Smithsonian Institution Libraries GIÉE Of THE SIL BOARD 1999 : CE 10 4, TE EN, À © 27 L'ENTT LORS LE TO ASUS TARA va, dl JA Le ns EVA 9 FACE 2% . i 2 0 "0 Re à L'AELTS 1e | 74 À j ; re Ë ‘# % À ef # RU { F # A “LME ni ÿ 1 # F é ; ne À 6 î Fa M E R ÉFQ Un: SEPTENTRIONALE. ; ME PAUL CONTIENT _ L'Hiftoire des Iroquois , leurs Mœurs , leurs Aaximes , leurs Cédrunies, leur Gouvér-\ “ nement, Dis Interêts avec Fe Anglois leurs Alliez , tous les mouvemens de ouerre de- - puis 1689. jufqu'en 1701. leurs Négocia- tions , leurs Ambaffades pour la Paix gene- rale avec les François, & les peuples Alliez de la Nouvelle France, Par Mr, DE LA Poruente, &e di TOME “HPE R ” # _ Enrichie de Figures, e no ‘ $ JEAN. duë AVE , au premier Pavil- Chez lon des quatre N (ose Ste. Monique, FRANCOIS DIDOT , » à l'entrée du JR Quai des. Auguftins à la Bible d’or, N° miss Ne ul M. DCcC C A db « tir - AVEC Aprobation ES Prin ilege du Rojs LOTS re RSS RS RARES (CHEN & A 29 ASS ZE PREFACE ? Uand on parle en France Re at des froquois l'on s'imagine Nov que ce font des Barbares, Re soûjours avides du. fang rt Erreur, Le caractere que je veux donner de cette Nation, fi con- forme à ce qu'elle eft en éfer, ch bien différent des préjugez que Von: S'éh forme : c'eftla Nation la plus fire & la plus redoutable de Amerique _ Septentrionale 5 Nation en même EE. = / #7 ee temps la plus politique & la plus ja dicieufe que lon puifle conaottre, En. éfet . elle a affaire avec les Fran- çois les Anglois,& prefque tous les peuples de ce vafte continent. Les Anglois font crop heureux de “péchercher leur dmitié , les froquois Tome LIT. “ PREFACE. ur ‘en font convaincus par tous les pres fens que le General de la Nouvel le Angleterre envoye fouvent aux grands Chefs de guerre de cette Na: _ tion pour entretenir une alliance con- _flanté ; ménagemént qui feul les em- pêche de fe leparer - d'eux lors que nous avons cù la guerre avec l'An- . gleterre ; car ils font également ar- tentifs à ce aue les Fiançois ne dé truifent pas abfolament les Anglois, & que les premiers ne foient pas dés truits par ceux-ci. À notre égard nous les eftimons pour leur valeur, & ce font des peu- F veritablement braves , nos Alliez même fe trouvent dans de rerribles à embarras lors que les Iroquoi cher- chent à fufcicer des PE guerre. On verra dans cet Ouvrage Jeurs Murs & leurs Maximes ; j'ai crù être obligé d'abord de faire connoître par à ce que c'étoit que ces cinq Nations Iroquoifes. Je me fuis fervi de la mé thode Epiftolaire pour HSNSIPRSF an- RRENACÉ : | ie _hées par années tous les mouvemens . de la derniere guerre qu ilyaeüen< treux & nous ; & nos Alliez. Lon ny verra point ce qui s'eft vû & fe void dans l'Europe ; des Batailles fem- _blables de Flerus , de Stinkerque , de _ Nervvinde , de Srafarde , de Malpla- quer & Hs: où tant de milliers d'hommes ont répandu leur fang fur ‘un Champ de Bataille. Cette Nation eft crés-peu nombreufe , elle ne laifle pas ce neanmoins d'inquieter & de _ harceler toute Amerique Septen- _wionalle, . Je rapporte generalement tous Les ee de guerre de part & d'autre, jy. introduits tous nos Allez ; jy faits connoicre les interêts des uns & des autres , leur Genie , leur Caractere , & leur Politique. Y'avoué que je fuis. un,peu prolize dans cet Ouvrage, mais tous ces Pourparlers, ces Ha- rangués , «& ces Expreflions méra- . phoriques , ont quelque chofe de fi nt ingalier > qu'en marierc de Sauvages HA 2 " PREFACEÆ . mon but eft de fairé voir, enles rapors _ tant,que toutes ces Nations ne {ont point ce que l'on en j1ge en France. Jai crû d'ailleurs qu'en diminuant: cet Ouvrage pluñieurs Offriers ct Canada auroient lieu de fe plaindre de moi de les avoir mis en oubli. _ La guerre que nous avons eué avec cette terrible Nationceît trop cruelle pour né pas citer jufques au dernier Subalterne & Habitant même qui y ont eù part. Il eft jafte de tranfinet- tre à la pofterité ce qu'ils ont tous fait & fobürenu pour la gloire du Roi. Je fçai qu'an Auteur qui m'a préce- _déa penfé & écrit antrement que moi fur le Canada, mais je n'ai rien ici à dire autre chofé fur fon chapi- -tre, finon que pour moi jai faituné efpece de vœu de ne penfer ny de Pres que conformément à la veé- rité & à la juftice, dûé au nager des hommes. SES ET EXPRESS! ONS DES SAUVAGES _— & À Æéche eft le fimbole de la Guerre. Se 5, Lier la Hache de Guerre, . Cdt faire fufbenfion d'armes. Affiler la Hache, c’eft voalonr « COM Cmencer une Grirrei te | * etter la Hache dans le plus pro- . fond de la terre, c'eft ne plus en- ‘tendre parler de Guerre. Repécher la Hache d'une be, | tu ef recommencer la G Here. | Orer la Éache, c'e } faire celjer les attaques x. des bofhlitez de l& * Guerre. Tetter la Hache au Ciel, ke ‘né _ une Guerre OHVET ES. & 3 + 315 Termes: é-Expreffions Baiffer la Hache , C'eft faire ceffaz tion d'armes. LR don | Reprendre la. Hache ; c'eft recom» mencer la Guerre. - Le Attacher la Hache à la porte, c'eft faire un dif. Le Un mort qui couvre un mort , Ceft la vengeance que l'on à faite pour _ de mort, Fr ii Laifler repofer un homme mort , c'eft céjferer dé vengér fa mort. Couvrir un mort ,c'eft lui rendre les derniers honneurs par l'éloge que lon-fait de Jes belles a£hions. : æ Aller vor les os d'un homme mort, c'eft chercher les occafions de: ven- _ger Ja mort. pe. Fumer paifiblèment dans le même Calumer avec une Nation ; c'eft _ Être dans uhe parfaite union. Fumer le Soleil , c'eft. lui faire un … Sacrifice. La G Aïtacher le Soleil , c'eft faire. la Paix. | “:: Rattacher le Soleil , c'eft refaire une des Sauvages. Faire un même Feu , c’eft être d'u- ne même Narion. À Boucher le Chemin d'un lien à un . autre, Cet rompre les deffeins € les mefures de quelqu'un. Déboucher un Chemin , Ceft donner un acheminement au fuccez d'u- AIST AL:1C 0 ANNEES \ Applamr le Chemin d'un lieu, c'ef empêcher que l'on ne faffe des ex- Dedrions militaires. Nc Arriver fur la Natte de quelqu'un, ceft arriver chez. lus TVne INatte teinte de. fans, c'ef + avoir. eu des perfonnes tuécs à la + Guerres AE SOA TOUR Nettoyer une Natre teinte de fang, C'eft appaifer la douleur que l'on à des perfonnes tuées a la Guerre. Préparer la Naïte pour quelqu'un , . C'efé être près de ‘lé recevoir chez. . OL, | Fumer fur la Naïte, cet jour _ d'une profonde Paix. Placer le Feu de Paix €a des bon- nes affaires ; c'eft chaifir un lieu QT Termes & Expreflions | pour parler d’accommodement ow de Paix. Planter l'Arbre de Paix fur la plus baute montagne de la terre ; Cet faire la Paix generale. Rédreffer l'Arbre de Paix, C'eft rés tablir la Paix. Mb: Délier quelqu'un par un Collier "3 C'eft procurer la liberté à un Pri- _fonmier de Guerre. 50# ne pas comprendre ce que l'on dit ; ou ce que l'on vent dire. Garder de méchantes affaires dans Jon ventre; c ef? conferver une imi- .maitié fecrete contre quelqu’ LE Les feuilles font rouges, caf être . dans l'Automne. Efîre maître du Fer,c'eft être miai- fre de toutes les chofes necejfaires - a la Gaerre: Broixiller la Terre ,c'eft chercher des querelles € des fajets de Guerre. Gâter la Terre d'un liew, C’eft faire trruption quelque part. Lever ou tourner le Caffe tête contre ue Bation,e]t 1 Lui déclarer la guérre. Termes & Exprefions des Sauvages Jujpendre le Cal]e-rêre , c’eft fufpen- fon d'armes: 7) RSR LVn Déconvreur eff un homme qui va reconnoître un Païtt. . L/n Coureur de Bois, c'eft un Cana- den qui parcourt les Nations … pour commercer de la Pelleteries Faire Coup, c'eft tuër on faire quelz ques prifennicers de Guerre. | Manger quelqu'un , Cet le tuër a la Guerre. Cafer une tête ; c'eft tuër un homme a la Guerre. Enlever une Chevelure, c'eft par le moyen d'un coûtean faire tout le tour de la tête, én emborter en #ne- me temps la peau Es les cheveux. Se Matacher le vifage, c'eji Je pein« dre le vifage. MCE Boire du Boiñllon de quelqu'un , c'eft _bräler un Prifonnier de Guerre. . Envoyer prier quelqu'un de vemr boire du Bouillon d'un homme, c'eft prier de venir le. braler , ow de le voir bruler. | “Attacher 1n homme aw Poteau; 'éefl: le brhler) 1] Lac 68, ste DES MOEURS | ET: Di GUERRES DES IROQUOIS, | CON TR E DA “NOUVELLE FRANCE, ET SES ALLIEZ LETTRE PREMIERE, NTI ONSEICNEUR, | } Le droit que VOUS avez far Ja Nouvelle France par vorre miniltere, me 2 À Rifdre Le Maœurs- donne lieu de vous parler des Iroquois, a plus belliqueufe Nation de toute l'Ame- | rique Septentrionale, je fçai que vous n'é- tes point dans Perreur publique dela Fran- ce qui croit que l’Iroquois doit être dé- finiun mangeur de chair humaine, efpe- £e d'homme qui dans fon tronc d’ arbre eft à l’afuût de quelque figure humaine pour le faifir & en faire fon repas. Cene fut jamais-là le caraétere des Iroquois, chacunle verra par cetre Defcription que jai l honneur de vous envoyer ; elle vous eft dûé , Monfeigneur , par toutes fortes d’ endroits {ur"tout par un titre dont il m'eft glorieux de conferver toûjours la memoire, mais qu'un Ameriquain ne fçait pas exprimer aflez délicatement pour l’a- peller par fon nom. Si votre Filleul, mon petit Amériquain, avoit été en France il VOUS. auroit remis lui-même cette Lettre, -& il auroit auffi prefénté à Madame de Maintenon , fa Maraine, l'Hiftoire de la Nouvelle France. Recevez donc, Mon- à feigneur, s’il vous plaît, ce qu'aucun Au- teur , juiqu'a à prefent, n'a fait connoitre fide lement à la France, el Jamais ces peuples n’ont fair plus écla- ter leur valeur que depuis dix à douze ans, Jes François ont avoié eux-mêmes qu'ils étoient nez pour la guerre , & quelques | maux Œ Alaximes des Troguois. & maux qu'ils nous ayent faits nous les a- vons toûjours eftimez. | C | LE … L'opinion commune eft qu'il n’y a ja- mais eû parmi eux plus de cinq Nations, quoi qu'ils’en foit trouvé une dans la Vir- ginie qui parloit leur langue, & qui leur étoit auparavant inconnue , ils ne la dé- couvrirent qu'aprés qu'ils eurent porté la guerre bien loin hors de leurs limites , & ils fe fervirent de la conformité du lan- gage pour les attirer à eux. ’ Ceux qui font plus proche des Anglois font les Aniez, , à vingt lieuës de 1à où environ ( car les Geometres n’ont pas en. core mefuré cette terre ) fontles Awne- gonts ; & à deux journées plus loin fonc les Ononragues » qui ont pour voifins les Goyagauins : enfin les derniers font les Tjonnontonans , qui font à cent lieuës des Anglois. Lie | | 4 Si l’on ne confideroit que le Ciel, leur climat devroit être fort doux, la nége y fond des la fin de Février ; maïs faifant re flexion fur la ficuarion du lieu il y fait auffi froid qu'a Quebec. C’eft un païs monta- gneux , quoi qu'il n'y ait pas de néges au Printemps, cependant la terre ne poule point , il faur avoüer qu'il y a quelque difference entre ce païs-là & ceux quifont plus Nord. Ceux qui voyagent au mois Tome IL, | | | US 4 “ Hifroire des Hal he ) Mai fur le Lac Ontario, autrement Frongenac , s'apperçoivenr aifément de cette difference, car la côte du Nord eft nuë & fterile ; au Line que celle du Sud ef | parée ati verds, cependant il n'y a que deux lieuës de difañse de l’un à l'au- tre. Les Iroquois ne fement leur bled d'In- de qu'au mois de Mai, il y géle quelque- fois tous les mois de Hénrde - mais cela n'eft pas ordinaire : le bled y eft “Led & les épics longs. Les Citroüilles & les Melons d'eau fort fucrez , d'une groffeur extraor- dinaire: ils y ont “Lime de bi graine qu'ils _avoient apporté des Ifles Neuves , & les Melons en font fort gros, charnus & bien rouges. n'y a rien de plus fauvage que ces peu- ples en matiere de Religion : : quand on leur demande ce qu’ils entendent quand ils invoquent Agriskoné ; ou, Tharonkia- oxagon , ils ne donnent aucunes idées di- ftinctes de ce qu'ils penfent ls jetrenr du tabac dans le feu où dans l’eau en paffane devant une Roche , mais quand on leur demande la raifon pour laquelle ils font cela ,ils ne difent que des Fables, où bien “ils répondent que nous n *entendons pas l'affaire : ils difent'auffi que puifque ils nous écoutent fans nous interrompre lors que pus leur parlons « de notre Religion, . © Maximes des Troquois. 3 . fious devons aufli les Écouter de mêmes La crainte du mal où l'efperance du bien les engagent dans ces pratiques {u- * perfhitieufes, Ils ont des Sorciers qui font fans forrileges, ce font plürôt des Joüeurs de Paie. palle. Ils ont des Medecins qu'ils appellent Jongleurs qui n'entendent rien aux maladies internes, mais qui font des Cures admirables pour les playes , avec des hërbes ou de l'écorce d'arbres. | _ S'il fe rencontre quelqu'un parmi eux qui ne tienne pas Fimmortalité de lame, il n'eft pas fuivi, on le laïfle faire , & on le laifle dire : mais le commun eft d’un _ autre fentiment. Ils onë un Paradis qu’ils apellent le Païs des Ames, ils fe le repre- _ fentent comme un beau païs où tout eft materiel ,& où les Amés font revêcuës de corps ils croyent qu’elles ne fouffrene point , & que fi ce font les Ames de leurs Efclaves , elles font aufli leurs Éfclaves ; maïs ils ne reconnoillent pas de peines pour les crimes. : Toutes leurs connoiflances touchant la Creation du monde & l’autre vie ne fonc que des idées confufes & mêlées de fa bles, dont tes Miffionnaires ne laiffent pas de fe fervir pour les inftruire, les éclairer, & leur faire reconnoître la verité qui s’eft éclipfée parmi eux. en | | B 2 Es en Hrifoire des M œurs : Pour conferver ce phantôme de Reli- gion ils ont établi une coûtume de s’affem- bler de trois en trois ans,& traitent de plu- fieurs affaires dans ces aflemblées, en- tr'autres deila Religion ; ils prient le Soleil de leur donner des jours heureux fans dire fi c'eft un Dieu, & on ne remarque pas qu'ils lui Ro aucune qualité Divine, Ils rêvent beaucoup & l'on diroit que le Songe feroit leur Dieu. Le Songe n'eft au- tre chofe, Monfeigneur, à les entendre parler que leur Ame qui fort de leur corps pendant le fommeil ;'mais cette fortie ne fe fait pas pour toûjours. Cette Ame va” chercher quelque chofe qui lui foit agrea- ble ; quand elle l’a trouvé elle veut l’a. voir. Quand l'homme penfe à avoir cela, & quil ne s'en met pas en peine, l'Ame s afllige & elle menace le corps de fortir pour toûjours : c’eft pour cela qu'ils hono- rent le Songe, & font ce qu'ils peuvent pour le contenter. Ils apellent les Jon- gleurs quand ils font malades afin qu'ils devinent ce que l'Ame demande ; ils font jeûner les enfans afin de les faire rêver , & de favoir par là ce que leur Âme de- mande , fi c'eft un oifeau, ou un fruit, ou une “robe, ou un foulier ; & quand ils croyent avoir rencontré quelque chofe de femblable ils en portent les marques fur DU + - ue dun eee PV EU LAS ea | (f Maximes des aa + le vifage, fur leur corps ; fur leurs mains, - & ils apellent cela mon Ægraren ; où lé maître de la vie. On ne remarque pas “qu'ils offrent rien au Done en forme de Sacrifice. Il s’en eft trouvé qui ayant im dans les bois l’Hiver à la chafle, ont dir: Toi qui a tout fait donne-moi a de tes bêtes afin que je vive. Ils ont répondu aux An- glois qui prétendoient & être maître de leur païs, que celuïqui avoit fait la verre leur avoit donné ce païs- ja. Ils ont auffi des fuperftitions dans cer- tains Feftins. Ce font les Vieillards qui la plüpart du temps n’ont rien à manger , ou quelques parefleux qui fe font Jon- _gleurs pour vivre aux dépens d'autrui, ils font quelquefois ces Feftins par maniere. de divertiflement, tantôt pour fe régaler les uns les autres l Hiver. & tantôt fous prétexte de Religion. Ils fonr quelques Ceremonies diaboliques pour guerir les malades , comme font les danfeurs nuds. Tout ch a été introduit chez les Iroquois pat les Hurons ou par les Nations du Sud, que les Iroquois ont emmené dans leur païs La boiffon & le libertinage y ont méié plufreurs fortes de fuperftitions Ce qui me fait dire que Îles Troquois font de- . venus les Efclaves de leurs Efclaves tou . _ CE Hiffoire des 21 œurs Fe chant la Religion, car ils ont pris les fu: perftitions des autres Nations, n’en ayant que fort peu d’eux-même : On a remar- qué que cette Nation avoit plusde difpoe fiion au Chriftianifme que les autres. Les Iroquois ont grand foin de leurs morts , foit que leurs gens meurent dass Jes villages, foit qu’ils meurent dans les bois , foit qu’ils foient tuez à la guerre. Les gens de guerre fe jurent une amitié inviolable pour ne s’abandonner jamais. Si ils ont quelqu'an de leurs camarades tuez , ils s'expofent pour enlever le corps 8 pour lui donner la fepulture ; & s'ils ont le loifir ils font les mêmes ceremonies ue l’on a coûtume de faire dans le Villa- ge: Si ils font morts à la chafle l'Hiverils. attachent le corps à des arbres, envelopé dans leur couverture pour les faire geler , & ils les aportent le Printemps au Viila- ge pour les enterrer. Si ils font morts dans e Village ils obfervent certaines Ceremo- nies. Ce font les femmes qui ont plus de fuperftition que les hommes, Ils mettent dans la fofle d'un mort rout ce qui lui a fervi pendane la vie & tout ce qu'ils cro- vent lui devoir fervir dans le païs desames, ayant égard au fexe , à la qualité, à l'âge, en quoi ils fuivent beaucoup le caprice de Jeur imagination, Ils jettent dehors au _— CERUss © Maximes des d Trié 9 tour de la cabane le bled que le mort au- roit mangé dans l’ année, .& ce bled fertla lüpart du temps à Her leurs cochons. Ils font des Feftins dans le Cimetiere, mais c'eft plütôt pour fe régaler de temps en temps, Les Vieilles fonc fort fuperftitieu_ _ fes. elles mêlent des pleurs feintes,& ils ont leur temps réglé pour ces pleurs. La fem- me dont le mari eft mort demeure cachée dans la cabane , elle eft échevelée & Gat- de d’autres tiens. A prefent ! le delor- dre de la boiflon & de l’impureté a chan- | gé une paflion dans une autre, a infi l’en- vie de fe marier qui étoit fort moderée parmi Îles lroquois anciens , fait que le deuil eft bien-tot pale. Les Den du Ma. ri défunt font un Feftin & on habille la Veuve, É lui racommode fes cheveux. & Ds elie peut fe. marier à as alle voudra, Leurs Maufolées font de pee Cabas nes de Planches qu ‘ils fonc fur les fofles, Ils peignent le genie que le défunt avoit choif, & font d’autres figures fans autre deflèin ; ; ces Planches empêchent que les chiens n’entrent dans les fois car cene font que des écorces qui couvrent le corps fur lequel ils mettent des pierres & un peu deterre, de forte que l’écorce étancbien tôt pourrie il fe fait de grands crous pa #0 Hiffoire des Mœurs Hefqueïs la puanteur fort ; lès animaux attirez par cette odeur pourroient entrer par là s'ils n’y aportoient pas du remede ; ils ont bien foin que leurs morts ne foient pas dans l’eau ; ils vificent de temps en temps dans la foffe , ils pe cad . vies à demi pourris, ils les changent d’ha. bits, & ils racommodent la fofle : maïs: Jorfqu’ils meurent par quelque accident extraordinaire , on Îles met avec tout ce qu'ils ont de précieux dans un cercueil, que l’on éleve fur quatre pilliers de douze à quinze pieds l’efpace d’un an, & on les remet en terre aprés Ce temps EXPITÉ. C'eft un ufage , Monfeigneur , de pleu- rér les morts rcous les deux ans, la Nation qui veut pleurer ceux qui ont été tuez à la guerre envoye aux quatre autres des Col- liers pour avertir les Anciens de feerou- ver en un lieu limité. Dés qu'ils s’y font aflemblez l’on fait un grand feu , autour duquel ils fe mettent à fumer. Quelques jeunes Guerriers s'y trouvent aufi qui fe tiennent un peu plus loir par refpect. A- prés certe entrevüë l'on fait loger tous ces Anciens chez les familles de ceux qui ont été tuez. Les Guerriers vont à la chafle pendant ce temps pour régaler ces nou- veaux affligez. On tient deux jours aprés un Confeil seneral pour pleurer les morts. é M aximes D Trogusis. D On fait donc chandiere ce jour-là en at- tendant les pleurs ; & lorfqu'ils viennent à pleurer effedivement ce font des paro- _ les trés rouchantes qu'ils prononcent avec douleur, Le fiel & l’amertume qui leur rongent le cœur dans ce moment leur in- fpire un efprit de vengeance qui n ’eft déja quetrop enracinée. Ceux qui ont eû leurs parens tuez donnent quelquefois des Col- liers ; c’eft alors que les pleurs fe renou- vellent , & que les cris ou plävôr les hur_ _lemens fe font entendre pour (UPERS avec la perfonne afiligée. Ces pleurs fini on fait le Feflin d'un grand fens à aprés leque! chacun fe retire avec fon Ou- Yagan » Qui eft un plat d'é écorce , .& diten même temps Niochen qui fignifie ; je vous temercie. Les Iroquois fe fort ipjuftes envers leurs Chefs > Car fun parjure Vieillard . aprésavoir été toute fa vie au fervice de Ja Nation vient à n’en être plus eapable, il faut qu'il fe fafle Pêcheur, & fi il tombe malade on n’a pas plus de Din de lui que d'un autre. Il peut ÿ avoir quelque exce- ption, le vieillard qui eft Chef dans le Vil- age ne profite pas des prefens qu’on loi fait, la coûtume veur qu'il donne tout à Ja jeunefe, comme fonc les hardes ie ga. fu fait prefent, & autre chofe. Si lon 7 15 Fe Hifloire des À Burs ï | | À donne des Colliers il les met dansta maffe cominuneé , fi c'eft de la viande il en fait Feftin, Les Onnontaguez l’emiportent fur les autres ; ils ont un certain ferieux & un phlegme propre pour le confeil : mais à prefent leur gouvernement eft bien chan- pe , la jeuncffe fair ce qu’elle veur ; & J'eau de vié a changé la maniere de vivre: Ils prennent confeii tantôt des Anglois , tantôt des François ; mais principalement des Anglois; fur tout depuis la guerre, c'eft ce qui me fait dire que le gouverne- ment eft entierément changé. L'ancien gouvernement régloit les affaires de Paix, ou celles de la Guerre pendant la Paix: C'étoit aux Viéillards de déliberer fur les changemens de Village, fur les Aflemblées qu'ils apellent Porter le Sac. Is délhibe- roient auf fur quelques travaux publics, fur les guerres qu'il falloir entreprendre , & fur pluficurs petites affaires , comme quand il falloir aller aux Tourties. Leur politique étoit de tenir totjours la jeu- neffe hors du Village & dans le travail. S'ils avoient des Nations à détruire , ils déliberoient fus les diffenfions qu'il falloit mettre entre ces Nations-là pour les at-. taquer les unes aprés les autres ; pour faire trainer la guerre en longueur , afin d’a- voir toüjours de l'occupation. Les On- ! k. > Co Aasimes des 5 72 honraguez ont foin de faire venir dans les confeils quelques jeunes gens de bon ef- prie, où de leur communiquer Les aFaires. Quelques jeunes gens s'affembloient le matin chez l’Ancien ,où quelques Vieil- - lards venoient auffi _& ils s’entretenoient enfemble en Énone. Le fujet de l'encre. tien étoit ordinairement des affaires du Lemps. L'eau de vie ayant corrompu les mœurs des lroquüis, ce qui a achevé de les per. dre ,a été la mulritude des Efclaves qu'ils ont ‘emmenez dans leur païs pour réparer la perte qu'ils faifoient en guerte. Ils fe plaignent eux-mêmes de ce que leurs Fil- “4 ne font plus que des coureules , & re- herchenc les jeunes gens en mariage, ‘pa mariages font où comme de fims _plestaccords que deux Familles font en {emble , & alors on marie les enfans dés le berceau, ou ce font des mariages d’ins rerêt : pour lors le gendre eft obligé de demeurer avec la femme qui refte avec {a mere , qui eft pour ainfi dire maîtreffe de toure ‘a chafle jufqu'à à ce qu'il ait des . enfans. Il lui eft permis pour lors d’avoir une cabane à part pour fa famille. Mais la mere qui ne connoit que trop l'utilité de l'avoir auprés d'elle , ménage infenf- blement fon efprit,& il arrive fouyeng qu'il ne la quitce pas, 34 Hifloire des Mœurs F Quand les Parens ont confenti de part & d'autre au Mariage, la Fille portele pain de Mariage qui ef comme le Contraét, elle le fait cuire chez elle dans de l’eau boüillante, envelopé de feüilles de bled d'Inde, noïûé par le milieu d’un filet, qui Jui donné la forme d’une calebañfe. ‘Elle envoye tous ces pains par une femme dans la cabane de fon Amant ; elle aporte au paravant le bois da mariage qui eft un bois coupé à plat , elle s'ajufte le mieux qu ‘elle peut, On {ui graifle Îles cheveux avec de l'huile d'Ours , on lui met du ver millon defus, on lui uacé differentes cou- jeurs fur le vifage , elle attache de la por celaine aux breilles : elle en fait des bra- celets, & elle fe rend dans la cabane de fon mat, Enfinles Mariages fe font par débau- | che, & cela fe fair en deux manieres ; ou fe toûjours , autant que ces Fstet de Mariages peuvent tenir,ouù pour untemps, € ’eft-à.dire pour un parti de Chaffe ou de ‘Guerre ce qui dure peut-être plus ou moins. Il n’y a pas trente ans que les Iro quois gardoienr les degrez de parenté & d’afhinité ,ainfi les Parens & les Alliez ne fe Dee pas. Cela et fi vrai, Mon- feigneur, que quand on propofe de Fille 8 marier, & que l'on nomme Île Garçon, de É 5 . & AAaximes des Iroguoiss *$ ils répondent, le Mariage ne fe peut faire parce qu'ils font Parens, Plufieurs s'étant matiez ne changeoient pas de femmes. Quand on marioit en face d'Eglife des Vicillards avec des Vieilles, qui étoient déja enfemble depuis long-temps, & que Von leur demande fi c'eft pour toûjours » Il y en a qui ont fait réponfe : Nous fom- _mes enfemble depuis l'âge de huit ans fans nous être feparez, pourrions-nous à _ prefent le faire. Ces exemples ont été, _ comme on dit, parmiles Iroquois, mais à prefenc ils font rares, & on auroit pei_ ne à dire comme leurs Mariages fe font, ils imitent les autres Sauvages leurs voi fins, & ils font devenus aufli débauchez qu'eux ; il n'y a pas de châtiment parmi eux autres que la honte & la pudeur, li | vrognerie ayant ôté ce frein: on ne fau roit dire les maux qui fe commettent par- mi cette Nation, ainfi les Meres qui ont _ été mieux élevées n'ofent reprendre leurs Filles , & les jeunes gens {e plaignent de ce que les Filles font les premieres a les folliciter au mal, Cette Nation a toûjours été habillée, les femmes étoienr couver= tes & les hommes couvroient leur nudité. Quand ‘on brûle un prifonnier de guerre c'elt le plus grand dépit qu’on puifle lui faire que de l’expofer nud, On a crû avec Tome TIT. | @1 — 6 . . Hifloire des Muurs raifon que Dieu avoit rendu l’Iroquois fu: perieur à toutes les Nations voifines qu'il a détruites , à caufe qu’il étoit plus hon. nête que les autres Sauvages , mais à pre. fenc il tend à fa ruïne., Dieu l’a abandon né aux François qui ont brülé leurs Vil- : Jages, pris ou tué leurs Vieillards, & par confequent détruit leurs confeils, aprés. quoi le defordre s’eft mis parmi eux. On ne voit pas de Femme ou Fille Sau. vage avancée en âge qui ne foit ou grof fe , ou qui n’ait un enfant à la mamelle, où qui n’en porte derriere fon dos. Elles : nourriflent elles-mêmes leurs enfans , & 1 | elles les allairent ordinairement deux ans ou dix-huit mois ; pendant ce temps-là le mari ne couche pas avec fa femme, c'é- toit l’ancienne coûtume qu'ils n’obfervent plus. Elles laiffent leurs enfans tour-nuds jui l’âge de cinq ans, elles couvrenr es Filles des qu'elles les fevrenr. Les Me. ni res élevoient affez bien leurs enfans, fur tout les Filles, mais aujourd'hui il n'y à que celles qui ont un bon naturel qui a- giffent de la forte. Les Filles d'Onnonta- guez qui ont été repriles par leurs Meres, mangent de la Cigué pour s'empoifonner, les enfans {e tuënt avec leur fufil ou avec leur coûteau. Toute l'inftruétion que les Meres donnent à leurs Filles confilte à leur ÿ : } :(n Œ Maximes des Îroquois. 17 . hprendre à porter du bois, & elles les ÿ accoûtument des leur bas äge en leur fai- fant porter de petites charges. Leur ma. niere d'inftruire eft par des termes enga- geant : en difant , aye pitié de moi, ne me Charge pas de honte ,nÿ toi auffi ; ou bieñ _ la Mere fe mer à pleurer afin d'être inter- _ rogée, & elle répond quelquefois, ou elle ne dit rien, mais on voit bien ce qui la fait pleurer ; & c’eft par là qu’elles réüffifent pour -cortiger leurs enfans : ils ne favent ce que c’elt que leur refufer le boire & le … manger. La feule chofe où les Enfans pa- roiflent plus obeïllans c’eft à aller cher- cher de l'eau & du bois potir mettre aë _ feu; il faut en un mot que l'Enfant veuille _ de lui même ce que l’on veut qu'il fafle, leur phlegme naturel eft ce qui éontribuë le plus à leur éducation ,ils ne laiflent pas de tirer beaucoup de fervice de leurs En-, fans par la patience qu'ils ont de fouffrir , & en les gouvernant avec beaucoup de douceur. Dés lors que les Enfans com- _mencent à avoir de la raifonle Pere leur raconte les belles aétions de fes Ancètres, ou de la Nation, cela fait tant d'impreffion * fur leur efprit qu'ils goûtent infenfible- ment ce qu'ils entendent. Si par hafard … quelqu'un des Parens avoit fait une ation * indigne il leur en infpire un mépris, &ils nuit LARRE "4 =, ‘28. Hijtoire des Meurs les élevent par là à une grandeur d’ame " qui leur eft naturelle, :: is: Quand | homme & la femme s'aiment bien ils ne partagent pas leurs emplois, mais ordinairement l’un ne fe mêle point de ce qui eft du devoir de l’autre , leurs emplois font ou dans le village ou dans les bois. C’eft à l'homme à faire la Caba- ne , les Canots, à paifer les Peaux, àfaire les Caifles, à accommoder l'endroit où ils couchent :ils fe mêlent quelquefois de fai- re les Chaudronniers , les Armuriers , les Forgerons : ils font les Calumers , les Ka- quertes , les Paliffades autour des jardins, # les Parcs fi ils ont des beftiaux , à ranger les traifes de bled d'Inde pour les faire fe- cher. Dans les champs l'homme abat les arbres , il les ébranle, & pour cela il fait de groifes cordes de bois blanc , avec lef- quels il monte dans les arbres comme des Couvreurs fur les toits; voici, Monfei- gneur, comme ils s'y prennent. Ils jertent un boutde cette corde quia plufeurs braf- fes de long, & qui a trois pouces d'épail- eur, ou environ ; ils jettent, dis. je,le bout de cette corde en haut qui s’entrelafle dans les branches , & ils l'attirent à eux lors qu'elle refifte , ils s’en férvent pour mon- ter. C’eft aux hommes à brüler les champs, . ils ont de gros crochets de bois avec le f- & Maximes des Iroguors. 19 uels ils traînent fur la terre des buches embralées , & ils brûlent des racines des herbes pour femer enfuite. L’ endroit ot - ils ont femé des féves fert l’année fuivan- te pour ÿ femer du bled d'Inde. L'homme fait les inftrumens du labourage qui fonc de bois, Quand ils n’avoient pas de pio- _ches de fer ils en faifoient de bois, qui rellembloient à une croffe. Ils en font d’ ut _ne autre efpece pour ramaffer la terre au pi ied du bled d'Inde. L'emploi de l’hom- me dans le bois l'Hiver eft de faire la ca- bane , qu'ils font d’écorce de bois blanc, longue & étroite; qu'ils arrangent commé nous faifons les Fee {ur les toits. C’eft à lui à chercher les bêtes & à les tuër : 1l palle les Peaux il en ôte le poil en les ra- €lant avec une lame d'une vieille épée où avec un coûteau , il les fait boucaner à la fumée , & 1l les rend molafles avec de la _ cervelle d'Orignae , ou avec {a moclle. Quand les Femmes font dans le Vi lag elles font les Farines leur Mortier eft uw tronc d'arbre qu'elies router avec le feu, le Pilon eft une perche de bois dur, mince par le milieu & gros par les deux bouts 3 ë quelquefois eilésc optune pierre faite com- me unoignon ,& jettant le bled grain à grain elles l'écrafent : elles font Îe bais de que à êc V'aporsent elles fonrles cal à G 3 26 Fifloire des Maœnrs liers pour porter le bagage , elles font mieux les fouliers que lies hommes, elles coufent quelquefois , elles égrennent ie bled. Les jeunes Filles aiment fort à fe parer , {e poudrer , fe laver & fe graifler: ce dernier ornement fait que leur linge fortant de la lécive n'eft pas plus blanc qu'auparavant : elles boucanent la viande dans les bois ,elles fondent les graifles & Jes confervent dans des trefles ou dans de petites boëtes rondes de bois de bouleau, elles vont chercher les fruits dans les cam- pagnes , elles font fecher les framboifes, Tes bluetes , les chataignes, dontelles font une provifion pour l’Hiver : elles font des Trapes pour prendre les Martes. Les en- fans chalfent aux oifeaux : les Hommes croiroient s’abaifler de faire cette-perite chaffe fans necefliré, Les Fermes fement, cerclent, & chauffent le bled d'Inde el les en font les trefles , le mettent dans des _«maniéres de grands tonneaux de bois de bouleau. Un Homme ne veut fe marier qu’à une bonne travailleufe , pour ainf dire , & la Femme ne veut fe marier qu'à un bon chafleur. ke me Il y a des Femmes Sauvages qui font fort têtuës, on accufe fur tout les On- nontagueles & les Onneyoutes, & elles: n'ont pas rencontré un bon mari, clles _ © Maximes des Iroquois. 2x _ Je quittent quelquefois les premieres , el- les font mourir leurs enfans de langueur, ou par des breuvages empoilonnez, la _ Ciguë eft ordinairement la derniere ref- _ fource dans leur defefpoir. Les Filles cro.. yenr faire un grand tort à leurs meres en fe tuant, & leur difent., hébien tu n'auras plus de Filles, & elles vont fe faire . mourir, elles fe mettent un collier au col _ & s'étranglent, ou elles aiguifent un mor- _ ceau de bois dont elles fe percent la gor- ge. Leur colere & leur mélancolie dure long-temps , ils n’ont pas de juremers mais ils ont le blafphême; ils fe plaignent _ de la Providence & difent elle me hair. Cela arrive fur tout aux jeunes gens, prin- cipalement aux Filles : on a vû de ces _ fortes d'exemples, mais le commun des _ Sauvages fouffre plus long temps & avec plus de plaintes ,du moins qui paroiflent. Les jeunes mariées font gloire de ne pas _crier en acouchant., fi elles fe défient de Jeur courage elles vont acoucher dans des buiflons ou dans les champs. Si elles font dans la cabane elles s’empêchent de crier. Comme c’eftune injure parmi les guerriers de dire tu as fuï, de même c’eft une injure parmi les Femmes de dire , tu as crié quand tu étois en travail d'enfant. El y a une grande Fête qu'ils apellentla nn f / ‘EL Hifoire des Mours Folie, qui fe fait au mois de Février, à peu prés comme nôtre Carnaval, ils s’ha. billent quelquefois à la mode des Fran- çois, les hommes prennent des habits de chaufles & les femnies des coëfes, ils font des Feftins à la Françoife , l'ame du Feftin eft de jargoner en mangeant, fans favoir ce qu'ils difenr ; cela arrive quelquefois, mais le principal conffte à demander ce qu'ils ont fongé. Quand ils entrent dans la cabane on leur dit, tu as fongé cela; fi on ne devine pas jufte , ils rompent & renverfent tout ce qu'ils trouvent, La Fête des Morts eft celebre , les Vieilles y ont plus d'attache, & font des Feltins dans les cimetieres, | Les Iroquois font aufli ardéns pour le Jeu que les Européens, ils y paflent les jours & les nuits; ce n’eft pas feulemene le divertifflement qui les tient, mais c'eft quelquefois l’interêt. Le Jeu ordinaire. des hommes eft celui du Plat, qui confite à remuër & faire fauter dans un plat fix noyaux de prunes, dont trois font peints | de noir à moitié & trois ont leur couleur naturelle , ils y obfervenr certaines régles. H faut pour gagner qu'il y ait plufieurs Noirs... *. | 5 Ils ont un autre Jeu qui confifte dans _, «ne poignée de Pailes , le nombse ef Le LR LA 2 Le LL LL LC L 4 qe j \ CH y | \ à) . Lt A) Slt C2 il a jh PAL 1 . Neil fl 1 À ï | ww = \ | l | h ; (l j | J, ee Up U J yhus HUE CC TS SS S Ee Se Eu: : EE J F7 \ @ Maximes des Trognois. 13 “ pourtant limité. Ils feparent d’abord cer- re poignée en deux, faifant certains gêts qui {ont feulement pour faire valoir le Jeu , ils en font autant pour le Plat en fe donnant de grands coups fur-la chair nuë ; fur les épaules & fur la poîtrine. Quand ils ont feparé ces Pailles ils en retiennent une partie & donnent l’autre à leurs compa- gnons. On ne connoït pas facilement , Monfeigneur , ce Jeu-la ; à le voir il fem- ble qu'ils jouent au pair & impair. Ils jouënc auflil beaucoup à la Croce, Les femmes joüent quelquefois au Plat; mais leur Jeu ordinaire eft de jerrer les noyaux avec les mains comme on jouë aux dezs Quand elles ont jetté ces noyaux en l'air elles remuënt leurs bras , tantôt comme _ fi elles faifoient des geftes d’admiration , ou fi elles chafloient des mouches , elles _ ne difent rien, on ne les entend prefque pas ; mais les hommes crient conime des gens qui fe battent, ils parlent jufte en dilant noir, noir ; blanc , blanc, & de _ temps en temps ils font de grandes huées, Les femmes n'ont que cette forte de Jeu, les enfans joüent. à la Croce , jamais au Plat ou rarement , les filles joüent avec des fufeaux qu’elles font pafler par def- fous un petit bois élevé un peu de terres c'eft a qui pouffera plus loin fon fufeau. } 24 ‘hs pri des Murs | .Il ya des Jeux d'Hiver & des Jeux d'É: té , ceux de cout temps font les Noyaux & | Pailles, ceux d'Hiver font les Fufeaux pour les enfans , ceux ci y MELtENt une longue queuë Le deux lo & demi :: ceux des filles font de veritables Fufeaux.' Les uns & les autres les moïillent avec la falive ou ils fes mettent dans l'eau quand äl géle bien fort, afin qu il fe faffle une croûte comme un verni, & ils es pouf. fent fur quelque penchant d’une côte bien glacée , afin qu'ils aillene plus loin. Ils font couler aufh de petits bâtons plats &. longs , ils peignent tous ces fufeaux &. ces Hans. La jeunel fe eft fort libre en n paroles ;i ils À raillent far leurs Amouts ou fur leurs Es de guerre, ils difent des paroles à à double entendre, ils fe divertiflent auf à jouër de Ja flûte , ils chantent roûjours fur le même air, ils chantent fouvent ce qu’ils apellenc Ja Chanfon de guerre ou la Chanfon de . mort, ils batent la mefure avec le pouce où un autre doigt , en le phant ou le dépliant avec juftefle, fravant auffi fur quelque chofe de riifonaant, ils mettent ‘üne peau bien tenduë fur ne : chaudiere’ h _& forme ainfi une maniere de timbale , autour de laquelle ils fe mettent acroupis, Res chantant & frapant deffus en mefure aveë Le \ "x LL É LL LL LL LIT 2 I. CZ 7 2 PT EN R ——, IE Ton. 7. page.24 ne & Maximes des Troguois. # f ‘un petit marteau de bois , les femmes - n'ont pas d'autre divertifflement quele jeu, Tout le monde fe baigne en Eté, les en- fans & les filles y vont plus que ie fem- mes, oa fi elles y vont c ’eft à l'écart le foir on n'en voir jamais le jour fe baie gner, ou cela eft rare. Les enfans jouënt Là fe éächer &èfaire deviner aux autres où ils font , ou bien les jeunes gens à luter & à un ils font narurellement rail- Jeurs, & le Éonr quelquefois avec efprit; Jeurs railleutes tombent ou fur la mine , ou fur la pofture , ou fur quelques avantu. res. Un François joüoit des gobelets de- ‘vane un ltoquois , ce Sauvage voyant “que ce François tiroit des rubans de fa bouche l’imita, il avoit une perdrix mor te, illa mis derriere fon épaule & la tira par delfus, difanc j'ai tiré cela de mon épaule. ‘On dit un jour à un Iroquois que les foldats étoient confiderez du Roi: le Sauvage répondit parlant de deux Soldats qu'il avoit vü garder les vaches, & dit, je porte compailion à ces deux Holdats qui ardent les vaches, que ne vont-ils en France ils Rointles camarades du Roi. Ils ont des Nôces & des Danfes faperfti- | Le. la Danfe des hommes confifte à à avoir une couverture fur l'épaule & à fra. 4 du pie en tournant sn rond. Les feme ER STE 26. © priflaire des on œis 5 mes & les filles qui danfent en plus grand nombre que les hommes & les garçons | font des poftures , des contorfions, dE. tours à dioit & à gauche, en tournant en rond, & fe lafanc jufqu'à n'en pouvoir lus. “Elles n’ épargnent rien pour fe ren- dre belles & leurs “filles aufli , elles met- tent pour cet effet des Lifles d'Ours à leurs cheveux , elles fe barboÿillent le vi- fage , ce que l'on apelle fe matacher , elles fe! peignent même toute la tête de plufieurs couleurs , elles ont des pendans d’ oreilles , des colliers à à plufeurs tours qui leur pen- dent fur le fein , des bracelets & une cein- ture par deflus lede chemife, Le jotieur d'inftrumens elt au milieu, aflis fur un banc, aurour duquel on dante en rond, il bat avec un fquelere de tortué dans la: quelle il y a des pois , ou bien ils ont une petite gourde dans laquelle ils ont mis des pois ou des no aie ils chan- tent & battent la mefure avec l’inftu- ment, & à chaque Chanfon on lui donne le payenient en porcelaine ou en quel- que'autre efpece. Quand il ya des Feftinsil n ‘# a pas d’autres Cuifinieres que quelques jeunes gens qui font nommez pour faire la mar- mite, ils portent une mâne de bled d'Inde par Le village , "& Mn femmes pilent le bled fi EDEN EPEMEPEITNN ANA D TT RAR AA se HUUUHUEUR DRE AUTANT re SEUL TENTE TT « ÉCRIS ae = ES , HA M ol 1, di \ a Ni) orme ee LLC LLLLLLE LL TS CELL OM M MM A SNS LT SP PL S'IL LL LL L LL TE LT LR C7 LT Tr Er 1 re a # | é JM asimes des IT rogtiois. 27. bled dont elles portent la farine dans la cabane où le Feftin fe doit faire, Quand la viande eft cuite on la tire pour mettre la farine ; quelques Anciens qui fe trouvent autour du feu où ils s’entretiennent de ce que l’on doit faire ou dire dans le Feftin, gtent les os & les rongent. _Je vous ai fait connoître , Monfeigneur, _ Je caractere de cette RO en vous par- Jant de fes emplois & de fa conduite pour Ja Paix & pour la Guerre. Chaque Nation a fon caraere particulier, l’Anié & l'On- neyout font genereux , francs autant que des Sauvages le peuvent être : l’on peut dire quils n’ont qu'un même efprit. hi: L'Onnontagué eft fier , fourbe, moins genereux que l’Anié, il l’Anié lui a re- proché fouvenr fes lâchetez , lors qu'ils alloient en guerre bts Il y avoit toujours plus d’Aniez ruez fur la place, tandis que les Onnontaguez retournoient toûjours chez eux. Le Goyogoüin eft bon guerrier , fes mœurs tiennent plus du Sauvage, il eft auffi fin & aufli rufé que les Tfonnontouans , l'Onnontagué , l’'A- nié & l'Onneyout. L’ exterieur “ ces deux Nations & leurs langages eft plus barbare qu ‘ils ne le font en effet ; car l’on a remar… qué qu ils avoient le nie) affezbon, fa. gile à gouverner & fort accommodant, Tome 111, ù | D OR “PR ER 0 2 Eu: » Mr 28 . Hifforre des Maœurs | _ L'Iroquois en general aime l’hofpitalité, - & il eft bon ami ou ennemi juré; ils n'ont pas de lettres, & ils font accoûtu- mez à juger des chofes par les fens & ont Pimagination fort vive. Un vice general des Iroquois qui eft la parefle, & de n’a- voir aucun métier pour s'ocuper , eft œaufe qu'ils paflent le temps fur leur nat- te couchez , {ur laquelle ils font plañeurs Songes creux, & quand leur imagination eft échauffée ils prennent tout ce qu'ils. fe font reprefentez pour des veritez. Je vous ai raporté, Monfeigneur , d’où vient l'eftime qu'ils font du Songe. be CN * Quoiqu'ils ayent des fentimens de co2 jere trés- violents ils favent les cacher , ils fe difent froidement les injures les plus atroces , & ceux qui n’entendent pas la langue ne fauroient connoîïtre s'ils fe fà- chent, ils confervent dans leurs cœurs les defirs de vengeance, & ils ont beau- coup de peine à pardonner, c’eft ce qui eft le premier mobile de route leur con- duite. Les particuliers ne veulent pas avoir affaire à un autre particulier , #s “fe craignent les uns les autres, Une fœur ‘employeun étranger pour demander quel- que chofe à fa fœur, & ainfi des autres. Cela peut venir d’orgueil , & parce qu'ils ne veulent pas être refufez, Il n’y a pas de | Œ Maximes des Tioqnis. +9 : Piocez entr'eux, les Vicillards les termi. nent bientôt & l'on en vient prompte- ment à l’execution , car l’on fait caller la. tête à celui qui a tort, & pour cela on Faccufe de fortilege , ou quelqu'un fait femblant d’être yvre pour le tuër. Quand .on furprend un larron de profeflion, on s’en défait bien-tôt, les parens font les premiers à l'accufer & à lui faire cafler Ja têre. ben ke Tous les Iroquois font partagez , Mon- feigneur , par Famille ; il y en a trois prin- _ éipales qu'ils apellent la Famille de l'Ours, : celle de la Tortue, & célle du Loup. Ce ne font pas de fimples noms mais ils ont des Fables là-deflus , c'eft dequoi ils s’en- _ fretienhent de trois ans en trois ans, dans des affemblées generales. Chaque Village -eft compofé de ces trois Familles, & cha- que Famille a fon Chef, Chaque Chef a{- femble fa Famille pour déliberer fur les affaires qui fe prefencent ; & les Chefs eux-mêmes s'afemblent enfuite pour prendre les dernieres réfolutions , c’eft cé qui fair que les affaires traînent en lon- 7 Cas , Car il faut que toutes les Nations foient de même f[entiment. Les Onnon- taguez ont voulu fe rendre les maîtres des * affaires, mais les autres Nations leur ont . fait voir de temps en temps qu'ils ne l’é- à | fi D 2 LA K Ven | Hiffoire des Mods nie toient pas : il y a un Ordre parmi les Aniez qu'ils apellent l'Ordre des Nobles. Les femmes en font & en ont voix déliberati- ve dans les affaires : mais elles font de la dépenfe sr être de cet Ordre-là. Quoiqu'il ils n’ayent pas de Roi n'y de . Chef qui leur prefcrivent mr Loix , ces pendant lorfqu'il s'agit de quelques affai- res qui regardent la Nation, il fe trouve une union fi grande entr ce qu'ils agif- fent tous de concert en ce moment , avec une deference particuliere que les jeunes gens ont pour les Vieillards où les An- ciens. Ces Chefs qu'ils apellent Odianez » ou Odiffhems, font les plus confiderables : ê ce mot même le porte. L'on choifit ordinairement , Monet. are , la cabane d’un des plus confide. rables , que les femmes préparent, aprés- quoi elles fe retirent ;il y en a cependant que l’on regarde comme des Heroïnes,qui demandent à y entrer, elles donnent quantité de Colliers de porcelaine pour ouvrir le difcours , & lorfqu'il fe fair quel- ques déliberations on demande leur fen- timent, Ces femmes ont un G grand af- cendant fur les’Anciens que lors qu’elles demandent quelques graces pour le bien public ils ne peuvent fe difpenfer de les leur accorder , comme fun mis de guerre _ (cn Masimes des Troquois. NET étoit prêt d’aller en campagne, & que les - femmes du Village reftaflent énlées -.cette mere de famille reprefenteroit ut Collier pour les en détourner, les apeilans A6 110$ fems, qui veut dire mes oncles d’où vienc que vous nous expofez à l’infulte de nos . ennemis : pour lors en change de deffein, mais à moins de quelques affaires de Cite nature jamais les femmes n’entrent dans . les confails. | Avant d'en tenir quelqu’ un , un An- cien qui aura la meilleure voix A a plei- ne tête , faifanc le cour du Village, & dit Menblés vous-nous allaumons Île Écut 0e lors qu'il s’agit d’un Confeil de Guerre il ya quelquefois deux Confiderables ; qui crient par tout le Vill age de toutes Tours forces , avec précipitation , une parole n'attendant pas l'autre . & difeot entrez Serre entrez Fier: Les Auitens où les Confiderables étant dire. celui chez qui l’on eft , ouurr _ Orateur que lon choifit , prend la parole qui expli e le motif qui les a tous em- ‘menez, Les déliberations faires quelques. uns des Anciens vont dans chaque famille avertis la jeunelfe de-fe trouver en un lie _prefcrit,dans lequel ils feux r communiquent ce qui s’eft paflé aa Confeil,& fic'en étoig un de Guerre, L'Orateur ayant fçû le fers: ES ho lnpi lntn ne dé ?. 3% - Hiffoire des Moœurs | timent des Anciens , fait favoir à la jeu nefle qu'il feroit à propos de faire telle: _chofe. Voyéz , leur dicil, jeunefle , ce que vous avez à répondre. C’eit donc là Monfeigneur, cette politique qui les unit {1 bien , à peu prés comme cous les refforts d'une horloge, qui par une liaifon admi- rable de toutes les parties qui les compo fent, contribuënt toutes unanimement au merveilleux effet qui en refulte. Outre ces Anciens il y a des Chefs de Guerre. Ceux-ci qui entrent dans les Con- feils font quelquefois affembler le lende- main toute la jeunefle , & lui font le recit. de tout ce qui a été propolé , lui deman- dant la réponfe, Nous vous en laiflons les maitres, leur difent les guerriers: Et la jeunefle , par une deference réciproque leur répond, vous en êtes les maîtres vous-mêmes, LUE nu LÉ Les Anciens qui ont déliberé {ur leurs affaires de Guerre propofent aux guer- riers fi ceux.ci en font contens , ils chan- rent où font un cri d'une comriine voix , prononçant ce mot de Ho, qu'ils expri. ment du fond de la gorge , & s’il y en à quelqu'un qui n'eft pas content il ne chante pas. AU: MAUR D Quand les jeunes gens qui ont été déja averus {fe font trouvez au lieu qu'ils one. Maximes des Troguois. . 33 choifi , ils s’aflemblent en rond un peu à l'écart de ceux qui leur font venus parler de la part des Anciens , & déliberent en- _ær'eux fur la réponfe qu'ils doivent faire. La décilion faite, la jeuneffe qui a con- fenti à ce qui lui a été communiqué l'a- plaudit par le cri de F0. 4 Il n'y a pas de Négoce ny de Commerce _ parmi eux, parce qu'ils ne veulent point avoir d'affaires les uns avec les autrés , Ja plus grande traite eft l’eau de vie, ce font les femmes qui en traitent ordinai- rement en échange du Caftor. Ils n'ont . pas d'autre marché que les cabanes , ils _ fe payent fidellement , leurs mefures n’eft _- autre chofe que la cueillere avec laquelle ils mangent leur Sagemité. Ils mefurent leur porcelaine dans le creux de la main, ils n'achetent pas de terres ; mais les he- ritages paflent aux Parens du défunt, ils ont leurs limites pour leurs champs , ils font des marques aux arbres avec la ha- che, en tirant une ligne à vûe & fans me- thode. Celui qui a découvert un Lac, ou un endroit de Pêche,ou des maifons de Ca- … ftor , en eft le maïître , il marque l'endroit & perfonne ne lui en difpute la proprieté. Les Vieillards & ceux qui ne PEUVENT OÙ ne veulent rien faire à la guerre & à la shaffe, font des nafles & fe fonc Pécheurs, | 34. Hiffoire des Moœurs _ C'eft un métier rôrurier parmi eux. Leurs nafles fe font de fil, où d'orties , ou de bois blanc, dont ils réduifent l'écorce en filet par le. moyen de la lefcive qui le rend fort & maniable. Les femmes filent fur _ leurs genoux en tordantle filavec la‘pau- _ me de la main, elles mettene ce fil que - lon pourroit apeller plü:Ot de la fffelle en: peloton. Ils ne feavent ce que c'eit que de - pêcher avec.des filets à florter ils pren- nent beaucoup de faumons. Suis Ils apellent Colliers des grairis de porz celaine enfilez que les François nomment corde de porcelaine, ils font avec ces cordes urie maniere de hosà long-& large, où ils reprefentent plufieurs figures. Ils s'en fervent pour traiter la Paix, pour faire leurs Ambaflades ,. pour déclarer leurs penfées | pour apaifer les Procez,. . pour faire quelques entreprifes: Pour ju ger, condamnet , ou abfoudre c’elt en- core leur principal ornement , en un mot: c'ett leur or & leur argent :. les jeunes» guerriers allant en guerre s'en fervent. comme de bracelets & de’ ceintures {ur leurs chemifes,& couvrent tout cela d’une: belle couverture rouge , ils vont à-une lieuë où deux du Village , accompagnez de leurs femmes, & en fe feparant ils: leur donnent leuis Coiliers. Les femmes ; & Maximes des Iroquoïs. 3$. ‘èn font d’autres qui fervent à porter du bois & à lier les Efclaves, elles font ceci d'écorce de bois blanc d'Orties & de Co- tonniers. Ces porcelaines viennent de la côte de Manathe ; ce font des bourgos ou manieres de colimaçons de mer qui font - blancs ou violets, tirant fur le noir. _ Je vous ai donné, Monfeigneur ; une idée de l'Iroquois non Chrétien , ‘vous voulez bien que je vous parle de ceux qui font établis parmi les François, ilyena deux Millions , l’une à la montagne de Montreal, qui eft à une portée de canon de la Ville , & l’autre eft au Sauc faint Loüis qui en eft à trois lieuës. La Re- Hgion Chrétienne & le commerce que cette Nation a eût avec nous par la con- duite judicieufe des Jefuites, les a un peu humanifez depuis trente ans. Les mœurs de ces gens fi barbares & fi farouches ont été adoucis fans doute par le Baptème, avant & aprés la guerre déclarée contre les Iroquois. Ils ont fait voir des marques d'humanité, & quand ils ont vû que les Iro- __ quois leurs ennemis en abufoient, ils ônt fait voir que le Chriftianifme n’eft point oppolé à la veritable valeur. : | Ces froquois convertis ont toûjours eù foin que leurs enfans n’entendiflent point parle: des fuperititions & des coûtumes ' j , ] < V4 " & ] # > L u À ne, d TUE Te 4 7 CNT d 42 - s jé | fire d ai Aus de leur païs , en leur faifant fucer la Foi. avec le lait , ils font ce qu'ils peuvent _ afin que quand'ces enfans font grands ils ne demeurent plus au pe de al qu ils ne fe perdent. Ceux qui ont été pluscelebres parmi ces nouveaux Chrétiens ont été le grand Anié chef de cette Nation la Cendre- Chaude Chef des © Onneyouts, Paul Cap taine & Chefde la Priere, & le Borgne. Ces gens ont fait des actions & en Paix _& en guerre qui meritent que je vous en parle, Monfeigneur. | _ Le grand Anié aprés avoir dompté la Nation des Loups, fé fit Chrétien il ap. | prit lui-même lés Prieres dans les APE étant à la chafle l'Hiver , il a Prèché la Foi dans fon païs ,il a confondu les Profe. lites des Anglois, il a emporté contre les Anciens qui ne vouloient pas que l'on vint demeurer à Montreal , il emmena lui -feul cinquante de fes gens Dos une partie vit encore & fert de pierre fondamentale à l'Eglife du Saur. Il a fait plufeurs bel* les actions contre Îles Onnontouans , Fi s’attiroit l’'afe@ion de tout le thés À par fa pieré & {a bravoure ;:un moment aprés: avoir faic la priere Fa à la chafle en Hi- ver, il fut tué par les Loups nos Aliez dans un choc i imprévüs | Là ms M aximes de roms 37 | La Cendre-Chaude étoit un des deux Capiraines qui gouvernoient la Nation des Onneyours , il fic brüler le Pere Brebœuf pendant tek Paganifine ; mais aprés fon Baptème il fut prècher la Foi aux Iroquois, il commença par les Aniez & parcourue les cinq Nations Iroquoifes ; fon autorité en convertit quelques-uns, fon éloquen- ce confondit les Anciens, ‘il prèchoit les Dimanches dans les cabanes où il aflem- bloic la jeunelie. Quand la guerre fut dé- clarée il fut avec Monfeigneur Île Marquis de Denouville aux Tfonnontouans, où il fut tué combattant génereufement contre les ennemis, Paul étoit un Huron, bon guerrier & fort zelé pour la Religion, Dieu l'a ré- compenfé en lui donnant une fille qui a #écu comme une Religieufe , elle avoit à l’âge de treize ans l'innocence d’un enfant & la fagefle d’une perfonne de trente, & eft mofte vierge. Sa mere la voyant bien é fire craignit pour {a vertu ; elle convint avec fon mari de faire dire une Meñe , afin que Dieu permit que fa beauté pût être alterée. L'on tient qu'il {e forma de- “puis une tache dans fon œil, & étant de. venuë _étique elle mourut en HEURE fa mere à être bien conftanre en la Foi, & “Jaiflatà la Chapelle une couverture de tE. 38 Hiftoire des Meurs feras ,avec tous fes colliers, bracelets & autres ornemens. ARR Le Borgne ou en Iroquois Sogarefé a été mis en prifon chez les Anglois, parce qu'il étoit trop ami des François , il re: grettoit en mourant de ce que Dieu ne Jui avoit pas fait la grace d'être martirifé. Il prenoit le foin des enfans dans la Mi fion, il les Carechifoit , il les corrigeoit, il leur faifoit faire les Prieres. Sa femme n'étoit pas moins fervente, & elle a de- meuré prés d'un an en prifon chez les An- glois avec fon mari, _ Ces nouveaux Chrétiens voyent bien quelle difference il y avoir de la vie _ Chrétienne à celle qu’ils menoient avant le Baptème. Ils favent fi bien leur Reli- gion qu'ils ont confondu les Heretiques d'Oranges fur l'invocation des Saints & fur d’autres articles de la Foi. & Il y a à la Prairie de la Madeleine, vis. à- vis de Montreal,une femme Sauvage en- terrée , à l'occafion de laquelle l’on a reglé les enterremens. Les Franzois n’ont pas voulu laiffer enlever ce corps par les Sau- vages qui vouloient l'avoir , c'éroit la femme d'un Capitaine, Le Capitaine & cette femme font les deux premiers Sau- -vages Iroquois qui ont demeuré avec les François, & fur lefquelles l'Eglife du Fan © Maximes des Troguoos. 39 eft fondée. Quand elle fut morte fon mari fit un Feftin en forme de Teftament, & dit aux affiftans , vous favez que nous avons plufieurs fuperftitions dans nôtre païs touchant les funerailles ; à prefent qué nous fommes Chrétiens, & que nous -faifons prier Dieu pour les morts , je done ne aux pauvres tour ce quia apartenu à ma femme; il y avoit pour cinquante écus de hardes en Colliers & autres chofes. De. ” püis ce temps on donne aux fémmes qui ont fait la fofle , & aux pauvres , ce que ceux qui ne font pas Chrétiens mettent _ dans la foffle avec le corps. He | _ Nos Iroquois Chrétiens gardent entre eux, Monfeigneur |, le même ordre de _ police que les Payens, mais ils ne déter- minent rien fans l'agrément du Gouvera. neut general, auquel ils viennent dire ce qu’ils ont conclu; s’il l'aprouve l’affai. re eft décidée , s’il ne l’aprouve pas, ils font ce qu'il leur ordonne. Cela s'entend des affaires dont il faur que le Gouver- neur ait connoiflance , car pour le refte ils le gouvernent à leur maniere ; cela facili. te la converfion des Anciens qui veulent . fe faire Chrétiens. Il y a un Chef de la _ Priere qui préfide aux Chants , aux Off ges qui fe font dans l’Eglife & à tout ce qui regarde le culte Divin, maisil ne fait Tome III. Mer 40 _ Hiffoire des Alœurs tien fans confulcer le Pere Miffionnairé: uand on fair les Mariages l’on garde cd de l'Eglife, & ces Sauvages fone plus fcrupuleux fur la Parenté que les Eu | ropéens ; car leur Parenté ne vient fou vent que d’ adoption, & elle n'empêche- roit pas le Mariage à caufe qu'ils ne font Parens que de loin ; cependant on n'ofe _pas pañer les bornes qu'ils fe font pref- crits avant d'être Chréciens » pour ne les pas fcandalifer. Les enfans qui n'ont ja- - mais été au païs étant plus capables d'in- ftruétions que ceux qui ont été parmi les Infidelles , les Parens ont grand foin de leur faire aprendre les Prieres, & de les envoyer à l'Eglife. Ils ne font pas Portez à _ leur faire aprendre à lire n'y à écrire, à caufe , difent ils, que l’Ecriture ne leur donné! pas dequoi: vivre, I vaut bien mieux qu'ils aprennent à aller à la Chafle, ouà Pêcher pour aporter quelque chofe à la cabane. Ils fonr bien aifes qu'ils apren- l nent à fervir la Melle & à chanter. Il yen à quelques uns qui élevent bien leurs en- fans, mais la Pipare: ont trop d IR EGE ce pour eux. Je vous ay dit, Monfeigneur, tout ce qu'il y a de bon His leur maniere de vi- wre, la Foi n’a fait que perfectionner cet État de Sauvag ge. Par M 6e PAR 3 @ Maximes des Iroquois. #t . äine honte pour un homme de porter da bois avec fa femme & d'aller travailler aux champs avec elle. On voit pourtant quelques maris qui font cela par humilité & par Penitence : Peur être que les ro quois ont en horreur cet état de femme, _ à caufe qu'ils onc vü parmi les Nations du Sud des ommes qui failoient les fenx- mes & qui quittoient les habits d'hommes pour prendre ceux de fenime. On en void trés-rarement parmi les Iroquois , & its condamnent par la feule lumiere naturel- le cette façon de vivre. Quoique les Iroquois foient de grands Joüeurs , cependant of eft venu à bout de moderer cette paflion, On n'a pas eût _befoin de les empêcher de fe ficher, car is ne fe fâchent jamais en joïiant , quel- _ que grande què puilfe être là perte qu'ils faflenc au jeu. | ; © Outre les occafions dans lefquelles its failoienc des Feftins , en ayant retranché Îles fuperititions, ils font quelques Feftins pendant l’année , au premier de Mai, en plancant le Mai devant l'Eolife , & lors que quelque perfonne confiderable vient fes voir, car parmi ce grand témoignage d'amitié c'eft de faire Chandiere ; où en feur langage mettre la chaudiere haute, pour lors le Capitaine de la Priere dir ke | He | | E 2 42. Hiffore Ë x" Benedicité à voix haute, & quand on a mangé il dit tes Graces. On a coûtume de chanter pour fe divertir & pour ren. dre le Feftin plus celebre. L'on ne voit pas d'Iroquois qui ait apris de métiers , il en eft pourtant capable , mais c’eft qu ï] n’a pas de coûtume. Dinfeues parmi les Chré- % tiens s'occupent à abattre du bois , tra- vailler aux champs, à pêcher de peur de tre tentez de boire & de devenir ivrognes comme les autres , mais ceux là ne font pas le plus grand nombre. Une pierre de touche pour fçavoir s'ils font bien con-. vertis eft le pardon des injures. ls font devenus intereflez depuis qu'ils ont con- noiflance du commerce. Tout leur argent _& leur monnoye confifte en ces grains de : porcelaine, dont j'ai déja eû l'honneur de- vous parler. La porcclaine fe trouve dans la Virginie le Tong du bord de la mer, ils la commercent avec les François lors qu'ils viennent à Montreal, & ils ache. prent ce qui leur convient. Je leur ai vi un grand mépris pour l'or & l'argent qui ne leur eft d'aucune utilité pour traiter avec les autres Nations : s'ils avoient l’u- fage de le batrre ou de le fondre ils pour- roient faire des bijoux. Ces Peuples aiment à fe parer avec autani d'amour propre que toutes autres é& tetes hi Troguors. #3 ‘Nations du monde, ils aiment beaucoup le vermillon , l’on 4 fait un grand com- merce en Ginada les femmes s’en mara- chent le vilage ; attacher , c’eft-à. dire peindre. Lors donc qu'ils fe marachens el- des mettent plufieurs couleurs fur le vifa- e, comme du noir, du blanc, du jaune, ao Élèn & du ernillôn. Les tomate fe font des Serpens oh le front jufqu'au nez, ils fe piquent la plüpart tout le corps Pan bien que les Canadiens , avec une ai- uille , jufqu’au fang. De la poudre à a fu fil écrafée fait la premiere couche st rece voir les autres couleurs, dont ils fe pos _ des figures telles qu'ils île jugent à pro- pos, & jamais elles ne s'effacent. C'eft une maxime parmi eux ; lorf. qu'ils vont à la guerre ,de fe marracher le $ vifage avant que de livrer un combat, ils avoüent que n'étant pas maitres quelque: fois des premiers mouvemens de la narit+ re, leurs einernis pourroient apercevoir for leur vilage quelque air de pÂleur & de grainte > ils fe Pntone par là fortikez , & ils fe batrent avec une intrepidité furpre. nante. Cette Nation eft trés belliquenfe mais à force de faire la guerre de routes parts, à toutes les Nations, elle & beau _ coup diminué. Les Mariages qu 'ilsontfair avec leurs prifonnieres ont beaucoup cor: E 3 Re. 24 Hifloire des Mauss tribué à repeupler cette Nation, ; Tout ce que les cinq Nations peuvent. _ mettre fur pied prefentement ce font quinze cens guerriers parce que la pli part ont éré détruits dans ces dernieres guerres, ils tiennent cependant toute l’A- merique Septentrionale en fulpens : Les Anglois les menagent d'un coté, & nous les aprehendons nous-même. Leur ma niere de faire la guerre eft fi particulie. re ; qu'un François n'eft pas en fureté ala Motée d'un piftolet de fa maifon lorf- du il eft dans fon habitation. La réfolution étant prife dans leur Cu feil de Guerre d'aller vanger leurs freres, ils font en même-temps pluñeurs partis, ils prennent quelque peu de bled d Inde pour vivre en chemin, s M pers ref pet : du refte , parce qu'ils chant toljours , marchant dans les bois où ils trouvent des | quoi fubfifter. Ve rh Ils ignorent la maniere de fe ae en pleine campagne de bled , que l’on apelle Defert » d'où ils décors ce quis'g paille , ils y feront des irruptions fubires & entreront dans les maïfons, ils râchez zont de prendre quelqu'un, ils feront des _prifon hiers ou dlnie val des chevelu- ses : ce ne font proprement que des coups de mains, &c ils ont porté par ce genre de: RU TU NEA Li, (4 9 Hs ane 4 hi > : Pan ir En h x 1% # gt) | G Maximes des Iroquois. 45 guerre plus de cerreur chez leurs enne- mis que n’auroit pù faire une armée re- glée ; les François ne l’ont que trop ref- fenti. Malheur donc à ceux qui tombent entre leurs mains , car ce font autant de victimes qu'ils immolent à leur fureur... Ils ont bien foin de leurs prifonniers pendant le Voyage , non par un efprit de charité ou de compañfion , mais par- ce qu'ils fe font fait un point d'honneur _d’en avoir en entrant dans leur Villa qu'ils paroiffent bien rigoureux. Ils éloi- gnent pendant ce temps-là routes les idées qui pourroient leur faire de la peine fur la jufte aprehenfon des peines qui les attendent ; mais lors qu’ils font prêts d'arriver c'eft une metamorphole bien differente, cette aproche réveille tout-à- coup ce que la fureur avoit affloupi contre leur propre inclination, & l'imagination rapellant tout ce que la cruauté leur peut änfpirer , elle fait éclater la rage qu'ils a- voient confervée dans leurs cœurs , car ils leur coupent quelquefois les pouces, leur arrachent les ongles avec les dents, leur rongent le bout des doigts & les leur font brüler, leur font des eftafilades dans les chairs avec un coûteau, & fe les jer- gent de l’un à l’autre au travers d’un grand: feu , ils ne donnent jamais la vie aux. pris SALE... f "A 46 _ Hifloire des Mars. {onniers qu'ils font dans leurs campagnes de bled d’Inde : ils leur fcient les poignets avec les cordes de leurs arcs, ( ce fonc les. Tfonnontouans qui fe fervantde ce genre. de fuplice plus que les autres ) on les faies ‘affcoir & on leur fafpend les pieds, liez entre deux piquets devant le feu on leurs fait brûler la plante des pieds 4 & où la icur. enleve quand elle eft bien rôtie. 4 Quand il yap lufeurs prifonniers on : les diftribue à routes lés Narions, ceux qui. reftent dans le Village qui a fait coup fort deftinez aux familles qui ont eû de leurs parens tuez à la guerre ; on les méne dans. les cabanes des femmes qui en ont perdu. Celles. ci verfent des larmes fur ces in-. fortunez,elles les reçoivent bien, leur don- nentà manger, & penfent leurs playes f ils en ont reçu : mais s'ils pouvoient pene- trer en même temps le fond du cœur de ces Megeres que de fourberies n' aperce- vrojent- A pas , car tous ces bons traite mens HaNoutiate enfin qu à Rai leur vengeance, Ces Efclaves étant à la hretioh de ces Barbares, la famille à qui ils ont été don- | nez dffere quelquefois de s’afflembler pour déliberer de ce que l’on en fera, on les matache , on les promene en attendant . dans le Village de cabane en cabane , on. NE h HACK Der, x 14 » © 74 axiwies des jap 47 Jes fait chanter à l’Iroquoife, l'on s’en di: vertit, en un motils en font leur joiet. Siquelqu’ un eft allez heureux pour être adopté , il eft feur d’avoir 4 vie & la paîle comme eux , autrement il eft condamné au feu. L’Ancien du Vil Ilage va faire Le cri _ de mort , qui font des hurléemens à faie re drefler les cheveux , pour lors tous les Chefs de guerre & la jeunelfe fe réjotif- fent de la bofñne nouvelle qui leur vieat d'é être annoncée. Auparavant que de le mener au poteau ils lui mettent quelquefois au col , au bras _& aux jambes, tout ce qu'on peut trou- ver de plus precieux, comme des Colliers de porcelaine. Jeme reprefente, Monfei- . gneur, certe Victime que l’on conduit aw Re comme ces holocauftes que l'on limmoloit avx faux- Dieux qui étoient cou- ronnez. de fleurs, on lui attache les mains à une corde du poteau, de maniere qu’il ait la liberté des pieds pour en faire le tour au milieu de fes tourmens : c’eft dans cet horrible érar que s'exerce tout ce que peut inventer lartifice d’un Iroquois. On apreche le prilonnier d’un grand férieux , & on lui pafle des canons de fu- fil tous rouges fur le corps, depuis les pieds jufques à la tête , avec une tranquilité fr grande que l'on croiroit que ce feroit un La - 5 LA MS se | Hire d Pa ï“ dy Peintre qui apliqueroit des couleurs fuë üun Tableau : ils Font rougir ces fers le. plus qu'ils peuvent parce que l'ardeur du feu emporte plus aïfement la peau, _ Comme ces tourmens ne dépendent qué. du capriée , ils ne fonc pas limitez dans. leur maniere : les uns leur attachenct l'ex trêmité des nerfs à des bâtons , & tour-. nant ces bâtons ils ÿ roulent ces nerfs comme on fait un cordage fur un efieu, | ce qui leur fait retirer tout Île corps & te plier en deux d’une maniere horrible, ils le couchent fur le dos &z leur apliquent des pierres toutes brûlantes detfus. Ils me. furent la peine à . Ja qualité ; parce qu'ils difent qu'un Officier doit avoir naturel. Jement plus de valeur qu'un fimple foldar, & qu'il eft plus capable de faire parcitre î en ce moment plus de co! irage ; cils s'a- charnent donc davantage aprés lui. | Plus l’on crie au milieu des douleurs. plus ces Tirans prennent de plaifir , ils’ ñ'aiment pas qu'un homme fe rende fi:tôt, ils n'en font pas d'état , ils le quittent mé- me avec chagrin ; 4 quand il s'agite autour du poteau , 8 qu ‘il eff dans le de- fefpoir par la violence des maux qu'il fouffre , ils jettent des cris de joye, ou: plücot des hurlemens épouventaoles : on feur enleve la peau qui couvre le crang, PT UNE . © Maximes des Irequos. 415 dans laquelle ils mettent de la cendre toute rouge 4 ils leur Femetent fur la tête. 'h, fr . Lors qu’ils voyent qu'un homme tom be comme mort , tout navré de douleuts, ils le délient & én font un habit de paille de bled d'Inde. auquel ils mettent le feu, ce moribond qui a encore quelque refte de fentiment veut faire un dernier effort pour fe fauver, ce font pour lors des tranfe 24 de joye ; cet infortuné prie quelque- is qu on lacheve mais ces cruëls in- ventcent de nbuVeaux tourmens pour le faire foufrir. L'on a vû une chofe tout à fait extraordinaire , que la bien-feance des vroit me faire paifer fous filence, mais c'eft pour vous faire connoître jufqu' où peut aller la malice & le mauvais cœur de cette Nation lors qu’ils tiennent leurs ennemis. Une Femme qui avoit eû un de fes parens tué à la guerre ne fachant plus de moyens pour tourmenter un François, fit rougir un fer qu’elle lui paffa dans l’u- ne de ces parties que la pudeur me dé- fend de nommer : ça été, felon le témoi- gnage de quelque François qui avoit été adopté, le plus cruël fupli ice que jamais les Iroquois ayent pü s’imaginer. L'on ne meurt pas d’abord de tous ces fores de tourmens quel on exerce à plaifir ms e Hifoire de Meurs_ à. Li. {ur eux: enfin aufli.tôt que cette victime a expiré, ils lui arrachent le cœur ; ; ils fuçent le fang, & coupent le corps en plufieurs morceaux qu'iis mangent. Tel ef le caractere de la plus redoutable Nation qui foit dans l'Amerique + qui d’ailleurs font trés humains & trés ge nereux avec ceux qui deviennent leurs amis. Je fuis avec refpect, w" MONSEIGNEUR, , Votre trés humble, &e. lt. LETTRE, 4 2 y 2e ll . h \MMCTHRRS à AN 2 5 * ru \ 1. ä à A M aximes des Troquois. st SR ARRRERIE IT TRES pi nnntnns II LETTRE Sujets des premieres Guerres avec les Jroguoss. Jnrerér des Peuples du Canada avec les F6 rançois. Arrivée de Mr le Édpe de PRES de France en Canada, Avec Aurionaë de grand Chef des Troquoss, Les Onnontouans veulent faire la Pas N avec lès Iroqgnas, ‘Or déclare la Guerre anx Anglois dans n Ja Nouvelle Angleterre © la None Ù velle Tork. Aurionaé far Savoir à [a Narion par .gaaire Députez quil eff de retour en 4 Canada. Gagnegoron Ambaledeur Jrogaois aporte des Colliers. prie du Port Royal is Lacadie par les Anglais, Converfation particuliere de Mr de Fron- + tenac avec Auriouaé. F. Jroquois font an grand defräre VIS = a-vis de A ontreal, | | Aome III, F * À Por S PORA mir "4 VE. pie ce Û i j “TR LEON % ; _ Hifloire dk M œurs ns * à F. Chevalrer Guillaume Phis. afige … Quebec avec tontes les forces de ANonvelle Angleterre, Il en Vleve le. » Siege ayec honte, Sat SAIS ‘at à Made À NT ai rout lieu d’ dE fa Riel He roïques de votre Vie , & je croi que je. ferois devenu un bon fajet fi la deftinée. avoir pme faire porter les armes fous! votre conduite, je ferois alfurément de-t venu un bon Capitaine puifque vous êtes! devenu un fi bon General. Je ne pale pas. les Mers pour faire ici voire Panegirique,. otre réputation ef trop. bien établie dans les armées , le fuccez de la Bataille de Fleurus vous fut fi glorieufe que vous com- mençâtes & donntes lieu à Monfeigneur de Luxembourg. d'achever une journée. qui lui acquit tant de gloire; il reii{fir,mais, fi ; ‘ofe ledire, il fuivit vos pas.& ne ft que rerminer ce que vous aviez fi bien com- _mencé. Vous, Monfieur, qui êtes fi aç- coûrumé 2 a des Querres d’ AHérpange: d An- . glois & d'Hollandois, fouffrez je vous pris que je vous parle da celle des Iroquois, c'eftune Nation dans |’ Amérique ! for: de Pubr eee la vbravogre. s de. ” ul nié “1 PM dbimés as os. UT À | LE Les premiers Francois qui s ‘érablirent dans le Canada furent ‘quelque temps fans avoir guerre contre les {roquois. La nou- teauté des marchandifes de France attir4 fenñblement cette Nation, comme plu- fieurs autres nos plus proches voifins. Les Iroquois Onnontaguez nous reçürentavec plailr chez eux, mous ÿ fines même un Fort garni de petites pieces de-canon ,& des Miffionnaires commencerent a ÿ plan ter la Foi. + Maïs comnïe ce vafte continent occupe quantité de Nations dont les langues fonc toutes différences,certe diverfité de mœurs & decaracteres d’ dise exciroir fouvent de la jaloufie & de lanripatie parmi tous ces Peuples lors: qu ñls soute de quelque interéc. | + Les Anglois qui dJémeurdient aux en virons de Qaebec furent nos premiers ÿ c'écoit une Nation polie poùr qui les Iro: qüois avoient une averfion naturelte. La grande érenduë de chafle que poffedoit la Nätion Algon&ine au Nord du fleuve de’ fainc Laurent, donnoit d'autant plusd'om- brage aux froquois que les Alsonkins tuoient beaucoup plus de Caftor & d’au- tres animaux depuis qu'ils avoient l’ufage des armes à feu | nous trouvions de LT anrage de traiter avec nos voifins fans EF 23 54 © Hifhoiré. me “ sos: 4 aller courir chez les Iroquois qui AE. à roient à plus de deux cens lieués de Que-. bec. Ceux. ci conçürent aifement de la ja. loufie contre les Alsonxins qui ne s’en embarafloient pas autrement; les repro- ches fe firent aufli-tôt de part &e d'autre, des paroles on en vint auxeffets, en un. mot la guerre fe déclara brufquement en-. tre les [roquois & les Algonkins; & less François {e trouvant enfermez en Le que-. relle des deux partis furent obligez de few mettre fur la. défenfive. Les Iroquois dé leur côté ne balancerent pas à faire la. guerre aux François. Plufeurs perfonnes de confideration qui avoient emmené des domeftiques de France à leurs dépens s'o-. poferent à tous les actes d'hoftilité des Iro+, quois , & toutes les familles contribuant: alternativement à la culture des verres les armes à la main lorfqu’il falloit travailler | à la campagne. | Je pañe, Monfieur , fous Gilence plus fieurs mouvemens de guerre qu'il yaed. dans ces premiers établiffemens , pour ne. pas m'engager à raporter fur tour ce ques “j'ai dit de Monfieur Champlain dans mon | Hiftoire de la Nouvelle France. : Jamais Nation n’a été plus fidelle aux François que les Algonkins, mais la pe= 1 h tte Verole qui fe répandit dans le paisa. jh .. Maximies des ME NEUN fs | AE de. quelques Vaifleaux, caufa une grande defolation parmi certe Nation, le: Canada eût été pour lors fort à plaindre. fi Sa Majefte n'y eût envoyé le Kegiment. de Carignan. En effec, Mellieuts de Frafi & de Cuuvtelte teérminerent heureufement. la guerre en moins de deux Campagnes \ La Paix ayant été conclue en 1666. l'on téforma ce Regiment qui s'établit dans le païs , la Colonie devint par la confde-. rable par tous les Mariages des Soldats &. plulieurs Officiers ,.qui aimerent mieux xefter dans. le païs que de s’en retourner en France, e + Les Itoquois en Paix avec nous allaréne | guerre chez toutes les Nations: avec qui nous n'avions pü encore faire al. hiance , ils étendoient par là leur chalfe. pour pouvoir commercer avec kes Fran- Gois, & à mefure qu'ils faifoient des pri- fonniers ils les faifoient Efclaves, ou ils : . fe marioient enfemble.Cette Nations’ aug. mentant infenfiblement par là devint f fiere qu'ellé infultoit toutes les antres, | même les François qui commencçoienr à | faire des découvertes chez celles. , |. Les Anglois qui avoient pris fur les Hollandois , dans la Nouvelle Hollande , Manathe & Orange, firent amitié avec fes | at qui {our beaucoup È us prés dé F à s6 dron) Fe des Mani la Nouvelle Angleterre que de la Né velle France. Les Anglois ne pouvoient penetrer jufqu'aux Nations qui devinrent dans la fuite nos Alliez , ils engageient Lol _ Iroquois de faire ht eux toutes fortes: d’incurfons pour enlever léurs Pelleteries,« ou pour chafler indifferermment fur leurs. terres Toutes ces Nations que nous avonsw nommez dans la fuite du mot general. d'Outaouaks, firent alliance avec les Fran çois ; ils nous demanderent main forte 8c prétendoienr qu'étant maîtres fur leursi terres ils ne vouloient pas que les M vinffent y chafler. La Chañfe eft pour ainfidire depuis que he François font établis dans le Canada } Je premier objet de toutes les guerres enë tre les Iroquois & tous nos Alliez , parce les Iroquoiïs font fort bornez , il y a trés= peu de Pelleterie dans la Nouvelle An- gleterre, moins encore au Sud du côté de Ja Caroline, la Pinfilvanie, & la Vi:ginie, dont Îles Hdi font fous Ja FIVE de l'Angleterre. | Menfieur de la Barre, pour lors Goui | verneur, ayant arrêté toutes les êtes d'hoz fliliré des Iroquois fur nos Alliez, refolut de leur aller declarer la guerre en +6 84. le fejour que fes Troupes furent obligez de faire au Fort Fronténac , dans Le Lag < . & Maximes des Iroquers. ST . Ontario ; pendant fix femaines , païs ex- trémement marécageux , caufa beaucoup de flévres, &. fi je peux me fervir de cette expreffion Mr de la Barre fur plus heureux * _ que fage, Eneff:c, il renouvella la Paix avec les [roquois qui n'avoient pas trop . envie d’avoir la Guerre , & il fe retira .… adroitement avec fa petite Armée , acca- … blée de Fiévres & de maladies. : . Monfeur le Marquis de Nonville re. … leva Mr. de la Barreen168ç il crûc qu'il étoit dangereux à la Colonie de fouffrir que la Nation Iroquoife s'agrandit chaque , jour , il avoit porté le fer & Île feu à plus de cinq cens lieuës delà, dans le Miffifpi, . chez des Nations que l'éloignement avoit empêché de faire alliance avec nous. Tous … nos Ailiez étoient fort intimidez de cet . agrandiflement , parce que les Iroquois … fufcitoient concr'eux chaque peuple qu'ils avoient foûmis ; ils tenoient nos Alliez … dansune fi grande contrainte que ceux-ci - n'ofoient pour la plûpart venir à Montreal, . Monfieur de Nonville prit donc des me- … fures pôur détruire entierement la Nation … Jroquoile, il fit main baîle fur quantité de Chefs de guerre qui s’étoient trouvéz au _ Fort Frontenac, dont on en envoya quel- ques uns aux Galeres de Marfeille. H alla chez eux en perfonne avec des Tioupes à à NEVERS ER AE 7 - & Hiffoire x Der Ra d'un détachement de la Marine que le Roi lui avoit donné: il tomba malheuréu- … _fement dans une Embufcade de einq cens Iroquois où il recûc un rude échec. Il l'a forçx cependant & il biûla tous les Vils lages des Tfonnontouans , ravagea leurs campagnes de bled, & les hommes ,fem- mes & enfans furent trop heureux de fe jetter dans des païs up pour leur fureté. “ii Les Iroquois Érapas: d' une telle irru tion ne penferenr plus qu'à tromper les François, ils profiterent d'un contre-temps qui arriva à la Colonie. La Rougeolle que des Navires de France avoirapoité nous mit hors d'état d'aller avec un détache- ment de je cens hommes chez les Aniez qui font nos plus proches voifins : les Iro= quois envoyerent des Ambafladeurs en 1688. à Mr. de Nonville pour traiter de la Paix, C’eft une maxime dans ce païs lors que l'on vient parler de Paix ,plufeurs de Ja Nation partent en même temps fans _confequence , foir pour fe trouver à la Paix, foit pour commercer. Hls-viñrentau : hoïnbre de quinze cens, & atraquerent à . Pimprovifte le ç. Aoûr 1689. la Chme >Par- tie Meridional de l’Ifle de Montreal, où ils ravagerent trois lieuës de païs , ‘enle2 verent quantité de prifonniers ,tuërent ». 2 PUMA AA. né” :2{" ea | * : & Ma aïimes à be à sy | Maffacrerent tout ce qui parut devant eux, méttant méme des Femmes à la broche | qu'ils firent rôtir ; & exerçant des cruau- tez inouïes que la Hiecifcance m ‘oblige de. taire. Ils firent encore une autre irruption au mois d Octobre au bas de cette Ifle, . qu ils rufnerent aprés avoir fait lufeurs _prifonniers. Telle étoit la fituation de la Nouvelle France quand Mr. de Nonville fur rapellé en France pour être fous Gou- verneur de Monfeigneur le Duc de Bour- _gogne , & Mr le Come de Frontenac le televa 1e 12. Octobre 1689. Une Colonie eft heureufe lors qu’elle eft gouvernée par un Chef qui ne regarde . que l'utilité & la feliciré publique : ceux que Dieua choifi pour prendre fous lui le gouvernement des Provinces, & que la. _ Providence a placé fur la 1êce dés autres hommes, doivent fe faire aimer des peu- ples, parce que leur grandeur ne confiite pas tant au pouvoir qu ‘ils ont de leur com- _ mander, qu'aux moyens qu'ils doivent prendre de leur étre utile. Il eft difficile, Monfieur , de vous ex- primer la joye que reffentit la Nouvelle France lors que Monfieur le Comte dz Frontenac rent:a cette année dans fon gouvernement, aufli étoic-il fouhaité de touces les Nations. 60 | Hifère des # œurs is Les Sauvages Alliez des François qui. ävoient pris leurs incerêts contre les Iro- : _quois, demeurerent dans üne efpece de. lerargie depuis le faccagement de la Chi- les habitans enlevez & la plus belle | cé du païs entierement ruinée, avec uir affoupiflenent univerfel de fé part des . François , donnerent lieu # toutes ces Na tions de ‘prendre dans la fuite d’autres melures pour 1 n'être pas læ victime des’ Iso quois. Ea Durantaye éssibithe d’une TT pagnie d'un détachement de’ la Marine‘ qui commandoit à Michilimakinar, àtrois cens lieuëés de Montreal, s ’aperçüt AUS de’ ce réfroidiffement , il dépêcha à Quebec à Joliet qui négocioit en ce païs, pour in forrner Fe nouveau Gouverneur que l’on attendoir de France, de toutes les démar- ches que les Sauvages faifoient pour fairé fa Paix. nu : Les Outaouaks & les Hurons furent té premiers qui voulurent prendre leur fu. reté , ils avoient trop de peñetration d’ef: prit pour fe laiffer tromper , & les rnefu- res juftes qu'ils prennent dinatreti@é dans leurs affaires, les mettenr fouvent à l'abri des incidens qui peuvent arriver. Jotier arriva à Quebec fur la fin de De: . éembre ; la furprife de Mrde Frontenag” ee 4 $ é M aximes des aa Et me fut pas moindre de voir entreprendre à un homme un Voyage de cette confe- quence, qu'il fut obligé de faire partie en ça notpartie far les glaces, accompagné feulement. d'un autre que des nouvelles qu'il lui aportoit : en effet les changemens de Gouverneurs font fouyent changer de face aux affaires d’un pais éloigné de don Souverain. . Monleur de Fronténac refolut des le même temps. dé ie renvoyer à Michilima- xinak porter {es ordres a la E Durantaye, & fa parole aux Sauvages, pour les dérour- per de leur de (Mein & leur donner avis des diférens partis qu'il euvoyoit contre les 4 Anglois pour commencer la guerre con- tre eux, & les faire repentir de tous Îles maux qu ‘ils nous avoient fufcité , à eux & à nos Alliez : mais les nouvelles que l’on eût queles lroquois chaffoient fur le che- min, fut caufe qu'il ne partit qu'au Prin- temps aprés la fonte des glaces. L'on déracha pendant l’Hiver trois par- vis: : le premier devoit fe faire à Montreal; pour aller du coté d’ Orange. Le fecond fe formoit aux Trois Rivieres , & devoit fäire fon coup entfe Bafton & Orange. Le troifiéme qui partoit de Quebec, de- moi cotoyer le voifinage de Bafton. 18 réüffirent tous, on eût d’ abord des à: Ni 0 Bfiffoire he M œurs nouvelles de celui de Montreal, mais’ au paravant que je vous en etes un détail plus au long je vous dirai, Monfieur, qu ‘au premier Voyage que fit Mr de. Fronténa | à Montreal à fon retour de France, il fit partir un Convoi pour je FAIT de Catatdi | Kou ,ou de Frontenac, pour tâcher de le Cane er, & le mettre ur d’infulte pen dant tout l Hiver. Quatre Iroquois qu'il avoit: ramené dè France avec Auriouaé, un des plus confiderables Chefs de lei Nation,partirent prefque en même temps, Je vous parlerai fouvent de ce Chef , il toit un des principaux fujets de la guer-. re. Onen attira Dé qe. au Fort de Fron= tenac fous prétexte de Paix & d’un Feftin d'alliance, qui ef la maniere dont on traite les affaires avec eux, où ils furent arrêtez. au nombre de quarante , que l'on envoya en France aux Galeres , mais le Roi qui, fut informé dans la file de cette ation” les ft repañler en Canada, On avoit lieu de fe flâter que la Paix fe féroit aifémer ent avec les Iroquois des lors quils apren- droient des nouvelles d'Auriouaé ; pour. qui effcétivement les cinq Nations pre- noient un interêt commun. On le ména-!' _gea pendant le fcjour qu'il ft avec les- François, & il gagna affez fur lui pour. où-. blier fes mauvais frailemens qui l'avoir reçüs | | AVES j: œ Maximes des I roHDIS 63 æeçüs pendant fon efclavage. Il engagea jui-même Mr. de Frontenac à des confi- | dences particulieres , & ce fut de fon pro- .pré mouvement qu'il lui infpira de faire partir fes quatre Députez vers la fienne avec un autre Sauvage qui étoit venu en … Ambaflade, Son deffein étoit de faire aver. tir {a Nation de fon retour , de l’obliger “d'envoyer quelqu'un faluër le Comte de -Frontenac leur Pere qu'ils avoient perdu depuis fi long-cemps, & de le remercier en même temps des bontez qu’il avoit eû pour eux en les faifant delivrer des Gale- res, chargerent ces quatre envoyez de fes Ordres. Ils revinrent à Montreal le neu- iéme Mars avec Gagniegoton , ilsy gar- derent le filence , mais aux inftantes folli- citations du Chevalier de Callieres Gou- verneur de certe Ville qui les preffa de _ parler, ils lui prefencerent fix Colliers de porcelaine. our. Premier CoLLizERr. Il marquoic le fujet de leur retardement caufé par l'arrivée des Outaouaks aux Tlonnontouans , il difoit que des Efclaves Iroquois y avoient été rendus au nom de | neuf Navions differentes, fans que les Hu- tons de Michilimaxinak euflent aucune part dans cetie nécociation. Les Iroquois érojent invicez à {e rendre au mois de Jain Tome 111, | MAY re 64 Hifforre des Mœurs à un lieu certain , pour mettre la derniere main à la Paix dont ils venoient porter la parole, & y recevoir encore vingt- fix au: tres Efclaves. Gagniegoton ajoûtoit que _c'étoic ainf qu'il faloit faire les chofes lors qu'on les vouloit acheminer à une bonne _ union, & venir foi-même parler d’affaires fans s’en remertre [ur d’autres que de fa MNartion. | Lire Von. | DEUXIEME OCDE Il témoignoic la joye que les Anglois, -& les cinq Nations Iroquoifes avoient ed _ d’aprendre le rerour d’Auriouaé , qu'ils nomment le Chef general de route la Nas tion Iroquoife. ; 7 2 -. 1: TRoïsi® ME :CorrERR, | Il parloit de la part de l'Onnonagué ay nom des cinq Nations ; il y redemande le promt retour d'Auriouaé , voulant qu'il fur accompagné du porteur de fa parole, de quelques Sauvages qui éroient reftez volontairement parmi Îles François, & de tous ceux quiétoient revenus avec lui de France, que leur retour fe fit avec lui fur les glaces afin qu'ils viflent enfemble les inefures qu'ils avoient à prendre 1] ajoû- toit que l'on avoit retiré à Onnontagué fous les prifonniers François qui étoient en diverfes bourgades, & que l’on n’en dif= poferoir que fur ce que diroit Aurjouaé à * Ÿ {pn rerour, — ME Re “e Fe - Maximes des Jroquoit. 6$ QUATRIEME CoLLrEeERr. ci s'adrefloit aa Comte de Frontenac. Vous dites Oronrio , mon Pere ; que vous defirez redreffer l'arbre de la Paix que vous avez planté dans votre Foct ; voila qui eft bien. Mais, de CiNQUIE au COLLIER. : a _Xc gnorez-vous qu'il n’y a plus de feu de . aix dans ce Fort , qu’il eft éteint par té: fang qui a été é répandu, les places où lo on agé ce en par la tromperie qu on ya faies , on a gâté la rerre d'Onreyour ( c'eft un Village : à dix lieuës au deflus du Fort}, ar les prifonniers qui y ont été faits par Brie, on a gâté la terre des Tfonnon- “fouans par le ravage que les François ÿ. ‘ont fait. _Racommodez tout cela il vous fera fi be de placer le feu de Paix & des bonnes affaires ailleurs qu'où vous lavez mis, “Car on l’a jetté hors de ce lieu. Mettez. lé li vous voulez à Onfaguentara {c'eft un lieu au delà du Fort ) où fi c’eft rop loin vous pouvez choifir la Galette, où The- ganiflorens vous viendra trouver ( c'étoié - un Chef fort eftimé de Mr de Frontenac, pour qui il avoit de l’affcétion) vous pour- fez vous y faire accompagner par autant de monde qu'il vous plaira , & moi de G 2 | L " 1 4 STARS D 'Ag 4 ! & rt ea # ; \ È ” En { 66 Hifhoire dss M œbrs même, Âu refte, mon Pere Onostio, vous âvez foüetté vos enfans bien feverement, vos verges étoient trop piquantes & trop longues , ; Aprés. m'avoir ainfi traité vous pouvez Lie juger que j'ai maintenant de l'efprir. Je vous repere que moi Onnon- taguez fuis maitre des prifonniers, apla- niflez les chemins de chez vous à la Gas Jette & du côté de Chambli, SIXIEME COLLIER, #0 Il avertit qu'il y a un parti de vinge | hommes en campagne des le mois d° Oo- bre contre vous ,.qui ne doit faire coup - qu'à la fonte des” ges : il promet que il fait dés prifonniers ils en äuront foin, & prie que fi nous en faifons de notre cô- | té nous les confervions pareillement. I ajoûca encore ces paroles, j'avois huie. prifonniers pour ma part de l'affaire de la Chenaye proche de Montreal, jenaiman- … gé quatre , & les quatre autres ont ici la vie. Vous avez été plus cruël que moi, ayant tué douze Tfonnontouans à coups de fufl, vous avez mangé les trois autres qui EE ia en vie , fans la doriner à pas” “un, vous eufliez pü la doanet: àun ou deux; c'ei pour cela que j'en ay mangé quatre autres , pour vous faire voirque ‘vous êtes plus cruël que moi. Je ne fçai pas ce que les Onneyouss avec qui j'étois. allé en: RO A =. rat (ir : _& Maximes des Iroquois. CET guerre, auront fait des François captifs ue Jeur font échus en partage, | La Harangue finie le Chevalier de Cal: Jieres demanda à cet Ambaffadeur file Pe- re Milet Jefaire qui avoit été pris au Fort de Frontenac vivoit encore 2 Il répondit. qu'il vivoit lors qu'il: étoit parti du pais. il y avoit vingt-huit jours. | On Jui demanda de plus d’où vient que les Aniez étoient venus en guerre contre nous ? Il répondit que quatre. vingt dix Loups Sauvages , Alliez des Iroquois , a-. voient fait un parti dans lequel ils avoient. engagé quelques Aniez & quatre Onne. yours, mais que l'onavoit fait courir aprés les Aniez. Quand on fe trouva dans un endroit où les deux chemins d' Orange SE. de Corland fe feparent , l’on jugea à pro- pos de prendre cette derniere route. Lors que l’on fur à deux lieuës de Cor=< Jand , le grand Anié Chef des Iroquois du Saut fit une Harangue , par laqueile il en- couragea tout le monde à faire fon devoir. Les farigues extraordinaires que nous a vons fouffertes dans notre voyagé , leu£ dit-il , ne doivent pas rallentir en nous no. tre courage , il fufht que nous foyons des, hommes, il faut nous venger des injures. que nous avons recües des Iroquois, à la follicitation des Anglois, & les laver dans G 3. + 4 “ 63 _Hiffoire des Mœurs Je fang de ces perfides. Ce Cheféroit fans! contredit le plus confiderable de fa Na tion, honnête homme, plein d’efprit, de prudence & de cœur, & capable des plus grandes entreprifes.On trouvaun moment’! aprés quatre fenimes Sauvages cabanées, qui donnerent toutes les lumieres necef: : faires pour l'attaque de la Ville. L'on con- tinua le lendemain la route & l’on envoya : à la découverte un Canadien & neuf Sau-. vages : on arrivaenfin fur les onze heu-. ges du foir à la vûe de Corland, & quoi que l’on eût remis l'attaque far les deux’. ‘heures du matin, le froid les obligea de ne pas differer davantage, Cerre Ville fait une efpece de quarré long où il n'y a que deux portes , l’une vis à-vis de laquelle étoit notre parti, & l'autre qui conduit à Orange, qui n'en eft éloigné que de fix. lieuës. Saint Helene & Mantet devoient entrer par la premiere que ces femmes avoient dites ouvertes , d'Hiberville 8e. Monteffon, avec un autre détachement, prirent {ur la gauche pour fe rendre maï- tres de celle d'Orange , qu'ils ne purent" trouver. On gardaun profond filence juf- qu'à ce que les deux Commandans qui étoienc entrez dans la Ville l’euflent re- connué le cri d'attaque à la Sauvage fe fit recentir tout à coup, Mantet à la tête” <= rs Co | Œ Maximes des Froguois, 69 d'ufi détachement attaqua un petit Fort où la garnifon fe trouva fous les armes, il fit mettre le feu à la porte, y entra ,& fit pañler au fil de l'épée toute la garnifon: Le feu étoit d'un autre côté dans la Ville, & le fang y couloit avec profufion par le maflacre general de tous ceux qui la dé- fendoient. On voulut épargner la maïfon dû Miniftre pour entirer quelque con- _noiflance , mais il fut tué & tous ces pa- piers furent brûlez avant que l'on pût la _reconnoître. L’on envoya fommer le len- demain Cendre Major dela Place , qui _ , md 44 “CT k x CM k uile | CG Maximes des Troguoïs. 76 er Pellecerie qui leur apartenoit,qu'ils n’a- ‘voient pû emmener ici bas les années pre. _cédentes à -caufe de la guerre, D'Fofta Capitaine & la Gemeraye Lieutenant, _ aufli reformé, eurent ordre de les accom- pagner avec trente hommes jufques aux Calumets , à foixante lieuës de Montreal, _ afin de raporter des nouvelles de leur paf- fage , n’y ayant plus de rifque au delà de çe détroit. Ils parrirent de Montreal le vingt-deux Mai, & firent alte douze jours … aprés à trois lieuës au deffous d'un endroit gommé les Chats, à l'abri d'une pointe qui avançoit fort au large dans la Riviere, d'où ils découvrirent deux canots d’Iro- quois qui paroifloient au bout de la pointe. …_ . Louvioni & d'Hofta refolurene d'y en yoyer trois canots de dix hommes cha _.cun, & que foixante autres iroient par ter re pour les prendre de rouscôtez. D'Hofta & la Gemeraye s'embarquerent dans les _ ganots , & Louvigni devoit conduire ceux . quialloient par terre. Les trois canots ar- riverent bien-vôt où écoient les Iroquois, … qui firent fur eux à bout portant une dé charge de moufqueterie : il y eut d’abord . quatre hommes de tuez ,iln’en refta que . deux qui ne furent pas bleffez dans le ca _ not de la Gemeraye, qui vouloit aborder … le premier, ainf ils furent obligéz de re 7 Tome III. E Re AS Con ee EC SES RE RP PR LEP ES NT PNA at, CA 100 es RENAN 2 vou ’ X EE : - ‘ Ÿ u = 4 Ces de e ZuV t F6... | Hifloire des Bras : | | venir à l'endroit où is avoient laiflé es. | autres canots. 4 D'Hofta outré de fa retraite , & host | gni au defefpoir de Ja. perte de fes gens , s'étant mis a la tête de cinquante ou foi” xante hommes , donnerent par terre tête : baïflée dans l'embuttade des Iroquois, qui. aprés une premiere décharge, & ne pou- vant enfuite foûrenir le choc des François s 'embarquerent : avec précipitation , aprés à avoir eü environ trente hommes de tuez , fans compter plufeurs bleffez à mort, quatre prifonniers , deux hommes & Fe ; femmes, dont l’un Chi mené à Michilima: kinak, qui fat mangé par les Hurons & Cuous & t'aueré fut conduit à Que- bec où il fo donné à Auriouaé, D'Hofta revint à Montreal aprés le Combar , & Louvigni continua fa route. Fa L'on eut peu de temps aprés des nou- velles de l expedition faite par Horrel qui : commandoir le Part des ‘Trois Rivieres ; : il étoir accompagné de trois de fes Fils, de vingt-quatre Sokokis,& de cinq AL gonxins. Ils partirent des Trois Kivieres le vingc-huit Janvier avec cinquante deux hommes : ; aprés une marche aflez longue & fort penible au travers des bois, il ar- tiva Le vinge fept Maïs auprés d’un Villa- ge Anglois nomme Semenfals, , qu ilavoit © Maximes des Troquois. red fefolu d'attaquer , il examina le terrein “pour pouvoir Rire trois détachemens, Le premier de douze perfonnes devoit s’atta- cher a un petit Fort de pieux à quatre ba- : tions ; le fecond de quinze qui devoit en- - Jever une maifon fortifiée , & lui avec le furplus devoir donner far un autre où il ÿ avoirune piece de canoir. Ces trois Portes furent enlevez fans peine , ceux qui les -défendirent furent tuez , & l’on fit cin- -Quante quatre prifonniers , lon brûla fepr -mailons dans lefquelles dos mille bêtes à corne perirent. Ce coup étant fait il fe retira de peur de tomber entre les mains -de deux cens _Anglois de Pefcadoïüers qui “venoient aprés lui ,ils lui couperent che _:min à la verité mi il les arrêta heurewr- _fement au palfage d'un petit Pont fort é- _#roit, où il en jetta par terre , en bleifa dix & mit le refte en fuite. Lévis Sei- gneur de faint François &un SoKoki y fu- ‘rent tuez, & le fils aîné d’Hertel fur ble _ d’an coup de fufl dans la cuille donc il fue _éfropié. Ce Commandant continua {a re- _ traite Le plus vite qu'il pât. Il rencontra encore des Découvreurs ang ois dont il ren tua trois, & gagna un Village de Sau- _vages où 1 mit {on fils qui étroit bleffé. Il aprit que Portneuf étoit à Kefkebaye, à deux) 7 de lui dans l'attente de fire H >; 19 HA de M œurs | | _ une expedition qu ‘il n’avoit pû encore ter miner , il le joignit avec trente fix Fran- çois & ‘Sauvages. Celui-ci étoit parti de - Quebec avec cinquante Abenaguis du Saut de la Chaudiere , qui en eft à deux | lieucs ; ils furent pendant Février , Mars, Avril, & la moitié de Mai ,à chafler dat les bois pour trouver dequoi fubffter,: Comme ils ne trouverent perfonne dans un Village d’Abenaguis qui étoient allez en guerre contre les Anglois , ils pouffe- rent plus bas dans la riviere de Kenebe- qui , & rencontrerent dans un autre Vik Jage ceux-ci qui étoient de retour, n'a- vant tué que fix Anglois. L'on affembla tous les Sauvages des environs & l’on fe _renditle vingttrois Mai à Kerkebaye, qui eft fur le bord de la Mer, il y avoit un grand Fort garni de munitions , avec huit pieces de canon , & quatre autres peties Forts aflez proche. | Quatre Sauvages & deux Faiasts fe. mirent en ambufcade auprés du grand, d'où un Anglois qui en: fortit au point du | jour fut tué. Quand les Sauvages ont fair, Monfieur , des coups de cette nature, ils font drifingit lies des cris de morts, “les Anglois jugerent bien qu'il y en avoit au- prés d'eux. Trente hommes fortirent fut le midi & vinrent droiroû étoientnos gens; Maximes des Îroquois. 73 ceux-ci qui étoient cachez les laiffant-a- _-procher à dix pas de leur Ainbufcade fi- rent feu tout à coup, fe jettant fur eux _ Jépée & la hache d'arme à la main, & les _pourfuivirent fi vivement qu'ils n’en ren- _ærerent que quatre tous bleilez. Nos gens ‘s'engagerent cependant trop avant dans "cette pourfuite , parce qu'ils effuyerenc le feu d'un des petits Forts , d’où ils tuërent ‘un Sauvage & bleflerent un François: l'on fomma le foir le grand Fort de fe rendre, is répondirent que l’on s’y défendroit juf- ques à la mort, er! ARE L’intention de Mr de Frontenac n'étoit pas d'attaquer de Forts parce qu'il jugeoit Bien que l’on y perdtoit trop de monde, il vouloit que l’on s’attacha feulement à ruiner la campagüe : maiscomme les Saw: vages ne {€ faiffent pas gouverner fi aifé- ment, ils prenrient fouvent d’eux-même de nouvelles: refolurions: D'un autre côté il n'étoir pas de l'honneur de Portneuf de revenir d'un Voyage fi long & fi penible fans donner des preuves de la bonne opi- nion que l’on avoit conçü£ de lui. Voyant’ que les environs de la campagne avoiene été abandonnez fur l'avis qu'un foldar, difoit-il , avoit donné aux Anglois de fon laproche, il refolut de prendre à quelque prix que ce fur le grand Fort, Lo D | EU 80 . Hiffoire des Maœurs tous les Anolois des petits Forts s’étoient - retirez , on fe logea la nuit du vinet-fix au vingt-fept Juin, fur le bord dela Mer, à cinquante pas, où l'on fut couvert d’u- ne terre fort efcarpée qui mettoit à l'abri du canon & de la moufqueterie. Quoi que nos François & nos Sauvages ignoraflent la maniere d'aflieger des Places , ils ne. laiflerent pas d'ouvrir la tranchée la nuit du vingt-huit , ayant trouvé heureufement dans ces petits Forts des outils à remuër. la terre : ils poufferent fi vigoureufemenc Jeurs travaux que les Anglois demande_ rent à capituler. Comme on vouloit le Fort , les munitions & les vivres, il ne leur fut accordé que cette nuit pour fe dé- terminer. Ceux ci qui fe fâtoient d'un promt fecours par Mer demanderent cinq jours à fe reconnoitre :on leur refufa cet. te propofition, il fe fit le lendemain matin grand feu de part:& d'autre. Les ennemis jetterent force grenades qui ne firent pas grands effets , à lareferve d’un François. qui eut le bras caffé d'un coup de canon, _ & d’un Sauvage qui eut la cuifle percée. Mais quandils virent que l’on aprochoie de leurs Paliffades une Machine pleine de matiere combuftible don ils ne pouvoiens. pas fe garantir, ils aimerent mieux fe ren dre que de brüler tout vifs. La Garnifon. ES Es, + . @ Afaximes des Iroquois. 81 &c foixante & deux hommes forrirent en- fuite:qui furent conduits au Camp. Il pa- put fur ces entrefaites quatre Vaifleaux _ qui venoient à deflein de faire lever le Siege, mais n’apercevant plus de Pavillon _ Anglois ils revirerent de bord. L'on brüla _ enfuite le Fort avec les munitions, l’on encloïales canons & les Sauvages fe re- ferverent la plufpart des prifonniers. Le … Commandant & deux Filles de fon Lieu- tenant, qui avoit été tué , furent conduits à Quebec , oùils arriverent la veille de la faint Jean. l . Ilfe fit: encore un autre Parti en canot _ contre les Anplois. Beauvais & la Brolle _Lieutenans , avec quatre François, alle- rent joindre les Sauvages du Saut, & de … Eamonragne qui le compofoit, à:la tête _defquels étroit le grand Anié :ils marche- rent depuis le dix-huit Mai jufqu’au vingt- _ fix fans faire aucune rencontre. Les Dé. _ couvreurs qu'ils envoyerent:le matin ra- _ porterent qu’ils avoient entendu tirer un: coup de full. L'on attaqua peu de temps: aprés deux. cabanes, dans: lefquelles l’on: . enleva quatre perfonnes, Ces prifonniers: … leur donnerent avis que fur le chemin: … qu'ils tenoient pour aller au Fort Anglois: . qu'ils vouloient attaquer , ils rencontre. roient le-reite de leurs gens au nombre _ Fin \ _ 82 | Hifloire des M ŒUYTS _ de trente , avec leurs femmes & les ent: fans. Ils continuërent leur route de ce cé: - t-là , & furent chargez les premiers dans une Ambufcade que ces gens leur avoient dreflé. Ils donnerent à là main & enleve- | rent tout, aprés avoir tué quatre hommes d'eux & fait quarante-deux prifonniers ;. au nombre defquels il y avoit huit An- gloifes. Ils ne jugerent pas à propos de pañler outre-ayant apris qu'il yavoit fepe: cens Sauvages Loups à une journée & de- mie qui les attendoient , ils reprirent le: chemin de Montreal ; ils fejournerent à la: riviere du Saumon qui tombe dans le lac’ Champlain, où ils firent des-canots. Com- | ane ils faifoient les Prietes publiques le: foir ils furent découverts par un Parti: d'Algonxins & d’Abenaguis des Trois Ri- viéres, qui alloïent en guerre au même: endtoit d'oûsils veñoient.. Ceux-ci pour ne pas manquer leur coup’ donnerent à: limprovifte deflus à la’pointe du jour ,en tuérent deux , blefferent deux François, fix Sauvages, & deux Efclaves Angloifes :: cette méprife était d'autant plus facheufe que le grand Anié furtué, ce fût uneperte’ irreparable qui affligea fenfiblement tout le Païs. Ces Alganxins & les Abenaguis éroient du parti d'Hertel, qui avoit fait l'expedition de Semenfals, Cerincidene 1 al LE . SG Maximes des Iroghoiss S$ . gaufa beaucoup de trouble, qui n’eût pas de faite jar l’adrelle que l’on eùt de ralx _Jier les efprits. | : … Les Iroquois qui avoient été maltraitez par Eouvigni fe déracherent dans la fuite pour-entirer vengeance, ils furent décou- _ verts à la Pointe’ ou Fremble de Mont- _ real par Gallert Chirurgien , qui donna … avis de leur marche à Colilombet Lieute- fant réformé. Le Choc fut vigoureux de” … part d'autre, celui-ci-perdit la vieavec _ douze hommes. Il y eut du côté des Iro- quois vingt cinq de tuez, le refte fut mis’ _en déroute. PE ER We Il y avoit peu de fureré dans les habi- - tätions qui fonc vis avis les Trois KRi1- _ vices. Un Parti d'Iroquois enleva quinze _ ou feize perfonnes à la riviere Puante ;: on coyrut aprés ces Barbares, qui pour ne pas fuccomber aimerent mieux s'enfuir aprés avoir égorgé tous leurs prifonniers. Tour étoit donc en allarmes dans le fleu- ve depuis Quebec jufqu'a Montreal. Mr de Frontenac fit deux détachemens de TFroupes poux la- fureté des côtes du Sud, Fun étoit commandé par le Chevalier de Clermont Capitaine reformé, qui avoit la Croiliere , depuis Montreal jufquesà Sorel ; environ dix-huit lieuëés de païs: _ Paurre qui étoic conimandé par la Moche x 84 | riifoir des Mo & PTE ‘ devoit côtoyer les Trois Rivieres jufques à faint François, dans le lac faint Pierre s & décendre au dellous. | Le Chevalier de Clermont arrivant à Forel aprit que cinq enfans qui gardoient ‘les beftiaüx aux environs du Fort venaient d’être enlevez par un Parti ennemi il les. füuivit avec les meilleures troupes qu il ai voit ,& quelques habitans qui fe joigni-. rent à lui sil les furprit , en ua un fur la place, delivra ces quatre enfans & mit le refte en fuite. On trouva quatre hommes: dé tuez du même parti ; parmi lefquels écoit un Anglois , & un peu plus loin le cinquiéme enfant qui n'avoir pû les fuivre. L'on aprit quelque temps aprés d'aflez: mauvaifes nouvelles de Lacadie. Le Che. valier Guillaüme Phis general Anglois partit de Bafton pour prendre le Port Ro= “yal queles François y occupent. La Gar- nifon qui n'étoit que de foifante à quai tre-vengt hommes , dix-huit pieces de ca- ‘non qui n’étoient pas en batterie , & les’ ‘fortifications aflez négligées, ‘Tout ce peu de force n'étoit , dis-je, pas capable de re- fifter à fepr cens hommes qui étoient em- barquez fur fept Nawires. Maneval qui commandoit ces quartiers crût qu'il étoit: plus à propos d'accepter une Capitulation: nb a ms vi d' a. ai monde ut CAC TU & Maeivies: de Zroquois. hu 2 :. propos. Les Anglois ne tinrent pas leur. parole , ils pillerent les Eglifes, on les fic pafler à Bafton avec Meflieurs Petit & Trouves Miffionnaires, Les Habitans qui avoient cédé La cui 15 pitulation fe mirent fous la protéétion du Roi Guillaume : : ils fecoüerent dans la fui- te le joug à l'arrivée de Peraut qui ving pour y commander. Des Forbans Anglois | y. firent quelque temps aprés une décente, où ils brûlerent les maïfons & pendirent plufieurs François. Peraut qui voyoit ar- river un bâtiment dans lequel il avoir “beaucoup d'effets , le fitavancer pour une plus grande fureré du côté de faint Jean, qui eft vis-à.vis le Port Royal. Un Cor. faire Anglois eut avis de ce Vaiffeau qu'il enleva , mais Peraut qui étoit dedans avec Willebon Capitaine, gagnerent terre. Le premier crût être bien en füreté quandil n'aperçüt plus d’Anglois , le fommeil l'ac- cabla dans un bois, les Anglois le farpri- tent dans cet état , & lui firent fouffric toutes les indignitez imagrhables , ils le _remirent dans fon bâtiment qu’ un Fli- baltier François reprit. Saint Jean qui fut fommé de figner L. même Capitulation du Port Royal n'eûc pas Le même fort , car les Anglois y furent pal N'a &fer retirerent avec c pertes 6 Efifaire à Pa he 4 Quelques foibles que fuflent les Abe: Î #aguis de Lacadie dans tous les Partis: qu'ils détachoient contre’ les Anglais, ils! ne laifferent pas de porter le fer &:le feu jufques aux portes de Bafton, ayant toû- jours été maitres dela campagne: & quand j'avancerois que quarante Abenaouis fe: battirent contre fix cens Anglois qu ils mirent en fuite aprés leur en avoir tué: quantité, c'eft un témoignage que je rends à ces Guerriers qui font les plus redouta- bles ennemis de cette Nation, Lors qu’ils {urent.la déroute des leurs, | caufée par mégard à l’expedition de Beau- vais par Îes Iroquois du-Saut.& de la Mon: ragne, ils en furent fenfiblement touchez, ils écrivirent une lettre à Mr de Fronte- nac fur ce fujer. Souffrez mon Pere, lui manderent-ils , gue je .voss ælle snrerrom- pre Pour un Moment » Pour VOS YaConter mes peines » CAT À qu. un Enfant peut il déclarer fon cœur qw'a fon Pere, Vous fa- eZ, ce qui eff arrive à mon frere l'Jro _quois qui prie , ( c'eft ainfi qu'ils apellent les Iroquois de la Montagne & du Saut, ) al a pris pour CHnEMNS mes parens » Ÿ quel- cques-uns même de ceux qui avolert pen de emps auparavant accompagné Les François que vous avez énvoyé contre les Angloiss gl les sent encore comme £ fclaves, voila G AMaximes des Irogmois. 87 qui fait ma peine. Je lur viens dire que re- £ardans cet accident comme une pure mé. prife je.n'en avoirs pas l'efprit mal fait, mais que j'efperois que s'en apercevant il l'a de Javonéroi me rendroit mes Parens. Mon Pre , ce Collier que l'on vous prefente eff pour vous prier de fortifier ma parole par “votre voix ; ou plütor de river de vorre cœur plein de fagefe des paroles plus efficaces que les miennes; pour le porter 4 nous les yen ‘dre ; qui viendront demeurer ics avec nous f vous le trouvez, bon. T'aprehende que f on refnfé de nous le rendre mon Frere qui eff à Lacadie ne fe reffente de cela, & n'en ait l'efprit mal far , an licw que je fuis [eur qu'il mécontera ; quelqnes méchantes pen. Les que cela lus air donné, fi on nous les prend. | dis Posez auf, Morfieur ; le Collier qu'ils adreflerent aux Troquois , mon Frere qus prie, car enfin c'eft le nom dont nous r'a- Pellons depuis que la priere © l'obeïffance & Onontio notre Pere commus nous ont henrenfimens rénis ; je vai te trouver par ce Collier pour te dire que ceux que ru garde encore comme Efclaves font mes P 4. rens , © pour te prier de me les rendre, Me croi pas que j age l'efprit mal fait de ce qui leur eff arrivé, c'eft ainfi que la Guerre eff faute ; l'on fe tue Jonvent fans D Tome 111. | oi LA La 88 | “Hrifoite kb. Mœurs 1e £ connoître les uns @ les autres » ce font des malhenrs qui accompagnent la Guerre @ que l'on ne peut éviter; Mais th aurois lefprit mal far fi aprés agoir Pris pour cunemis tes Alliezmes Parens, ® les ans AIT Menez dans ton Village comme Efila- ges ,tu t'opiniätrois à les garder lors que tu connois que tm as tort. Je mefure tor ef prit fur le mien, Ji ce qui r'eff arrivé mé toit arrive € que j'en fe pris pour ENNEMIS. tes Parens, je nem'aperccwurors pas plaie de ma fante que je leur donnerois la liberté € te les rendrois.. Ne croipas; mon Frere, que je te trompe lors que je te dis qu'ils Jont mes Parens, les François peuvent bien rene dre témoignage comme quelques-uns de ceux que tuas tué on pris , les ont ACCOMP Age? aufi-bien que nous lors que nous avons été contre les Anglois ; G cela fort pen de jours avant que ce malheur arriva, Je nee dis vien de la perte que tu as faute d'un de tes braves » c'eft lei grand Anié , quoi que je la refente extrémement je fuis ‘occupé à le pleurer avec deux de mes braves que j'ai ani perdus dans cette triffe rencontre > mon -Frere l'Iroquois qui prie. Pleurons les bra= 4 morts > fans que lenr mort Boys renverfé Pefprir a Jépare nos cœurs ; que la priere, (a l'amitié wmilent depuis fi long-temps. Les Iroquais da Saut ë de la PSOVETS Te RS = & Maximes des Troquis. 7 fenvoyerent les principaux Chefs & quel: ques femmes , & promirent de rendre les autres lors qu ils les verroient tous difpo- fez à fe joindre à leurs freres qui font ici établis au Saut de la chaudiere, Je ne faurois paller fous filence lintrez pidité de Montorgueuil Lieutenant, qui commandoit à Chedebouerou , petit Fort de Lacadie, où il y avoit quatorze, hom_ mes de Garnifon. Quatte. vingt Anglois ÿ vinrent faire une décente aprés la prife du Port Royal : ils le fommierent plufieurs Fois de fe rendre fans qu'ils en fiffent beau coup d'étar, Ils l’attaquerent vigoureufe- ment , ils ne furene pas moins repouflez, & farent même obligez de fe retirer. f fe trouva malheureufemenc de la poudre moüillée dans un vieux Magafñn qui étoit détaché du Fort, ils en firent des Fufées, par le moyen defquelles ils mirent le fea à un des endroits du bâtiment qui étoit œouverr de paille. Moñtorgueil voyant qu il n’y avoit pas de falut pour fa Garni- fon & pour fa perfonne , leur dit encore, ‘avec affez de fierté, que les cendres de fes ‘murailles lui ferviroient plütôt de tom beau s'ils ne Gapituloient eux-même, plus pour a gloire que pour la leur , & que s'ils _Vouloient avoir le plaifie dele voïr trioni- her ce feroit lors qu'ils le verroient fortir I 2 90 ÆHiffoiré des Meurs … : 4 des ruines de fon Fort avec fa perite garni.) fon, & un Religieux de Nazareth qui lui fervoir de Miflionnaire, tambour battant balle en bouche méebe allamée , armes & bagage, & qu ‘il vouloir être conduit à Plaifance en l’Ifle de Terre Neuve. I n'ermr fut pas plütôt forti qu'il fur entierement confommé. HE … Les derniers mouvemens que les An- glois firent dans Lacadie fe rerminerentà l'Ifle Percée : ce lieu qui eft à l'entrée du fleuve de fainc Laurent eft lerendez-vous de plufieurs Navires qui y viennent faire la pêche de la moruë, Des Forbans y en- leverent fix Navires , brûlerent une mai- fon des Recolets , en ‘pillerent l'Eglife où ils firent plufieurs infamies.. C’eft aflez le caractere de |’ Hererique, de s'attacher pré- ferablement à tout ce qu'il: ya de Pise Saint dans notre Religion. Monfieur de Frontenac qui prévoyoit toutes les démarches de nos ennemis ne négligea pas de pourvoir à la fureté de Quebec , il en fit rétablir. les Fortifications & régla les Compagnies. des. Bourgeois pour la garde de la Ville. Aprés avoir mis bon ordre à la Capitale d’un fi vafte païs, il monta à Montreal le vingt deux Jai avec Mr de Champig ni, Montreal étoit comm le centre. Sd tous ÿ & M aximes de roghois. gr les mouvemens de guerre qui fe faifoient, : l'on y avoit continuellement des allarmes, _les Iroquois que l'on avoit épargnez à d'expedition de Corlard n’en étoient pas devenus plus amis des François , l’on fe æint auffi fur la défenfve. La ChHai affaigne -qui commandoit à la Chine écrivit en di- Jigence à Mr de Frontenac qu'il paroilloit dans le lac faint Lotiis, à deux lieuës delà, «cent canots. Sauvages. qui dédie rhatene. Tous les Habitans de la campagne fe re- mirérent au fignal du canon de l'Ifle. De “Filli raffuta aufli tôt les efprits par la nou- velle qu'il raporta que c'étoit cinq cens Sauvages de differentes Nations qui Ve inoient de Michilimakinax ei traite à Montreal , il étroit acompagné dans fon éanot de quatre principaux Chefs Outa- rouaks & Hurons. Le refte des canots ar. ‘riverenct ke lendemain. … Une avanture fingulieré qui arriva à “ne jeune Fille de qualité dans le gouver- nement de Montreal ne fera me ici hors ‘de fa place. : . Madeioifelle Mani ok de F7 ï nie. Fille de Mr de faint Ours, Oncle à la mode de Bretagne de Madame la Ma- nr re de Talard, commandant de vingt- huit compagnies dé: la Marine, âgée de fuir à neuf ans étant allée avec dei jeunes 5 2 Hiffoire des Moœurs _enfans à l’Ifle de fainc Ours , à une demie lieuë de le terre de faint Ours, chercher des noifettes & des écrevifles. Un parti d’'f. roquois vint fondre tour à coup dans cet te Seigneurie, où ils brûlerent des maifons. L'incendie fit connoître à ces enfans que. les Iroquois éroient à la côte, ils fe rem barquerentaufli-tôt :commeils coupoient droit fur le Fort en plein canal les Iroquois tirerent fur eux, ce qui les obligea de fe: cacher dans le fond du canot & de le laif- fer aller à la dérive, mais cette petite Da: moifelle fe defabilla bien vite pour fe jec- ter à l’eau, fe flätant que nageant extré-: mement bien l’on pourroit venir à fon fecours. Ces enfans fe mirent à pleurer quand ils la virent fe deshabiller par l’a prehenfon qu'elle ne fe noya ; elle eut la précaution de fe glifler le long du canot du côté de l'Ifle pour n'être pas aperçüë. des Iroquois ; le canot dérivoit infenfble. ment fans être gouverné. L'on fit dans ce moment une fortie du Fort pour aller a2. prés le canot, & les Iroquois fe trouvez. rent obligez de rentrer dans le bois. A mefure que la belle Marie-Anne de. faint Ours aprochoit de terre l’on crûr que c'étoit un chien de la mailon nommé l’écueil qui étoic un fort joli barber , mais à la fuite des Fationnaires aperçurent dut 144 (LR « ÿ: 1 C Maximes des Iroquors. 93 thaut des baftions une perfonne qui na- _geoit, un Ofhcier s’embarqua pour aller au devant. L'on ne fut jamais plus furptis de voir cet enfant qui nageoït de tout fon cœur : quand il faluc la prendre ce fur l’em- baras, car ces canots qui font d'écorce de bouleau , épais d’un écu , avec de petites varangues plates , qui font extrémement volages , & pour peu que l’on penche plus d'un côté que d’autre on les fait tourner. ÆEn éfer , un foldat empreffé de la prendre en dedans par le bras tomba lui. même à l'eau , la jeune perfonne fit aufli-tôt le plongeon & pafla fous le canot, l’on jetta un aviron au foldat qui ne favoit pas au- trement nager : Enfin l'on faifit le nou- veau poiflon par les cheveux. Ellene fut pas du tout déconcertée , quoi qu’elle eut -nagé un quart de lieu & qu'elle eût dù ‘être effrayée des coups de fufil que l'on avoit tiré fur elle. C’étoit qui la queftion- neroit étant arrivée à terre, & elle ne fon- geoit plus au danger qu'elle avoir encou- Iu , mais fort inquiete des enfans qu'elle “avoit laiflez dans le canot, le détachement ‘qui avoit favorifé le décente à terre les xamena , & chacun ft le recit du petit ;Voiage dw'ils avoient fait dans certelfle. | Cerre Damoifelle s’eft mariée dans la fuice à Mr de Mine Gentilhomme Pro En 94 Ffiire ass het me vençal, Lieutenant dé Vaifleau, qui a été tué à Gibraltar, & elle eft prefentemens ma belle fœur. Monlieur de Frontenac dovait8 être con tent de la négociation de Louvigni & de Perrot qui avoient calmé les Nations Al liées, c’étoir le feul moyen pour rallier ces efprits chancelans qui ne favoient auwpara- vant quelles mefures prendre pour fe mer- tre à l'abri de leurs ennemis. Monfieur de Frontenac tint confeil ; où fe trouva tout ce qu'il y avoit de Confiderables tant de. la part des François que de elle des Al- . Hez. La Harangue de l'Ouraonak ne rot la prefque que fur le Commerce ils des manderent aufli l explication dela Hache que. Perrot avoit artachiée à leur. cabane, on differa de répondre à à cet article! :°: Le Baron Chef des Hurons de Michilis ME fat un peu plus-politique sibdit qu'il n'étoit décendu qué pour voir fon Pere, écouter fa voix , &.execurer fes vos Lu , qu'il avoit bobiini de; poudre & de plomb, mais qu'ilnedemandoit rien:à fon Pere ; il prefenta: trois Colliérs. PH exhor< | toit par Le premier à faire la guerre a l'Ea roquois au{fi- bien qu’à l’Anglois. Idifoic qu’il craignoit que fon Pere & lu e mou, ruflent fi cette guerre ne fe faifoit:, mais que quelque chofe qui & arriva il fallois |)3 NES : Fe © Masimés dés Troguois. 9$ mourir enfemble dans le même lieu, ! Par. le fecond il le remercioit de les avoir autrefois attirez à Michilimaxinak, où ils éroient en fureté, : Ille prioit pat le troifiéme d’avoir quel- que égard pour fes camades les Outaouaks, & de leur faire bon marché. _ … Oüaboutchit Chef des Nepifiriniens , qui font de Nation Algonkine , dit que fuivant les ordres qu'il avoit recüs de fon Pere il avoir été à l'attaque de Corlard ; il s’y diftingua beaucoup , où ils avoient épargné les Aniez, qui cépendänt étoient venus les tuër jufques aux portes de Mont- real, qu'enfuite montant à Michilimaxi- nar il avoit aufli recû ordre de ne pas at- taquer les Iroquois qu'ils n’euflent com- -mencé les premiers qu'il croyoit par là que fon Pere vouloir faire la Paix avec eux, & qu'il lui demandoit fa volonté. .… La craite des Pelleteries fe fit le lende- main; comme elle commençoit la Plaque Jroquois du Saut qui venoit de la décou- verte duquartier des Anglois , arriva à un quart de Jieuëe où étoient éampez les Ou. taouaxs, faifant plufieurs cris de mort: ceux-ci abandonnerent leurs Pellereries. prirent les armes &.allerent au devant. -Certe terreur panique fut bien- tôt paflée, ta Plaque leuc apric qu'il avoit vë fur le ' “ Gé Hifloire des Mn bord du lac du faint Sacrement uñe groffé armée ennemie qui failoit des Canots, qu'il les avoit fuivis quelques jours pour tâcher de faire un prifonnier , qu'il lui avoit été impoflible, s'étant contenté de porter à. - âne de leurs cabanes trois cafle-têtes, pat lefquels ils leur marquoïent qu'ils étoient . découverts ; les défiant de venir à Mont feal. Ces éafle-rêtes font des bâtons qui ont la figure de coûtelas , fur lefquels ils. fonts des figures qui font connoître [a per- fonne qui commande le Parti, cer avis fervit à faire fejourner plus longtemps fes Outaouaks.' On leur fit un Feftin fo lemnel, compolé de deux Bœufs, fix gros. Dogues , & de Prunéaux , le tout mêlé ent femble. On leur donna deux bariques de vin & du tabac pour fumer. Les Chiens font l'effentiel de ces fortés de Feftins, qui parmi les Sauvages font le finibole de fa. guerre ; & ils ñe manquent jamais d'en manger pour lors. AP EMRE SM - Monfieur de Frontenac leur dit qu'il ne doutoit nullement de leur obeïffance | & quil lui étoit inutile d’en exiger de nou. velles preuves , qu’il leur expliqueroit à Cœur ouvert fes fentimens lors qu'ils fe: toient prêts de s’en retourner à leur païs. Qu'à l'égard dé la guerre contre les Iro quois qu'ils fembloient tant fouhaiter il _ _ © Maximes des Iroquois. : 97 prétendoit la leur faire fans relâche juf- qu'à ce qu'ils vinfflent eux même lui de- mander la Paix avec foumiflion : que fi elle £ concluoit ils y feroient compris, n'étant pas moins fes enfans que les François. Je vous remets , leur dit-il, prefencement la Hlache à la main que je vous ai fait don- ner pat Perrot,qui latenuë fufpendue chez vous , & je ne doute pas que vous ne fa chiez vous en fervir dans cette conjon- éture : voyez fi vous voulez aller au de_ yant de cette armée , où fi nous l’atten- drons de pied ferme, Comme on ne fait jamais de mouvemens d'éclat de guerre parmiles Sauvages que l’on n'en foit venu auparavant à des marques aflurées, Mon. feur de Frontenac commença la Chanfon de guerre la Hache à la main, les princi- paux Chefs des François fe joignant à lui avec de pareilles armes , la chantereng enfemble.. à . Les Iroquois du Saut & de la Monta- gne, les Hurons & les Nepifiriniens, don- _merent encore le branle : l’on eur dit, Mon- _fieur, que ces Aéteurs étoient des poffe- _dez par les geftes & les contoifions qu'ils failoient. | A … Les Saffagouez , où les cris & leshurle- mens que Mr de Frontenac étoir oblioé ge faire pour fe conformer à leur maniere, 58 Éripoite de Murs + augmentoit éncore la fureur bachique: L'on fit enfuite le Feftin de guerre, qui fut plûtôt un pillage qu’un répas. Le Chevalier de Clermont quitta fa) Croifliere , & eut ordre de côtoyer depuis: Forel jufques dans Île lac Champlain, qui eft le chemin que lés ennemis devient! tenir pour faire une décente en ce païs,: Il découvrit dans ce lac quantité de feux, & entendit tirer des coups de fufil , il en aprocha la nuit & il vit paffer huit canots, dans chacun defquels il y avoit dix huit à vingt hommes qui gagnoienr une Ifle au deflous de Pendroit où ils s'étoient mis en _ambufcade : il revint fur fes pas pour n’è- tre pas envelopé du refte de cette armée, il les obferva encore une lieué plus bas pendant deux jours ; enfin comme il crai- gnoit d'être attaqué il envoya deux de fes ganots fauter le rapide Chambli & refta pour être feur de toutes chofes ilfe tint au milieu de la riviere pour les attirer. Deux canots Iroquois lui donnerenr chafe fe , qui ne pürent le joindre. Il retrouva ho gens au bas du rapide , & gagna avec eux par terre Chambli, d où il dépécha! Labruere à à Monfieur dé Fontenac. L'on ne douta plus que les Iroquois ne vinflent, attaquer Montreal, l’on tira quatre coups. de canon pour faire revenir les troupes qui 44e k \ d | S #1 - US Maximes des [rogmois, op œui avoient facilité larecolrce des habitans 23e toutes les campagnes voifines. Il exhorra les Sauvages de fe mettre de la partie , rous les guerriers l’accompa- gnerent, & l'on trouva douze cens hom_ mes à la revûé qui fe fit le premier Sep tembre. Quelques Iroquois du Saut de- manderent deux jours aprés un éclaircif. fement fur quelque foupçon qu’ils avoienc de la fidelité de tous ces Outaouaks. J Loüis Ateriata pria les Chefs des au. tres Nations de {e trouver chez Mr. de Fronténac, Lorfqu’ils furent aflemblez il ; prit la parole , il prefenta d’abord divers E olliers & exhorta tout le mondeàluiou- vtir {on cœur & à ne lui rien cacher de ce qui s'étoit paflé de plus fecrer, il die aux Outaouaks qu'il favoit toute leur négociation avec nos ennemis , qu'il en avoit été inftruit par eux-mêmes. Qu'ils difent donc s'ils éroient veritablement fre. res des François | par quelle raifon ils avoient voulu faire alliance avec l’Iro. quois fans leur participation, - 1, * Manitouchagan qui avoit été avec la Petite Racine chef de cette ambaflade aux Tfonnontoüans, répondit qu’il étoit vrai qu'ils avoient rendu des Efclaves Iroquois 6 même promis d'en rendre encore d’au- gres ; qu'on les avoit obligez de fäire Ja: . Zome TII, K RUE 5 tas EUR MDP 1, ADed fs FT ES : 24 Jeo | Hiflre de Me œurs guerre , 0 la cefler & de la recommege ‘cer fine qu ils en fuffenc la raion, qu'ils. a'avoiens 1ien compris à cette conduite & que craignant que ceux qui n’avoient: pû fe défendre eux-mêmes ne les. Jaiflaf.., fent accabler fans les fecourir, ils avoien£ été contraints de fonger à leur fureré & de. prévenir leur pese pat un acommo- dement. Que cette négociation n'avoit pas été | achevée que la Petire Racine étoit mort aux Tfonnontouans , que les autres En... Voyez. étoient à Michilimakinak & qu'ils: p'avoient plus penfé nent la derniere. main à certe affaire dés qu ils avoient recû les ordres de leur Pere "par la bouche de Perrot,qu ’ils étoient denis exprés pour favoir gr fentimens, & qu'ils ne feroient. pas plürôt en leur” païs qu'ils execute. roient tout ce qu'il leur ordonneroit. ‘Le’ Baron Chef des Hurons dir que fa. Nation n'avoit ed aucune part dans cette affaire, que dés qu'il avoit fçû. que fon pers. pa faire la guerre à .Froquois, il avoir envoyé contr'eux une partie de FA jeunefle , & qu’ il étoit décendu avec l'aus fre pour le voir. « . Loüis Areriata ne laiffa pas de fire) plaifr. à. Mr. de Frontenac, de lui avoir! : pesé un FRS de. s'échaieir avec les, #4 à #3 Ma aïimes des hréquoiss 16. mu s qui avoient cû un grand pen- -hant pour fe racommoder avec les Iro- “quois. Ce General leur promit de les mener contre leuts ennemis auffi tôt que Jeurs découvreurs lui eñ auroient aporté des nouvelles : ceux-ci s acquiterent aflez ‘mal de leur commiflion ; n'ayant pas été suffi loin qu’ils devoient : cette négligen- ce nuilit beaucoup aux affaires. En éfet les [roquois étant cachez dans un bois opofé'à l'endroit où ces découvreurs a- ‘voient été, examinoient tous les mouve- mens que étre armée faifoir dans la prai- | ie de la Madeleine : Quand ils virent qu'elle avoit repañlé le fleuve pour re- fourner à Montreal, ils vinrent fondre à an quart de lieuc Fe là , du côté de fx : Fourche. , où tous les Mabitans & la garni- fon du HOe étoient occupez : à couper les. bleds ; 8 comme tous les Moiffonneurs “dtoient 6 écartez les uns des autres y contre Pordre qu’ils en avoïent reçü, &n'avoient auprés d'eux aucunes armes à feu, l'OF- ficier même qui commandoit ayant hé gligé de pofer des Sehrinelles & d’avoir un Corps de-garde , les Iroquois trouve- rent beaucoup nie de facilité à faire | Jeur coup. Ce fut donc un grand defordre, ‘eh brülerent les maifons, mirent le foi: aux Recolets ,enleverent vingt cinq per- K 2 dE BEA AT L'H N mo2 Æiffoire des Mens fonnes, dont ils en brûlerent onze à leur retour, tuërent dix foldats , firent un al ‘facre de beftiaux & fe rétros dévant que l’on pût repafler de Montreal. Il faut connoïtre le païs du Canada pour con. damner les démarches d’un Generai quand il fait quelque chofe mal à propos : tout €e païs n’eft que bois , où il eft entrecou-. _.pé de rivieres, de lacs, , qui font pour aiofi dire des Mérs , iln'ya donc pas de che- min frayé & tes piftes font toûjours fort incertains à fuivre. L'on tint aprés cette faillie un Confeil le quatriéme Septembre avec les Ouraouaxs qui preffoient fort leur départ. Ils eurent lieu d’être contens de l’acueil que leur Gr Mr. de Franranre 9e fers PICU ITS Les 2 du bon marché qu'on Leur fi dans la traite de leurs Pelleteries ; ce qu'ils ne pratiquoient pas dans leur pais quand les. . François avoient befoin de vivres. Il leur donna de nouveau des haches qui font en core un fimbole de la guerre , lorfque Per- rot en eut attaché une à leurs cabanes là Favoic fait par fon ordre ,parce qu'il ero= voit que c'étoit leur donner la vie que de les engager à faire la guerre aux Iroquois.. Les Hurons qui parurént avoir beau} ; coup d'attache aux interêts des François ,. recûrent en partant toutes lés atout d'eftime qu'ils pouvoient fouhairer.. Ms de dd; Ai L Lu, - | Wa 4 L id %e CU œ. armes des Hu 103 k er les affura qu’il ne les abandon- neroit jamais , leur promettant de ne pas quitter la hache qu’il n'eut réduit les Iro- -quois à lui demander la Paix dans laquelle ils feroient compris. Que pour ce quire- ‘garde les: Anglois qui avoient été les pré. +miers mobiles des troubles il s’étoit à la: - verité attaché à porter le fe & le feu chez eux plûtôt que chez les Iroquois ,que le grand Anié avoit épargné à fa deftru- tion de Corlard parce qu’Auriouaé qui avoir fair favoir fon retour de France aux cinq. Nations, avoit crû qu'ils feroient rentrez dans le dévoir & feroient venus _demander la: Paix à Monfeur de Fronte- rnac , mais qu rl n'avoir plus de pee ba, garder avee eux. .. Monfieur de Frontenac avoit toijours rhénagé l'efpric d'Auriouaé; qu'il eftimoit Beaucoup pour la probité qu'il trouvoit en lui. Voyant d’un côté le peu d’empref- fement que témoignoient ceux de fa Na- ion pour le revoir ,.& de l’autre l'atta- - che qu'ils avoient pour lui . il ne lailla pas de lui laiffer une pleine liberté de pren- dre fon parti. La converfation qu’ils eu- rent enfemble merite vôtre attention. “Écoute: moi bien ,:mon fils Auriouaé, lui dit-il je ne peux m'empêcher de te par | er en Pêse en te découvrant mon cœur , k 3 à. Lt gt MAP “phil ds #rèbre | & te dire que je ne connois rien dans Îes: ‘coûtumes de ta Nation qui ävoit autrefois un veritable ‘efprit d'homme ;. & qui fe laiffe aller à prefent aux legéreréz des etits enfans, : en J'ai fait ce que j'ai crû dévoir site: en. les avertiffant que je r'avois reflufcité , &c, que tu étois ici avec moi vivant , que je te confervois cherement, & qu'ils te pou- voient venir trouver pour te ramménér chez toi s'ils avoient quelque peu de re- _-fouvenir de ta perfonne. Tu vois là con- fideration qu'ils ont pour toi, ou plûtôt le mépris qu'ils en font. | Tes gens ne fe fouviennent pas dé l’a- mitié que j'ai toûjours eû pour eux , je les al adoptez, & que pendañt que j'ai été maitre de ce pais , j'ai fermé la porte de Ja guerre , & je. l'ai ouverte à la Paix. Le tonnerre n'a jamais étonné aucun de leurs enfans, les femmes ont été au bois fans crainte ; j'ai arrêté tous les orages qui les auroit pâ incommoder, iln y eut au- cun fang répandu , ni charogne qui ayene empuanti leurs deferts. ls ont bien- tôt oublié un Chef fi vai Jant que toi, qu'ils fembloient tant re- grerer, ils ne reconnoiflent guere celui 4 vient de fi loin pour leur rammener. Ils devroient craindre # je les avois © Maximes des Froguois. 10$ ltrahis sils me connoiflent, fi je ne l'ai -pas fait quand je l’aurois pû faire , pen- fent-ils que :je veuille commencer , ou _-qué je fois capable de trahifon. Si les Chefs des Nations étoient venus on auroit racommodé les mauvaifes affai- , res, on auroit püû efluyer le fang de part .& d'autre, & raplanir la terre qui eft plei- - ne de butes & de rochers. + Tu es un homme, jele fçais , je fçais que ton cœur eft ennemi de l’ingratitude , tu as de l’efprit, tu peux connoïtre par -éonfequent ce qu’on dit de toi, tu me ca- che ta penfée ff tune m'avoie que celui -quit'a donné la vie a raifon. Il te renvoyé -ceux que j'ai envoyez pour les avertir .-avec deux enfans. Quoi ! croyent-ils que : tu n'eft pas ce que tu érois avant qu'ils L'a- ‘yent égaré; ne leur peux-tu pas témoi-, .@ner que tu étois confiderable dans ce æempsda , & que tu ne le dois pas être -moins. Si l'Onnontaguez ne s’eft pas vou- lu intereffer pour te venir voir , le Gai- “gouin ne le devoit-il pas faire ? Je t'ai tiré du rombeau , & quand jai _“fçû les malheurs qui ont defolé le Pion- nontouan & qui t'ont ôté la biberté, tu … fais ce que j'ai fait pour toi & pour tes “gens, j'ai été caufe que celui qui ra tué & _ qui'nef plus ici s’eft laiflé cuër fans Le ‘66 pifoiré. ui are si venger. Sur ce que j'ai gas 46 au gta À Onontso * en France que vous avez été! | Gas , 1} eft ennemi de la trahifon. | Je m imaginois que toutes les Nations: | | reconnoitroient à qui mieux mieux un Pes re qui venoit à leur fecours ,& qui s'étoit allé repofer-en fon premier païs voyant’, tous fes enfans en paix. J'atrendois uñe. grande reconnoifflance de trous: les Villa. ges pour le remerciement de la vie que: _j'aurois recouvré à Auriouaé, homme: dE enr parmi eux. é ai pleuré aprenant ton malle, j'a pléuré la defolation de Tfonnontouan, je. Fai crû devoir faire car vous m'avez ag. trefois trop aimé pour n'avoir pas les ten- dreffes que j'ai dû avoir pour lesverita-. bles enfans que j'ai adopté le premier 5: c'eft ce qui m'a obligé de te faire rendre: Ja vie qu'on t’auroir ôtée, & tu es vivant.- Mes predecelleurs avoient adopté les: Outaouaks & leurs Allieziavant que j'ar- rivaile , mais c'ef moi-même qui vous.ai: nommé les enfans d'Ononrio ; uniflant vo- tre cabane à. la mienne: ; ‘vous avez été trahi pendant mon. abfence vous ne l'avez jamais éré en ma. Perfonne, prenez-vous à l’Anglois qui a" voulu divifer les eprise & renerher le à né. SAR ? . : ME ÿ F N ER à ‘4 d é 4 PT. ; ne on: # # Le Roï- 2 CR in bé -: ‘8 # ë Harimes des HT ._ #o7 | . qui depuis a été enfanglantée de vo- tre lang , de celui des François , &.autres qui étotent vos freies, € ‘eft ce quim'a ob: lige de me venger moi. même en vengeant mes enfans par Corlard * qui a été brû- Jée, il ne tenoit qu'à moi de faire romber ma ‘jeuneile fur Anié,on ne lui auroit pas _refiité , mais j'ai coûjours el un cœur de Pere, & bien loin de faire du mal jai com- _mandé que fon en trouvoit on ne leur dir mot; mes ordres ont été executées. Ai Tes gens n'aiment guere ton promt re- tour, puifque une Ambaflade de fous qui eft arrivée chez eux les a retenus fi long- Xemps, & les a empêchez pendant tout un “Hiver de ce venir voir, quoi qu’ils ne fu£ éncici. Si Teganïforens, Tegarôhais, OU quelques autres Confderables étoient ve= “nus ils auroient fait leur devoir, & j'au- æois connu le confideration qu ils ont pan - toi. Hi Je connois le mauvais cœur de ta Na- tion, fi elle avoir eû bon deffein de rac- Dbiméder les mauvailes affaires elle au- roit envoyé des Chefs qui auroient con: clu-une bonne Paix avec toi, qu’il regarde ‘comme leur grand Chef, ils croyent être le doininateur de la terre. Tu le fais, Au- “riouaé , ff je perds à la guerre j'en puis * ville de la Nouvel'e FOR À 50 Re ge LE NES HUM if t68. . © pripobre à des Haut "Si S fecouvrit tant que je voudrai, tu n'as VŒ que l'ombre du François en France : juge ce qu'il eff & cequil peut. :- Qu'ils PA que le Fort Frontenac m'eftinutile, fr; 1 j’ai fait la guerre je ne l'aÿ fait faire que pour les aller voir en Pere & non en ennemi, je ne leur ferai pas la! guerre s'ils ne me l'a font , je ne Les tuë= _fai pas le premier, mais je l entreprends’ je ferai des Forts au milieu de leur païs les forces me viendront de France quand! je le demanderai, qu'ils prennent garde d'allumer le feu de la guerre, il leur fera; peut-être bien difficile de l'éteindre. qu” "ils ñ'animent pas trop le es gd » *jà Fai apailé.. Quand j'ai fait renaître Moi au j'ai prétendu faire rehaîcre un veritable Fils, qui eft un cœur de Fils pour moi, afin que tu euffe en moi un Pere qui fac tout à toi ; & fi ta Nation a fi'peu de confideraë tion pour toi , fache que je veux que 1 ‘fois confideré de roure celle des François. Dis-moiun peu pourquoi tes gens ont: ils en fecret des pourparler avec l'Ouz taouax , croyent-ils que j'en fois jaloux, j'aime leur union & c'eft ce que je fous haite? mais s ils font la paix entr’eux fans que j'y fois apellé qu'ils ne viennent pas # Le Roi. AR 4 ù & Hours ges Rte 108 D: à l'avenir des differens qu'ils pour- soient avoir enfemble, : Tu fais ce.que j'ai fait pour ta Nation & pour tes Alliez , les Nations d’enhaut, ñe vous ont. jamais tuémlepuis la Paix pen- dant que jai gouverné , quoique votre jeunelle égarée leur aye Éntevs des Villa- ges entiers , je les ai empêchez de fe ven- ger quand vous m'êtes venu parier Tu crois que je croirois ta Nation mes verirables enfans ,& res gens femblent ne me plus vouloir pour pere. N'auroient- ils pas été défaits, & yen auroit- il un fi des ce temps je RPéiois joint à mes autres £nfans, . Jaider POP &fi Theganifforens ne moi “ci-deffus Sieur Guillaume Phips Cheva- dier; par ces prefenres © an nom de leurs vrés- excellentes Majeflex Guillaume GC Marie, Roi @ Reine d'Angleterre, Ecofc fe sÆrance O"Trlande ; défenfènr de la For, © par ordre de leurs fufdites Majeftex, Gouverneur de M affacaftet , Colonie dans. da Nouvelle Angleterre, demande que vous LS à vendre vos Forts G Chateaux [ans être démolis , comme auffi tontes les Mn mitions fans être touchez, comme aufli une prompte délivrance de tous les Captifs en _fémble ; avec la délivrance de V0 perfons Las @ biens à ma difpofition. TR _ Ce que faifant Vous pouvez, efberer Par dr de moi comme:un. Chrétien ; ainfi qu'il fera jugé à propos peur le fervice de leurs Sujets. Ce que fi vons refafez, de faire je fais venn pourvu © refiln , avec l'aide de | Dieu dans leqnel je me fie par force d'ars mes ; de revañcher tous léstorts injures gui nous on été faites; © de vons FENATE E > 16. | Bliffore Fe dre: : | fous la fie de la Couronne d'higtes terre; © lors que trop tard vous le VoHs drex faire s Vous Jarre regreter de n'avoir | pas nee accepté la faveur. que l'on vous . Votre réponfe pofiri rive dans nne hors r ren! duë par votre Trompette ; avec le retour. du mien eff ce que je vous demande far À de peril qu'il pourra s’en Jamie Signé Guillaume Phips. Aprés que la Lecture de cette Leurrd d LA fac faite l'Anglois tira une Montre de fa 4 poche qu'il prefenta à à Mr de Fronteñac, & lui dit qu’il lui donnoit une heure à Ve déterminer. Notre General tépondit à à cet | Envoyé d'un air aifé qui marquoit par fon intrepidité tout ce qu'une raillerie fine & délicate pouvoit infpirer. Celui. ci qui voyoit aller & venir quantité d'Officiers -dans les fales du Fort ne favoit qu'en pen= 1 fer. Allez, , lui dit-il en le congediant, | allez dire à votre General que je n'ai pas \ * de réponfe à lus faire que par la bonche de: mes Canons C à coups, de Fufils ; quil nprenne que ce n'ejf pas de la forte qu'on envoye fommer un homme comme mor; ®. quand je vondrois me rendre tous ces bram | ves Offcrers que vons voyez, #°y confentis | voient jamais. On lui banda enfuite les. yeux & on le conduifit à la chaloupe,” ; SE ne : hd SEXES : A. f & M aximes We Hroghot. STE ù aprés: Jui avoir fait faire exprés encore. _ plufieurs efcalades. Les Anglois mirent _ pied,à terre fur les dix heures du matin au nombre de deux mille hommes , entre _ Beauport & la’ Petite Riviere. Comme . l'on étoit incertain de leur décente , il ne _ fe trouva guere de monde à les y rece_ voir , à peine trois cens. hommes purent fe joindre. | | Les Anglois marcherent d’abord en or. dre de bataille, mais nos Canadiens qui fe baftoient à la Sauvage voltigeoient in- _ceflamment autour d'eux d’arbres en ar. bres , ils firent plier le premier bataillon, & ils l'obligerent de regagner la queuc: : les ‘décharges continuelles es incommo- _ doiïent beaucoup,on leur tua cent cinquan- te hommes , jous perdimes le Chevalier _ de Clermont c Latouche fils du Seigneur de Champlain ; nous eûmes douze hom- : mes de bleflez , entr'autres faint Denis. âgé de foixante ans, qui cemmandoit la Milice, de Beauport lequel eut le bras | café, Æ + Les quatre plus g gros Vailleaux vinrent Moüilter far le foir devant At le . contre Amiral qui portoit Pavillon bleu fe pofta un peu plus fur la gauche, pref- que vis-à-vis du Saut au Marelot ; l'Ami- | “l étoit fur la droite , le vice- Amiral au : MA 19 4 [AR ie #47 + FAC £ 8 Re +R h" s x f \ ue”, 18° j: “Hifloire des red, deffus , tous deux vis-à-vis la baffe Ville: #4 N Ut le quatriéme qui portoit la âme de. Chef d’Efcadre fe mit du côté du Cap a Diamant; les canonnades furent allez vi: goureufes de part & d'autre à huit heures du foir. | L'oh recommenca le lendemain à la, pointe du jour , & lon s’aperçüt que ce. grand feu des ennemis commençoit à fe ralentir ; 5 en éfer , le contre- Amiral qui. avoir tiré Le plus vigoureufement fe trou: va fort incommodé par les batteries du Saut au Marelor & celle d’ en bas :1il fue obligé de relâcher le premier , l’Amiral le fuivit d’afflez prés avec beaucoup de précipitation. Saint Helene Capitaine Cas nadien qui favoit aflez bien le comman: dement du canon ,tira plus de vingt coups dans le corps de fon Vailfeau , dont plu- fieurs le percerent à l'eau: RCA fes Ma- nœuvres éroient hachées fon grand Mats prefque caflé à qui on Far ob igé de met- tre des jumelles, beaucoup'de morts:& de bleffez dans fon bord; enfin l'Amital. peur de fuccomber tour. fait fila fon cable &. fe retira tout délabré. , aprés avoir eù fon. Pavillon coupé d'un coup de canon. Ce. fier General qui deux jours auparavant. avoit promis pardon au Comte de Frona ienac, fe trouva lui-même prefque à la | # Li 4 % ne @ tes de: PPS PAL merci de celui qui le châtioit de fa té merité. Monfieur. dé Frontenac qui avoit | il à tout fe mit le Vendredi à la tête de trois Bataillons de Troupes reglées , en decà de Ja petite riviere ; pOur Y 3 ar les en- nemis qui ‘firent une feconde' décentre, D'un autre côté Longueil & faint Helene fon frere , avec quelques François, come | mencerent far les deux heures les "efcar- mouches à la Sauvage contre la tête de l'Armée, qui marchoit en bon ordre le long de la petite riviere. Ceux des enne- mis qui s'étoienc dérachez du gros furent _obligez de le regagner pour éviter le feu . de nos T roupes qui étoient en embufcade, Saint Helene eut la jambe caflée, Lon- | gueil reçÜût un coup de fufi! , & eût été î tué fans une corne à poudre. qui fe trouva i à L endroit où donna la balle :nous perdis mes deux hommes , il yeut deux ou trois Etes : ; les pes ÿ firent une avffi rude perte qu'a la premiere décente. Villieu Lieutenant réformé demanda le | nus par grace à Mr de Frontenac Je commandement de quelques foidats _debonne volonté. Aprés qu’il eur fait le coup de fufl quelque remps il eut Padrefle d’actirer les ennemis dans une ambufcade qu ‘il leur avoir dreffée,où il fe barcit longe = fé -. Fri fhÿre de ua pos se Ron. ik firent auffi-tôt un die pour l’entourer . , qui fut chargé par les. habitans de Beauport, de Beaupré , & de, l'ifle d'Orteans. Cubande &c Beaimandirt 1 vinrent à la charge ,on licha le pied i ins, fenfiblement pour Les attirèr encore pro- che d’une maïfon fortifiée de paliflades;, qui écoit fur une hauteur, tous nos gens s'y jettérent toût à coup. Les Anglois s’y acharnerent extrémement par le nombre des gens frais qui fe relevoient, mais cet te petiteretraite ne fit qu’ augmenter leur perte. Monfieur du Pui Lieutenant parti- : culier s’avifa ( je ne fai par quel motif }. de faire fonner le toxin à la Cathedrale + cette allarme donnée à propos caufa tant de trouble & de defordre parmi les enne- mis qu'ils {e . -jetterent pêle-mêle dans les chaloupes à la faveur de la nuit qui étoit. obfcure & pluvieufe , ayant abandonné” cinq pieces de canon , cent livres de pou die ,une cinquantaine de boulets. Deux Vailleau qui étoient dans l’arice des Mers ne jugerent pas à propos de refter pour les gages, ils mirent à la voile pour re-. joindre leur flotte ; ; on les falua à boulets. en pafant. Soubrecalle & Dorvilliers Ca: pitaines fe jetterent avec cent hommes dans l’Iffe d'Orleans ; de Villieu eut ordre. de décendre aufli au Cap Tourmente pou mg dr | ‘2 à M aximes des Jroquois. ÿ?y i empêcher quelque refte de décente. Tou- te la flotte mir à la voile & ne parut plus, de Mademoifelle Lalande qui étroit prifon- -niere dans l’Amiral propofa au Chevalier “un échange, lui promettant de la négocier auprés de Mr de Frontenac ; il la lailla dé. _“barquer fur fa parole. Elle “en le foir . à fon Bord lui dire qu elle feroic vis à. vis endroit où ils étoient moüillez. + De la Valliere fir le lendemain la négo- iarion , il’n’y eut de confderable que Île _ Capitaine Denis qui commandoit le Fort _ de Kefkebaye que Portneuf prit , & les deux Filles de fon Lieutenant qui ÿ fe tué, -De-la Valliere trouva le fecrer de gar- : 2 le Miniftre de l’Amiral, fur la d'fi- _culté qu’il faifoit de HAMENTE Mr Trouvé _ Miflionnaire de Lacadie : enfin l on fic l’é É« _ change de bonne foi. Le Chevalier Phips eut beaucoup de. | peine à arriver à Bafton, d'où on aprit que le peuple étoit dans une extrême con- i fernation de toutes les diferaces qui ar- _riverent à fa lotte ; huit Vaifleaux firent naufrage dans le fleuve aprés la levée du Siege, où plus de huit cens perfonnes pe por ut _ Quelques Abenaguis de Lacadie atriq Werent peu de jours aprés, qui raporterent pue nouvelle allez patciculiere des Ir0« TT) A | pe Hiffosre des ae A coBl Ces Sauvages qui ne font jamais malades furent atraquez de la petite Ve. role que les Anglois leur avoientcommu- niquée : cette maladie qui leur é étoit incon- | nuë fit plus d'expedition que l'Art Mili- taire ; il en mourut quatre cens, & cent Loups, & même ceux- ci idétatètes grand Village tout defolé, dont il n’en réchapa : que feize. Dans le temps que les enne- mis venoient affiecer Quebec il {e fit un parti confiderable d Anglois &d'Iroquois, pour attaquer en même temps Montreal; la petite Verole fe communiqua heureu- fement dans le Voyage parmiles Iroquois dont ilen mourut une centaine : ils étoiene fi éfrayez de cette mortalité qu'ils fe baie avec les Anglois qu’ils ne vo- voient pas mourir comme leurs camarades, Les Anglois de la Nouvelle Anglererre qui ne voyoient aucune fureté dans leurs habitations par les irruptions continuelles que les Abenaguis de Lacadie faifoient fur eux, leur propoferent la Paix: Ceux= ci répondirent que ny eux , ny leurs en- fans , ny les enfans de leurs ’enfans, ne la feroient jamais avec l’Anglois qui les 22 voit fi fouvent trompez. L'on rendit gra- à ces au Dieu des Armées de ce qu'ilavoit fait au Canada, on porta à la Cathedrale avec pompe &c ma gnificence le grand Pa villon ; é Ma AXImeS Fe I roguois. Dh F1 _willon de l’Amiral qui étoit combé dans let _ fleuve , & celui que Portneuf avoit pris dans Lcd j 4 _ Monfeur lEvêque des le Te Deum, on fit une Proceffion Solemnelle & Mr de Frontenac alluma le foir le feu de joye an bruit du canon & de la moufqueterie des Troupes qui étoient fous les armes. L'on a bâti depuis une Chapelle dans la = baffle Ville fous les aufpices de notre-Da- me des Victoires, où l’on va tous les ans en Procefflion réndié graces à Dieu de certe Viétoire le même jour quelle a été | pinpartee) Je ne faurois finir, Monfieur, cette Let. tre par un endroit plus agreable n’y plus glorieux pour la memoire de Monfeur le R Comte de Frontenac , vous affurant ef même temps que l'on ne peut étre ayee prie de pes que je le fuis ; . _ MONS IEUR : HORS Votre trés- Rene &ee. | Tome LII. - M px | Eifloire des Maurs. AANNNEENNER M“ IIE LERER E Rsne dans le PE Le Dépntez de la Part des. his de LE “pe | cadie au Comte de Frontenac » QUI S'EN> | gagent à Wne guerre srreconciliable con tre les Arglos. Quarante Efpions Frogheis, s 'établifent a Sant pour favoir les monvemens. des François. Lois Ateriata Iroquois du Sant, Filleul du Roi, reçoit nn Collier de la part des Tr oguois. md Combat fort opiniatre dans La prditié de la MMagdeleine contre les Anglors , les | Iroquois » G Les Loups. De V'allerenne C apitaine d'une Cobiphgnie _ d'un détachement de la Marine, tulle. en preces les ennemis. La Foreft Capiraine réformé ; porte aux Ontaohaks les dé du Ro, Moxsur, Le rang qué vous tenez dans le plus Augalte Parlement de l'Univers eft moins à 3 ë Marins du Troquois. Hg éftimable par lui-même que par le luftre _ & le brillant qu'il reçoit de l'éloquence que vous y faites paroître. Heureux le ar qui implore fa juftice , toûjours content des Arrêts qu'il en raporte. Les Princes même fe font l'honneur de vous remeccre leurs incerêts à déméler. Sufpen- _dez, je vous prie , un moment ces occupa tions importantes pour vous précera quel- ‘que amufement qui regarde les païs éloi= nez, Je veux vous parler, Monfieur , de la Nation Abenaguile, fi fidelle aux Fran - gois, & d’un des plus rudes combats qu’il / ÿ ait jamais eùû en Canada, La mifere eft pour l'ordinaire infepa able de la guerre, & fouvent fuivie de la famine : ; le Canada qui fe voyoit d’un côté ‘foulagé par Ja retraite des Anglois , , fe rrouva tout a coup réduit dans un brac pi- toyable & dans une difetre de toutes cho- fes neceffaires 2 à la vie, Le bled valoic douze à quinze franes le minot,le vin cene écus la barique, l’eau de vie fix cens francs & toutes les autres marchandifes à pro portion. Monfeur de Champigni qui vo- voir que les Magafns du Roi n'avoient plus de vivres que pour un mois , fit dif- perfer les Troupes chez les habitans, qui furent obligez de les nourrir pour leur * folde, Cette calamité publique , qui dure M 2 ! T6 Hilaire des M œurs vs fix mois. , empêcha que l’on n'envoya des Partis à Loir & à gauche contre les An- glois & les Iroquois, & nous les laiffames dans une efpèce de Letargie : zils ne firent pas moins à notre égatd. En éfet ,un Soxkoqui de Nation qui a- voit été pris proche d'Orange fe fauva & vint aux Trois Rivieres; il raporta qu'a- prés qu'il fut pris on le conduifit au haut du lac Champlain, où s’éroient affemblées les Nations Lroquoifes & autres Sauvages alliez des Anglois,que les Iroquois éroient au nombre de neuf cens Tfonnontouans, Goyogouens & Onnontaguez , & de qua. tre cens foixante & dix Aniez , Onneyÿouts, Loups, ou Mauraigans, qu ‘ls avoient tra- vaillé l ‘efpace d’un mois a faire des canots, que pendant ce temps les Anolois leur a- voient fourni des vivres & envoyé quel ques caffertes fermées , dans lefquelles les Sauvages difoient qu il y avoit des habits empoifonnez qu’ils devoient laifler en pile age aux François. Lors que les canots furent achevez fei- zecens Anglois fe joignirent aux Iroquois dans le deffein de venir artaquer Mont- real, ais quand il falut s’embarquer dans ces canots d'écorce fi minfes ils ne vou- Jutent jamais s’y hazarder. Les Iroquois ‘furent fi irritez de ce procedé qu'ils leur Re. EE "1! G Maximes des Jroguois. 27 firent beaucoup de reproches fur leur peu … de bravoure. Ils leur dirent que les Fran ‘4 çois n'avoient point toutes ces delicatef. es , & qu'ils s’'apercevoient bien qu'ils _étoient incapables de les fecourir, nonob- flanc qu'ils les euflent détournez de faire . la Paix avec nous, que bien loin de leur aporter quelque avantage ils venoient de faire mourir quantité de leurs gens par le poifon qu’ ils avoient deftiné aux François. Il mourut à la verité en trois jours trois cens Tfonnontouans, Goyogouens, & On- nontaguez, quatre-vingt dix jeunes Aniez & Onneyouts, cinq à fix cens Anglois, foit que cerre mortalité vint de ces pré tendus habits empoifonnez ou de quelque maMdie contagienfe. | . La des-union les fepara :les Iroquoig tuinerent de dépit tous les grains des en _ virons d'Orange , & tuërent la plufpart des beftiaux. Cetincident vint bien à pro- pos, car toutes nos Troupes étoient dans ce temps du côté de Quebec, qui étoit Aflez embaraflé à fe défendre contre l’ar- mée Navalle des Anglois. | | … Le Comte de Frontenac qui connoiffoit. la valeur des Abenaguis avoit fait fon pof_ fible pour les attirer dans les Partis qu'il avoit détachez l’année paflée de ces cô- tez-çi : le manque d'habjrs, me poudre _ 128 Hiffoire des Maœurs de plomb , & de fers de fléches, les avoit obligez de refter chez eux. Il en arriva -cependant au mois de Mars de Pentagouét qui le prierent de ne pas prendre en mau- : vaife part le profond filence qu'ils avoient tenus à fon égard , que le plus grand cha- grin qu’ils avoient étoit de n'avoir fairau- cune entreprife fur les Anglois pendanc l'Hiver, quieft la faifon la plus favora- ble, que ce qu'ils leur avoient déja dé- claré fufhfoit cependant pour ne pas dou- ter qu'ils ne feroient jamais de Paix avec eux ; & que fi malheureufement il ne pou voit leur donner dequoi continuër la guer_ re, ils fe ferviroient d’os de bêtes pour - dards de fléches , & ne cefleroient de les harceler. Qu’au relte ils le prioient de leur faire rendre leurs freres que les Iroquois du Saut tenoient prifonniers , que quel- que fujet de plainte qu'ils euflent contre : eux de ne les avoir pas renvoyez , ils re- mettoient cependant tous leurs reflenti- mens entre fes mains , comme des enfans qui cherchent le moyen de vivre en bon- ne intelligence avec leurs freres. Le Comte de Frontenac les remercia de leur bonne volonté , & les congratula de la fidelité qu’ils avoient toûjours con- {ervée pour la Nation Françoile, les af. farant qu'il ne les abandonneroit points % ae RTS Ex SAS dE NP RAGE Gé SES | (a Maximes des Tibabois. 129 Tl'avoit déja prévû le befoin qu'ils pou. voient avoir de balles & de poudre qui: leur avoit envoyé par les terres : il promit qu'aufli- tôt que la Navigation feroit libre il envoyeroit une Bifcayenne par mér , & des canots par la riviere de faint Jean, qui leur en porteroient encore avec des flé- ches & des marchandifes , & qu'il leur _donneroit un fecours cotnéderabt à l’ar- _rivée des Vailleaux du Roi. Il les conge- dia aprés les avoir régalez , & fait des pre- : fens à a tous les Chefs en particulier. Quoique les Iroquois fe fuffent broüil: lez avec les Anglois , ceux-ci cependant qui ne connoifloient que trop l'utilité de les avoir pour amis ; ménagerent encore _Jeur efprit, on ne le. reconnut même que trop dans la fuite. Des Iroquois du Saut & de la Mon- tagne qui étoient à la chafle proche de €hambli , furent pouflez vigoureufement par un gros parti d’Afniez & d'Anglois qui en enleverent dix. L’on fut furpris deux jours aprés de voir arriver au Fort du Saut trois Aniez fans armes , qui ramenoient deux Sauvages. On le Ft een plus lors - que l’on vit arriver les autres avec qua- rante de cette Nation, fans armes , dont la. plufpart ne voulurent pas s’en retour. ner chez eux. Ce fac une conduite judi HO Hiffoire dss Murs cieufe que les Aniez vouloient tenir pour penetrer infenfblement l’état des affaires, & pour infpirer aux Iroquois du Saut de quitter les interêts des François & de s’en retourner en leur patrie ; ils déguiferent donc leurs fentimens. L'on peutdire que l'Iroquois eft judicieux dans les mefures qu'il prend pour fonder Le fort & le foi- ble de fon ennemi, qu'il eft penetrant dans les affaires les plus cachées ,.& qu'il gar- de bien le fecrec fur les moindres ouvet- tures qu'on lui fait, Ceux. citémoignerent d’abord qu'ils étoient las de tuër & d’être: tuez , que les Aniez n’éroient pas éloignez de la Paix , qu’ils tâcheroienr même de la faire agréer aux autres Nations Iroquoi- fes, & que pour marquer le defir ardent qu'ils avoient de finir la guerre ils étoient venus en diligence nous avertir que buic cens froquois étoient prêts de tomber fur nous, & de ruïner tout ce qui étoit entré Montreal & les Trois Rivieres. Les guerriers demandent la Paix, di- foient.ils ,& l’ont déja concluë fans la participation des Anciens quine font pas toüjours de bonne foi. Que fi les Flamands & le refte des Iroquois ne veulent point entrer dans aucun accommodement , ils es laifferont & fumerent paifblement {ur leurs nattes, | | 15 & Maximes de Iroquois. NE = L'on eut crû éfeétivement queles Aniez parloienc de bonne foi ; le Pere Bruyas efuité, Miffionnaïre du Saut, ne favoir qu'en penfer, & le Pere Lamberville nè pouvoit aufli s’imaginer que tout ce qu ils difoient fur fincere: ; | Ils répondirent jufte à toutes les que- … tions qu'on leur faifoit : le Chevalier de Callieres les fit venir à Montreal fans fe mêler des propofitions de Paix qu'ils a- “voient püù faire à nos Sauvages , aufquels “en laifloit le foin de cette “negociation. Îls aprirent en même temps que le Che- valier d'O , qui avoir été envoyé l’année precedente” par le Comte de Frontenac, avec cinq François , de la part d' Aariouaé, ‘avoir été mené à Manathe, qu ils en a- voient brûlé deux chez les Onnontaguez & les Tfonnontouans, Il ya quelquefois bien da rifque d’ailer trouver ces Barba- res pour traiter de quelques accommode= mens, car ils font brûler fans autre expli- _gation les Députez qu’ on leur envoye. Le Chevalier d'O fat même attaché au Po- teau à la follicitacion des Anglois, mais quand il fuc queition d’en venir au Fait l'E roquois voulut que l'Anglois commença le premier : celui-ci s’en défendit parce qu’il dit que ce n'étoit pas la maniere des Européens de brûler. Les Iroquois qui Me Hifloires dés M PTT vouloient que l’aétion fut commune ne le firent point aufli. 4 on examifa de prés la conduite de ces Sauvages qui paroifloient prendre af fez de part à nos interêts. Il étoit à propos de faire favoir au* Outaouaks l'heureux fuccez de la levée du Siege de Quebec :cette nouvelle ne pouvoit que les encourager dans les bon- nes difpoftions où ils étoient l'année _Pré- cedente. Courtemanche qui avoit été en VOyÉ exprés S ‘acquita de cet ordre, iltrou< va qu'ils avoient déja envoyé leurs guer= riets contre les Iroquois éfperant même de faire partis inceffamment le refte.. Les: Miamis & les Ilinois qui font à plus de deux cens lieuës des Outaouaxs s’éroient mis auf eñ marche ; tous ces Partis de nos Alliez embarafloient extrémement les Iroquois. Les Tfonnontouans qui étoient : plus à portée de l’infulte de leurs ennemis furent contraints d'abandonner leur Vil- lage par la grande perte qu'ils firent de leurs guerriers ,. & le joignirent aux Go- yogouens. L'avis que l’on avoir , Monfieur, ; que ces huit cens Iroquois devoient venir ; \ obligea les habitans de fe tenir fur leur garde , & de ne point trops ‘expofer dans les campagfiess Tous ces grands projers A" & Mimi des Troquois, 133 #boutirent à peu de chofe ; il y eut pour- tant quelques habitans qui. tomberent en- tre leurs mains , ils brûlerent des habita- tions n ‘ofant bre aucunes tentatives aux Æændroits où ils croyoient qu'il y auroit dé la reliftance. L’Iroquois eft plus hardi dans le bois qu'à râfe campagne , c’eft fon fort que dé pouvoir attraper un arbre , il voltige à l'entour avec tant de foupleife qu'il lui fuffit de le joindre ; il a l’adreffe de fe met. tre à l'abri du fufl quand même l'arbre . he feroit gros que comme le corps d’un _pées à couper homme, c'elt un efpece de retranchement pour lui, & lors qu'il peut prévoir le coup 1l fe Er de côté en travers pour en parer la balle. Les froquois poufferent leur entreprifé plus loin que l’on ne penfoit , ils vinrent jufques à à la Montagne de Montreal , les Éeminés Sauvages étoient pour lors occu- Fe bleds , ils en enleverent plufieurs, Deux cens François & Sauvages vinrent au fecours fous la conduire ra Bienville ; ceux. ci furent prêts de donner deffus lors qu'ils reconnurent que c’étoit des Aniez , ils délibererent s'ils les atra- queroient ; caufe des pourparlers qui s'é- toient paflez entr'eux au fujet de la Paix. Enfin nos Sauvages, dont le ROBES étoit Ê34 | “Elifloire des ass 1 bien plus confiderable que les François ne voulurent point charger ces prétendus h: Alliez , dont quelques-uns prirent parti . avec ceux-ci, qui parurent contens des. propoli tions que les Aniez qui étoient dé- | ja venus aveient faites aux Sauvages du Saut, & qui aprouverent celles de Paix ou de Neutralité par Once l'un de leurs Chefs. | | Le Chevalier de Vaudreuil comman=- dant des Troupes ne fut pas fi indulgent dans une occafon où il rencontra qua- rante à cinquante Onneyouts. En éfet, de Mine Capitaine examinant à la cote de Repentigni les monvemens des ennemis , en aperçût quelques-uns qui fe LORGIÈRE affez tranquilles dans une maifon aban- donnée, il fe retira dans de petites Ifles tout proche pour f ne leur pas donner om- brage. real peu de re aprés avec Auriouaé, joignit de Mine : les deux Partis entoure- De Vaudreuil qui éco parti a MO | rent cette true avec toute la précau- : tion poffible, de maniere que perfonne ne s’en pouvoit fauver. L'on trouva à vingt !, _pas des Iroquois endormis que l’on tua d'abord , le refte fit une grande refftance dans certe retraite , faifant un feu conti- _muel par Îles fenêtres & les meurtrieres a lg 2 Aasimes des Froquois 413$ qu'ils avoient faites , & tuërent cinq à fix François, entr'autres Bienville, Quandils virent que l’on avoit mis le feu de tous co- æ&ez ils firent de petites forties , mais ils pe- rivent la plufpart ; il y en eût de brülez dans la maifon , l’on en prit cinq dont les habitans en brûlerent trois pour fe ven- ger de la mort de leurs parens , il falut en venir à ces extremitez parce qu'ils fe feroient trop perfuadez que nous les euf- fions trop ménagez ,& en les rraitant a- vec la même dureté on leur feroit con- noître que quand ils tomberoient d'oré. navant entre les mains des François ils fe - reflouviendroient de tous les maux qu'ils leur avoient fait fouffrir : ce petit échec _rallentit un peu leur ardeur, ils s’imagine- rent d’autres ftratagêmes. Ils renvoyerent pour cer éfet deux Femmes Sauvages qu'ils _avoient prifes, 08 EE d'un com- pliment de cond6leance qu'ils vouloient #aire par un Collier à la famille de faint Helene, qui mourur de fa bleffaïe au Sie. ge de Quebec. En ren Ils en envoyerent un fous terre fecrete_ ment à Louis Ateriata Iroquois du Saut, Filleul du Roi, qui conferve precieufe- ment une Médaille dont Sa Majefté l'a honoré. Ce Collier l’exhortoit & fa Fa- mille de-fe retirer parmi eux, & d'amener Tome JIL, IN 636 Aijtoire des Maur : le plus qu'il pourroit des gens du Saut; Tannouraoua , lroquois de la Montagne, en eut un auf: ils demandoient réponfe par un Tfonnontouan qu’ils reclamoient pour leur en aporter la nouvélle , & les | menaçoient tous deux de ne les point é- | pargner lors qu'ils attaqueroient Mont- real. Louis Ateriara & Tannouraoua firent peu d'état de ces menaces & des Colliers, | qu'ils mirent entre les mains du Cheva- lier de Callieres , Taflurant d’une fdelité | inviolable, 4 … Les Iroquois attendoient donc des mo- mens favorables pour faire de rudes atta-” ques fur les Frañçois. L'on aprit qu'ils étoient à vingt lieués au deflus de Mont- - real, au long Saut de la riviere des Outa- ouaks ,pour enlever tout ce qui viendroir de Michilinoaxinale dans l'attente de la recolte, Ils aprirent pendant ce fejour plu- fieurs nouvelles qui les dérournerent de - Jeur entreprife : ils favoient d’un côté que l'on faifoir deux cens canots pour aller fondre fur.eux ou dans leurs Villages, & de l’autre on leur vint dire que nos Alliez Faifoiens des courfes continuelles chez Eux qui caufoient de grands. defordres ; tous ces obftacles leur rent quitter prile, fe contentant de laiffer de petits partis pour gnlever 2 à droit & à a pans be des chevelures. . f ; “ & Jañimes des Iroguois. sg H y avoit déja dutemps, Monfieur, que le Canada gemifloit dans la difetre des chofes neceflaires à la vie lors que le So- Jeil d'Afrique arriva de France. L'arrivée de Dutas Capitaine des Vaifleaux du Roi, avec fa flotte , augmenta encore douze jours aprés la joye publique, l'abondance regna donc tout à coup dans ce vafte païs _par la bonté du Prince qui eut pitié de fon _ peuple , mais quand on aprit par ces Vaifa _ feaux la prife de Mons, il eft difficile d’ex- primer les tranfports de joye que tout le monde fit paroitre. Des Outaouars qui étoient décendus de leur païs pour faire la traite, concürent une fi haute idée de la Nation Françoile lors qu'ils virent tous ces grands canots en rade, { ils apellent un Vaifleau un grand canot ) qu'ils ne pouvoient s'imaginer comment l’efprit humain pouvoir faire des Machines qui leur paroiffoient { ex. traordinaires.Les illuminations qui éroient 1 à Qüarorze beaux Vaifleaux le jour du 7e Deum, les divers mouvemens des manœu- vres par les Marelots , le bruit de l'Artil- _lerie, la quantité de boulets & de canons qu'ils virent,étoient autant de fujets d’ad- _ miration de la puifflance du grand Oros- le - #io de France, ( c’eft ainfi qu'ils apellent L = le Roi) & quandils virent dans un repas HS Hifforre des M œurs magnifique quantité d'eaux glacées de tou: tes fortes de couleurs, ce fut pour eux uri fujet de furprife ; on leur fit acroire plai- famment que ces grands canots qu'ils vo- _yoient dans le fleuve les avoient aportez, & que les François n’étoient pas moins curieux de ce qui pouvoit fervir au plailie : _ & au divertiffement de la vie, qu’à ce qui. . leur étoit utile pour attaquer &e Le défen- dre contre leurs ennemis. Depuis que Île Chevalier de Ctecas à eut été informé de tous les projets que es à ‘ennemis devoient faire dans de ours il fe cint toûjours far la défenfive : il étoic donc menacé de toutes parts. En éfer ; j] auffi-tôt qu'il eur apris la marche des An. lois , des Loups & des Aniez , il raflers. la tour ce qu’il pût de Troupes & d'ha- | _bitans qu'il fit camper à la prairie de la. Magdeleine, Hartel le fils qu il avoit en<°. voyé à la découverte avec trois Algon- Kins & un Iroquois de la montagne, ra- porta qu'il avoit aperçû un canot d'Aniez dans la riviere de Richelieu , au deffus du — Portage de Chambli, qui venoient auffi à - - ja découverte, de il en tua cinq. C'en fut aflez au Chevalier de Callieres , il ja- gea bien qu'ils attaqueroient d'abord le Fort de Chambli , ou qu'ils prendroient un chemin qui conduit à la prairie de la _ é& Maximes des Trogioss. 139 + Magdeleine. Il envoya an premier endroit … de Vallerenne ancien Capitaine ,avec les foldats d'élite de fon bataillon , dé Mai & d'Orvilliers auf Capitaines, 1e Habitans & beaacoup de Themifcamings, qui a- . voient pour chef Routine. Auriouaé qui . ne faifoit que d'arriver d’une aflez belle . expédition voulut être auffi de la partie. Des Hurons de Loretre prés Quebec ,les 1. plus fideles Sauvages que nous ayons, fu- rent aufli du Hbrgbre , & quelaues Iro- . quois de la Montagne & du Saut, qui a- voient Paul pour Chef. . Ce détachement compofé de ce qu'il y . avoit de braves guerriers , conduit par un homme de tête & d'experience, contribua ;. beaucoup : a la déroute des ennemis. Jere- viens , Monfieur , au Fort de la Magdelei_ ne ,ileft : rate pas du bord du fleuve, far un lieu efcarpéentre deux prairies ; le : | cÔteau qui regarde la Fourche eft coupé | par une petite riviere à demie portée dx ganon,une Ravine qui eft un peu plus prés du Fort la coupe auffi, & entre ces deux: _çcourans d'eau'il y a HR moulin. Les Ha- bitans furent poftez de ce côté-ci avec les Outaouaks ,les Troupes étoient campées fur la droite &c les Officiers avoienr leurs tentes vis-à-vis furune hauteur. L’ allare me fe SRE dans le camp PT un dite Rs da 240 Hiffoire des Mœurs de fufil que tira la Sentinelle avancée. Les ennemis qui s'étoient oliflez le long de la siviere de la Fourche & de la Ravine, vin rent fondre fur les Habitans qu’ils mirent ‘en defordre & tuërent fix Outaouaxs. De faint Cirque qui commandoit à l'ab- | fence du Chevalier de Callieres fe mit -aufli-tôt à la rête des Troupes. Comme il : n'avoit point eû d'avis particulier de cette . faillie il ne pût s’imaginer que le grand : nombre que l’on voyoit dans le camp des : Habitans fuffent les ennemis ,il marcha * cependant droit à eux le lons de la Gréve: les Anglois & les Iroquois firent tout à … coup une décharge de moufqueterie fur . eux. De faint Cirque reçût un coup de fu- fil dans la cuifle, Defcairac Capitaine fut bleifé à mort, & d'Hofta fut tué. Ce de- fordre anima davantage les foldats, qui … donnerent tête baiflée deffus : certeardeur | les poufla un peu trop loin, parce que les | lus allerrés comberent dans une Ambuf- cade proche de la Ravine où Domerque- ÉUt tue. + | . De faint Cirque tint toùjours nonobs » ftant fa bleflure, dont il mourut trois heu- . resaprés : il mit en déroute les ennemis s qui avoient pourfuivi les Habitans juf-… ques dedans le Fort, & comme ils ne cro= yoient pas qu'il pèc refifter , ils firent ce, 1 : tr : \ ” _ d Maximes des Jroquois. TAT - qu'ils purent pour l'emporter d'emblée ; ‘il leur fit cependant quitter prife aptés leur avoir tué beaucoup de monde, l'on prit un Anglois la grénade à la main tout prêt à la jecter dans le Fort. De faint Cir- que eut route la fermeté que l’on peut at- tendre d’un brave homme , il ne voulut jamais quitter la partie ( quoi qu'il eut la _veiné cave coupée ) que les ennemis n'euf- fent auparavant lâché pied : il mourut en entrant dans le Fort. Il avoit fervi dans les meilleurs Regimens de France , & avoit commandé un bataillon en Sicile. Def- | cairac qui mourut le lendemain ne fur | pas moins regreté. | Les ennemis crurent en être quitte à bon marché, mais de Vallerenne qui les pourfuivoit à la pifte à latête de cent qua- tre-vingt hommes acheva leur défaite. À peine les euc-il joint qu'il falut fe battre dans le moment; il fe trouva heureufe- ment deux grands arbres renverlez par terre qui lui fervirent de retranchement, il difpofa fes gens de rang en rang. Les en- nemis qui marchoient fans ordre ÿ vin- _rent l'attaquer à la portée du piftoler avec de grands cris, HI détacha aufli- tot une trenteine d'hommes qui firent un orand feu [ur eux ; les Anglois & les Aniez re- _ ginrent jufques à crois fois à la charge Les we, n° z Ur LUS A2 Hiffoire des Murs Mie Loups qui ne s’attendoient pas aune fi vi goureule refiftance plierent, Routine chef à . des Fhemifcamings croyant pouvoir les éntourer fut lui- même répoullé ; Celte dé: à route fut caufe que lon en vint aux mains de part & d'autre ‘cotnme nous étions ex- trémementin Écrieurs ennombre ils eurent d’abord Beaucoup d'avantage far nous. Les jeunes Habitans qui ne s’étoient pas ERCOIC trouvez dans aucune action furent _ ébranlez mais le Bert du Chêne les raffura: De Vallerenne qui fe trouvoit par tout &e animoit nos gens, de même les Chefs € nos Sauvages animoienr les leurs : l'on S'acharna cruellement pendant prés de _deux heures, & quoi que les ennemis euf_ fent abandonné Îe champ de Bataille, tout le Bagage & leurs Drapeaux ,onles pour- fuivit'encore trois jours dans des païs ma- récageu *,Entrecoupez d'arbres renve rez pleins de ravines , & il n’en feroie réchapé aucun fi les notres euffent eû affez de for- ce pour les pourfuivre : de Vallerenne fut contraint de faire faire alte, & de fe re- trancher par un grand abbari d'arbres. Les Sauvages du Saut ayant reçü la nouvelle . ‘de cette Victoire vinrent en diligence le trouver, l'on eut dit que des ouerriets fi 4 frais & fiallertes euffenc dû la rendre comme plete, ils fe contenterent de compter kes à à K à Maxime Fa roqueit. T4 3 morts & de les piller, & fe retirerent fous prétexte des falves de coups de fufil qu ls difoient avoir entesau à la prairie, quine fe failoient cependant que pour Le Obfe- ques des Officiers qui yayoient été tuez, Les traces de ne que les ennemis laif- foient par tour où ils pafloient marquoient allez leur foibleffe & le defordre dans le- - quel ils éroient réduits. Les Anglois per- dirent environ deux cens hommes . ilne réchapa que vingt Aniéz de cent qu'ils étoient , & la perte que firent les Léup: ne fut pas fi grande parce qu ils plierencles premiers. Nous perdimes quarante hom- mes dans- cette ation & celle de la Prai- rie, & nous eûmes une quarantaine de bleffez. Auriouaé s’y fi figrala beaucoup * ne fais : foit que de revenir d’une expedition fort a 2 ! glorieufe pour lui ; 1] s’étoit trouvé fi cho- qué du mépris que Le Nation avoir euë de toutes les démarches qu'il avoit faites pour les attirer dans nos interêrs , qu'il partit . d'un propos déliberé pour s’ en venger avec quinze Sauvages de Lorete & de la Mon- tagne il fit fon coup entre Goïoguen & Onnontagué. Il ft rencontre à ne retout de cinquante Tionnonthatez où Hurons de Michilimakinak qui alloienten guerre: œeux-ci le prenant pour un lroquois lui + F44 nu “inde des A uts pl efferent un homme qui en mourut, mais ‘ s'étant enfuite reconnus Autriouaé FRE in- ftruifir de la forte guerre que nous faifions,; des avantages que nous avions reportez, & des fecours que l’on attendoit de Fran- ce. Il vint aux trois Rivieres avec de Val- ferenne, qui rendit compte à fon General de l'hénréus fuccez de la Viétoire.en la: quelle il avoit eû tant de part. | L'on fur bien furpris de revoir Auriouaé, ét s’éroit perfaadé que leftime que lé Couite de Frotenac avoit conçüe de fa fi. delité étoit aflez mal fondée, mais lors qu'ils le virent arriver d'une campagne de _ quatre à cinq mois, ils ne fçürent qu'en penler : le Comte de Frontenac qui avoit l'efprit plus penetrant connoilloit à fond le cœur de cet afhdé. Auriouaé Jui fit pre- fent d'un Onñontagué , que fx bonté ne. pût exempter de fete aux Algonkins, # qui le biûlerent. Auriouaé ne demandoit donc que des occafons a faire paroître {a fidelite & fa valeur ; ilentrouva une allez favorable lors qu’il ea a Montreal, oti Jui dir qu'un Parti ennemi avoit enlevé deux hommes & uné fenrme à la riviere des Prairies :. il fe mit à fuivre leurs piltes, & les ayant joints au rapide plat de la ri J œ viere des Iroquois il en tua deux , fit qua: tre prifonniers , -& ramena ces Hédicus 3 WA À à d: + HOT. CR Re &. FE des Pardi 146 ÆEflaves. Quel acuëil ne fit on pas , Mon- _ fieur ,à un Heros que chaque Nation de- mandoit pour Chef à l'envie l’une de l'au- tre. Il décendit à Quebec où il reçûc le rix de tant de belles actions ; la modeftie ‘qu il faifoit paroïtte ( quoi que rare à un | | Sauvage qui eft naturellement vain ) lui . attiroit les bonnes graces d'un chacun : ° il | repartir. auffi tôt pour. retourner en guer- - ze, c'étoir fon élement, & il n’avoit point Fa plus grande paffion que de faire éclater don courage. La Chapelle Poe réformé revint fre ces entrefaices d’auprés d’ Orange, où il éroit allé faire quelque tentative La des Aniez, les pourparlers de Paix l’ empêche. - rent de poufler loin fon entreprife il aprit qu il n'étoit arrivé en certe Ville que dix - Anglois de tous ceux qui s'étoient trouvez dans le Combat de fainr Cirque & de Val- lerenne , & qu ‘Onnontagouas ce fameux Hatediateur y avoit été tué, La Brofle arri- _ va aufli peu de jours aprés avec quelques prifonniers qu'il avoit conduits dans un g'and pays de chafe qu'il avoit battu, & comme il n Ÿ trouva perfonne il fe con _fenta de venir avec quelques chevelures. Le Comte de Frontenac fit partir quel. que temps aprés Dutas pour croifer à l’em: Poucheure du fleuve, d'où l'on eut avis r46 Fifloire des Mars qu'il y avoit des Forbans Anglois, & Bon naventure eut ordre de mener Villebon à Lacadie avec du monde, Saint Caftin qui toit en ce païs lui dépêcha un canot, qui fut accompagné de deux autres, que le Gouverneur General & le Confeil de Baf. ton envoyoit à Quebec. Nellon Gentil- homme d'un merite diftingué, qui écrivoit aufli conjointement avec eux , prioit le : Comte de Frontenac de leur faire rendre : les prifonniers qui étoient entre les mains des Abenaguis , ce General Anglois le fai- fant reflouvenir des obligations que fa Co- Jonie lui avoit, le prioit en même temps : de lui continuër les mêmes fentimens de bienveillance | malgré la guerre qui étoit entre les deux Couronnes. Il éroitaifé aux . Anglois d'écrire fi obligeamment parce qu'ils avoient befoin du Comte de Fron- tenac : mais notre General leur répondit à peu prés de même, fe plaignant nean- moins qu'ils retenoient a Manathe, contre le droit des gens, le Chevalier d'O,qu'il: avoit envoyé aux Iroquois , chez qui une partie de fes gens avoient été biülez :n'a-. yant pas eû plus de raifon de garder enco- re Menneval Gouverneur du Port Royal … & fa Garnifon , contre la Capitulation, que » auffi- tôt qu'il auroit fatisfair à ces contra- ! ventions on pourroit fonger à une échange | FU | oenerale ». ra CD %, D ue 7 « AT i4 \ oui Last. 4 "AIS ÊUTr E Maximes des 7 roguois. SEAT generale des Prifonniers qui pouvoient Être parmi chaque Nation & les Sauvages _ Alliez. Saine Caftin lui mandoit aufli que il y avoit à Manache une guerre civile en tre les Anglois & les Flamands depuis la mort de leur Gouverneur, & que tous ces pourparlers d'échange de prifonniers 6 foiént un amufement, parce qu’ils vou: loient engager nos Sauvages à une Paix mais qu'il s’y opoferoit. ; . La Foreft Capitaine réformé partit on2 Ze jours aprés de Montreal avec un con. voi de cent dix hommes, pout porter à Michilimaginex les prefens que le Roi. failoit aux Sauvages Alliez : il ramenoit avec lui les Outaouaxs à qui l’on avoit fair prefent de deux Efclaves , C'étoit deux Victimes qu'il faloir immoler à certe Na- Hon, pour efluyer leurs larmes fur la per- te de fix qui avoient été tuez au combat de la Prairie. Quoique ce Voyage futab_ {olument neceflaire pour le bien du païs, & pour engager nos Alliez de continuër | Ja guerre, il fut retardé par beaucoup d'in- trigues, Les Sauvages du Saut qui avoieng leurs raifons particulieres, remontrerent par des Colliers, qu'outre le danger qu'il y avoit d'être atraqué fur les chemins, on dégarnifloit la Colonie de {à plus bel le jeunefle, Le Comte de Frontenac qui dun JIT. À Q ÿ 48 Flifore des Mevrt voyoit par quel efpritils agifloient , reite< ra fes ordres & la Foreft partit. - | Neuvillette arriva Île fixiéme de No: _vembre de Lacadie , il raporta que Ville- bon fon frere avoit pris fur ces côtes un petit bâtiment , qu'ayant fait décente au Port Royal il fic arborer le Pavillon Fran- cois à la place de celui de l’ Anglois, les Habitans ne fe foucient pas trop pour qui tenir ,ils fe voyoient fi voifins des Anglois qu il are étoit difhcile de fe prévaloir con- tre les courfes continuelles qu'ils faifoient | dans leurs quartiers. - Villebon pouffa fa route vers pit riviere de faint Jean, où il eut avis que Nelfon: y venoit avec un bâtiment , il fe cacha. derriere une pointe , & aprés ayoir tiré deux coups de canon pour fignal aux Ha bitans de ce lieu que c’étoir lui, il donna chaffe enfaice à Nelfon qu'il enleva. Il re- venoit de Port Koyal avec le Colonel Tinc qui en étoir nommé Gouverneur. Les Habitans ne pouvant le garentir des infulres que les Sauvages pouvoient lui faire , il prit le parti de quitter fon nou- veau gouvernement. Villebon envoya Nellon à Quebec, qui ne pouvoit atten: dre que beaucoup d'honnetetez du Come. re de Frontenac , il avoit donné trop de preaves de l’ éfbione qu il be des Frans & Maximes des Troghois. 149 Gois par vous les bons fervices qu'il leur avoit rendus pendant la Paix & pendant la guerre ; {on efprit & fon merite Jui donnoient un grand afcendant à Bafton ; il étoit Chef d'une faction qui a été toùû- jours contraire au General Guillaume Phips. Je fuis trés-parfaitement , MONSIEUR, = Votre trés-humble ,&e: Le 2 y FN à LV. er drruprés des Troquois entre la riviere de Richelien © le Fort des Vercheres. M ademoifelle des Vercheres empêche que. les Iroqgnois ne prennent ce Fort; & doté | fieurs autres. Monfieur le Chevalier de Crizaf va à fon fecours à la tête de cent arr Combat contre les Eroqgnors >; retvanchez,. parms des Rochers. | Gategarontes chef d'un parts conf iderable _d'Iroquois » eff défass proche le Fort de Frontenac. Déroute de la Chandiere Noire ,chef d'un Part: de denx cens guerriers Iroquois > par le Chevalier de Vandreml. Æc Comte de Frontenac propoje une grande | Chaudiere aux Sauvages fes ANR, ADAME, | ÿ MA TRE's- HONORF'E Cousine. | Que penferez. vous de moi de vous mettre ici à la tête d’une guerre d'fro: ,quois ; il tontiadeait mieux, je vous l'as! sk Moes tu Iroqguois. 74 nr VOUË , que’je vous entretinile d'une guerre . d'Allemands, d Anglois & d'Hollandois .. » car je ne pourrois le faire fans rapeller en même temps toutes les belles actions -de feu Monfieur de Vertillac votre illuftre Epoux. Je n'entends nullement , Mada_ me, à faire le Panegirique d’un ‘homme auffi eltimé de fon Prince qu'il l'étoit, je Jaifle aux guerriers de la France à imiter _& fuivre un fi bel exemple que le fien, & je me boine pour moi à décrire ici les _mouvemens de la plus redoutable Nation de l'Amerique. Vous y verrez en pallane un trait de valeur d’une Canadienne de: | naiffance , dont les 4@ions font d’une ve. xritable Amazone, L’Hiver eft f rude'en Canada que pen- dant prés de huit mois qu’il dure tour y eft dans une efpece de létargie. Les Iro- quois voulurent en tirer avantage, & Le flâtans que les François étoient incapables : de fupoiter les mêmes farigies, äls fe msi ent en marche pour faire irruption {ur nos côtes. On repouffa cependant la force’ par la force, ils perdirent de leurs Chefs: des plus confiderables -& quoique nous’ leur eûmes fair coûter (obbre leur perte .. celle de plufeurs de nos Ofciers , des meilleuts Häbitans- , & de nos Sauvages’ Prime laiffa pas ‘de nous tenir à cœur. ‘sé _ #2 | Hiflèire) Pa M ŒUrS Nos Alliez de Mehdi ou qui a= voient vi les prefens du Roi , augmen. terent plus que jamais l'action qu ls ‘avoient fait paroître pour nos: interêts , “ils firent differentes courfes {ur nos dt _nemis dans lefquelles ils‘enleverenrt sou tité de chevelures. Les Aniez d'un autre côté avoient fait: plufieurs détachemens , ils s’attacherenc _entre la riviere dé Rithil is & les habi- tans du Fort des Vercheres, où ils firent. du defordre. | L'action de Mademoifelle des Vefche- res { Fille d’un Officier qui a cinquante ans de fervice ) me paroït trop heroïque pour la pañler fous filence. - Les Iroquois qui s 'étoient répandus dans toute cette cote étoient pour ainf dire à Ja fuë , cachez dans des buiflons, ou le ven- tre contre terre, dans des endroits propres à faire leur coup , pendant qu'ils exami- mnoient les détisaches des-habirans qui tra- vailloient à la campagne. Quarante froquois éroient aux environs du Fort des Vercheres fans que l’on s’en aperçüt , lors que tout à coup ils vinrent fondre sd les habitans dent ils-en enle- verent une vingtaine. Cette jeune Herot- ne qui fe promenoit fur le bord du flsu…. ve..à deux cens pas du Fort voulut s'en * G. Maximes des Jroguois. 153 - fuïr , ils firent fur elle une décharge de quatre à cinq coups de moufquets fans la … bleffer ; uïf Iroquois courut aprés elle le cafle.tère à la main ,. mais elle conferva dans ce moment plus d'affurance que n’en pouvoit avoir une Fille de quatorze ans’, elle lui laiffa-entre les mains fon mouchoir de col fe jettant dans fon Fort, dont elle ferma la porte fur elle en criant 4#x ar- 65; & fans s'arrêter aux gemiflemens de plufieurs femmes defolées de voir enlever leurs. maris ,elle monta fur un Baftion où étoit la Sentinelle. Vous dirai-je, Mada- me , qu'elle fe métamorphofa pour lors _ en mettant le chapeau de Soldat fur fa tè- _te, ayant Ôté fa cocÆure , & faifant plu- fieurs petits mouvemens le moufquet fur l'épaule .pour donner à connoître qu'il v td à pd avoit beaucoup de monde , quoi qu'il n’y eut que ce Soldat, Elle chargea elle même un canon, & n'ayant pas de tapon elle erx ; y . ft un avec une ferviette & tira fur eux. Cette alarme fe répandit de Forten Fort jufques à Montreal à douze lieucs de là: À peine y fçût- on cette nouvelle que le: Chevalier de Crizañ Seigneur de Meffine,, eoufin germain du Prince de Monaco, fut détaché par eau avec cent hommes de trou- ‘pes réglées poux s'y rendre, pendant que ginquante Sauvages coururent: par Les ter f4 Hiffoiré F Mars res. Cetre aimable Heroïne faifoit mer2 veille dans fon Fort , tantôt elle tiroit le) canon fur les Iroquois , & tanfôt elle tiroir: des coups de fufl lors qu ils vouloient a- procher des paliflades ; il n ÿ a point de . Canadien n’y d’ Officier qui tire un coup de fufil plus jufte que certe Damoifelle.. Monfieur de Crizaf arriva une heure a prés que les Iroquois s’éroienc retirez. mais nos Sauvages les joignirent au: bout: de fix jours de marche dans le lac Cham plain , & quoi qu’on les tronva bien re- tranchez parmi des Rochers , on les y’ força. L'on reprit nos Prifonniers, l'oti en fit d’autres que l'on tua aprés le combat; & le refte perit dans cette ambufcade , la referve de quatre qui fe fauverent. tek Chefs firent prefent au Comte de Fronte- : nac d’une Femme que l’on’ envoya à Lo: rette poar être inftruite dansla Foy Ca: tholique ;. . de trois prifontiièrs dont l’un: étoit fé de la Plaque , un des grands” | Chefs des Iroquois du Saut qui étoit pour lors en France autant ami des François: que l'autre leur étoit contraire : ils avoient: | été inftruits à la Foi Catholique, on ne leur donna que le temps de fe reconnoitre 8 on leur cafla la tête à coups de haches.. Ees Chefs qui avoient fait cetre expédition: gorterent. eux- mêmes des chevelures au: & 'Maximes des Jrémibis. : OM | Comte de Frontenac. Le peu de ménage- . ment qu'ils eurent dans cette occafion pour Jes Aniez ôta le foupçon que l’on avoit cû jufques alors de leur fidelité, la mort de ces deux Chefs les mettoit un pet en re- pos ;ils en craignoient , difoient-ils., l'ef- rit, Le Comte de Frontenac en donna un _aux Hurons de Lorette qui le firent mou- rir, & le croifiéme fut mis entre les mains lies Abenaguis qui devoient le conduire à leur grand village, il trouva le moyen de s’échaper :il fut tué depuis dans une autre occafon, : Le Comte de Frontenac congediant ces Chefs les exhorta de tenir leur jeuneffe toute prête pour une entreprife qu'il pré- -tendoit faire dans peu de jours. Comme il favoit que les Iroquois prennent peu de précaution lors qu'ils font tous les ans leur . chaffe le long de la riviere qui conduit a Fort de Frontenac , {oit du côté Nord ow dans la Langue de terre qui eff entre cette riviere & celle des Outaouaxs , il voulut les furprendre par un parti de trois cens douze hommes, dont il donnale comman- _dement à à d'Orvilliers. Bien des gens n’étoient pas de cet avis::’ ils partirent cependant le neuviéme Fé- .vrier, la guerre fe faifant ici d'une manie- .re allez fatigante chacun pos à LR col, Lu = #s6 Hiflare des Meœurs À ou traîna fes vivres & fes hardes la raquet: te aux pieds. Il arriva un accident à d'Or villiers au Portage de faint François , une chaudiere d’eau boüillanre fut renverfée par mégard fur fes jambes qui l'empèche- rent de continuër le Voyage. Beaucour qui fe trouvoit le plus ancien Officier prit le commandement ,: c'étoit à la verité un jeune homme , mais plein de courage , qui fit bien paroïtre qu'outre la délicatefle de fon efprit ,; fa prudence fu- pléoit aux qualirez que l’âge donne aux autres. Les fatigues du Voyage furent cruelles, plufieurs François eurent les pieds gelez, & dé vieux Sauvages s’en rerour… nerent aufli. Quelques coups de fufñl que l'on entendit tirer dans les bois firent ju ger que les Iroquois n’étoient pas loin on laifla un Sergent avec vingt hommes pour la garde des hardes ,& le refte mar- cha du côté où l'on entendir du bruit. L’accablement dans laquelle l’on étoit par une marche de deux jours auffi précipitée:, que celle qu’il avoit fallu faire obligea ,» ‘Madame ,une quinzaine d'habitans & un: foldat de quitter la partie :‘la honte fitren=« rer le refte en foi-même, la valeur eftne=s ceffaire à un Commandant , l’éloquencex ne left pas moins pour animer les efpritsi chancelans , l’'Hiftoire nous fournit affezi # 1 # C*. M aximes des Iroguois. Y$? Fr exemples combien elle à fait d’ imprel- _fion au milieu des Batailles, Beaucour VO= on yant que ce petit corps de Troupes s ns doit diffiper par la crainte , leur parla d'u- ne maniere fi preffante qu il leur infpira un nouveau courage. L’on fe remit donc en marche , & quatre heures aprés l'on donna avec vigueur fur quatre-vingt Iro- quois qui furent bien furpris d'une telle faillie. Sategaroniez qui commandoit le | parti fit ce qu il pât pour raflurer fes guer- riers ; il eut beau faire il fur contraint lui- même de s'enfuir, avecune fi grande vi- tefle que les meilleurs Coureurs ne pûrent Vartraper ; il n’en réchapa que treize, & trois femmes que l'on fit prifonnieres, La Plante Officier, qui avoit été pris trois ans auparavant a l’ Maire de la Chine, fe trou: Wa heureufement delivré de fon RUE ge : nous perdimes huit Sauvages & deux François, la retraite fe fit en bon ordre & Jon arriva à Montreal. Les Chefs du Saut & de la Montagne qui avoient aporté vingt-quatre chevelures de cette expedi- tion, firent prefent : à Madame de Cham pigni de Tonnacoras, un des Confidera- bles de fa Nation. L'on fe _préparoit à Montreal pendant ce temps à faire remonter des François chez les Outaouaks, ce Voyage paroilloig ; ss paire à des Mars aîlez difficile , parce que la Chaudiere’ Noire Chef des Nations Iroquoifes, oc cupoit da riviere pour en empêcher le aflage, la Nouë£ eut ordre de les efcor- ter. Quand il fut au portage des Calumets il découvrit quelques ennemis , ce qui lui ft prendre la refolution de ellarhe à Montreal, où il trouva le Comte de Fron- tenac qui revenoit du Fort de Chambli. L'on finir les femences avec aflez de. tranquilité, les Partis que l’on avoit di. fribuez de toutes parts pour foûtenir les: habitans ne firent aucune rencontre. Les Sauvages du Saut & dela Montagne qui étoient allez du côté d'Orange & des can... tons Iroquois ne firent aufh aucunes en. sreprifes , parce qu'ils avoient amené avec eux { contre la bonne politique ) de nou- veaux Efclaves à qui l’on ne devoit point … trop fe fier, malgré touces les protefta- tions de Etes Ceux: ci fe voyant prés de chez eux fe fauverent. Monteflon eut plus de fuccez dans fon Voyage , il cafla des têtes proche d'Orange : cette Ville étoit dans une grande confternation fur le bruit qui s’éroit répandu que l'on de. … voit y venir avec toutes les forces du Canada. Le Comte de Frontenacavoit toûjours chilim akinak; 4 r à cœur de faire revenir le Caftor de Mi- 1 4 Ne Maximes des Trogquois. ‘ir chilimaxinak ; l’on fit une feconde tentra- tive pour y aller , la Nouë eut ordre d’ef- bona- ce fur Mer ne loir fuivie de l'Orage, mais quoi qu'un Vaiffleau fe voye expolé à la menaces. Cette tranquilité qui faifoit un: peu refpirer le peuple fut bien-tôt crou- blée ; la Chaudiere. Noire qui étoit le He- Fos des Iroquois s’ennuyant d'attendre les Voyageurs qui devoient décendre de Mi- chilimakinax avec leurs Pelleteries, fe ré pandit avec fix cens hommes vers les ha. bitations des Prairies, à peu prés comme un Fleuve qui fortan de fon lit inonde un _ païs & n’eft arrèté que par une forte di- gue. Le Chevalier de Callieres en eut avis, _1l donna ordre à Dupleflis- Fabett ancien Capitaine, de couvrir les Forts de la ri- viere des Prairies de l'Ifle- - Jefus , & de 1% P > 60 Hiffoiré des Murs -_ Chenaye, qui font vis à.vis les uns des au. tres, & dé ne point s'engager à aucutr combat dans les bois ;il ne pc que faire des efcarmouches dans les bleds:leChe- valier de Vaudreuil joignitce détachement avec cent cinquante hommes , mais ilne püt attraper les ennennis :il revinc à Mont- real & en répartit quelque temps aprés à Ja tête de quatre cens hommes tant Sau> vages que François. Aprés trois jours de marche on aperçût au deffus du long Saut -de la grande riviere un canot qui traver: foit du Nord au Sud. | ; De Vaudreuil laiffa cent hommes à la arde des canots & des bâteaux , & le re- ñe marcha en bon ordre. Des Iroquois qui. coupoient du bois aperçürent les Fran- çois , ils firent de grands cris qui retenri- rent jufqu’a leur camp qui n'étoir pas éloi- gné, nos Sauvages en firent de mêmeavec. un peu trop de précipitation, de Vaudreuil voulut les enveloper ; comme fa gauche avoit un grand circuit à faire , leur droite demeura découverte, ce qui laiffa un paf- : fage qui leur facilitoit une retraite. Les Écoquois qui fe virent furpris firent beau- coup de refftance , on leur en tua une vingreine fur la place , la plufpart fe jet- terent à l’eau & fe noyerent, l'on prit cinq, \ | Maxñimes des Iroquois, 161 hommes , neuf femmes , cinq enfans ; & l’on delivra neuf prifonniers qui avoient . été pris à la Chenaye peu de jours aupa- - ravant, & trois autres qu'ils tenoient de- | puis long-temps. La déroute des Iroquois qui étoient au nombre de deux cens guer- riers fur prefque entiere , & tout auroit pañlé au fil de l'épée fi ces cris précipitez ne leur avoient donné le moyen de s'en- _ fuïr : le redoutable la Chaudiere-Noire re- _ lâcha du côté du Nord , fans fe mettre . beaucoup en peine de fa femme que l’on mena au Saut. Nous perdimes onze hom mes, parmi lefquels il y eut quatre Of-° ficiers. | ad rat L … Peu de jours aprés cette expedition Lu: _ fignan Capitaine réformé eut ordre de _ conduire des bâteaux aux Trois Rivieres, il fur attaqué à fon retour dans les Ifles du lac faint Pierre par un parti d'Iroquois,. _ & fut tué de la premiere décharge, La _ Monelerie Lieutenant foûtint un feu con. . tinuel avec beaucoup d'intrepidité, fes foldats qui voyoient quatre de leurs ca- .gmarades de tuez perdirent la tramontane,, + & aprés deux heures de combac trouve. - rent plus à propos de faire une retraite _ que de forcer les ennemis dans leur am bufçade. 16» Æiffloire des Moœurs - - Le Comte de Frontenac monta à Monts feal le treize Août avec trois cens habiz | tans pour faciliter Les recoltés, elles ne fe font dans ce païs que lé fufil à la main il y trouva deux cens cinquänte Oura- ouaxs & autres Sauvages de differentes: Nations qui y étoient arrivez avec cent cinquante François ; il les remercia d'a bord d'une cinquantaine de chevelures. Hroquoifes qu'ils lui firenr prefent, il leur propofa une grande Chaudiere. Les Sau- vages du Saut & de la Montagne refpi- toient depuis long temps à faire une en treprife fur un des Villages Iroquois:les Hurons de Michilimakinax & de Lorette,. les Aloonkins & les Abenagwis Favoient | fouhaité avec beaucoup d'émpreflement, les Outaouaks qui ne demandent que le. commerce de leurs Pelleteries fe trouve: rent aflez embaraflez dans certe entrepri- fe ,ils avoient d’un côté une grande im patience pour s'en retourner chez eux, & de l’autre ils dirent que tous leurs guér- . riers étant en guerre contre les Iroquois il ne réftoict que leurs femmes & leurse. enfans avec les Vieillards , qui étoiene … pour lors fans apui. M 54 Deux Chefs Goïogouens & Onnonta- | guez qui évoient prifonniers ayant fé. _ r 2 " | Pa ll si LE © Maximes des Iroguois. 163: . que l'on tramoit contre leur Nation, pro- __poferent que l’un d'eux alla chez eux pour. négocier. quelque accommodement , où du moins qu'ils {e faifoient fort de fai- re revenir les prifonniers François. L'on commençoit déja à être accoütumé à tou- tes ces rufes , l'on fit peu d’érat de ces propofñtions. Le Comte de Frontenac fe | feroit trouvé affez embaraflé pour l’exes cution d’un pareil deffein. | Comme il fe perfuadoit qu’ou lui et. .voyeroit des Troupes de France par les premiers Vaiffeaux, il fe confoloit de la perte qu'il faifoit infenfiblement de cel- _ les qui étoient en Canada , qui devint bien grande, mais dés-lors qu'on lui eut _ dépêché un canot de Quebec pour lui _ donner avis de l’arrivée de neuf Vail- _ feaux qui étoient à Tadouffac , dans lef- . quels il n’y en avoit point ,.ce fut un mo- _ tif aflez puiflant pour ne pas engager les: _ Outaouaks à cette expedition , qui font: _aflez mnéfians fans leur donner encore une idée du peu de forces que nous avions. _ Peu de jours aprés fon arrivée à Quebec Je Chevalier d’O arriva avec deux Abe- naouis de Lacadie, 1l faudroit une Hi. ftoire à part pour décrire toutes les avan: _turés qui lui fonc arrivées depuis que le ge 2” 164 Æiftoire des Moœurs ; €omte de Frontenac l'envoya chez les. Froquois avec quatre députez d'Auriouaé, » le rifque qu’ila couru d'être brûlé par … ces Barbares, les duretez qu'il reçüt à Manathe de la partdes Anglois, fa fuite de cette Ville ; fx reprife à la Nouvelle | Londres , enfin la maniere dont il fortit de Bafton , font autant de traits d Hi- » ftoires. Je fuis avec beaucoup'de refpec} MADAME, | Votre tés.humble 8e; BEN RATS ST A2 ARR FE hi : 1 ° D Al M Maimes des Troguois. te PRITRNITIEI TANIA ARRRORRUUIERE ed Vs LEE RE. Huit cens Iroquois font des courfes dans Je goUvernement dé Monireal, Prif de trois Forts des Aniez, dans hf quels on fait trois cens prifenniers, 8" plnfbart guerriers. | FH Canada eff menacé de tontes parts, Arrivée de denx cens canots Onraonaks > | qui viennent faire la traite de leurs _ Pelleteries. - pue Abenaguis de Lacadie ont de LATAR PP AN ETS avec les Angloss. | 0 Je h'aurois eù gardé de vous interronis pre au milieu de vos grandes occupations, LE je n’étois perfaadé que vous rellemblez aux Grands Hommes quine fe délallene « un travail d’efprit que par unautre, & que lors qu'elles vous laiflent quelques _ loifirs vous croyez ne les mieux emplo= yer qu'à vous entretenir des matieres qué “viennent des PS Mines Je vous prie, [4 d sé Hifaire des Maur. * Monfieur, de vous en dérober quelques: dos de Ée momens , par le dérail que j' fat l'honneur de VOUS. envoyer, Vous Yÿ vér- rez la vivacité avec laquelle les Canadiens ont donné des preuves de leur zéle BOUS | la gloire des armes du Roi. 4 Il eft bien difficile, Monfieur, d’arrê-. - fer un torrent qui fe répand avec “rapidité dans une vafte campagne ; la confufion & * le defordre , Les ruines & la deftruction de tout ce qu l rencontre ci font les éfets. : L'on peut dire avec quelque juftice que” les courfes continuelles que les Iroquois avoient faites jufques alors dans ce vañte païs avoient caufé une fi grande : revolt- tion, que les forces commengant à beau: eoup Rare l'on y voyoit avec douleur ée torrent impetueux de Batbares s'y pré-. cipiter le fer & le feu à la main. Comme. ils s’apercevoient que l’on s’étoit tenu fur. la défenfive ils jugerent de la foibleffe du eourage des Françoïs, ou de |’ impuiffance | de leurs forces. ous foldäts qui avoient. été pris trouverent le moyen des ’enfuir à de Quebec; ïls rencontrerent huit censk Froquois qui étoient en marche pour ! faire’ irruption fur nos côres : c'en fut affez pour animer davantage cette Nation qui new refpiroit que le carnage. Ces fugitifs €, toient fi bien inftruits du fort & du foible | 4 # RAS à EH À aximes des pédsis ep ‘&u Canada , qu’ils leur donnerent toutes des lumieres poflibles : on courut aprés 8e J'on offrir trente pifloles à ceux qui les trouveroient. Quand les [roquois eurent apris qu'il n'étoit point venu de troupes de France ils fe feparerent aufli tôt en deux bandes, les uns devoient venir par Je lac Champlain, & l’autre par celai de fainc François , où la riviere des [roquois. _ Ceux qui prenoient cette route devoient fe camper auprés du Saut, & fous prétex- te de négociation leur defini étoit d’atti- rer le plus de Sauvages qu'ils pourroient, & de deur cafler la crête. -_ Le Chevalier de Callieres donna ordre à tous les habitans de fon gouvernement de fe retirer dans les Forts , ces forces n'és tant pas fofifantes pour aller au devant d'eux. Il jerta le plus de monde qu'il pût du côté du Saat, pour en foûtenir les Sau. yages qui avoient promis d’ufer des mê. mes ftraragêmes que les Iroquois fe l'é- -toient propofé à leur égard, Le Marquis _de Crizafi Capitaine , forti d’une des illu= ftres Mailons d'Italie, de Monaco & de Grimaldi, ‘commandoit tous les Prençais qui \ étoient. . Enfin ce Parti qui devoit venir par le ac faint François parut à la vüe du Saut ; en l’attendit de pied ferme, & on le recûf rie 868 Hiflire des Mens avec un feu de moufqueterie quifut vi-\ goureux de part & d'autre. Ils prirent le! Soir du même jour le chemin du lac faine François pour fans doute y chaffer:ils dé- tacherent de petits Partis qui furprirent quelques habitans , qui font toûjours trop empreflez à retourner fur leurs terres quand ïls voyent les grandes allarmes pafñlées. La femme du redoutable la Chau- diere Noire qui étoit prifonniere , avoit envie de s'évader, Thatha Kouicheré Chef des Onneyouts du Saut qui en avoit eû foupçon lui cafla la tête, & attacha une hache fur la porte , invicant par là fes fre- res à la même chofe contre ceux qui fe-, roient mine de s'enfuir. PA LR . Le parti qui venoit par le lac Champlain ' £toit tout prêt à faire fon coup, lors qu'un . jeune François & deux Sauvages s’en fau verent heureufement, L'évafion d'un au tre qui fut deux jours auparavant les em- barafla fort , ce qui les obligea de tenir plufieurs Confeils, car ils jugeoient bien . qu'ils étoient découverts. Ils vinrent cam- per dans une Ifle du côté du lac Cham plain. Comme la failon commeriçoit à a \ / , . à à " _être avancée l’on ne fe mit pas beaucoup en peine de leurs menaces. Le Chevalier. de Callieres fit partir par ordre du Comte de Frontenac un Convoi de fix Compa- A ee @ Maximes des Troghoist xCÿ -ghies pour Chambli ; avec une cinquan-. æeine de Sauvages que l’on deftina pour la ‘ découverte. D’autres fe-joignirent à ceux ci ,& allerent fur les bords du lac Cham plain pour tâcher de furprendre quelques Iroquois qui .y étoient ; l’on cafla feule- ment la têre à un Tfonnontouan, & l’on trouva dans des paquets qui avoient été abandonnez les chevelures de deux ha ‘bitans de Sorel. : L'entreprife que l’on avoit voalu faire J'année precedente fur les Onnontaguez ayant pü réüfhir par tous les obftacles qui furvinrent, le Comte de Frontenac en _«projetta, Monfieur , un autre fur les Aniez dés qu’il vitles chofes dans une meilleure fituation ,.celle-ci étoit plus d'éclat par les äimpreflions qu’elle fit {ur les Anglois qui ont leurs voifins. | _ Les Sauvages du Saut & de la Montaz gne ayant fait himainement tout ce qu'ils purent pour infpirer aux Aniez leurs fre. res de faire enfemble la Priere, & ceux- ci de leur côté s'étant fervis de toutes for. xes de rufes pour les attirer chez eux, les premiers refolurent d'en venir à d'autres extremitez: il {e fit donc pour cer éferun : parti confiderable de Sauvages , d'Habi. tans , & de Soldacs d'élite : Manter, Cour. _æemanche & la Nouë, furent choifis pour Ne T7T. Tex Ê ÈS FIRE k ÿ { Le E70. TE iffoire des Mours commander les François. Monfeut de _€hampigni donna tous les ordres necef- {aires , foit pour les munitions de guerre & de bouche que pour les raquettes , traî. nées , & autres chofes utiles à de pareilles expeditions. Les Hurons de Lorerte, les Abenaguis du Saut de la Chaudiere, des Algonkins, & des Soxoxis des Trois Ri- vieres S'y offrirent aufli. Il fe fit donc un Jetit Corps d'armée de plus de fix cens - EE nécbe compter une trenteine d'Of- ficiers : des Habitans même éloignez de quatre-vingt dieuës de Montreal ÿ vin- rent auf. | Ke NS MERE Enfin toutes chofes étant. en état l’on partic le vingt-cinq Janvier de la prairie de la Magdeleine, on‘alla camper à Cham- bli , où tous les François fejournerent deux jours jufques à l’arrivée de nos Sauvages qui fé joignirent à eux au retour de leur chafle, car c’eft prefque toûjours leur coû. gume d’en agir de même dans ces fortes d’entreprifes. Aprés beaucoup de fatigues ‘J'en arriva de feize Février {ur le foir à la vûc d’un des petits Forts des Aniez, Man- ser & Courtemanche {e feparerent de la Nouë pour en attaquer un autre qui étoit. à un quart de lieu£ plus loin. La Nouë fe. rendit maître de ce premier, où il netrou-t ya que cinq hommes , plufieurs femmes Mfaxinies des Troguors. 17É. & enfans : Manter trouva moins de refi- ftance au fien qu'il ne l'avoit crü : lon brûla ces deux endroits. Courtemanche refta avec ur détachement pour gardet tous les prifonniers & plufieurs autres que l’on avoit fait dans les bois. Il y avoit ur troifiéme Fort de plus grande confequen- ce, Manter & la Nouë qui y arriverenct la nuit du dix huit furent furpris d'y entens _ dre beaucoup de bruit , les Iroquois chan toient pour lors une chanfon de guerre, & l’on crût d'abord que l’on avait été dés couvert, mais l’on fçût dans ia fuite que céroit une quaranteine de guerriers qui devoient aller joindre un gros parti qui fe formoit à Onneyout , l'on trouva le fecret d'ouvrir les portes :on fit donc main baffe toutæ coup, l'on mit le feu aux cabanes, aux vivres , aux pieux du Fort, & à tout - ce que l'on ne pût emporter. Quand l'i- _ vrefle de nos Sauvages fut paflée on re. joïgnit Courtemanche ; nous en perdimes une trenteine qui furent tuez au premier abord la Hache-d’armes à la main , ou qui perirent par leur ivrognerie. L'on fe rendit maitre de trois cens Iroquois, dont le tiers éroient des guerriers. Les troupes les plus nombreufes ne font pas toüjours ‘à defirer en guerre,non plus que les grands Gorps qui font pour l'ordinaire fujets aux | a. - 372 Hiffoire des Aœurs plus grandes maladies, qui coûtent beau coup plus cher à nourrir , qui ont plus de difficulté à fe remuër , & qui donnent plus - large vifée aux coups des ennemis. - C'eûr été une belle défaite fi les Sauva- ges du Saut avoient voulu executer leur’ promefle ; le Comte de Frontenac avoit fi fort infpiré ces fentimens aux Chefs. qui lui en avoient donné toutes les affu- Frances poffibles mais terte Nation promet volontiers ce qu’on lui demande, & s’en refervent aprés l’execution autant que le caprice ou linterêr, qu'ils ne connoiffent pas toûjours bien, les ménent :on ne püt donc les réfoudre à leur caffer la tête. L'on partit en bon ordre ,.les prifonniers: au milieu, & les Fransois les plus allertes foûtinrenc l’Arriere garde. Les troupes font augmentées de moitié par l’experiens ce des Capitaines & le courage qu'ils por tent à la guerre. Aprés deux jours de mar- che un Sauvage vint donner l’allarme {ur l'avis qu’il avoir que lesennemis les pour- fuivoient à toute diligence. | Les Commandans François voyoient trop d'inconveniens à foûcenir un combat general , ils fe trouvoient extrémement embaraflez du grand nombre de prifon- “niers,& ils aprehendoïent d’ailleurs que fe forcifiant dans les bois ils ne fuflent affamés co Maxires à: need 0. dans la fuite. Ils folliciterent plus que ja- mais les Sauvages de précipiter la mar- che ; quelques raifons que l’on pür leur aporter ils ne voulurent yimais les goûter, il fallut donc fe rendre à leur avis queique pernicieux qu il fur. Mantet ne perdit 5% . de temps à fe retrancher à la Sauvage, lon fit une maniere de Fort à quatre ba ftions , entaflé d'arbre les uns fur les au- ! RES, ‘entouré de pieux : mais quand on aprit que les ennemis avoient fair halte derriere les retranchemens* ; plufieurs Sau- vages & François {ortirent d’an propos déliberé pour les empêcher de fe fortifier: on n'eût que le temps de laiffer une garde pour les prifonniers , & l’on fit une atta- que fr vigoureufe que l'on poulla les en- nemis de leur premiere ambufcade juf- ques à trois fois : l’on battit la retraite à contre-remps ; ce qui penfa caufer beau. coup de défordre : nous y éümes unequin-! _ zêine de bleflez , & nous perdimes huit hommes. . L'on reprefenta ehcore aux Sauvages l'embarras où l'on alloit fe trouver par les dificultez qu il y avoit d’ emporter les bleflez, & aprés qu'ils eurent été pleine- ment convaincus. que les ennemis qui é- toient : déja. au nombre de fept cens, ne _manqueroient pas d'avoir du renfoic eue 174 _Æifioire des 4 œurs Dr tant qu'ils le fouhaireroient , ils confenti rent à la fin que l'on décampa.On partit en - bon ordre en plein jour, pour n’être point obligé de marcher la nuir dans les bois. l’on: palla la riviere d'Orange fur les glaces = heureufement les ennemis pourfuivoienc affez lentement ,& ce fut un grand avan- tage aux François qui fe trouverent fou- lagez par là dans le tranfport des bleffez, qui étoit fort difhcile, puifqu’à peine vinge: hommes fufhfoient pour en porter un feul dans un brancdr. Lors que l’on fut arrivé: vers le lac faint Laurent, plufieurs de nos’ Sauvages nous quitterent pour chafler; : quelques prifonniers deferterent, & d’au- tres Aniez vinrent prendre parti avec . nous. Les vivres commencerent à man- quer : l’on crûten trouver dans un endroit: que l’on avoit cachez, qui furent tous gä tez. La mifere devint fi generale par ce. contre-temps , qu'il eft difficile de vous exprimer, Monfeur, tout ce que l’on fouf. frit dans la fuite du Voyage, & la feule- reffource qui leur refta fur de faire boüil… lir des fouliers Sauvages. Auffi-tôt que l’on ! eût pà gagner la riviere de Charzi, qui: eft à feize lieuës de Montreal , on dépè- cha au Chevalier dé Callieresides Exprez ! pour le prier d’envoyér des vivres; il'y ! pour vüs avec toute la diligence poffibles : # # L 1. | S Maximes des Froquois. 175 Chacun prit fon parti quand on fe vit pro- che des côtes, mais Courtemanche & Vil:. Iedonné refterenr feuls avec les bleflez. Ce coup qui fut plus heureux & plus glorieux dans fes commencemens ,ne laif- fa pas de jerter les Iroquois & les Anglois dans une confternation generale , ( cha- que Nation aprehendant un même de- faftre ) & la Vioire eût été parfaite fi Mantet n'eùt pas été forcé de condécen- dre aux fentimens. de nos Sauvages. | Perigni qui avoit été détaché à Lacadie, - arriva un mois devant le retour de ce Par- ti, il raporta que l’Efcadre commandée _par le Chevalier du Palais avoit fait voile vers l'erre-neuve, qu'aprés que deux Na- vires. qui: venoient de Quebec l'euflent joint dansila Baye des Efpagnols ,'en l'Ifle du Cap Breton , il avoit pris la route de Pentagotier. Cette nouvelle fur fuivie de Ja prife des deux fugitifs Anglois quia- voient déclaré le fort & le foible de Que- bec ,.& quiavoient fibien informé les An- glois des moyens.les plus feurs pour s'en rendre maîtres. Ro bibdaannne ce Sur ce que l’on aprit d'ailleurs par des prifonniers que’ l'on faifoit un armément confiderable en. la Nouvelle Angleterre, Je:Comte de Frontenac jetta les yeuxfur : Baucour Capitaine, qui avoit beaucoup de 176. Hifloire des Maœnrs. genie dans les Fortifications ; il travailla | avec aplication à à réparer les défauts de celles de Quebec. Ces travaux n’étoient: pas encore fi. preflez que l’on ne dût pen. fer à trouver F'expedient de faire décen- dre les Pellereries de Michilimakinak : læ quantité prodigieufe qu il y en avoit pa-. roifloit d’une grande importance pour les: Y. laifler , cependant la crainte où l'on étoit. de l'irruprion des. Iroquois mettoit hors. d'état d’ ÿ pouvoir envoyer le nombre de: François fofffant pour les tranfporter , outre que l'on eûr été bien aife que deux. cens qui y étoient décendiffent. Toutes ces raifons obligerent le Comte de FErontenac d'y envoyer Dargenteuil , Lieutenant réformé. avec dix-huit: FRE diens Pour porter sn ordres à Louvigni qui y commandoit : Une vingteine de Sauvages du Saut & de la: Montagnes'of- frirent d'être de là partie ; le départ fur heureux , mais le retour fut un peu traver-. (é. En éfer. pluñeurs Iroquois quis’étoienc jetez des deux coiez d'un, rapide. qui eft: au haut dé l’Ifle de Montieal, firent leur: décharge (1. brufquemene Étir : pou -Canois: - qu'ils furent trés raltrairéz.. La Valtri , Énfeigne d’ une-Compagnie le fut daiaie tage ,. parce que fon canot coûlant: ses d'eau , il | débarque &. ce HA en mÊme: - Maximes des Iroguois. 179 emps avec un de fes gens. Il perdie quel- ques François, & on prit uh Sauvage de’ . Ja Montagne. Les dificultez extraordinaires qu'il y à de faire la guerre en ce païs par la quan- tité de bois imptaticables, dans lefquels _on eft contraint de livrer des combats ; font caufe’ que l'on n ‘ehvoye que de pe tits Partis que l’on détache de part & d'autre. Les endroits qu’il faut encore ne- ceffairement côtoyer fur les rivieres font fi remplis de dangers par les courfes con- _ tinuelles des Iroquois qu'il ef extrême- ment difficile de ne pas tomber dans quel- ques ambufcades, les plus braves en font fouvent la side. il faut cependant pale {er par deffus FREE ces confiderations, Tous ces petics Partis ne laiflent pas d’és | tre utiles,;parce que l'on tient en bride fon: ennemi & qu’on le harcele : la dépenle er étoit à la verité confiderable , & quoi que le Sauvage foit sacurellement porté à la guerre, il ne veut cependant jamais mar- cher qu'avec beaucoup de vivres & de munitions ; l’on a même de la peine à lui perfuader qu il fait la guerre autant pouf fon interêt que pour le notre. Le Canada étoit menacé de toutes parts, il n’y avoit aucune fureté dans le fleuve depuis nage jufques à Montreal : ce L 1H ; | Hiffüre des dr œurs Ë gouvernemént-ci qui a toûjours été le theâtre de la Ac de ne pouvoit être trop. bien gardé. Sorel & Chambly qui le cout Yrent: éréietaleé poites les plasimportans;: Je Chevalier de faint Jean qui comman:- doit au premier reçût un renfort d'hom: mes qui réparerent ce qui n'étoit pas [2 4 état de défenfe : Défbergeres quicomman: | doit celni. ci > qui eftà la têce du pais, le mit au meilleur é érat que l’on pouvoit fous haicer , il y employa tout ce qui pouvoir : burs à fa confervation , il rendit inhabii tables les Portages par lefquels les enne: mis étoient obligez de pañler en grand ! corps, de maniere qu'il leur falloit enfilers des rapides d’où il eft prefque impoflble | que des canots puiflent fe faaver,ouilleur : falloir paller : à la vüe du Fort, des le ca non les auroit fort iscottis one Quand on eût porrvüû à la fureté de ces Mk PPT É 720 GIP el deux poftes on ne négligea rien pour cels w le de Montreal , l’on fit faire un petit Fort | fur un côteau qui commande la Ville, c'eft un quarré long à quatre Bafliens., garni de Fraifes & de Palflades, ARABES d’un petit Foflé ,& comme il eft impolf- 4 ble aux ral d'y amener du canon ; « l’on peut dire qu’il eft imprenable ; mA les ruës de la Ville l’ont en perfpcdtive , de maniere que fi elle éroit prife les en= nemis ne pourroient s'y D ? A, Le AR: Ma aximes des Troguois. 439 * De cous les Partis que nos Sauvages avoient faics , celui de la Plaque réülir le _fremier du côté d' Orange, il farpric qua- &orze hommes dans les bois , parmi Jef- quels il y avoir un François qui avoit Été enlevé aux Ifles faint Pierre de Ferre-neu- ve par un Navire Anpglois , il aflura que $ les ennemis devoient faire vohlel le vingt _ d'Avril de Bafton pour affieger Quebec, que les préparatifs que l'on avoit faits _ dans tous les gouvernemens étoient con- fiderables , que l'armement feroit de dix ‘mille hommes parmi lefquels il y en avoit fix mille pour le débarquement. Il ajoûra que le Commandant devoit marcher par Je lac Champlain, a la tête de fix cens An. glois , fans compter les Jroquois, afin d’a- | mufer les troupes qui étoient vers Mont- - seal, & faciliter par ce moyen l entreprife de Quebec. | ; Le Comte de Frontenac avoit déja re- : çû crop d’avis pour ne point s'attacher à da confervarion de-la Capitale de ce vafte païs : il donna tous les ordres neceffaires 8 palla: à l’Ifle d’Orleans, à la côte de Bau- prié, 6 autres lieux circonvoifins , il dif_ | pofa roûtes chofes pour la Hate de ces côtes. : Les ennemis qui étoient bien aifes d Au yoir un Efpons chez les François, snge- 380 Hfifloire des Moœnrs ogerent Tareha un des principaux Chefs d Onneyouts d'y venir examiner l'état des affaires. Ce Chef adroit prit le prétexte de chercher un de fes Neveux qui étoit prifonnier au Saut, qu'il vouloit avoir à da place de faint Amour, habitant de la Pointe-aux-Trembles, qu’il ramena pour cet éfet. Il prefenta au Comte de Fron- tenac des Colliers , il l'aflura que les On neyouts l’avoient cu nème temps conjuré de lui demander la Paix , que f juiques à prefent ils n° avoient fait aucune démar- che, la douleur où ils étoient d’avoir ire rité (ral à propos un Pere , les avoit ob- Jicez de ne point paroïître devant lui : qu'a. cyant. bien voulu rifquer «te venir feul , il "fe flâroir en fon particulier | qu'il ne rece- wroit aucun châtiment de fa main , que tout le Village fuivroit l’exemple des ca- banes pour qui il parloit, qu'il avoit fair avertir toutes les Nations qu'il venoit en Canada pour voir fon Pere, & tâcher de _racommoder ce que leur ménvaife foi a- \ voit gâté, Le Pere Milet Jefuite, prifon- nier depuis cinq ans , qui lui avoit donné des lettres, confirmoit tout ce que difoit ce Chef par fes Colliers. Le Comte de Frontenac qui connoifloit aflez les four- beries des Iroquois , lui fit réponfe par ui foul Collier, sl x url Ste Ls & Maximes des Troguois. 187 … Le Collier ; dit ceGeneral, 9# Onontie donne à Tareba ; eff pour dire que le jufre reflertiment qu'il a de l'horrible perfidie ane #3 Onnontagnez ont faite aux François ; qu'il avoir permis d'accompagner les Iro- guois qu'il avoit ramené de France, qu An Tionaë leur avoit envoyé » joint aux cruas- - ex tnoûies qu'ils ont exercées depuis, anÎ]i= bien que tontes les antres Nations , far ceux de Jès enfans qui font tombez entre leurs mains ; anroit dh l'obliger à ufer de repre- failles fur Tareha, & à rejeter les Colliers | Guil lus à preféntez de la part des trois Familles les plus confiderables d'Osneyont , fans vouloir écouter aucune des chofes qu'il dus a dites, fi la tendrelfe qui lur refte en core pour des exfans q#'il a toñijonrs AUREZ © à qui il n'a jamais fait que du bien, ne d'avoir porté à effayer encore de leur faire ironver quelques moyens de pouvoir rejer- 4er le porfon qu'ils ont avalé, & de forrir de l'ivrefle où ils font depuss fi long-temps, A rentrant dans leur bon fous © [e remer- tant dans leur devoir. C'eff le motif feul, ditil, gui m'engage à déclarer par ce Coliez que fi les Onnon. façuex ; Tfonnontonans Goyogonins , veulent entrer dans ‘ces difpoficions où pa=. rorfent être les Onneyouts ; 115 ayent 4 m'en- “Voyer inceflamment denx des principaux (62 Tome III. Bi e DEA , an DA, Le, 24 At #82 Æiffoire des Mars des plus ;confiderables Anciens de chaque Nation ; dont je foubaite que Theganiffo- gens fit du nombre, parce qu'il eff de mon ancienne connoiffance > pour me marquer la douleur veritable € le regret fincere qu ‘ils ont de toutes lesirs fautes palées ; C" j'écou- reras ce qw'ils voudront me dire la deffus ; leur donnant une entiere affurance qu'ils pourront venir Ÿ° s'en retourner en toute GNctÉs gaelque chofe qu'il puille arriver. . Lis doivent d'autant MOINS en douter qu ils favent g# Onontio #'a jamais manqué à fa pa » qu'il eff incapable de le faire. C'eff à eux à fe confulrer far la refolu- tion qu'ils doivent prendre, parce que s'ils. refufent d'entrer promptement par la porte. gue les Onneyonts ont commencé à leur ou “wrir; Onontio eff refèlu de fe boucher les. oreilles, de ne plus entendre aucunes Pro pofitions d' accommodement ; @ de les pour= re jufques à leur enricre EXTETMINATI OP ei | Soixante A micois qui venoient des en virons de Frontenac pour tâcher de fur prendre des [roquois , saporterent que les. | iNepifriniens avec lefquels ils étoient paré ais en guerre , avoient fait rencontre de rois canots Iroquois , dont ils en avoient défait un, & qu'ils avoient repris lenom= mé le Fe: Canadien, & Lorani, un des “confiderables de le Montagne, qui: avoi 4 nn. ë Maximes des Troguois. | ds été bleflé à la même occañon que la Val- tri fut tué. -L’on aprit aufli des nouvelles de Laca: - die par le Pere Binetau Jefuite , qui fé: - . favoir qu'un parti d'Abenaguis avoit pris onze Anglois auprés de Pemkuit, & que Le flore Anglo:fe avoit mis à la Ait pour venir à Quebec. Saint Michel artiva le main de ces nouvelles de chez Îles ” Jroquois; il fur pris dans la riviere des Ou- _ taouaks en un combat où la Gemeraye … Commandoir il fut conduir à Chnontagué avec la Ftefniere & Haftel Enfeignes {E _ fçûtque dans un Confeil general 6 G:1 aVOIE relolu de le faire biûler pour le bien de [+ Nation: il crüt qu'il n’étoit pas tout-à à fait à propos de leur donner cette fatisfaction,, & il trouva le feéret de s'enfuir. 1l aflura à fon arrivée que les Apolois avoient conftruit chez les Onnontaguez un Fort à huit Baftions, à trois doubleu- res de pieux, qui devoir fervir de retrai- te aux Nations Iroquoifes en cas que les: François vinflent chez eux. 1l dit qu’il en: devoit décendre huit cens pour troubler Jes recoltes ,que ce que Tareha avoit dit de [a part de Onneyouts pouvoit être dé’ bonne foi , mais que les autres Nations ne Youloient point entendre parler de Paix. | B'arrivaaufli peu de jours aprés un canoe KR # w à } ! p se < A [A 21 \ * 2 4 : ; Me 284 Hiffoire des Afœnrs ; de la Baye d'Hudfon, qui raporta que Îa famine les ayant oblisez d'abandonner le Fort faint Anne, il reftoit feulement cinq | perfonnes pour le garder ,. parmi lefquels il y avoit un miferable qui avoit afflaffiné le Pere Almas Jefuite leur Miffionnaire, qui lui avoit reprockhé fon crime au fujec d'un Chirurgien- qu'il avoit tué. | La fainte Anne de Bordeaux , le faine Jofeph & le Pontchartrain,arriverent peu de jours aprés, & plufeurs autres Vaif- feaux, qui amenerent des troupes de Fran- ce pour le païs, ne Lt 4 Le Chevalier de Callieres ayant apris en ce temps-là que nos Sauvages avoient découvert aux Cafcades de la riviere des roquois fept à huit cens de cette Nation, en donna avis au Comte de Frontenac. €e General fit partir le Chevalier de Vau- dreuil avec einq Compagnies, & cent cin quante hommes des nouveaux débarquez qui paroifloient fe mieux porter. D'un au- tre côté le Chevalier de Callieres qui a- voit apris que l’on avoit crû voir le Camp _ des ennemis à fix lieucs dans l'Ifle de Montreal, marcha à la rêre de huit cens hommes pour les prévenir : il fac jufques aux Cafcades fans rencontrer qui que ce foit ; ce mouvement fit un affez bon éfer. Un Anié Efclave du Saut prévoyant bien + \ MORE ee des Froquois. que 18 | que l’on alloit être en écat de leur tenir têre plus que jamais, ne manqua pas de S échaper. Le Comte de Frontenac qui fe préparoit auffi à monter à Montreal, aprit l'arrivée de deux cens canots chargez de: Pelleteries , qui étoient décendus des Ou- _ taouaks. La vÜe d’un fi grand nombre de _ richeffes caufa une joye univerfelle dans le païs ; ce ne fut, Monfeur, qu ’acclama- tions & Béncuiéhions que l’on donnoit au Pere du peuple & au confervateur de læ patrie. Il fembloic pour lors que l'on ou- blioit les maux pañlez par la confolation qu'un chacun pouvoit avoir de e joiir d'un bien qui leur avoit paru de fi difficile ac- Pseez. Les principaux Chefs de chaque Na- tion qui étotent arrivez au devant de ce Pere commun jufques aux Trois Rivieres: ils firent leurs Harançues qui la plufpare n'aboutirent qu'à lui Fire connoître qu il étoient décendus pour écouter fa voix , & dans le dellein d cbeït à l'ordre qu'il leur | _ avoit fait porter par d’Argenteiil. Les Hurons qui aimoient plus la gloiré de leur Nation , lui firent le récit de tous: les Partis qu’ils Avoiehe formez contre l'[- roqmois, & des avantages qu ‘ils avoient er fur eux. L'on fit enfuire la vrai l'on examuna pendant ce temps les snauvaifes difpolitions- dés Nârious &: le’ 186 Hiffoire des Mœurs | merite des Sauvages les plus confidera: : bles, parce qu’il étroit abfolument necef- faire d’en faire un difcernement pour les . recompenfet felon l’inclination dans la- quelle ils avoient été, mais l’on fut tou- ché quandon fût que les Miamis avoient reçü des prefens des Anglois par l’entre. mife des Loups. Le Comte de Frontenac qui en favoit trop la confequence fit mar : cher un plus grand nombre de foldats Ca. nadiens & François qu'il ne fe l'étoit d'a | bord propolfé, pour chailer les Anglois de ce polte s'ils s’en étoient emparez, où du moins les empêcher d’yentrer. Les prin- cipaux Chefs Outaouaks furent régalez à ” Ja table du Comte de Frontenac , & l’on. fit enfuite le Feftin genera!, où chacun à envie l’un de l’autre chanta la guerre & taconta fes exploits : ils eurent lieu d’être . contens du bon acueil qu’on leur fit ; ils s'en retournerent tous, & les François fous | Ja conduite du Chevalier de Tonti Com- mandant & Seigneur des Ifl'nois ; avec Mantet, Courtemanche & d'Argenteuil. Perrot étoit du Voyage:l'entierecon- noiffance qu’il a de toutes les Nations du # Canada , & l'afcendant qu’il avoit fur Lef. prit de tous ces peuples , obligea le Com- te de Frontenac de le choifir comme pour « mettre une barriere entre les Anglois ,les À Maxymes des Troquors. 187 Miamis & les autres Nations, Maramek fur donc le lieu de fa demeure ; qui étoit _ Pabord d’une infinité de peuples. _ Le Sueur fut aufli envoyé à Chagoua- mikong pour entretenir la Paix entre les Sauteurs & les-Sioux : c’eft le feul endroit par où l'on puiffe pafler pour fe rendre à cette derniere Nation, parce que fi l'on _ _prenoic le côté du Sud les Renards & les Mafkoutechs ne font pas difhculté de pil- ler les François , fous prétexte qu'ils por- tent des munitions aux Sioux leurs an- ciens ennemis. | _ Le Comte de Frontenac qui avoit ff _ bien reglé les affaires des Outaouaks ne fongeoit. plus qu’à décendre à Quebec, Il aprit auparavant fon départ que trois Navires Angloïis ayant hiverné au fond. de la Baye d'Hudfon , s'étoient rendus maîtres du Fort fainte Anne. Il ne leur fa- _ Joit cependant pas de grands aprêts pour _ y réüflir. Les cinq hommes dont je vous ai déja parlé, Monfieur, foûtinrent la premiere attaque contre quarante ÀAn- glois. Ce nombre-ci n’étoit pas encore {ufifant : Ils firentune feconde tentative, _ mais les François voyant qu’il débarquoit. _ plus de cent hommes ils abandonnerent le Fort la nuit ,: aimant mieux penetrer: plus de deux cens lieuës à travers des. _ - “4 ANS MO Hifoire des: For TRS bois affreux pour fe rendre à Montreal : que de demeurer entre leurs mains. LA ‘perte monta à plus’ de cin quante mille écus- en Caftors, fans compter Les : munitions de uerre & de bouche. _ Villebon qui commande à faine lea: dans Lacadie, fit auffi {çavoir, Monfieur ,: que les Abenagouis avaient Et traiter ail | Fort de Pemkuit, qu'autant qu'il pou: voit juger il n° ÿ tie encore rien à a prehender pour le commerce. La haine * itreconciliable qu ils ont contre les An: \ glois ,étoirun préjagé que ces pourpar-. Jers ne tendoient qu à tirer des marchan- . diles fans en venir à d’autres Li: Villebon imandoit auffi qu'il étoit ia sienacé du General Phips qui dévoit par- … tic inceflamment avec huit'cens Anglois ou Sauvages pour l’afliecer, que ce Ge- . néral avoit fort defaprouvé le débar- . quement que l’on avoit fait à Beaubaffin terre qui apartient à la Valliere, Capie faine des gardes du Comte de Frontéfaés où les Anglois furent repouffez avec per te ; qu'il étoit arrivé à Bafton dix-fepe \ Vailleaux depuis vingt jufques à‘foixante* pieces de canon , qui revenoient de la M Martinique en fort mauvais état , qüe leur armée y avoit été batrüë , qu'ils Ÿÿ' avoient perdu trois mille hommes C0 ST DT de FAC SL RE Dies RS si ed . "à RAT M ANS «a x E Ma aximes ui Jroqusis. _ 185 deux gros Navires de coulez bas ; que le _ Géneral de Bafton leur failoit fre læ | quaranteine à caufe de la pete qui ÿ. étoit , & qu'aufli tôt que les équipages Lfe feroient rafraichis , il fe fätoit d'avoir le temps de prendre Quebec , ou du moins qu'il envoyeroit fes Valoaus au bas dufleuve faint Laurent, pour enlever les nôtres qui devoient repalfer en Fran- ce ; qu'il yavoitune mes intelligence en- tre 4% Gouverneur de Balton , & le Ca. pitaine Farfax, que les Habitans de cette Ville étoient Le las de la ouerre & de _ l'interruption de leur pêche , ayant déja perdu plus de tiens Vaiffeaux pus quatre ans. L'on aprit depuis , -Monfieur , que les: _ Abenaguis avoient eû encore Fr pour- _parlers avec les Anglois ; que ceux de Kenebeki avoïent fair une. Paix qu'ils ne prétendoient que conditionelle. C'eft af- fez le caractere des Sauvages d’en agir de même : ils Re olcer au temps felon leurs vücs & l’état de leurs affaires. _ Ceux de Panaouamef#é & d'Annirrakan n'étoient pas ehtrez {1 avant dans le trai- té que les autres : leur but n'avoir été -que de retirer leurs plus confiderables qui étoient prifonniers. Toutes ces negocia- tions-là ne laifloient pas de 5 nous être fo 6 Ffifaire Le fée sé é jufpedtes. La difette de marchandifes Qui reonoit alors empéchoit cette grande. duveiture dé traite | & l'Abenagai don=. noit dans ce qui lui Convénoit le plus. I Is. affurerent cependant qu'il n 4e a+ à point de foibleffe de leur côté, & que” Hs recommenceroient la guerre plus que jamais au Printemps prochain. Tareha: Chef Onneyout ne pt ré | : dans {a négociation auprés des quatre au-… tres Nations Iroquoifes. Les Anglois qui. aprirent que l'on avoit tenu plufeursw Confeils pour la Paix ; tâcherent de. l'empêcher. Tareba, dis je , apporta en-n core à Osontio un Colier de la parc des Jroquois. Ce Collier difoit, Monfeur-,… que la crainte que ceux-ci ’avoient cs de tomber entre les mains de nos Partis ;: & de ceux de nos Alliez, avoit np j les confiderables de chaque Nation de venir le trouver; que s’il vouloir envo= É ver deux François capables de régler les” affaires, il les conduiroït en füreté à AÏ À Danie * ; ce lieu étant devenu l'arbre dem fa Paix & de la guerre, puifqu'ils l’a- | voient tranfporté d' Onnontagué. Ée Comte de Frontenac fejettace Collier 8m répondie à Tareha que puifque les al ir n’avoient ie voulu accepter ce. # Oran ge Se Maximes des Fa 9e qu il leut propoloit, il avoit des moyens _ pour les contraindife à fuivre fa volonté. Ce Chef en prefenta un autre de la part des cabanes Onneyoutes , qui le remer- _cioient de la reception agreable qu'il ? avoit faite à Tareha, & de la liberté qu il avoit accordée à 0 Neveu, l’aflu- rant qu’elles ne participeroient point aux _ mauvaifes affaires des Iroquois. |. Le Comte de Frontenac qui répondit à a ce Collier, lui promit de ne confondre n’y dui n'y Les fiens dans les entreprifes qu'il | préméditoit contre les Nations Iroquoifes. Il le renvoya avec des préfens aflez confi- derables, & il en fit à la vieille Sufanne _ quiétoit partie avec lui d’un propos déli- beré pour voir le Comte de Frontenac:, dont elle avoir tant entendu parler. Cette | ‘Onneyoute eftimoit les François , & leur _avoit rendu de bons offices pendant leur efclavage. _ Depuisle départ de Tareha la plûpare des Mu qui devoient hiverner dans le gouvernement de Montreal y _atriverent. _ L'on aprit que le fameux la Plaque qui étoit parti avec fix de fes camarades avoit fait coup affez prés d'Orange où il prit deux Soldats de là Garnifon. L'un fur tué pour avoir donné quelques coups #$ ‘4 0 BE LA sh D | Hiffoire des Mœwrs | de ‘haches à trois de fes Sauvages qui dormoient , & l’autre qui fut amené. affura que les Anglois de Bafton, de la Nouvelle Yorx & de la Virginie, fe pré. _paroient pour venir à Quebec par terre. ‘au Printemps , & que les’ Sauvages leurs Alliez devoient partir d'Orange pour de. cendre à Montreal. Ce n'étoit que grands . projets qui la plûpart du temps aboutif- foient à rien. Tels furent les mouvemens. qui fe pañerent cette année, Il ne me | refte plus qu'à vous aflurer que l'on ne 4 bn être avec plus de paffion que je le. uis - . 2 1e ‘ 4 Le MONSIEUR ; à Ts * Notre trés-humble, &e. sé # + (00 12 b | 14 Ts j “ Ë Maximes des roguoiss vos ee PRRA VI LETTRE Grands frojets de la part des Anglois En: des François. Amballaie de la part des Abenagnis d A- | mirkangan de Lacadie, an Comte de _ Frontenac. Les cinq Nations I roquoifes envoyent deux Dépntez aux Troguois du Saut de [arnt _Lons de Montreal. Tébanifforens Ambafladeur , accompagné de dix auires , porte la parole de la part des cinq Nations Iroquoifes. Frouee mal fondé des Outaouaks » fur ce qu ls croyent que l'on fait la Paix avec © des Troguois ; fans Les y comprendre. : _ Arrivte du Pere Mile Jefmte , Efilave chez les Troquors ; qui prefénte un Col- lier au Comte de Frontenac de la pari. | des Jroquois Carholiques. Mavaur. ds TRE fe Efprit eft une émanation de la Divi- nité, mais il eft fujet à des é égaremens ; sil n’eft guidé par la fagelle & parla raie Tome 7 S | ; ñ LE URL EEE Gr pan æ PAGE ES EU ATATEREE 4 2 7, + + « r$ : x 2 241 294. | Hifloire des Mas. : fon ; vous avez fcû les unir enfemblè dés otre plus tendre ‘jeune. Tous ces chat)" mes, ces attraits, ce port {1 gracieux , & cet air noble qui Vous rendent fi aimable . font moins d'impreffion que la vertu & le merite qui vous rendent l'admiration de tour le monde. Une réputation de fa- gelle & de probité vous a attiré les bon- : tez de la plus illuftre * Dame du monde. Vôtre efprit vous les a confervées , & la bonté, la noblefle , la generofité de vo- tre cœur ont juitifié à à toute la Cour que vous en étiez digne. Vous devez à toutes : ces perfeétions l'honneur que le Roi vous a fait de vous confier ce qu'il a de lus cher: Ce Prince fait l'amour , les : a lobe & l’ efperance de la France. Puifle- t'il conferver coûjouts le delir que vous. lui infpirez tous les jours « d’imiter un. jour Jes vertus heroïques de Loüis'le. Grand. | . Vous jugerez , Madame, par la lettre | que jai ÉTÉ ru de vous écrire, de la . délicareffe d’efprit des Peuples Allez. de la Nouvelle France, & de la bonté de. jeur cœur. Leur Ghe conduite dans les . négociations , leur adréfle pour rompre | les mefures de leurs ennemis , cette fide- | {| lité & l'attachement inviolablé à tout. à ce qui regarde le Ror qu'ils reconnoiffençh # Madame de Maintenom nn + 1 G Maximes des Froquoiss "195$ éomme leur Pere & leur défenfeur , font des preuves que ces Peuples que l’on traite en France comme des Sauvages , méritent que l’on ait pour eux d'autres fentimens. - Il n'eit pas toüjours à propos ; Madame ; d'aigrir, l'efprit de fon ennemi , le dE. poir où il fe trouve lui fait Été fouvent les “hi eHorts sil faut donc ufer de circonfpeétion quand on veut le détruire. Les froquois avoient été fi maltraitez de toutes parts depuis quatre ans ; ils _‘avoient ps erdu tant de Chefs & de guer- riers qu'ils commençoient à s’afoiblir ; mais il étoit difhcile de les poulfer plus loin fans les rendre en quelque maniere 14 invincibtes. Tareha Chef Oùneyout, avoit té un grand branle à un corn hecuent de Paix avec nous. Les Anglois prévoyoient de mauvaifes fuires de rous ces pourpar- ers, ils mirent tout en ufage pour ca- cher leur foi bleffe à l’Iroquois. Ils fe fe- roient même foit peu fouciez de devenir leurs Efclaves , ; pourvû qu'ils les euffene rendus nos aise irreconciliables. ‘Les prele: os continuels qu'ils leur faifoiene étoient encore un puiflant motif pour les éncretenir todjours dans leurs interêcs. Les Anglois, dis je, qui font fi voifins S 2 | 196 Hiffoire des Menrs | des Iroquois étoient donc un grand obfta: cle pour pouvoir faire diverfion. L'on eut, Madame, attaqué volontiers le Vil- lage des Onnontaguez qui étoit comme la tête des autres Nations Iroquoifes , mais H y avoit de grandes difhicultez pour cet- te entreprife. On fe feroit peu foucié de la bonté de leur Fort & de quinze cens guerriers Jroquois qui lauroient défen-. du ; mais outre que l’on favoit qu'une | partie des Anglois de ces quartiers de © voient s’y jetrer, & que l'autre devoit » tenir les bois pour nous harcéler, c’eft que . _nous ne pouvions avoir fur pied que deux mille hommes tant Sauvages, qu'habitans _& Soldats, rouvellement débarquez de : France qui n'étoient pas encore ftilez à la maniere de la guerre du Canada. Cependant il falloit correfpondre & … tous les bons fentimens des Sauvages AL » ez, qui avoient promis d'agir de leur cô- té avec fidelité contre l’Iroquois ; il ne falloir point les fruftrer de ce qu'ils ar. tendoient de notre part. On s'apphiqua | . cependant à faire conftruire quantité de # bâteaux plats à Quebec, Montreal, &a Ja Baye faint Paul, pour tranfporter les Troupes. Tels étoient , Madame , les projets d’où dépendoit le repos où larut- M ne du Canada, dans le temps que deux ni Minis ds ne 197 d ‘Abenaguis d’ Amirkangan vinrent préfen- ter au Comté de Frontenac un Collier d'une grandeur & d'une figure extraordi- naire. Certe Ambaflade fit bien connoi- tre que cette Nation étoit veritablemenc de nos amis , ils lui témoignerent la dou- ‘leur où étoit Tant Nation d’avoir été forcée de donner des Grages aux Anglois dans ‘une maniere dé Paix qui s'écoit faite ; mais que s'il confideroit la difficulté qu rs ‘avoient eûeé de retirer quantité de Îeuts gens qui étoient prifonniers, & de joüir des chofes neceflaires à la vie qui leur ‘avoient manqué , il devoit entrer en mé. be temps dans leur affli@tion ; que tou- tes ces démarches n’avoient ‘cependant point éffacé de leurs cœurs l’éflime & J'afe@ion qu'ils avoient pour la Nation Françoife ,& que bien loin d’avoir alreré les fentimens de tendreffé qu'ils avoient pour lui , ils medicoient un projét contre des Anglois dont il entendroit parler. Le Pére Bisot Jefaire, Miffionnaire de: cette Nation ,marqéa’,. Madame , trois mois aprés, que les Anglois viendroient au Printemps affieger Quebec. Comme €’éroit leur coûtume d'amufer les Sauva- ges par de vaftes projets , qui la plufpare n'aboutifloient à rien , ils avoienr fair Courir le bruit que Le fleuve de faux Lau. S 3 4098 Hiftoire des Maœurs | tent feroit tout couvert de Vaifleaux | & pat une exageration ridicule ils leur fai- foient acroire que ne voulant pas tom- ber dans les mêmes inconveniens qui léur étoient arrivez devant cette Place, ils fe- roient mettre des bordages de fer aux Navires qui feroient le plus expofez à notre Attillere, & même que c'étoit une entreprife du Roi Guillaume. Ce Pere fit encore fçavoir par une autre Lettre qu'il fe faifoit de grands mouvemens chez les Anglois ; ils faifoient donc de grands pré- paratifs. Il fembloir que ce srand fracas n'étoit que pour abimer tous les François : & la Nation Abenaguife : car on difoit que mille hommes devoient s'aflembler a Pefcadoïer à la fin de Mars, & que d'un autre côté les Chefs Iroquois qui devoient amener un Jeluite & tous les Efclaves François, avoient réfolu de tenir un Confeil General pour traiter de Paix , dans lequel ils commenceroient à poi- gnarder le Comte de Frontenac & tous … les plus qualifiez qui s'y trouveroient, & que leur Armée qui feroit prête ache- veroit de détruire le refte. Il eft vrai, _Monfieur , que dans le mois de Février | _ Torfkim neveu de la Grande-oueule, lun # des principaux Chefs du Confeil d'On- | nontagué , accompagné du Fils de Ga 4 .Maximes des Troqnors. 199 tioye, qui s’étoit retiré du Saut, commen- .. Ga la Scene. Torfkimn ayant point trouvé ‘le Comte de Frontenac à Montreal, pré- fenta au Chevalier de Callieres un Collier de la part de routes les Nations [roquoi- fes. Il s’eft fair, dic:il, au retour de Ta- _reha une Afmblée generale à a ÜOnnonta- gué, dans laquelle nous avons réfolu d’en- voyer Theganiflorens à Onontio, & des plus confiderables de chaque Nation,pour favoir les mefures qu’il fouhaitoit pren- dre: Nous avons réfolu la Paix, marque que nous venons dans cet efprit, c'eft que Je Pere Miler & les François Le ici au Printemps. Nous nous mettons fort peu-en peine des Anglois, comme ils ont fçù que nous étions déja dans ces fenti- meus, ils ont envoyé Pitre Scultre Major d' Orange à Onneyout ,que les néges ont empêché de venir julques à Onnontagué , lequel a fait dire aux Iroquois qu'il étoit indifferent aux Anglois qu'ils fifont la . Paix avec nous. Torfim fit acreire que Ceux qui devoienr le fuivre n'étoient qu'à fept journées de Montreal , & demanda en même- temps s’il y avoit de la feureté pour eux. La Plaque & le Grand Ciel vou- Jurent accompagner ces deux Envoyez pour rendre un compte exa à Orortio. Les Iroquois furent du temps fans en- 2 200 Rte 7 Maurs voyer ces Chefs, & fe doutanc bien que”. l'on auroit quelque foupçon de ce retar- demenc ils firent partir d'Orange trois vieux Aniez , qu'ils charoerent de trois: Colliers . dédié la teneur étoit écrite en François par un Minifre. EXPEDITION HS FROIS Col ETS Que deux envoyez, Iroquors por- tent aux Karigouiftes, on Inäiens Ca- _tholiques du Canada ; felon ce que les. Agayandres ,C'eff-4- dire les principaux É des cinq. “Nations: , ont dérerminé entr en x 4 Albanie le neuvième Février. 1694 1 LE moe th Cort IER. F2 que ‘té Agayandres Hoduois des: cinq Nations ne peuvent pas Venir » en Canada au Printemps, comme ils ont: fait favoir par le dernier Meffager d' On- nontagué: jufques a Kayenguirage, où le: Gouverneur de cette Province afait apel- ler tous les Iroquois & autres Indiens de: venir exprez à Albanie au mois d' Avril, ce : que les cinq Nations ont conclu de faire LE SéÉconw» CoELlIER. Dit que frles Karipouiftes ou les Franz çois ont quelque chofeà propofer aux cinq: . Nations ils peuvent venir dans leurs € (er G Maximes des Trognois. ‘ 201 _xes. Ce Collier leur ouvre le chemin pour y aller & revenir en toute fureté. Le Trorsir Me Co LLIER. . ÉR pour faire favoir que les cinq Na- tions , comme auÎTi leurs amis , lieront leurs haches de guerre jufques à ce qu'ils ayent reçü réponfe, qu’ ils attendent dans quarante jours, mais à certe condition que durant ce temps-là les Karigouiftés & les François lieront auffi leur hache de auerre. Ces trois Colliers étoient adreflez aux. Iroquois du Saut, qui ne voulurent pas les recevoir qu’en prefence du Chevalier de Callieres. Celui-ci n’ofa point y répondre ‘ À caufe du Comte de Frontenac qui éroit- a Quebec. Ce General écouta donc ces deux. Dépurez {ans vouloir accepter les Colliers, & les remit entre les mains des Sauvages du Saut pour ÿ répondre eux- _ mêmes, ce qu'ils firent non feulement des. vant # mais encore à Montreal, où s'é- toient afflemblez exprés les plus Co. _rables de la Montagne : & voici, Mon- fieur , leur réponfe. Le Sauvages du Saut s’étonnent fort . de ce qu'aprés qu'Orontio a refufé le Col- liet que Tareha avoir aporté de la part des cinq Nations , & qu'il lui a déclaré qu'il auroit les otcilles bouchées s'ils ne fe [ervoient de la porte qu’il leur étoit ou* à > LA 4 1% 4 FO | Élfloire a # Œurs * verte par les Onneyours en lui envoyant .Theganiflorens, & du moins deux Chefs confiderables de chacune des cinq Na- tions , ils fe foient avifez de leur envoyer deux ARE avec trois het pour fon- _ der leurs efpries | & renter leur fidelités _ comme s'ils pouvoient avoir d'autres (ene timens & d'autre efprit que celui de leuf Pere. | Par Le PREMIER ét | Ils leur déclarent donc que puifqu'ils. “ont pas farisfair à la parole que Torfkim: & le Fils de Garioye oht aporté à Onontio' de la part de Theganiorens & des cin Nations, & qu ils ont préferé la voix de rt ‘ Grande Fléche ( c’eft le Gouverneur de’ Manathe ) qui n’efl que leur Frere, à cellew de leur veritable Pere , ils n’ont pû ob. répit d'Orontio autté chofe que la permif fon de leur faire favoir que fi Theganif=. : forens,& les Chefs des autres Nations que 3 053 a demandé, ne viennent à la faint Jean ( comme ils Tavoiene promis ) Jui témoigner avec toutes fortes” de foûmif-. fions Te regret qu'ils ont de leuts fautes. pailées, ils ne doivent plus s'attendre qu lb Jeur refte aucune porte ouverte, n’y qu ‘ist puiflent plus rien écouter de leur part,que 4 c'eft l'unique confeil de ils leur puiflen j " donner. ; æ GC Maximes des Irog#ois. 203 Par LE SEconp CoLztER. Ils leur font favoir qu'encore qu'O- montio leur ait aufi promis que les An- ciens des cinq Nations & Theganiflorens | venans enfemble ils auront une entiere fureté pour venir & s'en retourner , : quand même les affaires ne s’accommo. deroient pas; mais auffi ils doivent leur dire de fa part que comme il ne les veus point tromper , ils ne s’avifenc plus de faire ce qu'ils ont fait, & font prefente- ment en envoyant des gens pour porter des paroles en l’air, en difant feulement que les Anciens dbivERe venir fans en Voir arriver aucun, parce qu'ils feront re- tenus par Onent io jufques à ce que les CAMES foient effectivement arrivez. Par LE TRoIisiF ME CoLLier. Ils déclarent aux cinq Nations qu'ils t'ont pas: befoin de la fureré qu'ils leur offrent ,& aux François, pour venir chez eux, parce qu étant tous aufli .foumis qu ils Je font à la volonté d'Orontio, ils . Ne peuvent avoir aucun commerce avec eux que par fes ordres., & qu'ils ne foyent rentrez dans fes Bounes graces ; qu'a l'é- gard de la hache qu'il les convient de lier, comme ils offrent de leur côté de aire la leur , ils auront toùjours les yeux attachez fe celle d'Onontio pour l'aigui- 204 Fiffoire des pour fer ; quand ils verront qu il affilera Ia fienne, qu'il leur a déclaré ne vouloir lier que lorfque les Députez qu’il demande feront arrivez , 8 que les cinq Nations feront rentrées par là dans leur devoir. Cette réponfe parut fiere à des gens qui croyoient nous intimider eux-mêmes ; on trouva le moyen de des amufer quelque temps à Montreal , jufques à ce que nos _ Sauvages fuflent revenus de leur chaffe, & que les femences euffent éré faites. On ; ne laifla pas de détacher auffi. quelques Partis pour fcavoir des nouvelles , mais l'on aprir peu de chofe. Enfin Theganife forens & deux Députez des plus confide- rables de chaque Nation arriverent au ÿaut au mois de Mai. Le Pere Bruÿ as Su- perieur des Tefuites les conduifit à Que- bec. L'on tint quelques jours aprés un. Confeil folemnel dans la fale du Confeil + Souverain , où l'on apella tout ce qu'il : avoit des plus qualifiez :, les tie | ques, les Communautez Religieufes , & les Officiers. Cette Ambaflade étroit d'un grand éclat pour n’y pas faire entrer Au- riouaé ; la Plaque, & lés plus confidera- bles is Sauvages du Saut & de la Mon- tagne , avectrois vieux-Aniez qui étoient encore en Canada. On donna d' abord à fumer à à ces Ame pañadeuts T1 08} + di A À 6 ‘à M axvmes oi Troquois, ‘sÔôS Hafladeurs , comme c’eft la coûtume. Ils fe retirerent enfuite un peu à l'écart, & difpoferent par ordre leurs Colliers far un tapis. Theganiflorens le fidelle ami du Comte de Frontenac porta la parole, quoi queOnnagoga,le Chef le plus acre- dité du Confeil de tous les Iroquois, fut le premier Ambafladeur ; mais parce qu'ils favoient qu'Orentio avoit de l'eftime pour lui, ils voulurent Qui. marquer par - cette déference qu'on le lui avoit envoyé comme la perfonne qui lui fut la plus agreable, Il commença donc fon dif- . £ours en ces termes. 1, Drimies. CoLLaEn.: _ Theganiflorens Ambafladeur Iroquois mon Pere Orontio : Par le retour de Ta- reha que nous vous avons envoyé l'an: née derniere pour preffentir-s’il y avoit fureté de venir vous parler | nous avons fçû: que lorfque. je viendrois avec deux des-plus confiderables de cha que Nation, vous voudriez bien encore écouter les -propoñtions que. nous vous voudrions faire, & que quand même les affaires ne s'acommoderoient pas, nous pourrions nous en retourner en toute fureté. Sur cette parole nous niqus fommes mis en ‘chemin, & nous: soilà maintenant arrivez fürivotre natte pour-vous parler de Paix. Tome III Dé * : 206 Flifroire des pan | de. au nom des cinq Nations Iroquoifes , sême de la Grande Flèche RIT general de la Nouvelle Angleterre, & de Pitre Sculue , Major & Pop | d me à ños Freres. SECOND CoLLiEr Vous nous permettez de vous direz mon Pere, que ce font vos Prédecefleurs qui ont donné occafon à la Guerre, ils \ ont châtié trop rudement vos enfañs, & cela a fait qu'ils fe font impatientez ; ils ont. en quelque façon perdu l'efprit, & ont fait les coups. dont nous avons main- tenant regret. : Ainf je viens vous dire que . c'eft la Paix qui m'améne ici, & marque que je la demande fincerement, c'eft que ‘ai ôté la hache que j'avois donnée à tous mes Alliez. Te vous répond qu'ils ne La repre endront plus parce qu'ils m obéiffent, & je doute fi vous ferez obeï de même dé: vos enfans. Nous avions jerté notre ha. _ghede es autrefois au Ciel, lorfque je vous parlai à Montreal , on ÿ à atta= ghé une courroyÿe | &c on l'a E sbe Nous * « l'avons rejertée dans la riviere la Famine, gtoyant qu'on ne la pourroic pas repêcher, & on l’a retirée pour nous fraper, c'eft'ce qui nous a fait repregdre les nôtres. Nous | lès retirons maintenant, & nous les jer- 2 pons ue le pe profond de la terre, de Fi | Ë M anis des er 107 # tu’ on ne les reprenne plus, & qu'on ne. les revoye même jamais Gi faire fe peut. Par £E TROISIÈME COLLIER. Onoxrio Pere des lroquois : C'eit à Vous à qui nous parlons; nous vous pre fentons ce Collier pour vous faire {avoir que nous avons adopté les Sieurs de Lon: gueil & de Maricour Capitaines, à la plas . ce de feu Mr le Moine leur Pere ; pouf nos Enfans ; & Mr. le Ber pour notre Fre: re. Nous is prions d'être dans les mêmes fentimens pour nous qu'avoir leur Pere _&de porter toüjours Onontio à la Paix 3 : ils n'auront rien a craindre-lors qu'ils viens dront chez nous , & ils y feront bien re= | Ci quand ils feront envoyez de fa part. 20 PARCEE QUATRIE ME COLLIER. ST 'adrefle ma parole à vous Sauvages dif Saut , que j'apellois autrefois lroquois , maïs à safe qüe vous êtes enfans d'O- … montio, & que vous priez Dieu, ;}e Vous ex- ‘horte, s’il veut bien nous donner la Paix ; ‘de prendre les mêmes penfées que lui & ” denous les faire entendre, vous nous con- noillez & favez nos manieres d’ agir : en- _tretenez-là des deux côtez, & arrêtez tous les fujers de brouillerie. Nious-nour Job mes entretuez les uns les autres : oubliez €e qui s'eft pañé comme nous ‘voulons faire de notre côté, parce que fi vous n'o. F 205$ Hlifhire des Murs. ‘beïflez pas à Onontio , celui qui eff la haut & qui eft le maître de la vie vous puni- roit encore plus feverement que nous fr. VOUS ÿ contreveniez, vous qui êtes { Chré- tiens. de PAR LE CinQuiE ME COELIER- I] dit la même chofe aux Ed de de la Montagne. A PAR LE SIxIE'ME Coik de. | “Je vous parle au nom des cinq Nations. Vous avez mangé tous nos Confiderables,. il n’en refte prefque plus, je devrois avoir du reflentiment pour nos moits. Je vous dis par ce Collier que nous les oublions . & que pour marque que nous ne voulons, plus les venger nous jettons &‘ cachons. notre hache fous terre afin qu’on ne la. voye jamais : nous ne penferons plus aux- morts pour conferver ceux qui feront en vie. Et comme vos enfans d'enhaut {eu Hurons , Outaouaxs, Iflinois & autres, ne : favent pas encore que nous fommes dé cendus pour parler de Paix, & qu'ils ne manqueront pas de tuët mès Neveux, Quand ils en détruiroient un grand nom. : bre jufques à ce qu'ils en foient avertis lan "empéchera pas que nous ne conti nuyons à être dans les mêmes fentimens de Paix. Mes FKeRES du Saut & de la Montagn x 1 A ti 4 € Maximes des Iroqmis. 108 écoutez bien ce que je dis, & vous mon Pere Ononrio nous vous expofons feule.- ment nos penfées {ans Vquloir penetres dans les votres. Par 1e Seprir ME COoLLier. Vous avez fans doute recû bien des ou: trages, notre Pere, vos enfans vous ont donné bien des fujets de vous fâcher, ce Collier eft pour vous refaire l'efprir, e’eft une Medecine pour vous faire rejet- tér tout ce que vous pourriez avoir de mauvais fur le cœur , & que vos enfans Y pourroient avoir auffi ; nous fouhaitons _ qu'elle vous fafle l'éfer que nous nous DiPpolons. | | Par 1e Huitir’ ME Dire _ La terre eft route couverte de fang jufe ques au Fort de Frontenac, & particulie- sement dans ce lieu-là : nous prendrons use pioche pour la foüiller bien avaut & en éfacer toutes traces, & nous nettoye- rons la natte de ce Fort afin qu'il ne refte plus aucun veftige de fang , & que nous puiflions y traiter de la Paix avec notre Pere , & nous y voir comme nous avons : fait par le pañé. fau . Par 2e NeuviF ME col - Il n'y avoit plus de chemin de Paix} _ Les bois & les rivieres étoient gatées ; que le shemin foir libre prefensemen: juiques 7 #10 © Hifroire des Murs | - à Onnontagué, je le débouche par ce Col. . lier, afin que notre Pere quand il voudra : nous faire favoir fes volontez le puifle faire en fureté , l'aflurant que ceux. qui viendront de fa pait feront bien recûs, & que je prépare par ce Collier Ja narre à Onnontagué , qui elt le lieu où nosaf= faires importantes fe traitent. PAR LE Dixre’ Me CoLLter. | : Nous étions tous dans la nuit , on ne voyoit plus le jour tant l'air étroit cou: vert de broüillards & d'obfcuritez : je ras tache le Soleil au deflus de nos têtes pour difliper tous les nuages ; afin que nous les |: puiflions regarder , & nous fervir à l'aves : nir du beau jour de la Paix. F4 PAR QUELQUES BRANCHES | DE PORCELAINES. | : Pour marquer que c'eft tout de bon que . fe viens , mon Pere, vous demander la Paix , je r'amene deux de vos Neveux François, & une Iroquoife de la Monta- « gne : je ne vous demande pas que vous renvoyez ceux de nos gens que vous pou- vez avoir , mais je vous prie Silyenan quelques-uns qui veuillent s’en revenir de ne les pas arrêter, & de ne garder que ceux qui voudront refter, vous afluranc que de notre côté nous renvoyerons dem, hos villages tous les prifonniers qui vou«w dront revenir, : h "= # KS . © Maximes des Iroguois. 211 Croiroït on , Madame , que des gens qui ne favent n’y lire n’y écrire puiflent _ ‘avoir autant de délicatefle : les Iroquois ne font pas ce que l’on s’imagine en Fran- ce, La Harangue ou les Colliers que pro- nonça cet Ambafladeur fur fi conforme à ce que le Pere Milet retenu prifonnier, qui avoit aflifté à tous leurs Confeils , a- voit mandé pat la Plaque devoir être dite au Comte de Frontenac, que l’on n’y trou- . Va aucun changement. Ce General ne voulut répondre à ces Colliers que deux _outrois joursaprés ; il les régala à fa table jufques au jour du Confeil general. On s'affembla donc comme auparavant , & voici de quelle maniere il leur répondit. LE COMTE DE FRONTENA€C, ; a Theganifforens. … PREMIER COLLIER. X JF Ous avez eû raifon, Theganifforens, V & vous autres Confiderables des cinq Nations Iroquifes qui l’a accompaz _gné de: venir me parler, fur Faflurance que Tareha vous a donné de ma part d’u- ne entiere fureté , pourvü que vous vin- fiez dans la foümiflion & dans le repentir que des enfans doivent avoir quand ils Sr. : \ AA F2 _ Hifloire des Mœurs ont commis des fautes contre leur Pere; auffi grandes que celles que vous avez. faites. Je fuis bien aife de voir parce que : vous m'avez dit que vous êtes dans ces fentimens, & que vous fouhaitez une Paix ” a fincere ,en m’afluranc de la part des cinq Nations Irequoifes ,. & des Loups vos Al- liez, que vous avez abandonné tous les reflentimens de vengeance que vous pou« vez avoir pour les perfonnes de toutes . vos Nacions qui ont été tuées tant par mes Neveux que par mes Alliez, afin de * conferver ceux qui vous reftent en vie, Je vous promets de mon côté d'oublier auffi tout le pailé ; & pour vous mieux : faire juger de mes fentimens je veux bien fufpendre ma hache qui évoit toute prête « à tomber , en arrétant les Partis qui é- toient en marche pour aller en guerre con- « tre vous , & en differant l’execution d'au- « tres defleins plus confiderables que j'avois. +. SECOND LOLELR Pour parvenir à cette Paix que vous me témoignez defirer, & que je prétends être tantavec moi qu'avec les autres Nae \ tions Sauvages d’enhaut, qui me font AL diez, je fouhaite que le Pere Milet ou quelqu’autre vienne avec vous pour ma. M mener dans quatre vingt jours, acompter de votre départ de Morureal , tousles.prie M & Maximes des J roguois. 21 fonniers que vous pouvez avoir dans vos Villages, {oit hommes , femmes ou en- fans, tant des François que des Sauvages bituez parmi nous, & de toutes les au- tres Nations d’ enhaut qui nous font Alliez dont les interêts me font auffi chers que les miens propres, fans en excepter aucun, pouf me faire connoître que vous voulez tout de bon que l’on ratache le Soleil au- deffus de nos têtes , afin qu'il diffipe tous les nuages & les obfcuritez qui pourroien® vous empêcher de joüir de ce beau jour de la Paix que vous fouhaitez, vous dofi- nant ma parole .qu'aprés les avoir tous vs, s'il y ena quelques-uns de ceux des Sauvages qui veulent retourner avec vous je leur en laïflerai une entiere liberté, & vous promettant de vous faire fendre tous _ vos Prifonniers & de faire ouvrir les por tes de toutes les Cabanes où ils fe trou | Veront pour retourner avec vous s'ils le defirent. ’ OPONT IQ TETE Pre Co Tr, Je veux bien même par avance , & pour vous témoigner la fincerité avec la- quelle je veux agir avec vous, que du Planti que vous n'avez jamais dé régar- der comme Prifonfier , s’en retourné éomme vous le fouhaitez & vous rendre encore dés à preftne les deux Aniez avec de | Hire à es M CL a P: deux femmes qui nous ont été amenées À depuis peu de jours par nos derniers Par: 4 tis ; imais je demande que de vorré: coté # vous me laifliez deux de vos gens, afin « de pouvoir perfuader aux Nations d’éen- haut que les Propoftions qué vous êtes venus me faire font finceres , leur faire + plus aifément fufpendie leur hache, en les … conviant de venir eux:mêmes à être les témoins de ce qui fe conclura à votreire- tour dans le remps que je vous ai limité & qu’ils n’ayent pas occafion de me faire à des reproches d'avoir trop facilement * ajoûté Foi à vos paroles. LC SUENTR QUATRIFME COLLIER. 4 Pour répondre ,mes Enfans , à ce qué Yous avez gliflé dans vos paroles tous éhant les Flamands ou Anglois, je vous dis par ce Collier que la guerre que j'ai avec eux n’a rien de commun avec celle que j'ai avec vous, & que ce font des thofes entierement feparées : fineanmoins | ils veulent venir me faire quelques propo- fitions vous pouvez les aflurer de ma part qu'ils auront la même fureté pour venir * & s'en retourner que celle que je vous ai donnée, pourvi que ce foit dans les qua: _re-vingt jours que je vous ai marqué, & que ceux qu'ils voudront envoyer foiens des Perfonnes autorifées de leurs Chefs ; "4 M à é Maximes des Jroquois: Er mais s'ils vouloient vous charger de quel- | que Commiflion de leur part, ne l'acce- prez point, parce que j'aurois les oreilles bouchées à toutes les Propoltions que _ vous me voudriez faire là deflus. CiINQUIE M E COLLIER. Je fuis bien-aife de voir par ce qué vous m avez dit que toutes vos Nations, & vos Alliez foient dans les fentimens de vouloir nettoyer le fang quiaété répandu de part & d'autre, de le Fort Frontenac . & aux environs, "& que vous fouhaitez qu'on ÿ replante | ce bel arbre, à l'ombre duquel vous fumiez autrefois fi paifñble- ment, & où l’ on failoit de fibonnes affai- res. Pour vous témoigner ‘combien cela m'eft agreable, je vous aflüre par ce Col lier que jy D ai ler ai au{H'de mon côté. au plütôt, & d’une maniere que fes raci- nes feront fi profondes & fi affermies que rien ne fera plus capable de l’ébranler, SixI# ME CoLLiEr, J'aprouve la parole que vous avez a2 dectée aux Sauvages du Saur & de la Mon- tagne, ils: vous répondront lorfque vous pañlerez à Montreal en Vous retournant, Je fuis auf trés - content que vous m'a- yez fair favoir que vous avez continué d’ adopter le Sieur le Ber & fes Neveuxles Bieurs de Longueuil & de Maricour , à lg ae à Hifoire der 21. œurs place de Monfieur le. Moine leur pere Si dans la fuite ;’ j ai quelque chofe à vous fai- ; re favoir , j'en chargerai volontiers l’un » des. derniers. " puifque vous m'aflurez : qu'ils feront bien recüs, & que l’on aura | confiance en eux, & que vos cabanes le: fouhaitent. | | SEPTIE Me CoLrser. Comme vous m'avez prefenté un Cols. ler pour me fervir de portion cordiale , & pour me faire rejetter tout ce que je pouvois avoir de mauvais fur le cœur. je vous donne aufli ce dernier Collier pour vous fervir de contrepoifon contre tout ce que les Anglois & Flamands vou- : droient vous infinuër pour efayer de traz verfer les bonnes difpofitions dans lef. quelles vous me témoignez être, .& m'o- bliger par là à perdre les fentimens. da. À mitié & de tendreffe dont je vous dis à 4 tant dé marques. Ê Le Confeil fini on copies ces As. À baladeurs chez Monfeur de Champigni, qui leur donna un grand repas, où fe trous | va le Comte de Frôneenne les plus con- À fierebles. du païs. . 1 Onnagoga & Theganifforens ayant fc 4 qu'Osentro foupoit ce jour-làchezle Che- yalier de Vaudreuil , prierent Mi Trouvé gui avoir été autrefois Miflionnaire che4 Fux, ‘ [70e Eu Max imes des Iroqnois: ni? eux, de les y conduire, parce qu'ils vou: sien le prier de les écouter en particu- lier. Ils lui prefenterent un Ferret ou Col= dier fous terre. Je m'explique. Quand les Nations Éuvéel veulent parler de quelques accommodemens en particulier , ils donnent un Collier en fes cret aux Perfonnes avec qui ils ont à craie ter. Ce Collier fous terre étoit de la part de Garagontié, la Grande Gueule, & Tho- rontifati, qui font les trois Che fs les plus révMerabtes des Onnontaguez, Ils lui demandoient la continuation de fon efti- me,le priant d'être perfuadé qu'ils feroienr tout ce qu'ils pourroient pour engager non feulement leurs Parens à douter fe voix, mais le refte de leur Village. Le Comte de Frontenac fur it £S fatis = fair du bon fouvenir de ces trois Chefs, & leur envoya auffi un Collier de a ciement. Il voulut faire les choles debon. ne grace devant leur départ. Les prefens fonc des attraits qui font ordinairement quelque impreflion fur lefpric de ceux qui les reçoivent, Tous: ces beaux difcours qui s’étoient faits re ciproquement , regardoient à la verité le | bien des deux Nations , il faloit encore leur faire voir en particulier que l'on fai. oit érar de leur perfonne. On les a (feras Tome TITI, V X RAT 318 Hifoire des Meurs. AT bla dans L même fale, & on leur ae | des jufté-au-corps galonez , chemifes gar- nies de denteiles ; chapeaux & plamets , avec d autres hardes qui Étoient necefaiz res à les couvrir ; au lieu qu'ils n'avoient aue de fimples capots de cuir fans chemi- {es, & de trés mauvaifes couvertures. { Theganiflorens étoit proprement habillé, il avoit un grand capot rouge galoné d'or, avec une couverture d’écarlatine : cet habillernent ne lui avoit coûté qu'unre- _merciement qu'il avoit faitau Gouverneur ! dela Nouvelle Yorx,quile lui avoit envo- yé pour le détourner de venir à Quebec, prétengan le lier par là à la cabane di Flamands, l'y renir coüjours attaché, l'empêcher de tourner les yeux du let des François. Pour moi, répondit Thoea 1 nillorens à ce General, ma réfolution eft. pes ; je vais voir mon Pere Onontio. 4 \ # LA 0 #20 du Roïd san le Vs Meflieuts tee Ambaffadeurs étoient charmez de toutes. les liberalitez qu'on leur fit. On leur don- na le lendemain le plaifir du mortier & du canon. Ce; jeu militaire leur plûc aflez. hs adnirérens l artifice de plufiéurs fufées S. ee: des Hdi, 213 qui ne pouvoient s ‘éteindre Pi l’eau ny dans la boue , quoiqu’on les y euffent en- | foncées à plufieurs reprifes. Les Sauvages font naturellement fuperftitieux , & cro- yent coûjours qu'il y à del'enchantemenc dans les chofes qui leur patoiflent Extra _ ordinaires ; ou qu'il y ré RD quelque 4. Elprir … Le Comte ei Frontenac ne’ pouvant _ s’empêcher de remercier les trois famil- _ les Iroquoifes qui lui avoienc envoyé un Collier fous terre ,crûc être obligé de leur _. rendre le réciproque. IL leur én envoya _ unauili de même , les affurant qu'il fctoit à toüjours une diftinction particuliere dé _ leurs familles, & qu'il leur continuéroir te même amitié qu'il leur avoit accordé É- autrefois. _ Ileuc, Madame , - plafeurs PA es tions particulieres avec Onnagoga, The- ganiflorens & le frere de Tateha, pendant le fejour qu'ils firent auprés de lui. Je ne. _ doute pas qu'il ne leur fit connoître que à le trop de ménagement que les Anglois ‘avoient pour eux étoit plütôt un effet de Pue interèc propre que de la pafion qu'ils . avoient d’ “pales le leur. IH leur repre- fenta peut-être qu'ils pourroient être eux: mêmes leur Viétime, dans une querelle qui leur avoit déja 5 tant de monde, - V 3 328 Æiffoire des Murs _ Les crois cens prifonniers Aniez que l’o# avoit fait dans leur Fort étoient encore ut _ reproche qu'il faifoit aux Anglois de les avoir fi peu foûtenus dans une occafon - oœùils étoient de la moitié plus forts que des François, qui n’étoient au plus que quatre cens , il leur tendoit aparemment encore fes bras comme un bon Pere toû- jours prêt a les recevoir, lorfqu'ils quit- teroient l'égarement où ils étoient, & il Jeur ouvroit la porte pour les faire rentrer dans l'Alliance qui avoit été autrefois en- ‘eux & les François. ii Le bruit de la Paix queles Iroquois vou: loient faire avec nous {e répandit parmi toutes les Nations d’enhaut. Les Outa- ouaks jaloux de ces démarches vouluren€ favoir ce qui en étoit ; ils étoient fort furpris qu'à leur infçû le Comte de Fron- tenac fe racommoda avec leurs ennemis trreconciliables fans le leur faire favoir # ils avoient foûrenu les interêts de la Na- tion Françoife avec tant d'éclat, qu'ils re pouvoient comprendre que l’on voulut les … facrifier fi à contreremps. Ils ne décendi= rent donc que pour faire des reproches fanglans. Louvigni qui avoit apris tous les reflorts que les Anglois faifoient jouer parmi ces Peuples, à l’occafion des Chefs 4 qui éroient venus traiter de Paix , dépécha . _… eo Maximes des I roguois. 2327 Manet pour en donner avis au Comte de Frontenac Il aflura les Nations alliées que leur Pere étroit incapable de les rendre des Victimes , & les engagea d'envoyer de leurs principaux Chefs pour en connoître Ja verité. Manter qui étoit parti exprés A - vec eux rencontra Maricour à fept lieuës de Quebec, qui conduifoir les Ambalfa- deurs Iroquois à Montreal. Cette conjon- ture étoit, Madame , trop délicate pour : les laifler paller outre ,ik fe rendit incef- famment à Quebec pour avertir le Com- te de Frontenac de l’arrivée des Chefs Ou- taoüaks. Il en repartit aufli-tôt & fitre- venir de fa part Theganiflorens & quel: ques autres de {a Nation. | Les froquois auroient eû trop d'impas tience du retardement de leurs Chefs l’on fur obligé d'en dépêcher quelques | uns pour lenr faire part de l'alliance com- une que l'on vouloit faire avec nos AL Lez qui étoient venus exprés a Quebec; il, étoit donc jufte de diffiper leurs foup- cons & de les guerir de leur crainte, l’on tint exprés un Confeil pour eux fans ÿ ape. peller les Iroquois. L'on ne fit qu'y repe- ter ce que contenoit les Colliers qu'ils avoient prefentez. On en tint un autre où ceux-ci furent apellez. Theganiflorers rei- tera ce qu'il avoit dit, Quand les Hurons une 222 Hiffoire des Moœurs & les Outaouaks virent cette conformité de fentimens, ils affurerent le Comte de Frontenac qu'ils étoient déttompez de tous les mauvais préjugez que leur Nation avoit ent contre lui, & le remercierent de les avoir compris dans une affaire publi- que en laquelle ils croyoient n'avoir eü aucune part. Le Baron Chef. des Hurons voyant qu'il manquoit dans ces afflemblées un des plus grands Chefs d'Onnontagué qu'il connoifloit , eut quelque foupçon de cette entrevÜe fincere , il demanda à TFheganifforens d’où vient qu'il n’éroit pas décendu avec eux ? Celui ci dit qu'il étoit | malade lors qu'il partit de fon païs. Ce Chef Huron qui ne manquoit pas d'efprit s’adreffa enfuite aux Iroquois. Il femble, leur dit-il,que vous vous êtes bien oubliez … d’avoir tenu une conduite pareille à la vo- tre , & d’avoir avalé fi facilement le poi- fon que l’on vousa donné, qui vous à fait perdre le fouvenir de l’obeïflance que vous devez à votre Pere. Pour hous Hu-: rons nous n’avons jamais voulu manquer à notre devoir, & nous fommes refolus de continuër à’ l'avenir à écouter toûjours . fa parole, & à y être obeïflans, Il fe leva mile , il haufla fa voix & dir: Lu . Ê LE l * aprés, & tirant un Collier dedans faches # ' G Maximes des Iroquois. 223 Baron Chef des Hurons. Mon frere Iroquois , nous voici tous : deux fur la natte de notre Pere Osontio » je t'ouvre mon cœur , ouvre. moi le tien ; fais voir que tu ne garde plus de MÉChANS tes affaires dans Mn veter je n'ai plus _ de penfées ny de paroles que celles de no- tre Pere Ononrro, & je ne regarde plus du côté de l’Anglois, dont la vüc m’eft infu- _ portable. Montée: moi donc auff fi tu eft fi fidele à Orontso que je le fuis ; voilà tout ce que j'ai à te dire préfentemen. | Theganifforens ne voulut point répon- _ dre à ce Collier qu'il n’eût parlé en parti- culier à Onnagoga , & aux autres Ambaf- fadeurs. Voici la réponfe aw'il fit ST. tot. Theganifforens au Baron Sattharhetfr., : C’eft le nom que l'on donne aux Hu- rons de Michilimaxinak ,) nous devons nous raffembler dans quatre. vingt jours à _ Montreal. Je t’ouvrirai mon ventre, & tu avouêras que mon cœur eft auffi te | cere & aufli fidéle à Oxontio que le tien. Ees Iroquois furent congediez enfuite’ & partirent avec Maricour pour Montreal. Les principaux Chefs du Saut & de la Montagne s’afflemblerent Madame, chez _ Je Gouverneur, pour répondre aux Col-' diers que ces Amballadeurs leur avoient" 24 Hiflair des lœurs prefentez à Quebec. Peu de jours aupara vant le Frere de la. Plaque qui avoit-{a: femme prifonniere au Saut .- vint la trou ver d'un propos deliberé., AE donna avis que les Aniez fes freres: venoient enParti contre nous ; on en fit de grands repro- - ches à Theganiflorens , on lui dit que cette TUPIUrE ne venoit ‘que des follicitae tions des Anglois qui commençoient à faire leur éfort pour troubler ce qui avoit _été déja projeté, On leur confeilla de fe. bien fervir du cordial que le Comte de Frontenac leur avoit donné par le dernier Collier de fes réponfes pour rendre fages | les Añiez. . Thegani Hot aflura d'un grand Gang # froid qu'il ne croyoit point que les Aniez. ofafflent faire un coup de cette nature qu'au refte s'ils s’amufoient à porter ob TER ftacle àla Paix, & files Outaouaxs fe dé. claroient auffi contre eux, cela n’empé-. cheroïit pas les quatre. autres: Nations de: la conclure. : Theganiflorens qui prévoyoit todjours. % « les choles de loin avoit prefenté-en fecret un Collier aux deux Capitaines du Saut, pour les exhorter d’apuyer la Paix : il les: pria en même- terps de leur donner avis: . des difpofitions où feroit leur Pere en cas de changement. Les Sauvages du Saut qui F x Œ Maximes des Iroquois. AUS à voient averti le Chevalier de Calliéres de ce Collier | répondirent qu'ils pou- voient fe fier entierement aux paroles que Onontio leur avoit données ; mais qu'ils priffent bien garde de leur côté à ne point violer ce qu'ils aveient promis. Enfin The- ganifforens & les autres Ambafladeurs s'en retournerent fort fatisfaits de la maniere avec laquelle ils avoient été reçüs. ‘Si les Iroquois eurent lieu d’être con- tens, les Outaouaks & les Hurons ne le Éitert pas moins : on leur fit de pareils Aer à leur départ. Un Chef des Kikabous Outaouaks de à Marion ) ayant vü que perfonne de fa Naë tion n'étoit décendu pour écouter comme Tes autres [a voix de leur Pere, fe hafarda malgré cous les perils qu'il pouvoit eflu yer dans fon voyage, de venir l’affurer de’ l'atachement de tous fes gens. Où lui die, Madame, qu'on lui étoit bien obligé de marques de fon atrachiement à la Nation Françoile, & quil aprendroit dans qua- tre- vingt jours par le Brochet & les Chefs des Outaouaks ,ce qui auroit été conclu pour linterêt HE : Il étroit à propos de faire favoir aux autrés Alliez les négociations de Paix qui le] fe failoient , l’on profita pour cet effet dû ji ii des François qui Mleront cher = a * 2 di, NS 256 : Éifhoire Ds PTE R cher leurs Pelleteries- à Mchilimalinae | Le Baron ne pt remonter à {à Nation à caufe de fon grand àve ie chargea un de fes gens de les aflurer de tout ce qui s'étoir palé dans les Confeils qui s’ “étoient tenus” à Quebec. 3, + Quelque roles qu Nb pé avoir les Iroquois dans les mefures qu'ils ont: prifes en venant eraiter de Paix il eft toûe jours glorieux au Comte de Frontenac d'a. voir oblicé la plus formidable & la | fiere de ronres les Nations: de l'Amerique à lui envoyer {es Chefs les plus confidera=. bles ; & ce devoir être un cruël chagrin aux Anglois de voir que la Paix ou la guers | re nous étoit fort-indifferente’ eux dis. je 4 qui vouloienten être les Mediateurs. Nô- >. tre General ne témoignoit: n'y foiblelfe : n'y empreffement pour la Paix ,illeuren. prefcrivoic même les conditions. | Sur l'avis que trois Efclaves François & trois Onnontaguéfes avoient raporté ,a= rés l’arrivée de Theganiflorens, que. les ‘4 Anglois failoient un grand armément à Manathe , dans la Nouvelle Yorc, où l’on prenoit les géns par force pour , difoiente | à: ils, venir à Quebec. Le Comte de Fron- … y donna ordre que l’on acheva la Re- 1 doute du Cap au Diamant, & que l’on mit dans fa perfection la plateforme de le. Baffe Villes &: gg nt ia ns GE REP UT M ti =, PP EN So Maximes 1 rh de À L'on avoit trempé au Fort Frontenac _ Îes mains dans le fang des Iroquois , il fal. doit les laver & Y replanter cet A de Paix qui leur avoir été autrefois fi agreas ble : ce lieu eft un entrepôt pour Fos Par- tis qui auroient pà marcher contr'eux , tant de notre coté que de celui de nos 7 diez, on y auroit trouvé des munitions de : uerre & de bouche ; on avoit déja choifi ! Officiers , les Soldats & les Habitans our Yÿ AU Tout évoit donc difpofé ra à lorf- _ quil arriva crois Vaifleaux de ouerre pour É Ventreprile de la Baye d'Hudfon ; celui _ quien étoit comme le Chef avoit permif- fon de la Cour de: prendre des Canadiens _ pour fon expedition : : il fallut y obéir, & le projet du Fort Frontenac fut par eu in- terrompu. Des Corfaires Anglois s’atra- choient à à troubler le FA tee au bas du fleuve faint Laurent, ils fçavoient le - temps que les Vaifleaux Marchands dez voient venir de France en Canada ils pri- rent le faint Jofeph qui valloit bien cent mille écus : cetre perte étoit confiderable pour le païs qui yavoit de grands incerêts. = L'on fur bien furpris, Madame , d’a- prendre la Paix entre les ‘Abenaguis & les ‘Anglois. Edzirmer & Metaotiando, deux mr s’'aboucherent au Fort de "Péri PR ! 428 Fiffoire des Maœurs … kuit avec le General Guillaume Phips: Nos affaires de Lacadie auroient été dans un mauvais état, fi Villieu Capitaine qui Tfonnone toñans ; je von Lémoigrai 1l y 4 deux jours la joye que j AUQIS de VOUS Vorr ICE : j as pew dé chofè à ajouter 4 ce que je vous ai dit . pour lors , je fuis bien aufe de vous voir dans les bons fentimens de la Paix ; vous me le faires paroïtrépar la pontlualité avec la- quelle vous vous êtes rendus 161 dans le’ temps que je vous avois marqué par The- _ ganiforens , en fiivant en cela les confeils de mon fils Anrionaë, en qui vous ne fanriez: prendre trop de confiance, r'ylni marquer aflez l'effime © la confideration que vous | avex conférvée pour lus, parce que c'e mn bon efprit qui ne vent que votre conferva- tion, Ÿ qui connoit bien que la Paix fêule Peut vous gareutir des malheurs que vous ne ponrriez éviter fs vous fhiviexies per- nicienx confeils des. Anglors. Vous ne devez, donc pas douter que je n'aye reg avec plaiffr les branches de Por: celaine que vons m'avez, prefénté pour me déboucher la gorge ; je l'ai libre & l'aurai tohjonrs » c'ell ponr vous LÉMOIgAEr que je fuis dans ces féniimens que je réponds par ces trois branches de Porcelaine à celles que Jar recu de vous. 538 Hifloite des Meur * T'as accepté avec encore plus de plailir le Collier que vous m'avez prefenté pour le venvor de mes prifonners ; y en ayant un Confiécrable pour qui j'avois bien de l'af- fethon © de l'effime » je [uis bien aife que Vous m ayez donné cette marqué d'obeiflan- ce, ® C'eff pour vous en femercier que je - vons donne ce Collier. : io T'anvois bien fonbaité ponvoir répondre 4 Vos autres Colliers ; mars gous voyez bien qu'il n'y auroit pas eh de prudence de lé faire > voyant que vous ne vous êtes pas ex- Pliqué affez, clairement [ur la Paix que je cfire que vous fafliez avec les Narions Sauvages qui me fonr Alliées. Vous. ingez, afement comme eux qu'il faudroit que j'enf fe perdu l'efhrir fi dy avois tépondu, pmf- Que les trois N'arions Iroquoifes ne font pas _ décendus dans le temps prefèrit » qu'elles font allées prendre confeil de l’Angloïs , LA ne manquera pas de les détourner de faire la Paix avec nous: ce féra le mauvais éfit de fes avis ordinaires , © il continuera de les leur donner ainfi qw'il a fait par le paf | Je. Je ne puis demeurer dans l'inattion de … mon côté n'y retenir més Alliex, pendant \ que l'en délibere pent-ctre quelque chofe à Orange contre mor ; on vous entrainera mal-w gré vous dans les mêmes fentimens ; quor que vons men ayez témoigné le coniruré € [l d 4 \ TT "LR * \ © Maximes des Troquois. 33 Par la conduite que vons avez renuë à | . démarche que vous avez farres : | Je vous déclare donc que je ne pris d'a- | vantage fhfpendre cette grande Chandiere que vous avez, vouiu brifer © jetter dans Le fond de la terre avec vos baches > je dis a mes Alliez que vans voyez ici de conti Auêr la guerre, © elle ne finira point que : vous ne venrez,tous enfemble demander la Paix , fi vous y manquez il me [ira aifé de connoitre que vous n'agiffex point de bonne foi, © que roures les démarches que Vous avez, faires n'ont lé que pour m4 mufèr ; vous voyez que j'a le cœur ner, qui parle librement ; © je n'ai pas def- | Jen de vons tromper. de . Les Goyogouens voulurent embaraffer les Outaouars par un reproche qu’ils leur _ firent fur le champ, les accufant d’avoir | Eù ayec eux des Pourparlers de Paix fans la participation d'Osontio, Vous avez, tort ; continua-il, de blamer les Ouraonaks d’avoir été chez vons ; c’eft vous qu leur avez envoyé les premiers des Députez, avec des Colliers pour les fedur- re » leur difint que j'avais abandonné les Miams , cela eft faux; je n'en ar jamais ch La penfée » ils font du nombre de mes en- fans, je les tiens fous ma proteition il n'y aura jamais de Paix quelle ne foi pour * ÿ . 4 \ 0 ra $40 RU 1forre des M ŒHrs 1ous mes Allez , © pour. moi je leur [cas bon gré d'être venus 101 ; comme vous les voyez > tons s'expliquer avec m0 furles Joupcons que vous lenr AVR ph donner : 1is ont marqué en cela l'obeiflance qu'ils ont tchjours ené pour leur Pere 1ls font venus entre Tbeganiforens ; eux © mot ce Prin- temps, leur pais eff plus élorgné de m4 ca- banc que le votre, vos gens n'en ont dés tant pas fait de méme. Il vous fera inutile dans la FETE vous férvir de vos rufes ordinaires ; voila tous mes enfans affemblez, ils woyent comme je vous réponds » ils connoiffent mon cœnf, vous | ne pouvez plus leur donner de méfiance de mor ; agiflex donc de bonne foi, ces Jubti- litex qui vous ont été autrefois fi avanta- geufes ne vous férviront plus de ren. Le Rar, Chef des Hurons, le plus … habile & le plus confiderable des Nations … d'enhaut, fe leva , & adreflant fa parole aux Goyogouens, leur: dit : Nous voilàen _prefence de nôtre Pere, il ne faut rien Jui cacher , raconte donc ce que porte les Colliers que tu nous as adreflez & aux Ou. . taouaks , c'élt toi qui as le premier en- | vOyÉ chez nous: Le Goyogouen fe trouva, Madame, un peu interdit à cette queftion s il ré. pondit avec aflez d’ ambiguité , il s'éleva uR @ AMaximes des Froguois. 24% un grand bruit fourd parmi toutes ces Nacions, & ils ne pürent convenir de Jeurs faits. Il fe fit de grands reproches de part & d'autre fans que le Comte de Frontenac les interrompit. Comme il voyoit que cela n'aboutifloit à aucun € clairciflement {olide, il conclut en difant aux Goyogouens. Sije nétors pas nn auf bon Pere que je fais, je me vous anrois point du tout écouté, puifque vous n'êtes pas revenus ici tons enfémble : il me reffe pourtant encore de l'amisié pour vous ; ÿ'ai compallion de vo- sre mifère © je ne puis vons voir nuds; vous avez #fé le peu de hardes que les An | glois penvent vous fournir pour me venir tronver. » @° ramener mes prifonmiers ; je «vous donne celles-cr pour vous couvrir à otre retour. Il leur fr en même temps diftribuër à à chacun une chemife , un capot, une cou- -verture , des Mitafles ( bas à la Sauvage ) & des rh Tu Mas je vous réitere en- core une fois que je ne difcontinnerai point mes préparatifs de guerre jafques à ce que toutes les Nations Iroquorfes aÿent execu- té mes dermicres paroles > © je ne faureis «VOUS promettre qu'ils ne tournent point con- tre Goyogonen ° Tjonnontonan ; à moins que vous ne me déclaricz que vous vos : Tome III, Ÿ 24% Hiffoire des Meurs féparez, des autres Nations fr elles venlens continuer La guerre, S OngEZ, à ce que je vous dis > ne vous Prenez, qu'à vous même de #o4s les malheurs qui pourrons vous ATTE= ver dans la fuite; c'eft votre Pere qui vous Parle ;1l aura toñ jours les bras onverrs pour. VOUS recevoir quand vons agirez fince- remet, | ue Vous pouvez, vous en retourner vons tés. tres Députez, en toute [ureté, [FE vous vou. lex même je vons donnerai de ma jennefle pour vous eftorter jnfqu'an lac faint Fran ‘gors. À l'égard des Ôtages que Theganiffe- vens m'a laillé au nom des cing Nations, je les retiens jnfques à ce que j'aye de fes nouvelles ; je les aflure que je ne leur fe-. ras posñt de mal quand la guerre recommen… ceroit ; je ne venx point de pareils Prifon- niers > © ne me frs point de fémblables 4- vantages , je Les feras pour lors retourner. en toute fureté en lenr païs : fi l'envie m'en. prend je faurai bien en aller chercher au gmilien des Fillages » prenez, donc garde à vous fi je recommence la guerre, je mettrai tons les prifonniers à la C bandyere, k Les Ouraouaxs qni étoient outrez des reproches injuftés que l’on venoit de leur faire, fe trouverent fi piquez que le Rae à fe releva éncoré une feconde fois » & dit. n Jai écouté tes paroles Goyogouen 8 Re ae n. \ æ 22 @ Maximes des Iroguois. Ÿ4$ *fonnontouan, voilà quies bien que tu : fois venu trouvér nôtre Pere Osonrio. Tu as entendu fa voix ,tu vois ici tous fes en- fans Hin les Hurons , Outaouaks, Miamis , ois, & tu connois prefentement com- me eux fes fentimens, il veut bien revoir encore ici les Iroquois, pourvû qu'ils lui ramenent fes neveux qui font prifonniers parmi eux, tant François , Hurons , Ou- taou aks & autres fes Alliez, je vous ex- horre donc par ce Collier,vous Goyogouern & Tionnontouan , de donner de l'efprit aux trois autres Nations froquoilés, & de fairé en forte qu'ils viennentinéeflamment _ écouter la voix de leur Pere, & qu'ils exe+ cute nt les paroles qu'ils lui ont données. Je vous déclare moi, tant au nom de Ffonontatherônon, ( c'eft le nom du Chef fucc eflif de tous les Hurons ) qu'à celui de toutes ces autres Nations que vous vo- Y£Z, que nous n'avons d’aurre volonté que _€elle de nôtre Pere, s’il veut que nous faf- fions la Paix nous la ferons ; s’il nous or- donne de faire la guerre, nous lui mar- qQuérons notre obeïflance en marchant in: ceflamment. | LE es Abenaguis ne difoient mot jufques _ &lors , ils avoient écouté fort paifiblement toutes ces conteftations, ils commençoient. a Sennuyer d'être fpectareurs, lorfqu'ils Ya N 244 Æifioire des Murs prefenterent en pleine Audience quelques chevelures Anogloifes. Pour nous dirent- ils, nous allons continuër une forte guer- re contre les Anglois, HS Cette Audience fe termina , Madame, avec un âplaudifflement general de tour le monde , & on laifla la hberté aux Dépu- tez Goyogouens de s'en retourner quand bon leur fembleroit ; ce qu'ils firent au bout de cinq jours. Le Comte de Frontenac qui ne refpi- roit que le repos & la fatisfaction de tous _fes Alliez fongea aprés à les renvoyer ; mais auparavant que de les laiffer partir | il affembla encore un Confeil exprés pour . eux, où tout ce qu’il y avoit de perfon- : nes de diftin@ion s'y trouverent, | Mes enfans, leur dit-sl, je cros que vous êtes perfuadez, de mes intentions , © que \ vons connoiffez prefentement que vos sntes rêts me font chers par la réponfe que j'a. \ faite aux envoyeX Goyogonens. Vous avez, … oh que j'ay refufé les Colliers qu'uls m'ont | prefenté, © que je leur ar dit que je ne ferais point la Paix avec eux que vous n'y & fuffiex compris , © que je ne vaye toutes les, Nations me la vemr demander. Te dois YoOUS AVOIr té toute la défiance que les i Anglois ; Lonps G' Iroquois avorent voulw qons donner , © jufques à ce temps-là je “ G Maximes des Troguois. 245 ferai mes préparatifs pour le Printemps Je vous exhorte donc mes enfans de faire des Partis fur notre chnems commun aulf]i- t0t que vons ferez de retour chex vous» & que vous n'alliez point chex les Sionxs n'y chez, les Okages, qui font Alliez, des flinoïs ; comme Ÿ as apris que vous en avier envie ; © am CONtTAITE Que VOUS TOUTNIER, tontes vos armes contre l'Iroguois ; comme je ferai de mon côré ; jufqn'a ce que je œons falle favoir qu'ils foient venus tout de bon me demander la Paix. Je vons [ay bon gré de dons être ren- dis ici en plus grand nombre que vous n'y ÉSIEX, encore UVenns pour conter MA Voix; c'eff une marque de l'obciflance que dois avez, pour votre Pere. fe ne deux Pas vous daiffer partir fans vous donner des sé de la farisfattron que j'as de vons ; me | Dons faits ces prefens. 11 fit donner à chacun des Chefs qui fé tronverent au nombre de trente-cinq , un fufl , dix livres de poudre, quinze livres de Balesi, fix livres de tabac deux che- miles, un capot , une couverture, ,; & deux haches, L'on fit quelques jours aprés ke Feftin de guerre , l’on croiroit manquer à # Géréthonie & lon n'y faifoit boüillir des Chiens que les Sauvages mangent avec x vw! AN AU « 246 Hifloire des Moœurs | délices. L'on chanta auffi la chanfon de: guerre , dans laquelle un chacun le Calle. tête à la main , rapella les aéions qu'il ‘avoit faires , où fe forma des idées de ven- geance contre les ennemis communs. Le. Sauvage eft naturellement d’un grand flee- me , il faut quelque chofe pour l'animer l'efperance feule qu'il a de porter le fer & le feu quelque part, découvre en mê- me temps les fentimens de fon cœur. Tous ces Alliez s’en retournerent chez. eux, comblez des bien. faits qu'ils reçû- rentencore pendant leur fejour , & fort contens de l'affurance qu'on leur avoit donnée de les comprendre dans la Paix. generale, Le Comte de Frontenac reçüt deux. jours aprés des nouvelles de Eacadie par, à faint Caftin & M. Thuri Prètre, Miffion- naire de Panaouamsket ; ce dernier lui ft. fävoir que le fameux Taxons dontje vous ai déja parlé , s'étant feparé de Villieu, à avoit pris ou tué quarante deux Anglois. Le General Phips qui avoir crû la Paix generale avec les Abenaguis, ne s'ima- ginoit pas qu'il y eût des Chefs particu- liers dont les Villages n’avoient point participé à cette Alliance , tout étoit doné fort tranquile parmi les Anglois lorfque ce Chef Abenagui vins fondre tout-à. ! © Maximes des Troguois, 247 coup proche de Bafton. Le Peuple fut fi effrayé de cette irruption, que fi ce Ge. _neral n’eûc promis de le venger à fes pro- pres frais, il eût couru rifque de la vie. Il manda aux Abenaguis qu'ils euflent à le fatisfaire dans vingt jours fur l'irruption qu'ils avoient faite nonobftant la Paix, & fur tout de lui remettre deux de leurs gens qui avoient été reconnus dans ce même Parti : que s'ils y manquoient il ne dou- teroit plus qu'ils ne fuffent les Auteurs de cette rupture , & qu'il étoit à Pemxuit, pour s'en venger inceflamment. Les Abe- naguis fe ærouverent fort embaraflez. L'état dans lequel ils alloient être réduits leur donnoit à refléchir fur les faufles dé- marches que quelques-uns de leur Nation. avoient faites. D'un côté l’affection qu'ils avoient pour les François , & de l’autre l'averfion qu'ils nourrifloient dans leur cœurcontre les Anglois les déterminoient à mépriler toutes leurs menaces. | Les Abenaguis fe flâtoient depuis long- temps qu'on leur envoyeroit de France du fecours par mer : Les Vaifleaux ce- pendant ne faifoient que paroïtre à la ri- viere faint Jean, & faifoient voile avec … la même précipitation. Les prefens qu’on + leur envoyoit ordinairement , ne venoient _ pas; ce qui leur tenoit fort à cœur. Quelle …. 2 58 Hiffoire des Mœurs | efperance “pouvoient - ils donc avoir du côté du Canada. Ils favoient d’ailleurs par les Loups que toutes ces Ambaflades des Iroquois n’éroient que des amufemens pour abufer les François , ainfi qu’il falloie foûtenir une forte & cruelle guerre de’ tOULES parts. 107 1 IS SNNRRRENNENEnss Aprés routes ces reflexions leur deflein étoit de témoigner au General Phips qu'ils n'avoient eù aucune part dans l’entreprife’ qui s'étoit faite par Taxon. Cet aveu n'eût pas été fort avantageux aux Cana- diens qui fe voyoient menacez à tout moment des Anglois, & qui fe fioient peu à la probité des Iroquois. | | Monfieur Thury fit revenir infenfble- ment ces Efprits chancelans. Quand on les eût un peu remis dans leut affiete or- dinaire , ils réfolurent de ne faire aucune réponfe : ils s’attacherent à faire leur re- coite, à ramafñler le grain, & fe prépa- rerent à fe retirer dans la profondeur des’ bois avec leurs Familles, pour être hors de l’infulce de leurs ennemis. Le Pere Miler qui avoit été pris en mil fix cens quatre-vingt neuf au Fort Frontenac par fes Iroquois , arriva enfin à Quebec, il précedoit Tareha qui évoir Chef de la dépuration des Onneyouts , il évoit chargé de Colliers de la part des cinq [ 1 1 " | À n © Maximies des Troquois. 259 Nations Iroquoifes , principalement des . Onnontaguez. Il eût une Audience pu- _ blique; il prefenta d'abord trois branches de Porcelaine , s’expl'quant en trois paro- les. J'efluye vos larmes mon Pere Oxorria par cette premiere branche. Par la {e- conde je vous netoye la gorge, & par la troifiéme je vous débouche les oreilles. Jonfcaire qui avoit été fort long temps parmi les Tfonnontouans, s'éroit fi bien nfinué dans leur efprit , qu'ils le regarde- rent dans la fuite comme le plus fidéle de Jeurs amis, 8& comme un homme qu'’éroit naturalifé parmi eux ; ils eurent tant de confiance en lui que les Tfonnontouans mirent leurs propres interêts entre fes mains. & le choifirent pour le Chef de leur députation, & voici de quelle ma- niere il parla au Comte de Frontenac en Jui prefentanc crois paquets de cinq lou- tres chacun. PREMIER PAQUET. | Je vous fais ce prefent, mon Pere , de Ja part des crois Chefs des deux Villages des Tfonnontouans , Gayaraouagon , Gariotario , & Sagotiarakon ; pour vous dire que nous embraffons la Paix. SECOND PAQUET. Vos Alliez m'ont tué, je ne me fuis pas défendu, parce que j'ai dit que je voulois SOC Fa à jo © Hifloire A Maur " . Ja Paix : Te vous prie pu ee ces mês< mes penfées à vos Alliez d’enhaut. = TROISIÉME PAQUET. | Nous avons adopté votre Fils , c'eft Jonfcaire, que nous avons nornone SO nonchiez. Nous fouhaitons qu'il fafle’ nos affaires pour la Paix, comme il fai- foi autrefois des affaires publiques. Le Pere Miler donna enfuite un Col- lier de la part de tous les Itoquois Chré- tiens, pour prier le Comte de Frontenac de leur accorder la Paix. Je fuis avec beaucotp de refpect , : MADAME, Votre trés-humble, &c + Maximes des FAT |. Est HHanssssstenties VIL LETTRE. La grillé abondance des nèges empêchent d d'aller attaquer la Nation des Gnnon- tagunez, C° des Aniez, | Lonvign: part à la tête de rois cens PRES mes; pour frprendre les Iroquos dans leur partie de chale. | Quatre Troquois font brülez à Montreal. Le Commandant Anglois de Pemkait fatt affiner des Chefs Abenaguis , qui com- mercent de bonne foi an pied de [on Fort. Grand defordre chex, les Outaouaks » qui reçoivent les Dépnrex des cinq Nations Iroquoiles pour faire la Paix, Onaské Chef Outaonak ; met en déronte les Îroquoss, | Le Comte de Frontenac part dé age de fos- Xante O qualorre ans AVEC HN COTPS d'ATe mée ; pour attaquer les Onnontaguez, Progrez de cette C ps RTE ss = Les Rois qui font au milieu de l’éclar . & de la grandeur ne favent pas fouvenr N MoN = 2f2 F1 iffoire des Mœurs difcernef le caractere de leurs Courtifans4 _ mais un Monarque aufli penetrant & auf- fi judicieux que Loüis le Grand, dévelope à vûc d'œil ceux qui ne l’aiment que pour fa Perfonne. Le choix que Sa Majelté a fait de vous , Monfeur, en vous appro- chant de fi prés de lui en eft une preuve, J'on peut dire que vous êtes un Courtifan fort poli; mais toute cette polireffe eft ac. compagnée d’un amour parfait pour le Roi. Vous l’aimez fans déguifement & fans interêt , feulement parce qu'il eft bon & qu'il eft digne du cœur de toute la France , vrai caractere d’un Courtifan qui ne cherche que la gloire de fon Prin- ce , & qui n’a d'autre occupation que de Jui faire connoître fa fidelité & fon atta- .chement. AE | Je puis vous aflürer, Monfieur , des mêmes fentimens que j'ai pour le Roi, je _n’ai cherché que les moyens de lui plaire par tous mes ouvrages, qui ne regardent que fa gloire. Vous voyez dans la Lettre que j'ai l'honneur de vous écrire, avec. quelle activité Monfieur le Comte de Frontenac l'a poufle chez les Iroquois à l’âge de foixante & quatorze ans. La politique d'un Gouverneur du Ca- nada ne confifte pas tant à ménager l'ef- prit des François qui font dans net | 8 je LME rte Le HR rurn à d C is à en. = £ * “ . » v - ‘ … sd é M aximes des Lroquois.… d Er: À _-de fon gouvernement , qu'à maintenir _- l'union étroite des Natiois Sauvages qui ” Jui fonc Alhées. Le Comte de Frontenae. avoir trouvé le fecret de fe rendre re- commandable chez ces Peuples par {a va- leur, & fa generofité lui avoit attiré une eltime toute particuliere. 7 1 ANR UHR US _ Ces Nations venoient à lui comme 4 leur Pere, & lui ouvroient leur cœur avec toute la confiance poffible fur tout ce qui regardoit le bien public ; aus il entroit: dans tout ce qui pouvoit leur être avan- rageux. La preuve la plus convaincante. qu'il pouvoir leur donner de cette verita- ble bienveillance , c’étoit la deftruétion _des- Iroquois Les _pius afhdez aux Anplois | quis’étoient le plus fortement opofez aux | négociations de Paix ; ainf c'étoit un coup _ d'état que de les Hs L'Hiver étoit Ja feule faifon propre pour en venir à bout, parce que l'on étroit certain d'y trouver du | moins les femmes& les enfans, qui dé _ faits ou pris atrireroient celles des Quet= - riers, ou les auroit obligez de venir fe ren. dreà sh L'abondance des néges qui fur- vint fit changer le deffein que l'on avoit eù d'y aller avec un corps de Troupes confi- able , parce qu'il fut impoffible de fai- | e pañler les habitans de la côte du Sud à h Ifle d'Orleans, dans le gouvernement Je Tome 111. | Se, MERE Sr | priffoire des Menrs Quebec, le fleuve ayant éré moy impraticable depuis le mois d’ Octobre. : L'on jetta les yeux du côté des Aniez ; - dont l'expedition paroil Moit plus aifée , mais comme les chofes d’éclar ne fe peur vent faire fans que la renommée le fafle : - retentir de toutes parts, un Efclave Anié qui en eût connoiflancé ne manqua pas de fe fauver, qui en donna l'avis; de for. te que ce grand projet avorta encore, Ce n'étoit pas l embarras où l’on auroit pü être de fe batrre contre cette Nation 8 les Anglois qui nous auroient attendus de pied ferme ; mais les mauvais. temps qui continuoient toñjours ne purent permettre F de faire une fi longue traite. Comme l’on ne vouloit pas être dans h Ft inaétion l’on détacha trois cens hommes d'élite qui marcherent du côté de la langue de terre , entre [a riviere des Outaouaks & celle des Iroquois, lieu ordinaire où ges derniers viennenf Louvigni qui commandoit ce Parti fut arrêté dans fa marche par une nége qui pfaire leur chaffe, : | dura treize jours. Le Chevalier de Callie- res en ÉFAA été averti lui envoya un. prompt ecours de vivres pour fapléer à ceux qui avoient déja été confommez, L'on continua la route jufques à la ri. yicre de Gananonkçoui, à fix lieués du Fort. * | g & H aximes des Î roguois. 255 Frontenac , l’on Ÿ remarqua de vieilles. piftes. Louvigni jugea à propos de ne détacher que des Sauvages pour les fuivre, & d'attendre avec les François le retour de ceux qu'il avoir envoyez au Fort pour en aprendre des nouvelles. Ceux..ci aprés .fept jours de marche ; tomberent le foir fur une cabane ; dans laquelle ils trouve. rent trois hommes endormis qu'ils firent prifonniers. Ils en prirent le lendemain à inidi deux autres , & le foir ils en trouve- | rent encore une , Où il n'y avoit qu'un homme, une femme ; & un jeune hom- me, qu ils prirent aprés quelque refittan- | ée- Je ne parle pas de crois de la même. Cabane qui furent tuez à la chafle, aprés s'être défendus en braves. gens. Quatre _ de ces Onnontaguez paflerent mal leur temps à leur arrivée à Montreal ; car il n'y eût pas moyen de les garantir d’être rülez. Tiothariron Chef ue la Montagne eûe én partage deux Tfonnontouans . , dont Fun {e trouvoit heureufement fon Neveu, & l’autre qui étoir Pectic fils du fimeux Garagontier ; Chef des Onnontaguez, qui avoit toûjours été fort affectionné aux François , fut donné aux Sauvages du Saut. Ceux de Lorette qui avoient été de ceParti eurent auff une Femme. Lou Z 2 [> 256 : * Hilaire des Meurs | vigni auroit pouffé plus loin fi les bois ; qui avoient lepr pieds de néges , avoient. pi être praticables, La diferre de vivres étoit d'ailleurs un trop. grand obftacle _ pour y refifter plus long-tems, °° 71-03 Le Chevalier de Crifafi mourut à peu prés dans le même-temps, Il étoit non- feulement recommandable par fa naiffan- ce ,mais fon merite perfonel , joint à f olèie &aunce prudence confomniée , à joûtoit encore un autre luftre à ce que la Nature lui avoit accordé. L'on aprenoit de temps en temps des nouvelles de nos Partifans. L'on aporta deux chevelures d’ün Anié & d’un Anglois pris proche d'O: range. Ce Parti qui étoit des Sauvages du Saut , dir que les Aniez s’étoient tetirez dans feurs Forts , dans l’aprehenfion que fous n one es refifter. Deux autres prifonniers de la même Nation, qui arri- verent deux jours aprés, déclarerent que les Onnontaguez, Goyogouens & Onne- yours, devoient venir au mois de Mai en fort grand nombre vous attaquer Fe les femences. : {cothariron quiavoit tué trois Angloisy ? pris Corlard & amenéun prifonnier avec lui, fut détourné du deflein qu'il avoit fur le village des Aniez , par la defertion d’un de {es gens. L'on für du moins que les ) À pe À F | Maximes des Iroquois : 257 Anglois & les Iroquois fe renoient extrê- . mement fur leur garde. Ceux ci deman- doient du fecours aux premiers en cas d'accident, & ceux-là qui étoient aflez embaraflez d'eux-mêmes , firent réponfe qu'ils ne ponvoient prendre trop de pré- caution pour s’en garantir. Enfin deux A- _niez qui s’étoient détachez de leurs cama- _ rades furent pris auprés du Saut , & 4- voient enlevé deux François à la Chenaye, proche de Montreal, & bieflé un autre à _ Eongueil. | jus _ Pendant que nos Sauvages de ces quar- tiers écoientoccupez , nos Abenaguis agif- _ foient, Monfeur , avec aflez de fermeté de leur côté contre les Anglais. « L'on avoit projetré de faire un échange de prifonniers de part & d'autre. Saint Cartin devoit fe charger de‘la part du Comte de Frontenac de cette négociations quelques François devoient porter aw general de Bafton les Lettres, mais com. me ils ne pûrent l’executer , l'on fut obligé de fe fervir de Sauvages, qui en rendirene une que les prifonniers Angiois écrivoient au Cornmandant du Fort de Pemkuit. Ce- Jui ci n'eût pas la bonne Foi que l’on doit avoir quand il s’agit du droit des gens. Il les attira infenfiblement fous le feu de fon Fort , fous prétexre de leur offiir ce qui 5 Hifhoire des Murs leur feroit neceflaire pour la traite. Taxon Chef confiderable donna effez étivement dans le paneau , quelque re. montrance qu ‘on lui eut faite far les in- _conveniens où le feroit tomber fon incré- dulité , il fe fepara des fiens , fe retirant . dans les bois avec le plus de gens qui pût amener , pour pouvoir profiter . de. cette offre qu ‘on leur failoit. NE Ils y craiterent à la verité paifiblement pendant quelques jours , mais lorfque les Anglois virent les principaux Chefs fous le feu de la moufquererie, ils firent tout- à-coup une décharge. Edzermet, fameux. Chef & {on fils, furent d’abord tuez à coups de piftoler. Fibon fut lui-même faif par trois Soldats & quelques autres de même :_ les uns furent entrainez dans le Fort , d’autres qui n'avoient point d'armes fe battoient à coups de coûteaux , & tuërent quatre Anglois. D'un côté la moufquete rie en jettoit par terre & de l’autre on fe. débaraffoit le mieux que l'on pouvoir. Ta-! xon fut heureufement {ecouru par un des fiens, & poignarda de fon coûreau deux Anglois. | Quelques Mixmas & d'autres. Sauva 4 ges informez de cette fourberie, fe. jes. à terent dans des Ifles vis-à-vis le Fort ; OCR | farprirent un détachement de la Grrpifon LM Œ Maximes des Iroquors, 2 9 | de Perskuit, dont ils tucrent vingt. trois hommes. L'on. fit un petit armement pour croifer vers la Nouvelle Angleterre, l'on détacha pour cet effet deux Soldats par Compagnie pour s’embarquer fur un Brigantin & une Fregate , que montoit de Ja Valliere Capitaine des Gardes du Com- te de Frontenac. Peu de temps aprés fa partance de ces Vaifleaux l’on fongea à cette grande chau- diere ( pour me fervir des termes de nos Sauvages } qui avoit été tant fouhaité de nos Âlliez. Quelques Ambañladeurs que les froquois euffent envoyez pour traiter de Paix , quelques proteftations d'amitié & d'alliance qu'ils vouluffent faire avec nous , & quelque bienveillance que le Gore de Fronténac pût conferver pour les Peuples qu'il regardoit comme fes en- - fans, il leur fallut cependant fufpendre fes sens de Pere. La douceur ayant été jufques- là inutile, il falloit donc prenäre _ d’autres voyes plus efficaces. L'occafon étoit favorable, la fituation du Fort Fron- _tenac engageoit à ne pas di Herer davanta- ge cette réfolution. Il pourroit être un alle pour tes ma- tions de guerre Y auroient été en abon. dance, c'écoit un entrepôt ; les préparae Jades de l’armée : : les vivres & les muni. . £60 H ifoire des Murs __ tifs de guerre à qui l’on avoit pourv pen- dant l'Hiver , tout ce qui étoit en un mot neceflaire pour une expedition de cette confequence fut prêt dans le mois de Juin. La milice du Gouvernement de Quebec , Jes Abenaguis « du Saut , de la Chaudiere , & les Huronsde Loretre , pattirent en bon ordre pour Montreal où is fe rendirent le vingt deux du mois. Il arriva trois jours aprés des nouvelles de Michilimaxinax, qui nous informerent de plufieurs partie cularitez. La plûpart des Nations de ces quartiers. du moins les Hurons : , ennuyez de prendre nos interêts, reçürent agréablement les Députez des Iroquois. La politique de ceux. ci qui ne fe rebutoient point de nuls obftacles qui furvenoient dans toutes leurs: tentives fut fi grande qu'ils s'infinuëèrent xdrérie Hi Bié ds l'efprit de plufieurs de’ nos ÂAlliez, qui jufqu'alors avoient fait pa- roitre beaucoup d’ empreflement pour nos interêts , ils commencerent à venir leurs © Confeils en fecrer fans le communiquer au Commandant de Michilimaxkinax , & ils recevoient les Colliers des Iroquoiss La paix même étoit prefque concluë _jufques-là qu'ils envoyerent aux Iroquois un Calumet de pierre rouge d'une beauté & d’une groffeur extraordinaire, par les & Maximes + roguais. 267 duel tous les Outaouaks invitoient les’ cinq Nations de fumer dans ce même Ca- We » lumet , & en fumant de fe refaire l'efprie: _& des ie que Michilimakinax & leurs Allez fe fouviendront du Collier d'Amik, qu'ils n'oublient pas de leur coté que ce - prefent ne leur eït pas fait.en vain. -Onafré Chef des Kifkakons donna une, idée de ce Collier, il die que les An glois s'étoient fervis , Monfieur , de la voye de iroquois pour mettre la divifion chez nos amis les François. Ge Collier invite dit Onaské, à manger de la viande * as che, & je vois qu’au départ dé ces Dépu- tez ae les Nations s’y accordent : ; Ce- pendant tu peux SRrRptés qu'ils me mans geront auf. | -Ces Sauvages quiavoient aporté les nou- _velles : a Montreal ,; donnerent encore à: leur [étour un. ne échec à nos affaires. Hs. publierent que tous les François é: toient morts, que le fleuve faint Laurent | étoit bouché , & que nous n'ofions par rO1= tre fur le grand Lac.T que nous n'avions m'y vin,nyeau- de- vis. n° ÿ aucunes mar chandifes , & qu'ilsn 'avoient pas même bû, ce qui. les chagrinoit le plus ; f ur Fiançois qui aportoit en même-temps des Lettres du Comte de Frontenac am “# Les François Ÿ L'Ocean: 26 £ % | Hifloire des Al œurs Commandant de Michilimaxinar , n’eût détrompé nos Alliez des faux raports de ceux-ci, je. crois que toutes les affaires auroient été dans un pitoyable état. Il fit valoir le coup que fit l'année paf fée la Durantaye fur les Iroquois au lac Champlain ; l’on fe fervic de toutes fortes: sde moyens pour faire revenir ces efprits * Chancelans. Il leur offrit de leur donner ce qui reftoit de. marchandifes dans les Magafios de Michil imakinak au même prix que l’on avoit accoûtumé , même à érédit ; dans l'attente de nos VailléauS que l’on difoit être retardez par les vents éontraires : l’interêt feul animoit ces “Peu- ples, & Pembarras où l’on évoit de faris- faire à leur paflion nous expofoir à de éruelles difgraces ; car enfin dés que ces Nations quitreront nos interêts ce fera une cataftrophe dans le Canada. Ils en font let : foûtien & le bouclier , ce font eux qui tiennent les Iroquois en bride dans tous’ | Jeurs partis dé Chafle qu'ils.font obligez de faire hors de chez eux pour pouvoir fubffter. Bien plus ils portent jufques dans le centre de leur païs le fer & le feu. L'on adoucit donc un peu ces efprits é: btanlez, & l’on tint un Confeil General: | Voici à peu prés , Monfieur , les 7: fions dont fe festit le Commandant, aus. pe LR » 1 FES * Ë * #4 a PJ € NE a Le GN aximes des Nues 263 ant que mon idée me peut le fournir. Mes Freres il y a eu de tout temps des enfans rebelles , & de tour temps l'on en a vû qui ont reçü avec joye la voix de leur Pere, La méfance a gâté le cœur de quelques- uns de vous ; mais plufeurs ont demeuré fermes & ne le font point ébrane lez ; je vois vôtre penfée, c'eft en vain qhe vous fongiez à me la déguifer. | Je parle donc à ceux qui ont le cœur déiselint & qui ont crû que le Gouver- neur vouloit conclure la Paix pour lui feul, fans que tous fes Enfans y fuflent genera- lement compris ; qu'ils faffent reflexion à tout ce quis’eft fair, & rejettent les mau- vais deffeins que des “elprits mal faits leur ont fait prendre : voyez avec quelle furie. il frape & fe bat aujourd’hui, il a jetté fon corps & ne vent plus écouter les Iro- quois, les mefures font prifes pour les dé- ftuire entierement, ‘ . Regardez avec joye ce Ranhation s (Fort Frontenac ) c ef la grande chaudie: re où toute la terre ira prendre ce qui fera . necellaire pour foûürenir la guerre jufques à la fin, Ne vous impatientez pas , cette ca n’eft pas encore cuite, elle le. fera bien-tôr, pour lors Oxontio inviterg tous fes enfans au Feftin, & ils y trouve. font deeer] {e situ Les pr & le ‘ 264 “e Æifioire des Murs . foûmiffions de l'Iroquois ne feront plug recüs ; ils ont comblé la mefure, la pa- tience du Pere commun eft à bout, leur. -perte eft inévitable. Le fidele Ouafké prie la parole. Mes freres, j'entens ce que. mon Pere me dit; il fe bat , il n'abandon. ne point les Iroquois, je le veux imiter, ceux qui ne voudront pas me fuivre n’on£ qu'à demeurer paifbles fur leur natte, il eftinutile que vous fongiez à rompre mon deffein , je veux l'executer au peril de ma vie ; j'ai de la jeunefle qui ne me quitrera point, Je ne prelle perfonne de me fuivre, chacun fafle comme il l’entendra |, &. qu on me laille faire _ La Groffe Tête, le plus confiderable de. R toutes les Nations, parla auffi. Mon Pere, je vois qu'il y a long-remps que tu prens. du chagrin dé notre mauvaife conduite, : j'en ai fouffert comme toi fans r’en rien dire ; mais il eft temps de te delaffer: je : ge dis hautement & je ne m'en cache plus, … que fi jai trempé en quelque maniere. dans la Paix qui vous a été propoféeç’a été fans deffein, pendant que les Iroquois é- goient ici. Tu as pü voir que mon fils Mikinak en -pleuroit : il ne s’eft point … peigné du dépit ; cu lui vas voir le vifage mataché , & les cheveux rafraichis. Son « gœut eft guai; il entend la guerre, ainfi M que i L 4 0 Le { L' ( Œ Maximes des Iroquis. 265$ que tu le fouhaite, c'eft ma penfée, c'eft la fienne. Qui eft celui de cette terre qui me regardera, & qui pourra trouver mau- vais ce que je ferai. Perfonne n’ofa les contredire dans cette Affemblée ÿ mais l’on joüa toutes fortes de reflorts pour les détourner de leur en- £reprife. L'on eût beau offrir quantité de prefens à Ouafké, rien ne püc le fléchir ; {a Nation même faifoit ce qu’elle pouvoit pour l’en éloigner , & malgré qu'on lui eût coupé fes canots la nuit, il partit & alla joindre Mikimak au détroit. __ L'on pouvoit dire, Monfeur, que ce Chef étroit veritablement de nos amis ; fon voyage eût tout le fuccés poflible. Enéfer, des Iroquois qui chafloient fort paifible- ment pendant l'Hiver , furent dans une grande intelligence avec les Hurons & les Outaouaxs , le Commerce fur libre encr'eux dans les bois, ils étoient devenus les Commiflionaires des Anglois qui pro fiterent affez mal du retour de leur effet: ceux-ci fe fervirent de cette grande union ‘aprés laquelle elles avoient fait tant de démarches. Oueouiramex , Chef des Pou- teouatemis partit ci-aprés pour venir em guerre. Jls fe rencontrerent tous deux & joignirent leurs armes, Lés Hurons don- neérent aufli - tôt avis aux Iroquois du dés “dome. IIL. À a - sr d PUR t 366 : Friffoire de À œurs pair d'Ouafké ; ils plierent bagage, mais Ouafké fit une telle diligence j jour & puis qu’il les atrapa. L'attaque fut fi rigoureufe qu’ aprés ETS * gombat fort € opiniâtré de part & d'autre, la plüpart des Iroquois fe; jetterent à l eau° dont il fe noya quarante guerriers, Ouaf- Ké: enleva trente chevelures, fic trente prifonniers , profita d’un butin d environ cinq cens Fe RER de Caitor ; ce qui pouvoir monter a quinze mille francs, fans com- ptet plufieuts marchandifes qu ils trouve rent, & l’onfit main. balle fur quelques Hurons qui avoient fuisi les Iroquois. Ce coup fut d'autant plus confiderable qu ‘il rompit entierement les commence- mens de Paix entre les Iroquois & ces Na- . tions alliées. Ouafké fit prefent à fon re- gout de ces Chevelures, & fans affecter de … chercher les aplaudiilemens que l’on peu ‘donner dans fes momens pes guerrier, il fe contenta de dire ces parol es. Jene te dirai point (en md au Con marñdant de … Michiimakinak) ce que j'ai fair, les Fran- ‘çois qui ont hiverné au Saguinan t'en ont . informé ; je croi que tu fçais qu'on m'a lié à ia bras , les jambes & le milieu du corps, vona pendu des chaudieres & des fois | four m'arrêter , j'ai pallé pat deflus tout, . ‘ai écouté , imon Pere, dt de fait ta vo- À ÿ PEN ©) n C7 D. G Maximes des Iroghois 267 Le onté, j'ai accompli ta parole; tiens-moi | je ce prie celle que tu m'as donnée, fais boire de l'eau-de-vie aux guerriers ,j® m'y fuis engagé , je n’en veux pas goûter ; ! je leur en ai promis s'ils ont fait ce que tu fouhaitois, ils ne t'ont point menti, ils ont tué les Guerriers ne leurs ments pas, fais les boire. Te croi, Monfieur , que la récompenfe alloir un peu trop loin ; les Jeluites n’en furent du moins pas contens, . La Mothe ayant apris que l'on faifoit à: Montreal de grands préparatifs pour fai re une expedition fur les Iroquois , vou lut engager les Ouraouaxs d'être de la par tie ; illeur dit que le temps de cettegrande chaudiere qu'ils avoient fi fouvent deman- dée étoit venu ,illés invita par des Cole liers de s’y joindre, quoique le Comte de Frontenac ne lui marqua point un grand €empreflement de les avoir. Ouafké ré- ondit le premier qu’il acceproit volontiers _£e boüillon que foû Pere vouloit lui faire boire; mais qu'il ne pouvoit l'aller voir au Fort Frontenac, parce qu'il fe trouvois obligé de refaire fon Fort pour mettre fes femmes & {es enfans à couvert, Les au- tres Chefs répondirenr de même. Quoique Ouafré & plufieurs autres ne purent donner leur parole pour faire la . ampagne d'Onnontagué, ils ne lailferert \ 268 . Hiffoire des Maurs ‘pas de faire leurs brigues pour y envoyer 400.hommes ; mais il arriva un contre- temps qui renverfa ce projet. Kitehinapé Chef des Ouraouaks du Sable, fitun parti de vingt hommes pour aller contre les Iro- quois ; le Fils du Rat, fameux Chef Ou- raouax s’y joignit. Aprés quelques jours de’ marche les Outaouaks rencontrerent un: canot Huron dans lequel il y avoit un homme , deux jeunes gens, fepr femmes. ou enfans. Kitchinape revint à Michili- makinak faifant trophée des Chevelures | qu'il aportoit ; comme fielles euflent été’. des Iroquois. Les Hurons eurent foup- con de ce coup, & envoyerent deux ca- nots pour s'en éclaircir. L'on tint un Confeil dans lequel l'on réfolut d'envoyer fix canots de lamême Nation ,&l'on pu: blia qu’ils alloient chercher les ennemis ,.« que l'on difoit être proche. La Motte y fe joindre quatre-vingt-dix Outaouaks, & ‘vingt François : l’on découvrit le lieu où | les morts avoient été enterrez & coupez par morceaux. Le refflentiment des Hu rons étroit jufte, il y auroit eû, Monfieur,. de cruelles fuites fi les Outaouaks ne les euffent apailez par quantité de prelens qu'ils leur firent. Ce contre-temps dérour- ma donc fes Peuples de fe trouver au Fort Frontenac , joint aux vifions de quelques- C4 ST SN à SE A 7: ge \ _ & Maximes des Iroguois. :269 äns d’entr'eux qui publierent dans leurs Villages, que le mauvais temps qu'il fai- Soit étroit une marque que ef#s ne vouloit ‘point qu’on allât en guerre. Il paroifloit fort extraordinaire que les Sauvages qui invoquent fi rarement ce Saint Nom, & me l’ont en veneration que par caprice , s’en ferviffent feulement pour autorifer leur peu d'affection, RON | © Jene m'arêrerai point à vous dire auf, Monfieur , qu'une Fille de l'Ifle d'Orleans traveltie en garçon, s'étoit venue prelen- ter au Comte de Frontenac deux jours au- -paravant fon déparc de Quebec, ayant, difoit-elle, des nouvelles fort importantes a lui communiquer fur les Anglois de B2- fton , d'où-elle venoir. Elle difoit avoir vâ arriver de cette Ville huit vaiffeaux de gucrre , dont quatre fans moüiller croi- - foient à F'emboucheure du fleuve, dans lartente de quarante à. cinquante autres qui devoientarriver inceffamment à Que. bec ; que d’Iberville avoit été pris à la Baye d'Hudfon, & qu’elle avoit aidé à le brüler à Bafton, Elle foûtenoit avec allez de fermeté ce qu'elle avançoit ; elle difoit tant de chofes qui avoient fi peu de vrai. femblance qu'on l’examina de plus prés. L'on s’aperçüt qu'elle éroit Fille, & elle fut fufligée crois jours aprés par la Ville, L'ae | | Aa 3 | 270 Hiffoire des Moœurs _ mour qu'elle avoit pour fon Amant qui étroit commandé pour marcher lui fit peut- être faire cette démarche indifcrete: Les affaires des Ouraouaks m'ont fait faire une digreflion fur la Campagne des Onnontaguez. Tout étant prêt, le Com- te de Frontenac fe rendit à la Chine le quatorziéme Juillet, d'où l’armée partit le lendemain en ordre de bataille. . La guerre fe fait ici d'une maniere fi paiticuliere , qu'il eft aflez difficile de donner une idée jufte des farigues extraor dinaires que l’on y fouffre. Il faut fe per- fuader, Monfeur , qu’il n’y a point de Cavalerie n’y de Charoy pour porter les bagages & les munitions de guerre & de bouche, où il faut aller fur les eaux bra- ver des Cafcades & des chutes d’eau de fept à hait pieds de haut, dans lefquelles einquante hommes ont bien de la peine à faire pafler un bâteau, & dans les endroits les moins difficiles on fe trouve obligé de fe mettre à l'eau jufques à mi-corps, étant impoflible de remonter les courans avec les perches & les avirons, quoique les : canots foient extrêmement legers, qui ne font que d'écorce de bouleau , où l'on trouve quantité de partages. Je m'expli- que ; un partage eft une feparation fur ter- ge du bord d’une riviere à deux ou trois. # 2 A4 # o Ver y À 1% LE > Maximes des Iroquois. 271 lieuës , plus ou moins , pour pouvoir s'e- xempter de marcher toûjours dans des boucs impratiquables, Il faut dans ces momens que chaque perfonne porte fur foi fon petit bagage, fes canots fur fes épaules, & traîner les bâteaux. Toutes ces difhculrez n’empé- cherent point le Comte de Frontenac de conduire Jui- même fon armée à l’âge de foixante & quatorze ans. Cinq cens Sauvages furent partagez d’abord , de forte que la plus grande partie fe trouverent toûjours à l’Avant-oarde, _compofée de deux bataillons & de troupes de deux cens hommes chacune. Ils étoient fuivis de plufeurs bâteaux détachez, qui éroient conduits par des Habitans, à qui l’on avoit donné la garde des vivres & du bagage, du Capitaine de Frontenac , des Chevaliers de Callieres , de Vaudreuil, & de Ramezay. Le Chevalier de Callieres commandoit l’Avant-garde, dans laquelle il y avoit deux grand bâteaux qui portoient deux pieces de canon de fonte, les mor- tiers,grenades & uftenciles d'artillerie. Le Comte de Frontenac marchoit aprés l’A- vant-garde , fuivi de le Vaffeur Ingenieur, de plufñeurs Volontaires, & des canots de {a maifon. Quatre bataillons d’habitans plûs forts que ceux des foldais, compos ga Hifloire des: Dee: foient le corps de bataille. De Ramezat Gouverneur des trois Rivieres comman- doit tous les habitans. L’Arriere garde, : commandée par le Chevalier de Vaudreuil: ne confiftoit qu’en deux bataillons detrou. pes, & le refte deSauvag.es tu psnainst la ét. _ De la Dütantaye qui fit certe belle de &ion dans le lac Champlain ; de May, le. Chevalier de Graïs & Dumefnil anciens | Capitaines, commandoieñt les quatre ba- taillons des Troupes , Subercafle faifoit lés: fonétions de Major general. Il y avoir un Ayde. Major dans chaque bataillon des: troupes & de la Milice. Saint Martin Ca- pitaine réformé commandoic le bataillon de Quebec, Grandville-Lieutenant, celui ” de Beaupré , Grandpré Major rar trois Rivieres étroit à latêre des habirans de ce gouvernement , & des Chambaux Procu: M reur du Roi corhmandoie: le Bataillon de Montreal. Maricour étoit à la cèce des Iroquois du Saut. & des Abenaguis , qui faifoient Corps enfemble, Le Gardeur & 4 Beauvais , deux freres Canadiens com mandoient ceux de la montagne ; les Hu: rons de Lorette, & Beraucour les Algon- kins', Sorokis: , Nepiciriniens , _& le peu qu LA y avoit-d’ Outaouaxs. L ordre de bas aille ne far: point interrompu peudang a, | Maximes des Troquois. 273 la marche, & les troupes qui avoient fait un jour l'Avant garde, pafloient le lende- main à l’Arrieie-garde. Il fallut faire ce- pendant 30:lieuës de rapides dans cet état. Une partie de l'Armée campa le jour du départ au deffus de la chüte le Builion, le refte pafla le lendeniain à la file ; l’on fut obligé d'y fejourner un jour : on gagna au deflus du rapide des Cedres , & le len- _ demain l'Armée fe fepara en deux pour monter celui du côteau du lac, partie au Nord & l’autre au Sud. La même chofe fus pratiquée le jour fuivant ; & l’on fe -rejoignit à l'entrée du lac faint François, qui a plus de fept lieuës de long , que l’on pañla en bataille à la voile. … I y avoit toûjours des Sauvages à la découverte , fait pour connoître les piftes’ dans les bois, foit pour prendre garde aux ambufcades, Les Découvreurs aperçû- rent quelques piftes qui montoient & dé- cendoient. L’on fit aufli-tôt un détache. ment de Sauvages & de François, pour marcher quelques lieues deväht le gros de PAcimée. L'on palfa plufeurs rapides avec: afléz de peine & l’on fut obligé de radou- ber plufeurs bâteaux, trois lieues au def- fus de la Galete. Il yavoir toûjours plu- fieurs détachemens dans le temos des par- fages pour couvrir ceux qui trainoient les 154 _Hifloire des Âtaurs bâteaux. Enfin, Monfieur , l'on atriva a bout de douze jours au Fort de Frontenac, qui eft à foixance lieués de Montreal: L'ons in 2 en attendant l'arrivée des Outaouaks que l’on éroyoit venir, à cou- per du bois pour | hivernement, Bite dés duvrages de Charpente , de Maçonnerie ÿ à relever une Barque que l'on avoit coulé a fond exprés ;: mais quand on vit que les Outaénars ne venoient point, l’on fe rendic à l’entrée de la riviere dés: Onnons taguez. Comme elle eft extrêmement & . troite , l'on détacha cinquante Décou vreurs de chaque côté , & l'armée ne mat choit que felon le raport de tous les mou vemens qu'ils faifoient. Les uns avoicn£ apperçü les pifles de trente à quarante hommes, & les autres un canot quine ve. noit que "d’être abandonné, l’on ne püt faire dans les rapides de cêtre riviere que €inq lieuës en deux jours. Il fallut faire le partage de tous les bâteaux , canots ,& des Hardes, étant impoffbis de pafler le Saut, Cinquante Sauvages enleverent fur leurs épaules le canot du Comte de Frontenac, & le porterent dedans , chantant & faifihie des cris de joie, femblable à ces Empereurs Romains que l'on portoit {ur un bouclier pour les faire voir à toute l'armée, lesba » Æaillons qui n’avoient pô faire le partage, l “ - € Maximes des T raghois. 27$ Le pafferent le lendemain. L'on ne pouvoir pour lors prendre trop de précaution dans la marche pour éviter de tomber dans des ambufcades tout-à fait dangereul es. L'on détacha la moitié del'armée au ur dela riviere qui va à Oaneyout, qui fit plus de cinq lietés dans les vales, jufques au deffus du genoüul. Il fallut pañler le Rigolet, qui _sv'a pas plus d’uñe demie portée à piftoler de large jufqu' à l'entrée du lac de Garenta,, Von connût que nous étions découverts : parce que l'on trouva une écorce d’ Abe fur laquelle étroit décrite notre armée , & deux paquets de joncs coupez , qui Mat- quoient que quatorze cens trenté-quatre guerriers nous attenaoient. C’eft un ufa- ge, Monfeur , parmi les Sauvages de donner de ces fortes d'Indices » ce qui et proprement un défi. | L'on pafla le lac en ordre de Loin “Le Chevalier de Callieres qui commañ- doit ce jour-|à la gauche, quiregardoit le côté de l'Ennemi, fit un grand circuit pour Æeindre de faire la décente de ce côte là, dans le même temps que le Chevalier ns “Vaudreuil avec la droite la feroit pour é- loigner tout au tour ce qui pourroit fe rencont. er d’ennemis. Cette décente fe fic épée à la main avec beaucoup de fierté; de maniere que fon détachement faifant a 226 Hiflaire des Maænre un circuit d’ une demie.lieuë, vint tomber à l'endroit où lé Chevalier de Callieres , & tout le monde, décendit. Le Vafleur traça un Fort qui fac prefque achevé en un jour, quoique l'on fut obligé d'aller chercher du bois à prés d’une demie. lieuë. Nos Découvreurs qui éroient dans de con-. tinuels mouvemens ; faporterent que l’on voyoit des chemins qui alloient d'Onnon- tagué aux Goyogouens & aux. Onneyouts, ce qui leurfit conjeéturer que les fem. mes & les enfans s’y éroient retirez, & que les guerriers de ces deux Nations é- toient venus pour fecourir leurs freres, Un Tfonnontouan qui avoit été pris par ce Parti que commandoit Louvigni au commencement de l’Hiver, avoit fait pa- roître tant d’attachement à nos interêts , qu'on l'envoya à la découverte avec le Chat Outaouax. Ceux-ci fe faifirent pro- che d’Onnontagué d’ un homme qui fe _baignoit avec fa femme, L'Outaouak vou- due les lier ; mais le T{onnontouans y op- pofa & les relàcha fous prétexte qu'il en ameneroit d'autres, L'Ouraouax com- mença à fe méfier de fon camarade , qui effectivement lui dit un moment aprés qu’il avoit envie de manger du bled d'Inde nouveau, & s'étant un peu écarté pour cet. . teffer il fit tout-à. à- coup le les cris d'allarmes, Lis & Maximes des Troquoiss 87 _æour faire détacher quelques. Onnonta- guez qui lui puffent couper chemin ; mais celui-ci ne perdit point de temps pour fe fauver. Ce deferteur dit qu’il y avoit au- tant de François que defeuilles aux arbres, _ qu'ils avoient des Machines qui jettoienr du feu en l’air,& des pommes de fer quife crevoient. Un autre Tfonnontouan defer- £a aufli la même nuit qui confirma tout ce que l’autre avoit dir. L'on avança toûjours le canon & l’Artillerie au travers de deux marais peu praticables , jufques aux Fon- taines falées. L’on partit le lendemain à Aa pointe du jour en ordre de bataille. L'armée étoit divifée en deux lignes, _ Je Chevalier de Callieres commandoit la _ premiere qui fe tenoit fur la gauche du &ôté de l'ennemi , le centre étoit occupé _ par deux Bataillons d'habitans , & les deux des troupes étoient fur les aîles, l’ar- tillerie au milieu , laiffant pafler devane elle les deux Bataillons du centre. La pluf- patt des Sauvages de la premiere ligne a voijent été fur l'aile droite , comme ils l’a- voient fouhaité, il fe détachoit de temps entemps desenfans perdus pour découvrit & effuyer le premier feu. _… La feconde ligne étroit commandée par le Chevalier de Vaudreuil, qui fe pofta fur la droite , compofée de pareil nombre Tome III, ri 378 Flifire des Meœurs de Bataillons. Le Comte de Frontenac étoit porté dans un fauteuil entre ces deux. lignes, le canon devant lui, & en état de _ fe mettre à la rêre quand bon lui fembloit ar l intervalle des deux Bataillons de mi- fe de la premiere ligne: L’ ordre de bataïil- de fe rompoit quelquefois à caufe de plu- fieurs ruiffeaux que l'on trouvoir, & des quarts de converlion, & autres Éuriohs affez difficile à exécuter dans les bois. L'on n'atendoir que lé moment d'arriver devant Onnontagué. Tout étoit difpofé pour for. mer les lignes & les retranche meus , lors que l'on aperctk que tout éroit en feu. Les Onnontaguez étoient fi fort réfolus de fe défendre juiqu'à la mort, qu'ils a- voient envoyé toutes les femmes dans la profondeur des bois ; mais aprés plufieurs reflexions fur ce que ces dèux deferteurs leur avoient ra porté de notre Armée qui leur avoit paruë fi nombreufe , ils aime- rent mieux abandonner tout aux François que de hafarder une défenfe incertaine. 1 eft conftant, Monfieur , qu is prirent le. parti le plus feur, car il “4 Y: auroit point eu de capitulation ny de quartier pour eux gout fe trouva re réduit en cendres, L'on fit un désit general pendant deux | _ jours dans coutes leurs campagnes de blé. d'Inde, foit par le fer , foit par Je feu,u £ on fi un aflez bon pilage, | ë Maxies des A 275. … Nos Sauvages étoient cependant au de- fefpoir de voir tous leurs. pas perdus, caË s ne refpiroient que le carnage. Un mal- heureux Onnontagué, âgé d'environ cent ans, qui n'avoit jamais voulu s' enfuir, fur ja era de fes camarades, le Conte de Frontenac ne püt jamais ti conferver la: “ vie. Nos Sauvages lui firent fouffrir tous les maux imaginables ; :il endura tous ces tourmens avec une égalité une prelence d’ efprit & un courage digne d'un Iroquois. Bien loin de fe p lindre. ‘il exhortoir ceux qui le faifoient mourir à sr fouvenir de fa mort : il en laifloit, dicil , la vengeance à ceux de fa Nation, Un Sauvage ennuyé de fes harangues lui donna quelque coups de coûreau. Je te remercie , dit-il ; mais tu aurois bien dû me faire A RE se mou tit par le feu. Aprenez , chiens de Fran- çois à fouffrir ,& vous Sauvages leurs Al- hez qui êtes les chiens des chiens, fouve- nez-vous.de ce que vous devez faire quand . vous ferez'en pareil érar que moi. Cette conftancé & cette valeur ne tient poi ins de la ferocité ; il y a des Heros parmi ces Barbares tbe chez les Nations les plus olicées, & ce que l’on traiteroit parmi nous de brutalité , paile pour vertu ur w ñ Iroquois. Les Onnontaguez s'étoient retirez. , Bb 2 7 Ma ? .] Cd 480 Hiffoire des Ji èurs Monfieur, à vingt lieuës dans les bois : \ avectrés-peu de bled d'Inde ; l'on pré: | fuma qu'une grande partie! y periroit de faim :ils avoient de routes paris des Dé. con yreurs pour fçavoir fi nous n'itions pas: à eux ; mais à mefure que le Comte de Frontenac fe feroit avancé, ceux cifefe_ roient retirez; & chercher un Iroquois- dans un bois, c'eft comme fi l'on vouloir chercher un Lapin dans une garenne. Ë Les Onneyouts ayant apris la defola. tion de leurs voifins dépécherent au Com- te de Frontenac un François prifonnier & un Sauvage, avec uñ Collier, parlequelils lui demandoient la Paix. Notre Generaf Ja leur promit, pourvû qu'ils vinffent s’é tablir dans fon Gouvernement.,.& qu'ils: fai envoyaffent cinq des plus confiderables: pour ôtases, jufques à ce que leurs fem : mes s'y rendillent elles - mêmes; finon: qu'il leur feroit bien accepter de force: ces conditions. \ Le Chevalier de Vaudreuil partit en. même temps pour aller avec un détache: ment de fix à fept cens hommes des plus : alertes. Il arriva à la pointe du jour à la: vûë d'Onneyout, & commençoir à entrer dans les campagnes de blé d'Inde, lorfque Jes Dépurez de cette Nation vinrentle fu- plier de ne point pafler outre , l'aflurant _ &@ Maximes des Iroquas. _28r - qu'ils executeroient de bonne: Foi les ordres qu'Orozrio ( le Comte de Fronte- nac } avoit prefcrit à leur premier Dé- . puté. [ls apprehendoient que nos Sauva- ges ne brülaflent leur bled ,la perte leur eûr été crés-fenfble & trés- préjudiciable. Quand le Chevalier de Vaudreuil vit qu'ils avoieut abandonné leurs Villages hois trente - cinq à quarante Chefs, & qu'un june Efclave François qui venoir d'arriver des Aniez, lui donnoir avis que ceux-ci & les Anglois fe préparoient au nombre de trois cens pour fondre fur lui, il fit brûler tous leurs grains. Cette nou- velle caufa une fi grande joye dans le camp que les Abenaguis dirent qu'ils n'avoienc befoin que- de haches pour fe défaire des Anglois, & qu'il éroit inutile de confom- mer de la poudre contre de pareils gens. - Le Chevalier de Vaudreuil fe mit en ordre de bataille: dans le bois pour les y recevoir, plutôt que de fe renfermer dans le Fort ; mais la confternation devint ani. verfelle quand Fon fçût par un Anié qui! rodoit à l’entour du Fort,que les Anglois fe: tenoient chez eux : on y mit le feu, & aux: bleds en pattant,& l'an amena trente cinq Onneyouts à Onnontagué, Nos Sauvages: Brülerent avant le départ general de l'ar maée l’'Efpion qui avoit-été pris l'Hiver Bb: > 282 Fiftoire des Maœurs par un de nos Partis. Je ne vous parlera point, Monfieur, du retour de l'Armée par un détail ennuyeux de pluñeurs inci- dens qui arriverent dans tous les rapides dont je vous ai déja donné une idée, & fans vous expliquer de quelle maniere les: Iroquois donnerent à la derobée fur quel. - ques-uns de nos canots qui s'étoient trou- ! vez un peu trop à l'écart, ent Le Comte de Frontenac arriva le vinge Août à Montreal : certe campagne auroit été plus avantageufe aux armes du Roi, & plus glorieufe à ce General, fi les Enne. mis euffent fuivi leur premier delfein : il en auroit coûté la vie fans doute à plu- fieurs des notres. Les Iroquois fe feroient défendus en defefperez , maïs leur retrai- te precipitée diminua beaucoup de ce donc on s'étoit flaté. C'eft toüjours une action . fort glorieufe à un General de cet âge de … porter le fer & le feu dans le centre des | lus fiers, plus cruels & des plus redou- : tables Peuples de toute lAmerique , & de les mettre dans un état à perir de fainx: | dans les bois. Je fuis avec‘pañlion, MONSIEUR, >” Votre trés-humble ,&e) ” à C* Maximes des Troquoss. | 283 VIII LETTRE Æa difitte empêchele Comte de Frominéc d'envoyer des Partis confr iderables con tre les Iroquois. Grande des-nnion chez, des Ontaouaks. Quebec eff menacé. Les cinq Nations Troquoifes déliberent s'ils feront une députation generale an. Comte de Frontenac. Les Anglois envoyent un grand Collier aux Jroqnois, pour les détonrner de la Paix. Arrivée d'Oraxeffé > Ambafadeur des Onneyouts. Adience publique donnée aux Outaonaks: LADAME, À la fleur de votre âge de dix: fept ans: pleine de politefle & de délicatefle d'ef- | prit, l’ornement des graces, aimée & che. rie de Madame de Maintenon, la plusil- Juftre Dame du monde, protegée du plus grand Roi de la terre, arendriez vous de la foible plume d’un Ameriquain, un por- ærait fidéle d'aprés toutes ces vertus & de 4 Fiffoire des Me œŒuts tant d’autres perfeétions, dont Le. nature" vous a favorilé. C’elt ce que mon penchant m'infpireroit;mais par un malheur dont je fuis bien für que vous ne me rendrez pas comptable, la foibleffe de mongenie fe. trouve'ici au deffous dé mon penchant. Je n’en ai d'autre, Madame ,. que celui de vous donner un petit armulement d'u. ne Letire qué j'ai l'honneur de-vous écrire fur le fait des Iroquois: 4 Quelque bravoure & quelque pruden- | ce, Madame, -que puiffe avoir-un General, . il ne fauroit executer fes delleins dés qu il 4 manqué de fecours necellaires pour faire fublfter fôn armée. Les grands mouve. k mens militaires ne fe peuvent faire que. par quantité de refflorts, qui doivent agit - de concett.: L'ahonde nés fur tout en eft . un des plus grands mobiles ; & fi- tôt: que é la difette commence à fe faire fencir il M voit bien tôt fes deffeins échoüez. 4 Le Comte de Frontenac qui avoit foû- | | tenu de toutes parts l'effort de fes enne- L mis , & même qui avoir porté le fer & le « e, ei eux , fe trouva allez embaraffé » cette année aprés la partance des vaifleaux; il y-eût une difette generale de grains par l | tout le Canada , le prix en devinrexceflf, bien loin d'envoyer des Partis confidera- : bles. contre des Iroquois &c les: Jose "à Maximes des PE 28€ pendant l'Hiver ; qui ef la faifon la plus propre en ce païs pour faire la guerre on fat contraint de chercher des moyens pour faire fubfitter les troupes dans le païs. £e Comre de Frontenacs ‘efForçoit cepen- dant malgré tous ces inconveniens de fai- re marcher un grand Parti fur les glaces; mais l'arrivée de trente à quarante Onne- souts à Montreal en détourna le projet. Thathakouicheré [roquois du Saut ,avoit’ pratiqué cette retraite ; on les reçut par- faicemenc bien s'ils témoignerent par plu fieurs Colliers qu'ils prefenterent au Com te de Frontenac qu'ils venoient executer Ja parole qu'ils lui avoient donnée de ve- nir s'établir fur fes terres, qu ils s'étoient débaraflez de toutes les ds Hide ons des’ Aniez & des Onnontaguez qui retenoieñt Xe refte de leur Nation à droit & à gauche, & qu'ils efperoient pouvoir trouver l’oc- calñon de fe rendre à Montreal. Ils avoient roüjours confervé pour le Pere Milet une eftime fi particuliere , qu ils le demandes rent pour leur Miffionnaire , fouhaitant pour cet effer qu’on leur donna un lieu à part pour y former un village, afin de çot f_rver le nom d’ Onneyout. Les Aniez impatiens d’aprendre la re- ecprion que les François avoient faite à ges gens-ci,, prirent le prétexte de renvoz #84 # foire dé Hurt Ver par dus de leurs gens aile Salvaye & fa Fille, qu'ils avoient prifes à Sorel l’année derniére , le Gouverneur dé Manathe lui dobbabts : un Paffeport pour une plus grande fureté. Le Comte de Frontenac étoit bien. aifé d’avoir ces nouvelles affranchies , & il auroit bien voulu faire repentir en éme temps ces deux guides de l’infolence avec laquelle ils lui parlerent jt deux Colliers a 7-4 qu'ils lui prefenteréntr ; qui étoient ad … nom de toute la Nation. ls lui demande: rent , Monfieur ; par le premier qu'elle | étoit fa penfée ; & file chemin qui con: duifoit Auere ge d'Anié à: Monreal étoit entierement bouché: . Par le fecond qu'il donnoir de fon chels il reclamoit fon fils qui avoit été pris par | les Sauvages du Saur. Le Comte de Fron: * tenac leur dit ,: :qu ‘aucun des Iroquois ne. faflent Setistatie de fe hazarder dans la fuite à paroître devant lai qu'avecune en- . tiere foûmiflion , qu'ils ne devoient pas ignorer qu'il avoit menacé de mettre à la w chaudiere de pareils porteurs de Colliers; & qu'il ne leur pardonnoit que parce qu ils’ avoient r'amenez ces detix Françoifes. . H'eft difficile d'aller en Parti au-travers’'W des bois , fans prendre quelquefois l'ami F pour l' PAL En effes , deux de nos-dé- es Se é dan É APRES Pal PR TE EE : è fi LÀ s. 4 Lt | br + fl # 7 €* Alaximes des Troquais. 387% fachemens qui s’étoient mis en marche. dans le mois d'Octobre fe rencontrerent; l'un étoit composé de Sauvages de la montagne, qui venoient de faire coup fuc les Anglois & l’autre étoit de neuf Soldats François qui s’étoient feparez de leurs camarades. Ils s ‘acharnerent fi cruel lement les uns contre les autres. fans fe. connoître , que les Sauvages blefferent. deux Soldats, & ceux ci tuerent Tiorha- thariron, principal Chef de guerre de la montagne. C'éroit un des grands guerriers que nous ayons eus, qui avoit tojours fait patoître beaucoup d'ättachement à nos interêts : fa perte fut trés-confidera- ble. Lerelte de ce parti François qui étoit de vingt & un ,eutuüne fin aufli tragique. ls fe rires gontre plufeurs Sauvages AN & Aniez, qu'ils défirenr. | L'on revint à L charge aprés qu'ils fu- rent partis. Da Bau, quien ecoit le Com- mandant fut bleflé, (a playe l’empêéchang de fuivre fon ART il fe rendit à Oran. ge avec deux autres pltôt que de perir de sé tibS dans les bois. Les Anglois les recû- rent àla verité, mais ils détacherent- en meme- temps ds Sauvages qui joignirent : bien- tôt les autres. Ils n’eurent pas beau- coup de peine à s’en défaire, parce qu'ils Jes AE à extrémement ‘affoiblis pag #88 Hifloire des Murs ‘Ja faim & par toutes fortes de fatigues; iln ent ‘échapa que deux ou trois dont l'on n’en a même jamais entendu parler , qui moururent aparemment dans lesbois, Les affaires de Michilimakinak furent bien brouillées , la defunion devint, gran- de parmi tous nos Alliez qui fe firent la guerre ; quelques Outaouaks & Hurons qui avoient toûjours beaucoup d' affe&tion pour le Comte de Frontenac, vinrent le grouver pour l’aflurer de la continuation de leur fidelité, Ils fe plaignirent beaucoup de toutes les intrigues fecretes du Baron qui tramoittoûjours les menées ordinaires. Le Comte de Frontenac les affura qu'il ne romproit jamais le lien qui les atachoic fi étroitement, qu'il répareroit le toit que quelques "uns de fes autres enfans pouvoient leur avoir fait. Il leur offrit des terres plus proches de lui, dans-un lieu qui pt les mettre à l'abri de toutes infultes; dans lefquelles il pourroit leur donner plus à portée ce qui leur feroit neceflaire. e m'étendrois volontiers ici un peu plus au long fur ce quiregardeces nations. {Un Confeil folemnel que l’on tint exprés pour eux dans une conjonéture particulie- re, M oblige de fufpendre encore tout ce quis'y eft paflé de plus remarquable, par ce que les PT de La Cour que.l on Fes | ER nn UE php e — Maïimes des Troquois. 58$ fécûc par Lacadie , me donnent de nou- velles matieres ; on laifla quelque temps des affaires des Alliez pour fe préparer æontre les deffeins des Anglois. - : Quebec qui avoir été jufques alors lé. ceüil de cette Nation , pouvoit aufli leur tre un lieu de triomphe, s’ils prenoient mieux leurs précautions. Le Comte de ÆFrontenac fit aflembler en cette Ville l’é- æat Major & les Capitaines de la garnifon, il leur communiqua que la Cour lui faifoit _ favoir que le Canada étoit bien menacé par tous les préparatifs d’un grand arme- ment que l’on faifoit ; que d'ailleurs fi les Anglois ne ponvoient y réüflir, il pour- æoit fe faire quelque entreprife de notre -côté où il plairoit à Sa Majefté le prefcri- _ ge, L'on fit décendre à Quebec une partie des Compagnies du gouvernement de Montreal , pour être prêtes au premier commandement : il n'y avoit du moins sien à aprehender du côté de Bafton. - Toutes fes menaces, de venir fondre dans la Capitale du Canada, étoient faites avec tant de fierté que l’on eut dit qu'il n’y devoit refter pierre fur pierre. Ces grands projets s'évanoüirent de ce coté. la, & quoi que l'on fçût derechef de La_ cadie par le nommé de Premont , qu'il y avoit à Balton une grande difette de vi. Tome III, Ce £9e _ Hifhire des M œurs vres & de munitions de guerre, &c qu'i paroiffoit entr'eux une mes- intelligence # quoique l’on foût, dis jé , ces particulari. tez , les . Anglois ne laifloienc pas de me. näcer tobjours le Canada , & de fe forti- fier en même tèmps chez eux le plus vite & le mieux qu'ils pouvoient, +7 Ils réüffirent fi twal devant le Fort de Nachouar,quieft dans la riviere: faint Jean en Lacadie, que l'on mépriloit d’ailleurs tout ce qu ils ‘pouvoient entreprendre. Six . à fept cens Anglois & Sauvages Alliez l attaquerent inutilement : ‘ils firent, Mac dame, au retour de Nachouatune expedi- tion où leur mauvaife Foi parut ; ils pillé- rent & enleverent tous Jes meubles des habitans de Chignitou ou Beaubaflin , n'o- nobftancla neutralité qui s'écoit faire entre | eux ; ils brilerent les maifons:de ceux qui Voioue fui dans les bois , & tucrent gous les Beftiaux qu'ils pûrent attraper, Que ne firent:ils point à Villieu Comman- dänt de Pentagouet , qu ils prirent dans le | temps qu'il Ent envoyé pour faire un é- change de prifonniers. Cet Ofhcier qui s'é- toit embarqué dans une chaloupe avéc des . Anglois, ne püt arriver au jour fixé par le mauvais temps qui l’empêcha de tenir le À Jarge d'une riviere. Eft- il permis de vio-ù ler le droit des gens, bug que. lon n pages 1 F L ê: M. aximes des Hhigiuie. 19% Üi témps limité dans une conjonéture en laquelle l'on fait fes efforts pour fon pre- mier deffein. On l'arréta , on le mit mê+ me dans une prifon fort étroite où il pâti£ beaucoup :il trouva le fecret de mander fon defaitre au Comte de Frontenac , für un petit morceau de papier écrit de fon ane , faute d'encre. | : La Cour. ayant mandé qu L fe foie: un grand armément contre le Canada , l'on prit toutes fortes de précautions pour fe prévaloir à Quebec contre les Angloisa L'Ingenieur , le Vafleur , en fit rétablic les ÉbériGaielons dans fa perfection , les: Soldats qui étoient en gatnifon Y travaillé Jerent ; les Babrgeais furent exempts de donner des corvées ; parce qu'ils fournis tent du bled pour es fubfiftance de x Compagnies : les habirans des côtes de Baupré de l'ifls d'Orleans, terres du Sud | & des autres quartiers, fourairenr chacun un homme par maifon pendant quinze Vars: Te - L'Eté occupa infenfiblement Les trou ps, l’on fe trouva à la fin en état de re- filter aux forces que l’on pouvoit envoyer de la vieille & nouvelle Angleterre. Les érdres furent donnez aux ‘habitans du bas du fleuve de fe tenir far leurs gardes, & L'on. sels aufh faire paller les beftiaux GE c 2 (= ÿ92 Fiffoire des Murs des ifles, dans la profondeur des bois. . Le Comte de Frontenac qui favoie la. confequence de n'être point {urpris tout à-coup par l'arrivée d'une flotte ennemie, . fit plufieurs détachemens pour aprendre ce qui fe pafleroit chez les ennemis, il: dépêcha huit Abenaguis pour Bafton ; ils: amenerent un Anglois qui paroifloic fi ftupide ; que l’on n’en pât tirer aucune: Jumiere.. Cinquante Sauvages du Saut & de la Montagne ,uvec quelques Nepiciri- niens ,accompagnez de Beleftre & de Ba- : tilli Officiers ,partirent de Montreal pour » aller du côté des Aniez, d'Orange, de : Corlard, & d'Hilope. Hs aporterent des. chevelures des habitans d'Orange & de‘. Corlard , ils amenerent deux: prifonniers: au Saut qui furent fi maltraitez de coups: de bâton que l’on ne püt fe rendreà Mont: real.Ces Sauvages étoient tropirritez pouf | ne fe pas venger des. durerezque l’on eût: à Londres contre de leurs camarades qui: ! _ avoiencété pris en lzbaye’d'Hudfon. L’au: | tre prifonnier dit qu'il écoit venu:des nou _ velles que l’on parloit beaucoup de Paix en: | Europe, que l’on s'attendoitaufli que nous: irions attaquer Orange dans le temps qu'il paroîtroit une flotte de France du côté de:. Manathe. L'on fit donc tous les prépara- » gifs neceflaire: pour les premiers mouve. . \ | G Maximes des Iroguors. ‘293 mens qui fe feroient de l’ordre de la Cour; L'on acheta pour cer effer rous les canots d’écorce qui fe trouverent dans le gouver- nement de Moncreal & des trois Rivieres. + Jofeph , Chef des Sokoxis qui fonc parmi nous , enieva un Anglois auquel il fut contraint de cafler la tête , pour tous les cris qu'il fit, qui auroient pù donner Fallarme ,il fit rencontre d’une bande de. Sauvages Eoups. Aprés deux jours de conference qu'ils eurent enfembie , ceux- ci le chargerent de dire au Comte de Fron- tenac que s'ils n'aprehendoient pas avec . fujet fon indignation & le châtiment que _ meritoit un coup qu'ils-avoient fait à fainc François: fur nous, ils viendroient fe re- mettre dans leur premiere habitation. H le renvoya les aflurer de fa part, que pourvû qu'ils vouluflent être fages, & amener leurs fermes & leurs. enfans, il les recevroit encore, Ces gens ci.étoient bien établis aux trois Rivieres ;-c'étoient de figrands ivrognes qu'aprés s'être beau- coup endettez avecleurs Marchands qu'ils: ne pouvoient plus payer, ils fe refugie- rent fur les terres dés Anglois. - L'on amena une Iroquoife qui avoit été prife proche de Corlard,.& il revint en même temps un ouerrier du Saut qu* séxoit feparé de fon parti pour favoir ee | Le 3 Qc Æ£ HÆifloire des Moœnrs | qui fe pañloit chez les Aniez ; il leur fie acroire quil avoit quitté nos interêts pour venir demeurer chez eux : il ne vous luc jamais aller à Orange quelques inftan- ces que les Flamands lui fiflent, Aprés qu'il eut apris affez de particularitez , il trouva le moyen de revenir à Montreal. Theganiflorens , confiderable d'Onnonta- gué , l’aflura que les Iroquois étoient fur le point de faire une dépuration generale: : de la part des cinq Nations pour conclure la Paix avec nous ; que , fur ce qu’un mi- niftre Anglois qui étoit chez les Aniez leur avoit reproché qu'ils la négocioient fans læ participation du gouverneur d'Orange , ces Sauvages avoient répondu qu'ils imi- toient en cela les Anglois qui avoient fait: Ja même chofe. Les Chefs des Aniez qui étoient las de: Ja guerre ne fçavoient, Madame , com- ment faire favoir au Comte de Frontenac l'envie qu’ils avoient de fe détacher des Anglois. Ils prierent en même temps ce. guerrier de fe charger de leur part d’an Collier qu’ils envoyoient à leurs freres les Iroquois du Saut. Ce Collier leur témoi- gnoit qu’ils avoient réfolu de venir de- meurer avec eux , qu'ils fiflent donc en: forte de le faire agréer au Comte de Fron- genac , mais que cela fe Gt en fecrer., de: - { Maximes des Irequois. 295$ crainte que les Anglois ne vinffent à la traverfe les en empêcher. L’Iroquoife ra- porta aufli que trente Hurons de Michili. makinak éroient venus à Orange , auf- quels le Gouverneur avoit donné des ter. _#és pour faire un Village. … | Aubert de Millevaches Canadien , reve- nant de Bayone à Quebec, prit un petit bâtiment Anglois qui fut vendu huit mille livres, que De Mui Capitaine arriva de Plaifance avec une partie du détachement d'habirans & de foldats qui avoient été envoyez l'année paflée pour l'expedirion, de Saint Jean en l'ifle de Terre-neuve. Les Onneyouts qui avoient une forte pafñion de faire la Paix avec nous, dé- puterent Otaxefté un de leurs Chefs, pour aflurer le Comte de Frontenac qu'ils fe préparoient tout de bon à venir s'établir parmi les François , & qu'ils envoyoient d'avance un jeune efclave François. Ce Chef étant de retour chez fa nation, les Onnontaguez furenten peine d’aprendre la reception qui lui avoit été faite. Ota. _ xefté leur en rendit compte lui-même , ils, rélolurent fur cet aveu d'envoyer deux Confiderables , pour aporter des Colliers au nom de toutes les nations. Il arriva un éontre-temps qui donna un rude échec à çe premier projet. L'Iroquois ef fi porté Ed 296 FHiffoire dés Maænrs à la vengeance, que rien au monde n& peut étouffer fon reffentiment , qu'il n’aic' auparavant lavé fes mains dans le fang de: quelqu'un. L'envoi de ces Colliers fur de- tourné par la broüillerié de quelques jeu nes gens qui vouloient vanger la mort! d'un -Confiderable- de leur Nation , tué par un de nos-partis 85 de fix’autres par! lès Algonkins, | : UE Les Anciens jugerent à propos de ren- Voyer en attendant Otaxefté avec trois! 4 Colliers. Le premier marquoit la caufe du retardement des Ambafladeurs. Ils difoient pär le‘fecond, qu'ils gemifloient depuis ces deux conps qi avoient été faits fur eux ;‘ mais qu'ils ne perdoient: pourtant pas courage, & que le fac des: Colliers &des provifrons deleurs députez: étoient encore fur leur natte pour venir. | Ils demandoient par le tioiliéme, s'ils feroient Bien recûs, &'qu’on leur fit ré ponfe par trois Onneyouts du Saut, qui eccompagnoient Oraxefté, qu'ils ont fuf- pendu le dépait des autres , jufqu'a ce’ qu’ils fachent la volonté d'Onontio, afin que les Ambaffadeurs des quatre autres: Nations puifflent décendre avec eux. Ils, prierent aufli les Jéfuices, par un" quatriéme Collier, de prier Dieu pourle M faccez de la Paix, -& de ménager pour cé à , — nr : Mains des Jroguois. . 207 éffet les bonnes graces du Comte de Frôntenac. | Tout cel# écoit parfairement bon : l'on: étoit d'ailleurs fi accoûtumeé de recevoir tous ces Colliers, qui marquoient tant d’ empreflemenr pour une ferme & folide Paix ,: que l’on crût bien que ce n'étoit éhcore- que desamufemens. Les Anglois venoient toüjouts: à la traverfe pour la troubler, Ils envoyerent aux Iroquois un: grand Collier pour les affurer qu'ils fai. _ foient plus que jamais des préparatifs , pour nous faire la guerre. Un Sauvage qui toit venu avec Otaxelté ne croyoit pas que l’on pût écouter fort favorablement _ée Collier. Enfin le Comte de Frontenac leur renvoya trois Onneyouts comme ils Pavoient fouhaité , avec un feul Collier , qui leur dit qu'ils pouvoient venir, pour- | vû que ce fut au plus tard à la fin de Sep- tembre,en executant au préalable ce qu'il leur avoic ordonné de faire lorfqu’ils vou. droient traiter véritablement de la Paix. Les Iroquois du Saur envoyerent aufli Couchecouchetouëhà porter aux Aniez la réponfe du Collier fecrec qu'ils avoient reçu ; ils leur dirent par le leür qu'ils fe- roient les bien venus s'ils vouloient s’é- tablir parmi les François, mais qu'il fals Joir que ce fut dans’ peu. sé ; Éliaire aù eut ne Les froquois cherchoient en attendant M du d’ apaifer le fang de leurs Ca- * sarades , qui avoient é£é. tuêz dans ces 4 deux partis. dont je viens de parler. Ils en L. envoyerent pour cet effet qui firent coup | à la Prairie de la Madeleine , ils y tuerent! ün homme ils enleverént les chevelures … de deux atrtes ‘dont Pan vicencoré. Ces lüi. ci fe vengea Bien de fa bleflure, sayant tué dans le moment deux Iroquois, dont! il enléva paï droit des reprefailles les che- . velures, Il y eut de grands cdubléé chez les Outaouaks', il fembloit, Madame , que toutes les Nations de ces quartiers vou loient fe faire la guerre aux uns & aux’ autres, Les Sioux avoient fait deux coups fur les Miamis, & ceux-ci furent attaquez par les Sauteurs, Le Baron Huron de Mi+ chilimakinar ,: qui n’eft pas de la: famille des Safhatherts avoit abandonne nos in terêts ,il s ‘établir chez les Miamis avec trois ou quatre Familles, &'ne cefloit d'a voir des liaifons avec Les Iroquois. Perrot , dont j'ai beaucoup parlé d rail: cure qui étoit fort connu de toutes Îles’ Nations ‘ fat pillé par les Miamis, & auroit même été brûlé files Outagamis , -où Renards,:ne s’y étoient opofez. Nous ne laiflämes pas d'avoir toujours pour amis: * © aximes des 1 rogMois: &55 les Poureouatemis,les Saxis,& les Hurons, qui tuerent en cinq à fix mois dé temps ‘plus de cent Guerriers Tfonnontouans, . Le dernier coup qui fut fair par le. Rat, Chef Huron fut fur Le lac Herier, où cine quante- cinq Iroquois furent taillez en pie- ces, aprés un combat de plus de deux heu- ‘res: ti {e battirent dans des canots d’écor- ce à coups de fléches de fil, & de ha: ghes d'aimes: - * : ! Cette défaire RAS LOutes. Le mefa- ges que le Baron avoit prifes avec ces mé- ‘mes Iroquois 1 pour dérrnire entierement les Miamis. Le Rat ne manqua pas aprés | Je combat de donner avis aux Miamis di fe tenir fur léur garde, ê de fe méfier du ‘Baron qu ‘ils devoient regaidér comme uf ‘ennemi domeftique. Enfin toutes ces Na tions Outaouarfes qui étoient décenduës exprés pour voir le Comte de Frontenac, ‘eurent une Audiance publique. La pre- miere Nation « qui commença à lui ouvrir fon cœuf, furent les Kifgakons, dont le Chef porta la parole en Ces termes. Longecamp Chef des Kiskakons, Notre. Pere ! Nous fommes venus vous rendre vilite , nous avons de la joye de ‘vous voir en bonne fanré à l’âge où vous êtes de foixance! & quatorze ans. Qu'ont Ann les pensé ass terres dis ils pou gèo | prifir des Mrs. ont tuez? Ils fe font trompez en faifane À Coup fur nousr Je fuis choifi de vos qua- £re Nations pour vous-le reprefenter. Je pañle certe affaire fous filence pour vous dire, mon Pere, que le Miami a pil- le Perrot, qu'il vous a méprifé. J'entre dans les fentimens que vous pourriez avoir fur ce fujer ; & puifque le Miami fait l’in- folent, nôtre Village pourra broüiller la terre. AF égard du Renard ilen a.bien ufé. de : ! 4 4 Les enfans viennent devant leur Pere . pour favoir fa volonté. Nous fommes dans la crainte aujourd hui que les Mia- mis qui fe vantent de favoir faire la pou- dre & les armes, ne viennent renverfer nos cabanes, en introduifant l’Anglois chez eux, comme quelques-uns avoient ‘déja efayé de faire fi nous n’euffions rom- pu leurs projets par le coup que vos en- ‘fans viennent de faire dans Je lac Herier {url Iroquois. C'eft à vous à déliberer éc à nous dire vôtre penfée fur ce que je vous . reprefente maintenant. ‘ Autrefois, notre Pere, vous nous four- niffiez la poudre : & le fer pour vaincre n0$ ennemis , mais tout nous manque aujour- d’hui, & nous avons été contraints d’a- Dandonaet nos Corps, ( il vouloit dire fe _battre à coups de mains ) pour battre ceux 4 nous venons de détruire. Ils. ont la poude & en ut TRS: we 1 | & Maximes F1 Lroguois. 0x poudre & le fer , comment pourrons mous nous foûtenir ; ayez donc pitié de nous, & confderez qu'il n'eft pas aifé ‘de tuër des hommes avec du bois ( c’eft- à dire le cafe tête, } Vous avez des en- fans rebelles, nôtre Pere, voila le Sau- £eur quia re le caffe. cère contre le Mia- mi, & il va le tuër. S'il s'en venge, pou- de. nous nous difpenfer d'entrer dans cette vengeance ? Dites-nous ce que nous devons ie 2 Nous ne fommes point ici en traite , mais pour écouter votre parole: nous n En plus de Caftors, vous nous voyez tous nuds, prenez pitié ‘de nous , il eft tard, la faifon nous prefle, nos femmes | | & nos enfans pourroient être.en peine [x nous tardions plus long-temps ; & ainf dites-nous votre penfée afin que nous par tions demain, Ce Chef ne fit point fon difcours f jufte qu 1 n'obmit quelques particularitez dont les Sauvages étoient convenus entr’eux. Oünanguicé Chef des Poureouatemis re- prit la parole, Onnanguicé, Chef des Pan Puifque nous manquons de poudre, de fer, & de toutes les autres neceflirez que ‘sde nous envoyiez autrefois chez nous, comment voulez-vous que nous faffions, notre Pere » la pléparr de nos femmes Tome III, L go2 Hiffoire des Meur . qui n’ont qu’un Caftor ou deux , les es voiront-elles à Montreal pour avoir leurs petites neceflitez . ? en chargeront-elles des ivrognes qui les boiront &ne leur porteront rien ? Ainfi n'ayant dans notre païs aucune des chofes qui nous font ne- ceflaires , & dont vous nous aviez promis l'année pallée , que nous ne manquerions k: point; & en nous envoyant des François _ qui né font pourtant pas ventis nous voir, vous ne nous verrez plus, mon Pere , je vous le dis, fi les Françoïs nous quitténr, | voilà la derniere fois que nous viendroné vous parier. Nous avions oublié à vous demander ce que vous founaitiez que nous fiffions à l'égard de la mort de la Fourche, C'eft un Confiderable tué par les Kanças’, | Nation fort éloignée , nous ne voulons rien refoudre fans favoir votre volonté, “Je vous avouë, Madame, que tout le monde fut bien furpris du difcours d'Oit- nanguicé. L'on ne fçûr que dire de la fer- neté avec laquelle il parla. Que d'incon- yeniens feroienf arrivez en Canada, fi ce Chef eut quitté nos incerêts : ilauroit en- | graîné avec Jui bien d’autres Alliez , la. perte entiere du commerce n eut pas été | Je feul mal que l’on. eut à craindre ; le, païs en aufoit beaucoup foufFert , puifqueh le Caftor en fait toure la richefe. Les! | À Maximes des Troyhois ; 104 färnifons que l’on auroit pû laiffer dans les diffèrens poftes de ces Nations autoient _coufu rifque tous les jours d'être égorgez par ces Nations brutales. Les Comman- däns n’auroient eû aucine autorité lors qu'ils auroient voulu rafflembler dans Les occafñons les Voyageurs , qui joint aux - foldats imprimoient de La crainte & du réfpect aux Sauvages. Les ennemis fur tout auroient. pioiité de ce refroidiffement , & d’amis que tous ces gens - ci nous font, ils auroient travaillé eux-mêmes à nous détruire pat les courfes continuelles qu’ils auroient faites de toutes parts far nous. Qui auroit pû empêcher encore nos coureurs de bois, qui fe voyant privez du commerce fe fe: roient échapez chez les Anolois, où ils dvoient porté leurs pelleteries. + * Getre Audience finit par ke Chef des Renards , qui ne dit qu'un mot. Er AL akkathemangois Chef des Renards. Que dirai-je 4 mon Perc? Je fuis ven le voir tout nud , je ne puis lui donner | aucun fecours ; le Siou me lie les bras, je l'ai tué , parce qu ‘il a commence. Ne ‘m'en fachez pas mauvais gré , mon Pere, je ne fuis venu ici que pour vous écouter & executer votre volonté. _Ee Comte de Frontenac les fit tous af. CMS UE 304 - Hiffoire des. " ŒUrS fembler jé vingt HOME & leur 7 de là fortes 250 430 Le Comte de Frontenat aux à ape cuis . Un Pere aime fes enfans , & il ett bien: aile de les voir, Vous me faites plaifir de: vous réjoiiir de ma fanté à l’âge où je fuis, vous voyez que j aime la guerre ; dla Gaia pagne que j'ai faire l’année pailée aux Iro- quois en eft une preuve, Je fuis bien-aife de vous repeter que j'aime mes enfans., & que je me FF pie de les revoir au- | jourd’hui. À : Les gens des terres n'ont point d'efprie d'avoir! tué ceux de votre village; mais . vous ne me dites point précifement qu'el- le eft la Nation qui a fair ce méchant coup. En attendant que j'en fois informé, ne gâtez poingle chemin qui vient de Mi- chilimakinak à Montreal , la riviere eft belle, lailfez-là en état , & ne la rougiffez point, à. e fai que le Miami a été tué-par les Sioux’, & qu'enfuite il a perdu lefprit ; EUR n'a pas voulu écouter le confeil qu’on lai a donné à Michilimakinak , il auroic bien À fait de l'avoir écouté , il n’auroit pas été tué comme il l’a été. Il a pillé Perrot , 4 eft vrai, j'en cirerai fatisfaction ; mais | vous autres gens de Michilimaginag qui # ne faites qu'un même feu A os poine É t @ Maximes des froquois. og la penfée de broüiller la terre. Tournez feulement vôtre cafle-tête fur le païs de: Flroquois., vous voyez qu’il ya des Chefs & des foldats François chez les Miamis, cela pourroit faire de méchantes affèires 3 vous vivez paifñiblement dans vos cabanes, vos- femmes & vos enfans vont dans vos déferts fans crainte & fans danger. Si vous‘rougiflez la terre du Miami , vous rifquerez de voir enlever fouvent les che- velures à vos femmes & à vos enfans. Ecoutez bien ma parole : & puis qu'ilne fait qu'un-feu-avee vous, empèchez-le de broüiller la terre de ce coté là. ï -_ Je fuis content du coùp que vous avez fait fur les Iroquois, vous autres quatre #ations Outaouakfes : vous aufli Pou ‘teouatemis & Hurons ;: voila qui eft bien. que de fraper. de même Firoquois ; c’eft de ce côté là que toutes les Nations doi- vent jecter leurs corps, J'empêcherai bien- que l'Anglois n'aporte du fecours aux: Miamis : quand bien même le Miami au- roit le deffkin de l'y apeller ;: mais je fai que le Miami n'en étoit pas informé. C’é toit le Baron & Quarante Sols qui avoient engagé l'Iroquois d aller manger le Mianvë & d'aller enfuite fe promener dans vos: deferts ; je ferai informé bien-tôt de cette: affaire. Je vous ai fait fournir tobjours læ de \ %e 306 HS Hiffoire des Moœurs poudre & le fer. Je fuis encore dans le même refolution ; mais de grandes raifons m’empêchent d'envoyer dans vôtre païs cette année ma jeunefle , en aufli grand nombre que je ferois, fans les grands def {eins que j'ai formez contre mes ennemis & les votres. Je ne puis pas vous ouvrir mon cœur maintenant fur les entreprifes que j'ai refolu de faire lorfque les feuilles feront rouges, * vous pourrez peut-être les aprendre. Jetravaille coûjours à dé” truire l'Iroquois ; & je médite fa perte, & bien-tôt vous trouverez la terre unie de ce coté-laà. À l'égard des chats qui vous font he 4 ceffaires & à vos femmes , je vous en fe. rai bien: tôt porter ; mais comme je fuis refolu de ne penfer qu’à la guerre contre Tiroquois , je retiens ma jeunefle parce que j'en ai befoin. Lors qu'elle fera de retour elle ira voir vôtre Village, & je vous y ferai apporter ce qui vous fera neceflaire. | HAE Il faut encore laiffer repofer la Fourche. Je vous ai déja dit que c’étoit moi qui le voulois venger. Je vous bouche le che- min, parce que c’eft moi & ma jeuneflé qui ira voir fes os. Vengez {a morr en attendant contre l'Iroquois. 4 C'eft l'Automn® Maximes des I Hobbs. 307 L. _ Aux RENARDS. Gi: Je parle à vous maintenant Renards. Votre jeunefle n’a point d’efprit , vous a- vez le cœur mal fait, mais le mien com mençoit de l'être davantage. Si vous n'é- tiez point venus pour écouter ma parolé & faire ma volonté, j'étois refolu d'envo- er une partie de ma jeunefle de Michili- _makinak pour aller voir votre Village, cela auroit été fâcheux , var fans douré vos femmes & vos enfans en auroient eù peur. } efpere que vous aurez de l’elprit maintenant , & que vous fumerez paif- blement dans le même Calumet avec les _ François qui vous iront voir. | Je fuis content de vous, ( gens de Mi- chilimakinak ) ufez-en Bien à l égard du Commandant que je vous envoye , c'eft Jui qui vous dira ma penfée ; il la fait, faites ce qu'il vous dira. Je ne veux point que vous vous en re. tourniez tout nuds, comme vous auriez peut-être fait fi vous n'êtiez venu me voir , je ferai l’année prochaine à Mont- real lorfque vous décendrez, & vous n'au- rez pas la peine de venit de f loin, Voila: des fufils que je vous donne, de la poudre & des balles , Faites-en un bon ufage ; ce _ n’eft point pour tuër vos Alliez, ce n'eft point pour tuëér du bœuf n'y du chevreuil; / y 308. | Hiffoire des M Gurs | mais c'eft pour tuër l’Iroquois qui maté È que bien plus quevous de poudre & de: fer. Souvenez - vous qu'il n'y a que là | guerre qui fait diftinguer les veritables : hommes , & c’eft la guerre qui fair que “je vous connois aujourd’ hui par vôtre noms rien ne me réjoüirtant que de voir le vi- . fage d’ün guerrier. Voila ce que je vous donne , vous prones partir quand vous voudrez. re \ | | Le Comte de Éroncensé lue ayant faie « diftribuer aufli-tôt ces prefens , il ajoûta, On ne*porteta plus de poudre & defec à rt les Sioux , & fi ma jeuneffe yen por » , je les châtiérai leverement. Il fe fe : enÉe apporter deux couvertures , deux : Colliers, & quelques autres prefens pous les parens de deux Chefs tuez par les Iro- oi . & dit i | Kourakininn Te ramalfe tes os dans cette couverture : afin qu ils fe confervent chaudement, ju ques àce que fa Nation l'airvengés P [NA © Ne A TA | Je pleure ta mort. Voilà ce que je à doûne pour efluyer Les larmes de tes pa- M 4 7 | é Maximes des PE: 309 vens , afin qu'ils prennent foin de te | venger. Les deux Cite fe déVoient pendre dans la cabane des Morts, & y demeurer jufqu’a ce que cerre vengeance fut achevée. Le Comte de Frontenac envoya enfuite d Argenteuil avec un détachement de Sol: . dats qui devoient monter à Michilimaki- _ nax & aux Miamis. De Vincennes devoié | commandér dans ce dernier pote. De Tonti Capitaine reformé, frere du Cheva- lier qui a coûjours accompagné feu, Mr. dé la Sale dans tous fes voyages du Miffi. _fipi, fe renoit tout prêt pour montér à | Michilimakinak , où il alloit commander dans le temps que l’on aprit que les Abe- naguis failoient la guerre aux Anglois plus que jamais. : Ils envoyerent à Quebec plufeurs chez velures, & ils firent brûler un Anglois : : ce qu ils n'avoient jamais pratiqué, pour effacer la mort d’un de leurs Chefs qu a- voit été tué, Le Collier que les Satvages du Sauë avoient cpvoyé aux Aniez pour réponfe à celui qu’ils avoient reeû fous terre , n'eût point l'effet dont ils s’étoient ftez. Cou checouchetouëha qui s’en étoit chargé ra- | porta que le Qu Confiderable des Aniez avoit nié qu'ils euflent dit par leur Collier it. Hlifoiré des Meurs nes qu'ils vouloient s’habicuër avé nous 3 qu'ils avoient feulement demandé à pare FA | ler de Paix, & qu'ils verroïient ce qu ils auroient à Fee. lors qu elle {eroit cons cluë , voulant lui. même propofer 1 un ac- | ‘4 commodement. . Cette année s’eft plurés palée en pro- jets qu’en execution, & file rémps avoit pü permertte de faire quelque entréprife de confequence , celte de Manathe auroit été bien plus utile au Canada que de Ba- fon, Les chemins par lefquèls il faloit paifer , les cruelles fatigues que l'on fouf- fre au travers des bois impratiquables ; font fouvent manquer un deflein qui pa- fOit quelquefois ailé à entreprendre. Vous à: voulez bien que je finifle certe lettre en vous affurant que je fuis avec beaucoup de sc UNE tr “ F ‘rie Vôtre trés-humble ,:&é ) \ Fin du troifième Tomes Re 7 À % «h ‘4 À 1: 1408 4 TABL E LETTRES | CONZENUES DANS CE Ur TOME cut Fes si LETTRE. VUjets des premieres Guerres 1772 ur Troquois. se Jnteret des Peuples dt Canada avec. les Ps François. ei Arrivée de Mr le Comte de Hesse de France en Canaia ; avec Anriobag de grand Chef des Jroquois. Les Ornonsomans veulent faire la Pa: % avec les Irogois. D déclare ia Guerre aux Anglois Le da Nouvelle Araléere & T la Non- velle ya | me done aies far favoir à fa Nation guatre DH qu L2 #4 de rétention | Canada. | ; Gagriegoton Ambafadeur I roquois aporte des Colliers. ie 4 Prife de Port Royal dans Lacadie par L. les Anglois. 4 Converfatron. particulier de M r dé ro 1 tenac avec Auriontés 4 Les Iroquoïs fent an grand defirdre vis- % - a-vis de ZA ontreal: pe S Le Chevalier Guillaie Fhips afege 4 Quebec avec toutes les SA de la Non- velle Angleterre. Îl'en leve le Siege avec | honte. | | Ah 55 1 TI. LETTRE. Fast Auus le Canada. | L. Déparez de-la part des Abenaguis di La À cadie am Corte de Frontenac ; qi. s'ens À gagent a vue guerre érreconci/sable con = tre les Angloss. ut "1 Quarante 1 Efpions Iroquoss PérabliQenr A5 È Sant pour favoir les MOUVEMENS des | François. ARS 4 Loñis Areriata Jroguois du Sant, Filleul # du Roi, reçoit #n Collier de la part des | Iroguois. 4 Corsbat fort opiniatré dans la Prairie ie de) $ ps M1: 7 Ve ÿ { * ; ue A * es ë FA, 2e 4 ad S _ . DES ÉEBTTRES. , da Magdeleine contre les Anglois , les … Jroquois >; O-les Lonps. De V'allerenne Capitaine d'une Compagnie © dan, détachement de la Marine ; taille en pieces les ennemis. ÆEa Borel Capitaine réformé , porte aux Ontaonaks les prefens du Ror. + 114% a LBMDE QE. (1 Frraption des Iroquois entre la riviere de Rachelien © le Fort des V'ercheres. AV ademoifelle des Vercheres empêche que des Froquois ne prennent ce Fort ; © plu- fienrs autres. à Monfieur le Chevalier de Crigaf va à fên fécours à la tête de cent foidats. Combat contre les Iroquois > resvanchez parmi des Rocherss ; Gategaronies chef d'un parts confiderable d'Eroqnois ; eff défait proche le Fort de _ Frontenac. , Déronte de la Chandiere Noire chef d'un Parts de deux cens guerriers Iroqnoiss … par le Chevalier. de Vandrenil. Æe Comte de Fronrenac propofe une grande | Chandiere aux Sanvages [ès Allez | ‘ie | 1$ © Tome I, se (6 TAB Æ me ph LETTRE, ee 2 us cens Jrognois Ru rs ct ‘dan le gouvernement de }Aontreal. | Prife de trois Forts des Aniez; dañs s 1) quels on fait trois cens prifènm > la = plufpart guerriers, 6h | Le Canada cf menacé de toutes parts, | ATrIVÉe de denx cens canots Onraonaks » qui viennent faire la traite de len#sl Pelleterres.. 1 Les Abenaqnis de Lie ont de. grandsi dE avec les Anglois. 165} RE RMBRNE Grands projets dela part des ble: 2 des François. Amballade de la part des Abenaguis d’ Ad . mirkangan de Lacadie » 6 ah. Comte de. Fronter ac. : Les cing Nations Iroquoifès envoyent des) . Dépatez aux Iroquois du Saut de faint Louis de Montreal. Teganiforens Ambafladeur ; accompagné der . dix antres > porte La parole. de Ja park des. cg Nations Iroquoifes. ï Préjugé mal fondé des Outaonaks ; farce 4 4 #3 ad is que l'on Jar la Paix avech cn Le * j* Cà 4 D. ES. LEST F _RSE S: les Jroquois ; fans les y onipénd à Arrivée dm Pere Mier Tefures Eftlave chez les Iroguois » gui prefente un Col- FU lier au Comte de Frontenac de la part des roquois Catholiques. ©: "193. F. VIE LET TRE. À ee. grande abondance des nèges arrete d'aller attaquer la Nation des Onnon- taguex, © des Anex. Lontign: part à la tête de trois Cens bomz mes > pour farprendre. les. Iroquois dans leur partie de chafle. Qéatre Iroquois font brôlez à Montreal. Le Commandant Anglois de Pemkuit fait _ affafiner des Chefs Abenagnis , qui com- mercent de bonne foi au pied de fon Fort. Grand defordre chex les Onraouaks ; qui reçoivent les Dépurez des cinq Nations . Aroquoifes pour faire la Paix. Onaské Chef Ontaonakg mer en dérañte les | Îroquois. | Æc Comte de Frontenac part à l'âge de foi- xante Ê quatorze ans avec nn corps d'ar- mée ; pour attaquer les Onnontaguez. ALTER de cetre C smpagne: "at 4 Vi ES 7 YIIL. LETTRE | La difirre empêche le Comte de EU | d'envoyer des Partis sé à iderables conx | tre les Iroqgnois. Grandé des-union chez les: Chats. | Quebec ef MENACE, Les cinq Nations Iroguoifes déliberers S'ils feront nne dépuration generale e a Comte de Frontenac: ‘ Les Anglois envoyent un grand Collie? ane Iroquors , pour les détourner de la Paix. 4 Arrivée d'Or:xefté » Ambaffadeur des” di Onneyonts. Audience ee donnée aps Ouraouaks. 283: Fin de la Table du II, Fome:. * LL PNTIRE D LTANS Pr) ; ès Mens 2 ee Dr La AT n ne