1 +5 scofEÀ. Mais l'intégrale fe termine lorfque x — 904, & par confé- quent lorfque fin. (ê — x) = fin ff — got) — — cof.é; fin. (£+ x) = fin. {£ + 90%) — cof.t; fin. (£ — 3x) = fin. {£:— 2704) — col. £. Donc enfin l'intégrale complette du premier terme = garcgoïix & (1 + +cof. Ê + + cof. 26). Paflons au fecond terme. (371.) Prenons le terme 1x3 Xx5$ 2 2 3 PRE arc 90% #cof(E — x)cof?x x 24%. J'obferve que col (E — x)cofx = &[r + cof (2€ — 2x)]x(3cof.x + cof. 3 x) = 5 [3cof.x + cof. 3x + 3cof./2€ — 2x)cof.x + cof. (2€ — 2x) cof. 3x] = [3 cof. x + cof. 3 x + Z co. (2€ — x) + 2 cof. (28 — 3x) + SOL (2È + x) + Eco (20 — 5x)]. ' KKk ïj 260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE x On a donc à intégrer une quantité de la forme fuivante, 1xX3%xS$ ñ : APE IE arc 90 dx [ 3cof.x + cof. 3 x + Zcof. [26 — x) + co. (20 — 3x) + Ecof. (20 + x) + Eco (2€ — 5x)] Cette quantité a pour intégrale Aacood[3fn.x + fin.3x — Ifin.(28 — x) — Ein./26 — 3x) + Lin (2ê+ x) — Sin (2é— 5x)] + À Et comme cette intégrale doit être nulle lorfque x—Ü— 904, & par conféquent lorfque fin.x = fin. { Ë — 901) — — cof. & fin. 3x = fin. /3£ —270{) — cof. 3 C; fin. (ê— x) = fin. { £ + 901) — cof. fr; fn. Ë— 3x) = fin. { — + 2704) — — cof.é; fn. (+ x) = fin (30 — 904) — — cof. 3f; fn. (2€ — 5x) = fn (— 30 + 450!) = cof. 36 on a ac got ({ — 4cof.£ — £cof. 3 €) + 4 = 0. Donc A = À acooË(4cof.£ + Æcof. 3 €). On a donc pour intégrale du fecond terme, es ac go [3fin.x + Ffin. 3x — Ifin{2t — x) — Lfin.(2ÿ — 3x) + fin (+ x) — Æfin(2l — 5x) + 4 col € + # cof. 3 ET. Mais l'intégrale fe termine lorfque x — 904, & par confé- quent lorfque fin. x — I ; fin.3x = — 1; fin (2 — x) = fin (2Ë — got) = — cof.2£; fin. (2€ — 34) = fin (28 — 270) = cof.zi; fn é+ x) = fin (i+ go) = cof.2t; fin. (20 — 5x) = fin (28 — 450) = — cof.z& DES SCIENCES. 261 Donc enfin F'intégrale complette du fecond terme ; = ze arc 90 (3 + cof. £ + 2 cof. 2 £ + 55 of. 36). Paflons au troifième terme, (372.) Prenons le terme IX3XSxT7 6 3 4° 2e, cof. — #) coff x x 2 dx. Zrxaxésxg cod coff(C ) 2 J'obferve que col (£ — x )coftx — 3: (3 + 4C@.2x + cof.4 x) x [3 cof. /£ — x) NO AIT Ent e x) oLeae ve) + 12c0f. ({ — x) cof.2x + 4cof.(3€ — 3x)cof. 2x + 3c0L. (6 — x)cof. 4x oo B 3+) cof. 4x] = [9 col. (& — x) + 3 of. (3€ — 3x) + 6cof. (+ x) + 6cof. (x — 3x) + 2cof. (30 — x) + 2c0f. (3 — 5x) SOLE + 3x) + Lo (E — 5x) + 200 (30 + x) + 2 Cf. (3t—7x)]. On a donc à intégrer une quantité de Ia forme fuivante, 25 arc 90 c* dx [9 cof. /& — x) + 3 cof. (3 & — 3x) + 6 cof. [£ + x) + 6 (C— 3x) +2. (38 — x) + 2c0f. (34 — 5x) + 2cof.(£ + 3x) + + coQ(é— 5x) + [E — x) col x + DRAP [cof.* # 3-x ÿ [cof.x + cof. {€ — x)]cof. (C — x) cof. x — —— Bcarc9o* [cof.x + cof. (£ — x) ]coff(E — x) cofé x; Je — bcof.xcof.y + ccofx cof*y) x [a _ Bcof. (£ — x) cof.y æ ccof®{£ — x) cof* y] cof.x cof. (£ — x) cof. (+Ù — x) cof.fy dy = "5 arc 90 a* cof. x cof. (£ — x) cof. (FE — x) 2 x 4 4 23 5 arc got P°çof (£ — x) coffx cof. [TE Ë — x) 2 x 4 x 6 1X32X 5x7 2x4%6x8 arc 90 « cof (€ — x) cof5x cof. (£ € — x) TT arc got ac [cof®x+cof(t — x)]cof. ({ — x) cof.xcof. (LE — x) + IC + 4 x 2 x 4 3,15 Dr A 6 Ge eo eo re 2% lcof* {— x) cof x cof. (EE — x), BK IS NT ii ab[cof.x + cof. (£ — x ]]cof. (£ — x) cof.x cof. [5 € — x) Si donc lon multiplie la première intégrale par 228 cof.+ Cdx, la feconde par 2 cof.+C dx, que l'on intègre en ne regardant que x comme variable, & en obfervant que chaque terme doit être nul lorfque x — € — 901, & qu'il doit fe terminer lorfque x — 9o; on aura par une analyfe entièrement femblable à celle des paragraphes précédens , Mém. 1777. Mm 274 MéMoiRes DE L'ACADÉMIE RoYALE (1) Intenfté de la lumière cendrée = [+ & [(acr8ot — &) cof.£ + fin €] + + &[éacr8ot — £) x (1 + Ecof. 2€) + fin. 2 £] + + [(arcr8ot — &) x (9 cof.£ + cof. THE fn. AR 0) + <+ac[(acr18ot — &) cof. & + & fin £ + + fin. 30] — + arc gotab{1 + $ cof. © + > cof. 2 €) — + acgotc(3 + cofË + à col. 27 + + cof. 3 €) ] B cof. + &. + + arc oi (1 + $cof.C + ;cof. 28) + £a né 90° OCEAN EN DIE PR ce EEE + içac god «(8 + Hi cof, + $E cof. 2 € + 7 cof. 3 € + Æcof. 4 ê) + Zac got ae (2 col. t + # es UE AA MR pi — + ab[({1801—&)x(r + cof.£ + Fcof.2 &) + Pin. + Efin.2 {+ Ffin3 €] | ls bc[({i8o1— 6) x (3 + 2cof.£+ 2 cof.2 Ê + Ecof. 3€) + 2fin.L+ Zfin.26 LL fin 3 {+ -Z fn. 40]/ core [= rnpe fin. { + fn 20) 5e arc de BF (fn t + £fin2c+ fine) ads ac go! & (iéfin {+ 22fin2û + # fin. 3£ + final) À ac godec(Zfn.£+ fin2c + fin 32 — Ms 4€) 32 Le ab[({— 180t)x (fin. &+ fin.20) + = + £col.£ — Ecof. 28 — £cof. 3 2] 35 bclié—180%)x(2finç+ 2fn2 6 + TS 36) + ? + $ of — + cof. 2 2 { — 3cof 3% — cf. 4t]) fin. &. 3 Ou en fubftituant à a, b, c« leurs valeurs (2) Intenfité de Ia lumière cendrée = B cof. LE [(arc 1801 — à) x(1:1760 + 4,6132 cof. £ + 0,5880 cof. 2' + o,0152 cof. 34) + 42250 fin. + 0,8820 fin. 20 + 0,3363 fin. 3 64214 — 8,7291 cof. £ — 2,4080 cof. 2 { — 0,1003 co. 3 £]. + coff L0[5,4944 + 77436 cof. Ÿ + 2,4746 cof. 2 Ê + 0,2156 cof. 3€ — 0,0098 cof. 4 — {1801 — ÿ) x (1,4893 + 22338 cof. + 0:7883 cof à & + 0,0438 cof. 3€) — 1,5768 fin. — r,1242fn.28 0,6935 fin. 3 — 0,0073 fin. 4 €]. fin. £[1,5608 fin. £ + 0,9688 fin. 2 & + 0,070 fin. 3€ + 0,0062 fin.48 (1801 — ÿ) x (0,3504 fin. Ÿ + 0,3942 fin. 2 { + 0,0219 fin. 3€) 0,1861 — 0,1477 cof. & + 0,1825 cof. 2 Ê + 0,1477 cof. 3 0,0036 cof. 4 €]. FEES +++ DES SCIENCES. 27S (382.) On peut faire fur cette formule des remarques analogues à celles du $. 379. En général, cette formule fait décroître {a lumière cendrée plus rapidement dans le pre- mier quartier de la Lune, que la formule du $. 376. Âu refte, on ne doit point oublier que par l'intenfité de la lumière cendrée , nous n’entendons pas une intenfité abfo- lue, mais une intenfité relative. C’eft le rapport, & non Îa quantité abfolue de lumière que réfléchit chaque point de la Lune, eu égard à fes différentes pofitions relativement au Soleil. Nous remarquerons enfin que le facteur B + fin. s' a été introduit par M. Bouguer, dans le calcul de l'illumina- tion des Planètes /$. 80), pour rendre raifon de l'égalité de l'intenfité de la lumière réfléchie par le centre & par les bords de la Lune; mais comme {a valeur de B neft pas fuffifamment connue par l'expérience, nous nous abftiendrons d'entrer dans un plus grand détail fur cet objet. 2 RAT TC IL ER E Détermination des infflans où le perir axe de | “ellipfe , Sous laquelle l'anneau de Suturne fe projette à nos yeux, eff égal au diamètre de Saturne. (383) Dans mes effais fur les phénomènes relatifs aux difpa- ritions périodiques de l'anneau de Saturne, j'ai fait voir que la meilleure méthode pour conclure l'inclinaifon du plan de l'anneau fur l'Écliptique, confifte à melurer avec exactitude | le rapport des axes de f'elliple fous laquelle l'anneau de Saturne fe projette à nos yeux. J'ai donné une formule pour conclure de ces obfervations, linclinaifon du plan de cet anneau. J'ai remarqué en même-temps, que ces obferva- tions n'étoient pas poflbles dans toutes les politions de Saturne , qu'il falloit pour cela que le petit axe de l’ellipfe débordat {a Planète, ou qu'au moins il füt égal au diamètre de Saturne. J'ai démontré que les phénomènes n’avoient lieu que Jorfque Saturne parcourt dans fon orbite depuis 1f 19130" juiqu'à 321434, & depuis 7/19d309/ jufqu'à 9f214 34/: m 1} 276 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE jai enfuite donné une Table des temps où ces obfervations avoient été poflibles , depuis 1600 jufqu'en 1900. Voici cette Table. TABLE des années dans lefquelles le petit axe de l'anneau de Saturne a débordé le globe de la Planite, depuis 1600 jufquen 1900, relativement à un Obfervateur placé dans le Soleil. COMMENCEMENT ETS N du du PHÉNOMÈMNE. PHÉNOMÈNE,. D De AE Peters GÉtobre. LEE: Septembre. ....:... HO A A NRMETS: en lee sic 1622 Otobre...........:1631 | Avril............ 1637 Mars eeisfaieleioies MON A OUT cie Veille 1651 Marss ans aie sfalets OO Septembre... :..4.1. 4.110666 Août: st. Rte tie nGZOUR Hévrentie. LOUE LT Septembre. . ....... 1690! Mars... BE A 1006 Février... SORTE 7) MAR ECO MINCE “11700 Février M TEE UTrE7 2 ON NEA Ge AMI EE PRO 72 Juillet............ 1735 | Janvier. .......... 1740 AO SERRE 1749 INFévrierse 150 SOUS Janvier 1 2 M7 65h üin LR ar Ca Janvier res IAE Ar 9 Maille er ee . 1784 Juin............. 1794 | Décembre...... 2.1.1 1798 Juillet+ "Pie tt: ++ 1808 | Janvier. .......... 1814 Décembre. 1.41 1823 [Maïs 20. st el TRE Décembrests #0" 4112583721 Jiine era 1e LENCO 45 Maï...........,.. 1853 | Novembre......... 1857 Juin sisi. t sent. 1867 | Décembre. 1... 1872 Novembre: mise L68201h Avril ARRETE... L 1887 Novembre. 30. 10078 060 Mar HR te 1902 $ D VNSIADAC LE IN CRE TS. 277, J'ai remarqué pareillement, que comme les calculs précé- dens avoient été faits pour un Obfervateur fuppofé dans le Soleil, & que le mouvement de la Terre dans fon orbite, influe fur le réfultat, le phénomène pouvoit avoit lieu pour la Terre, cinq ou fix mois plus tôt ou plus tard qu'il n’eft marqué dans la Table. J'ai fait voir aufi que versles limites, il ya de petites ofcillations occafionnées par le mouvement de la Terre, & que dans la même année l'on peut obferver alternativement des inflans où lanneau déborde le globe de Saturne, & d’autres inftans où le globe déborde l'anneau. J'ai enfin donné la formule avec laquelle on calcule pour la Terre , les inftans précis où le petit axe de l'anneau de Saturne eft égal au diamètre de la Planète, mais fans y appliquer des nombres. (384-) Depuis la publication de mon Ouvrage, il m'a paru que quelques Aftronomes étoient curieux d’oblerver ces inftans; ils m'ont fait l'honneur de me demander mes calculs relativement à cet objet. C’eft pour répondre à leur empref- fement que je reprends ce fujet en peu de mots; je partirai des équations démonirées dans mon Ouvrage, & je donnerai la méthode pour réfoudre le Problème. De l'équation qui réfour le Problème. (385.) Soit a le demi-grand axe de l'orbite terreflre ; Æ la diftance du foyer au centre de l'orbite; P le paramètre du grand axe; 5 l'angle du rayon particulier de l'orbite de la Terre correfpondant à l’origine des angles traverfés , avec le grand axe de l'orbite terreflre ; dans cette queftion, nous fuppoferons que l’origine des angles traver{és répond au nœud afcendant de l'orbite de Saturne ; u Yangle traverfé par la Terre; Æ le rayon vecteur de la Terre correfpondant à l'angle 4 ; # le demi-grand axe de l'orbite de Saturne ; £' la diflance du foyer au centre de l'orbite ; P' le paramètre du grand axe ; Fig. 30. <® 278 MÉMoiREs DE L’ACADÉMIE RoYALE b' Yangle du rayon particulier de l'orbite de Saturne, correfpondant à l’origine des angles traverfés ; dans cette queftion, nous fuppoferons que l'origine des angles traverfés répond au nœud afcendant de l'orbite de Saturne ; a’ l'angle traverfé par Saturne ; R' Ie rayon vecteur correfpondant ; r le rayon du cercle fur lequel font mefurés les angles traverfés ; nous fuppoferons ce rayon égal à {a moyenne diftance de la Terre au Soleil — 100000. Nous avons fait voir que l’on a en général, (a)/2 RTE of Ya 2 APT AD EN a (2) 2 REF cof (# de &') +7] — TP = 0; ou, à caufe de p — 199944; - —= To: P—= 1901948 ; ns LE (3)2 R[o,016802 cof. {u + 6) + r] — r99944xr = 0, (4)2 RTo, 05573 cof. (+ bd) + 7] — 1901948xr = o. (386.) J'ai fait voir enfuite, que fi du centre S du Soleil Jon mène au centre € de Saturne, Île rayon vecteur $C, que du centre C de Saturne l'on abaiffe la perpendiculaire CEfurlÉcliptique, & que l’on joigne les points SE; la droite SE fera la projection du rayon vecteur de Saturne fur l'Écliptique. J'en ai conclu, que fi l'on cherche la valeur de l'angle CSE, formé par le rayon vecteur SC de Saturne & par fa projection SE fur l'Ecliptique, ainfr que l'angle ESN de la projection SE du rayon vecteur, avec la ligne SN des nœuds de l'orbite de Saturne, & que lon nomme B l'angle CSE, C T'angle ESN, I Yinclinaifon de l'orbite de Saturne fur l’écliptique, # l'angle traverfé par Saturne depuis fon paffage par la ligne des nœuds, D'ÉSIISICLENCE Ss. 279 on a L Fig. 30, fin. xfin. ] tang.# x cof. 7 8 3° (1)fin. B = NE ro as (NET NS Tr & en fuppofant l'inclinaifon de l'orbite de Saturne de 24130/20" fur l'Écliptique, (3) fn. B — 0,04372 fin.v'; (4) tang. € — 0,99905 tang. #’. Nous avons fait voir également, que fi lon nomme 8 ! angle NS Pde la ligne SN des nœuds de l'orbite de Saturne, avec la droite SP perpendiculaire à la ligne SA des nœuds de l'anneau, on a (5) angle de la projection du rayon vecteur de Saturne fur VÉcliptique avec la perpendiculaire à a ligne des nœuds de l'anneau NC EENE Nous remarquerons, qu'il fuit de Ia définition précédente de /, que (6) / — 901 + longitude du nœud de l'orbite de Saturne fur YÉcliptique — longitude du nœud de l'anneau fur l'Écliptique, (387-) Soit maintenant R' le rayon vecteur de Saturne, R" fa projedion fur l'Écliptique , P la diftance perpendiculaire de Saturne à V'Écliptique , on aura (1) R"= R'oof.B. (2) P — R'fin.B _ R'fin.s’fin.} HE 04 ALLIE PRE (388.) Si dela projection Æ de Saturne fur l’Écliptique, on abaïffe une perpendiculaire ED fur la perpendiculaire SP à la ligne SA des nœuds de l'anneau & de l'Écliptique, & que l'on nomme D la diftance S D du pied de cette perpendiculaire au Soleil; on aura R" cof. (C +1) R'cof. B cof. (C + 1) (DPDE= 7 Ca 280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ( 389.) Si par la projection Æ de Saturne, fon mène Ja droite Æa perpendiculaire à l'interfection ax du plan de l'anneau & de l'Écliptique, & que l’on nomme D' Ia diftance Ea de la projection ÆE de Saturne fur l'Écliptique au point d’interfeétion du plan de l'anneau & de l'Écliptique ; on aula P cot. (inclin. anneau) R'fin. 2 fin, Zcot. (inclin. anneau) Tr r (r) DE 3 . (390.) On concluera de ces recherches, que fi l’on nomme D" Ia diflance Sr du Soleil au point # où Ie plan 4» de l'anneau coupe la droite SP, menée par le Soleil fur l'Écliptique per- pendiculairement à la ligne S A des nœuds de l’anneau ; on aura (1) D'=D+D' = R'cof. B cof. [C +1) Fe R'fin.1t fin. 7 cot, (inclin. ann.) Ca re (39r.) Soit maintenant [a Terre dans un point quel- conque 7° de fon orbite 7; du point 7, abaïflons fur la ligne AS des nœuds de l'anneau, la perpendiculaire 7 M dont le prolongement 7% rencontre en # l'interfection au'n du plan de l'anneau & de l'Écliptique; & foit, R le rayon vecteur TS de Ia Terre ; 4 Vangle traverfé depuis le point Æ qui répond au nœud afcendant de l'orbite de Saturne; il eft évident que l’on aura R cof. fu + 1) , (1) TM = L LA Et par conféquent fi lon nomme D" la diflance perpendiculaire T'x' de la Terre à Finterfeétion du plan de l'anneau & de l'Écliptique; on D'ENSM STCUTE N CES, 231 on aura (2) D"= D'— TM = = R cof. [u + 1) re RS NE (392.) Imaginons maintenant que le plan de l'anneau de Saturne foit indéfiniment prolongé, & qu'il foit repré- fenté par le plan CG» a. Soit Gw' l'interfection de ce plan, & d’un plan 7 Gn' mené perpendiculairement à l'Ecliptique par la droite T'#', & foit TG la perpendiculaire menée de [a Terre à l'interfection G#, dont nous venons de parler; on aura TG : Tn' : : fin. (inclin. anneau) : fin. total, Mais R'cof. B cof.{C + 1) R'fin, #fin, Zcot, (inc. ann.) a — © ————— + a Ç;—————————— n el Tr = D"; Donc R'cof. Bcof. (C +} R'fin.#fin. l cof. (indl. ann. {1) TG= - = c nel ann.) + R'fin.s/fin, 2 cof. (incl. ann.) r me R cof. {u + 1) fin. (inclin. anneau) F (393-) Imaginons maintenant que de la Terre 7 l'on mène à Saturne le rayon TC; ïl eft évident 1.” que, rela- tivement à nous, l'anneau de Saturne fe projettera fur le plan bCB perpendiculaire au rayon 7'C; 2.° que fi du point G Yon mène fur 6CB la perpendiculaire GB, comme d’après la conftruétion le plan 7 CBG ef à la fois perpendiculaire au plan de l'anneau & au plan de projection, l'angle G CB fera le complément de l'angle TCG, & mefurera l'élévation du plan de l'anneau de Saturne au-deflus du plan de projection. Si donc l’on nomme A la diftance TC de la Terre à Saturne, élévation du plan de l’anneau de Saturne au-deflus du plan de projéction, aura pour expreflion , (1) cofn. (élévation du plan de l'anneau au-deffus du plan de projection) = Mém. 1777. l Nn Fig. 30. Fig. 31 r>rTG A 282 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais le rapport du grand axe au petit axe de Îa figure elliptique, fous laquelle l'anneau de Saturne fe projette à nos yeux, eft dans le rapport du raÿon au cofinus de l’élé- vation du plan de l'anneau au-deffus du plan de projeétion; fi donc l’on nomme m1 : — le rapport du grand axe au petit axe de l'anneau ; LA on aura pour un inflant quelconque, A L/14 ELErre Nous avons donné ci-deflus l'expreffion de TG; quant à À, il a pour expreflion, 2 R'R cof. x cof. u! fin. a fin. # cof. Z (é RE ee 2e LA r La (3) A= VIRE + R— (394) Si dans l'équation (2) du paragraphe précédent , lon fubititue à À & à 7°G leurs valeurs, on aura # : 2R'R cof. u cof. fin, u fin. x’ cof. Z G)— V[R'*+ R° — ps ll : R' cof. B cof. (C + L) R cof. (a +!) = : ] fin. (incl. ann.) R'fin. # fin. / cof. (inclinaif. anneau) 1° — ©. OMS AU Si Ton fuppofe à — une valeur quelconque, on déter- minera à quels inftans le phénomène aura lieu. Et fi lon fait ñ 2 , . . x Ve — >, on réfoudra le cas particulier où le petit axe de m l'anneau eft égal au diamètre de Saturne, Mérhode d'approximarion. (395-) Si lon vouloit réfoudre généralement l'équation (1) du $, 394, il faudroit d’abord fubftituer à À’ & à R leurs valeurs tirées des équations (1) & (2) du f. 385; afin de réduire le Problème à deux variables #’ & u: il faudroit enfuite éliminer une des deux variables, au moyeñ DE SO ICRUIFANEG ES 283 de la relation entre Île mouvement de Saturne dans fon orbite, & le mouvement correfpondant de la Terre : on fent aflez qu'une pareille opération n'eft guère praticable. On pourroit aufir, au moyen des Tables aftronomiques, eflayer les différentes valeurs de R', R, w’, u correfpondantes, qui rendent l'équation nulle; mais ce tâitonnement, s'il n'étoit guidé par aucune confidération particulière, conduiroit à des calculs très-pénibles. Voyons donc fi l'on ne peut point approcher affez près des véritables valeurs qui rendent nulle l'équation, pour que le tâtonnement devienne facile. 96.) Je remarque d'abord que comme il ne s’agit que d'une méthode d’approximation, dans l'équation (1) du f. 394 ON pourra lpponcotl NN R Er, ct Br, — 4; on aura alors , ! of. {i) 2 HR°E 2 R'co fd — 1) ] — LOT ; m ’fin.Zcof. (incl.ann.) | gr cof.(u + 1) fin. (incl. ann.) — R'fin.J cof. (incl. ann.) fin. = 0; r 1} ou réduifant le radical en férie , en négligeant les termes divilés par À’ & par fes puiffances, ; A LES de (ohne PR EE 7x — 4)] —[ “ = “A2 2 - R' fin. songe ann,) a cof. {u + /) ]fn. (incl. ann.) — T = ©. Li Dans l'ufage de cette dernière formule & de celles qui vont fuivre, on emploira les fignes fupérieurs lorfque les phénomènes que l’on calculera auront lieu , tandis que Saturne parcourt la partie de fon orbite comprife entre 111184 & s'18'; on emploira les fignes inférieurs dans le cas contraire, (397) Puifque cof. (4 — 2) — AEAENLE * LEREENS r cof. # cof. Z — fin. #’ fin. / & que cof. {(u + 1) — : , l'équation (2) du paragraphe précédent peut être mife fous la forme fuivante, Nni 284 MÉMOIRES DE L’ÂCADÉMIE ROYALE 3 ñ L (i)+—2RT r cof. x cof. 4 fin. 2 fin. # m nm — R'rfin.(ind. ann.) cof. (+ !) — R'fin. J cof. (incl. ann.) fin. # + 7 fin. (incl.ann.) cof. /cof. # — 7 fin. (incl. ann.) fin. / fin. 4 = o. Soit maintenant fin. (inclin. ann.) cof. 7 x M = re Col ee r m AL pau A ANS fin. (inclin. ann. ) fin. / F m r us LA Faset R' finus ( inclinaifon anneau) cofinus /# + 1) m Le R'fin, Zcof. (inclinaif, ann. ) fin. # = ——— : LA l'équation (1) deviendra (2) Pr + M cof.u — Nfnzx = o. Soit enfin A un angle tel que l’on ait tang. À = LE ; D un angle tel que l'on ait fin. D = 2e A ’ ‘équation (2) deviendra (3) x — À — D = 0. Des arcs que Saturne parcourt dans fon orbite pendant le temps que le Phénomène eff poffible. (398-) Je remarque que l'équation (3) du f. 397 ne peut avoir des racines réelles que lorfque langle 2 eft poffible , & par conféquent , qu'autant que fin. D eft moindre que r; on a donc pour limite des folutions réelles, (1) Nr — Pcof. À — o. Il fuit des conflructions précédentes, que #* N° — N'cof.* À — M cof À — o; mais /Vr — P cof. À = 0, on a donc pour limite des folutions réelles, GrP-N-ME=0o. DES SCIENCES. 285 Si l'on reprend les valeurs de 41, N ,P du f. 397, on trouvera facilement que nr É + fini (indin.ann.) — fin. (inclin. ann.) cof. (u' + 7); M N°— m on aura donc à réfoudre une équation de la forme fuivante, CAES R'fin. (inclin. ann.) cof. /# + 1) R'fin. 1 cof, (inclin. ann.) fin.’ un ec cure - F 27 = fin. (inclin. ann.) cof. {x + 1) — Lies — fin. (inclin. ann.) = o. m Cette équation, du quatrième degré, eft facile à réfoudre fous la forme que lon vient de la préfenter, en remar- quant que les valeurs qui y fatisfont, diffèrent d'environ fix degrés en plus & en moins des valeurs que nous avons indiquées dans le $. 383. Application des équations précédentes aux époques où le petit axe de l'anneau de Saturne égale le diamètre de cette Planète. (399:-) Je dois maintenant appliquer les équations précé- dentes aux époques où le petit axe de l'anneau de Saturne égale le diamètre de cette Planète, Dans cette recherche, je ferai ufage des moyens mouve- mens de la Terre, ainfi que de fa moyenne diftance au Soleil; maïs j'emploirai pour Saturne les élémens qui ont lieu vers les inftans dont il s’agit. Je fuppoferai | Lieu du nœud afcendant de l'orbite de Saturne. . .…. 222 Lieu du nœud de l'anneau fur l'Écliptique. . ....., se 18. PREMIÈRE ÉPOQUE, (400.) Cette première époque à lieu lorfque 1a longitude de Saturne, vue du Soleil, eftd'environ 3f224; elle répond 286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE aux années 1798, 1828, 1857, 1887. On a alors R'— 903600, Rapport du mouvement de Saturne au mouvement de la Terre * dans leurs orbites refpectives = 0,03760, “Arc parcouru par Saturne dans fon orbite , Sdepuis 3f 154 32° tandis que le phénomène eft poffible, jufqu'à 3. 29. 574 SECONDE ÉPOQUE. (40 1.) Cette feconde époque a lieu LAQUE la longitude de Saturne, vue du Soleil, eft d'environ 7! 20d; elle répond aux années 1779, 1808, 1837, 1867, 1896. On a alors R= 992710, Rapport du mouvement de Saturne au mouvement de Ia Terre dans leurs orbites refpectives — 0,03134, Arc parcouru par Saturne dans fon orbite, depuis 7° 154 4 tandis que le phénomène eft poffible. )jufqu'à 7. 2 5. TE TROISIÈME EPOQUE. (402.) Cette troifième époque a lieu prie la longitude de Saturne, vue du Soleil, eft d'environ 9!22d; elle répond aux années 1784, 1814, 1843, 1872, 1902. Onaalors R' — 1003600, Rapport du mouvement de Saturne au mouvement de Ia Terre dans leurs orbites refpectives — 0,03060, Arc parcouru par Saturne dans fon orbite, depuis 9f 161 29° tandis que Île phénomène eft poffible. jufqu'à 9. 29. 27. QUATRIÈME ÉPOQuUE. (403.) Cette quatrième époque a lieu lorfque la longitude de Saturne, vue du Soleil, eft d'environ 1!20d; elle répond aux années 1794, 1823, 1853, 1882. On a alors R' = 912620, Rapport du mouvement de Saturne au mouvement de la Terre dans leurs orbites refpectives — 0,03676, Arc parcouru par Saturne dans fon orbite, Sdepuis 1 144 34 tandis que le phénomène eft poffble, )jufqu'à 1. 26. 34 DUEMSUSEC'ISE NV trs: 287 (404.) Je remarque maintenant que dans l'équation (1) du $, 397, les feules quantités fur efquelles le mouvement de Saturne dans fon orbite influe fenfiblement, font les termes R' fin. (inclin. ann.) cof. /# + 1) R' fin. / cof. (inclin. ann.) fin # F ? # ire |] J'ai divifé chacun des termes de cette équation par r?. Dans tous les autres termes, on peut fubftituer fans erreur fenfible, attendu la petiteffe des coëfficiens,, à cof. 4’ & à fin. #/, la valeur moyenne que lon conclut des calculs des f. 400, 401,402 © 403. Ainfi, par exemple, dans les expreflions de 1 & de N, on pourra pour les diférentes époques, fubftituer à #’ les valeurs moyennes tirées des calculs précé- dens; & fi l’on nomme B' les valeurs moyennes conclues des paragraphes précédens , on aura VALEURS def’ rs PERS ÉPOQUE. | ÉPOQUE. u Ituer aux valeurs de #’ dans les expreffions Et au lieu des valeurs de 41 & N du $. 397, on aura les fuivantes, fin. (inclin. ann.) cof. / ñ M Re Es er) Æ —— cof. B'; LA N-— fin. (inclin. ann, ) fin, ? Fa La fin. £. LA m Nous fuppolerons conftante pour chaque époque , 1a diftance de Saturne au Soleil; c’eft-à-dire que nous regar- derons comme circulaire cette portion de fon orbite, en lui donnant toutefois les dimenfions particulières qui conviennent à l'époque dont il s'agit, 233 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE R' fin (inclin. ann.) cof. {u! + 2} 2 (405-) Quant aux termes = R! fin. Z cof. (inclin. ann.} fin. # Que . ‘ LHC I Dose er © , voici le calcul qu'il faut faire. & g Soit & Ia diftance de Saturne dans fon orbite, au nœud afcendant de cette orbite, à l'inftant où la Terre paffe dans le nœud afcen- dant; on choifira les paffages de la Terre par le nœud afcendant le plus voifin des inftans où Saturne à la poñtion déterminée ci-deflus ; [1 7 . “ —— le rapport de l'angle traverfé par Saturne dans fon orbite à l'angle x traverfé par la Terre dans le même temps; il eft évident qu'en vertu du théorème de Taylor, les termes R! fin. (inclin. ann.) cof. {w# + 1) R' fin. Z cof. (inclin. ann.) fin. 2” Nr GRO NRETRU L1 & ES PT EL 0 L] r r pourront fe transformer dans les expreflions fuivantes , R' fin. (incl. ann.) R'fin. (incl. ù cof. (B +1 + _ D SF ne ann. cof. (B +1) r r a R'fin.(indin.ann.) fin. /B+ 4) Dr ge “ R' fin, Zcof. (incl. ann.) a R'fin, 1 cof, (incl.ann.) fin. B 7 fin. (8 RU RS one a R'fin. Zcof. (incl. ann.) cof. B 14 A Dans ces dernières expreflions, on peut, à caufe de [a petitefle du coëfficient =, fubflituer l'angle R' à Fangle 8, . 7 a dans les termes multipliés par ——. (406.) Si l'on conferve les valeurs de A1 & de N du $- 404, & que de plus l'on fuppofe per LA PIS R! (finus inclinaifon mien) cofinus {@ +- 1) É m r R! finus Z ( cofinus inclinaifon anneau) finus @ Q __ a R’fin. (incl,ann.) fin. /8/+7) a R'fin./cof. (incl.ann.) cof. 8’ Ca À r° PTE É ; l'équation DES SCI1E£ENC=zSs, 289 l'équation (1) du $. 397, deviendra (1) Qu + Mocof.u — Nfin:u + Pr — 0. Il s’agit de déterminer le nombre des racines réelles de cette dernière équation, qui ne contient de variables que z & L. (407) Pour déterminer le nombre de valeurs réelles de u,il faut déterminer les valeurs de 2 qui donnent à l'équation des racines doubles par rapport à ; puifque c’eft par ces racines doubles que les racines de l'équation paflent de l'imaginaire au réel, ou réciproquement, & que par conféquent l'équation acquiert ou perd des valeurs réelles. Or 1a théorie de maximis © minimis nous apprend que l'équation dont il s'agit a des valeurs doubles lorfque lon a la condition luivante, (1) Qr — Min x — N cof. x — o. L'équation (1) du $. 406 ne peut donc avoir des racines doubles que quand l'égalité du demi-petit axe de l'anneau de Saturne & du demi-diamètre de la Planète arrive lorfque la Terre a décrit dans fon orbite, depuis fon pafñlage par Le nœud afcendant de la Planète, l’un des angles déterminés par l'équation (1) du préfent paragraphe. Nous verrons par la fuite (S. 413) quelle doit être la valeur particulière de R pour que le phénomène ait lieu. (408.) Pour faciliter la réfolution de l'équation (1) du paragraphe précédent, nous remarquerons que {1 l'on nomme À un angle tel que l’on ait tang. À — VE 7 D un angle tel que l’on ait fin. D — cette équation deviendra ()42+4 = D — 0. (409.) Nous remarquerons que fi dans l'équation (1) du ee 406 , au lieu de regarder — comme connue, & & Mém. 1777. Oo 290 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoyALE comme variable; lon regardoit B comme connu, & — comme variable, & que l'on voulut déterminer les valeurs de # qui répondent aux maxima © minima de —, l'analyfe conduiroit à l'équation (1) du $. 407. En effet, dans cette dernière hypothèfe, les variables font P & . Si donc l'on différencie cette équation, & que lon fafle 4 P — o, pour avoir la valeur de #, qui répond au maximum & au mini- 111 . mum de 00 retombera dans léquation du $. 407. On doit donc conclure que les valeurs de ”, par lefquelles l'équation (1) du f. 40 6 acquiert ou perd des racines réelles, lorique d’ailleurs 8 a la condition requife, font dans tous les VA ' DE 7 cas des valeurs qui répondent aux maxima où minima de —, 7 (410.) On pourroit faire en général fur le nombre des racines réelles de l'équation (1) du $. 406, des raifonnemens femblables à ceux auxquels je me fuis livré dans mon Effai Jur Saturne, relativement au nombre des racines réelies d’une équation analogue. Je n'entrerai point dans un auffi grand détail; jé me contenterai d'examiner ce qui a lieu pour Saturne dans le cas particulier qui nous occupe. (411.) Au moyen de féquation (1) du $. 407, on peut former la Table fuivante, Vareurs de uw dédiites de l'équation (1) du S. 407. p'E:s, $C 1 E N°C'E:s. 291 On ne doit point oublier que ces valeurs répondent dans . . . LL tous les cas aux maxima & minima de Ts CEUX D ES LA OT ER KE ° n < ANS aux äinflans où —— eff un Maximum où un Minimum. m PREMIÈRE SECONDE TROISIÈME | QUATRIÈME À ÉPOQUE. ÉPOQUE. ÉPOQUE. l. 10. 46 min. À 5. 2. AS max. | 7. 7. 31 min. 5 STI: 6. 4. 46 max.| 9. 22. 44 min. | o. 6. 29 max. . 2$ min. EME XX LRU; SSs-0;:L. E I-L - dans les mêmes circonflances. RS I 7. 10. 46 min. |11. 2. 45 max. | 1. 9. 31 min. | S. 1. $ max. À o. 4. 46 max.| 3. 22. 44 min. | 6. 6. 29 max.| 9. 25. 25 min. À Nous remarqueronsenfin que l'équation (1) du $. 407, prife généralement, donne non-feulement les valeurs de que nous avons mifes dans la première Table, mais encore ces mêmes valeurs augmentées ou diminuées de 360, 7208 ee 412.) Pour que l'égalité du demi-petit axe de l’anneau de Saturne & du demi-diamètre de cette Planète, arrive Jorfque la Terre a décrit dans fon orbite, depuis fon paffage par le nœud afcendant de l'orbite de la Planète, l’un des angles déterminés par l'équation {1} du ç, 407, il faut d’ailleurs que le lieu correfpondant de Saturne ait une cer- taine valeur. Cette valeur fera déterminée par l'équation (1) du $. 397, dans laquelle on fubftituera aux quantités # Oo ij 292 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyaLe alors connues, {es expreffions convenables. Pour faciliter lufage de cette équation, nous la mettrons fous [a forme fuivante, (1) + CRRTEE Poofucold + = r fin. « fin d m m nm — R'fin. (inclin. ann.) cof. /cof.#' + R'[fin. (inclin, ann.) fin. Z — fin. Z cof. (inclin. ann.) ] in. # + r° fin. ( inclin. ann. ) col. (u + 1) = 0. Soit maintenant N' = R'fin. (fee ann.) cof. Î + LT r m ME RER cs IE LE Le r n +" fins; r r m (Hz fin. (inclin. ann.) cof. /u + 7) Bi # R':; r m LL l'équation (1) deviendra (2) M'fin. d — N'cof.u + Sr = 0 Soit enfin \ ; N A' un angle tel que l'on ait tang. 4 = - — ; : , fin. 4’ D'un angle tel que Von ait fin. D = _ ; eette équation deviendra (3) & — À + D = o. È (413-) Au moyen de l'équation (3) du $. 4172, lon connoîtra quel doit être le lieu de Saturne dans fon orbite, correfpondant aux valeurs de 4 déterminées par l'équation (1) du $. 407, pour que l'équation ( 1) du $. 406, acquière ou perde des racines doubles. Et comme on connoît d’ailleurs la diftance de la Terre au nœud afcendant de l’or- bite de Saturne, ainfi que le rapport des mouvemens de Saturne & de la Terre dans leurs orbites refpectives, on conclura quel doit être le lieu de Saturne à l'inftant où la Terre pafe par le nœud afcendant de cette Planète, & par conféquent la valeur de B, pour que toutes les conditions foient fatisfaites. On auroit pu déterminer directement Ja valeur de 8, au moyen de l'équation (1) du $. 406. DES SCIENCE Ss. 293 LIEUX DESATURNE Pare DESATURNE VALEURS de « à l'inflant dans fon orbite où 12 Terre à l'inftant pafle dans Je nœud du Phénomène. afcendant de la Planète, déterminées par l'Équation (1) du $. 407, z V4 LR Eronoe] DRE u [ I. ÉPOQUE 4 III.° ÉPOQUE IV.‘ ÉPoQuE Du nombre des racines réelles de l'équation (1) du $. 406, pour chaque Epoque. 414.) Pour conclure le nombre des racines réelles de l'équation (1) du $. 406, relativement à chaque époque, je reprends les confidérations analogues à celles de mon Ouvrage fur l'anneau de Saturne. Prenons, par exemple, la première époque ( ce que nous allons dire fur cette époque s'appliquera facilement aux autres ). Je remarque que pour cette époque, fi lors du paflage de la Terre par le point de fon orbite correfpondant au minimum de e (S: 411), le petit axe de anneau eft plus petit que le demi-diamètre de Saturne, tandis que lors du paflage immédiatement précé- dent par le point maximum, le petit axe de l'anneau étoit plus grand que le demi-diamètre de la Planète, on a eu 294 MÉMorres DE L'ACADÉMIE RoyaALr néceffairement dans l’intervall ces deux paflages, le cas d'égalité. Si enfuite lors du nouVeau paffage de la Terre par de point maximum, le petit axe de l'anneau eft redevenu plus grand que le demi-diamètre de la Planète, on a encore pu obferver une nouvelle égalité, & ainfi de fuite. Le nombre des racines réelles de l'équation (1) du $. 406, eft donc égal au nombre de fois que les valeurs fucceflives du petit axe de l'anneau correfpondantes aux points maxima & minima, pafient de l'état plus grand que le demi-diamètre de ia Pla- nète, à l'état plus petit, &;réciproquement. Mais d’après les réfultats précédens, la valeur du petit axe de l'anneau, cor- refpondante au point minimum, ñe commence à être plus petite que le demi-diamètre de Saturne, que lorfque cet Aftre eft parvenu à 319 18, à l'inftant où la Terre pafle par le nœud afcendant de l'orbite; la valeur du petit axe de l'anneau correfpondante au point maximum ne peut être plus grande que le demi-diamètre de Saturne , que lorfque cet Aftre n'eft pas encore parvenu à 3f 234 42/ de fon orbite, à l'inftant où la Terre pañle par le nœud de l'orbite, Il ne peut donc y avoir trois changemens fucceflifs des valeurs du petit axe de l'anneau correfpondantes aux points maxima © minima , relativement à la condition d’être plus grandes ou plus petites que le demi-diamètre de la Planète, qu'autant que le lieu de la Planète à linftant du pañlage de la Terre par le nœud afcendant de l'orbite, c’eft-à-dire, le 12 Janvier, eft compris entre 3! 194 18’ & 323442". De ces raïfonnemens, l’on conclura facilement a règle fuivante, PREMIÈRE ÉPOQUE. (41 5.) Par les Tables deSaturne, cherchez quel eff le lieu de cette Planète, le 12 Janvier compris dans l'intervalle où elle parcourt depuis environ 3! 1532 de fon orbite, jufqu’à -4f 29157". Sïà cet inftant particulier, le lieu de Saturne eft entre 3! 19118! & 3! 234 42/, l'équation (1) du $.406 atrois Rs: 0 DA. - DES SCIENCE Ss. 295 racines réelles, Si le lieu de Saturne n’eft pas compris entre ces limites, l'équation n’a qu'une racine réelle. SECONDE ÉrProQuer, (416.) Par les Tables de Saturne, cherchez quel eit le lieu de cette Planète, le 12 Janvier, dans l'intervalle où elle parcourt depuis environ 7! 1 44 1 1, jufqu'a 7!2 54 s0' de fon orbite. Si à cet inftant le lieu de Saturne eft entre 7144 11 & 7! 20d s', l'équation (1) du ç. 406 a trois racines réelles. Si 1e lieu de Saturne n’eft point dans ces limites, l'équation n’a qu'une racine réelle, TROISIÈME ÉrProqQur. (417.) Cherchez quel eft {e lieu de Saturne, le 1 2 Janvier, dans l'intervalle de temps où {a Planète parcourt depuis envi- ron 9f16419" jufquà 9f29427 de fon orbite. Si à cet inftant le lieu de Saturne eft entre of 1 64 19’ & 9f20d 54, l'équation (1) du $. 406 a trois racines réelles. Si le lieu de Saturne n'eft pas dans ces limites, l'équation n’a qu'une racine réelle, QUATRIÈME ÉPoQLvEr. (418.) Cherchez quel eft le lieu de Saturne, le 12 Janvier compris dans l'intervalle de temps où Ja Planète parcourt depuis environ 1{ 144 34’, jufqu'à 1° 264 34". Si à cet inftant le lieu de Saturne eft entre 112 140! & ;f26 1’, l'équation (1) du $, 406 a trois racines réelles. Si le lieu de Saturne n'eft pas dans ces fimites, l'équation n’a qu'une racine réelle, Remarques fur la méthode par laquelle on à déterminé _ l'inclinaifon de l'anneau de Sururne fur l'Eclprique. (419.) Pour déterminer linclinaifon de l'anneau de Sa- turne fur l'Écliptique, on a attendu que Saturne, vu de 1a Terre, fat en oppofition avec le Soleil dans 2! r7d, & dans 8 17d; c'eft-à-dire, à 90 degrés des nœuds de l'anneau. 296 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALE On a alors mefuré le petit axe de l'anneau, & l'on a fup- pofé que le finus de l'inclinaifon de l'anneau fur l’Écliptique, étoit au finus total dans le rapport du petit axe au grand axe de l'anneau de Saturne. Voici quelques difficultés fur cette méthode. sd On a vu {S$. 396) que l'on a l'équation fuivante, (1) & IR —oQ(u —u)] = [ ACER LL , : np ]fin. (incl. ann.) — PT Ter pren este w. Dans cette dernière équation, fi l'on fuppofe # — # — 3604 7, & que lon emploie les fignes fupérieurs ( c'eft le cas de loppofition dans 2{174), elle deviendra (2) IR - CNRS M DE 5) fin. ( inclin. ann.) R'fin. /cof. (inclin.ann. ) r ; fin / = o. r er . # fin. (inclin. ann. If n’eft donc pas vrai qu'alors — égale FEES, m Tr On ne peut donc pas conclure rigoureufement l'inclinais fon de l'anneau, en fuppofant que le petit axe de cet anneau eft au grand axe dans le rapport du finus de f’inclinaïfon de l'anneau au finus total, quand Saturne & la Terre font en con- jonction, vue du Soleil, c'eft-à-dire, quand Saturne, vu de la Terre, eft en oppoñition, lorfque d’ailleurs l'oppofition arrive dans 2174. On aura identiquement les mêmes réfultats, fr dans l'équa- tion (1), lon fuppole # — u — 1801— 7, & que l'on employe les fignes inférieurs ( c’eft le cas de loppofition dans 8174). Les inftans où l'on a cru que le petit axe de l'anneau étoit au grand axe, dans le rapport du finus de J'inclinaifon de l'anneau au finus total, font donc à la vérité ceux où ces rapports diffèrent le moins qu'il eft poflible; mais l'égalité n’eft pas encore établie, & il faut conclure la véritable inclinaifon par l'équation (2), ou plus exactement encore, par l'équation (1) du $. 394 Application DES AISTCAILEN N CEE LS ME :: Application des principes déraillés ci-deffus aux Phéno- mènes qui auront lieu jufqu'à la fin du Siècle, à aux Phénomènes qui ont eu lieu en 1690. #3(420.) Je terminerai cet article par l'application des principes détaillés ci-deflus , aux phénomènes qui auront lieu jufqu’à la fin du Siècle. Ces phénomènes répondent aux années 1779, 1784, 17094 & 1798. On n'oubliera pas que dans ces réfultats, j'ai fuppolé que la valeur de —, qui répond à l'égalité du petit axe de l'anneau de Saturne, & du dia- mètre de la Planète eft — — À, & que l'inclinaifon de Tanneau fur l'Écliptique eft de 314 20/. Si ces dernières fuppofñitions ne paroiffent pas établies fur des obfervations auffi exaétes qu'on le defireroit, on pourra ne regarder les réfultats que comme des à peu-près. Je joindrai l'application des mêmes principes, aux Phénomènes qui ont eu lieu en (1690, caril paroït que l'on s'en eft occupé dans ce temps-là. Application des principes aux Phénomènes qui auront lieu en 1779. .. (421) Les phénomènes de 1779, font un cas particulier de la feconde époque. Nous avons vu /$. 404) que pour cette époque , la valeur de 8’ qu'il faut employer dans les expreflions de A1, N du $. 404, & de Q du £. 406, eft R'— 1181 32. L'on a donc généralement pour cette époque, M = + 22640; N — — 8573; Q — + 8o17. D'ailleurs, le 12 Janvier 1779, jour auquel la Terre paf- fera dans le nœud afcendant de l'orbite de Saturne, le lieu de cette Planète fera de 720d4/; par conféquent L fera épal à 11844, & lon auri P — — 42 19. L'équation particulière qui réfout le Problème, eft donc (1) # + 2,824 cou + 1,070 fin. — 0,526 xr — o. Cette équation à {$, 416) trois racines réelles. Min, 1777: Pp 298 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Si l'on fuit la marche des phénomènes, on verra facilement, que le 15 Juillet 1778, lorfque le lieu du Soleil, vu de la Terre, fera de 322444, on aura un minimum de grandeur du petit axe de l’anneau ; fe petit axe fera, à cette époque, plus petit que le diamètre de Saturne. Le petit axe augmentera enfuite de grandeur jufqu'au 2 1 Février 1779, jour auquel le lieu du Soleil, vu de la Terre, étant de 11!2d45', on obfer- vera un maximum du petit axe de l'anneau: il fera alors plus grand que le diamètre de Saturne. Dans cet intervalle, on pourra obferver l'égalité du petit axe de l'anneau & du diamètre de Saturne, lorfque le lieu de fa Terre, vu du Soleil, fera de 2f184, c’eft-à-dire le 30 Novembre 1778. Depuis le 21 Février 1779, jufqu'au 15 Juillet de la même année, Île petit axe de l'anneau diminuera, & à cette dernière époque, il fera plus petit que le diamètre de Saturne ; l'inflant de l'éga+ lité arrivera le 21 Juin 1779, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 9fod. Depuis le 1 $ Juillet 1779 , le petit axe de l'anneau recommenceéra à augmeriter; il deviendra égal au diamètre de Saturne, le 7 Août 1779 , lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de r1of 144, & depuis cette époque, ül fera toujours plus grand que le diamètre de Saturne, jufqu'en 1784. On voit par-là, que l’année 1779 fera favorable aux obfer- vations de l'égalité du petit axe de l'anneau de Saturne & du diamètre de cette Planète: il n'y aura que l'inftant de la première égalité qu'il fera difficile d'obferver, attendu que Saturne fera alors plongé le matin dans fes rayons du Soleil. Application des principes aux Phénomènes qui auront lieu en 1784. … (422.) Les phénomènes de 1784, font un cas particulier de la troifième époque. Nous avons vu / f. 404) que pour cette époque, la valeur de 8’, qu'il faut employer dans les exprefhons de 1, N du $.404, & de Q du $.406, eft DEN CURE NiC.E S: 299 R—1801$8/; l'on aura donc généralement pour cette époque, M— pabi; No, E 29802; 0 — — Boos,7. D'ailleurs, le 12 Janvier 1784, jour auquel la Terre pañfera dans le nœud afcendant de l'orbite de Saturne, le lieu de cette Planète fera de 017% 58/; par conféquent B fera égal à 175458’, & lon aura P — + 17224. L'équation particulière qui réfout le Problème, eft donc (1) 4 — 0,0326 cof.u + 3,7226 fin — 2,151$ xr = 0. Cette équation a /$. 417) trois racines réelles. Silon fuit la marche des phénomènes, on verra facilement, que le 29 Septembre 1783, lorfque le lieu du Soleil, vu de la Terre, fera de 6" 6429’, on aura un maximum de gran- deur du petit axe de l'anneau; le petit axe fera, à cette époque, plus grand que le diamètre de Saturne. Le petit axe diminuera enfuite de grandeur, jufqu’au 27 Avril 1784, jour auquel le lieu du Soleil, vu de la Terre, étant de 1°79 3 1”, on aura un minimum du petit axe de l'anneau : il fera alors plus petit que le diamètre de Saturne. Dans cet intervalle, on pourra obferver l'égalité du petit axe de l'anneau & du diamètre de Saturne, lorfque le iieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 4f rod, c'eft-à-dire le 8 Février 1784. Depuis le 27 Avril 1784 jufqu'au 29 Septembre de la même année, le petit axe de l'anneau augmentera, & à cette époque, il fera plus grand qué le diamètre de Ja Planète; l'inftant de l'égalité arriverale 3 Août 1784, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 10f 124, Depuis le 29 Septembre 1784, le petit axe de l'anneau recommencera à diminuer ; il deviendra égal au diamètre de Saturne, le 14 Novembre 1784, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 11234, & depuis cette époque, il fera toujours plus petit que le diamètre de Saturne, jufqu'en 1794. On voit par-là, que l'année 1784 {era favorable aux ober- vations de l'égalité du petit axe de l’anneau de Saturne & du diamètre de cette Planète : il n’y aura que l'inftant de ja PPp i 300 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE première égalité qu'il fera difficile d’obferver, attendu que Saturne fera alors plongé dans les rayons du Soleil. Application des principes aux Phénomenes qui auront lieu en 1794: (423-) Les phénomènes de 1794, font un cas particulier de la quatrième époque. Nous avons vu /$. 404) que pour ceite époque , la valeur de £7, qu'il faut employer dans les expreflions de M, N du $.404, & de Q du $.406, eft BR! — 2984 17'; lon aura donc, généralement pour cette époque, M—+ 22805; N—— 8661; Q — —3704 D'ailleurs, le 12 Janvier 1794, jour auquel la Terre pañfera dans le nœud afcendant de l'orbite de Saturne, le lieu de cette Planète fera de 1f14%47/ 5 5"; par conféquent & fera égal à 292448", & l'on aura P — + 27571. L'équation particulière qui réfout le Problème, eft donc (1) &# — 2,620r cof.4 — 0,9950 fin.u — 3,1676xr = 0. Cette équation / f. 418) n'a qu'une racine réelle, Si l’on fuit la marche des phénomènes, on verra facilement, que le 15 Janvier 1704, lorfque le lieu du Soleil, vu de la Terre, fera de 925425, on aura un minimum de grandeur du petit axe de l’anneau ; le petit axe fera à cette époque plus petit que le diamètre de Saturne. Le petit axe augmentera enfuite de grandeur jufqu'au 24 Août 1704, jour auquel le lieu du Soleil, vu de la Terre, étant de 145", on obfer- vera un #aximum du petitaxe de l'anneau. Dans cet intervalle, on pourra obferver l'égalité du petit axe de l'anneau & du diamètre de Saturne, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 8f 2, c’eft-à-dire le 23 Mai 1794. Depuis le 24 Août 1794 jufqu'au 15 Janvier 1705, le petit axe diminuera jufqu'au 1$ Janvier 1795; mais comme dans cet inter- valle, il fera toujours plus grand qué le diamètre de Saturne, on ne pourra point oblerver les deux égalités qui avoient lieu dans les époques de 1779 & 1784. Mrs niSlcE Nécinrs 301 On voit par-là, que l'année 1794 ne fera point favorable aux obfervations de l'égalité du petit axe de l'anneau de Saturne & du diamètre de la Planète, foit à caufe que l’on ne pourra obferver qu’une feule fois cette égalité, foit à caufe de l'immerfion de Saturne dans les rayons du Soleil, qui rendra cette obfervation difhcile. ! . ë LS q) ï : , Application des principes aux Phénomènes qui auront lieu en 1796. (424.) Les phénomènes de 1798, font un cas particulier de la première époque. Nous avons vu ff. 404) que pour cette époque, la valeur de £’, qu'il faut employer dans les expreflions de 47, N du $. 404, & de Q du $. 406, eft B' = 0d42/; lonauradonc, généralement pour cette époque, Mr 0 1 Ne 20070: QE 8789. D'ailleurs, le 12 Janvier 1708 , jour auquel la Terre pañlera par le nœud afcendant de l'orbite de Saturne, le lieu de cette Planète fera de 3f22d15/; par conféquent 8 fera égal à od15', & Von aura P — + 853. L'équation particulière qui réfout le Problème, eft donc (1) 4 + 0,0200 cof.u — 3,3086 fin. # + ©o,0971xr = o. Cette équation {$. 415) a trois racines réelles. Si l'on fuit la marche des phénomènes, on verra facile- ment, que le 26 Mars 1797, lorfque le lieu du Soleil, vu de la Terre, fera de of 4446’, on aura un maximum de gran- deur du petit axe de l'anneau ; le petit axe fera à cette époque plus grand que le diamètre de Saturne; le petit axe diminuera -enfuite de grandeur jufqu'au 3 Novembre 1707, jour auquel le lieu du Soleil, vu de la Terre, étant de 7! 104 46’, on aura un #inimum du petit axe de l'anneau: il fera alors plus petit que le diamètre de Saturne. Dans cet intervalle, on pourra obferver l'égalité du petit axe de l'anneau & du diamètre de Saturne, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 111 64, c'eft-à- dire le 27 Août 1797. Depuis le 3 Novembre :707 jufqu'au 26 Mars 1798, le petit axe de _ 302 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'anneau augmentera, & à cette dernière époque, il fera plus grand que le diamètre de Saturne. L'inftant de l'égalité arrivera le 15 Janvier 1798, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 3f254. Depuis le 26 Mars 1798 , le petit axe de l'anneau recommencera à diminuer ; il deviendra égal au diamètre de Saturne, le 26 Mai 1798, lorfque le lieu de la Terre, vu du Soleil, fera de 81 sd, & depuis cette époque, il fera toujours plus petit que fe diamètre de Saturne - jufqu'en 1808. On voit pa-à que l'année 1798, fera favorable aux obfervations de l'égalité du petit axe de l'anneau de Saturne & du diamètre de cette Planète; ïl n'y aura que l'inftant de la troifième égalité qu’il fera peut-être difficile d’obfer- ver, attendu que Saturne commencera à fe plonger dans les rayons du Soleil. , Apolication des principes, aux Phénomenes qui ont eu PE PES ; q liew en 1690. (425.) A1 paroît que vers 1690, M. Caflini s’eft occupé des Phénomènes relatifs à l'égalité du petit axe de l'anneau de Saturne & du diamètre de la Planète ; ce font les feules obfervations de ce genre que l’on connoifie, & elles méritent d’être confervées dans les faftes de l'Aftronomie : les voici telles qu’elles fe trouvent confignées dans les regiftres de l'Obfervatoire. « Le 11 Mars 1690, le Globe de Saturne déborde tant foit peu l'anneau. » Le 4 Avril, le bord extérieur de l'anneau touche exactement le bord » de Saturne. » Le 14 Mai, le globe de Saturne déborde l'anneau. ? » Le 18 Janvier 1691, le diamètre du globe de Saturne paroît égal au petit diametre de l’anneau ». (426.) Si Von applique le calcul aux Phénomènes qui ont eu lieu en 1690, on verra facilement qu'ils font un cas particulier de la feconde époque. Nous avons vu /$. 421) que l’on a généralement pour cette époque, A1 = + 22 640, MeinhS)iot'E Ncx:s 303 IN— 8573, Q— + 8017; d’ailleurs, le 12 Jan- vier 1690, jour auquel la Terre a paflé dans le nœud afcendant de orbite de Saturne, le lieu de cette Planète étoit de 7! 114 54; par conféquent L étoit égal à 1094 $4d, & l'on avoit P — -— 43196; l'équation particulière qui réfout le Problème, eft donc (1) x + 2,824 cof.u + 1,070 fin. — 5388 x r — o, celte équation { $. 416) n'a qu'une racine réelle. Si l'on fuit la marche des Phénomènes, on verra facile- ment, que le 21 Février 1690, lorfque le lieu du Soleil, vu de la Terre, étoit de 1 12445’, on a eu un maximum de grandeur du petit axe de l'anneau : le petit axe étoit, à cette époque, plus petit que Île diamètre de Saturne. Le petit axe a diminué enfuite de grandeur, jufqu'au 15 Juillet de la même année; & dans cet intervalle, il a toujours été plus petit que le diamètre de Saturne. Depuis le 1 $ Juillet 1 690 Jufqu'au 21 Février 1691, le petit axe de l'anneau a recom- mencé à augmenter; il eft devenu égal au diamètre de Saturne ; Je 11 Novembre 1690 ; & depuis cette époque , il a tou- jours été plus grand que le diamètre de Saturne » Jufqu’en 1695. (427) En rapprochant les calculs précédens, des obfer- vations de M. Caflini, on voit que l’obfervation du 18 Janvier 169:, eft aflez conforme aux rélultats. En effet, le 11 Novembre 1690, inftant de l'égalité du petit axe de lanneau & du diamètre de Saturne, la Planète étoit plongée dans les rayons du Soleil: on n’a pu l'obferver que vers le mois de Janvier; alors la différence étoit aflez peu fenfible pour n'avoir pas été aperçue, Quant à l’obfervation de l'éga- lité arrivée le 4 Avril 1 690, & qui fe trouve entre les 11 Mars & 14 Mai 1690, jours auxquels le globe de Saturne débordoit l'anneau, H eft difficile de la concilier avec 1a théorie. Il y a même une réflexion qui doit la faire rejeter fans fcrupule ; car puifque cette égalité du diamètre de Saturne & du petit axe de l'anneau, fe trouve placée entre deux 304 Mémoires DE L’ACADÉMIE ROYALE inftans où le petit axe de l’anneau a été obfervé plus petit que le diamètre de fa Planète, il faudroit, pour que l’ob- fervation fut poffible, qu'il y eut un maximur de grandeur du petit axe de l'anneau entre ces deux inftans : or, il eft évident qu'à l'époque dont il s'agit, le calcul fe refufe à un »#aximum dans cette portion de l'orbite de la Terre, Nous ne faïfons donc aucune difficulté de rejeter Fobfervation du 4 Avril 1690. Nous remarquerons enfin que la manière dont M. Caffini s’eft exprimé, relativement aux obferva- tions des 11 Mars 1690 & 14 Mai de la même année, confirme nos idées. En effet, fuivant cet Aflronome, le 11 Mars 1690, le globe de Saturne débordoit tant foit peu l'anneau ; le 14 Mai, le globe de Saturne débordoit l’anneau; ces expreflions femblent indiquer une augmentation dans {a quantité dont le globe débordoit a Planète au fecond inftant, ce qui eft conforme à la théorie, (428.) Nous terminerons la difcuflion des Phénomènes, obfervés en 1690, par une remarque fur les difficultés que préfentent les obfervations dont il s'agit. En effet, langle fous lequel le diamètre de Saturne paroït à nos yeux, eft d'environ 18 fecondes, le grand axe de l'anneau eft de 42 fecondes, le petit axe varie depuis o feconde, lorfque {a Terre pafle dans le plan de l’anneau, jufqu'à 22 fecondes, Jorfque l'anneau a fa plus grande largeur ; & il emploie quinze années à parcourir fucceflivement tous ces degrés. Quelle précifion n'exigent donc pas de fémblables obfervations, dans lefquelles ileft fr facile de fe tromper? Je ne fais même fi, ‘au lieu de chercher à obferver l'inftant de l'égalité, il ne vaudroït pas mieux attendre que le petit axe déborde déci- dément la Planète, & mefurer alors pour chaque obfervation le rapport du petit axe au grand axe de l'anneau. Remarques fur les recherches précédentes. (429.) On peut faire relativement aux différens rapports K LL . . . . L LA . * - de Fe depuis celui qui convient à l'égalité du petit axe DPESS SRE L EN NC, ES. 305 axe de Panneau & du diamètre de Ia Planète, jufqu'à celui qui répond à la plus grande largeur de Lean , des calculs analogues à ceux auxquels nous venons de nous livrer. Les équations qui réfolvent les queftions font de Ja même forme, & lon pourroit relativement à ces différens rapports, former des Tables analogues à celles que nous avons données pour le cas de l'égalité du diamètre de Saturne & du petit axe de l'anneau; je ne m'étendrai pas fur ces applications qu'il fufit d'indiquer. - (430.) L'objet que l’on doit fe propofer dans les recher- ches. auxquelles nous venons de nous fivrer, ne peut être que de connoïtre avec exactitude linclinaifon de l'anneau de Saturne fur l'Écliptique, d’avertir des circonftances les plus favorables aux obfervations, & de celles qui ramènent les mêmes apparences ; il doit donc entrer dans notre plan, de.donner la méthode pour déterminer cette inclinaifon, & Finfluence des erreurs des obfervations fur les réfultats. (431) Rien de plus fimple que Ia folution de {a bremière queftion; nous avons vu, en eflet { $. 394) que l'on a l'équation fuivante, 2 R'R cof. # cof.u” BL fin. afin. w' cof.l 1 D. — V[RS+ R°— Gi) 2e vLR+ (TE 71 ces Fe: ous net FL A ve RON AR LAS Cu El ]fn. pe ann. } EN r ps É das sl cof. (inclin.ann.) = o. Soit donc Æ'fin. x! fin. Z : ZAunangletel que l'on ait, nc. = x Ba 8 R' cof. Bcof.{C + }— Rrcof.{(u+1) ù B un angle tel que l’on ait, fin. B 2 fin. AVLR® + R'=- AR cof.ucof.d Ms LIEU )] m r r r re nent + NT TT RTC RK'fin.w fin. / L'équation (1) deviendra (2) inclinaifon anneau + À Br—10;, &. la première queftion eft réfolue, Mém, 1777: Qq 306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quant à l'influence des erreurs des obfervations fur Îes réfultats, on la déterminera facilement en différenciant l'équa- tion (2) du $. 396 ; l'on aura alors ñ : g R'cof. (a+ 1) cof. (a + 1 cof. 31420 (3) 4(—) IR — cof. (u =) [= PET Sn R'fin. 1 fin.’ fin. 31420’ # LA T di x d (inclinaifon anneau) — o. — (432.) Dans la difiérenciation de l'équation (1) du . 396,0ona fubflitué fin. (3 1420’) à fin. (inclinaifon anneau), & cof. (3 1420") à cof. (inclinaifon anneau ) ; c’eft la valeur que l'on fuppole ordinairement à cette inclinaïfon. Nous remar- querons auffi, que dans les équations (2) & (3) du $.437, l'on doit faire ufage des fignes fupérieurs lorique les obfer- vations ont lieu , tandis que Saturne parcourt la partie de fon orbite comprile entre 1 rf 184 & 5f18d: on emploira les fignes inférieurs dans le cas contraire. Nous remarquerons enfin, que 4 (inclinaifon de l'anneau) eft exprimé en arc de cercle. Si on vouloit que 4 (inclinaifon de l'anneau) exprimäât des fecondes de degré, on multiplieroit le fecond membre de l'équation (3) du $. 431 par r 206265" a (433) On pourroit être induit en erreur, fi l'on ne mefuroit pas pour chaque obfervation , le grand axe & le petit axe de l'anneau afin d'en conclure le rapport aétuel des axes. En effet, fuppofons que lors d’une première obfervation, l'on ait meluré le grand axe de l'anneau & qu'on Fait trouvé, par exemple, de 42 fecondes ; que lors de cette première obfervation, l’on ait pareillement mefuré le petit axe de l'an- neau, & qu'on l'ait trouvé de 18 fecondes; il eft évident que fi lors de la feconde obfervation, l’on fe contente de mefurer le petit axe de l’anneau, &. qu'on le trouve de 17 fecondes, on pourroit être induit en erreur en concluant que le petit axe de l’anneau eft au grand axe dans Îe rapport de 47 à 42; car il eft clair que dans l'intervalle des deux ob- fervations, le grand axe à pu varier, à raifon de la plus SE ed DÉENS (JOTCIILENN (CLE s. 307 grande ou de Ia plus petite proximité de la Planète À Ja Terre, I! faut donc mefurer de nouveau le grand axe, pour en conclure le véritable rapport; ou du moins, fi l’on veut faire ufage de la première melure du grand axe, il faut la corri- ger par une équation relative à la proximité de la Planète à la Terre. Soit donc A la diflance aétuelle de Ia Planète à Ia Terre; nous en avons donné l'exprefion $. 393; A le grand axe actuel de l'anneau ; 4 la dillance de la Planète à Ja Terre, lors de a première obfervarion ; A le grandaxe de l'anneau mefuré lors de Ia premiére obfervation ; on aura évidemment A’ (1) A = A x Cette équation difpenfera de mefurer le grand axe de l'an neau, lors de la feconde obfervation. LEA "9 DU I C1f EU :HPAUS. di À 1 À De quelques Queflions relatives à La plus grande durée d'une Éclipfe, d'une Éclipfe annulaire, à de le demeure dans l'ombre. (434) Je ne croyois plus avoir à m'occuper des Éclipfes de Soleil, lorfqu'une queftion élevée dans l'Académie, rela- tivement aux plus grandes durées poflibles d’une Eclip{e, d'une Éclip{e annulaire, & de la demeure dans l'ombre, - foit pour toute a Terre, foit pour un lieu particulier, m'a mis dans le cas de reprendre quelques idées qui conduifent à la folution de ce Problème. Pour réfoudre cette queftion, lon fe rappellera que fi lon nomme r le demi-petit axe de la Terre ; # le demi- grand axe ; Qq ï 308 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE w l'arc de 15 degrés rectifié ; 8 le finus de l'inclinaifon. de l'orbite corrigée; cette inclinaifon fe ÿ le cofinus détermine par l'équation fuivante , ‘Tangente de l'inclinaifon de l'orbite corrigée & S r° mouv. horaire € en latit, évalué en fecondes de degré = ——— © X —— - —— ; 206265; fin. (mouv. horäîfe € en longit, — mouv. horaire C)) £ Je cofinus de Ia latitude de Ta Lune à 'inftant de la conjonction, vue du centre de la Terre; à Ie nombre de fecondes horaires écoulées depuis la conjonétion, juf- qu'à l'inflant pour lequel on calcule ; s le finus >. de Ia fatitude corrigée de l'Obfervateur ; c le cofinus g le finus Fe A de l'angle horaire du Solcil; g le finus g le cofinus Q le cofinus de l'obliquité de l'Écliptique x=V(T —®); de l'angle de l'orbite refative de la Lune avec je f1 paral= À de Ja déclinaifon du Soleil; a Je finus lèle ou équatorial de l'Obfervateur fuppofé au centre @ le cofinus de la Terre; cet angle fe détermine par l'équation fuivante, » a Fe LE Ar be 222 q q æ Je finus de Ia parallaxe horizontale polaire de Ia Lune; z' le finus de la parallaxe horizontale du Soleil ; Lik:2 08 ra GNT JIRENRE fin. (latitude € à l'inflant de Ja conjonét. vue du centre de la Terre) qe fin. ( parallaxe horizontale poiaire de la Lune à l'inftant de la conjonét. ) 1 RuRE fn. (mouv. horaire € en long: — mouv. horaire du © ) RS 5 À fin. ( parallaxe horizontale polaire € à l'initant de la conjonélion } s le‘finus 5 de cofinus (au demi-diamètre du Soleil ; | À DxS S'CUTEN Cr s. 309 F—0,3654 x 7 cof. ( parallaxe horizontale polaire de Ja Lune } r A la tangente de la diflance des centres du Soleil & de Ja Lune; LI sp c£pu chpp D ne g7 gs ces? chppo de ARE ER tr Eee EL PST CPIhT J'ai démontré dans la fuite de cet Ouvrage, que l'on a les équations fuivantes, (1) À — EUR REA (FE + 7 b)]; Er ; CT dr (AA — a ru oT dr (3) À == = FEAT E e La feconde équation a lieu Îors des contacts extérieurs des limbes; la troifième a lieu lors des contacts intérieurs, On peut aufi faire entrer dans la {olution, un nouvel élément qui dépendroit, par exemple, d’une inflexion de lumière; H ne s'agiroit que de fuppofer (,S exprimant l'in- flexion des rayons folaires qui rafent le limbe de la Lune}, (4)-e — fin. ( demi-diamètre du Soleil ÆL$d 2 fuivant que l'on veudra calculer un contact extérieur ou q , intérieur des limbes. On démontre enfin en Aflronomie, que l'on a l'équation fuivante, | (5) fin. (demi-diam. horizont.C ) — 0,56 54 fin. (parall. horiz, polaire Ch Ces équations vont fervir à réfoudre les queftions propofées. (435-) On fait que le Soleil eft périgée le 3 1 Décem- bre, & qu'il eft apogée le 30 Juin. Comme le mouvement 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE horaire du Soleil, ainft que fon diamètre, dépendent de {a diflance de cet Aftre à fon apogée ou à fon périgée, on fent que le paffage du Soleil par l'apogée & par le périgée, eft une circonftance principale dans Îes recherches que nous allons faire ; on pourroit donc dire en général, fous ce premier point de vue, qu'une des conditions néceflaires pour que la durée de l'Éclipfe foit un maximum maximorum, eft que l'Écliple arrive le 30 Juin ou le 31 Décembre. Comme cependant vers ces limites , le diamètre du Soleil & fon mouvement horaire varient infiniment peu, & que par un hafard heureux, à deux jours de diftance de ces époques, ceft-à-dire, le 2 Janvier & le 2 Juillet, l'orbite relative peut être perpendiculaire au Méridien univerfel, ce qui donne une nouvelle condition néceflaire pour avoir un maximum maximorum de durée, ainfi qu'il eft aifé de le voir à priori, puifqu'alors, toutes chofes égales, le mouvement relatif de la Lune & de l'Obfervateur eft le plus petit poflble; nous affignerons pour condition néceffaire au maximum maxi- morum de durée , que l'Éclipfe arrive le 2 Janvier ou le 2 Juillet. Au refte, il eft facile de démontrer que lorbite relative ne peut être perpendiculaire au Méridien univerfel, que le 2 Janvier & le 2 Juillet de chaque année. En effet, nous avons vu { $. 434) que lon a RES (2)x = Vis — %); donc fi l’on fuppofe & — o, on aura Greg Y = 0: d'où lon tire 4 =" 224 $0/. C'eft la déclinaifon du Soleil qui répond au 2 Janvier &c a 2 Juillet; les valeurs de À & F deviennent alors p'ers! SUCTE Nc Es 311 PL Ten LR LS — L - 7 , sb LÉER. (4 rer (436) De l'équation (1) du $. 434, Von tire (jo SET FE IE ( à 4. Suppofons maintenant que l’on ait fait deux obfervations dans e même lieu, & nommons A5, Fr, h#1,g1,b1, E 1, Ar, les quantités qui répondent à la première obfer- vation; A2, F2, h2,g2, b2, E2, A2, les quantités qui répondent à la feconde; on aura K EUR. 3600"€ 20) 3600"€ E*1rx°r +1 Fun + (one TT. NB TN MUCH A1); 3600"€ 3600"€ E’2r 12 2 2=— 2 F Eh er 0 (3) ÿ nr PA nr rl Far A 3600"€ 3600” € b2 — Eu ARE este CRE he ar” (4) #2 à1 TE CE Fi) + ee COR = 42) + EE = 41); T ou enfin DA EURE EL 3600"€ cg?2p _ cgrp 3600"€ (5) T i nr ( ï Ge #7 Eir92 3 Er h , bee Une Ta TE Cette dernière expreffion eft celle de Ia durée de l'Éclipfe pour un lieu particulier; il s’agit de déterminer fa plus grande valeur. (437.) Si l'on différencie l'équation (5) du $. 436, en ne regardant comme variables que la durée du Phénomène, ainfi que les angles horaires correfpondans au premier & au fecond inftant, c'eft-à-dire, Ar, A2,g1,g2; car E1 & E2 peuvent être regardés commé connus : & que dans cette équation différenciée l’on fuppole Ar = A2 — 0; doù 312 Mémorres DE L'ACADÉMIE RoYÂtre lon conclura 41 —42,E1—E2, &git —= 425 l'on aura d/b2 — bi) — 0. L'on voit donc que fi on nomme g le finus de l'angle horaire correfpondant à la demi-durée du Phénom: À le cofinus lon aura pour conditions du maximum de durée du Phéno: mène pour un lieu particulier, ï Ÿ21 n gs chpp D) — — De — 5 ( ) re r r? © 3600! La pps dipnesL Rasa 1er à LEA Fi NT Soit maintenant G V'arc dont g eft le finus & X le cofinus, on aura Pal 2 (3) 22 — br = x,3600"; v & l'équation (2) deviendra (4 G= Cu FOR LES nr r “TT d\ : : (438.) Nous avons vu que À — . ne =. fuivant qu'il eft queftion d'un contaét extérieur ou intérieur des Kmbes; fi l'on fubflitue cette valeur de À dans l'équation (4) du paragraphe précédent, elle deviendra -. A u cgo E uv cr d'ru (BIG ELLE X —— — x = — 10% nr r 1T r A7 cette équation, combinée avec l'équation (3 ) du $. 437, va EIQUeRE les queltions relatives aux maxima de durée de VÉcli iple totale, del Écliple annulaire, & de la demeure dans ombre, foit pour un lieu particulier, brel toute la Ferre. Nous remarquerons feulement que par la condition impofée fe 435) p & gq font le finus & le cofinus d’un ‘angle de 224 50/; que g efk toujours pofitif, mais que p peut être éubr. Nous remarquerdhs enfin que dans l'expreffion de Æ du Se 434, attendu la petitefle du coëfficient qui multiplie L DiEMS SONG" E NL CE 6, 313 multiplie le terme affe@é de fa quantité #, nous pouvons fuppofer connue cette quantité, quoiqu'en effet elle dépende de fa durée inconnue du Phénomène ; attendu que la durée eft toujours connue d’une manière aflez approchée pour pouvoir évaluer {a quantité # fans erreur fenfible. Paflons à l'examen des queftions propolées. De la plus grande durée d'une Éclipfe pour un lieu dont. la latitude eff donnée. . (439.) Pour déterminer la plus grande durée d’une Écliple pour un lieu dont la latitude eft donnée, je reprends équation (1) du $. 439, dans laquelle je lemarque que s & c font connues. Je mets cette équation {ous la forme fuivante, (y Cup caf Ev oT 74 dry = . dE # LE:a à CE Je remarque que Îe premier membre de cette équation exprime Îa différence de l'arc G & d'un multiple de fon - finus. Suppofons d’abord, que le coëfficient Ce LA cat Lss foit # une quantité conflante pour toutes les Écliples ; puifque, par la propriété du cercle, 1a différence entre un arc & fon finus, eft d'autant plus grande que langle eft plus grand , l'angle G augmentera d'autant plus que le fecond membre de l'équation {era lui-même plus grand, Il faut donc, pour avoir le maximum de durée de l'Eclipfe , déterminer les conditions qui donnent Ja plus grande valeur du fecond membre de l'équation. (440.) Une feconde condition contribue à l'augmentation Cup € LT | 1? 0] qui multiplie Le finus de cet angle. En effet, Ia différence des termes G & Fu x — x & étant alors plus petite, LA # * Men, rer Re Rr . de l'angle Ç ; c'eft l'augmentation du coëfficient \ 314 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE il faudra, toutes chofes d’ailleurs égales, augmenter l'angle G, afin que le premier membre de l'équation puifle être égal au fecond. Et fi les mêmes fuppofitions donnent à la fois le maximum du coëfficient de g, & du fecond membre de l'équation, on aura évidemment les conditions qui donneront la plus grande durée de l'Éclipfe. (441.) I eft clair, d'après ces remarques, que la plus rande durée d’une Éclipfe, pour un lieu particulier , eft celle qui arriveroit le 2 Janvier, la Lune étant alors apogée. En eflet, le Soleil feroit alors très-près de fon périgée, & or OT . \ , . la quantité — feroit parvenue à fon waximum. D'ailleurs, la quantité n variant à peu-près dans le rapport de Ia parallaxe de la Lune , puifque lon démontre en Aftronomie, que Îe mouvement horaire varie comme le quarré de la paraliaxe ; Cup r° . CMS . : [a . ”n feroit parvenu au minimum ; le coëffcient x = feroit donc un maximum, & la condition du $. 440 feroit remplie. ÆE feroit aufli un maximum, & n# feroit un minimum, ce U CT LA rs Y , qui donneroit la plus grande valeur du terme dry . Fe , . » feroit auffi un waximum , puifque l'on a, de plus, dru 0,3654 TU Je fans erreur fenfible , ur la condition n du $. 439 eft donc également remplie. La demi-durée de l’Éclipfe fera donnée par l'équation (1) du $. 439, & la latitude correfpondante de la Lune, par l'équation (1) du $. 437: on conclura enfin l'heure de la conjonction, par les équations (2) ou (3) du f. 436, dans lefquelles on n’oubliera pas que À — o. ( 442.) Si lon applique des nombres aux équations précédentes, on verra facilement que la plus grande durée d'une Éclipfe pour le parallèle de Paris, arriveroit le 2 Janvier, D ENS HMASUE LE NC ES 315 la Lune étant alors apogée; cette durée feroit de 3° 26'32". Pour que le phénomène ait lieu , la latitude de la Lune doit étre de 49/47" boréale; l'Écliple doit arriver dans le nœud defcendant; le point du parallèle qui obferve le phénomène eft celui qui compte 11"49'3" du matin, à l'igflant de la conjonction. De la plus grande durée d'une Éclipfe fur la Terre. . (443.) Si l'on vouloit déterminer la plus grande durée d'une Écliple fur la Terre, on verroit facilement qu'elle a lieu fous l'Équateur dans les mêmes circonftances que ci-deflus. Ex efet, ie fecond membre de l'équation (1) du $. 420 feroit le même que ci-deflus, & le coëffcient de g feroit le plus grand poflible; on auroit pour réfoudre les queftions dans ce cas, . Cup Ev oT dru G — == (1) MN nes REINE or 259 2 Hpp (ht On trouveroit, en appliquant des nombres, que cette durée feroit de 4h29 44". Pour que le phénomène ait lieu, a latitude de la Lune doit être de 1736" boréale; l'Éclipfe doit arriver dans le nœud defcendant, & le point de l'Equateur qui obferve le phénomène, eft celui qui compte 11" 55" 55" du matin, à l'inftant de la conjonétion. De la plus grande durée de l'Éclipfe annulaire, foit pour un lieu dont la larirude eff donnée , foit pour coute la Terre. _ (444) Dans le.cas de l'Éclipf annulaire, l'équation (1) du $. 439 devient Ev oT d'Tu gi Ce Co CrUEr P7n > L (1) PE ET 1 Le E dry , . FT Dans cette équation, x —— furpañle cu r nT Rrij 316 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALE autrement l'Écliple ne feroit point annulaire. Cette dernière condition fait voir que la plus grande durée de l'Éclipfe annulaire a lieu fe 2 Janvier, la Lune étant d’ailleurs apogée. En effet, l'Éclipfe doit arriver le 2 Janvier, pour que la quantité 2 foit la plus grande poflible; & d’ailleurs, fa Lune doit être apogée , pour qu'à la fois le coëfficient Uup € à £ : ; Les RUE foit le plus grand poffble, ainfi que la quantité Æ d x 7 -_. 7", En effet, nous avons vu que hT T HT dry 63654 Tu eus (a TS me Sn NU) de plus, ” varie à peu-près CU EU oT dans le rapport de la parallaxe. Le terme pofitif x Li augmente donc dans la raifon inverfe du quarré de a paral- laxe, tandis que le terme négatif n'augmente que dans la, railon inverfe fimple de fa parallaxe. La circonflance de l'apogée de la Lune fait donc augmenter à la fois le up C 4 . terme . x — g, & le fecond membre de l'équation n Ev cT dry X nT LÉ le 2 Janvier, la Lune étant d’ailleurs apogée, donne donc évidemment la plus grande durée de FÉclipfe annulaire fous un parallèle quelconque. , Par des raïlons analogues à celles du S:443) la plus grande durée abfolue de l'Éclipfe annulaire a lieu fous l'Equateur, dans les mêmes circonftances. . La circonftance d’une Écliple arrivant (445) Si l'on applique des nombres aux équations du Problème, on verra que la plus grande durée de l'Écliple annulaire pour le parallèle de Paris, efl de 9’ 56”; la lati- tude correfpondante de la Lune doit être de s1’11" boréale; l'Eclipfe doit arriver dans le nœud defcendant ; le point du arallèle qui obferve 1e phénomène, eft celui qui compte 31448" 26" du matin à l'inftant de la conjonétion. | SES NSLCM'E NC ES. 317 La plus grande durée de l'Éclipfe annulaire pour {a Terre, eft de 12’ 24"; la latitude de la Lune doit être de 21° 1” boréale : lÉcliple doit arriver dans le nœud defcendant ; & le point de Équateur qui obferve le phénomène, eft celui qui compte]1 1F 5455" du matin, à l'inftant de Ja conjonction. Dans ces dernières recherches, nous avons fuppofé que toutes les circonflances qui concourent à donner les plus grandes durées, foit de F'Éclipfe annulaire, foit de l'Écliple en général, ont lieu à la fois Nous avons fuppolé à la Lune, fa plus petite parallaxe polaire de 5346", fon plus petit mouvement horaire, réduit à l'Édiptique, de 20/29}; nous avons fuppolé auflr le mouvement horaire du Soleil de 2! 33", & fon demi-diamètre de 16/15". De la plus grande durée de la demeure dans l'ombre. (446.) Dans le cas de l'Éclipfe avec demeure dans ombre, l'équation (1) du £. 439 devient u € d ru E uv (js GE EReMoENTR nu Le per 3 r n "NT "T7 r dr 2 E v c furpafle AAA n7 La On voit d'äbord que l'Éclipfe doit arriver le 2 Juillet, afin & dans cette dernière équation ee que la quantité “— foit la plus petite poffible; mais on ne voit point auffi évidemment que dans les cas précédens, dans quelles circonftances doit fe trouver la Lune, c’eft-à- dire , fi elle doit être apogée ou périgée. (447.) Pour réfoudre cette difhculté, je mets l'équation (1) du paragraphe précédent , fous la forme fuivante, CT Cup 74 Ps (1)nG— 5 CH 0:36 SAT EM = Rue E ; Dans la valeur de E, j'ai fuppolé 4 = 7, attendu Ia t- cpq ) * 318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE petite différence entre cette valeur & celle qui répond véritas blement au Problème. Je différencie cette équation, en regardantcomme variables n, G, g & =, & l'équation devient fe CG RO de Can ne ? LA r mais fi l’on différencie la valeur de n du $. 434, & que l'on fafle ufage de l’approximation connue ‘entre la parallaxe de la Lune & fon mouvement horaire, on verra facilement que du — 34,69 dr; donc (= x — — 34,69 G}) dr (3) 4G — si CP ARTE: r+ (448.) Comme dans les fuppoñitions aftronomiques qui ont lieu, le coëffcient de dr eft pofitif, l'angle G augmente avec la parallaxe de la Lune. La plus grande durée de la demeure dans l'ombre pour un lieu particulier, arrive donc le 2 Juillet, lorfque la Lune eft d'ailleurs périgée. La plus grande durée abfolue de la demeure dans l'ombre fur la Terre, a lieu fous l'Équateur dans les mêmes circonftances. (449.) Si l'on applique des nombres aux équations du Problème, on verra que la plus grande durée de la demeure dans l'ombre pour le parallèle de Paris, eft de 6’ 10"; la latitude de la Lune doit être de 26' 42" boréale, l'Écliple doit arriver dans le nœud afcendant; le point du parallèle qui obferve le phénomène, eft celui qui compte oh 4/24", à l’inftant de la conjonction. La plus grande durée abfolue de Ia demeure dans l'ombre, eft de 7' 58" fous l'Équateur ; la latitude de fa Lune doit être de 23" 57" auftrale; l'Éclipfe doit arriver dans le nœud afcendant ; le point de l'Équateur qui obferve le phénomène, eft celui qui compte 11° 56 1" du matin, à l’inftant de la conjonction. | DES SCIENCES. 319 Dans ces dernières recherches, nous avons füppofé que toutes les circonftances qui concourent à donner 1a plus grande durée de la demeure dans l'ombre, ont lieu à la fois ; nous avons fuppofé à la Lune, fa plus grande parallaxe polaire de 141’ 17"; fon plus grand mouvement horaire, réduit à l'Écliptique, de 3816". Nous avons fuppolé le mouvement horaire du Soleil, de 2’ 26 Ce. fon demi-diamètre de 15/42". (450.) Je terminerai cet article par une remarque im- portante. Un pourroit croire au premier coup-d'œil, que le lieu qui obferve le maximum de durée totale d’une Ecliple, d’une Écliple annuaire, ou de la demeure dans l'ombre, obferve en même temps l'Éclipfe centrale; ce feroit cependant une conclufion précipitée, car il eft aifé de démontrer que lÉ- clipfe ne peut être centrale pour ce lieu. Pour s’en convaincre, on fe rappellera qu'une des conditions du Problème, eft que lon ait A1 — A2 — 0; mais LT: gs chpp AIT — ER ire inerte donc Ÿ 7 gs chpp 1 ARTE PRE Re = (1) Ü + F2] ? & cette équation eft tellement conditionnée, que Îa valeur de # eft celle qui convient au commencement & à la fin de VEÉcliple. Or, il eft clair que d’après cela, l'Éclipfe ne peut point être centrale dans le lieu particulier dont il s'agit. En effet , il fuit de nos recherches que la condition de l'Écliple centrale, eft que + 7 gs ; ekpp Eyra Biens ee raanues X° étant le cofinus de l'angle horaire particulier qui répond à l'inftant de FÉclipfe centrale. Or dans les équations (1) & (2), toutes les quantités font les mêmes, à l'exception de 4 & de 4!; ces deux équations ne peuvent donc pas être nulles à la fois, 320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE (451:) Si l'on vouloit déterminer fa plus courte diftance des centres pour le lieu qui obferve le maximum maximorum de durée del’ Éclipe, de durée de l'anneau, ou de {a demeure dans l'ombre, on remarquera que pour ce lieu, les circonftances du mouvement relatif de la Lune , du Soleil & de l'Oblfer- vateur étant les mêmes avant & après midi, il n’y a point de railon pour que la plus courte diftance des centres arrive plutôt avant qu'après midi: cette plus courte diftance arrive donc à midi, & il fuit de nos recherches, que l'on a pour fon expreffion, 1 s cpp Ex +} 7 APE) (1) tangente plus courte diflance des centres — : PST CPIT ) ? ARS PR ds ? ou à œaufe de #7 1 Dee [S.450,équation(r)}, C RETRE ÊT x . x (r — À) (2) tang. plus courte diflance des centres — ———— cr 12) n On doit conclure de ces recherches, que la plus courte diflance des centres, eft d'autant plus ae née d’être nulle E £ ; que la durée du Phénomène eft plus grande. (452) Si lon prend le cas de la plus grande durée poflible de l'Écliple fur la Ferre, la plus courte diftance des centres fera de 2' $1", pour le point de l'Équateur qui obfervera cette plus grande durée, (453.) Je m'étois propofé d'ajouter un quatorzième Aïticle à ce Mémoire, dans lequel je comptois appliquer à des Problèmes géodéfiques, les latitudes corrigées dont j'ai fait ufage dans mon Ouvrage : la longueur de ce travail m'a fait préférer d'en faire l'objet d’un Mémoire particulier. RES ED EN EXPÉRIENCES «2777: Paa: 820. PL. IT. FeGs Pix. Hem-de Lcd Rides Se. Anz7yye Par 822 PL. NT. Mem.de lAcad.R. des Se.An.1777:Pag:320.P1, PL. FLE.S arte "7 en. te x fl LE 4 ! 2 hr EN tn qe © Éd em x gs ÿr - à] * ; i Li ! : ti TA 4 A : à U SEE + 8 1° , ’ 1 ; à \ ? que Qt A M aD Rat Lngdhe 1 RTE TPM PAT LEE | À £ LA * ) ‘ de ; È Æ » LR PL Eros EI Ee mn ul co e | RAA é : 1h _ » at PTIT NE hi: Mem.de l Acad. À. des Se, An 1777, Pag. 320.PL VF: FLE S DITS AM SMIOUILENINN CC, ES: LU) D mA M PL RIDE NC ES Propres à faire connoitre que ce qu'on nomme Acide phofphorique concret retiré des os calcinés, à /a manière de M. Schéele, r’eft point un acide à nu, mais combiné fous forme de Verre infoluble dans l’eau : c'eft un Verre animal. Par M. SAGE. "AI pris un morceau de verre, préfenté à l’Académie par M. Macquer, fous le nom d'Acide phofphorique retiré des 05 calcines ; je Vaï lavé pour le féparer d'une petite portion d'acide vitriolique qui étoit fur fes furfaces; je l'ai efluyé & je lai chauffé pour difliper l’humidité ; enfuite je Yai pefé & l'ai fait bouillir pendant une heure, dans plus de À douze cents parties d’eau diftillée, & il ne s'y eft pas diflout un atome de ce verre. J'ai enfuite tenu en digeftion, pendant trois heures, ce même verre dans de l'huile de tartre, étendue de quatre parties d’eau ; après lavoir lavé & fait fécher, j'ai reconnu qu'il ne sy étoit nullement altéré, puilqu' il n'avoit point diminué de poids. Quoique cette matière vitreufe n'ait point la propriété des _ acides, on ne peut cependant nier qu'elle ne foit compofée d'acide phofphorique, combiné avec quelque fubftance qui “fait fonction d’alkali, puifqu'elle eft à l’état vitreux, & que . Schéele en a obtenu du phofphore, en la diftillant avec de la poudre de charbon, Journal de Phyfique de M. l'abbé Rofier, Février 1777. M. Macquer a objervé le premier, qu'on retiroit plus de phofphore de cette matière lorfqu’elle étoit acide au goût & foluble dans l'eau. M. Prouft, Apothicaire de la Salpétrière, en répétant le dMém. 1777: Lüû le 14 Mai 77e 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE procédé de M. Schéele, y a fait quelques changemens, à l'aide defquels il obtient l'acide phofphorique en plus grande quan- tité : je crois devoir en rendre compte à l'Académie. Après avoir pris des os calcinés à blanc, M. Prouft les diffout dans de l'acide nitreux, & verfe dans cette diffolution de l'acide vitriolique ; celui-ci s'empare de la terre des os, avec laquelle il forme de 4a félénite, qui ne tarde pas à fe préci- piter; on ajoute de l'acide vitriolique jufqu’à ce qu'il ne fe précipite plus de félénite, puis on décante & fait évaporer en partie la liqueur acide qui étoit fur le précipité: en difitil- lant le réfidu de cette évaporation dans une cornue de verre lutée, il pañle de l'acide nitreux & de l'acide vitriolique, & lon trouve au fond de la cornue une maffe blanche demi- tranfparente & encore acide: ce même réfidu, expofé au feu dans un creufet, s’y fond & produit un verre blanc tranfpa- rent, que M. Prouft me donna fous le nom d’Acide phofpho- rique retiré des 05 calcinés : je lui démontrai que ce qu'il me préfentoit n'étoit point de l'acide phofphorique à nu, mais combiné fous forme de verre blanc, & j'ai reconnu depuis, que ce verre étoit de la même nature que celui que M. Macquer a préfenté à l’Académie, fous le nom d’Acide phojphorique retiré des os calcinés. | Deux gros du verre de M. Prouft, mis à difiller avec quatre gros de poudre de charbon, produifent environ vingt- quatre grains de phofphore très-pur; d’où lon peut inférer que dans ce verre, il y a près d’un fixième d'acide qui, en fe combinant avec le phlogiftique des charbons, fe convertit en phofphore: le degré de chaleur néceffaire pour le dégager n'équivaut point à celui qui eft capable de fondre le verre, puifque la cornue de verre lutée, qui a fervi dans cette expé- rience , n’étoit point déformée. I n’a pas fallu plus d’une heure & demie de feu pour faire ce phofphore. Lorfque je répétai ces expériences, je fis les évaporations dans des capfules de verre ; cette leflive me produifit, par le refroidiflement, de très-beaux criftaux de félénite capillaire, blanche & foyeule. DAERS MSNCITAE NUC 2E ‘s. 323 Une livre d'os calcinés à blanc, exige pour leur diflolution trois livres d’acide nitreux *, & environ une livre d’huile de Vitriol pour Îa précipitation de la terre abforbante en félénite; on ne retire par ce moyen qu'une once de verre animal par livre d'os calcinés, tandis que par le procédé que M. Nicolas fe propolfe de publier, il retire trois onces de verre animal par chaque livre d'os: ce Chimifte fe contente de réduire les os à l'état de braife animale, & de verfer une livre d'huile de vitriol fur une livre & demie de ces os calcinés: if les leffive enfuite, & obtient par évaporation & defficcation, le verre animal. * L’acide nitreux que j’ai employé, pefoit une once deux gros & demi, dans un flacon qui ne contenoit qu’une once d’eau diftillée, sf i 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ME MR Oral ed SUR LA DISSOLUTION DU MERCURE DANS L'ACIDE VITRIOLIQUE, ÆEt fur la réfolution de cet acide en acide fulfureux aériforme, 7 en air éminemment refpirable. Par NI vor STE Re J ‘A1 fait voir dans différens Mémoires que j'ai commu- niqués à l'Académie, 1.° que l'acide nitreux réfultoit de la combinaifon d’une certaine proportion d'air éminemment refpirable combiné avec l'air nitreux; 2.° que le foufre & le phofphore ne pouvoient de même acquérir la qualité d'acide, qu'autant qu'on les combinoïit avec une portion très- confidérable de ce même air éminemment refpirable; 3.° enfin j'ai annoncé qu'on pouvoit, par des expériences chi- miques, retrouver dans l'acide vitriolique Fair éminemment refpirable qui y étoit entré lors de la combuition du foufre. C'eft de ce dernier objet dont je vais m'occuper dans ce Mémoire, & je vais eflayer de compléter par décom- pofition ce que je n'ai encore prouvé que par voie de compofition. J'ai mis dans une petite cornue de verre, quatre onces de mercure & fix onces d'acide vitriolique, & j'ai échauflé lentement à feu nu dans un fourneau de réverbère. Le bec de la cornue, qui étoit fort long plongeoit dans un bain de mercure, & l'air, à mefure qu'il fe dégageoit, pañloit dans des jarres longues & étroites, pleines de mercure & plongées dans le même bain de mercure. La diflolution s'eft faite avec une effervefcence aflez vive, pendant laquelle il s'eft dégagé une quantité très-confidérable d’air fulfureux volatil, autre- ment dit d'acide fulfureux aëriforme. Cet air, tant qu'il eft DES USM DE N:C:E,5. 325 renfermé par du mercure & qu'il n'eft point en contaét avec l'eau, conferve une élafticité durable, & ïl n'eft fufceptible de dilatation & de condenfation qu'en raïfon des poids plus ou moins grands qui le compriment, ou en raifon du degré de chaleur qu'il éprouve. Cet air, comme la obfervé M. Prieftley, eft fufceptible d'être abforbé par leau; la combinaifon fe fait lentement, cependant avec une chaleur fenfible: Feau qui a été ainfi imprégnée d'acide fulfureux aëriforme, eft claire, limpide, & elle forme ce qu'on nomme acide fulfureux volatil en liqueur. II eft à obferver que la quantité d’acide fulfureux aëriforme que l’eau peut abforber, varie confidérablement fuivant te degré de température ; plus l'eau eft froide, plus l’abforbtion eft confidérable, tandis qu’au contraire lorfque l'eau a acquis un degré de chaleur qui approche de celle de l'eau bouillante, elle n'eft plus fufceptible de s’'imprégner d'un feul atome d'acide fulfureux aëriforme. I ne m'a pas encore été poflible de déterminer avec préci- fion quelle ef la portion d'acide fulfureux aëriforme néceffaire pour faturer une quantité donnée d’eau aux différens degrés de température ; ce qui eft de certain, c'eft qu'elle en peut abforber une quantité beaucoup plus grande que d’air fixe, mais beaucoup moindre que d'acide marin aëriforme. Si on veut recueillir la totalité de cet acide fulfureux aériforme, il ne s’agit que d'adapter à la cornue, dans laquelle fe fait l'expérience, un ballon à deux pointes à Ia manière de M. Woulfe, corrigée par M. Bucquet; alors on obtient dans le ballon l'acide fulfureux le plus concentré poffible, & ce qui n’a pu s'y condenfer fe trouve combiné avec l'eau des bouteilles qui y ont été adaptées. Les premières portions d’acide fulfureux aëriforme qu’on obtient font très-pures , mais à mefure qu'on avance, elles fe trouvent mélées d'air commun, ou même de quelques portions d’air éminemment refpirable: on peut obtenir fépa- rément ces deux portions d'air , en mettant fair fulfureux 326 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE en contact avec un alkali; il eft abforbé en quelques inftans, & il nerefle plus que la portion d'air commun ou d'air émi- nemment refpirable, avec lequel ïl étoit mélangé. Si après avoir pouffé l'opération jufqu’à réduire la combi- naifon mercurielle prefque à ficcité, on pouffe le feu un peu plus fort, il continue de pafñler encore un peu d'acide fut- fureux aëriforme, mais la quantité d'air éminemment refpi- rable qui pafle en même-temps, augmente de plus en plus; enfin, lorique le réfidu eft entièrement fec, il faut changer d'appareil, parce que le feu néceffaire pour achever cette opération feroit couler la cornue, fi elle n'étoit contenue par du fable. On prend en conféquence un creufet de Paris, auquel on fait une échancrure pour le paflage du col de la cornue; on y place cette dernière dans du fable, & on en revêétit la partie fupérieure avec de la terre à four légèrement humectée, afin que le verre ne reçoive d'aucun côté limpreffion de l'air froid, qu'il foit également échauflé dans toutes fes parties, & que la cornue foit moins expofée à fe déformer. J'ai mis dans un appareil, difpofé comme je viens de le dire, deux onces du vitriol mercuriel poufé à ficcité, & privé de la plus grande partie de fon eau de criftallifation, que j'avois obtenu dans l'opération précédente, & j'ai donné un feu aflez vif, l'opération a duré plus d'une heure & demie, & il a paflé pendant tout fon cours, 1.° un peu d'air fulfureux aëriforme, qui s’eft abforbé dans la cuve d’eau dans laquelle plongeoit le bec de la cornue : 2.” quatre-vingt- onze pouces d'air éminemment refpirable très-pur. La proportion la plus grande d'air nitreux que puifle abforber cet air, pour en être faturé, eft de fept parties contre quatre , & les onze parties qui rélultent de ce mélange fe réduifent à une partie & un huitième; d’où lon voit que fair déphlogiftiqué du vitriol mercuriel approche beaucoup du plus grand degré de pureté auquel cet air ait été porté jufqu'à préfent. À mefure que l'acide fulfureux aëriforme & Fair éminem- DAES + SUCUINE NoCLE rs, 3237 ment refpirable fe dégagent, le mercure, qui étoit combiné avec eux dans le vitriol mercuriel, fe revivifie, & devenu libre, il pafle en mercure coulant dans la diflillation ; mais la totalité du mercure ne fe revivifie pas, & il fe fublime dans le col de la corñue deux efpèces de chaux de mercure, lune blanche, qui a l'apparei -e faline, & l'autre grile : j'exami- nerai ailleurs ces efpèces de chaux que M. Baumé a annoncé comme non-revivifiables par elles - mêmes & fans addition; enfin, il ne refte rien du tout dans la cornue. En réfumant les produits de cette dernière opération | & en les rapprochant de ceux que j'ai obtenus de la diftillation de pareille quantité de vitriol mercuriel dans un appareil diftillatoire ordinaire, je trouve que deux onces de cette combinaifon métallique fournifient Onces, Gros. Grains. MR EAU ORMENME tofs ele lel-Le cles ete Le SRE ET D MONTRE NCOMANES ET. Made le sleraiiee lee Ut MO T2 3° Chaux blanche fublimée dans le col de lacornue. 2100: 4° Chaux grife de mercure. . .... Lie. TU 0: EE MORTE PER ER He CRE VIT. 2.670: La quantité de vitriol mercuriel étoitde.. ...... 2. y » TE CUBES NOT ONET IE TEE | Cette perte eft fans doute repréfentative du poids, tant des quatre-vingt-onze pouces cubiques d'air éminemment refpirable que j'ai obtenus, que de l'acide fulfureux aëri- forme qui a été abforbé par l’eau. IL eft à obferver que l'air éminemment refpirable qu'on obtient dans cette opération, précipite l'eau de chaux fenfi- blement, ce qui annonce que cet air eft mélangé d’un peu d'acide crayeux aëriforme. I eft clair que puifqu'on n'emploie dans cette opération ue de l'acide vitriolique & du mercure, & que ce dernier reflort fous forme métallique comme il y étoit entré, air éminemment refpirable ne peut être qu'un produit apparte- nant à l'acide vitriolique; donc, comme je l'ai avancé, on 328 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE retrouve par analyfe dans f’acide vitriolique, Fair déphlo- giftiqué ou air éminemment refpirable qu'il a abforbé pendant la combuftion du foufre. Une autre conféquence à laquelle il eft impofñble de fe refufer, d'après les expériences qu'on vient de rapporter, c'eft que l'acide fulfureux volatil eft un acide vitriolique en partie dépouillé d'air éminemment refpirable, Toutes ces mêmes conféquences fe repréfenteront plus d'une fois dans la fuite d'expériences que j'ai à expofer à l'Académie, MÉMOIRE DES SCIENCES. 329 MÉMOIRE SUR LA PRÉCESSION DES ÉQUINOXES Par M. DE LA PLACE. I. L° Terre fe meut à trés-peu près d’une manière uniforme autour d’un de fes axes principaux de rotation; mais cette Planète n'étant pas exactement fphérique , Padion du Soleil & de la Lune produit dans fon mouvement {ur elle- même, & dans la pofition de fon axe, de légères variétés dont la partie la plus fenfible a été obfervée fous les noms de Préceffion des Equinoxes & de Nutation de l'axe terreffre. D illuftres Géomètres ont foumis ce Phénomène à J'analy{e, _ dans le cas où la Terre feroit entièrement folide, en fuppo- fant d’ailleurs une différence quelconque très-petite dans les momens d'inertie par rapport à fes trois axes principaux; & il eft remarquable que l’on retrouve conftamment les mêmes loix de préceflion & de nutation, quelle que foit cette difié- rence; mais il fe préfente ici une queftion bien importante à réfoudre, & qui confifte à favoir fi ces loix fubfiftent encore dans le cas de la Nature, où l'Océan recouvre une grande partie de la furface du Globe? Les eaux de la mer cédant, en vertu de leur fluidité, aux attractions du Soleil & de la Lune, il femble au premier coup-d'œil, que leur réaction ne peut influer fur les mou- vemens de l'axe de la Terre; auffi voyons-nous qu'elle à été entièrement négligée par tous ceux qui jufqu'à préfent fe font occupés de cet objet : ils font même partis de là, pour concilier les quantités obfervées de la préceflion & de la nutation avec les mefures des degrés terreflres, ce qui paroït Mén. 1777. T5 Lù le 18 Août 1779: 330 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE en effet impoffible, lorfqu'on regarde la Terre comme uf elliploïde de révolution entièrement folide. Cependant un plus profond examen de cette matière, nous montre que la fluidité des eaux n'efl pas une raifon fufhfanie pour négliger leur effet fur la précetlion des Equi- noxes; car fi d’un côté elles obéiffent à l’action du Soleil & de la Lune; d’un autre côté, la pefanteur es ramène fans cefle vers l’état de l'équilibre, & ne leur permet de faire que de très-petites ofcillations : il eft donc poflible que par leur attraction & leur preflion fur le fphéroïde qu'elles recouvrent, elles communiquent au moins en partie à l'axe de la Terre, les mouvemens qu'il en recevroit , fi elles venoient à fe confolider. On peut d’ailleurs s’'aflurer par un raifonnement fort fimple, que leur réaélion eft du même ordre que l’action direéte du Soleil & de la Lune fur la partie folide de la Terre. Imaginons pour cela que cette Planète foit homogène & de mème denfité que la mer; fuppofons de plus, que les eaux prennent à chaque inftant la figure qui convient à l'é- quilibre de toutes les forces qui les animent, & voyons quel doit étre l'effet de leur réaétion dans ces deux hypothèles. Il en réfulte que fi l'on fuppoloit la Terre devenir tout-à- coup entièrement fluide, elle conferveroit toujours la même figure, & le fluide renfermé dans un canal quelconque ren- trant en lui-même & pris dans fon intérieur, refteroit en repos; il ne pourroit donc y avoir aucune tendance au mou- vement dans l'axe de rotation: or il eft vifible que cela doit encore fubfifter dans le cas où une partie de cette mafle formeroit, en fe confolidant, le fphéroïde que recouvre la mer. Les hypothèles précédentes fervent de fondemént aux théories de Newton, fur la Figure de la Terre, & fur le reflux de la mer; & il eft affez remarquable que dans le nombre infini de celles que l’on peut faire fur les mêmes objets, ce grand Géomètre en ait choïfi deux qui ne donnent ni pré- ceffion, ni nutation; {a réaction des eaux détruifant alors l'effet direct de l’action du Soleil & de la Lune fur le fphéroïde Béaé on.. D RS YSNCAEEN, GAEuSe 331 terreftre, quelle que foit fa figure; il eft vrai que ceshypothèfes, & fur-tout la dernière, font peu conformes à la Nature; mais on voit a priori que l'eflet de la réaétion des eaux, quoique différent de celui qui a lieu dans les fuppofitions de Newton, eft cependant du même ordre. Les recherches que j'ai faites fur les ofcillations de la mer & de latmofphère, n'ont fourni le moyen de le déterminer dans les véritables hypothèfes de la Nature, & j'ai trouvé qu'il ne changeoïit rien aux loix connues de la préceffion & de la nutation, mais qu'il pouvoit influer très-fenfiblement fur la quantité de ce phénomène. Toutes les ofcillations de la mer ne concourent pas à cet effet; la partie de ces ofcillations dont il dépend, eft celle qui produit la différence des deux marées d’un même jour: & quoique dans Îe cas général où la Terre eft un fphéroïde quelconque de révolution recouvert par la mer, il foit pref- que impoflible de la déterminer; il eft aifé d'y parvenir lorfque la figure du Méridien eft une ellipfe , & l’on peut facilement en conclure la véritable quantité de la préceffion & de la nutation, en faifant entrer dans le calcul la réaction des eaux. Les formules que j'ai trouvées dans ce cas parti- culier, font fentir d’une manière inconteftable, la néceflité d'y avoir égard; mais il en réfulte que la différence de deux marées conlécutives étant prefque nulle fuivant les obferva- tions, l'effet de cette réaction doit être infenfible, & qu'il ne peut fervir à concilier les mefures des degrés terreftres avec les quantités obfervées de la préceflion & de la nutation, ce qui feroit encore vrai quand on Îe fuppoleroit très-confi- dérable ; car j'ai fait voir dans les recherches citées, que l'éllipticité de la Terre entière que fon conclut des obfer- vations fur les mouvemens de fon axe, eft indépendante de tout ce qui a rapport au fluide / Voyez les Mémoires de l'Académie, année 1770, page 257). Ce dernier réfultat m'a conduit au théorème fuivant qui peut mériter l'atten- tion des Géomèires. Si Jon fuppofe que la Terre eff un ellipfoïde de révo- dutios recouvert par la mer, la fluidité des eaux ne uit en î AVE A] 332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ren à l'effet des attradtions du Soleil © de la Lune Jur le préceffion © la nutation, en forte que cet effet eff entiére- ment le même que fi la mer formoit une maffe folide avec la Terre. I! eft naturel de penfer que ce théorème n’eft pas borné à la feule fuppofition de l'ellipticité du fphéroïde terreftre, & qu'il a généralement lieu , quelle que {oit la figure de ce fphé- roïde ; mais il paroît prefqu'impoflible de le démontrer par la méthode dont j'ai fait ufage, à caufe de la difhculté de déter- miner généralement la partie des ofcillations de la mer qui influe fur la préceffion des Équinoxes: j'y fuis heureufement parvenu par une méthode nouvelle & très-fimple, entièrement indépendante de cette détermination , & qui d’ailleurs a l'avantage de s'étendre au cas de la Nature, dans lequel, aux irrégularités de la figure & de la profondeur de la mer, fe joignent une infinité d’obftacles qui en altèrent les ofcillations. C'eft le développement de cette méthode qui fait l’objet de ce Mémoire; mais avant que de l'expoler, je vais démontrer le théorème précédent par mes formules, dans le cas de l'ellipticité de la Terre. a LEUR Soir g° l'ellipticité du fphéroïde que la mer recouvre; qg + g celle de la Terre entière; N° fa denfité moyenne; d\ celle des eaux; G l'ellipticité de la couche de niveau du fphéroïde terreflre dont le demi-petit axe eft r; À la denfité ù n° è de cette couche; ai le rapport de la force centrifuge à fa pefanteur à l'Équatéur. Soit de plus, P la préceflion des Équinoxes , lorfqu’on a égard à Ja réaétion des eaux; p' cette même préceflion , lorfqu’on n'y a aucun égard ; on aura (voyez les Mémoires de l’Académie, année 1776, p. 253) pp'(29—") JRd(Er)—29 gg: l2q(1— 2% TA .[R.d0(Gr). DetsmStcomE W'otEls, 33% Si l'on nomme enfuite P'”, la préceffion des Équinoxes, lorfque lon confidère la Mer comme formant une mafe folide avec la Terre; il eft facile de s’affurer par l'endroit cité, que l'on a P :P::$qg +JR.0(6r) : [R.d/6r); aïinfi, pour faire voir que p"— p'i fuffit de prouver que n° : Jy+/SR.d(ET) Énen sn ie et PE Trailer) JUNE 3 mil. LA n r Q c On peut mettre cette équation fous la forme fuivante, {3 g).(10d°— 69) — CG[R.d0(Ér)— 68 g + = de, Or cette dernière équation eft la même que l'équation ( 36) de la page 257 des Mémoires cités, & réfulte de l'équilibre des eaux de la mer. Voici maintenant {a méthode que j'ai annoncée dans ; PAZ , q J à , ue l'article précédent, & qui, comme on va le voir, n’eft limitée P 4 L par aucune fuppofition fur la Figure de la Terre, LOT C'EST un principe général de dynamique, facile à démon- ter, que fi l'on projette fur un plan fixe, chaque molécule d'un fyftème de corps qui réagiflent les uns fur les autres d’une manière quelconque : f: de plus, on mène de ces pro- jeétions à un point fixe pris fur le plan, des lignes que nous nommerons rayons vecteurs; la fomme des produits de cha- que molécule par l'aire que décrit fon rayon vecteur, eft proportionnelle au temps; en forte que fi lon nomme À cette fomme, & r le temps, on aura À — #1, k étant un coëfficient conftant. Ce principe dont nous fommes ‘redevables à M. le Che- valier d'Arci, a dans la queftion préfente, un grand avantage 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fur les autres principes du même genre, tels que ceux de la confervation des forces vives & de la moindre action, en ce que ces derniers fuppofent que les changemens qui arri- vent dans le fjflème, {e font par des nuances infenfibles, & qu'il n'y a point de paflage brufque d’un état à un autre; au lieu que le premier ef également vrai, dans le cas où il Y auroit de femblables pañages; & c'efl ce qui arrive fur la Terre, où les ofcillations des eaux qui la recouvrent en grande partie, font aliérées par le frottement du fond de la mer, & par la réfiflance des rivages. Si le fyflème eft foumis à l'action de forces étrangères , A ne fera plus proportionnel au temps #, & par conféquent l'élément 04 du temps étant fuppolé conftant, la valeur de 0 À ne fera plus conftante ; pour déterminer fa variation, on fuppolera que toutes les molécules du fyflème font en repos, & on les confidèrera comme étant ifolées; on fera enfuite une fomme de tous les produits de chaque molécule par l'aire que décriroit fon rayon vecteur, dans l'inftant 0, en vertu des forces extérieures qui la follicitent, & cette fomme fera égale à 0° 4; car il réfulte du principe que nous venons d'expoler, que la réaction des diflérens corps du fyftème, ne doit rien changer à cette valeur de 9° 4. Concevons, cela polé, une mafñle en partie fluide, & qui tourne autour d’un axe quelconque ; fuppolfons qu'elle vienne à être follicitée par des forces attractives infiniment petites de l’ordre &, & qui laiflent en repos fon centre d'inertie; {ï l'on fait pafler par ce centre un plan fixe que nous pren drons pour plan de projection, & que lon faffe parüir de ce même point, les rayons vecteurs des différentes molé- cules:; la fomme des produits de chaque moléculespar l'aire qu'aura décrit fon rayon vecteur , fera aux quantités près de ordre «*, la même que fi la mafle eût été entièrement {olide. Pour le faire voir , il fuffit de prouver que la vale de 0° À fera la même dans la fuppolition de la maile en partie fluide, & dans celle de la maffe entièrement folide: or fi l'on confidère qu'après un temps quelçonque, la figure DES Sec TE Nc Es 335$ de la maffe, & la manière dont elle fe préfente à l'action des forces attractives, ne peuvent difiérer dans ces deux hypo- thèles, que de quantités de l'ordre à ; fi lon fe rappelle d’ail- leurs que ces forces ne font elles-mêmes que de l’ordre «; il efl aifé d'en conclure que la différence des valeurs de 0° À, dans ces mêmes hypothèfes, ne peut être que de l’ordre 4°, & qu'ainfi en négligeant les quantités de cet ordre, on pourra fuppofer nulle la différence des valeurs correfpondantes de à A ru I V. ImMAGINONS préfentement que la maffe dont nous venons de parler, foit- a Terre elle-même que nous regarderons d’abord comme un fphéroïde de révolution très-peu différent d'une fphère, & recouvert d’un fluide de peu de profondeur: Taétion du Soleil & de 1a Lune excitera dans le fluide des ofcillations, & des mouvemens dans le fphéroïde; mais ces mouvemens & ces ofcillations doivent, par ce qui précède, être tellement combinés, qu'après un temps quelconque, la dA ! 1 : " valeur de —— qui en réfulte, foit la même que fi Ia Terre eût été entièrement folide : cherchons d’abord cette valeur dans cette dernière fuppofition. Pour cela, foit à l'origine du mouvement, « l’inclinaifon de l'axe réel de rotation au-deflus d’un plan fixe que nous fuppo- ferons étre celui de l'écliptique; @ l'angle que forme f'inter- feétion de ce plan & de l'Équateur, avec une droite invariable prife fur le plan de lécliptique, & qui paffe par le centre d'inertie de la Terre ; 21 le mouvement de rotation de cette Planète ; il eft clair, que tous les changemens qui arriveront dans le mouvement du fphéroïde après fe temps #, fe réduifent x Variations de 6, @ & ». Suppofons conféquemment, qu'après ce temps, € fe change eng + ad\e, eng + af, & nenn + adn; on fait, par la théorie de la préceflion des Équinoxes, que les feuls termes auxquels il foit.néceflaire 336 Mémoires De L'AcADÉMIE RoyaALe d’avoir égard, font ceux qui croiffent proportionnellement aw temps, ou ceux qui étant périodiques, font multipliés par des finus ou des cofmus d’angles croiffans très-lentement, & divifés par les coëfhciens du temps # dans ces angles : de-là vient que parmi les termes périodiques qui entrent dans les formules de la préceflion & de la nutation, il n'y a de fenfibles que ceux qui dépendent du mouvement des nœuds de lorbite lunaire. On peut donc, en n'ayant égard qu'à ces termes, fuppoler Ne, Ag & An conftans pendant un très-petit intervalle , comme celui d'un jour, & qu'ils ne changent que d'un jour à l'autre, Concevons maintenant que le plan fixe fur lequel on projette les mouvemens des molécules de la Terre, pafle par fon centre & forme l'angle 8 avec l'écliptique, & que l'inter- fection de ces deux plans forme l'angle & avec la droite inva- riable d’où nous faifons commencer l'angle @ ; on aura durant ste d À le premier jour, & en fuppofant 6, @ & # conftans, Se M, nie M étant fonétion de e, @, n, & des quantités 8 & æ qui déterminent la pofition du plan de projection. Après un nombre ; d A £ quelconque de jours, cette valeur de —— ne fera plus égale à M; mais il eft vifible qu'elle fera pareille fonétion de Halde, ct ae, & n + adn, que A l'eft de * La d À L) . ®,e & n; fi donc on défigne par ad, DE pe la variation de 57 après un temps quelconque; on aura , en négligeant les quantités de l'ordre «°, JM * > dv J+adé.(—) + adn.( - } Quoique la connoiïffance de 1 ne foit pas néceffaire, nous allons cependant, pour plus de clarté, le déterminer; on peut, dans ce calcul, regarder fans erreur fenfible la Terre somme uns fphère. Soit donc 2 Æ/1a fomme des produits de chaque d A 2? d À ad). A —ade./f PUNTO MEis/ SNCIRE NICE S. 33% chaque molécule de cette fphère par le carré de fa diflance à l'axe de rotation, & 4 l’inclinaifon du plan de projection fur l'équateur terreftre ; il eft aifé de, voir que fon aura AM—n H..cof. +; or on trouvera facilement, par les formules de la Trigonométrie fphérique, cof. == cof. 8 . fin. € + fin. À . cof. € . cof. (æ —— e}); ; à A : 4 lexpreflion précédente de af. —— deviendra ainfr > A NP .fin.8 . cof.€ . fin. {® — %) R N.——uanH. ÿ < dr si + d'e. $ cof.8 . cof.é—fin.0 . fine. cof. (æ —?)} C } + a HA\n.$ co. à. fin. —+ fin. À. cof. €. cof. (æ — )}. Cherchons préfentement l'expreflion de cette quantité, dans le cas où la Terre eft un fphéroïde recouvert d’un fluide de peu de profondeur. Soient d\®@, de & d'n les variations de ®@, « & n, rela- tivement au fphéroïde, en ne confervant dans l’expreffion de ces variations que Îes termes ou proportionnels au temps, ou multipliés par des finus & des cofinus d’angles croiffans très-lentement, & divifés par le coëffcient du temps dans ces angles; il eft clair, par ce qui précède, qu'il en réfulte dans 2 À SIP TS hrs * Ja valeur de —— une variation à très-peu près égale à dE de. { co6 8. cofen—fin. D .fime co (æ—@) Rae Dp". fin. À . cof. € . fin. {æ — ?) + à F9 n". fcof.8 .fin.e + fin.8 . côf.e . cof. (æ — p)}, Je peu de profondeur du fluide permettant de regarder 2 Æ comme repréfentant encore Îe produit de chaque molécule du fphéroïde, par le carré de fa diftance à l'axe de rotation. ù LES DANS À Pour avoir la variation totale de = il faut ajouter à Ia variation précédente, celle qui réfulte du mouvement du fluide, & que nous défignerons par ad L; or on,a vu Mém. 1777: - Uu 338 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaLE . . LE d À LA LI ci-deflus que la variation entière de pra eft égale à celle ; que donne l'équation (1), & qui auroit lieu fi le fluide qui recouvre la Terre, formoit une maffe folide avec elle; on aura donc, en égalant ces deux variations, (9 @ — À) .finb.cofe.fn(e — D) 0 — an}. + (de — Je) . [cof. B.cof.é — fin. 8 . fin. 2 (2Ÿ .cof. {a — e)] —— a H.(® Aie d'u) .[cof. 8. fin. € —— fin, 0 .cof. €. cof. (a — A + aUL, d V. Les feuls termes de l'expreflion de a 9 L, auxquels il faille avoir égard , font ceux qui font proportionnels au temps, ou qui renferment des finus & des cofinus d’angles croiflans très lentement, & divifés par le coëflicient du temps dans ces angles; & fi lon parvenoit à les connoître , l'équation précédente étant vraie, quels que foient® & æ, donneroit les valeurs de d'@', d'e' & d'n' en fonctions de ces termes , & des quantités A9, de & d\n, qu'il eft toujours facile de déter- miner par les méthodes connues. Il eft vifible que dans le calcul de ces termes de a L, on peut fuppofer nulles, les variations du mouvement du fphéroïde terreftre ; parce que les petites quantités qui en rélultent dans ad L, font par rapport à ces variations, du même ordre que le rapport de la mafle du fluide à celle du fphéroïde : on peut enfuite , dans le calcul des attractions du Soleil & de la Lune fur la mer, négliger la partie de ces attractions, dont la réfultante pañle par le centre du fphéroïde, & qui tiendroit par con- féquent les eaux en équilibre autour de ce centre, fi elles venoient à fe confolider ; car il eft clair qu’en vertu de cette . . d À . \ force, la variation de —— féroit nulle dans cette hypothèfe, & par ce qui précède, l'état de fluidité de la mer nepeut influer fur cette variation, Quant à l'autre partie des attractions DES SCIENCES. 339 {olaire & lunaire , il fuit de mes recherches fur le flux & le reflux de la mer, que c’eft d'elle feule dont dépend fa différence des deux marées d’un même jour / Voyez les Mémoires de l'Académie, année 177$, page 163; à année 1770, page 196): ox fans être en état de déterminer les olcillations qui en réfultent, pour toutes les hypothèfes de profondeur & de denfité de la mer; on voit cependant très-clairement que les quantités qui déterminent ces ofcilla- tions, ne renferment ni termes proportionnels au temps, ni finus ou cofnus d’angles croiffans très-lentement, & divifés par le coëfficient du temps dans ces angles: donc fi l'on défigne par x, y, z-les trois coordonnées rectangles qui déter- minent la pofition d’une molécule fluide que nous repréfen- terons par 0", au-deffus du plan de projection; x, y, z; : dx dy D? QU ra à femblable ; & cela fera encore vrai de la différentielle 4 Eu ner )-0m, & de fon intégrale EE" étendue à toute la mafle fluide: or cette intégrale repré- ne renfermeront aucun terme , cL'ONET à : } fentant la partie de —— qui eft relative au fluide, il en réfulte que fa variation «NL ne renferme aucun terme de [a nature de ceux dont il s'agit; on peut donc effacer a d Z, de Yéquation (2) de l'article précédent, ce qui k réduit à celle-ci, o — n.(AQ — 99).finb.cofe.fin{æ — %) + n. (De — Je) .[cof.8.cof.e — fin. 0 .fin.e.cof. {æ — 9] ; G} TUE (Nn' — dn) . [cof. à . fin. € + fin. Ô .cof. €. cof. (æ — )] Cette équation ayant lieu, quels que foient à & æ, nous pouvons y fuppoler d'abord æ — 9, & 8 — DOTE: elle donnera dr — fn — 0, où dr — d'un, ce qui change l'équation ( 3) dans la fuivante, é — (9 en dd) . fin. 8. cof. € . fin. {æ == ®) $ Uu H (De — de) .[cof.b ,cof € — fn. À . fin. € . cof. (e — 9 js ta 340 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en fuppofant dans cette dernière éqnation, 8 — o, onaura Oo — de — Ne, ou de — de, & l'équation (4) devient D (de — SG) «fin. À . cof.e . fin. (æ -— p). Partant, fig" — Ag; on aura donc les trois équations do = dp, dé ide, Gin — dus d'où il fuit que les variations du mouvement du fphéroïde terreftre recouvert d’un fluide, font les mêmes que fi la mer formoit une mafle folide avec la Terre, & qu’ainfi la préceflion & la nutation font entièrement égales dans ces deux hypothèes. VI Quoique la démonftration précédente foit fondée fur la fuppofition que la Terre eft un fphéroïde de révolution recouvert par fa mer; il ne paroît pas cependant impoflible de l'étendre au cas de la Nature, dans lequel la Figure de la Terre & la profondeur de la mer font très-irrégulières , & les ofcillations des eaux font altérées par un grand nombre d'obftacles ; car tout fe réduit à faire voir que ad Z ne renferme alors ni terme proportionnel au temps, ni finus ou cofinus d’angles croiflans très-lentement, & divilés par le coëfhcient du temps dans ces angles : cela paroît d’abord inconteflable, relativement aux termes proportionnels au temps; car on voit à priori, que les ofcillations de la mer, & par conféquent la valeur de _—. qui lui eft relative, feront les mêmes lorfque les circonftances du mouvement de l’Aftre fe retrouveront entièrement femblables ; la difié- rence, s'il y en avoit quelqu'une, ne pourroit venir que de la pofition & de la viteffe des eaux à l’origine du mouve- ment; mais ceite vitefle a dû être détruite depuis long- temps par toutes les réfiflances que la mer éprouve, en forte qu'il {eroit impoñlible par l’état préfent de fon mouvement, de fixer cette origine que lon pourroit fuppofer plus oy DES SCIENCES 34 moïns éloignée, fans qu'il en réfuliât aucun changement dans les ofcillations actuelles de la mer. I fuit delà, que fi les élémens de l'orbite de l'Aftre attirant . d A . ; font invariables, l'expreflion de ET relative au fluide, ne renfermera aucun terme porportionnel au temps, mais qu’elle fera une fonction de ces élémens & de quantités périodiques dépendantes du mouvement de cet Aftre & de Ia rotation de la Terre: cette fonction repréfenteroïit encore à très-peu- : d A ; 212 près la valeur de Sn fr quelqu'un de ces élémens, tel que Ja pofition du nœud de l'orbite, venoit à varier d’une manière prefque infenfible, comme il arrive pour la Lune; il fuffroit alors de regarder cet élément comme variable, ce qui peut à la vérité introduire dans l'expreflion de a d L des finus & des cofinus de la diftance angulaire du nœud de l'orbite Junaire à l’équinoxe du printemps, mais fans être divifés -par le coëfficient du temps dans cet angle, comme cela feroit nécefaire, pour qu’elle pût influer fur la préceffion & fur la nutation. Il eft donc généralement vrai que de quelque manière que les eaux réagiflent fur la Terre, foit par leur attraction, ou par leur preflion, ou par le frottement & la réfiftance des côtes, elles communiquent à l'axe de la Terre un mouvement à très-peu-près égal à celui qu'il recevroit de Taction directe du Soleil & de la Lune fur la mer, fi on la fuppoloit former une mafle folide avec la Terre. On peut comparer l'effet des ofcillations des eaux fur la préceflion des Æquinoxes, à celui des vibrations infenfibles que l’action de Ia gravité, & généralement toutes les forces de la Nature, excitent dans les corps même les plus folides , & qui ne les enipêchent "pas de fe mouvoir comme s'ils étoient parfaitement durs, con- formément au même principe dont nous avons fait ufage dans ces recherches, favoir, que la réaction de leurs molécules les unes fur les autres, n’altère point la fomme des produits de chaque molécule, par l'aire que décrit fon rayon vecteur {ur ‘un plan fixe quelconque. 342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALeE VAI. ConsiIDÉRONS la Terre comme étant entièrement folide, & reprenons l'équation (1) de l'art. ZW; fi lon choifit pour plan fixe celui de l'équateur terreftre à l'origine du mouve- ment, on aura æ — @, & 0 — 9o— 6; l'équation (1) ; ù A J deviendra donc a À. = 4 Hd n, ce qui donne, en 2 Are) « dn È . la différenciant, & d\. UNE EN Sr Maintenant il > À > re Fi réfulte de l'art, III, que a d. produits de chaque molécule, par l'aire que fon rayon vecteur projeté fur le plan de l'Équateur, décriroit dans l'inflant ar, en vertu des attractions du Soleil, de la Lune & des Planètes: or, fans prendre la peine de calculer cette aire, on conçoit aifément qu’elle ne peut être exprimée que par une fuite de termes de la forme pin. (rat + mt+ EE); P & E étant conftans , 7 étant un nombre entier ou zéro, & m" étant nul ou dépendant du mouvement de FAftre attirant dans fon orbite. Si l’on füppole ce mouvement extrêmement petit, en forte que dans l'intervalle d’un jour, on puiffe regarder l'Aftre comme immobile ; la fomme des termes dans lefquels r — 0, pourra, dans le même intervalle, être repréfentée par une conftante €; mais il eft vifible que lorfque la molécule, par la révolution dela Terre fur elle-même, aura pris de l’autre côté du Méridien de ’Aftre, une fituation femblable à celle d À « a qui lui eft relative, fera exactement [a même avec un figne con- traire, ce qui ne peut être, à moins que lon nait C — 0. Y À d ou cofinus d’angles croiflans très-lentement ; d’où il fuit que aæd\n ne renferme point de pareils finus ou cofinus, ni aucuns termes proportionnels au temps; le mouvement de rotation eft égal à la fomme des qu'elle a dans le moment préfent; la partie de a À, Partant, ad. ne renferme ni terme conftant, ni finus DES LS EULE NLE Es 343 de la Terre, ne reçoit donc point de variation fenfible de action des corps célefles, & comme la valeur de ad y ef, par ce qui précède, encore la même, lorfque la Terre eft recouverte d’un fluide de peu de profondeur ; on voit que l'adion de ces différens corps fur cette Planète & fur les eaux qui la recouvrent, n'altère point l'uniformité de fon mouvement dé rotation. NOTE JE terminerai ces recherches par la remarque fuivante fur l'axe réel de rotation de la Terre: la pofition de cet axe dans l'efpace eft, comme on l’a vu, la même dans le cas où la Terre eft entièrement folide, & dans celui de la Nature où elle et recouverte en partie d’un fluide de peu de pro- fondeur; mais fa fituation par rapport à la furface du globe eft-elle dans ces deux cas, exaétement femblable ? Si l'on confidère la Terre comme un fphéroïde de révo- lution entièrement folide, ou recouvert d’un fluide ; il eft facile de s’affurer que l'axe réel de rotation ne peut jamais s’écarter d’une quantité fenfible de l'axe de figure, autour duquel elle eft fuppofée tourner au moins à très-peu près à Torigine du mouvement ; car la raifon pour laquelle l'axe réel de rotation s'écarteroit plutôt à droite qu'à gauche de l'axe de figure, ne pouvant venir que de la pofition primitive du fphéroïde par rapport à l'Afre; il eft vifible qu'en fuppofant le mouvement de rotation de la Terre très-rapide par rapport à celui de l’Aftre, le même écart que l'on trouve après le temps #, à droite ‘de l’axe primitif, en prenant pour origine du temps le commencement du premier jour, doit fe trouver à gauche après le même temps, fi l'on fixe cette origine au milieu du premier jour, l'axe réel de rotation ne peut donc avoir autour de l'axe de figure, que des mouvemens périodiques & infen- fibles, en forte que l'on peut toujours fuppofer que ces deux axes coïncident; mais il n’eft pas de la même évidence que Ton puifle également confondre l'axe réel de rotation de la Terre avec fon axe primitif, dans le cas où Ja figure de cette 344 MÉmotres DE L'ACADÉMIE ROYALE Planète & la profondeur de Ia mer font très-irrégulières. TE ne fuffit pas alors pour l'équilibre, que la direction de la pefanteur foit perpendiculaire à chaque point de Ia furface des eaux; il faut de plus, que les efforts de toutes es molé- cules pour déplacer l'axe de la Terre, fe balancent & fe détruifent réciproquement : or fi ces deux conditions ne font pas remplies; fi la configuration du vafte baffin de la mer s'y refufe; ne doit-il pas en réfulter dans l'axe réel de rota- tion des mouvemens imperceptibles , qui réunis à ceux que produifent l'aétion directe du Soleil & de la Lune, & la réaction des eaux, peuvent le faire fucceflivement répondre à différens points de la furface du globe éloignés les uns des autres, & tranfporter ainfr, après un temps confidérable , le Pôle dans d’autres régions ? N’eft-ce point à ces mouvemens qu'il faut attribuer les déplacemens prefque infenfibles que l'on obferve dans la mafe des eaux? Ces queftions me fem blent mériter par leur importance & leur extrème difhculté, l'attention ges Géomètres. » MÉMOIRE DRE SI OLC IE N CES. 345 M É MOIRE CONTENANT RE SO B SERA A TM ON. S' D ET ACT VC OMMETTE Obfervée à Paris de lObfervatoire de la Marine, depuis le 26 Mars jufqu'au 3 Avril 1772 (a). ParoME, ME S S.1E-R. | Asa Comète fut découverte à Limoges, le 8 Mars, vers les 7 heures du foir, par M. Montaigne, avec une lunette achromatique, faite à Londres par M. Dollond, de 3 pieds+ de foyer. L'Académie en eut connoïflance par M. d’Alembert, le 17 du même mois : voici l'extrait de la lettre de M. Montaigne. Comète aperçue le 8 Mars, à 7 heures du foir,, auprès de l'étoile x /b) de la quatrième grandeur de l'Éridan. A 7 heures 30 minütes, la Comète étoit moins avancée que l'Etoile d'un degré en afcenfion droite, & fa déclinaifon auftrale étoit moindre de 10 minutes que celle de l'Etoile. À 9" 30, la Comte s'étoit approchée de 7 minutes de TEtoile, & n'avoit prefque point changée de déclinaifon. Son mouvement apparent étoit felon l’ordre des fignes, & elle s’avançoit en afcenfion droite de 1425’ en vingt- quatre heures. (a) C’eit la LXI.° Comète dont l’orbite aît été calculée, en fuivant la Table qui eft dans lAffronomie de M. de la Lande, Tome 111, page 266. Voyez à la fin de ce Mémoire une additiofaux Recherches de M. Lexell, fur le temps périodique de la Comète de 1770 , & les Élémens calculés dans l’ellipfe de la Comèré obfervée en 1773 & 1774. (b}' M. Montaigne a mandé depuis que ce n’étoit pas l’étoilex de l’Éridan, majs l'étoile à laquelle fe rapportoient les obfervations du 8 & du 9, Mén. 1777. X x Là le 20 Déc. 1776. Première Obfervation le 8 Mars, à Limoges, Premitre Oblervation le 26 Mars, a Paris. 346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La Comète avoit une queue oppolée au Soleil de 4 à ‘5 minutes ; le noyau n'étoit pas brillant, & paroïfoit tout au plus comme une Etoile de fixième grandeur, ne pouvant être aperçue à Ja fimple vue; M. Montaigne jugeoit qu'on ne pourroit la voir qu'avec peine, même dans la lunette, lorfque la lumière de la Lune feroit devenue plus grande. Par le chemin que la Comète avoit fait en deux heures, elle devoit fe trouver le 14 au foir aux environs de l'étoile B, la dernière de l'Éridan, enfuite traverfer la conflellation d'Orion , entre Rigel & la Ceinture. Le 9 Mars, à 7" 30’ du foir, la Comète étoit plus avancée que l'étoile », de 25 minutes en afcenfion droite, & fa dédinaifon auftrale étoit diminuée de 3 minutes; fa lumière & fa queue n’avoient point changé depuis la ve «+ D'après ces obfervations, je rapportai fur les Cartes céleftes de Flamftéed , les pofitions de la Comète, vue à Limoges le 8 & le 9 Mars, pour pouvoir la chercher dans le ciel. Le r5 Mars au foir, le ciel étoit ferein , mais il y avoit beaucoup de vapeurs, & la Lune étoit fur horizon; je cherchai la Comète avec une lunette de nuit, & avec une feconde dunette achromatigne de 3 pieds & étais de foyer ; mes recherches furent inutiles , il ne fut pas poffble de la découvrir; les vapeurs & la grande lumière de la Lune nui- foient totalement à la recherche de la Comète, vu fa petiteffe & le peu de lumière qu'elle devoit avoir. Le 16 & le 17, ciel couvert les foirs. Le 18, ciel parfaitement beau le foir; maïs la Lune qui étoit fur l'horizon y répandoit une très- grande lumière: j'em- ployai, comme le 1 5, différentes lunettes pour rechercher la Comète, & ce fut encore inutilement. J’attendis donc que la Lune n'y ns plus d’obflacle, pour continuer mes recherches. Le 26 Mars, ciel ferein & fans Lune le foir, je recherchaï la Comète avec la lunette achromatique de 3 pieds +; après bien des peines , j'aperçus enfin une petite nébulofité, placée entre le Baudrier d'Orion & Jyrius, ou plus exactement , entre M'ENSNNSMNOURLIE NTCIESRS: 347 les pieds de devant de la Licorne; cette foible Jumière étoit fans apparence de noyau ni de queue. Je deffinai la configura- tion que formoit cette lumière avec les Étoiles qui étoient autour d’elle : ces Étoiles étoient télefcopiques , & cette confi- guration fut prife au moyen de a lunette achromatique, Pour déterminer avec plus de foin la pofition de cette nébulofité (qui étoit la Comète elle-même), je la comparai, par le moyen d’une lunette ordinaire de 3 pieds +, montée fur une machine parallaétique & garnie d’un micromètre à fils, à l'Étoile n.” 5 de la Licorne, fuivant l'ordre qu'ont les Étoiles dans le Catalogue de Flamftéed; cette Etoile y eft rapportée de quatrième à la cinquième grandeur : voici la pofition de la Comète par celle de l'Etoile. A 8h25/33", temps vrai, la Comète précédoit l'Étoile n° ÿ au fil horaire du micromètre de 44’ 30". La Comète étoit au midi de l'Étoile de 52’ 50": de ces différences, & de la pofition de l'Etoile réduite au temps de cette obfer- vation, 901 54 47" d'afcenfion droite, & 61 12’ 44” de déclinaifon auftrale; il réfuite pour lafcenfion droite de la Comète, 90410/17", & pour fa déclinaifon 74 5’ 34" auftrale, Je ne rapporte ces détails que pour cette première obfervation ; on trouvera dans les deux ‘Tables qui fuivent, la fuite ou le réfultat des déterminations de la Comète avec celles des Étoiles qui auront fervi à en déterminer les pofitions. Le 27 Mars, ciel en grande partie ferein le foir, je recherchai avec la même lunette achromatique de 3 pieds+, la nébulofité que javois vu la veille, & ce ne fut pas fans peine que je pus la revoir; je reconnus qu'elle avoit changé de pofition, ne formant plus la même configuration que la veille avec les Étoiles voifines; pour fes apparences, elles étoient exactement les mêmes. A la lunette ordinaire de 3 pieds +, il fut bien difhcile de l’apercevoir & d'en déterminer le lieu ; je comparai la Comète deux fois à {a même Étoile que la veille, 7.” j: comme ces obferva- tions fe fuivirent de près, j'ai pris un milieu entr'elles poux >, SN) Dernière Obfervation, Je 3 Avril, 348 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE avoir la détermination de la Comète; fa pofition eft rapportée dans la première Table. Ces obfervations ne furent pas faites avec la dernière exactitude, à caufe de la difficulté d’aper- cevoir la Comète, 1 Le 28 & le 29, ciel couvert les foirs. Le 30, beaucoup de pluie pendant {a journée; le foir le ciel devint parfaitement beau ; je paflai plus d’une demiïi- heure à rechercher la Comète avec la même lunette achro- matique , javois perdu prefque toute efpérance de la revoir, lorfqu'enfin je la trouvai placée près de l'Étoile ».° 11 de la Licorne, fuivant Flamfléed : cette Étoile me parut être Ja plus AI des quatre Étoiles placées aux pieds de devant de la Licorne, quoique Flamitéed dans fon Cata- logue ne la rapporte que de cinquième grandeur. En exami- nant la Comète avec beaucoup d'attention, on apercevoit de temps à autre un petit point de lumière blanchätre, qui étoit le noyau de Ia Comète; la nébulofité qui l'uvifontietà étoit extrèmement foible, & paroïfloit s'étendre plus à l'O- rient qu'à l'Occident; je comparai la Comète aux Étoiles 70 Vr re da Lécurel fuivant Flamftéed. Les pofi- daté a la Comète trouvées par ces deux Étoiles, font rapportées dans a première Table, Depuis le 30 Mars jufqu'au 3 Avril, le ciel fut couvert ; il devint en grande partie ferein le 3 au foir; je recherchai la Comète avec la même lunette achromatique , j'employai plus d'une heure à la découvrir, & je ne pus la voir qu'en obfervant le paffage de l'Étoile ».° rr de la Licorne au fil horaire du micromètre, & attendant celui de la Comète qui devoit, fuivant mes précédentes obfervations , avoir 101 degrés environ d’afcenfion droite, & ëtre r degré + plus auftrale que l'Étoile; mais la différence de déclinaifon étoit trop grande pour voir dans le même champ de la lunette, fans Ja déranger , le paffage de la Comète & celle de l'Étoile ; je l'attendis inutilement : cependant je parvins à reconnoitre l'endroit du ciel où elle devoit fe trouver; après bien des recherches faites avec la lunette achromatique, DES SCctTENCESs. 349 je erus l'avoir rencontrée, & je jugeai que fi c'étoit elle , le noyau avoit augmenté de lumière ; il étoit apparent & de la grandeur d'une Etoile télefcopique, ayant peu de nébulofité. Je pris fa configuration à l'égard des Etoiles voifines, & je* | comparai, par le moyen du micromètre adapté à la lunette, cette nébulofité à une Etoile télefcopique de la neuvième grandeur, & cette Étoile à l'Étoile 2.° 77 de la Licorne, fuivant Flamfléed; la pofition de la Comète eit rapportée dans la Table, au 3 Avril Le 4 Avril, ciel en grande partie couvert. Le 5, ciel aflez beau le foir, je paffai plus d’une heure & demie à chercher la Comète dans l’endroit du ciel où elle devoit fe trouver d’après fon mouvement en deux jours, que j'avois rapporté fur une Carte célefte; il ne fut pas pof- fible de lapercevoir, & je défefpérai, d’après ces recherches, de la voir les jours fuivans : je reconnus alors que l'atmo- fphère de la Comète , dans l'obfervation du 3 , étoit répandue für une petite Etoile télefcopique , qui m'avoit fait prendre cette Étoile pour le noyau de la Comète ; ainfi le 3 Avril, je n'avois pas vu de noyau à la Comète, mais feulement la nébulofité. Je déterminai le même foir la pofition d’un amas de petites Etoiles placées entre l'étoile 4 de l'oreille du grand Chien , & la cuifle droite de la Licorne; je com- parai cet amas à {Etoile télefcopique , déterminée le 3 Avril, & celle-ci à une Etoile de feptième grandeur qui étoit près de l’amas. Les pofitions font rapportées dans la feconde Table. Le 8 Avril, beau temps le foir, mais la Lune en qua- drature étoit fur l'horizon; je cherchai la Comète avec beau- coup de foin, mais ce fut inutilement, elle n'étoit plus vifible à mes inftrumens: ainfi c'eft au 3 d'Avril que ma dernière obfervation fut faite; fon apparition n'ayant été que de neuf jours feulement. Des deux Tables que je rapporte à la fuite de ce Mémoire, la première contient les lieux de la Comète en afcenfion droite & en déclinaifon, avec la diflérence des paffages de la Comète & des Étoiles au fil horaire du micromètre, & 35a Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE il en eft de même dans la colonne qui fuit pour les diffé- rences en déclinaifon entre la Comète & les Étoiles. Le figne +- fignifie qu’il faut ajouter ces différences obfervées aux pofitions des Étoiles avec lefquelles la Comète a été com- parées pour avoir celle de la Comète. II en eft de même du figne — pour ôter. La feconde Table contient les afcenfions droites & es déclinaifons des Etoiles qui ont été employées à la détermi- nation des lieux de la Comète, & les pofitions réduites au temps de chaque oblervation. Je n'y ai fait d'autre réduc- tion que celles de la préceflion des Equinoxes qu’on trouve dans les Catalogues, fous le titre de Variation annuelle. Je joins à ce Mémoire une Carte célefte qui repréfente la route apparente que la Comète a tenue parmi les Étoiles fixes; fuivant mes obfervations & celles de M. Montaigne, on y voit que la Comète a parcouru lÉridant , qu'elle a traverfé Orion par les étoiles de l'Épée, qu'elle a été vue aux pieds de devant de la Licorne, & a ceflé de paroitre au- deflous de la cuiffe droite de cette conftellation. Tagre L Des pofitions apparentes de la Comète obfervée en 1772, comparée avec les Etoiles fixes, depuis le 26 Mars jufqu'au 3 Avril EE | DiFFÉR. | DiFFéR. ÉTOILES ASCENSION | DÉCLIN. |emAfcenf. dr. de déclinaifon 1 TEmPSs L 1772. | droite auftrale entre entre Fr obfervée. | obtervée. | la Comète | la Comète & les Étoiles. |& les Étoiles. avec lefquelles la Comète a été comparée. *SalIOYY S2p Ansputte SaflOYT $2p sai unN DM. S D, M. 5, 0. 44 30—|0,. 52. So4+| 5 | 5 |de la Licorne, fuiv. Flamit, 0. 38. 15+|1, 0. $6+| $ | $ |par la même, 3-32. 30+|o. 2.42—| 6 | 7 |dela Licorne, fuiv. Flamft, 2718. 16. 42| 91. 30|8. 39. 59| 95. 1: 16. 45+|0. 49. 25+| 4 |11 |de la Licorne, fuiv. Flamfi, 3018. 39- 59| 95. Avril. 318. 57. 21|101. 0. 22, o—|0. 19. 17+| 9 | 1 | déterminée, DES SCTENCES, 3st TABLE IL Des Afenfions droites © des Déclinaifons des Étoiles avec lefquelles la Comète a été comparée, leurs pofitions réduites au temps des Obftrvations. ASCENSION | DÉCLINAIS. | m0 | mz Noms DESs ÉTOILES, 4 3 HE . . droite Auftrale ° re à qui ont fervi des Étoiles. | des Étoiles, | 5 # | © Ë à la détermination du lieu de la Comète. un p ne Dtear al L nr use 90. 54. 47| 6. 12. 44 $ |’ 5 |dela Licorne, déduite de Fiamftéed, Comète com- parée les 26 & 27 Mars, 92. 9° 34] 7. 43. 30 7 dela Licorne, Comète comparée le 30 Mars, 94 25. 28] 6. 50. 45 101. 29. $8| 7. 49. 47 de la Licorne, Comète comparée lé 30 Mars. © Fr a 1 [déterminée par le »,° r 1 de la Licorne, Comète comparée le 3 Avril. déterminée par l'étoile ci-deflus #,° r, P 9 b 122 EN co ca . b L2 N N b 2-57 26 1 sr. 42N ls. .7 amas d'étoiles, déterminées par le même #wméro 7, Je rapporterai, en finiffant ce Mémoire, les élémens de l'orbite de cette Comète, calculés par M. de la Lande, & déjà publiés dans l'Ouvrage de M. du Séjour, Efjai Jur les Cométes , page 331; dans la Gazette de France, r.” 36, 1772; dans la Connoiffance des Temps de 1774, page 284; & dans le Recueil pour les Aftronomes, rome 11, page 3304 Lieu du nœud afcendant..... n INR TETS 0 T2 ADO S Inclinaifon de F'orbite...,........... 18. 59. 40. iéhNauNpéchélie.. 1. 212008 « ee eett 2e Ge 22, La diftance périhélie. . ... Ste! 5153 attole HOT OLIS L de Pañage au périhélie, le 18 Février 1772 , à 20° 5035", temps moyen. Sens du mouvement direct. . Je rapporterai ici ce que M. Montaigne m'a mandé dans fa lettre du 7 Avril 1772, concernant es obfervations qu'il avoit faites, & qui précédoicn: les miennes ; elles pourront encore {ervir à conftater là route apparente de la Comète, 352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorvaALE d'autant plus qu'il n'y.a eu que M. Montaigne & moi qui Jayons obfervée. . | “J'ai déjà rapporté au commencement de ce Mémoire, les obfervations faites les'8 &c9de Mars: voici celles qu'il m'a envoyées, & qu'il a faites depuis le o. Le 14 Mars, la Comète étoit auprès de £ de V'Éridan. Le 20, auprès de étoile auftrale & de celle du milieu des trois dans l'épée d'Orion, qui font à peu-près toutes trois à la même afcenfion droite. Le 29, auprès d'uneétoile de la Licorne, la Comète placée fur la ligne droite, tirée de Syrius à & d'Orion & aux + de cet efpace, en allant de Syrius vers a. 4 ANDRE TT ZI N Aux Recherches de M. Lexell, fur le retour périodique de la Comère de 1770 *, avec les Élémens de la Comère de 1773, qu'il a calculée dans l'ellipfe **. A FU fait pafler à M. Lexell, à Péterfbourg, mon Mémoire imprimé fur ia Comète de 1770, avec les recher- ches qu'il m'avoit envoyées fur le temps de la révolution pério- dique de cette Comète, qu'il avoit trouvée par fes calculs dé cinq ans & demi; voici ce qu'il m'a écrit dans fa Lettre du 22 Juillet, vieux fhle, 1779. « Je vous remercie de votre Mémoire fur.la Comète de » 1770, que vous avez eu la bonté de m'envoyer, dans lequel » vous avez inféré l'extrait dé mes recherches fur le retour » périodique de cette Comète. » Je fuis de plus'en plus-en état de démontrer à ceux qui » pourroiént douter de mes recherches, que vos obfervations >» nefont pas aflez concluantes pour’en avoir pu calculer le retours » Suppofons en effet que.les obervations de la Comète foient un * Woôyez Mémoires dé l’Académie , année 1776, pdge 68. Maïs à EN page 648,1! au dieu de En -ifez <<. #* Voyez: le ‘Mémoire de mes ‘obfervations, année\ 1774, page 271: peu ÉrFE \ \ Grandeur des Etoiles. KR M # & 1 2 SLA 5 6 QUI REPRBSENTE l1 Route apparent Observee a PARIS de 65 205 r 200 LT O0 OF —— —— En — | LA LICORNE lEridan ee ——— ë QU tonale \ | S $S | È «© À Ÿ ES À 1SÈ & FT 2 1 RER do de Obrervats | PEN Na arr dense 0 à “y 9 Amas d'Etoiles ZO [7 Horn | ci son Q | GR. CHIE. ali D De. EE TOC oo É : eZ | 15 Grave par El Gouax d'après Le Den Le DE Mir - Hem. de Ulead R. des Se “An-1797. Pag 352. FL. FI ; Grandeur des Etoues : SK SR He ON & X | DR NT OT TE CARTE CELESTE 1 ; Observee à PARIS de l'Observatoue de la Marine depuis le 26 du meme mou Jusqu'au 5 Avril, qu ‘ele cessva ve paroitre aux nstrumencx Q UI REPRESENTE la Route apparente de la Cor TE observee en 1772. Celle Comet fût découvert a Lunoges par IL.2 Hontague le 8 May à 7° du Jour pres de l'Etode » de lEridan DE | LA LICORNE | El 7 Mer iionale Le : IN & KG rl demies 0 —0 AREAS || | Amar d'Ete Es GR. CHIEN 44 | | 7] — |} Meridionale Dec 4 ut * à | drote 95 90 lriauson 2 === Crane par FL Gonaz d'aprés le Def 4e M MPèr DES u SC L'E N CES 352 peu fautives, voyons quelle erreur on devroit admettre dans les obfervations. Qu'on fuppofe le temps périodique de la Comète de dix « ans, il me fera facile de prouver que dans cette fuppo- « fition, il faudroit admettre des erreurs qui n'ont aucune vraifemblance : il fera en même temps démontré que le temps périodique de la Comète eft certainement plus petit que dix ans. Dans l'examen des obfervations, je me fuis borné à celles qui ont été faites depuis le 2 Août jufqu'au 2 Oétobre, tant à caufe de Ia facilité du calcul, que pour fatisfaire ceux qui pourroient foupçonner que le mouvement de la Comète a fouffert quelques altérations par l’action de la Terre : on conçoit bien que fi l’on ne réuffit pas à fatisfaire aux obfervations pendant la feconde apparition, il fera d'autant moins poflible de rendre les obfervations de la première apparition d'accord avec celles de la feconde. Comme parmi les obfervations de Ia feconde apparition, celles des 29 Septembre, 1.* & 2 Oétobre, paroiïflent être les plus douteufes, je fuppole que dans lobfervation du a. Octobre, il y ait, par rapport à la longitude, une erreur de 15 minutes, en forte que Îa longitude obfervée auroit dû être 4f 94 s7/, au lieu de 4f 104 12”. Enluite, fuppofant que pour les obfervations des 2 & 2 9 Août, les corrections, foit pofitives, foit négatives, peuvent monter à 3 minutes; j'examine quelle faute il devroit y avoir dans l’obfervation du 12 Août. En premier lieu, fuppofant que {a longitude de Ia Comète, pour le 2 Août, auroit dû être de 4 5159’, au lieu de celle quia été obfervée de 3161 2/ 32", & que la longitude pour le 1.7 Oélobre, foit, comme je viens de le dire, de 4f 9° 57! ; je trouve, par les calculs les réfultats fuivans, Méim. É EE À Yy 4 » 354 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Démi-paramètre.. .........,.%] 1,2882495 1,2 98925 ÿM » Temps du Périhélie..........118,8950 d'Août |15,4526 d'Août: » Élongation du Périhélie au 99... 484 S6/by 61 gp MATE » La Longitude du Q'eft fuppofée..|4f 12. o o |4f 12. oo. , on ne 12. A0ût,......13. 10. 52. 30,13. 10. 46. 4 de la GComète. ) 1€ 29 + sms sos ne MAS A0 HR ME2 Te GS Nota. Les quatre obfervations que j'ai employées, font celles qui répondent à ces quatre momens. LEA A ROLE SARNIA EG EE CE RES RE TSER COR OT SANS ARE LES El Écr2piat sel Li odbe HUE S'ateislelete : 1 ATOS Le 29, desssesssessesseseeesressresee TSe 21e 152 Le TE MOÉTODrE a RETENIR ME Enfuite fuppofant la longitude, pour le 2 Août, de 3’ plus grande que-celle qui a été obfervée; la longitude pour le TA Oétobre toujours comme ci-deflus, on trouve ces conclufions , Demi-paramètre de l'orbite... 1,2882495 1,2589255 Temps du Périhélie......,...|18,9470 d'Aoùût |r5,51 56 d'Août, Éfongation du Périhélie au 99... 484 42°. 8° 464 33.38": nos le r2 Août... 3® 10. 55. 32 |3f ro: 49. ol e la Comète, Ÿ 1 29+-:-....-..]3. 20. 53. 17 |3: 21. 7 36 On voit, par ces calculs, que fi la longitude pour le 29 Août, eft fuppofée de 3f20d 57’, ou 312143, ces fuppo- fitions doivent être renfermées entre les réfultats mentionnés ci-deffüs; d’où il fuit que quelque fuppofition qu'on veuille admettre pour les fautes commifes dans les obfervations des 2 & 29 Août, l'erreur de obfervation du 12 Août fera toujours plus grande que ro minutes: a conclufion tirée de ces calculs fera donc celle-ci. SN ADI : lg Si on fuppole, dans Tobfervation du 1. O&obre ; une correction de ‘15 minutes à fouftrairé, &''que, dans les obfervations des 2 & 29 Août, on admette des erreurs dont la valeur furpaffe $ minutes, l'erreur de lobfervation faite DIE: SG UE NC.E Se 355 le 12 Août, furpañlera 10 minutes ; {ce qui certainement ne fauroit être vrailemblable, | C'eft à ce deffein, que j'ai fait ufage d’une correction fouftraétive pour f’'obfervation du 1. Oétobre ; car fi cette obfervation eft tout-à-fait exacte , ‘ou que fa correction foit additive, il en réfultera encore de plus grandes erreurs pour l'obfervation du 12 Août, comme il y a moyen de s'en convaincre par les réfultats fuivans, Demi-paramètre de l'orbite... 1,288249$ | 1,2 589255 Temps.du périhélie,. + .... 19,2717 d'Août |15,7640 d'Août. Élongation du périh, au 29... AOC NT TN SE 474 o° 52" Je: “2 F0 4 Re TIC ECO DE SN T2 Tee (Pen 3" SOC SA 2 [ ROUE 1.3 10: 56. 47 | 3. 10. 49. 56 de Ia lot à 3e 21,0. 13 |. 3° 21. 16. 28 F5 le 1. Oclobre.| 4. 10.12. 6 | 4 10. 12. 6 D'où on conclud qu'il faudroit que les erreurs pour le 29 Août fuffent. énormes ; il faudroit néceffairement auf que dans l’obfervation du 12 Août, l'erreur furpaffit afez confi- dérablement. 1 $ minutes. Quoiqu'il ne foit nullement vraifemblable que la faute commife dans lobfervation du 1.” Odtobre, puifle furpaffer (1 Suminutes, j'ai encore examiné ce qui arriveroit pour Îes obfervations faites dans le mois d'Août, dans le cas où l'on fuppoferoit la longitude de la Comète pour le 1.® O&tobre, de,4f 94 42/, au lieu de celle qui fut obfervée de 4f rod 12’. Voici. le réfultat de mes calculs pour cette fuppofition. Demi-paramétre de l'orbite... | 1,258925 5. 1,2445146 Temps du périhélie.. . .....115,1587 d'Août |r3,6080 d’Août. Élongation du périh, au 99... AC SU AAS st .s' 6” Longitude| le 2 Août... ARGENT 2 ENG 2 ENS 23 dela le, a2...…....l 3 Tos 42-547 INaNo. 43: 134 Comète. { le 29....... 22005 DNA INA SPS open Yy i ÿ Ÿ ÿ ÿ 6 Mémoires DE L’ACADÉMIE ROYALE 35 Par ces calculs, il eft démontré, que fuppofant les fongis tudes vraies de la Comète, pour le 2 Août, 3164 2/20"; & pour le 1. Odlobre, 4f0442', la moindre erreur qui fe préfentera pour l'obfervation du 12 Août, fera de 3 minutes; car en augmentant la valeur du demi-paramètre au-delà de 1,258925 5, les erreurs pour l'obfervation du 1 2 Août, iront en augmentant, comme on peut le voir par mes calculs pré- cédens ; & quand même on admettroit, pour l’obfervation du 2 Août, une correction de 4 minutes à fouftraire, il reftera néanmoins une erreur de 6 minutes dans l’obfervation du 12 Août. La diminution de 2 minutes dans fa première de ces longitudes obfervées, ne donne que celle d'une minute dans la feconde. I! eft donc, ce me femble, rigoureufement prouvé qu'if- n’y a aucun moyen de rendre les obfervations de la feconde apparition d'accord entr'elles, en fuppofant le temps pério- dique de dix ans, & lon voit fans aucune difficulté, que plus on augmentera le temps périodique, plus grandes deviendront les erreurs qu'on fera obligé d'admettre dans les obfer- vations. Nonobftant le raifonnement que je viens de propoler, & que je crois très-concluant, je ne me flatte pas cependant qu'il puifle convaincre les incrédules ; mon deflein n'ayant pas été de faire des profélites , à une opinion paradoxe, mais de prouver que je n'ai rien avancé au hafard, & que jai » bien fcrupuleufement médité fur ce fujet, avant de publier le réfultat de mes recherches; prévoyant bien qu'on ne man- queroit pas de les regarder comme très-fingulières & même incroyables: au refte, je ne prétends pas aflurer que la Comète reviendra; mais au cas qu'elle ne revienne pas, ce ne fera pas une preuve que les obfervations ont été mal faites, ni que mes calculs foient peu concluans, vu que le mouvement de la Comète peut très-bien fouffrir une altération confidé-, rable par l'action de Jupiter. » LATE Voici les élémens de la Comète oblervée en 1773 & 1774, calculés dans une elliple par M. Lexell. Le Mémoire D'Ess. US C L'E NiC:E S. 357 des obfervations eft imprimé dans nos Mémoires de 1774, page 271: J'ai calculé dans lellipfe ( rapporte M. Lexell), l'orbite de la Comète de 1773 : voici le détail des Flémens, qui ne s'accordent pas parfaitement avec les obfervations, comme je le dirai dans la fuite. Longitude du nœud.................. Ex TO 26" Inclinaifon de l'orbite. .............. . GI-NTO. 7 Élongation du périhélie au {........ .. LOS PET INS Diftance périhélie.............: SRE 1,1287730 RRCEDEMOOS ie latelete las lle = pslalele oies ee 0,9930757 Temps a périhélie, $ Septembre 1773, à 5h 6", temps moyen à Paris. Par ces Élémens, on trouve GS | ANNÉESI TEMPS [LONGITUDE L'ANF IPUID'E de la de la CoMÈTE. COMÈTE RE EN DA [ps See LÉ, 3. 40. 23| 3-21. 14 À. «24 5342133: 53e 32 B: En cherchant ces Élémens, jai employé les trois obfer- vations des 13 Oétobre, 14 Décembre & 14 Avril, mais par mégarde j'avois fuppofé la longitude pour le 14 Décembre, d’une minute entière plus grande qu'elle n'a été obfervée; ayant donc corrigé cette faute, j'ai trouvé ces nouveaux Elémens, 358 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Longitude du nœud...,,..........%: + ACATENT NES Inclinaifon de l'orbite. .......... Shtere 61. 20. 57 Élongation du périhélie au @......:.... 45. $6.2r Diftance périhélie.....:...... ANR R 1,1300948 ERCETLDICIEE: = 22 ebe censée PC 0,9951225 Temps du périhélie, $ Septembre 1773, à 5h 55° Les lieux de la Comète, déduits de ces Élémens, feront ANNÉES TEMPS [LONGITUDELATITUDE moyen de la I 7 . $ 773 À PARIS. COMÉÈTE. AE A DID IS . 1415 13.140. 24| 3.21 141 À: 5. 24. 52. 43133. 53 32 B. LATE Janv. Aro| 17.119.126 ; CN AE CU Février 6| 11. o. 49 RP PISTE LE CIE je Je(20e ‘590556. NSE. 4er sg. 245529. 4 17. 14 26 058-0571 | 4.076 16.1:316 # 4 «16. 14 54159 59: 53. + 16,15: 2359. 50.43. Il y a pour lobfervation du 10 Janvier, par rapport à à Îa longitude, une erreur de $ minutes à peu-près ; & pour celle du 24 Janvier, une erreur de 6 minutes; mais pour les obfervations Er au commencement du mois d'Avril, les différences font bien plus confidérables; car pour le 3 Ar la longitude calculée diffère de 11 minutes, de celle qui a été obfervée, & ce qui eft fingulier, on trouve prefque la même différence pour l'obfervation faite le 11 Avril ; il a donc lieu de fuppoer que les obfervations faites le 13 & le 14 Avril, pourroient bien être un peu fautives. Lorfque je: DUR IS NS IC NE NICE NS. 359 reviendrai fur cette matière, je me propofe d'employer, au lieu de l’obfervation du 14 Avril, celles qui auront été faites au commencement de ce mois, pour tàcher au moins de remplir les obfervations faites depuis le 13 Oé&tobre jufqu'au commencement du mois d'Avril. Pour ce qui regarde la recherche du temps périodique de cette Comète, je fuis parvenu, par les calculs que j'ai déjà achevés, à être affuré qu'on ne doit pas fe flatter de déterminer le temps de fa révolution ; l'angle de lanomalie qu'elle a décrite autour du Soleil , pendant iout le temps de fon apparition ne furpafle pas 67 degrés. 7 Lû Le 20 Août 1777. 360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE SECOND MÉMOIRE FUR LE CG'A'STANEMAMT: Par M. le Comte de Mix. Lu eu l'honneur de faire part à l’Académie, à la dernière Séance, de mes obfervations fur une fubftance aëriforme qui émane du corps humain, & de la manière dont je m'y fuis pris pour la recueillir. Je n'avois pas encore eu ni le temps, ni affez de cette fubftance pour l'avoir examinée; & je ne pouvois pas, par conféquent, déterminer fa nature. Tout ce que je favois alors, c'eft qu’elle fortoit par les pores de toute la furface de la peau: on me fit plufieurs objections contre la réalité de ces émanations ; l'on me dit entr'autres, que la fubftance que j'avois recueillie pouvoit être de Fair commun qui, appliqué fur la furface de la peau, fe détachoit enfuite par la chaleur du bain qui le raréfioit; mais pour détruire cette objection, il ne falloit que déterminer la nature du gas animal que j'avois ramaflé: c'eft ce que M. Lavoifier & moi avons fait par les expériences fuivantes, 1. Nous primes de l'air animal dont nous remplimes un vale de verre cylindrique; nous y enfonçames une bougie allumée, qui fur le champ fut éteinte : l'air animal diffère donc de l'air commun. 2.7 Nous mélames du gas animal avec de l'eau de chaux, & un inftant après, l'eau de chaux devint laiteufe, & fut précipitée. * 3 Nous mimes quatre parties de gas nitreux dans un cylindre de verre gradué, & nous y ajoutames deux parties de gas animal ; ce mélange n'occafionna prefque pas de vapeurs rouges, & Île peu qu'il y en eut, étoit dù à ne > air DIE;S 1:49 C L'E NC E 361 d'air commun, qui s'étoit mêlé au gas animal, lorfque je l'avois tran{valé. Le défaut de matière nous empêcha de poufler plus loin nos expériences; mais celles-ci étoient bien fufhfantes pour prouver, 1.° que le gas animal n'eft pas de l'air commun; 2.° qu'il eft de la nature de ce qu'on appelle air fixe ; ïl éteint la bougie, comme lui; if ne fait point rutiler le gas nitreux, & enfin il précipite l'eau de chaux comme l'air fixe. L'air pulmonaire paroït être auffi de fa même nature que le gas animal. J'ai foufflé fous une cloche de verre remplie d’eau jufqu'à ce que l'air de mes poumons eût pris la place de l'eau; j'ai enfuite plongé une bougie dans cet air, & elle s’eft éteinte. Je l'ai mêlé avec de l'eau de chaux, & il y a eu un précipité. Je n'ai pas pouffé plus loin mes expériences fur cette matière, qui par fon analogie avec l'économie animale, devient très-intéreffante; c’eft pourquoi je ferois fort aïfe qu'on répétät plus en grand les expériences que je viens d'indiquer. Je ne faurois donc trop engager les Phyficiens & les Chimiftes de s’en occuper. Il paroïît, par ce que je viens de dire, que la nature du gas animal & de l'air pulmonaire eft enfin déterminée, on fent combien de phénomènes, dont la caufe étoit inconnue, s'expliqueront naturellement par cette découverte. 1. Ces deux émanations animales étant de même nature que l'air fixe, où les animaux périflent, il eft tout fimple que nombre de perfonnes étant raflemblées dans un lieu fermé où l'air commun ne fe renouvelle pas avec facilité, plufieurs d’entr'elles s'y trouvent mal; & toutes y périroient, fi on donnoit le temps à leurs propres émanations de fe raffembler. Ce n'eft donc pas au peu d'élafticité de l'air refpiré, comme on Îe croyoit, mais aux qualités méphitiques du gas animal qu’eft dûe l'infalubrité des falles de fpectacle, des églifes, &c. en un mot de tous les lieux où plufieurs perfonnes font raffemblées, & où l'air n’eft pas renouvelé, Mém. 1777 Zz 362 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE La caufe du mal étant connue, il fera aïfé aux Phyficiens de trouver le remède, dont le plus prompt & le plus efficace eft Je renouvellement de l'air. C'eft pourquoi les Édifices publics, deflinés à recevoir à la fois un grand nombre d'hommes, ne fauroient être trop acrés: ceux qui, par état, font chargés de veiller à la police des fpeétacles , & fur-tout à fa conftruétion des falles de comédie, des hôpitaux, des églifes, &c. devroient employer tous leurs talens pour ménager des courans d'air, qui puifient favorifer la fortie des vapeurs animales méphitiques , & l'entrée de l'air plus pur de Fatmolphère; cette précaution eft d'autant plus néceffaire, que la fanté & même la vie de plufieurs citoyens en dépend. La pureté de Fair & celle de l’eau font inconteftablement les chofes les plus effentielles à la vie des hommes , & cependant ce font celles auxquelles on fait le moins d’atten- fion ; il femble que [a partie de la Phyfique, qui en traite, devroit tenir le premier rang dans le grand nombre de connoiflances qui conftituent les bons Architectes, & qui de tout temps, fur-tout chez les Grecs & les Romains, leur ent valu de la confidération & les plus grands éloges. D'ersu S'C'rE Nic E < 363 EXPÉRIENCES SUR LA COMBINAISON DE L'ALUN AVEC LES MATIÈRES CHARBONNEUSES, Er fur les allérations qui arrivent à l'air dans lequel on fait brûler du Pyrophore. Fr NM IT A VO TSTER CC feroit groffir inutilement ce Mémoire, que de rapporter tout ce qui a été écrit fur fe Pyrophore de M. Homberyg, & de difcuter Jes différentes opinions qui ont été fuccefli- vement embraffées fur la caufe de fon inflammation fpontanée; je ne ferois d’ailleurs que répéter ce qui trouve configné dans le Recueil que f Académie publie chaque année; il me fufira donc de renvoyer au Mémoire de M. Homberg , imprimé parmi ceux de 1718, page 238, & fur-tout à celui de M. de Suvigny, imprimé dans le troifième volume des Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l’Académie par des Savans étrangers. Je rappelleraï feulement ici, qu'il eft prouvé par les expé- riences de M. de Suvigny, 1.” que non-feulement lalun, mais encore tous {els vitrioliques à bafe d’alkali fixe, tels que le {el de Glauber & le tartre vitriolé, mélés avec une pro- portion convenable d'une matière charbonneufe, légère & poreufe , & pouflés à un degré de feu capable de faire rougir ces matières, donnent un réfidu plus ou moins noir, qui a la propriété de s’enflammer de lui-même à l'air: 2.7 Que. dans toutes ces opérations, l'acide vitriolique fe convertit en foufre , de forte qu'on peut dire que le pyrophore de Homberg, & tous ceux que M. de Suvigny a formés fur fes mêmes principes, ne font autre chofe que des Zz i) Li le $ Septemb. 1777" 364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr foies de foufre charbonneux à bafe d’alkali fixe ou à bafe de terre d’alun: 3. Qu’une preuve de la converfion de Pacide vitriolique en foufre, dans la formation du pyrophore, c'eft que fi on analyfe cette fubftance par tous les moyens que donne la Chimie, on n'y retrouve plus un atome d’acide vitriolique ni des fels vitrioliques qui avoient été employés pour le former, mais feulement un foie de foufre & du foufre : 4 Qu'il eft poffible de faire de très-bon pyrophore fans employer aucun {el vitriolique, mais avec une combinaifon de foufre d’alkali & de poudre de charbon, ce qui confirme encore, de la manière la plus inconteftable, que le pyrophore eft un véritable foie de foufre: d’après ces préliminaires, je pañle aux expériences dont je me fuis occupé. J'ai mélé enfemble deux parties d’alun & une de fucre; j'ai calciné ce mélange dans une cuiller de fer fans le faire rougir, jufqu'à ce que le fucre füt converti entièrement en charbon, & qu'il ne s'en élevât plus ni fumée ni vapeur. J'ai pris deux onces de ce mélange ainfr calciné, je les ai mifes dans une cornue de verre au bain de fable dans un fourneau de réverbère, & j'ai pouffé au feu en recevant : l'air qui fe dégageoit dans des cloches remplies d’eau : ül a d'abord pañlé environ cent vingt pouces d'air fixe très - pur, que jappellerai déformais acide crayeux aëriforme, enfuite environ cent foïxante pouces d’air compofé à peu-près de parties égales du même acide crayeux aëriforme & d'air inflammable; enfin, j'ai obtenu pour dernier produit, cent quatre-vingts pouces d'air compofé pour les trois quarts d’air inflammable, & pour un quart feulement d'acide crayeux aëriforme ; les dernières portions même n'étoient plus que de l'air inflammable pur. On demandera peut-être comment il eft pofhble de féparex avec précifion l'acide crayeux aériforme d'avec l'air inflam- mable? je répondrai, que Flacide crayeux aëriforme étant abforbable par l'eau, tandis que l'ai inflammable ne l'eft pas BUEMSL SUC.E E Nr C\E:S: 365 fenfiblement ou ne left au moins qu'avec fe fecours d’une agitation ong-temps continuée, il fufht de laifler repoler, pendant quelques jours, le mélange des deux airs, pour que l'acide crayeux atriforme s'abforbe, & que Fair inflammable refte pur; on peut d’ailleurs accélérer cette féparation en met- tant ces mêmes airs en contact avec de lalkali cauftique en liqueur: ce dernier abforbe en entier & en très-peu de temps l'acide crayeux aëriforme, & ce qui refte enfuite eft de l'air inflammable très-pur. C’eft par la réunion de ces deux méthodes que j'ai reconnu que des quatre cents foixante pouces cubiques de fluide élaftique que j'avois obtenus dans cette opération, deux cents quinze étoient dans l'état d’air inflam- mable, & le furplus, c’eft-à-dire deux cents quarante-cinq pouces cubiques étoient dans l’état d'acide crayeux aériforme : au furplus, ces évaluations ne doivent point être regardées comme rigoureufement exactes, relativement à Pacide crayeux aëriforme, par la raïfon que cet acide étant obligé de traverfer une mafle d’eau aflez confidérable pour fe raflembler au haut de la cloche , une portion eft néceflairement abforbée par l’eau pendant le cours de l'opération même, & avant qu'on puifle en déterminer le volume. Cette circonftance occafionne une perte au moins d'un quart ou d'un fixième dans la quantité d'acide crayeux qu'on obtient; ainfi on peut évaluer au moins à trois cents pouces cubiques la quantité d'acide crayeux acriforme, réfultant de cette expérience. I s’eft dégagé pendant prefque tout fe cours de l'opération, une quantité aflez confidérable de foufre, dont partie fe fublimoit & fe condenfoit dans le col de la cornue, partie pañloit en vapeurs à travers de l'eau, & fe dépoloit à fa furface en une poudre fine : opération a duré environ une heure & demie. Ce qui refloit dans la cornue étoit e pyrophore de M. Homberg ; il étoit très-bon, très-vif, & s'allumoit dès qu'il avoit le contact de l'air, Après avoir ainfi déterminé les efpèces, & à peu-près fes quantités d'air qui fe dégagent pendant la formation du 366 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE pyrophore deM. Homberg, j'ai procédé aux expériences fuivantes. J'ai mis deux gros de cette fubftance fur 1e baffin d’une balance fort fenfible, & j'ai obfervé qu'il augmentoit conft- dérablement de poids, même dans le moment où il brüloit, & que cette augmentation continuoit d’avoir lieu pendant plufieurs minutes: pour découvrir à quoi pouvoit tenir cette augmentation de poids, j'ai jugé qu'il étoit néceffaire d’ob- ferver avec le plus grand foin toutes les circonftances de Îa combuftion. J'ai commencé en conféquence par introduire fucceffive- ment deux gros de pyrophore fous des cloches remplies d'acide crayeux aëriforme & d'air nitreux, il ne s’y eft point allumé, & il n'y a eu aucun phénomène remarquable. Il n’en à pas été de même lorfque j'ai mis du pyrophore fous des cloches de verre remplies d'air commun ou d'air éminemment refpirable : comme les circonftances de ces expé- riences font très-remarquables, je vais les rapporter dans tout leur détail. J'ai mis dans un petit bocal de verre environ une demi- once de” pyrophore; j'ai recouvert ce bocal avec une petite caplule de verre, & j'ai luté les jointures de manière que tout l'appareil püt pafler à travers de l’eau fans qu'il s'en introduifit dans l'intérieur du bocal. Tout étant ainfi difpofé, j'ai fait pafler le bocal fous une cloche remplie d'air commun ; Jai marqué exactement la hauteur à laquelle répondoit l’eau dans la cloche; puis, en paffant la main par-deflous fa cloche, j'ai foulevé la caplule qui recouvroit le bocal, & j'ai donné une libre communication entre le pyrophore & l'air de la cloche ; il s’eft produit fur le champ une chaleur affez confi- dérable fans combuftion: en même-temps, il y a eu une dimi- nution du volume de l'air affez rapide dans le premier inflant, qui s’eft ralenti enfuite au bout de quelques minutes, & qui n'a ceffé qu'au bout de trois quarts d'heure ou d'une heure. Cette diminution du volume de l'air a été plus forte qu’au- Re DE à: DES SIC TE N'CES. 367 cune de celles que j'euffe éprouvées jufqu’alors: elle a été en efiet dans le rapport de 100 à 72 +; c'eft-à-dire de plus d'un quart, tandis que dans prefque toutes les expériences de ce genre, elle va à peine à un cinquième. J'ai refait la même expérience en employant de l'eau de chaux au lieu d’eau ; la diminution a été à peu près la même, & } j'ai oblfervé qu’à Re qu elle avoit lieu, l’eau de chaux fe précipitoit, ce qui m'a fait connoître qu'une des caufes de cette diminution étoit la converfion d’une portion d’air de la cloche en acide crayeux aëriforme, El avoit été abforbé par l'eau. Cette première expérience m'a donné Fidée d'en faire une feconde dans l'air pur ou éminemment refpirable; mais j'ai cru en même temps devoir employer une cloche plus grande, afin que les phénomènes fufient plus mar qués, & j'ai opéré pour le furplus à peu-près de la même manière. Si tôt que la caplule qui couvroit le bocal a été détachée, & que le pyrophore a été en contact avec fair pur, il s’eft allumé & a brülé avec pétillement, avec décrépitation & fur- tout avec un grand éclat de lumière & une extrême rapidité; bientôt après, la vivacité de la combuftion s’eft calmée, & l'éclat de la lumière qui en réfultoit a été en diminuant infen- fiblement, jufqu'à ce qu'enfin au bout de quelques minutes tout s’eft éteint. J'oublie d’obferver que le pyrophore, dans cette expérience, ne doit point être mis dans un vafe de verre, mais dans un vafe de fer-blanc fans foudure, à caufe de la grande chaleur qui a lieu, & qui feroit cafler le verre & fondre les foudures. Dans le premier inftant, l'extrême chaleur avoit produit une légère augmentation dans le volume de fair contenu fous la cloche; mais cette première dilatation a bientôt été fuivie d'une diminution rapide, qui s’eft ralentie elle-même après le premier quart-d’heure, & qui n'a ceflé que lorfque l'air contenu dans la cloche a été réduit au feptième du volume qu'il occupoit avant la combuftion du pyrophore: ce réfidu 363 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE d'air n'’étoit pas encore autant diminué qu’il le pouvoit être; l'eau de chaux l’a réduit encore de près de moitié, de forte qu'il n'eft plus reflé qu'un douzième ou un treizième du volume d'air primitif. Ce dernier réfidu étoit encore de Fair éminemment refpi- rable prefque pur dans lequel j'ai fait encore brüler de nouveau = 2 2 ï : ee PR . 143 © pyrophore, & je fuis parvenu par ce moyen à rendre les du volume de Lair primitif abforbables par l'eau. P J'ai répété cette expérience un grand nombre de fois, & notanment en prélence de M. Franklin & de plufieurs Membres de cette Académie; j'en ai varié les circonftances, tantôt en employant de l’eau ordinaire, tantôt en employant . de l'eau de chaux, & je me fuis convaincu que dans la combuftion du pyrophore, l'air éminemment refpirable, l'air déphlogiftiqué de M. Prieftley , fe convertifloit en air fixe ou acide crayeux aëriforme, fauf Ja portion abforbée par le pyro- phore lui-même, comme je vais l’expofer dans un moment, & que cet acide crayeux fe combinoit enfuite avec l'eau. Ces effets de la combuftion du pyrophore dans l'air déphlo- gifliqué, jettent un grand jour fur les phénomènes de cette mème combuftion dans l'air atmofphérique : les effets font à peu-près les mêmes, mais avec cette différence que l'air de l'atmofphère ne contenant qu'un quart d'air pur, de véritable air, il n'y a qu'un quart d'acide crayeux aériforme formé & abforbé par l’eau ; les trois-quarts qui reftent après la combuftion & l'abforbtion , font la partie méphytique de l'air, celle que j'ai appelé ailleurs la moplette atmofphcrique , efpèce d'air dont la nature eft encore abfolument inconnue, & qui, comme je l'ai fait voir ailleurs, n’eit point fufceptible d'entretenir la combuftion ni la vie des animaux. Je n'ai parlé jufqu'ici que de la portion d'air pur qui fe convertit en acide crayeux aériforme pendant la combuftion du pyrophore; il me refle à rendre compte de quelques circonftances qui me paroiffent prouver qu'une portion notable de ce même air eft abforbée par le pyrophore, pendant fa combuftion, DES NS AOÛT LE EN: CyELS. 369 combuftion, & fe combine avec lui, & que c'eft le furplus feulement qui fe convertit en air fixe. Premièrement, la diminution du volume de l'air pur dans le premier inftant de la combuition du pyrophore eft beau- coup plus rapide que ne le pourroit être une fimple combi- naïlon de l'acide crayeux aëriforme avec l’eau: on fait qu'en général l'eau ne s’imprègne promptement d'air fixe qu'autant qu'on divile Pair & l’eau par l'agitation , & qu’on multiplie les contacts : ces circonftances ne fe rencontrent pas fous Ia cloche où fe fait la combuftion du pyrophore, & au contraire même la chaleur confidérable qui a lieu eft un obftacle prefque abfolu à l'union de l'acide crayeux avec l’eau. Secondement , il eft bien reconnu que le pyrophore aug- mente de poids en brülant, que cette augmentation de poids eit très-rapide, & qu’elle eft à peu-près proportionnelle à Ia quantité d'air qu'on peut raifonnablement fuppoler ire ablorbée dans cette opération. J{ eft vrai que ceux qui ont obfervé l'augmentation de poids du pyrophore, l'ont attribuée “à l'humidité de l'air qu’il attiroit; & en effet, il eft difficile de fe refufer à croire que cet effet n'ait pas lieu dans le premier inftant : mais lorfqu’une fois le pyrophore eft forte- ment échauffé, lorfqu'il eft devenu rouge & embrafé, on ne peut plus fuppofer ME: qu'il attire l'humidité de l'air, & il eft évident que cette extrème chaleur la chafferoit au contraire & Îa réduiroit en vapeur, s’il en exiftoit dans le pyrophore. Il paroït donc certain, d’après ces deux confidérations, qué le pyrophore abforbe & fixe une portion notable d'air pur pendant fa combuftion. Mais, demanderat-on, que devient cet air, & quel changement apporte-t-il dans la nature du pyrophore ? C’eft précifément ce qui me refte à développer dans ce Mémoire, & ce qui fervira à établir d’une manière plus convaincante, qu'il y a réellement abforbtion & combinaifon d'air dans la combuftion de cette fubftance. Si l'on goûte du pyrophore avant fa combuftion, on ne Mém. 1 EE À ÂAaa 370 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALeE lui retrouve rien de la flipticité de l'alun, mais à fa place un goût de foie de foufre très-défagréable; lorfqu'au con- traire on Va fait bruler dans de l'air pur, toute fa matière charbonneufe eft confommée; il eft parfaitement blanc, il a une partie de la flipticité de l'alun, & en le leflivant, on en obtient un alun furchargé de fa terre, tel que l'a décrit M. Baumé dans fa Chimie. Cette dernière obfervation nous dévoile tout ce qui fe pafñle dans la formation & dans la combuftion du phofphore. On voit clairement que lacide vitriolique de lalun pañfe à l'état de foufre, pendant que le pyrophore fe forme, tandis qu'au contraire le foufre repafle à l’état d'acide vitriolique & d’alun, pendant que le pyrophore brüle: mais on fait, par les expériences que j'ai données, que le foufre eft un acide vitriolique dépouillé d’air éminemment refpirable , ou, ce qui revient au même, que l'acide vitriolique eft une combinaïfon du foufre avec de l'air éminemment refpirable, où plus exactement encore avec la bafe de l'air éminemment refpirable : donc l'acide vitriolique ne peut pafler de l'état d'acide à celui de foufre, fans qu'il ne s'opère un dégagement d'air éminemment refpirable, & réciproquement le foufre ne peut pañler de l'état de foufre à celui d’acide vitriolique, fans qu'il ne s'opère une fixation dufiême air; & c’eit ce qu'on obferve dans les expériences rapportées dans ce Mé- moire. On a vu en eflet qu'il s’étoit dégagé d’un mélange d’alun calciné & de poudre de charbon du poids de deux onces, environ quatre cents pouces cubiques d'air, partie dans létat d'acide crayeux aëriforme, partie dans l’état d’air inflammable; que le pyrophore aù contraire, en brülant avoit abforbé une très-grande quantité d'air pur; ce qui confirme pleinement la théorie que j'ai avancée. On ne manquera pas fans doute de faire deux queftions, relativement aux expériences dont je viens de rendre compte. Premièrement, dira-t-on, pourquoi , fi l’acide vitriolique de l'alun contient de l'air éminemment refpirable, de l'air déphlo- giftiqué de M. Prieftley, pourquoi retire-t-on principalement DES LOC ALLE, NC ES: 371 de l'acide crayeux aëriforme par fa calcination avec le charbon? Secondement, d’où vient cet air inflammable qui pañle avec lui! Je répondrai à la première queftion, que l'air éminemment refpirable fe convertit en acide crayeux aëriforme par fa combinaifon avec les matières charbonneufes, ou, ce qui revient au même, que l'acide crayeux aëriforme n’eft autre chofe qu'une combinaifon des matières charbonneufes avec Vair éminemment refpirable, ou plutôt avec la bafe de cet air: on en a la preuve dans Ia réduction des chaux de mer- cure; fi on les revivifie feules & fans addition, elles ne donnent que de l'air éminemment refpirable; fi on y ajoute de la poudre de charbon ou une autre fubftance charbon- neufe quelconque, elles ne donnent que de l'acide crayeux aëriforme : la même chofe arrive dans la calcination de f'alun avec le charbon du fucre ; l'air éminemment refpirable, ou plus exaétement la bafe de cet air qui eft contenue dans l'acide vitriolique de l’alun, fe combine avec Îa fubftance charbonneufe & forme de l'acide crayeux aëriforme. Quant à l'air inflammable qui fe dégage dans cette opé- ration, la quantité n’en eft pas conftante, & elle eft d'autant plus grande qu’on a employé plus de charbon; cet air, au furplus, n’eft pas de la même nature que celui qu’on obtient par la diffolution de quelques fubftances métalliques dans Yacide vitriolique & dans l'acide marin; il eft moins inflam- mable, il brüle avec beaucoup plus de difculté, & ne détonne prefque pas lorfqu'on le mêle avec deux tiers d'air commun. Une propriété très-remarquable qu'a cet air inflammble, eft celle de fe convertir en acide crayeux aëriforme par la combuftion : aucun des autres airs inflammables qu'on obtient par la diflolution des métaux, foit dans l'acide vitriolique, foit dans l'acide marin, ne préfente le même phénomène, & au lieu de fe convertir en acide crayeux aériforme, lors de leur inflammation, ils paroiffent donner des acides ana- logues à ceux dont ils ont été tirés. Ces confidérations, & quelques autres qui ne font pas de nature à pouvoir trouver Aaa ij 372 MéÉmoiRes DE L'ACADÉMIE RoYALE place dans ce Mémoire, me font foupçonner qu'il exifte trois efpèces d'air inflammable; favoir, air inflammable vitriolique, air inflammable marin, & air inflammable crayeux : celui qui fe dégage pendant la formation du pyrophore eft de cette der- nière efpèce; mais comme cet air inflammable produit, en brûlant fur Pair de l'atmofphère, ou plus exaétement fur la portion d’air éminemment refpirable contenue dans l'air de l'atmofphère, exaétement les mêmes effets que le charbon, je fuis très-porté à croire que c’eft la fubftance charbonneufe, même dans l’état de vapeurs & fous forme d'air ; par la même raifon, les deux autres airs inflammables me paroiffent être, Fun une efpèce de foufre vitriolique, l'autre une efpèce de foufre marin dans l’état vaporeux ou atriforme: au refte, mes expériences n'étant point encore abfolument complètes, je ne puis donner qu'un aperçu fur cet objet. ME TSNSUCIT E NICE’. 37% M ÉMOIRE SUR LUI NT É G-RA:T L'O.N DES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES PAR APPROXIMATION. Par M. DE LA PLACE. JF R': ne fait autant d'honneur à l’efprit humain, que Îa découverte de la gravitation univerfelle, & l'application heureufe que l’on a fu faire de l'analyfe au fyftème du monde ; mais fi l’Aftronomie-phyfique, en donnant l'explication des plus grands phénomènes de la Nature appuyée fur l’obfer- vation & le calcul, eft de toutes les Sciences phyfico-mathé. matiques , celle qui doit intéreffer davantage les Philofophes, elle mérite encore plus l'attention des Géomètres, par les difficultés que l’on a eu à vaincre, & par Îles méthodes qu'il a fallu inventer. Ceux qui en ont fait l'objet de leurs recherches, favent qu'une des principales difficultés qu’elle préfente, confifte à faire difparoïtre les arcs-de-cercle que les méthodes ordinaires d’approximation introduifent dans les intégrales approchées. des équations différentielles du mou- wement des corps céleftes; cette difficulté qui commence à fe faire fentir dans la théorie de la Lune, devient beaucoup plus grande dans la théorie des Satellites de Jupiter, & dans celle des Planètes. M. de Ia Grange eft le premier qui l'ait réfolue par une méthode -extrémement ingénieule ; M." d'Alembert & le Marquis de Condorcet en ont depuis. trouvé de très-belles folutions; enfin dans la première partie de nos Mémoires de 1772, page 6 $ 1, & dans la feconde partie, page 267, j'ai donné pour le même objet, une nou- velle méthode fondée fur la variation des conftanies arbitraires: 374 Mémoires DE L’AcADÉMIE Royaze Eny réfléchiffant de nouveau, il m'a paru que cette manière, de faire varier les arbitraires, pouvoit être d'un grand ufage dans l'analyfe, & que:relativement aux arcs-de-cercle qui entrent dans les intégrales approchées des équations différen- tielles qui n’en renferment point elles-mêmes, elle donnoit le moyen le plus direct & le plus général de les faire difpa- roître, toutes les fois que cela eft poffible. Je me propole. dans ce Mémoire, de l’expofer plus fimplement que je ne Yai fait dans les Mémoires cités, & j'ofe me flatter d'y pré- fenter aux Géomètres, une nouvelle théorie de ce genre d'équations différentielles. rh Soir l'équation différentielle du fecond ordre, OÙ — 2 + y + T + aY; (À) dans laquelle 0 eft conftant; T'eft fonction rationnelle & entière de finus & de cofinus d’angles croiffans proportion- nellement à 7; « eft une quantité très-petite, & Y eft fonc- tion rationnelle & entière de finus & de cofinus d’angles croiffans proportionnellement à #, de 4, de y & de fes dif: férences. Pour l'intégrer, foit = +ag + ag + 7" "+ &c. En fubftituant cette valeur dans l'équation /A), & compa- rant fucceflivement les termes fans «, ceux de l’ordre «, ceux de l'ordre a*, &c, on aura le fyftème fuivant d'équations, Oo — SP Los Le P/ T' al dr? + FA À 2° T DE mans Bt dore paul ; (B) I d? 11 0 + y + TE &c. où il eft vifible 1° que 7 fera fonction de finus & de nie sraSro 4 .E Ne man 37 cofinus; 2.° que 7” fera fonétion de finus, de cofinus & de z; 3° que T° fera fonction de finus, de cofinus, de z & de 7', & ainfi de fuites Ces équations feront au nombre n + 1, fi l’on veut porter lapproximation jufqu'aux quan- tités de Fordre a”, & il fera facile de les intégrer par les méthodes ordinaires; mais le plus fouvent, il en réfultera dans les intégrales, des arcs-de-cercle qui, après un temps confidérable , les rendront fautives ; c'eft à fe débarraffer de ces arcs, lorfque cela eft poflible, que confifte la principale difficulté de ce genre d'intégrations. Li E Pour éclaircir ce que nous venons de dire, & pour répandre en même temps un plus grand jour fur ce qui va fuivre, nous allons appliquer à un exemple particulier, lés méthodes ordinaires d’approximation. Soit l'équation diffé- rentielle dy Oro me ln PA ON EN (Ve dont on propofe de trouver l'intégrale approchée jufqu’aux quantités de l'ordre «4°; on fera J — z ur 4 à Fi sis a A L2 ñ & lon aura les trois équations, ŸZ < di FT dE I 2° 7° - sh = —{— + 7 + MZ :cof.21 ; (L} O 7" 11 Œ [e) = ie HZ + M7 .cf.2f En les intégrant, on peut fe contenter de fatisfaire aux deux dernières, & fe difpenfer d'ajouter des conftantes arbitraires à leurs intégrales, parce que la valeur de 7 en renferme deux qui fe trouvant dans l'expreflion de y, la rendent complète. Cela polé, la première de ces équations‘donne, comme l'on fait, en l'intégrant, ; 76 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE | Z = p'finé + g,.cof.t, & q étant deux conftantes arbitraires ; cette valeur de z fubftituée dans la feconde équation, la change dans celle-ci, DE dZ dr m COLE HT — TT. fint + Oo 2 mp. f 1 , EN ee El FO NS ue pour y fatisfaire, nousrepréfenterons par Ar .fin.t+ Bt.cof., ; su A mp la partie de 7° qui répond aux termes — ——.fn.f, & — .cof.t, À & B étant des coëfficiens qu'il s’agit de déterminer; pour cela, on fubftituera cette partie de l'expref fion de 7° dans l'équation différentielle, & l’on trouvera en comparant les termes femblables, A — —; B = — 5 4 L nl nm Quant aux termes — . fin, 3 FANCR + : cof. 3 f, nous obferverons qu’en général, fi le terme Æ°.fin. (ut + 6), où Æ.cof. {wt + €), fe rencontre dans l'équation différen- tielle en z', & que lon défigne par M.fn.{ut + +), ou M.cof. (ut + €), la patie de 7° qui y répond, on K aura M —= mecs d’où il eft aifé de conclure que les 7e .fn.3é, & l'expreflion de 7’, la quantité . cof. 34, produifent dans termes mp m4 ; 08 LUE À a ve . 2 TUE «{qé + Spth.coft m° 3 HS QUE — àP}-fn.34 2e — (pt + +q? - cof. 3 ë% 64 mp , ñ n° q £er —— ES" in SÊ + 768 . cof. $ 7. En raflemblant ces trois valeurs de 7, z' & 7", on em conclura ti De am q 32m æn°p . LM Tu 6 En nt ot à FT -finr 4 amp 3aæm mg . ge : (1 — L Ji TT cf frcoft a m {p.(1+ RUE APE UE PU T ME ; (a'} SE NE 16 & + : {g.(1 —— —) ER de . cof. 3 SIT fin. 5 4 + LE - cof. 5 # expreffion qui, comme l'on voit, renferme dés arcs-de-cercle. EV LE procédé que nous venons d’expofer, fuffit pour intégrer l'équation /A, dans tous les cas poffibles, & il eft aifé d'en conclure que l’expreflion générale de y aura la forme fuivante, = [pH A1 + Bird CP + &c].fn.kt : (A) + [9 Mit NE + P.8 + &c] cf. 4t + R A,B,C,&c. M,N, P, &c. étant des fonctions rationnelles & entières de p,q,a; & R étant une fonétion rationnelle & DéErs" STCIE Nice s. 379 entière de ces mêmes quantités, de l'arc s, & de finus & de cofinus autres que fin. #t & cof. Ut. . En fubflituant cette valeur de y dans Féquation /4) qui ne renferme point d’arcs-de-cercle, on aura une équation identiquement nulle, dans laquelle, par conféquent, les termes femblables fe détruiront réciproquement, de forte que fi dans ceux qui renferment l'arc de cercle t, on change en # — 6, l'arc z qui n’eft point enveloppé fous des finus & des cofinus, 8 étant arbitraire, l’équation reftera toujours identiquement nulle: or, il eft vifible que ce changement revient à en faire un femblable dans l’expreflion de y; d'où il fuit que fi lon défigne par p' & g' deux conftantes arbitraires, cette expreflion eft encore fufceptible de cette forme, ÿ={p + A. — 0j + B.ft—86ÿ + CE — + &c].fn. At + [g << M — 8) + N'.(t — 80} + P' (Et — 69 + &ec.] .cor ht + R' À, B', C”, &c. M, N°, P', &c. étant ce que deviennent A, B, C, &c. M, N, P, &c. lorfqu'on y change p & g en p & q', & R° étant ce que devient À, en vertu de ces changemens, & en changeant de plus en £ — 8, les arcs-de- cercle z que cette quantité renferme. Quoique cette feconde expreffion renferme l'arbitraire 0 de plus que la précédente, elle n’eft pas cependant plus générale, parce que l'équation différentielle /4) n'étant que du fecond ordre, fon intégrale complète ne doit renfermer que deux conftantes arbitaires; il eft donc poflible de faire coïncider ces deux valeurs de y: cette confidération va nous fournir É moyen d'en faire difparoitre les arcs-de-cercle. Pour cela, oit ; (4°) pPp =p+ At + Br + &c. 11 gd —=g+ Mit N.f + &c Si l'on tire de ces équations, par la méthode du retour Bbb i 380 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royare des fuites, les valeurs de p & de g en p'', g' &+, & qu’en les fubftituant dans À, on forme une nouvelle quantité R", léquation /A') deviendra ÿ = p'.finbt + g'.cof. ht + R'; (A) & g'° font des fonélions de 7, que nous repréfenterons par @(t) & -L (1); la comparaïlon des équations {4'") & (A) donnera ainfi les fuivantes, p(t)=p + A .(t—8) + B.(1—0) + &e. tHD= gg +M (NV + N'. (0) + &c IL réfulte de ces équations, 1. que p'o—19- (0); & g — +.(h/; 2. que les deux fuites, p + À'.(t—8) + B'.fi — 8 + &c« & g9 + M'.((—8) + N'.f(— 80) + &e ne font que le développement des deux fonctions QU + it — 8) & L(8 + 5 — 86) en féries ordonnées par rapport aux puiflances de 4 — 6, de forte que l’on a par la théorie des fuites, EL UOR SO CUS DOS A UE nr; partant, fi l'on change dans ces équations 8 en #, ce qui transforme p' & gen p'' & q'’, & que l'on défigne par A” & M'' des fonétions de p'' & de g'", femblables à celles de À & de M en p' & g', ou de À & de Men p & q, on aura les équations dq” dt dp" et, A" : ee ’ dr 17 — Vu au moyen defquelles on déterminera p'° & g'”. Pour ce qui regarde R'', la comparaifon des équations DE Sr NSio + ENre Ers 387 (A") & (A"")#donne encore R°*— R': or, fi fon fuppofe dans celte équation, # — ô,p & g'° fe changent en p* & q'; de plus, les arcs-de-cercle + — 0 difparoiflent de R'; donc l’expreflion de R'* devant ètre identiquement la même que celle de À’, ne doit point dans ce cas particulier ren- fermer l'arc 8, ce qui ne peut être, à moïns que dans Îe cas général, R'' ne renferme point l'arc #; la fubftitution des valeurs de p & de genp',qg & dans R, en fait donc difparoître les arcs-de-cercle ; d’où il fuit que l'on aura la même valeur de R‘°, en ne tenant aucun compte de ces arcs dans les valeurs de À, p & q, ce qui donne p —:p" & qg—= gq ; partant, on formera R° de R, en changeant dans cette dernière quantité, p & 4 en p' &q', & en effaçant tous les termes qui renferment des arcs-de-cercle. De-là réfulte cette règle fort fimple pour avoir l'intégrale approchée de l'équation {4) fans arcs-de-cercle, lorfque cela eft poffible. Intégrez les équations (B) par les méthodes ordinaires, & ” Lara ” I Q A formez ainfi l'équation (A); vous en ferez difparoître les arcs- de-cercle, en effaçant tous les termes qui en renferment ; mais alors, au lieu de fuppofer p q couffans , il faut les confidérer comme des variables données par les équations dp ; dq mL ne Sommet Pour intégrer ces deux équations, on différenciera Îa pre- mière, & l’on aura Îa fuivante, Rp} 4 d À dp 2 D PEUT MIN LE MSETÉ x à . qui à caufe de _ — M, devient dd p, |) hu. d A dp DA }, 7 ni ON UE Peu ET | È ADR. ù maintenant, on tirera de l'équation Z — À, la valeur 382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de g, exprimée par une fonction dep & de 22. que nous défignerons par IT. /p, ), & en la fubftituant dans l’équas tion précédente, on aura une équation de cette forme, = T.(p 2), dp z L M . . dp T.(p, =—) repréfentant une fonétion de p & de =. Cette équation eft du fecond ordre; pour l'abaïffer au premier, ] dp , foit = — ÿ, & l'on aura dy T./p,») = Tps) = TE y; partant, 07, = — dp; cette dernière équation eft du premier ordre, & fon intégrale donnera 3 —1-(pra), a étant une conftante arbitraire, & J. (P a) défignant une fonction de p & de a; donc dp TN A à (Pr Je d'où l’on tire, +5 he à étant une feconde arbitraire; on aura au moyen de cette équation, la valeur de p en fonttion de 1 + b & de a, ‘ dp , & en la fubffituant dans I. (p, —— ), on aura q en fonétion des mêmes quantités. V. Si l'on applique la règle précédente à l'intégration de l'équa- tion (a), on aura, en effaçant les ares-de-cercle del’équation {a’), DES pri nicht 383 (1 + ) fin. 3t ee _ 3 = P.fn.t + g\cof. t + + (1 2 paie em p 6 Me — ee NS SDS Trés “OS F, & lon déterminera p & 4 au moyen des équations ù 2 pue &mq NPE TRE res 0 dq Lie amp 3am Ent a ÉRAToRe dde Pour les intégrer, on fsiars fuivant les méthodes connues, mt at D Dec IQ EIRE e étant le nombre dont le logarithme hyperbolique eft l'unité, & l'on aura F fu = — gi +, gu = — æ m ne (i 122 un d'où l’on tire, en salt les quantités de l'ordre «?, arm | am = g=+Kf.[i — _. er mile donc fi l’on défigne par f & f' deux conftantes arbitraires, on aura a m æm pe + À cp pieinot ee k & gli — “milan jf LEE ie fire YEN J- 16 512 LÉ si 384 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe Nu Le IL eft facile d'étendre Ia règle de l'article IV à un nombre quelconque d'équations & de variables ; fi l'on a, par exemple, les » équations dy d à y" 2 : : e ER ET Ta, d2y"" d 1? &c. qui renferment celles du mouvement des corps céleftes, T, T7, T'', &ec. étant fonctions rationnelles & entières de finus & de cofinus, & Y, Y', F'', &c. étant fonétions rationnelles & entières de finus, de cofinus, de a, des # quaniités y, y ,7 , &c & de leurs différences; en Îes intégrant par, les méthodes ordinaires, on aura + À y HT + «ap, o Îl (e] I le) I 5e | REINE Jet CD Le = $ip+A + Br + &c}.fin.ht + ÿg + Mt NF + &c.coht +R, = $fp + AÀ'et+ Br + &ec.fin. hr + $g + Ma N°. + &c}.cof. lt + R', = ÿp'+ As Br + &c.t fin. hr + {9 + Ma Nr + &ct .cofk"r +R”, &c. A, B,&c. M, N, &c À’, B', &c. &c. étant des fonctions dea,p,p,p ,&cgq,gq,q ,&c R étant fonction de ces quantités, de l'arc r, & de finus & de cofinus autres que fin. 4t & cof. ht; R' étant fonction de ces mêmes quantités, de l'arc ?, & de finus & de cofinus autres que fin. 4° r & cof. 4‘, & ainfi de fuite, Cela pofé, pour faire difparoître les arcs-de-cercle de ces exprefions, il fuffit d’eflacer tous les termes qui en renferment; mais alors, il faut confidérer PP DES SCrEeNcEs. 385 P,p,p, &c q,q,q, &c comme autant de variables données par les équations dp dq Re M ASIE, dp° . - dg" : TN rent lles dp'* 11 dg"* 1e Dr = À se = M, &c. &c. Dans le cas des perturbations du mouvement des Planètes, fi l'on ne porte la précifion que jufqu'aux quantités de l’ordre æ, ces équations font linéaires & faciles à intégrer par les méthodes connues, (Voyez la Jeconde Partie des Mémoires de 1772, page 360). Si l'on vouloit une approximation plus exaëte, les équations précédentes ne feroient plus Tinéaires; mais il feroit aifé de les ramener à cette forme par le procédé que nous avons donné dans les mêmes Mémoires, Wpages 287 © 311. f VESTE ConsiDÉRONS plus particulièrement ce genre d’équa- tions différentielles qui ne renferment point d’arcs-de-cercle, mais dont les intégrales obtenues par les méthodes ordinaires d'approximation, en renferment. Pour cela, foit l'équation différentielle de l’ordre », dy O== Fam —+ P°; étant fonétion de y & de fes différences, de finus , de cofinus, d'exponentielles, &c. fans arcs-de-cercle ; fuppofons qu'en l'intégrant par approximation fuivant les méthodes ordinaires, on ait PA ELA EUT EF “te lc. X, Ÿ, Z, &c. étant des fonctions de finus, de cofinus , d'exponentielles, & de # conftantes arbitraires, Poe ec il eft facile de prouver, comme dans l'article IV, que cette valeur de y fatisferoit encore à la propolée, en y changeant Mém, 1777, Ccc 336 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE les arcs-de-cercle : en : — 8, en forte que l'on peut fuppofer = ZX + Tr. ((— VV + Z.(t — 0f + &c cette feconde expreflion de y renferme # + r arbitraires qui doivent {e réduire à #. Pour concevoir la pofhbilité de cette réduction, repréfentons l’expreffion rigoureule & in- connue de y par @{f, a+ mt, b + mt, &c.), a, b, &c. étant des conftantes arbitraires; en la mettant fous cette forme [r,a+ mb mt —0), DH m0 + m (1 —8), &c.], . & en la réduifant dans une fuite ordonnée par rapport aux puiffances de 5 — 0, on aura, comme l'on fait, de Peu G—W En ee «Pl Creer SA en dE is 7 étant égal à ft, a + mû, b + m6, &c.): or il eft vifible r.° que #, ( _ sÉNe _. ), &c. renferment les # arbitraires, à + m0, bd + m'8, &c; 2.° que l'arbitraire 8 qui fe trouve dans les arcs-de-cercle 8, (t — 0)°, &c. de la férie précédente, rentre dans ces # arbitraires, & ne fait que les changer en 4, BEC ae que ce ne peut être que de cette manière que l'arbitraire 8 de Ia fuite X + Y.(t— 8) + Z.{r — 8) + &c rentre dans les # arbitraires p, g, &c; cette fuite doit donc être la même que celle-ci, # —- (=) .(t — 0) + &c; ce qui donne ares UP, 4 (=) Nec Si lon repréfente maintenant par 4./7, p, q, &c.) la fonction Æ que nous {uppofons connue , l'équation 4 = X donnera (a+ mm, BH m8, &c.) = 4(1r,p, q, &c.); Ps g» &c« font par conféquent fonctions de à + m8, b + m 0, &c. Soit DES SCTENCES. 3987 N.{a + mb, b + m'0, &c.), ['.{a + m0, b + m'6, &c.), &c. & l’on aura l'équation identique, q(tra+m,b+ me, Heu I. {a + mô, b + m'8, I P 7 [N'.{/a + m8, 8 + nm En changeant 8 en 4, les deux membres de cette équation fe changent dans l'expreflion rigoureufe de y; ïül fuffit donc pour avoir cette expreflion, de déterminer p, g, &c. en fonctions de 8, de changer dans ces valeurs 8 enr, & de les fubftituer enfuite dans la fonction X’; la queftion eft ainft réduite à déterminer ces valeurs. Si l’on différencie l'équation # — X relativement à 8, on aura NE Te x ? )X Ù TETE TD Lee Are at l'équation / =) — Ÿ deviendra donc x Ù ox ? GC ES ee Cette équation ayant lieu quel que foit +, donnera en Ia dif- férenciant # — 1 fois par rapport à , >} DdX à 20X dq At 794 EE é dp.dt ) “ (y TT (Mr vr PIA . A NP NE 2 &c. DA ETAMEUET dp » X Dar ne a ro PASS Wa Évre GT AR &c. Here ù d En éliminant ( a , ar &c. au moyen de ces # équations, on aura dp. ms x (SL) = Yi &e Ccci &c.), ü, &c.) réce 388 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE X", Y', &c. étant des Ras de p, g, &c. fans f, pui. dp . Ex que les valeurs de / —= : Due ( ), &c. doivent être indé pendantes de cette HER Cette confidération peut fervir à déterminer ces valeurs uniquement par | no de l'équation PUR & d'une manière fouvent F fimple qu'avec le fecours de fes diflérentielles, en égalant à zéro les coëfhciens des diflés - rens finus & cofinus. dp A —+ &c. En changeant 6 en dans les AU (2) = X'; ee nt &c. on aura les fuivantes, dp ; dq es me elle ti Rene NU | 2 & les valeurs de p, 4, &c. que l’on trouvera en intégrant ces dernières équations, fubflituées dans X, donneront {ur le champ l'expreflion rigoureufe de y. Si les valeurs de 4 & de Y ne font exaétes qu'aux quan- tités près d’un certain ordre, l'expreflion de ) à laquelle on parviendra, ne fera exacte qu'aux quantités près de cet ordre ; mais la forme des quantités qu ‘elle renferme , fera la même que dans l'expreflion rigoureule ; fi l'on trouve, par exemple, dans cette valeur, des exponentielles fans imaginaires, ou même des arcs-de-cercle, on {era für qu'il s'en rencontre dans l'exprefion rigoureufe, & qu'il eft par conféquent impofñble de les éviter. VOTE La théorie que nous venons d’expofer, renferme d’une DES SCIENCES. 389 manière générale , le cas des équations linéaires que nous avons difcuté dans l'article 1V; fi lon nomme en eflet, S la partie de À dans l'équation 4’), qui ne renferme point d'arc-de-cercle, & S". 1, la partie de cette même quantité qui renferme l'arc # élevé à la première puiflance , en comparant ceite équation avec celle-ci, = HT 14 Z.t + &c. on aura A pi ae iq sonate 4 A ne ET co, RS"; l'équation ne ) pu ) + (RE) E) + &e deviendra donc A. fin. &£ + Micot. ht + S— (27 Tu fin. At + (52). cof.ht (= PE hey) ge) Si lon compare féparément les coëfficiens de fin. Ar, & de co. At,ona L2 ln) ='4; pe / = 7 de forte que l'on aura par l'article Din y, en intégrant les deux équations, Ù è 2 — À; = = M; dt & en fubflituant les valeurs de p & de 4 que l'on en tirera, dans la quantité , ou p.fin. Lt + g.cof.ht + S, ce qui revient à la règle que nous avons donnée, article IV. = p.fnit + g.coff + is 390 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE L'équation (a') de l'article I], par exemple, comparée à J= ZA + }.r + &ec. donne i . cof. 3 4 —— fin. s + cof. sf LA LA F— — A SE oct 2 / amp 3 am === È fa — Fe ) cof. £ re mp — ep dE 3e 7: . cof. 3f; l'équation 2 X dp y = (eue sr? —+ Ec. donnera conféquemment la fuivante, am [4 D re Ge 4 2 PE UE IAE . cof. £ : ie £ / am Ar MEURT —— Poe cof. 3 # à Se pAt ne NES + (—{—) . cof. £ am dp He ee D de 608 4 3 am + —— . (ee sl .(r = 4." 0 (ist LS à (RE ceoû 5 DE SNS C L'E Nic Es 301 d'où l’on tire, en comparant les coëfficiens de fin. & de cof.t, &-en y changeant êenr, As d WE am q © 3am Ù De mt 4 (3 (LE 16 J; d 4 FES amp 34m : cr 4 “HAE 16 /; ce qui eft conforme à ee que nous avons trouvé dans l'ar- ticle V; & comme il réfulte de ce même article, que la valeur amt amt de y renferme les quantités e DS. MPAEON peut en conclure que les exponentielles fans imaginaires font inévitables, & qu'elles entrent dans l'intégrale rigoureufe. Au lieu de comparer les coëfliciens de fin. & de cof.f, on auroit pu comparer ceux de fin. 3: & de cof. 37, & les équations diflérentielles en p & en 7 auxquelles on feroit parvenu, doivent coïncider avec les précédentes; mais on doit obferver que ces coëfficiens étant tous multipliés par æ, les équations qui réfultent de leur comparaïfon ne peu- vent être exactes que jufqu'aux quantités de lordre « ; elles deviennent en eflet, en n'ayant égard qu'aux quantités de cet ordre, & en y changeant Ê enr, dp 4 amg.., DE 4 4 PRE Ye CRE = - dt > 4 Or ces. équations rentrent vifiblement dans Îles précédentes, en négligeant les quantités de l'ordre a”, I X. ApPrÈs avoir réfolu le Problème le plus difficile & le plus important de Îa théorie des intégrations par approxi- mation, il nous refle pour compléter cette théorie, à expofer une méthode générale pour obtenir des intégrales de plus en plus approchées: M. de la Grange a déjà rempli cet 0 Le 392 Mémorres DE L'ACADÉMIE RoyALE objet d’une manière très-fimple & très-ingénieufe dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, pour l'année 17:15, page 192; mais la méthode fuivante a, fi je ne me trompe, l'avantage d’être plus directe, Soit l'équation diflérentielle de l'ordre #, h=— — ue + «Q; (y) y P étant fonétion def, y, 7 she , & Q pouvant DJ —* être de plus fonétion de «; fuppofons que l’on fache intégrer l'équation o — se == Æ & que fon intégrale foity —œ{t,p,q,r, &c.), p, g,r, &c. étant des conflantes arbitraires ; en différenciant cette intégrale x — 1 fois de fuite par rapport à f, on aura en y comprenant l'équation intégrale Éincnes n équations au moyen defquelles on pourra obtenir par l'élimination les valeurs des # arbitraires dy d'y en fonctions de #, y, Arte NT one . Soient F, F”, Vin Scces Pari en forte que AV; = Vst= Free on aura en différenciant, D VO V0 = OV 0-— "Dh rc or il eft clair que ces différentes équations ne peuvent ètre È ë à TZ que le produit de celle-ci, o — — + P, par différens facteurs qui la rendent intégrable, & qui font les coëfhciens de dans ces équations ; foient F, Æ', &e. ces coëffciens, & l’on aura d" Le DV = For. + pi, = For. {7 + p}; &c. | cela F le Gouax Seulpr\ 24 pouces Focrter del Bi EustÈS CAE Ac: Es. 393 cela pofé, fi l'on multiplie fa propofée (y) fucceflivement par For, F'or, &c. elle prendra les # formes fuivantes, Oo — 0V + 'ar Q0r, DV ue «F7 Qôr, &c. en intégrant, on aura V — p — afF Qùr, V'— q — afF'Qùr, &c. .P, g, &c. étant des conftantes arbitraires. Si l'on fuppofe maintenant 4 — o dans ces équations, & qu'on en élimine les différences 1324 LE us LEA 5 dt ts t ar & on aura une équation finie entre y, f, p, g, &c. qui doit, par ce qui précède, fe réduire à RERO U 150 9 ns en changeant donc dans cette expreflion de y, p en p — afFQD0r, gen g — afF" Qt, &c. on aura pour cette même expreffion, lorfque « eft quelconque, 3 = @{t,p — afFQD0r, q — afF"Qor, &c.); (à). Toutes les fois que FQ0r, F'Q0r, &c. feront des différences exactes, on aura l'intégrale rigoureufe de y: or c’eft ce qui a lieu lorfque l’équation (y) eft linéaire; car alors &Q cft fonction de # feul, & lon a P=M.—- HN H&c....—+Sy, M, N,...9, étant fonctions de ? feul; de plus, l'intégrale de l'équationo — 2. na eft vifiblement alors de cette forme, J=pr + qu + ru + &c. Men, 1777: Ddd 394 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaALE u,u',u"", &c. étant fonctions de +: or ül eft clair que fi, au moyen de eette équation & de fes # —— 1 premières différentielles, on élimine p, 4, r, &c. ce qui eft très-facile, on aura # équations de cette forme, D "y dT2y à P — F DEEE au Hé + &c. Dre dE L'e RH. + Ho + &e. dr | Lier êcc. F, H, &c &', H°', &c. étant des fonctions de 7 feul; en différenciant ces équations, on aura les fuivantes, >F 2" y cn harr ra Ëte d F° dr UNI ARE PAPE EE Me ay ee dm: Li d” Li oo. + (H'+ &ce qui ne peuvent être que la propofée elle-même, multipliée fucceffivement par F, F”, &c; en forte que dans ce cas, FQ, F'Q, &c, feront uniquement fonétions de + : l'intégrale complète de l'équation (+) fera donc alors, dans la fuppofi- tion de « quelconque, y=uip—afFQt} + a f{qg — afF"Q01$ + &c. ee qui donne, comme l'on voit, le procédé le plus dire pour conclure l'intégrale de cette équation lorlque « eft quelconque, de fon intégrale lorfque do); H arrivera le plus fouvent que les fonctions « F QD}, a F'Qor, &c. ne feront pas des différences exacles; mais fi dans ce cas l'équation (A) n’eft plus l'intégrale finie de la propolée (y), elle eft au moins d’une forme très- avantageule pour trouver des intégrales de plus en plus approchées : en effet, fi lon y fuppole d’abord & — 0, on aura 2 —= Pt p, 4, &c), Di ES NS ACTE IN: CE 6 395 & ce fera la première valeur de y. En 1a fubftituant dans les fonctions FQ or, F'Qùr, &c. elles deviendront fonctions de #feul, & fi l'on repréfente par Æ, G, &c. leurs intégrales, on aura pour feconde valeur de y, J—= {ts p—ua#, qj — a G, &c). En fubflituant cette feconde valeur dans FQor, F' Qor, &e. & repréfentant par £', G', &c. leurs intégrales , on aura pour troifième valeur approchée de y, Y—=Q(,p—a£", qj — aG, &c.) & ainfi de fuite. Suppofons que l'équation différentielle +), ainf que fa première intégrale, ne renferment point d’arcs-de-cercle ; mais que les intégrales fubféquentes en renferment, en forte qu'ils foient introduits par les fonétions fucceflives £, Ç, E”, G', &c. on les fera difparoïtre en Îes effaçant de Ia dernière valeur de y à laquelle on s'arrêtera, & que nous fuppofons être la /# +- 1)°"; mais il faudra y fubflituer aw lieu de p, 4, &c. les valeurs que l’on trouvera en intégrant les équations dp = dq = — “A; D tes ile NB; Se A, B, &c. étant les parties conftantes du coëfficient de dans Eû—, Gf—Y, &c. La méthode précédente donne un moyen facile de recon- noître a priori, fr {es intégrales approchées de l'équation /) renfermeront des arcs-de-cercle ; car'il eft vifible, par exemple, que la feconde valeur de y ne peut renfermer l'arc &r, qu'autant -que le produit de Q par l'un des facteurs #, 7", &c. qui J Cr ale. », . EL dy rendent intégrable équation o — TE EL 20 renferme un terme conftant, après y'avoir fubftitué pour y fa première valeur. Pour appliquer cette règle à l'équation 0 — Et ly.aQ, Ddd ij 3964 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on doit obferver que les deux facteurs qui rendent intégrable . dy es Et: ee CI OS eos y, fonte", & 6e —, & que fon intégrale complète eft y — p.fin. ht + g-cof. ht; il faut donc, pour que fa feconde valeur approchée de y renferme l'arc ar, que Qe""—", où QeT""7Y renferme un terme conftant, après y avoir fubftitué pour y, p.fin. At + g cof. At: cr, il eft vifible que cela ne peut étre, à moins que Q ne renferme après cette fubititution, un terme mul- tiplié par fin. At, ou par cof. At, ce qui eft conforme à ce que l'on fait d'ailieurs. X. ON peut encore employer avec avantage la méthode de faire varier les arbitraires, dans le cas où les équations di£- férentielles renferment des quantités qui changent d'une manière prefque infenfible, ce qui {e rencontre fréquemment dans FAftronomie-phyfique. Soit, par exemple, l'équation différentielle d'y eo ; ! dy ts A te P étant fonction de #, y, — Alors & des quantités a, b, &c qui varient très-lentement, en forte que les diffé- da dh . Sri . , TÉNCC Et, &c. foient très-petites; fuppofons qu’en l'intégrant, & en fuppofant a, b, &c. conftans, on ait = DT UP PEU PONT OC: FA Dr Le De pb p, q, &c étant les conftantes arbitraires que donne l'intégration : on pourra repréfenter encore par cette forme - lexpreflion complète de y, dans le cas où l’on confidère a, db, &c. comme variables; mais il faut alors faire varier, dy dy Re ‘rt reftent pareilles fonétions de 4, 4 , Sc. p, q, &c. que fi ces HAE x dy les arbitraires p, g, &c. de manière que Ra DES SCrENCE's. 397 quantités étoient conftantes : car il eft clair que ces fonélions fubftituées dans l'équation différentielle propofée, la rendront identiquement nulle. Il eft donc néceflaire que les variations D È : des valeurs de , — , &c. foient nulles, en vertu des varia- tions de a, b, &c. P, g, &ec; ce qui donne les y équations. fuivantes, da dy db dy nb RnlER AE A d DEENES dp dy d7 dy + IE) + (PE) 80 da ddy pA dd (= Co (SX Bee dp dy dy dy a if TÉrT nel M Gr 4 + &c. &c. Ces équations font Ies mêmes que celles auxquelles nous fommes parvenus par un raifonnement à peu-près femblable, dans les Mémoires de l’Académie, année 1 772, ÎL° partie, page 315; & l'on peut obferver qu'étant rigoureufes, elles ont généralement lieu, quelles que foient les variations de a, db, &c, en forte qu'elles ne font point reflreintes au cas où ces variations font infenfibles. I eit facile d'étendre à un nombre quelconque d'équations, tout ce que nous avons dit dans ces derniers articles: nous croyons ainfi pouvoir nous difpenfer d'entrer dans un plus grand détail fur cet objet, $ Septembre 1777 398 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE ARE NA Os A MR dE IS DUR A VITRIOLISATION DES PYRITES MARTIALES. Par M. LAVOISIER. L: Pyrites, dont je parlerai dans ce Mémoire, font les pyrites vitrioliques martiales , de l'efpèce la plus commune, qui fe trouvent fouvent dans les craies , dans refque toutes les glaifes, &c. la nature de ces pyrites eft aujourd’hui bien connue; mais je n'ai befoin de les confidérer, relativement à mon objet, que comme compofées de fer & de foufre. Si on diftille des pyrites, dans une cornue de grès, à un degré de chateur capable de les faire rougir, on entire une quantité confidérable de foufre, qui fe fublime dans le col de Ja cornue. - Si au contraire , ces mêmes pyrites demeurent expofées dans un air humide & chaud, elles fe gerfent à leur furface, fe fendent, fe divifent & fe couvrent d’efflorefcences vitrio- liques; enfin , fi après avoir été expolées un temps fufffant à Pair, y avoir été divifées & réduites en poudre, on les leflive, on en retire une grande quantité de vitriol martial, tandis que par diftillation on n’en tire plus un atome de foufre. Le concours de l'air eft indifpenfablement néceflaire à la vitriolifation des pyrites, & on les conferve dans leur état primitif, de quelque manière qu’on les défende de fon contact ; une fimple couche d'huile fuffit pour les préferver, & il eft démontré, par exemple, qu’on les conlerve fans altération fous l’eau. Puifque les pyrites, avant l’efflorefcence , font compofées de foufre & de fer, & qu'après l'efflorefcence elles font compolées d'acide vitriolique & de fer; il eft évident que Blaise Sc AE Nic œs 399 %e foufre s’eft converti en acide vitriolique, par leffet de {a vitriolifation. Mais, comme je l'ai annoncé dans un Mémoire fur Ja combuftion du foufre & du phofphore, & comme je crois Favoir prouvé , l'acide vitriolique n’eft autre chofe que Îa combinaifon du foufre avec l'air éminemment refpirable, juiqu'à parfaite faturation; autrement dit, le foufre eft de l'acide vitriolique moins de l'air éminemment refpirable, & l'acide vitriolique au contraire, eft du foufre plus de f'air éminemment refpirable *. Donc, le foufre des pyrites ne peut s'invertir en acide vitriolique, fans abforber de l'air éminemment refpirable. La néceflité du concours de l'air pour Îa vitriolifation des pyrites, étoit déjà une préfomption forte en faveur de setie opinion; mais il étoit poffible de la confirmer par des expériences, & il ne faut jamais, en Chimie, conclure par railonnement ce qu'on peut vérifier par des faits: j'ai donc opéré comme il fuit. J'ai tenu dans un endroit modérément chaud, des pyrites martiales , jufqu'au moment où elles ont commencé à donner des fignes d’efflorefcence; alors, je les ai enfermées fous une cloche de verre remplie d'air commun & qui étoit plongée dans de l’eau : les progrès de la vitriolifation ont continué, d'abord prefque auffi rapidement que fi la pyrite eut été expolée à l'air; enfuite, ïls fe font ralentis peu-à-peu, & au bout de dix-huit à vingt jours, la vitriolifation a été entièrement fufpendue : pendant tout ce temps, l'eau n'a pas ceffé de remonter fous la cloche, en proportion de la rapidité de la vitriolifation ; c’eft-à-dire que l'eau a remonté rapidement les premiers jours, plus lentement enfuite, après quoi elle eft devenue ftationnaire au bout de dix-huit à vingt jours. L'air dans lequel la pyrite avoit été ainfi renfermée, éteignoit les lumières, mais il ne précipitoit pas l'eau de ne 0 it EEE RARE à À PUS PIE REP ENT * Je ferai voir dans la fuite, que la bafe de l’air feulr entre dans ces combi- naïifons, & que la matière du feu qui la tenoit en diffolution, devient libre lors de Ja combuflion. 400 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE chaux, & n’étoit pas fufceptible de fe combiner avec les alkalis : il étoit précifément dans l'état de ce que j'ai nommé dans de précédens Mémoires, Mophette atmofphérique, c'eft- à-dire que c'étoit de l'air de l'atmofphère , auquel il manquoit environ un cinquième d'air éminemment refpirable ; d’où il fuit, que la pyrite en fe vitriolifant, avoit abforbé la portion d'air éminemment refpirable qui étoit contenue, fous la cloche : donc le pañlage du foufre des pyrites à l’état d'acide vitriolique , fuit la foi commune ; il ne peut sopérer qu'autant qu'une portion d'air éminemment refpirable s’unit au foufre, & le convertit en acide vitriolique. Les progrès de la vitriolifation des pyrites font infiniment plus rapides quand on opère dans de air éminemment refpirable pur ; mais comme je n'ai pas fuivi cette dernière expérience avec aflez d'attention, je ne puis en donner les détails à l’Académie. Pour réfumer en peu de mots, les pyrites font un combiné de foufre & de fer ; l’aéte de la vitriolifation n'eft autre chofe qu'une addition d’air éminemment refpirable, ou plus exactement, de la bafe de l'air éminemment refpirable à cette combinaifon , addition qui convertit le foufre en acide vitriolique : or, cet acide fe trouvant en contact avec le fer dans un grand état de divifion, ne peut manquer de l'attaquer & de le diffoudre à mefure qu'il eft formé, & il en rélulte : du vitriol de mars, OBSERVATIONS nya Sie 1 E NICE ss 407 HORMONE OR VAUT O NS SUR L'INCLINAISON DE L'AIGUILLE AIMANTÉE ; Faites dans les Mers de l'Inde àr dans l’Océan Athlantique. Pareil EN GtE CNT TE UOIQUE l'Inclinaifon de l’Aimant foit peut - être fa première propriété, cependant les obfervations en ont été bien négligées jufqu'à préfent, foit que cela vienne de ce qu'on n'a pas toujours eu des Inftrumens propres à l’ef- timer avec une certaine précifion, foit qu'on n'ait pas bien aperçu l'utilité de ces fortes d'obfervations. Le P. Kirker, dans fon Livre intitulé Ars magnetica, imprimé à y en 1654, donne une Table des inclinai- fons de l'aimant depuis l’Équateur jufqu'aux pôles; mais cette Table eft un rélultat de calculs, & non d’obfervations fuivies, Le P. Feuillée, Minime, A le journal de fon Voyage, tomes [1 € 111, donne les obfervations qu’il a faites fur Yinclinaifon de l'Aiguille aimantée. De ces obfervations, je ne vois que celles du rome 117 fur lefquelles on puifle un peu compter, parce que la boufiole dont il fe fervoit alors, étoit bien fupérieure à celle qu ’ilavoit employée dans fes précédens voyages; mais quoiqu'on ne puifie-pas être également für de toutes les oblervations qu'il rapporte, un fait qui paroît bien décidé, c'eft que l'inclinaifon de l'aiguille et nulle, felon lui, àc 9 degrés+ environ de latitude auftrale : c'eft ce qui arrive à l'aimant dans notre océan, je veux dire dans l'étendue de mer comprile entre |’ Afrique & l'Amérique, M. l'abbé de la Caille, muni d’un meilleur inftrument, * Ces obfervations ont été lües à l’Affembléc publique d’après Pâques, 26 Avril 1775. Mém. 1777. Eee 402 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE & apportant dans {es obfervations tout le foin que l’on fait que cet habile Obfervateur mettoit dans fes opérations, trouve linclinaifon nulle à 1 x degrés + de latitude auftrale : avec la sême bouflole de M. l'abbé de la Caille, j'ai trouvé, dix- huit ans après lui, l'inclinaifon nulle à peu-près au même endroit, où à 10 degrés +; ainfi ce fait eft inconteftable. Lorfque j je partis de l'[fle de France en 1760, pour aller, par ordre du Roi, faire des obfervations aftronomiques & phy fiques dans les mers de l’Inde, M. l'abbé de la Caille me remit fa bouffole d’inclinaifon, en m'engageant à répéter les obfervations qu'il avoit faites; parce qu'il s’étoit aperçu qu'en préfentant {a bouflole patate au Nord & au Sud , il avoit trouvé au fud de la Ligne une inégalité dans l'inclinaifon qui étoit allée jufqu'à 3 degrés. M. l'abbé de fa Caille ne croyoit pas que cette différence de 3 degrés vint, comme le penfoit M. Bernoulli, d’un défaut d'équilibration dans la conflruction primitive de cet infirument : je parlerai de ces inégalités dans un fecond Mémoire, elles influent très-peu ici, & n'empêchent pas que les obfervations de M. abbé de la Caïlle ne foient trés-intéreffantes. Cet Aftronome avoit obfervé fort régulièrement dans fes VOYAges, l'inclinaifon de l’aimant; mais ils fe font bornés à l'ile de France. IL paroït que ce hiru Académicien étoit bien éloigné de foupçonner ce qui arrive à l'inclinaifon dans les mers d'Ethiopie & de l'Inde; cependant il auroit dû être furpris d’avoir trouvé à file de France, l'inclinaifon de $2 degrés, pendant qu'il ne l’avoit obfervée que d'environ 20 degrés par la même latitude que l'ile de France, en de-çà ce l'Afrique. Peut-être M. de la Caïlle penfoit-il que cette diffé- rence de 32 degrés, pouvoit venir en partie de la différence de longitude des deux lieux où il avoit oblervé; car elle alloit à environ dix-fépt cents lieues. Mais j'ai obfervé que l'inclinaifon ne pouvoit pas être de la plus légère utilité pour les longitudes. Lorfque j'étois, en 1702, à la baie d’Antongil, ile de Madagalcar, par 1 $ degrés + de latitude méridionale, j'écrivis à feu M. de la D EM MONCUILr ENT CRELS: 403 Jux, Correfpondant de l'Académie, à l'ile de Bourbon, que je venois d'obferver l'inclinaifon de 46 degrés, & confé- quemment que l'aiguille aimantée ne pouvoit point devenir horizontale à 1 1 degrés + de latitude, comme feu M, l'abbé de la Caille l'avoit vue de l'autre côté de l'Afrique. Étant, en 1766, fur le Vaifleau de guerre le Bon-confeil, de 64 canons, & allant à Manille : lorfque je fus par la latitude de la baie d'Antongil, je répétai cette expérience ; je trouvai l'inclinaifon encore de près de 40 degrés, ce qui fait 7 ou 7 degrés + de différence d’avec ce que j'avois vu à cette baie ; mais j'étois pour lors à près de douze cents lieues à l'Eft de la même baie. Il eft donc certain que l'inclinaïfon de l'aimant ne peut point fervir à la longitude ; mais je ne fus pas long-temps à voir que l'aiguille ne deviendroit horizontale, que lorfque nous aurions paffé la Ligne, & que nous ferions même un peu avancés dans la partie boréale du Globe. Je fuivis donc l'inclinaifon de Faimant, jufqu'à ce que je vis l'aiguille horizontale; je la fuivis, dis-ie, dans les détroits des îles de la Sonde, dans ces endroits où les mers font prefque toujours unies comme une glace de miroir, où l’on eft fur un Vaifleau, comme fi on étoit à terre, & où l’on a par conféquent tout le temps de répéter fes obfervations. Sous {a Ligne, l'in- clinaifon fe trouva encore d’environ 1 $ degrés, & à 8 degrés jufte de latitude boréale, l'aiguille fut horizontale. Voilà donc l’aimant qui n'a point d'inclinaifon à 10 degrés + de latitude auftrale dans notre océan, & à 8 degrés de lati- tude boréale dans l'océan indien, c'eft-à-dire, dans les mers de Siam & de Camboge. J'ai dreffé une Table fort détaillée de mes obfervations, & à côté, j'ai marqué, avec les différens degrés de latitude, 1a diftance où j'étois de [a terre pour chaque obiervation. En revenant de Manille à Pondichéry, fur le vaifleau Por- tugais le Saint-Antoine, par les détroits du Gouverneur & de Malaca, compris entre 1 degré + & 4 degrés de latitude boréale, détroits où les mers {ont pareillement très-belles, je les ai traver{ées, la bouflole d'inclinaïfon à la main, jufqu'à Eee i} 4og4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Negapatnam, par 11 degrés de latitude boréale. IL réfulte de mes oblervations, que l'aiguille eft horizontale dans ces mers à 10 degrés + de latitude, proche la prefqu'ile de l'Inde, à peu-près comme elle l'eft en deçà de l'Afrique, par ro de- grés + de latitude méridionale: ce font donc 2 degrés environ plus nord que je ne l'avois vue dans les mers de diam &c de Cambose, {ur le vai‘leau le Bon-confeil, Mon intention avoit bien été de vérifier à mon retour dans ces mers, lorfque je ferois par les 8 degrés + de latitude, ce que j'avois oblervé à bord du Bon- confeil. H ne me fut pas poflible; nous étions pouflés par la mouflon du Nord-eft, qui eft un vent efiréné dans ces parages ; les mers y font monftrueules ; avec cela, nous avions le vent de l'arrière : notre Vaifleau, d’ailleurs peu lefté, rouloit panne {ur panne, à embarquer fouvent de l’eau par les paflavans; je prélentai la bouflole à l'expérience, il ne me fut pas poilible d’obferver, tant les balancemens étoient confidérables. Ce ne fut que lorfque nous eumes atteint 4 degrés de latitude, que la mer me permit de faire la première obfer- vation fur l'inclinaifon ; alors nous approchions du détroit, & nous étions dans un petit archipel; les mers n'étoient plus fr dures. Mes oblervations, depuis cet inftant jufqu'à Negapatnam, font fort exactes; elles fe fervent réciproquement de vérifi- cation; car une fois forti du golfe de Chine, mes obferva- tions fe trouvent renfermées entre 4 & 1 1 degrés de latitude: or, comme la route du Vaiffeau pañle plufieurs fois par la même latitude, j'ai eu occafion, par ce moyen, de vérifier mes obfervations. De Pondichéry à l'ile de France, fur le vaifleau de Ia Compagnie des Indes /e Dauphin, je continuai mes obfer-. vations avec le même foin que j'avois apporté dans les pré- cédentes; l'aiguille devint horizontale à 8 degrés + de lati- tude nord, à très-peu de chofe près, comme je lavois vue dans les mers de Siam & de Camboge, & il eft à remarquer que dans ces deux pofitions , j'étois à cinquante ou foixante lieues du grand continent, DPES NSICE NC ES, 405$ À la côte de Coromandel, j'avois trouvé l'inclinaifon nulle à 10 degrés + de latitude, & j'étois à une demi-lieue au plus de la côte; ainfi ces deux degrés de différence que je trouve dans les mers de d'Inde, viennent du voifinage des grandes terres. Pourfuivons nos expériences : après être parvenu à la Ligne, toujours fur le même Vaifieau le Dauphin, je trouvai que l'indli- naifon étoit de 18 à 14 degrés + de latitude méridionale, qui eft celle de la baie d’Antongil; je trouvai 4$ degrés pour l'in- clinaifon: j'avois trouvé à cette baie, comme on Fa vu plus haut, 46 degrés +, mais j'étois fur Ze Dauphin à environ fix cents lieues à l'EÂt de la baie. L’inclinaiion n’auroit donc varié depuis le Méridien de la baie d'Antongil jufqu'à celui où je m'eftimois alors, que de 1 degré ; : c'eft donc 1 degré + feulement pour fix cents lieues de différence en longitude. J'a- vois trouvé une plus grande différence fur le vaiffeau de guerre le Bon-confeil, environ 6 degrés pour onze à douze cents lieues, mais j'étois pour lors très-près des îles de la Sonde & des détroits; il réfulte toujours de ces expériences, que l’incli- naifon de l’aimant ne peut fervir pour les longitudes. H feroit également curieux & intéreffant de favoir ce qui arrive dans la mer du Sud, entre les Philippines & Y Amé- rique, dans la partie feptentrionale de ce vafle océan, où il n’y a que quelques îlots femés comme au hafard dans une étendue en longitude de deux mille lieues. I paroït, par une obfervation du Pere Feuillée, faite à Lima, que l'aiguille aimantée doit être horizontale vers 8, 9 ou 10 degrés de latitude feptentrionale. M. de la Condamine a trouvé à Quito, par of 13” de latitude auftrale, l'inclinaifon de 15 & 17 degrés; c'eft-à- dire {a même exactement que j'ai obfervée fur le vaiffeau de Bon-confeil & fux le Dauphin, dans les mers de l'Inde; d'où il fuit que l'inclinaïfon ne peut devenir nulle que vers les 8 à 9 degrés de latitude boréale. Il me paroïît donc vrai- femblable que dans toute la mer du Sud, dans cette étendue de deux mille lieues, dont je viens de parler, l'aiguille aimantée eft horizontale à 9 degrés environ de latitude boréale, 406 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royare Il n'y auroit donc que dans notre océan, dans cette mer rétrécie par l'Afrique & l'Amérique, dans lequel l'inclinaifon feroit nulle dans la partie auftrale du Globe : ce font donc les deux grands continens, l'Afrique & l'Amérique, qui changent la direction de Ia matière magnétique, en {orte que l'inclinaifon doit être nulle quelque part fous l'Équateur, dans l'Afrique & dans l'Amérique. Je terminerai mes obfervations, en rendant compte d'un phénomène que j'ai remarqué lorfque l'inclinaifon de la bouf- fole eft nulle; ou , ce qui revient au mème, lorfque l'aiguille eft horizontale. On fe rappelle fans doute que pour obferver l'inclinaifon, lon place le plan de la bouflole dans celui du Méridien magnétique; lorfque je plaçois la bouflole dans un plan per- peudiculaire à celui de la Méridienne magnétique, l'aiguille devenoit verticale, fans pouvoir jamais fe fixer à 90 degrés; mais elle faifoit des balancemens continuels de plus de 10 degrés de part & d’autre de 90 degrés. Lorfque l'aiguille n'eut plus d’inclinaifon, ce fut un autre phénomène, Lorfque je tournois la bouflole de manière à la placer, comme ci-devant, dans la ligne eff & oueff de l’aimant, l'aiguille, malgré cela, reftoit toujours horizontale ; il eft vrai qu'elle n'étoit pas fixe, elle avoit alors des balancemens de plus de 20 degrés de part & d'autre: fr je continuois de la tourner , à dépaffer d’un quart feulement la ligne eff & oueff, l'aiguille fe renverfoit, & reprenoit en même temps fa pofr- tion horizontale; & fi je voulois m’amufer à la voir conti- nuellement tourner, il n’étoit queftion que de faire mouvoir tant foit peu la bouflole à droite & à gauche de la ligne ef & oueff, d'un quart au plus de chaque côté; tant que cet exercice duroit, l'aiguille ne cefloit de tourner comme un moulinet. Après avoir rapporté les obfervations que j'ai faites dans les mers de l'Inde, fur l’inclinaifon de l'aiguille aïmantée!, je dois pafler à celles que j'ai faites dans mon retour dans les mers compriles entre l'Afrique & l'Amérique, RL us nc Di ES) VS Ci LE Ne,C- Es: 407 Je n'avois pas l'avantage d’être fur un gros Vaiffeau comme M. l'abbé de la Caille; c'efl-à-dire, que toutes mes cbferva- tions ne font peut-être pas, par cette raifon, auffr exaétes que les fiennes ; car quant à naviguer, feulement pour naviguer, je ne donnerois jamais la préférence aux gros Vaifleaux. M. l'abbé de la Caïlle, {ur l Achille, vaïfleau de foixante- quatorze canons, revenant de l'ile de France dans 1a belle faïlon, & n'ayant trouvé aucune difficulté # doubler le cap de Bonne-elpérance, put obferver l'inclinaifon de faimant jufque par les 36 degrés de latitude aufliaie, en deçà du Méridien du cap de Bonne-elpérance. Pour moi , il me fut impoflible de tenter des obfervations avant d’avoir atteint le tropique du Capricorne & d’avoir rejoint les vents alifés de la partie aufirale. Quand le mau- vais temps eft une fois déclaré au cap de Bonne efpérance, l'influence de ce mauvais temps fe fait fentir jufqu'au Tro- pique, en deçà du Cap: je me trouvai dans les mers du cap de Bonne-efpérance au moment du reverfement de la faïlon ; j'étois fur une frégate de vingt-fix canons de 12, armée en guerre. Nous effuyames toute la rigueur du mauvais temps avec nos canons, pouflés en avant, n'ayant que nos feuls manielets; j'avois bien fouvent de la peine à me tenir moi-même : ce nétoit pas une circonftance à tenter des expériences; j'étois de plus toujours malade dans ces mauvais temps. 4 Depuis Îe tropique du Capricorne jufqu'aux Açores, où je ceflai d'obferver l'inclinaifon , nous eumes encore quelques rofles mers; mais elles ne le furent pas au point de m'em- pêcher d’oblerver. La table que je donne ici de l'inclinaifon de aimant dans notre océan , eft dreflée comme celle des mers de l'Inde. On y remarque une inégalité fingulière dans la marche de Tinclinailon. On y voit que l'aiguille a été horizontale à‘104 30/environ de latitude auftrale dans un Méridien de 1 1 degrés à locci- dent de celui de Paris; à pareil degré de latitude boréale, 408 MÉmMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE l'aiguille avoit acquis 40 degrés d’inclinaifon; ce font donc 40 degrés de variation en inclinaifon pour 20 degrés de changement en latitude : depuis le 10.° degré 30’ de latitude boréale jufqu’au 20.° degré, la variation de linclinaïfon s’eft beaucoup ralentie, puifqu'on ne l'oblerve plus que de 14 ou 15 degrés pour 10 degrés de variation en latitude; c’eit cependant encore près de 14 30” de variation pour un degré de changement en latitude. Mais depuis le 20.° degré de latitude, jufqu'au 30.° l'in- clinaifon a à peine variée de 10 degrés, ce qui ne fait plus qu'environ un degré pour chaque degré de latitude. Enfin, depuis le 30.° degré jufqu'au 40.° où j'ai terminé mes oblervations, l'inclinailon n’a pas même variée d'un degré pour un degré de changement en latitude; car on ne voit que 8 à o degrés pour 10 degrés de changement en latitude. Dans la partie auftrale, depuis le 10.° degré de latitude, où l'aiguille eft horizontale, comme nous l'avons dit, juf- qu'au 23.° environ, l'inclinaifon croît avec la même unifor- miié qu'elle fait dans la partie boréale, de 2 degrés, à peu de chofe près, pour un degré d'augmentation en latitude; de forte qu'on pourroit peut-être, pendant une étendue de plus de $o degrés en latitude, c’eft-à-dire, dans tout l'efpace compris entre les Tropiques, & même un peu au-delà en avançant vers les pôles, avoir recours dans certains cas, à linclinaifon de l'aimant, pour favoir, à peu de chofe près, la latitude dans tout l'océan Indien, c’eft-à-dire, dans l’efpèce de golfe renfermé entre l'Afrique à l'Oueft, l'Afie au Nord, la nouvelle Hollande, les iles de la Sonde, les Philippines à l'Eft : depuis le parallèle de 26 degrés au Sud de la Ligne, jufqu'au parallèle de 14 degrés au Nord, l'inclinailon m'a paru varier fort uniformément, & changer de 2 degrés pour un degré de changement en latitude. L'inclinailon pourroit donc encore, dans certains cas, fervir dans cet océan pour favoir la latitude. | TABLE D'AEASURSNCATME INT /CAELLS: 409 TABLE des Obfervations faites dans l'Océan athlantique, Jur l'inclinaifon de l'Aiguille aimantée, INCLINAISON. LATITUDE| ae NS ONGITUDE. La me. DIFFÉR. $ auftrale, FLEUR-DE-Lys|FLEUR-DE-Lys au Nord. au Sud. D, M. D, M. "D. M. UD. M. | D. M. 3* 42 0 234410101215 180 30. 0 sr Mo 2 D Co) 22. 40 |26. 30 BB. |28. 30 BB. | : o LA LIANT TE 0 200 4 "0 ©. 29occ. 18. 39 |r9. 30 21. 30 2e Lo HAE 10: 21 |14 o!B. 15. 15 R. 11 4. 00 14 43 |10. o BB. |1r. 15 BB. 1e 15 Sa 13:° 30 | 8. 45 BB. | #6:/15 BB. [0.3 FLAT) MAN TS: GA 3: 30 2. 30 8.58 Î1: 10 | 4 ‘o 1-60 3: 0 Renverfée. 10. 32 Lo NZ HO-urS BB rmrS BB.alt re .0 Renverfée, 127 8. 50 | 3. 30 6. 15 2 45 À quatre lieues & demie de l'Afcenfion qui nous reftoit au Sud-oueft. 16, 19 AS AN NT TS BB MN 2 ON BU] ontrs 12020 S° 40 | 9. 45 PTS 2 oo 18: $2 4 12 |14 OBB. |15. 15 BB. | 1. rs 20. 14 2. 30 |18. 15 BB. |18. 30 BB. | o. 15 ZE T2 0 12 123: 45 BB: |22° r5 BB. | 2. is 21. 46 1. 49 |26. 15 BB. |26. 45 vw 30 22.7 2 3: 36 |32. 30 BB. |30. 45 0. 45 DENTS SAS ER NES 3ARTUTS 2. o 23: 58 10. 00 |40. 30 43: 30 3: o 26. 12 10. "14-140. 30 BB, |42. 45 4 |’: 27e 11. 8 [43 30 44+ 30 HE C Min. 1777: Ff 410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE INCLINAISON. LATITUDE | ne La La F£EUR-DE-Lys FLEUR- DE-LYs au Nord. au Sud. DIFFÉR. Ces obfervations ne font pas auffi précifes que celles des mers de l'Inde, & que celles de M. l'abbé de fa Caïlle : ce n'eft pas que j'y aie apporté moins de foins & d'attention: cela vient de lefpèce de Bâtiment fur lequel j'étois embarqué; c'étoit, comme je l'ai dit, une Frégate armée en guerre; ce Vaifleau avoit beaucoup de mouvement fitôt que la mer fe gonfloit un peu. Il eft difficile de répondre fur un pareil Bâtiment d’un degré d'exaétitude dans ces fortes d’obfervations: je ne donne aufli la plupart de ces obfervations que pour ce degré d’exactitude : il y en a beaucoup qui font plus exactes, c'eft-à-dire à un demi-degré près; elles font marquées d’un double 2, Les obfervations contenues dans les Tables précédentes, font aufli exactes qu'il eft poffible de les faire fur mer avec linflrument dont je me fuis {ervi. > Mens SLC LE Ne CE s. 4II M. l'abbé de la Caiïlle dit, dans le volume de l'Académie pour l'année 1754, page 96, qu'il s'eft afluré que fur un gros Vaïfleau, tel qu'étoit l’Achile, percé pour foixante- quatorze canons, on peut, dans les temps ordinaires, s'aflurer de l'inclinaifon à moins d’un demi-degré près. Je fuis, en général, aflez de fon avis: cependant , il y a des cas où Ia grandeur du Navire & la mer, telle qu’elle eft dans fon état le plus tranquille, ne font rien pour l'exactitude des obfer- vations, même en fuivant la méthode d’obferver de M. l'abbé de la Caille, méthode qui me paroît à tous égards la meilleure: car, de quelque manière que la bouffole d’inclinaifon foit fufpendue dans le Vaifleau, if faut toujours que fon plan foit placé dans celui du méridien magnétique. De-{à il arrive, que le plan de {a bouflole fait différentes inclinaifons avec le plan de fa quille: or, plus ces inclinaifons font grandes, plus if lt difhcile de bien obferver, de manière que fi le plan de la bouflole fe trouve perpendiculaire au plan de 1a quille, l'aiguille fe reflent du moindre mouvement du Vailfeau ; alors elle doit varier confidérablement , ce qui eft de fait : & en fuppofant que les roulis ou balancemens du Vaifleau fe fafient autour d'un point placé à quelques pieds au-deflous de la flottaifon, l'arc du balancement {era d'autant plus grand que la bouflole fera plus élevée au-deflus de l’eau : or, dans un Vaïffeau de foixante-quatre canons, tel qu'étoit le Bon-confeil, une bouflole, placée dans la chambre du Confeil, eft de vingt à vingt-cinq pieds au-deffus du centre d’ofcillation du vaiïfieau. Dans quelques cas que ce füt, je prenois toujours le milieu entre les balancemens de 1a bouffole qui alloient fou- vent à plufieurs degrés de chaque côté; j'attendois aufli les momens où le Vaïfleau étoit le plus tranquille, & où il paroifloit fans aucun mouvement fenfible : ce dernier cas arrive quelquefois ; mais ces inflans font courts, à peine a-t-on le temps de les faifir. Les obfervations faites dans les détroits, font de Ia dernière exaclitude ; les mers y font prefque toujours, fur-tout dans FFF 1 412 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE la belle faifon, unies comme une glace de miroir ; on eft à bord, je le répète ici, comme fi on étoit à terre; on a tout le temps de répéter & de vérifier fes obfervations. Les différences que l'on remarque ici dans les deux poft- tions de fa bouflole , placée alternativement au Nord & au Sud, n'a jamais été à plus d’un degré ou 14 30” dans les mers des îles de France, de Bourbon & de Madagafcar, où linclinaifon varie depuis $3 jufqu'à 46 degrés; je n'ai pas trouvé non plus une grande différence, comme on peut lé remarquer dans les Tables ci-deflus, jufqu'au détroit de la Sonde; mais à ce détroit, la différence eft allée en croiïflant jufqu'à ce qu'elle ait été de 54 15. Après avoir pañlé le détroit, elle eft peu-à-peu redevenue comme auparavant; elle a même continué de décroitre, en forte qu’elle s’eft évanouie lorfque l'inclinaïfon a été nulle ; mais ces inégalités dans les différences ne me paroïflent pas venir des îles qui forment les détroits ; car on peut remar- quer dans la route de Pondichéry à l'ile de France, au milieu d'une mer fort vafte & fort libre, que ma bouflole n'offrit encore les mêmes différences que j'avois remarquées dans les détroits, à peu de chofe près. Il ‘en réfulteroit donc que les plus grandes différences qui font allées à $ degrés, font arri- vées à 22 & à 27 degrés d’inclinaifon de la bouffole, placée alternativement au Nord & au Sud. On peut encore remarquer fur ces différences, qu'elles font conftamment du même côté, jufqu'a ce que l'inclinaifon foit devenue à 4 degrés environ; après quoi elles font allées en fens contraire : elles font, après cela, retournées du côté où elles étoient auparavant, lorfque l’'inclinaïfon, après avoir été réduite à zéro, a commencé à croître de l'autre côté. J'ai encore remarqué dans tous les cas, que lorfque la fleur-de-lys étoit tournée au Nord, l'aiguille avoit beaucoup plus de peine à fe fixer que lorfqu’elle étoit tournée au Sud, de manière que les balancemens de Faiguille étoient bien plus confidérables dans fe premier que dans le fecond cas: ç'a été tout le contraire lorfque les différences ont paru dans DES SCIENCES. 413 Vautre fens; car alors l'aiguille avoit bien plus de peine à fe fixer lorfqu’elle regardoit le Sud , que lorfqu'elle regardoit le Nord. Ces différences viennent-elles du défaut de la bouflole, ou tiennent-elles à la vertu magnétique? c'eft ce qui ne peut fe décider par ces feules obfervations. Il feroit à defirer qu'elles fuflent répétées dans ces mêmes endroits par quel. qu'un d’intelligent, avec deux différentes boufloles, & c’eft pour engager à les répéter que je fuis entré dans ce petit détail. Je crois devoir avertir ici, que j'avois deftiné ce Mémoire pour ètre inféré dans le premier volume de mes Voyages, mais que la crainte de trop groflir ce volume, m'’avoit fait renvoyer mes Obfervations au fecond tome; ayant confidéré depuis , qu'il paroifloit dans le volume de l'Académie de 1773, ÎL Partie, une Carte fuédoifle , par M. Wilke, publiée en 1768, c'eft-à-dire, trois ans environ avant mon retour ; j'ai cru devoir publier mes Obfervations parmi nos Volumes. M. le Monnier, qui a fait graver cette Carte, n’a pas cru, fans doute, qu’il fût néceffaire de nous donner aucun détail fur les Obfervations qui ont fervi de bafe à cette Carte; je fuis d’une opinion contraire, & je penfe qu'il eût été très-néceflaire de nous inflruire de toutes ces obfer- vations, car la Carte, comme en convient M. Île Monnier lui-même (page 464) auroit eu befoin d’être refondue en entier: elle eft en eflet fi embrouillée & fi embarraflée, qu'il eft très-difhcile de s'y reconnoitre: celle que l'on trouve dans mon premier volume, eft également une Carte réduite; mais je l'ai dégagée & débarraflée de tout ce qui auroit pu empêcher le Lecteur de voir, du premier coup-d'œil, mes principales oblervations fur les inclinaifons de l'Aimant, 414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS fur l'inclinaifon de l'Aiguille aimantée, faites à bord du Vaiffeau de guerre, de Sa Majefé Catholique, le Bon-confeil, allant à Mauille par les iles de la Sonde. DISTANCE INCLINAISON. aux LATITUDE LA FLEUR-DE-LYSs LP au Nord, au Sud. auftrale. A ÎLES DE LA SONDE. D. M. 47 0 3 : ne - + de lieue de la première pointe... V1 À A2 lieues de Java... LR: À r lieue de la quatrième pointe, hors le détroit de la Sonde...:..... À 2 lieues £ de Ia pointe de Saint- Nicolas IR MER erale ete De À 6 lieues de la pointe de Saint-Nicolas, & à quatre lieues & de Sumatra. .. À r lieue des deux Sœurs, à 6 de Sumatra, & à 15 de Java... .... 27... O À 6 lieues de Sumatra........., - 24+ 30 À 7 lieues de Sumatra... ...:.. é 23: 45 Daris le détroit de Banca, à ! dieue de Sumatra. .. eo = see : see eee sl À + lieue de Ja première pointe. . .. À 2 lieues de Sumatra .......... À 2 lieues = de Sumatra, ..,..... Das SicuE N'CES 415 É INcLINAISON. D IST A NCE LATIFUDE - aux La FLeur-pe-Lys | DIFFÉR. auftrale. en. AE) ÊLES DE LA SONDE. au Nord. au Sud, SN Arr À 4 lieues des montagnes de Monopin, fituées à la tête du nord de Banca, & à 2 lieues + de Sumatra... ... 2 ON 7 GIP OL 5 Hors le détroit de Banca, à 9 lieues de Monopin, & à 8 de Sumatra. .| 1. 38 | 16. 15 | 19. 75 0. 44 | 15. 30 | 17. 30 Boréale. o: 41 | 12. 30 | 14. 30 PIE MON ON EP EME": 3. 44 | 7. 30 | 8.45 je 30 HE 4 45 À plus de 40 lieues de laterre.....| 6. 35 | 3. 45 | 2. o 6. 45 4 Oo 2486 4 7. 0 | 3-45 | 1.45 7- 21 0. 3c 1. 15 oO. 15 o. © l'Aïguille renverfée. 3, 22 1. 30 . 30 DEA 251 50 Det 11. 32 so 8. 30 134 6 9. o|11. 30 416 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS fur | ‘inclinaifon de l'Aiguille aimantée, faites à bord du Vaiffean portugais le Saint-Antoine, a/lant de Manille à Madras, par le détroit de Malaca. PE SC RE PE I, or rh BR CE INCLINAISON.| LATITUDE à LA FLEuR-DbE-Lys IDIFFÉR. auflrale. LEVANT E R RE le. AE au Nord. au Sud. NET Ur DNA. D. M. À rs lieues de la prefqu'’ile de Malaca, & à 100 toifes au plus de Pol-Aor.. AJ Réalar. 15 (Mat es Dans les détroits, à 2 lieues du mont Formofe, & à 1 5 de Sumatra... . À 3 lieues de la prefqu'ile de Malaca, & à; 5 de Sumatra... .: r220/|13 010 Dans Ia rade de Malaca, fur la table de la chambre du Confeil, le Vaifleau & la Bouffole n'ayant aucun mouvement. 2 12 MT: 910.013.-40 À G lieues de Ia prefqu'ile de Malaca, & à 20 de Sumatra, le Vaiffeau étant a JANCIS Ra eeierte tic BR PARA Ce OUT USA INTTEETO Proche les îles Daru, à 20 lieues de la prefqu'ile, & à 12 de Sumatra. . |, ..... «| ro. 371 Lr.022 À 15 lieues de Ia Prefqpile, &a2s de Sumatra..." LÉO AE 2 3. 48 9. 41 9. 22 À 15 lieucs de Ia done & à 30 de Sumatta.ci ee EE EEE nl de 2 8. 52 8,55 À 7 lieues de Ia more de Malaca, à 40 lieues de Sumatra, & à 5 de Pol-Pinang.. ..... CT NE 4 55 7e 52 Ferre À ! lieue de Pol-Pinang; à 7 lieues de la prefqu'ile, & à 49 “de Sumatra. se 2 MU Me AS 6: o DISTANCE DIE'SN SNCITE N/C ES 417 T T DAS AL NU CLE INCLINAISON,. 3 a LATITUDE LA FLEUR-DE-Lys ln. AE DIFFÉR. auftrale, AMIE CSEURIET LE. À 20 lieues de la Re &a45 EME not Eat AE 6. 9 À 40 lieues de Ja RER & à 40 dela pointe d'Achem, île de Sumatra.| 6. 51 À 50 lieues de la prefqu'ile, & à 40 de la pointe d'Achem.......... 7e 31 Hors le détroit de Malaca, dans les îles .de Nicobar, à 90 lieues de la pref- qu'ile de Malaca, à so de Sumatra, & 250 de la prefqu'ile de l'Inde... FO) 8. 9 8. so 10, 7 À 15 à20 lieues de Ces 3° lieues de la côte du Tanjaour.....| 10. 7 1. 7d| 0.214] o. 46 À 25 lieues de RER ou du l'Aiguille | renverfée. SD CONTINENEe else - tete 10. 39 o. 8 I. 30 1e 122 Mém, 1777: Ggg 418 MÉNoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS fur l'Inclinaifon de l’Aiguille aimantée, faites à bord du vaiffeau le Dauphin, allant de Pondichéry à l'ile de France. INCLINAISON. LATITUDE LONGITUDE. LA FLEeur-DEe-Lys boréale. LS au Nord, au Sud. D. M. D. M. D. M 80. 15 T4 O 9 0 Too 824 r 18-129 8. 30 9. 15 82. 19 12-113 4 52 6. 22 82. 57 10. 40 3 © AUTS 83. 30 9. 38 0. o 107 PAïguille renverfée. 84 7 8. 8 3+ 30 2 ES 84. 57 6. 8 6. 45 6. 30 85. 27 45 28 9 15 10 o 85, 162 324: 1 PAS 12.07 85. 18 2 124, 12. 30 F2. 1$ 86. 28 1. 50 13: 37 15. © 86. 2 FAC) 15. 10 16. 30 Auftrale, 86. 3r O6. 1727 18. 37 CAN A 1. F4 EC 21.10 87. 36 2. 47 20. 45 24+ 15 88. 4 3e 55 22. O 25. 45 88. 8 4202 22* 30 27 88. 13 4 26 ZI AS 2:72 MO 88. 11t 425 23% 45 27000 88. 4 4 40 25+ 30 27. 22 88. 33 4 52 24 15 27. 45 88. 18 SX 24% 30 2815 87 57 5+ 38 26. 00 2022 87. 18 6. 47 28. o 30: 45 LATITUDE LONGITUDE. auftrale, nn PE) au Nord, au Sud. BR rh da LA EN ONQumm OM um à 67. 27 19. 28 A Fe ES Ggg i | $ Septembre AZ7 Fr 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE L DEPSILEA COMBINAISON DE LA MATIÈRE DU FEU AVEC LES FLUIDES ÉVAPORABLES, Er de la formation des Fluides élafliques aëriformes. Par M. LAVOISIER. E fuppoferaï dans ce Mémoire , & dans ceux qui Îe fuivront, que la Planète que nous habitons eft environnée de toutes parts d'un fluide très-fubtile, qui pénètre, à ce qu'il paroït fans exception, tous les corps qui la compolent; que ce fluide, que j'appellerai fluide igné, matière du feu, de la chaleur © de la lumière, tend à fe mettre en équilibre : dans tous les corps, mais qu’il ne Îes pénètre pas tous avec une égale facilité; enfin, que ce fluide exifte tantôt dans un état de liberté, tantôt fous forme fixe, & combiné avec les corps. Cette opinion: fur l’exiftence d’un fluide igné, loin d’être nouvelle, eft au contraire celle du plus grand nombre des anciens Phyficiens, & je crois en conféquence pouvoir me difpenfer de rapporter les faits fur lefquels elle efb fondée : la fuite de Mémoires d’ailleurs que j'ai à donner, lui fervira de preuve; en effet, fr je fais voir que par-tout elle eff d'accord avec les phénomènes, que par-tout elle explique tout ce qui arrive dans les expériences phyfiques & chimiques, ce {era prefque l'avoir démontrée. Toutes les fois que nous formons dans l’eau des combi- naïlons quelconques , lors, par exemple, que nous uniffons un acide en liqueur, c’eft-à-dire, en diffolution dans l’eau avec un alkali fixe également en liqueur , il fe forme un fel neutre, & fi la quantité d’eau eft fuflifante , ce {el eft tenu en diflolution. Dans toutes les expériences de ce genre, l'eau joue deux DES SCIENCES, 421 rôles très-diftin£s : une portion eft abforbée & fait partie de la combinaïfon faline, & les Chimiftes lui ont donné le nom d'eau de compojitio”; une autre portion porte le nom d'eau de diffolution, & plus exactement encore, d'eau de folution ; c'eft celle qui tient les parties du fel également écartées les unes des autres, de manière, que toutes les portions de la liqueur en font également chargées dans quelque partie qu'on les prenne. Cette eau de folution tend à fe mettre par- tout en équilibre avec le fel , mais elle ne les pénètre pas tous avec {a même facilité; il eft des fels qu’elle ne diffout qu'avec beaucoup de temps & beaucoup de peine, & il en eft quelques-uns même qu'elle ne difiout point du tout. Tous ces mêmes phénomènes ont lieu relativement au fluide igné : comme tous les corps de la Nature font plongés dans ce fluide, qu'ils en font imbibés, il n’eft prefque point de combinaifon qui ne retienne une portion de matière du feu plus ou moins grande ; il faut donc diftinguer dans les corps, le feu de diflolution & le feu de combinaifon, le feu libre & le feu combiné, de la même manière qu’on l'obferve pour eau dans la folution des fels. H n’eft pas difhcile, d’après cet expolé, de fe faire une idée précile de ce qu’on doit entendre par chaleur; fon inten- fité fe mefure par la quantité de fluide igné, libre & non combiné, contenu dans les corps: or, quoique nous n'ayons point d'échelle certaine pour déterminer la quantité de ma- tière du feu, nous avons au moins des moyens de lévaluer ; ces moyens font la dilatation des corps ; cette dilatation n’eft autre chofe que l'effet de l'introduction d’une plus grande quantité de matière du feu ; ainfi lorfqu’on fait chauffer un thermomètre, on ne fait autre chofe que de mêler une plus grande quantité de fluide igné avec de Fefprit-de-vin; or, il n'eft pas étonnant qu'en mélant un fluide avec un autre, il n'en réfulte un tout, qui occupe plus de volume que n’en occupoit Jun des deux féparément. Quant à l'impreflion que le fluide igné fait fur nos organes, imprefllon douce & vivifiante, quand elle eft 422 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE modérée, mais douloureufe & deftruétive, quand elle pañle de certaines bornes, elle n’eft autre chofe que l'eflet de a tendance du fluide igné à la combinaifon. On verra bientôt que ce fluide, indépendamment de la propriété qu'il a de pénétrer les parties des corps & de les écarter, a la propriété de vaporifer les fluides, Iorfqu'il leur eft combiné dans certaines proportions : or cette vaporifation des fluides entraine néceflairement la deftruétion de lorganifation , & elle ne peut manquer par conféquent de faire une impreffion douloureufe. Après avoir bien défini ce que j'entends par matière du feu, ou plus exaétement par l’expreflion, fluide igné libre, & par celle de fluide igné combiné , il me refte à ajouter quelques réflexions générales, fur ce qui doit arriver dans Îes différentes combinaifons. ; On conçoit que chaque mixte, chaque combiné, a fa proportion de fluide igné qui lui eft propre , une efpèce de point de faturation exacte; car la loi de la faturation paroît être générale dans toutes les combinaïfons phyfiques & chi- miques; d’où il fuit que toutes les fois que des mixtes & des compofés font mélés enfemble, de manière qu'il en réfulte des décompofitions & de nouvelles combinaifons, on pourra diflinguer trois cas : ou après la décompofition & la recom- pofition des parties conftituantes, if y aura une égale quantité de matière du feu employée dans la combinaïfon, ou il y en aura une moindre, ou enfin il y en aura une plus grande, 1 eft clair que dans le premier cas, il n'y aura ni dégage- ment, ni abforbtion de matière du feu , autrement dit qu'il n’y aura aucune portion de feu libre qui paffera à l’état de feu combiné, & réciproquement, qu'il n'y aura aucune por- tion de feu combiné qui paflera à l'état de feu libre. IL n’en fera pas de même dans le fecond cas, c’efl-à-dire dans celui où il entrera dans la nouvelle combinaifon moins de matière du feu, qu’il n’en exiftoit dans la première; alorsune portion de fluide igné, qui étoit combiné avant la décompofi- tion, deviendra feu libre après la recomporfition ; il reprendra DES SCIENCES. 423 fes droits, il produira l’eflet que nous nommons chaleur, & fe diffipera en fe répartiffant infenfiblement dans tous les corps environnans , jufqu’à ce que l'équilibre foit établi. Dans le troifième cas, c’eft-à-dire, dans celui où il entrera plus de matière du feu dans la nouvelle combinaifon, qw’il n'en entroit dans la première, le fluide igné des corps envi- ronnans fera abforbé, il paffera de l'état de feu libre à celui de féu combiné; en conféquence il y aura privation de feu libre dans les corps environnans, & on s’en apercevra par Le refroidifiement qui aura lieu, refroidiffement qui ne ceffera d'être fenfible, que lorfque tous les corps environnans, de * proche en proche, auront fourni la quantité de fluide igné manquante, & que l'équilibre aura été rétabli. Voilà donc un carattère bien fenfible & bien marqué, âuquel on peut reconnoitre s’il y a eu abforbtion ou déga- gement de matière du feu dans une combinaifon quelconque: dans le premier cas, il y a refroïdiffement dans les corps en- “vironnans ; dans le fecond, ïl y a augmentation de chaleur. On conçoit que le fluide igné, dans l’état de feu libre, pénétrant tous les corps & tendant à fe mettre en équilibre dans tous, il eft impoñlible de mettre une grande précifion dans ce genre d'expérience : on peut bien melurer fous une cloche fair qui fe dégage d'une combinaïfon; mais comme il n’y a aucun vafe qui puifle contenir fans perte la matière du feu libre; que les cloches, & généralement tous les vafes, font criblées de pores qui lui laiflent un accès prefque libre, tout ce qu’on peut faire eft de juger dans un inftant donné s’il y a écoulement ou non de matière du feu, & sil étoit poflible d'évaluer la quantité de cet écoulement, ce ne pourroit être que par des moyens d’approximation très-com- pliqués : au furplus, je ne renonce pas à faire dans la fuite quelques applications même de ces méthodes. es principes une fois établis, il ne fera pas difficile d'en faire l'application à la formation des vapeurs & des fluides atriformes ou élaftiques en général. On vient de voir que toutes les fois qu'il y avoit abforbtion 424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de matière du feu dans une combinaifon, il en réfultoit ur refroidifflement dans les corps environnans. Donc, réciproquement toutes les fois qu'on éprouvera un refroidiflement, on aura droit d'en conclure qu'une portion de feu libre a pañlé à l’état de feu combiné, autrement dit, qu'il y a eu abforbtion de matière du feu ou de fluide igné dans {a combinaifon. 3 Si donc je prouve que toutes les fois qu'il y a formation de vapeurs, il y a refroidiffement, j'aurai prouvé qu'il y a abforbtion de matière du feu dans la formation des vapeurs, ou, ce qui revient encore au même, que les vapeurs font un réfultat de la combinaiïfon de la matière du' feu avec le fluide réduit en vapeurs. Ici, je ne fuis embarraffé que du choix des preuves, & je pourrois tranfcrire tout ce qu'ont écrit fur le refroidiffe- ment, occafionné par lévaporation, M.* Richman /a), de Mairan (à), Cullen /c) & Baumé /{d). Sans entrer dans le détail des expériences de ces Phyficiens, qui méritent d'être Iües & méditées dans leurs Écrits mêmes, je dirai feulement qu'il en réfulte 1.” que lorfqu’on plonge un thermomètre dans un fluide évaporable quelconque, & qu'on le retire enfuite, ce thermomètre defcend de plufieurs degrés pen- dant que la boule fe sèche ; qu'ilremonte enfuite infenfiblement dès que la liqueur à été entièrement évaporée, & ce jufqu’à ce qu'il ait repris exactement la température de l'air, & en général des corps environnans : 2. que le refroidiflement eft d'autant plus grand que le fluide eft plus évaporable, de forte qu'un thermomètre dont la boule a été humectée d'eau, defcend moins rapidement & moins bas que celui qui a été humecté d’efprit-de-vin ou d’alkali volatil, & ce dernier moins que celui qui a été humecté d’éther : a que fr (a) Voyez les nouveaux Mémoires | d'Édimbourg, le 1. Maï1775 , & de l’Académie de Péterfbourg, années | imprimé dans le volume de l’année 1747 ŸT 1748, page 284. fuivante des Mémoires de la même (b) Differiation fur la Glace, | Société. Édition de 1749. (4) Mémoires préfentés par Jes {s) Mémoire Jù à Ja Société | Savans étrang. £. V, p, 405 à 425. on RS SONT E NT ChE"S. 42ÿ on accélère lévaporation par un moyen quelconque autre que Îa chaleur , il y a une augmentation proportionnelle de refroidifflement ; de forte que non-feulement toute évaporation eft accompagnée de refroidifflement , mais encore que ce refroidiflement fuit une certaine loi relative à la rapidité de l'évaporation : 4.” qu’en continuant d’humecter une boule de thermomètre à melure qu’elle fe sèche, avec une liqueur évaporable, on augmente Île froid de plus en plus, parce qu'en continue Îa caufe qui le produit. Si la température de tous les corps, ne vient, comme on a cherché à l'établir, que de la quantité de matière du feu, de fluide igné libre dont ils font pénétrés, il en réfulte qu'un thermomètre ne defcend, quand ïl eft mouillé avec une liqueur évaporable, que parce que la liqueur, en fe réduifant en vapeurs, lui enlève une portion de la matière du feu libre qui le conftituoit à tel degré; donc les fluides, en s'évaporant, empruntent de la matière du feu aux corps qui les environnent; donc Îles vapeurs, & en général, les fubftances aëriformes, fontun compofé d’un fluide quelconque, diflout & combiné avec la matière de feu. On peut rendre tous ces phénomènes du refroidiffement plus marqués, en mettant les fluides évaporables dans des circonftances propres à favorifer & à accélérer la formation des vapeurs, & c'eft ce qui a lieu dans le vide de a machine pneumatique ; ce que je vais dire à ce fujet, eft extrait d’un travail très-confidérable, entrepris en commun par M. de la Place & par moi, & dont l'Académie a déjà connoiïffance , d’après le Mémoire qui lui a été 1ü à la Séance publique de Pâques dernier. Une feule expérience que je vais rapporter, va prouver trois chofes ; la première, que le poids de latmofphère eft une réfiftance à vaincre, une force qui s’oppofe à la vapori- fation des fluides ; la feconde, que fitôt que cette force com- primante n'exifte plus, les fluides évaporables entrent en expanfion, & fe changent en fluides élaftiques aériformes, en efpèces d'airs ; enfin la troifième , que ce pañfage des fluides Mém, 1777. Hhh 426: MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ordinaires à l’état de fluides élafliques, eft accompagné d’une abforbtion de matière du feu qui fe fait aux dépens de tous les corps environnans. On emplit d’éther vitriolique une petite fiole, ou fimple- ment un tube de verre de trois à quatre lignes de diamètre ;. on couvre la fiole ou le tube avec une veflie humectée, Won aflujettit tout autour avec un grand nombre de tours de fils bien ferrés : pour plus grande füreté, on remet une feconde veilie par-deffus la première, & on l'aflujettit de fa même manière. La fiole doit être tellement remplie d’éther, qu'il ne refte aucune portion d'air entre la liqueur & la veffie; on la place enfuite fous une bonne machine pneu- matique , dont le récipient doit être garni par le haut d’une boîte à cuir, avec une tige qui la traverfe : on attache foli- dement à cette tige, une alène ou un autre initrument pointu ou tranchant, afin de pouvoir créver la veflie qui recouvre la bouteille, au moment où on le juge à propos. Lorfque tout eft ainfi difpofé, on fait le vide fous le réci- pient, jufqu'à ce que le mercure d’un baromètre adapté à la machine pneumatique, defcende à deux ou trois lignes de fon niveau ; alors on crève la veffie qui recouvre la bouteille. Auflitôt l’éther entre en ébullition; il fe vaporife avec une étonnante rapidité, & fe transforme en un fluide élaf tique, qui foutient le baromètre à 8 ou ro pouces environ pendant l'hiver, & à 20 & 25 pouces pendant les grandes chaleurs de l'été. Si on introduit un petit thermomètre dans la bouteille ou fiole qui contient l’éther, il defcend confidérablement pendant l'évaporation , en raïfon de la grande quantité de feu libre, qui dans cette expérience paffe à l'état de feu combiné pour conftituer l'éther en vapeur. Si on rend air, le mercure remonte à la hauteur ordi- naire, c'eft-à-dire, aux environs de 28 pouces; mais ét qui eft très-remarquable, l’éther ainfi mêlé d'air atmofphé- rique ne fe condenfe pas pour cela; il refle dans l’état de fluide élaftique permanent, & forme une efpèce particulière DES SICTEN CE Ss. 427 d'air inflammable, que je n'ai pas encore eu Îe temps d'examiner. La même expérience réufit avec tous les fluides évapo- rables; avec l'elprit-de-vin, avec l'eau même; mais avec cette différence que l'atmofphère d'efprit-de-vin qui fe forme fous le récipient de la machine pneumatique, ne pouvant foutenir le mercure qu'à un pouce en hiver, & à quatre ou cinq en été, il y a moins de fluide vaporifé que orfqu'on emploie 'éther , par conféquent moins de fluide igné em- ployé, & moins de refroidiflement ; mais il n’en eft pas moins certain que dans toutes ces expériences , le refroïdiffement qu'on oblerve avec difiérens fluides, eft toujours à-peu-près proportionnel à la quantité de fluide vaporifé. Ces phénomènes fe préfentent d’une manière moins frap- pante, lorfqu’au lieu de mettre le fluide évaporable dans une bouteille fermée, par le moyen d'une veflie, on opère dans un vaifleau ouvert; cependant, comme cette manière de faire l'expérience donne lieu à des obfervations particulières qui peuvent jeter un grand jour fur le fujet que je traite, je ne puis me difpenfer d'entrer dans quelques détails. Je fuppofe que ce foit fur l’efprit-de-vin qu'on opère, que la quantité de ce fluide mife en expérience foit peu confidé- rable, & que fa température foit de 15 degrés : fitôt que le baromètre adapté à la machine pneumatique fera defcendu à 19 lignes de fon niveau, l’efprit-de-vin commencera à bouillir, mais l'ébullition ne fera pas continue comme dans l'expérience précédente ; elle cefferæau contraire par deux raïfons, fitôt qu'on difcontinuera de pomper; la première, parce que l’ef prit-de-vin en fe vaporifant fe transforme en un fluide élaf tique ; or ce fluide formant une efpèce d'atmofphère qui preffe fur a furface du fluide , il met obftacle au progrès de la vaporifation : la feconde, parce qu'au moment de l'ébul- lition une partie de feu libre pale à l’état de feu combiné, pour conftituer le fluide élaftique qui fe forme, & cette cir- conftance occafionne néceflairement un refroidiffement dans toute la mafle de l’efprit-de-vin; or l'efprit-de-vin ne peut Hhh i) 428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALr éprouver de refroidiflement fans que fon ébullition ne foit retardée; ainfi en fuppolant, comme nous venons de le faire, que ce fluide dans le premier inftant ait commencé à bouillir, le baromètre étant à 19 lignes, il ne doit plus bouillir après qu'il a été refroidi par une première ébullition, que lorfque le baromètre fera defcendu à 18 lignes. Si après avoir fait bouillir ainfi une première fois de Pefprit-de-vin fous la machine pneumatique, on continue de pomper, lébullition ne fe rétablit pas fous le récipient avec autant de rapidité que dans le pigmier inflant, par la raifon qu'il ne fe vaporife d'efprit-de-vin, à chaque coup de pifton, qu'autant qu'il eft néceflaire pour remplacer ce qu’en emporte la capacité du pifton; auffi cette ébullition eft-elle d’autant plus forte que le corps de pompe a plus de capacité. Ces phénomènes de la vaporifation des fluides volatils dans le vide, font les mêmes avec l’alkali volatil, avec léther, & avec beaucoup d’autres ; mais une obfervation très- importante, c'eft que tous ces fluides fe vaporifent principa- lement par le fond du vale qui les contient; autrement dit, c'eft du fond du vafe dans lequel ils font renfermés que partent les bulles ; ces bulles montent & vont créver à la furface , précifément comme il arrive à de l'eau qu'on fait bouillir dans un chaudron. La caufe de ce phénomène m'avait paru d’abord être une conféquence immédiate de faits que je viens d'expofer, & voici comme je raifonnois : à mefure qu'un fluide fe vaporife il fe refroïdit, comme on vient de l'expoler, & il ne reprend la température du lieu où lon opère, que quand les corps environnans lui ont refourni la quantité de feu libre qu'il avoit perdue. Il fuit de-là que le fluide renfermé fous le récipient de la machine pneumatique eft néceffairement plus froid que le vafe qui le contient; or les parties les plus chaudes devant être celles qui fe vaporifent les premières, il en réfulie que ce doit être celles qui touchent les parois du vale & qui en font échaufiées: en un mot, c’eft par fa furface que le fluide fe refroïdit, c’'eft au contraire par fon fond & par le contact du vaiffeau qui le contient, qu'il DIETS M SNEUT'E NIC Es. 429 reprend le fluide igné des corps environnans; c’eft donc néceffairement par fon fond qu’il doit bouillir : mais quelque plaufible que paroïfle cette explication, j'avoue que quelques expériences me l'ont rendue fufpeéte, & ce n'eft qu'avec beaucoup de réferve que je la donne ici. Pour réfumer en peu de mots toute la théorie de la vapo- rifation dans le vide; il paroît prouvé que la transformation des liquides en fluides élaftiques aëériformes eft foumife à deux loix dont l'effet eft oppolé : d’une part, le degré de chaleur auquel ils font expolés tend à les vaporifer ; de l'autre, la preflion de Fatmofphère met obftacle à leur vaporifation : de forte qu’ils font ou dans l'état d’élafticité, ou dans celui de liquidité, fuivant que l’une de ces deux forces l'emporte fur l'autre. Au refte, toute cette théorie deviendra beaucoup plus claire d’après les expériences dont nous nous occupons, M. de la Place & moi, & dont nous rendrons compte dans ce même volume, ou dans. le fuivant. I me refte, avant de terminer ce Mémoire, à prévenir une objection que les partifans de l'opinion oppolée à {a mienne, ne manqueront pas de regarder comme triomphante: fi comme je l'ai annoncé dans ce Mémoire, les vapeurs élaftiques ou aëriformes font un compolé de la matière du feu, combinée à un fluide évaporable ; s'il ne peut pas fe former d'air ou de fluide aëriforme fans qu’une portion de feu libre ne pañle à l'état de feu combiné, il s'enfuit que toute formation d'air doit être accompagnée de refroidifie- ment; or, on ne manquera pas de m'objecter que dans la combinaïfon de Îa terre calcaire & des alkalis eflervefcens avec les acides, loin d’obfervér du froid on remarque fouvent, au contraire, une chaleur fenfible pendant le dégagement, ou plutôt pendant la formation de Fair. Le développement de ce qui fe pafle à cet égard, loïn de porter aucune atteinte à la théorie que je viens d’expoler, en eft au contraire Îa preuve la plus convaincante. H eft bien vrai que dans la combinaifon des acides avec les alkalis ou avec les terres, on obferve quelquefois de 1x 430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chaleur; mais ce phénomène prouve feulement qu'il fe dégage dans ces combinaifons plus de matière du feu qu’il n'en faut pour fournir à la formation de l'air fixe ou acide crayeux qui reprend fon élafticité; & la preuve de cette vérité, c'eft qu'on peut à volonté augmenter ou diminuer la chaleur fuivant qu'on diminue ou qu’on augmente [a quantité d'air fixe ou d'acide crayeux jointe à l’alkali. Les expériences fuivantes me paroiïfent démontrer cette vérité de manière à ne laiffer aucun doute. J'ai mis dans cinq bouteilles différentes, un mélange de deux onces d’eau diftillée & de quatre gros d’alkali volatil concret tiré du fel ammoniac par la craie; ce {el étoit à peu-près faturé d’air fixe : j'ai ajouté dans a première de ces bouteilles un gros de chaux, dans la feconde deux gros, dans la troi- fième trois gros, dans Îa quatrième quatre gros; enfin je n'ai point ajouté de chaux dans la cinquieme : la chaux n’a pas été plutôt mélée avec fa folution alkaline, qu'elle s'eft emparée de l'air fixe ou acide crayeux, avec lequel elle a plus d’affinité que n'en a l'alkali, & elle s'eft précipitée au fond du vafe dans l’état de craie ou de terre calcaire effervefcente: ayant décanté toutes ces liqueurs, je les aï mifes dans autant de bocaux de verre, & après qu'elles ont eu toutes exactement pris le même degré de température, je les ai faturées d’acide nitreux médiocrement fort, en obfervant avec un thermomètre à mercure de M. de Luc, le changement de température, occafionné par l'effervef- cence. Voici les réfultats que j'ai obtenus. L’alkali volatil feul, chargé de tout fon air fixe, loin de pro- duire aucune chaleur, lors de la faturation avec l'acide nitreux, a produit au contraire deux degrés complets de refroidiffement. La folution alkaline, dépouillée d'une portion d'air fixe par l'addition d’un gros de chaux, a donné deux degrés de chaleur. Celle dans laquelle il avoit été ajouté deux gros de chaux; a donné trois degrés de chaleur. Celle dans laquelle il avoit été ajouté trois gros de chaux, a donné quatre degrés de chaleur. DE S SCIENCES. 43r Enfin , celle dans laquelle il avoit été ajouté quatre gros de chaux, a donné quatre degrés & demi déchauffement. Cette dernière folution alkaline, quoique dépouillée d’une plus grande quantité d'air fixe que les précédentes, en conte. noit encore aflez pour faire une vive effervefcence avec les acides, mais beaucoup moindre cependant que celle dans laquelle il n’avoit pas été ajouté de chaux. Ces augmentations de froid ou de chaud auroient été plus fenfibles, fi j'eufle employé une folution alkaline plus chargée de fel, mais l’alkali volatil concret, n'étant foluble à froid, dans l’eau, que dans la proportion d’une partie de [el contre quatre d’eau, il ne m'a pas été poflible de porter la concentration plus loin par voie de difolution: Jai été obligé en conféquence, pour compléter cette expé- rience, d’avoir recours à l'alkali volatil obtenu du fel ammoniac par la diftillation avec la chaux; & quoique cet alkali ne füt pas porté au dernier degré de concentration dont il eft fufceptible, fa combinaifon avec l'elprit de nitre afloibli a produit une chaleur de vingt-fept degrés, c'eft-à- dire, que le thermomètre qui étoit à feize degrés eft monté tout-à-coup , à quarante-trois, dans le moment de la. combinaifon. Les phénomènes font les mêmes avec l'alkali fixe: une folution de ce fel, lorfqu’il eft entièrement dépouillé d'air fixe & qu'il eft dans l’état de cauficité, produit avec l'acide nitreux afloibli une chaleur prefque égale à celle de l'eau. bouillante, tandis qu'une folution du même alkali faturé d'air fixe produit fix degrés de refroidiflement. Il eft donc prouvé que les alkalis, foit fixes, foit volatils, lorfqu'ils font purs, produifent de la chaleur en s'uniffant à l'acide nitreux, mais que cette chaleur eft d'autant moindre qu'ils contiennent une plus grande quantité d'air fixe ou d'acide crayeux, au point qu'il y a refroidiffement lorfqu'ils en font faturés : donc l'air fixe en paffant de l’état de concrétion à celui de vapeurs ou de fluide élaftique, emporte avec lui une partie de a matière du feu ou du fluide igné qui fe 432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dégage naturellement de la combinaifon de acide avec lalkali ; donc la matière du feu ou le fluide igné entre dans la compofition de l'acide crayeux aëriforme, comme dans celle de toutes les vapeurs ou de tous les fluides élaf tiques quelconques. J'ajouterai encore ici une preuve plus forte de cette der- nière aflertion : j'ai pris un flacon de criftal fort, j'y ai verlé une folution très-foible d’alkali fixe à peu-près faturé d'acide crayeux ; j'ai introduit dans le même flacon un petit ther- momètre, enfin, j'ai verfé de l'efprit de nitre, & j'ai bouché fur le champ le flacon. La preffion opérée par le défaut de communication avec l'air a bientôt ralenti l’effervefcence : en conféquence , il y a eu chaleur, & le thermomètre, enfermé dans le flacon, eft monté de plufieurs degrés, tandis qu'il auroit dû defcendre fi la combinaifon eût été faite à l'air libre. Ayant débouché le flacon au bout de quelques minutes, & ayant agité la liqueur, l’effervefcence qui avoit été arrêtée en quelque façon par fuflocation a recommencé ; en même-temps, la chaleur acquile, pendant que le flacon étoit demeuré bouché, s’eft diflipée, & le thermomètre s'eft fixé un peu au-deflous du degré de la température de Pair extérieur. De tous ces faits, je conclus, comme je l'ai déjà annoncé, que toute vapeur, tout air, & en général, tout fluide élaftique aëriforme , eft un combiné de la matière du feu avec un fluide, où même avec un corps folide volatil quelconque ; que la volatilité n’eft autre chofe que la propriété qu'ont les corps de fe diffoudre en quelque façon, de fe combiner avec le fluide igné, & de former avec lui des fluides aëriformes. La fuite des Expériences que j'ai à communiquer à l'Académie, fur cet objet, fervira de développement à cette théorie. 0% OBSERVATIONS D ÉUSMISUCRE JEUNT CES: 433 OS EURRI AT LON S S'CIRETVE NITRE À BASE DE TERRE ABSORBANTE, Retiré du Salpëtre de Houffage. Par M'SAG E. em ANT de rendre compte de la nature de cette combi- naifon faline, je vais m'occuper à faire connoître ce que j'entends par Terre abforbante ; je défigne fous ce nom la terre qui refte après la calcination des fubftances offeues /a) : cette terre, après avoir été lavée dans de l'eau diftillée, laiffe le natron qu'elle contenoit. Je me fuis afluré qu'il y avoit du natron /) dans la leflive des os calcinés, en y verfant, jufqu'à faturation, de l'acide vitriolique, ce qui, par lévaporation de cette difiolution , m'a produit du fel de Glauber. La terre abforbante dépouillée de natron par des leffives & des calcinations répétées , n’éprouve aucune altération au feu le plus violent, & ne fe vitrifie pas, même par l'in- termède du verre de plomb, ce qui la rend propre à faire des coupelles. Lorfqu'on verfe de leau fur fa terre abforbante nou- vellement calcinée , elle l'abforbe avec bruit, fans qu’on y remarque de chaleur fenfible. La combinaifon de cette même terre avec l'acide nitreux, & les propriétés du fel qui en réfulte, font connoître la diffé- rence qui fe trouve entre cette terre abforbante & la terre calcaire. (2) J'ai employé des os de bœufs & de moutons. (E) Cette Ieffive verdit la teinture bleue des violettes, & décompofe Peau de chaux. Mém. 1777. Li Lû le 16 Avril 1777: 234 Mémorrts DE L'ACADÉMIE RoYALE L'acide nitreux combiné avec la terre abforbante, produit un fel qui n'eft pas déliquefcent ; ce nitre terreux ne fufe point fur les charbons ardens /c) : l'acide nitreux le dégage {eulement de la terre abforbante fous forme de vapeurs rougeatres. Ayant fait évaporer une diffolution de nitre à bafe de terre abforbante dans une baflme d'argent , l’acide nitreux s'eft dégagé de la terre abforbante, a porté fon action fur l'argent, & toute la furface interne de la bafline s’eft trouvée dépolie & de couleur grife. J'ai reconnu que le nitre artificiel à bafe de terre abfor- bante fe décompoloit lorfqu'on le diflolvoit dans leau, & que fon acide fe dégageoit en partie par lintermède de l'argent, tandis que la même efpèce de nitre terreux que j'avois retirée de la leffive du falpêtre de houffage, n'éprouvoit point de décompofition fenfible par le même moyen , & qu'elle n'aliéroit point les vaifleaux d'argent dans lefquels on la failoit évaporer. Le falpêtre de houffage, dont j'ai retiré le nitre à bafe de terre abforbante, étoit fous forme de filets blancs, foyeux, raflemblés en faifceaux /d) ; ce même falpètre ne m'a prefque pas fourni de fel marin. Deux livres de ce falpêtre de houffage m'ont produit envi- ron une once de nitre à bafe de terre abforbante; celui-ci, criftallife en lames blanches, opaques, & fe trouve fur 1æ furface des criftaux prifmatiques de nitre à bafe d’alkali fixe. (c) Le nitre à bafe de terre calcaire eft-déliquefcent , & fufe fur les charbons ardens. (d) Je Vavois retiré en houffant, dans le printemps , une muraille qui avoit été enduite de plâtre l'automne. LS DES SCIENCES. 435 | DobedE VAE EONS SUR L'ACIDE PHOSPHORIQUE Obtenu par le deliquium du Phofphore, à fur les Jels neutres qui réfultent de la combinaifon de cet acide avec les alkalis. Par M. SAGE. P°:: obtenir par deliquium Yacide du Phofphore , je pofe des cylindres de phofphore {ur les parois d’un entonnoir , dont l'extrémité eft reçue dans un flacon : je couvre l’orifice de l’entonnoir avec un chapiteau ; j'ai foin de placer dans le milieu de lentonnoir un petit tube de baromètre pour fervir de paffage à l'air du flacon qui ef déplacé par l'acide phofphorique ; j'ai reconnu, que quand je ne prenoïs pas cette précaution, le phofphore fe fondoit & s'enflammoit avec explofion dans l'appareil, lorfque Ie thermomètre de M. de Reaumur étoit à 1 s degrés , tandis que dans la même température, des cylindres de phofphore, mis dans une caplule, ne fe fondoient ni ne s'enflammoient pas. Une once de phofphore fournit, par le deliquium, trois onces, d'acide phofphorique. L'acide phofphorique obtenu parle deliquium du phofphore, eît fans odeur & fans couleur: cet acide eft gras au toucher; f on l'expole au feu, il ne s'évapore que dans la quantité relative au phlogiftique qu'il contient; dans ce cas, il exhale des vapeurs blanches très - âcres ; il fe fait quelques petites explofions fumineufes, & l'on trouve au fond du creufet une mafle blanche, demi-tranfparente & déliquefcente. Lorfqu'on expofe du phofphore au feu , il répand une odeur d'ail, fe fond, fcintille, prend feu avec bruit, & produit une flamme verte ; il s’en dégage une quantité confidérable lii ï Lù le 19 Avril 1777: 436 MÉMoiREs DE L’'ACADÉMIE ROYALE de vapeurs blanches très - âcres, dont l'odeur eft à peu-près femblable à celle de l’acide marin : ces vapeurs font très- difficiles à coërcer, & font un acide phofphorique volatil fumant , très-fubül, qui eft à l'acide phofphorique, ce que Tacide fulfureux eft à l'acide vitriolique. Après la déflagration du phofphore, on trouve dans le vaifleau où on la fait, une mafle d’un rouge de grenade, dont la pefanteur fe trouve être la moitié de celle du phof- hore qu'on a brülé : cette mafle rouge contient de l'acide phofphorique très-concentré, & du phofphore qui n'eft point décompolé; fi on la laiffe expofée à l'air, elle s’y réfout en partie en liqueur acide & très-pefante, qui conferve l'odeur du phofphore. L’acide obtenu par le deliquium du phofphore , étant combiné avec-.l'alkali fixe du tartre, forme un fel neutre qui n’eft pas déliquefcent: j'ai défigné ce fel fous le nom de fartre phofphorique. Le fel neutre, formé par l'acide phofphorique par deliquium & l'alkali fixe de la foude, criftallife, & n'attire pas l’humi- dité de Pair. Le fel ammoniac phofphorique, formé par l'alkali volatil & l'acide phofphorique par deliquium, eft déliquefcent. La terre ablorbante, produite par les os calcinés, ayant été faturée d'acide phofphorique par deliquium, forme un fel neutre qui n’eft pas déliquelcent. Ces expériences font connoître que l'acide obtenu par le deliquium du phofphore, diffère par fes propriétés de celui qui a été produit par la déflagration , puifque M. Lavoifier n'a obtenu de la combinaifon de ce dernier acide avec les alkalis, que des fels neutres déliquefcens, DU EMNSMISIICU IL E NICE Se 437 CARE RPCALTUL ON S SUR L'ACIDE CONCRET RETIRE DU SUCRE Par Mes ancie: À Differtation que M. Jean Asfel Arvidfon a publié, fous la préfidence de M. Bergman, qui en eff l'auteur, en 1776, fur l’Acide concret retiré du fucre, eft le premier Ouvrage où l'on trouve décrit le procédé par lequel on y parvient; mais M. Bergman a reconnu depuis qu'en obtenoit plus facilement l'acide du fucre, par un moyen qu'il a indi- qué. Je vais rendre compte de l’un & de l’autre procédé que j'ai répeté, & l’on verra que celui de M. Bergman eft beau- coup plus prompt, qu'il fournit une plus grande quantité d'acide concret du fucre, que ce dernier eft plus pur, & qu'il criftallife beaucoup plus facilement. PREMIER PROCÉDÉ. APRÈS avoir introduit une once de fucre candi pulvé- rifé dans une cornue tubulée, j'ai verlé dedans trois onces d’efprit-de-nitre /a) ; j'ai placé la cornue dans un bain de fable, que j'ai chauflé par degrés jufqu’à l'ébullition de l'acide, les ballons fe font remplis de vapeurs rouges; lorfqu'il n’en parut plus dans la cornue, je verfai ce qu’elle contenoit dans une capfule de verre, cette diflolution ne produifit par le refroidiffement qu'une matière jaunâtre, fyrupeule & acide, Après avoir mêlé avec ce réfidu trois onces d’efprit-de- nitre, je le diftillaï, il pafla de l'acide nitreux rutilant; lorf- que je n'aperçus plus de vapeurs rougeätres dans la cornue, (a) L’acide nitreux que j'ai employé, pefoit une once deux gros dix-huit grains, dans un flacon qui contenoit une once d’eau diflillée, Lû le 9 Juillet VUS 433 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE je verfai dans une capfule cette diffolution; quand elle fut refroidie , je trouvai au fond quelques criftaux jaunâtres, & une grande quantité d’eau-mère épaifle & vifqueufe. Après avoir mêlé cette eau-mère avec deux onces d’efprit- de-nitre, elle reprit de la fluidité; ce mélange ayant été expolé à un feu gradué fur un bain de fable, une partie de l'acide nitreux fe diflipa en vapeurs rougeûtres; lorfqu'il ne s’en dégagea plus de fa capfule, je la retirai du bain de fable, la diflolution qu'elle contenoit produifit par le refroïdifie- ment, des criflaux colorés d'acide du fucre ; leur eau-mère n'étoit plus vifqueufe. Ces expériences démontrent qu'il faut huit parties d'acide nitreux pour décompofer toute la matière grafle d’une partie de fucre /b), & mettre l'acide de ce fel en état de criftallifer. Cette vérité a été certainement reconnue de M. Bergman, puifqu'il dit dans fes Ouvrages, que pour obtenir l'acide concret du fucre, il faut diftiller ce {el avec huit parties d’a- cide nitreux; lorlqu'on n'aperçoit plus de vapeurs rouges dans latcornue, on verfe dans une capfule de verre la diflo- lution qu'elle contient, & quand elle eft refroidie, on trouve fur les parois de la caplule, l'acide du fucre criftallifé en prifmes tétraèdres, tronqués à leur extrémité, Pour obtenir l'acide concret du fucre très-pur, il faut dif- foudre fes criftaux dans deux parties d’eau /c), faire évaporer lentement cette diflolution ; par le refroïdiflement, elle pro- duit de très-beaux prifmes hexaèdres, terminés par des fom- mets dièdres : ces criftaux font blancs, tranfparens, & ne s'altèrent point à l'air. (b) Une once de fucre candi, produit, par la diftillation, cinq gros & demi d’acide rougeâtre & limpide; trente-fix grains d'huile noire & pe- fante; & un gros & demi de charbon f fpongieux, qu'il rempliffoit [a capa- cité d’une cornue qui contenoit une pinte d’eau, (€) Lorfqu'on met de l'eau fur l'acide concret du füucre, il fe produit un bruit à peu-près femblable à ‘la décrépitation ; le degré de froid qui l'excite fait defcendre le thermomètre de quatre degrés : le même effet a lieu lorfqu’on verfe deffus de l’huile de vitriol, qui diffout une partie de cet acide concret du fucre, w p21:S -S:cCxE N°cE 6 439 Une livre de fucre m'a produit par le procédé de M. Bergman, dix onces d’acide concret. La faveur de cet acide eft très-piquante, mais il n’eft point corrofif comme les acides minéraux ; j'ai diftillé dans une cornue de verre lutée, une demi-once d'acide concret du fucre ; il a paffé une partie d'acide fluide, il s'eft degagé des vapeurs blanches qui for- moient un nuage dans la partie inférieure du récipient ; j'ai trouvé dans le col de la cornue quelqüés portions d’acide concret, & fur les parois un enduit noiratre. Si l’on met dans un creufet chauflé jufqu’à l’incandefcence, de l'acide concret du fucre, il sy fond, bout, fe bourfoufle, & s'exhale en partie en vapeurs acides, dont l'odeur eft à peu-près femblable à celle que produit le fucre-en brülant ; il refte fur les parois du creufet, une matière brunûtre qui produit par Îa calcination une cendre blanchätre, dont une partie eft foluble avec effervelcence dans les acides. Une once d'acide concret du fucre, produit huit grains de cette cendre blanchätre: feroit-ce cette efpèce de terre abforbante qui donneroit à l’acide du fucre a propriété de criftallifer ? M. Bergman indique dans fa Differtation, qu'on peut retirer de la gomme arabique, par le moyen de l'efprit-de- nitre, un acide concret femblable à celui du fucre. Ce même Chimie, en parlant des propriétés de l'acide concret du fucre, dit qu'il décompofe le vitriol de lune; que ce même acide du fucre dégage l'acide nitreux des bafes métalliques ou terreufes, avec lefquelles il fe trouve combiné: j'ajouterai à ces obfervations, que l'on peut décompofer le nitre, en le diftillant avec quatre parties d'acide concret du fucre. Lû le 16 Août 1777: 440 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE OBS ERA TT ON D'UNE AURORE BORÉALE SINGULIÈRE E TADLUNE FORME TRÈS - EXTRAORDINAIRE, Obfervée à Paris, de l'Obfervatoire de la Marine, li 26 Février:1777.; Avec les Obfervations de deux autres Aurores boréales remarquables, des 3 Novembre à 3 Décembre de la même année. Par" Na PME sus MER. E 25 Février au foir, le ciel étant ferein, j’examinai fe ciel de mon Obfervatoire & je découvris, par le fecours de ma lunette achromatique de 3 pieds L, une nébuleufe dans la conftellation de la chevelure de Bérénice, que je n’avois pas rapportée dans le Catalogue des nébuleufes que j'ai publié dans nos Mémoires (année 1771, page 435) & que M. de la Lande a inféré dans le rome V11 des Ephémérides des Mouvemens célettes, page 3 1 de l'introduction. Je m'aflurai du lieu de cette nébuleule par des alignemens pris entr'elle & les étoiles voifines, & je remis au premier jour de beau temps à en déterminer le lieu plus exactement. Le lendemain 26, le ciel avoit été ferein toute la journée, excepté un peu de brouillard dans la matinée; le foir étant parfaitement beau & pur vers les 7 heures, je n’occupois à la recherche de cette nébuleufe dans la chevelure de Bérénice, qui paroiffoit alors au Levant, j'en déterminai la pofition en comparant la nébuleufe SEMI MS ÉCANE INT CLE:.S. 441 nébuleufe à l'étoile quarante-deuxième de cette Conftellation (fuivant le Catalogue de Flamitéed), qui eft marquée de Ia quatrième à la cinquième grandeur : cette oblervation faite, & regardant enfuite le ciel du côté du couchant, j'aperçus une lumière blanchätre qui s'élevoit de l'horizon à la hauteur de 30 à 35 degrés; cette lumière paroifloit à l'Oueft-nord- oueft fous la forme d’un fufeau & dans la conftellation d’Andromède , ayant alors très-peu de mouvement. J'y donnai peu d'attention; mais peu de minutes après, à Aa cette lumière étoit augmentée confidérablement en hauteur & en largeur; elle avoit les effets de l’Aurore boréale , des vibrations de fumière, des ondulations, du mouvement fans bruit, ce qui a lieu ordinairement dans les Aurores boréales, ainfi que de la denfité & de la tranfparence ; on voyoit les étoiles à travers, mais elle diminuoiït cependant beaucoup de leur lumière. A 7°48/, il fe forma tout-à-coup & dans peu de fecondes un arc d’une lumière blanchâtre qui prit naïffance à lOcci- dent dans la lueur blanchâtre qui s'y étoit formée à 7h 45’. Cet arc fe porta de l'Occident jufque près de l'Etoile polaire, & alla fe terminer, par une courbure fenfible, à Aréurus, qui étoit près de l'horizon à l'Orient : cette bande lumineufe avoit environ $ degrés de largeur; elle pañloit à 35 degrés du zénith vers le Nord, & par la conftellation des Poiffons ; enluite elle pañoit entre les étoiles 8 & y d’Androméde , entre Perfée & Caffiopée, entre la queue de la petite Ourfe & la tête de la Girafe, entre les étoiles &« & x de la queue du Dragon, par les étoiles € & n de la queue de la grande Ourfe, & alloit en fe courbant finir à Ar@urus. Cette bande ou zone blanchâtre qui alloit de FOccident à l'Orient, traverfant le cercle du Méridien, formoit un fpectacle fingulier; elle partageoit le ciel, qui étoit parfai- tement ferein à gauche & à droite du phénomène, & fixa l'attention de tous ceux qui l’aperçurent; on fe rafflembloit en foule dans les lieux où le phénomène pouvoit être aperçu, en fon entier ou dans fa plus grande partie. Mém, r FL KKkk 442 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Cette bande lumineufe eut un mouvement; c’eft-à-dire qu'elle fut entrainée du Nord vers le Midi, & j'obfervai toutes les variations de fa marche jufqu’à fa difparition entière. Je rapporterai ici uné Table des obfervations que j'en fis. Temps vrai. 8.108 8:27, 8. 26, 8. 39; lueur blanchâtre près de l'horizon à l'Occident. lueur augmentée confidérablement. arc lumineux formé, que je viens de décrire. la bande lumineufe couvroit la planète de Vénus. la bande lumineufe quitta Vénus. la bande lumineufe confervoit toujours fa forme & fes apparences. a bande étoit toujours 13 même, ayant cependant un peu plus de largeur ; elle pafloit par la tête de ia Baleine, cou- poit V Équateur , V'Ecliptique & la voie ladlée; pañoit entre la Chèvre & B du Cocher, à 7 degrés du génith vers le nord, fous le carré de Ia grande Ourfe, & alloit fe terminer à l'Orient près de l'horizon, entre les étoiles n du Bouvier & € de la Vierge. Varc paroifloit flationnaire, ayant très-peu de mouvement, Farc s’éclaircit, & préfenta moins de lumière au couchant qu'au levant, où il étoit très-fenfible. l'arc fe fépara au levant , s’éclaircit au zénith , & fe divifa enfuite en petits nuages, fuivant la courbure de l'arc, paffant par la tête du Taureau, les jambes du Cocher , très-près du zérith, par l’extrémité des pattes de la grande Ourfe, le petit Lion & la chevelure de Bérénice, elle fe terminoit près du bras de la Vierge. 11 bande lumineufe, qui s’étoit retracée au levant, y étoit très-fenfible & d’une grande lumière ; elle s’élevoit juf- qu'au cercle du Méridien, & du Méridien, elle defcen- doit à l'Occident; mais fa lumière étoit prefque effacée. a bande de lumière étoit toujours trés-fenfible au levant; Ia partie du couchant étoit prefque effacée. la bande de lumière s’étoit retracée avec la même vivacité; dans toute fon étendue, du couchant au levant. la bande étoit plus lumineufe au levant qu'au couchant, la bande fe terminoit au levant & au.couchant, à 1 3 degrés environ au-deflus de l'horizon. D BST OCT AENNT CRETE. 44? Temps vrai À 8h 56’, Ia hauteur méridienne de la bande, étant mefurée avec ma lunette achromatique, montée fur fa machine parallac- - tique, je trouvai 42 degrés + de déclinaifon boréale, 9. 1, là bande bien formée & claire, la concavité de Îa courbure tournée vers le zénith, pañloit par la tête du Taureau au deffous d’Aldébaran, entre à & B de Caflor & de Pollux, par le cou du Zion, par les étoiles À & B de la queue, & alloit fe terminer dans la Vierge ; la bande alors étoit rétrécie, avoit moitié moins de largeur qu'a 8° 11°, & elle formoit des finuofités fenfbles. 9. 10, les deux extrémités de la bande s’éloignoïent de l'horizon également, foit à l'Occident, foit à l'Orient. 9. 14, Ja bande lumineufe pafloit entre Jzpiter ( qui avoit pafté Ie Méridien depuis environ trois quarts-d'heure ), & l'étoile B des Gemeaux ; es deux extrémités de la bande qui s’éloignoient de l'horizon, perdoient fenfiblement de leur lumière, mais elle étoit encore très-apparente dans la partie fupérieure, à la gauche & à la droite du Méridien. 9: 16, la bande étoit très-affoiblie & pafñoit au-devant de Jupiter. 9.17, la bande paroïfloit fe difliper au-deffous de Jupiter, entre cette Planète & l'étoile y des Gemeaux. Avant fa fin, on a voyoit fenfiblement s’éclaircir & fe rétrécir ; les deux extrémités s’éloignant de l'horizon, & fe rappro- chant par une lumière très-foible vers le cercle du Méri- dien, où cette lumiére difparut. Le went, pendant les obfervations que je viens de rappor- ter, étoit au Sud-fud-eft; il foufHoit médiocrement, & ce vent n’étoit pas celui qui pouvoit entraîner le phénomène du Nord vers fe Sud, il y étoit entièrement oppofé ; mais il pouvoit y avoir un vent contraire extrêmement élevé, ou quelqu’autre caufe de ce déplacement. Ce phénomène, c’eft-à-dire la bande ou Farc, depuis fa formation, paffant près de l'étoile polaire à 7h48", jufqu'à 0" 17, qu’elle fe diffipa au-deflous de Jupiter, dura une heure vingt-neuf minutes, & parcourut pendant ce temps-là 67 degrés comptés fur fe cercle du Méridien. Le ciel pendant toute cette durée étoit parfaitement beau, ferein & fans Lune;1a Lune ne devoit fe lever qu’à 9" 40’, vingt-trois minutes après a ceflation du phénomène. Cette bande de Kkk ÿ 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lueur blanchâtre répandoit de la lumière, & lorfqu'elle ceffà de paroître, on fut dans l'obfcurité jufqu’au lever de la Lune, Pendant la durée du phénomène , le baromètre étoit à 28 pouces r ligne+, & le thermomètre à 8 degrés au-deflus de zéro. H autoit été à defirer que lon eût reçu d’ailleurs des. obfervations coïrcfpondantes à Ia mienne & bien détaillées de ce phénomène, fur-tout aunord & au midi de Paris: ces oblervations auroient peut-être fait connoître une paral- laxe plus ou moins grande » qui nous auroit appris à quelle: hauteur cette lueur blanchätre exifloit. Je rapporterai bientôt celles que j'ai pu recueillir d’ailleurs ; mais je ne les crois pas fuffifantes pour cette recherche , faute d’avoir bien obfervé l'heure où le phénomène a pañlé & couvert différentes Étoiles. AURORE boréale qui exifloit au Nord pendant le Phénomene. Temps vrai, À 9" oo’, je me fuis aperçu qu'il exifloit au Nord-oueft une Aurore boréale ordinaire, qui occupoit près de 100 degrés de l'horizon , avec des jets ou gerbes de lumière peu. fenfibles. 9. 34, T'Aurore boréale étoit diminuée, & des nuages bordoient. l'horizon. 10. o, l'Aurore boréale étoit peu de chofe ; les nuages étoient augmentés à l'horizon ; la Lune, qui étoit levée, en dimi- nuoit encore les effets; un nuage blanchâtre, ayant 8 degrés environ de largeur, élevé de quelques degrés, s’étoit formé horizontalement à l'Orient; il s'étendoit du Midi au Nord, & occupoit environ 100 degrés de l'horizon. 11. ©, nuagesrares & féparés dans la partie de l'Ef ; l’Aurore boréale étoit alors peu de chofe; elle ne préfentoit plus qu'une Jumière foible. En total, elle ne fut pas confidérables il y parut très-peu de gerbes ou jets de lumiére; ïls s’clevoient à une méd'ocre hauteur. Pour rendre plus fenfibles les effets de Aurore boréale fingulière, & les obfervations que j'en ai faites , j'ai dreffé un planifphère célefte, que je joins à ce Mémoire: il repré- {ente l'état du ciel pour le temps du milieu du phénomène, DES THIS CAVE Nec Ets 445 c'eft-à-dire, pour 8 heures+ du foir ; le centre du planifphère repréfente le zénith, vu de mon obfervatoire : comme le phénomène s'étoit formé au Nord, je fuppofe l’obfervateur regardant le Nord, & il y aperçoit à fa gauche, qui eft l'Oueft, & à l'horizon, les effets de la lueur blanchâtre, que j'ai décrite dans ce Mémoire; & à fa droite, les mêmes effets à l'Eft, ainfi que la formation de la bande lumineufe qui avoit paru à 7h48", & que j'ai décrite: on verra aufii fur ce planifphère, le changement de forme & de mouvement; ‘elle y eft tracée pour cinq momens, favoir, fa formation à 7*48/, à 8h11”, à 8*26/; à ce moment, fa bande étoit divifée en petits nuages blanchätres ; elle fe reforma enfuite, & je l'ai tracée pour oh 1’, & fa fin pour ol 17". J'aitracé auffi fur ce planifphère, l Aurore boréale ordinaire, qui parut au Nord pendant le phénomène. J'y ai fait entrer les Etoiles depuis la première jufqu’à la troifième grandeur, qui étoient celles qu'on pouvoit aperce- voir lorfque la lueur blanchätre pañloit au-devant d’elles, avec les pofitions des deux Planètes qui étoient alors fur l'horizon, Vénus & Jupiter. RECUEIL des obfervations du Phénomène. À NANCI. M. Maillette, Profeffeur royal de Géographie en l'Uni- verfité de Nanci, me fit part, le 6 Avril 1777, delobfervation qu’il avoit faite du Phénomène que je viens de décrire : il le caractérife de lumière zodiacale /a), aux détails qu'il m'en (a) Cependant dès le 28 Février, | changemens de forme, & un déplace- ans le Journal de Paris, M. de ia Lande l'avoir annoncée comme une Aurore boréale d'une efpèce! extré- mement rare; & c'elt mal-a-propos que quelques Obfervateurs ont carac- térifé certe Aurore boréale de lumière -zodiacale ; elle en avoit bien la direc- tion le long de l'Écliptique , mais les effets n’en étoient pas les mêmes; il y avoit des vibrations de lumière, des ment confidérable. La lumière zodia- cale a ordinairement la figure d’une pyramide ou d’un fufeau, formé le lonz du zodiaque, où elle eft toujours r=nfermée par fa pointe & par fon axe, appuyée obliquement fur l’horizon; fa longueur, prile depuis le Soleil qui en eft la bafe, jufqu'au fommet, parut quelquefois de 45 degrés, quelque— fois de r00 devrés. 446 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE a envoyés, & que je vais rapporter ; if joint une figure d& phénomène qui accompagnera fon obfervation. « Le 26 février dernier, dit-il, à o heures du foir, le » baromètre étant à 27 pouces 5 lignes-Z, & le ciel ferem, le » vent Nord-oueft calme , & le thermomètre à mercure de » Réaumur à 4 degrés + de dilatation, j'ai aperçu la lumière » zodiacale, fous la forme d’une longue colonne qui commen- » çoit aux Pléiades, couvroit les pieds de Perfée, la Chèvre, » le genou gauche & la tète du Cocher, la tête & une partie du » corps de la grande Ourfe, & fe terminoit en pointe à la cuiffe » gauche du Bouvier, fort près d’'ArGurus. » Dans la figure que j'en ai tracée, la partie mrp de cette » Jumière étoittrès-vive, & elle paroïfloit fort denfe, cependant, » elle n’empéchoit pas de voir les Étoiles des feconde & troi- » fième grandeur , fous lefquelles elle fe trouvoit : la partie » mno qui formoit une forte de piédeftal, étoit beaucoup » moins vive que la précédente ; elle étoit plus large que la » colonne, & j'ai remarqué que depuis le milieu de cette partie » jufqu'à fa bafe, elle étoit compolée de plufieurs nébulofités » détachées & féparées entr'elles, telle qu'on les voit en #, 0; » les parties mao, rp étoient aflez directes, mais la partie » mr étoit courbée, » À o heures, qui eft Ie moment où j'ai aperçu cette lumière, » elle couvroit les P/éïades, les étoiles &, d,e, €, n de Ia » grande Ourfe, & elle étoit tangente à la Chèvre. » Aoh15s’, elle étoitun peu avancée vers le Midi, en forte » qu'elle couvroit la Chèvre, mais les étoiles & & n de la grande » Qurfe en étoient forties , ainfi qu'une partie des P/éiades , » telle que la figure ci-jointe les repréfente. » À 9h25", elle étoit encore un peu plus avancée vers le » Midi, & elle couvroit alors les étoiles &, LB, y, à de la » grande Ourfe ; mais les Pléiades en étoient forties. » A o"27!, a pointe p de la colonne commencçoit de » difparoître, & elle a continué, de manière que dans l'efpace » de deux minutes, la partie rp avoit difparu. » À 9" 31, il ne reftoit plus que la partie mno; à mefure PES SL G-LSEL NisG- Else 447 que la colonne #rp difparoiïfloit, la partie m7 0 augmenioit en vivacité; enfin, cette partie difparut aufli , de forte qu’à 9" 34’, on ne voyoit plus rien de cette lumière. Je remarquai aufli dans le temps du phénomène, & même plus d’une heure après fa difparition , que la partie du ciel, fituée entre le pôle & l'horizon, depuis le Nord-oueft jufqu'au Nord, étoit moins obfcure que par-tout ailleurs, elle paroïiloit même d'un clair-fin, ce qu'on ne pouvoit attribuer au cré- pufcule, puifqu'il y avoit plus de deux heures qu’il étoit fini; ainfi je conjecture qu'il y avoit dans le même temps une Aurore boréale dans quelques plages feptentrionales , dont cette partie du ciel clair-fin, que j'ai aperçue, étoit comme ereflet ». Les deux Obfervations fuivantes m'ont été communiquées par M. le Marquis de Turgot, de cette Académie. À NEUFMOUTIER en Brie, près de la forér de Creffy. Le 26 Février, au coucher du Soleil, il parut une Aurore boréale tranquille, qui s’étendoit depuis le Nord-nord-eft jufqu'à l'Oueft-nord-oucft; elle confiftoit en un fegment obfcur, furmonté par un arc lumineux. Vers les 7 heurest, il fe détacha de la partie du Nord-quart-nord-eft une bande lumineufe, dont la partie Nord s’achemina aflez rapidement vers l'EfF; l'autre extrémité fut portée à l'Oueft, en fuivant la direction du Zodiaque; fa largeur fut eftimée de4 à $ degrés: la bande n'avoit pas la même largeur dans toute fon étendue, elle étoit plus étroite à fon extrémité que vers le zénith; fa lumière étoit d’une même intenfité depuis le levant jufqu’au zénith; du zénith, elle s’'afoiblifloit infenfiblement juiqu'à Occident; la partie concave de fa courbure regardoit le Nord, & la partie convexe le Midi : la bande paroifioit s'avancer vers le Midi, confervant toujours la tendance de fes extré- mités, vers l'Eft & l’'Oueft. Vers les 9 heures, la bande devint finueufe dans fa partie orientale, & {es finuofités s’étendoient jufqu'au zénith; alors, fa lumière commença à diminuer peu-à-peu, & à o heures+, elle étoit prefque entièrement difparue, ‘ u Ÿ 448 MÉmMoirEs DE L'ACADÉMIE RoYALE À 10 heures, il fortoit quelques rayons foibles de Ia partie du Nord-eft de l’ Aurore boréale; la direction étoit vers le Sud. _ Le ciel, pendant le phénomène , étoit très-ferein , les Etoiles brillantes, & le baromètre étoit à 27 pouces 1 0 lignes. À CAEN, en Normandie. « J'aperçus (rapporte M. de Rochefort) hier 26 Février, vers les 8 heures du foir, une lumière zodiacale, la plus belle & la plus complète que j'aie jamais vue; elle deflinoit pref- que exactement le zodiaque : elle commençoit & finifloit à l'horizon. Je me tranfportai dans un jardin, duquel je pouvois découvrir la plus grande partie de fon étendue, fa largeur n’étoit pas tout-à-fait égale dans tous les fignes ; quelquefois elle paroifloit féparée en deux dans fa largeur, mais on ne remarquoit aucune interruption dans fa longueur ; elle étoit f: vifible ou apparente, que tout le Peuple fe raffembloit dans Îes rues pour la confidérer. On peut juger de fa largeur dans la conftellation des Gemeaux ; les deux principales Étoiles en étoient couvertes, de manière que « étroit à l’ex- trémité boréale de la bande, & B en occupoit le milieu ; ainfi la diftance de ces deux Étoiles faifoit la moitié de la largeur de cette bande. A 9 heures, la bande étoit fort diminuée & prefque effacée. À minuit & demi, il reftoit encore une bande lumineufé, finiffant en pointe par les extrémités; elle avoit changé de place s'étant rapprochée du Nord, de manière que le carré de la grande Ourfe en mefuroit la largeur, & fe trouvoit à la moitié de fa longueur ; une des extrémités s'étendoit jufs qu'a l'étoile Arélurus. » À MONTDIDIER, en Picardie. Le même phénomène fut obfervé dans cette Ville, le 26 Février, par M. Pucelle, Confeiller, & fon obfervation eft rapportée dans la Gazette de France, #.° 22, « Le 26 du mois DES SCIENCE Ss. 449 mois dernier, le ciel étant frein, j'aperçus vers les 8 heures du foir, une gerbe de lumière blanche , terminée en pointe vers l'horizon, & s’inclinant fur le zodiaque, à {a droite de Vénus; {e repliant enfuite vers les Étoiles du nord, &c. M. Pucelle remarqua {ur-tout, qu'à melure que la partie orien- tale de cette gerbe de lumière fe fortifioit & s'alongeoit, Ja partie occidentale diminuoit de longueur & de largeur ; que celle-ci reprenant le deffus, remonta & fe joignit à l’autre ; de forte que par leur réunion, on ne vit plus qu’une longue colonne qui embrafloit une étendue de près de 180 degrés de l'Occident à l'Orient ; elle pafloit de la droite de Féyus à fa gauche, & obfcurcifioit cette Planète; elle éclipfa les cornes du Bélier, enfuite s'avançant au travers des Pléïades, des Hyades & des Gemeaux, elle éclipfa Jupiter, & alla terminer fa courfe dans les conftéllations d'Orion & du Lion, où elle ne formoit plus à o heures 2 qu'une portion de cercle vers le nord de lune & de l'autre de ces conftellations; enfin elle difparut vers ro heures Le OMAN QC EUR à il Limofin. M. Montaigne y obferva le même phénomène, 1e 26 Février, je n'ai pas eu connoiffance du détail de fon obfer- vation ; fl a feulement envoyé à l’Académie, les calculs & le réfultat qu'il a tirés de fon obfervation, comparée à celle qui füt dans la Gazette de France, & que je viens de rap- porter, faite à Montdidier, & il en a déterminé {a hauteur du phénomène: mais je ne crois pas que l’obfervation faite à Montdidier, foit fufhfante pour cette détermination, À BERLIN, Pruffe. Journal de Bouïlon, première quinzaine d'Avril 1777. Il y eft rapporté, Page S0 , après avoir parlé du phénomène obfervé à Montdidier, le 26 Février. « Le même météore a été obfervé {a même nuit à Berlin. » Je rapporterai ici deux phénomènes, à peu-près femblables à celui du 26 Février 1777e Mém. 1777. LI 2» 23 » 2 Ÿ » Ÿ » 2 » » 2 450 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On a vu /4) près de Ringftedt ( dans l'ile de Zélande) ; le 6 Décembre, entre 6 & 7 heures du foir, une lumière extraordinaire, qui formoit un arc de couleur de feu pâle ; elle s’étendit fur tout lhorizon d’Oueft-fud-oueft vers Eft- nord-eft. Cette apparition ne dura qu’une demi-heure, & après qu’elle fut difipée, le ciel fe couvrit de nuages, &c. Avant-hier /c) au foir, nous eumes en cette Capitale, une Aurore boréale extraordinaire, dont on n’avoit rien vu de femblable depuis quelques années; elle confiftoit en un nuage clair qui s’étendoit depuis le Sud occidental jufqu'au Sud méridional, déclinant du zénith jufqu'à 20 degrés. Nota. On pourroit préfumer que le phénomène obfervé à Ringfledt (dans l’île de Zélande) & à Copenhague, eft le même que celui du 26 Février 1777. Ce qui le feroit conjeéturer , c’eft qu'il n’eft guère probable qu’on ait publié ce phénomène à Copenhague, plus de trois mois après qu'il feroit arrivé à Ringftedt. Les dates de Copenhague, des 8 & 11 Mars 1777, femblent annoncer le phé- nomène du 26 Février, qui étoit alors récent. Pour avoir des éclairciflemens fur l’obfervation de l'ile de Zélande & de Copenhague, j'écrivis à Upfal, à M. Profperin, des Académies d’Upfal & de Stockolm : voici l'extrait de fa Lettre, du 8 Mai 1778. «Je fuis fâché, Monfieur, de ne pouvoir vous donner aucun éclairciflement fur l Aurore boréale du 26 Février 1777. Dans mon Journal, je trouve que ce jour-R , il y avoit du brouillard, le baromètre étoit bas, & je ne préfume pas qu’elle ait été vifible à Upfal; M. War- gentin l’a remarquée à Stockolm; mais il n’en a pas le détail. J'ai fait toutes les recherches néceffaires dans Îles Gazettes Danoifes, pour vérifier les dates que vous me demandez, & mes recherches ont été inutiles: d’ailleurs, les Aurores boré- ales qui ont été obfervées à Copenhague, le 6 Mars 1777, & à Ringftedt, le 6 Décembre, peuvent bien être différentes; (b) Gazette de France, 1777, n° 28, de Copenhague le 11 Mars, (c) Gazette d'Amfterdam, 1777, n.° 23, de Copenhague le 8 Mars, DES NS LCU'E NC ES. 451 ces phénomènes font très-fréquens dans ce pays: jufqu'ici, je n'ai pas fait beaucoup d'attention aux Aurores boréales, dans certaines faifons on en voit prefque toutes les nuits, quand le ciel eft ferein, » J'écrivis de même à M. Wargentin, à Stockolm : voici fa réponfe du 13 Février 1778. « Je viens de recevoir la note, par laquelle vous me demandez des éclaircifflemens fur Aurore boréale du 26 Février 1777. Ces phénomènes font fi fréquens ici, qu'on n'y fait pas ordinairement grande atten- tion; j'ai pourtant marqué dans mon Journal météorologique pour ce jour : Aurore boréale trés-brillante à flamboyante, répandue prefque fur tout le ciel, depuis € heures jufqu'à 10 heures du Joir. J'appelle flamboyante, lorfque des flammes fe répandent en un clein-d'œil, comme des éclairs & à plufieurs reprifes fur une grande partie du ciel ; je n’ai remarqué aucune bande extraordinaire, le vent étoit un peu W. ( Oueft }. Le thermomètre à un degré au-deflous de la congélation. Le 6 Mars de la même année, le ciel étoit couvert ici. Le 6 Décembre 1776, le ciel étoit ferein; mais point d’Aurore boréale, du moins je n'en ai pas fait mention dans mon Journal: la feule que j'aie marquée, outre celle du 26 Février, eft celle du 13 du même mois, à 10 heures du foir, aufii belle, mais moins brillante. » ; M. J.H. Van-Swinden, Profefleur à Francker en Frife, a envoyé à l’Académie un Mémoire, contenant le Recueil des obfervations de l’ Aurore boréale du 26 Février 1777, avec celle du 3 Décembre de la même année, faites en Hollande, l’Académie décida que j'en donnerois un extrait à la fuite de mon obfervation, le voici. À MIDELBOURG, en Zélande, . On aperçut le 26 Février, à 7 heures + du foir, une ‘Aurore boréale en forme d'arc, qui s'étendoit du Nord-eft au Sud-oueft, comme un arc-en ciel, fa largeur fut eftimée de 18 à 20 degrés; au Nord, il y avoit un mouvement ; PEN ET A € LCA Le 4 45è MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE d’ondulation & de fcintillation continuel dans toute [a 1ar- geur de l'arc qui tenoit vers le Sud-oueft : ce mouvemert reflembloit, tantôt à une éruption de flammes, comme dans un incendie, & tantôt il étoit très-vif, & formoit différentes figures. A o heures, on obferva à l'Eft, un faifceau de rayons qui fembloit fe divifer en fept ou huit rayons, comme les tuyaux d’un orgue, & c’eft par-là que le phénomène finit. À DorDRECHT, en Hollande, par M." Efdré, Frères, Le 26 Février, le ciel très-ferein ; on aperçut, à 7 heures + du foir, un arc blanc qui pañloit par la tête de la Wierge, par Regulus, entre Procyon & le pied droit de Pollux, par les deux épaules & les trois étoiles de la ceinture d'Orior; une des extrémités de Farc étoit au Sud-eft, l'autre au Sud-oueft. Cet arc commença à s’afloiblir par le milieu; après lavoir oblervé quelque temps, le milieu même s'évanouit prefque entièrement, pendant que les extrémités étoient encore très- vifibles; mais cet arc reparut peu après, & même avec plus d'éclat qu'auparavant ; la lumière qui en partoit étoit fi vive, que Regulus ne laïffa pas que de perdre de fon éclat, lor£ qu'elle étoit au plus fort. Cet arc étoit dans un mouvement continuel, tantôt il montoit, tantôt il defcendoit, jufqu'à ce qu'il pañàt enfm au-deflous de Regulus, entre Procyon & Sirius, par les étoiles de fa ceinture d'Orion & fon pied gauche: après s'être montré avec beaucoup d'éclat & comme un nuage blanc, cet arc commença à s'afloiblir, & à difparoïtre d’abord au milieu ; l'extrémité orientale fe changea enfuite, & forma comme dif férens nuages blancs qui fe mouvant & s’entrelaçant en toutes fortes de direétions, s’'approchoient continuellement vers J'Oueft, région vers laquelle l'arc même s’étoit mû pendant lobfervation ; ces nuages blancs fe changèrent en une raie blanche, large, un peu courbée, qui fe divifa en deux ; on vit dans l'intervalle de ce temps-là, une efpèce de vapeur fous Orion; l'extrémité orientale avoit difparu. Les deux raies, dont on vient de parler, fe réunirent en une feule & D ES: SLCÎTE N'c'E-s. 453 s'approchèrent peu-à-peu de l'Oueft, celle-ci difparut enfin après une heure d'obfervation; cette obfervation fut donc terminée à 9 heures. Ar AAA AT LE. M. Van-Swinden, Avocat, frère du précédent, aperçut le 26 Février, à 9 heures du foir, qu'il y avoit une Aurore boréale ; à 9 heures +, il obferva avec attention, & vit l'horizon légèrement couvert, comme un crêpe noir. Le fegment obfcur s’élevoit fort haut, & s'étendoit beaucoup vers l'Oueft & vers l’'EfF; l'arc n’étoit plus d’une courbure égale, mais formoit de légers zigzags, il y avoit vers l'Eft, dans l'arc, deux petits nuages en forme de bandes noires ; & un autre dans le fegment obfcur à gauche des premiers : au-deflus de ces bandes, il y avoit, dans l'arc même, un endroit beaucoup plus lumineux que le refte : 1e tout étoit tranquille , fans mouvement ni changement ; on voyoit quelques Étoiles à travers de l'arc & du fegment obfeur. A 9" 35°, à peu-près de même; mais l'horizon moins couvert, & plus entre-coupé de raies lumineufes. A Î'Eft, il y avoit un endroit plus fumineux que le refte. A 10 heures, Îe fegment obfcur plus élevé, mais moins clair ; l'arc moins large, le tout plus confus: on voyoit quelques Ltoiles à travers de fegment obfcur. A 1o heures =, le fegment obfcur & Farc moins diftinéts ; mais à Y'Eft le phénomène plus lumineux , il y avoit quelques jets foibles. A 11 heures, il y avoit des jets foibles à l'Eft & à l'Oueit. A 11 heures+, il n’y avoit plus de diftinétion d’arc , ni de feyment obfcur; mais beaucoup de rayons & de gerbes: le ciel pale & étoilé. -1 À rrheures +, le tout étoit fort foible; Je ciel pâle, par-ci par-là; quelques raies blanches avec une très-foible trace de l'arc lumineux. À 12 heures, ciel pale; quelques raies blanches, pâles & tranquilles, À 12 heuresi, de même, À 12 heures+, il ne refle plus rien. 2 M. Van-Swinden obferva pendant le phénomène >» une petite agitation dans l'aiguille aïmantée, 454 MÉMoirEs DE L'ACADÉMIE RoYALE À AuMsTERDAM, par M. Francq de Berkhey. « Le 26 Février, vers les 8 heures du foir, je vis au Suc= oueft un rayon lumineux blanc, très-éclatant & fort large, qui s’élevoit d'un blanc de nuage obfcur, qui s'étendoit, mais en s'affoibliflant vers le Sud-oueft, & fe terminoit au Sud-eft, autant que l'horizon borné me permettoitid’en juger; je doutois d'abord, à caufe de la férénité du ciel, fi ce n'étoit pas la voie lactée, mais la pofition & Îe mouvement fngulier qu'on y obfervoit, me portèrent à en juger autrement, Après avoir obfervé ce phénomène pendant un quart- d'heure, je foupçonnoïs que c’étoit le commencement d'une Aurore boréale, parce que Île nuage noir duquel cette bande s'élevoit, reffembloit parfaitement à un pareil nuage d’une Aurore boréale (ou fegment obfeur), & que le mouvement qu'il y avoit dans l'arc étoit femblable aux élancemens qu’on voit dans les rayons des Aurores boréales ; ce foupçon fut parfaitement confirmé, ayant ouï-dire le lendemain à bien des perfonnes qu'elles ne fe fouvenoient pas d’avoir jamais vu des flammes d’Aurore boréale auffi fortes, & d’une couleur de feu auffi rouge. » En faifant attention à ce fait, & en le comparant à l’oblervation de M.” Efdré, on peut conclure à jufte titre, que cet arc blanc a été pour ainfi dire un avant- coureur d'Aurore boréale, où cet arc s’eft d’abord manifefté fous la forme d’un rayon lumineux, & enfin, fous celle de nuages flamboyans. À FRANCKER en Frife, pa M. Van-Swinden. Le 26 Février, le ciel n’étoit pas favorable à cette obfer- vation, il étoit prefque entièrement couvert, de manière que je n'ai pu voir toute la beauté de ce phénomène; je n'ai pu en apercevoir aucune trace avant 10 heures du foir, cependant, j'obfervois le ciel très-attentivement , étant pré- venu, prefque dès les 7 heures, de cette Aurore boréale, par l'agitation des aiguilles aimantées. Voici mon obfervation. D'£:s SCIENCES 455 À 10 heures, il y avoit un arc informe qui avoit une grande amplitude depuis 77 degrés Eft jufqu'à l'Oueft, & même au-delà, il avoit donc au moins 167 degrés d'ampli- tude : au-deflous de l'arc il y avoit un fegment obfcur , à travers lequel on voyoit les Étoiles. A 40 degrés vers l'Oueit, il s'élevoit de beaux rayons tirant fur le Jaune, mais pâles: l'étoile « de Caffopée étoit plongée dans la clarté : il y avoit par-ci par-à , des nuages qui obfcurcifloient le ciel : Farc n'étoit pas circulaire, mais vifiblement elliptique : les rayons fe mouvoient vers fOueft. À ro heures +, 1e phénomène étoit beaucoup plus irrégulier, il y avoit beaucoup de rayons à l'Ef, l'arc alloit bien au-delà del'Oueft, & même à l'Oueft- quart-fud. À 10 heures+, le phénomène étoit beaucoup plus pile & beaucoup plus interrompu. À 10 heures £ , il finif- {oit: le ciel étoit prefque entièrement couvert, ce qui dura jufqu'à 11 heures?, & je ne vis plus rien de l’Aurore boréale. Pour compléter cette obfervation du 26 Février, on pourra encore confulter le Journal de Phyfique, du mois d'Avril 1777. Page 272. Lettre de M. Pingré, fur l’Aurore boréale du 26 Février, obfervée à Paris. Page 275. Obfervation de la même , à Paris, par M. Détienne. Page 277. La même, obfervéeau Havre-de-grâce, par M. Dicquemare, Page 279. La même, obfervée par M. Deflandes , Chevalier de l'Ordre du Roi, & Directeur de la Manufacture des glaces de Saint- Gobin. OBSERVATIONS de deux Aurores boréales remar- quables des 3 Novembre à 3 Décembre 17737. APTAR FrS, Brouillard épais le 2 Novembre , toute Ia Journée & toute la nuit du 2 au 3 jufqu'à 10 heures du matin du a; qu'il s’eft diffipé, & que le ciel eft devenu ferein : auffi-têt la nuit clofe, la partie du Nord fe trouva confidérablement 456 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE éclairée par une Aurore boréale ; l'horizon d'où partoit cette grande lumière étoit fombre & refflembloit à de la fumée. Cette grande lumière de lAurore boréale prit des formes de parties de cercle jufque vers les 7 heures +, fans gerbes; enfuite, ces parties de cercle fe changèrent en gerbes confi- dérables, d’une lumière blanchâtre, de couleur de feu un peu brune, ces dernières étoient produites par la fumée qui bordoit l'horizon , on y voyoit à peine les étoiles de la grande Ourfe : la fumée ou le fegment obfcur s’élevoit à une affez grande hauteur au-deflus de lhorizon , duquel fortoient beaucoup de matières enflammées femblables à des Étoiles artificielles : le refte du ciel étoit beau ; les toiles paroifloient, mais il y avoit beaucoup de vapeurs répandues dans l'air. Voici mes obfervations. Temps vrai, À 8! 10°. beaucoup de gerbes, & d'une grande hauteur, paroïffent à l'Oucit de couleur de feu, & à l’Eft exactement de même, ainfi qu'au N-N-E; il y avoit auffi un grand nombre de gerbes d’une lumière blanchatre, & brunes. 8. 16, une grande gerbe de couleur de feu, couvroit les étoiles 8 du Cocher, «, B & y d'Androméde. 8. 17, la gerbe couleur de feu qui paroiffoit au couchant, fe diffipa. 8. 18, Une gerbe de feu fe forma au Nord, pañloit par Caffopee, & alloit fe terminer prefque au Zénith : grande lumière blanchâtre au Nord; les gerbes de couleur de feu fe diffipent. 8, 20, grande gerbe qui couvroit les deux étoiles de la queue de Ia grande Ourfe & & e, les dépañoit & alloit couvrir les deux étoiles du quarré de la petite Ourfe B & y, ce qui donnoit la direction de cette grande gerbe de lumiere, 8. 30, toujours beaucoup de lumière au Nord, avec de foibles jets de lumière blanchâtre : fegment obfcur à l'horizon. 8. 33 les gerbes augmentent au Nord: foyer des grandes gerbes k au Levant & au Nord-eft. 99 23, foyer de la lumière à l'horizon O-S-O : fecond foyer à E-N-E, & Ia lumière qui en part fe réunit pres du Zénith, mais elle eft foible; cette rencontre fembloit produire le même effet que le 26 Février, mais cela fut de peu de durée : à quelques degrés au - deflus de l'horizon à E-N-E, la lumière fe croifoit , toujours grande lumière blanchâtre au Nord : le vent S-E & peu fenfble. Temps vraù DES SCIENCES. 457 Temps vrai, À 9 41° gerbe d'une lumière très-blanche, large près de l'horizon : clle va fe terminer en pointe dans la forme de la queue d'une Cométe, couvre les trois étoiles de l'Aigle: l'ex- trémité de la gerbe va fe terminer à 45 degrés au-deffus de l'horizon. | 9. 45, cette gerbe étoit avancée vers le Midi; elle parut enluite flationnaire jufqu'à 9" 50’, en diminuant de hauteur, fans perdre de fa lumière, qui eft très-vive & rétrécie près de l'horizon. 9. 57, cette gerbe trés-rétrécie, paffe par l'étoile 8 d’Antinoüs, laifle l'étoile 8 de Pégafe un peu à la gauche. 10. $, la lumière de Ja même gerbe devient plus éclatante: Ia pointe très-déliée va fe terminer à B de Pégafe, 10. 14, la même gerbe exifte encore, en s’avançant toujours vers le Midi. x0. 21, cette gerbe fe diffipe: toujours grande lumière au Nord. 13. o, le Nord couvert d'un nuage très-fombre, au-deffus duquel il ne paroît plus qu’une lumière très-foible. 16. 30, le nuage diffipé, & il ne refte prefque plus rien de cette grande Aurore boréale. Le 3; Novembre, à 10 heures? du foir, 1e baromètre étoit à 28 pouces 1 ligneZ, & le thermomètre à 6 degrés + au-deflus de la congélation; le vent Eft-fud-ett. À S'ARLAT, dans le Périgord (d). y Le 3 Novembre, à 7 heures£ du foir, l'air étant fort doux, Je ciel ferein, & le vent au Nord ,on aperçut à Sarlat & aux environs, un météore extraordinaire ; le temps s'éclaircit au point que l’on crut qu’il alloit éclore un nouveau jour. Entre le Nord & le couchant, on vit paroître un globe de feu lumineux, & d’un diamètre très-confidérable, qui s'élevoit dans la direétion du couchant d’hiver , il s’en échappoit fuc- ceflivement & à la fois de fortes étincelles, femblables à des étoiles artificielles, & le cercle dont il étoit entouré étoit formé de rayons de plufieurs couleurs, parmi lefquelles on (4) Journal de Bouillon, première quingaine de Décembre 1777, page 45 Mém. 1777, Mnm 2 2 > > > ÿ Ÿ Ÿ Ÿ 458 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALE diftinguoit fur-tout orangé. Lorfque ce globe énorme fut à la hauteur d’environ fix toiles, il en fortit deux efpèces de volcans qui féparés de la matfe prirent la forme de deux arcs- en-ciel, dont l'un fe perdit vers le Nord, & l’autre vers le Levant; alors on s’'aperçut que la maffe fe fondoit infenfible- ment, au point qu'à 8" 5’ tout avoit difparu : ce phénomène n'a été accompagné d'aucune explofion. À CHÂLONS-SUR-MARNE (ke). L’Aurore boréale du 3 Novembre, fut obfervée par M. l'Eftrée, Vers les 7 heures + du foir, le ciel clair & fans nuages, il aperçut une Aurore boréale qui étoit commencée, & qui occupoit un efpace d'environ 140 degrés, depuis le point de l'Équinoxe paffant par le Nord, jufqu'à 50 degrés environ vers l'Eft, formant un arc de près de 30 degrés dans fa plus grande hauteur, partagée en deux portions égales, dont 1a partie la plus proche de l'horizon étoit un fond obfcur, & dont la fupérieure formoit un arc d’une lumière blanchâtre, à travers laquelle on diftinguoit les Étoiles de troifième grandeur. À VIENNE en Autriche (f). La grande Aurore boréale du 3 Novembre 1777, fut obfervée à Vienne; elle y parut très-lumineufe. M. le Comte de Fuentes, qui voyageoit pour fe rendre en Sicile, obferva en allant à Corte, petite ville d'Italie, dans la Corfe, la même Aurore boréale, du 3 Novembre: voici ‘ce qu'il m'en avoit écrit. « Une demi-heure après le coucher du Soleil (c’eft-à-dire à 6 heures & demie) j'obfervai une Aurore boréale ; elle étoit d’un beau rouge, & s'étendoit du Nord-eft au Nord-oueft; mais elle ne dura que trois-quarts d'heure: diflérens nuages & des vapeurs la cachèrent entière- ment. Deux jours après, le 5 , j'en obfervai une feconde, qui fut très - confidérable. » (e) Gazette de France, 1777, n° 96. (f) Gazette de France, 17775 n° 954 DES SCIENCES. 459 AURORE BORÉALE du 3 Décembre 1777, obfervée à PARIS. Le 3 Décembre, à s heures + du foir, le ciel étoit entiè- rement & également couvert d’un brouillard élevé qui tom- boit en pluie très-fine; ce qui me parut extraordinaire, c'eft qu'alors le brouillard étoit d’une couleur rougeûtre fur tout l'horizon , ce qui eut lieu jufqu'à 7 heures que le brouillard fe fépara, pour former des nuages; j'attribuois cette grande rougeur à une Aurore boréale ; le peuple qu'on trouvoit raf- femblé dans les rues, pour examiner ce phénomène, en portoit un jugement bien différent, il attribuoit cette rougeur répandue fur tout l'horizon, à une expérience qui fe failoit alors à la Place de Louis XV, fur l'incendie de deux boutiques ; elles étoient conftruites en bois, & adoffées l’une à l’autre ; l’une de ces boutiques avoit été préparée, par l Auteur d’un fecret, pour pouvoir la préferver du feu; l’autre étoit conftruite fans préparation : on y mit le feu vers les s heures du foir, & en très-peu de temps elle fut dévorée par les flammes qui s'élevoient au-delà de 25 pieds, & que le vent poufloit fur la charpente de la boutique voifme. La première confumée, Jaïfla voir l'autre fur pied, aflez long-temps, brûlant à petit feu, ne produifant que très-peu de flammes, & feulement en quelques endroits. Le Public préfumoit, comme je viens de le dire, que le grand fey de cette boutique avoit éclairé le brouillard, & produifoit l'effet qu'on y remarquoit, c'eft-à- dire, la couleur rouge. | À LimouX, à 4 lieues de Carcaffonne. Extrait d’une Lettre de Limoux, du P. Flandrin, Profef- feur de Philofophie, & communiquée à l'Académie par M, d'Alembert. Le 3 de ce mois (Décembre 1777), à 6h15" du foir, parut tout-a-coup vers le couchant une grande lumière qui s’étendit peu-à-peu & borda en forme de fegment de cercle toute la partie du Nord, quelque temps après on vit Mmm ij 460 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE fortir des arcs lumineux & des colonnes de feu qui chan- geoïient continuellement de forme; la matière fe rangea du côté du Nord, de façon à couvrir toutes les Étoiles qui étoient de ce côté-là, jufqu’à la petite Ourfe ; la bafe de cette colonne pouvoit être de 15 degrés, bientôt elle fe divifa en quatre parties, la plus confidérable refta toujours vers le Pôle, un peu inclinée fur le couchant. À 8 ou 10 degrés vers YOrient, il fe forma une pyramide magnifique qui pouvoit avoir 7 à 8 degrés de bafe, & dont la pointe alloit aboutir à la chaife de Caffopée, fans cependant cacher les Étoiles. La quatrième portion beaucoup moins élevée fur Fhorizon, & ayant beaucoup plus de bafe, s’étendoit en forme de quarré long vers le Nord-nord-eft. À 7 heures +, ce phénomène avoit prefqu'entièrement difparu , & pendant une heure & demie on ne vit du côté du Nord que quelques traînées de feu. Ce ne fut qu'à 9" 20’ que le phénomène fe montra dans la plus grande magnificence, toute la partie orientale voifine du Nord, parut d’un rouge couleur de feu, fillonnée de petites bandes blanches très-luifantes ; fur les 9} 40”, elles eommencèrent à fe difliper, & à 10 heures, il n’en refloit aucune trace. Le vent étoit Nord-nord-oueft foible ; l'horizon du côté du Nord étoit bordé de quelques petits nuages. À PERPIGNAN, par M. Cofta, Profeffleur (2). L’Aurore boréale du 3 Décembre, commença vers les 6 heures + du foir, par plufeurs nuiges d'un rouge fombre, fumeux, répandus çà & là dans le Nord ; les nuages fe réu- nirent bientôt pour ne former qu'un grand brouillard couleur de feu, très-épais dans la partie la plus baffe de l’atmofphère terreftre, & f1 raréfié dans la région fupérieure de l'air, qu'à travers on pouvoit voir les Étoiles de différentes grandeurs, La matière de ce brouillard s’étendoit quelquefois avec une vitefle extrême du Nord vers l'Orient & le Couchant; elle pafloit même alors comme une fumée très-déliéé fur notre (g? Gazeue de France, 1777, n° 1014 DES SCIENCES. 461 zénith pour aller fe perdre dans la partie auftrale de l'horizon. Dans ces momens tout le ciel fembloit embrafé par la matière enflammée du phénomène; trois bandes blanches, prefque demi-circulaires, peu éloignées entr’elles parcouroient fa tota- lité de ce brouillard lumineux, {eur inclinaifon étoit vers l'Oueft ; elles étoient plus larges dans leur partie inférieure que dans la fupérieure. Cette Aurore boréale parut fous une autre forme à 9 heures +; il ne refta alors dans l'air, & feulement du côté de l'Eft, qu'une très-petite quantité de matière enflammée, fuflifante cependant pour rendre cette partie de l’atmofphère vifible, comme une légère fumée de couleur de feu. Le ciel s'étant enfin entièrement dépouillé de ce refte de nuée lumineufe, on vit direétement au Nord de Perpignan, une lumière blanche, claire, tranquille, fans fegment obfcur, fans rayons & fans faifceaux lumineux; elle étoit parfaitement femblable, par fa clarté, au crépufcule du foir. Un 1imbe formant un arc régulier , & d’une fplendeur remarquable, faifoit le contour de cette lumière ; l'étendue & l'élévation de ce limbe n’étoient pas fort confidérables. Vers les 11 heures, l' Aurore boréale fut partagée en deux parties inégales, par une bande obfcure fort étroite & ter- minée en pointe par les deux bouts; la partie fupérieure du phénomène qui réfultoit de la pofition tranfverfale de cette bande, étoit beaucoup plus petite que l'inférieure. L’Aurore boréale continua de fe montrer fous cette forme jufque vers minuit; on n'en vit plus aucune trace une demi-heure après. Quoique le vent du Nord qui eft très-froid ordinairement dans cette failon, eût fouflé pendant tout le jour, à la fm duquel l'Aurore boréale a paru ; le temps a cependant été fort doux la nuit & le jour fuivant. Le mercure s’eft main- tenu dans le thermomètre de Reaumur, entre 842 & of + au-deflus de la congélation; pendant ce même temps, il s’eft abaïflé de quatre lignes dans le baromètre. À Touzon, par M. le Chevalier d’Angos. L'Aurore boréale du 3 Décembre, commença vers les 6 462 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE heures du foir, on voyoit entre le Nord & l'Oueft, cinq amas d’une lumière très-rouge & fans mouvement, point de jets de lumière blanche ; elle fut conftamment la même juf qu'à 7 heures, temps où elle commença à perdre de fon éclat. À 7h20’, on n'en voyoit plus aucune trace; elle ne recommencça pas dans la nuit comme elle avoit fait ailleurs, point de variations dans le baromètre ni dans le thermo- mètre, Le 3 Décembre, à 10 heures du foir, le baromètre à 27 pouces 10 lignes, le thermomètre à 10 degrés au- deflus de zéro; le vent à l'E & beau temps. À SAINT-GALMIER (h). On mande que le 2 du mois dernier ( on a voulu dire fans doutele 3 Décembre), on obferva ici une Aurore boréale, à peu-près dans la même direction que celle du 3 Novembre précédent, laquelle y avoit été également aperçue ; l'orbite de celle-ci étoit moins étendue, fa lumière moins divergente, fa tenue moins longue, & fon foyer plus rapproché de l'Eft. À FRANEKER-EN-FRISE, par M. Van-Swinden. «Le ciel étoit couvert à Franeker, & j'étois occupé à obferver » la grande agitation de mes boufloles, & de demi-heure en » demi-heure, je regardois le ciel, que je favois être couvert ; » un de mes amis cependant me dit qu'un peu après 6 heures +, » tous les nuages qui couvroient le ciel également, étoient d’un » rouge couleur de fang, de forte qu'il en conclut d’abord, » qu'il y avoit une forte Aurore boréale. Un autre de mes amis à » Exmorra, village fitué à trois ou quatre lieues au Sud-oueft » de Franeker, fit une obfervation plus complète : voici ce » qu'il m'en a marqué. , » Le 3 Décembre, à 6 heures + du foir, on vit une couleur » de fang difperfée par l'air; elle paroïfloit tantôt au Nord- » oueft, tantôt au Sud-oueft, tantôt au Zénith: on crut d’a- » bord que cette rougeur étoit produite par quelqu'incendie ; (l) Gazeuede France, 1778, n° 7 Mem. de lAcad.R. des Sc. An.1777 Pag. 462. PL. VIT. HÉMISPHÈRE Ï 1 du milieu du Phenomene observe Le 26. Février 2777: a 8% 307 du Sox, | NorD PLI HEMISPHÈRE AM à RAR 27 que represente l'Etat du Cl, pour le Lempi du milieu du Phenomene observe Le 26. Fevrur 2777. à 8 307 du So. DL Andromede RIT Mer. de UAcad.R. des Se An 2777. Pag-462. Pl. FI, Grande Ourse Arcturus en: de lAcadR. des Se An.1777 Pas 462. Pl IT, les Sd Pleiades LUMIÈRE ZODIACALE obfervée à Nanci le 26. Fevrier 2777 Per M° Mallette Pro/ésreur Royal Emerite en l'Unwernée de cete Ville, et Penuon!* du Rec. # la Chevre à P Arcturus 3e Grave par Ÿ Le Couax d'apres le desnin de M Mullette . DES SCIENCES. 463 mais je m'aperçus qu'un peu au Sud du zénith, on voyoit les Etoiles à travers cette rougeur où elle étoit la plus forte, ce qui me fit penfer que ce n’étoit qu'une Aurore boréale, & en effet je vis peu-à-peu s’élancer de cet endroit des rayons mélangés de rouge qui changeoïent de place à tout moment; ce qui acheva de me confirmer que ce phénomène n'étoit qu'une Aurore boréale; au refle j'ignore s’il y a eu au Nord un fegment obfcur; il y avoit beaucoup de nuages difperfés dans cette partie du ciel. À 7 heures tout étoit à peu-près évanoui, excepté à l'Eft- nord-eft, où il y avoit encore un arc couleur de feu: cet arc étoit terminé en angle aigu vers l'Eft, & couvert au Nord ar de gros nuages. La couleur diminuoit infenfiblement d'éclat vers l'Eft ; if y avoit auffi quelques veftiges de l’Aurore boréale au Nord-oueft & à l'Oueft. À 7 heures + il n’y avoit prefque plus rien, le ciel étoit prefque entièrement couvert de légers nuages; au Nord il y avoit encore par-ci par-là quel- ques taches plus ou moins lumineufes & blanchâtres. » Le même phénomène a été vu à la Haye. Le 3 Décembre, il y eut une grande agitation dans l'aiguille aimantée; le foir vers les 6 heures+, on vit le ciel très-rouge & comme en feu. À 9 heures, le ciel étoit couvert, & il tomboit une petite pluie. : . Je n'ai rapporté les obfervations de ces trois Aurores boréales, qu'à caufe de leurs fingularités; on pourra confulter aufli celle que j'ai obfervée la nuit du 21 au 22 Mai 1762. Mémoires des Savans étrangers , tome VI, page 110, © la Planche du tome V, page 318. M. Van-Swinden annonce dans une lettre à M. de la Lande, qu'il travaille à un ouvrage fur les Aurores boréales , & cela contribue à m'engager à publier ces obfervations. Lû le 21 Juin 1777: 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATION SINGULIÈRE D'une prodigieufe quantité de petits globules qui ont paÿlé au-devant du difque du Soleil, le 17 Juin 1777, depuis 1r heures 46 minutes du matin jufqu'à 11 heures Sr minutes ; obfervée de l'Obfervatoire de la Marine. PA NTE ME SSTE KR A rai occupé depuis le commencement de cette année 1777, à déterminer les pofitions des taches qui paroïflent fur le difque du Soleil: je me fuis propolé de fuivre ce travail pendant un an, & je rendrai compte de ces obfer- vations dans un Mémoire que je me propofe de donner à l'Académie. La détermination des taches du Soleil, pendant une année, pourra procurer des obfervations de la révolution de plufeurs tachés, & fixer d'une manière plus certaine Ia pofition de l'axe du Soleil & la durée de fa rotation; j'y ai employé une excellente lunette achromatique de 3 pieds+ à triples objectifs, & garnie d’un très-bon micromètre à fils. Le 17 Juivr777, le ciel fut couvert péndant la matinée; il tomba une grande pluie depuis 11 heures + jufqu'à 1». heures +; le ciel enfuite s’éclaircit en paitie, & je profitai du moment que le Soleil paroïfloit à travers des nuages rares - pour oblerver la pofition de cinq taches principales qui paroifloient fur fon difque, & que j'avois déjà obfervées les jours précédens : mes obfervations commencèrent à 11"42/; il ne tomboit point de pluie depuis 1 1 heures +; fe baromètre étoit à 28 pouces o ligne+; le termomètre étoit à 16 degrés + de dilatation, + A 11"46, le Soleil étant toujours couvert de nuages rares & clairs, je vis pafler au-devant du difque du Soleil, ayant l'œil à la lunette, une prodigieufe quantité de petits globules, qui PI MSI VS © LE IN: GE- 465 qui paroifloient arrondis, terminés, d’une couleur brune foncée, les globules égaux entr'eux, femblables à un fable fin qui auroit paffé au tamis, & dont les grains auroient été de la groffeur des femences de navet. Ces globules parcou- roient le difque du Soleil dans la -direétion .de lOueft-{ud- oueft, à l'Eft-nord-eft, & cela dans l'efpace de deux fecondes de temps environ; cette direction des globules étoit auffi celle des nuages & du vent, qui régnoit alors à l'Oueft-fud-oueft, qui n'étoit pas confidérable : ces globules , tous terminés, pañloient au-devant du difque en: plus.8& en-moiïndre quan- tités ; le nombre en étoit {1 grand dans des momens, qu'on avoit de la peine à voir les taches du Soleil: ces globules n'étoient vifibles qu’en paflant au-devant du difque ; la durée de leur paffage fut de s minutes de temps environ; vers la dernière minute il en pañloit moins, &z ils ne cefsèrent totale- ment de pañlér que lorfque le nuage blanchâtre devint plus clair, plus tran{parent ; & peu de fecondes.après, le Soleil, fe trouva dans une partie claire qui s'étoit formée entre les nuages. Les globules comparés à l’épaifleur d'un des fils du micro- mètre, me parurent avoir 3 fecondes de diamètre environ. Cite obfervation eft aflez fmgulière, elle eft la feule que j'aie faite de ce genre, & je n’en connois pas d'autre, c'eft pourquoi je la rapporte. Ces globules ne pouvoient provenir fans donte que d'une pluie ou d’une grêle qui tomboit à une affez grande diftance de mon obfervatoire; ce qui paroît étonnant dans cette obfer- vation, c'eft que. fi ces globules! étoient de, la pluie ou de la grèle » ü falloit qu'ils fufent fort éloignés pour qu on püt voir tous les globes terminés , avec la lunette qui étoit en même-temps à fon foyer, pourvoir diftinétement Îe Soleil ; ce ne pouvoit pas étre un eflet des vapeurs de l'horizon, le phénomène, fe .pañloit alors à une trop grande hauteur, le Soleil ayant 64 degrés d'élévation. Si ces globules, qui étoient terminés, arrondis, féparés les uns des autres, & d'un brun foncé , avoient été à une médiocre diftance & à difé- rentes diftances , les effets obfervés n’auroient pas été les Mém. 1777. Nan 466 MÉmMoïrEs DE L'ACABÉMIE ROYALE mêmes ; j'aurois dû les voir confus & mal terminés, puifque lon fait que es objets plus ou moins éloignés demandent qu'on change le foyer des lunettes plus ou moins, pour les aperce+ voir avec netteté. Je joins à cette obfervation un deffin qui repréfente le difque du Soleil, couvert de ces globules, on y verra la direction de leur mouvement qui étoit Oueft-fud oueft à l'Eft: nord-eft, formant un angle de 22 degrés +, avec le parallèle du Soleil, indiqué fur ce deflin par la ligne tracée qui indique le fil du micromètre, qui difléroit peu de la ligne horizontale , le Soleil étant alors près du Méridien. L'on voit par ce deflin, que les globules, au lieu de paroître defcendre perpendiculairement , montoient obliquement de la droite à la gauche , en redreffant la figure que jai repréfentéerenverfée, comme {a donnoit l’inftrument. M. Vallot, a expliqué à l’Académie, dans fon Affemblée- du 12 Juillet 1777, à l’eccafion de mon Obfervation ; comment la pluie ou la grèéle qui tombe, peut paroître remonter fur le Soleil. Voici une Expérience que j'ai faite le 2 Juillet 1777, vers les 7 heures du matin, le ciel étoit couvert, & il y avoit peu de vapeurs, les objets paroïfloient à l'œil terminés à l'horizon , la lunette achromatique étant à fon foyer pour bien voir le Soleil, comme le 17 Juin: je dirigeaï la lunette dans cet état, de mon obfervatoire, fur un moulin de Mont- martre, qui ft à la diftance de 2075 toifes, le moulin ne paroiffoit pas terminé à la lunette; pour le voir terminé, # fallut alonger le foyer de & de ligne. Je dirigeois enfuîte la lunette, reftante au même point, fur un autre objet, beau- coup plus près que le moulin de Montmartre, qui étoit la boule du élocher qui foutient la croix de la Saïnte-Chapelle, éloigné de mon obférvatoire de 285 toifes ; pour avoir la boule términée, ‘il fallut encore alonger le foyer de la lunette de -= de ligne: ainfr, le changement de foyer pour le Soleil aùu moulin de Montmartre fut de € de ligne, & pour Îa différence de diflance du moulin de Montmartre à la boule DES SCIENCES. 467 du clocher de la Sainte-Chapelle, de 2 de ligne; par-là, on peut juger de la grande diftance des globules qui paffoient au-devant du difque du Soleil. J'avois communiqué à M. l'abbé Bofcovich, l'obfervation précédente, il m'adreffa une lettre, dans laquelle il difcutoit trois points relatifs à ce que j'avois obfervé; 1.° ce qui appar- tenoit à la montée apparente, par rapport à la direction du mouvement réel des globules : 2.° à fa grandeur des globes interpolés entre 1a lunette & le difque du Soleil, pour les voir comme des taches oblcures : 3.° à Ia diftance nécef- ‘faire pour les voir avec diftinétion. Sur le premier article, M. abbé Bofcovich fait voir que chacune des trois condi- tions, de la defcente, de l’horizontalité & de la montée réelle, peut fe combiner avec chacune des mêmes conditions du- mouvement apparent, mais que la hauteur du Soleil, l'incli- naïifon de la montée apparente au fl horizontal du micro- mètre, & la direction du vent, déterminent la direction du mouvement réel d'un globe pefant, qui reçoit le mouvement horizontal de ce vent ; & dans le cas préfent , il devoit y avoir une montée réelle , fi l'on fait un changement de quelques degrés dans {a direétion du vent, qui ne fut déter- miné que par un à peu-près. Dans le fecond article, il fait voir qu'un globe plus petit que l'ouverture de l'objectif de la lunette, ne peut pas faire voir une tache obfcure fur le difque du Soleil ; que par conféquent ce phénomène ne pouvoit pas être produit par des gouttes d'eau, mais qu'on peut l'expliquer par des morceaux de grêle d’une grandeur extraordinaire, comme de 4 à $ pouces de diamètre. Par le troifième article, il démontre que les règles de l'alongement du tube de la funette, ne peuvent pas toujours avoir lieu pour les corps que l'on voit {ur le difque du Soleil, en forme de taches oblcures, mais que cependant la direction du mouvement apparent des globules exige une diftance aflez grande pour que l'ouverture de l'objectif ait un diamètre apparent bien petit; & pour le cas préfent, une diftance de 800 à 900 toiles fufht, Nan ij 468 Mémorres DE L'ACADÉMIE ROYALE Je donnerai ici un extrait de cette lettre qui eft intéreffante, Dans la figure L (voyez la planche) ABCD eft un cercle horizontal, dont le plan paie par l'œil O; € le Sud; À le Nord; B VEft; & D l'Oueft; ASC eft le méridien qui pafle par le Soleil S; BSD un demi-cercle, dont l'arc enS per- pendiculaire au méridien, doit concourir avec le fil horizontal du micromètre; Æ eft le premier point d'un petit mouvement réel E J', ou EI projeté optiquement en SF ou en SF fur le demi-cercle GSG', dont le point G refte dans le demi- cercle BCD, ce qui fait que l'arc SG eft plus petit qu'un quart-de-cercle ; l'angle SOG aigu ; SOC obtus; SF une defcente apparente; SF une montée, tandis que les angles SOD, SOB font droits : voici donc la règle générale. Dans le mouvement apparent il y aura une defcente, une horizon- talité où une montée, felon que le mouvement réel fe trou- vera dans un angle aigu, droit ou obtus de la ligne vifuelle, qui va du premier point du mouvement réel à l'œil, avec la ligne horizontale tirée par le même œil dans le même plan que ce mouvement ; le mouvement réel fera defcendant, horizontal ou montant, felon que l'angle O £ 7 ou OE1 , par rapport au fupplément de l'angle £O G ou EOGC, fera plus petit, ou égal, ou plus grand. Chacune de ces trois conditions peut fe combiner avec chacune des trois précédentes. Dans le premier cas, la droite Æ£ 7 continuée rencontrera la ligne horizontale en L vers G', par rapport à O ; dans le fecond , elle lui fera parallèle; dans le troifième , le point L ira du côté oppolé en /, & on aura la montée par Æÿ, Si E H eft une ligne verticale qui tombe äà-plomb fur le rayon OC, le mouvement horizontal AL ou Hi doit être paral- 1èle à la direétion du vent A0 ou mO, & l'arc CG, dans le cas de la defcente réelle, fera plus grand que CM, dans la montée plus petit que Cm, dans l’horizontalité égal à celui du vent: or cet arc eft donné dans le triangle fphérique SCC, rectangle en € par la hauteur CS du Soleil — 644, & par l'angle CSG complément de GSD où de BSF, élévation obfervée de la route apparente avec le fi hori- DES SCIENCES. 469. zontal — 224; cet arc fe trouve — 65415". Si le vent étoit exactement Oueft-fud-cueit, l'arc du vent auroit été — 67130!, c'eftà-dire, Cm, avec une montée réelle; on aura une defcente réelle fi l'on fait quelque changement dans ces données, mais fon obliquité reflera toujours très-grande; on a cette proportion, O0 H — = HLzsn OL ang. = fin. GOM — fin. GM':fn. HO L— fin. COG — fin. CG: L = H fn.C G L : , PEN UE Tin C Ma mecs * Mi eft l'expreffion de la tangente de l'inclinaifon A£E L. NH ne paroît pas qu'on puifle changer la direction du vent de plus de 101, parce que ce feroit trop s'éloigner de l'eftime, & la direction de. la montée, qui eft moins fujette à erreur, de plus de 2<; en retenant CS — 644, & faifant l'angle BSG — 201, on trouve CG — 67457", & en failant CM — 57430", on aura AG — 10127", ce qui donne ee a CE & Vinclinaïon — 77413. Le mouvement horizontal imprimé par le vent auroit été plus que double du vertical. imprimé par la gravité, ce qui eft très-fort pour des mafles ft. lourdes, comme on le trouve dans le fecond article. Dans la figure I, 4 eft le difque du Soleil; LE l'ouver- ture de l'objectif, qui étoit de 4o lignes : fon centre C;: GH un globe; FCf la ligne qui pañfe par fon centre /, & rencontre le difque en Æ ; & {on image ab formée dans le foyer de l'objedif en f; #1, N font les rencontres des lignes. FD, FE avec le diamètre GA prolongé ; ÆL les points: de rencontre des lignes FG, FL avec DE; on confidérera: KL comme égale à GH à caufe de limmenfe diftance du: Soleil Dans ce cas, l'interpofition du globe GA n'ôte à: image du point F en f que les rayons qui tombent fur le: cercle XL, & qui auront à la lumière totale la raifon du: quarré de À L au quarré de D Æ. Une goutte de pluie, qui en tombant a la figure fphérique, n'aura jamais un diamètre: de quatre lignes, pas même de deux; ainfi fon interpofition: 470 MÉmoires DE L'ACADÉMIE Royazr n'ôtera jamais à l’image du point F'en fla centième ni même la quatre centième partie de fa lumière, ce qui n’eft pas perceptible; un globe de 30 lignes de diamètre n'ôteroit que 2- du total: pour ôter toute la lumière à un feul point f de l'image, il faudroit un globe égal à l'ouverture, & pour ôter à un efpace pp toute la lumière d'une partie pp du difque, il faudroit que le globe fût plus grand comme OO. Une petite partie de l'objeif découvert, laifle une lumière aflez forte pour empêcher l'idée d’une tache bien obfcure, comme dans les éclipfes de Soleil annulaires ; l'anneau qui eft toujours bien mince, faifle un jour aflez clair; ainfi, le globe qui formoit une tache de 2 à 3 fecondes de diamètre, doit avoir été plus gros que 40 lignes. La quantité précife des déborde- mens VO, A10* dépend de la diflance, & le jugement qu'on en doit porter appartient au troifième article. M. l'abbé Bofcovich y examine la théorie de l'alongement de la lunette, que j'ai trouvé de Æ de ligne pour une diftance de 2075 toiles, & l’autre, 2 de plus pour une diftance de 28. H propofe Îa formule de l'alongement du foyer de: F' où f eft la diftance du foyer pour les rayons parallèles ; 4 Ja diftance de l'objet; il prend 40 lignes pour la valeur f de ma lunette , ce qui donne pour la première de ces deux diflances 0,13 de ligne, qui eft à peu-près + à la place de £ — +; & pour la feconde 0,94, dont l'excès fur la première eft 0,8 1, qui n'arrive pas à +, & par conféquent, s'accorde affez bien avec mes 2, quoique falongement abfolu s'éloigne affez de mes -£. La petiteffe de f, par rapport à d dans la formule, fait voir que l'alongement eft en raifon réciproque de a diftance d; fi le premier alongement de -& pour la diflance de 207$ toifes, répondoit à la théorie, & qu'on fuppofit fenfible celui de +=, on auroit pour la diftance des globes 12450 toiles, puifque je les ai vus avec beau- coup de diftinétion dans la lunette, qui failoit voir bien terminés les taches & les bords de fon difque. Cette diftance ft exceflive, DES SCIENCES. 471 Mais il ÿ a deux raifons pour prouver qu'on ne peut rien tirer ici de cette théorie pour la diftance, la première et, que par fon application à mes obfervations , on voit bien que la diftance de objet n'entre pas toute feule dans la détermination du foyer, qui donne 1a plus grande diftinétion fenfible, mais que la quantité & la qualité de la lumière y entrent aufli ; la feconde raifon encore plus forte que la première, c'eft que les taches formées par l'interpofition d'un corps au-devant du difque du Soleil, ne font pas formées par des rayons qui partent de ce corps, mais par le défaut de la lumière, partie du Soleil même, & interceptée par le corps opaque. La confufion des objets , qu'on voit paffer devant le difque du Soleil, comme des oïfeaux, a une toute autre origine, & ce n’eft pas l'alongement du tube qui peut rendre la diftinction, mais feulement une certaine diftance plus ou moins grande, felon que l'ouverture de l'objectif eft auf plus ou moins grande. Voici cette théorie. Si l’on tire les lignes DO, EO jufqu'au difque QQ, Vouverture DE fera découverte toute entière pour tous les points de ce difque, quife trouveront hors du cercle QQ'; elle fera couverte totalement pour ceux qui feront dans le cercle PP ; & pour les autres, elle fera en partie découverte, & en partie couverte: on verra une ombre circulaire en PP ænvironnée d’une efpèce de pénombre nuancée , de la largeur PQ, qui fera très-forte vers ? & très-foible vers Q ; cette: pénombre rendra l'ombre confufe , fi la partie fenfible n’eft as bien étroite par rapport au diamètre de l'ombre même: dans cette figure, on a fait cette largeur très-grande, parce que l'on ne peut pas faire l'ouverture DE aflez petite par apport à da diftance E O. La pénombre n’eft pas toute fenfible,. tomme on le voit dans les éclipfes de Lune, où elle doit. être à peu-près égale à fon diamètre, tandis que la largeur de celle qui eft fenfible, & qui rend incertain le moment de l'immerfion & de l’émerfion des taches, n’eft guère qu'un dixième du même diamètre; on ne peut pas fuppoler cette partie plus grande que d’une feconde, ici, où le diamètre de 472 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE la tache obfcure diftinéte étoit de 2 à 3 fecondes ; fr on la fuppofe d'une feconde, l'angle PO Q — DOE refte de 10", qui étant foutendu par le diamètre D E de 40 lignes, donne la diftance £O ou C des toifes, & pour avoir la diftance perpendiculaire à l'horizon , il faut encore la diminuer en la multipliant par le finus de l'élévation de 641 — 0,8988, ce qui laille 858 toiles. La hauteur des grêlons pouvoit bien être encore double ; ce qui auroit augmenté la diftinétion. En fuppofant le diamètre dela tache de 2 fecondes +, celui- ci fera le double de l'angle NEO,quieft à l'angle DOE— 10", comme VO à DE; ainfi NO fera — +DE — 5 lignes ‘dans la fuppoñition de la première diftance, & le grélon de -s0: en doubiant la diftance, on trouveroit 60 lignes, c'eft- à-dire, $ pouces; ainfi on aura des grélons de 4 à $ pouces ‘de diamètre; cette groffeur eft bien extraordinaire, mais il y en a des exemples: le temps n’étoit pasorageux, ni le vent aflez fort pour donner à des mafles fr lourdes un fi grand mouvement horizontal ; mais quelquefois la conflitution de J'atmofphère, dans des hauteurs différentes, n'eft pas par-tout la même. Cette grêle, fi extraordinaire, devoit tomber dans Paris, ou aflez près, & il paroït naturel qu'on en eût entendu parler; mais il peut fe faire auffi, que vu labrièveté de fa durée, & ledocal dans lequel elle n’auroit occafionné aucun dommage confidérable, le bruit ne s'en foit pas répandu : après toutes ces confidérations | M. Bofcovich conclud que la caufe du phénomène ne pouvoit être qu'une grêle extraordinaire, parce qu'on ne peut l'expliquer autrement. Ce ne pouvoit pas être une grande quantité d’oifeaux , comme on pourroit le foupçonner ; l'immenfe multitude s'y oppofe : la forme ronde de globules ne s'accorde pas avec la longueur du corps & la largeur des aïles, & la diftinétion exige une grande hauteur, On ne peut pas non plus foupçonner une :illufion optique dans une oblervation détaillée, faite avec foin, pendant plufieurs minutes, & par un Aftronome accoutum à faire des Obfervations depuis près de trente ans, b LARG OBSERVATIONS cad.À . des Se. An. 2777 Pas 472: PL EX È Ÿ à S » Ÿ # È à $ È à Ÿ à Ÿ $ ebils RBre Jufqu à 1° Pl PT ‘ ul _— j Men: de UAcadR. de Se. An: 1777: Pay 472. PIX. | 2 FIGURE RENVERSÉE Quurepretente Disque du Sole etle Pasrage d'une produreure quantte de petikr Clobules au devantde son Dilque| Observee de l'Obrervatoe de la Marine Le » ty. 27 2777: depuss an A 46. Furqu au! Grave par Fle Couxx d'après le def de M Aofñer - DE, 51 MSN N/EU NU GC. ETS, + an OBSERVATIONS DES ÉCLIPSES , DVENS DATELLITES DE "TUPITER, Faites en 1774 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, avec une lunette achromatique de 3 pieds, dont le diamétre de l'ouverture eft de 27 lignes. Pac END AM A CR IA DD EE MOIS |rEmps & Jours. VRAI, Janvier... 18 Emeïfion du premier Satellite; vent qui on voit difficilement les bandes. Emerfion du premier ; il fait grand vent qui agite la lunette ; Jupiter n’eft pas terminé : on ne voit point les bandes. Immerfion du premier ; ïl fait parfaitement beau : on voit très- diflinétement les bandes. Immerfion du fecond ; il fait parfaitement beau: on voit trés - diflinétement les bandes. Emerfion du fecond ; Jupiter eft encore mieux terminé , & les bandes plus difiinétes qu'au temps de l'immerfion. Il paroïît qu'il a acquis toute fa lumière. Je crois qu'il touche le bord de Jupiter. I{ fait encore une petite afpérité au bord de Jupiter; j'ai les yeux fi fatigués que je ne puis plus continuer l'obfervation. Février... 26 he] Juillet... 3 2615. 30. Immerfion du premier ; % parfaitement terminé, & les bandes très-diflinétes, Méimn, 1777. Ooo Lû agite la lunette; Jupiter efl mal terminé: le 25 Janvier 1775: 474 MÉMOIRES DE Me A TEMPS VRAI. Jours. 28/15. 42. 39 3olr5. 28. 52 30|15« 34 30 Août... er Er |F3"-47"24" L'ACADÉMIE RoYyALE Irmmerfion du premier ; il fait beau : on voit très-diftinétement les bandes. [mmerfion du premier; Jupiter n'eft pas bien terminé, & les bandes ne font pas bien diftinétes. Immerfion du fecond ; il fait beau : on voit diftinétement les bandes. Je crois apercevoir le fecond Satellite qui fort de l'ombre. Emerfion certaine ; il fait parfaitement beau : on voit très- diftinétement les bandes. Il paroît qu'il a acquis toute fa lumière. Je crois qu'il touche le bord de Jupiter. Je vois encore un peu le Satellite qui faig une petite afpérité au bord de Jupiter. Je crois voir le bord du difque de Jupiter uni & fans afpcrité ; il fait parfaitement beau. Le troifième Satellite commence de diminuer. Immerfion du troifñième ; Îe ciel ne paroît pas bien net: cependant Jupiter eft bien terminé, & les bandes très-diftinétes. Émerfon du troifième ; il fait infiniment plus beau qu'au temps de l’immerfion. Je crois qu'il brille avec toute fa lumière, Immeérfion du fecond; il'fait parfaitement beau : on voit très-diftinétement les bandes. Immerfion du premier; ül fait parfaitement beau : on voit très-diftinctement les bandes. Immerfion du premier ; il fait parfaitement beau : on voit très -diftinctement les bandes, CREER PRESSE PÉTER EEE EEE MOIS & Jours, SR 7 EEE RER Ce Septembre. 19 19 26 26 28 Octobre... 3 DES SCIENCES, 475 TEMPS VRAI, 10" 23"18"| Immerfon du fecond; il fait parfaitement beau : on voit très-diflinttement les bandes, 12. 24. 1 8] Immerfion du premier ; mêmes circonf- tances, 13. 3. 14] Immerfon du fecond ; Ie ciel n’eft pas I bien net: on voit cependant diflincte- ment les bandes , & "% cft bien terminé. 14. 20. 42 | Immerfion du premier ; il fait parfaitement 8. 49. 20 he he beau: Jupiter eft bien terminé, & les bandes très -diftinétes. Immerfion du premier ; il fait beau: Jupiter eft bien terminé, & ion voit diftincte- ment les bandes, quoiqu'il foit fort près de l'horizon. Immerfion du fecond ; ïl fait beau : on voit très-diflinctement les bandes, mais le Satellite eft fi proche du premier, qu’il pourroit fe faire que j’eufle marqué cette immerfon trop itard. | Immerfion du premier ; ül faît parfaitement beau, & on voit très-diftinétement les bandes. Immerfion du troifième ; il fait beau : on voit parfaitement les bandes. Immerfion du premier : mêmes circonf- tances. Immerfion da premier ; il fait beau: on voit très-diflinétement les bandes, mais il fait grand jour. Immerfion du premier ; il fait beau: on voit parfaitement les bandes. Immerfion du troifième ; mêmes circonf- tances. Immerfion du premier ; il fait parfaitement beau : on voit très-diftinétement les bandes. Ooo i 476 MÉMOIRES DE MOIS" |TEMPSs & VRAI. Jours. Oûobre.. r9|18" FN 6 CA 2r|10. 20. 48 Novembre. 10| 7+ 50: 54 NE ET EN POI 45 17|Tre 1.034 L'ACADÉMIE ROYALE Immerfion du troifième ; il fait parfaitement beau , & on voit très-diftinétement les bandes; mais il fait grand jour: cepen- dant les autres Satellites font très- brillans, & j'ai vu le troifième diminuer fenfiblement pendant $ à 6 minutes. Immerfon du premier ; il y a des vapeurs dans l'air: cependant Jupiter eft bien terminé, & on voit très-diflintement les bandes. Immerfion du fecond ; ilfait beau: Jupiter eft bien terminé, & on voit très- diftinétement les bandes. Émerfion du troifième : Jupiter eft bien terminé ; il eft ondoyant, & on ne voit pas diftinétement les bandes. Émerfion du premier ; il fait beau : on voit diflinctement les bandes ; mais Jupiter n’eft pas parfaitement terminé. Émerfion du fecond ; il fait parfaitement beau: Jupiter eft bien terminé , & on voit très-diftinctement les bandes. Jupiter fort des nuages ; j'aperçois le troifième Satellite qui eft forti de Pombre, & qui eft encore très-foible: il a augmenté pendant plufieurs minutes. Émerfion du premier ; il fait parfaitement beau : Jupiter eft bien terminé, & les bandes très-diftinétes ; mais le vent agite un peu Ja lunette. Emerfion du premier ; il fait beau: on voit diftinétement les bandes. Je crois apercevoir le troifième. Emerfon certaine du troifième Satellite : il fait beau : Jupiter eft bien terminé ; mais les bandes ne paroïffent pas bien diftinctement, a DES SCTENCESs 477 MOIS |TEMPSs & VRAI. Jours. nn Décembre, 1 3119125 "04" 23| 6. 5.30 23| 7.42. 3 241)12. 3° 15 30| or setr2 3clro. 5.22 30 [O. 30|11.41. 37 30|11. 46.27 31| 6 3.27 Émerfion du premier ; Jupiter eit bien terminé : on voit diflinétement Îes bandes; mais la Lure eft fi proche, que les autres Satellites paroiffent moins brillans qu'a l'ordinaire, Émerfion du premier ; il fait parfaitement beau : on voit très-diftinétement les bandes, Immerfion du troifième ; du moins, je ne le vois plus ; il fait un fi grand vent, & Ia lunette eft fi agitée, qu'on voit confufément les autres Satellites. Emerfion du troifième , affez bonne ; Jupiter eft bien terminé : on voit médiocrement bien les bandes ; le vent continue ; mais j'ai tâché de me mettre à l'abri le plus qu'il m'a été poffible, Emerfion du fecond ; Jupiter n’eft pas bien terminé , & on ne diftingue pas bien les bandes. Emerfon du premier ; Jupiter eft mal terminé & ondoyant : on voit difficile- ment Îles bandes; il fait du vent qui agite la lunette. Le troifième difparoît. Il reparoit. Immerfon certaine ; il fait beau : Jupiter eft bien terminé |, & on voit diftincte- ment les bandes, Émerfion du troifième ; Jupiter eft on- doyant & mal terminé : on voit diffi- cilement les bandes, IL paroît qu'il a acquis toute fa lumière. Emerfion du premier ; il fait beau, mais il fait du vent qui agite la lunette, 478 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLE Obfervatiom de l'Occultation de « du Taureau par la Lune, faite avec une lunette ordinaire de 6 pieds, Pi ne TEMPS VRAI. Jours. Novembre. 18/16 9'48"|Immerfon de « du Taureau , vis-à-vis” de Gaffendi. 18/17. 16. $o|Émerfion dans la ligne tirée de Grimaldi, environ , par Dionyhius & Promentoriun acutum. Dress MS e TE NC RS 479 OBSERVATIONS DES ECLIPSES DES SATELLITES DE JUPITER, Faites en 1775 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, avec une lunette achromatique de 3 pieds de foyer, ê7 27 lignes d'ouverture , qui groffit foixante fois environ. Pa M MARALDI MOIS !rEMps & Jours. pie “ Émerfion du premier Satellite de Jupiter; il fait parfaitement beau. 25] 9. 10. 18| J’aperçois une afpérité au bord de Jupiter; Je crois que c’eft le fecond Sarellite qui fort de deffous Îe difque de Jupiter ; il s’eft couvert enfuite, & je n'ai pas pu le voir pendant toute la foirée. Février... 11/10. 3. 36| Immerfion du troifième ; il fait beau, mais Jupiter eft ondoyÿant & mal terminé; Jupiter s'eft couché avant l'heure de l’'émerfion. 19| $S. 49.20 Émerfion du fecond ; il fait beau: on voit affez bien les bandes, mais Jupiter eft ondoyant ; je n’ai pas vu le Satellite quand il eft forti du difque de Jupiter, & qu'il eft entré dans l'ombre , j'y ai été attentif depuis 6" + jufqu'à 6" 40°; je fais qu’on la vu à Paris , & qu'on a obfervé limmerfion , mais c’eftavec de meilleures lunettes, & qui groffffent beaucoup plus que la mienne. Mars.... 23| 8. 40. 48 Émerfion du fecond ; il fait beau, mais % eft près de l’horizon où il y a quelques vapeurs ; on voit difcilement les bandes, Janvier. … - 7h 7" $5/10 Lü le 4 Juillet 1779: 480 MÉMOIRES DE Le pement unes = menus ee ee CS ge eeé À MOIS | rEmps # VRAI Jours. F Juillet... 257 s' 30 15" Août,.. 7115-24. 12 12, 43e 12 15. 6.47 15. 13° 47 15-1201820 EN On D) Septembre, DENISE L'ACADÉMIE ROYALE Immerfion du fecond; il fait parfaitement beau: on voit diftinétement les bandes; mais il commence à faire jour. Immerfion du premier ; il fait beau : Jupiter eft bien terminé, & on voit bien les bandes ; il y a cependant un peu d’hu- midité fur le verre. Immerfion du fecond ; il fait beau : Jupiter eft bien terminé, mais il eft proche de l'horizon, on voit difficilement les bandes. Émerfion du fecond ; il fait parfaitement beau , bandes. & on voit diftinctement les Il paroît qu’il touche le bord de Jupiter. Le bord de Jupiter me paroît uni. Immerfion du fecond ; il fait beau voit diftinctement les bandes. : on Immerfion du premier; il fait parfaitement beau : on voit très-diflinétement les bandes. Émerfion du troifième ; il fait beau : on voit diflinétement les bandes , mais Jupiter ne me paroît pas bien terminé. Immerfion du premier ; il fait très-beau : on voit très-diftinétement les bandes. Immerfion du fecond ; Jupiter eft bien terminé , mais il eft un peu fombre: on voit parfaitement les bandes; il paf foit de temps en temps quelque nuage. Le fecond fort, il eft encore fi foible, qu'à peine je l’aperçois ; il venoit de pafler un léger brouillard qui avoit un peu offufqué Jupiter, qui eft cependant bien terminé : on voit parfaitement les bandes & les autres Satellites. Je crois qu'il touche le bord de Jupiter. MOIS & Jours. S'CHIE N CE s. 481 RER EN EE EEE ER ETS ENNUPENVES MOIS TEMPS : VRAI. Septembre. 20|15"11"21"| Je vois encore une petite afpérité au bord 22/15. 56. 30 29]17. $2. 9 Octobre... 4117.48. 13 de Jupiter; brouillard qui cache Jupiter & les Plérades totalement. Immerfon du premier; il fait beau : ® eft bienterminé : on voit bien les bandes. Immerfion du premier ; il fait parfaitement beau; 7 eft bien terminé : on voit très- diflinétement les bandes & Îles autres Satellites, quoiqu'il fafle grand jour. On aperçoit encore le Satellite qui eft au-deflus de l'endroit où étoit le premier ; on voit encore parfaitement le plus proche des deux qui font à droite. Le Soleil commence à éclairer le haut des montagnes à l'Occident, &je vois encore Jupiter à la vue fimple. Immerfion du fecond ; il fait fort beau, mais il fait grand jour : cependant on voit parfaitement les autres Satellites , & trés-diftinétement les bandes. 15| 9.45. 17| Immerfon du fecond ; il fait beau : on 15|16. 11.15 17]10. 41. 12 Mén, 1777. voit bien les bandes, mais Jupiter eft un peu ondoyant. L'émerfion n'a pas été vifible, du moins avec ma lunette, je n’ai aperçu aucune afpérité au bord de Jupiter , j'y ai été attentif depuis 1 1h 58’ jufqu'à 12 rs’. Immerfion du premier ; le ciel eft un peu brouillacé | cependant Jupiter eft bien terminé: on voit bien les bandes, Immerfon du premier ; il fait parfaitement beau : on voit. trés-diflinctement les bandes. î Immerfion du fecond ; il fait très-beau: on voit bien diftinétement les bandes. Immerfion du premier ; fl! fait très - beau. on voit trés-diftinétement les bandes, mais il fait grand jour. Ppp 482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE à À Jours ji Odlobre.. 24/12" 35" 55"| Immerfion du premier; ciel un peu brouil- lacé ; Jupiter bien terminé : on voit affez bien les bandes & les autres Satellites. 27|10. 40. 8|Immerfon du troifième; il fait beau: on voit parfaitement les bandes. 27|12. 46. 49| Le troifième n’eft pas encore forti de l'ombre; Jupiter fe couvre, & je ne lai plus vu qu'a 1 3" 1°, que le Satellite avoit acquis toute fa lumiere. Novembre. 9|r0o. $1. 40| Immerfion du premier ; il fait beau : on voit très-diftintement les bandes ; la Lune eft trés-proche. 10/18. 39. 15 | Immerfion du troifième, du moins je ne le vois plus; il fait tres-grand jour, mais il fait parfaitement beau ; on voit bien diftinétement les autres Satellites & les bandes. 14118. 15. 16| Immerfion du premier; il fait grand vent qui agite la lunette ; Æ eft mal terminé, & on voit confufément les bandes. 23|11. 6. 10|Immerfon du fecond; il fait très-beau : on voit très-diftinctement les bandes. 23/14. 35. 57| Immerfion du premier; il fait très-beau, 30114. 40. 31 Immerfion du fecond ; il fait fort beau: on voit très-diftinctement les bandes. 30|16. 27. 49| Immerfion du premier ; il fait beau: on voit diflinétement les bandes. Décembre. 2| 6. 28. 29| Immerfon du troifième ; il fait beau: on voit bien les bandes. 11{| 8. 57. 30| Je crois voir le fecond qui fort del'ombre, ou plutôt de derrière le difque de Jupiter. 11] 8. $9. 9| 11 paroît évidemment ; ïl fait beau: on É voit bien les bandes. 11} 9.25. 13| Émerfion dupremier; il fait beau: on voit parfaitement les bandes. beau. 18/11. 33. 20] Émerfon du fecond ; il fait parfaitement beau : on voit trés-diftinctement les bandes, 20] $. 43. 42| Émerfon du premier; il fait parfaitement beau. Obfervation de l'Occultation de « du Lion par la Lune. Novembre, 16|15. 40. 00 Temps couveït, ce qui empêche d'obferver l'occultation de ; du Lion par la Lune. 16/17. 13. 37| Émerfion de du Lion du difque de Ia Lune ; il faitun peu de vent qui agite la lunette, ce qui a pu rendre cette obfer- vation douteufe de quelques fecondes. RE Ppp ÿ 484 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe = 7 PARENT LT RSR ER ASE ONE SALUE NE TI BSERVATIONS DES ÉCLIPSES DES TATELLCITESN DE UPITER, Faites en 1778 à Périnaldo, dans le Comté de Nice, avec une lunette achromatique de 3 pieds de foyer, èr 27 lignes d'ouverture ; à" qui groffit foixante fois environ. Pa M MARALODIL MOIS |TEmps & . VRAI. Jours. Janvier... 2/17" 3°o0"| Immerfion du fecond; il fait beau. 6|19. o. 47| Immerfion du premier; il fait parfaitement beau, mais il fait grand jour: on voit cependant à la vue fimple le cœur du Lion. 8113. 28. 29| Immerfion du premier; il fait parfaitement beau. 21| 8. 32. 28 | Immerfion du troifième ; Jupiter ondoyant & mal terminé. Mauvaife obfervation. 22/17. 11. 16| Immeïrfion du premier; il fait beau. Depuis le 24 Janvier jufqu'au 20 Février il a fait‘un temps déteftable de pluie, neige, brouillard & vent. Février... 21/13. $o. 5 3| Émerfion du fecond ; il fait parfaitement beau. Marge ste « 00 ]|N6-123:0315 Émerfon du fecond ; le ciel chargé de vapeurs : Jupiter eft cependant bien terminé , mais on voit difficilement les bandes, 2513. 45. $o| Émerfon du fecond , le ciel chargé de vapeurs : on voit dificilementles bandes. 27|12 41. 53 | Émerfion du premier ; il fait beau, ERPEUTS DEP RPEEREET MOIS & Jours, TEMPS VRVI. 0] Emerfion du premier ; il fait fort beau, Emerfion du premier ; Jupiter eft terne & proche de l'horizon : on ne voit point les bandes. Emerfion du premier ; Île ciel chargé de vapeurs ; Jupiter eft cependant bien terminé , mais on voit dificilement les bandes! Mars... .. 29 ZUNE Avril... 3 T4+ 39. 19 Immerfon du quatrième ; il y a un peu de vent qui agite la lunette, & le Satellite ctoit fi proche du P'emier, qu'il a été difficile de déterminer l'inftant de l'im- merfion. Je crois cette obfervation fort douteufe. Emerfion du troifième ; il fait beau: on voit bien fes bandes ; mais cette obfer- vation pourroit être douteufe de quel- ques fecondes, parce que j'ai vu le Satel- lite auffi-1ôt que la lunette a été ajuftée , je venois delaremuer Pour mettre Jupiter au milieu, Immerfion du troïfième ; il ya des vapeurs ; Jupiter ef cependant bien terminé, & on voit bien les bandes. Immerfon du premier ; il fait parfaitement beau. \ Jun 3| 9.48. 17 Émerfon du premier ; Jupiter n’eft pas bien terminé ; ileft proche de l'horizon ; où il ya quelques vapeurs : on ne voit point Îes bandes. Immerfion du premier ; il fait beau, mais il fait un peu de vent qui agite la lunette. Immerfion du premier ; il fait beau ; on voit bien Îes bandes. Immerfon du premier; il fait parfaitement beau, Novembre. Décembre. 19|r6. 24 3 Immerfion du fecond; il fait beau. 486 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Obfervation de l'Éclipfe de Soleil du 24 Juin 1778, avec une lunette de 6 pieds. MOIS TEMPS - I Jours. Tate Jura. 08 24| 4ï21° 1°] Commencement de l’Éclipfe. 24] 5. 17. 23| La plus grande phafe de 7 doigts<. 24| 6. 9. 8| Fin de l'Éclipfe douteufe. 24] 6. 9.19] Fin certaine. DES SCIENCES. 487, OBSERVATION DE LA LUNE, FAITE À L'OBSERVATOIRE ROYAL; Æt comparaifon du lieu obfervé de la Lune à7 du lieu calculé, avec les Tables de M." Clairaut & Mayer, pour le 17 Mars 1775. Par NOT SEE IR Tr E 17 Mars 1775, la Lune à été en conjonction avec Saturne, & aullr avec n & y de la Vierge; de manière que dans l’efpace de 21° 50", la Lune, Saturne & les deux étoiles n & y, ont tous quatre paflé au Méridien, dans le même champ de Îa lunette; ainfi fans avoir aucunement bougé la lunette de mon inflrament mural, les pañlages au Méridien ont été obfervés, & les différences des décli- naifons ont été mefurées avec le micromètre. J’excepte cependant Saturne, dont j'ai cru devoir déduire la décli- naifon pour ce jour, de celle que j'avois obfervée la veille, & «de celle que j'ai enfuite obleivée le lendemain; car le 17 Mars, il m'auroit fallu pour l’obfervation de la déclinaifon de Saturne, mouvoir le miaomètre en fens contraire, ce qui auroit pu produire de la perte de temps, ou, autrement dit, du décompte dans la vis; j'ajoute auffi que mon obfer- vation a été faite à peu-près 14 fecondes après les vrais paflages au Méridien , cette quantité étant à 2 fecondes près du vrai, lorfque la déviation de mon mural eft à la hauteur de 40 degrés: d’ailleurs on fait qu'une auñi petite incerti- tude, en pareil cas, ne peut influer d’une manière fenfble fur les afcenfions droites oblervées. La conjonétion de la | une avec » de la Vierge, eft arrivée, le 17 Mars 1775, à 5" 51/20", & avec y de la Vierge, à15 54 15"; ainli la diflérence des latitudes dans le premier Lû le 1." Avril 1775: 488 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE cas, étant de 146’ 6"; & dans le fecond, de 0/25": on en. conclut facilement que la plus courte diftance apparente du bord inférieur de la Lune à l'étoile x, a dû être ( à 4 18’) de 20! 30", & que la plus courte diftance apparente du bord fupérieur de la Lune à l'étoile y a dû être (à 16" 14°) de 9"30"; mais ces deux obfervations n'ont pu être faites , la première étant arrivée de jour, & la feconde étant arrivée trop près de l'horizon; au refte, elles n’auroient pas de pré- férence fur celle que je donne ici, puifque j'ai obfervé au Méridien même & dans une circonftance favorable: voici donc l’obfervation telle qu’elle a été faite. TEMPS 17 MARS 1775. de la PENDULE. TEAM PIS AP AMUMERENURE vrai, vraie, n.de Ja Vierge.. ..|r2h 13 25"|r2t 18" 44" |414 44 56” Bordfuiv.delaLune|r2. 29.45 |12. 35. 4 |4r. 8. 53 bordfup. Centre de la Eune.| #2. 31. Soi|12. 37. 9:l4r. 10. 7 vide la Vierge..@|r2.3 501151 112. 40. 34/4057: 8 La Lune avoit alors pour Parallaxe horizontales. . ..... TES ON RS MTS RAA EI sis 328 Parallaxe;:de hautéur ct Re RC SRE HAORRR EN 14200 Diamètre shorizomtalls 45 ARRET. 06 1.0 +... 11130.120. Diamètre apparent. ....... velo sie mice sole) sliate elsts 10131024 410È Diamètre en afcenfion droite. ........., dE AEEERS 30. 20. Anomalie moyenne. ...... Ati ERt Se TbF I 70 De plus, le retour des Étoiles fixés au Méridien fe faifoit en 23h 56’ 5”, & les étoiles n & y de la Vierge avoient pour pofition celles que voici. 6 1% 41° 47", longitude. 1. 22. 31, latitude boréale, 182. 6. 24, afcenfion droite apparente, 0. 35. 8, idéclinaifon boréale apparente, y de » de la Vierge, DE SUIS ICIE N'ES. L 6f 71 2° 21”, longitude. 2. 48. 56, latitude boréale. : la Vierge.. # Hi: 187. 34. 44, afcenfion droite apparente. 489 o. 12. 40, déclinaifon auftrale apparente. Préfentement je calcule ainfr l'obfervation, 1. Calcul de la déclinaifon vraie de la Lune. 41% 8° 53", hauteur vraie du bord fupérieur. + 42. oo, parallaxe de hauteur. 41. 50. 53, hauteur corrigée de Ia parallaxe. — 1$. zo, demi-diamètre apparent. 41. 35- 33, hauteur vraie du centre. 41. 9. 48, hauteur de l'Équateur. o. 25. 45, déclinaifon boréale cherchée. 2° Calcul de l'afcenfion droite vraie de la Lune. 186. 12. 10, afcenfion droite du fecond bord, par un milieu pris entre les deux étoiles y & 7. — 15. 10, demi-diamètre en afcenfon droite. 185. 57. o, afcenfon droite cherchée. 12h25. 47 Temps vrai. Ainf le 17 Mars 1775,a... : 12. 43. 29 Temps moyen. On avoit pour Longitude obfervée de la Lune...... re ces MONS AE Longitude calculée felon M. Mayer... ....... NÉ US-NET7 Longitude calculée felon M. Clairaut.......... G« $. 17. Latitude boréale obfervée.................. 2. 45. Latitude boréale calculée felon M. Mayer...... 2e 45e Latitude boréale calculée felon M. Clairaur,. ...., 2, 45: Mém, 1777. Qgg 490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALs Donc pour erreur des Tables, M: Mayeh.. sus coscosesse + 18" En Jongiiude, . .... MAS ICIATARE. 4 ve otaloro so de « ste 120 212 — 16.. MO RMayeTe ns esialateelelalsialaieie es En latitude. ...... MMNCiUEE las ter Quant à l'obfervation de Saturne, je n'en rapporte pas ici le réfultat, parce que je le réferve pour le Mémoire où je difcuterai la totalité des obfervations que j'ai faites fur cette Planète pour fon oppofition avec le Soleil, du 25 Mars de l'année 177 5: DES SCIENCES. 491 PREMIER MÉMOIRE Sur des Déffins trouvés fur l'écorce èr dans l'intérieur d'un gros Hêtre qu'on débitoit en fente. Pa M. FoucEroux DE BONDAROY. Poncxon fa) a envoyé à M. de Malesherbes, une . buche de Hètre, qui préfente une fingularité d’autant plus digne d’être mife fous les yeux de l'Académie, que le fait étant examiné avec foin, confirme ce qu'on a dit fur J'accroiflement des Arbres. M. Ponchon a écrit à M. de Malesherbes, que M. Alcock, Entrepreneur d'une Manufaéture de Boutons à Roanne, faifant débiter en fente des hêtres nouvellement abattus, proche Roanne, le Bücheron voulant refendre avec le coutre une bûche de ces hètres; cette bûche, au lieu de fe féparer à l'endroit &, où l’ouvrier le defiroit, fe fépara d'elle-même plus près du centre de l'arbre, dans une partie c. On vit fur chacune des furfaces de la partie éclatée , les figures d’une croix avec fon fuppoïit, au-deflous deux os croilts en fautoir, des larmes, une pique, & d’autres figures analogues à ce fujet. Ceci fit prèter plus d'attention à l'écorce de ce bois, où lon trouva les mêmes deffins qu'on avoit vus dans l'intérieur de Farbre, Le tronc de cet arbre, autant que nous avons pu juger, eft de 18 pouces 4 lignes de diamètre /), & ces figures foni éloignées de l'écorce de 66 lignes : il eft très-difficile de fixer exactement le nombre des couches ligneufes , qui m'ont paru être de 45 à so, depuis le deffin jufqu’à l'écorce. (a) Docteur en Médecine. (b) Le diamètre de 220 lignes , le rayon de 110, le deflin éloigné de lécorce de 66, & par conféquent de 44 lignes du centre de l'arbre. Qgq i Là le 6 Août 1777. PLANCHE Ï, fig. 1 & 3. * Obfervarion IV de Salomon Reïlel, parties SÈ 7; page o, années 167$ T 1676: 492 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE Les figures paroiffent feulement fur la partie du bois dont nous venons de parler, & on n'en voit aucune empreinte, foit fur les couches ligneufes qui les recouvrent jufqu’à l'écorce, foit fur celles de deffous julqu'au cœur de l'arbre. x La couleur de cette écorce a peu changé dans les parties du deffin: les lignes qui forment le deffin y font feulement un peu moins brunes que l'intervalle qui eft entre ces lignes. Nous avons dit, que dans Ia partie où la büche s’eft féparée d'elle-même, ces deflins étoient repréfentés fur les deux furfaces du bois fendu : les deffins qui font fur ces furfaces font d'une couleur noirâtre , & moins foncée fur la portion de [a büche qui eft plus proche du cœur de l'arbre. Le Peuple, frappé du merveilleux, ne cherche pas à approfondir l'objet de fa fuperftition qu'il porte jufqu’à l'enthou- fiafme ; c'eit ce qui eft arrivé à l’occafion de la bâche dont il s'agit, qui, fans le zèfe éclairé de M. Ponchon & Alcock, eût été il eft vrai confervée, maïs fans aucun avantage pour le progrès de nos connoiffances en Phyfique. Étudions ce fait avec fes circonftances, & voyons s'il ne confirme pas complètement ce qu'on a déjà découvert fur la végétation des arbres. Plufieurs Auteurs ont fait mention de faits, qui, par leur analogie avec celui-ci, méritent d’être rapportés. On a parlé de morceaux de fer, de clous, d’anneaux enfoncés dans de jeunes arbres qui fe font trouvés recouverts par les couches ligneufes, & font reftés enclavés dans le bois /c). On a vu des pierres communes, & même fculptées, ainfi que des croix de métal enfermées dans du bois, & qui font devenues pour le Peuple un objet de vénération. Les Éphémérides d'Allemagne rapportent différentes obfer- vations analogues à celle-ci, & que par conféjuent nous devons citer. * En fendant un hêtre à Hanovre, on trouva entre l'écorce & le cœur de l'arbre, plufieurs lettres majufcules romaines, (c) Voyez l'Hifloire de l’Académie, année 1711, page 56, DES SCIENCE Ss. 493 & Auteur de cette obfervation chercha le fens de ces caractères. Il ajoute que M. Schoœffer lui écrivit en 1674 , qu'on avoit trouvé auffi dans un chêne coupé longitudinalement , une étoile à fix rayons. Dans ce même volume, ( Obfervation 239, page 348) on cite aufli des figures découvertes dans un pommier; mais ces figures étant apparentes dans des arbres coupés en un fens horizontal, nous remettons à en parler plus particulièrement dans un fecond Mémoire: d’ailleurs, on peut douter de {a réalité de ces figures , gi fouvent dépendent du jeu de la Nature, en prétant aux figures ce que l'imagination fuggère. * En fendant un hêtre, le Bûcheron vit avec étonnement entre les couches ligneufes , ja figure d’un pendu ; l'arbre s'étoit partagé de lui-même au lieu où fe voyoient ces deffins. Les figures paroifloient fur les deux portions du tronc de l'arbre qui s'étoient défunies; on y voyoit la potence & la figure du pendu; dans une autre portion de cette büche, on découvrit l'échelle, L bDans le territoire de l’Évêché de Hildesheim , dans le cercle de la baffe Saxe, à un lieu nommé Gibbefen , en fendant le tronc d'un hêtre, on aperçut dans les couches # L rc . JB L » la lettre 7, furmontée d’une croix H. L'auteur de lobfer- vation fe borne encore à chercher l'intention de celui qui a tracé ce deffin fur le hêtre. La Chronique de Breflau, de 1717, fait auffi mention d’un fait femblable au nôtre, Fide Jcriptores rerum Germanicarum. En fciant un arbre, on trouva en Hollande , dans les couches ligneufes , a figure d'un calice, d'où fortoit une épée furmontée d’une couronne, & au-deffous du calice les chifires 167, qui défignoient probablement l'année où l’on aura tracé ce deffin, dont le dernier chifie n’aura pas été marqué fur le bois. A Landshuth, en 1755, on coupa un hêtre, & on vit dans l'intérieur des couches ligneufes les lettres J,C. H. M. * Obfervarion 259, par M, Jean Mayer, année 1688, partie 7, rage 453 b Obfrrvz- lion 2 LA de Jean - Pierre Albrechii, années 1697 Ÿ 1698 4 paries S TE, Page 67e PLANCHE je 494. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE avec les chiffres 7736. M. Adami, Sous-principal du collége de Landshuth, examina les couches concentriques , & en compta dix-neuf depuis le deffin jufqu'à l'écorce. Avant d'expliquer comment cette fingularité a été produite dans la büche de hètre, que nous mettons fous les yeux dé l’Académie, & repréfentée figures 1, 2, 3 © 4, il feroit à propos de rapporter ce que les Phyficiens ont penfé fur l'accroiffement des arbres; mais nous nous bornerons à citer M. du Hamel, qui, après avoir rélumé les obfervations . déjà connues, a établi d'une manière inconteftable , dans fon Traité de la Phyfique des Arbres, que le liber étant converti en bois, ne s'étend point en longueur ni en grofleur; que f'accroiflement en groffeur dépend de Faddiion de nouvelies couches ligneufes, & que l'accroiflement en hauteur provient de l'éruption des bourgeons, qui, fe joignant aux couches ligneufes , forment de nouvelles lames ou cercles concentriques, qui fe recouvrent depuis les racines jufqu'à l'extrémité des bourgeons, Ces couches qui viennent du liber fe forment entre le bois & l'écorce. On peut lire dans la Phyfique des arbres //ivre 1” chap. 3), nombre d'expériences qui prouvent ce que l'on vient de dire for la formation des couches ligneufes; je n’en ciierai qu'une qui a beaucoup de rapport avec le fait que nous examinons. M. du Hamel, dans le temps de Ja sève, leva un anneau d'écorce à un jeune arbre, mefura le diamètre du cylindre ligneux qu'il avoit découvert; il le couvrit d’une feuille d’étain battu, & remit l'écorce à fa place; elle s'y greffa, & ïl fe forma d’épailles couches ligneufes qui couvrirent la feuille d'étain. Quelques années après, il coupa l'arbre en travers à l'endroit où il avoit polé l'étain ; il trouva que la partie d@ bois, comprife par la lame d’étain, n’avoit pas groffi ; mais qu'il s’étoit formé par-deflus: des couches ligneufes, de forte qu'a cet endroit le tronc étoit auffi gros qu'ailleurs. A l'égard de l'écorce, elle ne s'étend prefque point en longueur; les mêmes parties de l'écorce répondent aflez sonflamment aux mêmes parties du bois ; mais elle s'étend en | MERS AUS CGME.N GES 495 largeur pour fe prêter à l'augmentation de groffeur du Corps ligneux. De-là , il arrive que quand on fait un trait fur l'écorce d'un arbre, ce trait refte de la même longueur, mais il au g- menteconfidérablement en largeur ; on peut s'en convaincre en regardant des lettres anciennement tracées fur l'écorce des arbres ou a coupe d’une jeune branche, l'écorce qui seit régénérée fur cette partie enlevée, prend la forme d’une ellipfe, & le plus fouvent d'un triangle, Ce qui regarde la crüe de l'écorce, eft bien établi dans le Traité de la Plhyfique des Arbres, Livre 1", pages 6 , 17 € 29. , Obfervons maintenant plus attentivement le deffin qui s'eft trouvé dans ce bois de hêtre, & comparons-le aux mêmes parties de ce deflin qui fe voit fur l'écorce. Je dois faire remarquer que pour placer le deffin fur a première couche ligneufe avec. plus de facilité, ona pu faire l'ouverture plus grande fur l'écorce, & tracer en plus petites dimenfions le même deflin fur le bois; ainfi nous'ne pou- vons pas prendre une melure de comparaifon entre l'accroif- fement en groffeur de l'écorce, & l'accroiffement du bois, à moinsque nous ne nous arrêtions à des points incommutables. La croix dans l’intérieur du boiïs.a 44 lignes de hauteur, depuis le fupport triangulaire jufqu’à fon fommet; cette partie n'étant pas reconnoiflable fur l'écorce dans toute fon étendue, on ne peut,en rien conclure. Le fupport triangulaire de cette croix a, dans l'intérieur du bois, 27 lignes de hauteur perpendiculaire & la hauteur eft de 31 lignes fur l'écorce /d). Depuis le point où le pied de la croix porte {ur fon fupport jufqu’aux bras de la croix, il y a18 lignes, tant fur le bois que fur l'écorce. En melurant depuis le centre où fe croifent les deux os (d) Nous verrons que cette augmentation de 4 lignes fur l'écorce , provient de: ce, qu’on a ouvert l’écorce de cette quantité en fus du deffin tracé fur le bois. < 496 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE en fautoir jufqu'au pied de la croix, il y a fur le bois 34 lignes, un peu moins fur l'écorce: nous en avons dit la raïfon dans la note précédente. d Ce morceau confirme les expériences & quantité d’obfer- vations qui ont démontré que le bois & l'écorce n’augméen- tent point en hauteur, par afcenfion ni extenfion de la partie déjà formée; car on ne peut pas dire ici que l'écorce s'eft élevée dans la même proportion que Fa fait le bois. Je crois devoir commencer par examiner la diftance hori- zontale entre deux points moins fujets à erreur, je veux parler de la diftance entre les centres des deux extrémités fupérieures des os en fautoir, mefurés fur l'écorce & fur le Fig. 3, 4 bois 4, +. & $° JV.° I. La diftance de ces deux os entre les centres de leurs extrémités fupérieures, fur l'écorce, eftde............ 36 lignes, Sur'le bois der). RER AN CN N2 4 Il me femble que cette mefure peut fervir de proportion pour les autres, & l’on voit qu'elle eft comme 3 eft à 2 /e). Fig. 1 & 3- IN.° IT. La largeur du montant de cette croix, ef [ur l'écorce de 2 1 lignes. Fig. 4 &5. Sie bois Aer RAM LIS ar 02e ONE î Si l’on admet la première proportion , que nous avons cru la moins fujette à erreur, nous n’aurions fur l'écorce qu'une largeur de 9 lignes, au lieu de 21. Mais nous avons prévenu qu'on avoit pu faire une plus grande ouverture fur l'écorce, & tracer fur le bois un deflin moindre en dimenfion que ne l’auroit été l'entame faite à l'écorce; & fi l’on fuppofe que l’entaille fur l'écorce a été plus grande de huit lignes qu'elle ne l'eft fur le bois, on aura 14, qui, dans la proportion de 24 à 36, donne 21. (e) On fe tomperoit fi on vouloit, d’après ces deux arcs & la portion du rayon connu, déterminer le reftant du rayon jufqu’au centre. 1.° Parce que l’arbre ne forme jamais un cercle très-régulier. 2.° Parce qu’on peut fe tromper dans la mefure du diamètre, les fffures de La bûche ne répondant pas précifément de la circonférence au centre de Farbre. Paflons ds sebre ut fat Di: PRE PETNIES pre ae Ag ——————— 72 F l Crmaz = 14 19 pouces Wem de Lle.R: des Je. An-2777: Pay: Sos PL AT. F Z 2 12 18 Founer del DENIS AS CEE N:C ES. 497 Pañlons à une troifième comparaifon. AN.’ III. L'éterdue des deux bras de la croix, eft {ur l'écorce de 6o lignes. Sur le bois elle n'eft que de....,......,.. 32. La proportion de 24 à 36, donne 48 au lieu de 60, ce qui annonce encore que le deflin a été tracé plus grand fur l'écorce, qu'il ne l'a été fur le bois, AN." IV. La bafe du triangle qui fert de fupport à [a croix ; à fur égorce "6... ... se... 073 dignes. DAS MENU terne oi ersn aies asie eee ro A Le Si lon prend Ia première proportion de 24 à 36, la largeur fur l'écorce ne devroit être que de 61 lignes}, au lieu de 73 ; & fi l'on fuppofe l'entaille fur l’écorce avoir eu 49 lignes, on aura, dans la proportion de 24 à 36, 73 lignes. AN.’ V. Dans l'endroit où fe croifent les deux os, ils forment dans leurs jonctions une efpèce de trapèze, qui a dans fa largeur hori- zontale fur l'écorce. .......,...... 17 lignes fore, Sur le bois, cette même partica........ 4. Si l'on admet Ia proportion qui nous a fervi de règle de 24 à 36, nous aurions fur l'écorce 6 au lieu de 17; mais en fuppofant lentame faite fur l'écorce de 12 lignes, nous aurons 18 lignes après fon extenfion. Mais la hauteur perpendiculaire du trapèze que nous venons d'examiner dans fon fens horizontal, étant fur le bois de 6 lignes, cette hauteur ne devroit être fur l'écorce que de 6 lignes, tandis qu’elle eft de 14 lignes; on en peut donc conclure que l'écorce a été ouverte de 4 lignes environ en fus du deffin pofé fur le bois, ou 8 lignes, quand on a ouvert l'écorce des deux côtés du deflin. H paroît donc qu'on a fait une ouverture plus grande à l'écorce, que ne l'a été le deflin tracé fur la couche ligneufe; que le bois n’augmente dans aucune de fes proportions ni en hauteur ni en largeur, lorfque la partie eft devenue une fois ligneufe; que l'écorce n’augmente pas en hauteur, mais Mém, 1777. Rrr Fig. 1 & 3. Fig. 4 & 5. 498 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qu'elle s'étend en largeur pour fe prêter aux additions des nouvelles couches ligneufes qui procurent une augmentation de groffeur aux arbres. Suivons l'examen des dimenfions de ce deffin fur l'écorce, comparées à celles dans le bois; mais nous obferverons qu'ici, Faugmentation de grofleur agit fur les parties placées obli- quement, comme nous allons voir dans les os en fautoir. La longueur d'un de ces os croifés, eft dans l'écorce de.... 73 lignes. Pansiie bois def, 9. CEREUER EEE T2 S'il avoit été placé perpendieulairement, il feroit refté fur. l'écorce, comme dans le bois, de 52 lignes; s'il avoit été lacé horizontalement, il auroit été fur l'écorce de 78 lignes. En fuppofant que la direétion de cet os fait avec la verti- cale, un angle de 45 degrés, on trouvera qu'il devroit avoir fur l'écorce environ 66 lignes +. Mais, comme nous pouvons encore fuppofer ici que l’en- taille fur l'écorce, au lieu de $2 lignes, a été faite de 6o lignes, nous aurons 76 lignes à peu-près. Nous convenons qu'il y a encore beaucoup à defirer fur la formation de l'écorce, fur les moyens qui lui font accor- dés pour fe régénérer, & fur fon extenfion journalière, pour {e prêter à l'augmentation de l'arbre, produite par l'addition de nouvelles couches ligneufes. Nous devons dire feulement au fujet des larmes, de Ia pique, &c. qu'on a ajoutées à ce deflin, que la différence de l'écorce qui a la propriété de s'étendre en largeur, tandis que le bois ne change dans aucune de fes dimenfions, a rendu ces petites figures méconnoiffables fur l'écorce. D'ailleurs, comme j'en ai dejà averti, on n'a rendu de grandeur convenable, les ouvertures faites à l'écorce, que dans la vue d’y placer fur la première couche ligneufe, un defin plus petit & mieux arrêté: je tire les preuves de ce que j'avance ici, d'après l'examen de quelques ouvertures qui, ayant été faites plus grandes fur l'écorce dans le temps même qu'on a formé le deflin fur le bois, ne fe trouvent DES SCIENCES. 499 as abfolument placées comme Îes mêmes parties le font dans le bois, & qui, depuis la crûe de l'écorce, s'y confon- dent encore plus qu'elles ne le failoient dans le temps qu'on les a formées. . Nous avons maintenant un moyen de juger de combien l'entame qu'on a faite à l'écorce, a été plus grande que le deflin tracé fur le bois. I eft prouvé que le bois & l'écorce n'augmentent poin£ en hauteur par l'alongement & l’extenfion de leurs parties; ainfi les bras de la croix qui ont fur le bois $ lignes, ne doivent avoir fur l'écorce que $ lignes de hauteur : cepen- dant l'épaiffeur de ces bras de la croix, eft de 1 1 lignes fur l'écorce; ainft dans cette partie, on a augmenté l'ouverture faite à l'écorce pour placer le deflin de G lignes de plus que n’ont eu les bras de cette croix dans ce deflin polé fur la première couche ligneule. Dans la plupart des autres parties du deflin, j'ai vu cette augmentation de 4 lignes, & de 8 lignes pour les parties du deflin, dont deux côtes fe trouvent le long de l'entaille faite à l'écorce. J'ai cité, en parlant des dimenfions perpendicu- laires du bois & de l'écorce, une augmentation fur l'écorce dont on conçoit maintenant la raïfon. Je ne rapporterai ici qu’une de ces mefures que j'ai obfervée, Au centre du fapport de la croix tracé fur le bois, on voit un nœud x. Depuis ce nœud jufqu’a la bafe de ce fupport, on compte. ... 12 lignes. Et depuis le centre de ce nœud jufqu'a la bafe de ce fupport, fur d'écorcer- 70080 ml le botte Cubes UT DTHÉTENCE Se see nl eme cire ete tele dela Ed C'eft d’après plufieurs remarques, que j'ai cru pouvoir calculer fur une augmentation de 8 lignes, pour l'ouverture faite à l'écorce en fus du deflin, lorfque ce deflin porte fur deux côtés de l'écorce enlevée, & fur 4 lignes quand il ne porte que fur un de ces côtés de l'écorce. Sans prétendre établir abfolument comment ces deflins Rrr ij s00 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE ont été formés dans le bois, ne peut-on pas dire que dans le temps de la sève, lorfque l’arbre n'avoit que 8 pouces de diamètre, on a enlevé l’écorce jufqu'au bois; que l'on aura un peu entamé-pour y former la croix, le triangle qui lui fert de fupport, les os, &c; qu'enfuite on aura placé {ur le bois découvert d'écorce, un corps étranger, foit une lame de métal très-mince, ou qu'on y aura appliqué un fer chaud, ou enfin, ce qui eft le plus probable, qu'on l'aura frotté avec quelque poudre métallique , ou avec une liqueur colorée ? l'écorce fe fera régénérée ; il { fera formé de nou- velles couches ligneufes entre le bois & l'écorce, & ces nouvelles couches ne fe feront point unies à celles dont Fécorce aura été enlevée; car on fait que les couches ligneu- fes étant une fois féparées les unes des autres, ne fe réunif- fent point. Comme le bois n'augmente dans aucune de fes dimen- fions, la croix, entre les couches ligneufes, aura confervé les mêmes Le lien qu ‘elle avoit quand on l'a formée. II n'en doit pas être de même de l'écorce; toutes les parties du deffin qui étoient dans une pofition horizontale, ont augmenté, pendant que celles qui font dans une pofition verticale, ont confervé leur première dimenfion. Pour que ce deffin fe foit trouvé marqué dans le bois, il a fallu que l'écorce ait été enlevée entièrement, & qu'on l'ait wacé & coloré dans le bois; car il faut remarquer que dans le morceau que nous mettons fous les yeux de l'Aca- démie, au-deflous des os qui fe croifent, on voit fur l'écorce plufieurs traits qui, n ayant pas été faits ie profondément, ou qui, n'ayant point été colorés, n ont produit aucune im- reflion fur le corps ligneux. I n'eft pas rare dans les forêts de hêtre, d’y-débiter quan- tité de ces arbres, fur l'écorce defquels on s’eft diverti à tracer plufieurs lettres; mais n'ayant pas coloré la couche ligneufe qui étoit au-deffous de l'écorce entamée, ces traits n Ont laiflé des marques que fur l'écorce, & on ne les retrouve pas dans Îes couches ligneufes. J'ai été à portée de l'examiner DUESS: SUCRE NC Es. soi fur plufeurs arbres, & particulièrement fur des hêtres très- anciens & fur des bouleaux ; d’ailleurs pour qu'on les re- marque , il faut que l'arbre fe fépare précifément dans le lieu où ces deflins ont été tracés. Comme je nai pas été témoin des moyens que fon a pris pour former ce deflin fur cet arbre, & ne pouvant m'en convaincre par une expérience aufli longue que celle-ci, puifqu’elle exigeroit quarante-cinq à cinquante ans, je ne donne ceci que comme des probabilités; mais je crois ce morceau d'autant plus précieux, qu'il offre des faits entière- ment d'accord avec les expériences que l'on a faites pour connoître l'accroiflement de l'écorce & des couches ligneules, & qu'ils confirment les conféquences qu'on a tirées de ces expériences. En lifant ce Mémoire à l’Académie, j'ai appris que M. le Duc de Croy confervoit une büche de hêtre, qui offroit la même fmgularité. I a bien voulu me confier ce mor- ceau pour le montrer à la Compagnie, & ayant cité d'apres des Auteurs plufieurs faits analogues à celui décrit dans ce Mémoire, & que je ne connois que d’après leur témoignage ; j'ai cru à propos d'entrer dans plus de détails fur celui-ci, de l’exiftence duquel on peut s’aflurer, perfuadé que je ferois plaïfir en joignant à mon Mémoire, une defcription & une figure de ce morceau appartenant à M. le Duc de Croy. PLancmr IT, Ce deffin qui repréfente une croix , fe trouve placé entre fee MCE les couches ligneules, & à la diftance de 2 3 lignes de l'écorce La fur laquelle 1a même figure eft apparente : on peut compter environ quatorze couches concentriques, depuis le deffin jufqu'à l'écorce; il en réfulte qu'il s'eft pañlé plus de temps depuis que le deflin a été tracé fur le hêtre que j'ai décrit, que fur celui que j'examine maintenant. La croix a 8 pouces de longueur fur l'écorce comme dans: la couclfe ligneufe , compris fon fupport. La largeur du montant fur l'écorce, à l’endroit où il tient à fon fupport, CINIC RAR ne enlale nie ne ie ce ete men io les a eee 13 lignes. Däns le boïs der s422,.04 40 00% eue mess oneuesse : Sa so2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La traverfe a de longueur fur écorce. ....,.... 4pouc. 3 lig. DAS de Oise SAME Ve ele ete letee es À CEE 3° Oo. La hauteur de cette traverfe, eft fur le bois de... o. 6. Hrturiécorce, elle: els de. 5 2-2 eos Oo. 9. Elle porte fur un trapèze, dont la hauteur fur l'écorce & fur le bois, eft de...... RL ur 19à20;, Saaseur fur l'écorce, Lefider CFE TEEN ENCUNS: Daus le bois de....... [e] ss sers... 1. 2e De forte que, quoique l'intention de celui qui a tracé [e deffin ait été de donner à ce fupport plus de hauteur que de largeur, comme on le voit dans la couche ligneufe , cependant fur l'écorce qui s'étend en largeur & non en hauteur, ce fupport a plus de largeur que de hauteur, La figure efl plus foncée en couleur fur la partie de a büche, à laquelle l'écorce eft adhérente, que fur celle qui eft plus voifine du cœur de l'arbre ; & on fe rappellera que cela eft ainfi fur le morceau que je viens de décrire. Ce hêtre faïfoit partie de la forêt près d’Ardres, à trois lieues environ de Calais /f). Je dois prévenir que j'ai fait des expériences analogues à ces obfervations, dont j'efpère avec le temps rendre compte à l'Académie, ) Depuis que ce Mémoire a été là à l’Académie, la Gazette d’Agri- culture & du Commerce, de Février 1778, me fournit une obfervation trop femblable à celle-ci, pour n'en pas encore faire mention. On abattit dans l’automne 1777, dans la forêt d’Hochberg, un hêtre qu'on débitoit pour le chauffage; en le féparant, on trouva dans les cou- ches ligneufes de cet arbre, les lettres F. W, & le nombre de 1701. Les caracteres & les chiffres étoient appa- rens auffi fur l’écorce; depuis les caraëtères jufqu’à l’écorce, on comp- toit foixante-quinze couches, ou cercles conceniriques , ce qui s’ac- corde. avec l’âge de l’arbre depuis qu’on y avoit tracé ces chiffres, & l’année où on l’a abattu. Cette obfervation de M. Heller, Infpeéteur des forêts du Comté de Hochbere, eft confignée dans les Mémoires de la Société patriotique de Siléfie. . > , L Je remarquerai feulement qu’il m’a paru difficile de compter aflez exac- tement les couches concentriques , pour ne fe pas tromper de quelques années fur l’âge de l'arbre. MES DOC ETNC E 5, 503 EXPLICATION DES FIGURES. PA AN CAHCE PR ELMIÈ RE Fig. r. Le tronc de hêtre pour faire voir comment on les débite en billes, en les fciant dans la forêt. À la partie de ce tronc où fe trouve le deffin. à l'endroit où l'on fe propofoit de le fendre. c le lieu où la büche s'eft féparéc naturellement. Fis. 2. La même bille de bois, dont l’on a ôté la bûche À, où fe trouve ce deffin. Fig. 3. Cette büche À féparée. — B l'endroit où on fe propoloit de le fendre. c; d l'endroit où elle s'eft féparée naturellement. e Ia branche de la croix. — f le fupport de cette croix. 4 l'extrémité inférieure des deux os en fautoir. h les larmes. — 72 des marques qui fe voient fur l'écorce, & non dans les couches ligneufes. Fig. 4. La partie de cette büche qui porte l'écorce, vue en-dedans des couches ligneufes. 1 l'épaiffeur de 1a branche de Ia croix. m largeur ou étendue de Ia bafe du fupport. z le point où les deux os fe croifent. — 9 les larmes. p une partie du bois qui ne s’eft pas féparée , fous laquelle paroît s'étendre le deffin. — 7 deflin qui ne paroît pas fur l'écorce. L'autre partie de la bûche la plus voifine du cœur de l'arbre. r pique vifble fur cette figure, qui ne l'eft pas fur la figure 4. r autre deffin qui ne paroît pas fur l'écorce. s Cpaiffeur de la branche de la croïx. tt les extrémités fupérieures des deux os. Les lettres correfpondent à chaque partie de ces figures. Fig. 8 Fig. 6. L'arbre dans le temps où l'on a tracé ce deffin fur l'écorce, © & fur la couche ligneufe dernièrement formée. 504 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE PÊL AN C HE "SEE O0 ND E. Le tronc de l'arbre © le morceau de hétre tiré du cabinef de M. le Duc de Croy. Fis. 1. Le tronc de l'arbre & Ia bûche vus du côté de l'écorce. Fig. 2. b Ia partie où on vouloit fendre Ia bûche. c l'endroit où eft le deffin, & où la bûche s’eft féparce , Ia croix, fon fupport en trapèze en différentes proportions ; elles font égales fur l'écorce & fur les couches ligneufes, lorfqu’on les examine longitudinalement ; elles font plus grandes fur l'écorce & moindres fur le bois, lorfqu'on les compare tranf- verfalement. On a ôté de ce tronc une partie de la bûche, celle où du côté de l'écorce on voyoit le deffin. Fig. 3. La büche avec fon écorce, & le deflin de Ia croix fur cette écorce. Fig. 4. La croix, telle qu'elle fe trouve dans les couches ligneufes. Fig. j. Cette même croix, auffi dans les couches ligneufes, mais fur la partie de bois Ja plus voifine de l'écorce, femblable à la figure 4, avec la feule différence , que ce deffin eft d'une couleur moins foncée fur la partie de la büche, figure 4, & plus noire fur cette figure 5. EXPÉRIENCES < miss ISrebie nc re 505 meme EAP SERRE -HN.C ES FAITES PAR ORDRE DE L'ACADÉMIE, SUR LE FROID DE L'ANNÉE 1776. Par M." Bézour, Lavoisier & VAT eNpr Re; cos. en nous nommant pour lui rendre compte des Obfervations faites fur le Froid de 1776, en nous chargeant de les difcuter & de déterminer, avec toute {a pré- cifion que cet objet peut comporter , le rapport de ce Froid avec celui de 170 9, NOUS a engagés dans un travail beaucoup plus étendu que nous n’avions lieu de le préfumer. Nous n'avons Pas connoiïffance qu’il exifte à Paris aucun thermomètre authentique qui ait été obfervé en 1709 ; celui même conftruit par M. de la Hire, qui avoit été foigneu- fement confervé à l'Obfervatoire depuis le commencement de ce fiècle, & qui avoit fervi à former a fuite précieufe d'Obfervations météorologiques confignées dans 1e Dépôt de cette Académie, a été brifé il y a quelques années; de forte que nous nous fommes trouvés forcés de renoncer aux obfer- Wations directes, Notre première idée avoit été de reconftruire un thermo- mètre, femblable à celui de M. de la Hire » & d'y rapporter le froid obfervé à Paris, & principalement à 1'Obfervatoire royal, pendant l'année 1 776 : cet objet d’abord ne nous avoit pas paru impoflible à remplir ; nous favions en efiet, d’après les Mémoires de TAcadémie, que cet inftrument nn CR) * Ce Mémoire a été Iû par extrait à l’Académie, à fa Séance de Pâques 1776. I] a été dépofé dans fon entier entre les mains du Directeur de PAcadémie, le 13 Novembre de la même année, & entre celles du Secrétaire le 16; enfin il a été relü dans la Séance particulière du 31 Juillet 17794 Wim. 1777. 06 MÆÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 5 marquoit 48 degrés à la température des caves de lObferva- toire, 32 quand il commencçoit à geler, $ au degré de froid de l'hiver de 1709. Or avec ces données, les principaux points de la graduation paroifloient fufhfamment déterminés. Mais d'un autre côté, il falloit fuppofer que Ie thermo- mètre de M. de la Hire avoit été fait avec un tube parfai- tement calibré, que la température des caves de l'Obfervatoire étoit un terme abfolument fixe, & qui n'avoit point changé depuis foixante ans, que le degré où il commence à geler, étoit le même que celui de la glace fondante ; ‘or nous n'avions rien d’afluré fur ces différens objets; il ne reftoit aucun veflige, ni du tube du thermomètre de M. de la Hire, ni de la planche fur laquelle étoit tracée la divifion, nous . ne connoïflions pas l'efprit-de-vin, avec lequel il avoit été formé; enfin ces incertitudes réunies pouvoient s’accumuler toutes dans le même fens, & donner lieu à des erreurs de plufieurs degrés. Arrètés par ces difficultés, nous avons cru devoir rechercher fi nous ne trouverions pas d'anciens thermomètres, dont la marche auroit été comparée avec celle du thermomètre de M. de la Hire, & fur lefquels on auroit marqué, par des obfervations de comparaïfon bien faites, le degré de froid de 4709. Le Cabinet de l'Académie qui contient un grand nombre d'Inftrumens de phyfique précieux, n'offrit à nos recherches, à cet égard, qu'un thermomètre à elprit-de-vin à grofle boule, conftruit à la manière de M. de Réaumur, & qui pouvoit bién être un étalon fait par lui; cependant comme rien ne nous atteftoit l'authenticité de cet inflrument, & que le froid même de 1709 n'y étoit pas marqué, il ne pouvoit nous être que d’une médiocre utilité; mais il nous donna l'idée de faire Ja recherche des étalons originaux de M. de Réaumur, & nous fumes affez heureux pour en trouver un entre les mains de M. Briflon. Cet Académicien poflède un thermomètre, conftruit, ‘ert 1732, pa M. de Réaumur lui-même, qui a été oblervé par DES SCIENCES. 507 lui pendant tout le cours de fa vie, qui a pafié à M. l'abbé Nollet, & fucceflivement à M. Briffon. Le froid de 1709 étoit marqué fur cet inftrument, & comme nous le dirons bientôt, nous avons lieu de préfumer qu'il n’y avoit pas été légèrement marqué. Certainement à défaut de thermomètres authentiques qui euflent été obfervés en 1709, par des Obfervateurs exas, & d’après la fracture du thermomètre de M. dela Hire, nous ne pouvions rien trouver de plus propre à remplir notre objet ; nous priames en conféquence M. Briflon de confier à nos foins ce précieux inftrument, & il voulut bien confentir qu'il fût détaché de fa planche toutes les fois qu’il feroit néceflaire, & qu’il courût tous les rifques infépa- rables d'une longue fuite d'expériences. Quelque confiance que nous euffions en ce thermomètre; il-étoit néceffaire d’en vérifier les principaux points , ne fût-ce que pour nous aflurer que le temps ne l'avoit pas altéré. Il eft bon d’avertir que d’après une vérification faite en 1742, par M. l'abbé Nollet, & dont il avoit été fait note de fa main, fur fa planche même, ce thermomètre mis dans Ja glace pilée, étoit defcendu d'un feizième de degré environ au-deffous de la ligne marquée par M. de Réaumur, pour le zéro de fon échelle; ayant répété cette même vérification, & ayant laiflé ce thermomètre pendant plus de vingt - quatre heures dans de la glace fondante, nous avons vu avec éton- nement que le terme de la congélation étoit encore d’environ un fixième de degré plus bas que M. l'abbé Nollet ne T'avoit marqué, c’eft-à-dire, de près d’un quart de degré au- deflous de la ligne marquée par M. de Réaumur. Comme il eft difficile de fuppofer que ces deux Phyf- ciens zient commis une erreur dans une expérience auf fimple, & qui devoit {eur étre auffi familière, fur-tout à M. l'abbé Nollet à l'époque où il l’a faite, nous avons été forcés d'en conclure que le thermomètre de M. de Réaumur avoit varié depuis le temps qu'il avoit été conflruit, & que l'elprit-de-vin dont il étoit formé, avoit reçu asian altération; ‘ ÿ PRE LU 508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE nous crumes même avoir trouvé une caufe très-probable de cette variation: En eflet, M. de Réaumur avoit introduit dans la boule de ce thermomètre une quantité affez grande de grenaille de plomb, dans la vue d'en diminuer la capa- cité intérieure, & ce plomb s'étoit en partie calciné à Ia furface : or il ne pouvoit avoir été réduit dans cet état que par des principes qu'il avoit enlevés à l'efprit - de- vin; ce dernier avoit donc fouffert une altération quelconque, & en effet en remuant le thermomètre, on voyoit un léger dépôt gris limonneux, qui s'étoit formé au fond, & qui troubloit toute la liqueur. Après avoir ainfi éprouvé ce thermomètre dans la glace fondante, il ne nous parut pas moins important de le porter aux caves de l'Obfervatoire; nous le laïflames pendant deux jours fur la tablette ordinaire fur laquelle on a coutume de pofer les thermomètres dans ces caves, & nous obtinmes que l'entrée en fût interdite à toute perfonne pendant cet intervalle. Au bout de ce temps, nous trouvames la liqueur du thermomètre à o degrés +, tandis que cette température avoit été marquée par M. de Réaumur à 10 degrés + fur l'échelle même du thermomètre. Cette feconde épreuve étoit une confirmation de Ia pre- mière, elle annonçoit également une altération, & dans le mème fens; mais ici la différence fe trouvant de trois quarts de degrés, tandis que celle obfervée à la glace, n'alloit pas à un quart, nous avons cru pouvoir foupçonner qu'une autre caufe fe compliquoit à la première, & que de deux chofes lune, ou la température des caves de l'Obfervatoire n'étoit pas abfolument fixe, comme a penfé M. le Gentil, & comme l'a reconnu plufeurs fois M. Briffon; ou que cette température avoit été marquée trop haut par M. de Réaumur fur fon thermomètre : nous nous propofons de revenir fur cet objet dans la fuite de ce Mémoire. Quoique ces obfervations tendiffent à nous faire regarder gomme moindre qu'elle ne paroïfloit, l’altération furvenue BAE NS STCUL. x, NPC ENS. 509 au thermomètre de M. de Réaumur, il n’en réfultoit pas moins qu'il avoit reçu une altération quelconque; mais cette altération, quoique fenfible, ne pouvant; ainfi qu’on le verra bientôt, changer que d’une très-petite quantité les confé- quences que nous avons à tirer, cette quantité même étant fufceptible d'être appréciée avec une aflez grande précifion; enfin ne pouvant d'ailleurs employer aucun inftrument de cette nature qui ne comportit plus d'incertitude, nous avons penlé que ce moyen étoit encore le plus für que nous puf- lions employer pour remonter au froid de 1709. Ce premier point réfolu, il ne s’agifloit plus que de rap porter à ce thermomètre toutes les obfervations faites à Paris en 1776, & pour y parvenir il étoit néceffaire que les proprié- taires des thermomètres qui avoient fervi aux obfervations, vouluflent bien nous les confier, que nous les détachaffions de leurs montures pour les ramener, par un froid artificiel, dans les environs du degré obfervé fur chacun d’eux en 1776; enfm que nous obfervaflions le degré marqué par le ther- momètre de M. de Réaumur, plongé dans le même bain & amené à la même température, Quelques fimples que paruffent ces opérations, le nombre des thermomètres, qui fe trouva de trente-huit, les rendoit embarraffantes. Placer un auffi grand nombre de thermomètres dans un bain de glace & de fel marin, comme on a été jufqu'ici dans l’ufage de le faire pour produire un froid artificiel, nous a paru um moyen très-fufceptible d’erreur : comment répondre en effet que le mélange de la glace & du fel feroit affez exa@tement fait pour que le degré de froid füt le même dans toutes les parties de la mafle? Ne pouvoit-il pas y avoir plus de feL dans une partie que dans une autre? Ce fel ne pouvoit-il pas fondre plus ou moins aifément! Enfin le fel & la glace formant une maffe concrète, qu’on ne peut pas remuer comme un fluide, la furface, qui a le contaét de Yair chaud, ne devoit-elle pas fe réchauffer plus vite que le centre, & le voifinage des parois du vale ne deyoient-ils Cetteidéenous a été fournie par M. Baumé. 10 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE pas tendre les premiers à fe rapprocher de Ia température de l'air extérieur? L'influence de toutes ces caufes nous a paru pouvoir occafionner des différences très - fenfibles dans les réfultats, & nous avons cru en conféquence devoir procéder un peu différemment qu'on n’a coutume de le faire. Nous avons bien employé un mélange de fel marin & de glace pour produire le froid artificiel ; mais au lieu de plonger les thermomètres dans le mélange même , nous les avons placés dans un vaifleau rempli d’efprit-de-vin, que nous avons mis, en quelque façon, au bain-marie dans le milieu du mélange. Cette précaution ne nous a pas paru même encore fuflfante : on fait que le baïn-marie ne prend jamais exactement le degré de chaleur de l’eau qui l'environne, il eft toujours de quelques degrés en retard : fans difcuter ici la caufe de ce phénomène, il pouvoit en être de même jufqu'à un certain point, pour le froid, & if devoit en réfulter, que les parois du vafe intérieur feroient plus froides que l'efprit-de- vin contenu ; il étoit donc important que les thermomètres ne touchaffent ni le fond ni les parois du vafe: il pouvoit fe faire d’ailleurs, que toutes les couches du fluide ne fuflent pas également refroidies, & quoique nous nous fuffions propolé de remuer fouvent la liqueur , il nous a paru encore plus exact de fufpendre tous les thermomètres à peu-près à une même hauteur. Une circonftance à laquelle nous devions nous attendre ; c'eft que le thermomètre-étalon de M. de Réaumur, comme beaucoup plus gros qu'aucun de ceux fur lefquels nous opé- rions, ne prendroit que lentement la température du bain; & que fa marche feroit beaucoup plus retardée que celle des autres thermomètres : il étoit difücile de lever complètement cette difficulté; mais nous avions deux moyens de réduire l'erreur qui pouvoit en réfulter, à une fraction de degré infenfible, & pour ainfi dire nulle. Le premier confiftoit à faifir pour la comparaifon des ther- momètres, l'inflant où le gros thermomètre de M.deRéaumur ; BCE 61 SAUCE E N° CES st après avoir infenfiblement defcendu , feroit demeuré quelque temps flationnaire. Le fecond, à maintenir fort long-temps le bain d'efprit- de-vin au plus grand degré de froid auquel il püt parvenir, afin que tous les thermomètres, gros comme petits, euflent le temps fufhfant pour prendre la température commune. Nous avons rempli ce dernier objet, en faifant dans de très-grandes proportions le mélange qui devoit produire le froid artificiel. Nous avons employé en conféquence cent livres de glace pilée, & cinquante livres de fel marin. Cette expérience a été faite dans le courant du mois de Février x776, & elle a commencé à 11 heures 15 minutes du matin. Le thermomètre-étalon de M. de Réaumur ne ceffa de defcendre jufqu’à plus de deux heures, il étoit alors à près de 13 degrés au-deffous du terme de la congélation, & le mélange extérieur étoit à 1 6 environ: nous effayames en vain, en remuant pendant plus d'une demi-heure Îa glace & le {el avec des fpatules de bois, de procurer au bain d’efprit- de-vin & aux thermomètres qu'il contenoit, un degré de froid plus fort, il étoit trop tard, & nous nous aperçumes, même pendant les derniers inftans que nous nous occupions de ce foin, que le thermomètre de M. de Réaumur étoit remonté de 12 degrés à 12 degrés +. Nous nous hâtames en con- féquence de fixer les foies que nous avions nouées d’avance autour des thermomètres, & de les affurer par un double nœud, le tout fans fortir les thermomètres au-delà de ce qui étoit néceflaire pour apercevoir dans le tube le haut de la colonne de mercure ou d’efprit-de-vin. Nous nous étions f bien préparés à cette opération, qu’elle fut faite en moins de cinq minutes, l On conçoit combien il étoit important de mettre une grande célérité dans cette partie de l'expérience , afin qu'il n'y eût pas de variation fenfible dans le degré du bain, pendant tout le temps de la fixation des foies, $r2 Mémotres DE L'ACADÉMIE RoyALe La colonne 8 du Tableau joint à ce Mémoire, préfente le réfultat de cette première expérience pour chacun des thermomètres. Quelques précautions que nous euflions prifes, nous ne tardames pas à fentir, qu'ayant manqué le temps pendant lequel Le grand thermomètre de M. de Réaumur avoit été flationnaire , il devoit en rélulter une erreur; en effet, ce thermomètre pendant qu’il remontoit avoit dü néceflairement être en retard fur ceux dont la boule étoit plus petite, & marquer par conféquent un froid plus grand que celui du bain; mais-comme il nous étoit impoñlible d'apprécier avec juftefe la quantité de cette erreur, nous crumes devoir re= garder cette expérience comme infufffante , & nous nous déterminames à la recommencer, fauf à voir fi un fecond réfultat ne pourroit pas nous éclairer fur le premier, & nous mettre à portée d'en tirer parti. Le trop grand nombre des thermomètres ayant compliqué beaucoup cette première opération, & l'ayant rendue extrè- mement embarraffante, nous avons cru devoir choifir dans la feconde, ceux qui, d’après les épreuves auxquelles ils avoient été précédemment foumis , nous paroitroient avoir la marche la plus régulière. Notre choix s’eft fixé fur les trois thermomètres à mercure; numérotés 7, 23 © 36, & fur les cinq à efprit-de-vin, numérotés 1, 9, 13,25 © 34. Nous avons pris pour placer ces huit thermomèires & celui de M. de Réaumur dans le bain d'efprit-de-vin, un vafe beaucoup plus petit que le premier, afin d'obtenir un degré de froïd plus confi- dérable; enfin, nous avons employé de la glace mieux pilée: d'après ces précautions, nous fommes parvenus à faire def. cendre le thermomètre-étalon de M. de Réaumur jufqu'à 16 degrés au-defflous de la congélation, & quand nous l'avons vu conftamment ftationnaire à ce degré, nous avons fixé avec beaucoup d'exactitude , & en même-temps de célérité, les {oies à l'endroit où répondoit la liqueur des autres thermomètres ; Sn DEMSP BAC LE NN CE Si 513 thermomètres: cette opération a duré trois à quatre heures, comme fa première, mais 1a fixation des foies n’a duré que quelques minutes. | La neuvième colonne du Tableau placé à la fuite de ce Mémoire, en préfente le réfultat. On a vu plus haut, que le but de a feconde expérience avoit été en partie de nous éclairer fur l'erreur de {a pre- mière : en effet il eft évident qu'ayant, par un réfltat exact, la relation de huit thermomètres avec celui de M. de Réau- mur, & ces thermomètres ayant été communs aux deux bains, il étoit facile d'en conclure le degré qu'avoit dû marquer le thermomètre de M. de Réaumur dans le premier bain, & par conféquent de déterminer de combien il étoit en retard. Le rapport de dilatation n'étant pas le même pour l’ef Prit-de-vin & Pour Île mercure, nous avons cru ne devoir employer pour cette détermination que des thermomètres à efprit-de-vin, & en conféquence nous avons fait l’analogie qui fuit. Si le degré obfervé dans le Jecond bain, répond à 16 degrés du thermomètre de M de Réaumur; à ccmbien devoit répondre le degré des mêmes thermomitres , obfervé dans le premier bäin ! Le calcul nous a donné les rélultats fuivans : it Ë INSERT D TPS AU MIO TAG 2 me 11,88. AÈ AM GER 16,87 : 16 : : 12,87 : x — T1,97. es ! L À INTER. 175333: 16:: 13,40 : x — 12,27. Phepnometres N° 342.4 N'r6,90% 16 :: 12,50 :# = 11,84. . ROME MEME 1 here 48,06. Détermination moyenne........ 12,01. On voit, d’après ces calculs, que le thermomètre de M. de Réaumur dans le premier bain, au lieu de maÿquer 12 Mer. 1777: tt siæ MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE degrés +, comme le donnoit l'obfervation directe, n’en devoit marquer que 12. Si l'on confidère de plus que de ces quatre obfervations, trois s'accordent prefque parfaitement entrelles, & que celle n° 13 feule s’en écarte de plus d’un tiers de degré, on pourra former quelque doute fur l'exactitude de cette obfer- vation, & en l’écartant, on aura pour le degré moyen du thermomètre de M. de Réaumur dans le premier bain 11,89, ce qui ne diffère que d'un dixième de degré de la première détermination. H fera aifé d’après cela de former pour le premier bain un tableau femblable à celui formé pour le fecond, & de tirer ainfi parti des obfervations faites avec les trente thermomètres qui ne font point entrés dans Île fecond bain : il eft vrai qu'on ne pourra pas accorder à ces déterminations abfolument le même degré de confiance qu'aux autres; mais la confor- mité des rélultats eft cependant telle, qu'elles fe prêtent un appui mutuel. Quoique les deux expériences dont nous venons de rendre compte, & fur-tout la dernière, fuffent fufffantes pour nous conduire aux conféquences que nous avions à tirer, nous avons cru cependant, pour compléter davantage notre travail, & pour être en état de mieux juger de l'état des thermomètres ui nous avoient été confiés, devoir les éprouver dans de Ia glace fondante & aux caves de l'Obfervatoire. Les colonnes 6 & 7, préfentent le réfultat de nos expériences. Celles fites dans les caves de lObfervatoire, ainf que nous l'avons déjà annoncé à l'égard du thermomètre-étalon de M. de Réaumur , nous ont préfenté beaucoup plus de difficulié que nous ne nous y étions attendus; & comme les mêmes caules d'erreurs que nous avons éprouvées ont pu influer fur l’exaétitude des obfervations qui ont été faites jufqu'a ce jour, nous croyons qu'il ne fera pas inutile d'entrer ici dans quelques détails, La préfence d’une ou de deux perfonnes dans ces caves D'ÉPMENISLCHINE IN ACÉE LS sis fafit pour en changer en très-peu d’inftans, fenfiblement, la température, au moins dans les environs de Fendroit où elles fe tiennent ; cet effet peut produire aifément une erreur d'un demi-degré, & elle peut devenir beaucoup plus confi- dérable fi le nombre des afliftans eft plus grand, & fi les flambeaux ou bougies font multipliés. ; Cette différence de température eft très-durable, & des + thermomètres qu'on a vu monter ainfr infenfiblement en raïon de la préfence des affiflans, n'ont fouvent pas repris entièrement leur température au bout de douze , quinze & dix-huit heures. On voit par-là, combien les obfervations du thermomètre, faites dans les caves & dans les lieux fouterrains , exigent d’attentions, puifque l'obfervateur porte même avec lui une fource d'erreur , & qu'il faudroit pour étre afluré qu'elles fuffent à leur véritable température , qu'il ny fût entré perfonne pendant les jours précédens. N'y auroit-il pas d’après cela quelques doutes à former fur l'exactitude d’une partie des obfervations qui ont été faites, jufqu'à ce jour, dans les caves de l'Obfervatoire ? Nous fommes très-portés à le croire, & il nous paroît vraifemblable que nous n'avons trouvé leur température plus froide que ne l'avoit déterminé M. de Réaumur, qu’en raifon des précau- tions particulières que nous avons prifes, & que peut-être il avoit négligées : nous reviendrons encore fur cet objet avant la fin de de ce Mémoire. Pour nous aflurer d’abord que la chaleur du corps des Obfervateurs n'apporteroit, dans nos expériences , aucun changement à Ja température marquée par les thermomètres au moment de l'obfervation, nous avons cru devoir les tenir plongés dans un bain d’eau. Nous avons fait faire dans cette vue une longue boîte de fer-blanc, dans laquelle tous les thermomètres pouvoient être rangés : cette boîte portoit à fes deux bouts, deux montansde bois qui étoient réunis dans le haut par une traverfe , à laquelle étoient attachés les thermomètres. EL Cette idée eft de M. Baumé. 516 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE I eft évident que, d’après cette précaution, la chaleur de l'Obfervateur ne pouvoit occafionner aucun effet fenfible fur les thermomètres pendant le peu d’inftans que devoit durer l'obfervation, puifque cette chaleur fe trouvant répartie dans une mafle d’eau de douze à quinze pintes, elle ne pouvoit en changer qu'à la longue la température. Nous avons cru devoir en outre laifler ces thermomètres pendant trois jours dans les caves de lObfervatoire, & pen- dant tout ce temps, l'entrée en a été défendue. Nous avons jugé que cet intervalle étoit fufffant pour ramener Îa tempé- rature à fon degré naturel, en fuppolant que la préfence de ceux qui avoient placé les thermomètres, l'eût fait varier de quelque chofe. Enfin pour marquer la hauteur de la liqueur dans les thermomètres, on s’eft {ervi d’un pinceau très-fin , trempé dans de la peinture rouge à l'huile, & cette opération a été faite avec beaucoup de célérité. Nous croirions fuperflu d'entrer dans de plus grands détails fur nos expériences, & fur les réfultats qu'elles préfentent ; on les trouvera d’ailleurs réunies dans le Tableau que nous avons déjà annoncé , & qui fe trouve à la fuite de ce Mémoire. Nous nous contenterons en conféquénce d’y renvoyer, & de rappeler fuccinétement ici le titre de chique colonne, La colonne N.° 1.”, indique le numéro que nous avions donné à chaque thermomètre, & que nous avions coté, tant fur la planche que fur {a partie fupérieure du tube. La colonne N.° 2 , indique le nom de ceux auxquels ils appartiennent & qui les ont obfervés. : Celle N° 3, leur demeure, & par conféquent les quartiers de Paris où les thermomètres ont été obfervés. Celle N° 4, l'efpèce des thermomètres , s'ils font à mercure ou à efprit-de-vin. Celle N° ÿ, le nom des Conftructeurs. Celle N.° 6, le degré qu'ils ont marqué dans la glace fondante. Celle N.° 7, le degré qu'ils ont marqué dans les caves de l'Obfer- yatoire, après plufeurs jours d’expofition. . Celle N° 8, le degré qu'ils ont marqué dans le premier bain de fel & de glace. DAEMEMISNCAISE, Nic Es. S17 Celle N.° 9, le degré qu'ils ont marqué dans le fecond bain de fel & de glace. Celle N.° 10, le degré de froid qu'ils ont marqué le 29 Janvier 1776, Celles N.* 11 à’ 12, le degré de froid du 29 Janvier 1776, exprimé en degrés de l'échelle de l’étalon de M. de Réaumur. Enfin nous avons marqué dans les colonnes 13 ér 14, Île degré auquel feroient defcendus chacun de ces thermomètres, s'ils avoient été expofés à un degré de froid égal à celui de 1709. En réfléchiffant fur les réfultats préfenté és par ces différentes cojonnes, & fur-tout par celles 71 © r2, on remarquera 1. que le froid de 1776, rapporlé au HO ElEE étalon ii M. de Réaumur, n'a pas excédé, le 29 Janvier au matin, degrés + dans les quartiers les plus méridionaux de Paris, id que l'Obfer vatoire, le Luxembourg , l'École m Pres 2e | que le froid paroït avoir été un peu plus fort dans les quartiers {eptentrionaux, tels que de Palais royal & fes environs: 3. que l'obfervation de M. Mefier, porte le froid à 14 degrés, c'eft-à-dire, à un demi- degré au-delà de prefque toutes les autres, ce qui peut tenir à l'élévation du lieu, à la manière dont 4 thermomètres étoient ifolés, à l'heure à laquelle Fobfervation à été faite, & à différentes circonftances locales : 4.” qu’en partant des rélultats de FObfervaioire aux- quels il paroïit convenable de rapporter les nôtres, puifque c'eft dans ce lieu qu'ont été faites les obfervations 4 1709, & en fuppofant que le froid de 1709 ait été de 1 5 degrés+, comme il eft marqué fur le thermomètre de M. de Réaumur, Je froid de 1776 auroit été moindre de 2 degrés. $.° Enfin que dans le grand nombre de thermomètres que nous avons mis en expérience , il n'en eft aucun qui, rappor té au ther- momètre-étalon de M. de Réaumur, ne s'accorde à prononcer que le froid de 1776 a été dre que celui de 1709, au moins d'un degré. e2- Mais une circonftance que nous ne devons pas paffer fous flence, c’eft que fe 29 Janvier n'eft pas le jour du plus grand froid, comme une partie des Obfervateurs font conclu, puilque le thermomètre eft defcendu le 31, entre 7 & 8 139 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE 5 heures du matin à l'École militaire, un demi-degré plus bas que le 29, & plus d'un degré plus bas, fuivant les obfervations faites par M. Vallot, au petit Luxembourg. Cette circonftance nous a été confirmée par M. de Borda, qui a obfervé la même chofe, rue des Capucines; enfin il réfulteroit des obfervations de M. Vallot, que le 1. Février, à 6h 45’ du matin, le-thermomètre eft defcendu encore un peu plus bas que lés jours précédens. Ce plus grand froid au furplus ne répond encore qu'à 14 degrés de l'échelle de l'étalon de M. de Réaumur. Toutes les conféquences que nous venons d’expofer, fuppofent deux chofes; la première, que le froid de 1709, marqué à 1 $ degrés + fur le thermomèire de M. de Réaumur, Pa été d’après des obfervations exactes ; fecondement, que la marche de ce thermomètre, depuis que le froid de 1709 y a été marqué, n'a pas varié au point de renverfer toutes nos conféquences, ou au moins de les altérer confidérablement. Nous obferverons fur le premier de ces deux articles, que M. de Réaumur paroïît avoir pris un foin très- particulier our déterminer le degré de fon thermomètre, auquel répon- doit le froid de 1709 ; qu'il ne s'en eft pas rapporté aux premiers réfultats qui lui avoient été donnés par des compa- raifons faites à des degrés éloignés, & qu'il s'eft corrigé lui- mêine d’après des obfervations immédiates faites en 1740, année remarquable par un froid confidérable : la difcuflion de cet objet fe trouve confignée dans uñ Mémoire qu'il lut à l'Académie en 1740, & qui fut inféré dans le volume de ceite année; mais il eft à remarquer, que ce volume ne fut imprimé qu'après le froid de 1742 , froid qui a beau- coup approché de celui de 1709 : f1 donc les comparaifons que M. de Réaumur avoit eu occafion de faire ceite année, euffent démenti celles faites en 1740, il n'auroit pas manqué de, fe rectifier ; ainfi on peut regarder comme conftant, que la marque mife par M. de Réaumur, à 15 degrés + fr le thermomètre-étalon que nous avons eu entre les mains, & _ DES ASC AE, NACh ES. intitulé froid de 1709, ne l'a été que poftérieurement : dernières recherches , & bien en connoïffance de cauie. 19 fes =- un Quant aux altérations qui ont pu furvenir au thermomètre de M. de Réaumur, depuis que le froid de 1709 y a été marqué, altérations qui nous ont été démontrées par nos expériences mêmes, nous ne pouvons nier qu'elles ne jettent quelqu'incertitude [ur nos conféquences ; mais en même. temps il ne nous fera pas difficile de faire voir que cette incertitude eft renfermée dans des limites très-étroites, qu'elle ne roule que fur un quart ou un demi-degré tout au plus, & qu'il n’eft pas même décidé fi la correction à faire à nos réfuitats eft additive ou fouftractive, Deux points fixes bien connus, fuffifent pour déterminer la graduation d’un thermomètre ; or ces deux points fixes, nous les avons dans le thermomètre-étalon de M. de Réaumur, au moment où il a été fait, en 1730, & depuis {on altéra- tion, d’après les expériences que nous venons de rapporter : rien n’eft donc plus aifé que de former pour ce thermo- mètre une nouvelle échelle appropriée à l'état où il étoit lorfque nous avons opéré, & cette échelle, rapprochée de l'ancienne d après laquelle nous avons conclu, nous apprendra Tobjet des erreurs que nous avons pu commettre. L'infpection de la figure jointe à ce Mémoire, rendra plus intelligible ce que nous avons à dire fur cet objet: l'échelle À, B, reprélente l'ancienne divifion du thermomiètre-étalon de M. de Réaumur; on y voit la température des caves, marquée à 10 degrés + par M. de Réaumur ; cette même température trouvée à 9 degrés + dans nos expériences; Îa glace fondante trouvée par nous à un quart de degré au-deffous du point zéro, marqué par M. de Réaumur ; le froid de 1776, rapporté à 13 degrés+ fur cette même échelle, d’après les oblervations faites à l'Oblervatoire; à 14 degrés, d'après celles faites par M. Mefler; enfin le froid de 1709 , marqué à 1 jAegrés:. Pour rectifier cette échelle & approprier à l'état où s’eft s20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE trouvé ce même thermomètre au moment de nos expériences, il ne s'agit que de former une nouvelle divifion fur la ligne C, D, de placer fur cette échelle le terme de là congélation à un quart de degré au-deflous de celui de M. de Réaumur, & de marquer 10 degrés + à l'endroit auquel s'eft fixée la liqueur du thermomètre lorfque nous avons opéré dans les caves de l’Obfervatoire; puis, partageant avec le compas en 10 + l'intervalle compris entre notre zéro & la tem- pérature des caves de l'Obfervatoire, & en continuant les mêmes degrés au-deffous du zéro, nous aurons une nouvelle divifion adaptée au même thermomètre, en comparailon avec la première: on y verra que le froid de 1776, qui toit de 13 degrés + à f'Obfervatoire fur la première échelle, fera de près de 14 degrés fur la feconde, & que celui obfervé par M. Meffer, qui répondoit à 14 degrés, répondra prefque à 14 degrés On pourroit obtenir ces déterminations d’une manière un peu plus précile par le calcul, & nous en allons donner fa formule; elle dérive de Fanalogie qui fuit. Si 9 degrést, difflance que nous avons trouvée entre le terme de la congélation © la température des caves de l'Ob- fervatoire dans l'ancienne divifion, répondent à 10 degrés + dans la nouvelle divifion du thermomètre, à combien répondront un nombre de degrés quelconque ! Cette analogie donnera le rapport des degrés de la nouvelle échelle avec ceux de l’ancienne ; maïs comme le zéro eft plus bas de + de degré dans la nouvelle échelle que dans la première, il faudra pour avoir le nombre de degrés de la première échelle exprimé en nombres de la feconde, faire une correction conflante de + de degré, ou plus exaétement encore de 0,26, laquelle fera fouftraétive au-deflous de zéro, & additive PRES 0 Si donc on veut favoir à combien de degrés y de la feconde échelle répondront un nombre de degrés 4 de la première, on aura la formule fuivante, 10,254 A È ' nn Sn are NC jen Î 9:75 Fv) | On DUEMSSUSL EIRE) NÈCLE) s: s2r On trouvera, en fubftituant à à dans cette formule, 132, qui eft le froid de 1776, à lObfervatoire, en degrés de la première échelle, que ce degré répond dans la nouvelle à 13,93, ce quine difière pas d'un demi-degré de Ja déter- mination que nous avons donnée. Le froid de 1776, que nous avons déterminé plus haut de 14 degrés, d'après M. Meffier, exprimé de même en degrés de la nouvelle échelle, répondra à 14,47. En fuppofant donc que le thermomètre-étalon de M. de Réaumur eût éprouvé une altération de trois quarts de degré, depuis le moment où il a été confiruit, en 1730, jufqu'à celui où nous l'avons éprouvé, en 1776, ainfi que fembleroit l'indiquer la diflérence que nous avons remarquée à la tem- pérature des caves, nos conféquences ne feroient en défaut que d'un demi-degré tout au plus, & le froid de 1776 feroit encore d'un degré, ou d'un degré & demi moindre que celui de 1709; mais cette fuppofiiion, celle d’une alté- ration de trois quarts de degré à la température des caves, loin de nous paroître admiffible , eft néceffairement forcée, & ceft ce qui nous refte à établir. Nous ne concevons pas d’abord qu’un même thermomètre puifle fe trouver altéré de trois quarts de degré à la tempéra- ture des caves, tandis qu'il ne la été que d’un quart de degré au terme de la congélation ; cette différence énorme dans deux parties de l'échelle aflez voifines, nous paroît impofhble , dans toutes les fuppoñfitions qu'on pourroit rai- fonnablement faire. D'après cette confidération, nous nous croyons très-fondés à croire qu'il s’eft gliffé quelqu'erreur fur la détermination des caves de l'Obfervatoire, marquée par M. de Réaumur, à 10 degrés + fur fon thermomètre. On a déjà vu plus hiut que cette obfervation étoit délicate & difficile; elle l'étoit plus encore avec un thermomètre auffi gros : il feroit donc poffible, ou que M..de Réaumur n’eût pas attendu dans fon obfervation le temps fufifant pour que la liqueur de Mém. 1777. Uuu 522 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE RoyALe fon thermomètre parvint à la température des caves, ou que cette température eût été altérée, lorfqu'il a obfervé, par la préfence d’un trop grand nombre de perfonnes. Cette pofhbilité fe convertira en une efpèce de certitude, fi lon confidère que M. Briffon, qui a fait de fréquentes obfervations fur la température des caves de l'Obfervatoire avec des thermomètres exaétement copiés, & à difiérentes époques, fur le grand étalon de M. de Réaumur dont il eft ici queftion, l'a trouvé variable depuis o degrés + jufqu'à 10 degrés +, & que M. de Luc, qui s’eft étendu fort au long fur cet objet dans fon Ouvrage, a déterminé cette même température de 9 degrés + à 9 degrés & du même thermo- mètre. Si donc le grand thermomètre-étalon de M. de Réaumur ne nous a donné que 9 degrés + aux caves de l'Obfervatoire, fur-tout à la fuite du froïd long & rigoureux de 1776, ce n'eft point une preuve d’altération; tout ce qu'on peut en conclure, c'eft que M. de Réaumur n'a pas pris des précautions fufhfantes lorfqu'il a marqué à 10 degrés + cette température, & que les caves étoient alors un peu plus chaudes qu’elles ne l’étoient lorfque nous avons opéré. IH nous paroît d’après cela très-vraifemblable que a tem- pérature des caves de l’Obfervatoire doit être marquée à 9 degrés + au-deflus du terme de la glace fondante, fur le ther- momètre de M. de Réaumur, comme la conciu M. de Luc. Or en admettant cette opinion, l'altération furvenue depuis 1730 à l'étaion fur lequel nous avons opéré, en fuppofant même qu'il en ait éprouvé une, ne fera plus que d'un quart de dégré à la température des caves, comme nous l'avons trouvée à la congélation; alors la formule ci-deflus deviendra = PT = 0,25, ou, ce qui eft la même chofe, — 4 H 0,25, ce qui indique que Îes degrés de la nouvelle échelle feront égaux à ceux de lancienne , & qu'il fufhra d'y faire une correction arithmétique d’un quart DES 4498 CA € N,CE Se s23 de degré , laquelle fera additive au-deflus de la congélation, & fouftraétive au-deffous. Le froid de 1776 à l'Obfervatoire royal, ne fe trouvera plus , dans cette fuppofition, que de 13 degrés +, & celui obfervé par M. Mefer à l'Obfervatoire de la Marine, de 13 degrés À; ce qui donne un rélultat d’un quart de degré moindre que notre première détermination. Cette difcuffion nous ramène fi près de notre première conféquence, les différences foit en moins, foit en plus, font fi petites, que nous ne croyons pas devoir y rien chan- ger, d'autant plus que notre détermination même fe trouve occuper un milieu aflez exact entre les réfultats que les différentes confidérations nous ont donnés. Nous perfiftons donc à penfer qu'on peut, fans rifquer de {e tromper de plus d'un demi-degré, fixer le froid du 29 Janvier 1776 à 13 degrés + pour l'Obfervatoire royal, & à 14 degrés pour l'Obfervatoire de la Marine, le tout exprimé en degrés de l'échelle du thermomètre-étalon de M. de Réaumur, & que ce froïd a été environ de 1 degré + moindre que celui de 1709. On ne manquera pas fans doute de demander par quelle raïfon tous les thermomètres qui ont été expolés au froid de 776, & fur lefquels nous avons opéré, fe trouvent avoir une marche plus accélérée que celle de l'étalon de M. de Réaumur, qui nous fervoit de terme de comparaifon ; au- trement dit, pourquoi ils s'accordent tous à marquer un degré de froid plus fort qu'il ne l'étoit réellement d'après celui de M. de Réaumur? Cet écart fingulier de tous les thermomètres qu'on a cherché à confiruire d’après M. de Réaumur, tient à la réunion d'un fi grand nombre de confidérations phyfiques, que nous n'ofons entreprendre de les difcuter dans ce Mémoire. Nous nous propofons, fi l'Académie l'approuve, de nous en occuper d’une manière particulière, & de lui indiquer les moyens que nous croyons les plus propres à ramener les Uuu i 524 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE + thermomètres à une marche conftante & uniforme. En atten- dant, nous dirons ici, ou plutôt nous répéterons d'après plufieurs Phyficiens, que tout fluide aqueux fufceptible de fe congeler par le froid, femble obéir à la fois à deux loix qui agiflent en fens contraire; d'une part, le froid tend à le condenfer ; de l’autre, la caufe qui le dilate au moment de fon paflage de l'état de liquidité à celui de folidité, agit long-temps avant les approches de ce terme, & l'énergie de cette dernière caufe augmente à mefure que la liqueur eft plus près du degré de fa congélation. D'après cela, il eft ailé de fentir que fe thermomètre de M. de Réaumur étant fait avec un mélange d’efprit-de-vin & d’eau, & par conféquent avec une liqueur fufceptible de geler, il doit avoir une marche retardée au - deflous de la congélation. Les thermomètres, au contraire, qui {e vendent le plus communément à Paris, étant la plupart conftruits avec de l'efprit-de-vin prefque pur, ils doivent être moins retardés dans leur marche. À cette première caufe de Ia différence qu'on obferve entre la marche du thermomètre de M. de Réaumur & de ceux répandus dans la Société, il en faut joindre une autre dont l'influence doit être plus grande encore; c’eft la diffé- rence des échelles qui ont été adoptées par différens Conf tructeurs. Tout le monde fait qu'il faut un degré de chaleur beau- coup moindre pour faire bouillir l'efprit-de-vin, que pour faire bouiltir l’eau : il eft donc impofhble, fur-tout dans un thermomètre ouvert, & de la manière dont opéroit M. de Réaumur, que l’efprit-de-vin puifle marquer le degré de l'eau bouillante, & il eft évident que ce que M. de Réaumur appeloit le terme de l'eau bouillante, n'étoit autre chofe que le terme de Fefprit-de-vin bouillant; ou pour parler plus exactement encore, c'étoit le plus grand degré de dilatation dont l’efprit-de-vin fût fufceptible dans un vaiffeau ouvert fans fe vaporifer. DES SCIENCES. 525$ Tous les Phyficjens qui fe font attachés à conftruire des ther- momètres d’après les principes de M. de Réaumur, & ceux fur-tout qui ont cherché à leur faire marquer le degré de l'eau bouillante, ont été arrêtés par cette difficulté, & ils fe font trouvés forcés d'apporter quelque modification à l'échelle de M. de Réaumur. Les uns ont renoncé à prendre pour degré fixe fupérieur celui de l'eau bouillante, & pour faire cadrer leur thermomètre avec celui de M. de Réaumur, dans les parties inférieures de l'échelle, ils ont choift un terme de comparaifon plus bas, tel que la chaleur du fang ou Îa tem- pérature des caves de lObfervatoire. D'autres ont continué à prendre l'eau bouillante pour degré fupérieur ; mais pour raccorder leur échelle avec celle de M. de Réaumur dans les degrés inférieurs, au lieu de marquer 80 à l’eau bouil- lante, ils y ont marqué 100, 104, & jufqu'à 1 10. Cette dernière graduation étoit celle de Cappy, dont l'adreffe & l'intelligence pour la confiruétion des baromètres & ther- momètres étoient bien connues de l’Académie. On conçoit que ce changement dans la partie fupérieure de l'échelle du thermomètre, a dù néceffairement en faire un dans fa partie inférieure & au-deffous du terme de 1a congélation, puifque les degrés dans les uns fe font trouvés être des quatre-vingtièmes parties de la diftance de la congé- lation à l'eau bouillante, des centièmes & des cent quatrièmes dans les autres , enfin des cent dixièmes dans la divifion adoptée par Cappy. Ces modifications apportées à la graduation du thermo- mètre à efprit-de-vin, ont produit un effet fingulier, relati- vement à celui de mercure, & quoique la marche de ce dernier foit fort accélérée par rapport à celle du premier, au- deflous du terme de la congélation, ainfi qu'il réfulte des expériences de M. de Luc, la divifion en 104 & en 110 eft parvenue à les accorder à peu-près dans la partie de l'échelle qui: avoifine le froid de 1740 & de 1709. Nous n'indiquons ici qu'en paflant ces difiérens détails, 526 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE qui feront développés davantage dans un autre Mémoire, & nous perfiftons à penfer que l’Académie doit s'occuper de la réforme du thermomètre, & de faire conftruire des étalons exacts, qui feront dépofés dans fon cabinet. Si elle l’approuve, nous nous occuperons de cet objet. Nous nous propofons également de lui rendre compte, par un Mémoire particulier, des obfervations qui lui ont été adrefées fur le Froid des différentes provinces de France. ; Mém. Acad. R, des Sc, année 1777, page 526 | RÉSULTAT DES EXPÉRIENCES fur le Froid de 1776, faites par ordre de l'Académie. rs # Par M BÉZOUT, LAVOISIER & VANDERMONDE. NUMÉRO] NO MS À nee mic le RSS NOMS|DEGRÉS QU'ILS ONT MARQUES. FRE DE ARIS exprimé Spiné auquel doit ètre | auquel doit être s des de en marqué par des _ des PE ES PURE l'Étalon degrés de talon le HN Ac I705; le Froidde 1709) 4 ñ = , ; ; e (J fur chacun fur chacun THeErRMO-JO BSE R VA Te dre THERMO-|[CONSTRUcC- Dans Aux CAVES | Dansle premier | Dans le fecond M. de Réaumur, | M. de Réaumur,| des Thermom. | des Thermom. à : la GLACE LÉ ai d'apres d'après d'après d'apres | MÈTRES. TEURS. Onréré obfervés ML ES TEURS. k pr Pt le premier Bain | le fecond Bain || le premier Bain | le AE fondante. L'OBsER VAT. de Sel & de Glace |de Sel & de Glace de Sel & de Glace| de Sel & de Glace] de Sel& de Glace|de Sel & de Glace men | EnEENENENEENNE nr | Fe ERP PEER TS Ro EEE. (UERMEUIENNNEDE D LUE TA an Miffieurs | | DE CassiNr... | à l'Obfervatoire. . | Efprit-de-vin. . |Cappy.. . o OMC E D'AUBENTON. .|au Jardin du Roi. |Efprit-de-vin. . Cappy neveu. . ,|— 0 + + 9 5 Aie 6 Ê TE 7 eee svercoenelesessees..s. |Efprit-de-vin, . | Affer- Perica. . o + 104 148 |... DE Borpa....l|rue des Capucines. | Efprit-de-vin, . |Cappy........|# o 2 Joateododeue DE LA PLACE..|-......:. .... |Mercure.....|Cappy.......|— 0 Lo ES DE LA LANDE..le-+-e.s.ess-s.e. | Mercure..... DOC OCONO Lee. + 104 13 Lf0IbIe | en Fe LAVOISIER...,. Mercure. ....| Afier-Perica. .|+ o + + 9 —13 foible L LAVOISIER.... . (ruerneuve des Bons-) Efprit-de-vin. . |Cappy....... + o0+ RUO RES É D'AYOISIER EEE ES ** } Efprit-de-vin. . | Affier- Perica.. .— o à + 9? |—12} h LAVOISIER.... Mercure. .... Goubert..….....|— ox HO | 4 E L'’Abbé Rocnow| su... (Efprit-de-vin. |Cppy neveu... JEAURAT...... |à l'Obfervatoire.…. |Efprit-de-vin. . |Cappy.......|— 0 + + 10 —13 NE 1 NRA. 1 |EIDIEdEVin ee Affier-Perica.. .|— à Bdodboro doi Dab or eme cle cu: ....|EiDriide. Vin NOÉ} eee] RNO + 1042 |—1375 enossresesselesesessese.e |Efprit-de-vin.. |Coppy neveu... o FASO ...|—14$ VALLOT., 2eme lle sos smvobiere se |Mercures nec Goubrrhe eee A fort + 10+ —11+ VALLOT... Fe Merqure.. see sms se nes] + 10+ 16 foible|. VALLOT......Vau petit Luxem-/Mercure. .... ss... 0% + 10 —13% bourg... ut * é fornperege { ra Efprit-de-vin.. | Betaly,.......| oo D'Or ere 1 QUARTIERS! ESPÈCE| NOMS Suite du 6. 8. É S DEGR DE PARIS ae | Es er Mffieurs | ù : BINERMMEEE EE rs l'École militaire. Éipueder vire AIGRGAN LU If À ibn à U ie ANTELMY....- Efprit-de-vin. . | Affier-Perica, | + 15 à Ge — 10 DO nn enev=e lINIETGLIER eteters Affier- Perica.…. o + 97 — 13 Fe ..[.............]Mercure. ?... | Affer#Perira.. | + o # + 9À — 12 doc: euoesesne.. |Mercure.....| Affer-Perica:. | + CE + 10% — 13 ë sr mmhe ce. Mercure. . +. «| Affier-Perica. | + 15% + 97 — 12 Doc , ....... [Efprit-de-vin.. | Affer-Perica. | + © è + 9 — 11 PACOOË c SA TA | Cocoa fOPLIEE dLAUE ic) ILE à + 107% — 13 BÉZOUT. ..... rue Chrifline.….. . . |Efprit-de-vin..| 41. Briffon .. .. © ET — 12 M. le Duc D'AUMONT.....| rue de Baune. ... |Efprit-de-vin. .| Affier-Perica...| — x + 10 — 15 MESSIER .« « » « « }} J'Obfervatoire deÇ Mercure... ..| Afier-Perica.… o + 10 — 33 MESSIER..... 1 la Marine... . sn mits .... | Affier-Perica.…. o + 10 — 13 Thermomètre-étalon conftruit par M. de Réaumur en 1730, appartenant à M./Briffon.- memes ere esccslaccmpen dede) MO) + 9+ 11 de des - u THERMO-|[CONSTRUC- Dans Aux CAvES | Dansle premier les Thermomètres * LCA CE ét. Bain ont été obfervés. MERE DNAURS: fondante. L'OBsERVAT.|deSel& de Glace PT um Of œim win UE RÉSULTAT de l'autre part. Dans le fecond Bain de Sel & de Glace 10. 11, 12. FROID de 1776, FRoïp de 1776, exprimé exprimé en en . degrés de l'Étalon | degrés de l'Étalon de de Au M. de Réaumur, | M. de Réaumur, d'apres d'apres BANC MERE le énee Bain | le fond Bain de 1776. de Sel & de Glace | de Sel & de Glace bin CORTE CORRE . …... DEGR É auquel doit étre|auquel doit êtrel marqué le Froïd de 1709, |le Froid de 1709, | fur chacun des Thermom. d'après le premier Bain de Sel & de Glace| de Sel & de Glacel A 121} = à | a ww w oja pe bin Sin | saû ein 20] &l* CES ui mis clin DEGRE marqué fur chacun 3 des Thermom. |À d'après A le fecond Bain |} DES SCIENCES. 527 "SECOND MÉMOIRE Sur des Deffins trouvés dans des bâches de Chêne ftiées tranfverfalement , où ces deffins font concentriques. Par M. FoucEeroux DE BONDAROY. 1 es mis fous les yeux de l’Académie, des figures trouvées entre les couches ligneufes d'un Hêtre, & vifibles fur une de ces couches féparées Jongitudisalement, tandis qu’elles étoient auffi apparentes fur l'écorce de cet arbre. On voyoit diftinétement fur l'une & l'autre partie de ce hêtre, une croix pofée fur fon fupport triangulaire; au-deflous, deux os en fautoir, des larmes |, &c ; & ces deflins fur l'écorce & dans les couches ligneufes ne différoient que par leurs dimenfions. Je crois avoir expliqué comment ont été tracés ces deffins, & avoir donné les raïfons fatisfaifantes des différentes dimen- fions qui devoient être naturellement entre ces figures placées fur l'écorce de l'arbre, & les mêmes figures dans les couches ligneufes : enfin , j'ai regardé ce morceau d'autant plus digne d'attention, qu'il confmoit les conféquences que les plus habiles Phyficiens ont tirées, d’après des expériences & obfer- vations qu'ils avoient faites, pour s’affurer de la manière dont fe reproduifent les couches ligneufes, & celles de l'écorce qui recouvre le bois. Ce morceau fingulier a fait cette année le fujet d’un premier Mémoire que j'ai eu l'honneur de préfenter à l’Académie, & dans lequel j'ai rapproché plufieurs faits femblables, déjà publiés dans différens Recueils. Voyez ci- devant, page 49 1. Mais fi ces figures, qui étoient placées longitudinalement entre les lames de ce hêtre, fur une feule couche ligneufe & fur l'écorce de cet arbre, préfentoient des difficultés, en expli- quant comment elles ont été formées, ne doivent-elles pas fe multiplier en tâchant de découvrir les moyens dont on a PLANCHE IL, Fig. 1 &2.] 528 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ufé pour donner lieu à un deffin aflez régulier, très-apparent dans une büche de chêne coupée horizontalement, & dont les figures fe voient depuis une certaine diflance de l'écorce jufqu’au centre de fa büche? J'efpère cependant qu'on me permettra, après avoir décrit ce morceau fingulier , que je prélente aujourd'hui à la Compa- gnie, de propofer dans ce fecond Mémoire les moyens dont je crois qu’on s’eft fervi pour donner lieu à fa figure que nous y VOyOns. Cette explication ne fe bornera pas à rendre raifon d’un fait de fimple curiofité, puifqu’elie doit jeter quelque jour fur le changement de l'aubier en bois, & fur la manière dont s'étend l'écorce, felon que l'arbre acquiert de nouvelles couches ligneules en groffiflant. Je dois prévenir que l'examen du morceau de bois dont je parle, la correfpondance des entailles faites à l'écorce avec jes figures qui fe voient dans l'intérieur du bois, ne per- mettent pas de croire que ces deflins foient un fimple jeu de la Nature, & que a main d'homme nait pas donné lieu à leur formation. J'ajouterai encore, avant de pafler à la defcription de ce morceau, qu “après avoir fait des recherches dans les Auteurs, je n'ai trouvé que deux faits qui puiflent lui être rapportés, puifqu’ on y décrit des figures trouvées dans des arbres fciés horizontalement : le premier fe trouve dans les volumes de l'Académie des Sciences, depuis 1666 ; M. f’abbé du Hamel dit qu'on trouva fur le tronc d'un orme l'empreinte d’une croix de Malte /a) : le fecond eft dans les Éphémérides d’Alle- magne; mais ce fait, de la manière dont il y eft cité, les figures de religieux ou religieufes qu'on a vues peintes dans {a) Die26 Au gufti (anno 1692), | plicé delineatamexhibebar , quocunque Vir pierate LT doctriné infignis A in loco hic truncus diffécaretur, eam Lamy, e Congregatione Sani Mauri, crucem exhibebat, mifit ad me avale trunci ex ulmo Regiæ Scientiarum Academiæ Hif- excifä, quà ucrinque figuram crucis, | toria , autore Joanne- Baptijté du qualem gerunt equites melitenfès gra |. Hamel, Parifiis 1701 , pag. 325. cette DES S/CTENCE Ss. s29 cétte bûche, peuvent faire foupçonner que l'imagination y a eu beaucoup de part. Je crois donc devoir m'en tenir à l’ex- plication du morceau que je préfente à l’Académie , auquel Ja main d'homme a certainement donné lieu, ainfi que je Jai dit, en ajoutant qu'il a beaucoup de rapport avec celui annoncé dans le Recueil des volumes de l’Académie royale des Sciences, imprimé en l'année 1701, & dont je viens de rapporter la citation. Le morceau de chène où fe trouve le deflin que nous nous propofons d'examiner, a 4 pouces environ de diamètre : il eft à quatre pans irréguliers, & fur chacun de ces pans qui exiftent aujourd’hui, on voit un rayon /4) dont les quatre, ar leur réunion, repréfentent une efpèce d'étoile ou une croix de Maite apparente fur une longueur de cette büche, de près de 2 pieds + La feule infpection de ce morceau indique quelques-uns des moyens qu'on a pris pour tracer ce deïlin. On voit fur la carne de chaque pan, les fentes aaaa qu'on a faites à l'écorce pour paffer une lame tranchante fous le liber, & Île féparer du bois des deux côtés qui forment une des quatre branches de la croix. Voilà donc quatre fentes pratiquées ongitudinalement à l'écorce fur les parties maintenant éminentes de cette bûche, & la diflérente épaifleur de cette écorce dans certaines de fes parties, prouve qu'on Fa enlevée de l'un & de l'autre côté de chacune de ces fentes, à une diftance d'environ s lignes depuis la fente faite à l'écorce a/, al. Les rayons du centre à leurs extrémités ont 12 à 1 lignes de longueur, & le grand diamètre de l'ellipfe, qui forme le cœur de l'arbre, a 9 lignes. Examinons les différentes couleurs qu'il a produites dans les endroits où les couches du liber ont été féparées des ligneufes, & endurcies. (b) Voyez ce que je dis plus bas fur ce qui a pu donner lieu à la for- mation de ces quatre pans ou angles qui fe remarquent à l'extérieur de la büche. Mém. 1777: X xx PLANCHE F, fig. 1 &2 ; & PLANCHE II, fige 3e PLANCHE f; fig. 1 & 2. Fie, 7, PLANCHE I], Üg. 3: Fig. 1. PLANCHE I, Hg. 3. s30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE On croiroit qu'on a introduit une couleur noire où um corps étranger dans les intervalles du bois à tous les endroits où on l’a défuni ;,mais je ne m'arrèterai qu'à la différence de couleur qui diftingue certaines parties des couches ligneules, & qui forme le deflin, lorfqu'on regarde ce bois coupé w'an{verfalement. t On fait que dans le chène, l'orme, le mérifier, le poirier, le noyer, & plufieurs autres arbres, lorfque le bois eft formé, le cœur prend une couleur marron, tandis que l’aubier refte blanc. I paroît plus que vraifemblable que cette couleur rembrunie annonce une plus grande dureté dans le bois; mais il me fufft de dire maintenant que dans toutes ces parties où les couches du bois ont été féparées, les rayons de Ia croix ont une couleur rembrunie, tandis que la même couleur ne {e remarque circulairement qu'à une certaine & moindre diflance du centre de l'arbre, de forte que le grand rayon de cette efpèce d'elliple, que forme la couleur brune, a 9 lignes de longueur à peu-près, tandis qu'en partant auflr du centre de l'arbre, lorfqu'on prolonge cette mefure jufqu’à l'extrémité d'un des rayons où fe termine cette couleur rembrunie, elle eft de 12 à 13 lignes. Si l’on fépare les couches ligneules à {a diflance de l'ex- trémité d’un des rayons de la croix, à l'endroit où lon a défuni le liber des couches du bois, on voit pour lors l'épaifeur de ce rayon tracé longitudinalement fur l'arbre, conime dans le morceau de hêtre que j'ai décrit dans mon premier Mémoire /(c). Toutes les couches ligneufes qui font entre ces fiffures & l'écorce, font ici, comme dans Le hêtre que nous examinions, de nouvelles additions de couches ligneules, produites depuis qu’on a fait les entailles à cet arbre. On verra dans peu ce que ces deux bois fur lefquels on remarque -des figures, ont de commun, & d'où peuvent provenir les diflérences qui s'y rencontrent. Nous fommes peu inftruits fur le temps néceffaire pour () Voyez dans ce Volume le Mémoire déjà cité, page 497. D'riIs NSLENRIE NC ES). 531 que l'aubier fe convertiffe en bois, & fur la manière dont s'opère ce changement. On fait feulement que les couches ligneufes n'acquièrent Ja dureté à laquelle elles peuvent parvenir, que progreffivement & après avoir pañlé par l’état d’aubier: dans certains arbres, comme le peuplier, le faule, &c. le bois n'acquérant jamais qu'une foible confitance, la différence entre l'aubier & le bois n’eft pas fenfible, & toute la fubftance Jigneufe paroi- troit ètre aubier dans les arbres que noûs venons de citer ; dans le chêne au contraire, l’orme, le mérifier, le poirier, &c. les dernières couches formées fe diftinguent aïfément des anciennes, parce qu'elles font moins dures, & qu'elles ont une couleur diffkrente de celle du cœur de l'arbre. Dans le hêtre, il paroïît que le bois acquiert plus promp- tement la dureté à laquellé il peut parvenir; -car s’il y a une partie qu’on eftime Île moins dans un hêtre parvenu à fa grof- feur, c’eft plutôt celle qui occupe le centre de Farbre, parce que fans doute le cœur d'un gros arbre perd plus tôt fa confiftance, ayant été le premier formé. L’efpace de temps néceffaire pour que Faubier fe conver- tifle en bois, & qu’il acquière la dureté dont il eft fufceptible, n'a pu être fixé; car, dans certains terreins, il eft plus court, dans d’autres, plus long: mais on fait, que fi lon gêne une branche , fi on lui forme des plaies, fi on coupe une partié de cette branche, ou l'écorce dans un endroit du tronc, fi on fait des entaillés fur fa longueur , Faubier de cette branche ou de Ia tige fe convertit plus tôt en bois, acquiert une plus grande dureté, & prend dans cértaines efpèces unë couleur plus brune. Un arbre ou une partie d'un arbre qui a été écorcé , prend plus de dureté que les autres parties de ce même arbre qui ont confervé leur écorce : les Jardiniers ufent de ce moyen pour engager les arbres à donner plus tôt du fruit; & les Charrons préfèrent les bois noueux. / Voyez les Mémoires de M. de Buffon, années 1738 à 1739). Comme des caufes particulières peuvent influer fur la plus prompte converfion de l'aubier en bois, auflt a-t-on obfervé X xx ij Fie, 2 & 3. Fig, 1 & 2. $32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE que lépaifleur des couches d’aubier & leur nombre n'étoient point conflamment les mêmes dans toute la longueur, & même la circonférence du tronc d’un arbre. Cherchons maintenant comment on a pu donner lieu à ce deffin, tel que nous le voyons aujourd’hui dans cette bûche de chêne, Si larbre repréfentoit naturellement quatre pans, cela aura engagé celui qui l'a tracé à préférer les angles Res pour ÿ fixer le milieu de chacun des rayons ; il aura, aïnfr que je l'ai déjà dit, enlevé lécorce fur l'épaifiéur qu'il vouloit donner à cerayon 4, a, a, a: l'écorce plus épaifle dans les intervalles qui fe trouvent entre les rayons de la croix, dénote aflez clairement que, pour agir avec plus de fitèHe fous le liber & le détacher du bois, a perfonne a enlevé Vécorce dans les parties aa, {1 où font apparens les rayons de l'étoile ou de la croix, tandis qu'il l'a laïffé fubfifter dans celles qui cette entre lesrayons cc: aprèsavoir enlevé l'écorce, il aura entamé le liber qu'il a foulevé avec un outil mince & tranchant dans deux parties circulaires bb de chaque côté de la fente longitudinale a de chacun des quaire rayons, & il aura répété la même manœuvre fur les trois autres angles faïllans que lui offroit l'arbre en queftion.. Voici ce qui a dü en arriver ; leliber, & même les couches ligneufes, ayant été disjointes par l'outil tranchant, ne fe font point réunies, & l’on voit encorescette défunion dans la partie où fe termine chaque rayon de la croix, & dans les fentes longitudinales aaaa. L'écorce s'eft régénérée, de nouvelles eUteMES ligneufes fe font formées, & par la fuite ont recouvert le defiin: l’aubier s’eft converti en bois, & a donné, comme cela arrive dans le chêne, une couleur brune au cœur de l'arbre, tandis que les couches plus extérieures & plus voifines de l'écorce font encore blanchâtres. Mais ce qui eft à remarquer ici, c'eft que dans les endroits de l'arbre où l'on a enlevé l'écorce, cette couleur brune s’eft prolongée jufqu’à l'extrémité du rayon où étoit la fiffure. La différence qui exifte dans ce morceau, & qui n'étoit DES Dre AMC Es. 533 pas dans le hêtre qui a donné lieu à mon premier Mémoire, confifte donc feulement en ce que le deflin eft ici apparent, non-feulement entre une des lames ligneufes longitudinales , mais aufli dans ce chêne, depuis la couche du bois où le deffin a été tracé, jufqu'au centre de l'arbre. On voit dans le chène & le hètre Ie même rapport entre les dimenfions du deffin, qui font plus grandes fur l'écorce, & moindres fur le bois, & qui font toujours proportionnelles à la crûe de l'arbre, & à fon augmentation en grofleur, depuis le temps où le deflin a été formé. Qu'on ne croie pas cette explication feulement conjeétu- rale, & non fondée fur lobfervation ; voici celle qui me porte à croire que, fi la couleur brune s’eft prolongée jufqu’à l'extrémité du rayon, ce n'a pu être qu'à caufe des fiflures qui les terminent, & à l'enlèvement de l'écorce fur l'épait eur des rayons. J'ai examiné avec foin les deux extrémités de la büche où ce deflin cefle d’être apparent; fur une de ces extrémités, on voit trois rayons de fétoile : fur ces trois rayons bien formés, & principalement far un, fubfifte la preuve convain- cante de la féparation du liber d’avec le bois : fur ces trois rayons, la couleur brune fe dénote jufqu'à la fciffure 44, tandis qu’au lieu où devroit fe trouver le quatrième, on ne voit que l'efpèce d’ellipfe g d'une couleur plus rembrunie, ainfi qu’elle exifte dans plufieurs büches de chêne où l'aubier s'eft converti en bois. Unde ces trois rayons d offre d’une manière évidente la fente longitudinale a; mais les deux entames circulaires bb ayant été moins prolongées, ce rayon a pris une moindre épaifleur. Un autre rayon e préfente encore une fingularité remar- quable; on a fait {a fente longitudinale 4; mais on l'a pro- mené l'outil tranchant circulairement que du côté b ; auffi ce rayon n'offre la couleur brune que dans cette partie. Le troifième rayon ab4 n'offre fur cette partie de la büche aucune différence avec ceux que nous ayons décrits, en parlant des figures 1, 2 © FL Fig. 3. o Fig. 1 & 2, Fig. 4 534 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE On voit dans les figures $, 6 à 7 de la Planche III, la feconde extrémité du tronçon où fe termine le deffin. L'écorceenlevéequi s’eftenfuite régénérée y eft très-apparente; la fente longitudinale aa, les deux fentes que j'ai nommées circulaires # 6, fe voyent très-diflinétement ; auffi fur cette furface le rayon de l'étoile eft-il bien formé, tandis que fur l'autre extrémité de ce même diamètre de l'ellipfe on ne voit qu’un filet alongé, & d'une forme entièrement différente du rayon dont nous venons de parler, parce qu'on wa enlevé fur cette partie qu'une lanière d’écorce f, & qu'on n'a pas fait les entailles circulaires 24 dans les couches ligneufes. Sur la feconde furface, à l’autre coupe de ce tronçon, . comme la fente longitudinale 4 a n’a pas été faite régulière- ment, l'ellipfe n’a que deux prolongemens #4, i, encore l'un des deux fe trouve-t-il féparé en , où il repréfente une efpèce de feuille qui ne tient pas à l’ellip{e. Quoique je ne puiffe pas abfolument déterminer les caufes des différentes formes qu'offre la couleur brune dans certaines de ces coupes, ce que je viens de dire fur la fente lengi- tudinale très-apparente fur un des côtés de ce morceau, les deux fciffures tranfverfales dans les couches ligneufes, l'écorce enlevée & régénérée dans cette partie, & le rayon de l'étoile qui n'eft bien formé que de ce côté du tronçon de bois, où toutes ces plaies faites à l'arbre font encore bien apparentes, démon- trent évidemment que ces plaies ont donné lieu à l’exiftence de ces rayons, tels que nous les voyons, & ôtent toute idée qu'on auroit pu prendre d'un fimple jeu de la Nature. Si on réfléchit fur les fiffures qui terminent les rayons de l'étoile, & qui ont principalement donné lieu au prolonge- ment de cette couleur rembrunie, ne jugera-t-on pas qu'en les pratiquant fur un jeune arbre, ce feroit un moyen pour hâter la converfion de Faubier en bois, & par conféquent celui de procurer plus promptement de la dureté aux couches ligneufes ? M. du Hamel à prouvé dans fa Phyfique des Arbres, RE LS DES SÇIENCES, 535 qu'il exifloit dans les végétaux une sève qu'on devoit nommer afcendante , orfque partant des racines elle parvenoit jufqu’au fommet ou à l'extrémité des tiges, tandis qu'on devoit appeler cette sève defcendante, lorfque des extrémités de la même plante elle retournoit dans les branches & le tronc , & qu'elle defcendoit aux racines ; que cette feconde sève dans fon retour étoit plus élaborée; ne doit-il pas paroître probable que le bois n'acquiert fon extrême dureté qu'à l'aide de cette feconde sève, lorfque les vaifleaux deftinés à Ia contenir & à la recevoir, s’anaflomofent, s'oblitèrent, & lui ôtent la liberté de circuler dans la plante ? La pofition de ces vaifleaux me paroît indiquée fi je fuis le chemin tracé par la couleur brune dans un des rayons de cette étoile : je vois cette couleur rembrunie en partant du centre de l'arbre, venir aboutir aux extrémités de la fente 42 que j'ai nommée circu- laire, ou de cette fente circulaire 42, venir fe perdre au centre de l'arbre; & cette couleur brune paroit s'extravaler pour ainfi dire, & former un crochet d'un côté & de l'autre de cette fente 48 ; elle s'étend auffi le long des fentes longi- tudinales aaaa. En examinant les parties de l'écorce ccec, qui font demeurées fur le morceau de bois, & qu’on n'a pas enlevées lorfqu'on à tracé le deflin fur le bois, je me fuis afluré que les dimenfions dans ces parties de l'écorce étoient à peu-près les mêmes que celles de l'intervalle que laiflent entr'eux les rayons de l'étoile , tandis que dans les portions d'écorce ‘on a enlevées vu, celle régénérée eft plus grande que l'épaiffeur d’un de ces rayons dans Île bois. Cette remarque me paroît intéreffante pour juger des propriétés de l'écorce deftinée à envelopper l'arbre, comment elle fe prête à fon augmentation, comment elle fe régénère : une jeune écorce doit être douée de cette propriété d'extenfion dans un plus grand degré, qu'une écorce ancienne & durcie. Ces deflins ne doivent fe trouver que dans Îles arbres dont l'aubier offre une couleur différente de celle du bois: j'ai vu beaucoup de ces figures depuis que j'y prête plus d'attention, Fig. r. Fig. 1 & %, PLANCHE II, Fig, 8. 536 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & je ne doute pas que celle-ci n'en faffe par la fuite découvrir plufieurs autres /4). Il eft cependant poflible qu'après qu'on aura fait les mêmes entailles à un arbre de cette nature, le phénomène dont nous parlons n'ait pas lieu, puifque, fi explication que je viens d'en donner eft juite, il conviendra que ces entailles foient faites fur un jeune arbre, & qu'on l'ait enfuite coupé dans un temps où la couleur du bois ait pu parvenir jufqu'aux fentes circulaires, fans que cette même couleur ait gagné: laubier dans les autres parties du bois qui n'ont pas été entamées, Onfe rappellera, qu'en parlant des quatre pans très-marqués qui fe diftinguent dans toute Ia longueur du morceau de chène qui fait l'objet de ce Mémoire, j'ai dit que fi le bois avoit toujours eu ces éminences ou angles, ïls auroient pu donner l'idée à celui qui a tracé le-deflin, de fe fervir de chaque angle pour y placer le milieu d’un rayon de Ja croix, mais je n'ai pas prétendu affurer que les plaies faites à l'écorce ne foient pas par la fuite devenues la caufe de leur formation; car j'ai fouvent vu des arbres entamés qui, s'étant réparés , étoient plus renflés de ce même côté ; ainfi je devois mettre du doute dans la manière dont je me fuis exprimé. La büche de hêtre dont j'ai parlé / Voyez Z°7 Mémoire, page 491 de ce Volume), où l'on voit fur l'écorce & dans (4) Depuis que j'ai là ce Mémoire à l’Académie, M. Daubenton a bien voulu me confier un morceau d’orme dépolé dans le Cabinet du Roi, qui offre une fingularité pareille à celle queje viens de décrire. Ce bois, coupé tan{verfalement , préfente un feul rayon d’une étoile: lafente longitu- dinele a & les deux circulaires 4 qui ont fervi à former l’épaifleur du rayon, y font marquées d'une manière très- vifible : les couches lisneufes font contournées vers la fente longitudi- male a: la difiérente épaiffeur de l'écorce cec , moindre fur l’épaiffeue du rayon /a/, dénote qu’on a enlevé l'écorce dans cette partic: enfin , on peut y voir, ainfi que je l’ai montré dans les autres morceaux, la couleur brune extravafée aux deux extrémités de cette fente #&, & auprès de la fente M longitudinale a Aiïnfi, ce deffin fur, le bois, du Cabinet du Roï, ayant été formé de la même manière que celut décrit dans ce Mémoire , confirme l'explication des moyens qu’on a employés pour donner lieu à ces figures. une DES AS CURE NC ES 537 une couche ligneufe, entre le cœur de l'arbre & fon écorce, les figures d’une croix fur fon fupport, &c; le morceau de chène qui fixe ici notre attention, & qui préfente à {a vue une croix de Malte, lorfqu'on regarde ce bois tranfverfale- ment : ces deux morceaux, dis-je, confirment les conféquences tirées des expériences faites par les plus habiles Phyficiens, pour connoître comment s'opèrent la végétation & la produc- tion des bois. Je vais les rappeler le plus brièvement qu’il me fera poflible. Les couches ligneufes ne s'étendent pas en hauteur ni en largeur ; & les arbres ne doivent leur augmentation en hau- teur & en grofleur, qu'à l'addition de nouvelles couches ligneules formées entre l'écorce & le bois, Lorfqu'une couche ligneufe a été féparée d’une lame voi- fme, elle ne fe rejoint plus. Une écorce qui a été foulevéé, même détachée, fe refoude à la couche ligneufe; fi on enlève une portion de bois avec l'écorce qui la recouvroit, l'écorce fe régénère de proche en proche , elle s'étend en bourtet des bords ou lèvres de Ia plaie, ou s’il fe forme une nouvelle écorce fur 1a partie dont on l’a enlevée, elle eft produite par le liber qui fe durcit & recouvre toute la partie de l'arbre entamée. L’écorce ancienne a la propriété de s'étendre en largeur à mefure que l'arbre grofit, mais elie ne s’alonge pas en hau- teur; une jeune écorce s'étend davantage que ne Îe fait une anciennement formée. L’aubier a une différente couleur dans certains arbres, qui le diftingue du bois parvenu à fon état de dureté. IH femble que le bois n’acquiert cette folidité, qu'après qu'il ne reçoit plus une fi grande quantité de sève, que des plaies faites à un arbre tendent à çonvertir plutôt {on aubier en bois, & par conféquent à lui donner de la dureté. ‘Peut-être cela arrive-t- il, lorfque les vaifleaux, après s'être anaftomolfés , ne laiffent plus un libre paffage à a sève. Puifque dans le bois que nous avons examiné, la fente le n'a point produit lextenfion de {a couleur Mém 1777: , Yyy 538 MÉMoIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE brune, & qu'elle ne s'eft étendue fur un des rayons, que dans la partie où l’on avoit pratiqué une fente circulaire ; ne peut-on pas en inférer que la fente circulaire, dont nous parlons, eft celle qui a de plus contribué à ce prolongement précipité de la couleur brune, & que par conféquent l'on accéléreroit la converfion de l’aubier en boïs en interceptant la communication des vaiffeaux qui portent la sève du centre à la circonférence du corps ligneux ; ou du corps ligneux au cœur de l'arbre! Dans ce deuxième Mémoire qui regarde particulièrement la converfion de laubier en bois, je m'abftiens de tirer d’autres conféquences qui ne fe préfenteroient pas immédia- tement à l'infpection des morceaux que j'ai mis fous les yeux de l’Académie. EXPLICATION DES FIGURES, Frcure 1, Îa furface du bois de chêne, fcié à l'endroit de la bûche où l'on voit l'étoile ou Ia croix de Malte. Les lettres défignent les mêmes parties correfpon- dantes, fig: 2, 3 Ÿ' 4e aaaa, les fentes Jongitudinalement faites à l'écorce, en entamant le liber. bbbE, les fentes faites circulairement dans le liber, & qui ont donné lieu à la formation des quatre rayons de l'étoile. £cccc, l'ancienne écorce. 1111, l'écorce régénérée. 2 Fig. 2, la büche de chêne qui offre cette croix ou étoile en quelque partie de fa longueur qu’on la fcie tranfverfalement. Fig. 3, le même morceau de bois fur lequel on a enlevé l'écorce & le bois, qui fe trouvent jufqu'à l’endroit où com- mence le rayon de l'étoile. à 25, bB, lépaiffeur d’un des rayons fur la Iongueur de la büche, Fig. 4, une des deux extrémités de la bûche où ce deffin commence à n'être plus apparent que dans trois des quatre rayons, DES SCIENCE s. 539 aaa, Îles trois fiffures longitudinales faites à l'é- corce, en entamant le liber, dB, bb, b, les fentes circulaires qui forment l'épaif- feur des rayons. a, bb, Ie rayon complet. a, bb, d, le rayon dont les fentes circulaires ayant été faites moins grandes, donnent auffi moins d’épaif- feur au rayon. abe, troifième rayon où la fente circulaire n'ayant été faite que d’un côté, le rayon n'a auffi que la moitié de fon épaiffeur., &» côté où il n'y a eu ni fente longitudinale, ni entame circulaire, & où il ne fe trouve au lieu de rayon en couleur brune, que l'ellipfe qui diftingue, dans le chêne, le bois durci de l’aubier. Fig. 5, la feconde extrémité de la büche, fs, 1, où le deffin cefle d'être apparent. Sur l'épaiffeur de ce tronçon, on voit Îa fente longitudinale 44, Les deux lignes entre lefquelles depuis Ia fente Ion gitudinale on 2 enlevé l'écorce / /, qui s'eft régénérée, Sur une des deux furfaces, on voit le rayon bien formé; & c’eft de ce même côté auffi où la fente longitudinale 44 eft très-apparente, où l'écorce // a été enlevée, où les deux fentes circulaires 44 font trés-vifibles, tandis qu'a l’autre partie de ce même diamètre, où l'on ne voit qu'une fente à l'écorce, il n'y à auffi qu'un prolongement de Ia couleur brune de peu de argeur f. Fig. 6, la furface de eette même figure ÿ, deflinée féparément, Fig. 7, la feconde furface de ce même tronçon de la figure ÿ. Du côté où vient finir a fente longitudinale x, la couleur brune À s'eft un peu étendue ; & à l’ex- trémité de ce même diamètre , au lieu d’un rayon, on ne voit qu'une tache i de couleur brune, qui affez la forme d’une feuille. Fig. 8, la branche d'orme tirée du Cabinet du Roi, où fe trouvoit un feul rayon d’une étoile paille à celle des figures 4» 2 La j° Yyyi 40 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyYaALE Fig. 8, a, la fente longitudinale : la couleur brune femble s'être extravafée vers cette fente longitudinale a, bb, les fentes circulaires: la couleur brune forme un crochet à chaque extrémité 46. ccc, Tancienne écorce. 11, Yécorce régénérée. Les fibres ligneufes & concentriques font con< tournées vers la fente longitudinale «. Mem. de UAc.R. des Je-An1777 : Pag. 640. PI XI. Le LAe.R, des Je-An1777: Pag- 540.PL. XI, EF & Gourx J'eup Men. de lAc.R. des Je. An-1777: Pag. 540. PL. XIV. LES % Me. de Le .R. des Je An-177 72 Pay Sao. Pl XIV. D'E:S, SCIENCES. s41 REV LOL RE SUR LE POUVOIR RÉFRINGENT DES LIQUEURS. Joit fimples, foit compofées. Par M.° CADET & BRISSON. LÉ: Lentilles à liqueurs, compolées de deux calottes fphériques de verre, dont les furfaces convexe & con- cave font parallèles, exécutées depuis long-temps par M. Bernières, nous ayant mis en état de former des lentilles de liqueurs qui euflent toutes la même courbure & le même diamètre, & qui fuffent par conféquent toutes bien égales entrelles, nous ont en même-temps fourni les moyens de comparer entreux les pouvoirs réfringens des différentes liqueurs : la grande lentille à liqueurs, de 4 pieds de dia- mètre, exécutée par le même M. Bernières, nous a fait fentir l'utilité de cette comparaifon. Pour rendre cet inftrument aufli fort qu'il peut l'être, il faut le remplir de la liqueur qui ait le plus grand pouvoir réfringent ; pour cela il falloit la connoître. Il n’y avoit que des expériences qui puflent conduire à cette connoïffance : c'eft à ces expériences que M. Cadet & moi nous fommes livrés. . Nous avons donc cherché à connoïtre le pouvoir réfrin- gent des diflérentes liqueurs, foit fimples, foit compolées, dont on peut remplir notre grande lentille, fans trop d'in- convéniens & fans trop de dépenfe. Nous avons en même temps, & par la même occafion, cherché à connoitre le pouvoir réfringent de plufieurs autres liqueurs, qui, quoi- qu'elles ne puiflent pas être employées au même ufage, foit à caufe de leur couleur, foit à cauje de leur qualité corro- five, foit à caufe de la trop grande dépenfe que cela occa- fionneroit , peuvent cependant répandre un grand jour fur Lüû le 12 Nov. 1777- s42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoraLe la véritable caufe de la réfraction de la lumière: caufe juf- u’à préfent bien peu connue. Pour cela, nous nous fommes fervis d’une de ces lentilles à liqueurs, compofée de deux calottes fphériques de verre, qui renferment entr'elles une cavité lenticulaire de $ pouces 8 lignes de diamètre, & dont la courbure a 9 pouces de rayon. On voit clairement que les lentilles de liqueurs, que nous avons formées au moyen de cet inftrument, ont été toutes parfaitement égales entr'elles, & qu'il nous a été aifé de comparer avec exactitude leurs différens pouvoirs réfringens. On fait que le cône de lumière formé par les rayons réfraétés par une lentille, a vers fa pointe à peu-près le même diamètre dans un afflez long efpace, ce qui vient de l'aberration connue de fphéricité. 11 nous eût donc été très- difficile de déterminer avec exactitude, par l'infpection de ce cône, la vraie diftance du foyer au centre de la lentille : c'eft pourquoi nous avons fait ufage d’un autre moyen, qui nous a paru plus fimple & en même temps plus für, qui a été de déterminer cette diflance par celle de l’image nette d’un objet placé devant la lentille, à foixante-douze pieds de diftance. Il eft vrai que les rayons de lumière partant de chaque point de cet objet, arrivoient divergens à la lentille; mais leur divergence étoit peu de chofe : les rayons partant d'un mème point, & arrivant fur les deux bords oppolés de la lentille, formoiïent un angle de 20 minutes au plus; & comme dans toutes les expériences, c'étoient le même objet, les mêmes rayons & la même diftance, cela ne doit avoir rien changé aux rapports des pouvoirs réfringens des diffé- rentes liqueurs que nous avons éprouvées. Dans toutes nos épreuves, les liqueurs avoient la même température, qui étoit marquée par 14 degrés du thermomètre de Réaumur. Nous avons commencé nos expériences par les liqueurs compofées, en faifant difloudre difiérens fels dans l’eau dif- tillée. Ceux que nous avons éprouvés , font le Nüre , le fel Marin, Ye [el de Glauber, Xe [el d'Epfom à bafe terreufe, le {el Ammoniac, Xe fel de Seignerre, e [el fixe de Tartre, Xe f4 D'Ets2 (Si CIE N'C:E:S s43 de Soude d'Alicante, le el Sédarif,, le [el de Saturne , le vitriol de Mars, le vitriol de Cuivre & le vitriol de Zinc. Nous avons pris tous ces fels dans leur plus grand degré de pureté, & nousavons eu foin, avant l'épreuve, de filtrer la diflolution. 11 y a deux caufes pour lefquelles 1a difflolution de ces {els dans l’eau augmente l'effet de la réfraction de la lumière ; 1.° l'augmentation de la denfité de la liqueur; 2.° les pro- priétés particulières de ces fels, qui réfultent fans doute de a nature ou de fa combinaifon des fubftances qui entrent dans leur compofition. Tous ces fels ne fe diflolvent pas dans l'eau en égale quantité; il y en a plufieurs dont nous n'avons pu faire diffoudre à froid que 2 onces par livre d’eau, tels font le Nitre, le fel de Saturne & les vitriols ; le fel de Soude d’Alicante s’eft diflout jufqu'à 3 onces par livre d’eau ; le fel de Glauber, le fel d'Epfom à bafe terreufe, le fel de Sei- nette & le fel fixe de T'artre ont été jufqu'à 4 onces; le fel Ammoniac jufqu'à près de 4 onces+; & le fel Marin jufqu’à 6-onces. À l'égard du fel Sédatif, nous n’en avons pu faire diffoudre qu’une once par livre d'eau, encore at-il fallu faire chauffer la liqueur : nous avons cependant obfervé de ne pas pouffer la diffolution jufqu'à faturation, afin d'éviter la criftallifation. Ceux de ces fels qui fe diflolvent en plus grande quantité, ajoutant davantage à la denfité de la liqueur , toutes chofes d’ailleurs égales, augmentent aufli davantage , par cette raïfon, l’eflet de [a réfraction; mais ce ne font pas toujours ceux qui ajoutent le plus à {a denfité de la liqueur, qui pro- duifent le plus grand effet, comme on peut le voir par Ia Table fuivante, dans laquelle Ia première colonne indique les denfités ou pefanteurs fpécifiques des diflérentes liqueurs que nous avons éprouvées, comparées à celle de l'eau diftillée ; dans la feconde colonne, font marquées les diftances du centre . de notre petite lentille, auxquelles fe font trouvés les foyers des lentilles des différentes liqueurs ; & dans la troifième, font marquées les diftances auxquelles fe trouveroient les 544 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE différens foyers de notre grande lentille, fi elle étoit fuc- ceflivement remplie de ces différentes liqueurs. Nous com- mençons la Table par celles dont l'effet eft le plus foible, TABLE des Denfités des Pouvoirs réfringens des liqueurs compofées, comparés à ceux de l'eau diflllée 7 de l'efprit- de-vin, Eau diflillée... 5. smisst st Diffolution de fel fédatif, r once par livre d'eau. ..:. .. Diffolution de vitriol de Mars, 2 onces par livre d’eau. ... Diffolution de vitriol de Zinc, 2 onces par livre d’eau. .. Diffolution du vitriol de Cuivre, 2 onces par livre d’eau... .. Difiolution de fel de Glauber, 2 onces par livre d’eau. ... 4 onces par livre d’eau... : Diflolution de fel de Saturne, 2 onces par livre d’eau..... Diffolution de fel d'Epfom à bafe terreufe, 2 onces par liv. d’eau. 4 onces par livre d'eau. Diffolution de fel de foude d’Ali- cante, 2 onces par liv. d’eau. 3 onces par livre d’eau.. ... Diflolution de Nitre, 2 onces paDvre d'eau. it DENSITÉ. 10000 10230 10654 10702 10763 10438 10795 10700 DORE 11082 10483 10632 | 10702 DISTANCE DU FOYER au centre DE LA LENTILLE, ou Longueur du Foyer. Petite LENTILLE. LENTILLE. £ 3% 12, lig- ï. po- vi SE trie 3 I 0 rh bin II ne bis 11. LI. 11. 11. Ugo II. T1. LI. II. Grande 9. 4 7°. 65 TS M6 ARS 10,027 FATPS A5 8% o 5. 4 élie 4 10 3e 1: Diflolution ete Pen em D ET DES Diffolution de fel- de Seignette, 2 onces par Jivre d'eau... .. 4 onces par livre d’eau. ... Difolution de fel fixe de Tartre, 2 onces par livre d'eau. 3 4 onces par livre d’eau... .. Efprit-de-vin. .. ....,., Diffolution de Camphre par l’ef- prit-de-vin, 2 onces par liv.. Difolution de fel Marin, 2 onces par livre d'eau. . 6 onces par livre d'eau... .. Eau-mère du Nitre, filtrée... Diflolution de fel Ammoniac, 2 onces par livre d'eau... 4 onces 2 gros $4 grains par 52 grains par livre d’efprit- de-vin Sue 1/1 NC € 5 Fe DISTANCE DU FOYER au centre DE LA LENTILLE, ou Longueur du Foyer. a No TS Petite Grande DENSITÉ ÎILENTILLE.| LENTILLE. 10584 11068 19845 11576 84882 86482 10790 12038 15836 10539 10635 On voit par cette Table, que des treize efpèces de fels que nous avons éprouvés il y en a onze qui produifent un effet moindre que celui que produit l'efprit-de-vin. A l'égard des deux autres, qui font le fel marin & le {el ammoniac, ils produifent un plus grand effet : à la vérité, celui du fef marin, quoiqu'il {e diflolve en grande quantité, n'eft pas Mém. 1777. ZT 546 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE fort au-deflus de celui de l'efprit-de-vin ; mais celui du fel ammoniac le furpañle de beaucoup. Avec l'efprit-de-vin, le foyer s’eft trouvé diftant du centre de la lentille de 12 pouces 2 lignes, & avec la diflolution du fel ammoniac, il ne s’eft trouvé diftant du même centre que de 11 pouces; de forte que notre grande lentille à liqueurs, qui, étant remplie d’efprit- de-vin, a fon foyer à 10 pieds ro pouces 1 ligne de diftance de fon centre, ne l'auroit plus qu'à 9 pieds o pouces 4 lignes, fi elle étoit remplie de notre diffolution de fel ammoniac, liqueur pas plus fufceptible de fe geler que ne l’eft l'efprit-de- vin, mais dont l'évaporation n’occafionneroit aucune dépenfe, puifqu'il n'y auroït jamais que de l’eau à ajouter. Par ce feul changement de liqueur, le foyer peut donc être raccourci de près de 13 pouces, quantité confidérable & à peu-près aufi grande que celle que nous avons obtenue, en ajoutant à l'appareil une feconde lentille. Si après ce premier raccourciflement du foyer, produit par le changement de liqueur, nous le raccourciflons encore par laddition d’une feconde lentille, ne devons-nous pas efpérer une grande augmentation dans l'activité de ce foyer brülant ? Cet effet, tout grand qu’il eft, n’eft pas encore le meilleur que nous aient fourni nos expériences : nous avons eu, par le moyen des liqueurs fimples, des effets encore beaucou plus confidérables, comme nous allons voir ci-deflous. Nous devons remarquer que le fel ammoniac, qui eft celui de tous ces fels dont la diffolution augmente le plus l'effet de Ja réfration, eft cependant celui qui ajoute le moins à la denfité de Ia liqueur: il faut donc qu'il entre dans la compofition de ce fel quelque fubftance qui con- tribue, indépendamment de la denfité, à l'augmentation de l'effet de la réfraétion. Nos expériences nous font croire que Fefprit de fel eft cette fubftance; car le foyer de la lentille d'elprit de fel n’eft que de =; plus long que celui de la len- tille d'huile de vitriol, comme nous le verrons ci-deflous, & cependant la denfité de lhuile de vitriol excède de plus d'un tiers celle de Fefprit de fel: if faut donc qu'il y ait dans DE S'hSLAURÉEUNS € Æt ss S47 lefprit de fel quelque pouvoir réfringent, indépendant de la denfité, & fon pouvoir paroït beaucoup augmenté par fa combinaifon avec l’alkali volatil, quoique f'alkali volatil feul ne produife pas un eflet beaucoup au-defius de celui de l'eau. Pour découvrir en quoi confifte ce pouvoir, cela exige de nouvelles expériences, que nous nous propofons de fuivre, & dont nous aurons foin de rendre compte à l'Académie, fi elles nous réufliflent comme nous le defirons. Nous invi- tons tous les Phyficiens à travailler de eur côté, pour tâcher de faire cette découverte : il y a tout lieu d'efpérer qu’elle répandroit un grand jour fur celle de la vraie caufe de Îa réfraétion de 1a lumière. L’eau-mère de nitre filtrée, que nous avons aufli mife à Tépreuve, a un pouvoir réfringent , prefque aufli grand que celui de la diflolution du fel ammoniac: aufii contient-elle du fel marin & de l'efprit-de-fel. 11 eft en même temps vrai que fa denfité eft confidérable ; fa pefanteur fpécifique eft à celle de l'eau diftillée , comme 1 5836 eit à 10000; fi elle m'étoit pas aufli colorée qu'elle left, on pourroit l'employer avec avantage & à peu de frais. Nous avons encore éprouvé la diflolution de camphre par Tefprit-de-vin, & celle de mercure par l'efprit-de-nitre; mais la première ne fait guère plus d'effet que l'efprit-de - vin feul; & l'autre, quoiqu'elle ait un pouvoir réfringent plus grand que celui de la diflolution de fel ammoniac, ne peut pas être mile en ufage, parce qu’elle eft trop corrofive. Paflons maintenant à l'examen des eflets que produifent les liqueurs fimples: celles que nous avons éprouvées, font le petit lait de vache clarifié, Yalkali volatil, les acides végé- taux & minéraux, Véther vitriolique , huile d'olives, Yhuile d'amandes douces, les huiles effentielles, de lavande, de roma- rin, de thym, de karabé & de térébenthine , & Va térébenthine liquide. bi Il fe trouve encore ici, comme dans les liqueurs compo- fées dont nous avons parlé, & pour les mêmes raifons , deux caufes qui contribuent à l'augmentation de l'effet de la Zzz ij 548 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE réfraction de a lumière; favoir, 1.° la denfité de la liqueur; 2.” les propriétés particulières de ces liqueurs : c’eft ce dont on a la preuve dans la Table fuivante, femblable à celle que nous avons donnée ci-deflus pour les liqueurs compoltes, & dans Jaquelle font confignés les réfultats de nos expériences fur ces liqueurs ; favoir, la denfité & le pouvoir réfraétif de chacune d'elles; en commençant, comme nous avons fait dans l'autre Table, par celles dont l'effet eft le plus foible. TABLE des denfités & des pouvoirs refringens des liqueurs fimples, comparés à ceux de l'eau diflillée 7 de l’efprit-de-vin. DISTANCE DU FOYER au centre DE LA LENTILLE, DENSITÉ ou Longueur du Foyer. Petite Grande LENTILLE.| LENTILLE, aber, Eau difillée............1 10000 13% slis|riré rive pif Petit lait de vache... . ...: To193 13. 4Witr. 10. #27 Vinaigre diflillé........ 11000) ITS Er MN + Alkali volatil........ s..] 9608 [r3. 2 Elrr. 8 103 Vinaigre blanc, .... °s..| 1101735 fr3:0 2 |rre 8: 3; Ether vitriolique. . .. .. Sal ANS A 12.097 [IT 2028 Efprit-de-vin.. 4.448 Ju 8488112. 2 =|ro. ro. 17 Efprit-de-nitre du commerce. | 12715 rr. 6 |ro. 2. 8 Efprit-de-fel du commerce. .| 11940 tr. o 9 9. 4 Huile de vitriol-ducommerce.| 18408 ro. 6 p.140) Huile effentielle de Lavande... 8938 | 9 9 8:87 RG Huileid'olivest rte 91513 À 19:18 2 8.740064 Huile d'amandes douces... .. 9170 | 9. 8 Be Nine Huile effent. de térébenthine, 86071 lun: ur nimes Huile effentielle de romarin. . 9057 À 9 7 +, 116M2E Huile effentielle de karabé.…. . 8865 | 9 6 8. 5. 4 Huile effentielle de thym... . 9023 | 9. 3 Bi lai 1148 Térébenthine liquide... ... 9910 | 7. ï1 7 NU ab DES SCIENCES. 549 On voit par cette Table, que le petit lait, les acides végé- taux, l'alkali volatil & Véther, font un eflet moindre que celui que produit l’efprit-de-vin. Les acides minéraux font un plus grand effet; mais, 1.° ils font trop corrofifs pour qu'on puifle en faire ufage; 2.° la réfraétion qu'ils occafion- nent, eft encore beaucoup moindre que celle qu'occafionnent les matières huileufes & réfineufes. C’eft donc parmi ces dernières qu'il faut choifir la liqueur qui convient à l'objet que nous avons en vue; ces fubftances e quoique beaucoup moins denfes que toutes celles dont nous avons parlé ci- deflus, en en exceptant l'éther, ont cependant un pouvoir réfringent beaucoup plus confidérable, & très-approchant de celui du verre; méme l’une d'elles, favoir la térébenthine liquide, occafionne une réfraétion plus grande que celle qu'occafionne le verre; mais malheureufement elle à trop peu de tranfparence. Les huiles efentielles que nous avons éprouvées , favoir, celles de lavande, de romarin, de thym, de karabé & de térébenthine, & les huiles tirées par expreflion d'olives & d'amandes douces, ont des pouvoirs réfringens qui diffèrent très-peu les uns des autres. A cet égard, on pourroit donc choifir parmi elles, celle qu'on pourroit fe procurer le plus aifément. Mais, outre que les huiles effentielles, fi l’on en excepte celle de térébenthine , occafionneroient trop de dépenfes, la plupart font trop colorées ; l'huile d'olives a un pouvoir réfringent, un peu moindre que celui de Fhuile d'amandes douces, & cette dernière eft un peu moins colorée que l’autre : elle lui eft donc préférable. De plus, il eft pof fible de l'obtenir d’une belle tranfparence, très-peu colorée, & peut-être moins que ne l’eft Le verre dont on fe fert ordi- mairement pour faire les lentilles, en ayant foin d’ôter la pelure des amandes avant d’en extraire l'huile : ce qu'il eft très-aifé de faire, par le moyen de l'eau chaude, Nous penfons donc que, pour augmenter le pouvoir réfringent de nos lentilles à liqueurs, & raccourcir {eur foyer avec le plus d'avantage, le moins d'inconvénient & le moins 559 Mémotres DE L'ACADÉMIE ROYALE de dépenfe, il faut choifir, parmi les huiles grafles, celle d'amandes douces; & parmi les huiles eflentielles, celle de térébenthine. Leur pouvoir réfringent eft, à très - peu de chofes près, le même; &, comme nous l'avons dit ci-deflus, très-approchant de celui du verre; car fi une lentille pareille à notre grande de 4 pieds de diamètre, & d'une courbure de 8 pieds de rayon, étoit de verre maflif, elle auroit fon foyer à 8 pieds de diftance de fon centre; & fi nous rem- pliflons notre lentille à liqueurs, d'huile effentielle de téré- benthine ou d'huile d'amandes douces, fon foyer fera diftant de fon centre, de 8 pieds 6 pouces 8 lignes, ou tout au plus de 8 pieds 7 pouces; ce qui n’eft que d'environ + plus long. A cet égard le foyer de la lentille de verre feroit plus a@if que celui des lentilles d'huile; mais, fi l’on fait atten- tion d’une part, à la grande quantité de rayons de lumière néceffairement éparpillés par les défauts inévitables du verre, par les bouillons & les fils qui sy trouveroient, fur-tout dans une auffi grande mafle; & d'autre part, à la belle tranfparence & à l’uniformité de denfité de nos huiles, on fera convaincu qu'il fe trouveroit autant, ou même plus, de rayons réunis au foyer des lentilles d'huile, qu'il ne s’en trouveroit au foyer de la lentille de verre, & que par con- féquent en rempliffant notre lentille d’une de ces deux huiles, nous aurons un foyer aufli actif, peut-être même plus que fi la lentille étoit de verre mafñlif. Ajoutons à cela qu’on doit regarder, comme impoflible , l'exécution d’une auffi grande lentille de verre; & qu'il nous eft maintenant très-aifé d'en faire une d'huile de cette grandeur. Nous dirons encore que nous croyons qu’on doit préférer l'huile effentielle de térébenthine à l'huile d'amandes douces; parce que la première conferve toujours fa tranfparence, même dans les temps les plus froids, au lieu que l'autre devient louche par la gelée. H eft bon aufli de remarquer qu’il y a beaucoup à gagner du côté de la dépenfe, parce que l'huile effentielle de téré- benthine eft beaucoup moins chère que ne left l'efprit-de-vin, DES SerTENEezrs, $Sr dont nous avons jufqu'à préfent fait ufage; & même que ne le feroit l'huile d'amandes douces, tirée avec les précautions que nous avons indiquées. La grande puiffance qu'ont ces huiles pour réfraéter {a lumière, malgré leur peu de denfité, a fait croire que {a matière inflammable qu'elles contiennent, contribue beau- coup à cet effet. Mais, comment concilier cette opinion avec le peu d’eflet que produit l'éther, qui paroît cependant être de toutes les fubftances celle qui contient le plus de matière inflammable ? C’eft ce qui nous fait dire de plus en plus, que la vraie caufe de {a réfraction de la lumière eft encore bien peu connue. Si {a térébenthine liquide, dont nous avons parlé ci-deflus, & qui, comme nous l'avons dit, a un pouvoir réfringent plus grand que celui du verre, n'étoit pas fi louche qu'elle l'eft ordinairement, elle mériteroit la préférence fur toutes ces autres liqueurs ; car le foyer d’une lentille faite de cette réfine , feroit d'environ + plus court que celui d’une lentille de verre de même courbure; mais fi fon pouvoit, par quelques procédés, comme nous nous propolons de le tenter, s'en procurer de bien tranfparente, ne füt-ce qu’en petite quantité, on pourroit peut-être l'employer à un autre ufage non moins important. Newton, dans fon Zraité d'Optique, page 114, a propofé de faire des objectifs compofés de deux verres, dont l'entre-deux feroit rempli d'eau. Ne pourroit-on pas de même, d'autant que la térébenthine caufe une dif perfion de rayons aflez différente de celle que caufe le verre, comme nous nous en fommes aflurés par l'expérience *, ne pourroit-on pas, dis-je, faire des objectifs dans lefquels, pour les rendre achromatiques, on feroit ufage de cette réfine, à la place du fnt-glaff, matière fi difficile à fe pro- * Nous avons pris deux prifmes égaux, l’un de verre & l’autre de térében- thine liquide : les im ges colorées d’un rayon folaire réfraété par ces prifmes étant reçues à 13 pieds de diftance du prifme, celle du rayon réfraété par le verre, avoit 28 lignes de longueur, & celle du rayon réfracté par la térében- thine , avoit 34 lignes au moins. 552 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoÿALE curer d’une denfité uniforme & fans défauts, fur-tout en grands morceaux ; mais le développement de cette idée nous mèneroit trop loin, & ne fait pas partie de notre fujet aéluel. Nous nous contenterons aujourd'hui d’avoir fourni les moyens de rendre les lentilles à liqueurs beaucoup meilleures qu'elles ne le font, en les remplifiant d’une diffolution de fel ammo- niac dans l’eau diftillée, prefque jufqu'à faturation; ou mieux encore d'huile effentielle de térébenthine, dont le foyer, dans notre grande lentille, fera de plus de 27 pouces plus court que celui de F'efprit-de-vin; & de rendre par-là le foyer de cette lentille, autant & peut-être même plus actif qu'il ne le feroit, fi elle étoit de verre maffif. Il eft douloureux pour nous, ainfi que malheureux pour le progrès des Sciences, que la mort nous ait enlevé M. Trudaine ; fans ce trifte évènement, nous aurions aujourd’hui la fatisfaction de voir cet Académicien jouir du fruit de ces expériences, que fa générofité nous a fuggérées ; & nous ferions enchantés de lui donner cette marque de notre zèle & de notre reconnoiffance. " MÉMOIRE D'E SUWSICTIEINLC.E « 553 M É M OIRE BURN ITA RÉDUCTION DE L'ÉPAISSEUR DES PILES, Et fur la courbure qu'il convient de donner aux Vouites, pour que l’eau puiffé palfer plus librement fous les Ponts, Par M PERRONET. M°; objet dans ce Mémoire, eft de déterminer l'épaif feur à laquelle on peut réduire les piles des Ponts, & la diminution dont peut être fufceptible Ie maffif des voûtes ar leur courbure, afin de parvenir à faire avec moins de dépenfe des Ponts qui foient plus légers, & qui laiffent un pañlage plus libre à l'eau, fans que ces changemens puiffent nuire à leur folidité. J'ai cru que cette matière pourroit inté- refler l'Académie, qui s'occupe avec tant de fuccès de la defcription & perfection des Arts, Je diviferai ce Mémoire en deux parties : je traiterai dans la première, de la réduétion de l'épaifleur des Piles; & dans la feconde, de la courbure qu’il convient de donner aux Voûtes, en diminuant le maffif de {eur maçonnerie. PR EMI R'ELRUES UE À BUT TE; Es piles des Ponts doivent être confidérées ou comme faifant la fonction des culées, ou comme devant toujours être contre- buttées par les arches collatérales jufqu’aux culées de ces Ponts: dans le premier cas, on doit les rendre auffi fortes que doivent Yêtre les culées mêmes pour réfiftér à Ia poufiée Jatérale des vouffoirs qui tend à les renverfer, & qui augmente Mém, 1777. Aaaa Lû le 12 Nov, AA 554 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE d'autant plus, que les voûtes font plus plates & les pieds- droits plus hauts /a). Dans le fecond cas, il doit fuffire de leur donner aflez de largeur pour qu'elles puiffent foutenir le poids de chaque demi-voûte qui eft élevée de part & d'autre de ces piles. Je vais préfentement faire connoître que l’on n'eft point dans lufage de donner, & que lon ne doit point donner aux piles la même épaifleur qu'aux culées; après quoi je propo- ferai de réduire encore l'épaiffeur que l’on donne ordinairement à ces piles. Les perfonnes qui n’auroïient point d'égards à Féconomie des matériaux, pourroient préférer les piles les plus épaïles, comme plus folides; mais ce feroit encore une erreur, parce qu’en rétréciffant le cours naturel des rivières, on en augmente la vitefle qui feule peut faire perdre la folidité que l'on fe feroit propolé de donner aux Ponts, à caufe des affouillemens qui fe feroient au pied des piles : c’eft un défaut que l’on a reproché à plufieurs Ponts, & auquel on a eu lieu d'attribuer leur chute, comme je le ferai auffi connoître dans ce Mémoire. Les meilleurs Conftruéteurs, & ceux qui ont fait les plus grands Ponts, tant en France qu'ailleurs, n’ont point donné à beaucoup près aux piles la même épaifleur qu'aux culées, & ils paroiffent avoir eu pour cela de bonnes raifons, qu'il eft auffi néceflaire de faire connoiître. Dans le nombre des piles, les plus fortes qui aient été faites pour foutenir de grandes arches, je puis citer les deux du pont de Mantes, qui ont été fondées par feu M. Hupeau, qui étoit pour lors premier Ingénieur des Ponts & Chauflées; elles ont .24 pieds d'épaifleur pour porter des vottes de 120 pieds d'ouverture d’un côté, & de 108 pieds del'autre, dont les montées font de 35 & de 33 pieds : cependant jai reconnu en achevant de faire conftruire ce Pont, après la mort de M. Hupeau, que cette épaifleur étoit encore (a) On nomme pieds-droits les parties qui font élevées à-plomb depuis le déffus de la dernière retraite des fondations jufqu'à la naïflance des voñtes. DES SCiENCESs. 555 infuffifante pour que ces piles puffent tenir lieu de culées. La pile qui efl fituée du côté du faubourg de Limay, a été repouflée d'environ 4 pouces lorfqu'on finifloit de poler les voufloirs de l'arche collatérale, avant même qu’elle fût - chargée de fa maçonnerie des reins, ce qui m'obligea de fufpendre le travail de cette arche, & de porter tous les Ouvriers à celle du milieu du Pont, afin de contre-butter Ia poufiée; & pour foutenir féparément ces voûtes, l’on auroit été obligé de donner environ 30 pieds d’épaiffeur aux piles. Au nouveau pont d'Orléans, dont les arches furbaifées du tiers ont depuis 92 jufqu'à 100 pieds d'ouverture, les piles n'ont que 17 & 18 pieds d'épaiffeur, au lieu de 23 & de 25 qu'elles devroient avoir pour réfifter féparément à la pouflée des voûtes, fuivant le calcul qui en a été fait d’après la formule de M. de la Hire /b), par M. de Montigny, de cette Académie, & cela feulement pour le cas de l'équilibre. Les piles qui foutiennent les treize arches du pont de Moulins, celles des douze arches du nouveau pont de Sau- mur, & celles de l'arche du milieu du pont du Cher, toutes de 6o pieds d'ouverture, furbaifléés du tiers, n'ont que ‘12 pieds, épaiffeur qui a été également reconnue pendant la conftruétion de ces Ponts être infuffifante pour fervir de ‘ culées. Les grandes arches des anciens ponts de a Voulte & de la Bajafie, fur l'Allier, chacune de 84 pieds d'ouverture, furbaïflées de près du tiers, n’ont également que 12 pieds d'épaiffeur. On trouve auffi en différens pays de l'Europe de pareils exemples à citer. Les piles qui foutiennent les arches du milieu du pont de Weftminiter , fur la Tamife, & de Blacfreyars, que l'on vient de conftruire à Londres , l’une de 72 pieds, l'autre de 02 pieds, n'ont que 16 & 18 pieds d'épaifleur. à (b) On trouve la formule dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1712, Aaaa ij 56 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE I nous refte encore des Ponts & des Aqueducs romains, dont les piles ont, à proportion de l'ouverture des arches qu'elles foutiennent, encore moins d’épaifleur que celles dont je viens de parler Aux deux ponts antiques de Vicence , chacun de trois arches, faites en portion d’arc-de-cercle, dont celles du milieu ont 29 & 30 pieds d'ouverture, les piles n'ont que 5 pieds, faifant le double de la longueur de la coupe de leurs voufloirs, On voit à Padoue quatre autres Ponts antiques qui font pareils aux précédens. Au pont-aqueduc du Gard, les piles n’ont que 13 pieds pour foutenir un double rang de fix & huit grandes arcades en plein cintre, placées lune fur l'autre, qui ont depuis 48 jufqu'à 78 pieds d'ouverture, & qui font furmontées par un rang de petites arcades qui étoient deftinées pour conduire l'eau fur la traverfe de la vallée, du fommet d'une montagne à l’autre. On n'ignore pas, qu'à d’autres Ponts faits par les Romains, tels que ceux de Rimini, de Salamanque, d’Alcantara, & le fameux Pont conftruit fur le Danube par Trajan , les piles étoient beaucoup plus fortes, & qu'elles avoient pour épaiffeur près du tiers de l'ouverture des arches qu'elles foutenoient ; mais fuivant Nicolas Bergier /c), ces piles avoient aux trois derniers ponts , 150 & 200 pieds de hauteur de pied-droits; d’ailleurs, il fuffit pour ce que je me propofe d'établir par le préfent Mémoire, de faire connoitre que les Romains , ainfi que d’autres Nations, ont aufft fait des ponts durables, quoique les piles fuflent encore moins épaifles, à proportion de l’ouverture des arches, que celles des plus grands ponts qui ont été conftruits en France & ailleurs. Les Ingénieurs &c Architeétes qui ont fait les grands Ponts & les aqueducs, dont je viens de parler, n'ont point donné aux piles toute l'épaiffeur qu'elles devroient avoir pour fervir {c) Tome 11, page 288 êT fuivantes, DES SCrENCES. 57 de culées, & cela vraifemblablement pour les raifons que j'ai alléguées précédemment, & principalement aufi parce qu'ils n'ont pas dû penfer qu'il fut poflible qu'une pile qui eft établie fur un fond folide, lorfqu’elle eft d’ailleurs conftruite avec de bons matériaux, puifle être fubitement détruite en entier, étant au furplus facile de réparer les dégradations qui peuvent y arriver fucceflivement. On pourroit objecler , qu'indépendamment des dégrada- tions fucceflives dont je viens de parler, il pourroit {e faire qu’une pile vint à s’affaiffer {ur fes fondations; j'en connois efleétivement trois exemples: favoir, au pont de Weftminfter, au pont d'Orléans, & récemment à celui de Tours, ce qui a exigé de reconftruire deux arches au premier de ces ponts, & obligera d’en faire autant au dernier; mais on aura moins lieu de craindre cet évènement extraordinaire lorfque les piles feront moins épaifles, & qu'elles auront été établies, comme je le propole, fur de grands empatemens qui diftri- bueront la charge, déjà moins forte, fur une plus grande furface du terrein : l'on peut d’ailleurs remédier à cet affaifie- ment, fans que cela intéreffe la folidité des voûtes qui font appuyées fur les autres piles, parce que ces voûtes fuivent pour lors d’un côté l’affaiflement de la pile, en prenant la figure d’un arc rampant , & qu’elles continuent à contre-butter les autres arches, jufqu'à ce que l'on ait pris les précautions convenables pour les reconflruire avec füreté, quand elles ont befoin de l'être. Ce ne font pas les piles des Ponts feulement que l'on a fait moins épailles que leurs culées ou buttées, on en a ufé de même pour d'autres monumens, dont la chute pourroit également être entraînée par la ruine entière & fubite de quelques-unes des parties qui les foutiennent. Les piliers des églifes gothiques, les colonnes qui en tiennent lieu dans les églifes antiques & modernes, les colon- nades, telles que celles de la place Saint-Pierre de Rome, & du Louvre, à Paris ; tous ces monumens s’écrouleroient nécefllirement en grande partie, fi un feul des petits piliers 558 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE ou l'une des colonnes venoit à tomber; mais cela eft regardé comme impoflible; & en effet, depuis nombre de fiècles que beaucoup de ces édifices font conftruits, on n'a pas appris qu'aucun d’entr'eux foit tombé par cette caufe, non plus que les Ponts dont les piles, quoique beaucoup plus fortes à caufe de leur deftination, le font cependant encore moins que fi elles devoient fervir de culées. On pourroit néanmoins remarquer au pont de Blois, conftruit fur les deflins de feu M. Gabriel, premier Archi- tecte du Roi, & premier Ingénieur des Ponts & Chauflées, qu'il a été fait une exception à l’ufage dont je viens de citer des exemples. Les piles d'entre les quatrième & cinquième arches, d'après les culées de ce Pont, ont chacune 2 1 pieds d’épaiffeur pour foutenir des arches de 66 & 72 pieds d'ouverture, ce qui divife le Pont en trois parties, dont celle du milieu eft compofée de trois arches, & les deux autres chacune de quatre ; mais M. Gabriel ayant vraïfemblablement voulu éviter l'inconvénient effentiel de trop rétrécir le cours de la rivière, n’a donné que 15 pieds d'épaifleur aux huit autres piles, quoique deux d’entr'elles foutiennent l'arche du milieu, qui a 82 pieds d'ouverture. Je crois qu’il feroit également prudent de placer aux Ponts à faire fur les rivières les plus larges, de fortes piles qui, dans le befoin , puffent fervir de culées, en les efpaçant aufli à la diftance de trois & quatre arches l'une de l'autre, ce qui donneroit d’ailleurs la facilité de faire ces grands Ponts en différentes parties fucceflivement , dont chacune pourroit être confidérée comme un Pont entier qui auroit fes culées; mais on doit toujours éviter de trop rétrécir le lit des rivières, en y établiffant de ces fortes piles fans néceflité. On pourroit citer plufieurs exemples du dommage qui eft réfulté de ce défaut d'attention aux Ponts les mieux conftruits : je me contenterai d'en rapporter un qui eft très- notable. Au Pont de trois arches de r0 5 & de 1 38 pieds d'ouverture, Be ne © DES SCIENCES. s59 fait fur l'Allier, à Moulins, d’après les deffins d'Hardouin Manfard , & reconftruit depuis par feu M. Régemorte le cadet, les piles avoient 32 pieds d’épaiffeur, & pouvoient fervir de culées, du moins pour les arches collatéraies : ce Pont eft cependant tombé en 1710 , immédiatement après fa conftruétion entière; ce qui a été attribué au rétrécifle- ment que la mafle de ces piles a fait dans le lit de la rivière, qui coule d'ailleurs fur un fable fin que l'eau fouille & emporte aifément lors des crües. Ce n'eft donc pas encore tant de la grande épaifleur des piles que doit dépendre la folidité des Ponts, que de l'atten- tion que l'on doit avoir pour les bien fonder, & avec de grands empatemens, fur-tout quand on trouve convenable de leur donner peu d’épaifieur à leur nu. Il réfulte de ce que je viens de dire, qu’à limitation de ce qui a été pratiqué aux plus grands Ponts antiques & modernes , lon doit renoncer à donner aux piles toute l'épaiffeur qu'elles devroient avoir pour fervir de culées; mais ne conviendroit-il pas de leur donner encore moins d’épaifeur que l’on n’a fait jufqu’à préfent, puilqu'il doit fuffire pour lors de les mettre en état de porter avec une certaine fupériorité le poids dont elles doivent être chargées! En ce cas, on épargneroit de la maçonnerie inutile, & on donneroit plus de pañlage au cours de l'eau: c'eft ce qu'il eft à propos d'examiner. On fait que les voufloirs fes plus comprimés font ceux de la partie fupérieure des voûtes, fur-tout dans celles qui font les plus furbaiflées : on eft dans l’ufage de leur donner en longueur de coupe, pour les grandes arckes qui {ont furbaiffées au tiers, la vingt-quatrième partie de leur diamètre (/d) ; d) Il convient de donner aux voufloirs des clés des petites arches, un pied de coupe de plus que ce vingt- quatrième , lequel on diminue enfuite à raifon d’une ligne par chaque pied d'ouverture des arches, en forte que cette coupe fe trouve réduite à 27 & à 42 pouces pour des arches de 36 & 72 pieds : on peut donner un peu moins de fongueur de coupe à ces voufloïrs , lorfque les voûtes font en plein ceintre, s6o Mémoirts DE L'ACADÉMIE ROYALE mais comme une pile foutient deux demi-voûtes, on a cri en conféquence devoir lui donner, au moins pour épaifleur, le double de cette longueur de coupe, & de lui ajouter pour plus de folidité le tiers ou le quart de cette épaiffeur. Si l’on vouloit s’en rapporter aux expériences fur la réfif- tance de la pierre, qui ont été faites depuis quelques années, on trouveroit que l’épaifleur que je viens de propoler eft encore beaucoup trop grande, fur-tout lorfque la pierre eft dure , pour réfifter au poids dont les piles doivent être chargées /e) ; mais comme on doit donner beaucoup de foli- dité à de pareils ouvrages, il paroît convenable de s’en tenir à ce qui vient d’être dit au dernier article. j Lorfqu'il a été queftion de conftruire le nouveau pont de pierre de Neuilly, j'ai beaucoup réfléchi au parti que je devois prendre, foit de donner aux piles une épaiffeur proportionnée à celle qu'elles ont le plus ordinairement aux autres Ponts, ce qui auroit exigé pour foutenir des arches de 120 pieds furbaiffées au quart 27 pieds; ou bien de réduire de beau- coup leur épaifieur, comme on vient de voir que cela pouvoit avoir lieu, J'avois reconnu, par fe moyen des fondes, que le Pont feroit fondé fur le tuf le plus dur, & auffr confidéré que les matériaux que l’on y emploîroit étoient de la meil- leure qualité; je n’ai point dès-lors héfité de réduire l'épaiffeur de ces piles à 13 pieds à leur nu, en leur donnant de grands empatemens par retraite de 2 pieds fur chacune des trois afliles de la fondation : cette épaiffeur excédoit de 3 pieds celle qu'auroit donné le double de la longueur des vouffoirs (€) On a conclu d’après les expé- riences qui ont été faites chez M. Souf- flot, oùilm’avoitinvité de me trouver, que pour écrafer un pied carré de la pierre de Saillancourt, que j'ai em- ployée au pont de Neuilly , laquelle pèfe 152 livres le pied cube, îl fau- droit la charger d’un poids de 240000 livres ou d’une colonne de même bafe de 1580 pieds de hauteur de Ja même pierre; maïs jai reconnu, par le calcul de j'en aï fait, que la même furface un pied des piles du nouveau pont de Neuilly n’étoit chargée à la hauteur de la naïflance des arches , que d'un poids d'environ 20060 livres ow d'une colonne de 121 pieds, en forte que chaque pile fe trouve encore douze fois plus forte qu'il n’eftnéceffaire pour fupporter le poids dont elle eft chargée. des DES! S CTEN CE Ss. s6n des clés, ce que j'ai propofé précédemment comme {a moindre épaifleur à donner aux piles, ainfi qu'on l'a pratiqué aux ponts antiques de Vicence, que j'ai cités ci-devant. Les quatre piles de ce Pont ont enfemble 5 6 pieds moins d'épaiffeur que fi je leur avois donné 27 pieds, ce qui auroit rétréci d'autant le lit de la rivière & augmenté l'aflouitlement au pied des piles, & auffi un peu augmenté Îa hauteur de 1a cataracte ou refluement d’eau dans Îa partie fupérieure du Pont, qui rend la Navigation plus difficile en remontant, On pourroit croire qu'il feroit facile de prévenir Îles incon- véniens dont je viens de parler, en élargiffant Îe lit de a rivière, au droit des culées du Pont, de tout ce dont on 14 rétréciroit par l’excédant de l’épaiffeur des piles; mais cela ne remédieroit à rien, parce que cet élargiflement fe trouvant en-dehors du cours naturel de la rivière, l’eau y auroit nécef- fairement moins de viteffe ; les fables & fédimens terreux S'y dépoferoient, & formeroient un attériffement qui ne tarderoit as à rétablir ce lit dans fon premier état. I paroït rélulter de ce que je viens de dire, que non- feulement on ne doit point donner aux piles toute l'épaifleur qui feroit néceffaire pour qu'elles puffent tenir lieu de culées, mais encore que l'on pourroit leur en donner beaucoup moins que celle du cinquième de l'ouverture des arches, qui eft la plus généralement adoptée, excepté cependant dans les cas {emblabies à celui du pont de Blois, que j'ai cité. DRE RNA EU PAR TII UE, à, ES voûtes des Ponts font ordinairement faites en demi- cercle, en demi-ellipfe ou forme ovale, en arc d'ogive, & enfin en portion d’arc-de-cercle. Toutes ces courbures, forfqu’elles prennent eur naiflance à la hauteur des bafies eaux, ou peu au-deflus, comme cela eft d’ufage, ont l'inconvénient de diminuer le paflage de leau, & cela d'autant plus qu'elle s'élève davantage, en forte qu'en fuppofant que l’eau foit montée jufqu’à la clé, ce pañlage £ trouveroit rétréci à peu-près des trois quatorzièmes pour les Mém, 1777. Bbbb 562 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE voûtes en demi-cercle & en demi-ellip{e, qui auroient leur naiflance aux plus bafles eaux. F Il fuit de cette oblervation que quatre arches qui n’auroient pas le même inconvénient. de rétrécir le paflage de l'eau, tiendroient lieu de cinq autres arches de même ouverture & hauteur, dont les voûtes feroient faites en demi-cercle ou en demi-ellip{e, ce qui épargneroit un cinquième de a dépenfe pour cette confidération feulement, indépendamment de l'économie & du débouché plus facile qui doit rélulter de la réduétion de l'épaifleur des piles. Les voûtes en are d'ogive, & celles qui feroient termi- nées par de tels ares, comme au vieux, pont de Londres, à hauteurs égales rétréciroient encore plusle paflage de l'eau ; d’ailleurs la forme n’en eft pas agréable, Les voûtes des plus anciens Ponts- ont été faites en demi- cercle, & quelquefois aufli en grandes portions d’arcs-de- cercle, tels qu'aux ponts antiques de Vicence & de Padoue, que J'ai cités dans la première Partie de ce Mémoire, & à un autre Pont fait à Vicence, ainfr quà celui de Rialto, chacun d’une arche de 90 pieds d'ouverture ; les naïffances de prefque toutes ces arches étant établies près la hauteur des bafles eaux , elles ont l'inconvénient des voûtes en plein ceintre, & cet inconvénient augmente même à proportion que la flèche de Farc devient plus courte. On remédiera à l'inconvénient que je viens de reprocher à cette courbure faite en portion d'arc de cercle, fr l'on fait partir {es naiffances à la hauteur des plus grandes eaux , ou peu au-deffous, comme on l'a fait au Pont-aux-Orfévres à Florence, de trois arches qui ont chacune 90 pieds d'ou- verture, ainfi qu'aux ponts de Valence /f) en Efpagne & de Nuremberg. (f) Ona conftruit à Valence quatre | vées à 7 pieds au-deffus des bafles Ponts femblables de dix arches, cha- | eaux, & ces Ponts font efpacés fur cune de 40 pieds d'ouverture, faites | la nême rivière, à environ 1 5 o toifes en portion d’arc-de-cercle fur un rayon | les uns des autres. de 50 pieds, les naïflances font éle- Un cinquième Pont, dont les naïf= niersu SICOHNE N:c1E 8 563) L’habitude: où l'on eft de rendre les courbures des arches tangentes aux pieds-droits des piles & des culées des Ponts, & les études que plufreurs Ingénieurs & Mathématiciens ont faites, fur -tout depuis quelque temps, pour rendre ces cour- bures plus agréables & plus faciles à décrire /g), ne doivent point empècher dans plufieurs circonftances de faire les.voûtes en portion d'arc-de-cercle, comme on la déjà pratiqué aux Ponts antiques & modernes que j'ai cités, mais en obfervant d'élever leur naiflance à la hauteur des plus grandes eaux, puifque ces arches doivent donner dans tous les temps un paflage égal & plus libre au cours de l'eau: c'eft la chofe la plus effentielle que l’on doive defirer dans un Pont, .& pour laquelle on ne doit point héfiter de facrifier ce qui peut dépendre du feul agrément de la courbure; il eft d’ailleurs facile d'interrompre par un impofte, comme on l'a fait dans des cas femblables à plufieurs Ponts antiques, l'efpèce de difformité que l'on peut reprocher à l'angle mixtiligne que fait cette courbure en portion d’arc-de-cercle, avec le plan vertical du parement des piles & des culées. J'ajouterai que quand l'élévation des berges de la rivière le permettra, on pourra employer une courbure elliptique, comme on l'a fait au pont de la Trinité à Florence, ou telle autre courbure que l’on trouvera convenable, en faifant toujours partir eur naiflance près la hauteur des grandes eaux. Feu M. Trudaine fils a adopté le genre de conftruétion des voûtes terminées en portion d’arc-de-cercle, pour un Pont de trois arches, chacune de 00 pieds d'ouverture, que Fon fait à Saumur au lieu dit /es ponts Fouchard; pour un un autre Pont aufi de trois arches, chacune de 72 pieds, que je viens de faire fonder fur la rivière d'Oile à Pont- fances de voûtes peu furbaiffées étoient moins élevées qu'aux, précédens , a été emporté au mois de Novembre 1776 ; par une crûe d’eau de la même rivière qui a furmonté les cinq Ponts fans avoir endommagé les voûtes qui étoient faites én portion d’arc-de-cer- cle, d'ont les naïflances étoient les plus élevées , ce qui paroît devoir: être attribué au rétréciflement, du paflage de l’eau, léquel devoit être , comme je lai dit ci-devant, d'environ un cinquième. s (g) M. Meunier, Calais, Chézy & Soyer. Bbbb à 564 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Sainte- Maxence, lefquelles arches doivent être portées fur des piliers circulaires de 9 pieds de diamètre, en forme de colonnes groupées, formant un entre-colonnement ou vides: entre elles, tant au milieu des piles que des culées ; on vient aufli de conftruire un Pont de ce genre à Pefme en Franche- Comté. Je crois avoir fait connoître dans la première partie de ce Mémoire, combien il eft convenabie de ne donner aux piles que lépaifleur qui leur eft néceflaire pour porter les voûtes des ponts, en leur laiffant cependant encore aflez de: fupériorité de réfiftance , ainfi que je l'ai pratiqué au pont de Neuilly. J'ai expofé dans la deuxième partie l'avantage que l'on peut retirer en faifant les voûtes en portion d’arc-de-cercle,. dont les naïflances feroient établies à la hauteur des plus: grandes eaux, auquel on en peut ajouter un autre eflentiel, qui eft de faciliter le paflage des chevaux de hallage fous le pont, ce que j'ai eu principalemnt en vue dans les projets du pont de Pont-Sainte-Maxence, que l'on conftruit, & dans celui à faire vis-à-vis la place de Louis XV: il doit réfulter du tout le double avantage de diminuer la mafle de la maçonnerie, ainfi que la dépenfe des-ponts, & de donner plus de paffage au cours de l’eau, comme je me le fuis propolé. Malgré ces avantages, je ne crois cependant pas que lon doive adopter ce genre de conftruction, pour tous les ponts indiftinttement. Les Ingénieurs intelligens qui font chargés de projeter de pareils travaux, doivent examiner, fur le local même, les endroits qui leur paroitront les plus propres pour y établir ces fortes de ponts; mais en cas de difculté, ils doivent s'en tenir à la méthode qui eft la plus ufitée, Je terminerai ce Mémoire , par faire remarquer que Îles grands Ponts étant, ainfr que les édifices d’un autre genre, des monumens qui peuvent fervir à faire connoître {a magni- ficence & le génie d'une Nation, on ne fauroit trop s'occuper des moyens d'en perfectionner l'architeéture, qui peut d’ailleurs étre fufceptible de variété, enconfervant toujours dans les formes & la décoration, le caractère de folidité qui leur eft propre. PS0 DES SCIENCES. 565 REMARQUES ET O2BOSNE" RIM ALT EIOLN-S Rafémblées dans un Voyage d'Italie, fait en 1775. Par M. Cassini le Fils. 1: raffemblé dans ce Mémoire, les réponfes aux difé- rentes queftions que plufieurs de mes Confrères m'avoient chargé d'éclaircir dans mon voyage d'Italie, & fur lefquelles j'ai confulté, dans ce pays, les perfonnes les plus en état de m'éclairer ; j'y ai joint quelques obfervations ou remarques que j'ai faites moi-même chemin faifant, & que j'ai jugées intéreflantes pour l'Académie: c’eft à ces objets feuls que j'ai cru devoir me borner. L'Italie eft un pays fufffamment connu d’ailleurs, aflez de Voyageurs ont publié des relations & des defcriptions volumineufes d'objets déjà renommés, & déjà décrits nombre de fois ; je me garderai bien d'ajouter à leurs répétitions. Ce n'eft pas cependant qu'il ne fût poffible, malgré tout ce qui a déjà été écrit jufqu'ici fur l'Italie, d'augmenter les connoifflances que nous pouvons avoir de cette riche contrée; on pourroit même avancer que ce qui refte à décrire feroit peut-être, à plufieurs égards, la partie la plus intéreffante à connoître : mais cette partie ne peut être vue, ne peut être décrite que par une clafie de Voyageurs, qui malheureufement eft trop peu nombreufe, par des Savans, qui rarement font en état ou dans le cas de voyager. Si les monumens de Antiquité, les chef- d'œuvres de 14 Peinture & de la Sculpture, la richeffe & la beauté des Édi- fices, rendent l'Italie la partie la plus curieufe de l'Europe ; la conformation phyfique & particulière de cette contrée, la variété de fes productions, la richefle & la quantité de fes 26 Juin 1776. 566 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE marbres:; fes minéraux, les volcans ou. allumés ou éteints qu’elle renferme ; enfin l'Hiftoire naturelle de ce pays ne le rendent pas moins intéreflant que les produétions des beaux Arts. Si l'Antiquaire, le Peintre, l’Architecte & le Sculpteur, y trouvent à chaque pas mille objets d’admiration & d’inf- trudtion, le Naturalifte y rencontre également des) fources fécondes de remarques, d'obfervations, de faits & de rélultats qui peuvent le conduire, ou à la découverte de quelques vérités importantes, ou à des idées juftes fur le véritable fyflème de fa Nature. Mais, dira-t-on, comment la partie de l'Hifloire naturelle de Italie, n’eft-elle pas auffi connue qu'on pourroit le defirer? comment n’a-t-elle pas été approfondie, tant par les recherches des Savans nationaux, que par celles des Etrangers éclairés qui ont parcouru cette contrée? À cela, je répondrai qu'il y a toujours eu dans ce pays beaucoup moins d’habiles Natu- raliftes que de grands Phyficiens, d'habiles Géomètres & autres Savans.prefqu'en tout genre que lon y a vu fleurir à différentes époques; en ce moment même peu de perfonnes s'occupent de l'Hifloire naturelle. L'ouvrage le plus complet, publié fur cette matière, eft celui du célèbre Docteur Tar- gioni, qui renferme une defcription fuivie & détaillée de tout ce qui a rapport à l'Hiftoire naturelle d’une partie de la Tofcane. Il eft à regretter que l'autre partie n'ait pas été décrite de a même manière, & n'ait point ainfi complété la connoiffance intéreflante de toutes les richeffes que ren- ferme en ce genre le grand Duché de Tofcane, Quant aux favans Etrangers qui ont parcouru Fialie, avec l'intention d'y oblerver les produétions & les opérations de la, Nature, il ne leur a pas été poflible de pouffer leurs recherches aufit loin qu'on eùt pu le defirer, quoique la plupart d'entr'eux, & principalement plufieurs de nos Con- frères, nous aient rapporté un, grand nombre d'obfervations extrêmement intéreffantes; mais les obftacles que rencontre fans ceffe un Voyageur , les circonftances- dont il eft dépen- dant, la brièveté de fes féjours, ne lui permettent point les DES S'CTEN'c'E is. 567 grands détails; heureux s'il a le temps de fuivre & d’appro- fondir un feul objet, tout le refte pafle rapidement devant fes yeux ; il l'aperçoit, pour ainfi dire, fans le voir, & s’en retourne avec plus de regrets qu'il n’a eu de jouiffances. C’eft au refte le fentiment général qu'éprouve en quittant l'Italie tout Voyageur, foit Antiquaire, foit Amateur des Arts, ou Naturalifte qui trouve toujours trop court & infuffifant le temps qu'il a paflé, plus à irriter fa curiofité qu’à la fatisfaire. 1 faut d’ailleurs convenir que le Naturalifte, eft celui de tous les Voyageurs qui a le plus de fatigues à efluyer & le plus d’obftacles à vaincre; ce n'eft point en fuivant les grandes routes & les chemins tracés qu'il peut fe flatter de faire des découvertes. I doit au contraire s’en écarter, & rechercher les lieux les plus détournés & les moins acceflibles. Or en Italie, plus que par-tout ailleurs, la vifite de ces lieux offre de grandes difficultés. La campagne de Rome, la Sabine & le patrimoine de Saint-Pierre qui s'étendent entre PApennin & la Méditerranée , font des provinces extrêmement intéreflantes pour des Naturalifles, mais les vaftes déferts qui en occupent l'intérieur, les forêts, les eaux croupiffantes qui s'y trouvent, les infeétes, & le mauvais air qui y règnent en été, les fondrières en hiver, rendent prefque inacceflibles Ia plupart des lieux, & préfentent des obflacles faits pour rebuter les plus intrépides Voyageurs. Cependant un Naturalifte Véni- tien, dont le zèle & l'intrépidité ne peuvent être furpañés que par les connoiflances, s'occupe depuis quelques années à parcourir ces contrées; j'eus l'avantage de lier avec lui une intime connoiflance : c’eft à lui que je fuis redevable d’une defcription curieufe des anciennes mines d’alun de Latera, ainfi que de plufieurs obfervations intéreffantes, & de divers morceaux d'Hiftoire naturelle que j'ai rapportés pour l’Aca- démie, & dont je vais parler dans ce Mémoire, en fuivant à-peu-près dans le compte que je rendrai de mes remarques, l'ordre que prefcrit naturellement la route que j'ai fuivie. Je partis de Paris le 30 Mars. Dans le féjour que je fs à Lyon, je fus curieux d'aller vifiter les travaux dont on 568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE s'occupe depuis plufieurs années, pour rejeter plus loin le confluent du Rhône & de fa Saône, qui fe joignent au- deffous de la ville. Ce vafte projet a de grandes difficultés : la rapidité du Rhône & fes crües fréquentes ont déjà détruit nombre de fois les travaux avancés pour détourner {on cours & combler fon lit. Les avantages de cette entreprife font de procurer à Lyon un très-grand embelliffement ; de plus, un local confidérable propre à bâtir & à augmenter l'étendue de cette ville. Tout le monde ne convient pas également de l'utilité de cet objet d'augmentation; mais ce que lon ne pouvoit nier devoir être véritablement avantageux dans l'exécution complète du Projet, c'eft la conftruétion d’un baflin ou efpèce de gare pour la retraite & fûreté des bateaux , & ce qui n'eft pas moins utile encore, un canal particulier où l’on tranfportera tous les moulins qui fe trouvent actuellement près du confluent, & qui font fi mal placés que lorfque les eaux du Rhône font fortes, les bateaux qui defcendent de la Saône pour entrer dans le fleuve, courent toujours rifque d’être jetés contre ces moulins, écueil vraiment dangereux & qui ont été funeftes dans plus d’une occafron. Je m’embarquai fur le Rhône pour me rendre à Avignon: un peu au-deflous de Viviers, le Rhône fe fait jour entre des rochers taillés à pic, & qui forment des deux côtés comme des efpèces de murailles. C’eft près delà que lon me montra, dans ces mêmes rochers, un trou qui fert d'entrée à une galerie fouterraine, où le Patron du bateau m'aflura être entré plufieurs fois: il me dit que cette galerie avoit rès d’une lieue de longueur, qu'à quelque diflance de l'en- trée, il fe trouvoit une falle de plus de cent pieds de largeur, De la defcription quoique confule de ce Patron, je jugeai que cette galerie pouvoit être fort curieule ; je regrettai de ne ouvoir la vifiter, & je n'en parle que pour l'indiquer à ceux qui faifant la même route, auroient le loifir de s'arrêter dans get endroit. En arrivant à Toulon, je trouvai la nouvelle Caïffe pour la DE SNS CEE NC E 5 569 la conftruétion d'une forme, abfolument achevée, & déjà même enfoncée de 15 pieds dans l’eau *. L'Académie a été inftruite anciennement de l'objet & des principes de cet ouvrage, fur lequel 1e Miniftre l’a confultée, & qu'elle a honoré de fon fuffrage : c'eft ce qui me fait penfer qu'elle apprendra avec plaifir l’état où j'ai trouvé une entreprife dont le fuccès eft fi intéreflant. On fait que jufqu'à préfent il n'a pas été poflible de conftruire de forme à Toulon, la qualité du fol eft telle qu'à peine a-t-on creufé à la profondeur de fix pieds, l’on trouve des fources: cette. difficulté avoit long-temps arrêté, lorfque M. Groignard, Ingénieur-conftructeur du port de Breft, déjà connu avantageufement de cette Compagnie par les Prix qu'il a remportés, propofa d'établir & de conf- truire cette forme dans l'eau même des Baflins, & cela par un moyen très-fimple. Il s'agifloit de conftruire une caiffe de la grandeur de la forme demaudée; cette caiffe une fois conftruite, de l'enfoncer dans l’eau, de f'affeoir folidement fur le fond, & de bâtir en-dedans à fec la forme en queftion. Je n'entrerai point dans le détail des moyens ingénieux que l'auteur a employés pour réuflir dans cette entreprife & furmonter les difficultés que préfentoit l'exécution. L'on juge de la folidité & de la perfection néceflaires dans l'affem- blage des pièces d’une caiffe de trois cents pieds de longueur fur quatre-vingt-feize de largeur, laquelle doit être chargée d'un poids égal à celui de l'eau qu'elle déplace, afin de pouvoir être plongée & enfoncée jufqu’au fond du fluide, où elle doit être aflife & fixée, où par conféquent elle doit éprouver pendant un certain temps fur fes parois l'effort confi- dérable du fluide environnant. On imagine toute la juftefle des calculs, 1a précifion des opérations, pour s’aflurer de 1a folidité, de l'égalité & du niveau du fonds, pour charger &. enfoncer la caifle de manière à lui faire toujours garder un niveau parfait, afin que l'union & l'application de toutes * J'érois à Toulon le 4 Avril, & Ia Caïffe n’a été entièrement coulée à fond que le 7 d’Août fuivant, Mérn. 1777: Cccc s70o MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE les parties du plancher de la caiffe fur le plan du fol fe faflent en même-temps. M. Groignard eut la complaifance de me détailler & de me démontrer tous ces procédés, dont je fus extrêmement fatisfait; je l’engageai beaucoup à en faire part au Public, dans un Ouvrage qui ne pourroït manquer d’être intérefflant & inftru@if pour les perfonnes de l'art. Je me rendis de Toulon à Gènes, & de Gènes à Pile. N'ayant pu faire cette dernière route par mer, je fus obligé de pañler par ce qu'on appelle la rivière de Gênes , chemin affreux & peu ufité, qui fe fait en partie au milieu des torrens , & en partie fur le revers de la côte orientale du olfe, dans un fentier étroit qui règne comme une corniche le long de la chaîne des hauteurs efcarpées qui dominent {ur la mer : on ne peut faire cette route que fur des chevaux ou des mulets; on marche prefque toujours au bord d’un précipice : comme ce chemin n'eft fréquenté que lorfqu’il n'eft pas abfolument poñlible d'en prendre d'autre, on ne trouve que des auberges déteftables. Il faut communément deux jours & demi pour fe rendre de Gènes à Sarfanne, où le chemin devient praticable pour les voitures : on pañle dans ce trajet par un endroit que l'on appelle la grande montagne, c'eft un pañlage dans le goût à peu-près de celui du Mont- Céhnis : le chemin même y eft beaucoup moins frayé: on ne marche en plufieurs endroits que fur des monceaux d’éclats de rochers ; ce lieu offre la véritable image du cahos; cepen- dant, quels que foient les délagrémens & les difficultés de cetté route, je confeillerois à un Naturalifle qui voyageroit pour s’inftruire, de la fuivre de préférence à une autre plus connue, & d'examiner ce pays qui m'a paru devoir être intéreflant pour l'Hifloire Naturelle: j'ai demandé à plufieurs Naturalifles, en Italie, s'ils avoient parcouru cette contrée, ils m'ont dit que non, qu'ils ne connoiffoient même perfonne qui y eût porté un œil obfervateur, quoiquäl y eût à penfer que l’on pourroit y trouver des chofes fort curieufes. à J'étois à Pife le 27 Avril; ayant fait tranfporter à l'Obfer- vatoire un petit infrument de ceux dont mon père a donné DES SCIENCES. s71 la defcription en 1774, j'obfervai la hauteur méridienne apparente du centre du Soleil de 6048’: M. Zloppe trouva à fon mural de 6 pieds la hauteur du bord fupérieur de 601 24' 15", ce qui donne celle du centre de God8'21"; il ny eut donc que 21 fecondes de diflérence entre les réfultats du petit & du grand inftrument, ce qui fufft pour démontrer F'utilité dont peuvent être ces petits inftrumens par le moyen defquels un Voyageur peut, avec autant de facilité que de commodité, déterminer aflez exaétement la latitude de tous les lieux où il pafle, & trouver l'heure qu'il eft dans tous les temps de Ia journée, L'on me montra dans le Cabinet d'Hifloire Naturelle de TUniverfité, un petit morceau de criftal de roche monté en bague ; à l'intérieur eft une goutte d'eau dans laquelle on voit furnager un petit corps flottant, que l'on me dit être un infeéte, je ne pus cependant y diftinguer ni tête, ni pattes, ni ailes. De Pife je paffai à Florence: jy trouvai le Docteur Targioni, habile Naturalifte, que j'ai déjà.cité plus haut; je ne crus pouvoir mieux m'adrefler qu'à lui pour avoir la folution des queftions dont m'avoient chargé plufieurs de mes Confrères : je ne faurois trop me louer du zèle & de la complaifance avec lefquels M. Targioni s’empreffa de me donner les éclairciflemens dont j'avois befoin, & de fatisfaire à mes différens objets de demandes. La première queflion concernoit {es Müriers : il s’agifloit de connoître les efpèces dont on tire un meilleur parti pour la culture des vers à {oie, & de décider fi les Müûriers entés étoient préférables aux fauvageons ; M. Targioni rafflembia dans un petit Écrit qu'il me donna, tout ce qu'il avoit pu obferver fur cette matière, dont il avoit déjà parlé dans J'Ouvrage que j'ai cité plus haut, & fur laquelle il a depuis fait encore de nouvelles recherches; il voulut bien y joindre des échantillons defléchés de toutes les efpèces de Mûriers dont il eft queftion dans la Difertation, dont jai cru qu'il froit fufffant de donner ici un extrait. Ccce i 572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Des différentes efpèces de Miriers qui fe culiivent dans le rerriroire Florentin. I! n’eft aucune efpèce de Mürier originaire de Ja Tofcane, ni qui foit propre & naturelle à lTtalie; on ne nous apprend nulle part de quel pays cet arbre a été primitivement tiré, mais il eft vraifemblable que c'eft du Levant ou d’autres pays & climats plus chauds qu'il a été tranfporté en Italie , par le moyen des grefles, & non par celui de {a femence. Le Müûrier le plus anciennement connu en Tofcane efk cette efpèce que l'on nomme aujourd'hui Märier fauvage ; Ya feuille en eft peu eftimée parce qu’elle eft trop dure, trop rude, pleine de filandres, & qu’elle contient trop peu d’aliment pour les vers à foie ; on en fait cependant ufage quelquefois dans les années où l’on fait jufqu'à trois éducations de vers à foie; parce qu'alors, les Müriers de meilleures efpèces n'ont point encore de feuilles, ou les ont trop tendres, ou bien pâtiroient trop d’être dépouillés d’aufli bonne heure & fi fouvent. Le Mürier fauvage , ainfi que toutes les autres efpèces du même genre, eft rangé par le célèbre M. Linnée, dans la vingt-unième clafle, c'eft-à-dire, dans la Monæcia ; mais felon M. Targioni, il devroit être placé dans la vingt-deu- xième, c'eft-à-dire, dans la Diæcia ; puifqu’il eft très-certain qu'aucune des efpèces de Müriers de la Tofcane ne porte fleur & fruit fur fa même tige; mais chaque efpèce a des individus de fexe difiérent, féparés & très-diftinés, c’eft-à- dire, des Müriers mâles qui portent feulement des fleurs, & des Müriers femelles qui portent feulement des fruits. On diftingue dans le territoire Florentin , deux efpèces de Müriers fauvages, lune mâle & l'autre femelle : voici leurs caractères & dénominations. Morus fylveftris mafculus , feu florifera tantum , foliis tripartite divifis, eleganter laciniatis atque in tenuem caudam abeuntibus. An morus vul- garis flerilis. Ponted. Antholog. pag. 224. Vulgairement, Mürier à fleur: Moro foraio. W a les branches & le tronc moins gros que l'individu DES SCIENCES. 573 feinelle, mais il étend fes branches à une plus grande dif tance, & poule une tête plus vafte & plus touflue. Morus fylveflris fæmina, foliis tripartitis @ incifis , fruélu nigricante Paryo. Vulgairement, Mürier fauvage à fruit: Moro falvatico moraivalo. Cette efpèce produit des Mûres petites & d’un goût peu agréable, d'où l'on peut conclure que ce ne peut être le Mürier des anciens Romains, qui, felon ce qu'on en a écrit, produiloit des fruits excellens, & recherchés dans les bonnes tables. Il eft vrai que la différence entre 1a qualité des fruits pourroit fort bien venir de la différence dans la manière de le cultiver. Les Anciens élevoient leur Mürier avec grand foin, dans leurs jardins, dans une terre grafle, & ne le dépouilloient point, comme nous le faifons, de fes feuilles } pour en nourrir les vers; ce dépouillement ête à l'arbre {a vigueur, & interrompt le flux des fucs & de la nourriture portée aux fruits. Pour prouver combien un terrein gras eft propre au Mürier, & combien la culture foignée peut amé- liorer la qualité de fon fruit: Avocat Philippe Baldinucci rapporte / Notizie de’ profeffori del difegno fec. V. dal 16 10 al 1670, pag. 1 31 ) qu'un nommé Jean Coccapani, célèbre Architeéte, avoit dans fon jardin, à Florence, un Mûrier qu’il cultivoit avec grand foin, & qui produiloit des Müres de la groffeur des prunes, aufli avoit-il coutume tous les ans de faire un préfent de ces fruits à fon Prince, & aux perfonnages les plus diftingués de a Cour. On pourroit encore foupçonner que les anciens Romains avoient eu du Levant quelqu'efpèce particulière de mûres rouges ou noires, meilleure que celles que nous avons, & qui a été perdue. Paflons au Mürier blanc. Il y a lieu de croire que cette efpèce eft originaire de quelque pays de l’Afie, voifine du Tropique, d’où elle fut apportée en Grèce du temps de Tempereur Juftinien L® : deux Moines ayant apporté à Conftantinople les vers à foie, on commença à cultiver avec foin Farbre qui devoit leur fervir de nourriture, Et de-à 574 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALeE vers le milieu du x11.”* fiècle les vers, les müriers, ainfr que l'art de préparer & d'employer la foie, pafsèrent en Sicile, puis en Italie; & par l'induftrie des habitans de Lucques & de Pefcia, ils multiplièrent en Tofcane plus que par-tout ailleurs, Il y a diverfes efpèces de Müriers blancs qui différent fenfiblement entr'elles, dans la couleur & la figure des feuilles, dans la groffeur & le goût des fruits. Nous ne parlerons que de celles qui fe trouvent dans le territoire Florentin ; car, dit M. Targioni, il eft certain que l'art de la grefle a procuré parmi les divers genres d'arbres, nombre d'efpèces nouvelles, de forte que dans d’autres parties de la Tofcane que je n'ai point parcourues, il peut y avoir des efpèces de Müûriers que je ne connois point, 1. Morus fativa mas, feu florifera, foliis oblongis integris levibus. Mûrier blanc à feuilles d'orarger : Moro bianco di foglia arancina. Celui-ci, ainfr que le Mûrier fauvage mâle, étend fes branches à une grande diftance, porte une tête vafle & touffue, garnie de feuilles oblongues , liffées, d’un vert clair, à l'origine defquelles, vers les derniers jours d'Avril ou le commencement de Mai ( felon que l’année eft plus ou moins chaude), on voit fortir & pointer les boutons de leurs qui, vers le milieu du mois de Mai, fe défleuriffent & tombent bientôt à terre, de forte que l'arbre n'a plus que fes feuilles. 2. Morus fativa fœmina foliis oblonois majoribus., integris, fruélu per maturitatem albido. Vulgairement, Mürier blanc à feuilles d’olivier : Moro bianco di foglia moraivola ; ou felon M. Linnée { Sp. Plaut. pag. 1398, n° 1): Morus alba foliis oblique cordatis lævibus. Celui-ci eft l’efpèce la plus multipliée & la plus recherchée , fes feuilles font les plus grandes, charnues, liffes, d’un vert un peu plus foncé que celui des feuilles du mürier mâle. Les müres qu'il produit font plus grandes que celles des autres efpèces blanches, tirant fur le jaune en müriffant, pleines de fuc quoiqu'ayant peu de faveur; elles pouffent en petit nombre à l’ori: gine de la feuille , d'où on peut facilement les tirer, mais quand on les y laifferoit, elles ne feroient point préjudiciables aux vers à foie, 3. Morus fativa fæmina, frudu albo fuaviori. Vulgairement, Mûrier blanc mufcat, ou à fruit mufcat blanc: Æforo mofcadello, e di mora Mmofcadella bianca. 4. Morus alba frudtu minori infulfe, DE rsh SCIE Nc» 6: s75 Après le Mürier blanc vient le Æärier romain, qui ne diffère du précédent que pour avoir la feuille un peu plus petite & plus arrondie, pour produire des fruits auffi plus petits, mais un peu en plus grand nombre ; de plus étant moins eftimé que le blanc, il n’eft pas auffi multiplié. Ses efpèces ou variétés font les fuivantes : a. Morus frufu albo (foliis integris parvis), où Morus fru&u albo minore ( h. Reg. Monfpel. 1 38 ). Vulgairement, Mürier romain blanc. 2. Eadem fru@u purpurafcente, Vuigairement, Mürier à fruit violet : Îoro di mora payonazza. Cette efpèce ou variété fe fubdivife en une autre qui n'en diffère que par le goût mufcat de fa müre, & que l'on appelle vulgairement, Mürier à fruit mufcat violet: Moro di mora mofs cadella payonazza. 3. Eadem fruétu minore fubrubente, Mürier blanc à fruit rougeâtre : Moro bianco di frutto roffigno. dE 4. Eadem fruftu nigro. Le Mürier noir tient le troifième rang eu égard à la qualité de fa feuille ; on l'appelle soir, non-feulement parce que la couleur de fon fruit, lorfqu’il eft mûr, tire fur le noir, mais encore parce que la couleur de fes feuilles eft d’un vert plus foncé que celle des feuilles du Mürier blanc. En outre, fes feuilles font plus grandes & un peu plus dures, fans être lifles ni luftrées, mais plutôt raboteufes. Dans la bonne règle, les feuilles du Mürier noir doivent fe donner aux vers à foie lorfqu'ils font adultes, c’eft-à-dire, lorfqu'ils ont paflé la moitié de la durée de leur vie, parce qu'ils en tirent alors une nourriture plus fubftancielle, Ce qui engage à cultiver cette efpèce de Mürier, c'eft que fa feuille a un plus grand poids, qu'entre deux Müriers de même volume, le noir produit toujours beaucoup plus de livres pefant de feuilles. Le Mürier noir a encore un avantage , c'eft de réfifter mieux aux intem- péries de l'air, & de réuflir plus aifément dans des climats moins tempérés où les blancs viendroient plus difficilement, Voici {es efpèces : 1. Le Müûrier noir mâle à fleurs, ou à feuilles d'oranger : Æoro nero fioraio o Moro nero di foglia araucina. M à la feuille un peu moins rude & moins dure que l'individu femelle, mais pas auffi life & luftrée : June & l'autre font cependant également eftimées, 576 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Les efpèces femelles du Mürier noir fe diftinguent de celles du Mûrier blanc, par un vert plus foncé, un moindre poli, une plus grande dureté & une petite échancrure à l'origine de la feuille, En voici les variétés. 2. Morus fativa fæmina, folio ampliore cordato, afpero, fruélu per maturitatem nivricante. Vulgairement, Mürier noir a feuilles d’olivier : ÂMoro nero di foglia moraivela. 3. Morus fruélu nigro minore. 4. Morus infitiva, folio majori à’ craffiore fruélu ex albo purpurafcente, Les Müriers efpagnols tiennent le quatrième rang ; ils ont la feuille decoupée comme celles du figuier & de la vigne. Dans les environs de Florence, on en fait peu de cas; mais dans diverfes parties de la Tofcane, on en cultive diflérentes elpèces que voici : 1. Morus fativa mas, feu florifera tantum , foliis tripartito divifis , eleganter laciniatis, atque in tenuem caudam definentibus. Vulgairement, Mürier efpagnol à fleur : Moro fpagnuolo fioraie. 2. Morus fæmina foliis vitigineis minoribus, frudu albo. Nulgaire- ment, Mürier blanc efpagnol: Æoro fpagnuolo bianco. 3. Eadem frud@u rubente. Nulgairement, Mürier rouge efpagnol ; Moro fpagnuolo rofo. 4. Eadem frudlu nigro, Vulgairement, Mürier efpagnol noir: org Jpagnuolo neros Tel eft le précis des remarques & des obfervations du Docteur Targioni, fur les différentes efpèces de Müriers qui fe cultivent dans le territoire Florentin; pour répondre directement à la queftion propofée , on peut en faire ainfr le réfumé en peu de mots. On diftingue cinq efpèces de Müriers; le Mürier fauvage; le Mürier blanc, proprement dit; le Mürier romain; le Mürier noir, proprement dit; & le Mürier efpagnol: chacune de ces efpèces a des individus mâles & des individus femelles (il paroît qu'il faut en excepter le Mürier romain, dont le Docteur Targioni ne cite que les femelles ou fujets à fruit); les mâles ne portent que des fleurs, & les femelles donnent DUEASSS. GAE NICE. Ss. S77 donnent les fruits ; chacun de fes individus a plufieurs varié- tés qui naiflent de quelques petites différences, ou dans la couleur des fruits, ou dans 1a forme des feuilles. De toutes ces efpèces de Muüriers, c’eft le Müûrier blanc femelle ou à fruit, dont la feuille eft la plus propre à fervir de nourriture aux vers à foie ; celle du Mürier noir peut fe donner enfuite, mais il faut attendre que le vers foit devenu fort ou à 1a moitié de la durée d&{a vie, parce que cette feuille eft plus forte & plus nourriflante. Quant au Mäûrier fauvage, il eft très-peu propre à fa nourriture des vers, fa feuille eft trop ‘dure, pleine de filandre, & fournit peu d’aliment à l'animal; l'on n'en fait ufage que lorfqu’il n'y en a pas abfolument d'autres, ou que les autres efpèces de Müriers n'ont point encore de feuilles. Telle eft la conclufion des obfervations du Docteur Tar- gioni , fur les Müriers de la T'ofcane : je ne dois pas difli- muler qu'il fe trouve une grande différence entre fon opinion & celle que l’on a dans nos Provinces méridionales, où lon eft perfuadé que le Mürier non enté, fournit une nourriture plus propre au vers, dont la foie acquiert alors plus de corps, & eft en général plus belle. II ne m'appartient point de juger entre ces deux opinions; mais je ne puis m'empêcher d’obferver qu'une queftion de cette importance pour le Com- merce, mériteroit bien f'attention des Agriculteurs, &c les {oins vigilans du Gouvernement. Je vis beaucoup à Florence, le Directeur du Cabinet de Phyfique & d'Hiftoire Naturelle de Son Altefle Royale, M. YAbbé Fontana, Savant également diftingué par fes talens, fes ouvrages & la diverfité de fes connoiffances; il eut la complaifance de me faire voir, avec détail, toutes les parties dont eft compolé ce Cabinet naiffant, lequel fera fans doute le plus beau & le plus complet de l'Europe, fi le plan en eft exécuté tel qu'il a été conçu. La Salle des machines fut celle qui attira le plus ma curiofité : j'admirai la propreté & la délicatefle avec lefquelles chaque pièce eft exécutée ; Ja perfeétion & l'exactitude ne le cèdent point à la beauté du Mén. 1777. Dddd 1 5738 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE travail; mais ce qui rend ces machines plus intéreffantes encore, c’eft qu'ayant été toutes exécutées fous les yeux & fous la direétion de M. l'Abbé Fontana, elles ont été per- fectionnées & augmentées de plufieurs inventions ingénieules de cet habile Phyficien : on y remarque entr’autres, la plate- forme, propolée par M. le Duc de Chaulnes, pour la divi- fion des inftrumens aftronomiques, en partie exécutée par des procédés nouveaux, qui donnent®à cette machine un plus grand degré d'exaétitude ; plufieurs inflrumens pour mefurer la falubrité de Fair; un grand nombre de baromètres conftruits fur différens principes ; une grande machine élec- trique qui produit le plus grand effet. M. Nairne, fon auteur, en envoyant cette machine à Son Altefle Royale, aflura qu'il en avoit tiré des étincelles de 14 pouces; M. l'Abbé Fon- tana n’en avoit encore pu obtenir que de 9 pouces, mais on fait que la réunion de toutes les circonftances les plus favorables ne fe rencontre pas fouvent. Il me dit avoir tué, d'un feul coup, des animaux de trente à quarante livres pefant, en leur faifant entrer l'étincelle par le milieu du front. Nous comptions répéter enfemble plufieurs de ces expériences les plus curieufes, mais M. l'Abbé Fontana tomba malade. En parlant de l'éledricité, je rapporterai ici un fait aflez fingulier ; un Seigneur Ruffe, dont le nom & la réputation ont été répandus dans l’Europe, & que je rencontrai à Flo- rence, m'aflura que dans deux différentes années de fa vie, il avoit été doué, fi j'ofe m’exprimer ainfi, d’une vertu électrique , femblable à celle de la Torpille. Quiconque le touchoit en quelque partie du corps que ce füt, éprouvoit une commotion fenfible; je lui demandai fr pendant cette époque , il s’étoit aperçu de quelque différence dans fa fanté & dans les affections habituelles du corps, il m'aflura que no: un état fi fmgulier eût fans doute mérité d’être vérifié, examiné & fuivi par un Phyficien éclairé; mais ne layant pas été, on fera dans le cas d’attendre un nouvel exemple pour ajouter foi à ce fait, que je n'ai rapporté qu'à caue DE )SASCCMRE NLC Es. s79 de fa fingularité; d’ailleurs en Phyfique, quelqu'étonnans que foient les faits, il eft auffi blämable de les rejeter que de les admettre trop légèrement. En voici un d'un autre genre, dont j'ai été témoin ocu- laire, & dont l’objet eft plus intéreffant. Il eft communément reçu que le lait d'une femme enceinte devient une nourriture peu propre & même nuiïlible pour un enfant qu’elle allai- teroit : en vifitant la Solfatarre de Pouzzol, je trouvai à l'entrée du Crater, une femme allaitant un enfant, quoiqu’en apparence dans un état de groffeffe extrêmement avancé; elle étoit, en eflet, grofle de fix mois. Lui ayant témoigné ma furprife, & même fait part de mes fcrupules, elle fe mit à rire, & me montra un autre enfant qu’elle avoit auprès d'elle, gai, robufte & bien portant, qu’elle avoit nourri dans la même fituation; j'examinai celui qui étoit encore à la mamelle, & qui me parut également fain, ayant un fort bon teint, une chair très-ferme, & trouvant fa boiflon fort bonne. Mon Conducteur voyant mon étonnement , -me dit qu’il ne me feroit pas difficile d’en trouver plus d’un autre exemple dans le pays. Je paffai de Florence à Sienne; je rencontrai dans cette dernière ville M. l'Abbé Fortis, Naturalifte Vénitien , plein de connoiffances & de zèle, qui venoit de parcourir pour la troifième fois, les Apennins & toute la partie de la T'ofcane & du patrimoine de Saint-Pierre, qui avoifinent cette chaîne de montagnes : il me parla beaucoup des remarques & des obfervations qu'il avoit faites & répétées dans ces diflérens voyages. Selon lui, en tirant une ligne ferpentante, depuis les marais Pontins par Velletri, Poli, Fiano, Civita-caftellana , Soriano, Orvieto, Aquapendente, Redicofani & le Mont- amiatte jufqu'a l'ile Del-eglio, on parcourt environ cent lieues de pays volcanique, très-reflemblant à celui que l'on trouve depuis Gaëtte jufqu'au-delà de Naples, toujours entre Ia mer & l’Apennin, de formation marine; mais quant à cette rande chaîne de montagnes, qui coupe fongitudinalement TItalie, M. l'Abbé Fortis me dit lavoir parcourue dans prefque Dddd ij 580 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE tous les fens, tant dans le royaume de Naples, que depuis Pifloia jufqu'à la ville d’Aquila, ainfi que la côte d'Italie qui eft baignée par la mer Adriatique; & il m'aflura que dans toute cétte vafte étendue de pays, fi on en excepte le fommet de Pietra-mala qui a des apparences volcaniques, il ny a pas un feul rocher qui porte des marques du feu. M. l'Abbé Fortis me parla d'un voyage qu'il avoit fait tout récemment dans les environs du lac de Bolfène, où il avoit trouvé des chofes extrêmement intéreffantes. Nous fimes la partie d'y retourner enfemble, mais ma fanté ne m’ayant pas permis d'accomplir ce projet, comme je lui témoignai les regrets que j'avois de manquer cette occafion de rapporter à l'Aca- démie quelque chofe qui püt l'intérefler, M. l'Abbé Fortis s'offrit de retourner lui feul fur les lieux, & d’en rapporter ce qu'il y trouveroit de plus curieux; ce qu'il fit en effet. Je vais communiquer à l’Académie l'extrait des notes dont il me fit paït à fon retour, en mettant en mème-temps fous fes yeux, les différens morceaux d'Hiftoire Naturelle qu'il me rapporta, & que j'ai eu le bonheur de tranfporter fans’acci- dent jufqu'ici. : DESCRIPTION DES ENVIRONS DE LATERA, à principalement des mines d'Alun qui s'y trouvent, vifiés par M. l'Abbé Fortis. Le village de Latera eft fitué dans le territoire de Valentano, vers l'extrémité occidentale du patrimoine de Saint-Pierre , à trois milles environ de Bolsène, & à 25 lieues de Rome; il eft placé fur une colline, dont le fol eft très-analogue à celui des environs de Naples, excepté que les couches du premier paroïflent avoir été formées, parlamer, des cendres & des pierres volcaniques tombées d’en haut, au lieu que les environs du Véfuve ont été ftrutifiés à fec. Le territoire de Latera a été fouillé, felon toutes les appa- rences, dans les temps les plus reculés, pour en tirer du foufre & de l'alun; on y trouve un très-grand nombre de D HISUAS:G LE NUc: E ss: 581 fouterrains creufés à cet effet, dont la plupart ne font point acceflibles à caufe des mofettes qui en défendent l'entrée, d’autres fe font refermés d'eux-mêmes, d’autres enfin fe font écroulés en divers endroits, & l'on court quelque danger à les parcourir. Dans une de ces mines, furnommée De] Mulino, on trouve attaché aux parois de la voûte le plus bel 4/un de plume, . criftallifé en petites aiguilles, blanc, argenté, tantôt très- pur, tantôt combiné avec du foufre; on y trouve auffi une pierre argileufe bleuâtre, crevaflée , au milieu de laquelle l'alun s'eft fait jour pour fe criftallifer en efHorefcence : le tuf volcanique qui fert de matrice au foufre pur n’a prefque pas fubi d’altération, comme on le voit à l'embouchure de cette mine. Le foufre y eft en mafles errantes & difconti: nuées , comme il lui arrive de l'être lorfqu’il fe mêle à lalun, dans quelques morceaux errans de pierre argileule que l’on rencontre dans le même lieu ; mais lorfque l'acide vitriolique fe faifit du tuf & de toutes les variétés de pierres volcaniques qui s’y trouvent renfermées, & qui ont une origine argileufe, le zuf, les granits, les ferpentins, les lara, les ponces, fubiflent un changement qui les rendroit méconnoiffables à ceux qui ne fe font pas mis à portée de les reconnottre, malgré leurs métamorphofes, en les fuivant pas à pas dans les différens degrés de leurs altérations. En plufieurs endroits , le tuf vol- canique , compofé originairement de plufieurs variétés de petites pierres différentes entr'elles par les couleurs & par d’autres accidens, eft redevenu prefque tout-à-fait Zeucaraile, en perdant tous les accidens des couleurs, des duretés, des fpongiofités, &c. C'eft ainfi, dit M. l'Abbé Fortis, que le granitelle du Véfuve redevient argile blanche à la Solfatare de Pouzzol, comme je l'ai obfervé en 1771, d’après le favant Profeffeur Vairo, qui voulut bien m'accompagner à cet endroit; le quartz qui fe trouve dans ces granitelles errans, & pris dans le tuf. de Latera, réfifte plus que le refte de a pierre à la force qui veut le remettre à fon état primitif d'argile ; mais l'air fixe s'en détache à la fm, & confirme par la réargilifation 582 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE du quartz les réfultats de l'expérience de M. Baumé fur le liquor filicum , argiifé par leffufion de facide vitriolique : ce tuf réargilifé ne refte cependant pas long-temps dans l'état de légèreté & de friabilité de celui dont nous avons parlé plus haut; redevenu prefque tout-à-fait leucargile, s'il {e trouve à portée d'être comme pénétré par des eaux vitrio- liques & alumineufes, il s’imbibe de ces fels jufqu'à la fatu- ration; il gagne de la folidité & du poids ; il devient enfin une véritable pierre. C’eft dans ce tuf, redurci par la furve- nance de l'alun, que les Anciens ont creufé une des mines del Mulino , dont les voûtes font plus élevées, & les travaux plus irréguliers que les autres; il paroît que l'on a fongé à y fuivre ce tuf ou cette pierre en tout temps, n'en voulant qu'a lalun qui s'y trouve abondamment. Une des principales curiofités que l'on trouve au fond de ces mines, eftune eau vitriolique très-chargée, qui découle du haut des voûtes; les habitans de Latera la nomment eau-forte, & les Apothicaires des environs s’en fervent au lieu d’efprit de vitriol artificiel; cette eau, en fe filtrant au travers des couches qui forment la voûte des mines, y forme une croûte, & dépofe un alun natif, que l’on trouve criftallifé en veines dans plufieurs pierres. Les mines le plus rarement exploitées auprès de Latera, font celles de la Puzzola ; on y a cherché du foufre avec fuccès, il s'y trouve dans un tuf capilleux, noirâtre, qui n'a prefque point fouffert d’altération, fi ce n’eft que les parties en font moins adhérentes que celles du tuf fimple, parce que le foufre en fe criftallifant entr’elles les a écartées les unes des autres. Il y a de l’alun aux mines de la Pugzola, comme dans celles de/ Mulino, & il s'y criftallife en efflo- refcences qui revétiffent les parois des voûtes. I y a une grande quantité de mines, dans ce pays, d’alun & de foufre, mais elles font abandonnées, entre autres celles qui fe trouvent dans la plaine de’ Pazyzi, font très-abondantes; mais les mofettes y font fi violentes qu'on ne peut y pénétrer impunément, URLS CALE NE E s; 583 On trouve dans cette contrée volcanique , un nombre prodigieux de fources acides de difiérentes odeurs & degrés d’acidité : il y en a deux auprès des mines de/ Mulino, dont une bout à froid, fans déborder jamais du baflin où elle eft renfermée, & qui a environ vingt-cinq pieds de circonfé- rence; fon eau eft chargée d’une terre alumineufe, blanchûtre, ui fui donne un goût très-fliptique, & qui agace les dents: les habitans de Latera fe fervent de cette eau pour guérir les maladies de la peau des animaux. Le baflin n’eft pas toujours également plein, & Île limon que l’eau abandonne, ainfi que les petites branches & herbes qui y furnagent ou qui reftent à fec, fe revétiflent d’une croûte alumineufe qui s'en détache aifément, & qui eft fans aucun mélange de terre : les grenouilles que le hafard ou quelqu'autre caufe fait tomber dans cette eau, y meurent au bout de quelques heures ; on y voit cependant, mais pas en grand nombre, de petits vermiffeaux reflemblant parfaitement aux anguilles du vinaigre; ces vers néanmoins fe plaifent davantage dans l'eau alumineufe claire, où ils multiplient prodigieufement, ainfi qu'on le voit dans une autre fource qui eft à dix pas de celle-ci, & qui neft point trouble. Il n’y a aucune plante aquatique ni amphibie qui végète dans les eaux de ces deux fources, qui exhalent une puanteur très-défagréable de foie de foufre *; celle qui eft trouble, & dont le volume d’eau eft plus confidérable, eft beaucoup plus puante que celle qui: eft limpide, Auprès d'une prairie, que lon appelle 77 Cercone, & au fond d’une grotte percée horizontalement & perpendi- culairement, fe trouve une autre fource ou plutôt un baffin rempli d'une eau qui bout à froid avec plus de vio- lence que celle dont nous avons parlé ci-deflus, & qui foulève une écume blanche jufqu'à environ un demi - pied au-deflus de fon niveau : lodeur n'en eft pas moins ‘* Dans les eaux thermales d’Albano , à 58 degrés du thermomètre de Réaumur , on voit furnager de petits buccins , ce qui eft prefque plus fort que de vivre dans des eaux alumineufes. 534 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE défagréable que celle des deux premières fources, mais n'en a pas le goût fliptique; elle femble feulement faturée de vitriol. Un thermomètre à mercure, qui dans l’eau fraiche de puits tomboit de 24 à 13 degrés, plongé dans cette eau vitrioliqne, eft tombé jufqu'au 10 degré. On auroit lieu de douter que cette eau vienne d’une fource : en effet elle occupe un puits creufé nouvellement par un habitant de Latera qui cherchoit du foufre, & qui n’en trouvant pas, une mofette s'empara d’abord du trou, l'eau y furvint enuite, & peut-être n'eft-ce autre chofe qu'une eau de pluie qui crou- pifloit dans la mofette, qui lui donne de l'acidité & la tient en mouvement; ce qu'il y a de certain, c'eft que quoique cette eau bouillonne avec tant d'impétuofité, elle ne déborde jamais & ne fe décharge par aucun ruiffeau vifible. A quelques pas de cette grotte, eft encore une autre fource ‘dont l’eau eft plus fpiritueufe que les autres, & fe trouve même affez agréable à boire: elle n’a rien de fliptique, rien de fulfureux ; fon goût eft acide, vineux très-piquant; il y a des vins qui ne la valent pas : fes bouillonnemens font prefque aufli violens que celui de f'eau de la grotte, mais ils ne produifent point d'écume ; les plantes aquatiques communes & les plantes amphibies végètent très-bien dans cette eau; les grenouilles s’y plaifent autant que dans l'eau douce. Telles font les quatre différentes fources que .M. l'Abbé Fortis examina le plus particulièrement, il eut même la complaïfance de remplir quatre bouteilles de ces différentes eaux, & de me les rapporter, jugeant que f'analyfe en pourroit être intéreffante, & mériter d’être examinée par quelque Chi- mifte de l'Académie; je les aï remifes entre les mains de M. Lavoifier, qui a bien voulu fe charger de cet examen, & confentir que je le miffe à Ia fuite de ce Mémoire. Mais : auparavant de pafler à cet article, il eft bon de rapporter ici plufieurs remarques & expériences intéreffantes que fit M. l'Abbé Fortis, fur les mofettes de Latera. On a déjà dit, que toutes les mines de foufre du territoire de Latera, font occupées par des exhalaifons fuffoquantes qui Ci D Le DES, S:CLENCE Ss. 585 en défendent la plupart du temps l'entrée; on y compte environ quarante mofettes qui font à découvert, & il fuffit dans plufieurs endroits de la plaine, de creufer un pied ou deux pour en découvrir de nouvelles : les arbres & les vignes en particulier sèchent de très-bonne heure dans ce terrein, parce que fitt que leurs racines fe font étendues jufqu'à la couche mofétique, elles y pompent la vapeur mécidiale, Les Mineurs, qui ordinairement travaillent en hiver, écartent & font reculer la mofette avec le feu ; mais il arrive très-fouvent qu'elle perfifle opiniâtrément, & qu'elle éteint le feu : dans ce cas, on attend le vent du Nord, au fouffle duquel toute mofette cède & s'afloiblit, Toute perfonne qui defirera vifiter cet endroit, pour y faire des expériences {ur les mofettes, doit confulter la bouflole; car plus le vent s'approche du Sud, plus la vapeur eft élevée & dangereufe ; l'air pluvieux la corrige fenfiblement, quelque vent qui fouffle. Dans un coin des mines de la Puzzola, au-deflus du niveau de la mofette, on entend un petit bruit fourd, fem- blable à du vent qui fe fait jour par des fentes ou des trous fort étroits : c’eft la mofette elle-même qui fait ce bruit. If arive quelquefois que les Mineurs, en creufant, rencontrent des bouffées de vent extrèmement violentes, & qui fe faifant avec force un paflage au travers l'ouverture qui vient d'être faite, enlèvent & jettent des pierres en l'air & tout à l'entour'; bientôt des exhalaifons mofétiques des plus fortes s'emparent de la mine, & fi les Travailleurs ne prennent auflitôt la fuite, ils y font fuffoqués & périffent fans qu'il foit poffible de les {ecourir. Cette force impulfive des exhalaifons mofétiques fe mani- fefte fenfiblement à Latera, par le bouillonnement violent -de ces fources alumineufes ou fimplement vitrioliques, dont nous avons déjà parlé. Lorfque le hafard conduit une veine d’eau fouterraine, dans quelques-uns de ces endroits où Ia mofette eft mile à portée d’exercer fa force fur l'air par quelque excavation, la vapeur mofétique fait bouillonner cette eau à froid, avec la même impétuofité que fi elle étoit ren- Mém, 1777: Eece 586 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fermée dans un vafe expofé à un degré de feu très-violent, L'on peut aifément fe convaincre de cette activité des mo- fettes, en rempliffant d’eau quelque puits fait exprès dans le terrein mofétique : l’eau dans peu de minutes devient acide, & commence à bouillonner à froïd fans verfer des bords, combattant toujours par fa gravité fpécifique contre l'effort de la mofette qui tend à la foulever. S'il y a abondance de foufre & d’alun dans les couches où lon a creufé le puits, l'eau prend la gravéolence de foie de foufre ou le goût ftiptique de l'alun, au lieu du fimple goût vitriolique vineux. Les mofettes de Latera ne s'élèvent pas au-deflus des eaux comme fa mofette d’Anfanto, dont Lionard de Capoue parle beaucoup, comme celle de Pompeia & celles des puits du littoral de Naples dans les éruptions du véfuve : au refte ce qui n'avoit pas lieu au moment où M. l'Abbé Fortis les a vifitées, pourroit avoir lieu dans un autre temps, & il fe pourroit bien que dans les grandes chaleurs, ou dans quel- ques autres circonftances que j: ne puis deviner, elles furna- geaffent particulièrement dans les fouterrains. : La confervation des corps morts dans cet air mofétique, eft un objet également remarquable: dans les mines del Mulino, i fe trouve une grande quantité de rats morts, qui fans doute font tombés de leurs terriers dans la mofette; mais tous ces cadavres ont leurs poils, leur embonpoint naturel, & paroïflent morts depuis très-peu de temps; il eft indubitable cependant qu'il doit y en avoir de {uffoqués depuis plufieurs années; les vifcères & la chair ne paroiffent: pas aufli confervés que le refte : ft on fait porter dehors ces cadavres, il leur fort de 1a bouche & de l'anus une matière fanieufe, d'une odeur défagréable. Dans une autre mine du même endroit, à cinquante-quatre pieds de l'entrée d’une grotte, où la vapeur méphytique s'élevoit de terre d'environ cinq pieds, étoit une chèvre morte depuis un an, ayant abfolument tout fon poil, & qui paroifloit morte du jour : M. Y'Abbé Fortis voulut la faire tirer dehors pour l’exa- miner, ne pouvant le faire dans l’obicurité d'une grotte où DiE:S LS 1C EN GE & 587 les lambeaux s'éteignent dès qu'on les baifle; mais les cornes par leiquelles on avoit faïfi l'animal fe détachèrent du corps fpongieux qui les remplit ordinairement, & refièrent vides dans la inain de celui qui vouloit exporter la chèvre ; l'in- térieur de ces cornes étoit humecté par une matière plutôt muqueufe que purulente, dont la puanteur n'étoit pas infup- portable. Dans l'eau bouillonnante de la grotte de] Cercoxe, déjà citée ci-deflus, il fe trouva également une chèvre morte, dont le cadavre n’avoit aucune marque de corruption; l'animal fans doute avoit été fubitement fuffoqué dans cette eau par quelque exhalaïfon micidiale, peut-être même ceite exhalaïfon Ty avoit-elle fait tomber, fans quoi il lui eût été wès-aifé de fe fauver à la nage : au refte, il y a des exemples d'animaux noyés dans des eaux vitrioliques, & qui y font reftés incor- ruptibles, du moins quant à l'extérieur, pendant des années entières. M. l'Abbé Fortis eût bien defiré pouvoir s'arrêter aflez long-temps dans ces lieux pour faire diverfes expériences fur la confervation des cadavres dans les vapeurs méphy- tiques , & s'aflurer fi les chairs s’y gâtent pendant qu'elles font environnées de la vapeur acide, ou fi cela n'arrive que pendant le temps où le vent du Nord fait reculer les exha- Jaifons. Soupçonnant un très-grand rapport entre l'air mofé- tique & l'air fixe, il eüt répété à Latera les expériences de M. Marcbride fur les chairs à demi-corrompues; mais le temps & les circonftances ne lui permirent pas : n'ayant pu fe fatisfaire fur cet objet, cet intrépide Naturalifte voulut éprouver fur lui-même l'effet de l'air mofétique; voici comme il raconte cette épreuve. «Aux mines de la Pouzzola, il y a un large trou, au fond ‘duquel la mofette s’élevoit de plus de fix pieds, j'y defcendis & m'enfonçai tout-à-fait dans cet air dangereux, dans d'in- tention d'en éprouver les effets jufqu'à la défaillance ; étant bien für qu'on me retireroit à temps s’il étoit néceflaire : on peut refter dans la mofette quelques minutes en retenant {on . haleine, ce que je fis d’abord ; mais déterminé à effayer les effets qu'elle pouvoit produire fur mes poumons, je l'infpirai eee ij RARRAA »” » » ÿ 588 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE fortement, fans en être fort incommodé. M.° Ceftari & Rondi, Médecins de Bo/feno & de Latera, voulurent rifquer la même expérience; le premier fauta dans le trou, & dans le même inftant il rebondit tout effrayé, fe plaignant d’avoir été prefque fuffoqué; l'autre n’acheva pas de defcendre, ayant mis Ja tête dans la mofette chemin faifant. Le Chirurgien de Latera qui étoit auffi avec nous, y fouffrit plus que les deux autres, quoiqu'il ne fût point refté plus qu'eux dans Vair mofétique. Pour moi, je reftai fix à fept minutes de bout, ayant la mofette tout autour de mon corps & au- deflus de ma tête : j'aurois pu y demeurer avec peine, à la vérité, mais fupportable, quelques minutes de plus; mais les yeux commencèrent à me cuire, & je craignis de m'y faire du mal. Au fortir de là, j'éprouvai la plus grande peine à refpirer l'air commun, & reftai plus d’un quart-d'heure très-incommodé par cette difhculté de relpiration, & par une fueur'abondante, que je n’avois pas éprouvée dans la grande chaleur de la mofette : je me fouviens cependant d’avoir bien plus fouflert au fommet du Véfuve fur le bord du Crater inférieur, après l'éruption de 1771, que je ne foufris dans la mofette de Latera ; l’efprit fulfureux volatil du foufre brülé, qui s’élevoit de ce Crater, étoit bien plus capable de fuffoquer que toutes les mofettes que je connois : en effet, l'émanation de l'efprit de foufre volatil, c’eft-à-dire, d’une . . ; Fe sage . , . combinaifon de l'acide vitriolique univerfel, & d’une foible portion de phlogiftique qui en émoufle l'activité, eft, à ce » que je crois, ce qui conftitue la vapeur des mofettes ; ainfr mn » la différente dofe du principe inflammable qui entre dans les vapeurs du foufre brülé & dans celle des mofettes , fait que » je fuis plutôt fuffoqué par les premières que par les fecondes. » >» ee Je ne fais pas cependant ce qui m'arriveroit dans une vapeur méphytique qui s'élèveroit en plein air & dans un endroit fec, plus dangereufe peut-être alors que celle qui eft renfer- mée dans des fouterrains, où l'humidité qui y règne afloiblit plus ou moins la violence de ces exhalaifons. La mofette de Latera m'a paru, par fon goût vineux qui 4 D ES S'CTENCE S: 589 affecte le palais & monte au nez, très-femblable à celle de Pompeia, près du Temple d'Ifis; je m'expofai auffi à celle-ci à plufieurs reprifes , & réfiftai parfaitement à {es exhalaifons. * Les curieux’ qui ne voudroient pas entrer tout-à-fait dans l'air mofétique, ou fe courber jufqu'à terre pour infpirer leurs exhalaifons, qui communément ne s'élèvent pas beaucoup, peuvent attirer cette vapeur acide par le moyen d’un chalu- meau, comme on fait des liqueurs, en fe tenant debout. Tout l'argent que j'avois dans ma poche devint noir fitôt que je fus entré dans la mofette; deux roubles qui fe trou- vèrent entre des fequins, reftèrent tachetés de jaune & imprégnés d'or : la monnoie d'or ne fouffrit aucun change- ment; celle de cuivre fe revêtit d’un vernis plombé, par- tout où les pièces ne fe touchoient pas immédiatement : la teinture de Tournefol dépofée dans l'air mofétique, rougit tout-à-coup; leau de chaux y blanchit d’abord, & enfuite la chaux fe précipita au fond du verre; l'eau commune y devint acide : le feu mis à une trace de poudre à canon qui commençoit hors de la mofette & continuoit en - dedans, s'éteignit en arrivant à la vapeur; l'aimant ne perdit point de fa force attraétive, ni la cire d'Efpagne fon éledricité, les infectes aquatiques qui moururent dans l'air mofétique, ne moururent pas dans l’eau dépofée au milieu de cet air. Je n’avois point de thermomètre, la première fois que je vifitai les mines de Latera ; à mon fecond voyage j'en portai deux , l'un fut café, le meilleur heureufement réfifta : je rentrai dans la mofette des mines de la Puyzola ; elle étoit baiflée de plus d’un pied & demi; il fouffloit un petit vent d'Oueft ; la vapeur n'étoit pas fort tranquille; en me tenant debout & immobile je la fentois tantôt n’arriver qu'à mon menton, & tantôt monter jufqu’à ma bouche & mon nez, pour retomber dans le même inftant; elle n'étoit pas à beaucoup près fi forte que la première fois que je l'avois vifitée. Un certain Onorati, mon conducteur, demeura couché fur le fond de {a grotte, & s’y étendit tout de fon long , en retenant fon haleine; les yeux lui cuifoient cependant beaucoup, & fon vifage » 2 » » »” » » » L2] » »” » » » » » s90o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE annonçoit qu’il fouflroit: argent de ma bourfe ne noircit pas du tout cette fois. Je m'attendois à voir monter mon thermomètre, il arriva tout le contraire : le mercure tomba tout-à-coup du vingt-quatrième au dix-huitième degré de l'échelle de M. de Réaumur. M. Baldaffari , habile Naturalifte, & Profeffeur à l'Univerfité de Sienne, s’étoit fervi de ce même thermomètre à la mofette de Saint-Philippe dans le Siennois, & le mercure y avoit monté du douzième au vingtième degré : il eft vrai que ce Profeffeur fit fes obfervations en Oétobre & au pied d’une montagne très-froide, & que je les fis à da fin d’'Août, vers midi, & dans un pays naturellement très- chaud. M. de l'Académie de Naples, remarquèrent qu'après l'éruption du Véluve en 1737, le thermomètre baifloit dans les plus violentes mofettes, mais auffi étoient-elles froides au toucher : au refte, j'ai répété dans deux grottes diflérentes mon expérience du thermomètre, & dans toutes les deux le mercure a baïflé également ». Quoiqu'on reflente de la chaleur dans les mofettes de Latera, le fol dont cette vapeur s’exhale eft cependant froid & humide, ce qui rappelle, dit M. l'Abbé Fortis, les Expé- riences de M. Geoffroy fur les vapeurs chaudes exhalées par la fermentation très-froide de l'huile de vitriol avec le fel ammeniac : des petites pierres du fond des grottes mofé- tiques font couvertes de petites gouttes d'eau femblables à celles de la rofée, &, ce qui paroît fingulier d’abord , cette eau eft infipide; l'acide vitriolique porté à s'unir avec le principe inflammable, abandonne la fubftance aqueufe, & fe réduit en état de ficcité : en effet, il fe forme du foufre dans les couches mofétiques, qui n’eft autre chofe que la combi- naïifon de l'acide vitriolique & du phlogiftique; c'eft par la même raifon que les eaux vitrioliques perdent l'acidité lorf- qu'elles font long-temps expofées à l'air libre, Tel eft le précis des oblervations les plus intéreffantes qu'offre au Naturalifte Le territoire de Latera, qui jufqu'ici n'avoit point encore été décrit ; j'étois principalement curieux d’avoir de cette eau vitriolique, citée ci-deflus, dont M. l'Abbé ne D à «c DES SCTEN CES sort Fortis m'avoit déjà parlé, & je le priai inflamment de im’en rapporter : en effet, il prit avec lui des bouteilles, & me rapporta non-feulement de celle4ä, mais de celle des autres fources, dont j'ai parlé plus haut ; {es ayant tranfportées avec tout le foin poflible, elles font arrivées à bon port jufqu’à Paris. Jugeant qu'il feroit intéreffant de faire l'analyfe de ces eaux, je les ai remifes à M. Lavoifier, qui a bien voulu fe charger de les foumettre à l'examen chimique, & d'en rendre compte à l'Académie, $ Septembre 77e soz Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALE MÉMOIRE SUR LA COMBUSTION EN GÉNÉRAL. Dhs Mal taA0vr. ON I. s'IMENR: DATE De l'efprit de fyftème eft dangereux dans Îles Sciences phyfiques, autant il eft à craindre qu'en entaffant fans ordre une trop grande multiplicité d'expé- riences , on n'obfcurciffe la Science au lieu de l'éclaircir ; qu'on n'en rende l'accès difficile à ceux qui fe préfenteront pour en franchir l'entrée ; enfin qu’on n'obtienne pour prix de longs & pénibles travaux, que défordre & confufion. Les faits, les obfervations, les expériences, font les matériaux d’un grand édifice; mais il faut éviter, en les raflemblant, de former encombrement dans la Science ; il faut au contraire s'attacher à les clafler, à diftinguer ce qui appartient à chaque ordre, à chaque partie de l'édifice, enfin les difpofer d'avance à faire partie du tout auquel ils appartiennent. Les {yftèmes en Phyfique confidérés fous ce point de vue, ne font plus que des inftrumens propres à foulager la foibleffe de nos organes : ce font, à proprement parler, des méthodes d’approximation qui nous mettent fur la voie de la folution du problème; ce font des hypothèfes qui, fucceffivement modifiées , corrigées & changées à mefure qu'elles font démenties par l'expérience, doivent nous conduire imman- quablement un jour, à force d’exclufions & d'éliminations, à la connoïffance des vraies loix de la Nature. Enhardi par ces réflexions, je hafarde de propofer aujour- d'hui à l'Académie, une théorie nouvelle de la combuftion:; ou plutôt, pour parler avec la réferve dont je me fuis impofé Ja loi, une hypothèle, à l’aide de laquelle on explique d'une manière très-fatisfaifante, . tous les phénomènes de la com- buflion, de la çalcination, & même en partie ceux qui accompagnent de os me." + Se yss SrCUILE NvC:E.S 592 accompagnent la refpiration des animaux. J'ai déjà jeté les premiers fondemens de cette hypothèfe, pages 279 & 280 du premier Tome de mes Opufcules phyliques © chimiques ; mais j'avoue que peu confiant dans mes propres lumières, je nofai pas alors mettre en avant une opinion qui pouvoit paroître fingulière, & qui étoit direétement contraire à {a théorie de Sthal, & à celle de plufieurs Hommes célèbres qui l'ont fuivi. Quoiqu'’une partie des raifons qui m'ont arrêté, fubfiftent peut-être encore aujourd'hui, cependant les faits qui fe font multipliés depuis cette époque, & qui me paroiffent favora- bles à mes idées, m'ont affermi dans mon opinion: fans être peut-être plus fort, je fuis devenu plus confiant, & je crois avoir aflez de preuves, où au moins de probabilités, pour que ceux même qui ne feroient pas de mon avis, ne puiflent me blämer d’avoir écrit. On obferve en général, dans a combuftion des corps, quatre phénomènes conftans qui paroiflent être des loix dont la Nature ne s’écarte jamais; quoique ces phénomènes fe trouvent implicitement énoncés dans d’autres Mémoires, je ne puis cependant me difpenfer de les rapeler ici en peu de mots. Premier Phénomène. Dans toute combuftion, il y a déga- gement de matière du feu ou de la lumière. Second Phénomène. Les corps ne peuvent brüler que dans un très-petit nombre d’efpèces d'airs, ou plutôt même, il ne eut y avoir de combuflion que dans une feule efpèce d'air, dans celle que M. Prieftley a nommé air dephlogiffique, &c que je nommerai ici air pur. Non-feulement les corps aux- quels nous donnons le nom de combuffbles, ne brülent ni dans le vide, ni dans aucune autre eflpèce d’air, mais ils sy éteignent au contraire auffi promptement que fi on les plongeoit dans de l'eau ou dans un autre fluide quelconque. … Troifième Phénomène. Dans toute combuftion , il y a deftruétion ou décompofition de l'air pur, dans lequel fe fait Mém. 1777: FFF 504 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE la combuftion, & le corps brülé augmente de poids exaétement dans la proportion de la quantité d'air détruit ou décompolé. Quatrième Phénomène. Dans toute combuftion, le corps brûlé fe change en un acide, par l'addition de fa fubftance qui a augmenté fon poids: ainfi, par exemple, ft on brüle du foufre fous une cloche, le produit de la combuftion eft de l'acide vitriolique ; fi l'on brüle du phofphore, le produit de la combuftion eft de l'acide phofphorique; fi on brüle une fubftance charbonneule, le produit de la combuftion eft de l'air fixe, autrement dit, de Facide crayeux, &c. * La calcination des métaux eft foumife exactement à ces mêmes loix, & c’eft avec très-grande raifon que M. Macquer Ya confidérée comme une combuition lente: ainfr 1.° dans toute calcination métallique, il y a dégagement de matière du feu; 2.° il ne peut y avoir de véritable calcination que dans Pair pur; 3° il ya combinailon de l'air avec le corps cal- ciné, mais avec cette différence , qu’au lieu de former un acide avec lui, il en réfulte une combinaïlon particulière , connue fous le nom de chaux métallique. Ce-neft point ici le lieu de faire voir lanalogie qui. exifte entre la refpiration des animaux, la combuftion & la calcination; j'y reviendrai dans la fuite de ce Mémoire. Ces différens phénomènes de la calcination des métaux & de la combuftion, s'expliquent d’une manière très-heu- reufe dans lhypothèle de Sthal; mais il faut fuppoler avee lui qu’il exifle de la matière du feu, du phlogiftique fixé dans ‘les métaux, dans le foufre & dans tous les corps qu'il regarde comme combuftibles : or, f1 l'on demande aux Partifans de la doctrine de Sthal, de prouver lexiftence de la matière du feu dans les corps combuftibles, ils tombent néceflaire- ment dans un cercle vicieux, & font obligés de répondre que les corps combuftibles contiennent de la matière du feu parce qu'ils brülent, & qu’ils brûlent parce qu'ils contiennent *_ J’obferverai ici en paflant que le nombre des acides eft infiniment plus confidérable qu'on ne le penfe, DES CS CUITE UN CES, 595 de fa matière du feu; or il eft aifé de voir qu'en dernière añalyfe, c’eft expliquer la combuftion par la combuftion. L'exiftence de la matière du feu, du phlogiftique dans Îles métaux, dans le foufre, &c. n'eft donc réellement qu'une hypothèfe, une fuppofition, qui une fois admife, explique il eft vrai quelques-uns des phénomènes de la calcination & de la combuflion; mais fi je fais voir que ces mêmes phéno- mènes peuvent s'expliquer d'une manière toute auffr natu- relle dans l'hypothèfe oppofée, c’eft-à-dire, fans fuppofer qu'ii exifte de matière du feu, ni de phlogiftique dans les matières appelées coxbuflibles, le fyftème de Sthal fe trouvera ébranlé juique dans fes fondemens. On ne manquera pas fans doute de me demander d’abord ce que j'entends par matière du feu? Je répondrai avec Franklin, Boërhaave, & une partie des Philofophes de l’An- tiquité, que la matière du feu ou de la lumière, eft un fluide très-fubtil, très-rare, très-élaftique, qui environne de toutes parts la Planète que nous habitons, qui pénètre avec plus ou moins de facilité les corps qui la compolent, & qui tend, Jorfqu'il eft libre, à fe mettre en équilibre dans tous. J'ajouterai, en empruntant le langage chimique, que ce fluide eft le diflolvant d'un grand nombre de corps; qu'il fe combine avec eux de la même manière que l’eau fe combine avec les fels; que les acides fe combinent avec les métaux; & que les corps ainfi combinés & diflous par le fluide igné, perdent en partie les propriétés qu'ils avoient avant la com- -binaifon, & en acquièrent de nouvelles qui les rapprochent de celles de la matière du feu. C'eft ainfi, comme je lai fait voir dans un Mémoire dépofé au Secrétariat de cette Académie *, que tout fluide aëriforme, toute efpèce d'air, eft un réfultat de la combi- naifon d’un corps quelconque folide ou fluide, avec la matière du feu ou de la lumière; & c’eft à cette combinaifon que les # % Ce Mémoire a été I depuis, & äl fe trouve imprimé page 420 de ce volume. pfff ÿ 596 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE fluides aëriformes doivent leur élaflicité, leur légèreté fpéci- fique, leur rareté, & toutes les autres propriétés qui les rapprochent du fluide igné. L'air pur d’après cela, celui que M. Prieflley nomme air déphlogifliqué, eit une combinaifon ignée dans laquelle la matière du feu ou de la lumière entre comme diffolvant, & dans laquelle une autre fubftance entre comme bafe : or fi dans une diffolution quelconque, on préfente à la bafe une fubftance avec laquelle elle ait plus d'affnité, elle s'y unit à l’inftant, & le diflolvant qu'elle a quitté devient libre. La même chofe arrive à l'air pendant la combuftion; le corps qui brüle lui ravit fa bafe; dès-lors la matière du feu qui lui fervoit de diflolvant, devient libre; elle reprend tous {es droits, & s'échappe avec les caraétères qu'on lui connoît, c'eft-à-dire avec flamme, chaleur & lumière. Pour éclaircir ce que cette théorie peut préfenter d'obfcur, faifons-en l'application à quelques exemples : lorfqu’on calcine un métal dans de Vair pur, {a bafe de l'air, qui a moins d'affinité avec fon propre diflolvant qu'avec le métal, s’'unit à ce dernier dès qu'il eft fondu, & le convertit en chaux métallique : cette combinaifon de la bafe de fair avec le métal eft démontrée, 1.° par l'augmentation de poids qu'é- prouve ce-dernier pendant la calcination; 2.° par la deftruétion prefque totale de l'air contenu fous la cloche: mais fi la bafe de l'air étoit tenue en diffolution par la matière du feu, à mefure que cette bafe fe combine au métal, la matière du feu doit devenir libre, & produire en fe dégageant de Ja flamme & de la lumière. On conçoit que plus la calcination du métal fera prompte, c'eft-à-dire que plus il y aura de fixation de la bafe de Pair dans un temps donné, plus auffi il y aura de matière du feu qui deviendra libre à la fois, & plus par conléquent la combuftion fera fenfible & marquée. Ces phénomènes qui font extrêmement lents & difficiles à faifix dans fa calcination des métaux, font prefque inftan- taués dans la combuition du foufre & du phofphore: j'ai fait voir, par des expériences contre lefquelles il me paroît BE SSI EUNIC E:s. s97 diffcile de faire aucune objeétion raifonnable , - que dans ces deux combuftions, l'air ou plutôt la bafe de V'air, étoit ablorbée; qu'elle fe combinoit avec le foufre & avec le pholphore, pour former l'acide vitriolique ou l'acide phof- phorique; mais la bafe de Fair ne peut pafler dans une nouvelle combinaifon fans laifler fon diffolvant libre, & ce diflolvant, qui eft la matière du feu même, doit fe dégager avec lumière & avec flamme. Le charbon & toutes les matières charbonneufes, ont fa même aétion fur la bafe de fair; elles fe l'approprient & forment avec elles, par la combuftion, un acide Jui generis, connu fous le nom d'air fixe ou d'acide crayeux ; le diffolvant de la bafe de l'air, la matière du feu, eft encore dégagé dans cette opération, mais en moindre quantité que dans Îa combufkion du foufre & du pholphore, parce qu'une portion fe combine avec l'acide méphytique, pour le. conftituer dans l'état de vapeur & d’élafticité dans lequel nous l’obtenons. J'obferverai ici en pañfant, que la combuftion du charbon faïte dans une cloche renverfée dans du mercure, n’occafionne pas une diminution très-confidérable dans le volume de air -dans lequel on le fait brûler, lors même qu'on emploie de l'air pur dans l'expérience, par la raifon que l'acide méphy- tique qui {e forme, demeure dans l'état aëriforme, à la difié- rence de l'acide vitriolique & de l'acide phofphorique, qui fe condenfent fous forme concrète à mefure qu’ils font formés. Je pourrois appliquer fucceflivement la même théorie à toutes les combuftions; mais comme j'aurai de fréquentes occafions de revenir fur cet objet, je m'en tiens dans ce moment à ces exemples généraux : ainfi pour réfumer, Fair eft compofé, fuivant moi, de la matière du feu comme dif folvant, combinée avec une fubftance qui lui fert de bafe & en quelque façon qui la neutralife ; toutes les fois qu'on -prélente à cette bafe une fubftance avec laquelle elle à plus d'afhnité, elle quitte {on difloivant; dès-lors la matière du feu reprend fes droits, fes propriétés, & reparoît à nos yeux avec chaleur, flamme & lumière. 598 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE =» L'air pur, l'air déphlogiftiqué de M. Pricflley, eft donc dans cette opinion le véritable corps combuftible, & peut- être le feul de la Nature, & on voit qu'il n'eft plus beloin pour expliquer les phénomènes de la combuflion, de fuppofer qu'il exifte une quantité immenfe de feu fixée dans tous les corps que nous nommons combuflibles, qu'il eft très-probable au contraire qu'il en exifte peu dans les métaux, dans le foufre, dans le phofphore & dans la plupart des corps très- folides, très-pefans & très-compadts; & peut-être même, qu'il n’exifte dans ces fubftances que de la matière de feu libre, en vertu de la propriété qu'a cette matière de fe mettre en équilibre avec tous les corps environnans. Une autre réflexion frappante, qui vient encore à l'appui des précédentes, c'eft que prefque tous les corps peuvent exifter dans trois états différens, ou fous forme folide, ou fous forme liquide, c'eft-à-dire fondus ou dans l'état d'air & de vapeurs : ces trois états ne dépendent que de Îa quantité plus ou moins grande de matière du feu dont ces corps font pénétrés & avec laquelle ïfs font combinés. La fluidité, la vaporifation, lélafticité, font donc les propriétés caractérif- tiques de la préfence du feu & d'une grande abondance de feu; a folidité, la compacité au contraire font les preuves de fon abfence : autant donc il eft prouvé que les fubftances aëriformes & l'air lui-même, contiennent une grande quantité de feu combiné, autant il eft probable que les corps folides en contiennent peu. Je fortirois des bornes que je me fuis prefcrites & que les circonftances exigent, ‘fr j'entreprenoïs de faire voir combien cette théorie jette de jour fur tous Îes grands phénomènes de la Nature; je ne puis cependant ime difpenfer de faire encore remarquer avec quelle facilité elle explique pourquoi J'air eft un fluide élaftique & rare: en effet le feu étant le plus fubtil, le plus élaftique & le plus rare de tous Jes fluides, il doit communiquer une partie de fes propriétés aux fubflances auxquelles il s’unit , & de même que les diflolutions des {els par l’eau confervent toujours une partie EN EM Si SC: IN ÉLIN-CLE-S, s°9 des propriétés aqueufes, de même auf les diflolutions par le feu doivent conferver une partie des propriéiés ignées. On conçoit encore pourquoi il ne peut y avoir de com- buflion ni dans le vide, ni même dans aucune combinaifon aériforme, où {a matière du feu a une très-grande affinité avec la bale avec laquelle elle eft combinée, On n'’eft point obligé non plus dans ces principes, d'admettre de la matière du feu fixée & combinée en une immenfe quan- tité jufque dans le diamant même, & dans un grand nombre de fubftances qui n ‘ont aucune qualité à analogue à celle de la matière du feu ec qui en prélentent mème d'incompa- tibles : enfin on n'eft point obligé de foutenir , comme 1e fait Sthal, que des corps qui augmentent de poids perdent une partie de leurs fubftances. J'ai annoncé plus haut que Ja heu expolée dans ce Mémoire, pouvoit s'appliquer à l'explication d'une partie des phénomènes de la refpiration ; & c'eft par où je terminerai cet effai. J'ai fait voir, dans le Mémoire que j'ai Iü à la Séance publique de Pâques dernier, que Fair pur, après être entré dans le poumon, en reflortoit en partie dans l'état d'air fixe ou d'acide crayeux. L'air pur, en pañlant par le poumon, éprouve donc une décompofition analogue à celle qui a lieu dans la combuftion du charbon : or dans la combuftion du charbon, il y a dégagement de matière du feu; donc il doit y avoir également dégagement de matière du feu dans le poumon dans l'intervalle de Finfpiration à l'expiration, & c'eft cette matière du feu fans doute, qui fe diftribuant avec le fang dans toute l'économie animale, y entretient une chaleur conftante de 32 degrés +, environ, au thermomètre de M. de Réaumur. Cette idée paroïtra peut-être hafardée au premier coup-d'œil; mais avant de la rejeter ou de la condam- ner, je prie de confidérer qu’elle eft appuyée fur deux faits conftans & inconteftables, favoir fur la décompofition de l'air dans le poumon, & fur le dégagement de matière du feu qui accompague toute décompolition d'air pur, c'eft-à-dire tout Goo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE paflage de l'air pur à l'état d'air fixe: mais ce qui confirme encore que la chaleur des animaux tient à la décompofition de l'air dans le poumon, c’eft qu'il n'y a d'animaux chauds dans la Nature, que ceux qui relpirent habituellement, & que cette chaleur eft d'autant plus grande que la refpiration eft plus fréquente, c'eft-à-dire qu'il y a une relation conftante entre la chaleur de l'animal & la quantité d'air entrée ou au moins convertie en air fixe dans fes poumons. Au refte, je le répète, en attaquant ici la doétrine de Sthal, je n'ai pas pour objet d'y fubftituer une théorie rigoureufement démontrée, mais feulement une hypothèfe qui me femble plus probable, plus conforme aux loix de la Nature, qui me paroît renfermer des explications moins forcées & moins de contradiétions. : Les circonftances ne m'ont permis de donner ici que l'enfemble du fyftème, & un aperçu des conféquences; mais je me propole de reprendre fucceflivement chaque partie, d'en donner le développement dans différens Mémoires ; & jofe aflurer d'avance que l’hypothèfe que je propole, explique d'une manière très-heureufe - & très-fimple les principaux phénomènes de Ia Phyfique & de la Chimie, MÉMOIRE ét. Di ELISA SCT LE EN: GC: -Erss 6ot M É MOIRE Sur quelques Maladies du Foie, quon attribue à d'autres organes ; à fur des Maladies dont on fixe ordinairement le fiége dans le Foie , quoiqu'il ny Joit pas. Par ‘M P:0 R T AL. LE toutes les maladies qui affligent l'homme, il n'en eft guère de plus dangereules que celles dont on ignore le fiége. Chaque vifcère a une texture qui lui eft propre ; il eft fujet à des affections dont les autres font exempts, & il {e rétablit d'une manière qui lui eff particulière : or, comme le grand art du Médecin, dans le traitement d’une maladie, eft d'aider a Nature, il n’y parviendra que lorfqu'il connoitra parfaitement le fiége de la maladie. Le foie qui remplit des fonétions fi importantes dans l’éco- nomie animale, eft un des organes dont on connoît le moins les altérations; tantôt on lui attribue des maladies dont il n’eft point atteint, & quelquefois on méconnoït celles qui ont leur fiége dans ce vifcère, au point de les croire dans des parties qui font dans l’état le plus naturel. De telles mépriles font cependant de fi grande confé- quence, qu'elles ont coûté la vie à des malades qu'on eût facilement guéri, fi on eût connu le véritable fiége de leurs maux. Mais comme on ne parvient fouvent à la connoïffance de la vérité, que par celle de nos erreurs, j'ai tâché de les découvrir par l'ouverture des corps : fi jamais lAnatomie eft utile au Médecin, c’eft fur-tout quand elle l'éclaire fur fes propres fautes. Mém, 1777: Géesg 6o2 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE I. Les épanchemens dans la cavité droite de Ia poitrine, & les engorgemens des lobes du poumon qu'elle renferme, caufent un tel dérangement dans Ja fituation du foie, qu'on la fouvent accufé d’obftruétion, quoiqu'il füt dans l'état le plus naturel. Un Avocat, d'un tempérament fec & irritable, & qui s'étoit beaucoup livré aux exercices de fa profeflion, maigrit fans caufe apparente, & tombe dans un dégoût des alimens, qu'on ne peut diffiper ; il devient un peu jaune, mais il ny a ni toux ni douleur à la poitrine : un Médecin qu'il confulte croit le fiége de 1a maladie dans le foie, & prelcrit des remèdes qui n'ont aucun effet falutaire. Appelé en confultation, je crois devoir m'aflurer par le tact de l'état des vifcères du bas-ventre, je découvris en effet une tumeur fous les faufles côtes droites, & j'en fixe le fiége dans le foie; je confirme par mon opinion celle du Médecin ordinaire, & nous prefcrivimes des bains & des apéritifs plus puiffans que ceux qui avoient été adminiftrés ; cependant la maladie, bien loin de céder à leur ufage, augmenta de jour en jour; la fièvre s’alluma , devint continue ; Îa refpiration fut très-difcile ; il s'établit un cours de ventre colliquatif, & le malade périt dans le marafme. On obfervera qu'il ne fe plaignit jamais d'aucune douleur à la poitrine, qu'il n'y eut point de toux ni crachement de matières purulentes, circonftances qui me fortifioient dans l'opinion où j'étois fur le fiége de la maladie dans le foie ; je dirai même que je la croyois fi füre, que je ne fis l’ouver- ture du corps que parce que j'étois alors dans fhabitude d'ouvrir ou de faire ouvrir tous ceux à qui mes foins n’avoient pu fauver la vie; mais quelle fut ma furprife lorfque je trou vai le foie dans le meilleur état : c’étoit dans les poumons que la maladie avoit eu fon fiége ; ils étoient pleins d'obftruc- tions formées par une fubftance fcrofuleufe, dont les glandes bronchiques étoient engorgées , altération très-fréquente dans “ais àS CAE Ni C ES 603 les phthifiques & à laquelle on fera peut-être un jour plus d'attention que l’on n’a fait jufqu'ici. I y avoit dans le poumon droit plufieurs abcès qui com- muniquoient enfemble, & dont il s’écoula plus d’une demi- bouteille de liqueur purulente : le volume de ce poumon nous parut fi confidérable avant de ouvrir, qu'il refouloit le dia- phragme vers la cavité du bas-ventre; le foie étoit par confé- quent plus bas qu'il n’eft naturellement, & faifoit au-deffons des fauffes côtes droites la faillie qu'on avoit prife pour une grande obftruction. £'’eft fans doute de cette manière qu'ont été induits en erreur divers Médecins qui ont attribué au foie des maladies qui avoient leur fiége dans le poumon : la même faute fut commife par un grand Médecin fur une Princefle, dont la France pleure encore Ia perte. Je me fouviens que nous fumes fort embarraflés, M. Bordeu & moi, fur le fiége de la maladie dont eft mort M. le Duc de Chaulnes, Honoraire de cette Académie; nous diftinguames par le tact une tumeur fous fes faufles côtes, que nous primes pendant long-temps pour une obftruétion du foie, quoique ce vifcère füt dans le meiïlleur état, ainfr que nous nous en fommes convaincus par l'ouverture du corps. … Les erreurs font pour nous de véritables leçons ; f. elles ne nous montrent pas la route qu’il faut fuivre, du moins nous font-elles connoître celles qui peuvent nous égarer. Inftruit par mes propres fautes & par celles de plufieurs Médecins célèbres, je me fuis convaincu que le foie fait une grande faillie au-deflous des faufles côtes de tous les phthifiques, tant que le poumon droit eft engorgé, & qu'il remonte fous les faufles côtes à proportion que la matière de l'engorgement eft évacuée par flexpectoration : obfervation importante ; c'eft ce dégorgement de l’hypocondre droit qui a fouvent con- couru à fortifier les Médecins dans l'erreur où ils étoient fur le fiége de la maladie. Les apparences ne concourent pas moins à nous égarer que le fond même des maladies : dans les engorgemens du Gegg i 604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE poumon gauche on fent aufli une réfiftance au-deflous des faufles côtes du même côté, produite par la rate qui eft alors refoulée vers le rein ; mais comme le volume de Îa rate eft moindre que celui du foie, & qu’elle fe trouve plus pro- fondément enfoncée fous les côtes , la réfiftance qu’on fent au-deflous de Fhypocondre gauche, n'eft jamais aufli grande qu'elle left du côté droit; ce font des faits qu'il faut favoir pour ne pas attribuer à la rate des altérations qui auroient leur fiége dans le poumon gauche. £ Tous les jours on croit fentir, par le taét, des obftructions dans les hypocondres de ceux qui ont quelque engorgement des poumons, ce qui fait qu'on néglige de traiter la maladie dont ils font atteints pour traiter celle qui n'exifte pas: les Ouvrages de Baillou, Bonet, Morgagni, Lieutaud , font pleins dé pareilles méprifes , mais aucun de ces Auteurs n'en a fait connoître la caufe par des obfervations fuivies & bien conftatées. | Autre genre de méprife qu'on commet fréquemment, c’eft de croire le foie malade toutes les fois qu'il y a jaunifie: il eft vrai que cette maladie furvient dans beaucoup d’afleétions du foie; mais comme il y en a qui ne font point fuivies de jaunifle, ainfi que l'ont prouvé M.° Morgagni, Lieutaud &c divers autres Médecins, {a jauniffe furvient à des fujets qui ont le foie très-fain, & chez lefquels la fecrétion de la bile fe fait de la manière la plus régulière. | Nous nous fommes affurés , par diverfes obfervations, que Ja bile pénètre quelquefois des inteftins grèles dans les vaifleaux laétés , d'où elle parvient dans le fang & dans les diverfes parties du corps humain, auxquelles elle donne vraifembla- blement une couleur jaune plus ou moins foncée : j'ai fait l'ouverture de diverfes perfonnes qui avoient péri à Ja fuite de quelques maladies du canal inteftinak, telles que le volvulus, les hernies avec étranglement; les conftipations qui proviennent des engorgemens des inteflins par des matières fécales, par des obitructions qui compriment où rétréciflent le canal inteflinal; la bile trouve alors un obftacle DES SC LE NN CE. 605 qui s’oppofe à fon libre cours, s'infinue dans les vaiffeaux lactés, d’où elle parvient dans le fang. Dans divers fujets qui avoient péri de la forte, & qui avoient eu la jaunifie, j'ai trouvé les vaiffeaux ladés pleins d'une liqueur jaune, amère au goût, qui s'enflammoit en pétillant lorfqu'on la jetoit fur les charbons allumés : je n'ai Jamais eu une aflez grande quantité de cette liqueur pour la foumettre à d’autres épreuves ; mais les propriétés que je lui ai obfervées, la caradérifent affez pour nous la faire regarder comme de la bile. Les enfans qui viennent de naître éprouvent une jaunifle remarquable ; elle dépend, fuivant M. Morgagni, des chan- gemens que la circulation du fang éprouve dans le foie après la naïffance, & divers Médecins ont adopté cette opinion : «le fang, difent-ils, qui parvenoit au foie dans les fœtus par deux grofles veines, la veine-porte & la veine ombilicale, n'y parvient plus après la naiflance que par la veine-porte, le tronc de Ia veine ombilicale étant oblitéré ; cependant, comme les rameaux de cette veine communiquent avec ceux de la veine-cave, le fang que ceux-ci contiennent coule dans les rameaux de la veine ombilicale , de forte que les veines qui étoient dans le fœtus des rameaux de la veine ombi- licale, font dans l'enfant des rameaux de la veine-porte, » ‘On a conclu qu'un pareil changement de la circulation du fang dans le foie, cauloit la jauniffe des nouveaux-nés, mais outre que cette conféquence n’eft point prouvée, c’eft qu'on eut démontrer que la bile des nouveaux-nés s’infinue dans les vaifleaux laétés & dans le canal thorachique , d’où elle fe mêle avec le fang, caufe fufhfante pour donner lieu à 1a jaunifle. J'ai ouvert les corps de trois enfans qui étoient morts peu de temps après [a naïffance, & qui avoient encore la jiunifle, & j'ai trouvé leurs vaifleaux ladtés & leur canal thorachique pleins d'une liqueur femblable, par fa couleur, par fon goût & par fon inflammabilité, avec fa bile qui étoit dans la véficule du fiel ; cette bile cyflique étoit en très- petite quantité, au lieu qu'elle-remplit la véficule du tel 606 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE au point d’en diftendre les parois dans les fœtus ou dans les enfans qui viennent de naïtre, & qui n'ont pas encore eu la jaunifle; c'eft cette bile contenue en grande quantité dans la véficule du fiel qui coule abondamment dans l'inteftin duodenum au moment de la naïffance ; elle parvient dans le fang par les voies laétées, & donne lieu à la jaunifle ; {a bile trouve alors d'autant plus de facilité à s’infinuer dans les vaifleaux lactés, que les inteftins font remplis d’une plus grande quantité de meconium, & ce qui le prouve, c'eft que la jaunifle ne furvient pas quelquefois , ou qu'elle eft très- légère dans les enfans qui rendent facilement le meconium peu de temps après leur naïflance, foit naturellement, foit à l'aide de quelque léger purgatif. L’expulfion de la bile cyftique dans l'inteftin duodenum, après la naïffance , eft fans doute l'effet des contraétions fimul- tanées du diaphragme & des mufcles abdominaux, qui font alors très-apparentes ; c’eft cette même caufe qui détermine l'écoulement des urines des nouveaux- nés. I paroït, d'après ce qui a été dit, qu'il y a des jauniffes qui ne dépendent nullement des altérations du foie, mais qui proviennent de ce que la bile reflue dans le fang par la voie des vaifleaux laclés ; ce qui eft contraire à l'opinion reçue, & ce qui doit bien des fois nous déterminer à préférer dans le traitement de la jaunifie, l'ufage des purgatifs à celui des apéritifs. J'ai fait des expériences fur des animaux vivans, qui peuvent trouver place dans ce Mémoire, par le rapport qu'elles ont avec la matière qui en fait le principal objet : dans quelques- uns, j'ai lié les inteftins grêles à une certaine diftance dé . Tinfertion du canal cholédoque, & j'ai vu cinq ou fix heures après le blanc de leurs yeux changés en un jaune plus ou moins foncé; ces animaux périfloient de la gangrène du canal inteflinal; mais fr on les ouvroit, dès qu'on voyoit que leurs eux étoient bien jaunes, on trouvoit leurs vaifleaux lactés, fÉ réfervoirs & Îe conduit du chyle pleins d'une véritable bile, J'ai lié le canal cholédoque de quelques autres chiens, AT M preïsiiSsc LE! Né C ELs, 607 & la jaunifle n’a pas manqué de fe manifefter bientôt ; Ia même affection a eu lieu dans les animaux auxquels j'avois lié le canal hépatique, mais elle n’eft nullement furvenue dans plufieurs chez lelquels j'avois pratiqué la ligature fur le canal cyftique; ce qui confirme de plus en plus l'opinion de M. Morgagni, qui prétendoit que les plus grandes altérations de la véficule du fiel ne donneroient pas lieu à la jaunifle, & que fi elle furvenoit alors, c'étoit parce que le foie étoit également malade. Cette expérience fournit auffi un furcroit de preuves à l'opinion de Fallope, renouvelée par M. Lieutaud, que la bile ne parvient pas direétement du foie à la véficule du fiel, mais qu'elle y reflue par le canal cyftique. Si l’on attribue au foie des maladies dont il n’eft point affecté, il en eft qui ont leur fiége dans le foie, & qu'on attribue fréquemment à d’autres organes. On fait que ce vifcère eft contigu au diaphragme, au rein droit, au colon & à l'eftomac, qu'il recouvre en partie : ce font ces vifcères qu'on croit fouvent altérés, quoiqu'ils foient fains, & lorfque le foie eft le feul qui foit affecté; mais comme fhifloire de ces erreurs fe trouve difcutée en divers endroits des Ouvrages de M.” Morgagni & Lieutaud, & qu'il ne s’agiroit que de les rapprocher pour en former un tableau intéreffant, nous ne traiterons ici que de quelques objets qui ont échappé à leurs recherches, ou qui méritent d’être approfondis. Le foie eft fujet à divers engorgemens qui donnent lieu à des vomiffemens dont on méconnoît ordinairement la caufe : je vais le confirmer par les deux obfervations fuivantes. Une femme, ouvrière en linge, demeurant rue de a Tixeranderie, d’une conftitution sèche & très-irritable, ref- fentit une douleur dans la région épigaftrique, qu’on ne put - calmer par aucun remède ; cette douleur devint très-vive & fut bientôt accompagnée de vomifflemens ; ils devinrent fr fréquens & fi opiniâtres, que la malade rendoit les alimens immédia- tement après les avoir pris. Des Médecins célèbres qui furent appelés, crurent le fiége de la maladie dans l'eflomac ; ils 608 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE prefcrivirent les ftomachiques amers, & n'oublièrent aucun des anti-émétiques connus; mais tous ces remèdes n'empé- chèrent pas les progrès de la maladie : la fièvre lente furvint, & cette femme périt dans latrophie. J'affiftai à l'ouverture du corps, & je vis que leftomac qu'on croyoit confidérablement altéré, étoit dans le meilleur état; fes orifices n’étoient nullement rétrécis; il n’y avoit aucun gonflement dans leurs bords, & le corps de l’eflomac étoit parfaitement fain ; le pancréas & tous les autres vifcères du bas-ventre, à l'exception du foie, étoient fans aucune altération : le volume de ce vifcère étoit confidérablement augmenté, fur-tout le petit lobe & le lobe horizontal du foie; ces deux parties avoient pris un tel accroiflement, qu’elles comprimoient l’eflomac & qu'elles en rétrécifloient confidéra- blement le pilore ; la fubftance du petit lobe & du lobe moyen du foie étoit fi mollafle qu'elle reffembloit à du miel un peu concret, telle enfin que celle des loupes, qu'on nomme meliceris. C’eft à cetie altération du foie qu’il fallut rapporter la caufe des vomiflemens; l'eftomac irrité & comprimé parle foie, ne pouvoit contenir les alimens; à peine parvenoient-ils dans la cavité de ce vifcère, que fes parois fe contractoient pour s'en débarrafler par le vomiflement; ce qui a donné lieu enfin à la fièvre lente, à l'atrophie & à la mort & Les Auteurs peuvent avoir rapporté des obfervations fort analogues à celle que je viens d'expoler; mais je doute que perionne en ait fait une application plus heureufe que je le his quelques années après: Madame la Marquife d'Épagny, qui demeuroit pour lors à l'abbaye des Religieufes de Port-Royal, fe plaint de maux d’eflomac; les remèdes qu'on lui donne font inutiles; elle toufle, maigrit & éprouve de la gêne dans la relpiration; le flux périodique n'eft point altéré; les vomif- {emens furviennent & augmentent au point que la malade ne peut rien prendre fans le vomir tout de fuite; fes jambes s'enfièrent, la fièvre lente furvint, & la malade étoit réduite au dernier degré de marafme, Depuis deux mois que les vomiflemens continuoient, rs M.” Vernage, DES SCIENCES. 609 M." Vernage, Bordeu, Mahony & les autres Médecins, qui avoient vu la malade, n’avoient ceflé de prefcrire les ftomachi- ques les plus actifs & les anti-émétiques les mieux éprouvés, mais avec fi peu de fuccès, que les vomiffemens augmentèrent au lieu de diminuer. Plufieurs de ces Médecins avoient aban- donné la malade, la croyant fans reffource, lorfque je fus appelé pour la voir : l'état où je la trouvai me parut d’abord défefpéré ; cependant ayant voulu m'affurer par le taét du fiége de la maladie, je fus bien furpris de trouver le foie extraordinai- rement gonflé, & fur-tout la portion de ce vifcère qui occupe Ia région épigaftrique ; cette altération reconnue, je ne doutaï pas qu'elle ne füt la caufe des vomiffemens fréquens qui ex- ténuoient la malade; je changeaï alors le fyftème du traitement; J ordonnai le kermès en petite dofe, comme on eft dans l'ufage de le donner dans certains temps de quelques fluxions de poitrine, & ce remède, qui très-fouvent produit à très-petite dofe des naufées & même des vomiffemens, fit un effet fi contraire, que les vomiflemens dont Madame la Marquife d'Épagny étoit affectée depuis plus de deux mois, furent diflipés en peu de jours : je continuai l’ufage des apéritifs ; {a terre foliée de tartre fut prife dans une infufion de menthe à La dofe d’un ou de deux gros par jour ; les felles devinrent tès-bilieufes, & la malade fut rappelée d'une mort prefque aflurée à la fanté la plus parfaite. La guérifon de Madame a Marquife d'Épagny eft d'autant plus mémorable, qu'elle a donné lieu à celle de plufieurs perfonnes, que des vomiffemens produits par la même caufe, auroient immanquablement conduit au tombeau : je les ai traitées de même & avec un fuccès égal. é Je ne rapporte pas ces obfervations, pour plus grande brièveté; je ferai feulement obferver que dans l’un de ces cas, je fis prendre l’émétique dans de l’eau de menthe & dans du fuc de limon, en petite dofe, comme on le fait dans le traitement de quelques fièvres, & que je parvins par ces moyens à arrèter des vomiflemens que les remèdes vulgaire- ment connus fous le nom d'anti-émétiques, n'avoient pu ralentir, Mém. 1777 Hhhh 610 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Les Médecins favent que l'émétique adminiftré fous cette forme, eft un des plus puiffans atténuans & un apéritif des plus efficaces qu'on connoifle : il a agi dans ce cas-ci en dé- gorgeant le foie; & comme les vomiflemens étoient l'effet. de fa compreflion qu’il exerçoit fur l’eftomac par fon excès de volume, ils ont diminué à proportion que le foie s’eft débarraffé des matières dont il étoit engorgé. Une autre altération du foie, dont M. Morgagni a fait mention, prefque inconnue des autres Médecins, mais que nous avons eu occafion d’oblferver, ce font les hémorragies de ce vifcère par le canal cholédoque : j'avois déjà trouvé dans fix ou fept fujets difféqués dans mon amphithéâtre, les conduits biliaires & les inteftins grêles pleins de fang, lorfque je fus chargé de donner mes foins à une perfonne ( c'étoit. un Domeftique de Madame fa Marquife de Cambis) qui étoit. atteint d’une inflammation du foie des plus vives, & qui avoit été très-négligée dès fon origine ; malgré les diverfes faignées qui furent pratiquées, le malade rendit par la bouche beaucoup de fang noir & concret; il en rendit auffi par le fondement, & l'on fentit le volume du foie décroitre à pro- portion que cette évacuation continuoit; la refpiration devint plus facile, & la douleur vive que le malade avoit éprouvée au col vers l'origine du nerf diaphragmatique, s'affoiblit & difparut; cependant le fang que le malade rendoit parut mêlé de ftries purulentes; la fièvre lente s’alluma, & le Domeftique périt dans peu. g L'on fe convainquit par l'ouverture de fon corps, que 1a- maladie avoit eu fon fiége dans le foie, & que toutes les autres parties du corps étoient faines ; le foie étoit fi volu- mineux, qu'il occupoit le double plus d'efpace que de cou- tume; fa couleur étoit d’un noir très-foncé, & fa fubftance étoit putréfiée ; il y avoit plufieurs abcès dans l'intérieur de ce vifcère qui communiquoient enfemble; les canaux hépa- tique & cyflique, la véficule du fiel, le canal cholédoque &c les inteflins grêles étoient pleins de fang & de pus. Les hémorragies du foie ne font pas toujours auffi ficheufes PEN Pa DUESs. SCIENCES. 61t que l’a été celle dont nous venons de parler ; au contraire, elles font quelquefois fi utiles qu'elles préfervent ce vifcère d’'in- #lammation, ou qu'elles la diffipent, fr elle a lieu, par la bouche & par la voie des felles : c'eft de-là que provenoient les matières que le malade avoit rendues. Un jeune Etudiant en Droit qui s'étoit livré à divers excès, eft atteint d’une fièvre des plus aiguës, & fe plaint d'une vive douleur dans l’hypocondre droit qui étoit confi- dérablement tuméfié; on ne pouvoit lui toucher Ja région épigaftrique, qu'il ne pouflät les hauts cris; des naufées fur- viennent, & bientôt le malade rend par haut & par bas une fi grande quantité de fang, qu'on l'évalua à deux livres: cette hémorragie produifit un effet falutaire, l'hypocondre s'affaifla ; les douleurs cefsèrent, la fièvre fe diflipa, & le malade recouvra la plus parfaite fanté. Les hémorragies du foie par le canal cholédoque , font bien plus difficiles à connoîïtre que dans les cas précédens ; lorfqu'elles font très-petites & qu'elles furviennent à divers temps, alors le fang fe mêle quelquefois avec la bile ou avec le fuc gaftrique, & fort par la bouche plus ou moins altéré Les Médecins fe trompent fur la fource qui le fournit, fup- pofent, traitent même des maladies du poumon qui n’exiftent pas : j'ai l'exemple de deux méprifes de cette forte, dont je me fuis afluré de la manière la plus convaincante, par l'ou- verture du corps, j'en fupprime les détails pour abréger ce Mémoire. - Je dirai auffi, avant de terminer ce Mémoire , que j'ai vu des gonflemens énormes de la rate, heureufement terminés par une grande hémorragie. M. Aublet, célèbre Botanifte, portoit depuis long-temps une tumeur du côté gauche du bas-ventre, qui paroifloit s'enfoncer fous les faufies côtes ; il avoit les jambes enflées, & Îa refpiration très-génée; je fus confulté, & après un mür examen de la tumeur, je crus qu'elle avoit fon fiége dans la rate; mais celle-ci étoit fort dure, je n’aurois ofé foupçonner qu’elle füt uniquement pro- duite par du fang, comme l'évènement le prouva. M. Aublet Hhhkh ji 612 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rendit au moment qu'il étoit le moins incommodé de fa’ tumeur, une fi grande quantité de fang, par haut & par bas, qu'on l’évalua à plus de fix pintes. La tumeur de l’hypocondre fut entièrement diffipée par cette hémorragie, & fans doute que le fang qui la formoit fe vida dans leftomac par le moyen des vaiffeaux courts & par les veines correfpondantes; quoi qu'il en foit, M. Aublet recouvra la plus parfaite fanté par cette hémorragie, cepen- dant, je lui confeillai de fe faire faigner toutes les fois qu'il fentiroit quelque gonflement dans l'hypocondre gauche, ce qu'il a fait depuis & avec un tel fuccès, qu'il a vu fa tumeur s'affaiffer à proportion qu'il fe failoit tirer du fang; s'il néglige ce fecours, ou qu'il faffe quelque exercice plus grand que de coutume, la rate fe gonfle & fe remplit de fang, jufqu'à ce que ce fluide faffe irruption dans l'eftomac *. Les Anciens ont regardé les vaifleaux courts comme les vrais canaux excréteurs de la rate; ils croyoient que c'étoit par leur moyen que ce vifcère fe débarrafloit, dans l’eftomac, de l'humeur qui le furnageoit. Les Modernes ont nié cette opinion, d’après les connoif= * Ce dernier accident vient de lui arriver ; des chagrins qui lui font fur- venus ont produit en lui une telle révolution , qu’il a éprouvé un grand gonflement dans l’hypocondre gauche avec une difficulté confidérable de refpirer; il eft devenu jaune, a fenfi- blement maïgri, & il lui eft furvenu une évacuation de fang prodigieufe par le fondement; la faignée qui lui a été faite, & lufage des rafraîchiffe- mens & des aftringens qui lui ont été prefcrits, avoient arrêté l’hémor- ragie, lorfque , par un effet de fa vivacité ordinaire , il a fait divers mouvemens qui ont été fuivis d’une nouvelle hémorragie par le fondement & par la bouche, dont il eft péri. J'ai fait faire l'ouverture du corps, & je me fuis convaincu que la tumeur que M. Aublet avoit portée au côté gauche, étoit formée par la rate , laquelle étoit auff grofle que la tête d’un enfant, fes cellules étoient fort agrandies & pleines de fang; les vaiffeaux qui, de larate, communiquent avec l’eftomac & toutes les veines cyftiques droites, gauches & moyennes, étoient très- dilatées & béantes dans la cavité de leftomac; elles laïffoient fuinter encore le fang qu’elles contenoient, de forte qu’il n’eit pas douteux que ce ne foit par ces voies que la rate ait vidé fon fang dans l’eftomac. J’ai ouvert divers fujets qui avoient la rate gorgée de fang , l’eflomac & les inteftins en contenoient auffi beaucoup; les vaif- feaux courts étoient auffi gros que le petit doigt , & ils étoient ouverts dans la cavité de leflomac, DES SctrENCESs. 613 fances qu'ils ont acquifes fur la circulation du fang dans T'état naturel ; mais comme ces loix font fingulièrement interverties par maladie, nous croyons qu'il arrive quelque- ‘fois, comme cela eft furvenu dans les cas que nous venons de rapporter, que les congeftions de fang dans Îa rate fe vident dans l’eftomac par les vaifleaux courts & par les veines correfpondantes; ce qu’il étoit d’autant plus utile de prouver que les Médecins penfent généralement le contraire. Telles font les obfervations que je m'étois propolé de communiquer aujourd’hui à l’Académie: quelques-unes d’elles font nouvelles, & d’autres tendent à conftater des points de dodtrine {1 peu connus, qu'ils font l’écueil ordinaire des Médecins ; les fautes que j'ai vu commettre par les plus habiles, fans qu'ils les euffent même foupçonnées, leurs décifions hafardées & démenties par l'évènement, les remèdes qu'ils prefcrivent avec une aveugle confiahce, leurs opinions faufles & accréditées fur les maladies du foie, prouvent mal heureufement trop combien ils font peu avancés dans Ia. connoiflance du fiége de ces maladies: auffi ai-je cru qu'un. travail fur cette matière, fondé fur des obiervations bien conftatées, feroit de la plus grande utilité, & qu'il mériteroit. par-là l’accueil de l’Académie, ; 614 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATIONS BOTANICO - MÉTÉOROLOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gâtinois, pendant l’année 1776. Par M. pu HAMEL. ANNE LR ITS S UE MINE NT. Es Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes; de même que les années précédentes. On s'eft toujours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace: la barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au-deflous de zéro; quand les degrés font au-deflus, il n’y a point de barre; o défigne que la température de l'air étoit précilément au terme de fa congélation, Il eft bon d'être prévenu que dans Automne, quand il a fait chaud plufieurs jours de fuite, il gèle, quoique le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boite du thermomètre ont confervé une certaine chaleur; c’eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Obfervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi, & à onze heures du foir, Nota. Les Obfervations du baromètre , à commencer du premier du mois de Janvier, ont été faites fur un baromètre callé fur celui de l'Obfervatoire, qui eft 3 lignes plus haut que celui dont nous nous fervions les années précédentes, | | | | D E s S C'IE:N C:Ers. 615 TOMON POLE PR Jours du Mors. VO ON Ou rb WW ON 19. VENTS. Z2222NVV222wownunu. N. O. N. N. N. E ERP PA TES THERMOMÈTRE. nn Matin. | Midi. Soir. Degrés. | Degré. | Degré. O<. 4 + 32 47 S = 1. 2. Ze Oo. 2+. 3. S- 62! 5: _ 5” S+ 2. 43 15 o. 25. 2x FE. 22. o. — 24f— 4il— 242 3- 12. k Oo. |— 12. 114 °. 1=|— 2 — 3. |— 2. |— 4. — 6. |— 4. |— 8. — 6El— 3L|— 5. — 6|— 4k|— 61. ab ee Rte à M — 41.|— 61|— 81 —10L.|— 5. |— Si. — 9£l— 5. |— 8. — 61 +|— 22 — 34 18] 34. — $. |— 2. |— 3. — 8. |— 4i|— 82 — 10, |— $Si|— 9. —114)— 9. |[—ri. —i24|— $£|- rot. — 14. |— 10. |— 12. — 13. |— 9. |[—11=. —132|— 9. |—11. BAROM. pouces lignes 27: Le] S BNNNIM NI OO = © NN 27 2 OO 26. 112 7e 27. DT: 27- 523 NI> nn bb sl . O NI Nu mm ou BB NB La NI da db D = O La FTAT DU CIEL RE OR em temps pluvieux. beau avec nuages. couvert, couvert le foir, grand vent & pluie. couvert le foir, pluvieux. pluvieux. beau avec nuages. pluvieux. couvert. couvert & bruine. [couvert & neïgeux. pluvieux & neiveux. couvert & bruine. couvert & neige. couvert. idem. beau avec nuag. & ventvoles deneig. couvert. beau avec nuages. 1dèm, idem, idem, couvert, idem. beau. idem, idem, idem, idem, idem, idem, 616 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La gelée a été confidérable pendant ce mois, elle a pénétré en terre jufqu'à 22 pouces, le temps a été ‘couvert au com- mencement, la fin & le milieu affez beau : il a tombé beau- coup dé neige dans la Beauce, du côté du Nord; maïs en Gäâtinois, il y a eu des endroits où il n'en eft tombé que peu. Quelques perfonnes, entr'autres les Mendians qui cou- chent dans les granges , ont eu les pieds gelés; d’autres font morts le long des chemins: on en a même trouvé de morts dans les maïfons; on a entendu des chênes fe fendre avec bruit, j'en ai vu à Vrigny. L'ouvrage de la campagne a été de voiturer des pierres pour faire & entretenir les chemins, faire des fagots le long des haies d’épines & des faules, & des aunettes dans les vallées. La rivière d'Eflonne a été de moyenne hauteur; beaucoup de vieillards & d’autres per- fonnes âgées, font morts de mort fubite, Il a regné cet hiver une maladie qu'on appelle la grippe, c'eft une efpèce de rhume qui prenoit dans {à gorge. FÉVRIER, ÉTAT DU CIEL. Degrés Degré. [pouces lignes 1 S- |— 4. |27. 9 |beau avec nuages, DE 2e ue 27e 7 |lidem, 3. : 13.127. $ |couvert & bruine. 4. S <- 23.127. 4 lidem, S- TE S= 127: 2 pluvieux, | 6: 4x 65127. 2 |couvert & venteux avec de fa pluie. 7 TE 65127. 7 |couvert & beau avec nuages, 8. 7. 62.127. 10 |beau avec nuages. à LE 62. 7: 27. 5 |couvert; le foir venteux. 10. 3 g: 6. 27. 3 |pluie & grand vent. II 6. 7. 52-126. 101| pluvieux. 12. 34 s<- 32-127. 3 2couvert. * 13: 3+- Pie 23:27. 9 |beau avec nuages. 14 SE 9. 52127. 8 |pluvieux. 12 = 72 64.127. 10 |beau avec nuages, 16. 6. o£. 6, Î27. 9 |idem. 17: S = 8. 32-27. 6 |pluvieux, 18. 22 6 idem. 4. TE 22-127. 82] beau avec nuages; le foir pluie. o. Se 32/27. 9!\gelée le matin, enfüuite pluvieux. 7. CES 82127. 8 |orand vent & pluvieux. 4. 7 3+ [2 6 |beau avec nuag. gr. vent foir, pluie. 25 42. 2. |2 7 |couvert& pluvieuxavec du vent. DE Fe, 4: 127. 2 |pluvieux & venteux. SE S- 32-12 6 |beau avec nuages. 42, 9 82. 4° |pluvieux & venteux. S = 9 6<.Ï2 4 |beau avec nuages & du vent. 41. 9. S- 4 |gr. vent, pluie, grêle, tonn. lap. m. 3+- 72 4 5 [pluvieux avec des grélons, Mém, 2777 | Jiii 618 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE Il n'y a pas eu un feul jour de beau temps dans ce mois; le vent a toujours foufflé du Sud avec beaucoup de force; il a plu prefque tous les jours. On n'a commencé à labourer pour faire les mars, que vers le 20 ; on a commencé à tailler les vignes dans le même temps; on a aufil commencé à tailler les arbres; il y avoit beaucoup de chenilles fur les arbres & fur les haies; les pies commençoient à faire leurs nids; la violette a paru : on a fondé le fafran; il y en avoit les deux tiers de péris par la gelée: les blés ont été auflr fatigués de la gelée fur les petits monceaux de terre où il n'étoit point . tombé de neige; il y en a eu quelque peu qui ont péri : la taille de la vigne n'étoit pas mauvaile; il y avoit cependant un peu de noir dans le farment ; la perce-neige étoit en fleur, Les débacles ont fait beaucoup de ravages. DES SCIENCES. 619 MARS. Jours THERMOMÈTRE. du |VENTS! QT BA ROM. ÉTAT DUMCIEL. Mois. Matin. | Midi. | Soir. Degrés. Degrés. Degrés. L. S. beau avec nuages. 1 Mn Se beau avec nuag. il a grêlé l’ap. midi. beau avec nuages; le foir vent & pl. Ni= bin ja him beau avec nuages & grand vent. beau avec nuag. er. vent. & peu pl. pluvieux & venteux. D CR b N O VO © = W Di D D OO m Or NN a couvert & bruine. pluvieux. grand vent & pluvieux. beau avec nuages. idem. = O © NI On + U D RUE Mn DD en ne mot sd de AU * NI= Din Nl= sim * Dim Nm WW JU OLA CON] 1 ww Dim nm bis Dia Ni= N)= Nm Nin bin nm his Wie je * 1 C1 beau. bb m BI * bin DIX Din Din Dis nIn ni im VIH nJe Nm vis * Æ rm beau avec nuages. couvert & venteux. ND = beau, .128. couvert; le foir pluie. .128. beau. .128. idems = O © Œ1\0 \0 \ ON NN NI NJ Lo NJ M *. pin pie Vin Die ” Ne ne * idem. CO © ON ou :B ww D 2 m D O couvert. Ni ble Nm Him Ne Din hi Nm +| beau. D D ND = 22 mi tm D D CR b[= CCC | I 1 I 27. 9 |idem. 9 +|idem. © DORE CES idem. .128. idem. beau avec du vent. beau avecnuag. gelée blanche Ie mat. Ji bin bin * D ZA mm 22222. bis * D D NN © TR ei et ed bed = OI = D = La + di œ D N = vin ? 28. beau avec nuages. 28. beau avec nuages , & vent froid. 28, 2 |idem .128. 3 |beau. D IA Nix nf * nm * pin * on LA Nu Où © O 0 O D NN OM ON da da sp D AA La Æ O0 0 Où US LU mr [el D & ON D U La M LE NE D Om CCC ; vh * em vin ” liii ï 650 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIÉ RoYALE Quoique le commencement de ce mois ait été humide & venteux, on a profité des beaux jours du milieu & de la fin pour femer les avoines; les blés, qui ont été fémés tard, ? étoient fatigués; les oyaux & Îles hiacinthes ont fleuri vers le 8. Les Vignerons fe font preffés de tailler les vignes, parce qu'elles ont commencé à poufler de bonne heure. Le 27, on a vu des raifins en bourre; les abricotiers étoient défleuris. Vers le 28, les tilleuls & les charmilles étoient boutonnées & prêtes à s'épanouir; la rivière étoit baffle : à la fin du mois, ta ne voyoit point encore d’hirondelles; les feigles étoient eaux, DE) Sn OCDE Nc r.!s; 62r AVRIL, Jours du |VENTS. BAROM. ÉTATÉDIUNCLEL. Mois. Soir. — : PE À Degrés, Degrés. pouces lignes 104.28. 121|beau. 128. !}beau avec nuages, nie * beau avec du vent. beau avec nuag. vent; gel. bI. le m. | couvert. a œN le pie * —|beau avec nuages. couv. peu depluie ; gelée BI, le mat. bin * Nl= * DO 2 É 2427 SU A Rp ph A © Le bis * * VO 9 œ couvert & pluie. Couvert avec argues de grêle & de pl. beau avec gros nuages & du vent. beau avec des nuages & du vent. idem, Ne PA [®) Nu ‘222 norte FRANS EN AT ES CRC ON © © © OO O © © 0 ble bin = = O O © NJ a bi= nie * couvert, idem, beau avecnüages, if a tonne Pap.m. beau avec nuages ; le foir pluie. beau avec nuag. br. foir écl. ton. pl. beau avec nuag. & arg. tonnél’ap,m. Nm ble pie nie eZ 49 ME LIL Tes Ne ble Dim * Fe 2. 3e 4. S: 6. 7e 8. 9: 10. 11. 1e 1h 14. T5 16. 17. 18. 19. 200 ONN a DIX bin Nin him pie * MO De ei eu ee un © couv. & pluv. mat. & l’ap.m. beau, beau avec des nuages. idem, = ON NN œ œ æœ\o = = bb a NAN O ON Dh W NW Bin ble Nim bin * b es idem, beau. idem, nn * bb CS] = LJ O C9 co \0 CCR beauavecnuag. l’ap. m.tonn. écl. pl. beau avec nuages très-gros. beau avec nuages & du vent froid. beau avec nuages. bi= * FNN AN beau avec nuages, gelée BI. le mat. couvert & vent froid; ila gelé le m. 2P22n022222 Vs W WW LA © (D N] La DA DE NIm fn nie pin * 622 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE RoYALE Le 1.” de ce mois, on a vu des hirondelles dans la plaine. Le 7, il a gelé à glace; les cerifiers, les pruniers, les abri- cotiers qui étoient avancés, ont été gelés au tiers; fa vigne, qui avoit aufli pouffé, a été un peu gelée; il n'y a eu que les jeunes plantes où les bourres ont été gelées. Depuis la nuit du 6 au 7 jufqu'au 12, il a toujours foufflé un vent du Nordtrès-froid. Le 14, on a entendu chanter le coucou. Le 116, on a entendu le roflignol. Le 25, il a tonné beaucoup; il y a eu de fa pluie qui a bien fait à tout en général, car il y avoit un peu de temps qu'il n'en étoit tombé. IL a gelé blanc tout le refte du mois, ce qui a fait du tort aux vignes : les fainfoins commençcoient à fleurir; mais ils étoient bas à caufe de la fécherefle du courant de Mars : les avoines ont aflez bien levé : lépine blanche commencçoit à fleurir à Ia fin de ce mois, & on piquoit les échalas dans les vignes, D'ES LS .C IE N:C ES. 623 M A I Jours THERMOMÈTRE. at TN MTS VBA Ron. ÉTAT DU CTEL. Mes Matin. en a Le ess Degrés. pouces lignes I. 22. beau avec nuag. vent fr. gel. BI. Jem. D} 4% beau avec nuages. se S = 7 |pluvieux. 4 S- 6 |beau avec nuages. SE 5=: 3 [pluvieux avec du grefil & du vent. 6. 4+. 6 +] beau avec nuag. tombé un peu de pl. 7. 32 * 7 [Couvert avec des hargues de grêle. 8. 42 6 |couvert & pluvieux. 9. 4. 8 |pluvieux; tonné & tombé de la grêl, 10. 6£. 10 |couvert. ù 62. beau avec vent. 12 62. 1 |beau. 13: 6. 2 |beau avec nuages & vent. 14. 62. 1 |beau avec vent. IS. 7e 0 +] beau avec nuag. l’après-midi bruine, 16. 6. 9 |beau avec nuages. K7: 62. 92|idem, 18. 4. © [le mat, pluvieux; l'après-midi couv. 19. $: 7] beau avec nuages, 20. 9. 11 |beau. 21 10. 11 |brouil. fecmat. ap. midi beau, nuag. 27. 72: 9 |beau avec nuages; le foir vent. 4 6. 9 |beau avec nuages & vent froid. 24. 7: 11 |beau avec nuages. ! s+ 11 |zdem. 61 11 |beau; il a gelé blanc le matin, 10. 10 |beau. 92. 10 |dem, 112, 10 |beau; le foir éclairs. 15. 10 |beau, couv. nuag. quel. gout. d’eau, 14 7: 9 |çouvert & bruine. 624 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE Ce mois a été fort fec, puilqu'il n’a tombé que 9 lignes AS JRELDNNÉ 2% d'eau; la grande féchereffe & le froid ont fait jaunir & rouiller les blés dans le pied; les vignes qui avoient pouffé étoient fatiguées ; les raifins étoient rouges. Vers le milieu du mois, le temps s’eft échauflé un peu, & il eft venu quelques beaux jours ; la fin a été aflez belle ; il a tombé un peu de pluie qui a été avantageufe aux biens de la terre; les blés fe font raccommodés, ainfi que la vigne; les avoines ont bien levé; les fainfoins étoient en fleur, mais bas. On a vu des vignes en fleur le 28 ; if fe montroit beau- coup de grappes. Le vin de 1775 fe vendoit trente & trente-deux livres le poinçon; le blé d'élite s'eft vendu auffi vingt-trois & vingt-quatre livres le fetier, le feigle quinze livres, lavoine neuf livres. Le 26, il a gelé blanç le matin: on a forti les orangers le 13. JUIN, DYE 8 « SaC:HE N.C-E S 625 JP CAEN. es st à LG 5 vd EN Ne ni eEu on AE CE Ce GO se Jours THERMOMÈTRE. du [VENT ms ns ÎBAROM. ÉTAT DU CIEL. j Midi. Soir. Degrés. Degrés, pouces lignes 10118: 17. 14. 127. 10 |beau & couvert de nuages D, S: 18. 15: 127. 10 |beau le matin; l’après-midi bruine, 2e S2 19. 143-127. 9. |mat.avec nuag. l’ap. m. ton. écl. pl. 4. S? 17. 14. 27. 10 |beau avec nuages, s- S. 20. 14. 27. 8 |idem. 6. S: 122: 2 127. 7 |couvert. TMS ; É2e 3 [27. 8 |couv. avec des ars. depl. °r. 8. Êe 14. 9: 27. 9 |beau avec nuages & bruine. 9. |S. 14£L. 11. 27. 11 +| beau avec nuages. 10. E 20. 142.27. 8 |beauavec nuages; ila tonné au loin. 11. S- 16. 11. Ü27. 7 |matin pluv. l’apr. midi avec nuag. 12 S. 16. 12. 27. 7 |beau avec nuages. 13: ie 17. 11227. OZlidem, 14. |N. 181. | 132./27. 9+|beau avec nuages; l’ap. midi couv, 15. |[N. ©. 18. 14. 27. 9 |beau avec nuages. 16. ÊC 18. 12. 27. 9 |couvert & bruine. 17. S. 17£| 14. 27. 11+|beau avec nuages, 18. Br 27e 15. 28. Zl\/dem, 19. N. 19. 12. 28. 1 |beau. 20. N. Dire 132-127. 102|idem, 21 156 24£.| 16. |27. o2|idem. 22. S: 20%. 14. 27.11 |idem. 2 S TO. 20. 14. 27. 11 |idem, 24 SL 17£L. | 15. 27. 11 |beau & couvert de nuages, 2i$e N. 20. 112, {27. 10 |beau, il a tonné au loin. 26. N. 19. 144.27. 7 |beau avec nuagess 272 N. 214.| 13. 27. 72|beau avec nuag. un peu de bruine. 28. |N. O. 141.27. 9 |beau mat. l’ap. midi tonn. écl. & pl. 29. Ne 152 11. 27. 11 [pluvieux avec tonnerre. 30. S. 17. 11. Î27. 11 |pluvieux. Mem. LA e Kkkk 626 MÉMotïREs DE L'ACADÉMIE ROYALE A l'exception de quelques orages, qui ont donné un peu de pluie, le mois peut pafler pour fec: les fainfoins ont été bas, mais le temps fec a été favorable pour en faire la récolte vers le 14; ils étoient de bonne qualité : les blés ont bien fleuri, c'eft-à-dire que le temps a été favorable pour leur fleur, ainft que pour celle de fa vigne; maïs il n'a pas été bon pour les avoines qui commençoient à épier : fans un orage qui eft venu fur la fin du mois, il n'y auroit pas eu beaucoup de fourrages. On a fervi des guignes vers le 14, & des cerifes le 18; il y en avoit aflez abondamment: on a mangé des fraifes jufqu'’à la fin du mois. On a commencé le 20 à faucher les foins, qui étoient médiocres ; le vin nouveau fe vendoit trente-trois livres le poinçon; le blé, vers la fin du mois, s’eft vendu vingt-trois & vingt-quatre livres le fetier ; l'avoine, neuf livres. Plufieurs perfonnes d'Orléans & d'E- tampes ont coutume de venir prendre les eaux minérales de Segray , vers le mois de Mai; mais cette année ils ne font venus qu'à la moitié de ce mois, à caufe du temps froid, car les matinées n’étoient point chaudes à la fin de Mai & au commencement de Juin. l DES SCIENCES. 627 JUILLET. Jours THERMOMÈTRE. Hu Von) RU 5 | ÉTAT DU CIEL, Mois. Matin. | Midi. i Degrés. és. pouces Wignes 127. 11 | beau avec nuages, 128. idem, + 11 |beau. 8 + | idem. 7 |beau avec nuag. ap. mid. tonn. & pl. 8 |pluvieux. . 10 beau avec nuages & des argues. + 10 beau avec nuages. É . 10 |idem, il tombe quelques gout. d’eau. D TJ ni rh Lo D 9 |beau avec nuages. . 10 | beau avec nuages; jla tonné au loin. pounnrhhmmnmeu 9 £| beau avecnuages; l'après midi pluie. . 10 |beauavecnuag. ilaton. ap.m.& pl. ble * 9 + | beau avec nuages. 72+|idem, CINE Nim Dim bin He Din bin D ND = ble * 8 |beauavecnuag. le foir écl. & tonn. 8 +] beau avec nuag. ap. midi ton. & pl. D D O mm m N ND O O 3 3 S- 6. æ 3 5 5 5 + bb beau avec nuages. le m, beau, nuag. ap. m.tonn. & pl. beau avec nuages. beau avec nuag. il a tonné l’ap. midi. beau; l’ap. m. pl. & ila ton. auloin. beau avec nuages. beau, ponrpnun D D = b idem, b D D D D m ON NN au BR idem, idem, beau avec nuages. SA 00: beau. beau, nuag. foir à 1 ob -écl. de € tot beau avec nuages & du vent. z Yu WW Nb D Z *6P 628 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE I eft venu au commencement de ce mois de la pluie qui a fait du bien aux avoines. On a commencé à couper les fromens le 20; ïls étoient d’une bonne hauteur : la grande féchereffe a fait jaunir la paille bien promptement; il eft furvenu des brouillards fecs qui les ont rouillés, & enfuite de la grande chaleur qui a échaudé la plupart des grains, ce qui, depuis le mois de Juin, a diminué la récolte d’un quart, & a fait augmenter le prix de quatre livres par fetier, en deux marchés ; il valoit vingt-cinq livres le fetier. Le temps, au commencement de la moiflon, étoit aflez beau ; maïs on defiroit de l’eau pour les raifins qui grilloient, à caufe de Ia grande féchereffe. On comptoit que dans la Sologne , les vignes ne rendroient qu'une pièce par arpent, parce que le bois avoit été gelé l'hiver : il y avoit beaucoup d'orge; les avoines étoient belles : on a ferré les vefces bien sèches, mais elles étoient médiocres pour la quantité, parce qu'elles ont manqué d'eau. DES SCIENCES. 629 AOUST. me TS Matin, Midi. Degrés. Drgrés, pouces lignes 5e N. 1411022. 19, 128. beau. 2.,[IN4 El 147./| 28. 2174.28. idem, 5e E. 17 25 192. |27. 1 14] beau, le foir éclair, 4. E. 132 | 24. 18. |27. ro1|beau. 5: E; by, à 2981 17.-l27. 9 ,|beau nuag. ap. m. ton. écl. pl. gr. 6. Se 142. 16%. 1225.27. 10 |couvert & bruine. 7e S: 10. 172. 132 |27. 11 |beau avec nuages. 8. CE L 19%. 13- 127. 92|pluvieux. 9. S. ee 172. 13: 27. 9 |beau avec nuages; pluie l’ap. midi. 10. SE 142. no. 13- |27. 92|beau avec nuages. x Er 14 19. 153-[27. 9 |beauavec nuag. avec vent vol. depl. A2 SE 14. 182. 15. [27.10 mat. pl. l’ap.m. beauavecnuag. & v. 13. S. 14. 19. 152. |27. 101|pluvieux. 14. SE 14. 19. 18. |27. 11 |beau avec nuages. . SNS Felora | 24 202.127. 8 |idem, 16. S. 15. 20. 143-127. 10 |beau avec nuages & du vent. 74 S. 12. 18. 122.127. 11 |idem, 18 ©: 132 19. 17. |27. 10 |beau & couvert de nuages, 19. O. 15 24. 19. 7: 9 |beau avec nuages & du vent. 2OWIS,1 10: 15 +. 20. 147. 127. 11 |beau avec nuag. vent & ventvol. pl. 21 N. 142. 20. 14. 7-+ 11 | beau avec nuages; tonné Jap. midi. 22. N. 122 20%. 14. 7- 11 |beau avec nuages. 24: N. KZ 19. 127.127. 10 idem, 24. N. ES 18. ne 8 beau avec nuages & du vent. 25: N. 114 172. 11H, 28. beau avec nuages. 26. N. 10. 16. 13- 127. 10 |beau avec nuages; le foir pluie. 27. N. 10 194 142.127. 8 |beau avec nuages; tonne au loin. 28. IN. E 13. 20%. 132.127 82 |beau avec nuages. 29. S 14. 143.127. 7 [couvert & pluvieux. 30. S 13 18. 12. [27. 8 |beau avec des gros nuages. 31 11S1© 10 182 143-127. 6 [beau,nuag. tombé quelq. gout.d’eau. ! 630 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le 5, il eft venu un orage qui a donné de l'eau & a fait un grand bien: il eft tombé un peu de grêle qui a fait du tort où elle a pañlé; mais la nuée n'étoit point étendue: cela a égréné les grains qui étoient très-fecs, & a fait dimi- nuer la récolte de moitié ; le milieu de la moïflon a été un peu humide pendant trois ou quatre jours. Auflitôt après la moiflon des fromens, qui a fini le 23, On a commencé à lever les avoines qui avoient eu aflez d’eau; elles étoient belles en grains & en fourrages, ainfi que les orges; il y a eu beaucoup de prunes: on a fervi les cerneaux vers la Saint- Laurent. On a vu le 24 des grains de verjus tournés ; il eft venu des brouillards fecs qui ont fait paroïtre quantité de chenilles fur les arbres & les haies : le blé a été vendu dans le marché de Pithiviers durant ce mois, l’un dans l'autre, vingt-trois à vingt-quatre livres le fetier, Dre SSN EUR PNLc'E ts 63t SEPTEMBRE, « THERMOMÈTRE. VENTS | a TS |BAROM. ÉTAT DU CIEL. Matin, | Midi. Soir. D ES Degrés. Degrés. Degrés. |pouces ligues E. S, 13: 18. 12. |27. 7 |beau avec nuages, le foir éclairs, 2. 9: 1 € 132 11. |27. 9 |beauavec nuages & un peu de pluie. a S? 102. 14. 115.127. 7 |couvert & venteux. 4 ÊE 101, 16. 3 [27 73|le m. bruine; Pap: midi couv. & v. ci S. 9: 16 10. 127. 9 couvert & bruine; le foir éclairs. 6. S. 82. 10. |27. 11 |couv. le m. avecarg. de pl.ap. midi. Ts Se Te 15. 12. |27. 7 |beau avec nuages. 8. S: 10. use 10. |27. 4 pluvieux. 9: Le 10. 152. 11. |27. 95:|beau avec nuages. 10:15. 10: 9 17: 11. |27. 11 |beau avec nuages & éclairs le foir. LI. N. 1. ER 7171128: beau. 12. N. 9. ue 132-127. 11 |idem, et N. 10. 17. 132.127. 10 |idem, 14. Se 2202 1015 127, 01e, 15. N. 12. 15. 142. [27. 10 |beau, nuag. tombé quel. sout. d’eau. 16. S: 11 LS: 1250|26: couvert. 17. S. 10. 17. 112.27. 10 |beau avec nuages. 18. Se + 13. 023-127. 9 |pluvieux. 19. N. L 122 82. |27. 107] beau avec nuages. 20. N._ $- HAE 7. |27. 10 |couvert. 21 N. + 11. 73:27. 9 |beau avec nuages. 22 IN: E S- 14. 6. |27. 10 |beau avec nuages & vent. 22 INNRE S = 16. 8. |27. 9 |beau, nuag. tombe des gout. d’eau. 24. FE: S- 172. 102.27. 9 |beau, brouillard le matin. 25e CE 10. 142. 114127. S |lemat.beau;lap.m.pluv.ilatonné. 26. C 12 17. 113.127. S$ |beau, gros nuag. tomb. gout. d’eau. 27. se z. 152 10+.|27. 8 |couvert & pluvieux. 28. S: 9 FES 10 27. 8 |lematinbeau; l'après-midipluvieux. 29. N. II 13. 10. |27. 8 |beau avec nuages. 30. N. L 16 12. |27. 9 |beaulefoir; il efttombéunpeudepl. 632 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE .Ce mois a été un peu humide, ce qui a été favorable pour labourer à demeure, c'eft-à-dire, donner la dernière façon à la terre pour femer le blé: la récolte n'a pas été bonne en paille, & médiocre en grains; il eft venu quel- ques petites pluies avec des brouillards dans le mois d'Août, & de-grandes chaleurs fubites qui ont échaudé les grains, de manière que les blés n'ont rendu, l’un dans f'autre, que quatre fetiers & demi l’arpent, au lieu de cinq & demi qu'ils ren- doient l’année dernière. Les avoines ont été levées par un temps favorable, ayant eu aflez d'eau ; elles étoient belles & abondantes en grains, & les orges de même, excepté où la grêle a paflé, qui en a environ gâté la moitié; les raifins ne mürifloient point vite, à caufe des petites pluies qui font venues dans ce mois, & de la fraicheur des nuits. Vers la fin du mois, les hirondelles fe font affemblées pour partir. Les foins étoient à-peu-près comme l'année dernière, un peu plus forts & bons; le blé de 1775, s'eft vendu dans le marché de Pithiviers, vingt-deux à vingt-trois livres le fetier; le blé nouveau vingt-une livres l'un dans l'autre : la récolte des pois & fèves a été médiocre, d OCTOBRE. DES SCIENCES. 633 Déegrés. Degrés. N. ‘DE 10. beau avec Nuages. N. 8. TE: idem, N. 9+ 12. idem, N. 9. 10. beau, N. 9. 10. couvert & brouillard. N. gr 8. couvert & pluvieux. GEO A 3 10. couvert; le foir bruine. S: 91. 125 couvert. S. 101. 101 idem, - ge LES 12. idem, N. TUE nie bruine le matin; apr. midi couvert. N. 9. 6. beau. N. 3. 6. 2 |beau; il a gelé blanc. N. 61. 821. couvert, S. 4£. 8. beau; gelée blanche Ie matin. Le 6x. CE beau. fi: 7 101. couvert & pluvieux, E. 6. 10. couvert & bruine, S. 9+- 11. idem. Si 10. 101. beau, ME ro: 9. idem, E. 7° 9. idem. . E] 4: TE idem, El 42. s: matin couvert ; après midi beau. WE: 22. 12. couvert & brouillard. N. 42. 8. beau. AE: 8. 82. beau, couvert. E. 8. S x beau. E. 22 se gelée blanche le matin, enfuite beau. E. 12. 4e couvert. N. L 3° beau avec nuages. Mém. 1777. LH 634 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe On a eu pendant ce mois des jours aufii beaux & auffi chauds qu’en été: les pluies qui font venues en Septembre, avoient tellement avancé la vigne, qu'on a commencé les vendanges le 7 du mois; la récolte a été affez bonne, mème un peu plus forte que l'année dernière : les vignes ont donné d'une dans l'autre, neuf à dix pièces l’arpent : le vin de cette année n'approchoit point de celui de l'année dernière pour la couleur; mais il a pris plus de corps: le vin de 1775 a été vendu Fun dans l'autre trente-cinq livres la pièce. On a commencé le 3 à Denainvilliers, à femer les fro- mens; le temps a été favorable pour femer en Beauce; mais dans le Gâtinois, c’eft-à-dire, dans les terres noires, il faifoit un peu trop fec pour labourer : moyennant cela, les femailles n'étoient point avancées dans cette province. Le blé nou- veau s’eft vendu au marché de Pithiviers, vingt à vingt-une livres le f{etier l’un dans l’autre, D E Degrés, THERMOMÈTRE. \O Die Dim Bb VO WI him 0 AD NE wie * Nm bin bla bem * in him * = = D D = "= \9 M Im ble * ble * ble dix © Des hf Dei nu ab bp an ou Au NJ N Oo © © œ Oo O W vie © = D D à Oo = O N au WW a oO 10 00 au -B SA SEE a w bin . eu O BB © NN NN oO vw bi bi Dim bia em SI = Y CO = Se BI N. — 15. S: 32. N. z N. 1. N. 2e N. —14 N. 12. 0. 42 S: “EE FA Ge E: S SORE:. 6. SE 4. Se es Se 2e S. S- SE 8. S. oZ. SO: 7e Gi RS or 32. ©. 12. GE 9: SO: 4. N. L. N. — 15. N. D O. o. SCUME 35 Or 4. CORUL)] De pbs Din ° S2GEINEN N°C° Eris | 635 NOVEMBRE. ÉTAT DU CIEL. EE EE 8 £|beau. beaû avec nuages. dem, beau. idem. idem. idem, beau; couvert le matin. brouillard. brouïil. l’ap. midi beau avec nuages. idem, le mat. bruine; ap. midi beau , nuag. brouil. mat. enfuite beau, foir éclairé. beau avec nuages. idem. brouillard & bruine, couvert le foir; bruine & vent. le matin pluvieux ; l’après-midicouv. beau avec nuag. l’après-midi pluv. pluvieux & venteux. beau , nuages, vent &argues de grêle. beau, nuag. foir pluvieux & du vent. pluvieux & venteux. couvert & venteux ; le foir pluie. beau, nuag. tombé ventvol. pl. äm. beau avec nuages, idem, couvert. couvert & bruine. beau avec nuages. SR AS SR EI D PS UNE 2 DEMEURE ES TES EE NNE P ERER "SP CRU TESTER EE, Lil j 636 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Le commencement de ce mois a été beau & fec; il eft venu vers le milieu de petites pluies qui étoient utiles pour faire lever les blés, qui en avoient grand befoin : ces pluies ont encore été favorables pour faire les femailles dans les terres noires; les feigles ont bien levé, ainfi que les blés qui avoient été femés les premiers; mais les dernières fe- mences ne levoient pas bien; il y a eu quelques grains qui n'ont pu fortir de terre à caufe de {a trop grande féchereffe. A la fin du mois, on a commencé les plantations d'arbres, le temps y étoit favorable: on a tiré [es échalas dans les vignes ; il y a eu fort peu de fafran, parce qu'il a gelé en terre l'hiver dernier ; Îe fafran fe vendoit quarante francs la livre : il en faut cinq livres de vert pour en faire une livre de fec. Midi Soir. Degré. Degrés. pouces lignes HMS RE : 5 10. 2.127. 10 |couv. le foir, les chauve-fouris vol. De E. L 9. 3: 127. 10 |beau avec nuages. 3-1]S"E +. 7e 3- |27. 11 |beau. 4. IE 4+. 7 43/27. 11 |couvert. Sr HSHVE! 4. 7. 2: 127. 10 |beau avec nuages. 6. |ÏN. O. 2£. 6. 2- [27. 8+]beau avec nuag. vent a varié beauc. ZeAIS CE: 3: Te 22.127. 10. |beau avec nuages. 8. N. ©. 6. 12/27. 11 idem, 9. N. | —où. a 11-/28.28 |beau avec nuages & brouillard. 10. SE 2- 8. 32-128. 3 |beau avec nuages. FE N. 22 s 423-128. 3 |beau & couvert. 2: N. 4% 6£. 13-128. 2 |couvert; le foir bruine, 19: NE. 12 2£ 1. {28. 2 |couvert & bruine. 14. E: o. EA 13-128. oO [brouillard fort épais. Se: O. 22. si. 3: 127. 10 [couvert & bruine, FO UIN: O 32 5 + 33-127. 8 |pluie & vent. 7 A N. o. DE 0. 127. 6 pluvieux & neigeux. 18. E. — of, 12. —121/27. $ 1 [beau avec nuages. 19. N. ur 4. 2+ 127. 6 [beau avec nuag. foir v. pluie la mat. 20. 15. O. : 3- 2. 127. 6 [pluvieux & venteux. 21 S. 4£. 83.127. 9 |pluvieux, 22! S. 9. 8. 127. 10 |couvert CRE S; 9+- $+ 127. 9 |pluvieux 24 O. FES 1. 127: 9 [pluvieux & neigeux. 2 - ©. 2e 13.127. 8 couvert. 26. ©. 2 3.127. 8 neigeux le matin; l’ap. midi couv. 27e O. 22. — 11127. 81]couvert. ZA 1E CN 0 } 02 33127. 9 mat. tombé vent vol. neig. enf. nuag. 29. S. fé 3:]27- 6 |couvert; le foir venteux. 30. D: 14 2127. 4 |nciseux. 31 N 2 6::127. 8 {couvert ; tombé ventvol. de neige. SCIENCE Ss. DÉCEMBRE. BAROM. ÉTAT DU CIEL 638 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Le commencement de ce mois a été aflez beau & doux; on a vu les chauve-fouris voler les foirs, ce qui n’eft point ordinaire dans cette faifon : la rivière d'Effonne à été un eu bafle ;-on a labouré, pour entre-hiverner, par un temps affez favorable. Le milieu & la fin du mois ont été pluvieux avec des neiges fondues; if n’a pas paru de canards fauvages dans la vallée delarivière d'Effonne, comme l’année dernière. OBsERVATIONS ur la quantité d'Eau de pluie, tombée en l'année 1776. JANVIER. ee nos e OP Ole 20487 FÉVRLER AA Sedo RERNE II.) 432 ape 6° MARS... 006. 1 NO 9 30 AVRIL s…..,0 OO: “14. 24 MAï.s.s.ossse oO. g.|.24 ga gs © Juris. .mra0dt 2 1, 4e o JUILLET RON ee. NT 1. ER AO US CET 0 SRE 4-1 454 4 7. 8. SEPTEMBRE... :. $ : 22) 0. :23 HIER ge pee OCTOBRE......, sr. © 4 30 NOVEMBRE....:+-+ 1e 3: 10E8 2e 1 18: Qi A7 DÉCEMBRE te NE 2.1187 (TOTAL De LA PLUIE tombée pendant lannée 1776.......4.0.4..... 1SPuc, giens y 3 Pendant les derniers mois de cette année, l'air a été fort doux, on peut même dire qu'il a été quelquefois chaud ; comme, avec cela, il eft. furvenu de temps en temps des pluies qui. ont animé da féve dans les végétaux, la plupart de nos arbres fruitiers ont fleuri, plufieurs même ont noué DES SCIENCES. 639 Îeurs fruits. M. l'Abbé Teffier, Docteur en Médecine, qui obferve avec exactitude tout ce qui regarde la végétation, m'a apporté une petite branche de pommier, à l'extrémité de laquelle il y avoit plufieurs pommes grofles comme des noix : une de ces pommes avoit un pouce & demi de dia- mètre, à peu-près autant de Ja tête à la queue; elle étoit colorée d’un rouge aflez vif, & d'un blanc tirant au jaune ; elle prêtoit fous le doigt, & fa chair avoit une odeur agréable : l'ayant coupée en deux pour examiner intérieur, j'y ai trouvé deux pepins blancs & mal formés; & quoique cette pomme fût très-fanée , la chair avoit une couleur tirant au vert, & ils’en falloit de beaucoup qu'elle fût dans un état de maturité. On trouve dans le Journal des trois règnes de la Nature, N° 4, une obfervation faite dans les jardins de l Abbaye de Saint-Hubert, qui prouve pareillement que la végétation s'eft ranimée cette automne , & que plufieurs arbres ont noué leurs fruits. AUS 640 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AN TANE x (Qi AGO : 4727 oz A" LE ARE 0 CSS MESSIEURS DE LA SOCIÉTÉ Royal ds Sciences établie à Montpellier, ont envoyé à l’Académie le Mémoire fuivant, pour entretenir l'union intime qui doit étre entre elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi au mois de Février 170 6. TROISIÉME MÉMOIRE SUR PLUSIEURS SUJETS" D'HISTOIRE N'ATUREPBE ET \DELGUE MA E. Paz M MoONTET. C E Mémoire doit être regardé comme une fuite de ceux que jai donnés fur la même matière, & qui font imprimés dans les Volumes de l’Académie Royale des Sciences, pour les années 1762 à 1768: il s'agira dans ce Mémoire, comme dans les deux autres, de la Minéra- logie de cette belle partie des Sevennes qui avoifine Îa montagne de l’Efperou, au couchant de Montpellier. Un des principaux avantages qu'on doit fe propoler d'acquérir en parcourant un certain pays, pouf en connoître la Minéra- logie, étant la connoiflance de {a nature des terreins plus ou moins propres à l'Agriculture, je ne manquerai pas de faire remarquer quelles font les produétions que l’on doit attendre DES SCIENCES. 64r attendre d’un terrein plutôt que d’un autre. L'eau étant, fi on peut s'exprimer ainfi, l'ame de l'Agriculture, j'ai cru devoir auffi faire connoiître les foins & les peines que les Cultivateurs du canton dont il s'agit, fe donnent pour tirer des rivières, des ruifleaux & des torrens tout l'avantage qu’on en peut tirer. IL eft difficile, lorfqu'on voyage en Naturalifte, de ne pas donner quelqu'attention à des faits naturels que la Nature nous préfente , & qui ont quelque chofe de particulier : je finirai donc ce Mémoire par ceux que j'aurai pu voir & que je croirai méritér quelqu'attention; ainfi pour préfenter ces différens objets avec quelque ordre, je parlerai d’abord de la Minéralogie, enfuite de l'Agriculture, puis de l’eau & des foins qu'on fe donne pour s'en procurer, à l’effet de Farrofement des terres, & finirai mon Mémoire par les faits particuliers que j'aurai pu remarquer , quand ils n'auroient aucun rapport avec la Minéralogie. Le territoire des Sevennes peut fe divifer en trois parties : 1. en pays talqueux ou fchitteux; 2.° en pays graniteux ; 3 en pays calcaire, ou, fi l'on aime mieux, 1.” en terres talqueufes-ou fchitteufes ; 2.” en terres graniteufes; 3.° en terres fromentacées : je me fers de ce dernier nom, parce que c’eft celui que l'on donne dans le pays à ces fortes de terres, qui font les feules où l’on sème du froment , les deux autres ne fe femant qu'en feigle. Les premières terres ont donc pour rochers les talcs, les {chittes & les ardoifes propres à couvrir les maifons , & qui font de vrais fchittes : les granits de diflé- rentes efpèces, font les rochers des fecondes terres; les troifièmes offrent des rochers calcaires, qui varient beaucoup par leur grain & leur finefle. Toutes ces montagnes ont communément un côté fort rapide ; leur fommet ou crête a peu de largeur ; elles ont depuis un demi - quart de lieue jufqu’à une petite lieue; leur longueur n'a guère plus d’étendue; elle n'excède jamais deux lieues. Les pays fchitteux ou les terres fchitteufes, fe font fentir lorfqu'on part du village de Beaulieu, par Îe chemin qui conduit au Vigan, & qu'on eft arrivé au ruifleau du Gazel: Mém, 1777. M mm m 642 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE là les talcs qu'on y trouve fe voient aifément. Quand on eft au cap de Morèfe & que l'on a à peine defcendu environ cinquante toiles, que l’on eft ainfi parvenu à un petit vallon, féparé par un ruifleau prefque toujours à fec, l’on trouve des rochers de fchitte & d'ardoife propres à couvrir les maïfons ; le milieu du cap de Morèle, qui regarde le Levant, eft de talc; les rochers qui commencent à la rivière d'Arre & qui fe continuent jufqu’au pont de l'Arbou, font de fchitte très- dur & d’ardoife qui s’exfolie aifément : cette étendue peut avoir environ une demi-lieue en longueur & largeur, dès qu'on eft parvenu à mi-côte, le chemin devient moins roide; lon trouve de grandes tables de fchittes qui compofent 1a couverture du terrein fchitteux & ardoifé; ce fchitte eft ordi- nairement très-dur , parfemé dans toutes fes parties d’un quartz également très-dur , & qui forme avec lui une liaïfon intime. La fuperficie de ces rochers, qui forment une chaîne, eft recouverte d’une efpèce de terre; ces rochers fchitteux fe di- vifent par couches depuis quatre lignes jufqu'à trois pouces d’épaifleur ; ils font prefque toujours dans des bas-fonds, enfevelis à un ou deux pieds dans la terre. Le rocher qui donne de l'ardoife tendre, prend toujours de la dureté quand elle eft expolée à l'air: toutes les maifons de ces cantons font couvertes de cette ardoife. Lorfqu'on monte la montagne de l'Efperou, qui commence au cap de Cofte, fitué fur le chemin qui fe trouve prefque au haut de la montagne , on obferve que le rocher n’eft que de fchitte ou d’ardoile : il fe continue fur toute la furface de la montagne qui eft vis-à-vis de Mont- pellier. Au-deflus du logis du cap de Cofte, la plus grande partie du terrein eft d’ardoife aflez tendre ; ce canton fchitteux eft précédé par des granits, ce qui eft contraire au fentiment de ceux qui ont avancé que les rochers de granits couvroient toutes les hautes montagnes : ici les fchittes font plus élevés que les granits; ce terrein fchitteux eft dépouillé d'arbres & d’arbuftes ; cette partie pelée fe nomme le fengradou , parce que prefque toute l’année, dès qu'on y pafle, on eft expolé à être emporté par le vent, pour peu qu’il en faffe. II faut Des h6:CTæuN es 643 conféquemment prendre fes précautions pour s'en garantir dès qu'on eft à la cime de cette montagne ; {a fituation eft des plus favorables pour la vue ; on y découvre toutes les montages d'Auvergne ; elle eft couverte de neige une grande partie de l'hiver, & tant qu’il y en a un pouce, on la voit de la place du Peyrou de Montpellier ; & néanmoins la dif tance eft de douze de nos grandes lieues, qui font de trois mille toifes : la partie baffle de a paroïfle de Beaulieu, ren- ferme auffi du fchitte & de l’ardoife dans l’efpace d’une demis lieue en longueur & en largeur. C'eit de ce dernier endroit que je fuis parti pour faire con- noître les cantons où j'avois oblervé des fchittes, des ardoifes & du talc: j'en partirai encore pour détailler ce que j'ai vu au fujet des granits. Quand on tient donc le chemin qui conduit de Beaulieu au Vigan, on ne trouve à droite & à gauche qu’un terrein graniteux dans l'efpace d’une demi-lieue ; la chaîne de cette montagne qui vient aboutir au cap Morèle, renferme auffr du granit; on en exploitoit du moins une carrière lorfque je parcourus ce canton: ce granit, pour la dureté, tenoit le milieu entre le granit dur & le mou ; quoiqu'il fût en mafles irrégulières, il fe débitoit cependant par couches, & ces couches avoient d’épaifleur depuis quatre jufqu’à douze pouces ; elles étoient, pour la plupart, polées verticalement ; plufieurs étoient féparées par une bonne couche de terre d'ombre ou ocreufe, qui avoit quelquefois demi - pouce d’épaifleur ; elle tenoit toute la largeur de la pierre graniteufe ; cette terre eft d’une extrême fineffe ; j'en ai fait ramafer plu- fieurs quintaux pour lemployer dans la peinture, où elle réuflit très-bien. Lorfqu’on a monté une demi-lieue au-deflus du village de Larboux & qu’on a dépaffé le plateau de fchitte : dont on a fait mention plus haut, on entre aufli-tôt dans un terrein graniteux ; les rochers de granite qui font ifolés & par blocs, font les plus durs ; ceux qui font en maffe continue & enfevelis dans la terre , n'oflrent à la furface du terrein que des mafles informes: dès que l’on en a exploité les premières couches, qui font un peu plus dures que les couches inférieures, Mmmm ij 644 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE le refte eft pour l'ordinaire un granit tendre & inême mou. If a été dit plus haut que le pays graniteux & fon terrein fe terminoient au cap de Cofte, montagne fort élevée, où commence celle de l'Efperou : ce terrein graniteux com- mence à demi -lieue au - deflus du village de’ Earboux, où finit le fchitte; & il s'étend, tant en longueur qu'en largeur, l’efpace de deux petites lieues, toujours en mon- tant; les petites plaines qui fe trouvent par intervalles & qui forment des efpèces de terraffes, renferment les villages & hameaux de la Paroiffe. Dans l'étendue du terrein graniteux dont on vient de parler, on trouve les quatre difiérens granits que j'ai décrits, dans le Volume de l’Académie des Sciences pour 1764: j'y ai donné la figure de celui qui y domine le plus, & qui eft fl commun, que toutes les petites rivières en font remplies; les uns y ont été portés lors de grandes inondations, & d'autres y ont pris naiflance ; ils font tous durs & polis à leur furface : les granits mous font peu-à-peu emportés par les eaux & réduits en fable; les dunes de notre mer ou des embouchures des rivières en font formées; du moins le fable qui y prédomine, eft de cette nature. J'ai obfervé à un quart de lieue & au-deflus du village de Beaulieu, dans un endroit qu’on appelle les Roguets, un grand nombre de ces rochers de granits, qui étoient de l'efpèce que j'ai décrite dans le Volume de 1768, & qui y eft gravée à la figure 1“; ces rochers y étoient élevés au- deffus du fol, de douze à quinze pieds; la plupart étoient en plufeurs pièces très-diftinétes; les uns étoient en deux, trois & quatre pièces, de formes diflérentes, ovales, oblongues, rondes ; d’autres en tables faïllantes dont les différentes couches de rocher avoient depuis deux pieds jufqu'à fix en épaifleur ; celles qui font en table, font les plus nombreufes, & on pourroit les féparer aïfément, n’y ayant aucune adhé- rence d’une table à l’autre : on y a vu des rochers qui en avoient deux, trois, jufqu’à fix, & les unes avançoient plus que les autres. do os. = 2 :; à DES SCiENCESs. 645$ Ne peut-on pas conclure de cette obfervation, que la formation de ces granits doit être rapportée à différentes époques? Ne peut-on pas en conclure en fecond lieu » que tous ces rochers étant primitivement enfevelis dans la terre, les Sevennes , lors de cette formation, devoient étre une plaine, & que peu-à-peu ce terrein ff léger, ce terrein graniteux a été emporté par les eaux pluviales, & a laiffé à nu ces rochers qui ont acquis, par le laps de temps, Îa dureté qu'on leur trouve actuellement ? Je ferai de plus remarquer que la plupart de ces mafles de granits font iolées , affez près néanmoins les unes des autres: enfin , je ferai encore une remarque fur cette efpèce de granit, que j'ai auff vu au col de Las-vieilles, qui eft à plus d’une demi- lieue des granits dont on vient de parler ; ils font plus au nord , dans de petites plaines placées fur des montagnes de granits; ces granits font en mafles ifolées rondes, ou un peu ovales, de {4 hauteur de dix à douze pieds, de quatre à fix toifes de diamètre : ces granits font d’une dureté extrême, n'étant affis que fur le terrein, & n'y adhérant point par leur bafe. De toutes ces obfervations, ne pourroit- on pas conclure, en dernière analyfe, que dès qu'on voit dans un terrein un granit ifolé & de cette forme , il eft d'une très-grande dureté? Je laifle cette queftion pour pafler à la troifième partie de la partie minéralogique de ce Mémoire : il s'agira, comme on l'a dit en commençant, de la partie des Sevennes que examine, qui eft calcaire. Lorfqu'on à monté environ deux portées de fufil, une côte d'un bon quart de lieue de longueur, & qui aboutit au cap de Morèfe, on trouve un petit vallon, dont la terre eft d’une couleur brune, tirant fur le noir, principalement au-deflus du chemin, & les rochers qu'on y voit font calcaires : prefque tous ces rochers, qui font en grand nombre, élevés au-deflus du foi, depuis trois pieds jufqu’à quinze, ont cela de remar- quable, qu'ils font tous polés verticalement par blocs irré- guliers, ne faifant pas fuite, & qu'ils font enduits dans prefque toutes leurs furfaces » d'une légère couche de fer, 646 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE qui n’eft pas attirable à l'aimant: à les voir extérieurement, on diroit que ces rochers font l'ouvrage d'un volcan; mais dès que d’un coup de marteau on en détache un fragment, on s'aperçoit auffi-tôt que l’intérieur de ces rochers n'eft qu'un amas de petits criftaux très-brillans, qui par la calcination , donnent la plus excellente chaux pour les bâtimens, fe lient fortement avec le fable de ces cantons, au moyen de f'eau. Les fours à chaux qui font à mi-côte de cette montagne, m'ont mis dans le cas de décider fi la couche ferrugineufe de ces rochers les pénétroit; elle y pénètre en effet fort avant : j'ai réellement trouvé auprès d'un de ces fours des mañles de ces pierres qui avoient été calcinées, & qui étoient tombées en efHorefcence par l'humidité de l'air ; elles avoient près de demi-pied de longueur, & elles étoient pénétrées de part en part de matières ferrugineufes ; la chaux qui provenoit de ces pierres en étoit brune; on la fépare de celle qui ef blanche, autrement le mortier dont on fe fert pour enduire les murailles des maifons en feroit rembruni, & l’eau qu'on emploie lorfqu'on veut blanchir ces murs en feroit noircie. Perfonne, que je fache, n’a encore obfervé que des rochers calcaires, d’une certaine élévation, fuffent enduits extérieure- ment d’une couche ferrugineufe, la partie de ces rochers enfevelie d’un pied en terre ne faifant voir aucun veftige de cette couche; c’eft ce qui m'a été démontré par les fouilles que les Chaufourniers font pour avoir de ces pierres : les pierres qu'ils tirent, lorfqu'ils font parvenus à quelques pieds de pro- fondeur, n’offrent point cette couche ferrugineufe ; la couche ferrugineufe n’eft que fur le gros bloc de rocher. Ce terrein, où {e trouvent ces rochers, n'eft, fur-tout vers le cap de Morèfe, qu'une terre fort brune, que l’on prendroit pour du fafran de mars; c’eftune mine de fer privée de fon phlogiftique. Une autre obfervation qui ne me paroit pas moins curieulfe, exige de moi que je la rapporte ici. J'ai remarqué fur plufieurs de ces pierres calcaires qui préfentoient plufieurs faces, & qui étoient enfevelies dans la terre, une incruftation de près d’une ou deux lignes, d'une matière blanchätre fur une de DÉ Es SNS }G LE. NC ES 647 leurs furfaces; j'ai cru d'abord que cette incruftation étoit dûe à quelque corps marin, mais l'ayant détachée, je remarquois qu’elle étoit un peu flexible & filamenteufe, n’adhérant pas trop fortement à la pierre, puifque je la détachois fort ailé- ment avec le couteau ; fa couleur blanchâtre étoit un peu gâtée par une légère couche de terre ocreufe: ce corps n'a paru ètre de la nature des amiantes: il ne fait aucune eflervefcence avec les acides ; lorfqu'on ‘jette un petit morceau de cette fubflance dans l'acide nitreux affoibli; il y exifte cependant une effervefcence, mais elle n’eft dûe qu’à la partie ocreufe, ce que je dois faire remarquer, parce que lon pourroit croire, f1 l'on répétoit cette expérience, que cette matière fe diflout dans cet acide, à caufe de leffervefcence qui fe fait fur le champ, & qui pourroit en impoler; mais la terre ferru- gineufe une fois difloute, cette efpèce d'amiante refte intacte dans l'acide; elle eit fort analogue au liége de montagne, que j'ai décrit dans le Volume de l’Académie des Sciences, pour l'année 1762. L'endroit où il fe trouve n’eft pas éloigné de plus d’un quart de lieue de ces rochers calcaires qui renferment la matière dont il s’agit : cet endroit eft de l'autre côté de la montagne, qui eft en vue de la ville du Vigan; {a mine de liée de montagne fait la démarcation des pierres calcaires; elle fe trouve dans un rocher de matière fchitteufe, dont j'ai aufli parlé dans le même Mémoire. Puifque l'occafion s’en préfente, je placerai ici quelques nouvelles obfervations fur 1e liége de montagne, que j'ai faites depuis 1762. M'étant trouvé près de l'endroit où il fe trouve, je fus curieux d'aller ramafler une certaine quantité de cette fubflance, & être ainfr en état d'en pro- curer aux Naturaliftes qui en pourroient defirer; je fus agréablement furpris de voir que l'on avoit planté quelques jeunes châtaigniers à l'endroit le plus riche de la mine, au-deflous du chemin qui conduit au Vigan, & qui a une pente fort rapide; on y avoit fait des trous fort profonds, de trois ou quatre pieds de largeur, & foutenus par un mur à pierres sèches, pour prévenir les éboulemens des 648 MÉMoïRes DE L'ACADÉMIE Royazr terres quand l'arbre feroit planté : j'obfervai que la terre que l'on avoit tirée à trois ou quatre pieds de profondeur, n'étoit qu'une véritable ocre plus ou moins colorée; 1e même morceau de cette terre faifoit voir une partie plus rouge, & Vautre plus brune ; je remarquaï parmi quelanes morceaux de cette ocre aflez gros, du liége de montagne naïflant, & qui étoit très-blanc. J'ai dit en 1762, que j'avois fait fouiller dans ce terrein jufqu’à deux pieds, & que je n’avois point trouvé de liége de montagne; mais la fouille n'étoit pas aflez profonde: le particulier qui a fait dans cet endroit une plan- tation de châtaigniers, ayant un intérêt plus prochain que moi, pour en faire de profondes, a atteint le lit du fofile en queftion, & a ainfi travaillé, fans le favoir, plus efficacement que moi; d’ailleurs, la pente rapide du terrein où eft la mine de liége de montagne, doit faciliter aux eaux pluviales le tranfport d’une légère couche des terres, ce qui fait que peu-à-peu ce foile fe trouve à l'extérieur du terrein, quoique naturellement enfeveli affez avant dans la terre. 11 paroît par cette nouvelle obfervation que le liége de montagne prend fa naïflance dans une terre d'ombre ou ocreufe, plus ou moins colorée; je la crois n’être qu’une mine de fer plus ou moins riche: ce métal, privé le plus fouvent de fa partie inflammable, fembleroit être généralement dans tous les corps de la Nature, & leur fervir d’élément, fi on peut parler ainfi; Tobfervation que j'ai rapportée ci-devant, au fujet d’une terre d'ombre trouvée entre des bancs de granit, pourroit venir à appui de ce fentiment. Je ne chercherai pas à l'établir ici par d’autres preuves, cet objet m'éloigneroit trop de celui que je me fuis propolé de fuivre dans ce Mémoire : je reprends donc l’hiftoire miné- ralogique de nos montagnes. Celle qui eft vis-à-vis le chäteau de Mondagout, du côté du Levant, & qui forme une partie de la chaîne des montagnes calcaires de ce canton, fe nomme /e verdier; elle a cela de particulier, que la partie la plus efcarpée, qui eft perpendiculaire à Fhorizon, a des rochers de talc qui fe débitent par couches, qui DE SSNT) D'EUN|C Es. 649 qui ont en épaifleur depuis quatre jufqu'à douze pouces; ils font enduits d'une couche d’ocre plus ou moins haute en couleur ; l'étendue de cette montagne eft d'une lieue en longueur, & d'à-peu-près autant en largeur; la cime qui forme le cap de Morèfe, eft de pierre calcaire enduite de matière ferrugineufe : les rochers, fans fuite, font polés verticalement; le milieu, qui regarde le Levant, eft de talc; la partie expofée au Midi, eft de pierres calcaires, par blocs, & fans enduit de matière ferrugineufe ; le bas qui finit à l'embouchure de deux petites rivières, eft encore plus digne d'attention: ces deux rivières, dont l'une fe nomme la Gazel & l'autre Bedoux, fe joignent à un quart de lieue du village de l'Arboux; la Bedoux a, vers la fin de fa jonction avec la Gazel, un marbre d’une grande beauté; il eft d’un très-beau gris-de-fer, fans {a moindre gerfure & des plus unis; le {ol de cette rivière en renferme des tables très-étendues ; la furface en eft polie par les fables que roule cette rivière dans fes inondations ; il n'y avoit prefque point d'eau lorfque je l’examinai : les rochers de ce marbre ont une inclinaifon de plus de quarante-cinq degrés avec l’ho- rizon; ce marbre, qui mériteroit fans doute d’être employé autant que beaucoup d’autres marbres que nous tirons de l'Étranger, mérite encore d’être connu à caufe des fubftances qu'il donne pour l'analy{e chimique. Je croïs donc ne pouvoir mieux finir l'article de ce Mémoire, où il s’agit des pierres calcaires, que par l'analyle que j'en ai faite. Quatre onces de ce marbre pilées, paflées au tamis de foie, ayant été miles {ous un évaporatoire de verre, de large ouverture & de fix pouces de hauteur, j'y verfai fix onces d'acide vitriolique très-blanc, étendu dans vingt-quatre onces d'eau diftillée; j'expofai ce mélange le 1.” Juin, fur une fenêtre tournée au Midi; il fe fit fur le champ une forte effervefcence: tant qu’elle dura, je remuai le mélange avec un tuyau de verre; enfuite je le laiffai expolé à l'ardeur du foleil pendant tout l'été, l'ayant couvert d’un papier percé: j'avois aflujetti, après la ceflation de l'eflervefcence, un bâton Mém, 1777. Nannn 6,50 MÉMOIRES DE L'AÇADÉMIE ROYALE de bois blanc dans le milieu de l'évaporatoire,; je voulois, m'aflurer s'il s’y attacheroit, par un, long repos , quelque.fel qui euùt de la tendance à s'élever; j'allois de temps; en. temps, vifiter, ma diflolution; je remarquai qu'il fe formoit à fa, furface une _criftallifation. qui reffembloit à la pierre fpéculaire:, c'étoient, des lames qui fe terminoient en.djfésens fens., dent. les pointes, touchoient les. parois du verre, & y: adhéroient;, ces lames étoient par couches, qui, pouvoient avoir environ. un quart. de ligne d'épaifleur, & reflembloient: parfaitement, à, la pierre, feuilletée qu'on trouve. près de Gineftoux ,, du: diocèle de Mende, & dont.on prépare, par, la calcination , le. plâtre. ou le gyple blanc, employé à Montpellier dans, les, bätimens, & dont on fe fert aufli à faire ces beaux, panneaux. d'un blanc éclatant, ft communs dans les maifons de cette ville, Je Jaiffai mon. évaporatoire expofé à l'ardeur, du foleil, toujours, couvert d'un, papier percé jufqu'à la fin d'août; je: fus alors, curieux d'en retirer tout ce qui feroit criftallifé; j'enlevai avec beaucoup. de foins, tout ce qui. s'étoit criftallifé & qui étoit à la furface de la liqueur ; j'en eus. une once;, je verfai enfuite très - lentement, la liqueur reflante; elle ne; formoit, guère que le tiers de- celle que j'avois. employée; elle étoit un, peu colorée, comme font les eaux; rouffes ; je: trouvai le bâton enduit. de petits criftaux. rhomboïdes, fois blement colorés. en. vert ; je les détachaï, ils peloient en touts, trois gros: les ayant fait difloudre dans de l'eau diftillée, Jy verfai un peu de décodion. d’écorce. de: grenade; ik fe forma dans l’inftant une encre aflez noire, ce qui.me prouya que ce fl étoit un vitriol. martial; il s'étoit, dépol&. fur, Le fond, du vaifleau une efpèce de magma: terreux ; je lavai.ce magma avec de eau fraiche; j'aperçus. alors. deux: criflaux, d’alun parfaitement criftallifés; ils peloient deux gros : à l'égard de l'eau-mère que javois retirée, je. l'étendis avec de l'eau diftillée; j'y verfai; un peu: d'huile, de tartre par: défaillance, très-claire. & très-limpide; il fe -précipita auffi-tôt une. terre; blanche, qui me. parut être une. véritable magnéfie. d’üne finefle extrème; J'en.eus, quatre, gros. après l’avoir-bien lavée à DES OTCTTEN CES 61 & bien féchée. II fuit donc de cette analyfe, que ce marbre contient du fer, de la terre calcaire, üun peu de terré d’alun & de la terre de magnéfie, ou qui du moins en approché beaucoup. Si la première partie de mon Mémoire, célle qui lebardé la Minéralogie, peut avoir quelques traits qui puiflent piquer la cüriofité des Minéralogiftes, il m'a paru qu'en faifant un court tableau de l'état de l'Agriculture dans un Pays auffr rude, auffi efcarpé qué celui dont j'aï tâché de faire éonnoîtré la Minéralogie, il pourroit égalément piquer celle dés Culif: vateurs, ên leur faïfant principalement connoître l’induüftrie & és peinés què ceux des Sevennes fe donnent pour fe p'ocurer de l'eau réceffairé dans un pays 6ù elle manque f6uvent faute de pluie. Je ferai d’abord remarquer qu'il ne feroit pas poffible de cultiver un paÿs auffr montueux, & auffi rempli dé précipices & de rochers que lé font lés Sevennes , fi chäque paroïffe nié formoit qu'un village : des Hommés ramaflés dans ün feul liéu ne fuffroient pas, pout peu qu'ils fuffent éloïgnés dé léurs pofleffions , le grand nombre de Cultivardits Let obligés de porter prefque tout fur leur dos, & de faire tout ce que les animaux font dans la plainé. Auüñli toutés les piroïfles des Sevennes font-elles par hameaux plus où moins éloignés fes uns des autres, depuis un quaft de lieue, jufqu’à uné petité lietle: T1 y a dés paroiffès qui ën 6nt dépuis vingt jufqu'à trente, & quelquefois davantage ; céla eft néceffaire dans uñ pays aufli difficile à cultivér: cés habitans, quelque laborieux qu'ils foïent, n'y tiéhdroient pas, malgré la grande population, fr les poffeflions étoient éloignées. Ce qu’on peut dire à ce fujet d’une paroïffe, doit s’enténdré de toutes célles qui compolent les Sevénniés ; les différences ne font que dans le plus ou le moins dé terréin qui en dépend; la nature de ce terrein eft toujours marquée par cellé du rocher; le terrein graniteux éft toujoufs le plus léger; après lui c’eft le fchitteux : dañs le premiér, les arbrés réuflifient très-bién; ils ÿ font d'uné belle veñué & beaucoup plus gros : le chà- Nnnn ij 652 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE taignier, par exemple, y prend plus de grofleur que dans le terrein fchitteux: cette différence ne dépendroit-elle pas de ce que la roche fchitteufe fait fuite, n’eft pas par blocs, comme le granit? Les racines de cet arbre précieux ne peuvent pas fi bien pivoter que dans le terrein graniteux ; le rocher de granit Jaiffant beaucoup d’efpace entr'eux, les racines du châtaignier pénètrent même dans du rocher de granit mou, fur lequel ou à côté duquel eft très-fouvent du granit dur : aufli remarque-t-on que les racines des châtaigniers qui ont pénétré dans les excavations ou fentes des rochers de granits, font favorilées par la fituation du local ; elles ne craignent point la fécherefle ; les payfans de ces cantons n'ignorent pasece, fait : quand l'été a été très-fec & qu'ils voient un châtai- gnier frais fans avoir été arrofé ; voila, difent-ils, un arbre qui a fes racines dans le rocher. Toute l'année, les habitans de ces cantons peuvent bêcher les deux fortes de terreins dont je viens de parler, le gra- niteux & le {chitteux ; ils le peuvent toujours, que la faion foit favorable ou non : il n’en eft pas de même de Ja terre fromentale, qui par la grande sècherefle devient ferme; mais ils ont fi peu de ce terrein en comparaifon des deux autres, que cela ne doit'pas être mis en ligne de compte. On fent que ce terrein léger demande beaucoup de fumier & d’eau pour pouvoir produire : en conféquence ; le plus pauvre de ces habitans nourrit dans fon petit domaine , un cochon & quelques brebis. On n’ignore pas encore que dans un pays dont les forêts font de châtaigniers , & le terrein graniteux & rempli de rochers, l'herbe croit peu, & que par conféquent les troupeaux, relativement à l'étendue des poffeflions, y doivent être peu nombreux : {’Art fupplée ici à la Nature; tant qu'il y a de la verdure, les animaux fe nourriflent de feuilles de châtaigniers , fur-tout de celles que donnent les jeunes rejetons , qui viennent aux pieds des arbres & de quelques arbrifleaux, tels que peuvent être le genêt, la bruyère, &c. ces animaux les broutent ; en hiver, on Jes conduit de temps en temps aux prés, & on leur DIE S :S C 3-E N CE $. 653 donne Ia feuille de chätaignier féchée au foleil & contenue dans des fagots; voici comme l’on ÿ procède : on élague de trois ans en trois ans les châtaigniers, depuis le bas jufqu’au haut des branches, en prenant bien garde de n’en couper aucune où il y ait des hériflons; cette opération ne fe fait qu'à la fin du mois de Septembre : on divife ces chätaigniers par coupes de trois ans en trois ans, afin d’avoir chaque année des fagots pour donner aux brebis; dès que a feuille de ces branches eft bien sèche, on la met en fagots, du poids de douze à trente livres, qu'on lient avec du genêt; pour les conferver, on plante une longue perche au pied d’un gros châtaignier, qui a une branche affez groffe, qui eft horizontale & à la hauteur d’une quinzaine de pieds ; on attache le bout de la perche à cette branche; on arrange enfuite autour de la perche les fagots bien féchés; on donne à l’enfemble de ces fagots une forme conique, comme on la donne aux meules de foin ou de paille ; on les conferve ainfi très-bien au grand air, quand on ne veut ou qu'on ne peut pas les mettre dans des greniers : quand on veut faire ufage de ces fagots, en donner aux brebis en hiver, on attaque par le bas, & ainfi de fuite, ces efpèces de meules coniques ; de plus, on ramafle encore pour nourrir, dans la même faifon, les cochons & les brebis, des feuilles de fougère femelle, qu'ils font bien fécher en été, & qu'ils renferment dans des granges : cette plante eft fi abondante dans ce pays, aux extrémités des châtaigniers, qu'on la fauche princi- palement au haut de la montagne où il n’y a plus de chi- taigniers, ces arbres ne pouvant plus y végéter à caufe du trop grand froid. On obierve de ne donner à ces animaux la fougère en hiver que lorique le temps eft doux & plu- vieux; les brebis la mangent mieux; on la fait bouillir pour les cochons; on y ajoute un peu de fon; on donne encore à ces derniers, dans quelques endroits, la racine de cette plante. Enfin, le terrein qui domine le plus, foit dans les baffes Sevennes, foit dans les hautes, que j'ai auffi parcourues, eft 654 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE un terréin graniteux : c'eft celui qui eft le plus propre à pre- duire les plus beaux châtaigniers, & des muriers de Ia plus belle venue , fur-tout dans la païtie fa plus bafle de Ta montagne, qui a pour rochér le granit, parce que Je bas eft toujours plus abrité & mieux cultivé; il'n'eft pas éxpolé aux coups de vént & au froid, car on voit dans les hau eurs des montagnes qui avoifinent celles de l'Efperou, dans une étendue de prefque quatre lieues, depuis Moñdagout jufqu'à Valeraugue, qui eft, par fa pofition, {a plus méridionale; on voit, dis-je, que les derniers châtaigniers, qui font à fa plus grande hauteur, & qui touchent fouvent aux chênes blancs ou aux hêtres de cette montagne, ne donnent des châtaignes, qu'autant que la fin de l'été a été chaude &c humide, & que le mois de Septembre & 1e commencement d'O&obre Pont également été. Il eft certain que la châtaigne eft un fruit tardif; mais il y a des fortes de ce fruit qui font plus hâtives que les autres, ce qué l'expérience journalière a appris depuis long-temps : une de ces fortes de châitai- gniers s'appelle fourcat, & la châtaigne fourcade ; elle n'ett pas délicate; on ne la mange pas fraîche ; ‘elle eft très-bonné féchée fur la claie , fuivant le procédé que j'ai décrit, & qui a été imprimé dans le Volume de l'Académie dés Sciences, pour l'aniée 1768 : ce châtaignier fourcar efl dans toutes les parties élevées qui avoifient la montagné de l'Efperou , princi- palement du côté de Valeraugue ; la châtaigne que porte cét arbre, vient douze jours plus tôt que l’autre, d’où l'on peut, à ce que je crois, conclure que le froid qui fe fait {entir plus tôt fur les montagnes voifines de celles qui font fort élevées, & qui n'ont pour arbres que des hêties, font plus tôt müûres que célles des bas-fonds, qui font des fortes plus tardives. [1 faudroit un Traité complet fur ces diféréntes fortes de châtaigniers, pour en donner une Hiftoiré, qui ne pourroit être qu'intéreflante pour les Cultivatéurs, & utilé par fon objet; j'aurois eu le courage de entreprendre, ff j'euffe refté dans ce pays. On obferve que dans le grand nombre de fortes dé châtaigniers, il y en à qui craignent DES OC ILE NC -Bi5 655 plus la fécherefle que d'autres, comme il y en a qui craignent moins le vent & le froid que d'autres fortes, ce qui à été remarqué par les gens de la campagne; ainfi., comme toutes ces montagnes ont plus ou. moins d'élévation ; qu’elles font en grand nombre dans une même chaîne , ces montagnes Sabritent les unes & les autres ;, d'où il fuit, qu'il y a des différences très-fenfibles, par rapport au froid & au chaud, dans l'étendue de toutes ces montagnes. Des. obfervations exactement faites fur la polition de chacune de ces mon- tagnes, mettroient dans le cas de planter chaque forte de châtaignier dans l'expofition. qui lui feroit la plus favorable: ceft ce qu'on a fait pour le fourcat, qu'on ente fur le fauva- geon du châtaisnier ordinaire, par préférence à l’hâtif, & qui vient aux élévations les plus expofées au froid. Dans les pays plats on dans les montagnes de peu d'élé- vation & d'une pente très-douce, ce que l’on. vient de dire des attentions qu'on doit avoir pour le choix des endroits où l’on doit planter des arbres de telle ou telle forte, fuffroit fans doute; mais dans un pays femblable à celui des Sevennes, hériflé de montagnes plus ou moins coniques & rapides, & dont les fommets ne font pas d'une grande étendue, l'Agriculture demande encore un. foin des, plus pénibles, je veux dire, celui qu'on doit, continuellement avoir pour empêcher l'éboulement des terres, qui dans les averles & les pluies continues, font facilement emportées par les eaux, qui tombent avec violence de ces montagnes. d’une. pente fi rapide : pour-empêcher ce tranfport des terres, ils forment fu, la pente de ces montagnes. des efpèces, de terraffes les. unes au-deflus des autres, qu'ils foutiennent par des murs à pierres sèches: om peut, dire que le falut: des Sevennes en dépend ;:fans cela, tout feroit emporté, & la grande adivité de {es habitans à en réparer. les, brèches qui s'ouvrent à fes murs, en fait la füreté: ces térrailes ne font pas commu- nément d'une grande largeur; elles n'ont fouvent pas deux toiles dans cette dimenfion; on a-des preuves de.ce.travail dans mille endroits des.Sevennes: on plante {ur.ces terraffes 656 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE quelques müriers, ou bien on v fait un petit pré où l’on ÿ plante des pommiers, qui y viennent très-bien; quoique cet arbre foit tardif, il eft d'un très-bon rapport ; l'efpèce {a plus généralement cultivée, eft celle qui porte la pomme de reinette, dont la fineffe eft extrême; on n’en fait point ce- pendant de cidre comme en Normandie, le pays ayant des vignes qui donnent communément aflez de vin pour la pro- vifion de tous les habitans ; quoique communément par-tout les pommiers foient d’une bonne qualité, néanmoins on obferve cependant que les pommes qui proviennent des arbres plantés dans les parties élevées, fe confervent mieux que celles qu'on recueille dans les bas fonds ou petites plaines : c’eft ordi- nairement dans les prairies artificielles des terrafles qu'on plante ces arbres, & cela dans toutes les Sevenn:s. On à un exemple de ces différens faits dans Îa paroifle de Mondagout, qui eft au confluent de deux petites rivières : tout le terrein de cette paroifle, qui eft pierreux, eft très-bien cultivé; les bas-fonds les moins efcarpés font des prés garnis de pom- miers & de müriers; dans les autres parties qui ne font pas en prés, la portion du Nord eft plantée de châtaigniers, les portions du Levant & du Midi le font de vignes & d'oliviers: on ne voit que des châtaigniers dans un petit vallon qu'on pafle en venant de Beaulieu par le chemin de Vigan; la terre de ce canton eft d’un brun tirant fur le noir: on en voit, comme il a été dit ci-devant, une femblable vers le cap de Morèle, & qui eft également plantée de châtaigniers , d'une affez belle venue, ce qui femble prouver que le fer extrêmement divifé, comme il l'eft dans ces fortes de terres, & qui a perdu fa partie inflammable, n'eft pas nuifible à {a végétation. La montagne qui eft vis- à-vis du château de Mondagout, fournit encore une preuve de cette opinion: les pierres calcaires de cette montagne font en grand nombré, enduits d'une matière oereufe ; toute cette montagne eft plantée de châtaigniers ; on y trouve auñit quelques chênes blancs, & fur de fommet des hêtres : au refte, il paroït que le châtaignier s’accommode affez des terreins DIE SOU BNICNEMENNINC Es 657 terreins de diflérente nature ; on a déjà dit qu'il venoit très-bien parmi les granits, qu'il pénétroit même celles de ces pierres qui étoient molles : les efpaces qui font entre les rochers d'un endroit appelé /es Roquets, & dont on a encore parlé, font également plantés de châtaigniers; la partie baffe de la paroïfle de Beaulieu, qui eft toute fchitteufe, eft éga- lement plantée des mêmes arbres; la partie élevée, & qui eft au Midi, left de vignes. De quelque nature que foit le terrein, fi ce terrein manque d'eau , fur-tout fi c’eft dans un pays très-chaud où les pluies foient très-rares, l'Agriculture y languit, & les produétions de la terre y fouffrent fenfiblement; c’eft ce qui arriveroit fouvent dans les Sevennes, fi les habitans de ce pays âpre & rude, n'avoient pas fuppléé par leur induflrie à ce que la Nature fembleroit leur refufer dans bien des cantons: ceux de ces cantons qui n’ont ni rivières, ni fontaines qui arrofent leurs terres , tirent de l’eau des fontaines ou dés rivières qui coulent à une certaine diftance de chez eux, & amènent ces eaux par des canaux, dont la longueur eft pro- portionnelle à l'éloignement où ces eaux font de Îeurs cantons; quand il eft trop difpendieux & au-deflus de leurs facultés, de conduire ainfi des eaux dans leurs terreins, ils creufent dans les rochers les plus durs, des citernes où ils ramaffent Veau des pluies, d’où ils la tirent pour l'arrofage de leurs champs : ils font cependant rarement obligés d’avoir recours à ce dernier expédient, les rivières & les ruifleaux étant en grand nombre dans ces contrées, & la plus grande partie formant des précipices, foit dans leur cours, foit à leur embouchure dans d’autres rivières. Toute la partie calcaire - des Sevennes, qui eft d’une grande étendue, n'eft compofée que de petités montagnes jort élevées, féparées les unes des, ‘autres par de petites rivières ou ruifleaux, qui avant d'arriver à la plaine, fe joignent très-fouvent, & fe confondent dans des précipices prefque perpendiculaires à horizon : il y a prefque toujours fur les deux côtés de chaque montagne, un ruifleau ou une petite rivière plus ou moins abondante, Men. 1777. Oooo 658 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE fuivant que la montagne a plus où moins d'étendue, & qu’elle reçoit dans fon trajet l’eau de plus ou moins de fources. J'ai remarqué que les rivières ou ruifleaux qui prenoient leurs fources dans les terres graniteufes, étoient plus abondantes, & tarifloient moins fouvent que celles qui avoient leurs fources dans les autres efpèces de terres. Toutes ces petites rivières & tous ces ruifleaux , depuis leur fource jufqu’à eur jonction aux grandes rivières , qui font l'Érau, le Vis, celle d’Arre, &c. font d’une grande utilité aux gens du pays: elles fervent dans tous les bas-fonds ou précipices , fuivant toute la longueur de la montagne, des deux côtés, à arrofer ces petits coins de terre formés avec des peines incroyables, par des murs de foutènement à pierre sèche, comme on l'a dit plus haut. Chaque habitant, poflefleur de quelque terrein dans ce pays montagneux, faigne ou de côté & d'autre, ou d’un côté feulement, la petite rivière ou le ruiffeau, afin d’arrofer fon petit pré, fon jardin, fes müriers, & même fes châtaigniers, qui font fur les penchans & fur les bords de ces rivières ; ce qui mérite une attention particulière, c'eft qu'ils pratiquent cette conduite ou boa/ fur des précipices & le long des rochers, dont la pente eft fi grande qu’on ne peut prefque s’y tenir, & qu'ils conduifent ces eaux quelquefois à plus d’un quart de lieue par un canal fait avec un mur de pierres & de mottes de terre, & par des endroits où l'on ne peut pafler fans craindre pour fa vie: ils emploient dans des parties encore plus efcarpées, des canaux de bois & des petits ponts de bois aufli, d’an précipice à l’autre; ce qui eft encore pis, c'eft que ces hommes heureufement opiniâtres au travail, font obligés de les réparer prefque toutes les années , à caufe des inonda- tions & des éboulemens, toujours très - fréquens dans un pays où le terrein eft fi rapide, qu'en beaucoup d'endroits on a peine à {e tenir lorfqu'on veut y porter des matériaux. Quand le terrein ne peut pas être arrofé par les rivières & les ruiffeaux , à caufe de {a trop grande élévation des mon- tagnes , ils tâchent de fe procurer de l'eau par d'autres voies DES SCIENCES. 659: très-pénibles; ils font de grands trous, très-fouvent à travers des rochers de granit plus ou moins durs; on y pratique un réfervoir pour y recevoir un petit filet d’eau; fur le penchant de ce réfervoir, ils font un mur de foutènement pour y laïfler ramafler l’eau; on met au pied de ce mur une pièce de bois de châtaignier, percée de part en part; à une de fes extré- mités, on fait un trou rond de trois ou quatre pouces de diamètre, dans lequel on introduit une pièce de bois arrondie à une de fes extrémités, de trois ou quatre pieds de longueur, qui fert de bouchon , & on entoure ce bouchon de terre pour que Peau ne fe répande pas: le petit vivier étant plein, on ne fait que tirer le bouchon, & l’eau eft conduite par un boal qui la porte dans les terres que l'on veut arrofer. Ces rélervoirs font fi multipliés dans toutes les parties des Sevennes dont je fais l'hifloire , qu'on en trouve à chaque pas, fur les penchans des côteaux un peu élevés : la plupart de ces réfervoirs peuvent être facilement comblés par les terres fupérieures ou par les rochers, lorfqu'ils viennent à s’ébouler dans le temps des grandes inondations; on prévient cet inconvénient en conftruifant une forte voûte pour foutenir les terres & les rochers. Les habitans de ces cantons font fr laborieux , fi infatigables, qu'on les voit lutter fans cefle contre les inondations & les éboulemens de leurs murailles, pour foutenir les terres qui feroient emportées fans retour fans cette activité continuelle, pour réparer les brèches qui fe font annuellement dans leur terrein: par-là, ils forcent la Nature à les dédommager d'un travail pénible, par les pro- duétions de toute efpèce que ce terrein ingrat leur fournit au moyen de ce travail ; il ne peut être cultivé qu'a bras d'hommes, ce qui demande une population très-nombreufe, ui left en effet dans ces cantons, ayant augmenté de près d’un tiers depuis trente ans. Ce travail continuel influe même fur le moral : ces Laboureurs infatigables font bons, officieux, fort honnétes, incapables en général de faire aucune mauvaife action ; ce qu'on ne peut fouvent dire des payfans de bien d'autres pays : il faut des hommes, tels que font ceux des Oooo i 660 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Sevennes, pour la culture d’un pays femblable à celui-ci, car fi les terres y éioient négligées une ou deux années, leur rapport feroit nul. Les habitans de ces contrées difent prover- bialement , pays des Sevennes, pays de peines : en effet, après avoir retenu ces terres légères, dont la plupart font fablonneufes, par une immenfité de muraïlles, on ne peut les rendre pro- duétives que par beaucoup d’eau & de fumier. Dans un pays auflt rempli de rivières & de ruifleaux que le font les Sevennes, ces eaux courantes doivent de temps en temps préfenter des effets qui méritent l'attention des Naturaliftes : celui que je vais rapporter étoit de nature à jeter autant f'effroi dans une partie des Sevennes , qu'à attirer l'attention des Naturaliftes les plus attentifs à obferver les effets de la Nature. Une rivière qui cefle tout-à-coup de couler dans un pays qu’elle fertilifoit de fes eaux, pourroit être caufe d’une flérilité dans ce pays, qui obligeroit les habitans de s'en retirer ou de chercher d’autres moyens de fe procurer de l'eau; moyens toujours pénibles & coûteux, fi cette rivière ne recommençoit pas à couler ou fe formoit un autre lit. La rivière de Vis cefla de couler pendant trois jours au commencement du mois d'Avril 1779 ; cette rivière prend fa fource près de Navacelle, dans la paroiffe de Viflec, village du diocèfe d'Alais, & le premier ;- dans fa plus grande partie, du diocèfe de Lodève: on appelle cette fource /4 Foux ; elle fort du pied d'un grand rocher calcaire qui forme une gorge & un précipice confidérable ; la fource eft très-abondante, & la rivière parcourt fix de nos grandes lieues avant de fe jeter dans l'Érau, à un petit quart de lieue & à gauche, au-deflus de Ganges ; elle eft auffi forte , pour le moins quand elle fe joint à l'Érau , que cette dernière rivière, prife au-deflus de Ganges. Le Vis a de part & d'autre, dans tout fon cours, depuis fa fource jufqu'à fon embouchure dans l’Érau, des rochers calcaires, d’une très-grande élévation dans certaines parties : à une lieue au-deflus de Ganges, fur la gauche, il y a un village que l'on nomme Saint-Laurent, & qui appartient à M.%la Marquife DAENSMISlelMI EUNNIC ES 661 de Ganges ; il y a dans cet endroit une Papeterie très- confidérable, des martinets pour affiner le cuivre, des moulins à blé, &c. tout-à-coup on fe trouva, au commencement du mois d'Avril dernier, avec très-peu d'eau; elle pouvoit à peine faire aller un moulin à blé, en la faifant ramafler dans une chauffée: avant cet accident, tous les moulins marclioient rondement ; on chercha auffi-tôt la caule; on fut jufqu’à {a fource, qui eft à Saint-Laurent; on n'y trouva prefque point d’eau ; on s'aflura que le peu d’eau qui venoit à Saint-Laurent provenoit des fources , petites rivières & ruifleaux, qui fe trouvent dans l'efpace de cinq ou fix lieues, que cette rivière parcourt avant d'arriver à Saint-Laurent. Ce phénomène jeta dans la confternation tous les habitans de ces contrées, {ur- tout M.% la Marquife de Ganges, qui perdoit le plus, ne pouvant ainfi faire aller fes moulins, faute d'eau, ni arrofer fes prés de Ganges. On fut à la caufe, & on la découvrit à Ia fource même, ordinairement très-confidérable, mais qui étoit alors prefque fans eau : on ne put conjecturer quelle route cetté eau avoit prife. Les Anciens du pays, dirent avoir appris de leurs pères, que ce même phénomène étoit arrivé, il y avoit foixante ans, & que ce n'étoit que la répétition de ce qui étoit également arrivé foixante ans auparavant; mais que la rivière n'avoit ceflé de couler que vingt-quatre heures, & que c'étoit à la fource qu’elle fe perdoit: elle a ceffé de donner de l'eau pendant huit jours, dans la difparition dont il s'agit ici; l'alarme cefla au bout de ce temps ; l'eau fortit très-rapidement de fa fource, qui eft un antre où perfonne n'a pu pénétrer ; elle ne caufa aucune inondation; on la vit feulement venir comme un torrent un matin, à Saint-Laurent, & elle y reparut au grand contentement des habitans. . I refteroit à expliquer la caufe de cet évènement, & à connoître l'endroit par où cette eau s'étoit détournée : les uns veulent qu'il fe foit fait un éboulement dans l'intérieur de la fource, & qu'elle foit fortie par regonflement au bout de Fuit jours. Les conjedures que je pourrois hafarder 662 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ne fatisferoient probablement pas mes Lecteurs; conféquem- ment je m'en tiendrai au fait: tout ce que je dirai, c'eft que la partie orientale de cette rivière a beaucoup de grottes ou cavités, petites ou grandes ; mais je ne prétends pas, en rap- portant cela, dire qu'elles fournitlent l'explication. du fait en queftion. On vifita loigneufement & avec la plus grande attention tous les environs, toutes les gorges & les prop qui avoifinent cette fource ; on ne trouva rien d’éboulé, aucune marque d'tilonent: on ne remarqua rien qui pit donner des indices du lieu où cette eau avoit pu fe perdre : cette rivière a cela de remarquable , qu'elle eft poiffonneule, principalement en truites, moins bonnes cependant que celles de l'Érau, qui font plus graffes ; elle donne aufli beaucoup d es Jene pouvois mieux finir mon Mémoire que par un fait aufit fingulier ; mais je penfe qu ‘ilne fera pas tout-à-fait inutile d'en rapporter un autre, qui a quelque chofe de curieux. J'ai dit dans le Mémoire imprimé a {a fin du volume de l'Académie des Sciences de 1762, page 653, que lorfque je pourrois me procurer de l'encre des châtaigniers en affez grande quan- tité, je l'analyferois chimiquement : [a fécherefle ayant été extrême en 1768 , je trouvai à la cime de la montagne de Morèfe, en revenant d'examiner la mine de liége de mon- tagne , un affez gros châtaignier, qui avoit de très-grofles racines ; elles (orient à fleur de terre, & pivotoient hori- zontalement fur le terrein : il y avoit à la furface fupérieure d’une de ces racines, de petites cavités en forme de gondole; elles étoient fur-tout placées fur la partie de la racine la plus grofle, & qui étoit près du tronc de l'arbre : j'aperçus dans une de ces cavités & à fes côtés, de belle gomme luifante, d’un noir moins foncé que le jayet; je reconnus d’abord que c'éioit l'encre de châtaïgnier, fous une forme folide ; elle avoit tranfludée du châtaignier fous une forme liquide, & Et s'étoit ramaflée dans cet état, dans la moitié qui étoit à la furface fupérieure des racines dc châtaignier : : les grandes chaleurs du mois d'Août avoiert fait évaporer l'eau fur- DES ScrENcEs. 663 abondante, & Ja gomme qui y étoit difloute avoit été dépofée fous la forme folide où je 1a voyois. Si l'on veut faire fur le champ de l'encre avec cette gomme , on n'a qu’à fa faire diffoudre dans un peu d’eau chaude, & on aura auffi-tôt l'encre liquide qu’on trouve communément fur les racines des vieux chätaigniers, & dont j'ai déjà parlé en 1762. Cette encre, comme on vient de le dire, devient folide par f'évaporation de eau furabondante, & alors on la trouve fous la forme de gomme très-luifante, quand elle n’a pas été falie par des corps étrangers ; j'en ramaffai dans cet état, à la fin d'Août 1778, deux onces de très-belle & bien féchée : l'été dernier j'examinai, par l'analyfe chimique, ce produit naturel; j'en pris une once & demie, je la pulvérifai groilièrement , enfuite je la diflillai dans une petite cornue à feu nu, ayant f'attention de graduer le feu avec beaucoup de foin , j'en retirai premièrement environ un gros d’eau très-limpide ; cette eau ne donnoit aucun figne d’alkalicité ni d’acidité; elle n’avoit point d'odeur : par le progrès de 1a diftillation, jeus une liqueur tant {oit peu colorée, qui rougif- {oit légèrement le firop violat, & qui pefoit un gros dix grains; je ceflai le feu, & je tirai de {a cornue le réfidu qui étoit très-noir ; j'en fis difloudre une partie dans de l'acide vitriolique très-blanc, & étendu avec de l'eau diftillée ; il fe fit fur le champ une afez forte effervefcence : à mefure que la diflolution de ce réfidu fe faifoit, 1 fe précipitoit au fond du vaifieau, en très-petites écailles un peu alongées & d'une couleur blanchâtre, un {el terreux que je féparai par la filtration, & qui étoit une véritable flénite : la liqueur filtrée avoit une fégère couleur verte; j'en verfai un peu fur une forte décoction d’écorce de grenade , il {e fit fur le champ une encre affez bien foncée. Ces expériences prouvent démonftrativement, que l'encre naturelle, folide & liquide, que l’on trouve fur les racines ou fur le tronc des vieux châtaigniers, contient du fer , de l'acide & une terre abforbante, propre à tenir Je fer fufpendu & divifé, comme dans l'encre artificielle : ft cette encre À Ë 664 MÉMorrREs DE L'ACADÉMIE ROYALE, &c. naturelle n’a pas été étendue par l’eau de l'atmofphère, elle tranffude de l'arbre avec les juftes proportions de ces prin- cipes conftituans, & fe ramaffe dans les creux formés par Ja Nature, & que l'on pourroit former artificiellement. Cette encre peut être employée tout de fuite , comme l'encre artificielle , fr on a la précaution de la ramafier dès que les cavités font pleines , ou bien quand elle découle de Yarbre, ayant le foin, quand on en a découvert, de la ramaffer tous les jours, ou au moins tous les deux jours : j'ai remarqué. 7 . fi . , A . Ài175 s que c'étoit vers {a fin du mois d'Août, que les vieux chätai- gniers en donnoïient le plus abondamment, cette faïfon étant la plus favorable à cet écoulement ; il eft encore nécefaire d'éviter les pluies & Ja trop grande évaporation. Cette Obfer- vation peut étre mife au nombre de celles qui nous prouvent tous les jours, que lorfque nous comptons, par nos manipu- lations & notre-artifice, faire de nouveïles combinailons, nous ne faifons que ce que la Nature fait continuellement ; ce qui devroit nous engager à l'étudier avec encore plus de foin & d'attention que nous ne l'étudions. : Page be, LD 2 208 MEREXITÉIIITÉITETEIN RQ ===s=—= mt D æ S'e ÉFIN I Mae ! Pa Se #3 SF + Lo ve Re. fé mn