HrM HEURE RE AE ET 33 DRE LS H EEE ste : és 13) 4 RUES TOFRE L'ACADÉMIE RQ OV ARE | DOUTE SES CUT N°ONE,S. ANNE EL D'CCL XX X1 Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfque, pour la même Année, Tirés des Repifires de certe Académie. MS PUA RES, DE L'IMPRIMÉRIE ROYALE. h M DCCLXXXIV. TT A B L E POUR L'HISTOIRE. PHYSIQUE GÉNÉRALE. À, UR la proportion du prix des Blés, des Farines & du Pain. Page Fi Sur la comparai[on des Combuflibles RS tee Rec $ one En 2 OR MUR D, Loae @ Sur la manière d'éclairer les Salles de Spectacles. ... Ibid. ANA TOMI E. Aa Cenean SN "2 RU Ce Here: 0 Durs Ph e ATEN RS tee AR 4 à 0 00 0 » 9 Sr l'Apoplexier... es DR Em 10 HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. Sur la conformation de la Trachée-artère des Oifeaux.. 12 B'OLANN, F'OLUTE. Sur les charpentes de bois de Chätaignier. ..... ne Me 14 MUCN EE R'A L O GIE. Sur la formation des Montagnes... ,2,,..,.. “... T5 R7S 1e) 1 : * TABLE Sar les Montagnes brülantes. ......... sd 0 ONE Obfervations d'Hifloire Naturelle... .............. 17 Sur l'Aventurine. . ...... EE cet DIN So) CHE MT E: Sur l'Analfe végétale. ......,:............. 20 Sur la formation à la décompofition de l'Eau. ...... 21 De la formation de l’Acide crayeux aériforme . ....... 25 Sur la décompofirion du Nirre.................. 28 Sur la diflllation des Acides minéraux. ........... 29 A NAGER 4 SE Sur les Élections par [crutin. . PS SRE APN FL SX Sarles Délais Ondes Remblas est. ee set 34 Sur: le calcul des: Prolbihiés- R R A E 38 MÉ CANIQU E. Sur le mouvement afcenfionnel des Machines aéroflatiques. 40 Sur les Machines mues par la force du vent. ....... 41 Sur une nouvelle efpèce de Nivean............... 44 AS TIR ONFOPNUITE Application de l’Analyfe à l'Affronomie. ........., 46 Sur la préceffi ion des É LGUIHON ESS). NE Steele oc HIDE Sur les Echipfes aunulaires:.. Us REIN AR 47. Sur l'inclinaifon de. l'orbite du quatrième fatellite de ie 48 Sar la conflruttion d'un nouveau Quart-de-cercke. . .. Ibid. j T'AS BU LE. en Pt Mg ne 14 GÉOGRAPHIE. Sur la pofition de Trébizonde . SE ERNEST SR TS 49 Ouvrages préfentés à l'Académie. .....,........, SL RE D en en a cela esors ele scheme ASTA RAT Et Ibid. Éloge HAL RETIDE CSL\ deat de AR 53 Eloge de M. le Marquis de Courtanvaux . a UA7I Eloge de M. le Comte de Maurepas... . PRRPENEE Eloge de M. Tronchin. JE eu ma ete !, EE anti03 a DANSE PEN ETES POUR LES MÉMOIRES. Exsnsx comparé de l'Aventurine © de quelques pierres chatoyantes, Par M. SAGE ............... Page“ Obfervations Jur le Spath étincelant, Jur l'Aventurine naturelle, d fur la pierre appelée Œïil de poifion. Par M. D'AUBENTON. 5 Obfervation de 1 "Éclipfe de Soleil, du 17 Oobre 1787, au matin, faite à l'Obfervatoire royal de Paris ; dc. Par DL JEAURATE SA ER PS ET CCE Obfervations fur la décompofition de l'Acide nitreux, dc. Par Me BERTHORLET EN Teener ee tie CR Effai fur une nouvelle manière d'analyfer les [ubflances du Règne animal à végétal, dc. Pa M.le Comte DE Mizy. 34 Obfervations diverfes fur la précipitation du Fer par un Acide ” dans l'intérieur des mines de Charbon de terre, Par Ms MORANR DER FR ER rare de Mémoire fur le bois de Chätaignier à [ur celui de Chêne : Comparaifon de ces deux bois. Par M. FouGERoUXx DE BONDAROMM A MS 7. NON ar me arte SM Obfervations théoriques © expérimentales [ur l'effet des Moulins à vent, © [ur la figure de leurs ailes. Par MÉMCOUTLOMR ES 4e 0 SUR ARS CORRECTE RE Mémoire fur une nouvelle conffruétion de Niveau abfolument exempt de vérification. Par M. DE Foucux....... 82 Projet d'un Tarif propre à fervir de règle pour établir la valeur du Pain, proportionnément à celle du Blé à des Farines ; avec des Objervations fur la Mouture économique, comme bafe effentielle de ce Tarif, dc. Par M. TiLLET... 107 Frar:B TE: Premier Mémoire fur les montagnes ou mines de Charbon de terre , embrafées fpontanément. Par M. MoranD... 169 Obfervation fur la décompofition de l’Acide nitreux. Second Mémoire, &c. Par M. BERTHOLLET.....,... 228 Obfervation fur la décompofition de l' Acide nitreux, Troifième Mémoire, &c. Par le même. ..........,..... 234 Mémoire fur les Éc lipfes totales du Soleil, avec des Réflexions Jur les effets de Ron apie de la Lune. Par M. LE MOonNiER se ta gp DR PET ES A NBA Supplément au Mémoire 1 à l’Affemblée publique de la Saiut- Martin de l'année 1782. Par le même...,.,.. 251 Moyen de convertir facilement , ©" avec affez peu de frais, un Quart-de-cercle à pied en un inflrument agimutal, dc, La DEFODGuT. 08. AE 4. LT, 22 Calculs fur les Ballons aéroflatiques , faits par feu M. Léonard EN GA RARE PRET SE 264 Mémoire où l'on prouve par la décompofition de l'Eau, que ce Fluide n'eff point une fubffance fimple, &c, Par M MEusNIER & Lavoisier. ......,.,,..... 2069 Ofervations de l'Éclipfe du Soleil du 23 Avril 1781, faites au nord de Paris, de. Par M. LE MONNIER... 284 Memoire [ur l'Éclipfe de Soleil du 17 Odobre 1781, obfervée a Saint-Sever, dc. Par le même..... TEA LA Mémoire fur l'Électricité qu'ab[ortent les corps qui [e réduifent en vapeurs. Par M” Lavoisier & DE LA PLACE... 292 Obfervations fur les bois du Chêne à du Châtaignier, Par MADAUBENTON, 2. 254. 2, emule e ee 295 Nouvelles Méthodes analytiques pour réfoudre diffirentes quef: tions affronomiques. Seizième Mémoire. Par M. Dronis A TA RAA Le Mae Lite td à REF NREME TS d Mémoire fur la quantité de la précefion des Équinoxes. AN DE LA TÉANDE se etiee Lea eee ie e 237 YA: BL: E Mémoire contenant les Obfervations des deux Comètes de 1781, obfervées à Paris, de l'Obfervatoire de la Marine. Par M Messie ie arf es serie le ane dure ad Olfervations fur la difpojition de la trachée-artère de différentes efpèces d'Oifeaux , © Jur-tout de l'oifeau appelé Pierre. PU NE D AUBENTON. en mie calice 21e rie ES Mémoire fur l'inclinaifon du quatrième fatellite de Jupiter. PAMTODE MANLANDE. LA. SN 2 ee ne + CUNRSE Expériences fur l'effet comparé de différens combuflibles. Pax MLAAVOISIERR 2 une à ne à cles le a Réflexions [ur la Calcination © la Combuflion, à l'occafion d'un Ouvrage de M. Schecle, intitulé Vraité Chimique de l'Air & du Feu. Par le même. ..........."3906 Memoire [ur la manière d'éclairer les Salles de fpefacles. PRE ME TIÉMME = an etee ee cialere de ele tie CU ER Mémoire fur la pofition de Trébizonde, d'Arz-Roum, à de quelques autres Villes de l’Afie occidentale, Px M.BuAcHE. 21: Obfervations fur les Montagnes, à fur les Couches où Lits de Pierre qu'on trouve dans Ja terre, Par M. LE GENTIL. 433 Mémoire [ur la formation de l’Acide, nommé Air fixe ou Acide crayeux, &c. Par M. LavoisiER....... 448 Mémoire dans lequel on a pour objet de prouver que l'Eau a'efl point une fubflance fimple, un élément proprement dit, mais qu'elle eft fufceptible de décompofition & de recompofition. Partie, MÉME Hd en e eee ste à AHSA AE Recherches fur la flrutfure du Cerveau, du Cervelet , de la Melle alongée , de la Moelle épinière; à Jur l'origine des Nerfs de l'Homme & des Animaux. Par M. Vice- DIAZYR. AMAR ANR. CAE I NES Second Mémoire contenant des Obfervations fur plufieurs régions du Cerveau difféqué par fa bafe, à Jur l'origine des nerfs. Par le-mêrne MR ne ER 543 L'AAPBN ISLE: Troifiéme Mémoire Jur La firuélure anatomique du Cerveler, de la Moëlle alongée, rc. Par Ie même. .,.... 566 Obfervations fur l’Apoplexie, dc. Par M. PORTAL... 62; Olfervations Jur la Phthifie de naiflance, Par le même. G à Mémoire [ur un phénomène Jingulier que préfentent les Acides minéraux , pendant leur concentration : & Jur un nouveau moyen de fe procurer facilement une Eau-forte des plus pures. Par M DE LassoNE & CoRNETTE. ..... 645 Mémoire [ur la Théorie des Déblais à des Remblais. Par MMONGRARMARRS RER SET AN em ie 000 Obfervation de 1 Éclipfe de Soleil, du 1 7 O&obre 17817. Par M. PINGRÉ. ....., TE rate +... 705$ Mémoire Jur le calcul des Probabilités. Par M. le Marquis CON ReRrRe Us nn 707 Obfervations Botanico- météorologiques, faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gâtinois, pendant l'année 4700: ME ou Hammer: 12 LL 1 +. 729 Recherches [ur l'origine & Jur la nature des Vapeurs qui ont régné dans 1 “Atmofphère pendant l'été de r 783. Par M. MourGUE DE MOoNTREDON, de la Société royale de Montpellier. ,...... RSA PO CE due 74 FAUTES à Corriger dans le Volume de 7 779. Page 319, ligne 8, 289% 5° 20", lifez 2894 7° 38". LA 9”. Page 340, premiére Obfervation de la Table, dixième colonne, Page 353 aux Élémens, logarithme de Ia diftance périhélie, lifez LES F4 r. tre niv ? LL LA . CET RENE Bu RES Ds sue 54 1 | GLS Pt V2 à FE ET AV HISTOIRE odbiure ROYALE DÉSUSCIENCES Année M, DCCLXXXL PHYSIQUE GÉNÉRALE. | SUR LA PROPORTION DU PRIX DES BLÉS, DES FARINES ET DU PAIN. | ETTE recherche femble, au premier coup- -d'œil, V. les Mém. ne point appartenir aux Sciences, mais comme Page 107. elle exige des expériences faites avec précifion ! & calculées avec exactitude, la néceffité où font les Savans de porter les mêmes foins dans tous leurs travaux, femble les rendre plus propres à ces recherches économiques, Hif. 1781. 2 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE auxquelles la grande utilité qui en peut être le fruit, leur fait en quelque forte un devoir de fe livrer. M. Tillet établit d’abord la proportion du prix du pain & de celui de la farine de première qualité, en obfervant qu'environ douze onces de cette farine, par une détermi- nation moyenne entre plufieurs expériences faites avec une attention fcrupuleufe , répondent à une livre de pain; le prix de la livre de farine étant donné, il ne faut plus, pour avoir le prix du pain, qu’ajouter celui de fa main-d'œuvre, on le fixe ici à quatre deniers & demi par livre, d’après quelques taxations faites à Paris, dont ni les Boulangers ni les confom- mateurs n'ont point cru avoir à fe plaindre. M. Tillet regarde cette valeur comme devant être conf- tante; en effet, le prix de la main-d'œuvre eft en général, proportionnel au prix moyen, & non au prix courant du blé, ce prix moyen doit même être déterminé fur un affez grand nombre” d'années; ainfi cette valeur ne doit varier que de loin en loin, tandis que le prix du blé eft fujet à des variations fréquentes. La proportion du prix du blé à celui des farines, dépend de la méthode qu'on’ emploie pour le moudre; on fait qu'il y en a deux, l'une plus ancienne, plus imparfaite, appelée mouture à la groffe; l'autre plus nouvelle, plus avantageufe, connue fous le nom de mouture économique: la fupériorité de cette dernière eft prouvée, mais le nombre des moulins auxquels on a jufqu'à préfent adapté l'appareil néceffaire pour cette méthode, eft encore très-petit, elle eft peu répandue dans les provinces, & Îe droit d’avoir un moulin étant prefque par-tout un privilége exclufif, il ef jufte que l’art de la mouture fe reffente de la langueur & de l'imperfection attachées aux manufactures qui jouiffent de ces priviléges. Le but principal que paroit s'être propofé M. Tillet, eft de donner un moyen de taxer le pain avec quelque exac- titude & quelque juftice; pour cela il propofe de ne pas s'arrêter aux difcuffions fur le plus ou le moins de farine tirée d’une même quantité de blé par l’une ou l’autre méthode, DIM ISMUD AC ANE NEC IE IS & de fixer le prix du pain, non d’après celui du blé, mais d’après celui des farines; cette méthode n'a aucun incon- vénient par-tout où il exifte pour les farines un prix public & connu: en adoptant ce principe, on aura, d'après ce que nous avons dit ci-deflus, le prix de ce qu'il entre de farine pour chaque livre de pain, & en y ajoutant quatre deniers & demi on en aura le véritable prix. M. Tillet termine ce Mémoire par quelques réflexions fur l'ufage de taxer le pain, ufage qu’il croit utile de con- ferver : fes raifons font 1. que cet ufage eft prefque univerfel en Europe, qu'il eft établi depuis un temps immémorial, & qu'il l’a été fans doute d’après des inconvéniens obfervés dans la méthode contraire; mais ne pourroit-on pas répondre que la profonde ignorance des fiècles où cet ufage s'eft établi, ne permet guere de Îles regarder comme pouvant fervir d'exemple; 2.° qu'il feroit dangereux de s'en rapporter à l'effet naturel de la concurrence entre les Boulangers; mais en convenant du danger qu'il peut y avoir à ne pas taxer, lorfque le droit de faire & de vendre du pain, eft concentré entre les mains d’une Communauté, cela prouve-t il autre chofe finon qu'une première atteinte portée à la liberté naturelle, en néceflite une feconde ? il eft impofñlible de croire que dans un cas de véritable liberté la concurrence ne donne pas à chaque marchandife fa véritable valeur ; toute denrée taxée n’eft-elle pas même néceffairement portée au- deffus de fon prix naturel, puifqu'il eft néceffaire de dédom- mager le vendeur, de la contrainte que {a taxe lui fait fubir, & des vexations auxquelles elle l’expofe? enfin, fi les eflets de l'intérêt perfonnel font à craindre, croit-on diminuer le danger en ajoutant dans une opération auffi fimple que celle de la vente d'une marchandife, un troifième intérêt à celui des acheteurs & des vendeurs? 3° M. Tillet eft perfuadé que la taxe eft propre à raflurer le peuple dans les temps de difette, mais n'eft-il pas vraifemblable au contraire que c'eft précifément cet ufage de taxer, qui a donné au peuple l'opinion ridicule que le prix du pain dépendoit de la A ij 4 Hi1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE volonté du Gouvernement? c’eflt ce même ufage qui fait que le peuple s'eft accoutumé à regarder fes Magiftrats comme refponfables du haut prix des fubfiflances; ainfi, loin de mettre les Magiftrats à l'abri des murmures & des féditions, c’eft au contraire cet ufage feul qui les y expole : la taxe d’une denrée dont on peut {e paffer n'a qu'un inconvénient, celui de la rendre plus chère; la taxe des denrées néceffaires en peut avoir deux autres, celui de produire une difette réelle, par l'inquiétude qu'elle infpire aux vendeurs , & le danger plus grand encore de fournir aux faclieux le feul moyen, de foulever la populace, qui puiffe leur refter chez des peuples éclairés & gouvernés par des loix. s- Les Boulangers eux- mêmes, dit M. Tillet, defirent qu'il yait une taxe, & cela eft naturel, d'abord parce qu'elle rend le prix de la denrée wils vendent, plus grand qu'il ne feroit fi la denrée était libre; fecondement, parce que dans les temps de cherté elle oblige le Gouvernement à des conventions particulières, onéreufes pour lui & avantageufes pour eux; enfin, parce qu'il exifte fous ee régime, des moyens de prolonger les hautes taxes, de retarder l'époque ou de diminuer la durée de celles qui font plus baffes, moyens qui dans l'état naturel ne peuvent exifter. Nous avons cru devoir oppofer ces réflexions à celles de M. Tillet, en rendant juftice à fes lumières & à fon zèle, comme il la rendue lui-même au zèle de ceux qu’il favoit ne point partager fon opinion fur cet objet; nous le prions de pardonner ces remarques, & de fonger que toute taxe eft une atteinte à la liberté naturelle des hommes, & par conféquent une véritable injuftice, tant que la néceffité d'y avoir recours n'eft pas. portée à la dernière évidence. D'ailleurs, quand même la taxe du pain devroit être abolie, fon Mémoire n'én feroït pas moins utile, parce qu'il peut fervir, dans le cas de la liberté, à juger par le prix du pain, des progrès de Fart de la boulangerie & de la mouture dans les différens cantons: à faire connoître fi dans certains endroits, des circonftances locales n'ont pas augmenté Dirt PS JCLUE NICE S le prix, & fentir la néceflité d'en chercher la caufe & de a détruire; enfin à avertir de bonne heure des aflociations fecrètes que pourroient former des Boulangers pour aug- menter le prix du pain, affociations dont, fans taxe, fans aucune atteinte à la liberté, il feroit bien facile de prévenir les eflets. - LUCE 8 AD | COMPARAISON DES COMBUSTIBLES. “ice NOÎTRE pour les diflérens combuflibles qui font en ufage à Paris, les rapports du poids, du volume & du prix, foit naturel, foit augmenté par les droits, d’une quantité de chacun, capable de produire un effet égal, telle eft la queftion réfolue par M. Lavoifier, & cette queition intéreffe à la fois la Phyfique, l’économie domeftique, & même l’Adminif- tration. M. Lavoifier, pour connoître les quantités de chaque combuftible, qu'on peut regarder comme capables de pro- duire un effet égal, a déterminé celle qui peut conferver dans l’état d’ébullition, une maffe donnée d’eau bouillante, à l'évaporation de laquelle on fupplée par de nouvelle eau à la mème température, qu'on y ajoute fans cefle; & il mefure ou le temps pendant lequel une quantité donnée du combuflible a foutenu cette ébullition, ou la quantité du même combuftible, néceflaire pour foutenir cette ébullition, foit pendant un temps donné, foit pour faire évaporer une quantité d'eau connüe. Ces deux méthodes le conduifent aux mêmes réfultats, c'eft-à dire, à prouver que le chauffage par le charbon de terre, eft le plus économique à Paris; celui où l’on emploie le bois, l’eft moins, & le charbon de bois, eft plus cher que les deux autres combuftibles ; if faut également un moindre poids & un moindre volume de charbon de terre que de bois, pour produire un même eflet: on voit enfin que le droit fur le charbon de terre, eft plus confidérable que celui fur le bois, toujours en ayant égard à la valeur réelle, c'eft-à-dire, à la faculté de produire de la chaleur: V. les Mém, P-379- V.les Mém. p.292. V. Jes Mem, p.409. 6 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE l'impôt fur fe charbon de terre, eft auffi trop fort fi on a égard au rapport du prix de ce combuftible à celui des autres, 1 paroitroit qu'en prenant pour chaque genre de denrée, le droit proportionnel au prix, on s'écarteroit moins de la juflice : en eflet, lorfqu’il s’agit de denrées qui ont des qualités différentes, & qui par conféquent n’ont sas abfolument les mèmes ufages, il eft peut-être impoffible d'établir une proportion véritablement conforme à une juftice rigoureule ; & c'eft un des inconvéniens des impôts fur les confommations. HOUR L LL IE CICRIP INTER M." Lavoifier & de la Place ont obfervé qu'en dégageant de Fair inflammable, de fair nitreux, de l'air acide des métaux ou de la craie, le réfidu acquéroit une électricité négative très-fenfible. L'eau en fe vaporifant, leur a paru donner au contraire des fignes d'électricité pofitive, une feule fois elle a paru négative; peut-être cette différence tient-elle à la décompoñition de l'eau qui aura eu lieu dans une de ces expériences plus que dans Îes autres, ce qui fe rapprocheroït alors du réfultat des premières expériences. On en peut conclure que des variations ans l'état électrique des corps, comme des variations dans feur température, accom- pagnent prefque tous les changemens qui arrivent dans Tétat de es corps ou dans leurs principes. Depuis la renaïflance des Sciences, chaque génération enlève à la Nature un des voiles qui la couvrent, & ofe entrevoir fous ceux qui lui reftent, quelques-uns des objets que les générations fuivantes doivent dévoiler. d SUR -L'Ai-M AIN I Ë R E D'ÉCLAIRER LES SALLES DE SPECTACLES. M. LAVOIsiER propofe d'éclairer Jes décorations & les AGteurs par les moyens employés jufqu'ici, en ajoutant DE IS MONIQUIAEL NEC Es; 7 feulement des réverbères mobiles derrière les ampions, afin de perdre moins de lumière & de pouvoir la difiribuer fuivant ce que l'e héâtral peut exiger. Quant à la partie de Îa falle qui contient les fpectateurs, il penfe que des réverbères elliptiques, cachés dans le pla- fond, auroient l'avantage de ne dérober à perfonne la vue d'aucune partie du fpeétacle, & de fervir de ventilateurs, La lumière réfléchie par un réverbère partiroit du foyer inférieur de lellipfe pour fe répandre avec égalité dans la falle; & il fufhroït de les multiplier & de les bien placer pour éviter les mauvais effets que peuvent produire les ombres projetées de haut en bas, Car il ne faut pas oublier qu'une clafle très-nombreufe de fpectateurs veut faire partie du fpectacle, & n'en eft paspour beaucoup d’autres la partie la moins intéreffante, Un eflai en grand que M. Lavoifier a fait dans l’une des falles du Louvre, lui a prouvé, par expérience, les ayan- tages de cette difpofition. | Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE ANATOMIE. MELURX EE, En GE. RAE AA VE Mn, Pi R M1 les objets dont les Anatomiftes s'occupent, il en eft p.495. peu qui puiflent infpirer autant, d'intérèt aux hommes même les plus étrangers à l'Anatomie. Le cerveau eft l'organe par lequel nous recevons immé- diatement nos fenfations, il exerce dans toutes les opérations de la mémoire, de l'imagination, dans celles même qu’exé- cute l’efprit dans les méditations les plus abftraites, des fonctions inconnues, mais dont. il eft impoflible de nier l’exiftence. Les défauts dans la conformation des yeux, les change- mens que l'œil éprouve, iufluent dans {a manière dont nous voyons les objets: fi l'œil s’afloiblit, nous voyons plus mal; fi quelques-unes de fes parties font détruites ou paralyfées, nous ceflons de voir; notre ame cependant eft reftée la même, elle a perdu une de fes facultés, & fa nature n’a point changé: le cerveau eft précifément à la faculté d’ima- giner ou de penfer, ce que l'œil eft à la faculté de voir; l'être fenfible & penfant dépend dans toutes fes opérations, de la flruéture, de l'organifation, des altérations qu'éprouve l'organe néceflaire à l'exercice de fes facultés; & de même que l'étude de l'œil & de l'oreille nous a éclairés à quelques égards fur notre manière d'entendre & de voir; peut-être un jour une connoiflance plus parfaite du cerveau, nous donnera des lumières utiles fur quelques-unes des opérations de notre efprit, Ces D''EUSMSSIOMLENNUCRELS, 9 Ces Mémoires de M. Vicq-d'Azyr, fur le Cerveau, qui en contiennent une defcription très - méthodique & très- détaillée, font le commencement d'un grand ouvrage, où il fe propofe d'en donner une femblable de tous tés organes & de toutes les parties de l’homme: cette defcription eft accompagnée de planches deflinées d'après l'objet même & fous les yeux de fAnatomifte; a réunion de ces deux moyens eft néceflaire. L'un ou laure eft infufffant s'il eft employé feul. Dans la defcription anatomique a mieux faite, on eft obligé d'employer un grand nombre d’expreffions vagues qui n'offrent point à lefprit, d'une manière précile, les formes qu'on a voulu rendre; des planches, avec une explication fommaire, peuvent montrer {es objets, mais ne les font pas connoitre. Le cerveau a été décrit par un grand nombre d’Anatomiftes célèbres, M. Vicq--d'Azyr ne les a point copiés, il décrit ce qu'il a vu, & comme il l’a vu; mais il avertit avec un foin fcrupuleux, des points dans lefquels fa defcription s'accorde avec celles qui l'ont précédée, de ceux dans lefquels elle s'en écarte; & il Jaifle aux Anatomiftes à juger du nombre & de l'importance des obfervations nouvelles qu'un travail fi étendu & fi pénible n'a pu manquer de lui offrir. ARS TA RER ES TE. À UTANT il eft important de connoître les maladies vraiment contagieufes , autant il peut être utile de diffiper les préjugés qui ont fait, mal-à-propos, ranger dans cette clafle un grand nombre de maladies. Les faufles terreurs que ces pr éjugés infpirent, les précautions incommodes ou difpen- dieufes qu'ils obligent de prendre, l'abandon auquel ils condamnent Îles. tale , font de véritables maux qu'il eft bon de prévenir. Une opinion répandue, particulièrement en Italie & dans Hifl 17817, B V. Tes Mém, p- 631. Vies Mém. p« 023. 10 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE nos Provinces méridionales , a fait regarder la phthifie comme une de ces maladies qui fe communiquent par Îa cohabitation, par l’ufage des mêmes hardes, par un long féjour dans les lieux qu'habitent les malades: de très-célèbres Anatomiftes Italiens, n'oloient même, moins par crainte que par égard pour leurs Elèves, difléquer dans leur amphithéâtre les cadavres des fujets morts de phthifie. - M. Portal attaque dans ce Mémoire cette opinion qu'il regarde comme un préjugé. On obferve, à la vérité, que plufieurs individus d'une même famille, font fucceflivement attaqués de cette maladie: mais en examinant les circon{tances de cette obfervation, on voit qu'il eft bien plus naturel de regarder la phthifie comme héréditaire que comme contagieufe. Cette phthifie héréditaire eft, fuivant M. Portal , diffé- rente de la phthifie accidentelle ; la dernière attaque d’abord les glandes ‘bronchiques , & celles du poumon ne font affectées que les dernières: dans la phthifie héréditaire, ce font au contraire les glandes du poumon qui font le premier & le véritable fiége de la maladie. Les tumeurs, les ulcères, ont un caractère fcrofuleux qui ne s’obferve point dans la phthifie accidentelle; ainfr, ces maladies, confondues fous un même nom, font d’une nature différente, exigent chacune un traitement particulier, & doivent être combattues quelque- fois par des remèdes abfolument contraires. PURGE A PO RALE KE, On diflingue ordinairement deux efpèces d'apoplexie, l'apoplexie fanguine & l’apoplexie féreufe : on attribue même à chacune des fignes diftinétifs; on les traite par des mé- thodes diflérentes, & j'on a été jufqu’à regarder les remèdes utiles pour l'une, comme dangereux, & prefque mortels pour l'autre. … M. Portal croit, d'après fes obfervations, que ces diflindtions D'ÉISMISNC AE NICE 15,7 ds ne font rien moins que certaines ; il a trouvé les vaifleaux du cerveau gorgés de fang dans des fujets qui avoient tous les fignes d’une apoplexie féreufe, & des dépôts féreux dans des fujets en qui ontrouvoit les fymptômes attribués à l'apoplexie fanguine. Il juge en conféquence que ces diftinétions font au moins inutiles, qu'il faut, fans s'arrêter à ces règles générales, traiter -chaque malade d’après les indications particulières que préfentent fon état, la connoif- fance qu'on peut avoir de fon tempérament, & les circonf- tances des accidens qu'il a éprouvés, B à HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. SUR LA CONFORMATION DE LA TRACHÉE-ARTÈRE DES OISEAUX: V. les Mém. Ex trachée-artère de la plupart des efpèces d'Oifeaux , entre p 369. dans fa poitrine à fa partie antérieure du flernum; mais il y en a un petit nombre dans lefquels la conformation de cet organe eft très - diférente. Dans les uns, comme dans le Cygne fauvage, la trachée pafle le long du flernum, entre dans une cavité placée dans l'épine de cet os, & remonte pour redefcendre enfuite dans la poitrine. Dans les Grues elle remonte & defcend deux fois, en forte qu'on peut y obferver. quatre courbures. Dans le Paragua, oifeau d'Amé- rique, M. Bajon, Correfpondant de l'Académie, a obfervé que la trachée-artère defcéndoit en-dehors le long du fternum, pour remonter enfuite. Enfin dans lOïfeau pierre qui doit ce nom à une excroiffance blanchâtre & dure qu'il porte à la naiffance du bec, on trouve que la trachée-artère defcend &c remonte deux fois le long de la partie extérieure du fternum. M. Daubenton décrit avec foin ces phénomènes jufque dans leurs plus petits détails. Mais il avertit en même-temps de ne pas trop fe preffer de fuppofer à ces conformations, foit un motif, -foit un ufage particulier. On a, par exemple, attribué à a forme ONE SL ORIGIN EMNI GUESS 13 de a trachée-artère du Cygne fauvage, la fupériorité de fon chant {ur celui du Cygne domeftique, & c’eft la force de 1a voix du Paragua qui a fait naître à M. Bajon le defir d'examiner les organes par lefquels elle eft produite; mais la voix des : Hérons ou des Grues n'offre rien de remarquable. D’autres ont dit que le Cygne fauvage avoit reçu une trachée-artère plus longue, afin qu'il eût la facilité de plonger plus long- teimps ; mais celle de l'Oïfeau-pierre eft plus longue encore, & cet oifeau eft d'une eflpèce quine plonge point. Ce ne fera donc qu'après avoir obfervé ces trachées-artères dans un plus grand nombre d’oifeaux, & en avoir mieux connu l'hiftoire, que l'on pourra hafarder des conjectures vraifemblables fur lufage de ces parties. Mais, foitpar une inclination naturelle à l'homme, foit par une fuite de préjugés philofophiques dont nous ne fommes pas encore bien guéris, il y a très-peu d'efprits qui puiffent fe contenter de fimplés faits , & qui ne cherchent point à fatisfaire leur inquiète curiofité par quelque explication fur laquelle ils fe repofent avec complaifance , jufqu'à ce que de nouveaux faits viennent les détromper. 14 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE BOTANIQUE. MORT ENS (CET A TROP EE INC ENS) DU: BOIS DE CHÂTAIGNIER. V. les Mém. On a regardé prefque généralement certaines charpentes pages 49 anciennes, bien confervées, & d'un bois différent du chêne & 295. ordinaire, comme faites de bois de chitaignier, avec lequel elles ont réellement quelque reflemblance. M.° Fougeroux & Daubenton prouvent ici que c'eft une erreur, & que ces charpentes font d’une efpèce de chène plus rare , dont le bois, plus dur, peut fe conferver plus long-temps. Cepen- dant on avoit dejà expliqué l'exiflence des charpentes de châtaignier, en fuppofant que cet arbre étoit autrefois plus commun dans nos climats, qu'il y croifloit mieux, & qu'il y parvenoit à une plus grande hauteur ; on avoit même trouvé des raifons qui expliquoient ce changement. M. Fougeroux obferve que le chène dont nos anciennes charpentes fônt faites, eft devenu rare dans nos forêts ; mais cette rareté ne doit pas furprendre. IL croit plus len- tement que le chène ordinaire, & il étoit naturel de con- {erver de préférence les baliveaux du dernier, qui, à un âge égal, doivent paroitre plus beaux. Cependant la füupériorité de ce bois de chène mériteroit qu'on s’occupät de le mul- tiplier, & il eft vraifemblable qu'il fe multiplieroit de lui- même, fi on fuivoit les avis qu'a donnés M. Duhamel; c'efl-à-dire , fi au lieu de conferver des baliveaux on gardoit ou des parties de futaie ou des bordures , méthode qui , à d’autres égards, a plufieurs avantages d'utilité & même d'agrément. LRO | EVE SiG, L'E INirCaEù Se 5: MINÉRALOGIE. SUR LA FORMATION DES MONTAGNES. M. LE GENTIL fe propole d'établir dans ce Mémoire : 1,” Que les grandes chaînes de montagnes fontcompolées de trois parties ; lune fupérieure , où la roche paroït à nu, & qui porte des caraétères d’une antique dégradation. Les deux autres chaînes placées de chaque côté de la première, dans le fens de fa longueur, paroïflent formées de fes débris. 2.° Que la correfpondance des anglesrentrans & faillans des vallées, donnée par M. Bourguet, comme une obfervation générale, eft bien éloignée de l'être. M. le Gentil trouve qu'elle ne fe vérifie que dans les vallées où coulent desrivières, & qu'on peut fuppoler avoir été creufées par les caux de ces mêmes rivières. 3«° Que les couches terreufes ou pierreufes horizontales dans les plaines, font inclinées fur es montagnes , fuivant la pente générale du terrein. M. le Gentil ne donne pas ces propofitions pour des loix générales. de la Nature, mais comme le réfultat conftant des obfervations qu'il a faites dans fes longs voyages, où il aeu occafion d'examiner les principales chaines de montagnes de l'Efpagne, celles des Ifles de France & de Bourbon, & celles de quelques-unes des Moluques. L’inclinaifon des couches eft quelquefois fi régulière, qu'elle peut être employée pour mefurer la hauteur même des montagnes d'une manièré wés-approchée , la différence entre celle du pic le plus: élevé V.les Mém. P: 433 V. es Mém. p+ 169. 16 HisTOôiRe DE L'ACADÉMI£ RoYyaALE de lIfle de Bourbon , évaluée de cette manière, & a hauteur de la même montagne, déterminée par des mefures, géodé- fiques, ne s'eft trouvée que de 60 toiles fur 1700. SUR LES MONTAGNES BRÜLANTES. M. MoraAND, dans Ja defcription de l'art d'exploiter les mines de charbon de terre, a fait mention de plufieurs de ces mines qui fe font embrafées, & qui ont continué de brûler pendant un fong temps. Ce Mémoire contient Îa defcription de trois de ces mines qu'il a eu occafion d’exa- miner en Rouergue. . Dans toutes trois le terrein qui répond à [a partie embrafée, a une chaleur plus ou moins forte, mais qui fouvent left affez pour empêcher d'y marcher & de sy arrêter. Ce terrein eft fillonné par des fentes, couvert d’inégalités, & toute la furface eft formée de terres ou de pierres qui ont éprouvé les effets d’une longue calcination : on y aperçoit quelques bouches par lefquelles s'élèvent des exhalaifons quelquefois enflammées: dans d’autres endroits, elles ne font lumineufes que la nuit. Si l'on approche de ces efpèces de foupiraux, on voit au-dedans la flamine circuler dans de vaftes cavernes ; il fe dépofe fur les bords & fur quelques parties . du terrein, des efllorefcences fülfureufes, de lalun, du fel ammoniac. | Souvent ces mines ont été allumées par des accidens que l'imprudence des Mineurs a caufés ; d’autres fois elles l’ont été par l’embrafement fpontané de tas de charbon détaché de la mine, & expolé à l'air & à l'humidité: enfin des caufes purement naturelles ont aufli produit ces incendies. En général, ces embrafemens n’occafionnent d'autre acci- dent que la confommation en pure perte, d’une denrée qui auroit pu ètre utile. Cependant on avoit efflayé d'éteindre le feu d'une de ces mines, en y faifant couler l'eau d'un petit ruiffeau ; & cette opération d'ailleurs inutile à Jobjet É qu'on DÉE SNS UCAFEL NC ETS 17 qu'on s’étoit propolé, a produit une petite éruption; un grand nombre de pierres aflez groffes accompagnées de cendres, ont été jetées au loin avec beaucoup de fracas, phénomène inexplicable avant que les nouvelles expériences fur la décom- pofition de l'eau, nous euffent appris combien, dans certaines circonftances , elle peut être propre à exciter l'aGivité du même élément dont en général elle arrète les ravages. Ces montagnes brûlantes font très-communes. M. Morand donne ici une lifte aflez longue de celles qui font connues des Naturaliftes : mais il leur eft arrivé quelquefois d'en augmenter le nombre d'après de fauffes apparences. Un terrein fitué entre quelques montagnes de Languedoc, a eu pendant plufieurs années la réputation d’être lumineux pendant la nuit, ce fait avoit été configné dans des Livres eftimés. Quel- ques perfonnes eurent la curiofité d’obferver cette lumière de plus près ; elles franchirent les montagnes une nuit que Île phénomène étoit très-vifible, & elles aperçurent au milieu d'un plateau fitué près d’un petit village, des femmes occupées à filer autour d’un feu de chenevottes. Il eft rare que des faits donnés pour des phénomènes extraordinaires, fe réduifent à un évènement d'un genre aufli fimple ; mais la leçon n'en eft alors que plus forte, & c’eft ce qui a déterminé M. Morand à en faire mention, OBSERVATIONS DS TS T'ON TEREEMNPA AU R EL, LE. Gise obfervations font au nombre de trois; 1a première a pour objet les chaux de fer qu'on trouve dans les bancs de fubftances fchifteufes qui recouvrent les mines de charbon: plufieurs de ces ocres reflemblent aux précipités retirés des diflolutions du fer par différens acides; uné, entr’autres, étoit abfolument femblable à un précipité de fer, obtenu par l'acide du fücre, que M. Sage a mis fous les yeux de l’Académie.” On avoit obfervé que plufieurs bitumes, dont l'odeur eft fétide , répandoient quelquefois une’ odeur aromatique & Hifl. 1781. V. les Mém, P- +5” V. les Mém. page 1. Page 5. 18 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE fuave; M: Morand a cherché le moyen de produire: à vo+ lonté ce phénomène, & il atrouvé que l'afphalte ou bitume de Judée, expolé au grand foleil,, dans un: vaifleau clos, acquéroit une odeur de benjoin très-fenfible.. On a vu dans le Volume des Mémoires de l’Académie, pour l'année 1780, les obfervations de M. Fougeroux, fur: du foufre trouvé dans les fouilles faites auprès de la porte Saint-Antoine; le terrein où ce foufre s’étoit formé étoit: une ancienne voirie : M. Morand en a trouvé de même dans les décombres d’une maïifon de la rue Guénégaut, fituée auprès d’un ancien égoût.. SLR LS AE N TOROINLE à Ox a donné le nom d’Aventurine à une ou à plufieurs efpèces de pierres qui reflemblent, à quelques égards, à une compofition artificielle qui porte le même nom. M. Sage a eu occafion d'examiner une de ces pierres;. & a trouvé qu'il falloit {a rapporter au genre des pierres: quartzeufes ; de petits grains de quartz en forment la plus: grande partie, & c’eft à eux qu'elle doit la propriété d’être: chatoyante,. \ Fe l a reconnu cette même propriété dans plufieurs efpèces: de feld-fpath, que l'analyfe lui. a. fait, diftinguer de la pierre: qu'il nomme aventurine. M. Daubenton, dans un autre Mémoire fur Îe même objet,. compare des pierres plus anciennement connues fous le nom d'aventurine , avec celle qui eft l’objet du Mémoire de M. Sage, & il croit que les premières appartiennent plutôt au genre des feld-fpaths ou fpaths étincelans, qu'à celui des. pierres quartzeufes : l’analy{e peut feule décider cette queftion. Elle eft un excellent moyen de diftinguer- les fubftances minérales, de rapprocher celles qui, différentes par des formes. plus où moins accidentelles , font cependant. d’une nature- femblable ; d'en. féparer d’autres qui affectent une même DE SVUSNCI TEL NC Ers. 19 forme, quoique compofées d’élémens d’une nature différente. Mais cette méthode peut avoir un inconvénient, celui de faire confondre des fubftances femblables à l'extérieur, & dont on n’a encore analyfé qu'un petit nombre d'individus. On eft alors tenté de conclure que tous auront la même compofition , & cette conclufion peut être précipitée. L'analy{e : chimique et donc un moyen qu’on ne doit employer en Hiftoire Naturelle qu'avec précaution : cependant il faut bien fe garder de le rejeter; en eflet, quand bien même il ne feroit pas Îe plus für ou le plus commode pour diftinguer en claffes, les fubftances du règne animal, il eft le {eul qui puille nous en faire connoître la nature ; il peut fervir à nous éclairer fur leur origine; & l’art des analy{es chimiques a été porté de nos jours à une affez grande perfedion pour être regardé comme un inftrument dont les opérations font préciles, & les rélultats certains toutes les fois qu'il eft manié par des mains habiles. CYy V. les Mém. page 34- 20 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoyaLE CHI MIE. SUR L'ANALYSE VÉGÉTALE M. LE COMTE DE Miczi donne ici les détails d’une méthode par laquelle il fe propofoit d’analyfer les fubftances végétales, & qu'il devoit étendre enfuite à celles du règne animal. A Il s’étoit procuré un appareil au moyen duquel il pouvoit appliquer aux fubflances qu'il vouloit examiner, un degré de chaleur à peu-près conftant, depuis la température de l'atmofphère jufqu'à celle de Feau bouillante. Pour cela ïk employoit une lampe où il plaçoit un nombre plus ou moins grand de mèches aufli égales qu'il étoit poflible, & dont if avoit déterminé l'eflet par des obfervations préliminaires. C’étoit à l'aide de cette chaleur qu’il faifoit parcourir aux fubftances qu'il vouloit analy{er les trois différens degrés de fermentation fpiritueufe , acide & putride. Il analyloit enfuite féparément une partie de chaque fubftance dans ces différens. états, en la foumettant à la diftillation par un feu gradué de la même manière, & en féparant les produits à mefure qu'à un degré de feu donné, la diftillation s'arrêtoit. M. de Mülli regardoit cette analyfe comme préférable à celle où l’on emploie la diflillation ordinaire; & en.efler, elle a l'avantage de diftinguer plus exactement les produits, & de dénaturer moins les principes immédiats des diflérens mixtes. Ia préféroit auffi à l'analyfe par les réactifs, à laquelle on peut fans doute reprocher {e défaut d'exiger beaucoup de DIENSNNSMENINENNAICUME NS, 2t fagacité & d’adreffe, foit pour en tirer des réfuliats précis, foit pour déduire de ces rélultats des conclufions un peu fûres, Il ya une autre efpèce d’analyfe encore peu connue, celle de Ja diflillation dans le vide, méthode que M. Turgot a propofée & employée le premier, qui a fur toutes les autres l'avantage d'enlever des mixtes leurs principes volatils fans prefque les altérer, & à laquelle nous ofons prédire que Yon devra un jour un grand nombre de réfultats chimiques importans & utiles. M. le Comte de Milli n'avoit encore fait qu'un petit nombre d’eflais de la fienne, lorfqu'il a 1ü ce Mémoire, & ces effais lui donnoient de grandes efpérances , mais il a cru devoir publier fa Méthode, au rifque de fe voir enlever Yhonneur des obfervations nouvelles, où elle auroit pu le conduire , & il a généreufement préféré l'avantage des Sciences à fa propre gloire. SUR LA FORMATION ET LA DÉCOMPOSITION DE L'EAU. [Se expérience faite par M. Macquer, en 1776, & qu'il rapporte dans fon Didionnaire, pouvoit faire foupçonner qu'il fe forme de l’eau dans la combuflion de l'air inflam- mable avec l'air commun. Au mois de Juin 1783, M. Lavoïfier qui, d’après des vues fondées fur une théorie déjà confirmée par beaucoup d’ex- périences, avoit préparé un appareil pour faire brûler dans des vaifleaux clos fair inflammable avec l'air vital, trouva qu'il réfultoit de cette combuftion un liquide qui n’étoit que de l'eau très-pure, & dont le poids étoit fentiblemeht égal à celui des deux airs employés. Il apprit alors que M. Ca- vendish avoit retiré de l’eau par la même opération, & peu detemps après, M. Monge , alors à Mézières, avoit, en em- ployant un autre appareil , fait la même expérience plus em V. Tes Mém, pages 468 & 269. 22 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE grand, & en avoit déduit le même réfultat, mais d’une manière plus précife encore, & par conféquent plus certaine, Cette expérience prouve que dans la combuftion de Fair inflammable & de l'air vital, il fe forme une quantité d’eau égale au poids de ces airs confidérés dans l'état de pureté, puifque la petite quantité d'air d'autre nature qui fubfifle enfuite, complète ce qui peut manquer au poids de l'eau. Rien ne fe perd dans cette expérience que la lumière & fa chaleur qui s’échappent au travers du vaifleau. I étoit naturel de conclure de cette expérience , qu'il feroit poffible de décompofer l'eau, & de féparer Fair inflam- mable de lair vital. Plufieurs expériences fembloient l'indiquer, & particuliè- rement celle par laquelle un mélange de limaille de fer & d'un peu d’eau, placé fous une cloche & fur du mercure, par M. Lavoifier, avoit produit une quantité confidérable d'air inflammable. En effet, le poids de la limaille de fer étoit augmenté dans cette expérience, celui de l'eau étoit diminué; & en la rapprochant de expérience précédente, il étoit difficile de n'en pas conclure que l’eau s’étoit décompofée & qu'elle avoit produit cet air inflammable qu'on obtenoit féparé , tandis que l'air vital s’étoit uni au fer. Cependant il fe préfentoit tous les jours de nouvelles preuves de cette formation de l'eau, M. Prieftley avoit rephlogiftiqué des chaux métalliques en les mettant dans des cloches rem- plies d'air inflammable, & placées fur l’eau, & en les expo- fant au foyer d'un miroir ardent, Dans cette expérience les métaux avoient perdu de leur poids, l'air inflammable avoit difparu, Fair vital qui fait partie des chaux métalliques s'étoit donc uni avec cet air inflammable & avoit produit de: l'eau. M. Prieftley avoit auffi revivifié des chaux métalliques dans Valkali volatil aériforme , & M. Lavoifier a obfervé qu'alors il fe forme un liquide, dont il fe propofe d’exa- miner la nature, & fur lequel ila fait déjà un grand nombre d'expériences. La revivification fe fait aufli, quoique d’une manière incomplète, dans l'acide fulfureux aériforme, Plus DES SCIENCES. 27 ces expériences fe multiplioient, plus if devenoit vraifem- blable que l’eau n’étoit pas une fubftance fimple , &les efpé- vances de fa décompofer acquéroient plus de force. Ce fut dans ces circonftances que la découverte des ma- chines aéroflatiques vint ouvrir un nouveau champ aux Phyfciens, IL devint important de pouvoir produire facile- ment & à peu de frais une grande quantité d'air inflammable, M. Lavoilier & Meufnier imaginèrent d’effayer de le retirer de l’eau : pour cela, ils firent tomber de l'eau goutte à goutte dans un tube de fer, plongé dans des charbons ardens de manière à refter conftamment rouge, un ferpenteau étoit adapté à l’autre extrémité , un bocal recevoit l’eau qui échappoit à cette épreuve , & un tuyau conduifoit le fluide aériforme qui {e formoit., dans un appareïl propre à le recevoir : par ce moyen, il fe produit très-promptement une quantité très- grande d’air inflammable. L'intérieur du canon fe calcine & {e tapifle d’une fubftance noire, luifante,. non malléable, & qui, fi on la réduit en poudre ,. paroît un véritable éthiops martial. Cette expérience, quoique faite très en grand, n’a pas encore fatisfait M. Lavoifrer. Il étoit néceffaire de connoître le poids de l’eau qui avoit échappé à Ja décompofition, celui de air inflammable; & enfin, l'augmentation de poids du canon de fer, & la fomme de ces poids réunis devoit: fe trouver égale au poids de l'eau employée : mais a. partie extérieure du canon de fer auroit pu étre calcinée en partie, du moins on auroit pu le foupçonner, & dans des expériences deftinées comme celles-ci, à établir des faits importans, & à confirmer des.théories nouvelles, on ne fauroit prendre trop de précautions pour prévenir jufqu'aux moindres prétextes faifis alors avec tant d'empreffement. Cependant, M." Lavoifier & Meufnier avoient eflayé de retirer air inflammable de l'eau, en y plongeant différens corps dans l'état d'ignition, & ils avoient ouvé que parmi les métaux, le zinc feul avoit comme le fer la propriété de dégager Y'air inflammable. Ainfi, en employant untuyau de cuivre , au lieu d’un tuyau de fer, & en mettant: dans ce tuyau des morceaux de fer pélés avec précifion,. on 24 H1SToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE eut déterminer augmentation de poids que l'union avec J'air vital a fait acquérir au fer: aufli, en répétant l'expérience fous cette nouvelle forme, M. Lavoifier a trouvé l'égalité qui devoit avoir lieu entre le poids de l'air inflammable ajouté à l'augmentation du poids du fer, & celui de l’eau décompolée. Cette théorie de la décompofition de l'eau donne l'expli- cation de plufieurs phénomènes importans. Par exemple, on a prouvé par l'expérience, que l'eau feule fufifoit à la nutri- tion des plantes: or les plantes font combuftibles; on fait d’ailleurs par les expériences de M. Ingenhouz, que les végétaux exhalent une quantité abondante d'air vital Ne doit-on pas en conclure que l’eau dont ils fe nourriflent , fe décompofe dans la végétation, & que fair vital qui en fait partie {e dégage, tandis que l'air inflammable s’unit avec le végétal, & fert à la formation des fubftances inflammables qui en font partie? La fermentation fpiritueufe eft un autre phénomène où Jon peut obferver également cette décompofition. Si l'on fait bruler de Fefprit-de-vin dans un appareïl propre à recueillir les vapeurs qui s’en dégagent, on obtient une quantité d’eau pure fupérieure en poids à la partie de l’efprit-de-vin qui a été confumée, cette eau eft produite par l'union de l'air vital qui fert à la combuftion, avec l'air inflammable fourni par l’efprit- de-vin. On peut donc fuppoler que, dans la fermentation fpiritueufe d’une diflolution de fucre dans l’eau , par exemple, l'air vital fe combinant avec la partie charbonneufe de fucre, forme l'acide crayeux ou l'acide charbonneux aériforme qui fe dégage avec tant d’abondance dans cette fermentation, tandis que air inflammable combiné avec cette même partie, forme de l'efprit- de- vin : en effet, lefprit- de- vin, en brülant , & par conféquent en fe combinant avec l'air vital, produit de l'acide crayeux aériforme , preuve qu'il contient la même fubftance qui dans le charbon contribue à la for- mation de cet acide. La théorie que M. Lavoifer a publiée, fur la formation & la décompofition de l'eau, n'a pas été adoptée généralement par Dies, YSSC AE MN CIE S à! 24 par, les Chimiftes; & cependant on peut dire que peu de théories chimiques font appuyées fur des expériences plus fimples & plus concluantes. On ne peut nier que l'air inflam- mable & l'air vital ne donnent de l'eau, que l’eau ne pro- duife de fair intlammable &, de l'air vital: comme on n'a néoligé dans cette opération, que Îa lumière & la chaleur qui {e font ou combinées avec l’eau, ou féparées des fubf- tances aériformes par la combuftion, il faut ou reconnoitre que l'eau eft formée par ces deux fluides, moins la quantité de fumière & de chaleur, qui en failoit peut-être une des parties conftituantes, ou que chacun de ces fluides n’ef que l'eau combinée avec la iumière &. la chaleur, de deux manières différentes. Jufqu'ici aucune expérience directe ne détruit ni ne confirme aucune de ces deux opinions, il femble qu'on doit pencher vers celle des deux ui paroît la plus naturelle, la plus fimple, & alors tout l'avantage ne doit-il pas être pour celle de M. Lavoilier? Jufqu'à ces derniers temps on fuppofoit en Chimie, qu’un corps qu'on voyoit fe former par la réunion de deux fubftances, en étoit une combinaifon; on le regardoit comme un mixte dont ces deux fubftances étoient les élémens immédiats: les nouvelles expériences ont fait regarder ce principe f1 fimple enlui-même, comme fujet à quelques exceptions, de principe coniraire qui en. eft une fuite, a été également ébranlé; & on pourroit comparer la Chimie, dans fa fituation actuelle, à ces États qui, n’ont jamais été plus près d'obtenir une bonne conflitution, que lorfqu'ils paroifloient ,. par leurs diflenfions inteftines, menacés d'un bouleverfement funefte, CE DELTA NFIO RDA TITO N DE LACIDE.CRAYEUX AÉRIFORME. lus expériences de M. Lavoifier, fur les fubftances aéri- formes, font dirigées par un fyflème pénéral qu'il s'eft formé d'après des faits, mais qu'il cherche à confirmer encore par, Hiff. 1787, D V. les Mém, page 448, 26 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE de nouvelles expériences, & ce Mémoire fur la formation de l'acide crayeux aériforme, eft deftiné à donner la preuve des conjectures qu’il avoit avancées dans d’autres Mémoires. Lorfque l’on brüle du foufre ou du phofphore dans l'air vital, il fe forme de l'acide vitriolique ou phofphorique, l'air vital efl abforbé & entre fans aucune perte, quant au poids, dans Ja compofition de ces acides, mais il fe dégage de la lumière ou de {a chaleur, & M. Lavoifier en conclut que l'acide vitriolique eft l'union du foufre avec un des principes de Fair vital, & l'acide phofphorique , la combi- naifon du même principe avec le phofphore. Ce principe, M: Lavoifier l'appelle principe oxygine, parce qu'il fe retrouve encore dans l'acide nitreux, formé par le mélange de l'air nitreux & de l'air vital, & qu'il croit le retrouver également dans l'acide crayeux aériforme. Le charbon contient de la terre, de l’alkali fixe, de l'air inflammable qui s'en fépare par la calcination dans un creufet luté, @ une fubflance combuitible en entier: c'eft à cette fubftance feule que M. Lavoifier donne le nom de /xbflance charbonneufe. Si on fait brüler une quantité donnée de charbon dans un volume donné d'air vital, placé fous une cloche plongée dans du mercure, & qu'on abforbe l'acide crayeux aériforme qui s’eft formé par le moyen de falkali volatil cauftique, on aura, en pefant ce qui refte de charbon, la quantité de Jubflance charbonneufe qui a été confumée. Comme l'air vital qui refle eft aufli pur que celui qu'on a employé, on connoît également le poids de ce qui en a éié abforbé, & l'on a aufli le poids de l'acide crayeux qui s'eft formé par ia com- binaifon des deux autres fubftances : ce dernier poids devroit être égal à la fomme des deux autres, & il fe trouve cependant une différence. M. Lavoilier a conje@uré que l'air inflammable contenu dans le charbon, s’étoit uni avec une partie de l'air vital, & avoit formé de l'eau: des gouttes obfervées contre les parois de la cloche & für le mercure, confirmoient cette conjecture ; M, Lavoifer l'a adoptée, a fait le calcul d’après DE LS SAC AIRE, Ni CES. 27 cette hypothèle, & en fuppofant l'eau compofée d'air vital & d'air inflammable, dans les proportions qu'il a établies , il a déterminé la quantité reflante d’air vital employée à former l'acide crayeux aériforme, & par conféquent la proportion de la fubftance charbonneufe & de l'air vital qui entrent dans fa compofition. Cette proportion eft d’un peu plus de foixante-onze parties d'air vital ou du principe oxygine qui en fait partie, & d’un peuÂmoins de vingt-neuf de matière charbonneule., a employé enfuite dans la même expérience du charbon privé d'air inflammable avec grand foin, alors il ne fe forme point d'eau; & fr l'on cherche la proportion du principe oxygine & de la matière charbonneufe employée à former l'acide crayeux, on la retrouve fenfiblement la même, II a fubflitué la cire au charbon, elle a paru formée entiè- rement de fubflance charbonneufe & d'air inflammable: il s’eft formé de l’eau, & en faifant le même calcul que dans la première expérience, on trouve encore la même proportion dans les principes de l'acide crayeux. M. Lavoifier a examiné enfuite le réfultat de la revivif- cation du mercure précipité per fe, fans addition ou avec addition de charbon; dans le premier cas il ne fe dégage que de l'air vital; dans le fecond il fe dégage de l'air vital & il fe forme de l'acide crayeux aériforme , & le calcul donne encore la même proportion. Enfin, la revivification du #inium, fi Von tient compte de l'acide crayeux qui eft déjà contenu dans cette fubftance, a donné encore un réfultat femblable. Voilà donc l'air vital qui en s’uniflant à une fubftance combuftible forme un acide fans aucune diminution de poids, fans aucune autre perte que le dégagement de la lumière & de la chaleur ; & ce fait femble devoir confirmer la dénomination du principe oxygine donné à l'air vital ou à celui de fes principes qui entre dans ces combinaifons, D ji; 28 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE SUR LA DECOMPOSITION DU NITRE. V. les Mém. Le nitre fe décompofe lorfqu'il eft diftillé feul, ce"phéno- page 21. mène étoit connu, mais il n'avoit pas été examiné dans toutes fes circonftances, avec cette exactitude fcrupuleufe que l’on exige aujourd'hui des. Chimiftes : M. Bertholet a répété cette expérience, & il obferve que dans cette opéra- tion il paile une quantité d'air vital prelque égale en poids à la moitié de celui du nitre, & qui reprélente par conféquent la totalité de d'acide nitreux : une petite portion d'air acide crayeux alière, dans le commencement de l'opération, la pureté de V'air vital, qui-vers la fin fe-trouve mêlé. d'air phlogiftiqué ou air réduit, c’eft-à-dire, de cette fubflance aériforme qui refte lorfqu'on a féparé de l'air atmofphérique ce qu'il contient d'air vital & d'air acide crayeux. Le réfidu eft une fubftance alKaline combinée avec Ia terré de la cornue qui’ s’eft diffoute pendant la diftillation. Une feule opération ne fuffit point pour décompoler uñe quantité de nitre donnée , quelquefois il échappe quelques portions d'acide nitreux,.il fe fublime auflr du nitre, & dans: deux états; fi ce nitré a un libre contact avec l'air vital qui: fe dégage, on a du nitre ordinaire ; fi ce contact n'eft pas libre, on obtient une efpèce de nitre formé par la combi: naïlon de l'air nitreux avec d'alkali. M. Bertholet.a décompolé enfuite le nitre mêlé avec trois grains de: charbon par gros, mais il n'a pas dans cette opé- ration employé le charbon ordinaire, il {ti a fait éprouver auparavant une diflillation, pendant laquelle il s'éleve du charbon un huitième de fon poids d’air réduit, mêlé d'acide crayeux & d'air inflammable: la décompofition du nitre, quand il éft mêlé avec le charbon äinfi préparé, né donne plus d'air vital pur, mais un air mêlé d'acide cr'ayeux &' d'air réduit; fr on porte la-proportion du charbon jufqu'à fix grains, la quantité d’acidé crayeux & d'air réduit, aug-* ' s Dies it SûC ME N° °C EE" 5 29 ente confidérablement ; avec le foufre & l’arfenic on obtient de l'air nitreux; fi on emploie les métaux en différeies proportions, on obtient d'autant plus d'acide crayeux, que l'on a employé plus de métal pour une quantité donnée de nitre. e ces expériences, M. Bertholet conclut, 1.° que l'air n'treux eft l'acide du nitre furchargé de phlogiftique; cet air eft mifcible à l'eau, & forme alors avec les alkalis; un {el différent du nitre ordinaire: 2.° que l'air réduit ou phlo- giftiqué, & l'acide crayeux , font formés par l'air vital combiné avec différentes quantités de phlogiftique, IL termine fon Mémoire par des réflexions fur l’exiftence de ce principe admis prelque généralement il y a quelques années, & aujourd'hui regardé comme inutile par plufieurs Chimiftes auxquels M. Lavoifier en a donné lexemple. Peut-être les deux opinions ne font-elles pas aufli oppolées qu'elles le paroïffent au premier coup-d'œil; on convient d'un côté que la doétrine de Sthal doit néceffairement être modifiée ; on admet de l'autre, des combinaïfons ou des dégagemens de lumière & de chaleur, dont le fecret eft encore inconnu; enfin, ne pourroit-on pas obferver que ces opinions font déjà un peu moins éloignées qu’elles ne l'étoient d'abord? & n'eft-on pas en droit d'elpérer qu'après quelques nouvelles expériences qui reftent à tenter, elles fmiront par fe réunir ? s LERE EVA DISTILLATION DES ACIDES MINÉR AUX. Ces opération a préfenté à M.* de Laffone & Cornette, deux phénomènes finguliers & dont on peut tirer quelque avantage, vu l'utilité des acides minéraux dans la Chimie & dans les Arts. Si on diftille un mélange de deux de ces acides, foit que le mélange ait été fait à deflein, foit qu'on le trouve tout formé dans les acides minéraux du Commerce & des V. les Mém, page 645, o HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALE 3 Manufadtures, on obtiendra le plus pefant de ces acides dans un très-grand degré de pureté, pourvu que fa diftillation foit faite avec précaution, & qu'on ait foin de fraéturer les produits. Cette méthode eft fimple, peu coûteufe & moins fujette qu'aucune autre à introduire dans l'acide qu'on veut avoir pur, une fubftance étrangère à la place de celle qu’on en a voulu chafler. En diftillant ces acides dans l'état de pureté, les mêmes Chimiftes ont obfervé que, s'ils font foibles, les parties qui pañlent les premières font les moins concentrées, & ainfi de fuite; en forte que les dernières parties donnent un acide plus pefant & plus fort. Si au centraire l'acide a déjà obtenu un certain degré de concentration, c’eft vers le milieu de {a diftillation qu'on obtient l'acide le plus fort & le plus pefant. Ce phénomène très-fingulier en lui-même, pourroit offir le moyen de concentrer les acides a un très-haut degré, par des diflillations répétées, DEASMISNCNM ENNNC ES: 3r STR LES ÉLECTIONS PAR SCRUTIN. Dix: les élections par fcrutin, on emploie ordinairement V.1es Me. l'une de ces deux méhodes, ou lon regarde comme élu celui des candidats qui a obtenu le plus de voix, ou bien l'on préfère celui qui après des fcrutins répétés, fe trouve réunir le premier plus de la moitié, plus des deux tiers des voix. Cette feconde méthode fuppofe néceffairement qu'un cer- tain nombre des votans finiflent par fe déterminer pour celui qu'ils jugent le plus digne, non entre tous les concurrens, mais dans le nombre de ceux qu'ils croient pouvoir réunir un nombre fufhfant de voix. Ainfi, par ce moyen on parviendra non à choifir le candidat qui a le plus de mérite, mais à donner la place à un homme que la pluralité n’en juge pas indigne, & on paroît chercher moins à faire le meilleur choix qu'à s’aflurer de n'en pas faire un mauvais. C'eft particulièrement de la première méthode qu'il s’agit dans le Mémoire de M. le Chevalier de Borda. Il obferve d'abord que dans les élections faites fous cette forme , le vœu apparent de {a phuralité peut être contraire au véritable vœu. Par exemple, f on fuppofe trois candidats qu'on ap- pellera À, B, C, & qu'il y ait eu huit voix en faveur de À, fept en faveur de 2, & fix en faveur de C, À obtient la pluralité ; mais par cette manière de voter, on fait feule- ment que huit perfonnes ont préféré À à fes deux concur- page 057. 32 HisToiIRE DE L'ACADÉMIE RoYALE rens, mais on ignore fi elles préfèrent 2 à C. On fait que fept préfèrent À à À & à C, mais on ignore à qui de À ou de C elles donnent a préférence. Enfin, l’on ignore éga+ -ment quelle eft fur le mérite de À & de 2, l'opinion des fix qui ont voté en faveur de C: Cependant fi les huit votans pour À, avoient préféré C à B, fi les fept votans pour PB, avoient préféré C à À, fi les fix Votans pour C avoient préféré B à À, il s'enfuivroit qu’il y auroit treize voix contre : huit pour préférer B à À, weize voix contre huit pour pré férer C à A; ainfi À auroit dû être exclu. Mais il y a auffr quatorze voix contre fept pour préférer € à B, C par con- féquent auroit dû obtenir la préférence. Le véritable vœu dela pluralité auroit donc été précifément pour C’ qui a eu le moins de voix, & À qui en a eu le plus, eft au contraire celui que le vœu de la pluralité place réellement le dernier. Après avoir fait fentir le défaut de la méthode ordinaire, M. de Borda propole un moyen d'y remédier. $ 11 demande d’abord que les votans donnent chacun Ia lifle des candidats, fuivant l’ordre de mérite qu'ils leur fuppofent, ou bien qu'ils prononcent fur le mérite des candidats com- parés deux à deux. Au refte, il eft aifé de voir que cette lifte, fuivant l'ordre de mérite, étant donnée, on peut en tirer le jugement qu'a prononcé Îe votant fur fe degré de mérite de deux concurrens quelconques. M. de Borda fuppofe enfuite dans le concurrent placé le dernier, un mérite qu'il repréfente par une quantité indé- terminée ; le degré de mérite de celui qui le précède immé- diatement, fera repréfenté par cette quantité, plus une autre qui exprime fa fupériorité; pour avoir le mérite du troifième, on ajoutera encore cette même quantité; en forte que le mérite de celui qui a trois ou quatre de fes concurrens après lui, fera exprimé par la quantité qui exprime le mérite du dernier, plus, trois fois ou quatre fois la quantité toujours conftante qui repréfente la différence de fupériorité de mérite entre deux concurrens placés immédiatement: J'un après l'autre. On DIE SO LCI IE NC Es, 33 On aura par ce moyen le mérite qui réfulte pour chaque “ôncurrent du vœu d'un des électeurs; prenant enfuite'[a fomme de chacune de ces valeurs donnée par chaque vœu, on aura la valeur qui réfulte du vœu général pour le mérite de chaque concurrent; & le candidat pour qui cette fomme eft la plus grande, eft celui en faveur de qui le vœu de la pluralité s’eft expliqué, La valeur de mérite fuppofée à celui qui eft placé le dernier, étant accordée pour tous les électeurs à tous les concurrens, eft égale pour chacun. La valeur qui doit y. être ajoutée, eft proportionnelle à celle qu'on regarde comme repréfentant la différence de mérite entre deux concurrens confécutifs, & par conféquent elle n'entre point dans la comparaifon qu’on peut faire des mérites refpedifs réfultans de l'élection: ainfr on peut la regarder comme repréfentant l'unité ou le degré de mérite. Enfin le multiple de ce degré de mérite qui répond à chaque concurrent, eft précifément égal au nombre de fois que dans les comparaïlons {ucceflives faites entre deux concurrens, il auroit obtenu la préférence; & par confé- quent c'eft en faveur de celui qui l’a obtenue un plus grand nombre de fois, que a pluralité s'eft déclarée. Dans fexemple précédemment choifi, nous trouverons que À ayant été placé huit fois le premier & treize fois le dernier , il en réfultera pour lui feïze degrés de mérite plus la valeur commune à tous. À ayant été placé fept fois le premier & fix fois le fecond, if en réfultera pour lui vingt degrés de mérite plus la même quantité. € enfin ayant été placé fix fois le premier & quinze fois e fecond, aura vingt-fept degrés de mérite; & l'on voit que chacun de ces nombres eft égal au nombre de fois que chaque Le premier Mémoire ‘que M. Bertin ait donné après fa maladie, a pour objet la circulation du fang dans le foie du fœtus : il‘continua ce travail dans deux autres Mémoires: & peut - être aucun de fes Ouvrages ne renferme de preuves moins équivoques d’un véritable talent, Le fang deftiné au 64 HISTOIRE DEMLACADÈMIE RoxyALE fœtus, pañle du placenta: dans la lveine jombilicale;..cette veine fournit: d’abord. au foie plufieurs, rameaux, &,ces rameaux font les feules veines qui, à cette époque, circulent dans le lobe gauche:& dans une partie idu lobe droit de ce vilcère: enfuite ‘après lun: trajet aflez court, la, veine émbilicale fe partage em1deux grofiés branches , J’uney eft terminée par un canal plus étroit: qu'on nomme le canal veineux , & qui, s’abouchantavecile tonc ou avec quelques unes des branches de la veine-caye, porte au cœur ue partie du fang que'le fœtus reçoit du placenta. La feconde branche de: la veine ombiälicale s'unit à la veine-porte,..& forme avec elle une: efpèce. de ‘confluent qui fe partage -en+ fuite en différentes branches ; & c'eft de-là que partent:les vailleaux qui nourriffent lé refte du {obe droit du foie: De ces diflérentes branches, les unes, après plufeurs fubdivi, fiôns, s'uniflent avec les branches de la veine-cave nommées feines hépatiques, pat des anaftomofes: fenfibles, dont J'exif tence/méconnue ou niée par: la plupart des! Añatomiflesi,114 été cônflatée par M. Bertin: les autres fe joignent-aux.:mêmés veines; par”des anaftomoles infenfibles à travers; les grains élanduleux ‘dont ‘la fubftance: du :foie: ef: compolée:.Gette . doublecefpèce de communication {ubffle dans l'aduhes: 8e c'ett’phi cétte/raifon/0 juillet 1762: Journal Encyclopéd. mai 1762, page 123. Tranfaë, Philofophiques , collection de Dijon , tome V7; page 74 \ (h} Année 1757: Hiftoire de l’Æ- À cadémie Royale des Sciences, ÿ, 2: Y ji 472 MÉMoOïtRESs DE L’ACADÉMIE ROYALE s’allumérent & confumèrent la maifon: ce fait eft rapporté par: Urbain Hierne fi). Il n'y a rien de furprenant que le charbon de terre, aié plus ou moins avec des pyrites, des fels vitrioliques & alu- mineux f4), vienne à s’allumer dans fa propre mine, par le concours de certaines circonftances, où puifle conferver le feu qui sy feroit allumé par des imprudences. Ce feroit m'écarter pour le moment de mon fujet, que de m'arrêter à celles qui donnent lieu à cet accident en général, elles font connues, pour la plupart, dés Naturalifies & des Phyficiens, elles ont été rapprochées dans la defcription de l'art d’ex- ploiter les mines de charbon de terre. Dans le grand nombre de pays, dont le fol donne dù charbon de terre, il en eft où quelque portion de mines in- cendiée, n'eft extérieurement que chaude & brülante; d’autres où l'embrafement fe manifefte évidemment & plus complé- tement; car les fignes de ce feu fouterrain, ont été, ou font dans les unes ou dans les autres de ces mines, plus ou moins confidérables, plus ou moins vifibles à l'œil, felon que le feu eft plus ou moins près de la fuperficie, ou felon qu'il eft gêné dans fa progreffion, où qu'il vife à fa fin: plufieurs endroits où l’on connoît de ces mines brülantes, font cités chacun à leur place, dans la defcription de l'art d'exploiter les mines de charbon de terre; je ne pourrai me difpenfer d'y renvoyer quelquefois. Depuis limpreffion de cet Ouvrage, je me fuis occupé féparément de nouvelles recherches de détails fur plufieurs articles, & notamment fur ce qui concerne ces mines de charbon en feu; je me fuis procuré de diflérens pays, où il y a de ces montagnes incendiées, des relations exactes & circonftanciées ; j'ai eu foin, tant que la chofe a été prati- cable, que ces relations fufflent accompagnées de pièces (i). Ala chimica Holmienfla, | charbon de terre, Z'* varie, vage om. 1, Parafceve. 371 (4) Art d'exploiter les mines de DES SCIENCES. 173 juftificatives de l’état incendié de ces mines, d’une fuite d'échantillons de leur couverture extérieure; cette colieétion étalée fur une table, figure une repréfentation efquiflée de la furface brûlante de ces montagnes; en y ajoutant enfuite l'examen de ces matières de tout genre, des différentes alté- rations qu'elles ont éprouvées, foit par l'air, foit par le feu; l'examen des exhalaifons falines dont elles peuvent fe trouver encore imprégnées, lorfqu’elles ont été recueillies avec foin, & tranfportées avec ménagement, on parvient, fans fortir de fon cabinet, à fe former une connoiflance ébauchée de ces montagnes brülantes, & des différens produits de ces feux fouterrains de mines de charbon: mais que de chofes ces débris féparés, ces pièces sèches & mornes, s’il eft permis de s'exprimer ainfi, laiflent à defirer au Phylicien, hors d'état d'aller lui-même obferver ces fubftances, fur 1a place où la Nature eft agiffante & pour ainfi dire animée? Auñi le Natu- ralifle qui a voyagé, fe perfuadera fans peine, que de tout mon travail particulier fur ces mines en feu, il n’en étoit rélulté pour moi que des aperçus de points de queftions intéreffantes à approfondir. Tranfporté, par occafion, dans une de nos provinces méridionales, où une grande étendue de terrein à charbon eft boulverfée en trois endroits par un embrafement fpontané, ce fpeétacle offert à mes yeux, a feul développé, lié & fixé toutes mes idées fur ce fujet. En cherchant à les expofer dans le détail dont elles m'ont paru fufceptibles, la notice circonftanciée que j'avois raf- femblée de ces mines en feu dans les quatre parties du Globe, m'a préfenté d'abord pour premier Mémoire, un corps d’hiftoire de ces mines brülantes de charbon; il fera particulièrement intéreffant par mon attention à méitre fous les yeux de l’Académie tout ce que j'ai pu raffembler dans mon cabinet, de deffus quelques-unes de ces non- tagnes, foit en fubftances terreufes ou pierreufes altérées par le feu, foit en fubftances bitumineufes, falines & fubli- mées, telles que le foufre, le vitriol, V'alun, le Jel ammoniac ; toutes ces eforefcences, ces volatilifations s’y rencontrent 174 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE plus ou moins abondamment dans différens états de pureté, & il eft fouvent ailé d’en ramafler fans peine fur quelques- unes de ces montagnes. Ces mêmes mines brülantes de charbon, confidérées fous différens points de vue phyfiques & économiques, que je p'avois d'abord fait qu'entrevoir, formeront un fecond Mé- moire : pour le moment je m'en tiens au premier, qui ren- fermera une notice générale de ces mines embrafées dans les quatre parties du Monde //), En commençant par le Continent méridional, l'Amérique ou le nouveau Monde, diftingué fous le nom des /ndes occidentales, prélente ce phénomène, dans fa partie feptentrionale; une des principales mines de charbon de la nouvelle Angleterre, avoifinant le Canada, & dont Bofton eft la capitale, éprouve la dévafta- tion d’un embrafement fouterrain de ce genre. ë A la nouvelle France, autrement dite Cuzada, dans le petit havre appelé Baie indieune, une mine qui a donné fon nom au Cap au charbon, prit feu en 1752, & entraina la def truction d’un Fort que les Anglois avoient fait conftruire dans cette baie, vraifemblablement près la mine. Piufieurs parties de notre Continent renferment des por- tions de terreins enflammés, dont quelques-uns font terreins à charbon. L'Afrique eft remarquable par un endroit où il paroît du feu à l’exérieur /m); cet embrafement eft-il volca- nique ? appartient-il feulement à la première épaifleur fuper- ficielle du terrein? ce que rapportent les Auteurs qui en ont écrit, ne peut aïder en rien à décider cette queftion; mais deux remarques peuvent, à mon avis, en rendre la difcuffion (1) Celles de ces mines fur lef- quelles je m'étendrai particulière- ment, fe trouvant dans la partie que nous habitons, j'ai cru devoir, dans Ténumération , m'écarter de Îa di- vilion_ géographique reçue ordinai- rement, pour finir par l'Europe, où d’ailleurs on connoît un plus grand nombre de ces mines cho (m) Æthiopum juxta Hefperurm montem, ftellarum mcdo, campi nou nicent, Maximo ardet incendio Theon- Ochema diélum æthiopum jugum , torrentefque, Solis ardoribus, flammas egerit, Bernardus Cæfus Mutinenfis. Mineralogia feu Philofophiæ naturalis Thefauri, hd, 1, c. y11, fe, IL, DES ScrTENCcESs. 173$ importante : le charbon de terre n’eft pas plus étranger à Afrique qu'aux trois autres parties du Globe, il fe trouve du jayet dans une des iles dépendantes de l'Afrique (l'ile de Fer), dans l'Océan, vis-à-vis les côtes occidentales ; & précifément la montagne en feu dont parle Cæfius, eft celle appelée aujourd'hui ferra leona, où montagne des lions, fituée fur la côte occidentale de Guinée près le cap Tagrin; enfin fa defcription efquiffée du feu extérieur dans cette partie de l'Afrique, fe rapporte, on ne peut davantage, ar fa manière d'être umineufe pendant la nuit, à ce qui s'obferve fur la plupart des mines de charbon embrafées fpon- tanément /n); l'Ancien Continent préfente ce phénomène dans toutes fes parties. En Afie, trois terreins à charbon font dans cet état d’em- brafement ; dans la partie la plus orientale, on en connoît un près Kujanoffa ou Kujanoski, ville du Japon, dans l'ile de Kiufiu, province de Chiengien, qui occupe le nord de cette Ifle, & au fud de Kokura, où fe fait le paflage de l'ile de Kiufiu dans celle de Niphon. On ne peut dire fi le quartier d’Æepheffium dans Y Afie mi- neure, eft aufli terrein à charbon (0); mais je n’héfite point à ranger parmi les mafles de charbon embrafées, objet de ce premier Mémoire, la fameufe montagne, défignée par tous les Ecrivains, Naturaliftes, Poëtes ou Hifloriens qui en ont parlé, fous le nom Chimæra:, qui a donné Iieu à la fable /p) ; cette montagne enflammée /g), fait partie de la chaine du Cragus, portion du mont Taurus, & eft placée à l'extrémité méri- (n) Afin d'éviter dans la fuite de ce Mémoire, les renvois à ces différentes notices, ou les répétitions, j'ai jugé à pe d'en détacher quelques particularités qui fe trou- veront placées ailleurs. (o) Hepheftion locus Lyciæ mi- rabilis, Senec. epift. 8o. Hephefhi montes, tæd@ flammante tac fla- grant adeù , ut lapides quoque rivorum ÊT arenæ , in ipfis aquis ardeant, à Virgil. Eneïd. aliturque ignis ille pluvüs. Baculo fi quis ex üs accenfo traxerit fulcos, rivos ignium fequi anotant. Caæfi Mineralog. p. 119. @) Huic monti fabula chimæræ affingitur, Chimæra monftrum eff quod Jflarminas evomit, caput leonis habens, ventrem autem capræ, ÊT caudam draconis. Strabon. (g! Flammifque armata chimæra, Éb. VI, 176 MÉmotres DE L'ACADÉMIE ROYALE dionale, où elle forme ce qu’on appelle les /epf caps (r). Il eft plus que raifonnable de préfumer que cette haute mon- tagne eft un terrein à charbon, lorfqu'on vient à faire attention que dans cette même province, au pied d’une chaine de montagnes qui s'étend du cap Chelidoni vers le Nord, eft fituée la ville de Gagas, fur une rivière du même nom, où fe trouve le charbon de belle efpèce, appelé par Diofcoride, Gagas, de l'endroit où ils’en trouve, & que nous nommons Jayet. Me renfermant ici &ans la fimple notice des mines de charbon en feu, je ne m'arrêterai pas davantage à rendre raifon du fentiment où je fuis, en caraétérifant ce terrein, montagne à charbon ; & non volcan ; je renvoie une autre remarque fur laquelle je me fonde, à mon fecond Mémoire {/), auquel cette remarque fe rapporte effen- tiellement. + Nombre d'endroits brülans à la fuperficie dans différentes parties de l'Europe, font conftatés terreins à charbon; au nord de l'Europe, les îles Britanniques en offrent plufieurs exemples. En Warwick-Shire , entre Bermingham & Wolver- Hampton, il y a une étendue confidérable de terrein à charbon, d’où l’on voit fortir {a flamme. Dans le Flint-Shire, à Moftyn, il fort de temps en temps d'une mine de charbon, des exhalaifons de couleur bleue; celles-ci prennent feu avec explofion. À Penfneih-Chafens, une mine embrafée, par la vapeur fouterraine qui s'eft allumée à une chandelle , donne depuis ce temps de la flamme & de la fumée, (r) La fidion attachée à cette montagne, pourroit bien n’être tout fimplement qu’une defcription fieu- rée de quelques-unes de ces avances de terre dans la mer; par rapport aux reffemblances eroflières & fan- taftiques que peuvent avoir quel- ques-uns de ces caps, vus de loin; les Marins donnent fouvent le nom de pareils fimulacres, aux pointes de terre qui fe découvrent en mer. (f: A Bengale-en-Chetagou, fitué à environ un mille & demi d’Ifla- mabad, fur le Gange, vers fon em- bouchure, un roc dont il fort, en quelques endroits, une flamme foi- ble, couvre peut-être une mine-de charbon, Dans D &15:08 10 AXE AN, © Es, 377 Dans la partie fituée du côté du Nord , nommée par cette raifon Northumbrie, Northumberland, une des mines du terri- toire de Newcaflle, Yun des plus riches en mines de char- bon de terre, éprouvoit à la fin du fiècle dernier, un em- brafement fouterrain ; elle fait le fujet d’un article du Volume des Tranfactions Philofophiques, pour l'année 1676 (1); depuis ce temps, aucun Ecrivain n'en a parlé : ce qui don- neroit à foupçonner que ce feu fouterrain a ceflé. Quoique la notice en foit encore incomplète, & pour la date pre- mière de cet embrafement, & pour quelques particularités qui ne feroient peut-être pas indiflérentes, je trouve néan- moins que de toutes les mines de charbon embrafées qui ont donné matière à obfervations publiées jufqu'à ce jour, celie-ci eft la plus remarquable, en ce qu'elle eft la première du moins où le /e/ ammoniac ait été reconnu, pour ainfi dire, naturellement & fans aucun concours de la Chimie doci- maltique : non-feulement le Docteur Hodgfon affure avoir ramaflé une très-grande quantité de ce fel dans des fours à brique, chauflés avec le charbon de terre de cette carrière; mais il l'a trouvée encore en grande quantité parmi les évaporätions falines du feu fouterrain; cette fubftance eft citée dans lOuvrage de Wallerius, parmi les fels ammo- niacaux (u). . Dans la partie méridionale de la Grande-Bretagne, en Écofle, entre le golfe d'Édimbourg & la barre de Tay, il fe voit à Kyrkaldi, dans une plaine appelée Dyfert Moor, Ericetum Deifertium, diftant d'Édimbourg de vingt milles, un grand terrein à charbon, Area carbonum, qui brüle fpontanément. Voyez Art d'exploiter les Mines de charbon, page 504. Voyez Cafus, Minéralog. Lib, 111, page 3 50. On en connoît encore une autre dans le pays de Werdy, à Eift de Lefth, entre le Sutherland, le Strathnaver, & Caithnefs. (t) IN 130, art, ?, p. 762. (u) Sal ammoniacum viride (e) a Léure du Docteur Lucas Hodgfon, | vitriolo forfan (e fodinis New cajtle) . Médecin à Newcaftle, Syftema mineralog. tom, 11, p. 754 Min. 1781: Z 178 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE Dans le grand pays, fitué au milieu de Europe, & dans fon voifinage, il exifte un aflez grand nombre de mines de charbon enflammées. Dans la bafle Autriche près de Lublyo, voifinage de Vienne, un champ a commencé, vers les derniers jours de Mai 1779, à brüler fpontanément, la fumée a la même odeur que celle du charbon de terre; on cherchoit alors à éteindre cet embrafement fx}. Dans la partie méridionale de ce Royaume, à trois lieues d'Elnbogen, plus connu fous le nom de Loca-fur-l'Eger, près les bains chauds de Carlfbad ou Vary, une montagne de charbon eft enflammée /y}. Dans la haute Hongrie, aux environs du village de Sar- mazag , palatinat de Szohnock, une montagne n'a pas ceflé de brüler depuis le printemps de 1779 (4); «fur une partie » extérieure de cette montagne, à la même diftance de fon » fommet & de fon pied, le feu s’eft fait une iffue au bord » d'un ruiffeau, » On ne trouve point de pierres à trois braffes de profon- » deur, mais une terre de la nature du pres. » En quelques endroits, la montagne s’eft un peu aflaifée, & fa fuperficie erevaflée çà & là par la violence du feu. > Un bâton enfoncé à quatre ou cinq pieds, dans une-de * ces crevafles prend feu & fait fortir des étincelles. » Le feu dans les endroits où il eft vif divife les pierres, » & les calcine en petits morceaux jufqu’à fe réduire aifément » en poudre avec la main. » Ce feu gagne de jour en jour la fuperficie de la mon- » tagne, on voit les vapeurs s'élever des racines d’un arbre qui >» n'en eft guère éloigné; la fumée fort des environs comme: ÿ (x) Gazette d'Agriculture; 3 (zx) La Nature confidérée fous Juillet, n° 57, fol. 418. différens afpets, n.° 12, 20 Janvier (>) Circa Satelum pagum, non | 1780, p. 79. L'époque de cet em- longè ab oppidulo quod nomen ex ac- | brafement permettroit de foupconner cipitrum genere quos Falcones apel- | que c’eft la même mine précédem- lamus , invenit, Cæfius, Minera og. | ment indiquée en Autriche. Je n’aÿ pag: 359+ pu parvenir à cet éclairciflements. DES, SCIENCES . 179 de plufieurs fours, & répand, à une grande diftance, une odeur de foufre », Dans le marquifat de Mifnie, au voifinage du Muld près la mine de Zuickaw & de Wetine, ou plutôt entre Zuickaw & Glauchen, la montagne de charbon appelée par cette raïilon Co/-Bers, eft célèbre par cet état d’embrafement fou- terrain, dont la date remontoit, du temps de Cæfius, à plus de deux cents ans /a); ce Minéralogifle rapporte que 4e uit les flammes brillent tantôt comme des étoiles difperfées, tantôt raflemblées en bouffées : que le feu fe communique aux fubftances qu’on en approche à quatre pieds de diftance, fans que celles qu'on en approche abfolument s'enflamment, page 119 : aujourd’hui le feu n'y eft plus fenfible que par une chaleur brülante en plufieurs endroits de fà fuperficie. À Mulheim, bourg affez confidérable près de Duifberg fur le bas Rhin /2), fur le Roœr, qui commence à être navigable au bourg, la mine de charbon eft embrafée; la fumée qui s’en exhale reflemble par l'odeur à celle de fa poudre à canon enflammée. Au pays de Naffau-Sarbruck, au-deffus du grand chemin de Duitiveiller, dans la montagne la plus élevée du canton, on connoiît une mine de charbon en feu » ce qui l'a fait appeler dans le pays Wo/can. Les couchesfchifteufes qui féparent les veines de charbon, font de nature alumineufe ; on a mis à profit l’embrafement fpontané de Ia montagne, pour y établir des fabriques d’alun, auquel on n’a plus befoin quede faire fubir une puriñcation ultérieure, pour la diflolution de fes criftaux dans l'eau, en l'y faifant bouillir, L’Auteur de 1a nouvelle Defcription minéralogique de a France, fait mention de ce terrein brûlant (c); H rapporte: « Qu'il y a des temps où le feu n'eft pas bien vif, qu'il fe. montre à travers des fentes, fous forme de flamme jaune, à D A) QU Rs IV AN (a) Cæf. Mineral. PAS: 259, qu’elle pofsède, de l’Éleéteur Pala- (b) Appartenant aux Maïfons de tin; & la feconde la relève de l’'Em+ Heffe - Darmftad & de. Limbours- pire, en fief mâle. d Styrum; la première relève la partie | (c) Page 160. Z jj NT Ÿ Ë m Ÿ 180 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE "verdûtre, ondoyante, à travers de laquelle l'Obfervateur s'eft promené fans s'en apercevoir, parce que le foleil donnoit alors fortement deflus, & que d’ailleurs cette in- flammation eft toujours proportionnelle à la communication de Pair extérieur à cette couche embrafée, & que ce n’eft que pour n'avoir pas été aflez aérée, qu'elle n'a pas été confommée plus tôt. » . En n’apercevant, dans cette courte notice, qu'une indi- cation précife d'un terrein à charbon en feu, je ne puis diflimuler que mes connoïflances acquifes fur ce point m'ont d'abord fait juger cet hiftorique très-incomplet; je n'héfitai point à penfer que le favant Chimifte avoit par- couru ce local en courant, & que fon attention uniquement fixée fur l'extraétion de l'alun qui fe fait de ces fchiftes, par la lixiviation, avoit été entièrement düiftraite des autres païticularités très-remarquables néanmoins, que devoit né- cefflairement offrir, foit au Naturalifie, foit au Chimifte, cette fuperficie brülante: ne me regardant pas fuffifamment inftruit fur les circonftances du phénomène, j'ai cherché fur les lieux les éclairciffemens détaillés que je croyois trouver de manque. A Ia follicitation d’ur ami, M. Engeleke, Infpecteur de la mine, a bien voulu me procurer une fuite de toutes les matières pierreufes & des différentes fubftances provenantes de la montagne, même du centre brülant : je les mets ici fous les yeux de l’Académie /d). L'examen que J'ai fait en particulier de ces divers échantillons, pouriies reconnoître, pour les fpécifier, montrera que les fchiftes ou autres pierres, différemment décompofés par le feu, felon qu'ils en font plus ou moins éloignés, ne font pas les feules chofes remarquables ; on fe convaincra bientôt que plufieurs (d) Leur énumération femble naturellement trouver place ici: néan- moins j'ai jugé nd à pouvoit en être détachée, pour être renvoyée ( fauf à la confulter maintenant fr Jon veut) à la fin de ce Mémoire, où il a paru avantageux de préfenter féparément une fuite relative à plu- fieurs de ces terreins brülans, de diverfes fubftances qui peuvent fe ramafler fur le fol extérieur. DES SctENCESs. 18r objets intéreflans , entr'autres l'exiflence du fel ammoniac parmi les produits du feu fouterrain , avoient échappé à l'attention de M. Monnet, & même de M. Engeleke, que un & l'autre n’y foupçonnoient pas cette fublimation malgré fa très-grande abondance. Je viens maintenant aux provinces de France, où cet embrafement fouterrain de mines de charbon eft connu : afin de compléter cet article, je ferai entrer dans cette énumération, comme je l'ai fait pour les pays étrangers , les endroits cités dans l'Art d'exploiter les mines de charbon de terre. Dans le bas Languedoc, la principale mine de la montagne de Montaud, diocèfe d’Alais, a été embrafée; c’étoit celle de 12 forêt, dont l'extraction eft la plus confidérable de tout le quartier, parce que fon charbon ef le plus eftimé, & le plus recherché au loin ; elle fournit aux Serruriers de Mimet en haute Provence, à la Raffinerie de fucre de Montpellier & à plufieurs Fabriques d’eau-de-vie ; fon charbon, ainfi que celui de la Grande-combe, a été long-temps employé à chauffer les chaudières de la Manufadture de vitriol, établie à la Fonts près Alais : le feu, felon M. de Genfanne fe), fe montroit très-près du jour, en plufieurs endroits de cette mine, à peu de diftance de la partie qui fe travailloit. Mes correfpondances fur les lieux m'ont appris que ce feu eft éteint depuis environ dix ans ; on n'y aperçoit plus aujourd'hui ni feu ni fumée: la neige, quand il en tombe, s'y maintient, & l'herbe y croit; ce qui prouve que cette mine ne brüle plus /f}. (e) Tome, p. 172, Hift. Nat. | moffettes, & comme les traces d’un du Languedoc, imprimée en 1776. | ancien volcan expirant; l’Écrivain (f) M. de Genfanne indique, | prétend qu’on en aperçoit la bou- attenant le voifinage de Venejean | che, réduite à une efpèce d’exca- près Bagnols, diocèfe d’'Uzès, | vation , en partie cultivée, en partie une montagne enflammée, dont la | couverte de brouffailles. Le quartier lueur, vifble feulement la nuit, eft | de Venejean, rempli de charbon de comparée par l’Hiftorien à des jets | terre, d’après M. de Genfanne, d’une forte aurore boréale; il re- ! & celui de Cornillon, qui eft au garde ces flammes comme de vraies | Nord-eft, préfentent des couches 182 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALe Au Boufquet, diocèle de Béziers, dans le bas Languedoc, il s’eft vu à l'extérieur de la mine de charbon, une très- grande crevafle, qui pafle pour être le réfultat d’un embra- fement de la veine de charbon. En haute Provence, M. Bernard, de l'Académie de Marfeille, dans la Defcription des mines de charbon de cette partie de la France /g), rapporte qu'une de celles de Saint-Martin-de-Renacas, autrement dite Je Charbonnier, a brülé pendant vingt ans : cet embrafement ayant ceffé, la mine s'exploite aujourd'hui, dans une partie très-voifine, où le feu n'avoit point gagné. Le même Savant cite, page 74, deux autres mines du quartier de Valdonne, aufli embrafées, dont l'une brûle wanquillement depuis plus de cinquante ans. alumineufes / Tome IT, page 155). Ces données prêtoient plus naturelle- ment, felon moi, à l’idée d’un mé- téore en action dans les couches fuperficielles ; Îles traces de volcan ne me paroifloient pas bien évi- dentes : mes doutes ont été fixés par les recherches que j’aï fait faire fur les lieux, les réfultats que j'en donne ici, méritent d’autant plus de con- fiance , qu'ils me viennent de M. Razoux, l’un de nos Correfpondans, à qui je me fuis adreflé, & qui m'a déjà procuré des renfergnemens dont j'avois befoin fur diverfes mines de charbon de Provence. Voici ce que Jui mande un de fes parens, habitant de Bagnols même. «& Il n’y a rien de plus faux que Pexiftence d’une mine de charbon de terre enflammée, nr à Venejean, ni aïlleurs aux environs de Bagnols; nous avons été à la vérité pendant fong-temps dupes de ce prétendu phénomène: je fus, il y a plus de vingt ans, fur uae montagne voifine pour examiner le feu que l’on voyoit tous les foirs fur la montagne où eft fitué Le village de Venejeap, au pied du château; je l’ai vu, & m’é-e tant tranfporté fur le lieu même : je « n’aperçus qu'un rocher pelé. I y à trois ans que l’on vérifia plus parti- culiérement, fr ce feu que l’on voyoit « fur la montagne, étoit un météore € naturel, & l’on découvrit que c’étoit des femmes du village, qui tous les < foirs allumoïent un feu, autour du- æ quel elles floïent ; toutes les précau- € tions avoient été prifes pour recon- € noître exactement le vrai, on avoit des porte-voix, les uns furent fur la < montagne , les autres étoient dans la € plaine, avec les porte- voix, pour € avertir & indiquer l’endroit où étoit € le feu; la nuit étoit obfcure, on < s’étoit muni de torches pour s’éclai- rer; on vit des femmes qui filoient «€ autour d’un feu qu’elles allumoïent «€ avec des chaumes de chanvre; lé € meute fut dans le village, on les difperfa à coups de pierres. » (g) Mémoire fur les avantages & les inconvéniéns de l’emploi du charbon de pierre ou du bois, dans les fabriques, qui aremporté le Prix, au jugement de l’Académie de Mare feille, 1780, page 115. DES SCIENCES. 183 Dans la Bourgogne, à Saint-Berain, quartier de la Gagère, près d’une mine de charbon exploitée par M." de Morveau & Champy, il y a un terrein à charbon, de trois à quatre arpens, où l'on foupçonne un feu fouterrain : Tendroit a été autrefois jardiné, c’eft-à-dire, fouillé fuper- ficiellement à différens temps. Dans plufieurs parties, le fol encore couvert de brouflailles, eft, jufqu'à une certaine profondeur, dans un état de pulvérulence, tel qu'on y enfonce aifément un bâton; ce bâton, lorfqu'on le retire, eft noirci, & porte les marques d’impreflion de feu, On eft fondé à ne point faire de diflérence entre ces mines de charbon embrafées & Ia prétendue merveille de Dauphiné, dont il eft parlé avec admiration dans plufieurs Ouvrages très-anciens /4), fous la dénomination de Fontaine ardente où Fontaine qui brüle, par rapport à une fource d’eau qui pañloit autrefois fur cette portion de terrein brûlant, & qui participoit en conféquence de cette chaleur. L'endroit d’où s'échappe une flamme errante, légère & fulfureufe, eft dépendant de Ia paroiffe de Saint- Barthélemy du Grain, dans le hameau de la Pierre , attenant le village de Vif près le château de Mirebel , peu éloigné de la petite rivière de Grefle, à quatre heures de chemin de Grenoble. Les principales circonftances relatives à l'état brülant de cette fuperficie confiftent, d'après les premiers éclaircifle- mens envoyés par M. Dieulamant à l'Académie des Sciences, dans l'année 1699 (i), en ce que dans les temps humides & en hiver, le feu eft plus ardent, tandis que dans les grandes chaleurs, il diminue peu-à-peu au point de difpa- roître pour ainfi dire en été, après quoi il fe remontre de nouveau : on parvient aifément à le rallumer en y portant d'autre feu, ce qui fe fait promptement & avec bruit, (h) Tome II, page 322, Cof- (?) Obfervations fur les fingula- mographie de Belleforêét, qui re- | rites de l’Hiftoire Naturelle de la gardoit cet endroït comme l’écueil | France , fur une fontaine brülante: de la Philofophie, & le défefpoir des | du Dauphiné, efprits les plus pénétrans : Voyez auff Chorier, hifloire du Dauphiné, 184 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE La pierre au travers de laquelle le feu fe fait jour, eft une efpèce d’ardoife pourrie fur laquelle on remarque une efflorefcence faline que M. Dieulamant caractérife une elpèce de falpètre fort âcre. Aux environs de la partie brülante, le terrein s’affaiffe & coule en bas: voilà ce qu'en rapporte l'Hiftoire de l'Académie; les éboulemens qui ont dù avoir lieu fur cette fuperficie, depuis 1300 qu'elle eft connue dans cet état, ont auffi changé le cours du ruiffeau ; aujourd’hui, ikeft privé de la chaleur que fon eau tenoit alors de fon lit. Les Obfervateurs qui, depuis M. Dieulamant, ont été vifiter ce terrein brülant, s'accordent tous fur les circonf- tances de cette inflammation fuperficielle ; es mêmes font rapportées par le Pere le Brun, qui en a été témoin auffi en 1699 (k); le détail le plus récent, fe trouve inféré dans le Journal de Phyfique (1). M. D. S. Officier, en garnifon à Grenoble, vers l’année 1760, fe tranfporta à Saint-Bar- thélemy, c'étoit dans un moment où le feu étoit tellement imperceptible, qu'à la main on ne pouvoit reconnoitre aucune différence de chaleur, d'avec tout autre terrein; en y jetant une allumette embralée, la flamme fe montra fur toute la fuperficie; ayant choifi un endroit, le plus près de celui où elle paroït ordinairement, & où on n'en diftinguoit pas, alors, le doigt enfermé dans un trou, pratiqué à ce deflein, fentit peu de temps après la chaleur, & la flamme s'étant emparée du trou, couvrit tout l’alentour de la furface; ce feu ne fe rallume jamais en temps fec; en temps de pluie, la flamme paroît élevée de quatre à cinq pieds, & même davan- tage, & quand il fait foleil, à la hauteur d'un pied, un pied & demi feulement ; fa couleur au foleil eft roufle, & bleuitre pendant la nuit; la chaleur du terrein eft eftimée à un degré fufifant pour cuire des œufs. L’Auteur de cette nouvelle (k) Hiftoire critique des pratiques fuperflitieufes, tome 17, page 44, ghap. IV, édit, 1732. ; (l) Journal de Phyfique, année 1775, page 124 relation, DIESEL E NICLE Se 185$ relation, fait connoître Ia nature du terrein, mieux que tous ceux qui ont parlé de cet endroit avant lui. C'eft dans la partie fupérieure, qu'eft la pente enflammée, du côté du nord: cette fuperficie montueufe & inégale, fans aucune ouverture apparente, eft une efpèce de terre endurcie, de couleur de brique ordinaire, un fchifle aliéré par le feu, & mêlé de quelques parties calcaires, avec indice de matière grafle; la portion environnant celle qui flambe quelquefois, eft un fchifte noire fciflile, en partie dans un état de pulvé- rulence, & principalement à a partie fupérieure du terrein avoifinant le plus celui d’où fort la flamme : ce fchifle, com- pofant principalement tout le terrein inférieur & latéral » porte des empreintes de coquilles ; fous la terre noire, ou fous le fchifte pulvérulent, on remarque une apparence cendreufe ou fuligineufe, de couleur blanche, que tous les gens du pays, qui conduifentles Voyageurs à cet endroit, difent être du falpètre (parce que les pigeons y viennent fouvent); fur ce fimple énoncé, on feroit d’abord fondé à la juger alumineufe; ce fel neutre, étant le plus ordinaire dans les fchiftes bitumineux; mais l'Ob- fervateur inftruit, a reconnu que c'étoit une efpèce de Se/ ammoniac, mêlé de parties fulfureufes vitrioliques. Ces différentes fubftances, telles qu'elles font indiquées par différens Écrivains, font évidemment propres à faire naître d'abord un premier foupçon d’analogie entre les terreins à charbon embrafés, & cette fuperficie ardente du Dauphiné; réfléchiffant en mon particulier fur fa pofition, à une lieue & demie & au fud-eft des carrières à charbon de la Motte; j'étois fngulièrement curieux d’avoir des échantillons de ces fub- ftances en ma pofieffion, pour les comparer avec celles ordi- naïires, fur l'extérieur des mines de charbon enflammées : cela me paroifloit intérefant : j'ai réuffr, après avoir cherché bien long-temps, à y parvenir : {e Curé de [a Paroïfle, dont dépend la portion de terrein brûlant en queflion, me fait elpérer tout ce que je puis defiter à cet égard /m). A à mt ee (M had AO (mn) L'état de ces fubftances pourra avoir place à [a fin de ce Mémoire. Mém. 1787. A a 186 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Quelques parties des carrières de charbon, voifines de Saint- Étienne en Forès, font embrafées de temps immémorial, Plu- fieurs anciens Écrivains en font une fimple mention /u), d’après laquelle, je les ai indiquées dans la Z"° Partie de l'Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. De nos jours, ces fuperficies calcinées peu-à-peu, ont été vifitées par quel- ques Naturalifles connus; dans ce nombre, M. Guettard eft le premier qui ait obfervé un de ces endroits : c'étoit avant 1752 (0). M. de la Tourette, Correfponuant de 'Aca- démie, vifita en 1762, tout ce quartier avec feu M. Turgot, dès-lors diftingué par un goût naturel pour la Phyfique, connu depuis, par les places éminentes qu'il a remplies; il a bien voulu me communiquer la defcription détaillée qu'il en donna à l'Académie de Lyon (/p}; il y fait une mention exprefle & diflincte de trois cantons brülans. Dans les Mémoires de l Académie des Sciences, pour l'année 1765, M. de Fougeroux a décrit celui de ces endroits où le feu eft le plus violent /g). En lifant ces trois Mémoires, on reconnoit que l'endroit le plus incendié, y eft feul défigné nommément; que dans le Mémoire de M. de la Tourette, les deux autres endroits ne font indiqués que par leur diftance & par leur giffement refpectifs. (n) -Papyrius Maffonius, Def- criptio fluminun Galliæ, 1618.tres montes , Mina, Viala, Buta, in quibus perpetud æfluantes flammæ confpiciuntur. — Didionnaire de Thomas Corneille , au mot £uint- tienne , M. DCCVUI. Defcription géographique du Forès , accompa- nant l'Atlas de Guillaume & Jean laeu, CroICCXLVII. Partie 11° Au voifinage de Saint-Etienne, on voit par-tout bluetter des feux & des fumées hors de terre. Æ/ydro- thermopotie des Nymphes de Ba- gnols, au Gévaudan , par Michel Boldit, Médecin de Mende, Lyon, M, DCLI, (0) Mém. de l’Acad. Royale des Sciences , année 1752, page ÿ4. (p' Examen des conjectures fur l'incendie de l'ancienne ville de Lyon, avec de nouvelles obferva- tions hiftoriques & phyfiques fur cet évènement, Iù dans une Séance particulière, le 7 Septembre 1762; & dans la Séance publique du 19 Avril 1763. ‘ (g) Frès la paroïif{e de Chambon. ans les notes prifes fur les lieux, par cet Académicien, le nom de Terre noire, donne.lieu à une con- fulion de local qui fe trouvera rec- tifiée dans ce qui va fuivre, par les diflances exactes des lieux, À os fe DEL ISACALE NICE LS, 187 La détermination chorographique particulière de chacun de ces trois cantons, ma femblé utile & néceffaire pour donner à cette notice hiftorique, une précifion intéreflante, qui manquoit à cet égard. M. Paré, Médecin de l'Hôpital de Saint-Etienne, à qui j'ai demandé cet éclairciffement & de nouveaux renfeignemens, s'ils pouvoient avoir lieu, a eu la complaifance de me les procurer; il {es a accompagnés, comme je le defrois, d’une fuite curieufe de toutes les fub- ftances remarquables à la vue, fur ces furfaces brülantes Cr Les recherches dont il a bien voulu fe charger, rapprochées de ces échantillons, m'ont fervi à former une defcription con- forme au point de vue que je me propolois, différente en cela, de celles que j'ai citées. … Le phénomène qui fait l’objet de ce Mémoire, fe préfente dans trois différens quartiers du Forès, très-voifins les uns des-autres; je les indiquerai par les mêmes noms, confignés dans mon Ouvrage, d'après Guillaume Blaeu. L'un de ces endroits, à un quart de lieue de Saint-Étienne, & appelé Viale, dont une ancienne famille du pays, porte le nom, eft attenant une mine de charbon qui eft embrafée //), fituée au midi, au bas de la petite montagne de Montfalfon 2. à un quart de lieue de Saint-Étienne; la mine eft confidérable, Le charbon qu’elle donne, brüle aifément, ne dure pas long- temps au feu, & laifle peu de cendres après l'ignition. Le fecond endroit appelé Bute, eft à-peu-près à la même diftance de la mine de Viale. celle du fieur Brunand , la plus confidérable de Montfalfon , qui alors brüloit depuis deux ans, à ce fement à ceflé en 1763. u’il dit. Ces deux mines n’ontpoint {7) L’Auteur des See fur de rapport à notre objet, en tant (r) Voy. leur énumération à la les provinces du Lyonnois, Forés | que le feu qui y paroît de temps en | fin de ce Mémoire. (f) On prétend que cet embra- & Eeaujolois, rome PV 64, | temps, n’eft qu'accidentel, & occa- indique la mine de Rica-Marie, ha- | fionné par l'imprudence des ouvriers, meau à une lieue de Saint-Étienne, | auffi il n'a jamais eu de fuite, quel- qui brûle depuis trois cents ans; & | ques abatis fuRifent pour, l’éreindre, Aa i] 188 Mémotres DE L'ACADÉMIE RoYALE Le troi‘ième, qui eft incendié de la plus ancienne date /u), & qui paroït avoir toujours été le centre brülant, eft feul connu aujourd'hui dans le pays, fous fon ancienne dénomi- nation Âine; cette carrière en feu, ou qui brûle, felon l'ex- preflion du pays, eft dans la paroifle de Chambon. Au midi du chäteau de Feugeroles, fitué à une grande lieue de Saint- Étienne /x), fur une colline, nommée la Côte du Maure, faifant partie d’une chaîne de montagnes qui va du levant au couchant, & où on ne tire pas de charbon, étant féparée dy refte du terrein, par une petite rivière, dont Îa fource eft à Yeft dé ces montagnes, & va en gagnant l'oueft, fe jeter dans la Loire, à deux lieues au-delà (y). La pofition refpec- tive de ces trois endroits, Bute, Viale, Mine, fe trouve telle que les deux premiers, forment, pour ainfi dire, un triangle très-ouvert par fa bafe, avec l'endroit nommé Mine, La ‘nature du fol de ce quartier, d’après M. de Ia Tourette, qui en fait mention dans fon Mémoire (7), confifte en ardoifes, argiles & grès; ce grès fert de toit aux bancs de charbon ; les pierres calcaires y font peu fréquentes, felon la remarque de M. de Fougeroux, qui a aufli obfervé que quelques-unes des fubflances pierreufes ont acquis une couleur jaune-rougeitre approchant du tripoli, particularité que j'ai fouvent reconnue fur les gores de mau- vais charbon de cette même province, lorfque ces nerfs pierreux ont pañlé au feu, ce qui tient à un mélange ocreux qu'on y aperçoit très-diftinétement /a). Un petit nombre de ces pierres ont fouffert un commencement de vitrification : (u) D’anciens terreins de 1400, (y) François Ranchin, dans la Def- donnent pour confins , cette carriere | cription générale de l'Europe, Parr. qui brüle. | 1V.*s’exprimeainfitouchantcette car- { rière: /e feu confume le charbon qui ef£ Feugeroles, n’étoient autrefois, felon | deffous, 7 laïffe la terre qui eftdefqus, Guillaume Blaeu , qu'une feule ! femblable à de lu cendre, ê7 incapable montagne qui a été féparée en deux } de porter fruit. par l’affaiflement furvenu à la fuite (x) Voy. auf Art d’exploiter les de l’embrafemént, Voyez Art d’ex- | mines de charbon, page 582. ploiter les mines de charbon, part. (a) \dem, partie II. pages 585, 1" page 159. 586, /x) Deux petites buttes attenant ! B'iES NBC NTAEUN 0 ES. 189 M. Guettard & M. de la Tourette ont fait de Îeur côté la même remarque, Quant aux crevafles extérieures de la montagne, donnant apparence de chaleur à de fumée, felon l'expreffion de M. de la Tourette, leur nombre, leur étendue, leur diflance entr'elles font, comme dans tous ces endroits brülans, variés de temps à autre; il s’en eft vu quelquefois jufqu’à cinq ou fix éloignées de vingt-cinq ou trente pas les unes des autres. M. de la Tourette en a remarqué qui avoient une vingtaine de pieds en largeur dans leur plus grand diamètre extérieur, Des diflérens morceaux qui font expofés fous les yeux de l’Académie, & qui appartiennent à la couverture fuper- ficielle brülante de ces mines (b), quelques-uns m'étoient annoncés encore enduits de /oufre, ce qui fe rapporte avec les obfervations de M.* Guettard, la Tourette & Fougeroux ; mais la quantité en étoit, felon toute apparence, fi médiocre, que le mouvement du tranfport a fufli pour en enlever toute efpèce de veflige, M. de la Tourette fait auffi mention d’efforefcences alumineufes ; on en reconnoiît des vefliges, en portant plufieurs de ces morceaux fur la langue /c), Au quartier de Rive-de-Gier, dans le Lyonnois, à une lieue & demie de Saint-Chaumont, le feu {e montre dans les carrières de charbon du Mouiïllon: on accufa les Ou- vriers de l'avoir occafionné par négligence; mais il a une même origine fpontanée que l'incendie fouterrain qui, de temps immémorial, confume des couches de charbon à peu de diftance du même endroit, dans une montagne connue depuis, dans le canton, fous le nom de Montagne brûlée ou Montagne de feu, païce que de temps en temps, le feu s'y manifefle à l'extérieur : cette montagne eft fituée dans la (B) Voy. leur énumération à la fin de ce Mémoire. .(c) On avoit tenté d’établir fur cet endroit, une fabrique d’alun; j'aurai occafion, dans mon fecond Mémoïre , de parler de cette entreprife. 190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE paroifle de Suint-Genis-terre-noire, à une lieue & demie de Saint-Chaumont, & à quatre ou cinq lieues de Saint-Étienne, & à une petite demi-lieue de Rive-de Gier. L'Auteur des Mémoires fur les provinces du Lyonnois, du Forès & du Beaujolois, imprimés en 1765, parle très- fommairement de cette mine; & comine s’il doutoit per- fonnellement que le feu y exifte /4), voici ce qu'il en dit, . page 47: « Le terrein en eft brülé, il eft inculte, ïl ne » produit pas même de l'herbe; mais o” n'en n'a jamais vu » fortir de flammes ni d'étincelles ; on voit feulement après les » pluies, & dans des temps humides, s'en élever une vapeur en forme de fumée ©" de nuage.» W eft certain, au furplus, qu'on a fait de vains eflorts pour remédier à ce feu, qui s'eft éteint en partie, de manière qu'on y a recommencé quelques travaux, mais pénibles, confus & dangereux fe), La Limagne,. cette belle partie de l'Auvergne où M. Guettard, & depuis lui M. Defmareft, nous ont découvert des veftiges fi nombreux & fi frappans, d'anciens volcans éteints, la Limagne ne préfente plus de feu exiftant dans fes entrailles, que dans une mine de charbon du quartier appelé Megecote, encore neft-ce que dans un point de furface borné pour le préfent à une étendue que l'on pourroit comparer à un efpace environ double de celui qu'auroit fouillé une taupe pour fa fortie : quoique la chaleur foit brûlante, les terres, les pierres & lherbe, qui font fur la place même, n'offent à l'œil aucune altération fenfible, comme il a été remarqué, Art d'exploiter, page 595. Dans le Rouergue, trois, & fur-tout deux paties de montagnes à charbon, aflez voifines l'une de l'autre, offrent très en grand au Naturalifle le fpeétacle de ce même phénomène. « En 1770, M. abbé Marie, Profeffeur de Mathématiques (d) Tome II, page 45, On pré- (e) Voy. à la fin de ce Mémoire, tend, dit-il, qu’il exiflte aux environs | l’état des fubflances minérales re- de Rive-de-Gier, une mine de char- | cueillies fur cette furface brülante, bon qui brüle depuis long-temps. a D'Es S'CrTENcCESs. 197 au Collége Mazarin, voyageant dans cette Province, lieu de fa naïffance, a vifité deux de ces quartiers, les feuls ui fuflent embrafés à cette époque; la delcription fommaire qu'il en a faite fe trouve inlérée, avec {on agrément, dans l'Ouvrage que j'ai publié, page $ 32. Depuis ce temps, des rencontres fucceflives avoient fort avancé mes recherches {ur les mines brülantes de ce quartier : : M. Bayen, avec lequel mes travaux chimiques fur le charbon de terre, m'ont fourni l'avantage de me lier d'amitié, a aufll vu ce mème canton en 17 M. l'abbé Laurens, Curé- Prieur d'Albin. lun de ces cantons où le feu s’eft manifefté depuis dix ans, eft venu à Paris; j'ai été à portée de le voir fouvent: il avoit déjà enrichi de plufieurs morceaux, ramaflés fur ces montagnes brülantes, ma colleétion minéralogique des carrières de charbon de terre, que je projette de faire connoitre incef- famment à TCMPEre De mes converfations avec ces perfonnes qui ne pouvoient ètre inflruites que bien précifément, j'ai recueilli des renfei- gnemens très-à-peu- près complets; je me trouvois par - -là, connoître beaucoup mieux tout ce canton embrafé qu'aucun des autres; lorfque ma préfence jugée utile, aux portes de Touloufe, pour raflurer {ur la fanté d’un Savant, qui dès fa première ut fait le plus grand honneur aux Lettres & à la ville de Montauban fa patrie, m'a rapproché cet été de la province du. Rouergue, ce qui m'a mis dans {e cas d’aller Juger, par mes yeux, de ce phénomène intéreflant; de F’inf tant que je contractai l'engagement de ce voyage, je m'étois bien promis d'employer à vifiter les mines brülantes du Rouergue, le temps dont je pourrois être le maître. Mes arrangemens pour cette courfe, par une route de traverle, impratiquable en voiture, avoient conféquemment été difpo- fés à mon premier paflaue à à Cahors dans le Quercy, où j'ai été obligé de féjourner en revenant. Un motit de curiofité, relatif à mon état, m'excitoit encore à ne point me départir de mon deffein ; les fources miné- 192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rales de Cranfac, font dans fe même canton, que les mines brûlantes de charbon. En fait d'eaux médicinales, comme en fait d'hiftoire naturelle, {a connoiffance focale ajoute toujours à celles qu'on à pu recueillir au loin, & n’aident pas peu à apprécier exactement celles-ci. Enfin, j'y joignois une confidération relative à mes ancien- nes recherches, & à des circonftances qui, dans tout Îe temps qu'a duré limpreffion de mon Ouvrage, m'ont conduit à m'occuper aufir du charbon de terre, comme objet conten- tieux, refortiflant à la légiflation & à la jurifprudence. Dans la ZL* Partie de la defcription de l'Art d'exploiter les Mines de charbon de terre, publiée en 1773, j'ai parlé des mines du Rouergue, du commerce de cette production dans ce quartier, & d’une conceflion qui y avoit eu lieu plufieurs années aupa- ravant ; j'en avois pris loccafion de me permettre (ainfi que j'ai cru pouvoir le faire pour d'autres Provinces) de difcuter ce privilége, oppofé fingulièrement au droit relpectable de Ja propriété, & notamment à la poffeffion immémoriale où étoient antérieurement les habitans, de fouiller du charbon de terre à leur profit. Cet article de mon Ouvrage, étoit venu à la connoïflance de quelques Notables du canton; dans ces derniers temps, le même privilége de 1760, & un autre qui fembloit porter atteinte au commerce du charbon de terre /f), avoient donné de nouveaux fujets d’alarmes ; la (f) Celui de conduire au feu ce fofhile, à un degré de torréfaction qui le réduit en braife. J’étois in- formé qu'il y avoit dans le voifmage de Cahors, un atelier de cette fabrica- tion de charbon de terre, dit épuré ; j'étois très-empreflé' de voir les four- neaux & la méthode employés par le fieur Ling, dans différentes pro- yinces, à débitumer Je charbon de terre, à en faire ce que j’appelle des braifes ; celle du fieur Ling, et, a ce qu’il prétend, une découverte, un fecret; ce que je favois, c’eft qu'aucune des perfonnes qui s’étoient chargées, en différentes provinces, de me donner des éclaircifflemens fur ce point, n’avoient pu y réullr, moyennant Îles précautions prifes dans ces ateliers, pour que les ou- vriers ne puiflent rendre aucun com- pte; je dois maintenant affurer qu'il n’y a rien de neuf ni dans les four- neaux ni dans le procédé, l’un & l’au- tre ont été publiés en 1773 & 1777 dans la Defcription de l’Art d’exploi- ter les mines de charbon de terre, que j'ai demandé la permiflion de citer, communauté D'ESSNC TE N:C2E 1. 193 communauté d'Albin, m'avoit demandé l'an pañlé mon avis détaillé fur des points importans, concernant les droits des Propriétaires de ces mines : cette confiance de fa part, à laquelle j'ai répondu par un avis difcuté & motivé /g), me promettoit, étant fur les lieux, des facilités qui abrégeroient mes recherches; je n'ai point été trompé dans mes efpérances. M. Braflat de Saint-Parthem, Avocat au Parlement de Touloufe, qui, en qualité de premier Conful du Mande- ment d'Albin, avoit été chargé de me propofer l’état des queftions intéreflantes pour la Communauté, m'a accom- pagné obligeamment dans la mine de Cahuac ( paroifle. de Livinhac) fa plus confidérable de tout le canion, pour la fouille fouterraine (4) ; il m'a conduit de même fur tous (g) Imprimé en 1781, dans l’é- dition in-4.° de la Defcription des Arts & Métiers, tome XVIIÏ, page 415; & dans l’Efprit des Journaux, en Juillet 1782, tome VIL. (h) Cette complaïfance m’étoit ici du plus grand fecours, la re- marque n’en eft point indifiérente, pour la partie hiltorique, civile & politique des mines de charbon fur- tout: pour juger combien la com- pagoie de M. de Saïnt-Parthem m'a été utile, il ne feroit befoin que de faire attention en général, que dans fa plupart des pays, les Mineurs font gens, ou fantafques, ou myf- térieux, ou défans; ds n’imaginent pas qu’on puïfle par fimple curiofité * venir de loin pour defcendre dans leurs ateliers fouterrains; c’eft par un effet de ce caprice très-ordinaire aux ouvriers des mines, qu’un de nos Correfpondans, diftingué parmi les Phyficiens de cefrècle, M. de Luc, voyageant en Weftphalie, & defr- rant vifiter des mines de charbon, ne put y parvenir, Dans les Lettres pie d7 morales fur l'hif- toire de la terre 7 de l’homme, adrcflées à la reine d'Angleterre, & Mém. 1787. publiées en 1779, il eft entré dans un détail curieux fur la rencontre qu’il fit à Yppenburen (route d’Of- nabruck), d’un Maître de mine, dont non-feulement il ne réuflit point à gagner la bienveillance , mais qui empêcha même le Savant d’être mieux venu aux autres mines; il n’a as jugé déplacée dans fon Ouvrage Fe converfation bizarre qu’eut avec Jui ce Maître de mine, pour éluder fes intentions. Lettre CXXXIV, partie 2. tome V. Ces difficultés font fur-tout infur- montables dans les pays où on a entendu parler des conceflionnaires, & encore davantage dans les cantons où fe font établies ces compagnies exploïtantes par privilége: un Cu- rieux, un Naturalifte n’eft aux yeux des habitans de ces quartiers qu’un homie fufpect d’un intérêt dange- reux pour le pays; M." [es Intendans de province eux-mêmes, leurs Sub- délégués ne font pas plus heureux que d’autres à fe procurer les éclair- ciffemens les plus indiff rens; on ne peut trop faire connoître ces difi- cultés, & fur-tout leurs caufes. Le quartier où m’attiroit ma cu+ Bb 194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les terreins, dont j'imaginois que l'examen pouvoit être effentiel à mes recherches, & fur-tout relativement aux mines brülantes. C’eft cette excurfion fur les montagnes embrafées, dans ee quartier, qui fera le fujet de cette dernière partie de mon Mé- moire; il ne m'étoit pas d’abord venu dans l’idée, que ce réfultat de mon voyage, pût mériter autre chofe, qu’une notice dans l'Hifloire de l’Académie : il eft aflez naturel de juger que trois mines brülantes vifitées dans d’autres pays, obfervées & décrites, ne pouvoient que fe reffembler abfofument par des particularités communes à toutes mines de charbon en feu; en eflet, les unes & Îles autres, dans une étendue de fuperficie plus ou moins grande, préfentent conftamment le même coup-d’œil fur toutes ces montagnes embrafées à un certain point. La fuperficie en eft aride & flérile, plus ou moins décolorée, ou dénaturée; elle eft jonchée d’efpèces d’ardoifes, dont les grains n'ont plus de liaifon, & de figure irrégulière, d’argiles, de différentes pierres grillées, brülées, de couleur rouge ou rougeätre ou blanchätre, parvenues à différens degrés de fcorification, de calcination , d’incinéra- tion, quelques-unes tendantes à une forte de vitrification ; dans ma colleétion, j'ai de ces pierres provenantes de plu- fieurs de ces mines, toutes fe reffemblent parfaitement : Ia chaleur plus ou moins vive, qui dans quelques parties de ces terreins brülans, eft affez décidée, pour fervir aux gens du voifmage, à la cuiflon, ou de leurs pommes de terre, ou de riofité, le moment où jy arrivois , n’étoient nullement favorables au recherches d’aucun genre fur ces mines; la conceffion de 1763, dans le territoire d’Albin, avoit eu des fuites très-orageufes, elle y avoit aggravé la misère, y avoit porté la défolation , le défefpoir; ces fou- venirs défaftreux s’y réveilloient, comme on vient de le voir; & fäns la circonftance qui m’étoit particu- lière, de n'être pas entièrement in- connu dans ce canton, je n’aurois pu m'attendre qu’à y être rebuté, pour le moins, auffi complétement que l’aétéà Yppenburen, M. de Luc ; mais M. de Saint-Parthem à mes côtés, rafluroit les propriétaires en me nommant, difhpoit leur mé- fance ; les obftacles qui n’auroient pu être aplanis pour d’autres Étran- gers, étoient bientôt levés, DETSMAS CrÉ E NACLE RS. 195 leurs châtaignes fclon les pays, eft affez ardente dans d’autres, pour qu'on ne puifle pas y porter.ou tenir long-temps la main fur quelques ouvertures, même pour ne pouvoir garder la même place fur pied ; on fe doute bien que fur toutes ces montagnes, l'Obfervateur a encore d’autres renfeigne- mens: une vapeur ou une fumée fulfureufe plus ou moins forte, frappe les yeux & le nez; en un mot, la chaleur eft concentrée, dans plus ou moins d’endroits de ces mon- tagnes, à un degré fufhfant pour produire, par décompoñition, différentes fublimations falines ou bitumineufes, remarquables plus ou moins fur le fol extérieur, ou fur les pierres qui y font éparfes, dont les points de furface qui regardent la terre, font plus ou moins recouvertes d’une pouflière d’un jaune foufré. Tels font aufi les effets ou rélultats du feu, ou raffemblés en totalité, ou vifibles en partie, non-feulement fur la fuper- ficie des trois montagnes du Rouergue, maïs encore fur toutes celles des autres Provinces, que j'ai paflées en revue il n’y a qu’un inflant, ce tableau efquiflé me fembloit d’abord con- venir à toutes les montagnes brülantes de charbon, dans quelque pays que ce foit, de manière à ne pouvoir fournir matière à la plus petite addition. A mon retour, une des premières chofes, dont je me füuis occupé dans mon cabinet, a été d'aller revoir les defcriptions de trois de ces mines embrafées ; je me faifois un amufement de les rapprocher, de ce que j'avois vu dans mon voyage; mon unique but étoit alors de vérifier, de fixer les idées que j'avois prifes fur ces fortes de montagnes ; mais dans les divers points de comparaïfon que cela m'a donné occafion de balancer, j'ai bientôt reconnu une différence à faire entre celles dont j'aurai à parler, & les premières décrites, dont aucunes ni pour les phénomènes apparens, ni pour les réfultats du feu, ne peuvent donner exclufion à une defcription nouvelle & particulière des montagnes brülantes du Rouergue, où le phé- nomène du feu eft lui-même varié dans chacune. Pour ce qui concerne d'abord l'état brülant, il n'eft pas Bb ij 196 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE inutile de rapporter mot pour mot, ce qui a été obfervé fur celles décrites avant moi. A Dyfert Moor en Écofie, c'ef? pendant la nuit que l'on voir quelquefois fortir des flammes, à la fumée feulement dans le jour. A Duttiveiller, /a flamme qui s'échappe des fentes fuperfi- cielles, ne s'aperçoit pas lorfqu'il fait [oleil, à on peut fe promener fur le terrein. A la montagne de Saint-Genis en Lyonnois, nommée Montagne de feu, auteur des Mémoires, déjà cité, dit que jamais on n'en n'a vu fortir de flamme, mais feulement de la fumée, après la pluie © dans les temps humides. Le quartier vifité, avant 1752, par M. Guettard, dans le Forès; en 1762, par M. de fa Tourette, qui a porté fes pas fur les trois endroits fumans; en 1765, par M. de Fou- geroux , ne préfente point de différences de ceux dont ïl vient d’être fait mention. Lorfque M. Guettard s’y tranfporta, le feu n'étoit pas extérieurement à nu, on n'y voyoit pas même de fumée; il reconnut feulement que les pierres de tout ce canton établifloient conflamment un embrafement fouterrain. Selon l’obfervation de M. de Fougeroux, /e feu s'y ma- nifefle de temps en temps ; cet Académicien n’a trouvé qu’un endroit où il füt le plus violent; il y a reconnu un bour- donnement, une chaleur confidérable, mais point de feu à la vue, A la mine de Chambon, M. de Ja Tourette rapporte, que la flamme paroît la nuit © en temps humide (i). Ces récits bien authentiques, font entièrement uniformes; fi on les compare avec d'autres plus antérieurs, quoique mal exprimés, il fera facile de reconnoïtre, même au travers de l'exagération /4), que ce quartier brülant du Forès, a (i) François Ranchin s’énonce de | quantité de feu, comme du Mont- même, en parlant de cet endroit Gibel en Sicile. Voyage de France (k) 1 y a proche Saint-Étienne | &7 d'Italie, par Jouvain de Roche- trois hautes montagnes, Mine, Viale | fort, êT Bute, dont il fortoit autrefois DES SCIENCES. 197 été, ou peut avoir été, dans un état d'embrafement bien plus marqué. Sur a fuperficie extérieure d’une des mines embrafées de Valdonne en Provence, M. Bernard obferve que les pins & les arbuftes, fe maintiennent encore vigoureux (/). En Dauphiné, le terrein ardent, dont les phénomènes apparens de feu extérieur, ont beaucoup de reflemblance avec ceux rapportés par Cœfius, de {a montagne brûlante de Colberg en Mifnie, & qui probablement eft de même un terrein à charbon, n’eft guère plus remarquable que tous les autres, par fon état flamboyant. Toutes ces defcriptions, ces citations de montagnes brû- Jantes, ou ne faifant que commencer à l'être, ou même par- venues au point d'être préfumées au dernier terme d'embra- fement, s'accordent fur ce point (& Lehmann, dans fon Traité de Minéralogie, Page 339 ), fait précifément la même remarque fur tous ces terreins incendiés fpontanément (m) ; favoir qu’on n’y aperçoit la flamme, pour la plupart du temps, que pendant la nuit. À En cela, la montagne embrafée du Rouergue, Ia plus remarquable, celle qui n’a pas encore été citée dans aucun Écrit (n'étant embrafée que depuis dix ans), & dont il fera bientôt queftion, préfente à la vue des phénomènes de feu actuel, plus multipliés, plus frappans, plus foutenus que toutes les autres montagnes brülantes connues: ce phénomène fen- fible & apparent de la flamme, fe foutient également dans le jour, même au beau foleil, comme dans 1a nuit, Quant à la deuxième montagne embrafée du Rouergue, dont je parlerai enfuite, devenue, à ce qu'il femble, moins remarquable pour le feu apparent, qu'elle ne l'étoit, lorfqu’elle a été vifitée en 1770, par M. l'abbé Marie, & à l'époque (2 Mémoire cité précédemment, page 74: m) Voy, Art d'exploiter les mines de charbon ge terre, partie L'* s D/ j: » P page 75r 198 MÉMOIRES DE L'ACADÈMIE ROYALE où je la décris; elle doit encore être diftinguée à cet égard, & de la montagne de Fontaynes, & de la plupart de celles dont j'ai donné un état fommaire, Pour ce qui eft enfin des phénomènes fecondaires, & qui ne font pas les moins intéreflans, je veux dire les réfultats du feu décompofant les fubftances fur fefquelles il a agi, lefquelles fe recompofent à la fuperficie extérieure de nos deux montagnes, rien de toutes celles décrites, n'en n'ap- proche; l'abondance de ces fubftances qu'on y reconnoït, ainfi que le degré où en eft le feu, m'ont femblé des circonf. tances fuffifantes pour en conclure que ces mines brülantes du Rouergue, dans l’état où elles font actuellement, com- parables, pour le degré de feu, à la mine de Duttiveiller, & à celle qui jadis a brülé à Newcaffle, font des plus intéreffantes. J'efpère qu'aux détails particuliers, dont j'ai cru leur defcription fufceptible, & dans lefquels je vais entrer, l’Aca- démie reconnoitra, que mon travail n'eft rien moins que fuperflu. Dans fa partie de l'Art d'exploiter les mines de charbon de terre, où il eft fait mention de celles du Rouergue, j'ai indi- qué la partie de cètte Province où elles font fituées; il fuffit aujourd’hui de faire connoître en particulier, le local des mines embrafées. Le territoire d’Albin, où elles font aflez près les unes des autres, eft entièrement montueux, coupé par des gorges, par des vallons traverfés de torrens fujets à fe déborder, à former, dans les moindres orages, des ravines, dérangeant fans cefle, non-feulement les mauvais fentiers qui avoient été tracés lors des orages précédens, & qui pen- dant quelque temps avoient fervi de route aux gens de pied, mais encore Îles pofleflions arides & fablonneufes des habi- tans; toutes les parties de montagnes encore fournies à leur furface, d’un refte de couche de terre végétale, échappée à la fréquence des averfes d'eaux, n’ont confervé cette cou- verture terreufe, qu'à da faveur de futaies de châtaigniers, dont les plans le difputent pour la hauteur aux plus beaux DES SHUSYELNIE) NÉCLENS, 199 chênes /n) : cet arbre déjà précieux par la récolte de fon fruit, dans un pays miférable où le produit de Ia terre ne fournit point à l'entière fubfiftance de fhabitant, ni à l’'acquittement de fes charges, femble réunir ici d’autres avantages, auxquels on n'a peut-être pas encore fait d'attention; leurs têtes garnies d'un feuillage épais, dur & touffu, brifent les grèles & les orages, défendent leur fol nourricier, qui autrement feroit entraîné : leurs racines, en traçant au loin & en fe plongeant profondément, embraflent & retiennent dans leurs différens contours, les couches terreufes au-deflous de la première fuperficie. C'eft au milieu de cette forêt de châtaigniers, que le feu fe fait jour hors de terre, dans trois différens quartiers; favoir à Fontaynes près Cahuac, paroifle d’Albin; au Monter, au- deflus de la Scedalie, paroiffe de Cranfac ; & à Sauguiéres. La pofition refpective de ces trois endroits, a cela de fin- gulier, qu'ils forment un triangle; j'ai fait cette remarque pour les trois quartiers de mines de charbon embrafées dans le Forès. Ici l'angle fitué au nord, eft occupé par Fontaynes; celui au midi de Fontaynes par la Scedalie, qui en eft éloignée d’un quart-d'heure de chemin; & le troifième à left, exactement entre Albin, Cranfac & Firmy, par Sauguières , diftant de la Scedalie de dix-huit minutes de marche, & de Fontaynes, de vingt minutes; de manière qu’en prenant l'angle nord de ce triangle, & le renverfant au midi, les deux autres angles reftant les mêmes, on a à-peu-près la diftance de chacun de ces trois endroits à Cranfac; & la fituation de ce Bourg éloigné de Villefranche, baffe Marche du Rouergue, de cinq heures de marche; de Rhodès, dans la haute Marche, de fix heures de marche; & de Figeac, ville du Quercy, (7) On en diftingue dans ce quar- | pas ff hauts, mais tous produifent, ter plufieurs différences, par leur | & font entés; on les défigne fous les qualité, leur grandeur & leur fruit; | principales dénominations de mar- quelques -uns font à haute futaie, | rons , marronets, favoys, mou- tels Rue ceux qui croïflent fur les | diquous, meilleurs terreins ; les autres ne font | g cs 200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE confins du Rouergue & de l'Auvergne, de cinq heures de marche, Pour commencer par la defcription de celle des trois mon- tagnes les plus incendiées, je tracerai le tableau de la montagne de Fontaynes, telle qu’elle étoit au moment où je l'ai vue, le ro Juin de cette année, à fix heures du matin; elle étoit alors, fi l’on peut parler ainfr, dans fon brillant; le détail en fera tracé dans le même ordre que celui que j'ai gardé pour ne rien échapper de tout ce qui eft à obferver fur ce terrein embrafé ; & voici l'ordre que j'ai fuivi : mon premier coup- d'œil a été borné à l'afpect général de tout ce qui frappe Vattention, au moment qu'on arrive fur le bord de la mon- tagne (0); je me fuis enfuite occupé des phénomènes incen- diaires marqués par la flamme ; troifièmement enfin, je me fuis arrêté à l'examen des réfultats du feu par évaporation, aux volatilifations & aux fublimations fur le fol extérieur. Après fa defcription de la montagne de Fontaynes, je viendrai à celle du Montet, dont Sauguières eft un pro- longement ; je finirai par l'énumération que j'ai annoncée, des différentes fubftances dont j'expofe ici les échantillons fous les yeux de l’Académie : ce font les différentes fubflances minérales altérées par le feu, fur chacune de ces deux mon- tagnes, tant fubftances pierreufes ou terreufes, que fubftances falines & autres produits du feu, ramafées fur une & fur l'autre; dans différentes féances, j'expolerai fucceflivement les pareils produits du feu, fur les pierres & fur les terres formant la couverture extérieure de plufieurs des mines (0) En parcourant toute la fuite des planches gravées dans lOuvrege du chevalier Hamilton, fur les vol- cans des Deux-Siciles, je n’ai pas été peu furpris d’en trouver une qui, abftraction faite de la forme conique ou pyramydale de la mon- tagne, me rappelle parfaitement le fpectacle que je viens de tracer; c’eft la planche XXXVH, où eft repréfentée la vue de File de Stromboli (l’une des onze îles ap- pelées les de Lipari, anciennement îles Æoliennes ); elle jette conti- nuellement du feu, & rarement de la lave. La refflemblance pour le phé- nomène incendiaire, entr’elle & Ia montagne de Fontaynes, eft fi en- tière, que cette planche de l’He de Stromboli peut fuppléer au deflin de la montagne de Fontaynes, pour l'afpeë. brülantes DES SCIENCES. or! brülantes que j'ai rappelées au commencement de ce Mémoire. Celle de Fontaynes, fituée fort près de Cahuac, eft domi- née fur fa crête par deux maifons adjacentes qui forment le village de Fontaynes, paroiffle d’Albin ; la maifon inférieure appartient à {uratels, & la fupérieure au nommé Capelle, propriétaire de la montagne, dont l'incendie, après avoir détruit fa châtaigneraie & fa mine, qui étoit de première qualité, menace aujourd’hui fà maifon /p): ce feu occupe une fuperficie de terrein en pente inclinée vers le nord ou nord-oueft : fon étendue peut être eftimée en longueur, du levant au couchant, d'environ {oixante-cinq toiles: & en largeur, du feptentrion au midi, de cinquante-fix toifes. Toute la fuperficie de la côte de Fontaynes, diverfement colorée, plus particulièrement néanmoins en rouge, vifible- ment brülée, ne fuivant plus régulièrement {a pente de Îa montagne, eft entièrement éboulée, travaillée, fillonnée en fentes, en crevaffes, en tranchées ou efpèces de petits ravins, qui annoncent un déchirement intérieur & aflez profond; à lafpeét, on diroit qu'elle vient d’être remuée & bouleverfée tout nouvellement: dans quelques endroits, elle eft creufée en fordrières; dans d’autres, elle eft relevée en petites éminences ou monticules formées, les unes par des tas de grofle cendre, de cendre fine, de refles de fubftances échappées à a calcination: {es autres par des pierres quelquefois en affez gros quartiers détachés : les couleurs variées de ces décombres, appartiennent à celles que l’on fait être le réfultat de la calcination plus ou moins pouflée fur des terres ou pierres argileufes, fchifteufes, (p) Le défaftre qui va être tracé, a été l’affaire de peu de temps ; il date de la conceflion de 1763; avant ce temps , la mine de Fontay- nes fournifloit tout le mandement, les Conceffonnaires qui n’exploi- toient à la Scedalie & à Bouquiés, que du menu charbon pour les for- ges, firent fermer toutes les mines des propriétaires , & ne permettoient dMém, 1787, aux habitans de la contrée, de fe pourvoir du charbon qui leur étoit néceflaire, qu’à la mine de Fontay- nes; on prétend qu’alors l’afluence confidérable des acheteurs ne laiffant as le temps de faire fortir de la mine fé menu charbon, les habitans ne prenant que du gros pour leur chauf- fage , le menu charbon fermenta & prit feu, Ce 202 MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE fur-tout martiales. Cette furface aride & en délordre, préfente particulièrement du côté du levant, fur fequel la fumée fe porte le plus fouvent, les caractères les moins équivoques de la ftérilité la plus complète; on n'y voit abfolument aucune planie, pas la moindre verdure. Couverte, il y a douze ans, comme tout le quartier envi- ronnant, de magnifiques châtaigniers de la première efpèce, feconde reffource du pays après le charbon de terre, il ne refte plus de traces de ces arbres que fur le bord inférieur de la montagne, dans la partie même qui eft incendice, où l’on aperçoit, à peu-près en face de la maifon Capelle, une feule fouché tenant encore à une portion de tronc hors de terre; cette fouche & le tronc, creufés & minés par la chaleur fouterraine, ne font actuellement qu'une mafle diflorme qui, vue de la maifon Capelle, fe fait diftinguer par fa couleur noire-charbonneufe, & par la fumée qui en fort comme d’un foupirail faillant hors de terre. De tous les points de cette furface de la montagne, même de ceux où on n'aperçoit ni crevafle ni dérangement, au travers des cendres, des terres, des pierres qui paroiflent foulevées en quelque manière, s’échappent, comme de deflous les décombres éteints & fumans d’un grand incendie, des bôuffées plus ou moins épaifles de fumée: cette fumée, felon le vent, ou fe diflipe en fe promenant fur toute cette furface, ou s'élève en nuages dans les temps de calme, à plus de cent pieds de hauteur, & s'aperçoit alors quelquefois de très-loin. Où prendra une idée jufle, foit de la mafle embrafée, foit du degré de lembrafement de la mine brülante de Fontaynes, dans le temps que j'y ai pañlé, par l’obfervation fuivante. Je failois route vers Albin, venant de Villeneuve- Ja-Cremade; étant arrivé à Montmajet, éloigné de Fontaynes de près de trois bonnes heures de marche, j'avois découvert cette fumée : mon guide, depuis un endroit que nous venions de quitter, mannonçoit qu'il n'étoit plus für du chemin, je m'en aperçus, & il le cherchoit; je lui fis remarquer Ja fumée de la montagne de Fontaynes, où il DAEASNISECIDE NC: ELs, 207 n'avoit jamais été, & qu'il ne connoiffoit en aucune manière. Une autre circonftance enfin, frappe vivement le gofier, l'odorat & les yeux; c'eft a vapeur humide & terreufe, de temps en temps fenfiblement fulfureufe, même fuffocante fur quelques places, dont l’incommodité fe fait quelquefois fentir, même en approchant du voifinage de Fontaynes. Afa de m'inculquer un tableau exat & complet de toutes Îles parties du phénomène qui m'attiroit dans ce quartier, les circonflances que je viens de décrire, furent les feules auxquelles je bornai mon premier coup d'œil; pour cela, je m'étois arrêté quelque temps à l'endroit, où j'arrivai venant d’Albin, chef-lieu du mandement : c’étoit direétement fur la crête de la montagne, au-deflus de .fa portion embralée, au bord même du terrein où fa dégra- dation eft limitée quant à préfent. Là, ce qui me tint le plus dans une forte d'étonnement, ce fut, à différentes dif tances les unes des autres, dans le bas de [a montagne, trois efpèces de globes lumineux (je les défigne comme ils m'affe“tèrent ), à peu-près de la même dimenfon que préfente à la vue la Lune dans fon plein, d'un rouge éclatant, ou tel que paroïtroit Îe foyer d’un Forgeron, dans le fond d'un atelier vu d'un endroit éloigné & éclairé, Je ne favois ce que c'étoit, je fixois cependant, avec bien de l'attention, ces points éclatans; on me les failoit même remarquer. Woyez-vous le feu! me difoit-on. Des pierres ou d’autres matières rencontrées fous la main, & que mon guide, & ceux qui s’étoient joints à nous dans ce moment, s'amufoient à jeter vers le lieu où j'apercevois ces mafles de lumières, me rendoient fenfible ce que je n'avois pu ni Juger ni définir; c'étoit autant d'ouvertures qui {ervoient de cheminées à l'iffue tranquille d’une flamme vive & ardente, hors de a portée du vent; les bords ou parois extérieurs de ces {oupiraux, rougis par le feu, au poine d'être confondus par la couleur, avec la flamme à faquelle ils fervoient de conduits, & qui ne fe diftinguoit point d'abord, produifoient l'effet de lumière dont j'ai eflayé Cci 204 MÉMoifrEs DE L'ACADÉMIE ROYALE de rendre fa première vue. Quand les pierres ou {es bots qu'on avoit fancés fur ces bouches ardentes les atteignoient, alors leurs parois, en s'éboulant & fe précipitant dans le foyer, excitoient le feu, failoient élever des jets de flamme rougeître à une hauteur & dans un volume propor- tionné au dérangement apporté dans le brafier, précifément comme il arrive en petit dans le fourneau du Forgeron, lorfqu'il attife fon foyer. Si des morceaux de tronc d'arbre jetés fur ces foupiraux, n'étoient pas entraînés dans le foyer, avec les bords de ces ouvertures, on les voyoit prendre feu au même inftant, ou fe réduire promptement en charbon. Dans d’autres endroits, vers le haut de fa montagne où je m'étois arrêté, & plus à fa portée de ma vue, le feu paroifloit auffi dans toute fa force, mais fous un autre afpe&, & bien autrement varié & bien autrement répété. Le plus ordinairement, la trace en eft marquée par une Jueur accompagnée de flamme voltigeante de temps en temps à la furface d'un nombre prodigieux de petites crevafles un peu enfoncées, qui s'étendent en ferpentant plus où moins loin: ces efpèces de rigoles fe font diftinguer elles-mêmes par un trémouflement perpétuel, fenfible fur leurs bords; le jeu de la flimme, joint au dérangement continuel des bords des rigoles, qui roulent en poufhière fine dans l'intérieur des fentes, leur imprime un mouvement particulier, que lon ne peut mieux comparer qu’à une forte de clignotement. Ailleurs, le feu contenu dans des efpèces de ravins à découvert & nombreux, lutte à fa fortie contre le vent, lorf- qu'il fouffle dans la dire“tion de ces tranchées ; il forme à la vue un vrai ruiffeau de flamme. En fondant le terrein avec ma canne, pour éviter les endroits trop ardens, & réglant ma marche fur le vent, de manière que la fumée & les exhalaïfons fuffocantes de vapeurs chaudes, humides & foufreufes fuffent chäffées devant moi, j'ai eu la fatisfaétion de pouvoir approcher & examiner fort à mon aile, entr'autres, une très- grande DES SC TVENCES. 205 crevaffe qui, dans ce moment, fe trouvoit en feu; fa bouche fnmueufe, large & alongée, étoit comme émaillée fur fes bords extérieurs, par des volatilifations de différentes cou- leurs & de la plus grande finefle, qui de temps en temps retomboient dans le feu. Sur les efpèces de cendres formant le foi attenant cette tranchée de feu, bouïllonnoient quelques matières raffemblées en plaques aflez larges, ayant l'apparence de métallifation brillante, colorée comme le plus beau cuivre de rofette : tout difficile qu'étoit l'accès des endroits où jé remarquois de ces fcorifications écumeules, je fuis parvenu, avec ma canne, à en éloigner peu-à-peu des endroits trop ardens, de belles portions, de les amener à ma main, & d'en pouvoir em- porter après un parfait refroidiffement. La direction du vent répondant alors à louverture de ce magnifique précipice , étoit très - favorable pour que l'œil püt fervir à confidérer l'étendue du gouffre; fair extérieur, en action par le vent, s’y introduifoit, agitoit fuperficielle- ment la flamme, & en la pouflant en manière de vague à autre extrémité du ravin embrafé, où elle devenoit fou- gueufe & bruyante, même dans l'intérieur (q), H donnoit a facilité d’apercevoir un vide fpacieux & profond; un fuperbe feu de réverbère, païfible & tranquille dans une partie, ondulant dans une autre, ne laïfloit démêler que le rouge éclatant, connu dans un fourneau de verrerie. L'idée que fuggère affez volontiers fa vue de ce fpedtacle; celle de le diverfifier, de changer Faétion du feu, en jetant différentes chofes dans ce précipice, qui quelquefois vient à s'abimer & à difparoïtre en un inftant, procure un genre d’amufement, qui n’eft pas au-deflous d’un Phyficien; des pierres lancées en ricochet dans ce fourneau, produifent des (g) Ce qui me rappeloit le récit | temps on entend dans Îes trous & des habitans des environs de Îa | dans les cavernes, des bourdonne- plaine de Dyfert Moor en Écofle, | mens& des fiflemens. Arc d'exploi= als prétendent que dans certains | rer Les mines de charbon, page 26, 206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE éruptions flamboyantes, avec fcintillation, même avec déto+ nation, & y excitent des efpèces de petites tempêtes, cela devient une forte de divertiffement que l'on peut {e donner à plufieurs reprifes , tant que le choc répété dans ces chambres à feu, ne les a pas détruites ni comblées; s'il étoit poflible d'approcher en füreté ces fourneaux, pour y jeter commo- dément & fans rifque un grand volume de matières quelles qu’elles fuffent, afin de comprimer fubitement le feu qui y eft contenu , il n’y a pas de doute, que l'on ne vit en réfulter une véritable explofion fulgurante /r). La fingularité du fpeétacle dont je viens d'effayer de tracer une ébauche, fatisferoit entièrement le Voyageur le plus indifférent; il étoit nouveau pour moi & piquoit ma curio- fité fur tous les points, On fe doute bien que je ne me fuis pas borné à cette contemplation oifive ; en traverfant d’un pas incertain cette fuperficie fumeufe & ardente qui oblige fouvent de fe détourner d’un endroit à un autre, en marchant {ur cette démolition de matériaux pour aller admirer, d’auffr près qu'il m'étoit poflible, les différentes bouches à feu que je m'habituois à diftinguer , je m'étois bien aperçu que cès débris confus méritoient un examen à part & de détail : leurs différentes teintes de blanc, de jaune, de jaunûtre, de violet, de verdâtre, ou autres couleurs qu’elles ont acquifes felon leur nature, felon la durée ou le degré de feu, les font déjà remarquer. Toutes font calcaires ou vitrifiables : la plupart reffemblent (r) Celle citée par M. l'abbé Marie, n’a eu vraïfemblablement rande diftance, fe trouva couvert e lendemain matin de pierres pro- d'autre caufe qu'un détachement & un déplacement de partie confidé- rable de terrein en profondeur. M. Laurens, Curé-prieur d’Albin, m’a informé, au mois de Septembre der- nier, qu'il venoit de fe faire nui- tamment à cette montagne une ex- plofion confidérable; le bruit dont elle fut accompagnée , fe fitertendre comme celui d’un coup de canon; fe terrein du voifinage , à une affez venues de cette éruption; la quan- tité en étoit marquée, elle a été évaluée à deux cents charretées; Ia fuperficie de la montagne annonçoït auffi par fon dérangement le travail qui s’y étoit pañlé: tout cela étoit l'effet d’un courant d’eau qu'on y avoit conduit pour éteindre l’em- brafement de la montagne. Je remets à difcuter ce mauvais moyen, dans le fecond Mémoire, DUESS MS CUUIÉ N.C)E.S. 207 à des briques cuites, quelques-unes font blanchies, calcinées, réduites en chaux , & font converties en efpèces de ponces rouges, ou portent d’autres marques de fcorification dans différens degrés, quelquefois avec des mélanges de pierres plus ou. moins dénaturées, comme #1f5 marbrés, formés de cendres, & de lapillo aglutinés enfemble. Plufieurs de ces pierres, & en grand nombre, {ont vifiblement & abondam- ment, ou impregnées, ou incruftées de fels & de foufre ; je m'arréterai en particulier à ces volatilifations. Ici les pierres de volume diflérent, recouvrent des couches épaiffes de cen- dres réduites par la force & la durée du feu, en pouflière impalpable, brûlante encore dans certains endroits. Ces cendres, fi on peut les appeler ainfr, entaflées quelquefois dans des creux en fondrières, font des écueils dangereux, un bâton s’y laiffe plonger très-avant, avec la plus grande facilité; en paffant deffus, on s’y engage de même jufqu'aux genoux; j'ai éprouvé moi-même, outre la grande chaleur qui s'y trouve concentrée, que ce n’eft pas un petit embarras de s’en tirer. La vivacité avec laquelle le feu fe manifefte fur la partie du levant & vers le midi de la montagne, où les arbres crevent à trente toifes au-delà, ne permet pas de faire beaucoup d’ob- fervations de détail, autres que celles qui tiennent, foit au fpectacle incendiaire d’une furface confidérable de terrein, foit à l’afpect d'un bouleverfement confus & extraordinaire : on n'approche pas comme l'on veut, tous les endroits où on auroit intention de fe porter. Dans quelques-uns, au pied du côteau brülant, la chaleur eft foutenable, les habitans du voifinage y font cuire leurs châtaignes ; les lapins aiment à s’y retirer; quoique la faifon, dans laquelle j'ai paffé à Fon- taynes , fût extrêmement chaude, j'ai vu de ces animaux que l'on faifoit fortir des endroits contigus au terrein brûlant, En avançant au centre de la montagne, la chaleur fuperfi- cielle devient de plus en plus marquée; en tout, ce terrein brülant & mouvant, ne permet pas qu'on puifle, dans quel- ques endroits, tenir un peu de temps; ou bien les pierres cèdent fous les pieds, & s'enfoncent dans les cendres qu’elles 208 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE recouvrent; ou bien la chaleur qui fe fait reffentir à travers les chaufiures, eft au point de n'être pas fupportable, On eft donc à tout moment obligé d'avancer ou de fe détourner contre fon gré, du chemin que l’on voudroit fuivre; fi le Naturalifte veut examiner les objets de près & en place, il n’eft pas toujours le maître de fe fatisfaire, la fumée fuffo- cante s’oppole quelquefois à ce qu'il fe baïffe autant qu'il le faudroit. Le jour que j'étois à Fontaynes, le vent qui fouf- floit étoit favorable, comme j'en aï prévenu ; il empéchoit la fumée de s'élever, il la chafloit en même temps dans une direétion réglée; mais il arrive fouvent que la force du feu ne permet pas davantage aux Curieux , de ramafler impunément les pierres calcinées, ou autres fubftances qu'il juge dignes d’être examinées à la main. ; Cette chaleur brûlante du côteau de Fontaynes, paroit gagner du côté du levant & vers le midi; fur le côté oppolé, d'où le feu s'éloigne, l'herbe croît, on feme blé & feigle, jufques à quatre ou cinq toiles du feu. Voilà où fe termineroit l'attention d’un Voyageur ordinaire; le Chimifte-phyficien, a ici devant fes yeux & fous fes pieds un autre champ à obferver : cette furface qu'il a parcourue en Naturalifte, eft le fommet d’un vafte laboratoire enterré pro- fondément, chauffé par des fourneaux multipliés à l'infini, changeant perpétueliement de place, & fe fuccédant les uns aux autres quand le terrein miné, affaiflé, en a éteint quel- ques-uns dans quelques parties. Les matières compofant la fuperficie du terrein , lorf- qu'elles font parvenues par la combuftion , à l'état incinéré , ou pulvérulent fe maintiennent plus ou moins de temps en place; en s’éboulant enfuite dans les vides qui fe forment au-deflous, elles forment ou laiflent au hafard , dans différens endroits, des ouvertures variées, qui tiennent lieu de regiftre, & qui en changeant elles-mêmes, c’eft-à-dire, venant à fe boucher, & à fe reformer enfuite ailleurs, varient les degrés du feu, augmentent ou diminuent la chaleur, de manière que dans ce laboratoire fouterrain , où les opérations ne choment en Î | aucun BE SN SccrE N cEs. 209 aucun temps; il fe fait fans interruption, comme on en aura bientôt la preuve, une analyfe complète & très en grand, d'une mafle énorme de charbon de terre. C'eft à cet égard, que deux, des trois montagnes brülantes du Rouergue, font plus intérefantes que toutes celles décrites: a couche de l'atmofphère Ia plus voifine de la furface de ces deux montagnes incendiées, eft une forte de vapeur humide que chaffe le feu; elle entraîne fous cette forme, des exha- laifons acides & pénétrantes ; dans cet état, tout l'acide minéral, ainfr que l’alkali volatil & marin, en fe volatilifant, “en fe décompofant, préfentent fur toute l’étendue de Fon- taynes & du Montet, différentes formes, felon leur état de pureté, ou felon les degrés de chaleur de chaque foyer. L’acide vitriolique uni avec la terre grafle, forme l’a/yn qui fe diftingue généralement fur toute {a furface de Fon- taynes; ileft quelquefois blanc, quelquefois rougeâtre, felon la vature de la pierre fur laquelle ce {el s’eft formé, & qui lui a fervi de bafe. Uni à l'huile du charbon de terre, ce même acide vitrio- lique développe avec profufion , dans nombre d’endroits de cette furface, une efpèce de produit inflammable, dont {a portion qui fe fublime en forme de pouflière jaune, porte le nom de foufre. Dans les defcriptions des montagnes brülantes obfervées avant moi, la même remarque fur la préfence de Falun & du foufre, a été faite avec quelque différence néanmoins > & c'eft ici le moment de la faire obferver. A a montagne de Chambon, dans le Forès, cette fubftance minérale, le foufre, a été trouvé par M. de Fougeroux, Jur quelques pierres feulement ; ce qui fe rapporte à l'obfervation de M." de la Tourette & Guettard, qui difent avoir trouvé des fleurs de foufre Jur les ardoifes. Au Monter, deuxième mine embrafée du Rouergue, & gue je vais bientôt décrire en détail; M. l'Abbé Marie, ModHém. 1781, : D d 210 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Profeffleur au Collége Mazarin, qui l'a vifitée en 17704 en a ramaffé à l'ouverture de quelques fentes, La manière dont s'expriment les Auteurs de ces différentes defcriptions, eft bien éloignée de faire naître l'idée, que le foufre foit abondant & fréquent fur le {ol extérieur des montagnes brülantes du Forez : M. l'Abbé Marie ne paroïît pas avoir été frappé de Îa quantité qui s'y en trouve fur le Montet. Sur la montagne de Fontaynes, cette fubftance minérale fe rencontre en efflorefcences variées à l'infini; les bords des moindres crevafles, qui font fans nombre, les parties fail- lantes ou inégales de tout ce qui eft expolé à la vapeur exhalante de ce feu, font voir le foufre ou atténué, ou affiné par la fublimation, en une efpèce de farine impalpable //), quelquefois criftallifée /1), quelquefois en couches minces de couleur jaune, quelquefois rouge , peut-être par un mélange (4). Le tronc de châtaignier, tenant encore à fa fouche fur le bord de la montagne, & dont j'ai parlé, raffemble cette vola- tilifation fulfureufe en grande quantité, & d’une manière tout-à- fait agréable pour le coup-d'œil; par fa pofition, il eft expofé à la chaleur brülante du feu qui le mine en-deflous, qui l’a excavé & charbonnifié dans tout l'intérieur. Ce fque- lette végétal eft converti en une efpèce de vaiffeau chimique, ouvert par le haut; fes parois intérieures, hériflées de feuillets charbonneux, retiennent l’exhalaifon fulfureufe fous toutes fortes de formes récréatives à examiner. Le foufre s’y montre fublimé en flocons, en criftaux aiguillés de fa plus grande finefle, ou différemment entre-croilés, comme les criftaux de (S) Sulphur vivum flavum, glo- bofum, Waller. (B) non pellucidum, colore vel citrino, vel flavo viridi. Sulphur vivum ; flavum capil- Zare, (À) interdum formé flriaté aut fibrofà , interdum pulveris ad inflar, €) Sulphur vivum, flayum crif- tallifatum. Wall. (a) inftar als figurê aluminari, criftallis fibrofis horigontalibus, quafi radüs a centro ad peripheriam tendentibus.. (u) Terra fulphurea, feu fulphur mineralifatum, fulphur nativum, mix- tionis peregrinæ coloratum ; fulphur mixtum, Waller, 34 D, SES DES SCIENCES. 21 neige, d'autrefois irrégulièrement, & fous forme granuleufe. J'ai annoncé que l'alkali volatil minéral, fe montroit fur la côte brûlante de Fontaynes; d'après ce qui a été rapporté précédemment d’autres mines de charbon enflammées, où on trouve également tout formé, ce {el parfaitement neutre, réfultant de l’union de l'acide commun avec l’alkali volatil, il ny a rien de bien extraordinaire; la mine autrefois em- brafée dans le territoire de Newcaftle, entr'autres volatili- fations, préfente cette même production faline ; on a vu que les cendres prétendues de la mine brûlante de Duttiveiller, ne font autre chofe que du fel ammoniac pur, abfolument le même que le {el ammoniac des volcans (x). Si l'on veut mettre au nombre des terreins à charbon en feu , la furface brûlante du Dauphiné, cet endroit en fournit un autre exem- ple; les Chimifles ne paroiffent pas avoir été bien d'accord fur l’exiftence naturelle de cette fubftance demi-volatile, dans le charbon de terre, reconnu à l'analy{e, dans un afez grand nombre provenant de plufieurs pays ; reconnu entr’autres par Kurella /y); par Urbain Hierne /z); dans celui d'Écofle (a); par M. Sage, dans celui de Severac-le-Caftel en Rouergue (b}. Quelques Savans imaginent que le {el ammoniac eft le produit du feu dans des vaifleaux clos: l'analyfe que j'ai publiée en 1772, de la fuie de charbon de terre de Fims en Bourbonnois, dont je faifois ufage pour mon chauffage, à Ja manière Liégeoile, ne laifle point de doute fur la préfence d'un principe ammoniacal fucciné /c ). = —— (x) Un célèbre Chimifte de (&/ Examen chimique du charbon FAcadémie , refufe à ce produit volcanique du Véfuve, le caractère ammoniacal qui lui efl affigné géné- ralement; il a prétendu que ce qui eft pris pour fel, n’eft autre chofe que des criftaux de fel marin fublimé. Mém. de l'Acad. pour l'année 1705. Hift. page 66. Q) Effais & expériences chimi- ques, en allemand, in-8.°; Berlin, "a7sé, de terre (d’Angleterre, de Siléfie & de Wettin ). (a) Aétla chimica Holmienfia, tome II, page 79. Tentamen de Jale urinofo in regno mineral, (b) Élémens de Minéralogie do- . cimaftique, édit, 2° 1777,t Lp.99s charbon de terre vitriolique, (c) Thèfe foutenue aux écoles de Médecine, par M. de Villiers, 8 Mars 1771, corollaire V, d ij 212 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE La belle découverte de M. de Saive, habile Pharmacien de Liége, a achevé de répandre le plus grand jour fur ce point ; lEfprit des Journaux de l'année 1776 (d), a rendu publics les procédés imaginés par le favant Chimifte Liégeois, pour obtenir de la fuie du charbon de terre, l'alkali volatil, fous forme concrète & fous forme liquide. Quoi qu'il en foit, pour revenir à ce qui fe forme fur la côte brülante de Fontaynes, le fel ammoniac fe) ne s'y montre as avec moins d'abondance & de variété, que toutes les autres fubftances acides; il s’y rencontre fublimé ou criftallifé fur les pierres, fur les terres ou fur l'argile /f); ce qui fait qu'il eft plus ou moins pur, plus ou moins diaphane, & con- figuré quelquefois indéterminément ou diverfement coloré, à raifon des hétérogénéités abondantes dans les mines de charbon de terre; le plus fréquemment il s'y trouve en forme de fublimé, fans être aucunement décompolé, malgré le mélange de matières très-fines qu'il a enlevées avec lui dans cette volatilifation; on y en trouve même de criftallifé. L'examen foigneux & circonftancié que M. de Fougeroux a fait des fubftances falines de même nature, & qu'il a obfervées à la Solfatare /g), me difpenfe de m'occuper de la même recherche; & d'ailleurs il eft aifé de préfumer que fur les montagnes de charbon de terre en feu, le fel ammoniac eft fouvent mêlé à d’autres fubftances vitrioliques & fulfu- reufes: en eflet, j'en ai remarqué criftallifé en fel ammoniacal vitriolique, en aiguilles ammoniacales nitreufes , agréable ment arrangé en barbes de plumes, ce qui indique fa combi-. naifon avec l'acide marin : en un mot, il n’y a rien d'étonnant ue l’alkali volatil uni à l'acide, forme ici des fels ammos niacaux de différente couleur & de différente forte. (d) Mois de Juin, page 214. verulentä falin&, figurê verd incert& (e) Alcali minerale volatile acido | à7 indeterminat& ). Minès purum Jels unitum, Cronftedt. 141. êT" femni pellucidum , plerumque cum (f) Sal ammoniacum in flores vel | aryillà , terr@ aut lapide adfixo. duminas concretum, Wall. 1, fe@. (g) Mémoires de l’Académie xo2. Sal ammoniacum cruftofum, | pour l’année 1765, page 267. Ob- ect. 256, (facie porofà aut pul- | feryauons fur le lieu appelé So/fasares DES SC1ENCES, 213 La plupart des variétés de configuration dans les produits de la fublimation, ne peuvent, fur la montagne de Fontaynes, être également diftinctes & nombreufes en tout temps: dans les faifons sèches, & femblables par la chaleur conftante & exceflive à celle qui a eu lieu cette année, elles doivent être confufes & peu nombreufes, le feu qui fe montre à l'extérieur dans plufieurs points de cette furface brûlante, met empèchement aux variations ; d’ailleurs, l'action du feu fouterrain ne fe faïfant pas fentir moins vivement dans les endroits où la flamme ne peut trouver d'iflue, Ja chaleur, la fumée épaifle, la vapeur fulfureule, ne permettent, ainfi que je l'ai fait remarquer, ni qu'on puifle aborder par-tout où l’on voudroit, ni qu'on puifle refter à la même place aflez de temps pour les oblervations néceffaires; on n’a pas même Ja facilité de recueillir à fon aife, tout ce que l’on feroit tenté de ramañfer. Le fecond quartier embrafé, a une ancienne mine, eft éloigné de Fontaynes, d'environ un quart-d’heure de marche ; on l'appelle le Montet , il-occupe la cime d'une montagne inclinée au midi, appelée Sredalie, qui eft une prolongation de celle où font les fources d'eaux minérales froides, fer- rugineufes & falines de Cranfac /4), fe faïfant jour fur la furface méridionale, au bas de la pente, vers le ruiffeau; & fous ce rapport on la nomme montagne de Cranfac où de la Pelonie, laquelle, en formant différens contours, fe pro- longe à Sauguieres, où elle prend ce nom, fur le penchant regardant le nord, fe prolonge encore jufqu'à Albin, placé fur le penchant méridional; en partant de Sauguières, la direction tortueule de la Scedalie, eft à peu-près de left à Toueft, & un peu plus haut fa direlion eft vers le nord. Ce quartier de Cranfac, en particulier, eft connu fort anciennement pour être la proie d’un feu fouterrain: dès (h) Comparées par fen M. | des Sciences, page 67; reconnues Lieutaud, à une des fources de nos | depuis par M.Bayen, &bpar fey eaux de Pafly, analyfées en 170$ | M.jVenel, Eaux Sed/irziennes, par M, Lémery, V. Hifi, de l'Acad, 214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe Jan r400, on le trouve qualifié dans des titres, Ze Pueck que art, c'eftà-dire, montagne qui brüle; il eft feul cité ou indiqué par différens Écrivains, Geographes, Naturaliftes ou Médecins : dans un Ouvrage imprimé en 160 5, l’'Auteur, Jean Banc, Médecin de Moulins /;), en parlant des eaux de Cranfac, fait mention de ce feu fur une montagne du yoifinage, curieux , ajoute-t-il à cette époque, 4 conjidérer, principalement de nuit. Dans un Ouvrage latin de Géographie, imprimé à Utrecht, en 1650 (4), cette montagne eft appelée, Mons ignivomus, cavernis, cryptis ©" barathris admirandus ; la Geographie de Dumoulin, imprimée en 1767 (1), en fait mention, en difant que le feu n'y paroît que dans les temps de pluie; M. l'Abbé Marie a fait la même obler- vation {m”); l’Auteur d'une brochure concernant Îles eaux médicinales qui fe diftribuent à Paris /#) n'a pas oublié de faire mention de ce phénomène /o). Dans une carte particulière du Rouergue, aflez mal faite, quoique très-moderne, on a exprimé tout près de Cranfac une montagne jetant des flammes. Quoique cet embrafement foit inconteftablement d’une époque très-reculée, néanmoins l'étendue de fuperficie où il fe manifefte, eft à peu-près femblable à celle de Fontaynes, qui eft incendiée, pour ainfr dire, depuis peu. On reconnoit à la fimple vue de cette pente de montagne, qu'elle eft éboulée, affaiffée, crevaffée dans toute fa fuperficie, comme la côte de Fontaynes, même coup-d'œil, même (i) Mémoire renouvelée des mer- (m) Voy. Art d'exploiter les mines veiïlles des eaux naturelles, Liv. z1z, page 127, chap. XXIX. (k) Geographiæ compendiun, &7 Hifpanie , Galliæ ac Italiw, brevis dT accurata defcriprio , êT c, ex op- Éinis àT recentioribus itinerariis ŸT Jcriptoribus, pag. 295, Ultrajeéti. 2) La Cdt ou defcrip- tion générale du royaume deFrance, divifée en fes généralités, rome VI, page 186. de charbon, partie I1.° page 532. (n) Expofition fuccinéte des prin= cipes & des propriétés des eaux mi- nérales qui fe diftribuent àParis,in-12. (0) Fu montagnes de Cranfac, rendent par plufieurs crevafles, de Ja flamme & de la fumée; il'paroît que des feux fouterrains ont brûlé fucceffivement daus une étendue de, pays confidérable; on y remarque des terres vitrifiées , page 694 Des :Sic 1'E N CES 215 défordre, le volume de fumée qui s’en exhale fans ceffe dans l'air, fe découvre quelquefois de plus d’une lieue au loin; on ne remarque pas que cette montagne foit plus enflammée dans une faifon que dans une autre, mais dans les temps de pluie & de neige, le feu & la flamme font plus apparens; dans l'obfcurité de la nuit, la fumée éclairée par la flamme jufqu'à la hauteur de cinq pieds plus ou moins, répand ou étend l'effet de lumière à une aflez grande diftance; & felon fon épaïfleur variée, paroît comme autant de traits de feu de couleur roufle, rouge, jaune ou bleue. IL paroït, par la defcription de M. l'Abbé Marie, que lorfque. ce Savant a vifité la Scedalie en 1770, le feu y étoit plus animé qu'au moment où je la décris; à l'œil, je Vai aperçu dans plufieurs endroits, entr'autres à une partie de trois toifes de large environ, fur fix de long, & un aflez grand nombre d'ouvertures très- brillantes par une vive incandefcence; néanmoins, l’ardeur du feu ne m'a point femblé, à beaucoup près, dans le même degré d'activité, ni dans le même éclat qu'à Fontaynes; la flamme n'y eft aujourd'hui que peu vifible, & en comparailon de ce qu'elle m'a femblé à Fontaynes, elle eft languiffante : Yabondance de l'alun donneroit-elle lieu à cette forte de diminution ou de foiblefle du feu /p)! . .. M. Murat, Doéteur en Médecine de Montpellier, frère de M. de Saint-Parthem , m’avoit accompagné à la Scedalie; Ë il s'étoit chargé d’un thermomètre au mercure de Capy ; 4 cet inftrument plongé dans une fente, d’où s’exhaloit une … grande chaleur, à fix heures & demie du matin, le 10 _ Juin, au moment qu'il étoit au 14.°° degré au milieu de la . vapeur fumeufe a marqué en peu de temps 30 degrés, _ enfuite 35, puis enfuite 44. La totalité de étendue fuperficielle du Monter eft brû- 1 2 (P) Alumen omnia ab igne tuetur | cap. V, feét. VI, part: 339. Al£ me enim non folüm admiétit ignem, | minis ope, turris ignea, ab igne tuta, verüm etiam aliguando accenfum | idem, l … sxflinguie, Cœf. Mineral, Lib, I, 216 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE lante, & dans quelques endroits plus que dans d’autres; mais point affez dans aucun pour qu'on ne puifle pas abfolument fe porter par-tout, & s'y arrêter le temps né-! ceflaire à l'infpection des parties de la montagne qui frappent les yeux ou l'attention, foit par un plus grand volume de fumée, foit par quelqu'autre circonftance ; les fentes, les crevaïles où le degré de chaleur s'annonce à la vue, font acceflibles en y apportant de l'attention; la vapeur qui s'exhale continuellement de par-tout, eft plus généralement humide, & permet davantage à l'Obfervateur de fe baiffer pour fes recherches. A mon avis, cette chaleur, moindre au Æontet qu'à Fontaynes, prête davantage à l'aétion de l'air froid & humide fur une grande partie de la première épaiffeur cals cinée de cette montagne, d’où s’enfuivent, en conféquence, les combinaifons variées des différentes fubftances volatiles & demi-volatiles, fur lefquelles le feu agit fans cefle, aïnfr que la formation plus abondante des produits bitumineux & falins. Enfin, on peut dire qu'on y a par-tout autrement qu'à Fontaynes, la facilité de fatisfaire dans le plus grand détail, la curiofité qu'excite en nombre bien plus confidé- rable qu'à Fontaynes, une variété infinie de produits du feu, d’efflcrefcences ou fublimations de couleurs blanche, jaunâtre, rougeñtre, & c'eft en quoi cette montagne par- ticulièrement, ainfi que celle de Fontaynes, font encore différentes de celles décrites jufqu’à ce jour. Dans l'état où eft actuellement le Monter, c'eit une véritable fingularité que la variété d'incruftations, de flalactites, de flalagmites, de concrétions tophacées de forme globuleufe ou en grappes, & de différentes couleurs, que les vapeurs & les fumées humides ont accumulées fur les parois terreux ou pierreux des crevaffes dont eft fillonnée toute la fuperficie, Les fubftances falines qui prennent ces configurations; les matières mêmes non falines auxquelles elles fe font : jointes lorfqu'elles fe font déplacées par éboulement, ou au premier inftant de leur formation, après avoir dégénéré pas M ES SE TIEN CES 217 par la déliquefcence, en une efpèce de limon diverfement coloré, font les mêmes que celles obfervées fur les volcans: on fera bientôt à portée d'en faire la comparaïfon ; on prendroit d’abord ces incruftations déliquefcentes à l'air, pour de l'argile boueufe & mélangée; en les ramaffant à la main, elles ne paroiïffent autre chofe qu'une pozzolane vafeufe. A l'examen, on reconnoît qu’elles font entièrement un agrégat d’alun, de vitriol, de foufre, de vitriol martial déliquefcent à l'air, qui a pris une couleur ocreufe mélangée, une confiftance grafle, & diverfes configurations; on aperçoit auffi le chalcitis où colcotar, la félénite, qui fe font arrêtés dans les pierres, même du /e/ ammoniac jaune fublimé en mafle, quelquefois pur & criftallifé dans les parties de Ia montagne où la chaleur eft modérée {7}. Ces incruftations mamelonnées, globuleufes ou autres, fe rencontrent non-feulement fur cette fuperficie qui eft à Ja portée de la vue, dans la première épaiffeur qui eft au-def- fous, fur les parois des crevaffes chaudes, parmi les démo- litions que l'on peut faire foi-même, par curiofité, des mafles détachées en quartiers dont on fe trouve environné ; mais en profondant ce terrein, on trouve encore que, dans un aflez grand enfoncemeit, c'eft un mélange des mêmes fubftances falines, volatiles & folides, affemblées & retenues confufément enfemble, fuite naturelle de bouleverfemens, d’affaiffemens fucceflifs de la fuperficie, & du rapprochement de tout ce qui s’y trouvoit. IL fuffit d’obferver ici en paffant, que des différentes fubftances falines qui fe combinent fur toute cette mafle extérieure du Montet, avec une variété & une profufion également récréative à l'œil, par les couleurs diverfifiées, (q) L’abondance du fel ammoniac | à un degré de chaleur aflez fort, fur ces terreins, peut être regardée | & que dans un état de pureté il fe: comme une efpèce de gnomon de | volatilife, fe fublime, ou fe difipe chaleur; on fait que ce fel eft demi- | en entier , à l’aide d'une chalcw wolatil, c’eft-à-dire, qu’il fe fublime | médiocre. Mém. 1781, Ee 218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la plus commune eft l'alun: on doit l'attribuer à la pyrite, matrice de ce fel neutre , ordinairement répandue dans Îe charbon de terre, & que ce bitume foffile peut aufli fournir abondamment, comme il eft remarqué dans Îa Defcription de l'Art d'exploiter les mines de charbon de terre, partie 1°, page 23. Dans des actes de 1500, on trouve que Îles Seigneurs d’Albin , ont hommagé les mines d'alun , au comte de Rhodès, Le feu fouterrain, dont je viens de détailler les fignes extérieurs & les effets fur la cime de la montagne, appelée Scedalie, n'eft pas circonfcrit dans cettte feule étendue fuper- ficielle du Montet, comme il l’eft dans un feul endroit, fur la côte de Fontaynes. M. Abbé Marie a très-bien remarqué, qu'une chaleur, mênie brülante, s'étend fenfiblement dans plufieurs terreins d’alentour, & aflez au loin; on voit avec une forte d’étonnement fortir la fumée de droite & de gauche, en grand volume, du pied de plufieurs châtaigniers, de la première efpèce, comme ceux de Fontaynes, dont il ne refte plus de veftige fur la furface de la Scedalie, qui en étoit recouverte. En quittant le Montet, pour aller à Cranfac, on rencontre deux étuves, qu'un Gentilhomme, M. d’Auteferre, a adoflées à la montagne brülante; M. l'Abbé Marie, a obfervé qu'en moins d’un quart-d'heure, la liqueur de fon thermomètre y monta à 31 degrés : nous n'avons pu, M. Murat & moi, reconnoiître la chaleur de cette étuve. Depuis du temps nous étions dans l'atmofphère échauffée de la montagne, arrivés à l'étuve, il étoit 7 heures & demie du matin, le thermomètre étoit à 1 $ degrés; les deux portes de l’étuve ayant été ouvertes, pour y entrer, la liqueur s'eft tenue à 17 degrés. Vers le milieu du penchant boréal de la Scedalie, fous Ia mafle incendiée, on trouve une fource d’eau chaude; elle eft réputée minérale, mais trop forte; elle eft réfervée pour la guérifon des chiens attaqués de la gale, en les y lavant. Tout le vallon de Cranfac , eft femé de pierres argileufes , DPELSENS IC LE lN:C\E:S, 219 qui retracent l'idée de celles que l’on a vu altérées par le feu, foit à Fontaynes, foit au Montet. La gorge qui conduit à l'an- cienne fource, fituée dans la partie élevée du Bourg fur la côte, & qu'on nomme Source haute, Fontaine de Girou où de Ja Pelonie (r), eft jonchée de pierrailles fcorifiées de même, à différens degrés, lefquelles n'ayant pu y être portées, autorifent à penfer que ce local a été incendié ; on ne peut douter, d'après Jean Banc, qu'il n’y ait eu à Cranfac des eaux chaudes, qui fe prenoient en bains //); du temps de ce Médecin, il y avoit trois fources, on n’y en connoît aujourd'hui que deux, celle dont je viens de parler, & une autre dans le fond-du vallon, appelée, par cette raifon, Source baffe ou feconde fource, quelquefois nouvelle Source, ou Fontaine de l'Intendance ; le feu fouterrain, qui en rendoit une thermale ayant été inter- cepté, aura fait difparoitre cette qualité, & oublier la fource ; ce qu'il y a de certain, c'eft que dans le pays, on prétend encore qu'il y a cent ans, la fontaine de la Pelonie ou de Girou, étoit thermale, & qu'on y prenoit des bains. À Sauguières, qui eft, comme la Scedalie, un prolonge- ment de la montagne de Cranfac, avec cette différence que Sauguières eft fur le penchant regardant le nord, on reconnoît à la cime, des veftiges d'incendie, & quelque peu de feu; M. l'Abbé Marie, en fait mention. Outre les Charbonnières qui font dans cette partie; il y a un peu au-deffous de la pente, vers le fommet, une fource d’eau qui a été légèrement thermale; on aflure que pour les plaies, elles ont un très-bon effet, en les y nettoyant, lorf- qu'elles font récentes; un ancien Médecin d’Albin, M. la Bruyere, y envoyoit pour les plaies aux jambes : cette chaleur ayant ceflé, on n'en fait plus cas aujourd’hui, Les defcriptions de la montagne incendiée de Fontaynes & du Montet, fufhfent pour en donner une idée complète, (r) Ses eaux font plus fortes que | de France, dont l’ufage ne m’eft celles de l’autre fource. encore fr connu que je doive leur (JS) Chapitre XX1x. Des fources | donner place parmi les fufmen« “chaudes naturelles de plufieurs lieux | tionnées, page 127. Ee if 220 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE & pour faire voir en quoi elles différent, non-feulement l'une de l'autre, quant à l'état d'embrafement, mais encore relati- vement à ce même point, de celle de Saint - Genis en Lyounois, de celle appelée Mine, à Chambon dans le Forès, de Duttiveiller près Naffau, obfervées par plufeurs Phyfi- ciens, &c. La fuperficie de ces derniers endroits, dévaflés par un embrafement fouterrain, a été fans contredit fujette aux mêmes phénomènes, que ceux dont j'ai été témoin aux mines de Fontaynes & du Montet; cela ne peut être autrement, le feu qui confume les unes & les autres, à l'aide d’une même caule, étant alimenté par la même matière; mais en rapprochant ces defcriptions, eft indifpenfabiement néceflaire, pour établir la caule des différences de quantité d'efilorefcences de fubli- mations, d’avoir égard au degré de force où étoit l'embra- fement fouterrain des montagnes qui ont été décrites, dans le temps où elles ont été obfervées. A cette époque l'embra- fement, confidérablement ralenti, doit être jugé vifant à fon déclin; les matières grafles & bitumineufes qui alimentoient le feu, étoient confumées en grande partie. Dès-lors toute l'épaiffeur fuperficielle de ces montagnes, foit de Saint-Genis, foit de Chambon, décrites par trois Savans, fe trouvoit entiè- rement réduite à un amas de matières calcinées, ou entière- ment incinérées par linflammation vive & foutenue dans une époque antérieure, de matières incapables de fe fublimer, de fe décompoler, de fe reproduire : les fubfiances qui anté- rieurement avoient pu s'y rencontrer dans l'état de fublima- tion, de volatilifation, ces fubftances, lorfque les Obfervateurs fe font tranfportés fur les lieux, avoient été délavées à la longue par les eaux du ciel, entraïînées enfuite de defflus cette furface, diflipées enfin, & laiffant à peine quelques veftiges, fenfibles uniquement à ce qu'il paroït pour des Connoifleurs; on ne peut qu’en juger ainfi à la manière dont fe font exprimés les Auteurs de ces defcriptions; elle efl bien éloignée de faire naïtre l'idée, qu'il y ait eu fur-ces montagnes brûlantes , lorfqu'ils y ont été, une abondance marquée dans DN'EUSN SCA EN CE 'S 221 Jes produits falins, bitumineux ou autres, quoique certaiie- ment cette abondance eût été fenfible plufieurs années plus tèr. Le Montet, en confidérant les phénomènes apparens du feu, comparés avec la montagne de Fontaynes, eft à cet égard dans une efpèce d'état de repos, tel que fi le feu Sy épuiloit ou commençoit à s'étoufer; la fuperficie, prefque toute dégénérée en une mafle faline, fulfureufe continue, donne lieu de préfumer que le feu ou la Hamme ne pénètrent plus librement comme à Fontaynes, du fond du foyer em- brafé, jufqu'à cette écorce extérieure tout-à- fait dégénérée de fon premier état; & cette même croûte, à la fuite des temps, fe trouvera fim plement, comme à Saint-Genis, comme à Chambon, cendreule, terreule, formée de débris graveleux & fcoriacés, qui pourront être regardés comme une efpèce de pozzolane argileufe & appliqués aux mêmes ufages. * Je crois avoir fufñfamment établi la différence que j'ai annoncée entre la plupart des montagnes brülantes dont il a été donné des defcriptions, & celles de Fontaynes & du Montet dans le Rouergue; même la différence entre ces deux dernières, à l’époque du voyage que je viens d'y faire. Ce qui difingue principalement mon travail de ce que plufieurs Savans ont publié avant moi fur tout cet objet, eft effentiel à remarquer: jufqu’ici les defcriptions de ces mon- tagnes en feu, n'ont prefque occupé les Voyageurs que comme delcriptions curieufes; les fubftances pierreufes qui couvrent ces fuperficies brülantes, quelques apparences de foufie, d'alun, font le plus fouvent tout ce qui a fixé Vattention : ces terreins néanmoins préfentent, relativement à la Phyfique, ou à des objets économiques, matière à des recherches aufli intéreffantes qu’utiles; f: quelques points de ces recherches ont été entrevus ifolés les uns des autres, ils n'ont été ni développés ni approfondis autant qu'ils deman- deroient à l'être pour être profitables, ou pour encourager à les rendre telles; c'eft ce dont je m'occuperai dans un fecond Mémoire. Avant de terminer celui-ci, comme je l'ai annoncé px 222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'indication des fubftances minérales de divers genres qui compofent ma Collection minéralogique des montagnes de charbon de terre embrafées, il ne me refte‘plus qu’à dire un mot fur cette fuite curieufe rapprochée fous un même coup-d’œil. En fe rappelant le tableau que j'ai tracé de ces montagnes brülantes en géneral; en fe rappelant auffi celui que j'ai donné en particulier de celle du Rouergue, dans un état de plein embrafement, il eft aifé de juger d'avance de fa nature des fubftances que peut y recueillir un Naturalifte; elles font au nombre de deux, les unes s'y trouvent dans quelque temps qu'on vienne vifiter ce terrein enflammé, c’eft-à-dire, foit dès que lembrafement s’eft une fois manifefté au dehors, foit dans tous les temps poflérieurs à fa ceffation; dans cette clafle je comprends les fubftances pierreufes, remarquables par les altérations qu'elles ont fubies dans leur couleur, même dans leur texture, d’abord par l’action foutenue ou répétée du feu, & enluite par celle de l'air extérieur; elles appartenoient, foit aux lits fervant de couverture à la mafle de la mine, foit aux couches fervant d’enveloppe au charbon, rapprochés peu-à-peu les uns & les autres de la fuperficie, par les éboulemens & les affaiflemens qui fe font fuccédés, Les fubftances minérales dont je fais une feconde clafle, font à tous égards très-différentes; il n’eft d’abord qu'un temps pour les rencontrer ou en amas confidérables, ou attachées aux fubftances pierreufes éparfes fur le fommet extérieur de la montagne; le concours du feu & de Fair, caufes dont elles font le réfultat, venant à changer, à s'a- néantir à la longue, elles fe détruilent, les unes par leur propre volatilté, les autres par leur propriété déliquefcente déterminée par les eaux du ciel : à ces particularités, les Phyficiens & les Chimifles reconnoitront les fubftances falines, acides, fulfureufes, volatiles ou demi-volatiles /4). . = {u) De ces différentes fubftances | tillons provenant d’éruption du Vé- minérales , pierreufes & autres, j'en | fuve, ou à plufieurs de ceux repré- ai mis quelques-unes à portée d’être | fentés dans les planches de l'ouvrage gomparées à de femblables échan- | du Chevalier Hamilton, DE SIÈS CHEN. CES: 223 Différentes fubflances terreufes . pierreufes, falines &r bitumineufes, appartenant à la couverture extérieure de quelques Mines de charbon enflammées fponta- nément, citées dans ce Mémoire. PRINCIPAUTÉ DE NASSAU-SARBRUCK, CANTON DE DUTTIVEILLER. Montagne de Charbon alumineux en feu, nommée dans le pays Volcan. ?. PAR dont une épaiffeur confidérable eft calcinée & rougie par le feu ; le refte a non-feulement la folidité, mais même l'état & l'éclat filiceux, remarquable par des veinules rouges, brunes & grifes, entre- mélées confufément, ce qui repréfente un caillou; on pourroit l'appeler Jilex fchiflofus , grifco à rubro colore, polyzonias. Morceau compacte, pefant près de trois livres & demie ( étiqueté dans l'envoi, clou provenant du feu de la montagne), argileux, très-pur, durci par le feu , au point de reffembler à une brique très-compacle, fgurant extérieurement le gros d’une fouche de racine de rofeau , ayant fes nœuds contournés obliquement, fix articulations, à deux doigts les unes des autres, & Îes fibres longitudinales bien marquées. Schifle, ardoife ou argile alumineufe très-compacte, colorée dans fa plus grande partie en rouge briqueté, & portant empreinte de fougére, tant fur une face qui ne femble pas avoir été altéréc par le feu, que fur une autre qui efl vifiblement briquetée. Ardoife, idem , très-compacle, faifant couche; avec une empreinte en mofaïque fur une face. Agile alumineufe , grillée, id. faifant feu de toutes parts avec le briquet. Autre, id, moins rongée par le fer; avec empreintes. Autre, id, tige arundinacée, aplatie, de la longueur de huit pouces fur quatre doigts de large, très-fonore, & cependant ne faifant point feu ; elle eft articulée dans trois endroits à fix doigts de diflance les uns des autres. F Autre, id, de près de trois doigts de large fur douze de longueur, articulée à trois endroits, à quatre doigts de diflance les uns des autres. hr. b. Se Terre muriatique ocracée, dans laquelle fe trouvent la bafe du fel marin, un peu d’alun , & une terre ocreufe rouge. Soufre de couleur pale, provenant du centre brûlant de la montagne; il ef ammoniacal, en grains, parmi lefquels brillent des criftaux d'alun. 224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Soufre provenant auffi du centre brülant de la montagne , & envoyé pour cendres brülées; 44, tenant un peu plus de terre. LT ON FIN PONS Quartier © voifinage de Rive-de-Gier; montagne de feu à Saint- Genis - Terre- noire, PIERRE fchifleufe à demi-calcinée, dans laquelle eft un noyau, comparable à ce que les Ouvriers de mines nomment dans ce quartier, Gore pure ( fchifte pierreux ) moins altéré par le feu. Subflance pierreufe, qui paroît avoir été celle nommée par fes Ouvriers, Magnefer (efpèce de granit}; le feu de la montagne a mis äw nu les parties étrangères à l'argile, fous forme de brique, quelques fubftances calcaires, & le refte fous forme de fcorie dure, poreufe. Arpïle folide d’un tiffu ferré, ayant fur quelques endroits, quelques reflemblances avec les empreintes ligniformes remarquées dans les cou- ches analogues, dans leur état naturel & non brülées ; elle paroit être un mélange de Gore & de Maynefer. Argile folide, légèrement colorée de différentes teintes par une terre martiale, & tenant des parties fcorifées; c’eft un Gvre. Argile tès-durcie par le feu, & colorée, moitié en rouge qui paroît avoir été Magnefer, moitié en rouge qui paroît être du Gore. Terre argileufe moins compacte, moins pure, paroiffant avoir appar= tenue au rocher placé fur le Gore. Autre, idem de couleur rougeâtre, plus délavée, tenant du fable, & ayant toutes les apparences du ZYipoli : pourroit avoir été un Talcites, & ce que les Ouvriers appelent un Merf ( méte fchifteufe ). Autre, idem grofière, colorée par le feu; paroît être a fubflance appelée Magnefer. LT ÉLEO RARES: Montagne du bois d’Avege, entre le bois d ’Aveze à Terre- noire, où la couche Jupérieure de charbon ef? incendiee. Terre ferrugineufe , contenant filex ; Îe tout fortement durci E devenu même poreux, & tachant les doigts, par un noir de fumée, dont la totalité elt falie. Il fe trouve une grande quantité de ce$ fubflances, entre le bois d'Aveze & Terre- noire. CARRIÈRE, appelée Mine, paroiffe de Chambon. My, . Méme fubflance que la précédente , mais moins ferrugineufe, contenan DIE) SINS ICE NC’ ENS. 229 contenant dans de grandes parties, du Spuma ferri ou laytier bleu; & des portions d'argile rougie, blanchie, jaunie par le feu. Pierre ferrugineufe, fumigée, plus folide, pareillement attaquée par la chaleur, au point d'être devenue oreufe, mais fans avoir perdu L P P P fa pefanteur, Argile grife colorée en bleu, peut - être par l'influence alkaline- de coquillages, dont il paroït quelques veitiges à l'intérieur de la mañe. La même en'poudre fine, telle qu'elle fe ramañle auf dans cet état, fur la fuperficie du terrein en feu. Pierre fableufe , micacée, d'un blanc jaunâtre un peu briquetée dans quelques endroits, délitée par le feu, & comparable à la Roche douce ( Gore, Schalke, pierre de toit fciflile ). Aütre, idem, mais plus pefante & plus alumineufe. Autre, idem, légèrement calcinée ; paroiffant une efpèce de £g'anié moins coloré. Autre, idem, plus compacle ; comparable à la Roche douce. Granit légèrement coloré , qui paroît fe rapporter au rocher courant par couches, entre left & le fud. Pierre argileufe, micacée, rougie par le feu, laiffant fur la langue un goût Îcger d’atriction; paroît être la Roche morte (efpèce de prés ou guoirelle ). Terre ocreufe à porcufe, peut-être alumineufe dans fon état primitif, devenue chalcitis, | * ‘Portion de toit de la mine. Aroïle ocreufe, qui par la chaleur du ? | ; CALE re UT k feu fouterrain a contracté une couleur a-peu-pres briquetée; & qui pour le coup-d'œil, approche d'un morceau de tuileau. Deux autres petits morceaux, ayant l'apparence poreufe & celluleufe, Concrétion terreufe à alumineufe, provenant des terres f uperñciciles, ACT PCR EN NE. Baffe Marche de Rouergue ; montagne de Fontaynes. Matière en partie fcorifiée, & tenant du foufre fublimé. Pierre argileufe, avec foufre fublimé, & criftallifé fur fes feuillets. Schifle fcifile, devenu léger, & d'un rouge-pâle tirant fur le violer par la grande chaleur du feu, Cendres impalpables, de couleur rouge-pâle tendre, & qui paroiffeng appartenir au {chifte précédent; elles forment dans plufeurs parties de la montagne, des amas, ou en monticules ou en fondrières. (V, p.207). Matière faline , fulfureufe , où fe trouve un jeu de terre argileufe & maïtiale ; 1e tout déjà brülé, ne tient que ce quon appcleroit foufre Mén, 1781, 226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE vif, & caput mortuum de la fublimation du foufre. Deux morceaux , en gâteau aplati, provenant du bord extérieur d’une crevaffe, d'où il fortoit quand je les ai retirés, un grand volume de flammes ; au moment que je les ai attirés à ma portée, ils étoient.en ébullition, ayant entièrement un éclat métallique, exiflant encore aélucllement dans une partie de l'étendue de ces morceaux. { Vay, page 205). Lapillo, Rapilli; mélange ifolé de fragmens de différentes pierres plus ou moins brülées; je crois pouvoir les défigner par les termes italiens reçus au Véfuve & dans les pays volcaniques, fans avoir égard à la nature de ces différens derritus. Éclats (qui fe font féparés dans Île tranfport) d’un morceau du tronc de Châtaignier placé fur le bord de la montagne où le feu eft limité (V. p,202, 210). Les fiffures charbonnées de cette fouche, font garnies en abondance de foufre qui y étoit agréablement & diver/ement criflallifé, MoNTAGNE de Cranfac où de la Pelonie, Différentes pierrailles fcoriformes ramaffées dans la gorge qui conduit à la fontaine de Girou. { Voy. page 209). MonNTAGNE de la Scedalie, Le Puech que art. Subflances minérales terreufes à pierreufes. Grès- calciné, de la fuperfcie, ou plutôt pierre de fable par lames, rougie légèrement fur une face, & d’un blanc jaunâtre-orangé fur l’autre; fort approchant du grès micacé en mafie, non lamelleux de Cahuac. Schifle pefant, à demi-fondu par le feu fouterrain; il paroît être le même que le fchifte qui fe trouve dans a mine de Cahuac. Schifle rougi par le feu, ayant dans cet état contracté l'apparence d'une mauvaife brique, & laiffant apercevoir dans fes feuillets, ainfi que dans fes fuperficies, du fe ammoniac ; il paroît être le même que le Ta «ou Zuf (toit ou fol non folide ) de Cahuac, non fenfiblement feuilleté. Autre, idem, auf à feuillets non marqués, de couleur brune, avec {el ammoniac dans les points de fa furface, & comparable à une fubflance provenant d'une éruption du Véfuve. Le morceau précédent, achevé de calciner au feu de creufet, & ayant contracté une couleur rouge-foncée. s Pouffer fin qui s’eft détaché de cette pierre avant d’être mife au creufet. Trois pierres fchifleufes, tofeufes, c'elt-a-dire, paflées du dernier état de calcination à celui de #uff, teuffa, pris dans le fens reçu à Naples, fcories pumiceufes, comme dans le langage des Mineurs, & dans le vulgaire, tophus pumicofus ; réfidu, dépôt, fcorie terreufe ou pierreufe, fouvent pierre compofée comme les tuffa lives, de cendres & de gravier aglutinés, de même qu’on peut entendre par ce mot «ff, une union plus ou moins grande de la terre calcaire avec le fable; DES S) ICE EINNCENS 227 ainfi toutes les fois que j'emploîrai les mots ponce ou pumiceux , on ne doit les entendre que comme exprimant l’état poreux , & non la nature de ponces. Ponces poreufes, dont Ja couleur dominante eft 1a couleur rouge, Deux morceaux, que je définis, pumex fchiffi ignigenus, facie [coriaceä, Jolidus, aquæ nihilominus fundum petens ; un morceau affez gros , cendreux dans plufieurs parties; je le foupçonnerois avoir été de même compofition que le peyre fic (toit ou fol compacte ) de la Scedalie. Des deux autres morceaux, l'un rend un fon clair en le frappant; ce qui marque qu'il a éprouvé un feu plus actif & plus foutenu; il tient dans une partie à une portion fchifteufe qui n'a pas été fi altérée par le feu, & qui eft fillonnée fuperficiellement, d’une cannelure régulière; tous trois font comparables à des matières vomies par le Véfuve. Schifle devenu rouge, efpèce de pierre rougeitre, vitriolique; c’eft un fchifte calciné, fur lequel il geft formé des enveloppes de chalcitis minéral; chalcitis minerale , verifimile friabile, nec lapidefum, Chalcitis ou witriol rougi par le feu, appelé auffi colcothar naturel. Autre, idem, devenu plus léger & rougi par le feu. Terre noirâtre, où il fe trouve encore du charbon. Cendre grife, ox plutôt pouffière très-menue, non endurcie. Subfiances terreufes, falines, bitumineufes 7 [ulfureufes, formées dans les fentes &7 crevaffes Juperficielles de la Scédalie , en incruffations Jlalaiiteufes, flalagmiteufes, globuleufes, mamelonées, érc. Terre argileufe, décompofée par le feu, qui a développé un peu d'alun. Matière qui a ‘attiré l'humidité de l'air, elle tient de l'alum criftallifé & du vzriol martial. Portion de yitriol martial en colcothar, Alun natif, pris fur le fommet extérieur del Puech ardent , où il fe raffemble en manière de ftalactites fpirales, dans une petite fon- drière ; il eft légèrement empreint de fer, & contient excès d'acide. Autre, idem, que le N.° 2, à l'exception de la bafe qui eft différente ; cette maffe préfente à la vue, matière à comparaifon avec la figure de la Planche $3, 24, de l'Ouvrage de M. Hamilton, Autre, idem. 4 Autre, idem, tenant du fe/ ammoniac, Sel ammoniac de volean , prefque pur, coloré en jaune, probablement par fon mélange avec du foufre. Autre, idem, de couleur grife, probablement par fon mélange d’hété< rogénéités, sA-OXe Ff i 228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATION S U R, L À DÉCOMPOSITION DE L'ACIDE NITREUX. SECOND MÉMOIRE. Du Nitre expofé à l’atlion de la chaleur, avec le Charbon , le Soufre 7 l’Arfenic. Par M. BERTHOLLET. jte T que de confidérer la décompofition du nitre par Je charbon, j'ai penfé qu'il convenoit d'examiner avec plus de foin qu'on ne la fait, le gaz que le charbon lui- même contient, & qu'il eft poflible d'en chañer par une forte chaleur. Hales a retiré cent quatre-vingts pouces cubiques d'air de cent cinquante-huit grains de charbon de Newcaflle, mais il confond cet air avec l'air atmofphérique; d’ailleurs, le charbon de terré eft un bitume, & c’eft le véritable charbon que j'ai eu en vue. M. Prieftley dit qu'il reçut en trois portions d'environ une chopine chacune, l'air dégagé de deux melures de charbon qu'il avoit miles dans un grand vaifleau de verre, & auxquelles il avoit appliqué Faction de la chaleur: ïl obferva que dans chaque période du procédé Fair troubla l'eau de chaux, qu'il y eut plus d’air fixe dans la première portion que dans Îes fuivantes, & que le réfidu étoit inflam- mable; mais l'air contenu dans le grand vaiffeau de verre dont il s’'eft fervi, & qui a dû être altéré & converti en air fixe, a formé une grande partie du produit qu'il a obtenu; & l'on va voir que ce célèbre Phyficien eft bien loin d’avoir. dégagé iout le gaz qu'on peut retirer du charbon. DÉS SUCRE UN :C. ES: 229 M. Sage dit dans fon analyfe des blés /page 9 6) qu'ayant diftillé de la poudre de charbon, le récipient qu'il avoit adapté à la cornue fe trouva rempli de vapeurs qui s’enflam- moient lorfqu'on approchoit la flamme d'une chandelle; elles ne répandoient pas d’odeur fenfible, & brüloïent à la manière de la vapeur inflammable dégagée du zinc & du fer par l'acide marin. M. Schéele a obfervé que Île charbon donnoit par l’aétion du feu un gaz dont la première portion étoit de l'air phlo- iftiqué, & le refle de l'air inammable; qu’en fe refroidiffant il réabforboit le gaz qui s'en étoit dégagé, & que Jorfqu'il ne donnoit plus d'air par l'aétion de la chaleur, il recouvroit la faculté d’en donner, fi on le laifloit refroidir à l'air: cette fingulière propriété qu'a le charbon privé par la chaleur de fon gaz, d'en abfurber de nouveau, a donné lieu à M. l Abbé Fontana, de faire des expériences très-intéreflantes. J'ai foumis du charbon en poudre à l'aétion d'une grande chaleur dans un appareil pneumato - chimique; j'ai retiré environ fept cents vingt pouces cubiques de gaz par once: la première partie de ce gaz troubloit un peu l’eau de chaux, & ne contenoit par conféquent qu'une très - petite quantité d'acide crayeux, elle n’éprouvoit aucun changement avec le gaz nitreux ; elle n'étoit point inflammable, & ainfi ne préfentoit que les propriétés de ce gaz, que nous appelons vaguement air phlogifliqué. Le gaz qui a fuivi a commencé par être un peu inflammable, & l'eft devenu de plus en plus jufqu’à la fin; il brüloit, & donnoit une flamme bleuâtre fans détonation avec fair atmofphérique, & faifoit une foible détonation avec l'air déphlogiftiqué. Le réfidu de l'opération étoit du charbon qui paroïfloit pofléder toutes fes propriétés; il avoit perdu précifément deux gros de fon poids par once; de forte que fept cents vingt pouces cubiques de ce gaz, pèlent deux gros; un volume égal d'air atmofphérique peferoit environ quatre gros & demi; fa gravité fpécifique de ce gaz eft donc, en accordant quelque chofe pour l'acide crayeux qui s’eft dégagé 230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le commencement & qui a été abforbé par l’eau, à peu- près trois fois plus petite que celle de l'air atmofphérique. Le gaz inflammable tiré des métaux, eft beaucoup plus léger ; mais comme le gaz du charbon eft compolé d'air phlogiftiqué & de gaz inflammable, il pourroit fe faire que la partie inflam- mable ne dût les différences qu’elle préfente dans l'inflamma- tion qu'au mélange du gaz phlogiftiqué. I faudroit trouver le moyen de l'en féparer, pour s’affurer fi elle diffère réelle- ment du gaz des métaux. Deux efpèces de charbon m'ont donné Îles mêmes réfultats. J'ai examiné [a braïfe de Boulanger, & je n’en ai retiré qu'à peu-près la moitié autant de gaz que du charbon, la perte du poids a aufii été de moitié. J'ai éprouvé la houille réduite en charbon, elle n'a pré- fenté des variétés, mais elle ne m’a jamais donné la moitié autant de gaz que le charbon de bois, & cependant la perte de poids étoit à-peu- près égale ; l'eau qui étoit traverfée par ce dernier gaz, verdifloit le frop violat, & avoit une odeur de bitume; ce qui prouve qu'outre le gaz, il fe dégage encore d’autres principes de cette fubftance. : Il y a apparence que le gaz phlogiftiqué qu'on retire du charbon, s'y eft fixé pendant qu'il s’eft refroidi, comme M.° Schéele & Fontana ont obfervé que cela arrivoit dans le charbon qu'on a échauffé ou embrafé, Peut-être le charbon privé de fon gaz, feroit-il une poudre plus active que le charbon ordinaire; du moins il m'a paru détonner avec le nitre plus vivement que le charbon ordinaire. N'eft-ce point le gaz qui fe dégage des charbons avant qu'ils foient entièrement enflammés, qui les rend fi dange- reux dans les endroits enfermés? N’eft-ce pas parce que la braife en donne la moitié moins qu'elle eft moins dangereufe, & par les mêmes raifons le charbon de houille ne feroit-il pas moins à craindre? Je fais que M. Schéele a pu refpirer le gaz inflammable fans en être incommodé; mais le gaz des charbons paroït plus dangereux, car fon odeur nuit très- proinptement, il femble agir fur-tout fur le fyflème nerveux; D'E S: 9€ L'E MN € E 234 il ne me paroît pas qu'on puifle expliquer, par le feul chan- gement de la partie pure de l'air atmofphérique en acide crayeux , les effets funefles & prompts de la vapeur du cha:bon. C’eft du charbon privé de fon gaz que je me fuis fervi dans les expériences fuivantes; j'en ai mis trois grains, avec un gros de nitre, dans une petite cornue de grès adaptée à un appareil pneumato-chimique; il s'eft fait une légère explofion, & le gaz qui s’eft d'abord dégagé, contenoit un peu d'acide crayeux, & étoit pour la plus grande partie de l'air qui avoit à peu-près le degré de pureté de l'air atmofphérique ; celui qui s'eft dégagé fur la fin étoit plus pur. Six grains de charbon ont formé une partie affez confidé- rable d'acide crayeux; le refte étoit de Fair qui a très-foible- ment rougi avec de gaz nitreux; il paroifloit prelque tout converti en air phlogiftiqué. Je n'ai pu examiner par ce moyen un mélange où le charbon entrât en plus grande pro- porüon, mais alors j'ai fait l'opération dans un canon de fufil, auquel j'ai adapté une veflie vide; je ne rapporterai pas les détails des expériences que j'ai faites de cette manière, parce que la détonation qui fe fait, chafle toujours une partie -du nitre & du charbon, fans qu'ils aient éprouvé de décom- pofition, je dirai feulement que le gaz qui fe dégage de cette détonation, eft environ un tiers de Facide crayeux, & le refte eft de l'air phlogifiiqué; jamais il ne paroïît de gaz nitreux, À fx grains, il fe forme déjà une détonation accom- pagnée d'une petite flamme : fa flamme & la détonation font beaucoup plus confidérables, fi l'on augmente un peu la quan- üuté du charbon. : J'ai éprouvé la poudre à tirer : le gaz qui s'en eft dégagé m'a préfenté les mêmes propriétés que celui que j'ai retiré du nitre & du charbon ; mais à poids égal, j'ai toujours eu plus de gaz de la poudre que du nitre & du charbon, quel- que foin que j'aie eu de mêler exaétement le charbon & le nitre; cette différence vient peut-être de ce que le foufre, en fe convertiflant d'abord en acide vüriolique, fait par 232 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'action qu'il exerce fur l’alkali du nitre qu'il convertit pour la plus grande partie en tartre vitriolé, que la décompofition du nitre eft plus facile, plus complète & plus inftantanée ; c’eft peut-être de-là que vient l'utilité du foufre dans la poudre, car M. Baumé a éprouvé que la poudre, dans laquelle on fait entrer une petite quantité de foufre, a le double de force de la poudre qui n’eft faite qu'avec du nitre & du charbon (Clim. exp. © rail. Tome 1, page 461 ). Après plufieurs épreuves, j'ai trouvé que la quantité de foufre qui décompoloit entièrement le nitre, fans faire explo- fion, étoit le quart du poids de cé dernier. En diflillant donc deux gros de nitre, avec un demi-gros de fleurs de foutre, j'ai retiré environ quatre - vingt-fix pouces cubiques de gaz nitreux, les premières portions qui pafient, produifent avec Y'air de l'appareil qui les a précédées, un peu de vapeurs rouges, mais cette couleur difparoit bientôt. On ne peut évaluer à moins de quatre pouces cubiques, la quantité de gaz nitreux qui difparoit par l'eflervefcence avec l'air de l'appareil jointe à celle qui doit être abforbée par l’eau ; de forte que le gaz nitreux dégagé dans cette expérience, monte bien à quatre- vingt-dix pouces cubiques, & comme le gaz nitreux a, felon M. Prieflley, à peu-près le même poids que l'air atmofphé- rique, les quatre-vingt- dix pouces cubiques de gaz nitreux doivent être évalués environ à quarante grains. : Si lon augmente la proportion du foufre, il fe fait alors de petites détonations avec des jets de flamme, & l'on retire moins de gaz nitreux. Un gros de fleurs de foufre & deux gros de nitre, m'ont donné environ vingt pouces cubiques de ce gaz, de moins que dans l'expérience précédente, & cependant une partie des fleurs de foufre s'eft fublimée, Ce paflage de la décompofition fimple du nitre à inflammation & à la détonation, eft une circonftance propre à développer ce qui fe paffe dans l'inflammation; il paroït qu'il fe dégage alors trop de phlogiftique, pour que le gaz nitreux le prenne en entier dans fa combinailon ; que s’en trouvant furchargé, il s'enflamme, & qu'il eft décompolé par cette déilagration, oi PERSO NCUTMEINNIC IE. S: 233 S'il étoit poflible de recueillir les produits, forfqu’une plus grande partie de foufre détone avec le nitre, on ne retrou- veroit fans doute plus de gaz nitreux, mais de l'acide fulfureux. M, Prieflley dit { Obfervations fur différentes branches de la Phyfique) qu'il a éprouvé qu'il falloit un volume égal de gaz inflammable & de gaz nitreux, pour décompofer la même quantité d'air; donc en fuppofant que le poids du gaz inflam- mable foit dix fois plus petit que celui du gaz nitreux, on peut dire qu'un poids égal du premier, contient dix fois plus de phlogiftique que le gaz nitreux ; & que celui-ci en contient moins que le foufre dans le rapport de 30 à 40, puifque o grains de foufre forment 40 grains de gaz nitreux. J'ai diftillé une demi-once de nitre & autant de chaux d’arfenic, & j'ai retiré à peu-près autant de gaz nitreux que des deux gros de nitre & du demi-gros de fleurs de foufre; il ne s'eft fublimé qu'une petite portion d’arfenic, & l'eau dans laquelle le paz nitreux a paffé contenoit de l'acide nitreux ; il me paroit rélulter de cette expérience, que l’arfenic contient huit fois moins de phlogiftique que le foufre, puifqu’il en faut huit fois plus pour produire une même quantité de gaz nitreux. Ï paroît donc que la quantité de phlogiftique contenue dans le gaz inflammable, le foufre, fe gaz nitreux & l’arfenic, eft à peu -près en raïlon inverfe des nombres fuivans 4:30 : 40 : 320. Mém. 1781. | G£ 234 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE OBSERVATION SNL RUE VA DÉCOMPOSITION DE L'ACIDE NITREUX. TROISIÈME MÉMOIRE. Du Nitre expofé à l'attion de la chaleur avec les Jubflances métalliques. Par M. BERTHOLLET. 2 re 3 mis dans un appareil pneumato-chimique une 4 once de nitre avec une demi-once de limaille d’acier, jai retiré à peu-près trois cents foixante - quinze pouces cubiques de gaz; les premières portions ne troubloient pas fenfiblement l’eau de chaux, ce n'étoit plus de l'air déphlo- giftiqué, mais de l'air qui rougifloit & diminuoit de volume avec le gaz nitreux, à peu-près comme l'air atmofphérique; les dernières portions fe rapprochoient beaucoup plus de l'air déphlogiftiqué, le réfidu qui étoit dans la cornue faifoit une eflervelcence dûe à l'acide crayeux. Dans cette expé- rience il n'y a eu aucun indice de gaz nitreux, & il a fallu dans les commencemens bien moins de chaleur que lorfqu’on décompole le nitre fans intermède. Une demi-once de limaiïlle & autant de nitre, ont donné, à une moindre chaleur, un gaz qui rougiffoit très-foiblement & qui diminuoit très-peu avec le gaz nitreux, c'étoit de Fair phlogiftiqué mêlé à une très-petite portion d'air pur; le réfidu de la cornue faifoit beaucoup d’eflervefcence fans donner Îa plus petite odeur de gaz nitreux; & dans tous les produits il n’y a point eu de gaz nitreux. Je cominençois à croire que le charbon étoit effentiel pour former acide crayeux, lorfque je répétai la même expérience avec une demi-once de limaille & deux gros mt 2) S)UOLCUL E N-C:E:S 235 de nitre; il fe fit, à une chaleur moins forte, une détonation qui fut peu tumultueufe, & qui me permit de recueillir Ja plus grande partie du gaz qui fe dégageoit : une partie de ce gaz aflez confidérable s’abforba dans l’eau de chaux, la troubla, la précipita, & donna enfin tous les indices qui caractérifent l'acide crayeux. J'ai foumis à la même épreuve deux gros de nitre & deux gros de zinc; il s’eft fait une vive détonation accom- pagnée de beaucoup de flamme, & l'appareil a éclaté : j'ai répété cette opération avec deux gros de nitre &°un gros de zinc; au lieu d’eau fimple, j'ai mis dans le récipient de l'eau de chaux, il s'eft fait des petites détonations avec des jets d’une flamme très-vive, & l'eau de chaux, quoiqu'il y en eût trois à quatre pintes, s’eft entièrement troublée dans l'inftant, de forte qu'il y a eu une quantité confidérable d'acide crayeux; le réfidu rougifloit un peu avec le gaz nitreux. Une once de limaille de cuivre & une demi-once de nitre n’ont point détoné; le gaz qui s’en eft dégagé à une chaleur médiocre, a été reçu en trois portions ; la première a bien précipité l'eau de chaux, & il s’en eft abforbé une - portion aflez confidérable, le réfidu du gaz a très-foiblement rougi avec le gaz nitreux: la feconde portion na point troublé l’eau de chaux & n’a prefque point rougi avec le gaz nitreux : [a troifième portion n’a point troublé l’eau de chaux & n'a point rougi avec Île gaz nitreux. Une demi-partie d'étain & une partie de nitre donnent un air déphlogiftiqué peu différent de celui qu'on retire du nitre; parties égales m'ont donné de l'air qui étoit à peu-près dans l'état de l'air atmofphérique: deux parties d'étain & une partie de nitre ont détoné fortement & avec une flamme brillante ; le gaz que j'ai pu retenir ne contenoit que très- peu d'acide crayeux, il rougifloit encore avec le gaz nitreux, & il étoit un peu diminué; l'étain éclate & fe difperfe en poudre blanche dans cette expérience qui par-là devient très-difficile. Ces expériences paroiffent prouver que le phlogiflique, 8 1] 236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE commun aux fubftances métalliques & au charbon, agit d’une manière uniforme fur ce principe fi abondant dans le nitre qui prend la forme d'air déphlogiftiqué forfqu'il recouvre fon élaiticité, & qu'il produit par fa combinaifon avec ce prin- cipe de Fair phlogiftiqué ou de l'acide crayeux; de l'air phlogiftiqué s'il eft en trop petite quantité, & alors la déto- nation ou n’a pas lieu ou eft ioible ; les fignes de la combuftion font foibles. Si au contraire la détonation, la flamme, la combuftion font plus fortes , il y a en proportion de leur force plus d'acide crayeux , mais lalkali du réfidu retient toujours de l'acide crayeux & fe trouve plus ou moins effervelcent. On voit par-là que quoique le phlogiftique foit dans les métaux & dans le charbon, il eft cependant en beaucoup plus petite quantité dans les métaux ; & que pour en obtenir les mêmes eflets il faut augmenier confidéra- blement leur proportion: je puis comparer l'effet que pro- duifent deux gros de limaille d'acier, à celui de fix grains de charbon, le cuivre en produit encore moins; je crois que l’étain peut à peine être comparé au fer, & la détonation vive qu'il produit affez facilement me paroït être plutôt un effet de fa prompte fufion qui eft caufe que toutes fes pariies agiflent en même temps fur le nitre, que de la quantité de phlogiftique qu'il contient : le zinc eft des fubftances métalliques celle qui produit le plus d’eflet avec le nitre, & je ne n'éloignerois pas de la vraifemblance fi je le plaçois entre le charbon & le fer, Je conviens qu'on ne peut avoir par le moyen que j'ai employé que des aperçus fur les quantités relatives de phlogiftique que contiennent les fubftances métalliques; les unes peuvent mieux fe calciner que les autres, & leur difé- rente fufibilité peut apporter des variations qu'il n'eft pas pofñble d'évaluer: aufli m'en fuis-je tenu aux expériences qui m'ont paru fufhire pour des réfuhats généraux. Les explicatons que j'ai données jufqu'à préfent font conformes à la doélrine de Stalh, qu'il faut cependant modifier par les découvertes que l'on a faites fur la nature D ESNISUCUE.E NC ETS: 237 de l'air & des autres fluides élaftiques. Quelques Chimiftes & quelques Phyficiens avoient élevé des doutes fur le phlo- giltique, mais aucun n'avoit entrepris de combattre fon exiftence par des obfervations qui puflent balancer les faits nombreux qui paroiflent la prouver, jufqu'à ce qu'un de nos Confrères ait fait un fyflème ingénieux de tout ce qu’une analyie fine & nouvelle pouvoit oppofer aux idées reçues fur cet objet. Mon deffein n'eft pas de rappeler tout ce qui paroit prouver l'exiftence du phlogiftique dans les métaux, le foufre & le phofphore ainfi que dans le charbon, mais feulement d'examiner fi les expériences que j'ai préfentées fur la décompofition du nitre, peuvent s’accorder avec l'opinion ingénieufe de M. Lavoilier. M. Lavoifier a prouvé Île premier par des expériences inconteftables, que l'augmentation du poids des métaux par la calcination, dépendoit d’une partie de l'air atmofphérique qui fe combinoit avec eux; M. Prieftley n'a porté {on attention que fur les changemens opérés dans Fair dans lequel fe fait la calcination des métaux, pendant que M. Lavoifier a tout attribué à l’ablorption d'une partie de l'air; il a rejeté le_ principe du feu comme inutile à l'explication des pro- priétés métalliques, & même comme incompatible avec Îa fixité & les autres propriétés des corps folides. IL n’exifte point dans cette hypothèfe de principe commun entre les métaux & Île charbon; & celui-ci ne fert dans les réductions des chaux métalliques, que parce qu’il tend forte- ment à fe combiner avec la bafe de l'air pur unie à ces chaux, & par cette combinaifon il forme l'acide crayeux ({ Mém. de l’Acad. 1777) : mais les métaux produifent avec le nitre les mêmes phénomènes que le charbon, ils font avec l'air dé- phlogiftiqué qui fans eux fe dégageroit du nitre, les mêmes combinaifons que le charbon; il faut donc admettre dans les métaux & dans le charbon un principe identique, 1equel forme par fa combinaifon avec l'air déphlogiftiqué de l'acide crayeux ou de Fair phlogiftiqué. Puifque es métaux forment de l'acide crayeux avec l'air 238 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE déphlogifliqué, Facide crayeux n'eft pas une combinaifon du charbon & d’une partie de l'air déphlogiftiqué, ou bien il faudroit dire que le charbon exifte dans les métaux ; ainfi lorfque par a refpiration nous formons de l'acide crayeux, nous ne dirons pas qu'il émane de nos poumons du charbon qui vient fe combiner avec une partie de f'air atmofphérique. Si M. Lavoïfier eût fimplement prétendu que les fluides élaftiques contiennent une plus grande quantité du principe de la chaleur que ces mêmes fubftances n’en contiennent lorfqu’elles font dans l'état de Jiqueur, & qu'alors elles en contiennent plus que dans l'état de folidité, il n’auroit rien dit qui ne füt avoué de tous les Phyficiens modernes: mais peut-on attribuer à ce feul principe tous les phénomènes qu'on croyoit düs à un principe qui entroit dans la combi- naifon des corps, qui ne varioit point felon leur température, mais qui étoit eflentiel pour les conflituer ce qu'ils font ? « La fluidité, la vaporifation, l'élaflicité font, felon M. La- » voilier { Mémoires de l'Académie 1777, page 598), les » propriétés caraclériftiques de la préfence du feu & d’une » grande abondance de feu: /4 folidiré, la compacité font les » preuves de fon abfence: autant donc il eft prouvé que les » fubftances aériformes & l'air lui-même contiennent du feu » combiné, autant il eft probable que les corps folides en contiennent peu. » Le charbon, le foufre & les métaux détonent avec le nitre, & produifent au plus haut degré les effets de l’inflam- mation, mais aucune de ces fubftances ne fe trouve ni dans l'état de liquidité ni dans celui de vapeurs, ni dans celui de fluide élaftique; donc /a fluidité, la vapori[ation, l'élaflicité ne font point les propriétés cara(érifliques de la préfence du feu & d'une grande abondance du feu. La flamme & les autres eflets de la combuftion n’ont lieu, felon M. Lavoifier, qu’autant que l'air perd de fon volume & de fon élafticité; mais bien loin qu'il y ait une dimi- nution de volume dans la détonation du nitre & du charbon, D'ELSL0S.C TE NICE, Ss: 239 & dans celle de la poudre, ïl fe dégage au contraire une certaine quantité de fluide élaftique; il devroit donc fe produire alors du froid au lieu de la chaleur & de la flamme qui accompagnent cette détonation. Sans m'étendre davantage fur les conféquences qui me paroiffent dériver du principe fondamental de M. Lavoifier, je reviens aux faits que je ne puis concilier avec fa doctrine. M." Lavoifier & Prieftley ont fuivi dans leurs expériences fur le foufre & le phofphore, la même manière de voir que j'ai fait remarquer par rapport à la combuftion & à la calci- nation des métaux. M. Prieflley n'a confidéré que les chan- gemens qu'éprouve l'air ambiant, & M. Lavoifisr a tout attribué à l'air qui s’ablorbe; il penfe que les acides doivent leur acidité à la bafe de Fair féparée du principe du feu, & que le foufre & le phofphore ne font que fe combiner avec la bafe de l'air pour devenir acides; tout comme, felon lui, le charbon ne fait que fe combiner avec cette bafe pour devenir acide crayeux. Müais fi l'acide nitreux ne contient que la bafe acidifiante de l'air, privée du principe du feu, la flamme & la chaleur qui fe dégagent de {a détonation du nitre avec le foufre, ne peuvent être dues à l'acide nitreux; & effectivement l'on a vu que les effets de la détonation étoient proportionnés à la quantité de foufre qu'on employoit. Le foutre contient donc beaucoup de principe du feu qui s'en dégage dans a détonation, & comme le nitre n'agit que comme l'air lui- même, les effets de la combuftion du foufre font réellement düs au dégagement de ce principe. L’acide vitriolique eft donc une combinaifon de la bafe du foufre, privée du prin- cipe du feu par la combuftion, avec la partie pure de fair atmofphérique, ou avec cette partie fixée dans l'acide nitreux; les mêmes obfervations doivent s'appliquer à fa combuftion du phofphore & à la formation de l'acide phofphorique. La détonation du nitre avec le charbon, le foufre & quelques métaux, ainfi que la combuftion de ces fubftances, ne demandera donc pas des explications adaptées à chaque 240 MÉMoiREs DE L'ÂACADÉMIE ROYALE circonftance, comme ïl le faudroit en adoptant les idées de M. Lavoifier; car fi on regarde l'inflammation comme düe au principe du feu contenu dans les fluides aériformes en raifon de leur raréfaction, il faudra dire que dans fa combuftion de deux parties de gaz inflammable, dix fois plus léger que Vair déphlogiftiqué, & d'une partie d'air déphlogiftiqué, il ny a qu'une vingt-unième partie de la chaleur qui foit dûe à l'air déphlogiftiqué, & tout le refte au gaz inflammable, pendant que dans la combuftion du charbon elle fera dûüe en entier à l'air déphlogiftiqué. Dans la combuftion des fubftances végétales & des fubf tances animales, dans la formation du minium & du fafran de mars apéritif, il fe forme de l'acide crayeux, mais il y a des cas où le principe du feu paroït reprendre avec célérité fon état élaftique, & alors il fe rend fenfible par la lumière, fans fe combiner avec l'air qui l'environne, parce que cet air eft déterminé à fe combiner par une autre affinité; c’eft ce qui arrive dans la combuftion du foufre & du phofphore: dans d’autres circonftances, il paroït fe réduire en entier en matière de la chaleur; enfin il peut former des combinaifons encore inconnues : la matière éleétrique ne paroit-elle pas être une de ces combinailons? il ne faut donc rien conclure contre la doctrine du phlogiftique, de ce qu'il ne fe forme pas dans tous les cas de l'acide crayeux. M. Lavoifier a donné une analyfe ingénieufe de l'acide nitreux, de laquelle il conclut qu'une livre d’acide nitreux eft compolfée de quinze cents foixante-huit pouces cubiques de gaz nitreux & de dix-neuf cents foixante-huit pouces d’air déphlogiftiqué, ou d’une once cinquante-un grains un quart d'air nitreux, d’une once fept gros deux grains & demi d’air le plus pur, & de treize onces dix-huit grains d’eau. J'ai faturé d’alkali une once d’acide nitreux concentré, j'en ai retiré une once un gros de nitre: une livre de cet acide denneroit donc dix-huit onces de nitre, & dix-huit onces de nitre produiroient dix mille quatre cents quarante pouces cubiques d'air déphlogiftiqué: M. Lavoifier donne cinquante- cinq DES SCI1ENCE.Ss. 241. cinq centièmes de grain à chique pouce cubique d'air dé- phlogiftiqué ; en fe bornant à un demi-grain, l'air qu'on peut retirer d’une livre d'acide monteroit à neuf onces: extrême différence fur laquelle cependant if ne peut y avoir rien d'ilufoire. Si le gaz nitreux que M. Lavoifier ne regarde point comme acide, exifloit tout formé dans l'acide nitreux, comme il le prétend, pourquoi n'en retireroit-on point lorfqu'on décompofe cet acide par le moyen d’une terre, d'un alkali ou d’une chaux métallique ! & f1 l'élafticité eft une preuve ‘ de la prélence du feu, d’où vient le feu du gaz nitreux qui fe dégage de l'acide nitreux Jorfquil diffout une fubftance métallique, de même que celui du gaz inflammable qui fe dégage de quelques diflolutions métalliques ? Ilyme paroît qu'on peut conclure de Ia réduétion de l'acide nitreux en air déphlogiftiqué par l'aétion de la chaleur, qu’il n'y a guère de différence entr'eux que l'état élaftique que l'air doit probablement au principe de la chaleur; de-là vient que l'air pur qui fait partie de l’atmofphère, fe réduit dans plufieurs circonflances dont nous ne connoifflons pas encore la nature,.en acide nitreux, & qu'il forme, felon fa bafe avec laquelle il fe combine, du nitre à bafe alkaline ou à bafe calcaire; de-là vient que les fubftances métalliques calcinables fe calcinent dans l'acide nitreux comme à l'air, & que le foufre & le phofphore fe convertifient en acides par l’action de l'acide nitreux comme par la combuftion; la différence qu'il y a, c'eft que dans ces cas, au lieu de flamme, il y a produétion de gaz nitreux, & que la chaleur eft beaucoup moins confidérable, Ï faut néceffairement diftinguer la matière de a chaleur, du phlogiftique, quoique ces deux fubflances ne paroïffent être qu'une modification du même principe, & que fouvent Yune paroiffe fe changer en l’autre; en voici des exemples: les métaux parfaits font revivifiés par fa chaleur & la lumière, gomme ils le font par le phlogiftique d'un autre métal qui Mem. 1781 Hh 242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les précipite d’un acide fous la forme métallique. L’acide nitreux fans couleur étant expolé à la chaleur dans des tubes fcellés hermétiquement, y devient fumant, comme l'a obfervé M. Prieflley, & M. Schéele dit que les rayons du foleil fuffifent pour colorer l'acide nitreux. C'eft ainfi que le phlogiftique me paroît fe changer en matière de la chaleur, lorfqu’on diflout du zinc dans l'acide nitreux; car ce métal abondant en phlogiftique, ne donne dans fa diffolution par Facide nitreux, qu'une très-petite quantité de gaz nitreux, & une quantité médiocre d'air phlogiftiqué ; mais il fe dégage de cette diffolution une grande chaleur: pareillement : fi lon difflout de la limaille de fer dans de l'acide nitreux concentré, de façon que l'effervefcence foit très-vive, prefque tout le gaz qui fe dégage eft de l'air phloyiftiqué, & non. du gaz nitreux; par fa décompofition fpontanée le gaz nitreux ‘fe convertit en grande partie en air phlooiftiqué. ® DES SCIENCES. 243 DESRELRPSASSEIENE SE 1 ©: 2 ANSE RE LESLIENENNE TS LICE ART EPESLEC EME LIFE NET TRRRENREOR RESTE A MÉMOIRE SUR LES ÉCLIPSES TOTALES DU SOLEIL, Avec des Réflexions fur les effets de L ‘atmofphère de la Lune. Par M. LE MonNNIERr. I5 va être queftion dans ce Mémoire, principalement des Éclip'es totales du Soleil avec demeure dans l'ombre: jaurois bien voulu ajouter les remarques qui fuivent & qui font relatives aux grandes Écliples de 1724 & de 1780, à ce qui a été déjà publié au Louvre l’année dernière, au fujet d’une autre Éctipfe totale du Soleil, vue à la mer en 1778, & à Salé dans le royaume de Maroc: mais il falloit rélerver pour une occafion qui fût au moins auffi favorable à nos recherches fur l’Atmofphère lunaire, fes détails finguliers de l'obfervation faite en 1724 près d'Orléans, par feu M. le Chevalier @ Louville; ce célèbre Obfervateur n'aperçut pas le 22 Mai à 6 heures so & $1 minutes du foir, le difque entier du Soleil caché par la Lune: on ne vit pas à Orléans l'obfeurité totale, comme à Paris & à Trianon; & le terme ou limite auftral du cône d'ombre, ne s’étendit que jufqu'à Lumeau, petit village fitué au nord-oueft d’Artenai qui eft fur la route de Paris à Orléans. Notre Obfervateur étant donc fitué en ces momens-là fous la latitude de 474 54'3, il s’attendoit le 22 Mai à voir difparoïre le diique entier du Soleil, & il fut bien furpris de manquer cetie fois-là le phénomène de l'obfcurité totale. I étoit peut-être mieux fitué qu'il ne s'imaginoit, pour décider, ou du moins pour nous préparer la décilion des queftions intéreffantes & très-délicates qui reftent à traiter en Phyfique, fur l’atmofphere de la Lune. Les mêmes circonftances viennent de renaître à la fin, fous la latitude de 444 17" 7"+, en Amérique, le 27 À | H h i “ 244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Otobre 1780; les Mathématiciens de la nouvelle Angle- terre, la plupart Membres de la Société de Philadelphie, ont obtenu des États-unis, ou de leur Gouvernement, un bâti- ment frété, ainfr que des fonds & des paffeports pour s'élever au nord-oueft de Long - lfland; ils étoient déjà partis de New-Cambrige un mois avant le jour de l'Éclipte, à deffein de fe fixer dans quelque baie ou fieu habité, & y obferver commodément la grande éclipfe du Soleil. Ceite Éclipfe leur fembloit, fur lx foi de l:ur Carte géographique, pou- voir tre vue totale vers l'émbouchure de la rivière ou dans Ja baie de Penebofcot; mais, à leur grand regret, ils fe font trouvés, à très-peu de chole près, dans le même cas que M. de Louville, & ils ne paroillent pas s'y être-occupés particulièrement des eflets de l'atmofphère de fa Lune, quoiqu'indiqués par leurs oblervations. Comme le difque du Soleil ne leur a pas paru entiè- rement écliplé, ils fe font vus néanmoins dans le cas de cefler de mefurer la portion lumineufe qui refloit, ou la phafe vifible de l'Éclipfe devenue déjà trop amincie; dès- lors ils fe font aperçus, comme dans quelques-unes des grandes Eclipfes précédentes, qu'il réfloit vers léfangles des cornes lumineufes, quelques rayons interrompus, & fem- blables à des points lumineux parfemés autour de chacune de ces parties du difque lunaire; car les cornes des phafes étoient déja devenues émouflées, & un inftant après ils n'ont aperçu qu'un filet ou arc de lumière très-mince & même interrompu vers fes extrémités; cet arc meluré, a été évalué d'environ 42 degrés de la circonférence du difque; ce qui indique la plus grande épaiffeur de la portion lumi- neufe qui leur reftoit du Soleil, de 1"2, & ils difent de 8”. En 1724, M. de Louville qui s'aittendoit à melurer le diamètre de la Lune pendant lobfcurité totale, n'eut pas de moyens affez prompts pour melurer la partie lumineufe du Soleil qui reftoit à linflant du milieu de d'Écliple ; elle excédoit très - fenfiblement l'épaiffeur d’un fil de ver-à-loie , fixé au foyer de fà lunette de fept pieds; mais il demeura D'Es ScLENCESs, 245 tonvaincu que s'il eût pu fubftituer l’épaifleur d’un cheveu au fil de ver-à-foie de fon micromètre, cette plus grande épaifleur eùt couvert fans aucun doute la portion lumineule qui refloit du difque du Soleil: ainfi on peut évaluer très- fürement à 8 ou 9 fecondes cette partie lumineufe excédante, de’ quelque nature qu'elle puifle ètre, & qui lui a paru en 1724 déborder le difque opaque de la Lune. Le lieu de fobfervaton fe nomme Carré proche Orléans, & j'en ai déjà indiqué la latitude corrigée ; fa longitude eft oh 1’ 32" à l'oueft du méridien de Paris: il paroît vrai- femblable que M. de Louvilie simagima d’abord, que fa mailon de Carré devoit être fituée en-déçà du limite auftral du cônæ d'ombre, ou zone de l’obicurité totale; mais dont le centre a dû pafler {ur Ja furface terreftre, fort au nord d'Orléans & de Paris: il faut convenir auf qu'il ne s’en eft pas expliqué dans quelqu'Écrit public, puifqu'il n'a pas même fait imprimer dans nos Volumes fes oblervations, &' uil fe contenta, fur diverles inftances, de les communiquer pour lors à M. Joufle & de l'Ifle fes Correfpondans *, Aflurément M. de Louville avoit déjà fait en 1715, à fon retour de Londres , les remarques Îes plus judicieufes fur J'atmofphère de la Lune; il s’'étoit rendu à Londres, près de neuf années auparayant notre yrande Eclipfe de 1724, pour y obferver avec les Membres de la Société Royale, une autre Écliple totale, dont lui & M. Halley ont rendu compte dans nos Mémoires & dans les Tranfactions Philofophiques; leurs Écrits tendent à nous éclairer principalement fur la nature & l'exiftence d’une atmofphère annoncée par Képler & par Gregori, mais qu'ils ont trouvée en 171$ bien moins denfe que la nôtre à beaucoup près: d'ailleurs, outre la raréfaction & bien plus élevée, ils avoient vu pendam f'oblcurité, la couronne blanche & lumineufe qui entouroit le difque de la Lune, & qui lui étoit concentrique; ce qu'on n'avoit pas aflez décidé Ia première fois à l'égard de la Lune, à * Commencement à $ $4 55"; un doigta s"so 15"; enfin, fix doigts OM27 pe 246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Montpellier, en 1706, lorfqu'on vit en Languedoc, fans être averti, & avec étonnement, cette couronne blanche &c lumineufe que le recouvrement de lumière leur fit difparoïtre tout-à-coup. En ces temps-là, trois opinions différentes s'élevèrent, & ont païtagé long-temps les Aftronomes & les Phyficiens qui entreprirent d'expliquer pourquoi on avoit aperçu trois fois de luite jufqu'en 1724, ceite lumière pâle & argentée autour du diique, aux éclipfes du Soleil, pendant l'obicurité totale. C’eit le fort communément des opinions contradiétoires, d'anéantir pour quelque temps les plus belles découvertes & les plus intéreflantes ; celle de Jaimolphère de la Lune a prévalu bien tard, les partifans de cette première opinion, ayant fait en différens temps, & notamment en 1764, de nouveaux efforts & des progrès dans cette partie de la Phy- fique célefte. C'eft donc moins à lopiniätreté {yflématique, qu'aux travaux réfléchis & à la perfévérance des Obfervateurs les plus exercés, & qui ont ouvert des routes nouvelles, qu'on doit des éclaircifiemens confirmatifs, fervant à établir la plus vraifemblable des trois opinions propolées; enfin elle a été jufqu’à ce jour fucceflivement juftihée par les faits: on voit encore ailément ce qui a pu dégoûter en 1724 M. de Louville, de s'occuper des mèmes principes, ou d'ajouter aux preuves déjà fort évidentes qu'il avoit données en 171 $» fur l'exiftence de l’atmofphère de la Lune: il ne lui {ut pas poflible de melurer, comme je l'ai dit, pendant l'Eclipfe du mois de mai 1724, le diamètre apparent de la Lune qu'il avoit en vue; & ce n'a éié qu'en 1748 que la queftion du diamètre opaque vu fur un fond lumineux, a été décidée en Ecolle, ce qui a été confirmé à Londres en 1764, à la fuite des deux écliples annulaires du Soleil: il n'y a denc guère que trente à quarante ans qu'il a été prouvé, conire l'opinion vulgaire, & prefque généralement reçue, que ia préiendue diminution apparente d'un corps opaque vu fur un fond lumineux, étoit prefque infenfible , quoique quel- D ESS CURE Ni CiE NS. 247 ques-uns l’aient fait s'accroïtre & monter avant ce temps-là jufqu'à une demi-minune. À la fuite de l'Éclipfe annulaire obfervée en 1748, nous avons vu naître une A hypothèfe jur les réfactions caufées par l'atmofphère de la Lune, mais dont Auteur n’a fu nous apprendre jufqu'aujourd'hui, à quelle latitude géo- graphique, aux environs de Berlin, a dü s'étendre le terme de l'Éclipfe annulaire de l'année 1748 : le milieu entre les deux limites ou trace apparente du centre de la prefqu'ombre, n'a pas dû pañler fort loin de Francfort- fur A'Oder, ni de Dundée en Écofle, Lorfqu'on a rendu compte dans les Mémoires de l'Aca- démie de Berlin, pour la première fois, de la durée de cette Écliple annulaire, vue par une lunette de réfraction, & qui a été de 1° 22° de temps, le calcul déjà corrigé donnoit 2! 29° de temps pour cette durée, fous la latitude rectifiée I & réduite à $2% 31/+; mais on ne s'apercevoit pas encore dans ces Mémoires, qu'à caule des effets de l'atmofphère lunaire, la durée de l'anneau, obfervée de 1° 22”, devroit être trop grande: on a voulu l'établir par les calculs de J'année fuivante, de 1" de temps, & ce n'eft plus 2! 29", comme on l'avoit d'abord prétendu, en ne tenant la pre- mière fois aucun compte des eflets de l’atmofphère: on en voit les deux calculs fucceflivement publiés dans les Volumes de l'Académie de Berlin, & qui ont paru aux années 1749 & 1750. On doit fe rappeler ici pour un inftant, que les réfradions horizontales dans notre atmofphère, font bien plus petites fous la zone torride qu'aux zones tempérées, & à plus forte raifon qu'aux zones glacialés. Or, on avoit averti déjà dès année 171$, qu'indépendamment du froid aux pôles de la Lune, fa furface, à caufe de la lenteur de fa rotation fur fon axe, doit être inégalement échauflée dans chaque kémifphère, & qu'il en devoit être de même, proportion gardée, des réfraétions horizontales dans latmofphere de la Lune que dans l'atmofphère terreftre; ainfi dans les calculs des Éclipies 248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE annulaires il auroit fallu avoir égard à cette difficulté déjà prévue lorfqu'il a été queftion d'ébaucher une théorie de l'atmofphère de la Lune, & même d'autant plus ftriélement que la réfration horizontale n'y doit pas être la même tout autour du difque vu fur fe Soleil. Ilne nous a donc pas encore été poffible jufqu'en ces derniers temps, de connoître affez {ürement les durées des Éclipfes totales annulaires; en forte que nous ne devons defirer délormais, pour y réuflir, qu'une plus ample col- lection jointe aux calculs rigoureux de ces fortes d'Éclipfes. Reprenant donc ici l'Éclipfe totale de l'année 1724, & voulant éviter toute difcuflion étrangère à notre objet, j'ai fuivi une route plus direéte que celle des durées apparentes uniquement, foit des EÉcliples totales, foit des Écliples annu- laires: elle eft relative aux limites du cône d'ombre fur la furface terreftre, & les calculs en ont été faits avec foin dans les principes fi connus & ufités de la fphère, à l'aide auflt des formules que M. Euler a introduites il y a au moins trente ans, pour corriger l'angle parallaétique dans lhypo- thèle de la Terre aplatie de 2, comme auflr ayant égard au vertical apparent de la Lune. Je dois avertir encore, qu'à mefure qu'on perfectionnera les Tables des mouvemens de la Lune & de {es nœuds, ainfi que la quantité de fes parallaxes & diamètres apparens, nous nous trouverons plus en état qu'on ne l’a encore été, de traiter une matière aufli délicate, relativement aux obfervations incomplètes, quoique d’ailleurs exactes & qui en ont été foigneufement recueillies: il faudroit outre cela avoir attention à l'avenir aux foins extraordinaires & à l'adrefle des plus exercés d'entre les Oblervateurs. On ne peut parler ici qu'avec beaucoup d'éloges de ceux qui ont obfervé la dernière Écliple totale du mois d'Oétobre 1780, en Amérique; il faut avouer néanmoins qu'étant fitués en effet au-dedans du limite auftral du cône d'ombre, nous aurions bien defré quelques autres obfervations correfpon- dantes faites vers le limite boréal, & nous ferions difpentés par-là d'avoir recours aux phales melurées avant & après le | miliey DURS T MO ROUTE INT CEA Sf 249 milieu de l'Écliple: enfin au défaut de l’exalitude des phaies, nous ne pouvons avoir recours qu'à la théorie & à à {a latitude affle@tée de la parallaxe, & même corrigées, que l'on a foin de déduire des Tables aftronomiques. Tel eft l'avantage de notre obfervation de l'Éclipfe totale de l'année 1724, que nous pouvons compter celte fois-là fur les foins apportés de part & d'autre, favoir aux obfer- vations du fud, comme aux correfpondantes vers le limite oppolé & boréal du cône d'ombre: nous avons recueilli en France, à Montreuil-fur-mer, la durée obfervée de l'obfcurité totale, laquelle a été de 56 à 58 fecondes de temps; au lieu que du côté du fud, à Paris & à Tri janon, des durées obfer vées vers le limite cire ont été de 2/ 22" & 2° 16 à 17°; ainfr l'Obfervateur du Nord, M. Villemareft, le même qui avoit déjà obfervé au même lieu la durée de l Écliple totale de l'année 1715, environ neuf années auparavant, s ’eft trouvé beaucoup plus éloigné du centre de la trace du cône d'ombre, qu on ne l'a été du même centre vers le fud, à Trianon. La hauteur du Pole à | ORDER -mer, étant de 501 27 "47. +, & fa différence en longitude à l'égard de Paris, de 2 18" vers l’oueft, je trouve qu'à 6" 47' 4" de temps vrai, l'angle parallactique corrigé étoit de soi 58'+, & fa diflance apparente de la Lune en latitude, de 29"+ dont le Soleil a dû paroître plus au nord: d’un autre côté, en négli- geant à deffein les effets de l'atmofphère, je trouve, à l’aide du commencement & de la fin de l'Écliple DRE une réduétion dans la diftance apparente des centres, pour Pinftant du milieu de l'Éclipfe qui ne s'étend qu'à 2 fecondes de degré, c'eft-à-dire qu'au lieu de la différence des demi- diamètres apparens de la Lune & du Soleil, laquelle conftitue , tant à f'immerfion qu'à lémerfion, la diffance apparente des centres, nous n'aurions plus que 51" + pour cette diftance prétendue à l'inftant du milieu de l'Écliple : ainfi les Tables aftronomiques ufitées, quelles qu'elles foient, auroient donc donné en ce cas à Montreuil, la latitude appa- rente de la Lune, 22 fecondes trop grande, Mém. 1781. Un 250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais à Carré près d'Orléans, fitué proche le limite auftral du cône d'ombre, je ne trouve plus la même quantité de 22 fecondes, mais 2"+ dans le fens oppolé, & dont il fau- droit augmenter la latitude apparente, en négligeant comme ci-deflus, les effets de l'atmolphère de la Lune; on auroit donc ainfi 24" + pour l'effet total ou l'effet compolé des réfractions dans cette atmofphère, & qui a dû diminuer le cône d'ombre de la Lune; quantité qui, comme l'on voit , eft très-fenfible, & qu'on ne fauroit plus attribuer à l'erreur des obfervations. Pour plus amples confirmations de ces phénomènes caufés par les réfraétions dans l'atmofphère de la Lune, prenons encore vers le fud, le terme précis où la Rat abfolu- ment horizontale a dü agir à l'égard de ce limite aufh'al du cône d'ombre. L Les enquêtes faites alors avec foin par M. Jouffe, Con- feiller au Préfidial, dans les paroifles au nord d'Orléans, ont appris à M. de Louville, qu'à Lumeau, au nord- ur d’Artenai, dont la latitude géograph ique eft 484 7/ +, l'écliple du Soleil n'y avoit été totale qu'un feul inftant & “ét re dans l'ombre: foit fuppoté ce lieu BRon27 65 à l'oueft du méridien de Paris, & qu'à 6h 40! 28" l'angle parallaëtique corrigé ait été de $340'+, on aura donc la diftance appa- rente en latitude dela Lune au Soleil, $ 5 fecondes , au lieu de 53"+, qui répondent à la l'Aeute des demi-diamètres apparens de Soleil & de la Lune: ainfr l'erreur des Tables en latitude, n'eft plus ici (en négligeant les eflets de l'atmofphere ) que de 1"+ de degré, au lieu des 22 fecondes quon a wouvées par les re A faites proche l'autre limite boréal du cône d'ombre, à Montreuil-fur-mer, comme il a été prouvé amplement-ci-deffus. Nota, Au fupplément qui va fuivre, on donne les éclaircil- femens relatifs à quelques objedions, dont l'extrait fe trouve publié, par anticipation, dans le dernier voluine des Mémoiïes de PAcadémie de l'année 178 0. LOU Men. de LAc.R. des Se. An. 2781 Page 260 Pl. ZI. de 1724, Le 22 Max à 6* So! PASSAGE DE L'OMBRE Mer. de LAc.R: desde An.17 81 Page 250 Pl 21. SUR LA FRANCE | pendant l'Eclipfe du Sole:l [ 1 DIE SNQUI LES NC Et Sd 251 D MB EEE RL EE ER SUPPLÉMENT Au Mémoire li à l’Affemblée publique de la Saint- Martin de l’année 1782. Par M. LE MONNIER. A1 vu clairement parce qui a été dit à la dernière Ÿ Affemblée, qu'on n'étoit pas aflez au fait du travail que les Aflronomes ont entrepris fur nos réfractions horizontales J'ai rendu compte cependant dans un de nos Mémoires de 1780, & qui eft déja imprimé, de ce que nous avons fait en France depuis lan 1675, fur les réfrations d'hiver & d'été; on y voit d'abord que les François ont feuls décidé Ja queftion & les limites des réfraétions horizontales: celles des grandes & exceflives chaleurs n'étoient que de 30 minutes à 1860 fecondes, & celles de nos plus grands froids à la fin de Janvier, ont été reconnues s’accroitre au moins de $o minutes : l'Angleterre n'a rien produit pour _les réfractions d'hiver. tu Ainfi le rapport des réfraétions horizontales feroit donc ici dans nos zones tempérées, comme 3 à $, ou bien comme 6 à 10; c'eft-à-dire que par analogie (fi on peut admettre ce genre d’analogie & dont je vais rendre compte), en admettant la plus petite réfraction horizontale dans fa partie la plus échauffée de l’atmofphère lunaire, de 6 fecondes, &c la plus grande de 10 fecondes, le cône d'ombre de left à l'oueft feroit rétréci par les réfraétions, & felon le rapport de 12 fecondes à 20 fecondes; puifque les rayons du Soleil y éprouvent une double réfration horizontale. Venons maintenant à quelques eflais pour approfondir une conjecture publiée en 171$ par M. de Louville & Hallei, fur l'inégalité des effets de ces réfraétions dans le temps des Écliples totales: j'ai déjà rendu compte, en produifant le lii 22! Fev. 1783. 252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE texte angloïis, dans un Mémoire publié il y a trois ans, de ce qui en a été dit par le docteur Hallei, & par M. de Louville (page 9 5 des Mémoires de 1 An ), où il rend compte des particularités de l'Éclipfe totale qu ’ avoit obfervée à Londres le 3 Mai de cette année-là : il ajoute que le côté de la Lune par où s'eft faite l’émerfion, étoit échauffé depuis un demi-mois (ou quinze jours) par les rayons du Soleil, &c. Ïl convient aufli que la conjecture de M. Hallei, d’un air plus denfe vers le pôle méridional de la Lune, a été fondée fur une féparation fubite qu’il a aperçue d’une portion lumi- neufe du croiffant délié qui reftoit du Soleil un inftant avant l'immerfion, ou celui des ténèbres qui différoient peu d’une obfcurité totale. Ces premières affertions fur les effets de latmofphère lunaire n'ont pas eu de fuite, d'autant que ni Fun ni l'autre de ces Aftronomes n'a vécu aflez long-temps pour voir alonger les durées aux Écliples annulaires, lorfqu’au contraire elles étoient accourcies aux temps des Éclipfes totales: ainfi il ne doit pas paroître étonnant que la queftion de l'atmo- fphère lunaire foit reftée indécife jufqu'à ces derniers temps. On n'eft pas même entré dans aucune comparaifon des deux atmofphères; finon que, fuivant les principes de la Philofophie Newtonienne, latmofphère lunaire y doit être wois fois plus élevée que la nôtre, ou qu'un pouce de l'air que nous refpirons, étant tranfporté à un même degré de chaleur à la furface lunaire, y occuperoit un efpace trois fois plus étendu en hauteur. Mais les variétés qui peuvent avoir lieu dans les effets de la réfradtion horizontale, & qui dépendent de deux caufes principales, n'ont jamais été l'objet d’une méditation plus réfléchie. Par exemple, notre hiver dure ici plus ou moins, mais conftamment tout le temps que le Soleil parcourt les fix fignes méridionaux:; & les froids s’accroiflent ou dimi- nuent en général Hate l'ordre des nuits les plus longues. Dans l'atmofphère lunaire, où les hivers durent neuf années & demie, lorfque le Soleil cefle d'éclairer l’un des pôles, D'ETSY SI CIRE Nicreïs 2$3 & que le cercle pôlaire y eft établi vers $4d+, tant de leur pôle boréal que de leur pôle auftral, il n’eft pas douteux que des nuits d'environ quinze jours n’y occafionnent des den- fités d'autant plus variables qu'elles dépendent de la longueur & de la durée de ces hivers. On ne fauroit donc trop s'attacher, comme je l'ai prouvé dans mon Mémoire, à l'occafion de la diminution du cône d'ombre entre Orléans & Boulogne-fur-mer en 1724, à bien établir toutes les variétés qui pourront conftater à l'avenir l’éten- due de ces cônes d'ombre; car on n'a plus befoin d’y faire entrer tes phafes mefurées toujours trop imparfaitement , ni les mou- vemens horaires, ni même la latitude de la Lune, tirée des Tables, pourvu que les Obfervateurs foient fitués au nord & au fud de la trace du cône d'ombre. Il ne feroit cependant pas inutile que ceux qui font fitués de manière à voir l'Eclipfe centrale, puiflent par quelques moyens décififs, inconnus juf: qu'à ce jour, nous indiquer fans erreur les accélérations apparentes & inégales qui précèdent & fuivent les temps de l'obfcurité totale; les mêmes moyens pourroient peut - être s'appliquer aufli aux temps qui précèdent ou fuivent les durées des Éclipfes annulaires. Si la Géographie particulière, & les cartes de l'Angleterre & fur-tout de l'Allemagne avoient été perfetionnées au point où on eft parvenu en France jufqu’à ce jour, on tireroit peut- être encore quelques lumières des Éclipfes de 1715 & de 1748. Les Oblervateurs y ont obfervé les durées de l’obf curité & de l'anneau vers les limites & même afflez loin du milieu de la trace où on auroit pu voir ces Éclipfes centrales. Comme ces obfervations fubfiftent, on fera peut-être à la fin en état de les traiter, comme je l'ai fait à l'égard de celle de 1724. 25 Avril 1781. 254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE- ROYALE APT OS FECENN De convertir facilement, à avec affez peu de frais, un Quart -de-cercle à pied en un inflrument azimutal , où du moins de lui en faire faire toutes les fonctions. Par M DE FoucuH 7. T:: s Inftrumens azimutaux ont été d'un très-grand ufage dans les premiers temps du renouvellement de l'Aftionomie en Europe ; on peut voir dans louvrage de Tycho-Brahé , intitulé Affronomiæ inffauratæ Mechanica , imprimé en 1602, avec quelle attention ce célèbre Aftro- nome, que cette Science regarde comme un de fes Reftau- rateurs, s'étoit procuré plufieurs inftrumens de cette efpèce, & avec quels foins & quelle dépenfe il les avoit fait conftruire. Longomontan, Elève, & depuis fucceffeur de Tycho, témoigne dans fon Affronomia Danica, imprimé à Amfterdam en 1622, div. 11, chap. v1r, le cas qu'il failoit de ces inftrumens. Ils font cependant aujourd’hui prefque univerfellement rejetés, & on peut légitimement foupçonner que les raifons qui les ont fait abandonner par les Aftronomes, font, 1. l'exceflive dépenfe qu'ils exigent, & qui feroit au moins quadruple de celle d’un quart-de-cercle ordinaire: 2.° la difficulté de tenir toujours bien verticale la partie de l’'inftru- ment qui doit donner les hauteurs, & de s'en affurer à chaque opération: 3.° la très-grande folidité qu'ils exigent, qui les rendroit d’un très-grand poids, très-difhiciles à manier, & prefque impofhbles à tranfporter : 4.° enfin, l'extrême difficulté de les vérifier, comme l'exige l'exactitude des obfervations modernes; toutes ces raïfons ont pu & dû en faire profcrire l'ufage, & déterminer les Aftronomes à employer d’autres moyens dans leurs recherches. D'IEIS MSC ITUERN CHE !S: 255 Comme cependant il fe trouve plufieurs occafions dans lefquelles il feroit avantageux, ou tout au moins commode, de s'en fervir, j'ai tâché de leur ôter les inconvéniens qui les ont fait rejeter, & Je crois être parvenu à pouvoir donner, avec aflez peu de dépenfe, à un quart-de-cercle à pied ordi- daire , toutes les propriétés qu'on exige d’un inftrument azimutal , fans fe rendre beaucoup plus pefant ni plus difficile à tran{porter. Pour y parvenir, il faut que le quart-de - cercle placé horizontalement , puiffe fuppléer au cercle entier de l'inftru- ment azimutal; on lui donnera aifément cette propriété, par l'addition d'une feconde lunette Æ Æ', fixée fur le quart-de- cercle à angles droits de la première GH, à laide de cette lunette, & de quatre mires placées foigneufement & folidement nord & fud, eft & oueit, on {era für de le tourner vers la partie du ciel où il fera néceflaire, & de lui faire remplacer le cercle entier de f'inftrument azimutal avec Ja même exaétitude que pourroit donner ce dernier, pour peu que l'opérateur foit exercé à travailler avec précifion. Il fera encore néceflaire que la divifion du limbe ait une double numération , dont les nombres foient les complémens les uns des autres, en forte que o réponde à 90, 1 à 89, &c. comme on le peut voir figure 2. Voilà le feuf changement à fatre au quart-de-cercle ordi- naire, le furplus eft une alidade de laquelle nous allons eflayer de donner une idée, & qu'on doit, à proprement païler, regarder comme la partie azimutale de l’inflrument. Elle confifte en deux règles de fer AB, BC, aflemblées à angles droits, comme on le peut voir dans la figure 3, qui en repréfente la coupe : chacune de ces règles a vers l’une de {es extrémités un trou exaétement arrondi & calibré de manière qu'on puifle faire r, uler l'une ou l’autre autour du centre à alidade du quart-de-cercle; lune des deux BC porte fa lunette £, qui doit y être fermement attachée, fauf da pofbilité d'un petit mouvement qui permette de la remettre en {a ftuation, fi elle s’en étoit écartée. Fig. 1. Fig. 3. Fig. 4. 256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Nous venons de voir l'alidade azimutale dans fa coupe tran{verfale, il eft temps de la confidérer fuivant fa longueur ; nous avons dit qu'elle étoit compofée de deux règles unies à angles droits, fuivant leur longueur, lune de ces règles AB eft vue dans la figure, par fon plan fur lequel font attachés 11 lunette £ °F & le miroir plan H7/KX, dont le milieu / répond à l'axe optique de la lunette, qui par confé- quent ne peut repréfenter que les objets qui lui feront renvoyés par ce miroir. À une médiocre diftance de l'extrémité Æ de la lunette, eft placée une pièce de cuivre ronde, comme une elpèce de roue; les pivots de fon axe roulent l’un dans une pièce de cuivre fermement rivée à la règle XY, & l'autre dans une autre pièce qui peut gliffer dans la fente du fupport Z, tandis que celui-ci eft fufceptiple d'un petit mouvement latéral, en defferrant les vis c d: cette roue eft dentée dans un quart ou environ de fa circonférence, & cette denture engrène dans une vis fans fin OP, dont la tige fupportée par les collets O PQR, vient fe rendre près de l’oculaire, de façon qu’en tournant {e bouton 7, on fait néceffairement tourner Îa roue dentée ab. L’axe de cette roue porte le miroir MN, ce miroir reçoit les rayons des objets exté- rieurs S, & les renvoie à la lunette par le moyen du miroir H1X; quand les deux miroirs font parallèles, comme dans la figure, l’objet renvoyé eft à l'horizon, mais fi on incline le miroir A1 N en faifant agir la vis fans fin, on fera paffer fucceflivement dans la lunette tous les objets qui fe trouveront dans le même vertical; en forte que fi ce miroir a parcouru 45 degrés depuis fa première polition, &. eft parvenu à la fituation e fau lieu de renvoyer à la lunette les objets S placés à l'horizon , il lui renverra les objets f placés au zénith. Pour s'aflurer que l'alidade produira tous ces effets, il fera néceflaire, 1° que le plan du miroir 4 7 Æ foit bien perpendiculaire à celui qui pafle par les lignes Z£, 7h: 2 que ce dernier le foit au plan de la règle À B de l'alidade: 3° que le miroir #1 N ne puifle cefler dans tout fon DES SCIENCES. 257 fon mouvement, d'être perpendiculaire à ce même plan paffant par les lignes ZÆ, 1h; & que par -conféquent, J'arbre fur lequel il roule, {oit exactement perpendiculaire à ce plan. Toutes ces conditions ne fe peuvent obtenir qu'à l'aide des vérifications dont nous allons effayer de préfenter une idée. On commencera par vérifier les lunettes E 7 & GH du quart-de-cercle par le renverfement, & au zénith, & leur parallélifme avec le plan de l'inftrument, en chfervant les mêmes mires, tantôt le limbe en deflus, & tantôt le limbe en deflous, au moyen de deux cheveux tendus dans la chambre où l’on fera cette opération, ayant attention de faire, dans l’un & l'autre cas, toucher le centre & deux points du limbe par les cheveux. Cela exécuté, on remettra le quart-de-cercle verticale- ment fur fon pied, on y ajuftera fon centre à aiguille, fon garde-filet & fon plomb , on cherchera un endroit où Ton ait Fhorizon bien découvert; & y ayant placé l'inftru- ment, on cherchera, par les méthodes ordinaires, le point de l'horizon où il eft rencontré par le méridien, & y ayant pointé l'inflrument, on fera battre le fil-à-plomb fur o; on placera à diflance convenable une mire qui réponde * à la croifée des filets, & où l'aflujettira folidement dans fa » pofition; on en placera de femblables & avec les mêmes * précautions au fud, à l'oueft, à left, au nord-eft, au fud- “ oueft, au nord-oueft & au fud-eft: & alors on fe fera procuré les moyens néceffaires pour vérifier les effets de Yalidade azimutale, puifqu'on aura une fuite de points dans un mème plan horizontal dont la poñition fera exactement connue, Pour vérifier {es différens effets de l’alidade, on commen- cera par bien établir la pofition de fa lunette dont l'axe : optique doit être parallèle à la ligne qui réfulte de Ia + jonction des deux règles qui la compofent. Pour cela on À lacera le quart-de-cercle horizontalement, on ôtera de flidade le miroir Æ 1 K, on placera fur l'inflrument lune Mém, 1781. Kk Fig. 4. Fig. s. 258 MÉMoiRes DE L’'ACADÉMIE ROYALE des deux règles, comme par exemple À 2, tournant fur fon centre D : ïl eft für qu'alors cette règle décrira par fon mouvement, un plan parallèle à celui du quart-de-cercle, & que fi l'axe optique de la lunette eff exactement parallèle à ce plan, cet axe pañfera fucceffivement au centre de toutes les mires; mais que s'il n'eft pas parallèle au plan de la règle & de l'inflrument, cet axe optique décrira un cône dont la furface paflera au-deflus où au-deflous du centre des mires, & on l'y fera revenir. On fera la même chofe avec la règle XY, en la faïfant tourner fur le centre €, & on fera affuré que l'axe optique de la lunette eft exaétement parallèle au plan des deux règles. On remettra alors le miroir Æ7X en fa place, & l'on examinera fi fon plan eft bien parallèle au plan perpendi- culaire à celui de la règle AB, & qui pale par l'axe optique de la luuette. Pour y parvenir, on fera de nouveau tourner l'alidade fur fon centre C, & on verra fi dans fon mouvement Ja croifée des filets rencontre le centre de toutes les mires; f: elle les rencontre, il eft évident que le miroir eft bien placé; fi elle ne les rencontre pas, on remédiera à ce défaut de pofition, & quand on aura rappelé le miroir à {a pofition véritable, on Fy arrêtera à demeure. If ne reflera plus alors qu'à vérifier la pofition du miroir mobile AN, & à voir fr dans tout fon mouvement il refte toujours perpendiculaire au plan paffant par les lignes ANR: Cette vérification exige, 1.° qu'on s’affure du parallélifme de l'axe fur lequel roule le miroir avec fon plan: 2° de la pofition de cet axe, telle que l'alidade roulant fur le centre C', le miroir repréfente toujours le centre dés mires à la croilée des filets. Pour fatisfaire à Ja première condition, on préparéra une fourchette de cuivre ABC D, fixée fur un bloe de bois £, aflez pefant pour lui procurer de a folidité ; les extrémités | | | 4 | * LE AL DOFUS AVANCE IN CE S 259 fupérieures de fes branches porteront chacune une fente 1,2, 3, 4, deftinée à recevoir les deux pivots 5, 6 du miroir Æ# G H1; & ayant placé le miroir ainfi monté fur une table, on mettra devant lui, à quelque diflance, une mire, de manière qu'elle fe puifle voir repréfentée dans le miroir; alors on prendra une lunette garnie de fes filets, & on fe reculera une cinquantaine de toiles, tenant toujours le centre de la mire vue dans le miroir à la croifée des filets: alors laiffant la lunette en cette fituation, on retournera le miroir fans déranger le fupport Æ, de façon que le tourillon $ qui étoit dans la fente 1, 2, fe trouve dans la fente 3; 4, & le tourillon 6 dans la fente 1, 2; pour lors il arrivera néceflairement que fi le plan du miroir fait le moindre angle avec l'axe, l’image de la mire fera éloignée à gauche ou à droite de la croifée des filets de la lunette du double de cet angle, & on rappellera l'axe au parallélifme jufqu'à ce que l'image de la mire ne change plus de place en retournant le miroir, Ce parallélifme une fois établi, on procédera à la feconde partie de la vérification du miroir mobile, qui confifte à faire en forte que dans tout fon mouvement il conferve toujours le centre des mires à la croilée des filets. Cette opération ne préfente aucune difficulté, on mettra le miroir dans la pofition 41 N parallèle à celle du miroir HI1K, & ayant placé l'alidade fur le quart-de-cercle rendu horizontal & roulant fur le centre €, on la pointera à une des mires, & on verra fi cette mire eft repréfentée à la croilée des filets de 1a lunette; fi elle n'y eft pas, on l'y fera venir en faifant mouvoir, au moyen de la vis g 4, le couflinet mobile du tourillon, ou le fupport Z dans fequel il glifle; on fera enfuite, au moyen de la vis fans fin, parcourir au miroir l'arc de 45 degrés, & on verra fi dans tout ce mouvement le centre des autres mires qui . paroîtront fucceffivement dans la lunette, fe trouve toujours à la croifée des filets, finon on les y ramènera par les “moyens que nous venons d'indiquer. Kk ij 260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ces vérifications ne font néceflaires au total, que lors de la conftruction de l'inftrument, ou lorfqu'après un tranf- port qui a pu le déranger , on veut le remettre en état de fervir. Tant qu'il n'aura pas été tranfporté, ou qu'il ne l'aura été qu'à une petite diflance & avec précaution, une feule vérification que nous allons indiquer, fufhra pour s'aflurer de fon exactitude; voici en quoi elle confite. On placera le quart-de-cercle fur fon pied dans une fituation horizontale, une de fes lunettes Æ G, pointée à la mire du midi; on placera l'alidade azimutale roulant fur le centre D, puis on prendra une hauteur du Soleil qui, fr lon veut, en fera deux fi l'on fait paffer les deux bords par le fil : alors laiffant l'alidade fur ce point, on fera tourner le quart-de-cercle toujours horizontal, juiqu'à ce que l'autre lunette Æ F {oit à la mire du midi, & on attendra que le Soleil revienne l'après-midi dans la junetie de l'alidade qu'on proménera fur le limbe pour le rencontrer, ayant toujours foin de tenir, pendant cette opération, le plan du quart- de-cercle bien horizontal, & la croifée des filets de fa lunette bien fur la mire. Il eft für que fi toutes les pièces de l’inftrument {ont bien en état, les azimuts du levant fe trouveront à égale diflance du méridien que ceux du couchant, fauf cependant le petit changement qu'y apportera l'augmentation ou la diminution de la déclinailon du Soleil quon peut aifément connoître par le calcul. Mais s'il eft arrivé quelque dérangement aux pièces qui compolent l'inftrument, alors les deux azimuts ne Îe trou- veront plus à égale diftance du méridien, & on fera averti par-là du dérangement; on en cherchera la caufe par le moyen des vérifications ci-devant indiquées, & on y remédiera. Dans un obfervatoire fixe, l’inftrument aura un {upport folide de fer ou de maçonnerie qui le maintiendra dans la fituation horizontale à laquelle on pourra toujours le rappeler, au moyen de quelques vis; & il fera enveloppé d'une petite tour bafle dont le toit fera tournant, & portera une longue fenêtre qu'on pourra toujours placer convenablement; on gone ne oué aie gi dt té M rer D'Ens CS CHEVE N'C:E"S 261 aura de même des mires foutenues par des piliers folidement bâtis, & ces mires, au lieu d’être de carton comme à lordi- paire, feront de feuilles de fer-blanc peint à huile, de blanc & de noir, pour pouvoir réfifier aux injures de l'air ; on pourra même y établir un cercle entier horizontal fermement arrêté, & pour lors on n'auroit aucun beloin de mires que momentanément & dans le cas de vérification de l’alidade, Lorfqu'on voudra fe {ervir de Finftrument, on le placera dans la fituation horizontale, & sil eft queflion d'oblerver azimut d’un aflre fitué à lorient, on dirigera la lunette £F, fg. 1, à la mire du midi; on fera rouler lalidale fur le centre D, la promenant un peu à droite & à gauche aux environs du vertical de l’aftre; & on fera en méme temps tourner le miroir mobile, au moyen de la vis fans fin, jufqu’à ce qu'on aperçoive l’aflre dans la lunette, & alors on aura en vue ou de counoiïtre la hauteur & l’azimut de l'aftre à une heure donnée, ou de connoître l'heure & l’azimut à une hauteur déterminée. Dans le premier cas, l’aftre étant une fois à [a croifée des fllets, on l'y maintiendra en failant mouvoir l’alidade d’une main, & le miroir A2 N de f'autre, jufqu'à l'inflant marqué par la pendule, alors laifflant le tout en état, on regardera fur le limbe du quart-de-cercle, combien l'alidade eft éloignée du méridien, ce qui donnera l'azimut de l'aftre; à l'égard de fa hauteur voici comment on la connoitra. Laïffant le miroir dans la fituation où on l'aura mis dans lobfervation, on retournéra Falidade fur le centre €, & on la fera mouvoir jufqu'à ce que la mire méridionale paroiffe dans la lunette de j’alidade à la croiïlée des filets, & alors la hauteur de f'aftre fur l'horizon fera égale au double de l'arc du limbe du quart-de-cercle compris entre le point o de Ja divifion, & le point marqué par l'index de l'alidade. Dans le fecond cas où on voudroit obtenir l'heure & Fazimut de l'aftre à une hauteur déterminée, on commencra _ par faire rouler l’alidade fur le centre €, & on la fera avancer … fur le limbe jufqu'à ce qu’elle marque la moitié de Ia hauteur Fig. 64 262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE donnée, & la laiflant en cet état on fera mouvoir le miroir mobile AN, jufqu'à ce qu'on voie la même mire méri- dionale à la croilée des filets de la lunette de l'alidade, comme on la voit à la croifée des filets de celle du quart- de-cercle; alors laiflant le miroir dans cette pofition, on retournera l'alidade fur le centre 2), & on la p'omènera fur le limbe jufqu’à ce que laftre arrive au fil horizontal de la lunette; on marquera à la pendule l'heure à laquelle ïl y arrivera, on verra fur le limbe du quart- de - cercle la diftance de l’azimut au méridien, marquée par l'index de l'alidade, & on aura obtenu ce qu'on defiroit. H réfulte de ce que nous venons de dire, que la collimation dans la lunette du quart-de-cercle & dans celle de l'alidade, eft d’une égale exactitude, mais que la divifion ne left pas, & que l'angle de la hauteur de l'aflre ne feroit indiqué w'avec un degré de précifion de moitié moindre que celui de fa diftance azimutale au méridien ; ce feroit un irès-grand inconvénient, mais voici comment je crois qu'on peut y remédier. | Au lieu de placer, comme à Fordinaire, au milieu de Ja fenêtre de l'alidade, le fl d'argent dirigé au centre qui lui fert d’index , j'ai fait porter ce fil par une longue aiguille DE X mobile, fur un clou tourné 2, tout au bas de l’alidade & fort près du limbe; cette aiguille porte dans fa partie paffant au-deflus du limbe, le fil index G N, & a pointe X vient fe rerminer fur une pièce de cuivre L 41 que je nom- merai le petit limbe, fur laquelle elle décrit un arc-de-cercle par le mouvement de ceite pointe: vers le milieu de fa longueur elle eft pouflée par le reflort O PQ qui tend à la faire aller de gauche à droite, & contre-tenue par la vis SR qui tend à la faire aller en fens contraire, ou lui permet de céder au reflort; comme la diflance du centre de mouve- ment de l'aiguille à fa pointe, eft dix fois plus grande que la diftance de ce même centre aux points de dix minutes en dix minutes de da divifion du quart-de-cercle, il fuit que lorfque le fi} d'argent a parçouru un efpace de dix minutes r Men. de Ac. R. ds Je: An 1701 Luge 202 PNY: Plon Mere. de Lich das Jo An: 204 Loge 202 LL V: Dies SUUNTO 5; 263 fur le limbe, la pointe de l'aiguille en a parcouru un dix fois plus grand fur le petit limbe; & qu'en partageant cet efpace en dix, chacune de cés divifions vaudra une minute, & fera de la même étendue que les dix minutes occupent fur le le limbe du quart-de-cercle, ce qui eft plus que fuff{ant pour compenfer le défaut dont nous venons de parler. J'ai déjà employé avec fuccès ce moyen dans un Quartier de réflexion ue je donnai en 1740, & qui eft imprimé dans les Mé- moires de l’Académie de cette mème année *, Pour fe fervir de cette efpèce de micromètre, on mettra, avant d'opération, la pointe de l'aiguille fur le o du petit limbe, & l'opération faite on verra file fil index tombe fur un oint de la divifion du quart-de-cercle, ou non; s’il y tombe, l'arc indiqué eft le véritable, mais s’il n'y tombe pas, ce qui fera le cas le plus ordinaire, on tournera la vis SR, jufqu’à ce que le fil coupe en deux le point de divifion immédia- tement fuivant, & pour lors la pointe de l'aiguille indiquera fur le petit limbe le nombre de minutes & de fractions de minute qu'il faut ajouter au premier point pour avoir la hauteur de laftre. D'après ce que nous venons d'expofer, je crois pouvoir me flatter d'avoir fait difparoître prefque tous les inconvéniens qui avoient fait abandonner les inftrumens azimutaux; foit qu'on veuille les employer dans des obfervatoires fixes, foit | qu'on veuille donner à un quart-de-cercle à pied toutes leurs propriétés pour pouvoir les tranfporter dans certains voyages & dans certaines opérations; fr cette conflruétion eft adoptée, ce fera probablement la première fois qu'on aura vu voyager des infrumens de cette efpèce. Nota, La feconde Planche, à la fin de ce Mémoire, repréfente Inflrument tout monté. * * Voyez les Mémoires de l’Académie, année 1740, page 468, +2 SYs 264 MÉMoirEes DE L'ACADÉMIE RoyaALE CA, LC; DAS Sur les Ballons aéroflatiques faits par feu M. Léonard Euler, tels quon les a trouvés fur [on ardoïfe, après Ja mort arrivée le 7 Septembre 1 783. AVERTISSEMENT. EXPÉRIENCE faite à Annonai, le $ Juin 1783, par M.” Monigolfier, a montré la poffbilité d'élever dans l'air des corps d'une grande capacité relativement à leur pefanteur, en les rempliffant d’un fluide expanfble plus léger que fair de l'atmofphère, & dont cependant l'élaflicité fût en équilibre avec celle de l'air: à peine fut-elle connue que les Savans de l'Europe s'emprefsèrent de s'occuper d’un objet qui offroit à prefque toutes les Sciences des queflions nouvelles à réloudre, donnoit à quelques-uns l’efpérance de fe procurer un nouveau moyen de découvertes, & intérefloit la curiofité par la foule des applications réelles ou chimériques , que préfentoit au premier coup-d’œil le moyen de parcourir un élément qui jufqu’alors nous avoit été fermé. M. Euler ne put être inftruit que peu de temps avant fa mort, de la découverte de M. Montgolfer. L'idée de cher- cher les loix du mouvement vertical d'un globe qui s'élève dans un air calme, en vertu de la force afcenfionnelle qu’il doit à fa légèreté, a été la première qui fe foit préfentée à fon elprit: il eflaya fur le champ d'appliquer le calcul à cette queftion; & lorfqu'il fut furpris par la mort, la planche noire fur laquelle il écrivoit avec de la craie, depuis qu'il étoit prefque privé. de la vue, étoit chargée de ces calculs, les derniers qui aient été faits par ce grand homme, auf fingulier peut-être par le nombre incroyable de fes travaux, que par la profondeur & {a force de fon génie. L'Académie des Sciences, à laquelle le fils de M. ne on DES SCIENCES. 265 fon fucceffeur dans {a place d'Affocié-Étranger qu'il occupoit parmi nous, 4 bien voulu envoyer une copie de ces calculs, s'eit empreflée de les publier, comme un monument pré- cieux qui renferme les dernières penfées d’un des hommes qui ont fait le plus d'honneur aux Sciences ; comme une preuve fingulière de la vigueur de tête, qui peut fubfifter encore peu d'heures avant l'inflant, où une caufe inconnue va détruire les reflorts fecrets de l'intelligence & de la vie; enfin, comme un honneur rendu à l’auteur de la nouvelle découverte, puifque ce même eflai de calcul prouve l'intérêt qu'elle avoit excité dans un de ces hommes dont le fuffrage eft la plus digne récompenfe que le génie puifle ambi- tionner. RS PE DE CEE DE PERTE ET RS PE PQ A| D: globi aëroflatici radius — 4, & pondus — A, F1 eritque ejus volumen — + 4, denotante + peripheriam 3 circuli, cujus diameter — 1. Sit altitudo columnæ aëreæ — À — 24000 ped. circiter, & fi ponamus globum pervenifle ad altitudinem AM = x, erit preflio aëris m nl Sit celeritas globi in punéto A — v, & pondus globi aërei — NN, ob fuperficiem hemifphærii — erit ve ; À | refiflentia in hoc punéto M — ©, 7%, , 4£8 2 +7a 3N vv : : 2 .« TE le denotante g altitudinem lapfüs gravium uno minuto fecundo, Principia mechanica fuppeditant hanc æquationem ; 2v0v ù : Er Le _— KE . P, exiftente 2x elemento alitudinis Am & Mn. 1787, Li 266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoÿYALE P vi follicitante, quæ componitur expreffione aëris, pondere globi & refiftentià ita ut fit * : x —— N — —— P—= Ne # — M — ra hs REY a 48 unde fit * * BTS LH et seen LE EE Lag 7 % 2V0v— (Ne N. dgrter h five N —* N - de ir AE D'E 2VOV—A4 gx E — 4x evvoxe he é N , Sit UN A * LA À —— — — 2Vd0v + uve dx — 4gox{ne À — 1}, à \erit cujus æquationis integrale, pofito . * vue D — f4gox(x — 1 CÉMRTAU pr! quod ita repræfentetur : vue —Angfe ? dx(—— — +) = E fe Fx(f—x), exiflente f — ER Ef verd Fe nf — x) = (b + f) (07 — 3) — de as ergo ver — 487 _. UD pe nn x unde fit L b : Die vu — HE [(E + f)(r —eT 5) — x], quæ en determinat celeritatem globi in quâvis altitudine DES SCIENCES. 267 Pro determinandà altitudine maximä, ad quam globus pertingere poteft, flatuatur celeritas vw, ejufve quadratum vv, evanefcens in punéto Æ, ponaturque elevatio AH —#4, | k quæ igitur definitur æquatione /b+-f) (1 ME Eyes —0, TR 3 en : . Sit k Te h Lu ex quà fit b + f — = TURIN LE — cc 4 7 à f—= nb, erit b+f— (n + 1)6, & quia 4 pre 4 eft numerus valde magnus, fine fenfibili errore ftatui poterit k h PLV HET AE PT , quo faéto erit + f— b(n +1) — ideoque ts maxima À A = B{n + 1), ubi notetur éfle & — _., 2er HO Lob( = f = 06 — =]. Pro tempore afcenfûs æquatio vOr — Dx præbet * MOI" tes VIA (ir — SRE IE denotante 24 dx . DRE Agb elementum temporis. Erit igitur 01y LE — - Vie Ÿ)—;] à integrando IV LE — 20h — x)] = v < {2h — 27h — x)] , : 4h undè colligitur tempus afcenfüs per fpatium À A{r — MCE Ponamus d4 — Y —=—— = LR 4Agb n PEUR . A . kh fi — Wrsratte & tempus totius afcenfüs erit Ve Pro determinandä altitudine eà F, ubi celeritas eft ma- xima, erit .[(b+fl{i—e À )— RH ideoque 1] Exemple, 2683 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE = (b LES PET — dx, undè fit er = ; 48 confequenter x — /(b + f) — LIb — bl(n + 1), ego AF — Dl{n + 1) ; hoc valore in expreflione cele- ritatis fubftituto erit vu = LE [{utr) (ae EE) fn + 3). l{n+:) _— 1 . Eft verd e 7 Ido OUI Agbhb . 3 A S nn [u — 1{n + 1)], ergo celeritas maxima in Ferit = 20V EE [n — (0 + 1)], five 26€, ob numerum # valdè magnum. Si a — 20 pad A5, ent 210 & 21 1200, undè fit altitudo maxima À — 19200 ped. altitudo celeritati maximæ refpondens AF — 112 ped. celeritas maxima 64 ped. uno minuto fecundo & tempus afcenfüs 10/ 32”. D'EUMAS Me) TE: NÜCUETS 269 RTE PRE BOL NE EI CE GP MÉMOIRE Où l'on prouve par la décompofition de l'Eau, que ce Fluide n'efl point une fubflance fimple, & qu'il _ g'aplifieurs moyens d'obtenir en grand l'Air in Jlammable qui y entre comme principe conftituant, Par M.* MEUSNIER & LAVOISIER. DT qu'on connoît l'expérience dans laquelle un mélange d'air inflammable & d'air déphlogiftiqué, fait füuivant les proportions convenables, ne produit en brûlant que de f'eau très-pure, à peu-près égale en poids à celui des deux airs réunis, il étoit difficile de ne pas reconnoître dans cette production d’eau, une preuve prefque évidente que ce Huide, mis de tout temps au rang des fubftances fimples, eft réellement un corps compolé; & que les deux airs, du mélange defquels il réfulte, en fournifient les principes conftituans. M. Lavoifier en tira cette conféquence dans un Mémoire qu'il fut à la dernière féance publique de cette Académie, en annonçant avec M. de la Place qu’ils avoient les premiers obtenu ainfi une quantité d’eau aflez confidé- rable pour la foumettre à quelques épreuves chimiques; * & en admettant quelqu’exactitude dans la détermination du poids des airs employés dans cette expérience, on ne voit pas comment il feroit poffible de l'infirmer: on a cependant élevé des doutes fur cette réduétion entière de deux fluides acriformes en eau; & malgré les foins apportés par M. La- voifier, pour affurer, autant qu'il eft poflible , la précifion d'une expérience aufi délicate : malgré la conformité du réfultat obtenu à peu-près en même temps par M. Monge, ee CE VORMENE A ONAAR AUD HI MIN © * Ce Mémoire fe trouve dans ce même volume, C’eft-par erreur qu'il a été imprimé poltérieurement à celui-ci, Lû le 21 Avril 1784. 270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dans le laboratoire de l'École de Mézières, avec un appareïl très-exaŒ & les attentions les plus ferupuleufes, quelques perfonnes ont cru pouvoir attribuer l'eau qui provient de cette opération, à l'humidité diffoute par les airs, & privée de foutien au moment de leur combuftion. Mais fans parler du peu de proportion d'une caule aufii légère avec la quan- tité d'eau dont il faut expliquer l'origine, fi les airs eux- mêmes n'y entroient pour rien, il refteroit à trouver quel eft le produit réel de leur combuftion ; & puifqu’en en brûlant des volumes confidérables, on n'obtient autre chofe que cette eau très-pure qu'on voit couler de toutes parts, il s'enfuit que, même en admettant une erreur groflière dans la comparaifon du poids des airs avec celui de l'eau qui fe manifefte, l'explication qu'on vient de rappeler feroit encore fujette aux difhcultés les plus fortes. C'eit au refte la multi- tude des faits, bien plutôt que le raifonnement, qui doit établir toute efpèce de théorie nouvelle, &'c’eft fa voie que nous avons prife dans le travail dont nous allons rendre compte, il eft le fruit des recherches récentes auxquelles M. Lavoifier & moi avons eu occafion de nous livrer fur la production de l'air inflammable ; & voyant déjà tant de railons de croire que c’eft dans eau que la Nature a dépolé tout celui dont elle fait ufage pour fes diverfes combinailons, ayant éprouvé qu'en le tirant des corps plus compolés, il eft toujours altéré par le mélange des fubftances qui fervoient à le fixer, nous ne pouvions être mieux conduits a le chercher directement dans ce fluide fi abondant. La queftion qu'il s'agifloit de réfoudre étoit donc de dé- compoler l’eau, en lui préfentant des intermèdes capables de s'unir à l’un de fes principes conftituans, & tendans à cette union avec une force fupérieure à celle qui lie ces principes entreux: & puilqu'il étoit fi naturel de penfer qu'outre l'air inflammable, l’eau contient encore l'air dé- phlogiftiqué que nous avions vu contribuer à fa formation, il falloit chercher à en {éparer ce dernier par le moyen des corps avec lefquels on lui connoit une grande afhnité > DES SCIENCÉS. 27 c'étoit donc parmi les corps combuftibles & les métaux calcinables que nous pouvions efpérer de trouver les agens propres à opérer cette décompofition. M. Lavoifier, conduit par ces principes, avoit déjà tenté un mélange dont il rendit compté dans le Mémoire que je viens de citer, & avoit réufii par ce moyen à obtenir de Yair inflammable. De la limaille de fer & de l'eau miles en petite quantité dans la partie fupérieure d’une cloche pleine de mercure, n’avoient pas tardé à laïffer dégager ce fluide aériforme , qui au bout de quelques jours devint affez abondant pour en effayer la combuftion, & le fer, calciné alors, annonçoit une abforption d'air déphlogiftiqué, qu’il ne pouvoit avoir tiré que de l'eau dans laquelle il étoit plongé. Cette expérience dans laquelle M. Lavoifier avoit opéré une vraie décompofition de l'eau, n'étoit cependant pas exempte de toute difficulté, & quoiqu'il eût employé de leau diftillée, la petiteffe du volume de fair inflammable ainfi obtenu, pouvoit peut-être donner encore lieu aux objeétions qu'on a établies fur la fuppoñition où cette eau n'eût pas été parfaitement pure. I manquoit en effet quelque chofe à ce procédé; & puifque la matière de feu paroît un élément fi effentiel à la formation de tous les fluides élaf- tiques, qu'elle eft prefque toujours abforbée dans les expé- riences qui en produifent, & dégagée quand ils fe condenfent ; puifque fur-tout il s’en fait une produétion fi confidérable lorfque les deux airs qui conftituent l'eau, la reforment par leur combuftion; & qu'enfin les métaux calcinables de même que les combuftibles ne deviennent fenfiblement altérables par l'air déphlogiftiqué, qu'à l'aide d’une température très- élévée, il n’eft pas étonnant qu’une opération, dans laquelle on n’employoit d'autre chaleur que celle de l'atmofphère, eût un efet fi lent & fi peu marqué. La décompofition de Feau exige donc, pour fe faire rapidement, le concours d’une chaleur confidérable, & c’eft une condition principale que nous avions à remplir; mais la difficulté de donner à Veau une chaleur au-defius du degré de fon ébullition, étoit 272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALÉ encore un obftacle à nos vues; & ce n’eft qu’en la prenant déjà réduite en vapeurs, que nous avons pu la porter juf- qu'à l'état d’incandefcence auquel nous préfumions qu'il étoit néceffaire de l’amener. D'après ces confidérations, l'appareil néceffaire fe préfente de lui-même & n'exigeroit pas une longue defcription; mais quelqu'intéreffantes qu'aient été pour nous les premières épreuves que nous en avons faites, & dont M. Berthollet a bien voulu être témoin & coopérateur, les bornes de ce Mémoire ne nous permettent pas d'entrer à ce fujet dans le détail qu'elles exigeroient, & nous pafferons rapidement aux expériences plus concluantes que nous nous fommes empreflés de tenter dès que notre appareil eut acquis fuc- ceffivement le degré de perfection nécelaire. Nous dirons feulement qu'en faifant pafler dans un tube de fer incan- defcent, foit de l'eau en vapeurs fournie par une cornue à laquelle il étoit ajufté, foit de l'eau verfée goutte à goutte au moyen d'un robinet ouvert imperceptiblement, & qui fe vaporifant de même dès qu'elle commençoit à atteindre la partie rouge du fer, étoit également forcée, en la par- courant en entier, d'acquérir au paflage le même degré de chaleur, nous avons conftamment obtenu de grandes quan- tités d'air inflammable: que cet air préfentoit, dans fon inflammation & dans fa détonation avec l'air déphlogiftiqué, tous les phénomènes qui caraétérifent celui qu'on obtient par la diffolution de quelques métaux dans l'acide vitriolique: qu'il avoit de même une odeur très-marquée ; mais que n'offrant rien de femblable à celle de l'acide fulfureux quon déméle dans Fair inflammable ordinaire, celui-ci fe rappro- choit infiniment plus de ce que les Chimiftes ont nommé empyreume : que fa péfanteur fpécifique , déterminée avec des inflrumens très - délicats, s’eft toujours trouvée d'autant moindre que fair atmofphérique qui remplifloit originai- rement l'appareil, s'y eft mêlé.en moindre proportion par. rapport au volume total de l'air inflammable qu'on a fabriqué à chaque expérience, & que pour peu qu'on en produife DA EN SAS NITGUE fs 273 produife un volume décuple de la capacité des vaifeaux qu'on emploie, on l'obtient au moins neuf fois plus léger que celui de l'atmofphère : qu’enfin le tube de fer foumis à cette opération, éprouve fucceflivement une altération confidérable qui le rend de moins en moins propre à dégager l'air inflammable: que l'opération éprouve par cette railon, un rallentiffement gradué jufqu'à ce qu'elle ceffe enfin totalement, & qu’alors le fer calciné intérieurement fe trouve converti fur une grande épaifleur en une matière fingulière que nous décrirons plus bas, & qui annonce fa combinaifon avec l'air déphlogiftiqué qu'il devoit enlever à l'eau, pour mettre l'air inflammable en liberté. j Ces expériences expliquent donc l'obfervation faite aflez récemment, que le fer rouge éteint dans l'eau, dégage de l'air inflammable; en le plongeant au-deflous d'une cloche renverfée & pleine d’eau, on voit en eflet ce gaz fe raflem- bler dans la partie fupérieure de Ja cloche, & on lui trouve toutes les propriétés de celui que nous venons de décrire : cette efpèce d’épreuve eft même extrêmement commode pour connoître fur le champ les diverfes fubftances qui peuvent produire le même effet, & nous nous en fommes fervis dans cette vue: nous allons encore rendre un compte fuccinét de ces tentatives générales. Il étoit en effet bien eflentiel de vérifier fi les fubftances calcinables ou combuftibles font les feules qui puiffent décompofer l'eau, comme la théorie l'indiquoit; & il étoit également intéreffant de déterminer fr elles ont toutes cette propriété : nous avons en conféquence foumis à l'expérience de l'extinétion dans l'eau un affez grand nombre de corps incandefcens , principalement des fubftances métalliques : celles qui font facilement fufibles ont été miles dans des creufets, avec lefquels nous les avons plongées, & toutes ces épreuves ont été d'accord avec la théorie que nous avons expolée. Ainfi, l'or & l'argent, métaux parfaits, qui ne font fufceptibles d'aucune calcination , pris en mafles confidérables du poids de trente & quarante-cinq marcs, & plongés prefque Mém. 1787. Mm 274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fondans, n’ont point fourni d'air inflammable: des cailloux rougis, des creufets vides, fubftances également dénuées d’afnité pour l'air déphlogifliqué, n'ont dégagé, comme les premiers, qu'un air incombuftible en très-petite quantité, que tout annonce être celui que l'eau tient naturellement en diffolution. Le cuivre rouge, quoique calcinable, a eu le même fort; n'ayant pas fans doute avec l'air déphlogiftiqué le degré d’afhnité fufhfante pour le féparer de l'air inflam- mable, & il eft bien remarquable que, diflous par l'acide vitriolique, il n'en fournit pas non plus; mais le zinc qui à cet égard fe comporte comme le fer, a donné aufli comme lui de l'air inflammable par fon contaét avec l'eau : le charbon végétal & le charbon de terre, plongés brülans, en ont égale- ment fourni, quoiqu’on les eût épuilés par une longue combuf tion de tout celui qu'ils pouvoient donner par fa feule chaleur; & il faut bien que l’eau foit eflentielle à ces divers phéno- mènes, puilque limmerfion dans le mercure ne produit rien de femblable : quant à l'étain & au régule d’antimoine, ils ont conflamment occafionné des explofions fi fortes que les cloches ont été brifées avec éclat, & ils nous ont appris à ne plus tenter ces fortes d'épreuves qu'avec des précautions particulières. En même temps que nous voyions Ja théorie qui nous guidoit fe confirmer de plus en plus, nous venions d'acquérir par ces dernières expériences une connoiffance précieufe pour Ja pratique, en apprenant qu'un métal commun dans les Arts, tel que le cuivre rouge, qui peut, après le fer, fupporter da plus grande chaleur, n’éprouve aucune altération de la part de l'eau, dans l’état d'incandelcence. Si en eflet ce métal fe fût calciné conime le fer, on n’auroit pu fabriquer pour ces fortes d'expériences que des appareils expofés à une prompte deftruélion ,. & les recherches expérimentales y auroient prefque autant perdu que les ufages auxquels on appliquera les nouvelles méthodes qui rélultent de ce travail pour Îa fabrication de l'air inflammable; car le verre ou les poteries font infiniment trop fragiles pour être employés en D ES SCIE N.GE.Ss 275 grand à des opérations de ce genre, & l'on fait d'ailleurs que ces dernières ne font plus inperméables à l'air, dès qu'elles font échauffées au point de devenir rouges. C'eft donc de cuivre que doivent être faits par la fuite LE appa- reils que l'on deflinera à ces fortes de décompofitions de l'eau, & l'on y renfermera les fubftances que l’on jugera pouvoir y employer; nous cherchames en conféquence à nous procurer des tubes de ce métal, coulés d'une feule pièce & fans foudure, mais l’empreffement, bien naturel dans des recherches aufli neuves, nous engagea à continuer les nôtres avec les tubes de fer que nous avions fous la main. IL ne s'agifloit plus alors de chercher de nouvelles mé- thodes pour fabriquer l'air inflammable, nous nous voyions en pofleflion d’une théorie féconde, de laquelle dérive une multitude de ces moyens; mais plus cette théorie cadroit avec les épreuves que nous avions déjà faites, plus nous devions lexaminer févèrement, & multiplier pour cela les expériences de poids & de mefure, fans lefquelles la Phyfique ni la Chimie ne peuvent plus guère rien admettre. Nous cherchames donc d’abord à conftater f1 en mefurant exactement toute l'eau qu'on fait paffer dans l'appareil que nous avons indiqué, & recueillant de même celle qui fe condenfe, après en avoir parcouru toute la longueur , il fe wouveroit entre ces deux quantités une différence notable qu'on püt attribuer à l’eau décompolée qui auroit ainfi changé de nature : ainfi, au lieu de faire aboutir immédiatement le tube de fer à l'appareil pneumato-chimique , nous inter- pofames un ferpentin environné d’eau froide, & l’eau qui fe condenfoit dans ce réfrigérent, étoit verfée dans un flacon tubulé, d'où les produits aériformes fe rendoient , comme à l'ordinaire, fous les cloches de l'appareil par un conduit particulier appliqué à la tubulure du flacon. La Planche jointe à ce Mémoire, donne une idée complète de toute cette dilpofition; on y voit en détail l'entonnoir qui verfe l'eau goutte à goutte, à l'aide d’un robinet qui en traverle le queue, le tube de fer où elle paffe enfuite, le brafier qui Mm ij 276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'échauffe, le ferpentin, le récipient, & enfin la cloche où eft recueilli l'air inflammable : il eft prefque inutile d’obferver que toutes les jointures de cet appareil étoient hermétiquement fermées par des luts, de l'exactitude defquels on s’eft affuré avec le plus grand foin. Plufieurs Membres de l’Académie voulurent bien être témoins de cette expérience importante, il en réfulta cent vingt-cinq pintes d'air inflaminable, & il s'en fallut trois onces un gros que l'eau reçue au fortir de l'appareil n'égalât celle que lentonnoir fupérieur y avoit verfée; ce defuit, beaucoup trop confidérable pour qu'on püt l'attribuer à l’hu- midité qui avoit dü mouiller l'intérieur de fa machine, annonce donc qu'une certaine quantité d’eau étoit vraiment difparue, & avoit contribué à former l'air inflammable ainft obtenu: cet air fut pelé avec la plus fcrupuleufe attention, il étoit neuf fois & demi plus léger que l'air atmofphérique, & le volume total qui en avoit été produit, peloit par con- féquent quatre gros & quelques grains: il eft à remarquer que c'eft, à quelques grains près, le fixième de la quantité d'eau que nous avons vu s'être diflipée, & que cetie pro- portion eft auffi précifément celle qui rélulte de l'expérience capitale dans laquelle on forme de l'eau par la combuftion des deux airs. Une feconde expérience faite avec le même canon, dans la vue de le calciner entièrement, a encore fourni foixante- une pintes d'air inflammable, avec une déperdition d’eau d'une once fept gros, dont la fixième partie étoit encore, à quelques grains près, égale au poids total du gaz dégagé, Ou avoit réufir parfaitement à préferver ce tube de fer de l'action de l'air extérieur, paï des enveloppes & des luts d'argile arrangés avec foin; il {e cafla néanmoins avec facilité quand on voulut en vifiter l'intérieur, & à l'exception d’une couche très-mince de fer doux qui le couvroit par dehors, il fe trouva converti tout entier en une matière qui navoit plus du fer que la couleur, mais elle préflentoit un grain compolé de facettes brillantes qui lui donnoient quelque pets ScMEN NICE s 277 reflemblance avec la mine de fer fpéculaire ; la furface inté- rieure paroifloit même être devenue d'autant plus fufible, qu’elle étoit plus faturée d’air déphlogifiqué, & formoit ainfi fur un tiers de ligne d'épaifleur une doublure life & brit- hante, fur laquelle le burin ni la lime ne mordoient plus, tandis que les parties plus éloignées du centre, préfentoient un grain plus inégal & comme rempli de petites cavités : Yaimant attire d'autant moins les difiérentes parties de cette matière, qu’elles font plus voifines de l'état de la doublure intérieure, mais fon action paroît devoir être toujours fenfible: enfin le métal avoit confidérablement augmenté de volume en éprouvant ce changement, puilque le calibre intérieur fut réduit de fept lignes à quatre, fans que le diamètre extérieur eût changé. Cette fubftance éprouvée par les acides, ne donne plus aucune efpèce de gaz, il en refte même une quantité confi- dérable qui demeure indifloluble; & quoiqu’ayant beaucoup de rapport avec le fer calciné par fair déphlogiftiqué qui {e trouve dans l'air libre, c'eft cependant, à beaucoup d’égards, une matière nouvelle qui mérite l'attention des Chimifles, Indépendamment des connoiflances acquiles dans ces derniers temps, fur la caufe de la calcination des métaux, tout annonçoit donc dans cet état du fer, l’admiffion d’une fubftance étrangère qui en avoit augmenté le volume & changé l'organilation : il falloit bien en eflet que les cinq fixièmes du poids de l'eau qui nous manquoit, euffent été employés, & leur union avec le métal étoit la feule defti- nation qu'on püt leur attribuer, puifqu'il n’y a point dans la Nature de déperdition proprement dite; mais la perfuafion où nous étions que notre tube de fer feroit calciné par dehors, nous ayant fait négliger de le peler avant l'opération, nous ne pumes acquérir dé cette conféquence une confirmation directe que fon évidence ne pouvoit nous empêcher de defirer. 1 Nous entreprimes donc une nouvelle expérience, dont l'objet étoit de conflater fi le fer augmente de poids quand 278 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il fe calcine par le contact de l'eau, comme quand il fe calcine dans l'air libre ou dans l'air déphlogiftiqué. C'étoit d’ailleurs le moyen le plus direét de répondre à Fobjection qu'on pourroit peut-être encore faire contre la décompofition de l'eau, en attribuant tout l'air inflammable que nous avons obtenu, au métal qui l’auroit fourni, & non à l'eau de laquelle nous croyons qu'il provient: dans cette manière de voir, le fer perdant un de fes principes, diminueroit de poids, tandis que dans la théorie que nous avons adoptée il doit au contraire augmenter. Cette expérience étoit donc la plus propre à décider {a queftion d’une manière définitive. N'ayant pu encore obtenir aucun des tubes de cuivre rouge que nous avions demandés afin d'y introduire un morceau de fer d’un poids connu & déterminé fcrupuleu- fement, nous cherchames au moins à en faire une forte d'imitation avec un nouveau tube de fer dans lequel nous fimes appliquer une feuille de cuivre rouge qui lui fervoit de doublure: nous ne pumes à la vérité fermer exactement la jointure longitudinale, parce qu'il n'y a point de foudure qui ne fuit trop fufible pour le degré de chaleur que nous avions intention de produire; mais fr nous ne préfervames pas en entier le fer du canon de l'action de l’eau en vapeurs, nous diminuames au moins de beaucoup cette action étran- gère à notre objet prélent. Nous introduifimes dans cet appareil une baguette de fer plate, roulée fur elle - même comme Île filet d’une vis, & occupant ainfr une longueur de 18 pouces; & pour éviter que, devenue plus fufble , elle n'adhérât à la doublure de cuivre, nous la mimes dans un canal de même métal, avec lequel nous devions Îa retirer avec facilité quand l'opération feroit finie : notre baguette de fer peloit exactement deux onces cinq gros quarante-fept grains. Cette opération confomma une once cinq gros cinquante- quatre grains d’eau, & produifit cinquante trois pintes d'air inflammable: la baguette de fer, calcinée par l’eau, avoit D res MO NCVINE CNT GES. 279 éprouvé à fa furface une forte de fufion, qui en avoit arrondi les arêtes, & fon poids fe trouva augmenté de deux gros cinquante-quatre grains, comme notre théorie le demandoit, Cette augmentation de poids fait prefque un feptième du total, mais nous nous fonunes aflurés qu’il reftoit encore dans cette baguette une grande quantité de fer non calciné, qui en formoit le noyau, que le refte étoit compofé de différentes couches inégalement calcinées, de forte que n'étant pas à beaucoup près faturée d'air déphlogiftiqué , elle ne peut fervir à déterminer la vraie dofe de cette faturation, mais il paroït qu’elle ne doit pas être éloignée de celle qu'on obferve dans le fer calciné par l'air libre, qui augmente d'environ un quart de fon poids. Après avoir ainfi varié les expériences pour conflater les phénomènes que préfente le concours du fer & de l’eau dans l’état d'incandelcence, & en avoir tiré des preuves démonitratives , que l'eau ne fournit l'air inflammable, qu’autant qu'elle dépole l'air déphlogiftiqué dont elle contient encore la bafe, nous réfolumes de prendre cette théorie pour toutes fes conféquences, & d'établir, en les vérifiant, autant d'expériences confirmatives : ainfi, voyant, par ce qui précède, que le fer a plus d’afhinité avec l'air déphlo- giftiqué, que celui - ci n'en a pour l'air inflammable, uifqu'il les fépare l'un de l’autre en décompofant l'eau ; fachant d'ailleurs par l'opération la plus commune en Métal- lurgie, que le principe du charbon a plus d'affnité encore avec l'air déphlogiftiqué , puilqu'il enlève celui-ci au fer, pour le ramener à l'état métallique, nous en conclumes que le charbon étoit à plus forte raifon propre à décompofer l'eau, & qu'il devoit brüler fans le concours de l'air, dès qu'on lui appliqueroit cette autre fubftance. Nous avions en effet éprouvé, comme on l'a vu plus haut, que ce corps, plongé dans l’eau ,. en dégage de l'air inflammable; mais une combul- tion (complète étant la feule preuve propre à nous fatisfaire, nous penfames à introduire du charbon dans le même appareil où nous venions de déterminer l'augmentation de poids du fer; & pour priver ce charbon de tout l'air inflammable, 280 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE par lequel il pouvoit encore participer à l'état du boïs dont il vient originairement, & que la fimple chaleur auroit pu en dégager, nous l'épuifames entièrement en Îe tenant pen- dant deux heures & demie dans un creufet rougi à blanc, qui n'étoit fermé qu'autant qu'il falloit pour empêcher le libre accès de l'air extérieur. d IL étoit aifé de prévoir Île réfultat de cette expérience, d’après {a théorie donnée antérieurement par M. Lavoifier, fur {a combuftion du charbon; ce corps uni avec l'air déphlo- giftiqué de l’eau devoit produire de Fair fixe, & Fair inflammable de l'eau devoit ainfi en être mêlé en grande quantité, Nous mimes donc dans notre appareil quatre gros & quinze grains de charbon préparé, comme nous l'avons dit plus haut, & nous procédames d'ailleurs comme dans les autres expériences; celle-ci diffipa deux onces trois gros d’eau, qui avec le charbon compoloient un total de près de trois onces, & nous ne retrouvames de toutes ces fubftances que fix grains de cendre qui reftèrent dans le canal de cuivre où le charbon avoit été arrangé; mais il s’étoit formé cent dix-huit pintes d'un fluide aériforme inflammable, qui éprouvé fréquemment par lalkali cauflique, contenoit un peu plus du quait de fon volume d'air fixe; il pefoit à peu- près la moitié de l'air atmofphérique, & cette pefanteur cadroit parfaitement avec les proportions dans lefquelles {a théorie indiquoit que l'air fixe & l'air inflammable de l'eau devoient fe trouver mélangés. Le volume total de l'air ainfi obtenu, peloit donc environ neuf gros vingt-deux grains, c’'eft-à-dire, plus du double du charbon employé; cette expérience fufhroit donc feule pour offrir une preuve démonftrative, que l'eau peut fe réduire en fluide aériforme, puifque cet excédant ne pouvoit venir que de l’eau confommée, & le poids de celle-ci s'y feroit retrouvé en entier, fi le canon mal défendu par la doublure de cuivre n’eût abforbé une partie de l'air déphlo- giftiqué qu’elle contenoit; cette expérience montre enfin le premier D A SAS C LvE NC ES. 28r premier exemple d’une combuftion entière, opérée fans le concours de l'air, & ne laiffe plus de doute, tant fur 12 nature du vrai principe de la refpiration & de la combuftion, que fur fon identité avec celui que l’eau dépofe quand elle forme l'air inflammable. On demandera fans doute quel eft, d’après notre travail, le vrai degré de légèreté de l'air inflammable de l’eau, & le poids qu'elle en contient : la petite quantité d’eau retenue par notre appareil, & l'air atmofphérique qui le remplitloit originairement, font que chacune de nos expériences ne peut pas feule déterminer ces données avec une précifion mathé- matique; mais en comparant enfemble plufieurs épreuves, on peut, à l'aide d’une analyfe fort fimple, en déduire ces élémens eflentiels de la théorie générale. Nous réfervons pour un Mémoire ultérieur, les détails de ce calcul, que nous nous propofons d'établir fur un plus grand nombre d'expériences; mais il réfulte de celles que nous avons faites jufqu'ici, que l'air inflammable de l'eau dans fon plus grand état de pureté, & féparé de celui des appareils qui s’y mêle pendant l'opération, feroit environ treize fois plus léger que celui de l'atmofphère, & que l'eau en contient à peu-près la feptième partie de fon poids; d'où il fuit qu'elle en peut fournir un volume quinze cents fois égal au fien. On voit par ces proportions, pourquoi dans l'expérience de la combuftion des deux airs, l'eau formée n'a jamais égalé rigoureufement leurs poids réunis : ce déficit, que les foins les plus attentifs n'ont Jamais pu annuller, & que M. Monge à trouvé lui-même avec un appareil fermé de toutes parts, qu'on peut regarder comme un modèle de précifion, vient de ce que f'air inflammable que fon a employé, pefant toujours au moins la dixième partie de celui de l'atmolphère, contenoit un fluide plus pefant, outre l'air inflammable propre à conflituer l’eau; on peut même maintenant calculer ce defcir, & à l'aide de nos nouvelles données, on trouve à priori qu'il devoit aller à environ un douzième de la fomme du poids des deux airs Mem. 1781. Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorALe L'application de cette théorie, à Îa fabrication de l'air inflammable en grand, ne laiffe plus maintenant que 1e choix des moyens; un fourneau fort fimple, traverfé d’un. ou plufieurs tuyaux de cuivre , & un réfervoir fourniflant continuellement :un filet d'eau, compoferont généralement Yappareil propre à cette opération : enfermant enfuite dans cet appareil celle des fubflances qu'on jugera devoir em- ployer, ou fourniflant encore un filet des matières fluides combuftibles qui peuvent également y fervir, on aura l'air inflammable donné par l'eau décompolée; ainfi le fer difpofé de manière à préfenter une grande furface , comme des rognures de tôle ou de fer battu, donnera fans acide vitrio- lique, & cependant en même quantité, l'air le plus léger qu'on connoïffe, à raïon de cinq à fix pieds cubes par livre; le charbon végétal opérera avec encore plus de vitefle & d'abondance, car une livre de cette fubftance peut dégager cinquante-quatre pieds cubes d’air inflammable de l’eau; mais il fe trouve mélangé d'environ un quart d'air fixe qu'il faut abforber par les leffives alkalines caufliques, & dont peut- être l'air inflammable retiendroit encore une petite portion : il en eft de même des autres corps combuftibles, tels que les huiles, l'efprit-de-vin ou l’eau-de-vie, & le charbon de terre. Plufieurs, quoique chers en apparence , comme l’efprit- de- vin & l’eau-de-vie, fe rélolvent feuls & en entier en une immenfe quantité d'air inflammable, dont le concours de l'eau convertit en air fixe la partie qui en altère la légèreté, ce qui la rend dès-lors abforbable par les alkalis; & nous nous fommes aflurés que par ce moyen on peut rendre tous, ces airs environ quatre fois plus légers que l'air commun; mais c'eft [a matière d’un travail de pratique qui ne peut être bien fait qu'en grand, & auquel nous avons le projet de nous livrer. em. de L’Ac.2. des Je. an. 1782. lage 282 ZL. VI. F. À Crune Æup Æcholle DES SCi1ENCE Ss. 283 EXPLICATION DES FIGURES, Entonnoir à queue coudée , dans lequel eft l'eau qu’on veut employer. Robinet qui traverfe Ja queue de l’entonnoir, au moyen duquel on fournit l'eau goutte à goutte & à volonté. C, Tube de verre dans lequel aboutit la queue de l'entonnoir, pour juger de la fréquence avec laquelle. les gouttes d’eau fe fuccèdent. D, Allonge coudée. ÆF, Canon de fer paflant au travers d’un brañer. On à pour certaines expériences doublé ce canon de cuivre rouge, & lon doit y fubftituer en pareil cas des tubes de cuivre ou de verre, en enveloppant ces derniers d’une certaine épaileur de plâtre en poudre. G, Allonge. S, Serpentin pour condenfer l’eau en vapeurs qui a échappé à la décompofition. FH, Flacon tubulé qui reçoit l’eau condenfée par le ferpentin. Æ XX, Conduit appliqué à la tubulure du flacon, pour évacuer BRAGAER les produits aériformes. PQ, Cuve pleine d’eau, TT, Tablette plongée à un ou deux pouces fous l’eau. Z ZX, Luts appliqués aux différentes jointures. Nnÿ Lû le 25 Avril 1781, 284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE OP SE R V AFF ONN:S DE L'ÉCLIPSE DU SOLEIL DU 23 AVRIL 1781, faites an nord de Paris, ©" tant foit peu à l'efl de la pyramide de Montmartre. Par M. LE MoNNIER. ETTE Éclipfe a dû commencer un peu avant le coucher du Soleil, & a été obfervée par cette raifon dans un lieu fort élevé, rue des Martyrs, au-deflus des jardins de M. de Lamoignon de Malesherbes. On découvre de-là entre la côte d’Andrezy & la Roche-de-Bure, par une gorge, l'horizon à environ fix lieues de diftance vers l'oueft; cet horizon fenfible y paroït abaiflé de 2 + à 3 minutes au- deffous du niveau apparent: quant à notre flation elle étoit 25 fecondes plus fud que la pyramide de Monimartre, & par conféquent la latitude du lieu 484 53’, ou 484 52’ 55”. Ce même jour, le bord fupérieur du Soleil a difparu dans l'horizon fenfible à 74 $’ 1 5", & les derniers rayons du Soleil, c'eftà-dire, les rayons bleus ont ‘donné une réfraction hori- zontale dont nous rendrons compte dans nos Affemblées particulières , lorfqu'on y rapportera l'état de l'atmofphère; le ciel étant ferein en cette région occidentale à l'inftant du coucher du Soleil: le vent nord-oueft chaffoit alors les nuées orageufes, mais non pas avec afiez de force, puifque nous n'avons eu d'éclaircis qu'un inftant après le commencement de l'Éclipfe; c’eft ce commencement fur-tout que nous nous étions propolés, M. de Guignes le fils & moi, de faifir avec des lunettes acromatiques, vers les 6" 44, mais le Soleil n'a paru qu'environ une minute après. À 6h 46! 20" ou 21", la phafe de l'Éclipfe étoit 1! DES dASNEQUNE NICE LS. 285 7” +, ou bien 1” 18" au micromètre de ma lunette ordinaire de 9 pieds, &c. Enfuite le ciel s'étant éclairci tout-à-fait, j'ai mefuré une feconde phale par la diftance des cornes; mais comme le Soleil étoit alors plongé fort avant dans les grandes réfraétions, cette phafe mérite d’être traitée d’une manière nouvelle & particulière, conformément à ce que j'en ai averti dans nos Mémoires & dans un Ecrit public, à l'occafion de la célèbre conjonction de la Lune à Jupiter, obfervée à la nouvelle Zemble le 24 Janvier 1597; en effet, quelques médiocres que foient ici nos réfraétions horizontales, il fera déformais néceffaire d'avoir égard à l'effet de la parallaxe moins celui de Ia réfraction, dans ces fortes de phafes, aux écliples du Soleil. PRE, Les Tables des Inftitutions donnent à 6h 46! 20", le lieu du Soleil, 8 34 54! 39"; la longitude de la Lune, & 44 25’ 41"; la latitude auftrale od o' 12": je fuppoferai que ces Tables lunaires ne donnent pas la longitude de la Lune aflez avancée de 3' o”, à quoi nous conduit en partie l'effet de la préceflion des Equinoxes, qui n'eft pas de $0", mais de 59"+ par an, ce qui donne d’abord une demi-minute ar fiècle à ajouter aux époques, & au contraire à celle du nœud afcendant de la Lune; mais comme on l'a indiqué aux mêmes Tables, l'accélération du mouvement de [a Lune, doit changer aufli ces époques. Soit encore fuppolée la lati- tude augmentée & boréale, de 8", on auroit en ce cas l'angle parallaétique dans le fphéroïde, de 604 13° 15"; & la diftance apparente de la Lune au zénith, étant 884 11/ 32", la parallaxe de longitude fera 46! 58", & par conféquent la longitude de fa Lune corrigée & apparente a dû être S 34 41’ 43": d'ailleurs, la parallaxe en latitude étant de 26 52"+, la diftance en latitude corrigée de 1a Lune au Soleil, fera 26’ 40" +; or, le lieu du Soleil corrigé, étant # 34 54’ 20”, ou bien l’apparent 7" + moins avancé, 2 on auroit 12° 30" pour la diftance apparente de la Lune ht au Soleil: c'eft pourquoi quarrant les deux valeurs 26’ 40"1 n 286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE & 12/ 30”, la racine quarrée de leur fomme, ou l’hypo thénufe donnera pour la diftance des centres 29 27". Mais la fomme des demi-diamètres apparens de la Lune & du Soleil, étant, felon les Tables, de 30! 47", fi on - en retranche 1° 17"+ ou 18" pour la phafe melurée, il reftera 29! 29"+ pour Ia diftance des centres obfervée; ce qui s'accorde à 2°+ avec les fuppoñitions qu'on a adoptées ci-deflus, favoir, de 3° 0” pour l'erreur des Tables en lon+ gitude, & de 20" pour celle de la latitude. DES SctreNces. 287 nn ma MÉMOIRE SUR L'ÉCLIPSE DE SOLEIL DU 17 OCTOBRE 781, obférvée à Saint-Sever, fous la latitude de 484 So’, à fous un Méridien plus occidental que Paris, de 0! 1 3'=; avec des Réflexions Jur le relation des Tables luinaires à la Théorie, autres Obférvations phyfiques. Par M. LE MONNIER. re Vu par un temps ferein, à près de foixante lieues dans Lë l'oueft de Paris, le commencement & la fin de la dernière 1€ x joe éclipfe du Soleil: le difque de cet Aftre m'ayant paru quel- ie at ques minutes avant qu'il fût entamé par la Lune, fe lever fans nuages dans l’horizon fenfible. Eloigné en ce moment-là de ma pendule à fecondes d’un quart de lieue, j'y ai employé d'autres moyens. Ma flation différoit alors peu en hauteur, au-deflus du niveau de la mer, de celle d’une chaîne de montagnes fort éloignée vers le fud-eft, laquelle chaîne de montagnes étoit encore deux fois moins élevée que celles qui bordent f'ho- rizon au nord-eft au lever d'été; celles-ci en effet fe trouvent dans la nouvelle route d'A vranches À Caen, lorfqu'on s'appro- che de huit à neuf lieues de cette dernière ville. Or, comme j'ai fait, le 28 Septembre dernier, l'expérience du baromètre fur la cime ou crête de ces côteaux fi élevés, & qui dominent fur ceux de Montami & du Ménil-Auzout, je dirai ici em peu de mots, que le thermomètre étant à la température ow: bien à environ 10 degrés de Réaumur, J'ai trouvé près de cent toiles d'élévation de ce lieu, au-deffus de la petite rivière 289 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE de Selune, prife fous le pont qui paffe au-deflons de Villers Je-Bocage, & dont la pente de-là jufqu'à la mer, entre Caen & Bayeux, ne fauroit guère être bien fenfible. Quant à notre Éclipfe du 17 Oftobre au matin, la Lune étoit fort près de fon périgée, où elle a dü pañler une heure ou environ après la fin obfervée de l'Écliple, circonftance remarquable pour deux objets que nous avions en vue; fun qui concerne la longitude géographique, & l'autre pour la comparaifon des Tables lunaires à {a théorie, Auflr n'en ai-je aucunement négligé les comparaifons, la fin de l'Éclipfe ayant été foigneufement obfervée, dans mon appartement, à Saint-Sever ainfi qu'à Paris; d'ailleurs par la durée ou temps écoulé entre mes obfervations, du commencement & de 1a fin de l'Écliple, j'en ai déduit la longitude & a latitude de la Lune, & par conféquent l'erreur des Tables lunaires. J'ai d’abord reconnu que l'erreur des Tables newtoniennes des Inftitutions, étoit de 2! 3 $" en moins ou bien en défaut, quant à da longitude; & au contraire en excès d'environ # minute, quant à la latitude boréale; d'autres Tables lunaires, dans cet état du périgée de la Lune, ne fe font guère trou- vées plus exactes, quant à la latitude; outre qu'on s'eftaperçu à Paris, que la fin de l'Éclipfe avoit été prédite un peu trop tôt. On ne fauroit ainfi fe difpenfer aétuellement de regarder toutes nos obfervations d'Éclipfes, comme étant du nombre requis, & pour ainfi dire, des plus importantes pour vérifier les Élémens de la théorie de M. Euler, à laquelle il fem- bleroit qu'avec les foins & les précautions ufités, ces obfer- vations de la Lune au Soleil pourroient unanimement fe rapporter aujourd'hui. If ne s’agit plus en Aftronomie, d'y déguifer les faits à la manière de ceux qui ont effayé de donner trop de vogue à leurs Tables, quoique fondés à Ja vérité fur une partie de ces mêmes principes ; mais il s’agit en eflet de foumettre le calcul, ainfi que fes obfervations les mieux choifies, à l'évidence, & de les expofer dans le plus grand jour, fr on veut tendre néceffairement à la perfection de ces Tables Junaires. Voici mes obfervations faites au quart-de-cercle ESA CIE MC EAS: 289 quart-de-cercle de 32 pouces de rayon, dont j'ai parlé dans les Mémoires de 1766, & qui haufloit alors comme à prélent à l'horizon, de 4+ à 5’, mais au zénith, de 6! 0": pour prouver qu'il n'a pas été altéré, je donne ici la hauteur méridienne du bord fupérieur du Soleil à Saint-Sever, les 17 & 23 Oclobre 178 r, telle que je l'ai vue fur le quart- de-cercle, fans y attribuer aucun genre de correction ; favoir, 321320", & 291 5445"; la correction du quart-de-cercle que j'ai employée dans mes calculs, eft 5’ 2 $" pour la hauteur du Soleil vers la fin de l'Éclipfe. Comme le centre du Soleil a-paru à l'horizon vers 6? 40’, je n'ai pu, en ces moinens des premiers froids, mefurer (a hauteur, étant occupé à faifir dans la funette du quart-de- cercle le commencement de l'Écliple, que j'ai aperçu, dans cette lunette qui renverfe, vers 45 en bas du difque à gauche, à 647" 20": quant à fa fin de l'Écliple, je l'ai déterminée, à la même lunette, à 81 18’ 40" de temps vrai, la féparation des deux difques, s'étant faite prefque au haut du dique, tant foit peu à la gauche, & le bord inférieur du Soleil étant élevé pour lors d'environ 144 7/+; mais o" 10" 15" après, le même bord du Soleil étoit élevé de 1 54 30! 30"; & plus exactement , oh 14 5" après la fin de lEclipfe, le bord inférieur étoit élevé de 161 0’ 30"; ainfi la durée de l'Écliple a été obfervée de 1} 31! 20", temps vrai ou apparent, & c'eft ce qui mindiqua pour lors qu'il falloit diminuer d’une minute, comine j'en ai déjà averti, la latitude boréale de la Lune, urée des l'ables newtoniennes. Nous avons été furpris cette année, de [a fécherefle extraordinaire qui a duré après Féquinoxe de l'automne , ainfi que tout l'été, en ces climats ordinairement pluvieux, & fi voifins de la côte maritime; l'air plus groilier en d’autres années, .m'y avoit fait perdre . plus tôt qu'ailleurs, en 177 3, les anfes de l'anneau de Saturne, à {à lunette achromatique! de 10 pieds£: à cette occafion je ne cefferai de rappeler fans cefle, que l'air étant plus ferein . en Elpagne & en Italie, qu'il ne left en automne fur nos côtes, & même à Paris, {a même {unette achromatique Mén. 1781. Oo 290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE tranfportée jufqu'à Rhodes ou en Arabie, eüt donné encore plus tard la difparition des anfes de Saturne, il y a huit ans, au commencement du mois d'Oétobre. Dans mes calculs, j'ai trouvé que faplatiffement de Ia Terre de -2;, ou qui exprime le rapport des axes de la Terre, influoit à peine fur l'angle parallaétique , lequel, felon les formules w’ Euler, doit être de 549 2'+, au lieu de 541 s'5 dans l'hypothèfe de la Terre fphérique; la paral- laxe de hauteur doit être diminuée feulement de 2" 54” à l'inftant de la fin de cette EÉcliple, & l'angle azimutai du côté du fud, de 3" 1 5“: j'ai fuppoté 61" 1 5" pour la paral- laxe horizontale de la Lune en ces momens-là. Quoique j'aie corrigé la latitude des Tables de Ja Lune, en failant convenir & en la diminuant, l'erreur en longitude trouvée par la phale du commencement de l'Écliple, avec celle de l'autre phafe où fin de l'Éclipie, je n'ai pas abfo- lument renoncé à entrer dans une critique délicate de la principale phafe obfervée au temps du milieu de l'Éclipfe ; mais J attendrai pour prononcer dehnitivement fur cette erreur des Tables en latitude, les obfervations faites dans les meil- leurs Obfervatoires de YEurope, & même s'il s'en trouve, en d’autres parties du Monde. Addirions. A Dantzick, fous la latitude de 544 22/7, M. Wolffa obfervé le commencement de l'Éclipfe En Pi 33", & la fin à 9 26" 36". A Alep, le commencement à ga5s"32", & la fin à rof SAAB TEE Eclipfe du Soleil du 27 O&obre 1760. En Amérique, à Beverly, fous la latitude de 424 36’, le commencement de J'Écliple a été à 11P 1/ 42 ou 48", & la fin à 10 41’ 23 ou 29"; le lieu indiqué eft ol 1” 18* 4 à left de New - Cambridge; mais à Penobfcot, fous a DE SSL GMAE NC Es. 291 HZ laitude de 444 17! 7"1, & oh 8’ 4" plus à let que Beverly, le commencement de l'Écliple a été vu à ri 11 8”, la fin à 1° 5022592 A 12 28" 48”, il ne paroiffoit plus que 24",7 du difque du Soleil; à 12° 30" 22" il refloit, a-t-on dit, 8 fecondes au bord d'en-bas du Soleil: & à 12h A UE l'Éclipfe décroifloit, & Îa lumière augmentoit; en forte qu'à 12h 33! 26" la phafe étoit 6387. M. Méchain a vu Ia fin de l'Éclipfe à Paris à 8h 33'1", & réduifant au méridien de l'Obfervatoire royal à 8h 32’ 54"1; la latitude du lieu de l'obfervation étoit 484 s 12. M. Mefier “17 a vu {a fin à 8h 32 48"1, & M. Pingré à 8h 32! s7"2, Oo ij 292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ME MORE Sur l'Éleéfricité qu'ab/orbent les corps qui fe réduifens en Vapeurs. Par M.* LAVOISIER & DE LA PLACE. ORSQUE nous avons annoncé à | Académie à fa féance du 6 Mars dernier, que les corps en pañlant de l'état de folides ou de liquides à celui de vapeurs, & récipro- quément en revenant.de l'état de vapeurs à l'état liquide ou folide, donnoient des fignes non équivoques d'éleétricité négative ou pofitive , nous nous propofions d'attendre, pour l'entretenir particulièrement de cet objet, que notre trame fût entièrement complet; cependant comme nous avons déjà obtenu des réfultats que nous croyons dignes de fon attention, que nous fommes informés d’ailleurs que nos expériences ont acquis quelque publicité, & que d'autres Phyficiens s'occupent du même objet, nous avons cru devoir ne pas attendre plus long-temps Nous nous fommes fervis pour nos expériences de deux fortes d'appareils; dans tous les deux, les corps d'où s'éle- voient Îles vapeurs, ou qui fe convertifloient en vapeurs, étoient ifolés au moyen de fupports dé ‘verre enduits de cire d'Efpagne. Lorfque nous avions lieu de croire que le dégagement ou f'abforbtion de matière életrique feroit peu confidérable & inftantané, nous faifions communiquer les corps directement avec lonete , par le moyen d’une chaîne ou d’un fil-d’archal ; dans le cas au contraire où nous jugions que le dégagement ou F'abforbtion feroient fucceflifs, & dureroient un certain temps, nous nous fervions du condenfateur éleétrique, imaginé par M. de Volta: on fait que cet appareil qu'il a préfenté depuis peu à l'Académie, & dont il lui a développé la théorie, a la propriété d'accumuler Ja inatière éledrique, & d'en rendre fenfible de très-petites quantités qui auroient échappé fi J'on eüt employé tout autre inftrument ; nous nous fommes également fervis dans nos dernières expériences, de l'éleétrometre que M. de Volta a préfenté à l’Académie, & qui efl à péu-près le même que celui de M. Cavallo: il à l'avantage non-feulement d’être très-fenfible, mais encore de faire connoitre fi l'électricité eft pofitive ou négative. DUEUSMISUE:r E- No ES; 293 Ayant mis dans un bocal à Jarge ouverture de la limaille de fer, nous avons verfé deffus de l’acide vitriolique étendu d'environ trois parties d’eau. H ÿ a Eu une vive eflérvefcence, un dégagement rapide & abondant d'air inflammable: & au bout de quelques minutes le condenfateur électrique de M. de Volta, a été tellement chargé d'éleétricité, que nous en avons tiré une aflez vive étincelle : l'éleétrometre nous a fait connoître que l’éledricité étoit négative, Ayant verfé pareillement de l'acide vitriclique un peu plus foible dans quelques bocaux qui contenoient de la craie en poudre, il s’eft fait un dégagement d'air fixe très-rapide, le condenfateur & l’éleGrometre nous ont indiqué une élec- tricité négative, moindre cependant que. dans l'expérience précédente, & fans étincelle fenfible, La production de l'air nitreux nous a donné un réfultat femblable : Pour augmenter l'effet, nous avons opéré dans cette expérience fur fix bocaux à la fois qui contenoient de la limaille de fer, & nous avons verfé deflus de l'acide nitreux afloibli, avec environ deux parties d’eau : l'efler- vefcence & a production d'air ont été extrêmement rapides, & nous avons eu en mêmé temps des fignes non équiyoques d’une électricité négative; mais comme les circonftances dans lefquelles nous avons fait cette dernière expérience, n’étoient pas favorables , elle étoit très-foible. Trois petits réchauds remplis de charbon allumé, que nous avions ifolés, & que nous avions fait communiquer avec Îe condenfateur de M. de Volta, ont donné une 294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE électricité négative très-fenfble, & qu'il feroit aifé de porter au point de tirer l'étincelle, en augmentant la quanuté de charbon mife en combuftion. Il étoit naturel de penfer d'après ces réfultats, que les corps qui fe réduifent en vapeurs, enlèvent de l'électricité à ceux qui les environnent, ce qui paroît d’ailleurs conforme à l'analogie obfervée entre l'électricité & la chaleur; nous nous attendions en conféquence que l’eau en fe vaporifant, nous donneroit des fignes de l'électricité négative ; ayant fait chauffer quatre poêles de fer battu, les ayant ifolés & les ayant fait communiquer avec l'électrometre, & ayant verfé de l'eau deflus, ils nous ont donné dans trois expé- riences fucceilives, des fignes non équivoques d'éleétricité qui nous a paru négative dans la première, mais qui dans les autres étoit inconteftablement pofitive : nous foupçonnons que le refroidilfement qui accompagne l'évaporation de l'eau, a pu augmenter dans ces expériences les fignes d'élec- tricité poftive, plus que l'évaporation ne les a diminués ; mais c'eft une conjeéture qui demande à être vérifiée par des expériences, & que nous nous propofons d'examiner avec attention, à raifon de fon importance dans la théorie de l'électricité naturelle, & de la formation du tonnerre. M, de Volta a bien voulu aflifler à nos dernières expé- riences, & nous y être utile; la préfence & le témoignage de cet excellent Phyficien, ne peuvent qu'infpirer de la confiance dans nos réfultats. OBS ERVAMALOINE SC RLPNN BOIS DU CHÊNE ET DU CHÂTAICNIER. Par M. D'AUBENTON. N parlant du Châtaignier, au mois de Juin 1780, dans les leçons que je faifois fur les Vépéaux, au Collége royal de France, j'ai traité la même quetlion fur laquelle M. Fougeroux de Bondaroy vient de lire un Mémoire à l’Académie. M. Fougeroux ayant été informé de cette cir- conftance, en a fait mention dans fon Mémoire : mon intention n'eft donc pas de faire aucune réclamation, mais feulement de rapporter mes obfervations dur les bois du chène & du chätaignier. Je vais prouver & faire voir à l'Académie, que ces bois diffèrent aifez par leur organilation, pour qu'on ne les prenne jamais lun pour l'autre : enfuite je comparerai au bois de chêne & au bois ce chätaignier les bois des anciennes charpentes que les Architectes & les Charpentiers regardent comine bois de châtaignier, & celui qu'ils reconnoitfent pour bois de chêne. J'ai prié M. Brebion, de { Académie royale d’Architedure, & Contrôleur des bâtimens du Roi, de me procurer des échantillons des bois des anciennes charpentes que lon regarde comme bois de chêne & comme bois de châtai- gner. M. Brebion s’eft prêté à mes defirs avec la plus grande complaifance ; il m'a donné les deux échantillons que je demandois, après les avoir trouvés chez le Charpentier qui avoit démoli d'anciens bâtimens de l'Oratoire dont a char- pente avoit ah moins cent trente ans. < Après avoir fait fcier & polir ces échantillons tranfverfa- lement & longitudinalement, j'ai reconnu qu'ils étoient tous deux de véritables bois de chêne, qui ne différoient qu’en ‘296 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE ce que l'un étoit moins pefant que l'autre. Ils fe reflem- bloient par la couleur & par le grain, par la largeur des pro- duétions médullaires, par les figures de leurs appendices, & par tous les autres traits de leur organilation. Ces deux échantillons de bois de chène différoient du vrai bois de châtaignier, principalement en ce que fa coupe tran{verfale n'a point de productions médullaires apparentes. Il eft donc bien certain que le prétendu châtaignier des anciennes charpentes, qui m'a été donné comme châtaignier par un habile Architecte & par un bon Charpentier, eft de vrai chêne très-diflérent du vrai châtaignier: Les échan- tillons que j'expofe en préfence de l’Académie, en font des preuves réelles & évidentes, QT E Nr NOUVELLES DIE;S SCIE N CES. 297 SE SR ESA ET EL ERIC MORPST LETTONIE ONE UT A NPEREE NEERCUE MZ RES EST ET ETES NOUVELLES MÉTHODES ANA LYTIQUES POUR RÉSOUDRE DIFFÉRENTES QUESTIONS ASTRONOMIQUES. SEIZIÈME MÉMOIRE, Dans dequel on applique à la détermination de la parallaxe du Soleil, les Formules analytiques démontrées dans les Mémoires précédens. Par MD +°0 Ni: 1 Se plu MST JO LR. ÆExpofition du Siyer. (asie D’ NS les Mémoires précédens, j'ai donné des Méthodes pour calculer avec la plus grande généralité les obfervations des paflages de Vénus; j'ai fait voir que par la manière dont ces calculs font préfentés, les réfultats ne font liés à aucun fyftème particulier fur es élémens: je me propofe, dans le préfent Mémoire, de donner lappli- cation de ces méthodes aux obfervations des paflages de Vénus, des 6 Juin 1761 & 3 Juin 1769. Je fais qu'un grand nombre d’Aftronomes célèbres de toutes les Nations favantes, M." Short, Hornfbi, Pingré, Planman, Lexell, de Ja Lande, &c. ont publié des Ouvrages très-eftimables fur ces paflages ; j'avouerai mème qu'il refte peu de chofe à defirer fur la parallaxe du Soleil; j'ai cru cependant qu’il me feroit permis d'ajouter quelques réflexions à ces travaux. La grande généralité de mes méthodes, l'indétermination des rélultats dans lefquels je laifferai fubfifler toutes les quantités qui peuvent préfenter quelqu'incertitude, m'ont fait penfer que mon travail ne feroit pas abfolument inutile. (2.) Je n'entreprendrai point de calculer toutes les obfer- vations des 6 Juin 1761 & 3 Juin 1769; un pareil travail Mém, 17817: Pp 293 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feroit immenfe; je me contenterai de calculer celles de ces obfervations où l’on a vu la totalité du paffage : ces obfer- vations ont l'avantage de donner des réfultats indépendans des longitudes des lieux où l’on a obfervé. Obfervations dont Je ferai ufage. (3-) La durée entière du paffage du 6 Juin 1767, a été obfervée à Tobolsk , par M. l'abbé Chappe; à Pékin, par le Père Dolières, Jéluite; à Madras, par M. Hirit; à Caja- nebourg, par M. Planman; à Stockolm, par M:° Wargentin & Klinginftierna ; à Upfal, par M.° Mallet, Stromer & Bergman ; à Torneä, par M." Hellant & Lagerborn;à Calmar, par M. Wickftrom ; à Abo, par M. Juftander ; & à Hernofand, par M.* Suom & Gifler. La durée entière du paffage du 3 Juin 1769, a été ob- fervée dans l'ile de Taïti, par M." Gréen, Cook & Solander; à S. Jofephen Californie, par M. l'abbé Chappe, Don Vincent Doz & Don Salvador de Médina; au fort du Prince de Galles, dans la baie d'Hudfon, par M Dymond & Walles; au cap Ward'hus, par le Père Hell, le Père Sajenowich, & M. Bergreving ; à Cajanebourg, par M. Planman. Je calculerai chacune de ces obfervations avec fes élémens hypothétiques tirés des Tables, je formerai les équations de condition qui s’en déduifent, & j'en conclurai les véritables élémens. Élémens hypothétiques dons j'ai fair ufage pour former les équations de condirion. Paflage du 6 Juin 1761 dans le nœud defcendant. (4) J'ai fuppofé que lon avoit pour ce pañlage, les élémens fuivans : Heure que l’on comptoit à Paris, le $ Juin, à l'inftant de Ia conjonction de Vénus & du Soleil, vue du centre de la Térre. ho tic de ot dre ee TPM Or 43e DE US M'ONC ALES NYC ÆEUSs 29 Longitude héliocentrique de Vénus & de la Terre, à l'inflant de la conjonction. 8° 151 36° 25". Longitude du Soleil , vue de la Terre..... ATOME CEE Obliquité de l'Écliptique.........,...., 23° 218-114. Déclinañpmdu. Soleil 51... » 22, Ale 30. Parallaxe horizontale du Soleil, le jour du ER SPORE MIRE RE RER o. o. 8,60. Demi-diametre du Soleil tiré des Tables... 0. 15: 46,9. Mouvement horaire du Soleil........... O0. 2. 23,40: Mouvement horaire héliocentrique de Vénus enNoninusies. Cf CGT. RACE CREME CE Mouvement horaire héliocentrique en longi- tude de, Vénus au Soleil. ........,... MEN 7) Mouvement horaire HN RME de Vénus CHALET ste el Te PL AE IAA E OCT A 20: Diftance de la Terre au Solcil — UILO1646: Diftance de Vénus au Soleil = 0,72636. Mouvement horaire géocentrique en Iongi- tudeide Vénus, au) Soleñgle 1). -2( CANAL NSErs OT Inclinaifon de l'orbite relative... . ....... 188. 32. 40. Angle de l'orbite relative avec le fil équa- TOLIA TA oUe Juin 1769, dans le nœud defcendant. (5) J'ai fuppofé que l’on avoit pour ce paffage les élémens fuivans : Heure que l'on comptoit à Paris, le 3 Juin, à dlinflant de Ja conjonction de Vénus & du Soleil..... sérnele SECHE LES LOS Longitude héliocentrique de Vénus & de k Terre y à l'inftant de: la conjonction... 8° 134 PP 15 2 27. 37: i) joo MÉMOIRES DE L'ACADÈÉMIE ROYALE Longitude du Soleil, vue de la Terre: ..:. 7er arte Obliquité de F'Écliptique......... de ES Le Déclinaifon du Soleil..... PAR SE 22126, 30 Parallaxe borizontale du Soleil , le jour du paflage .... ss... o.1"0.418/625 Demi-diamètre du Soleil tiré des Tables. :. oo. 15. 47,20. Mouvement horaire du Soleil........... O0. 2. 23,50 Mouvement horaire héliocentrique de Vénus en longitude. ...... oO Doc Q. 3, 58,14. Mouvement horaire héliocentrique en Ion- gitude de Vénus au Soleil........... 0. 1. 34,64 Mouvement horaire héliocentrique de Vénus en latitude..............sosis 0. OO. 14,20. Diftance de la Terre au Soleil = 1,01 575. Diflance de Vénus au Soleil — 0,72619. Mouvement horaire héliocentrique en lon- gitude de Vénus au Soleil......... 1 © 3 57:94 Inclinaifon de l'orbite relative........... 188. 32. oo. Angle de l'orbite relative avec le fil équa- .. torial. ..................s.s..e 195$+ 34+ 40. Latitude héliocentrique de Vénus, à l'inftant de la conjonétion.......... SR lEte 0. 4. . 8,10: bor. Latitude géocentrique de Vénus. ........ 0. 10. 23,50. Parallaxe horizontale de Vénus. ......... 0.110. 30;25: Demi-diamètre de Vénus, vu de la Terre. ... ©, 0. 28,60. Rapport des axes de la Terre, comme 229 à 230. : Dans les équations qui vont fuivre, on trouvera des termes affectés du coéfficient d (inflexion) ; nous ne prétendons pas décider par-là que les rayons folaires s'infléchiffent en pañfant dans l’atmofphère de Vénus, nous avons feulement voulu indiquer la forme du terme qui peut fervix à calculer les altérations occafonnées par les caufes phyfiques. Difcufion des Obfervarions du 6 juin 1761. Obfervation de Tobolsk. (6) Suivant M. l'Abbé Chappe, Heures vrais Contact intérieur des limbes Iors de l'entrée..... 19h o' 30° Contact intérieur des limbes lors de la fortie..... 0. 49. 20. Contact extérieur des limbes lors de la fortie..,.. x. 7. 42. DiiE-s::S:C LE N:C Es: 301 Le contaét extérieur des limbes lors de l'entrée de Venus, n'a point été obfervé. Latitude de Tobolsk,... 584 12° 22” boréale. Calcul de l'obfervation de Tobolsk, d'après les élémens hypothériques du $. À. Contait intérieur des limbes lors de l'entrée à 19% o' 30" 3 + dy = 22h 16° 40"+ 1,006 d/{inftant du contact intérieur ) + 19,461 d(demi-diam.©)—1 9,461 [d(demi-diam. Q) — d /inflex.)] + 10,05$ d (latit. géocentrique de Vénus) — 37,766 d (parall. C ) + 49,538 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contacf intérieur des limbes lors de la fortie à 0% 49" 20", y + dy = 221411" + 1,010 d(inftant du contact intérieur) — 19,316 d(demi-diam.©)+1 9,316 [d{(demi-diam. 9)—d/inflex.)] — 14282 d (latit. géocentrique de Vénus) + 26,093 d (parall. ©) — 39,171 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil ). Sortie totale à 15 7! 42", y" + dy" = 22h14'45" + 1,010 d (inflant de 1a fortie totale) — 18,624 d(demi-diam.©) — 1 8,624 [4 /demi-diam. @)—Wd/inflex.) 4æd( 4 + / — 13,165 d(latit. géocentrique de Vénus) + 26,320 d (parall. ©) — 43,686 d (mouvement horaire géocentrique), Soit maintenant a — 1,010 d (inftant de Îa fortie totale) — 1,006 d/{inftant du premier contact intérieur) ; a" = 1,010 d (inftant du dernier contact intérieur ) —“1,006 d(inflant du premier contact intérieur). IL eft évident que l’on aura 302 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE RoyaLeE Equation de condition entre Le premier contaét intérieur des limbes lors de l'entrée © la fortie totale. "— y + dy — dy = 0. (1) — 115" + 1,0004 — 38,085 d(demi-diamètre du Soleil) — 23,220 d (lat. géocentrique de Vénus) + 54,086 d (parall. du O) — 93,224 d(mouvement horaire géocentrique) = o. Équation de condition entre le contact intérieur des limbes lors de l'entrée, à le contact intérieur des limbes lors de la fortie. RE Dm PER M RENE + 38,777 [d (demi-diam.Q —d {inflex.) ]— 24,3 37 d (lat. géoc.Q) + 63,859 d(parall.duSoleil) — 88,71 6 d/mouv; hor.géocentr.) — o. ? Obfervarion de, Pékin. (7.) Suivant le Père Dolières qui obfervoit avec une lunette de 14 pieds, | \ Temps vrai, Contact intérieur des limbes Îors de l'entrée, .., 22h ro 28" Contact intérieur des limbes lors de la fortie. ... 3° 59: 59: Contact extérieur lors de Ia fortie. .......,.. HAN TEA (2) — 148"+ 1,000 4° — 38,777 d(demi - diamètre du Soleil) Le contact extérieur des limbes lors de l'entrée, n'a point été obfervé. Latitude de Pékin, 39% $5° 15" boréale. Calcul de l'Obfervarion de Pékin, d'après les élémens du $. 4. Conta@ intérieur des limbes lors del'entrée, à 22# 10! 28", y + dy = 1K28°46" + 1,021 d{(inftant du contact intérieur) + 19,255 d(demi-diam.©)—19,25 s [d{demi-diam.Q)—d{inflex.) ] + 9,838 d (latit. géocentrique de Vénus) —.22,1 60 d (parall. ©) “+ 50,074 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil ), DES SCIENCES. 308 ContatT intérieur des limbes lors de la fortie, à 3459" 59". y + dy = 142648" + 15013 d{inflant du contact intérieur) — 19,186 d'(demi-diam.©)+-1 9,186 [é{demi-diam.@ )— d/inflex.)] — 14,078 d (lat. géocent. de Vénus) + 30,308 d(parall. du Soleil } — 38,808 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil ). Sortie totale à 4h 17" SZ", y + dy" = 1K26"29" + 1,013 d/(inflant de Ja fortie totale } — 19,186 d(demi-diam, ©)—1 9,186[4(demi-diam,Q)—d(inflex.)] — 13,004 d(lat. géocent. de Vénus) + 36,308 d{parall. du Soleil) — 43,308 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Solcil ), Soit maintenant b æ x,0134(inftant de la fortie totale) — 1,021 d(inftant du premier contaét intérieur ) ; = 1,013 d{inftant du dernier contact intérieur) — 1,021 d(inflant du premier contaét intérieur) ; l'on aura Equation de condition entre le premier conta@ intérieur lors de l'entrée à la fortie totale. Y— y + dy — dy = 0. (1) — 137"+ 1,000 — 38,441 d (demi-diamètre du Soleil } — 22,842 d (lat. géocent. de Vénus) + 5 8,468 Z (parail. du Solcil) — 93,382 d(mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. Équation de condition entre le conta@ intérieur lors de l'entrée, © le contaët intérieur lors de la fortie. Y — y + dy — dy = o. | (2) — 148"+ 1,000 2" — 38,441 d(demi-diamètre du Soleil) + 38,441 [d(demi-diam.Q)—4(inflex.)] — 23,9 1 6 d (lat. géoc. ©) + 58,468 d(par. ©) — 88,882 (mouv. hor.géoc.de Vénus©) =. 304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Obfervation de Madras. (8.) Le paflage de Vénus a été obfervé à Madras par M. Hirit, avec un télefcope de deux pieds. Temps vrai, Conta& intérieur des limbes fors de l'entrée. ..... vo 47° ss” Contact intérieur des limbes lors de la fortie..... TF0 Je Contact extérieur lors de la fortie............. Le 9504 Le contaét extérieur des limbes, lors de l'entrée, n'a pas été obfervé. Latitude de Madras 14% 8° 0° boréale. Calcul de l'Obfervation de Madras, d'après ls Elémens du S. 4. Conta@ intérieur des limbes lors de l'entrée à 194 47" s5" 3 + dy=23" 3 48"+ 1,016 d (inftant du contaët intérieur) + 19,186 d(demi-diam. ©) — 1 9,186 [d{demi-diam. Q)—d{infléx.)] + 9,624 d (latit. géocentrique de Vénus) — 39,084 d (parall. du €) + 49,465 d (mouvemént horaire géocentrique de Vénus). Contaë intérieur des limbes lors de la fortie à 1* 39" 38". y + dy = 23° 1°46" + 1,020 d (inftant du contact intérieur) 18,966 d(demi-diam. ©) + 18,966 [d{demi-diam. Q)—W/[inflex.)] — 13,726 d (latit. géocentrique de Vénus) + 6,897 d (parall. du ©) 39864 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). | Sortie totale à 1Ë ss" 44". y" + dy" = 230" 26"+ 1,020 d{(inftant de Ia fortie totale) . — 18,966 d (demi-diam.©) —1 8,966 [d{demi-diam.Q)—4d/inflex.) | — 12,696 d (latit. géocentrique de Vénus) + 6,897 d (parall. du O) — 43,200 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant e = 1,020 d/{inftant de Ja fortie totale) — 1,016 d(inftant du premier contact intérieur) c"— 1,020 d{(inftant du dernier contact intérieur) æ— 1,016 d (inflant du premier contact intérieur). Jon \ DES SCIENCES. 305 Ton aura Equation de condition entre le premier contact intérieur lors de l'entrée à l'inflant de la fortie totale. Y —y+ dy" — dy = 0. (1) — 202" + r,oooc — 38,152 d{ demi-diamètre du Soleil ) — 22,320 d (latit. géocentr. de Vérius) 45,981 d (parall. du ©) — 92,665 d (mouv. horaire géocentrique de Vénus au © ) = 0. Equation de condition entre le conta@ intérieur lors de l'entrée, d le contall intérieur lors de la fortie, Y — 3 + dÿ — dy = o. (2) — 122"+#11,000€" — 38,152 d { demi-diamètre du Soleil ) + 38,152 [/(demi-diam. Q)—d (inflex.) ]— 23,350 d (lat. géoc, ©) 45,981 d(parall. ©} — 89,329 4 (mouv. hor. géoc. de Vénus) —0o. L'on a encore obfervé dans ces parages, trois durées totales du pañage de Vénus, l’une à Calcuta, l’autre à Tranquebar, & l'autre au grand Mont près de Madras; comme les Obfer- vateurs fe font fervis de fimples montres qui n'étoient pas même bien réglées, l'on a dû rejeter ces obfervations comme incomplètes, Obfervarion de Srockoln. (9:) Le paflage de Vénus a été obfrvé à Stockolm par M." Wargentin & Klinginftierna, avec des lunettes de 20 pieds, Temps vrai, Contaét intérieur des-limbes lors de l'entrée..... 15h 39° 2 6 Contact intérieur des limbes lors de la fortie..... 21. 30. 8. Contact extérieur des limbes Iors de Ja fortie.. . .. 21. 49708 Le contact intérieur des limbes, lors de l'entrée, n’a point Été obfervé. Latitude de Stockolm, 594 20{.30" boréale. Mém, 1781. Qq 306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Calcul de l'Obfervation de Siockolm, d'après les Elémens du S. 4. Contad intérieur des limbes lors de l'entrée à 1 $# 39" 26". y +dy—= 18h 55" 40" + 0,993 d (inftant du contact intérieur) + 19,533 d(demi-diam.©)—1 9,5 3 3 [/(demi-diam. Q)—d(inflex.)] + 10,168 d (latit. géocentr. de Vénus) — 37,630 d /parall. Soleil) + 49,5 56 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus). Contat intérieur des limbes lors de la fortie à 214 30! 8" + dy = 18" 53 32" + 1,004 d (inflant du contact intérieur) — 19,392 d (demi-diam. ©)+ 19,392{[4{demi-diam.Q)—d/inflex.)] — 14,401 d (latit. géocentr. de Vénus) + 16,191 d (parall. Soleil) — 39,543 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus), Sortie totale à 214 48! 8". "+ dy" = 18h 53° 28" + 1,004 d{inftant de Îa fortie totale } — 19,392 d (demi-diam. ©O)—1 9,392 [4(demi-diam.®)—4(inflex.)] — 13,257 d(latit. géocentr. de Vénus) + 16,191 d (parall. Soleil } — 43,943 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus). Soit maintenant 0 = 1,004 d (inflant de a fortie totale) — 0,993 d (inflant du premier contact intérieur) d"— 1,004 d (inflant du dernier contact intérieur) — 0,993 d (inftant du premier contact intérieur ). L'on aura Equation de condition entre le premier contaéf intérieur lors de l'entrée, © l'inflant de la fortie totale. ÿ — y + dy" — dy = 0. (1) — 132" + 1,000 0 — 38,925 4 (demi-diamètre du Soleil) — 23,425 d(latit. géocentr. de Vénus) + 53,821 d (parall. Soleil) — 93499 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus) = 0. DES SCIENCES. 307 Equation de condition entre le conta intérieur lors de l'entrée ; d le contall intérieur lors de la Jortie, Y — y + dy — dy = 0. (2) — 128" + 1,000 d" — 38,925 d (demi-diamètre du Soleil) + 38,925 [d (demi-diam. 9) —d (inflex.)]— 24,569 d (lat. géoc.Q) + 53,821 d(parall. ©) — 89,099 d (mouv. hor. géoc. de Vénus) — 0. Obfervarion d’ Upfal. ( 10.) Le pañlage de Vénus à été obfervé à Upfl par M.S Malle, Bergman & Stromer, avec des lunettes de 20 pieds. Temps vrai, Contact intérieur des limbes lors de l'entrée. ,... r is vu Contact intérieur des limbés lors de Ia fortie.... 21. 28. 9. Contact extérieur des limbes lors de Ia fortie.... 21. 46. 29. Le contact intérieur des limbes lors de l'entrée, n’a point 4 été obfervé, Latitude d'Upfal, $94 51° 50" boréale, Calcul de 1 "Obférvarion d'Upfal, d'après les Élémens du $. Z. Contact interieur des limbes lors de l'entrée à 1 RE ral VC 3+dy=18# 53 57° + 0,993 d{inflant du contact intérieur) + 19,533 d (demi-diam.©)—1 9,5 3 3 [4 {demi-diam. Q )—/inflex.)] + 10,168 d (Iatit. géocentr. de Vénus) — 37,630 d (parall. du ©) + 49,556 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus). Contaëf intérieur des limbes lors de la fortie à 21 28" 9". ÿ'+ dy = 188 $1" 33" + 1,004 d (inftant du contact intérieur) — 19,392 d (demi-diam.)+1 9,392[4{demi-diam. Q)—4/inflex.)] — 14,401 d (latit. géocentr. de Vénus) + 16,191 d (parall. du Ç) — 39,543 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus). Qq i 308 MÉmMoïREs DE L'ACADÉMIE ROYALE Sortie totale à 21 46! 29". "+ dy—= 18" 51° 49" + 1,004 d(inftant de Ia fortie totale) — 19,392 d (demi-diam. O)—19,392 [d(demi-diam.Q )—4(inflex.)] — 13,257 d(latit. géocentr. de Vénus) + 16,191 d (parall. du Soleil) — 43,943 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus). Soit maintenant e — 1,004 d (inflant de Ia fortie totale) — 0,993 d (inflant du premier contact intérieur), é — 1,004 d (inftant du dernier contact intérieur) — 0,993 d (inftant du premier contact intérieur). L'on aura Equation de condition entre le premier contact intérieur lors de l'entrée, à" l'inflant de la fortie totale. 4 y — y + dy" — dy = 0. (1) — 128"+ 1,000 e— 38,925 d (demi-diamètre du Soleil) — 23,425 d (latit. géoc. de Vénus) + 53,821 4 (parall. du Soleil) — 93,499 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus) = o. Équarion de condition entre le contaf intérieur lors de l'entrée, € le contac intérieur lors de la fortie. Y — y + dy — dy = o. (2) — 144" + 1,000 6" — 38,925 d (demi-diamètre du Soleil) + 38,925 [d (demi-diam. ©) —d (inflex.)] — 24,569 d (lat. géoc. 0) “+ 53,821 d(parall. ©) — 89,099 d (mouv. hor. géoc. de Vénus) = 0. Obfervation de Torneä (r1.) Le pañfige de Vénus a été obfervé à Torneä par M." Hellant & Lagerborn, avec des lunettes de 20 pieds. Temps vrai, Contact intérieur des limbes lors de F’entrée..... 16 Te" Contact intérieur des limbes lors de la fortie..,. 21. 54. 8. Contact extérieur des limbes lors de la fortie.... 22. 12. 20. DEys-USICILE N CLEvS 309 Le contact extérieur des limbes lors de l’entrée , n’a point &é obfervé. Latitude de Torneä 65% 50° 50” boréale. Calcul de l'Obfervation de Torneñ, d'après les Élémens du S. 4. Conta& intérieur des limbes lors de l'entrée à 16 4' 0". y+dy= 19" 20° 37" + 0,993 d (inflant du contact intérieur) æ 19,533 d(demi-diam.©)—1 9,5 33 [4 (demi-diam. ®)—d (inflex.) ] + 10,168 d(latit. géoc. de Vénus) — 34,926 d (parall. du Soleil) LÉ 49,560 d {mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contad intérieur des limbes lors de la fortie à 214 54! 8". y +dy = 198 17 58" + 1,004 d (inftant du contaét intérieur) — 19,392 d(demi-diam. ©)+1 9,392 [d(demi-diam.@)—d(inflex.)] — 14,433 d (latit. géoc. de Vénus) + 21,755 d (parall. du Soleil) — 39,200 (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Sortie totale à 22% 12! 20”. y'+ dy" = 19" 18° 30" + 1,004 4 (inftant de Ia fortie totale) — 19,392 d (demi-diam. ©)—19,392 [d (demi-diam.Q)—d/inflex.)] — 13,291 d (atit. géoc. de Vénus) + 21,755 d (parall. du Soleil) — 43,600 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant f= 1,004 d(inflant de Ia fortie totale) — 0,993 d(infant du premier contact intérieur). f" = 1,004 d (inftant du dernier contact intérieur } — 0,993 d (inflant du premier contact intérieur). L'on aura 310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE Equation de condition entre le premier contact intérieur lors de l'entrée, © l'inflant de la fortie totale. 41 y" — y + dy" — dy = 0. (1) — 127" + 1,000 f — 38,925 d {demi-diamètre du Soleil) — 23,459 d (latit. géoc. de Vénus) + 56,681 d (parall. du Soleil) — 93,160 d (mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. Equation de condition entre le contact intérieur lors de l'entrée, © le contait intérieur lors de la fortie. Y —y+ dyÿ — dy = 0 æ159"+1,000/—38,92 sd/demi-diam.©)+3 8,92 5 [d{demi-diam.Q)-d{inflex.)] — 24,601 d (latitude géocentrique de Vénus) + 56,681 d {parallaxe du Soleil) — 88,360 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. Obfervation de Hernofand. (12.) Le paflage de Vénus a été obfervé à Hernofand par M.° Strom & Gifler, avec des lunettes de 20 pieds. Temps vrai, Contact intérieur des limbes lors de l'entrée. .... 15 PS3 0 26" Contact intérieur des limbes lors de Ia fortie.... 21. 29. 21. Contact extérieur des limbes lors de Ia fortie.... 21. 46. 43. Le contaét extérieur des limbes lors de l'entrée, n’a point été obfervé. Latitude de Hernofand 624 38 o” boréale. Calcul de l'Obfervation de Hernofand, d'après les Élémens du S. 4. Contal intérieur des limbes lors de l'entrée à 15" 38! 26". y +dy=18" $4 51° + 0,993 d{inflant du contact intérieur) + 19,535 d(demi-diam. ©)—1 9,5 3 ; [4 {demi-diam.Q )—d (inflex.)] + 10,168 d (latit. géocentr. de Vénus) — 36,513 d (parall. du ©) + 49,5 56 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). MES I9. CE Œ'N2CiE 31 Contaë intérieur des limbes lors de la fortie à 21% 29! 21", y'+ dy —18" 50° 58" + 1,004 d (inftant du contact intérieur) — 19,403 d (demi-diam. ©)+19,403 [4 (demi-diam.®)—d/inflex.)] — 14,401 d (latit. géocentr. de Vénus) + 17,823 d (parall. du ©) — 39,543 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Sortie totale à 216 46! 43". "+ dy" = 18% $2° 16° + 1,004 d (inftant de Ia fortie totale) — 19,403 d (demi-diam.@)—1 9,40 3 [d (demi-diam.@ )—4 (inflex.)] — 13,260 d (latit. géoc. de Vénus) + 17,823 d (parall. du Soleil) — 43,903 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant g = 1,004 d (inftant de Ia fortie totale) — 0,993 d(inflant du premier contact intérieur). g” = 1,004 d{inftant du dernier contaél intérieur ) — 0,993 d (inflant du premier contaét intérieur ). L'on aura Équation de condition entre le premier conta@ intérieur lors de l'entrée, © l’inflant de la fortie totale, Dr PE» — 1$$"+ 1,000 9 — 38,938 d (demi-diamètre du Soleil) — 23,428 d (Iatit. géocentr. de Vénus) + 54,336 d (parall. du ©) — 93,499 d (mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) — o. Equation de condition entre le conta@ intérieur lors de l'entrée, © le contaë intérieur lors de la fortie, Y — y + dy — dy = 0. —113"+1,000g"—38,9 3 8d{demi-diam.©)+3 8,9 3 8[d/demi-diam.Q)—Wd/inflex.)] — 24,569 d (latitude géocentrique de Vénus) + 54,336 d (parallaxe du Soleil) — 89,099 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Solcil) = o. 312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Obfervation d' Abo. (13.) Le pañfage de Vénus a été obfervé à Abo par M. Juftander, avec une lunette de 20 pieds. Temps’ vrai, Contact intérieur des limbes lors de l'entrée. . ... 15h bte" Contact intérieur des limbes lors de Ia fortie.... 21. 46. $9. Contact extérieur des limbes lors de Îa fortie.... 22. 4. 42. Le contaét extérieur des limbes lors de l'entrée, n’a point été obfervé. Latitude d'Abo Got 27 10" boréale. Calcul de l'Obfervarion d'Abo, d'après Les Élémens du S. 4. Contaët intérieur des limbes lors de l'entrée à 15 ÿ5! 5o". y + dy = 19" 12° 12°+ 0,994 d (inftant du contact intérieur) + 19,506 d (demi-diam.©O)—19,506 [(demi-diam.Q)—4 (infilex.)] + 10,149 d (latit. géocentr. de Vénus) — 36,698 d (parall. du ©} + 49,519 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contact intérieur des limbes lors de la fortie à 21* 40! 59". y + dy = 1910" 27"+ 1,00$ d (inflant du contact intérieur) — 19,375 d (demi-diam. ©)+19,375[d4(demi-diam.©)—d/inflex.)] — 14,374 d (latit. géocentr. de Vénus) + 16,561 d (parall. du C) -— 39,578 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). , 4 k [ [21 Sortie totale à 22h 4° 42". 3" + dy" = 19" 10° 7" + 1,005 d(inflant de Ia fortie totale) — 19,375 d (demi-diam.©)—19,375 [d(demi-diam.Q)—d/(inflex.)] — 13,260 d (latit. géocentr. de Vénus) + 17,830 d(parall. du C) — 43,943 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant hk — 1,005 d {inftant de Ia fortie) — 0,993 d (inflant du premier contact intérieur). #" = 1,005 d (inflant du dernier contact intérieur) 9,993 d(inflant du premier contact intérieur). L' | on DES SCIENCES. 313 L'on aura Equation de condition entre le premier conta@ Intérieur “dors de l'entrée, © l'inflant de la fortie totale. Y — y + dy" — dy = 0. (1) — 125" + 1,000 h — 38,881 Z(demi-diamètre du Soleil) — 23,409 d (latit. géocentr. de Vénus) + 54,528 d (parall. du ©) — 93,500 d((mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. Equation de condition entre le conta@ intérieur lors de 1 entrée, © le conta@ intérieur lors de la fortie, Y — 7 + dÿ — dy = 0. (2) — 105" + 1,000 #° — 38,881 4 (demi-diamètre du Soleil) + 38,881 [ 4 (demi - diamètre de Vénus) — d (inflexion ) ] — 24,523 d(latit. géoc. de Vénus) + $3:259 d(parall. du ©) — 89,047 d (mouvement horaire géoc. de Vénus au Soleil) = o. Obférvarion de Calmar. (14) Le pañfage de Vénus a été obfervé à Calmar par M. Wickftrom. Temps vrai, Contact intérieur des Jimbes fors de l'entrée. .::. # COTE) NS dd Contact intérieur des limbes lors de Ia fortie..... 21. 23. 40. Les contacts extérieurs des limbes n’ont été obfervés ni à l'entrée ni à la fortie, Latitude de Calmar, 564 55" 0” boréale. Calcul de 1 “Obfervarion de Calmar, d'après les Élémens du S. 4. Contact intérienr des limbes lors de l'entrée à 1 $# 3 ERSSE 3 + dy = 18" 49" 15" + 0,998 d (inftant du contact intérieur) + 19,533 d(demi-diam.©)— 1 9,5 3 3 [d (demi-diam. Q)—d (inflex.)] “+ 10,168 d(latit. géoc. de Vénus) — 37,630 d (parall. du Soleil ) — 49,556 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil }e Mém, 1781, Rr 314 Mémoires DE L' ACADÉMIE Roraze Conta& intérieur des limbes lors de la fortie à 214 23 40”. y'+ dy = 18 47° 4" + 1,004 d (inflant du contact intérieur) — 19,392 d (demi-diam. O)+19,392 [d(demi-diam.Q)—d{inflex.)] — 14,401 d (latit. géoc. de Vénus) + 16,191 4/{parall. du Soleil) — 39,543 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil), Soit maintenant = 1,004 d (inftant du dernier contaét intérieur) — 0,993 d (inftant du premier contact intérieur). L'on aura Equation de condition entre le conta@ intérieur lors de l'entrée, © le conta@ intérieur lors de la fortie. Y — y + dÿ — dy o. (1) — 131" + 1,000 5" — 38,92s d (demi- diamètre du Soleil). + 38,925 [d(demi-diam.Q)— d(inflex.)] — 24,569 d (latit. géocentr, de Vénus) + 53,821 d(parall. du Soleil) —89,099 d{/mouv. hor. géoc. de Vénus au © ) = 0. Obfervarion de Cujanebourg. (15) Le pañlage de Vénus a été obfervé à Cajanebourg par M. Planman, Temps, vraie) Contact intérieur des limbes lors de l’entrée. .... 16h 18’ se Contact intérieur des limbes lors de la fortie..,.. 22. 8. 58 Les contacts extérieurs des limbes n'ont été obfervés ni à l'entrée ni à la fortie. J'ai reftitué linflant du fecond contact intérieur des limbes, tel qu'il a été donné dans les premières notices, de cette obfervation. Latitude de Cajanebourg, 64% 1 3° 30" boréale. D'uis Sc E NuC'E ss. 315 Calcul de l’Obfervarion de Cajanebourg, d’après les élémens du S. 4 Conta@ intérieur des limbes lors de l'entrée à 16% 18! 5”. y + dy= 19" 34° 42"+ 0,993 d {imitant du contaét intérieur) + 19,533 d (demi-diam.©O )—1 9,5 3 3 [/{demi-diam:Q)—d (inflex.)] + 10,166 d (latit. géocentr. de Vénus) — 34,926 d (parall. du ©) + 49,560 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contaéf intérieur des limbes lors de la fortie à 22h 8! 58", y + dy = 19" 32° 49" + 1,004 d (inflant du contad intérieur) — 19,392 d (demi-diam. ©)+1 9,392 [d(demi-diam. © )—d{inflex.)] — 14,401 d (lait. géocentr. de Vénus) + 21,755 d (parall. du ©) — 39,200 d {mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil), Soit # = 1,004 d {inflant du dernier contact intérieur) — 0,993 d(inftant du premier contaét intérieur). L'on aura Équation de condition entre les contaëts intérieurs lors de l'entrée © de la fortie. Y — y + dy — dy = 0. (1)— 113" + 1,000 #° — 38,925 d(demi-diamètre du Soleil) + 38,925 [ 4 { demi - dianètre de Vénus ) — 4 ( inflexion ) ] — 24,673 d (latit. géoc. de Vénus) + 56,681 d (parallaxe du ©) — 88,760 d (mouv. horaire géocentr. de Vénus au Soleil) = o. Difcuffion des Obfervations du 3 Juin 1769. Obfervarion de Tairi. (16.) Le pañfage de Vénus a été obfervé dans l'ile de T'aïti par M.° Gréen, Cook & Solander, Rr ij Olfervateurs, M. Gréen. . . M. Cook.. M. Solander 316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Commencement, Contact intérieur Contact intérieur Sortie totale lors de l'entrée, lors de la fortie, LA 27N 25140". 218 430095 Ne 3 NMTANNISENEN 3h 3 2NNTAS art i2 sas AMEN NE UM INT AMEN LEZ, DO PIOOOU I TO 22 salt Fete 3::3247r3. MILIEU entre ces obfervations.. 21 44 4. 3 14 8.. 3 32 8. Latitude de Taiti, 174 28° 55” auftrale. Calcul de l'Obfervation de Taïti, d'après les Élémens du $. J. Conta@ intérieur des limbes lors de l'entrée à 214 44! 4". y + dy = of $’24" + 1,008 d {inftant du contact intérieur) + 20,395 d (demi-diam.©O)—20,395 [4(demi-diam.Q )—d{inflex.)] — 15,927 d(latit. géocentr. de Vénus) — 39,715 d(parall. du O}) + 35,622 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil), Contait intérieur des limbes lors de la fortie à 34 14! 8", ÿ'+ dy = oh 745" + 1,014 4 (inftant du contact intérieur) — 20,607 d (demi-diam. O)+ 20,607 [d (demi-diam. © )—d{inflex.)] + 11,793 d (latit. géoc. de Vénus) + 45,436 d (parall. du Soleil) — 46,999 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil), Sortie totale à 35 32! 8”. y" + dy" = oh 6° 48° + 1,014 d(inilant de la fortie totale) — 20,607 d(demi-diam. ©)—20,607 [d{(demi-diam.Q)—d[inflex.)] + 10,387 d(lat. géocent. de Vénus) + 45,436 d (parall. du Soleil ) — 50,503 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil ). Soit maintenant a — 1,014 d (inflant de Ja fortie totale) — 1,008 4 {inftant du premier contact intérieur). a" — 1,014 d (inftant du dernier contact intérieus) — 1,008 Z(inftant du premier contact intérieur). D'Es SCIENCES. 317 L'on aura Equation de condition entre le premier contact intérieur lors de l'entrée, © l'inflant de la fortie totale. y — y + dy" — dy = 0. (1) 84" + 1,000 à — 41,004 d( demi - diamètre du Soleil) + 26,264 d (iatit. géocentr. de Vénus) +8 5,141 d (parall. du ©) — 86,125 d(mouv. horaire géocentrique de Vénus au ©) = o. Équation de condition entre le conta@f intérieur lors de l'entrée, d le contac intérieur lors de la fortie. Y — 3 + dy — dy = o. (2) 141°+ 1,000 a" — 41,003 d ( demi-diamètre du Soleil} + 41,003 [ d (demi - diamètre de Vénus) — 4 ({inflexion) ] + 27,720 d(latit. géocentr. de Vénus) + 85,141 d (parall. ©) — 82,621 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil) —o. Obfervarion de Saint-Joféph en Californie. (17.) Le pañage de Vénus a été obfervé à Saint-Jofeph en Californie, par M. l'Abbé Chappe, avec une lunette acromatique de 10 pieds, par Don Vincent Doz & Don Salvador de Médina. Temps vrais Contact extérieur lors de l'entrée......,.., SELS (ONE es Contact intérieur lors de l’entrée.......... OUI €ontact intérieur lors de Ia fortie......... $. $4. 50. Contact extérieur lors de Ia fortie......... 6. 13. 20. Latitude de Saint-Jofeph, 234 3° 42" boréale. Calcul de ! "Obfervarion de Saint-Jofeph, d'après les Elémens du S. ÿ. Conta@ iniérieur des limbes lors de l'entrée à 0h 17 27", y + dy = 2h 44" 26° + 1,016 d{(inftant du contat intérieur) + 20,196 d (demi-diam. ©)—20,196[d(demi-diam.Q)—d/inflex.)] — 15,636 d (Iatit. géocentr. de Vénus) + 2,277 d (parall. du © } + 37:06 3 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil}, 318 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Conta@ intérieur des limbes lors de la fortie à $* 5# $o". y + dy = 21 46" 52" + 0,996 d(inftant du contaét intérieur ) — 20,332 d {demi-diam.©)+20,3 32[d{demi-diam. © )—4{inflex.)] + 11,107 d (latit. géocentr. de Vénus) + 33,947 d (parall. du ©) — 47,291 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Sortie totale à 6% 13! 20”. "+ dy" = 2h 46° 29" + 0,996 d(inftant de Ia fortie totale) — 20,136 d (demi-diam. ©)—20,1 36 [d{demi-diam. © )— 4 [inflex.)} + 9,762 d(latit. géocentr. de Vénus) + 3 3,947 d {parall. Soleil) — 50,800 d {mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant ÿ — 0,996 d (inftant de a fortie totale) — 1,016 d (inftant du premier contact intérieur) ; B"= 0,996 d (inftant du dernier contact intérieur) — 1,016 d (inflant du premier contact intérieur). L'on aura Equation de condition entre le premier contaf intériear lors de l'entrée, à l'inflant de la [ortie totale. y" — y + dy — dy = 0. (1) 123"+ 1,000 # — 40,332 d {demi-diamètre du Soleil) 4 25,398 d(latit. géocentr. de Vénus) + 31,670 d (parall. Soleil) — 87,863 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au ©) = o. Equation de condition entre le contact intérieur lors de l'entrée, d le contall intérieur lors de la fortie. Y — y + dy — dy = 0. (2) 146° + 1,000 E" — 40,322 d/demi-diamètre du Soleil) + 40,332 [d (demi-diam. Q)— d {inflex.)1+ 26,74 3 d (lat. géoc. Q) + 31,670 d (parall. ©) — 84,3 54 d(mouv. hor. géoc. de Qau ©) =e. Obfervarion du For: du Prince de Galles. (18.) Le paflage de Vénus a été obfervé au Fort du Prince de Galles dans la baie d'Hudfon, par M. Dymond ë& Wales, avec des lunettes qui groflifloient cent vingt fois. DES SGIENCES. 319 Temps vrai, Contact extérieur lors de l’entrée............ DANS AA Contact intérieur lors de lentrée.......,.., ARTE 2% Contact intérieur lors de la fortie........... Pen O:418 Contact extérieur lors de la fortie........... re IMLiO:0 De Latitude du Fort du Prince de Galles 584 47 30" boréale. Calcul de l'Obfervarion du Fort du Prince de Galles ; d'après les Élémens du S. pe Contaët intérieur des limbes lors de l'entrée à 14 7 23% y + dy = 3" 46 18" + 1,010 d(inftant du contact intérieur ) + 19,893 d(demi-diam. ©O)—1 9,8 93 [d(demi-dium. Ç)—d (inflex.)] — 15,183 d (latit. géocentr. de Vénus) + 29,755 d (parall. du ©) + 38,055 4 (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contatt intérieur des limbes lors de la Jortie à 7h o' 48", + dy = 3" 48 36" + 0,993 d'(inflant du contact intérieur } — 19,813 d (demi-diam. ©)+19,81 3 EZ(demi-diam.@)—4/inflex.)] + 10,625 d (latit. géocentr. de Vénus) + 4,697 d (parall. du ©) — 48,466 4 (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Sortie totale à 7È 19! 12", 3" + dÿ"= 3" 48 21" + 0,993 d (inftant de Ja fortie totale } — 19,813 d (demi-diam.©)—1 9,8 13 [4 (demi-diam. Q)—d(inflex.)] + 9»371 d(latit. géoc. de Vénus) + 4,697 d (parall. du Soleil) — 51,530 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant g = 0,993 d (inftant de Ia fortie totale } — 1,010 9 /(inflant du premier contact intérieur) ; €" = 0,993 d (inftant du dernier contact intérieur } — 1,010 (inflant du premier contaét. intérieur), 320 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE lon aura Equation de condition entre le premier conta@ intérieur lors de l'entrée, € l'inflant de la fortie totale. Y—y+ dy — dy = 0. (1) 123" + 1,000 « — 39,706 d(demi-diamètre du Soleil } + 24,553 d(lat. géocent. de Vénus) — 25,0 58 d {parall. du Soleil} — 89,585 d(mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. Equation de condition entre le contaé? intérieur lors de l'entrée: © le contalt interieur lors de la [ortie. | Y —y+dy — dy =. (2) 138" + 1,000 c" — 39,706 d(demi-diamètre du Soleil) + 39,706 [4(demi-diam.Q)—d{inflex.) ]+ 25,808 d{lat. géoc. Q) — 25,058 d(par. ©) — 86,5 21 d (mouv. hor. géoc,de Vénus ©) =, Obfervation du cap Ward'hus. (19.) Le paffage de Vénus a été obfervé au cap VWard’hus, dans la Lapponie Danoife, par le P. Hell, le P. Sajenowich Jéfuites, & par M. Bergreving, avec de fortes lunettes, Temps vrai, Contact intérieur lors de l'entrée...:,.,,.,,,,. 9h 34 5° Contact intérieur lors de Ia fortie............. 1527:230 Contact extérieur lors de Ia fortie..........,.. 15e 45. dde Le contact extérieur, lors de l'entrée, n’a point été obfervé, Latitude du cap Ward'hus 704 22° 36” boréale, Calcul de l'Obférvation de Ward'hus , d'après les Élémens du S. 5. Contaël intérieur des limbes lors de l'entrée à 9% 34 5". y + dy= 12h 7 24"+# "0,997 d (inftant du contact intérieur) + 19,703 d(demi-diam. ©) — 19,70 3 [d{demi-diam. Q)—d/inflex.)} — 14,900 d (latit. géocentrique de Vénus) + 45,617 d (parall. du ©) d- 38,661 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contact DES SCIENCES. 321 Conta@t intérieur des limbes lors de la Jortie à 15h 27 36". Y'+dy = 12h 10° 38" + 0,996 d{inftant du contact intérieur) — 19,702 d (demi-diam. O)+ 19,70 2[4(demi-diam. Q)—d{inflex.)] + 10,407 d (latit. géocentr. de Vénus) — 28,619 d (parall. Soleil) — 49,681 d ( mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil ). Sortie totale à 1 56 45" 44". 3" + dy" = rot 9° 44" + 0,996 d (inftant de Ia fértie totale) — 19,702 d (demi-diam. ©)—1 9:792[d{demi-diam. Q) — d(inflex.)] + 9,179 d'(latit. géocentrique de Vénus) — 28,619 d (parall. O } — 53,100 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Soit maintenant 2 — 0,996 d (inflant de a fortie totale } — 0,997 d(inftant du premier contact intérieur) ; 2° — 0,996 d (inftant du dernier contat intérieur } — 0,997 d(inflant du premier contact intérieur ), L'on aura Equation de condition entre le Premier contatt intérieur lors de l'entrée, & 1 ‘inflant de la fortie totale, Y — 7 + dÿ" — dy — 0. (1) 145" + 1,000 D — 39,423 d(demi-diamètre du Soleil) + 24,079 d (latit. géoc. de Vénus) — 74,236 d' (parall. du Soleil — 90,761 d (mouv. horaire géocentrique de Vénus au Solcil) = 04 Equation de condition entre le conta@ intérieur lors de l'entrée, © le contact intérieur lors de la ortie, Ÿ — y + dÿ — dy = 0. (2) 191" + 1,000 2" — 39,405 d (demi- diamètre du Soleil ) + 39,40 $[d(demi-diam. ©) — d(inflex.)] + 25,307 d (at, géoc. Q} — 74236 d (parall ©) — 88,342 d (mourv. hor. géoc. Q au C)) = o. Mém, 1781, sf 322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Obfervation de Cajanebourg. (20.) Le pañlage de Vénus a été obfervé à Cajanebourg par M. Planman. Temps vrai. Contact intérieur des limbes lors de l'entrée... 9" 20° 46" Contact extérieur des limbes lors de Ia fortie... 15. 32. 26. Les deux autres contaéts n’ont point été obfervés. Latitude de Cajanebourg 644 1 3° 30" boréale. Calcul de l'Obfervation de Cajanebourg, d’après les Elémens du S. 5. Contact? intérieur des limbes lors de l'entrée à 9# 20" 46". y+dy= 11" 54 18" + 0,997 d (inftant du contact intérieur) + 19,721 d(demi-diam.©)—7109,721 [4 (demi-diam. © )—d (inflex.)] — 14,926 d (Iatit. géocentr. de Vénus) + 47,291 d /parall. Soleil) + 38,715 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil). Contact extérieur des limbes lors de la fortie à 1 5h 32! 26". 3" + dy" = 11567" + 0,996 d(inftant de Îa fortie totale) — 19,702 d(demi-diam.©O) — 19,702 [4 (demi-diam.®)—d{inflex.)] + 9,174 d(latit. géocentrique de Vénus) — 32,005 d (parall. O) — 54,422 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil), Soit maintenant L e" — 0,996 d {inftant de Ia fortie totale) — 0,997 d (inftant du premier contact intérieur). L'on aura Equation de ‘condition entre le premier conta@ intérieur lors de l'entrée, à l'inflant de la fortie totale. " Y — y + dy" — dy = o. (1) 109" + 1,000 e — 39,423 d (demi-diamètre du Soleil) + 24,100 d (latit. géocentr. de Vénus) — 79,303 d (parall. du ©) — 91,137 d (mouv. horaire géocentrique de Vénus au Soleil) = o. DES SCIENCES. 32 Telles font les équations que l'on déduit des différentes Oblervations des patlages des 6 Juin 1761 & 3 Juin 1769; ces équations vont nous fervir à déterminer les équations fondamental:s du Problème. Equations fondamentales relatives à La réfolution des queftions propofées. (21.) Nous nous propofons de déterminer les Élémens fuivans : La parallaxe du Soleil lors des deux paffages : Les latitudes géocentriques de Vénus, à l'inftant des deux conjonctions : Le demi-diamètre de Vénus , moins l’'inflexion : L'heure, & le lieu des deux conjonétions dans l'Écliptique: L'erreur des Tables en longitude & en latitude, Voyons comment on peut conclure des relations précé- dentes, les équations fondamentales relatives à la réfolution des queftions propofées. ‘:(22.) Si l'on additionne les équations (1) des f, 6, Fe À 9, TO IL, :R2, 1 3, & que l’on fuppole zb A= HV 4 eC+H ++ FL pe, : L'on aura (1) d (latitude de Vénus correfpondante au premier paflage) = — 6”,042 FA — 1,667 d {demi-diam, du Soleil) + 2,327 d (parall, du Soleil ) T 4,006 d{mouv. hor. géocent. de Vénus au Soleil) + 0,00 54 À. Si l’on additionne les équations (1) des $, r6, 7 L8) 19, 20, & que l'on fuppole A++ + + 64, L'on aura {2) (latit. de Vénus corrrefpondante au fecond paflage) = — 4",69$ _+ 1,607 d(demi-diam, du Soleil) + 0,497 d (parall. du Soleil ) + 3,581 4{(mouy. hor. géocent. de Vénus au Soleil) — 0,0080 4’, Sf 324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE Si l'on additionne les équations (2) des f: 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, & (1) des $. 14 & 15; & que l'on fuppefe B=a+b+é"+ d+éd+f eg er si +R, L'on aura {3) d (demi-diam. de Vénus) — d{inf.) — d{demi-diam. ©) = 3",380 + 0,628 d{lat.géoc. Q Jorsdupremier paffage) — 1,42 1 d/parall ) + 2,287 d{mouv:hor. gcocent. de Vénus au Soleil) —-0,0026 B, Si lon addiionne enfin les équations (2) des $. 16, 17, 18; & que l'on fuppofe ur E' — a" 2e &" 2 c ; L'on aura | (4)4 (demi-diam. Vénus) —d(inf.) — d {demi-diam. ©) = 3",$ 11 — 0,664 d (lat. géoc.Q lors du fecond du paffage) — 0,758 4 (par. C) + 2,094 d(mouv. hor. géocent. de Vénus au Soleil) — 0,0083 Telles font les équations fondamentales de cette théorie. Solution des queflions propofées. (23.) Si l'on fouftrait lune de l'autre les équations (3) & (4) du $. précédent, que l'on élimine dans cette nouvelle équation les valeurs de 7 (latitude géocentrique de Vénus lors du 1." paflage); d (latitude géocentrique de Venus lors du 2.4 paffage), au moyen de leurs valeurs refpectives tirées des équations (1) & (2) du même paragraphe, l’on aura {:) d(parall. du Soleil) — 0,020 — 0,020 d{demi-diam. du Soleil) — 0,053 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil) — 1,0034 À + 0,0053 À + 0,0026 B — 0,008 3 £'. Si dans les équations (1) & (2) du S. précédent, Yon élimine 4 (parallaxe du Soleil), au moyen de fa valeur précé- dente, l'on aura (2) d (lat. géoc. de Q correfpondante au premier paffage) = — 5,998 — 1,711 d{demi-diam.C©) — 4,125 d{mouv hor. géoc. de Vénus) — 0,0012 À + 0,0119 4 + 0,0060 B — o,0171 B', DES SC rE Nc ES 325 (3) d(latit. géoc. de Q correfpondante au fecond pañlage) = — 4",685 + 1,597 d(demi-diam. ©) + 3,55 5 d{mouv. hor. géoc, de Vénus) — 0,0017 À + 0,0017 À + 0,0026 B — 0,0083 B. L'on aura enfin, par le même procédé, (4) (demi-diam.@)— 4 (infl,)=—0",416 —0,04 5 d (demi-diam. ©} — 0,2 34 d (mouvement horaire géocentrique de Vénus) + 0,00 33 À — 0,0047 À — 0,0024 B, & les queftions propolées font réfolues. (24.) I fuit de ces calculs que fon a les réfultats fuivans. Paflage du 6 Juin 17671. Parallaxe du Soleil — 8”,620 — 0,020 d {demi-diamètre du Soleil) — 0,053 d (mouv. hor. géoc. de Vénus au ©) — 0,0034 À + 0,0053 4 + 0,0026 B — 0,0083 8. Lait. géoc, de Vénus = — 9°40",358 — 1,711 d{demi-diam. ©) — 4,125 d(mouv. hor. géoc. de Q au ©} — 0,0012 A+ 0,0119 À + 0,0060 B — 0,0171 Ê". Pafage du 3 Juin 1769. Parallaxe du Soleil — 8,640 — 0,020 d (demi-diam. du Soleil} — 0,053 d{mouv.hor.géoc. de Vénus au Soleil } — 0,0034 À + 0,0053 À + 0,0026 BE — 0,0083 £'. Latit. géoc. de Vénus — 10° 18”,81$ + 1,597 d (demi-diam. © ) + 3,555 d{mouv.hor.géoc. de Vénus au ©) — 0,0017 À + 0,00174° + 0,0013 B — o0,0041 B', Demi - diamètre de Vénus lors des deux paffages — 4 (inf.) — 28",1 84 — 0,045 d(demi-diam. ©) — a,2344/mouv.hor.géoc.Qau ©) + 0,0033 À — 0,0047 4 — 0,0024 B, (25-) Les équations précédentes préfentent la folution la , 326 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE plus générale des queftions propofées; & fous ce point de vue, quand même je me ferois trompé dans les conféquences parti- culières que je vais propofer, mon travail au fond n’en feroit pas moins utile; & ce feroit dans mes équations que l’on pourroit puifer les plus fortes objeétions pour me combattre & me rectifier. En eflet, ces équations renferment non-feule- ment les différentielles des élémens fur lefquels on peut élever quelques doutes, mais encore toutes Îles erreurs poñfibles des obfervations; puifque les quantités À, 4’, B, B', ne font que le réfultat des erreurs des obfervations particulières, Comme cependant il faut fe fixer à quelque hypothèle, voici des réflexions qui me paroïflent infiniment plaufibles, & que je foumets à l'examen des Aftronomes. Le mouvement horaire géocentrique de Vénus au Soleil, a été calculé avec la plus grande exactitude d'après les Tables ; je crois donc que fa difiérentielle peut être fuppofée nulle. Les quantités À, A', B, B', reprélentent la fomme des erreurs des obfervations; comme je n’ai aucune raïfon pour fufpecter aucune obfervation en particulier, je penferois que chacune de ces quantités doit être égale à zéro. Dans les calculs hypothétiques , j'ai fuppofé le demi- diamètre du Soleil, de 1 $' 46",9, conformément aux T'ables de M. de la Lande; maïs il m'a paru par la difcufion d'un nombre confidérable d’obfervations des Édcliples des 1. Avril 1761 & 4 Juin 1769, que les demi-diamètres du Soleil, déduits de ces Tables, font trop grands d’un peu plus de 3“, & les Aftronomes font d'accord fur ce point; je crois donc que dans les équations il conviendra de faire d (demi-digmètre du Soleil) = — 3,500. Confirmation des Recherches précédentes. (26.) Avant de nous livrer à de nouveaux calculs, le lecteur verra fans doute avec plaifir la confirmation des déter- minations précédentes, relativement à la parallaxe du Soleil, tirée des feules obfervations du 3 Juin 1769: voici en quoi confifte cette nouvelle recherche, D'E SO CITE N CE 6, 327 Si on conferve les valeurs de 4”, 4”, «” des SL, 17, 18; & que l’on fouftraie fucceffivement de l'équation ‘( 2) du $. 76, les équations (2) des . 17 © 18; que lon fouftraie l'équation (2) du $. r8, de l'équation (2) du $. 77; que l'on élimine enfuite dans ces équations, les quantités d (atit. géoc. de Vénus) ; d {demi-diam. de Vénus) — d(inflexion), au moyen de leurs valeurs /$. 2 3), équations (2) (3) & (4), l'on aura Comparai[on de l'Obfervation de Taïti avec celle du Fort du Prince de Galles. (x) d(parall. du ©) = 0”,048 — 0,016 d (demi-diamètre du ©) — 0,094 d(mouv. hor. géoc. de Vénus au ©) — 0,009 a"+ 0,009 6", C omparaifon de l'Obfervation de Taïti avec celle de Saint-Jo )fephe (2) d (parall. du Soleil) — 0”,172 — 0,016 d (demi-diam. du © ) — 9,094 d (mouv. hor. géoc. de Vénus au ©)— 0,0 1 9 4" + o,o1 GVTE (Ce, omparai[on de 1 "Obfervation de Saint -Jofeph avec celle du Fort du prince de Galles. (3) d (parallaxe du ©) = — 0”,062 — 0,016 d (demi-diam. ©) — 0,09 d(mouv. hor. géoc. de Vénusau ©) +o,o18c"— 0,018 4", d'où lon tire, en additionnant ces équations, pour avoir l'expreffion moyenne de d (parallaxe du Soleil ), (4) (parallaxe du ©) = 0”,0 ; 3 — 0,016 d (demi-diam. du Soleil) — 9,094 d(mouv.hor, géoc. de Vénus auQ)— 0,009 a" + 0,009 €", Cette valeur de 7 (parallaxe du Soleil) retombe à très-peu- près dans celle du $. 23, & fait voir au moins que la valeur de 4 (parallaxe du Soleil) n’eft pas plus petite que celle affignée dans ce paragraphe ; mais elle fait voir en même temps, combien il eft peu probable qu'elle foit beaucoup plus grande. En effet, fi lon vouloit que la parallaxe du Soleil fût de 9",600, il faudroit fuppoler dans l'équation (4) — 0,009 4” # 0,009 €" = 1",000; l'on auroit par conféquent une erreur 328 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de 111” à répartir entre les durées de Taïti &- de Saint- Jofeph; ce qui n'eft nullement probable. Cette remarque eft intéreffante pour fixer nos idées fur la véritable valeur de 1a parallaxe du Soleil. L'accord des deux méthodes pour déterminer la parallaxe du Soleil, dans l’une defquelles j'ai fait ufage des obfervations des deux pañlages des 6 Juin 1761 & 3 Juin 1769, tandis que dans l’autre je n'ai confidéré que le pañlage de 1769, prouve l'accord & l'exactitude des obfervations dans ces deux pañlages. Remarque fur l'Obfervation de Ward'hus. (27.) Les Aflronomes qui fe font occupés des paffages de Vénus, ont tous élevé quelques doutes fur obfervation de Ward'hus; on ne peut guère fe diffimuler que ces doutes ne foient fondés, par le peu d'accord de cette obfervation avec toutes les autres. Quoi qu’il en foit, je vais chercher à déterminer de la manière la plus plaufible, l'erreur de cette obfervation, Si l’on conferve les définitions de 4” & de 0” des $. 16 & 19, & que lon fouflraie l’une de l'autre les équations (2) des mêmes paragraphes ; que l'on élimine les quantités 4 (latit. géoc. de Vénus ), d (demi-diam. de Vénus) — d (inflexion); au moyen de leurs valeurs l'on aura | Comparai[on de l'Obfervation de Taïti avec celle de Ward'hus. (1) Z (parall. du Soleil) = 0”,388 — 0,014 d (demi-diam. du ©) — 0,08 3 d(mouv. hor. géoc. de Vénusau©)+ 0,006 30"—0,00634", Si l’on compare cette expreflion avec celle du $. 23, l'on aura (2) 2" = — 58",413 — 0,952 d (demi-diamètre du Soleil. ) Cette équation fait voir que fi l’on fuppoloit une erreur d'environ une minute dans la durée écoulée entre les inftans des contacts intérieurs obfervés à Ward’hus, cette obferva- tion conduiroit aux mêmes réfultats que toutes les autres obfervations DE S/1S1lc/r:E N'c'efs 329 obfervations faites , foit en 1761, foït en 1760. Et en effet, puifque /$. 19) D" — 0,996 4 (inflant du dernier contaët intérieur ) — 0,997 d (inflant du premier contact intérieur), la fuppofition dont je viens de parler fatisfait à l’équation (2). Je laïffle aux Aflronomes à décider cette queftion; je ferois cependant fort tenté de croire que l'erreur tombe en entier fur le dernier contaét intérieur, attendu que fi l'on fuppofe le premier contact bien obfervé, on retrouve par le paflage de Vénus, la même longitude de Ward’hus, à très-peu-près, que par l'écliple de Soleil du lendemain. Réfultat des Recherches précédentes. (28.) Si lon s'en tient aux fuppofitions du $, 2, on aura les réfultats fuivans, Pafage de Vénus du 6 Juin 1767. Parallaxe du Soleil — 8,690. Latitude géocentrique de Vénus = 9° 34”,813 auftrale. Demi-diamètre de Vénus — inflexion — 28”,345. Paffage de Vénus du > Juin 1769. Parallaxe du Soleil = 8",7r0. Latitude géocentrique de Vénus — 10’ 13”,226 boréale. Demi-diamètre de Vénus — inflexion — 28”,345. Remarque [ur la parallaxe du Soleil èr ds le demi- diamètre de Vénus, (29-) La parallaxe du Soleil de 8”,710, déterminée dans le paragraphe précédent, eft celle correfpondante au paflage du 3 Juin 1769, lorfque 1a diftance de la Terre au Soleil étoit de 1,01515, la moyenne diftance étant 1,00000.On fait d’ailleurs que la diftance du Soleil apogée — 1,01680, & que la diflince périgée — 953 20; ON aura “RE Mém. 1787. DE 330 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Parallaxe du Soleil. Apogée ...... ss. 8",6959. Moyenne diflance. .... Seat El ANR ets + 8,8418. Périgée.. . à sem idieie bn aios «pie sssssssse 8,9931. Ces parallaxes font des parallaxes horizontales polaires, plus petites que celles qui répondent à l’Équateur, dans le rapport de-229 à 230. Mais HQE 206265 : 3 Diflance du Soleil à Ia Terre — demi-petit axe de la Terre. | parallaxe Donc Diflances du Soleil à la Terre, évaluées. en demi-petit axe de la Terre. Apopéc. 4 MR MR OU Bu dddEsc 23720. Moyenne!ditance-tr- 14-01-10 ENR 23328. Périgée ...... Sole du 0 ete lola Ness de ss... 22936. Quant au demi-diamètre de Vénus, nous avons vu qu’il étoit égal à 28",345 ; ce demi-diamètre eft celui qui a été obfervé de la Terre, lorfque fa diftance à Vénus égaloit 0,28896; ce mème demi-diamètre vu de Ia diftance de la Terre au . Soleil, auroit donc été obfervé fous l'angle de RU 8",345 1,01 5 1 $ — 8",068; mais le demi-diamètre polaire dela Terre, vu du Soleil, auroit été obfervé fous l'angle de 8”",710; donc Demi-diamètre de Vénus = 0,926 demi-diamètre polaire de la Terre. Détermination de l'heure de la comonétion, du lieu de la conjonction dans l’Ecliprique, à de l'erreur des Tables en longitude à7 en latitude, pour le paffage du 6 Juin 176. (30.) pour déterminer l'heure de Ja conjonction, le lieu de la conjonction dans l'Écliptique, & l'erreur des Tables, pour le pañlage du 6 Juin 1761, je ferai ufage de l’obfer- vation de Stockolm; la longitude de cette ville par rapport à Paris, efl de 1h 2! $o" orientale. DE S /S CF ENG Es. 331 Je reprends l'équation (2) du $. 9, je fubflitue dans cette équation, à d (parall. © ), d (demi-diam, Vénus) — d'(inflexion ) ; d (latitude géocentrique de Vénus), leurs valeurs, & jai (1) 2" + 4000 = 0. Je vois donc que les élémens du $. 28 repréfentent, à 4 fecondes près, la durée obfervée à Stockolm; d'où je conclus que l'on doit faire Z (inftant du dernier contact intérieur) = — 2,000; d (inftant du premier contact intérieur } = 2,000. Je reprends la valeur de y + dy du f.9; je fubftitue dans cette équation, à 4 (parallaxe du Soleil), d (latitude géocentrique de Vénus), d (demi-diamètre du ©), d {demi-diamètre de Vénus) — d(infi.),d(inftant du premier contaét intérieur), leurs valeurs, & j'ai ? 7 + dy = 18h 54 35". La conjonétion eft donc arrivée lorfque l’on comptoit 1 8h 5435" à Stockolm, & par conféquent 174 $ 145" à Paris; mais à cet inftant le lieu du Soleil étoit dans 2° 1030 14"; donc, Heure que l’on comptoit à Paris, à l'inftant de Ia conjonc- tiott à. 20e D'eteeriC TRS edit. 17 hr 9 T0) Ars Longitude de Vénus, vue du Soleil. 89 154 36, 14. Latitude géocentrique de Vénus...,.. sr. 9. 34,87 3 aufr. Latitüde héliocentrique. . . . A ne ET 3: 48,800 auftr. Suivant les Tables de M4 de la Lande, inférées dans le premier volume de fon Aftronoimie; à 7e os AUS, temps vrai à Paris, la longitude de Vénus, vue du Soleil, étoit de 8f 154 36’ 6”; & fa latitude vue pareïllement du Soleil, étoit de 3’ 49",500 auftrale; donc l'erreur des Tables eft de — 8" en longitude héliocentrique, & de — 0",700 en latitude héliocentrique. Détermination de l'heure de la comjon@ion, du lieu de la comonction dans l'Écliprique, & de l'erreur des Tables en longitude & en latitude, pour le pafflage du 3 Juiu 1769. (3 1:) Pour déterminer l'heuré de la conjonétion, le lieu de la conjonction dans F'Écliptique, & l'erreur des Tables AA 332 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaLeE en longitude & en latitude héliocentriques , relativement au paflage du 3 Juin 1769, je ferai ufage de l'obfervation de Cajanebourg , dont je fuppole la longitude par rapport à Paris, de 1*41'41" orientale. Je reprends l'équation (1) du f. 20, je fubflitue dans cette équation, à d {parall. ©), d (demi-diam. de Vénus) — d{inflexion), « (latitude géocentrique de Vénus), leurs valeurs, & jai (1) — 8" + & = o. Je vois donc que Îles élémens du f. 28 repréfentent, à 8 fecondes près, la durée obfer vée à Cajaneboursg ; je rejette la totalité de l'erreur fur le dernier contaét extérieur qui eft le plus difficile à obferver, & j'ai 4 /inftant du premier conta@t intérieur) — o; je reprends la valeur de y + dy du $. 20, je fubfljtue dans cette équation, à 4 (parallaxe du Soleil ), d (latitude géocentrique de Vénus), d (demi-diamètre du Soleil), : d (demi-diamètre de Vénus) — d{(inflexion), leurs valeurs ; je fuppofe d (inftant du premier contact intérieur) = o, & j'ai 3 + dy = vi $5" sr" La conjonétion eft donc arrivée lorfque l’on comptoit 118 55’ 5” à Cajanebourg, & par conféquent 10h 14/ 10" à Paris; mais à cet inftant le lieu du Soleil étoit dans 2f 134 22! 28"; donc Heure que l’on comptoit à Paris, à l'inflant de Ia conjonc- tions SE 4 HU ENISLAN 10h14#r0" | Longitude de Vénus, vue du Soleil. 8° 134 27. 28. Latitude géocentrique de Vénus ...:.... 10. 13,226 bor. Latitude héliocentuique. ............ 4 3,920 bor. Suivant les Tables de M. de la Lande, à 10h 14! 10", temps vrai à Paris, la longitude de Vénus, vue du Soleil, étoit de 8!13427' 20", & la latitude vue pareillement du Soleil, étoit de 4/7",000 boréale; donc l'erreur des Tables eft de — 8" en longitude, & de 3” en fatitude. Quand j'ai cité les Tables de Vénus de M. de la Lande, ce font {es anciennes Tables. Depuis ce travail, cet Aftronome D'E :5 SYNC AE NC 2,5, 333- m'a fait honneur de me dire qu'il avoit fait quelques correc- tions à ces Tables: ce n’eft point de ces dernières Tables dont j'ai parlé. Détermination du lien du nœud, & de l'inclinaifon de l'orbite de Vénus Jir l'Eclprique. (32.) Il eft facile de détérminer maintenant le lieu du nœud à fépoque du 3 Juin 1769, ainfi que l'inclinaifon de l'orbite de Vénus fur l'Écliptique. Si l'on a égard à la préceflion des Équinoxés ; ainfi qu'au mouvement du nœud tiré de la Théorie, dans l'intervalle des deux pañlages ; que Ton fuppofe d’ailleurs a longitude de Vénus, lors du premier pañlage, de 8° 154 36’ 14"; fa latitude héliocentrique, de 3! 48",800!auftrale; la longitude de Vénus, lors du fecond paflage, de 8f 1342728"; fa latitude héliocentrique ;,- de: 4" 3",920 boréale; l’on aura Longitude dunœud , à l'époque du 3 Juin1769. 81 144 36". 6”. Inclinaifon de l'orbite de Vénus............ 3e 230020 Cette détermination s'accorde parfaitement avec les déter- minations de M.” Hallei & Caflini., (33-) J'obferverai ici que ce. feroit fe. faire illufion de chercher à déterminer un plus grand nombre d'élémens que * ceux que nous avons calculés dans le $. 24. De quelque façon que l’on envifage les queftions, les pañlages de Vénus des 6 Juin 1761 & 3 Juin 1769, ne donnent que quatre équations dont on puiflé faire véritablement ufage; & lorfque lon a déterminé quatre élémens au moyen de ces équations, il n'eft plus poffible d’en déterminer de nouveaux, Ces. paf fages ne font donc pas propres à fixer notre incertitude fur. le véritable demi-diamètre du Soleil, à moins que l'on ne pente connoître d'ailleurs le lieu du nœud: de la, Planète, avec une certitude telle que l’on puiffeemployer les équations. (1} (2) du $. 22, à déterminer le demi-diamètre da Soleil, : * Je ferois encore bien plus éloigné de fonger:à difcuter, Les 334 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE queftions relatives à’ l'inflexion des rayons folaires , dans J'atmofphère de Îa Planète, queftions qui me paroiffent véritablemént infolubles eu égard aux difficultés dont elles: font compliquées , quelque chofe que on en ait pu dire à l'occafion du dernier paflage de Mercure fur le difque du Soleil. Détermination de la longitude des lieux , dont les obfervations ont fervi à calculer la parallaxe. (34) H neme refte plus pour compléter ce Mémoire, que de calculer la longitude des lieux, dont les obfervations ont fervi à déterminer la parallaxe : je commence par les obfervations du 6 Juin 1761: Je rapporterai toutes les longitudes de ce paflage à Stockolm , dont la pofition par rapport à Paris, eft de 1h2' 52" orientale. Paflage du € Juin 1761. Longit. de Tobolsk — long. de Stockolm — 3" 20° 49“ or. Longit. de Pékin — long. de Stockolm = 6. 3 54 7 Longit. de Madras — long. de Stockolm = 4. 12. Longit. de Torneä — Jong. de Stockolm Il I HToŸ gg à a a © Long! de Cajanebourg — Tong. de Stockolm 7e 1. 43 occid, O. 47: : Longit. de Calmar, — long. de Stockolm = 0. 6. 29. : Dans’ le calcul'des Iongitudes de ‘Fobolsk, Pékin, Madras, Forne&, Hernofand'& Cälmar , jaï partagé égalémentil'erreur des durées entre le premier & le dernier contact intérieurs : j'ai rejeté toute l'erreur de Ia durée de Cajanebourg, fur le: dernier’ contact intérieur, fur lequel on 4 annoncé des’ incer- titudes. | Quant ‘à l’obfervation d'Upfaf ; j'ai rejeté toute l'erreur für le dernier contact ntérieur, afnr de retrouver, par lé paffige de Vénus, ‘exactement la méme longitude :que’par- Ç Longitude d'Abo — Iong. de Stockolm — 4 Longitude d'Upfai — long. de Stockolm — Long. de Hernofand — long. de Stockolm — DIE S 1 S:CALE, NC Es 335 les Écliples des 1.7 Avril 1764 & 4 Juin 1769. Pour retrouver pareillement la même longitude d'Abo, par 1e pañlage de Vénus, que par les Écliples des 1.” Avril 1764 & 4 Juin 1769 , j'ai rejeté toute l'erreur de la durée fur le premier contaét intérieur. Au furplus, ces erreurs font très-petites. Paflage du 3 Juin 1769. _ (35-) Je rapporterai toutes les longitudes de ce pañage à Cajanebourg, dont la longitude , par rapport à Stockolm, a été trouvée de 39/1" orientale, par le pañlage de Vénus du 6 Juin 1761, & de 38’ 51" par l'Écliple du 4 Juin 1769. Longitude de Taïti — Jongitude de Cajanebourg 1 rt 48° 5 3" occ. Longitude de Saint-Jofeph — long. de Cajanebourg 9. “9. 49. Long. du fort du Prince de Galles — fong.Cajanebourg NOTA Longit. du cap Ward'hus — longit. de Cajancbourg 0. 13. 6 or. Conclufion. (36.) Il ne m'appartient point de m'étendre fur les avantages que préfente ce travail; j'ofe dire que la grande généralité des méthodes mérite l'attention des Aftronomes ; & quand même je me ferois trompé fur les conclufions que j'aurois adoptées, mon travail au fond n’en feroit pas moins utile. Mes conclufions font principalement fondées fur la fuppofition que les erreurs des durées en plus & en moins, ont dû fe compenfer, de forte que la fomme de ces erreurs a du être nulle, Suppofons un moment que l'hypothèle ne paroiffe pas exacte, mes réfultats fans doute participeront de cette inexaétitude; mais on ne doit point oublier que j'ai confervé dans les formules, les termes que j'ai cru devoir fuppofer nuls On pourra donc fans altérer les calculs, donner à ces termes telles valeurs que lon jugera convenables, & par conféquent , avoir les réfultats, dans Fhypothèfe que la fomme des erreurs fur les durées obfervées, feroit telle qu’on le jugeroit à propos. 336 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE ! Quelques Savans ont prétendu que pour déterminer la parallaxe du Soleil, il falloit sen tenir aux obfervations du 3 Juin 1769; que celles du 6 Juin 1761 ne pouvoient que jeter de l'incertitude fur les réfultats:; qu'en un mot, les Obfervateurs étant plus exercés en 1769 qu'en 17617, il falloit oubliér les obfervations de 1761. J’ai toujours eu de la peine à me rendre à cette opinion. J'ai penfé que les obfervations de 1761 &, 1769 ayant été faites pour la plupart par les mêmes Obfervateurs, & avec un foin égal, il ny avoit aucune raïfon fufhfante pour fufpecter ces premiers travaux. Les Aflronomes verront fans doute avec plaïfir que les oblervations de 1761 & 1769, conduifent toutes aux mêmes conféquences: j’ajouterai que mes réfultats fe rapprochent beaucoup de ceux que l’on conclut des obfer- vations de la parallaxe de Mars, faites en 1751 ; d’ailleurs ils confervent les diamètres du Soleil déduits des écliples de Soleil, & le mouvement des nœuds tiré de {a théorie. Cette dernière remarque m'a paru intéreflante pour aflurer à ce travail la confiance des Savans. MÉMOIRE DES SCIENCES. 337 MÉMOIRE DOUPRO TE CA QUANTITÉ DE LA PRÉCESSION ‘DES ÉQUINOXES. Par M. DE LA LANDE. À A véritable quantité de la préceffion des Équinoxes influe fur toutes les recherches de l'Aftronomie, aufli a t-elle été louvent difcutée ; cependant il y refte encore un petit degré d'incertitude: les obfervations les plus anciennes étoient trop peu exactes, les modernes étoient trop peu éloignées ; voilà pourquoi l’on a varié fans ceffé fur cet élément effentiel de prelque tous nos calculs. M. Caffini, dans fes Tables aftronomiques, fuppofe Ia préceflion, en cent ans, 192 s'43":; mais les diverfes compa- raifons que l’on trouve dans fes Ælémens d'Afironomie, lui donnoient des rélultats fr différens, qu'il étoit porté à foupçonner que le mouvement apparent des étoiles s'étoit rallenti {page 49). Flamfteed dit qu'en comparant fes obfer- vations avec les anciennes , il trouvoit le mouvement d’un degré en foixante- douze ans, ou la préceflion féculaire 1423/20" { Hif. cél. Proleg. p. 162 ) ; il fut fuivi en cela par Halley, dans fes Tables aftronomiques. M. de la Caille l'augmenta dans fes Tables des Étoiles, imprimées en 1757, (p. 6), & la fuppofa de 1423" 55". Mais M. de la Caiïlle n'ayant point rendu compte des fondemens de fa détermi- nation, il reftoit à favoir s’il y avoit employé autant d'obfer- vations qu'il étoit à portée de le faire: d’ailleurs, il n’avoit pas calculé les lonigitudes de toutes les Étoiles qu'il avoit déterminées par des hauteurs correfpondantes , au lieu que jai donné toutes ces longitudes dans mon Affronomie. Telles font les raifons qui mont déterminé à examiner ce qui Men, 1781. Uu Mai 1731. 338 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE rélultoit des obfervations de M. de a Caille pour la préceffion des équinoxes, en les comparant fur-tout avec celles de Flarmfteed. Les plus anciennes obfervations que l'on puife employer dans ces recherches, font celles d'Hipparque & de Timocharès, fur l'épi de la Vierge & le cœur du Lion, rapportées dans l'Almagefte de Ptolémée; elles donnent, fuivant M. Caffini (page 47), $0"-4&1" par an, ou pour un fiècle 14 24/ 28"; mais ces oblervations font en trop petit nombre, & l’on a tout lieu de foupçonner que les belles Etoiles ont un mou- vement propre qui doit altérer les réfultats qu'on voudroit tirer de ces obfervations. Celles de Ptolémée donnent, fuivant M. Caflini, s246!, c'eft-à-dire par fiècle 14 27’ 57"; mais je crois avoir prouvé que le Catalogue de Ptolémée ne peut fervir, qu’en Ôtant 24 40' de toutes fes pofitions, & les rapportant au 24 Sep- tembre 125 avant l'ère vulgaire { Mem. 1766, page 468), C'eft aloïs le Catalogue d'Hipparque retrouvé malgré fon Commentateur; & le réfultat de mon travail fur la préceffion, fera une nouvelle preuve de mon fyftème, puifque par ce moyen les anciennes obfervations donnent la même préceflion que celles du dernier fiècle, 50 fecondes + par année. Plu- fieurs obfervations calculées dans les Élémens de M. Caffini, exigeront des corrections, à railon de l'excès de mouvement que les oblervations de Piolémée lui avoient fait adopter. Il eft vrai, que felon les apparences, Hipparque n’avoit déter- miné immédiatement que les principales Étoiles, en forte que les autres dépendent de celles-là; mais les petites Etoiles étant moins expolées à ces mouvemens propres ou à ces déplace- mens phyfiques qu'on remarque dans Aréurus , Sirius, -Aldeluran, je prétère des Eioiles moins brillantes, & qui paroiffent, avoir mieux confervé, par rapport à nous, leurs véritables fituations. Je préfère aufli celles qui n’ont pas de grandes latitudes, parce qu'elles étoient plus faciles à obfer- ver fur l'afirolabe d'Hipparque, & qu'il devoit y avoir moins d'erreur à craindre fur les longitudes, DE SNS CALIENN CHEJS. 339 J'ai donc pris vingt Étoiles dans le Catalogue de Piolémée, j'ai retranché leurs longitudes-de celles qui font pour 1750; dans le Catalogue de M. de la Caille, la différence moyenne augmentée de 24 40', m'a donné le mouvement pour dix- huit cents foixante-dix-neuf ans; d'où j'ai conclu le.mouve- ment féculaire 14 23" 36". Mais il y a une inégalité dans la préceffion, qui fuivant mon dernier Mémoire fur l’obliquité del'Écliptique (1780) doit être de 22” au temps d'Hipparque, & de 7,8 dans notre fiècle; ainfr la préceflion pour ce fiècle-ci, d’après les obfervations d'Hipparque, doit être 19 25’ 51", ou en rejetant fix Etoiles qui s'écartent de plus de 1$ minutes du réfultat moyen, 14:23! 52". J'ai pris enfuite une centaine d'Etoiles dans le Catalogue de Tycho-Brahé, & après en avoir rejeté trente, dont les différences s'écartoient de plus de 2 minutes du réfultat moyen, j'ai trouvé la préceflion pour cent quarante-neuf ans, 24 4 35", ou pour un fiècle, 14 23" 37"; & ajoutant 1” pour l'inégalité, elle fera pour ce fiècle-ci, par les obferva- tions de T'ycho-Brahé, 1423’ 38"; voilà donc une différence de 14" entre les réfultats des obfervations d'Hipparque & de celles de Tycho; mais cette différence n’a rien qui doive furprendre, vu l'imperfeétion des anciennes obfervations, & des réfractions dont on ne peut tenir compte. Je crois que la difficulté peut être levée par les obfer- vations & le Catalogue de Flamfteed : elles ne font éloignées à la vérité que de foixante ans de celles de la Cailee; celles d’Hipparque le font trente fois davantage; mais la precifion de celles-ci eit moindre dans le même rapport, car on trouve fouvent des différences de 15 minuies dans les rélultats d'Hipparque, & elles ne font que d: irente fecondes communément dans les réfultats tirés de-Flamifteed. D'ailleurs les grandes difparates font plus fréquentes dans l’ancien Cata- logue , & l'incertitude que nous avons iur.fa date, doit nous faire préférer les obfervations modernes, Il vaut donc mieux fe fervir des obfervations de Flamfteed que de celles d'Hipparque, pour conflater la préceflion des équinoxes, Uu iï 340 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyaLe - H'en eft de même des obfervations de Tycho-Brahé : elles font deux fois & demie plus éloignées que celles de Flamfteed, mais elles ont quatre fois moins de précifion, cat les erreurs ordinaires qui vont à deux minutes pour les unes, font à peu - près de 3o fecoïdes pour les autres; encore font-elles bien plus fréquentes dans le cata- logue de Tycho. Aïnfi l'on peut dire également que les obfervations faites à la fin du dernier fiècle, avec des lunettes, font préférables à celles de Tycho-Brahé, même pour les déterminations des longues périodes, comme celle de la préceflion des équinoxes. J'ai donc pris environ deux cents longitudes du catalogue de Flamfteed , je les ai comparées avec celles du catalogue de M. de la Caille, & rejetant les différences qui s’écartoient de la moyenne de plus de 30 fecondes, j'ai eu cent trente rélultats dont le milieu eft 50" 15" pour foixante ans, & pour un fiècle 14 23! 45". È Dans un autre calcul, j'ai pris deux cents treize Etoiles dont on verra la Table ci-après, & je n'en ai rejeté que quarante-une où la différence éioit de plus d'une minute; jai appliqué à Ja préceflion de chaque Etoile , le mou- vement en longitude, fuivant la iable qui eft dans le quauième volume de mon Aflronomie; Île milieu entre cent loixante-douze Eioiles m'a donné 50" 17",1, ce qui fait par fiècle 14 23! 48",5 ; la difiérence eft aflez petite pour faire voir que les oblervations de Flamfleed donnent toujours à très-peu près la mème préceflion, de quelque manière qu'on les emploie, Je m'en luis donc tenu à fup- poler la préceffion de’ 50" # par année: ce réfultat ne diffère que de 7 fecondes par fiècle, de celui que donnent le catalogue d'Hipparque & celui de Tycho, & il tient le milieu; ainfi je ne vois pas qu'il y ait de difhculté à l’adopter & à fuppofer la précefhion 19 23° 45" dans ce fiècle-ci, ou exactement $0"+ par année. Si donc la durée de l'année tropique eft de 365i 5" 48! 48", celle de l'année fydérale fera 365 6° 9! 11",56, DIET SMESLEN 11 Et NCCE Si 341 comme je le ferai voir dans un Mémoire fur la durée de l'année folaire, Mémoires de l'Acudémie, 1782. Si l'on veut avoir la révolution entière des points équinoxiaux , il faut y ajouter 8 fecondes qui eft fa quantité dont les attractions des Planètes diminuent la pré- ceflion dans ce fiècle, & l'on aura 14 23 53" pour fa préceflion moyenne ou luni-folaire, ce qui donne pour la rcvolution entière des points équ'noxiaux Vingt - cinq mille fept cents cinquante ans. F Au moyen du grand nombre d'Étoiles que j'ai employées, priles dans toutes les parties du ciel, j'ai évité dans mon calcul l'effet des variations en longitudes des différentes Etoiles; car les unes font en plus, & les autres en moins, elles doivent donc s'évanouir fur le grand nombre; je les ai cependant employées dans la [l'able fuivante: mais s’il y avoit quelque erreur dans cet élément, elle dilparoïroit à raifon du grand nombre d'Etoiles, J'en ai trouvé beaucoup qui donnoient une ou deux minutes de plus ou de moins, foit qu'elles aient eu un mouvement propre, foit qu'il y ait erreur dans le catalogue de Flamfteed ; car les politions actuelles font affez bien conf tatées. L'Fioile n du Serpent donne 7 minutes de moins, mais cet évidemment une faute dans le catalogue Britan- nique , car celui d'Hévélius, donne pour ceiie Etoile, une longitude qui ne diffère pas de 2 minutes de ce qu'exige la préceilion trouvée par les cent trente longitudes dont je viens de parler. Il donne pour 1690, 9! 1422’ 14",au lieu de.of 14 31° 3”, qu'on lit dans le catalogue Britannique. A l'égard des différences d’une ou deux minutes, on pourra décider d’où elles proviennent, lorfque dans une trentaine d'années on aura déterminé les longitudes des Étoiles avec autant de préci ion qu'elles l'ont été il y a trente ans, par M." Bradley, le Monnier, {a Caille, Mayer; dont les cata- logues formeront à jamais une époque décilive & importante pour les pofitions des Étoiles On verra dans la Table jui- vante quarante-une Étoiles marquées d’un aftérifque (*) ; ce 342 MÉMoiREs DE L’ACADÉMIE ROYALE {ont celles dont le mouvement diffère de plus d’une minute de Ja quantité moyenne 50! 15". Après la colonne qui défigne les Étoiles, on voit celle qui donne la différence des longitudes prifes dans les deux Catalogues, ou le mouvement pour foixante ans; dans la troifième colonne, on trouve ce mouvement réduit à fa. quantité moyenne, qui auroit lieu fans les attractions des Planètes fur la Terre; enfin, dans la quatrieme colonne, on voit de combien ce mouvement difière de $0’ 15" qui devroit avoir lieu pour toutes les Etoiles, s’il n’y avoit ni erreur dans les obfervations, ni mouvement propre dans plufieurs de ces Étoiles, & j'ai marqué, comme je l'ai déjà dit, les quarante - une Éioiles où la différence furpaffe une minute, pour qu'on aperçoive les politions qui méritent d’être dilcutées par de nouvelles obfervations. Les autres donnent pour le mouvement féculaire de {a préceflion 14 23! 45", & je ne crois pas qu'il y ait $” d'incertitude dans ce rélultat. TABLE des changemens de Longitude obfervés fur deux cents treige Etoiles, dans l'efpace de foixanie ans. REA DE VS CL OL CAT 22 €: CAN. LUE ICE 2 EMEA SESEREEE NOMS DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE( corrigée |[DIFFÉR. des de Îa É APPARENTE. | VARIATION | à $o’15", DAOMEELATELS: féculaire, EEE EURE LEE SENTE OP EE NEED PERSO TaRag Ts |. pidelPésale Het ARE 50 39° À ép. d'Andromède..... SE Fe 0e a de Caffiopée........ 48. ‘46. @ dela Baleine. ....,... S 0, be y de. Cafiopée. « 1e... ABUS 2 B d'Androméde.. . ..... CAE ES », de fa“Baleine. ...... $°» 7e 8 queue de la Baleine . :. SOMMES æ du'Triangie.t ... 2". . 2-18: y du Bélier... 50: 1309. PB, du, Bélier... Jos SO. 43% 7 d'Audromède...,s. 49% 0. PE OS secs mqneeneee eeeeseeeeeeœtt $ DIFFÉRENCE ; DIFFÉRENCE corrigée d de la APPARENTE, VARIATION féculaire. æ des Poiffons......... so Mon To atdu Bélier et. B: du Triangle......... y du Triangle......... changeante de la Baleine. d\ de fa Baleine......., « de {a Baleine........ 49 AUS. 41404: 49e y de la Baleine........ 50- 1.14] 49: 21:58. boréale du Lys........ so. MAS ge AINISIEe. 2, auftrale du Lys.........| 50. 58. ST- o. æ de la Baleime........ 510 111 215) sa 100212. BNde Perféetst.. 4 HR PET ON AM Ee A de T'Éridan,. et ul So: strips A|* 150: ture æ de Perfée.......... 49e US SO. o. ende l'Éridan.. «tt: 112 ADEME 2e 4 | 407 S- dde Perféetn. 1.157.100. A9 MUA6. 40e (Nsior b Electra des Pléiades...| 50. FA RS er 6. S de l'Éridan. ...…..... CRE PANETRNE Ot » Alcionc........... 419. 1h515e 2 | 49. - «66e f Atlas, Pléiades...... 50. AVAL Ot FE Ede Penée rt MO RIONAELe CPE CRE NT SRE # de Perfée....,...... 50. o. | 50. 3° 1 de l'Éridan.. ........ 49-4045 0|49. NT æ40 PrÉridan 7... s9- 26. so: 19 o de l'Éridan. ........ so 25 so 20 PAUNTAUrC AU, Le ietsdoloe s° 48 so A7 du Taureau, précéd....| 50 55 so s5 d du Taureau, fuiy..... 5° 27 VUS C0 837 s'éduilaurenu: 21-1101 de) 47 $o 47 æ du Taureau, Aldébaran.| so 45 s° s la $ 3.° de l'Eridan.. .... 49 57: | 49 si la $4.° de l'Eridan.. so 20: ANMSO 13 ; du Taureau....:.... s° $° 5° $ B de l'Éridan. . 1: 2.210 50 21. | so 19 RtChevre 1e LL so xrtf «so 12 B d'Orion, Rigel...,..,.] 50. 23. | 50. 21. 344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE NOMS , des ÉTOILE S. du Taureau. Et d'Oran RME d'Oran er cnes-te duibievrenRe ER nr d'Orfgnere-c ps... durévrer test du Tanreaus -Ut1 1.04 MOTTE ESS. batere d'Ononasst . Em LORS LRU Orion sets. ere ele DLrve me DIR SE ze D L'OrON LA. rate main du Cocher...... des Gémeaux... 1.1. des Gémeaux... ,.... du grand Chien...... IDR s SR sudes Gémeaux. LEE JESUS AIO 46 br N 4 des Gémeaux........ d y du grand Chien...... 1 À des Gémeaux......., H &« des Gémeaux... ...... H ventre de la Licorne .. H B des Gémeaux........ BRdUCAMNCERE rite dr adu Caicernee eee : D 'dul Cancer tent 4, | : de la grande Ourfe.... &. de l'Hydiee. ARE æ du Canecrs te Er % de a grande Ourfe.... DIFFÉRENCE APPARENTE. du: Gachent: ml SR LE M 1e a RE des- Gémeaux... .... Ü 8 du petit Chien EX OR TUE $6” s°- 12. 28. SZ: 45 8. 2 4e 53. 48. 32« 2. Er 8. | 53- 132: #0 3 SS- 2 $* 50: 35« S- 10. 22 72 AL 4 20. S 2: 20. se T9 4. 21. 49. 21 6. 57: 12. 6. 9: 40 2% F2, 4. #3 29. 36. HOT 47: 29. 8. $ DIFFERENCE corrigée de la VARIATION féculaire. 12, 4 6. 9. 35° * 106. 20. 8. 14. w: CRE FE TL NET Ed TT Fe ETES CE D LT PRE CD GENRE LE PA SI ÉCRIRE me A NOMS DIFFÉRENCE é DIFFÉRENCE| corrigée des de la É APPARENTE. VARIATION DROPIECRERSE fécufaire. a cœur de l'Hydre ..... So #29 8 de la grande Ourfe.... PR 0 o fur le pied du Lion ... ADS ERA ONE era. +) tete DE SO ONE, ARAUTION Le ee aloele ele so. I MAINS ect $o. Réoulus PRE tu tes) anohe lite 49: 52. Cd one ee Eleteret. tee so. 7. Jan Lionel. els. So. 1430: pdu Lions. :.. se. $0- o. B de la grande Ourfe.... SONATA æ de à Coupe ........ AGO DA Lio: DOME SON AE 4 du Lion...... Bret so. 1e Pan ends. it 49° 0 VAT B dela Vierge, aile auftr.. 50. 2 e du Corbeau........ 49. 48 du Corbeau... :. 2.15. 49. 33 nide da Vierge ......,.. ADOPTE 9) du Corbeau... ....... 410-120: Bdu Corbeau... Fiplo els rt y de Ja Vierge : .... 7 PCR 1) d dela Viage........ ADS ES À ÉnndelCharles- tt re aseRRmIE more lhes eee < 2 de Ja Vierge ......,. 49. AIT 0 de la Vierge ........ SONO: médeHydress MEL, AD LACS æ de la Vierge... ... DNS IE Crderla Vierge. . 1e. : ROLE) n de la grande Ourfe .... SO 02 » du Bouvier...., s à Fotos x de la Vierge. ....... AY. 40: MAIS Se Ne re Dale ee SON ATe à de la Vierge. ....... AO ST: vidu Bouvier: - -'ou der so. 30. du Bouyiern. se SEE 8 Mém. 1781 X x 346 MÉMOIRES ! DE L'ACADÉMIE RorALE IDIFFÉRENCE ANS DIFFÉRENCE corrisée des de Ya APTARENTE. VARIATION PT'O I LES féculaire. « du Bouvier... ..... al 4% æ« de la Balance... ..... 49. 12 y du Scorpion ...,.... 49. 44 BMdetla Balance, -chel.ter 49. . 28. DdunBouvier dt merietetl. 49. 17%: y de la Balance. -.:.:. 49. 43. d' du Serpent. ... so. 13. a de la Couronne ...... 50. Te a du Serpent......... So: B du Serpent ......... Los x du Serpent......... 49 sie e du Serpent RDS RE 0 50. de du Serpent......... 50- 3 Y 3 Ÿ du Scorpion -....... 49: 6. B du Scorpion REA E EAU 49. F2 y du Scorpion ....... 49. 2: S d'Ophiucus.......... so. 16. e d'Ophiucus... ....... o. DL: Pre es SOA EEEUE SO MMIAA - PadiHerelent. taste qe 16. : t & d'Ophiucusee tes aa so. 1N20. HNUTOS & d'Hercule..... 5 4 2. 4. SI. SE HI d'EHcrente Nr IS 20 COURTE idiHeteuteser EE t S RE 26. y d'Ophiucus ......... 1ÉONN PNG PR ENCN E IéTCUIER Et te ete 2e 49. 19. 3 d'Ophiucus...... CE PE 9. sine 9. aId'OpPRIIEUS NET let 4 $0- 9. B& dOphiucus.. ...... 50. pie PUd'OPHUGUN ENT E LNÉETEUERE EEE" . du Serpent Eee er te y du Sagittaire, fui . . æ du Sagittaire ,....,. 5 ld'Hereule:. MALE st. DES STAR SUNEN ES A 347 NOMS DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE corrigé |DIFFÉR. des de la À £ APPARENTE. VARIATION à $o’15". É TO 1:L4E.S. {éculaire. j ! Ÿ du Sagittaire s 4 2 s0° s2" 37 HiduScrpenteitet.304 2". 6 $3- AN ae) A: du Sagittaire... ....,. 420.045 0.1Hri0t se CCS CE PHARE : . Sie Mu osNet ze ® du Sagittaire. ....... 50. . 40. 21e s du Sagittaire. .... De so. 31. 1 6% ENde Na Eyres Ce .k 40%. 1241 sit 0 du Serpent, précéd... 49. .: 53 223 dt MEyren de. 36. £hde l'Aigle: ....4, LÉ ETS y dela Lyre.. , Ste ZMEU Sagittaire. -\ee).2" 62. Tr du Sagittaire. ....... 29 IT TO SO OO SE 92. dde Atplel).. REG 18. z du Sagittaire. : T2 d de Aigle RONDES CE MIT . . 39: } B du Cygne METRE SE. 3 : 4. 79+ É Hd'Aprinonss ls. £ à ; : 16. Atde datbléche Lau. . 4 : = 34 yade l'Aigless .. 5... ; 5 Ë 10. d du Cygne MCE HE ; : : F 95: æ de l’Aigle. 89. # d'Anrinvns ARTE CET ; : 5 é 2e Bude l'Aiples....1 .... 2 ; ‘ : 4. Rd Artmonse te Le ere 0 de : 5 à 4 de æ du Capricorne, fuiv.. 36. & du Capricorne. ...... 50. HAAUICYENE "RASE $9- e-du Dauphin......... 26. & du Dauphin. .....:.. 19. Bldu Dauphin. M0 34. æ du Dauphin......... 38. d -du Dauphin. ...... He. 24. æudu Cygne: 40 00E 2 y du Dauphin........ . 33° 348 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE EE AS DIFFÉR. € ja É APPARENTE, VARIATION | àso’15”. TOILES féculaire, serre A o” ri OLall | FiBres & du Cygne.-......... 9. a Le. I 5 a du petit Cheval...... 6. $0+ x2e 2e e de Pégafe...,....... Ta 50° 1 49: 34: B du Verfeau....... SR : o. 19. : : 7 5 9 4 y du Capricorne....... BH) ere 48. & de Pégafe.......... 9. 50. 36- 21% H du Cygne.......... de: IESOMMRESIOE 41. du Capricorne HE 0 à 4. 49e 12: *X G2, a du Verfeau.......e. à 49 SIEe DA y du Verfeau.......... SO RO: S- ê de Pégafe e eee als violet 50. 42. 27° »n de Pégafe.......... SO: NA 26. At du Veriean -. pit $0. Fe 18. d du Verfeau......... 49 4. 2e æ du Poiffon auftral. . ... st. 26. | * 71. o d'Andromède....... 49. 46. 29- B de Pégafe Mi tatete CRIE é s°- 7e 42. a de Pégafe...... anale s1 6. ST e du Verfeau.....,.:. so 10. $ « d'Andromède........ o : B de Cafiopée......... : Aa #4 DES ScrENCEs 349 nes MÉMOIRE CONTENANT LES OBSERVATIONS DES DEUX COMÈTES DE 1781; Obfervées à Paris, de l'Obférvatoire de la Marine (a). Pa M MESSIER. Première Comète de 1781. por Comète fut découverte à Paris, la nuit du 28 au 29 Juin 1781, par M. Méchain , Affronome Hydro- graphe de la Marine /b), près de la tête de la grande Ourfe, entre les Étoiles y & A de cette conftellation : je n'en fus inftruit que le 30, à l'Académie, par M. de la Lande qui s'étoit chargé de l'y annoncer; il en donna la pofition pour le 28 Juin, à 13° 27 so" de temps-moyen, l'afcenfion droite de la Comète, étoit de 146 49’ 8", & fa déclinaifon 624 29! 26” boréale. Le jour de cette annonce à l’Académie, le ciel étoit parfaitement beau, mais la Lune étoit fur l'horizon; je cher- chai la Comète avec une lunette de nuit, d'un pied environ . de foyer, je la trouvai fans beaucoup de peine & de recherche : elle paroifloit fans queue, & reffembloit à la belle nébuleufe que j'avois découverte le 18 de Mars de la même année, entre le genou & la jambe gauche d’Hercule; j'en ai rapporté a pofition dans mon catalogue des Nébuleufes, inféré dans la Connoiffance des Temps de 1784, fous le n.° 92. (a) Ce font les xIx.° & xx.° | l’Aftronomie de M. de Ia Lande, Comètes que j’ai obfervées de l’Ob- tome II], page 266, & torie IV, fervatoire de fa Marine: les Lxv1.° page 704. & LXVIL.® qui ont été calculées, en fuivant la Table des orbites des (b)_ Aétuellément de l'Académie Cométes | qui eft rapportée dens | des Sciences, 350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE .. Comme la Comète paroïfoit à une grande hauteur, ayant environ 601 de déclinaïlon boréale , ce ne fut pas fans peine que j'y pointai ma grande lunette achromatique, montée fur fa machine parallactique, & garnie de fon micromètre à fils : je comparai la Comète plufieurs fois à différentes Étoiles qui sr'avoient pas encore été déterminées; pour les connoitre, jen obfervai plufieurs, afin de les lier avec l'étoile 8 de la grande Ourte, j'y réuffis; maisje regarde ces obfervations ou déterminations comme un peu douteufes, à caufe du peu de commodités que j'avois pour les obferver; de plus, le micromètre qui étoit adapté à la lunette, n'étoit pas parfaite- ment placé fuivant le parallèle des Étoiles: de ces obfervations, j'ai cependant déduit la pofition de la Comète à l'ésard d’une Étoile de la huitième grandeur; je l'ai rapportée dans fa feconde ‘Table des pofitions des Etoiles qui eft à 1a fuite de ce Mémoire, fous le ».” €; le 30 Juin, à 10" 53’ 1" de temps vrai, la Comète précédoit l'Étoile #.° 6 au fil horaire du micromètre, de 41 41’ 45". La Comète étoit fupérieure à l'Etoile de 39" 46”. La même nuit du 30 Juin au 1.” Juillet, la Comète fut encore obfervée & comparée direétement à 8 de la grande Ourfe, en employant à cette obfervation, un autre inftru- ment qui étoit une lunette ordinaire de 3 pieds + que j'avois employée autrefois à l’obfervation des Comètes, & qui étoit fur une machine parallaétique : voici lobfervation faite avec cette lunette. Le 30 Juin, à 12° 10! 42" de temps vrai, la Comète précédoit l'Etoile 8 au fil horaire du micro- mètre, de 101 59/45"; la Comète étoit fupérieure à l'Étoile, de 1427 12°, ces différences étant Otées de la pofition de l'Étoile, donnent celles de la Comète, afcenfion droite, 15117" 34", déclinaifon 594 o' 3" boréale, Je ne rapporte ces détails que pour ces premières obfer- vations, l’on trouvera les autres dans deux Tables que j'ai placées à la fuite de ce Mémoire; dans la première, les déterminations de la Comète en afcenfion droite & en déclinaifon pour chacun des jours où elle a été obfervée ; & DUEUS USNCUT EN. CE: S 351 dans la feconde Table, les pofitions des Étoiles, foit de celles qui étoient déjà connues, foit de celles que j'ai détérminées par de nouvelles Rif Les , & qui, pour la plus grande parie, ont été employées à la détermination des lieux de la Comète. Je n'y ai fait d’autres réduétions que celles qu’on trouve dans les Catalogues, fous le titre de Variation annuelle. Le 1.” Juillet, beau temps, la chaleur étoit très-grande, le thermomètre marquoit 27 degrés à deux heures de l'après- midi; le loir j'obfervai la Comète, & je la comparai direc- tement à deux étoiles de la grande Ourle, la trente-fixième, de cinquième grandeur & & de la andes jai rapporté la pofition de la Comète qui a réfulté de ces deux Étoiles, dans la première Table qui eft à la fuite de ce Mémoire. Le 2 , beau temps, à l'exception de quelques légers nuages ; la chaleur avoit été la même que la veille. Le foir, la Lune étoit fur l'horizon, fa lumière m'empècha de reconnoiître ff la Comète augmentoit ou diminuoit, mais fon mouvement en déclinailon étoit augmenté : je comparai le noyau de la Comète à la quarante- quatrième Étoile de la grande Ourfe, & à une Étoile nouvelle, de neuvième grandeur , que jai rapportée dans la feconde Table, fous le 7.” 28. Ces deux Étoiles furent comparées à d'étoile y de la grande Ourfe, de feconde grandeur: par ces obfervations je reconnus que la polition de la quarante-quatrième Étoile étoit mal déterminée en afcenfion droite dans le grand Catalogue de Flimftéed; le Catalogue donne 1 1 minutes de moins que ce qu: j'avois obfervé. Le 3, le ciel avoit été couvert une partie de l'après-midi ; le foir, vers les fix heures, il étoit tombé une pluie d'orage, & le tonnerre {e fit entendre; le ciel enfuite s’éclairciten partie; je vis la Comètequi étoit fur le parallèle de l'étoile 8 de la grande Ourle, mais éloignée en afcenfion droite de plus d’une heure de temps , n'y ayant pas d'autre Étoile intermédiaire de connue; j'obfervai au fil horaire du micromètre le paflage de 0, & j'attendis enfuite celui de la Comète; mais quelques minutes avant {on paflage au même fil horaire des nuages furvinrent 352 Ménoires DE L'ACADÉMIE ROYALE & la couvrirent de manière qu'il ne fut pas poffible d’obferver fon paflage, je la vis cependant encore dans le champ de la lunette ; j'eftimai fon paffage au fil horaire, ainfi que fa différence en déclinaifon; mais la pofition de la Comète que j'en ai déduite dans la première Table, doit être regardée comme douteule. Le 4 Juillet, beau temps le foir ; la Comète fut comparée à une Etoile eftimée de la neuvième grandeur, & cette Etoile à l'étoile 4% de la grande Ourfe, qui m'a fait connoître fa pofition & enfuite celle de la Comète : j'ai rapporté celle de l'Étoile dans la feconde Table, fous le ».° 9, & celle de la Comète dans la première Table. Le $, beau temps le foir; je comparai la Comète à trois Étoiles qui n’avoient pas été données dans les Catalogues ; pour les déterminer, je les comparaï à l'étoile + de la troifième ou quatrième grandeur, qui appartient à la conftellation de a grande Ourfe : ces trois Etoiles, avec lefquelles la Comète futcomparée, me donnèrent fa pofition ; on la trouvera dans la première Table, & celles des trois Etoiles dans la feconde . fous les n° 8, 12 d 75. Le 6, le ciel en partie couvert le foir, je vis la Comète dans des intervalles de nuages, & je la comparai à deux étoiles connues & & +} de la grande Ourfe; la pofition de la Comète qui a rélulté de ces obfervations, eft dans lapre- mière Table, Le 7, beau tempsle foir, jufque vers les ro heures, que le ciel fe couvrit; avant que le ciel fut couvert je comparai fa Comète à une Étoile de la fixième grandeur, que je reconnus être la quarante-feptième de la grande Ourfe : cette comparaifon faite, je voulus enfuite comparer la Comète à l'étoile y de troi- fième grandeur, qui étoit fur fon parallèle; les obfervations furent commencées par le paffage de l'Étoile au fil horaire du micromètre; mais deux minutes avant celui de la Comète au même fil, le ciel commença à fe couvrir, & fut entièrement couvert peu de temps après » de manière que cette compa- reilon ne put avoir lieu, : | Le DES SCIENCES. 353 Le 8, beau temps en grande partie le foir; Ia Comète paroïfloit aflez belle à la lunette, fans apparence de queue ; le noyau étoit brillant, environné d’une grande nébulofité ; avec un peu d'attention, lorfque l'œil éroit bien dirigé vers la Comète, par le moyen du tuyau de la lunette on la voyoit à la fimple vue, mais bien foiblement. Je comparai la Comète, trois fois à l'Étoile cinquante-unième de la grande Ourfe, de feptième grandeur: j'en ai rapporté les pofitions dans la première Table. Les 9, 10 & 11 Juillet, le ciel fut couvert les foirs ; le 12, le ciel affez beau jufque vers neuf heures trois quarts, qu'il commença à fe couvrir ; mais auparavant je comparai la Comète à deux Étoiles qui n'avoient pas encore été déterminées; pour avoir leurs pofitions je les comparai à la cinquante-troifième Étoile du petit Lion, cinquième grandeur: je les ai rapportées lune & l’autre dans la feconde Table des Étoiles fous les n,°° 1 8 & 19. Le 13, le ciel en partie couvert le foir, dans les inter- valles des nuages je vis la Comète; le temps n'étoit pas fuffifant pour qu'on pût la comparer à des Étoiles connues: cependant un intervalle des nuages plus long me donna le temps de la comparer à deux Étoiles que je reconnus les jours fuivans; l’une de ces deux Étoiles étoit la feconde de la chevelure de Bérénice, fixième grandeur; l'autre étoit nouvelle, eftimée de la huitième grandeur ; les pofitions de lune & de l’autre font rapportées dans la feconde Table, la nouvelle eft fous le ».” 1 8 : les pofitions de la Comète dé- duites de ces deux Étoiles, font dans la première ‘l'able. Le 14 Juillet, beau temps le foir, la Comète étoit très- belle, fa lumière brillante, fans apparence de queue : je comparai le diamètre du noyau à un des fils du micromètre, je trouvai qu'il répondoit à 9 fecondes de degré, & celui de la chevelure à 2’ 45':il ne me fut pas potlible d’aper- cevoir la Comète à la vue fimple ; avec une lunette de nuit on k voyoit très-bien : je comparai la Comète, plufieurs dois, à l'Étoile quatre-vingt-fixième, fixième grandeur, du Mém, 1781, X y s 354 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe Lion: dans la première Table j'ai rapporté deux détermi- nations de la Comète déduites de cette Etoile, Le 15, beau temps le foir; la Comète paroifloit moins belle que la veille, ce qui pouvoit provenir de ce que le ciel étoit plus chargé de vapeurs : la Comète fut comparée à trois Étoiles bien connues, qui appartiennent toutes trois à la conftellation du Lion ; favoir, 8 troifième grandeur, B deuxième grandeur, & la quatre-vingt-huitième. La pofi- tion de la Comète qui a réfulté de ces obfervations, eft rapportée dans la première Table, Le 16, très-beau temps le foir ; je reconnus que la Comèté perdoit fenfiblement de fa Inmière: je comparai le noyau à deux Étoiles qui n’avoient pas encore été déterminées, eftimées de fixième & de feptième grandeur; pour connoitre leurs pofñitions elles furent comparées, au moyen d'une Etoile intermédiaire, à l'étoile : du Lion, quatrième grandeur ; j'ai rapporté ces pofitions dans la feconde Table, fous les n° 21 & 24, & celle de la Comète qui en a rélulté dans la première Table. Le 17 Juillet, je vis encore la Comète, mais fans en ouvoir déterminer le lieu, à caufe d’une mafle de cheminées élevées de plufieurs degrés au-deflus de l'horizon, à l'occident de mon obfervatoire, & derrière laquelle la Comète s'étoit abaïflée dans un crépufcule encore confidérable : ainfi ma dernière obfervation fur cette Comète, efl celle que je viens de rapporter à la date du 16 Juillet, Si je m'étois déplacé pour mettre mes inftrumens dans un lieu plus élevé, afin de voir l'horizon, j'aurois peut-être obfervé la Comète quelques jours de plus; mais je voulois revoir à la fortie des rayons du Soleil, la nouvelle Planète d'Herfchel , avec la même lunette qui avoit été employée aux obfervations de la Comète : le 18 Juillet au matin, je cherchai la Planète dans un crépufcule déjà confidérable, lequel ne m'empècha pas de 1a revoir & de la comparer à l'étoile des Gémeaux, Ainfi, mes Obfervations de la Comète vont depuis le 30 Juin jufqu'au 16 Juillet, pendant lequel temps il y a eu . DES SCIENCES. 35$ quatorze jours d'obfervations & trente déterminations du lieu de la Comète. Je rapporte à la fuite de ce Mémoire deux Tables, dont Tune contient tous les lieux de la Comète, obfervés en afcenfion droite & en déclinaifon, avec les diflérences de paflage entre la Comète & les Étoiles, au fil horaire du micromètre ; de même les diflérences en déclinaifon entre la Comète & les Étoiles avec lefquelles elle a été comparée directement; ces différences font affeétéesdes fignes + & —, le premier indique qu’en ajoutant ces différences obfervées aux pofitions des Étoiles avec lefquelles la Comète à été com- parée, on aura celles de la Comète, foit en afcenfion droite, foit en déclinaifon; il en fera de même du figne moins pour les différences à ôter. La feconde Table contient les afcenfions droites & Îes déclinaifons des Étoiles; j'ai déjà parlé de cette feconde Table au commencement de ce Mémoire. Je joins aufli à ce Mémoire une Carte célefte que j'ai deffinée & conflruite d’après mes obfervations; cette Carte eft divifée en degrés d’afcenfion droite & en degrés de déclinaifon ; j'y ai rapporté les pofitions & les routes appa- rentes que les deux Comètes de 178 1 ont tenues parmi les Étoiles fixes; il fera aifé de juger à l’infpeétion de cette Carte, de la pofition de la Comète obfervée, & de celles des Étoiles qui ont fervi à fa détermination, je les ai ren- fermées dans un cercle; on connoîtra aufli les Étoiles par le modèle de leur grandeur que j'ai rapporté: on voit par cette Carte, que la première des deux Comètes, pendant la durée de mes oblervations, a paflé par la grande Ourfe, près du petit Lion, & qu'elle a ceflé de paroïtre dans le Lion, peu éloignée de fa belle étoile 8 de la queue. La feconde Comète a commencé à paroître dans le Cancer, près de l'Écliptique, elle s’eft élevée enfuite pour pañfer entre le Lion, le petit Lion & le Lynx, a traverfé la grande Ourle; & j'ai ceflé de loblerver le 6 Novembre au matin, près de l'étoile À qui eft à l'extrémité de la queue du Dragon. Yyi 356 Mémorres DE L'ACADÉMIE Rovyare On trouve dans la Connoiffance des Temps de 1784, page 365. des élémens de l'orbite de la premiére Comète, que M. Méchain a déduits de fes obfervations: les voici; Longitude du nœud afcendant...... DSC E CET NE Inclinaifon de l'orbite. ........... 81. 43. 26. Lieu du périhélie fur l'orbite. ..... 7e 29e 1Ie 2$e Diftance périhélie. . . ... DU 0 HET 0,775861. Pañage de la Comète par fon périhélie, le” Juillet 1781, à ........ 4 4h 41" 20".temps moyens mouvement direct. Cette Comète ne reffemble à aucune de celles qui ont été obfervées & calculées jufqu'à préfent, DES SCIENCES 357 4 AB LE ads Des lieux apparens de la première Cométe de 1781, comparée aux Étoiles fixes. ÉTOILES avec lefquelles la Comète a été comparée. DIFFÉRENCE droite Boréale en afcenfion obfervée. obfervée. droite par les Étoiles. | par les Étoiles, en déclinaif. SALON s2p *S2|1014 S2P S'N déterminée, de la gr. Ourfe. déterminée. de la gr. Ourfe. déterminées. + + + + + + + de la gr. Ourfe, déterminées, [tt+titi de Bérénice. déterminée, du Lion, déterminées. AN AN O 5 & Où 00 En 00 © NN NN Qrb #B "BB N] D N © © O Bu BR 0 EP 0 D RTE ES Trétllf Nota. La feconde obfervation de la Comète, le 30 Juin, a été faite avec une ancienne lunette ordinaire de 3 pieds £ de foyer. La pofiion de la Comète, rapportée au 3 Juillet, ne fut qu'eftinée, 358 MÉMofREs DE L’'ACADÉMIE ROYALE FE A"D'EMENMEE Contenant les afcenfons droites &° déclinaifons des Étoiles avec lefquelles la Comète a été comparée, leurs politions réduites au temps des obfervations. RSI SPC SC CEE LM ENT LE CI EE PE IE PSC CPE AUS ASCENSION| DÉCÉINAISON droite Boréale des Étoiles. des Étoiles. ÉTOIiLEs DES CONSTELLATIONS qui ont fervi à la détermination du lieu dé la première Comète de 1781. *Saftoz Sop anopuris) “S|LOÏY S2P 0° N de la grande Ourfe, Connoiffance des Temps. Comete comparée le 3, Juillet. Ë déterminée direétement paf ÿ de la grande Ourfe. déterminée par la mème. déterminée par la même. de la grande Ourfe , déduite de Flamftéed, . de la grande Ourfe, déduite de Flamftéed. Comète comparée le 1° Juillet. déterminée par 4 de la grande Ourfe. de la grande Ourfe, éomparée à B. déterminée par w de la grande Ourfe. déterminée par la 37.° de la grande Ourle. Comite comparée le 30 Juin. déterminée par la 37.° de la grande Ourfe. déterminée par x de la grande Ourfe. Comiète comparée le $ Juillet. déterminée par de la grande Ourfe. Comète comparée le 4 Juillet. de a gr. Ourfe, eflimée de a 7.° à la 8. grandeur.h déterminée par le .° 11 ci-deflous. : déterminée. de la grande Ourfe, comparée à la 37° déterminée par le n° # ci-deflus. Comete comparée le 5 Juifler. de la grande Ourfe, comparée à y. Comète com- arée le 2 Juillet. Co GO © 20 7 1 N] 9 0 L 1 a V ® Cm © NN EN Le] 4 & |dela grinde Ourfe, déduite de Flamfiéed. Comète comparée le 6 Juillet. 4 s4 |Îdu Lion, déduite de Flamftéed. 7 13 [déterminée par L de la grande Ourfe. 6 47 [dela grande Ourie, déduite de Flamftéed. Comète comparée Île 7 Juillet. 6 14 déterminée par le,” 10 ei-deflus. 2 B [de la grande Ourie. Comète comparée Ie 30 Jun aveC la lunette ancienne. 7 5x dela grande Ourfe, déduite de Flamftéed. Comète comparte le 8 Juillet. , 5 $3 [du petit Lion, comparée à la 54 du Lion. DES SCIENCES. 359 ASCENSION|PÉCLINAISON ÉTOILES DES CONSTELLATIONS qui ont fervi à la détermination du lieu de Ja première Comète de 1781. droite Boréale “Sato sp An2pues 1) des Étoiles, des Étoiles. D RER TRES à de la grande Ourte, déduite de Flamftéed, Comète Z & E & | # comparée le 6 Juillet. 2 A |du Lion, déduite de la Conn. des Temps de 1784. 3 & |du Lion, déduite de a Conn. des Temps. Comète comparée le 1$ Juillet. 8 15 [déterminée par J\ du Lion. 9 16 |déterminée par le 7° 75 ci-deflus, 8 17 [déterminée par le n° 9 ci-deflus. 8 18 |déterminée par da 53. du petit Lion. Comète , comparée le 12 Juillet. 9 19 [déterminée par la même 53° Comète comparée le 12 Juillet, 8 20 |déterminée par le »” 16 ci-deffus. 4 s |du Lion, déduite de Flamft. & de Tobie Mayer. 6 21 [déterminée par le #° 23 ci-deffous, Comète comparée le 16 Juillet. 8 22 |déterminée par fa 2.° de Bérénice. Comète com- parée le 13 Juillet. 9 23 [déterminée par : du Lion. 7 24 [déterminée parle ,° 21 ci-deflus. Comète comp. le 16 Juillet. 7 25 [déterminée par y de a grande Ourfe. Comète comparée le $ Juillet. 7 2 déterminée par le #.° 9 ci-deflus. 6 86 |du Lion, déduite de Flamftéed. Comète comparée le 14 Juillet. 6 88 {du Lion, comp. à 8. Com, comp. le 15 Juillet. 7 27 |déterminée par la Comète. 4 de Ha grande Ourfe, déduite de Flamftéed. 9 28 |déterminée par > de la grande Ourfe. Comète comparée le 2 Juillet. 2 & du Lion, Connoïffance des Temps 1784. Comète comparée le 15 Juillet. 10 29 [déterminée par x de la grande Ourfe, & par le n° 25 ci-deffus. 6 2 |de Bérénice, déduite de Flamftéed. Comète comp. le 13 Juillet. 9 30 [déterminée par la feconde de Bérénice, 360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Seconde Comète de 1781. LA feconde Comète de 1781 fut également découverte par M. Méchain, le 9 Oëétobre, vers les 4 heures du raatin, dans la conftellation du Cancer, près de l'Écliptique, & fur le parallèle de l'étoile A, quatrième grandeur; la Comète n'étoit pas alors vifible à la vue fimple, & on ne pouvoit la voir qu'avec des inftrumens ; fa lumière étoit très-foible, elle reflembloit à la nébuleufe qui eft dans le Lièvre, & que j'ai rapportée dans mon Catalogue des nébuleules, inféré dans la Connoïiffance des Temps de 1784, fous le n° 79, M. Méchain me fit part de fon obfervation le lendemain 10, & me donna la pofition de la Comète, qu'il avoit déterminée la veille ; à 4° 56" du matin, l’afcenfion droite étoit de 1264 40’, & la déclinaifon boréale 184 59’. D'après cette pofition, je cherchai la Comète la nuit du 40 au 11 Octobre, avec une grande lunette achromatique, montée fur fa machine parallaétique ; je la trouvai près de la nébuleufe du Cancer, fa lumière étoit extrêmement foible, & l'on avoit de la peine à diftinguer un noyau, c'eft-à-dire, une lumière plus forte au centre de la nébulofité; la lumière de la Lune pouvoit y nuire, elle étoit dans le voifinage de la Comète : après avoir vu la Comète avec ma grande lunette, j'effayai de la chercher avec une lunette de nuit de quinze pouces de foyer, achromatique & fort-claire, je l'aperçus ; mais pour la voir avec cette lunette, il falloit bien connoître le lieu du ciel où elle étoit, la nébuleufe du Cancer en indiquoit la pofition. La Comète fe trouvoit fur le parallèle de l’é- toile À, quatrième grandeur, du Cancer; pour connoître fa pofition, je la comparai direétement à cette Etoile, au moyen du micromètre à fils qui étoit adapté à ma grande lunette; à 15" 53" 49" de temps vrai, la Comète précédoit l'étoile J' au filhoraire du micromètre, de 14 2/. La Comète étoit fupérieure à l'Étoile, de 46’ 48"; de ces différences, & de la pofition de l'Étoile prife dans la Connoiffance des Temps de 1784, & réduite au temps de cette oblervation, ja déduit DES SCIENCES. 36r déduit Ja pofition de a Comète; afcenfion droite 1274 1” s4", déctinaifon 194 43 23" boréale : la même nuit, la Comète fut encore comparée à la même étoile À, & à une Étoile de huitième grandeur , dont le lieu n'avoit pas encore été déterminé, pour connoître fa pofition elle fut comparée à n du Cancer, fixième grandeur. Je ne rapporte ces détails qu’à cette première obfervation , comme je l'ai déjà fait pour la Comète précédente : on trou- - vera dans deux Tables qui feront à la fuite de ce Mémoire. 1. les pofitions de la Comète en afcenfion droite & en déclinaifon pour chacun des jours qu'elle aura été obfervée; 2.° les pofitions des Étoiles, réduites au temps des obfer- vations; n'y ayant fait d’autres réductions que celle qu'on trouve dans les Catalogues, fous le titre de Variation annuelle. Le 12 Oétobre, à 3 heures du matin, le ciel étoit beau ; j'avois commencé à comparer la Comète à la même étoile A du Cancer, lorfqu'à 3 heures + il furvint tout-à-coup un brouillard qui augmenta, & couvrit le ciel pour le refte de la nuit: ce brouillard empécha de déterminer le lieu de la Comète, Le 14 au matin, beau temps entre 3 & 4 heures; Ja Comète fe voyoit bien avec la lunette de nuit, mais il n'étoit pas poflible de l'apercevoir à la vue fimple; à la grande lunette achromatique on la voyoit très-bien, avec un noyau affez brillant, environné de nébulofité & une queue d’une très-foible lumière, qui s’étendoit vers l'occident : on apercevoit dans l’atmofphère de la Comète une Étoile télef- copique, l'Etoile & le noyau de la Comète avoient à peu- près la même lumière, la Comète en avoit cependant un peu moins : voici la pofition de cette Étoile télefcopique. Afcenfion droite 127 39! 33", déclinaifon 214 27! 52" boréale. La nébulofité qui environnoit le noyau de fa Comète avoit 4 minutes de diamètre, & l'étendue de la queue 8’ 23". La Comète fut comparée plufieurs fois à l'étoile » du Cancer, & à une Étoile nouvelle de la huitième grandeur, Mém. 1781. Zz 362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE jen ai rapporté là pofition dans la Table des Étoiles fous le ».° 2. Le 15 O&tobre au matin, le ciel fut parfaitement beau, Ia Comète étoit augmentée, plus apparente que la veille: lenoyau toujours peu confidérable, d’une lumière blanchâtre, environné de nébulofité avec une queue peu fenfible & dirigée vers l'occident : la Comète fut plufieurs fois comparée à l'étoile / du Cancer, quatrième grandeur, & à une Étoile nouvelle de la huitième grandeur; la pofition de cette Étoile eft rap- portée dans la feconde Table fous le 7° 3. Cette Étoile 2.” 3. étoit voiline de celle de ia veille 7. °2, Le 17, beau temps au matin; j'avois à obferver l’écliple de Soleil annoncée pour le 17 : le commencement de l'Echipfe devoit avoir lieu vers les 7 heures du matin, & comme mon Obfervatoire à l'hôtel de Clugny n’étoit pas affez élevé pour voir l'horizon où fe Soleil devoit s'élever, j'avois fait porter dès-lors une pendule à fecondes & ma grande lunette achromatique dans la guérite du collége de Louis-le-Grand, de laquelle je pouvois voir l'horizon & obferver l’Éclipfe dans toute fa durée : cette grande lunette, qui avoit été employée à obferver & à déterminer les lieux de fa Comète juiqu'à ce jour, n'étant plus dans mon Obfervatoire, je fis ufage le 17 d’une autre lunette achromatique de quinze pouces de foyer, garnie d’un micromètre à fils & montée fur une machine parallactique, pour fe diriger à toutes les parties du ciel; cette lunette aïnfi montée, appartient à M. le Préfident de Saron. J'obfervai la Comète en 1a comparant plufieurs fois à l'étoile y du Cancer; les pofitions en font rapportées dans la première Fable. Après avoir obfervé léclipfe du Soleil au collége de Louis-le-Grand, je fis remettre dans mon Obfervatoire a grande lunette achromatique avec laquelle je devois continuer les obfervations de la Comète. Le 18 au matin, le ciel étant parfaitement beau & pur, la Comète paroifloit avec plus de lumière que les jours pré- cédens; fon mouvement étoit augmenté en déclinaifon : DES SCIENCES. 363 j'avois reconnu Îa veille que la Comète fe trouveroit ce matin fur la parallèle de la nouvelle Planète d'Herfchel & de H des Gémeaux; elle y fut comparée directement, & enfuite à une Étoile de la huitième grandeur, dont le lieu fut déterminé par y du Cancer : on trouvera fa pofition dans la Table des Étoiles, fous le #. 5. Le 20 Odobre au matin, la Comèëte étoit encore aup- mentée en lumière, le noyau peu Jumineux, environné d'une nébulofité claire, fans apparence de queue, ce qui pouvoit provenir de ce que le ciel n'étoit pas parfaitement beau : la Comète fut comparée, une fois feulement, à une Étoile de la feptième grandeur; mais après fon paffage au fil horaire du micromètre, le ciel fe couvrit de manière à ne pouvoir reconnoître l'Étoile, je vis feulement qu'elle étoit placée fur le parallèle de + du Cancer; les jours fuivans je reconnus l'Étoile, & je la -déterminai en la comparant à des Étoiles connues : j'ai rapporté fa polition dans la feconde Table fous le ».° r r, & celle de la Comète qui en a réfulté eft dans la première Table. Les 21 & 22 Octobre, le ciel fut couvert de brouillards. Le 23 au matin, le ciel parfaitement beau, le noyau de la Comète ne paroifloit pas confidérable , il reffembloit à une Étoile télefcopique de [a neuvième grandeur; la nébu- lofité qui l'environnoit étoit ronde & aflez claire, ayant de diamètre 7’ 23". La Comète reffembloit à la nébuleufe qui eft fur la tête du Verfeau ; avec un peu d'attention & l'œil étant dirigé par la lunette au point du ciel où étoit la Comte, on commençoit à l'apercevoir à la vue fimple : la Comète fut comparée à plufieurs Étoiles nouvelles, pour connoître leurs pofitions, je les comparai à l'étoile ÿ* du Cancer; on les trouvera dans la feconde Table fous les 1.” 4, 8 & 9; celles de la Comète qui en ont réfulté font dans la première Table. Le 24 au matin, le ciel fut parfaitement beau; la Co- mète avoit les mêmes apparences que la veille; elle paroifloit HE 364 Mémoires DE L'ACADÈMIE RoYALE dans la lunette qui renverloit au-deflous de l'Étoile g“ du Cancer , elle fut compañfée à cette Etoile & aux étoiles 9,9", 9 & 1° de la mème conftellation : en comparant ces Étoiles avec la Comète & entrelles, je reconnus que l'étoile ç’ du Cancer, rapportée dans le grand Catalogue & fur les Cartes de Flamftéed n'exiftoit plus dans la pofition que Flamftéed lui a donnée. Les 25, 26 & 27 Octobre matin, le ciel fut couvert. Le 28 matin, je fus obligé d'employer la petite lunette de quinze pouces de foyer, montée fur fa machine parallac- tique, & de laquelle jai déjà parlé : cette machine n'avoit pas la même folidité que la grande, ce qui a pu rendre les obfervations un peu douteufes. La Comète fut comparée à l'Étoile quarantième du Linx, quatrième grandeur, & à la dix-neuvième de la grande Ourfe. La Comète étoit augmentée en lumière, le noyau environné d’une grande nébulofité & fans apparence de queue. Le 1.” Novembre, le ciel en partie ferein, Ia Comète avoit avancé confidérablement en déclinaifon vers le nord, fa grande hauteur me fit prendre a réfolution de déranger ma grande lunette achromatique, pour la placer à la fenêtre du nord de mon obfervatoire; ce dérangement, joint à la pleine Lune, fit que j'eus un peu de peine à retrouver Îa Comète, elle paroifloit fur le parallèle de l'Etoile « de la patte de la grande Ourfe: la Comète fut comparée à trois Étoiles eftimées de neuvième grandeur, que je devois com- parer enfuite à l'Étoile . J'avois commencé cette comparaifon lorfque les nuages vinrent couvrir la Comète & les Étoiles à leurs paffages au fil horaire du micromètre, je ne pus reconnoître ces Étoiles que dans la fuite, & je déterminai leurs pofitions en les comparant à : de la grande Ourfe; je les ai rapportées dans la feconde Table, fous les rumeros 14, 15 © 16; celle de la Comète qui en a réfulté, eft dans la première Table. Le 4, le ciel affez beau le foir, la Lune étoit fevée, fa lumière empéchoit de bien voir la Comête à la vue fimple,: 0 DIE, S::$ C l'E N-.C: E,s. 365 j'avois même de la peine à la reconnoître dans Îa lunette, le noyau étoit très-petit, cependant d'une lumière vive, environné d’une grande nébulofité: la Comète fe trouvoit fur le parallèle de l'Étoile « de la grande Ourfe , deuxième grandeur, à laquelle elle fut comparée deux fois avec la grande lunette achromatique, & une fois feulement avec la petite lunette de quinze pouces de foyer, de laquelle j'ai déjà parlé en rapportant les obfervations du 17 Od&obre; cette obfervation à la petite lunette fut faite à 6h 56! 31° de temps vrai: les obfervations font rapportées dans {a pre- mière Table, Le 6 Novembre, vers les trois heures du matin, le - brouillard qui avoit couvert le ciel jufqu'alors, étant diflipé en grande partie, on voyoit la Comète à la fimple vue, malgré la grande lumière de la Lune; le noyau, à la lunette, paroifloit brillant, mais d’une médiocre grandeur, environné d'une grande nébulofité & fans apparence de queue; elle paroifloit plus grande que la nébuleufe de la ceinture du baudrier d'Orion. La Comète fut comparée à l'étoile À de la queue du Dragon, au moyen d’une Étoile intermédiaire u’on trouvera dans la feconde Table, fous le zuméro 17; celle de la Comète qui en a rélulté, eft rapportée dans la première Table. Cette Comète qui n'étoit pas à la moitié de fon appa- rition au 6 Novembre, ni dans fon plus grand éclat, s’approchant encore de la Terre & du Soleil, devoit refter vifible, foit à la fimple vue ou aux inftrumens jufque vers le milieu de Décembre: mais le 6 Novembre, dans l'après- midi, je fis une chute effroyable qui a interrompu pour un an toutes mes obfervations, je ne pus les reprendre que le 12 Novembre de l’année fuivante, par le paflage de Mercure fur le Soleil, qui eut lieu ce jour-là. J'ai rapporté, à l’occafion de la première Comète de 178 1, l'explication des deux Tables qui y font inférées, elle fervira pour les deux Tables qui fuivent, ainfi que ce que j'ai dit 366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de la Carte qui contient la route apparente des deux Comètes, obfervée en 1781. On trouve dans la Connoïffance des Temps de 178%, page 3, les élémens de l'orbite de cette feconde Comète, calculés par M. Méchain, d’après fes obfervations : cette Comète ayant été obfervée par cet Aftronome, depuis le 9 Octobre jufqu'au 25 Décembre, voici ces élémens: Nœud afcendant....,... 2f 17% 22° 52° Inclinaifon de l'orbite. . .. 27e 43e .8e Lieu du périhél. fur l'orbite. 0. 16. 3. 28. Diflance périhélie...... 996101 3. Paflage par le périhélie le .29 Novembre 1781. à. 12h 41° 46”, temps moyen à Paris. Le mouvement eft rétrograde. Cette Comète ne reffemble à aucune de celles qui ont été obfervées & calculées jufqu'à préfent. D ES SCIENCE S LA :Bols Eu ls 367, Des lieux apparens de la feconde Comète de 1781, vrai, TEMPS comparée aux Etoiles fixes. ASCENSION| DéÉcLin. DiFFÉRENCE| DiFFér. < ÉTOILES Hans rue endéclinaif. ch avec lefquelles oblervée, Boréale. PT i Fo a A si Jes Etoiles. es Etoiles, ' a été comparées A EC er nl EE Mn Ver AU M: ES 127 le $4|19: 43: 23 + 46. 18| 4 | d du Cancer. 127 1e 54|19: 43+ 29 + 46. 54| 41 À 127-072. 3209 45e — 44 0!8 1 | détermmée. 127 40. 17|21e 5-43 — 4.12| 6 " du Cancer. 27e 39- 4821- 5-50 — 29.27| 8 2 dibrée 127. 40. 3|21. 6. 8 — 29. 9| 8 2 È 127. 40. 24121. 5-49 — 4 6|6 # ? dulCancer, 127.400 27121: $ s2 — 4 3| 6 n 127. 52. 4721: 35- 52 — 3-18] 8 3 | déterminée. 127e 93.452|21: 35e 52 — 38. 23| 4 | 7 127 52-145 | epuseediEr-LOrpi5 SNS) Me 04 > 127: 53e of21- 36° 3 — 38.12] 4 | > 128. 21. of22. 18.40 + 433l4|7 du Cancer. 128. 21. 30/22. 18. 51 + 4.36|4/| 2 128. 22. 0|22. 18. 52 + 4.3714| 7 128. 22. of22.19. 8 + 45341 > 128. 36. 2623.21. 0 + $.25| 5 | H.| des Gémeaux. 128. 36, 2623-20. 59 — 19- 16 plan. d'Herfc. 128. 36. 22/23: 22.1 +14 42] 8 | 5 129« 11+ 24 AVES — 19: 30 ARE 130. 14e 28|27. 50. — 32-05 22 ART & ko is [en er 4 r: déterminées, 130. 14-2827. 50. 48 + 5.21| 8 9 130. 14. 51/27. 52 51 — 30. 53| 7 4 130. 37: 43/28. 58. 56 +13-.13167| # 130. 38. 21/28. 58. 55 + 13. 3| 6 | pi 130. 38, 21/29. 0. 2 — 4.46| 6 | p° AGancer 130. 38. 26/29. 0.10 — 33. 21/5 [ls ; 130. 38. 4429. 0.17 — 951 6| p 130. 38. 28/29. 0.20 + 14. 28| 6 | »* 132.59. 4835.41. 6 + 22. 7] 4 | 40 du Linx. 133: 0. 4835-41. 0 + 7-48] 6 | 19 gr. Ourfe. 133» 59+ 3135: 4#1- 32 + 22. 33| 4 40 du Linx. 139: 8. 54149. 3. 1 "13. 20f 9 15 139». 85749. 3° 1 — 3.28] 9 | r6 déterminées, 139+ 9. 449 3. + 14. 28] 9 | 54 151: 12. 59163 25° 39 + 30.26 z | a 154- 33.37 163 25e 42|— 11-17-22 + 30.29|[ 2 | « gr. Ourfe. 151 30. 29163: 39- 23[— 11. 10-30 + 44. 10] 2 C2 SAME TEN N CAES CRT) LORS CIE COS) DE 26.22] 9 | 17 È once, …. cons Î7se 33e 37h sers 34 o} 9 17 68 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 3 TABLE II. Contenant les afcenfions droites & déclinaifons des Étoiles, avec lefquelles la Comète a été comparée : leurs pofitions font rapportées pour des temps des obfervations. ERRRRERRE PAS RER BARRE DÉS 2 2 DR OR DDR GET PCM FER PE DIRE SEEN ONE RMS ES D, # e 2 ASCENSION |DÉCLINAISs.| #0 | 5 à ÉTAOPTANNE?s droite des Étoiles | 52 EE qui ont fervi à [a détermination 3 REA 2° : des Etoiles, boréale. 5 = | & Z | du lieu de la feconde Comète de 1781. $ H |des Gémeaux, la Com, comp. direct. le 17 O&. Planète d'Herfchel. Com. comp. direë. le 17 O&.: 6 " [du Cancer, déduite du catalogue de Mayer. Comète comparée le 13 Oétobre. 8 1 |determ. par n du Cancer. Com. Comp. le 10 O&. 8 2 |déterm. par n & > Cancer. Com. comp. le 13 O&. 4 7 |du Cancer, déduite de Ja Conn. des Temps. Comèete comparée les 14 & 16 O&obre. 8 3 déterm. par > du Cancer. Com. comp. le 14 O&. 4 d\ |du Cancer. Comète comparée le 10 O&tobre. 7 4 |déterm. par p.f du Cancer. Com. comp. le 22 O&, $ 1° |du Cancer, déd. Flamfléed. Com. comp. le 2304. 8 5 |dét. par le n° 6 ci-deffous. Com. comp. 17 O&. 9 6 |déterminée par > du Cancer. 7 7 {déterminée par : du Cancer. 6 P?° [du Cancer, déd. Flamftéed. Com. comp. le 23 O&. 6 #° [du Cancer, déd. Flamftécd. Com. comp. le 2 3 Oét. 9 8 |déterm.par le »,° 4 ci-deffus. Com. comp. 22 O&. 8 9 |déterminée par le »,° 4, Com. comp. le 22 O&. 9 10 déterminée par p.# du Cancer, dans l’atmofphère de la Comète le 23 Od&obre. 6 pt |du Cancer, déd. Flamftéed. Com, comp. 23 O&. 7 11 |déterm. par y du Cancer, Com. comp. le 19 O&. 3 4 |de la grande Ourfe, déduite de {a Connoiïffance des Temps de 1784. 6,7 9 [du Cancer, déd. Flamftéed. Com. comp. 23 O&. s ÿ [du Cancer, déd. du Catal. de feu M. de la Caille. 6,7 p$ [du Cancer, déduite de Flamftéed. $ 12 |déterminée par la 40. du Linx. 6 1 de la grande Ourfe, comparée à [a 40.° du Linx, Comète comparée le 27 O&obre. 6 13 [déterminée par la 40.° du Linx. 4 40 [du Linx, déd. de Flamft. Com. comp. le 27 O&. 9 14 [déterminée par 1 de la grande Ourfe. Comète comparée le 1. Novembre, 9 15 |déterminée par s. Comète comparée le 1." Nov. 9 16 déterminée par 1. Comète comparée le 1." Nov. 2 & |grande Ourfe, déduite de {a Connoiffance des Temps. Comète comparée le 4 Novembre. 9 17 [déterminée par À du Dragon. Comète comparée le 5 Novembre. 3,4 À [du Dragon, déduite de Flamftéed. Nota. J'ai reconnu, en obfervant la Comète, que l'étoile 3, de fixième grandeur, du Cancer, que Flamftéed rapporte dans fon Catalogue, n’exilte pas à la place qu’il lui & donnée, LOT OBSERVATIONS de LAc.R. des Je. An, 1781. Zage 368. P1. VIZ. , ZeEr?t . 460 188 140 d obte AE ee. 27 Grave par FL Couace, d prés Æ Dessin de M. Meier nt DR. Mem. de An 1781. Page 368. PL. VII. Je 2. des T4e de ET feptenitr HOT IL _—— LE à à al Ne F 7 21 CARTE. C EL Æ STE TE ls rutas apparentes des deux COMETES n &r Obaerveas en 1 sd Pre Cnuve par Ÿ' le Gosse , d'aprér le Doërn de Me Moñer DENIS ISNC ITENNUCRE !S 369 DB SERV ANMMRO NS. Sur la difpofition de la trachée-artère de différentes efpèces d'Oifeaux , à fur-tout de l'oifeau appelé Pierre. Pa M DAUBENTON. Fe progrès des Sciences n'ont répandu que peu de lumière fur l'économie animale & fur le méccanifine du corps humain, Cette merveilleufe machine feroit - elle donc au- deflus de la portée -de nos fens & de notre intelligence? au lieu de nous décourager par cette idée, redoublons nos eflorts & employons toutes nos reflources : l'Anatomie eft une des principales. L’Anatomie de l'homme a &é cultivée par un fi grand nombre d'habiles gens pendant plus de deux mille ans, & far-tout depuis la renaiffance des Lettres, qu'il y a lieu de préfumer qu'elle approche le point de perfeélion où il eft poffible de {a porter, Peut-être que les parties du corps humain qu’il faudroit apercevoir pour découvrir le jeu des organes, font imperceptibles; en ce cas nous pouvons trouver des objets plus fenfibles dans le même genre. _ L'anatomie des animaux fupplée au défaut de l'ana- tomie de l’homme ; leurs organes font aflez grands dans certaines efpèces, pour nous laiffer voir des objets que nous ne diftinguerions pas dans l’homme. Cet avantage n'eft pas le feul que nous trouvions dans l'anatomie des animaux, elle nous offre les mêmes objets fous différentes faces: Ja conformation de leurs vifcères varie , ces différences indiquent plufieurs moyens employés par la Nature pour opérer la mème fonétion dans l’homme & dans les animaux. Les Anatomifles ont fenti dans tous les temps la néceffité de cette comparaifon; de-là eft venue la dénomination de Men, 1781. Aaa sn € ES st 24 Fév, 1770. 370 MÉmMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE l’Anatomie comparée ; mais cette fcience qui doit être le complément de lAnatomie, n'a fait encore que peu de progrès, elle dépend d'un très - grand nombre d'obfervations qui reflent à faire fur les animaux. Les faits les plus importans pour Anatomie comparée , confiftent dans les conformations de vifcères ou d'organes qui diffèrent dans les animaux de ce qu'elles font dans l'homme. Des obfervations que j'ai faites fur Îa trachée- artère de l'oifeau appelé Pierre, font de ce genre; cette partie dont la difpofition eft fort extraordinaire, mérite d’être comparée à la trachée - artère des autres oileaux , des qua- drupèdes & de l'homme. Dans les animaux, la longueur de Îa trachée-artère eft proportionnée à celle du cou. Il n'y a dans le cou de l'homme que fept vertèbres, j'en ai trouvé le même nombre dans tous les quadrupèdes dont j'ai vu fes os; mais la longueur de ces vertèbres varie beaucoup en différentes elpèces de ces animaux. Parmi les oifeaux, il y a non-feulement des différences entre ces mêmes os, pour fa longueur, mais le nombre, au lieu d'être conftant comme dans les quadrupèdes, eft fujet à beaucoup de variétés. Dans les efpèces d'oifeaux dont j'ai vu les vertébres du cou, le nombre de ces os change depuis onze dans le Perroquet jufqu'à vingt-deux dans le Cygne; cependant il n'y a pas d’aufit grandes différences fur la longueur du cou comparée à celle du corps entre les. oifeaux, qu'entre les quadrupèdes. Dans le fquelette d'un homme, la Jongueur de la portion: de la colonne vertébrale compofée des vertèbres du cou, eft environ la cinquième partie de la longueur du tronc, prife depuis la première vertèbre du dos jufqu'à l'extrémité poftérieure de l'os facrum ; ce n'eft que la huitième partie dans le Caftor qui eft un des animaux qui ont le cou le plus court : au contraire le Dromadaire eft peut-être l'animal qui a le cou le plus long, car fa longueur fait les deux tiers de DENS, L OLCUIME IN CHE Se 374 celle du corps; ainfi (proportion gardée) fa trachée-artère eft plus de cinq fois plus longue que celle du caftor. Parmi les oifeaux, les cous que j ai trouvé les plus courts, font ceux d'un Perroquet & d'une Chouette ,-ils n'ont que les trois quarts de la longueur du corps, prife comme dans les quadrupèdes & dans l'homme, depuis la première ver- ièbre du dos jufqu'à l'extrémité poftérieure de l'os facrum. Le cou du Flammant, qui a peut-être le plus de longueur parmi les oiïleaux, eft deux fois auffi long que le corps. Ainfi fa trachée-artère n'eft plus longue que celle d'un Per- roquet que de +, relativement à la longueur du corps. En comparant les termes extrêmes de Ja longueur du cou des quadrupèdes & des oifeaux, il fe trouve que le Flammant l'a feize fois auffi long que Île Caflor, à proportion de la longueur du corps. La longueur du cou des oïfeaux ne dépend pas du nombre des vertèbres ; la Chouette en a quatorze, & cependant fon cou n'eft pas plus long que celui du Perroquet, qui n'en a que onze. Quoique le Cygne ait vingt-deux vertèbres cer- vicales, fon cou n’eft pas fi long que celui du Flammant qui n'en a que dix-fept. Je connois fix efpèces d’oifeaux dont la trachée-artère eft beaucoup plus lonsue que le cou; tels font le Cygne fau- vage, le Héron, la Grue, la Grue d'Amérique , le Paragua, & l'oifeau Pierre. Dans les quatre premières efpèces, Îa trachée-artère ne va pas directement jufqu'aux poumons; elle entre auparavant dans le fternum. L’épine de cet os a beaucoup plus de Har- geur que dans les autres oifeaux , elle eft creufe & elle forme une cavité qui reçoit la trachée - artère par une ouverture placée à la partie antérieure de los. L'épine du fternum du Cygne a quelque rapport par fa forme au nez de l’homme, & reffemble beaucoup au nez d'un mafque. Le bout du nez fe trouve placé en avant; c'eft par cet endroit que la trachée-artère entre danse fternum ; elle s'étend dans cet os de la longueur de trois pouces; là, aa i] 372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE elle fe replie en haut & fe prolonge en-avant dans une étendue de quatre pouces; enfuite elle fe recourbe encore en haut pour entrer dans la poitrine. On voit une portion. de Ja trachée-artère à nu par une longue ouverture qui eft fur la face interne du fternum, & par quelques trous qui font fur la face externe ; la trachée-artère du Cygne à donc fept pouces de longueur de plus qu'elle n'auroit, {1 elle n’entroit pas dans le fternum. La trachée-artère de Ja Grue d'Amérique entre dans l’épine du fternum par fa partie antérieure, & pénètre dans cet os fur une longueur de deux pouces; enfuite elle fe replie en haut & fe prolonge à la diftance de trois pouces en avant : li, elle fe recourbe en bas & s'étend en arrière fur une lon- gueur de deux pouces; elle fe replie une 1econde fois en bas & fe prolonge en avant jufqu'à trois pouces de diflance; & enfin elle fe recourbe en haut pour entrer dans la poitrine. Cette trachée-artère forme quatre courbures, tandis qu'il n’y en a que deux dans celle du Cygne. La feconde courbure de la trachée-artère de la Grue d'Amérique eft placée à la partie antérieure du fternum, & logée dans une enveloppe ofleule, qui laifle de chaque côté de l'os une ouverture à travers laquelle on voit des portions de la trachée - artère; fuivant.les dimenfions que je viens de donner de fes difié- rentes courbures, elle a dix pouces de longueur de pius qu’elle n'auroit fi elle n'entroit pas dans le fternum. Je n’ai pas vu fa trachée-artère dans le fternum de la Grue de ce pays-ci, mais Willughby en fait mention /4), &. j'ai reconnu dans le fternum Îles mêmes cavités & à peu-près les mêmes formes que dans celui de la Grue d'Amérique ; ainfi il n'y a pas lieu de douter que la trachée - artère n'y entre & n’y fafle les mêmes finuofités. Le fternum du Héron a auffi la même conformation, & de plus j'y ai vu la trachée- artère, oo (a) Ornithologie, page 200, d ñ DES SCIENCE S. 373 Dans le Paragua & dans loifeau Pierre, la trachée-artère n'entre pas dans le fternum, mais elle s'étend au-dehors de la poitrine, fous la peau, & y revient enfuite, M. Bajon, Correfpondant de l’Académie à Cayenne, nous a donné la defcription de fa trachée-artère du Paragua , oifeau d'Amérique, dans un Mémoire qui a été approuvé pour être donné au Public, dans le Recueil des Savans étran- gers. Le Paragua eft prefque auffi gros qu'une poule. J'ai pris les dimenfions de fa trachée-artère, fi elle éoit difpolée comme dans la plupat des oifeaux, elle n'auroit qu'un cint- quième de plus que la longueur du corps; mais en s'étendant en arrière au-dehors de la poitrine depuis la bifurcation de la fourchette jufqu’au bout de l’épine du fternum, & en revenant en avant jufqu'à l'endroit où elle entre dans la poitrine, elle devient plus de trois fois auffi longue que le corps de l'oifeau. La trachée-artère du Pierre, au lieu d'entrer dans fa poitrine s'étendoit au dehors fur le mufcle pectoral droit jufqu'à l'extrémité poflérieure du fternum; dans cet endroit elle fe replioit en avant & revenoit le long du mufcle pectoral gauche fur la longueur de trois pouces; à, elle formoit un anneau en fe repliant en bas & en arrière, & elle fe pro- longeoit près de l'extrémité du fternum , enfuite elle pafloit à droite & s’étendoit fur le mufcle pectoral droit le long du côté inférieur de fa première portion jufqu'à la bifurcation de la fourchette, où elle entroit dans là poitrine. La portion de la trachée-artère placée au - dehors de la poitrine avoit dix- neuf pouces de long, c'étoit plus des deux tiers de fa lon- gueur totale, qui furpañloit celle du corps de À. Les anneaux de cette trachée-artère, au lieu d’être ronds, ou à peu-près ronds, comme dans tous les oifeaux dont j'ai vu cette partie, étoient comprimés comme l'anche d'un hautbois, & ils avoient jufqu'à fix lignes & demie de Ion- gueur, prile d’un côté à l'autre de la trachée-artère. Le Pierre eft à peu-près de la groffeur d'une d'inde, il fe trouve au Mexiqne, où il porte le nom de Pauxi, fuivant MÉmMoIrEs DE L'ACADÉMIE ROYALE 37 Fernandez /b) : on l'a appelé en France, Hocco du Mexique , on l'a mis fous le genre des faifans, parce qu'il a des rapports avec ces oifeaux ; mais j'ai réconnu par Pinfpeétion de fes vifcères & de fes os, qu'il eft d'un genre particulier dans la claffe des oifeaux gallinacées ; le nom de Pierre vient fans doute de ce qu'il a fur le front un gros tubercule qui a une confiftance aflez ferme fous la main, Ce tubercule eft placé fur l'os de la mâchoire fupérieure, au-deflous du front, entre les narines & les yeux; il avoit un pouce dix lignes de hauteur, quinze lignes de largeur & dix-huit de longueur, prife de devant en artière, à l'endroit le plus gros; il étoit incliné en arrière, & arrondi par fon extrémité qui avoit plus de grofleur que la bafe ; Aldrovande Ja comparé à une figue /c), & en effet il reflemble Beaucoup à ce fruit, en fuppofant que le petit bout foit en bas: ce’ tubercule adhéroit fermement à la tête, lorfque j'ai vu l'oileau qui étoit mort depuis pluñeurs jours : fa peau étoit féparée du corps, & déjà en partie defléchée, mais on m'a afluré qu'avant ce defléchement le tubercule étoit un peu mobile, ce qui feroit préfumer qu'il ne tiendroit qu'à la peau : il étoit lifle & de couleur bleuâtre, une épingle y entroit aifément; je l'ai fondé avec un petit fcalpel, j'ai fenti qu'il étoît celluleux, :& j'en ai tiré quelques parcelles de confiftance sèche & membraneufe; je n'ai pu voir l'intérieur, parce que l'oifeau n'étoit pas à ma difpofition. Ce tubercule eft un caraétère unique pour diflinguer le Pierre des autres oïifeaux que je connois, même de ceux qui ont des tubercules fur la tête, tels que la Pintade, le Cafoar, les Calao, &c. quoique je n'aie pas vu le Pierre vivant ni bien entier, je l'ai fait deffiner à l'aide de la peau empaillée & des figures que l'on a de cet oïfeau, pour donner la forme de fon tubercule & de fon bec, tels que je les aï () Hife avi, novæ Hifpañie. (&) Ornithologie, rome I, page33$e bonne Dies + St CALE N°C:E4s 37% obfervés; le bec reflemble beaucoup à celui des perroquets, fur-tout par la pièce fupérieure, l'inférieure eft à propcrtion plus longue; ce bec eft de couleur rouge-foncé. Le plumage eft noir fur toutes les parties du corps, à l'exception des plumes du bas-ventre & du deflous de la queue , qui font blanches en entier , les extrémixés des grandes plumes de la queue ont aufli une couleur blanche; les plumes de la tète & de la partie fupérieure du cou, font courtes, hcriflées, fines comme du duvet, & d’un‘beau noir; il y a fur le plumage du refle du corps une couleur noire- verdâtre, excepté fur le bas de la poitrine & fur quelques-unes des grandes plumes des ailes & de la queue, où la couleur eft brune & mêlée de fauve; le deflous des ailes & de la queue eft d'un noir-terne. De tous les oïifeaux dont je connois la conformation par rapport à la trachée-artère, le Pierre eft celui où j'ai trouvé ce canal le plus long, à proportion de a longueur du corps: cette obfervation peut fervir à la connoiffance de l'économie animale, on ne peut trop s'emprefler de conftater les faits, mais il faut mettre beaucoup de rélerve dans les conféquences que l'on en tire. Aldrovande, après avoir décrit les finuofités de la trachée- artère du Cygne, dans le fternum, attribue à cette confor2 mation la faculté qu'a cet oïfeau de plonger pendant près d'une demi-heure, à caule qu'il a une plus grande quantité d'air par le moyen du prolongement de la trachée - artère dans le fternum. Si cela eft, les Cygnes domeftiques ne doi- vent pas avoir la même facilité pour plonger, parce qu'il paroït par plufieurs obfervations, que leur trachée-artère va diretement dans la poitrine fans entrer dans le fternum. Willughby la trouvée ainfi difpofée dans plufieurs Cygnes domeftiques, au contraire il l'a vue dans le fternum de deux Cygnes fauvages /d) ; je l'ai aufli vue dans le fternum d’un {d) Ornithologie, page 271, 376 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Cygne fauvage mâle qui fut tué en 1757 aux environs de Montbard en Bourgogne. Le prolongernent de la trachée- artère eft encore plus étendu dans le flernum de la Grue que dans celui du Cygne fauvage; cependant on dit que la Grue ne fe nourrit que de graines & d'herbes, ainfi elle n’auroit pas befoin de plonger. On a aufli attribué aux finuofités de la trachée - artère dans le fternum, le prétendu chant mélodieux du Cygne. Willughby /e/ oppole à cette opinion, que la Grue ne chante pas mélodieufement, quoique fa trachée-artère faffe encore plus de finuofités dans le fternum , que celle du Cygne: je puis ajouter que le chant dy Héron n'eft pas mélodieux, quoique fa trachée-srtère ait auffr plus de finuofités dans le flernum que celle du Cygne. Tous ces oïfeaux, y compris le Cygne, ont la voix très-forte, je crois que la difpofition de da trachée-arière peut rendre feurs cris plus éclatans; nos meilleurs Phyfologifles penfent que plus la trachée - artère a d’étendue, plus la voix peut avoir de force. L'obfervation de M. Bajon, fur la trachée-artère du Paragua, confirme cette opinion, le cri de cet oïfeau lui parut fi fort qu'il préfuma que les organes de a voix pourroient avoir une conformation particulière ; en effet, il trouva un long prolongement de la trachée-artère au-dehors de la poitrine; celle du Pierre eft encore plus longue, fes anneaux, au lieu d’être ronds, comme dans le Paragua, font comprimés dans toute fon étendue, même à l'intérieur de la poitrine; une conformation fi extraordinaire mérite que l’on faffe des re- cherches fur le cri & fur le chant de cet oïfeau. {e) Ornithologie , page 2734 MÉMOIRE Menv. de LAc._R. des Je. An. 1701. Page 376. PL. VII. ne ag FRE tn GES ROUEN ARS RSR ; LE PIERRE | ARE #4 . E A HOMEUE 2° RE Let, > F FA AL, 4 : x? Fr AY Lu CIM ‘ ®, FA L 0 r > | à . LT i | Û 1 Fm 4 run + à NL: À ; La VAT A TEE nu. te EN cer é he Ur ésh L Da J D'E S:,$ C D'E:N:C E:s. 572 MÉMOIRE SAURO LOT NCC EL I NI API ONN: D VU QUATRIÈME SATEILITE DE JUPITER. Par M. DE LA LANDE. A feule manière que l’on ait de déterminer l'inclinaifon de l'orbite du quatrième Satellite de Jupiter, confifle à obferver la durée de {es éclipfes, lorfqu'il pale très- près du bord de l'ombre, & qu'il eft fur le point de ne plus y entrer, ou qu'il commence feulement à s'éclipfer ; mais ces obfervations font rares: II y en avoit une le 29 Novembre 1779, elle nétoit pas vifible à Paris; mais elle a été oblervée à la Chine par le P. Colas *, & je devois étre curieux de voir ce qui en réfültoit pour Îa quantiié de linclinaifon, & fi elle s’accordoit avec les autres obierva- tions faites dans de pareilles circonftances. Cette obfervation a éié faite avec une lunette achroma- tique de 9 pieds, ayant trois pouces d'ouverture, & médio- crement bonne ; l'immerfion fut obfervée le 29 Novembre à 176 40", & l'émerfion à 18h 145; en forte que la durée fut de 34 +. Cette durée approchoit tellement des limites de l'ombre, que c’étoit la dernière Éclipfe qu'il fût poffible d'obferver jufqu’au 7 Juin 1782, le Satellite paffant hors de l'ombre pendant près de trois ans. Le milieu de l'Eclipfe réduit au méridien de Paris, eft donc arrivé à 10h 21”: les Tables donnent feulement une minute de plus, quantité peu fenfible pour le quatrième Satellite, ce qui annonce d’abord que les Tables n'ont befoin d'aucune correcion quant aux inégalités du Satellite dans fon orbite. : EP: La D de UE gone 23 à Pteotthan robe teens Mu * Ce digne Mifionnaire eft mort quelque temps après cette obfervation, & a laiffé l’Obfervatoire de Pékin fans Aftronome. Mém, 176 1. BbB 27 Janv, 1781. 378 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais quant à la demi - durée de l'Écliple, elle eft de 20'25" par les nouvelles Tables de M. Wargentin, qui font dans mon Affronomie , tandis qu'elle n’eft que de 17 20" ar l’'oblervation. Cette différence eft petite relativement aux circonftances de l’obfervation, & il fufhroit d'augmenter de 24" l'incli- naifon employée dans les Tables, de 24 36', pour accorder le calcul avec l’obfervation. Or on voit dans les Mémoires de 1758, page 9 r, que fuivant M. Maraldi, les Obfervations ont donné depuis 24 34 jufqu'à 24 37’ + pour l'inclinaifon; ainfi l’obfervation de Pékin, prouve que le rélultat de 24 36/, adopté par M. Wargentin & par M. Maraldi, eft fuffifamiment exact. On pourroit aufli accorder les Tables avec cette obferva- tion, en diminuant de 12’ le lieu du nœud, & le fuppofant à 10! 17d 53”, & la diftance de Jupiter au nœud, de s4 18/: cela indiqueroit que le mouvement du nœud , fuppolé par M. Wargentin, de 4 19" par an, n'auroit été depuis vingt ans que de 3/43", c'eft-à-dire plus petit de 36”, tandis que M. Maraldi le fuppoloit encore plus grand d’une minute 14”; mais l'obfervation que je viens de rap- porter, n'eft pas aufli propre à déterminer le lieu du nœud que l'inclinaifon : ainfr la feule conclufion que l'on puifle en tirer, c’eft que cette obfervation confirme l'inclinaifon établie jufqu'à préfent de 21 367, & employée ainfi dans les Tables de mon Af/ronomie. Le 7 Juin 1782, le quatrième Satellite devoit recom- mencer à être écliplé, & fa lumière a beaucoup diminué vers 13" so’, mais il n'a pas dilparu totalement. DE Sr ne: Ne Es 379 RAA PERD EMEA TS MR Ze AR PE. Ta sCi OR Ad NÉ DE DIFFÉRENS COMBUSTIBLES. Par : M. : LAëV O L SIL EUR. Las NISTRATION des Finances ayant defiré en 1779, de connoître le rapport des droits impofés à Paris fur les diflérens combuftibles, j'ai été obligé, pour fatisfaire aux éclairciflemens qui m'’étoient demandés, de faire quelques expériences fur les effets comparés du bois, du charbon de terre & de celui de bois. Comme elles peuvent ètre de quelqu'utilité pour les Arts, je crois devoir en rendre compte à l'Académie, & les configner dans fes Mémoires. La comparaifon des différens combuftibles peut fe faire de quatre manières différentes. 1.° En partant des mefures ufitées dans le commerce ; 2.° en les réduifant à une melure commune, telle, par exemple, que le pied cube; 3.° en les réduifant à un poids commun tel que le quintal. Enfin, il eft une quatrième manière de confier les combuftibles, c'eft de comparer leur valeur à effet égal. On conçoit que pour parvenir à ces diflérentes comparaifons , il falloit con- noître avec beaucoup d’exactitude a capacité des mefures ufitées à Paris dans le commerce des différens combuftibles , le poids des inatières qui pouvoient y être contenues; qu'il falloit en outre déterminer par expérience l'effet échauffant, s'il eft permis de fe fervir de cette expreffion, de chaque combutible; enfin, qu'il falloit connoître leur valeur & le montant des droits qu'ils payent à poids égal; à volume égal, à effet égal. Tel eft le plan que je me füis formé, & que je vais fuivre dans ce Mémoire, Bbb i 380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Charbon de terre. La voie de charbon de terre à Paris, eft compofée de 30 demi-minots, mefurés comble ; -la capacité du demi-minot eit de....,...... 1965 pouc. cubes, La pyramide ou comble qui le furmonte, mefurée avec beaucoup d’exactitude fur plufeurs demi- minots, s’elt toujours trouvée à peu-prés de.. 525. L Ce qui donne pour Île volume du demi-minot, exprimé en pouces cubes.............. 2490. En multipliant ce nombre par 30, on aura 43 pieds cubes + pour le volume de la voie de charbon de terre, ce qui revient exactement à un cinquième de toife cube: ce rapport fingulier de la toife à la voie, fembleroit annoncer que la détermination de cette mefure n’a point été faite au hafard dans forigine. Je ferai connoître à l'Académie, dans d’autres Mémoires, des rapports encore plus finguliers qui fe trouvent dans quelques autres mefures, & qui paroïflent fuppofer néceffairement une intention. Le poids d'une voie de charbon de terre du Bourbonnois, eft de 2730 livres, ce qui donneroit 63 livres + pour la quantité de charbon de terre qui feroit contenue dans une mefure d’un pied cube. Lé charbon de terre d'Auvergne & du Forès, pèfe communément quelque chofe de plus, & la voie va environ à 2800 livres, ce qui donne 6$ livres + pour le poids du charbon qui pourroit être contenu dans une mefure d’un pied cube. Ces déterminations ont été prifes avec beaucoup de foin fur du charbon de terre du port Saint-Paul; cependant comme le charbon fortoit nou- vellement du bateau, & qu'il étoit encore humide, on croit qu'il convient de réduire le poids de la voie de charbon de terre à 2600 livres, & le poids d’une mefure d'un pied cube à 60 livres. La voie de charbon de terre vaut en arrivant à Paris, non compris les droits, DES ScrIENCES. 381 SRAUPMNONANRE Celui du Bourbonnois.....,.+.,.. 52 tof Célndiitoress «4. eut 0 ON AGIT 149 rof w Celui d'Auvergne. ...........+. 47. 10. Prix MOyEn.. sense. serre. 409. 10. 8. Elle paye fur le port pour droits de toutes efpèces. 19. 19. 3. Et pour le tranfport chez le particulier. . ....... DA ALTe ToraAL de la valeur d'une voie de charbon de terre rendue chez Île particulier. ........ 72. "#1 En réduifant ces mêmes valeurs au pied cube & au quintal, -on trouve les fommes qui fuivent: Valeur du quintal de charbon de terre en arrivant à Paris, droits MON COMPrIS. esssssssss sense serre 1ff 18° 4d 320 Cr 7 Montant des droits par quintal......... n 15. 47 Frais de tranfport.................% 1 1, 8 . 26 ToraL de la valeur d’un quintal de charbon Ê de terre rendu chez-le particulier.... 2: 15. 4 & Es A Valeur d'un pied cube de charbon de terre arrivant D 'Rans, drOitsAUON COMPHISe ce eme sie eo mee » + see Ten de TO ee Montant des droits par pied cube...... Doté Phess Frais deltranfport. ..:.....,...,..,. y 1 ee ———————— ToTAL de la valeur du pied cube de charbon de terre rende à Paris chez le particulier. 1. 13. 1 Se ss 1 1 - } Charbon de terre charbonné. On peut faire les mêmes calculs fur le charbon de terre charbonné, connu dans le Public, fous le non de charbon de terre épuré, du fieur Ling, auquel il a été accordé un privilége exclufif. L Ce combuftible n’eft autre chofe que le charbon de terre brûlé & réduit à l'état vraiment charbonneux, par une opération analogue à celle par laquelle on réduit le bois en charbon: il y a à peine deux ans que fon ufage eft introduit dans le commerce à Paris; il sy mefure comme le charbon 382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de bois, au fac ou à la voie: cette mefure efl compofée de deux minots, formant enfemble, y compris un comble peu confidérable, un folide de près de fix pieds cubes; le poids du charbon de terre charbonné, auquel répond la voie, eft de 140 à 145 livres, ainfi une mefure d’un pied cube, doit contenir 23 livres 12 onces environ de charbon de terre charbonné. Ce charbon coûte d'achat par voie, droitsnoncompris. $t $f 64 H paye pour les droits. .................... 1 8. 6. Il coûte pour le tranfport du magafin chez le particulier. # 14. # ToTAL de la valeur d'une voierendue chez le particulier. 6. 8, y En réduifant ces valeurs au quintal, on trouve Valeur d’un quintal de charbon de terre charbonné, roits ri SUD TROICISA TION 14 de droits non compris... .. AAC LE PT a Montant des droits....................... 1 Se 112 Prix du tranfport du magafin chez le particulier... # 9- 10 É. ToTaz de la valeur d'un quintal de charbon de terre charhonné à Paris................. 4. 10. 4 De même en réduifant un pied cube, on aura Valeur du pied cube de charbon de terre charbonné, droits non compris... .................. W 174 Te Montant des droits. ..........s...s.s..e. fl Prix du tranfport du magafin chez le particulier... 4 2. TorTaL de fa valeur d'un pied cube de charbon de terre charbonné, rendu chez le particulier..... 1. 1. . Charbon de Bois. "3 Le charbon de bois fe mefure comme celui de terre, charbonné, à la voie ou fac compofé de deux minots, formant enfemble avec le comble qu'on nomme charbon fur bord, environ fix pieds cubes. . | Cette melure contient communément 90 livres de charbon moyen & mêlé, ce qui donne environ 15 livres pour # DES SCTENCES. 383 poids du charbon contenu dans une mefure d'un pied cube. On conçoit que ce poids doit varier confidérablement en raifon de la nature du charbon, de fa grofleur, &c. Il va quelquefois jufqu'à cent livres & plus par voice. La voie de charbon de bois vaut à Paris, droits non COMPHSset MAN 1312hR à Be AE RTE PAPER 3 160 nd Elle paye de droits....... srssssessssssesee HN 17e Frais de portage depuis le bateau jufqu’au domicile du BETA He SCO ONE RELAIS D ENT EN DT Mc CT ToTAL de Îa valeur d'une voie de charbon de bois, rendue chez le particulier, à Paris... ........, CONTES “ D a TT + “| % En réduifant ces valeurs au quintal, on trouve Valeur d’un quintal de charbon de bois mélé, droits NON COMPrIS.. ss... HA ae serre 4e 3e 4. Montant des droits..... RON PR Re ete OR EURE TUEGAMIE Frais de portage depuis le bateau jufqu’au domicile du particulier tte 0 AAA HET RS RSS 1 8. 4. ToTAL du quintal de charbon de terre, rendu à Paris chez leparticulier....... 1.01%. roro se Se Île T3 LR TP ee Vs —] De même en réduifant au pied cube, on aura Valeur du pied cube de charbon de bois, droits non COMPrIS. +...» SEE eau a ele se IT NO Montant des droits....... Étioud MS SUITE: Frais de tranfport du bateau chez le particulier. .... y 1. 3. ToTaAL de la valeur du pied cube de charbon de bois, rendu au domicile du particulier .........,... y 16. 8. | £ D . ‘| Bois. Le bois à brüler fe vend à Paris à la voie de 4 pieds fur 4, & les bûches ont trois pieds & demi de longueur, ainfi la voie de bois peut être regardée comme un folide de 56 pieds cubes. Quant à fon poids, on conçoit qu'il doit varier confidérablement en raïfon de la groffeur & de lefpèce du bois: Cependant en fuppofant du bois léger , 384 Mémoires DE L'ACADÉMIE Rovarr tel queile hêtre en rondins médiocres, on peut évaluer le poids de la voie de bois à 1750 livres environ; le poids de la voie de chêne au contraire doit être évalué au moins à 1850 livres: ainti le poids d'un pied cube de voie de bois de hêtre, peut être évalué à 31 livres $ onces, & celui d'un pied cube de voie de bois de chêne à 33 livres. Je prie de faire attention que cette expreflion 4n pied cube de voie de bois, a une fignification bien différente de celle d'un pied cube de bois ; on ne doit pas perdre de vue qu'il n'eft pas ici queftion de la pefanteur fpécifique , telle qu'on la détermine par Ja balance hidroftatique qui ne fuppole point de vide entre les parties, mais du poids des matières contenues dans des melures, & qui y étant irrégulière- ment arrangées, laiflent entr'elles des vides confidérables. La voie de bois neuf coûte , prife au chantier à Paris, droits non compris...................... 15H18 Gi Elle paye pour les droits...................e + 14 Et pour fiais de tranfport du chantier chez le particulier, MAuntoins tes cartes sctiene tele epet# TEE 6. ToTaAL de la valeur d'une voie de bois , rendue chez le particulier à Paris. .....,........,...... 22, 10. 4 SE EE CS = À En réduifant ces mêmes valeurs au quintal, on trouve les valeurs qui fuivent : Valeur du quintal de bois de hêtre, pris au chantier à Paris, droits non compris...... # 18, 2 Ze Montant des droits....,.............,..4 4 6. 6 % Frais de tranfport du chantier chez Ie particulier. # or ToTaL de la valeur d’un quintal de bois de hêtre. net et omis INT MI SRE fpiexs SCT EN CUES. 385 On trouvera de même pour le pied cube, Valeur d’un pied cube de voie de bois de hêtre, pris au chantier, à Paris, droits non compris.. yft sf 8 £. Montant des droits. .... states a tes NT TO 20 0h Frais de tranfport du chantier chez le particulier. . y OR ToTAL de Ia valeur d’un pied cube de voie de bois, rendu à Paris, chez le particulier... ...... ” SC y 3 Les mêmes calculs appliqués au bois de chêne, donnent les réfultats fuivans : Valeur d’un quintal de bois de chêne, pris au chantier, à Paris, droits non compris... .... 172 LOS Montant des droits...............,...... y 6. 1 175, Frais de tranfport du chantier chez le particulier. y nr 5. ToTaAL de la valeur d’un quintal de bois de chêne, rendu à Paris, chez le particulier... ......... 1. 4. 3 8. De même pour le pied cube, Valeur d’un pied cube de voie de bois, pris au chan- tier, droits non compris. ............... 4 5e 8 +. MOnAnE dESNArOItSL be ie le ras em euorsVeutle sec 2 CT UOU2A0/ 2. Frais de tranfport du chantier chez le particulier. . ” # 3 à. ToTAL de Ia valeur d’un pied cube de voie de bois de chêne, rendu chez le particulier. ..,.... ” 8." 2. Tous ces réfultats font préfentés en forme de Tableaux, dans les Etats ».” r & n° 2, joints à ce Mémoire. Après avoir comparé le prix des différens combuftibles à Paris, ainfi que ies droits auxquels ils font aflujettis, tant au poids qu'au volume, il refte à déterminer ces mêmes rapports à effet échauffant égal. Pour y parvenir, jai cru devoir employer le moyen qui fuit, qui, tout fimple qu'il eft, m'a paru, après y avoir bien réfléchi, le plus für de tous ceux que je pouvois employer pour remplir mon objet. Mém. 1781, Gre 386 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE J'ai placé fur un fourneau une grande chaudière d'eau bouillante, & j'ai allumé deflous aflez de feu pour entretenir l'ébullition. Comme il étoit néceflaire que j'euffe un volume d'eau toujours égal, à mefure que l’eau de la chaudière s'évaporoit, je la remplaçois par une addition d'eau également au degré de l'ébullition. J'ai opéré fucceflivement de cette manière, & en obfervant de rendre toutes les circonftances abfolument femblables avec des volumes égaux de charbon de bois, de charbon de terre charbonné, de bois de hêtre & de bois de chêne. J'ai obfervé en même temps le nombre d'heures que chaque combuftible avoit duré, & j'ai obtenu les réfultats qui fuivent. Charbon de: terre... 1.1.1. s'ils ei 2 ON INElTESS Charbon de terre charbonné........ De EE Charbon de bois mélé......,....,....... $. | BoissdenchemÆ. SR ere. e 2,58 sa on 6 A L4f POST UE METTENT e Te aie RENE feel LIEN RE IL fuit de ces expériences, que pour produire des effets égaux, il faut employer : Charbon-de terre. .,,.,..,e Dern ibiett +. Goo livres. Charbon.de terre charbonné............:. $52. Charbonmdet bois melé ee 10 ss. , 960. Bois de hêtre. .... Han ele ets ele Te s ds rs RIPEAEEe Bosdes che ren Ni ee ste At LACET PEL 2 IE 1089. ou bien Gharbontidelterre Le Lea RS LUE .- 10 pieds cubes, Charbon de terre charbonné. ........ dge TOZe ChæBony dE’ bois /meélé 444. ......,... 40. BOIS NEURELTE se area ele ie lee leelee te ele te Bois/det CHERE es tele ere sole ere de “120 I ne s'agit donc plus pour remplir l’objet que je m'étois propolé au commencement de ce Mémoire, que de préfenter le calcul, tant de la valeur des quantités ci-deflus, que des D Es SVC'IENN CES 387 droits auxquels elles font impolées. C’eft l’objet de l'état joint à ce Mémoire, fous le #° >, Il réfulte de linfpection de ce tableau, que de toutes les manières d’échauffer à Paris, celle où l'on emploie le bois, & fur-tout les efpèces de bois durs, tel que le chène, eft la plus économique; & que celle où l'on emploie le charbon de bois, eft la plus chère : Que le charbon de bois eft celui de tous les combuftibles qui paye les droits les plus confidérables, enfuite le charbon de terre, & que le bois eft celui qui en paye le moïns. On ne parle pas ici du charbon de terre charbonné, qui ne jouit que d’une modération de droits momentañée, & qui, en raifon de cette faveur, ne paye que des droits médiocres dans ce moment. Qu'il eft bien étonnant que dans un royaume où les bois font chers & rares, & ne font que difficilement face aux befoins, on ait chargé de droits aufli confidérables à l'entrée de Paris, le charbon de terre, dont il exifte des maffes immenfes à la proximité des rivières qui defcendent à Paris; que ces droits font d'autant plus exceflifs qu’ils fe joignent à des droits de péage & de paflage que ces mêmes charbons payent en defcendant les rivières; & qu'il eft difficile de concevoir pourquoi le Gouvernement s’eft refufé jufqu’ici à toutes les repréfentations qui lui ont été faites à cet égard depuis plufieurs années. Qu'au prix où eft le charbon de terre à Paris, on ne peut pas efpérer que la confommation s'en augmente & fupplée à celle du bois; & que pour qu'il y eût un avan- tage marqué en faveur de ce combuftible, il faudroit que le prix de la voie de charbon de terre n’excédat pas deux fois le prix de celle du bois, c’eft-à-dire, que dans l'état des chofes , il faudroit que la valeur de la voie de charbon de terre n'excédât pas 45 livres. Enfin, on s'apercevra que le charbon de terre eft, à poids égal, celui des combuftibles qui contient le plus de Ccce i 388 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE matière échauffante ; le bois, celui qui en contient le moins» & que le charbon de bois tient à peu-près le milieu entre lun & l’autre. Les comparaifons dont il a été queflion dans ce Mémoire, n'étant point fufceptibles d’une exactitude rigoureule, on ne doit regarder les réfultats que j'ai obtenus que comme des aperçus, mais qui font en même-temps aufli juftes qu'il eft néceffaire pour éclairer les Arts & les Aïtiftes, fur leur intérêt, & pour les engager à employer de préférence un combuf- tible plutôt qu'un autre. Je pourrai mettre fous fes yeux de l’Académie, d'autres recherches de cette même nature, fi elle les juge dignes de {on attention. + : : *QU9U2.2P SI0G rss ù _? s8t ç sr < Sa: s87 . SO Le 7 € pi | PNEU TR AE D 0 nn onto AT el 1 ç LA ù gt D ALORS 2 M +1 TN ETTET EE) ï SL % gr y à i EE CNE) sIoT ETS AS Cl PP AU EG ACTU D'ARTS 1 ++: "2JOWU 21197 9p uOqIEUT 1 "or “+ ESoT 6 # Fri *S 1 e z “+1 € I * ‘auuoqiey2 21191 2P uOqEU) D Y Cr «7 Er I 1 22 MAS 7 + “dr “1 1 restes +01) 2p uoqeyo #fdouIg 'SNOS “SAMI “SaIUCT 'SNOS ‘SAUT DPI Te RU, ÿ “SUMT A Er cn “saC, ‘SOS * “HIT 9F.2942 ‘“IVLNINDd na 110,4 np #0 ‘"TVILNIND na |'XAVININD ‘SATHILSAINOO AUS LAPE SP ‘JoHUEUyT) np ISADIOMTACT PUEHOAUT 9P op TV EE OEIL 110odjue1 2p X-ALE ltd AHAWON S 4 9 4 dass T SERV ‘og LT quuvy auod ppp ‘Aammvg 4 24 HO MP NO HHUPYT) SRE | np uodfuu np @ SHoAG SP ‘pub XUJ np. uopuyfip san ‘sajgyfnquo sua sep joint) unp Anajp4 Dj 2 NFITIF A annee TETE 254 o N "OglI IANNF ES EEE EI EP TR DR QE CE IP NE EEE eg Sn ue a) SANTE 1 A EC I “it 1" " "À "tua op s0g i En og va EE on h En een ges à 1 fesses. como ap s10g À HD A FO A CRT à 9 TUE EE Le Len EC T +++ -oçu sioq op uoqaey | FAR C2 TA EC ARR Ca nn PHONE 20 SN I -*DuUU0qiEU2 21191 2p uoqiey)) À PSI EE Dog Hu] ts 6 uv | Lo 7 1 1 torse 2119] 9P UOQIEUTD) “SAINT “SNÔS SAIT “SAAUICT “SNOÇ SANT “au ‘snop SaMT | man, | ee ne cn “SAIUICT ‘SNOS ‘SAIT een "A2 2] 2242 *saqno spard *S AT AI EL /SP0 4 NO D: ‘34N9 Aid NA, 1104 np #0 ‘N VHOUYMW ANDqUA vf 0p ‘anuty np SJ LOL CE | =P TEVEL OL uodjuey 2p IUEWON SERV, A *Og£I J 20UUDj An0d 2nf0r ‘np Y 22/2 HOT MP NO JAHUPYT) MP 2odfuv np 2 suoiG :s2p. *puryuvu. XX np a01puyfip | 2240 !sajgmfnquo: suuaflip sap 2909 paid unp MPa ?} P A WAITE F = ARE AE | RIRE ENST. CP PAT ANT -6goi £E |... .ouoy ap siog € € SOIT NT ET D 9€ nee Es DS TA PISTOT oc: ‘01. °9 2916 var ST) 5009 oŸ +: : **2JOUI SI0q op uoqrt” 20 2 MN DAC ES “1 CHAT) DT 59 DT #07 Z1 |‘ouuoqrys ouai ep uoqrey9 rx “or “one 'or 1 | 6 “11h 1 6 à “sr ‘009 OI °# +2: 1"2"2119) Sp uoqie) | “sou ‘n$ “samT| ‘AU ‘MO MT] ‘ST 0 MT "A7 "SHAIT ‘Pal a *1P89 1953 t "AINONAP 2[ 2242 “241007 -19 “28 1249 “HONTE 2f 7209 1104 np #0 ‘saduo>-uou, |« séquo spard pr ‘SATIILSNINOON npu?i : conutyo np Tr. 0. Ga 3p armpoid inod æ g- . So1ir]j22ou Rrqyrquos onbeu| 304 5p uno SLIOHG ro us puenb ep EE 2P a1IOA 9p C uvpuod}21109 ke à S194dS4 AND[EA E] 2P XNATVA P SIVUA SŒIOd {sauinvnd AVEC RO CL "OgLI aauuP y mod ojnypo noi ay ‘ samtalnffo zuof saga sjanbxnv SH01(T S2P IUDIUOIU 4 2 quaBiD ua Ana[DA Ana] 2240 082 3afle un aumpoid anod saupÎfrau € saggfnquor suosfip ap semuvnb sep uoddvt 3j summmofpid NF 77 9 y TT as :N "oglI &INNY 392 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE AND "D FA TAONN, M. d'Ormeflon, Minifire des finances & M. de Caumartin, Prévôt des Marchands, qui ont eu connoif- fance de ce Mémoire, en ont demandé communication, lorfque a ville de Paris a été menacée de manquer de bois en 1783. Ces expériences leur ayant paru mériter l’atten- tion du Gouvernement, relativement à la comparaifon des différens combuftibles, & à la proportion des droits aux- quels ils font impofés, ils ont demandé qu'elles fuflent répétées d'une manière authentique. On s’eft établi à cet effet, à la raffinerie de l’arfenal de Paris On a commencé par introduire dans une des chaudières $000 livres d'eau: à côté & au-deflus de cette chaudière, étoit établi un baflin dans lequel on a verlé . 2800 livres d’eau: un tuyau garni d’un robinet, commu- niquoit du baflin à la chaudière, de forte qu'on pouvoit y laifler couler autant & aufli peu d’eau qu'on le jugeoïit à propos. Pour que toutes les circonftances fuffent égales, on commençoit dans chaque expérience par échauffer l’eau de la chaudière jufqu'au degré de l'eau bouillante; alors on retiroit tout le feu qui étoit dans le fourneau, & on y introduiloit le combuftible qu'on vouloit éprouver : on conduifoit le feu de manière que l'eau füt toujours entre- tenue bouillante, & que le bouillon füt toujours de la même force : à mefure que l’eau s’'évaporoit, elle étoit remplacée par de nouvelle qui étoit fournie par le baflin, & on avoit foin de proportionner l'ouverture du robinet, de manière que le niveau füt toujours conftant dans la chaudière. On a conduit cette opération jufqu'à ce que l'on eût ainfi évaporé les 2800 livres d’eau contenues dans le baffin. Il auroit été à defirer que l’eau du baffin qui fervoit à remplir , eût été elle-même au degré de l'eau bouillante; mais quelques circonftances ne l'ont pas permis, & tout ce qu'on a pu faire, a été de a porter conftamment à 40 degrés. Ainfr la D'ENS MS UQC'ELE NT E 6 393 la quantité de combuflible confommée dans chaque expé- “ rience, étoit celle néceflaire pour porter 2800 livres d’eau de 40 à 8o degrés du thermomètre de M. de Réaumur, & pour la réduire en vapeurs à l'air libre. On ne donne pas ce moyen comme rigoureufement exact pour mefurer les effets de la chaleur: mais comme on s’eft efforcé de faire toutes les expériences dans des circonftances abfolument femblables, on-a, finon des quantités abfolues, au moins des rapports, & c'eft tout ce qu'on fe propofoit. : Comme [a conftruction des fourneaux où l’on brûle le bois, n’eft pas en général la plus avantageufe pour l’ufage du charbon de terre ou de bois, après que les expériences fur le bois ont été faites, on a fait reconflruire le fourneau: on y a adapté une grille & un cendrier, afin que l'air arrivät par-deflous, & paffât à travers la maffe du charbon. On a même eu l'attention de laiffer fécher long-temps le fourneau avant d'en faire ufage, & d'y faire du feu plufieurs jours avant de l'employer aux épreuves, La quantité de combuftible néceflaire pour évaporer les 2800 livres d’eau, a été, Pourde charbon deïterre de. .::.... 4... 0 538 livres. Pour le charbon de terre charbonné, de Pour le charbon de bois, de Pour le bois flotté en petites bûches mélées de BOIS banc MAG 1e. à diotel slatmhelel More lee ce 1042. . La voie de charbon de terre fur laquelle on a opéré, avoit été prile fur le port Saint-Paul; elle pefoit 2347, ce qui, à raifon de 43 pieds cubes? par voie, donne pour la pefanteur du pied cube, s4 livres $ onces 2 gros. L La voie de charbon de terre charbonné peloit r 50 livres; elle étoit compolée de 6 pieds cubes, ce qui donne 25 livres pour le poids du pied cube. ; La voie de charbon de bois pefoit 8r livres 10 onces 5 gros ; elle étoit compofée de 6 pieds cubes, du poids de 13 livres 10 onces 4 gros. Mém. 1787, D dd 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Enfin le bois étoit d’affez mauvaife qualité, en petites büches légères, mélées de bois blanc; il étoit flotté; la voie peloit 1690 livres, ce qui, à raifon de 56 pieds cubes par voie, donne pour chaque pied cube, 30 livres 3 onces. J'ai cru devoir appliquer à ces réfultats le calcul des droits & des prix, tel qu'il exiftoit en 1780 : ce n’eft pas qu'à l'époque où ce Mémoire eft envoyé à limpreflion (au commencement de 1784), il n’y ait eu une légère augmen- tation de droits fur le bois & le charbon de bois, en exécution de l’Édit du mois d’août 1781, & quil ny ait eu une modération confidérable des droits impolés fur le charbon de terre; mais j'ai dû me reporter à l'époque où a été rédigé ce Mémoire, d'autant plus que les différences font légères, & que l'augmentation de prix marchand a compenfé pour le charbon de terre, à peu-près l'effet de la diminution du droit. D'ailleurs j'aurai occafion de revenir fur cet objet dans le cours de l'année 1785, & de rendre compte à l'Académie, de quelques détails particuliers relatifs à l’approvifionnement de Paris, & aux obftacles qui y ont amené fucceflivement & néceflairement une difette de combuftible, J'ai réuni dans un Tableau ci-joint, fous le ».° z, le réfultat des expériences contenues dans cette Addition: on y verra que les expériences en grand fe font écartées fort peu de celles que j'avois faites beaucoup plus en petit en 1780, & qu'il en réfulte une confirmation réciproque des réfultats que j'ai obtenus, *sayanq sand ua ‘910} sI0g © +: :"2jQUI sJoq 2p uoqeg) 60:65 AIR EC pi EG 11 PISE 1T ‘auuoqieu2 21191 2P uoqituf) "6€S = . [° . = = OI “+++: +911 9p uoqity) 28 OZ * # 11 ‘OX ‘91 ——————— “SAUT ‘snog ‘A7 | ‘SAIT ‘MO 7| “SIC ‘SN0S SAMI oo “SAAIT. 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Bertholet & moi, dans le mois d’Août dernier * , le rapport d’une Traduétion faite par M. le Baron Dietrich, de l'Ouvrage de M. Scheele, intitulé, Traité chimique de l'Air à du Feu, elle a paru defrer que nous lui fiflions connoître d’une manière plus particulière les expériences contenues dans cet important Ouvrage ; je m'acquitte aujourd'hui, dans ce Mémoire, de l'engagement que j'en ai pris. Ï ne s'agit de rien moins dans Ouvrage de M. Scheele, que de changer toutes les idées reçues en Phyfique & en Chimie; d’ôter au feu & à la lumière la qualité d’élément qui leur a été attribuée par les Philofophes anciens & modernes; de décompofer & de recompofer le feu dans nos laboratoires, & d'étendre ainfr confidérablement le domaine de la Phyfique & de la Chimie. £ M. Scheele établit d’abord au commencement de fon Ouvrage , les propriétés générales de Vair commun dans l'état actuel de nos connoiflances. Premièrement, ce fluide élaftique ne peut entretenir que pendant un temps limité Ja combuftion, la vie des animaux qui refbirent, & la végétation des plantes. Secondement, if y a dans toute combuftion une diminution d'unstiers ou d'un quart du volume de Fair dans lequel fe fait la com- buftion, à moins que le corps qu'on brüle ne fe rélolve ex un fluide élaftique qui remplace celui qui efl abforbé. DES MSC LE NT EE 397 M. Scheele fait voir enfuite que fi on met une portion d'air atmofphérique en contact avec du foie de foufre, foit à bafe d’alkali fixe, foit à bafe d’alkali volatil, ou à bafe terreufe, cet air diminue infenfiblement & fe réduit du uart de fon volume. Des linges imbibés de fel fulfureux de Stalh, produifent fur l'air un effet femblable : il en eft de même de toutes les huiles eflentielles ; elles ont également Ia propriété de dimi- nuer d’un quart le volume de air dans lequel on les renferme: pendant cette opération les huiles fe convertiflent en une fubftance réfineule ; & les huiles animales de Dippel, qui étoient limpides & fans couleur , s’épaifliflent & deviennent noires. Les chaux métalliques, même par la voie humide, exer- cent encore la même action fur l'air: fr on précipite le fer du vitriol de mars par un alkali cauftique, on a un précipité d'un vert-foncé; f1 on met ce précipité en contaét avec de Fair de l’atmofphère, il jaunit bientôt, fe change en fafran de mars; en même temps l'air dans lequel on opère, fe trouve diminué d’un peu plus d’un quart de fon volume: on a un réfultat femblable avec de la limaille de fer hu- mectée avec de feau; l'air diminue également de volume, & la limaille fe change en fafran de mars. L'air qui refte après ces différentes opérations, loin d'être fpécifiquement plus pefant que l'air de l’atmofphère, eft au contraire plus léger, il ne peut plus entretenir la vie des animaux ni {a combuftion. De ces faits, M. Scheele conclut que Fair de l’atmofphère eft compolé de deux fluides élafliques différens; que Pair refpirable en forme environ le quart, & {a partie nuifible environ les trois quarts. Sans prétendre rien retrancher du mérite des expériences de M. Scheele, je ne puis me dif penfer d'oblerver ici que j'avois donné, dès 1773 , une partie des expériences qu'il rapporte | notamment celle de la calcination du fer par la voie humide, dans une quantité donnée d'air, & que jen aï conclu précilément _ 398 Mémoires DE L’'ACADÉMIE RoYALE comme lui, que l'air de l'atmofphère contenoit au moins deux fluides élafliques très-différens l’un de l'autre (a). Après avoir examiné les effets de différentes fubftances {ur l'air, M. Scheele pafle à 1a combuftion, & il commence par celle des corps qui ne fourniflent point en brülant, de fluide élaftique aériforme. Il a brülé du phofphore dans les vaiffeaux fermés, & il a obfervé dans l'air une diminution de 75, c'eft-à-dire de près d'un tiers. J'ai fait la même expérience avec les mêmes précautions que M. Scheele, à l'exception que j'ai opéré fur du mercure, au lieu d'opérer fur de l'eau, & j'ai obfervé que la diminution du volume de l'air n’alloit qu'à un quart tout au plus /b). La combuftion de l'air inflammable, obtenue de la dif- folution, foit de la limaïlle de fer, foit de celle de zinc, par l'acide vitriolique, diminue, fuivant M. Scheele, éga- lement d'un quart le volume de l'air dans lequel fe fait la combuflion; l'air qui refle, ne précipite point l’eau de chaux, & comme celui qui refle après la combuftion du phofphore, il eft plus léger que celui de Fatmofphère. M. Scheele pale enfuite aux eflets de la combuftion des chandelles, de celle du charbon & de lefprit-de- vin; il trouve, comme je l'avois annoncé /emoires de l'Académie des Sciences, année :1777, page 199), qu'il n'y a qu'une très-légère diminution du volume de l'air dans ces Opéra- tions; la raïfon qu'il en donne, & que j'en ai donnée moi- même dans les Mémoires ci-deflus cités, eft qu’il fe produit, à mefure que le corps brûle, de Pair fixe ou acide crayeux aériforme : quand, on .eft parvenu à féparer par l’eau de chaux, cet acide, l'air fe trouve diminué d'un dix-neuvième de fon volume, fuivant M, Scheele, dans la combuftion des chandelles, & d’une fraétion plus petite fuivant moi : (a) Voyez Opufcules chimiques, page 292 : & le Recueil des Mé- moires de l’Académie pour l’année 1776, page 69. (&) Voyez Opufcules chimiques, page ?27 èT fuivantes, DNS: 1900 LEA C Er 399 Jai qui refte n’eft point encore dépouillé de tout fon air vital, ainfi que je l'ai fait voir { Mémoires de l'Académie, 1777, page 201), il eft encore fufceptible d'entretenir Ja vie des animaux, & c'eft par cette railon qu’une chandelle eft une épreuve füre pour connoître fi un air qu'on foup- çonne d’être altéré, eft encore refpirable; on peut être afluré en général, que tant que fa chandelle y brûle, les animaux peuvent y vivre. M. Scheele a fait la même expérience fur la combuftion du foufre : il trouve que dans cette opération la diminution du volume de l'air eft peu confidérable & moindre qu’elle ne devroit être, parce qu'il fe forme de l'acide fulfureux aériforme qui remplace l'air ; mais fi on abforbe cet acide, foit avec de l’eau, foit avec des alkalis, alors l'air dans lequel s’eft fait la combuftion fe trouve très-fenfiblement diminué de volume. M. Scheele a répété Ia plupart de ces expériences dans Yair déphlogiftiqué, qu'il appelle l'air du feu, & que j'appellerai air vital avec l'Hiftorien de cette Académie: il a principa- lement obtenu cet air de la diftillation du nitre par l'acide vitriolique à la manière de Glauber, & du nitre lui-même calciné dans les vaifleaux fermés; il a obfervé comme moi (voyez Mémoires de l Académie, vol, de 1776 & 1777), que dans la plupart des calcinations ou combuftions faites dans cet air, la totalité ou au moins la majeure partie de Yair étoit abforbée & difparoïfloit entièrement. Enfin, il ne lui a pas échappé non plus qu'à moi, que cette difparition de l'air étoit accompagnée de chaleur ; que cette chaleur étoit d'autant plus grande que la diminution de l'air étoit plus rapide, qu’elle alloit jufqu’à l’inflammation dans la combuftion du phofphore, du foufre, de l'air inflammable, jufqu’à la feule ignition dans la combuftion du charbon & du pyrophore; que dans la calcination des métaux, foit par la voie fèche, foit par la voie humide, il y avoit fimple chaleur, mais que cette chaleur étoit d'autant plus forte que la deftruétion de l'air étoit plus rapide, | 460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE L'explication de ces différens phénomènes étoit fimple; fi M. Scheele eût examiné, comme je l'ai fait, le poids des Matières qui avoient opéré la diminution du volume de l'air, ou plutôt l'ablorption totale de F'air vital, il fe feroit aperçu que ces fubftances fe trouvoient augmentées de tout le poids de la quantité d’air manquante; il auroit alors reconnu évi- demment que l'air fe combinoit, fe fixoit dans toutes ces opérations, foit avec les métaux, foit avec le foufre, le phofphore, &c. & que ces fubftances pafloient, par l'acceffion de ce nouveau principe, à l'état de chaux ou à celui d’acide, comme je lai démontré dans plufieurs Mémoires : quant à Pinflammation & à la chaleur, ou plus généralement, quant au dégagement plus ou moins rapide de matière du feu, qui a conftamment lieu dans toutes les calcinations, combuftions & fixations d'air, 1l auroit été conduit comme moi, à conclure qu'elle pouvoit venir ou du corps brülé, ou de Fair dans lequel ï brüle; & que la queftion fe réduifoit par conféquent à déterminer par expériences, à laquelle de ces deux opinions on devoit s’arrèter. : Au lieu de ces conclufions fimples & qui fuivent immé- diatemement de l'expérience, M. Scheele a été obligé de recourir à un fyftème très-compliqué & très-extraordinaire. Il a fuppofé que dans les combultions ou dans les autres opérations analogues, le phlogiftique des corps combuftibles s'unifloit, fe combinoit à l'air; que le réfultat de cette com- binaïlon étoit fa chaleur elle-même, laquelle pafloit à travers les vaifleaux: {a plus grande partie de l'Ouvrage de M. Scheele, eft employée à étayer cette fmgulière théorie; mais il ne fera pas difficile de faire voir qu'elle eft abfolument contraire aux faits: pour y parvenir, je vais tâcher de faire fuivre à mes lecteurs le fil des idées de M. Scheele, & de leur faire fentir le point auquel il s’eft égaré. M. Schéele à obfervé que dans toutes les calcinations & combüftions il ÿ avoit une diminution t'ès-fenfible, non- feulement dans le volume del'air, mais encore dans la pefañteur fpécifique de la portion reftante; il en réfultoit évidemment que DES SCIENCES. 401 que la diminution obfervée dans,le volume de air, ne tenoit pas à une fimple diminution de fon élafticité, qu'il y avoit une perte réelle de matière, une diminution dans la mafle des fubftances contenues dans le fyftème des vaifleaux; d’où il a conclu que la portion d'air qui ui manquoit, avoit pañié à travers les vaiffeaux, qu’elle s'étoit échappée à travers les pores du verre: or, comme Îa matière du feu & de la chaleur , eft à peu-près la feule de toutes celles connues, qui pénètre le verre, il a été conduit à penfer que Fair fe changeoit en chaleur par fa combinaifon avec le phlogiflique dans les calcinations, les combuftions & autres procédés analogues. C’eft ici que M. Scheele a commencé à tirer des conféquences qui ne découloient pas immédiatement des expériences: tout fon fyftème étant appuyé fur le point de fait qu'il y a perte de matière dans Îes calcinations & les combuf- tions, cet cet article qu'il étoit important de conftater ; or, fi je fais voir que ce fait eft faux, qu'il n’eft qu’une fuppofition inadmiflible & démentie par des expériences décifives, tout le fyftème ingénieux imaginé pour Fexpliquer, fera démontré également faux. Je n'ai pas befoin de chercher ici d’autres preuves que celles rapportées dans mes Opufcules phyfiques, tome Er, page 327 © Juivantes ; jy ai fait voir que le pholphore, en brülant , augmentoit de plus de moitié fon poids, & que cette augmentation étoit dûe à [a fixation de l'air qui fe combinoit avec lui, & le convertifloit en acide phofphorique : les expériences rapportées dans le volume de 1774,p. 357, font encore plus décifives : j'ai introduit une quantité déter- minée d’étain dans de grandes cornues de verre, je les ai * fcellées hermétiquement, je les ai pelées, je les ai enfuite expofces à un feu fufffant pour entretenir l’étain en fufion & pour le calciner; ayant repelé les cornues après Ia calci- mation, & avant de les ouvrir, je me fuis afluré qu'elles m'avoient éprouvé ni augmentation ni diminution de poids: or, fi comme le prétend M. Scheele, l'air & le phlogiftique s'étoient combinés enfemble pendant Ja calcination, fi la Mém, 1781. Eee 402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE chaleur qui en avoit réfulté, s’étoit échappée à travers les pores des vaifleaux, le poids total auroit dû être diminué, & de ce qu'il ne la pas été, il en rélulte évidemment que M. Scheele eft parti d'une fuppolition fauffe. La queftion n'eft donc plus aujourd’hui de favoir ce que devient l'air dans les combuftions, les calcinations & autres opérations analogues ; il eft bien clair qu'il fe combine avec le réfidu, & qu'on le retrouve ou dans la matièremife en expérience, ou dans le fluide aériforme qui s’eft formé: tout fe réduit à favoir d’où provient la matière du feu, de La chaleur & de la flamme ; fi elle eft dûe à la décompofition du corps qui brüle, ou à celle de fair fans lequel aucune combuftion ne peut avoir lieu: tel eft l'état auquel fe trouve réduite la queftion, d'après les découvertes modernes fur cette matière. M. Scheele a effayé, comme M. Prieftley l'a fait le premier, & comme je l'ai fait depuis lui, de renfermer des animaux dans des quantités données d’air, & d’examiner les effets qui en réfultoient ; il a reconnu, ainfi que moi { Mémoires de l'Académie, année 1777, page 185), que le volume de Fair n'étoit pas beaucoup diminué par la refpiration des animaux, qu'une portion étoit convertie en air fixe, & qu'il s’opéroit une diminution de volume exactement proportion= nelle , fur la quantité d'air vital contenu originairement dans l'air de l’atmofphère. Les abeïlles ont fur l'air vital a même action que les autres animaux qui relpirent: fi on renferme dans une quantité donnée d'air, des abeïlles, l'air vital fe trouve au bout d’un certain temps converti en air fixe, & elles périffent enfuite fi on ne renouvelle pas l'air: le temps que les abeilles peu- vent vivre dans une quantité donnée d'air, eft aflez exac- tement en raïifon inverle du nombre de ces infectes. Si, fuivant M. Scheele, on met du fang de bœuf dans une quantité déterminée d’air commun, fon volume n'eft ni augmenté ni diminué, mais une portion confidérable de l'air vita eft convertie en air fixe. Ce rélultat très-fingulier ÿ ES: S/ChRE N°c'E;< 403 jette un grand jour fur les phénomènes de [a refpiration, puifqu'elle produit fur lair exaétement le même effet ( Voyez les expériences que j'ai publiées à ce fujet, Mérnoires de l’Académie, année 1777, page 185). M. Scheele a répété les mêmes expériences, en fubflituant Vair vital à celui de l’atmofphère ; il a effayé de refpirer fui - même cet air, & il a obfervé qu'après cinquante-fix infpirations & expirations il n'étoit point diminué de volume: il ajoute qu'il contenoit peu d'air fixe. La végétation a encore fur Fair une aétion plus marquée & plus vive que la relpiration des animaux; ce genre dex- périences paroit appartenir exclufivement à M. Scheele. Des pois qu'il avoit mis à germer dans de l'eau, dans un vaiffeau dont le furplus de la capacité étoit rempli d'air atmofphérique, en ont transformé un quart en air fixe: alors la végétation a été abfolument fufpendue, & ils ont ceflé de croître; d’où M. Scheele conclut que la végétation , comme Ja refpiration, convertit en air fixe {a portion d’air vital, contenue dans l'air de l’atmofphère. Cette partie des expériences de M. Scheele, ne cadre pas entièrement avec ce qui a été publié depuis fur la végétation par M. Ingenhoufe & par M. Sennebier, & elles paroiffent demander confirmation. Une autre fingularité, c’'eft que la végétation des pois, fuivant M. Scheele, fait peu de progrès dans l'air vital. ‘Pour expliquer tous ces faits d’une manière conforme à fa première hypothèfe, M. Scheele et obligé de fuppofer que l'air vital, l'air déphlogiftiqué de M. Prieflley , n'eft autre chofe qu'un acide fubtil, l'air fixe dulcifié par le phlogiflique : d’après cela, lorfque l'air vital eft in{piré par les animaux, il fe décompofe, fuivant fui, dans leur poumon, il y dépofe le phlogiftique, & en reffort dans l'état d'air fixe. On voit clairement, fans qu'il foit beloin de s'arrêter à réfuter cette explication, qu'elle eft une fuite du fyflème que M. Scheele s'eft primitivement formé; or comme j'ai fait voir que tout ce fyflème étoit appuyé fur un fait faux, Eee ij 404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fur une fuppofition inadmiflible, je puis me difpenfer de difcuter féparément toutes les conféquences qu’il en a tirées: je ferai remarquer cependant que M. Scheele, en admettant que l'air fe déphlogiftique dans le poumon, fe fépare de tout le refle des Phyficiens & des Chimifles; en eflet M, Prieftley & beaucoup d’autres font au contraire perfuadés. que l'air fe déphlogiftique par laéte de la refpiration. Dans le fait, cette dernière opinion n'eft guère plus foutenable que la première; il y a grande apparence qu'elle eft égale ment appuyée fur une fuppoñition faufle, & c'eft ce que je me réferve de difcuter ailleurs. Enfin, j'ajouterai que fi on admettoit avec M. Scheele, que l'air vital eft réellement une dulcification de l'air fixe par le phlogiftique, on ne pourroit plus concevoir en quoi l'air vital diffère de la chaleur, puifque la chaleur n’eft éga- lement, fuivant lui, que la combinaïlon de l'air vital avec le phlogiftique; d’où lon voit qu'indépendamment de ce que le fyftème de M. Scheele eft appuyé fur des bafes fauffes, ik eft encore formé de parties abfolument incohérentes entr'elles. Après avoir prétendu prouver que fa chaleur eft une: combinaifon d’air fixe furchargé de phlogiflique, M. Scheele examine les effets de la combinaifon de la chaleur avec différentes fubftances. I regarde les alkalis cauftiques, les chaux métalliques, &e. comme des {els neutres dans lefquels la chaleur joue le rôle d'un acide. Ainfi, par exemple, fi l’on poufle au feu de la magnéfie ou du fpath calcaire, &c. la chaleur qui a plus ‘ d’affinité avec les fubftances alkalines que n’en a Fair fixe, le chafle & prend fa place dans la combinaïlon, & il en: rélulte un corps cauftique, c’eft-à-dire, un corps faturé de la matière du feu; plus la quantité de chaleur reçue & combinée dans les terres, fera grande, plus elles feront diflolubles, parce que c’eft une propriété des fels avec excès d'acides, d’être plus diffolubles dans l'eau que les autres. Toute cette partie du fyftème de M. Scheele, n’eft abfolument que l'opinion de M. Mayer, préfentée fous une D) mis NGC HE NN CIE Ts _ 405$ nouvelle forme, Ce qu'il appelle chaleur, M. Mayer Yappeloit acidum pingue ; mais toute cette doctrine a été détruite & renverfée par celles de M.° Black, Macquer & autres. On peut confulter à cet égard le premier volume de mes Opufcules, & le dictionnaire de Chimie de M. * Macquer, article Cauflicite. M. Scheele fuit les effets de Ia chaleur confidérée comme acide dans la décompofition des terres calcaires difloutes dans les acides. Si lon verfe un acide quelconque fur de la chaux, on a une vive chaleur, par la raifon que 1a chaux n’eft autre chofe que la combinaïifon de la terre calcaire avec la chaleur ; or tous les acides ont plus d’affinité avec les terres calcaires, que n’en a la chaleur, donc cette dernière doit ètre chaffée & dégagée. 11 n’eft pas difficile de voir qu'indépendamment de ce que cette explication n’eft point de M. Scheele, mais qu’elle appar- tient à M. Mayer, il fe trouve ici une contradiétion : en eflet, fi la chaleur eft un acide dulcifié, fi elle réfulte de la combinaïfon de fair avec le phlogiftique, dès-ors c'eft une fubftance neutre, & loin de {e combiner avec les corps à la manière d'un acide, elle devroit s'y combiner Jutôt à la manière des foufres. Quoi qu'il en foit, M. Scheele continue à expliquer un grand nombre de phénomènes chimiques d’après les mêmes principes. Si on verfe, dit-il, un acide fur du favon tenu en diflolution dans de l’eau, il y a décompofition du favon, Vacide s’unit à l'alkali, forme un fel neutre, & l’huile furnage. Que devient dans cette expérience la chaleur qui étoit combinée avec falkali , & qui le conftituoit dans l'état cauftique! M. Scheele penfe qu'elle fe combine avec l'huile, & que c’eft elle qui lui donne la propriété de fe difloudre dans T'efprit de vin, & qui la rapproche des huiles effentielles. M. Scheele pañle enfuite aux obfervations qu’il a faites fur l'air inflammable, On a vu plus haut que la chaleur unie avec très-peu de phlogiftique, fuivant lui, devenoit lumière: fi on la furcharge de phlogiftique, elle devient air inflammable. Loriqu'on diffout un métal dans un acide, le 406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fer, par exemple, dans Facide viüriolique , 1a diffolution s'opère dans ce fyftème, en vertu d’une double affinité; d’une part, l'acide fe combine avec la terre métallique; de l’autre, le phlogiftique & la chaleur du métal fe combinent enfemble, & forment l'air inflammable. On voit qu'ici M. Scheele fe rapproche beaucoup des autres Chimifles, & qu’il donne au mot chaleur la même acception qu'on a coutume de donner au mot phlogiflique. Ce n'eft pas feulement par la diffolution des métaux dans les acides, qu'on parvient à former de l'air inflammable, on en tire par {a combinaifon du zinc avec les alkalis fixes, cauftiques & non cauftiques; & c’eft ce qu'a fait voir M. de Laflonne dans un Mémoire imprimé parmi ceux de 1775. Les alkalis cauftiques étant, fuivant M. Scheele, compofés d’une fubftance alkaline combinée avec la chaleur, il eft tout fimple qu'il fe forme de Fair inflammable par Ieur combinaifon avec les métaux; la fubftance métallique fournit le phlogiftique, & l'alkali cauftique fournit la chaleur. | Ïl rapporte à cette occafion des expériences d'autant plus intérefflantes, qu’elles peuvent jeter quelque lumière fur a nature du charbon: fi on broie de f'alkali cauftique avec du charbon, & qu'on diftille dans une cornue de verre, garnie d'une veflie, l'alkali cauflique devient eflervelcent, & la veflie fe remplit d'air inflammable, Si on calcine des charbons feuls dans une cornue à laquelle eft adaptée une veffie, il paffe une efpèce d'air méphitique, accompagné d’un peu d'air fixe; mais les charbons en fe refroidiflant réabforbent cet air; ils réabforbent de même Vair de l’'atmofphère, quand on les y expole chauds. Si on poufle des charbons au feu dans une cornue, & u’on les entretienne rouges & embrafés, ils donnent de l'air inflammable, maïs on n’en peut obtenir qu'une quantité déterminée, après quoi ils ne fourniffent plus rien: fi on les retire de la cornue, & qu’on les allume, qu'on les éteigne enfuite & qu'on les rediftille à la cornue, ils donneront de nouveau de l'air méphitique, puis de l'air inflammable. DES SCIENCES. 407 M. Scheele penfe qu'il arrive dans cette expérience Ja mème chofe que quand on met de Falkali cauftique avec du charbon, & qu'il ne fe forme de Fair inflammable par le charbon feul, qu'en raifon d’une petite portion d’alkali fixe qui a été rendu libre par la combuflion; cette expli- -eation eft au moins très-ingénieule : c’eft par l'air inflammable que fourniffent les charbons, que M. Scheele explique pour- quoi ils répandent de la flamme quand on les pouffe à une forte chaieur. M. Scheele a reconnu, comme moi, que l'air inflammable tiré du charbon, même lorfqu'il a été entièrement dépouillé d'air fixe par le lait de chaux, faifle cependant un réfidu confidérable d'air fixe après la combuftion ; il prétend que la caufe de ce fait tient à ce qu'il y a une portion de charbon volatil, mêlée avec l'air inflammable. On peut voir à cette occafion les conféquences que j'ai tirées du mème fait (Mémoires de, l’Académie, année 1777), & celles qu'en a tirées M. Bucquet, dans un Mémoire 1ü à une des rentrées publiques de l'Académie. M. Scheele termine fon Ouvrage par des expériences fur une efpèce d'air qu'il appelle air puant de foufre; cet air eft celui qui fe dégage par l'addition d’un acide fur du foie de foufre; tous les Chimiftes favent à quel point fon odeur eft : défagréable: fi on prend de f'alkali fixe parfaitement cauftique, qui ne faffe aucune effervefcence avec les acides, qu'on y ajoute du foufre & qu'on fafle la combinaïfon dans une cornue, on a un véritable foie de foufre qui fait effervefcence avec les acides, & qui donne de l'air puant de foufre; on a le même air en combinant dans une cornue, du foufre & du charbon, du foufre & de lhuile, Si on combine de la même manière trois onces de limaille de fer avec deux onces de foufre, on a un réfidu pefant uatre onces, dont on peut retirer ce même air puant par Paddition d’un acide. Cet air s’abforbe en partie dans l’eau , il ne précipite point l'eau de chaux, une lumière s’y éteint; fi on y ajoute 408 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE une certaine quantité d'air de l’atmofphère, par exemple; deux parties contre une, alors il eft inflammable; il fe pré- cipite un peu de foufre fur les parois du vafe dans lequef fe fait linflammation : M. Scheele regarde cet air comme un compofé de foufre, de chaleur & de phlogiftique. Ce que je viens de rapporter de l'Ouvrage de M. Scheele, a eu principalement pour objet de donner à l’Académie une idée de fa doctrine chimique, & de faire voir qu'elle eft appuyée fur des fuppofitions qui ne cadrent pas avec les faits: fon Ouvrage n’en aura pas moins le plus grand mérite aux yeux des Phyficiens & des Chimiftes, par la multitude d'expériences intéreflantes qu’il contient, par la fimplicité des appareils, par la précifion des réfultats qu'il a obtenus dans plufieurs circonftances : j'ai paflé fous filence un grand nombre d'expériences d'un autre genre, qui ne font pas moins intéreffantes, mais qui s’écartent trop de l’objet que je me fuis propolé de traiter dans ce Mémoire. à MEMOIRE D ES. S CIE N:C Es. 409 TE AT IO IR "TE SUR LA MANIÈRE D'ÉCLAIRER LES SALLES DE SPECTACLE. Par M. LAVOISIER. T° fiècle de Louis XIV, qui a pour ainfi dire fixé en France les Arts de toute efpèce, n’avoit procuré ni à la ville de Paris,” ni aux villes principales du Royaume, aucune falle de fpectacle; on ne peut en effet donner ce nom à ces quarrés alongés, à ces efpèces de jeux de paume dans lefquels on avoit élevé des théâtres; où une partie des fpectateurs étoit condamnée à ne rien voir, & une autre à ne rien entendre: ainfi il n'avoit pas été donné au fiècle qui avoit produit de grandes chofes dans prefque tous les genres, de voir élever des falles de fpectacle, dignes de Ia magnificence du Souverain, de la majefté de Ia Capitale, & des chef-d'œuvres dramatiques qu’on y repréfentoit, La manière d'éclairer le fpectacle & les fpectateurs, ré- pondoit à cette efpèce d'état de barbarie; un affez grand nombre de luftres tomboit du haut des plafonds, une partie éclairoit 'avant-fcène, l’autre éclairoit la falle; & il eft peu de ceux qui m'entendent, qui n'aient vu déranger les fpec- tateurs pour moucher les chandelles de fuif dont ces luftres étoient garnis: on n'a pas oublié fans doute combien ces luftres offufquoient Ia vue d’une partie des fpeétateurs, prin- cipalement aux fecondes loges; auffi les plaintes du Public ont-elles obligé d'en fupprimer fucceflivement le plus grand nombre; on a fuppléé à ceux de l’avant-fcène en renforçant les lampions de la rampe, & on a fubftitué la cire au fuif & à l'huile; les luftres qui pendoient fur lamphithéätre, ont été réunis en un feul, placé dans le milieu , & la contexture en a été rendue plus légère; telle eft encore aujourd’hui la Mém, 1781. FIr 410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE manière dont font éclairées nos falles de fpeétacle. Mais quelqu'avantageufes qu'aient été les réformes qui ont été faites, elles ont entrainé deux grands inconvéniens; pre- mièrement , il règne dans toutes les parties de la falle qui ne font point éclairées par la rampe, notamment à l’orcheftre, à l’amphithéätre, & même dans une partie des loges, une obfcurité, telle qu'on y reconnoïît difficilement à quelque diftance, les perfonnes qui y font placées, & qu'il n'eft pas poffible d'y lire de l'impreflion, même d'un caraétère affez gros; lobicurité eft encore plus grande dans le parterre, & les jeunes gens qui fuivent le fpectacle pour fe former le goût, & pour finir l'éducation littéraire qu'ils ont commencée dans leurs claffes, n’ont pas la facilité de pouvoir fuivre la pièce dans leur livre, lorfqu'ils le jugent à propos. Tandis qu'une partie des fpectateurs eft ainfi enfévelie dans l'ombre, la rampe éclaire d'une manière trop vive Ia partie de la falle voifine du théâtre: on fait que la diftinétion avec laquelle un objet eft aperçu, ne dépend pas feulemeut de la quantité de lumière qu'il réfléchit, & que F'état de l'œil de l'obfervateur y contribue beaucoup; il n'y a perfonne qui n'ait remarqué que lorfqu’on regarde un objet placé du même côté que le Soleil, fur-tout lorfque cet aftre eft bas, on ne diftingue cet objet qu'avec peine, parce que l'œil recevant beaucoup plus de lumière du corps éclairant que du corps éclairé, l'impreflion la plus forte nuit à la plus foible : une partie de cet effet eft produite par les fampions de la rampe, & l’efpèce d’éblouiffement qui en réfulte, nuit à la diftinction des objets placés fur le théâtre. Cette dernière confidération n’avoit point échappé au célèbre Servandoni qui a porté l’art des décorations à un fi haut degré de perfection: il avoit fenti qu'on pouvoit augmenter l'effet des décorations , l'illufion théâtrale, de deux manières, ou en portant plus de lumière fur le théâtre, ou en en portant moins dans la falle, & il avoit voulu employer la réunion de ces deux moyens dans les repré- fentations qu'il a données dans la grande falle du palais DES (SL CÎTIE AN: CHE, S. 41r des Tuileries: en conféquence, au moment où fa toile fe levoit, il faifoit remonter par le moyen de contre-poids, les luftres qui étoient fufpendus dans la falle, & cette dernière n'étoit plus éclairée par aucune lumière directe. Les recherches que j'ai faites fur la manière d'éclairer les rues d’une grande ville, avant que j'euffe l'honneur d’être Membre de cette Compagnie, les additions que j'ai faites à l'Ouvrage qu'elle a bien voulu couronner en 1767, m'ont fait naïtre quelques réflexions fur fes moyens qu'on pourroit employer pour éclairer les falles de fpectacle, & cet objet forme un chapitre affez confidérable d'un Ouvrage que je me propofe depuis long-temps de donner au Public, Ceux qui ont eu quelques connoiffances des travaux auxquels je me fuis livré à cet égard, ont penfé que dans un moment où Yon conftruit à la fois plufieurs falles de fpeétacle, je devois au moins préfenter au Public la fubftance de mes idées, & je m'y fuis déterminé, en laïfflant aux Artiftes à juger du mérite qu’elles peuvent avoir, & de l'application qu'on en peut faire dans la pratique. Trois objets à remplir pour éclairer une falle de fpeétacle: éclairer le théâtre & les décorations , éclairer l'acteur, éclairer le fpectateur. La manière d'éclairer le théâtre & les décorations par le moyen de lampions adaptés aux feuilles des décorations, de façon que celle de devant éclaire celle qui eft immédiate- ment derrière elle, & ainfi fucceffivement jufqu'au fond du théâtre, n’eft fufceptible d'aucun inconvénient: je crois feulement qu'on pourroit faire une économie affez confidé- rable de combuftibles, en adaptant à ces lampions, comme on a déjà eflayé de le faire, des réverbères bien faits & mobiles, de manière qu'on püût diriger la lumière réfléchie dans les parties où on la jugeroit néceflaire: on profiteroit ainfi d'une portion confidérable de lumière qui fe perd dans Yétat aduel. Je ne puis me difpenfer, en employant pour la première fois dans ce Mémoire le mot de réverbère, de chercher Fffij 412 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE à fixer l’idée qu'on doit y attacher. Un réverbère n'eft autre chofe qu'un miroir métallique defliné à porter vers Vobjet à éclairer, une portion de lumière qui fe portoit dans quelque partie où elle étoit inutile. Cette réflexion de la lumière ne fe fait pas fans perte : quelque parfait que l'on puifle fuppofer un réverbère argenté, il abforbe toujours une partie des rayons qu'il reçoit, & comme il fe graïfle, qu'il fe falit & fe dépolit par l'ufage, on doit toujours compter fur un déchet d'environ moitié. II fuit de cette définition, que toutes les fois qu'il n'y a pas de lumière perdue, mais qu'au contraire la totalité eft utilement employée, il n'y a pas lieu d'adapter un réver- bère au corps éclairant, & c’eft ce qui arrive lorfqu'il eft deftiné à éclairer la totalité d'une fphère; c’eft alors le cas d'abandonner Îa lumière à fon libre cours, & il n'y a qu'à perdre à la réfléchir. Il n'en efl pas de même lorfqu'on n’a befoin de répandre la lumière que dans une portion de la fphère du corps lumineux , alors le réverbère eft deftiné à réfléchir la portion de lumière qui auroit été perdue, à Yajouter à la fumière direéte, & on profite aïinfr, autant qu'il eft poffible, de Îa totalité des rayons: il eft évident que c'eft le cas des bougies ou lampions adaptés derrière les décorations, à peine y a t-il la moitié de la fphère lumineufe du corps éclairant qui foit employée utilement, la portion qui tombe fur la feuille de décoration à laquelle ïf eft attaché, eft en pure perte ; il y auroit donc un avantage réel, & du côté de l'effet, & du côté de l'économie, à {a réfléchir par un miroir ou par un réverbère, fur-tout s'il étoit mobile. Quant à la toile du fond, elle eft rarement dans nos falles de fpectacle fufhfamment éclairée, principalement dans fon milieu, & ce défaut étoit fur-tout frappant dans la falle d'Opéra qui vient d'être incendiée, parce que cette falle beaucoup mieux conftruite que toutes celles qui avoient été bâties à Paris avant elle, étoit plus large, & que le milieu nm Eus iSLCARE NC Es: 413 de la toile étoit en conféquence trop éloigné des bougies ou lampions adaptés aux décorations latérales. Cette partie du théâtre qui eft toujours vue de face, & qui repréfente des perlpeétives & des lointains, eft une des plus importantes relativement à l'illufion qu'elle doit produire fur les fpeétateurs : il eft donc néceflaire qu'on puifle l'éclairer plus ou moins à volonté, & ce ne fera que par ce moyen qu'on pourra rendre avec vérité les divers inftans du jour, l’ardeur du Soleil, la lumière fombre d’un orage ou d’une tempête, un lever ou un coucher du Soleil, une nuit, un clair de Lune, &c. Ces différens objets peuvent fe remplir d’une manière très-fimple par le moyen de réverbères paraboliques ou même fimplement fphériques, placés au - deffus de l'avant - fcène en dedans du théâtre, dans la partie quon appelle le ceintre. Ces réverbères feroient mobiles, afin de diriger la lumière dans les parties qu'on jugeroit à propos d'éclairer le plus: des gafes plus ou moins épaifles qu'on pourroit légèrement colorer, des toiles claires quon baifleroit par-devant pour intercepter plus ou moins de lumière, formeroient le degré de nuit ou d'obfcurité qu'on jugeroit à propos, & donneroient à 1a lumière toutes les teintes que les circonftacnes pourroient exiger. S'il eft important d'éclairer convenablement les décora- tions, & de porter par-tout la quantité de lumière néceffaire pour faire naître & pour entretenir l'illufion, il eft bien plus important encore d'éclairer l'acteur ; c’eft lui qui anime la fcène, c'eft par lui que le fentiment paffe dans l'ame du fpectateur : le moindre mouvement, la moindre altération dans fes traits, tout doit être fenti, rien ne doit échapper; & perfonne n'ignore que ce font ces détails qui conftituent la perfection du jeu, que c’eft d'eux que réfulte l'intérêt de la fcène, & fouvent le fuccès des pièces. L’Aéteur n'ayant pas befoin de voir les fpeétateurs, mais feulement d’en être vu, il n'y a aucun inconvénient de Yéclairer de face, & quand la vivacité de la lumière lui 414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feroit paroïtre obfcur le refte de la falle, il n'en réfulteroit point d'inconvénient : il eft fenfible d’ailleurs que facteur doit être éclairé néceflairement à peu-près dans le même fens dans lequel il eft vu; de-là fa néceflité de placer le corps éclairant entre lui & le fpectateur: les lampions de Ja rampe rempliflent cet objet; mais autant la lumière qui en émane, eft néceflaire pour éclairer l’aéteur, autant la portion qui va frapper l'œil du fpeétateur, eft nuifible, & je l'ai fufhfamment indiqué au commencement de ce Mémoire : il ny a d’ailleurs qu'un tiers de la fphère Jumineule des lampions de la rampe, qui foit employé utilement ; tout ce qui eft au - deflous du plan horizontal, eft en pure perte: c'eft donc encore ici le cas de réfléchir, par le moyen de réverbères dont la fisure neft pas difficile à déterminer, non -feulement la lumière perdue, mais encore celle qui fe répand dans a falle, & qui éblouit les fpectateurs; alors on produiroit plus d’eflet, on le produiroit d’une manière moins fatigante pour le Public, & on diminueroit confidérablement la confommation des combuftibles, confommation qui contribue beaucoup plus qu'en ne penfe, à rendre nos falles de fpeétacle tout-à-la-fois infectes & mal-faines. Je fais qu’un Artifte juftement célèbre, & dont l'opinion doit être d’un grand poids dans cette matière, a confeillé, dans une brochure très - intéreffante qui vient de paroiître, de fupprimer les lampions de la rampe, & d'y fubftituer des lumières placées en haut & aux deux côtés de l’avant- fcène; mais en convenant avec lui qu'un jour qui frappe le corps du bas en haut, n’eft pas le plus naturel, qu'il renverfe l'ordre des ombres & des clairs, qu'il démonte même, fi l'on veut, jufqu'à un certain point la phyfionomie des acteurs, je doute, malgré ces inconvéniens, qu'il foit poflible de fuppléer par aucun autre moyen, aux lampïons de la rampe. Des lumières latérales n'éclaireroient ni affez fortement ni aflez également, & elles feroient d’ailleurs abfelument incompatibles avec la conftruétion actuelle de DES Sie TE N/C:E S: 415 nos falles de fpeétacle. Quant aux lumières placées dans le haut de l'avant-fcène, c’eft-à-dire, perpendiculairement fur la tête des acteurs , elles produiroient le plus défagréable de tous les effets, celui de projeter l'ombre du nez fur le bas du vifage, d'ombrer trop fortement toute la cavité de Yorbite de l'œil, de faire reflortir d’une manière choquante les moindres rides , les moindres inégalités de Îa peau; enfin les acteurs fe feroient ombre à eux -mèêmes toutes les fois qu'ils fe pencheroient en avant, & facteur échap- peroit pour ainfi dire au fpectateur dans les inftans les plus tragiques. Après avoir rendu compte des moyens que je propofe pour éclairer le théâtre, les décorations &c l'avant - fcène, ii ne me refte plus qu'un mot à dire fur la manière d'éclairer la falle & les fpectateurs. Tout corps éclairant ne pouvant être placé dans la falle qu'entre le fpectacle & quelques- uns des fpectateurs, il eft impoflible qu'ils n’en foient pas plus ou moins offufqués. Le corps éclairant d’ailleurs doit être néceflairement fupporté par un corps quelconque, foit luftre, foit girandole, foit candelabre, & il en réfulte un obftacle qui cache une partie du fpeétacle pour quelque point de la falle: enfin les rayons qui partent du corps éclairant , allant frapper l'œil du fpectateur dans une direétion qui eft à peu-près la même que celle dans Jaquelle il voit la fcène, les objets qui font fur le théâtre, en font obfeurcis d'autant, au point même qu'on perd entièrement de vue ceux qui font médiocrement éclairés. Pour remédier à ces inconvéniens, je propofe de bannir tout luftre, tout corps éclairant, de la partie de la falle qui eft occupée par le fpeétateur, & d'y fubilituer des réverbères elliptiques perdus dans lépaiffeur des plafonds. Pour fe former une idée de cette manière d'éclairer, foit fuppolé un fphéroïde elliptique placé en dehors de 1a falle, de manière que Île plafond coupe perpendiculairement fon grand axe par un plan qui pafferoit par fon foyer inférieur; il eft démontré par une propriété connue de f'ellipfe, que fi on 416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 4 place une lumière au foyer fupérieur de ce fphéroïde, tous les rayons réfléchis par la furface de la courbe, iront fe croifer à fon foyer inférieur, & qu'ils en partiront comme d'un centre pour fe répandre de toutes parts, & former une demi-fphère lumineufe au-deflous du plafond; d’où l'on voit qu'il eft poflible de placer le corps éclairant à une élévation d’un ou même de plufieurs pieds en dehors & au-deflus de la falle, & que fon eflet fera le même que s’il étoit placé dans la falle à une très-petite diftance au-deflous du plafond : bien plus, il me feroit aifé de démontrer que la lumière ainfi réfléchie par un fphéroïde elliptique, fera répartie d'une manière beaucoup plus avantageufe que ne le feroit la lumière directe; que dans cette manière d'éclairer , les premières loges recevront plus de lumière que les fecondes, les {econdes plus que les troilièmes, tandis qu’en employant une lumière directe, placée dans le haut de la falle, comme on a eflayé de le faire il y a quelques années à l'Opera, les troifièmes loges étoient beaucoup trop éclairées, & les premières beaucoup trop peu. Indépendamment du grand avantage qu'il y auroit de bannir ainfi hors la falle le corps éclairant, cette difpofition rempliroit encore un objet bien important; de femblables réverbères formeroient autant de ventilateurs qui renouvel- leroient continuellement l'air de Ia falle. On fait maintenant, & c'eft un fait que perfonne ne révoque en doute, que les corps qui brülent, font les meil- leurs de tous les ventilateurs: en effet, tout corps qui brüle, échauffe l'air environnant; or, l'air ne peut s’échauffer fans être dilaté, & fans devenir plus léger que le fluide ambiant, dès-lors il eft forcé de s'élever, & il eft remplacé par de l'air frais, lequel s’échauffe à fon tour & s'élève comme le premier, d’où il réfulte un courant continuel d’air qui fe renouvelle; il y a des fiècles que ce moyen eft employé avec le plus grand fuccès dans les mines, & M. Cadet de Vaux en a fait une application très-heureufe pour purifier l'air corrompu des fofles d'aifance, des égouts, &c. ï C'eft D'ENS/VSYCREN CES, 417 C'eft de l'expérience feule qu’on peut apprendre combien il faudroit employer de réverbères conftruits fur ces prin- cipes , pour éclairer fufffamment une falle de fpectacle ; j'ai lieu de croire qu’en forçant un peu Ia groffeur des mèches, trois pourroient fuffire : mais comme il y a fouvent de Javantage à multiplier les points de départ de la lumière, & qu'on réduit par ce moyen toutes les ombres à de fimples pénombres à peine fenfibles, peut-être feroit-il préférable d'employer des mèches moins fortes, & d'augmenter jufqu'à neuf ou jufqu’à douze le nombre des réverbères. Je viens d'en appeler à l'expérience pour juger de l'effet des moyens que je propofe, & M. le Comte d'Angiviller, Directeur général des Jardins & Bâtimens de Sa Majefté, a bien voulu, depuis la rédactionade ce Mémoire, me pro- curer les moyens de la faire en grand dans le fallon des tableaux; ce local eft d'autant plus propre à une expérience de cette efpèce, que Îa hauteur & la capacité du fallon des tableaux eft plus grande que celle d'aucune falle de fpectacle ; j'ai profité, pour mes épreuves, de deux réverbères ellip- tiques que j'avois fait conftruire en 1767 pour l'illumination des rues de Paris, & j'en ai fait conftruire un troifième que j'ai adapté d’une manière plus particulière à l'illumination ‘des falles de fpeétacle; toutes mes difpofitions feront faites dans quinze jours au plus tard, & je rendrai compte du réfultat à l’Académie. Je prie les Artiftes, que je regarde comme juges fouverains en ce genre, de vouloir bien obferver que deux de ces réverbères que je me propofe d’expofer, n’ont point été conflruits pour cet objet; qu'ayant été planés & non fondus, la courbe n'en eft pas très-régulièrement exécutée; il en réfulte que des places font beaucoup plus éclairées que d’autres: on n'aura point ces inconvéniens à craindre quand on les coulera; on aura, il eft vrai, des réyerbères très-pefans, mais peu importe, puilqu'ils doivent refter en place, & que le prix de la matière ne peut jamais faire un objet Mém, 1781. Ggg * » 418 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE important dans un établiflement public, & dont ïl doit d’ailleurs réfulter une économie journalière confidérable. Je les prie d'obferver encore, que dans un local donné, les fphéroïdes elliptiques réguliers, ne feront peut- être pas celles de toutes les courbes qui conviendront le mieux pour la diflribution de la lumière, & qu'il y aura peut-être de l'avantage à y fubflituer des courbes mécaniques, cal- culées de manière à porter plus de lumière dans quelques parties que dans d’autres : on pourra aufli employer des mèches beaucoup plus fortes que celles dont j'ai fait ufage dans l’effai que je préfente; mon objet, en ne forçant rien, a été de prouver d’autant mieux la poflbilité de remplir ce que j'annonce. Enfin, quand je n’aurois pas parfaitement atteint le but, je m'eflimerai toujours heureux fi j'ai pu fixer l'attention des Artiftes, fur un objet de quelqu'impor- tance pour le Public, fur-tout relativement à la plus grande falubrité des falles de fpectacle, & des affemblées publiques en général. | ADDED TIHLONN. id ER RE la lecture de ce Mémoire, M. le Comte d’Angi- viller, Directeur & Ordonnateur des Bâtimens du Roi, Membre de cette Académie, a bien voulu faire conftruire dans le grand fallon des tableaux, au Louvre, un fimulacre de falle de fpetacle, de trente-neuf pieds de hauteur, afin que je pufle y faire des expériences en grand, d’après les vues que j'ai expofées: j'ai fait faire trois ouvertures dans le plafond de cette efpèce de falle, & j'y ai placé les trois réverbères elliptiques dont j'ai parlé; la plupart des Membres de l'Académie ont été témoins de leur effet : la Jumière, comme je l'avois prévu, étoit plus forte dans le bas & à la hauteur des premières loges, que dans la partie deflinée à former les troifièmes; il fe réfléchiffoït aufit horizonta- lement une portion de rayons qui rafoient le plafond, & qui portoient de la lumière juique dans la partie la plus élevée de la falle ; & quoiqu'il n’y eût que trois lampes, peus MSLCLHE NuCy ES 419 les parties les moins éclairées, l'étoient encore aflez pour qu'on püt lire par-tout des caractères très-fins. Cette épreuve très en grand ,en me confirmant dans mon opinion fur Ja poflibilité d'éclairer les falles de fpectacle &c d'affemblées publiques, par des réverbères elliptiques, noyés dans l’épaifleur des plafonds, m'a donné lieu de faire plu- fieurs obfervations importantes. Premièrement, dans cette manière d'éclairer, le plafond eft abfolument dans l’obfcurité, & cette circonflance donneroit à la falle un ton lugubre, sil n'y étoit pourvu; la lumière des lampions de la rampe remédieroit fufifamment à cet inconvénient dans les deux tiers de la falle, du côté du théâtre; mais dans la partie Ja plus éloignée il feroit néceflaire d'éclairer le plafond avec des lampions & des réverbères qui feroient uniquement deftinés à cet objet, & dont toute la lumière feroit dirigée vers le haut; on pourroit ou les fufpendre, ou les placer au-deffus des corniches, fuivant les circonftances &c fuivant la conftruclion de Ia falle. Secondement, au lieu de concentrer la lumière dans un petit nombre de réverbères elliptiques, il fera indifpenfable d'en multiplier le nombre, & de le porter au moins à neuf, même pour les falles qui n'auroient pas une grande étendue. N'ayant que trois réverbères à ma difpofition, j'avois cherché à en tirer tout le parti qu'il étoit poflble, en forçant la roffeur des mèches: mais il en réfultoit deux inconvéniens, d'abord l'huile s’échaufloit beaucoup trop, la mèche fe char- bonnoit promptement , & la lumière devenoit bientôt lan- guiflante; en fecond lieu, la flamme de la lampe ayant un trop gros volume, fair ne pouvoit parvenir jufqu’au centre, de forte qu'il y avoit combuftion dans la partie extérieure de la flimme , dans celle qui recevoit le contact de l'air, tandis qu'il s'opéroit une forte de diftillation dans le centre, ë il sy formoit une fumée épaifle qui rendoit la flamme fombre & rouge; & cette portion d'huile qui échappoit à la combuftion, formoit une confommation en pure perte. J'oblerverai à cet égard, que l'huile n'éclaire qu'autant qu'elle Gegi 420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE brüle, qu'elle ne brüle qu’autant qu’elle a le contaét de Pair, qu’il faut par conféquent multiplier les furfaces de la flamme; on peut y parvenir par deux moyens qu’il faut combiner enfemble pour obtenir le maximum de effet d’une lampe ; le premier confifte à multiplier les mèches en en diminuant la grofleur ; le fecond, à fournir de l'air dans le centre même de {a flamme, comme l'ont fait M.® Meunier, Argan & Quinquet. Cette conftruction très-ingénieufe, qui eft déjà connue de l’Académie, confifte à former des porte-mèches circulaires, fort minces, qui laïfflent un canal intérieur, au moyen duquel Fair peut pafler à travers de la flamme; on pourroit encore y joindre le tube de verre extérieur propofé par M. Quinquet, dont l'effet eft d'accélérer le courant d'air qui traverfe la flamme, à peu-près comme il arrive aux tuyaux qu'on adapte aux fourneaux chimiques. En propofant au furplus d'éclairer les falles de fpeétacle, au moyen de fphéroïdes elliptiques, j'ai eu principalement intention de faire voir comment on peut placer le corps éclairant en dehors de la falle, & le perdre dans l’épaiffeur des plafonds; j'ai voulu d’aïlleurs donner la fuite d'idées qui m'avoit conduit à ce réfultat, mais il eft poffible, en partant de cette même idée, d'imaginer des moyens fort différens de remplir le mème objet, & je ne puis que m’en rapporter aux Artiftes, fur les applications. Si l'Académie, au furplus, juge que cet objet mérite de l'occuper plus long-temps, je pourrai, dans un fecond Mémoire, donner une explication détaillée, & accompagnée de figures des lampes & réver- bères, dont je n'ai fait qu'indiquer la confiruétion dans ce Mémoire, p'E ‘st Se MEN C Eis 421 MÉMOIRE SUR LA POSITION DE TRÉBIZONDE, D'ARZ-ROUM, Et de quelques amres Villes de "Aie occidentale. Par M. BUACHE. LE: À longitude de Trébizonde & d’Arz-roum, que le Père Gouye a déduite des obfervations du Père de Beze, & qui fe trouve indiquée dans les Mémoires de l'Académie de 1699, n'avoit été adoptée jufqu'à préfent par aucun des Auteurs qui fe font livrés à l'étude de la Géographie. On vient de l’employer comme une ‘détermination exaéte dans le nouvel Atlas dreffé pour lÆHifloire philofophique des établiffemens à du commerce des Européens dans les deux Indes , & il en réfulte une defcription nouvelle ou un tableau fingulier qui change les idées reçues jufqu’aujourd’hui fur l'étendue & la figure des terres & mers de l’Afie occidentale. IL n'y a pas moins de cinq degrés & demi de différence en longitude pour la poftion de Trébizonde, entre les nouvelles Cartes & les anciennes. La mer Noire, alongée d'autant de degrés vers l'Orient, sy trouve augmentée de plus d’un quart dans fa longueur, & vient occuper la place que les meilleures Cartes aflignoient ci-devant à la Géorgie ; la mer Cafpienne, reculée de même à l'Orient, prend une étendue plus grande d’un cinquième dans fa longueur, & en outre une pofition oblique aux méridiens, abfolument contraire à celle que lui donne la Carte levée par ordre du Czar. Enfin Tauris & d’autres villes fituées au nord- oueft d’Ifpahan, fuivant les plus habiles Géographes, viennent fe placer aujourd'hui au nord de cette ville, & celles qui étoient au nord, font tranfportées au nord-eft, Le nouvel - Lû le 17 Août 1781. 422 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyaLe Atlas étant accompagné d'une analyfe qui rend compte de la conftruétion de chaque Carte, & étant conféquemment fuppolé fait avec le plus grand foin, on feroit tenté de regarder comme bien fondée la defcription nouvelle qu'il introduit, & d'attribuer l'erreur aux Géographes qui nous ont précédés; mais d’un autre côté, en confidérant les travaux de ces mêmes Géographes, qui ont rapport à cette partie, fur lefquels ils font revenus plufieurs fois, & qui annoncent une étude réfléchie, en voyant d’ailleurs accord qui règne entre leurs defcriptions, & la conformité de ces delfcriptions avec celles que les Anciens en avoient données, il n'eft guère poflble de leur attribuer une erreur aufir groffère; & l’on doit préfumer plutôt qu'ils ont eu les plus puiffans motifs pour ne point admettre la longitude de Trébizonde & d’Arz-roum, déduite des obfervations du Père de Beze, La pofition bien déterminée d'un point du globe, fournit les plus grands fecours à un Géographe, & devient pour lui un objet très-important: c'eft une bafe folide fur laquelle il peut établir avec confiance les routes & defcriptions des. Voyageurs, les rapports des Hiftoriens, & généralement toutes les connoïffances qu'il peut fe procurer : ainfi on ne doit pas croire qu'il néglige volontairement de telles déter- minations, pour peu qu'elles lui paroiflent exactes. Quels peuverit être les motifs qui auront déterminé le fentiment des Géographes jufqu'à ce jour? & quelles font les connoiffances aflez précifes qui leur ont paru préférables aux obfervations du Père de Beze? voilà ce qu'on pourroit defirer de connoïtre aujourd'hui, & ce que je vais expofer dans ce Mémoire, & foumettre aux lumières de l'Académie, Le Père Gouye n'ayant point publié les obfervations du Père de Beze, ni fes calculs, mais feulement les réfultats, on n'a pu dire jufqu'à préfent s'il y avoit erreur dans les obfer- vations où dans les calculs: mais l’Académie n'ayant point admis Îa Jongitude de Trébizonde dans fa Connoiflance des Temps, on peut déjà regarder cette longitude comme DMEMSMISNChÈLE NECHENRS. 423 douteufe. Si M.* Delifle & d’Anville n’en ont point fait - ufage, on ne peut dire que ce foit par ignorance, ou qu'ils n'en aient pas été inftruits. [ls ont adopté les latitudes de Trébizonde, d’Arz-roum & d'Érivan, déterminées par le même Père de Beze, parce qu'ils les ont trouvées con- formes aux connoiffances qu’ils avoient d’ailleurs; mais ils n'ont eu aucun égard pour Îes longitudes, parce qu'ils les ont trouvées trop oppolées & contraires à ces mêmes connoiffances. M. Delifle s'explique clairement à ce fujet dans fon Mémoire fur la fituation & l'étendue des différentes parties de la Terre /Méim. de l'Académie, année 1720, page 381). Après avoir parlé de Îa latitude de Trébizonde donnée par le Père de Beze, il ajoute « je remarquerai feulement ue la longitude que ce Père donne à cette ville, eft différente de 6 degrés fur 17 du réfultat des Mémoires que je viens de citer, qui font cependant conformes aux dif- tances de M. de Tournefort, & aux itinéraires Romains, ce qui fait connoitre l'erreur de cette oblervation ». M. d’Anville n'a pas eu occafion de dire fon fentiment fur cette longitude; mais la conftruétion de fes Cartes qui font uniformes fur cette partie, nous le fait aflez connoiître, & nous indique en même temps les moyens quil a employés & qu'il a cru devoir préférer à l'obfervation du Père de Beze. Ce favant Géographe a placé le golfe de Samfoun qui eft à l'occident de Trébizonde, conformément à la defcription qu'en a donnée Strabon, & il place enfuite Trébizonde conformément à fa diftance de Samfoun. L'autorité de Strabon eft ici du plus grand poids. Cet ancien Géographe étoit de la ville d’Amañie qui eft fituée au midi du golfe de Samfoun, & c’eft des environs de fa Patrie dont il fait ici la defcription: Il parle en huit ou dix endroits de fa Géographie, de l’efpace compris entre les ‘golfes d’Amifus & d'Ifus, qui font les golfes de Samfoun & d'Alexandrette, & il en parle par-tout comme en ayant les connoiflances les plus pofitives: « cette partie, dit-il, 424 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE » iv, XIV, page 677 (a), eft comme J'Ifthme d’une grande » Prefqu'ifle, refferré entre deux mers, dont l'une ef Ja partie » du golfe d'Iffus, voifne de la Cilicie montagneufe, & l'autre »la partie du Pont- Euxin, comprile entre Sinope & la côte des Tybaréniens ». IT ajoute, 4. XIV, page 673, « le » véritable Ifthme eft entre Tarfe & Amilus; & d’Amifus au golfe d'Iffus, il n’y a pas de plus court chemin que par Tarfe ». On trouve dans le même Auteur, /v\ ZZ, page 126 (b), que le golfe d'Iffus eft fous le même méridien qu'Amilus & Themifcyra; & il eft encore dit, lv. X1, page s 19 (c), que le fond de ce même golfe n’eft pas plus, ou du moins n'eft guère plus oriental qu'Amifus. Cet Ifthme que décrit ici Strabon, nous eft indiqué par d’autres Auteurs de l'antiquité, & d’une manière qui confirme a defcription de Strabon. Pline obferve /Xv. VI, chap. 2) que le golfe de Sinope s'enfonce tellement au midi qu'il fait prefque une Ifle de l'Afie, & que de ce golfe à celui d'Iflus, il ny a pas plus de 200 milles par terre, Scylax de Cariande obferve de même dans fon périple du Pont- Euxin, que des bords de cette mer près de Sinope, à la mer de Cilicie près de Soli, il n’y a par terre que l'efpace de cinq jours. Strabon compte, d'après Apollodore, 3 milles flades d'une mer à l'autre, & il prétend qu'il ny a ni plus ni moins. Il fuit de ces différens paffages, comme de plufieurs autres w'on peut voir dans Strabon, que les golfes de Samfoun & d’Alexandrette s’approchent l'un de l'autre pour former lIfthme dont il eft ici queftion; que le golfe d'Iffus ou d’Alexandrette eft fous le même méridien qu'Amifus ou Samfoun, & que s'il y a quelque différence, elle confif- teroit en ce que le fond du golfe d’Alexandrette feroit (a) L'édition de Strabon, dont | rov avr jueomuGpivou ydpureu , eg ourep on fe fert ici, eft celle donnée par | # 7e Apuaos xai Ouioxupæ. Cafaubon; Paris, Imp. Roy. 1620. (c) Ecride ojuvxog T& Lowixou xoATTOU (b) Our yo (Tocikosuoaos ) sa: parmpor n oud'er Apuveu ec SireTepos. un Dis AS JC: L'E NACLE:S. 425 un peu plus oriental qu'Amifus ou Samfoun. La ville de Samfoun que les Pilotes nomment encore Limilo, & qui eft indubitablement l'Amifus des Anciens , feroit donc plutôt à l'occident qu’à lorient du méridien d’Alexandrette, & c'eft ce que demande lobfervation de Strabon, que d'Amifus au golfe d'Iffus, il n'y a pas de plus court chemin que par Tarle. Or la longitude d’Alexandrette étant fixée à 54 degrés par les obfervations de M. de Chazelles, on peut placer Samfoun par 54 degrés, comme l'a fait M. d'Anville, ou par sal 30’, ce qui approcheroit davantage de la defcription de Strabon. De Samioun à Trébizonde, on a des diftances par terre & par mer, qui peuvent donner à peu-près a pofition de cette dernière ville: dans le Périple d’Arrian, il y a d'Amifus à Trapezus, 2170 flades où 272 milles 1; & dans la Carte de Peutinger, on compte 254 milles: en prenant cette dif. tance pour celle de la ligne directe, on n'auroit que 4d+ pour la différence en longitude, & Trébizonde fe placeroit par. 58 degrés ou 584 30 au plus, au lieu de 624 30” que lui donne lobfervation du Père de Beze: mais ces mêmes diftances font prifes le long des côtes de la mer, en fuivant leurs finuofités, & elles excèdent de beaucoup la diftance directe. Suivant le Périple d’Arrian, il y a de Cotyorum à Trébizonde, en fuivant la côte, Jinu adnavigando , 103 $ ftades ou 138 milles; mais en allant direétement, diredo curfu eundo per oflium finis , il n'ya que 300 ftades ou 40 milles, de Cotyorum à Hermonaffa, qui eft a 8 milles en-deçà de Trébizonde. Cotyorum eft entre Samfoun & Trébizonde, à peu-près à égale diftance de l'une & de l'autre par la route de terre; mais if eft, comme on le voit par Arrian, beau- coup plus près de Trébizonde par la route de mer; ainfi la diftance itinéraire fe trouve ici confidérablement augmentée par le contour du golfe qui va de Cotyorum à Hermonafa, & la différence en longitude que nous en avons déduite ci-deflus, paroît être beaucoup trop forte. Les routes réduites des anciens Portulans Grec & Vénitien, nous donnent pour Mém, 1781. Hhh 426 MÉMoIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE 11 différence en longitude que nous cherchons, environ 2 ro milles, lefquels à raifon de 00 au degré, fourniflent {ur fe paralièle de Trébizonde, 3115. Une Carte turque de la mer Noire, imprinée à Conflintinople, lan de l'Héyire 1137 (1724), nous doine 270 milles pour la diftance directe de Samfoun à Trébizonde, & ces 270 milles, à raïon de 115 au degré, comme lindique l'échelle des méfures, appliquée à cette Carte, fourniffent de même 34 15” pour la différence en longitude En adoptant cette différence qui nous paroït mieux fondée, & fixant la pofition de Samfouu, à $4* ou 531 30, comme nous l'avons dit ci-deflus, Trébizonde fe placera part 574 15’ où 56445’. Dans la nouvelle Carte de l'empire de Ruflie, publiée par M." Frefcot & Schmid, en 1776, Trébizonde fe trouve par 56 degrés feulement; & il eft à obferver que les Ruffes doivent avoir aujourd'hui, fur la mer Noire, des connoif- fances plus étendues & plus certaines que celles que nous avons: en donnant 4$ minutes plus que les Géographes Rufles, à la longitude de Trébizonde, nous ne devons pas craindre d’avoir tranfporté cette ville trop à l'occident, quoique nous ayons retranché près de 6 degrés de la lon- gitude que lui donnoit l'obfervation du Père de Beze. Strabon nous fournit encore un moyen de juger de Ja longitude attribuée à Arz-roum par le Père de Beze; if nous donne //iv. XIV, page 663) le détail d'une route très- fréquentée , xown Tis odos, de. qui conduifoit d'Éphèle à Tomilus fur l'Euphrate : la fomme des diftances eft de 5340 ftades : en l'emploÿant en totalité comme diftance direéte , il n'en réfulteroit que 114 45" pour la différence en longitude d'Ephèfe à Tomifus; mais comme c'efl une diftance itinéraire dont il faut retrancher au moins un di- xième, à caufe des montagnes & de l'obliquité de la route, il ne peut guère y avoir que rod 30 où 40’; M. d'Anville y emploie 1142, ce qui nous prouve qu'il n'a pas placé le cours de l’Euphrate trop à l'occident. Nous ne diffimulérons pas que plufiéurs Auteurs donnent DES SCIE N C'E,s 427 la diftance d'Éphèfe à l'Euphrate, plus grande que celle de Strabon: Agathemere compte 5870, & Pline 742 milles, qui font 5936 flades; mais nous obferverons en même temps, que la diflance donnée par Strabon, fe trouve con- fmée en grande partie par les Itinéraires, & par plufieurs paflages des Anciens: tel eff, entrautres, celui qui nous apprend qu'un Cavalier, nommé Palladius, vint en trois jours de Îa Méfopotamie à Conftantinople, pour annoncer au jeune Théodofe, la grande victoire que fon armée venoit de remporter fur Vararanes, roi de Perle. On compte fur les Cartes de M. d'Anville, 190 de nos lieues en ligne directe, & conféquemment près de 210 lieues de courfe de Conftantinople à l’Euphrate & à l'entrée de la Méfopo- tamie, & c’eft fans contredit beaucoup plus que ne peut faire un Cavalier en trois jours; on n'emploie guère moins de quarante-huit heures ou deux jours pour venir de Breft à Paris, avec la plus grande diligence, où pour faire 120 lieues. | Tomifus, ou le point de lEuphrate qui fait le terme de Ja route de Strabon, eft fitué près de Melitene o Malatia ; & Malatia fe tiouve lié par une route romaine, fur [a Carte de Peutinger, avec fa ville de Diarbekir , dont la pofition a été fixée dernièrement par M. le Monnier; ainfi on peut afligner à peu-près à Malatia &c à Tomifus, la place qui leur convient: la route romaine qui va de Melitene à une pofition fans nom, mais qu’on reconnoît être celle de l’ancienne Amida ou Diarbekir, donne 90 milles pour la diftance totale ; les 90 milles, réduits à 80, à caufe des montagnes qui font ici confidérables, donnent fur le parallèle de Diarbekir & de Malatia, 14 20’ de différence en longitude: or, Diarbekir étant, fuivant M. le Monnier, par $7 degrés, Malatia {era par 55440". C'eft à peu-près la pofition que nous donne, d’un autre côté, la route d'Éphèfe à Tomilus: Éphèfe étant par la même longitude que Smyrne, à 45 degrés, fi on ajoute à ces 45 degrés, les 104 307 auxquels nous avons réduit la route de Strabon, il viendra 554 30! pour la Hhh ij 428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE longitude de Tomifus & de Malatia; il y a 10 minutes de différence entre les deux réfultats, mais on obfervera qu’il n'eft pas donné, en Géographie, d'obtenir fouvent une pré- cifion aufli marquée. De la pofition de Malatia dépend celle d’Arz-roum, que le Père de Bèze a fixée à 664 16/: nous avons des routes anciennes & modernes d'une ville à l’autre, qui ne permettent pas d'admettre entr'elles plus de 3 ou 3 degrés & demi de différence en longitude; c'eft d’ailleurs la différence que nous indiquent quelques-uns des Géographes orientaux ; ainfi la pofition d’Arz-roum feroit par $ 84 30’ou 59 degrés au plus. La diftance de Trébizonde, d'où l’on va en cinq jours à Arz-roum, en traverfant pendant long-temps de très-hautes montagnes, fournit le même réfultat : on trouve encore à peu-près le même, & plutôt moins que plus, par une route de Halep à Arz-roum; fuivant le rapport d’un homme qui a fait trois fois cette route, il Ya 113 agachs ou lieues turques d’une ville à l’autre; Halep étant, fuivant la détermination qu’en a donnée M. le Monnier, par 364 12' de latitude & 541 50’ de longitude; les 1 13 agachs, qu’on peut réduire à 100 pour en faire la diflance directe, ne permettent pas de placer Arz-roum au-delà du 5 9.° degré. Telles font en général les obfervations qui nous paroiffent avoir déterminé le fentiment des Géographes antérieurs, & qui les ont empêché d'admettre les longitudes données par le Père de Bèze: s'il y à erreur dans ces longitudes, comme on ne peut guère en douter aujourd’hui, la nouvelle defcription que nous préfentent les Cartes qui les ont admifes, feroit mal fondée; & les changemens qu'on y a introduits à l'égard de la mer Noire & de la mer Cafpienne, feroient plutôt de nouvelles erreurs que de nouvelles connoiffances géogia- phiques ; mais on cite encore en faveur de ces changemens, l'autorité de Chardin & celle des Géographes orientaux, & il convient de refpecter ces autorités, & de chercher à les apprécier, avant que de prendre un parti. DE MA BAGITP:N CES 429 A l'égard de la mer Noire, rien n'autorife l'étendue de F8 degrés en longitude qu’on lui a donnée, & cette étendue eft contredite par la Carte turque qui ne lui donne que 15 degrés, par la nouvelle Carte de l'empire de Ruffie, qui ne lui en donne que 12, & par le rapport d’un Circaffien qui con- noifloit parfaitement fon pays, & qui en a donné les notions les plus exactes à M. Xaverio Glavani, Conful de France en Crimée, en 1724: fuivant ce Circaffien, on compte cent quatre-vingts heures de marche depuis le détroit de Caffa jufqu'à fa mer Calpienne, ce qu'on peut évaluer à 180 lieues de France, au plus; la Carte ruflienne eft conforme à cette diftance, mais les nouvelles Cartes qui alongent la mer Noire, y font compter 270 lieues, ou un tiers en plus. La pofition oblique qu'on donne à la mer Cafpienne, eft contredite par la Carte du Czar, par les obfervations des plus favans Géographes qui s’en font occupés précédemment, & par les routes des voyageurs. Le Czar Pierre 1.® avoit envoyé à l'Académie en 1721,une Carte de cette mer qu'il avoit fait lever par de bons Navigateurs, & à laquelle on avoit travaillé pendant trois ans, ce qui annonce qu’on Yavoit reconnue avec foin. M. Delifle publia cette Carte en deux feuilles, & donna à ce fujet des remarques qui fe trouvent dans les Mémoires de l’Académie /année 1721, page 245ÿ). Suivant cette Carte, la longueur de la mer Calpienne eft quadruple de fa largeur, & s'étend direc- tement du nord au fud dans le fens des méridiens. Le méridien d'Aflrakan, par 67 degrés, borne fa côte occi- dentale, & celui d’Efter-Abad borne {a côte orientale. Depuis 1721 jufqu'à préfent, on avoit adopté conftam- ment la Carte du Czar : M. d'Anville en donna une Carte particulière en 1754, d'après quelques morceaux manufcrits u'il trouva à la bibliothèque du Roi. I recule cette mer d'un degré vers lorient, en plaçant la ville d’Aftrakan par 68 degrés de longitude ; il change aufir quelques latitudes & la figure de quelques golfes particuliers , mais 430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE il adopte abfolument la direétion de cette mer du nord au fud, ainfs que la longueur que lui donne la Carte du Czar. Il revint fur le même fujet en 1777, à l'occafon d’un nouveau Globe terreftre qui parut alors, & fur lequel on donnoit déjà à fa mer Calpienne a polition oblique dont if et ici queition; il publia un Mémoire où il difcute toutes es connoïffances que les différens Auteurs nous don nent de fa mer Calpienne, & il en dreffa une nouvelle Carte en conféquence. Le réfultat de ce nouveau travail fut d'adopter encore la direétion & Ia longueur de cette mer, données par. la Caïte du Czar. Dans les nouvelles Cartes qui ont admis la longitude de Trébizonde, donnée par le Père de Beze, on a conlervé à la partie feptentrionale de’la mer Cafpienne, la même polition à peu-près que les autres Géographes lui avoient donnée, parce que cette partie efk aujourd’hui fixée par la longitude déierminée de Guriew à l'embouchure du Jaik ; mais pour placer fa Géorgie dont la mer Noire trop alongée avoit pris la place, il a fallu reculer le refle de la mer Calpienne de 6 degrés vers lorient, ce qui donne à cette mer une pofition oblique par rapport aux méridiens auxquels elle étoit parallèle, & ce qui rend en même temps fa longueur quintuple de fa largeur. Si on confulte maintenant les Voyageurs qui ont vu la mer Cafpienne, & qui font en très-grand nombre, on reconnoitra aifément que cette polition oblique ne peut avoir lieu. D'abord, une partie de ceux qui viennent du nord ou qui vont d'Aftrakan à Ifpahan, fuivent les côtes de cette mer jufqu’à la ville de Recht qui eft au fud dans la province de Ghilan, d'où ils pañlent à Cazvin, & de-là à Hfpahan : or, par la pofition que prend la ville de Recht, fur les nouvelles Cartes, les Voyageurs qui fuivent cette route, décriroïent prefque un demi-cercle pour fe rendre d’Aftrakan ‘à Ifpahan: ils feroient le fud-eft d’Aftrakan à Recht, & enfuite le fud - oueft de Recht à Ifpahan; ce qu'il eft difficile de concevoir, d'autant plus qu'il y a une feconde D 5: LONG nkES NC 5; 431 route d'Aflrakan à Ifpahan par Tauris, qui deviendroit alors très-directe, & qu'on préféreroit dans tous les cas. Nous trouvons dans le Voyage de Thomas Herbert, en Perle & aux ludes orientales , une obfervation qui indique poltivement la fituation de la mer. Calpienne par rapport à lipahan, & qu'on peut oppoler avec avantage à l’autoriié «de Chardin. Herbert étoit un favant Anglois, homme de qualité, qui accompagnoit un Ambafladeur , & qui alla d'Hfpahan à Asheref dans le Mazanderan, près des côtes méridionales de la mer Cafpienne. « Nous partimes d'Hpahan, dit-il, page 26 $, prenant le chemin de la Cour qui étoit à Asheref à environ 400 milles anglois de-là vers le nord : après avoir fait la route, & étant arrivé a Asheref, il ajoute, cette ville eft droit au nord d'Hpahan, ainf que nous l'avons remarqué en voyageant de nuit (à caule des chaleurs), où nous voyions toujours l'Étoile polaire droit devant nous. Il y à d'Ormus à cette ville 1000 lieues angloïfes , & d'ifpahan 359 où environ, fuivant mon compte, [pahan étant fixé par obfervation à 70d 12! de longitude, & à 321 40’ de latitude, Asheref fe placera par 70 ou 714 au plus, comme Delifle & d'Anville lon placé, & par 36% 40’ de latitude; les 350 milles anglois réduits à 300 à caufe de l’obliquité de 1a route & du paflage du mont Taurus, ne valent qu'un peu plus de 4 degrés, & c'eft juftement ce que contient la différence en latitude d'Asheref à Ifpahan. La ville d'Asheref fe trouvant fur les nouvelles Cartes par 75 degrés, il y auroit de-à à Ifpahan près de 400 milles en ligne directe, & 460 pour la diflance itinéraire.» Olearius, à qui l’on doit plufeurs obfervations intéreffantes fur la mer Calpienne & fur la Perfe, a pris, en allant à Ifpahan, la route d’Ardebil qui eft du: côté de Tauris, & en revenant, celle de Recht, le Jong des côtes de la mer Cafpienne. Il obferve à fon rétour, que de Cafwin où les deux routes fe féparent, celle d’Ardebil qui eft la même que #4 route de Tauris, fe dirige vers le nord - oueft; d’où il 432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fuit que les villes de la route de Tauris à Ifpahan, ne font pas fituées nord & fud, comme on l'indique d'après le voyage de Chardin. Enfin, s'il y a des Géographes orientaux qui placent Tauris à left d'Ifpahan, comme on l'obferve dans l’analyfe des nouvelles Cartes, il y a de ces mêmes Géographes, & ceft le plus grand nombre, qui font contraires à cette pofition. T'avernier nous donne dans fon voyage, les fongitudes & latitudes des principales villes de Perfe, fuivant les Géographes de ce Pays, & on y voit Tauris par 734 15’, Ifpahan par 764 40’, & Efter- Abad par 7094 20’. Abulfeda place Tauris par 734, & Ifpahan par 77420". Ulug-Beg, en donnant 82 degrés à Tauris, en donne 864 40’ à Ifpahan. On pourroit prouver par plufieurs autres obfervations Le peu de fondement de cette pofition oblique de a mer Cafpienne; mais elle n'eft proprement fondée que fur {a longitude donnée à Trébizonde par le Père de Beze, & on penfe en avoir affez dit à ce fujet. Il feroit inutile d’infifter davantage fur un point que M. d’Anville n'a pas cru devoir être mis en conteltation. On tracé fur la petite Carte, jointe à ce Mémoire, le fyflème des nouvelles Cartes, ce qui fera voir, au premier coup-d'œil, la différence qu'il y a entr'elles & les Cartes antérieures. SR OBSERVATIONS Men. de LAc.R. des Je. An. 2761 Page 452 PL IX. Coin Nota. Ze rat ombre est ceb des Cartes de Delisle el Danville . Ce gui eat en Points est Le nouveau? Plan de Atlas dresse pour Listnre des) Ætablissemens des Europeéns dans led? À deux Indes . e 4 & Adigue des Postions cornes aux deux Plan Ve D HR Hi sua Men. de lc R. des Se. An. 781 Page #32 PL IX Ë + Du, "« rebixemte 2 UE Nota Ze trait ombre avt els des Cartes) de Delisle et Danille Le qua eat en Points est le nouveau? Plen de LAtlas drenepar Lrétnre det Etablissement dat Européens dans led? PARALLELE des differens Syftèmes | | «ur la Position de Yrebizonde, | et rar Etendue et la Figure de la Mer Cafpienne . DE SAS /C' 1 € NécuEïs; 432 a OBSERVATIONS EURE: ES 0 MONTAGNES, Et fur les Couches où Lits de Pierre gu'on trouve dans la terre. Par M. LE GENTIL. ES Obfervations que j'ai faites pendant mon voyage dans lnde, fur la difpofition des terreins que j'ai eu occafion de voir, m'ont conduit à établir les trois propofi- tions fuivantes ; 1.” Que les grandes montagnes font réellement compolées de trois chaînes parallèles entr’elles, ou placées les unes devant les autres , & très-diftinétes les unes des autres: dont la première, c'eft-à-dire, celle qu'il faut traverfer avant que de pañler celle du milieu, eft incomparablement plus étendue en largeur, & bien moins élevée qu’elle ; c’eft une efpèce de haute plaine remplie ou femée de pitons, pains de fucre ou mornes, placés fans ordre ni arrangement régulier. La feconde, ou celle du milieu, eft beaucoup plus élevée que les deux autres, plus à pic, en grande partie dépouillée dans les hauts, ayant très-peu de largeur ; ce n'eft, à vrai dire, qu'un efpèce de cordon. Enfin, la troifième eft femblable à la première. 2.° Qu'il n’eft pas exact de dire, avec M. Bourguet, qu'il y ait une correfpondance fi exacte entre les montagnes, qu'on y diftingue réellement une efpèce d'ouvrage de fortification; de façon que les angles rentrans foient oppolés aux angles faillans. | 3° Quela pofition des couches de pierre ou de matière terreltre, fuit toujours l'inclinaifon ou la pente du terrein ; qu'on ne rencontre en général les couches horizontales que Mém, 1781. Tii 434 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE dans les plaines, fur-tout lorfque ces plaines font au pied des montagnes. J'ai recueilli une foule de faits qui appuient ces affertions, je fuis obligé de me borner à quelques-uns des principaux ; les différentes chaînes de montagnes que j'ai vues m'ont paru trop défigurées, & avoir été trop altérées par les pluies, les tempêtes, les ouragans, &c. pour nous donner une idée de la forme qu’elles avoient dans le principe des chofes, foit qu’elles aient été de hautes plaines, foit qu’elles aient eu une autre forme; il m'a paru qu’elles ne font plus aujourd’hui que des efpèces de fquelettes, fr cette expreflion peut s’employer ici, & ne paroiffent offrir qu'une image de deflruétion; c'eft fous cette forme que m'ont paru les montagnes des Philip- pines, de Java, de Madagafcar, du fort Dauphin; des îles de France & de Bourbon; de la Sierra-Morena en Efpagne; de la Sierra d’el Pyreneo (Pyrénées) ; & de la Sierra d’el Pico, où eft Saint-Hdephonfe & l'Efcurial. La Sierra- Morena a plus de 30 lieues de largeur à l’en- droit où je l'ai traverfée ; je reftai quatre jours à faire cette route, & je donnai toute mon attention à la difpofition du terrein & aux différentes pierres qui le compofent, qui font prefque toutes fchifteufes, & qui, pour le dire ici en paffant, n'obfervent avec l'horizon aucune inclinaifon fixe; car j'en ai vu qui avoient plus de 30 degrés, & d’autres beaucoup moins. H y avoit trois jours que nous étions dans la Sierra- Morena, dans ce que j'appelle l'avant-chaîne , fans prefque monter; car fi nous montions quelquefois, nous defcendions à peu-près autant. Le troifième jour dans l'après-midi, nous aperçumes Îa feconde chaine devant nous, qui étoit beaucoup plus élevée que celle où nous étions; nous commençames donc à monter un peu davantage, en tournant des montagnes par un beau chemin tout neuf pratiqué dans la pierre, qui dans cet endroit eft par bancs de {chifle ou de pierre feuilletée, d'un gris fale, & qui font plus de 30 degrés d’inclinaifon avec Di E18: 28: CYT E (M IG LENS 435 le plan de Phorizon; au bout de trois quarts-d’heure de marche de cette après-dinée, nous trouvames le granit. Le terrein en étoit couvert, du plus beau & du plus dur, ce qui rend le chemin très-rude & très-fatigant; mais quoique nous continuaflions de monter , le granit nous quitta au bout de trois quarts-d’heure de marche, & nous retrouvames les fchiftes, toujours avec une grande inclinaifon. La matinée du quatrième jour, nous gagnames Île pied de la feconde chaîne, en côtoyant encore de groffes montagnes en forme de cônes, ou de pains de fucre tronqués; après avoir fait deux lieues de ce chemin, on tombe comme fubitement dans l'endroit le plus hideux que l'on puiffe concevoir ; c'eft une efpèce de débouché, d’où on ne peut pas fe figurer qu'on puifle fortir autrement qu’en retournant fur fes pas ; un rideau épouvantable s'offre devant vous, comme pour vous barrer le chemin. Il femble à le voir du premier abord, que ce foit l'ouÿrage de quelque Fée, ou de quelque Magicien malfai- fant, étant d’une forme & d'une hauteur à épouvanter ; il eft comme fi on l'avoit taillé à pic: fa cime eft déchiquetée, comme fi on l’avoit coupée en crête de coq, ne paroiffant pas avoir moins de fix à fept cents toifes de hauteur perpen- diculaire. Nous efcaladames cette crête de coq au milieu d’un terrein compofé de pierres fchifteufes, n’obfervant aucune règle fixe dans leur inclinaifon, étant plus ou moins grande, felon que les bancs approchent plus ou s'écartent plus du pied de la montagne; & voici à cette occafion deux faits fort finguliers. Le premier eft une montagne ifolée, comme un cône tronqué, dont le fommet eft abfolument dépouillé de terre, & ne prélente qu'un roc tout-à-fait aride ; le tout ou l’en- femble de cette montagne repréfente des blocs de pierre taillés enparallélipipède, & abfolument détachés les uns desautres; cet arrangement règne tout autour de la montagne ; au-deflous, ou un peu plus bas, ce font des efpèces de petites pyramides. Le chemin ne pafle pas à plus d'un quart de lieue de cette montagne, Tii i 436 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Le fecond fait fe remarque dans un chainon qui part de la grande chaine, & qui palle tout près de cette montagne ilolée & grotelque dont je viens de parler. On obferve en effet dans ce chaïnon deux bancs de pierre bien détachés du corps de la montagne, mais dont un des deux en partant du bas de la montagne, l'embrafle toute en forme d'arc ou de ceintre de voûte: ce banc au pied de la montagne, fait un angle très-confidérable avec l'horizon, ne n'ayant pas paru moindre que de 40 degrés; mais à mefure qu'il monte, on approche du fommet de la montagne, l'inclinaifon diminue de façon que les pierres font couchées à plat, ou horizonta- lement fur le fommet de la montagne. Enfin, arrivé fur le haut du cordon, on eft fur Îe lieu le plus élevé de Sierra-Morena: & vous n'y êtes pas plutôt, qu'il faut {e préparer à defcendre ce cordon ou chaîne du milieu; on trouve le haut de ce cordon tout dépouillé, on rencontre des blocs immienfes de pierre qui reflemblent à de vieilles mafures d’édifices; c’eft ce qui fait que cette montagne vue de fon pied, paroît, comme je l'ai dit, coupée en crête de coq. Nous avions marché pendant quatre heures trois quarts, la defcente de la chaine {e fait en tournant des montagnes, toutes plus effrayantes les unes que les autres, au travers de précipices & de ravines, & cet endroit en eft fi coupé que Jy fentis un courant d’air confidérable, qui faifant l'effet de foufflets, chalioit avec une vitefle incroyable les brouillards que nous trouvames dans cette partie de la montagne. Loriqu'on a defcendu pendant près d'une demi-heure, les montagnes ne font plus fi hautes ni, fur-tout, fi nues; on tombe dans une elpèce de plaine (& c'eft ici où commence la troifième chaine ), compolée de monticules & de mondrins, débris évidens de la montagne primitive; on delcend infen- fiblement pendant {ix heures, les montagnes s’abaïffant toujours peu-à-peu, & c’eft au bout de:ce terme de fix heures de marche, que finit la Sierra- Morena; en forte que cette montagne eft évidemment compolée de trois chaines D'ESYS CIENCES. 437 aéluellement bien -diftinguées les unes des autres: jai obfervé la même difpofition de terrein, de Pampelona à Bayonne, en traverfant la chaîne des Pyrénées; & ïl eft bon de faire obferver que la même caufe a formé dans ces deux grandes fuites de montagnes, ces trois chaînes dont je parle, car elles ont, proportion gardée, à très-peu de chofe près, la même largeur dans les deux chaînes, & elles font dans la même direétion, qui eft Eff & Oueff; en forte que la chaîne la plus large eft au Midi, & la chaine la moins large regarde le Nord: & en effet, {elon mes routes que j'ai eftimées autant exactement qu'il m'a été poffible, la Sierra- Morena doit avoir trente à trente-deux lieues de largeur, depuis Cordua jufqu'à Notre-Dame -des -Vertus, au Nord à peu-près de Cordoua : or, Favant-chaîne en occupe vingt à vingt-deux, le cordon une & demie à deux, la troi- fième chaîne environ fept. De Pampelune à Bayonne on compte dix-huit à dix-neuf liéues , auxquelles j'ajoute quatre lieues, parce que les Pyré- nées commencent quatre lieues avant Pampelune, ce qui fait vingt-deux à vingt-trois lieues de largeur ‘pour la portion des Pyrénées que j'ai traverfée; l’avant-chaine en occupe quinze, le cordon une & demie à deux, la troifième chaïne fix. De Madrid à Saint-lidephonie , le Roï a fait faire un grand chemin fuperbe au travers des montagnes, ce chemin peut le difputer à nos ‘plus beaux chemins en France. Saint - Idephonfe où eft F'Elfcurial, eft bâti fur le granit, * au milieu d’une chaîne de montagnes fort élevées, qui dans cet endroit forme le croïflant ; ceite chaine s'appelle Serra d'el Pico, & me paroït être un rameau des Pyrénées : on compte fept lieues de Madrid à Saint-Idephonfe, dans le Nord-oueit, & ce n'eft qu'au bout de trois lieues d'un chemin aflez inégal & de terre fchifteufe, que lon com- mence à la trouver ; on aperçoit, devant foi une chaine de montagnes toutes nues, où qui n offrent que le roc: c’eft fur ce roc qu'eft Saint - Hdephonfe : ; pour y arriver, on defcend une grande vallée, dans laquelle paflent deux bras de rivière 438 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE dont les bords font taillés en falaile; on pafñle la rivière fur deux fuperbes ponts de pierre de granit, & à peine avez-vous quitté la rivière que vous montez Îa première chaîne ; cette premiere chaïne eft compolée de groffes montagnes ou de gros mornes tres- multipliés, on les tourne & on les monte par un chemin fuperbe, muré du côté des vallées; ce chemin eft de trois quarts de lieue & plus, pendant lefquelles la coupe du terrein nous offre un phénomène à remarquer: en effet, par cette coupe qui dans certains endroits n'a pas moins de 60, 70 à 8o pieds de hauteur perpendiculaire, il m’a paru que cette première chaine n’eft qu'un compofé des débris de la première chaîne que Îles eaux des pluies, les tempêtes, &c. auront dépouillée, comme elle l'eft en effet, car ces pre- mières montagnes ne font que des amas de terre, de groffes & de petites pierres entaflées pêle-mêle, fans ordre ni arrangement régulier , ni fuite, reflemblant au contraire à des alluvions formés par les torrens, &c. En continuant de monter , les montagnes paroiffent devenir plus folides, elles ont très-peu de terre, c’eft une pierre fort dure, d'un blanc-gris, qui m'a paru être une efpèce de fpath; la furface de ces mêmes montagnes eft femée ou plutôt couverte de ces mêmes pierres très-inégales en groffeur, & qui n'affeétent aucun arrangemeut régulier. Enfin, en continuant on atteint la feconde chaîne dépouillée de fon écorce, n'offrant que des carrières & des blocs de pierres immenfes, des fommets de rochers à découvert, fans ordre ni arrangement, & c'eft le granit qui, par-tout où je l'ai vu, m'a préfenté la même confufion: on fait deux lieues & demie au travers de ce granit, dans une efpèce de plaine, en filant la chaine de montagnes, & lon ne trouve fur cette route de deux lieues & demie, qu'un feul village planté par conféquent fur le granit. Parvenu à l'Efcurial on n’eft pas encore fur Îe haut du cordon, mais je n’ai pas paflé au-delà; pendant ces cinquante-cinq lieues au moins que jai faites dans ces montagnes, fans parler des montagnes où eft l'Efcurial & Saint-[ldephonie , j'ai donné la plus DhENSNSNCNT E not Es 439 grande attention à la difpofition du terrein, dont j'ai tenu un Journal fort détaillé. Or, ces montagnes ne m'ont paru affecter aucun ordre entrelles, aucun arrangement régulier, on n'y trouve qu’un défordre affreux , enfin une elpèce de cahos ; ce ne font que des cônes tronqués , des mornes ou pitons, comme on voudra les appeler, placés comme au hafard, & fans nombre, les uns à côté des autres, fe mafquant réciproquement, & féparés par des gorges par où les eaux des pluies vont fe rendre dans les rivières: je n'ai rencontré qu'un cas où l’on obferve une correfpondance d'angle, c'eft lorfqu’on trouve une rivière, mais on remarque en même temps, que ces angles rentrans & faillans fe correfpondent ainfi depuis le fommet de la montagne jufqu’au bord de la rivière; c’eft par cette raïfon que n'ayant point trouvé de rivières dans Ja Sierra-Morena, je n'ai non plus obfervé aucune correfpon- dance d'angle. J'avois déjà fait cette remarque à l'Mle de France, où les rivières ont vifiblement formé leur lit, comme je fai dit dans mon Ouvrage; j'y ai vu même de nouvelles ravines fe former, qui, quoiqu'elles ne fuffent pas encore confidé- rables forfque je partis, avoient cependant fait aflez de pro- grès en quatre à cinq ans; les eaux, en formant ces ravines, forcées d'obéir & de s’affujettir au terrein qu’elles trouvoient étoient obligées de fe détourner continuellement, & on obfervoit déjà dans ces ravines une correfpondance d’angles rentrans \& faillans. C'eft vraifemblablement ainfi que seft formé dans les Pyrenées, un des bras de l’Agra. En quittant Pampelune, j'ai côtoyé ce bras pendant l'ef- pace de cinq lieues; il coule pendant cet efpace de cinq lieues dans une large vallée entre deux côtes ou deux grandes chaînes de montagnes qui ne m'ont pas paru avoir moins de deux cents toifes de hauteur perpendiculaire : ces deux côtes font un continu de montagnes féparées ou détachées par leur cime, fillonnées de haut en bas, & formant par 440 MÉMoires BE L’ACADÉMIE RoYALE cette raifon autant de ravines: or cette rivière qui eft fort rapide, qui fouvent forme des cafcalles, fuit les contours de ces deux chaînes dont les angles rentrans & faïllans oppolés véritablement les uns aux autres, partant du bord de la rivière & du pied des montagnes, vont fe terminer au fommet : quand on a côtoyé cette rivière pendant quatre lieues, la vallée qui jufque-la étoit large & fpacieule, fe rétrécit continuellement, & devient enfin une efpèce de cul-de-fac en {e fermant par la rencontre d’un nombre pro- digieux de montagnes formant des gorges profondes : ces montagnes font placées la comme par hafard, fans ordre & d'une manière en apparei ce la plus bizarre. Cette difpofition de terrein dure l'efpace de quatre grandes lieues, & détourne vraifemblablement le cours de cette rivière dont je viens de parler, qui prend fa fource dans ces montagnes, du moins felon les Cartes; & c'eft fans doute cette fource, felon ces mêmes Cartes, que je ren- contrai au milieu de ces montagnes, dont une qu'il nous fallut efcalader, eft d’une hauteur effrayante, aride & ne montrant que le roc par couches inclinées qui font une efpèce de {chifte, \ Enfin je ne vis dans toutes ces montagnes qu’un ordre ou arrangement à peu-près pareil à celui qu'on remarque entre des taupinières, fi je peux m'exprimer ainfi, que l'on voit dans un grand champ ; des gorges, des creux, même des efpèces de goufres par où l’on eft obligé de pañler, tout préfente l’image de la deftruction, de la dégra-— dation & de l'altération de la forme primitive de ce terrein. Parvenu à Maya, dernier pofte des Commis Efpagnols, de ce côté, je n'étois plus qu'à deux lieues ou deux lieues & demie des frontières des deux royaumes; & ces deux endroits font féparés par le principal cordon ou la principale chaine du Mont-Pyrénée, comme le nomment les Efpagnols, & en eft en mème temps a partie la plus élevée; c'eft un compolé de gros pitons ou groffes mafles de montagnes qui fe tiennent par le pied, en formant des gorges & des ravines ; DE SANS EM IE Ne Es. 441 ravines; & ces ravines, par où fe précipitent les torrens, forment au pied du cordon autant d’enfoncemens, & par conféquent de caps ou de promontoires qui avancent plus ou moins, & qui s'aplanifient à proportion qu'ils s’écartent du cordon; ce grand cordon eft couvert de bruyères, le terrein eft une pierre grife & fchifteufe : lorfqu'on eft parvenu au fommet, la coupe du terrein par où pafle le chemin, me préfenta de petites couches inclinées, ou lames fort tendres qui fe brifent aifément fous les doigts, comme fi elles étoient prêtes à tomber en efflorefcence; cette pierre fchifteufe efl recouverte par une terre d’un brun-foncé, d’un pied au plus d’épaiffeur , dans laquelle la bruyère a fes racines. Dei on aperçoit les diflérens rameaux du mont Pyrénée, qui avancent du côté de la France; mais en avançant ainfr, ces montagnes s'abaiflent infenfiblement, & lorfque vous avez defcendu Île cordon qui peut avoir trois quarts de lieue au plus de pente un peu rapide, vous êtes au pied de la chaine, & vous entrez dans une efpèce de plaine, en pente du côté de la France, fuite des Pyrénées, mais qui ne font plus que des mondrins. J'ai donné la plus grande attention à la figure des montagnes, mais je ne .vis dans cette chaîne que je venois de pañfer, qu'un terrein abfolument défiguré par les pluies, les orages, & peut-être les tremblemens de terre, qui ne put me pré- fenter aucune idée de la forme qu'avoit ce terrein dans le principe des choles, fi ce n’eft qu'il ne fût alors une haute plaine: je ne remarquai que ce que j'avois déjà obfervé dans Sierra-Morena, dans les montagnes de l'Elcurial, à Ifle de France, &c. des débris de terrein, ou efpèces de fquelettes, fi cette expreflion que j'ai déjà employée, peut être permile; la correfpondance des angles ne fe trouve, comme je l'ai déjà fait obferver, que dans le feul cas où l’on rencontre une rivière; en. forte que là où vous obfervez la correfpon- dance fuivie d'angles, vous êtes affuré d’une rivière où d’un torrent, fi les chaines de montagnes ne font pas longues, & c’eft-là le feul cas où l’obfervation de M. Bourguet foit vraie, Mém. 17817. Kkk 5 442 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE Je fis une feconde fois cette obfervation en defcendant les Pyrénées, comme je l’avois fait au fortir de Pampelune, en les montant; je trouvai fur le haut du cordon la fource de deux rivières, dont une va dans l'oueft, & l’autre dans le nord, & qui font vraifemblablement deux bras de la Nivelle: ces deux rivières ont formé deux grandes chaînes, au fond defquelles elles coulent; on defcend pendant lefpace d’une petite lieue, en côtoyant celle de ces rivières qui va dans le Nord, on l'entrevoit même quelquefois dans le fond de Ja gorge, mais on l'entend toujours qui fait beaucoup de bruit. - Le chemin eft taillé dans la pente de la montagne, il eft étroit, rapide, & fi effrayant par la profondeur & la roideur dont il eft, que quoi que püt me dire mon conducteur, je n'ofai jamais refter fur ma mule qui aflectoit toujours d'aller fur le bord du précipice; je defcendis & fis la route à pied, pendant que, moins timide, mon conducteur monta fur ma mule qu'il laïffoit aller à fa fantaifie: or, l'on fuit les contours de la montagne, ils ne font pas bien confidérables, parce que le cours de la rivière s'écarte peu de la ligne droite; cependant on remarque très-fenfiblement que les angles correfpondans partent du pied de la montagne & du bord de la rivière, & vont fe terminer au fommet de la montagne, en formant des efpèces de ravines qui fervent vrailemblablement de canal pour l'écoulement des eaux. Mille & mille endroits offrent les couches de pierre hori- zontales, mais cette difpofion de terrein ne fe remarque bien que dans les plaines, elle ne s’obferve pas fi généra- lement dans les montagnes; il eft cependant vrai que fur le haut de toutes ces montagnes on retrouve prefque toujours cette même difpofition horizontale, pendant que les couches font toutes inclinées le long de la pente de la montagne, & fuivent exactement l’inclinaifon de la montagne. Sans rappeler ici cette montagne de Sierra-Morena, où j'ai obfervé cet arrangement, je vais examiner en peu de mots ce même phénomène dans trois grands terreins ou trois DES SCIENCES. 443 grandes Ifles; favoir lle de Java dans les détroits, l'Ifle de France & celle de Bourbon, cette dernière, fur-tout, eft un phénomène fingulier d’hiftoire naturelle, Les montagnes de l'Ile de France, ont quatre cents toiles de hauteur perpendiculaire; c'eft Ja hauteur de cette chaîne qui environne le port, fous la figure d'une efpèce de patte-d’oie, qui forme autant de plaines où fe trouvent des rivières ou plus exactement des torrens. Dans toutes ces plaines, j'ai trouvé des bancs énormes de pierre horizontaux : ces bancs font fendus perpendiculairement; or pendant que l'on confidère ces couches horizontales, fi l'on jette un coup- d'œil fur les montagnes, on y remarque des efpèces de banquettes qui indiquent en quelque forte les différentes couches de pierre dont elles font compofées, qui font toutes inclinées, & qui ont toutes la même inclinaifon que la pente de Ia montagne. J'ai retrouvé les couches horizontales dans prefque toutes les autres plaines de ffle; les plaines appelées plaines de Willems , vont infenfiblement en montant depuis la mer jufqu'à deux à trois lieues de fon bord: 1à, les rivières coulent à fleur de terre, & Îles bancs m'y ont paru hori- zontaux; le terrein ne commence à prendre une pente fenfible qu'à un endroit appelé le réduir, qui eft encore à 2 lieues de la mer, & élevé de cent cinquante toifes environ au-deflus de fon niveau. Ce réduit eft embraflé par deux rivières qui , fe réuniflant au bout de ce terrein, n’en forment plus qu'une; ces deux bras de rivières forment deux goufres dont le plus profond n’a guère moins de cent pieds, & on y trouve une cafcade de la même élévation à _ peu-près. Je fuis defcendu dans ces précipices, j'ai examiné très-attentivement la nature du terrein, j'ai vu les bancs de roches qui fe répondent exaétement des deux côtés des rivières; ces bancs ont 7, $ à 9 pieds d'épaifieur. On obferve trois à quatre bancs de cette efpèce, les uns au-deffus des autres, féparés entr'eux par des couches de terre d'égale épaifleur à peu - près; mais ces bancs ne font point hori- KKkk i} 444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE zontaux , ils ont au contraire la même pente ou inclinaifon que le terrein paroïît avoir. Quantités d’autres obfervations que j'ai faites dans cette Ifle, & que je rapporte dans mon Voyage, concourent toutes au même but, L'Ile de Bourbon offre une preuve plus évidente encore, ue la pofition des lits de pierre fuit celle du terrein. L'Hle de Bourbon eft un cône tronqué de dix-fept cents foixante toiles de hauteur perpendiculaire au-deflus du niveau de la mer, fillonné tout autour par des rivières & des ravines qui forment autant de rameaux ou chaînes de montagnes très-élevées. Dans l’efpace de terrein qui fépare le quartier de Saint Denys de celui de Saint-Paul, & qui eft de fept grandes kieues, on trouve fur-tout trois grandes chaînes qui nont pas moins de quatre à cinq cents toifes de hauteur au-deflus du niveau de la mer : ces montagnes font vifiblement l'effet des torrens. J'ai fait deux fois cette route de Saint-Denys à Saint- Paul: ces trois montagnes font d’une roideur fingulière ; on defcend à chaque fois jufqu'au niveau de la mer ou à très- peu-près. Or dans cette route que j'ai faite deux fois, je le répète, & pendant laquelle j'ai été très-attentif à obferver la difpofition du terrein, j'ai bien remarqué que les couches m'étoient nullement horizontales, mais inclinées à l’horizon du côté de la mer, & que leur inclinaifon paroifloit être celle de la montagne même: Enfin, à la pointe appelée pointe de Saint-Gilles, qui eft une efpèce de cap, le terrein va infenfiblement en montant jufqu'au milieu de Ffle, c’eft- ä-dire jufqu'au fommet du piton ou cône tronqué. A cette pointe de Saint-Gilles, les couches de pierre font inclinées aufli à l'horizon, Je fuivis très - foin, en remontant une efpèce de torrent, nommé riviére Saint-Gilles, cette dilpofition de terrein; & ayant mefuré à la pointe Saint-Gilles cette inclinaifon, je trouvai par des mefures un peu groflières à la vérité, que l'angle que faifoient ces couches avec l'horizon, DLE sr: SCALE NEC :E 18 445 étoit à peu-près de 8, 9 ou 10 degrés ; .en forte qu'en fuppofant la diftance de cette pointe au haut du piton de TIfle, telle que les habitans me donnèrent d'abord cette diffance, je trouvai la hauteur de ce piton au- deflus du niveau de la mer, de dix-fept cents toiles; & il eft bon de faire obferver que nous trouvames, M. de la Nux & moi, par des melures géodéfiques exécutées avec toute l'exacti- tude dont nous étions capables, nous trouvames, dis-je, par ces mefures, la hauteur de ce piton, de dix-fept cents “foixante-une toiles. Sur quoi je remarquerai que le volcan qui eft dans cette Ifle, eft fort loin de ce piton, & dans la partie oppolce à la pointe de Saint - Gilles ; qu'il eft dans une efpèce de haute plaine ifolée, & bien moins élevé que le piton ou le fommet de l'Ifle; & que par conféquent ce volcan ne peut avoir formé ces couches inclinées que l'on remarque dans toutes ces montagnes ou rameaux qui partent du piton, pendant que les couches de pierre font inclinées dans ces mafles: on trouve des plaines où ces mêmes bancs font horizontaux. La principale que j'ai vue eft le quartier de Saint-Denys fur le bord de la mer, au pied de la montagne de même nom; mais cette plaine paroit évidemment formée des débris des montagnes. Elle a une demi-lieue de profondeur, & autant à peu- près de largeur le long du bord de la mer, qui eft bordé &. recouvert de galet ou grofles pierres arrondies : cette plaine peut avoir cinquante à foixante pieds de hauteur au- deffus du niveau de la mer & de la rivière de Saint-Denys, efpèce de torrent qui pafle entre la montagne de mème nom & cette plaine, & qui forme par cette raifon du côté de la plaine, un efcarpement d'environ cinquante à foixante pieds. On remarque dans cet elcarpement, 1.” une couche de galet. de plufieurs pieds d’épaifleur; 2.° un banc confidé- rable de pierre, pofant horizontalement fur la couche de galet : ainfr il y a apparence que fi on fouilloit dans quel- 446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLE qu'endroit que ce füt de la plaine, on retrouveroit ce même arrangement de matières ; que la couche de pierres arrondies ou de galet s’eft formée la première, & que celle de pierre qui pole horizontalement deflus, eft dûe aux débris de la montagne que les eaux des pluies auront fuc- ceflivement entrainés à la mer; qu'elle {es aura d’abord couverts, & qu'elle aura enfuite été forcée de les abandonner par l'addition continuelle de nouvelles matières. C'eft ainfi que je crois avoir prouvé dans mon Ouvrage, que fe font formées toutes les plaines que l'on trouve tout autour de Ifle de France : le quartier & 1a plaine de Saint- Paul dans fa même Ifle de Bourbon, n’eft également qu'un compofé de couches horizontales de galet & d’un fable qui n'eft que la pouflière très-fine de ce même galet dont je me fuis bien afluré. Je pafe, pour abréger, quantité d’autres faits qui démon- trent également que les couches de matière & de pierres dans la terre, fuivent toujours l'inclinaifon ou la pente naturelle du terrein, de quelque caufe que puiffe venir cette inclinaifon. Lorfque je fis ces remarques à l’Ifle de France & à f'Ifle de Bourbon, je ne m'attendcis pas que j'obferverois la même chofe à lIfle de Java, à l'entrée du détroit de la Sonde. Ce détroit formé entre l’Ifle de Sumatra d'un côté, & Java de l'autre, paroït bien évidemment être l'effet de la même caufe qui a produit le détroit de Gibraltar, & le pas de Calais. Les angles fe répondent aflez régulièrement, les deux pointes de l'entrée n’offrent que des ruines & des débris de terrein; d'énormes roches détachées de la terre, fort élevées au - deflus de la mer, & qui paroiffent comme fi elles avoïent été placées exprès, bordent la côte de diflance en diflance: la pointe de lIfle Cantaye, offre le même fpectacle. Je diftinguai parfaitement ( car j'en paffai à moins de $oo toiles), je diftinguai, dis-je, les différentes couches de roches, elles font très-apparentes, ne font point horizontales, mais toutes inclinées à l'horizon de la mer; DES SCIENCES. 447 la pointe de ces couches ou fommet de l'angle, touchoit même, ou peu s’en falloit, au niveau de la mer; enfin cette inclinaifon que je ne pus mefurer, me parut exaétement Îa même que l'inclinaifon ou la pente du terrein de fle; & je ne doutai pas, à cette infpeétion, que fi on pouvoit mefurer _Yangle que forment ces couches avec l'horizon, & en fup- ofant donnée la diftance de ces pointes au fommet le plus élevé de lIfle de Java, on ne trouvât la hauteur abfolue de cette grande & vafle Ifle au-deflus du niveau de la mer, comme j'avois trouvé celle de l'Ifle de Bourbon, par les couches de la pointe de Saint-Gilles. 448 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE AD ÉPIO TRUE | Sur la formation de 1 * Acide , nommé Air fixe ou Acide crayeux, & que je défignerai déformais Jous le nom d’Acide du Charbon. Par M. LAVOISIER. ORSQUE l'on calcine une fubftance métallique dans de l'air vital très-pur, lorfqu'on y brüle du foufre ou du phofphore , l'air dans lequel on opère, dilparoît en entier plus ou moins rapidement, & l'on retrouve, foit dans la chaux métallique, foit dans l'acide qui s'eft formé, une aug- mentation de poids aflez exactement égale à celui de l'air abforbé, Je nommerai principe oxygine la fubftance qui s'unit aïnfr avec les métaux pour les conftituer dans l'état de chaux, & avec les fubftances. combuflibles pour les conftituer la plupart dans l’état d'acides. J'ai expolé, dans un Mémoire imprimé dans le Recueil de l’Académie, pour l'année 1778, fur la formation des acides, les motifs qui me portoient à adopter cette dénomi- nation: peu importe au furplus lexpreffion dont on fe fert, pourvu qu'elle foit bien définie ; comme je préfente d'ailleurs à l’Académie une fuite de Mémoires, dont l'objet eft de développer les propriétés de ce principe, ils deviendront, en les rapprochant, la définition la plus complète que je puifle en donner. Pour éviter tonte équivoque, je diflinguerai, dans ce Mémoire , le charbon d'avec la fubftance charbonneufe; j'appellerai charbon ce que l'on a coutume de défigner fous cette dénomination dans les ufages de la fociété, c’eft-à-dire, un compolé de fubftances charbonneules, d’air inflammable aqueux, d'une petite portion de terre & d'un peu d'alkali fixe : DIE us» IS: COLE UN :C Æ 8." 4409 fixe : j'appellerai au contraire /ubffance charbonneufe , le charbon dépouillé d'air inflammable aqueux, de terre & d'alkali fixe. Avant de donner en détail le réfultat de mes expériences, je dirai ici en général, que fi on brüle du charbon très-pur fous une cloche remplie d'air vital renfermé par du mercure, une portion de V'air vital fe trouve convertie en air fixe ou acide charbonneux: que fi on abforbe par le moyen d'alkali cauftique en liqueur, la portion d’acide charbonneux qui s'eft formée, le réfidu eft encore de l'air vital pur-dans lequel on peut brüler une nouvelle quantité de charbon; & en répétant un certain nombre de fois cette expérience, on peut convertir la totalité de l'air vital en acide charbonneux, fans qu'il refte aucun réfidu. * Dans cette opération, le principe oxygine qui eft une des parties conflituantes de l'air vital, fe combine avec la fubftance charbonneufe pour conflituer air fixe ou acide charbonneux; & la matière du feu & de la chaleur, qui forme autre partie conftituante de l'air vital, fe dégage avec les caractères qui lui font propres avec chaleur & lumière. La combuftion du charbon eft donc un jeu des différens degrés d'afhnité du principe oxygine; elle prouve que le principe oxygine a plus d’affhinité avec la matière charbon- neufe qu'avec la matière du feu & de la chaleur; elle prouve de plus, que l'acide charbonneux eft un réfultat de la combi- naifon de cette même fubftance charbonneufe avec le principe oxygine, de la même manière que l'acide vitriolique & l'acide pholphorique font le réfultat de la combinaifon du foufre & du phofphore avec le même principe. Tel efl en général ce qui s'obferve dans la combuftion du charbon; mais pour rendre compte de tous les détails de cette fingulière opération, pour en déméler toutes les cir- conftances, & pour les bien. faifir à travers l'embarras & l'incertitude qu'apportent les fubftances étrangères mêélées avec le charbon, il a fallu multiplier beaucoup les expé- riences : la plupart de celles que je vais rapporter, ont été Mém. 1781. A4Aso MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RôÿaAtE faites tantôt avec M. de la Place, tantôt avec M. Meufaier, & quelquefois avec l’un & l'autre réunis. Pour éviter les répétitions, je préviens une fois pour toutes , que dans les expériences dont je vais rendre compte, j'ai opéré dans un appareil pneumato-chimique au mercure; que j'ai eu égard à la dilatation de l'air occafionnée par l'élévation du mercure contenu dans les cloches, & à l'effet de la chaleur; en forte que toutes les fois qu'il eft queftion d'un volume d'air, il eft toujours réduit à la preflion de 28 pouces de mercure, c’efl-à-dire, à la preflion moyenne de l’atmofphère, & à 10 degrés de température: les pefan- teurs fpécifiques dont je fuis parti, font les fuivantes : # grains, Pour le pouce cube d'air vital................ 047317 Pour le pouse cube d’air imflammable aqueux. ..... 0,03745. Pour le pouce cube d'air fixe ou acide charbonneux ATOME NS CR NN NU AN A TN ESS 0,69$50. Dans une première expérience faite avee M. de la Place, le volume d'air vital dans lequel nous opérions étoit de 202"%",35; nous y avons introduit une petite capfule qui contenoit du charbon bien pelé ; par-deflus étoit placé un petit morceau d'amadou, du poids d’un quart de grain, & un atome de phofphore : pour allumer le charbon, nous avons fait pafler par - deffous la cloche, à travers le mercure, un fer rouge recourbé, & en l'approchant dn phofphore ce dernier s’eft allumé, il a mis le feu à l’'amadou, & l'amadou au charbon: la combuftion s’eft faite avec beaucoup de rapidité , avec une grande lumière , & quand tout 2 été refroidi, le volume de Fair s'eft trouvé réduit à 170", 59; Nous avons alors introduit fous la cloche, de l’alkali cauf tique en liqueur; il y a eu une abforbtion rapide, & l'air seit réduit à 731%%,93 qui fe font trouvés être de Fair vital prefque auffi pur qu'au commencement de expérience. L'opération finie, nous avons repefé Le charbon qui s'eft trouvé DES: SICILE NC: EiS. ASE diminué de 17%*°,2, y compris la cendre qui s’étoit formée, & qui peloit o“*",3. Les 202%, 5 d'air vital, employés dans cette expé- rience, pefoient à raifon de 0,47317 le pouce cube. 95,74595. La quantité de charbon brülé pefoit........... 17,20000. grains TOTAL avant la combuftion......... 112,94595$e les quantités exiftantes après la combuftion, fe font trou- vées de ce qui fuit: grainse LS 02 dairavital pefant.-heterr.s. elle Le 34107575 .-2.? 96,66 d'air fixe, pefant à raïfon de 0,695 RÉMAOUEE CHR ee o1e » Dar dee es me c'es ee de 67,1787- ToTAL après la combuftion......... 101,93 52e Partant frite site noter aie e noie » essor. I11,01075$. pe SC EMERSTEEE Comme aucune portion de matière ne s'anéantit dans les expériences, & qu'on n'éprouve aucune déperdition de poids loriqu'on opère dans des vaiffeaux de verre hermétiquement fermés, il étoit naturel de penfer qu'il s'étoit formé de l’eau, & que c’étoit à cette eau, dont nous ne tenions aucun compte, qu'étoit dû le defcit fur le poids| & en effet il ne nous a pas été difficile de remarquer que dans toutes les expériences de ce genre il fe raflembloit des gouttes d'eau fur la furface du mercure, & même fur les parois de la cloche: cette formation de l’eau dans {a combuftion du charbon, eft d’ailleurs prouvée par les expériences que je rapporterai ailleurs fur la révivification des chaux métalliques par le charbon. Mais 11“*,o1075$ d’eau, d’après les expériences que nous avons faites avec M. Meulnier, fur la formation de eau, font compolés de grainss Principe oxygine,t. 4.0 esse se sa pn see | 1955$ 64e Air inflammable aqueux........,.....,.... 1,4463, TOTAL soso uses esossserrse TI,0107. LE ER REERS LI ÿ 452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE + D'où ül fuit, 1.° que 17,2 de charbon ordinaire & non calciné, contiennent grains. Matière charbonneufe.,..,...,..,, cobiposesis NÜTS57527e ÂAircinfammabliesaqueux.s srl e + qeteteere 1,446 3. ROTATION tee 5 tete sus. 17,2000. 2. Que 06"**,66 d'air fixe ou acide charbonneux , qui pèlent 67,1787, font compolés de grains, Subftance charbonneufe........,,.,...:...: 165,:7537e Principe oxysinenet où stas tite ea lbie seiele lets S1,42504 MOTAT terrasse eiseiele iii = O2 one Ce qui réduit au quintal donne pour 14 compofition de acide charbonneux £raïnse Subftance charbonneufe........,..,,....., 23,4503. PTIRCIPE ‘OxyaMme Le je cuire ed elodie DIE sie 0 HS TOTALE EE ele do erlerelele els + WOOD ODEITE Nous avons répété & varié un grand nombre de fois cette expérience, & nous nous fommes aperçu que plus le charbon reftoit fous la cloche après la combuition & avant d'être pefé, moins nous en trouvions de confommé, & nous commençames dès-lors à foupçonner qu'on n'avoit pas par cette méthode la véritable quantité de charbon brülé. Quoi qu’il en foit, nous rapporterons encore une de ces expériences , parce qu'elle nous a paru mériter plus de confiance que les autres, & parce qu'elle a été faite dans des circonftances aflez favorables. ErainS La quantité d'air vital employée, étoit, déduction faite du reftant, de-105"",06 , pefant à raifon de 0,473 152 le PONC EURE LE ce sicies AO EE La quantité de charbon confommée s’eft trouvée de 18,550. TOTAL des matières confommées. ..... 68,261. RC DIE SR SRGLIREVUNLIC ES, 453 : Nous avons obtenu 91"“,7071 d'air fixe, pefant à raifon de 0,695 le pouce cube............ 62,795. Il y a eu par conféquent un æfcit dû à J'eau, qui s'eft formée de.......... ARR ein HE 5,466. Mais s“",466 d’eau, font compolés de Principe oxygine.....,.,..........+.. 4,749 Dec. Principe inflammable... ,.,.,.,,.......,. 0,717. d'où l’on conclura Pour Ja quantité de \ à faire de l'eau....... 4,749. rincipe oxygine 49,711 Dee 76 à faire de l'acide charb. 44,962. Et pour un quintal du même acide charbonneux, livres, Principe oxygine.. ....+....:... 71,607 Matière charbonneufe pure......... 28,309 Le charbon, dans cette expérience, étoit refté moins Jong-iemps fous a cloche avant d’être pcié, il n'avoit pas eu le temps d’abforber beaucoup d'humidité, de forte que le réfultat doit approcher beaucoup de la vérité, Cependant comme la formation de l'eau pouvoit paroître hypothétique , & qu'elle n'eft point encore généralement aümife par tous les Phyficiens & tous les Chimifles, nous avons penfé qu'il étoit important d’éloigner une circonftance qui pouvoit jeter quelques nuages fur nos conféquences, & d’eflayer de n'employer que de la matière charbonneufe ablolument pure & dépouillée des dernières portions d’air inflammable aqueux qu’elle pouvoit contenir : nous avons pe à cet effet du charbon de Bourdenne, tel qu’on l'emploie à faire la poudre à canon; nous l'avons placé dans un creufet luté avec de la terre, & nous lui avons fait {ubir pendant deux heures un feu de calcination très-vif : il a été retiré du creufet encore chaud, & enfermé für le champ dans un flacon bien fec & bien bouché: c'eft ce charbon qui nous a fervi dans “les expériences fuivantes; mais comme il abforboit l’humie 100 livres. 454 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYaALE dité de l'air & Fair fui-même avec une très-grande rapidité, la détermination du poids par Îles quantités de charbon reftantes après la combuftion, étoit fautive, & nous nous trouvions avoir obtenu en acide charbonneux un poids plus grand que la fomme réunie du poids de Pair déphlogiftiqué employé, & du charbon brülé: nous avons donc été obligés de nous rectifier, & de conclure le poids du charbon brülé, d’après le poids de l'acide charbonneux que nous obtenions, & il s'eft rencontré prefque toujours une différence de quel- ques grains; quoique nous ayons répété cette expérience un grand nombre de fois, je ne rapporterai encore ici que celle . A qui me paroît mériter le plus de confiance, grains La quantité d'air vital, converti en acide charbonneux aériforme, dans une de ces expériences , s’eft trouvée de 113,851, defquels, à raifon de o“",473 17 le pouce cube, pefoient............... Saba ae FES MST La quantité d'acide charbonneux , formée & abforbée par l’alkali cauftique , s’eft trouvée de 109 pouces cubiques, pefant, à raifon de 0,695 le pouce cube. .... Sem UE PATATE Donc, quantité de charbon brûlée. ..... 263884: La diminution de volume dans cette expérience, après la combuftion, mais avant d’avoir introduit l'alkali cauftique, s'eft trouvée de 114 à 109, ceft-à-dire, dans le rapport exact qui devoit rélulter de la différence de la denfité des deux airs; ainfi il n'y a point eu d’eau de formée, & par conféquent le charbon que j'ai employé, ne contenoit point d’air inflammable aqueux. L'acide charbonneux, d’après cela, feroit formé de grainse Principe ,oxygine... .,. essences sers 68207 Subitance ICHATDONIEN CE eee tele eos cie o alle pie 21,884 TOTAL... s.ssoovesenenereosnots 753755 C'eft-à-dire par quintal de | livres: Principe oxygine.. 2" 2. seine ses ete te MAT LT» Subftance (charbonnenfe. 05,220 re AD, 8 L'OTAL IS Nr anne sine se 00 FU OURS DYE SHn$0C 1 Æ IN°C Es. 455- Après avoir examiné Ja combinaifon de la fubflance char- bonneufe pure avec le principe oxygine, & avoir prouvé qu'il n'en réfultoit que de l'air fixe, auquel j'ai donné le nom d'acide charbonneux, nous avons été curieux de voir ce qui fe pañleroit dans la combultion de corps plus compelés ; nous avons préféré d’abord de brüler la cire, parce qu'elle n’eft point volatile, qu'elle donne peu de fumée en brülant, & qu'elle eft fous forme folide & concrète, Nous avons opéré fur cette fubftance exaétement de Ja même manière que fur le charbon : nous rempliflions d'air vital une coche de criftal placée fur du mercure, nous y introduifions une bougie, ou plutôt un petit Iampion de cire, d'un poids bien connu; fur le bout de la mèche étoit un atome de phofphore, & avec un fer chaud recourbé, paflé par-deflous la cloche, à travers le mercure, nous parvenions à allumer le phofphore & la bougie. pouces Dans une première expérience, la cloche contenoit, ELA ele sen le sb ioleleletele e\cl=teleceta ele 1) FD 9 Po H en eft refté, après la combuftion & l'abforbtion, par l'alkali cauftique......................... S0:41e Donc portion réellement employée...... 133,10. grains, Cette quantité d'air vital, réduite en poids à 0,47317 le pouce cube, devoit pefer........... 62,979. La quantité de cire confommée s'eft trouvée de... 25,900. Donc, Total des matières confommées.. 84,879. La quantité d'air fixe ou acide charbonneux qui s'eft formée, étoit de 90°"",046 , & à raifon de 0,695 le pouce cube, elle devoit pefer.........-....... 62,582. Donc , déficit dù à de l'eau qui sétoit formée, & qui en cffct nagcoit fur le mercurc..... 22,297. LT 456 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Mais 22,297 d'eau font compolées de grains. Principe oxygine...ss.sssesessssssssssssse 19,37 Air inflammable aqueux.......,,.,.... ets ina etais 2102 TOTAL. sers resessessssse.e.e 22,29 FORMES TO Ainf, des 625,979 d'air vital, qui ont fervi à cette cxpéienes il en a été employé à faire de l'eau. .... 19,370. Et à faire de l'acide charbonneux.. . ... soso... 43,609. Tararlé Unes RE ARR Il eft aifé de conclure d’après cela p , Compofition de la cire, Subflance charbonneufe. ..... snssssssoseseces 18,98. Aït inflammable .aqueux. .. ........, 2.000010 2,92: TOTAL. .sursessssssessssssessese. 21,90. “ CRRRONS LTICUP IS Compofition de la cire par quintal, livres, Suflance charbonneufe. ..... cesse. 86,667. Air inflammable aqueux.................... 13,333. TOTAL. 18 NU AT I SI MR O0 000: Compofition de l'acide charbonneux. gains. Principe oxygine.. ......s...sesssessses..s 43,609« Subflance charbonneufe.........,...,,...... 18,980. TOTAL esse sessosssssseocsesere 62,585. Compoition de l'acide charbonneux par quintal. grains. Principe oxygine. "1 0. ER ND) 67e Subftance charbonneufe.........,........,: 30,325. TOTALE. le à o10 © 01010 010 01010 ele etsiote se FOOJODO: Nous DESS CTENC’ES. 457 Nous avons répété cette expérience avec fe même foin, & nous avons obtenu le réfultat qui fuit: d pouces, Quantité d’air vital contenue dans Ia cloche...... # 94797 Quantité reftante après la combuflion, mais avant AAAUIHION, d'afKal ÉAUTIQUE. 1e - en + ==. mie one na OU 59,300. Diminution de volume opérée par la combuftion.…. . 44,497. Quantité d'air reftante après l'abforbtion, par l'alkali CHULLIQUEnS os ee 9 © sie eee le ee se = ee nee e 5312 Donc, quantité d'air vital confommée dans l'expérience 1 41,285. grains, . Cette dernière quantité d'air vital à 0,47317 le pouce cubes pdôit/pefér:. SR 00, Ua sr... 66,85. Giretconommecs MR RIUUOS AHMIAQCTE 21,7$. mm ToTAL des fubflances confommées........ 88,60. Il ne s’eft produit que 96"*",438 d'acide crayeux aéri- forme, qui , à raifon de 0,69 5 le pouce cube, ont dû pefer. 67,08. —————————— Donc, deficit ou eau formée......,.....,...1,.. 21,52. Mais 21,52 d'eau font compofés de PINCE ORNE IN EETSL Que ue lcl-lota lens ele ton ebale (Sie 18,696. Principe inflammable aqueux. ................, 2,824. LOTAL EM Et far 5e BE débtlNo UE 21,520. D'où il réfulte que fur la quantité d'air vital employée dans l'expérience, & qui étoit de........,,.... IH y en a eu employée à faire de l'eau......... 18,696. . Lot a Oo Le] LA L Et par conféquent, à faire de l'acide charbonneux... 48,1 54. ns ” On a, d'après ces données, pour la compofition d'un quintal de cire, 9 : livres, Subftance charbonneufe. tossserss esse. 87,035. Principe inflammable aqueux........,......... 12,965. ODA ET ER TELL St CH TOO 000 Mém. AL ER | M mm - 458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Et pour fa compofition d’un quintal d'acide charbonneux: ; l livres. BHUEIRE OS VO IDE. : intelais ele hole lea een a El e telle 71,78 Subltance chirbonneufe . 2h sudo mime mimmoletèse sit 20022 TOZAL ner = meploucletn cle -evise til) MORPEOER ‘Après nous être ainfi affurés que la combuftion des diffé- rentes efpèces de icharbon , foit qu'ils continflent de V'air inflammable ou non, & que celle de la cire, donnoient les mêmes réfultats , relativement à la proportion des principes qui entrent dans la compofition de facide charbonneux, pourvu qu'on eût égard à la quantité d’eau formée; & qu’en prenant un milieu entre les différentes expériences , la quan- tité de fubftance charbonneule, contenue dans un quinta} d’acide charbonneux, pouvoit être évaluée à.,28.ou 29 divres; il nous reftoit à examiner ce qui arrivoit lorfqu’on prenoit le principe oxygine ailleurs que dans la", dans l'eau, par exemple, & dans lès chaux métalliques: je commence par da combuftion par l'eau, en" v Pates Notre projet à M. Meufnier & à moi, étoit de faire cette expérience dans un canon de cuivre rouge, par.la raifonyque ce métal ne peut pas décompolfer l'eau ; mais Comme nous n'en avions point à notre difpolition, que les tentatives que nous avions faites pour en faire couler un, n’avoient pas été heu- reufes, & que ceux qu'on nous avoitexécutés, s'étoient trouvés criblés de trous imperceptibles qui laiffoient échapper de l'air, nous primes le parti de faire doubler un canon de fer d'une feuille de cuivre rouge roulé: nous ne pumes, il et vrai, fermer exattement la jointure longitudinale, parce que nous ne vou lions pas employer de foudure; maïs fr nous ne préfervames pas entièrement l'intérieur du canon. de fer, de l'aétion dedheau en vapeurs, nous la diminuames au moins cogfidérablement. 4 gros 15 grains # de charbon, furent introduits dans le canon de fufilainfi doublé, puis après l'avoir fait rougir dans fon milieu, nous y fimes .couler de-d’eau goutte à goutte; nous reçumes les produits aériformes dans l'appareil pneumato- chimique ordinaire, &' l'eau qui échappoit à la décompo- rt i … : » DES SCrENCESs 459. fition, dans un récipient adapté à un ferpentin (Voyez {a defcription de cet appareil dans le Mémoire que nous avons fait en commun, M. Meufnier & moi, page 269). Le: charbon a été complétement brülé dans cette expérience, & il ne .s'eft trouvé que fix grains de cendre dans le canon de fufil, En comparant enfuite la quantité d'euvécoulée de l’enton- noir avec celle reçue dans le récipient, la portion décompofée s'eft trouvée de 2 onces 3 gros 18 grains: il eft aifé d'après cela de calculer les produits que nous avons dû obtenir d’après la connoiflance précédemment donnée de la compofuion de l'eau & de celle de l'acide charbonneux. a Matières employées. : ONCCS,£TOSr BYAiNSe Eaudécompofée dans Air inflammable. ....., y: 2. 38,036. l'appareil. 2% 31 8: Principe oxygine........2, y 51,964. Charbon, . déduction faite de 6 grains de cendre... .n . 44 9,400: ss TOTAL + sssa da sisssisie se: 3+ 4 28,700 ARR SR CE Dédudtion à faire pour la portion de principe -oxygine, ” demeurée attachée au canon du fufil.......,,. y 1. 29;380. Refte pour la quantité réelle de matières employées. 2. 6, 71,3204 Produits qu'on auroit d& obtenir, d'après la théorie, de la formation de l'acide Charbonneux d de la décompojition de l'eau. x ‘ ONGES gros, grains, - Air inflammable de l'eau. ,.....:.,,:....24 2..38,036« À . Acide charbonneux ou air fixe... ennuis mes ne 2e 33139844 : À quoi il faut ajouter pour l'air de l'intérieur, des à vaifleaux, qui,s’eft mélé avec les produits aériformes. ” 1. 1,300 Fogan dis silies Dit 2 61 71,320! > Tels font les produits qu'on’auroit dû obtenir ; fi on eût pu féparer les. différens. airs, :&:1es répartir chacun dans des cloches différentes ; mais comme l'air inflammable de Mmnm ij / 460 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE l’eau , l'acide charbonneux aériforme & l'air contenu dans le vide des vaifleaux , font fufceptibles de fe mêler, il eft évident que le produit obtenu a dû être un combiné de ces trois airs. | Quoi qu’il en foit, le produit a été reçu fucceflivement dans des cloches, qui avoient été bien jaugées, & les quan- tités fe font trouvées ainfr qu'il fuit. | pouces cubiquese ricloche: NS RTE Cu R UN let ie ee 51,00. DM TGTIS idleln eltielelele.s e.s1alcie Dial na ils let à 975,65 3 idem. ....ss.svesesseeesesssesseses 1020,42 A idem... ..ssssssesserssesesssrenssse 975,65 se idém...ss.ssessnesrovesesseesvesee 1020,42e CD deme ue ss ie LEE $1,00. 7. EL DR ECS LD CE POLE Cu Re te 975,65. I Gdemassrssahtiiien se BTE 1. NON 51,00. 9. idem srsssseeesserenenereresseee de 135,85 TOTAL. rssscsesesserre sense $256,64: Reese Pour connoître les quantités d'acide charbonneux ou air fixe que contenoit cet air, on en a pris fréquemment des effais; on Îles a mis en contact avec de l'alkali cauftique, & par fabforbtion qui a eu lieu, ,on a conclu que l'air contenu dans les différentes cloches ci-deflus, au moment où elles étoient pleines, étoit mêlé de 817"“"*,05$ d'acide crayeux, & que la pefanteur fpécifique des 4439,59 pouces reftant après l'abforbtion de cet acide, étoit de 0o%°",128 le pouce cube: à ces quantirés doit être ajouté l'air commun qui remplifloit la capacité des vaifleaux, & qui s’eft nécef- fairement mêlé avec les produits aériformes; fon volume s'eft trouvé de 160 pouces cubiques, pefant un gros 17,305 enfin il faut y ajouter l'acide charbonneux aériforme, qui s'eft combiné avec l'eau de la cuve pendant qu'il pafloit dans les cloches: en tenant compte:du temps que les cloches avoient été à fe remplir, & pendant lequel par conféquent l'acide DES ScrEenNcEes ! | 46r charbonneux avoit été en contaét avec l'air, & d’après quel- ques effais fur la quantité d'acide charbonneux qui peut fe combiner avec l’eau dans un temps donné & dans des cir- conftances femblables ; nous avons évalué cette quantité à 642,597, pelant 6 gros 13°",903. D'après cela on peut évaluer ainfi les produits obtenus, VoLumes. Poips. pouces ONCES, BYOS+ GYAÏNSs A été onaside reçu dans les cloches. 817,050. » 7. 63,850. ir fixe charbonneux. 4 abforbé par l’eau de 12, CUVCA AR ee: +. 642,597. u 6.1 3»903e Air inflammable lourd, c’eft-à-dire pefant 0,128 le pouce cube........... 4439,590. n 7. 64,267. Air des vaiffeaux................ 160,000. y 1. 1,300 AoGarile dot Prius 2e Pis TOTAL............:. 6059.237. 2.6.71,320. A PL SRE .… Cette quantité eft exactement celle des matériaux qui ont été employés, & il en réfulte une confirmation frappante de l'exactitude de la théorie. On demandera peut-être comment il eft poffible qu'on foit arrivé ainfi à un réfultat qui cadre au millième de grains près, «& on argumentera- de cette exactitude même, pour croire que l'expérience a été pliée au calcul. J'obferverai à cet égard, que toutes les quantités portées ci- deflus, font très-exaétement celles qui ont été écrites à mefure fur le regiftre au moment de l'expérience, & avant qu'on connût quel en feroit le réfultat ; lorfqu'enfuite on a additionné les produits obtenus, il s’eft trouvé un déficit de x gros 29%%*,380 : après avoirbien examiné à quoi pouvoit tenir cette différence, on a cru qu'on pouvoit l’attribuer à une petite quantité de principe oxygine, combinée avec le canon de fufil; en effet , comme 1a doublure de cuivre dont on Tavoit revêt ‘intérieurement , n’étoit qu'à recouvrement & fans foudure, il a dû pénétrer de l'eau par la jointure, & le fer a dû éprouver une calcination, c'eft-à-dire qu'uné portion 462, Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLe de, principe oxygine à dû fe combiner avec lui: des réfultats feroit pas moins très- frappant. on pourroit expliquer autrement la grande péfanteur de cet air. On fe croit. donc, en droit de conclure que tout l'excès dui poids de l'air, obtenu, au-deflus de, celui, de l'air inflañnmable contenu dans l'eau, eft,,dû à l'acide du, charbon. + p 6 Ainf, dans cette expérience on a obtenu AM wat pouces” d'ait inflammable, qui à O,128 le pouce , cube! f péfaient. 11.49 3 0241, MLSENONR RES Dr T7 NO 27e er L'air inflammable contenu dans Péan employée, ng -! HO5D dévoit pefer que sua 24, eue ubs cuinuus 222 38,036. 18 Doncj, excès: qui ine’ peut. être dû qu'au mélange : à de l'acide, du: cherbon.: fee SD EN den sas Se 26:23 CT En sdditionnant cette quantité d'acide du charbon avec celle des cloches & de: {a cuve, on aura un total de 27% 42 157 0840 it mp9 1 s1Jiys pig ITS I il S on cherche, d'après cela quelle eft da. proportion de 1101: } Vrmest$ CiENCE 6 463 ; girl dé grains. er Mae rude EEE CCE OCT 738) Chæbon........... SORTE ONTNIQ DNS ETNOISSE 1 à Sioté A à 1% vs ity si ré 6 Mat Es (SRE. TL 5 AE ot RIMUA D 220 LOS RER ARS «x! HOÛ, Ds 7 Cet es eft évidemment es foible en charbon ; de porté à croire que Dans la proportion des deux principes qui entrent dans la compoôfition de l'eau, & que nous avons déterminée ,. M. Meufnier &: moi, nous ayons, évalué trop haut Ja quantité de prinçipe- ox yginei; mais, il, n'y a que, dés pates très- exactes & très euipliéss qi D de nous clairer à cet égard, 1 QUES E par Fexpiéfion de! combuftion du charbon, on entend là de fon {ep- tième fafciculus (u }, & M. Soemering d'après lui, dans les Tables 2 (x) & 3 (y) de fon Ouvrage fur le cerveau: mais aucun de ces Auteurs ne l’a fait deffiner ni décrit dans fon entier. Après avoir ouvert la grande lame de larachnoïde qui a (u) Fafciculus feptimus. (x) De bafi Encephali, lettre F, (7) Lettre Z, Mém, 1781. Eees 586 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE s'étend en arrière & en bas de la moelle allongée vers le cervelet, on aperçoit ce plexus choroïde ; fa ftructure eft la même que celle des plexus déja obfervés dans les autres ventricules, j'ai remarqué feulement que fon n'y trouve point ou au moins peu de ces petits grains pris mal-à-propos pour des glandes, & obfervés dans les plexus choroïdes des ventricules latéraux ; il eft placé tranfverfalement dans le quatrième ventricule : pour en donner une idée convenable, il fautle divifer en fix branches, dont quatre font moyennes & deux latérales. Les quatre branches moyennes font difpofées de forte que deux fe dirigent en devant, & deux en arrière; les deux antérieures fe rapprochent & communiquent enfemble. fur la tête du proceffus vermiforme inférieur ; les deux pof- térieures fe joignent vers le milieu du même proceflis : ces quatre branches très-courtes & très-déliées, laiflent dans leur intervalle une forte d’ovale ou lofange dans lequel une por: tion de ce proceffus eft comprife /z). Les deux branches latérales ou ailes du plexus choroïde du quatrième ventricule, s'étendent de droite à gauche vers les lobules fatéraux près de l’origine de la huitième paire, où elles forment une petite tête ou éminence d'un rouge très-foncé & qui paroiït au dehors. Ce plexus choroïde eft en. partie caché dans l'état naturel, par le rapprochement de Ia moelle allongée & du cervelet :, le milieu de ce plexus recoit les vaifleaux qui fe diftribuent dans les fillons multipliés du proceffus vermiforme. Les artères vertébrales fourniflent deux branches qui entourent la moelle allongée, & fe portent en-deflus: elles s’'enfoncent entre le calamus fcriptorius & le cervelet, & là elles .com- muniquent avec le plexus choroïde qui, dans fes deux extrémités placées en dehors entre les nerfs de la feptième _ (x) Quelquefois cet ovale eft deffiné d’une façon très-irrégulière, & fe trouve comme feftonné dans fes bords, fur-tout antérieur & poftérieur. DES :SCUI'EN c Es. 587 & huitième paire, reçoit plufieurs rameaux des artères les plus voifines. XI. Les Enoetes pYramidales. Les corps pyramidaux font féparés de Ia protubérance annuaire par un petit enfoncement /a). Ils pénètrent a protubérance annulaire au-deflous des premières couches tran{verfales & femi-circulaires. Entre les éminences pyramidales, il y aune fiflure Tongi- tudinale aflez profonde, dont on peut écarter les parois l’une de l’autre fans rien couper d'intermédiaire ; mais, dans Île fond, on voit plufieurs cordons blancs qui fe portent d’un côté à l'autre, les uns tranfverfalement, les autres oblique- ment ; ces filets ou cordons font, dans la moellefalongée , l'office de commifiure. M. Profchafka /4) dit avoir obfervé une petite quantité de fubftance cendrée dans les corps pyramidaux. Mes obfer- vations n'ont pas confirmé les fiennes. XII Les Eminences olivaires. Les corps olivaires font partie de la moelle alongée : ils {ont placés à la partie externe des corps pyramidaux : arrondis vers le haut, leur extrémité inférieure fe prolonge en dimi- nuant de largeur, & fouvent elle fe dirige un peu vers le bord externe de la moelle alongée {c) ; la couche blanche qui les recouvre fe continue avec celle de la. protubérance, & c'eft tout ce que ces deux éminences ont de commun entr’elles : car les corps olivaifes font très-diftinéts du pont de Varole ; une échancrure aflez profonde les en fépare, & l'intérieur des corps olivaires préfente une ftruéture très- différente de celle de la protubérance annulaire. Haller (d), Santorini & (a) Quelques-uns des Anatomiftes | dans quelques fujets, des filets à Ia ui ont écrit en latin, l’appellent | huitième paire. q PROEOE P Joramen cœæcum. (4) Nouvelle édition de la grande (b) De ftrudurä nervorum. | Phyhologie, t. VIII, in-8° 1779» Vindob. 1779. Pr 121, (c) Là, ces corps fourniffent Eeee ï 588 MÉMoires DE L'ACADÉMIE ROYALE Girardi ont oblervé dans l'intérieur de ces corps un mélange de fubflance cendrée. M.° Ludwig {e) & Malacarne y ont vu une fubftance colorée en jaune; he diflection de ces corps m'a montré ce qui fuit. En faifant une coupe de haut en bas, & fuivant le plus grand diamètre de l’éminence olivaire, j'ai remarqué dans fon intérieur un noyau d'un blanc très-mat, & entouré d’un tractus jaunâtre très-abondant en MAR E figuré en ovale comme le corps lui-même, & irrégulièrement dentelé où feftonné dans fon contour ; une feconde coupe , perpendicu- laire à la première, m'a fait voir qu'il ne laïfloit pas d’avoir de la profondeur. Il y a donc dans l'épaiffeur du corps olivaire une portion de fubftance blanche enveloppée par une lime jaunâtre, analogue à la fubftance corticale, & ce noyau eft un organe particulier qui manque à plufieurs des quadrupèdes que j'ai difléqués; il cft analogue au corps rhomboïdal du cervelet, dont il a la couleur & Îa forme. Dans Îe cervelet, la couleur jaunêtre des dents ou feftons eft plus foncée. Il eft bien étonnant que la connoiffance de cette ftruéture ait échappé à la plupart des Anatomiftes modernes : il eft im- poflible de couper l'éminence olivaire fans l'apercevoir. On peut lui donner le nom de corps dentelé*ou feflonné de l'émi- aence olivaire, corpus ferratum , vel dentatum eminentiæ olivaris XIIL La fixième paire de Nerfs. Quoique la recherche de l'origine de, ce nerf foit facile, les Anatomiftes ont fingulièrement varié dans ce qu'ils en ont dit, Suivant Morgagni , il naï de la partie poftérieure de la protubérance des corps pyramidaux & de l'intervalle qui Les fépare : fuivant Lieutaud, il fort des corps pyramidaux feulement /f): fuivant FRE & Coopmann, la protu- bérance feule le fournit: fuivant Winflow, il fe trouve (e) De cinerei cerebri fubflantiä, 1779, p. 9. (f) Édition de 1776, tome Î, page 594, DES. SC1ENCE 5. 589 entre la protubérance annulaire & l'éminence olivaire /g) ; & Santorini, dans fa planche 41, les a repréfentés comme très-rapprochés de ces dernières éminences. Haller fe contente de dire qu'ils naïflent du fillon qui fépare les corps pyrami- daux de la protubérance , & M. Sabatier, qu'ils fortent du filon qui fe trouve entre la protubérance & la moelle alongée /4). Je rapporterai ce que la diffeétion m'a fait voir dans plufieurs fujets dont le cerveau avoit une grande confiftance. Dans lun , la fixième paire naïfloit des éminences pyrami- dales, & il y avoit un petit filet en-deflus qui adhéroit au bord inférieur de la protubérance annulaire. Dans deux autres, elle naifloit uniquement des éminences pyramidales. N |; Dans un quatrième, elle étoit formée de trois filets de chaque côté, dont les internes étoient les plus déliés; les externes s'approchoient dans leur origine de l'éminence olivaire. Dans un cinquième, la fixième paire étoit compolée, à fon origine, de cinq à fix filets, dont les plus courts adhé- roient à l'éminence olivaire ; les autres fe portoient vers les corps pyramidaux. Dans trois autres fujets, elle étoit formée de deux cordons principaux , dont l'intérieur étoit le plus délié. J'ai vu auf quelquefois, mais rarement, le cordon intérieur être le plus gros; ils adhéroient un peu à la protubérance, mais ils fe portoient vers les corps pyramidaux, Quelquefois, dans le fond du fillon qui fépare Ia protu- bérance de la moelle alongée, il y a un petit cordon tranf- verfal /i), avec lequel les nerfs communiquent fouvent. I eft permis de conclure de ces recherches, que la fixième paire naît principalement des corps pyramidaux, & quelque- fois en même-temps de la protubérance annulaire : cette origine lui donne une analogie marquée avec le nerf de la (g) Traité des nerfs, 7.° 72. (h) Traité d’Anatomie, tome Î, page 509, (i) Santorini & M. Girardi ont obfervé ce cordon, soo MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE troifième paire, qui naît des pédoncules du cerveau, avec lefquels les corps pyramidaux forment une continuité non interrompue, comme il eft facilefde le démontrer, en faifant dans la bafe de cet organe une feétion verticale au niveau des corps pyramidaux, XIV. Seprième paire. Suivant tous les Anatomiftes elle eft formée de deux portions ; & quoique Fallope, & depuis lui, Haller, Morgagni, & plufieurs autres , les aient confidérées comme très diftinétes & vraiment féparées l'une de l’autre, la plupart de ceux qui ont écrit fur la ftructure des nerfs, les ont regardées comme n’en formant qu'une feule. Si on les examine avec foin, on fe convaint facilement que leurs origines n'ont rien de commun ; quoiqu'elles foient rapprochées, on fait que leur deftination eft différente : il eft donc indifpenfable de les confidérer comme deux nerfs très-diftinéts. Le premier eft le plus antérieur & celui qui a le plus de confiftance, Winflow a nommé Ze petit fympatique ; M. Wrifberg & Soemering appellent servus communicans faciei, d’autres servus facialis. Le fecond eft plus gros & de confiftance molle; lui feul fe diflribue dans l'organe de f'ouïe : il doit conferver le nom de nerf auditif. Ces deux nerfs fe trouvent dans une petite excavation, à peu-près triangulaire, placée entre l’éminence olivaire, la jambe du cervelet, la protubérance annulaire & la portion de la moelle alongée, qui fe porte vers la jambe du cervelet, fans communiquer immédiatement avec le pont de Varole, & que j'ai appelée les colonnes, les pédoncules ou les traclus latéraux de la moelle alongée, Je prie qu'on fe fouvienne des limites que j'ai établies entre les jambes du cervelet & la protubérance annulaire, par le moyen d’une ligne que lon conçoit dirigée du bord externe des éminences olivaires vers le bord externe des DLE 5 SCALE Nc Es so? jambes du cerveau, dans le lieu de leur jondion avec fa protubérance. En admettant cette ligne de démarcation entre la protu- bérance annulaire & les jambes du cervelet, c’eft de ces dernières, précifément vers le point de leur jonction avec la protubérance, que naît le nerf dur, auquel on pourroit auffi donner le nom de premier nerf de la feptième paire (k) ; il fe contourne fur Je bord poftérieur & arrondi de ce pédon- cule, auquel il adhère, il s'enfonce dans l'excavation dont j'ai parlé ; on le fuit jufqu’au fond de cette fofle, où il s’im- plante dans la partie de la jambe du cervelet //), qui répond au bord externe de la moelle alongée: ce nerf, plus grêle que le fuivant, s'étend aufli moins loin dans la bafe du cerveau , le plus fouvent il fe divife dès fa naïffance en deux rameaux qui reftent unis, mais qu'il eft facile de féparer. Le nerf mou, ou fecond de la feptième paire, ou autrement le nerf auditif, fe contourne aufli un peu plus en arrière & près du précédent, fur le bord poflérieur & inférieur de a jambe du cervelet, à laquelle il adhère dans le lieu où le bord externe de la moelle alongée la pénètre: ce nerf adhère à cette même colonne /”#), fe place fur la face poftérieure ou fupérieure de ce tradus, forme un ou plufieurs reliefs fur le plancher grifätre du quatrième ventricule, fe joint avec quelques-unes des faillies tranfverfales qui s'y trouvent, & ‘s'approche tellement de l'origine du nerf auditif du côté oppolé, qu'il doit y avoir quelque communication entre leurs (k) S'il n’y avoit pas beaucoup d’inconvénient à changer les nom- bres qui défignent les paires de nerfs, ce qu'il y auroit de mieux à faire, feroit d'appeler la portion dure, la Septième paire ; la portion molle, la huirième paire ; la huitième paire alors deviendroiïit la neuvième , & ainfi de fuite. Mais en procédant ainfi, ne mettroit-on pas encore plus de confufion qu'il n’y en a dans la Nomenclature! ne vaut-il pas mieux admettre deux nerfs de Ia feptième paire , dont l’un fera appelé dur ou premier ; Vautre, mou ou Jecond , ou auditif, proprement dit? on laïffe cette queftion à décider aux Anatomiftes. (L) Là, ce pédoncule fe confond avec la protubérance annulaire, (in). C’eft-à-dire , au pédoncule dela moelle alongée, appelé éminence pyramidale latérale, ê7cipar Tarin. 592 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaAzE radicules. Suivant l'Éditeur des Œuvres pofthumes de San- torini, Septemd. Tubul, p. 2ÿ, ces radicules contiennent une étite quantité de fubftance cendrée: il me femble que cette fubftance ne leur eft point propre, elle fe continue avec la lame grife qui recouvre le plancher du quatrième ventricule, mais elle leur eft contiguë & très-adhérente, Aïnfi Ja première paire, qui eft également pulpeufe, eft accompagnée dans fon principe par une certaine quantité de fubftance grile. IH réfuite de cet expolé, que les origines du premier & dufecond nerf de la feptième paire, font féparées par l’épaiffeur entière de la colonne ou pédoncule de 11 moelle alongée. Santorini met en queftion fi le nerf de la feptième paire appartient au cerveau ou au cervelet : & ilrépond qu'il a obfervé fous les fibres tranfverfales de Ja protubérance, untraélus blanc, qui s'étendoit du nerf auditif vers Ja partie antérieure. J'ai cherché en vain cette origine, & avant moi, M. Girardi, Éditeur des Œuvres pofthumes de Santorini, n'avoit pas eu plus de fuccès /#} dans cette recherche, Indépendamment de ces deux nerfs, dont l’enfemble forme ce que les Anatomiftes appellent la feptième paire, M. Wrifberg en admet un troifième , qui eft compris dans le même faifceau de nerfs, & qu'ila nommé portio media inter communicantem faciei à auditivum nervum, Les oblervations fuivantes, que j'avois faites avant de connoïtre cet habile Anatomifte, & . que j'ai plufieurs fois expolées dans mes leçons d'Anatomie, avant l'an 1778, expliqueront ce qu'une diflection exacte montre entre les portions dure & molle de la feptième paire. On y trouve deux ou trois filets très-déliés, mais très- diftinéts, & qui n'appartiennent pas plus à l'un qu'à l'autre de ces nerfs; dans un des fujets que j'ai difféqués, deux fe dirigeoient entre Ja portion dure & la portion molle /o), &. ils adhéroïent plus particulièrement à la dernière; l'autre étoit (n) Septem-decim Tabulæ, p. 23, 24 & 25. (0) Ces deux filets étoient, dans un fujet, féparés de la portion molle par un rameau de l'artère bafilaire, foutenu Biens MS CARE TrCEESS. | $93 foutenu fur la portion dure , lui étoit parallèle, & naifloit /p} près de fon origine en-deflus; il y a quelquefois un petit plexus entre ces nerfs /q). Dans un autre fujet, l'origine de ces trois petits filets étoit Ja fuivante; deux étoient moyens entre la portion dure & la molle; fun, plus long, naifloit en arrière près de {a portion molle; l’autre, plus court, naïfloit au-deflus de cette même portion; le troifième étoit antérieur, & s'implantoit à côté de la portion dure; & ils ne pouvoient être regardés ni l'un ni l'autre comme des rameaux d'aucune de ces deux portions. Dans un troifième fujet, ces filets n’étoient qu’au nombre de deux; fun interne & plus long, naïfloit en arrière, près de la portion dure; l’autre, plus court, un peu plus externe, fortoit fur le côté, près de l’adhérence de Ia portion molle, avec les jambes du cervelet. X V. La huitième paire de Nerf. II en eft de Ja huitième paire de nerfs, comme de fa feptième; c’eft-à-dire que les Anatomiftes ont compris fous ce nom, deux nerfs très-diftinéts; le premier, qui eft le plus interne & le plus mince, a été appelé du nom de petit Aypogloffe par Winflow; le fecond ett Ia paire vague, ou le moyen fympathique. Anderfch avoit cru devoir donner au premier le nom de huitième paire, & celui de neuvième au {cond ; mais n'y at-il pas, comme je l'ai déjà dit, un grand inconvénient à changer ainfi la nomenclature? ne s’expofe-t-on pas à rendre la lecture des Livres d’Anatomie, plus difficile encore qu'elle ne l'eft, en augmentant la confufion? & ne vaut-il pas mieux, en confervant le nom de Auitiéme (r) paire à ces deux nerfs, défigner l'un fous le nom-de nerf lingual, J'ai vu ce filet naître par our Îles objets anatomiques. La P P p J q deux radicules. découverte d’une feule partie dérange (g) Noy. pag. 152. De Bafi | tout l’ordre de ce fyftème, au lieu ÆEncephali, Soemering. que d’autres noms donnés peuvent (r) Hy a en général de l’incon- | fubffter. malgré les Obfervations vénient à employer les noms numé- | nouvelles, dont l’Anatomie peut riques de premier , deuxième, &7'c, | s'enrichir. Mém. 1781, EE 594 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE ou gloffopharyngien ([) ; & l'autre fous celui de verf vague de la huitième paire ! Ces deux nerfs font formés par des filets à peu - près parallèles, & placés Îles uns au-deffus des autres; ils ne {ortent point, comme prefque tous les Anatomiftes Font dit, du bord externe de l’éminence olivaire; ils naïflent affez loin de ce corps, &, un peu plus en arrière que fon bord externe, de la colonne ou pédoncule de la moelle alongée: on voit fouvent les filets qui la compofent, implantés dans le fillon ou rigole qui fépare l'éminence olivaire de cette portion de la? moelle alongée; & une petite radicule fort quelquefois de l'extrémité inférieure ou queue de l'éminence olivaire. En foulevant la mafle du cervelet, on découvre la cavité du quatrième ventricule, fur les côtés duquel on aperçoit les filets de la huitième paire, dont quelques-uns commu- niquent prefque toujours avec les petits reliefs qui y font exprimés. Santorini, & M. Girardi fon Editeur, ont eu connoiffance de cette origine, dont Vieuffens avoit aufli fait mention, & que la plupart des Anatomifles ont oubliée. Le gloflopharyngien ou lingual de la huitième paire, eft formé de quatre ou cinq filets qui font couchés fur la tête ou bouton du plexus choroïde du quatrième ventricule, & qui fortent par une ouverture particulière de la dure-mère. Le nerf vague eft compofé de la réunion de dix , onze ‘ou douze filets très-fins, fouvent réunis en plufeurs petits, paquets par le tiflu cellulaire, qui font parallèles, & dont les derniers fe joignent à l'accefloire. ‘En difléquant avec un foin extrême Îles éminences oli- vaires, j'ai aperçu en-deflus & fur leur convexité des filets. blancs très-déliés, tranfverfaux & parallèles. En relifant San- torini, jai retrouvé la même obfervation, mais dans une étendue que je n'ai point encore vérifiée. Cet Anatomifte aflure avoir vu des fibres blanches très-tenaces & tranfver- fales, qui, de la petite fiflure moyenne des corps pyrami- —— (f) C'eft le nom adopté par Haller. D'ÉENSMISICNTMENNEG TELUS: s95 daux, s'étendoient en les recouvrant, aînfi que Îles corps ’ | olivaires, d'une lame extrêmement mince, jufqu'aux filets qui font l'origine de fa huitième paire. XV L La neuvième Paire (t) I ne fuffit pas pour donner une bonne idée de fon origine, de dire qu'elle naît entre les éminences pyramidales & oli- vaires; fes filets fupérieurs ne s'élèvent jamais à da hauteur de ces dernières, & ce n’eit point le fommet du fillon placé entre les éminences que ce nerf occupe /). Ce n'eft guère que vers fon milieu que fon origine commence, & ce nerf s'é- tend beaucoup plus bas que les éminences olivaires; les filets qui le compolent fe réuniffent & forment différens paquets ; j'en ai fouvent obfervé trois très-diflinéts; j'ai vu dans un fujet la neuvième paire formée par deux branches principales affez diftantes l’une de l’autre; la fupérieure étoit compofée de cinq à fix filets, & l'inférieure de trois ou quatre; cette dernière étoit plus externe, & naifloit plus bas que l'émi- nence olivaire : quelquefois l'infertion des filets les plus élevés fe fait aufli un peu plus en dehors que celle des fuivans. | | L'origine de ces nerfs n’eft pas toujours parfaitement femblable des deux côtés : il y a fouvent un ou deux filets de plus & un écartement plus confidérable entr'eux d’un côté que de l'autre; Îa diftance qui fépare les radicules de ces nerfs, eft quelquefois confidérable, & le plus fouvent elles ne fe réuniffent pour former Île tronc qu'après avoir _ percé la dure-mère dans des endroits différens. Le caractère de la neuvième paire eft, comme celui de tous les nerfs a ——_————— (t) Par linguale medium de Soe- mering. (u) J’aïpris, dans un fujet, plu- feurs dimenfions, qu’il fera bon de rapporter ici. Entre le filet le plus élevé de la 9.° paire & la protubé- rance annulaire, il y avoit dans un fujet 2 lignes?, & dans un autre, 2 lignes ! de diftance: entre le dernier des filets de [a neuvième paire & le plus élevé de ceux de la dixième Æ) y avoit 2 lignes de diftance , & la dixième paire étoit féparée de la prémière paire cervicale , par un écartement d’une ligne +. Ffff i 596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fpinaux, d'être formée par des filamens multipliés & très- diftincts. : L J'ai fuivi quelques-uns des filets de cette paire de nerfs, Jes plus voifins de l'éminence olivaire , jufqu'au corps fef- tonné ou dentelé de cette même éminence. X VII La dixième paire. Dans un fujet la dixième paire étoit, d’un côté, formée par un feul plan de filets, & de l’autre il y avoit, non un fecond plan régulier, mais des filets en forme de p/exus, qui commu- niquoient avec l'accefloire, & {e dirigeoient vers le trou par lequel pafloit le fous-occipital ou la dix:ème paire de nerfs, X VIIL Nerf cervicaux. Ces nerfs font compolés de deux plans de filets, dont Tantérieur m'a paru formé de racines plus divergentes & moins nombreufes. La portion médullaire poftérieure de la moelle épinière étant plus confidérable que l'antérieure, puifque le filon poftérieur eft plus profond, & que Îa fubftance corticale eft plus près de la face antérieure que de la pofté- rieure, il n’eft pas étonnant que les failceaux nerveux poftérieurs foient un peu plus nombreux, & que leur volume foit en général plus grand, XIX. Offervarion fur une dilatation fingulière des finus OcCIpIraux. Dans un fujet qui m'a été apporté pour mes travaux ana- tomiques , l'arachnoïde & la pie-mère étoient, dans la partie fupérieure & inférieure du cerveau, épaiflies & infiltrées de matière purulente: les finus étoient remplis de fang & très- diftendus. J'ai vu fur-tout avec étonnement que les finus occipitaux inférieurs étoient tellement remplis de fang, que leur volume furpafloit celui des finus latéraux. Les finus occi- pitaux poftérieurs, {ur-tout le droit, étoient auffi très-diflendus : ils communiquoient fupérieurement par une ouverture très- grande, avec le sorcular herophili, On fait combien les finus DES, S C'r'EUN C'É s 597 occipitaux inférieurs font ordinairement étroits, & quelque- fois mème ditliciles à apercevoir, La dilatation extrême qu'ils avoient éprouvée dans le fujet dont il s'agit, eft donc un fait très -extraordinaire,-malheureufement Jignôre le genre de la maladie à laquelle ce malade avoit fuccombé, X X. La Moclle Épinière. La ftruture de la moelle épinière n’a point été conve- nablement expofée par les Anatomiftes; on fait qu'elle s'étend -_ jufqu'à la feconde vertèbre des lombes, que fouvent même elle n'atteint pas (x) : déprimée de devant en arrière dans Ie col, approchant de la forme quadrangulaire dans la région dorfale, & un peu aplatie fur les côtés, elle fe termine pr une pointe au milieu de la queue de cheval; fa groficur varie aufli-bien que fa forme, elle fe renfle un peu vers le miliew du col y), elle diminue de volume dans {a région dorfale, & vers les premières vertèbres lombaires elle femble augmenter de nouveau /z). | Parmi les différens Auteurs qui ont traité de la moelle épinière, Petit, de Namur, eft fur tout remarquable par exactitude de fa defcription en plufieurs points, & par Toriginalité des idées qu'elle contient. Qu'il me foit permis de m'arrêter un moment fur a Lettre (a ) dans laquelle il a configné le réfultat de {es re- cherches; jamai, en auffi peu de pages on n’a réuni plus d'obfervations intéreffantes & neuves. En détaillant le projet d'un travail fur le cerveau, cet Anatomifle à expofé rapide- ment fes remarques principales /b); il connoifloit le prolon- gement des corps pyramidaux au travers du pont de Varole, RE ————_—_—_——_—_—_————— 2 | (x) Achillinus & Dulaurens ont (a) Lettres d’un Médecin des dit qu’elle fe terminoit à la première | Æôpiraux du Roi, à un Médecin de Vértèbre lombaire. Jes amis, I y a triis Lettres, dont (7) Duverney avoit fait cette |‘la premiére contient un nouveau remarque. Jyflème du cerveau, in-4.° à Namur, (x) Cette particularité étoit | 1710. connue de Vieufens, (b) Ibidem, p, 12, 13,14 € 154 598 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE les radicules de la faulx, qui s'étendent jufqu’aux os du nez: les brides horizontales & verticales du fimus longitudinal fupérieur, l’extenfion des piliers de fa voûte en devant juf- qu'aux éminences mamillaires , les #racus blancs qui, de ces éminences, s'élèvent vers le haut & dans l'épaiffeur des couches optiques; l'efpace triangulaire qui exifte entre le corps calleux & Îles deux lames du feptum lucidum , Va di- vifion du cervelet en quatre lobes dans fa partie fupérieure, en cinq dans l'inférieure, avec un impair; la fubdivifion de ces lobes en feuillets & en fillons, les corps rhomboïdes du cervelet, formant un globe ovale à plufieurs pointes; le plexus du quatrième ventricule, les proceffus ad tefles , les proceffus ad medullan fpinalem , & les corps rhomboïdes des émi- nences olivaires. Il eft vrai qu'il n'a fait qu'énoncer ces différens objets, ce qu'il en dit n’eft pas plus long ni plus détaillé que ce que je rapporte ici; mais on voit qu'il con- noifloit parfaitement la flructure du cerveau; fon extrême brièveté eft fans doute la caufe pour laquelle les Anatomiftes qui ont écrit après lui, n'ont point profité de fes travaux, dont j'ai cru qu'il étoit de mon devoir de faire connoitre l'importance, en rendant à {eur Auteur le tribut de louanges qui lui étoit du: on peut lui reprocher d’avoir montré peut- êtie un peu de prévention dans le fyflème qu'il avoit adopté fur le croifement des fibres du cerveau, il difoit fur-tout, que cet entrelacement avoit lieu dans l'intervalle qui fépare les corps pyramidaux ; on y aperçoit en effet de petits paquets médullaires qui vont d’un côté à l'autre, mais je penfe, comme Haller, que leur croifement n’eft pas à beaucoup près dé- montré; ce font de petits cordons fitués tranfverfalement, quelquefois avec un peu d'obliquité /c), & faifant fonction de commiflure. Au refte, Petit, de Namur, n’a point mérité le même reproche dans ce qu'il a dit de la moelle épinière, il y a décrit des fibres tranfverfales , & il n'y a point admis (c) Duverney a bien décrit ces cordons; Santorini admettoit [eur sroïfement dun câté à l’autre, & Miftichelli penfoit de même, ÉEUS.: SCENIC ES 599 de croifement réciproque /d): il s’eft d’ailleurs gliffé dans fes obfervations fur la moelle épinière, quelques erreurs que j'aurai foin de relever. | jé La feétion de Ia moelle épinière, ne préfente pas le même afpect dans tous les points de fon trajet; mais avant de traiter de ces différences, je dois confidérer ce que ces coupes offrent en général, & ce qui réfulte de leur examen: j'y diftinguerai, 1° les fillons antérieur & poftérieur; 2.° la fubftance médullaire ou externe; 3.° la corticale ou interne; 4° la naïflance des nerfs qui en fortent. Entre les deux cordons qui compolent la moelle épinière, & qui paroiffent être comme adoffés en devant & en arrière /e), il fe trouve dans chacune de ces deux direétions un fillon qui fe prolonge dans toute la longueur de cet organe, & que la pie-mère recouvre tellement qu’il faut la couper pour y parvenir : le fillon antérieur efl moins ferré & moins profond que le poftérieur : il fe continue avec celui qui fépare les corps pyramidaux; en divifant fes paroïs avec un grand foin, & en les écartant avec précaution, on parvient à un fond formé par une lame blanche très-mince qui eft placée immédiate- ment devant la fubftance corticale moyenne, & qui commu- nique d’un côté à l'autre de la fubftance médullaire, Dans le col, cette lame a une épaifleur beaucoup plus marquée que dans le dos, mais je l'ai trouvée dans toutes les coupes que jai faites de la moelle épinière, & je puis affurer qu’il ne m'eft jamais arrivé d'ouvrir le fillon antérieur fans trouver un trait blanc, c'eft-à-dire, une lame médullaire devant la fubftance corticale, qui eft placée dans l'épaifleur de cette produétion: cette lame eft analogue au corps calleux, qui établit dans le cerveau une communication entre les deux hémifphères ; elle fait fonction des commifures. Le fillon poftérieur répond à l'extrémité du calantus Jcripto- (d) Voyez la lettre B de fa teris aut nihil, aut manifeffo minus troifième figure, pages 15 ÊT 16. in duas æquales columnas , dextranr (e) Anterius ?7 pofterius dividitur; | 7 finiftram. Haller , tome VIII, tamen multo eyidentits anterius ; pof= | ia-g,° page 138, édition de 1778. Goo MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE rius : fes deux parois font très-intimément rapprochées, & il eft très-profond. On ne dédouble qu'avec peine les portions de la moelle épinière qui le forment : en y mettant le temps & l'adrefle néceffaires, on parvient immédiatement à la partie poftérieure de la fubftance corticale, fans qu'aucune lame blanche la recouvre & y mette obftacle; de forte que les deux cordons font vraiment féparés l'un de l'autre dans cette région, & feulement réunis par un tiflu cellulaire que la pie-mère fournit ; mais leur réunion eff fi intime, qu'il n'y refte aucun vide, & que ce filon, défigné par un fimple wait qui en indique la place, ne peut, au moins dans l'état nature{ , être confidéré comme le prolongement du quatrième ventricule. Les deux fillons, antérieur & poftérieur, contiennent un grand nombre de très-petits vaiffeaux /f), qui, fur-tout dans le fond du fillon antérieur, forment des arcades plus ou moins horizontales fur la lame blanche & très-mince qui s’y ren- contre : ces arcades vafculaires, foutenues par la pie-mère, donnent à {a fubftance blanche fur laquelle on les voit lé- gèrement imprimées, l'apparence de bandelettes tranfverfales. L'on ne peut s'empêcher de reconnoïtre dans l'épaifleur de la moelle épinière une certaine quantité de fubftance cendrée ou corticale, Petit, de Namur, étoit d’un avis diffé- rent; il n'y admettoit que des lignes brunes & un mélange de vaifleaux fournis par la pie-mère, & dont l’entrelacement lui paroifloit devoir produire une couleur grife. La fubftance cendrée ou corticale de la moelle épinière; doit être divifée en trois parties, lune moyenne & deux latérales. ñ La partie moyenne eft tranfverfale ; elle s'étend de droite à gauche : plus épaifle & plus large dans le col, plus déliée (f) Petit, de Namur, page r$ | tès-fins qui paflent par Île fillon de fa Lettre déjà citée, a dit que [a | poftérieur : mes Obfervations font pie-mère s’infinue par le fillon anté- | d'accord ayec celles de cer Ana- rieur jufqu’aux fibres tranfverfales, | tomifte, & qu'il n’y a que quelques vaifleaux | . & DES SCI1BNCES. 6ot & plus étroite dans fe dos, elle acquiert de nouveau plus de volume, fans augmenter de largeur vers les lombes : ce trait peut être comparé à celui qui eft placé dans le milieu de la lettre À. Les deux parties latérales de Ia fubftance cendrée dont il s'agit, font courbées de manière que leurs bords convexes font oppofés l’un à l’autre, tandis que {eur concavité eft tournée en dehors; on peut y diftinguer deux extrémités, & le corps ou partie moyenne : l'extrémité antérieure eft la plus grofle, & forme comme une petite tête ; l’extrémité poftérieure eft très-déliée , elle fe prolonge par un trait prefque imperceptible jufqu’à la face poftérieure de la moelle épinière, & elle fe termine précifément dans le point d’où fortent les filets qui compofent les racines poftérieures des nerfs fpinaux ; le corps de cette portion‘femi-lunaire & latérale de la fubftance cor- ticale, que l’on peut comparer à une larme de Job, va tou- jours en décroiflant depuis la tête qui eft en devant, jufqu’à la queue très-fine, par laquelle on la voit finir fon trajet en arrière. Les parties latérales & femi-lunaires de la fubftance corti- cale, ont dans le haut du col plus d’épaifleur que dans le bas de cette même région ; elles en ont encore moins dans le dos. Vers la partie inférieure de Ia région dorfale & dans la lombaire, l'extrémité poftérieure de cette demi-lune fe renfle, elle devient, dans les dernières coupes, près de a queue-de-cheval, prefque égale à la tête ou extrémité anté- rieure. Ce qu'il eft important de remarquer, c’eft fur- tout 1.” que le volume de cette fubftance eft, dans les coupes tout-à-fait inférieures de la moelle épinière, beaucoup plus confidérable que dans le dos & même dans le col; 2.” que le fillon antérieur qui, dans tout le refte de la moelle fpi- nale, eft plus court que le poftérieur, près de la queue-de- cheval, lui devient prefque égal en profondeur. Sans que l’on en fache précifément Ia raifon, on voit toujours {a fubftance cendrée correfpondre d’une manière plus ou moins éloignée, à l'origine des nerfs ; c'eft ce que Mém, 1781. Gegg 602 MÉMoIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE j'ai prouvé en traitant du cerveau. Ici on voit de même Îes radicules des nerfs fpinaux correfpondre en devant à la tête de la portion femi-lunaire de la fubftance corticale, & en arrière, naître du lieu même où elle aboutit /g). I n’eft donc poini furprenant que cette fubftance corticale devienne plus volumineule vers la queue-de-cheval, & que là elle égale à peu-près la fubftance blanche par laquelle elle eft furpaflée dans tout le refte de la moelle épinière, puifqu'il naît de l'extrémité de cette produétion un très- grand nombre de nerfs lombaires & facrés. La marche de la Nature eft tou- jours la même, & mes obfervations en démontrent l'identité. Tout-à-fait au haut du col, vers le bas du corps dentelé ou rhomboïdal des éminences olivaires, la fubftance corticale a encore une difpofition particulière. Lorfqu'on fait dans cette région une coupe perpendiculaire à l'axe de la moelle, on aperçoit 1.” les traces du corps dentelé en devant, & en arrière une tache grife affez grande formée par la fubftance cendrée qui, dans ce lieu eft réunie en mafle, tandis que plus bas & dans tout le refte de [a moelle épinière, elle prend de chaque côté, comme je l'ai dit, une forme femi-lunaire. N'oublions pas d'ajouter que Petit, de Namur, a commis une faute grave dans fa Figure 2 (h), où il a fait naître les nerfs fpinaux antérieurs du filon antérieur de la moelle épinière; c'eft fur les côtés & non dans le milieu qu'ils prennent leur origine. IL réfulte de cette defcription : 1.” Que la moelle épinière eft formée de deux cordons, Yun droit & l'autre gauche, adoffés en-devant & en arrière où font les fillons dont on a parlé; 2° que la fubftance blanche eft comme excavée dans fon épaifleur, pour loger la fubftance grife ou corticale ; 3.° qu'en ouvrant le fillon poftérieur, on parvient fans aucun obftacle à cette fubftance (3) Jaï remarqué que les nerfs | antérieurs, & qu’ils font d’autant fpinaux poftérieurs, confidérés de | plus inchinés dans leur direétion, droite à gauche, font beaucoup plus u’ils font plus inférieurs. écartés les uns des autres que les (h) Ibidem, page 15. D'EUS uS,C A/E, NC E; 5: 603 corticale;. & qu'en ouvrant le fillon antérieur , une lame blanche très-mince eft placée à la manière de commifiures, devant cette fubftance, & compole le fond du filon; 4.° qu'en détruifant les adhérences qui tiennent rapprochées les parois des fillons, & en coupant la lame blanche ou commiflure antérieure, on peut réduire les cordons de la moelle épinière en deux corps très -diflinéts ; & qu'étant tout-à-fait féparés l'un de l'autre & de la fubftance corticale, ces cordons font un peu aplatis & reffemblent à des rubans qui, roulés les uns contre les autres en devant & en arrière, forment la colonne médullaire telle qu'elle fe préfente dans le conduit vertébral ; $. enfin, que fous un autre rapport, on pourroit admettre , au lieu de deux cordons dans la moelle épinière, quatre divifions aflez diftinétes, dont deux plus petites placées en arrière entre les portions femi-lunaires & convexes de la fubftance corticale, & divilées par le fillon poftérieur, & les deux autres fur les côtés dans la concavité de ces mêmes portions femi-lunaires de la fubftance corticale, & en’ devant divifées par le fillon antérieur. XXI. Le Ligament dentelé. Dans quelques fujets, ce ligament reffemble à un nerf aplati; dans d’autres, il commence fouvent par un petit ruban très-étroit , je lai vu difpofé en réfeau vers le haut, préfentant des filets blancs membraneux diverfement entre- lacés. J'ai fait deffiner avec foin ces variétés / 7. Après avoir publié mes obfervations furle cerveau, le cer- velet, l'origine des nerfs, la moelle alongée & la moelle épinière, confidérés dans l'homme , il me refte à examiner comparativement les mêmes organes dans les quadrupèdes, dans les oifeaux, les reptiles, les poiflons & les infeétes. Ces recherches, dont j'ai déjà 1 le réfultat à l'Académie, feront le fujet de plufieurs autres Mémoires. (i) Ces dernières planches feront partie de l’Ouvrage que je fuis fur le point de publier. Fi Gess i 604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE EXPLICATION DES PLANCHES. Les Planches que j'ajoute, m'ont paru utiles pour lintel- ligence de quelques - unes de mes Defcriptions. Je prie ceux qui donneront quelque attention à mon travail, de lire ces explications, & d'examiner les planches après avoir I les Mémoires; les parties font deflinées en grandeur naturelle, & je puis aflurer que j'ai fait moi-même toutes les préparations avec un grand foin. Ces planches ne forment qu’une très - petite partie de celles que j'ai fait deffiner, & qui feront publiées dans mon Traité du cerveau, du cervelet & de la moelle alongée. Des retards qui n'ont pas dépendu de moi, font la caufe que je n'ai pu placer dans fes Defcriptions même, les lettres des figures qui les concer- nent, parce qu'il a fallu imprimer le texte des Mémoires avant que tous les détails des planches fuflent entièrement arrêtés: j'ai fait dans l'explication, tous mes efforts pour y fuppléer, & pour la rendre profitable à ceux qui voudront bien en prendre connoiffance. Il n’y a point de deflins qui n'aient été recommencés un grand nombre de fois, tant il eft difficile, & d’imiter la Nature, & de faire des diffections & des coupes du cerveau aflez nettes & aflez précifes pour être bien repréfentées par le Deïlinateur. L’Anatomie ne ma rien oflert d’aufli difficile que ces recherches : a mollefle extrême de ces organes, qui s'affaiflent prefque aufli-tôt après avoir été préparés, eft fur-tout un grand abftacle pour lArtifle. Nous n'avons rien négligé pour vaincre ces difficultés, & pour donner à nos recherches le mérite de l'exactitude. PE ENV Ce ANETMIE Figure r. Elle repréfente la moitié gauche du cerveau coupé avec un grand foin, de devant en arrière dans Île milieu : cette préparation eft très-difhcile, elle a été deffinée d'après un cerveau vu par fa bafe, & dont la face convexe - étoit en bas; cette pofition étoit néceflaire pour ne point DAELSMISLCHITENNAICHE NS: 6os défigurer, par la preffion, des {aillies nombreufes que Îa bale de cet organe montre à l'Obfervateur. c, d, e, f, Circonvolutions cérébrales, qui, dans cetterégion, font fituées plus ou moins longitudinaiement. a; b, Séparation des Iobes moyens d'avec Îles poftérieurs, qui ne fe trouve pas dans tous les fujets. k,i,k, 1, m, Corps calleux coupé longitudinalement ; en À, les fibres blanches qu'on y obferve, font radiées de derrière en devant; en /, elles le font de devant en arrière ; & en ?, elles font à peu-près verticales. -&» Septum lucidum, dont on voit la lame gauche avec fes vaiffeaux. #1, 2, Portion antérieure & inférieure du corps calleux. n, Pointe ou angle par lequel Îe corps calleux fe termine en- _ deffous: à, en x, a, fe trouve l’excavation dont il eft “fait mention dans Îa planche IV en d, e: en pénétrant dans cette région, on parvient à la cavité du feptum lucidum, 2, Cordon blanc ou lame placée fur le côté de la terminaifon du corps calleux en-deffous , & de l’excavatiof figurée d, €, planche IV. p; Coupe de la commiffure antérieure ; au-deffous de cette commiflure , fe trouve un efpace percé de trous, ou fubftance perforée: entre cette coupe de la commiflure antérieure & le nerf optique, eft une petite lame très-déliée , qui bouche le troifième ventricule. On ne peut la montrer dans cette planche tant elle eft tenue: il en cf de même de la lame fituée en x, & qui bouche Ia cavité du feprum lucidum. o S, 4, Nerf optique coupé en S dans fa jonction avec fon congénère. r, Moitié de Ia tige pituitaire, 7, Moitié de l’éminence mamillaire. 8, Nerf de Ia troifième paire, 4,x,4u, Un des piliers de la voûte; il eft caché en £, par la fubf- tance muqueufe ou corticale molle qui couvre fon trajet dans cette région. #3 J» Pédoncule de 11 glande pinéale. A, Glande pinéale où s'implante Île pédoncufe. z, Commiflure poftérieure coupée. 23, Tubercules quadrijumeaux coupés fuivant Îeur Iongueur. 24, Trajet du pañlage qui établit Ia communication du troifième ventricule avec Île quatrième, - \ 606 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYaALE 10, Coupe de la protubérance annulaire, où eft un mélange de fubflances de diverfe nature. 16, Écorce blanche de la protubérance annulaire. Sr 56,12, Différens tractus, d'un blanc dont les nuances font différentes , & qui s'étendent Île long de la moelle alongée. V,, Portion du plexus choroïde des ventricules latéraux. 1 3, Petite portion du plexus choroïde du quatrième ventricule. 14, Subftance blanche du cervelet. 15, Tiges principales des ramifications de Ia fubftance blanche dans le cervelet. Figure 2, Elle offre les mêmes parties que le centne de la figure première ; maïs les organes font difléqués de forte à faire voir les rapports des différens cordons ou #ra@us avec l'éminence mamillaire & entre eux. ." a, D, 4, c, Corps calleux dont on voit Îes fibres dirigées comme dans la figure précédente. e, Extrémité aiguë & inférieure du corps calleux. d,'Lame gauche du féptum lucidum. , e,f, Taænia femi-circularis, dont les filets fe divifent en devant en e. 1, Lieu où le pilier antérieur de la voûte a été coupé; il fe continue jufqu'en g, &c. & fi dans la figure précédente il eft caché en #, c’eft qu'on n'a point enlevé Îa fubf- tance grife & molle qui le recouvre. ; m, y, Pédoncule de Ia glande pinéale qui fe joint en m avec le pilier de la voûte. #, Glande pinéale à laquelle aboutit le pédoncule y, m, #, Ligne ou traélus blanc qui eft conftant , & fe porte de Téminence mamillaire vers Île tubercule antérieur & interne des couches optiques: on ne voit point ce tratlus dans la figure 1, parce qu'il faut le difféquer pour le découvrir. L Éminence mamillaire coupée ; elle reçoit le cordon réuni qui réfulte de la voûte & du pédoncule de Ia glande pinéale, le tracfus blanc qui fe dirige vers le tubercule de a couche optique & un autre sraclus blanc 0, 2, qui fe porte vers la moelle alongée. : îi, A, Nerf optique coupé dans fa jonction en 3. k, Commiflure antérieure coupée, y, Commiflure poftérieure coupée. BPEISUSNCAME NiCrE is 607 g» Tubercules quadrijumeaux, p; Trajet du troifième ventricule au quatrième. r, Protubérance annulaire coupée & fon enveloppe ou écorce blanche en S, 2,2,2, Divers tradus blancs dans la moelle alongée. Figure 3. On y remarque une coupe perpendiculaire du cerveau, defliné par fa bafe ; elle eft préfentéeobliquement, afin \de faire voir comment on peut pénétrer dans les prolongemens inférieurs des ventricules latéraux par la bafe , fans blefler aucune partie du cerveau; on y aperçoit à découvert le bord dentelé de la corne d’ammon. a,b, Corps calleux; on y reconnoît les diverfes directions des fibres dans fon épaiffeur, c, d, Portion antérieure & inférieure du corps calleux. d, Pointe du corps calleux où il finit en-deffous. 8, Petit relief qui , dans ce fujet , montoit vers la commifure antérieure. 7, Traëus blanc qui, fur les côtés des nerfs optiques, defcend, & va à la rencontre de la pointe du corps calleux. e, Septum lucidum. r; Nerf optique. 9, Coupe de la réunion des nerfs optiques. r, Moitié de Aénfundibulum. 2, La commifiure antérieure coupée. 1, La commifiure poftérieure coupée. m, L'éminence mamillaire divifée par le milieu. n, 2,7, Couche optique coupée obliquement au niveau de l’éminence mamillaire ; c'eft-à-dire, que la jambe du cerveau a été coupée obliquement à fon entrée dans a couche optique. #, 2, Ligne noire ou trajet de Îa tache noire qui, des environs de léminence mamillaire, fe porte en arrière. 2, A, Tache rougeâtre environnée d’un cercle blanc dans les couches optiques. f - 14, 15, Les deux éminences poftérieures des couches optiques. um, l, Traë%us blanc qui, de l’éminence mamillaire , s'étend vers . Pa 1 la commiflure poftérieure. 17, Débris ou refte de la commiffure molle des couches optiques, 608 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE K, Glande pinéale. K, i,f, Pédoncule de Ia glande pinéale. 18,f, Pilier de la voûte. 4, 4 Plexus choroïde des ventricules latéraux. 1,5,r,g, Première paire de nerfs. g, Le bulbe de Ia première paire. s, Le tubercule d’où elle fort. t, Sa racine longue ou externe, u,r, Racines moins confidérables ox internes de la premiere de nerfs. u, Efpace percé de trous, ou fubftance perforée. 6, Relief blanc qui dans ce fujet n'appartenoit point à Îa pre- mière paire, & qui croifoit la direction de {es radicules. 2,2,2,2, Circonvolutions d'une forme fingulière, placées près de Ia corne d'ammon, & fervant à former fon étui. ÉNTRE Élargiflement & crochet répondant à l'extrémité antérieure de la corne d’ammon. $: 8, Efpèce de fiflure qui répond à cette extrémité. h,g, Corpus fimbriatum, cette produétion s'épanouir en fubflance blanche autour de l’étui de la corne d’ammon, à fon extrémité. On voit en g comment elle fe réunit avec l’étui £; & en regardant en haut, on s'aperçoit qu'elle fe continue avec le pilier de la voûte dont elle eft le prolongement, Voyeg 25 k, 18, f. y, Y, Portion crénelée, ou bord dentelé de Ia corne d'ammon, qui paroît ici, l’étui de cette corne ayant été foulevé pour la faire voir. z, Lieu d’où naît la corne d’ammon par un traétus de fubftance corticale. Pr MAUNACHRMENPIT H n’y a qu'une figure dans cette planche, qui repréfente le cerveau vu par fa bafe, & difféqué de manière à montrer une coupe longitudinale & horizontale des cornes d'ammon; par conféquent, une partie des couches optiques eft coupée: on y voit aufli la première paire de nerfs fous plufieurs afpeéts. a, a; Extrémités antérieures des hémifphères du cerveau. b, b, Sillou DES SCIENCES. 603 8, 6, Silon le Iong duquel elt couchée la premiere paire de nerfs; ce fillon s'étend en devant , un peu au-delà du nerf lui-même. c, d,f, La première paire de nerfs du côté droit, dans fa poñtion naturelle, €, Le bulbe de Ia première paire, qui eft en partie compofé en< deffous de fubflance cendrée. b,e,f, Le fillon le long duquel ce nerf eft placé. 2, Le nerf de la premire paire du côté gauche, hors de fa place: on y voit une faillie dont la face fupérieure de ce nerf eit furmontée , & le long de laquelle fe trouve quelquefois une petite trainée corticale. ff, Éminence de forme à peu-près pyramidale, .de laquelle fort le nerf de la première paire. 2, 3,4, Filets blancs qui font les racines ou origines de ce nerf; Ia plus longue eft défignée par le ».° 3, & eft toujours externe ; fouvent on n'en trouve que deux, dont l'interne eft la plus courte, 1,1, Les nerfs optiques. k,h, Subftance que j'appelle perforée ; elle efl percée d'un très-grand nombre de trous pour Îe paffage des vaiffeaux. k,; Commiflure antérieure. j $,5, Coupe des éminences mamillaires qui, dans cette planche, font plus écartées l’une de l’autre que dans l’état naturel. 1,1, Les deux piliers de la voûte. LS. LJ; Prolongemens des piliers poftérie la voûte, le long des cornes d'ammon, fous Île nom decorpora fimbriata. 6,6, Terminaifon des corpora fimbriata, prés de l'élargiflement des cornes d'immon. : t,t, Coupe faite dans l’intérieur des couches optiques, pour dé- couvrir les objets expofés dans cette planche. z, Portion poftérieure & inférieure de Ia voûte, où font leg fibrilles ou petites faillies que l'on a comparées à une lyre. y,v, Bourrelet poftérieur du corps calleux. 3» Portion du raphé du corps calleux, qui fe voit en arrière & en-deffous. #,x,x,x, Subftance blanche ou médullaire du cerveau. Ps Ts Q5 D Pr Ps P »Pr0:0, mm, Défgnent l’enfemble des cornes d'immon. 7, r, Ecorce blanche des fufdites cornes, qui fe continue avec la fubftance blanche du refte du cerveau , & eft fournie ‘ par elle, Mém. 1787, Hhhh 610 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 0,2, Partie moyenne & région antérieure de Ja corne d'ammon. gg Traëtlus cortical qui accompagne a corne d'ammon, & qui femble fortir de la région où la fubftance blanche du corps calleux eft en contact avec fa fubftance corticale des cir- convolutions cérébrales les plus voifines. x & Origine de la corne d'ammon fur les côtés du corps! calleux. 2, n, L'enveloppe blanche des cornes d'ammon, coupée & vue dans leur milieu. ppp», Bord interne ou dentelé de 12 corne d'ammon. m, im, Extrémités de Ja production fufdite. AT A Élargiffement de la corne d’ammon; ïl y a dans ce lieu um mélange de fubftance blanche & grife. 8,8, Éminence poftérieure des couches optiques. vs vw, Plexus choroïce, Po dA NN ce EUMEVINE Figure r. Elle repréfente les couches optiques & une partie des éminences olivaires avec la commiflure antérieure. e,e, Couches optiques. d,d, Tubercules antérieurs & internes des couches optiques. e,c; Coupe des piliers antérieurs de la voûte. ff, Suies blanches qui réfultent d’une coupe faite au niveau des couches optiques en dédolant, c’efl-à-dire obliquemént de haut en bas le dedans en dehors. a,a, Commiflure antérieure, qui fe confond en devant avec les ftries blanches dont il a été queftion & qui en fait réellement partie, &, Prolongement de la commifiure antéricure. On voit en g une partie de Ja cavité digitale où prolongement des ventricules latéraux. Figure 2. Elle repréfente une couche optique du côté droit & une portion du corps ftrié. e, Couche optique. d , Tubercule antérieur & interne de Ia couche optique; c'eft à ce tubercule qu'aboutit un sracus de fubftance blanche qui s'élève de l’éminence mamillaire. | 3,1, Bord externe de Ja couche optique qui touche au corps flrié. a. ADD EES MST AB EL O Gt fif,g»8,h,4, Cet efpace forme une boffe arrondie de haut en bas, on y remarque un efpèce de grillage qui eft formé de fubf- : tance blanche, & qui s'étend 'auffi de haut en bas. Ce grillage laifle des écartemens plus ouverts en devant en qu'en, arière en. Pour former! ce. grillage de fubftance blanche, au travers duquel on voit la fubilance grife du corps ftrié, il faut enlever ce corps à la hauteur de a couche optique, fuivre Ia direction des fries blanches qu'on rencontre, & les arrondir de haut en bas, fans faire aucune fection qui en rompe la continuité comme dans Ia Qure Je Les fioures 3, 4, 5 , ont pour objet de faire voir l'origine intime du nerf optique, c'eft-à-dire comment il fort des couches qui portent le même nom: cette difléétion a été faite en creufant les couches optiques tout le long du nerf ou tra@us optique lui-même. Ces trois figures repréfentent les excavations des couches optiques plus ou moins profondes; la quatrième, & fur-tout la cinquième figure font celles qui expriment les coupes creufées le plus profondément. Figure 3,4b, ab, Extrémités du tænia femi-circularis. c,c;, Les deux piliers de la voûte en devant. #4, À, Les deux piliers de la voûte en arrière. f; La commiflure molle des couches optiques. d, d, Commiffures antérieures, . …e,e, Nerfs optiques, f; f, f, f, Trajet latéral du nerfoptique que j'appelle #ra@us optique, ! c'eft le long de ce trajet que la couche optique a été creufée pour voir les racines du-nerf qui portele même nom. Er LS Zr8, 2, Filets blancs qui de l'intérieur de la couche optique * s'étendent vers le #raélus optique, lequel oroffit à mefure qu'il les reçoit. Figure 4, a, à, Piliers de Ja voûte en arrière, “D, b, Les mêmes piliers en devant, €; c, La commifiure antérieure, 1, Intervalle des piliers poftérieurs de Ia voûte, où l’on voit la trace fuperficielle des filets que l'on a comparés à une Iyre. d,d, Nerfs optiques. tb; f18, Traëtus optique creufé dans fon bord interne pour voir * fon origine de Ja couche optique, Hhbhh ÿ 612, Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE i, Excavation qui rélulte de cette diffection, & qui eft plus. profonde que dans la figure 3. Il faut obferver qu’en , les fibrilles blanches s'étendent de derrière en devant. En k, les fibrilles blanches s'étendent de devant en arrière, & prefque toutes femblent tendre vers le point f qui eft moyen. Figure ÿ, a, Section du nerf optique dans fa jonction avec fon congénère. &, Nerf optique. ce, Section de la commiffure antérieure, h, Pilier de la voûte, d, e,f, Trajet du nerf ou tra@us optique , ici l'excavation faite. dans Ja couche eft plus profonde que dans les autres figures. On voit eng cette excavation ; on voit en f la direction que les fibrilles blanches prennent de derrière en devant; elles paroïflent fe réunir en e. PLANCHE E V. Figure r. Elle repréfente la partie antérieure & inférieure, du corps calleux. c, b, Bourrelet antérieur du corps calleux. a, 0, Raphé inférieur du corps calleux. H fe continue avec le raphé de a face fupérieure. d, ce, Petite excavation dont la forme varie beaucoup dans les différens fujets : le fond eft formé de fubftance blanche ; elle fe trouve derrière la fin du corps calleux en-deffous ; & en coupant longitudinalement dans fa direction, on pénètre dans la cavité du feptum lucidum , à laquelle a lame blanche qui occupe le fond de la petite excavation d, e, fert de cloifon. À, g, Pédoncules, du corps calleux. Ces deux petits #raélus blancs s'étendent du corps calleux vers la fubftance perforée, près de l’origine de la première paire de nerfs. f; Adoffement longitudinal de deux cordons ou reliefs placés entre les pédoncules du corps calleux. 2,1, Cloifon médullaire du troifième ventricule. À, Milieu de la fufdite cloifon, qui eft femi-tranfparent. 1,1, Les deux nerfs optiques foulevés , renverfés & coupés, 7,7, Traélus optiques. m, m, Eminences mamillaires. DES SCIENCES. 613 Figure 2. Eft une variété de la première; elle diffère fur-tout dans la région de f, où la petite excavation n'eft pas difpofée comme celle de l'autre. Figure 3. Elle repréfente une coupe longitudinale de Ia corne d'ammon. On a defliné la moitié externe de la corne droite. a, Petite extrémité, ou poñtérieure, vers fon origine. c, Groffe extrémité en devant; il y a une écorce blanche, b, Traëtus blanc moyen. €, Subftance costicale ou grife, dont eft en grande partie formée la corne d’'ammon. d, Autre ligne blanche dans la corne d’ammon. f, ff, Face fupérieure de la corne: fon écorce dans cette région, Z» g» Efpèce de fente longitudinale qui mène à une cavité. Figure 4. Coupe verticale & de droite à gauche de la corne d'ammon, vers le milieu de fon trajet. e, Deflus — 7, deffous — f, région externe, a, Région interne. #, b,c, Enveloppe blanche de la corne. A; k, Prolongement du filet blanc dans la corne. h, Coupe du corpus RL Elle eft plus remarquable dans la figure 5. a, Portion corticale; c’eft une partie du bord dentelé de la corne, #, 4, Adoffement des deux feuillets de Ja corne d’ammon. _£» La fubftance blanche qui, du cerveau, s'enfonce dans Ia corne d'ammon. d, Portion corticale de 11 corne, * Figure 5. Coupe dans le même genre, plus près de Torigine de la corne d’ammon; les mêmes lettres de la figure précédente, ferviront à l'explication. On obfervera qu'en #, la coupe du corps bordé eft plus marquée; & qu'en a, la coupe du bord dentelé & cortical, a une plus gnee étendue que dans la figure 4. Figures 6,7 & 8. Ces trois figures repréfentent différentes coupes de la moelle épinière, faites de droite à gauche. Gi4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Figure 6. Dans cette figure, le filon antérieur eft ouvert; elle repréfente une coupe de la moelle épinière dans le tiers inférieur du cou, a, b, Segment de fubflance corticale. En 8, il s'étend jufqu'à Ia furface ; & il finit en une queue, c’eft-à-dire d'une maniere aiguë, d,e, Fente ou divifion poftérieure qui s'étend jufqu’à la fubftance corticale moyenne, a, c, Partie la plus large de Ia fuhflance méduljaire. En «, elle ne s'ctend point jufqu'a la furface. c;c, On voit dans cette difiection, la portion moyenne & tranf- verfale de Ia fubftance corticale, #* , Sillon antérieur qui eft beaucoup lus court que Îe poftérieur, q PI q P & qui eft ouvert. On voit dans le fond de ce fillon, un petit traélus blanc qui s'étend d'un côté à l'autre, & qui et placé devant la portion corticale moyenne ; tandis qu'en arrière, Îa divifion s'étend jufqu'à la fubflance corticale. Figure 7. On y voit la même chofe, fi ce n'eft que Ia fubitance corticale eft beaucoup plus tenue dans toutes fes parties, & que le filet bianc qui eft placé devant la partie moyenne & tranfverfale de la fubftance corticale, eft très- mince & prefque imperceptible: c'eft une coupe de Ia région dorfale moyenne de la moelle épinière. Figure 8. Cette coupe a été faite vers l’origine de la queue de MAR Le fes principales diflérences Confiiènt en ce que de ° Ja fubftance corticale a Left beaucoup plus volumineufe; 2. en ce que le fillon antérieur s i ef prefqu'égal, en lon- gueur, au fillon poflérieur e d, tandis que dans les coupes fupérieures, ce dernier fillon eft beaucoup plus long que l’autre, Figure 9. Elle repréfente le fillon antérieur de la moelle épinière, ouvert dans la région du cou, ec, ce, c, Pie-mère & fes vaifleaux, d, Moelle épinière dénuée de la pie-mère, a, b, Cette étendue repréfente le fond du fillon ouvert. On y voit des brides tranfverfales & vafculaires & la portion médul- laire blanche très-mince qui eft placée devant Ia partie panfverfale & moyenne de la fubflance çortiçale, DES SCIENCES. 615 PLAN CRE CINE Cette planche qui ne contient qu'une fgwre, montre fa partie poftérieure des couches optiques, la face fupérieure du cervelet, & les circonvolutions moyennes, profondes & antérieures de ce vifcère: pour en avoir une bonneidée, on doit faire attention aux détails fuivans : que l’on imagine le cerveau dégagé de fes adhérences, & vu par fa bafe qui eft fuppofée en-deflus ; on a enlevé les lobes poftérieurs du cerveau, enfuite on a relevé le cervelet, on l'a porté obliquement en devant, de manière à montrer fa face fupérieure: dans cette fituation forcée, on aperçoit le fond de l'excavation où eft l'extrémité inférieure de la valvule de Vieuflens; & fur les côiés de cette mafle, fe tronve de chaque côté l'étui de a corne d'ammon. On conçoit, d’après cet expolé, que le cervelet doit être. vu obliquement en-deflus & en arrière, & que la glande pinéale doit être en bas, le cerveau étant renverfé, a,a,a,a,a,a, Silon fupérieur du cervelet; il eft placé dans Ia face fupérieure près du bord circulaire & latéral. b, 8. b, Circonvolutions de Ja face fupérieure du cervelet, qui ne font point parallèles , & qui fe coupent en plufieurs points. Voyez les lettres 2, 4, 4, dans ces interfeclions. 8» g; Hémifphère droit & gauche du cervelet, vu dans fa face fupé- rieure. #,c, d,d, Circonvolutions moyennes, antérieures & profondes du cer-+ L veau, qui en d, d, fe terminent fur la valvule , & la recou- vrent dans l’état naturel : ici on a forcé, & on les a féparées de la valvule. Ces circonvolutions fe continuent avec le vermis fuperior. à 2, Place dccupée par le vermis fuperior , dont Ta forme eft altérée par le tiraillement qu'ont éprouvé les circonvolutions anté- rieures & moyennes. nf fiii, Cet efpace eft occupé par la valvule de Vieuffens, & par fon prolongement ; 7,4, partie fupérieure de la valvule : k, feuillets trés-fuperficiels & horizontaux de fubftance cor- ticale: 6,6, f, f, portion inférieure de fa valvule qui étoit cachée par les circonvolutions antérieures & moyennes du cerveau, ù 616 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE h, h, Colonnes, piliers, ou pédoncules de la valvule du cerveau. 313, Filets ou petits reliefs placés fur les côtés de la valvule de Vicuffens. 1, [, Quatrième paire de nerfs, m,m, Tubercules quadrijumeaux inférieurs, refles. n, #, Tubercules quadrijumeaux fupérieurs , nates, LS S Deux tubercules fuperficiels joints entreux, & qui fe trouvent à la partie poftérieure & un peu fatérale des couches optiques. r,7, Tubercule intermédiaire , placé entre les nates & tefles, & les tubercules fufdits f, f, f,f. 4, t, Gros-tubercules arrondis, ou région poflérieure des couches optiques. 3,7, Corps bordé, corpus fimbriatum. x Corps-celleux , dont on voit une portion en-deffous, A, 4, Origine des cornes d'ammon. ps Commiffure poflérieure , & au-deffus de laquelle font de petite filets horizontaux entr'elle & la glande pinéale. gg Filets blancs très-déliés , qui pénètrent dans la glande. ds lo 49 lo XX Etuis des cornes d'ammon en totalité: en les ouvrant on voit les cornes d’'ammon qui y font renfermées. Ces circonvolutions, d'une forme fingulière, fe voient dans Îa bafe du crâne. u, u, L'élargiflement de la corne d'ammon, eft contenu fous cette enveloppe. x,2,x,x, Crochet de l'étui de la corne d'ammon, qui fe voit dans Ia bafe du cerveau, des deux côtés des jambes de ce vifcère, 5:5»3:5, Bord interne de l'étui de la corne d'ammon; c’eft en le fou- levant qu'on entre dans les prolongemens inférieurs des ventricules latéraux, fans bleffer en aucune manière les fubitances médullaire & corticale du cerveau. Pipe AN CRÉÉE" ET Figure r. Elle repréfente une coupe de la protubérance annulaire, dans laqueile fe voient le trajet & le prolongement des corps pyramidaux. # PrP»P»P» Sillon intérieur du cervelet. h 22, Face poftérieure & inférieure du cervelet, 33, Moelle épinière près de la moelle alongée. #,0, Sillon antérieur de la moelle alongée ; qui fe continue tout le long de la moelle épinière, ti Portion DES SCIENCÆS. 617 2,1, Portion dure de la feptième paire. Æ,k, Portion molle de la feptième paire. r,T, Filets nerveux intermédiaires placés entre [a portion dure & Ia portion molle de la feptième paire ; on en trouve deux ou trois. - 1,1, Groffe portion ou partie poftérieure de Ja cinquième paire. m,m, Portion antérieure ou petite portion de la cinquième paire. 2,2,n,m;n,;n,;n, Sillon latéral & circulaire ou grand fillon du LR h,h, Éminences olivaires. £,g, Éminences pyramidales qui fe voient à Ia partie antérieure de la moelle alongée. é,c,e,e, Traëlus blanc ou prolongement des corps pyramidaux au travers de la protubérance annulaire, juiqu' aux jambes du cerveau. f>f;f, Fibres tranfverfales de Ia ‘protubérance annulaire. gg, Fibres divergentes des jambes du cerveau dans la direction des traëlus qui fortent des corps pyramidaux. a, a, Coupe des éminences mamillaires. à,b, Nerfs de Ia troifième paire, dont on aperçoit es racines fla- menteufes. £,c, Efpace qui eft toujours teint d’une couleur noirâtre vers le bord interne des jambes du cerveau , & que j'ai appelé tache brune ou Jocus niger crurum cerebri, Figure 2. Elle repréfente la partie latérale de la moelle alongée & une coupe latérale & perpendiculaire du cervelet, de manière à faire voir le corps dentelé ou rhomboïdal. z, Moelle alongée. k,k, Lames médullaires & corticales réfultantes de Ia coupe du cervelet. DL) Éminence pyramidale, a, a, Sixième paire. 2:5n,7, Protubérance annulaire. d, Groffe portion de la cinquième paire. e, Petite portion ou portion antérieure de la cinquième paire. 2,h, Portion molle ou nerf auditif proprement dit. À ,r, Portion dure de la feptième paire; on voiten A& enr, com- bien leurs origines {ont différentes & éloignées l’une de l'autre, Mém, 1781, Jiii 618 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE c, Filets nerveux intermédiaires entre la portion dure & Ia portion molle de a feptième paire, m,n,0,p, Corps feftonné ou dentclé, appelé rhomboïdal par Vieuflens. m,n,0, Partie latérale & fupérieure, où les dentelures font le plus marquées. p, Bafe de ce même corps, où il y a moins de dentelures. JS, JS; Subflance blanche au milieu de laquelle Ie corps rhomboïdal cit placé. Figure 3. Elle repréfente une portion de la moelle alongée & le corps dentelé ou rhomboïdal des éminences olivaires. b,b, La moclle alongée. a , Sillon antérieur & moyen de la moclle alongée. *, Partie de Ia moelle alongée qui touchoit à la protubérance annulaire. LE d,e,d,e, Corps olivaires auxquels on a fait une coupe, & dont on 2. enlevé à peu-près la moitié de bas en haut. On y voit un corps feflonné ou dentelé analogue à celui qui fe trouve dans a fubftance blanche du cervelet. PALUATNUC. HUE VIN Figure r. Elle montre la moelle épinière & Îe cervelet vus de côté, & une feétion faite à une des jambes du cervelet, au moyen de laquelle on découvre comment les feuillets lamineux du cervelet fortent de la fubftance blanche de la jambe elle-même. g, Moclle alongée. PP» Éminence pyramidale. #,7, m,n, Nerfs de la fixième paire. 0, Protubérance annulaire. €, d, Le nerf de la cinquième paire; Ia groffe portion en c, & la petite ou fllamenteufe en d, e,f; Portion dure de la feptième paire , appelée par plufeurs Auteurs, communicans faciei , five facialis. ; À, #, Portion molle de Ia feptième paire ,‘ou nerf auditif pro- prement dit. 3, k, Petits filets nerveux intermédiaires qutre les deux portions de la feptième paire, DÉE ASSUME ic de 55. : 619 * 4, Jambes du cervelet: on en a enlevé une petite couche > Ï pour mieux voir leur fubftance blanche & l'origine des feuillets en #, #, On voit dans cette portion de fubflance blanche, comment naiflent huit à neuf feuillets ou lames du cervelet; & on voit en à, b,b, comment ils fe dirigent en s'écartant l’un de l'autre, & quelle eft leur difpoâtion réciproque : pour les apercevoir ainfi , il faut écarter l'un de l'autre & aufli profondément qu'il eft poffble, plufieurs Jobules du cervelet. Figure 2. Elle repréfente le cervelet vu en arrière; de forte que l'extrémité du vermis in erior, eft autant écartée qu'il eft-poffible de la paroi correfpondante du quatrième ven- ticule, qui, par conféquent, refte ouvert pour en développer Vintérieur. a, Divifion poftérieure des hémifphères du cervelet, B,b, Hémifphères droit & gauche du cervelet. On y voit Îles circonvolutions qui ne font point parallèles, & qui fe coupent en plufieurs points. &r8»h,h,k,k, Communication des lames blanches entr'elles & avec un petit tronc de fubftance blanche en g,h, vers le bord interne. Pour mieux faire voir la difpofition, de ces lames, on a fait à cette portion du cervelet une coupe très-fuperficielle & à peu-près horizontale. 8,c,c, Saillie confidérable faite par un affemblage de James appar- tenantes au vermis inferior, & que M. Malacarne a nommée Pyramide lamineufe: fur les côtés, les feuillets de cette éminence s’alongent, fe rapprochent en 4, 4, & fe joignent enfin en /, /, avec les feuillets lamineux des hémifphères dans leur bord interne; dans cette région, les feuillets dont il s’agit, deviennent parallèles entr’eux. Je préfume que Ja réunion de ces feuillets en 4:43 Yépond à ce que M: Malacarne à appelé les tonfilles , & qu'il compare aux amygdales. €, f, Affemblage de petites circonvolutions très-élégamment dif- pofées, qui font .dans le quatrième ventricule une faillie à peu-près de Îa groffeur du petit doigt. M. Malacarne Ya comparée à la luette. Nota. Dans la préparation qui a été deffinée afin de faire mieux voir les rapports des feuillets Jamineux , J'avois enlevé une couche fuperficielle de Ia faillie marquée ÿ, & de fes expanfons ou ailes marquées 4, 4. Tiiï ij 620 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d, d, Expanfons médullaires très-fines, & dont le bord faïllant ef échancré: on peut les appeler du nom de ya/ules où lames femi-lunaires, m,m, Cavité du quatrième ventricule, pp» Portion dure de Ïa feptième paire, dont une partie eft cachée par les bords 7, r du quatrième ventricule, le Jong defquels ce nerf fe dirige en dehors. gg Portion molle de la feptième paire: on voit fon origine en #,7, dans le quatrième ventricule; & cette difpofi- tion montre affez combien font eflentiellement différens lun de l'autre, ces deux cordons nerveux que les Anato- # milles ont coutume de réunir dans la feptième paire. 2,0, Excavation fuperfcielle & moyenne que l'on connoît fous le nom de calamus feriptorius, f;J; Partie latérale & inférieure du quatrième ventricule; on y voit une couche légère & femi-tranfparente formée par une fubflance analogue à la corticale. PATTEANN Cu dE VAT OI: Figure 1. Elle offre une portion du cervelet dans laquelle les lames & les feuillets font développés de manière à en faire voir la future. a, Portion de fubftance blanche du cervelet, qui fe divife em James & en feuillets. 8,b,b,b, Lames blanches qui font fournies & formées par la fubftance blanche, & d’où fortent de petits feuillets blancs qu’entoure la fubftance corticale. &, €, Subdivifion d'une des lames en deux autres plus petites. sd, d, Petits feuillets qui naiffent immédiatement de Ja groffe tige médullaire. f, Lame qui ne fe divife point en feuillets : on en trouve, mais rarement , quelques-unes qui font conformées de cette manière. Figare 2. Elle montre Ia face inférieure du cervelet & une partie du plexus choroïde du quatrième ventricule. a, a, Saillie poftérieure des deux hémifphères du cervelet. k,k,kA,k, Trace du fillon inférieur du cervelet. e, d, d, Partie fupérieure , moyenne & inférieure du yermis inferior. DES SGEN E Es. 621 e, d, Défgne aufñi un enfoncement appelé par Haller vallecuta. B,b,c,c, Vaïfleaux qui communiquent avec Île plexus choroïde du quatrième ventricule. £ SJ; f, Portion du plexus choroïde du quatrième ventricule; on le voit fur le bord inférieur du cervelet » qu'il faut pour cela foulever enWd'écartant de 11 moclle alongée. M, m,m, m, Portions du plexus choroïde qui font plus volumineufes, & qui forment comme de petits paquets de vaiffeaux. 9, 0, Vaiïfleaux plus déliés qui lient ces paquets vafculaires entreux. 3, h, 5, Portion du plexus choroïde qui pafñfe fur le vermis inferior , en fe recourbant avec une forte de régularité, comme Ja figure l’exprime. £» Cavité du quatrième ventricule très - dilatée. 7,7, Subftance médullaire coupée de part & d'autre pour découvrir mieux les objets expofés daus cette figure. Figure 3- Elle montre l'extérieur du cervelet & le plexus choroïde du quatrième ventricule, fous un autre afpe : ici, le cervelet eft coupé , depuis les tubercules quadriju- meaux jufqu’à la moelle alongée, de devant en arrière & à peu-près horizontalement, a,a,a,a,a, Lames médullaires qui fe divifent en feuillets médullaires. PP; Subflance médullaire du cervelet, b,b, Tubercules quadrijumeaux. £,c, Traëlus médullaire fitué fous les tubercules fufdits, & au- deffus de la valvule de Vieuffens. d,d, La valvule de Vieuffens étant détruite, on voit le plancher du quatrième ventricule, e, Moelle alongée. #, Lame de Ia pie-mère qui couvre une partie du quatrième ventricule , & dont les vaifleaux communiquent avec ceux du plexus choroïde, f; Portion du quatrième ventricule, au-deffous de Ia lame fufdite, qui en cache une partie. £ 8» Naïflance des filets ou reliefs du quatrième ventricule, dont le refte eft caché par la lame vafculaire ». 2,0, Branche artérielle fournie par les vertébrales, À,h, Huitième paire de nerf. 8 HA : ie Bec 622 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE i,i,4,k, Plexus choroïde du quatrième ventricule ; i " fa tête placée près du nerf de {a huitième paire; 4, k, fa queue ; il finit comme en larmes de Job. #, m, Portion tranfverfale du plexus choroïde du quatrième ventri- cule foutenue fur la pie-mère : la forme de ce plexus dépend beaucoup de fa préparation ; ici, ibeft détaché de fes adhé- rences au bord intérieur du cervelet, & on le voit dans le quatrième ventricule: dans la figure 2 , on le voit adhérent au bord inférieur du cervelet : il varie aufi beaucoup pour fa groffeur, dans les différens fujets. 4,9, Fond grifâtre du quatrième ventricule, où une fubftance molle & analogue à la corticale, recouvre a fubftance médullaire. Figure 4 On y voit. le plexus choroïde du troïfième ventricule. a, La glande pinéale. c, Les veines de Galien. b,b, Plexus choroïde qui les accompagne; il forme des nœuds vafculaires, & en devant 4, les deux cordons fe réuniffent £n un. La : € Ed : FA Lo ENS wi Aem. de le, des Je. 1781. Fag. 622. Pl, 2 60 L| Briceau del, et creulp F: . nr a Ari. dé LA. Re des Je: 17l: Pagr 622. Pl X, Planche 17° 5g Le : CLPRE cat Briceau del et reulp Hem, de LAc.R. des Se, 1782. Pig, 622. PL AT, Planche 2 Briveau del, etweulp U (ll ji Mem, de LAc.R des Se 1782 Planche 3° .Zag, 622,P1, XI, Planche 4. Mon, de VAs, R, des Se. 1782. ag. E22, Pl, XUX, Demi. de LAe. R, des Je, 2761. lag. 622, PL, XIV. \o (] È a 4 C7] n 2, Enre XV, Lay. £21, PL, Jr, 1781. Her. de L4e,R, des Planche 6, AMém de LA, À, des Je 1781, lag. 622,21 XVT; Mem. de LAc.R, des Se ,1781.Pag. 622. PL X VIT, Planche 8, 4 fs Ps F EA AE rl Pl ar s Mer A de 7 2 4 r2 r | (2 le lAc._R. des Je. An -Z Ûz . Lage’. 0Z PJ AV777 res EX 2 e Men, de LAc.R. des Je. An. 1701. Lage. 704 T. 6, Eu. ue sh à So arche 4 js P ré + LS * ’ ; D *# @e : DE:s .19nGu1 Ebie}c s. 623 LORS ERVALFEN.S 8 SU RU IA" RO P: L'ERNSME Pare P OR TA’ E ’1L eft utile, dans une maladie, de varier le traitement 178r. fuivant les caufes qui la produifent , il ne left pas moins de favoir par quels fignes ces caufes font indiquées, c’eft le point le plus eflentiel de l'art de guérir, & il n'appartient qu'à l'Anatomie d'en démontrer la certitude ou d'en faire connoître la nullité : appliquée à la Médecine, elle doit en guider Îa pratique & en prévenir les erreurs; l'apoplexie m'en fournira des exemples qui méritent d'être connus. Les Anciens qui avoient admis deux efpèces d’apoplexie, celle qui eft produite par le fang & celle qui dépend de a férofité ou de la lymphe, ont expolé les fignes qu'ils ont cru caracérifer chacune d’elles, & ont en conféquence diffé- - rencié le traitement, leur pratique a été généralement admife. Sennert, célèbre Profefleur en Médecine à Wittemberg ; & Riviere, Prolefleur de Médecine à Montpellier , fon imi- tateur fouvent trop fidèle, ont donné un nouveau degré d'authenticité à la doctrine des Anciens. « Dans l’apoplexie fanguine, difent ces deux Praticiens, le vifage eft plus ou moins rouge, les yeux font faillans & « luifans, le pouls eft plein, & les veines du vifage & du « nn con paroïffent gorgées de fang. « | Dans l'apoplexie féreufe ou pituiteufe, ajoutent-ils, le « vifage eft päle, plombé, les malades qui en font atteints, « ont la bouche pleine d'écume, leur pouls eft plus petit, « plus concentré que dans fapoplexie fanguine : il eft d'autant « plus eflentiel, ajoute Seznert avec la plupart des Médecins « qui ont fuivi fa doétrine, de connoître les fignes qui diffé- rencient lapoplexie fanguine de lapoplexie féreule, qu'il. u “ M rm 624 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE faut adminiftrer un traitement différent dans ces deux cas: les remèdes qui font utiles dans le premier, feroient meur- triers dans l'autre, & fur-tout la faignée; c'eft le plus puiflant fecours contre l'apoplexie fanguine, & elle auroit les plus funefles effets dans l'apoplexie Que, » Telle étoit la doctrine des Médecins célèbres qui nous ont précédés; & telle eft encore celle des Médecins modernes les plus dif- tingués, a venæ Jecione, dit M. Lieutaud, simirum abflinere prajlat, que tanto eff nociva in hâcce apoplexieæ fpecie, quantd proficiens in alterä, (Synopf. med, tom. I. pag. 1 s) C’eft le langage des Médecins, & à l'exception de M. Morgagni qui a propofé quelques doutes fur ce point de doctrine, quoiqu'il ait fuivi la pratique reçue, je n’en connois pas qui ait attaqué l'opinion reçue par des obferva- tions dignes d'être citées. 3 J'avois adopté cette doctrine dans ma pratique & dans mes leçons, lorfque j'eus occafion d'ouvrir le corps d’un Avocat de cette ville, qui avoit péri après avoir éprouvé tous les fymptômes d’une apoplexie féreufe, afloupiffement profond , relpiration ftertoreufe , pouls concentré, écume à la bouche, paleur cadavéreufe ä vifage ; Î a faignée n'avoit point été pratiquée, l'émétique, les alkalis volatils avoient été adminiftrés, & les véficatoires avoient été appliqués à la nuque & aux jte On peut dire qu'on mavoit omis aucun des remèdes preferits en pareil cas par les Maitres de l'Art, cependant ces fecours, quelque indiqués qu'ils paruflent , furent fans fuccès, A peine cet Avocat fut-il mort, que la pâleur du vifage diminua, & qu'il devint, dans l’efpace de deux ou trois heures, d’un rouge te la chaleur du corps devint plus vive qu'elle ne lavoit été dus les derniers momens de 1a vie, & elle étoit fi confidérable vingt-quatre heures après la mort, que je crus devoir difiérer au lendemain l'ouverture: du corps; je fis cependant quelques fcarifications à la plante des DES SCIBNCES. 62s. des pieds, il en fortit environ deux cuillerées d'un fang très-rouge & liquide. Il n'eft pas rare de trouver le corps des apopleétiques, très-chaud vingt-quatre heures après la mort, & plus tard même pendant l'hiver; ceft une obfervation que M. Morgagni a déjà faite, & dont je me fuis convaincu plufieurs fois. Ce corps fut ouvert le Îendemain, environ quarante heures après la mort, il n'étoit plus chaud, & le vifage étoit plutôt violet que pâle ; je fis faire l'ouverture de la tête avec foin, & voici ce que j'y obfervai; les vaiffeaux qui ferpentent fur le péricräne , ceux de la dure & ceux de Ia pie-mère, étoient pleins de fang, les vaifleaux qui rampent entre les circonvolutions du cerveau ou dans les anfraétuofités de ce vifcère, étoient dilatés & gonflés par le fang; il fembloit que le cerveau füt couvert d’un lacis vafculaire injeété ; le plexus choroïde étoit aufli gorgé de fang, & il y avoit beaucoup de fang épanché fur la bafe du crâne; les ventri- cules du cerveau étoient fecs, on n’y trouva aucune goutte d'eau épanchée. Ce qui nous prouva évidemment que l'Avocat dont je viens de donner lhiftoire, étoit mort d'une véritable apoplexie fanguine, & non d’une apoplexie féreule, & qu'on auroit dû le traiter de toute autre manière qu'on avoit fait, qu'il eût fallu principalement infifter fur les faignées. Voici un autre exemple qui prouve bien que la päleur du vifage, l'écume àla bouche & Ja concentration du pouls, joints à l’affoupiffement & à la refpiration ftertoreule, n’in- diquent en aucune manière que lapoplexie foit féreufe. Dans le mois de Juin 1773, M. Bertrand, Brigadier des Moufquetaires-gris, commandoit un détachement de fa Compagnie à la plaine des Sablons, dans un exercice, fon cheval fe renverfe & tombe fur lui, il ne peut fe relever, on le porte à l'hôtel des Moufquetaires, fans connoiffance, fon vifage étoit d’une päleur cadavéreufe , fon pouls petit, concentré, fa refpiration devint très - gènée & fertoreule, Mém. 1781. Kkkk L 2 626 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE on prétendit que ce Militaire avoit eu, étant à cheval, une apoplexie d'humeurs, & qu'il avoit, par fa chute , tiré la bride du cheval en arrière & l’avoit entraîné fur lui; d’après cette opinion, on lui adminiflra l'émétique à très - grande dofe, mais fans en obtenir aucun eflet; & ce qu'on auroit peine à croire, on négligea de le faigner. Appelé par plufieurs de fes camarades, j'allai lui donner mes foins, je le fis faigner à la jugulaire , le pouls fe releva, il devint & plus fort & plus régulier, le malade donna quelques marques de con- noiflance, il vomit un peu, & remua fes extrémités fupé- rieures ; le foir M. Bordeu fut appelé en confultation, nous fimes appliquer les vélicatoires à la nuque & aux jambes, vains fecours, 1e malade retomba dans l'afloupiflement & mourut avec tous les fymptômes de lapoplexie. J'affiftai le fur-lendemain à Fouverture du corps avec plufieurs Médecins & Chirurgiens ; elle nous apprit qu'il y avoit beaucoup de fang dans la cavité du cœur, qu'il s'étoit épanché fous les hémifphères du cerveau & du cervelet, & que le canal veriébral étoit plein de fang concret; il n'y avoit dans les ventricules du cerveau qu’une petite quantité de férofité, celle qu'on y trouve ordinairement & qui eft d'autant plus abonuante qu'on a attendu plus fong-temps à faire l'ouverture du corps. Cette ouverture nous apprit qu'il auroit fallu infifter davantage & plus tôt fur les faignées, & elle nous fit con noître le danger ou du moins l'infufäfance de lémétique qu'on avoit adminiftré d’après de fauffes indications. Je pourrois rapporter ici d’autres oblervations dont le réfultat {eroit le mème; elles prouveroient que la pâleur du vifage, la concen- tration du pouls & l’écume à la bouche, ne font point des fignes certains de l’apoplexie féreufe, & qu'on a eu tort, lorfqu'iis fe font manifeftés, de prefcrire un traitement différent de celui qu'il auroit fallu pour combatire l’apoplexie fanguine. Inflruit de toutes ces erreurs, j'ai fait faigner du pied & de la jugulaire, des perfonnes que l'on croyoit atteintes d’une apoplexie féreufe, avec un tel avantage qu'elles furent, par ge {eul fecours, rapelées des portes de la mort, . a ie tit DES SCIENCES. 627 + M. le Marquis de Brida fut atteint, il y a deux ans, d'une apoplexie : il eft très-grand, fort gros, & il avoit alors environ cinquante-cinq ans: il fut trouvé le matin dans fon lit fans connoilfance, avec la refpiration flertoreufe ; fon vifage étoit d’une pâleur cadavéreufe, fes lèvres étoient cou- vertes d'écume, fon pouls étoit petit & concentré. On crut reconnoître l'apoplexie féreufe à ces fymptômes ; on prefcrivit en conféquence l'émétique ; on lui en fit avaler quatre grains dans quelques cuillerées d'eau, & non fans beaucoup de difficulté, mais il n'y eut pas de doute qu'ils n'euffent été pris : on tenta inutilement de lui faire prendre quelques Îa- vemens irritans , les fymptômes de la maladie augmentèrent lütôt qu'ils ne diminuèrent , l'émétique n’avoit fait aucun effet lorfqu'on m'envoya chercher : & foit que je confidérafe qu'on avoit inutilement donné ce remède, foit que je fuffe convaincu de l'utilité des faignées en pareil cas, je confeillaï une abondante faignée du pied: dès qu’elle fut faite, le pouls fe releva; la refpiration qui étoit entre-coupée, courte, ferrée, devint plus libre, mais elle refla ftertoreule. On donna deux autres grains d'émétique au malade, qu'il avala, mais qui ne produifirent aucun efet. Je confeillai une feconde faignée du pied, d'environ quatre palettes : à peine fut-elle finie, que le malade fit quelques mouvemens des yeux, qu'il releva les paupières, & qu'il parut confidérer les objets qui étoient devant lui ; il remua fa langue, & l'on vit la lèvre inférieure fe mou- voir à diverfes reprifes ; ces mouvemens précèdent fouvent le vomiffement, lequel eut auffr bientôt lieu ; le malade rendit par la bouche une grande quantité de matière écumeufe & très-peu d’autres fubftances. On lui donna un lavement avec du vin-émétique trouble, qui l'évacua abondamment ; les membres recouvrèrent par degrés la fen- fibilité & le mouvement; la refpiration devint dans l'état prefque naturel, mais le malade refta plufieurs heures fans entendre les fons les plus forts, & plus long-temps encore fans pouvoir parler. 11 étoit dans ce dernier état lorfque je KKKK ij 628 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE revins chez le malade; je trouvai les affiftans dans fa plus grande joie de l’heureux changement où ils le voyoient, cependant je fis plufieurs queftions au malade, qui ne put y répondre : il me fit divers fignes pour fe faire entendre, que je ne compris point. Il témoigna alors, par fes geftes, qu'il vouloit me t'anfmettre fa penfée fur le papier, & il écrivit d'une main tremblante, lé ne voyez-vous pas que je ne puis pas parler ! Je confeillai une troifième faignée du pied, qui ne fut faite que deux heures après par le retard du Chirurgien, mais elle eut un fuccès fi heureux , que le malade parla pendant qu'on la pratiquoit. Ce Militaire a dû fon rétabliffement aux faignées abon- dantes qui ont été faites: le fang ramaflé dans les vaifleaux du cerveau produiloit fans doute une compreffion fur cet organe & fur l'origine des nerfs, lefquels ne portoient plus la fenfibilité dans les vifcères & la mobilité dans les mufcles ; auffi l’émétique a-t-il été fans eflet; & comunent auroit-il agi! il n’exerce fon action qu'en ftimulant l'eflomac, lequel. fe contracte, pour s'en débarraffer, à proportion de la fenfi- bilité de fes nerfs, & de l'irritabilité de fes fibres mufculaires. Mais comme dans le malade dont il:eft queftion, l’eflomiac étoit devenu infenfible comme les autresparties, l'émétique devoit être abfolument fans eflet; c’eft lorlque la compreflion du cerveau & des nerfs a été diminuée par les faignées, qu'ils ont repris leur vitalité, que l'eflomac a recouvré une partie de fa fenfibilité ; il eft devenu capable de recevoir l'impreflion de l’émétique, il s'eft contradté, & le vomiffement eft fur+ venu: la compreflion qu'éprouvoient les nerfs des autres pariies du corps eft également diminuée, & la vie leur eft revenue ‘par leur moyen. Si le malade a refté quelque temps fans pouvoir parler, c'eft que les nerfs de la voix ont été comprimés plus long-temps, ou peut-être plus fortement que les autres ; il a fallu une nouvelle faignée pour les délivier de la compreffion qu'ils éprouvoient. (Depuis cette époque M. le Marquis de Brida jouit d’une bonné fanté). Je pourrois rapporter ici d’autres obfervations bien ana* DiEusu Sc: IE: Ni C Et S 629 logues, & dont le réfultat tendroit à prouver que les fignes fur lefquels on fe fonde pour admettre l’apoplexie féreufe , font illuloires; & que ceux que l'on a cru atteints de cette elpèce d’apoplexie, d'après ces fignes, éprouvoient l’apoplexie fanguine. Mais fi la pâleur du vifage, l’écume à la bouche, le pouls concentré & petit, joints aux autres fymptômes de l'apoplexie, ne font pas des fignes certains de la préfence de l'eau dans le crâne ni dans le cerveau, la rougeur du vifage & a plé- nitude du pouls, ne font pas non plus des fignes aflurés de l'excès de fang dans ces parties; les hydrocéphales ont ordi- nairement les joues très-rouges, ce qui eft généralement connu; mais ce qui ne l'efl pas également, c'eft que dans plufieurs des apopieétiques qui avoient le vifage très-rouge, les yeux faillans, le pouls très-plein, & qui n'avoient point eu de l'écume à la bouche, on a trouvé de l’eau épanchée entre le cerveau & la cavité du crâne, dans les ventricules du cerveau, ou dans les deux endroits à la fois. On porta dans mon amphithéätre particulier, en 1771, le cadavre d’un homme dont le vilage étoit tuméfié & d’une couleur noirâtre, comme s’il avoit été couvert d’un échimofe; je crus que cet homme étoit mort d’une apoplexie produite par la flagnation du fang dans le cerveau, mais je me con- vainquis du contraire par l'ouverture du corps; je trouvai les ventricules du cerveau, pleins d’une humeur jaunûâtre, le plexus choroïde étoit couvert d'hydatides, il y en avoit deux ou trois qui étoient aufli groffes qu'un grain de raifin, & qui étoient pleines d'eau; d’autres étoient déchirées, 8 peut-être avoient-elles laiflé échapper dans les ventricules eau qu'ils contenoient: quoi qu'il en foit, il n'y’avoit ni du fang ftagnant dans les vaiffeaux du cerveau, ni du fang qui fe füt épanché dans les cavités de ce viicère, ni dans celle du crane. En 1767, un Boucher mourut avec tous les fymptômes d’une apoplexie fanguine, il étoit naturellement très-gras, & pendant l'attaque fon vilage avoit été d'une couleur plutôt 630 MÉmoires DE L'ACADÉMIE RoYALE noire que rouge, il avoit eu de l'écume à la bouche, & fon ouls avoit paru plein & concentré: ce Boucher mourut, malgré tous les foins qui lui furent promptement adminiftrés, J'affiflai à l'ouverture du corps, qui fut faite par M. Leiue mon ancien Prévôt d’Anatomie, & voici ce qu'on trouva; les ventricules du cerveau étoient pleins d'une férofiié rou- geûtre, & le plexus choroïde étoit chargé d'hydatides d'un très-gros volume. On trouve dans les Auteurs, & principalement dans les Ouvrages de M.° Morgagni & Lieutaud, quelques obfer- vations qui viennent à l'appui de celles que nous venons d’expofer: Mais comme ils n'en ont pas tiré les conféquences qu'on en pouvoit déduire, & qu'il eft d’ailleurs des points de doctrine qu'on ne fauroit trop conftater, foit par rapport à leur importance, foit parce qu'ils font peu connus; j'ai cru devoir réunir dans ce Mémoire les obfervations qui m'étoient propres. L’Anatomie n'eft jamais plus utile à la Médecine que lorfqu'elle lui dévoile fes erreurs. - _ Je me propofe de prouver dans un autre Mémoire, que les vaiffeaux du cerveau font prefque toujours engorgés de fang lorfqu'il y a de la férofité épanchée dans le tiffu ou dans les cavités de ce vifcère; que l'apoplexie féreufe eft prefque toujours la fuite de f’apoplexie fanguine; & que fi l’apo= plexie féreufe exifte quelquefois fans qu'il y ait congeftion de fang dans le cerveau, cela eft très-rare. Ces exceptions & les fignes qui pourroient les faire connoître, donneront lieu à un autre Mémoire que je me propofe de communi= quer à la Compagnie, Di EUISUMSEOUTIE NE CE s! 631 OM PNE REA TION INT LS SUR LA PHTHISIE DE NAISSANCE. Par, Mur P OUR T ASE Où ne peut difconvenir qu’indépendamment des caufes qui peuvent donner lieu à la phthifie pulmonaire, pendant le cours de la vie, il n'y en ait une que nous apportons en naiflant, & qui eft en quelque manière {a fuite de notre organifation. Les Médecins l'ont connue fous le nom de phtlifie de naiflance, où de phihifie héréditaire, parce qu'ils ont cru que les pères pouvoient la tranfmettre à leurs enfans en leur donnant le jour ; ils ont fondé leur opinion fur une fuite d'exemples qui prouvent que les enfans nés de parens phthifiques font les viétimes de cette cruelle maladie. D'autres Médecins qui ne veulent admettre aucune efpèce de maladie héréditaire, ont cru trouver dans la feule conta- gion la caufe de la faces de la phthifie dans les familles: perluadés que cette maladie peut fe communiquer par le contact du malade, médiatement ou immédiatement, ils ont dit qu'une fois introduite dans une famille, elle pouvoit fe tran{mettre aux divers individus qui Habitetenté enfemble, comme elle pouvoit fe tranfmettre à ceux qui leur donnoient leurs foins, ou même à ceux qui avoient manié, même après leur mort, leurs habits, leur linge ou autres objets à leur ufage; mais ils ont nié que la phthifie püt venir de naïflance, comme les autres Médecins l'en -ndoient. Enfin ül y a des Médecins, & c’eft le plus grand nom« bre, qui admettent la phthifie de naïflance, & qui croient qu elle peut aufli fe communiquer par le cata Cette diverfité d'opinions a fixé mon attention depuis long-temps; j'ai yu dans ma Patrie, brüler foïgneufement les Lû en Juilles & 1701. 632 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE hardes de ceux qui étoient morts de a phthifie pulmonaire; c'eft un ufage conftant dans le Languedoc; en Efpagne & en Portugal c’eft la loï du Prince qui y force. Les Médecins qui traitent des phthifiques, font obligés de faire leur décla- ration devant le Magiftrat, dès que leur malade eft parvenu au troifième degré de la phthifie, ils feroient repréhenfibles s'ils y manquoient. En Italie, on brüle auffi les lits & les hardes qui ont fervi à l’ufage dés phthifiques, mais fans qu'il y ait de loi qui l'ordonne; & les Médecins du premier ordre de ce pays, ont regardé la phthifie comme contagieufe, Vallaiva, & Mor- gagni fon illuftre difciple, ont craint par cette raifon d’ou- vrir les corps des phthifiques /a), ce qui nous a vraifembla- blement privés d'une fuite d'Obfervations précieufes dont ils n'auroient pas manqué d'eniichir la Médecine-pratique. Imbu dès mon enfance de cette opinion, j'ai héfité long- temps d'ouvrir de femblables cadavres: excité cependant par l'exemple de quelques Médecins moins craintifs, & bien convaincu d’ailleurs qu'un pareil travail étoit utile, j'ai fur- monté ma répugnance naturelle; j'ai ouvert divers fujets morts phthifiques, les Etudians qui ont fuivi mes cours d’Anatomie ont fait auffi tous les ans de pareilles ouvertures, & en grand nombre, elles ont été faites quelquefois pendant les plus fortes chaleurs de l'été, foit à Paris, foit à Montpellier, & il ne m'eft furvenu aucun accident, ni à ceux qui m'ont aidé dans ce genre d'opération. . Mais filon ne contracte pas la phthifie en ouvrant le corps de ceux qui en font morts, ne peut-on pas la contracter en touchant les perfonnes qui en font attaquées, en maniant les hardes & les Jinges qui ont fervi à leur ufage, & fur- tout en habitant avec elles? Cette opinion eft généralement reçue, & lon ne manque pas pour la faire valoir, de rapporter diverfes obfervations, (a) a fugi de induftri& adolefcens, àT fugio vel fenex , tunc ut mihi, aunc ut fludiof+, quæ mihi circumflat , juventuti prison , cautids fortaffe o uam opus fit‘ at tutits. Epift, Anot, Acad, XXII ,n,° 3, pl ÿ P 3 Des DÉEMSMASECÉTÉENN) CAES. 633 Des familles entières ont été détruites par la phthifie : des perfonnes qui ont porté ou touché des hardes des Phthifiques, font mortes quelque temps après de cette maladie. Ces faits font fans doute inconteftables, mais fa confé- quence que l'on en tire n’eft-elle pas hafardée? n'eft-ce pas plutôt par une certaine difpofition organique que la phthifie fe propage dans certaines familles ? Quelquefois cette maladie femble attendre pour fe déve- lopper dans une famille , que tous les fujets foient parvenus à un âge déterminé, J'ai vu à Gaillac en Albigeois , une famille, compofée de cinq enfans, deux garçons & trois filles, qui fut détruite par la phthifie: ils parvinrent tous jufqu’à l’âge de vingt-huit à trente ans avec la meilleure fanté, & ils périrent tous phthifiques avant d’avoir atteint celui de trente-deux ans. Les trois premiers moururent dans l’efpace de deux ans, & les deux autres environ dix années après, à fix mois de diftance l’un de l'autre. Si c'eût été par la contagion que la phthifie fe fût tran£ mile dans cette famille, on peut dire qu'elle a bien tardé à fe développer dans les derniers enfans; c’eft par une dif pofition vicieule dans l'organifation qu'ils ont été détruits, & non par la contagion: d’ailleurs, ne voit-on pas encore tous les jours des perfonnes qui périflent de la phthifie dans un âge très-avancé, & qui ont perdu leurs parens de la même maladie, dans leur plus tendre jeunefle? ce n'eft donc pas par la contagion qu'on peut railonnablement expliquer de pareils faits. Si la phthifie étoit contagieufe, comme on le croit, les Médecins &les Gardes-malades ne la contraéteroient-ils. pas fréquemment! mais n’obferve-t-on pas le contraire tous les jours? ou, pour mieux dire, a-t-on quelque exemple que la phthifie ait été communiquée de cette manière? j'ai vu au contraire des Gardes-malades exprimer avec leurs mains, des cheinifes que des phthifiques avoient mouillées de leur fueur , fans qu'aucune d'elles ait eu cette maladie; cependant fi: quelques-unes euffent eu la phthifie, de naïflance ou Mém, 1787, LIN 634 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE par tout autre accident, lon n’auroit pas manqué de citer cet exemple pour preuve de fx contagion, fans rechercher davantage d'où elle pouvoit provenir. On a rapporté l’année dernière, dans le Journal de Paris, qu'un jeune homme de vingt ans avoit contraété la phthifie, en fe fervant des hardes & fur-tout d’un Witchoura de fon père qui étoit mort phthifique. N'eft-if pas au contraire plus naturel de penfer que cet enfant avoit hérité de la maladie dont fon père eft mort, maladie qui avoit auffi enlevé quatre de fes oncles, & qu'il eft mort de a phthifie héréditaire? Cependant cette obfervation qui prouve fi peu que Ja phthifie efl contagieufe, a été citée en faveur de cette opi- nion ; & notamment dans un Ouvrage fur la Pulmonie, qui vient de paroître: on réduiroit fans doute plufieurs obferva- tions de cette nature à leur jufte valeur, f1 on les foumettoit à un examen réfléchi & impartial. On dit auffi que fi l’une des deux perfonnes mariées, eft attaquée de la phthifie, l'autre peut la contracter, & lon rapporte en preuve de cette opinion, que de deux époux, l'un étant mort de la phthifie, on a vu quelquefois l'autre périr de la même maladie; mais combien d’exceptions n’a-t-on pas du contraire, elles font fr nombreufes qu'on ne pourroit: les compter? j'ai vu un mari qui a perdu deux femmes phthi- fiques, & qui eft mort quinze ans après, d'une hydropifie du bas-ventre : on pourroit citer beaucoup d’autres exemples de cette nature, fi l’on fe donnoit la peine de les recueillir; on verroit qu'on a conclu pour le général, d’après quelques cas particuliers, lefquels, bien examinés, ne prouveroient pas encore la contagion, parce qu'il refteroit à prouver que celui des deux époux qui meurt le dernier de la phthifie, mavoit point la phthifie de fa propre conflitution, ou par tout autre accident que par celui auquel on limpute: en eflet, la phthifie étant une maladie très-commune, puilque au rapport de Sydenham, elle fait les deux tiers des maladies chroniques, les deux époux n’en peuvent-ils pas périr fans l'avoir contractée l'un de l'autre ? DéEnsreSUuC-AiEt NC ES: 635 - Pourquoi chercher dans cette contagion fuppofée la caufe de la phthifie dont le dernier meurt, n'efl-ce pas que les hommes aiment mieux imputer à des caufes étrangères qu’à leur propre conftitution , les maux auxquels la foible humanité les expofe ? Mais tout prouve qu'il eft des hommes qui portent en eux cette dilpofition à la phthifie, que cette maladie peut fe développer fans qu'ils approchent d’autres phthifiques, & que s'ils ne l'ont pas, ils ne la contracteront pas en habi- tant avec les perfonnes qui en font atteintes. Les Médecins de tous les temps ont penfé qu'il y avoit des fujets deftinés par leur conftitution à devenir phithifiques, qui fecundum naturam ad tabem difpofiti funt, di Hipocrate dans {es Aphorifmes /b)}; mais ce grand Médecin ne dit pas que ce vice oit attaché à quelques familles , les Médecins Grecs ont dans la fuite compté parmi les caufes de cette maladie l’origine des parens phthifiques. Fernel, ce célèbre Médecin de la Faculté de Paris, dit avoir vu des familles entières ravagées par la phthifie, qui tabidä flirpe fati fant, dit-il, quaf hæreditario jure , omnes neceffarid tabe marcefcunt , hocque malum fœpe vidimus , in omnes ejufdem familiæ graffari ( c ). | Les Médecins les plus célèbres ont rempli leurs ouvrages de pareils exemples, & comme ils font en effet très-fréquens, on doit être étonné que d'autres Médecins aient foutenu qu'il n'y avoit point de phthifie de naiflance. Morton qui a fi bien écrit fur cette maladie, avoit une opinion bien diffé- rente, il croyoit qu'il n'y avoit point de maladie dont on héritât plus fouvent de fes parens que de celle-là, præ ceteris omnibus hæreditarius, On voit en effet tous les jours la phthifie fe propager dans les mêmes familles & en détruire les divers individus ; & comme ces accidens font très-communs, j'en ai vu un très-grand nombre, j'ai queftionné Îa plupart des phthifiques pour favoir, s'ils navoient pas eu de pareils (b) Aphor, fe&@&, VIIT, n° 8, (c) Fernel, Pathol. lb, V, cap. X de Morb. pulmon. L'ÉTAT 636 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE malades dans leur famille, & je puis aflurer que plus des deux tiers avoient eu leur père ou leur mère phthifiques ; & parmi ceux que j'avois vu atteints de phthifie par acci- dent, & qui lors de leur mort avoient leur père & leur mère en bonne fanté; j'en ai vu, dis-je, dont {e père ou la mère font morts long-temps après eux de Ja même maladie, ce qui augmente de plus en plus le nombre des phthifiques de naiflance. Ce qu'il y a de remarquable dans cette maladie, c'eft qu'elle fe développe dans certains individus des mêmes familles, plutôt que dans d’autres; j'ai vu des cadets périr avant leurs ainés, quelques-uns au berceau , d’autres vers l'âge de quinze, vingt, trente, quarante ans & plus tard. D'autres fois cette maladie refte fans fe développer jufqu'à un âge prefque déterminé de la vie; nous en avons déjà cité un exemple bien frappant, & nous en rapporterions d’autres fi l'on n’étoit dans ie cas d’en voir tous les jours de femblables. On peut donc croire qu'il y a dans les individus de quel- ques familles , une certaine difpofition qui les fait périr phthi- fiques, lorlqu’elle vient à déployer toute fon aétivité. Mais quelle eft cette difpofition? les Auteurs ont eu des idées vagues à ce fujet. Fernel croyoit que dans ces perfonnes le tiflu du poumon.étoit foible, qu'it fe relächoit de plus en plus, & qu'enfin il fe corrompoit, quod ii {pulmones) fere languidi aded fini © imbecilli, ut tempore fenfmique fiacefcant ac corrumpantur (d). © D'autres Médecins ont cru qu’il fe formoit des indura- tions dans le poumon, fans déterminer leur nature, ni a partie de ce vifcère dans laquelle elles avoient leur fiége. Morton nous a afluré que ces indurations font des tubercules glanduleux , quæ tubercula fivè crudos & glandulofos tumores faæpe, dit ce grand Médecin , in phihificorum cadaveribus deprehendi (e). (d) Fernelü, Pathol. lib. V, cap. 10 de ÆMorbis pulmon, (e) Morton, Phyfol. p. 28. DE st Sc 1 E N°C:E 5. 637 M. de Sauvages, ce favant Médecin, dont l'Univerfité de Montpellier pleure encore la perte, afluroit, d’après fes propres Obfervations anatomiques , que le principe de la phthifie en général exiftoit dans divers tubercules quirreux qui terminoient par la fuppuration, mais de manière que bien loin de trouver dans les cadavres les poumons rongés & détruits par le pus, ils étoient plus volumineux & plus pefans qu'ils ne le font naturellement. Suivant ce célèbre Médecin, on trouve dans le poumon des perfonnes mortes de la phthifie de naïffance, les glandes bronchiques qui font ,,dit-il, répandues dans tout le poumon, dures, engorgées & en fuppuration. Mes obfervations ne font pas conformes à celles de M. de Sauvages : j'ai trouvé les poumons détruits pref ue en entier dans divers fujets morts de la phthifie de naiffance, au point qu'il y avoit à leur place des poches pleines de pus, & que ha fubflance du poumon étoit prefque entièrement détruite; altération effroyable, & qui a été obfervée de tous ceux qui ont ouvert les corps des phthifiques ; ainfi, ce que M. de Sauvages dit fur la caufe de leur mort, en général, n’eft vrai que dans quelques cas particuliers. Ce Médecin s’eft encore trompé quand ül a avancé qu'on trouvoit les glandes bronchiques obftruées dans les poumons des phthifiques de naïflance; & cette erreur lui eft commune avec beaucoup de Médecins. Û Ce font les glandes Iymphatiques qui font le fiége de cette maladie; répandues dans prefque toutes les -parties du poumon, tantôt près & tantôt lonr des bronches, elles terminent fréquemment par fuppurer après avoir refté en- gorgées plus ou moins de temps. | Les glandes bronchiques font ordinairement faines dans cette maladie, & fi elles s'affeétent quelquefois, ce n’eft qu'après que les glandes Iymphatiques ont été engorgées & en fuppu- ration, ce qui eft le contraire de la phthifie qui eft la fuite des péripneumonies dans lefquelles les glandes bronchiques s'engorgent & terminent par fuppurer; & come il arrive 638 MÉMmorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE fréquemment que ce dégorgement ne fe fait pas compléte- ment par l'expectoration, une portion du pus pénètre dans le tiflu du poumon, ce qui en produit f’érofion comme dans la phthifre de naïffance qui a commencé par f'obftruétion des glandes fymphatiques. La caule de ces erreurs, vient de ce que les Anatomiftes n'ont admis qu'une efpèce de glandes dans le poumon; les uns, les bronchiques ; les autres, les Iymphatiques ; quoique ces deux efpèces de glandes exiftent à la fois, & qu'elles aient une ftructure bien différente, ainfi que je l'ai démontré dans le Mémoire que j'ai lü à cette Académie l'année précédente. Les altérations qu’on obferve dans ces glandes à la fuite des maladies, prouveroient encore leur différence fi d’ailleurs elle n'étoit bien conftatée par l'infpeétion anatomique. J'ai ouvert le corps de deux perfonnes mortes d'une fuppuration® dans le poumon, fuite de la fluxion de poitrine, & j'ai trouvé les glandes bronchiques confidérablement altérées ; les unes étoient très-gontlées & rouges; d'autres étoient en fappuration ; & lon voyoit même le pus découler dans les bronches, lorfqu'on les comprimoit: quant aux glandes lymphatiques, elles paroïffoient faines, foit par leur volume, foit par leur ftructure. J'ai ouvert les corps de trois enfans de M. B* Confeiller d'État, tous trois morts phthifiques; j'ai trouvé leurs poumons pleins de concrétions, quelques-unes étoient rouges & comme fongueufes; d’autres paroïfloient avoir la qualité des loupes ; certaines avoient la dureté des fquirres, il y en avoit qui étoient en pleine fuppuration; le pus qui s’en écouloit, étoit blanchâtre & granuleux ; il y en avoit beaucoup de fagnant dans le tiflu du poumon: quant aux glandes bronchiques, elles paroifloient pour fa plupart en bon état, & celles qui étoient altérées, étoient voifines des glandes Jymphatiques du poumon; ce qui ne me laifla aucun doute que les glandes lymphatiques ne fuffent le vrai fiége de la maladie: celles du méfentère & celles qui font placées {e long FH 515 18\CAE auc Eus. 639 du cou vers les parties latérales & fupérieures des veines jugulaires, & les glandes œfophagiennes étoient gonflées & pleines d'une matière gypfeule. M. Schmidel, Hollandoiïs d'origine, & dont le père étoit mort phthifique, étoit depuis long-temps atteint d’un gon- flement des glandes maxillaires ; il fui furvint deux tumeurs de la grofleur d’une olive, vers les parties fatérales du cou, il maigrit, il touffa, il éprouva un léger mouvement de fièvre après les repas, avec de la chaleur à la paume des mains & à la plante des pieds, à peine put-il dormir quelques “heures de la matinée ; après trois mois la maladie augmenta, la fièvre devint brûlante & continue, elle ne diminua que par les fueurs de a nuit, les pieds & les mains s’enflèrent, le dévoiement furvint, & le malade périt après avoir éprouvé tous les fymptômes de la phthifie. Je fis l'ouverture de fon corps, & je trouvai les glandes Iymphatiques du cou & celles du méfentère extraordinaire- ment gonflées, dures, inégales; celles du poumon étoient pour la plupart affeétées, mais il y en avoit qui étoient en pleine fuppuration ; le pus qui s'en étoit écoulé, avoit détruit une partie de la fubftance parenchymateufe du poumon, ce qui formoit plufieurs abcès dont le foyer étoit dans les glandes 1ymphatiques. . J'ai trouvé les mêmes altérations dans les glandes Iym- phatiques du poumon d’une Dame morte phthifique à l'âge de vingt-deux ans; fa mère étoit morte de la même maladie deux ans auparavant. Je pañe {ous filence plufieurs autres obfervations que j'ai faites fur des phthifiques d’origine, leur réfultat feroit le même; je ne dirai pas non plus, que j'ai fréquemment trouvé, dans mon amphithéâtre, les glandes lymphatiques du pou- mon obflruées, & quelquefois en fuppuration dans des fujets qui avoient aufli des obftruétions dans le méfentère ou dans d'autres parties pourvues des glandes Iymphatiques ; de pareilles obfervations feroient inutiles, après celles que j'ai rapportées, 640 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Indépendamment de ces altérations propres aux glandes lymphatiques du poumon, on trouve fouvent des indurations confidérables dans ce vifcère, {a fubftance devient dure, coriace comme du cuir brülé, je l'ai trouvée fi dure trois ou quatre fois, quon avoit la plus grande peine pour fa couper avec le {calpel; les vaifleaux aériens, & les vaiffeaux fanguins {ur-tout , étoient tellement rétrécis qu'on n’en pouvoit découvrir la cavité; je n'en citerai qu'un exemple, pour plus grande briéveté. Un homme de foixante- dix ans, qui crachoit du fang très-fouvent, depuis douze ou quinze ans, périt d’une hémorragie, après avoir éprouvé tous les {ymptômes de la phthifie, à l'exception du crachement de pus qui n'eut pas lieu; j'en fis l'ouverture, & je trouvai fes poumons endurcis & rétrécis comme le feroit un parchemin à demi - brülé ; il n’y avoit que le lobe inférieur du poumon droit, qui étoit fain, encore y avoit-il vers fes bords quelques portions endurcies; le méfentère étoit plein de concrétions ftéatoma- teules, & l’épiploon étoit dur & fingulièrement racorni; les artères & les veines du côté droit, étoient tellement obli- térées, qu'il ne me fut jamais poffible d'introduire dans aucune de leurs branches principales, le plus petit tuyau pour les injecter; & quant à ceux du poumon gauche, ils étoient tellement rétrécis dans les deux lobes fupérieurs, que leurs parois paroifloient collées enfemble; mais les artères qui aboutifloient au lobe inférieur du même côté, & dont la frucure étoit faine, étoient fmgulièrement dilatées, le fang s'y portoit fans doute en d'autant plus grande abondance, qu'il ne pouvoit plus pénétrer les artères des autres lobes; & n’eft-ce pas à cette caufe qu’il faut attribuer les crachemens de fang auxquels étoit fujette depuis long-temps la perfonne qui fait l'objet de cette obfervation. Mais quelle peut être la caufe de ce deffèchement ou plutôt de cet endurciflement du poumon? ce n'eft pas une fimple rétraction du tiflu cellulaire, & ce qui me l'a prouvé, c'eft que Îes poumons de ce fujet, ainfi que ceux de plufieurs autres — DES SCIENCES. 641 autres que j'ai trouvé également affectés, peloient beaucoup plus que ne pèfent les poumons fains, cet excès de pefanteur provient d'une humeur vifqueufe qui s'extravale dans le tiflu cellulaire du poumon, en enduit les diverfes fibres, les colle: enfemble ; & comme elle fe defsèche au point de devenir prefque aufli dure que de la corne, les poumons fe rapetiffent tellement qu'ils n'ont pas quelquefois la fixième partie de leur volume primitif. Plufieurs Anatomiftes ont parlé de cette matière glutineufe quis’extravale dans le poumon , mais ils n’en ont point indiqué la fource qui la fournit fouvent ; j'ai difiéqué plufieurs de ces poumons avec beaucoup de foin, fouvent après les avoir fait macérer dans de l'eau tiède pour en relâcher la texture, quelquefois en les plongeant dans de l’efprit-de- vin pour leur donner plus de denfité; & par ces moyens & par d’autres dont j'évite ici l'énumération , j'ai vu que les glandes 1ympha- tiques du poumon étoient engorgées, que les vaiffeaux 1ympha- tiques étoient alors plus apparens dans ce vifcère qu'ils ne le font naturellement; les glandes étoient entourées de concrétions plus où moins dures , ce qui m'a fait préfumer qu’elles avoient fourni, du moins en partie, la matière qui les formoit. C'eft par un mécanifme femblable, que le virus fcrofuleux, après avoir obftrué les glandes maxillaires, méfentériques, axilaires, & les autres glandes lymphatiques, s’épanche par une efpèce d’exudation dans le tiflu cellulaire qui les entoure, & forme quelquefois des congeftions qui ont la forme & la folidité du lard. Mais ce qui prouve encore que dans les phthifiques de naiflance, les glandes Iymphatiques du poumon & le paren- chime de ce vifcère font engorgés d’un fuc fcrofuleux, c'eft que prefque toujours on trouve chez eux de pareïlles congeftions dans les parties que le virus fcrofuleux affecte fpécialement. Ils ont les glandes maxillaires, les œfophagiennes, les méfentériques obflruées comme elles Le font dans les fcrofu- leux, ou fi elles ne le font pas toutes enfemble, on en trouve du moins quelques-unes de malades. Mém, 1781. Mmmm ’ 642 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE Bien plus, j'ai vu chez les phthifiques de naiffance les plus maigres, des concrétions graifleules d’une confiflance carti- lagineufe, tantôt autour du cœur, tantôt dans l'épiploon, quelquefois dans le médiaftin, & quelquefois parmi le peu de graifle qui reftoit dans Îes interflices des mulcles du tronc ou des extrémités, Ces concrétions font très-communes dans ceux qui ont péri des écrouelles; ainfr l'on peut dire que ces maladies ont le plus grand rapport entrelles, ou encore mieux, que dans la phthilie de naiflance, les glandes Iymphatiques & le parenchyme du poumon s’engorgent d’un fuc fcrofuleux. Dans tous les phthifiques de naïiflance que j'ai ouverts, j'ai vu des glandes Iymphatiques qui étoient peu engorgées, d’autres qui l’étoient davantage & très-rouges, quelques unes étoient très-dures #& entourées d'un tiflu cellulaire gonflé, rouge & endurci; d'autres glandes étoient en fuppuration Fe quelques points de leur furface, & quelques-unes étoient dans une fuppuration complète} le pus qu'elles avoient fourni, s'étoit épanché dans les cellules du poumon, dont Hlieitis étoient mêmes détruites , ce qui donnoit lieu à des foyers de fuppuration fort abondans; mais le pus qu'ils renfermoient , étoit plein de concrétions blan- châtres , filamenteufes, granuleufes, comme eft celui des dépôts fcrofuleux. Les abcès du poumon font d'une nature bien différente dans les phthifiques qui ne‘le font pas d'origine, le pus eft plus lié, plus égal; ainfi tout concourt à prouver que les phthifiques de naïffance, font fcrofuleux : on peut dire que cette forte de malades ont les écrouelles dans les glandes lymphatiques du poumon, comme d’autres les ont dans les glandes maxillaires, dans les glandes méfentériques axillaires, inguinales ou ailleurs. Dans les phthifiques de naiffance, ces glandes font ordi- nairement également affeétées, comme nous l'avons dit; mais de ce qu'elles feroient faines, ce qui eft infiniment rare, on ne feroit pas plus en droit dé nier, dans ces perfonnes , DE TSUNOMCIIMEMN CTENS, 643 lexiflence du virus écrouelleux, qu'on ne fe feroit de nier qu'un homme n’auroit point les écrouelles aux glandes du cou, quoiqu'il en eût toutes les marques, parce qu'il n’auroit pas les glandes méfentériques également affectées, aut vice verfa. Le fang dans les phthifiques de naïflance, & celui des fcrofuleux, fe couvre d’une croûte, dont la denfité approche quelquefois de celle qu’on obferve dans le fang des perfonnes qui ont une pleuréfie ou, une péripneumonie ; ce n'eft que dans les derniers temps, lorfque Îles malades font dans la fièvre lente, qu'ils font bouffis, ou qu’ils ont les jambes engor- gées que leur fang devient plus fluide; enfin, il paroït dans ceux que l’on faigne alors dans une efpèce de diffolution : n'eft-ce-pas au pus qui a pénétré la maffe du fang qu'il faut attribuer ce changement remarquable ? j'ajouterai ici que jai trouvé les mufcles des phthifiques fingulièrement ramollis, lors même qu'ils étoient fans aucune marque de putréfaétion: bien plus, quelquefois les os de ces fujets n’ont pas leur folidité naturelle, fur- tout les os fpongieux; je les ai aufii trouvés très-ramollis dans des perfonnes qui avoient péri à la fuite de la fuppuration de a petite vérole. Je dirai même que les dents perdent quelquefois de leur dureté naturelle, & que fouyent elles reftent blanches ou deviennent comme fi elles avoient été davées avec une liqueur acidule. Mais quelque changemens qui puiffent furvenir dans les diverfes parties du corps, à la fuite de la fuppuration du poumon , elle eft toujours l'effet dans les phthifiques de naif- fince, d’un engorgement fcrofuleux ; c'eft vers cet objet qu'il faut que l'Art dirige fes moyens curatifs: à quoi fervent donc ces boiflons incraflantes que l’on ne cefle de leur donner dès qu'ils commencent à éprouver de la toux? de quelle utilité peuvent être ces laitages qu'on leur fait prendre prefque fans diftintion dans le premier temps de la maladie? ces remèdes font plutôt capables d'augmenter la caufe du mal que de la détruire , ils ne peuvent étre tout au plus que des remèdes palliatifs. Radclif, célèbre Médecin d'Angleterre, M m m m À) 644 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE avoit déjà fait ces obfervations, d’après fa propre pratique. H y a aufll des Médecins du premier ordre qui fe font élevés contre cette manière de traiter la phthifie de naiffance; ils ont confeillé à ceux qui commencent à éprouver les premiers fymptômes de cette maladie, l'ufage d’un exutoire, des apéritifs & des fondans ; mais leur exemple eft très-peu fuivi : on ne peut cependant difconvenir que ce traitement ne foit indiqué par les caufes de la maladie, que les ouvertures des corps ont fait connoître, & dont je viens de rapporter les réfultats dans ce Mémoire; j’ajouterai encore que je me fuis convaincu de l'utilité de cette pratique, d’après ma propre expérience. J'ai traité avec un fuccès manifefle, plufieurs perfonnes qui éprouvoient un commencement de phthifie bien décidée, par l'ufage des bains continués long-temps, des petites faignées rapprochées d’abord, & enfuite réitérées tous les mois ou, tous les deux mois, en leur faifant appliquer un cautère au bras, en leur prefcrivant enfuite divers apéritifs, dont je modérois l’activité fuivant les forces des malades, & fuivant la propenfion qu'ils avoient à la fièvre, en les mélant aux humeétans & aux rafraîchiffans ; les fucs des plantes chi- coracées , feuls d’abord & enfuite avec la terre foliée de tartre, ont étéemployés efficacement; je leur fubftituois celui du creflon & du becabunga; je prelcrivois après le polygala en poudre à forte dofe; les préparations antimoniales, Îles eaux de Baredge combinées avec le mercure, ont produit des eflets très-falutaires ; mais ces remèdes m'ont paru d'autant plus efficaces, que leur ufage a été fecondé de l'équitation & même de la navigation: nous avons fur cet objet, plufieurs obfervations très-intéreflantes, bien conftatées; elles feront réunies & difcutées dans un autre Mémoire que je me propole de communiquer à la Compagnie. OO DES SCIENCES. 645 « MÉMOIRE Sur un phénomène fingulier que préfentent les Acides minéraux , pendant leur concentration ; à fur un nouveau moyen de fe procurer facilement une Eau-forte des plus pures. Par M. DE LASSsONE & CORNETTE. ‘USAGE fréquent que l’on fait des acides minéraux dans la Chimie & les Arts, & les altérations qu'ils éprou- vent par le mélange des différens intermèdes qu'on emploie pour les obtenir, nous avoient’ déterminés depuis dong- temps, M. de Laflone & moi, à chercher les moyens de nous les procurer purs, Connoiffant toute l'étendue & l'utilité de ce travail, nous avions borné là nos recherches, lorfqu'une circonflance heu- reufe nous mit à portée de découvrir à ces acides une propriété inconnue jufqu’alors (celle de leur légèreté pendant leur concentration). Nous avions d’abord jeté nos vues fur l'huile de vitriol, comme facide le plus généralement employé, & celui aufli qui eft le plus fujet à être altéré. Le premier effai que nous fimes nous conduifit à la découverte du phéno- mène fingulier dont nous allons bien-tôt rendre compte. Depuis qu'on eft parvenu à préparer en France, avec faci- lité & en grand, l'huile de vitriol , il paroît qu’on a négligé les moyens de fe procurer cet acide pur: celui qu’on retiroit autrefois d'Angleterre paroïfloit fe rapprocher davantage du degré de pureté que les expériences de Chimie exigent. Mais les Artifles, occupés aujourd’hui de fa préparation, ont, pour ainfi dire, perdu de vue cet objet, & fe font attachés principalement aux procédés les plus économiques & les plus avantageux, 1781: 646 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALr .. L'acide -vitriolique qu'on trouve aétuellement dans le commerce , eft le réfultat de la combuftion du foufre à l'aide d'un peu de nitre; cet acide ainft préparé, n’eft jamais pur; il eft prefque toujours mêlé d'une petite portion. d'acide ni- treux , de tartre vitriolé, de félénite, d’alum, & même quel- quefois d'un peu de plomb, fubftances qui en altèrent la pureté & le rendent infidèle pour les expériences délicates. On seit peu occupé jufqu'ici des moyens de féparer l'acide vitriolique de ces matières étrangères ; car la feule opération que l'on ait faite, a été de chercher à fe le procurer plus fort & plusrapproché, plutôt dans la vue de lui enlever la couleur noire qu'il contracte avec beaucoup de facilité, que de le féparer des parties hétérogènes qu'il contient. Gaubius eft jufqu’ici le feul qui fe foit occupé de cet objet: cet habile Chimifte s’eft afluré qu'on pouvoit obtenir l'huile de vitriol pures dépouillée de toutes'ces matières étrangères, en diftillant cet acide jufqu’à ficcité. IL efb à préfumer que l'acide vitrio- lique dont il s’eft fervi ne contenoit pas d'acide nitreux, car il ne fait aucune mention de la manière de le féparer. Cette obfervation n'a point échappé à M. Macquer /a), car ce Savant dit, en parlant de l'acide nitreux qui fe trouve mêlé avec l'huile, de vitriol, que c’eft un inconvénient d’autant plus grand’, que la Chimie femble ne fournir aucun moyen de purifier l'acide vitriolique-de l'alliage de cet acide. IH étoit donc important de s'aflurer par plufieurs expé- riences, fi l'acide vitriolique, aïnfi altéré par l'acide nitreux, ne pouvoit être féparé de cet acide par aucun procédé parti- culier; maïs après beaucoup de tentatives que nous avons faites pour obtenir l'acide vitriolique pur, nous avons obfervé, que la diflilation étoit le feul moyen que l'on püt mettre en ufage, pour opérer cette#éparation; & pour y parvenir plus fürement, nous crumes devoir faire des mélanges en diffé- rentes. proportions de nitre & d’acide nitreux avec l'acide vitriolique. (a) Diéionnaire de Chimie, premier volume, mage 464: DES $C 1'E N:C E:5. 647 Sur quatre onces d'huile de vitriol très-pure, donnant au pèle-liqueur 67 degrés, & afloiblie enfuite avec quatre oncés d'eau diftillée, nous ajoutames deux gros d'acide nitreux à 40 degrés. Sur une pareille quantité de'ce même acide afloibli, nous verfames une demi-once d’acide nitreux au même degré. Ces deux liqueurs furent mifes chacune féparément dans deux cornues de verre, & furent placées dans 1e même fourneau & au même degré de chaleur. Notre but, en fou- mettant ainfi ces mélanges à la diftillation, étoit de retirer à peu-près la quantité d'eau que nous avions ajoutée, dans la vue d'obtenir l'acide vitriolique dans le même état & au mème degré de concentration , pour le comparer enfuite avec du même acide très-pur. Dans Ia cornue, ».° 1, il refta, après la diflillation, trois onces & demie d'acide vitriolique clair ; fans couleur, il donnoit 68 degrés au pèle-liqueur : cet acide étoit tellement dépouillé d'acide nitreux , que foit en le verfant dans l’eau, foit en le faturant avec les alkalis, il ne laiffa paroître aucune trace de l’exiflence de cet acide. Dans la cornue, .° 2, l'acide vitriolique rendu fans doute plus léger par fon mélange avec l'acide nitreux, étoit pailé entièrement dans Îe récipient, ce qui nous obligea de répéter cette expérience, & de donner, pour cette fois, un moindre degré de chaleur. Dans cette feconde opération, la liqueur réduite à un peu plus de moitié, nous laifla, de même qu'à la première expérience, une huile de vitriol blanche, fans couleur , exempte entièrement de tout mélange d'acide nitreux. Encouragés par le premier fuccès, nous fimes de nou- velles expériences, dans lefquelles nous fubftituames à l'acide nitreux le nitre en fubftance. Sur‘huit onces d’acide vitriolique, affoibli comme ci-deffus, donnant en cet état 40 degrés au pèle-liqueur, nous fimes difloudre deux gros de nitre bien fec; & fur une parcille 648 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALr quantité du même acide, nous ajoutames une demi-once du même fel. La diflolution du nitre par le ».° 7, fe fit avec peine à froid, & fans aucune apparence de décompoñition; nous fumes obligés, pour diffoudre complétement celui du ».° 2, d'employer une chaleur affez forte, mais par le refroidiffe- ment le nitre diflous criftallifoit encore : pendant cette difolution l'acide vitriolique avoit déjà décompofé une petite portion de nitre, car il s’étoit élevé de ce mélange quelques vapeurs d'acide nitreux ; ces liqueurs, foumifes à la diftilla- tion dans des cornues de verre, fe font comportées comme on a coutume de l'obferver dans la décompofition du njtre par l'acide vitriolique, c'eft-à-dire que l'acide nitreux dégagé de fa bafe par l’intermède de cet acide, eft pañlé entièrement dans Îe récipient; l'acide vitriolique refté dans Îes cornues, étoit clair, fans couleur, & totalement féparé de tout mé- Jange d'acide nitreux: nous faifons oblerver que dans ces deux expériences nous n'avions point luté les vaifleaux, nous avons cru apercevoir que lorfque l'acide vitriolique parvenoit à un certain degré de concentration, il attiroit l'air nitreux, & s’altéroit de nouveau, tandis que les vaifleaux étant ouverts, la chaleur qu’exige cette diflillation, difipe entièrement l'air nitreux, & en empêche la réforbtion. D'après ces expériences nous ne pouvions plus douter que Ia diftillation ne füt le feul moyen de féparer l'acide vitriolique de fon mélange avec l'acide nitreux; mais pour ne plus rien laiffer à defirer fur ce point, nous crumes devoir les répéter encore fur une certaine quantité d'huile de vitriol, de Ia manufacture de Javelle , toujours mêlée avec l'acide nitreux. Sur quatre livres de cette huile de vitriol, nous ajoutames une livre d’eau diflillée, cet acide ainfi affoibli, fut foumis à la diftillation dans une cornue de verre, & les produits, à melure qu'ils pañloient, furent féparés en quatre parties égales; nous obfervames que la première liqueur paflée dans le récipient, étoit chargée de tout l'acide nitreux, tandis que les autres en étoient totalement féparées ; cet acide étoit très-pur ; PB HÜSAIS LUCIEN C ES 649 très-pur ; il étoit dépouillé de tartre vitriolé & des autres fub{= tances qui altèrent ordinairement cette efpèce d'acide vitrio- lique : en comparant entreux ces divers produits, pour en examiner la force & la pefanteur, nous fumes très -furpris de trouver la dernière portion que nous étions autorifés à croire plus pefante, devenue au contraire plus légère. Ce phénomène inattendu, entièrement oppolé par fa fingu- larité aux fentimens des Chimiftes, fur la théorie de a concentration des acides, exigea une nouvelle attention; & ce ne fut qu'après avoir répété plufieurs fois cette expérience, & bien conftaté fa réalité, que nous crumes devoir annoncer à l’Académie cette découverte il y a déjà plufieurs années. Dans ce temps, nous ne fommes entrés dans aucun détail fur la manière d'opérer , nous étant réfervé, avant tout, de com- pléter ce travail fur les autres acides minéraux. Pour procéder à cette expérience, nous avons mis dans une cornue de verre bien sèche & bien propre, une livre d'huile de vitriol d ‘Angleterre; cet acide étoit fans couleur & très- concentré ; il donnoit 67 degrés au pèfe-liquer pour Îles acides, conftruit d'après les principes de M. Baumé; nous avons donné la préférence à cet inftrument, comme le plus fimple, le plus exact & le plus commode pour des expé- riences de ce genre: la cornue dans laquelle étoit Fhuiïle de vitriol, a été placée au fourneau de réverbère, elle étoit pofée fur une afiette de terre non verniflée, dans laquelle on avoit mis un peu de fable afin d'empêcher le contact immédiat des charbons embrafés; nous avons commencé 1a diftillation par un très-petit feu d’abord, afin d'échaufler doucement les vaifleaux; puis nous Étane augmenté, & foutenu jufqu'à la diftillation totale de l'huile /de vitriol ; opération qui a duré près de fix heures. Pour recevoir HOT nous avions difpofé quatre récipiens de verre très-propres & très-fecs, que nous avions gradués afin de pouvoir féparer avec plus de jufteffe & de précifion l'acide vitriolique que nous avions deflein de fraétionner; cet acide, divifé en quatre parties égales, & refroidi au même degré de tempé- Mém, 1787, Nnnn 6so MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rature, nous a donné, examiné au pèfe-liqueur, les réfultats fuivans: Ja première portion étoit plus foible, elle ne donnoit plus que 66 degrés; la feconde en donnoit 67, la troifième 67+, & enfin la quatrième, devenue plus légère, ne donnoit plus au pèfe-liqueur que 66 degrés fort; la différence étoit fi fenfible que deux gros d'acide de la feconde fraction, ont exigé trois gros cinquante-deux grains d'alkali fixe pour leur faturation complète, tandis qu'il n’en a fallu que trois gros trente-quatre grains pour la faturation d’une pareille quantité d'acide du dernier produit. Comme d'acide vitriolique éprouve un degré de chaieur tès-fort pour parvenir à fon entière diftillation , ne pourroit-on pas attribuer la légèreté qu'il acquiert, à la préfence du feu dont il fe trouve pénétré! Ne pourroit-il pas fe faire qu’en ayant retenu & fixé une aflez grande quantité, le principe igné fût feul la caufe de ce phénomène! Quelque vraifemblable que puiffe être cette théorie, nous ne la donnons cependant que comme une conjecture: nous nous bornons aujourd’hui à expofer le fait, fans vouloir tirer aucune induction fur la caufe ui le détermine. Il nous fufht dans ce moment de prouver qu'il eft un terme pour la concentration de l'acide vitriolique ; que tant qu'il eft foible, il fuit la loi générale de Ia concen- ration des acides ; mais que lorfqu'il eft parvenu à un certain degré de force, il ne peut pafler outre, & devient enfuite plus léger. Ce phénomène que nous venons de faire connoiître, ne fe borne point à l'acide vitriolique feulement, mais il paroît s'étendre également, & même d’une manière plus fenfible & plus marquée fur les acides nitreux & marins. Ces deux acides, comparables en quelque forte à l’efprit-de-vin, fourniffent, dans leur*reétification, la partie la plus acide au premier degré de chaleur, comme lefprit-de-vin le plus fpiritueux; fingularité remarquable, & qui peut contribuer à faire con- noître de plus en plus {a nature de ces acides. Nous avons mis dans une cornue de verre bien sèche deux livres d'acide nitreux fumant très-pur ; il donnoit au pèfe- DIENSMO CINE N/ICLE-S, 6sr liqueur 45 degrés. Cet acide eft le même que celui qu'on emploie à la Monnoie pour les affinages, & que l’on prépare à la Manufacture de Javelle, Soumis à la diftillation, nous avons divifé les produits en quatre parties égales : Ja première por- tion qui a pañlé dans le récipient avoit acquis plus de force ; aufli donnoit-elle au pèfe-liqueur 46 degrés : le fecond pro- duit, devenu déjà plus foible, ne donnoit plus que 44 degrés +: le troifième, fuivant {a même prôgreffion, étoit à 42 degrés +; & enfin l'acide nitreux de la quatrième fraction étoit plus affoi- bli encore, & ne donnoit au pèle-liqueur que 40 degrés fort. Le premier produit, plus concentré, répandoit à l'ouverture du flacon beaucoup de vapeurs rouges, tandis que les autres diminuoient de force en proportion, & ne répandoient plus que quelques vapeurs blanches légères. L’acide nitreux de {a première fraétion avoit donc fix degrés de plus que celui de la quatrième fraction, & fa force, comparée avec l'acide des autres produits, fe failoit bien apercevoir par fes différentes combinaifons avec les alkalis,& par les diflolutions métalliques. Nous faifons obferver que pour réuflir complètement dans cette expérience, & pour obtenir le même réfultat, il eft néceffaire d'employer l'acide nitreux au même degré que celui dont nous nous fommes fervis, car s’il eft plus foible, il fuit {a loi ordinaire de la concentration. Il nous eft arrivé, voulant con- noître le plus grand degré de force auquel nous pourrions amener l'acide nitreux par la concentration, de foumettre à la diftillation fix livres de cet acide donnant déjà au pèfe- liqueur 41 degrés; de fractionner les-produits en fix parties égales, & de n'avoir pu nous le procurer qu'à 43 degrés foibles; ce qui prouve que l'acide nitreux n’eft pas, ainfi que plufieurs, Chimiftes l'ont avancé , fufceptible de la plus grande concentration : puifque d’après cette expérience faite en affez grande quantité avec de l'acide nitreux déjà très-fort, nous n'avons pu le concentrer que de deux degrés. Cet acide pendant fa diftillation , a fuivi la règle ordinaire, c’eft-à-dire que la partie aqueule a pañfé la première, & la plus acide s'eft trouvée dans le fixième & dernier produit. Nnnn ij 652 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE Comme dans lefprit de nitre fumant , l'acide nitreux eft prefque toujours /uper-faturé de phlogiftique , nous penfames qu'il pouvoit bien fe faire que ce fût à la préfence de cette fubftance que l’on püt attribuer le phénomène dont nous avons parlé dans notre première expérience. Pour éclaircir nos doutes nous primes une livre d'acide nitreux, donnant au pèfe-liqueur 43 degrés, dans fequel nous fimes difloudre un morceau d’acier pefant 24 grains. Cet acide foumis à [a diftillation fut également divifé en quatre parties ; fa première portion plus chargée de phlogiftique & d'air nitreux, laifloit répandre à l'ouverture du flacon beaucoup de vapeurs rutilantes : cet acide plus fort en apparence, étoit cependant plus foible que celui des autres produits, car pour cette fois, f’acide nitreux avoit encore la loi ordinaire de fa concentration, ce qui nous prouva ue pour obtenir le même phénomène il faut néceffairement £ procurer de l'acide nitreux au même degré de force que celui dont nous nous fommes fervis. Pour compléter entièrement ce travail, il nous parut très- important d'examiner fr dans la diflillation du mélange propre à faire l'efprit de nitre fumant, l'acide le plus fort pafferoit le premier, comme dans la rectification de ce même acide. * Nous fimes un mélange d'une livre de nitre pur, douze onces d'acide vitriolique à 67 degrés, & de deux onces d’eau diftillée. Les produits de la diflillation furent divilés en trois parties: la première portion d'acide qui paña, étoit à ær degrés ; celui-ci étoit citrin & répandoit quelques vapeurs rouges; le fecond produit, plus clair, moins rutilant , étoit de même force & au même degré; mais le troifième beaucoup plus fort & très-rouge, donnoit au pèfe-liqueur 47 degrés. Comme cet acide entraîne toujours avec lui une portion de l'acide vitriolique qui fert à le dégager , ainfi que nous l'avons déjà démontré dans un Mémoire 1à à cette Académie en 1777 , imprimé dans le volume de 1779 , nous penfames qu'il pouvoit bien fe faire que ce füt à fa préfence que l’on dût attribuer le degré de force de l'acide nitreux, & nous eumes d'autant plus lieu de nous ‘en convaincre, que l'ayant DNENS OI SRCEIMEUN CAES, 653 foumis à la rectification dans une cornue de verre fur du nitre bien fec, il ne donna plus au pèfe-liqueur que 4.3 degrés. L'acide marin fumant , traité comme acide nitreux , préfenta comme lui les mêmes phénomènes pendant fa recti- fication , mais d’une manière beaucoup plus fenfible encore. Nous avons foumis à la diftillation fur du fel marin décrépité, deux livres de cet acide, donnant au pèfe-liqueur 17 degrés. Les produits en ont été féparés en quatre parties égales ; examinés au pèle-liqueur, ils nous ont donné les réfultats fuivans. L'acide marin de la première fraétion donnoit 2# degrés, le fecond 14, le troifiéme 1 1 +, & enfin le qua- trième produit étoit tellement afloibli qu'il ne donnoit plus que 10 degrés un quart. L'acide provenant de ces diflillations étoit clair, fans couleur; celui de la première fraction, plus fort & plus concentré, répandoit beaucoup de vapeurs blan- ches à l'ouverture du flacon , tandis que Îes autres produits en faifoient à peine apercevoir : mais pour réuflir à cette expérience & pour obtenir les mêmes réfultats, il eft effentiel® d'employer l'acide marin au même degré de force ; fans cette précaution, il fuit la loi ordinaire de la concentration des acides. Le fel marin fe comporte comme le nitre dans fa diftillation, il laïfle échapper d'abord la partie la plus aqueufe, & fon acidité augmente par la progreffion de Ja chaleur, & à mefure que la diftillation s’avance. Cette différence f1 marquée entre Ja légèreté particulière de ces deux acides nitreux & marins, nous conduifit tout natu- rellement à examiner fi par la fimple diftillation feulement & fans aucune addition, nous ne pourrions pas parvenir à féparer entièrement de lacide nitreux, tout l'acide marin qu'il pouvoit contenir. La première expérience que nous fimes furpafla nos efpérances , & nous prouva que nous pouvions arriver complétement & avec facilité au but que nous nous étions propolé. . Nous fimes un mélange de 4 onces d’acide nitreux très- pur, donnant 40 degrés au pèfe-liqueur , avec 1 gros d'acide marin fumant à 17 degrés: nous ajoutames fur le tout une 6 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE $ once d’eau diftillée : cette liqueur, foumife à la diffillation dans une cornue de verre à une chaleur douce, nous fournit environ une once & demie d'acide très-afloibli, qui fe trouva chargé de tout l’acide marin ; car l'acide nitreux, refté dans la cornue, étoit très-pur, il ne précipitoit point la diffolu- tion d'argent. Encouragés par cette première expérience, nous crumes devoir la répéter avec de nouveaux mélanges faits dans des proportions différentes d’acide nitreux & d'acide marin. Le premier fut compofé de 4 onces d’acide nitreux, au même degré qu’à l'expérience précédente, & d’une demi- once du même acide marin fumant ; le fecond, de 4 onces du même acide nitreux & d’une once d'acide marin : nous ajoutames fur chacun deux onces d'eau diftillée, car depuis long-temps nous avions obfervé que lorfque l'acide nitreux étoit feul, une plus grande quantité de cet acide pañloit dans _ le récipient avec l'acide marin; au lieu qu'à Ja faveur de l’eau Mäiftillée, tout l'acide marin, plus volatil que l'acide nitreux, fe trouvoit mêlé avec l'eau & emportoit moins de cet acide, ce qui nous donnoit des différences très-grandes dans la quantité des produits; mais {1 l'opération avoit été conduite avec ménagement, il pouvoit refler dans chaque cornue environ trois onces, & quelquefois plus, d’acide nitreux très-pur, entièrement dépouillé de tout mélange d’acide marin. D'après ces expériences, ifnous vint dans l'idée d'examiner encore fi nous ne pourrions pas obtenir le même réfultat avec de l’eau-forte ordinaire, celle des Diflillateurs d'eau-forte. Cet acide, comme l'on fait, eft très-foible, il eft préparé avec le falpêtre ordinaire non purifié ; fel toujours mêlé d’une affez grande quantité de fel marin, de forte que l'acide qu'on en retire doit être plutôt regardé comme une efpèce d’eau régale que comme de l'acide nitreux, puifqu'il a beaucoup de propriétés qui le rapprochent de a nature de cet acide. * Nous primes donc quatre livres de cette eau-forte, ou pour mieux dire eau régale, donnant au pèfe-liqueur 27 degrés, DHEUS. SC LE N CES, 655 que nous fimes diftiller dans une cornue de verre, Lorfque la moitié ou environ de la liqueur fut paflée dans le récipient, nous délutames ce vaifleau pour en fubftituer un autre, afin de féparer cet acide de Ia terre & des autres fubftances qu'il entraîne ordinairement avec lui. Nous reconnumes bientôt que Îa liqueur contenue dans 1e premier récipient avoit em- porté avec elle tout l'acide marin, car la feconde portion ne précipitoit plus la diflolution d’argent : cet acide étoit clair, fans couleur , il répandoit à l'ouverture du Hacon beaucoup de vapeurs blanches, & donnoit dans cet état 40 degrés au pèfe-liqueur, tandis que l’autre, provenant du premier pro- duit, n'en donnoit que 15 ; cet acide étoit de Ja plus grande pureté; comme le falpètre avoit été décompolé par l'argile, nous n'avions pas à craindre que fon acide fût mélé d'acide vitriolique, ce qui arrive ordinairement, ainfi que nous l'avons déjà dit, lorfqu’on décompole ce fel par l'intermède de l'huile de vitriol à la manière de Glauber. Avant de terminer le détail de cette opération, nous croyons devoir prévenir que pour éviter les tâtonnemens qu'elle exige, & pour parvenir tout de fuite à un plein fuccès, il convient, avant de changer de récipient , d'examiner la liqueur qui diftille avec {a diflolution d'argent étendue dans l’eau diftillée; & lorfque l'on apercevra qu'il ne fe formera plus aucun pré- cipité, que la liqueur ne deviendra plus opaque, alors on pourra changer de récipient, & continuer la diftillation pour {e procurer de l'acide nitreux pur , dépouillé de toutes matières étrangères. Cet acide ainfi préparé, peut être de la plus grande utilité pour les Arts, & particulièrement pour les départs d’or & d'argent; il nous paroît qu'il doit être préférable à l'eau-forte Précipitée felon la méthode ordinaire, c'eft-à-dire à celle. dépouillée d’acide marin par la diffolution d'argent, métal qui à la faculté de s'emparer de cet acide & de former avec lui une efpèce de fel ou combinaifon particulière qu’on appelle lune cornée; mais comme cette line cornée eft en partie foluble dans la liqueur, on ne fauroit difconvenir que fi 656 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE l'on veut faire des expériences délicates avec cet acide aïnff précipité , il faut apporter la plus fcrupuleufe attention dans fa préparation, encore arrive-t-il fouvent qu’on eft expolé à être trompé par les faux réfultats qu'il préfente. Nous avons obfervé plufieurs fois en diflillant cette eau-forte, que fi on n'avoit pas foin de féparer les premières portions de liqueur qui paffent dans le récipient, elle fe trouvoit altérée fouvent par une petite quantité de lune cornée, ou un peu d’acide marin foiblement combiné qui monte avec elle pendant la diftillation. L’eau-forte préparée de notre manière, ef dans un état de pureté tel qu’elle n’attaque pas l'or. M. Tillet, à qui depuis long-temps nous avions fait part de nos expériences, a bien voulu nous procurer deux cornets d'or fin pour les foumettre à l'action de cet acide. Le premier cornet pefant 32 grains +7, foumis à l’ébullition dans un matras de verre avec deux onces de notre acide, n’a fouffert aucun déchet. Le fecond cornet pefant 23 grains +Z, diftillé dans une cornue de verre avec fix onces du même acide, à la réduétion d'une demi-once , n’a perdu qu'un 32 + de fon poids. La portion d'acide qui refloit étoit un peu colorée , l'or n'étoit que fufpendu dans cette liqueur , car au bout de quelques jours il fe précipita fous fon brillant métallique ; preuve non équivoque de l'infolubilité de ce métal dans l'acide nitreux très - pur. I paroît que dans cette opération l'acide nitreux ainfi concentré par une ébullition Iong-temps continuée fait fonction de lime, qu’il ufe & détache par le frottement con- tinuel qu'il exerce fur l'or, des particules fi fines & fi déliées, qu'il leur faut quelque temps de repos pour fe raflembler & reparoître dans leur état métallique. Ce que nous donnons ici comme conjeéture, fera mis dans un plus grand jour par M. Tillet, qui a fait fur ce fujet une fuite d'expériences nombreufes , & defquelles nous efpérons que ce Savant voudra bien enrichir la Chimie. CARE MEMOIRE DES SCIENCES. 657 M ÉMOIRE SUR LES ÉLECTIONS AU SCRUTIN *. Par M. DE BORD A. C "EST une opinion généralement reçue, & contre laquelle je ne fache pas qu'on ait jamais fait d’objection, que dans une élection au fcrutin , la pluralité des voix indique toujours Îe vœu des électeurs, c'eft-à-dire, que le Candidat qui obtient cette pluralité, eft néceffairement celui que les électeurs préfèrent à fes concurrens. Mais je vais faire voir que cette opinion, qui eft vraie dans le cas où l'élection fe fait entre deux fujets feulement , peut induire en erreur dans tous Îles autres cas. Suppofons, par exemple , que l’éleftion fe faffe entre trois fujets préfentés À, B, C, & que les électeurs foient au nombre de 21: fuppofons encore que de ces 21 électeurs, il y en ait 1 3 qui préfèrent le fujet B au fujet À, & que 8 feulement préfèrent le fujet À au fujet B ; que ces mêmes 13 électeurs donnent aufli la préférence à C {ur À, tandis que les 8 autres la donnent à À fur C'; il eft clair qu'alors le fujet A-aura, dans l’opinion collective des électeurs, une infériorité très- marquée, tant par rapport à B que par rapport à C, puifque chacun de ces derniers, comparé au fujet À ,a 13 voix, tandis que le fujet À n'en a que 8; d'où il fuit évidemment que le vœu des électeurs donneroït l'exclufion au fujet À. Néanmoins il -pourroit arriver qu’en faïfant l'éleftion à [a manière ordinaire , ce fujet eût la pluralité des voix. En effet, il n’y a qu'à fuppofer que dans le nombre des 13 életeurs qui font favorables aux fujets B & C, & qui donnent à l’un & à l’autre la préférence fur À, il y en ait 7 qui mettent B * Les idées contenues dans ce Mémoire, ont déjà.été préfentées à l’Aca- “démie il y a quatorze ans, le 16 Juin 1770. Mem. 1787, Oooo 658 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE au-deflus de €, & 6 qui mettent C au-deflus de B, alors, en recucillant les fuffrages , on auroit le réfultat fuivant : 8 voix pour À. 7 voix pour B. 6 voix pour €. Ainfi le fujet À auroit la pluralité des voix, quoique, par lhypothèfe, Fopinion des éleéteurs lui füt contraire. En réfléchiffant fur exemple rapporté, on voit que le fujet À n'a l'avantage dans le réfultat del’élection, que parce que les deux fujets 2 & C, qui lui font fupérieurs, fe font partagé à peu-près également les voix des 13 électeurs. On pourroit les comparer aflez exaétement à deux Athlètes, qui, après avoir épuifé leurs forces l’un contre l’autre, feroient enfuite vaincus par un troifième plus foible que chacun d'eux. I réfulte de ce que nous venons de dire, que la manière ordinaire de faire les élections eft très-défectueule, & le défaut vient de ce que dans cette forme d'élection les électeurs ne peuvent faire connoître d'une manière aflez complète leur opinion fur les différens fujets prélentés. En effet, que parmi plufieurs fujets 4, B,C, D, &c. un des éleéteurs donne fa voix à 2, & qu'un autre la donne à C’, le premier ne pro- nonce que fur la fupériorité de Z, relativement, à tous fes concurrens, & ne dit pas quelle place il afligne à C parmi ceux qu’il ne nommepas. Pareillement le fecond, qui accorde à C la préférence fur tous, ne dit pas non plus quelle place il donne à B ; cependant cela ne peut être regardé comme indifférent, parce que celui des deux qui obtient une place plus diftinguée parmi ceux qu'on ne nomme pas, a, toutes chofes égales d’ailleurs, une raifon de préférence fur l'autre, & en général a prétention de chaque fujet à la nomination faite par les électeurs , eft le réfultat des différentes places qu'il occupe, dans l'opinion de chaque éleéteur ; d’où lon voit que pour qu'une forme d'élection foit bonne, il faut qu'elle donne aux éleéteurs le moyen de prononcer fur le mérité de chaque fujet, comparé fucceffivement aux mérites DHE AIS LS x ICHMRE: IN AC ESS 659 de chacun de fes concurrens. Or, il y a pour cela deux formes d'élection qu'on peut également adopter; dans la première, chaque électeur afligneroit des places aux fujets préfentés, fuivant le degré de mérite qu’il reconnoitroit à chacun d'eux; dans la feconde, on feroit autant d'élections particulières qu'il y auroit de combinaifon entre les fujets pris deux à deux, & par-là on compareroit fucceflivement chaque fujet à tous les autres. Il eft aifé de voir que cette dernière forme dérive néceflairement de la première, & que l’une & l'autre expli- . queroient, aufli complétement qu'il eft poffible, l'opinion des électeurs fur tous les fujets préfentés ; mais il s’agit de favoir comment on conclueroit le réfultat des fuffrages dans ces deux efpèces d'élection ; & c’eft ce que je vais examiner dans Îa fuite de ce Mémoire. Je commencerai par la première efpèce d'élection que j'appellerai é/ection par ordre de mérite. Suppofons d’abord qu'il n'y ait que trois fujets préfentés, & que chaque éleéteur ait inicrit leurs trois noms fur un billet d'élection, en les ran- geant fuivant le degré de mérite qu'il attribue à chacun d'eux, A, A, B,C, & foient #,c,4,5, , &c. ces billets d'élection ; je confi- Ë CB; A5. à dère d’abord un de ces billets, par exemple, le premier dans lequel un électeur a donné la première place à À, la feconde à 2, & la troifième à C, & je dis que le degré de fupériorité que cetélecteur a accordé à À fur 2, doit être cenfé le même que le degré de fupériorité qu'il a accordé à B fur C ; en efet, comme le fecond fujet B eft également fufceptible de tous les degrés de mérite compris entre les mérites des deux autres fujets À & C', on n’a aucune raifon de dire que l’éleéteur qui a réglé les rangs entre les trois fujets, ait voulu le placer plus ou moins près de A que de C, ou, ce qui eft la même chofe, qu'il ait attribué plus de fupériorité au premier fur le fecond, qu'il n'en a attribué au fecond fur le troifième. Je dis enfuite, qu’à caufe de l'égalité fuppolée entre tous les éleéteurs , chaque place affignée par un des électeurs, doit être cenfée de mème valeur, & fuppofer le même degré de mérite que la place 000 i) 66o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE correfpondante aflignée à un autre fujet, ou au méme paï un autre éleéteur quelconque. Il fuit de-là, que fr on veut repréfenter par à, le mérite que chaque éleéteur attribue à fa dernière place, & par a + b celui qu'il attribue à la feconde, il faudra repréfenter per a “+ 2b le mérite qui convient à a première, & il en fera de même des places données par les autres électeurs, dont chaque dernière fera également repréfentée par a, chaque feconde par a + b, & chaque première par ERNI2: Suppofons maintenant qu'il y ait quatre fujets préfentés. On prouvera par le mème raifonnement, que la fupériorité de la première place fur la feconde, celle de la feconde fur la troi- fieme , & celle de la troifième fur la quatrième, doivent être cenfées égales; & que les places correfpondantes données par les diférens électeurs, fuppofent le même degré de mérite; d'où on conclura que les mérites attribués par les électeurs aux quatrième , troifième, feconde & première places, pour- ront être repréfentées par a,a + b,a + 2b,& a + 34. I en fera de même pour un plus grand nombre de fujets préfentés. ‘a Cela pofé, il fera facile dans une élection quelconque , de comparer la valeur des fuffrages accordés aux diflérens fujets. Pour cela, on multipliera par a, le nombre des dernières voix données à chaque fujet; par a + 0, le nombre des avant-dernières voix; par & +- 20, le nombre des voix précédentes & ainfi de fuite, on ordonnera tous ces. différens produits pour chaque fujet, &: les fommes de ces produits repréfenteront la valeur des fuffrages accordés. N H eft aifé de voir que dans la queftion dont il s’agit, les quantités a & b, peuvent être tout ce qu'on voudra, on pourra. donc fuppofer 4, —=,1 & 6 — 1, & alors la valeur des fuflrages de chaque fujet, fera repréfentée en multipliantle Le DE S\ SCIENCE s. 661 nombre des dernières voix par 1, celui des avant-dernières voix par 2, celui des précédentes par 3, & ainfi de fuite jufqu'au nombre des premières, qui fera multiplié par le nombre même des fujets. Donnons un exemple d'une éleétion de cette efpèce ; fuppofons encore 21 électeurs & trois fujets préfentés À, B, C, & foient AAAAAAAABBBBEBBBCCCCCC BCE CAC: COCHCNCLCTCIC/CECEC BBF BITETE CBBBBBBB AAA AAA AA A À À À À, les 2 1 billets d’életion. On aura par ce que nous avons dit, la valeur comparative des fuffrages en multipliant les pre- mières voix par 3, les fecondes voix par 2, & les troifièmes par 1, ce qui donnera les réfultats fuivans, ; 8 premières voix, multipliées par 3 = 2 Suffrages de A... SAT ANS PRÉSTSSE 24 _ 1 3 troifièmes voix, multipliées par r = 13 7 premières voix, multipliées par 3= 21 Suffrages de B.. 7 deuxièmes voix, multipliées par 2— 14 $ 42, 7 troifièmes voix, multipliées pari = 7 1 6 premières voix, multipliées par 3= 1 8 Suffrages de C.. 14 deuxièmes voix, multipliéespar2= 28 : 47, 1 troifième voix, multipliée pari 1 d'où l’on voit que la fupériorité des fuffrages feroit em faveur du fujet €, que la feconde place feroit donnée au fujet B, & la dernière au fujet A. IL eft à remarquer que fr on avoit fait l'élection à la ma- ière ordinaire, on auroit eu le réfultat fuivant, 8 voix pour À, 7 voix pour B, 6 voix pour C, 662 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE c’eft-à-dire que la pluralité auroit été pour le fujet 4, qui eft le dernier dans l'opinion des électeurs, & que le fujet €, qui eft réellement le premier, auroit eu moins de voix que chacun des deux autres. Suppofons maintenant qu'on veuille employer la méthode des életions particulières, & qu'il y ait également trois fujets préfentés A,B,C; comme on peut combiner ces trois lujets pris deux à deux de trois manières différentes, il faudra faire trois élections particulières. Soient les réfultats de ces élections comme il fuit. » — À, 1.° élection entre À & B... : voix pour voix pour B, 2< éleion entre À & C... É Mont À, c voix pour €, , € voix pour C, 3. élection entre B & C2 à voix pour B, J s’agit de trouver Ia valeur comparative des fuffrages accordés aux trois fujets. Pour cela, nous fuppoferons que ces élections font le réfultat d'une élection par ordre de mérite, ce qui eft toujours poffible, parce qu’en connoiffant le rang que chaque füjet occupe dans l'opinion de chaque éleéteur, on peut toujours déterminer le nombre de voix qu'il doit avoir dans une élection faite entre lui & un autre fujet quelconque, Cela poé, foit y, le nombre des premières voix que Ie fujet À auroit eues dans cette éleétion par ordre de mérite ; x, le mombre des deuxièmes voix; & 7, le nombre des troifièmes voix. Il eft clair qu’alors a valeur des fuffrages du fujet À, feroit repréfentée par 3 y + 2 x + z; mais ÿ + x + Z — le nombre total des électeurs; foit donc ce nombre — Æ, on aura en éliminant Z7, la valeur des fufirages de À, repréfentée par 2 y + x+£, ou fimplement par 2 y + x, parce que Æ eft commun à tous les fuffrages. Maintenant , je remarque que, pour chaque première voix quele fujet Aauroit eue dans l'élection D ES: S1CT/EUN CEE s: 663 par ordre de mérite, il doit avoir deux voix dans les élections particulières; favoir, une dans l'éleétion entre 4 & B, & une autre dans l'élection entre À & C; que pour chaque feconde voix qu'il auroit eue dans 'éleétion par ordre de mérite, il n'en aura qu'une dans les élections particu- liéres; & que pour les troïfièmes voix, il n'en aura aucune. D'où l'on conclut que le nombre de voix qu'il aura dans toutes les éleétions particulières , favoir, à + 4! fera — 2 y + x; mais nous venons de voir que cette quantité 2 y + x repréfentoit [a valeur des fuffrages dans l'éleétion par ordre de mérite ; donc la quantité à + 4! la repréfentera aufli dans les éleétions particulières, c'eft à- dire que la valeur des fuffrages accordés à un des fujets, fera repréfentée par la fomme des voix qu'il aura eues dans toutes les élections particulières qui le concernent; ce qui s'applique évidemment aux élections faites entre un plus grand nombre de fujets préfentés, . Si on détermine les valeurs de a, æ, b,b', c, «!, d'après la fuppofition que les éleétions particulières foient le réfultat de l'élection par ordre de mérite qu'on a rap- portée ci-deflus, on trouvera na Cr MT ER UCI = 8, F = 23) = 13; , [4 & par conféquent, on aura les fuffrages de À où à + à — 16, les fuffrages de B ou à + — 712, les fuffrages de € ou € + € = 26; ce qui donne entre les trois fuffrages, les mêmes différences qui avoient été trouvées par la première efpèce d’éledion. Au refte, nous remarquerons ici que la feconde forme d'élection dont nous venons de parler, feroit embarraffante dans la pratique, lorfqu'il fe préfenteroit un grand nombre de candidats, parce qu'alors le nombre d'élections particu- lières. qu'il faudroit faire, feroit fort grand. D’après cela, on 664 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE doit préférer la forme d'élection par ordre de mérite , qureft beaucoup plus expéditive, Je terminerai ce Mémoire par l'examen d’une queftion particulière relative à 1a manière ordinaire de faire es élections. J'ai fait voir que dans ces életions, la pluralité des voix n'eft pas toujours une indication certaine du vœu des électeurs ; mais cette pluralité peut être ft grande qu'il ne foit pas poffible que le vœu des électeurs foit pour un autre que pour celui quia obtenu cette pluralité. Pour déterminer dans quels cas cela a lieu, foit 47, le nombre de fujets préfentés ; Æ, le nombre d'éleéteurs; À, le fujet qui a la pluralité; 2, celui qui, après le fujet À, a le plus grand nombre de voix; enfin y, les voix du fujet À; &z, celles du fujet 2. Suppofons enfuite qu'on faffle une éleétion par ordre de mérite entre tous les fujets, il eft clair qu'alors le fujet A aura un nombre de premières voi£ — y, & que le fujet B en aura un nombre — 7. Maintenant tout ce qui pourra arriver de plus défavorable au fujet À, fera, que les électeurs qui ne lui ont pas donné la première place, le mettent à la dernière, & que ceux qui n'ont pas donné Ia première place à B, lui accordent tous la feconde. Dans ce cas, comme Îa valeur des premières places eft repréfentée par »”, celle des fecondes par # — 1, & celle des dernières par 1, on aura la valeur des fuffrages de À — my H'E — y ;18& celle des fuffragest de, BI Urmg + (m — 1).(E — 7); H faudra donc pour quele réfultat de l’éleétion foit néceflairement en faveur de À, qu'on ait my + E— y>(mz; — 1)(E — 3), + (m— 21).E ou Y> VUE , Soit m — 2, on aura y>7, c'efl-à-dire que dans le cas où l'élection fe fait entre deux fujets feulement, le fujet qui a la pluralité des voix, eft légitimement élu ; 2. ans BAIE LS SN MNELANAC LE :S; 665 dans ce cas, mais dans celui-là feulement, la forme ordinaire des élections donne un réfultat exact. Suppoions que le füujet B ait toutes les voix que n'a pas le fujet À, alors on aura t — ÆE — y; mettant cette M — 1 valeur dans l'expreffion ci-deflus, on aura ÿ >'E". m1 Si, dans cette dernière expreflion, on fait m — 3, on aura y — $ Æ, cefl-à-dire que, lorfqu'il y a trois fujets préfentés, il faut, pour qu'un des fujets foit afluré d'avoir le vœu des électeurs, qu'il ait plus des deux tiers des voix. On trouvera de même que, lorfqu'il y a quatre fujets prélentés, y doit être plus grand que + de £, & ainfi de fuite. Enfin, foit le nombre de füujets égal au nombre d’élec- teurs ou plus grand que ce nombre, l'expreffion ci-deflus J > TE - deviendra celle-ci y > £ — 1x, c’eft-i-dire qu'alors l'élection ne peut être rigoureufement décidée que par l'unanimité, réfultat aflez extraordinaire qui juftifieroit l’ufage que fuit une nation du Nord dans l'élection de fes Rois. Il me refte à .obferver, en finiflant ce Mémoire, que tout ce que nous avons dit fur les életions, s'applique éga- lement aux délibérations faites par les Corps ou Compagnies; ces délibérations ne font en efiet que des efpèces d'élections entre différentes opinions propolées , elles font donc fujettes aux mêmes règles, Mém. 1781. Pppp 666 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE MÉMOIRE SUR LA ë TH'ÉO RME SD ES D 'É'B L'AMIS” ER DE RSI RME MN EP VENANTEER Par M M ONGE. Er doit tranfporter des terres d’un lieu dans un À _} autre, on a coutume de donner le nom de Déblai au volume des terres que l’on doit tranfporter, & Îé nom de Remblai à Yefpace qu’elles doivent occuper après le tranfport. Le prix du tranfport d’une molécule étant, toutes choles d’ailleurs égales, proportionnel à fon poids & à l’efpace qu'on lui fait parcourir, & par conféquent le prix du tranfport total devant être proportionnel à la fomme des produits des molé- cules multipliées chacune par l'elpace parcouru , il s'enfuit que le déblai & le remblai étant donnés de figure & de poñition, il n'eft pas indifférent que telle molécule du déblai {oit tranfportée dans tel ou tel autre endroit du remblaï, mais qu'il y a une certaine diflribution à faire des molécules du premier dans le fecond, d’après laquelle la fomme de ces produits fera {a moindre pofñible, & le prix du tranfport total {era un minimum. ftr C’eft la folution de cette queftion que je me propole de donner ici. Je diviferai ce Mémoire en deux parties, dans la première je fuppoferai que les déblais & les remblais font des aires contenues dans un même plan: dans le fecond, je fup- poferai que ce font des volumes. | PREMIÈRE PARTIE. Du tranfport des aires planes fur des aires comprifes dans un même plan. EE QuEeLce que foit la route que doive fuivre une molécule DES SGIENCE S. 667 du déblaï pour arriver au remblai, de manière que Le prix du tanfport total foit un sénimum, en fuppofant qu'il n'y ait point d’obftacle, cette route doit être une ligne droite ; & en fuppofant qu'elle doive paffer par des points déterminés, elle doit être une ligne droite d’un point à f'autre. LE Lorfque le tranfport du déblai fe fait de manière que Ia fomme des produits des molécules par l'efpace parcouru eft un #inimnm , les routes de deux points quelconques A&B, ne doivent pas fe couper entre leurs extrémités, car la fomme Ab + Ba, des routes qui fe coupent, eft toujours plus grande que la fomme À a + B 6, de celles qui ne fe coupent pas, Je fuppoferai dans la fuite que le déblai foit d’une denfité uniforme, & qu’il foit divifé en molécules égales entre elles, afin que la queftion foit fimplifiée & réduite à faire en forte que la fomme des routes foit un minimum. TT Étant données fur un même plan deux aires égales À B CD, & abcd, terminées par dés contours quelconques, continus ou difcontinus , trouver la route que doit fuivre chaque molécule 47 de la première, & le point # où elle doit arriver dans la feconde, pour que tous les points étant femblablement tranfportés , ils rempliffent exactement la feconde aire, & que la fomme des produits de chaque molécule multipliée. par l'efpace parcouru foit un minimum. Si par un point 4 quelconque de Ja première aire, on mène une droite B d, telle que le fegment B À D foit égal au fegment 4 a d, je dis que pour fatisfaire à la quef- tion , il faut que toutes les molécules du fegment Z AD, foient portées {ur le fegment & a d, & que par conféquent les molécules du fegment B C D foient portées fur le fegment égal bc d; car fi un point Æ quelconque du fegment 2 Pppp i Fig. 2, 668 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE A D , étoit porté fur un point 4 de & c« d, il faudroit né- ceffairement qu'un point égal Z, pris quelque part dans 2 C D, fût traniporté dans un certain point / de b à d, ce qui ne pourroit pas fe faire fans que les routes A4, LI, ne fe coupañlent entre leurs extrémités & la fomme des produits des molécules par les elpaces parcourus ne feroit pas un minimum. Paxeillement, fi par un point A7 infiniment proche du point #7, on mène la droite 2" 4’, telle qu'on ait encore le fegment 8’ A' D', égal au fegment £' a! d', il faut pour ue la queftion foit fatisfaite, que les molécules du feyment B' A! D'foient tranfportées Le b' a d'. Donc toutes les molé- cules de l'élément B B' D' D doivent être tranfportées fur l'élément égal dd’ d' d. Aiïnfi en divifant le déblai & le rem- blai en une infinité d’élémens par des droites qui coupent dans l’un & dans l’autre des fegmens égaux entr'eux, chaque élément du déblai doit être porté fur l'élément correfpondant du remblaï. Les droites B 4 & B'4' étant infmiment proches, il eft indifférent dans quel ordre les molécules de l'élément 2 LB! D' D fe diftribuent fur l'élément 4 L’ d' 4 ; de quelque manière en effet que fe fafle cette diflribution, la fomme des pro- duits des molécules par les efpaces parcourus, eft toujours la même; mais fi l’on remarque que dans la pratique il convient de débleyer premièrement les parties qui fe trouvent fur le pañlage des autres, & de n'occuper que les dernières les parties du remblai qui font dans le même cas; la molécule M M! ne devra fe tranfporter que lorfque toute la partie 44 M D'D qui la précède, aura été'tranfportée en”! d'd; donc dans cette hypothèle, fi l'on fait mm'd'd — MM D' D; le point # {era celui fur lequel le point 42 fera tranf- porté: Appliquons actuellement l'analyfe à cette folution, € Tout étant rapporté à deux axes rectangulaires GT, GC Z, les x fe comptant fur le premier, & Les y fur le fecond, foient DES SCIENCE s. 669 Fx Yéquation de Ia branche A BC, ‘Fx celle de la branche CD À, f x celle de la branche 2846, & f x celle de la branche c da, dans lefquelles les caractères F, °Æ#, f & f indiquent des fonctions données. ” Soient x! & y! les coordonnées du point 47, 4 & v celles du point m, de manière que l'on ait GP = x!', PM ==, Gp —= u, & pm — v, il eft évident que la queftion confifte à trouver les valeurs de 7 & de y en x’ & y'; pour cela, foient prolongées les droites B 4 & B! d', jufqu'à ce qu'elles fe rencontrent quelque part en un point M, duquel & des points 8, D, b, d, foient abaillées les ordonnées NQ, BE, DF, be & df; cela polé, les conditions que nous avons à exprimer, font que l’on ait MM D'D = mn d'd& BBM'M = bl'mm, ou, ce qui revient au même, : » (A) (BB + MM)EP = (bb + mm)ep, (GB) MM + DD')PF = (mm + dd')pf. Or, l'équation de ia droite B 4, rapportée aux n:8mes axes, eft généralement de la forme y = ax + 4; & fi l'on veut exprimer que cette droite pafle par le point 47, dont les coordonnées font x’ & y’, ce qui détermine la quantité b, cette équation devient y — y — a {x — x), dans laquelle a eft la tangente de l'angle que cette droite. fait avec la ligne des x; le point "” étant à cette droite, les coordonnées de ce point doivent avoir la méme relation; on aura donc (Cv —-y = a (nu — x). Actuellement l'abfcifle G Æ eft celle qui correfpond à Tinterfection de la droite Bd, avec la branche ABC; on aura donc fon expreflion en égalant les valeurs de Y, priles dans l'équation de cette droite & dans celle de la courbe, Il en eft de même des autres abfcifles GE, Ge, Gf, pour les autres branches € D À, abc, cda; donc fi on pole les ‘quatre équations fuivantes, $ & & HI 670 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ex — y —=a(x — x) Fx — y = a(x — x) fx — y = a(x — x) fx — y = a(x — x), Les valeurs de x en x’, y & a, tirées de ces quatre équations, feront les exprefions des abfcifles GE, GF, Ge, Gf; & foient #, #, U, U, ces quatre valeurs, on aura EPI=EUEUX PF=X —# ep =u — U ATTES D; Quant aux autres quantités qui entrent dans les équations /A) & (B), il faut obferver que l'angle B NB", eft la difié- rentielle de celui dont la tangente eft 4; on aura donc B B" — QE. da, MM = QP. da, DD'— QF, da, & ainfi des autres; donc pour avoir leurs expreflions, il ne s'agit plus que d’avoir la valeur de GQ, Or, l'abfcifle GQ & l'ordonnée Q N, font celles de la droite Bd, qui ne varient point lorfque cette droite devient B'W', ou, ce qui revient gmème , lorfque dans fon équation à devient a + da; donc fi l’on différencie y—Y =a(x —*«) en regardant x & y comme conflans, ce qui donne — dy = da(x — x#) — adx la valeur de x que lon obtiendra, fera celle de GQ; on aura donc #4 d(ax' — y») ; Co DEP ce qui donnera B B = Xda + d(y — ax), MM = xda + d(yÿ — ax), DD' = Xda + d(ÿ — ax), BE — Uda + d(y — ax), mm = uda + d(yÿ — ax), d d' = Vda + d(yÿ — ax), DHE xs ISLCUR RE, NUCLE.:s. 671 Subftituant ces valeurs dans les équations / 4), (B), & réduifant, on aura D) PONT da D YX D À UN db — ax) = (E) Lee ue — U*?da+2$X —x +u — U?} d (ÿ — ax!) Les trois équations /C), (D), (E), donneront en x’ & y’, les valeurs demandées de a, u & V. VE Nous avons vu que pour fatisfaire au sinimum, il fufffoit que l'élément B B' D' D füt tranfporté fur l'élément corref- pondant 2 b' d'd; & qu'il étoit indifférent dans quel ordre les molécules du premier fuffent diftribuées fur le fecond; dans ce cas les coordonnées 7 & W du point ”, font indéterminées, & la folution de la queftion ne comporte que la recherche * de la direction de la route du point 47, c'eft-à-dire qu'il fuffit alors de trouver la tangente a de l'angle que cette route fait avec la ligne des x. Si l'on divife lune par l'autre les deux équations /D) & (Æ), on aura entre les quantités 4, v, x! & y’, l'équation finie, (CE) (A — 4% + — UV) (X — x + u U) = (X — x + — UT) (X — x + u — UV), & fi on les retranche l’une & l'autre, on aura (G (Æ—X°—U+U*)da+2(X2X—U+U)d(ÿ -ax)=0; c’eft cette dernière équation qui donnera la valeur de # en x! & y, indépendamment de 4 & de »; & la conftante arbi- traire introduite par l'intégration, fe déterminera d’après Ja condition que l'aire B AD foit égale à l'aire bad, condition qui n'a pas été employée dans le cours de {a folution. La uantité a étant ainfi déterminée, les deux équations finies (C) & (F), donneront enluite les valeurs de u & de y en x! & y’, lorfqu'on voudra de plus que l'aire 4147! D'D foit égale à l'aire wm' d'd. Il 672 MéÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE V ï: La direction de Ia route de Ia molécule quelconque 1, étant connue, il eft facile d’avoir le prix total du tranfport. En eflet, il eft évident que fi l'on trouve l'expreffion de la f>mme des produits des molécules de l'élément BB! D'D du déblai, multipliées chacune par l’efpace qu'elle doit par- courir pour être tranfportée fur l'élément correfpondant 44’ d'd du remblai;, qu'on intègre enfuite cette expreflion qui doit être une différentielle du premier ordre, & qu’on étende fon intégrale depuis la route extrême Aa, jufqu'à l'autre route extrême Cc, on aura la fomme demandée. Or, les deux routés infiniment proches 24, B'L', qui terminent l'élément, concourant au point {V, toutes les routes intermédiaires, “peuvent être regardées comme concourant au même point, & on aura la fomme des produits demandés pour l'élément BB! D'D, en multipliant l'aire de cet élément par la diftance de fon centre de gravité, au centre de gravité de l'élément correfpondant du remblai; ou, ce qui revient au même, en prenant la différence des momens de ces élémens, par rapport au point NV; mais la diflérence de ces momens eft égale à {a fomme des momens des triangles ZNd' & D ND, moins la fomme des momens des triangles à ND! & BNB'; donc les momens de ces triangles étant die f pour 4 Nd', FiU' + RE LE Gas + a), d d pour à N6, EU + En AE + é ),; pour DND', pa 7 LE de ré + &), ” pour- BNB', 2$X + DEL pda (s + &), la fomme des produits des molécules de l'élémeñt 2 B'D'D du déblai, multipliées chacune par lefpace qu'elle doit ; parcourir ‘ ‘ DIE SHASNCIDEMNNNC E s. 673 parcourir pour être tranfportées fur l'élément correfpondant du remblai, fera gp QU ee AOL PEU ee a a Fe: Dee pr [X+ OL d'av 144) a a expreflion qui, en vertu de l'équation {G), fe réduit, & devient 2 (U” 2 2e fé LE D 2 = AE BHO Ur X'2 478) 4 ë5( Run DEEE Si dans cette formule on fait x’ égal à une conftante , à l'unité, par exemple, ce dont on eft le maïtre, & fi on met pour y’ fa valeur tirée de l'intégrale de l'équation /G), elle deviendra de la forme @.4a, d,a, dont l'intégrale étendue depuis la valeur de a qui convient à la route extrême Aa, jufqu'à celle qui convient à l’autre route extrême Cc, donnera fa fomme demandée. RP Si les contours des déblais & des remblais, au lieu d’être des courbes continues, étoient les affemblages difcontinus de plufieurs portions de lignes droites ou courbes, comme dans le cas de la figure 3, où le déblai & le remblai font deux triangles reélilignes À C D, a d f, il faudroit par chaque point de difcontinuité du déblai & du remblai, mener des droites B f, C e, failant des fegmens égaux dans les deux figures, & alors tout ce qui feroit renfermé entre deux de ces droites confécutives, étant foumis à la loi de continuité, on opéreroit pour l'intervalle compris entre ces deux droites comme dans les articles précédens, dont on feroit autant d'applications différentes qu'il y auroit d'intervalles. VÉUIe E Nous avons vu que les deux routes infniment voifines B d, B' d' fe rencontrent quelque part en un point /V. Les Mém, 1781. Qqqq Fig. da Vi +&). 3° 674 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE deux routes B' d', B" d" fe rencontrent pareïllement en un certain point V'; & toutes les routes confécutives fe ren- contrent fucceflivement en une fuite de points qui font fur une courbe $ AN 7, à laquelle les directions de toutes les routes font tangentes, & qu'on peut regarder comme une cauftique. Soient / & S les points de contact de cette cauftique avec les routes extrêmes Aa & Ce; cela pofé, tout ce qui précède n'eft exact que lorfque la partie S AN 7 de cette cauftique fe trouve toute entière au-delà des déblais par rapport aux remblais, ou au-delà des remblais par rapport aux déblais ; lorfque l'arc S N fe trouve, même en partie, dans le déblai, ou dans le remblai, ou entre les deux: la folution précédente eft illufoire. 1.° Elle ne donne pas le #inimum du prix du tranfport, parce que les routes de quelques molé- cules fe coupent entre leurs extrémités; 2.° elle ne donne pas le tranfport total, parce qu’alors certaines molécules doivent être tranfportées deux fois , tandis qu’il n’y a point de tranfport indiqué pour d’autres molécules. Dans ce cas, pour réfoudre a queftion, il faut divifer le déblai en deux parties par une courbe, & le remblai en deux parties" par une autre courbe, & chercher quelles doivent être ces deux courbes, pour que les deux parties du déblaï étant tranfportées féparément par la méthode précédente fur les deux parties correfpondantes du remblai , la fomme des produits des molécules par les efpaces parcourus, foient un minimum, queftion qui eft de nature à être traitée par la méthode des maxima & minima des formules indéfinies. I X. Nous avons fuppofé jufqu’à préfent que les figures du déblaï & du remblaï étoient déterminées, & qu'il ne s'agifloit que de trouver la route que chaque molécule devoit fuivre pour fatisfaire au #inimum ;. mais il peut arriver que les déblais ou remblais, ou peut-être même les uns & les autres, ne foient déterminés de figures qu’en partie. Il peut fe faire, par exemple, qu'il foit libre de prendre le déblai dans une région indéfinie DES NON GUETEIINE CE. s. 675 R, & terminée du côté du remblai par une limite donnée Fig. 4. GAD CH, pour le tranfporter {ur l'aire 4 b cd du remblai donnée de fisure & de pofition, & qu'il s'agiffe de déterminer la courbe À C detelle manière, 1.° que le fegment ABCD foit égal à l'aire a b c d; 2.° que les molécules de ce fegment tranfportées fur le remblai par la méthode que nous avons expolée, donnent, pour prix du tranfport total, une quantité moindre que celle qu'on obtiendroit dans 'hypothèfe de toute autre courbe. Ce que nous venons de dire du déblai peut avoir lieu pour le remblai : enfin, il peut arriver que le déblai & le remblai ne foient terminés l'un & l’autre que d’un côté, & qu'il faille trouver les courbes qui doivent les terminer l'un & l’autre de l’autre côté, pour que le prix total du tranfport foit un minimum. Nous allons nous occuper de ces queftions dans les articles fuivans. X. Le déblai devant être pris dans une région indéfinie R, terminée du côté du remblai par une courbe G 4 DCH, & illimitée de l'autre; & le remblai abcd étant donné de figure & de pofition, trouver la courbe 4 BC qui doit terminer Ja partie À 8 C D de telle manière que la fomme des produits des molécules ‘du déblai, multipliées chacune par l'efpace parcouru , foit moindre que celle qu'on obtiendroit dans lhypothèfe de toute autre courbe que ABC. 1. Il eft évident qu'une des conditions auxquelles doit fatisfaire la courbe demandée, eft que l'aire du feyment À B CD, qu'elle coupe dans la région À, foit égale à l'aire du remblai a à c d; mais cette condition n’eft pas de nature à faire connoitre [a courbe demandée, & on fent bien qu’elle n'eft propre qu'à déterminer une conflante introduite par intégration. L 2 Il eft pareillement évident qu’en fuppofant la courbe A BC déterminée & conftruite, le. tranfport doit fe faire par les règles données précédemment, c'eft-à-dire, fuivant les tangentes d'une certaine courbe SW 7. Qqqq ÿ 676 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyaLe Pofons pour un inftant que les courbes G A D CH & abcd foient telles que la courbe À B C demandée, étant conflruite, la cauftique SNJ fe réduile à un feul point W, ou que toutes les routes prolongées paflent par le même point NN; dans ce cas la courbe À B C feroit telle que l'aire ABCD reflant conftante, la fomme des produits des molécules qui compofent cette aire, multipliées chacune par fa diflance au point W, feroit un minimum, c'eft-à-dire qu'elle feroit la cir- conférence d’un cercle décrite du point /V comme centre, & d’un rayon tel que Faire du déblai füt égale à l'aire du remblai. Quoique cette fuppoiiion ne puitle pas fe faire pour la courbe en entier, on doit néanmoins l’admettre pour chaque élément en particulier; les routes en effet de toutes les molécules qui compofent l'efpace élémentaire A M'm! m, concourent au point V de la cauflique; donc l'aire Am doit être décrit du point V comme centre. La même chofe devant fe dire de tout autre élément, il s'enfuit que la courbe demandée À B C doit être une des développantes de la cauftique SN 7 ; & parce que la recherche d’une développante comporte toujours une conftante introduite par intégration, cette conflante fe déterminera par la condition quele déblai À B CD foit égal au remblai 4 6 cd. Nous favons donc déjà fur la nature de la courbe demandée, qu'elle doit être par-tout perpendiculaire aux routes des molécules. EX Cela pofé, tout étant rapporté par des coordonnées rec: tangulaires à laxe À T7, & l'origine étant en #, foient y — 4.x l'équation de la courbe GADCH, y — F.x celle de Ia branche z6c, y = fx celle de Ia branche adc, +, F, f, indiquant des fonctions données. Soient de lus XP — x! & PM — y, les coordonnées de la 4 Li Le a x courbe demandée. La droite A{N étant normale à la courbe, fon équation rapportée aux mêmes axes, fera QG —Y)dÿ = (x — x) dx; DE SM SE EMlc' Es 77 Et on aura les abfcifles £Q, Kp, Kg, qui correfpondent aux points d'interfeétions de cette droite avec les courbes données , en égalant la valeur de y prife dans Péquation de la droite, aux valeurs de y prifes dans celles des trois courbes. Si donc l’on pole les trois équations (4x — y)dÿ = (x — x) dx, (Ex =) dd = 0") diet, (fx —y)dÿ = (# — x)dx, Et qu'on repréfente par X la valeur de x ‘tirée de Ia première, par Æ’ celle que donne la feconde, & par À" celle qu'on obtient de la troifième, on aura TROIE EN CM ITE DT X, X', X", étant des fonétions connues de x!, y & Er) x Quant à l'abfciffe À T qui correfpond au point M, centre de courbure de l'arc 1m, on l'aura en différenciant l'équa- tion de la normale, fans faire varier ni x, ni } : ce qui donne pour les valeurs de x & de y, correfpondantes à ce point, & faifant pour abréger, dx + dy° = ds?" PH d s'? ONÉMANTE Tant x RÉSULTAT 7 HSFRE ER en d x ddy £ on a donc PT — dy'ds#? ' dx ddy _? £ dy ds? QE UEUUX 24 ; dx ddy' dy ds? DEEE TESTS RE =: P? Zxddy ? L ; Pr TUE & AT ISA ENT EE ART En, à d x' dd y’ Maintenant la condition qui doit donner la nature de fa courbe, eft que l'élément du déblai MM mm foit égal à l'élément correfpondant NN’; du remblai, c’eft-à-dire, 678 MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE vi que Îa différence des deux triangles M Nm & M! Nw!, foit égale à celle des triangles » N y & n' Ny, Or ces triangles font entr'eux comme les quarrés des droites correfpondantes PT, QT,pT, qT, & le triangle A Nm ayant pour bafe l'élément de la courbe, & pour hauteur le rayon de cour- bure, donne pour expreflion de fon aire — 1 ; x ddy on aura donc ds'# (x X) dx ddy p / 4 x par fees RECU ER OR fe VE ps * ds ddy Î MAN APT MES Nu #— X')dx ddy aNy= — En fr _— TE AAA PA pe dx ddÿ ESF 4° JR (72 4 4 OR LA PRE CE RQ LEE AN Ù dx ddy ds'*dy & la condition dont nous venons de parler, donnera (#—X) ds'ddy Pfr (“—X')ds ddy fr (#— X") dx! ddy p ds° dy gr ds °4y ds= dy . & en réduifant # 4 a + AT XX: 12 4 4 (2 IN RES É dx dd) Hi. ie aa } 245 DÉEX=X EX) 1—{r— Équation dans laquelle il n'entre que des quantités fonc- tions de x’, de y "& de leurs différentielles, & qui fera celle de Ia courbe demandée. Cette équation intégrée en quantités finies, contiendra deux conftantes arbitraires, qu'on déterminera par les deux conditions que les normales en À & C’ foient tangentes en a & c au contour du remblaiï. XIE Si c'étoit le remblai qui fût indéterminé du côté oppofé au déblai abcd, & qu'il fallüt trouver la courbe ABC jufqu’à laquelle devroient être tranfportées les molécules du déblai, pour que le prix du tranfport total fût un minimum, il eft évident que la queftion feroit la même que la précédente, DES SCIENCES. 679 en changeant feulement le mot de déblai en remblai , & réciproquement. M'ITE Le déblai devant être pris dans une région indéfinie R, limitée fimplement du côté du remblai par une courbe donnée GADCH; le remblai devant pareillement être pris dans une autre région indéfinie r, comprife dans le même plan, limitée fimplement du côté du déblai par la courbe donnée gadch, & la quantité de l'aire à tranfporter étant donnée & repréfentée par «&, trouver les deux courbes À 2 C& ab qui doivent terminer du côté indéfini, l'une le déblai , l'autre le remblai pour que le prix du tranfport foit moindre que dans lhypothèfe de toutes autres courbes que ABC &abc, Par un raïifonnement femblable à celui de l’article X , ON reconnoîtra facilement que les deux courbes demandées doi- vent être deux développantes différentes de Ia même courbe S N 7, avec cette autre condition, d’ailleurs indifpenfable , que l’efpace élémentaire du déblai compris entre deux routes confécutives, foit égal à l'efpace élémentaire du remblai compris entre les deux mêmes routes. Confervant donc les mêmes dénominations pour les données communes à cette queftion & à celle de l'article XI, c'eft-à-dire, fuppofant que les équations des courbes données GA D CH & gadck {oient ÿ —= + x pour la première, & y — F'x pour la feconde; que x’ y’ foient les coordonnées du point 47 de la courbe ABC, & que les abfcifles XQ & Kp qui correfpondent aux points d’interfections de la normale 41 N'avec les courbes CADCH & gadch, foient, X pour la première, & X pour la feconde, ces quantités étant les mêmes fonctions de 0 d é » “ #4 J D que dans l'article XI ; nommant de plus x", pe les coordonnées du point M de a feconde courbe 44€, on trouvera, comme précédemment, qué l'équation qui exprime que chaque efpace élémentaire du remblai ef égal à l'efpace correfpondant du déblai eft | (4) d# ddy j 680 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE x"? De ACTES RTL —2 ds dy (#2 X—X'+s") —o, = 4 ge "(x + x o H refte donc à exprimer que les deux courbes demandées font les développantes d’une même courbe , ou que la même droite eft normale à l'une & à l’autre. Or nous avons vu que l'équation de la droite A7 N, confidérée comme normale à a courbe À B C, eft ( —y)dyÿ = (# — x)dx, celle de Ia même droite, confidérée comme normale àla feconde courbe ab c, fera (» ee | 3") dy" — (" no, x) dx", & parce que ces deux équations font à la même droite, elles doivent être identiques, ainfi en les mettant toutes deux fous cette forme = ax + b, Y = ax + b, on doit avoir ces deux équations a—a', b—4', ce qui donne ; (3) @—y)dy = (x — x)dx, (€) CRAN ENG Cle Les trois équations / A), (B) & (C), qui ne contiennent .que des quantités fonctions de x’, y, x", y", & de leurs différences, renferment [a folution du problème ; leurs inté- grales comporteront une arbitraire de plus que celles de Ia queftion précédente, & on la déterminera par la condition que J'aire du fesment 4 B CD foit égale à la quantité donnée «. 5 B q PAIN Dans tout ce qui précède, j'ai fuppofé que les routes des molécules étoient libres dans toutes fortes de fens , & débarraf- fées de tout obftacle. Je vais aétuellement traiter le cas où les routes des molécules feroient aflujetties à pafler par des points déterminés, comme des ponts jetés fur une rivière, ou des portes pratiquées dans un mur qui fépareroit les Lu à éblais, DENSASIICN M EUNNCÉE 5 68 r déblais.… &c. Sur quoi je remarque d'abord que fi toutes les routes devoient pailer par un feul & même point, il feroit indifférent dans quel ordre les molécules du déblai arrivaf fent à ce point, & dans quel ordre elles en partiffent pour fe diftribuer enfuite fur le remblai ; la fomme des produits des molécules multipliées par les efpaces parcourus , feroit toujours la même dans tous les arrangemens poflibles. Mais lorfque les routes peuvent pañler par plufieurs points , il n'eft pas indif- férent que chaque molécule pale par tel ou tel autre de ces points. C’eft ce que je vais difcuter dans les articles fuivans. >, CRE Le déblai AB CD, & Île remblai abcd, étant des aires égales & contenues dans le même plan, & le tranfport des molécules ne pouvant fe faire autrement qu’en paffant par les deux points déterminés Æ,Æ", trouver 1° la courbe AMIK, qui fépare dans le déblai les deux parties, dont l'une doit paffer par le point Æ, & l'autre par le point F'; 2.° la courbe mik, qui fépare dans le remblai la partie qui doit recevoir les molé- cules qui auront paffé par le point £, de celle qui doit recevoir les molécules qui auront paflé par le point Æ, en {orte que le prix du tranfport total foit moindre que dans lhypothèle de toutes autres courbes. Suppofons pour un inftant que ces courbes foient conftruites, & foient-pris arbitrairement {ur fa première, plufieurs points MM M... il eft évident que ces points {ont tels qu'il efl indiflérent pour le prix du tranfport total, qu'ils pafñlent par l'an ou par l’autre des deux points donnés. I eft pareillement évident que toutes les molécules qui auront pañlé par le point Æ, pourront indifféremment fe diftribuer fur le fegment a mi, de mème que celles qui auront paffé par le point #", pourront indifféremment fe diftribuer dur le fegment c 4 mi. Nous pouvons donc fuppofer qu'un point quelconque de la première courbe fera tranfporté fur un certain point de la feconde; ainfr, pofant fucceffivement que ce {oit le point 44 ou le point A", ou le point A1"... . qui foit tranfporté en w, Mém. 1781. Rrrr Fig. 6, 682 MÉMOIRES Db£ L'ACADÉMIE ROYALE pour exprimer qu'il eft indiflérent que ces molécules paffent par le point Æ ou par le point F, il faut que l’on ait MIRE CE NE TI NAIN ER EU ME CNE nn = RE En, M'E + Em= M'F + Fm, &c. ou qu'en faifant Fm— EE m=AX., Ton ait ME —MF—=X4, INTER NMAMER ER M'E — MF =Kk, &c. Nous pouvons auffi fuppofer que ce foit en”, ou en”! , ou enm".... que Ja molécule #7 eft tranfportée, ce qui donne ME + Em = MF + Fm, ME + Em = MF + Fr, ME +Em = ME + Fr, &c. d'où lon tire Em — Fm = —%, Em — Fm = — 4, Emi === N ER, &c. Donc les points A1 M'.M"....&cc. m m'm".... &c. font tels que les différences de leurs diftances aux deux points E & F font conftantes , cette différence étant de fignes con- traires pour le déblai & pour le remblai ; donc enfin les deux courbes demandées font les deux branches d’une même hyper- bole, dont les deux points donnés font les foyers, & dont l'axe doit être tel que le fegment 4 4 M1, que l'une des branches coupe dans le déblai, foit égal au fegment à 4 mi que coupe l'autre branche dans 1e remblaï. DES) ST GUN EUN, CES. 68; XV ER En quelque nombre que foient les points donnés, par lefquels doivent paffer les molécules, il fera toujours poflible de trouver les hyperboles qui détermineront dans le déblai les parties qui doivent pafler par chacun de ces points, &c dans le remblai les parties qui auront paflé par les mêmes points, en opérant pour deux de ces points confécutifs comme s'ils étoient feuls. Vi DE Enfin, on aura dans ce cas, le prix du tranfport total, ow la fomme des produits des molécules multipliées chacune par lefpace qu'elle aura parcouru , en prenant la fomme des momens de chaque partie du déblai & du remblai, par rapport au point par lequel auront dû pañler les molécules qui les compolent. NOT ET. Jufqu'ici j'ai donné la théorie du tranfport des aires planes fur d’autres aires contenues dans le même plan, foit que les routes foient libres, foit qu'elles foient aflujetties à pafler par £ertains points donnés de pofition dans le plan. I ne refte plus qu'à parler de la pofition de ces points, qui peut, ainfi que leur nombre, être donnée par les circonf- tances, mais aufir qui peut être arbitraire, & par conféquent fufceptible d'être déterminée de manière que le prix total du tranfport foit un #inimium, Il ne peut pas arriver que le nombre & Ia poñition de ces poinis foient à la fois abfolument arbitraires: car fi cela pouvoit être, le terrein préfenteroit par-tout, & dans tous les fens, des routes praticables; & il feroit plus économe de tranfporter les molécules du déblai par des routes libres, comme dans les articles 111 & IV. Ainfi lon ne peut rien dire d’utile fur ceffé matière, à moins qu'en même temps que l'on fuppofe quelque chofe d’arbitraire dans l'établide- went des ponts, on ne le fuppofe aufli affujetti à quelques FELEI] 684 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE conditions données. Il peut fe faire, par exemple, que les déblais & les remblais foient féparés par une rivière d'un cours déterminé, & fur laquelle on foit obligé de jeter des ponts, dont il refte à déterminer quels doivent être, & le nombre & la pofition, pour que Îe prix du tranfport total foit le moindre pofhble. Quant à la pofition des points D, Æ,...&c. il faut remarquer que, puifque leurs lieux font dans une courbe donnée, il fuffit pour chacun d’eux, de chercher les abfcifles correfpondantes € d, Ce, & l'on y parviendra en regardant d’abord les points D, F...&c. comme donnés, c'eft-à-dire, en donnant aux ablciffes C4, Ce... des valeurs indéter- minées, d’après lefquelles on cherchera, par le procédé des articles XV, XVI & XV17, a fomme des produits des molécules multipliées par les efpaces parcourus. Cette fomme fera néceffairement fonétion des quantités Cd, C'e,...&c. on la différenciera fucceflivement en ne faifant varier à la fois qu'une feule de ces quantités; & on égalera à zéro, chacune de ces différentielles. Par-là, on aura autant d’équa- tions qu'on aura fuppolé de ponts, & l’on pourra tirer de ces équations, les différentes valeurs des abfcifles C d, Ce... demandées; on aura donc la pofition des ponts I! plus avan- tageufe, eu égard à leur nombre, d’après laquelle on pourra déterminer les parties du déblai qui doivent pafler par chacun d'eux. Il ne s'agit plus que de parler da nombre de ponts qu'il convient de faire fur une rivière donnée, pour que le prix du tranfport total foit le moindre poflible : or il eft évident qu'il eft toujours avantageux de faire un pont de plus qu'en ne la déterminé, lorfqu'en fuppofant dans les deux cas les ponts placés le mieux qu'il eft poffible , l'éco- nomie qui rélulte dans le prix du jé du de l'addition d’un pont, excède la dépenfe qu’occafiofine la conflruétion dece pont D'après cette réflexion, on peut toujours s'affurer s'il y auroit à perdre ou à gagner à faire un pont de plus, DFE, SN ONGLINERNLC E s. 685 & par conféquent de reconnoïître le nombre de ponts le plus avantageux pour le prix du tranfport total. SUERCETIO NIDIE APMANRMMNNES Des Déblais àr Remblais dans le cas des trois dimenfions. AVANT que d'entrer en matière, je vais établir quelques propofitions de Géométrie, fur lefquelles font fondées les recherches fuivantes. NATX Si par tous les points d'un plan, l'on conçoit des droites menées dans lefpace, fuivant une loi quelconque, & qu’on confidère une de ces droites, je dis que de toutes celles qui l'environnent & qui en font infiniment proches, il n'y en a généralement que deux qui la coupent, & qui loient par conféquent dans un même plan avec elle, Comme cet énoncé peut paroître abflrait, nous allons léclairir par un exemple. Concevons une droite quelconque, placée dans l’efpace & ailleurs que dans le plan propolé; & fuppofons que la loi dont il s’agit, foit d’abaifler de tous les points du plan, des perpendiculaires fur cette droite; cela polé , fi l’on confidère une quelconque de ces perpendicu- laires, il eft évident que dans ce cas on ne peut pañler à une autre infiniment voifine, & qui foit dans le mème plan, que de ces deux manières, ou en fuivant le plan mené par . da droite, ou en fuivant le plan perpendiculaire à cette droite. Nous fuppofons encore dans cet énoncé, que pour chaque point du plan la loi ne donne qu'une droite, ou que fi elle en donne plufieurs, on ne confidère que la fuite de celles qui font données par {a même folution. Dém, Concevons deux plans perpendiculaires entr'eux & au plan propolé, & fuppofons que tout l’efpace foit rapporté à ces trois plans par des coordonnées rectangulaires x, y & 7, dont les deux premières foient parallèles au plan donné; enfin, foient x’ & y' les coordonnées du point dans lequel la droite que lon confidère, coupe le plan propolé: cela 686 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE polé, il eft évident que les équations des projections de cette droite fur fes deux plans perpendiculaires au premier, feront R &, 4 Li Il o, 7 —ÿ + Br =: A & B étant des fonétions de x’ & y’, ‘données par la loi fuivant laquelle les droites font menées dans l’efpäce, en forte que fr l'on veut confidérer une autre droïte infiniment proche de la précédente, celle, par exemple, qui coupe le plan propofé dans le point qui correfpond aux coordonnées x! + dx" & y + dy', dx' & dy! étant prifes arbitrairement & fans dépendre lune de l'autre, les équations de cette nou- vélle droite, fe trouveront en fubflituant dans les précedentes x! + dx! à la place de x', & y + dy! à la place de y: on aura donc pour cette nouvelle droite, x — * — dx + (A + dA)7— 0, y —ÿ — dy + (B + dB) 3=—o. Pour que ces deux droites fe coupent, ou foient dans un même plan, il faut que l’ordonnée qui- correfpond au point d’interfeétion des projections fur un des plans, foit égale à celle qui correfpond au point d’interfection des projections fur l'autre; or, on aura ces ordonnées en éliminant x des équations en x & 7, & en éliminant y des équations en y & 7, ce qui donne dx! — 7 dA, & dy — zdB;il faut dont, pour que ces deux valeurs de 7 foient égales, que l’on ait dx dB = dy dA. Mais les quantités À & B étant fonétions de x’ & y’, d À F d A B on a A — ul dx! + (Oral dy" & dB — (ad "4 dB ! ? : », . dx! + ae dy", Subflituant ces valeurs dans l'équation de condition que nous venons de trouver, on aura d'A dy! d'A dB dB Cd a ee ra se eo DENIS US MCNNE NICLE:S. 687 équation qui établit le rapport que doivent avoir entreux les incrémens dx’ & dy’, pour que la feconde droite coupe la première; & parce que cette équation eft du fecond degré » # .- d . & ne donne généralement que deux valeurs pour — il 7 s'enfuit qu'il n'y a généralement que deux droites infiniment proches de la première, qui puifient la couper. X X. Il fuit de-là que dans le fyflème de droites dont il s’agit, on peut toujours pafler de deux manières différentes d’une quelconque de ces droites à une autre infiniment proche, qui foit avec elle dans un même plan: cela pofé, de lune quelconque de ces droites, paflons en effet à l’une de ceiles qui la coupe, enfuite & dans le même fens, à celle qui coupe la feconde, de-là à celle qui dans le même fens coupe la troifième ; il ef évident qu'en continuant ainfi de fuite nous parcourrons une furface développable: par la même railon, en employant conftamment l'autre fens, nous aurions parcouru une autre furface développable quiauroit évidemment coupé Îa précédente dans la première droite que nous avons confidérée; & parce qu'il n'y a aucune de ces droites pour laquelle on ne puifle faire la même opération, il s'enfuit que toutes ces droites ne font autre chofe que les interfeétions de deux fuites de furfaces développables , telles que chaque fur- face de la première fuite coupe toutes celles de la feconde en lignes droites, & réciproquement. XUXx E Si l'on conçoit toutes les normales poffibles d’une furface courbe quelconque, je dis qu'elles font toujours les inter- feétions de deux fuites de furfaces développables , telles que chaque furface de la première fuite coupe toutes celles de la feconde en lignes droites & à angles droits, & récipro- quement. | Dém, Tout étant encore rapporté à des plans rectangulaires 688 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE par les coordonnées x, y & 7, foient D pdx + qdy, & ddzy — rdx + 25dxdy + tdy les difiéren- tielles première & feconde de l'équation d’une furface courbe quelconque. Soient x’, y’ & 7’ les coordonnées d’un point quelconque, mais déterminé de cette furface; & foient p', g', 1,5! & r# les valeurs des quantités correfpondantes pars & 7 qui conviennent à ce point, Cela polé, fi pour ce point on conçoit la normale à la furface , les équations de fes projections fur les deux plans parallèles aux 7, feront RÉ R EIPN Li CD) = 0; Lee Ale TE M CN PEECY & fi Von prend fur la furface un autre point infiniment proche du premier, & qui correfponde aux abfcifies x’ + dx & y + dy',les incrémens dx & dy' n'ayant encore entre eux aucun rapport déterminé, les équations de la nouvelle normale menée par ce point, fe trouveront en mettant dans celles de la première x’ + dx" à la place de x, & y + dy! à fa place de y’, & feront x —# — dx + (pur dp) (x — x — dx) te ant Alan Ce PT CN PET 0) & en opérant comme dans l'article X 1 X, on trouvera que pour que ces deux droites fe coupent, il faut que l'or ait 0 >» 9 ;, Il dp (dy + g'dx) = dÿ (dx + p'dx). Mais lona dy — p'dx. + qg' dy ,dp = r dx + 5 dy,q = d x"+ # dy; fubitituant donc ces valeurs on aura | si +) — pars Ne = CAPE PS AE OP A NP EE — s(i1+p*) + pr —=o, équation qui donne le rapport que doivent avoir les incré- mens dx" & dy" pour que les deux normales confécutives ù foient " :, DHELSL IS CHR EN. C.E 5 639 foient dans un même plan, & qui prouve r.° d'après l'ar- ticle précédent , que toutes les normales d’une furface courbe quelconque font les mutuelles interfections de deux fuites de furfaces développables. Actuellement, fans rien changer à la généralité de notre raïfonnement, nous pouvons fuppofer que les trois. plans rectangulaires dont la pofition eft arbitraire dans l’efpace, aient'été choifis tels que l'un d'eux, celui qui eft perpen- diculaire aux 7, foit perpendiculaire à la normale, ce qui pour le point de [a furface que fon. confidère ; donne dy —o, & par conféquent p — 0, g! = o, & l'équa- tion précédente devient : dy’: dns it Ds ee ET U 0, d'où il fuit que fi l’on repréfente par # & m' les deux valeurs M dy 4 se Le que donne cette équation, l'on aura mm! + 1 —'o; mr Of les deux valeurs #1 & m' font les tangentes des angles que forment avec la ligne des x les plans qui contiennent les deux normales qui coupent la première ; donc ces deux plans font à angles droits. Donc, &c. . s XX Æ : Quoique cette propofition ne femble avoir qu'un rapport éloigné avec la belle théorie des rayons de courbure des furfaces courbes qu'a donnée M. Euler, dans les Mémoires de l'Académie de Berlin, année 1760 ; cependant, fi j'ofe parler ainfr, elle complète le travail de cet illuflre Géomètre fur cette matière : car les deux points où chaque normale eft coupée par les deux normales voifines, font précifément les extrémités des deux rayons de plus grande & de moindre courbure, en forte que les interfections de la furface cou. he avec les furfaces développables qui compofent la première fuite, font les lignes de moindre courbure de [a furface | & que fes interfections avec les furfaces développables qui com fent l'autre fuite font {es lignes de plus grande courbure. Mém, 1787. 690 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyA£r PROC APT, A7 Si l’on confidère toutes les normales de la furface qui font fur la même furface développable, ou qui font menées par les points d’une même ligne de moindre ou de plus grande courbure, élles feront toutes tangentes à {a même courbe à double courbure qui forme l'arête de rebrouffement de 1a furface développable ; donc toutes les normales poffibles d’une furface courbe, en tant qu’elles appartiennent à une des fuites de furfaces développables, font tangentes à une même furface courbe; maïs en tant qu'elles appartiennent à l'autre fuite, elles font auffi tangentes à une autre même furface courbe ; donc toutes les normales d’une furface courbe touchent à la fois deux mêmes furfaces qui ont entr'elles ce rapport, que Îi-par leurs points de contact avec une même normale, on leur mène à lune & à l’autre un plan tangent, ces deux plans feront à angles droits. Les deux furfaces courbes touchées à la fois par toutes les normales d’une même furface , font les lieux géométriques, June des centres de moindre courbure, & l'autre des centres de plus grande courbure de la furface. AR Ve Appliquons aétuellement Vanalyfe à toutes ces conii- dérations. $ Les deux équations de la normale d’une furface courbe menée par le point de cette furface qui correfpond aux co- ordonnées x’, y' & 7! font . (A).x = & + pr — it) hrs dirt) fc on les différencie en regardant x, y & 7 comme conflans, ce qui détermine les x, y & 7 à être les coordonnées du point commun à deux normales confécutives, & par confé- quent du centre de courbure de l'élément de la furface courbe, on aura O0» O$ II DES LUS RL /BUNS CE. S 6or _— dx +(y — à) (dx + s'dÿ) — pfpdx + gdÿ) = 0, — dÿ+ (j— 1) (dx + édy) — gipdx + gdÿ) = 0; de ces deux équations on peut éliminer ou 2 ou 2, ce qui donne les deux équations fuivantes, TU Gi da 7 ie 2) ET OS 7 Tapas +é(i+p)l— (+ pr + 11) —U0R : dy° . ’ D). <= [ait g)—par]+ 4 [ri +9) ti + p)] — s(1 + p') + pr —=o; cela polé, les quatre équations { A), (B), (C), (D),& l'équation de la furface courbe en x’, y’ & 7', fatisfont à toutes les queftions que l’on peut faire fur la courbure de cette furface, & dont voici les principales. NON Ve Trouver l'expreffion des rayons de courbure d'une Jurface courbe ! Socurion. Dés trois équations { A), (B) & (C), on tirera les valeurs de x — x, y — y & 7 — 7,quon fubftituera dans la quantité Vis — 38) + Oo — 5} + — tx & on aura l'expreflion demandée, En fubflituant les valeurs de x — x! & dey — y que fourniffent les équations {A) & (B),ona rayon = (Z — 7) (1 + P° + g); mais en faifant, pour abréger, CE EC g=r(r+g*) —2pgs +t(i + pr"); FY=i+Pr +g", l'équation {C) donne z; — 7 — L'EAU EE UE 2 & Sfr ÿ De 692 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on aura donc Gé BE VRAIES NS 227 TRS TOR YU TU TER se NC OV 7 DEN NRE expreflion qui coïncide avec celle qu'a donnée M. Euler. XX VE Trouver les équations des lignes de plus grande & de moindre courbure d'une furface courbe! Sozurion. L’équation / D) étant du fecond degré, donne pour = deux valeurs, & par conféquent deux équations qui appartiennent aux projections fur Île plan de x & y de toutes les lignes, l’une de moindre & l'autre de plus grande courbure de la furface; en forte que fi l’on veut avoir l’équa- tion particulière d'une de ces lignes, il ne s'agira que d'intégrer une de ces équations , & de déterminer la conftante arbitraire introduite par l'intégration, de manière qu'elle fatisfatfe à la condition qui particularife la courbe. 6 dy A AE La valeur de ee qe fournit l'équation / D), con- tient le radical y (B° — 4 ay“; ;or il peut arriver que la furface courbe foit telle que fa quantité qui eft fous ce fighe, foit un carré parfait; alors pour chaque point de la furface courbe, la ligne de plus grande & celle de moindre courbure, ont chacune leur équation particulière; ce qui a lieu pour les furfaces développables dont l'équation efte — 0, & pour les furfaces de révolution, comme nous le verrons dans l'exemple fuivant. Maïs lorfque la quantité 8° — 4 a n'eft pas un quarré parfait, pour chaque point, les deux lignes lune de moindre & l’autre de plus grande courbure : n'ont point d'équations diftinétes, & font les deux branches d'une même courbe élevée, dontle point de la furface courbe que l'on confidère eft un point double. Exemple. Suppofons: qu'il foit queftion de déterminer les lignes de moindre & de plus grande courbure d’une furfacer DES ScirENCESs. 693 quelconque de révolution, on fait que l'axe de rotation étant pris {ur la ligne des 7, l'équation générale de cette forte de furfaces eft 7 — @ (x° + y), © étant une fonétion dont la forme dépend de [a nature de fa courbe génératrice. La différentielle de cette équation en x’, y & get py = gx; & par une feconde difiérentiation , on a DU MS M7 — D LYS e Subflituant ces valeurs dans l'équation / D), on aura 42 12 dy? dy RNA Fra dx * Era Em sans EP r . dy # dy LE PS) : dont les racines font 2 — 2, & 27 — ="; linté dx 2 d x° 9° grale de Ia première eft y — Ax', & celle de la feconde eft x'° + y — B°, A & B étant deux conitantes quelconques ; donc dans une furface de révolution quelconque, les projections des lignes de moindre & de plus grande courbure fur un plan perpendiculaire à l'axe, font d’une part des droites menées par la projection de l'axe, & de l'autre des cercles concentriques dont cette projection eft le centre, ce que l’on favoit déjà d’après la nature de ces furfaces, X XV. IL Trouver les équations des deux furfaces qui font les lienx géométriques des centres de moindre & de plus grande courbure d'une furfacé quelconque ! Sozurion. Des trois équations { A), {B), (C) & de l'équation de la furface en x', y & 7, on éliminera ces trois variables , & on aura en x, y & 7 une équation d'un degré pair, dont les deux racines feront celles des furfaces demandées. Pour les furfaces développables , pour celles de révolution & pour toutes celles en génétal dans fefquelles la quantité R° — 447, eft un quarré parfait , les deux furfaces deman- dées auront chacune leur équation diftinéte , mais pour toutes les autres elles feront des sappes différentes d’une même furface courbe, 694 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE XX VIIL Trouver les équations des furfaces développables, qui, par leurs interjections , donnent toutes les normales d'une f[urface courbe ! . 1 SozuTion. Des deux équations / 4), (B), de l’équa- tion {D} fuppolée intégrée , & de l'équation de la furface enx/,y &Z7, on éliminera [es trois dernières variables, & on aura en x, y & 7 une équation d'un degré pair, qui à caule de la conflante arbitraire introduite par Fintégration, appartiendra à toutes fes furfaces demandées. Toutes les fois que la quantité 8° — 44°, fera un quarré parfait, il fera poflible d’avoir féparément les équations qui appartiennent à la première & à la feconde fuite de furfaces développables; dans tous les autres cas les deux furfaces déve- loppables qui par Îeur interfeétion donnent une normale quelconque, feront toutes deux compriles dans la même équation, & feront deux nappes différentes d’une même furface développable pour laquelle la normale à la furface courbe {era une droite double. D, QUI dE € Enfin fi l'on fuppofe qu'un œil réduit à un point unique, {oit placé d'une manière quelconque, par rapport à une furface courbe, j'appelle ligne de contour apparent de cette furface, celle qui eft compofée des points extrêmes de cette furface que l'œil peut apercevoir : cette ligne eft le contact de la furface courbe avec une furface conique ,. qui lui feroit cir- confcrite, & dont le fommet feroit au point de l'œil, elle efl variable, de nature & de pofition fur la furface, & elle dépend de Ia fituation de l'œil. Cela polé, les deux furfaces qui font les lieux géométriques des centres de plus grande & de moindre courbure d’une furface courbe , font telles que quelque part qu'un œil foit fitué dans Fefpace, par rapport à elles, leurs lignes de contour apparent doivent paroïre fe couper à angles droits, & le rayon vifuel, mené DES SCIENCES. 695$ au point d'interfeétion apparente des deux lignes, eft a normale à la furface courbe. Exemple. Pour toutes les furfaces de révolution, les deux furfaces des centres de moindre & de plus grande courbure, ont toujours leurs équations diftinétes; de plus, l’une eft toujours réduite à l'axe même de rotation, & l’autre eft tou- jours une feconde furface de révolution qui a même axe & dont la génératrice eft la développée plane de la génératrice de la première. Cela polé, il eft évident que de quelque point qu'un œil confidère cette dernière furface de révolu- tion, {a ligne de contour apparent de cette furface paroît toujours coupée perpendiculairement par l'axe de rotation prolongé s'il eft néceffaire. A IDUL A Si du fommet Q d’un des angles d’un parallélogramme M Q Ng, on mène fuivant une direétion quelconque une droite Q F” jufqu'à la rencontre du côté N 7, prolongé s’il eft néceflaire, & que du fommet de l'angle 41 on abaifle une perpendiculaire fur cette droite, l'aire du parallélo- gramme fera égale à QW x MU). X X XI Étant menées fur une furface courbe quelconque , deux courbes confécutives de moindre courbure, & deux courbes confécutives de plus grande courbure, courbes qui fe cou- peront néceffairement toutes quatre à angles droits ; trouver en fonctions des ‘coordonnées reétangulaires l'expreflion de l'élément de la furface compris entre les quatre courbes. Soient, comme précédemment, d 7 — pdx + gdy & ddy —rdx + 2 dx dy + + dy, les différentielles première & feconde de l'équation donnée de 1a furface courbe. On fait que l'aire d'un élément quelconque d’une furface courbe eft égale au produit de fa projeétion fur le plan des x & y par la quantité y (1 + p +ig ); ainf nommant, pour un inflant, # l'aire de la projeétion, Fig. 8. Fig. 9. 696 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALE l'expreffion demandée fera m W {1 + p° + g°); refle à trouver {a valeur de "1. | Pour cela, foit B AC Le plan des x & y, À B Ja ligne des x, À C celle des y, Q & g les projeions de deux points infiniment proches pris fur la furface courbe, en forte que les coordonnées du premier foient À P— x, PQ = y", & que celles du fecond foient À p— x + dx, pg=y —+- dy'; foient Q M1 & Q N les projections des courbes de plus grande & de moindre courbure qui paflent par le pre- mier point, ZV g m & M q n celles des courbes de plus grande & de moindre courbure qui paflent par le fecond ; il eft évident que le quadrilatère Q 479 N fera la projection demandée de l'élément. Or, les côtés oppofés de ce qua- drilatère peuvent être regardés comme fenfiblement parallèles ; donc fi l'on mène la droite Q ”, parallèle à 4 B,& MU parallèle à. 4 ©, l'aire de cette projection, en vertu de l’article précédent , fera Q F x MU. Pour trouver les expreffions de ces deux droites, confi- dérons que les élémens des quatre courbes qui terminent le quadrilatère, peuvent être confondus avec leurs tangentes ; que de plus les inclinaifons des deux tangentes Q 41 & QN par rapport à l'axe À P.font données par les racines de 57 : dy TER, dy pass l'équation /D) , en forte que fi re k—0& Pere #—0o font ces racines , 4 & 4! font les tangentes des angles quelles droites Q A1& Q NN fontavec la ligne des x; donç les équations de ces deux droites feront, pour Q == (x #), & pour Q N 5 y—y = (4 — x), | On aura pareillement les équations des deux droites 7 & qu,en mettant dans les précédentes, x° + d x' à la place de x! & y'-+- dy" à la place de dy'; ce qui donnera pour qu r—y — dy = k (x — x — dx), & pour g# J-f —-dY =K(x — x — dx), actuellement D'E,S (S, CuISEUN C-E s. 697 actuellement Q F eft évidemment la valeur de x — x’ que donne l'équation de 4 m en faifant y — y! ou y —# — 0; kdx— dy ' on aura donc Q F — —_——— Quant à MU, elle eft la valeur de y — y qui convient à l'interfeétion des deux droites Q M & g n;, & on l'obtien- dra en éliminant x — x’ de leurs équations; on aura donc Kdx—dy DPANE Er à hd # — d y") (K dx — dy tion Q M4 Nou MUxQV— MF) (KE dr— a) EH — k AK dx —([kh+K) dx dy + dy° = y — Mais l'équation /D) donne Œ donc on aura l'aire de la projec- — sfr + p'°) +p'gr s'(1+g)— pr ” ut rl) CT D sr + 97) — p'ge FU k + # — & en confervant les abréviations de article XXY, y 2 a» he EE ue 7 77 donc on aura pour expreflion de l'élément rectangulaire de Ia furface courbe, PTE] tbtp 7) gd selle m4 (Gi +p)ldx dy —[s(hi+g")—patr]dy"}r XPXMIUTE Tout étant comme dans l'article précédent, & étant de plus imaginées les quatre furfaces développables normales à la furface courbe, & qui pañlant par les quatre courbes de plus grande & de moindre courbure fe coupent à angles droits; trouver en fonctions des coordonnées reétangulaires l'ex- preflion du folide élémentaire indéfini compris entre les quatre furfaces ? Mém, 1781. Tttt 698 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Chacune des faces du folide élémentaire dont il s'agit, eft l'élément plan d'une des furfaces développables , chacune de fes arêtes eft une des communes interfeétions de ces quatre furfaces, & eft en même temps normale à la furface courbe ; donc ce folide peut être regardé comme une efpèce de pyra- mide dont le fommet, au lieu d’être un point unique, eft une petite droite, & dont la bafe rectangulaire eft l'élément de Ia furface courbe compris entre les quatre lignes de plus grande & de moindre courbure, élément dont nous avons trouvé l'expreflion dans l'article précédent. Si l'on conçoit une infnité de plans parallèles à l'élément de la furface courbe, & par conféquent perpendiculaires aux arrêtes du folide dont il s'agit, ces plans couperont lé folide en élémens infiniment petits, fuivant jies trois dimenfions, & en nommant f l'aire de la feétion faite dans le folide par un quel- conque de ces plans, & 4 la diftance de ce plan à l'élément de Ja furface courbe , du fera l’expreffion de lélément du troifième ordre , & par conféquent f F d u fera l'expreflion demandée. Il ne s’agit donc plus que de trouver les valeurs de! V” & de # en fonétions des coordonnées rectangulaires. Or, 1.” Quelque part que foit placé le plan coupant, Îa fection qu'il fait dans le folide élémentaire eft toujours un reclangle dont les côtés font proportionnels à leurs diftances au point de concours des arêtes qui les terminent; de plus, l'élément reétangulaire de la furface courbe eft lui-même une de ces feétions: donc fi g & 4 font les deux côtés de cet élément, À & R' les deux rayons de courbure qui lui conviennent, & enfin &« & B les deux côtés de la fection, on aura les deux proportions fuivantes, R à MON E 4 ro dns AG R'iR ui = EE ; donc V ou l'aire de la feétion eft «R — ie [RR—(R + Ru + #]; DES SCHLEN:CE Ss, 699 Mais les väleurs de R & de R’, trouvées art. XXV, donnent [4 LE f By RU — CS CURE — ee donc on aura À 2 RENE — Rryu + au). 2, x", y & 7! étant toujours les coordonnées de 1a furface courbe , coordonnées qui doivent être régardées comme conflantes , tant qu'on confidère le même folide élémentaire he fi x, y & 7 font celles de l'élément infiniment petit du troifième ordre de ce folide, on a # —(z;—Zg)7,& par conféquent du — yd7; donc l'expreflion du folide élémentaire indéfini eft LÉ IY — 8(z — 2) + alt — 2 jar, quantité dans faquelle il n'y a de variable que Ja quantité z, & dont l'intégrale eft h 2 r Li 2 1 L [VER — d) — Lx — 7j +ial — 7]; donc fi on fubftitue pour 3 4 l'expreflion de l'élément rectangulaire de a furface courbe trouvée pat article précédent, on aura l'expreflion demandée, Due. AE 0 4 9 ÏI fuit delà que l'expreffion complè:e de Ja partie du folide élémentaire terminée par deux points, dont l'un correfpond à l'abcifle 7 — Z, & l'autre à l'ablcifle z — Z', eft k 2 à 4 I 2 2 ML il) BUL a) —uL 2/1] + sal — LP — (7 — 7p]} Revenons actuellement à notre objet. su a Gui Bla Étant donnés dans l'efpace, deux volumes égaux entr'eux ; & terminés chacune par une ou plufieurs furfaces courbes Tttti 700 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE données; trouver dans le fecond volume le point où doit être tranfportée chaque molécule du premier, pour que la fomme des produits des molécules multipliées chacune par l'efpace parcouru foit un winimum ! I fuit évidemment de tout ce que nous avons vu dans Îa première partie , & principalement de ce principe, (les routes de deux molécules quelconques ne doivent pas fe couper entre leurs extrémités } que pour fatisfaire au #inimum, toutes les molécules qui fe trouvent fur la route d’une autre molécule, doivent fuivre la même route que cette dernière, Par conféquent , fi pour un élément quelconque du déblaï, on conçoit que les routes de toutes les molécules qui les compofent foient conftruites & prolongées indéfiniment , celles de ces routes qui font extrêmes & qui enveloppent les autres dans toutes fortes de fens, doivent circonfcrire dans le déblaï & dans le remblai des efpaces élémentaires, tels que toutes les molécules comprifes dans l’efpace élémentaire du déblai, doivent être tranfportées dans l’efpace élémentaire du rem- blai; ce qui comporte néceffairement que les deux- efpaces élémentaires doivent être égaux entreux. De plus, pour fatisfaire au minimum demandé, ïl eft indifférent dans quel ordre les molécules du premier efpace foient tranfportées dans le fecond, puifque quel que foit cet ordre, la fomme des pro- duits des molécules, par les efpaces parcourus, fera toujours la même ; la queftion dont il s’agit fe réduit donc à trouver pour chaque molécule du déblaïi, la direction de la route qu'elle doit fuivre pour fatisfaire au minimum. Pour cela, tout étant rapporté à des plans rectangulaires par des cordonnées x , y & 7, fuppolons que toutes les routes {oient prolongées jufqu’à ce qu'elles coupent un des plans de comparaifon, celui des x & y, par exemple, chacune en un point, & cherchons pour chacun de ces points la direction: de la route qui lui correfpond. D'après l'article XIX, nous lavons déjà que toutes ces routes doivent étre les interfections de deux fuites de furfaces développables , telles que chaque fur- face de la première fuite coupe toutes celles de la feconde Dusis Sion c:E:-s: 701 : en lignes droites; refle à favoir fous quels angles doivent fe couper ces furfaces pour fatisfaire au minimum. Or il eft évident que ces angles doivent tous être droits, car fous ces angles les efpaces élémentaires compris entre quatre furfaces dévelop- pables feront plus grands, & à diftances égales la : maile tranfportée fera plus grande; donc dans le cas du #inimum, les routes des molécules doivent être Îles interfe“tions de deux fuites de furfaces développables telles que chaque furface de la première fuite, coupe toutes celles de la feconde en lignes droites & à angles droits. Mais par l'article X'X1, cette propriété convient aux normales d'une furface courbe quel- conque ; donc les routes demandées doivent être les normales d'une même furface courbe. Soient donc x', y & 7, les coordonnées d’un point arbitrairement pris dans le déblai, & dont il faille déterminer la route; concevons que par ce point paffe la furface courbe à laquelle toutes les routes doivent être normales , ce qui eft toujours poflble : il eft évident, que fi Fon connoifioit Jéquation de cette furface , la direction de la route du point, dont les coordonnées font x’, J', , feroit connue , puilque ce feroit pour ce point la normale à la furface. Ainfi, foient dy = pdx + gdy, & ddy = vd + 25dxdy,.+\td3?, les équations différentielles de cette furface; foient de ‘plus phgr,s'& ?,les valeurs des quantités refpectivesp,g,r,s & z qui conviennent au point de la furface, dont les coordon- nées font x’, y’, 7', les équations des projections de la normale en ce point , ou de la route que ce point doit fuivre, feront (4 x—# +pfi-xt) =o, GB) 3= Y +g(r-1) = o. Ces deux équations dans lefquelles il n’y a d’inconnues que p' & g', fatisfont à [a queition générale du minimum, en ce que ces deux quantités ne font pas abolument arbitraires & yo2 MÉMotREs DE L'ACADÉMIE RoYALE indépendantes. ‘La quantité p' dx! + q' dy! doit être une différentielle complète. JE s'agit maintenant d'exprimer que le volume élémentaire du remblai eft égal au volume élémentaire du déblai , ou, ce qui revient au même, fi l'on conçoit pour le point de {a furface qui correfpond aux coordonnées x’, y’, 7, les quatre furfaces développables normales à la furface, & qui fe coupant à angles droits, comprennent entrelles un folide élémentaire indéfini , il faut que la portion de ce folide comprife dans le remblai, foit égale à la portion du même folide comprife dans le déblaïsOr, article XX X1J1, en fuppofant que Z & Z’ foient dans le fens des z les abfciffes qui correfpondent aux extrémités du folide élémentaire compris dans le déblaï, &c ue Z' & Z'” foient celles des extrémités de la portion du même folide comprife dans le remblaï, les volumes de ces mêmes folides font, pour le premier, CE DEC D Ca D Ve Cm Em 2 & pour le fecond , k 1/1 mt 1 {4 1,2 [14 f\2 T n ’ "rt 4 SP gp" 2") ip (2 2) —(2"— 2) ]+5e[2"= 2) — (Z"—2) TR UE Donc pour exprimer que ces deux volumes font égaux entr'eux, il faut que l’on ait féquation fuivante, ! un Z=x} (Le di “{ZUZ-2+2)= 16) , Y 1 ? B —(Z!"— 7} + (Z'"— ait * 3 RTE LAN 7 Re): = i eos UN EE TRE GER A ZT I ne s’agit plus que d’avoir les valeurs des quatre quantités Z, Z', Z"' & Z/"'; mais ces quantités étant les ordonnées dans le fens des z des interfections de la route demandée avec les quatre furfaces du déblai & du remblai, fi dans les équations de ces quatre furfaces om met pour x & pour y les valeurs x! — plfr — 7%) &y — 4 (7 — z). que fourniflent les deux équations { À) &{B), les quaue valeurs DES MIS MC ENCRES: 4703 de 7 qu'on obtiendra, feront relpeétivement celles que nous avons repréfentées par Z, Z’, Z" & Z”, & feront des fonc- tions connues-de x’, y’, 7! & de leurs différences ; donc en remettant à la place des abréviations &, B, y, les quantités qu’elles repréfentent, l'équation de la furface à laquelle toutes les routes doivent être normales, fera ’ ddY dd dd x FAË 4 DEA FE 4 : 188 GE 1,3 PES 3 ra t Et T : EC cn CC Pin Con HAE IT ES mr (ee F pi AE ED U +" TEDE(ÉE I EE dy. dy ddg dx dÿf dx#dy LA [LA 1" dy! 2 LL AOEESS CAE Te ANT EN AD EU does Mu) — Cette équation étant aux différences fecondes partielles, s'intègrera de deux manières aux différences premières, ce’ : Î qui donnera deux équations en — + 1, ou n<2P — 2. Sin — 2? — 2, alors il n’y a ni perte ni gain; mais dans le même cas, 2 + +... + ———, 2 our — ——, exprime la probabilité que 2 a de perdre. 2P Suppofons, par exemple, p—4&n—2?—2—14; la mile de B fera 8. Nous aurons 7 pour la probabilité que À gagnera, - pour la probabilité qu'il n'y aura ni perte ni gain, & - pour celle que B gagnera. Mais auffr à caufe de # — 14, il fera poflible qu'il gagne 16376, à la vérité la probabilité de ce gain fera feulement de —+=—. De fon côté À aura une probabilité 4 de ne pas perdre, mais il ne pourra gagner que 7 dans le cas le plus favorable, & pourra perdre jufqu'à 16376. On voit donc qu'il y a une très-grande inégalité entre les pofitions de À & de B, en ne confidérant qu’un feul coup, & que non-feulement il y a des circonftances où ni l'un ni l'autre ne doivent vouloir confentir à changer l'état où ils font avant le jeu contre celui qui réfulte de cette convention, mais que cela doit avoir lieu prefque généralement. Si on confidère enfuite une fuite de parties, alors on cherchera à déterminer, foit la fomme regardée comme l'unité, foit le nombre » de coups, de manière 1.° que la probabilité de gagner pour À & pour approchent de l'égalité; 2.” qu'on ait Xxxx ii 716 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE une aflez grande probabilité que ni 4 ni B dans un nombre m de parties ne perdront au-delà d'une valeur .qui ait une proportion donnée avec m1. Le nombre des parties étant alors déterminé par la con- dition d’être tel qu'il y ait une probabilité prefque égale à l'unité, ou même la certitude que la perte que À peut faire n'excèdera point fon bien, ou la fomme qu'on croit qu'il voudra ou pourra mettre au jeu. La fuppoñition même de la certitude eft Ja feule rigou- reufe, c’eft le feul moyen que 2 n'ait pas ici de défavantage, En effet, prenons un cas plus fimple, celui où de 100 nu- méros , 2 en choiïfit r, & donne 1 à À, à condition que, fi ce numéro arrive, À lui donnera 100, & fuppofons qu'on joue 200 coups, la probabilité que À gagnera fera exprimée 40464 FR ; . 5 er de 27203 pan à celle qu'il n’y aura ni perte, ni gain par ———, & celle que B gagnera par —— les probabilités de gagner 00,0 pour À & pour B feront donc ici à peu-près comme $ à4, & par conféquent déjà voifines de l'égalité. Dans le même cas, la probabilité pour À de ne pas perdre au-delà de 00 235 100,000 fera , rifque déjà très-petit. On voit donc que pourvu que 2 ait l'efpérance de pouvoir jouer 200 coups, il s'établit dans le jeu une forte d'égalité. II eft vrai que la loi établie ne peut avoir lieu qu'en fuppofant que fi À perdoit 200 fois, il pourroit payer les 200 x 100, ou 20,000; mais quand même il ne les auroit pas, comme la probabilité que À ne perdra pas au-deflus de 10,000, par exemple, eft alors prefque égale à l'unité, & que dans les autres cas très-rares, À gagneroit toujours 10,000; il eft aifé de voir que quand même À ne pourroit payer que cette fomme, B pourroit encore confentir à jouer ce jeu, où il peut efpérer de gagner 10,000 en ne rifquant que 200. B dans cette à RES inc 32333 bypothèfe garderoit d’ailleurs une probabilité son de gagner DES ScrENCES 717 ere 0,46 “re, Z contre une probabilité #°#% de perdre, une probabilité 100,000 8, re 27,066 —"5;de gagner 100 contre une probabilité <7 de 100,000 100,000 1e." AS 189 perdre 100, & une probabilité de gagner 200 ou 100,000 502 »398 À plus contre une probabilité 332 de perdre 200. Ainf, 100,000 quand même 2 n’auroit pas la certitude abfolue que À pourra payer toute a perte poflible , fon état à l'égard de 2 confer- veroit encore une égalité fuffifante. I faut cependant ici confidérer deux cas bien diftinés, celui où, par exemple, les deux cents coups ci-deflus forment une partie liée, en forte que fi À & B conviennent une fois de les jouer , ils foient engagés à continuer le nombre de coups; & dans cette hypothèle , l’état de chaque joueur, & lefpèce d'égalité qui fubffte entreux, & qui peut être regardée comme fufffante , eft exprimée comme nous venons de le dire. Mais fi À & B confervent Ia liberté de faire à chaque coup la même convention, il y a de plus une obfervation à faire: puifque c’eft en confidérant à chaque fois le fyffème des coups futurs que À & PB fe déterminent à jouer, il en rélulte qu'ils doivent régler la mife regardée comme lunité, de manière qu'à chaque coup ils puiflent envifager comme poflible le nomhre de coups néceflaire pour établir une égalité fufhfante, c’eft-à-dire qu'il faut que le bien de chacun des deux, ou la fomme qu'on a lieu de croire qu'il voudra rifquer, puifle fuffire à ce nombre de coups; ainfi pour conferver légalité néceflaire, la mile doit changer après un certain nombre de coups. Dans quelques -unes des combi- naïfons poffibles, c'eft-à-dire, dans celles où le bien d’un des deux joueurs eft parvenu à une valeur qui oblige à ce changement, fi on fait entrer cette diminution de la mile dans le calcul, on verra qu'il doit en réfulter néceflairement la pofibilité de jouer un beaucoup plus grand nombre de coups; d'où doit réfulter auffi entre les joueurs une plus 183 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorALE 7 grande égalité; car cette efpèce d'égalité confifte en ce que {1 on confidère la fuite des coups futurs, on ait une probabilité prefqu’égale pour chacun des joueurs, de perdre ou de gagner, & une très-grande probabilité que la perte ou le gain d'aucun des deux, n'excédera pas une partie très-petite de la mife totale: or, dans ce cas, la première condition a lieu comme dans le précédent, & la partie de la mife totale peut même être, dans cette dernière hypothèfe, regardée comme une quantité donnée, La manière dont nous avons confidéré {a règle établie, peut expliquer auffr deux phénomènes contradiéloires qui fe font préfentés dans les applications de cette règle à des cas réels. I arrive également, & qu’un homme raifonnable À refufera de donner une fomme à pour la probabilité n de gagner 5 : une fomme a > Fed & aufli qu'un homme raifonnable B confentira à donner une fomme L’ pour la probabilité #! de 1 # gagner une fomme a! < —. ñn Le premier cas a lieu lorfque Z eft une fomme confidé- rable par rapport à l’état de la fortune de À, ou en elle-même, & que z eft fort petit. Le fecond a lieu au contraire particulièrement lorfque #4’ eft une très-petite fomme, & que #” eft une quantité extré- mement petite. Dans le premier cas, quoique, fi le jeu étoit fuppoté être répété un très-grand nombre de fois, il füt favorable à À, cependant il refufera de le jouer; 1.° parce qu'il ne peut pas le continuer un affez grand nombre de fois; 2.° parce que pour un feul coup il a une très-grande probabilité de perdre fa mife, & par l'hypothèfe, de faire une perte qui l'incommode, ou qui le prive de jouiflances agréables. Dans le fecond, B confent à jouer, parce que la petite fomme L' eft une fomme très-modique dont il ne regrette D ES'ISICL'E Ni c:E sù 719 pas la perte, & que l'efpérance de gagner la fomme confi- Ë ÿ - * : dérable — , l’engage à s’expoler, même avec défavantage, ñn à cette perte regardée comme légère : c'eft ici le cas des loteries. H y a des jeux où le fort des joueurs n’eft pas égal, & où on donne de l'avantage à un banquier ; comme le ban- quier eft obligé de jouer un jeu très-confidérable, qui exige des avances, & expole à la poflibilité de pertes énormes; que d’ailleurs il eft aflujetti pour les mifes, à fe foumettre, avec de certaines limites, à la volonté des pontes; & qu'enfin s'il n’avoit aucun avantage, il auroit, fur-tout lorfque 1e nombre des pontes eft grand, & qu'ils jouent à peu - près le même jeu, une très-grande probabilité de ne faire que très-peu de perte & de gain, il a paru néceffaire de lui accorder un avantage qui lui donnât une aflurance de gagner à la longue; & les pontes ont confenti à acheter à ce prix le plaifir de jouer, & celui de conduire leur jeu à leur fan- taife jufqu'à un certain point. On a obfervé que parmi les jeux qui dépendent à la fois du hafard & du bien-joué, les uns n'avoient qu’une très- courte durée, tandis que les autres confervoient leur vogue très-long-temps; une des caufes de cette différence, eft la manière de combiner dans ces jeux, l'influence du hafard & du bien-joué, en forte que la différence de force des joueurs, lorfqu'elle eft petite, n’altère point, fenfiblement dans les deux ou trois parties qu'on veut jouer dans un jour, l'égalité de la probabilité de gagner , qu'auroient entr'eux des joueurs égaux Si on donne trop au halard, on ôte à ces jeux une grande partie de leur plaifir ; fi le hafard y influe trop peu, la diffé- rence de force devient trop fenfble, elle humilie Famour- propre. Nous remarquerons enfin, que dans les entreprifes où Îes hommes s’expolent à une perte, dans la vue d'un profit, il faut que le profit foit plus grand que celui qui fuivant la règle générale, établit l'égalité: en effet, comme en général 720 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE on ne sy livre point comme au jeu, par l'attrait du plaifir de jouer, ou comme aux loteries, par l’efpérance de gagner beaucoup avec une petite mife, on ne peut avoir de motif. de rifquer, qu'un avantage qui, en envifageant une fuite de rifques femblables, produile une aflurance affez grande de gagner, & une probabilité prefqu'égale à la certitude de ne point perdre au-delà d’une certaine partie de la mife. Ces réflexions nous ont paru propres à concilier la règle établie dans le calcul des probabilités, avec le fentiment & avec la conduite des hommes raifonnables & prüdens, dans la plupart des cas où cette règle paroïfloit au premier coup- d'œil y être contraire. SE C O ND EP; A'RFM:E, Application de l'analyfe à cette queftion : Dérerminer le probabilité qu'un arrangement régulier eff l'effèr d'une intention de le produire. I. JE fuppofe qu’il y ait # combinaiïfons poffbles, & qu'une feule d'elles foit régulière. Si une caufe a eu l'intention de produire cette combinaifon, elle a eu lieu néceflairement, & fa probabilité fera 1; fi, au contraire, elle a été l'effet du hafard, fa probabilité fera +. La probabilité qu'elle eft n l'effet de l'intention fera donc ——— ou ns & la WE probabilité contraire , + 1 Je fuppofe maintenant qu’il y ait combinaifons régulières; la probabilité d’une de ces combinaifons, dans le cas où il y auroit eu intention de la produire, feroit 1 , & dans le cas NT l'a . . . . m où il n'y a pas eu intention de Îa produire, elle feroit — ; LA la probabilité qu’il y a eu une intention fera donc + m + & celle qu'il n'y en a pas eu ————. DES SCIrENTGC’ESs. 72r Sim — n, ceft-à-dire, fr toutes les combinaifons pof. fibles font régulières, alors les deux probabilités font égales. Suppofons, par exemple, qu'on trouve le mot roma, & qu'on demande quelle eft la probabilité que ce mot a été écrit avec intention. On obfervera que des vingt: quatre combinaifons poflibles ; les neuf fuivantes, roma, ramo, ômar ; omra, oram, maro, mora , armo, amor, forment également des mots, qu'on a pu écrire avec intention; on aura donc ici — 24, m — 9, ainfi la probabilité que ce mot 4 été écrit avec intention, fera 3% ou +, & la probabilité contraire fera 2 ou 2. Si c'étoit au contraire le mot 4x qu'on trouvât écrit, comme les deux combinaifons in & #i donnent également un mot qui a un fens, on aura alors nu — m — 2, & la probabilité que ces lettres ont été placées avec l'intention d'écrire un mot, feroit égale à +. IL tu Maïs l'on ne doit pas fe borner ici à confidérer les com- binaifons abfolument régulières, puifque, ce ne font pas les feules qui indiquent l'intention d'une caufe; fi, par exemple, on appelle e le nombre des élémens qui entrent dans une combinaifon, il peut arriver ou qu'un feul de ces élémens étant donné, tous les autres en dépendent, fui- vant une loi conftante, ou bien que cette loi conftante dépende de 2, de 3, de e” élémens. Or ïl eft clair 1.° que la loi conftante n'en exifte pas moins, quoiqu'elle foit dépendante d’un plus grand nombre d'élémens, & qu'ainfi toutes ces combinaifons doivent entrer dans le nombre des combinaifons régulières. 2.7 Que cependant elles ne doivent pas être regardées comme étant aufli certainement régulières. Suppofons qu'on jette les yeux fur ces deux fuites de nombres 1, 2, 3: 4: 5; 6 A 8, 9» 10. ANA ONNTSNT 3,100) MANS; 67e Mém. 17817, Yyyy 722 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE dont la première eft telle que chaque terme eft égal à deux fois celui qui le précède moins le terme précédent, en forte que, deux termes étant connus, tous les autres le font; & la feconde eft telle que chaque terme eft Ia fomme des quatre précédens , en forte que, quatre termes étant donnés, tous les autres le font. Il eft clair que ces deux fuites font répulières, que tout Mathématicien qui les examinera, verra qu'elles font toutes deux affujetties à une loi; mais il eft fenfible en même temps que, fi l'on arrête une de ces fuites au fixième terme, par exemple, on fera plutôt porté à regarder la première, comme étant régulière, que la feconde, puifque dans la première il y aura quatre termes aflujettis à une loi, tandis qu’il n'y en a que deux dans a feconde. TEE Pour évaluer le rapport de ces deux probabilités, nous fuppoferons que ces deux fuites foient continuées à l'infini. Comme alors il y aura dans toutes Îles deux un nombre infini de termes aflujettis à la loi, nous fuppoferons que fa probabilité feroit égale; mais nous ne connoiflons qu'un certain nombre de termes aflujettis à cette loi; nous aurons donc les probabilités que l'une de ces fuites fera régulière plutôt que l’autre, égales aux probabilités que ces fuites étant continuées à l'infini, refteront aflujetties à la même loi. Soit donc pour une de ces fuites e le nombre des termes affujettis à une loi, & e’ le nombre correfpondant pour une autre fuite, & qu'on cherche la probabilité que pour un nombre g de termes fuivans, la même loi continuera d’être obfervée. La première probabilité fera exprimée par eq +: +g+i (é+i)(e +g+i) AERON CEE Soit 9 — +, & e, e! des nombres finis, ce rapport la feconde par , & le rapport de la feconde à la première par . { + . , gp , devient Fe Aïnfi dans l'exemple précédent, fi l'on DES SCIENCE S. | 723 s'arrête au fixième terme, on aura e — 4, — 2, & le rapport fera +: fi on s'arrête au dixième, on aura e — 8 : e — 6, & le rapport fera Z Z. Si lon fuppole que e & e’ font du même ordre que g, et + gq le même rapport devient —— } AE mi 2 g & fr on fuppofe eig 10, il fera Si par conféquent nous avons un nombre infini d’élé- mens, que nous fuppofñons former une combinaifon régu- lière, & en même temps que parmi les combinailons poffbles, celles qui font abfolument régulières, celles où x élémens feulement font aflujettis à une loi, foient en nombre égal, la probabilité que le hafard donnera une combinaifon 4 . sh 7 2x °,°, 7 régulière, fera exprimée par /— Ex 2x5 donc la probabilité que la combinaifon régulière exiftante, fera l'effet d’une intention, fera exprimée par F , & celle 1 + dx 1 APTE { 2% 2% qu'elle eft l'ouvrage du hafard par SLR PER 2x EH —— 2: J + 2% k : . Le LEE AE Or f —— 0 x étant prile depuis x — 1 juquàx* = 0, ft 2 — 27/2; les deux probabilités feront. donc comme I 2 — 2l2 10,000,000 6,137056 LEE TE UE S —— , OÙ COMME ——— —— LR CERTA Eee 3 — 202 3-— 2l2 16,137056 16,13705 6 S'il ny a dans la combinaifon obfervée que p termes aflujettis à la loi, la probabilité qu'elle eft régulière fera 2p CO CN 1) de l'unité: les deux probabilités feront donc , en forte qu’il faudra prendre ce nombre au lieu (2— 2/2)p+ 2 — 2312 2e — a ——————————_—_—_—_—_———e (4—2/2)p+2— aa (4 — 212)p +2 — 302 Yyyy i 724 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE d’où il réfulte que la première deviendra plus petite que a 2 — 212 6,137,056 feconde lorfque El < NTI ter al I V. Mais cette première fuppofition ne paroît pas conforme à la Nature, & il n’y a aucune raïfon de fuppofer que le nombre des combinaifons abfolument régulières, foit égal à celui des combinaifons où feulement une partie des élémens eft déterminée par la loi; l'hypothèfe la plus naturelle paroît être celle qui confifte à fuppoler que le nombre des combinai- fons régulières où x élémens font foumis à la loi, & 1 — x donnés arbitrairement eft proportionnel au nombre des com- binaifons quelconques de — élémens dont _ font d’une nature, & ——— d’une autre nâture, c'eft-à-dire, es d dx 2 4) étant 1 lorfque l'intégrale eft prife depuis x — 1 jufqu'à PE) Où La probabilité d’obtenir par le hafard une combinaifon régu- Ti étant la demi-circonférence du cercle, & Er , X 1x sL'AE 240% lière, fera donc exprimée dans ce cas par f — ee cette intégrale étant prife depuis x — 1 jufqu'à x — o. formule qui devient alors 2 — y2. La probabilité de Ia & celle de Ia L première: hypothèfe fera donc ici 3 — V feconde ue . Si la combinaifon obfervée n’eft aflujettie que pour p élémens à une certaine régularité, alors ces deux 2pP A v)p+s probabilités feront, la première égale à L : — — V un la feconde à RTE. donc la première eft a = ; ainfr-dans le cas d’une plus grande, tant que p > £ > tant que p > DES $S CcTrE Nice s. 725 100,000 & 58,569 15569 158,569 3 Î + ODA EU . x & la première probabilité l'emportera fur la feconde , jufqu'à 58,569 ‘ 141,421 1 entière régularité, les probabilités feront ce que p devienne plus petit que Vi Si une partie des élémens paroît s’écarter du deffein qu’on obferve dans la combinaifon, ül peut fe préfenter trois cas diflérens. 1.” On peut les regarder comme appartenans à ces combi- naïlons régulières, mais où une partie des élémens feulement eft aflujettie à une loi, & dans ce cas y appliquer la folution précédente, p étant alors le nombre des élémens aflujettis à la loi : ce cas a lieu lorfqu’on ignore les caufes de cette irrégularité, & que les élémens qui s'écartent de l'ordre qu'on obferve, n’empêchent point qu’il ne foit certainement marqué dans le refte, 2.” Ces élémens dont le nombre eft 1 -—— P; peuvent être regardés comme étant déterminés par une loi néceffaire: dans ce fecond cas, la probabilité fera exprimée par LA 1+p 24xÙx CHE TT f d x : ! V(x — x) l'intégrale étant prife depuis x — p jufqu'à x — o; parce que dans ce cas, les combinaifons qui annoncent une intention, ne peuvent appartenir qu'à p élémens feulement. Or, comme ci-devant, la feconde Îe fera par d + ie —= À/(cof. RL — 2p}, & . 240% Ê *earreces — 2 A(cof.— Sims 2p) + v2 . À [tang. = 2pP 2p° ou = pla 2 IN D La première probabilité fera donc (+ V2).V/p—p") 1 (1 + V2)p NC —-vs) V7) — 2 .A Faa=e, nr ] 1. 726 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE fi outre les élémens déterminés par une loï néceflaire, äl y en a d’autres qui ne foient pas d'accord avec la combinaifon régulière qu’on obferve, & que p' feulement y foient affujettis. La feconde fera nu lit va) Vpn) PIERRE A nine OM OI ASNRE TU A (cof. = 1 — 2p) Ne) (rm) ] i —(i—V(i))p At(cof. = 1 — 2y) Y (2).A[tang = 3 On peut avoir une partie des élémens qui annoncent une intention, tandis que les autres annoncent une intention contraire. Soit p le nombre des élémens qui annoncent Ia première intention , p’ le nombre des autres, & p +-p'— 1: on fuppofera d’abord que p' élémens font déterminés par une loi néceffaire; & l'on aura dans cette hypothèfe pour {a EAU EX : « 2pP probabilité de cette première intention + or & P pour la probabilité contraire. On fuppofera enfuite la même chofe 4 pour la feconde intention, & les probabilités feront Pr & P', P! étant ce que devient P, en mettant p’ au lieu de p, & l'on aura pour la probabilité de Ia première intention, 2p + : —E , pour celle de Ia feconde FA Li D nage “ + P+.P LT ? Sc 2p° 1+p P+ P' SE NET = 2 D LENOIR RE FA ETS RAS EPS 1+p rt +p 1+p 1 +-p pour celle qu’il n'y a pas d'intention. Si les deux cas précédens fe combinent avec celui-ci, on trouvera facilement, par le même principe, ce que deviennent alors ces différentes probabilités. Die SOUS EM EN CE S 727 VE Il nous refle maintenant à examiner Ie cas où une partie des élémens nous eft inconnue. Soit 4 le nombre des élémens connus, a! celui des élémens aflujettis à un ordre régulier, 1 — a + a'le nombre de ceux qui peuvent y être aflujettis, la probabilité qu'il y en en aura x afujettis fera un * Aiïnfi, la probabilité qu'il y a un ordre, fera dans cecas, d 24 Eter 4 H= Ps divifée par f— 0x, l'intégrale étant prife depuis x — 1 — a + a! jufquà 1 2— a+ EN : .. x — al; cette probabilité fera donc 2. 1 1—a+ a ad la valeur de la feconde probabilité reftera la même. Par exemple, dans le cas où l’on ne confidère aucune loi comme néceflaire, on aura, en faifant a — +, & à — 21,1 CE! 1,7 4 x fl ET l première probabilité égale à 2 # 32,, & la feconde l2 83,006 2) ca 141,575 la première fera 22 — (2), ou la première égale à à 8,56 : feconde à "2, Sia — à — 1 140575 as 18— 14 CAPE CHAN & la feconde 2 — y(2), ou 58569 126,376 67,807 126,376 VIT Si Yon connoît à élémens aflujettis à une loi néceflaire, & que les 1 — a élémens, dont l'ordre eft inconnu, puiflent y être aflujettis, on prendra au lieu de a formule ci-deflus P, Le , l'intégrale étant prife depuis x = b jufqu'à x = 1 — a + b, 728 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoïYALE VLÆL On ne doit pas regarder comme abfolument rigoureufes les formules précédentes, n° VI & V11 Il paroitroit en effet que les probabilités =, “és d’avoir un nombre x d’élé- mens ou réguliers, ou déterminés par une loi néceffaire , n'expriment pas les vraies probabilités, mais qu’il faudroit y fubitituer pour la première, I RE LI RCE) RÉ ce) ’ TRES 2 CESR ET (= 2) Re FE (at d +)" RUE TO & pour la feconde II. PET Se ir . RE Mt eh) VAUT Maïs en ayant attention de divifer enfuite les intégrales par celles de ces fonctions 7 & 1, multipliées par dx, les inté- grales étant prifes depuis x — a oux — b, jufqu'à x — 1 AN OUT PE ND Cependant, comme les combinaifons non régulières ou n'étant aflujetties à aucune loi, ne font pas telles réellement, mais feulement nous paroiffent telles, la première méthode qui fait abftraction de ces combinaifons, & qui détermine uniquement la probabilité d’après les autres que nous con- noiflons pour régulières & aflujetties à une loi, eft peut-être préférable, & la probabilité qu’elle donne plus approchante de Îa vraie probabilité. ; En effet, les élémens qui ne nous offrent pas de régularité, ceux qui paroiffent indépendans d’une loi néceffaire, peuvent être régulièrement difpofés entr'eux ou dirigés par une loi néceffaire, fans que leur ordre ou leur régularité nous frappe; il paroît donc naturel de regarder ces élémens plutôt comme nuls, relativement à ce qui doit arriver aux élémens incon- nus, que comme formant une probabilité contre l’ordre de ces élémens ou contre l’exiftence d’une loi néceflaire, fuivant laquelle ils foient difpofés. Lans OBSERVATIONS D:3E25, SP ERREUN CE S: 729 CR à CD NE EPS SCIE LS DE D LD DCR DEA DEN Se EC RTPEAS TT ON TS BOTANICO - MÉTÉORO LOGIQUES, Faites au château de Denainvilliers, proche Pithiviers en Gätinois, pendant l’année 1 780. Par M. pu HAMEL. AVERTIS SLE M EN T, Le s Obfervations météorologiques font divifées en fept colonnes, de même que les années précédentes. On seft toujours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, ou du terme de la glace: a barre à côté du chiffre indique que le degré du thermomètre étoit au-deffous de zéro; quand les degrés font au-deflus, il n'y a point de barre; o défigne que la température de l'air étoit précifément au terme de la congélation. I eft bon d'être prévenu que dans Automne, quand il a fait chaud plufieurs jours de fuite, il cèle, quoique le thermomètre, placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur; c’eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. Les Obfervations ont été faites à huit heures du matin, à deux heures après midi, & à onze heures du foir. Nota. Les Obfervations du baromètre , à commencer du 1. du mois de Janvier, ont été faites fur un baromètre callé fur celui de l'Obfervatoire, qui eft 3 lignes plus haut que celui dont nous nous fervions les années précédentes. Mém, 1781, Æ'T2Z 730 MémorRes DE L'ACADÉMIE ROYALE MAN TV LÉ ReMyen Jours | THERMOMÈTRE. Ù du |VENTS mm TN | BAROM: ÉTAT DU,CIÉL. MON | Matin. | Midi. | Soir. = ne mere om ne ns Û 2 gréss Degrés. Degrés. pouces lignes 1 | E À— 3. |— 121— 24 128. T |couverr & givre, 2. | SO. Ï— 3. |— 2. |— 1. 28. oO lidem, 3. GARE EU E, 1. |— 1, {27. 10° |bruine. 4. N. HA 3. |— 1. [28. 1 [beau, avec des nuages. ÿ: N. |— 42.|— 2. à. |38. o |beau. el O: re 1. |— 1. 27. 10 |idem, 7. N. |— 2. 1. |[— 3. |27. r0F|couvert & brouillard. 8. N. ÿ— 6. 2. |— 425127. 9:|beau. 9. S.' Η 6. |— =|— 2. |27. 8—|idem. 190. SEC RZE: = 12.127. 6 couvert & petite pluie. 11. S: o. 2 2. 127. 7 |brouillard. 12} N. QUE 21 2. 27. 82lidem., 13, N. — 41|— 1: 3. [27 7 |beau. 14 N. — 5. |— 1. S- |27. 6 lidem. 15. S. À 47 3: s- 127. 1 |pluvieux. 116-0|IS"O} s- 8. 6. |27. o |pluie,gr.vent;tonn.tr. f. V’ap.mid. 17. N. S- 6. 4. |26. 10 [pluie & vent. 18. Si S- 8. 5: |27. 1 couvert. 19. S. 4. 9: 6. |27. 2 |beau; le foir pluie. 20. S. 4. $+ 3. [27. 4 [pluie & grand vent. 2h O. 2È 33e 1.127. 8—+l|orand vent & couvert: 22: N. |— 2. 1. |— 1. |27. 9 <{beaule mat. l’apr. m. couv. . neig. 23) N. |— 351— 1. |— 4. |27. 9 [brouillard & givre. 24. N. |— 4. |— 1:]— 4. |27. 81|neige. 25 à N | "7. 3. |— 4. |[27. 8 [couvert & neige. 26. O. |— 3. Oo. |— 3. 27. 8 |neige. A E |— # |— ï|— 4 |27. 9 |neige & couvert. 1 28. N. |— 71|— 4. |— 9. |27. 8 |couvert, brouillard & givre. 20: N. Η 75— 2. |— 4. |27.. 4 |beau. Ü 50. | N. |— 4. |— 111— 3. |27. 4 [couvert & neige. 50 [— S: |— 3: |T 5: |27. 4 |couvert. SRE TETE ER CR K SENTE TA D IEEE TERERE RCI REED EP DEUS : OC 'IRELN (CE Sa 731 Au commencement du mois il eft venu de la gelée dont on n'a pas pu profiter pour voiturer, les chemins étoient rudes & pleins de glace; la gelée n'a pas pénétré en terre plus de quatre pouces ; durant cette gelée on a vu fur les épines blanches quantité de groffes grives ou chachate qui venoient manger le fruit de l’épine blanche (oxiacantha) , & aufli-tôt après le dégel on n’en a plus vu. À Pluviers & aux environs il y a eu beaucoup de petite vérole, & il en eft mort quantité d’enfans. ÉTAT] “732 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE PTE V RIPENR: | Jours THERMOMÈTRE. du |VENTS TE mme VS BAR OM: ÉTAT DU CIEL. RE EEE | Degrés pouces lignes I. N. — 6 27. 3 |vent & nuageux. 2. NY = -127. 3 [couvert & neige, 3. IN. O.J— 4x: . 127. 8 |couvert. 4 ÎN. EÏ— 4. 3. Ü27. 8 |beau. S- Sr 2. 1. 127. 8 |couvert. 6. S. 4e 7: 22.127. 3 |le matin pluv. & l’apr. midi nuag. 7. O, 52; S = 3- [27 8 [couvert & petite pluie. S : E, LS S* 4. |27- 10 |couvert. 9. E! 4i Zee 6. 128. Oo |petite pluie. 10.IN° MER $ = 6. 21.128. 1 |idem. LI. N. 1 6. 3. 128. 1+|couvert & un peu de pluie. 12. N. L 3: o. |28. 1 |grand vent avec des nuages. 13e N. |— 1. 2. ©. 28. 2 |beau avec des nuages & du vent. 14e N. o. DE 2. 128. 1 |couvert, & un peu de neige, 19e N. : 15. 1. 28. oO |vent & couvert. 16. N, o. 3: 2. [28. 9 |couvert. 172 N. i— 3. 2. |— 2. |28. o |beau. 18. S. [— 15. 1. ©. [27. 10 |couvert. 19. CE () oO. 0. 27. $ |neige & grand vent. 20. N. |— © 2+|— 3:27. 6 |neigeux. 21. [N. O.]— 2 13.l— 32127. 7 |couvert, vent & neige. 22. [N. O.l— 25. 12.— 324127. 9 |couvert & neige. 23. [N. O.— 5 2. |— 41128. 1 |beau, avec des nuages. 24. |S. O.i— 8 2. |— 12.128. 2 |beau. 25. S. (e 4. |— 3. 128. 8 [couvert & vent. 26. IN. Of © ©. |— 3. 128. © |neige & grand vent. 27e O. |— 3. 4 225.127. 10 |pluie & grand vent. 284 1HO: ré 7. 6. |27. 11 |couvert & un peu de pluie, 29. ©. 6. 8. 7. 28. o [couvert. DE SIMSNETE N'C E s 733 Ce mois a été neigeux avec de grands vents; dans des endroits où la neige avoit été pouflée par le vent, on en a mefuré jufqu'a 4 pieds de hauteur; on n’a pu faire d'ouvrage durant ce mois, ni labourer pour faire les mars. Vers la fin du mois on a commencé à tailler les vignes, 734 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYyaAzeE M ARS. A a Jours THERMOMÈTRE. du [VENT | mn KR PTS ÏBA ROM. ÉTAT DU CIEL. Mots. Matin. | Midi. | Soir. Degrés Degrés. Degrés. I. O. 6. 9. 6. 127. 11 |beau, avec des nuages. PE S? S: 10. 712 9 |couvert. 3. Si 6. 9- 41.127. 81|bruine, 4. ©. 2+ 6. 32-28. 1 |nuageux. S. Se ©. 8L. 7: |28. 4 |beau, avec des nuages & du vent. 6. S 6. 10. 72.128. 4 |couvert. ” 7. S: 6. mx, 7. |28. 3 idem. 8. O. 6. 10. 8. 128. 2 |idem. 9. N. GE 10L 61.128. +|le matin brouill. & enfuite beau. 10. N. Se 10. 4. |28. o |le matin bruine, & enfuite beau. II. N. re nr 7. 127. 11+}gelée blanche le mat. & enf. beau. 1e 5. 4 II. 8. |27. 11 |grand vent & couvert. 1e SE 4 11. s: |28. 1 |beau. TEE S} L 13. 8L.|27. S8lidem, mais brouillard le matin. SO! Ga 92: 3- 127. 8 |pluie & grand vent. 16. N. 4. 9 à 4. |27. 9 |lemat. pluie & vent, enf. beau&n. 17. Gi 4: JTE 93-128. o fheer avec nuages, le foir bruine. 18. S. 7 104 62.127. 9+|grand vent & pluie. 19. ©. S- II 8.127. x [couvert & grand vent. 20. S. 2 12 73-|27. 10+|beau avec des nuages. D 1e Si Se 18. 12. |27. 8-:lbeau. 22. Se S= 7e 5. |28. o {pluie & vent. 23. N. 15 8. 33-128. o |beau avec du vent. 24. N- Oo. 11. S- |27: 8 lidem, 2. ADN O 4. 12 7.27. 11 |beau. 26. GE Ge 15 93-127. 11 |beau avec des nuages. 27: S. GE 18. 11. |27. 10 beau. 28. 5. 7: 16. 92-127. 10 |vent & bruine. 29. S, 6. 13- 11. |27. 10 |nuageux. 30. S, 7e 2 9: |27. 9 [couvert & bruine. 31. S. 7 II 7. 127. 7 |pluie & vent. Pre PE SN SPOMENNICE 735 Ce mois a été paflablement beau & chaud, on en a profité pour labourer & pour femer les mars vers la moitié du mois, car au commencement Îa terre étoit trop molle à caufe de la quantité de neige qui étoit tombée le mois précédent; la grande chaleur qu'il a fait durant ce mois a fait pouffer les vignes vivement , de forte que comme on n’en avoit pas beaucoup taillé 1e mois dernier, les vignerons ne pouvoient . pas trouver affez de monde pour les aider. Les pêchers & les abricotiers étoient fleuris vers la moitié du mois. La rivière d'Effonne a été haute, ce qui provenoït de Ia quantité de neige tombée le mois dernier. Les hirondelles font arrivées le 27. 736 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE AVRIL. THERMOMÈTRE. Pa TT BAR OM. ÉTAT DU CIEL. Matin. Midi. Soir. Degrés. Degrés, Degrés, pouces lignes s- 10%. 7. |27. 8 |pluie & vent. 6. 10. 8. 127. 3 idem. SO $ 9. 6. 126.11 |grande pluie & grand vent. ©. 3e $ z° 1. |27. 6 |grand vent & nuageux. N. E.l— ©: 8. 43-127. 6 |couvert, gelé à glace, mat. brouil. N. 2% 4» 2. |27. 9 \neige & pluie. EMI 7£. 34. (27- 6 gelé à glacele matin, & enf. couv. N. 2£. 73. 24127. 8 |beau avec des nuages. N. — 1. $ =: 22.127. 11 |beau avec des nuages & du vent. N. o. 10, 4. |27. 10 |beau. 5: 2e 7° 4. 127. 6 |couvert & pluie. SH O 2. 9. 3. 127. 3 |nuageux. N. 1. 9: 3. |27. 4 [grand vent & couvert. N. Sy 7- 2. |27. 8 |grand vent & giboulées. N. O. 2 10. 6. 27. 8 |beau avec des nuages & du vent. S. ©. 6. 10. 7. 127. 8 |le mat. couvert, enf. beau av. vent. S'HO: 7 PE s+ 127. 7 [pluvieux & grand vent. ©. Se 7: 4. 127. 6 |le mat. vent, l’après-midi pluvieux. ©. 2, 6. 4. 27. 9 |pluvieux, avec de la grêle. ©. 54 9. $- 127.10 |beau avec nuages, le matin grêle. S: 10: Fa 10. 7. 27. 9 |couvert & bruine. S: 8. 12: 8. |27. 7 |pluvieux. S. 4 8. s- |27. 6:1|pluie, tombé du grefl, tonné lef. S: 4 8. 7. 127. s |pluvieux. S: SE 10. 10. 27. 4 idem. S. 7. 10+ 8. 12 9 |couvert, vent & bruine. SE 7e 11ÈL 102.27. 9 [pluie & grand vent. + axe 13 113.127. 9 |beau avec des nuages. S. 11 18 11. Î27. 81|beau, le foir bruine. S: 9 GE 10. 27. 9 {beau avec des nuages, Ce DEPUIS ACNTIENNRE NE" si AT. Ce mois a été froid & venteux, avec des pluies fortes par intervalles & du grefil ; ila gelé à glace depuis le $ jufqu'au 9, ce qui a endommagé les vignes, fur-tout les jeunes plans; on a continué à femer les mars vers la moitié du mois ; de Jong-temps on n'avoit vu les ouvrages retardés comme cette année, à la fin du mois on a femé les pois & vefces: le froid a été contraire aux feigles & aux blés, ils fe font trouvés très- fatigués, & commençoient à rougir. Les vignes qui avoient pouffé pendant le mois de Mars, ont été arrêtées par le froid ; on'a entendu le roffignol chanter le 1 2 dans la plaine. A la Saint- George les ceriliers & autres arbres étoient fleuris, , * Mém. 1781. Aaaaa 733 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLr M A 1. Jours THERMOMÈTRE. du |VENTS. Ps ST Mois. [BAROM. Matin. Soir. Drerés. Din UN Deer Opares here LIReS: EE Se A RS CO ra + De S: 10. 10. 10, 27.11 3. Se 9e 10. 9. 128. o 4. |S. O. 9+- 14. 11. |28* o sr SO: 82 182. 13+. |27: 10 CIS MO} 9- 12 |MUTO- ler 7 OË 9. 14. 1207 li 8. S: 10. 7e ou AA NE 9. Se 9= 17 125.27. 6 10. S. 10. 15 101.127. 8 II S. 8. 1$2.| ro£.|27. 10 1 IMS: 10. 15. 10. |27. 10: 13. S: 10. 13: 9. 127. 9 14. S: 8. 12 7e 127. 5 15: N. 7e 10 7e f27- 11 16. IN. O. 9. 16e 10. 28. o en IMO! 7 16e 12. Î28. o 18. O. 10. 17+- Tr I28-00 19. Se 9. 18. 125.27. 11 20. N. L 147. | +10. 128. 21 S. 10. 181 WT 27. 00 22 ©. 10. 19+ 10. [27. 8: 2 O. 10. 9. 127. 9 24: Où 9. nie 10. |28. 1 25. S. 9 1e 13-28 00IT 26. N. 1221 27e 16128. OZ Da N. 13. 22. 161.128 OZ 28. E. 135- | 122%. 162. |28. 11 29. E. 152 | 252. 191 [28.10 30. S. 17. 26. 20. !28.10 31 S: 17 27+ 20. 128. ro ÉTAT DU CIEL. nuageux; il atonné & éclairé le f. couvert & bruine. nuageux & pluie. beau avec des nuages. idem. idem, couvert & bruine, couvert. idem, nuageux. beau avec des nuages. idem, pluvieux. idem. pluie & grand vent. beau avec des nuages. idem, beau. beau avec du vent. beau avec des nuages. idem, couvert, vent & pluie. grand vent & pluie le foir. beau avec des nuages. le mat. bruine, enf. beau av. nuag. beau. idem, idem. idem. beau avec du vent, idem. D'Ets MSLCEPEUN CE 739 Ce moisaété favorable pour les grains & autres Jégumes, comme pois, fèves, &c. Il eft venu un temps aflez doux qui a bien fait aux feigles & aux blés qui étoient fatigués des froids du mois dernier; on a femé des fèves, pois ; planté des pommes de terre & autres légumes au commen- cement de ce mois. Le $ , les feigles commençoient à épier ; on a vu quelques épis le 2. Les blés ont commencé à épier -vers la fin du mois, les fainfoins étoient aflez forts, mais d'une moyenne hauteur , ils commençoient à fleurir vers le 25 du mois. Les vignes qui n'avoient pas pouflé aufi fort que les autres dans le mois de Mars, ont été moins endommagées par les gelées du mois d'Avril, de forte qu’à la fin du mois elles montroient une fois plus de raïfins que les autres, fur-tout les fromentés. : | Le vin de Ia récolte de l'année dernière s’eft vendu 36 livres le poinçon. Le blé s’eft vendu 18 livres le fac. On a forti les orangers le 8; les charmilles & tilleufs *étoient garnis de feuilles, Aazaa if 740 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE FC NI Jours | THERMOMÈTRE. du [VENTs | me Nos ÏBAROM: ÉTAT DU CIEL. Mois. - À Matin. | Midi. | Soir. Degrés. Degrés. Degrés, pouces lignes MIS EOMEPTS" 28. 21. {27. 10 |beau; il a éclairé le foir, 2 S: 172 | 275] 19+ 127: 9E|beau. Re Se 1$. 27, 18: 127. 9 +) beau avec nuages, le foir écl. & br. 4 N. xs 232. 14. Î27. 9 |le mat. nuag. lef. tonn.écl. & pl. S- N. 13,5: 2h 14. |27. 9 |le mat. brouill. enf beau av. nuag. 6. E: 18% 18. 125.27. 9 |pluie & couv. le foir tonn. &écl. 74 N. 2 17. 10. |27. 9 |couvert & vent. 8. N. 7 13 8. |27- 10 | beau avec nuages & vent. 9. N. a 15: 12. [27.10 |idem, 10. FE 10. 13, 15. 27. 8 lidem. Te N. 11 20: 15- |27: 9 beau, 12. N. 14 2ITe 15. 27. 102 idem, 13. Se 1 DRE 16+.|27. 10 idem. 14. O. 12 16. 14 l27. 10 Je matin bruine, couvert & vent. 15. |S. OÙ 1 Te 9. |27- 11 couv. & pl. ila tombé de lagrêle. 16. |S. ©. 9 151 | 12. |28. oO couvert. 17. S. 12 16. 14. 127. 10? nuageux. 18. S2 12%) 17. |27. 9 beau avec des nuages. 19. Se 16. 23% 16. 27. 9+ beau avec nuages, le f.tonn. & pl. 20. S. 142. 16. 134./28. O nuag.av.pl.vivem. &interv.tonn. br. |S LOUE 15+. 12. Ü28. 2 beau avec nuages. 22 S* 13 18. 1$- 27. 11 |idem, 23- N. 13% 17+ 122. (28. + beau avec nuages. 24 Se 19% 2 13. |28. O idem, 2 S: 10 1$ 20+ 13. 28. 1 beau avec nuages & vent, (28. 2 idem, (28. 12 idem, 128. I dem, 128. 11 idem, 28. 10+ idem, : DES SCIENCES. 7AT Le 3 ,on a commencé à faucher les fainfoins , is n’étoient point hauts, la récoltea été médiocre, dans des endroits il en a eu fort peu dans les terres de médiocre qualité, dans les meilleures terres on a récolté environ trois cents cinquante gerbes par arpent ; ils ont été ferrés par le fec. Ils promettoient beaucoup au mois d'Avril; mais le mois de Mai ayant été un peu fec, ils n'ont pas monté. On 2 fait auffi durant ce mois la récolte des foins: dans Ja vallée où coule la rivière d’Effonne, la récolte a été double de l’année dernière; mais à Vrigny où ce font des prés hauts, comme l'année pañlée qui étoit médiocre, Il n’y a prefque pas eu de cerifes, ni de guignes, elles avoient été gelées au mois d'Avril, Il y a eu beaucoup de fraifes, mais elles n'ont pas duré long-temps à caufe de la fécherefle ; la rivière d'Effonne a été balle, Le blé s’eft vendu 20 livres le fac. Le 4 du mois, fur les s à 6 heures du foir, il y a eu un orage confidérable aux environs d'Etampes, à une paroifle appellée Vilconin : Veau, dans l'églife de ce lieu, a été jufqu'à huit pieds de hauteur. II eft tombé de la grèle en grande quantité, & d'une grofleur énorme : beaucoup de Paroifles des environs ont été perdues ; deux perfonnes tuées, & beaucoup de bleffées. Le tonnerre, durant une heure, n'a pas ceflé de fe faire entendre, + Jours du Mois. m O © NN] où BR LU D ©) D D D D D D 7e MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE TJ CINE SECAM THERMOMÈTRE. | VENTS. er bre Midi. Suir. | Degré, Degrés. Fe pp Si 2 AL. 20. |27. 10 S. 20£ 15. 27.11 Si 16. 15. |28. o Se 17£. 10 ACRIEE S'1ON 228 Er I2 82010 SOI 19. 12. |28. | N. ù 172 14. 2711 N. 19. 14 |27. 10 N. E.f 202 16. 27.11 E. 14. 132. |27. 11 N. | 17. | 124 27.11 SO: 21. 17° 0127010 N. O.! 22. 132.127 u1r N. | 18. 14. 1128. 0 N. O.| 20. 15. |27.10 N. EE, 20. 185. |27. 10 E4 26. 204.27. 8 S. 195 | 14. 27.10 SOA 16. 141.28. o M. 18. CE Pt) ee) S. Eire 16. 128. o S: 17. 14. 127. 7 N. 20. 16. 27.107 N. DA} 161.128. o N. | 20. 7. 120, UT N. E.Ï 24. (|NI182 1128. ‘0 N. 262 T7 M2 NT N. 20. 15- 28. o N. 22. 17. 27.10 IN. FE, 277. 201, 27. 101 N. 28. TAN UE ÉTAT D UC TES beau , le foir tonn. éclairs & pluic. nuageux. pluie & couvert. couvert & bruine. idem, couvert. beau avec nuages. idem. idem, couvert & pluie, beau avec nuages. idem, beau avec nuages & vent, idem. couvert, vent & bruine. le matin couvert, & enfuite beau. beau. F couvert, l’apr. miditonn. & pluie, couvert & vent. couvert, vent & bruine. beau avec nuages. couvert, pluie &tonn. l’ap. midi. beau avec nuages. idem , avec du vent. couvert, le foir bruine, beau. idem, avec du vent, idem, idem. beau. idem. DES -S CrEUN c € s. 743 Ce mois a été fort fec; on a commencé À couper les feigles le 12; ils n'étoient pas hauts en paille, mais aflez bons en grains. ; On a commencé la moiflon des f'omens le 24,; ils n'étoient pas hauts en paille, non plus que les feigles , mais bien grainés, & le grain de bonne qualité; Le temps s’eft maintenu toujours beau pour en faire la récolte ; onles a engrangés bien fecs; dans les terres légères il n’y en a pas beaucoup eu, il a des endroits où ils n’ont produit que trois facs l’'arpent, à caufe de la féchereffe. Les avoines n’étoient pas hautes non plus & peu épaifles , de même que les orges ; ainfi, on n’a pu compter que fur peu de fourrage cette année. Les vignes avoient bonne façon; les raifins groflifloient à vue d'œil; le vin s’eft vendu 33 livres le poinçon. . \ 744 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE AM ST CAPOT PRIORI RER PRIE SP GONE AS TRE CLEAN PE CR PRE ONE TEE ES DEEE LT RS DCE RREPS Jours THERMOMÈTRE. du [VENTS | ne NP BAR OM. ÉTAT DU CIEL: MS Matin. | Midi. | Soir. | Degrés. Degrés. Degrés. pouces lignes I. N. 161: | 28. 18. |27, 10 |beauav. nuages, tonn. mat.auloin. D. N. 1081027 21. 27. 9 |beau avec du vent, le foir éclairs. 3e S. 161. | 252. 194.127. 10 |beau, le foir il a tonné & éclairé. 4. N. 15 + 26£. 21. |27.. 9 |beau, le f tonnerr. éclairs &pluie. S- N. 17. 24. 19. 27. 9 |couvert, il efttombéun peud’eau. 6. N. 17: 247 17. 27. 0 |couvert. 7, N. 14z- | 25. 19. |27. 10 |beau avec nuages. SMIOPINE 16. 24. 161.27. rO |beauavec nuages, vent, tonn. &pl. D: |SNMES 16!. 26e 17. |27. 9 |beau, lapr. midi tonnerr. & pluie. HO MIN MONO 25. 184.127. 8!li'nuageux, l’apr. miditonn. & pluie. FISCAL bte 17. |27. 8 |couvert,il eft tombéun p. depluie. 12 S: 1$- 23. 18. |27. 8-L'couvert & pluie le matin. 13 Se 15 2 17. 127. Oo |idem, 14:05 Our 20. 175127. O |couvert. 15 S: IS DDe, 15#/27. O!'beau avec nuages, tonné au loin. 16. SOMMES. DD: 15. |27. 11 |couv.pl. viol. parint. tonn. &écl. 174 ©. ETS 2. 181.127. 10 | mat.brouill. enf. beau avec nuag. 18. O. 1S£ | 222 {| 16. |27. 81|nuageux, il a tonné au loin. 19. N. 15. 2 16. }27: 10 |idem, i 20. N. 147 20. 15: |28. o |nuageux. F3: N. 14. 23 17:-|28. © |beau. 22 AIN ONE 19. 15. 27. 11 |beau avec nuages & du vent. DEN E. 13. 132 15-27-40 pluvieux , il a tonné au loin. 24 N. 132 20, T7 27.10 beau avec nuages & du vent. 2ISEMIIS UE Se 20. 165. |27. 10 |nuageux. 20 AIN. NE: 14. 24. 19. |27. 10 beau , le foir éclairs. 2e N. 14, 24 10. |27...0 beau avec nuages. 28, N. EE ane 17. 27. 92lbeau avec du vent. 29. N. 14, 24n 7 DA O idem. 39. E. 14 2 DAS 7 UT idem, 31 N. 14 2$< 18. 27. 11 |beau. "On D Bis: 1 S:,Cc (DEMO €: Si 745 On a fini la moiffon du froment le 12 du mois; on a fini aufi de faucher les avoines. Le 10, on a vu dans les vignes des verjus tournés, I y a eu fort peu de prunes, beaucoup de cerneaux, qui étoient bons à manger à {a Saint-Laurent: en général, peu de fruits. Plufieurs vignerons fe plaignoient de ce que le raifin grilloit dans les vignes ; en effet, 1a grande chaleur & la féchereffe en ont un peu defléché. On a vu les raïfins tous noirs à la fin du mois: vers le 10, il y en a qui en avoient vu quelques grains tournés. Il y a eu quantité de fièvres, tant à la ville qu'à la cam- pagne, de forte que les Laboureurs avoient de {a peine à fe procurer du monde pour {a moïflon. Il y a eu des fermes où les maitres & maitrefles, & tous leurs domeftiques , étoient pris de ces fièvres. IL eft venu un peu de pluie environ vers le milieu du mois, qui a mouillé les avoines lorfqu’elles étoient fauchées, & on en a profité pour des lever; elles n'étoient pas hautes en paille, & fort minces (ainfr que nous l'avons dit au mois de Juillet) : le grain étoit de médiocre grofieur : l'arpent a rendu l’un dans l'autre, fept facs; les orges n'étoient point fortes non plus en fourrage ; l’arpent a rendu lun dans V'autre huit facs. Mém. 1781. Bbbbb 746 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE SEPT EMEBRE. Jours - du Mo1s. HN un + & NN mm THERMOMÈTRE. VENT PTS | BARO M: ÉTAT ID'UACIEL. Matin. Midi. Soir. Degrés. Dagrés. Degrés. |pouces lignes Si 15. 217. 20. |27. 10 |beau, il a tonné au loin. N. 17: 244. | 16. |27. 9F|beau. N. 14 PRE MR 7 NO ES avec nuages & vent, N. 12: 20. 13. |27. 11 |beau. N. 10. 19. 124.27. O+|beau avec vent. N, ES 8. 212); 14. |27. 8+\idem. S. 10. 20T. 16. |27. 7 |couvert, il a tonné & plu le for. Sr 12. 13. 15. |27+ 7 |couvert, avec pluie par ondées. O. 12, 20. 14. |27. 9 lidem. E; 114. 19. 121.|27. 8 |couvert. S: 115 19. 12. |27. 10 |couv.avec pluies viol. &parinterv. S. 10 17 11. |27. 15 |beau avec nuages & pluies fortes. S. 92-| 19. 13. |27. 102|beau. So 122 15- 12. |27. 10 |beau avec nuages & pluie. S. 13. 20+%.| 13. |27. 10 |beau. SE 123. | 212! 14. |27. 8 |beau avec nuages & vent. SE 14 nie 14. |27. 7 |[pluie. D. 12, 17: 113.127. 6+\pluie le matin, & Fapr. midi nuag. S. ei mise 11. |27. 8 |beau avec nuages, un peu de pluie. Cu 102, 132 13. |27. 6 |pluvieux. S. O.] 1ox. TUE 11£.|27. 10+lidem. N 10. 16. 11. |28. © |beau, le matin brouillard. E. 10. 18. 12. |27. 9-+|beau avec nuages & vent. S 10. 18. 13. |27. 115 idem, SONT. 16:.| 12. |28. Oo |beau avec nuages. S + 18. 13. |27. 10 |beau. ©. que 16. 10. |27. 11 |le mat. pluvieux, beau l’apr. midi. SO TNnC: 15: 13- |27. 10 |beau avec nuages & vent. S: 10. 14. 103.27. 7+|vent & pluie laprès midi. S. 10%. 3. [27. 3+|pluvieux & vent des plus violens. DE S)' SGH ELNNC ES 747, Les fièvres ont toujours continué durant tout le mois; il y a des endroits où il en eft mort beaucoup de monde. On a labouré à demeure, & femé les feigles. On a commencé la vendange le 25; il a fait aflez beau, excepté quelques jours qu'il eft tombé un peu d’eau; l'arpent a rendu lun dans l’autre dix poinçonnées de raifins : comme le raifin étoit bien mür, on efpéroit bonne qualité au vin, Le 30, il a fait un vent furieux qui a renverfé des arbres de cinquante pieds de hauteur fur huit de tour, & en a caflé un par le milieu de fix pieds de HIS. à la vérité cet arbre étoit échauffé dans la partie où il a rompu. Bbbbb ïÿ cr 748 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE OIC"T "OFPIRNE Jours THERMOMÈTRE. 6 du |VENTS) nn NS |BAROM. ETAT DU CIEL. Mots. Matin. | Midi. | Soir. s Degrés. Degrés. | = Drgrés. pouces lignes 1. | © Lip 13. |27. 2 |pluvieux & grand vent. 2à CE 10. 12. 11.. 27. 4 |beau avec-nuages. 2 S 10. 4e 8. {27. 9 |idem. 4. SE 1. 13. 8. 128. Zl\idem, s-. 115, NO! re 12. 61.128. 1 |beau avec nuages & vent. 6. O. 3208 0rge 8.127. 9 |brouill. & gelée bl. lem.enf. beau. 7 IS RO! 9. nes 92.127. S |couvert, vent & bruine. SENS MNES 6£. 13- 11. 2 1 |brouill: le matin & pluie Fapr. m. 9. Se II. 135. | 101.127. 2;:\pluie & grand vent. 10. S. 10. 10%. 9. |27. 4 |idem. IS Se 8. 13. 9° 27. 8+|nuageux. 12. Se 9£. | 1. 8. 128. o |pluv.le mat. enf. nuageux & vent.} 13-0S-0RE CREME 8. 127.11 |beau avec nuages. 1e MIS NE 8+. 13. 13: [27 .9 |beau. LS MISES 8. 17% 134127. 7 |beau, le foiril a éclairé. - 16. E. 9=- 174 > IS 127.170 | beau: 17° S. of | 19£| 14 27. 10 lidem. ‘6 18. S 112. |- 21. 1$+ 27. 11:|idem. É 19. S: 114 | 1$1| 12. Î27. 9 |mat. brouill. enf. couv. & gr. vent. 20. Se 9. 12% 65.27. 6 |grand vent & couvert. RACISME 6. 9. 61.27. 8 |couv. pl. & vent, tonn. l’apr.midi. 222 Se 62. 1x2 81.!27. 9 |couvert. A , 23. S. . 82. 115 72. 27. 10 |le matin bruine , & enf. couvert. 24 S. Ü I1L. 10. 27. 7 |nuageux, l’après midi pluvieux. 25/- ©. Ta 192. 5- Î27. 10 |beau avec nuages & vent. 26. N 2. O2: 44.28. o |beau avec nuages. 27. N. 22 ( 6:.ÿ27. 10 [pluie & vent. ; 28. N. 72 107- 8. 27. 8 |couvert. 2 N. O. 6:. 9+- 8. !27. 81|couvert & bruine. 30. |S. O. 6. 8. 72.2 8 !|idem. 31 S: 6<. 9- 8. 2 8 |pluvieux. + FDLESS ‘SC E Nic :E .749 Au éommencement du mois les fièvies fe font relâchées, mais ceux qui ng les avoient plus ont été Jong-temps à pouvoir travailler ; les purgations n’opéroient que médiocrement. Le 4, on a tiré le vin des cuves, ayant belle couleur & de bonne qualité; l'arpent n’a rendu que fept pièces de vin Jun dans l'autre. | DE On a commencé, vers la Saint-Denys, la femence des blés , le temps y a été aflez favorable, excepté quelques jours qu'il a fait beaucoup de vent & de pluie. Le jour de Saint-Denys on voyoit encore des hirondelles, & le 15 on n'en voyoit plus: on a ferré les orangers le 1 6. Il y a eu une mortalité fur les chevaux, les vaches & trou- peaux ; des Fermiers en ont perdu la moitié: la maladie des vaches eft connue fous le nom de cru jaune, & celle des troupeaux, fous celui di fang : Ja dernière a régné plus le mois dernier-que celui-ci. Il y a eu des Fermiers qui avoient fini leur femence de blé à {a fin du mois, dans les bonnes terres. 750 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIF ROYALE NOVEMBRE, EEE EI EVENT NEC ET I CSC IR PP RE Jours THERMOMÈTRE. du [VENTS | a TS ÎBAR OM: ÉTAT. DÜ CIEL Aro: Matin. |. Midi. | Soir. Degrés, Degrés. Degrés. pouces lignes I. N. Le 8<. 64. |27. 8 :|couvert. 2). ES 6. op 82.127. 8 pluvieux. 5 N. Te 8<. 712.127. 8:+|couvert. 4 N. S +: 82. 42.27. 1123|beau avec nuages & vent. S-1S. NO 3 81. 8. |27. 87|beau le mat. l’apr, midi couv. v. pl. 6°UIN O0: 4. 6. 2: |27. 7<|nuageux & vent. 7- IN. O.l— rt, 2h 1: [27. 6 |neïge la nuit, le jour couv. & vent. 8. N, |— 12 4. 0: |27. 9 +|beau avec nuages & vent. 9+ |S. O,l— 1. 3- 2. |28. o |couvert & brouillard. 10 5: 2% 10Ë, 62. 27.11 pluvieux. re MINE OS s 8. 7: 28. o {couvert & bruine. 12.115. NO; s+ 9. 7: 28. 1 |couvert. 13. S: 7 9+ 72= 27. 9 [pluvieux & vent. 14 |S. ©. Sa 7. 43 |27. 9 |beau avec nuages. 15. [N. O. 22. 3£. 13-27. 10 |couv. le mat.enf. beau av. nuag. v. 16.MISNE EEE < O. 27. 8:|nuageux. 1-3 Le A1 32-l27. 7 |couvert. 18. S: 4 où 4. 27. 6 |bruine. 19. s, 8. 101. | 10. |27. 3 |grand vent & pluie. 20. |S. O. 84 Uro; 8. 27. 2 lidem. PT S, 7. 8. 33/27. 4 ler. vent, pluie, tonn. & grêle le f. 22. S. Di S:. 33/27. 1 |pluvieux & vent. 23e N. fat Se 2. 27. $ |nuageux & couvert. 2) O. 1. s- 3.127. 7 |beau avec nuages, le foir pluie. 2 N. 4 S- 3. |27. 11 <|couvert & pluie. 26. S. o. 42. 32.128. © |couvert & pluie le foir. 27. |S: E. S- 7 s+ 28. 1 |idem. 28. N. 4 34 ©. 28. r |couvert & bruine. 29 N. o. 1. 1. 28. Z+|couvert, & le foir bruine. 30. N. ri 1. 28. O |idem, DES SCIENCES. 754 On n'a fini les femences des blés que vers la moitié du mois dans les terres noires : Îles vignerons ont commencé à tirer les échalas des vignes, & à donner la première façon aux vignes, que l'on appelle parer la vigne. On a commencé aufli à donner à la terre des labours d’entre-hiver. Il n'y a pas eu beaucoup de fafran ; il a valu quarante francs la livre. Le vin de la dernière récolte fe vendoit trente-trois livres le poinçon; le blé dix-neuf livres le fac, l'élite, Le 21, dans après-midi, il a fait un orage, & il eft tômbé de Îa gréle comme en plein été, 752 MÉMOIRES DE L'AÇCADÉMIE ROYALE . PDECC E MB R°E; Jours THERMOMÈTRE. du [VENTS | SN PS BAR OM. ÉTAT D'U CIEL, Mors. Matin. |‘ Midi. | Soir. : commence | =mmmmmmmces nee ee | nee È Degrés, Degrés. Degrés. pouces lignes TON. El 1. 1..| o.:}27. 11+|bruine. 2. IN. E. 1e 2e 11.128. 1 |couverte ABRIDT ET nn D 2. 128. 2 lidem, A-1IIN. FAIRE o. Oo, 128. 2 |1dem, S- N. |— 2. |— 1£]— r1£)28. <\idem. 6. N. [— 2. |— 11|— 2.128: o |couvert & givre. 7: N. — 251— 2. |— 1À 28. © {couvert & brouillard. " 8. HN UO 2 1 o. 128. oO |couvert & neïge. 9. N. |— = 12.[— 1: #28. 2 |mat. couv. & beau avec nuag. lef. 10, |[N. ©. Oo. re 1. 128, 2 |couvert. Nils S. o. 2. 1. 128. 2 |idem, 12.4 | IN: 4O: na 4. 33.128. 2 |idem, HN NO) Ge 6. 4. |28. 2 brouillard. 14. WIN. O: 25 4%. 3- 128. 2 idem, LS 107 25. S 4 28. 2 |idem, 16. HINMOË D “ee 212 8-03 QI iESENEE 17 N. 2er o. [28 11£.1beau avec nuages. 18. IN. O.Ï— +. L.]— 11128. 1 |couvert. 19 N. — 4% 2£|— $.0f27. 71 beau av. nuag.& vent, lef. aur.bor:. 20. N. |— 6. |— 31]— 3. |27. 9 |couvert, le foir neige. 21. IN IN El—- 25) 26127. 187 beau avec nuages. 22. N. |— 2+. o. |— 2. |27. 8 |couvert. 35e N. Η 5. |— 21— 41127 9 |idem. 244 N.:|— 3. 2.|— 1. |27. 10 |couvert, 25: NAT A EM ER 27 re | Em? 26. N. |— 4. |— 1. |— 11/28. o idem. 27e N. Η 1£l— 2|— 35512 o |brouillard. 28. N. Η 63.— 21|— 31128. 2 |beau. 29. S. 1|— 35. 1 2. |28. 11 |pluvieux. 20-190 32 CE 4. 2 o |couvert. 31. S! 5: 4%. 3. [28.11 |idem, bruine. n DHE: ST STONE E $ 753 On a peu fait d'ouvrages pendant ce mois, on a feulement conduit les fumiers dans les vignes & dans les terres. La rivière d'Efflonne, durant ce mois, n'a pas été haute. I! y a eu beaucoup de rhumes, tant dans [4 ville que dans les campagnes. Les blés étoient très-beaux & affez drus. On n’a vu aucunes groffes grives ou chachats , apparemment parce qu'il y avoit peu, cette année, de fruits de l'épine blanche, / oxiacantha ]. OBSERVATIONS Jur la quantité d'Eau de pluie tombée en l'année 1780. AANINITIER verte sien teter DM OP MENT DNA FEVRIER... to + - PEACE DLUAC 2e Ji 18" MIPARRUG de libale lolo ects à Ale Dé MTSE BAIVIRIT 1.4. + cie eipieioie | | Te 8. 29 PARIS Taie Diarste)s OO PUNITTS 6 3e Sen 7- JUIN... see o. 9 40 Mrcrere Lu Hi Oo. GE 0) Modan ele re Blai stat Ti Ne A Net: 7e SEPTEMBRE. se one es 02e 3+ 43 OOTOBR ESS less nitro OA NOVEMBRE... 2. 6. 16 ARRETE, DÉCEMBRE.......+ O. tr s TOTAL DE LA PLUIE tombée pendant gr l’année 1780 + »pouc. lignes Æ TA nn guess v,2) s 4 CRE Mém. 1781. Cecce 754 MÉMoïIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE MESSIEURS DE LA SOCIEME Royale des Sciences établie à Montpellier , ont envoyé à l’Académie le Mémoire fuivant , pour entretenir l'union intime qui doit être entre elles , comme ne failant qu'un feul Corps, aux termes des Statuts accordés par le Roi, au mois de Février 170 6. RE CGHERCHES Sur l'origine 7 fur la nature des Vapeurs qui ont régné dans l’Atmofphère pendant l'été de 1783 (a). Par M MouRGUE DE MONTREDON. LU phénomène rare a frappé d’admiration l’obfervateur inftruit, autant qu'il a porté la furprife & la terreur chez le vulgaire, toujours prompt à s’effrayer à l’afpect des évè- nemens de l’atmofphère qui ne lui font pas familiers. Après des temps aflez inconftans, qui régnèrent pendant les mois de Mai & partie de Juin, on aperçut le 17 Juin, l'atmofphère couverte de vapeurs épaifles, femblables aux brouillards qu'on voit pendant hiver. Comme c’étoit au moment où les blés approchent de la maturité, le cultivateur (a) Ces Recherches furent préfentées à la Société royale des Sciences de Montpellier, dès le 7 Aoùt1783, comme il eft prouvé par l'extrait des Regiftres de cette Société, DNE SN SICND EI NICE s. 755 redouta l'effet des brouillards qui ruinent très -fouvent Îes récoltes à cette époque. Le lendemain 18, les vapeurs parurent plus épaiffes & plus bafles , on ne voyoit pas dif tinctement les objets à la plus petite diftance. A l'afpect d'un brouillard auf épais, on fut étrangemeut furpris de ne pas obferver la moindre humidité fur le fol ni fur les plantes : on ne pouvoit fe le perfuader, & pour s'en convaincre on couroit dans les prairies que l’on fauchoit alors; on trouvoit tout aufir fec que fi le foleil avoit été ardent & le vent très - fort. Ce phénomène dura fans interruption jufqu'au 2 2 Juillet). Pendant tout ce temps le foleil ne fe préfenta pas rayonnant, il ne donnoit qu'une lumière pâle; on en voyoit, matin & foir, le difque rond & rouge comme celui de la pleine-lune au fortir de l'horizon; le matin jufqu'à ce qu'il fût monté à 40 ou 45 degrés; le foir, depuis les quatre ou cinq heures. Lagaurnée orageufe , avec très-forte pluie, du 20 Juin, ne <; (b) Ce jour, 22 Juillet, fera à jamais mémorable pour les contrées voilines de Montpellier , par la grofleur énorme de la grêle qui tomba, J’étois à Montredon (quatre lieues Nord-eft de Montpellier), fur la lifière qui terminoit à l'Eft le nuage qui portoit la foudre, & d’où partoït la gréle ; elle fut précédée par un cliquetis effrayant; c’étoit le choc des grains de grêle dans leur chute; j'en mefurai une infinité de morceaux ; j'en trouvai de forme irrégulière , mais tendant fur l'ovale alongé, qui avoïent environ quatre pouces de longueur fur plus de deux pouces de diamètre: j'en vis beaucoup de ronds d’environ deux pouces de diamètre : [a majeure partie de la grêle qui tomboit avoit au moins un pouce de diamètre. Je n avois auprés de moi aucun initru- ment pour pefer les grains de grêle, mais des gens dignes de foi m'ont affuré en avoir pefé qui pañloient deux livres : l’exagération vulgaire rapporte des poids bien plus forts & incroyables. Les gros grains de grêle, de forme irrégulière, étoient arfemés de cavités aflèz femblables a l'impreffion qu’auroit pu y faire le choc de balles de fufl de divers calibres: cette grêle ne caufa pas dans nos environs tous les ravages qu’on en devoit craindre: elle tomba avec une très-grofle pluie, qui, lui fervant de véhicule; en ralentifloit la viteffe, & en modéroit la pefan- teur. II n’en a pas été de même aux endroits qui fe font trouvés fous le fort de l’orage , il y a eu les plus grands ravages; ce ne fut ue fe foir même & le lendemain de cet orage que nous aperçumes enfin nettement la voûte azurée du ciel, & les hauteurs & les objets ui étoient à diverfes diftances de l'endroit où j’obfervois. Ceccei 756 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE diminua ni l'effet ni l'afpect de ces: vapeurs. Elles allèrent en augmentant, & la furprile fut extrème lorfqu'on vit queles très-grands vents de Nord, qui fe foutinrent les 27, 28 & 29 de Juin, loin de chaffer ou de diminuer ces vapeurs, parurent leur avoir donné plus de confiftance, Ce ne fut que le 22 de Juillet, après l'orage, que l'atmofphère parut dépouillée de tout brouillard: cela dura pendant quelques jours; mais on les vit reparoitre dès le 12 d'Aoùût, & fe foutenir jufqu'au 4 Septembre , quoique moins épais qu’ils n'avoient été ci-devant. Ces vapeurs étoient très -bafles, on n'en pouvoit douter à l’afpect louche que préfentoient les corps qui étoient les plus près de terre, tels que les maifons, les arbres, &c. Elles étoiént fort répandues, puifque nous avons appris que ce phénomène a été aperçu, non-feulement dans toute l'Europe, mais même en Afie, en Afrique & au loin dans les pleines mers du Nord & de l'Oueft. Plufieurs raifons paroiffent démontrer que ces vapeurs n’étoient point aqueules. La 1.” La fécherefle parfaite qu’il y avoit fur le fol, fur les plantes, fur les corps fufceptibles de s’imbiber de fa moindre humidité. L'évidence de ce fait a été démontrée par nos fens, par l'expérience répétée de milliers d'individus, par l'effet de ces vapeurs fur nos récoltes. Elles n'en ont point fouffert dans un temps & à l’époque critique où toute humidité, toute vapeur. aqueule leur porte le plus grand préjudice dans nos provinces méridionales. 2. On voit les vapeurs aqueufes, Îles brouillards ordinaires, être conftamment diflipés dans cette faifon, pendant le jour, par l'effet de Ia chaleur qui les dilate & les enlève dans l'atmofphère ; on les voit fe condenfer de nouveau par la fraicheur des nuits qui les fait tomber & fe répandre fur la fuperficie du terrein. If n’en a pas été de même des vapeurs extraordinaires qui donnent lieu à ces recherches , elles avoient une fixité que les météores aqueux n'ont jamais. On verra par le tableau de mes Obfervations météorologiques, que je joins à ce Mémoire, que la chaleur a été aflez forte pour DÔE 5-1 S0C M0 NC /E 5 757 faire foutenir le thermomètre de 2 $ à 27 degrés de dilatation, fans avoir-rien diminué de l’état apparent de ces vapeurs : que les nuits & les matinées ont été affez froides pour faire defcendre le thermomètre à 13 degrés de dilatation, fans que ces vapeurs aient rien perdu de leur intenfité, 3 Les vapeurs aqueules ne réfiftent guère à l'action des grands vents : elles en font ordinairement diflipées, chaflées ou condenfées en nuages. On verra encore par mes Obfer- vations météorologiques, que celles-ci ont réfifté à l'effet de très-grands vents humides, à de très-grands vents de Nord très-fecs qui ont foufflé le plus fouvent. Non-feulement ces vents divers n'ont pas diminué l'intenfité de ces vapeurs, mais ils paroiffent l'avoir augmentée. On ne les vit jamais aufli épaifles, le foleil ne fe montra jamais auffi rouge que pendant & après les très-grands vents de Nord qui foufflèrent MD 22222027 1620 JUIM-L C s Juillet. 4 Les vapeurs aqueufes ordinaires s’identifient avec la pluie, & font entraïnées avec l'eau qui tombe. Celles-ci ont encore réfifté à cette nouvelle épreuve, comme on peut encore le voir par les Tables de mes Obfervations météorologiques. Les temps pluvieux, orageux, avec éclairs prefque continuels & fréquens tonnerres, qui ont régné Îe 20 de Juin, pendant une partie du mois de Juillet & vers la fin d’Août, ont à peine diminué ou altéré l'état de ces vapeurs. s+ Elles n'ont pas mis en déliquefcence les fels qui en font les plus fufceptibles. Expofés nuit & jour à leur action, ces fels font reftés concrets, tandis que l'on fait que la plus lévère humidité les fait fondre. Quelle pouvoit donc être la nature de ces vapeurs, dès qu'il paroît démontré qu’elles n'étoient point aqueufes? Ce que je vais indiquer fur leur origine, pourra contribuer à réfoudre ce problème, en le comparant & le combinant à ce que d’autres Phyficiens en ont penfé. D'après les tremblemens de terre & les bouleverfemens qu'il y eut cette année en Europe, ne ferons-nous pas fondés à penfer que, par des caufes qui vraifemblablement ne nous 758 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE feront jamais connues, les principaux foyers des feux fou- terreins renfermés fous la partie du globe que nous habitons, furent mis dans une activité extraordinaire ? Ces feux fouterreins furent mis en action prefque dans le même temps fur une affez large bande de terre dans la direction du Nord-oueft au Sud-eft de l'Europe, fur une étendue d'environ 35 aa depuis lIflande jufqu'à Tripoli de Syrie. L'explofion. fut terrible aux extrémités de cette bande de terre, en Iflande & dans14 Calabre. On vit dans le même temps, en divers endroits de l'Allemagne, des Alpes, de l'Italie, jufque dans l'Archipel, des phénomènes qui marquoient la route que tenoit la communication fou- terreine qui lioitles divers foyers. Dès les mois de Février & de Mars, on vit une Ifle nou- velle fortir du fond des mers du nord: la Calabre & Ia Sicile être ébranlées par des fecouffes terribles. L’inftantanéité de ces mouvemens violens, dans des éloignemens aufli confidérables, eft digne de remarque. Il paroît que ces pre- miers tremblemens de terre ne produifirent aucune exhalaïfon affez confidérable pour s'étendre au loin. La terre ne fembloit s'être ouverte par un premier eflort, que pour laifler enfuite exhaler les vapeurs qui devoient nee provenir du mouvement intérieur. Ce mouvement intérieur ne fut pas inftantané comme les premières fecoufles, il a duré long- temps, il a long-temps menacé les malheureux habitans des contrées où il étoit le plus violent. Les vapeurs qui étonnèrent toute l’Europe, ne com- mencèrent à paroitre que vers le milieu du mois de Juin. On ne les aperçut dans nos contrées méridionales que le 17 de ce mois de Juin. Il fera à propos de noter cette époque. Des relations venues du Nord, nous apprirent que vers le commencement de Juin, il s’éleva fucceflivement des nouvelles terres près de l'Ifle nouvellement fortie du fond de la mer près de l'Iflande, & qu'il s'en exhaloit une péri SRCUE NLCUE 759 fumée extrèmement épaifle : ce phénomène fe foutint juf- qu'à la fin de Juillet. Les premières terres de notre continent, Îles plus près de lIflande, telles que la Norvège, le Danemarck, les parties de l'Allemagne qui bordent les côtes Nord -oueft de l'Eu- rope, furent les premières à s’'apercevoir de ces vapeurs, & à en reflentir les mauvais effets. Des lettres de Coppenhague., des premiers jours de Juillet, annoncèrent que cette vapeur épaifle defléchoit l'herbe dans les prairies , qu’elle en altéroit la couleur, & que les feuilles de la plupart des arbres étoient tombées. Les bords de l'Elbe éprouvèrent le même effet : il fut encore plus fenfible à Embden & dans les contrées voifines : cette vapeur portoit, difoit-on, une forte odeur de foufre très-défagréable. En füuivant la carte de l'Europe dans la même direction du Nord-oueft au Sud-eft, nous trouverons un fecond foyer très-confidérable d'où une pareille vapeur s’élançoit dans J'atmofphère. Dès le 16 du mois de Juin, la montagne de Gleichen en Saxe jeta des vapeurs fr fortes & une fumée fi épaifle qu'elles formoient un immenfe brouillard épais & fétide qui s'étendoit au loin ; les feuilles des arbres des contrées voifines perdirent leur couleur verte, elles devinrent blanchätres ; tous les végétaux furent defféchés : cette première explofion fut annoncée par un bruit fouterrein pareil à celui d’une forte canonnade éloignée & continue. Peu de jours après, ces vapeurs devinrent plus denfes, fortirent d’une manière plus uniforme, & s’élevèrent en formant un noir tourbillon qui reflembloit à une fumée épaifle qui s’élance du haut d'une immenfe cheminée ; l'odeur de ces vapeurs étoit défagréable & fulfureufe. A la même époque & dans la même direction, on aperçut qu'une forêt près de Landshut en Bavière, s'étoit enfoncée dans la terre fans qu'on y reffentit aucune fecouffe de tremblement de terre. En même temps que cette vapeur fe répandoit en Hongrie , 76o MÉmMoiRes DE L'ACADÉMIE RoyALE en Tranfilvanie, en Autriche, dans les montagnes qui fe lient aux Alpes & qui en font la continuation, on obfervoit que Îes bains chauds abondans dans ces contrées, avoient acquis un degré de chaleur plus confidérable qu’ils n’avoient ordinairement: le mème effet fut obfervé dans le Tirol & dans les Alpes. Après avoir parcouru les parties feptentrionales de Ia direclion que jai annoncée , nous retrouverons dans les parties méridionales, de nouveaux foyers de cette vapeur extraordinaire. De nouvelles fecoufles de tremblement de terre qu'il y eut en Calabre vers la fin de Mai, répandirent une nouvelle alarme chez les habitans infortunés de ces contréés:; ils abandonnèrent de nouveau leurs demeures, & n'y revinrent que lorfque le fol eut repris lafliette ordinaire, Ce ne fut que depuis cette époque, que les relations annoncèrent l'apparition des vapeurs sèches & épaiffes dans ces contrées. Ne peut-on pas augurer que ces vapeurs qui trouvèrent à. s'exhaler par les crevaffes déjà faites, auroient pu produire d’aufli terribles tremblemens de terre que les précédens, fi elles n’avoient trouvé leurs iffues libres ? Des lettres de Venife annoncèrent que cette vapeur étoit fi épaifle dans le golfe Adriatique, dès les premiers jours de Juin, que les bâtimens en mer étoient obligés de faire des fignaux pour ne pas fe heurter. A peu près dans le même temps, il fe forma de nouvelles crevafles dans les parties des Apennins qui font des volcans à peine éteints. Cette vapeur étoit fi forte dans le royaume, & notamment dans la ville de Naples, dès le mois de Juin, qu’on n'y voyoit quelquefois pas à fe conduire en plein midi; & dès cette époque, on y attribuoït cette vapeur sèche aux exha- laifons produites par les continuels tremblemens de terre de la Calabre. Une forte odeur de foufre que portoient ces vapeurs, autorifoit cette idée. La trainée de feu fouterrein dont je fuis a trace depuis lIflande, 4 Dies SC 7 ENG ES 76 Flfflande, ne fe termina pas à la Sicile & à fa Calabre; elle franchit les mers du Levant; on en reffentit les effets dans queiques îles de lArchipel; elle produifit deux fortes fecoufles de tremblement de terre à Tripoli de Syrie; ces fecouffes y furent précédées d’un gros bruit fouterrein; on apercevoit déjà dans ces contrées a vapeur sèche & épaiffe qui couvroit It Méditerranée & toute l'Europe. J'ai dit que ces vapeurs ne parurent plus dans nos contrées Méridionales depuis le 22 de Juillet jufqu'au 12 d'Août: quelle peut avoir été la caufe, & de cette interruption , & de cette nouvelle apparition? ne ferons-nous pas fondés à trouver la caufe de la difparition &: l'interruption de ce phénomène dans les fréquens orages qu'il y eut à cette époque! ils auront pu détruire, décompoler ou difliper cette vapeur. Des relations ultérieures nous apprirent la caufe de la nouvelle apparition de ces vapeurs: de nouvelles fettres de Copenhague, annoncèrent que ; par. des Navires venant d'lande, arrivés le 1.% de Septembre, on apprit qu'il venoit de paroïtre de nouveaux volcans à peu de diflance du mont /ecla; qu'ils jetoient beaucoup de feu & de fumée ; que la lave avoit inondé les contrées voifines, & couioit comme.un gros fleuve fur une étendue de quinze lieues de longueur fur fept de largeur; que l’atmofphère y étoit remplie d'une vapeur épaifle & d'une pouflière très-fme. qui inter- ceptoient, les. rayons, du foleil, & Gtoient la verdure aux champs; que la nouvelle ile, qui s'étoit élevée depuis peu dans la mer près de Reikenäs, augmentoit tous les jours, & vomifloit fans ceflé des flammes & de fa fumée. D'après ce nouveau phénomène, ne ferons-nous pas fondés à attribuer à cette nouvelle éruption des volcans de l'Hlande, la nouvelle apparition de ces vapeurs ? Ces indications fur leur origine, paroïflent aflez montrer quelle pouvoit être leur nature, & réfoudre les queftions qu'on avoit levéés fur leur ficcité & fur leur manière d'étre dans l’atmofphère. NH y a lieu de croire que ces vapeurs étoient compoléeg em. 1781, Ddddd 762 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE de matières phlogifiiquées , d’une efpèce de foie de foufre volatil, de fa même nature que les vapeurs qui font fr fréquentes dans le voifinage des volcans, & fur-tout lorfqu'ils menacent d’une nouvelle éruption. Nous fommes autorifés à le penfer, non-feulement par l’odeur qu'on a fentie en divers endroits, & fpécialement dans les lieux les plus woifins des divers foyers, mais plus encore par l'effet de ces vapeurs fur les feuilles des arbres & fur la verdure des champs. On fait que la vapeur des volcans a éminem- ment la propriété de détruire les parties colorantes des végétaux. Nous ne nous fommes prefque pas aperçus de ces effets en France, à caufe de l'éloignement des foyers d’où ces vapeurs font forties; mais on ne peut douter de leur effet conflant & uniforme dans toutes les contrées qui en ontété à portée. On trouve une preuve concluante de [a nature inflam= mable de cette vapeur, dans un phénomène obfervé en Angleterre. Il y eut à Bromley dans le comté de Kent, un très-gros orage pendant [a nuit du 2r Juillet: cet orage offiit un fpectacle curieux & fingulier; les éclairs ‘enflam- mèrent cette vapeur extraordinaire ; elle paroifloit après chaque éclair comme une flamme brillante, & n'étoit accom- pägnée d'aucun ‘bruit. Quand le: tonnerre eut ceflé, cette flimme blanchätre 8& trèsvive, à la lueur de‘laquelle on pouvoit lire, continua encore pendant quelques momens. On peut préflumer que des vapeurs auffi confidérables & de nature volcanique, dürent furcharger latmofphère d’air inflammable ; que des circonflances dues au mélange de cet excédant der phlogiftique avec: les fluides atmofphériques & à leur action réciproque, auront produit ces éclairs fi vifs, ces orages fréquens , ces tonnerres terribles, ces grèles défaftreufes qui répandirent la terreur dans toute l'Europe. C'étoient des efleis naturels d’une atmofphère qui tendoit à fe purger d'une furabondance de matières héérogènes ; auf DE S SC LE NLGE $ 763 , > viton ces météores terribles & impolans cefler avec la difparition totale de ces vapeurs, On ne’ fera pas furpris de voir des effets qui nous paroiffent aufli prodigieux , réfulter de pareïls bouleverfemens fouterreins & extérieurs, Jorfqu'on voudra comparer les phénomènes de la Nature avec ce qui fe paffe habituellement fous nos yeux. Après f'explofion des mines, après toute explofion naturelle, après la fimple ouverture de certaines folles, ne voit-on pas s’exhaler des vapeurs fouvent vifbles & prelque toujours fenfibles par leurs eflets fur l'atmofphère? Si des caufes auffr peu confidérables en comparaïifon des phénomènes de la Nature, produifent des effets aufli notables dans les- parties de Tatmofphère. où elles font mifes en action , que ne peut-on pas atten.lre de la caufe puiflante qui produit des bouleverfemens auffi immenfes? Cette vapeur extraordinaire, & mes vues fur fon origine, m'ont fourni l'occafion de faire des recherches fur {es phé- nomènes qui ont fuivi les grands tremblemens de terre dont l'Hifloire nous a tranfimis la connoïffance, Il n’en eft aucun qui n'ait produit quelque grande altération dans l'état de l'atmofphère. Sans entrer dans une digreffion que les bornes de ce Mémoire né me permettent pas, je ferai rappeler que l'hiver de 1755 à 1756, ayant été infiniment moins froïd que ne le-font les hivers ordinaires, non - feulement dans nos parties méridionales de l’Europe, mais même dans le Nord & jufque fous la Zône glaciale , les: Phyficiens crurent pouvoir attribuer certe temp-rature plus douce au tremblement de terre qui bouleverfa Lifbonne le r,” de Novembre 1755, @& aux exhalaifons que cet immen!e boule verfement.produifit, Je trouve dans l'Hifloire un évènement qui vient fingus lièremens à l'appui des vues que je prélente. On vit en Perle, pendant d'été de 1721, un phénomène femblable à cel:i que nous avons obfervé pendant l'été de 1783: à ‘travers des brouillards fecs ; dont l'atmofphère étoit couverte, on voyoit le foleil d'un rouge obfcur que lon prenoit pour Ddddd i 764 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE la couleur du fang. Ce phénomène dut s'étendre bien au loin, car on l'aperçut en Italie, en France, à Paris. Le 26 Avril de cette même année 1721, la ville de Tauris avoit été renverlée par un tremblement de terre qui y avoit fait périr quatre-vingts mille perfonnes ; il y avoit eu peu aupa- ravant un tremblement de terre aux Açores, qui avoit formé en mer deux nouveaux écueils. L'apparition de ce phénomène en Perfe, les pronofics qu'en tirèrent les Aftrologues , qui y jouiffent du plus grand crédit, répandirent Ja plus grande terreur parmi le peuple, & cette terreur ne contribua pas peu aux fuccès de la révolte des Aghuaus, & à la mémorable révolution politique qui en réfulta, Je n'en fuis plus furpris depuis que j'ai vu les fantômes & {a terreur que le peuple de nos contrées s’étoit formés. Les uns attendoient en tremblant le fort de la Calabre ; les autres fe croyoient à la fin du monde; & cette idée étoit {1 fmgulièrement accréditée, qu'on en fixoit l'époque au 1." Juillet, L'étude paticulière que l'on fait que Je fais des phénomènes de f'atmofphère & de leur influence fur la vie des hommes, fur la végétation & fur tout ce qui peut être foumis à leur action, m'attira fans doute les vifites nombreufes que j'eus à ma campagne, & les queftions fans fin de perfonnes de tout état, fur la caufe & les effets de ce phénomène fans exemple dans nos contrées. Quel que foit le découragement du peuple & fon penchant à voir du merveilleux dans ce qui n’eit pas ordinaire, j'ai vu avec plaifir combien il eft aifé de le ramener à des notions rai- fonnables lorfqu'on a fa confiance, & fur-tout lorfqu'on met à fa portée les raifonnemens avec lefquels on peut Îe convaincre. On n'eft en général pufillanime & crédule qu’en raifon de l'éloignement où l’on fe trouve des lumières qui peuvent donner des notions claires & précifes fur les objets de nos terreurs. JE joins à ce Mémoire l'extrait de mon Journal météoro- logique, qui comprend les mois pendant lefquels ces vapeurs ent paru. DES SCIENCES, 765 L'obfervation de l'effet de ces brouillards fur l'état de l'atmofphère , & de l'effet de l'atmofphère fur eux, fervira à prouver combien ils étoient d'une nature peu ordinaire, & pourra contribuer à fixer les idées des Obfervateurs, fi on eft encore dans le cas d’obferver un pareil phénomène. Mon Journal météorologique eft divifé en fept colonnes, La première, indique les jours du mois. La feconde, les vents. Defirant d’en noter les degrés de force, j'ai examiné & eilayé tout ce qui a cté propofé ; je n’ai rien trouvé de mieux que la méthode de joindre des chiffres après la dénomi- nation des vents. Ainfi le o indique un calme parfait: 1, ces petits vents qui font mouvoir les feuilles des arbres: 2, 3, des degrés de force progreffifs : 4, ces grands vents qui foufHent d’une manière foutenue : $, que l’on trouvera bien rarement, ces vents impétueux qui foufflent par grains, & qui répandent la terreur chez le cultivateur: Je fens l’infuffifance de ceite méthode arburaire, mais je fuis obligé de m'y tenir jufqu’à ce que je puifle en rencontrer une plus exacte & plus pofiive. Latroifième colonne indique la marche du thermomètre. J’obferve très-fouvent chaque jour, dès le très-grand matin jufqu’au foir, & je porte chaque foir les extrêmes obfervés dans la journée. De cette manière je n'ai pas feulement les degrés obfervés à telle heure fixe, j'ai les maximum & les minimum à quelle heure qu'ils fe rencontrent : je trouve que mes réfultats faits au bout du mois & à la fin de l’année, font infiniment plus juftes. La quatrième , marque l’état du ciel & ‘fes principales variations. ‘La cinquième, la marche du baromètre , dont je fuis Pobfer- vation de la même manière que pour le thermomètre. La fixième, les points lunaires : fuivant les obfervations de M. Toaldo, dans un Mémoire couronné par la Société Royale des Sciences de Montpellier, ces points lunaires ont une influence marquée fur fatmofphère; c’eft pour vérifier les obfervations de ce Savant, que je fuis fa méthode, Je me trouve à ma quinzième année d’obfervation, & j'efpère que les réfultats que j'en préfenterai quand j'aurai terminé la vingtième année, pourront contribuer à piquer la curiofité des Amateurs de la Météorologie. La feptième colonne enfin, marque une infinité d’obfervations, qui n’ont pu être placées parmi les autres; telles que les heures de pluie, de changemens de vent, &c. &c, 766 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE L'OM,N JOURS 4 , a VAE NOTES: THERRA.' FRA FO DAUMEMEE EE; MOIS. ï Gabin TB a liT A nl itrés- beaute OCR RER EEE à 16 | beau le matin; couvert le foir. . à 18 | nuages; couyert le foir. .......: 216 | couvert, pluie: . .. (4%). 1.18 a Toul tres Dette NN Tete sl à 21 | heau avec nuages, .,:.,.... à 20 beau avec nuages... +. Sud ct eh ee -Lialels (ie cle Sudiefthe tar EAN pe lepelte Sud-eft 2, variable 2,....... Nord-ouell 2, 3»... Nord-ouelt 3, nord-eft 3,.... Nord-oueflt 3,4... A 4 M A 4 et © D bu + p = 2 ro) e 4 Les] ELA Vo y A ER Lo Nord 3, nord-eft 2, variable 2.. beau Je matin; nuages le foir..... BABA nle ie ei tele ieiel ele eee Nord-oueft 2, 3, nord 3,..... Nord-oueft 3,---..,4..... Oueft 2, 3. Sud-eff 2, Garbin....,..... Sud-eft 2, fud 3.....%.,... 8'\|'pluie; couvert.l.1:H4MI.IS IE, 10 © | nuages le matin; beau le foir.. O | beau avec nuages. ,..1..... 9 | beau avec nuages. ..#......... 9 8 4 ie M ON co NN] va rB us 4 ro AUAGES . ele {0 hsfe de Re MR eue nm OH NH H D: 9: D- D- D- pm Le] couvert le matin; beau le foir. . . A LA et 4 re Los m 15 Sud-eft 4, variable DA eistere eee à 17 pluie, tonnerre....,.,...,..,... a 58 |nuages.................,. à 17 | atmofphère couverte de vapeurs. . 4 à 18 | vapeurs de même......... ES 16 Qui 3, grrr 17 Ouett 3, fud-oueft 3... ..... 18 Sudielt 2 fu 2, fete re. mm Vs M æ 19 Sud-cft 4, 3, 1... 15 à 18 |couvert, vapeurs de même. . . ...# 2 ‘[Sudeft 3, variable 2.,.,....| TS a 8 | couvert, orage avec pluie & tonnerre | 21 Oueft 3, nord-oueft 3.......1 13 a 17 beau avec nuages..,.,...4,,.. . 4] x £ 22, Nord 3, 4sssseseseerese) 13 à 17 beau avec nuages , fortes vapeurs. « | 23 Nord 3,fud 2,.-..4se:%] 14 à 20 |vapeurs..-....;#e.e. 5 24 Garbin nue CPL Ne. [omis ale titres beat vapeurs etre 25 Garbihs v 212,400 00 MINT ANaMer Iitres /bedu }Napeurse MAIN Es 26 Variable 2, Garbin.........] 14 à 24 |trés-beau, vapeurs... .. Pot 2 Variable 2, Garbin, nord-cft 3,] 15 à 24 |bequ, orageux, vapeurs. , ...4 Nord 2, 3, doeegeeneneee vapeurs plus épaiffes que jamais. 1e] O co NN # LA bb EN Nord-cft 4... s..sesesese) 17 à 24 |demême....;....ssseresr Variable 2, - 4e sr nel, 18 à 23: | deméme....,...sesrscse Us 1 ESRI 00 DRE ENT CÉRDPE PE TT LI PER RE SEP EP TE PCI PRÉ TRS H eft també pendant ce mois 5 lignes £ d'eau de pluie. # On nomme Garbin en Languedoc, £Labech fur, les côtes de Provence, un vent alifé qui” mment pendant le Printemps & l'Eté, quand il n'y a pas quelqu'autre vents ns latmofphère ; ce Garbin poufle du rumb Sud-fuë-oueft , il commence règne confia dominant da Étpeeeereseeneereeesee RER TRE A CRETE A LE LC DA PR A EC QE USE EEE za Tr. ; à Le 73- BAROMÈT: [POINTS LUNAIRES. |A ES HDOnée tee 27: 103 pre boréal. . .. Me NN, 28, 28, Er |... ere 2 LA IE NE LME PE DTA TE 28. 1: = )premier Quartier... 2.8. be SAR 3 équinoxe defcendant DORE Di io splere, ais mhejo DORE 28. 28. 28 EMA RnR 20.1 luniftice auftral, 27. 10 fus Eune.. :... périgée. ..... LI EN CREER LI US MOMENT 27e LI d'RE E 270 RTE POP OPEN 27. 10 dernier Quartier... à à 28. 1: (équinoxe afcendant. 28. 2+ à SEM .2 esse... | fud depuis 1 heure. 28. 2+ |......,....... | fes vapeurs un peu moins épaiffes, He le---esmsh scsstl:de même, 8. 22 |....,......... | de même; Garbin à 4 heures du foir. En. 2 ee..es.es.... ] orageux dep. 5 h. duf. nord-eft dep. 6 h.vap.un peu plusforte.! 2 Z \ les vapeurs éloïent fi épaifles que le difque du Soleil a été va pendant tout le jour, & - 8. I 2 apogce . LOC LOS rougeâtre, comme le difque de la Lune en fon plein, b8. 2 ses soisse te see + | de même, La A MP 2E |... .2...,,,... 1]Lde même. 1| Wers 117 heures du matin, fe maintient jufque vers 6 heures du form, & fuit le cours du Soleil depuis 6 heures; lorfqu'il ne fuit pas le cours du Soleil, & qu'il refle ou au rumb Sud-fud-oueft , ou à quelque rumb du Sud à l'E, on doit s'attendre à avoir le Jendemain un temps couvert ou humide. | très-gros coup de vent à 6 heures du foir. Ce vent n'a pas fuivi le cours du Soleil, pluie de tout rumb de vent; oueft le foir. nord-eft depuis 6 heures du foir. nord-eft depuis r 0 h. ; variable & nuages depuis 5 h. du foir.|# petite pluie de 2 heures du matin à 3 heures du foir. le vent n’a pas fuivi le cours du Soleil. petite pluie le m.très-forte pl.avec tonn. & gros vent à sh. du f.'# brume auffi épaiffe que les br. de j’hiv. cependant tout étoit ec. vapeurs plus baffes, plus épaiffes & fans la plus légère humidité.|£ vap. très-épaiffes,fans lamoindre hum. quoiquele ciel fûtcouv.|$ gros orâge à 8h. dufoir;vapeurs très-épaiffes malgré la pluie,&c.|} vapeurs de même. 768 : JOURS du WPE NU TES: MOIS, Garbin. «see oise scies 2 Garbintser-relerderersiels Mord-oucit 3......-.. Nord 3,4... Nord 3,4, nord-eft 3. Nord-eft 3, variable 2. GALDIT raser Garbin. 4. Sud 3, Garbin...... 19 Sud 2, Garbin...... 112 Sud 2, Garbin...... 12 Variable 2,0... 3 pouces 1 ligne © D. D D D RD N° R D 'p ON + LU wow HE NO at ar b b 13 Sud 3,2............. 24 14 Sud 2, variable 3,-. ee 23 15 Sud-cft 4, 3e... 23 16 |Nord-oucft 2, nord-eft 3.... 24 17, [Nord 2, 3... 24 18 Nord 3,2, 1... 25 19 Nord 3,2, Garbin........ 25 20 Sud-eft 2, Gaïbin........ 25 21 Sud-eft 3..-........... 23 22 Sud-eft 2, variab. 2, nord-oueft 2. 2I 23 Nord-oueft Grossesse 22 24 Nord-oueft 4, nord 3.... 25) 25 Nord 3..ssssesesrese 22 216 Nord 2,1Garbine.- st... ces 27 Sud-eft 3,2.........44.. 28 Nariable.2.crtetess pe ais 29 Variablei 2, qer. cle diese sie 30 Nord 3,2...,.....,.,0) 31 Pere OR 2 TOME OI 16 cs MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE J' UE vapeurs, très-beau. …. VAPEUTS. es sense très-beau. . 7... très-beau.... 4e te». brouillard humide, beau. couvert, orage, pluie, gréle & tonn. vapeurs plus fortes, vapeurs de MÊME, Lao) seu vapeurs de même...... VapEUTS ss seon.e couvert, humide, vapeurs. beau avec nuage. «.....e très-beau. , 4. de aie très-beau.. «ses. très-beau., . .. ss. couvert, tONNETTE.. se » pluie, couvert... see pluie, tonnerre.......,.. beau avec nuages. ..,... tresibeaigese te toletele taie d'eau de pluie. vapeurs, trés-beau........ . vapeurs très-épaifles. +... .. vapeurs de MéME ss eelele re» beau, vapeurs ; nuages le foir. beau, orageux; pluie le foir.. couvert, pluie, tonnerres . .» nuages, Orageux, COUVEIT. « » couvert le matin; beau le foir. brouillard humide, beau. . .. gros brouillard humide, beau... couvert, vapeurs; pluie le foir... ..... BAROMÈT. 28. 2 8. 2 8. co Ne Nc © co © co co co oo CO . . POINTS LUNAIRES,. 3 I 33 32 fasses sss nee nuages: depuis 4 heures du foir. u 33 3 s+sseses-sesse [es vapeurs un peu moins épaifles. 2 équinoxe defcendant | de même; variable depuis. $ heures du foir. 2 [premier Quartier... | vapeurs très-peu épaiffes. 1 |“... esse gros br. hum. de ; à 8h. dum. vap. fèches plus fortes dep. midi. IE fees... .. vapeurs foibles; beau depuis ro heures; temps hurnide le foir. 1 .. ….. tres-fort br. humadep..10 h. du foir; vap.fèches pend. le jour..|i 12 |--.... ss. brouillard humide jufqu’à 1 1 h..du mat. vapeurs sèches le foir.|# périgée RS ARE AE i d ù 1- FE fort orage avec pluie depuis 1 heure du foir. 2 \luniitice auftral.. . . o P P A À SR RENE pluie avec tonnerre depuis 2 heures du foir; vapeurs. 112 [pleine Lune...... | vent variable, temps orageux avec tonnerre de:r à 5 h. du foir.|f II sesssrsrssssse vapeurs plus fortes ; éclairs très-vifs, tonnerre & pluie le foir.|à I ee eee nord-eft depuis, r heure, EX DE “2 2. équinoxe afcendant. 2: RME temps humide le foir, 2 dernier Quartier... ss+sserssu...e.. | grêle énorme; tonn. terrible, tres-groffepl. de rà2h. dufoir. 2 3 oE 23 x )apogée......,.. * )funiftice boréal... RE ne se seu. o LfOrte pluie pendant Ja. nuit; pluie Ie foir. 11: [nouvelle Lune.... | Je nuage venant de l'Eft. I — 2 pe me A æ XES .… a - ox 770 MéÉMorRss DE L'ACADÉMIE ROYALE À 2 Ù F de CRRLESTS D = DETTE EEE LITE RNPENCE ES NE ECM TENTE TS DEEE THERM.: ÉTAT D 'UNCIET: Carbimenhientihtinmen re amas titres bete Mel MEME Garbin. .... NOUS RAA a à 26 | brouillard le matin, très-beau. . : . Sudan ei Ent à 25 |couvert, beau, humide... ... | Variablet2®. .... 07... a 25 |couvert, nuages , pluie. . . .. AE (CANTINE TETE AR aa trés beats MMANRRRENTIRNS : Sud-eft 2..............: 5 2123101 |nuages \humide. APE ER CE Sud-eft 3, oueft 2........ EE va 25 |nuages, beau le foir.......... One MARNE ERA at2 Mines Peau. (5 ANT RTL 0 Nord-oucfte2.: 1.8 Len à 24 | beau avec nuages. . 44... . 2. Gabin sUta ER PEUT al2OMIItréS beau ere EN ARR DRE € Oueft 2,3......s.ssosse 4125 nuages; couvert le foir........ Nord-oueft dorsssesesese à 20 beau avec nuages ; VAPEUTS.« # + « « Nord-oueft 4....:..:...... à 19 | beau avec nuages. Jdem. ..... 4 :| Nord-oueft 3............ à 19 | beau avec nuages. Zdem.. . . . ... | Nord-oueft 3,4....se.... à 20 | beau avec nuages. dem... . . . . # Gabin tr EE on à 22 |trés-beau; vapeurs plus fortes... M Garbinste meteo NAN à 23 |très-beau; vapeurs de même... . M Sud axes te nroreists sat SE à 23 très-beau ; de même... .... Sud 2... se ss. à 19 | brouillard, couvert, hurnide, vapeur | Sudi2 onePr Pine ...| 16 a 22 | brouillard, couvert, beau, vapeurs Sud-oueft 2%... . ee F5t 423 Nitrès-benrs vapeurs. ce 5 | Nord-oueft 2, su Bons see 16 à 24 | beau; nuages le foir; vapeurs. . : | Garbin. .... soso -.. [15 à 24 |'très-beau; vapeurs. .......,. Mariable!r.. 121.1. ses... 16 à 24 | beau; nuages le foir; vapeurs. . . 4 Eft 2, fud-eft 2....... +...] 17 a 21 | couvert, humide, VApEurs, ...…. Sud-eft 2............ .…. 16 à 22 couvert, forte pluie, Vapeur, « « « M A AE ul 15 (à 22h ltrés:beaus etes PRE Sud-eft z sssssesses..| 15 à 21 | couvert, ft Lraetee vapeurs. . Nord- Dale DITS LT LME ele l Ne Re 17 à Variable 2.7.1. AS ARAURISS 16 à 23 | beau > Nuages , vapeurs... Variable 1:12. ROM 17 à 21 | nuages; orage, ETUI de foi II eft tombé pendant ce mois 2 pouces 2 lignes 4 23 | beau avec nuages; vapeurs. .. .. | + d'eau de pluie E 1743: AROMÈT.| POINTS LUNAIRES. OVBESTECRNRAANET ON "S, À 28.) 2 | 28. 2 équinoxe defcendant| brouillard de 4 à 6 heures du matin. L'ATELIER RAR ARR quelques gouttes de pluie le matin & Ie foir. 28. SRE “......] br.le mat. pl.à7h. du foir; forte odeur marécageufe à 6h. du f.|à 28. 28. 7 premier Quartier . . 28. 7 su. +++... oueft & beau depuis $ heures du foir. DRE luniftice auftral.. .. b9. 2 périgée. .... res JON RÉCRPECE +... | trés-forte odeur de marais le foir. LE: 27. IT pleine Lune, . .... atmofp. couv, de vap. fèc. malgré fe gr. vent &le tempstrès-vif.]} Pere LL tsssesses..e..| de même. 8 Ll...... FN OO de même. >8. 2 équinoxe afcendant. | de même. 29.2 ttressses...es| vapeurs sèches auf fortes qu'a la fin de Juin. 8. 2 Be 2 : 8. 12 | dernier Quartier. .. gros brouil. de 1 à 8 h. du m. vapeurs fèches pend. tout le jour. | 8. n, 08 MR "+... { vent oueft, temps beau depuis 2 h, du foir ; vapeurs de même.|} Fe 1528] SSP Ge biche | éclairs à l'oueft le foir. 8. luniftice boréal... orageux Îe foir. 8. r ANDDÉE ee Te creed 8 EU LE LASER LADA * | éclairs très-vifs depuis 10 heures du foir. DEN 0 *..... | fud-eft depuis 2 heures; éclairs très-vifs le Loir. 8. à DU +... [éclairs trés-vifs, tonn. très-forte pluie depuis 1 h. du matin. Be 7 nouvelle Lune.... NT CE équinoxe defcendant| le nuage venant du fud-eft, jufqu'à o heures du matin. CR Din DAS A nuages depuis midi; couvert le foir. Betr CDS AH OPE TE +++ [le nuage venant tout le jour du fud; orage avec forte pluie &|$ ton. terrible, de 1oàr1 h.dufoir; l'orage venant de l’oueft.|À | Écece »7z Mémoires De L'Acab£MIE Royare SEEN TION ARR VS EU VD A 2 D À TIRE PT ETES — ve du HE VE N TS THERM.® ÉTAT D'UNCGINE EN EEERE I Nord ONE D: 15 4 sata tee ce (eve 16 à 20 | couvert; vapeurs très-fortes. . . .« 2 Nord-oueit 3.....,.....4. 14 à 20 | beau avec nuages; de même.. ..* 3 Oueft 2, 3............:] 13 à 21 | nuages le matin; beau le foir.. . . 2 4 Sud-ouelft 2..... ss.sss...| 14 à 17 | couvert, un peu de pluie... ...: s Oueft 2, 4esossouss *.| 14 à 19 | couvert le matin; beau le foir.. . 6 Oueft 4, 3e... : 2 à 20 | trés-beau. 4. ARE» 7 Oueft Jerome sos... rs à 23 beau avec NUAGES « + «+» AU 8 Oueit 3, Gabin........... 13 à 21 |très-beau....... she se cPe8e OR 9 Gabin. .........,......| 12 à 19 |très-beau; humide le foir...... 10 MNarable M ee Er IS et couvert, orageux, tonnerre & plui PRES) 8 d: Nr Suds et eee à DOTE s à 19 |nuages, humide. ...,.:..,..". 1 12 Sudan eci sert +++] 16 à 20 |couvert, un peu de pluie... ... M 13 Nord-oueft 3............. 13 à 21 | beau avec nuages. .......,.. 14 ge) Berre DE sites (TT 2 22 04itres-beau. ciel. else ete IS Variable 2, Sud- fe +.s.el 13 à 22 |très-beau....... Mois Co out 10 Shell hear aNTS) a120|intages AA CENERI L'é 34 157 ES; Mud-eft 2000 +] 14 a 21- | beau avec nuages. ...... RO à 18 Sud-eft 4, 3... 15 à 20 |couvert. ....:.1 edit: 19 Sud-eft 3, variable 2........] 16 à 19 | pluie, couvert, beau. . .. .... 4] 20 Eft 3, fud 3,1........... 14 à 20 | beau avec nuages. . ...... . 21 Sud'3; nord 2... ... ss... 11 à 16 |pluie le matin; beau le foir.. . : #f 22 Sud-eft 2, variable 2.......| 12 à 18 | pluie le matin; beat le foir.. . . Af 23 Varmble2..,. 75 TOR ANETEENE 11 à 16 pluie, beau... . 444.0 2. 24 NN no Pet 9 à 15 |nuages, humide... .:....... IS N'OfdE ER ea RSA EMA ARE 13 à 16 couvert, pluie............. 26 Variable 2, fud-eft 4..:.....| 13 à r$ | forte pluie, tonnerre fréquent. . DANS URL 2e -NTUPSRE resseses.] 15 à 17 | pluie, couvert, tonnerre, éclairst 28 Séd-eit 1, Iudir 2. RAR EEE 154 1911 | beau avec nuagese #24 RER E 29 Variable 2, eft-nord-eft 2....| 14 à 17 | nuages, couvert, pluie... ..r. 22 30 Mannablels...1244020008 ad atlas beau avec nuages. ..........% Il eft tombé pendant ce mois 4 pouces 1 ligne + d'eau de pluie. Pi L'ONRSERRE :s SCENE rS 77Y BRE 1783 TERRE REP SEES ——— ÉAROMÈT. | POINTS LUNAIRES. OÙBLS ERA O N S 28. I sssssesse....] vapeurs fèches, aufli épaiffes qu’à la fin de Juin. 3: 40 sssssssss...|vapeurs plus épaiffes. + PIB IT ssssssess-ese | vapeurs très-épaiffes Îe matin; infiniment moindres le foir. 28. premier Quartier. . | un peu de pluie le matin; vapeurs moins épaiffes. 28. à luniflice auflral. . . . | vent plus fort depuis midi; très-fort le foir. 27.10 28. 1 PÉrIgÉe. css 28. 1+ RARE 28. 3 ira sesssssseses..|le vent n'a pas fuivi le cours du foleil. 28. 28. 7: pleine Lune. . .... 28. équinoxe afcendant. 28. à DRE) Pet 2 EXC eos I BOL 2 srssssssresese | éclairs au fud-oueft le foir & pendant Ia nuit, dernier Quartier. . . | éclairs le foir à différens rumbs. Ï 4 > s . LA . \ apogée -..:.: + + + Q forte pluie avec tonnerre de 2 à 3 heures du matin; éclairs|h ï "3 2 TES Lx z 5 7: 112 ? lunitice boréal... & orageux au nord-eft le foir. 27. 115 | 28 12 pluie de 3 h.du matin à midi; pluie à x 1 h. du foir ; le nuage venant toujours du fud- Er" z fe ÿ eft, dircétion oppofée au vent. | Ze LI “esse... [pluie de 1 à 8 heures du matin. = ï . » . PAT sesssse.se-e.. |pluie de 1 à 5 heures du foir. 20. I ses... |le nuage venant du fud. .. $le nuage venant de l'eft; pluie à diverfes repriles; éclairs & tonnerre avec très-forte pluie depuis 9 heures du foir. f nouvelle Lune... pluie jufqu’àa 6 heures du matin ; très-forte pluie, tonnerre|À + équinoxe defcendant b co M “ 28. sesssses.s..s. |tonnerre & petite pluie de4à7 h. du matin; tonnerre Ie foir.|f | & gros orage de à 8 heures du foir. sos... | eft-nord-eft & pluie depuis 3 heures du foir. , MEMETIC a De éclairs à l’oueft le foir, ”"i EM « En €