ww HOMME? 7, ER SR pet PO LOLLR E f fnecrats D E LACADEMIE PRO ELA LE DESSCIENCES Avec les Memoires de Mathématique & de Phyfique pour la même Année. , Tirez, des Regiftres de cette Académie. Troifiéme Edition, revüë, corrigée & augmentée: che JEAN-BAPTISTE COIGN ARDfis.erués. Jacques LH. LOUIS GUERIN. ONCE LNXIT AVFECPRIFILEGE DUROF. © eGABRIEL MARTIN ais ” on + “TIAYOÔOZ DerÀ se Vi * 9. S hs alt ob atiomalt ai 9: SET À 9:n$ra) si 04 tab #0 bac ne sk, a és c ab y tir sx Ha: t 5i rex, 4 idee enMoiT LES a HMOTOD'AT2ITI ne MARARTEe IUT k C3 À) HE M fonsise 2414. * 3 4 2 LIEN ne TTL Ads AC EL' 1 d 4 #" S EN SÙ < < £ L Pi RoBF AGE: Eron le Reglement donné par le Roy à l’Académie Royale des Scien- ces au comencement de l’année 1690. cette Hiftoire auroit dü paroître à la fin de cette même année. Mais comme par ce Reglement l'Académie entiere fe renouvel- loit, ila fallu quelque temps pour donner à toutes chofes un premier mouvement ;, qu'il {e- ra deformais facile d’entretenir. Sans entrer dans le détailde tout ce qui a retardé une Impreffion “qui auroit dû être faite deux ans plütôe, il fuffit de dire ici que l'Hiftoire de l'année 1700.eftcom- -mencée d'imprimer , du jour que celle-cy a été finie , que l’année 1701. fuivra immediatement après ; & qu’enfin l’on ne difcontinuëra point que l’onne fefoit mis dans les termes précis du Re- lement. | | | : L’Hiftoire de l’Académie des Sciences n’eft proprement que l'Hiftoire de fes Ouvrages, & de fes penfées, fi on en éxcepte quelques faits qui a ÿj PREFACE regardent fon nouvel établiffement , & qui fonc particuliers à l’année 16909. Cette Hiftoire contient deux Parties. L'une que l'on a voulu appeller plus particulierementHiftoi. re, eft l'Extrait &l’Abregé de toutce qui s’eft dit de remarquable dans l’Académie , foit par écrit , {oit de vive voix. L'autre Partie , ce font les Me- moires, c’eft à dire, celles d’entre toutesles Pie- ces lüës dans l’Académie , qui ont été jugées les plus importantes, &les plus dignes d'être données au public dans toute leur étenduë. Ces Memoires font à peu près icy ce que font dans une Hiftoire ordinaire des Actes originaux, ou des Preuves que l’on imprime quelquefois à la fin. L'Hiftoire comprend plus de chofes que les Memoires. On a voulu qu'outre les matieres dont ils traitent, elle receüillit ce qu'on ne croyoit pas à propos de donner tout au long , & qu’on ne vou- loit pourtant pas perdre entierement, & en mê- me tems ona eu deffein que fur tous les fujets ,. foit qu'ils luy fuffent communs avec les Memoi- res, foit qu'ils luy fuflent particuliers , elle fut plus proportionnée à la portée de ceux qui n’ont u’une médiocre teinture de Mathématique & de byfique ; car pour ceux quiabfolument n’en ont aucune, ils feroient mieux de prendre les chofes d’un peu plus haut, & il auroit fallu de trop grands difcours pour remonter en leur-confidération juf- qu'aux premiers Elemens des Sciences. À cela près, on a tâchéde rendre cette Hiftoire dé 1 A A à: ; 5 3 l PORENFUNCIES convenable au plus grand nombre de perfonnes _quila été poflible ; on a même-eu foin dans les occafions d'y femer des éclairciflemens propres à faciliter la leture des Memoires,&% quelques-unes de ces Pieces pourront être plusintelligibles pour la plüpart des gens, fi on les rejoint avec le mor- ceau de l'Hiftoire qui leurrépond. Quand une matiere n'a pà comporter d’être tournée d’une autre façon, & traitée moins à fond qu'elle n’étoit dans les Memoires , ce qui arrive * quelquefois en fait de Machines,ou de démonftra- tions de Géometrie & d’Algebre,on a été reduit à la pañler fous filence , à moins qu'il n'y ait eu lieu de marquer hiftoriquement qu’on avoit fait quel- que progrès à cet égard, & d'annoncer cette nou- velle à ceux qui font du moins bien-aifes d’ap- prendre que les Sciences ou les Arts avancent Quand au contraireune matiere contenuë dans les Memoires a été par elle même fi intelligible qu'elle n’eût paspü l'être davantage dans l'Hif- toire, ons’eft épargné la peineinutile de la repe- ter. | : En general, onacrü que parrapport aux Sa- vans profonds, & à ceux qui ne le font pas, il étoit bon de préfenter fous deux formesdifferentes les matieres qui compofent ce Recüeil, que les tra- vaux de l Académie en feroient plus connus,ëtque le gout des Sciences s’en répandroit davantage. . Mais à quoy fert-il que Le goùt des Mathémati- ques & de la Phyfique fe repander De quelle uti- à ij iv PREFACE. lité font les occupationsde l’Académie? C’eftune queftion affés ordinaire , & que même la plüpart des gens ne propofent pas trop comme une que- flion. Peut-être ne fera-t-il pas hors de propos de donner fur cela quelque éclairciffement. | Onttraite volontiers d'inutile ce qu’on ne fçaic point , c'eftuneefpece de vengeance, & comme les Mathématiqnes & la Phyfique font aflés gene- ralement inconnuës, elles pañlent aflés generale- ment pour inutiles. La fource de leur malheur eft manifefte , elle font épineufes , fauvages, & d'un accés difficile. Nous avonsune Lune pour nous éclairer pen- dant nos nuits que nousimporte, dira-t-on que Jupiter en ait quatre ? Pourquoy tant d'Obferva- tions fipenibles , tant de calculs fi fatiguans, pour connoître exactement leur cours? nous n’en {e- rons pas mieux éclairés , & la Nature qui a mis ces ” petits Aftres hors de la portée de nos yeux , ne pa- roît pas les avoir fait pour nous. En vertu d’un rai- fonnement fi plaufñble ; on auroit dû négliger de les obferver avec le T'élefcope , & de les étudier, & il eft für qu’on y eût beaucoup perdu. Pour peu qu’on entende les Principes de la Géographie , & de la Navigation, on fçait que depuis que ces qua- tre Lunes de Jupiter font connuës , elles nous ont été plus utiles par rapport à ces Sciences que la nôtre elle même; qu’elles fervent & ferviront tou- jours de plus enplus à faire des Cartes marines incomparablement plus juftes que les anciennes, PREFACE. y & qui fauveront apparemment la vie à une infini- té de Navigateurs. N'y eüût-il dans toute l'Aftro- nomie d'autre utilité que celle qui fe tire des Sa- tellites de Jupiter, elle juftifieroit fuffifammentces calculs immenfes , ces obfervations fi afliduës , & fi fcrupuleules, ce grand appareil d’inftrumens travaillés avec tant de foin, ce Bâtiment fuperbe uniquement élevé pour l’ufage de cetteScience. Cependant le gros du monde ou ne connoît point les Satellites de Jupiter, ficen’eft peut-être de reputation , & fort confufément, ou ignore la liailon qu'ils ont avec la navigation, ou ne {çait pas rhême qu’en ce fiecle la navigation foit deve- nuë plus parfaite. Telle eft la deftinée des Sciences maniées par un petit nombre de perfonnes ; l’utilité-de leurs progrés eft invifible à la plüpart du monde, fur tout fi elles fe renferment dans des profeflions peu éclatantes. Que l'on ait prefentement une pius grande facilité de conduire deskRivieres, de tirer des Canaux,& d’établirdes navigationsnouvelles, parce que l’on {çait fans comparaifon mieux nivel- ler unterrain, & faire des Eclufes, à quoy cela aboutit-il ? Des Maçons & des Mariniers ont été foulagés dans leurtravail, eux-mêmes nefe fonc pasapperçus de l’habileté du Géometre qui les conduifoit , ils ont été müs à peu prés comme le corps l’eft par une Ame qu'il ne connoît point ; le refte du monde s'apperçoit encore moins du Gé- nie qui a prefidé à l’entreprife, & le public ne 311} vj RSR EN RAAIE ME. jouit du fuccès qu'elle à eu qu'avec une efpece d'ingratitude. L’Anatomie que l’on étudie depuis quelque tempsavec tant de foin , n’apü devenir plus exacte fansrendre ia Chirurgie beaucoup plus füre dans fes operations. Les Chirurgiens le fçavent, mais ceux qui profitent de leur Art n’en fçcavent rien. Et comment le fçauroient-ils? Il faudroit qu'ils comparaffent l’ancienne Chirurgie avec la mo- derne. Ce feroit une grande étude , & qui ne leur convient pas. L’operation aréuüfli, c'en eft afés ,il n'importe guere de fçavoir fi dans un autre fiecle elle auroit réufli de même. IL eft étonnant combien de chofes font devant nos yeux fans que nousles voyons. Les boutiques des Artifans brillent de tous côtés d’un efprit & d'une invention , qui cependant n’attirent point nos regards , il manque des Spectateurs à des In- frumens & à des Pratiques trés utiles, & très-in- genieufement imaginées , & rien neferoit plus merveilleux , pour qui fçauroit en être étonné. Si une Compagnie fçavante a contribué par fes lumieres à perfectionner la Géometrie, l’Anato- mié , les Méchaniques , enfin quelque autre fcien- ceutile, ilne faut pas prétendre que l’on aille re- chercher cette fource éloignée, pour luy fcavoir gré , & pour luy faire honneur de l'utilité de fes produétions. &l fera toûjours plus aifé au Public de joüir des avantages qu’elle luy procurera , que de les connoître. La détermination des Longitudes PREFACE vij par les Satellites, la decouverte du Canal Tora- chique, un Niveau plus commode & plus jufte, ne font pas des nouveautés auf propres à faire du bruit ,qu'un Poëme agreable, ou un beau Dif- cours d’éloquence. L'utilité des Mathématiques & de la Phyfique, quoiqu'à la verité aflés obfcurs , n’en eft donc pas _moins réel. À ne prendre les hommes que dans leur état naturel,rien ne leur paroît plusutile que ce qui peut leur conferver la vie ,& leur produi- re les Arts, qui font & d'un fi grand fecours , & d’un fi grand ornement à la focieté. Ce qui regarde la confervation de la vie;appar- tient particulierement àla Phyfique, & par rap- port à cette vue , elle a été partagée dans l'Acadé- mie en trois branches, qui font trois efpeces diffe- rentes d'Académiciens ; l'Anatomie ,la Chimie, & la Botanique. On voit affés combien il eft im- portant de connoître exactement le Corps hu- main, & les remedes que l’on peut tirer des Mine- raux @& des Plantes. | __ Pourles Arts dontle dénombrement feroit in- fini , ils dépendent les uns de la Phyfique, les au_ tres des Mathématiques. - Ilfemble d’abord quefi l’on vouloit renfermer les Mathématiques dans ce qu’elles ont d’utile ,i faudroit neles cultiver qu'autant qu’elles ont un rapport immediat & fenfible aux Arts, &laifler tout le refte comme une vaine Théorie. Mais cet- teidée feroit bienfauffe. L'Art de la Navigation, viij PREFACE.: par éxemple;tient néceflairement à l’Aftronomie, & jamais l’Aftronomie ne peut être pouflée trop loin pour l’intereft de la Navigation. L’Aftrono- mie a un befain indifpenfable de l'Optique à cau- fe des Lunettes de longue vüe , & l’une & l'au- tre ,ainfi que toutes les parties des Mathémati- ques , font fondées furla Géometrie, & pour al- ler jufqu’au bout, fur l'Algebre même. . La Géometrie , & fur tout l’Algebre, font la clefde toutes les recherches que l’on peutfaire fur la Grandeur. Ces Sciences qui ne s'occupent que de rapports abftraits, & d'idées fimples, peuvent paroître infruétueufes , tant qu’elles ne fortent point, pour ainfi dire, du monde intellectuel ; maisles Mathématiques mixtes, qui defcendent à la matiere, & qui confiderent les mouvemens des Aftres , l'Augmentation des Forces mouvan- - ces,les differentes routes quetiennent des Rayons de lumiere en differens milieux , les differens ef- fets du Son par les Vibrations des cordes, en un mottoutes les Sciences qui découvrent des rap- ports particuliers de grandeurs fenfibles, vont d'autant plus loin & plus fürement , que l’Art de découvrir des rapports en general eft plus parfait. L’Inftrumentuniverfel ne peut devenir trop éten- du , trop maniable , trop aifé à appliquer à tout ce qu'on voudra. Il eftutile de l'utilité de toutes les Sciences , qui ne fcauroient fe pafler de fon fes cours. C’eft par cette raifon qu'entre les Mathé- maticiens de l'Académie, que l'on a prétendu rendre - PRE FACE. 1x réndre tous utiles au public; les Géometres ou Algebriftes font une Clafle , aufli-bien que les Altronomes, &les Méchaniciens.! : Ileft vray cependant que toutes les fpécula- tions de Géometrie pure ou d’Algebre; ne s’ap- pliquent pas à des chofes utiles. Maisileft vray aufli que la plüpart de celles qui nes’ y appliquent pas’, Conduifent ou tiennent à celles qui.s’y ap- pliquent. Sçavoir que dans une Parabole la Sou- tangente eft double de l’Abfciffe correfpondante, c’eft une connoïiffance fort fterile par elle-même; mais c'eftun degré néceflaire pour arriver à l’artde tirer les Bombes avec la juftefle dont.on fçait les tirer préfentement. Il s’en faut beaucoup qu'il ÿ ait dans les Mathématiques autant d’ufages évi- dens que de propofitions ou de: Veritéss c'eft bien aflés que le concours de plufieurs Vérités produife prefque toûjours un -ufage. : De plus telle fpéculation Géometrique, qui ne s’appliquoit d'abord àrien d’utile , vient à sy ap- pliquer dans la fuite. Quand les plus grands. Géo- metresdu dix-feptiéme Siecle fe mirent à étudier une nouvelle Courbe qu'ilsappellerentla Cycloi- de,ce ne fut qu'une pure, fpéculation;ou ils s'enga- gerentparla feule vanité de découvrir à l'envy les uns des äutrés des Théorêmes dificiles.[lsne pré- tendoient pas eux-mêmes travailler pour: le: bien public,cependantil s'eft trouvé en approfondif- fantla nature dela Cycloïde qu'elle étoit deftinée à donneraux Pendules toutela perfection: pofli- Ë + PB E FACE. ble, & à porter la mefure du tems jufqu’à fa der« niere précilion. : . Ileneft de la Phyfique comme de la Géome- trie. L'Anatomie des À nimaux nous devroit être afés indifferente, il n'y aque le Corps humain, qu'il nous importe de connoître. Mais telle partie dont la fruéture eft dans le Corps humainfi déli- cateoufi confufe qu’elle en eft invifible ; eft fen- fible & manifefte dans le corps d’un certain Ani- mal. De fà vient que les Monftres mêmenefont pas à négliger. La Méchanique cachée dans une certaine efpece ou dansuneftructure commune fe développedans-une autre efpece, ou dans une ftrutureextraordinaire,& l’on diroit prefqueque la Nature à force de multiplier & de varier fes ouvrages,ne peuts’empêcher detrahir quelquefois {on fecret. Les Anciensontconnu l’Aïman , maisils n’en ont connu que la vertu d’attirer le fer. Soit qu'ils: n’ayent pas fait beaucoup de cas d’une curiofité qui ne les menoit à rien ;foit qu’ils n'euflent pas aflés le génie des expériences;ils n'ont pas éxami- né cette Pierre avec aflés de foin.Une feuleexpé- rience de plus leur apprenoït , qu'elle fe tourne d'elle-même vers les Poles du monde, & leur mettoit entre les maïns le tréfor ineftimable dela Boufole. Iistouchoient à cette découverte fi im= portante qu'ils ont laiflé échaper, & s'ils avoient donné un peu plus de tems à une curiofité inuti- le en apparence, l'utilité cachée fe déclaroir. À \ à à. | - PREFALCE. x Amaflons toûjours des verirés de Mathématique & de Phyfique au hazard de ce qui en arrivera , ce n'eftpas rifquer beaucoup. I eft certain qu’elles feront puilées dansun fonds d’où il eneft déja forti un grand nombre quife font trouvées utiles. Nous pouvons préfumer avec raifon que de ce même fonds nous en tirerons plufieurs, brillantes dès leurnaïflance d’uneutilité fenfble , & incontefta- ble: Il yen aura d’autres qui attendront quelque tems qu'une fine méditation ou un heureux ha- zard découvre leur ufage. Il y en aura qüi prifes fé- patément feront fteriles , &ne cefleront de l'être que quand on s’avifera de lesrapprocher. Enfinau pis aller,il y en aura qui feront éternellement inu- tiles. | . J'entens inutiles,par rapport aux ufages fenfi- bles, & pourainfi dire, groffiers, car du refte elles nele feront pas. . Un objet vers lequel on tourné uniquement fes yeux , en eft plus clair & plus é- clatant,quand les objets voifinsqu’on ne regarde pourtant pas, font éclairés aufi bien que luy. C’eft qu'ilprofite de la lumiere qu’ils luy eommuni- quent parréflexion.Ainfles découvertes fenfible- mentutiles,& qui peuvent meriternotreattention principale, font en quelque forteéclairées parcel- lesqu'on peut traiter d’inutiles. Foutes les V'erités deviennent pluslumineufesles unes par les autres. Il eft toûjours utile de penfer jufte;mêème fur des fujets inutiles. Quand les nombres & les Lignes ne conduiroieht abfolumentà-rien;ce feroient € 1] xij PR'EFUAC'E. toüjours les feules connoïflances certaines qui ayent été accordées à nos lumieres naturelles, &el- les ferviroient à donner plus fürement à notre rai- fon la premiere habitude,&le premier ply du vrai. Elles nous apprendroient à opérer fur les Verités, à en prendre le fil , fouvent très-délié & prefque imperceptible , à le fuivre auffi loin qu'il peut s’é- tendre, enfin elles nous rendroient le vray fi fami- her, que nous pourrions en d’autres rencontres le reconnoître au premier coup d'œil, & prefque par inftinct. : L'Efprit Géometrique n’eft pas fi attaché à la Géometrie qu'iln’en puifle être tiré , & tranfpor- té à d’autresconnoifflances. Un Ouvrage de Mora- le,de Politique, de Critique,peut être même d'E- loquence, en fera plusbeau, toutes chofes d’ail- leurs égales, s'il eft fait de main de Géometre. L'ordre, lanetteté , la précifion , l’'éxaétitude qui regnent dans les bons Livres depuis un certain tems, pourroient bien avoir leur premiere four- ce dans cet Efprit géometrique, qui ferépand plus que jamais, & qui en quelque façon fecommuni- que de proche en proche à ceux même: qui ne connoiflent pas la Géometrie. Quelque fois un grand Homme donne le ton à tout fon fiecle, & celuy à qui l’on pourroit le plus légitimement ac- corder la gloire d’avoir étably un nouvel Art de raïfonner , étoit un excellent Géometre. Enfin tout ce qui nous éleve à des réflexions , qui quoique purement fpéculatives, font grandes PREFATCE." xii :& nobles ; eft d'uneutilité qu'on peut appeller fpirituelle & Philofophique. L’Efprit a fes be- foins , & peut-être aufli étendus que ceux du Corps. Il veut fçavoir ; tout ce qui peut être con- au luy eft néceflaire, & rien ne marque mieux combien il eft deftiné à la verité, rien n’elt peut- être plus glorieux pour luy que le charme que l’on éprouve; & quelquefois malgré foi, dans les plus feches & les plus épineufes recherches de l’Alge- bre... Mais fans vouloir changer les idées commu- nes , &fansavoir recours à des utilités qui peu- vent paroître trop fubtiles & trop rafinées, on peut convenirnettement que les Mathématiques & la Phyfique ont des endroits qui ne font que cu- rieux , & cela leureft commun avec les connoif- fances les plus généralement reconnuës pour uti- les, telle qu’eft l'Hiftoire. - L'Hiftoire ne fournit pas dans toute fon étenduë, des Exemples de vertu,ny desregles de conduite. Hors de lä,ce n’eft qu’un fpectacle de révolutions perpetuelles dans les affaires humaines, de naif- fances & de chutes d’'Empires , dé mœurs ,de cou- tumes,d'opinions;qui fefuccedent incefflamments enfin de tout ce mouvement rapide, quoiqu'in- fenfible , qui emporte tout ;,& change continuel- lement la face de la terre. Si nous voulons oppofer curiofité à curiofité , aous trouverons qu'au lieu de ce mouvement quiagite les Nations, qui fait naître, & qui ren- ë iii — «iv PREFACE. verfe des Etats , la Phyfique confidere ce grand & univerfel mouvement qui a arrangé toute la Nature, qui a fufpendu les Corps celeltes en differentes Spheres, qui allume & qui éteint des Etoiles, & qui en fuivant toujours des loix inva- riables diverfifie à l’infiny {es effets. Si la differen- ce étonnante des mœurs & des opinions des Peu- ples ef fi agréable à confiderer,on étudie aufliavec un extrême plaifir la prodigieufe diverfité de la ftruéture des differentes efpéces d'animaux, par rapport à leurs differentes fonctions , aux élemens ou ils vivent , aux climats qu'ils habitent, aux ali- mens qu'ils doivent prendre, &c. Les traits d'Hif- roire les plus curieux auront peine à | être plus que les Phofphores, les Liqueurs froides qui en fe mê- Jant produifent de la âme,les Arbres d'argent, les Jeux prefque magiques de l’Aiman, &uneinfinité de Secrets que l'Art a trouvés en obfervant de près , & en épiantla Nature. En un mot la Phyfi- que fuit & démêle,autant qu'il eft poflible, les tra» ces de l'intelligence & de la fagefle infinie qui a tout produit , au lieu que l'Hiftoire a pour objet les effets irreguliers des paflians, & des caprices des hommes, & une fuite d’évenemens fi bifares, que l’on a autrefois imaginé une Divinité aveu- gle & infenfée pour lui en donner la direction. Ce n’eft pas une chofe que l’on doive compter parmi les fimples curiofités de laPhyfique;que les fublimes réflexions où elle nous conduit fur l’Au- teur de l'Univers. Ce grand Ouvrage toüjours 4 Gui PREFACE. lis merveilleux à mefure qu’il eft plus connu, . donne une fi grande idée de fon Ouvrier , ue nous en fentons notre efprit accablé d’admi- ration , & de refpect. Sur tout l’Aftronomie, & V Anatomie font les deux Sciences qui nous of- frentle plusfenfiblement deux grands caraëteres - du Créateur, l’une, fonimmenfité, par les diftan- ces, la grandeur, & le nombre des Corpsceleftes ; l'autre, fon intelligence infinie ; par la Méchani- que dés Animaux. La Veritable Phyfique s’éleve . jufqu’à devenir une efpéce de Théologie. Les differentes vüës de l’efprit humain font pref- queinfinies , & la nature l’eft veritablement. Aïnfi l'on peut efperer chaque jour, foiten Mathémati- que, foit en Phyfique, des découvertes, quiferont d'une efpéce nouvelle d'utilité , ou de curiofité; Raflemblés tous les differens ufages dont les Mathématiques pouvoient être ilya cent ans; rien ne reflembloit aux Lunettes qu’elles nous ont données depuis ee tems-là, & qui font un nouvel organe de la Vüé, que l’on n’eût pasoféat- tendre des maïns de l’Aït. Quelle eût été Lx fur- prife des Anciens, fon leur eût prédit qu'un jour leur poñterité , par le moyen de quelques inftru- mens, verront une infinité d'objets qu'ils ne voyoient pas; un Ciel qui leurétoit inconnu, des. Plantes & des Animaux;dont ilne foupçonnoient feulement pas la poffbilités Les Phyficiens 2- voient déja un grand nombre d'expériences cu- rieufes , mais voici encore:depuis près d’un demi xv] PRÉFACE. fiecle la machine Pneumatique, qui en a produit uneinfinité d’une nature toute nouvelle, & qui en nous montrant les corps dans un lieu vuide d'air, nous les montre comme tranfportés dans un Monde different du nôtre , où ils éprouvent des altérations dont nous n'avions pas d'idée. Peut-être l'excellence des Méthodes Géometri- ques que l’on invente ou que l'on perfectionne de jour en jour, fera-t-elle voir à la fin le bout de la Géometrie , c’eft-à-dire, de l'Art de faire des découvertes en Géometrie, ce quiefttout; mais la Phyfique quicontemple un objet d'une varieté & d’une fécondité fans bornes , trouvera toüjours des obfervations à faire,& des occafons de s’enri- chir, & aura l'avantage de n'être jamais une Scien- ce complette. : T'ant de chofes qui reftent encore,& dont appa- remment plufieurs refteront toûjours à fçavoir , donnent lieu au découragement affecté de ceux qui ne veulent pas entrer dans les épines de la Phy- fique. Souvent pour méprifer la fcience naturelle, onfe jette dansl’admiration de la Nature,que l’on foûtient abfolument incompréhenfible.La Natu- re cependant n’eft jamais fi admirable, ni fi admi- rée que quand elle eft connuë. Il eft vrai que ce que l’on fçait eft peu de chofe en comparaifon de ce qu’on ne fçait pas; quelquefois même ce qu'on ne fçait pas eft juftement ce qu’il fembie qu’on devroit le plütôt fçavoir. Par éxemple sonne fçait pas ; du moins bien certainement , pourquoi une pierre eo Le PREFACE. Xvi pierre jettée en l'air retombe, maïs onfçait avec certitude quelle eft la caufe de l’Arc :en- ciel, pourquoi il ne pañle jamais une certaine hau- teur, pourquoi la largeur en efttoüjours la mê- me ; pourquoi quand il ya deux Arc-en-ciels à la fois, les couleurs de l'un font renverfées à l’é- gard de celles de l’autre , &c. & cependant com- bien la chute d’une pierre dans l'air paroît-elle un Phenomene plus fimple que l’Arc:en-ciel à Mais enfin quoique l'on ne fçache pas tout , on n'ignore pas tout aufl ; quoique l’on ignore ce qui paroît plus fimple; on ne laifle pas de fçavoir ce qui paroît plus compliqué ; & fi nous devons craindre que notre vanité ne nous flate fouvent de pouvoir parvenir à des connoïiflances qui ne font pas faites pour nous , il eft dangereux que notre parefle ne nous flate auffi quelquefois d’être con- damnés à une plus grande ignorance que nous ne le fommes effectivement. IL eft permis de conter que les Sciences ne font que de naître, foit parce que chésles Ancienselles ne pouvoient être encore qu'aflés imparfaites, foit parce que nous en avons prefque entierement perdu les traces pendant les longues tenebres de la Barbarie; {oit parce qu'on nes’eft mis fur les bonnes voies que depuis environ un fiecle. Si l’on examinoit hifforiquement le chemin qu’elles ont déja fait , dans unfi petit efpace de tems, malgré les faux préjugés qu’elles ont eu à combattre de toutes parts, & qui leur ont long-tems refifté, quelquefois même malgré les obftacles étrangers 1 xvii] P'RIESMAICE. de l'autorité & de la puiflance,malgréle peu d’ar- deur que l’on a eu pour des connoiffances éloi- gnées de l’ufagecommun,malgré le petitrnombre de perfonnes qui fe font dévouées à ce travail, malgré la foibleffe des motifs qui les y ont enga- gées, on feroit étonné de la grandeur & de la ra- pidité du progrès des Sciences , on en verroit mê- me de toutes nouvelles fortir du néant, & peut- être laifferoit on aller trop loin fes efperances pour l'avenir : Plus nousavons lieu de nous promettre qu’il fe- ra heureux, plus ‘nous fommes obligés à ne re- garder prefentement les Sciencesque comme é- tant au berceau , du moins la Phyfique. Aufli l’'A- cadémie n’eneft-elle encore qu'à faireune ample provifion d’obfervations & de faits bien averés, qui pourront être un jour les fondemens d’un Sy- ème, car il faut que la Phyfique fyftématique at- tende à élever des Edifices ;, que la Phifique expé: rimentale foit en état de lui fournir les materiaux nécefaires. Léèds su : Pour cet amas de materiaux, il n'y a que des Compagnies,& des Compagnies protegées parle Prince, qui puiflent réuffir à le faire , & à le pré- parer. Ny les lumieres, ny les foins, ny la vie, ny les facultés d'un Particulier ny fuffiroïent. Il faut un trop grand nombre d'expériences, il en faut de trop d’efpeces differentes, il faut trop répéter les mêmes, il les faut varier de trop de manieres , il faut les fuivre trop long-tems avec un même ef- prit. La caufe du moindre effet eft prefque toû- MOT ERURE jours enveloppée fous tant de plis & replis, qu’à moins qu'on ne les ait tous démêlez avec un extrê- me foin , on ne doit pas prétendre qu'elle vienne à fe manifeller. * °°° : Jufqu’à prefent J'Acadéfnie'des Sciences ne prend là Nature que par petites parcelles. Nul Syftême général, de peur de tomber dans l’incon- venient des Syftêmes précipités dont l’impatience de l’efprit humain ngs’adcomod£é quetrop bien,& qui étant une fois établis , s'oppofent aux verités qui furviennent. Aujourd’huy on s’aflure d’unfait, demain d’un autre qui n’y a nul rapport. On ne laiffe pas de hafarder des conjeétures fur les cau- fes , mais ce font des conjectures. Ainf le Re- cueil que l’Académie préfente au Public n’eft compofé que de morceaux détachés, &indépen- dans les uns des autres, dont.chaque Particulier, qui en eft l'Auteur garantit les faits & les expé- riences;, & dont l’Académie n'approuve.les rai- fonnemens qu'avec toutes les reftriélions d’un fage Pyrrhonifme. MT: 4 M 4 Le tems viendra peut-être que l’on joindra en un corps regulier ces membres épars, & s'ils font tels qu'on les fouhaite, ils s’aflembleront en quel- que forte d'eux-mêmes. Plufieurs verités féparées, dès qu’elles font en aflés grand nombre, offrent fi vivement à l’efprit leurs rapports,& leur mutuelle dépendance;qu'il femble qu'aprèsavoir été déta- chées par une efpece de violence lesunes d’avec les autres, elles cherchent naturellement à fe réü- air. ai RES ner nt TETUENTS SOU EN unie 3%. 5 À ENT NO PM ACER RARE 0 DS LIN IQ € EE 7 Le ferf Mt EE RÉ S: LE 505 315, 27 30) mire SENS Lo LS LE OL R.E R Eglement ordonné parle Roy four L AcadémieRoyale des Sciences, Page... 3» PHYSIQUEGENERALE. Sur la Lumiere ‘fur les Couleurs. 17: Comparaifons d'Objervations faires en differens lieux fur le Barome- tres [ur les vents, & [ur la quantité des pluyes 20. Obfervarions fur les fingulatirez del Hifloire naturelle de France.23, PHYSIQUE PARTICULIERE. | ANATOMIE} De la Circulation du [ang dans le Fetns. 2ÿ Sur une nouvelle maniere de tailler de Lapierre. 304 Sur P'Hiffoire du Fœtus. 314 Sur le cœur de la Tortuë. 34e Sur la ffruilure extraordinaire du cœur d'un Fœtus humain, 37. Sur les Injeéions Anatomiques, 38. Sur les Infeites. 39- Sur les Dents. 4: Sur les Plumes des Oifeaux: 43: Sur la Rage ow Hydrophubie. 46. Sur le Scorbur. 49 Diverfes Obfervarions Anatomiques 50: TABLE Sr CHIMIE. Mefure des Sels volatils acides contenus dans les Efprits acides. $ÿ2, Sur La maniere de reconnoirre le [ublimé corrofif fophiffiqué. S4 Examen d'eaux minerales. S$e Diverfes Obfervarions Chimiques. | BOTANIQUE. Sur le Parallelifme dela touffe des Arbres avec le [ol qwelles ombra= gent. 60. Sur les [els des Plantes. 63. Obférvarion Botanique. 65. MATHEMATIQUE. ALGEBRE ET GEOMETRIE. Quadrature d'uneinfinité de [egmens © de feiteurs de la Cycloïde. 66. ZMcthode pour trouver des Courbes, le long defquels un corps rom- bant , s'approche on s'éloigne de l'Horifon en telle raifon des temps qu'on voudra. 68: Sur les Equations du [econd & du troifieme degré, 70. Sur la Duplication du Cube. WI. ASTRONOMIE. Sur le retour des Cometes. 72. Obfervations d’Eclipfes. 75. Obftrvarion de Fupiter. 78. Obfervations d’une Etoile fur le difque de la Lune. ibid, Sur la Parallaxe annuelle de l'Etoile Polaire So: Sur des Parclies. * < Sr... GEOGRAPHIE. Pofitions de quelques Villes de la Chine, 83. Pofitions de quelques Villes de Turquie G d’Armenie 85. pa PR EIRE NE US OPTIQUE. Sur la mulriplicarion des Images par les verres plans, 86, 5 ii “xxij TABLE) DIOPTRIQUE. Effets des verres brulans de trois on quatre pieds de diametre, 90. een, MECHANIQUE. Pour la conffruition des V'aileaux. 95. Examen de la force de l'homme pour porter on pour tirer. 96. Sur des Clepfidres. 99. Moyens de fe férvir du feu pour faire mouvoir les Machines. or. Sur les Frottemens des Machines. | _ 104: Sur la roideur des cordes que l'on employe dans les Machines. 109. Sur La Vis. 111, Sur un Niveau. 112, Sur quelques Machines employées dans une nouvelle Navigarion de la Seine. 114, Sur une Machine faite pour éprouver la proportion de la chute des Corps 116. Sur la Defcription des Arts. 127. Machines on invenrions approuvées par l’Académie pendant l'annee mil fix cens quatre-vingt-dix-neuf. 120. Eloge de Monfieur Bonrdelin, 122. E né D. = 3 XXiij RAC D de E’ POURLES MEMOIRES NA pour rrouver des Courbes le long defquelles un corps tombant ; S' approche ou s'éloigne de lhorifon en telle raifon des temps qu’on voudra, © dans quelque hypothefe de viteffes que ce foir, ce. Par M. VARIGNON, Page r. Obfervations de l’Eclipfe de Lune arrivée lex 5. Mars au foir 1699. Par M. CassuNr. 13. Obférvation de la même Eclipfe ;, Par M. DE LAH1IRE, 4 /’Obfr- Vatoire 18. Reflexions [ur La lumiere G° les couleurs ; la generation du feu, Par LEPERE MALEBRANCHE. 22. Du retour des Comeres, Par M. CAssiNr. 36. Obférvation [ur la quantité exatte des [els volatiles acides contenus dans les differens efprits acides, Pat M. HOMBERG. 44, ManiereGéometrique Ÿ generale de faire des Clepfidres on H orloges d'eau avec toute fortes de vafes donnez , percez où l'on voudra, - dune petite ouverture quelconque par où Peau s'écoule fuivanr quelque bypothefe de viteffes que ce foit: Sreciproquement de trou- ver ces vafes pour roures fortes d’hypothefes de telles viteffes, € des tems fuivant le[quels [e doivent regler les abaif[emens de la furfa- ce de l'eau quis’écoule, Par M. V ARIGNON. SI. Defcription d'une nouvelle maniere de porte d’Eclufe qu'on a pratiquée dans Pentreprife de la nouvelle Navigation de la Seine, Par M. . DES BILLETTES. 63. Effais pour examiner les Sels des Planres, Par M. HomBERrc. 69. Explication de quelques effets Jinguliers qui arrivent aux verres plans,comme font les glaces de Miroir, Par M. DE LA Hire. 75. Pour empêcher que Phumidité de l'air de la nuit ne s'attache au verre . objechf des grandes Lunetres , Par M. DE LA HrRreE. 91. Rapport general des forces qu'il faut employer dans ufage de la Vis, : Par M. VARIGNON. ibid. Hiffoire des Tamarins, Par MT OURNEFORT. j Obférvations de trois nouvelles Taches de Fupirer , Par M. CA s- . SINI. 103. Methode facile pour trouver un folide rond qui étant mu dans un fluide en repos parallelement à fon axe,rencontre moins de refiflance que tont autre Jolide , qui ayant même longueur & largeur, [e menve avec la même viteffe fuivanr la méme direëtion, Par M. LE xxiiif TABLE. MARQUISDE L'HÔPITAL. : 107% Moyen de fubffituer commodement l'aëtion du Feu, à la force des hom- mes &° des chevaux pour mouvoir les machines, Par M, A m o N- TONS. DELr Defcription du Niveau, DE M.CoUPLET. 127. #adrature d'uneinfinité de fegmens , de fetteurs d’autres efpaces de La Roulerte ou de la Cycloïde vulgaire, Par M. BERNOUL- L1. Profeffeur des Mathématiques à Groningue. _ 13% Methode pour centrer les verres des Lunettes d'approche en les rra- vaillant, Par M. DE LA H1RE, 4 /'Ob/ervaroire. 139. (Methodes communes aux Equations dufecond € du troifiéme degré pour en avoir la folution par ane fimple transformation de leur pre- mier terme, faire à l'ordinaire , Par M. VARIGNON. 142. Obfervations [ur cette forte d'Infeëles qui s'appellent ordinairement Demoifelles, Par M. HOMBERG. 145. Obférvation d’une Eclipfe de l'œil du Taureau Aldebaram ou Pa- lilicinm, Par M. DE LA HxRE, 4/'Obfervatoire. IST. Examen de la force de l'Homme pour mouvoir des fardeaux, tant en levant , qu'en portant en tirant , laquelle eff confiderée ab[olu- ment © par comparaifon à celle des Animaux qui portent qui rirent comme les Chevaux , Par M.DE LA H1RE, 4 l'Objer- vatoire. 153: Obfervation de PEclipfe du Soleil du 23. Septembre 1699. Par M. CassiNr. 163. Obfervation de la même Eclipfe, Par M.DELAHIRE., à POb- fervatoire. 164. Effais fur les Injettions Anatomiques, Par M. HOMBERG. 165. Etranges effets du Scorbut arrivez à Paris en 1699. Par M. PouPART. 169. Keflexions [ur une Lettre de M. Flamffeed à M. Wallis touchant la Parallaxe annuelle de l Etoile Polaire, Par M. Cassini le fils. 177: Deux manieres de Rouës aépuifer l'eau, Par M. DEs Biens 184. Delarefiflance caufée dans les Machines, tant par les ho des parties qui les compofent , que par laroideur des cordes qu'on > employe ,@* La maniere de calculer lun © l'aurre, Par M. AMONTONSs. 206. Table de la réfiffance caufée dans les machines , Parle même. 223. Obfervarions [ur la Circulation du [ang dans le Feœtus : Et Defcrip- tion du cœur de La Tortuë © de quelques autres animaux, Var M. Du VERNEY. 227. Réflexions fur l'Eclipfe du 23.Septembre 1 699.Par M.CassiNr.274. HISTOIRE L'ACADEMIE ROYALE DES USCTENCE"S DEPUIS LE REGLEMENT FAIT EN M. DC, XCIX. Année M. DC. XCIX. ’ACADEMIE ROYALE des Sciences établieen 1 666. avoit fibien répondu par (es travaux, & par fes découvertes aux in- tentions du Roy, que plufeurs années après fon établifflement, Sa Majefté vou- lut bien l’honorer d’une attention toute dl nouvelle, & lui donner une feconde naif- fance, encore plus noble, &, pour ainfi dire , plus forte que la premiere. Cette Académieavoit été formée, à la verité, parles ot- dres du Roy , mais fans aucun aéte émané de l'autorité Roya- le. L'amour des Sciences en faifoit _prefque feul toutes les loix : mais quoique le fuccès eût été heureux , il eft certain _ quepour rendre cette Compagnie. durable,& auffi utile qu’el- _ lle pouvoit être, il falloit des régles plus préciles , & plus féveres. : 1699. A: 2 HiSTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE C'eft ainfi qu’en jugea le Roy, lorfqu'après la derniere Guerre fi glorieufe à S. M. il tourna particulierement les yeux fur le dedans de fon Royaume ; pour y répandre de fes propres mains , & felon les vhës de fa fageffe , les fruits de la Paix. L'Académie des Sciences ne lui parut pas un objet in- digne de fes regards. Ses faveurs pour elle non inter- rompuës pendant les plus grands befoins de l'Etat , avoient empèché les Sciences de s’appercevoir parmi nous du trou- ble qui agitoit toute l'Europe, il crut cependant n'avoir pas afñez fait, parce qu'il pouvoit faire encore plus , & il conçut que ce qui n’avoit pas été endommagé par une fi cruelle tempefte , devoit s’accroître & fe fortifier dans le calme. Il chargea Monfieur de Pontchartrain , alors Miniftre & & Secretaire d'Etat, & depuis Chancelier de France, de don- ner à l'Académie des Sciences la forme la plus propre à en ti- rer toute l’utilité qu’on s’en pouvoit promettre. M. de Pontchartrain qui en qualité de Secretaire d'Etat , ayant le département de la Maifon du Roy, étoit chargé dy foin des Académies, avoit établi chef de cette Compagnie depuis quelques années M. l'Abbé Bignon fon neveu, & par R il avoit fait aux Sciences une des plus grandes faveurs qu’elles ayent jamais recüës d’un Miniftre. M. L’Abbé Bignon , qui ayant long- temps préfidé à FAcadémie des Sciences , en connoifloit parfaitement la conftitution , & avoit beaucoup penfé de lui-même aux moyens d’en faire quelque chofe de plus grand, & de plus confiderable, communiqua fes vüës à M. de Pontchartrain, qui de fon côté voulut bien y joindre ces mêmes lumie- res qu'il employoit fi utilement aux importantes affaires de l'Etat. De là fe forma une Compagnie prefque toute nouvelle ; pareille en quelque forte à ces Republiques , dont le Plan a été conçû par les Sages, lofqu’ils ont fait des Loix, en fe donnant une liberté entiere d'imaginer , & de ne fuivre que les fouhaits de leur raifon. L DES SCIENCES. 3 Le nouveau Reglement pour l'Académie drefé par M. de Pontchartrain, fut approuvé par le Roy. L'affaire avoit été be conduite avec aflez de fecret, & ce fut une furprifeagreable | pour la Compagnie, lorfque le 4. Février 1699. M. l'Abbé Bi- { __.gnon étant venu à l’Affemblée, y fit faire la le@urefuivante. REGLEMENT ORDONNE PAR LE ROY * POUR L’ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES. PL ! YO EROT voulant continuer à donner des marques de [on af- fection à l’Académie Royale des Sciences, Sa Majeflé a réfolu le prefent Replement ; lequel Elle veut &r entend étre exac- tement ob[ervé, va I. L'Académie Royale des Sciences demeurera tonjours [ous La pro- “4 teËtion du Roy, & recevra fes ordres par celui des Secretaires ne: d'Eflat , à qui il plaira à Sa Magjefié d'en donner le foin. II hu. Ladite Académie [era toüjours compofée de quatre fortes d’.4- cadémiciens , les Honoraires , les Penfionnaires , les .Affociex, € les Eleves : la premiere claffe compolée de dix perfonnes , € les trois autres , chacune de vingt: nul ne fera admis dans au cune de ces quatre claffes , que par le choix ow l’agrement de Sa Majefte. À TITI Les Honoraires feront tous Repnicoles , € recommandables par leur intéllivence dans les Mathématiques , ow dans La Phyfique ; he defquels lun [era Préfident; € aucun d'eux ne pourra devenir Penfionnaire. | 0 I V. Les Penfionnaires feront tous établis 4 Paris 3 trois Géo- Ai 4 HisToiRE DE L'ACADEMIE ROYALE metres , trois Afhronomes , trois Méchaniciens , trois .Arato- milles , trois Chimifles , trois Botanifles , un Secretaire, &* un Tré- orier. Er lorfqw'il arrivera que quelqw'un d’entre eux fera appel. lé a quelque Charge ow Commiffion demandant réfidence hors de Pa- ris ; il féra pourveu à [a place , de même que Ji elle avoit vaqué par deces. V. . Les Affociex, feront en pareil nombre , douxe defquels ne pour- ront étre que Regnicoles , deux appliquex, à la Géometrie, deux à l'Aftronomie , deux aux Méchaniques , deux à l'Anatomie , deux à la Chimie, deux à la Botanique: les huits autres pour- ront étre Eflrangers , © s'appliquer à celles d’entre ces diver- Jes Sciences pour lefquelles ils auront plus d'inclination & de talent. NT: Les Eleves feront tous établis à Paris, chacun d'eux applique au genre de Science , dont fera profeffion l'Académicien Penfionnaire, auquelil fera attaché: € s'ils pallent à des emplois demandant ré- fidence hors de Paris , leurs places feront remplies ; comme [f elles éroiens vacantes par mort. VII. Pour remplir les places d'Honoraires | l.A4ffemblée élivra à la pluralité des voix, un fujet qu’elle propufera à Sa Majefié pour avoir fon agrément. VIII. Pour remplir les places des Penfionnaires , l'Académie élira trois Sujers , defquels deux aw moins feront .Affociex, on Eleves , € ils feront propofex à Sa Majeflé, afin qu'il lui plaife en choi= Gr un. IX. … Pour remplir lesplaces d'AÎociex,, l'Académie élira deux Sw= jets, defquels un aw moins pourra être pris du nombre des Eleves; ils feront propofex à Sa Majeflé , afin qw'il lui plaife en choi- ir un. X Pour remplir les places d'Eleves , chacun des Penfionnaires Sen-pourra choilir un qu'il prefentera à la Compagnie , qui en 5 DES SCIENCES. LE déliberera; € s'il ef} agrée à la pluralité des voix , il fera pro- pofe à Sa Majefié. À pe Nul ne pourra être propofe à Sa Majeflé , pour remplir aucune defdites places d'.Académicien , s'il nef de bonnes mœurs , € de probité reconnuë. br XII. Nulne pourra être propofe de même , s'il ef? Regulier , attaché a quelque Ordre de Religion; fi ce n'ef pour remplir quelque place _d'.Académicien Honoraire. XIII. Nul ne pourra être propofé à Sa Majeflé , pour les places de Penfionnaire , ou d'Aflocié, s'il n'eft connu par quelque Ouvra- ge confiderable imprimé , par quelques Cours fait avec éclat, par quelque Machine de [on invention, ow par quelque Découverte par- ticuliere. XIV: Nulne pourra être propo[é pour les places de Penfionnaire , on d'AQocié , qw'il n'ait au moins vingt-cinq ans. | X V. À Nul ne pourra étre propofé pour les places d'Eleve , qu'il wait vingt ans au moins. , XINAT Les .Affemblées ordinaires de l'Académie [e tiendront à la Bi- bliorheque du Roy , les Mercredis € les Samedis dechaque femai- nes € lorfqu'efdits jours il [e rencontrera quelque Fefle, l.4 (fem blée [e tiendra le jour précedent. À POST -XVIL Les Séances defdites .Affemblées feront an moins de deux heu- res ; Jçavoir depuis trois jufqw'a cinq. II. Les vacances de l’Académie commenceront an huitiéme de Sep. tembre, @* finiront le onxiéme de Novembre, € elle vacquera _ en outre perdant la quinxaine de Paques, la femaïne dela Pentecote, _ depuis Noël jufqu'aux Rois. ; X IX. Les Académiciens feront affidus à tous Les jours d'Affemblée ; A ii 6 HisTotrRx DELACADEMIE ROYALE € nul des Penfionnaires ne pourra s’ab{enter plus de deux mois pour fes affaires parriculieres ; hors le temps des Vacances, fans un con- gé exprès de Sa Majefé. XX. L'experience ayant fait connoïtre trop d'inconveniens dans les Ouvrages aufquels toute l'Académie pourroit travailler en com- mun , chacun des .Académiciens choifira plätôt quelque objet parti- culier de fes études ; 7 par le compte qw'ilen rendra dans les Affemblées, il rachera d'enrichir de [es lumieres tous ceux qui com- pojent l'Académie, € de profirer de leurs remarques. X XI. «Au commencement de chaque année , chaque . Académicien Pen- Jionnaire [era obligé de déclarer par écrit à la Compagnie le principal Ouvrage auquel 1l fe propofera de travailler : @r les autres . Acade- miciens feront invirex, à donner une [émblable déclaration de leurs defjeins. XXII. Quoique chaque .Académicien Joir oblige de s'appliquer prin- cipalement à ce oui concerne la fcience particuliere à laquelle il s’eft adonné, tous néanmoins feront exhorrex, à étendre leurs re- cherches fur tout ce qui peur être d'utile ou de curieux dans les diverfes parties des Mathématiques , dans la differente conduite des Arts , @* dans tout ce qui peut regarder quelque point de l'Hifloire Naturelle , ow appartenir en quelque maniere à la Phyfique. XXIIL Dans chaque .Affemblée, ily aura du moins deux .Académiciens Penfionnaires obligex à tour de rolle d'apporter quelques obftrva- tions fur leur Science. Pour les .Affociex,, ils auront totjours la li- berté de propofer de même leurs obfervarions , € chacun de ceux qui feront prefens, rant Honoraires que Penfionnaires ; ow .Affociex, pourront Jelon l'ordre de leur Science, faire leurs remarques fur ce qui aura été propofé : mais les Eleves ne parleront que lor[qwils y féronr invitex par le Préfident. XXI V. Toutes les obfervations que les .Académiciens apporteront aux Afemblées , feront par eux laiffées le jour même par écrit en- 1 DES SCIENCES. 7 tre les mains du Secretaire, pour y avoir recours dans Pocca. fion. 2e. Toutes les Experiences qui feront rapportées par quelque .Aca- démicien, feront verifiées par lui dans les Aèmblées, sil ef poflible , 04 du moins elle le ferons en particulier en préfence de quelques Académiciens. XXVI. L'Académie veillera exaëlement à ce que dans les occafions où quelques .Académiciens feront d'opinions differentes , ils n'em- ployent aucuns rermes de mépris ni d'aigreur l'un contre l'autre, {oit dans leurs difcours ; foit dans leurs. écrirs ; @ lors même gwils combatteront les féntimens de quelques Sçavans que cé puilfe étre, l'Académie les exhortera x n'en parler qu'avec ména- gement. X XVII. L'Académie aura foin d'entretenir commerce avec les divers Sçavans , foit de Paris € des Provinces du Royaume ; foit même des Pays étrangers , afin d’être Promprement informée de ce qui sp pallera de curieux pour les Mathématiques , ow pour la Phyfi- que; € dans les éleëtions pour remplir des places d'Académiciens, elle donnera beaucoup de préference aux Sçavans qui auront été les. plus exaËis à cette efpece de commerce. XXVIII. L'Académie chargera quelqw'un des Académiciens de lire les Ouvrages importans de Phyfique on de Mathématique qui ps- … roitront, foit en France, foit ailleurs ; @ celui qu'elle aura chargé … decerte lelture, en fera fon rapport à la Compagnie [ans en faire la Critique, em marquant Jénlement S'il y a des viës dont on paille 4 _ profiter. pics XXTIX. L'Académie fera de nouveau les Experiences confiderables qui Je feront faites par tout ailleurs , ér marquera dans fes Re- … giftres la conformité ou la difference des Jiennes à celles dont il étoit De XXX _ L'Académie examinera les Ouvrages que les .Académiciens 8 HisToIRE DE L'AcADEMIE ROYALrE Je propofe ront de faire imprimer : elle n’y donnera [on approba: tion qu après une leéture entiere faite dans les .Aflemblées | ou du moins qu'après un examen @° rapport fait par ceux que la Compagnie aura commis à cet examen : € nul des .Académi- ciens ne pourra mettre aux "Ohvrages qu'il fera imprimer le titre d’Académicien ; s'ils n’ont été ainfi approuvex par l'.4- cadémie. XXI, L'Académie examinera , fi le Roy l'ordonne , toutes les ma- chines pour le/quelles on fillicirera des Privileves aupres de Sa Majelé. Elle certifiera Ji elles ont nouvelles € uriles : &r les In- venteurs de celles qui feront approuvées , [éront tenus de lui en lailfer un modelle. XXXII. Les .Académiciens Honoraires , Penfionnaires € .Affociex, au- ront voix déliberarive, lorfqu'il ne s’agira que de Science. XXEXET INT: Les Jeuls Académiciens Honoraires @* Penfionnaires auront voix déliberative lorfqw'il s'agira d'éleétions ow d'affaires con- cernant l'Académie : @ lefdites déliberations fe feront par [cru- tin, XXXIV. Ceux quine feront point del’. Académie ne pourront affifter ni être admis aux .Affemblées ordinaires , fi ce n’eft quand ils y feront con- duirs par le Secretaire pour y propoer quelques Découvertes on quel- ques Machines nouvelles. XXXV. Toutes perfonnes auront entrée aux Afemblées publiques qui Je tiendront deux fois chaque année, l'une le premier jour d apres la Saint Martin , @ l'autre le premier jour d'apres Paques. XXXVL Le Préfident fera au haur bout de la table avec les Honoraires : les .Académiciens Penfionnaires feront aux deux côtes de la table; les Aflociex au bas bout, € les Eleves chacun derriere lAcadé- esicien duquel ils feront Eleves, XXXVII. 4 DES SCIENCES, 9 XXXVII. Le Prefident [era très-attentif à ce que le bon ordre foit fidel: emenrt obfervé dans chaque .A4fJemblée, € dans ce qui concerne TAcadémies il en rendra un compte exatt à Sa Majellé , ou au Secretaire d'Eflat à qui le Roy aura donné le foin de ladite .4ca- -démie, è | XXXVIII. Dans toutes les .AfJemblées le Préfident fera déliberer fur les differentes matieres , prendra les avis de ceux qui ont voix dans la Compagnie, felon l'ordre de leur féance, € prononcera les réfolu- tions à la pluralité des voix. ; XXXIX. Le Préfident [era nommé par Sa Majeflé au premier Janvier de chaque année: mais quoique chaque annéeil ait ainfi befoin d'une nouvelle nominarion , il pourra.efire continue tant qu'il plaira à [a Majeflé ; &* comme par indifpofirion ou par la neceffité de fes affai- res ; il pourroir arriver qw'il manqueroir à quelque. Affemblée, Sa Majefié nommera en même temps un autre .Académicien pour préfi der en l'abfènce dudit Préfident. XL. Le Secretaire fera exaët à recicilliren [ubflance tout ce qui aura été proposé, agité, examiné, © réfolw dans la Compagnie, @* l'écrire fur fon Repifre par rapport à chaque jour d’A[Jemblée, a yinferer les Traïrex, dont aura été fait leëlure. Il fignera tous les Adtes qui en feront délivrer, foir à ceux de la Compagnie, foir & autres qui auront interét d'en avoir : © à la fin de Decembre de chaque année, il donnera au public un Extrait de fes Regiltres , 0% une Hifloire raifonnée de ce qui [e féra fair de plus remarquable dans l'Académie, | XLI. - Les Regiflres, Titres , &° Papiers concernant l'Académie, de: meureronr toñjours entre les mains du Secretaire, à qui ils feront inceflamment remis par un nouvel Inventaire que le Préfident en dreffera: @* aw mois de Decembre de chaque année, ledit Inven= taire fera par le Préfident recolé € augmenté de ce qui s’y trouvera avoir été ajoñté durant tonte l'année, | 1699. B Jo HisToirE DE L'ACADEMIEROYALE XL LE Le Secretaire [era perpetuel ; € lorfque par maladie ou par aw- tre raifor confiderable, il ne pourra venir 4 l’.4[emblée, il y com mettra tel d’entre les Académiciens qu'il jupera à propos pour tenir en [a place le Regifire. | XLITE Le Treforier aura en [a garde tous les livres, meubles , inftru- mens ; machines , on autres curiofitex appartenant à l'Académie: lorfqu'il entrera en charge, le Prefidenr les lui remettra par inven- taire; € au mois de Decembre de chaque année, ledir Prefident- recolera ledit inventaire pour l'augmenter de ce qui aura été ajouté: durant tonte l'année. XEATV, Lorfque des Scavans demanderont à voir quelqu'une des choz Jes commifés à la garde du Treforier , il aura foin de les leur montrer : mais. il me pourra les laifer tranfporter hors des [a- les ow elles feront gardées, fans un ordre par écrit de lAca- démie. XIE Le Treforier fera perpetuel : @* quand par quelque empés chement legirime , il ne pourra fatisfaire à tous les devoirs de: fa fonétion ; il nommera quelque . Académicien pour y faris- faire. XLVI. Pour faciliter limpreffion des divers Ouvraves que pourront compofer les .Académiciens , Sa Majeflé permet à l’Académie de Je choifir un Libraire, auquel en confequence de ce choix le Roy fera expedier les Privileses meceffaires pour imprimer ço difiribuer les Ouvrages des .Académiciens que l'Académie aura approuvex. XLVIHIL Pour encourager les Académiciens à la continuation de leurs travaux , Sa Majeflé continuera à leur faire payer les penfions ordinaires , Co même des grarifications extraordinaires fuivant le merite de leurs ouvrages. XLVIII. Pour aïder les .Académiciens dans leurs études, €x leur fa- DES SCIENCES. TE cilirer les moyens de perfeétionner leur Science, le Roy continuera de fournir aux frais neceffaires pour les diverfes experiences € recher« ches que chaque . Académicien pourrafaire. XLIX. Pour recompen/er l'affidairé aux .AÏemblées de l'Académie, Sa Majefté fera difiribuer à chaque .Afemblée quarante jettons à tous ceux d'entre les .Académiciens Penfionnaires qui feront prefens. L. Veut Sa Majeflé que le prefent Reclement foit 1 dans la prochaine 4flemblée , &* inferé dans les Regifires ; pour être À exactement obfervé fuivant [a forme € teneur; @ S'il arrivoit qw'aucun .Académicien y contrevinfi en quelque partie, Sa Ma- jeflé en ordonnera la punition fuivant l'exigence du cas, Fait . 4 Verfailles le vinpt-fixiéme de Fanvier mil fix cens qnatre- vingt dix-neuf. Signé, LOUIS. Et plus bas , PEL v- PEAUX. EN vertu de ceReglement , l'Académie des Sciences de- vient un Corps établi en forme pat l’autorité Royale , ce qu'elle n’étoit pas auparavant. 4 C’eft un Corps beaucoup plus nombreux, & qui em- À braffe fous differens titres toutes les perfonnes les plus il- | luftres dans les Sciences , ou même les plus propres à le devenir. Ilembrafle , non feulement les plus celebres Sçavans des Provinces de France, mais même ceux des autres Païs. Il contient en lui-même dequoi fe réparer continuelle- ment, & ceux qui en peuvent devenir les principaux mem- bres , commenceront de bonne heure à s'y former. En mèême-temps, il ne laiffe pas d'être toûjours ouvert au merite étranger. 48 : I à des correfpondances dans tous les lieux , où il ya des Sciences, & il attire à lui les premieres nouvelles, & les premiers fruits de la plüpart des découvertes, qui fe feront au dehors. + Les differentes manieres d'entrer dans ce Corps font Bij 12 HISTOIRE DE L'AcCADEMIE ROYALE proportionnées aux differentes vûés qui peuvent faire défi rer d’y entrer, & aux differentes clafles d'Académiciens. Les Académiciens font plus fortement que jamais enga- gez autravail, & même à l’afliduité. L'Académie fe fait plus connoïtre du Public , les matieres- qu'elle traite font moins renfermées chez elle, & le goût, le fruit, & l’efprit des Sciences peuvent fe communiquer au dehors avec plus de facilité. Après que le Reglement eut été lû dans l'Affemblée , M.. Abbé Bignon y fit lire cette Lettre de Monfieur.de Pont- chartrain.. | Nec U A. En conféquence du Reglement pour l'Académie Royale des: Sciences ordonné par le Roy le 26. de ce mois; j'ai fait letture à Sa Majeflé des .Académiciens qui la compofent prefentemenr : Séavoir, Vous, Monfienr, Monfieur le Marquis de lHopiral,. le Pere: Sebaflien Truchet Rcligieux Carme, Monfieur Renan: Capitaine de Vaiffeau, M. de Mallefieu , le Pere Malebranche ; le Pere Gonye .Académiciens Honoraires ; le fieur Abbé Gallois Géometre , le fieur Rolle Géomerre , le fieur Varignon Géometre; . le fieur Caffini .Afironome., le Jieur de la Hire-.Aftronome , le fieur le Fevre .Aftronome, le Jieur Fillean des Billettes Mecha- nicien , le fieur Fauveon Mechanicien, le fieur Dalefme Mecha- vicien , le fieur du Hamel .Anatomifle , le fieur du Vérney Anar tomifle, le fieur Méry .Anatomille., Le fieur Bourdelin Chimifle , . lé fieur Hombero Chimifle , le Jieur Boulduc Ghimifle , le Jieur Dodart Botanifle, le fieur Marchand Boranifle , le fieur Tourne fort Botanifle ; le fieur de Fontenelle Secreraire; lé fieur Coupler Treforier, .Académiciens Penfionnaires , le fiewr Leibnits étran- ger, le Jieur de Tfchirnhaufen étranger , le Jieur Guillebnini étranger le (eur Maraldi Géometre., le Jieur Reris Géometre; de Jieur Gaffini fils Aflronome , le:fieur de la Hire fils Aflrono- me , le Jieur Chaxelles Mechanicien , le fieur de Lagni Mecha- aicien à le Jieur Tauvry Anatomifle, le fieur Bourdelin fils Anae. RES Ee : DES SCIENCES. 13 tomifle , le fieur de Langlade Chimifle, le fieur Lemery Chimifle, “le fieur Morin de Sr. Viltor Botanifie, Le Jieur Morin de Toulon Boranifle , .Académiciens .Affociex,; fous le fieur Varignon , le Jieur Carré Eleve, fous le fieur Caffini .Aftronome, le fieur Monti Eleve , fous le fieur Homberg , le fieur Geoffroy Eleve, fous le Jieur Couplet , le fieur Couplet fils Eleve. Sa Majeflé a marqué une _fatisfaétion particuliere du merite € de l'application de chacun d'eux, € les a de nouveau , en tant que befoin feroit agréer, € choifis pour les places .qw'ils occupent : il efl cependant à obferver, que le Jieur Dodart n'eft agréé que par une confidera- tion route finguliere,.car [on employ de Medecin de Madame la Princefle de Conty Doairiere l'obligeant à réfider hors de Paris aupres de cetre Princeffe, il ne pourvoi efire au rang des .Acadé- miciens Penfionnaires Juivant Particle quatre du Replement 5 @* le Roy ne le conferve en ce rang , qu’à raifon de fon extreme ancienneté dans l’Académie, @* [ans qw'un pareil exemple puiffe- dans la fuite être jamais tiré à: confequence. Sa-Majefié au [ur- plus m'a commandé de vous faire fgavoir, que [on inrenrion ef que vous falfiex incellamment proceder 4 l’Eleétion de [ujets dignes des autres places qui reftent 4 remplir pour faire le.nombre porté par ledit Réglement... Fe Juis.. MONSIEUR;. À Verfailles le28.. Votre tres-humble- a tres- Janvier 1699. . affeétionné [ervireur. 1 PONTCHARTRAIN.- Comme par-cette Lettre , le Roi nommoit-plufeurs Académiciens nouveaux, on vit à l’'Affemblée fuivante , - une agréable confufion: à-laquelle on -n’étoit-pas accoûtu- mé. - Car & les anciens Académiciens, dont quelques-uns m’étoient pas fortaffidus , ne manquerent pas de s'y trouver, &:les nouveaux vinrent prendre leurs.places , ce qui faifois : Bi]. #4 HisTotré DE L'ACADEMIE ROYALE beaucous de monde pour une des plus petites chambres de la Bibliotheque du Roy, où l’on s’aflembloit. Ce défordre ceffa bien-tôt, M. l'Abbé Bignon marqua à chacun une pla- ce fixe, & il fe trouva, car peut-être n’eft-il pas hors de propos de rapporter les plus petites chofes , fur tout parce âu’en fait de Compagnies elles peuvent devenir importan- tes ; il fe trouva que les Sçavans de differente efpece , un Géometre, par exemple , & un Anatomifte furent voifins, & comme ils né parlent pas la même langue, lés converfa- tions patticulieres en furent moins à craindre. Dans cette Affemblée, qui fut la premiere dela nouvelle Atadémie, le premier foin fut celui de la reconnoiflance que l’on devoit à Monfieur de Pontchartrain. Il fut réfolu unanimement que la Compagnie en Corps , préfidée par M. l'Abbé Bighon , iroit le remercier très-humblement du Re- glement qu'il avoit eu la bonté d’obtenir du Roy, & lui de- mandet la continuation de fa prote&ion. Ce Miniftre enga- gea encote la Compagnie à une nouvelle reconnoiffance par la maniere dont il lareçut. Quand elle s’en alla, il lui fit l'honneur de la reconduire jufqu’à fa cour , & de ne point rentrer dans fon appartement qu’elle n’en fût entiere- ment fortie. Quelques jours après, on réfolut que l'Académie iroit par Deputez remercier aufli M. l'Abbé Bignon de la part qu’il avoit euë au nouveau Reglement, & des extrêmes obliga- tions qu’on lui avoit depuis long-temps. On prit pour pro- pofet, & pour regler cette deputation un jour qu'heureufe- ment M. l Abbé Bignon n'étoit pas à l’Affemblée, & l’on ju- gea neceflaire d’arrêrer que le fecret feroit inviolablement gardé jufqu’à l'execution. li y eut d’abord quelques féances qui fe pafferent unique- ment à fe mettre dans la nouvelle forme que le Reglement préforvoit. On commença par remplir de la maniere que ce Regle- ment l’ordonnoit , les places d'Honoraites, d’Aflociez , & d'Eleves, qui fe trouvoient encore vuides. Les nouveaux Ho- norairés propofez par l'Académie, & enfuite agréez par Le DES SCIENCES. 15 Roy, furent felon l’ordre du rems de leur nomination. M. Fa- gon, premier Medecin de Sa Majefté, M, l'Abbé de Lou- vois, & M. de Vauban. Les nouveaux Aflociez furent felon le mêmeordre, M. Hartfoëker ;, Meflieurs Bernoulli freres , M. Newton, M. Viviani étrangers. Les nouveaux Eleves furent M. Burlet Doéteur en Medecine, fous M. Dodart , M. Berger Bachelier en Medecine, fous M. Tournefort , M. Boulduc fils, fous M. Boulduc, M. Tuillier Bachelier en Medecine, fous M. Bourdelin ; M. Chevalier, fous M. l'Abbé Galois, M. Littre Doûeur en Medecine ; fous M. du Hamel , M. Poupart , fous M. Méry, M. Simon de Val- hebert, fous le Secretaire, M. Parent, fous M. des Billet- tes, M. de Senne ,fous M. Jaugeon , M. Reneaume Bache- lier en Medecine, fous M. Marchand , M. Amontons, fous M. le Fevre , M. du Torar, fous M. Rolle, M. Lieutaud,. fous M.de la Hire, M. du Verney , fous M. de Verney fon frere, M. de Beauvilliers, fous M. Dalefme. M. Sauveur qui étoit de l’Académie depuis plufeurs années, continua d’en être en qualité de Veteran. Ontravailla enfuite à trouverun Sceau & une Devife pour la Compagnie. Le Sceau fut un Soleil, fpmbole du Roy, & des Sciences, entre trois Fleurs de Lis, & la Devife une Minerve environ- née des inftrumens des Sciences, & des Arts , avec ces mots latins , invenit ça perfit. Mais entre toutesces féances ,oùril ne fut queftion que de préliminaires, la plus remarquable fut celle, où tous les Aca- démiciens Penfionnaires déclarerent par écrit quel étoit FOuvrage auquel ils travailleroient , & en quel temps ils ef- peroient lavoir fini. Ce fut une efpece de vœu qu'ils firent à cette nouvelle naiffance de la Compagnie, & la plüpart des Aflociez & des Eleves en firent autant, quoiqu'ils n’y fuffent pas obligez. Quelques Académiciens ont déja fatisfait à leur engagement, & leurs Ouvrages ont paru. Tous les Académiciens préfens nommerent aufi les dif- ferentes perfonnes avec qui ils feroient en commerce fur les matieres de Sciences, foit dans les Provinces , foit dans 16 Hisrorre Dan L'AcAneMmIe RoraAze. les Pays étrangers, & le Secretaire expedia de la part dela Compagnie des Lettres à tous ces Correfpondans , pour les - prier d’entretenir ce commerce avec regularité. On s’appercevoit aifément que ces préliminaires , quoi- qu'indifpenfables, paroifloient languiflans à la Compagnie, impatiente d’en venir à un travail férieux. Elle y vintenfin, & déformais fon Hiftoire ne roule plus que fur des obferva- tions, & des raifonnemens propofez dans les Affemblées. Il refte cependant encore un fait, que la reconnoiffance, & même la gloire de l'Académie rendent abfolument ne- ceffaire dans fon Hiftoire. C'eft une nouvelle grace qu’elle recut du Roy. Il lui donna un logement fpatieux & magnifi- que dans le Louvre , au lieu de la petite chambre ferrée qu'elle occupoit dans la Bibliotheque ; & la premiere Affem- blée d’après Pâques, qui felon le Reglement donné en Fé- vrier, fut publique, fetint dans ce nouveau logement. PHYSIQUE 72 = gr pes SciENCcEs. t7 “ ER pat EP at a ie ie. , e -se) [a L of jo dés je dj de dj dd CAN E AC Pr À ANNEE tits EE RS ÉÉNENS ER EL EEE 7020 9 69e 662 a 9 9 cha do eo cf € 8 cf ho € PH Y.SI:O,U:E- PHTSIQUE GENERALE SUR LA LUMIERE ET LES COULEURS. A Philofophie a entierement fecotié le joug de lau- Voyez les torité, & les plus grands Philofophes ne perfuadent Poe plus que par leurs raifons. Quelque ingenieux que foit le Syfteme de M. Defcartes fur la Lumiere , le P. Malle- branche l'a abandonné, pour en établir un nouveau, for- mé fur le modelle du fyfteme du Son , & cette analogie même peut pafler pour un caractere de vérité auprés de ceux qui fçavent combien la Nature eft nniforme fur les principes generaux. On convient que le fon eft caufé par les frémiflemens, ou vibrations des parties infenfibles du corps fonore, Les vibrations plus grandes ou plus petites, c’eft-à-dire, qui parcourent de plus grands , ou de plus petits arcs d’un même cercle, fe font fenfiblement en destemps égaux, & - les fons qu’elles produifent ne peuvent differer que par être plus forts, ou plus foibles ; plus forts, s’ils font caufés par des. vibrations plusgrandes ; plus foibles , s’ils font cau- fés par de plus petites vibrations, Mais fuppofé qu'il fe fafle en même temps un plus grand nombre de vibrations dans un corps fonore , que dans un autre, celles qui fe font en plus grand nombre, étant plus ferrées , & pour ainf dire, plus vives , deviennent d’une efpece differente des autres, Ainf les fons different auffi d'efpece, & c’eft ce qu'on ap- pelle les tons. Les vibrations plus promptes forment les 3699. : Le 18 H1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALS -tons aigus , & celles qui font plus lentes, les tons graves. Cette idée, reçûëé de tous les Philofophes , s'applique aifément à la lumiere, & aux couleurs. Toutes les petites parties d’un corps lumineux font dans un mouvement trés- rapide , qui d’inftant en inftant comprime par des fecouf- fes trés-preftes toute la matiere fubtile qui va jufqu’à l'œil, & lui caufe, felon le P. Mallebranche , des vibrations dé preflion. Quand les vibrations font plus grandes , le corps paroift plus lumineux, ou plus éclairé ; felon qu'elles font plus promptes ou plus lentes, il eft de telle, ou de telle cou- leur; & delà vient que le degré de la lumiere ne change pas ordinairement l’efpece des couleurs, & qu'elles paroif- fent les mêmes, à un plus grand , ou à un plus petit jour, quoique plus ou moins éclatantes. Comme les vibrations qui fe font dans un même temps, & qui different en nombre , peuvent differer felon tous les rapports imaginables de nombres , il eft aifé de voir que de cette diverfité infinie de rapports , doit naître celle des couleurs, & que des couleurs plus differentes naïflent auf fi des rapports plus differèns , & plus éloignés de l’égali- té. Par exemple, fi un corps coloré fait quatre vibrations de preflion fur la matiere fubtile, tandis qu’un autre en fait deux, il en differera plus en couleur que s’il ne faifoit que trois vibrations. On a déterminé dans la Mufique tous les rapports de nombres qui font les differens tons, maïs il n’y a pas lieu d'efperer qu’on en puifle faire autant à l'égard des cou- leurs. On fçait feulement par experience , que fi aprés avoix regardé pendant quelque temps le Soleil , ou quelque au- tre objet fort éclairé , on vient à fermer l’œil, on voit d’a- bord du blanc, enfuite du jaune, du rouge, du bleu, enfin du noir, d’où l’on peut légitimement conclure , fuppofé que cet ordre foit toüjours le même, que les couleurs qui pa- toiflent les premieres font caufées par des vibrations plus promptes , puifque le monvement imprimé fur la retine par l’objet lumineux va toûjours en diminuant, DESSCIENCES _A cette occafion , M.Homberg rapporta dans l'Académie une experience qu’il avoit faite fur l'ordre & la fucceflion des differentes couleurs. Il prit un verre bien brut des deux côtés, & par conféquent | peu tranfparent, & l'ayant placé dans une ouverture par où pafloit toute la lumiere qu'il recevoit, il ne voyoit au travers de ce verre que les objets blancs qui étoient au delà, & nul- lement ceux de tonte autre couleur. Ayant un peu poli le verre, il vit mieux le blanc, & commença à voir le jaune, & à mefure qu’il le polifloit davantage, les differentes couleurs commençoient à fe découvrir dans cet ordre, jaune, vert, rouge, bleu, noir. DansleSyfteme de M. Defcartes, la lumiere fe tranfmet par les globules du fecond élement, que pouffe en ligne droi- te la matiere fubtile du corps lumineux; &ce qui formeles couleurs, c'eft que les globules outre leur mouvement dire, font déterminés à tournoyer, & felon la differente combi- naïfon du mouvement dire&, & du circulaire, ce font dif- ferentes couleurs. Mais comme dans ce même Syfteme ces globules doi- vent être durs , le moyen qu'un même globule puiffe avoir à la fois des tournoyemens de differente efpece? C’eft cepen- dant ce qui feroit abfolument necefaire, afin que differens rayons, & qui portent à l'œil differentes couleurs fe croi- faffent en un feul point fans fe confondre, & fans fe détrui- re, ainfi que l’experience nous apprend qu'ils Le font à cha- que moment. # C'eft pour cela que le P. Mallebranche fubftitué à la place de ces globules durs, de petits tourbillonsde matiere fubtile, très - capables de compreffion, & propres à recevoir en mé- me temps dans leurs differentes parties des compreflions différentes; car quelques petits qu'on les imagine ils ont des parties, la matiere eft divifible à l'infini ; & la plus petite Æphere peut correfpondre à tous les points d’une fi grande qu'on voudra. Ci 20) HISTOIRE DE L'AcADEMIE ROYALE. COMPARAISONS D'obfervations faites en differens lieux fur le Barometre, fur les: Vents ; @ fur la quantité des Pluyes. N croiroit qu'il eft affez inutile de tenir un Regiftrei F exat du vent qui foufle chaque jour , de fa pan. | & de fa durée, de la quantité de pluye qui tombe, & de: l'état où.eft le Barometre. Cependant les changemens qui: arrivent dans toute cette grande mañle de l'air, paroiffent. peut-être encore plus bifarres. qu'il ne font ; faute d’ob- fervateurs qui s’y foient aflez long-temps & aflez foi- gneufement appliquez pour y. découvrir de la régularité; &. s'il eft poflible qu'il y.en ait quelqu'’une, an ne s’en ap- percevra que par une longue fuite d’obfervations , & par plufieufs. compataifons d’obfervations faites en differens: lieux. Qui fcait , par exemple , s’il n’y a point quelques compenfations., ou quelques échanges de beau & de mau- vais temps , entre différentes parties de la Terre ? Les Matelots fcçavent. déja quelquefois prédire les vents & les tempeftes, fur des fignes qui ne font apparémment que ce qu'il y a de plus vifible en.cette matiere , &.ce qui de- mande le moins de récherches difficiles. Enfin il eft toû- jours à préfumer que plus on.obfervera ; plus on décou- vrira. M. Maraldiayant veu les Obfervations que M. William Derham a faites fur, le Barometre, .& fur les vents à Up-. minfter en Angleterre, pendant. les années 1697. & 16981 les compara avec celles qui ont été faites àl'Obfervaroire pendant ces deux mêmes années, & voici le refultat de la comparaifon:. Quoiqu'il regne le plus fouvent différens vents à Paris & à Upminfter , il y a un grand nombre de.jours pendant les differentes faifons de l’année , où les vents ont été les. mêmes en ces deux Villes. Lorfque le vent a été le même: DT lie DES SCIENCES. 21 de part & d'autre , il a été ordinairement un des plus grands , & de quelque durée. Il'a auffi quelquefois varié de même. On trouve aufli quelque conformité dans la conftitution de l'air, & il s’eft rencontré fouvent qu’ila plu, qu’ila negé, ou qu'il a fait beau-remps en ces deux Villes dans les mêmes jours. Ily a-ungrand accord éntre la variation de lahauteur du Barometre obfervée à Paris, & à Upminfter. On trouve prefque roûjours qu'il haufle ou baifle à Paris ; lorfqu'il haufle ou baifle à Upminfter , quoique ces variations ne foient pas. toûjours égales. En chaque mois les,j jours que le: Mercure a été le plus haut , ou le plus bas, ont été les mé- mes à Paris, & à Upminfter ; ; mais d'ordinaire quand il a été leplus bas , il l’a été plus de trois ou quatre lignes à Paris qu'à Upminfter , da mefure d'Angleterre étant réduite à cel- le de Paris... Il paroït par les obfervations: 1. Que le Mercure hauffe quelquefois , lorfqu” il fait vent: de Nord, de Nordeft, & de Nordoueft, & qu’il baiffe par un vent de Sud, Sudeft & Sudoueft.. Cependant il n’a pas laiflé de hauffer & baiffer en même-tems en ces deux Villes ,. quoiqu'il ait fait fouvent des vents differens , quelquefois même oppofez. 2. Ences deux dernieres années lorfque le Mercure a été le plus bas de part & d'autre il eft tombé de la nege ; ila auffi, quelquefois negé fans que le Mercure. ae baiñé plus qu’à, l'ordinaire. 3. Lorfque le Mercure s’eft élevé, il a fair fouvent beau tems, &.l a baiffé lorfqu’il a fait un temps de pluye; fouvent. aufli il a fait beau temps que le Mercure étoir bas, & un tems couvert, que le Mercure étoit haut... 4. Lorfque le. Mercure a baiflé. en: même- temps dans. les deux Villes, & qu'il aplu dans l’une , & fait beau temps dans l’autre, le Mercure a fouvent.plus baifé à. proportion dans celle où il a plu. De même lorfqu'il.s’eft élevé en. même - temps dans les deux Villes, il eft monté plus haut C iij 2 HisToiRe DE L'AcADEMIRROYALE. z à proportion dans celle où il a fait beau temps. 11 paroît enfin que le mercure a hauffé dans l’une , quand il a hauffé dans l’autre , & qn'il a baiflé de même, foit que dans ces deux lieux le vent & le temps ayent été les mêmes, foit qu'ils ayent été differens. M. de Vauban ayant envoyé à l’Académie un memoire de la quantité d’eau de pluye qui eft tombée dans la Cita- delle de l'Ifle pendant dix années, depuis 168$. jufqu’en 1694. M. de la Hire a comparé les fix dernieres années de l'Obfervation de l’Ifle avec les mêmes années qu'il a obfer- vées très exactement à Paris. ANNEES. À L'IsLE. A Parts. Pouces. Lignes. Pouces Lignes. 1OBDeemrunss.se. 18. D......en.s ..... 18. IL 1690... neue. 24 Bresse... 23. 34 FOOD. 2010 ete rte lots TS De en seine scie su araieis Le L. 1692..s.rseuese 29. Areresssssssesese 22e JE, 1643: 41.2! NTI ON BE ee 22 ES I094N- RENE Re DUC UE ARR Br ARE OS 19. ©. £rantées il AE EURE ete. cet tem Par la comparaifon de ces fix annéés, on voit en general qu'il pleut un peu plus à l'Ifle qu’à Paris, & que la moyen- ne année à l’Ifle fera de 22. pouces, 3. lignes, & à Paris de 20. pouces, 3. lignes Mais M. de Ja Hire a trouvé pendant l’année 1695. 19. pouces 7. lignes+ en 1696. 19. pouces 5. lignes+ en 1697. 20. pouces 3. lignes, en 1698. 21. pouces 9. lignes ; & pre nant une année moyenne pour ces dix années , ilfe trouve 20. pouces 3. lignes + pour chacune comme pour les fix pre- mieres, au lieu qu’à l’'Ifleles 6. dernieres donnentla moyen- ne de 22. pouces 3. lignes, &les 10. enfemble la donnent de 23.pouces 3. lignes. De Bat DES SCIENCES 23 OBSERFATIONS Sur les fingularités de l'Hifloire Naturelle de la France. Ous les Pays ont leurs merveilles, ou fe vantent d’en avoir, car ces merveilles approfondies difparoiffent le plus fouvent. L'Académie qui avoit deflein d'examiner celles de la France, commença par le Dauphiné, & par une Fontaine brûlante fort fameufe , qui eft dans cette Pro- vince à quatre heures de chemin de Grenoble. Saint Auguftin en a parlé, & paroift l'avoir traitée de Cité de Dieu merveille furnaturelle. Mais comme il eft bon de s’aflurer exattement des faits , & de ne pas chercher la raifon de ce qui n’eft point ; M. de la Hire écrivit fur ce fujet à M. Dieulamant Ingenieur du Roy dans le Département de Grenoble , dont il recut une inftruétion aufli bien circon- ftanciée qu'on la pût fouhaiter, M. Dieulamant s’étoit tranfporté für le lieu , & avoit veu avec des yeux de Phy- ficien. La fontaine brûlante n’eft point une fontaine ; c’eft un petit terrain de fix piés de long far trois ou quatre de lar- ge, où l’on voit une flâme legere, errante , & telle qu’une flâme d’eau-de- vie ; attachée à un rocher mort , d’une efpece d’ardoife pourrie, & qui fe fufe à l'air. Ceterrain eft fur une pente, aflez roide ; environ à douze piés au-def- fous , & autant à côté, il tombe des montagnes voifines un petit ruiffeau ou torrent , qui peut-être a coulé autre- fois plus haut ,& auprés du terrain brülant , ce qui aura donné lieu de croire que fes eaux brüloient. On ne remarque point que la flâme forte d’un trou ou d’une fente du rocher, par où l’on pourroit foupconner qu’- elle auroit communication avec quelque caverne inferieure qui feroit enflimée, On ne voit point de matiere qui puif- fe fervir d’aliment à la flâme , on s’apperçoit feulement qu elle fent beaucoup le foufire : elle ne laiffe point de 24 Hisroire-ne L'AcADprmre ROYALE cendres. Il y a une efpece de falpêtre blanc fort âcre aux environs de l'endroit où eft le feu. On a affuré M. Dieulamant que ce feu eft plus ardent en Hiver , & dans les temps humides, qu'il diminué peu à peu.dans les grandes chaleurs , & même s'éteint fouvent fur la fin de l'Eté, aprés quoy il fe rallume de lui-même. ILeft fort aifé aufMi de le rallumer avec d'autre feu, ce qui fe fait promptement , & avec bruit. M. Dieulamant obferva enfin ; qu'aux environs du feu le terrain fe fend, s’affaifle, & coule en bas. Iln’enattri- buë pourtant pas la caufe à ce feu, mais aux eaux qui cou- lent entre des rochers morts, & creufenr ou emportent le terrain. Cet effet eft fi grand, & fi confiderable dans quel- ques endroits du Dauphiné, & fur tout dans le Pays qu’on nomme le Chanfeaux , que quelquefois deux Villages fi- tués fur deux montagnes differentes , & qui ne fe pouvoient voir parce que d’autres montagnes plus hautes étoient en- tre-deux , ont commencé tout d’un coup à fe.voir par l’af- faiflement des montagnes interpofées. Ce font là les principaux faits dont M. Dieulamant vou- lut bien inftruire l'Academie. L’explication phyfique n’eg fera pas fort difficile à trouver , quand on aura quelque idée des Volcans. Ce terrain brûlant de Dauphiné eft un Vefuve, ou un Mont-Erna en petit. D'ErsuS ici p N:CES 2$ RARE N RENE ENEA EN AE A9 pe ER ep sh di do db dd ÉÉEFEUUS 2, € LS = È FR MUOS PHISIQUE PARTICULIER ANATOMIE. DE LA CIRCULATION DU SANG DANS LE FOETUS. Erfonne n’ignore que le fang de tout le corps, rapporté au cœur par la vaine cave tombe dans l'oreillette droi- te, delà dans le ventricule droit, d’où le cœur en fe refer- rant le pouffe par l’artere pulmonaire dans le poûmon. Les veines du poùmon le reprennent, le portent dans l'oreillette gauche du cœur, d’où il tombe dans le ventricule gauche, qui par fa contraétion le pouffe enfuite dans l'aorte, & le ré- pand dans toutes les arteres du corps, après quoi les veinesle réprennent, & le rapportent dans la veine cave. C’eft là ce qu’on appelle la circulation du fang. Cette circularion en comprend proprement deux ; l’une _ plus petite, de toute la mañle du fang par le poñmon feule- ment ; l’autre plus grande & generale , de cette même mafle par tout le refte du corps. Dans le Fœtus , il n’en va pas tout-à-fait de même. La cloifon qui fépare les deux oreillettes du cœur eft percée d’un trou , qu'on appelle le trou ovale; &le tronc de l'artère pul. monaire , peu après qu'elle eff fortie du cœur , jette dans J'aorte defcendante un canal que l’on appelle canal de com- municetion, Le Foœtus étant né, le trou ovale fe ferme peu à peu, & le canal de communication fe defléche , & devient ua fimple ligament. Cette Méchanique une fois connuë ,; on ne fut pas long- temps à conjeéturer quel en pouvoit être l’ufage. 16994 216 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE. Tandis que le Fœtus eft enfermé dans le fein de fa me- re , il ne reçoit que le peu d’air qu’elle lui fournit par la veine ombilicale. Ses poñmons ne peuvent s’enfler & fe défenfler, comme ils feroient après fa naiflance, & après l’en- trée libre de l'air. Ils demeurent prefque affaiflés & fans mouvement, leurs vaifleaux font comme répliés en eux- mêmes, & ne permettent pas que le fang y circule, nien abondance , ni avec facilité. La nature a donc dû épar- gner aux poumons le pañlage de la plus grande partie de la mañle du fang. Pour cela, ellea percé le trou ovale afin que du fang de la veine cave reçû dans l'oreillette droi- te, une partie s'écoulaft par ce trou dans l'oreillette gau- che à l’embouchure des veines du poñmon , & par là fe trouvât, pour ainfi dire, auffi avancée que fi elle avoit tra- verfé le poûmon. Ce n’eft pas tout ; le fang de la veine ca- ve , qui de l'oreillette droite tombe dans le ventricule droit, étant encore en trop grande quantité pour aller dans le poûmon , où il eft poufié par l’artere pulmonaire, le canal de communication en intercepte une partie en che- min , & le verfe immédiatement dans l’aorte defcen- dante, où il fe trouve encore comme s’il avoittraverfé le poümon. Tel fut le fentiment de Harvée & de Lower, fuivi de tous les Anatomiftes, & cette idée paroifloit fi conforme à l’état & aux befoins du Fœtus, que l’on fe tenoit für d'avoir dé- couvert fur cela le fecret de la nature. Cependant il y a déja huit ans que M. Méry commença à en douter , après avoir confideré le cœur d’une Tortuë de mer. Cet animal, qui auf bien que le Fœtus fçait fe pañler long-temps derefpiration, a aufli un cœur d’une ftru- ture particuliere, qui paroît difpofée pour fupléer à ce dé- faut. Il faut neceffairement que fon fang , lorfqu’il eft reve- nu du poñmon dans le cœur paffe du ventricule gauche dans le droit par une ouverture, & M. Méry jugea par analogie que le fang devoit tenir la même route dans le Fœtus; c’eft- à-dire une route contraire à celle que lui donnoit le fyfteme commun. DES SCrTENCES. 27 Quoïque M. Méry ne crût pas que l’embaras des poi- mons du fœtus, fût caufe que la nature eût percé le trou ovale, & tiré le canal‘de communication, il convenoit que le peu d'air qui eft dans le fang du fœtus étoit la caufe de cette ftruéture particuliere. Le cœur ayant plus de peine à poufler dans toutes les parties du corps un fang dénué de particules aëriennes , & par conféquent plus parefleux , & moins animé , il avoit falu en accourcir la circulation, & lui épargner une partie du chemin qu’il fait dans l'homme. Pour cet effet, de route la maffe du fang qui fort du ventricule droit du fœtus dans l’artere pulmonaire , une partie pañle de cette artere par le canal de communication dans l'aorte def- cendante , fans circuler par le poñmon , & la partie qui tra- verfe le poûmon , & revient enfüuite dans l'oreillette gauche, fe partage encore en deux, dont l’une pañle par le trou ovale dans le ventricule droit , fans avoir circulé par l'aorte, & : par tout le corps, l’autre eft pouffée à l'ordinaire par la con- traction du ventricule gauche dans l’aorte, & dans tout le corps du fœtus. Toute la queftion fe réduit donc à fçavoir, fi le fang qui pafle par le trou ovale , pañfe du côté droit du cœur dans le gauche, felon l'opinion commune, ou du gauche dans le droit , {elon M. Méry. M. du Verney s’étoit déclaré pour l’ancien fyfteme. Il foutint qu’il y avoit au trou ovale une valvule, qui pet- mettoit le paflage du côté droit dans le gauche , parce qu'elle fe renyerfoit aifément en ce fens là , lorfque le fang de la veine cave venoit à 1a poufler ,; maïs qu'au contrai- re étant frappée par le fang de la veine pulmonaire , elle s’appliquoit contre letrou ovale, & empêchoit abfolument qu’il pât pafler aucune goute de fang du côté gauche dans le droit. À M. Méry ne nia pas feulement cet ufage de la valvule de M. du Verney , il en nia jufqu’à l'éxiftence , & après Plufieurs conteftations qui defcendoient dans un détail d'Anatomie fort délicat , la difpute fe jetta fur un autre point. Dij 28 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyALe Dans l'homme, l’artere du poñmon reçoit toute la maffe du fang qui eft rapportée par la veine cave. L'aorte reçoit aufli toute cette même mafle qui vient de circulerpar le poû- mon, & qui eft rapportée par les veines pulmonaires. L’ar- tere pulmonaire, & l'aorte qui reçoivent la même quantité de fang , doivent donc être égales en capacité, & elles le font, effe@ivement. Mais dans le fœtus, l’artere pulmonaire & l'aorte recoi- vent des quantitésinégales de fang, lequel des deux fyftemes. oppofés que l’on choififie. Selon le fyfteme commun, le trou ovale dérobe à l’ar-. tere pulmonaire la plus grande partie du fang de la veine cave. Ce fang étant entré dans le ventricule gauche, em doit fortir par l'aorte, qui de plus fait fa fonétion ordinai- re & naturelle de recevoir le fang qui a circulé parle poùû- mon. L’aorte recoit donc plus de fang que l’artere pulmo- naire. Selonle fyfteme de M. Méry, l’artere pulmonaire reçoit tout le fang de la veine cave; & de plus, elle reçoit par le trou ovale une partie du fang des veines pulmonaires, natu- rellement deftinée à l'aorte. L'aorte reçoit donc moins de {ang que l’artere pulmonaire. Pour juger lequel des deux fyftemes eft le vrai, il n’y à donc qu’à voir lequel de ces deux vaifleaux,, l’aorte, ou l’ar- tere pulmonaire , a le plus de capacité dans le fœtus. M. Méry trouva toûüjours que le-tronc de l’artere pul- monaire étoit environ la moitié plus gros que celui de l'aorte; ce qui fembloit mettre fon. opinion hors de doute. La queftion étoiten ces termes, & elle paroifloit s’affou- pir, lorfqu’elle fe réveilla plus vivement que jamais à l’oc- cafion d'une Thefe que M. Tauvry Doéteur en Medecine,& Académicien aflocié, mort depuis fix mois, fit foûtenir con- tre l’opiniou de M. Méry. À peine l'Académie avoit-elle pris la nouvelle forme que le Réglement lui donnoit, qu'elle fut occupée de cette conteftarion. Comme il s’agifloit d'abord de plufieurs faits ; ARR DES SCIENCES. 29 fur quoy l’on ne convenoit point ; & principalement de la groffeur de l'aorte , & de l’artere pulmonaire dans le fœtus ; la Compagnie nomma des Commiflaires pour voir exactement les faits que l’on produiroit de part & d'autre. Il faut avotier que l’on en verifia de contraires. M. Méry fit voir, par éxemple , l’artere pulmonaire plus groffe que l'aorte, & M. Tauvry, plus petite ; tant il eft vrai qu’en ma- tiere de Phyfique les fimpies queftions de fair, qui ne font ce- pendant que préliminaires , ont fouvent elles-mêmes beau- coup de difficulté. Mais M. Tauvry prétendit deux chofes; l'une que fon fy- fteme n’étoit nullement ébranlé par les faits de M. Méry, quoiqu'on les fupposât vraissl’autre,que les fiens détruifoient le fyfteme de M. Méry. Que lartere pulmonaire foit plus groffe que l'aorte, ce n'eft pas à dire, felon M. Tauvry, qu'il y pañle plus de fang ; cela conclut feulement que le fang y pañle moins vifte , parce que les poümons, vers lefquels il eft poufé , ne font pas aifés à pénétrer.- Ainfi il regorge dans l’arte- re pulmonaire, qui-d’ailleurs étant compofée de membra- nes moins fortes, & moins épaifles que l’aorte, prefte, & s'étend avec aflez de facilité. Le fœtus étant né, & les poûmons débaraflés par la refpiration, le fang qui commen: ce à y couler aufli aifément que dans les autres parties du corps, ne regorge plus dans l’artere pulmonaire, & elle ré- prend-par fon reffort une capacité qui n’eft qu'égale à celle de l'aorte. Ê Mais quand dans le fœtus le tronc de laorte eft plus gros que celui de l’artere pulmonaire, aïnfi que M. Tauvry le fit voir aux Examinateurs de fes faits , il paroït qu'il doit neceffairement pañler plus de fang par l'aorte, car on ne peut pas dire qu’il s’y faffe un regorgement, & s’il pafle plus de fang par l'aorte , l'opinion de M. Méry perd toute fa vrai- fémblance. . Ce n’eft là qu'une légere idée que l’on donne de cette conteftation, qui embrafloit encore plufieurs autres chefs. D ij 30 HisTOIiRE DE L'ACADEMIE ROYALE Comme elle eft devenuë publique par les Livres des deux Adverfaires , il n'eft pas befoin d'en parler plus au long. L’A- cadémie en a laiffé le jugement au Public , & a crü n'avoir que l'autorité de lui rendre un témoignage certain des diffe- rents faits qu’elle a averés. M. Méry en répondant à M. Tauvry a répondu auffi à plu- fieurs autres habiles Anatomiftes, qui avoient attaqué fon fyfteme pour défendre l’ancien. SURUNE NOUVELLE MANIERE DE TAILLER DE LA PIERRE. Onfieur Méry a joint à tout ce qui regarde le trou ovale un Traité, peut- être moins curieux, mais plus utile {ur l’'Extration de la Pierre. Il l’a compofé à l'occafion de la Méthode particuliere dont fe fert pour cette opération un frere du Tiers Ordre de faint François , nommé frere Jacques Beaulieu, Francomtois , qui vint à Paris en 1697. Ce nouvel Opérateur apporta de fa Province une grande ré- putation , & d’abord l’augmenta ici. On crut que l'Art de tailler alloit entierement changer de face , devenir beaucoup plus fur & plus facile. Cependant on ne s’en fia pas entie- rement à ce premier bruit. M. Méry fut chargé par Mon- fieur le Premier Préfident, d’éxaminer de près cette opéra- tion. Il vit frere Jacques tirer une Pierre de la veffie d'un Cadavre, où elle avoit été mife exprès. II fut content de cette nouvelle Méthode, & en fit à Monfieur le Premier Préfident un rapport où il la préferoit à l’ancienne, fous de certaines conditions cependant, que l’expérience feule pou- voit garantir. L'expérience fut fort défavorable à frere Jacques , & funeñte à la plus grande partie des malades qu'il tailla, & ce fut précifément par les endroits que M. Méri avoit foupçonnés. Il changea donc de fentiment avec d'autant DES SCIENCES. 31 plus de liberté , & de bienféance , qu’il avoit affez paru que fa difpofition naturelle avoit été de recevoir volontiers des leçons d’un nouveau venu. Cette matiere fut fouvent traitée dans l’Académie, on y apporta fouvent l’hiftoire des ravages que F. Jacques avoit faits par une méthode toûjours témeraire, & prefque toû- jours mortelle. L'Académie avoit jugé affez-tôt de la té- merité, & le Public ne s’eft rendu que trop tard aux mau- vais fuccez. SOU RL ECTS T: OG:LRE , DIU: F'OET US. Onfieur Tauvry ne fe contenta pas de traiter fim- plement la queftion du trou ouvale , il embraffa à cette occafion toute l’Hiftoire du Fœtus, depuis fa premie- re origine , que tout l’efprit humain n’a encore pù deviner certainement , jufqu’à fa naiflance. Dans ce Traité, il appuye de tout fon pouvoir le fyfte- me des Oeufs, & il fait voir, entr'autres preuves, que les objetions qu'on peut#äire contre la generation de l’hom- me par des œufs contenus dans les ovaires de la femme, font encore beaucoup plus fortes fi on les applique à la Tortuë, qui cependant n’engendre certainement que par des œufs. Les trompes de la matrice de cet animal font déliées, lâches , flotantes dans fon ventre, & par confé- quent très-peu propres à aller chercher l’œuf dans l’ovai- re pour l’apporter dans la matrice; elles font même à leur extremité percées d’un trou peu proportionné à la grofleur de l'œuf qu’elles doivent recevoir ; & malgré tout cela , il eft conftant qu’elles font ce qu'il paroît fi difficile qu’elles faffent. La difficulté n’eft pas à beaucoup près fi grande pour la femme. Voilà à quoi fert l'Anatomie comparée que M. Tauvry employe prefque dans tout fon ouvrage. 32 HITOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Un ufage qui feroit incertain dans une efpece d'animal que l'on confidereroit feule, devient certain, parce qu’il doit être le même que dans une autre efpece, où il eft indubitable. Plus on compare enfemble les produétions particulieres de la Nature, plus on peut efperer d’en découvrir à la fin le plan, & l’efprit general. M. Tauvry cherche toûjours les raifons des ftruétures méchaniques , &. de leurs differences en differentes efpe- ces. Par éxemple , tous les Quadrupedes tant Ovipares que Vivipares ont deux ovaires , & deux tuyaux ou trompes qui apportent les œufs dans la matrice, & ces parties dou- bles font fituéesaux deux côtés du ventre. Les Volatiles au contraire n’ont qu’un feul ovaite, &-un feul tuyau pour con- duire les œufs, le tout attaché au bout de leur dos, & préci- fément au milieu. Sur cela M. Tauvry conjeéture que dans les Quadrupedes le mouvement du marcher aide la fortie des œufs , & leut defcénte par les trompes , parce qu’alors les vifceres de l'abdomen font pouflés aiternativement contre les deux ovaires, & contre les deux trompes. Mais dans les Volatiles, où les os de l'abdomen empêchent cette compref- fion des vifceres dans l'approche des cuifles , il eût été inu- tile que l'ovaire, & fon tuyau euflent été doubles ; & ils ont été placés au milieu du dos , pour être également com- primés des deux côtés par les facs membraneux qui font pat- ticuliers aux oifeaux , & qui s’enflent & fe defenflent dans leur refpiration, - Le Placenta de la femme, & ceux de certains animaux, comme la Chienne, la Chatte, &c. ne fe féparent de la ma- trice qu'avec effufion de fang ; d’autres, tels que ceux des Ruminans, du Lapin, du Cochon d'Inde, &c. ne laiffenr #ortir dans cette féparation que des fucs laiteux, M. Tauvry obferve que les animaux qui font dans le premier cas font garnaciers , & que les autres fe nourriflent d'herbes, &ileft affez vrai-femblable que comme le Placenta porte au fœtus toute la nourriture que la merelui envoye, des animaux de- finés à des alimens fi differens ont dû y être préparés dès Jeur premiere formation, Le DES ScrENCESs 32 Le fœtus nage dans une liqueur que renferme une mem- brane nommée Amnios, dont il eft immédiatement enve- lopé. Certe liqueur donne beaucoup de marques d’être nourriciere ; & ce qui peut en convaincre, c'eft qu’elle eft fort femblable à celle qui fe trouve dans le ventricule du fœtus , où apparemment elle eft entrée par fa bou- che. Mais entre l’Amnios , & le Chorium , autre membra- ne qui envelope l’Amnios par dehors, il y en a unetroi- fiéme où s’amafle l'urine du fœtus , & qu’on appelle pat çetre raifon la membrane urinaire. Elle eft fituée vers le pla- centa, qui filtre tous les fucs nourriciers que le foetus ti- re de fa mere. Il faudroit donc que ces fucs pour entrer dans la cavité de l’Amnios traverfaffent la membrane uti- gaire , & la liqueur qu’elle contient; mais le moyen alors qu'ils ne fe corrompiffent pas, & ne perdiffent pas la dou- ceur néceflaire à des fucs nourriciers > D'habiles Anatomiftes ont fait de grands efforts , & avec peu de fuccez, pour imaginer des routes qui difpen- faffent la liqueur de l'Amnios de traverfer la membrane urinaire. - M. Tauvry a recours à un expédient nouveau. Il fup- pofe que la cavité de l’'Amnios fe remplit dans les pre- miers temps de la formation , lorfque le fœtus n’a point encore d'urine à envoyer dans la membrane urinaire. L’Amnios remplie , & le fœtus devenu plus fort , la. membrane urinaire commence à fe remplir à fon tour, & l'Amnios ne tire plus rien de nouveau , mais elle tient en referve , & dépenfe peu à peu ce qui doit nourrir le fœtus jufqu'à fa naiffance. Une obfervation qui confir- me cette penfée , c’'eft qu'en effet l’Amnios eft d’autant moins pleine, & la membrane urinaire l’eft d'autant plus, que le fœtus eft plus avancé. Si ce :n’eft pas là l’artifice de la nature, du moins eft-il affés délicat, & aflés caché pour mériter de l'être. On jugera de l'Ouvrage de M. Tauvry par ces échan- tillons; ce feroit faire ce qui eft déja fait que de s’éten- 1699, s Voyez les Memoires p. 227. 34 HISTOIRE DE L’'AcADEMIE ROYALE dre davantage fur des matieres qui font devenués publie ques par l’impreffion. SUR, LE; C OE.U K: DE LA IORTU:E. L n'étoit guere poflble que M. du Verneyne prift part à une guerre anatomique qui fe pañloit fous fes yeux. H étoit dans le fentiment commun fur le trou ovale ; & comme le cœur de la Tortuë deterre , où le fang pañle de gauche à droite par une efpece d'ouverture , avoit donné à M. Méry la premiere idée qu'il en pourroit être de même dans le Fœtus, M. du Verney éxamina ce cœur avec foin, en décrivit éxaétement la ftruéture: toute finguliere , & foutint qu’elle ne tiroir nullement à confequence pour le Fœtus. De la Mécanique du cœur de cet animal bien dévelo- pée, il en refulte , ainfi que de tout ce qu'on approfon- di en Anatomie, une merveilleufe conformité de l'ouvra- ge avec les defleins du fouverain Ouvrier. Il faut que l'air fe mêle avec le fang pour entretenir le mouvement & la: fluidité de certe liqueur , pour lui donner du reflort, pour l'animer par une douce fermentation, & pour con- tribuer à la génération des efprits animaux , premiers mo- teurs de toute la machine. L'homme, & la plus grande- partie des animaux , deftinés à beaucoup de mouvemens. divers, & à des fonctions d’une grande vivacité, doivent avoir un fang tout penetré de particules aériennes , & c'eft. pour cela qu'il fe fait en eux deux circulations differentes, Pune, de toute la mafle du fang par le poñmon , afin qu’- elle aille prendre à chaque inftant dans ce refervoir rem- pli d’un air toüjours nouveau , tout celuy dont elle à be- foin ; l'autre de cette même mafle chargée d’air par tout le refte du corps, où elle va fe répandre avec les quali- ESA DES SCIENCES. gs 4+£s falutaïres qu'elles a acquifes dans le poûmon. C'eft ‘“onc en vertu de cette double circulation que tout le fang ft , pour ainfi dire , imbibé d'air, & elle s’éxecute par le moyen des deux ventricules du cœur , qui font entiere- ment feparés. Dans l’un revient tout le fang , qui ayant Mais l'Hiftoire la mieux circonftanciée , fut celle que fit M. Morin, d'une jeune fille de vingt ans , qui avoit été mordué à la mainpar un petit garcon enragé. Elle eut tous les accidens de la rage, & enfin feize jours après la mor- fure, on s’avifa de la baigner dans un grand bain d’eau de riviere plus froide que chaude, où l’on avoit fait difloudre un boiffeau de fel. Only plongeoit toutenuë, & onlen rétitoit à diverfes reprifes ; & après qu’on l’eut extrême- ment tourmentée de cette façon, on la laiflä affife dans le bain, & toute érourdie. Quant elle vint à regarder l'eau où elle étoit, elle fut toute étonnée qu ‘elle la voyoit fans émotion. Aprés cela fa maladie ne fut plus qu'ane maladie ofdi- naire. Ji lui vint de la fievre ; que l’on traita félon la mé- thode commune. Elle avoit de frequentes Envies de vo“ mir, & les vomiffemens la foulageoient , on aida à la Na- ture. On la remit plufieurs fois dans le bain. Enfin onla guerit parfaitement , & la maladie entiere ne dura guere plus d’un mois. M: Morin en avoit tiré la relation d’un Memoire qu'avoit écrit jour par jour M. 'Raoult Chirur- gien de l'Hôtel- Dieu , qui avoit toûjours été auprés de la malade. Il paroît que l’imagination revoltée avec tant de fureur contre l’eau , & contre toutes les chofes liquides , étant: éne fois dbiprge & ‘aflujettie à foufftir patiemment ces objets , la- plus grande difficulté de la cure eft furmontée, tant parce que les efprits ne s'irritant , & ne s’enflamant plus à cette vüëé, ceffent de porter le défordre dans tout le corps ; que parce que les malades déviennent'traitables aux remodes 7 & BARRE facilement les aNeens convenables." ) DT ru Fe SCORBUT Onfieur Poupart ayant eu occafon de voir un. y. jes Me: grand nombre de Scorburiques , en’a fait üné hif. moines p.165; 1699. so. H1STOIRE DE LV'ACADEMIE ROYALE toire exacte qui eft imprimée dans les Memoires. Elle eft pleine de circonftances fort particulieres , & tout le monde la peut entendre. DIVERSES OBSERVATIONS ANATOMIQUES. É I. ’ Onfieur Poupart ayant ouvert, un homme mort environ à l’âge de cent ans, y trouva un mélange étonnant de marques de vieillefle , & d’une jeunefle nou: velle. Les neuf vertebres inferieures du dos ne formoient plus qu'un os, les cartilages qui font entre deux s’étant tous offi- fiés. Mais outre les apophifes tranfverfes ordinaires des ver- tébres, il y en avoit encore de tranfvérfes anterieures fi- tuées de chaque côté fur l'articulation de chaque verté- bre. Celles du côté droit étoient plus grandes , arrondies, &. recouvertes d’un bel os blanc qui avoit nouvellement vegété, & cette vegétation fembloit avoir coulé comme un métal fondu entre chacune. de ces apophifes pour les lier plus fortement enfemble. Celles du côté gaucheétoient plus courtes, & refflembloient à des mamellons que la Na- ture commençoit à recouvrir d’un nouvel os blanc, comme fi elle avoit voulu rajeunir ce vieil homme. C'eft ainfi qu'une vieille fouche fe reproduit, & que fon bois fec fe recouvre d’une nouvelle écorce qui £ li- gnifie & poufle de nouvelles branches qui vivent fort long- temps. TE M. Méry a dit qu'ayant ouvert une femme qui étoit morte fans avoir pû accoucher , & luy ayant fait l’opéra- tion cefarienne , il avoit trouvé dans les inteftins le mou- vement periftaltique & vermiculaire fort fenfible , quoique ke cœur & les poûmons fuflent entierement immobiles. ILE BETE Ph # Le même M. Méry a fait voir une diffeiontrès-exaéte DES SCIENCES. Sr. de la cuiffe & du pied d’une Aigle, &.en a donné pour les Repgiftres une Defcription, où il peint d’après Natu- re ce grand nombre de mufcles diverfement entrelaffés les-uns dans les autres, leurs grandeurs, leurs infertions, leurs mouvemens. On y voit dans fa fource mechanique la force extraordinaire de la ferre de l’Aigle. Mais après tout , cet Ouvrage n’auroit peut-être pas intereflé la curio- fité de la plüpart des gens à proportion de ce qu'il a coûté à fon Auteur. IV. On peut dire la même chofe de la diffeétion d’un Peli- can mort à Verfailles , faite aufMi par M. Mery. Il fit voir les differens mufcles qui fervent au mouvement du cou de cet Oiïfeau. Ce cou eft fort long, & divifé par vertébres. Les mufcles & les membranes des aîles furent auffi obfervés avec foin. V. . Le P. Goüye a communiqué à l'Academie une Defcri- ption anatomique d’un Tigre rayé , faite à la Chine par les PP. Jefüités. On ne connoît guere en Europe que les Tigres dont la peau eft mouchetée de taches; mais dans la Tartarie, & dans la Chine on en connoît auffi dont la peau eft rayée de bandes noires; & même en ces païs- 1 , on prétend que ce foient deux efpeces différentes, quoi- qu'ils ne paroiffent pas avoir-d’autres difference que celle-là Le Tigre rayé que les Jefüuites de la Chine diffequerent , & qui avoit été tué à la Chafle par l'Empereur , avec qua= tre autres, ne pefoit que 265. liv. Aufi n’étoit-il pas des plus grands. Un des autres pefoit 400. liv. Celui qui fut difléqué avoit un tiers de l’eftomac plein de vers, & l’on ne pouvoit pas dire qu’il fût corrompu. Quelqu'un qui étoit prefent, dit qu’on avoit trouvé la même chofe à un autre Tigre qu'ilavoit vâ ouvrir à Macao. M. du Hamel ancien Secretaire ; a lù plufieurs fois à la Compagnie des morceaux d’une Analife qu’il fait du Traité SAriftote , De Parribys ,Animalium, I] ÿ remarque avec Gi V. Les Memoires P28: 44. s2 Histoire Dr L'ACADEMIE ROYALE foin les differences de l'Anatomie ancienne, & de [a mo? derne , les erreurs dont on eft revenu, les incertitudes que ne fubfftent plus , les ignorances qui fubfiftent encore. L'hiftoire des progrés qu’on a fait doit donner de l'efperance & du courage. GEL AULCE E MESURES DES SELS VOL.ATILS ACIDES CONTENUS DANS LES ESPRITS ACIDES. CE qu'on appelle Efprits en Chimie , ce font des Ii- queurs , dont toute la vertu confifte en certaines par- ticules fubtiles , & aétives, qui nagent dans une eau ou flegme inutile, qael’Artn’en a pù feparer. Lesefprits acides, tels que les efprits de fel, de nitre, de vitriol doivent toute leur force aux fels acides dont ils font chargés; ce n’eftque par ces fels qu'il faut juger de ces efprits, & comme le mé- lange des fels acides avec le flegme eft en differente pro- portion dans les differens efprits acides , il feroit très-utile de connoître cette proportion, toutes les fois qu'on veut faire des operations délicates, où une exaéte précifion eft neceflure, Faute d’avoir un moyen für d'y parvenir, la même operation réüffit différemment à differentes perfon- nes, & quelquefois à la même. M. Homberg s’eft fervi de la méthode fuivante pour connoître la quantité des fels acides, quelque étroitement envelopés qu'ils foient avec leur flegme. Le fel de tartre eft un puiffant alcali, & qui fe charge avidement des li- queurs acides. M. Homberg fait prendre à une once de fel de tartre tout ce qu'il peut porter, par exemple, d’ef prit de nitre,. De ce nouveau compolé, ilien fait évapos ÉCRAN E AE à A $ DES SCrENcCErs #3 ret toute l'humidité, après quoi l’once de fel de tartre refte féche , mais augmentée de poids par l'addition des fels acides de l’efprit de nitre qu'elle a retenus , en laiffant évaporer le flegme. Cette augmentation de poids eft la quantité précife de fels acides qui étoient renfermés dans l'efprit de nitre qu’on a verfé fur le fel detartre, & dont la quantité eft connuë. Il en a falu verfer r. once, 2. drag- mes, 36. grains ; le poids du fel de tartre après l’évapora- tion s'eft trouvé augmenté de 3. dragmes ; 10. grains, Donc r. once d’efprit de nitre contient de fel acide 2. drag- mes , 28. grains. Il eft aifé de voir que la même operation faite fur une once de fel de tartre avec d’autres efprits acides, donne éga- lement la proportion des fels avec le flegme dans ces éfprits. M. Homberg en a fait une table pour les principaux efprits acides , que l’on employeen Chimie. Ce n'eft pas affés de connoître quelle quantité de fet acide eft contenuë dans une certaine quantité d’un efprit acide , il faut fouvent encore fcavoir précifément combien “un efprit pefe plus qu'unautre. Pour cela M. Homberg don- ne un nouvel Aréometre, préferable en plufieurs chofes à l’ancien. On ne peut en comparant deux liqueurs avec cet inftrument fe méprendre de la cinq ou fixiéme partie d'une goute, que l’on ne s’en apperçoive dans l'inftant , & l'erreur ef très facile à réparer. Comme la dilatation des liqueurs dans le chaud, & leur reflerrement dans le froid, eft un inconvenient commun àtousles Aréometres, & à toutesles méthodes de mefurer la même liqueur en differentes faifons , M. Homberg donne encore une table des differences extrêmes du volume des principales liqueurs de Chimie dans le grand chaud & dans le grand froid. Par là on fe reglera à très peu près pour les temperatures d'air moyennes. G iij _— 54 HISTOIRE DE L'ACADEMIE RoyALE SUD RPE AU MT A UN T ES RE DE RECONNOISTRE LE SUBLIME CORROSIF SOPHISTIQUE Es A@es de Leipfc du mois de Decembre 1698. ont parlé d'un Livre intitulé, %. C. Barchufen Pyrufo ophia. L'Auteur y reprend quelques Chimiftes d'avoir avancé, que pour reconnoître le bon fublimé corrofif d'avec ce- lui qui eft fophiftiqué par l’arfenic, il n’y a qu’à jetter def- fus quelques gouttes d'huile de tartre par défaillance ; que s'il rougit , il eft bon, & que s’il noircit , ileft alteré, Cette épreuve eft faufle, parce que, dit M. Barchufen, tout fu- blimé corrofif, fophiftiqué ou non , étant arrofé d'huile de tartre, Jaunit, puis rougit, & enfin PR à l'air quelque temps, noircit, Ce fait à paru à M, Boulduc aflés one ; pour n’en vouloir croire que fa propre expérience; car il n'arrive que trop en Chimie que l'on en croit celle d'autrui. Il convient avec M. Barchufen que l'épreuve eft inutile, & que l’huile de tartre fait le même effet fur quelque fublimé que ce foit; mais il nie que le fublimé, quel qu'il foit , noirciffe à la fin, & ila fait voir le contraire à l’Academie, En même temps 1l verifia la Critique que M. Barchu- fen à faite de Glafer, & de le Févre, qui ont dit que l’ef- prit volatil de fuccin fait effervefcence avec les acides. M. Boulduc ayant trouvé ce même fait dans la derniere Edi- tion de la Pharmacopée de M. Charas, l’avoit déja fort foupçonné d’être faux , mais il s’en eft entierement con- vaincu à l’occafion de la Critique de M. Barchufen, &ila montré à la Compagnie que le fel volatil de fuccin, bien loin de faire effervefcence avec les acides, la fait avec l’huile de tartre, le plus fort de tous Les alcali. Par là, il eft bien für que ce feleft acide, DES SCIENCES: | #$ ren voit que M. Barchufen a bien fait de ne fe pas fier entierement à de bons Auteurs, & M. Boulduc de ne fe - pas fier tout à fait à M. Barchafés lui-même. Les Auteurs m'ont ordinairement que trop de foi les uns pour les autres, & il faut que le Pirronifme & la défiance foient les fonde- mens de la fcience & de la certitude. EXAMEN DEAUX MINERALES. Onfieur Regis, aïant été obligé d'aller pour fa fan- M té aux eaux de Balaruc dans le Languedoc, il ne {e contenta pas d’en ufer comme un malade ordinaire , il lés examina en Philofophe ; & à fon retour il groflit de fes expériences & de fes reflexions le tréfor de l'Acade- mie. On fe baigne dans ces eaux , & on en boit; maïs foit que l’on fe baigne, ou que l’on boive , ce n’eft que quatre win ji ASE 4 fois en quatre jours confecutifs. L'experience a établi cet- 1 te regle. N Les eaux de Balarnc jettent continuellement une gran- de fumée, qui femble avoir quelque odeur de fouffre, Elles paroïffent au toucher prefque aufli chaudes que l’eau commune prefte à boüillir; mais cette chaleur devient en trés-peu de temps fort fupportable. Il en va à peu prés de . même lorfqu’on les boit, leurchaleur femble d’abord fort grande, cependant on les avale fans beaucoup de peine; & ce qui marque bien qu’elles ne font point du tout brû- lantes , c’eft que les feuilles d’ofeille y confervent long- temps leur fraicheur, & qu'un œuf frais , qui y a été trois quarts-d'heure n’en eft pas plus alteré, que s'il avoit été dans de l’eau froide. Quand on s'y baigne, elles excitent une fi grande fueur que l’on ne peut guere y demeurer plus d'un quart- d'heure. Elles rendent la peau douce ; & un peu onueufe , ce » 717 56 HisToiRE bE L'AcAGrmMIr ROYALE qui femble provenir de quelque foufire doux & trés - fin qu’elles contiennent , & que l’on n’en a pourtant jamais pô tirer, apparemment parce qu'il eft trop volatil. Elles font falées au goût , & quoique cette falure fem- ble avoir quelque rapport à celle de l'eau de la mer, elle eft beaucoup moins forte , & moins délagréable. M. Regis, aidé de M. Didier, Medecin de ce païs-là ; voulut découvrir , fi ces eaux contenoient un fel volatil acide , dégagé de leur fel alcali , & qui püt par confe- quent y exciter une fermentation, & y entretenir une cha- leur continuelle. Ces Meflieurs trouverent ce qu'ils cherchoient. Latein: ture de fleurs de Mauve, qui doit rougir par les acides, & verdir par les alcali, rougit un peu aufli tôt que l’on y verfa de l’eau qu’on venoit de puifer dans la fource. Mais cette teinture ne recevoit aucune impreflion de l’eau re- froidie , même quoiqu'on la réchauflàt , ce qui marque un fel non feulement acide, mais trés-volaril, & qui fe dégage de l’eau trés-promptement. L’eau de la mer froi- de ou chaude ne rougit nullement la teinture de fleurs de mauve, elleen éclaircit feulement un peu la couleur. À la fuite du fel acide volatil, le fel fixe & alcali fe dé- couvrit, parce qu’il refta toûjours, foit aprés qu’on eut fait évaporer ces eaux par le feu , foit aprés qu’on les eut difti- lées au bain-marie. La verdeur que ce fel donnoit à la teinture de fleurs de mauve, fa fermentation avec les efprits acides, & fon re- pos, pourainfi dire, avec les alcali, comme l’huile de tar: tre , ne laifferent pas douter qu'il ne füt alcali. Il ne laifle pas cependant de contenir encore de l'acide, car les principes des mixtes ne fe féparent pas bien par- faitement les uns d’avec les autres. Une demie-once de ce fel diftilée fans addition par un petit feu de reverbere; donna en peu de temps 48. grains d’un efprit conftam- ment acide, mais aflés doux. M. Boulduc a examiné aufli par Chimie les eaux de faint Amant prés de Tournay , qui {e font renduës fameufes de- puis quelques années. Ce Eden à ATA NS DES SCIENCES Sy Ces eaux mifes prefque à tous les effais Chimiques ; ne , da qualité du Cafloreum faifi. En éxecution de cet Arreft, le: Caftoreum eft envoyé à l’Académie avec toutes les précau- tions néceflaires pour empêcher qu'il ne fütchangé. Mon- fieur Fremin Avocat au Confeil l'ayant mis entre les mains du Secretaire , avec une copie en bonne forme de l’Arreft dur . Parlement de Tournay, le Caftoreum fat éxaminé d’abord en Particulier par les Anatomiftes & les Chimiftes de la Com- pagnie , & fur leur rapport , l'Académie fut d'avis tout d’une voix que le Cafloreum étoit très-bon , & hors de foupçon d’a- voir été fophiftiqué. Le Secretaire en donna un Certificat à Monfeut Fremin,, & l’on a fçû que le Parlement de Tour- nay dvoit. fait Phonneur à l'Académie des Sciences de juger en difinitive conformément à fon Avis. AG CALE IL 1 CDTI)" 60 HisTOiRE DE L'AcADEMIE ROYALE RSR RÉÉSÉSÉIÉÉÉRÉÉLÉLÉÉRLÉS B'OET'A.N I O U'E: SUR LEPARALLELISME DE LA TOUFFE DES ARBRES AVECLE SOL QUE’LLES OMBRAGENT. Mefure que l’on a les yeux plus propres à obferver:;. les merveilles fe multiplient. Dans plufieurs Arbres fruitiers, comme les Pommiers, les Poiriers, les Châtai- gniers , & generalement dans ceux qui en imitent le port , tels que font les Noyers, les Chênes, les Haîtres , la bafe de la touffe affeéte prefque toûjours d'être parallele au. plan d’où fortent les tiges, foit que ce plan foit horifontal ,. ou qu’il ne le foit pas, foit que les tiges elles-mêmes foient Rx ER ù TASS e> Cr +. 2 4 N N \ De, à 4 j DE =” æ Drm LITE 4 D'EYS: SIC I/ENNIC ES: : : 6r perpendiculaires, ou inclinées fur ce plan; & cetteaffeQation eft fi conftante, que fi un Arbre fort d’un endroit où le plan {oit d’un côté horifontal, & de l’autreincliné à l’horifon, la bafe de la touffe fe tient d'un côté horifontale, & de autre s'incline à l'horifon autant que le plan. Ces faits fe font prefentés à bien des yeux qui ne les ont point vûs, mais ils n'ont pas échapé à ceux de M. Dodart, qui a bien fçû les regarder avec admirarion. _ Ilena recherché la caufe, & a formé des conjetures. + Il rematque que les racines branchuës fuivent la furface du plan, quel qu’il foit, d’où fort l'arbre, & ne pouffent gue- _ re qu'entre deux terres, où elles trouvent & leur fubfiftance, & moins d’obftacle , que fi elles piquoient au fond. Parcon- féquent la proje@ion des racines doit être cenfée parallele au plan où ef l’Arbre.. Il confidere les racines, letronc, &les branches , comme compofés des mêmes fibres droites, & paralleles entre elles, qui s'étendent depuis Le bout des racines par letronc jufqu’au bout des branches. Dans cette fuppoñtion, ces fibres font neceffairement deux plis, ou deux angles, l'un au colet de la racine, l’au- tre au colet des branches. Paifque les racines font toûüjours paralleles au plan qui porte l’Arbre , fi l'Arbre eft perpen- diculaire à ce plan, il l'eft auf à la projeion des racines , s'il eft incliné au plan, il l’eft auf également à cette projec- tion. Il eft vifible que dans le premier cas , les fibres , fup- pofées continuës depuis l'extremité des racines jufqu’à celle des branches , font de part & d'autre deux angles droits au colet dela racine , & dans le fecond cas ; deux angles dont l'un eft obtus , Pautreaiga. La queftion n’eft plus que de fçavoir pourquoi la bafe de la touffe des Arbres fe tient toûjours parallele à la projec- tion. des racines , & pourquoi quand cette projetion fait avec la tige de l’Arbre deux angles inégaux de part & d’au- tre, la touffe des branches fait avec la mêmetige les mé- . mes angles alternativement difpofés, comme il eft necefai- re pour le parallelifme, H ii 63 Histoire DE L'AcADEMIE ROYALE Sur cela, voici ce que M. Dodartimagine. Du côté où un Arbre fait un angle obtus avec fon plan, & par confé- quent avec la projeétion de fes racines , une fibre qui part de l’extremité de la racine pour aller à l’extremité d’une branche, fait neceflairement le même angle obtus au coler de la racine. S’il falloit qu’au colet des branches elle fiften- core un angle obtus, ou même feulement un droit, il efl clair qu'il faudroit qu’elle s’alongeât beaucoup. Or lesfibres du bois peuvent bien fe plier, mais non pas s'étendre. Cet- te fibre qui a fait un angle obtus au colet de la racine, doit donc au colet des branches, & du même côté en faire un aigu complémentde l’obtus, pour ne pas augmenter fa lon- gueur, & pour la conferver la même que fi elle avoit fait à l'ordinaire deux angles droits aux deux coléts. L’angle aigu des branches étant le complément de l'obtus des racines du même côté , il eft clair que les branches & les racines font paralleles. De l'autre côté où ce même Arbre incliné fait un an- gle aigu avec fon plan, & où une fibre en fait un aufli au colet de la racine , ileft conftant par le phénomene dont il s’agit qu’elle fait un angle obtus au colet des branches. Mais cet angle obtus n’eft pas aifé à expliquer. Pourquoi cette fibre, relâchée en quelque façon par l’angle aigu qu’elle fait au colet de la racine, fe redrefle-t-elle pour en faire un obtus au colet des branches ? quelle caufe ly obli- ge? pourquoi ne perfifte-t-elle pas dans cer état de relâche- ment , & ne fait-elle pas au colet des branches un fecond an- gie aigu ? Monfieur Dodart qui fe fait cette objeétion , y ré- pond , ‘que de ce côté-là de l’Arbre le pli formé par les fi- bres couchées les unes fur les autres depuis le centre de l'Arbre jufqu’à fon écorce , eft d'autant moins aigu, moins ferré, & plus rond , que les fibres approchent plus du cen-! tre, que celles qui font les plus proches de la furface peu- vent à là verité être relâchées, mais que les autres qui les embraffent, font bandées par la groffeur du pli, & que par conféquent elles tendent à fe redreffer au colet des Des, S'crr'E:N:crs 63 branches , & à y faire un angle obtus. Il faut fuppofer que les fibres qui ont cette difpofition font en beaucoup plus grand nombre que les autres , & les forcent même de s’'accommoder à elles. SUR LES SELS DES PLANTES. EL y ades fels effentiels de Plantes, c'eft-à-dire, des fels Voyez les | qui en ont été tirés fans l’a@tion du feu , fi femblables par Memoires leurs effets à du falpètre, ou à du fel commun, qu’ils pa-° o roiflent avoir été fucés de la terre par ces Plantes tels qu'ils font , & fans avoir reçû d’alteration. Mais d'un autre côté, comment deux Plantes fort differentes, & voifines l'une de l'autre, fe nourriffent-elles également bien dans la même terre , fi elles n’alterent pas , & neconvertifient pas chacune à leur ufage particulier , les fucs qu'elles en tirent. Pour éclaircir ce doute, M. Homberg prit de bonne terre de Jardin, qu'il lava avec plufieurs eaux boüillantes pour la dépotiller de tous fes fels, autant qu’il feroit pof- fible. Enfuite il partagea*800.liv. de cette terre en quatre caifles égales, il fema en égale quantité du Creffon de Jar- din dans deux de ces caifles, & du Fenoüil dans les deux autres. Enfin il arrofa une caifle de Creflon & une de Fe- noüil, avec de l’eau où il avoit diflous dufalpètre, en forte qu'il en entra bien deux onces dans chaque caiffe ; pour les deux autres , il ne les arrofa jamais qu’avec de l’eau pure. C'étoit donc un moyen aflüré de comparer enfemble deux Plantes fort differentes qui n’avoient tiré de la terre que le même fel,:& en même temps une Plante nourrie .dans une terre deffalée & infipide , avec elle-même nour- rie dans une terre arrofée de falpètre. L'évenement fit cette comparaifon. D'abord les qua- tre caiffes profiterent également bien. Quand le Creffon fut monté à la hauteur de 7. ou 8. pouces, M. Homberg l'arracha , & trouva 25. onces de celui qui étoit venudans 5 64 HisToire DE L’'ACADEMI:IE ROYALE la terre infipide, & 27. onces de l’autre. Nulle différence au goût, mais par l’analife Chimique le Creflon arrofé de nitre donna un peu plus de principes actifs. Cependant cette difference ctoit fi legere qu’elle pouvoit ne pafler que pour celle qui eft inévitable entre deux analifes, M. Homberg laiffa croître le Fenoüil plus long-temps que le Creflon, & la difference fut beaucoup plus gran- de entre les deux caifles de Fenoüil , qu’elle n’avoit été entre les deux de Creflon. Le Fenoüil arrofé de nitre étoit d’un tiers plus haut, d’un verd beaucoup plus beau, & pe- foit 2. liv. au lieu que l’autre ne pefoit que 19. onces. M. Homberg explique d’une maniere aflés vrai-fem- blable pourquoi la difference a été fans comparaifon plus grande entre les deux caifles de Fenoüil , qu'entre les deux de Creflon. C'’eft que le Fenoüil a crû plus long-temps. Quand la petite Plante imperceptible , & cependant déja toute formée dans fa graine, commence à fe déveloper, elle tire toute fa nourriture de la fubftance même de la graine, jufqu'à ce que-cetté fubftance étant confumée, la Plante devenuë plus forte commence àtirer les fucs de la terre. Elle étoit enfermée avec la petite provifion dont elle devoit fubfifter pendant quelque temps , de la même maniere précifément que le fœtus enfermé avec fon pla- centa eft nourri jufqu’à fa naïiffance des fucs qu’il en re- çoit. Tant que deux Plantes font aflés jeunes pour fubfifter de leur graine , leur condition eft égale, mais quand ce petit magañn eft épuifé de part & d'autre, fielles rencon- trent des terres differemment difpofées , elles profitent inégalement ; & d’autant plus inégalement qu’elles font plus long-temps à ne fe nourrir que de ces terres diffe- rentes. Cela s'applique de foi-même aux deux caifles de Creflon & aux deux de Fenotiil. Par l’analife Chimique, la difference des principes ac- tifs entre les deux caifles de Fenoïil a efté aufli plus gran- de qu'elle n’avoit efté entre les deux de Creflon. Le Creflon qui eft d'une nature alcaline , a donné tous fes principes fort alcalins, même celui qui avoit été arto- fE + Cal | DES SCIENCES. ; 65 % de nitre , où il y a conftamment beaucoup d'acide. » Le Fenoüil, qui eft d’une nature alcaline, a donné beau- coup d’acide dans tous fes principes ; mème celui qui étoit venu dans la terre deffalée. Delà , il eft aifé de conclure, & que la terre n’eft jamais bien parfaitement dépoüillée de fes fels par de fimples lotions, & que la plüpart des fels contenus dans les Plan- tes, sy forment tels qu’ils font, ou par les fermens natu- rels qu'ils y trouvent , ou par les différens organes qui les filtrent. OBSERVATION BOTANIQUE. Onfeur Reneaume a trouvé fur les feuilles d'une efpece d'Érable , . Acer Montanum candidum C B P. une humidité vifqueule , qui ne pouvoit être qu'une tranf- piration fenfible de la Plante, car quoiqu’elle ne fût que fur Le deflus de la feüille, ce n’étoit point de la rofée , l'heu- i re n'y convenoit point , & d’ailleurs les feüilles les plus ex- De. pofées au Soleil étoient les plus enduites de cettehumeur. Elle eft d'une douceur plus agréable que la manne , & ap- proche du fucre. Quelques Auteurs ont parlé du fuc que l'on tire de l’Erable au Printemps par incifion , & ils ont même connu ce fuc pour être bon à boire, & d’un goût approchant du fucre, mais ils n’ont pas parlé de cette hu- midité grafle:, qui paroît de la même nature, & qui fe trou- ve naturellement fur les feüilles de cet arbre. M.Reneau- me en a trouvé encore fur celles de l.A4cer campeltre & mi- aus ,; €. B. P. DE l M. de Tournefort a donné une Hiftoire aflés ample du Mo Tamarin, qui eft un Arbre d'Afrique, & dont nous n’a- p.06. yons jufqu'ici ni figure , ni defcription exacte, M. Marchand a lü à la Compagnie plufeurs defcrip- tions de Plantes, faites avec beaucoup de foin, mais qui font refervées pour un corps d'ouvrage particulier. 1699, Voyez les Memoires B: 134: 66 HisTO'rRE DE L'ÂCADEMIE ROYALE RE nnnnEE 29 CD ET CS ON LT CT I 7 CN 7 C7 9 7 LT Ce 07 Ce en a er 0 ee ee serre vie liacilel tre MEET Mere eliie Le) je, men autel ee ee, Le = CRE CEMELM CAS MR N NE ESTONIE RP RON MEET ES OO NS Ne à MENT NE DO EN CON RS TR MATHEMATIQUE. ÉLISILITIIILI LILI 1111111121) ALGEBRE ET GEOMETRIE. QU ADRATURE D'UNE INFINITE DE SEGMENS ET DE SECTEURS DENT AMNEMMELIOMEDIE: E toutes les lignes courbes que les Géometres nou- veaux ont imaginées, & dont ils ont recherché les proprietés , celle qui a fait le plus de bruit eft la Cycloï- de , formée par un mouvement d’un même point d'une circonference circulaire qui roule fur une ligne droite, & s'applique fucceffivement par tous fes points à tous ceux de cette ligne. A mefure qu'on l’a approfondie, on y a découvert plus de beautés. Si l’on veur qu’un Pendule fiffe des vibrations inégales en des temps exaétement égaux , il ne faut point qu’il décrive des arcs de cercle , mais des arcs de cycloïde. Si l’on dévelope une demi-cycloïde , en commençant par le fommet, elle rend par fon dévelopement une autre demi-cycloïde femblable & égale, & l’on fçait quel ad- mirable ufage M. Huguens a fait de ces deux proprietés fingulieres pour perfe@ionner l'Horlogerie. Il y a quelque temps que M. Bernoulli Profeffleur de Ma thématique à Groningue propofa ce Problème à tous les Géometres de l’Europe, Suppo/t qu'un corps tombat oblique ment à l'horifon ; quelle étoir la ligne courbe qw'il devcit décrire der edf DES SCIENCES 67 pour : tomber le plus vire qw'il fôr poffible ? car ; ce qui peut paroître étonnant , il ne devoit point décrire une ligne droite, quoique plus courte que toute ligne courbe termi- née par les mêmes points. Ce Problème réfolu, il fe trouva que cette Courbe étoit une cycloïde. Une des plus importantes connoiffances que l’on puiffe avoir fur les Courbes, confifte à mefurer exa@tement l’ef- pace qu’elles renferment, ou feules , ou avec des lignes droites, & c’eft ce qu’on appelle leur quadrature. Si cet | efpace fe peut mefurer, quelle que foit la portion de la | courbe qui y entre, & les Ordonnées ou les parties du Dia- metre qui le terminent avec elle , c'eft la quadrature abfo- luë , ou indefinie , telle qu’on l’a de la Parabole. Maisil ar- æive quelquefois que l’on ne peut quarrer que des efpaces xenfermés par de certaines portions de la courbe, & par de certaines Ordonnées ou de certaines parties du Diametre déterminées. On a veu d’abord que la quadrature indéfinie de la cy- cloïde dépendoit de celle de fon cercle generateur , & que par conféquent elle étoit impofñble, felon toutes les appa- rences. Mais M. Huguens trouva le premier la quadrature d'un certain efpace cycloïdal déterminé. M. Leibnits enfui- f , te trouva encore celle d’un autre efpace, pareillement dé- ; terminé , & l’on croïoit qu'après ces deux grands Géome- tres, on ne trouveroit plus aucun efpace quarrable dans la cycloïde. Cependant M. Bernoulli Profefleur en Mathéma- tique à Groningue a découvert dans la cycloïde une infinité* d’efpaces quarrables ; dans lefquels font compris, & pour ainfi dire, abforbés les deux de M. Huguens , & de M. Leib- nits. C’eft ainfi que la Géometrie à mefure qu’elle eft ma- niée par de grands genies , va prefque toûjours s’éleyant du particulier à l’univerfel, & même à l'infini. Il ne faut pourtant pas croire que cette infinité d’efpaces quarrables foient autre chofe qu’une quadrature partiale ; car äls font tous limités par de certaines conditions. C’eft une efpece qui a un nombre infini d'individus, mais enfin ce n’eft Qu'une efpece, Lij Voyez les Memoires D. 96. 68 Hisrotre DE L'AcADEMIE ROYALE METHODE POUR TROUVER DES COURBES, le lons defquelles #n corps rombant s'approche ou s'éloigne de L'horifon en relle raifon des temps qu’on voudra, crc. ’Acceleration de la chute des corps pefans, telle que Galilée l’a établie , eft generalement recuë. Selon cetté TER un corps qui tombe en décrivant une Cycloïde, emploïe toûjours des temps égaux, quoiqu ils approcheiné- galement de l'horifon , & qu’il tombe de plus ou de moins haut. Mais , en fuppofant toûjours la progreflion de Galilée pour l’acceleration de la chute, fi l’on vouloit que ce même corps s’approchât également de l’horifon en des temps égaux, ce ne feroit plus par une Cycloïde qu’il devroit tomber, mais par quelqu’autre Courbe. La hauteur & l’acceleration de la chute fe prennent toû- jours fur une ligne droite perpendiculaire à l'horifon, qui de- vient l’axe de la Courbe, & dont les differentes parties répon- dent à differens arcs. La Cycloïde eft telle que fi un corps qui la décrit tombe d’une plus grande hauteur , & acquiert par conféquentune certaine augmentation de vitefle, reglée par l'hypothefe de Galilée , l'arc cycloïdal plus grand qu'il a à décrire, confume précifément ce plus de vitefle,de forte que le corps n’en rom- * beniplütôt pour avoir acquis plusde vitefle,ni plus tard pour avoir eu plus de chemin à faire , & de là vient l'égalité des temps malgré l'inégalité des arcs. Mais dans l’autre Courbe que l’on cherche , il faut qu'un corps qui tombe de deux fois plus haut, y employe deux fois plus de temps, c’eft.à-dire , que l'arc plus grand qu’il auraà décrire foit tel qu’il ne puiffe être décrit qu'en deux fois plus de temps, quoique la vitefle foit augmentée. Il eft clair que plus cette Courbe s'éloigne de l’origine de la chute du corps, plus elle doit s’incliner & fe coucher vers l'horifon. Car il faut que le corps dont la vitefle aug- Drs SCrÉNCsS. 69 menté toûjours, fafle d'autant plus de chemin qu "il appro- che plus de l'horifon, & il faut pourtant qu'il n’en appro- che qu'autant qu'il faifoit au commencement. Oril n’y a qu'un chemin fort incliné, & fort oblique, par où lon puiffe marcher beaucoup , & avancer peu. + M. Leibnits & Meflieurs Bernoulli ont trouvé que cette Courbe étoit une feconde Parabole cubique. Elle a une cho- fe remarquable, c’eft que le corps qui la doit décrire pour s'approcher également de l’horifon en temps égaux, ne peut pas la décrire dès le commencement de fa chûte. Il faut qu'il tombe d’abord en ligne droite d’une certaine liau- teur, que la nature de cette parabole détermine, & ce n’eft qu'avec la vitefle acquife par cette chute qu’il peut commen- cer à s'approcher également de l’horifon en temps égaux. Que l’on commence à mouvoir ce corps, felon cette parabo: le avec un degré de viteffe égal à celui qu'il auroït acquis par cette chure , ileft vifible que c’eftia même chofe. Au lieu de regler l'égalité de la chute de ce corps par rap- pott à l’horifon, on la peut prendre par rapport à un point qui fera dans l’axe de la Courbe, & alors la Courbe prend une autre courbe pour tendre toüjours à ce point, & devient differente de ce qu’elle étoit. Ce Problème qui contient de nouvelles difficultés a été encore refolu par M. Leïbnits, & par Meffieurs Bernoulli. Mais M. Varignon a trouvé toutes ces folutions encore trop limitées , & il les donne ici dans des termes infiniment plus generaux. La chute des corps par rapport à l’horifon fera non feulement égale en temps égaux , mais propor- tionnée au temps de telle façon que l'on voudra. Deplus, il n’eft point neceflaire de fuppofer la progreffion de Gali- lée pour laccéleration; telle autre progreffion , qu'on vou- dra imaginer, fera admife. Enfin l’on avoit toûjours fup- pofé dans ces Problèmes, que les direétions des corps pe- fans, c’eft-à-dire , les lignes droites par lefquelles la pefan- teur les fait tendre à un centre, font paralleles dans fleurs differentes pofitions ; ce qui n’eft vrai que dans des petites étenduës , & fenfiblement , mais non pas mathématique- É I ii Voyez les Memoires P- 142: Jo Mistotre Dr L'ACADEMIE ROYALE ment, & à la rigueur , puifque toutes les directions des corps pefans concourent au centre de laterre. M. Varignon a encore donné une folution fur le pied de ces direétions con- courantes. Tout cela ne regarde que la chute d’un corps prife par rap- port à l'horifon, mais fi on la prend par rapport à quelque point feulement , M. Varignon ne fe contente pas de mettre ce point dans l'axe de la courbe, comme on avoit fait, il le met dans toutes les autres fituations poflibles pourvû que ce foit toûjours dans le plan de la courbe. Ce point ainfi promené dans toutes les places qu’il peut avoir , donne plu- fieurs propoñitions nouvelles , & quelques autres déja con- nuës , mais auffi curieufes que les nouvelles, parce que l’ef- prit voit avec plaifir des principes tout nouveaux reproduire d'anciennes verités. Par exemple, en fuppofant que ce point , dont le corps qui tombe s'approche toûiours également , eft infiniment éloigné fuivant une ligne horifontale, on voit renaître la Pa- rabole que Galilée fait décrire au boulet de canon tiré hori- fontalement. Le chemin que Galilée a pris, & celui de M, Varignon font fi differens , que l’on pourroit prefque ètre furpris qu’ils conduififfent à la même verité. - C’eft là l'avantage des methodes generales, elles don- nent tout à la fois toutes les verités d’une efpece. Celles que l’onavoit pû jufque là découvrir en particulier , fe trou- vent envelopées dans cette multitude, où l’on n'a plus que la peine de les reconnoître. SUR LES EQUATIONS DU SECOND ET DU TROISIEME DEGRE Eux qui ont la plus legere teinture de l’Algebre con- noiffent la difficulté de réfoudre les équations, dès qu'elles vont au fecond degré, M. Varignon a trouvé pour 4 DES SciENceEs, dŸ ce fecond degré, & de plus pour le troifiéme , une même methode fi fimple & fi facile qu’on peut être furpris qu'il l'ait trouvée le premier. Quoique l'extrème neceffité dont eft l’Alsebre à toutes les parties des Mathématiques , ait été caufe que les plus habiles Mathématiciens ont fait tous leurs efforts pour la perfe&ionner , il faut convenir cependant qu’elle eft jufqu’à prefent affez imparfaite , & que plufieurs Méthodes qu’on y defireroit font encore à découvrir. Il y a plus; M. Rolle prétend que des Méthodes Algebraïques recuës par de bons Auteurs, & qui paflent pour fûres , font fort défec- tueufes , & quelquefois faufles. Ce feroit déja faire beau- coup que d’en defabufer les Algebriftes, & de prévenir les erreurs où elles les conduiroient ; mais M. Rolle efpere aller plus loin , & fubftituer en leur place de meilleures Méthodes. Tout cela fait partiefd’un grand Ouvrage qu'il medite, & l’on n’a pas jugé à propos jufqu’à prefent d’en rien détacher. SUR LA DUPLICATION D Ü CUBE. E Problème de la duplication du Cube eft fameux par l'inutilité de tous les efforts qu'on a faits pour le re- foudre. Le Docteur Jean-Raimond Coninkius Maître de la Chapelle du Palais de Lima , a imprimé à Lima en 1696. un petit Livre , où il prétend en avoir trouvé la fo- lution. Ce Livre ayant été envoyé à l’Academie par M. Bruynfteen Treforier de la Ville de Bruges , qui la prioit d'en dire fon fentiment , elle chargea M. de la Hire de Yexaminer , & il en découvrit Le Paralogifme quoi qu'aflés envelopé. Voyez les Memoies p.36. 72 HisToiRe DE L’'ACADEMIE RoyALr RO RETRO 5 B'ENREREE Lcro ARE RME UN HE Te OCDE DOC OEE CET TC OE ECO ASTRONOMIE. PRE $ SUR LE RETOUR DES COMETES. Lus le Syftème que les anciens fe faifoient de l'Univers P étoit, pour ainfi dire, petit & étroit, plus il eft beau à Apollonius Myndien d’avoir concu la noble idée que les Cometes font des aftres reguliers, & d’avoir ofé prédi- re , qu'un jour on découvriroit les regles de leur mouve- ment. i Cette prédition, quitn’a pû partir que d'un grand ge- nie, n’a pas encore eu fon effet, & l’on peut raifonnable- ment s’en prendre au peu de progrés que l’Aftronomie a fait depuis Apollonius. Peut-être aufli cette penfée , tou- te magnifique qu’elle ef, n'eft-elle pas vraie; cependant M. Caffini y trouve jufqu’à prefent beaucoup de vraifem- blance, &il en apporte tant de preuves, qu'il femble de- voir être l'Aftronome prédit par Apollonius. Il fuppofe que les Cometes décrivent des cercles pro- digieufement excentriques à la terre, & qui le font à tel point que nous ne pouvons voir ces aftres que dans une trés-petite partie de leur revolution. Hors de là , ils vont fe perdre dans des efpaces immenfes, où ils fe dérobent & à nos yeux & à nos lunettes, Cette petite partie de leurcercle , qui eft la plus pro- che de nous, M. Caffini la fait pañler entre les cercles de Venus & de Mars. Quand il a pù découvrir par la paral- laxe la diftance de quelques Cometes , comme de celles de 1652. & de 1680. il les a trouvées dans cet efpace du Ciel. Des Cometes plus éloignées n’auroient plus de pa- rallaxe DES SCrENCESs: 73 tallaxe fenfible , & l'on a même bien de la peine à vérifier celle de Venus & de Mars. Sur ces fuppoñitions , M. Caffini prouve par un paral- lele des Planetes & des Cometes , que ces aftres pour- roient bien être également reguliers. 1. Quand on confidere la route des Cometes par rap- port aux étoiles fixes , on voit qu’elles füivent affés long- temps un arc d'un grand cercle de la Sphere , c’eft-àdire, d'un cercle dont le plan pafle par le centre de la terre, mais elles s’en détournent un peu, principalement fur la fin de leur apparition , & ce détour devient plus fenfible à mefure qu’elles approchent plus de cette fin. Cela paroît irregulier ; cependant les Planetes elles - mêmes en font autant. Leur orbite coupe toûjours l'Ecliptique en deux Points, qu'on appelle leurs Nœuds. Sils étoient fixes & immobiles , ils feroient diametralement oppofés , & l’or- bite d’une Planete feroit un grand cercle, aufli bien que lEcliptique ; mais comme les nœuds changent continuel- lement , il arrive que pendant qu’une Planete qui à traverfé l'Ecliptique , par exemple, au 1. degré d’Aries, Va jJufque dans Libra , fes nœuds ont changé de place, & ce n'eft plus au r. degré de Libra qu'elle repañle l'Eclip- tique, mais un peu en decà, ou au-delà. Ainf fon or- bite n'eft point éxa@ement un grand cercle de la Sphe- re. Ce détour de la Planete caufé réellement par le mou- vement des nœuds, paroît encore plus grand ou plus ir- régulier qu’il n’eft en lui-même, parce que la terre n’étant pas le centre du mouvement des Planetes , excepté celui de la Lune, ce qui feroit égal en foi ne left pas à nos yeux, ce qui eft inégal left encore davantage pour nous , & le Mouvement des Planetes & celui de la terre fe compliquant differemment , il en refulte beaucoup d’irregularités ap- Parentes. À plus forte raifon, cela s’applique-t-il aux Co- raetes. 2. Les Cometes, ainfi que les Planetes, paroiffent al- ler d'autant plus vite qu’elles font plus proches de la terre, À quand elles font à égales diftances du perigée , c'eft-àr 1699. K 74 HISTOIRE DE L’'ACADEMIE ROYALE “dire, de ce point où elles en font le plus proches , leur vis tefle eft à peu près la même, On peut ôter de leur mou- vement l'inégalité apparente de vitefle caufée par le diffe- rent éloignement où elles font de la terre, & leur trouver ainfi un mouvement égal, mais on n'eft pas certain que ce mouvement foit le vrai, parce que des inégalités réelles pourront n'être pas fenfibles dans la petite partie que nous voyons de la revolution d’une Comete. Il eft même vrai- femblable que leur veritable mouvement, aufli bien que celui des Planetes, eft inégal en foi. Ainfi les obfervations faites pendant l'apparition d'une Comete , ne fçauroient donner le temps de fa revolution entiere. 3. Il n’y a point deux differentes Planetes , dont l’orbi- te coupe l'Ecliptique fous le même angle, dont les nœuds foient aux mêmes points de l’Ecliptique , & dont la viref- fe apparente au perigée foit la même. Et par confequent deux Cometes vûës en differens temps, qui conviendroient dans ces trois chofes principales , pourroient bien n'être que la même Comete. Telles ont été les Cometes de 1577. & de 1680. celles de 1652. & de 1698. & c’eft beaucoup que depuis 1680. jufqu’en 1698. c’eft-à-dire, en 18. ans , il ait paru deux Co- metes que l'on puiffe foupçonner d'être les mêmes que deux autres, dont l’une eft du fiecle pañlé, & l’autre n’eft que du milieu de ce fiecle. Ce n'eft pas que cette éxaéte conformité dans les trois points que nous avons marqués , foit néceffaire afin que deux Cometes n’en foient qu'une , elle n’eft néceflaire que pour nous le faire juger. Les nœuds d’une Comete peu- vent changer d’une revolution à l’autre , elle peut couper PEcliptique fous un angle different, fon excentricité , & par confequent fa diftance à l'égard de la terre, & fa vi- tefle apparente peuvent varier. M. Caffini trouve dans la Lune feule des exemples de toutes ces irregularités, & une Comete qui les auroit n'en feroit que plus femblable à une Planete, mais en même temps il feroit bien plus difficile de la reconnoître à fon retour pour la même, & DES ScTENCES. 7S ce ne feroit qu'après un grand nombre de revolutions, & une experience de plafeurs fiecles, que l’on pourroit trou- ver des periodes de ces variations, & s’aflurer de la Co- mete. Aufñi y en at-il quelques-unes , qui, malgré des differen- ces confiderables, paroiffent à M. Caffini pouvoir être accor- dées, mais il n’eft pas encore temps d'y penfer, & ce foin doit être renvoyé aux fiecles avenir. Encore une difficulté de juger des retours d’une Co- mete, c'eft que quelque reguliers , & quelque uniformes qu'ils fuffent , elle peut n'être ni reconnuë , ni même apper- çuë. Sa grandeur peut diminuer ou réellement, ou feule- ment en apparence, comme celle du cinquiéme Satellite de Saturne , que l’on voit décroître, & qu'enfin l’on perd de vûüë pendant une moitié de chaque revolution , lors même qu'il approche de la terre. S'il en arrivoit autant à une Comete vers fon perigée, nous ne la verrions point. De plus , fi en venant à ce perigée, elle y trouve leSoleï, elle marchera de jour, & fera effacée. Enfin, c’eft la queuë qui fait reconnoitre les Cometes , & une Comere qui per- ‘droit la fienne par quelque caufe que ce pût être, ne fe fe- roit point démêler dans le Ciel. Cette queué, qui eft d’u- ne confiftance fi délié que l'on voit les étoiles à travers, doit être affés fujette à devenir invifible , foit par la conftitu- tion de l'air interpofé , foit par des alterations réelles qui lui arrivent. Mais quelles que foient toutes ces difficultés, que ne peut- on point efperer d’une longue fuite d’obfervations, & de l’in= genieufe opiniâtreté des Aftronomes ? OBSERVATIONS D'ECLIPSES. A Vantl'Eclipfe de Lune qui devoit arriver le rs. Mars Voyez Les k Lau foir, M. le Févre en donna à l'Académie le calcul fuivant. - 7 K ij Voyez les Memoires p. 163. & 164. Voyez les Memoires p. 276. 76 HISTOIRE DE L'AcADEemiEe RoyAze Le commencement devoit être à sh 56 41° Le milieu à 2 MAS 2 25 97 La fin à 8 47 33 La grandeur de 7 doigts. 42° En comparant cette prédiétion avec les obfervations qui furent faites par Mrs Caffini & de la Hire, & qui font impri- mées dans les Memoires , on jugera de quelle précifion eft aujourd’hui l'Aftronomie, & de quelle juftefle font les Tables de M. le Févre. | Il y eut aufli le z 3. Septembre une Eclipfe de Soleil obfer- vée avec le mème foin par les mêmes Aftronomes. On verra dans l’Ecrit de M. Caffini jufqu’où peut aller fur cette mariere l’induftrie humaine. Il! confidere l'ombre qui fut jettée par la Lune fur la furfa- ce de la terre. Il en décrivit le mouvement d'Occident en Orient décli- nant vers le Midi, & le fait commencer par les parties Orien- tales de l'Amérique Septentrionale, & finir à la partie Occi- dentale de la Chine après avoir traverfé le milieu de PAmé= rique, & l'Equateur. Cette ombre ne s’étendir prefque que fur la moitié Septentrionale de nôtre Hemifphere, & même du côté du Poleilen tomba une partie à faux, & qui ne put rencontrer laterre. Il prend dans cette ombre la ligne du milieu qui pafloit par les centres du Soleil & de la Lune , & formoit la plus épaifle obfcurité. 11 la promene de la même maniere fur la furface de la terre, & trouve en la traçant tous les lieux qui ont vü l’'Eclipfe centrale. Des deux côtés de cette ligne, l'ombre étoit plus legere, & l'Eclipfe n’y pouvoit être que partiale; & elle étoit d'autant plus petite, & l'ombre d’au- tant plus foible, que les lieux étoient plus proches des ex- tremités de l'enceinte obfcure. I! détermine la viteffe de cette grande ombre qui couroit fur la terre. Un boulet de canon ne va pas fi vite dans l'air. Il'en regle jufqu'à la figure. Quand la ligne tirée par les centres du Soleil & de la Lune, pafleaufli par celui de la terre , & par conièquent lui eft perpendiculaire, la DES SctÈNCES. 77 projeétion de l'ombre eftronde; finon , elle eft oblongue, & d'autant plus irreguliere que les rayons extrêmes qui l’en- ferment font plus inclinés, & plus differemment inclinés aux differentes parties de la terre, où ils tombent. Cette obliquité de la projeäion de l'ombre fait en même temps qu'elle.eft plus étenduë,& qu’elle ne pañle pas fi rapidement. Les raïons qui terminent l'ombre font encore écartés, & jettés en dehors par la refraétion, & l’ombre en augmente d'autant. ù M. Caffini ayant trouvé les lieux qui ont pü voir l’Eclip- fe centrale, cherche s'ils ont pù auf la voir totale. Cet ef fet dépend de l'égalité des Diametres apparens du Soleil & de la Lune. Si celui du Soleil eff un peu plus grand, l'E- clipfe eft annulaire, & ilrefte au Soleil une circonference lumineufe, qui fait une bordure au difque obfcur de la Lune. Si le Diametre apparent de la Lune ef le plus grand, l'E- clipfe eft, pour ainf dire, plus que totale, & Le Soleil eft entierement caché pendant quelques momens. Si les deux Diametres font parfaitement égaux , l'Eclipfe eft totale & pour un feul inftant. Ils pouvoient être au temps de cette Eclipfe affés par- faitement égaux, cependant il faut encore avoir égard aux differentes heures du jour où l’Eclipfe centrale a été vñë en differens lieux. La Lune n’eft pas fi éloignée de la ter- re , que la difference de fes éloignemens lorfqu’elle eft à l'Horifon ou au Meridien, ne foit fenfible. Elle eft à l’'Ho- rifon plus éloignée , & par confequent plus petite, elle eft plus proche & plus grande au Meridien. Il eft vrai que les yeux difent le contraire, mais ce n’eft qu’un juge- ment de l’ame dont les Philofophes connoiïflent l'erreur, & qui ne change rien à la variation réelle que doivent pro- duire les differentes diftances. Outre cétte variation, il faut encore faire entrer dans le calcul de la grandeur du Diametre apparent de la Lune , une diminution d’une fe- conde par heure, parce que dans le temps de l'Eclipfe la Lune alloit vers fon Apogée, & s’éloignoit du centre de la terre, de forte que ceux qui n’ont vû que la fin de l'E- K üj Voyez Les Memoires PA03: Voyez Les Memoires P- 151. 78 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE clipfe, ont dû voir le Diametre de la Lune un peu plus pe- tit. On peut juger par là quels fcrupules font néceflaires pour la perfeétion de l’Aftronomie , & combien de minu- ties importantes y doivent être obfervées. OBSERV ATION DE JUPITER. Es variations des Taches de Jupiter, fes Bandes qui tantôt s’élargifient, & tantôt s'étreciflent, qui fe fe- parent, & puis fe confondent , font des changemens à pei- ne fenfibles par les meiïlleures Lunettes , & cependant plus confiderables , que fi l'Ocean inondoit toute la terre ferme, & laifloit en fa place de nouveaux continents. Il faut que laterre en comparaifon de Jupiter foit bien tranquille,& bien exempte de revolutions phyfiques. Ce ne font donc pas de petits objets pour les Contemplateurs de la Nature que les changemens qu’on apperçoit fur la furface de cette Planete, & c’eft auffi pour les Aftronomes une étude importante, par- ce qu’on ne peut s’aflürer en combien de temps Jupiter tour- ne fur fon axe , que par des taches fixes & invariables dont on aura exatement mefuré les retours. On pourra voir dans l'Ecrit de M. Caffini l'Hiftoire des Taches de Jupiter, & les confequences qu'il en tire, OBSERVATIONS D'UNE ETOILE SUR LE DISQUE DE LA LUNE. E P. Fueillée, Minime, habile Aftronome , envoya à M. Caffini une obfervation finguliere qui fut commu- niquée à l’Académie. Le 7. Mars 1699. à 9h. 30°. du foir à Marfeille, il obfer- va la corne Meridionale de la Lune, qui pañlant par les Es & : 4 o À 1! ” L! DES SctENCcESs. 79 Hyades , alloit cacher l'Etoile qui eft au côté Occidental _d'Aldebaram , marquée par Bayer 4. - Ce qu'il y eut de particulier, c’eft que l'Etoile après avoir touché le bord lumineux de la Lune , & devant par confequent être cachée , ne laiffla pas de paroïtre pendant quelques fecondes fur le difque éclairé de cette Planete ; elle fembloit avancer, pendant ce temps-là , aprés quoi elle difparut tout-à-fait. ; Une Atmofphere qui enveloperoïit la Lune explique- roit bien cette apparence, car l'Etoile étant veritablement cachée, & fes raïons dires ne pouvant plus venir à nous, fes raïons rompus par cette Atmofphere y feroient parve- nus, & nous auroient fait rapporter fon image fur le dif- que de la Lune. Mais il n’y a d’ailleurs nulle vraifemblance que la Lune ait une Atmofphere. Aufli M. de la Hire ayant pris fon temps le 19. Aouft pour faite la même obfervation que le P. Fueillée , & l'ayant faire avec le même fuccés , imagina ‘une autre caufe de ce Phenoméne. Il y fut d'autant plus obligé qu'il avoit vû l'Etoile s’avancer toûjours d’un mou- vement égal vers le bord de la Lune. Or fi la Lune avoit une Atmofphere, dés que l'Etoile l’auroit jointe, & que {es raïons s’y feroient rompus, ils viendroient à l’œil fous d’autres angles qu’ils n’y venoient avant la refraétion ,-& changeroient la grandeur apparente du chemin que faifoit Etoile. Les objets lumineux éloignés paroiffent plus grands qu’ils ne devroient , car à caufe de la diftance les raïons étant plus aifés à réünir , ils fe réüniflent en deca de la Retine, & y vont former aprés s'être féparés ,une plus gran- de image, maïs confufe. Les Lunettes retranchent cette faufle & vitieufe augmentation , mais apparemment elles ne la retranchent pas entierement, & M. de la Hire con- Jedture que l'Etoile eft vüé fur le difque de la Lune, autant de temps qu’elle fe rencontre avec la fauffe augmentation de l'image de la Lune, aprés quoi le corps de la Lune ca- che veritablement l'Etoile, J Voyez les Memoires P.177- 8o HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE SU REIN MPAUR AL L'A X' E!' A'NN'ONELL E DE L'ETOILE POLAIRE, Ans le Syftêème de Copernic, l’axe de la terre toû- jours parallele à lui-même doit décrire par fon mou- vement annuel une efpece de Cilindre, qui prolongé juf- qu’au Ciel des Etoiles fixes y trace par fa bafe une circonfe- rence circulaire. Chaque point de cette circonference eft le Pole du monde pour le jour de l’année qui lui répond , & par confequent le Pole apparent de la terre ou du monde doit dans le cours d’une année changer inceffamment, C'’eft cependant ce qui ne s’obferve point, & cette obje- tion fut propofée d’abord contre l'Hypothefe du mouve- ment de la terre. On ne peut s’en fauver autrement , qu’en fuppofant lorbe annuel de la terre fi petit par rapport à la diftance d'ici aux Etoiles fixes, que cette bafe de Cilindre qui lui eft égale , ne doive pas être comptée pour une circonferen- ce, mais feulement pour un point, & pour un centre. Cette circonference qui n’eft qu’un point a un Diame- tre double de la diftance d'ici au Soleil, c’eft à dire un Diametre de 26. millions de lieuës ; & quelque idée que l'on ait de l’immenfité de ces efpaces , il femble que ce foit toûüjours une fuppofition violente & forcée de ne compter une pareille circonference pour rien, & qu’il feroit plus avantageux au Syftème de Copernic, qu'on la trouvât du moins de quelque petite étenduë. Ce feroit même une dé- monftration de la verité de ce Syftême, fi l'on découvroit quelque changement dans les Poles, qui ne pût venir que du mouvement de l’axe de la terre. M. Flamfteed , grand Aftronome Anglois , a obfervé qu'en differentes faifons de l’année, la diftance qui eft en- t:e le Pole, & l'Etoile Polaire , varie, & il a crû que cette variation étoit celle que le mouvement de la terre doit produire, Monfieur DES -SciENcES: gr Monfieut Cafini le fils, qui a examiné l’Ectit de Mon- fieur Flamfteed, convient de fes obfervations , qui s’accor- dent avec celles qui ont été faites à l'Obfervatoire Royal, mais il en nie les conféquences, & foûtient que les varia- tions de diftance de l'Etoile Polaire, & du Pole, ne font point telles qu’elles devroient être, fuppofé le mouvement de la terre. Ses raifonnemens font trop Géometriques , & trop Aftronomiques, & il ne nous eft De permis d'y en- trer. Quelle fera donc la caufe de ces variations, qui ne font point conteftées ? Les Etoiles fixes pourroient bien tourner fur leur centre, puifque le Soleil qui en eft une, tourne fur le fien, & quel- ques unes peuvent avoir des Hemifpheres inégalement lu- * mineux. Quand elles tournent vers nous, l’'Hemifphere le plus éclatant , elles paroiffent plus grandes, & parconféquent plus proches de leurs voifines, De plus, il n’y a guere d’ap- parence que les Etoiles fixes foient parfaitement fixes. Le moyen qu'elles ne fuflent pas un peu flotantes dans ce grand liquide qui les contient, & qui eft toüjours en mouvement ? SUR DES PARELIES E 13. Mai fur les 0. ou 10. heures du matin, le Ciel donna à Marfeille un affés beau fpeétacle. Un grand cercle blanc & vivement marqué, de 69. degrés de dia- metre, pañlant par le centre du Soleil , s’étendoit fur des auées,ou fur des vapeurs parallelement à l’horifon , & avant fon centre dans une ligne perpendiculaire tirée du Zenith. Un autre cercle de 22. degrés de rayon ou environ, cou- tonnoit le Soleil, & avoit le même centre. Dans les deux points où cette couronne & le cercle horifontal fe cou- poient, M. Chazelles vit deux Parélies mais foibles, & le P. Fueillée qui obferva dans la même Ville, en vit en- £ore quelques autres mal formés au-delà des interfections, 1699. L Ar. 82 HisToIRe DE L'ACADEMIEROYALE & cela à diverfes reprifes. Le Phénomene dura en tout plug de deux heures & demie. Cette obfervation ayant été communiquée. par le P. Fueillée, & par M. Chazelles à M. Caffini , il la trouva par- faitement conforme à l'Hipothefe de M. Mariotte dans fon Traité des Couleurs. Il feroit inutile de la repeterici. En general, ce font une infinité de petites parcelles de glace flotantes dans l'air, qui caufent ces apparences. Elles mul- tiplient le Soleil , foit en rompant fes rayons, & en le fai- fant paroître où il n’eft point , foit en les réfléchifflant , & en fervant de miroirs. Les loix connuës de la Réflexion & de la Réfrattion ont donné prife à la Géometrie fur ces Phéno- menes, & c’a été par des calculs Géometriques que M. Ma- riotte a déterminé la figure précife des petites parcelles de glace, & même leur fituation dans l'air. La grandeur des Couronnes ou des Cercles qui accompagnent les Parélies, & les couleurs dont ils font quelquefois peints, ont été re- glées par les mêmes calculs, & ce n’eft pas une petite gloire à l’art qui a prefcrit toutes ces mefures, que la Nature les redonne toüjours telles qu’il les a établies , & femble en quelque forte s’y aflujettir. BÉRRSRRAGSSRRRRATRRRARRSSRAAREE GEOGRAPHIE. N fçait aflés qu'il faut aller chercher dans le Ciel les mefures de la terre , & que la Géographie dé- pend des obfervations Aftronomiques. Les P.P. Jefuites en ont faitun grand nombre dans les differens climats où ils font répandus pour la propagation de la Foi, & où fou- vent les Mathématiques donnent une entrée plus facile ‘au Chriftianifme. Le P. Gouye ayant ramaflé ces obferva- tions en a fait tous les calculs, & en a tiré les pofitions de plufieurs Villes. Il a choifiles opérations les moins dou- teufes , il a eu égard à l'erreur qu'il a pà foupçonnet dans LE Re 7 LE -+ MÉS Y7 DES SCLEN CES 83 {es inftrumens , il a pris des nombres moïens entre les plus grandes differences , qui refultent de differentes obferva- tions faites à même fin, On ne donnera ici ni lesobfervations des P.P. Jefuites, ni les calculs du P. Gouye , mais feulement les refultats. Les longitudes ont été prifes fur des Immerfions ou Emerfons des fatellites de Jupiter, que le P. Gouye a ré- duites au Meridien de Paris, par les Tables de Monfieur Cafini, & pat les obfervations les plus proches qu'il a trou- vé avoir été faites à l'Obfervatoire. P'OSITFIONS DE QUELQUES VILLES DE LA CHINE. Pekim. É Latitude fept. à la Maifon des Jefuites. 39% $4. Longitude. 130. 40:50 Il faut remarquer que l’on fuppofe ici, & que l’on fup- pofera toûjours dans la fuite , que la longitude de Paris eft de 220 3. Ning-po o# Liampo. dans la Province de Chekiam. Latitude fept. 299. 56. Longitude. 141. 18. Le Cap de Ning-po eft environ de cinq lieuës plus Oriental que Ning-po, ce qui donne à peu prés 15° de de- gré en longitude. . Le Cap Vert eft plus Occidental que Paris de 190. 30°. Ce qui donne la difference en longitude entre le Cap Vert & Ning-po de 1389. 33° Cependant le P. Coronelli dans fon grand Globe la met de 1639. 37 Kiam Cheu. Ville du premier ordre dons la Province de Xanfi. Latitude fept, 35% 37. Longitude. 131. 39. IS. Nan Kim. Latitude fept. 320, 4: L ij M - 84 H1STOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Longitude. 139°. Xamhay. Ville du troifieme ordre fur la Core Orientale de La Chine , für une grande Riviere nommée Hoampow à quatre petites lieuës de la Mer. Latitude fept. 3h11 68 Les obfervations d’où l’on a tiré cette latitude ne font pas entierement füres. Il peut y avoir deux minutes de difference. Longitude. 141. 41. 454 Si-nohan-fu. Capitale de la Province de Xenfi. Latitude fept. 34 16. 45. Longitude. 1209. :64-4$: Nam-cham fu. Capitale de la Province de Kiamyji. Latitude. 28°. 40. Kam-cheu-fu de Kiamfi. Latitude. 28. 49. 54. Nan-ghan-fu de Kiamji. Latitude. 26 027 a Xoachew. Latitude. 24. 44 10. Elle eft douteufe. Canton. Latitude. 26::.7i 40 Longitude. 19358325. Quoique la latitude foit differente de toutes celles qu'on a euës jufqu’à prefent de cette Ville, on peut s’y fier davan- tage, parce qu’elle eft tirée d’obfervations plus éxaûtes , & en plus grand nombre. Su-cheu-fu. Dans la Province de Namkim. Latitude. ce 1e CAE (A Longitude. PAONIOETS. Les obfervations , d’où le P. Gouye a conclu ces lati- tudes & longitudes , qui ferviront à redifier la Carte de la - RS AU, PA ne A, Pos ba Ts Mn #5 SCIENCES. 8$ Chine, font dûës aux P. P. de Fontenay, le Comte , Bouvet, Gerbillon, & Visdelou. L'Académie reçut aufli au mois de Juin une lettre du P. de Fontenay dattée du 8. Novembre 1697. à Tchaotcheou, Ville du premier ordre de la Province de Canton. Il ren- doit compte à la Compagnie d’une obfervation qu’il avoit faite de Mercure dans le Soleil à Tchaotcheou le 3. No- vembre 1697. Quoiqu'il ne la crût pas lui-même entiere- ment exacte , le P. Gouye en fit les calculs , pour la com- parer à l’obfervation de Paris. Il trouva par cette compa- raifon que la fortie totale de Mercure hors du Difque du Soleil , qui fut vûëé à Tchaotcheou à 3°. 48° 44° après midi, fut vûë à Paris à 8». r0 24. du matin , que par confé- quent la difference des Meridiens de Tchaotcheou & de Paris eft de 7". 38 20 , qui évaluées en degrés, & ajoûtées à la longitude de Paris , donnent la longitude de Tchaotcheou de 137. $ 30: D'un autre côté le P. de Fontenay juge par eftime que Tchaotcheou eft plus Oriental que Canton de 3° 30° D'où refulteroit la longitude de Canton de 133. 35. 30. ” Onl'atronvée parles Satellites de TS US ETS Ce qui eft une aflés grande conformité pour de fi grandes diftances, & dans des opérations fi délicates. DOS LEE O"UNES DE QUELQUES VILLESDE TURQUIEET D'ARMENIE Smyrne, Latitude. 38. 12, 30. Coronelli la met de 3975. Trebifonde. _ Latitude. AT. 3: 54% Riccioli la met de 43. Tr, Longitude. 65. O.4$. Coronelli la met de 71. 30: Erxeron, . Latitude. 39: 56.35 L ii; + Voyez les Memoires p.75. 139. 86 Histoire DE L'AcADEMIE ROYALE Longitude. ee 45.451 Erwan. a Latitude. 40. 19.33. C'eft des obfervations du P. de Beze, que le P. Gouye a tiré ces conclufions. M. des Hayes, qui avoit déja fait des voïages de long cours, & un grand nombre d'obfervations , pour perfec- tionner la Géographie , aïant été envoïé par le Roi en Canada dans le même deffein, en a rapporté une Carte Marine de fa façon , qui comprend le cours de la Riviere de S. Laurent , depuis fon embouchure jufqu’au Lac On- tario. Il demanda au Roi un Privilege pour la publication de cette Carte, & Sa Majefté fit l'honneur à l'Académie de la lui renvoyer à examiner. L'Académie l’a jugée fort éxatte , & d’une grande utilité pour la Navigation de la Riviere de S. Laurent, SUR LA MULTIPLICATION DES IMAGES PAR LES VERRES PLANS. Out le monde a remarqué que quand on eft proche d'un Miroir , & qu'on y regarde par une ligne aflés oblique à fa furface l’image d’une bougie, qui en eft pro- che auffi, on la voit multipliée plufeurs fois , & que ces diverfes images qui font quelquefois au nombre de 4 ou s. vont toüjouts s’affoibliffant depuis la premiere & la prin- cipale, S'il n’y en avoit que deux, la chofe feroit fans difficul- té. On comprend d’abord qu’il doit fe faire deux images, De RE DES SCIENCES | 87 parce qu'il fe fait deux réflexions differentes , l’une fur la premiere furface du Miroir, & l’autre fur l’étain appliqué derriere la glace. Car de tous les rayons qui vont frapper la premiere furface du Miroir, il n’y en a que la plus pe- tite partie qui s'y réflechifle , les autres en fe rompant pénetrent dans lépaifleur de la glace, vont rencontrer l’'é- tain qui la termine , s'y réfléchitent , & fortent du verre par une feconde réfraction. Comme ces derniers rayons font en plus grand nombre, l'image qu'ils forment eft la plus vive. s Mais felon cette explication , on ne peut trouver que deux images , & cependant il en paroît plufeurs. I en va de même de cet autre Phénomene. Que l'on voye dans l’obfcurité un objet lumineux,commeune bougie, au travers d'un verre plan & bien poli, on le verra multiplié plufieurs fois, & les images diminuant de vivacité par de- grés, & feparées par des intervales égaux , le tout d'autant mieux & plus diftinétement , que la ligne menée de l’objet à l'œil fera plus oblique für le verre. Pour donner l'explication de ce dernier Phénomene ; auquel le premier fe réduit aifément , Monfieur de la Hire ne fe fert que des principes les plus fimples de l’Optique. Un point lumineux eft le fommet d'un cone derayons ; dont la bafe eft la prunelle, & fes rayons réünis par les réfrac- tions de l’œil, vont frapper la retine en un feul point, & ÿ tracent une image unique du point lumineux. Cette image ne peut jamais être double, à moins que par quelque caufe que ce foit un fecond cone de rayons pat- tis du même point lumineux ne traverfe fur la prunelle le premier cone , & ne réünifle fes rayons fur un autre point de la retine. Alors il eft vifible que les axes des deux cones fe coupent, & pour abreger le difcours , nous ne parlerons dans la fuite que de ces axes | & nous n’entendrons qu'eux en parlant des differens rayons. Deux rayons partis du même point lumineux , vont juf- qu'à l'œil en s’écartant toüjours l’un de l’autre, ce qu'on appelle être divergens ; mais comme la prunelle qui eft la 88 HiTOÏRE DE L'ACADEMIE RovaALr bafe du cone lumineux eft fort petite , ils ne fcauroient faire qu'un angle fort aigu, dès que l’objet eft feulement éloigné de trois pieds , & cet angle eft fi aigu , qu’on peut le conter pour rien & prendre les deux rayons pour paral- leles. Ainf tous les raïons qui vont d'un même point à Ja prunelle , y arrivent ou paralleles , ou divergens , & par conféquent afin qu'ils puiflent s’y couper, ce qui eftabfo- lument neceflaire pour former plufieurs images d’un même objet, il faut que quelque caufe étrarigere , quelque corps \diaphane interpofé, les ait difpofés à s'approcher, & rendus CONVEr gens, Un raïon qui a traverfé la premiere furface d’un verre plan , peut fe réflechir fur la feconde , & revenir vers la premiere, Là il peut encore fe réflechir, & revenir fur la feconde, & joüer ainfi dans l’épaifleur du verre par autant de réflexions differentes qu’on en voudra fuppofer; mais il faut remarquer qu’à chaque réflexion il s’affoiblit toû- jours. Un verre dont les deux furfaces feront parfaitement pa- ralleles, ne changera rien au parallelifme de deux raïons partis du même point qui l’auront traverfé, quelque nombre de réflexions que ces raïons euflent fouffertes au dedans du verre entre la réfraction de l'entrée, & celle de la fortie. IL faut donc, afin que ce verre-là puifle multiplier l’objet, qu'il reçoive du même point deux raïons non paralleles , & alors il pourra arriver que l'un après qüelques tours & retours dans l'épaifleur du verre, en étant forti, rencontrera & coupera l'autre fur la prunelle. Il eft clair dans ce cas, que l’objet pour envoïer du même point deux raïons non paralleles doit être très-peu éloigné. Mais fi les deux furfaces de verre ne font pas éxacte- ment paralleles dans le fens où les raïons qui viennent l'œil les traverfent , elles détruiront le parallelifime des raïons qui les auront rencontrées fous cette direétion, c'ett-à-dire , qui feront partis d'un objet un peu éloigné. Alors un raïon qui aura trayer{é le verre fans s'y réflechir, fera DES SCtEeNcEs 89 fera coupé fur la prunelle par un autre raïon du même point qui fe fera reflechi deux fois dans le verre, ou par un autre qui s’y fera reflechi quatre fois, &c. Autant de raïons differens du même point, qui par ce moyen fe ren- contrent fur la prunelle , autant d'images de ce point ; & Fon conçoit ‘fans peine que ces images doivent toüjours diminuer de vivacité, puifque la premiere étant formée par un raïon qui n’a efluyé nulle reflexion , les autres le font par des raïons qui en ont toûjours efluyé de plus en plus. C’eft cela même qui fait que pour cette multiplication l'objet doit être lumineux, & dans l’obfcurité ; autrement les fecondes images feroient trop peu vives, ou effacées par les objets d’alentour. Plus la pofition du verre eft oblique par rapport à la ligne qui va de l'œil à l’objet , ou aux images , plus ces images font éloignées les unes desautres, & bien démé- lées. Par confequent une pofition moins oblique les ap- proche , & enfin les confond : mais on ne pourroit fans Géometrie en faire entendre la caufe , ni entrer dans quel- ques autres détails de ce Phenomene. Il refulte delà que puifque des glaces dont l’épaiffeur paroît fort égale, ne laiffent pas de multiplier les objets, leurs furfaces ne font pas bien éxaétement paralleles, mais ondées & pleines de rides. Un deffaut de parallelifme qui ne nous eft pas fenfible, l’eft, pour ainfi dire, aux raions du lumiere. M. de la Hire arrive pat cette fpéculation à une manie* re fûüre de reconnoître la moindre inégalité dans l’épaif- . feur d’un verre , & de déterminer en quel fens , & de quel côté elle y ef ; & comme la difficulté de.bien centrer les verres des Lunettes d'approche ne confifte qu’à trouver leur plus grande épaiffeur pour la placer précifément au centre de la figure, quand ils font travaillés ; il tire des principes qu'il a établis, une méthode facile pour cette opération. C’eft ainfi que ce qui ne paroït d’abord qu'une fimple Théorie, étant fuivi jufqu’au bout , conduit fouvent à des Pratiques utiles. “1699. M 90 HisToitre DE L'AcADEMIF ROYALE aan rendant nant DIOPTRIQUE. EFFETS DES VERRES BRULANS DE TROIS OU QUATRE PIEDS DE DIAMETRE. Onfieur Tfchirnhaus a taillé des verres brü- lans , dont les effets font au- deffus de tout ce qu’on a en- core vü. Voici ce quil nous en a communiqué. 1. Il faut placer le verre 4, b, en forte qu'il reçoive les raïons du Soleil à plomb , ce que l’on connoîtra , lorfque le foyer ou l'image du Soleil E. paroîtra parfaitement ron- de fur la planche, c, d, qui doit être parallele au verre, & b, & fi cette figure étoit ova- le, il faudroit incliner & tour- ner le verre jufqu’à ce qu’elle füt arrivée à cette parfaite ron- deur , & alors le bois s’enfla- mera dans un moment , le plomb fe fondra, les ardoifes fe vitri- fieront , &c. & cela dans une diftance de douze pieds , le foyer étant du diametre d’un pouce & demi. 2. Pour rendre ce foyer plus vif, il faut lé retrecir par le moyen d’une feconde lentille qui doit être placée en f: g» parallele au premier verre 4, b, & alors Le foyer qui D'Ets 18 COTE N € K:5) fi DE étoit en E. fera en H. & au lieu qu'il avoit un pouce & de- mi de diametre , il d’aura qu’un diametre de huit lignes, mais fa force fera debeaucoup augmentée , en forte que les matieres qui n’étoient point du tout fufibles en E. fe fon- dront en un moment en Æ. 3. Ce verre doit être monté fur un pied femblable à ce: fui qui porte lé grand Miroir ardent de lObfervatoire, afin qu'on le puiffe tourner de tous fens ; & le placer en telle fituation qu’il conviendra , pour recevoir toûjours à plomb fur le verre les raïons du Soleil. Ces raïons font plus forts depuis neuf heures du matin jufqu'à trois heures du foi, foit en Hyver, foit en Eté. On doit obferver aufli qu’il faut expofer moins de matiere en Hyver qu’en Eté, & que les effets font un peu pluslents en Hyver. Ces effets font 1. Toute forte de bois quelque dur ou verd qu'il foit , même moüillé dans de l'eau , s'enflammera dans un mo- ment. 2. L'eau dans un petit vaiffeau boüillira dans le moment. 3. Les morceaux de métal étant d’une groffeur propor- tionnée fe fondront , non pas dans le moment , mais immé- diatement après que le morceau de métal entier aura at- teint un certain degré de chaleur. Par exemple , un mor-- ceau de plomb , s’ileft trop gros; ne fe fondra point du tout, mais étant d'une groffeur proporticnnée, il le faut tenir un peu de temps dans le foyer, & lorfqu’il commencera à fe fondre dans un endroit, tout le refte continuera de fe fondre. Le fer doit être en plaques très-minces, & alors ilrougira dans le moment , & enfuiteil fe fondra aufi. 4. Les Thuiles, Ardoifes, pierres de Ponce , la Fayance, du Talc, &c. ‘de quelque groffeur qu'ils foient, rougifflent dans le moment & fe vitrifient. s- Le fouffre , la poix , & toutes les refines fe fondent fous l'eau. 6. Lorfqu’on y expofe fous l'eau en Eté du bois rrès-ten- dre, comme du Pin, il ne paroît pas changer au dehors, mais lorfqu’on le fend en deux, il fe trouve au dedans brûlé en charbon. M ij 92 HisToirs DE L'AcCADEMIE ROYALR 7. Sil'on fait un creux dans un charbon-de bois dur, & f l’on met dans ce creux les matieres que l’on veut-expofer aw Soleil, l'effet en fera infiniment plus violent. 8. Quelque métal que ce foit, mis dans le creux d’un charbon, fe fond dans le moment , & le fer y jette des étin- celles comme dans la forge, & fi l’on tient les métaux de cette maniere en fonte pendant quelque temps, ils s'envo- lent tous, ce qui arrive particulierement. & très-prompte- ment au plomb & à l’étain. 9. Les cendres du bois, des herbes , du papier, de la toile , &c. deviennent du-verre tranfparent dans le moment. 10. Si quelques matieres ne vouloient pas fe fondre étant en morceaux, il faudroit les expofer en poudre , & fi mème. en poudre elles ne fe fondoient pas , il faudroit leur ajoûter quelque fel, & tout fe fondra. 11. Les matieres qui font le plütôt alterées par ce feu font les matieres noires, qui dans la fonte reftent noires > plus difficiles font celles qui font blanches , & qui en fon- dant deviennent noires ; plus difficiles encore celles qui font noires, & qui blanchiffent dans la fonte ; &toutesles plus difficiles font les matieres blanches qui reftent blan- ches dans la fonte, comme font les cailloux , la craye d’An- gleterre, la chaux, &c. 12. Tous les métaux fe vitrifient fur une plaque de porce- laine, pourvû qu’elle foit affez épaiffe pour ne pas fe fondre: ellemême, & qu’on lui donne le feu par degrez afin qu’elle ne pette pas. L'or reçoit daris fa vitrification une belle couleur de pour- re. à 13. Si l'on met dans un grand ballon , 4, b, c, des ma- tieres en c. qui fondent facilement comme font les herbes, du fouffre, de l’antimoine, du Zink, du Bifmuth, &c. en ap- pliquant un feul verre brülant on pourra obferver des effets très-curieux dans le ballon, mais il faut prendre garde que l'endroit du ballon 4, b, qui donne pañflage aux rayons du Soleil ; ne foit pas fi près du foyer c, que fa chaleur fañle caf- fer le ballon. Li à EE DES SCIENCES. 93 .…. 14 Le falpêtre en une dofe convenable fe volatilife entie- rement & s’en va en fumée; en forte que par cette maniere Fon pourroit faire de l'efprit de nitre promptement dans un gros ballon. 15. Pour y fondre à la fois le plus de matiere qu'il fe pourra, il faut en mettre d’abord peu, & lorfque ce peu fera fondu y enajoùrer encore un peu , & ainfi de fuite. On pourra tenir en fonte par cette maniere quatre onces d’ar- gent à la fois. 16. Une matiere folide qui fe met aifément en fonte pourra fervir de fondant à une autre qui fe fond dificile- ment , fi on les expofe enfemble au foyer , quand même il n’y en auroit que très-peu de celle qui eft facilement fufible. - 7, Il eft remarquable auffi:que deux matieres, chacune difficile à fondre feparément, lorfquw'’elles font expofées en- fembleen une certaine dofe, fe fondent très-facilement,com- . me les cailloux & la craye d'Angleterre. 18. Un peu de cuivre rouge fondu par cette maniere, ‘étant jetté promptement dans de l’eau froide , produit un coup fi violent dans cette eau, que les plus fortes terrines fe caffent , & le cuivre s’envole divifé en fi perites parties qu'on n'en trouve pas le moindre grain , ce qui n’arrive à aucun au- tre métal. . 19. Les-métaux s’évaporant dans fa fonte, les uns plitôt que les autres, ils pourront par là fe purifier les uns lesautres, par exemple, l’argents'y peut purifier par le plomb auffi-bien que par la coupelle ordinaire. 20. On y pourra faire aufli.toutes fortes de verres ca- lorez. 21. Tous les corps, excepté les métaux , perdent leurs couleurs dans ce feu, & même les pierres précieufes en font promptement dépotillées; en forte qu'un rubis Oriental y perd en un moment toute la fienne. 22. Certains corps fe vitrifient promptement, & devien- nent aufli tranfparens que du criftal, & en refroidiffant ils de- viennent blanc de lait, & perdent toute leur tranfparence. M iij 94 HiSsTotRE DE, L'AcADEMIs ROYALE 23. Au contraire il y a d’autres corps qui font opaques dans la fonte, & qui deviennent d'un beau tranfparent en fe refroidi ffant. 24. Certaines matieres font fort tranfparentes dans la fon- te , & reftent de mêmeen refroidiffant; maïs quelques j jours après elles deviennent opaques. 25. Certaines matieres que le feu change en un verre qui; eft d’abord tranfparent , & qui enfuite devient opaque étant fonduës avec d’autres matieres qui font toûjours opaques, produiront un beau verre qui reftera toûjours tranfparent. 26. Les corps qui fe changent en verte tranfparent de: viennent plus beau verre tranfparent , fion les laiffe un peu long-temps dans le foyer. 27. Certaines matieres deviennent un verre fi dur, qu’é- tant taillé à facettes, il coupe du verre ordinaire. 28. Lorfqw on fond du plomb & de l’étain enfemble fur une plaque épaille de cuivre , il en fort beaucoup plus de fumée , que sil n’y en avoit qu'un feul des deux, &ilsne s'en vont pas entierement en fumée; ilen refte toûjoursune fcorie vitrifiée. 29. L'on peut concentrer par ces verres les raïons de la Lune, mais ils ne donneront aucune chaleur fenfible , quoi- qu’ils faffent une grande clarté. 30. L’on peut faire aufli avec ces verres des repréfenta- tions curieufes d'Optique, & mieux qu'avec les Miroirs con- caves, & l’onen pourra faire des Lunettes & des Microfco- pes incomparablement meilleurs que tout ce qu'on a vû juf- qu’icien ce genre, MS : em Ro tbtsne sens ssene es Frs RE TO MDVENSLESNC. ÎLE NC (OS: 10 05 1222228 tn MECHANIQUE POUR LA CONSTRUCTION : DES VAISSEAUX. N corps: qui fe meut dans un liquide immobile, V7 eft obligé d'en écarter les parties , & elles refiftent à leur féparation! Si l'on n'a point d’égard à une certaine vifcofité qui les lie , & qui eft differente en differens liqui- des ; toute la force de cette refiftance dépend de celle du choc , parce qu'un corps frapé frape en même - temps. C’eft donc au choc perpendiculaire, le plus fort de tous, queiles liquides refiftent le plus, & il faut que le corps qui Sy. meut foit de figure à s’y prefenter le plus obliquement qu'il fera poffible. S’il étoit triangulaire , & qu'il avançit par fa pointe, il eft vrai que toutes fes parties fraperoient le fluide obliquement, mais elles le fraperoient toutes avec la même obliquité , & äl feroit plus avantageux que cha- cune le frapât avec plus d’obliquité que fa voifine. Il eft certain que cette augmentation perpetuelle d'obliquité ne fe peut trouver que dans une ligne Courbe , dont cha- que point eft confideré comme une ligne droite infiniment petite, toûjours inclinée aux autres petites droites voifines. Mais quelle eft la Courbe, telle que le changement per- petuel d’obliquité ou d’inclinaifon qui fe feroit dans toutes ‘fes parties, la rendroit plus propre que toute autre à divi- fer aifément un liquide? Voilà un de ces Problèmes dont il n'y a que les plus grands Géometres qui fentent bien la difficulté, & où il paroît que la feule Géometrie nouvelle peut atteindre, Voyez Les Memoires : 107. Voyez les Memoires CETEE 96 HisTOIRE Dr L'ACADEMIEROYALS encore faut-il qu'elle foit maniée auec une adrefle infinie: M. le Marquis de l'Hôpital en a donné la folution. Mon- fieur Newton l’avoit trouvée avant lui, & quoiqu'il n’en ait pas publié l’analyfe, il en a laiflé voir, pour ainf dire, un échantillon , par une proprieté de fa courbe qu'il a dé- clarée , & que M. le Marquis de l'Hôpital a rencontrée d’abord dans la fienne , qui par confequent doit être la même. M. Fatio a aufñi refoiu ce Problème, mais par uñ circuit fort long, & fort difficile; c’a a été à M. Fatio ua grand effort d’efprit d’avoir pu fuivre ce chemin jufqu’au bout, & à M. le Marquis de l'Hôpital d’en avoir püû trou- ver un plus court & plus aifé, Il pofe d’abord deux lignes droites infiniment petites ; & differemment inclinées , qui deviendront dans la fuite deux points de la Courbe qu'il cherche. Il découvre par les principes de Méchanique quel doit être l'effort du li- quide fur ces deux lignes, par rapport à leur differente inclinaifon. 11 exprime cet eflort en termes algébriques , & l'exprime encore par algebre , fuppofé qu’il foit le plus petit qu'il puifle jamais être. Delà refulte une équation où font renfermées les conditions eflentielles à la Courbe , & il ne faut plus que développer, ou fuivre cette premiere équation pour arriver à tout ce qu'on s'étoit propofé. Il eft certain que toutes chofes étant d’ailleurs égales, un Vaifleau ne fera jamais meilleur voilier , que quand il aura par fa figure la plus grande facilité qu'il puiffe avoir à fendre l’eau, & cette figure précife n’auroit jamais été dé- couverte fans une Géometrie fubrile & élevée , qui cepen- dant paroît inutile à caufe de fon élevation & de fa fubtilité. EXAMEN DE LA FORCE DE L'HOMME POUR PORTER OU POUR TIRER. A force de l'Homme, & de tout autre animal qu’on employeroit à mouvoir des fardeaux , dépend des mufcles qui joüent dans l’action qu'il fait, & de la pofition où eft fon corps. Ce PR EN DES SCIENCES ©7 Ce n'eft que par l'expérience qu'on peut feconnoîitre la force des differens mufcles. Ainfi parce qu'un homme étant à genoux peut fe relever en s’appuïant feulement fur la pointe des pieds , & qu'alors les feuls mufcles des jambes & des cuifles élevent tout fon corps , dont on peut fuppofer que le poids eft de 140. liv. M. de la Hire conclut que ces mufcles ont la force de 140. liv. Le même Homme ayant les jarets un peu ployés peut fe redreffer , quoique chargé d’un fardeau de 150. liv. Alors les mufcles E jambes & des cuifles élevent tout enfemble le poids du corps qui eft de 140. liv. & le fardeau de 150.1. c’eft-à-dire 290. liv. mais l'élevation n’eft que de deux ou trois pouces. M. de la Hire éxamine de même quelle eft la force des mufcles des lombes , & celle des mufcles des bras & des - épaules, en les confiderant dans des aétions fort fimples, & il trouve que la force des premiers eft de 170. Liv. & celle des feconds de 160. liv. La force abfoluë des differens mufcles dans ces fortes de mouvemens étant établie , il refte à en voir l'application dans les attions où la Méchanique j jouë , c'eft-à-dire , où il fe forme un levier, & où les forces augmentent où dimi- nuent, parcequ’elles ont plus ou moins de vitefle par rap- . port à celle du poids qu’elles élevent. Par éxemple , dans l’aétion du marcher, le poids qu'il faut élever eft le centre de gravité de tout le COPS » & fi l'Homme eft chargé, c’eft le centre de gravité du corps & du fardeau joints enfemble ; la force mouvante eft la jam- be de derriere. Elle pouffe en avant ce centre de gravité, & luy fait décrire un arc de cercle, qui a pour centre le pié de devant, alors immobile, Elle décrit elle-même un arc de cercle de même étenduë. Cet arc eft confiderablement grand par rapport au peu de hauteur qu’il a, c'eft-à-dire, à la ligne perpendiculaire comprife entre l'arc & fa corde. Ainf la force mouvante où la jambe de derriere a un aflés grand mouvement , & une aflés grande vitefle par rapport au peu dont le poids eft élevé , & elle tire de là un avanta- 1699. | 98 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE ge qu’on peut appeller méchanique, & qui naît de la dif- pofition des parties de la machine. _ Les mufcles des jambes & des cuifles, qui agiffent dans le marcher ayant la force d'élever 290. liv. mais feulement à la hauteur de deux ou trois pouces, il s’enfuit qu'un Hom- me qui pefe 140. liv. peut marcher chargé de 150. liv.pour- vû qu'il ne fafle pas de grandes ajambées , c’eft-à-dire, qu'il ne s’éleve pas de plus de deux ou trois pouces. S'il s’é- lève davantage, alors cette hauteur eft trop grande par rap- port à l’arc que le poids décrit , & la force mouvante perd l'avantage méchanique qu’elle avoit à l'égard du poids. De là vient qu'un Homme qui portera 150. liv. ne pourra monter un Efcalier dont les marches feront de cinq pouces de haut, comme elles font ordinairement. Par de femblables raifonnemens , mais plus Géometri- ques, & qui entrent dans une Méchanique plus fine, M. de la Hire conclut que toute la force d'un Homme qui tire avec une direction horifontale en marchant , & le corps penché en devant , fe reduit à 27. liv. ce qui eft fort au-def- fous de ce qu’on auroit pû s’imaginer; que cette force fe- xoit plus grande , fi l'Homme marchoit à reculons ; que c'eft pour cette raifon que les Rameurs tirent de devant en arriere, & que fi les Gondoliers de Venife pouflent au con- traire en devant, c’eft qu'ils aiment mieux perdre l’avanta- ge de la force pour voir le lieu où ils vont dans les frequens détours des canaux, & pour éviter de fe rencontrer. On fçait par expérience commune qu'un Cheval tire horifontalement autant que fept hommes, & par confe- quent fa force fera de 180. livres, & comme cet effet dépend en partie de fa pefanteur , il tirera un peu plus étant chargé. Par la force des mufcles, & par la difpofition generale de tout le corps, le Cheval a un grand avantage fur l’'Hom- me pour poufler en avant, mais auffi l'Homme en a beau- coup fur le Cheval pour monter. M. de la Hire dit que trois hommes chargés chacun de r00. liv. monteront plus vite & plus facilement une montagne un peu roide, qu'un Cheval chargé de 300. Liv. DES SCIENCES. un” SURAL ENS CL EPSIDRES. Our faire une Horloge d’eau , ou Clepfidre, d’où l’eau | Voyez les s'écoulera, par exemple, en 12 heures ; il faut fçavoir à», LE quel endroit du Vafe l'eau arrivera à la fin de chaque‘heure par l’abaifflement continuel de fa furfaces moyennant quoi on fçait graduer la Clepfidre. L'eau qui fort du Vafe a une vitefle inégale, qui depuis le commencement de l’écoulement jufqu’à la fin diminué roû- jours , & l’on fuppofe ordinairement , après Galilée , qu’elle diminuë felon la proportion que le même Galilée a établie pour l'augmentation de la vitefle des corps qui tombent. Ainfi pour graduer une Clepfidre de 12. heures, fuppofé qu’elle foit par tout d’égale largeur, il n’y a qu’à divifer fa hauteur en 144. parties égales , en prendre 23. pour la pre- miere heure de l'écoulement, 21. pour la fecoñde, 19. pour Ja troifiéme , & enfin une pour la douziéme, toüjours felon la fuite naturelle des nombres impairs. Mais fila Clepfidre n’eft pas cilindrique, fi elle eft plus large par le haut que par le bas, il eft vifible qu’il faudra une autre graduation. Car quoique la vitefle de l’eau à fa fortie foit lamême , l’eau étant en plus grande quantité au haut du Vafe, cette furface fuperieure s'abaiffera moins qu'elle n’eût fait en un temps égal dans un Vafe cilindri- que de la même hauteur, & de la même capacité, & la furface de l'eau s’abaiflera davantage quand elle fera vers le bas du Vafe. Si l'on fuppofoit pour l'inégalité de la viteffe de l’écoule- ment une autre proportion que celle de Galilée, tout feroit encore changé. : Ainfi pour graduer la Clepfidre, ou , ce qui eft a même chofe, pour trouver les points où la furface de l’eau arrivera par fa defcente continuelle en certains temps, il faut connoi- tre la figure du Vafe , & déterminer une proportion pour la vitefle de l’eau. N ij 100 HisTOIRE DE L'ACADEM:E ROYALE M. Varignon rend ce Problème infiniment general, ent donnant une formule Géometrique , telle que quand la figu- re du Vafe , & la vitefle de l'eau auront été déterminées à difcretion, on en verra naître neceflairement la graduation de la Clepfidre. Reciproquement , que l’on fçache comment la Clepfdre eft graduée, & quelle eft la vitefle de l’eau, la même formule donnéra la figure du Vafe. Elle donnera auf la viteffe de l'eau, quand on fcaura ha figure du Vafe , & la graduation de la Clepfidre. { L'art de ces fortes de formules confifte à prendre la chofe dans fes premieres fources, dans ce qui fait fon eflence, & fubfifte coûjours, quelles que foient les differences qui puif- fent y furvenir d’ailleurs. La queftion une fois élevée à fes termes les pius univerfels, il n’y a plus qu’à l’abaiffer aux cas particuliers. On trouve une égalité algebrique qui ne con- tient rien de determiné qu’un certain rapport fixe & invaria- ble ; tout le refte qui dépend de la diverfité infinie des dif- ferentes applications , n’y eft exprimé que d'une maniére in- determinée, à laquelle on peut fubftituer telle expreflion particuliere & déterminée que l'on voudra. Souvent les Problèmes qui ont fait aflés de peine à de grands Géometres deviennent de petits corollaires très-faci- les de ces formules generales. Paréxemple, dans la matiere des Clepfdres , fil’on demande la figure d'un Vafe, où fup- pofé la proportion de Galilée pour la viteffe de l'écoulement, la farface de l'eau defcende également en des temps égaux, la formule de Monfieur Varignon donne tout d’un coup cette figure, qu'il femble que Toricelli n’a pù trouver , & que Monfieur Mariotte n’a trouvée que par une méthode limitée à ce cas particulier. int + oi de. Dé) DES SCIENCES Jo1 MOYEN DE SE SERVIR DU FEU POUR FAIRE MOUVOIR LES MACHINES. Es anciens ne faifoient ou n’auroient püû faire qu’à for- ce de bras ce que nous faifons aujourd’hui avec une exrrème facilité par differentes fortes de Moulins, &ils ne fçavoient point comme nous faire travailler l'Eau ou l'Air en la place des Hommes & des Chevaux. Il nous refte encore un Element à fubjuguer , c’eft le Feu , femblable en quelque forte à ces Indiens que les Efpagnols n’ont pû encore redui- re à travailler à leurs Mines. Monfieur Amontons ne defefpere pas que l’on n’en tire à l'avenir autant de fervice que de l'Air, ou de l'Eau. Il a ima- giné pour cela une efpece de Moulin , dont nous tâcherons de donner quelque idée. La chaleur agit très- puifämment & très-promptement fur l'Air. S’il a une entiere liberté de s'étendre, elle ne fait que le rarefier & augmenter fon volume. S’il ne peut du tout s'étendre, elle ne fait qu'angmenter la force de fon reflort. S'il peut s'étendre, mais feulement jufqu'à un cer- tain point ; la force de fon reflort en eft d’autant moins aug- mentée. Le froid au contraire orties PAir, & en diminuë le refort. Voyez les Memoires P.15E. L’Air dont le reflort eft augmenté par la chaleur, peut ; foûtenir ou élever un plus grand poids que celuide 28. pou- ces de mercure, ou de 32 pieds d'eau qu'il porte ordinai- rement. Sur ces principes, voici en gros quelle eft la machine que: Monfieur Amontons conftruit. Une roué dont l'axe eft'horifontal a deux rangées de cellu- les concentriques en nombre égal. Lescellules de la rangée exterieure, qui font de beaucoup les plus grandes , ne font pleines que d'air, celles de la rangée interieure, qui font d'un côté & fur la moitié inferieure de la roué un quart de cercle, font pleines d’eau. Comme il y a plus de poids de N iij ro? HisToire DE L’ÂtADEeMIE ROYALE ce côté là que de l’autre, la rouë tourneroit jufqu'à ce que l'eau fût diftribuée également des deux côtés du diametre vertical; & pour faire que la rouë tourne toûjours, il faut faire en forte que l’eau qui veut tomber toûjours foûtenuë par quelque force & repouflée en haut , occupe toûjours fon même quart de cercle, car le poids plus grand de ce côté là donnera toûjours le branle à larouë. Or c'eft ce qui s’execute ainfi. Les cellules exterieures paflent toutes, chacune à leur tour , fur un feu difpofé à un des côtés de la rouë. L'air de la cellule qui y pañle fe rarefie , mais non pas avecune entiere liberté, il va par un tuyau de commu- nication prefler l'eau contenuë dans la cellule correfpon- dante, & par l'augmentation de fon reflort, il la fait re- monter dans une cellule fuperieure, à mefure que les cellu- les elles-mêmes defcendent de ce côté là par le mouve- ment de la rouë. Celle des celluies exterieures qui a pañlé fur le feu pour rarefier l'ait qu’elle contenoit, & en aug- menter le reflort, pafle enfuite dans un refervoir plein d’eau, afin que fon air en fe refroidiflant promptement reprenne fon premier volume, & fe retrouve en état de faire le même effet quand il repañlera fur le feu. Il ne s’agit plus que de fcavoir : 1°, Combien de temps une cellule doit être à paffer fur le feu pour y rarefier fuffifamment l'air qu’elle renferme, ce qui détermine le temps d’une revolution entiere de la rouë, parce que chaque cellule fera le même temps à prendre une chaleur fufñfante. 20, Si l'air de cette cellule échauffée aura le temps de reprendre fon premier volume pendant le refte de la revo- lution dela rouë, & fi l’eau où il paffera hâtera fuffifamment cet effet. 3°. Combien vüû la grandeur des efpaces où l'air pout- ra s'étendre, il fe rarefiera moins qu'il n’auroit pû fe rare- fier, & par conféquent quelle augmentation de reflort lui reftera, & quelle hauteur d’eau il pourra foûtenir &élever par de là les 32. pieds qu’il foûtient naturellement. Com- me il eft à propos que les cellules pleines d'eau tiennent à (a D'ÉSISCTENECES | 107 peu aprés un quart de larouë , ce qui fait une certaine hau- teur perpendiculaire d'eau, c’eft cette hauteur qui déter- mine à peu prés le diametre de la rouë. Monfieur Amontons a reglé toutes ces chofes par diver- fes expériences , dont quelques-unes font nouvelles , & curieufes , & qui toutes l'ont afluré de la poflibilité de fa machine. Il a trouvé, par exemple , que la chaleur de l’eau boüil- lante ne peut augmenter le volume de l’air, ou la force de fon reflort que d’un peu plus que le tiers de ce qu’il en a Or- dinairement fur la furface de Ja terre ; que l’eau qui eft prête à s’évaporer , eft celle qui refroidit & reflerre le plus Pair, &c. Aprés cela, pouf juger de l'effet de cette machine, & de la force refiftante qu’elle pourra vaincre , il faut déter- miner la quantité ou le poids d’eau qu'on mettra dans les cellules, & qui donnera le branle à la rouë , & enfuite avoir égard au temps que la rouë employera neceñaire- ment à faire un tour & à la direétion oblique du poids de Feau par rapport au cercle , moins avantageufe que celle de la force refiftante qui agira perpendiculairement. Tout étant calculé , M. Amontons trouve que fa machine fera au moins l'effet de 39. chevaux , & que comme on doit conter que Chaque cheval entretenu toute l’année pour un travail qui ne va cependant que les jours ouvrables , reviens à 40. fols par chaque jour de travail , le profit de cette ma- chine fera d'autant plus grand, que la dépenfe du bois qu’on y brüûlera en 24. heures , fera au-deflous de 78. liy: Lemé- me feu peut encore fervir à d'autres ouvrages, c’eft une puiffance qui cefle & reprend quand on veut , qui nef point fujette aux temps & aux lieux , &c. to4 Histoire pe L'AcAdemtre Royazr SOU RADIE"S, F' RO TT FE MMENN)S DES MACHINES. Ans le Difcours que fit M. Amontons fur fon Mou- lin à feu, il avança feulement en paflant , que c’étoit une erreur de croire , comme l'on fait communément, que le frottement de deux corps qui fe meuvent en s’appliquant l'un contre l’autre , foit d'autant plus grand , que les {ur- faces qui frottent font plus grandes. :Il dit qu'il avoit recon- nu par expérience que le frottement n’augmente que felon que les corps font plus preflés l'un contre l’autre , & chat- gés d’un plus grands poids. Cette nouveauté caufa quelque étonnement à l’Acadé- mie. M. de la Hire confulta aufli-tôt l'expérience, Ilmit fur une table de bois non polie plufieurs morceaux de bois, qui ne l’étoient pas non plus, dont les grandeurs étoient inégales , & qu'il avoit chargés de forte qu ils pe= foient tous également. Il vit que pour commencer à les faire couler fur cette table par le moyen d’un poids qui leur étoit attaché, & qui pañoit fur une petite poulie, il falloit à tous le même poids malgré l'inégalité des furfaces qui frottoient. L'expérience eut le même fuccés avec des mor- ceaux de marbre dreflés au grés &-non polis, qui glifloient fur une table de marbre, dont la furface étoit pareille. A. ces faits bien averés, M. de la Hire appliqua enfüuite le raifonnement Phifique. La refiftance que deux corps qui frottent enfemble éprou- vent mutuellement l’un de l’autre , vient de ce que les par- ties qui heriffent leur furface , doivent, fi elles font flexi- bles , fe plier & fe coucher, ou, fi elles font dures , fe dé- gager & fe defengrener les unes de dedans les autres. Dans le premier cas , ce font des reflorts qu’il faut cout- ber, & toute la difficulté du mouvement fe reduit-là. Qu'un même poids doive être porté par un feul reflort, ou par deux reflorts égaux chacun au premier , ce fera la même chofe, nt ptits DES SCrEeNceEs. 105$ chofe, cat s’il en a deux à vaincre, illes courbera chacun une fois moins, & s’il n’en a qu’un, il le courbera une fois da- vantage. Ainfi fappofé que dans des parties égales de la fur- face d'un corps il y ait un nombre égal de ces parties flexi- bles à reflort, une autre furface qui coulera deflus, & dont le poids fera toûjours le même , n’éprouvera que la même refiftance , foit qu’elle ait plus ou moins d’étenduë , parce que fi elle à à plier un plus grand nombre de reflorts , auffi les pliera-t-elle moins. Mais fi fon poids étoit plus grand, il faudroit qu'elle les pliât davantage , & par confequent elle trouveroit plus de diMiculté. Dans le fecond cas, où il s'agit de defengrener des pat- ties dures, engagées les unes dans les autres, fi ces par- ties dures le font à tel point qu'elles ne puifent £ brifer ny s'ufer du moins par leurs extremités, il eft clair que pour dégager les deux furfaces , il en faut élever l’une, & que ce qui s’oppofe à cette aétion, ce n’eft que le poids & non la grandeur de la furface. Mais fi ces parties dures peuvent s’ufer par leurs pointes, & fe rompre en coulant les unes fur les autres, alors leur sombre fait la difficulté ; & comme on fuppofe qu'il y en a davantage dans de plus grandes furfaces , les frottemens fuivront la proportion des furfaces. M. de la Hire trouve encore unautre cas, où les frotte- . mens doivent être dans cette même proportion. - On fçait que fi deux plaques de marbre extrêmement polies font appliquées l’une contre l'autre , elles font trés- difficiles à feparer, parce qu’il n'y a point d'air entré deux, qui par fon ation continuelle de reflort tende à foule- ver la plaque fuperieure , contrebalance la colonne d'air qui pefe deflus, & favorife la puiffance qui la veut élever, Alors la plaque chargée d'une colonne d'air, qui n’eft con- trebalancée par aucun autre air , eft d’autant plus char- gée, qu'elle eft plus grande, parce qu’elle fournir une plus ‘grande bafe à la colonne d’air , & que les hauteurs de ces. £olonnes étant égales , leurs mañles & leurs pefanteurs font £omme leurs bafes. 1699, O Voyez les Memoires p.206. 106 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALF £ Dans la plüpart des machines, on met de l’huile ou du faing-doux entre les parties qui doivent frotter enfemble, & ces parties font d’ailleurs preflées les unes contre les au- tres par des poids confiderables. Il arrive de là que tout l'air eft chafté d’entre-deux ; car les particules de l'air font plus groflieres , & ne font pas fufceptibles de fi petites divifions que celles de l’eau ou del’huile, & par conféquent ne s’infi- nuent pas dans des intervalles auffi étroits. Les parties des machines graiflées portent donc tout le poids de l'Atmof- phere, & elles en portent d'autant plus qu’elles ont plus de furface , & leurs frottemens font proportionnés aux furfa- ces , ou à peu près. Comme l’on a toûjours confideré l'effet des frottemens dans les machines, où il eft effe&ivement de grande impor- tance , on a crü, felon la remarque de Monfieur dela Hire, que c’étoit une regle generale que les frottemens fuivoient, la proportion des furfaces, & l’on n’avoit pas encore fait ré- flexion, qu’il y avoit une raifon particuliere pour la plüpart des machines. - M. Amontons qui avoit en quelque forte un droit parti culier fur cette matiere, parce qu’il avoit examinée le pre- mier, & en avoit découvert l'erreur, la traitaavec plus d’é- tenduë, & donna un moyen de calculer aflés exaétement la valeur des frottemens, &le déchet qu'ils caufent à une ma- chine, ce que l’on n’avoit pas eu jufqu’à prefent , même par une eftime grofliere. Il trouva par fes expériences , que dans le bois, le fer, le plomb, le cuivre ; principales matieres qui entrent dans la compofition des machines, la refiftance caufée par les frorte= mens eft à peu près la même , lorfque ces matieres font en- duites de vieux oint,de quelque façon qu’on les varie lesunes avec les autres. Et que cette refftance, tout à fait indépendante de la grandeur des fürfaces , eft à peu près égale au tiers du poids qui les prefle, ou pour parler encore plus éxaétement , au üers de la force dont elles font preflées l’une contre l’autre; RUE. DES SCIENCES. L 107 - Les expériences de Phifique font quelquefois fort équi. Voques , à moins que d'y regarder de bien près, & il eft ai- 1é de prendre pour caufe d’un effet, ce qui ne l’eft pas. Si plu- #ieurs Plans, par exemple , des feüilles de papier; font en- - gagés les uns dans les autres, de forte qu'alternativement , & de deux en deux . les uns foient immobiles , & les autres puiflent être tirés tout à la fois, de plus fi le tout eft chargé d'un fort petit poids pris à la volonté, & que l'on vienne à tirer les plans qui peuvent être tirés, on éprouve une gran- de refiffance, qui n’eft nullement proportionnée à la pref- fion de cepoids , mais à la quantité des furfaces qui frottent les unes contre les autres. M. Amontons s'objeéte à lui-même cette expérience qui paroit fi décifive contre lui, & y répond de maniere qw'el- le devient une nouvelle preuve de fon opinion. S'il n’y avoit que deux feüilles de papier chargées de ce petit poids, il le faudroit élever à une certaine hauteur , pour tirer une feüille, l’autre demeurant immobile. Si on ajoûte deux feüilles, & que des quatre on en tire deux, il fe fera trois frottemens , & le poids étant toûjours foulevé d’une cer- taine hauteur égale pour chaque frottement, il fera foulevé trois fois plus haut avec les quatre feüilles , & il le feroit 99. fois plus haut avec 100. Or il eftauffi difficile d’élever un poids d’une livre à 100. piés , qu’un poids de 100. liv. àunpié. Un poids d’une livre fur 100. feüilles de papier difpofées comme il a été dit, eft donc auñfi difficile à élever qu'un poids de 100. liv. fur deux feüilles, & c’eft ce qui cau- fe la grande refiftance que l’on fent. Cette experience étoit très-capable de jetter dans l'erreur, parce que l'augmentation du poids, veritable caufe de la grande refiftance, fe fait en même raifon que la multiplication des furfaces qui n’en eft point caufe, & que cette multiplication de furfaces eft vifi- ble , au lieu que l'augmentation du poids ne l’eft point, & ne fe peut découvrir que par raifonnement. Outre la preffion, dont la grandeur fait celle du frotte- ment, il y faut confiderer une circonftance qui l’'augmente où le diminué. Il eft d'autant plus grand, &plus difficile à | Oi : 108 HiSsTOIRE DE L'AcAprmIeROYALE furmonter, que les parties qui frottent ont plus de vitefle, & par conféquent, il faut comparer cette virefle à celle dela Puiffance qui doit mouvoir la machine , & vaincre le frotte- ment. Si la Puiffance fait en un temps égal deux fois plus de chemin que les parties qui frottent , elle acquiert par lun avantage qui la double, ou, ce qui eft la même chofe , qui diminuë de moitié la force oppofée du frottement, & le ré- duit à n’être qu'un fixiéme de la preffion, au lieu qu’il en étoit naturellement letiers.. Si un homme foûtient un poids de 30. liv. par exemple; attaché à une corde qui pafñfe fur un cilindre, &quele ci- lindre puifñle tourner dans des boëtes de pareil diamettre, cet homme applique & prefle de fon côté la corde contre le cilindre avec d’autant de force , que le poids l’y applique du fien, & comme le poids ne peut faire qu’une prefion égale à lui-même, c’eft-à-dire de 30. liv. la preflion totale caufée par la puiffance & par Le poids, eft de 60. liv. & la va- leur du frottement du cilindre contre les boëtes eft de 20. liv: fuppofé, comme en ce cas-là , que la viteffe de la Puif- fance ne foit pas plus grande que celle du poids. Il faut donc déja augmenter la Puiffance de 20. liv. & lui donner en tout so. liv. afin qu’elle puife élever le poids de 30. liv. & vain- cre le frottement du cilindre contre les boëtes. Maïs la Puif- fance étant augmentée, la preflion qu’elle caufe du cilindre contre les boëtes l’eft auffi; la nouvelle preffion eft de 20; liv. & par conféquent fon tiers, c’eft-à-dire 6.liv. deux tiers eft la quantité dont le frottement eft devenu plus grand, par- ce que la puiffance eft devenuë plus grande. Pour vaincre ce nouveau frottement, il fautencoreaugmenter la Puifflance de 6.liv. 3. tiers & 6.liv. 2. tiers dont la preflion augmente, font pour le frottement 2. liv. & quelque chofe de plus. Parla mème raifon pour ces deux livres dont il faut que la Puiffance augmente, le frottement augmentera d'un peu plus de 10.onces , & enfin ne meritera plus d’être conté. Ainfi en mettant enfemble toutes ces augmentations , le feul frottement du cilindre contre les boëtes vaudroit à peu près 30. liv, & prefque autant que le poids même, & il DES SCIENCES 109 faudroit une puifflance de 60. liv. pour élevet un poids de 30. livres. , , Ceteffet du frottement feul peut paroître étonnant, & fort au deffus de ce qu’on auroit imaginé à vüé de pays. Par-là il eft aifé de voir combien l'on doit fe méprendre dans le calcul d’une Machine , quand on n’y confidere que les rapports de la puiffance & du poids & de leurs diftan- ces du point d'appui, & que l’on neglige les frottemens , comme on fait d’ordinaire,ou du moins que l'on conte qu’ils n’iront pas bien haut. Il fe peut faire aifément que la puiffance perde par les frottemens tout l'avantage qu’elle aura par la fituation favorable qu’on lui aura ménagée, & que même elle devienne malgré cela fort inferieure au poids. SUR LA ROIDEUR DES CORDES QUE L'ON EMPLOYE DANS LES MACHINES. Ncore un'grand obftacle à l'effet des Machines, unob- v. Les ftacle pareil aux Frottemens, parce qu’on nele connoif- PIRBIES toit jufqu'ici que confüfément, & que l’on n’en fçavoit point au la valeur précife, c’eft la roideur des cordes, qui font obligées de fe plier pout le jeu d’une Machine. Tandis que Monfieur Amontons étoit fur la voie de ces _ fortes de découvertes, il entreprit d’éxaminer & d’appro- | fondir cette matiere, comme il avoit fait celle des frotte- { mens. à Une corde eft d'autant plus diMicile à plier. | 1°. Qu'elle eft plus roide & plus tenduë par le poids qui L. la tire. 4 2°. Qu'elle eft plus groffe. - 3°. Qu'elle doit en fe pliant fe courber davantage, c'eft-à- dire, fe rouler, par exemple, autour d’un plus petit rouleau. M. Amontons imagina des moyens d'éprouver en quel- O iij uo Histoire DE L'AcADEmre RovALx le proportion ces differentes refiftances augmentent. Celle qui vient de la roïdeur caufée par les poids qui ti: rent la corde augmente à proportion des poids. Celle qui vient de la groffeur des cordes augmente à proportion de leur diametre. Sur quoi il faut remarquer que ce n’eft pas parce qu’une plus groffe corde contient plus de matiere, qu’elle refifte da- vantage , car alors fa refiftance augmenteroit fuivant le plus de capacité d’un cercle d’une plus groffe corde, c’eft-à-dire, felon les quarrés des diametres, ce qui n’eft pas. Mais elle augmente fuivant la fimple proportion des diametres, par= ce qu'un point de la circonference du rouleau , autour du- quel la corde doit fe plier eft une efpece de point fixe , par rapport auquel le diamettre de la corde doit fe mouvoir, & par conféquent plus ce diametre eft long , plus la corde eft éloignée du point fixe du mouvement, & plus elle a d'avan- tage contre la puiffance oppofée. Enfin la refiftance caufée par la petitefle des rouleaux; poulies , &c. autour defquels les cordes doivent fe rouler, eft bien, à la verité, plus grande pour de plus petites cir- conferences de rouleaux , poulies , &c. mais elle n’aug- mente pas tant que felon la proportion de ces circonfe- rences. Il eft clair que la refiftance caufée par la roideur des cordes fera d'autant plus grande , queles cordes malgré cette roideur feront obligées de fe plier plus vîte, &:il y faut avoir égard en calculant les refiftances de differentes cordes d’une même Machine, ou de differentes parties de la même cor- de , qui fe plieront avec differentes vitefes. Pour trouver l'effet de la roideut d’une corde dans unë Machine, il faut voir dans le Memoire de M. Amontons comment il fe fert d'une premiere expérience qui devientle fondement de tous fes calculs. Par ce moyen, le déchet qu'apporte à une Machine la roi- deur des cordes, étant évalué en livres, c’eft comme fion ajoûtoit cette nouvelle quantité de livres au poids qu'il faut élever par la Machine. DES SCIENCES T1 | Cette augmentation de poids rendroit encore les cordes plus roides, & on trouvera de combien elles le feront davan- tage , en faifant le même calcul que la premiere fois. Cela fera différentes fommes toûjours décroiflantes, qu'il faudra ajoûter enfemble , comme on l’a vû dans l’article des Frottemens , & l’on fera étonné de voir jufqu’où elles montent. Quand on employe des cordes dans une Machine, il faut mettre enfemble toute la refiftance caufée par leur roideur, & toute celle des Frottemeris, ce qui caufe une fi étran- , ge augmentation à la difficulté du mouvement , qu'une puiffance qui pour élever un poids de 3000. liv. par le moyen d'une poulie fixe & d’une mobile, n’auroit dû être par les fimples principes de Méchanique, quede 1500. liv. doit être de 3942. livres , felon M. Amontons , à caufe des Frottemens & de la roideur de la corde, dont on ne tenoit pas conte. SUR LA VIS. | Es Mathématiciens, & fur tout ceux qui ont traité Voyez les 1e des Mathématiques mixtes, comme la Méchanique, ie n'ont ordinairement confideré que les cas les plus fimples, ? ? ” foit parce qu'ils en ont crû l’ufage plus frequent, foit plû- tôt parce que la folution eneft plus facile. Par exemple ; ils ont tous démontré que deux poids attachés à un levier font en équilibre , lorfque leurs diftances du point d’appuy font dans la proportion renverfée de leurs mañles , & cetre propofition eft devenuë une efpece d’Axiome. Il ne faut pourtant pas Croire qu’elle foit generalement vraye, elle ne l’eft qu'en cas que les deux poids tirent parallelement Jun à l’autre, ce qui eft afés rare dans la pratique. Hors . de là, il faut aller chercher l'équilibre dans‘ d’autres pro- portions. Il en va de même des autres propoñtions de * Méchanique les plus conftantes, & les plus connuës , fur la Voyez les Memoires p. 126. 2 Histoire DE L'AcADEMIE RoyazLr Poulie, fur le Planincliné, &c. Elles font limitées à cet- tains cas particuliers, plus ordinaires, fi l’on veut ,mais qui font toûjours en trés-petit nombre par rapport à une infinité d’autres cas poflibles, où elles ne peuvent s'étendre. M. Varignon n’étant pas encore de l’Académie, fit im- primer en 1687. un Projet de Méchanique, où , aprés avoir remonté jufqu'à un principe nouveau, & trés-fimple de l'équilibre des forces, il n'avoit qu’à fe laïffer conduire au cours naturel des confequences , pour démontrer avec une égale facilité tous les differens cas poflibles en Méchani- que , & pour trouver en fimples Corollaires particuliers les Propoftions qu’on avoit crüës jufque-là les plus uni- verfelles. Cependant il avoit manqué à fon deffein à l’é- gard de la Vis. IL s’étoit contenté de la ramener à l’idée generale fous laquelle il embrafloit toutes les Machines; mais il ne la prenoit que telle qu’on avoit coûtume de la confiderer, c’eft-à-dire, dans de certaines circonftances pat- ticulieres , qui en facilitoient l’éxamen. Des Vendangeurs qu'il vit preffer le raifin par le moyen d'une Vis, luy firent faire reflexion, que ce qu’on fuppo- foit pour rendre les folutions Géometriques plus fimples, & plus aifées, n’étoit pas ce qui fe pratiquoit en cette oc= cafon, & qu'on fe feroit mépris fi on avoit calculé la force de ces Vendangeurs, felon la regle ordinaire. Quoique la démonftration de la Vis en devint plus embaraflante, il entreprit de la rendre telle que toutes les manieres dont on peut employer cette Machine, y fuffent comprifes, & cela , felon les principes qu'il avoit établis dans fon Projet de Méchanique , dont il fait encore voir l’étenduë par cet- te nouvelle preuve. : SUR UN NIV E AU. A Géometrie Pratique n'a point d'opération plus dif- ficile que le Nivellement, & c’eft une efpece de mer- veille quedeux points étant pris fur la furface, de la terre, éloignés DES SCciENCESs, 113 éloignés d’un grand nombre de lieuës , on puifle détermi- ner précifément , s'ils font également élevés par rapport ‘au centre de la terre, ou de combien l’un l’eft plus que lau- tre. Auffice n’eft que depuis peu, c’eft-à-dire, depuis l’é- tabliflement de l'Académie Royale des Sciences, que l’on eft arrivé à cette précifion. Les Anciens n’ont pas pû fe difpenfer de fe fervir du Niveau pour les grands Aqueducs, & les grandes conduites d’eau qu'ils ont faites , mais com- me leur Niveau étoit fort imparfait, & fort peu commo- de, ils étoient obligés de prendre pour ces fortes de con- duites beaucoup plus de pente qu’il ne falloit, & s'ils n’a- voient eu au jufte que celle qui étoit néceffaire , ils n'euf- fent pas ozé hazarder ces entreprifes. Prefentement , grace aux Niveaux inventés par Meflieurs Picard , Huguens, Roëmer, de la Hire , tous Académiciens , on fçait con- duire des eaux, dés qu'il eft poñible de les conduire, & l'on a vü des miracles de ces Inftrumens dans des nivelle- mens trés-longs & trés-penibles , fur tout dans quelques- uns qui ont été faits par ordre du Roy pour Verfailles. Par exemple, dans une auffi grande diftance que celle de Ver- failles à la Foreft d’Orleans ,-on a fçûù déterminer une auff petite difference d’élevation que celle de fixtoifes entre le Rez de chauflée du Château de Verfailles, & l’Etang du grand Vau de la Foreft d'Orleans, Mais ces Inftrumens fi parfaits ont une grande incom- modité à caufe de leur perfe@tion même. Ils ne peuvent être éxecutés ni racommodés que par d’habiles Ouvriers , qui ne fe trouvent qu'à Paris & en trés-petit nombre. Aufñi, quoique le Niveau dont on trouvera la defcription dans les Memoires fous le nom de M. Couplet , foit effetive- ment celuy que Monfeur de la Hire a donné dans le Trai- té du Nivellement imprimé en 1684 Monfieur Couplet f& left en quelque maniere rendu propre, en le rendant d’une éxecution fi facile, que les plus fimples Ouvriers en font capables. 11 femble que ce foit-là le donner au public plus veritablement , qu'il ne luy avoit ençore été donné. ÿ 1699. TB Voyez Les Memoires P.63.& 184. 114 HisToiRe D£ L'ACADEMIE ROYALE SUR QUELQUES MACHINES EMPLOYEES DANS UNE NOUVELLE NAVIGATION DE LASEINE. Es Rivieres ne contribuent pas feulement à la richefñle LL naturelle des campagnes en les arrofant , elles font encore la richefle artificielle des Provinces, en facilitant le tranfport des marchandifes. Plus leur cours eft étendu dansun Etat, & plus elles communiquent les unes avecles autres, plus les parties du corps de cet Etat font liées, & difpofées à s'enrichir mutuellement. Si la Nature, com- me il arrive toüjours, n’a pas fait pour les hommes tout ce qu'il y avoit de plus avantageux à faire, c’eft à eux à achever , & les Hollandois , ou pour prendre un éxemple plus confiderable , les Chinois , qui ont un païs d’une étenduë fans comparaifon plus grande , ont bien fait voir jufqu’où peut aller en fait de canaux & de navigations l’in- duftrie humaine, & quelle en eft la recompenfe. Le plus grand & le plus merveilleux ouvrage de cette efpece, & en même-temps le plus utile, eft en France, c'eft la jonétion des deux mers. Nous avons encore les Ca- naux de Briare & d'Orleans , mais enfin il faut convenir que nous navons pas un auffi grand nombre de ces fortes d'ouvrages que nous en devrions avoir pour l'intereft du Commerce, ny autant à proportion qu'il y en a dans la Hollande , ou dans la Chine. La Seine ne commence à être navigable qu'à Nogent ; & comme en pouflant cette navigation plus haut, on fe- roit une communication nouvelle ou plus étenduë entre Paris, & les Provinces de Bourgogne, de Champagne, de Lorraine, de Franche - Comté, on eut cette penfée dés le temps de Philippe le Bel, quoi qu’alors les vüës des Fran- çois ne fuflent guere tournées du côté du Commerce, qu'il n’euflent guere d'habileté pour ces fortes de travaux DES SCIENCES. 11 & que Paris ne füt qu'une affez petite Ville. Anfi le deffein n'eut aucune éxecution , & l’on trouva la Seine impratica- ble au deflus. de Nogent, foit que ceux qu’on y avoit en- voyés ne fuffent pas de grands Ingenieurs , foit qu’ils vou- lufent-favorifer les Habitans de Nogent, qui ont toûjours été bien aifes que leur Ville füt le premier Port de la Seine. M. Colbert teprit cé deflein , qui n'eut point de fuite non plus, peut-être par les mêmes raifons. M. le Maré- chal du Plefis y échotia aufli, mais enfin feu M. le Duc de Rotianez qui avoit de grandes idées , & un grand genie naturel pour les éxecuter, aidé de plus de quelques amis, fort intelligens dans les Méchaniques , remit fur pié cette entréprife, & obtint pour cela des Lettres Patentes du Roy en 1676. À peine les ouvrages étoient commentés , que les Ha- bitans de Nogent lés firent fufpendre à force de procés, dont on'ne vit la fin qu'en 1685. Les frais de ces procès, le déperiffement des materiaux pendant un fi long-témps, & les gages des Commis qui couroient toüjouts, cauferent de fi grandes pertes aux En- trepreneurs , qu'ils autoient été obligés d’abaändonnef toit , s'ils ne les avoient reéparées à force d’habilèté dans les Mé- chaniques, c’eft-à-dire, en inventant de nouvelles Portes d’Eclufes, & de nouvelles manieres de tirér les eaux des excavations, ce qui les mit enétatde continuer leurs travaux avec beaucoup moins de dépenfe. De nouveaux procès , & des inondations extraordinai- res de la Seine reduifirent encore les Entrepreneurs à de nouveaux expediens de la même nature. Tous lés malheurs & toutes les traverfes qu'ils eurent à efluyer, toutnerent au profit de la Méchanique, & ce font quelques-unes des Machines inventéés par M. le Duc de Roüanez , où par fs 'aflociés , dont M: dés Billettes donné la defcription dans les Meroirés. Des Hollandois qui ont Bien fenti l’im- portance de ces Machines, ont déja été curieux d’en avoir quelques defféins , & on les publie prefentémentici, parce -qué tout cé qui fe découvre dans les Arts ou dans 165 . Pi 116 HirSToIRE DE L'ACADEMIEROYALE Sciences doit être un trefor conimun à tous les peuples policés. SUR UNE MACHINE FAITE POUR EPROUVER INA TL RIO PORT 1,0 NVD'E L\VANCEU MIE DES CORPS. ’Ingenieufe hypothefe de Galilée fur la proportion fe- | D laquelle augmente la viteffe des corps qui tombent, eit deformais établie dins la Phyfique. En divifant en par- ties égales le temps de la chute d'un corps, on fçait que dars le fecond moment il parcourt trois fois plus d’efpace que dans le premier, cinq fois davantage dans le troifiéme, & ainfi de fuite , felon les nombres impairs. Mais cetre hypo- thefe ficommode pour le calcul, & fi vraifemblable par le raifonnement , n’eft cependant bonne dans le fond, qu’autant qu’elle eft conforme à l’expérience, & c’eft ce qu'il n’eft pas aifé de verifier dans une grande précifion. Le P. Sebaftien aimaginé pour cela, & atrès-éxatement éxecuté une Machine qui lui a paru plus propre à prouver le fyftême de Galilée, que les autres expériences qui ont été faites dans le même deffein. Cette Machine eft compofée de deux ou de quatre Pa- raboles égales qui fe coupent à leur fommet en faifant des angles égaux, & ont une axe commun perpendiculaire à l'horifon. Cela forme un Paraboloïde, autour duquel tour- ne une Spirale compofée de deux fils de leton paralleles . qui font un plan incliné fort étroit , & tellement difpofé que le premier tour de la Spirale ayant 1. pouce de dia- metre , le fecond en a 3. le troifiéme $. le quatriéme 7. &c. Ces tours de Spirale qui font entre eux comme leurs diametres, font les efpaces inégaux que les corps qui tom- | DES SCAENCE si: 117 bent doivent parcourir en des temps égaux: ‘ On voit donc en Jaiffant tomber du fommet du Paraboloïde une petite boule d'yvoire de fix lignes de diametre; qui parcourt tout le Plan fpirabincliné, qu'elle en parcourtitous les tours dans le même temps, & cela paroît encore mieux ; fi deux boules égales tournent autour du Paraboloïde ; en même- temps ; & à quelque diftance l’une de l'autre; car quand on les a vüës paffer dans le même inftant fur le même arc d'une des Paraboles; on voit qu’elles continuent d'aller toû- jours enfemble ;: & de fe:trouver dans 1e même inftant fur quelque autre arc que ce foit , quoy qu'étant à diffe- rentes hauteurs , elles parcourent des tours de Spirale fort inégaux. SUR LA DESCRIPTION DRE, SOLAR 4] E travail de l'invention eft le plus agreable , & en même temps le plus glorieux ; & l’on feroit affés por- té naturellement à n’en entreprendre point d'autre. Mais comme l'Académie a plus en vûë d'être utile au public , que de s'occuper avec plaifir, ou de s’attirer de l'éclat , elle a embrafé volontiersun travail fec , épineux , & nullement brillant ; tel que celui delà Defcription des Arts dans l'érat où ils font aujourd’hui en France, : Cette Defcription entrera dans les derniers détails , quoiqu'il foit fouvent très- difficile, ou dé les apprendre des Artifans ;ou de les expliquer, & elle reprefentera, foit pat difcours, foit par figures toutes les matieres qu'on em- _ ploye, tous les inftramens ; & touteslés operations des Ouvriers. 1£ + Par là , une infinité de pratiques ; pleines d’efprit & d’in- vention, mais generalement inconnuës , feront tirées de leurs tenebres. | + On affüre à la pofterité les Arts tels du moins qu'ils P ii m3 HisTotRs DE L'ACADEMIE RoYALE font prefentement parmi nous, elle les retrouvera toûjours dans ce Recueil, malgré les revolutions, & finous en avons perdu quelquesuns d'importans qui fuflent chez les Anciens, c'eft que! l’onine s’eft pas fervi d’un femblable moyen pour nous. les tranfmettre. D'habiles gens qui ne peuvent fe donner la peine, ou qui n'ont pas le loifir d’aller étudier les Arts chez les Artifans, les verront ici prefque d’un coup d'œil , & feront invités par cette facilité à travailler à leur perfe@tion. L'Académie ne manquerapasnon plusà marquer dans les occafions ce qu’el- le jugera qu'on y pourroit ajoûter, ou du moins ce quiferoit à defirer: \ Il fera plus aifé de comparer fur chaque Art les Prati- ques de France avec celles des autres Païs , & les François ou les Etrangers pourront également profiter de cette com- paraifon: On a commencé part l’Art, qui confervera tous les au- tres, c’eft-à-dire, par l’impreflion. M. Jaugeon, quien a pris une partie à décrire, a ramaflé d’abord les Alphabets des Langues tant mortés que vivantes, avec les Supple- mens des Lettres; c’eft-à-dire, les Caraëteres particuliers. à certaines Sciences, comme l’Afironomie , la Chimie, l'Algebre, la Mufique: Enfuite ne fe renfermant plus dans les bornes d’une-fimple Defeription, il a fait voir à l’Aca- démie de nouvelles Lettres Francoifes , que l’on a tâché de rendre: les plus agreables à l'œil qu'il fût poflible. IL eft certain que delà dépend: prefque entierement la beauté d’une impreflion , mais onaura peut être de la peine croi- re quels foins il a: fallu fe donner pour regler les propors tions de grandeur, ou d’épaifleur., les contours, les intet- valles des; differentes parties qui compofent la figure de: chaque Lettre: Après:avoitr confulré tous les Auteurs qui! en ont écrit, car cette matiere a paru depuis long-temps digne d’être traitée , on a:été réduit à confulter princi- palement: les: yeux, juges fouvérains, maisun peuincer-. tains dans leurs décifions. Le P. Sebaftien, M: dès Billet: tes, & M. Jaugeon-onti été quelque teinps occupés de ce AS + St PP ER ES RS DES SCIENCES. x19 travail. Enfin s'étant déterminés fur une chofe purement de goût , & par confequent trés-delicate , ils ont trouvé une Méthode géometrique , par laquelle les Ouvriers peu- vent éxecurer dans Ja derniere précifion les figures des Lettres , telles qu’ils les ont reglées. Le Public, à qui il appartient de juger de tout ce travail , en va voir un efliy, ‘fur lequel il prononcera. L’Hiftoire du Roy par Médailles. faites par l'Academie des Infcriptions ; eft fur le point de paroïre , imprimée avec ces nouveaux Caraéteres. Plufieurs autres matieres de Méchanique ont auffi été traitées dans l'Académie. | Monfieur Jaugeon ÿ a donné la Defcription d’an Mor- tier de bronze qu'il a imaginé , qu'un homme-peut por- ter avec fon affuft & fa charge , qui peut être pointé fans aucun inftrument de Mathématique , qui. jette à la fois une douzaine de Grenades à quatre cens pas, & au quel on ne met le feu qu'en un tempse L'épreuve en a été faite, il y a déja plufieurs années, par ordre du Roy, & en prefence de feu M. de Louvois, & ce Mortier fut mis dans le Magazin de Breft. M. Parent a propofé l’idée d’une Machine pour faire remonter des Vaifleaux, & a fait Voir par une formule generale d’Algebre quelle doit être l’élevation de l’eau dans les pompes afpirantes , à chaque coup de pifton, quelque figure que puiflent avoir les tuyaux, & quelque fyftême que l'on fuppofe. Le Roy ; depuis le Reglement , ayant toûjours fait l’hon- neur à l’Académie de luy renvoyer l’'éxamen des Machines, dont les Inventeurs demandent des Privileges, il ne fera pas hors de propos de mettre icy le Catalogue de celles qui ont été approuvées par la Compagnie, foit pour com- mencer à donner aux Auteurs une partie de la gloire qu’ils meritent, foit pour avertir le Public de fes nouvelles ri- cheffes. L'examen que fait l'Académie roule toûjours fur deux points principaux. i5o Hisrorre DE L'AcADEMIE RoyAL* 1. On prend garde d’abord fi la Machine propofée eft effe&ivement nouvelle, ce qui demande une grande con- noifflance hiftorique de toutes les Machines. Souvent tel fe donne pour Inventeur , qui n'a fait que prendre dans un Livre une Machine oubliée , & même quelques - unes qui ont brillé pour leur nouveauté , fe font trouvées dans le Cabinet où l’Académie raflemble differens Modeles. Ce n'eft pas que par rapport à l'effort d’efprit, & au travail, on ne puifle être lInventeur d’une chofe déja inventée, mais enfin ce qui a été publié appartient au Public, & ce feroit luy faire acheter fon propre bien que d'en accorder un Privilege. 2. Il faut qu'une Machine foit utile, & d’un ufageafés commode, & fur la difcuflion de ce point, on met en œu- vre toute la fcience dela Méchanique. On ne fçait que par un trop grand nombre d'expériences , combien il eft facile d'être trompé à l'effet qu'on attend d'une Machine, même fans que l’'amour de l'invention s’en mêle. Quelquefois en defabufant les Inventeurs d’une penfée qui les flatoit, on leur épargne un Privilege qu'ils auroient pû obtenir, & qui les auroit ruinés, M ACHINES,OU INVENTIONS APPROUVEES PAR L’'ACADEMIE PENDANT L'ANNE'E M. DC. LXXXXIX. Jan Achine pour élever de l’eau dans les incendies au haut des maifons, inventée par... Armurier de Semur en Auxois. 2, Machine pour tailler les Limes , par le fieur du Vet- ger Menuifier. 3. Voûte plate, dont la coupe des pierres eft particu- liere, par M. Abeille Ingenieur, Outre » TaA YO En sr (SAC DEN CI ET a 10MAÛ Ton Outre ces An , fur lefquelles on demandoit à l'A- “Cadémie une Approbation en forme, qu’elle a donnée, quoi- ue quelquefois avec des reftriétions, qu’il n’eft pas as Er è marquer ici, il y en a eu d'autres, nouvelles aufli , ingenieufes; queles Aütéürs ont apportées àla ere feulement pour.les faire voir, ou pour la: confulter. Par exemple. Une Machine pour faire mouvoir en mème-tems fix ou fept Scies.qui tailleront le marbre'& les pierres dures , d’une vitéfle égale à célles des Scieurs , inventée par M. du Guet Ingenieur. . Des Rames tournantes du même Auteur, qui fetoient Mtiee aux Vaiffeaux de guerre en plufieurs occafions,comme pour aller pendant le calme, & faire une lieuë par heure avec la moitié de l'équipage feulement, pour entrer dans un Port, ou en fortir fans le fecours du vent, pour aider à la voile, quand même elle donneroit trois lieuës par heure, ce qui fe- roit qu’on pourroit aborder ou éviter l'ennemi quand on vou- droit , fe retirer d'un combat, &c. Le Sonometre de M. Loulié , par le moyen duquel tou- te perfonne qui n’auroit jamais accordé de Clavecin, pour- vû qu’elle eût affez d'oreille pour mettre une corde à l’unif- fon & à l’oétave d’une autre , pourroit du premier coup ac- corder un Clavecin auf vite, & aufli facilement que les meilleurs Maîtres. 1699: Q 1322 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE. Omme lHifhoire de l'Académie doit être , au- tant quil eft poffible , celle des Académiciens , on ne manquera point , quand il en fera mort quelqu'un, de lui rendre en quelque façon les honneurs funebres dans un Article à part, où l'on ramaffera les parti- cularitez les plus confiderables de [a vie. Monfieur Bourdelin mort dans l'année dont nous écrivons prefente- ment l'Hifloire, fera le premier envers qui l'Académie s'acquittera de ce devoir. DES SCIENCES. 123 EL: ELOGE DE MONSIEUR BOURDELIN. LauDE BOURDELIN, né d'honnètes parens à Vil- le-Franche près de Lyon en 162r. perdit fon pere & fa méreÿ'étant encore très-jeune ; & fut amené à Paris. Aban- donné à fa propre conduite dans un âge , & dans un‘païs fort dangereux, il apprit de lui-même le Grec & le Latin, dans la vûé de s'attacher à la Pharmacie & à la Chimie , qui ont fait enfuite fon unique occupation pendant près de $6. années. IL s’acquit en affez peu de tems une grande reputation, non feulement pour l’exaûte & fidelle preparation des re- medés , qu'il diftribuoit à tout le monde à un prix égal & très-modique, mais encore pour la connoiffance des mala- dies , fur lefquelles il donnoit fans aucune récompenfe des confeils modeftes , & fouventheureux. Quoiqu'il ne promit jamais la fanté à un maladeavec une certaineaflürance, on: ne laifloit pas d'avoir une extrême confiance en lui. Il n’ap- prouvoit point la faignée, hormis dans l’Apoplexie de fang, & on lui a vû guerir fans ce fecours quantité de maladies ai- guëés inflammatoires, comme des Pleurefies, des Fluxions de poitrine, des Efquinancies, &c. Quand l’Académie Royale des Sciénces fut formée en 1666. par M. Colbert, qui apporta tous fes foins au choix des Sujets, M. Bourdelin y fut mis en qualité de Chimifte, & auffi tôt il travailla avec M. du Clos à l'examen des Eaux - Minerales du Royaume. Il fit enfuite un très-grand nom- bre d'expériences fur les mélanges des fucs des Plantes, ou. des Efprits & des Sels des Mineraux , avec le fangarteriel, ou veneux, ou avec la bile , le fiel , la lymphe des Animaux. Il a fuivi avec toute la diligence & l’éxaétitude poffible Vanalife de toutes les Plantes qu'il a pû recouvrer , & a beaucoup contribué à la perfeétion de cette Méthode , Q ij 124: MEMOIRES DE L’ACADEM4E RoyaAzE dont l'Académie a voulu voir le fond. Il a même tenté l'analife des huiles par des moyens de foninvention, & qui peuventibeaucoup ,fetvir à connoître céfte partie des Mixtes. Enfin il a fait voir à l'Académie près de deux mille analifes de toutes fortes de COIPS 3 & a)exécuté ou inventé la plus grande partie des Opérations Chimiques qui ont été faites dans cette Compagnie pendant plus de trénte-deux\ ans. Il mourut le 15: O&obre 1699. àgé de près de quatre- vingt ans. Il reçût la mort avec toute la TR d'un hom- me de bien. Il a laiflé deux fils, t tous deux Acädémiciens " un de l'Aca: démie des fciences , l’autre de celle des Infcriptions. Sa place d’Académicien Penfionnaire Chimifte a été rem- plie par Monfieur Lemery qui étoit Aflocié. Monfieur Geof- froy , quiétoit Eleve de Monfeur Homberg æft monté à la place d'Affocié qu'avoit Monfeur Lemery. Monfieur Hom- berg a eu pour Eleve Monfieur Berger qui l’étoit auparavant de Monfieur Tournefort , & Monfieur Tournefort a eu pour le fien Monfieur Lemery Doéteur-en Medecine, fils de Mon- fieur Lemery Académicien Penfionnaire. MEMOIRES MEMOIRES MATHEMATIQUE. DE PHYSIQUE, DIRE ZAD.E SRE GLS LER.E.S de l'Academie Royale des Sciences. De PAnnée M DC. XCI X. METHODE POUR TROUVER DES COURBES Le long defquelles un corps tombant, S'approche ou séloigne de Phorifon en telle raifon des temps qw'on voudra, & dans quelque hypothefe de vitelfes que ce foit, et. Par M. VARIGNON. =! L y a déja long-tems que Mr. Leïbnitz 7. Mars. À & Mrs. Bernoulli ont trouvé les Courbes re le long defquelles un corps tombant fuivant lhypothefe d’acceleration établie par Gali- lée , il approcheroit également de horizon ou d’un point quelconque en tems égaux. Je donnai auffi à l’Académie en 169$. une nouvelle Solution du premier de ces Problèmes fans le fecours du calcul des infi- 1699. 2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE MRoyAre nis. Voici prefentement ce que ce calcul m’a donné depuis par rapport à la mème matiere à l’occafion de cet Ecrit, le- quel ne s'étendant qu'aux approches égales de l’horifon en tems égaux pour l’hypothefe feule de Galilée, ma fait penfer à celles qui feroient en telle raifon des tems qu’on voudroit, & fuivanttelle hypothefe d’acceleration qu’on voudroit auffi. Je trouvai d’abord les Courbes requifes pour cela dans l’hypothefe ordinaire des direétions des graves paralleles entrelles. Enfuite fe prefenterent de même celles que ces corps décriroient dans l’hypothefe de leurs direétions con- courantes au centre de laTerre. De la reprenant les dire- étions paralleles, je trouvai encore de même pour toutes les hypothefes imaginables d’acceleration dans les corps qui tombent, l'expreffion générale des Courbes qu'ils de- vroient auf décrire pour s'approcher ou s'éloigner égale- ment en tems égaux de tout autre point quelconque pris dans le plan de chacune deces Courbes. Et dans le détail des dif- ferentes pofitions de ce point, fe font préfentées RUE formules très-curieufes. Par exemple (pour ne parler ici que de l'hypothefe de: Galilée) en imaginant ce point dans l’axe vertical de la courbe cherchée en ce cas, j'en ai vû naître tout ce qu’on en a donné jufqu'ici d'Equations. Enle regardant comme inf- niment éloigné fuivant une direétion verticale, j'en ai vü naire auf le lieu de la feconde Parabole cubique déja trou- vée pour la Courbe, fuivant laquelle en ce cas un corps s’approcheroït également de l’horizon en tems égaux. De mème en regardant ce point comme infiniment éloigné fuivant une direétion horizontale , la Parabole ordinai- re s’eft trouvée être la Courbe fuivant la convexité de la- quelle un corps tombant .. il s’éloigneroit de fon axe ver- tical également en tems égaux ce qui eft juftement ce que Galilée avoit fuppofé pour prouver que cette Cout- be eft celle que décriroient les corps graves jettez hori- zontalement dans le vuide. Quant au cas de ce point infi- niment. éloigné fuivant une direétion oblique quelconque à l'horifon , je détermine quand Ja courbe cherchée doit être encore une telle parabole, ou non , même dans l’hy- s DES SCIENCES. # pothefe de Galilée. Voïci le tout dans l'ordre qu'il m’eft venu en penfée. 3 IL CommEencoNs donc par chercher une Courbe BC, telle que, fuppoté les dire&ions des graves paralle- les entrelles , un corps tombant de 4 le long de cette Courbe, il s'éloigne de l'horizon .4D en telle raifon des tems qu'on voudra, quelque hypothefe qu'on faffe auffi de la viteffe des corps en tombant. Après avoir fait la verticale .4L , avec les horizontales BH, bb, indéfiniment proches l’une de l'autre, foient prifes les ordonnées EAÆZ d'une Courbe quelconque .4HG pour les viteffes aquifes par les chûtes de .4 en B ou en E a foient de même les tems employez à tomber de.4enB , ex- Primez par les ordonnées EF d’une autre courbe 4FK aufliquelconque. Soientenfin AE— x, EB— J, EH, EF —%, 4 Bb | 22 IL. Cela pofé, l’on aura ae Pour le tems emploïé à par- Courir Bb, lequel n'étant qu'un inftant (dx), donnera Bb y da dr tr” > Où ( en prenant 4 — 1 ) 2 s = AV ax? dyt—vdx, dans laquelle équation il n’y a plus qu'à fubftituer les valeurs de » & de dx; qui refulteront €n x & en dx des équations des Courbes données .4HG &.AFK ; & elle deviendra celle de la Courbe cherchée 2cC. “III. Pour faire l'application de ceci à lhypothefe de Galilée , il faut confidérer que dans cette hyporhefe les viteffes ZE (v) des Corps qui tombent, font comme les racines des hauteurs .4E (x), en forte que .4ÆG foit une parabole ordinaire dont le lieu foit-v—v æx5°ce qui étant introduit dans l'équation précédente ( arr. 2.) CTRN ET Ja changera en a dd x ax, Sr, pour tel rapport des tems qu'on vou- UE | e dra dans l'hypothefe de Galilée. : 1. Si l'on-veut de plus queda Courbe 8C foit telle qu'un corps tombant de À le long d’icelle , s'éloigne eu de l'horizon .4D en tems égaux + Ceft-à dire Ai; Plan. r. FFG. 1. FIG, 2, FIG. 3. 4 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE en forte que les tems FE foient comme les hauteurs. .4E, ou que.A F K foit une ligne droite, & fi l’on veut LK=LA ; alors on aura aufli FE(X)—.4E (x); & par confequent dx=dx. Ce qui changera encore ici l'équation 4*=+4°— Vax dx de l'arr. 3. en" 7x, laquelle fe réduit à ax A dx = 4, ouaady—adxV ax—aa, dont l'inté- À a ls PONT ae TN VAx—a4, Où ay — 2 V ax — aa: 9 3 grale eft a a y — de forte qu’en prenant += x — 4, ce lieu fera ay = Var, 3 . . , ou COLE ; ouenfin£ayy—#. Ce qui fait voir que la Courbe cherchée BC doit être ici une feconde Parabo- le cubique, laquelle ne doit commencer qu’au point © de fon axe , tel que .40 foit — 4; ce qui rendraOE=r, puif que (hp.) 4 E—x. D'où l'on voit que le corps qui doit ainfi tomber le long de cette Courbe, doit commencer à fon fommet O avecune vitefle telle qu’il l'auroit acquife de .4 en O; ce qui s'accorde avec les Solutions de Mr Leibnitz & Mi Bernoulli. V. Voilà pour le cas des dire&tions des graves paralleles entr’elles; mais fi l’on veut qu’elles concourent en quelque point À, qui foit (fil’on veut) le centre de la Terre , com- me dans la Fig. 3. prife en général ; & qu’après avoir pris encore .4 E— x pour les hauteurs des efpaces parcourus de« puis le commencement .4 de la chûte jufqu’au point 3 de la courbe cherchée où le corps fe trouve, x pour les tems emploïez à les parcourir, v pour la vireffe acquife en ce point. B; onprenne de plus .4 A=c pour la diftance du centre R de la Terre au point 4 d’où ce corps commence à tomber, &.A4M—y pour l'arc de l'horizon compris entre ce point A & la droite RM tirée du centre À de la Terre par ce corps 8: Un raifonnement femblable & tout aufñfi fimple V'ecdx2 +ex2 x dy? pour c? Que celui de l’art. 2. donnera ici dx — l'équation générale de la Courbe , le long, de laquelle ce DES SCIENCES, $ corps tombant s’éloigneroit de l'horizon , ou s'approche- roit du centre de la Terre en telle raifon des tems qu’on voudroit; parce qu'en imaginant AR» infiniment près de AM, & qui rencontre BE en G; l’on aura RAM (c). RB (c—x):: Mm (dy). BG—— * dy. Ce qui donne Bb— V'ecdx? +c—x2 x dy? E DRE ; & confequemment, l’inftant dx {—"— ER ). Sisr7 Vecdx2+ix2 x dy2 cD ces éloignemens de lhorizon , ou ces approches du centre R de la Terre, fuflent comme les temps dans lhypothefe des vitefles acquifes en raifon des racines des hauteurs; l’on auroit alors (en prenanta=1)ady = cdxv ax—aa D EE De forte que fi l’on vouloit que pour l'équation de cette Courbe. C—X VI. In'yaici qu'à fairecinfinie pour le cas des dire- tions des graves paralleles entrelles ; & ces deux égali- tez donneront encore celles des articles 2 € 4 fçavoir — vdx? +dy? a EEE E HESN a dx EE où (à caufe dea— 1) v dx—aV dx + dy? comme dans Part. 2. Et ady—dxvV ax—aa;oudy— dx #£, comme dans Part. 4. a VII Pour conftruire prefentement l'égalité ady= Fic. 3, LVL EE Ge l'art, $. & décrire la Courbe patticuliere 8 C qu’elle exprime dans la Fig. 3. reftreinte à cette équation particuliere; foit fur l’axe .4R une Courbe Geometrique ST dont les abfcifles étant .4AE—x, & les ordonnées SE perpendiculaires à cet axe, le lieu foit SE— VI SE; la: quelle par confequent rencontre .4 À en O , de maniere qu'elle laifle .40—4, & que RAT perpendiculaire fur .42, lui foit afymptote. Soit prife enfuite .4P—.4 O fur R.A prolongée , fur laquelle foient faites aufli les perpendicu- laires .4Q, PO ; foit de plus l'arc circulaire .4 MD dé- crir du centre À. . Celafait, & les quadratures delhyperbole & du cercle À À iij 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE étant fuppofées , foit pris le retangle P Z égal à l'efpace OE $ , enfuite l'arc 4 M —.A1I; foit de plus la droite MR ren- contrée en B par l'arc E B décrit du centre À. Il eft vifible que ce point B fera un de ceux de la Courbe cherchée ; & qu'ainfi cette Courbe BC ne doit commencer qu’en ©. D'où l’on voit encore que c’eft là que le corps qu’on fuppo- fe la fuivre en tombant , doit commencer avec une viteffe telle qu'il l'auroit acquife de .4enO, pour s'éloigner de Vhorizon .4D , ou pour s'approcher du centre R de la Ter- re, également en temps égaux. Il eft encore manifefte qu’en fuppofant x—4 (0E)—=t, & dr=—B G retranché de BE par Am infiniment voifine de RM ; l’on aura aufi dtV r—drvV a pour l’équation de la CourbeOBC. D'où l’on voit qu’elle doit toucher fon axe AR enO, & revenir enfuite le rencontrer en 2 fous un angle (avec la derniere R B) dont le finus foit à celui de fon complement::VORV.40. De maniere qu’elle aura un point d’inflexion; lequel fera B, fi l’on prend E0O—— Che VATERTE — 14. Elle aura auffi fa longueur OB— 4 4E . $AEX 20€ ’eft à dire , fa longueur entiere O BCR— sARxV/S ; EtletriligneorRBO—%0R#*0E—30E#0E,, 3 , AO 13 p= c'eft à-dire, l’efpace entier O RCBO, qu’elle ren- ferme, = + :orxoRx}/ À AO Il eft à remarquer par rapport à la précedente équa- tion dtVt—drva, que fi du point b ou Am» infini- ment proche de RM, rencontre l'arc OC. l'on fait b I en forte qu’on ait LG. GI : : RG. GE. l'on aura BI, & non pas BG (dr), pour la differentielle des arcs concentriques be, BE.. Ainfi l’integrale de dtVr—drv a ne fera pas ici +tV t=rV a=BExv a, comme ellele feroit file point R étoit infiniment éloigné, en forte que BR, ER, fuflent paralleles entrelles, & l’ordonnée BE une ligne droite : parce qu'alors BG (dr) feroit effeétivement la differentielle DES SCcrENCES. 1 de BE pour lors—r, & non pas ici où la differentielle de BE eft BI; puifque ( hp.) GI. GE:: bG RG. ce qui donne GI+-GE (IE). GE :: bG+RG (bR). RG. ou ( foit l'arc be decrit du centre R)IE.bR::GE. GR :: be. bR. doncIE— be, & BI—BE — be. De plus, ayant (hyp.) RG. GE :: bG. GI— TS RG E E à : . 8%xE =. l’on aufa cette differentielle B1—2 G— {füivant Les noms de l'arr. $.) — Dh sie ne x VITE Si l’on conçoit préfentement que le point R foit infiniment éloigné ; alors .4R, MR, devenant paralleles , Parc AMD fe redreflant en A9, & la Courbe OST fe chan- geant en parabole d'Apollonius, dont © eft le fommet, & dont la concavité fe tourne vers OR; la Courbe O0 8C de- vient aufli la même parabole cubique que dans Parr. 4. Et la: conftruétion précedente fe réduit ici à prendre Pefpace pa- rabolique OES—reû. .4N : le point B ou les droites SE; NM, fe rencontrent , étant à cette feconde parabole cu- bique. IX. Il eft à remarquer que les vitefles que nous avons fuppolées ( art. 5.) comme les racines des hauteurs, non- obftant le changement continuel des direétions de la pe- fanteur du corps en queftion, ne conviennent aux corps graves de pefanteurs conftantes & de directions changean- tes, que dans les cas de cesdirections paralleles; & que pour avoir de telles vitefles dans un continuel changement de leurs dire“ions concourantes en un même point , il leur faudroit des pefanteurs variables : mais ce n’eft pas ici le P lieu d'en parler, outre que quelque hypothefe de vitelñe: qu'on fafle , l'équation generale de Part. s. lui conviendra toüjours également. Paflons donc à quelques Remarques: que voici encore par rapport au même fujet- REMARQUES. X. Pour dire auffi quelque chofe de la Courbe 01 M le long de laquelle un corps tombant du: point .4 , il ap- -proche également en tems égaux d’un autre point quel- conque T placé aufls où l'on voudra dans le plan de cette FIG 4 FIG. 5 8 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Courbe , fuppofé les directions des graves paralleles entr-" elles. Soient la verticale .48 & l'horizontale TB lefquel- les fe rencontrent en B, & auxquels foient paralleles les coordonnées ZO & LH menées d'un point quelconque Z de cette Courbe ; foit de plus du centre T, l'arc S ! qui laiffe Z l indéfiniment petite ; foit auf v— la vitefle de cecorpsenZ. L'on aura en général pour toutes les pofi. : LI tigns deT,—=— (en füuppofant ici AB—a, BT—=b, AH=X,1& _ Xdx—bdx +adxxdxz x dx—a dx + xdx—bdz : es SSL, s ce qui donne Vor—i=; & de la HL—=X) vient Vvv—i— pour l'équation de cette Courbe Q L M, quelque hypothefe qu’on fafle des virefles v. XI D'où l’on voit que lorfque T fe trouve au deflus de la Courbe Q Z M: fçavoir. 1°. Lorfque T fe trouve entre cette Courbe & l'hori- zontale .4 G, l'équation précedente demeure la même, n’y arrivant autre changement finon que .4 B (4) fe trou- ve feulement plus petite que .4 A à mefure que T ou 80 fe trouve plus près de .4 G. 2°. Mais lorfque T'fe trouve dans l'horizontale .41G, alors AB (a)—0, change l'équation précedente en Vvv—1— x dx—hdx xd &dx—bdz-+zdx 3°. EtfiT fe trouve au-delà de .4G vers N du côté dec; alors .4B (a) devenu negatif, donnera Vuv—i— x dx—b dx—adxxdz xdx—+adx-+zd?—bdx XIL DE T fe trouve de l’autre côté de l'axe .4 B vers XE ; alors BF (b) devenu negatif à fon tour donnera, —— qdumbde + adg «dy eo Sur BX , Vuv Pda —adx + 3dz + bd ? & toüjours de même jufque fur À E. 2°. Mais lorfque T {era fur .4E; alors outre BT (b) negatif — s pra encore .4B(a)=—0, l'on aura uu—1—*##d—dz = x dx +xdz +0 dr - Et{uTS du côté de E, fe trouve au deflus de AE vers N'; alors .4B (a) negarif aufli-bien que BT (b), donnera ER CUS SN UE D PSE [DES SCIENCES. 9 — xd bdx—adz--xd donnera V0: XIII. Enfin & T ftrouve fut A BsalorsBT (b)— donnera... AP ar tant que T fera au xdxk—adx + xd? AT de A4 vers C, commeen2B, &c. 2°. Lorfque T fera en 45 ; ayant auf pour lots .4B (a)=—0; zdx—xdz lon autaVov— 1 —— 3°. Mais lorfque T demeurant fur .4B prolongée, fe “trouvera par-delà .4 vers M; alors outre BT (b)—0, ayant encore .4 B (a) negatif, l’on aura Vo—vi= xd X— 4 dx tdy #dx+adz;+zdx" XIV. De plus fi l'on fuppofe le point T'infiniment Éloi- gné, c’eft-à-dire , ZT'infinie : 1°. Si LT infinie fe trouve verticale de quelque côté de «48 qu’elle rencontre XO , alors.4 B (a ’ fe trouvant on infinie , l'on auraV v7—1— 7 + ?, fi T eft du côté de CC; ouv vo EX, Late côté d… W; ce qui revient au même. 2°. Si LT infinie fe trouve horizontale ; alors BT (b) S FAES — ds à fon tour infinie , donnera auffiv vv—1— 2° de quelque -côté de .4 B que fetrouve le point T. 3°. Enfin fi ZT infinie fe trouve oblique à lhorizon; alors .4 B(a) & BT (b) toutes deux infinies, donneront TS UE d'Etat & 2 Li bdx—4dz : ) Qté. RER ME 7 ee de 1 4: b.) = LT Æ , dont les fignes varieront felon les côtés de fon qex + Sbhquité XV.Ileftà remarquer quele cas dunomb. 1. de l’art.r 3. ex- primé dans la Fig. 6. ef celui que M. Leibnitz,& Mrs Jacques & Jean Bernoulli freres ont refolu , chacun à leur maniere, dans les aëtes de Leipfk de 1694. L'équation Vur—1=—= xdx +adz—xd & LR ER trouvée pour ce cas, revenant aux leurs dx a dx —+xd: 1699. B F1G, 6. «10 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Car ce cas de T'en B, & de H au-deflous , donnant TA = x—4, fiaprès avoir décrit du centre T un demi cercle quel- conque DE K quirencontre TZ en E, & de ce point E l'or- donnée EF, onfait TF=—7, TE—c,&TL=t; lon aura, 1. TE(c). TL(r)::TF(y). TH(x—a)}="?. Cequi d dt donnex—==+4, & d x = 7€, 2°. TE (c). TE ft) :: FE (Vcc— y) HL(x)= ——— : di—yydt—tyd Vec— y. Ce qui donne aufli d LE enr LL E ©} CVcc—yy * Donc en fubftituant ces valeurs dex,dx,x, dx, dans S $ DR. tdy léquation précedente , l’on auraV v0—1—=————, diVcec—yy Mais ici en prenant à l'ordinaire la viteffle (v) en Z, t commeV.4 A, c’eft-à-dire, v—= V'x(romb. = 24 & &a=1; l'on aura — — " VUE = ta 7/2: Ce qui donne l'équation = ou(en faifant pañler par .4 le cercle arbitraire DEK, comme a fait M. ( Jean) UE , C'eft-à-dire, en prenant fon rayon 2 Vas D cas, en appellant x, ce que nous appellons; & que M. Leib- nitz la trouvée aufli, en appellant x, ce que nous appel- Jons ici y. | X V I: Il eft encore à remarquer que dans le cas du nomb. 1. de l’art. 13. fi au lieu de .4 Æ (x) on prend les TH ou BH=—=r pour abfcifles, & qu’à la place de x & de dx, on reftiruë leurs valeursra,dr, dans l’équarion zdx+adz xd x SN RER de . os 2 C—4—=1) mMrÉ ainfi qu’il l'atrouvée pour ce L Vuv—i—= de ce cas; cette équation fe *dx—adx +zdz 12 Lust SUR changera ici enWov—i— 212": De forte que dans rdr + xd Le 2 draie) pbs he | l'hypothefe ordinaire ayant la virefle v=V «4 H=Vr-+a, ‘ è Di x drrdz, —— f l'on fait «= 1 ; l'on aura auf = (Vov—i)= "+ ; rdr xdx Z | fnnmis: SLOTEINICIE Sr 0e CRE VV nr ou gdr—rdrxV andre page l’équation de ce même cas. XVII. Cette équation comparée avec celle qu'on-vient de trouver dans l’art. 1.5. fait voir que fi l’on changeles indéter- minées ,,» (T4) &x (AL) en deuxautresy (TF) & £ (LT); & qu'on confidere que K en.4,ouTL—T.A donne TF()). TH(r)="Z. TE(a.rL(n:9 VX TE UNE trees FE(Vaa—y}). HL(X)= =: Vaa — y). L’onaura deux valeurs de r & de &.qui fubftituées en leurs places dans cette équation xdr—rdxxvV'a—=rdr + xdxxV r, de l’art. 16. la changeront en la précédente ee = de l'art. 15. dont les indéterminées ne font plus mêlées , mais feparées d’une maniere qui en rend la conftruétion ai- fée par des quadratures ou des rEfcations de Courbes. XVIIL L'équation Vuv—1 = du nomb. 1. de Part. 14. pour le cas où le corps DEAR de .AG le long de la Courbe cherchée , doit s'approcher ou s "éloigner également de l'horizon, donne auff la parabole quarre- cubique , ainfi qu'elle a déja été trouvée ci-deflus dans les art. 4. & 8. pour l'hypothefe ordinaire des viteffes des corps en tombant. Car cette hypothefe donnant la viteffe CP = 2 4 ALLÉS EIEITS & sfr v—V AH—=V x; lon aura (Von — 1) =Vx—1, ou (enprenant icip—1) dRVp—=— dx Vx—p, dont l’inté- 3 grale eft — XVP—=Ixx —p? ; ouplütôt 2 PRREE Ep (foitx—p—n#)—n , inf qu'on la trouvée jufqu’i ici, n'y ayant de difference qu'en ce que les ordonnnées (x) en fe- roient ici négatives. « Mais s'il étoit indifferent de quel point de l’horizon- tale .4G le corps tombât , & que la diftance arbitraire de ce point au point .4 fût—e conflante ; l'intégrale de — dxV p=dxvV x—p, fe trouveroit aufli être e— xx V?— PRES À , Fxx—p>®,ceft-à-dire (en faifant encorex—p —"#, & B ij FIG. $. FIG, 7. 12 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE km) Vp=int souipmm—=#, Qui exprimeroit encore la même parabole quarrée cubique placée feule- ment fur un autre axe vertical diftant de .4B de la valeur de e: De maniere que ces deux paraboles femblablement pofées fur leurs axes paralleles, feroient aufli paralleles en- tr'elles , & à même diftance (p) de leurs fommers à l'hori- zontale .4G ; laquelle diftance marqueroit les hauteurs des chûtes propres à donner aux corps qu’on fuppofe fe mou- voir le long de ces Courbes, les vitefles avec lefquelles ils devroient commencer à leurs fommets , pour approcher également en tems égaux de l'horizontale 760 XIX. Quant à l'équation V v v—1 = du nomb. 2. de Part. 14. Si l'on fubftituë de même à l'ordinaire Vx—1 ——,, — dx d x pour Vvuv—1, lon aura x —1= 7 où ds dont l'intégrale et x—2vVx—1,ouxx—4x—4: ceft-à-dire (en prenantencorep=—1) xx=—4px—4pp (foit encore auMir=x—p)—4pn, qui eft un lieu à la parabole or- dinaire. D’où l’on voit qu'un corps qui tomberoit le long de la convexité de cette Courbe , en commencant à fon fom- met avec une vitefle égale à ce qu'il en acquiéroit en tom- bant du quart de la hauteur du parametre de cette Courbe. s’éloigneroit de fon axe vertical également entems égaux. Ce qui eft juftement ce que Galilée avoit fuppofé pour prouver que cette Courbe ef celle que décriroient les corps graves jettez horizontalement dans le vuide. XX. Enfin il eft à remarquer que cette derniere Para- bole ne fe trouve être la Courbe cherchée, qu’en ce que les tems pris par rapport aux diftances du point T'au corps qui la décrit, fe trouvent ici comme les éloignemens de ce corps à l’axe de cette Courbe. C’eft ce qui fait que lorf- que dans l’éloignement infini de ce point , ZT fe trouve oblique à lhorizon , l'équation trouvée ci- deflus (7. 3. art. 14.) par rapport aux approches à même point, ne feroit point à la parabole, quoique réduite à l’hypothefe de Galilée : il faudroit pour cela prendre les tems fur ZT comme les éloignemens de fon axe au corps qui la décri- roit. Par exemple ici (outre /S perpendiculaire fur ZT; /Merrr. de 2699. Planche I. Pag:12. DES SCIENCES. 13 oit. de plus 1 Z parallele à .4 B}) au lieu des inftans di=Ls, comme on les a pris jufqu'ici, il faudroit pren- dre dt LZ ; & alors la Courbe Q Z 4 feroit encoreici une vraie Parabole conique , ou du premier genre. _ En effet (toutle refte demeurant comme cy-deflus , avec . RIV, parallele à .4G) la raifon conftante de ZR(dx)à RY, par Dre :: p. g. donneroit R crie de par ainfi MENT gg (foitm=—pp+qgq) =. Or rRY (£ Der (dx): æv(). LPN en = De plus L=V dx + dx. Donc, ayant en général la viteffe v — LI 3 V'dx? CRC 7» l’on auroit auffi = TETE, pour toutes les hypo- thefes imaginables de vitefles : de forte qu’en faifant v — qV' dx? Ed d. ndx , dont l’inté- V x fuivant Galilée, l’on auroit enfin V x — laquelle équation fe réduit à dx — V'nn X— qq gtrale eftz—° LV BOX — qq ( foity=x— 1)" Vy, ou PTIT nas. , qui eft encore un lieu à la parabole ordinaire. Ce qui s’accorde auffi avec la doétrine de Gali- lée touchant la Courbe que décriroient les corps graves jettez obliquement dans le vuide. D'où fe déduit encore l'art. 19. pour le cas des projettions horizontales , dans le: quel q f trouveroitinfinie.. OBSERVATIONS DE L'ECLIPSE DE LUNE arrivée le x5. Mars an Joir 1699. Par M. Cassinr. :-e Our obferver l’Eclipfe de Lune du 15 Mars de cette ;8. Mars année 1699. on avoit préparé des infirumens fur la °° B ii} | 14 MEMOIRÉS DE L'ACADEMIE ROYALE terraffe de l'Obfervatoiré ; d’où l’on auroit pû voir le So- leil & la Lune à l'horizon ; mais cette préparation fut inu- tile, parce qu'il y eut des nuages à l'horizon qui empé- cherent de voir le Soleil à fon coucher & la Lune à fon le- ver. Nous obfervâmes donc la Lune de la Tour orientale, d'où on la vit fortir des nuages, quand elle étoit déja éle- vée fur l'horizon de plus d’un degré & demi. La fixiéme partie de fa circonference orientale étoit déja obfcurcie ; mais on avoit de la peine à diftinguer le terme de l'ombre dans le difque de la Lune, parce que ce terme tomboit fur la grande tache qui fembloit en augmenter l’étenduë. Il pafloit auffi devant la Lune des nuages fombres , qui la cachoient en partie, & empèchoient de voir les taches clai- res auxquelles on auroit voulu comparer l'ombre. Comme il n’y avoit rien de plus remarquable que les pointes de l'Eclipfe , on commença de les comparer en- trelles & avec le diametre de la Lune qui tomboit fur la tra- ce de fon mouvement à l'occident ; ce que l’on fit, en faifant pañlerles bords de la Lune & les pointes de l’Eclipfe par le fil vertical & par l'horizontal de la lunette placée fur le quart de cercle ; obfervant le tems de ce paflageavec la pendule re- glée auparavant, & dont on comptoit diftinétement toutes les fecondes. Par cette maniere on détermina plufieurs phafes le plütôt que l’on put, pour les comparer avec celles que l’on pour- roit obferver avant la fin de l’Eclipfe, & chercher par-là le tems du milieu qui eft entre le tems des phafes égales à di- ftance égale, & fe détermine plus exaétement par la compa- raifon de celles qui varient plus fenfiblement en peu de tems, comme ilarrive à celles qui font proches du commencement & de la fin. On fit donc un grand nombre de ces obfervations , qui demandent du tems pour être réduites & comparées en- femble. Cette méthode, qui eft la plus prompte dans l’ob- fervation, & la plus longue dans fon ufage, parut la plus convenable pendant que la Lune étoit proche de l’ho- rizons oùelle eft défigurée par les refraétions , qui ne dé- tournent point l'objet du vertical, & font les mêmes dans DES SCtENCESs. 1$ le même cercle horizontal , où toutes les parties de la Lu- ‘ne employent à pañler le même rems, qu’elles employe- roient s'il n'y avoit point de refraétion : ce qui n'arrive “pas dans le pañlage de la Lune par les fils obliques , où diverfes parties étant à differentes hauteurs, fouffrent des refradions differentes & diminuent les differences des hau- teurs. Nous ne manquâmes pourtant pas d’obferver les diffe- rences des pañlages par le cercle horaire, avec une lunette placée fur la machine parallaétique & particulierement dans les plus grandes hauteurs, où nous obfervâmes plufieurs fois, que la Lune pañloit en 2’. 10. à une feconde près de ce que le Soleil employoit à y pañer le même jour & le fui- vant; ce qui ne donne pas neanmoins la même grandeur apparente, quand même le tems de ces pañages du Soleil & de la Lune feroient parfaitement égaux : car le tems du pañlage de la Lune a plus petite proportion au tems de fon retour au meridien, qui étoit ce jour-là de 24°. 48. que Je pañfage du Soleil à fon retour au meridien, qui eft de 24. heures. Le tems de la révolution journaliere dela Lune de lorient à l'occident étoit donc ce jour-là au tems de la revolution du Soleilcomme 3 r.à 3 0. & les diametres apparens de l’un & de l’autre mefurés fur leurs paralleles en raifon reciproque. ‘La Lune s'éclipfa jufqu’à 8 doigts & demi , ou un peu moins, comme il paroït plus précifement par les pafliges “obfervés vers le rems du milieu, avant lequel on ne diftin- guoit pas trop bien les taches de la Lune. Voici ceux que nous obfervimes plus diftinétement avec une lunette de 17 pieds , leslunettes courtes ne diftinguant pas aflez bien les raches. À 7°. 5: on voyoit au bord de l'ombre en dehors les ra- ches claires qui font à l’embouchure de Mare humorum “auprès de Gaflendi , que Pon ne diftinguoit pas bien. Fra- caftorius étroit éloigné de l'ombre de la diftance de fon * diametre. On a marqué les heures à l'horloge qui retardoit de 46" . & qui fontici corrigées. ie 16 6". 7: s4 9. . 13% 13. 18. 13. 1123, MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 46" s7. 46. 4.6. 20. 46. 2e Se 46. AG: - 47: L'ombre à Promontorium acutum. On voyoit le bord de Longrenus au bord de l'ombre. Le bord Meridional de Grimaldus commen: çoit fortir de l'ombre. Fracaftorius étoit encore éloigné de l’ombre de fon diametre. La moitié de Grimaldus hors de l'ombre. Le bord clair de Fracaftorius touche l'ombre. Petavius au bord de l'ombre; elle n’étoit pas fi obfcure qu’on n'y vit au dedans des taches éclipfées aflez éloignées de fon bord. Fracaftorius commence fortir de l'ombre. Le bord du Tycho le plus proche du centre, éroit éloigné de l'ombre tout autant que du bord plus prochain de la Lune Langrenus commence à paroître. Galilée fort de l'ombre , & le Promontoire Meridional de l’Ifle de Keppler. Tout le bord Meridional de l’Ifle de Keppler eft hors de l'ombre. Langrenus eft encore au bord de l'ombre , & Keppler commence à paroître. Keppler fort de l'ombre. Reinoldus eft {orti de l'ombre. On voit clairement Ariftarchus qui eft enco- re tout entier dans l'ombre. On voit auffi Copernic dans l'ombre éloigné du bord de tout fon diametre. Ariftarchus commence fortir de l'ombre. Il eft tout {orti de l’ombre. Fracaftorius eft encore au bord de l'ombre. La tache claire proche d’Ariftarchus fort de l'ombre. Copernic fe découvre. Le centre de Copernic fort de l'ombre. Copernic eft prefque tout découvert. | 00 9 © Ge nc 09 Go 0 00 bo’ AT UA EE 7. 57:48. 8. 3.48. 8. 9.18. 3. 9.18. 8. 14:18. 8. 14.58. 8. 15. 8. 3, 17. 5. 20. 33. 21. 18. 21. 45. 22. 48. DIR EEE DA:vI-8. 24. 28, +25. 40. 35: 33. 36. 22. 3708: 40, 18. . 8, 42:22, 8, 43.38. 8. 44. 38. 8. 45. 8. 8. 47.46. 3.48. $6. 1699: DES SCIENCES. 17 Copernic eft forti entierement: Fracaftorius eft encore au bord de l'ombre. On voit au bord de l’ombre une petite tache claire plus auftrale que Manilius qui eft encore fort enfoncé dans l'ombre. Heraclide fort de l'ombre. Snellius fort de l'ombre, . Helicon fort de l'ombre. Lemilieu d'Helicon au bord del’ombre. Manilius commence à {ortir de l'ombre. Le milieu de Manilius au bord de l’ombre. Dionyfius eft éloigné de Lombse du dia- metre de Manilius. Menelaus commence à fortir de l’ombre. Menelaus eft forti entierement. Plato commence à fortir de l'ombre. Plato eft forti entierement. Promontorium acutum fort de l'ombre: . Pline fort de l'ombre, Pline eft forti entierement. Le milieu de Langrenus au bord de ombre. Promontorium [omnii fort de l'ombre. L'ombre au bordoccidental de Mare Crifium. On ne voit plus le bord de Mare Crifium. L'ombre eft éloignée du bord de la Lune qui paroît dans l'ombre de la longueur du plus long diametre de Mare Crifium. Elle éroit éloignée du bord de la Lune de la longueur du petit diametre de Æare Crifium. Elle en eft éloignée de la longueur du pluslong demi-diametre de Mare Crifium. Mare Crifinm eft entiérement hors de l'ombre. L'ombre eft éloignée du bord de la Lune du petit demi-diametre de Mare Crifium. On voit le bord de la Lune affez clair, & l’on commence à douter de la fin de l’'Eclipfe. Il ne refte dans la Lune que de la peñnombre. C 38. Mars 1699. 18 MeEmoires DEr’ACADEMIE ROYALE Si l’on compare enfemble les phafes précedentes quand l'ombre étoit éloignée du bord de la Lune dela longueur du plus petit diametre de Mare Crifium ; & enfuite de la lon- gueur du plus petit demi-diametre , on trouve qu’elle s’ap- prochoit du bord fur la fin de la longueur du plus petit-demi- diametre de Mare Crifium en 2’. 46". Ce qui étant ajoûté au tems de la penultiéme phafe 8. 45.8. quand elle étoit éloi- gnée du bord de la longueur du petit demi-diametre , on au- ra la fin de l'Eclipfe à 8.47. 54. Cette maniere de déterminer la fin de l'Eclipfe par lob- fervation du progrès de l'ombre quand elle eftencore un peu éloignée du bord , où l’on en voit diftinétement le terme, eft plus certaine & plus évidente que la détermination im- mediate de la fin, quiefttoüjoursambiguë, quand il n’y refte plus d'intervalle à comparer. L’Eclipfe finit proche de la tache de Meffala. 0 BISE RM ATIONS DE L’'ECLIPSE DE LUNE arrivée le 5. Mars au foir 16909. Par M. DE LA Hire, 4 l'Obfervatoire. É n'ai pas pù voir le commencement de cetre Eclip{e qui eft arrivé lorfque la Lune étoit encore vers l’hori- zon, à caufe des brotillards & des nuées qui couvroient cette partie du Ciel. Mais le Ciel s'étant un peu éclairci, j'ai fait quelques Obfervations des phafes de l’Eclipfe avec au tant d’exattitude qu'il m'a été poflible, à caufe que l'om- bre de la Terre n’a point paru terminée autant qu’elle a accoûtumé, fi ce n’eft vers les fix heures & demie: mais dans tont le refte de l'Eclipfe où le Ciel a été très-beau & très-favorable , les Obfervations ont été faites avec beau- coupde jufteffe. Premierement voici le paflage de l'ombre de la Terre par plufieurs taches. Des ScrENces. 19 Au commencement de la Mer de Serenité à Gh.21. 45”. L'ombre vers Grimaldi à 6. 27. 45. Commencement de la Mer des Crifes 6. 44. 15. Le milieu de la même Mer 6. 50. 45. Le Promontoire aigu 7: 53: 30 Immerfion totale de la Mer des Crifes 6. 55. 15. Commencement de Langrenus 08530 Fin de Langrenus 7. 13. 45 Commencement de l’Emerfion de Grimaldi 7:16. O Le milieu de Grimaldi 7. 18. 15 Emetfion totale de Grimaldi 7 22. V0: Commencement de l'Emerfion de Fracaftor 7. 47. 45. Ariftarchus 7. 52. 45. Milieu de Copernic & commencement de la Mer de Nectar Le Promontoire aigu , Emerfion Le milieu de Platon 7e 57: 35: Le milieu du Sinus moyen & le miliea de la . Mer de Near Gens 0 Harpalus 8. 12. 45. Helicon 8:©x57 30. Menelaus 8: 17. 45. 8. 8. 8. 225 ES Pline 26. © Commencement de Poflidonius & le Pro- montoire du Songe. 8. 33. 45. Fin de Poffidonius 8. 35. #5. Commencement de l'Emerfion de la Mer des Crifes 8. 36. 45. Fin de la même 8. 45. 35. 1e Fin totale de l'Eclipfe 8. 49. o. æ L'Obfervation de cette fin eft un péu douteufe à caufe que loribre n’étoit pas bien terminée. Voici maintenant plufieurs Obfervations de la diftance entre les cornes de la Lune & de la fléche de la partie illu- minée de fon difque , ce qui a été fait avec un très-grand foin . & avec un bon micrometre, d’où j'ai tiré la quantité des h doigts éclipfés & de leurs parties. C ij 30 Memotres DE L'AcADEMIs ROYALE Diftance entre les Cornes. D AS © —— 6, 31.45 22. © à ————— 6. 6. 45. TON OA OR EL. 25,30. à ———————— 6. 124. 15. Fleche illuminée du difque de la Lune avec fes doigts éclipfés. Fleche. | Doiots. D. 13, 6 .à “mm —— 6. 25. 45. 14 SL 20. à" "—————— 6. 47. 45. POS 7-4 à GS FAQs TA 77 HR à À ed at he Te DCE ENTRER RES ET CUT PRES A DT 2 7-\7e dd 10, 32/7. 5 5. à —— 7. 13.45. 20. 238. 3. —— 7. 19.45. D. 358.27. à" ——— 7.14. 45: Tycho ‘a paru dans la fleche & la diftance de fon milieu jufqu’au bord de la Lune étoit de AIT À ee — — — 7. 29.452 10. 13.8. 3. à —— ——— 7.33. 45. JO. $ 247. 48. à" ——— 7. 36.15. EI. 2947.33 à 7h $- 22. 7728 à" —— 7. 50. 4$- 24 LE. 29. à — 0 ———— 77.59.30. TRE CCE RER Ta me 2 à LIN © EL EC RSR TER DENT EL À Le MONET. 4: 40: ASTITIL ES TTTeT nd OU IDE DE 505 AO ee me COS AD SONT AO À oo (0 RE DS AS ON Sd 1 0 Te 27. 24/1. 27. ———————— 58.40. 0. 28. 20,14. à 8. 42. 30, 29. 18.10. 43, à 8.45. 0. Diametre de la © après l’Eclipfe 31. 24". à la hauteug de 289.30. | On peut conclure facilement & avec beaucoup de ju- feffe le milieu de l’Eclipfe par le moyen desobfervations précedentes de la fleche illuminée ou de la quantité des DES SCIENCES. 2Y doigts écliplés, & de leurs parties , en compatant enfemble deux obfervations éloignées du tems du milieu de l'Eclipfe, comme La fleche illuminée dans le commencement de Péclipfe, étoit de 21.1. à j 62 m5 & à la fin elle étoit auffi la même concluë à 8. 23.56. difference 1. 58. 11. moitié ©. 59. 5. Donc milieu de léclipfe à 7. 24. SO. La fleche illuminée au commencem. der 51". à 6. 43.43. à la fin a même correfpondante à DU 2 9: différence 1. 19.26., - moitié 38.43. Donc milieu de l’éclipfe à 7122.20: La fleche illuminée au commencem, de12.45".à 6. $5.30. à la fin fa correfpondante concluë à 7.50. 33% différence 55.23. moitié 27.412 Milieu de léclipfe à 7.231 La fleche illuminée au commencem. de rr'. 27: 4:30. à la fin fa correfpondante ZAO 25: difference 36. 5. moitié 18. 22 Milieu de l'éclipfe 7:22:322 Et fi l'on prend un moyen entre ces quatre conclufions , on trouvera le veritable milieu de l'éclipfe à REA. Ce qui ne s’écarte que de 5”. du tems du milieu de l’é- chipfe, comme je l’avois trouvé par mes tables, qui étroit de 7. 22.59. La fin eft auffi conforme à mon calcul à C ïij 22 MEMOIRES DE L'AcADeMIE ROYAL 16. près qui éroit à 8.48. 44. Pour la quahtité de l’éclipfe, l'obfervation ne l’a donnée que d’une minute de doigt nioin- dre que le calcul que j'ai donné à l’Académie quelque tems avant l’Obfervation. Mon Fils a aufli obfervé en particulier le paffage de l’om- bre par plufieurs taches, & la plupart fe trouvent affez d’ac- cord à ceux que j'ai obfervés. RE F LE XI Nu6 SUR LA LUMIÉRE ET LES COULEURS, ET LA GENERATION DU FEU. Par le Pere MALLEBRANCE. . Avril ‘ L Ne ++ Si Our expliquer le fentiment que j'ai fur les caufes na- turelles de la Lumiere & des Couleurs, concevons un grand ballon comprimé au dehors par une forcé comme infinie, & rempli d’une matiere fluide, dont le mouvement foit fi rapide, que non feulement elle tourne toute avec beaucoup de virefle, autour d'un centre commun ; mais encore que chaque partie pour remplir tout fon mouve- ment , c’eft-à-dire pour fe mouvoir autant qu'elle a de force ; foit encore obligée, ou de tourner fur le centre d’une infinité de petits tourbillons , ou bien de couler en- tre eux , & tout cela avec une rapidité extraordinaire. Concevons en un mot la matiere contenuë dans ceballon, telle à peu près que M. Delcartes à décrit celle de nôtre tourbillon; excepté que les petites boules de fon fecond élement, qu'il fuppofe dures, ne foient elles-même que de petits tourbillons, ou du moins qu’elles n’ayent de du- reté que pat la compreflion de la matiere qui les environ- ne. Car fi ces petites boules étoient dures par elles mê- # Ch dernier MES > Ce que je croi avoir * fuffifamment prouvé n'être de la Recherche Pas Vrai , elles ne pourroient pas , comme on le verra dans la del Vérité. fuite, tranfmettre la lumiere & les differentes couleurs par le même point où les rayons fe croifent. Mais fi cette fup- pofition fait quelque peine , il fuffit maintenant de concé- voir un ballon plein d’eau, ou plütôt d’une matière infini- ER - DES SCIENCES. 23 ment fluide ; & au dehors extrêmement comprimé. Le cer- cle .4 BC eft la feétion par le centre de ceballon. Cela fup- pofé , filon fait dans ce ballon un pe- tit trou com- me en .4. Je dis que toutes les parties de l'eau , comme celles, par e- xemple, qui fonten 2, s, T , V, ten- dront vers le point .4 par des lignes droites RA, SA, T.A,V.4. Car toutes ces parties qui étoient égalémént preflées , ceflant de l’être du côté qui ré- pond au trou .4 ,.elles doivent tendre vers là ; _puifque tout corps preflé doit tendre à fe mouvoir par le côté où il trou- ve moins de réfiftance. Mais fi l’on met un pifton à l'ouverture .4, & qu’on le poufle promptement en dedans , les mêmes parties RSTV., &c. tendront toutes à s’éloigner du trou par les mêmes li- gnes droites .4R, .4S, &c. parce que lorfque le pifton avan- ce, elles font plus preffées par le côté qui lui répond direc- tement que pat tout autre. Enfin fi l'on conçoit que Le pifton avance & recule fort ptomptement;toutes les parties de la Matiere fluide qui rem- plitexaétement le ballon , dont je fuppofe que le reffort foit fort grand, ou qu'il ne prête ou ne s’étende que très-diMici- lement, recevront une infinité de fecoufles que j'appelle, Vibratsons de preffion. Puifque tout eft plein, nos yeux quoique fermez ou dans les tenebres font attaellement comprimez. Mais cet- té compreflion du nerf optique n'excite point de fenfation 24 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE de couleurs , parce que ce nerf eft toüjours également comprimé : par la même raifon que nous ne fentons point le poids de l'air qui nous environne, quoique autant pe- Zant que 28. pouces de vif-argent. Mais fi l’on conçoit un œil en T ou par tout ailleurs, tourné vers un flambeau .4 ; les parties de la flamme étant dans un mouvement conti- nuel, prefléront fans cefle plus fortement que dans leste- nebres, & par des fecoufles ou vibrations tiès-promptes , la matiere fubtile de tous côtez , & par conféquent à caufe du plein jufqu’au fond de l'œil ; & le nerf optique plus com- primé qu’à l'ordinaire, & fecotié par ces vibrations, excite- ra dans l'ame une fenfation de lumiere & de blancheur vive & éclatante, Si l’on fuppofe en S, un corps noir M; la matiere fubtile n’en étant point réflechie vers l'œil tourné de ce côté-là , & n’ébranlant point le nerfoptique, l'on verra du noir, com- me lorfqu’on regarde vers le foûüpirail d'une cave, ou dans le trou de la prunelle d'un œil. Si le corps M eft tel que ia matiere fubtile qu’ébranle le flambeau , foit réflechie de ce corps vers l'œil, fans que la promptitude des vibrations diminuë , ce corps paroïtra - blanc, & d’autant plus blanc, qu’il y aura plus de rayons réflechis. Il paroïtra même lumineux comme la flamme , fi le corps M étant poli, les rayons fe réflechifient tous, ou une grande partie dans le même ordre , parce que l'é- clat vient de la force des vibrations, & la couleur de leur promptitude. Mais fi le corps M eft tel, que la matiere fubtile réflechie ait fes vibrations moins promptes dans certains degrez, que je ne crois pas qu'on puifle déterminer exaétement ; on aura quelqu’une des couleurs qu'on appelle primitives, le jaune, le rouge, le bleu , fi toutes les parties du corps 44 diminuent également les vibrations que caufe la flamme dans la matiere fubtile. Et l’on verra toutes les autres couleurs qui fe font par le mélange des primitives, felon que les parties du corps A4 diminueront inégalement la promptitude des vibrations de la lumiere. Voilà ce que j'ai voulu dire , lorfque j'ai avancé dans quelques-uns demes livres DES ScrENCESs. 3$ bn hr. ÉD “hvres, que la lumiere & les couleurs ne confifto!ent que * Recherche dans diverfes fécoufes * ou.vibrations de la matiere étherée, Ca Ne ou que dans * des wibrarions de preffion plus ow moins Prompres, En à que la matiere fubtile produifoit fur la retine. nome Cette fimple expofition de mon fentiment, le fera peutle "7 être paroître aflez vraifemblable; du moins à ceux qui fça- vent la Philofophie de M. Defcartes, & qui ne font pas contens de l'explication que ce fcavant homme donne des couleurs. Mais afin que l’on puiffe juger plus folidement de mon opinion, il ne fuffit pas de l'avoir expofée, il faut en donner quelque preuve. Pour cela il faut remarquer d’abord. 1”. Que le fon ne fe fait entendre que parle moyen des vibrations de l'air qui ébranlent le nerf de l'oreille : car lorfqu’on à tiré autant qu'on l'a pû , l'air de la machiffe Pneumatique, le fon ne s’y tranfmet plus , lorfqu’il eft mé- diocre , ou d'autant moins que l'air y ef raréfié. 2°. Que la difference des tons ne vient point de laforce des vibrations de l’air , mais de leur promptitude plus ou moins grande , comme tout le monde le fçait. - 3°. Que quoique les impreffions, que les objets font fur les organes de nos fens , ne different quelquefois que du plus ou du moins, les fentimens que l'ame en reçoit dif- ferent eflentiellement. Il n’y a point de fenfations plus op- pofées que le plaifir & la douleur ; cependant tel qui fe gratte avec plaifir, fent de la douleur s'il fe gratte un peu plus fort , parce que le plus ou le moins de mouvement dans nos fibres diffère eflentiellement pat rapport au bien du corps , & que nos fens ne nou inftruifent que de ce rapport. Il à bien de l’apparence , que le doux & amer, qui caufent des fenfations fi oppoñées , ne different fou- vent que du plus ou du moins; car il y à des gens qui trouvent amer ce que les autres trouventdoux. Il yades fruits qui aujourd’hui font doux, & demain feront amers. Peu de difference dans ies corps les rend donc capables. de caufer des fenfations fort oppofées. En un mot, c'eft que les loix de l'union de l'ame & du corps font arbitrai- 1699. : D o6 Hisrorre De L'AcADEMIE ROYALE res, & qu'il n’y a rien dans les objets qui foit femblable: aux fenfations que nous en avons. Il eft certain que les couleurs dépendent naturellement de l’ébranlement de l'organe de la vifion. Or cet ébran- lement ne peut être que fort & foible , ou que prompt & lent. Mais l'expérience apprend , que le plus & le moins- de la force ou de la foibleffe de l’ébranlement du nerf op- tique ne change point l’efpece de la couleur ; puifque le plus & le moins du jour, dont dépend le plus & le moins: de cette force, ne fait point voir ordinairement les cou- leurs d’une efpece differente & toute oppofée. Il eft donc neceflaire de conclure, que c’eft le plus & le moins de promptitude dans les vibrations du nerf optique, ou dans- les fecoufles des efprits qui y font contenus, laquelle chan géles efpeces de couleurs; & par confequent que la caufe de ces fenfations vient primitivement des vibrations plus. ow moins promptes de la matiere fubrile qui compriment la. retine. Ainfi il en eft de la lumiere & des diverfes couleurs comme du fon & des differens tons. La srandeur du for vient du plus & du moins de force des vibrations de l'air groflier, & la diverfire des rons du plus & du moins de promp- ritude de ces mêmes vibrations, comme tout le monde en convient. La force ou l'éclat des couleurs vient donc auffi du plus & du moins de force des vibrations , non de l'air. mais de la matiere fubtile, & les differentes efbeces de cou- leurs du plus & du moins de promptitude de ces mêmes vi- brations. Lorfqu'on a regardékle Soleil, & que le nerf optique été fort ébranlé par l’éclat de fa lumiere, à caufe que les fibres de ce nerf font fcituées au foyer des humeurstranf- parentes de l'œil : alors fi l’on ferme les yeux , où fi l’on entre dans un lieu obfcur , l'ébranlement du nerf optique ne changera que du plus au moins. Cependant on verra différentes couleurs , du blanc d’abord , du jaune, du rou- ge, du bleu , & quelques-unes de celles qui fe font par le mélange des primitives, & enfin du noir. D’où l'on peut LOU pes SCTENTES. 2 érivré que les vibrations de la retine trés-promptes d’a. bord, deviennent peu à peu plus lentes. :Car encore une Mois ce n’eft point la grandéur ou la force de ces vibrations, mais leur prompritude ; qui change lefpece des couleurs, puifque le rouge, pat éxemple, paroît rouge à une foible aufli-bien qu'à une grande lumiere. On pourroit donc peut-être juger par la fuite de ces couleurs, fi ‘élle étoit bien conftante , que les ‘vibrations du jaune font plus promp- tes quecelles du rouge, & celles du rouge que du bleu, _& ainfi des autres couleurs qui fe fuccedent. Mais il me paroît impoffible de découvrir'précifement par ce moyen ni même par aucun autre, les rapports éxa@s de prompti- tude de ces vibrations, comme-on les a découverts dans les “confonances de la Mufique. On ne peut fur cela que devi- ner & aller au vraifemblable. Comme l'air n’eft comprimé que par le poids de l’at- mofphere , il faut un peu de temps, afin que chaque partie d'air remuë fa voifine. Ainfi le fon fe tranfmet aflez len- tement. Ilne fait qu'environ 180. toifes dans letemps d'une feconde. Mais il n’en eft pas de même de la lumiere, pat- ce que toutes les parties de la lumiere étherée fe touchent, qu'elles font trés-fluides , & fur tout parce qu’elles font comprimées par lepoids, pour ainfi dire , de tous les tout- billons. De forte que les vibrations de prefion , ou l’a@ion du corps lumineux , fe doit communiquer de fort loin en trés-peu de temps. Et fi la compreflion des parties qui com- pofent nôtre tourbillon étoit infinie , il faudroit que les vibrations de preffion fe fiffentenun inftant. M, Hugens , dans fon Traité de la Lumiere , conclut Page ». par les éclipfes des Satellites de Jupiter, quela lumiere fe tranfmet environ fix cent mille fois plus vite que le fon. Auffi le poids ou la compreflion de toute la matiere ce- lefte eft fans comparaifon plus grande que celle que pro- duit fur la terre le poids de l'atmolphere. Jecrois avoir bien prouvé ailleurs , que la dureté des corps ne peut venir que de la compreffion de la matiere fubtile. Et fi cela eft, il faut qu'elle foit extrémement grande , puifqu'il y a des D ij * Recherche de la Vérité Ch. dernier, »S HiSsTOIRE DE L'AcADemte ROYALE corps fi durs, qu'il faut employer une trés - grande force pour en féparer les moindres parties. Il me paroït que le: rapport du poids de l’éther à celui de l'atmofphere eft. beaucoup plus grand que de fix cent mille à un, & qu'on peut même le regarder comme infini. Suppofons donc maintenant , que toutes les parties de- l'éther ou de la matiere fubtile & invifible de nôtre tour- billon foient comprimées avec une force comme infinie par ceux qui l’environnent , & que chacune de fes parties {oit trés-fluide , & n’ait de dureté que par le mouvement de celles qui l'environnent & qui la compriment de tous. côtez. Et voyons comment dans le fyftème que je propa- fe , il eft poffible que les impreffions d’une infinité de rayons ou de couleurs differentes fe communiquent fans fe confondre. Voyons comment dix mille rayons, qui fe croifent en un-point phyfique ou fenfible:, tranfmettent par: ce même point toutes leurs différentes vibrations , puifque je viens de prouver que la difference des cou!eurs ne peut venir que du plus ou dumoins de promptitude de ces mê- mes vibrations. Aparemmentle fyftéme du Monde qui peut: éclaircir cette grande difficulté, fera conforme à la vérité. Soit APE N la fection d’une cham- EC DFI h_ bre peinte d'une in- SURETES finité de coulenrs, AN & que même elles, foient.les plus tran- chantes qui fe puif- fent; c’eft-à-dire, qu'il yaiten.4, du blanc proche du noir » ; du bleu b, proche du rouge r; du jaune À, proche re De du violet v. Si de CORAN NET N tous ces points.4,n, bir,i,u, ontire des lignes droites qui fecoupent en un point " | | DES SCctENceEs. 29 comme en ©, & qu'on place l'œil au delà commeenE, c, d,f;g;, h; on verra toutes ces couleurs differentes par l’en- tremife du point d’interfe&ion Q : & comme cette figure ne reprefente qu’un rang de couleurs , au lieu qu’on en doit imaginer autant qu'il y a departies que l’œil peut diftin- guer. dans une, fphere , le point d’interfe&tion Q, doit rece- voir & tranfinettre un trés-grand nombre d’impreflions dif- ferentes , fans qu’elles fe détruifent les unes les autres. Sile point phyfique ou la petite boule Q, étoit un corps dur, comme le fuppofe M. Defcartes , il feroit impoffible que l'œil en E, vit du blanc en .4 ; & qu’un autre œil en c vit du noir en ». Car lorfqu'un corps eft parfaitement dur , fi quelque partie de ce corps avance quelque peu, ou tend direétement vers le nerf optique de .4 , par éxemple vers E , il eft neceffaire que toutes les autres parties y ten- dent auffi. Donc on ne pourra pas feulement voir du noir & du blanc. dans le même temps par des rayons qui fe croi- fent en Q: M. Defcartes prétend encore, que le rouge fe fait par lé tournoïement des petites boules, qui fe communique se une à l’autre dans tout le rayon depuis l’objet jufqu’à l'œil: Cette opinion eft infoñtenable pour bien desraifons. Mais il fuit pour la détruire de confiderer que fi la petite boule Q_tourne fur l'axe P N de r où il ya du rouge, en f' où eft l'œil, elle ne pourra pas tourner en même temps fur l'axe r f, de N où je. fuppofe encore du rouge, en P où je fuppofe un autre œil. Au refte quand je dis que les rayons fe coupent dans la : petite boule ou dans le petit tourbillon, Q. je ne prétens pas que ces petits tourbillons foient éxa@tement fpheriques, ni que les rayons vifibles n ayent d’épaiffeur que celle d'u- ne petite boule du fecond élement ou d’un petit tourbil- lon. Je ne détermine point quelle doit être la groffeur de ces rayons, afin qu'ils puiflent fuffifamment ébranler le nerf optique pour faire voir les couleurs. Mais ce que j'ai dit d’une feule boule , il faut l'entendre de mille où d’un million , fiun rayon pour être fenfible doit être auf étendu D ii] 30 Histoire DE L'AcADEMIE ROYALE que mille ou qu’un million de boules, I1 n’eft donc pas poffible que la petite boule Q , ou fes femblables , puiflent tranfmettre l’aétion de la lumiere pro- pre à faire voir toutes fortes de couleurs, fuppoféqueces boules foient dures. Mais, fi on les conçoit infiniment fluides ou molles , ainfi que l’idée fimple de la matiere repréfente tous les corps, puifque le repos n’a point de force, qu'il eft indifferent à chaque partie d’un corps d’é- tre ou de n’être pas auprés de fa voifine , & qu'elle doit s'en féparer aifément, fi quelque force, c'eft-à-dire , quel- que mouvement ne la retient ; car on ne conçoit point dans les corps d'autre force que leur mouvement : fi, dis-je, l’on conçoit ces boules ou trés-molles, ou plütôt, ce que je croi veritable, comme de petits tourbillons compofez d’une matiere comme infiniment fluide ou extrêmement agitée, elles feront fufceptibles d’une infinité d’impreffions differentes , qu'elles pourront communiquer aux autres fur lefquelles elles appuïent , & avec lefqu'elles elles font comme infiniment comprimées. C’eft ce qu’il faut tâcher d'expliquer & de prouver. Pour cela il eft neceflaire de bien comprendre , que la réa&tion, qui comme laétion fe communique d’abord en ligne droite , eft ici neceffairement égale à l’action : par cette raifon effentielle à l'effet dont il eft queftion , que nôtre tourbillon eft comme infiniment comprimé, & que par conféquent il ne peut y avoir de vuide. Si, par éxem- ple, on pouffe fa canne contre un mur inébranlable, la main & la canne feront repouflées avec la même force qu’elles auront été pouflées. La réaétion fera égale à l’aétion. Or quoique les rayons ne foient pas durs comme des bâtons, il arrive la méme chofe à l'égard de la réaétion , à caufe de la compreffion & de la plénitude de nôtre tourbillon. Car fi on fuppofe un tonneau plein d’eau, ou le ballon de la premiere figure plein d'air, & qu'y ayant adapté un tuyau, l’on poufie dans ce tuyau un pifton; ce pifton fera autant repoufié qu'il fera poufé, Et fi l'on fait de plus au milieu de ce pifion ur petit trou par où l’eau puiffe glif DES SCcrENCESs. he 2 fer & fortir du tonneau, & que l’on pouñe ce pifton , toute Peau qui en fera comprimée , tendra en même temps, à caufe de fa fluidité, & à s'éloigner de chaque point de ce pifton par l’action ; & par la réaction elle s’'approchera du trou qui eft au milieu. Car fi l'on poufoit le pifton avec aflez de violence & de promptitude , le tonneau creveroit dans l'endroit le plus foible de quel côté qu'il fût, marque certaine , que par l’aétion du pifton l’eau prefleroit le ton. neau par tout : & pour peu que l’on. pouffit le pifton, l’eau réjailliroit aufi-tôt par le petit trou en conféquence de la réaction. Tout cela, parce que la réa@ion eft égale à Paétion dans le plein , & que l’eau ou la. matiere fubtile eft affez molle ou aflez fluide , afin que chaque partie fe figure de maniere qu'elle farisfaffe à routes fortes d’impref- fions. Il faut remarquer que plus on poufle fortement. le pif. ton trotié dans le tonneau, plus aufli l'eau, quoique pouf- fée vers la furface concave du tonneau ,. eft repouflée for- tement vers le pifton & réjaillit par fon ouverture avec plus de force. D'où il eft facile de juger , qu’un point noir fur du papier blanc, doit être plus vifible que fur du pa- pier bleu : parce que le: blanc repouflant la lumiere plus fortement que toute autre couleur , non feulement il ébran- le beaucoup le nerf optique, mais il eft caufe que la ma- tiere fubtile tend par la réaction vers le point noir avec plus de force. Mais fi la matiere étherée n’étoit pas infi- nimênt molle ou fluide, il eft clair que les: petites boules qui tranfmettent l'impreflion du blanc , étant dures , elles empécheroient celle du noir; parce que ces boules fe foû- tenant les unes les autres , elles ne pourroient pas tendre vers le point noir : & fi cette matiere étherée n'étoit pas comprimée , il n’y auroit point de réaction. - Ce que je viens de dire du blanc & du noi, fe doit ap- pliquer aux autres couleurs. Mais il feroit fort difficile de le faire dans le détail, & de répondre aux difficultez que bien des gens pourroient former fur ce fujet; cât on peut aifément faire des objections fur des matieres obfcures. 32 HISTOIRE DE L'ACADEMIE ROYALE Maïs tous ceux qui font capables de faire des objedtions, ne font pas toûjours en état de comprendre tous les prin- cipes dont dépend la réfolution de leurs obje@ions. Il n’eft pas impoflible de concevoir , comment un point fenfible de matiere infiniment fluide & comprimée de tous côtez, recoit en même temps un nombre comme infini d’impref- fions differentes, lorfqu’on prend garde à ces deux cho- fes : 1°, que la matiere eft divifible à l'infini, & que la plus petite fphere peut correfpondre à toutes les parties d’une grande ; 2°, que chaque partie tend & avance du côté qu’elle eft moins preflée ; & qu'’ainfi tout corps mol & inégalement comprimé, reçoit tous les traits du moule pour ainfi dire qui l’environne ; & les reçoit d’autant plus promptement , qu'il eft plus fluide & plus comprimé. Je laiffe donc le détail des conféquences qui fuivent des prin- cipes que je viens d'expliquer , par lefquelles conféquences on peut, ce me femble, oulever, ou du moins diminuer cette difficulté étonnante, que les rayons des couleurs de- vroient confondre leurs vibrations en fe croifant. Etcette difficulté me paroït telle, qu’il n'y a que le vrai fyftême de la nature de la matiere fubtile qui la puifle entierement éclaircir. Quoiqu'il en foit, jecrois avoir clairement prou- vé que les diverfes couleurs ne confiftent que dans la diffé- rente promptitude des vibrations de preflfion de la matiere fubtile ; comme les differens tons de la mufique ne viennent que de la diverfe promptitude des vibrations de l'air groflier, ainfi que l’apprend l'expérience , lefquelles vibratiofñs fe croifent aufli fans fe détruire. Et je ne penfe pas qu’on puiffe rendre la raifon phyfique de la maniere dont toutes ces vibrations fe communiquent, fi l’on ne fuit les princi- pes que je viens de marquer. Au refte il ne faut pas s’imaginer, que ce que j'ai dit des perites boules du feccnd élement. que Join de croire dures, je regarde plütôt comme de petits tourbillons d’u- ne matiere fluide , doive renverfer la phyfique de M. Def- cartes. Âu contraire mon fentiment , s’il eft vrai , per- feétionne ce qu'il y a de generale dans fon fyftême. Car fi A] EE DES SCIENCES 39 fi mon opinion peut fervir à expliquer la lumiere & les cou- Teurs, il me paroït aufli très propre à réfoudre conformément aux principes de ce Philofophe, d’autres queftions affez gene- rales de la Phyfique, comme par exemple, à expliquer la ge- neration & les effets furprenans du feu ainfi que je vais tâcher de le faire voir. DE L.A GENERATION DU FEU. Omer les corps ne peuvent naturellement acquerir de mouvement, s’il ne leur eft communiqué par quel- ques autres , il eft clair que le feu ne peut s'allumer que par la communication du mouvement de la matiere fub- tile aux corps groffiers. M.Defcartes, comme l’on fçait, prétend qu’il n’y a que le premier élement qui communi=« que fon mouvement au troifiéme, dont les corps groffiers font compofez , & qui en les agitant les mette en feu. Selon lui , lorfqu’on bat le fufil, on détache avec force une petite partie du caillou. ( Je croirois que c’eft plütôt Ja partie arrachée de l’acier qui s'allume; car lorfqu’on re- garde avec le microfcope les étincelles de feu qu'on a ramaflées , l’on voit que c’eft l'acier qui a été fondu & ré-. duit ou en boules , ou en petits ferpenteaux ; & je n’aï point remarqué qu’il y eût de changement dans les pe- tits éclats détachez du caillou , mais cela ne fait rien au fond.) Cette petite partie détachée du fer piroüettant donc avec force, chafle les petites boules du fecond éle- ment, & fait refluer fur elle le premier , qui lenvironnant de tous côtez, lui communique une partie de fon mouve- ment rapide qui la fait paroître en feu. Voilà à peu près ie fentiment de M. Defcartes fur la génération du feu. On le peut voir expliqué plus au long dans la quatriéme par- tie de fes Principes, nombre 80. & dansles fuivans. Mais fi les petites boules font dures, & fe touchent toutes, comme il le fuppofe pour expliquer les couleurs ; on a de la peine à comprendre , comment le premier élement pour- roit téfluer vers la partie détachée du fer: & cela avec aflez d’abondance pour l’environner & la mettre en feu ; 1699, E 34 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROVALE non feulement elle, mais toute la poudre d’un canon ow d'une mine , dont les effets font violens. Carle premier élement qui peut réfluer, ne peut être au plus qu’une por- tion très-petite de la matiere fubtile, qui remplitles petits efpaces triangulaires & concaves , que les boules laiffent entr’elles. | Voici donc comme j’explique la géneration du feu & fe effets violens, dans la fuppofition que les petites boules du fecond élement ne font en effet que des petits tourbillons d’une matiere fluide &très-agitée. Mais il faut remarquer d’abord, que bien que l'air ne foit point néceflaire pour exciter quelque petite étincelle de feu, cependant faute d’air le feu s'éteint aufli-tôt, & ne peut fe communiquer même à la poudre à canon, quoi- que fort facile à s'enflammer. Lorfqu’on débande un pi- ftolet bien amorcé dans la machine du vuide, l’expérien- ce apprend, que faute d’air l’'amorce ne prend point feu, & qu'il eft même très-difficile d’en remarquer quelque étin- celle. Enfin tout le monde fçait que le feu s'éteint faute d'air , & qu'on l’allume en foufflant. Cela fuppofé , voici comme j’explique la géneration du feu , & fon effet prompt dans les mines. Si l'on bat le fufil dans le vuide, l’on arrache par la force du coup une petite partie de fer ou de l'acier. Cette petite partie piroüettant , & frappant promptement fur quelques petits tourbillons du fecond élement, les rompt ; & détermine par conféquent leurs parties à l’environner & enfuite à l’agiter & la mettre en feu. Mais la matiere de ces tourbillons qu’on ne fçauroit imaginer trop agitée ; après avoir eu en un inftant quantité de mouvemens irré- guliers , fe remet promptement en partie en de nouveaux tourbillons, & en partie s’échape dans les intervalles des tourbillons environnans, lefquels intervalles deviennent plus grands , lorfque ces tourbillons s’approchent de la partie détachée du fer: & ces derniers tourbillons ne font pas rompus, à caufe que la partie du fer arrondie , ou à peu près cylindrique , tournant fur fon centre ou fur fa lon- DES ScFENcESs. 3s gueut, ne choque plus les tourbillons environnez d'une maniere propre à les rompre. Tout cela fe fait comme en un: inftant, lorfque le fer & le caillou fe choquent dans un en- droit vuide d'air, & létincelle alors n’eft prefque pas vifible & ne dure pas. | Maïs lorfqu’on bat le fufl en plein air, la partie arra- chée du fer, en pirotiettant fortement , rencontre & ébranle non feulement quelques petits tourbillons, mais beaucoup de parties d’air, qui. étoient branchuës , rencontrent & rompent par conféquent par leur mouvement beaucoup plus de tourbillons que la petite partie feule du fer. De forte que la matiere fubtile de ces tourbillons venant à environ- ner le fer & l'air, elle leur donne aflez de divers mouve- mens pour repoufler fortement les autres tourbillons. Ainfi les étincelles doivent être bien plus éclatantes dans l'air que dans le vuide: elles doivent aufi durer plus de tems, & avoir aflez de force pour allumer la poudre à canon. Et cette poudre ne peut manquer de matiere fubtile qui la mette en feu , quelque quantité de poudre qu'il y ait, puif- que ce n’eft pas feulement la matiere du premier élement, comme l'a crû M. Defcartes , mais beaucoup plus celle du fecond , ou des petits tourbillons rompus , qui produit le mouvement extraordinaige du feu dans les mines. Si l'on fait réflexion fur ce qui arrive au feu lorfqu’on pouñfe contre lui beaucoup d'air, on ne doutera pas que les par- ties de l'air ne foient très- propres à rompre quantité de tourbillons du fecond élement, & par conféquent à déter- minet la matiere fubtile à communiquer au feu une partie de fon mouvement. Car ce n’eft que de cette matiere dont le feu peut tirer fa force ou fon mouvement ; puifqu’il eft certain qu'un corps ne peut fe mouvoir que par l'attion de ceux qui l’envifonnent ou qui le choquent. Les effets prodigieux des grands miroirs ardents prouvent aflez que la matiere fubtile eft la veritable caufe du feu. Les rayons de lumiere fe croifant au foyer de ces miroirs , les petits tourbillons de la matiere étherée dont ces rayons font compofez , doivent changer leuf mouvement circulaire en E ij . 29. Avril 1699. 1 36 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE divers fens, & tendre à femouvoir tous dans le même fens, c'eft-à-dire, felon l’axe du cône de lumiere réflechie, & percer & ébranler ainfi les parties du corps qu’ils rencon- trent, & les enflammer. DIU, RE PT OCR DES" C"0 M EVER. Par M. Cassini Pres la Comete qui parut au mois de Septembre: 1698. il en a paru une autre au mois de Février & de Mars de cette année 1699. Le rapport de ces nouvelles Cometes avec les plus anciennes & la conformité de leur mouvement à celui des Planetes, donne un nouveau luftre à l'hypothefe d’Apollonius Myndien , qui, au rapport de Seneque, enfeignoit que les Cometes font des Aftres par- ticuliers , qui fe font voir lorfqu'ils approchent de la terre ;. & fe dérobent à nôtre vüë en s’en éloignant. Ce Philofo- phe efperoit qu’il fe trouveroit un jour quelqu'un, qui dé- termineroit les traces du Ciel par où les Cometes marchent, & qui les diftingueroit les unes des autres. Mais. il s’eft pañé depuis ce tems-là un grand nombre de fiecles , fans que per- fonne fe foit mis en peine de chercher les. regles de leur: mouvement qui fembloit fort irregulier. Les Cometes qui ont paru en ce fiecle, ont reveillé les anciennes idées, & plufieurs autres nouvelles découvertes ont contribué à les éclaircir. Premierement on a remarqué que les Cometes ; dont on a obfervé avec une médiocre exaétitude le mouvement particulier à. l'égard des étoiles fixes, fuivent pendant quelque tems un arc d’un grand cercle de la fphere , d'où quelques unes fe détournentun peu, particulierement vers la fin de leur apparition , où le détour, qui fe fait peu à peu, devient plus fenfible : ce qui eft arrivé encore à la CT PER RES y DES SCrEeNces, 37 Comete du mois de Septembre dernier. Les Planetes en font de même ; leur mouvement apparent eft diri- gé par un grand cercle , mais elles ne le décrivent pas toutes précifement. La Lune s’en détourne d’une ma- niere plus fimple par le mouvement de fes nœuds ; les autres Planetes ; hormis le Soleil, s’en détournent d’une maniere plus compofée en tant qu’elles font vüëés de la Ter- re, qui n’eft pas le centre principal de leur mouvement par- ticulier. Il n’y a pas eu de nôtre tems une Comete qui fe foit plus détournée de fon grand cercle , que celle de l’année 1664. & 1665. Nous reprefentâmes exatement ce détour dans. le Livre de cette Comete , imprimé à Rome la même an-- née, par un mouvement particulier de fes nœuds, qui eft une maniere qui fe peut auff appliquer à la Comete de l’an- née derniere. 2. Dans la route des Cometes obfervées en ce fiecle & dans le précedent avec plus d’exactitude que dans les fie-. cles pañlez , nous avons trouvé un endroit où elles paroi fent plus grandes, & où leur. mouvement apparent eft plus: vite, & à égale diftance de côté & d'autre ; il a paru à. peu près égal, quand on l’a pü:obferver avant & après fon perigée, comme il arriva encore à la Comete du mois de Septembre dernier. Cela a rapport au petigée des Planetes , où les unes arrivent par un mouvement fimple, les autres par un mouvement compofé,. qui ne paroît pas fi précife- ment égal que s’il étoit fimple.. Fee Nous réduifons pourtant à une égalité le mouvement des Cometes ;. pendant le tems de leur apparition , que. « nous. fuppofons être très - court: à l'égard du tems de leur periode entiere , fans prétendre pourtant qu'il foit égal dans. toute la révolution , l'inégalité qui ne paroît point dans un petit arc proche du perigée pouvant être très-confidera- ble dans une grande portion de cercle. C’eft pourquoi lon ne. fauroit tirer le tems de toute la. periode par des obferva- tions faites pendant tout letemsde l'apparition d’uneComete. 3. Les Cometes éloignées du Soleil & de la Lune, ne. E iij. 38 MEMOïRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE fe perdent de vüë que dans la plus grande diminution de leur mouvement apparent, comme il eft arrivé aux deux dernieres. Cela confirme que c’eft par leur grande diftance, & par la plus grande clarté des autres aftres, qu’elles cef- fent de paroître ; d’où vient qu'après les avoir perduës de vûëé , on les voit encore pendant quelque tems par les lu- nettes, quoiqu'il fe puifle faire qu'il y ait quelque diminution phyfique , qui étant imperceptible pendant le tems de l'ap- partition, pourroit être fort confiderable après la révolution de plufieurs années. 4. Nous avons déja trouvé quelques Cometes qui ont pañlé par une même route décrite dans les conftellations du Ciel, fans une plus grande variation que celle que fait la Lune dans fa route d’une année à l’autre ; cela eftencorear- rivé à la Comete de l’année pañlée , à l'égard d’une autre que nous avions obfervée auparavant. 5. Ayant comparé enfemble les vitefles apparentes deces Cometes qui ont pañlé par les mêmes traces, quand les unes & les autres étoient à pareille diftance de leur perigée , nous avons trouvé en quelques unes qu’il n’y a pas eu plus de dif- ference qu'entre les viteffes des mêmes Planetes à égale di- tance de leur perigée, qui réfultent de la compofition de leurs mouvemens. 6. Quand nous avons eu des obfervations propres pour chercher fi une Comete n’avoit pas de parallaxe fenfible, ce qui ne fe rencontre pas fouvent , nous l’avons trouvée plus petite que celle de la Lune. Alors le mouvement apparent de la Comete dans fon “ perigée-par les obfervations , étoit plus lent que le mou- vement apparent de la Lune, ce qui eft conforme à cette regle des Anciens, que les corps celeftes dont le mouve- ment propre eft plus lent, font plus éloignez de la Terre. ILeft vrai que les Modernes qui ne fuppofent point com- me les Anciens, que la Terre foit le centre principal du mouvement de toutes les Planetes, mais feulèment de la Lune, naccorderont pas que cette regle foit univerfelle à l'égard des autres Planetes qu'ils difpofent autour du So- 4 :iÿ SRE RQ” DES SCIENCES. 39 leil, mais ils n'auront pas difficulté d'accorder, que cette regle doit fubfifter pour des Cometes ; qui font dans le fy- ftème de la Terre, entre les cercles de Venus & de Mars, & qui auront le même rapport à la Terre que les autres Plane- tes ofit au Soleil. Nous avons déja montré dans une autre occafon , qu’il y a affez de place entre ces deux cercles pour y placer les ex- centriques que l’hypothefe d’Apollonius demande. La grande Comete de 1680. qui nous donna la com- modité d’obferver fa parallaxe par les obfervations conti: nuelles de plufieurs jours , que nôtre méthode demande, fut trouvée dans cet efpace du Ciel où nous avons auffi trouvé la Comete de 1652. dont le mouvement apparent fût auffi plus lent dans fon périgée, que le mouvement de la Lune. Si l'on n’a pas befoin d’un plus grand efpace pour reprefenter le mouvement apparent des Cometes vi- fibles , il eft inutile de les chercher plus loin. Au delà de ces termes la parallaxe n’eft pas fenfible par les obferva- tions que l’on peut faire des Cometes, puifqu’on a beau- . coup de peine à verifier la parallaxe de Mars & celle de Venus, quand même ces Planetes font.le plus proche de la ere. Les deux dernieres Cometes ont eu leur mouvement ap- parent au perigée plus lent que le mouvement de la Lune, d'où nous pouvons juger qu’elles étoient un peu plus éloi- gnées de la Terre ; puifque l’état de l'air ne nous permit pas d'obferver leur parallaxe avec la précifion que nous aurions fouhaitée, 7. Nous avons vû des Cometes par la lunette, dont le difque étoit aufli rond , aufi net, & aufli clair que celui de Jupiter. Telle étoit la feconde Comete de l’année 1665. & celle de 1682. Le difque de quelques-autres, & particu- lierement des deux dernieres , étoit mal terminé & fom- bre, comme les étoiles nebuleufes le paroiffent à la vüé fimple ; cela peut être attribué à quelque grande atmof- phere qui les environne. Il ne s'enfuit pas qu’elles ne puif- fent être d’une longue durée, puifqu'il y a des étoiles 48 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE nebuleufes dans la conftellation d’'Andromede & dans celle d'Orion , qui étant vüëés -même par des grandes lunettes, ont la même apparence , fans qu'elles foient augmentées ou diminuées depuis 40. ou 5o. ans que nous les obfer- æ vons. 8. Outre la variation de la grandeur apparente d’une Comete par la variation de fa diftance de la Terre , & par quelque caufe phyfique , elle peut varier encore en ap- parence par quelqu’autre caufe femblable à celle qui fait va- rier la grandeur apparente du cinquiéme Satellite de Sa- turne , qui eft fujet à augmenter ou à diminuer en appa- rence, & à fe perdre de vûë pendant prefque la moitié de chaque révolution , lors même qu’il approche dela Terre. Il y a aufli des étoiles fixes, qui en apparence augmentent & diminuent, & ceffent enfin de paroître, & fe font voir de nouveau après certains efpaces de tems plus où moins reglez. A caufe de quelque changement femblable, les Co- metes pourroient quelquefois paroître de differente gran- deur à leur retour, & même pañler & repafler à la même di- ftance de la Terre fans être vüës. La queuë des Cometes ef fujette à de plus grands chan- gemens , puifqu’elle eft d’une confiftance fi déliée, qu’on voit les étoiles à travers , & que la lumiere de Ja Lune & celle des crepufcules l’efface. Comme c’eft principalement la queué qui fait apperce- voir les Cometes, fiune Comete la perd par quelque caufe que ce foit, elle pourra pañer fans être apperçüë. La confti- tution de l'air peut aufli empêcher qu’on ne la voye; & les rayons du Soleil qui empêchent qu’on ne voye Mercure pen- dant plufieurs de fes révolutions, peuvent aufli empêcher qu’on ne voye une Comete à fon retour au perigée , fi ce re- tour arrive quand le Soleil eft affez proche d’elie. Partoutes ces caufes, quand on auroit trouvé la periode d'une Comete, on ne poutroit pas répondre de la voir à fon retour. Comme il n’y a pas long-tems qu'on travaille à des cbfervations qui puifflent contribuer à cette recherche , on tr ri a PAT fe. DES SCIENCES. F4 ôn n'en à pas encore aflez pour pouvoir fonder une induc- tion fuffifante des retours vifibles des mêmes Cometes pour le tems à venir. Il fuffit préfentement de les recon- noître à leur retour , & les diftinguer des autres. Pour juger fi une Comete qui paroït de nouveau, ne feroit pas une de celles qui ont paru en d’autres tems, il faut examiner , fi elle ne s'accorde pas avec quelqu’une de ces Cometes dans Les proprierez qui conviennent à une même Planete. On ne trouvera point , que deux differentes Planetes ayent tout enfemble les mêmes nœuds , la même inclinai- fon de leurs orbites à l’écliptique, & la même vitefle appa- rente à leurs perigées. Quand donc nous trouvons qu'une Comete à tout en- femble les mêmes nœuds, la même inclinaifon à l’éclipti- que , & les mêmes degrez de vitefle apparente qui ont été obfervés dans une autre qui a paru auparavant , nous . avons de grands fondemens pour juger par l’analogie aux Planetes , que ce peut être la même Comete. Toutes ces conformitez fe trouvent entre la Comete de l'an 1680. & celle de l’an 1577. qui couperent l’écliptique aux mêmes degrez, c’eft-à-dire à 9d. du Sagittaire & des Jumeaux, avec la même inclinaifon de 29. degrez , paffant par les mêmes conftellations & qui eurent le même degré de vi- tefle à pareilles diftances de leur perigée ; ce font les cir- conftances qui nous firent juger, que c’étoit la même Co- mete, comme nous avons expliqué au long dans le livre de cette Comete, dédié au Roy. Il y a auffi le même rapport entre la Comete de l’année 1652. dont nous obfervimes le mouvement , & fimes la def- cription de la route qu'elle avoit faite & qui lui reftoit à faire , dans une Lettre au Duc de Modene, qui futimpri- mée avant que cette Comete difparût. En comparant cette defcription avec les obfervations de la Comete du mois de Septembre dernier, on voit qu’elle a marché par le même grand cercle , qui coupoit l’écliptique prefque aux mêmes degrez, c'eft-à-dire à 284, du Taureau & 1699. F 42 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE du Scorpion , avec la même inclinaifon de 76. dégrez , & qu’elle avoit prefque le même dégré de viteffe au perigée; comme pourroit faire une Planete des plus regulieres Il y a eu aufi quelque conformité entre la Comete de cette année & la précedente. Sa route a eu prefque la mé- me inclinaifon à l'écliptique, & elle l’a parcouruë prefque avec la même vitefle. Mais parce qu’une alloit du Septen- trion au Midy , déclinant à l'Occident vers les mêmes fi- gnes , d’où l’autre s’éloignoit en allant du Midy au Sep- tentrion, déclinant à l'Orient, ce qui n'arrive point à une même Planete à fon retour au perigée ;.nous n’avons pas: de preuves fi fortes que ce foit la même. La derniere Comete a auffi quelque rapport à celle qui fut obfervée au mois de Décembre de l’an 1689, par les Peres Jefuites Mathématiciens du Roy envoyez à la Chi- ne. Elle parcourut la conftellation du Loup paffant fur fon dos à peu de diftance du grand cercle de la nôtre, allant comme elle vers le Pole auftral de l'écliptique , qu’elle avoit pourtant pañlé, à quelque diftance des nœuds de la nôtre avec une inclinaifon plus grande , & avec une moin dre vitefle à fon perigée ; c’eft pourquoi il paroït plütôe que c'en étoit une autre qui fuivoit de près la même route, Les nœuds de celle de 1689. concouroient avec les nœuds. de celle de 1680. Il eft vrai qu'il peut y avoir des Cometes ; dont les nœuds ayent un mouvementaflez vite , dont l'inclinaifon foit trés variable , & qui retournent au perigée avec une vîtefe fort differente caufée par quelque variation d’excentricités: mais en cé cas il fera extrêmement difficile de les recon- noître pour les mêmes, jufqu’à ce qu’elles fe rétablifient: au même état. Les rétabliflemens ne fe font que par de: longues periodes. Cela étant ainfi, l’on trouvera que ce: n ‘eft pas peu que dans le petit nombre que nous en avons: pû voir de nos jours , il s’en foit trouvé deux en 18. années: que l’on peut fuppofer être les mêmes que deux autres: qui avoient paru , l’une au fiecle pañlé , l’autre au milieu de ce fiecle, outre plufieurs autres qui dans ces intervalles: DES SCIENCES. 48. ént fuivi de prés les mêmestraces. Comme ces routes font fi frequentées par des Cometess elles méritent bien d'être revûés de tems entems, pour voir s’iln’y en paroît point d’autres que l’on puifle comparer à celles que nous y ayons déja obfervées, Quand on aura un affez grand nombre d'obfervations des Cometes pour pouvoir choifir celles qui ont plus de tapport enfemble , & en tirer des induétions capables de fonder des regles ; on verra fi l’on ne pourroit pas trouver des periodes de mouvement, des nœuds & de variation d’in- clinaïfon à l'échiptique, qui puiflent faire pañler une Comete par les routes peu differentes, qui ont été décrites par celles qu'on a obfervées avec les mêmes degrez de viteñle; dela maniere que le mouvement des nœuds de la Lune de 18. ans & le peu de variation d'inclinaifon qu’elle fait en 14. ou 15. jours , font pañler la Lune en diverfes années par differentes routes , avant qu’elle retourne par la même route aux mêmes étoiles fixes. Ainfi lon verra fi l'on ne pourtroit-pas par cette ma- niere accorder enfemble la feconde Comete de 1665. & celle de 1677. à celles de 1680. & de 1577. qui ont eu pref- _ que les mêmes degrez de vitefle, & ont pañé par des rou- ‘es peu differentes. On verra même auffi f l’on ne pourroit pas trouver une periode de variation d’excentricité analogue à celle que fait la Lune, partie en 13. mois, partie en 15. jouts, qui puiffe donner à une même Comete les differens degrez de vi- tefle qu'ont eu quelque-unes de celles qui ont pañlé par es mêmes conftellations , comme a fait celle de cette an- née derniere & celle de l'an1690. Ce que nous trouvons avoir été fait auffi par une de l'an 1472. obfervée par Re- giomontanus au mois de Janvier & de Février , & une de l'an 1556. obfervée par Homelius & par Camerarius aux mois de Mars & Avril. L'une & l'autre paffa l'écliprique prés du milieu du figne de la Balance, & aprés avoit paflé entre les Poles du Zodiaque &de l'Equino&tial , elles pout- fuivitent leur chemin jufqu'au milieu du figne d’Aries, Fi) 29, Avril 1699. 43 Memorïres DE L'ACADEMIE ROYALE mais la plus grande viteffe de la premiere , parut prefque triple de celle de la feconde. À moins deærouver une re- gle de cette variation, ce qui eft diflicile pour navoir pas un détail exact des obfervations qui en furent faites, on. n’oferoit aflurer qu’elles fuffent une même Comete. Avant que l'on foit perfuadé par des indices fuffifans ; qu'une Comete qui paroit de nouveau eft une de celles qui ont paru auparavant; & que l’on ne fçache qu'elle n’a fait depuis qu’une révolution : où fi elle en a fait plufieurs, qu'on en fçache le nombre , il eft inutile d'entreprendre d'en chercher la révolution , de même qu'il feroit inutile -de tirer la révolution de Mercure de deux retours que l’on auroit obfervé , fans fcavoir le nombre de ceux qu’il au- roit fait entre une apparition & l'autre. 0,B SE R.F. AT T'ON SUR LA QUANTITEF EXACTE D'EVS SE LS V'OVETATIITL'ES AC TD'ES] contenus dans tous les differens efprits acides. Par M HoOmMBERG. A Chymie demande plus qu'aucun autre art une exactitude trés-grande dans toutes fes operations , non feulement pour le choix des matieres que l’on y veut emploïer, mais aufli pour leur quantité, qui eft trés-fou- vent fi précife , que pour peu qu’on y manque , on fait une operation toute differente de celle que l’on s’étoit propofé de faire ; & c’eft en partie la caufe pour laquelle la plûüpart des operations un peu délicates, ne réüffiffent pas toûjours entre les mains de tout le monde. Nous avons une facilité trés-grande de mefurer la quan: tité déterminée de toutes les drogues folides & féches par le poids & par les balances ordinaires ; mais il n’en eft pas de même pour les liquides ; & particulierement poux _ D Go \ DES Sciences. # 45 tous les Sels volatiles acides , qui d'ordinaire ne paroiffent point en forme féche , & que l’on ne peut tirer des vege- taux & des mineraux qu'avec une partie de flegme dont ils ne fe féparent jamais entierement. Nous n'avons eu juf- qu’à prefent aucun moyen commode pour fcavoir , com- bienily a précifément de ce Sel acide par dans les liqueurs que l’on appelle efprirs acides; ce qui a embarafé l'artifte qui veut être exact, & le met abfolument hors d'état de pouvoir refaire précifément la même operation qu'il a fai- te autrefois, ou qu'un autre aura faite avant lui. Il eft vrai que par l’areometre qui eft entre les mains de tout le monde, l’on peut connoïtre à peu prés lequel de deux ou trois efprits acides eftle plus ou le moins deflegmé; mais on ne fçauroit déterminer par une quantité ou par un poids connu , de combien cet efprit eft plus fort ou plus pefant que l'autre; & lorfqu’on recherche en differens temps la force d'un même efprit , l’areometre commun eft fi fujet à être faux, que la temperature de l'air un peu plus ou moins chaude dans un temps que dans l'autre, en change confiderablement l'effet. D'ailleurs quand même il n’y auroit pas de changement dans la temperature de l'air , il faudroit pour verifier la même force d’un efprit acide , fe fervir précifément du même areometre dont on s'eft fervi en premier lieu , autrement l’on'n’ÿy connoîtra rien du tout; car c'eft prefque impoflible de trouver deux areometres qui marquent également , parce qu’il faudroit pour cela , que la capacité & la figure de leurs ventres & de leurs cols, aufli-bien que la quantité dela matiere dont ils font faits , fuffent parfaitement les mêmes, ce-qui eft aufli difficile à executer, que de faire deux thermometres parfaitement égaux. J'ai eu l’honneur de propofer à la Compagnie , il y a environ fix ans , un areometre nou- veau plus exaét que n’étoit l’ancien ; & dont je me fuis fervi pendant quelque témps ; mais ayant trouvé fon ufage encore fort incommode , je l'ai corrigé en dérnier lieu d'une maniere que tout le monde s’en peut fervir fans em- barras & fans erreur. Il n'a aucun des défauts de l’ancien F ii) 46 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE areometre, & il produit tous les bons effets qu’on en 4 defirez. IL marque précifement à un cinquiéme ou fixiéme d'une goute prés, & en valeur connuë, combien une li- queur pefe plus que l’autre : à quoi, fi l'on veut ajoûter les obfervations fuivantes , l'on fçaura aufli trés-exaétement, combien il y aura de flegme & combien de fel volatil aci- de dans un efprit acide que l’on veut examiner. De plus tous les areometres faits de cette maniere, quoique de differentes grandeurs marqueront chacun précifement le même degré de force dans le même efprit acide , c’eft à dire , qu'un areometre avec lequel on aura examiné un ef. prit acide, étant caflé ou perdu , l'on pourra verifier la force du même efprit avec un autre areometre , quoique ce dernier füt plus grand ou plus petit que le premier. La conftruétion confifte à un vaif- feau de verre femblable à un petit matras, dont lecol .4 D eft fi menu, qu'une goute d’eau y occupe l’efpace de cinq à fix lignes. A côté de ce col, il fort de la panfe B du vaifleau un petit tuyau C, de la même capa- cité que le col & de la longueur environ de fix lignes paralleles au col «4 D. Ce petit tuyau fert pour donner une fortie à l'air qui eft dans le vaifleau à mefure qu’on le remplit d'une liqueur ; la raifon pour laquelle le col eft,fi menu, eft, que par là on peut plus aifément connoître le vrai volume de la liqueur qui eft entrée dans le vaifleau. L'on fait une marque D fur fon col.4 D, pour connoître jufqu'où il doit être rempli. Il ef bon d’en faire un peu évafer en entonnoir l’extrémité.4, pour y verfer plus facilement la liqueur. L'ufage de cet areometre eft de le remplir d’un efprit acide jufques à la marque de fon col , de le pefer enfuite par un bon trébuchet , & de comparer le poids de cet ef- ptit au poids d’un autre efprit,. L'on y connoitra trés- DES SCIENCES. 27 exactement de combien l’un pefera plus que l’autre, par- ce qu'une goute d’eau occupant l’efpace de cinq ou fix li- gnes dans le col de cet areometre , fi on avoit verfé la hauteur d’une ligne de trop ou de trop peu , l'erreur ne feroit que d'un cinquiéme ou d’un fixiéme de goute fur toute laquantité qu’on auroit mefurée , ce qui eft trés-peu de chofe ; & cependant cela fera trés-fenfible dans l'areo- metre & trés-facile à corriger, en ajoûtant un peu de li- queur s'il y en a trop peu, ou en frappant avec le doigt fur l'antonnoir du col s'il y en a trop, ce qui fera fortir un peu de la liqueur par le bout du petit tuyau. L'on peut avec cet inftrument examiner non feulement les efprits acides, mais auffi les falphureux & toutes fortes d’autres liqueurs ; & comme les liqueurs font fujettes à fe dilater dans le chaud & à fe refferrer dans le froid, il en- trera en hiver plus de liqueur dans ce vaiffeau , qu’iln’en entrera en efté, ce qui pourroit embaraffer ceux qui vou- -droient comparer le poids d’un autre efprit acide qu'ils auroient pefé enhiver. Pour remedier à cet inconvenient, je donne ici une table des liqueurs les plus confiderables dont on fe fert en Chimie, & jy marque combien ces liqueurs ont pefé dans la plus grande chaleur de l’efté & dans un temps où il geloit , afin que par là l’on puiffe fça- voir à trés-peu prés la différence qu'il pourroit y avoir de ces deux extrémitez au tems dans lequel on fe veut fervir de l’areometre. L’areometre plein de mercure a pefé en efté onze onces & fept grains. En hiver onze onces & trente-deux grains. Plein d'huile de tartre a pefé en efté une once trois drag: mes & huit grains. | . En hiver une once trois dragmes trente & un grains. Plein d’efprit d'urine à pefé en efté une once trente-deux grains. En hiver une once quarante-trois grains. Plein d'huile de vitriol a pefé en efté une once trois drag- mes cinquante-huit grains. 48 MEMOIÏRES DE L’ACADEMIE ROYALE En hiver une once quatre dragmes trois grains. Plein d’efprit de nitre a pefé en efté une once une dragme quarante grains. En hiver une once une dragme foixante & dix grains. Plein d’efprit de fel a pefé en efté une once trente-neuf . grains. En hiver une once quarante fept grains. Plein d'eau forte a pefé en efté une once une dragmetten- te-huit grains. En hiver une once une dragme cinquante-çinq grains. Plein de vinaigre diftillé a pefé en efté fept dragmes cin- quante-cinq grains. En hiver fept dragmes foixante grains. Plein d’efprit de vin a pefé en efté fix dragmes quarante- fept grains. En hiver fix dragmes foixante & un grain. Plein d’eau de riviere a pefé en efté fept dragmes cinquan- te trois grains. En hiver fept dragmes cinquante-fept grains. Plein d’eau diftillée a pefé en efté fept dragmes cinquante- grains. En hiver fept dragmes cinquante-quatre grains. L’areometre vuide peloit une dragme vingt-huit grains. Cette table marque bien le poids exaët de chacune de ces liqueurs , & la vraie difference des uns aux autres, Mais elle ne nous marque pas la quantité de Sel volatil acide & la quantité de flegme dont ces efprits acides font com- pofez. Pour donner un moïen de le fçavoir, j'ai ajoûté ici une feconde table , qui marque combien une certaine quan- tité de fel de tartre a abforbé de chacun de ces efprits aci- des, pour s’en fouler parfairement, & de combien ce fel de tartre s'eft augmenté de poids après la parfaite évapo- ration de toute humide, Cette augmentation de poids marque la vraie quantité de fel volatil acide qui étoit dans Ja liqueur abforbée par le fel de tartre. Pour fouler une once de fel de tartre par l’efprit de ni- tre, il en a fallu une once deux dragmes trente-fix grains ; le Das ScrENces. 49 le flegme étant évaporé, le: fel de tartre s’eft trouvé aug- menté de trois dragmes dix grains. Ce qui marque qu une once de cet efprit de nitre contient deux dragmes vingt- huit grains de fel volatile acide. Pour fouler une once de fel de tartre par l’efprir de fel, ilen a fallu deux onces cinq dragmes ;- le flegme étant évaporé ;rle fel de tartre s’eft trouvé augmenté de trois dragmes quatorze grains. Ce qui marque qu'une once de cet “efprit de fel, contient une dragme quinze grains de fel volatile acide. = Pour fouler une once de fel de tartre par Phuile de vi- triol ; il en a fallu cinq dragmes ; le flegme étant évaporé , le fel de tartre s'eft trouvé augmenté de trois dragmes cinq grains. Ce qui marque qu'une once d’huile de vitriol, contient quatre dragmes foixante & cinq grains de fel vola- tile acide. Pour fouler une once de fel de tartre par l’eau forte; ilena “fallu une once deux dragmes trente grains; le flegme étant évaporé, le fel de tartre s’eft trouvé augmenté de trois dragmes fix grains. Ce qui fait connoître , qu une once d'eau forte contient deux dragmes vingt-fix grains de fel vo- latile acide. à Pour foulerune once de fel de tattre par le vinaigre diftil- lé, il en a fallu quatorze onces ; le flegme étant évaporé, le fel de tartre s’eft trouvé augmenté de trois dragmes tren- te-fix grains. Par confequent une once de vinaigre diftillé , contient dix-huit grains de fel volatile acide. En appliquant cette feconde table à la premiere ; & les comparant aux efprits acides que chacun voudra examiner par un areometre de cette façon, on trouvera aifément la quantité de fel acide contenu dans un efprit acide. Nous: pourrions par ces obfervations rendre raifon de plufeursifaits, qui, fans cela feroïent très-difficiles à expli- quer. Par exemple nous fcavons, qu'une once d’eau regalé faite de bon efprit de nitre & de fel ammoniac , difloût deux fois autant d’or qu’en pourroit diffoudre une once d'efprit de fel autant deflegmé, que l’éroit. l’efprit de ni- tre: Pouren rendre raifon , nous fommes obligez d'avoir 1699. G 5o MEmoiRes DEL'ACADEMIE ROYALE recours ou à la molleffe des pointes de l’un de ces deux acides qui s’émouffent aifément , & à la dureté des poin- tes de l’autre, qui agiflent plus long-tems & qui écartent plus puifflamment les petites parties de l'or, ou à quelque autre raifon femblable , qui tout au plus n’auroit qu’une foible apparence de verité : mais ces obfervations nous montrant qu'une once de bon efprit de nitre contient deux fois autant de fel acide qu’une once de bon efprit de fel, & fçachant d’ailleurs que les efprits acides n’agiffent plus ou moins que felon la quantité de ces fels acides qu’ils con- tiennent, nous pouvons être affleurez, que l’un ne produit le double de l'effet de l’autre ; que parce qu'il contient le double de fel acide de l’autre. J'ai remarqué dans ces obfervations un fait qui m’a paru meriter quelque attention , c’eft que le fel de tartre dans fa faturation a retenu du vinaigre diftillé un huitiéme de plus de fel acide qu'il n’en a rétenu des efprits acides des mineraux. La raifon de cette difference pourroit bien être , que les petites parties de nôtre fel acide vegetal ayant pañlé par les filtres de la plante, & enfuite ayant fouffert tous les mouvemens des differentes fermentations du vin &t de fa diftillation ,; fe- font trouvées divifées en plus petites patties que ne font celles d'un fel acide mineral, qui n’a pas encore fouflert ces accidens; car il y a beaucoup d’ap- parence que les fels acides des vesetaux ne font autre chofe que des fels acides mineraux ; que les racines des plantes fucent dans terre avec l'humidité qui leur fert de nourriture; & comme les bouts de ces racines font des efpeces de filtres , dont les yns admettent une certaine forte de fels, & les autres uneautre forte , & qu'il fe trou- ve parmi les fels eflentiels des plantes quelques uns de ces fels qui détonnent dans le feu & qui produifent une flà- me fort ardante , quelques autres qui ne produifent aucune fâme, mais qui fautillent & qui pétent dans le feu. Il pourroit bien être, que les fels acides contenus dans les fels eflentiels , tiendroient, les uns du falpêtre , les autres du fel commun, &cç. puifqu’ils en donnent les marques AT) DES SCcrENcCEs 01:11 $x dans le feu. Y ayant donc beaucoup d'apparence , , que les fels acides des plantes & les fels acides des minéraux font d'u- ne même nature, & qu’ils ne different qu’en ce que les petites parties des uns font plus fubdivifées que ne font les petites parties des autres, nous n’aurons point de peine à concevoir , pourquoi la matiere poreufe du fel de tartre a pü abforber un peu plus des uns qu elle n'en a abforbé des autres; & pourquoi la même quantité de fel acide occupe beaucoup plus de liqueur aqueufe dansle vinaigre diftillé que dans l'efprit de nitre ou dans quelqu'autre acide mi- neral : ce doit être encore par la même raifon que ce fel acide vegetal eft plus volatile , ou s’éleve plus aifément dans les diftillations, que ne font les fels acides des mine- aux. MANIERE GEOMETRIQUE ÉT'GENERALE De faire des Clepfidres ow Horloges d'éan avec toutes fortes de vales donnez , percex, où l'on voudra, d'une petite ouverture quelconque par où. l'eau s’é- coule Jrivant quelque hypothefe de vitefes que ce foit : Et réciproquement de trouver ces vafes pour toutes fortes d'hypothefes de telles viteffes &' des tems, fi- vant lefquels fe doivent regler les à té dela puit à … face de l'eau qui s'écoule. “Par M. VARIGNON. E 28. Aouft 1694. je donnai à l’Academte une Regle générale du mouvement des Surfaces de l'eau contensë dans . des Vafes. ou Reférvoirs ; 4 mefure qe "ils: s'épuifent. En voici préfentement une toute aufli générale pour en faire des Clepfydres , dont la démonftration eft tout à fait indé- pendante de celle-là. Gij 29. Avril 1699 s2 MEéMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE I. Pour en comprendre toute l’étenduéë; il y a ici trois chofes à confiderer : fçavoir, le vafe par le trou duquel l’eau s'écoule ; Les differentes vitefles de cetre eau à fa fortie; & les tems felon lefquels fe font les abaiflémens de fa furfa- ce. Deux de ces trois chofes étant données, à difcretion, il s’agit de trouver la troifiéme. pra. I Pour cela, imaginons un vafe tel auffi qu'on voudra , Fic. r. Comme cylindrique, conique ou pyramidal de bafe quelcon- 2. que, ou bien décrit par la révolution d'une courbe auffi quel- conque FEO autour de fon axe vertical .40 : Ou pour com- rendre le tout en général , imaginons un vafe, dont la moi- tié de la fe&ion par l’axe vertical . 40, foit une ligne quel- conque FEO, que j'appellerai dorénavant la géneratrice de ce vafe , & les coupes fuivant BE perpendiculaires à fon axe, toutes femblables entr'elles & de telle figure qu'on voudra. Soit ce vafe percé où lon voudra aufir, d'une pe- tite ouverture O de figure quelconque, & fur fon axe 4 O deux autres courbes aufli quelconques, dont la premiere OVX (appellée Courbe des vitefles ) exprime par fes ordon- nées BV les differentes vitefles de l'eau à fa fortie par le trouO, à mefure que fa furface fetrouve en BE; & dont l'autre ÂTR (appellée Courbe des rems) exprime de même par fes ordonnées BT les tems que cette furface met à def- cendre de .#F en BE. Cela pofé, il eft vifble que Ja con fe réduit à trouver une de ces trois courbes à difcretion, FEO, OV X, ATR , les deux autres étant données telles Crete III Pour le faire, foit OB— x, BE—Y, BT—t, l'ouverture O—c°, & la furface de l’eau en 2 d': ñ BE. L'on aura pour la vitefle de cette furface dans Vinftant dt, pendant lequel. BY exprime de même la vi- tefle de l’eau à fa fortie par le trou ©. Donc on aura auf &, 2:07 .R2 puifque l'eau du vafe ne diminuant que de ce qu'il en fort par. le trou © , l’on doit toüjours avoir ve — EE, Donc aufi en général dette ge , oùudt= Px d' ge “en prenant b=1 pour obferver la loi des Homoge- | DES SCIENCES. Mat ie nes; & cette équation ou formule convient tout à la fois aux trois courbes FEO, OVX , & ATR, de maniere _que deux d’entr'elles étant données telles qu’on voudra , “on trouvera toûjours la troifiéme en fubftituant en x &en conftantes les valeurs de ce que les équations des courbes données ont d’indérerminé dans cette formule : car l'équa- tion refultante fera toüjours celle de cette troifiéme courbe cherchée. IV. Mais quelque fimple que paroiffe cette formule générale, il eft pourtant à remarquer , qu'elle engage à deux quadratures qui en rendent l’ufage difficile : fçavoir , à la quadrature (c*) de l’ouverture O qu'on fappofe de fi- gure quelconque, & la quadrature (x?) de la furface de l'eau BE, laquelle dépend de celle du cercle, lorfque le vafe en queftion eft engendré par la révolution de la ligne FE O autour de fon axe .4 0. C'eft pour cela que j'en ai cherché encore une autre , laquelle ne fupposât rien detout cela, & qui cependant fût tout au générale que la préce- dente: La voici. ! V. Outre les noms: cy-deflus (arr. 3.) foient de plus AX—Aa, .AF—b, la furface de l’eau en .AF—f°, & pour plus de fimplicité la vitefle de cette firface—1 , en _faifant de .4 O un axe qui coupe la courbe des téms en .# fous un angle de 45. degrez: L'on aura encore (arr. 3. } Lo: :@.R7. & par li même raifonr. 4: : «2. f#. Parce que l'angle fuppofé de 45. degrez en .4, yrend dx—dr, & x conféquemment = 15 & qu'on yYaVv—BV—AX—A, Ce qui donnera c — se Donc Eve x# Müis les fur- faces de l'eau en .4F & en BE , étant (art: 2.) femblables de quelque figure que d’ailleurs on les fuppofe, l’on aura | YA OUT ETS Donc au © v: y). Ce qui donne encore en général l'équation ou la formule CES Commune aux trois courbes FEO, O0 VX, &ATR,.de: même que celle de W’arr. 3.imais qui-ne renferme plus -au- Giij. FIG. x. $4 MemotrEs DE L'AcADnemte ROYALE cune quadrature, ni même rien de l'ouverture ©, ni dela figure des coupes horizontales du vafe à mettreen Clepfy- dre. De forte qu'avec cette derniere formule, il n’eft plus néceffaire de fe mettre en peine fi ce vafe a été formé par la révolution de FEO autour de fon axe 40, ou autrement, ni de la figure ou de la fituation de fon ouverture O. FORMULE GENERALE. au. VI. Pour fatisfaire préfentement à l'art. x. c’eft-à-dire, à toutes les conditions de la queftion , il y a trois problé- mes à réfoudre. °. Un vafe quelconque à mettre en Clepfydre, étant Sade avec les vitefles de l’eau à fa fortie par le trou qu’on y fuppofe ; graduer ce vafe fuivant telle proportion des tems qu'on voudra. 2°. Ces viteffes quelconques étant données avec les tems fuivant lefquels on veut que fe faffent les abaiflemens de la furface de l’eau qui s'écoule ; trouver le vafe à qui les gra- duations qui en réfultent, conviennent pour en faire une Clepfydre. 3°. Le vafe à mettre en Clepfydre étant donné avec les tems fuivant lefquels on veut que fe fafñfent les abaifle- mens de la furface de l'eau qui s'écoule ; trouver quélles devroient être les viteffes de cette eau à fa fortie , pour faire une Clepfydre de ce vafe , à qui convinifent les graduations qui refultent de ces tems. Mais parce que la réfolution de ces trois Problèmes fe tire de la même maniere de la précedente formule générale , ou plûtôt celle des deux derniers s'y préfentant comme d’elle- même, celle du premier ( qui eft ici comme le principal } fuffira. Soit donc feulement £ PROBLEME. VII. Un vale quelconque à à mettre en Clepfÿdre , 06 [a li- 2, gne génératrice FE O étant donnée avec O VX qui ef} celle des vitelfes de Lean à fa fortie par le trou © qu'on lui Juppofe & D mt En. : | k DES SCIENCES. FA st difcretion > graduer ce wafe fuivant relle proportion des tems qu'on voudra. SozuT. Toutce qu'il y a iciàfaire, c’eft de fubftituer dans la formule générale précedente { arr. 5. ) les valeurs de J & dev, trouvées en x &en conftantes par le moyen des Courbes données FEO & OV.X3 & l'équation qui en ré- füultéra, n'ayant plus d'indérerminées que x &r, fera celle de la courbe .4TR des tems fur lefquels fe doivent regler les graduations requifes du vafe qu’on veut mettre en Clepfydre. | Pour les avoir , cette courbe .ATR étant décrite füivant fon équation ainfi trouvée, foit une de fes ordonnées quel- conque OR divifée aux points Z dans la raifon des tems qu'on veut marquer depuis .4 jufqu’en O fur la Clepfydre cherchée: De tous ces points Z foient menées autant de ZT paralleles à l'axe 40, lefquelles rencontrent la courbe des temsen tout autant de points T, defquels il faudra faire encore autant de droites TBE paralleles à AO: les points E feront les en- droits du vafe où la furface de l’eau fe trouvera dans les tems requis; & les points 3 de l'axe, marqueront de même les hauteurs où elle doit fe trouver alors. k Par exemple : Si l’on divife OR aux points Zen parties égales, les points B & E marqueront les hauteurs & les endroits du vafe où la furface de l’eau doit fe trouver en tems égaux: de forte que fi cés tems font des heures, des demi-heutes , des ‘quart-d’heures, &c. il n'y aura qu'à les marquer fur fes divifions par les chiffres qui leur convien- nent; & le vafe propofé fera gradué dans la proportion des tenmis requife. En général, fi l’on a obfervé le tems que l’eau aura em- ployé à s'écouler toute par le trou © du vafe engendré par la révolution autour de .40 de la ligne quelconque FE£O , lequel en étoit rempli jufqu'en 4 F; & qu’on veuille fca- voir à quelles hauteurs cette eau s’y trouvera au commen- cement ou à la fin des parties quelconques de ce tems de fon écoulement entier depuis .4F jufqu’en O: il n'ya qu'à divifer OR en autant de parties proportionnelles à celles- là; de tous les points Z de fa divifion lui élever autant de FTG. 8: # 6 MEMOIRES DE L'ACADEMIE KoYALE perpendiculaires ZT qui aillent rencontrer en autant de points T la courbe L4TR des tems; & de tous ces points T menet autant de droites TBE paralleles à .4F, lefquelles rencontrent en autant de points E la ligne génératrice FEO du vafe quelconque propofé : ces points E fur la fur- face exterieure de ce vafe, y marqueront les hauteurs où l’eau s’y trouvera dans les tems fouhairez, lefquels mar- quez en ces points par des chiffres, y formeront l'échelle de graduation requife. EYXE M PLE0E VIII. Soient fuivant l’hypothefe ordinaire les viteffes de l’eau à fa fortie parletrou O du vafe propofé , comme lesraci- nes des hauteurs de fa furface au-deflus de ce trou: en cecasla courbe des vitefles OX fera une parabole ordinaire , dont le lieu foit (fi l’on veut )v—V px. Cela pofé, fi l'on veut de plus que le vafe donné foit une pyramide ou un cone debafe quelconque (en forme d’entonnoir renverfé , mais dont le trou foit où l’on voudra, à la hauteur de .40) de maniere que fa ligne génératrice FEO foit droite, & forme avec fon axe «40 prolongé vers C, un angle rettiligne quelconque ACEF : alors fi outre .4X—4a, on fuppofe c—0 C par- tie de .4 C,onaura 4 C (+c). AF(b)::CB(c4+x) bpXxc+x BE (y). Et par conféquent 3—= "Qu Jp = HE, Donc en fubflituant ces valeurs de v & de yy aa + cp? ; : d dans la formule générale précedente (arr. s.) dt = 3 appdxxc+x? 2 l'on aura dt = ——, dont intégrale r — 4 “a +pctxXV px CE IE TENUE NI NGC HR TTTAN TT yes RUES FLN RU 304? Xap?—p?V pxtrioachXai— pxV prx+64axa$ —p'x°vpx 15pXaa+cp? . fera ici le lieu de la courbe des tems .ATR , laquelle de- crite fuivant cette équation, aura fon ordonnée O R— 304a?c®p?i+#zoetcp+6éaf DRE TTETTENTE la proportion des tems requis , & en achevant le refte , comme , qu’il faut divifer en Z fuivant PR St à Se PE NE Li DES SCIENCES. i s7 comme dans la folution précedente (arr. 7.) les points B & E exprimeront les endroits où fe doit trouver la fur- face de l’eau dans ces tems, en s’écoulant par le trou O. Et là il eft à remarquer que cette courbe .4TR tournera d’abord fa convexité vers OZ en la touchant en R, & qu’enfuite elle fe recourbera en fens contrairesvis-à-vis de XXE C} IX: Si l’on veut br. die que le trou O foit au fond pr c. 4. du vafe en queftion , comme au fond d’un entonnoir de bale quelconque ; alors ayant CenO, ou CO (c)=0, le lieu précedent (arr, 8.) de la courbe des tems 4 T2, fe cie Ga —Gap?x2V rx 2a5— 2p2x2 px changera pouricienr — D RE TEEN PPT VU Ce.qui fair voir que cette courbe .4T ef ici une feconde parabole du cinquiéme degré, dont l’axeeft O R— SP (+.4 0 ), vers lequel elle tourne préfentement fa conca- ; * ee $ 3 — viré dès le point À, où elle a fon parametre =T vV £,& va fans aucun point de contour rencontrer .4 O en,4 , fous l'angle fuppofé de 45. degrez. X. Enfin fi l’on fuppofe ( arr. 8.) que le vafe donné foit un cylindre de bafe quelconque ; alors FE parallele à AO, rendant OC (c) infinie , l'équation de la courbe des tems .4TR trouvée pour Part. 8. fe changera ici en JO aa cc pp—3o acc ppV pe __ 2a83—2aV rx 15 ccp3 P Te que cette courbe doit être ici une parabole ordinaire, dont le fommet & l’axe font R &OR—7*{.40); mais dont la courbure eft préfentement à contre-fens de la précé- dente , fa convexité fe trouvant tournée vers OR qu’elle 4a4a ; ce qui fait voir touche en Æ, où elle à fon parametre == 4.4 0. De-là fe conclut aifément la méthode ordinaire de faire ces Clepfydres cylindriques : fçavoir, que pour avoir les points B qui marquent des tems égaux » par exemple, 12. “heures fur 40 , il faut concevoir .40 comme divifée en 144. ( quarré de r2. ) parties égales, en retrancher O B de 1699. H FIG. », FIG. 6. L 58 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE 121.(quarré de r 1 ), ce premier ou plus haut point B ferace- lui de la premiere'heure ; de cet O B retranchez l'OB fuivant- de 100. parties/(quarré de 10), ce fecond B fera celui de la fe- condetheure ,.&rainfi des autres. De forte que de ces 144. parties égales ilen faut prendre 23 , pour la premiere heure de l'écoulement; 21, pour la feconde; 19 , pour la troifié- me ; 17, pour la quatriéme ; Jen 1 , pour la douziéme, toûüjours fuivant la fuite naturelle des nombres impairs. ExempPLe Il. XI. La vitefle de l’eau à fa fortie par letrou‘O , demeu- rant la même que dans l'exemple précedent (arr:8.) c'eft- à dire, comme les racines des hauteurs de la furface de l'eau par deflus ce trou ,-en forte que la courbe OYX qui les exprime par fes ordonnées , foit encore une parabole dont le lieu foitv—v px; fi l’on veut prefentement que la courbe génératrice FE O-du vafe donné, foit une feétion conique quelconque dont le fommet foit en O : on peut de même fatisfaire à toutes les fe&tions coniques à la fois en fe fervant de leur lieu général 2mn°x+2mnxnx = mx — 2mn3x2menxn2xt— mix = |, fi r#y° 5 cat ce lieu donnant y» — = l'on fubftituë ces valeurs-de v & de »y dans la précedente LS 72 da £ (art. s.) formule générale dr =, elle fe changera ici CAPOT PE TI Lies tr à 2mn2%iminxaxdx nm Xaxxdx >, ’ en dt— res ; dont l'intégrale r — 20mn2Hiom=nxatp— ap?xV park 6h —6mTxa —apx?V px 15b?m?p3 fera le lieu général de la courbe des tems .4T R , quelque fe&tion conique (en dedans) que foit la génératrice FE O du vafe donné : Ceft-à-dire , quelque rapport qu'il y ait demàn; puifque c’eft par la varieté feule de ce rapport que cette courbe génératrice fe trouve être telle ou telle feétion conique: fcçavoir une parabole lorfquem—» , une hyperbole lotfque # < n,uneellipfelorfquem >», &un cercle lorfque # eft infinie. XII. On voit encore ici en général, que fi l’on prend. A 2 34 2ya% n°2a5—Ém2a$ ( parallelement à AX ) cie one p4-20mnath+6 AE 15bm?p3 Ce at ln D de die à 7 HD , pe D 19 NPNPATE ARE) SCIENCES. 59 la courbe cherchée .4 TA la rencontrera perpendiculaire- ment en À, en tournant fa concavité vers. OR jufqu’à 2mn Hamin «4 " # en OÙ elle fe contourneta en fens contraire ; & fon angle de 45. deg. en .4 avec .40,donnera ici bin°p? — mnp 22m np + atn° — atm?, d'où refultera la valeur de celle qu'on voudra des trois indéterminées conftantes mn, n, p, les deux autres étant données à difcretion. XIII. La Courbe des tems .4T R pour les trois cas où la génératrice du vafe FE O peut être une feétion co- nique (en dedans) étant trouvée; il n’y a plus qu’à divifer © R aux points Z dans la raifon des tems requis, achever le refte comme dans la folurion précedente (arr. 7.) ; & les points 8 ou E, ou plütôt 8 & E marqueront les endroits où fe doit trouver la furface de l’eau dans ces tems, en s'é- coulant par le trou O du vafe formé par celle qu'on voudra des trois fettions coniques. ExsmpPzs IIL XIV. Si l’on veut préfentement qué lacourbe généra- trice du vafe FEO foit une hyperbole équilatere prife en dehors, dont le liéu entre les afymptotes .4 0, OP, foit (fi l'on veut) aa=xy, ouy=<, & les viteffes de l’eau à fa fortie par le trou O de ce vafe , comme cy - deflus ; c’eft-à-dire, v—v px ; il n’y aura qu'à fubflituer encore ces: deux valeurs de y7 & de v dans la formule générale ayydx 4 . _a$dx = : lon aura ici dr — Fesses dont 245 2e. (ar. s.)dr— l'intégrale l— EE EN LE des tems .{T R, laquelle on voit devoir être une feconde hyperbole cubique, dont © R fera une des afymptotes, & l'autre fera P Q. parallele à..4 O en prenant O P— - = P fut RO prolongée ; & l'on aura ici pb. L'équation cc— x} ‘ . 5 n 2ac# 2c#p aabr auroit donné de MÊME = ————— " œp— "—, : 3bbxv px 3 bba cc XV. La maniere de fe fervir de cetre courbe 0.4 R pour graduer fuivant telle proportion qu'on voudra , le - vafe dont l'hyperbole en dehors F£O feroit la génératrice , H ij 2" fera le lieu de la courbe FIG. 7: 60 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE étant la même que cy-deflus (art. 7. &'c.), on nes’y arré- tera pas davantage : il fuffit de remarquer , que quelque pe- tite que fût la hauteur finie .40 de l’eau comprife dans ce va- fe, & quelque grand au contraire que fût le trou fini © par lequel on fuppofe qu’elle s'écoule, il ne faudroit pas moins qu'un tems infini pour l’épuifer ; c’eft-à-dire, un tems plus grand quétquelque tems fini qu'on puiffe fuppofer , fi un tel yvafe étoit poffble. REMARQUE I. 1°, On pourroit encore donner d’autres exemples de tout ceci, dans lefquels le trou O ne fe trouveroït pas au fond du vafe ou au fommet de la fe@tion conique qui le forme ; mais la méthode en étant la même que celle de l’exemple premier, il n’eft pas néceffaire de s’y arrêter davantage. 2°. Il faut pourtant remarquer , que quoique la gtadua- tion de ces fortes de Clepfydres fuivant telle divifion qu’on voudra du rems qu’elles mettent à s'épuifer, ne dépende aucunement de la capacité du trou par où l’eau s'écoule, leur durée ne laiffe pas d’en dépendre; puifque felon que. ce trou fera plus ou moins grand, elles s’épuiferont plus ou moins vite. Pour faire donc qu’elles durent ce que l’on voudra, il faudra changer ce trou en un autre à pareïlle pro- \fondeur , lequel foit à celui-là comme le rems que le vafe met à s’épuifer, à ce qu’on veut qu’ilen mette; parce qu'à hauteurs égales, les vitefles étant les mêmes , les produits des tems par les ouvertures, font comme les quantitez d’eau qui s'écoulent , lefquelles font (hpp.) ici les mêmes de part & d'autre. | 3°. La folution de deux autres Problèmes que j'ai indi- quez dans l’arr, 16. fe tirant auffi de la même formule générale (art. s.). dont on s’eft fervi jufqu’ici, en y fubftituant feulé- ment les valeurs données de v & de dr pour la folution du fecond Problème , ou de y & de dr pour celle du troifiéme ; il eft manifefte que la feule fubftitution de la valeur de d 4 qui réfulte de l'équation de la courbe des tems .4TR, donnée dans l’un & dans l’autre de ces Problèmes , laifle encore cette équation commune aux deux autres courbes FEO & OV X. De forte qu'après cela il n’y aura plus qu'à y fuftbituer la yaleur de v ou dey, pour particulari- 4 tr + a | si ÿ _ DES ScreNces. 6r fer cette équation à la courbe génératrice du vafe cherché, ou à celle des vireffes cherchées de l’eau à fa fortie par le trou O. Ainfi je ne croi pas non plus qu'il foit befoin de nous y arrêter davantage. Cependant la Clepfydre de def- cente uniforme de la furface de l’eau qui s'écoule avec des virefles fuppofées comme les racines des hauteurs, laquelle femble avoir été cherchée par Toricelli, & que M. Mariotte a trouvée, eft trop celebre pour l’omettre ici > d’ailleurs elle fe préfente fi vite par nôtre Méthode , que ce ne feroit pas beaucoup épargner que de fupprimer cet exemple du Problème fecond. | X V I. La queftion eft donc felon M. Mariotte (Mouv. des Eaux, part. 3. difc. 3.) de trouver un vaifleak de telle f- gure qu'érant percé au fond d’une petite ouverture, l’eaw fupe- riewre pale en defcendant des hauteurs égales en tems égaux. En ce cas les tems BT étant donnez comme les efpaces 4 B, la ligne des tems .4T R fera droite, & .4 B T un triangle rectiligne qui donnera dt — d x à caufe de l'an gle fuppofé B.4T de 45. degrez ; l’on aura de plus v=V px fuivant l'hypothefe qu'on fait ici des vitefles de l'eau à fa fortie par le trou O , comme les racines des hauteurs de fa furface pardeflus ce trou. Il n'y a plus qu’à fubftituer ces valeurs de dr & de v en leurs places dans la formule La Fr d générale ( arts.) dt"; pour la changer out d’un Bb V ! és coup en 1 Tr TT yy qui fera le lieu de la courbe cherchée OEF. D'où l’on voit que cette cour- be doit être une parabole quarrée-quarrée , ainf que M. Mariotte l’a trouvée , & que je la démontrai auffi à l'Académie d'une autre maniere tout auffj courte, le 28. Aouft 1694. XVII. Si aulieu de v —V px, l'on eût pris v —x9p" 1 Von auroit eu-de même 2%: C1 — y} "pour le lieu géné- _ ral de toutes ces courbes génératrices des vafés FEO, ou les abaiffemens de la furface de l’eau qui s’écouleroit < 0) o ‘ par O avec des viteflesx4, feroient comme les tems ; c’eft- À dire, égaux en tems égaux. Ce qui, en prenant ç—1 H ii; F1G. 8. ;- 62 MEMOIRES DB L'AcCADEMIE ROYALE donnetôit encore =YP# EE. — y, c'eft-à-dite, là premiere parabole quarrée - quarrée pour la génératrice FE O du vafe propre à un tel ufage dans l’hypothefe ordinaire où les viteffes de l’eau à fa fortie par le trou O, font comme les racines des hauteurs de fa furface par deflus ce trou. Sil on, prend ces virefles comme ces hauteurs, c’eft à-dire, b2% g=—= 7; l’on aura ——— yyàla parabole ordinaire, pour le lieu de la courbe génératrice du vafe requis en ce cas. Sices vitefles font comme les quarrez des hauteurs, c’eft-à-dire, g—= 2, cette ligne FEO fera droite, & not un triangle re- étiligne re angle en A, dont le lieu fera” = —}} ou x PE — y. Si l'on prend q=— — 2, cette courbe généra. trice de vafe FEO fera une hyperbole ordinaire dont le lieu fera bp V2). & ainfi des autres cas à l'infini, où la furface de l’eau comprife dans ces fortes de vafes, s'abaifferoit également en tes égaux, quelque puiflance des hauteurs qui fuivit la vireflë de fon écoulement par le trou O. XVIII. Quant aux autres vitefles de l’eau, qu’on pour- roit encore imaginer à fa fortie par le trou O', dans cette hypothefe d’abaiflemens égaux de fa furfaceen tems égaux »1 - 2b29 l'égalité — 0 éce- 8 ——)) les comprendra toutes avec les préce dentes , elle comprendra même tout à la fois toutes les courbes génératrices des vafes propres à cette hypothefe. De forte qu'en y fubftituant feulement telle valeur de v qu'on voudra, cette équation deviendra celle de la courbe génératrice FE O du vafe requis en pareil cas. Et réci- proquement , quelque valeur de y qu’on fubfttuë dans cette même équation , elle deviendra celle de la coutbe OV X des virefles que l'eau-doit avoir à fa fortie par le trou O du vafe donné , pour que les abaiffemens de fa fur- face y foient tels qu'on les demande, c’eft-à-dire, égaux en tems égaux. Mais en voilà affez & même plus qu'il n’en faut , vù l'extrême facilité qu'il y a de wouver. tout cela IMern.de 1699. Planche 11. pag: O2 | DES: SC T'EIN CÆ5.: 63 par nôtre Méthode, c’eft-à-dire , de le tirer de cette for- ‘mule ou de la générale de l'art. 5. doi a donné naiflance à celle-ci. RÉ MAN do à ie GE Jufque/là il fuit de fçavoir que:les coupes horizontales des vafes à mettre en Clepfydres , font femblables, de quel- ques figures qu'elles foient d’ailleurs ;:fi elles ne létoient pas , il en faudroit demeurer à la formule dr = .que-donne Lanalogie 7" v: CE ..R de l'art. s. dans laquel- elles valeurs des furfaces des coupes-horizontales , re- fteroient encore à fubftituer felon la nature des vafes “en ‘queftion. ‘Par:exemple , fi ces vafes étoient des cylindres horizontaux de’ tbafes quelconques d’axes werticaux ,; Ou même des. cuneo -cones de tranchans “verticaux & de bafes aufli quelconques ; faits à la ma- niere de ceux dont parle M. Wallis à la fin de fon Al- “gebre ; les coupes ‘horizontales de ces vafes donnant alors f°.&2:: by. Cette formule deviendroit 4 Fe de laquelléMil faudroit faire le même ufage que de la gé- nérale de. l'a art. $. Et ainfi de tout ce. qu’ en peut donner de azdx -même dt —= A * PRES CURE PI ITS T ON D'UNE NOUVELLE MANIERE DE PORTE D ÉIGUL US :E Q#on a pratiquée dans Pentreprife de la nouvelle navivation ! de la Seine. Luë à l’Académie par M. DES BILLETTES. % L NErrE Porte eft tout à fait finguliere & fans rapport à aucune cts ait.vüé-dans toutes.les autres nayiga- tions. 2, May, 1699: 64 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE En voici les principales proprietex. x. Elleé épargne du moins un pied d'excavation, cequ’on fçait être d’un très-grand avantage dans ces fortes de tra- vaux. 2. Elle eft d’une force extraordinaire , & comme invin- cible. 3. Elle n’eft point attachée aux Palées, & par confé- quent indépendante des inconveniens qui arrivent 4 toutes celles qui ont cette fujetion. 4. Un homme feul l’ouvre fiaifément & fi promptement, qu'un Marinier fe trouvant à cent toifes & moins au-deflus ou au-deffous , n’a qu'à avertir d'un coup de cornet ou au- trement ; & il l’a trouve ouverte avant qu'il y foit arrivé. Ainfi la navigation n’eft jamais interrompuë , comme il arrive d'ordinaire aux autres manieres de Portes, où ilfe perd fouvent jufqu’à des heures entieres pour leur ouver- ture. 5. S'il y a quelque réparation à y faire, deux hommes feuls la peuvent mettre hors de l’eau dans un quart d’heure ; & étant racommodée, ils l’a replacent dans uniiftant. 6. Ilne s’y peut amañler de fable ni autre chofe qui l'em- pèchent d'ouvrir, qu’on ne puiffe ôter en un moment. # 7: Quoique très fimple, & plus füre qu'aucune qu’on ait prariqués jufqu’à préfent, elle coûte beaucoup moins, & n’eft point fujerte aux accidens des autres conftruétions. Elle a été inventée par feu M. le Duc de Rouanez, qui fans étude & par la feule jufteffe de fon efprit naturellement géo- metrique , étoit capable de trouver tout ce qu'il y a de plus fin à chercher dans les Méchaniques, & particulierement pour ce qui regarde les eaux; comme il étoit même toûjours prêr à raifonner très jufte fur ce qu’il peut y avoir de certain dans la Phyfique , & généralement fur toutes les matieres dont la difcuflion ne dépend pas d’une enchaïnure de princi- pes arbitraires, CONSTRUCTION, Po UR éviter un trop grand dérail , qui ne feroit pas du deffein'de cet extrait, & qu’on éelerve à un traité des Ma- nieres de rendre les rivieres navigables ; on donnera feule- ment Po = - 1J1T0/DES SC'ENCES MAN TE ment iciun plan géometral de certe Portes avec un profil d'unde fes bras:, fans entrer dans Vexplication des plan- chers d’amont, d'aval, palées, &c. qu'on fçait être necef- faires à routes Portes d’éclufes ; aux pertuis , vannes des Moulins, :&c: a Ayantdonc fuppofé l'excavation telle qu’elle:doit être ; & les deux planthérs d'amont & d’ayal propres à l’empla- cementde cette Porte tant ouverte que fermée, avec tou- tés les conditions requifes pour empêcher que l'eau ne pañfe pardeflous , ni n'endommage les palées du Canal, on le contente de marquer ici ; que ces deux planchers font: continus & reduits comme en un feul,, étant joints par une plateforme commune à rous deux & en faifant partie. - Cette plateforme et reprefentée ici par quatre ligres ponétuées , & marquée .4. B. B. A. Elle eft faire de quatre pieces de bois courbes, mifes bout à bont , & faifant enfemble 48. pieds de long fur 18. pouces de large. Son cintre eft de deux portions de cer- cle qui fe rencontrent au milieu du Canal aux points B. B. & dont les centres font environ 30. pieds au deflous, & un peu en dehors de-fon alignement. Ce canal eft ici mar- qué par les deux lignes paralleles ponduées c. c. c. c. = 1Dans’ chacun:de ces deux centres eft-énfoncé un gtos pieu de 15, à 16. piedsde long fur 18.à 20. pouces de gros, dont il ne refte hors de terre qu'environ deux pieds & de- imide long, arrondis en tourillon-de 10. pouces de diame- tre: Ces deux pieux font les pivots de la Porte marquez P.:P. On.a même :trouvé plus à propos depuis: quelque tems (au lieu d’épargner ce tourillon {ur l'épaiffeur du bois) de couper tout ras la tête du pien & d'y placer au centre un pivot de fer d'environ 4. pouces de diametre ou peu plus. | ‘2 Voici maintenant en quoi la feule Porte confifle. ELLE a deux battans , chacun defquels eft compofé de deux grands bras & deux petits. Les grands bras marquez D. D. D. D. font des piecesde bois de 30. pieds-de long fur 10. à 12, pouces en quarré 1699. I 66. MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALE joints & liez enfemble avec de grofles fretres & des bou- lons par le bout d'en bas; & s’écartant par celui d'en hant de 5. à 6. pieds. À quelque peu plus d'un pied de l’extré- mité de leur union, ils font entaillez en forte qu’ils for- ment un trou rond dans lequel entrent les tourillons des pivots. Par leurs bouts écartez , ils font emmortoifez à deux courbes de bois de 1 2. à 1 3. pieds de long fur 7. pou- ces en quarré , marquées £ E, qui font cintrées comme la plateforme, & fe rencontrent de même aux points B. B. quand la Porte eft formée. Et de part & d'autre ils font aufli attachez aux courbes par des liens emmortoifez F. À quelques 10 pieds loin des courbes, les bras fonten- tretenus par des entretoifes GG, & de même auf à envi- ron 8. à 9. pieds de l'extrémité de leurs bouts d’enbas. Environ à 6. pieds de leur extrémité d'enbas , s’élevent auffi deux autres moindres bras, dont les tenons d’enbas entrent dans les mortoifes AZ ; & s’écartant enfuite par un angle fort aigu , montent par leur autre bout d’en- viron 4. pieds plus haut , & s’emmortoifent dans une autre courbe élevée parallelement au deffus de la premiere. Ils font encore foûtenus par des poteaux montans ,emmortoi- fez fur les grands bras aux endroits Z On: voit un de ces petits bras joint au os & à une coupe des courbes hautes & bafles au profil dont on par- lera cy-aprés. Comme les grands bras font attachez par des liens à des courbes bafles qui pofent fur la plateforme , les petits font aufli attachez par! de pareils. liens à des courbes plus hautes de 4. pieds que celles-là , & font de même entrç- tenus par une entretoife comme celle de G. Ces courbes hautes & bafles font affemblées avec des poteaux montans & des liens emmortoifez dans chacune: On voir la place de ces mortoifes en 12. endroits de ces courbes baffes. Contre ces courbes font attachées verticalement du côté de teur convexité des planches , qui font comme une fe- “ion de tambour : & c’eft par là que l'eau fe foûtient DES SC'IuNcCESs M (y élevée fur les planchers d'amont & d’aval. On leut don- ne 6. à 7. pieds de haut ou plus , felon qu'on a d’eau à foûtenir à proportion des palées & chambords du Canal. On voit une de ces planches au profil, marquée e. e. Les deux poteaux montans qui font aux éxtremitez de chaque courbe portent chacun en bas une roulette ou cy- lindre de 10. pouces de diametre fur 7. de long. Et c’eft par ces 4. roulettes que la porte tourne fur la plateforme. On voit une de ces roulettes au profil marquée j. Au bas des planches par le devant (ou amont l’eau) on applique de petits ais couchez fur le chant & atrachez par des couplets , en forte qu'ils joûënt comme le couver- cle d’an coffre, & battent fur une tringle de bois élevée & cloüée fur la plateforme fuiyant fon cintre tout du long. De forté que par ce moyen l'eau ne peut entrer fous la porte par les intervalles des roulettes ; & cependant quand il s'arrête au devant ou au-deflous de ces ais quelques her- bes , fables, bois, ou autres matieres, on les fait pafñler dans un moment fous la Porte, en élevant ces petits ais avec une chaîne ou un crochet. Pour ouvrir & fermer la porte facilement , on met à droite & à gauche un treuil ou cabeftan vertical affez près du bord du canal. Autour de ce treuil eft une chaîne de - fer, dont les deux bouts font atrachez proche l’un de l'au- tre fur la courbe d’en haut, aprés avoir fait un tour fur un rouleau où une poulie attachée à la palée ; & par ce moyen un homme feul tournant par un levier le cabeftan en un fens ouvre la porte ,; & par l’autre fens il la référé en trés-peu de tems. Chaque battant de la Porte quand elle eft ouverte fe place dans une excavation aufli bafle que les planchers , féprefentée par les triangles de Hgnés ponétuées .4. K.L. On nomme cet emplacement l'étang , parce que l’eau ny à point de cours. Pour empêcher que les bateaux ne heurtent les pivots, on a au-devant deux pieux QQ , qui font nommez , pieux de garde 0 défenfe. Ti 68 MeEmotres DE L'ACADEMIE ROYALE On péurfaire aufli, & l’on a fait quelquefois cette Porte fimple , c'eft-à-dire, à un feul battant qui barre toute la largeur du cänal. Elle n'a que deux grands bras aux extre- mitez , c'eft-à-dire , à droite & à gauche , & deux autres plus courts entre ces deux là , aboutiffans feulement à une entretoife qui entretient les premiers ; & du refte peu dif- ferente de conftruétion , dont il n’eft pas neceffaire de par- ler ici, parce que la précedente eft beaucoup meilleure. Cette fimple n’a qu'une feule vanne cintrée de toute la largeur du Canal ; elle tourne aufli autour d’un feul pivot, & n’a befoin que d’un étang pour fe placer quand elle eft ouverte. Mais quoique ce feul pivot doive foutenir tout l’éffort de l’eau du Canal , au lieu que la Porte à deux bat- tans a deux pivots qui ne foutiennent chacun que la moitié de cet effort, la fimple ne laifle pas d’être excellente, & peut être neceflaire en certaines rencontres , où l'on ne pourroit avoir d'étang que d’un côté. Explication du Profil d’un des battans qu'il fant s'imaginer êrre élevé fur le plan géometral des aurres. aa, DDIR eft l'afflemblage du grand & du petit bras avec un des poteaux montans de la Porte, qui eft marqué 2. H, eft le lieu dela mortoife marquée au plan de la Por- te:1,un des poteaux montans qui entretient les deux bras haut & bas. P,eft un des deux gros pieux fervant de pivots à la Porte : T en eft le tourillon. M, eft une moife de deux larges pieces affemblées par le côté pour embrafier enfemble le tourillon, N, eft un des deux pieux qui entretiennent la moife par des échancrures, & fervent avec la moife à affermir d'au- tant plus le pivot contre la poufsée de l’eau que foûtient la Porte. j, eftune des quarre roulettes. Elles font attachées au bas des poteaux montans par des écharpes & des boulons. Il s'en voit une autre à part. se, eft une des planches qui font la vanne de la Porte. - 3 : Mem.de 1699 page 68. Echelle de 30.prds. : ÉGge Mem.de 1699 -.page 68 | DES SCIENCES : 69 ESSAIS POUR EXAMINER LES SELS DES PLANTES, Par M. HoMBERG. Ous obfervons que certains fels effentiels des plantes produifent dans le feu les effets du falpêtre; d'autres, les effers du fel commun : Ce qui donne lieu de croire, que ces fels pourroient bien contenir du vray falpêtre ou du vray fel commun, que les racines des plantes auroient fuccé de la terre, fans qu’ils euflent changé de nature, fi ce meft par le mélange de differens fels qu'une même plante auroit pû abforber. Mais comme nous voyons aufli, que deux plantes de dif- ferente nature étant plantées fort prés l’une de l’autre , en forte que leurs racines fe mêlent dans la terre, ne laif-. fent pas de conferver chacune leur odeur & leur faveur particuliere , quoique nourries d’un même fuc nourricier , également bon pour l’une & pour l’autre plante ; je me fuis imaginé, que ce fuc , aprés avoir été fuccé dans la plante, pourroit bien par quelque fermentation ou autrement changer la nature du fel qu'il auroit charrié dans la plan- te, en forte qu’un fel purement nitreux y pourtoit prendre la forme d'un. fel marin ou même d’un fel volatile urineux , felon les organes & felon les fermens naturels de la plante. Pour m'éclaircir de ce doute , j'ai fait les expériences. fui- -yantes. . J'ai mis dans une grande cuve , de bonne terre noire de Jardin ; j'ai lavé cette terre avec plufeurs eaux boüillantes pour la dépoüiller de tous les fels qu’elle pourroit conte- nir ; j'en ai enfuite rempli quatre caifles larges & plattes ; _ jai arrofé la terre de deux de ces caifles avec de l’eau dans laquelle j'avois diflous du falpêtre ; en forte que dans cha- cune de ces deux caifles , il étoit entré deux onces environ l'iüj 16. May 1699, 70 MEMOIRES DE L'ÀACADEMIE ROYALE de falpêtre , la caifle contenant à peu prés deux cent li: vres pefant de terre. J Les autres deux caiffes , je les ai laiffées avec leur terre infipide , prenant bien garde qu’elles ne fuffent arrofées qu'avec de l’eau toute pure , afin qu’il n’y entrât rien qui pût être mn contenir quelque fel. J'ai femé du fenouil dans l’une de ces caifles arrofées de nitre & dans l'une des caiffes infipides ; & dans les deux autres j'ai femé du creffon de jardin. L'une & l’autre graine dans les quatre caifles ont fort bien germé : je les ai arrofées d'eau de riviere tous les jours qu'il ne pleuvoit pas, & je les ai laiflé croître jufqu’à ce que le creflon fût monté de fept ou huit pouces. Alors je l’ai arraché ; & aprés avoir Ôté toute la terre des raci- nes, il s’eft trouvé vingt-cinq onces de celui qui étoit crû dans la terre infipide, & vingt-fept onces & demie de ce- lui qui étoit crû dans la terre arrofée de nitre. J'ai goûté de l’un & de l’autre, tant de l'herbe que des racines , je n’y ai trouvé aucune difference. Pour examiner au feu ces plantes encore toutes fraîches ; jai mis une livre & demie de chacune avec leurs racines dans une cornuë de verre ; j'ai mis ces deux cornuës en même tems dans les bains de vapeurs. J'ai donné d’abord un fort petit feu que j'ai augmenté lentement , pour fépa- rer toute l'humidité, enfuite de quoi je les ai poufées au feu de fable. La liqueur aqueufe s'eft trouvée à peu de grains près d'égale quantité ; elle n’a donné aucune marque d'acide depuis le commencement des diftillarions jufqu’à la fin. Ii y a eu un gros de fel volatile du creffon qui étoit crû dans la rerre infipide, & foixante & quinze grains de ce- lui dont la terre avoit été arrofée de falpêtre, L'huile de l’un & de l’autre étoit encore à trés peu près égale : fçavoir , de deux gros, vingt fix grains de la terre infipide ; & de deux gros trente deux grains de la terre arrofée de nitre. Elle étoit fort épaifle de l'un & de l'au- fre, pes SctEeNces. 7t » Le fel fixe étoit fort lixiviel; il ÿ en avoit deux gros de la terre arrofée de nitre; & un gros & foixante- “fepr grains de la terre infipide. La difference ef fi petite dans les deblx analyfes de cette plante, qu'on la pourroit compter pour rien , parce que les yaiffeaux plus ou moins bien Juttez laiffent échaper plus ou moins des principes volatiles, & la terre morte calcinée dans un feu plus ou moins violent , où les filtres de lixi- viations ayant retenu un peu plus ou moins deleflive , fe- ront trouver une petite difference dans les fels fixes. Si cependant on y. veut faire attention , on remarquera que la terre arrofée de nitre a produit un peu plus d'huile , de fel volatile & de fel fixe que n’a produit la terre infipide ; peut-être, parce que le nitre dont une de ces terres a été arrofée, a contribué effe@tivement un peu de fel à la plante qu’elle a produite ; mais comme les mêmes lotions n’ont pas pù emporter plus de matiere sraiffeufle de l’une de ces deux terres que de l’autre ; & que cependant la terre ni- treufe a produit un peu plus d'huile que n’a fait la terre infipide , il faut que le nitre ait fervi de diflolvant à la graifle de fa terre; & qu’ainf cetre graiffe a pù être fuc- cée plus facilement par les raçines de la plante.! e. Si lon veut ajoñter à céci , que la même quantité de graines a produit deux onces. & demie moins pefant de creflon dans la terre infipide , quelle n'en a produit dans la!rerre arrofée d’un peu de: nitre, l’on pourra juger, que fi les fels ne-font pas abfolument neceflaires pour la ger- -mination & pour laccroiflement des plantes , puifqu'élles ne laiflent pas de fe produire dans la terre défallée , que cependant ils aident à l’accroifiement & à la force des plan- tes, puifque non feulement il s’y.en eft trouvé une plus grande quantité -dans la terre arrofée de nitre ; mais aufli nôtre creflon de cette terre a rendu dans l'analyfe plus de principes a@ifs , que n’a fait celui de la terre infipide. : J'ai laiflé croître le fenouil plus long-rems que le cref- fon , avant que d'en faire l’analyfe : fçavoir:, jufques à ce qu'il commencçât à montrer Les boutons des fleurs ; il s'eft à 72 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE trouvé une différence fort confiderable entre la quantité & entre le port de la même plante femée dans les deux caiffes ; celle de la terre infipide étoit maigre , bafle , d’un verd tirant un peu fur le jaune ; & étant arrachée de la terre, le tout n’a pefé que dix-neufonces , au lieu quele fenouil de la terre arrofée de nitre fe portoit bien, étoit d’un verd plus foncé , & s’éroit élevé d’un quart de fa hauteur au-deflus de l’autre, il y en avoit deux livres bon poids. | J'ai pris dix-neuf onces de chacune de ces plantes frai< ches avec la racine , pour en faire l'analyfe de la même maniere que j'avois fait celle du creflon. La liqueur aqueufe a été peu acide dans le commencement ; mais elle a toû- . jours augmenté en acidité jufqu'à la fin; le fenouil de la terre infipide en a rendu quinze onces , fçavoir prés d’une once de plus que n’a fait l’autre. Il eft venu un gros & douze grains d'huile de celui de la terre arrofée de nitre ; & celui de la terre infipide en a donné 63. grains. Il n'y a point eu de fel volatile ni de l’un ni de l’autre; mais feulement une legere effervefcence avec la derniere once de la liqueur aqueufe. Le fel fixe a été peu lixiviel : il y en avoit trois gros de la terre arrofée de nitre , & deux gros & dix grains de la terre infipide. L'une de ces deux dernieres plantes a rendu plus de li- queur aqueufe & moins d'huile & de fel fixe que l’autre 5 ce qui eft provenu apparemment de ce que l'une étoit plus avancée , c’eft à-dire , plus proche des fleurs que l'autre ; & cette difference fe trouve ordinairement dans toutes les plantes felon qu’elles font plus ou moins avancées en ma- turité , à quoi l'on pourroit ajoûter encore que l'une étoit plus chetive que l’autre. Il faut obferver ici , que les graines de l’une & de l’au- tre caifle font forties de terre également bien , & que les jeunes plantes pendant plufeurs jours ont continué de croïtre de même , aufli bien le fenouil que le creflon : Mais Re le # DES ScrenNces, 73 Maïs aprés un mois de croiffance environ’, j'ai commencé à m'appercevoir de la difference des deux caiffes de fenouil ; J'une profitant beaucoup , & l’autre reftant quafi'dans le même état , quoiqu’arrofées également. Je n’ai pas pû m'appercevoir de la même chofe dans le creflon , l'ayant arraché trop tôt de terre pour en faire l’analyfe : peut-être que le progrés de cette plante auroit été femblable à ce- lui du fenouil, fi je l'avois laiffé croître plus long-tems ; car il fe trouva déja plus de deux onces de creflon de moins dans la caiffe infipide que dans l’autre. Il ÿta beaucoup d'apparence que la jeune plante trouve de la nourriture & des forces dans fon placenta , ou dans les deux gros lobes , que fa graine lui fournit ; & que pen- ‘dant tout le tems que tes deux lobes fubfiftent , elle n’a befoin que d’eau toute fimple , qui étant portée par les ra- cines dans ce placenta & s'y étant preparée , fe répand de là dans le corps de la jeune plante comme une feve convenable. Mais lorfque ces lobes étant confamez ; plante cherche toute fa nourriture dans la terre , il faut que l'humidité qu’elle y trouve foit accompagnée de quel- que matiere graffe & faline, qui puifle refter dans les fibres de la plante , pendant que la fimple humidité aqueufe s'en Éévapore , autrement elle doit ceffer de croître ; & enfin elle doit perir , ce que je crois avoir été la caufe Pourquoi nô- tre fenouil de la caiffe défallée n’a pas continué de profi- ter comme celui de l’autre caiffe. Il eft vrai qu’il n’a pas tout-à-fait peri , aufi doit-on con- venir, que les fimples Jotions , quoique faites avec de l’eau chaude , ne’ font pas capables de défaler entierement la terre ; mais qu’elles en ôtent feulement les fels les plus aifez à diffoudre, & que par-là elles privent la plante de la pattie la plus achevée de fà nourriture , en y. laiffant toû- jours ce que la terre pouvoit contenir de matiere grafle indifloluble par l’eau. Cette matiére eft à la verité une des principales parties de la nourriture des plantes , mais elle devient inutile dans la terre ; fi elle n’eft accompa- gnée de quelque fel qui lui ferve de diffolvant ; & la mette 1699. K 74 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE en état d’être délaïée dans de l’eau , & enfuite fuccée par la racine, & portée dans la plante. Nous obfervons dans les analyfes de nos deux plantes , que le creflon quoiqu’arrofé de falpêtre , qui eft un felcon- tenant beaucoup d'acide , n’a pas laiffé de produire tous fes principes fort alcalins , fans donner aucune marque d'acide, non plus que lorfqu'on le fait venir fur une cou- che de terre mêlée de fumier, & que le fenouil femé dans de la terre défallée auffi bien que celui qui eft venu fur la terre arrofée de falpètre , a donné beaucoup d’acide dans tous fes principes , jufques dans fon fel fixe qui étoit fa- lin , c’eftà-dire , abbreuvé d'une partie de l’acide de fa plante. : Où, ce qui revient au même, nous voïons par ces ob- fervations , qu’un fel qui contient beaucoup d'acide ayant été fuccé dans une plante de nature alcaline , ne produit aucun acide dans cetre plante ; & qu'une plante qui eft d’une nature acide , croiffant dans une tetre autant défal- lée qu’elle le peur être , ne laiffe pas de donner beaucoup d'acide dans fon analyfe. D'où nous pouvons conclure, que la plüpart des fels contenus dans les plantes , s'y forment tels qu'ils y font: & que les fels qui fe trouvent dans la terre, changent de figure dans les plantes , felon les organes & felon les fez- ments naturels qu’ils y trouvent. ‘ ÿ Ë DES SCIENCES, 1 leu ER PU AUD TD DE QUELQUES EFFETS SINGULIERS Qui arrivent aux verres plans , comme Jonr les glaces ; de Miroir. Pat M. De LA Hire, à l'Obfervatoire. Ors Qu'on regarde un objet autravers d’un verre Le: & bien poli de deux côtez , comme une glace de miroir, on ne s'apperçoit pas qu'il foit multiplié plu- fieurs fois : mais fi c’eft dans l'ebfcurité, & que l’objet foit un corps lumineux comme une chandelle ; On la peut voir multipliée au moins quatre fois ; & l'objet multiplié paroit d'autant plus diftin&ement que le verre eft plus oblique à la ligne qui eft menée de l'œil à l'objet. Cette répetition de l'objet paroît tantôt d’un côté & tantôt de l'autre du corps lumineux, & ces apparences vont peu à peu en di- Mminuant de vivacité à Proportion qu'elles s’éloignent ; & enfin elles deviennent fi foibles , qu'en ne peut plus les appercevoir. Maïs il y a une pofition oblique du verre où la chandelle ne paroït point multipliée ; & il y'a aufli des verres où l’on ne peut voir aucune multiplication de l'ob- Jet , quoiqu'il lui foit fort incliné. … Je remarque d'abord , que cette apparence n’eft fenfible que lorfque le verre, quoique plan , n’eft pas d’égale épaif feur par tout : Etcomme les glaces de! miroir ont -prefque toutes leurs furfaces ondées, ce qui vient de la maniere dont on les polir, car elles font ordinairement bien dref- fées & bien adoucies étant ufées &-frotées l’une contre l'autre ; c’eft ce qui fair qu'on voit l’objet multiplié dans quelques pofitions de la glace , tantôt d'un côté & tantôt de l’autre, & dans quelques pofitions il ne paroît aucune multiplication au moins fenfible. ë . Je dis maintenant, que la multiplication la plus diftin- éte de l'objet lumineux fe fait dans la ligne, qui eft la fe- K ij 76 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYyALE &ion ou la rencontre d'un plan, qui paffant par l'œil & par l'objet eft perpendiculaire aux deux furface du verre tout enfemble , & que cette multiplication fe fait par les diffe- rentes réflexions de la lumiere au dedans du verre & par les refrations en entrant & en fortant, comme je vais le dé- montrer. Premierement, il eft facile à connoître , que les rayons lumineux ne peuvent pas faire plufieurs tours & retours tant au dedans qu’au dehors du verre, fi ce n’eft dans des fuperficies planes ; perpendiculaires à chaque furface du verre, & lefquelles paflent parle raïon au dedans du verre, puifque tous ces détours tant en réflexion qu’en réfraétion, font toûjours dans un plan qui pañle par la perpendicu- laire à la furface qui fait la réflexion ou la réfraétion ; & que puifqu'il y a deux furfaces , il y aura aufli deux per- pendiculaires ; & fi ces perpendiculaires font dans un même plan, tous les raïons, tant rompus que réflechis, feront dans un même plan, & ils feront des angles plus obtus les uns avec les autres, que s’ils étoient fur des plans differens & inclinés les uns aux autres ; ce qui doit s'entendre feule- ment des raïons , qui venant de l’objet peuvent rencon- trer l'œil. Je dis d’abord , que fi le verre étoit d’égale épaiffeur par tout , ou fi la coupe de fes furfaces étoit deux lignes paral- leles entr'elles fur un plan perpendiculaire au verrelequel pañfe par l’œil & par l’objet lumineux , cet objet ne pour- roit point paroître fenfiblement multiplié , pourvû qu'il fût confiderablement éloigné du verre. 7-78 DES SCIENCES. 77 Soit la coupe du verre EMBD, dont les deux lignes EM,BD, font paralleles ; que le point lumineux foit c, & l'œil O. Il eft évident, que tous les raïons commeC.A4, qui venant de l’objet C rencontrent la furface du verre E M, fe rompent & fe detournent comme en .48B en s'ap- prochant de la perpendiculaire au dedans du verre fuivant les regles dela réfration, & fortent enfuite comme en 80; de telle maniere que l'angle "d'incidence C.4E eft égal à celui de fortie DBO, puifque l'angle rompu E .4B eft égal à D B.A , àcaufe des furfaces paralleles. Ainfi l’œil étant en O, verra le point lumineux C par le raïon O B parallele à C A. Si les furfaces ne font pas paralleles , mais que la coupe EM, GD, foient deux lignes paralleles , ce fera à trés peu prés la même chofe, puifque toute la difference ne fera que dans les raïons reflechis qui ne feront pas fur une même furface , ce qui ne fait rien à cette démonftration, Mais par la même raifon , fi un autre raïon CF qu'on peut regarder comme parallele à C.4, fi le point Ceft à une diftance confiderable du verre, quoique l’efpace 4 F foit aflez grand, tombe fur la partie E dela furface E 44 du verre, il aura fon raïon rompu F G au dedans du verre qui fera aufli parallele à .4B, & celui comme GZ1 qui fortira du verre étant aufi parallele à BO , ne pourra pas entrer dans l’œil O , à moins qu'il ne foit trés-proche de BO, ce que je ne fuppofe pas ici. Ce feroit la même chofe pour un autre raïon qui rencontreroit la furface du verre de l’autre côté de .4 vers M. Mais fi une partie du raïon FG fe réflechit en I par les loix de la catoptrique , & fi une autre partie encore de ce même raïon GI fe réflechit en ZX, lequel fera aufli parallele à .4 B à caufe des fur- faces paralleles EM, BD, fort du verre en K étant rom- pu en KZ, il eft auffi évident que ce raïon KL, ou ren- contrer: l'œil en O, ou ne le rencontrera pas ; & s'il le rencontre, il ne fera pas une image differente de celle du : raïon BO, puifqu’il entre dans la prunelle avec la même direétion que 20, c’eft pourquoi dans ce cas l'objet ne pa- roîtra point multiplié. *- Ki 78 MEMOIRES DE L'AcADEMIE ROYALE Mais fi nous fuppofons que C F fañle l'angle C F E beau- coup plus obtus que l'angle C.4E, il fe pourra faire que le raïon KZ qui fera aufi l'angle D KL égal à CFE, rencontrera l’œil en © fous une autre direétion que BO; ce qui formera une image du point lumineux , laquelle fera différente de celle qui fe fait par le raïon B 0. Mais cette feconde image formée par KZ fera aflez foi- ble , à caufe que la plus grande partie des raïons fe feront perdus en fortant du verre en G & en I. Il faut remarquer , que fi le verre n’eft pas fort épais, ou que l'objet en foit aflez éloigné , le raïon KZ fera fort proche de BO, & par conféquent l’image formée par KZ fe confondra d’autant plus facilement qu’elle eft plus foible , avec celle qui eft formée par BO ; & qu’ainfi l'objet ne paroïîtra pas fenfiblement muitiplié. Il n’eft pas neceffaire de démontrer que le raïon , qui venant du point C tomberoit fur la partie .4 M dela fur- face du verre, feroit un anglé plus obtus que C.4M,& ne pourroit jamais rencontrer l'œil après une ou plufieurs réflexions , puifqu'il s’écarteroit toûjours de 80 de plus en plus. Maintenant fi le verre eft pofé d'inégale épaifleur & C qu'il foit plus épais vers l’objet € que vers l'œil O. 1°, le raïon C.4 BO qui viendra à l'œil après deux réfraétions , y viendra par la ligne BO, qui étant prolongée rencon- trera le raïon incident C.A ; car le raïon 4 B rompa au dedans du verre étant plus perpendiculaire fur BD que DFS SCIENCES. 79 fur .4M , auffile raïon-O B fera avec .4B un angle plus obtus que C.4 avec la même .4 B , c'eft pourquoi O B étant prolongée rencontrera C.4 vers l'objet C. Et fi la grandeur du verre n'empêche pas les raïons immédiats de l’objet C vers l'œil O ; on vera l'objet C fimplement hors du verre, & à côté l'objet au travers du verre par le raïon OB. 2°. Il y aura d’autres raïons comme CR , qui venant de l'objet C aprés une réfration RN & deux réflexions NM ,MP , & une réfraétion P O , pourront venir à l'œil ©. Car fuppofant CR comme parallele à C.4 , RN fera aufli parallele à .4 B. Mais la furface B D pouvant rencontrer la furface .4 M en D, le raïon N M fera plus perpendiculaire à la furface .Z M que le raïon N R, ce qui ne merite pas d'être démontré ; & le raïon AP fai- fant l'angle P M D égal à l'angle NM.A , l'angle MP D fera moins obtus que l'angle AND ou bien .4BD : c’eft pourquoi le raïon rompu PO faifant l’angle DPO plus grand que l'angle DBO , il pourra rencontrer BO au point O qui eft l’œil. On trouvera de même d’autres raïons incidens comme CR , qui rencontrant la furface .4D au-delà de R vers D, & aprés deux refraions tant en entrant qu’en fortant & 4. ou 6. ou 8. réflexions au dedans du verre , pourront tomber au même point O, ce qui fera voir l’objet autant de fois multiplié qu'il y aura de ces différens raïons qui viendront à l'œil O. Et ces raïons viendront à l'œil de la même maniere que fi l'objet lumineux étoit placé dans les raïons OP prolongés à une diftance du point O égale à la fomme de tous les raïons OP,FN,MN,NR,RC; car ils entreront dans l'œil avec la même direétion, que s'ils venoient effe@ivement d’un point placé à cette diftance. On connoît par ce que je viens de démontrer , que les dernieres images de l'objet qui font celles qui viennent à l'œil aprés un plus grand nombre de reflexions & par conféquent aprés un plus grand chemin , paroïtront plus petites que celles qui font plus proche de la premiere O0 8, So MEMOIRES DES L'ACADEMIE ROYALE. à caufe que venant comme de plus loin , les raïons en- trent dans l'œil plus paralleles entr'eux , ce qui fait paroi- tre ou juger l’objet plus éloigné ; & la foiblefñfe de l’image des objets les plus éloignez de O B, contribuë aufli beau- coup à les faire paroitre plus petits. Il eft aifé à voir, que les raïons qui viennent à l’œil aprés un plus grand nombre de réflexions au dedans du verre , doivent paroïître beaucoup plus foibles que ceux qui y viennent aprés un moindre nombre : puifque à cha- que rencontre que fait le raïon de l’une des fuperficies in- terieures , la plus grande partie des raïons fort du verre ; & comme il y en a trés-peu qui fe réflechiflent , auf les derniers qui fortent & qui ne font que partie de ceux qui font réflechis, doivent être trés foibles : c’eft auffi pour cette raifon, que fi le corps n’étoit pas lumineux , & fi ce m’étoit pas dans l’obfcurité, on n’appercevroit aucune mul- tiplication. Il faut maintenant démontrer , pourquoi il paroït une plus grande diftance entre chaque objet multiplié, lorf- que le verre eft plus oblique au raïon qui va de l’objet à l'œil , que lorfqu'il eft moins oblique. Soit le raïon C.4 B O qui rencontre l’œil en @ aprés deux réfraétions , l’une en entrant & l’autre en fortant du verre ; & un autre raion CRNMPO , qui vient aufli à l'œil en © aprés deux réfractions & deux réflexions dans le verre DES SCIENCES. 8x le vetre. Soit aufli un autre raïon K + d’un autre point lu- mineux Æ , qui foit plus incliné au verre que C.4 & qui pafle par Ke Bo , &unautreKpNur«, qui venant aufli de K aprés deux réfraétions & deux réflexions , rencontre B« en © où feroit l’œil ; je dis que l’angle B«reft plus grand que langle BOP, & par conféquent les’ deux ima- ges qui viennent à l'œil par les raïons OB, OP, & leurs ordonnées paroîtront moins éloignées ou écartées l’une de l’autre ;, que celles qui fe formeront par les raïons B ,© 7. Le raïon « B dans le verre fait avec .4B l'angle « B.4 plus petit que l'angle « B O formé par les mêmes raïons rom- pus en fortant du verre, ce qui eft connu par la dioptri- que ; car les raïons comme 8 O qui font les | fompus des incidens .4B , s'approchent beaucoup plus vire de la für- face du verre BD , que les incidens dans le verre ne font de la même farface H B. Mais la ligne p N étant comme parallele à 4B , à caufe que nous fuppofons les raïons Ka, K paufli comme paralleles ; il s'enfuit que l’angle p NRA fera égal à l'angle MNu, par conféquent la difference des angles, D MP , Dur fera auf égale à l'angle à B .4. Mais lesraïons MP, ur, étant plus perpendiculaires à la furface BD que .4B & aB ,les raïons rompus PO & 7 feront entr’eux un angle plus petit que l'angle O Bo 3 & fi l’on méne +7 parallele à à PO, l'angle Z ro fera égal à celui qui eft compris par les raïons P O & x , lequel fera plus petit que l'angle O B » ; ce qui eft évident par la raifon que j'en viens de donner cy devant. Maintenant à caufe des angles externes égaux aux deux internes oppofez dans les triangles, l'angle D7« moins l'angle D B w fera égal à l'angle x œ B ; & l'angle DPO moins l’angle D B O fera égal à l'angle PO B: mais la dif- ference entre l'angle D7«œ &DPOouDrIfon égal, qui eft l'angle Z7œ a été démontrée cy-deflus plus petite que l'angle O0Bw : c’eft pourquoi fi de l'angle D r« on en ôte l'angle D Bo; & fi du même angle D 70 plus l'angle or, on ôte l’ängle DB & l'angle w O B qui eft plus grand que o7z, comme on a démontré , il s'enfuit que le premier 1699. L 82 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALS refte eft plus grand que le fecond, puifque dans le fecond on Ôte plus qu'on n’adjoûte , mais le premier refte ef égal à l'angle x B & le fecond égal à P O B , dont l'angle ro B eft plus grand que l'angle POB , ce qu'il falloit dé- montrer. Ce fera la même chofe pour tous les autres angles faits comme 7 « B par des raïons incidens qui tomberont vers D. L’experience confirme ce que je viens de démontrer des images qui paroiffent par les raïons O B, OP, O Q ; &c. lefquelles font formées par les raïonsincidens C.4, CR,CS, & ceux qui font de la même ordonnance , ou qui venant d’un mênte point de l’objet lumineux, peuvent entrer dans la prunelle : car fi lon applique un papier fur la furface du verre .4 D, & qu’on le fafle avancer de D vers 4, lorf- que le papier couvrira l'endroit S du raïon incident CS, on verra difparoitre l'image lumineufe en Q_ Enfuite quand il fera venu en R, la lumiere en L difparoitra à fon tour , & ainfi de fuite. Et l'on remarquera qu'il ne faut pas avoir égard à l’image du papier qu’on voit doublée à caufe de la réfraction, ce qu’on ne voit pas hors de l’obfcurité; mais c'eft un cas particulier que j'expliquerai enfuite. Les diftances entre les images 8 P Q_paroiffent à trés- peu prés égales entr'elles ; car ces images font formées par des rayons réflechis qui fe furpañlent de fuite de deux , & les rayons incidens C.4, CR, CS, quiles forment, font trés- proches les uns des autres : mais cetre apparence ne peut être que lorfque les furfaces du verre font à peu prés pla- nes ; car fi l’une ou fi toutes deux font courbes, les diftan- ces entre les images paroitront fort inégales ; ce qui eft fa- cile à connoître par la difpofñtion des rayons qui peuvent venir à l'œil. J'aidéja démontré , que les images paroiffent plus foibles à proportion qu’elles font plus éloignées de celles qui font plus proche de l’objet lumineux par la quantité des rayons qui s'échapent hors du verre ; & j'ai dit aufli qu’elles pa- roiffent plus petites à caufe qu’elles viennent à l'œil com- me fi elles étoient plus éloignées , mais je démontre à pré- DES SCrENCcHres 83 fent qu’elles paroifloient plus larges à proportion qu’elles font plus écartées de l’objet lumineux, ce qu'il faut toû- jours entendre des images multipliées dans le plan, qui pañlant par l’objet & par l'œil eft perpendiculaire aux deux furfaces du verre. Onex- pliquera ce Phé. nomene comme les pré- cedens. Car les raions qui vien- nént à l'œil O des deux points cX qui font aux deux côtez du corps lumineux , aprés deux réfradions feulement font plus inclinez à la furface du verre qui eft tournée Vers l'œil, que ceux qui y viennent aprés deux réfra@ions & deux réflexions au dedans du verre ; ce qui paroîr pat la figure & par ce qui a été démontré cy-devant. Mais puif- que les raïons plus inçlinez à la furface BD font des an- gles bien plus aigus à proportion qu'ils s’approchent de la furface du verre ;, que ne font ceux d'inclinaifon, * caufe que les réfraétions fuivent -la Proportion des finus des an- gles d'inclinaifon ; il s’enfüit que les raïons OB, O B feront un angle BO 8 bien plus aigu à proportion que les raïons OP;,O7 qui comprennent l'angle P Or. Car le raïon O8 .doit être plus incliné par rapport à fon raïon incident , que le raïon O 7 par rapport à fon incident : ainfi l'angle BOB fera plus aigu à proportion de la longueur du raïon qui va jufqu’à l’objet par le point B & par fes détours au dedans du verre, que l'angle PO x à proportion de la lon- gueur du raïon qui va à l’objet par le raïon OP & par tous fes détours. Donc enfin l’image reprefentée à l'œil par angle PO x paroîtra plus large que celle qui eft repre- fentée par l'angle Z 0 8 à Proportion de la-hauteur de ces Li 84 MEMOTRES DE L'ACADEMIE ROYALE images. Car la hauteur de l'image du corps que j'ai fup= polé être une chandelle , doit diminuer feulement dans la proportion des chemins que font les raïons tant au dedans qu'au dehors du verre pour venir jufqu'à l'œil, puifque la coupe du verre qui détermine la plus grande inclinaifon de fes furfaces eft fuppofée horifontale. 5 On doit remarquer , que dans tout ce que j'explique ici des raïons qui viennent des points d’un objet comme CK, je ne parle que des raïons principaux ; quoi qu'il faille toûjours concevoir une ordonnance des raïons de ces mé- mes points qui viennent tous à l'œil pour entrer dans lou- verture de la prunelie, lefquels font comme des cones ou pinceaux , comme quelques-uns les appellent , qui s’afflem- blent fur la retine pour faire la peinture de l’objet ; car il eft démontré dans la dioptrique, que le point où ils s’af- femblent aprés leurs réfraétions dans l’œil eft toûjours fur l’un de ces raïons qu’on appelle le principal. Pour ce qui eft du papier qui cache les images multi- pliées À mefure qu'il s’'avance, comme je l'ai dit ci-devant ; il eft certain qu'on ne poutroit point voir fon bord MN multiplié , fi ce n’étoit le corps lumineux qui le fait paroî- tre comme on peut voir dans cette figure. Car fi le pa- DES SCIENCES. 85 pier HN commence à cacher les raïons incidens Tr qui font voir la largeur de l’image D de la chandelle , le bord du papier qui paroïtra en O P cachera aufli une par- tie de cette image , comme la figure le reprefente ; mais fi le même bord du papier 44 N cache la plus grande par- tie des raïons SR qui font voir l'image Q, il eft évident qu'on ne verra qu’une petite partie de cette image comme en ©, où l’on appercevra l’image du bord du papier qui la cache, laquelle on ne pourroit pas appercevoir fans la lu- miere qui paroît en Q. Il me refte maintenant à démontrer comment fe fait la multiplication de l'objet , lorfque l'angle de la coupe du verre eft tourné vers l’objet lumineux ; mais aprés ce qui a été dit cy-devant, la feule figure peut faire entendre ce qui doit arriver. Soit donc la coupe du verre ED B dont le concours des furfaces en D foit tourné vers l’objet C, & l’œil foit placé à l'oppofite vers O. Soit premierement le raïon in- cident C.4 qui s'étant rompu dans le verre en .4B eny entrant , & s’étant encore rompu en BO en fortant , vient à l’œil O ; je dis que quand le verre feroit coupé en B & que la partie B D feroit Ôtée , on ne pourroit pas voir pour cela l’objet C. Car le raïon .4 B au dedans du verte étant plus incliné fur la furface D B que fur D.4E, l'angle .4 BO fera moins obtus que l'angle 8.4 C; c'eft pourquoi lé raïon C.4 con- courra avec le raïon O B vers O , & par conféquent il ne Li) 86 MEMOïIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pourra y avoir aucun raïon direét qui vienne de l’objet € à l'œil ©. Mais il eft auffi évident que tous les raïons qui venant de l'objet lumineux C & rencontrant la furface du verre vers E ,ne pourront jamais venir à l'œil qu’on fuppofe placé dans le raïon BO , aprés deux ou plufieurs réflexions dans le verre, puifqu’ils feront toüjours inclinez de plus en plus à la furface DB , & par conféquent ils fortiront du verre en s'écartant du raïon B O0 : Ce feront donc les raïons qui tombent fur .4 D vers le concours des furfaces du verre qui pourront faire la multiplication de l’objet. Car en fecond lieu , foit le raïon incident CR qui ve- nant de l’objet lumineux € comme parallele à C.4 , ren- contre la furface D.4 en R, le raïon rompu RN fera donc auffi comme parallele au raïon rompu .4B ; mais le raïon réflechi N M fera plus incliné à la furface D .4 que NR & contrepofé de la quantité de l’angle D des deux furfaces du verre , comme je l'ai démontré dans le premier Cas : c'eft pourquoi le raïon réflechi M P fera l'angle E MP plus aigu que l’angle ERN ou fon égal E.4B ; donc le raïon A P en fortant du verre par P O fera l'angle XP O plus aigu que X B0 ; & par conféquent P O pourra rencontrer B O au point O où eft l'œil dans le raïon B0O. Ce fera la même chofe pour les autres raïons qui ve- nant aufli de l'objet, pourront rencontrer l’œil aprés deux réfraétions & 4. ou 6. réflexions au dedans du verre, ce qui ne merite pas d'être expliqué plus au long, Si l'on fait aufli avancer un papier fur la furface du verre de la partie E vers .4 , on verra que la plus forte ima- ge formée par le raïon C.4 difparoitra la premiere & les autres enfuite, à mefure que le bord du papier s’avancera vers D ; & l’on verra aufli l'image du papier multipliée comme dans le cas précedent. Car dans la même figure, fi le bord du papier 44 N couvre la plus grande partie de l’efpace SR qui comprend les raïons qui forment l’image Q ; aufi l’image X7 du bord du papier paroîtra cacher la plus grande partie de l’image Q_ du corps lumineux. Et f DES SCIENCES. 87 le même bord du papier AN dans la même pofition cou- vre aufli une partie de VT par où entre les raïons qui for- ment l'image D, on verra aufli le bord du papier repre- fenté en OP qui couvrira une partie de l'image D, ce qui eft facile à entendre. Pour ce qui regarde la grandeur des images multipliées dans ce fecond cas , ce fera la même choïe que dans le pre- mier , c’eft pourquoi je n’en parlerai pas. C'eft par le moyen de cette multiplication des objets, qu'on peut connoître les differentes épaifleurs d’un mor- ceau de glace de miroir , dont on fe fert pour travailler les grands verres de lunette d'approche , & d’une maniere bien plus füre & plus jufte que par toutes les mefures qu’on en peut faire. Mais pour rendre cette explication plus complette , il faut encore examiner comment fe fait la multiplication de l’objet , lorfau'il eft placé du même côté que l'œil à Pégard de la même furface du verre. Il n’y a perfonne qui ne fçache , que lorfqu’on regarde une chandelle qui eft pofée proche de la glace d'un miroir , laquelle eft éramée , l'œil étant aufli proche de cette glace, on voit l’image de la chandelle mulipliée plufieurs fois. IL eft trés facile d’en voir la raifon; car la furface anterieure de la glace réflechit la premiere image , & l’autre renvoye la feconde aprés deux réfraétions des raïons en entrant & en fortant de la glace , & une réflexion fur lérain. Mais ce qui eft plus difficile à connoître , c’eft la raifon pourquoi il paroït plus de deux images. On ne fçauroit douter que cette experience & fon explication ne fervent de preuve à ce que j'ai avancé cy-devant des raïons lumineux qui fe réflechifflent au dedans du verre en rencontrant fes fur- faces , quoiqu’elles ne foient point étamées. Il eft facile à voir , que fi la glace eft étamée , tous les rayons qui en- treront dans le verre, ne pourront pas en fortir, & qu'ils doivent tous fe réflechir , & par conféquent que l’image qui fe formera par cette réflexion & aprés deux réfraäions, fera beaucoup plus vive que celle qui fe fait par la feule 88 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALE réflexion fur la furface anterieure, à caufe que dans celle cy la plus grande partie des raïons ayant penetré au de- dans du verre , ne peuvent pas en fortant rencontrer la prunelle de l'œil, fi les réflechis feulement l’ont rencon- trées , & fur tour fi le verrea un peu d’épaifleur. Mais com- me il arrive la même chofe à une glace qui n’eft pas éta- mée qu’à celle qui l’eft, & qu’il y a quelques obfervations patticulieres qu’on peut faire fur ceile qui ne l'eft pas , lef- quelles ne fe rencontrent pas dans celle qui l'eft , j’expli- querai feulement ici ce qui arrive à une glace qui n’eft pas étamée. Puifque les differentes images d’un même objet doivent fe former par des raïons qui ont differentes inclinaifons à l'œil , il faut neceffairement que ces raïons viennent de differens endroits de la furface de la glace , ce quine peut être fans que les premiers raïons incidens d'un même point ne foient differens entr'eux , nous fuppofons que les furfaces de la glace font planes & paralleles entrelles ; & ces differentes inclinaifons des raïons ne peuvent rencon- trer la prunelle qui eft comme un point , qu'aprés plu- fieurs réflexions au dedans du verre. Mais fi ces raïons qui fortent du verre, font comme paralleles entreux , ce qui arrive lorfque l’objet eft affez éloigné de l’œil & que la glace eft d’égale épaifleur , ou bien lorfqu'ils font fur un même plan , qui étant également incliné d’un côté & d'autre aux furfaces de la glace , & paflant par l'œil & par l'objet, fait des fe@ions paralleles entr’elles , il eft évident, comme je l’ai déja démontré, que les raïons d’un même point ayant fouffert plufieurs réflexions au dedans du ver- re, ne pourront pas rencontrer l'œil ; il n’y aura donc dans ce cas qu’une feule image formée par ces fortes de raïons. Mais fi dans le même cas des furfaces paralleles , l’objet eft proche de l’œil & du vérre , il pourra tomber fur la furface du verre , des raïons d’un même point de l’objet affez diverfement inclinez pour former plufeurs images , comme l'experience le fait voir. Si le verre eft d'inégale épaiffeur , & que les lignes droites DL 2 2 US LEA LL D che. nt DES ScteNCES. 8ÿ droites qui font la fection du verre par un plan perpendi- culaire à fes furfaces en pañlant par l'œil & par l'objet concourrent d’un côté ou d'autre, on verra toûjours_plu- fieurs images de l’objet , au moins fi c’eft un objet lumi- neux , & pendant la nuit , puifqu’à quelque diftance de l'œil que l'objet foit placé, il fe trouvera plufieurs raïons qui venant comme paralleles entreux d'un même point de l’objet , & ayant fouffert plufieurs réflexions au dedans du verre , en fortiront avec differentes inclinaifons qui formeront differentes images, ce qui n’a pas befoin d’ex- plication , aprés ce que j'en ai déja dit cy-devant, & ces images fe trouveront tantôt d’un côté & tantôt de l’au- tre , par raport à celle qui fe fait par une feule réflexion fuivant que l’angle d’inclinaifon du verre fera , ou vers l'œil ou vers l’objet. On peut aufli par ce moyen connoître avec une trés- grande jufteffe , fi les glaces polies des deux côtez font d’une même épaifleur , quoique dans un trés-petit efpace; ce qui ne feroit pas poflible de remarquer avec les meil- leurs compas d’épaifléur. Cär fi l’on regarde fur la furface ‘d’une glace l’image d’une ligne claire à l’obfcurité, ou d'un tait noir au jour & qui foit dans une affez grande diftance , & que l'œil & l’objet foient du même côté de la furface, & de pus qu’en tournant en differentes manieres le mor- ceau de glace , on n’apperçoive cette image que fimple dans une feule pofition ,on peut s’aflurer que le morceau de verre eft d’égale épaifleur fuivant la difpofition de la ligne claire ou obfcure, & qu’il eft d’inégale épaiffleur dans tout autre fens, dont le plus grand angle fera dans la {e- €tion qui coupera perpendiculairement l'image de cette li- gne. Auffi dans toute autre pofition du verre que celle où l’image de ia ligne ef fimple , on la verra double; & elles paroîtront plus éloignées l’une de l’autre, lorfqu’elles cou- peront à angles droits la pofition où elle paroifloit fim- ple. On remarquera auf , qne l’une des deux images du trait paroît beaucoup plus vive que l’autre, & que c'eft 1699 M 90 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE celle qui fe fait par réflexion , à caufe qu'il y a plus de rayons qui viennent à l'œil. Il ne fera donc pas difficile de reconnoître par ce moyen; quel eft l'endroit du verre qui fera le plus épais. Car fi l'image la plus foible paroïît vers l’objet , Je dis que la partie du verre qui eft tournée vers l’objer, ef la plus mince, & fi la plus foible image eft vers l'œil, cette partie du verre fera auffi plus mince. Car fi l’objet eft 8 & l'œil O, & qu'un raïon lumineux BD rencontrant la furface du verre Æ E en D fe réfle- chifle vers l'œil en © , il eft facile à voir que fi un autre raïon incident venant aufi du point B & comme parallele 28 D rencontrant la furface du verre en F, foit d'un côté ou d’autre de D, & pénetrant au dedans jufqu'en K, ren- contre l’autre furface K I qui cencourt vers la premiere en M du côté de l'objet. La plus grande partie de ce raïon rompu FX fortira hors du verre ; & une trés-petite partie feulement fe réflechiffant en K, reviendra vers la furface HE en Æ ou fe rompant en HZ, elle ne pourra jamais rencontrer l'œil ©. Car le raïon KA étant plus incliné à la furface AE , que le raïon KF , aufli leraïon AZ fera plus incliné à la même furface que le raïon incident FB ; & par conféquent ce raïon AZ qui s'écarte de plus en plus du raïon DO ne pourra jamais rencontrer le point ©, fi le point Æ eft plus éloigné du fommet de l'angle 4 que le point D. Ce ne fera pas de même d'un autre raïon commeBE, Q qui ayant fouffert une réfraétion en E , une réflexton en 7, À : DES ScrENcEs. or une feconde réfra@tion en G, fort au point G entre D & M ; car ce raïon rompu en G, pourra rencontrer l'œil en O, à caufe que l’inclinaifon Z GO eft toüjours plus À grande que BE M, ou BD M, ou O D H , comme on vient : de le démontrer ; c’eft pourquoi l’image la plus foible qui eft formée par le raïon O G qui a fouffert deux réfra@tions . & une réflexion, paroïtra en G vers la partie M qui eft la ; plus mince du verre. La démonftration fera la même , fi la partie la plus mince du verre eft tournée vers l’œil. POUR EMPECHER QUE L’HUMIDITE DE L’ AIR DE LA NUIT ne s’atrache au verre objeéhif des grandes lunettes. Par M. DE LA Hire, à l’obfervatoire. L faut prendre deux ou trois grandes feüilles de gros 27.May, papier gris broüillard bien fec,& en former un bout 1°: de tuyau d’un pied ou d'un pied & demi qui foit appliqué au bout du tuyau de la lunette au delà de l’objeétif. Ce tuyau de papier arrête toutes les vapeurs qui pourroient s'atta- cher au verre ; & par ce moyen on peut le conferver long- tems fans qu'il s’y attache d'humidité. RAPPORT GENERAL DES FORCES QUIL FAUT EMPLOYER dans l’ufage de la Vis. Par M. V'ARIGNON. EXAMEN qu'on fait d'ordinaire de la vis,eft fondé 3°. LUE fur trois fuppoñitions. La premiere, que la diredion ‘ ?” de la puiffance qui lui eft appliquée ,eft dans un plan per- pendiculaire à fon axe ; la feconde, que cette direétion eft Mi) 2 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE auffi perpendiculaire à la droite tirée dans ce plan , du point d'application de cette puiffanee par l'axe de la vis; & enfin la troifiéme, que la direétion de la charge de la vis ou de fon écroué ; c'eftà dire, de ce qui agit contre la puiffance , eft parallele à à cet axe. Mais ayant remarqué depuis quelques années à la Campa- gne pendant les Vendanges , que de plufieurs hommes appliquez aux leviers qui fervent à faire tourner la vis de chaque prefloir , il n’y en avoit prefque pas un dont la di- rection fût dans un plan perpendiculaire à l'axe de cette vis, ni mème perpendiculaire à fon levier , s'appuyant prefque tous fur ces leviers & contre tout ce qu'ils pouvoient ren- contrer , avec les efforts dirigez de toutes parts fuivant des lignes différemment inclinées à l'horizon & à ces le- viers : Cette contrarieté aux deux premieres des trois fup- pofitions précedentes , me fit aufli repenfer à la troifiéme; | & voyant qu’elle peut de même varier en mille manieres differentes , comme lorfque la vis eft oblique à l'horizon, & que fa charge ou celle de fon écrouë eft un poids, &c. Je m'avifai enfin de rechercher le tout en général, c’eftà dire , pour toutes les direétions imaginables , tant de la charge de la vis ou de fon écrouë, que de la puiffance qui lui eft appliquée ; & voici ce que je trouvai. PROBLEME. TRro UVER en ; général le rapport de la charge de La vis on de Jon écrouë, à la puiffance qui lui ef} appliquée, pour tow- tes les Lbéloee imaginables de l'une € de l’autre. ER Sozur. Soit la vis VX ZT avec fon écrouë 0 M, & ‘fon cordon .4B qui foûtient cette écrouë ou fa charge , laquelle charge érant par tout la même, c’eft à dire, de même effort & de même diredion , tant fur ce cordon .4 B que fur fon point P où l’écrouë le rencontre , fe peut re- garder comme étant toute entiere en ce point P pris dans la droite M D menée fur le plan de l'écrouë par le point D où elle rencontre l'axe B7 de la vis: c'eft pour cela, & pour abreger , que dans la fuite j'appellerai toüjours cette. PS de = c he à | \ DES SCIENCES. 93 charge. Si c’eft l’écrouë QM qui foit fixe, P repréfentera de même la charge de la vis foûtenuë fur le cordon ou le creux PO de l'ecrouë. Soit auffi la puiffance R appliquée comme . on voudra en 44 à cette écroué, fi c’eft la vis qui foit fixe, ou à un levier P 4 fi c’eft l’écrouë ; foit que la dire&tion À M G de certe puiffance foit ou ne foit pas dans Le plan de l’écrouë OM , ou ( plus géneralement ) dans un plan perpendicu- laire à l’axe de la vis; foit aufli qu’elle foit perpendiculaire | ou non à la droite MD tirée fur ce plan par le point D où il rencontre cet axe, fur laquelle fe trouve le point P; foit enfin que la direétion P N de la charge P de l’écrouë ou de la vis, foit ou ne foit pas parallele à fon axeB x: quelles que foient, dis-je , toutes ces directions , tant de la charge P de la vis ou de fon écrouë , que de la puiffance À qui lui eft appliquée ; imaginons P E perpendiculaire fur le cordon .4B , & dans un même plan avec fa touchante en P & la direction P N de fa charge P. De ce point P par G ou R M prolongée rencontre ce plan EP N prolongé , foit tirée P G indéfinie vers K , fe&tion commune de ce plan EPN avec GP 341 ou G D M; fur laquelle feétion P G ayant pris le point F à difcretion , foit fait le parallelogramme EF autour de la diagonale P N. Imaginons de même dans le plan G D M des lignes GK, GR, la droite D G prolongée vers Æ , dont une partie quelconque GX foit la diago- nale d'un paralielogramme K Z de côtés pris fur GK, G 2. foient enfin D S & DT perpendiculaires fur RG & PK. Cela pofé , il eft vifible que l'effort de la charge P de la vis ou de fon écrouë, fuivant PN, pouvant être regardé comme compolé-de deux autres fuivant PE & PF , auf- quels il foit comme la diagonale P N du parallelogramme FE eft à ces deux mêmes côtez PE &P F;lecordon.48, qui en foûtient toute l’impreflion fuivant P E à laquelle il eft (hyp.) perpendiculaire , ne laiffera plus à cette charge P que fon effort fuivant ? F ou P K , auquel elle eft comme PN eft à PF Donc la puiffance R , qu'on fuppofe en équilibre avec ka charge P de la vis ou de fon écrouë ; n’aura plus à en M iij 94 MEMOIRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE foûtenir que l'effort fuivant PK : c’eft à dire , que c’eft avec ce feul effort (je l’appelle K } quelle doit faire équi- libre, l’autre effort fuivant P E étant entierement foûtenu & éreint par la réfiftance du cordon .4B qu'on lui fuppofe perpendiculaire. Ainfi limpreflion compofée, qui doit re- fulter au point G du concours d'ation de l'effort K & de la puiffance À, devant être retenu par quelque point fixe D de l'axe, Br doit fe faire fuivant une droite qui non feulement foit dans le plan KG R, mais encore qui pañflant par G aille rencontrer l'axe 8 zen quelque point D, c'eft à dire (conflruét. ) fuivant la diagonale G AH du parallelo- gramme X Z. D'où l’on voit aufli que l'effort X doit être à la puiflance 2:: KG. GL :: HL. GL(\ f, fignifie ici ff- uss): : JE GL fG HILY* JDGL fDIGP "DS DT éeftädire,; K R:;D$S) DIT. Reprenons : On vient de trouver ci-defflus P.K::PN.PF. Voilà qu’on trouve préfentement K.R::DS. DT.Donc, en multipliant par ordre, P.R::PNXxDS.PFx DT. C'eft à dire, en géneral, que la charge de la vis ou de fon écrouë, eft toüjours à la puiffance À qui la retient en équi- libre :: PNXxDS. PFXxDT. quelles que foient les dire- tions de cette charge & de cette puiflance. Ce qw'il falloir Trouver. CoroLz. I Si l’on fuppofe préfentement que la dire- &ion R M de la puiffance R, foit dans Le plan de l’écrouë, c'eft à dire, dans un plan perpendiculaire à l’axe de la vis ; on trouvera qu’en ce cas le point G de cette direétion con- tinaée , doit aufli s’y trouver : ainfi le point P y étant déja par l’hypothefe, toute la droite P GK, & par conféquent le côté PF du parallelogramme FE doit en ce cas s’y trouver de même. Donc fi lon fuppofe de plus que la direétion P N de la charge P de la vis ou de fon écrouë, foit parallele à fonaxe B7 ; l’on aura pour lors l'angle F P N droit dans le plan FPE qui alors touchera la vis en PN,& fon cordon .4B avec le cercle À P uen P, de même que l'angle C left dans le triangle déroulé .4 CB dont la hauteur .4C eft un \ ST DES ScIENCESs. of demi-pas de la vis, & la bafe BC la demi-circonference redreffée de la bafe de cette vis ou d’un cercle fait fur elle par une coupe perpendiculaire à fon axe. De plus regardant ainfi ce triangle reétiligne .4 CB comme touchant auf la vis en P N avec le parallelogramme FE, c’eft à dire , dans un même plan avec ce parallelogramme dont on fuppofe le côté PE, & par conféquent aufli FN, perpendiculaire à l'hypotenufe .4 B de ce triangle ; on trouvera pour lors les angles N FP—8B P N—B .4 C. Donc alors les. triangles NPF& BC.A fe trouveront femblables, & donneront PN.PF::BC..AC.Et par conféquent en fubftituant 8 Cau lieu de PN, & .4Cau lieu de PFdans l’analogie génerale dela folution précedente l'onaura ici P.R::BCXDS..ACxDT- Mais parce que P K fe trouve ici touchante en P du cer- cle AP 4, D P eft perpendiculaire far 2K , auffi bien que D T; & par conféquent D P fe confond ici avec D T,ou plütôt celle-ci fe confond avec ce rayon D P. Donc on peut encore fubftituer D P au lieu de DT; & alors on aura pour Ce cas-ciP.R::BCXDS, ACXDP. Coroz.Il. Si outre cela on fuppofe que l'angle RGP foit infiniment aigu , c’eft à dire , que les droites RG & P G foient paralleles entr'elles, où (ce qui revient au même) fi . la diretion À 41 eft perpendiculaire à D 44 ; puifqu’on vient _ de voir qu’en ce cas-ci P G ou P K l’eft fur cette même D M: alors DS, qu'on vient de voir auffi être toûjours perpendi- culaire fur RG, fe trouvant confondné avec D M ; on pourra fübftituer encore ici D M à la place de D $ dans la derniere analogie du Corollaire précedent ; & l’on aura pour lots P.R::BCxDM.ACx DP :: 2BCxDM.2/CxDP. c'eftàdire, P.R::2BCxDM.2.4CxDP. Maisfien géne- ral on marque par (4) la circonference d’un cercle dont le raïon feroit — 4: c'eft à dire, quefi l’on marque.cettecircon- ference par ces deux paranthefes, & fonraïon par ce qu’elles renferment ; l’on aura 2 B C=(DP); &DM.DP::(DM). (D P). Donc en fubftituant encore (D2P) pour 2 B.C , & (DM),(DP), pou DM,DP., dans la derniere analo- gie ; l'on aura aufli P. R:: (DP)x(DM).2.4Cx(DP):; 3. Juin, 1699. 96 Mesmotres DE L'AcADEeMtE ROYALE (D M). 2.4 C. D'où l’on voit que la charge P de la vis ou de fon écrouë fera ici à la puiffance À qui la retient en équili- bre , comme la circonference (D 4) du cercle décrit par le point 44 de l’écrouë ou du levier auquel cette puiffance À eft appliquée , eft à un pas entier 2 .4Cde la vis, c’eft à dire, à la diftance de deux de fes cordons immédiatement confécu- tifs, prife fuivant la longueur de cette vis. Et c’eft là le cas ordi- naire qu’on voit être très-limité par rapport au Problème précedent. EE TL SE ORNE D ES: Lie MARINE Par M. TOURNEFORT. E que l’on appelle Tamarins en Medecine , & que l’on ordonne quelquefois dans les potions & dans les tifa- nes purgatives , n'eft autre chofe que la pulpe ou la fubftance moileufe qui fe trouve dans le fruit de certains arbres, qui portent le même nom. Ces arbres naiflent en Afrique, fur tout dans le Senegal, en Arabie, & en quelques endroits des Indes Orientales. On en trouve aujourd'hui dans les Ifles de Amerique , où les Efpagnols les ont tranfportez, dans le commencement de leurs conquêtes, avec la Cale , le Gingembre & plufieurs autres plantes ufuelles. Nous devons la connoïffance des Tamarins aux Arabes, Les anciens Grecs & ceux même qui font venus aprés Ga- lien , ne les ont pas connus. Serapion, Avicenne & Mefué en ont parlé les premiers ; & quoique ce dernier Auteur n'ait pas eu raifon d’aflurer que les Tamarins étoient le fruit d'un Palmier fauvage, on ne fçauroit pourtant douter, qu'il n’ait parlé des Tamarins dont nous nous fervons. Dans mon dernier voyage d’Efpagne en 1689. j'eus le plaifir de voir un de ces arbres à Grenade dans une des terrafles de ce fameux Palais de l’Alhambra , que les Mo- res avoient embelli de ce qu’il y a de plus agreable & de plus commode pour lufage dela vie. Les Auteurs aflurent, que par toute l'Afrique & dans les Indes Orientales, les Voyageurs bes ScrEeNces Yoyageuts font provifion de ces fruits pout fe defalterer dans les grandes chaleurs , & même l’on prend foin de les confire au fucre pour les rendre plus agréables , & pour les conferver plus long-temps. L'arbre qu’on appelle Tamarin , eft grand & gros com- me un Noyer, mais plus touffu. Sa racine eft divifée en plufieurs bras , qui s'étendent fort loin accompagnés de beaucoup de chevelu , & couverts d’une écorce roufûtre, ftiptique , qui me parut un peu amere. Le tronc de cet ar- bre eft d’un beau jet , à peine deux hommes peuvent-ils l'embraffer , fon écorce eft fort épaifle, brune & gerfée, le bois en eft dur & comme tanné, fes branches s'étendent aflez regulierement de tous côtés ; divifées & fubdivifées en rameaux alternes couverts d’une peau fine, verd brun, garnis de plufieurs feüilles affez ferrées & difpofées aufñfi alternativement. Chaque feüille eft compofée d’environ neuf , dix, douze, & même jufques à quinze paires de peti- tes feuilles atrachées à une côre de quatre ou cinq pouces de long, qui eft toüjours terminée par une paire de feüilles, quoique l'on n’y ait reprefenté qu'une feule feüille dans les figures de Profper Alpin, & de l’Æortus Malabaricus. Les petites feüilles ont huit ou neuf lignes de long fur trois ou, quatre de large. Elles font émouffées à la pointe, & beau- coup plus arrondies qu’à leur bafe; car elles ont dans cet en- droit-là comme une efpece de coude qui regarde l’extremiré de la côte. Les feüilles font minces, aigrelettes comme les tendrons des vignes, leftes, verd gai, legerement veluës fur les bords & par deffous, traverfées dans leur longueur par un petit filet , dont les rameaux font trés-délicats : elles font écartées pendant le jour comme celles de nos Acacias; mais la nuit elles s'appliquent les unes contre les autres,ainfi qu'il arrive à prefque toutes les fetilles qui font rangées fur une côte. F Les fleurs naïffent neuf ou dix enfemble dans les aïffelles & à l'extremité des branches, difpofées par bouquets longs d'environ demi-pied , aflez clair femées , prefque fans odeur, & foûtenuës chacune par un pedicule de quatre ou 1699. 98 MEMOIRES DB L'ACADEMIE ROYALE cinq lignes de long. Chaque fleur eft à trois feüilles cou- leur de rofe parfemées de veines couler de fang. Ordinai- rement il y a une de ces feüilles qui eft plus petite que les autres, lefquelles ont environ demi-pouce de long fur qua- tre lignes de large. Elles font ondées & frifées fur les bords, & reflemblent aflez par leur figure aux feüilles d'une efpece de Cifte que C. Bauhin a nommé Ciflus mas folio Chamædrys. pin. Le calyce de la fleur des Tamarins eft une petite poire charnuë , verdâtre terminée par quatre feüilles blanches ou rouflâtres, un peu plus longues que les feüilles de la fleur , & le plus fouvent rabatuës en bas. Ce calyce, quoi- que charnu , ne devient pas le fruit, au contraire il s’alon- ge quand les fleurs font pañlées, & ne differe gueres du pedicule. Le fruit du Tamarin n’eft autre chofe que le piftille de la fleur, groffi & gonflé par le fuc nourricier ; ce piftille fort du milieu de la fleur, long d'environ demi pouce , ver- dâtre & courbé comme les ferres d’un Oïfeau , vis-à-vis de fa bafe naiffent trois étamines , unies à leur naiffance, courbées dans un fens contraire, blanchâtres , un peu plus longues que le piftille, chargées chacune d’un fommet rou- ge, qui laifle échaper en s’ouvrant une poufliere dorée. Le fruit eft d’abord verd , mais devient rouflâtre dans fa par- faite maturité, & reflemble aflez par fa figure à la goufle des fèves ordinaires que l’on appelle à Paris fèves de ma- rais : ileft long d’environ quatre pouces fur un de large, ondé legerement fur le dos , qui n’eft pas fi épais que le côté oppoié ; celui-ci échancré profondément en deux ou trois endroits, & relevé de chaque côté d'une côte affez fenfi- ble, qui s'étend depuis le pedicule qui foûrient le fruit juf- ques vers fon extremité, laquelle eft arrondie & terminée le plus fouvent par un petit bec. Il faut confiderer ce fruit comme une goufle double, ou, pour mieux dire , ce fruit eft compofé de deux goufles enfermées lune dans l'autre. L’exterieure eft charnuë, épaiffe d’une ligne lorfqu’elle eft verte. L’interieure eft un parchemin mince. L'intervalle qui eft entre ces deux gouffes , eft épais de trois ou quatre be. DES SCIENCES. 09 lignes, c'eft comme une efpece de diploé rempli de cette pulpe ou fubftance moëleufe que l’on emploie en medeci- ne pour lâcher le ventre & pour rafraîchir. Elle eft noirà- tre, gluante, aigre à agacer les dents , traverfée par trois gros cordons de vaifleaux dont l'un s’érend tout du long du dos de la goufe les deux autres font placés vers le côté oppofé fous les côtes dont nous avons parlé. On en trouve encore quelques petits qui rampent fur ce même côté. Lesramifications de tous ces vaifléaux ne portent pas feulement ce fuc aigre & vineux qui s’épaiflit en pulpe ; ils donnent aufli la nourriture aux femences qui font ren- fermées dans la goufle au nombre de trois ou quatre. Ces femences font dures, plates , épaiffes d’environ deux lignes, longues de quatre ou cinq lignes , mais de figure irrégu- liere. Les unes font prefque quarrées avec les coins arron- dis, les autres font plus pointuës d’un côté que d'autre, elles font polies ; luifantes , d’un rouge qui approche du fauve , marquées de chaque côté d’une tache qui fuit la figure de la femence: elles renferment fous leur peau deux lobes blanchâtres chamoïis , qui fe féparent affez fa- cilement les uns des autres, fur tour lorfqu’on les fait un peu tremper dans l’eau ; ils embraffent le germe qui na gueres plus d'une ligne de long, niché dans une foffe pla- cée au haut des lobes, & dont la fituation eft marquée en dehors par une efpece de petit nombril relevé d’une petite éminence. Nous n'avons aucune defcription ni aucune figure des Tamarins qui foit éxaéte. On ne trouve chez les Dro- guiftes que leur pulpe mêlée avec les femences que les Arabes & les Afriquains réduifent en mafñle aprés lavoir mondé , c'eft-à-dire , feparée de la gouffe exterieure. On ordonne en Europe les Tamarins tous feuls à caufe de leur acidité. On fe contente de les joindre aux autres purgatifs dans les maladies où il ne s’agit pas feulement d’évacuer , mais d’apaifer la trop grande agitation des humeurs , de temperer la chaleur des vifceres, & d’émouffer l'activité de la bile. dé; Afriquains & les Orientaux mangent les Tama“ Ni zoo MEMOIRES DE L’ACADEMIE ROYALE rins, ou en font une efpece de boiffon mélée avec du fucre; cette boiflon les rafraichit , & leur conferve la liberté du ventre fi néceflaire pour fe bien porter. L’aigreur confiderable qui fe trouve dans les Tamarins, & l'Analife chimique montre évidemment que l'acide y domine. Il y a fi peu de matiere alcaline dans cette pulpe, qu’elle ne fe manifefte qu’en la diftillant à la cornuëé avec la chaux vive. Tout ce que l’on tire de cette pulpe par l'Analife fimple eft acide & fouffré. De fix livres de Tama- rins délaïées dans huit pintes d’eau , on a tiré fix gros de fel eflentiel, mais ce fel ne s’eft attaché aux pavois de la terri- ne qu'aprés deux mois, pendant lefquels la liqueur filtrée ne s’eft point moilie, comme cela arrive à la plüpart des fucs des Plantes. On fe prefle trop ordinairement pour retirer le fel effentiel de ces fortes de fucs. Il en eft de ce felcomme du tartre , qui ne fe fépare du vin qu’aprés un temps confi- dérable. Pour attendre que les fucs des Plantes dépofent tout leur fel effentiel fans apprehender la moififlure , il faut les couvrir d’un pouce d'huile, & les laifler dans la même terrine pendant une année. À peine tire-t-on quelques grains de fel effentiel de la fumeterre, fi l’on n’y emploie que fept ou huit jours après les évaporations ordinaires; au lieu que l’on en tire confidérablement dans fept ou huit mois en couvrant le fuc de cette Plante avec l'huile commune. Le fel effentiel des Tamarins eft tout à fait femblable à la crême du tartre, il eft un peu aigrelet, & ne fe fond pas dans l'eau froide, il ne détonne pas fur le feu, & ne laifle échaper aucune odeur vineufe lorfqu’on l’arrofe avec l’huile de tartre. D'ailleurs les Tamarins délaïés dans l'eau commu- ne après une digeftion de plufieurs mois, ne donnent qu’un efprit acide femblable à celui du vinaigre : ce qui me fait conjeurer que l'acide qui domine dans les Tamarins appro- che fort du caraétere du verjus, dont le fel effentiel n’eft pas different du tartre. Cette conjeure pourroit peut-être fer- vir pour expliquer la vertu laxative des Tamarins ; car ne contenant prefque que de l'acide & du fouffre, on pourroit DES S c'1 ENCES. O7 croire que cet acide anime la partie refineufe des Tamarins ; ainf que l'expérience fait voir que la manne délaïée dans le verjus , purge beaucoup mieux & plus feurement que fi on . là délaïoit dans l’eau commune ou dans un boüillon. 1L n’eft proprement que les acides des mineraux qui brident les purgatifs, & qui en diminuënt la vertu, mais je ne vois pas que le fuc de limon ni l’efprit de vinaigre, fafñlent de même. On trouve quelquefois fur les branches des Tamarins une-efpece de: fel effentiel femblable auffi à la crême de tartre. Ce fel effentiel s’y amañle & s’y durcit après l’extra- vafation du fuc nourricier, qui dans les-grandes chaleurs s’échape au travers de fes vaifleaux , & cela arrive à plu- fieurs fortes. M. Reneaume me fit voir dernierement des feuilles de cette efpece d’Erable, que l’on appelle impro- prement Sycomore à Paris, fur lefquelles il y avoit une li- queur fucrée, Les feüilles des Tillots de la grande allée du Jardin Roïal en font couvertes tous les ans, & fur tout lorfque la faifon eft un peu avancée. Il y a quelques années queje pris foin de laver une grande quantité de ces feüilles dans un feau d’eau jufques à la rendre fort douce. Je: la fis :évaporer à moitié, &lj’en fis boire trois verres à un malade dé Paroifle qui avoit befoin d’être purgé ; cette boiflon fit aufli-bien qu’une tifanne laxative ordinaire , ce qui me con- firma dans la penfée des Cordeliers. .Angelus Palea r Bar- tholomæus ab urbe veteri, qui ont commenté Mefvé, & qui les premiers, c'eft à-dire,en1543 ont propofé que la manne de Calabre ne tomboit point du Ciel, mais qu'elle tranffu- doit au travers des branches & des feüilles du Frefne à feüil- les rondes. Altomari qui a écrit en 15 58. Cornelius Confen- tinus ; M. Marchant le pere, & plufieurs autres, ont confir- mé le fentiment des Cordeliers par: des obfervations très- exactes faites fur les lieux ; ainfi je crois que l’on peut avan- cer que la manne de Calabre ; n’eft que le fel effentiel du Frefne mêlé, avec une partie confidérable de fouffre. La manne de Briançon, n’eft que le fel effentiel de la Me- leze mêlée avec du fouffre auf, & le fucre n’eft qu'un N iij x02 MeEmotres DE L'ACADEMIE ROYALE fel eflentiel de certains rofeaux que l’on cultive-en Efpa= gne, & fur tout dans les parties Meridionales de l'Amés rique. On peut téduire les écoulemens du fuc des Plantes à quatre principales claffes, les uns contiennent beaucoup du fel effentiel de la Plante ,comme font le fucre ordinai- re, le fucre d'Arabie , la manne de Calabre , la manne de Briançon, celle que Lobel & Pena , appellent Elæo- meli, qu’ils avoient obfervé à Montpellier fur les Oliviers avec Rondelet & Banalius; jen ai cueilli quelquefois en Automne fur les mêmes arbres, aux environs d'Aix & de Toulon , mais je ne fçai fi elle purge : on-peut réduire à la même clafle le miel & toutes les liqueurs fucrées qui s'extravafent des parties des Plantes. Où goûte cette li- queur fucrée, lorfque l'on fucce le fond de prefque toutes les fleurs ; le calice dela fleur de Méliante qu’on a appotté d'Afrique depuis quelques années, en contient beaucoup ; & c'eft le ragoût ordinaire des Hottentots qui font les peu- ples les plus confidérables du Cap de bonne Efperance : les Hollandois mêmes qui demeurent dans ces quartiers , trou- vent ce miel fortagréable ; comme laflüré M. Herman; &c'efkce qui.a fait donner le nom de Melianthé, à cette Plante, comme: qui diroit la fleur du miel: dans les païs chauds , les fetiilles de faules font fort fouvent en -Efté couvertes d'un fucre candi très-agréable;; ainfi il y a beau- coup d'apparence que ces liqueurs fucrées fourniflent aux Abeilles la principale matiere de leur miel , qui feroit per: duë &aqui ne feroit jamais purifiée;fielle ne pañloit parles organes de ces animaux. On peut réduire à la feconde -claffe des matieres extravafées fur les Plantes , les fucs hui- leux & les veritables réfines. Tout le monde fçait queces fortes de corps, ne font que des fouffres plus ou moins épaiflis dansile Sapin ; on voit manifeftement les vaiffleaux qui les contiennent ; ils fe trouvent principalement dans l'écorce de ces arbres , dans l’épaifleur de laquelle ils font creufez en maniere de canaux: J'aurai l'honneur de les faire voir Samedi prochain. La troifiéme clafle renferme D'ENSIA AS CAT HE SNUCAE ESc0 1 à IA 103 Jes fucs aqueux : mucilagineux & gluants, tels que font les veritables gommes qui ne fe fondent que dans l’eau,comme la gomme Ârabique, la gomme du Sénégal , celles de nos Cerifiers , des Abricotiers , des Pruniers , & cette liqueur dont les fommités de plufeurs fuintent en Efté, & princi- palement les efpeces de Lichnis. On peut ranger fous la qua- triéme claffe , les gommes , réfines qui fe fondent en partie dans l'eau commune, & en partie dans l’efprit-de-vin. Mais comme l'on n'a pas fait encore des obfervations affez éxactes fur les differentes diflolutions de ces corps pour pouvoir les diftribuer en des claffes régulieres ; je prie la Compagnie de trouver bon que je m'y applique avec attention, & que j'aye l'honneur de luy en rendre compte dans quelque temps. OBSERVATIONS DE;,TROIS NOUVELLES TACHES D E RFO PNA FE; "KR, Par M. Cassini. Ë r1. Juin à 10. heures & demie du foir, pendant que l'on étoir attentif à obferver l’éclipfe du premier Sa- teirre de Jupiter par une lunette de 17. pieds, on vit au centre de Jupiter une tache obfcure fur une bande mince, qui fervoit comme de diamerre à Jupiter. Cette tache éroit longue de la fixiéme partie du demi-diametre, & large de la moitié de fa longueur ; qui étroit un peu oblique à la même . bande , A 10". 38° elle étoit au centre. Il y avoit dans Jupiter deux autres bandes plus larges & plus obfcures ; une du côtédn Midy , & l’autre du côté du Septenrrion. La Meridionale étoit un peu plus éloignée du centre que la Septentrionale. Outre ces trois bandes , il yen avoit dans la partie Septentrionale deux minces , & paral- leles aux autres. On vit un peu aprés vers le bord Oriental de Jupiter une autre tache plus grande que la précedente, & un peu plus Meridionale, 17. Juin, 1699, 104 Memotres DE L'AcADrmie RovAr®E À 11°. 24. ces deux taches étoient à égales diftances du milieu de Jupiter , d'où l’on jugea que la feconde fe- roit au milieu de Jupiter à minuit. Etant vûë par la mé- me lunette, elle parut arriver au milieu fur le minuit ; mais étant vûé par la lunette de 46. pieds , elle y arriva à 6. mi- nuttes après minuit, alors on ne diftinguoit plus la premie- re tache qu’on avoit vüé un peuauparavant proche du bord. À 1". 32’. après minuit, on voyoit la feconde tache pro- che du bord Occidental de Jupiter. En même tems on en vit une troifiéme encore plus grande fur le bord Oriental, laquelle éroit précedée d’une petite égale , à peu près, au difque d’un Satellite. À 2°. 42. le milieu de cette troifiéme tache plus grande; étoit au milieu de Jupiter. Elle étoit auffi Meridionale que la feconde. Ayant comparé les intervalles entre les tems que ces trois taches arriverent au milieu de Jupiter avec leur révolution entiere de 9." $ 6’. il paroït que la feconde tache eft éloignée de la premiere de ÿ4. degrez de la cir- conference de Jupiter, & que la troifiéme eft éloignée de la feconde de 96. degrez. Ces trois taches font fituées dans la même bande claire entre deux obfcures où étoient celles qui furent obfervées l'an 1691. & 1692. qui feront rapportées dans les Memoi- res de l’Académie. Mais les deux bandes obfcures ne font plus fituées de la même maniere qu'elles étoient alors. Elles font prefentement plus éloignées entr'elles ; ainfi l’on peut dire qu’elles ne font plus les mêmes bandes ; mais que les premieres fe font effacées , & qu'il s’en eft formé des nouvelles un peu plus loin. Le changement qui arrive aux bandes de Jupiter d'une année à l’autre, eft admirable; tantôt elles s’étreciflent , tantôt elles s’élargiffent ; elles s'interrompent quelquefois & fe réüniffent enfuite; il s’en forme des nouvelles en divers endroits de Jupiter, & il s’en efface. LaSeptentrionale qui pendant plus de quarante années avoit paru la plus large de toutes, s’eft étrecie de- puis deux ans , & prefentement elle ne paroït pas plus large mé : DES ScrEenNcEs tos large que la méridionale qui s’eft beaucoup élargie depuis deux ans. Il peut y arriver un peu de changement dans leur fitua- tion par la raifon d'optique, qui réponde au changement optique , qui arrive aux cercles des Satellites de Jupiter, qui de fix en fix années fe préfentent en ligne droite, lorfqué Jupiter arrive à leurs nœuds, & fe transforment enfüuite en ellipfes qui s'élargiffent pendant trois années & s'étrecif- fent pendant trois années, & fe renverfent enfuite , le de- mi-cercle inferieur qui tournoit du côté du Midi pen- dant fix années , fe tournant du côté du Septentrion, & reciproquement , mais comme ces changemens qui font très-fenfibles dans les Satellites les plus éloignez de Jupi- ter, font moins fenfibles dans les plus proches, lesbandes qui font fur la furface de Jupiter, ne peuvent faire à pro- portion qu'un changement prefqu’imperceptible, au lieu que celui qu’on y obferve, eft très- fenfible , & paroit devoir être attribué à quelques çaufes phyfiques. Nous en avons indiqué quelque-unes dans les Mémoires de l'Académie. Dans ceux de 1692. je remarquai qu’on n’avoit jamais vû paroître tant de taches dans Jupiter que l'an 1692. quand Jupiter étoit à fon Perihelie. Mais-pre- fentement il eft près de fa moyenne diftance du Soleil ; & nous n'avons jamais vû en mêmetems trois taches dans Jupiter fi grandes que celles qui y font préfentement; de forte que leur retour ne femble pas avoir de rapport au retour de Jupiter à la même diftance du Soleil , comme nous avions propofé d'examiner, les conféquences tirées de l’in- variabilité de la grande tachefeptentrionale de Jupiter, de- puis le tems que nous l’avions obfervée ; doivent mainte- nant être reglées à la variation que nous y trouvons préfen- tement; ce qui nous apprend qu'il y. a dans la nature des changemens, dont on ne fçauroit s’appercevoir qu’après un nombre d'années, quelquefois plus grands qu’il n’eft accordé à la vie d'un homme. Le 13. Juin la premiere de ces trois taches arriva au mi- lieu de Jupiter à 11°, 45. Mais elle y étoit arrivée le 1x. 1699 O 306 MEeMO1RES DE L'ACADEMIE RoYALE à 10'.38. L'intervalle de tems eft de deux jours 1°.7’. pen dant lequel elle a fait cinq révolutions , par lefquelles ayant partagé cette intervalle de 49h. 7. on trouve qu’elle a fait une revolution en 9. 50°. Le même jour 13. Juin, la feconde tache arriva au mi- lieu de Jupiter à 13°.18". après midi , elle y étoit arrivée le zr. à 12". 6. L'intervalle de tems eft de 2 jours 1". 12 qui étant partagé en cinq révolutions, donne à chacune où, st. Onne put obferver lamême nuit le retour de la troifié- me au milieu de Jupiter, parce que le ciel étoit couverten ce tems-là. On la vitle 12 à r1. & un quart du foir éloignée du bord occidental environ de la quatriéme partie du diametre de Jupiter : on la vit auffi le 14. à n°. ss. qu'elleavoit aufi pañé le milieu , un peu moins éloignée du bord que dans lobfervation précedente. La révolution de ces deux taches eft égale à celle de quel- ques autres taches qui avoient paru au mois de Decembre 1690. & au mois de Janvier 1691. que nous trouvimes de 9", s1. plus courte de cinq minutes, que celle que nous avions obfervée l'an 1665. qui étoit plus éloignée du centre de Ju- piter , ce qui confirme ce que nous avions remarqué dans les Mémoires du 31. Janvier 169 2.que les taches qui pafñlent plus proches du centre apparent de Jupiter, ont un mouvement plus vite, que celles qui en font plus éloignées. vie ne DES ScrENcES 107 A ME AO DE, ELA CI LE POUR TROUVER UN SOLIDE ROND, Qui étant mi dans un Fluide en repos parallelement à fon axe, rencontre moins de réfifrance que tout autre Soli- de, qui ayant même longueur & largeur , Je meuve avec la mème vireffe Juivant la même direëtion. Par M. LeMarqQuIs DEL'HOPITAL. FATIOo m'ayant envoié fon Traité des Murs in- * clinez à l'horizon pour les arbres à fruits,qui vient d'être imprimé à Londres , j'ai trouvé à la fin de ce Livre une folution du Problème de la ligne de la plus vite def- cente, & une du Solide de la moindre réfiftance. M. New- ton avoit donné dans fon excellent Ouvrages des Princi- pes Mathématiques de la Philofophie naturelle, page 327. une proprieté de la ligne qui décrit par fa révolution au- tour de fon axe la furface de ce Solide. Comme il ne dé couvre point le chemin qu'il a tenu pour y parvenir, M. Fatio prétend qu’elle ne peut donner aucun jour à ceux qui tentent cette recherche. Je ne parlerai point ici du premier de ces Problèmes , parce que la plüpart des Géo- metres qui l'ont réfolu dans le tèms marqué par lPAu- teur , ont déja rendu publiques leurs folutions, foit en les faifant imprimer , foit en les communiquant par lettres à ceux qui les leur ont demandées; de forte que ce n’eft plus aujourd'hui un myftere. Mais la folution du dernier m'a paru fi embarafée, que n'ayant pû me réfoudre à la fuivre pas à pas, j’ai pris le parti d’en chercher une qui fût plus fimple & plus naturelle. On jugera fi j'y ai réüffi: J'avertirai feulement que la Méthode que j'ai fuivie, peut fervir à réfoudre plufieurs autres queftions femblables ; & | - Où 20. Juin 1699. PLAN.III. FIG, 2, FIG, 3. 108 MEMoIRESs Dr L’AcADbemIÉ ROYALE que je ne la crois pas differente de celle de M. Newton, m’ayant conduit à la même proprieté. Voici le fens de ce Problème. TROUVER /a ligne courbe D M, dont la proprieté foit telle, que la Jurface qu'elle décrit par [a révolution autour de fon axe À P, rencontre moins de réfiflance étant müë parallele ment à cet axe dans un fluide en repos , qu'une autre [urface [em- blablement décrite autour du même axe par toute aurre ligne cour- be renfermée entre les mêmes points D, M, @'muë de la même maniere. Je fuppofe que les deux petites droites ÆN, NO, foïent deux des petits côtez du poligone , qui compofe la courbe cherchée ; & je mene les appliquées MP, NQ, OH, avec M F, NG paralleles à l'axe .4 P , & la perpendiculaire MD au petit côté MN, laquelle rencontre l'axe au point D. Il eft évident que la réfiftance que trouvent lepetit côté MN & la droite NF étant mûs dans un fluide en repos de P vers .4 avec une certaine vitefle , eft précifement é- gale à l'effort que feroient fur ces lignes en repos, les par- ties du fluide, fi elles venoient les heurter dans la même direétion & avec la même viteffe. Or felon les principes de Mécanique, l'effort que font ces parties du fluide fur la pe- tite droite FN pour la mouvoir de .4 vers P, eft à l’effort qu’elles font fur le petitcôté Æ1N pourle mouvoir de 4 vers D, comme MD eftà DP ; & l'effort que font ces mê- mes parties pour mouvoir le petit côté 41 N le long de fa perpendiculaire de M vers D, eft auffi à celui qu’elles font pour le mouvoir parallelement à l'axe de .4 vers? , com- me MD eftà DP. Donc l'effort que le fluide fait fur fa petite droite F N pour la mouvoir de .4 vers P eft à l'effort qu'il fait fur le petit côté M N pour le mouvoir auffi de .4 vers P, comme le quarré de MD eft au quarré de D P ; ou à caufe des triangles rectangles femblables MDP,MNF, comme le quarré de AN eft au quarré de NF. Si donc l’onfuppofe que la conftante.48 (4) ex- prime la virefle avec laquelle chaque partie du fluide heurte les droites MN,NF;ileftclairqueax NF x MP pourra exprimer l'effort que font les parties du fluide kÈ RAP ADEME CSC AE NUE ENS! 0 » 109 Tur la furface décrite par FN autour de PH , puifque NFx M P exprime cette furfaces & qu’ainfi fi l’on fait aXNF3xMP MN'°NF::axNFx MP. — 3 cette quantité exprimera l'effort que les parties du fluide font fur la fur- face décrite par le petit côté 41 N autour de l'axe .4 P pour le mouvoir de .4 vers P, ou (ce qui eft la même chofe } la réfiftance que trouve cette furface étant mûë avec la vitefle.4 B (4) dans un fens contraire de P vers .4. Ceci pofé. Je confidere les points 4, O , & la droite GN, com- me donnez de pofition fur un plan ; & je cherche quelledoie être la fituation des petites droites MN, NO afin que la furface qu’elles décrivent autour de .4P , trouve moins de réfiftance que toute autre furface , femblable- ment décrite par deux autres droites Mn, #O. Pour trouver cette fituation des droites MN, NO, je nom- me les données & conftantes FN, b; GO,c; MP, f; NO, g; & les inconnuës & variables MN ,v; NO, x; & j'ai 2227 pour la réfiftance que trouve la furface dé- DD . È crite par MN, felon ce que je viens de prouver ci-deflus. ac5g X Par la même raifon È exprime la réfiftance que trouve # 3x . b3 39 la furface décrite par O N3 d’où il fuit que 2—f-+ <<°8 TT Fa doit être un moindre. C’eft pourquoi prenant la difference de ces deux termes & l’égalant à zero, comme l’on a en- feigné dans le Livre des infiniment petits , on formera l’é- le &3fdv ac3od galité — PIS, un point # pris fur la droite G N infiniment près de W, les droites Mn, O », fur lefquelles on abaiffe les perpendi- Maintenant fi l'on mene par Culaires NR, NS; il eft clair que l'angle AN» eft égal à l'angle FNM , & l'angle SNn l'angle GON, puifque les deux premiers étant joints au même angle MNr, & les deux autres au même angle G AN O font des angles droits ; & qu'ainfi Æn (— du) eftà Sr (dx), comme le finus de l'angle FN 22 eft au finus de l'angle GO W, c’eft-à-dire, O üij FIG. 2. sro Memotres pe r'AcAbemtEe Éovare (en prenant NZ égale à NM, menant ZK parallele à NF, & nommant MF, m; NG,n;) comme MF (m) : ny Si EE : mzd> eftà NK ( a ) d'où lontire une valeur — d'u— = n T laquelle étant mife dans Fégaliés précedente ; donne 2 fmxex ses EX qui fe réduit à! 2 —<"2? D'oùl'on nv - x” A » voit que menant .4B—a pébén tient à l'axe 4 P, & tirant les droites BC, BE paralleles aux deux petits côtez MN,NO du poligone qui compofe la courbe, on —— aura 4 .4B x AC, BC :: B:C:M P,), & de même 4.AB°x AE. BE3:: BE. NO ; cat mettant à la place de ces lignes leurs valeurs analytiques , & multipliant les . : c5ign extrêmes & les moyens , on trouve —= +4 D Il eft donc évident , que la nature . la courbe Cher chée DM, doit être telle, qu'ayant pris fur .4 K perpen- diculaire à l'axe .4 P la partie 4 B—a , & ayant mené B C parallele à une ligne qui touche la courbe en un point quelconque M, on ait toüjours 4.4 Bx.A4C.B C:: BC. MP appliquée en M. Et c’eft-là précifément la proprieté de M. Newton. M. Fatio trouve par fa méthode une proprieté dif- ferente de celle-ci, qu'il prétend être plus fimple. Cepen- dant je ne puis en convenir; car elle renferme les rayons de la développée, & par conféquent des differences fe- condes ; au lieu que celle-ci ne renfermant que des tan- gentes, donne l’expreflion de la courbe en differences pre- mieres, & conduit aifément à l'invention de fes points par le moyen de la quadrature de l’hyperbole de la maniere fui- vante: or c’eft ce qu’on peut trouver de plus fimple dans cet- te queftion. Soient prifes fur .4 K perpendiculaire à l'axe 4 P la partie .4B—a, & fur .4P prolongée du côté de .4 la partie A E—V +4 +aa; & foit décrite par le point E la lo- garithmique FEN qui ait pour afymptote la ligne .4K, & dont la foûtangente +4. Ayant pris .4C de telle DES ScrENCESs. rrT grandeur que Jon voudra que j'appelle 5, & ayant tiré CN parallele 4 .4 K qui rencontre la logarithmique en w, foient prifes 4 K List, KA P == ee = a + CN,fcavoir — lorfque .4 C furpañie .4 E , & + lorfqu'elle eft moindre; & foient tirées les droites KM, P Mparalleles à .4P,.4 K: leur point d’interfe@tion M fera dans la courbe cherchée D M. Car nommant 4 P , x;3 PM, y; .AC, 5; la proprieté que doit avoir la courbe , donne .4 K ou PM (y) — athzaassts4 4445 ; & par conféquent d y—24ds Hi ——. Or puifque BC eft parallele à la tangente 34 , on sdy sds EL CN ads M x —— ,; dont l'integrale eft 24 44? AP (x) = +5 moins lintegrale de plus ou moin une quantité conftante. Je prends pour cette quan- tité Æ 2, & je la retranche , afin que CM, qui par la pro- prieré de la logarithmique FE N eft l'integrale de + devenant nulle,.4P(x) foit aufi nulle. Donc, &c. ee AC— AE, J'appliquée PM dus eft alors la moindre qu'il eft pulible devient AD—<#.AE, & la tangente au point D fera parallele à BE. Mais filon prend: AC moindre que .4E, on décrira la portion DO de la courbe, dont la convexité eft oppofée à celle de la por- tion DM, & qui s'écarte aufli bien qu’elle de plus en plus: à l'infini des deux droites AP ,.4 K; de forte que la ligne cherchée A4 DO à un point de rebrouffement en D, & que Ja folide de la moindre réfiffance peut être convexe ow concave, où en partie convexe , OU en partié concave. - M. Fatio ayant fait dans fa conftrudtion AE —.A B, & voulant tobjours qu’on: prenne .4 € plus grande que AE; il s'enfuit qu’il ne décrit que la partie de la portion: convexe D M qui fuppofe . C plus grande que .#E: ce 20. Juin 1699, 12 MEMOIRESDE L'ACADEMIE ROYALE qui donne lieu de croire qu'il n’a eu aucune connoiffance ni du point de rebrouffement D, nide la partie concave DO. d'autant plus qu’il a mal tracé dans fa figure s. la ligne cour- be MV , qui doit avoir pour afymptote la ligne .40, & aller en s'approchant de la Lens AT jufqu'à ce que AT— A BV +, après quoi elle doit s’en éloigner de plus en plus à l'infini. M>OùY. EN DE SUBSTITUER COMMODEMENT L'ACTION DQU:FEQUR A LA FORCE DES HOMMES ET DES CHEVAUX Pour mouvoir les Machines. Pat M AMONTONS. ERSONNE ne doute que l’aétion du feu ne foit très violente, l'expérience journaliere faifant connoîïtre, que les corps les plus graves, les plus folides, & les plus inébranlables, n’y fçauroient réfifter long-tems ; & que le pouvoir du feu va non feulement jufqu’à mettre la mañfe de-chacun de ces corps en mouvement , comme l'effet prodigieux de la poudre à à canon le fait affez connoître ; mais encore jufqu'à en détruire & à en anéantir entiere- ment les manieres d’être , comme il arrive aux bois & à toutes les autres matieres combuftibles. Mais chacun ne convient pas, que cette force que le feu employe à pro- duire ces effets furprenans , puifle utilement fervir à mou- voir regulierement des machines, où on a de coûtume d'employer les forces animées & reglées , comme font cel- les des hommes ou des chevaux; parce qu’on ne connoît pas encore bien de quelle maniere on pourroit faire cette application, | DES SCIENCES. 117 application ; & que les moyens qu’on a propofés jufqu'icy ont’paru avoir trop d’inconveniens. La verité eft cepen- dant qu’on n’eft pas plus en droit d’en douter , qu’on l’étoit avant l'invention des moulins à eau & à vent, à douter que le mouvement de l’eau ou de l'air puñlent fervir aux mé- * mes ufages: car en ces rencontres ; comme tout ne dépend que de trouver quelque moyen aftés fimple pour en rendre l'ufagecommode & profitable , l’impoffibilité n’eft point de la part de la chofe, mais feulement du côté de nos connoif- fances , qui ne s'étendent & ne s’accroiflent qu'avec le tems , à mefure que les expériences & l’ufage journalier nous en donnent occafion : mais le meilleur moyen de per- fuader ce que j'avance, c’eft de donner la maniere de le faire. | Voici quelques expérien- A À. ces faites à ce fujet, qu'ileft à propos de décrire pour en déduire des verités dont il eft bon auparavant de con- venir. brf LLELELLLIP PETITE] sam nn PREMIERE EXPERIENCE, Ï try n 4 « n : = non : "= : d : éfyer De la raréfaétion de l'air par la chaleur de l'eau boxillante. ñod 6 ON a plongé dans un chaudron plein d’eau , les boules des trois tubes de verre A CD, A C D; rer 4 CD, d’égale longueur , chacun ‘ouvert en .4, re- jam courbé en C, & fe termi- nanten une boule D , les | | capacités des boules étoient PAC € c 3 entr’elles comme les nom- bres 1, 2, 3, auffi bien que celles des tubes .4 B, qui ‘1699. P 314 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE d’ailleurs étoient aflez étroits ; le moyen n'ayant gucres que demi ligne de diametre interieurement , il y avoit dans cha- que verre , du mercure depuis l'entrée E des boules jufqu’en B, où le mercure étoit trois pouces plus haut qu’en E, à caufe que l’air dont les boules étoient pleines, n’ayant trouvé aucune ifluë lorfqu’on avoit verfé le mercure par les ouvertures .4, le foûrenoit par fon reflort & l’empé- choit de defcendre au niveau de celui de l'entrée des bou- les. On a mis le tout-fur le feu, & le mercure en B, eft monté également dans des tems égaux dans tous les trois verres ; enforte que lorfque l’eau à commencé à fremir ; il étoit neuf pouces plus haut que 8, & neuf pouces dix lignes lorfqu’elle a été entierement boüillante , après quoi il a ceflé entierement de monter. De cette expérience il fuit : 1°, Que la chaleur de l'eau botiillante a des bornes qu’elle ne pañe point. 2°. Que des mafles inégales d'air augmentent égale- ment la force de leur reflort par des degrés de chaleur égaux, & au contraire. 3°. Que la chaleur de leau botillante n'augmente la force du reflort de l'air que jufqu’à lui faire foûrenir envi- ron le poids de dix pouces en hauteur de mercure, ou de onze pieds huit pouces d’eau plus que le poids de l'atmof- On fappafe que phete. Car la quantité dont l'air diminuë fon reflort en fe Le poids de l'eau dilatant pour remplacer le mercure qui monte de BenF, eff à celui [/] mercure comme 1.4 14 . égale à peu près les deux lignes qui manquent aux dix pou- ces en cette expérience. 4°: Que fi l'ait a la liberté de s'étendre , preflé feule- ment par le poids de l’atmofphere , il n’augmentera fon volume par la chaleur de l’eau boüillante que d'environ le tiers de fa mafñle; car felon les expériences de M. Ma- riotte, l'air faifant équilibre par fon reflort à des poids proportionnés aux volumes où ces poids fe réduifent par leur preffion , & ces volumes étant entre eux en raifon in- verfe de ces poids, fi la hauteur du mercure eft fuppofée TT SE VE PE ES " DES SCIENCES. : 115 de 41: pouces, comme en effet dans cette expérience elle le peut être, & que le volume d'air foit exprimé par le nombre 3, lorfque la hauteur du mercure ne fera plus que de 37. pouces, le volume fera 32. Mais d’autant qu’on fuppofe ici le poids de latmofphere égal à 3 r: pouces de mercure , ce qui n’eft pas en effet, ce poids n’équivalant gueres qu’à 28. poucés de mercure, on doit compter la fraétion pour un entier ; parce que l'air per- dant moins la force de fon reflort lorfqu’il eft peu chargé , que lorfqu’il left davantage, il ne doit pas tant augmenter fon volume pour fe réduire de la preffion de 4r. poucés à celle de 31. pouces, qu’il le doit faire en fe réduifant de la preflion de 38. pouces à celle de 28. pouces. 5°. Que fi l'air raréfié par la chaleur de l'eau boüillante n'a pas la liberté d'augmenter fon volume jufqu'à être un tiers plus grand, la force dé fon reflort équivaudra toû- jours à un poids plus grand que celui de l’atmofphere , & ce poids fera toüjours à celui de l'atmofphere en raifon inverfe de celle des volumes; & fi le volume de cet air eft exprimé , par exemple , par le nombre 7. & que la hauteur du mercure qui réfifte à la force de fon reflort foit de 4x. pouces lorfque ce volume fera augmenté d’un feptiéme ; c’eft-à-dire, fera exprimé par le nombre 8. la force du reflort de l'air équivaudra encore à 352. de mer- cure ; & ce qu’il en aura perdu n'équivaudra qu'à s. pou- ces + de mercure ou 5. pieds r r. pousses + d'eau , & feule- ment 5. pieds, 6. pouces, 6. lignes; le” calcul étant fait für 38. pouces au lieu de 41. pouces. IL ExPERIENCE UNE autrefois les thermometres marquant prefque le temperé , on a plongé dans l’eau froidé les boules des trois tubes de l’expérience précedente, & le mercure n’eft ‘baiffé qu'environ une ligne au deffous de 8, dans le verre dont la boule eft la plus groffe, de deux lignes dans le fuivant, & de trois lignes dans celui dont la boule eft Ia Pi; 116 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE plus petite, après quoi il a ceflé entierement de defcen- dre dans tous les trois verres; on a retiré enfuite ces trois verres de l’eau, & le mercure a continué de defcendre d'environ une ligne dans le verre dont la boule eft la plus petite, de deux lignes dans le fuivant, & d'environ trois lignes dans le verre dont la boule eft la plus groffe , en- forte que le mercure eft refté pendant un tems dans tous les trois verres environ 4. lignes plus bas que B, & eftre- monté en fuite peu à peu , à mefure que les boules ont feché. Cette expérience étant. conforme à une autre que je fis il y a douze ans au mois d'Août , où les chaleurs font fort grandes , avec le zimofimetre , dont on plongea la boule dans l'eau froide, & où l'air cependant ne diminua pas da- , vantage la force de fon reflort, il fuit : 1°. Que l'air plongé dans-l’eau ne diminué la force de fon reflort qu’à ne foutenir qu'une ligne en hauteur de mer- cure de moins que l’atmofphere. 2°- Que l'air diminué bien fon refort par la froideut de l'eau à proportion de fon volume ; mais que les plus grands en perdent moins que les plus petits. 3°. Que l’eau qui eft prête. à s'évaporer, diminuë la force du reflort de l'air davantage que lorfqu’elle eft en af- fez grande quantité pour l'environner de toutes parts, ce qui fe confirme par cette autre expérience du zimofime- tre: carenayant pl gé la boule dans de l’efprit de vin , le reflort de l'air diminua & foûtint le poids de 4 pouces en hauteur d’eau moins que le poids de l’atmofphere ; étant retirée de l’efprit de vin, il diminua encore jufqu’à foù- tenir cinq pouces d’eau de moins, ce qui faifoit en tout neuf pouces d’eau moins que le poids de l’atmofphere, remife derechef dans l'efprit de vin, le reffort de l'air augmenta des cinq pouces dont il étoit diminué dehors, & mis de- rechef dehors l’efprit de vin, il diminua derechefdes cinq pouces. Cette expérience fut faite au même tems, que celle dont j'ai parlé cy.- devant, c’eft-à-dire, pendant les chaleurs de l'efté. | DES SCIENCES, 117 4°. Que cette feconde diminution de la force du reffort de l'air fe fait auffi à proportion de fon volume ; & qu'elle eft plus grande dans les plus grands , & plus petite dans les moindres. III EXPERIENCE On à fait conftruire un cube de fer blanc .48CD, ; éxattement clos de toutes parts, & partagé en deux égalément par la féparation E F, la partie inferieure E B CF, na aucune communication à la fuperieure ÆE FD, que par le tube GA, enfermé dans un plus gros IL, ferméen Z, &embouché & fou- déen Z, à la partie fupérieure du cube. M N eft un autre tuyau qui péne#e dans la partie fupé- rieure jufques proche le fonds E F, & eft foudé à cette partie en O, & embouché & foudé par fon extremité N, à un petit ba- puet ou refervoir P, il y a de plus vers .4, un petit robinet pour donner air à la partie fupé- M rieure. Ce robinet étant ouvert, —|# on a verfé de l'eau dans le petit | baquet P, cette eau eft defcen- duë par le canal NW 44, dans la partie fupérieure du cube, lorf- que cette partie en a été toute pleine , on a fermé le robinet, & on a plongé pendant fix fecondes la partie inférieure du cube dans l’eau boüillante, & une partie confidérable de leau contenuë dans la partie fupérieure du cube, pouflée par la force du reflort de l'air eft montée avec précipita- tion dans le baquet ?. Au bout des fix fecondes l'ayant P ii 13 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE retirée de l’eau boüillante, l’eau du baquet à commencé à redefcendre; mais dans la durée de 300. fecondes elle ’étoit pas encore réduite dans l'état qu’elle étoit aupara- vant. On a enfuite mis cette partie inférieure dans l’eau froide pour achever de réduire l’air à fon premier volu- me , après quoi on l’a derechef mife dans l’eau boüillante pendant fix autres fecondes, & l’eau eltremontée , comme devant dans le baquet P, après quoi on l’a plongée dans l'eau froide, & l'air a repris fon premier volume en 18. ou 20. fecondes, ce qu'on a repeté plufieurs fois, &ileft arrivé toûjours à peu près la même chofe, foit qu'on ait toûüjours tenu pendant les 18. ou 20. fecondes cette partie inférieure du cube dans l’eau froide, ou qu’ après l'y avoir trempé on l'ait retiréà l'air. 11 fait de cette expérience : 1°. Que les corps durs qui ne font pas fort épais , com- me le fer-blanc, reçoivent très- promptement la chaleur de l'eau botillante. 2°. Que ce n'eft pas toûjours la froideur feule du milieu qui détruit l’action de la chaleur, puifque par les expé- riences précédentes , l'air & l’eau font à peu près d’une mé- me température. 3°. Que ces corps minces employent environ trois à qua- tre fois autant de tems à perdre dans l’eau froide la chaleur qu’ils ont reçüë dans l’eau boüillante , qu'ils en ont été à la recevoir. appelle eau froide, celle qui eft à peu près d’égale tem- pérature que l'air. IV. ExPERIENCE. D AN5 l'expérience précédente , les tubes N M4 G A n’avoient qu’un pied de hauteur, mais dans la fuite on les allongea, enforte qu’ils en avoient huit; & ayant repeté les mêmes expériences, elles ont produit encore le même effet, excepté, que l’eau ne monta pas tout-à- fait en fi grande quantité, ce qui devoit néceflairement arriver à caufe de la plus grande hauteur ou charge d’eau, qui par fon poids s’oppofoit à la dilatation du volume d’air ren- Po DES SCIENCES. 119 fermé dans la partie inferieure du cube. On mit après cela la partie BC fur des charbons ar- dens , ce qui fit monter leau dans le baquet P, de même qu'avoit fait l’eau boüillante, mais elle n’y monta pas fi promptement à caufe que la chaleur ne s’apliquoit im- mediatement qu’au fond B C , au lieu que dans l’eau boüil- Jante elle s’appliquoit encore immediatement aux quatre parois BE, BF, FC, CE, qui faifoient enfemble une fu- perficie double de BC, on ne put pas bien remarquer le tems que l’eau employa de plus à monter dans le baquet P , parce qu'on éroit attentif à prendre garde que la fou- dure du cube ne fe fondit, ce qui arriva enfin , mais l’eau étroit pour lors dans le baquet, pour le moins aufli haute qu'elle l’avoit été par l'effet de l’eau boüillante, & auroit monté plus haut fans cela. Il fait de cette expérience , qu'on peut par la chaleur du feu appliquée immediatement à la capacité qui ren- ferme l'air, augmenter la force de fon reffort beaucoup plus confi derablement que par l’eau boüillante, pourvû que ce qui renferme l'air puifle réfifter à l’aétion du feu ; . & que l'effet en eft d'autant plus prompt, que l'aétion s’en fait dans une plus grande étendué. T7 Em, Ces RATE T er VS EE nés \ ds a pi sé 1 Lve. : mme | sont" dom ef V. EXPERIENCE. ON a appliqué cinq hommes au mouvement d'une ma- chine, qui en pouffant par les leviers où on a de coûtume d’atteler les chevaux , employoient toute leur force à la faire mouvoir. En fuppofant la force de chaque homme de 200.1. le _totaleftmil livres. : On a enfüite mis des chevaux pour faire travailler cette machine, ils ont travaillé pendant trois mois ; & quoiqu’on mit quatre chevaux à la fois ; & qu'on les relayât de trois heures en trois heures , & dans la fuite d'heure & demie en heure & demie; enforte que chaque cheval ne travail- loit gueres que fix heures de 24: & ne fit pendant ce tems qu'environ fix lieuës , ils n'ont pût réfifter àce travail, & ils y pétifloient. mi = ; 120 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On donnoit à chaque cheval par jour trois bottes de foin de 15. f. un boïifleau d'avoine de 8. f. une demi-borte de paille pour la litiere de 2. 6. d. ce qui fait 25. f. 6. d. aufquels il convient ajoûter encore le quart defdits 25. f. 6. d. à caufe que de 365. jours qui compofent l’année, il yen a près de 86. tant en Fêtes que Dimanches. Il y avoit de plus la païe des valers d’écurie de $.f. par chaque cheval, & celle du maréchal & du bourlier. Il fuit de cette expérience : 1. Que pour continuer un femblable travail le jour & la nuit, il auroit fallu feize chevaux ; & qu’on ne peut pas compter qu'un cheval tienne. lieu d’une puiffance conti- nuelle de foixante livres faifant une lieuë par heure. 2°. Que la nourriture & l'entretien d’un cheval qui tra- vaille, revient par chaque jour de travail à près de 40. f. ©: VI EXPERIENCE. Les Ouvriers qui poliffent les glaces , fe fervent pour preffer leurs polifoirs d’une fléche ou arc de bois, dont un des bouts qui eft arrondi , pofe fur le milieu du polifloir, & l’autre qui eft une pointe de fer, prefle contre une planche de chêne ferme & arrêtée au deflus de leur tra- vail : la fimplicité de cette machine fait que toute la force de l'Ouvrier eft uniquement employée à expédier fon tra- vail. Les polifioirs dont ils fe fervent le plus ordinairement, font des trois grandeurs marquées cy-après; & la preflion la plus ordinaire dé leurs fléches , eft aufi telle qu’il fera dit, ce qu'on a remarqué ayec un pezon à reflort en ac- crochantle crochet du pezon au bout d’en haut de la flé- che, & tirant direétement vers le bas; on a remarqué de la même maniere en tirant horifontalement avec le crochet dudit pezon une corde attachée aux manches des polif- foirs, qu'il falloit les quantités de force , marquées cy- après pour les faire mouvoir, entre lefquelles la quantité moïenne eft d'environ 25.1. Or ces Ouvriers commencent leur travail ordinairement à cinq heures du matin & le f- aifent à fept heures du foir, prennent en trois tems deux heures DES ScrENceEs. r2t heutes pout leur repas; de forte que de 24. heures ils tra- vaillent regulierement douze heures , interrompuës de 3. heures en 3. heures par leur repas : la volée de leur fléche , c'eft à dire, le chemin que fait leur polifloir à chaque fois qu'ils le pouflent, ou qu’ils le retirent, eft ordinairement d’un pied & demi, &le tems qu’ils emploïent à chaque volée, une demie feconde; mais comme ils s'arrêtent de tems à autre, tant pour voir leur travail, que pour brofer & empoter leur polifloir; & en outre qu'ils employent quelques tems à fceler & retourner leurs glaces, cela em- porte encore environ le fixiéme du tems de leur travail, fi bienquedes douze heures, on n’en doit gueres compter que dix, pendant lefquelles leur travail équivaut à lélevation continuelle d’un fardeau de 25.1. à trois pieds par feconde. Il fuit de cette experience : Que pour entretenir un. femblable travail pendant 24. heures , il faudroit deux hommes ; & qu’ainfi un Horime feul ne ie lieu que d’une puiffance continuelle de 1 2 1. £ faifant + de lieuë par heu- res; c'eft à dire, environ la fixieme partie du travail d’un cheval. Voici les experiences qui ont été faites avec des polif. foirs de differentes grandeurs , preffez par des fléches de differentes forces. Un polifloir de 6. pouces de furface , preflé de 28. 1, a été tiré par 23. dans fon fort , c'eft à dire, lorfque la fé. che étoit à plomb ou au milieu de fa volée ; & par 20. I. dans fon foible. Le même preffé de 30.1, a été tiré par 26.1. dans fon foible. : Un autre polifloir de 11. pouces de furface , preflé de 28.1,aété tiré par 25. L. dans fon fort, & par 23. 1. dans fon foible. Un autre polifloir de 24. pouces de furface, preflé de 28.1,aété tiré par 25.1. dans fon fort, & par 23. |. dans fon foible. | Le même chargé de 30. 1,a été tiré pat 28. |. dans fon fort ,& par 25.1. dansfon Poe 1699. re 122 MeMoires DE L'AcADEMIE ROYALE Par ces experiences on peut remarquer , en paflant, que c’eft une erreur de croire , que les frotemens dans les ma- chines augmentent ou diminuent à proportion que les par- ties qui frottent , ont plus ou moins d’étendué, & que La rouë, par exemple, d’un moulin tourne d'autant plus faci- lement , que fes tourrillons ont moins de longueur ; ce qui d'ailleurs eft une mauvaife conftruétion , à caufe qu’ils man- gent incontinent les boëtes dans quoi ils tournent. Mais que ces frottemens augmentent ou diminuent à proportion des fardeaux qui font müs, & de la raifon de la longeur des leviers qui fervent à les mouvoir à la longueur de ceux für lefquels ils s’appuïent. J'aurois bien fouhaité avoir eu occafion de faire les mé- mes experiences avec des pieces de fer, de cuivre, & de bois , fur des plans de pareille matiere , parce qu’on au- roit pû en déduire des regles très importantes pour calcu- ler les frottemens dans les machines. PROBLEME. . ETANT donnex tant de poids égaux qw'on voudraB,G,H, 1, L, fur la X circonference d’une rouë verticale, depuis la ligne 4 plomb qui pal[e par Le centre de la rouë, trouver la force réfiflante , qui appliquée à la circonference de la rouë, fale équilibre aux poids donnex, SOLUTION DEMONTR FE. Soitle diametre hoti- zontal .4 B à caufe des rayons égaux AC,CB,unpoids égal à B, appliqué en .4, fera équili- bre aupoids B. De plus les poids qui pendent aux extremitez d’une balance étant en- tre eux, ainfi qu'il eft démontré dans les Mecaniques , en raifon reciproque de leur diftance du point d'appui, un JE SECRET © nu “ CRT ES PT A PR ERP ETS LÉ cer ANS AE, DES ScrenNces. 123 poids qui fera au poids 8, comme CD. égal au finus droit de l'angle G CZ, au raïon CB, fera équilibre au poids G. Par la même raifon un poids qui fera au poids 8 ,com- meCE, CB, fera équilibre au poids A, un autre poids qui feraà 8 , comme CF, CB, fera équilibre au poids z, & ainfi des autres en quelque quantité qu'ils puiffent être , fi bien que le poids Z, étant dans la ligne à plomb, n'a befoïin daucun poids en 4, pour lui faire équilibre ; or Comme en quelque endroit de la circonference de la rouë que la force refiftante foit appliquée , elle éft toûjours cen- fée agir par la dire@ion d’une tangente à l’extremité d’un raïon égal à .4 C, il fuit, que la force refiftante, ou la fom- me des poids qui appliquez en .4 , font équilibre aux poids donnez, eft à ces mêmes poids comme la fomme des fi- nus droits des angles, dont ces poids s’éloignent de l’a- plomb du centre de la rouë, au finus total multiplié par le nombre des poids. Ce qwil falloit démontrer. DESCRIPTION DU MOTEN de Je fervir commodement du Jeu pour mouvoir les machines: Tour ce que deffüs pofé, fi A B,COD,E;F,@1,2,3, 4: 5: 6; € font deux rangées circulaires & concentriques de cellules difpofées autour d’un axe horizontal & mobile G, & exatement claufes de toutes parts ; excepté que cha- cune des cellules .4,B,C,D,E,F, @ puifle fe communiquer à chacune des cellules, r,2, 3:45 :6,€@ par lemoïen des tubes H1,LM,NO,PO,RS,TV ,& & que les cellules r,2, 55 4» 5 » 6, € aïent communication lesunesaux autres par les foûpapes 7,8,9,10,11,12, @ qui font toutes pofées & s’ou- vrent toutes d’un mêmes fens, en forte qu’elles permettent à l’eau l’éntrée de la premiere à la feconde cellule » puis de la feconde à la troifiéme , de la troifiéme à la quatriéme , de la quatriéme à la cinquiéme , de la cinquiéme à la fi. xiéme ; & ainfi de fuite jufqu’à la derniere, & derechef de cette derniere à la premiere; mais qu’elles la lui refufent du fens contraire, Q ij FIG. 4: 124 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALE Si de plus les cellules .4,B,C,D, E,F, €@ n’ont direéte: ment aucune communication entrelles , & que deux des cellules #,2, 3,4, @ aïent deux ouvertures comme X,7, par où on les ait emplies d'eau, & qu’enfuite on ait refer- mé exactement ces ouvertures, fi la capacité de chacune des cellules r, 2, 3,4, 5, 6, &'eft à peu près la feptiéme partie de‘celle des cellules 4,8, C, D,E, F, & & que la force ré- fiftante foit fuppofée faire équilibre avec l’eau des cellules 1,2, fi enfin on applique en BB, la flamme fortant du fourneau .4.4, pouflée par l'air qui entre par la grille du fourneau, & que le bas du tambour fait des cellules .43 CDEF trempe dans l’eau froide du refervoir & &, je dis : 1°. Que Pair dela cellule 8 augmentera fon refort fuf- fifamment pour foûtenir non feulement la hauteur d’eau IT, mais encore pour faire pañler l’eau de la cellule x , en la cellule 3. fi cette hauteur IT, n’eft qu’à peu près de cinq pieds. 2°. Que le poids de cette eau fera tourner toute cette conftruétion du fens B 4 F ,autour du centre G, fi la force réfiftante eft moindre que ce poids. 3°. Qu'à mefure que par le mouvement autour du cen- tre G , l’eau en T, tend à defcendre, de nouvelles cellu- les fe préfentent en BB ; & de nouvel air, augmente fon reflort pour la repoufler & la foûtenir à la hauteur fuf- fante, pour que fon poids foit continuellement fuperieur à la force réfiftante; pendant quoi l'air qui avoit été di- laté, reprend fon premier volume, à mefure que les cellu- les qui le contiennent, pañlent à travers l’eau du baquet ér 7, & delà àtravers l'air où il acheve de fe reduire, pour être de nouveau dilaté toutes les fois que ces cellules reviennent en BB , car par la premiere & quatriéme ex- perience , l'air augmente fon reflort d’une quantité equi- valante à une charge de onze pieds huit pouces en hauteur d’eau : Or de ces onze pieds huit pouces, fuivant la regle de M. Mariotte pour la preflion de Pair , il n’y en a que ro: pouces & + d'employez à la preffion necefäire pour faire em. de 1699. Page 123. MOULIN A FEU = \\[R aN Bu en B déate l'air enférme en À le 2 fausant Passer par Le Yuen pressant La surface de leau en 1, la Soupape 1#, se ferme, et Les= Apes 7. &. eg, J'ouvrent pour laisser monter l eau vers LA etcharger ce’ ce qu, fait mouvoir La voie sur son centre G, et-succeder la cellulle 3, cellule À, pendant que cette derniere entre dans lea &, pour. faure re- | dans son premier état leur quelle contient d est demontre quen faisant Q 19, de & peds, 20.21. de12,22L de 18, 124. de 3o, le tout-sur une profondeur de 12.pieds, ét que la'chaleur en8 ÿgale a celle de Lau bouillante; ce moyen tent Lieu de 39. chevaux IMem. de 1699. Page 123. MOULIN À FEU E D R P F NN 4 . ANNEES We N fo B o L il 331 Eu Le G 9 È \ = < \ X À v ee \ 1 es > 90 Es É. ES Le fu en 5 dilate l'air enfèrme en À. ét le faisant passer par le canal HA, Saut quên pressant la surface de leau en 1, la Soupape 18, se ferme, et less Joupapes 7 8.eÆ9, Souvrent pour laésser monter leau vers Yetcharger ce» côte, ce que fait mouvoir la rote sur son centre G, etrucceder la cllulle 5. a La cellulle A pendant-que cette derniere entre dans léau &, pour fure re venu dans son premier état l&ur quelle contient Or dl est dermentre quen fusant Q9,de 8 pids, 20 21 de 12,22 L de 18, et-2324.de go, le tout sur une profondeur de 12 pieds, et que la'chaleur en soitégale à celle de léau bouéllante; ce mayen tient lieu de 30 chevaux Des SCTrENcCES. 125 place à l'augmentation des volumes d'air dilatez par la chaleur du feu , qui joints à $. pieds 6. pouces +, que cette augmentation fait perdre au reflort de l'air dilaté, par le cinquiéme corollaire de l'expérience premiere , font en tout fix pieds, 4. pouces 10. lignes ; qui ôtez de rr.pieds, 8. pouces; refte encore 5. pieds 3. pouces 2. lignes de hau- teur , à laquelle le reflort de l'air dilaté par une chaleur égale à celle de l’eau botillante peut foûtenir l’eau en 7. Maintenant par le Problème précedent , la force réfi- ftante appliquée en quelque endroit de la circonference , quitpañle par le milieu des cellules1, 2,3,4,5,6,&eftau poids de cette eau, a peu près comme 11. à 145 & fi ce poids eft de douze milliers, cette force réfiftante fera de 9428. +. Oren donnant douze pieds de diametre au tam- bour fait des cellules 1,2, 3,4, $ , 6,@ fur une pareïlle lon- gueur de douze pieds; & deux pieds de profondeur pris du côté du centre de la rouë , ces cellules renferment une - efpace de 75 4. pieds cubes + dont le +eft 188. +, qui mul- tipliez par 70. 1. poids d'un pied cube d’eau , donnent 13200.1. mais comme dans les machines la force mouvante doit être fuperieure à la force réfiftante ,; & qu'il y a toû- jours quelque frottement , à furmonter ,les 1200. IL. doivent. être comptez pour cela; fi bien que l'effet de ce mouve- ment peut être reputé de 9428. +, ce qui équivaudroit au moins , par la cinquiéme experience ; à la force de 157. chevaux, fi la force réfiftante faifoit une lieuë de chemin par heure; mais, comme il faudroit pour cela ; que toute cette conftruétion fit 400. revolutions par heure, c’eft à dire, n’emploïât que neuffecondes à chacune ; au lieu que par l'experience troifñiéme, elle nepeut en emploïer moins: que 36. il fuitque ce moïentiendroit encore lieu au moins de 39. chevaux, ou de 234. hommes, par l’expérience fi- xiémes ce qui fuppofe que le degré de chaleur ne foit qu'égal à celui de l’eau boüillante , car autrement l'effet en deviendroit d'autant plus confiderable , que ce degré de Chaleur feroit plus grand; & que le profit qu'il y auroit à fe frvir de certe efpece de moulin à feu , feroit d'autant plus Qi 126 MemoOtREes DE L'AcADEMIEROYArE confiderable, que le prix du bois qu'on y confommeroit en 24. heures, feroit au deffous de 78.1. ce qui feroit d'au- tant plus facile à à faire , que ce travail n’empêécheroit pas que ces fourneaux ne ferviflent à d’autres ufiges ; comme à des vitrifications , à des fontes de métaux, & à d’autres perdre de Chymie ou d'ouvrages mécaniques ,foù le feu eft neceffaire. Comme je n’entreprens maintenant que de prouver la poflibilité de fe fervir du feu pour mouvoir regulierement les machines , ce que je crois avoir fuffifamment fait, il me paroit pour le prefent inutile d’entrer dans un plus grand détail de conftruétion 5 d’autant plus que les difficultez qui pourront dans la fuite m’être objetées ;, me donneront oc- cafion dela perfeétionner. Je me contenterai feulement de dire encore ici , qu’il convient que les cellules qui contien- nent l'air, foient faites de grandes tables de cuivre rivées & luttées; & que tout le refte, excepté les tubes de com- munication , peut être de bois, Les avantages de ce moyen, font: 1. De pouvoir cefler & reprendre le travail quand on veut, fans demeurer chargé du foin & de la nourriture des chevaux, & de n'en point fuporter la perte ni le dépérif fement. 2. D’avoir toûjours une _Puiffance égale & fans inter- ruption fi on ne veut, ce qui ne peut être en fe fervant des moulins à vent , ou à eau, les uns étant fouvent arré- tez faute de vent, & les autres par les glaces & deborde- mens d’eau. 3 Enfin de n'être point fujet aux lieux , parce qu’on trou- ve prefque par tout des matieres combuftibles, ve à * : DES SCIENCES. *27 D'E S CR I PT IVO-N D'UN NIVEAU Dont fe fert M. CoupLer, plus éxalleen cette | troifiéème Edition. ‘ E Niveau eft compofé d'une lunette 4 B, de deux 27. Juin, vaiffeaux C D joints enfemble par un ou deux tuyaux 00, que j'appelle canal; de deux autres vaiffleaux ob, oc, appellés calbaffes, parce qu'ils portent la lunette, & flot- tent dans l’eau dont on emplit ce canal. La lunette a deux pieds huit pouces de longueur; fon tuyau doit être de fer 1699. blanc, quoi qu’on fit tour le refte de cuivre. Dans unbout PLAN, 1. .A de ce tuyau, comme en tous les autres tuyaux de lu- nettes, on met le verre appellé obje&if; & dans l’autre bout B on met trois oculaires, fi l’on veut que la lunette foit à quatre verres. Un feul oculaire fuffroit ici, parce qu'il n'importe point que l’objet foit renverfé , ou non. Les Lu- netiers mettent ordinairement les trois oculaires dans de petites boëtes à vis $. qu'ils collent & ajuftent dans un tuyau de carton appellé Porte-oculaire ; & ils le pouffent dans _ le bout 3 du tuyau de la lunette. _ Telle que foit la lunette du Niveau, elle n’eft differente” des autres, qu’en ce que l’on voit dedans une barre qui la traverfe diametralement & horizontalement. Cette barre PLAN.II. n’eft autre chofe qu’un cheveu tendu en tel endroitc, que celui qui regarde dans la lunette le voye très-nettement fur les objets où il la pointe. Ce cheveu eft tendu au milieu d’un anneau , ou d’une cou- tonne de fer blanc 4. dont le plusgrand diamettre eft égal à celui des oculaires de la lunette , afin qu’on puiffe la met- tre dans une boëte à vis comme chaque oculaire. Sur le ‘ bord de cette couronne font faites deux petites incifions, qu'on couvre de quelques goutes de cire après y avoir en- tortillé les bouts du cheveu. Es PLAN. IL. 128 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE Mais parce qu'il faut quelquefois tourner & retourner le Porte-oculaire , pour ‘mettre le cheÿeu horizontal, & que ce tourñoyement diviferoit ou décoleroit les boëtes 5. je mets ce Porte-oculaire -dans un bout de tuyau de fer-blanc 6. que j'appelle Foureaw du Porte-octlaire ; & au bout .de ce fourreau je fais fouder une formé d’entonnoir qu’on empoigne pour tourner fans, crainte le Porte-ocu- laire comme on veut; & je mets ce foureau avec le Porte- oculaire dans le bout B°de lalunette. Il eft aifé de conclure que le bout B de la lunette eft bien plus pefant que le bout .4; pour contrebalancer ce plus grand es on foude un anneau de plomb à ce bout 2472016 On voiten c&D la coupe verticale des deux vaiffeaux € D qui font en la premiere planche. Ces vaiffeaux ont, comme on voit, un peu au-deffus du milieu de chacune de leurs faces quarrées des pointes rentrantes en dedans d’en- viron une ligne, qu’on a un peu adoucies ; l’eau dont on emplit ces vaifleaux a communication de l’un à l’autre par deux tuyaux 00, donton voit les bouts foudés au-deflus de la jointure de leurs parties quarrées avec leurs parties py ramidales tronquées , un feul tuyau fuffiroit, mais deux maintiennent mieux ces vaifleaux. Les calbaffes o b, o c ont le diamettre de leur partie cy- “lindrique plus petit de trois à quatre lignes que chaque côté des quarrés € D, pour flottér librement entre les pointes de chacun de ces vaifleaux. Leur hauteur jufqu’au bord de leur couverture, (qui doit être faite en dôme fort plat , fans l'être aflés pour voir refter de l’eau deflus, ) eft plus petite d'environ deux pouces que la profondeur des vaifleaux CD : Ces calbaflés doivent être fi bien foudées qu'il ny entre aucune goutte: d'eau ;. & pour s’aflürer de cette condition abfolument néceñäire , ‘on doit les voir étamées en dedans avant qu'on les ait couvertes de leurs dômes. Quand elles font couvertes ; on emplit d'eaule calé $ on les met dedans; & pour les'faire flotter droites, ony fait DES SCIENCES, 129 fait tomber du plomb à gibier par un petit trou qu’ona fait fur leurs dômes , puis on bouche ces trous d’un tampon de cire. J'ai choifi cette efpece de lefte ou charge, parce que malgré quelque boffe ou quelque autre accident qu'il atrivât à ces calebafles , on les feroit toüjours flotter droi- tes en les fecotiant pour faire rouler d’un côté le trop de plomb qui fe feroit mis de l’autre, ce qu'on ne pourroit faire fi elles étoient chargées de quelque liquide. Si on voyoit que pour de foibles caufes elles ceffaflent de flotter droites, on les feroit enfoncer davantage en faifant tomber dedans plus de plomb. Le tuyau de la lunette .4 B, qu’on voit pofé fur les dô- mes des calebafles , doit être , comme nous avons dit, de fer-blanc, matiere bien plus legere que le cuivre, pour avoir au-deflous du centre de gravité de ces calebafles leur plus grand poids ; & partant les rendre plus capables de ré- fifter à ce qui les empêcheroit de flotter droites. Pour afleoir le tuyau dela lunette fur les dômes o b, o cdes calebafles, on tache de l’y faire tenir pendant le moment qu'il faut pour marquer l'endroit où l’on doit faire fouder des croiflans ,*comme on en voit fous .4 &B, & mieuxen la PEAN- IT. figure 8. Ces croiffans font fendus d’une ligne d’ouverture, qui eft prolongée jufqu’à quelques lignes près des dômes ; & c’eft près de la foudure de ces croiffans fur les dômes que font les trous par où l’on charge ces calebafles. è Les croiffans étant foudés , la lunette étant mife dedans, fon bout B étant éloigné du bout du canal autant qu’il eft néceffaire pour mettre l'œil à l’oculaire de cette lunette, & ayant obfervé que cette pofition de la lunette n’empé- che pas que les calebañfes flottent droites & très-libre- ment entre les quatre pointes rentrantes , on fait au tra- wers des fentes de ces croiffans quatre repaires fur le tuyau de la lunette ; fur ces repaires on fait fouder des aîles 7. tellement limées & ajuftées qu’elles entrent librement juf- qu’au fond des fentes des croiffans, & portent toutes égale- ment la lunette à quelques lignes au deflus du fond de ces croiffans. On fait former en dos d’âne le bas de ces quatre 1699. R PLAN. II. 130 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ailes, & l’on applanit le fond des quatre fentes , le tout avec la lime douce : ces aîles fervent à tenir toujours la lunette dans la même pofition fur les calebafles. Avant de dire ce qu'il refte à faire pour la perfection de ce Niveau, je donnerai la defcription de fon pied. M, eft la feétion d’une portion de Sphere, prife dans un tronçon d'Orme ou d'autre bon bois. Sous cette portion de Sphere, ou fur fa feétion repréfentée eno, p,q, dont il eft commode que le diametre n’excede pas la hauteur du canal, on attache trois branches de fer forgées enfemble, : ayant à chacun de leurs bouts une charniere & une viss ces visp,0,q, entrent dans trois dotülles qui font aux bouts des trois bâtons qui portent cette portion de Sphere Æ. Quant aux autres bouts de ces bâtons, il n'eft pas avanta- geux qu'ils foient ferrés. Ce pied étant dreflé à peu près horifontalement, ce qui fe fait en écartant ou approchant l’un ou l'autre des bâ- tons , l'on met deflus le fupport E S F du canal. C’étoit d'a- bord une planche épaiffe d'environ deux pouces, & qui avoit autant de largeur que la portion de Sphere M a de diametre ; fon planE S F & fon profil G » K r H montrent combien on a élesi cette planche en vuidant les quarrés E, F, ou G, Æ pour faire entrer juftement dedans les vaiffeaux C D, jufqu’à leur cordon 0,0. Les côtés de ces quarrés qui font aux deux bouts du fupport , font feulément ferrés, comme on voit en la premiere Planche, d’unlien de fer qu’on a mis autour des bouts du fupport , non pas tant pour fortifier ces bouts , que pour n’avoir pas ce fup- port plus long que le canal qu'il porte. Ce profil montre encore qu’on a rendu ce fupport plus leger, en foüillant dans fon épaifleur une concavité r X r fi profonde qu’elle n'ait que le bord r rt de fa circonference qui frotte fur la convexité de la portion de Sphere 4, afin de n'avoir pas beaucoup de frottemens à vaincre quand on tournera de côté & d'autre l’inftrument qui fera fur ce fupport ; on voir encore dans ce fupport d’autres parties délardées de Gen r, & de t en H pour l'élegir davantage. : | 1110 0DES SCIENCES. 131 - Avant que d'attacher fous la portion de Sphere 21 les trois branches de fero, p, q, on traverfe cette portion de Sphere d’un boulon que l’on voit aflés long pour traver- fer auffi lépaiffeur du fupport, & l’on fait le trou K ous beaucoup plus grand qu'il n'eft néceffaire pour la grofleur de ce boulon, afin de pouvoir poufler ou tirer de côté où d'autre ce fupport fur fon pied M, pour empêcher que l'eau dont on emplit le canal ne fe répande pardeflus quelques- uns de fes bords. On drefle enfuite linftrument, comme on le voit sen un lieu commode pour découvrir plufieurs objets fort éloi- gnés, fans toutefois qu'ils le foient trop , pour bien diftin- guer fi le cheveu qui. eft dans Ja lunette fe repofe fur le faifte 5. de quelque bâtiment; fur la fermeture 7. de quel- que cheminée, fur quelque couronnement d'ouvrage 8. fur quelque élévation enfin bien terminée & ifolée; caren quelque repos que foit le cheveu , ila toüjours de petites vibrations qui laiffent échaper entre lui & la plus grande hauteur des objets où il eft pointé, un filet de lumiere qui fait mieux juger fi le cheveu ne fait que s'appuyer. Ces objets ainf choifis font d’autant plus néceflaires , qu’un che: veu qui n’a gueres de groffeur que la vingt-quatriéme partie d'une ligne , couvre environ un pied de l’objet, qui eft à près de trois mille toifes de l'Obfervateur, Pour voir fi le cheveu rafe conftamment le même objet,on interrompt fon repos, en don elque petit coup contre Je canal ; ou contre quelques fes, puis on obferve s’il reprend la même place ; où pour plus grande preuve, on enleve la lunette hors de fes croifflans, & on l'y remet, . 1 faut avoir foin qu'il n’y ait point d’eau fur les dômes des calebaffes , rien qui empêche les aîles 7, de pofer fur les fonds des croiffans ; que l’eau dans le canal foit aflés haute, Pour ne pas craindre que les calebaffes. touchent au fond, ni que quelque bout de la lunette touche fur quelque bord du canal. : Si l'on voyoit qu'entre plufieurs obfervations, ilyen eût quelqu’une où le cheveu ne retournat pas précifément fur Ri} PLAN. I. 132 MEeMoiREéSs DE L'ACADEMIÉ ROYALE le même objet, on poutroit foupconner que la difference vient des réfraétions , qui fouvent & d’un moment à l’au- tre font différentes; fur tout quand il pleut, quand il fait très-chaud ou très-froid; quand le rayon vifuel qui part de l'inftrument pafle d’un lieu où il y a du broüillard , en un autre oùiln’y en a point. Quoique le cheveu retournât conftamment fur le même objet, on ne peut encore conclure que cet objet foit de ni- veau avec l’œil de l'Obfervateur; mais feulement que les rayons vifuels ÆZ 0. dirigés par cet inftrument font toûjours des angles égaux 9 A O ,avecun plomb Æ 0 , qu'on s’imagi- ne defcendre de l'œil de lObfervateur au centre de la Terre. Avec cet inftrument mis en l’état que nous venons de dire, on peuttrouver tant de points de niveau vrais entr'eux qu'on en veut, pourvû que leslieux fur lefquels on pointe la lunet- te foient également éloignés de l’inftrument. Pour en avoir feulement deux, avec lefquels nous dirons comment on donne toute la perfection qu’on puifle defirer, faites planter droit une perche C 4. à 300. ou 400. toifes de Pinftrument fut le bord d’une riviere , d’un lac ou d’un canal, le long duquel votre Aide vous préfentera un fignal, c’eft- à-dire, un petit quarré de fer , blanchi d’un côté & noirci de l'autre ; car en quelque fituation on voit mieux le noir que le blanc: faites haufler ou baïfler ce fignal , jufqu’à ce quele cheveu de votre lunette rafe fon bord fuperieur 4. & com- pter combien il y a de pi e pouces & de lignes depuis ce bord 4. jufqu’à la bafé tte perchec; puis l’Aide ira préfenter de même en un autre lieu e aufli écarté de l’inftru- ment que left c , un autre fignal $. & connoiffant par votre figne que le cheveu de votre lunette rafe le bord de fon fignal , il écrit combien il y a de pieds, de pouces & de lignes de ce bord 5. jufqu'à la bafe e de fa perche. Par le moyen de ces points 4. & 5. qu'il eft aifé de trou- ver avec toutes fortes de niveaux, quelques défectueux qu'ils foient, voicy comment on peut ajufter l'inftrument, & le dégager de l’importune nécefité de choilfir toûjours des points également éloignés de lui, DES SCIENCES. 133 * Faites porter l’inftrument tout près d’une des perches c 4. ou e 5. & faites compter combien il y de pieds , de pouces & de lignes du bord fupérieur du fignal 4. jufqu'en P, où vous autés remarqué qu'’eft le centre de lobjeétive de vo- tre lunette, ou que le cheveu eft coupé par la perche c 4. que votre Aide enfuite aille mettre fur la perchee $ un fi- gnal 4. autant au-deflous de 5. que p eft au-deflous de 4. puis tournés l’objettive de la lunette de votre inftrament vers g; fans rien changer au pied de cet inftrument. On voit que les lieux propres à planter ces deux perches devroient être choifis le long d’une riviere ; afin que leurs bafes ne foient pas bien éloignées d’être de niveau entr'el- les. Ayant ainf fur l’une & l’autre de ces perches deux au- tres pointsp, q, aufli de niveau vrai entreux, comme le font les points 4. & 5. regardés fi le cheveu de la lunette qui eft en p rafe le bord fupérieur du fignal g. S'il le rafoit, l’inftrument feroit parfait; mais ce feroit un grand hazard. Si le cheveu ferepofe plus haut queg, ôtés du plomb de la calebaffe o c; ou fi elle ne vous paroïfloit pas trop enfoncée dans l’eau du canal , mettés-en dans la calebaffe o b qui porte lojective. Otés-en enfin de l’une, ou mettés-en dans l’autre, jufqu’à ce que le cheveu de la lunette approche du fignal q; puis on recommence à remarquer où le cheveu de la lunette eft coupé parla perche c 4. on compte comme dans l’opéra- tion précedente, combien il y a de pieds, de pouces & de lignes depuis le fignal 4. jufqu’à ce point, & on fait placer fur la perchee $. un fignal autant au-deffous de 5. quele centre de la lunette fe trouve au deflous de 4. & fi l’on obferve que le cheveu rafe le bord de ce fignal,on peut conclure que l’inf- trument eft parfait; finon diminués peu à peu avec un coû- teau , & non avec une rape, l'anneau de plomb foudé en A5 chargés ou déchargés les calebafles, & répetés ces opéra- tions jufqu’à ce que la mefure du point de niveau 4, au cen- tre de la lunette, foit égale à la mefure du point de niveau 5-à celui où fon cheveu coupe la perche e 5. & alors vous fe- rés für que les raïons vifuels que l’inftrument dirige, foit longs, foitcourts, font des angles droits avec les lignes HO, KR üij sr. Juillet 1699. 134 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE qui feroient imaginés defcendre de l’œil de l'Obfervateut au centre de laterre. C’eft tout ce qu’on peut demander d’un inftrument des plus juftes qu'on ait encore eu. L’échelle qu'on voir au bas de la feconde Planche, donne les me- fures de chaque partie de ce niveau. Si La longueur da Jupport celle de fes trois pieds font réduites 4 la longueur du canal, € fi le diametre de la portion de Sphere ef} réduit 4 la largeur du [np- port € a la hauteur des deux vaileaux du canal , ce nef} quepour enfermer le tout dans une caifle. 2 VAN RANK E D''U: NE : T'NGPOPNRIELE" De Segmens , de Secleurs , ' d'autres Efpaces de la Roulette on de la Cycloïde vulgaire. Par M. BerNouLzt, Profefleur des Mathématiques à Groningue. U1vANT Toricelli ily a précifément cent ans que cet- te fameufe Courbe fut imaginée par Galilée fon Mai- tre, à qui il femble en attribuer l'invention. Quoiqu'il en foit, on peut dire avec verité, que c’eft particulierement en France qu’elle a acquife fa plus grande réputation. Car il eft conftant que le P. Merfenne la divulga le premier en la propofant à tous les Géometres de fon tems ;lefquels s'y appliquant à l'envie, y firent alors plufieurs découver- tes: en forte qu'il étoit difficile de juger à qui étoit dû l'honneur de fa premiere invention. Delà vint cette célé- bre conteftation entre Meffieurs de Roberval, Toricelli, Defcartes, Lalovera, &c. qui fit alors tant de bruit par- mi les Sçavans. Depuis ce tems-là à peine a t-on trouvé un Mathematicien tant fait peu diftingué , qui n'ait éprou- vé fes forces fur cette ligne, en tâchant d'y découvrir quelque nouvelle proprieté. Les plus belles nous ont été laiflées par Meflieurs Pafcal, Huggens, Wallis, Wren, & quelques autres. Son identité avec fa developpée, les chûtes en tems égaux par des arcs inégaux de cette Cour sic Premiere Planche, TMem .de 1699. PAaJ: 134: É = Teri -de 1699. pags 1340 Premiere Planche, Hits TT ne | = Il Men de 1609 % Paÿ- 134 DES SCIENCES, 13$ be, & la plas vite defcente à la quelle nous l'avons trou- vée propre dans ces derniers tems, en font fans contre- dit les plus remarquables & les plus utiles par les ufages qu'elles peuvent avoir dans la Mécanique ; comme il pa- roit dans l’admirable invention des Pendules. Quant à celles qui font purement fpeculatives , il n'y en a pas une qui ait tant excité l’admiration des Sçavans , que la Quadrature d’un feul fegment de cette Cycloïde, d’au- tant plus qu'on démontre que fa Quadrature indéfinie eft impoflible fans celle du cercle dont elle dépend : Cetre ptoprieté a même paru trop belle à M. Wallis( jaloux de . la gloire de fa Nation, ) pour pouvoir reconnoître que M. Huggens foit le premier inventeur de cette Quadrature; puifqu'il fait tous fes efforts pour l'attribuer à fon M. W/ren. Ceft apparemment ce qui a donné occafon à M. Leibnitz d’aller plus avant, & de chercher cet autre fegment quarrable oblique , qu’il a publié autrefois dans les Journaux. Mais ces deux fegmens font tout ce qu'on a crû jufqu’ici de quarrable dans la Cycloïde ordinaire ; & même M. Tichinhaus fe perfuadoit avec tant d’affürance que c’étoient les feuls qui le fufñient , qu’il avance hardi- ment dans les Ates de Leipfk de l’année 1687. page 526. que la Cycloïde n’a pas un nombre infini d’efpaces quar- rables. Pour defabufer donc ceux qui pourroient être de fon fentiment , je me crois obligé.de démontrer ici le contrai- re par la découverte que je fis il y a déja quelque tems, des Quadratures d’une infinité-non feulement de fegmens , mais aufli de fe@eurs , & d’autres fortes d’efpaces de cette Courbe, & d’en laiffer l'examen & le jugement à l’illuftre Académie des Sciences , avant que de la rendre publi- que. Car ; comme felon toutes les apparences, ce fera la derniere obfervation qu’on aura faite dans ce fiecle au fu- jet de nôtre Cycloïde, il eft jufte qu'après ure durée de cent ans, qu’eliea continuellement exercé les Mathémati- ciens de toute l’Europe , elle retourne maintenant porter ce dernier éclat en France où elle a pris fon premier lu- fire, 136 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE FIG. 1: Soir donc la Cycloïde commune E .4 G, dontla bafe z foit EG .l'axe.4F, & le cercle génerateur.4 ZF. Je disque fi l'on méne à difcretion deux ordonnées 1B&KD , de maniere néantmoins , que la diftance 7 Z de l’une au cen- tre , foit égale à la diftance K .4 de l’autre au fommet ; la droite BD (que l’on conçoit tirée par les extremitez de ces ordonnées) tetranchera un fegment cycloïdal BCDB, qui | | RT DES ScreNces: 137 qui fera quarrable. Ce Segment BCDB era égal à la fom- me des triangles reétilignes LFIHMEFK (fig. 1.) 04 4 La difference des mêmes LFI—MFK (fig. 2.) ce que je dé- montre ainfi. Soient N.40 parallele à la bafe EG; BN, DO, pa-pric r. ralleles à l'axe .2F & les raïons HAL, HM. Premiere- ment lorfque les ordonnées 1B, KD, (fig. x.) font de dif- ferens côtez de l'axe, le fegment B C DB fe trouve égal au trapeze BNOD diminué des deux trilignes .4 NB &.A0 D ; mais letrapeze BNOD—:BN+IDOxNO (à caufe de HI—AK) —IHAXNO—+HAXNA H+HAXO.A. Or par la nature de la Cycloïde LHAXNA—EHAXAIC AL LI— (A. LH.A + triang. Z A F—{feû. LF.A : On démontrera de même que + 4.4 x0.4—{eû. MF.A. Doncle trapeze BNOD = aux deux feûteurs LF.4+ MF.A. Maintenant par la proprieté de la Cycloïde, déja connuë, letriligne .4NB — au fegment circulaire .AIL ; & le triligne .4OD —feom. citc..{K M. Donc ayant Ôté du trapeze 8 N O D les deux trilignes AN B,.40O D ; & des feéteurs AFL, AFM, les deux fegmens circulaires .41L, .4 KM: l’on aura le fegment cycloïdique BCD B — au deux triangles reétili- gnes ZFI+ MFK. Ce qwil falloit démontrer. - Quefi les ordonnées ZE, KD, font d’un même côté ( fg.2.) F1G. 2 le fegment BCDB—trap. BNOD— triligne .4 N BH triligne 4 O D ; & en fuivant les traces de la démonftra- tion précedente, on trouvera le trapeze BNOD— 2HAXNA—:HAXOA—fet. LF.A4— feû. MFA. Donc ayant fubftitué les fegmens circulaires .41L,.4KM, _ à la place des trilignes .4NB,.40D, qui leur font égaux; il viendra le fegment cycloïdal BCD B—à la difference des deux triangles re@ilignes ZFI— M F K. Ce quil falloir démontrer. Coroz. L Les points X & Z concoutant & fe con: 1699. | ES) FIG, 1. FIG. 1.2 FIG. 3. 38 MemoOïres De L'Acanemre RoyALE fondant au milieu du rayon .4 A , il eft manifefte que la corde BD ( fig. x.) fera alors perpendiculaire à à l'axe AF, & qu'elle Pafera par le même point du milieu du rayon .4 H. Ce qui fait le cas particulier de M. Huggens; le fegment 8.4 D B devenant en ce cas égal au triangle équilateral infcrit dans ce cercle générateur, ou (ce qui eft la même chofe ) au demi hexagoneinfcrit dans le même cercle. Coroz.Il. Maisfiles points K & I font éloignez l’un de l'autrele plus qu'il eft pofible , c’eft-à-dire, fi X tombe au fommet .4, & I au centre Æ ; le fegment BCDB dé- génerera dans celui qui a été trouvé par M. Leibnitz, &c fera égal au feul triangle Z FI (l’autre MFK s'évanoüif- fant) ou , ce qui vaut autant , au quart du quarré in{crit dans le cercle générateur. Je pafle maintenant à une détermination générale d’une infinité de feéteurs de la Cycloide , tous quarrables, qui ( comme j'efpere) ne paroïtront pas moins curieux que les fegmens. Les points X & 1 font encore ici fuppofez égale- ment éloignez du fommet K & du centre A. Dupoint 1 foient tirées deux lignes droites IB, ID, aux deux extre- mitez de l'ordonnée 8 K D: elles formeront un feéteur Cy- cloïdal IB.4DI , que je dis être encore quarrable, étant égal au triangle ifofcele LFM. Je n'en mets point ici la dé- monftration, parce qu’elle fe-tire aifément de la préce- dente. Il faut feulement obferver en pañlant, que les deux cas particuliers’ de Meffieurs Huggens & Leibnitz ; font encore ici compris dans cette détermination générale, étant vifible que le fe&teur 7B.4 DI prend la forme du fegment de M. Huggens, quand les deux points X & 1 fe con: fondent ; & qu’il change en deux fegmensobliques de M, Leibnitz, lorfque Itombeien J4, & Ken H. Il ne fera pas hors de propos de dire , que j'ai auffi trouvé une méthode toute finguliere de déterminer d’au- tres efpaces cycloïdiques quarrables par l'Algebre. Par exemple , je veux tirer deux ordonnées K D, £B ( fiv. 2.) qui comprénnént un efpace KD C BI quarrable, démon- DES ScIENCES. 139 trant en même tems, que cela fe peut pratiquer d’une infi- | nité de manieres , en. forte que l’efpace KD CB Ifera toüjours different felon la diverfité des racines des équa- tions algebraïques tantôt plus tantôt moins élevées. Car il faut remarquer que tous ces efpaces ne peuvent pas être déterminez pat une conftrudion univerfelle : Comme l'ont été ci-deflüs les fegmens & les fecteurs. Quand je fçaurai que la démonftration fynthetique de cette quadrature générale aura eu le bonheur de plaire à l'Académie, je communique- rai aufli la Méthode analytique dont je viens de parler. D ME TH OvDeE | POUR CENTRER LES VERRES DES LUNETTES D'APPROCHE en Les travaillant. © Par M. Ds LA Hire, à l'Obfervatoire. j Pres ce que j'ai expliqué dela manieredeconnoître 22. Juillet l'inégalité de l’épaifleur des verres dont on fe fertpour ‘°° faire les objectifs des lunettes d'approche , il ne fera pas dif- icile de les centrer en les travaillant, c’eft-à-dire , de faire en forte que la plus grande épaifleur de ce verre fetrouveau centre de la figure quand il fera travaillé. . Premierement, le morceau de, verre dont.on veut: faire 2 D F un obje@if, étant.taillé de figure «circulaire, on y. marquera le cen- tre comme en C: & par la métho- de que j'ai donnée , & comme B je l'expliquerai enfuite par rapport à cet ufage , on tracera fur ce cer- cle le diametre .4B , qui déter- mineta fa plus grande épaifleur en E G : B, & fa moindre en .4. Secondement: On commencera à former TRE fui- 1) 140 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE vant la figure qu'on veut lui donner en diminuant peu à peu la partie B, autant qu'on juge à peu près qu’elle peut être plus épaiffe que la partie A 5 & ce côté du verre étant enfin entierement achevé & poli, on le démaftiquera , & on l’examinera pour connoître l’endtoit encore plus épais ; s'il n'eft pas égal par tout. Mais comme il eff taillé d’un côté , on pourra en déterminer le centre de la même méthode ; c'eft-à-dire , qu’on pourra y marquer le point où eft la plus grande épaifleur de ce verre. Ce qui fe fera en y traçant d’abord un diamettre, comme je viens de lenfeigner , dans lequel une ligne claire ou noire ne pa- roiffe point multipliée, ce qui peut toûjouts fe trouver; & fi dans tous.les diametres cette ligne ne paroît point dou- blée , on eft afleuré que le verre eft bien centré, & qu'on peut le travailler également de l’autre côté pour lui don- per fon entiere perfeétion. Mais fi l’on trace fur le verre un autre diametre DE perpendiculaire à .4B qui eft ce- lui où l’image du trait clair ou noir ne paroït point multi- pliée, & que l'image de ce même trait paroifflemultipliée- dans le diametre DE, on connoîtra que le verre ne fera pas centré. Il faut donc alors faire paroître l’image du trait fur le verre, laquelle foit parallele au diametre DE, & y faire mouvoir tant qu’elle ne paroiffe point doublée, ce qu’on peut toûüjours trouver, & l’on marquera cette li-- gne comme en FG fur la furface du verre , laquelle cou- pera à angles droits le diametre .4 B au point Æ, lequel fera le centre de ce verre. Maintenant ontranfportera la grandeur C A en CI de l’autre côté du centre fur le dia- metre .4B, & ayant maftiqué ou attaché le verre comme auparavant, on commencera à le tailler du côté qui eft encore plat, & on ufera peu à peu fa partie vers B plus: que celle qui eft vers .4 ; en forte qu'étant prefque tout taillé fpheriquement , il ne refte plus que le petit point Z qui ne foit point taillé fur la furface. Alors on peutache- ver ce-côté du verre , & on fera afleuré, qu'il fera bien centré. On pourra coler fur la furface du verre qui eft taillée DES SCIENCES at la premiere un petit morceau de papier blanc où l’on mar- quera le point Z, afin de reconnoître toüjours ce point en taillant l’autre côté. $ La démonftra- tion de cette prati- que n'eft pas diffi- cile ; car foit .48 MN la coupe du Q verre par le diame- tre .4B de fa figu- re , & perpendiculairement à la furface plane .4 B, fi l’on imagine un plan parallele à cette furface qui touche en © le côté NOM du verre qui efttravaillé, ileft évident que le point O fera le centre du verre ou fon point Æ oppolé; & puifque le point C eft au milieu du diametre .4B, fi l'on prend C Iégaleà CA , & qu’on faffe en forte que le point:Z foit l'endroit où.la courbure PIQ égale & femblable à NOM touche le plan .4B, la ligne I O étant coupée en deux égale-- ment en X, donnera le point X pour le centre de ce verre. Ce qu'il falloir trouver. Maintenant pour ce qui eft de la maniere dont on'peat: trouver la plus grande épaifleur du verre, comme il ne s’agit que d’une feule multiplication, il faudra feulement fe {ervir de la réflexion d’une ligne claire dans l’obfcurité ou noire au grand jour. On doit donc expofer un des cô-- | tez du verre .4B à: 5 la ligne noire ou clai- re RS, en forte qu'il foit perpendiculaire au plan qui pañle par lœil O-& par la li- gne RS, & que cet-. Y te furface dû verre’ foit auffi fort ‘peu in- clinée à cette même: ligne pour en pouvoir appercevoir l'image plus facile-- ment ; &, lorfque l'image .48 de la ligne À S paroîtra iij. 142 MEMoïREs DE L'AcCADEMTE Rovazr. fimple , on fçaura que le diametre .4 B du morceau de verre circulaire en déterminera fa plus grande & fa moindre épaif= feur. Mais fi l'image .4 B paroît doublée, & que la plus vi- ve des deux foit vers X, & la plus foible vers T, aufli la par- tie X du verre fera plus épaifle que la partie , comme je l'a- vois démontré. “ M..E.:7;.H4,.0 D; E COMMUNE AUX EQUATIONS l DUSECOND ET DUTROISIEME DEGRE. Pour en avoir la folution par une fimple transformation de leur pre- mier rerme , faite à l'ordinaire. Par M. VARIGNON. s. Aouft UrLaur nombre de Méthodes qu'on ait trouvées 1699. lufqu’ici par rapport à ce même fujet, celle-ci paroît finarurelle & fi facile, qu'on a crû faire plaifir à ceux qui ai- ment ces matieres, que de leur faire auffi remarquer. SEconND DEGRE. I. Soit XX+px+ q=—0l'équation à réfoudre. Prenez X—=x—y(onprendroit ;= x + y, fil'équation avoit—pz); À VOUS AUTEZ XX XX — 2XY + YY = XX — 2 XY he 2ÿÿ— JY=XX—2yx—yy.Et par conféquent aufli xk-#29Xx+))=—=0: ——— X A laquelle équation, comparée terme à terme (à la maniere de M. Defcartes) avec la propofée xx+p2z+q=—0, donnera 1°,pX=—= 2)X, oOUy=—=+p ; & 2°, q—y)—XxX—= +bp— xx: d'oùréfultex="#+vEpp—g. Doncx(x—y) =—+p FEV Epp—q Ce qwil falloit premierement trouver. À à Conoz. 2 ER. æ Eee = AT F DES SCIENCES. r43 Les trois autres cas de ce degré complet donneront de même ce qui fuit : EQUATIONS. RACINES: (ozpprpqos..=—:p# VE ZEHpr—qg= 0.2 —ip SV Epp+q RE—prHq= 0. zip. VIpp—q PAPER RTE AA 4 TPp+4 TrRo1ïsrFME DEGRE. IL. Soit aufi z° + pz + g—0 l'égalité à réfoudre. Pre- néz encorez=—=x— y (on prendroit encore auM rx + y, fi l'équation avoit — pz) ; & vous aurés de même z?—x3 — BAL 3 XYY VX — 3 NYX NY — JS NT — 3 X VE ——Y" Et par conféquent auffi + 3 x y z2+y=—0: laquelle — x5 équation comparée aufli terme à terme avec la ape eg bé hé donnera 1°, 3 xyz=—=pz; ouy= À; & D D'où il réfulte (arr. 1) M——iq2VE RE te à =& puifque g —y? — x*( on pourroit auffi fe fervir de y — c'eft pour arriver d’abord aux formules ordinaires qu A Ni: _ commence par.ici), l’on aura demêmey—9+x—21y + MSP 3. Donc (x —y)=V — 219 + V+19+— VE 2V+9q+ 2% p. Ce quil falloit auff trouver. Les trois autres cas de ce troifiéme degré fans fecond terme, donneront encore de même ce qui fuit : ee 1 44 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE. EQUATIONS. RACINES. fre Dr RS Zp y: 4 2V 519 Tab “ € SRE RE — — —— PA — Vi Ris EVEI9+ ses ET: md | ARR ER Sr ci er un me TE V2) Egg BP VV 414 2% L. Dopage EN 59 VE PV EVE 14— =7l REMARQ, Ileft ici à remarquer que le calcul de ces formules radicales s’abregeroit de la moitié, fiau lieu de la valeur de y qu’on vient de fubftituer , on y fubftituoit celle que donne l'égalité y =— , tirée de même de la compa- x raifon des termes de l’équation propofée & de la transfor- mée; on auroit, dis-je alors: | E QuATIONS. RACINES. 1 f : 3 ——— | D HPE HO 1, BV 57 VE4QH ph — = see + ET "#27 DH g 0 0 REV EE VE qq p— = 3 p CoroL.Il. 3 — | L LP Hg=0 0. R=V— 57 V qq — EE £ VE F EE — 4 D'OR V 59 EV + 9q— pe - | 3V 11— 71h On fera fur ceci les réflexions accoûtumées : La facilité de la méthode qu’on vient d'expliquer, étant tout ce qu’on a eu en vüé de faire fentir ici. OBSERV ATIONS 1 4 Li ' . DES SCIENCES. 145 OBSERVATIONS SUR CETTE SORTE D'INSECTES QUI S'APELLENT ORDINAIREMENT DE MO I S E "L2ELSETS-. Par M. HOMBERG. FE ne donnerai pas ici une defcription entiere de tout l’a- nimal , la figure ci jointe pouvant fuffire pour le diftin- guer d'avec les autre Infeétes. J'en décrirai feulement les parties qui ont principalement du rapport à mon obfer- yation ; & comme il y adifferentes efpeces de Demoifelles , tant pour la grandeur & pour la couleur , que pour la ftrudture du corps, il fera bon de fpecifier d'abord cel- les dont je parle ici; car je n'ai pû faire mon obfervation que fur une feule efpece. - Les mâles & les femelles y font d’une même grandeur; fçavoir de vingt lignes environ de long ; le corps de lun & de l’autre eft également grêle ; excepté que le bout dela queuë, ou l’extremitédu ventre de la femelleb, eft plus gros que n’eft celui du mâle a. L'un & l’autre font. d'une grande vivacité , & fe tiennent ordinairement fur les bords des rivieres, Les mâles font de couleur violette luifante par tout leur corps : leurs quatre aïîles font tranfparentes, un peu do- rées, avec une grande tache preiqu’au milieu de chaque aile, du même violet que leurs corps ; ce qui rend cet en- droit des ailes opaque. Voïez fig. e. .… Les femelles font par tout leur corps d'un gris doré lui- fant, tirant furle verd. Leurs quatre aîles font tranfpa- rentes ; de la même couleur & fans tache. Voïez fig. f. Lorfqu'elles font en repos, ou qu’elles ne volent point leurs quatre aîles s’approchent &, fe tiennent fi prés les unes des autres , qu’elles ne paroiflent qu’une feule aîle, 1699, 22. Août 1699. 546 MEMOIRES DE L'AcADEMIE Rovare au lieu que plufeurs autres efpeces de Demoifelles tiennent toûjours leurs aïles étenduës, aufli-bien pendant leur repos, que lorfqw’elles volent. La tête de cet animal , qui eft fort groffe en comparaifon de fon corps, netient à fa poitrine que parun filet fort me- nu. Son ventre 4. c. fçavoir cette partie qui règne depuis l'endroit fur lequel font plantées fes aïles jufqu’à l’autre extremité , eft divifé en dix articles, dont le mouvement n’eft que du haut en bas & du bas én haut , & non pas d'un côté à l’autre. 2 L’endroit far lequel font plantées fes aïles, je l'appellerai fa poitrine. L Il a fes poulmons environ au milieu de fon ventre vers h} ce qui paroît en ce que cette partie s’enfle un peu & s'af- faifle continuellement par de petits intervalles ; comme font ordinairement ceux de la refpiration. L'extremité du ventre du mâle 4, ou le dixiéme article de fon ventre , eft un anneau fimple qui fait fon anus; il eft garni de quatre crochets, deux plus gros en deflus de la longueur environ d'une ligne, & deux plus petits en deffous, qu'il peut ouvrir & fermer , comme les Ecrevifles font leurs pates. Voïés fig. a. L’extremité du ventre dé la femelle &. paroït confifter en deux tuïaux placés Pun au deflons de l’autre. ( Voïés fig. b.) Celui de deffus eft l’anus par où elle rend fes excrémens, & il eft placé comme celui des mâles ; l’autre qui eft au- deffous , eft fa partie feminine , ou l'entrée à la matrice. Ce dernier-ci eft environ d'une Hgne de long, & prend fon origine dans ja partie bafñfe du huitiéme article du ven- tre. Ces deux tuïaux font garnis au bout chacun de deux fort petites pointes; au lieu que l'anus du mâle eft garni de quatre crochets. Ces deux bouts de tuïau placés l’un au deffus de l'autre, font que l’extremité du ventre de la fe- melle eft plus groffe, & ne fe termine pas tant en pointé qu’au mâle. Jai vû faire une aétion à ces animaux qui m'a paru fort extraordinaire; & qui ma donné la curiofité de les éxa- En ons ion Le PE RENE «on EN Re DES SCIENCES. 147 miner avec attention ; c'eft que le mâle trouvant la femelle affife fur quelque feüille ou branche fur le bord de l'eau, il la prit en volant avec les crochets de fon anus par le col entre la rête & la poitrine, -& emporta ainfi la femelle penduë par la tête au bout de fa queuë. Je crus d’abord, que c'étoient deux differentés efpeces d'animaux qui fe chafloient ; mais comme je ne vis aucune réfiftance de l’une pour empêcher fon enlevement ; au contraire que l’une fe préfentoit & paroifloit attendre l’au- tre pour être plus commodément émportée, jen jugeai autrement. En les fuivant , je vis que le mâle s’aflit non loin de là fur une feüille de jonc, & en même tems il haufla fa queuë avec laquelle il tenoit la femelle par le col, pour la met- tre fur la même feüille où il étoit. La femelle étant ainfi affife derriere le mâle, elle courba fon ventre, qu’elle fit pañler entre fes jambes, & avec le bout de fon ventre, elle porta fes parties contre la poitrine du mâle, qui a fes parties génitales en cer endroit : (voïés la fig. g.) le mâle foûtenant pendant toute cette aétion la tête de la femelle avec le bout de fa queué. Ils demeurerent dans cette pofture pendant environ trois minuttes , puis le mâle foûleva puiffamment fà poitrine, & les parties génitales de ces deux animaux fe féparerent, comme fi on les avoit arrachées les unes des autres: Ia queué du male cha auffi en même tems la tête de la fe- melle, & il s’envola auffi-tôt. La: femelle étant en liberté, fe redreffa, & demeura im- mobile dans la même place pendant un bon demi - quart d'heure, puis elle s’envola auf. J'ai ättrapé plufieurs de ces animaux, pour éxaminer leurs parties génitales , voici cé que j'aitrouvé. La partie de deflus du ventre aufli-bien aux mâles qu'aux femelles, eft convexe dans tonte fa longueur. Le deflous du ventre ef à 90 & recoutbé en dedans, & forme une goutiere énAong , à peu près comme eft la partie interieure d'une plüme entre fes deux barbes. ne goutiere à 1] 1348 Memorres pe L’AcAappmte ROYALE aux mâles dans la troifiéme jointure, & fe continuë jufques à l'anus. Le premier article de fon ventre, qui tient à la poitrine, n’eft qu'un anneau rond & fort étroit, de la largeur environ d’une groffe épingle ; &il ne paroît pas avoir d'au- tre ufage que de donner un mouvement plus libre & plus grand au refte du ventre. Le fecond article au mâles c. eft de la longueur de deux lignes , creufé fort avant en deflous, qui fait une efpece de cul-de fac, dont les bords font garnis de poil, & dont le fond eft vers la poitrine. Voïés fig. c. Du fonds de ce cul-de- fac fort un petit corps dur & noir de la groffeur d'une foie de porc, de la longueur de deux lignes avec une petite perle au bout, laquelle eft dure & fort blanche. Ce petit corps paroït être inplanté dans la poitrine du mâle, & faire la fonétion de la verge. Elle eft couchée en long dans ce cul-de-fac; enforte que la petite perle blanche eft toûjours vifble ; lorfqu’on preffe un bout de plume dans ce cul- de fac, la verge en fort d'elle-mé- me de la longueur environ d’une ligne; ce qui arrive aufñlt quand on prefle fon anus. J'ai coupé tranfverfalement la poitrine du mâle avec des cifeaux au-deflus des aîles, il s’eft trouvé dans la partie charnuë du dedans de la poitrine un creux en cone , dont la bafe étoit vers la tête de l'ani- mal , & dont la pointe aboutifloit intérieurement à la racine de la verge; j'ai pouffé un petit ftilet dans la pointe de ce cone creux, ce qui a fait fortir la verge du cul-de-fac de toute fa longueur. J'ai ouvert la poitrine à plufieurs mâles pour y éxami- ner ce creux, maisje ne l'ai trouvé qu’en deux feulement;. tous les autres avoient la poitrine pleine. L'un de ces deux fortoit immédiatement de l’accouplement lorfque je lai pris; & l’autre je l’ai pris au hazard. Cette difference m'a: fait penfer , que ce creux pourroit bien être le réfervoir de. la femence de cet animal , lequel étant nouvellement vui- dé , fa cavité a été encore fenfible ; mais avant laccouple- ment , cet endroit étant plein, ou quelque tems après. l'accouplement, les parois de ce vaifleau , étant affaiflés., D à rhin si “À 1iAro muuSob'e nactsSousN pe il n’en a paru aucun veftige fenfible. Le cul-de-fac qui fait la loge de la verge, n’eft qu'une continuation de la goutiere qui regne le long de prefque tout le ventre en deflous , avec la différence que dans cet endroit , la goutiere eft plus profonde & plus large que dans tour le refte de fon étenduë ;, & qu’elle y eft garnie de poils, au lieu que tout le refte eft fans poils. La partie de deflous du ventre des femelles eft pliffée pareillemet en goutiere. Cette goutiere commence aux fe- melles dans le fecond article de fon ventre, qui w’eft point garni de poils comme aux mâles. Voïés la fig. d. & conti- nuë pendant fix articles de fuite. Les deux pénultiémes articles de Ia femelle portent.en deflous fes parties génitales externes. Voïés fig. b. Elles font figurées de cette maniere : Le neuviéme article en deflous a une ouverture garnie de chaque côté d’un petit aîleron gris blanchâtre. Ces deux aïîlerons couvrent cetre ouverture , & ont un mouvement pour s'ouvrir & pour {€ fermer, & lorfqu'ils font fermés, ils paroiffent former un petit tuïau. Voïés la fig. z. À la racine du huitiéme article s’éleve une bofle jufques à la racine du neuviéme article. Sur l’extremité de cette boffe font plantées deux petites cornes crochuës, noires, fort dures, un peu plus longues qu'une ligne, figurées à peu près comme les défenfes de la vipere ; mais un peu plus courbées, dont les pointes font tournées vers l’anus. Elles font articulées , & ont un mouvement de tout fens ; elles font ordinairement couchées fous les-aïlerons qué je viens de-décrire, & en-font entierement.cachées ; elles font-cou- chées fiproches l’une de l’autre, merie ne patoiffent qu'ur feul crochet. Je crois que ces deux petites cornes -peuvent avoir les: deux ufages fuivans. Premierement ,comme elles font cou- chées entre les deux aîlerons qui couvrent les parties femi- nines ,-& qu ’elles ont:un mouvement en tout fens, elles peuvent en s’écartant l’une de autre, ouvrir les deux ai- lerons ; & par là découvrir l'ouverture de ces parties. Ti z$o MrEuotres ps L'AcApemtrEe RovaALr Le fecond ufage peut être de diriger les parties de la femelle dans l'accouplement , vers les pacies du mâle, & cela de cettemaniere. Nous avons vh que les parties du mâle font fort proche de fa poitrine, c'eft:à dire, dans le fecond article de fon yéntre en c. au lieu que celles ‘de la femelle font placées à l’autre extremité du ventre b / en forte que dans l’accou- plement la femelle eft obligée de recourber fon ventre, de le pañer entre fes jambes & deffous fa poitrine, pour pouvoir atteindre les parties, du mâle, comme il fe voit dans la figure s, ce qui eft une pofture fort gènante, dans laquelle elle pourroit fouventimanquer les parties dur mâ= le , fans le fecours dé ces deux cornes ; mais lorfque ces cornes s’élevent dé deflous les aîlerons, elles préfentent leur convexité à la goutiere qui occupe tout le deffous du ventre du mâle, dans laquelle elles s'engagent fort: aifé- ment ; & après être entré dans cette goutiere, elles fer- vent de conduéteur infaillible aux parties de la femelle , pour arriver furement à celles du male: J'aienfermé plufeurs de ces femelles, pout voir, fi el- les produiroiént des œufs ; mais comme elles avoient ‘be- foin de nourriture, qu'elles ne vouloient pas prendre dans leur prifon , elles font toutes mortes, en forte que je n'ai paspüétendre monobfervation plus loin. . | Je n’en ai ouvertaucune qui ait eu des œu$, ce” qui me fait croire, que les femelles fe cachent peu de tems après- l'accouplement: pour faire leurs œufs, qu’elles periflent enfuite. Il faut aufli que les mâles periflent bientôt après l'accouplement ; cequej'aiconjeduré en ce que j'ai trouvé en differens: endroits quantité d'ailes de: mâles , qui font apparement morts dans ces endroits là; & comme je n'ai pas trouvé de corps , il ya apparence, que ces ne ont été mangez par d’autres infeétes. Je me fuis apperçü , que les premiers de ces animaux que j'ai pris, environ vers le dix:huit de Juillet de. cette année , particulierement les mâles, étoient plus longs & plus forts que ceux que J'ai pris quinze jours après; que trois. Au : 1699. pag. 150. Les deux accoupplez L mâle la lmelle Au 1699. pag 15e “aa Os Se RME BaTIONT IT æyr es nfuits il ny en avoit prefque plus, & que ceux Là trouvoient encore étoiént fort : ‘chetifs ; ce qui me “fait croire ,.que ces animaux pouvoient bien ne pas éclore tous en même tems, & que la premiere couvée eft meil- | leure que la derniere. ay Lion ton L su} jpeysl e no : OBS ERVATION DRODUNE POLIPSE DEL OEIL... DUT AU RE AU ALDEBARAM, à gn 3r01: ne 08: ua Ou AE Boo: à ge 4 (PA AL. I LE c L.UR A: 7'Par M. Dr LA Hire, A POÉIRrvatoire, " FIGURE RENFERSEE, doi 30. 6 2E ro: Août - au matin; on voyoit l'étoile Aldeba- ram pro- che de la Lune; en ‘forte ‘que vers 20° a< près mis nuit, äl fembloit que cette étoile de- voit être rencon- : trée par la Lune vers fon bord Septentriomt, car la Lune étant peu élevée fat l'horifon’avoit mie parallaxe aflés grande! pour ÿU Li 22. Août 1699 x$2 MEMOYRFS DELACADEMIE ROYALE caufer cette apparence. Je reftai donc attentif à obferver cette éclipfe, pour voir, s’il arriveroit à cette étoile la mé- me chofe que le KR. P. Feüillée Minime avoit obfervée il y a quelque tems à une autre étoile qui touchoit la Lune dans fon bord. < Mais la Lune en s’élevant fur l'horifon & la parallaxe diminuant , l'étoile a touché le bord lumineux de la Lune en un endroit éloigné de la corne Septentrionale dé 30. degrés environ. J' “obfervai premierement , que l’étoile étoit en 4 dans une ligne qui touchoit le bord Oriental de la Lune, & qui étoit parallele à celle qui pañoit pat les cornes à 1"28 o . après minuit, & qu’elle étoit en 2 fur le bord lumineux de la Lune où elle fe perdit tout d’un coup qui eft le moment de l’immerfion à 1” 41 31. Sa diftance étoit alors de la ligne menée par la cogne Sep- tentrionale & perpendiculaire à à la ligne des cornes de 2 59 , ce qui a été obfervé avec lé micromette Mais ce qui m'a paru de plus confidérable dans eette obfervation, c'eft que le corps de l'étoile paroïifloit fur le difquede la Lu- neéclairé, en forte que la diftance entre le centre de l'étoile & le bordde laLuneétoit à peu près égale à un diame- tre & demi du difque apparent de l'étoile, comme % on peut voir dans cette figure ; & enfuite l'étoile a 4 difparu en un moment. Cette obfervation a été faite avec une très-bonne lunette de 16. pieds. J’avois au- paravant obfervé que l'étoile s’avançoit aflés également vers le bord de la Lune avant fon immerfion ; en forte que je ne pouvois pas foupçonner qu'il y eut autour de la Lune aucune atmofphere foit plus rare ou plus denfe que le refte de l'éter. Et je crois que l’apparence du corps de l’éroile fur le difque de la Lune éclairé , comme le Pere Feüillée l’a ob- fervé, ne doit être attribuée qu’à la lumiere du corps de la Lune, qui paroït toûüjours plus grande qu’elle n’eften effet, quoiqu’on l’obferve avec une grande lunette; & qu’ainfi on peut voir le corps de l'étoile qui eft beaucoup plus clair & plus brillant que le corps de la Lune, au travérs de cette fauffe lumiere apparente; & qu'enfin l'éclipfe fe fait lorf£ que em 5 DES SCIENCES. 153 que l'étoile touche le véritable bord de la Lune. J'obfervai enfuite l’'émerfion de l'étoile dans la partie DEbre en Cà 2" 19 32. ce qui fe fit aufli en un moment, l'étoile paroïiffant tout d’un coup aufli brillante qu’à l’or- dinaire ; ce que l’on doit attribuer au grand mouvement de la Lune par raport à la petitefle du corps de l'étoile, ce qui fait qu’elle fe dégage tout d'un coup du corps de la Lune. J'obfervai cette émerfion avec une bonne lunette de fix pieds feulement , pour pouvoir mieux appercevoir le bord obfcur de la Lune , qui paroifloit un peu éclairé par la réflexion de la lumiere de la terre; mais on ne pourroit pas dire, que l’éinerfion fe foit faite fur le difque apparent de la Lune; car cet endroit du difque étoit moins éclairé que le re dont la lumiere étoit en général très- foible. - Enfin l'étoile vint en D fur la ligne parallele à celle des cornes , & qui pañloit par le bord Occidental de la Lune, an |29%307. J obfervai que le diametre apparent ( de la Lune , étoit de 32 31".après l'immerfion , la Lune étant haute fur l'ho- rizon de 26° du côté de l'Orient. Cette obfervation a été faite éxaétement avec le micrometre. La durée entiere de cette Eclipfe a donc été de 38° 1. & fon milieu à 2° o° 31 2. z ERRIAIMUE UN PEL AL EOK CE, D ET L-H,O:M M E. POUR mouvoir des fardeaux , tant en levant qwen portant € en tirant, laquelle eft cunfiderée abfolument Cr par comparai- for à d SN des animaux qui portent @7 qui tirent, Comme les chevaux. Par M. De LA Hire ; à l’'Obfervatoire. E fappofe premierement qu’un homme de taille medio: ;4 Nov. cre & qui eff fort , pefe 140. |. de notre poids. 1@2 1699. V 154 MEMOTïRES DE L'ÂcADEMIE RoyALe Je confidere d’abord , qu’un homme tel que je viensde le fuppofer , ayant les deux genoux en terre, peut fe rele- ver, en s'appuyant feulement fur la pointe des pieds, &c les deux genoux étant toûjours joints enfemble ; & comme cet effort fe fait par le moyen des mufcles des jambes & des cuifles, il eft évident par la fuppofition que je viens’ de faire de fa péfanteur, que les mufcles des jambes & des cuifles auront la force de lever 140 1. | Mais un homme ayant les jarets un peu ploïés peut fe re: dreffer , quoiqu'il foit chargé du poids de 152 1. avec la péfanteur de fon corps qu’il éleve à même tems; en forte que la force des mufcles des jambes & des cuifles, peut élever un poids de 2901. fçavoir 150 I. du poids dont il eft chargé & 1401. du poids de fon corps, lorfque l'élévation n'eft que de 2 ou 3 pouces. Un homme dans la fuppofñtion que nous avons faite d'abord, & comme nous le confiderons toûjours dans la fui- te, peut aufli lever de terre un poids de 100 I. lequel fera placé entre fes jambes, en ployant feulement le corps, & prenant ce poids avec les mains comme avec deux cro- chets, & en fe redreffant enfuite. D’où il fuit, que les feuls mufcles des lombes ont la force de lever un poids de 1701. à fçavoir les 100 1. du poids & 70 1. qui eft la moitié de fa péfanteur ; car il doit non feulement élever le poids de 100 1. mais encoretoute la partie fupérieure de fon corps depuis la ceinture que j'eftime du poids de 7o 1. puifqu’il s’étoit panché pour prendre le poids. Pour ce qui eft de la force des bras pour tirer ou pour élever un fardeau , on peut la pofer de 160 I. ce qui dé- pendde la force des mufcles des épaules & des bras. Car fi un homme prend avec les deux mains quelque corps fixe & placé au deflus de fa tête, il pourra affés facilement par l'effort feul de fes bras, élever tout fon corps & même 20 I. de plus, comme s’il étoit chargé du poids de 20 1. On en peut faire facilement l'expérience : car s’il y a un poids de 160 I. qui foit attaché à l’extremité d’une corde, laquelle pale par deflus une poulie, & qu'un homme qui { DES SCIENCES. x$$ pefe feulement r 40. l. tire l’autreextremité de cette corde, ileft évident , qu’il ne pourra j'amais élever le poids de 1 60.1. puifque tout ce qu'il peut faire, c’eft de fe fufpendre à cette corde, & le poids qui eft attaché à l’autre extremité pefant plus que lui, le tiendra fufpendu ; car la poulie n'eft autre chofe qu’une balance continuë à bras égaux: mais fi l’on charge cet homme du poids de 20. 1 , il fera alors équilibre avec le poids de l’autre côté ; & pour peu qu’on ajoûte au poids de 20.1, il élevera le poids, puifque les mufcles de fes épaules & de fes bras ont aflez de force pour élever tous ce poids. _ Quoique les mufcles de chaque partie du corps puiffent faire de fi grands efforts pour élever des fardeaux , on ne doit pas pour cela compter la force de l'homme par celle detous les mufcles enfemble , quand même les efprits qui font gonfler les mufcles qui fervent au mouvement en gé- néral en fe racourciflant & en tirant les tendons de leurs _ extremitez , pouroient fe diftribuer également dans toutes ces parties, & de la même maniere que dans une partie féparée, puifque chaque partie fert ordinairement de foù- . tien à celle qui lui ef jointe. Par exemple, les mufcles des bras & des épaules en fe retirant, peuvent élever un poids der60. 1. Mais fi le corps eft panché, les bras ne pour- ront pas foûtenir ce poids, à moins que les mufcles des. lombes n’aïent la force à même tems de foûtenir ia partie fuperieure du corpsavec le poids dont il eft chargé ; & fi les jarets étoient encore ploïez, il faudroit alors que les mufcles des jambes & des cuiffes fiflent encore un plus grand effort, puifqu'il devroient foûtenir le poids de 160. 1. & à même tems celui de tousle corps, D’où il arrive que dans * cette difpofition de tout le corps, la force fe diftribuë par la diftribution des efprits dans toutes les parties , ce qui fait qu'un homme ne pourra pas lever de terre un poids de 160.1. Ce n’eft pas qu’il peut fe rencontrer des hommes , dont les efprits coulent en fi grande abondance & avec tant de rapidité dans leurs mufcles, qu'ils leur font faire des ef- V ij 156 MEMOIRES DE L'ÂACADEMIEROYALE forts triples & quadruples de l’ordinaire ; & c’eft, à ce qu'il me femble, la raifon naturelle qu’on peut donner des forces furprenantes qu’on voit dans quelques hommes, qui portent & qui élevent des fardeaux que deux & trois hommes enfemble auroient de la peine à foùtenir ; quoi- que ces hommes foient quelquefois d'une taille médiocre , & paroiflent à l’exterieur plütôt foibles que forts. Il s'en eft trouvé un depuis peu detems dans ce païs-ci quipor- toit une groffe enclume de Maréchal, à ce qu’on dir, & dont on rapporte plufieurs aétions d’une force merveilleu- fe : mais j'en ai vû un autre à Venife , qui étoit jeune, & qui ne fembloit pas pouvoir porter 40. ou 50. I. avec tous les avantages pofibles, lequel étant monté fur une petite ta- ble, élevoit de terre & foûtenoit en l’air un âne, par le moïen d’une fangle large qui pañoit par deflous le ven- tre de l'animal, & qui étoit attachée par fes deux extre- mitez à des crochets qui pendoient au bout de deux pe- tites trefles faites de cordelettes & de peu de cheveux des deux côtez de la tête de ce jeune garçon, & toute cette grande force ne dépendoit que des mufcles des épaules & des lombes ; car il fe baifloit d'abord pendant qu'on atta- choit les crochets à la fangle ; & enfuite il fe relevoit & élevoit l’animal hors de terre en apuïant fes mains fur fes genoux. Il élevoit encore de la même maniere d'autres fardeaux qui paroifloient plus pefans que cet animal, & il difoit qu'il y trouvoit moins de peine , à caufe que l'âne fe débatoit en perdant terre. J'examine maintenant l'effort d’un homme pour porter un fardeau fur fes épaules ; & je dis que le poids de ce far- deau peut être de 1sol. & qu'il peut marcher avec cette charge aflez facilement fur un plan horizontal, pourvt qu'il ne fañle pas de grandes ajambées; mais il ne pourra en nulle façon monter une montagne ou une efcalier avec le même poids. Car l’aétion du marcher en portant un fardeau fur les épaules doit être confiderée comme le mou- vement circulaire du centre de gravité du corps & du poids joints enfemble fur le pied qui avance comme pour cen- ns. dame. rh nd *, à de . rie en pans is Cir IT AN: CES. 157 tre de l'arc du mouvement, l'effort des mufcles de l’autre jambe , ne fervant qu’à poufler ce centre en avant ; & fi l'arc que décrit ce centre eft petit , l'effort de la jambe de derriere ne doit pas être grand pour le faire décrire; puifqu’il ne doit faire élever tout le fardeau du corps & du poids que de la quantité du finus verfe de la moitié de Parc ce qui n’eft pas confiderable dans ce cas , par rapport à l'arc qui eft le chemin dont tout le fardeau avance. Ainf l'on voit qu'un homme bien chargé, peut marcher d'autant plus facilement , qu’il fera de plus petites ajam- bées , puifque le finus fera d'autant plus petit, & qu’il ne pourroit avancer en faifant des ajambées fi grandes , que l'effort de la jambe de derriere ne püût élever le fardeau ‘du corps & du poids de la quantité du finus verfe de l'arc qui fera la moitié duchemin. Il eft aufi facile à voir, que ce même homme ne peut en nulle façon monter un elcalier ou une butte fort roi- de avec cette charge, pnifque fuivant ce que nous avons expliqué ci-devant , l'effort des mufcles de fes jambes pou- vant élever un poids de r501. feulement à 2 ou 3 pouces de hauteur , il ne pourroit pas l’élever à cinq pouces qui font la hauteur des marches ordinaires, ni monter une montagne, à moins qu'il ne fafle de fi petites ajambées, qu'ilne s’èleve que de 2 ou 3 pouces à chacune. - I ne me refte donc plus qu'à confiderer l'effort de l'homme pourtirer ou pour pouffer horizontalement. Mais pour rendre cette explication plus claire & plus intelligi- ble , je confidere fa force appliquée à la manivelle d’un rouleau dont l'axe eft horizontal, & fur lequel s’entortille une corde qui foûtient un poids , aïant pofé la diftance de- puis le centre du rouleau jufqu’au coude de la manivelle , égale au demi-diametre du rouleau , afin de comparer la force appliquée fans aucune augmentation de la part de Ja machine, & je n’ai point aufli d'égard aux frottemens de l'axe du rouleau , ni à la difficulté que la corde peut avoir * àfe ploïer. Premierement il eft évident, que fi le conde de la ma- | V ii . 1558 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALE nivelle eft placé horizontalement, & qu’il foit à la hauteut des genoux environ, l'effort de l'homme qui la releve en tirant, peut élever à même tems le poids de 1501. qui fera attaché à l'extremité de la corde, en prenant tous les avantages pofhibles , puifqu'il eft le même que pour élever ce poids ; ce que j'ai expliqué ci-devant. Mais fi c’eft pour abbaiffer la manivelle, fon effort ne peut être que de 1401. qui eft le poids de tout fon corps , qu’il peut y appliquer en sy appuïant, à moins qu'il ne foit chargé ; car alors il pourroit faire un plus grand effort. Secondement , file coude de la manivelle eft placé ver- ticalement ,& qu’il foit à la hauteur des épaules , il eft cer- tain qu'un homme ne pourra faire aucun effort pour la faire tourner, en la tirant ou en la pouffant avec les mains, fi les deux pieds font l’un contre lau- tre, & que le corps foit droit qui eft M A reprefenté dans la figure 1. par la ligne .4 P, & que la ligne des bras reprefenté par .4 M foit horizon- tale, & faffe un angle droitavec .4P , LA puifque dans cette potion , ni la gY force de tout le corps ou de fes par- ties , ni fa péfanteur, ne peuvent faire aucun effort pour poufer ni pour tirer; ce qui eft connupat la FE mécanique ;car je ne regarde la l’ar- geur des pieds , que comme un feul point P. Mais fila ma- nivelle ef plus haute ou plus baffle que la hauteur des épau- les , alors la ligne qui va des épaules aux mains , qui eft A M, & celle qui va des épaules au bout des pieds, qui eft ici .4P, feront un angle obtus ou aigu, & l'hom- me pourra avoir quelque force pour tirer ou pour poufer la manivelle; & cette force dépend de la feule péfanteur du corps,ce qui eft facile à connoître & à démontrer; & l'on doit confiderer ce poids ou cette force comme réü- nie dans fon centre de gravité qui eft à peu près la hau- teur du nombril au dedans du corps. Je dis qu'il ne faut DES SCIENCES, H9 avoir égard qu’à la feule péfanteur du corps, pour déter- miner l'équilibre ; car l'effort des mufcles des jambes & des cuifles, ne fert que pour conferver cet équilibre en marchant. Soit dans la figure deuxiéme la manivelle D à Ja hauteur des épaules .4 & que À le centre de gravité DM ET € de gravité du TE Ep CO Ps foit en C le corps ( l \ RER di étant fort incliné vers la manivelle. Mais que le bout des pieds foit en P, il faudra confi- derer 1°. ce point P comme le point d’ap- + puy d'un levier ou ver- rem ge droite P C Æ qui paffant parle centre de À gravité C de tout le corps , rencontre la ligne des bras 44 : «4 au point Æ3 2°. Que ce point C du levier étant char- gé du poids de tout le cotps 140 |. avec fa direétion na- turelle ; fon extremité 77 eft foûrenué avec la direétion horizontale 1.4 H; d’où il fera facile de conclure par la mécanique quel effort la Péfanteur du corps en Cavec fa direétion naturelle, peut faire fur la manivelle felon la di- rettion horizontale D Z. : Car premierement foit P Æ de 240. parties & 2 C de 80 puifque l’effort de. tout le Corps au point Ceft de r40 1, il ne fera que de 80 1. au point H, comme fi au point ÆZ il y avoit un poids de 80 I. qui y fut fufpendu avec fa direétion naturelle qui doit être, dans les fuppoftions que nous avons faites , perpendiculaire à 41 .4. C’eft pourquoi fi l’on mene du point d'appuy P la ligne P F perpendiculai- 1€ fur M 4 F, le poids de 8ol. en Z7 avec fa direction naturelle fera à l'effort de ce même felon la direction ho: fizontale 41.4 7 fur la manivelle, dans la raifon de 2 F à HF, ce qui diminuë beaucoup l'effort des 80 1. dans unc médiocre inclinaifon du corps 4 CB. Et fi nous pre- r6éo MEMOIRES DE L'ACADEMIE Rovar®# nons pour éxemple que la ligne P°C H fafle avec M A4 F l'angle ? H F de 70. degrés, la ligne du corps .4 CB fera alors inclinée à l'horizon, ou avec M F d'un angle de plus de 60. degrés, qui eft tout au plus l’inclinaifon où le corps peut être pour pouvoir marcher, & le finus de 70. degrés quieft PF fera au finus de fon complément quiet HF comme 3 à r à très-peu près, & par conféquent l'effort des 8o I. en Æ felon la direétion naturelle, ne fera à celui qu’elles font felon la direétion horizontale que du tiers de 80 1. qui eft un peu moins que 27 I. Ceux qui n’ont pas fait l'expérience de la force d’un hom- me pour poufler horizontalement avec les bras, ou pour tirer une corde horizontale en marchant, le corps étant incliné en devant , foit que la corde foit attachée vers les épaules ou au milieu du corps, car l'effort n’en fera pas plus grand dans la même inclinaifon de corps, puifque le finus d'inclinaifon & fon complément font toûjours dans la même raifon, ne fçauroient fe perfuader que toute la force d'un home fe réduife à tirer feulement 27 l. avec une direction horizontale. Ce n’eft pas qu'un homme étant panché ne puiffe foù- tenir un poids beaucoup plus grand que 27 |. puifque fi la ligne P A faifoit avec Æ F un angle de 45 degrés ; il eft certain que le poids du corps foûtiendroit 70 1. mais comme il feroit panché felon une ligne comme .4 B qui feroit beaucoup plus inclinée aveclhorizon que 45 degrés, il eft certain que bien- loin de pouvoir marcher , à peine pourroit-il fe foûtenir. La même démonftration fert auffi à faire connoïitre qu'un homme aura beau- coup plus de force à tirer en marchant à reculons qu'en devant. Car dans cette fi- tuation du corps, la ligne P CH dans la troifiéme f- gure, laquelle pañfe du bout cor à ni uns 2 à : RTC T, ALT IT EN DES SCIENCES: 167 des pieds P par le centre de gravité C, & d'où dépend l’au- gmentation de la force, fera toûjours plus inclinée à l'hori- zon que la ligne du corps .4 CB, tout au contraire de ce qui étoit dans la pofition précedente. Mais cette maniere de tirer ne fçauroit être mife en ufa- ge, à moins que ce ne foit pour tirer une corde, l'homme demeurant toûjours dans la même place ; auffi l’on ne man- queroit pas de fe mettre en cette pofition dans ce cas, car Ja nature & l'expérience nous ont enfeigné de prendre toû- jours les avantages poflibles dansles opérations ordinaires. C’eft aufli pour cette même raifon que nos Mariniers, & généralement tous ceux qui rament fur mer, tirent toû- jours les rames de devant en arriere; car ils ont beaucoup plus de force que s'ils les poufloient en devant, comme font ceux qui menent les gondoles de Venife, dont je ne vois | pas d'autre raifon , que celle de voir le lieu où ils vont; ce qui leur eft beaucoup plus néceflaire que la grande force, “ à caufe des détours très-fréquents qu'ils font obligés de faire dans les canaux , & pour éviter dé fe rencontrer les uns les autres. \ j Il me reftetenfin à comparer la nee des hommes à celle des chevaux ‘pour tirer, qui font les plus forts de tous les animaux qui tirent ; mais comme elle ne dépend'pas entie- rement de leut pefanteur , comme celle des hommes , mais principalement | des mufclés de leur corps, &. de la difpofi- tion générale de fes parties qui ont un très-grand avantage pour poufler en avant, on doit fe contenter de l’expérience commune qu'ona, qu'un cheval tire horizontalement au- tant que fept hommes; & ainfi un cheval ne peut tirer ho- rizontalement qu’un peu moins de 200. I. Ce n’eft pas qu'é- tant chargé , il peut tirer un peu plus; mais c'eft peu de cho- fe par raport à l’idée qu’on a de la grande force de cet ani- mal. Mais comme on la confidere ordinairement étant ap- pliquée à quelque machine à rouë, comme font les cha- rettes , on n’en {çauroit faire une eftime bien jufte, puifque fur un plan uni & horizontal, il ne leur faut qu’autant de for- ce qu'ileft néceflaire pour vaincre les frotemens des aiffieux, 1699. x 162 MEvmoIRES DE L'ACADEMIE ROYALE On peut encote remarquer que trois hommes feront plus qu'un cheval , lorfqu'il s'agira de porter un fardeau fur une montagne un peu roide; car trois hommes chargés de 100 I. chacun , la monteront plus vite & plus facilement qu'un cheval chargé de 300. ce qui vient de la difpofition dés parties du corps de l'homme, qui font plus propres pour monter que celles du cheval. On voir encore par cette démonftration, que ceux qui ont cru pouvoir tirer un très-grand avantage de la pefanteut du cheval, en l’appliquant à une machine à bafcule pour fervir aux mouvemens des piftons d’une pompe , n’auroient pas trouvé dans l’exécution tout ce qu'ils avoient conclu par le calcul du poids de cet animal, puifqu’à chaque pas il auroit été obligé de monter une efpece de marche. DES SCIENCES. | 163 Dr CR Ur ro NN DESMAECLIPSE, DU SOLEIL D 23. Septembre 1699. _ Par M. Cassini, à l'Obfervatoire. OMMENCEMENT de l’Eclipfe à 8h. 15. 0'.du mas ‘ün avec 4 lunettes differentes. Doiçcts PP ad |mee |ufitorone Jurérde dy 1 pieds. par le vertical. thefes. H. M. ss. H. M. S H M. S. H. M. S. 1 8 20 40| 8 20 16] 8 20 44] 8 21 o 2 8 26 40| 8 26 58| 8 27 10| 8 27 30 3 8 34 0! 8 33 15] 8 33 41| 8 33 10 4 8 40 29| 8 40 _2| 8 40 22| 8 40 o $ 8 46 28 8 46 28| 8 46 30 6 8 53 6| 8 52 43| 8 52 58] 8 52 45 1 7 8 59 531 8 s9 24[ 9 o 8|[9 o o | 8 9 8 2${ 9 7 56| 9 7 31| 9 7-30 9 9 15 53 9116 6: 9 46 of 9 16 o … Laplusgran- ï de obfcurité de 9 29 9 27 9 9 39 33] 9 39 10] 9 38 0 Par lefil horaire ÿ &par l'oblique. 8 - 9 48 24l.9 48 20| 9 48 0 7 | 9 55 44| 9 56 17] 9 55.39 6 10 4 19/10 3 17|10 2 4ÿ $ 10 11 $|10 9 S$[10 101$ 4 10 17 37|10 17 $8|10 17 $8|10 17 © 3 10 24 33/10 2$ 4|70 23 $4|10 24 30 2 10 31 14/10 3x 57/10 31 $$|10 31 © ï 10 37 38 to 37 37|10 38 15 25. Novem, 1699, 164 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ACLIPSESDU" SOLEIL AREMT EE le 23. Septembre au matin 1699. € obfervee dans la Tour Orientale de l'Obfervatoire à la hauteur de la grande Salle. Par. M. DE LA Hire. E Ciel ayantéte très-ferein & très calme pendant tout le tems de cette Eclypfe, on a pû en faire les Obfer- vations avec toute la jufteffe poffible. Je me fuis fervispout en déterminer les phafes , d’un lunette de 7 pieds à laquelle eft appliqué un micrometre. Mais pour avoir plus jufte- ment le commencement & la fin de cette Eclipfe, je me fuis fervi d'une lunette de 16 pieds. Doigtséclipfes. Tems. Doigts éclipfés. Tems- * © ou commencement g" 14 Th 9 _ 9" 30 38 0,7 8 16 $4| |9 0 9 37 34 1 0 8 20 9 8 + 9 43 20 LES 8 24 0|180 9 47 28 20) 8 27 11 7 + DUT SE 2 + 8 30 25 7 © SIP 8 32 27 ES 9 57 23 3 + 8 36110 6 o TO-MTNST HO 8 38 47 | |S - TONGS 4 — 8 41 45 $ © 10 10 46 sde 8 44 57 | |4 = 10 14 28 GS 8 48 36 | |4 0 10 17 36 6 o 8 52 9 3 + 10 20 47 65 8 55 43 3 9 10 24 46 7 0 8 59 4|1l2+ 10 28 4$ = Jos 112210 TON 217 8 o 5 0652 | br 10 35 34 8 + 9.10:$3 |:|r 0 10/3010 9 o 9 15 47 Oo + 10 41 338 9 + 9.250 7 O oufin. 10 4 939 oteue E ULON A ldébeneeselanenedenite } à 3 a DES SCrENCES. 16$ - Cette Eclipfe étant arrivée proche de léquinoxe , le mouvement apparent de la Lune fur le difque du Soleil ,a été en ligne droite à très-peu près. = I faut auffi remarquer que dans la plus grande obfcurité de cette Eclipfe, il ne reftoit qu’un peu plus de la cinquié- me partie du difque du Soleil qui fut éclairée, & cepen- dant la lumiere du Soleil étoit encore fort grande. SR en LEE 1 D OTESRRESS ESSAIS SUR LES INJECTIONS ANATOMIQUES. Par M. Homserc. ES Anatomiftes fouhaitent pour leurs injections des L matieres qui coulent aifément par la feringue dans les extremités des vaifleaux, & qui fe foûtiennent enfuite dans ces vaifleaux , fans fe caler; ils fe fervent ordinairement de la cire, du mercure & de la térebenthine cuite, &c. Ces matieres contentent aflés pour le Premier point, qui eft de bien couler, mais elles n’ont point de confiftence, la cire & la térebenthine fe caffent trop facilement dans un tems un peu froid, & le mercure s'écoule par la moindre ouver- * ture qui fe fait dans les vaifleaux, & lorfqu’on le mêle d’un peu de métail, pour l'empêcher de couler, il devient fi cafflant qu’il n’eft prefque d'aucun ufage , à moins que ce ne foit dans des vaifleaux extremement fins, encore faut-il que ces vaifleaux foient fuperficiels , païce que cetre matiere n’en peut pas fouffrir le décharnement. Je me fuis fervi autrefois d’un mélange de quelques mé- taux ; qui fe fond à une chaleur affés douce pour ne pas brûler les vaifleaux , & qui ne fe rompt pas aifément en la ploïant, je m’en fuis fervi particulierement dans les vaif. feaux un peu gros, comme font les ramifications de la tra- chéeartere dans les poulmons; mais l'air qui fe trouve dans ces vaifleaux venant à fe rarefier promptement par la cha- leur d’un métail fondu, empêche ordinairement le jet de bien Venir ; car , ouil gonfle trop les vaifleaux, & les creve, X iij 28. Nov. 1699. 166 MEMO1IRES DE L’'AcADEMIE RoyALE ou il repouffe le métail, ou il laiffe couler une partie du mé- tail, & repoufle le refte, ce qui fait que les branches du jet ne tiennent pasenfemble. J'y ai quelquefois fort bien réüfMi, mais rarement ; je me fuis imaginé que la caufe de cette réüflite a été que les ex- tremités des vaifleaux, dans ces cas, fe font trouvées aflés ouvertes pour laifler échapper l'air rarefié, & qu’elles ont alors fervi de ventoufe au jet. J'ai crû remedier à cet inconvenient de l'air enfermé dans les vaiffeaux , en tenant ces vaifleaux long-tems enflés d'air; pour cet effet j'ai attaché un poulmon au bout du tuïau d'un fouflet de forge, mais comme l'air fe perdoit continuelle- ment au travers des poulmons, j'ai été obligé d'appliquer au bras du fouflet, pour le remuer pendant quelque tems, une machine que je remontois fept ou huit fois par jour; c'étoit un de ces tournebroche d'Allemagne à reflort, qui tournoit au lieu de la broche une rouë verticale d’un pied de diametre, cette rouë n'avoit que fix dents avec lefquel- les elle abaifloit fuceeflivement le bras d’un levier, dont l’autre extremité remuoit le fouflet pendant près d'une heu- re à chaque fois que la machine étoit remontée. Je prétendois par là, premierement dilater un peu & de- feicher les parois internes des vaifleaux, afin que le métail y püt couler plus librement, & enfuite élargir un peu les extremités de ces vaifleaux, afin qu’elles laiffaffent plus aifé- ment échaper l'air rarefié pendant le jet. Cela n’a pas mal réüffi , mais comme c’eft une très- gran- de fujetion d’être continuellement à remonter la machine pendant trois ou quatre jours & que le fuccès n’en eft pas aflés bon, pour la peine qu’on fe donne, jy ai renoncé. _ J'aiéré follicité depuis, de retravailler fur cette matiere, ce qui m'a fait fonger à une maniere d’appliquer ces vaif- feaux à la machine pneumatique, &d'y faire entrer ce mé- tail fondu par le preffement de l’air du dehors; car l’aircon- tenu dans les vaiffeaux, étant le plus grand inconvenient dans l’ufage de notre matiere métallique , elle ne doit pas trouver d'obftacle dans les vaifleaux vuides d'air. DES SCIENCES. 167 Pour cet effet jai pris une cloche de verre dont le fom- met portoit un goulot pareil à celui d’une bouteille, j'ai ufé dans ce goulot un robinet de cuivre , dont le bout extérieur eft fait en entonnoir , & l’extremité de l’autre bout qui en- tre dans la cloche eft à vis en dedans , afin d'y pouvoir adap- ter des tuïaux de cuivre de differentes groffeurs, felon les differens fujets qu'on y veut appliquer : l’on fait entrer le bout de l’un de ces tuïaux dans le vaifleau que l’on veut rem- plir, on les lie bien enfemble avec une ficelle, puis ayant mis le robinet dans le goulot de la cloche, on vit le petit tuïau de cuivre au bout du robinet qui regarde dans ‘la clo- che , ce quitient le vaifleau fufpendu dans la cloche au bout du robinet. Alors on applique la cloche à la machine pneumatique ;, & après l'avoir vuidée d'air, on verfe le métail fondu dans l'autre bout du robinet qui eft en entonnoir ; & en ouvrant _ ce robinet , le metail coule jufques dans les extremités des vaiffleaux , & ne fait aucune fouflûre; on décharne enfuite ce jet, & on a en métail la figure des vaifleaux , qui fe garde & fe manie tant qu’on veut fans fe corrompre. La compoftion de ce métail eft un mélange de parties é- gales de plomb , d’étain & de bifmut; le tout ayant été fondu enfemble, & bien mêlé fur Le feu , produit une efpece de métail qui fe tient en fonte bien liquide dans une chaleur moins forte qu'il ne faut pour rouflir du papier. Il faut obferver ici que le robinet de cuivre aufli-bien que le goulot de la cloche doivent êrre fort chauds tous deux, non feulement avant que d’y verfer le métail, mais auflfi avant que de mettre le robinet dans le goulot , autrement la cloche fe cafferoit ; & pendant tout le tems qu’on vuide la cloche, il faut toucher le robinet avec un fer chaud, pour l'entretenir dans la même chaleur à -peu près, que celle du mérail fondu , afin que le métail ne fe fige pas dans l’en- tonnoir : il eft bon auffi de frotter le robinet en dedans avec de la terre d'ombre, pour empêcher le métail de s’y atta- cher. Il faut enduire les robinets d’une matiere graifleufe, autrement quelque éxa@s qu'ils foient , ils laiflent toüjours x68 Memorres DE L'AcApemte Royarr échaper l'air; & comme ce robinet-ci eft fort chaud , il faut avoir foin que la graifle qu’on y veut mettre , aitun peu de confiftence , afin qu’elle ne coule pas trop, & aufli qu’elle ne petille pas par la chaleur , autrement elle cafera le gou- lot de lacloche. Je n’ai rien trouvé qui y fit mieux que de Fhuile de lin, ou d'olives deux parties, boüillie avec une partie de minium en confiftence d'onguent épais & noir; cette matiere ne coule pas aifément dansla chaleur, & la longue cuiflon aïant féparé de l'huile toute la liqueur aqueu- fe qu’elle pouvoit contenir, elle ne pétille plus dans la cha- leur. J'ai dit qu'il faut chauffer féparément le robinet & le gou- lot de la cloche, ce qui eft fort néceflaire ; parce que faute d'avoir pris cette précaution, le goulot d’une cloche s’eft fendu, & la cloche s’eft caflée : il y a apparence que cela eft arrivé de ce que le bout de l’entonnoir de cuivre s’é- chauffant le premier, s’eft augmenté promptement de vo- lume , & ayant par là trop écarté les parois du goulot de verre encore froid , il l’a café. Il faut prendre garde que les vaifleaux dans lefquels on veut faire cette injection, n’ayent pastrempé dans l’eau, fi cela fe peut; ou s'ils y ontété , il faut les laifler pendant un jour entier fufpendus en expérience dans la machine pneu- matique , ce quiles efluie mieux qu'aucune autre maniere; autrement l’eau qui fe trouveroit dans ces vaifleaux rarefiée par le métail fondu , apporteroit du moins autant d’obftacle au jet, que l'air même y en apporte hors de la machine pneumatique, à a bas SorE Nez Té9 ETRANGES £EFETS DU SCORBUT | ARRIVES A PARIS Ù EN MIL SIX CENT QUATRE-VINGT-DIX-NEUF. Par M. Poup ART. Æ Essreurs les Adminiftrateurs de l’Hôtel-Dieu ayant été avertis du grand nombre de malades du -Scorbut qui arrivoient journellement dans cette Maifon, des étranges accidens , & des dangereufes fuites de cette contagieufe maladie, ils les firent tranfporter à à l'Hôpital Saint Loüis le deuxiéme jour de Mars, où plufieurs font reftés jufqu’à la fin du mois d’Août de la même année. Le bruit de cette grande maladie s’étoit déja répandu lorfque j'alai à l'Hôpital S. Loüis à deffein d’y faire mes obfervations : ce que M. Tibault alors premier Chirurgien de cette Maifon, m'ayant bien voulu accorder, je ne fs pas long-tems à m'appercevoir qu’elle avoit quelque chofe de la cruelle peñle dont les Athéniens * furent autrefois fi mal- heureufement tourmentés. La maladie dont je vais parler étoit pourtant un vérita- ble Scorbut, car les malades fentoient comme les Scorbuti- au ventre, à l’eftomac, & leurs membres perdoient le mou- vement fans perdre le fentiment. Ils avoient des maux de tête, des convulfions, & de fi grandes démangeaifons aux gencives que les enfans en emportoient des lambeaux avec les ongles. Le fang qui en fortoit étoit aqueux, falé & cor- rofif, & la puanteur de la bouche infupportable, Ils avoient des taches dures & livides aux jambes & aux cuifles, des émorragies fréquentes par le nez & par le fondement , & une fi grande foibleffe aux genoux qu'ils ne marchoient qu'en chancelant : voilà ce qu'ils avoient de commun: Voyons en ce qu’ils avoient de particulier. 5 Quand on rémuoit ces malades on entendoit un petit 1699. Y ques ordinaires des douleurs aux cuifes , au gras des jambes, 28. Nov: 1699: * Lucre. L. 6 ® FT x70 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE _cliquetis d'os, dont M. N,V, Medecin à la Rochelle a déja parlé dans fon traité du Scorbut , mais il avouë qu’il n’en fçait pas encore la véritable raifon : La voici telle que je l'ai trouvée. J'ai remarqué à l'ouverture de tous ces cadavres, dans lefquels on entendait ce petit bruit , que les épiphifes étoient entierement féparez des os , qui en froiflant les uns contre les autres caufoient ce cliquetis. | Nous avons ouvert plufieurs jeunes gens dans lefquels on entendoit aufli un petit bruit fourd lorfqu'ils refpiroient. Nous avons trouvé dans tous ces corps là que les cartila- ges du /fernum étoient féparés de la partie offeufe des côtes; & comme les cartilages font d'une fubftance plus molle que les épiphifes, le bruit que leur froiflement caufoit étoit moins grand que celui des os qui frotoient contre les épi- phifes. ._ Ceux en qui l’on entendoit ce bruit au tems de la refpi- ration font tous morts à la réferve d'un jeune homme dont les côtes fe rétinirent apparemment aux cartilages , car l’on n'entendit plus ce bruit après fa guérifon. Tous ceux à qui l'on trouvoit du pus & des férofités dans la poitrine avoient les côtes féparées de leurs cartilages ; & la partie offeufe des côtes qui regardoit le /lernum étoit cariée de la longueur de quatre doigts, ce qui eft une mar- que que la caufticité de la Iymphe dont ces corps étoient abreuvés , étoit extrêmement grande. La plûüpart des cadavres qui ont été ouverts avoient les os noirs, cariés & vermoulus. Plufieurs de ces malades marchoient en chancelant : cet accident eft commun & ordinaire aux Scorbutiques & très- connu des Medecins , mais la raifon que voicy ne left pas tant. Il eft certain que l’affermifiement des articles vient de la force & du reflort des ligamens qui ferrent les os les uns contre les autres; les ligamens de ces malades étoient corrodés , lâches ,.& les os fort écartés. Ce qui ve- noit de ce qu’au lieu de trouver dans les articles cette lym- phe douce & huileufe qui s’y voit ordinairement pour leus DES SctENCES 27T ' donner de la foupleffe & le mouvement aifé, on n'y trou voit qu’une eau verdâtre & fi cauftique qu'elle avoit rongé les ligamens, & par conféquent détruit la force de leur _reflort. Tous les jeunes gens au deflous de 18. ans avoient en partie les épiphifes féparées du corps de los, & au moindre ‘effort on les en féparoit entierement. La raifon en eft que les jeunes perfonnes n’ont pas encore les épiphifes fort at- tachées aux os, ainfi pour peu qu'ils foient imbibés de la - Iymphe corrofive qui fe trouve dans les jointures, il n’eft pas difficile que la caufticité de cette Rp les fépare en- tierement de l'os. à Tous lesos qu'on trouvoit entierement féparés de leurs épiphifes éroient deux fois plus gros qu’ils ne devoient na- turellement être, parce que les épiphifes n’étoient détachées qu à ceux dont les os étoient abreuvés d’une eau qui avoit pénétré dans leur fubftance qu’elle avoit fait gonfler. Les os des convalefcens font reftés enflés fans leur caufer aucune douleur : ils auront pû diminuer avec le tems, com- me il arrive aux enfans noüés dont les os deffèchent peu à peu à mefure qu'ils croiffent. Tous ceux qui avoient de la peine à refpirer, ou la poitrine embaraflée y avoient des lymphes ou du pus, & fouvent on leur en trouvoit dans les poulmons, plus ou moins à proportion que les malades étoient opprefiés. Nous avons và des malades dont la poitrine eft deve- nuë fi oppreflée qu’ils font morts tout d’un coup: cepen< dant on ne leur trouvoit aucune férofité dans la poitrine ; pi dans les poulmons : mais le pericarde étoit entiérement attaché aux poulmons , les poulmons étoient colés à la ple- vre & au diaphragme, & toutes les parties éroient tellement mêlées & confonduës enfemble, qu ’elles ne formoient plus qu'une maffe fi embaraffée qu’à Ro pouvoit-on les diftin- guer les unes des autres. Commeles poulmons fe trouvoient comprimés au milieu de cette maffe, ils ne pouvoient plus faire leur mouvement, ainfi le malade devoit fuffoquer faute de AT L'ad- 1) 172 MEMoiIREs DE L'AcADEMIs RoyALE herence & la confufon qui fe trouvoit entre toutes ces par: ties , venoit de ce qu'étant ulcerées elles ne pouvoient pas manquer de fe coler enfemble. Les Scorbutiqnes ordinaires ont les glandes du mefen- tere obftruées & enflées ; ceux ci avoient le foïe en partie pourri & des abcez dans fa fubftance. Quelques-uns avoient du pus endurci & comme petrifié dans le foïe, leur rate étoit trois fois plus groffe qu’elle ne devoit être , & fe mettoit en pieces en la maniant, comme fi elle n'avoit été compofée que d’un fang caillé, & quel- quefois les reins & la poitrine étoient remplies d’abcez. Il s’eft trouvé des cadavres jufqu’à l’âge de quinze ans à qui en preffant entre deux doigts le bout des côtes qui com- mençoient à fe féparer des cartilages, il en fortoit quantité de pourriture qui étoit la partie fpongieufe de l'os, de forte qu'après la compreflion il ne reftoit plus de la côte que deux petites lames offeufes. Nous avons vû des malades qui n’avoient pour toute marque de Scorbut que quelques legeres ulcerations aux gencives : Illeur furvenoitenfuite de petites tumeurs rou- ges & dures fur la main, fur le col du pied, & en quelques autres parties du corps. Après cela parurent de gros abcez à leurs aines & fous leurs aiffelles, fuivis de plufieurs taches bleuës par tout le corps , qui étoient les avancoureurs aflü- rés dé la mort. Nous trouvâmes à ces gens-là les glandes des aiffelles fort groffes & environnées de pus, aufli-bien que les mufcles des bras & des cuiffes, dont les intervalles étoient tous remplis. L'on a remarqué des malades qui avoient les bras, les jambes , & les cuiffes d’un noir rouge & comme brûlé ; la caufe de cet effet étoit un fang noir & caillé que nous trou- vâmes toûjours fous la peau de ces malades. Et fimul ulceribus quafi inuflis omne rubere Corpys. . . . . . TE Nous leur trouvâimes auffi des mufcies gonflés & durs comme du bois, dont la caufe étoit un fang figé dans le corps de ces mufcles , qui en étoient quelquefois fi remplis | aan Thisrss Sie L BNC E sc 175 que les jambes de ces:gens-là leur reftoient toutes pliées fans pouvoir lès étendre. - Nous obfervâmes que ces taches bleuës , rouges’, jaunes & noîtes que l’on voit fur les corps des Scorbutiques ordi- naires , ne viennent que d’un fang extravafé fous là peau. ” Quand le fang avoit confervé fa couleur ronge, la tache étoit rouge; fic’étoit un fang noir & caillé , elle étoit noi- res quand il étoit mêlé de quelque bile , il étoit d’un noir jaune; enfin à proportion que le fang étoit mêlé avec des humeurs de differentes couleurs , les taches paroiffoient auffi de differentes couleurs. + On voyoit quelquefois fur le corps de ces malades de pe- tites tumeurs qui rougifloient de jour en jour; on y appli- quoit des onguents émolliens pour les adoucir, & ces tu- meurs venant à percer formoient un ulcere appellé Scorbu- tique , qui provenoit du fang dont la tumeur étoit remplie; car à chaque fois qu’on levoit l’'emplâtre ; on trouvoit def - fous un gros amas de fang caillés on remettoit un emplâtre, & peu de tems après on trouvoit encore deflous un fang caillé ; on continua à panfer de cette maniere, & à force d’ôter le fang qui furvenoit ; on épuifoit entierement la tu- meur , & le malade guérifloit. Il furvint à quelques vieilles gensun:fi sb faignement par lenez & par la bouche qu'ils en moururent , n’étant pas poflible de l'arrêter , parce que la lymphe de ces malades étoit fi corrofive , comme nous l'avons déja dit, qu elle ron- geoit les tuniques des veines. Et cette émorragie étoit d’au- tant plus difficile à s'arrêter , que le fang des vieillards eft plus fluide & plus aqueux, que celui des jeunes gens, à qui cet accident n’arrivoit point. Sudabant etiam fauces intrinfecus atro Sanpuine; ulceribus vocis via cœpta coïbant. .::: Ant etiam mulrus capitis cum [æpe dolore Correptus Janguis pletis ex naribus ibat. + Les jeunes &les vieux tant hommes que femmes, avoient Le fi grands cours de ventre que ceux qui n'avoient pas af- fés de force POUF réfifter , en mourojent ; mais ils gué- Y üj en x74 MEMOIRES DE L'AcADEMIE RovALE rifloient fort vite s'ils étoient aflés robuftes. Quorum fi quis , ur ef}, vitarat funera leti: Vifceribus terris, &° nigra proluvie alvi. Il y avoit des malades fi refferrés qu’ils n’alloienfjamais à la felle fans prendre quelques remedes. | Plufieurs avoient de fi groffes enflures partout Le corps, aux mains , aux bras, & aux pieds qu'ils fembloient avoirété fouflés. On en guérifloit plufieurs avec des medecines , des lavemens, & des julets adouciffans. Un garçon âgé de dix ans avoit les gencives fort enflées &ulcerées , fes dents étoient rongées à la racine & ne te- noient plus, & fon haleine répandoit une puanteur infup- portable. Spiritus ore foras tetrum voluebat odorem Raucida quo perolent projetta cadavera ritu. Le Chirurgien fut obligé d’arracher toutes les dents de ce malade pour mieux panfer fa bouche, auffi-bien feroient- elles tombées d’elles-mêmes : fes gencives guérirent , mais une tumeur groffe comme une petite noix furvint au malade à côté de la langue. Il y avoitau milieu de cette tumeurun enfoncement livide qui dégénéra en ulcere qui rongea la moitié de la tumeur, le refte demeura entier. Quelque tems après il parut une autre tumeur à la joué, qui étoit d'une dureté extraordinaire. Elle étoit livide au milieu comme la premiere , & dégénéra aufli en ulcere : ce jeune homme mourut tout d’un coup dans le tems qu’on s’y attendoit le moins, & on trouva que toutes les parties intérieures de fon corps étoient pourries. Tous les malades qui mouroient fubitement fans qu'il leur parût aucune caufe apparente de mort;avoient les oreil- lettres du cœur auf groffes que le poing remplies d’un fang caillé, qui empêchant la circulation , le malade devoit né- ceffairement mourir. Il venoit à la jouë de plufieurs malades un petit ulcere blanc & dur tout autour, fil’on n'eût eu le foin de l'arrêter auffi-tôt, & de l'emporter avec l’efprit de vitriol , il deve- noit bien-tôt livide, noir & puant, & lui rongeoit la joué, Like T1 BES- HS GI ENER 54 17$ de forte qu'on lui voiïoit toutes les dents. Nous avons vû plufieurs malades depuis l’âge de 18. ans juiques à à 30. qui éroient indolens, abatus, ftupides & fans mouvement. Ils avoient la bouche ouverte , les yeux en- foncés, le regard'affreux , & refflembloient à des flatuës plû- Languebat corpus, leri jam limine in ipfo ...... Cavati oculi, cavatempora, frigida pellis Durague : aa riétum. rie Tous ces gens-là n’avoient pour maladie apparente que les gencives ulcerées, leur peau étoit belle, fans tache , fans dureté: cependant nous trouvâmes leurs mufcles gangre- nés, humeétés d'un fang noir & pourri, & en les maniant ils nous reftoient par pieces entre les mains. Un homme avoit une efpece de charbon fur le col du pied, feslevres & lesailes de fon.néz fe fendoient & une eau puante couloit lentement de fes narines. Cet homme | p’a pas laiffé de traîner aflés long-tems une vie mourante: fon cadavre fit peur je n'ofai l'ouvrir. Un jeune homme à qui il ne paroifloit pas extérieure- ment beaucoup de mal mourut fubitement. Nous lui trou- vâmes le péricarde rongé de maniere qu'il n’en reftoit que fort peu, & fon cœur étoit ulceré tout autour aflés profon- dément. Ordinairement les Scorbutiques fe portent mieux l'été que l'hyver, ce qui peut venir de la grande tranfpiration; ceux-ci au contraire fe font aflés bien portés depuis le mois d'Avril jufques au commencement de Juin, les taches, la dureté , & les autres-accidens du Scorbut-avoient déja dif- paru ; mais les grandes chaleurs étant venuës , tous ces ac- cidens recommencerent. Ceux qui fe portoient aflés bien pour fortir de l'Hôpital retomberent malades : les jambes & les cuifles leur devenoient toutes noires, & fouvent la mort finifloit leurs miferes. Ce defordre pouvoit venir de ce que les lymphes corrofives étoient fi abondantes, qu'il étoit comme impoffble que la tranfpiration les pût toutes \ ! tôt qu'à des hommes. | "00e .Atque animi prorfus vires totius € omne F 176 MemotRes DE L'AcADEMIE RoyALe épuifer, de forte que croupiffant dans ces malades où elles étoient échauffées par les grandes chaleurs , elles y fermen- toient , aigrifloient, & pourrifloient. De là naïfloientles cor- rofions , les ulceres, les grands abcès, les pourritures, & les autrés’accidens dont nous avons parlé. Tous ces pauvres gens mangeoient en dévorant jufques au dernier moment de leur vie. Cette faim canine étoit cau- fée par une humeur acre, dont on leur trouvoit toûjours le ventricule garni, qui par fon aétion excitoit un fentiment qu'on appelle la faim: Rien n’eft plus capable de corrompre le fang que les lon- gues difettes ; l'ufage des mauvais alimens y contribué en- core davantage; le froid arrête la circulation, & fait {éjour- ner le fang dans les parties où il aigrit & pourrit ; la trifteffe & l'abatement de l’efprit qui fuccede à ces miferes l’'empor- te fur toutes ces caufes ; on peut juger ce qu’elles ont étéca- pables de faire fur ces malheureux où elles fe trouvoient toutes enfemble. Elles y engendroient des lymphes de dif ferentes couleurs ; dont le ventre , la poitrine, & plufieurs autres parties de leur corps étoient toutes remplies: Ces lymphes étoient fi cauftiques , qu’après avoir trempé les mains dans les cadavres, elles peloient entierement, & le vifage devenoit ulceré , de forte qu’on étoit obligé de fe le- ver la nuit pour fe laver le vifage avec de l’eau fraîche , afin d'en ôter l’ardeur & l’inflammation. Mais ce qui m'a paru de bien furprenant dans cette gran: de maladie, c’eft que le cerveau de ces pauvres gens étoit toûjours très-fain & très-beau. Voilà les foibles expreffions des effets d’un mal fi cruel, que les yeux n’ont pû confide- rer , fans porter la trifteffe dans le cœur. | REFLEXIONS met d'hmoudi. DR. D SE ne DES SCIENCES. 177 PROPRRREXC LO NS SUR UNE LETTRE DE M. FLAMSTEED, AM WTA TL ILITS: Touchant la Parallaxe annuelle de l'Etoile Polaire. Par M. Cassini le Fils. . Es variations que l’on avoit obfervées autrefois dans y la hauteur de l'Etoile Polaire , dont il eft parlé dans le Voyage d'Uranibourg , & dans les Memoires de l’Acadé- mie du 31. Juillet 1693. avoient donné lieu d’éxaminer fi elles ne venoient point de quelque Parallaxe que certe é- toile pourroitavoir à l’égardde l'orbe annuel de la terre, fui- yant l'hyporhefe de Copernic. Mais ayant trouvé que quelques Obfervations s’y accot- doient , & que d’autres y étoient contraires, l’on fe contenta de donner quelques conjedures fur ce qui pouvoit en être la caufe. M. Flamfteed dans une Lettre que M. Wallis a Pere dans le troifiéme Tome de fes Ouvrages, donné depuis peu au Public , prétend conclure la Parallaxe de l'Etoile Po- “aire de plufeurs obfervations qu'il a faites en diverfes fai- fons depuis l’an 1689. jufqu’en 1697. C’eft ce qui nous a donné lieu d'y faireattention ; & ayant vû que ces Obfer- vations s'accordent avec celles que l’on en a faites à l'Ob- fervatoire, nous avons enfuite éxaminé la méchode dont il fe fert pour en tirer la parallaxe. Je rapporterai en peu de mots ce qu'il en dit dans fa Lettre. Les obfervations qu'il a faites avec un inftrument mural dés 7 pieds de rayon, & dont le limbea 150 degrés, don- nent la diftance de l’Etoile Polaire au Zenith, lors qu’elle eft dans la partie fupérieure de fon cercle, plus petite au 1699. Z s. Decem. 1699 173 MEMOIRES DE L'AcADEMIE RovaLe mois de Juillet, Août & Septembre qu'aux mois de No- vembre & Décembre, & lorfqu’elle eft dans la partie infé- rieure de fon cercle plus petite au mois de Novembre , Décembre & Janvier qu'aux mois d'Avril & de May , d'où il fuit que l'Etoile Polaire eft plus éloignée du Pole au mois d'Avril, May, Juillet, Août & Septembre qu'aux. mois de Novembre, Décembre & Janvier. Entre Septembre & Décembre il trouve une Parallaxe de 25 à 30 fecondes, entre Décembre & Avril de 30 à 35 fecondes, & entre Juillet & Décembre ou bien Decembre & May de 35 , 40: à 45 fecondes. Il conclut de ces Obfervations que la plus grande varia- tion de la diftance de l'Etoile Polaire au Pole eft de 40 # 45 fecondes; de forte que le diametre du cercle qu’elle dé- crit autour du Pole dans l’Efté eft plus grand que celui qu'elle décrit en Hyver de r 20" ou 1 30”, ce qu’il dit s'accor- der au fyfteme du mouvement de la Terre , comme il en- treprend de le prouver par cette figure qu’il rapporte. S Soit , dit-il, © le Soleil placé dans le centre de l’orbe de DES ScreNces: 170 la Tete TO DR. Soit , le lieude la Terre au mois de Juin, quand le Soleil paroït dans la même longitude que l'Etoile Polaire; D, le lieu de la Terre en Décembre , lorfque le Soleil paroït dans le point oppofé. Soit $ l'Etoile Polaire , d’où foient tirées les lignes S 7, SD, l'on voit, dit-il, que l'angle S ZE, latitude de l'Etoile Polaire au mois de Juin eft plus petit que l’angleS D E lati- tude au mois de Décembre, & que par conféquent fa décli- naifon eft plus petite, & fa diftance au Pole plus grande au mois de Juin qu’à quelques mois que ce foit de l’année. Pour voir fi l’on peut tirer cette conféquence de fes Ob- fervations ,‘il fera à propos d'éxaminer ce qui réfulte delhy- -pothefe du mouvement de la Terre, par rapport aux Etoi- les fixes & aux Poles apparents de la Terre & de l'Eclipti- que. Fr eee 0 Soit $, Je centre du Soleil 70 DR l'Ecliptique ou POr- be annuel de la Terré, dont le diametreeft?ISD, I&D; Ja Terre en deux fituations oppofées du Cancer & du Ca- | Z ij æ8o MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE pricorne, T CG ou ÆK F cercle perpendiculaire à l'Ecli- ptique ou colure des folftices dans le Globe de la Terre, qui pañle par le Pole .4 ou B de la Terre dont l'axe efbD .4., dans une fituation, & Z B dans l’autre. Le point G ou Fde l'Ecliptique, quieft le plus proche du. Pole Boreal de la Terre .4 ou B, fe rapporte au commence- ment du Cancer, & le pointT ou Æ quien eftle plus éloigné fe rapporte au commencement du Capricorne. Si l’on éleve {ur le plan de l’orbe annuel , qui eft celui de l’'Ecliptique , les perpendiculaires DCE, SOM, IKL, elles réprefentent l'axe de l'Ecliptique , & déterminent dans le Ciel le Pole de l'Ecliptique, E, M ,L, à l'égard du Soleil placéen S.& de la Terre en D&en 1. De même fi l’on tire du Soleil S'une ligne $ P parallele à l'axe de la Terre, & que l’on prolonge les lignes D.4, IB,qui reprefentent l'axe du Monde , elles : dérerminent dans le Ciel le Pole du Monde NW, P,0Q, à. l'égard du Soleil en S , & de la Terre en D & en; de forte que fuppofant le Soleil immobile, l'axe de l’Eclipti= que tiré parle centre de la Terre décrira par fa révolution: annuelle lecercle E Z, & l'axe de la Terre décrira le cer-- cle N Q, qui dans la furface de la Sphere fe réduit à une: courbe, de forte qu’une étoile fuppofée fixe comme en V;. fe trouvera par cette révolution tantôt plus proche, tantôt plus éloigné du Pole apparent du Monde. Soit donc dans la furface de la Sphere, ( v. fig. 3.) P, le Pole de l'Ecliptique. 4, celui du Monde, la faneLA8 ti- rée par ces deux points reprefentera un arc des colures du. folftice de 23°. Le cercle BF D reprefente la révolution. annuelle du Pole de lEcliptique & le cercle C E I la révo- lution annuelle du Pole & la Terre. L'Etoile Palaire fe rap- porte préfentement à 24% 23’ des Jumeaux, à 5437 du com- mencement du Cancer. Ayañt donc fait l'angle DPS de s. degrés 37 minutes, & tiré la ligne 2 S, l'Etoile Polaire ef: dans certe ligne. Elle eft auffi éloignée du Pole de l’Eclipti- que de 24 degrés. Ayant donc pris P $ de 24 degrés für la: ligne .4 $ M, on aura l'Etoile Polaire en S. La Terre eften Cancer lorfque le Soleil eft vü en Capri | : "DES. SCIAN EE Sun 10::]1 28x corne , ce qui arrive vers la fin de ra & au com- mencement de Janvier, &alors dans les cercles décrits dans la furface de la Sphere par le mouvement annuel, divifés par Signes, le Pole de la Terre & du Zodiaque font auffien Cancer. La Terre & fes Poles de l’Ecliprique & de l’Equi- noxial font en Capricorne, lorfque le Soleil eft vü en Can- cer, ce qui arrive vers la fin de Juin & au commencement de Juillet, d’où il fuit que le complément de la latitude de Fétoile Polaire au mois de Juin reprefenté par S 8 eft plus grand que le complément de la latitude de l’Etoile Polaire au mois de Décembre repréfenté par $ D, c’eft-à dire que la latitude de l'Etoile Fotairé eft plus petite au mois de Juin. qu'au mois de Décembre. : M. Flamfteed conclud de là que la déclinaifon eft plus: petite au mois de Juin, qu’en quelque mois de l’année que: ce foit. Mais fi l’on fait attention à la figure , l’on verra qu'il peut bien arriver quela latitude de l'Etoile Polaire foit plus petite dans un tems de l’année que dans l’autre , fans que pour cela fa déclinaifon fuive la même regle. Suppofons par éxemple que la Terre foit en Ariès, comme elle eft au mois de Septembre ; alors le. Pole apparent de l’Ecli- ptique fera en Ariès dans le petit cercle B FD, &le Pole du Monde fera en Ariès dans fon petit cercle C E I. Quand: la Terre fera en Cancer , comme elle eft à la fin de Dé- cembre, les Poles de l'Ecliptique & du Monde feront auf: en Cancer. Tirant donc de l'Etoile Polaire $, les lignes: SF, SD; elles repréfentent le complément de fa latitude... & tirant du même point S les lignes SE, S J, elles repré-- fentent le complément de fa déclinaifon , d'où l’on voit que: S.E-complément-de la latitde au mois de Septembre eft plus grand que,$ D'complément de la latitude au mois de Décembre, quoique S E complément de Ja déclinaifonau mois, de: Septembre foir-plus. -petit-que SJ complément de la déclinaifon au mois.de Décembre ; ce qui-n’eft pas con-- forme à ce que M..Flamfteed fuppofe. Z'iijs 182 Meuorres Dr L'AcApeutEe ROYALE j Pout trouver donc le lieu où felon l’hypothefe du mou- vement de la Terre l'Etoile Polaire doit être plus ou moins éloignée du Pole, il faut tirer de S, par le centre .4, la li- gne S 0 C, qui coupe le cercle CIE aux points O , C, SC fera la plus grande diftance de l'Etoile Polaire au Pole, & s oO la plus petite. On refoudra enfuite le triangle Spherique, P ,A S, dans lequel l'arc P .4 diftance entre les Poles de F DES SCIENCES: 183 l'Ecliptique & du Monde eft connu de 2329’. L'arc Ps complément de la latitude de l'Etoile Polaire, eft de 234 56 50, & l'angle .4 P compris entre ces deux côtés a été pris de $* 37. C’eft pourquoi l'on trouvera l'angle P.4 $ ou P .4 O diftance du point O au point du Capricorne de 99% 2. Le point O où le Pole de la Terre doit paroître le plus près de l'Etoile Polaire, répond donc à 9 degrés d'Ariès , & le point C où il en doit étre le plus éloigné à 9 degrés de Libra; & par confequert Jorfque la Terre eft à 9 degrés d'Ariès, c’eft-à-dire à la fin de Septembre ou au commencement d'Oétobre, la diftance de l’Etoile Polaire au Pole doit être la plus petite qui foit pofible; & lorf- qu'elle eft à l’oppofite à 9 degrés de Libra, c’eft-à-dire à la fin de Mars ou au commencement d'Avril, la diftance de VEtoile Polaire au Pole doit être la plus grande x ce qui ne: s'accorde pas aux Obfervations de M. Flamfteed , fuivant lefquelles l'Etoile Polaire eft à peu près dans la même dif- tance du Pole & du Zenith au mois d'Avril & de Septem- bre. L'on ne peut donc point conclure de fes Obfervations la Parallaxe annuelle de l’Etoiie Polaire, puifqu’elle deman- deroit une variation différente de celle qui s’obferve. 9. Decem, 1699. 184 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE DEUX MANIERES DE ROUES AS EPUISER L'EAU Par M'DESs BILLETTES. LA PREMIERE, Lie eft toute fermée d'un côté par un cerclede s pieds de diametre, fait de planches épaifes d'un pouce & demi, attachées fur une croifée de huit pieces de bois, qui dans le centre de leur affemblage laiflent un trou de 8 pouces en quarré dans lequel s’emboëtte le bout d'un arbre de pareille grofleur,; & quien tournant fait aufli tourner cette . rouë. L'autre côté oppolé eft vuide depuis le centre jufques À environ 13 pouces prèsde la circonférence. Cet efpace de 13 pouces eft occupé par 14 godets cloüés fur les planches, &c qui font comme des manieres de boëtes ayant de dedans en dedans r$ pouces de long, fur 14 dehaut, & 11 de large. La longueur s'entend de l’efpace qu'ils tiennent fur le tour de la circonférence , la hauteur de leur élévation perpendi- culaire fur le plan, & la largeur de leur efpace en tirant de la circonférence au centre. La planche extérieure de leur longueur eft rognée de quelques pouces, & par conféquent laiffe une ouverture pour donner entrée à l’eau à mefure que chaque godet plonge, tous les cinq autres côtés étant éxatement fermés. Celle qui couvre leur hauteur eft de deux pieces , dont l’une immobile; l’autre y eft attachée par deux couplets & charnieres , en forte qu'elle peut ouvrir & fermer de même que le couvercle ordinaire d'un coffre. Sur ce couvercle eft adapté un loquet fait auffi comme les lo- quets ordinaires des portes, & qui preflé par un reflort pla- cé fur le même couvercle, s'engage ou accroche fous un mentonnet de fer attaché à la planche du côté du godet qui regarde le centre, ou le vuide de la Rouë. Et cela étant, l'eau qui eft entrée dans le godet par fon ouverture LA DES ScirENCES | 20$ +: Haeure renfermée tant que le loquet retient le cou- _vercle. Mais lorfqu'il vient à fe décrocher de deflous le . mentonnet , le poids de cette’ eau la fait incontinent dé- _gorger dans une auge qui eft au deffous. Cette auge à un *ÿ pied de haut fur deux de large , & porte fermement atta- ché un crochet de fer qu'on nomme le décrochoir parce qu’à mefure que la Rouë tourne; ce crochet attrape fuccef- fivement tous les loquets des godets, &. forçant leur ref- fort les dégage ou les décroche de deffous les mentonnets qui tenoient les couvercles aflujettis & fermés. Puis quand la Roué continué de plonger , les couvercles fe referment, tant parce qu’ils rabattent de leur propre poids, que par celui de l’eau qui les frappe par dehors, & donne la hiber- té au jeu des reflorts qui racrochent les loquets fous les mentonnets. LA SECONDE ROUE. Elle eft moins compofée.qué l'autre. Car elle eft formée de deux cercles: qui la renferment parallelement, & qui contiennent entreux un nombre arbitraire de volets fer- més par le fond, les côtés, les bouts; mais tout ouverts - à la circonférence de la Rouë. Ce qu’elle a de plus fin- gulier'eft une auge courbe , qui embrafle fes deux plans par un fegment de cercle d’énviron 100. degrés , en forte que par én bas elle remonte un peu au deffüs du rayon ho- rizontal de la Rouë, & par conféquent conduit toute l’eau qu’elle puife jufqu”è à un endroit d’en haut où elle a un re- coude, Par où l'eau fe dégorge en quete tigole a ‘on à sense pour le-vuidange. : L'avantage de la feconde Rouë fur l’autre et d'avoir un°peu plus de fimplicité dans fa conftrudtion ; mais elle a aufli/beaucoup plus dé frottement , parce que l’auge doit affleurer aflés éxatement les côtés, ou finon il fe fait beaucoup de ‘perté d’eau. Et ce frottement eft fur tout beaucoup plus confidérable, quand vers la fin de Fépuifement l’eau ayant beaucoup baillé, il faut incliner 1699 Aa 19. Decem. 1699, 206 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE les Rouës à l'horizon. Mais la premiere n’a ni frottement ni perte d'eau, & ainfi à tout prendre elle eft la meilleure. On peut avec les deux tirer jufqu'à 5000. muids d'eau par heure. DEL A REA ds SLR AN CRE CAUSE’E DANS LES MACHINES, Tant par les frottemens des parties qui les compofent ; que par la roideur des cordes qu’on y employe , €: la maniere de calculer lun &' l'autre. Par M. AMONTONS. E grand ufage que tous les Arts font obligés de faire des machines, eft une preuve convaincante de leur abioluë néceffité ; ainfi fans perdre tems à établir autre- ment cette verité, on fe contentera de dire icy , que fi le nom de Machine eft quelquefois prisien mauvaife part, & s’il devient quelquefois méprifable, ce n’eft en partie qu'à caufe que le peu de régles que nous avons dans les Mé- caniques ne fuffifent pas toûüjours pour prévoir certaine- ment l'effet que les, Machines qu'on projette doivent pro- duire dans leur exécution; ce qui fait bien fouvent, que plufieurs perfonnes qui les ignorent fe croyent bien fon= dées à ne s’en pas inftruire , & tombent par là dans des ab- fordirés étranges. En effet de tous les Auteurs qui ont écrit des forces mouvantes , il.n’y en a peut-être pas un qui ait fait une atrention fuffifante fur l'effet des frotte- mens’ dans les Machines , & fur la réfiftance caufée par la roideur-des cordes , ni qui nous ait donné des régles pour connoîtrel’une & l’autre, & les réduireau calcul ; quoique cependant cette connoiflance.ne foit pas moins nécefaire pour bien juger de l'effet d'une Machine que left celle des differens rapports des parties qui la compofent, & qu'il neft que trop vrai que le manque de cette connoiflance made 25 DES ScrEeNcEs © ‘207 de fa téfifance caufée par les frottemens , & par la roi- -deur des cordes eft prefque toñjours dans Les machines un écueil d'autant plus à craindre que jufqu'à préfent fa gran- deur a été inconnuë. Que fert par éxemple de fçavoir fuivant les principes de la Mécanique , que pour tirer la poutre, .4B , fuivant menpnonnmnnnnnnnantanmn tAtne ne em am Sn e" la direétion du plan incliné CD; il ne faut qu'une puiffance capable de furmonter la trentième partie du poids de cette poutre lorfque le finus droit de l'angle de l'inclinaifon de ce plan n’eft que la trentiéme partie du finus total : fi d’ail- leurs on ignore que la réfiftance caufée par le frottement de cette poutre contre Terre, peut être, non feulement égale à cette puiffance, mais encore la furpañler un nombre de fois très-confidérable. Or il eft conftant par plu- _fieurs expériences très-certaines que fi le poids de cette poutre eft par éxemple de 3000 livres, il faudra non pas une puiffance capable de furmonter feulement 100 livres ; comme il paroît qu'il fuffiroit par le fimple calcul méca- nique ; mais capable de furmonter 22çolivres', ce qui eft bien loin de compte, & ce qui eff cependant très-vérita- ble, l'expérience ayant fait connoître que la réfiftance cau- fs pas le frottement du bois contre Terre eft environ les dela force dont il eft preflé contre, &'quant à la refif- tance caufée par la roideur' des çordes , on verra par les expériences rapportées dans la fuite de cé difcours, qu’elle eft auñi très confidérable. } Il eft donc néceffäire, fi on veut éviter de porter un mauvais jugement fur l'effet d’une machine, d’avoir foi- gneufement égard ;, non feulement aux différens rapports que les parties de la Machine qui communiquent le mou- vement ont les unes aux autres; mais encore à la réfiftan- ce caufée par le frottement de tontes ces parties, & par Ja roideur des cordes , lorfquw’on y en employe ; mais com- Aa ij me cette connoiflance dépend de celle de plufeurs caufes Phyfques dont les effets ne fe peuvenñt bien déterminer que par l’expérience ; voicy celles qu’on a faites à ce fujet, : : | 208 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALF: & les régles qu’on peut déduire. EXPERIENCE D Frottement de diverfes matieres les 1nes contre les autres. ON a mis fur des plans .4 .4 , de cuivre, de fer, de plomb, de bois, enduits de vieux-oingt : d’autres plans c cr | "4 PETREITELEELLCEEE EPVTITE Là L4 2 À 5 10 15 2025 30 BB, de pareilles matieres, & de differentes grandeurs; on les a preflés les uns fur les autres differemment par des reflorts femblables à celui repréfenté.C CC, dont la quan- tité de la preffion étoit connuë. On a changé ces plans dans toutes. les manieres poffibles mettant tantôt ceux de fer fur ceux de cuivre, de plomb, & de bois, & tantôt ces derniers fur celui de fers & à chaque fois on a remarqué avec un pefon à reflort D , la quantité de force néceffaire pour les faire mouvoir; & on a trouvé, Primd , Que la réfiflance caufée par le frottement n’aug- mente & ne diminuë qu'a proportion des preffions plus ou moins grandes fuivant que les parties qui frorrenr ont plus ou moins d’é: tenduë. Secundd , Que la réfifance caufée par les frottemens efl à peu pres la même dans le fer, dans le cuivre, dans le plomb, dans L DES SCIENCES. 209 le bois, en quelque maniere qu'on les varie, lorfque ces matieres [one - enduites de vieux-0inpt. Tertid , Que cetre réfifance ef} à peu pres égale au tiers de la preffion : À ces remarques il convient éncore ajoûter . cette quatriéme, que ces réfiflances font entre elles en railon com- pofées des poids ow preffions des parties qui froctent , des tems &o des viref]es de leur monvement. Car fi le plan par exemple 4, eft preffé fur le plan ho- tizontal_B B B B d'une quantité égale à 3o livres, fuivant la troifiéme remarque, il faudra une puiffance égale à roliv. pour le monvoir, foit que ce plan foit mû fuivant quelque ligne droite que ce foit comme .4D , ou fuivant une li- gne circulaire comme. B £; car on peut fuppofer ce plan .4 fi petit, que la détermination autour du centre C, ne produi- fe pas un effet qui diffe- re fenfiblement de celui qu'il produiroit fuivant la détermination d'une ligne droite. Or il eft - évident que fi au lieu B d'appliquer la puiffince en .4 ou en quelque en- droit du rayon C.4 on l’applique en F, ou en quelque endroit durayon FC, autant diftant du point C, que l’en- droit où cette puiffance auroit dû être appliquée fur le rayon .4 C, cela ne change encore rien à la chofe , & que le plan fera toûjours mû également , foit que la puiffance foit appliquée vers .4 ou vers F, pourveu que ce foit à _ égale diftance de ces points ou du centre C; mais comme il eft démontré dans les Mécaniques , que deux forces n'agiflent également que lorfqu’elles font entre elles en _ raifon réciproque de leur diftance du centre d’appuy, il fuit que fi la puiffance qui eft appliquée en .4 égaloit la ré- fiftance caufée par le frottement du plan 4 étoit de dix A Aa iij 210 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE livres, elle devra être de 20 livres pour égaler cette mês= me réfiftance, lorfque cette puiflance fera appliquée en G, en forte que GCfoità.4C, comme 1 à 2 au contraire fup- pofant la réfiftance en G, & la puiffance en .4 , cette puiffance ne devra être que de s livres pour égaler cette réfiftance; & fi tant en .4 qu’en G, on fuppofe une pref- fion pareille à celle du plan .4, la puiffance qui fera ap- pliquée en .4 ou en F ne devra être que de 15 livres pour égaler ces deux réfiftances caufées par les deux pref- fions de chacune 30 livres , où l'on voit que ces réfiftan- ces font entre elles lorfque les prefions font égales en rai- fon des efpaces parcourus dans les mêmes tems & confé- quemment qu’elles font encore entre elles en raifoninverfe des tems de leurs mouvemens , lorfque les efpaces parcou- rus font égaux , d’où il fuit que fi un plan eft doublement preflé, & parcoure un efpace double dans moitié moins de tems qu'un autre plan , le frottement dans le premier éga- lera huit fois celui du dernier. C'eft en raifonnant fuivant les principes ci-deflus que nous reconnoifflons que le frottement dans le traineau fait une réfiftance pour le moins égale aux tiers du poids du trai- neau & du fardeau dont il eft chargé , que dans la charette, cette réfiftance eft moindre que dans le traineau füuivant la raifon de la circonference de la rouë à la circonference du trou du .moyeux qui reçoit l’eflieu ; & que fi cette raifon eft comme 18 à 1la réfiflance caufée par le frottement , & dans la charette égal a partie du poids du corps de la charette, & du fardeau dont elle eft chargée, C’eft enfin par ces principes que nous fcavons pourquoi dans toutes les Machines , & dans tous les fardeaux qui fe meuvent horizontalement {ur un pivot le frottement eft fi peu confiderable , de même que dans les balances quel- que pefant que foit le fardeau ; car la raifon de la grof- feur de la partie du pivot qui frotte , à la longueur du le- vier par où la puiflance agit, efk fi petite, qu’elle eft pref- que infenfible. Mais quoique toutes les expériences cy-devant rap- DES Sctencré l'art portées, femblent prouver fuffifamment que la réfiftancecau- 1ée par le frottement des furfaces qui frottent,augmentent ou diminué fuivant les preffions plusou moins grandes, & non pas fuivant le plus ou le moins d’étenduë de ces furfaces , comme cela ne fuffit pas toüjours pour convaincre un efprit raifonnable , il eft encore bon d’établir cette verité en la dé- montrant. Or fi nous meditons foigneufement fur la nature du fro- tement nous trouverons qu’il n’eft autre chofe que l’aétion par laquelle un corps qui eft preffe contre un autre eft mù fur Le fwrface de celui qw'il touche , & que comme les furfaces qui frottent les unes contre les autres ne peuvent être confide- rées, ou que comme raboteufes & inégales, ou que com- me parfaitement unies , & qu'il eft impofüble dans le pre- mier cas que ces inégalités ne foient parties convexes, & parties concaves, & que les premieres entrant dans les dernieres elles ne produifent une certaine réfiftance lorf qu'on les veut faire mouvoir , puifqu'il faut pour cela qu'elles foûlevent ce qui les prefle l’une contre l'autre, & que lation de ces inégalités ou autrement l'effet qu’el- les peuvent produire eft le même que celui des plans in- clinés dont on fe fert pour élever les fardeaux, il fuit que plus la prefion eft grande , & plus la réfiftance au mou- vement eft confiderable ; joint d’ailleurs que comme dans” le cas dont il s ’agit on doit fuppofer que la preflion foir également diftribuée dans toute l’étenduë des furfaces : | il fuit encore que de plufieurs furfaces de differentes éten- duës chargées de poids égaux chacune des parties qui compofent les grandes eft moins chargée que chacune des parties de même étenduë qui compofent les petites , & cela fuivant la raifon que ces furfaces ont entre elles, & qu’ainfi par exemple fi une furface d’un piedquaréeou de 144. pouces quarez eft chargée d’un poids de 144. livres, chacun pouce quaré ne fera chargé que d’une livre, au lieu que ce même poids de 144. livres érant fupporté . par une furface feulement d'un quart de pied ou de 36. | pouces quarez, chaque pouce quaré fupportera quatre li- M dd s. at is + - M jrs “ ee dns ms déni - °. E o12 Memorres DE L'ACADEMIE ROYALE vres, & comme c’eft la même chofe d'élever à une cet- taine hauteur dans un certain tems 36 fois quatre livres , ou d'élever dans le même tems 144. livres à la même hau- teur. Il fuir encore que la réfiftance caufée par le frorte- ment des furfaces de differentes étenduës eft toûjours la même lorfqu’elles font chargées de poids égaux , ou, ce qui eftla même chofe, lorfque les prefions font égales ; & comme lorfque les preffions’ font inégales, les forces qu’il faut pour élever differents poids à une même hauteur dans un certain tems font entre elles comme ces poids ou ces pref- fions; il fuit aufi que les réfiftances caufées par des pref- fions differentes font entre elles comme ces preflions. Ce qu'il falloit démontrer. SPREMIERE REMARQUE. Cette démonftration fubfifte toûjours, foit que ces inéga- lités foient fuppolées, rigides , ou foit qu'on les fuppofe capables de reflort , puifque la puiflance qui furmonte- : roit la roideur d'un reflort , & qui le feroit mouvoir , par A A B B exemple d’.4 en B ne differe point de celle qui éleveroit à pareille hauteur un poids égal à la force de cereflort. DEUxIFME REMARQUE. Que fi on fuppofe que les furfaces qui frottent foient fans aucunes inégalités , & qu’on les confidere comme des plans purement Mathématiques on trouvera encore que cette propofirion eft vraye , puifque quelque facile que foit le mouvement lateral des corps pefants qu’on n'éloigne point du centre de la terre, les loix du mou- vement nous apprennent que plus ces corps ont de pe- fanteur , & plus ils font de réfiftance à être mûs , joint qu'il n’eft pas vray , abfolument parlant , que deux plans Mathématiques puiflent être müs l’un fur l’autre en quel- que SEE RE 0 — e = ‘ | | | L - DErS SCIENCES. 217$ que fituation qu’on les mette fans qu’un d’eux s'éloigne du centre de la Terre plus ou moins, fuivant la fituation de ces plans, & qu'ainfi plus les poids dont ils font chargez font grands, & plus aufli faut-il de force pourles mouvoir, ce qui n’a pas befoin de démonftration. TRO1ISIEME REMARQUE. Aurefte, quoiqu’on vienne de démontrer que la réfiftan- ce caufée par les frottemens augmente fuivant la preflion , & non pas fuivant l’étenduë des furfaces qui frottent , voi- ci cependant un cas très-particulier, & dans lequel lor£ qu’on n’y fait pas une attention fuifante, il paroît que c’eft le contraire. Soient tant de plans qu'on voudra comme AA A A , preflez entre d’autres comme BBBB, par le poids C pris à volonté. Si les planscomme .4 :4.4.4, peuvent être tirez tous enfemble par une même puiffan- ce D, fans que les plans BBBB, puiflent fe mouvoir autrement que pour tranfporter la preflion du poids C, à tous les plans .4 .4 & BB, fuppofant d’ailleurs tous ces plans fans aucune pefanteur , & qu’on connoiffe la réfiftan- ce caufée par le frottement d’un des plans .4 contre un des plans 8, par la preffion du poids C ; la puiffance en D qui farmontera la réfiftance caufée par le frottement de tous cés plans fera au poids, € multiplié par le nombre de tous les plans .4.4BB , moins un; comme la réfiftance caufée par , 2699. Bb z14 MEmoïres pre r'AcADEMrE ROYALE le frottement de deux plans .4 & B preflez du poids C , eft à ce même poids C, & fi la réfiftance particuliere caufée par le frottement de deux de ces plans , eft par éxemple com me 1 à 1, & que le nombre des plans foit xx, la puiffän- ce en D devra être decuple du poids € ; d’où il fuit qu'une très-petite preflion peut faire une réfiftance plus grande, & plus grande à l'infini, en augmentant de même le nom- bre des plans qui frottent les uns fur les autres ; ce qui pa- roît d’abord un pur paradoxe ; mais dont on connoît aifé- ment la verité en confiderant que fi pour vaincre la réf- ftance particuliere caufée par le frottement de deux plans comme .4 & B, il faut que la puiffance qui tire un des plans. fañfe foûlever le poids € d’une certaine quantité, il fau- dra que la puiffance qui fera mouvoir un plus grand nom- bre de ces plans fouleve ce poids d’une quantité double , triple , quatruple fi le nombre des furfaces qui frottent eft double , triple, quatruple, & qu’ainfi ces puiffances doivent être entre elles comme les hauteurs où elles foû- levent le poids. Or comme c’eft la même chofe d'élever un certain poids à une hauteur double, triple, quatruple .. d’une autre hauteur , ou d'élever le double , le triple. > le quatruple de ce poids à cette hauteur dans le mé- me tems, il fuit que la grande élevation du poids € dans le cas dont il s’agit lui tient lieu de pefanteur, & qu'’ainfi il eft toûjours vrai de dire que la réfiftance caufée par le frottement change à propoition des preflions plus ow moins grandes, & non pas fuivant l’étenduë des furfaces qui frottent. < Ce que nous venons de dire de la grande réfiftance caufée. par plufieurs plans engagez les uns dans les autres , quoi- que preflez d’un très: petit poids peut merveilleufement bien fervir à expliquer la caufe de la dureté des corps qu’on nomme durs, & par oppofition celle de la fluidité ou liquidi- té de ceux qu'on appelle fluides ou liquides, mais nous nous refervons à uneautre fois d’en difcourir. Après avoir fuffifamment érabli ce que c’eft que le frottement , fa nature & fes loix , il ne refte plus qu'à | / DES Sciences. 215 dire quelque chofe des regles par lefquelles on peut le rédui: re au calcul pout en connoître la quantité dans les Machines les plus compofées. PREMIERE REGLE Dans les Machines oùil y a plufieurs frottemens on doit les éxaminer de fuiteles uns après les autres, commençant par le plus proche de la force mouvante , comparant le premier à la force mouvante, & enfuite tous les autres au premier pour connoître la valeur de chacun en particu- lier. Cet ordre eft d'autant plus naturel, que ce font les pat- ties les plus proches de la force mouvante qui tranfmet- tent le mouvement aux autres, & qu’il n’y a point, comme on l’a déja remarqué , de frottement là où il n°y a pas de mou- vement. SECONDE REGLE. On aura la valeur du premier frottement d’une Machi- ne en comparant l’efpace parcouru par la partie qui frotte à l'efpace parcouru par la force mouvante dans le même tems , & prenant dans les + de:la forée mouvante la partie proportionelle convenable. On concevra la raifon de ceci aifément, fi on confide- re que dans l'expérience des frottemens ci-devant rappor- tée, la puiffance étoit immédiatement appliquée à la par- tie qui caufoit le frottement ; & que les efpaces: parcou- rus par cette partie, & par: la puiffance dans les mêmes- tems étoient par conféquent égaux, & que dans le calcul d'un frottement , on doit néceflairement avoir égard à cet- te circonftance , étant très-évident que fi l’efpace parcou- ru par la partie qui frotte n’eft par éxembple que la moitié de celui qui fera parcouru par la puiffance dans le même tems, le frottement ne fera aufi que la moitié-de ce qu’il auroit été, s’ilavoit parcouru un efpace égal, par cet axiô- me, que tout effet eft proportionné à la caufe dont il ré- fulte, & qu'ainfi un frottement par un efpace moitié moin. Bb ij 216 MEMOIRES DE L'AcADEM1E RoyaALe dre qu'un autre dans le même tems ; eft un effet moitié moindre que l'autre, ce qui a été encore démontré d'une au- tre maniere , enfuite de la quatriéme maxime de l’expérien- ce fufdite. Or par la troifiéme maxime de cette expérien- ce, le frottement des parties qui frottent eft égal au tiers de leur preffion, & cette preflion dans la partie d’une ma- chine la plus proche de la force mouvante, étant toûjours double de cette force, à caufe que la réfiftance fait un fem- blable effort que la mouvante fur cette partie, il fuit que le premier frottement d'une machine efttoüjours égal aux deux tiers de cette force mouvante; lorfque l’efpace parcouru par icelle eft égale à l’efpace parcouru par la partie quifrottedans le même tems , & que ce frottement eft moindre que les deux tiers de cette force à proportion que le premier efpace eft moindre que le fecond; & au contraire, & cela felon la raifon des efpaces parcourus, dans les mêmes tems par luna & par l’autre. TRoIsiIFMEREGLE. On aura la valeur de la force mouvante lorfqu’elle ne fera pas donnée, mais feulement la réfiftance en calculant & comparant fuivant les principes de la Mécanique , l'ef pace que cette force mouvante.a à parcourir par la difpe- fition de la Machine, à l’efpace que le poids ou la force réfiftante doit parcourir dans le même tems ; fur quoiil eft à remarquer, que lorfque la force réfiftante , ou la for- ce mouvante eft un poids ;. l’'efpace qu'elles doivent par« courir fe mefure toûjcurs par une ligne à plomb, au lieu que lor{que ce font d'autres puiffances , cet efpace fe me- fure fuivant la détermination du mouvement de ces puif= fances. QUATRIEME REGLE. On aura la valeur totale des frottemens d'une Machine ;. lorfqu’après avoir comparé chaque frottement au premier & plus proche dela force mouvante , on ajoûtera en une fomme tous ces frottemens particuliers ; mais on ne doit DES SCIENCES. 277 _ pas s'attendre qu'en augmentant la force mouvante d’une quantité égale à cette valeur, elle foit fuffifante pour fur- AC monter la force réfiftante, car = cette addition à la force mouvan- te produit derechefun nouveau frottement dont il faut trouver la valeur, & enfuite encore de l'augmentation de celui-ci, & - : cela jufqu’à ce que cette quan- Free farrement provenant de l'augmentation qu'on fait à cha- que fois à la puiflance, foit fi pe- tite qu’on ne doive plus y avoir égard ; par éxemple fi la force réfifante étoit 100, la force mouvante 64 ; la valeur totale des frottemens 16 , cette addi- tion produiroit encore un nou veau frottement dont la valeur feroit 4, & derechef celui- cx, un autre dont la valeur feroitr, * fi bien que pour furmonter la for- ce réfiftante, & tous les frotte- mens de la Machine ;, la force mouvante devroit être égale à 64, plüs r6, plus 4, plus r;c'et- à-dire égaleà 85 & plus. EXPERIENCE. De la roideur des Cordes. > LL LL LLLLP LT PPT LLC LÉ LS Ÿ S en, CLR LL LS LIT TTTE à D HI ON a accroché à quelque chofe de fixe comme au plan- cher d'uñe chambre les extremi- tez 4 A, des deux cordes .4C, .A C fig: 6. diftantes l’unede l’au- tre de ç à 6 pouces; les extremi-- Bb ïÿ] 218 MEMOIRES DE L'AcADeMIE ROYALE tez de ces cordes pendantes librement vers le bas portoient lebaffin D d’une balance. On a engagé dans ces cordes un cilindre de bois BB, en faifant faire du même fens un tour à chaque corde autour chaque bout du cilindre en la maniere repréfentée fig. 7. Ona mis enfuite en D fig. 6. un poids aflez confidérable, &onaentortillé vers le milieu du cilindre du fens contraire à la corde.4EF G, fig. 7. c'eft-à-dire du fens EGF, unru- ban de fil fort flexible , au bout duquel étoit un autre pe- tit baflin de balance pendant librement en Æ, & dans le- quel on mettoit des poids fuffifamment pour faire defcen- dre le cilindre BB, nonobftant la réfiftance caufée par la roideur des cordes .4 C, .4C. On à fait ces expériences avec des cilindres & des cot- des de differentes grofleurs, chargées de différens poids, & après avoir réduit lation du poids Æ à une diftance égale du point d'attouchement E , dans tous les cilindres, ayant égard au poids de chaque cilindre, & des Baflins Æ & D, ona trouvé qu'à + pouce de diftance du point E, 45 onces furmontoient la réfiftance des deux cordes de 3 lignes chacune de diametre chargées d’un poids de vingt livres, & tournées autour d’un cilindre de + pouces ,que 90 onces furmontoient cette réfiftance , le poids étant de 40 livres & 13 5 onces le poidsétant de éolivres. D'oùil{uit , que la réfiftance caufée par la roïdeur des cor- des autour des mêmes poulies, ou de poulies égales, augmen- tent à proportion des poids qui pendent au bout des cordes. En continuant l'expérience, on a trouvé que toñjours à pouce du point E 30 onces furmontoient la réfiftance de deux cordes , de deux lignes chacune de diamerttre , chargées en D d’un poids de 20 livres, & tournées au- tour du même cilindre. 15 onces furmontoient la réfiftance de 2 cordes d’une ligne de diametre pareillement chargées en RAP TE + HOUR I rm ” DES SCIENCES. 219 D d'un poids de 20 livres & tournées autour du même cilindre. D'où il fuit , que la réfiftance caufée par la roideur des cor- des augmente, non feulement à proportion des poids qui pendent aux extremitez de ces cordes, maïs encore à pro- portion de la grofleur de ces cordes, & qu’ainfi fur ces pou- lies égales ces réfiftances font entre elles en raifon compofée . de celles des poids , & des Si me des cordes. L'on doit remarquer que la réfiftance caufée par la grof- feur des cordes ne provient que de ce que cette groffeur éloi- gne où approche l’aétion des poids du point d’appuy, & non de ce qu’elles contiennent plus ou moins de matiere, car fi cela étoit, ces réfiftances augmenteroient ou diminueroient fuivant les quarrez des diametres. En continuant l'expérience , on a trouvé que toûjours à = pouce du point £ 90 onces furmontoient la réfiftance de deux cordes de trois lignes de diametre chargées en D d'un poids de 60 livres, & tournées autour d’un cilin- dre d’un pouce + de diametre ; que rr4 onces furmontoient cette réfiftance avec les mêmes poids & cordes, tournées autour d’un cilindre d’un pouce de diametre & 35 onces les cordes tournées autour d’un cilindre de de: mi pouce de diametre. D'où il fuit. que la réfiftance caufée pat la roideur des éordes de grofleur égale , chargées de poids égauxaugmen- te bien à mefure que le diametre des poulies autour defquel- les elles font envelopées diminuë, mais non pas fuivant la: même proportion; car dans le cas dont il s'agit, quoique les, diametres des poulies foient entreux comme lesnom- bres:, 2, 3, les réfiftances n’augmentent cependant que fuivant les nombres 90 , 14,8 13 5, au lieu qu’ils devroient: augmenter fuivant les nombres 90, 180, & 270, fielles: füivoient la proportion des poulies. … Ontrouvera le furplus de. l'expérience dans la Table qui: fuit: ic 210 MEMOIRES DE L'ACADEMIE RoYALr Poids dont Réfiftance Réfftance Réfiflance Groffeurs Îles deux cor- des cordes des cordes des cordes : des cordes. des étoient autour d'un autour d’un autout d'un chargées. cilindre dede- cilindre d’un cilindre d'un mi pouce de pouce de pouce & de- diametre. diametre. mi de dia- metre. 135 onces. 114 onces. gOoonces. 3 lignes. AOUICS: 2 00..:4. 1 TO. 100 EEE... 2 AS ess NA CO SR à: L 90.::.: 76:.... 60....:. 3 46 hvres.. 68 HOMO MOIS FORT EIRE FERA CAPOENEERE A PP PRE 1: CID APE PT CH TA 29 livres. sta SL Acnmto on lisse ES eno lie. de TDDNS- CRE Il feroit à fouhaiter pour bien déterminer la propor- tion de la réfiftance caufée par la roideur des cordes de grof- feur égale, chargées de poids é égaux autour des poulies d’iné- gales g groffeurs qu’on eût un plus grand nombre d'expérien- ces que celles que je rapporte ici ; mais en attendant que ce- la foit, on pourra pour trouver ces réfiftances, aufli bien que pour trouver toutes les autres dont j'ai parlé ci-devant, fe fervir des regles fuivantes. Regles pour le calcul de la roideur des Cordes dans les Machines, Dans l’éxamen & dans la comparaifon que lon fera de la réfiftance caufée par la roideur des cordes d’une Ma- chine on fuivra le même ordre que pour les frottemens, & on fe fervira de la premiere , troifiéme & quatriéme re- gles rapportées ci-devant à leur fujet , qui font également pour l'une & pour l'autre, & qu'il feroit inutile de répe- rer en cet endroit : mais pour avoir la premiere réfiftan- ce caufée par la roideur des cordes d’une Machine , on di- vifera la force mouvante par 10, & on multipliera le quo- tient par la quantiré de lignes que contient le diametre de la fiAY%O D ESS CV E NC ES 224 lacorde , puis on prendra les + du produit, fi le diametre de la poulie n’a que fix lignes, les + s'ilen a douze, & les + s’il en a dix-huit, &au-deflus, on divifera ce dernier pro- duit par la quantité de pouces que le diametre de la pou: lie contient ; & le quotient de la divifion fera le requis, dont la raifon eft; que la réfiftance caufée par la roideur des cor- des augmentant fuivant la raifon des poids dont elles font chargées , & fuivant celle des diametres de ces cordes, & que fuivant l'expérience cy-devant le poids pendant à l'ex- trêmité d’une corde d'une ligne de diametre étant de 10 Jivres lorfque la réfiftance eft de 7 onces 2 fur un cilindre de demi pouce, de 6 onces + fur un Cilindre d’un pouce, & feulement de s onces fur un cilindre d’un pouce & demi & au deffus, il fuit que divifant par ce poids de 1011. le poids égal à la force mouvante, on a la raifon de ce poids au poids de l'expérience,& enfuitela raifon compofée deces poids & des grofleurs des cordes , en multipliant le quotient par le nom- bre de lignes que contient le diametre de la corde , de forte que le produit de cette multiplication exprime l'augmenta- tion de la réfiftance caufée par la roideur des cordes qui ont plus d'une ligne de diametre, & qui font chargées de plus de 0 livres ; & comme par l'expérience fufdire cette réfiftance eft de 7 onces + fur une poulie de £ pouce, de 6 onces fur une poulie d’un pouce, & de s onces feulement fur une pou- lie d’un pouce & demi , & au deflus; il s'enfuit que fhivant le diametre de la poulie, il n’y a qu'à imultiplienlune ow l’autre de ces quantitez par ce produit, ou ce qui eft la mé- me chofe prendre , ou les + ou les + ou les € d’iceluy pour avoir la quantité de cette réfifancé; mais comime dans cette expérience la diftance de l’aétion de cette réfiftance au point d’appuy, où la longueur du levier par lequel elle réfifte eft de + pouce, il convient encore avoir égard à celui de la poulie, &fi fon rayon ou levier eft de plus de + pouce, c'eft- _ à-dire , fi la poulie a plus-d'un pouce de diametre, divifer encore le dernier produit par le nombre de £ pouce conte- nus dans le demi diametre , ou ce qui eft le même par le nombre de pouces que contient tout le diametre. 1699. ue : Cc 222 MEMOIRES DE L'AÂCADEMIE ROYALE Que fi la divifion du poids égal à la force mouvante par 10 livres, qui eft le moindre poids, comme une ligne eft la moindre grofleur de corde , dans l'expérience qui fert de fondement à ce calcul, ni la multiplication du quotient par les lignes du diametre de la corde n’avoient pas lieu, à caufe que lun & l'autre , ou l’un des deux feulement, peut être moindre , il n’y auroit qu’à prendre la partie propor- tionnelle de la moindre réfiftance qui fe trouve dans la ta ble de la fufdite expérience ; par éxemple , fi an vouloit fça- voir la réfiftance caufée par une corde d’une ligne de dia- metre , & chargée feulement du tiers de 10 livres, il n’y au- roit qu’à prendre le tiers ou de 7 onces À fi le diametre de la poulie étoit de Z pouce, ou le tiers de 6 onces + fi ce dia- metre étoit d’un pouce, ou le tiers feulement de s onces, fi ce diametre étoit d'un pouce & demi & au-deflus , ayant en outre encore égard au diametre des poulies , c’eft-à-dire, divifant encore le quotient par le nombre de pouces que contient le diametre de la poulie autour de laquelle feroit la corde ; & fi le poids, non feulement étoit moindre que 10 livres , mais encore que la corde eût moins d’une li- gne de diametre, il faudroit après avoir pris la partie pro- portionnelle pour le poids comme ci-deffus , fans avoir égard à la diminution dé la corde, prendre encore du quo- tient une autre partie proportionnelle pour la diminution de la corde : par éxempie, fi la corde étant chargée feule- ment de 3 livres + elle n’avoit que demie ligne de grof- feur , après avoir pris le tiers on de 7 onces + ou de 6 on- ces + ou de 5 onces comme ci-devant, il faudroit encore prendre la moitié de l’une ou de l’autre de ces quantitez, & la divifer par le nombre des pouces, que contient le dia- metre de la poulie, pour avoir la réfiftance caufée par la roideur de cette corde autour de cette poulie. Pour faciliter le calcul de la réfiftance caufée par laroi- deur des cordes dans les machines , on a dreffé la table fui- vante , où l’on trouvera ces réfiftances pour toutes fortes de groffeurs de cordes , depuis une ligne jufqu’à trente li- gnes de groffeur , chargées de toutes fortes de poids depuis une livre jufqu’à 100000 livres. F € 4 TABLE DE LA RESISTANCE CAUSEE DANS LES MACHINES Par la roideur des cordes qu'on y employe de quelqne groÎfeur qu’elles foient ; depuis une ligne jufqw'à trente lignes de diametre, &' de quelque poids qw'el- des foient chargées , depuis une livre jufqw'a cent mille , pourvi que ces cordes palfent autour de poulies qui ayent am moins dix-buit lignes de diametre au- deffus , & qu'il y ait toñjours une partie de la corde qui fe redreffe pendant que l'antre [e courbe. Par M. AMONTONS. Cc ij 224 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE. USAGE DE LA TABLE SUIVANTE. Herchez à la marge de cette Table le diametre ou grofleur de la corde exprimée en lignes, & au haut de la Table les poids fupportez par cette corde ; de ce que vous trouverezau-deflous de chaque poids dans les cellules qui répondent à celles du diametre de la corde.faites-en une fomme , & la divifez par la quantité de pouces que contient le diametre de la poulie, le quotient de la divifion fera la réfiftance caufée par la roideur de cette corde. EXEMPLE. On cherche la réfiftance caufée par la roideur d’une cor- de de 18 lignes de diametre chargée d’un poids de 12393 livres, & pañlant autour d’une poulie de deux pouces de diametre. - Pour 10000 livres, on trouvera. dans la cellule au-def- fous qui répond à celle de 18 lignes... ..: 5625. POULE 20002708 di lee N dE RM STI TIRE Pour" 300 Poe MARS A0 si CISSÉ Pour DO. ARE I NL RE si $0-I0. Pour 7e Wie à HET * Toutes ces fommes ajoûtées enfemble font celle de 6971 livres-1. Qui divifée par 2 pouces , diametre dela poulie, donnent 348$ livres-8 onces + pour la réfiftance que l'on cherche. pis:s2 efeaterfonfre fees DST % UE SE 1 NÉE 0-0 | 8" Eee Î Diametres des Cordes POIDS SUPORTES PAR LES CORDES fe na $ S É Œ Gi tt tt tt 3 4 $ VA 8 9 10 Ta] ET TZ 7x n £ i 1-4 À 2 io 2 3-0 : IL 4 | 3 1-4 3 44 al 2-0 2 6-0 8 IT —| JE LS 5 2-4 5 74 10 6| 3-0 6 9-0 12 7 3-4 7 10-4 ARE EE EEE) 8 4-0 8 12-0 2—go | = 800r-120 2-0 | 2-40 2-8 9 4-4 9 13-4| 1—2 1— 6-4 t-12 t15-# | 2-4 2= 8-4 |" 2-17) 10 Cod 10 150 | t—4 1—g-0| 1-14 2—3-0|) 2-8 2-13-0| 3-2 11 4 11 17 0-4 1-6 Î 1 1-+ 2=1 2—6-4#| 2-12 TE 3- ei 12F 6-0 12 1=20| 18 ral 2-4 |2-10-0| 3-0 7 ol 3-12 =— || 13 6-4 13 | t—3-4| 1-10 || ae Ce Fr | L4 7-0. 14 1=5-0| 1-12 2— 3-0 2-10 910) 38) 3-15-0| 4-6 | + IF | 15 = 45 EN EC PO SO A | 16 8-0 2-0 | 2-8-0| 3-0 | 3-8-0| 4-0 |#-8-0| 5-0 | 1 71 Cm | 17 0-4 2—2 2-10-4 || 3-3 14 44 4-12-4| 5-5 = 4 An.1699. pag. 226.PL.2 1 Î ï: SUPORTES PAR LES CORDES hs 407 ro” 60" 70 807 o61! 100 N Q N Co -9 8-12 | 10-15 | 13-2| 15-4| 7 8| g-u| 21-14 7 | 11-4 | ss 16-14 | 19-11 | 22-8] 28-2 —8 — 9-6 | 11—4 17—2 15 —0 18-12 o—0 D (ou œ $ Ÿ CA 5 nr uv L6| 2-8 21-14 TEA #4 | 5-0 | 18- 22—8| 26-47 37-8 -3 | 16-# 20 24-6| 28-7 40-10 21 o —1 10 12 TS 0 4 ORUEZ LE, | ZLomef af eu œuf ef vf C EE ET EE EE | sfaralarsl sel 7] sf af we 2| 37-8| 4614 | 54-4| 6510| 75-0| 84-6| 95-12 POIDS SUPORTES PAR LES CORDES """" "7" 4-6 6-9 8-12 10-15 13-2 _ CE er + 17-8 19-14 21-14 241 26-4 287 30-10 3254 350 26-9| 314] 37-3 28-2| 33-12| 39-6 29-11 35-10 #1—9 32-4 | 37-8 43712 | 32-12 | 39-6| 45715 | 34-06 | 482 | | 3515 RÉ | 505 le 37-8 | 45-0| 52-8 39—1| 44-14 | 5410 40-10 | 46-12| 56-14 ILE 42 E 48-10 | 50 | Drametres des Cordes 49-12 5o-8 | &-4 15-5| #-6| 6-7 £4-4| 65-10 L 75—0 An:1699.pag. 226.PL,3- DS SUPORTES PAR LES CORDES | ( F SRE tt tt «tb LE 300 400 f00 600 700 800 900 1000 TT Nos 28-2| 37-8 464] 567 7 Æ on on 18-12] 2$-0 84 -6 HUE 3 à \ Q Der 37-8| 40-0| 2-8] 75-0| 87-8 100 112—8| 12570 250 281—4| 312-8 275 | 329-6 343-12| 300 | 337-8| 375-0 325 | 365-10| 406-4 |! 131—4| 17$-0 | 218-172 262-8| 306-4| 350. | 393-12| 437-8 140-10| 187-8 234-6| 281-4] 328-2 | 3758 |421-14| 468-12 93-12| 125—-0| 156-4| 187-8 .103—2| 137-8 | 171-14| 206-4 112—8| 150-0| 187-8| 225-0 121-14| 162-8| 203-2 1#ÿ0—0| 200-0| 250-0 400 296-14 475 | 534-6| 59-12 35312 #12-8| 481; | 550 | 618- 369-6| 431-4| 503-2| 578 | 646-14| 71812) Er à LP Ed 450—0| 500-0 212-8 478- 2 159—-6 2168-12 La | $ 225—0 $ | 2782 187-8 1296-14 206-4 237-8 2500 ‘262-8 ES NS SR À d | 275 —0 215-10| 287-8 LT D L 225—0| 300-0 337-8| 4317-14 675 | 749-6| 84412 7t=t4| 362-8| 463-2 533-12| 634 6 725 | 815-120 | 907-4 281-12| 22e-0| 48-12 re2-8\ 626-2|1 7ro | Sg212| 9028-81 274—6 2437-12 53— 2 R 4} N Diametres des Cordes POIDS SUPORTES PAR LES CORDES ”/* """" 1007 200 300" 400" soo 600 700 800 900! Hci| 1 327 2Ù 6-%l 1278 18% | ITA 618 7$6| 8476 LS 4\ 12—8| 25-0| 37-8 5 87-81 100 1128 12470) ‘ 18-10] 31-#| #6-4| 0312] 1096 25 | Fe 6| 18-12 7=8| 56-4| 75-0| 93-12| 1128 | 190 = 150! }| 168-12| 187-8 TA re 43-12 65510] 87-8| 109-6| 131-%| 153-2| 174 | 196-14| 218-12 & 25 —0 ll 75—0] 100-0| 12$-0| 150-0| 175-0 200. 250 250 -0 9| 28—2| 56-4| 8y-6| 112-8| i4o-10| 168-12| 10614) 225 | 253-2| 281-4 10 3—# | HE | 93-12| 125-0 | 156-4 1578 218-12| 250 EME x] 11| 34—6| 68-12| 103—2| 1378 | 17-14 2064) 240-10| 275 | 309-6| 3433-12 12| 37—8| 75-0| 112-8| 150-0| 187-8| 225-0| 262-8| 300 | 337-8| 375-0 13| 40-10 S1—4| 121-14| 162-8 207-2 243] 284-6| 325 365-10 | 406-4 14| 43-12| 87-8| 131-4| 175-0| 218-12| 262-8| 306-4| 3950 | 393-12| 437 _g| 15] 4#6-4| 9g-12| 1430-10 | 187-8| 234#-6| 281-4| 328-2| 375 | 421-14| 4368-12 16| 50—0| 100-0| 150—-0| 200-0| 250-0 300-0| 350-0| 400 |#50-0| 500-0 17| 53—2| 106-4| 159-6| 212-8 rade 37-14 | 425 478-2| 5314 18| 56—4 1128 | 16812 2250 | 281-4 | 337-8 39312 506-#| 562-8 19| 59—6| 1148-12 17822378 296-14| 356-4 534 6| 92 20| 62—8| 125-0| 197-8| 250-0| 312-8| 375-0 562-8| 625-0 1314 | 196-14| 262-8| 328-2| 39312 5909-10 | 656-4 137-8| 206-4| 275-0| 353-12| #12-8 628-12| 6878 23| 71-14 ga] 21510 | 287-8 369-6| 431-4 646-14| 718-12 24| 75—0| 130—0| 225-0| 300-0 675-0| 75252, 78—2| 156-4| 294#-6| 312-8 | 400-10| 468-12 eh 1628] 24312 À 731-4| 812-8 168-12| 253-2| 337-8 | #31-14| s06-4 730-6| dar ni RE 787-8| 876-o| 463-2 814-10| 907-4 843-12| 938-8 750" 875 | 4000 1124 | 1240 1375. | 4400. «202% MU | 4875 2000 ALES 2250 2375 2500 2625 2750 2875 | 3000 3725 3280 | 3375 3400 3625 3750 UPORTES PAR LES CORDES An 1699. pag, 266.P1.4, tt tt tt tt t t 4000 f000 6000 7000 8000 9000 10000 #Æ 0 1406 -4 1968-12 1562-8 2812-8| 31250 1718-12 2750 |3093-12| 3437-8 2749-12 4218-12| 2687- 3124-0 g000 | 3625- 3493-12 503t-4 6468-12| 7187-8 ‘38064 4687-8| 5468-12| 6250 | 7031-4| 7812- 3962-8| 4875-0 7312-8| 8135- 427$-0| 5250-0 7874- 4587-8| 5625-0| 6562-8| 7500 |8436-8 QG | Go à | 9$ EVE $ |S KR | S I|N s | o| S Oo $ K & $ Q à S $ Le) N sa Ë 3 h 5625-0 5937- HE e [o/s1 AHEAHE SN Ci à $ ô | S S $ Le) = À 5 | % À Co ; $ Hi ) 9071- 9384 4 POIDS SUPORTES PAR TRE An:1699-pag. 266. PT.g. tt La tt tt tt tt tt t # 1000 2000 3000 4000 000 6000 7000 Sooo 9000 10000 CE} per | EAE z Æ en] 125-0| 250-0 LANT] 312-8| 468-12 [ 187-8| 375-0| 562-8| 750" 218-12| 437-8| 656-4| 875 PEL 250—0| 500-0| 75o-0| 1000 | 1250-0| 1500-65 qe IL 281-4| 5628] Sygral 1125 | 14064] 1687 8[ 1968 12] 22507 g12-8| 625-0| 937-8| 1250 15628 | 1875-0 343-12| 687-8| 1071-4| 1375 | 1718-12| 2062-8| 2406-4| 2750 O|Go|N| ol )R/|S | S 28127 8) 727 3093-12| 3437-8 337570 |3750-0 3656-24 | 4062-8 3937-8 | #375-0 4218-12| 4687-8 2500 = à 12| 375-0| 7$0-0| 125-0| 1500 | 18750 2250-0| 2625-0| 3000 13|4#06-4| 812-8| 1218-12] 1625 | 2071-4| 2437-8 2833-12] 3250 14| 437-8| 875-0| 1312-8| 1750 | 2187-8| 2625-0| 3062-8| 3500 15| #68-12| 937-8 | 1406-4| 1875 29412] 2812-8 3281-4| 3750 16| $o0-0| 1000-0| 1500-0| 2000 2500-0| 000-0 3500-0| 4000 |4500-0| 5000-0| 2 531-4| 1062-8| 1593-12| 2125 2656-42 3187-8| 3718-12] 4250 |4781-4 5312-8 | 8| 562-8| 1125-0| 1687-8| 2250 | 28:2-8| 3375-0| 3937-8| 4500 | 5062-8| 5625-0 DRE 12| 1187-8| 1781-4| 2375 | 2968-12| 3562-8| 4#150-4| 4750 0| 625—0| 1250-0| 1875-0| 2500 | 31250 3750-0 4375-0| 5000 21| 656-# FE 1968-12|, 2625 z8r4| 30378 4599-12| 5250 22| 687-8| 1375-0 | 2062-8| 2750 | 3%37-8| #125-0 mere 6187-8| 68750 23| 718-12| 1437-8| 2156-4| 2875 CRDI" 24| 750-0| 1500-0 enr 3650-0| 4500-0 de des Cordes 5343712| 5037-8 3625-0| 6250-0 5906-# | 6562- 8 5750 | 646812| 7187-8 52$0-0| 6000 |6750-0|7500-0 25] 781-4| 1562-8| 234212| 3125 | 3806-4| 4687-8| 5468-12| 6250 | 7031-4| 7812-8 3250 | 3962-8| 4875-0| 5687-8| 6500 7312-8 5906-4| 6750 |759312 1750-0| 2624-0| 3500 re] se 6125-0| 7000 | 7874-0 1812-8| 2772) 3625 | 4#31-4 | 54378 | 6343-12] 7250 | Sis5-+ 4587-8| 5625-0| 6562-8| 7500 3436-8 | 93840 26| 812-8| 1625-0| 2436-8 S135-0 27| 8g4-12| 1687-8| 2530-4| 3375 | 4118-12 28 29 30 3062-8 —+ 1874-0 | 2811-8 An.169g.Pag. 226.PL.,3. || _ NDS SUPORTES PAR LES CORDES MER e tt CUTÉE tt EltNE À | # Pc 40000 0000 60000 70000 80000 90000 100000 me EE SES nm | nm | \Q NIQ SS| xl #IS|S|à | S | ©| © D | N ARTS SSlal QIelols D Gi LS] d LT nd Co} pee EZ2 70000 u. 72400 81562-È hb|Ihb|IRI|IhNR LS) s | ç EN EC ESS tra Eà Co Q LUS h à [A \Q à Q œ à à & > ne Fra ss FA sofa barrel a Éd Kéirre à Ô 25410-8| 33760 49625 |590678 272858| 36250 |16311-8| 53375 |634378 28223-0 37500 47874-0| 55250 o à a (SN Al Q à CS (Se) 8 LS (SN ë] | CN Q [a # tt POIDS SUPORTES PAR LES CORDES tt H t 10000 20000 30000 40000 F0000 60000 70000 8000 An: 1699 Pag. 136. Pl. £. Le Le tt © 90000 10000! 1 | à IF + [ en RE 3 £ 1 Lai ei 6 + 7 : orales pe 8 = Li _ JE || + La 10|37125-0 1134378 1 À == IL 12 3750-0 7500 & + N 13|4062-8| 8125 ï È 141#375-0 | 8750 7] | Leu 3 4 4687-8 |. 9375 [40728 Il 2E Ÿ 16] 5000 -0 | 10000 |15000-0 mi K] | È 17\5312-8 | 10625 |15937-8 | È 18| 5625-0 | 250 |16875-0 22500"| È LŸ 10|5037-8 | 1875 |17812-8 | 23750 | S 20| 6250-0 | 12500 |18750-0 (l 25000 L 21| 6562-8 | 13125 |19687-8| 26250 328128] 22| 6875-0 | 13750 |20620| 27500 |34375-0 23|7187-8 | 14375 |21561-8 28750 |35037-8 42125 24|7500-0 | 15000 |22498-0| 30000 |37500-0| 44000 25| 7812-8 | 5625 234358 | 31250 300628 | 45875 26| 8135-0 | 16250 |23473-0| 32500 |#0624-0| 47750 27| 8y47-8 | 16875 |25410-8| 33750 es] 49625 28 8759-0 | 17500 |26348-0| 35000 |44749-0| 51500 29|9071-8 | 18125 |27285-8| 36250 |#6311-8| 53375 634378 | 72500 2 2 18750) |28223-0| 37500 fazer 55250 lésé25-o| 75000 —2. PES S c-1 E NC E:s. | 227 4 à tation defdites 37 livres & 38 livres +. | Tous lefquels poids font enfemble celui de 12 36 livres + c'eft-à-dire 391livres + plus qu'avec la poulie de 24 pocé dans laquelle la corde & le boulon ne font pas une réfif- tance égale à la feiziéme partie du fardeau , au lieu qu’en celle de 3 pouces cette même réfiftance eft plus de la moitié de ce même fardeau. OBSERVATIONS SUR LA CIRCULATION DU SANG dans le Fœtus : ET DESCRIPTION DU COEUR DE LA TORTUE 7 de quelques autres Animaux. Par M. pu VERNEY. ’Aurois pû donner au Public, ily a long-tems, les Obfer- vations que j'ai faites fur le nouveau fyftème de la cir- culation du fang dans le Fœtus, que M. M. a voulu fonder fur la ftruéture du cœur de la Tortué. + Dèsqu'il le propofa, je l’'éxaminai avec foin; je fis des diffetions éxaétes de plufieurs Tortuës, & ayant reconnu l'erreur de cette découverte, je la combatis dans mes éxer- cices du Jardin Royal , & dans cette Académie , comme il eft rapporté dans l'Hiftoire , qui en 2 été publiée. Je compofai dès-lors le Traité que je vais lire, & quel- ques autres qui paroïtront dans la fuite. J'ai differé de les donner au Public , & je ne m'y fuis déterminé qu'avec pei- ne, & pour le bien de la paix & par la confidération que J'ai pour l’Aureur de ce Syftême ; mais j'ai crû les devoir à la curiofité de ceux, qui s'érant élevez comme moi contre ces nouveaux fentimens, n’ont eu ni le même loifir ; ni la 23. Decem 1699», 2328 MEMOIRES: DEN LACADEMIE RoYyALE. mênie -comimodité de travailler à de pareilles diffe@ions: D'üäilleurs l'Auteur pourroirprendre mon filence pour une approbation : de fon! fentiment , & publier encore que bien qu'il m'en air faitcune efpecerde défi; je n'ai pas ofé' le Cobatres à5aq 1not sa no ] Di] Danse tems que je m'y fais déterminé , j'ai été affez heureux, pour recey oir de Verfailles une grande Tortuëter- reftre de l Amérique , qui m'a fervi à confirmer les obferva- tions que j'avois faites {ur celles que nous avons en France. Jaï-ajoûré-ha defcription des cœurs de la Vipere , de la Gre- noüille & de quelques Poiffons , qui ont tous beaucoup de rapport au cœûr dela Tortüë, afin de nerien obmettre de tout ce qui peut fervir à éclaircir ces queftions. Je décrirai dans là premiere Partie de ce difcours la ftruêure du cœur de la Tortéë.; & de ceux des autres ani- maux dont j'ai parlé : Dans la feconde, j'éxaminerai leurs ufages: Erdans la troifiéme:,;jefonderai furtoutes lesdeux la critique du nouveau Syftême. L. PART. Avant que d'ouvrir le cœur de la grande Tortuë, j'ob- SecrioN I. fervai que l’écaille qui la:couvroit étoit :de deux pieds trois rent pouces de long, fur deux pieds un pouce de large, & fon Tôrue. : écaille de deffous d'un pied cinq pouces de long, far un pied deux pouces de large ; au lieu que l’écaille de deflus de nos Tortuës ordinaires n'a qu'environ fix à fept pou- ces de long fur cinq & demi de larges & celle de deffous trois pouces & demi de large , fur cinq à fix pouces de long. [E 2 #5] Le pericarde de ces animaux eft une membrane d’une tiflure fort ferrée. Par toute fa circonférence, il eft érroite- ment uni'au périroine; & fa capacité eft fort grande à pro- portion du volume du cœur. Voyex la Figure I. Ce cœur eft fitué au haut dela poitrine au - deflus du foye: Il n'y a point de diaphragme entre-deux. Dans-les petites Tortuës on voit unligament ; qui part de la pointe du cœur , & qui l’attache au fond du péricarde : il ne s’en eft point trouyé dans la Tortuë de l'Amérique. Ce ligament eft un prolongement de la membrane qui envelope les f- bres j ee DES ScrENCESs. 229 bres du cœur. Voyex, la figure 3. La figure du cœur dela grande Tortuë eft demi-fphéri. que ; fa partie inférieure étant convexe , & la fupérieure Plane, mais un peu enfoncée au milieu, qui eft l’endroit où s'implantent les orcillettes & les artéres , enforte que ce cœur reflemble affez au rein d'un mouton : mais dans nos petites Tortuës il s'allonge un peu plus en pointe. Voyex, La figure 2. € 3. | … Dansla grande Tortuë, le cœur mefuré du milieu de la -baze à la pointe , s’eft trouvé d'un pouce cinq lignes , & d’environ trois pouces, d’un des côtez de la baze à l’autre; mais dans une des parties, la diftance du milieu de la baze à la pointe ne s’eft trouvée que de fix lignes, & de neuf lignes d’un des côtez de la baze à Pautre. On voit fous l'oreillette droite du cœur de ces animaux une efpéce de réfervoir d’une figure oblongue , & affez fem- Blable à celle d’un outre enflé: I eft formé par le concours de plufieurs veines. L’axillaire droite & la veine cave infé- tieure s’'embouchent au côté droit de ce réfervoir , l'une au haut, & l’autre aubas. De l’autre côté on voit dans une pa- réille fituation l’axillaire gauche , & une veine qui rapporte le fang de la partie gauche du foye. La veine coronaire & quelques autres vaifleaux , qui fortent des parties voifines S'y vuident aufli; & comme les jugulaires fe déchargent dans les axillaires , cela fait que le fang de toutes les vei- ses eft rapporté dans ce réfervoir, à l'exception de celui des veines du poñmon. Voyex, la figure 26. € 10. Ce réfervoir par dedans eft garni de plufeurs fibres char- nuës , qui fe croifent-& s'entrelaffent , à ‘peu près comme celles qui fe voyent au dedans des oreillettes du cœur de l'homme. Toutes les veines qui fervent À former ce réfer- voir, font auffi garnies de fibres ; qui s’entrelaflent de la même maniére. Voyex, la figure 7: ; :1 Ce même réfervoir vers fon, milieu , s’ouvre dans l’oreil- lette droite , du côté qu’elle regarde l'écaille de deffus. Voyex la figure 4. € 5. QE Les deux veines du poñmon remontent le long du côté 1699. ; 17 230 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE inférieur de chaque branche dela trachée arrére; la droite ayant percé le péricarde, pañle derriere le réfervoir dont on a parlé , & s’avance jufqu'à l'oreillette gauche. La veine pulmonaire? ayant aufli percé le péricarde , fe cache der- riere l’axilliaire du même côté, & vient s’unir avec la veine pulmonaire droite , à la partie poftérieure de l'oreillette gauche, près de fon por où elles forment une efpéce de réfervoir. Voyex, la figure 4 € 8. : ? A l’'émbouchure du grand référvoir dans l'oreillette GE te, il y a deux valvules fivuées an peu obliquement par rap- port à oreillette droite. Elles reflemblent à deux paupieres, & font compofées de fibres charnuës produites par celles de l'oreillette. À leur angle extérieur elles font attachées par un trouffeau de fibtes qui remontant un peu obliquement vers le fond de l'oreillette , s'épanoüiflent & sy perdent. La valvule inférieure a un peu plus d'étenduë quela fu- périeure ; & quand elles fe joignent elles ferment éxaéte- ment cette ouverture. Vroyex la figure 13. Le balfin du petit réfervoir et auf garni par dedans de fibres charnuëss maïs en moindre quantité que celui du grand réfervoir. Dans les petites Tortuës (ce que:je n'ai point vû dans la grande ) il y a à fon embouchure une val- vule charnuë en forme de croiffant , tournée de maniere que fes angles regardent le fond de l'oreillette droite! Elle eft femblable à celle qui fe-trouve dans les Oifeaux à Pem- bouchure du'tronc de la veine du poñsion dans l’oreillet- te. Voyex la figure 5: & 3. , Les oreillettes font de grandeur différente : ; la droite + a plus’ dé capacité que la gauche : elles reflemblent à deux bourfes quicouchées fur16 éôté fercient joinres enfemble par léur-ouverture /e’eft-äl dire , par la partie la plus courte ; : elles font! Rparées l'une del'autre en cer ‘endroit par une membrane : cette féparationeft un peu dé biais vers le mie lieu dé la baze du cœuür , mais! Long fur lé côté gauche ène furlle doitilis22'l 2b::251 10 Certe membrane eft couverte dde @ ra ati partie 1 de fibres D nn ét Le font des continuations de celles des | | 4 d 1 | ; | î : À # à V4 | Ë 1 | He. 16AD M ISA SAGA'E NEC ES! (M 4x “BEticirest{ le ‘bas en eft purement tendineux ; & fi min- ce qu'on voit le jour à travers ; elle s'attache entre les deux valvules , qui font aux ‘émbouchures des oreillettes; & dont nous parlerons dans la fuite. Voyex la figure 2. 11. 13. 14. v! Le fond de ces oreillettes eft Sphérique ; & beaucoup dti grand que l'endroit où elles'fe joignent : elles fe rétre- ciflent vers la baze du cœur , & forment une efpéce de col qui eft féparé en deux par la membrane en forme de cloi- pre dont il a été parlé. Voyex, la figure 10. € rt. ! Tout Pintérieur de ces oreillettes ‘eft garni de fibres muf- culeufes ; qui s’entrelaflent en tant demañnieres différentes ; qu'elles compofent, fur te 1e les petites tortuës, un tiflu fort fpongieux ; ce qui qu'étant gonflées & def- fechées elles reflemblent en quelque maniere à la fubftan- ce du pomon: la Be re qui les mir ; eft toute unie. re My à 13: A l'embouchure de chaque otéillesrei il y a une von ; & ces deux valvules font jointes enfemble par une de leurs extrémitez , &revêtués de fibres charnuës dirigées d'un cô- té de la baze du cœur à l'autre : La membrane qui eft entre les oreillettes s'attache en dehors au milieu de ces deux val- vules , comme il a étédit ; &en fait ainfi la féparation en cet endroit. Par le côté qu'elles ont libre, elles peuvent , én sas baiffanr,& devenant concaves, laiffer paffer le fang des oreil- lettes dans le cœur , & de l’autre en fe relevant elles en em- pêchent le retour. Aiïnfi l’on voit que bien que ces deux foûpapes j jointes enfemble , comme elles font’, faflent une efpéce de quartélong, lorfqu'eltès s'appliquent contre lesou- vertures dés oreillettes , néanmoins quand le fang y pañle, chacune féparément repréfente le quart d’un ovale con- cave oppofé & joint à un autre par le fommer, ou fi l'on veut à ces uftenciles appellez des couvre-feux ; qu'on au- roit renverfez , & qui fe toucheroient Fe leur cintre. Voyex ! la figure: 13. EX 17: 1Éès valvules ont cela de commun avec celle du trou! ovale du Foœrus , que quandelles ouvrent le paflige aù fang: elles deviennent concaves en forme de goutieres, & quand - Ddij 232 MBMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE elles le ferment & s'appliquent contre le trou , elles s’appla- niffent. Deux chofes contribuent à les appliquer aïnfi con- tre le trou: la premiere, eft l'impulfion du fang : la fecon- de, eftl'a@tion des fibres charnuës , qui les compofent ; ces fibres , de courbes qu’elles étoient , devenant droites , & le fang ; qui vient frapper contre ces valvules ainfi applanies: & appliquées contre les trous , les maintenant dans cet état. Il ya trois cavitez dans le cœur de cet animal, l’une ef dans le côté droit de la partie que j'appelle antérieure ; qui eft celle qui regarde REeIE de deflous ; les deux autres oc- cupent la partie que j'appelle. poftérieure, qui regarde l’é- caille de deflus. Voyex pure 13. C 14 Des deux cavitez qui font “dans la partie poftérieure du cœur ; j'appellerai dans la fuite premiere cavité celle qui re- çoit le fang de l'oreillette droite ; feconde cavité celle qui occupe toute la partie gauche, & qui reçoit le fang de l'oreil- lette gauche ; & j'appellerai troifiéme cavité celle qui eft vers le côté droit de la partie antérieure du cœur, & dans. laquelle s’embouche l’artére du poñmon. Le tiffu du dedans du cœur eft garni de colomnes char- nuës de différentes groffeurs , entrelaflées les unes dans les autres. Il y en a plufieuts, qui s'élevant du milieu de la face pof- térieure jufqu’à la baze du même côté, laiflent fous les val- vules des oreillettes un chemin , par lequel la premiere & la feconde cavité communiquent enfemble ; ainfi ileft vrai de dire que ce n’en eft qu'une. Comme la premiere cavité: communique de même avec la troifiéme, il faut dire aufli que toutes les trois n'en font qu’une feule , le fang qui eft vuidé dans le cœur par l'oreillerte. droïte & par la gauche, fe pouvant mêler aifément & entrer d’une cavité dans l’au- tre. La valvule de l'embouchure de l'oreillette droite eft dif- pofée de telle forte que le fang qui y paffe, coulant de la gauche à à la droite ,il ne tend qu'à remplir la premiere ca- vité, laquelle FRSNanase avec la troifiéme , ce fang y DES SCIENCES. 298 + entre en même tems:mais la valvulede l'oreillette gauche étant tournée de la droite à la gauche, le fang qui en vient ne remplit d’abord que la feconde cavité. Voyex la figure Méca : Nousayons dit que le tiffu de fibres charnuës, qui fépare la premiere cavité de la feconde, laiffe un pañfage, par où le fang peut aller de lune à l'autre. Ce pañlage eft de la mê- me longueur que la baze des valvules, & a environ trois lignes de diametre ; enforte que les valvules étant abaiffées, il y refte toûjours une ouverture , & la communication de la premiere & de la feconde cavité, n’en eft pas entiére: ment empêchée. Voyex, la figure 17. Il faut remarquer ici, que la communication de la pre-: miere cavité avec la troifiéme, fe fait par une ouverture en arc compofé de fibres charnuës d'environ deux lignes de 1 diametre : Cette ouverture eft fur le côté droit de la face antérieure du cœur près de l'embouchure de l'artére, que Fappnlles branche gauche de l'aorte defcendante. Voyex 2. figure 17. j La farface du cœur paroît par-tout d’une égale épaif- feur: de-là vient qu'y ayant deux cavités l’une fur l’autre dans fa partie droite, leurs parois en font moins épaifles: que celles de la feconde cavité ; maïs les parois de la pre- | miere font encore plus épaifles que celles de la troifiéme. À Voyex, la figure 13. @* 14. ; Ce cœur eft compofé de plufeurs eouches de fibres; les | extérieures décrivent des lignes courbes, & paroiffent diri- gées de gauche à droite; les intérieures forment plufieurs: : colomnes , ainfi qu'il a étédit , d'où naiffent ces efpéces de: cloifons qui féparent les cavités du cœur , & qui s’entre- laffant en. divers fens , laiffent comme autant de petites: cellules , qui communiquent les unes avec les autres; ce: qui fait que le cœur étant gonflé & deffeché , paroït pref- que tout fpongieux. Vers la partie droite de la face antérieure de la baze du cœur , il: fort trois artéres confidérables: Deux de ces ar- D di 234 MEMOIRES DE L'AcADRMIE ROYALE teres compofent l'aorte, & s’ouvrent dans la premiere ca- vité du cœur. Les orifices de celles cy font placez entre l'embouchure de l'oreillette droite, & l’ouverture qui fait la communication de la premiere cavité avec la troifiéme, & ils font fi voifins , qu'ils s’entretouchent. Voyex, la fipure Ze 41 De CT 17. ; Latroifiémeartere , qui eft celle du poñmon, fort i immé- diatement de la troifiéme cavité du cœur. Hour les mêmes Jigures. Ur embouchures de cestrois vaiffeaux font foñtenuës par un cartilage prefque demi - circulaire , auquel s’atta- chent aufli leurs valvules:; & à chacune de ces embouchu-: res 1l y a deux valvules de figure fygmoïde , lefquelles ont le même ufageque dans les autres animaux. Voyex la figure 14. 15. C7 16. Ces artéres font étroitement liées entr'elles ; il y en a’ deux prefque de front ; fcavoir celle que j'appelle la bran- che gàuche de l'aorte defcendante & l'artére du poñûmon , derriere lefquelles eft celle que j'appelle le premier tronc de l’aorte. Voyex la figure 9. Dans nos petites Tortuës de terre, ces artéres font em- braflées à leur naiflance par un anneau de fibres charnuës : il n’y en avoit point au cœur de la Tortuë de l'Amérique. Vorex, la figure 3. Ces trois vaifleaux après s'être plus ou moins élevez à une certaine hauteur , fe recourbent en forme de croffes, Cette artére , qui fait le premier Tronc de l’aorte peu de tems après fa naiffance, fe partage en deux branches ; dont l’une monte, & va fe diftribuer aux pattes de devant, & à toutes les parties fupérieures , je l’appellerai aorte af cendante ; l’autre defcend en fe recourbant jufques fous le ventricule , fans jetter aucun rameau, & va fe joindre à la branche gauche de l'aorte defcendanté , je l’appellerai branche droite de l'aorte defcendante. Yoyex la figure 2. EE 4: La branche gauche de l'aorte defcendante , fe recourbe | | A min PS pt tre ht Lie eucues Latll ip dtmdiié DES SCIENCES. 235 de même au côté gauche du cœur , & fans jetter aucun ra- meau , elle defcénd aufi jufques fous le ventricule , & four- nit en cer endroit deux artéres , dont la fupérieure tient lieu de cœliaque , & l'inférieure de mefenterique ; enfuite elle -s’anit à da branche droite de l'aorte defcendante , & ces deux branches ainfi réünies forment le tronc de l'aorte defcendante lequel va fe diftribuer aux parties du bas- ventre ; & à toutes les extrémitez inférieures. Voyez les mêmes figures. L'artére du poñûmon , qui touche factice la branche gauche de l'aorte defcendante , naît, comme il a été dit, de la troifiéme cavité du cœur: cette artére eft fort groffe, & a autant de diametre que le premier tronc de l'aorte : après sètre un peu élevée elle fe partage en: deux branches , qui fe recourbent auffien forme de crofles, dont l’une va fe rendre à la partie gauche du poûmon, & Yautre à la partie droite. Voyez la figure 2. 4 C9. L’artére coronaire eft compolée d’un feul tronc ; qui fort du premier tronc de l'aorte , un peu au deflus des val- vules fygmoïdes , & elle fe diftribuë au cœur &c aux oreil- lettes. Voyez la fipure 11. @ 12. Le cœur de la Grenouille eft d’une figure conique , com- SECT. IT. Structure du . me celui de la plûpart des animaux , & enfermé dans uniour de la péricarde , qui a moins: de pv > à proportion , que ce- Grenoüille. lui de la Tortuë. -:1On voit fous ce cœùr une elpéce de réfervoir de: figure ie, & d'environ trois lignes de diametre, L La veine cave inférieure ; fortant du foye , reçoit de cha- que côté une groffe veine; l’une qui rapporte de la partie droite; & l'autre de la partie gauche de cé vifcere. ‘: Le concours de ces trois vaifléaux ferr principalement à former ce réfervoir, lequel reçoit de chaque côté les axil- laires : la veine coronaire s'y décharge auffi. Voyez la ÿt- Qure 1. Ce réfervoir s’ouvre te def ; & vers le côté droit de Voreillette : fon-embouchure ef garnie de ‘deux foûüpapes 236 MEmMoIRESs DE L'ACADEMIE ROYALE fituées obliquement par rapport à l'oreillette : elles for- ment enfemble comme deux paupieres :-la fupérieure eft plus large que l’inférieure , de même que dans la Tortuë , & elles ont le même ufage. Voyexla figure 2. À chaque partie du poûmon qui regarde le dos , eft at- taché le tronc de la veine qui en rapporte le fang ; l’une & l’autre de ces veines, en quittant le poûmon fait environ deux lignes de chemin, en s’inclinant l’une vers l’autre; & en s'uniflant, elles ne forment plus qu’un tronc, qui eft co- lé à la partie fupérieure du réfervoir. Ce même tronc s’ou- vre dans l’oreillette immédiatement au deflus de l’embou- chure du réfervoir dans l'oreillette. Voyex la figure 3. Il n’y a qu’une oreillette dans le cœur de cet animal: elle eft fphérique , & non feulement elle couvre tonte la baze du cœur , mais elle a beaucoup plus d’étenduë. Son embouchure eft fort large & garnie de deux valvu- les, dont l’une eft attachée à la partie de la baze du cœur qui regarde l’épine , & l’autre à la partie oppofée de la mé- me baze: elles font demi-circulaires , figurées à peu près comme celles que nous appellons fygmoïdes , en forte que le fang pouffé de bas en haut dans la contraétion du eœur les gonfle , & en rapproche éxaétement les deux bords. Voyex la figure 4. Dans ce cœur il n’y a qu'un ventricule, & les parois en font très-minces; les fibres charnuës de fa partie intérieure s’entrelaffent en tant de manieres différentes, qu’elles com- pofent un tiflu très fpongieux. Il n’y a aufi qu'une artére qui fort immédiatement du -côté droit de la baze du cœur: ce vaiffeau dès fa naiffan- ce eft couché fur le côté droit de l'oreillette, de laquelle ä couvre prefque le tiers ; & il fe porte obliquement à la lon- gueur d'environ deux à trois lignes ; & enfuite fe partage en deux branches, dont l’une va à droite , & l’autre à gauche, en fe courbant un peu ; chacune de ces branches fe fubdivife en trois autres. Voyex la figure $. | De çes trois , la fupérieure qui regarde latète, fe par- tage DES ScrEenNces. 237 tagé en deïfx rameaux , dont l’un va fe diftribuer à toutes kes parties , qui font fous la gorge, & l’autre monte au cer veau. La branche du milieu , qui eft la plus grôffe , fe recourbe, & forme l’aorte defcendante : Vis-à-vis de l’aifielle elle fe ” partage en deux gros rameaux, dont le plus petit fe diftri- buë aux mufcles qui font fous l’épaule , fur le dos & fur la té- te ; l’autre qui eft beaucoup plus gros, forme l’axillaire. En- fuite cette branche defcend jufqu'au deflous du cœur, en Jettant plufieurs rameaux, qui vont à l’épine;s & s’uniffant ë avec celle du côté oppofé, elles ne font plus qu’un tronc,d’où + ortunegroffé branche, qui tient lieu de cœliaque, & de mefenterique : ce tronc fe diftribué enfuite à toutes les au- tres parties inferieures. La troifiéme branche quieft l'inférieure , fe partage aufli -en deux autres, dont la plus-petite fe divife en deux ra- 4 meaux, qui vont fe diftribuer aux mufcles fervants aux mou- _ vemens de latète: l’autre branche fe parrage en trois ou qua- tre rameaux confiderables , qui à leurs naiffances s’attachent au poñmon, & jettent un nombre infini d’autres petits ra- eaux , qui communiquent les uns avec les autres , & qui lembraffent de tous côtez de haut en bas. Voyex, la même Jigure. Cette aorte a deux valvules fygmoïdesà à fon émboschure dans le cœur; & comme nous avons dit,elle monte oblique- . ment l’efpace d’environ trois lignes, & en cet endroit elle eft recouverte de fibres charnuës circulaires. Au dedans de ce yaifleau , on voit dans le milieu une lame cartilagineufe po- fée de chan , attachée feulement à la partie du canal qui re- garde l’épine , & tournéeen fpirale de gauche à droite. Cette] lame fe termine en une foñpape de figure fygmoïde, . & à côté il y en a encore deux autres de même figure, foû- tenuës chacune par un petit bouton cartilagineux : elles font -toutes trois placées à l’endroit où ce vaiffeau commence à fe - partager; & lorfqu’elles font foulevées, elles en ferment fort éxatement l'entrée. Voyex la figure 6. _ Cette mécanique , qui eff fort finguliere, a néanmoins 1699, ë Ee 238 Memoires DE L'ÂACADEMIE ROYALE un grand rapport à celle de l'aorte de quelques poiffons. Car dans la Raye & dans plufieurs autres, l'aorte à fa naif- fance eft aufli révétuë de fibres charnuës circulaires fort épaifles , à la longueur d'environ un pouce; & l'on voit au dedans quatre rangs de tubercules cartilagineux , en- tre lefquels coule le fang qui fort du cœur: ces tuber- cules portent chacun une valvule , ces valvules étant ouvertes , empêchent le retour du fang : celles du rang . le plus éloigné du cœur font les plus grandes. La figure de ces tubercules ef fi irreguliere, & la grandeur des valvules fidifferente , qu'il feroit ennuyeux d'en faire le détail. Voyex, la figure. secrmr Le cœur dela Vipereef figuré comme celui de la Gre- Strudure du noüille, mais il eft plus plat, & le côté gauche eft plus CF R° élevé que le droit: il eft placé environ à fix pouces de di- flance de la têre, & un pouce au-deflus du foye. Voyexlæ figure x. Le pericarde eft d’une grande capacité, & fi mince qu’on voit aifément Le cœur à travers. Il y atrois veines caves:une inferieure , deux fuperieures. La veine cave inférieure eftla plus groffe ; la fuperieure du côté droit s’abouche avec l'infe- rieure, & en cet endroit chacun de fes vaifleaux eft un peu coudé. Voyex, la figure 2. La fuperieure du côté gauche, pañlant par-deflus l'aorte: defcendante, fe colle à l’oreillette gauche; & faifant un pe- tit coude, defcend fous la baze du cœur, pour s'ouvrir dans la veine cave inferieure , près de fon embouchure. Voyexla Jigure 3. | % Le tronc formé par l'union de ces trois vaifleaux, a fom embouchure vers le milieu du côté droit de l'oreillette droi-- te, & cette embouchure eft garnie de deux valvules de la figure des paupieres, comme dans la Fortuë & dans la Gre- noüille , fituées obliquement par rapport à l'oreillette. Voyex la figure 4. La veine du poùmon eft compofée de deux branches: lune qui rapporte le fang de la partie fuperieure du poû- DES ScrENCES. 239 mon ; & qui eft la plusgroffe , & l’autre qui le rapporte de la partie inferieure. Ces deux veines fe rencontrent au côté gauche de L’o- reillette gauche , & le tronc formé par leur union, va oblique- ment par-deflus la partie inferieure de l'oreillette , à laquelle il eft étroitement collé , s’ouvrir dans la même oreillette par une infertion fort oblique. Voyex la figure 3. ‘ Les deux oreillettes du cœur de la Vipere, ne different de celles de la petite Tortuë de terre, qu’en ce qu'elles font plus longues & plus étroites; elles font feparées Gr une cloi- {on qui a la même figure. À l'embouchure de chaque oreillette dans le cœur , il Y a une valvule, & ces valvules ont aufli précifement la mé- me conformation que celles qui font dans le cœur de la Tortué. Enfin, il y a trois cavitez dans ce cœur, dont la configu- ration interieure eft encore toute femblable à celle des ca- vitez du cœur de la Tortuë, &elles ont entr’elles la même communication. Trois arteres fortent du côté droit de la baze du cœur : il y én a deux de front, & derriere elles une troifiéme ; & de ces trois il y en a pareillement deux , qui forment l'aorte. Voyex, la figure x. Le premier tronc de l'aorte monte à la hauteur de quatre à cinq lignes, & fe partage en deux branches , dont la plus groffe, qui eft à droite, fait crofle ; & étant defcenduë envi- ron trois lignes, elle jette un rameau, qui donne la carotide droite; enfuite elle defcend, & après avoir fourni quelques rameaux à l'épine,. elle va recevoir l’aorte , qui eftau côté oppofé. L'autre branche produit la carotide gauche: On peut nommer ce premier tronc de l'aorte, comme dans la Tortuë, laorte afcendanre, parce qu'elle fournit le fang à toutes les parties fuperieures. Voyexla figure I. Le fecond tronc de l'aorte s’éleve à la hauteur d’envi- ron trois lignes, en croifant les deux autres : enfuite il fait croffe, & defcend environ un pouce & demi au-deflus du cœur, pour s’unit à l'aorte du côté oppofé. En‘defcendant Eeï + 240 MEMOIRES DE L'ACADEMIEROYALE il jette un rameau , quivaauventricule. On peut aufli nom mer cette branche d’artere l'aorte defcendante, parce qu’elle ne fe diftribuë qu'aux parties inferieures. Voyex la figure x. La troifiéme artere , qui eft celle du poñmon, s’éleve à la hauteur de quatre lignes: elle eft couchée fur la partie moïen- ne du poûmon, & elle s’y divife en deux branches: cette di- vilion eft immediatement fous l'aorte afcendante. La branche, qui eft deftinée pour la partie fuperieure dur poñimon, eft beaucoup plus grofife que l’autre, & accompa: gne la veine dans toute fon étenduë. Voyex la figure 1. Jene dirai rien de la ftruéture du cœur des couleuvres;par- ce qu'elle n’eft differente de celle du cœur des Viperes, que par la diftribution des vaiffeaux du poñmon. Srcr. I. VouLANT décrire le cœur des Poiflons , j’ai choif la . Struêure Se Carpe, parce qu'il eft facile d’en avoir. pour des Poil Le cœur de ce Poiffon eftfitué fousles machoires, qui font au-deflous des oüies , au fond du gofier , que j'appellerai mâchoires internes , pour les diftinguer de celles qui font au-deflus , & qui forment l'entrée de la gueule. Lacavité, où le cœur fe trouve renfermé , eft revêtuë d’une membrane- fort polie, qui tient lieu de pericarde dans plufieurs autres Poiflons , mais qui ne peut être ainfi nommée dans celui-ci .. puifque le cœur eft encore enfermé dans un fac fermé d’une- pellicule très-mince , qui eft proprement fon pericarde.… Voyex, la Jigure:x. Le bas decette même cavité eft fermé par une membrane, qui fepare le cœur d’avec tous les autres vifceres , & qui eft. une continuation de la precedente. On voit fous le cœur un refervoir formé parle concouts de plufieurs veines , trois defquelles fortent.du foye, & fer- vent feulemenñt à rapporter le fang de la veine aorte, & d'une partie des ovaires. De ces trois , il y ena deux, qui. s'ouvrent de chaque côté dans le bas de ce refervoir ,. & la troifiéme s’y décharge aufli par une embouchure très-lar- ge. Deux autres veines remontent à chaque côté de l'épi- ne, en accompagnant l'aorte, &s’unifient à chaque côté du. refervoir;avec les veines, qui fortent des deux côtez du foye : Des SCirNces 247 aïnfi ces deux vaiffeaux n’ont de chaque côté, en cet endroit, - qu'une même embouchure. Le tronc de la veine, qui rap- porte le fang des oüies , eft couché au-deflus de l'aorte : il defcend au côté droit du cœur, il eft collé aux parois dela cavité, où le cœur eft renfermé, & faifant un contour, il vient - s'ouvrir au côté droit du refervoir. Woyex la figure D Ce refervoir s'ouvre en deflus vers le milieu de la partie inferieure de l'oreillette : à fon embouchure, il a deux val- - vules, en forme de paupieres , comme font celles des ani- maux, que nous avons décrits, & celles qui font à l’embou- chure de la veine cave inferieure des Oyfeaux, dont on ne dira rien, parce que cela eft étranger à la matiere que nous traitons. Voyex, la figure ge Ce cœur n’aqu'une oreillette,mais d'une grande capacité. Elle eft appliquée au côté gauche, & dans fa partie fuperieu- re,en s’enfonçant, elle forme de chaque côté une avance où corne , dont la gauche eft plus grande que la droite : fon em- bouchure eft dans la partie fuperieure du côté gauche dæ cœur. Voyex la figure 4. Il y a deux valvules à l'ernbouchère de l'oreillette dans le cœur, l’une deflus & l’autre deflous, attachées par tout le: demi cercle qu’elles formrent,& ouvertes du côté de la pointe du cœur : ce qui fait quelle fang, qui refluë parla contrattion du cœur, les foùleve, & les joint l'une à. l'autre, comme Fe la Grenotiille. Voyex la figure 5. : Ce cœur eft de figure demi circulaire,& applatià peu près comme une châtaigne de mer : il'eft pofé de chan par rap portälatète; en forte que les deux côtez plats regardens les oüies : il s'emboëte par a baze avec l'aorte par une efpe- ce de gynglime, ces deux parties ayant des‘éminences & des: cavitez, qui fe reçoivent mutuëllement: Voyex La figure ir: Les parois de ce cœur font fort épaifles, à proportion de: fon volume, & fes fibres d’une tiflure fort compadte. Pour'bien entendre la diftribution des vaifleaux dans ce Poiflon ,. il faut avoir quelque notion de la ftruau- _re des oüies: C’eft pourquoi nous-dirons-:que les,oüies ,. qui, commeonfçait., fervent de: pomons aux:Poiffons; font pour ainfidire partagées -en-deux lobes, dont chacun: Ee üi] 42 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE eftcompofé de quatre feuillets pofez prefque de chan l’un _près de l’autre, fuivant leur contour, & foutenus par qua- . trearcs offeux. Nous nommerons premier arc celui decha- que côté, qui eft le plus proche du cœur. La partie convexe de ces arcs eff creufe en forme de gou= tiere , le long de laquelle coulent les vaifleaux , dont il fera parlé ci après. Les feüillers foutenus par ces arcs occupent tout l’efpace qui eft entre les machoiïres externes & les inter- nes; ils font compofez d’un double rang de lames offeufes, ou barbes. Chacune de ces lames ef faite en forme de pe- tite faux ; & à fa naiffance, a comme un pied ou talon, qui eft plus épais que le refte, & creux par deflous en forme de goutiere: ce pied étant debout ne pofe que par fon extremité fur le bord de l'arc , auquel il n’eft attaché que par le moyen de la membrane fort épaifle, qui enveloppe l'arc: le côté convexe de cette lame eft garni jufqu’à la pointe , de filets qui vont en diminuant de longueur, à mefure qu'ils s’ap- prochent de cette pointe ; & le côté concave en a de beau- coup plus courts, & n’en eft garni qu'environ jufques vers le milieu. Voyex la figure 7. 8. Ces filets font liez entr'eux de chaque côté, parune mem- brane offeufe très-fine, qui les aflemble par le milieu, pref- que dans toute leur longueur ; mais comme les extremitez ne font pas jointes, elles reprefenrent IE dents d’une fcie, Voyez la figure 8. On a dit que chaque feüillet eft Rte d’un double rang de lames ; il faut ajoûter que le concave de chacune de ces lames , s'applique fur le convexe de celle qui lui eft op- pofée, & qu'elles font toutes liées enfemble par une mem- brane, qui prend depuis leur naiffance, jufqu’au milieu de leur hauteur , où devenant plus épaifle , elle forme une ma- niere decordon , au deffus duèuel elle-eft attachée aux lames parles bouts d'autant de petits croiffants, qu'il y a d’efpa- cesentr'elles. Le refte de la lame eft libre, & finit en une pointe très-fine & très fouple. Voyex la figure 9. L’empâtement de ces lames fur les Dords de l'arc , fe faifant par l'extremité de leur-talon , comme il a été dit, il refte dans Je milieu an petit vuide en forme de canal * DES SCIENCES. L. das triangulaire, qui regne tout le long de l'arc, & fert à loger les vaifleaux. Voyez la figure 10. Ces lames font revêtués d’une membrane très-fine, & ne fervent qu’à foûtenir les ramifications de tous les vaiffleaux des oüies. Ces-vaifleaux qui coulent dans la goutiere de chaque arc, font une artere , une veine & un nerf. Avant que de parler de la diftribution des arteres, on re- marquera , que la partie de l'aorte, qui naît du cœur , & qui a deux valvules fygmoïdes, comme celle de la Tortuë, n'eft pas d’un grand volume, à proportion de celui qu'elle a un peu au deffus; car d’abordelle s’évafe, en forte qu ’elle cou- vre toute la bafe du cœur, puis fe rétreciflant peuà peu, elle forme une efpece de cone, de la pointe duquel fort le vaif- feau qui eft la continuation de l'aorte. Le dedans de fa par- tie dilatée eft rempli de plufieurs colomnes charnuës, qui . vont toûjours en diminuant jufqu'au fommet ; & ellesont entre leurs bafes des interftices, qui forment des cavitez ,où eft recû le fang, quireflué ; ce qui fortifie l’aétion des valvu- les dont on vient de parler , & produit le même effet que les valvules, qui fe voyent dans la partie mufculeufe de l'aorte delaRaye, & dela Grenoüille. Voyez la figure 13. Le canal qui fort de la pointedu cone de l'aoïte, coule enc tre les deux lobes des oüies. Vis-à-vis de la premiere paire _ d'arcs de ces lobes,il jette de chaque côté une groffebranche, qui fe fubdivife encore en deux autres, dont la premiere cou- le de chaque côté dans la goutiere de cette premiere paire _ d’arcs, & la feconde dans lagoutiere dela feconde paire. Ce même tronc dans fon cours; fe partageencore en deux bran- ches, dont chacune va de fon côté à la troifiéme paires & plus avant encore, en deux autres , qui vont à la derniere paire de ces arcs. # Chaque artere en coulant le long de la baze de chaque feüillet, jette autant de paires de branchés qu’il y a de pai- res de lames , & fe perd entierement à l'extremiré du fetil- let; en forte que l'aorte & fes branches , ne parcourent de chemin que depuis le cœur jufqu'à l'extremité des otiies oùelles finiffent, Voyez la figure 12, 13. Et pour la diftris 244 Meuoires pe r'AcAbrmte ROvAL= bution de chaque paire d’arteres. Voyex la fieure x4: @'15: Sur le bord de chaque lame il y a une veine, &chaqué veine vient fe décharger dans un tronc qui coule dans la gou- tiere de chaque arc, dont les differentes ramifications fe voyent clairement dans les figures. Ces veines fortant de l’extremité de chaque arc qui regarde la baze du crane, pren- nent Ja confiftance d’arteres , & viennent fe réünir deux à deux de chaque côté. Celle, par exemple, qui fort du qua- triéme arc après avoir fourni les rameaux qui diftribuent le fang aux organes des fens , au cerveau & à touteslesautres parties de la têre, vient fe joindre avec celle du troifiéme arc. Ainf elles ne font plus qu'une branche. Cette branche après avoir fait environ deux lignes de chemin s’unit à celle du cô- té oppofé & les deux ne forment plus qu’un tronc, lequel coulant fous la baze du crane recoit aufli peu de rems après de chaque côté une autre branche formée par la réünion des veines de la feconde & dela premiere paire d’arcs. Ce tronc continuë fon cours le long des vertebres, & diftribuant le fang à toutes les autres parties fait la fonétion d’aorte def- çcendante, Ces mêmes veines par leur autre extremité qui regarde la naiflance des arcs, viennent fe décharger dans un tronc qui va s'inferer dans le refervoir. Voyex la figure 16. € 17: La conformité qui fe trouve dans la ftruéture du cœur de ces animaux, nous a obligé de les décrire en mêmetems. Mais avant que d'en expliquer les ufages , il ne fera pas inutile d’avertir, 1°. Que par le terme de refervoir , on n'en- tend autre chofe , qu'untronc de veines , formé par le con- couts de pluficges autres, & qui tient lieu de veines caves fuperieure & inferieure dans la Tortuë & dans la Carpe; & dans la Grenoüille, ce n'eft autre chofe que le tronc dela yeine cave infenieute. qui reçoit les deux axillaires ; car bien que ce refervoir ou tronc foit garni de fibres charnuës, on ne prétend pas dire , qu’il ne foit pas du genre des veines, puifque celles qui s’embouchent dans les oreillettes & dans les cavitez du cœur des autres animaux, font aufli revêtuës en cet endroit de femblables fibres. 2°. Que la raifon qui m'a BEST IS CRE NTCESIOMIM 3 m'a obligé d'entrer dans ledétail de la diftribution des ar- teres de la Grenoüille & des poiflons, eft qu ayant à re- futer le nouveau Syftème ; il a fallu que je fifle voir que 4 l'aorte defcendante eft roüjours compofée de deux troncs ; __ & quelquefois d’un plus grand nombre , comme dans les poiflons. * Dans la defcription, que nous avons faite , dela ftruéture IT. PARTIE. du cœur de la Tortuë, l'on a pù remarquer qu'elle differe en A0 . plufieurs chofes, de cellede la plüpart des autres animaux. Tortué, de la - La premiere différence eft celle des ventricules : carquoi- ? ÉRIUE que les trois cavitez du cœur de la Tortuë foient féparées * par des cloifons, cependant y ayant entr’elles dés ouverta- res de communication , elles ne font proprement qu’un feul ventricule ; au lieu qu'ily en a deux dans l’homme , dans les animaux à quatre pieds, & dans les oifeaux ; parce que la cloifon, qui eft entre ces ventricules, les fépare entiére- ment. On ne peut pas donner aux cavitez du cœur de la Tortuë le nom de ventricule droit , & de ventricule gau- che, en attachant à ces deux mots les idées ordinaires ; par- ce que d’un côté, fi on les regarde par rapport aux-oreil- lettes, & au cours du fang veineux, l’une pourroit être à la verité appellée ventricule droit , & l’autre ventricule gau- che; mais fi on les regarde par rapport à la naiffance des | arteres , la même cavité qu'on appelle ventricule-droit de- vroit être nommée aufli ventricule gauche, puifqu’elle don- ne naiffance aux deux arteres qui tiennent lieu d'aorte : ce qu'on appelle ventricule gauche n’auroit donc point d’at- teres , & ce qu'on nomme troifiéme ventricüle wauroit point d’oreillettes ni de veines, ce qui eft contraire à la conformation du cœur de l'homme ; & de la cp des ‘animaux. “La feconde différence regarde la dredladion du fan dans da cavitez du cœur; car dans l'homme ; dans les animaux à quatre pieds , & dans les oifeaux ; tout Le fang qui eft rap- porté par la veine cave, pale par Le ventricule droit, & de- Ra dans l'artere du poñmon; & tout celui qui revient du poû- mon rentre dansle ventricule gauche, & de-là"dans les deux ‘artères qui tiennent lieu d'aorte. - : 1699. a Ff sn et ie 2 … t'a 246 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Maïs dans la Tortuë, le fang qui eft rapporté détoutes les parties du corps , à l'exception du poûmon , entre dans l'oreillette droite par le grand réfervoir, qui en fe reffer- rant par l'aétion des fibres charnuës ; dont il eft tapiffé en dedans , le pouffe encore dans l'oreillette; & comme la val- vule, qui eft à l'embouchure de cetteoreillette dans le cœur eftdifpofée de maniere que le fang qu'elle pouffe , en fe ref- ferrant , coule de gauche à droite: il eft conftant que toutes les fois que cette oreillette fe vuide ; elle remplit non fea- lement la premiere cavité, mais encoré la troifiéme , qui n’en eft qu’une continuation. Il y a deux valvules en forme de paupieres à l'embou- chure de ce réfervoir , qui dans la contraétion de l’oreil- lette fe joignent , & fermant exaétement cette ouverture. empêchent que le fang, dont l'oreillette eft remplie, ne refluë dans ce réfervoir : ce qui loblige à couler entiére- ment dans le ventticule-du cœur. L'on trouve dans les oifeaux de femblables valvules à Fembouchure de la veine cave dans l'oreillette ; & dans les animaux à quatre pieds , à la place des valvules , on voit entre les deux veines caves, & au dedans de leur embou- chure , certains rebords formez par des troufleaux de fi- bres charnuës , qui fe développent de telle maniere au- tour de ces vaiffleaux , qu’ils y forment, comme autant de fphinéters ; puifqu'’ils embraffent non feulement l'entredeux des veines caves, mais encore leur embouchure , & qu'ils ne peuvent fe racourcir, fans lier , pour ainfi dire, ces deux veines à leur-entrée dans l'oreillette. Dans l'homme ces rebords font moins marquez. On voit par-là que ces fphinéters & ces foûpapes ont le même ufage : car comme ces foûpapes permettent au fang d'entrer du réfervoir dans l'oreillette , & enempêchent le retour; de même ces fphinéters étant relâchez, permet- tent aufang des veines de remplir l'oreillette ; mais lorfqu'ils fe reflerrent , ils ferment les ouvertures de ces vaifleaux, & empêchent lererour-du fang. Le fang, qui eft rapporté par la veine du poùmon ; rem- plit l'oreillette gauche. Dans les petites Tortuës & dans. | 111100m88 $:CÉENGE SA M dam les oifeaux , il y à une valvule charnué à l'embouchure de cette veine , qui empêche le retour du fang ; & enfuite l'o- reillette gauche , en fe reflérrant , ne tend qu'à remplir la feconde cavité, à caufe de la valvule tournée de droite à gauche ; qui eft à fon embouchure. -_, Par la compreffion du cœur, toutle fang contenu dans la feconde cavité ,eft forcé de rentrer dans la premiere ; cette cavité n'ayant point d’arteres ,par où il puifle fe décharger; au même tems que le cœur , en fe reflerrant ,pouffe le {ang de la feconde cavité dans la premiere, il pouffe aufli dans le principal tronc de l'aorte , & la branche gauché de l'aorte defcendante , le fang qui étoit contenu dans cette premiere cavité , pour le diftribuer dans toutes les parties. Enfin dans le tems que la premiere cavité fe vuide , le fang de la troifiéme cavité eft aufli pouffé dans l’artere , qui va aux poñmons , & qui fe diftribué dans toute leur fubftance. On voit par-là , que ces trois cavitez fe vuident en même tems, & qu’elles concourent enfemble à poufler le fang dans les artéres. PPTITE | L’anneau ou fphinéter, qui fe trouve: à la naïffance de l'aorte dans lapetite Tortuë, en fe refferianc immédiatement après la contraëtion du cœur , donne lien de croire ,que fon principal ufage eft d’accelerer: & d'augmenter le mouve- ment du fang vers les extrêmitez. Däns:les Grenoüilles & dans plufieurs poiffons, cet an- neau circulaire occupe une partie confidétable de Faorte ; ce qui fait juger, que par fa contraétion il poufle encore avec plus de forcele fang vers toutes les parties du corps; & ilfemble que les foûpapes , qui fe trouvent en plus grand nombre dans cette partie de l'aorte ; foient deftinées à en empêcher le reflux. 3h 4 | La troifiéme différence fe trouve ‘dans lammaniere dont le fang fe mêle dans les cavitez du cœur. Dans Fhomme tout le fang, qui eft privé de fes parties atives; entre dans le ventricule droit, pour être porté de-là dans le poûmon , où il doit recevoir toutes les préparations néceflaires,, pour animer & vivifier les parties , & il eft porté enfuite dans le ventricule gauche, & dans l'aorte, quile diftribué par tout le corps. f | F£ ïj 248 M£EMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE Dans la Tortuë, à chaque circulation, un peu plus du tiers du fang pafñle dans le poñmon , où il reçoit toutes les pré- parations néceflaires à fes ufages ; & le fang qui y coule, eft principalement celui, qui eft renfermé dans la troifié- me cavité , & qui eft prefque purement veineux: l’autre portion! du fang des veines ; qui eft dans la premiere cavité , fe mêle avec celui de la feconde cavité , le, même qui eft revenu du poñmon , & par cemélange il eft peu à peu im- pregné dés parties aëtives , dont le. premier ‘s'étoit chargé dans le poñmon:, autant qu'il eft néceffaire- > pour les be- foins de l’animal ;'ainfi tout le fang, qui revient des poû- mons ;, fe mêle dans les cavitez du cœur de la Tortuë avec celui des veines : mais dans le ventricule du-cœur de l’hom- me;,il nefe fait point de femblable mélange ; & toutle fang; qui revient du Éene re du ventricule gauche dans Paorte> Faifons encore ici quelques réflexions , pour mieux faire fentirles differences qui fe rencontrent entre le cœur de la Tortuë, & celui des autres animaux dont nous avons parlé. Trois chofes érabliffent particuliérement cette différen- ce : la premiere eft la communication , qui eftentre ces ça- vitez: la deuxiéme eft , que l'aorte prend fon origine de la cavité droite :. & la troifiéme ch que la gauche n’a point d'arteres.. Pour bien découvrir ja esiln de cette difference , il faut remarquer que le corps de l’homme; & des animaux dont nous avons parlé ;, fouffre une diflipation & une. perte de fubftance très-confidérable par toutes les fon@ions, qui fe font pendant la veille, & par le mouvement rapide du fang & des efprits; & cette perte ne peut-être fuffifamment re- parée que tout le fang , déchargé par les-déux veines caves dans'le ventriculé droit ; ne circule par les poñmons:, pour aller {e rendre: dans le ventricule g gauche , & de-là dans Yaorté ; parceque c’eft dans les poûmons que l'air com- munique au fang des parties fi actives, & fi pénétrantes 5 que: fa-chaleur;:fa fluidité , & fa fermentationsen dépen- dent; c'eft par ce mélange qu'ileft-rendu propre à:la nour- wture , & qu'il péut ; en circulant dans ‘le cerveau , lui fournir çes parties vives & fubriles, qu'on nomme les efprits | | nb. eo. j motith be DU és ds «cn à ES DES SCIENCES. 249 animaux, & fervir enfin à tous les autres ufages. Il ne faut donc pas s'étonner, fi l’homme (quia befoin d’une nourriture très- abondante , & d’une quantité prodi- gieufe d’efprits , pour fournir à tant de fenfations fi differen- tes, & àtouslesmouvemens de la veille, qui font fi violens & d’uneifi longue durée ) a aufli befoin que tout le fang fourni par l'une & par l’autre veine cave ; circule par le poûmon; mais il fuffit à l'égard de la Tortuë, qui paffe tout l’Hiver dans le repos , & dans une efpéce d’engour- diffement , qui peut même vivre plufieurs mois durant les plus grandes chaleurs de l'Eté, enfermée dans un vaiffeau, fans prendre aucune nourriture , qui n’a que des mouve- mens fort lents, & des battemens de cœur peu fréquens ,. & qui ne tranfpire prefque point: il fuffit, dis-je, que letiers du fang , qui fort du cœur , foit porté dans le poûmon , pour yrecevoir les préparations néceflaires à la vie de l’animai,. - & que cette portion de fang fe remêle avec celui, qui doit être pouflé par l'aorte dans toutes les. parties du corps.. Dans les Grenoüilles les deux veines du poûmon fe déchar-- gent dans l'oreillette :-dans les Salamandres-elles fe vuident dans la veine cave inférieure près de fon embouchure dans: le cœur : ainfi dans tous ces animaux le mélange fe fair, . avant que le fang entre dans le cœur ; mais dans les Tortuës,. dans les Serpens & dans les Viperes, les-deux veines du- poñmon fe vuident dans ka feconde cavité , ainfi ce mêlan- ge fe fait dans le cœur.- On peut donc direqu'’il a fallu que: ces cavitez euflent une communication, afin que le fang qui revient des poùmons, fe mêlât avec celui des veines ;- & l’zorte a dû prendre fa naiflance de la premiere cavité, . qui eft Le lieu où fe fait.ce mélange ; parce qu'elle doit diftribuer le fang impregné de ces parties aétives à tout le- corps. Quoique. les Poiffons ayent beaucoup. de-rapport: avec ces animaux, cependant la- circulation s’y fait d'une maniere differente, puifque le fang qui fort du cœur à cha- que battement , fe diftribuë dans-les oùies par un nombre. infini de-petites arteres qui couvrent les furfaces de routes: ‘les lames dont elles’ font compofées , & que les: veines qui‘ rapportent ce fang , le diftribuent à toutes les parties à la: Ffiij. 250 MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALS maniere des arteres. La raifon de cette difference eft quela petite quantité d’air qui eft engagée entre les parties de l’éau , & qui ne s’en fépare que difficilement & par la com- preffion qu’elle réçoit entre les lames des ouies, doit s’appli- quer à une plus grande fuperficie de fang pour fournir fuffi- famment ces particules a@tives aux befoins de ces animaux. On examinera plus au long dans un autre Mémoire la cit- culation du fang dans les Poiffons en parlant de leur refpi- ration. Il ne refte plus qu’à voir pourquoi dans la Tortuë laorte eft compofée comme de deux troncs. Quoique les trois cavitez du cœur de la Tortuë doivent être confiderées , comme un feul ventricule , cependant il y a lieu de croire que tout le fang qui y eft apporté par la veine cave , & la veine du poûmon, n’y eft pas éxaéte- ment mêlé: les efpeces de cloifons , quidiftinguent ces ca- vitez en empêchent le parfait mêlange ; & le fang, qui vient du poûmon , fe vuidant par la contraétion du cœur dans la cavité , d’où les aortes prennent leur naiffance , eft vrai- femblablement déterminé à remplir ces vaifleaux , & fur tout le principal tronc de l'aorte, dont l'ouverture eft la plus large, &la plus expofée à la direction de ce fang vi- vifié; aufli voit-on que c’eft elle qui le fournit à la tête, & aux autres parties fupérieures, où il eft befoin d’une plus grande abondance de parties aétives. Maïs l’artere du poû- mon prenant fa naiffance de latroifiéme cavité, qui n’a pû être remplie que du fang de la premiere cavité qui eft pref- que tout veineux , he porte dans ce vifcere qu’un fang dé- pouillé des parties actives, dont il s’y doit impregner. IILPARTIE. ON trouvera notre defcription du cœur de la Tortué Duo un peu differente de celle que l'Auteur du nouveau Syfté- tême. me en a donnée au Public; & il ne conviendra pas avec nous des ufages que nous attribuons aux parties que nous avons trouvées dans le cœur de cet animal ; mais à l’égard à de la ftruë&ure , il n’y eft queftion que des faits appuyez fur la diffeétion éxaéte que nous en avons faire ; & pour lesufa- 38 ges nous les établirons encore plus précifément, en éxa- minant le nouveau Syftême. in nom dis nel CSSS NN ETES ER TES 2 # à DES SCIENCES. 2$1I Pourle faire de maniere qu’on ne puifle pas dire que jen impofe à fon Auteur, ou fur les faits qu'il avance , ou fur les conféquences qu'il en tire ; je fuivrai l'examen de fon Syftême tel qu’il la fait inferer lui-même dans les Mémoires de l Académie des Sciences de l’année 1692..en ces termes. Premiérement, ila remarqué que dans le cœur de cer ani- mal il y atrois ventricules, l'un à droite, l'autre 4 gauche , le troifiéme au miliew de La baxe du cœur , mais plus en devant que les deux autres. Secondement. Que le ventricule droit du cœur efl feparé du gauche par unecloifon harmuë or Mnsicufe , au-milieu de laquelle il y a un trouovale, femblable à celui qui fe trouve dans le Fœtus entre la veine cave Sonembouchute. | C. C. Deux valvules en forme de paupieres. IIL FIrcurRE: .A.Le refervoir vû du côté de l épine. : B.8.Les veines du Hobto à C. Leur tronc. 239 3910 413 D. Son Me nor dans l’ oreillette. E. L'oreillette. | IIL FrGure. Elle reprefenté aufli les mêmes parties vüëés du côté du ventre avec l'oreillette dont une moitié eft coupée de haut en bas, RASE RSR SERRE ERA RARE RENE AN AA RRN HN ALL K AY RER RER Scetin le Jeune e Feup. EE RS —— > = mr F pag. 2 bé. % > | ln 169 Ee/ 3 Le Lu r4.: ÿ Tree J- : 1 11% E.E. Ses deux branches qui fe difiribuant-également à droite & à gauche fe fubdivifent entrois autres. F. La branche fupérieure qui fe parrage en deux; dont l'ex- terieure fait la ie 109% tip G. La Carotide:: op 20bnei eéle quosusod 1n0 _ L’interieure vaaux se qui fc ne fous la la gorge. -H. L’interieure. I. La branche du milieu qui ef k plus grofie. Elle jet- te en defcendant-trois branches confiderables , dont la premiere marquée K. fait l’axillaire. La feconde marquée L: perçant {ous l’aiffelle les mufcles du:-dos: fe-parfage .en deux branches , dont la premiere marquée ÆA.:rémonte & fe diftribuë aux mufcles qui couvrent l'épaule, & laté- te. La feconde marquée AN. defcendant derriere les apo- . phyfes tranfverfes des vertebres , jetté à droite & à gauche des rameaux dont les uns vont aux mufcles:du dosi& des tombés, & les) autfes ‘entrant par les trous des vertebres, vont à la moëlle de l’épine. Ainf il faut corriger cet en- LIN L 263 MEMOIRES DEL ACADEMIE ROYALE droit dans la defcription où ces derniers vaifleaux ne font pas décrits jufte. La 3°. marquée O. vaà l'œfophage. P. La rencontre des deux branches de l'aorte. Q. L’artere qui tient lieu de Coœliaque , & de Mefen- terique. « J R.R. La troifiéme branche de l'aorte. Elle fe partage en deux autres. “La plus petite marquée 2. va fe diftribuer aux mufcles de la tête. La plus groffe marquée S. eft l’artere du poëmon qui fe partage en plufieurs rameaux. VI. FIGURE. A. Le cœur. E. Les fibres charnuës de l'aorte. VI. FIGURE. A. L’aorte ouverte. B. La lame cartilagineufe qui eft au milieu du canal. C.C. Les valvules fygmoïdes qui font à la naïffance de l'aorte. D. La valvule qui eft à l’extremité de la lame. E. E. Deux autres valvules qui occupent le refte ducanal. VIL FIGURE. = A.L’aorteouverte.. - B. B. Les fibres charnuës circulaires. C. C. C.C. Les quatre rangs de valvules avec les tubercu- les qui les foûtiennent. On voit que celles du dernier rang font beaucoup glus grandes que les autres. L FIGURE. DE LA EVCT- PEUR 'E: A. Le cœur dont les veines ont été Ôtées pour éviter la confufion. a.a. Les 'oreillettes. C. L'aorte defcendante. c. C. L’aorteafcendanre. D.D. L'artere du poûmon: ; E. Un rameau qui va à l'eftomac , & qui vient de l'aorte defcendante. | | F. Réünion . DES SCrENcESs. 269 F. Réünion des deux aortes. G. La carotide gauche. H. La carotide droite.’ I. Un rameau de l'aorte afcendante qui va à l'épine. K, X. Les branches qui vont au poûmon, dont la fupé- rieure eft la plus groffe. : On voit au côté droit decette figure le cœur & fes oreil- lettes dégagées de tous les vaifleaux. A. Le cœur. B. B. Ses deux oreillettes. IL -CFtr cu RE: Elle repréfente le cœur un peu renverfé fur le côté gauche. | 4. La veine cave fupérieure. B. L'inférieure. C. Leur union. D. L’oreillette droite. E. La gauche. F. Le cœur, LIFE F4 euv ate Elle repréfente le cœur renverfé fur le côté droit pour faire voir la veine cave fupérieure gauche, & les veines du poümon. A. La veine cave fupérieure droite. B. L’inférieure. y c. L’oreillette gauche vüé de côté. D. La veine cave fupérieure gauche. 3. Son embouchure dans la veine cave inférieure: E. La veine de la partie fupérieure du poûmon. F. Celle de la pattie inférieure. . _G. Le tronc formé par leur rencontre, & fon infertion “dans l'oreillette gauche. F H. Le cœur. T'V:*F'r'o vu RE A. L’oreillette droite ouverte. 89 La rencontre des deux veines caves du côté droit. ©. C. Les deux valvules qui font à l'embouchure de cette veine dans l’oreillette, 1699. Ii ) 270 MEMOIRES DE L’'ACADEMIE ROYALE EMBE 16 uk Æ BREN L'A CAPE. A. Le Pericarde. 8. L'ouverture par où fort l'aorte. EI Fi cu-r A. A. Le réfervoir. B. B. Deux veines qui tiennent lieu de veines-caves in- férieures. C. C. Les deux veines-caves fupérieures. D.D. D. Les trois veines qui rapportent du foye. E. Une veine qui rapporte une partie du fahg des oies, & qui en rapporte aufñfi des parties voifines. F. L’'oreillette. On voit à côté de cette figure les deux veines-caves , & celles du foye réünies à quelque diftance du réfervoir. PET - EG RE. Elle repréfente l'oreillette coupée de haut en bas pour faire voir l'embouchure du réfervoir. 4. Le réfervoir. B. L'oreillette coupée. C. C. Les valvules en forme de paupiéres. LV: Er: u à 2, Elle repréfente le cœur renverfé fur le côté droit pour faire voir la forme de l'oreillette, A. L’oreillette. B. Le cœur. C. L'’aorte dilatée. V. Fi1GuRrEe. A. Le cœur. B. B. Les deux valyules qui font à l'embouchure de loreillette. C. L'ouverture quieft entre ces valvules. VÆSF: cu RE. Elle répréfente le cœur tenverfé fur le côté gauche pour. mieux faire voir fa forme , & de qu'elle maniere l'aorte qui €f fort dilatée à fa naiffance, porte fur fa bafe. S da Grenouille lg. LL DES SCIENCES. 271 A. Le cœur. B. La dilatation de laorte. VALVE ÉMER R « Elle repréfente un des arcs vü par deffus pour en faire voir la goutiere , & les deux parties qui le compofent. A. Premiere partie de Parc. B. Seconde partie. C. La goutiere. N'ES E r gr E Elle repréfente une des lames en particulier. On en parle ici avant que de parler des vaifleaux , parce qu’elle font faites pour foûtenir leurs ramifications. 4. La tige de la lame. B. Lesfilets de la partie convexe. On voit qu'ils font liez par une membrane très-fine, mais que leurs extrémi- tez ne font pas jointes. C. Ceux de la partie concave. D. Le talon avec fa goutiere. IX. FriqeurEx Elle repréfente deux lames vüës de front, & garnies de leurs filets. À .4 La lame qui fait le côté convexe du feuillet. B. La lamesqui fait le côté concave du même feuillet: On voit par-là que les filets offeux font plus longs dans le côté concaye de la lame .4 & plus courts dans le côté convexe de la lame 8. De forte que ces deux lames fere- gardent toûjours par leurs filets les plus courts. C’eft ce qui n’a point été aflez expliqué dans la defcription où l’on n’a parlé que des lames qui font le côté convexe du feuillet. IX. Freuwur Ee. Elle repréfente les lames vüës de côté , & écartées pour faire voir la membrane qui les lie, & le cordon qui la ter- mine. 4. A. A. La membrane qui lie les lames. B. Le cordon qui la termine. On voir comment ce cordon forme autant de croiffäns qu’il y a d'intervales en- tre les lames. liij MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE X. FIGURE. Elle reprefente le canal formé par la rencontre de la gou- tiere avec les deux talons des lames. XL FuriciusRes. Elle repréfente l’aorte ouverte pour faire voir les colom- nes charnuës dont elle eft garnie intérieurement ; ce qui fait qu’elle eft fort enflée en cet endroit. XII UE GTR aE Elle repréfente la diftribution de l'aorte. Æ11ecœutr- B. L’oreillette. C. L'aorte dilatée. D. Sa divifion en quatre branches de chaque côté. On voit que chacune de ces branches parcourant toute Ja lon- gueur du feuillet fe termine entiérement à fon extrémité. EstEB} E: Quatre rameaux qui fe détachent de chaque branche environ à un pouce de leur naiffance, & qui fe diftribuent au commencement de chaque feuillet. On voit par la même figure comment chaque branche fe di- vife en autant de rameaux qu'il y a de lames. NA... E 1 CURE Elle repréfente une portion de feuillét détachée d’un des côtez de la goutiere, & un peu renverfée pour faire voir comment l’artére eft enfermée au milieu du vuide que les talons des lames laiflent entreux. On l’a dégagée de la veine qui la couvre & un peu tirée en bas pour mieux découvrir les paires de branches qu’elles donnent aux lames. A. A. La goutiere. B. Une portion du feuillet. C. L'artére avec fes branches. XIV. FIGURE. Elle repréfente une paire de lames vüés de front & gar- nies de leurs artéres. 4. A. La paire de lames. B. B. La paire d’arréres. On voit par-là comment chacun de ces vaifleaux jette en travers un très-grand nombre de rameaux qui cou- vrent les deux furfaces de chaque lame, & comment ces 272 DES SciENTCES 1 273 deux artéres s’abouchent l'une avec l'autre au | milieu de leur route. XV E r'erviR2eE. Elle repréfente ces mêmes artéres détachées des lames. XV ILU0E 116) UÔR:E: Elle repréfente la diftribution des veines des ouïes.' On y voit que la veine renfermée dans chaque arc re: çoit prefque à un tiers de diftance de chacune de fes ex- trêémitez deux branches , dont chacune rapporte de chaque rang du feuillet auquel elle eft appliquée, au lieu quec’eft: le milien de cette veine qui fournit lui-même à là paftie du milieu de ce feuillet fous lequel il eft couché. Cettei diftribution ne fe fait ainfi différemment que pour rendre la route des vaifleaux qui vont aux lames, plus fûre &-plus: aifée. A: A: A. Le tronc de la veine des,ouïes qui eft couché au deflus de l'aorte. B.B.B.B. Le liea où chaque'veine fe partage en trois. C. C. C. C. L'endroit où ces veines s’inférent. dans le tronc marqué .4. . D. D. D. D. Le lieu où chacune de ces veines fe partai ge encore entrois, dont il y en a aufli deux qui rappor- tent des lames. ‘ E. E. Lelieu où ces veines fe réüniffent- deux à deux de chaque côté. F. Le tronc formé par leur rencontre. Il eft à remar- quer que dès que chacune de ces veines fort de l'extrémi:! té de la goutiere de l'arc ; les parois de leur canal dévien- nent plus épaifles, & prennent la même confiftencé que: les artéres, au lieu que tout le refte de ces veines eft min- ce & délié comme le vaiffleau lymphatique le plus fin. G. La branche du’ dérnier arc , qui avant la réünion jette plufieurs rameaux qui vont à l'œil, au nez, au: cer-: veau , & à routés les partiés voifines de la tête. à * Elle tient'lieu d’aorte afcendante , & le tronc formé par la rencontre de ces veines qui font devenuës artéres ; fert- d'aorte defcendante. Ji üij 27% MEMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE oies ve 21Xs V2 E 9 qurR:E. Elle repréfente de quelle maniére tous les rameaux tran£ verfaux d'artéres qui couvrent les deux furfaces de chaque lame , viennent s'ouvrir dans un tuyau qui borde l’extré- mité de chaque lame , & qui s’engageant dans la goutiere du talon , vafe rendre dans la veine qui eft renfermée dans la goutiere de l'arc: A. La branche de l’artére détachée de fon tronc. B. Les rameaux qui couvrent la lame dans toute fa lar- geur. ::G.C. Le tuyau qui fert de veine , dans lequel s’abouchent immédiatement tous les rameaux d’artéres. D. La portion de cette veine renfermée dans la goutiere du talon. RPFLERIONS"STR LECLIPIE du 23, Septembre 1699. par M. Caffini , qui ont été fomifès dans leur place. ’Eclipfe du Soleil qui eft arrivée le 23. Septembre de E* année 1699. eft une des plus mémorables qui ioient arrivées depuis longtems. Elle eft arrivée dans l’Equinoxe d'Automne, au tems que le Soleil pafloit par l'équinoxial , allant de l'Hémif- phere Septentrional au Méridional. Son centre lavoit pañlé la nuit précedente à neuf heures quelques minutes après midy au Méridien. de Paris, & fon bord Septentrio- nal ne le quitta qu'à une heure & un quart après le midy du 23. lorfque l’Eclipfe avoit fini de paroiître par toute la terre. Le Soleil donc au, tems de cette Eclipfe éclairoit un peu plus d'un Hémifphere de la terre compris entre les deux Pôles. Le Pôle Septentrional étoit éclairé par la par- tie Septentrionale du Soleil, & le Méridional* par la Mé- sidionale. La Lune au tems de l’Eclipfe étoit encore dans la par- CR. Xwz des An AE A LA L a — CSS n° sit La figure XIII du cote drott. marge ne paire Ligue depotiless de Leurs La Cle du cote gauche, represente Les mesmes vaisseaux detachez de leurs Lames , ; ; es LArtere renfèrme dans la goutere de lare branches de la mesme artere qui montent | du bord interwur de chaque lame» . ou les deux branchent sanastomosent . uterzoles transversales qu couvrent L plat que Lames |. que sert de vene qui sabbat surles— rtexterieur de chaque lame et dans legiel hént immediatement leurs arterioles trans- , de La veine renferme dans La goutiere de akon de La figure XVI doit estre supprimée elle est la mesme que celle-cv . s igxnx | cou | | La RE du côte droit, marque vne paire “Hi l À À lames depoiillees de leurs vaisseaux . Celle: RE À À, côte gauche represente Les mesmes vaisseaux detachez de leurs Lames A. Le tronc de lartre renférme dans la goutitre de lare BB. Les deux branches de la merme artere qué montent Le long du bord interieur de chaque lame C. Le leu ou les deux branchent sanastomosent - DDD.Zeurs artertoles transversalar que couvrent le p. der chaque lame à EE, Le fuyyau que sert de ane qu sabbat surle=— tranchantexterur de chaque lame et dans lequel sabbouchent immediatement leurs arterioles trans- versales - À É F. Le tronc de la seine renferme dans la goutere de lare - L'Explaton de la figure XVILdoit estre suppremee parce quélle est la mesme que celle-cv pES SCIENCES. 275 tie Septentrionale du Ciel, & n'arriva à l’Equinoxial mé- me par fonbord Méridional , que vers la fin de l’Eclipfe. C'eft pourquoi en pañlant entre le Soleil qui étoit à une hauteur ihcomparablement plus grande , & l'Hémifphere Septentrional de la terre, elle cacha fucceffivement une grande partie du Soleil aux régions Septentrionales, fans le cacher aux Méridionales. j . Il y eut des lieux qui fe rencontrerent précifément dans la ligne droite qui pafloit par les centres du Soleil & de la Lune prolongée jufqu’à la furface de la terre. Ces lieux eurent pour un inftant l’Eclipfe centrale , & furent cha- cun fucceflivement comme dans un point d'ombre, qui eft le terme de cette ligne. Elle change continuellement de fituation à l'égard de la terre par un mouvement compofé de deux contraires; L’un eft lé mouvement univerfel com- mun au Soleil & à la Lune, par lequel ces deux Aftres font chaque jour le tour de la terre d'Orient en Occident; L'autre eft le mouvement particulier de la Lune fous le Soleil d'Occident en Orient avec une déclinaifon, qui dans cette’Eclipfe alloit vers lé Midy , comme il arrive toûüjours dans les Eclipfes Solaires d'Automne. Bien que l4 période de ce mouvement particulier foit beaucoup plus lente que celle de l’univerfel , néanmoins l'ombre fait en même tems fur la furface de la terre plus de chemin par lé mouvement particulier , que par l’uni- verfel, & par conféquent le particulier l'emporte ; & fait tracer fur la furface de la terre par uh mouvement très- rapide d'Occident en Orient , déclinant dans cette Eclip- fe versle Midy, un fentier obfcur qui pañle par les lieux qui voient fucceffivement l'Eclipfe centrale. Elle eft donc vûë plütôt dans lés parties Occidentales de la Terre que dans les Orientales , au lieu que le feul mouvement univerfel la feroit voir plütôt aux parties Orientales qu'aux Occi- dentales. Le Soleil & la Lune étoient éloignées de la terre au com- mencément de cette Eclipfé à diftances propottionelles à leurs vrais diametres , c’eft pourquoi la Lane fembloit égale 276 MEMOIRES DE L'ACADEMIS ROYALE au Soleil , & les lieux qui fe rencontrerent précifément en ligne droite avec ces aftres , purent voir pour un inftant V'E- clipfe totale. Mais comme la terre eft un globe, où il y a des parties dont la Lune au même inftant eft plus proche que des autres, il arrive qu'au même inftant les uns peuvent voir la Lune auffi grande que le Soleil , les autres plus grande, d’autres plus petite. Ceux qui ont vû le Soleil éclipfé après fon lever , l’auront vû aufli grand que la Lune , car l’un & l’autre paroifloit alors de 32. minutes & 8. fecondes. Ceux qui l'ont vû éclipfé proche du Midy , auront vû la Lune (qui leur étoit alors plus proche ) plus grande de plufieurs fecondes , & ceux qui ont vü l'Eclipfe avant le coucher du Soleil, l'ont vë de quelques fecondes plus petite. Ce dernier effet vient du mouvement particulier de la Lune , qui au tems de cette Eclipfe s’éloignoit de plus en plus du centre de la ter- re , allant vers fon Apogée par un mouvement compofé de périodes différentes, qui faifoit une diminution apparente du diametre de la Lune environ une feconde par heure , & l’a dû faire paroitre plus petite à fon coucher, qu’elles n’a- voit parû à fon lever. Aiïnfi quelques-uns pourront avoir vû cette Eclipfe totale pour un inftant , quelques autres auront pù voir totale avec un peu de durée, & quelques autres l’auront pù voir annulaire, où la Lune dans fa con- jonétion centrale n'aura pû cacher tout le Soleil ,mais aura laiflé fon bord lumineux en forme d'un grand anneau. Dans cette Eclipfe où les diametres du Soleil & de la Lune étoient fi près de l'égalité apparente, qu'il n’y avoit difference que de quelques fecondes , ce feroit une affaire d’une fubtilité extrême , que de diftinguer avec aflez de jufteffe les lieux qui l'ont pû voir centrale de ces trois dif- ferentes manieres ; non feulement par les hypothefes, mais même par les obfervations qu’on en a faites aux lieux où l'Eclipfe ne fut que partiale. Dans l’iniage du Soleil faite au foyer d’une Lunette de 45. pieds, la Lune a parûü tantôt égale au Soleil, tantôt un peu DES SCIENCES. 277 peu plus petite, tantôt un peu plus grande. Quand l'Eclipfe arriva à 9 doigts on prit la diftance des pointes dans la cir- conference du Soleil de rs s degrez. Elle n’auroit dû paroi- tre que de r $ 1 degrez, fi la Lune n’avoit pas paru plus gran- de que le Soleil; mais dix minutes après;la diftance des poin- tes fut prifeder4s degrez, elle auroit dû être plus grande ques r fi la Lune n’avoit pas paru plus petite que le Soleil : on doit attribuer cette difference à la grande difficulté qu'il ÿ avoit de fuivre le Soleil par une fi grande Lunette avec l’exa- étitude requife pour prendre fes mefures avec juftefle. Cette difficulté diminuoit l'évidence & l'exaétitude que la grandeur de l'inftrument faifoit efperer. Par les autres inftrumens la Lune a paru auffi tantôt égale au Soleil au tems de l'Eclipfe, tantôt un peu plus petite, tantôt un peu plus grande. Mais le plus fouvent elle a paru Pins grande d'environ 10 fecondes. Monfieur Chazelles , le Pere de Laval & le P. Feuillée obferverent à Marfeille lorfque l'Eclipfe étoit de fix doigts, “le diametre de la Lune dé 32°. 15°, celui du Soleil étant de 32°. 8". Il eft aifé de voir à fix doigts, fi le diametre de la Lune elt-égal à celui du Solcil, car alors les pointes de l'E- " clipte doivent être éloignées de 1 20 degrez de la circonfe- rence du Soleil; comme au neuviéme doigt, elles doivent être éloignées par le calcul de 151. degrez ayant fuppofé la même égalité. | Le P. Becatelli à Parme obferva le diametre de la Lune plus grand que celui du Soleil de 55 qui font 17 fecondes. Meffieurs Manfredi & Stancari à Bologne , dans la plü- part des phafes de l'Eclipfe, obferverent le diametre de la » Lune plus grand que celui du Soleil de huit à dix fecondes , ce qui s'accorde parfaitement à mon calcul. Ils remarque- rent que prefque dans toutes les. phafes depuis le milieu juf- qu'à la fin , le diametre de la Lune parutun peu plus grand que du commencement jufqu'aw milieu, ce qui s'accorde auffi au même calcul, la Lune leur ayant été plus proche vers la fin quand elle approchoit plus du Midy que vers le commencement. KKk 278 MEMOIRES DE L'AcApEmteRoOvALr Leslieux qui étoient autour de celui qui a eu l'Eclipfe cenz trale, l’ont eu au même inftant partiale. Ceux qui peuvent voir l’Eclipfe au même inftant font en- fermez dansune enceinte formée par les rayons, qui partant de chaque point de la circonference du Soleil apparente à la terre , paflent par les points oppofez du bord de la Lune, pro- longez jufqu'aux parties de la furface de la terre qu'ils peu- vent rencontrer. L’érenduë du Pays compris dans cette enceinte. étant de- ftituée d’une partie des raïons du Soleil qui font interceptez par quelque partie de la Lune, font dans une efpece d'ombre qui eft denfe vers le milieu, & très-legere vers l’extremité. Les Modernes l’appellent Penombre. Il y a quelquefois quantité de ces raïons qui paffent fans rencontrer la terre, comme il eft arrivé dans cette Eclipfe du côté du Septentrion au-delà du Pole: De ce côté-là cette Penombre étoit coupée par l’horifon de la terre apparent au, Soleil. Quand elle rombe toute fur la circonference de la terre, fi la ligne qui pafe par les centres du Soleil & dela Luneeft per- pendiculaire à la terre, fa figure eft circulaire ; autrement el- le eftoblongue &irreguliere, à caufe de la diverfe inclinaifon: que les raïons dont élle eft formée ont à la furface de la ter- re, comme il eft arrivé dans nôtre Eclipfe, où elle éroit en- core défigurée par la partie qui lui manquoit du côté du Sep- tentrion. Cette enceïnteeft mobile fur la farface de la terre du mou- vement qui refulte de celui du raïon central qui dans nôtre Eclipfe alloit rapidement d'Occident en Orient avec une dé: clinaifon vers le midi, & dans ce mouvement elle fe transfor- me diverfement, fuivant que les raïons extrêmes qui font fur la ligne de fon mouvement rencontrent plus ou moins obliquement la furface de laterre. Par ce mouvement il fe forme fur la furface de la terre une figure oblongue, qui comprend tous les lieux qui peuvent voir l’Eclipfe partie en même tems, partie facceflivement Jun après l'autre. DES ScttNces 279 :" Nous l'avons décrite fur une Carte Geogtaphique corri- gée fur les obfervations recentes , cherchant autant de points de fa circonference qu'il nous étoit neceffaire , & les déterminant tous par leurs longitudes & latitudes. Elle fe termine à l'Occident aux lieux qui n'ont vi qu'à peiné la fin de l’Eclipfe au lever du Soleil. Ce font les parties Orientales de Amerique Septentrionale, & un grand trait de mer du Nord. Du côté du Midy elle eftterminée par les lieux qui n’ont vü qu’à peine entamé le bord méridio- nal du Soleil. Ils font entre les Canaries & les Ifles du Cap Verd, & fe fuivent parle milieu del’Afrique, & par la mer des Indes. Du côté d'Orient font ceux qui n'ont vüû qu’à peine commencer l'Eclipfe au coucher du Soleil: ce font la partie Occidentale de Sumatra, une partie des lieux entre Mergui & Malaca, partie du Golfe de Siam , de Camboïia, de la Cochinchine & de la partie Occidentale de la Chine, & dela Tartarie Chinoife. Du côté du Septentrion font les lieux d’où l’on auroit pü voir lEchpfe affezlong-tems, pen- dant que le Soleil leur rafoit Fhorizon du côté du Midi, dont la pläpart tombent dans la Mer glaciale. Nous voyons par-là que cette Eclipfe a été vüë d’une. partie de l'Améri- que Septentrionale , de toute l'Europe, de la partie Sep- trionale de l’Affrique , & au delà de l'Equinoxial par plu- fieurs degrez, dans la Mer des Indes , & de la plus grande partie del’Afie. La Refraétion que les rayons du Soleil & de la Lune fouf- frent en.rencontrant obliquement la furface de l'air , les fait voir à des lieux quine les verroient-pas parles rayons direûs, & aura un peu dilaté ces termes; mais commeil n'ya pas-dans ces extremitez d'Obfervateurs qui en puiffent rendre com- pte ; il eft inutile de dérermimercette variation avec plus de fubtilité dans ces lieux particuliers. Dans les zones temperées la Refraétion ne monte pas à un degré. Nous avons calculé qu’elle y monte fous lecercle polaire.arétique, fuivant les obfervations faites en Boshnie par le feu Roi de Suéde &.par fes Mathématiciens qui nous ontétéccommuniquées, .: {. ESS ; KKkij 280 MEMoOIRÉS DE L'ACADEMIE ROYALE 11 eft plus important de trouver les lieux qui ont pû voir PEclipfe centrale, & ceux qui ont vû la moitié du Soleil éclip- fé , tant du côté du Midy , que du côté du Septentrion, d’où l'on pourra juger de la grandeur de l’Eclipfe qui aura été vûë aux autres lieux. En examinant le mouvement compofé de la ligne droite qui pañle par les centres du Soleil & de la Lune , & la trace qu’elle décrit par ce mouvement fur la furface de la terre, où elle a fait voir l’'Eclipfe centrale, nous en avons déterminé autant de points qu'il étoit neceffaire pour la décrire avec affez de juftefte. Nous avons premierement déterminé l'endroit où cette ligne droite a commencé à rencontrer larerre, & calculé fa longitude & latitude qui étant tranfportée dans la Carte Geo- graphique corrigée fuivant les nouvelles obfervations , tom- be dans une Ifle du Groenland. Et ayant enfuite calculé la variation de longitude qu’elle fait à chaque degré de variation de latitude,& tranfporté pa- reillement ces longitudes & latitudes dans la même Carte , nous avons vû qu’elle a paffé parles Côtes Septentrionales de PEcoffe, par la partie Méridionale du Dannemarc, & par les parties Septentrionales de la Pomeranie, entre la Polo- gne & la Tranfilvanie, & par la petite Tartarie, par la Mer Noire & par l'Armenie, parla Perfe, par le Royaume du Mogol, par les Indes Orientales jufqu'aux confins du Royau- me de Siam. : Elle a fait tout ce chemin pat un mouvement fort inégal, beaucoup plus vite vers la fin que vers le commencement, à caufe de la diverfe obliquité avec laquelle elle rencontroit fucceflivement diverfes parties de la terre. Dans les lieux qui ont vü cette Eclipfe totale, il fe fera fait une petite ombre de la Lune fur la terre, femblable à celle que les fatellites de Jupiter font dans fon difque ; quand ils pañfent entre le Soleil & cetaftre. Cette ombre aura parcouru toute l’étenduë du païs que nous venons de décrire en deux heures & trois quarts, fans avoir égard à la Refraétion qui l'a fait parcourir un efpa- DES SCIENCES. 28T té un peu plus grand en 7.ou 8 minutes de plus. Si cetre ombre avoit pañlé par le centre du difque de la terre expo- fé au Soleil, elle l’auroit parcouru en trois heures & deux tiers, qui eft prefque le tems que l'ombre du troifiéme fa- tellire de Jupiter employe à parcourir fon difque quand elle pale par fon centre. Un boulet de Canon ne va pas fi vite par l'air que cette ombre marchoit fur la furface de la terre. L'augmentation du diametre apparent de la Lune, à cau- fe de fon élevation à l’endroit où l'Eclipfe a été centrale, dans fa plus grande hauteur, que nous trouvons avoir été de 45 degrez , 45 minutes , n’eft monté qu'à 12 fecondes. Elle fe faifoit lentement vers l'horizon , & plus vite dans de plus grandes hauteurs ; au lieu que la diminution caufée par le mouvement vers l’Apogée, n’étoit que d’une feconde par “heure, & d’un mouvement moins inégal; ce qui n'aura pas empêché que l’Eclipfe n’ait été totale aux lieux qu ayoient l'Eclipfe centrale proche du Méridien.. Leslieux à côté de la trace décrire fur la furface de la terre: ar l’ombre centrale, renfermez dans l’efpace Ecliptique ont vû le Soleil d'autant plus éclipfé qu’ils étoient plus proche de cette trace. Sans la courbure de la furface de la terre, qui dansle mouvement compofé du Soleil & de la Lune, recoit leurs rayons avec une obliquité variable, la partie du diametre du Soleil éclipfée auroit eu à peu près la même proportion à la partie du diametre qui eft refté éclairée au milieu de FEclipfe en chaque lieu, que la diftance entre le lieu & le ter- me plus prochain de la Penombre à fa diftance de la trace de l'ombre. Cette proportion a été à Paris , prefque com- me 79. à $- La variation de l'obliquité de ces rayons dans ce mouve- ment compofé a fait varier diverfement cette proportion, ce qui nous a obligé de décrire trois autres traces. Unepaf- fe par les lieux qui ont và la moitié Septentrionale du Soleil éclipfée, & font au Sud de la trace de l’Eclipfe cen- trale; un autre pañle par les lieux qui ont vü- la moitié Mé- KKk ii} 582 MEemorRes DE L'AcADEM1E ROYALE, ridionale du Soleil éclipfée, & font au Nord de la trace cen- trale; un autre enfin par les lieux au Septentrion qui ont vü l'Eclipfe de cinq doigts & demi. On a déterminé la longitude & la latitude d'autant de lieux qui fe font rencontrez fur ces traces, qu’il étoit néceffaire pour les décrire dans la Carte Geographique. La trace Méridionale de fix doigts commence dans l'O- cean , qui eft entre l’Ifle de Terre-neuve, & les Azores, où le Soleil fe leva la moitié éclipfé, elle paffa au Septentrion de ces Ifles par le milieu du Portugal & de Valence, au Septen- trion d'Alger &au Midy de Tunis, par le milieu de l'Egypte, pat la partie Méridionale de l'Arabie, & finit dans l'Oceanau decà des Maldives. La trace Septentrionale de fix doigts commença dans la Mer glaciale proche du Pôle. Elle pafla par la Côte Méridio- nale de Spiberg , par la Rufie & par la Tartarie. La trace de cinq doigts & demi au Nord, prend une peti- te partie de la Tartarie. Par la comparaifon des lieux à ces traces marquées fur la Carre, on peut connoître à peu près la grandeur de l’'Eclipfe en tous les lieux qui l'ont pà voir avec la jufteffe que la Carte peut permettre. On fe feroit fort éloigné du vray fi on s’étoit fervi des Cartes communes dans lefquelles la difference des longitu- des dans cette étendué des Pays qui ont vû l’'Eclipfe, va juf- ques à 40 degrez. Pour déterminer avec jufteffe la diverfité des phafes de l'Eclipfe par toute la terre, l’exaétitude de la Geographie y eft autant néceffaire que celle de l'Aftrono- mie. me eme De l'linprimerie deJ ACQUES GUERIN, Quay des Aupuftins 1732 DS CARRE nie | An 699:pa. 282. Fe