UR YEAN, \ ‘ PY HISTOIRE LTAMERIQUE SEPTENTRIONALE. QUI CONTIENT L’Hiftoire des Iroquois , leurs Mceurs , leurs Maximes , leurs Coutumes , leur Gouver- | nement , leurs Interéts avec les Anglois leurs Alliés , tous les mouvemens de guerre depuis 1689. jufqu’en 1701. leurs Négociations , Jeurs Ambafflades pour la Paix generale avec les Francois , & les Peuples Alliés de la Nouvelle France. Par Mr. vp: LA PoTHERIE, TOME III. Enrichie de Figures. ++ A PARIS, Quay des Auguttins , Chez NYON Fils , a l’Occafion. Ca cl: M. DCG. LIIIL. Av Approbation &§ Privilege du Roy. O p30 PREFACE ites Uand on parle en France haw des Iroquois l'on s ‘imagine - fe que ce fort des Barbares PETKSES tolijours avides du fang humain : Erreur. Le caraétere que je veux donner de cette Nation, ficon~ - formeace quelle eft en cfer, eft bien different des préjugez que Von s’en forme : Ceftla Nation fa plus fier -& Ja plus redoutable de 1 Ametique Septentrionale ; Nation en méme temps la plus politique & la plas ja- dicienfe que fon puifle connoitre. En éfet , clle a affuire avec les Fran- _ Gois, les Anglois , & prefque tous les -peuples de ce vafte continent. Les Anglois font trop heureux de _ rechercher Teor amitic , ‘les Troquois | Anwet {ll PRE F AS en font convaincus par tous les pres ~ fens que le General de la Nouvel: - Ye Angleterre envoye fouvent aux grands Chefs de guerre de cette Na- tion pour entretenir une alliance con- ftante ; ménagement qui feul lesem=- peche de fe feparer d’eux lors que nous avons et la guerre avec [An- gleterre , car ils font ¢galement at=. tentifs a ce que les Frangois ne dé- truifent pas abfolument les Anglois, — & que les premiers ne foient pas dé- trults par ceux-cl. ee A notre égard nous les eftimons: _ pour leur valeur, & ce font des peu- ples vericablement braves, nos Alliez méme fe trouvent dans de rerribles embarras lors que les Iroquoi cher- chenr a fufcicer des fujets de guerre. On verra dans cet Ouvrage leurs Meeurs & leurs Maximes 5 jai cru ccre obligé d’abord de faire connoitre par Jace que cétoit que ces cing Nations Troquoifes. Je me fuis fervi de la me- ‘thode Epiftolaire pour developer an- ner ess. Sy eae - nées par années tous les mouvemens: de Ja detniere guerre qu'il y a ett en- . ie - geo * Denies : - reux & nous 5 & Nos Altiez. Lion - vy verra point ce qui s‘eft va & fe -oid dans l'Europe , des Batailles fem- . lables de Flerus , de Stinkerque .de ~ Nervvinde, de Stafarde , de Malpla- yer & d'Henin, ot tant de millers hommes ont répandu Jeur fang fur an Champ de Bataille. Cette Nation | eft trés-peu nombreule, elle ne laifle pas ce neanmoins d'inquieter & de harceler toure !Amerique Septen- trionalle. Je rapporte generalement tous les _ fiits de guerre de part & d’autre, jy - Antroduits tous nos Alliez , fy fairs connoitre les interéts des uns & des. autres, leur Genie , lear Caractere , & leur Politique. Javoué que je fuis ~ an peu prolixe dans cet Ouvrage ,: ‘Mais tous ces Pourparlers , ces Ha- angues 5 & ces Expreflions méva- -phoriques,, ont quelque chofe de fi fingulier , qu’en matiere de Sauyages a a. PREF AG | mon but eft de faire voir, enlesrapors _ tant, que toutes ces Nations ne-font er ce que l'on en Jj: geen France. Jaicrd d’aillcurs qu’en diminuant — _cet Ouvrage pluficurs Offi iers du _ Canada auroient lieu de fe plaind:e de moi de les avoir mis en oubli. La guerre que nous avons evé avec cette terrible Nation eft trop cruelle ‘pour ne pas citer jalques au dernier — Subalterne & Habitant meme qui y ont eu part. Il eft jufte de tran{met- tre a la pofterite ce quils ont tous fait & fotitena pour la gloire du Roi. Je {cai quan Auteur qui m’a préce- —déa penfé & écrit autrement que — moi far le Canada , mais je n’ai rien - jci A dire autre chofe fur fon chapi- tre , finon que pour mot jai fait une efpece de veeu de ne penfer ny de. ‘nécrire que conformement a Ja ve- rite & Ma juftice , die au moindre des hommes. | 7 ET EXPRESSIONS D ES § A UVAGE S: Park @ A Blache eft ke fi rer! de 4 ai la Guerre. | paces Lier la Hache de Guerre hoe oe faire fufpenje ion Varmes. Affi la Hache ,ceft vouloir com- co une Guerre. | fetter la Hlache dans le plus pro- fond de la terre, ceft ne plus en~ tenare parler de Guerre. Repécher la Hache dune Riviere. Ceft recommencer la Guerre. | Oter la Hache , cet faire cefler les attaques Cn les hoffitirer, de la Guerre. fetter la Hache au Ciel scelt faire a une Guerre ouverte. A 3 » Termes & Expreffions Baiffer la Hache , ceft faire ceffa- tion @armes. ae | Reprendre la Flache , ceft recom- ppencer Id. GUA EG aa, Attacher la Hache a la porte, ceft faire un défi. | eu Yn mort gui cowvre un mort , eft la vengeance que lon a faste pour . le mort. 3 ams | — Laiffer repofer un homme mort , c eft aiferer de venger fa mort. . Courvrir un mort ,ceft lu rendre les dernters honneurs par léloge que Pon fait de fes belles actions. "Aller voir les os dun homme mort, — ceft chercher les occaftons de Ven~ — ger fa mort. hee ae Fumer’ paifiblement dans le meme Calumet avec une Nation , ce _ étre dans une parfaite union. — Fumer le Soleil , ceft lui faire un — ~ = my OS acrifice. = te laa, “Attacher le Soleil , ceft faire la PAs. ie ne Rattacher le Soleil, ceft refawre une Paix folide. des a : Faire un mime Feu ,ceft etre du- — . ne méme Nation. — | % Boucher le Chemin dun leu aun autre , Ceft rompre les deffeims Er oles mefures de quelqwun, | Deéboucher un Chemin , ceft donner un acheminement an L fuccez d'u- ne Affaire. Applanir le Chemin dun lieu , ‘eft empecher que lon ne falfe des ex- — peditions nsilitasres. Arriver fur la Natte de quelqu’ ity Cet arriver chez, lui. Une Natte teimte de fang . eft avoir en des perfonnes tuecs ala Guerre. Nettoyer une Natte teinte de fang - €eft appaifer la dowlenr que Pon « 4 des perfonnes tu€es a la Guerre. Préparer la Natte pour queiqwun, | hig etre pret de le recevorr bs | Woae fur la Nate Celt josie dune profonde Paix. . | Placer le Feu de Paix endes i nes affaires ; cel chaste 3 iv un Liew ei oo Fermes, Be Expreffions it pour parler d'accommodement ow de Paix. CLE ORY Og Planter [ Arbre de Paix fur la plus haute montagne de la terre ,ceft fatre.la Paix generale Redreffer l Arbre dé Paix$ceft ré- tablir la Patx. Poco Délter quelqwun par un Collier, Ceft procurer la liberté a un Prix * jonnier-de. Guerrero a Envoyer un Collier fous terre , ceft traiter d'une afjatre fecrette , on dans le fecret. Ce Garder le Sac des Colliers fur la Natte , ceft attendre le moment favorable pour déhberer affaires. Envoyer porter un Collier, ceft ens voyer quelqu'un pour parler daf- faires , ow de Paix. — | Aiott ss Se Un Collier ceft un Porte-paroles ow un Contract , guia la meme vertu que celui que Lon ferort par devant N/otatre. er ae Propofer une Chaudtere , ¢eft propos fer une entreprife militaire. .- des Sauvages. Metre: x la Chaudsere , c’eft briler , ~— un homme. | Faire Chaudiere ,ceft vivre snfina ble de bonne union. ~~ ! : Rompre la C haudiere, ¢ eft fe broil | ler tout a fait, Tirer un homme de la Chaudiere. eft lut donner la we. e IN’ waa pas affatre, ceft wétre pas au far dune affaire , ou ne pas comprendre ce que ton dit ; ow ce que lon veut dire. Garder de méchantes affaires dans fon ventre, eft conferver une ini- matte Bete contre quelqu'un. ‘Les feuilles font rouges » Celt etre dans | Automne. — aya maitre du Fer ,c’eft étre mai- tre de toutes les choles nece|fatres a la Guerre. | Broissller la Terre ,c’eft chercher des querelles cn des fujets de Guerre. — Giter laTerre dun lieu, cet faire | ruption quelque part. — Lever ow tourner le Caffe tere contre une nation,e/t li declarer la guerre. g ‘Termes & Expreffions des Sauvages, » Sufpendre le Caffe-réte , c’eft fufpen- pon darmes. oe as Un Deécouvreur eft un homme qui-- Ua reconnoitre un Parti. Un Coureur de Bots ,c’eft un Cana- 4 den qui parcourt les Nations pour commercer de la Pelleterie. Faire Coup, ceft tuér ou faire quel~ ques prifonnters de Guerre. Manger quelqwun , Ceft le tuéra la Guerre. Caffer une tete, ceft tuer un homme ala Guerre. — Enlever une Chevelure , eft par le moyen dun couteau faire tout le tour dela téie , ¢o emporter en me- me temps la peau Cm les cheveux. — Se Matacher le vifage,ceft fe peins dre Te: usfade.. © \ 22) Ay ee Botre du Boutllon de quelqu'un ,ceft bruler un Prifonnier de Guerre. Envoyer prier quelqv'un de venir boire du Bousllon dun homme, ceft prier de venir le bruler , ow de le vow Graler, 9 | Attacher un homme au Poteau, ceft le bruler. ee H 1 s T O R E DES ONE a ee © DES GUERRES DES IROQUOIS, Be FAT TRE LA NOUVELLE FRANCE, ET SES ALLIEZ LETTRE PREMIERE, fall ONSEIGNEOR , === = A droig gue vous avez fur la — Nourelle France pat yotre miniftere yang 2 FHiiftoire des Afeurs ae donne lieu de vous parler des Iroquois, la plus belliqueufe Nation de toute ’Ame- Tique Septentrionale, je {gai que vous n’é- tes point dans ]’erreur publique dela Fran- ce qui croit que {Iroquois doit étre dé. finiun mangeur de chair humaine, efpe- ce @homme qui dans fon trone d’arbre eft a l'affuct de quelque figure humaine pour le faific & en faire fon repas. Ce ne flit jamais-la le caractere des Iroquois, chacun le verra par cette Defcription que jai !honneur de vous Envoyer ; elle vous eft due , Monfeigneur , par toutes fortes _ d’endroits , fur tout par un titre dont il m'eft glorieux de conferver todjours la memoire, mais qu’un Ameriquain ne {gait as exprimeraflez délicatement pour la- peller par fon nom. Si votre Filleul, mon petit Ameriquain, avoit été en France il vous auroit remis lui-méme cette Lettre, & il auroic anffi prefentré 4 Madame de ~ Maintenon , fa Maraine, PHiftoire de la ‘Nouvelle France. Recevez donc, Mon- -feigneur, s'il vous plait,ce qu’aucun Au- teur , jufqu’a prefent, n’a fait connoitre fidellement a la France, ae Jamais ces peuples n’ont fait plus ecla- ter leur valeur que depuis dix a douze ans, Tes Frangois ont avoiié eux-mémes quils — -€toient nez pour la guerre , & quelques - ~ :? ee : maux ce AL aximes des Iroquois. i. gmaux quiils nous ayent faics nous les a- -wons toujours eftimez. : | _ L’opinion commune eft qu'il n’y a ja-_ “mais eti parmi eux plus de cing Nations, “quoi quils’en foit trouvé une dans la Vir- _ginie qui parloit leur langue, & qui leur _ €toit auparavant inconnue , ils we la dé- couvrirent qu’aprés qu'ils eurent porté la _guerre bien loin hors de leurs limites , 8 ils fe fervirent de la conformité du lan- gage pour les attirer aeux, Ceux qui fonr plus proche des Anglois font les Aniez » avingt lieués de la ob environ( car les Geometres n’ont pas en- core mefuré cette terre ) font les Anne gouts & a deux journées plus loin fone Tes Onontagues » qui ont pour voifins les Goyagouins. : enfin les derniers font les ‘Tfonnontonans , qui font a cent lieués des Anglois. ) ve — Silon ne confideroit que le Ciel, leur climat devroit €rre fort doux, la nége y fond des la fin de Février ; mais faifanr re- ~ flexion fur la fituation du lieu il y fait aulffi froid qu’a Quebec, C’eft un pads monta- gneux, quoi qu'il n’y ait pas de néges au _ Printemps, cependant la terre ne poufle ~poinc , il faut avoiier quil y a quelque difference entre ce pais-la & ceux quifong plus Nord, Ceux qui yoyagent au mois Zome LI, 4 Hiftoire des ineee: de Mai fur le Lac Ontario, autrement® Frontenac , s’appergoivent aifément de cette difference, car la céte du Nord eft nuc & fterile; au lieu que celle du Sud eft — paree awe ds verds , cependant il my ae que deux lieués de Nitkahes de l’una l’au- tre. Les Iroquois ne fement leur bled d'In- de qu’au mois de Mai, il y gele quel que- fois tous les mois de ‘Vannees mais cela n’eft pas ordinaire :lebled y eft eee & les cpics longs. Les Citroiiilles & les Melons d'eau fort fucrez , d'une grofleur extraor- dinaire: ils y ont eit’ de la graine qu ‘ils avotent apporte des Ifles Neuves , & les Melons en font fort otOs, charnus & bien fouges. I] n’y a rien de plus fauvage que ces peu- ples en matiere de Religion : quand on leur demande ce qu’ils entendent quand ils invoquent A griskoué , ou, Tharonkea- cuagon , ilsne donnent aucunes idées di- ftinétes de ce qu'ils penfent. Ils jettent da tabac dans le feu ou dans l’eau en paflane devant une Roche , mais quand on leur demande la raifon pour laquelle ils font cela, ilsne difent que des Fables, ol bien ils répondent que nous n ‘entendons pas Vaffaire ; ils difentauffi que puifque ils nous écoutent fans nous interrompre lors ce nous leur rene de notre e Religion, — & Maximes des Troguoss. ; ~ tions devons auffi les écouter de meme. La crainte du mal ot l’efperance du bien les engagent dans ces pratiques fu- perftitieufes; Ils ont des Sorciers qui font fans fortileges, ce fone pliitdt des Joiieurs de Paffe. paffe. Ils ont des Medecins qu'ils appellent Jongleurs qui n’entendent rien aux maladies internes, mais qui font des ‘Cures admirables pour les playes , avce des herbes ou de l’écorce d’arbres. Sil fe rencontre quelqu’un parmi eux -quine tienne pas l'immortalite de lame, il n’eft pas fuivi, on le laiffe faire , & on le laiffe dire; mais le commun eft dun autre fentiment. Is ont un Paradis qu’ils apellent le Pais des Ames, ils fe le repre- fentent comme un beau pais off tour eft materiel ;& oti les Ames font tevétués de corps , ils croyent qu’elles ne fouffrent point, & que fi ce font les Aines de leurs Efclaves, elles font auffi leurs Efclaves ; mais ils ne reconnoiffent pas de peines pour les crimes. ? | Toutes leurs connoiffances touchant la Creation du monde & l’autre vie ne font que des idées confufes & mélees de fa- bles, dont les Miffionnaires ne laiffent pas de fe fervir pour les inftruire, les éclairer , & leur faire reconnoitre la verité qui s’eft éclipfée parmi eux, ue ) ik Bo 2 .’ 6 - Hiftoire des Mears Pour conferver ce phantéme de Reli- gion ils ont érabli une coicume de s’affem- bler de trois en trois ans,& traitent de plu- fieurs affaires dans ces affemblées , en- tr autres dela Religion ; ils prient le Soleil de leur donner des jours heureux fans dire fi ceft un Dieu, & on_ne remarqne pas qu ils luiatcribuent aucune qualité Divine, Ils réevent beaucoup & l’ondiroit que le Songe feroit leur Dieu. Le Songe n’eftau- — tre chofe, Monfeigneur, a les entendre parler que leur Ame qui fort de leurcorps pendant le fommeil ; mais cette fortie ne fe fait pas pour rotijours. Cette Ame va chercher quelque chofe qui lui foit agrea- ble ; quand elle l’a trouvé elle veut l’a- voit. Quand l'homme penfe a avoir cela , & qu'il ne s’en met pas en peine,l’Ame s‘afflige & elle menace le corps de fortir — pour toujours : c’eft pour cela qu’ils hono- | rent le Songe, & font ce quils peuvent pour le contenter. Ils apellent les Jon- gleurs quand ils font malades afin quils devinent ce que l’'Ame demande ; ils font _jeuner les enfans afin de les faire réver\, & de favoir par la ce que leur Ame de- -mande, fic‘eft un oifean, ou un fruit , _ouune robe, ou un foulier; & quand ils _eroyent avoir rencontré quelque chofe de femblable ils en portent les marques fus Maximes des Ivoguos. 7 le vifage 5 fur leur corps, fur leurs mains, & ils apellent cela mon A giaron » Ou a maitre de la vie, On ne remarque pas — qu ils: offrent rien au Songe en forme de Sacrifice, | 3 Il s’en eft crouve qui ayant Ss ns, dans les bois l’Hiver a la. chafle, ont dit: Toi. quia tout fait donne- moi bie de tes bétes afin que je vive.- Ils ont répondu aux An. | glois qui prétendoient ¢ étre maitre de leur ‘pais, que celui qui avoir fait la terre leur avoit donne ‘ce pais- la. 7 ~~ Ils ont auffi des fuperftitions dahs cer- tains Feftins, Ce font les Vieillards qui da pldpart du temps n’ont rienamanger , ou quelques pareileux qui fe font. Jon- gleurs pour vivre aux dépens d’autrui,, ils font quelquefois ces. Feltins par maniere : de divertiflement, tantét pour fe r régaler | les uns les autres LBliver.; & tantor fous prétexte de Religion. Us font quelques Ceremonies diaboliques pour guerir. les malades , comme font les danfeurs nuds. Tout ie a te introduit chez les Iroquois pat les Hurons ow par les Nations du Sud, que les Iroquois. ont emmenc dans leut are La boiffon & le libertinage y ont mélé plofieurs fortes de fuperftitions. Ce qui me fait dire que les Iroquois font de» -wenus. is Efclaves de leurs Elclaves tou. haa B35 S$ j§. Hiftoive des Afeurs _ chant la Religion, car ils ont pris les fue perititions des autres Nations, n’en ayane que fort peu d’eux-méme: Ona remar- qué que cette Nation avoit plus de difpo- fition au Chriftianifme que les autres... Les Iroquois ont grand foin de leurs ‘morts , foit que leurs gens meurent dans Tes villages, foit qu’ils meurent dans les bois , foit qu’ils foient cuez a la guerre. Les gens de guerre fe jurent une amitié inviolable pour ne s’abandonner jamais. ~ Si ils ont quelqu’un de leurs camarades tuez, ils s’expofent pour enlever le corps & pour lui donner la fepulrure ; & s’lls. ont le loifir ils font les mémes ceremonies que l’on a cotitume de faire dans le Villa- ge. Si ils font morts ala chafle ’Hiver ils attachent le corps a des arbres, envelopé dans leur couverture pour les faire geler , & ils les aportent le Printemps au Villa- e pour les enterrer, Si ils font motts dans i. Village ils obfervent certaines Ceremo- nies. Ce font les femmes qui ont plus de fuperftition que les hommes. Ils metrent dans la foffe d’un mort tour ce qui Jai a fervi pendant la vie & rout ce quils cro- yent lui devoir fervir dans le pais desames, ayant égard au fexe, a la qualité, a lage, en quoi ils fuivent beaucoup le caprice de leur imagination. Ils jettent dehors aus & Maximes des Iroquois. 9 ‘sour de la cabane le bled que le mort au- -roit mangé dans l’année, & ce bled fert la _ ldpart du temps a nourrir leurs cochons. Hs font des Feftins dansle Cimetiere,mais c’eft pliitér pour fe régaler de temps en temps. Les Vieilles font fort fuperttiticu- fes,elles mélent des pleursfeintes,& ils ont — Jeut temps réglé pour ces pleurs. La feny- me dont le mari eft mort demeure cachée dans la cabane , elle eft échevelée & gar-_ de d'autres cofitumes. A prefent le defor- dre de la boiflon & de l'impureté a chan- -gé une paffion dans une autre, a infi l’en- vie de fe marier qui ¢toit fort moderée parmi les Iroquois anciens, fait que le deuil eft bien-tot paflé. Les Parens du Ma- fi défant font un Feftin & on habille la Veuve, on lui racommode fes cheveux,. & alors elle peut fe marier a qui elle Needy fon 6 Ute Leurs Maufolées font de petites caba- nes de Planches qu’ils font fur les foffes,. Hs peignent le genie que le défunt avoir choifi, & font d’autres figures fans autre deflein; ces: Planches empéchent que les chiens n’entrent dans les foffes, car cene font que des ceorces qui couvrent le corps: fur lequel ils mettent des pierres & un pew ‘de terre, de forte que l’écorce érant bien: tt pourrie il fe fait de grands trous pa) ro H foie d des Mowurs lefqueis la puanteur fort; les animaux. attirez par cette odeur pourrojent entrer parila s‘ils n’y apo rtoient pas du remede ; ils ont bien foin que leurs morts ne foient pas dans l’eau ; ils vificent de temps en temps dans la foffe, ils peignent ces cada- vies a demi pourris, ils les changent dha. bits, & ils racommoadent la folle : mais lorigu'l ils meurent par quelque accident | extraordinaire , on les met avec tout ce . qu ils ont de précienx dans un cercueil, que t’on cleve fur quatre pilliers de dosue a quinze pieds Pefpace d’un an, & on les remet en terre aprés ce temps expire. C’eft un ufage, Monfeigneut , de pleu-. rer les morts tous les deux ans, is Nation qui veut pleurer ceux qui ont ét¢tuez ala guetre envoye aux quatre autres des Col- diers pour avertir les Anciens de fe trou- ver en un lieu limité, Dés qu'ils.s’y font affemblez l’on fait un grand feu , autour | duquel ils fe mettent a fumer. Quelques jeunes Guerriers sy trouvent aufh qui fe tiennent un peu plus loin par refpeat.. A- prés cette entrevue l'on fait loger tous ces Anciens chez les familles de ceux qui ont été tuez. Les Guerriers vont a la chaffe pendant ce temps pour régaler ces nou- | veaux afiligez. On tient deux jours aprés un Confeil general pour pleurer les morts.. / ee M akimes des Troquois. vy On fait donc chawdiere ce jour-1a en at. -tendant les pleurs , & lorf{qu’'ils viennene a pleurer offectivement ce font des paro-_ les trés touchantes qu'tls prononcent avee douleur. Le fiel & l'amertume qui leur rongent le coeur dans ce moment leur in- fpire un efprit de vengeance gain "elt déja _que trop enracinée. Ceux qui ont et leurs: _parens tuez donnent quelquefois des Col- Tiers ; c’eft alors que les pleurs fe renou- vellent , 8 que les cris ou plitdr les hur- Jemens fe forit entendre pour compart avec la perfonne affligée. Ces pleurs finis on fait le Feftin d’un grand fens froid , aprés lequel chacun fe retire avec fon On- “vagan ; qui eft un plat d'écorce , & dit en méme temps MViochen, qui fignifie je vous _Temercie, Les Iroquois font fort injuftes envers leurs Chefs > cat G un parjure Vieillard aprés avoir été toute {a vie au fervice de la Nation vient 4n’en étre plus capable, il faut qu'il fe fafle Pécheur , & fi il rombe _malade on n’a pas plus de foin de hui que dun autre. Tl peut y avoir quelque exce- — ption, le vieillard qui eft Chef dans le Vil- lage ne profite pas des prefens qu’on lu fait, la cotitume veut qu'il donne tour 2 wTa jeuneffe, -comme font les hardes dont on rule fait prefent , & autre chole,. Silon: ys Bitisive des Meus donne des Colliers il les met dansla mate commune, ff ceft de ta viande il en fair Feftin. Lek Onnontaguez l’emportent far les autres ; ils ont un certain ferieux & un phlegnie propre pour le confeil ¢ mais & prefent leur gouvernement eft, bien chan- o€, la jeaneffle fair ce qu’el lle veut, & Peau de vie a changé la maniere de vite: Ils prennent confeil tantét des Anglois , tanrot des Frangois ; mais prineipalemenit des Anglois , {ur tout depuis la guerre, c'eft ce qui me fair dire que le gouverne- ment eft entieremert cliangé. L’ancien gouvernement régloir les, affaires de Paix, ou-celles de la Guerre pendant la Paix: ~Céroit aux Vieillards de déliberer fur lés ren de Village, fur les Aflembléés qu ‘ils ape lene Porter ie Sac. ils délibe- roient auffi fur quelques travaux publics 5 ‘e fur les guerres qu il falloit entreprendre’, » & fur plufieurs petites affaires , comme quand il falloic aller aux Touttres: Leur politique étoit de tenir tofijours la jew- nefle hors du Village & pie le travail. Sils avoient des Nations 4 détruire, ils déli beroient fur les diffenfions quil Falloie mettre entre ces Nations-la pour les at- taquer les unes aprés les autres ; pour faire trainer la guerre en konotiant afin d’a- o voir rowjours de Voccupation. Les On. “ ¢ Maximes des. Troquvis. 13 montaguez ont foin de faire venir dans les confeils quelques jeunes gens de bon ef prit, ou de leur communiquer les affaires, Quelques jeunes gens saflembloient le matin chez l’Ancien , ou quelques Vieil- lards venoient aufli & ils s’entretenoient: enfemble en Fumant, Le fujet de l’entre- tien étoit ordinairement des affaires du temps. L eau de vie ayant cotrompu les mours des Troquois , ce qui a acheveé de les per- ' dre ja ere la multitude des Efclaves quills ont emmenez dans leur pais pour réparer la perre quiils faifoienr en guerre. Ils fe plaignent eux-méimes de ce que leurs Fil- les ne font plus que des coureufes , & re- cherchent les jeunes gens en mariage, Leurs matiages font ou comme de fim- ples accords ‘que deux Familles font en- -femble, & alors on marie les enfans dés de berceau, ouce font des matiages dine terec ; pour lors le gendre eft oblige de demeurer avec la femme qui refte avec fa mere , qui eft pour ainfi dire maitreffe de toute on chaffe jufqu’s ace quiil ait des enfans, Il lui ef permis pour lors d’avoir une cabane a part pour fa famille. Mais la mere qui ne connoit que trop lurilicg de avoir aupres d’ elle , menage infenfi- blement fon e{prit, & ‘il arrive fouyent gps ne la quitte pas. | 4 Hiftoire des Murs Quand les Parens ont confenti de pare’ & d’autre au Mariage, la Fille porte le pain. de Mariage qui eft comme le Contrad, elle le fait cuire chez elle dans de eau: boiiillante, envelopé de feiiilles de bled d'Inde, noiié par le milieu d'un filet, qui dui done la forme d'une calebaile, Fle envoye tous ces pains par une femme dans’ —la cabane de fon Amant ; elle aporte au. paravant le bois du matiag e, qui eft un bois coupé a plat, elle s'ajulte le mieux: qu'elle peur. On lui graifle les cheveux: avec de l‘huile d’Ours , on lui met du ver-. millon deflus, on lui trace differentes cou- leurs fur le vilage , elle attache de la por. celaine aux Breilbese, elle en fait des bra- celets , & elle fe rend dans la cabane de fon pia: | Enfin les Matiages fe foste par debau- che, & cela fe fait en deux manieres ; ou pour toujours , autant que ces fortes de Matiages peuvent tenir,ou pour untemps, c’eft-a-dire pour un parti de Chaffe ou de Guerre , ce qui dure peut-ctre plus ou moins. Il n’y a pas trente ans que les Iro- quois gardoient les degrez de parente & d’affinicé , ainfi les Parens & les Alliez ne fe marioient pas, Cela eft fi vrai, Mon- {eigneur , que quand on propofe tities Fille a marier, & que I on nomme le Gagne 4S | co Maximes des Iroquois. 4g ils répondent, le Mariage ne fe peut faire parce quiils font Parens, Plu fieurs strane _mariez ne changeoient ‘pas de femmes. Yuand on marioit en face d’Eglife des - Vieillards avec des Vieilles, qui ¢toient _déja enfemble depuis long- temps, & que lon leur demande fi c’eft pour toujours 2 Ii y ena qui ont fait réponfe : Nous fom- mes enfemble depuis ’age de huit ans fans nous tre feparez, pourrions-nous a ~ prefent le faire. Ces exemples ont été, comme on dit, parmiles Iroquois, mais a prefent ils fone rares , & on auroit pei- nea dire comme leurs Mariages fe font , ils imitent les autres Sauvages leurs voi- fins, & ils fone devenus auffi débauchez qu’eux : il n’y a pas de chariment parmi. eux autres que la honte & la pudeur SV'i- vrognerie ayant ote ce frein: on ne fau- roit dire les maux quife commetrent par~ mi cette Nation, ainfi les Meres qui one ere mieux élevées n’ofent reprendre leurs Filles , & les jeunes gens fe plaignent de ce que les Filles font les premieres a les’ follicicer au mal, Cette Nation a todjours été habillée, les femmes étoient couver- tes & les hommes couvroient leur nudité. Quand on brile un prifonnier de guerre ceft le plus grand dépit qu’on puiffe lui faire que de l’expofer nud, Ona crit ayee dome III. ae , 26 Hiftoire des ALwurs | _ vaifon que Dieu avoit rendu Iroquois fu- perieur a toutes les Nations voifines qu’il~ a détruites, a caufe qu'il étoit plus hon. néte que les autres Sauvages , mais a pre- fent il tend a fa ruine, Dieul’a abandon. né aux Frangois qui ont brilé leurs Vil- lages , pris ou tuc leurs Vieillards, & par confequent détruir leurs confeils, aprés- quoi le defordre s’eft mis parmi eux, — On ne voit pas de Femme ou Fille Sau- wage avancée en age qui ne foit ou grof- _ fe, ou gui n’ait un enfant a la mamelle, ou gui n’en porte derriere fon dos. Elles nourriffent elles-mémes leurs enfans , & elles les allairent ordinairement deux ans” ou dix-huit mois 5 pendant ce temps-lale mawi ne couche pas avec fa femme, c’é- toit l’ancienne coticume qu’ils n’obfervent lus. Elles laiffenr leurs enfans rout nudsg jufqu’a l’age de cing ans , elles couvrent fis Filles des qu’elles les fevrent. Les Me- res élevoient affez bien leurs enfans, fur tout les Filles , mais aujourd hui il n’y a que celles qui ont un bon naturel qui a- ' giffent de la forte. Les Filles d’Onnonta- - guez qui ont été reprifes par leurs Meres, mangent de la Cigué pour s‘empoifonner, les enfans fe tuént avec leur fufil ou avec leur cofiteau. Toute Vinftrnétion que les Meres donnent Aleurs Filles confifte a leur © G@ Maximes des Irognois. — ¥7- aprendre a porter du bois, & elles les y accoutument des leur bas age en leur fai- fant porter de petires charges. Leur ma. niece dinftruire eft par des termes enga- geant : en difant , aye piti¢ de moi, ne mé _ charge pas de honte , ny toi auffi ; ou bien. la Mere fe meta pleurer afin d'etre inter-__ rogée , & elle répond quelquefois, ou elle he dit rien, mais on voit bien ce qui la fair pleurer , & ceft par la qu’elles reiifliffent : pour corriger leurs enfans : ils ne favene , ce que c’eft que leur refufer le boire & le. manger. La feule chofe oui les Enfanis pa-- roiflent plus obeiflans c’eft a aller cher- cher de Peau & du bois pour mettre au feu; il fant en un mot que |’Enfant veuille de.luiméme ¢e que l’on veur qu'il falle , leur phlegme naturel eft ce qui contribué Te plus a leur éducation ,ils ne laiffent pas, de tirer beaucoup de feérvice de leurs En-. fans par la patience quiils ont de foufftir,. | & en les gouvernant avee beaucoup de, doucenr. Dés lors que les Enfans com-. mencent a avoir de la raifonle Pere leur: raconte les belles actions de fes Ancétres, | ou de la Nation, cela fait rant d’impreffion. fur leur efprit qu’ils gotitent infenfible- ment ce quils entendent. Si par hafard quelqu’un des Parens avoit fait une action indigne il leur en infpire un méptis , & ils or’ 38 Hiftoire des Mours les élevent par la a une grandeur d’ame gui leur eft naturelle. be Cee ~ Quand | homme & la femme s’aiment bien ils ne partagent pas leurs emplois , mais ordinairement l’un ne fe mele point de ce qui eft du devoir de l’autre , leurs emplois font ou dans le village ou dans Yes bois. C’eft a Vhomme a faire la Caba- ne, les Canots, a paffer les Peaux , a faire les Caiffes, aaccommoder l’endroit ot ils couchent : ils fe mélent queiquefois de fai- re les Chaudronniers , tes Armurters , les Forgerons : ils font les Calumets , les Ra- quettes , les Paliflades autour des jardins , les Parcs fi ils ont des beftiaux , a ranger les traifes de bled d’Inde pour les faire fe- cher. Dans les champs l’homme abat les arbres, il les ébranle, & pour cela il fait de grofles cordes de bois blanc , ayec lef- quels il monte dans les arbres comme des Couvreurs fur les toits; voici, Monfei- gneur, comme ils s’y prennent. Ils jettent un bout de cette corde quia piufieurs braf- fes de long, & quia trois pouces d’épaif- feur, ou environ ; ils jettent, dis-je,le bout de cette corde en haut quis’entrelafle dans — ~Jes branches , & ils lattirent a eux lors qu'elle refifte, ils sen fervent pour mon- ter.C’eft aux hommes a briler les champs, ils ont de gros crochets de bois avec le f- o Maxime las Trogu ee quels ils trainent fur la terre des buches embrafées , & ils brdlent des racines des herbes pour femer enfuite. L’ endroit ot ils ont femé des féves , fert l'année fuivan. | te pour y femer du bi ed d’Inde. L’>homme fait les inftrumens du labourage qui fons de bois, Quand ils n’avoient pas de pio- ches de fer ils en faifoient de bois, qui reffembloient a une croffe. Ils en Fesaly oink : ‘ne autre efpece pour ramajfferc la terre au pied du bled d'Inde. L’ emploi de ’hom- ‘me dans le bois I’Hiver eft de faire la ca- bane, quils font d’écorce de bois blanc , longue & etroite; quils arrangent comme nous faifons les tuiles fur les toits. C’eft alui a chercher les bétes & a les tuér : ik paffe les Peaux , il en ote le poil en les ras clant avec une larie d'une vieille épce Ou avec un coureau, illes fair boucaner a la fumée , 8& il les read molaffes avec de la cervelle d’Orignac , ou avec fa moelle, - Quand les: Femmes fone dans le Village elles font les Farines ,]eur Mortier eft un | tronc d’arbre qu’elles creufent avec le feu, — | le Pilon eft une perche de bois dur, mince pat le milieu & gros par les déux Bronte : 3 quelquefois elles ont une pierse faite com- me un oignon , & jetrant le bled grain & erain elles Decealauy elles font le bois de ehautiege & Vaportent ,elles font les cole o. | © 3 20 2 8©=—-—C« Aiifoiwre des Adours | liers pout porter le bagage , elles font - mieux les fouliers que les hommes, elles — confent quelquefois , elles égrennent: le bled. Les jeunes Filles aiment fort 2 fe parer, fe poudrer, fe laver & fe graifler : ce dernier ornement fait que leur linge . fortant de la leécive n’eft pas plus blanc qu’auparavant :elles boucanent la viande dans les bois, elles fondent les graiffes 8 les confervent dans des treffes.ou dans de petites boeres rondes de bois de bouleau, elles vont chercher les fruits dans les cam- -pagnes, elles font fecher les framboifes , les bluetes , les chataignes, dont elles fone une provifion pour l’Hiver: elles font des Trapes pour prendre les Martes. Lesen- fans chaflent aux oifeaux: les Hommes croiroient s’abaiffer de faire cette petite © chaffe fans neceffiré. Les Fernmes fement, cerclent, & chauffent le bled d’Inde, el- les en font les treffes. , le metrent dans des manieres de grands touneaux de bois de bouleau. Un Homme ne veut fe marier - qu’a une bonne travailleufe , pour ainfi dire , & laFemme ne veut fe marier qua’ un bon chaffeur. ee ae Il y a des Femmes Sauvages qui font — fore térués ; on accufe fur tout les On- nontaguefes & les Onneyoutes, fi elles mont pas xencontré un bon mari, elles | NU Age Tom .9. Ppage.ar. : : : | i | LZ joe ea Re SSS = — a : oa! 3 i if 4 2 \ cane 5) (ee } % i 1 = , ; yen vy | es + | , a P| me 4 | ‘i aN i | . S iui | J ; ; 7 % nd i Baan Birt ye oan PRR aga ¥ iu hs [ane Seats & Maximes des pais 21 le quitrent quelquefois les premieres , el- les font mourir leurs enfans de langueur, ou par des breuvages empoifonnez, la Cigué eft ordinairement la derniere ref. fource dans leur defefpoir. Les Filles cro. --yent faire un grand tort a leurs meres en fe tuant , & leur difent , hébien ru n’auras plus de Filles, & elles Cont fe faire mourir , elles fe mettent un collier au col. & Ss ‘étranglent, ou elles aiguifent un mor- _ceau de bois dont elles fe percent la gor- ge. Leur colere & leur mélancolie duck long.temps , ils n’ont pas de juremens - mais ils ont le blafpheme:; ils fe plaignent de la Providence & difent elle me hait. Cela arrive fur rout aux re gens, prin. cipalement aux Filles : on avi de ces fortes d’exemples, mais le commun des Sauvages fouffre plus long-temps & avec plus de plaintes ,du moins qui paroiffent. Kes jeunes mariées font gloire de ne pas erier en acouchant, fi elles fe déhent de leur courage alles vont acoucher dans des buiflons ou dans les champs. Si elles font dans la cabane elles s ‘empéchent de erier. Comme c’eftune injure parmi les guerriers de dire twas fui, de méme c ek une injure parmi lesFemmes de dire ta ass cri€ quand tiretois en travail-d’ ied r. IL y aune grande Féte qu ‘ils apellentla ° 22 Hiftaire des Mours Folie, qui fe fait au mois de Février, & peu prés comme nétre Carnaval, ils s hae billent quelquefois a la mode des Beans. gois, les hommes prennent des habits de chetulles & les femmes des coéfes, ils font des Feftins ala Francoife, lame du Fettin. eft de Lien en mangeant, fans {avoir ce quiils difent ; cela arrive guelquefois, mais le principal confifte a demander ce quwils ont fongé. Quand ils entrent dans Ja cabane on leur dit, twas fongé cela; fion ne devine pas jutte, ils rompent 8 renverfent tout ce qu’ils trouvent. La Féte des Morts eft celebre , les Vieilles y ont plus d’attache , 3s font des Feftins dans les cimetieres. Les Iroquois | font auffi ardens pour le Jeu que les Européens , ils y paffent les jours & les nuits ; ce n’eft pas feulement le divertiffement qui les tient, mais c’et quelquefois Vinterét. Le Jeu ordinaire des hommes eft celui duPlar, quiconfite aremueér & faire fauter dans un plar fix hoyaux de prunes , dont trois font peints de noir a moitié & trois ont leur couleur naturelle , ils y obfervent certaines régles. Hl faue pout gagner qu ‘ik ¥ ait pire Noirs, Ils ont un autre Jeu qui confifte dans une poignée de Pailles: 5 le Tr ef Tom.3 » PaAGe.22. UNIAN EA PECL NUN \\ ANAHALUHN VF } { = Se. == = SSS SSS SSS SSS SSS SSS EES Wes oO > ai x. w f > S ‘ ’ : ‘ 1 \ Te Ee eed ea SSS SS SS = = peenna pein seni t 4 say ei (ae aie tion I | hs fs Qbuv.3. page 29, NY Wt NN SSS Sa ie Poaansuospancansee f n rs eo Ft 4, a j 1 Gey 4 | Ta aS aT ea Cae | er We x tj CaS i i J. Cal 4 / L U fy 24s 42): i It ra eal’ des Didi. i, Be pourtant limité. Ils feparent d’abord cet- te poignée en deux, faifant certains géts qui font feulement pour faire valoir le Feu , ils en font autant pour le Plat .en fe divide ot de grands coups | fut la chair nue, - fur les épaules & fur ta poitrine. Quand ils ont fepace ces Pailles ils en retienent une partie & donnent l’autre a leurs compa. gnons. On ne connoit pas facilement , | Monfeigneur ce Jeu-la, ale voir il fem- ble qu ‘ils jotkent au. pait Be. impair, Its jouent auffi beaucoup a la Croce, Les femmes joiient quelquefois au Plat; mais leur Jeu ordinaire eft de jetter les noyaux -avec les mains comme on joue aux dez. ~ Quand élles ont jette ces. noyaux en lair elles remuént leurs bras , tantor comme fi elles faifoient des geftes d admiration , ou fi elles chafloient des mouches , elles ne difent rien, on ne les entend prefque pas ; mais les Hisesioies crient comme des gens qui fe battent, ils parlent jufte en ~difant noir, noir ; = hee: blanc, & de temps en temps fhe font de ‘orandes huées, Les femmes n’ont que cette : forte de Jet, les enfans jotient a la Croce , jamais au Plat ou rarement , les filles jotient avec. des fufeaux gu’ ‘alles font pafler par def- fous un petit bois élevé un peu de terre; cet a qui poullera pis loin lon fufeaw, th Hiftoive. des Mews: cs Ilya des Jeux d’Hiver & des Jeuxd’ E té , ceux de cout temps font les Noyaux & les Pailles; cenx d’Hiver font les Fafeaux pour les cufanie ceux ci y mettent une Jongue queue de deux pieds &- demi: ceux des filles font de veritables Fubeias, Les uns & les autres les motiillent avee Ja falive ou ils les mettent dans l'eau quand, il géle bien fort, afin quil fe fafle une crotite comme. so verni , 8 ils kes pouf- fent fur quelque perichant d’une cote bien glacée, afin quiils aillent plus loin. alls font couler auffi de petits barons plats. 8 longs , ils peignent tous ces fulcaux 8 Ces “bisa . La jeuneffe eft fort libre en : paeeaeas ilg raillent fur leurs amours ou fur leurs faits | dé guerre, ils difent des paroles 2 4 double entendre, ils fe divertiffent auflia jouer de Ja fltite , ils chantent toujours fur le meme air, ils chantent fouvent ce qu'ils apellent la Chanfon de guerre ou la Chanfon de mort, ils batent la mefure avec le pouce ou un autre doigt, en le pliant’ ou le depliant avec. jultefle , frapant: auf fur quelque chofe de raifonnant , ils metrent une peau bien tendueé fur une chaudiers > & forme ain@ une maniere de iaabalied, autour de laquelle ils fe mettent acroupis, | - chantant & frapant. deflus en mefure aves | | LA ll G is ie cs ! t i i if , i +e 5 5 | oe ‘ ¢ WO ' al + = He a , Tom «9» PAGe .24 Oi is ab ae DR: wif £ | ey Adaximes des Iroquois, 42% fun petit marteau de bois , les femmes n’ont pas d’autre divertiflement que le jeu, Tout le monde fe baigne en Eré, les en- fans & les filles y vont plus que les fem- mes, oa fi elles y vont c’eft a l’écart Ie foir ,on-n’en voit jamaisle jour fe bai-— -gner , ou cela eft rare. Les enfans joucne 4 fe cacher & a faire deviner aux autres ou ils font, ou bien les jeunes gens a luter & a courir, ils font naturellement rail- Jeurs, & le font quelquefois avec efprit : leurs railleries tombent ou fur la mine , ou fur la pofture, ou fur quelques avantu- res, Un Frangois jotioit des gobelets de- vant un Iroquois, ce Sauvage voyant que ce Frangois tiroit des rubans de fa bouche limita, il avoit une perdrix mor- te, illa mic derriere fon épaule & la tira par deffus , difant j'ai rire cela de mon épaule. On dit un jour aun Iroquois que» les foldats étoient confiderez du Roi: le Sauvage répondit parlant de deux Soldats qu il avoit vi garder les vaches , & dit, je porte compaffion aces deux Soldats qui gardent les vaches , que ne vont-ils en France ils feroientles camarades du Roi, “ Tls ont des Néces & des Danfes fupertti- -tieufes ; la Danfe des hommes confifte a avoir une couverture fur l’épaule & a fra- per du pied en rournant en rond. Les fems 26 Aiftosre des Moeurs mes & les filles qui danfent en plus ‘grand ‘nombre que les hommes & les. garcons , font des poftures , des contorfions des’ tours adroit & a gauche , en tournant en yond, & fe laflant jofqu’a n’en pouvoir — plus. “Ellas, n’epargnent rien pour fe ren- dre belles & leurs filles auffi, elles met- tent pour cet effet des huiles d’'Ours 4 leurs chevenx , elles fe barboiiillent le vi- - fage , ce quel’ on apelle fe matacher » elles fe peignent méme route larérede oe | couleurs, elles ont des penidans doreilles , des colliers & plufieurs tours qui leur pen- : dent fur le fein, des bracelets & une cein- ture par deflus ‘leur chemife, Le jotieur | d’inftrumens eft an milien, affis fur un banc, autour duquel on danfe en rond, il bat avec un fquelete de tortue dans a quelle il y ades pois , on bien ils ont une- petite gourde dans laquelle ils ont mis des pois ou des petites pierres ; ils. chan- tent & battent la mefure avec V'inftru- ment, & a chaque Chanfon on lui donne le payement en porcelaine on en quel- gue autre. efpece. Quand il y a des Feftins " n y a pas d'autres Cuifinieres que quelques jeunes gens qui font nommez pour faite la mar- mite, ils portent une mane de bled d’Inde par le village , & les femmes pilenc le | : bled Tom .3. pag 26. ITT A PAPA ER ee FFE WE Tite at a me et a a Me ae eG) TH CITT ia ATTA BEA [fi ENA ) . N ‘ae ae" oy v cere SSeS Sa ores Mw ll fl ve NYY | =. are ee wn ee PALO A <8 OLE LLL LLL dar a ee = = ‘Se i ¥ | . 2 * « =~ oe: i } ’ \ 2 Tom ..9 pag .26. ~ & Maximes des. Iroquois. 29 bled dont élles portent la farine dans la ~ cabane ott le Feftin fc doit faire. Quand la _ viande eft cuize on la tire ‘pour mettre la farine ; quelques Anciens qui fe trouvent autour du feu of ils s’entretiennent de ce que Von doit faire ou dire dans le Feftin, étent les os & les rongent. | e vous ai fait connoitre, Monfeigneur, le carackere: de cette Nacion en vous par- lant de fes emplois & de fa conduite pour Ja Paix & pour la Guerre. Chaque Nation ~ a fon.caraGere particulier , l’Anié & l’On- neyout font genereux , francs autant que des Sauvages le peuvent etre : : Pon peut dire quils n’ont qu’un méme efprit. L’Onnontagueé eft fier 5 fourbe, moins ° generenx que l’Anic, ve PAnié luke re- proché fouvent fes lachetez ; lors quiils alloient en guerre diederable. Il y avoie —gotjours plus d’Aniez tuez fur la place , ‘tandis que les Onnontaguez retournoient toujours chez eux. Le Goyogoilin eft bon | -guetrier , fes mceurs tiennent plus du Sauvage, il eft aufli fin & aufli rufé que 3 les T fonnontouans , Onnontagué , aA nie & l’Onneyour. L’ exteriear de ces deux Nations & leurs langages eft plus barbare quills ne le font en effet; car l’ona remar- que qu “ils avoient le naturel affez bon, fae cile a gouverner & fort accommodant, ei po 28 Hiftoiwe des Mtwurs | _. L’Troquois en general aime Vhofpiralicé, 68 il eft bon ami ou ennemi juré; ils n’ont pas de lettres , & ils font accovitu- _ ~ mez a juger des chofes par les fens & ont Fimagination fort vive. Un vice general des Iroquois qui eft la parefle, & de n’a> voir aucun métier pour s’ocuper , eft caufe quiils paflent le temps fur leur nar- te couchez , fur laquelle ils font plofieurs — Songes creux, & quand leur imagination eft échauffée ils prennent tout ce quis ‘fé font reprefentez pouftdes veritez. Je yous ai raporté , Monfeigneur, d’on vient Peftime qu'ils font du Songe. ele Quoiqu’ils ayent des fentimens de co- Tere trés-violents ils favent les cacher , ils fe difent froidement les injures les plus ~atroces , & ceux qui n’entendent pas la Jangue ne fauroient connoitre s‘ils fe fa- chent , ils confervent dans leurs cocurs : « les defits de vengeance, & ils ont beau- coup de peine a pardonner, c’eft ce qui eft le premier mobile de toute leur con- duite. Les particulers ne veulent’ pas avoir affaire a un autre particulier, ils fe craignent les uns les autres, Une four employe un étranger pour demander quel. que chofe a fa feeur, & ainfi des autres. Cela peut venir d’orgueil , & parce quils | ne veulest pas etre refufez, Il n'y a pas de — = Bs ~ : mon Maximes des Troquis.- ag Procez encr eux, les Vieillards les termi- nent bien. tot & Von en vient prompte- ment a lexecution , car Yon fait caller la tére a celui qui a tort, & pour cela on Taccufe de fortilege, ou quelqu’un fait femblant d’étre yvre pour le tuér. Quand on futprend un larron*de profeffion , ofr sen défait bien-rdr, les parens font les premiers a l'accufer 8 a lui faire caffer — la téte. Tous les Iroquois font pattagez , Mon- feigneur, par Famille ; il y ena trois prin- cipales qu’ils apellent le Famille del’Ours, celle de la Tortué, & celle du Loup. Ce ne font pas de fimples noms mais ils ont des Fables la-deflus , c’eft dequoi ils s’en- tretiennent de trois se: en trois ans, dang des affemblées generales. Chaque Village eft compolé de ces trois Familles, & cha- que Famille a fon Chef, Chaque Chef af- | femble fa Famille pour déliberer fur les affaires qui fe prefentent , & les Chefs eux-mémes s'aflemblent enfuite pour prendre les dernieres réfolutions , c’eft ce qui fait que les affaires traine Ae en lotr. gueur, car il faut que toutes les Nations -foient de méme fentiment. Les: ‘Onnon- taguez ont voulu fe rendre les maitres des. affaires, mais les autres Nations leur one fait voir it de ‘temps en temps A ‘ils ne 6 2 = 3 ; Ae ‘ : 30 ~~©=—. Aiiftoire des AL wurs — roient pas: il y aun Ordre parmi les Ani¢2 | -qwils apellene ?Ordre-des Nobles. Les femmes en font & en ont voix déliberati- ve dans les affaires; mais elles font de la dépenfe pour 6tre de cet Ordre-la. Quoiqu’ils n’ayent pas de Roi n’y de Chef qui lewr prefcrivent des Loix , ce- pendant lor{qu’il s’agit de quelques affai- res qui regardent la Nation, il fe trouve | une union fi grande entr’eux qu’ils agil- fent tousde concert ence moment , avec | sune deference particnliere que les jeunes gens ont pour les Vieillards ou les An- ciens. Ces Chefs qu’ils apellent Odsanezs ou Od:/thems, font les plas confaderables- ce mot meme Re porte Rie L’on choifit ordinairement , Monfei- gneur, la cabane d’un des plus confidc- rables , que les femmes prépatent, apres- quoi elles fe retirent ;il y en a cependant que l’on regarde comme des Heroines,qiit demandent a y entrer, elles donnent quantité de Colliers de porcelaine pour —ouvrir le difcours , & lorf{qu'il fe fait quel ques déliberation’ on demande leur fen- timent. Ces femmes ont un figrand af cendant fur les Anciens que lors qu’elles demandent quelques graces pour le bien public ilsne peuvent fe difpenfer de les leur accorder , comme fiun parti de guerse N\ er pe adiwies des Troquois. | “3Y -€roit prét d’aller en campagne, & que les femmes du Village reftaffent fonles . cetre mere de famille a et un Colliér . - pour les en dérourner, les apell ans Ac nos fems , qui veut dite mes oncles d’oti vient que vous nous expofez a l’infulre de nos ennemis : pour lors on change de deffein,, -maisa moins de quelques affaires de cette - “nature jamais les femmes n’entrent dans ; des confeils,. ’ Avant d’en tenir gitelqu’at un , un fai eien qui aura la meilleure voix erie a plei- ne téte , faifane le tour du Village , & dit \ ) aflembléz. vous nous allamons le fou =: & lors qu'il s’agit d’un Confeil de Guerre il ya quelquefois” deux Confiderables , qui ‘erient par tout le Village de toutes ‘Went forces , avec tie beret une parole * on weet pas l'autre ,- Re Biker entrez Guerriets , entrez arien © Les Anciens of les Confiderables érane™ affemblez, celui chez qui l’on eft , ov un Orateur que lon-choifit , prend la parole — qui explique le motif qui lesatous em: menez. Les déliberations faites quelques~ uns des Anciens vont dans chaque famille avertir la jeuneffe de fe trouver en un liew. prefcrit, dans lequel ils leur communiquent ce qui s’eft pafle au Confeil,& fic’en éroie: unde Guerie,, L’Otateur ayant {git le fens 3, ay. — Hiftoire des AZ eurs timent des Anciens , fait favoir a la jeu- nefle qu il feroit a propos de faire telle chofe. Voyez , leur dit il, jeuneffe , ce que vous avez a répondre. C’eft donc la , Monfeigneur, cette politique qui les unit fi bien ,a peu prés comme tous les reflorts d'une horloge, qui par une liaifon admi- rable de routes les parties qui les compo- fent, contribuént toutes unanimement au _ merveilleux effet qui en refulte. ’ Outre ces Anciens il y a des Chefs de Guerre. Ceux-ci qui entrent dans les Con- feils font quelquefois aflembler le lende- main toute la jeunefle, & lui font le recie: de tout ce qui a été propofe, lui deman- dant la réponfe, Nous vous en laiflons les - maitres, leur difent les guerriers. Et la jeunefle , par une deference. reciproque Jeur répond, vous en étes ‘les maitres” " ‘yous-mémes. | ji ybindaiai Les Anciens qui ont délibereé fur leurs affaires de Guerre propofent aox guer- riers fi ceux-ei en font contens, ils chan- tent ou font un cri d'une commune.voix , prononcgantce mot de Ho, quwils expri- ment du ford de la gorge , & sil y en a quelqu'un qui n’eft pas content il ne chante pas. | ieee _ Quand les jeunes gens qui ont été deja avertis fe font trouyez au lieu quils ont “~ | Maximes des Iroquois. 33 --choifi, ils s’aflemblent en rond un peu a Vécart de ceux-qui leur fone venus parler de la part des Anciens , 8 déliberent en- treux fur la réponfe qu’ils doivent faire. La décifion faite, la jeuneffe qui a con- fenti a ce qui luia été communiqué I’a- plaudit par le cri de Ho. aus Il n’y a pas de Negoce ny de Commerce .parmi eux, parce quils ne veulent point avoir d affaires les uns avec les autres , la plus grande traite eft l'eau de vie, ce font les femmes quien trairent ordinai- -rement en échange du Caftor. Ils n’ont pas d’autre marche que les cabanes , ils fe payent fidellemént , leurs me{ures n’eft autre chofe que la cueillere avec laquelle ils mangent leur Sagamité. is mefurent leur porcelaine dans le creux de la main , ils n'acherent pas de terres ; mais les he- _xirages paflent aux Parens dy défunt, ils ont leurs limites pour leurs champs ,_ ils font des marques aux arbres avec la ha- che, entirant une lignea vie & fans me- thode. Celui quia découvert un Lac, ow un endroit de Péche,ou des maifons de Ca- ftor, en eft le maitre ,il marque Pendroit & perfonne ne lui en difpute la proprieté. Les Vieillards & ceux qui ne peuvent ou ne veulent rien faire a la guerre & a la chafle, font des naffes &-f¢ font Pécheurs, 34 wT ifboire des AL eurs 7 ceft un métier réturier parmi eux, Leurs’ na(les fe font de fil, oud orties , ou de bois: blanc, dont ils réduifent l’écoree en filet pat le moyen de la lefcive qui le rend ~ fort & maniable. Les femmes filent fur — leurs genoux en tordantle filavec la pau: — me de la main, elles mettent ce fil que lon pourroit apeller platdt de la fiffelle en’ peloton. Ils ne {cavent ce que ceft que de pécher avec des filets aflotter , ils pren- nent beaucoup de faumons. , _ Hs apellent Colliers des grains de por-: celaine enfilez que les Francois nomment’ corde de porcelaine, ils font avec ces’ cordes une maniere de fhosd long & large,. ou. ils reprefentent plufieurs figures. Ils’ sen fervent rour traiter la Paix, pour faire leurs Ambaflades', pour declarer leurs penfées:, pour apaifer les Procez;. pour faire quelques entreprifes. Pout ju- ger, condamner , ou abfoudre ceft en- core leur principal ornement, en un mot cet leur or & leur argent :'les jeunes' guetriers allant’ en’ guerre sen fervent comme de bracelets & de ceintures fur Jeurs chemifes,& couvrent tout cela d'une’ . belle couverture rouge, ils vonr a une lieu€ ou deux du Village , accompagnez’ de leurs femmes, & en fe feparant ils’ leur donnenr leurs Colliers;.Les femmes” - ‘ é a Maximes is Iris. . as ett font d’antres qui fervent a porter du bois & a lier les Efclaves, elles font cect d'écorce de bois blanc d’Otties & de Co- tonniers. Ces porcelaines viennent de la _ cdte de Manathe ; ce font des bourgos ou -manieres de colimacons de mer qui font blanes ou violets, tirant fur le noir. Je vous ar donné, Monfeigneur , ufte id¢e de lTroquois non Chretien, vous _ voulez bien que je vous parle de ceux qui font établis | patmi les Frangois , ily ena deux Miffions , l'une a la montagne de Montreal , qui elt a une portce de canon dela Ville , & lautre eft au Saur faint - Loiiis qui en eft a.trois liewes. La Re- Figion Chrétienne & le commerce que . eette Nationa etié avec nous par la con- ~ duite judicieufe des Jef{uites, les aun peu —humanifez depuis trente ans. Les mceurs de ces gens fi barbares & {i farouches ont ete adoucis fans doure par le Baptéme’, avant & apres la guerre déclarée contre les Iroquois. Is ont fait voir des marques — @Mhumanire,& quand ils ont vi que les Iro- quois leurs ennemis en abufoient, ils ont fait voir que le Chriftianifme n “eft ra | ‘oppolé a la veritable valeur, Ces Iroquois convertis ont totljours ¢ eu foin que leurs enfans n’entendiffent point ‘parler des fuperftitions & des coucumes \ \ Joe “Hipein diy Meus - de leur pais , en leur faifant fucerda. fot ‘avec le lait , ils font ce quils peuvent — afin que quand ces enfans font grands ils ne demcurent plus all pais de peur qa ‘ils: ne fe perdent. 4 - Ceux qui ont eré plus celebres parmi_ | ces nouveaux Chretiens. ont été le grand Anié. chef de cetre Nation, !a Cendre- Chaude Chef des Onneyouts, Paul Capi- taine & Chefde la Priere , & le Borgne. Ces gens ont fait des athens & en Paix & en guerre qui meritent je vous ef parle, Monfeigneur. Le grand Anié aprés avoir ‘ous té ™ 7 Nation des Loups , fe fit Chrétien, il ap- prit lui-méme les Prieres dans les outns étant a la chafle l’Hiver , il} a Préché la: Foi dans fon pais ,ila confonie les Profe- | lires des Anglois, il a emporte contre les. Anciens-qui ne vouloient pas que Pon vine demeurter a Montreal ,-il emmena lui feul cinquante de fes gens dont une partie vit encore & fert de-pierre fondamentale a l’Eg! life du Saut. Il a fait plufieurs bel- | les a@ions contre les Onnontouans , if: s'attiroit affeAion de rout le iene par fa pieté & {a bravoure ;.un moment aprés' avoir fair la priere bedive ala chafle en Hi- ver, il fur tué pat les Loups n nos 5 Allieat done un choc imprevi.- ae = & Ma aximes des Troquois. 37 ~ La Cendre-Chaude étoit un des deux Capitaines qui gouvernoient la Nation des Onneyouts, il fitc-braler le Pere Breboeuf pendant fon Pagani{me ; mais aprés fon - Baptémeil fut préecher la Foi aux Iroquois, il commenga par les Aniez & patcourut les cing Nations Iroquoifes ; fon autorité en convertit quelques-uns, fon éloquen- - ce confondit Jes Anciens , a préchoit les. Dimanches dans les abaies oti il afflem- bloit la jeunefle. Quand la guerre fut dé- clarée il futavec Monfeigneur le Marquis de Denouville aux Tfonnontouans, of il fat cué combatant genereufement. contre les ennemis. Paul étoit un Huron , bon cuerrier & fort zelé pour la Reli igion, rie l'a re~ compenté e en lui dennant une fille qui 2 wécu comme une Religicufe , elle avoira ‘Page de treize ans l’innocence d’un enfant & la fagefle d'une perfonne de trente , & eft morte vierge. Sa mere la voyant bieg faite craignit pour favertu; elle convint avec fon mari de faire dite une Meffe , afin que Dieu permit que fa beauré pat _ €tre alteree, L’on tient qu'il fe forma de- puis une tache dans fon cil, & étant de. venue etique elle mourur en “exhoreant fa mere a ¢ctre bien conftante en la Foi, & ‘rage ala Chapelle « une couverture de tafe y / ia. Hiftowve des Afeurs fetas ,avec tous fes colliers , bracelets & aittvas ornemens. : ; ae Boigne. ou en tisdilot Sopareflé -€té mis en prifon chez les Anglois, parce qu'il étoit trop ami des Frangois , il re- grettoit en mourant de ce que Dieu ne 4 lui avoit pas fait la grace d’étre martirifé, ~ Il prenoit le foin des enfans dans la Mite © fion, il les Catechifoir, il les cortigeoit, | il leur faifoit faire les Piteres: Sa Servint : nctoit pas moins fervente, & elle a de. meure pres d'un an en prifon-chez ee An- | olois avec fon mati, Ces nouveaux Chrétiens ‘voyent hick quelle difference il y avoit de la vie _Chrétienne a celle quils menoient avant — le Baptéme. Ils faventfi bien leur Reli-— gion quils ont confondu les Heretiques — _d’Oranges fur l'invocation des Saints & {ur d’autres articles de la Foi. af yaala Prairie de la Madeleine, vis- d-vis de Montreal,une femme Sauvage ete terree al’ beeen de laquelle l’ona reglé les Bayceteaierié. Les Frangois n’ont pas voulu laiffer enlever ce corps pat les Sau. vages qui vouloient lavoir , c’étoit la femme d’un Capitaine. Le Capifaine & cette femme font les deux premiers: Sau- vages Iroquois qui ont demeure avec les -Frangois,, 8 fur lefquelles VEglife du et e = | ¢ M aximes des Troquoss. 35 eft fondée. Quand elle fut morte fon mari fit un Feftin en forme de Tettament, & dit aux 'affiftans , vous favez que nous avons pluficurs fuperttitions dans notre pais touchant les funerailles ; a prefent que nous fommes Chrétiens, & que nous faifons prier Dieu pour les morts , je don- ne aux paiivres tout ce quia apartenu a ma femme; il y avoit pour cinquante écus de hardes en Colliers & autres chofes.De- puis ce temps on donne aux femmes qui ont fait la folle , & aux pauvres,ce que ceux qui ne font pas Chretiens mettent dans la fofle avec le corps. Nos {roquois Ghrétiens gardent entre eux, Monfeigneur , le méme ordre de police que les Payens , mais ils ne déter= minent rien fans l’agrement du Gouver- neur general , auquel ils viennent dire ce quils ont conclu; s'il laprouve l’affai- re eft decidee, sil ne l’aprouve pas , ils font ce qu'il leur ordonne. Cela s -entend des affaires dont il faut que le Gouver-— neur ait connoiflance ,car pour le refte ils le gouvernent a leur maniere ; » cela facili- - te la converfion des Anciens qui venlent fe faire Chrétiens. Il y aun Chef de la Priere qui prefide aux Chants , aux Offi- ces qui fe font dans |’Eglife & A tout ce “gui regarde le culte Diyin, maisil ne faig | Fame . III, 49 Hiffoire des Afeeurs : rien fans confulcer le Pere Miffionnaire, uand on fait les Matiages l’on oarde Pondie’ de l'Eglife, & ces Sauvages font plus ferupuleux far la Parenté que les Eu- ropéens ; car leur Parenté ne vient fou- vent que d’ adoption , & elle n’empéche- roit pas le Mariage a caufe quils ne fone — Parens que de loin ; ; cependant on nofe. pas pafler les bornes quils fe font pref. crits avane d’étre Chrétiens’ » pour ne les pas feandalifer. Les enfans qui n'ont ja- mais été au pais tant plus. capables d’in- {tructions que ceux qui ont ¢ré parmi les Infidelles , les Parens ont grand foin de lent faire “aprendre les Prieres, & de les envoyer al Eglife. Ils ne fone pas portez a eur faire aprendrealire n’y a Cerire, a caufe , difent ils , que l’Ecriture ne lear donne: pas dequoit vivre, Il vaut bien mieux qu ils aprennent a aller a la Chaffe, oua Pécher ee aporter quelque chofe a la cabane. Ils font bien aifes quils apren- nent a fervir la Mefle & a chanter. I yen a quelques. uns qui élevent bien leurs en- fan s, mais la plipar ont ey d ingiulgene ce pour eux. : Je vous ay dit, Monfeigneur , tout ce guil ya de bon dans leur. maniere de vi- vre, laFoi n’a fair que perfe@tionner cet état de Sauvage. Par ab ewe ce Seton Afaximes des Troquoiss ft tine honte pour un homme de porter da bois avec fa femme & d’aller travailler aux champs avec elle. On voit pourtant quelques matis qui font cela par humilire & par Penitence : Peut-étre que les Ito- quois ont en horreur cet état de femme 5 a-caufe quils ont vi parmi les Notiang du Sud des hommes Gui faifoient les fem mes & qui quittoient les habits d’ hommes pour prendre ceux de femme; On en void trés-rarement parmi les Iroquois , & ils -condamnent par la feule lumiere natatel. Je cette fagon de vivre. — Quoique les Iroquois foient de grands -Joiieurs , cependant on eft venu a bout de moderer cette paflion, On n’a pas ef -befoin de les empécher de fe facher , cat iis ne fe fachent oes en jotiant , quet. que grande que puille ¢ étre la perte quwils Siflenc au jeu. Outre les occafions dans !efquelles ils - faifoient des Feftins , en ayant retranché Tes faperttitions, ils font quelques Feftins pendant l’annce , au premier de Mai, etr plantant le Mai devant VEolife , ae leis que quelque perfonne confiderable viene Tes voir, car parmi ce grand temoignage emid& ceft de faire Chaudiere, ou en: leur langage mettre la chaudiere haute, pour lors le Capicaine de la Priere dit le AEE ae 42 BHifein des. Atl curs Benedicité A voix haute, & quand on 4 mange il dit les Grstes! Ona courume de chanter pour fe divertir & pour ren- dre le Feftin plus celebre. L’on ne voit pas d'Iroquois qui ait apris de métiers , ilen eft pourtant capable , mais ceft gu A n'a pas de cotirume, Di sfieaes parmi les Chré- tiens s‘occupent a abartre du bois, tra- vailler aux champs, a pécher de pent dé. tre rentez de boire & de devenir ivrognes comme les autres , mais ceux la ne font pas le plus grand “nombre. Une pierre de touche pour {cavoir s'Hs font bien con- vertis eft le pardon des injures. Is font. devenus intereflez depuis qu’ils ont con- - noiflance du commerce. Tont leur argent — & leur monnoye confifte eit ces grains de porcelaine, dont j'ai déja edi !honneur de wous parler. La porcelaine fe trouve dans. la Virginie le long du bord de la mer, ils la commercent avec les Frangois lors qu "ils viennent a Montreal , & ils ache. _ ptentce qui leur convient. ‘Je leur ai val un grand meépris pour l’or & argent qui ne leur eft daucune utiliré pour traiter avec les autres Nations ; s’ils avoient l’u- fage. de le batrre ou de le fondre ils pa roient faire des bijoux. Ces Peuples aiment a fe parer avec autant d'amour propre que toutes autres ~ O& Maximes des Iroquois. 43 Nations du monde, ils aiment beaucoup Je vermillon , l’on en fait un grand com- merce en Canada les femmes s "en mata- chent \e vilage ; aire ( oe , ¢eft-a-dire peindre. Lors donc quils fe watachent el- les mettent plufieurs couleurs fur le vila re, comme dunoir, du blanc, du jaune, du Blew & du eathiiticn. Les Hammes fe font des Serpens de epuis le front jufgu‘au nez , ils fe piquent is plipart rout le corps : auf bien que les Canadiens, avec une ai- guille ,jufqu’au fang. De la poudre < a fufil develee fait la premiere couche pour rece- voir les autres couleurs, dont ils fe fone des figures telles qu'ils ‘le jugent a pro- pos , & jamais elles ne s’effacent. . Ce une maxime parmi eux , lorft quils vont a la guerre, de fe matiacher le vilage-avant que de livrer un combar, ils avotient que n €tant pas maitres quetques : fois des premiers mouvemens dé la natu re,. leurs ennemis poutroient apercevoit | fur leur ve quelque air de palear & de crainte ; ils fe fenrent pat la fortifiez , & ils fe bateent avec une intrepidité furpre= mante. Cette Nation eft trés belliqueufe , -ghais a force de faire la guerre de routes: | | parts, @ toutes les Nations, elle a bean~ coup diminue. Les-Mariages qu’ils ortt faiv avec leurs: prifonnieres ont beatcoup com” EB 3 a 44° Hiftoive des Mears tribué a repeupler cette Nation. Tout ce que les cing Nations peuvent mettre fur pied prefentement ce font quinze cens guerriers , parce que la pli- part. ont été décruits dans ces dernieres guerres , ils tiennent cependant toute |’A- merique Septentrionale en fufpens : Les: Anglois les menagent d'un core , & nous les aprehendons nous- méme. Leur ma- niere de faire la guerre eft fi particulie- re, qu ‘un Francois n’eft pas en fureté a la ottéee d'un piftoler de fa maifon lor{- ’ ju’il eft dans fon habitation. La réfolution étant prife dans leur Con. “fil de Guerre d’aller vanger leurs freres., ils font en meme-temps plufieurs partis, ils prennent quelque peu de bled d’Inde pour vivre en chemin, s’embaraffant peu du refte, parce qu ils chaffent toujours , pated: dans les bois ou ils trouvent de. : quoi fubfitter. Ils ignorent la maniere de fe battre en - - pleine campagne de bled. , que l’on apelle Defert » dott ils découvriront ce quis’y pafle , ils y feront des irruptions fubites — & entreront dans les maifons:, ils tache- | -ront de prendre quelqu’un, “ils feront des prifonniers ou enleveront des chevelu- | res ; cene font proprement que des coups. de mains, & ils ont porte par-ce genre de —& Maximes dis: Froguois. 45 - guerre plus de terreur chez leurs enne- mis que n’auroit pu faire une armée re- lée ; les Frangois ne l’ont que trop ref- fenti. Malheur donc a ceux qui tombent entre leurs mains , car ce font. autant de victimes quiils Drcedant a leur fureur. Ils ont bien foin de leurs prifonniers ‘pendant le Voyage , non par un efprit de chariré ou de “compaffion , mais par- ce quils fe font fait un point d honneur d’en avoir en entrant dans leur Village qu'ils paroiffent bien rigoureux. Ils élois gnent pendant ce temps-la toutes les idées qui pourroient leur faire de la peine fur la jnfté aprehenfion des peines qui les atrendent ; mais lors qu’ils font préts d’arriver eft une metamorphofe bien differente, cette aproche réveille tout-a- coup ce que la fureur avoit afloupi contre leur propre inclination , & imagination rapellant tout ce que la cruaute leur peut infpirer , elle fait eclater la rage qu’ils a- voient RE De ‘dans leurs cceurs ,. car ils leur coupent quel quefois les pouces, leur arrachent les ongles avec les dents , leur rongent le bout des doigts & les wer font briler, leur font des eftafilades dans les chairs avec ‘un cofiteau, & fe les jet- “tent de l’un a l’autre au ‘travers d’an grand feu, ils ne donnent jamais la vie-aux pri- 46 On leur enleve la peau qui couvre le crane,, / / ec ALaximes des Trequois. 49 dans laquelle ils mettent de la cendre toute rouge qu ‘ils leur remettent fur la sere, ~ Lors qu’ils voyent qu’un homme tom- be comme mort, rout navré de douleurs ils le délient & fai fone un habit de paille de bled d’inde auquel ils mettent le feu, ce moribond qui a encore quelque refte : de fentiment veut faire un dernier efforr pour fe fauver, ce font pour lors des tran ports de joye ; cet infortune prie quelque- fois qu'on Pacheve, mais ces cruels in- ventent de Pian atte tourmens pour le faire fouffrir, L’on a vu une chofe tout a fait extraordinaire , que la bien-feance de- vroit me faire paler fous filence , mais c’eft pour vous faire connoitre jafqu’ ou peut aller la malice & le mauvais ceeur de cette Nation lors qu’ils tiennent leurs ennemis. Une Femme qui avoit eu un de fes parens tué a la guerre ne {achant plus de moyens pout tourmenter un Francois fit rougir un fer qu'elle lui pala dans l’u- ne de ces parties que la pudeur me ‘dé- fend de nommer : ¢a éré, felon le remoi- ; gnage de quelque Francois qui avoit ete adopté, le plus crucl fuplice que jamais. _ des Iroquois ayent pu s’imaginer, L’on ne meurt pas d’abord de tous ceg fortes de tourmens que l’on exerce a plaifig * ge Fiiftoive des Meurs Aur eux: enfin auffi.tor que cette vidtime- ‘a expiré, ils lui arrachent. le cceur ; ils ~ fugent le fang , & coupent le corps en. plufieurs morceaux quiils mangent. Tel eft le caractere de la’ plus redoutable Nation qui foit dans YAmerique , qui .d’ailleurs font tres humains & trés ge Mereux avec ceux qui deviennent leurs amis. Je fuis avec refped, | MONSEIGNEUR, ‘Votre tres- humble, &e. it, LETTRE, a i | Maximes des Iroquois. st STEN ATERTETA ATE: | Ena iis II. LET TRE Sujets des premieres Guerres. avec Yes Iroquois. Tnterér des Peuples du Canada avec les di rancoss. "yeu de Mr le ‘Comte de Frontenac de France en Canada, avec Aurionaé le grand Chef des Iroquors. Les Onnontonans veulent fare la Paix . avec les Iroguots, On déclare la Guerre aux Anglois dans la pow ute Angleterre cr la Non- welle York. ‘Arsrsonat Pit hibrier a fa Nation par _ quatre Deputer, qual eft de retour en Canada. “Gagmegoton Ambaffadeur Troqueis aporte des Colliers, | Prife dw Port Royal dans Lacadve par les Anglots, Converfation particulrere de Afr de From . tenac avec Auriouae. 3 hes Traquors font nn grand defordre VISe a-vis de Montreal, Zome IJ, F g2 _ Hiftosre des Ad eurs Le Chevalier Guillaume Pbhis affiege | Quebec avec toutes les forces de la Nouvelle Angleterre. Jl en leve le * Siege: avec honre, Foye a ee. ONSIEUR, | jai tout lieu d’admirer les a@tions Hes roiques de votre Vie , & je croi que je ferois devenu un bon fujer fi la deftinée avoir pu me faire porter les armes fous votre conduite , je ferois affurement de- venu un bon Capitaine puifque vous étes devenu un f& bon General. Je ne pafle pas — les Mets pour faire ici votre Panegirique, votre reputation eft trop bien établie dans des armées , le fuccez de la Bataille de Fleurus vous fut fi glorieufe que vous com- mencates & donnates lieu a Monfeigneur de Luxembourg d’achever une journée qui lui acquit rane de gloire; il reiiflit, mais, fa jofe le dire, il {uivit vos pas & ne fit que terminer ce que vous aviez fi bien com- mencé. Vous, Monfieur , qui étes fi ac- ‘cotitumé a des guerres @’Allemands, d’An- glois & d’Hollandois, foufftez je vous prie- que je vous parle de celle des Iroquois, c’eft une Nation dans |’ Amerique fort il- luftrepar la bravoure. 4 —— & Maximes des Iroquois. $3 - Les premiers Frangois qui s’établirent dans le Canada furent quelque temps fans avoir guerre contre les froquois. La nou- veaute des marchandifes de France attira infenfiblement cette Nation, comme plu- fieurs autres nos plus proches voifins. Les Iroquois Onnontaguez nous regirentavee _ plaifir chez en%, nous y fimes neme un Fort garni de petites pieces de canon ,& des Miflionnaires commencerenta y plan- ter la Foi. . : ) _. Mais conime ce vafte continent occupe quantiré de Nations dont les langues font™ _ toures differentes,cetre diverfité de mceurs & decaracteres defprit excitroit fouvent de ta jaloufte & de l’antipatie parm tous ces Peuples lors qu'il s’agiffoit de quelque garerets: > eat pM _. Les Anglois qui demeuroient aux en — ¥irons de Quebee furent nos premiers; - €€toit une Nation polie pour qui les Tros _ quois avoient une averffon naturetie. La. grande étendue de chatle que pofledoit la Nation Algonxine aw Nord du fleuve de faint Laurent, donnoit d’aurant plus dom. brage aux Iroquois que les Algonxins tuoient beaucoup plus de Caftor & d’au- - tes animauxdepuis qu‘ils avoient l’ulage _des armes a feu, nous trouvions del’a- - Wantage de traiter avec nos voifins fans | : F 2 “ 7 aoe Hiftoire des Meurs aller courir chez les Iroquois qui demeu2 roienta plus de deux cens lieués de Que- bec. Ceux-ci congdrent aifement de la ja- loufie contre les Algonkins qui ne s’en embarafloient pas autrement , les repro- ches fe firent auffi-tér de part bed’ autre, des paroles. on en vint aux effets, en un mot la everre fe déeclara brofquement ene J tre les Iroquois & les Algonkins ; & les — Francois fe trouvant enfermez en la que-— relle des deux pactis furent obligez de fe mettre fur la défenfive. Les Iroquois: de. leur cété ne balancerent pas a faire la guerre aux Frangois. Pluafieurs perfonnes de confideration qui avoient emmené des domeftiques de France a leurs dépens so- poferent a tous les actes d’hoftilité des Iro- quois , & toutes les familles contribuant ahtietinaibeceiatier’ a la culture des terres les — armes a la main lorfquil falloit travailler a la campagne. a: Je palle, Monfieur , fous filence pht. fieurs mouvemens de guerre quil y acd dans ces premiers établiffemens , pour ne pas m ‘engager a raporter fur rout ce que. jai dic de Monfieur Champlain dans mon » Hiftoire de la Nouvelle Franee. Jamais ‘Nation n‘a été plus fidelle aux Frangois que les Algonkins , mais la pe- tite Verole qui fe répandit dans le pais a _ & Atazimes des Fase 5 ‘Partivée de quelques Vailleaux, caufa une © grande defolation parmic cette Nation, le Canada eit été pour lors fort.a plaindre ‘fi Sa Majette n’y etit envoye le Regiment de Carignan. En effer, Meffieurs de Trafi & de Courcelle arnisiee ae heureufement Ta guerre en moins de deux Campagnes. La Paix ayant ete conclue en 1666. Von - réforma ce Regiment qui s etablic dans le pais, la Colonie devine par la confide= rable par tous les nie a 8S pluficurs Officiers , al: ts mieux refter dans le pais ake eS. vevournes en France,: aad ae em | Les Iroquois en Paix avec nous allerent sontee la guerre chez; toutes les Nations avec qui nous n -avions pu encore faire al- liance , ils érendoient par la leur chaffe pour pouvoir commereer avec les Fran- — gois, & a mefure quils faifoient des pri- bition ils les faifoient Efclaves, ou ils fe matioient enfemble.Cette Nations’ auge ‘mentant infenfiblement par la devine fr fiere quelle infultoit toutes les autres. méme les Frangois qui commencoient » faire des. déconvertes chez elles. Les Anglois qui avoient pris fur leg: Hollandois ,dans la Nouvelle Hollandey _-Manathe & Orange, firent amitié av ec les. od gui font beaucoup plus prés de Bs 56 Hiffoirve des Aleurs . ha Nouvelle Angleterre que de la Nou- velle France. Les Anglois ne pouvoient penetrer jufqu’aux Nations qui devinrent dans la fuite nos Alliez’ , ils engagerent les Iroquois. de faire chee eux toutes fortes d’incurfions pour enlever leurs Pelleteries, ou pour chaflerindifferemment far haves terres. Toutes ces Nations que nous avons nommez dans la fuite du mot general d’Outaouaks, firent alliance avec les Fran- cois; ils nous -demanderent main forte & | prétendoient qu’étant maitres fur leurs terres ils ne vouloient pas que les ssi saute vinflent y chaffer. 4 La Chaffe eft pour ainfidire depuis que ee Frangois font établis dans le Canada , le premier objet de toutes les guerres ate | tre les Iroquois & tous nos Alliez » parce — Tes Iroquois font fort bornez, ily a trés- peu de Pelleterie dans la Nouwelle An-' gleterre, moins encore au Sud du coré de la Caroline, la Pinfilvanie, & la Virginie, dont les Indiens font fous la protection de l’Angleterre. : | Monfieur de Ja Barre , pour lors Gou- verneur, ayant arrer¢ toutes lesactes d ho- ftilire des Iroquois fur nos Alliez,refolut — de leur aller declarer la guerre en 1684. Je fejour que fes Troupes furent obligez | de faire au Fort Frontenac , dans le Lac | & Maximes des Iroquors. $7 ‘Ontario , pendant fix femaines, pais ex- —tréemement marécageux , caufla beaucoup de fievres, & fije peux me fervir de cette expreflion Mr de la Barre fut plus heureux que fage. Eneffer , il renouvella la Paix avec les Iroquois qui n’avoient pas trop envie d’avoir la Guerre , & il fe retira adroitement avec fa petite Armée 5 ACCA lee de Fiévres & de maladies. Monfieur le Marquis de Nonville re- leva Mr. de la Barre en 168s. il crdt qu'il étoit dangereux a la Colonie de foufftir que la Nation Iroquoife s’agrandit chaque jour, il avoir porté le fer & le feu a plus _ de cing censlienés dela, dans le Miffifipi, chez des Nations que I’cloignement avoit empéché de fairealliance avec nous. Tous hos Alliez étoient fort intimidez de cet agrandiflement , paree que les Iroquois fufcitoient contr'eux chaque peuple qu’ils avoient fodmis ; ils tenoient nos Alliez dans une fi grande contrainte que ceux-ci n’ofoient pour la pldpart venir a Montreal, _ Monfieur de Nonville prit donc des me- ' fures pour détruire entierement la Nation Troquoife, il fir main bafle fur quantité de Chefs de guerre qui s’étoient trouvez au Fort Frontenac , dont onen envoya quel- ques uns aux Galeres de Marfeille. Il alla _ ghez eux en perfonne avec des Troupes 58 Hiftoire des Maurs d’un détachement de la Marine que le’ Roi luiavoit donné: if romba’ malheureu- fement dans une Embufcade de-cing cens Troquois ot il regiit un rude échec. I! l’a forga cependant & il briéila tous les Vil- lages des Tfonnontovans , ravagea leurs’ campagnes de bled, & les hommes, fem- mes & enfans forent trop houreny de fe jetter dans des pais inaceffibles ged leur fureté, Les Iroquois frapez d'une telle irru= ption ne penferent plus qua tromper les Francois, ils profiterent d’un contre-temps quiatriva a la Colonie, La Rougeoile que’ des Navires de Francé avoit aporté, nous’ mit hors: d’état d’aller avec un détache- ment de huit eens hommes chez les Aniez gui font nos plus proches voifins : les Iro- quois envoyerent des Ambafladeurs en 1688. 4 Mr. de Nonville pour traiter de la Paix. C’eft une maxime dans ce pais lors: que l'on vient parler de Paix , plufieurs de Ja Nation partebt en méme temps fans confequence , foit pour fe trouver a la Paix , foit pour commercer. Ils vinrent aw names de quinze cens, & attaquerent a limprovitte le 5. Aotie 1689. la Chine e,par- tie Meridional de l’Ifle de Montreal , ou ils ravagerent trois lieues de pais , enle- verent quantité de prifonnies , -tuerent’,: | co Maximes des Iroquos. 59 traffacrerent toutce qui parut devant eux, - mettant méme des Femmes a la broche -quils firent rotir, & exergant des cruau- tez inoutes que la bien-feance m ‘oblige de taire. Ils firent encore une autre irruption au mois d Octobre au bas de cette Ifle, quils ruinerent apres avoir fait plufieurs prifunniers. Telle étoit la Gituation de la Nouvelle France quand Mr. de Nonville. fut rapellé en France pour étre fous Gou- verneur de Monfeigneur le Duc de Bour- ~gogne ., & Mr le Comte de Frontenac le Feleva le 12. Odtobre 1689. Une Colonié eft heurenfe lors qu'elle | eft gouvernée par un Chef qui ne regarde que Vutilité & la felicité publique : ceux que Dien a choilt pour prendre fous lui le gouvernement des Provinces, & que la Providence a placé fur la tere des autres hommes, doivent fe faire aimer des peu- » ples, parce que leur grandeur ne confilte pas tant au pouvoir quils ont de leur com- mander, qu’aux FHOREDS qu "ils doivent rendre gee leur étre utile. Ul ef difficile, Monfieur , de vous ex- primer la joye que reffentit la Nouvelle France lors que Monfieur le Comte de -. Frontenac rentra cette année dans. fon ‘ gouvernement, aufli éroic-il fouhaite de toutes les Nations. Ch Hifcive dee Ite eurs | Les Sauvages Alliez des Francois qui avolent pris leurs interéts contre les Iro- quois , demeurerent dans une efpece de letargie depuis le faccagem ent de la Chi- ne, les habitans enlevez & la plus belle — oles du pais entierement rnin€e, avec un | alloupiflement univerfel de ies part des Frangois , donnerent lieu a toutes ces Na- tions de prendre dans la fuire d’autres mefures pour nctre pas la vidlime des Iroquois, Lie La Durantaye Capitaine Pune Com- pagnie d’un détachement de la Marine qui commandoit a Michilimakinak, a trois eens lieués de Montreal,s 'apei gut sien de ce refroidiffemenr, il dépécha a Quebec Joliet qui négocioit en ce pals, pour in- former le nouveau Gouverneur que Von attendoit de France, de toutes les déemar- ches queles Sauvages faifoient pour faire’ da Paix. adds | | Les Outaouaks & les Hurons furent les premiers qui voulurent prendre leur fu reté, ils avoient trop de penetration d’ef- pric pour fe laifler tromper , & les mefu- tes juftes quils prennent oxdinnivaniont dans leurs affaires, les mettent fouvent & Vabri des incidens qui peuvent arriver. oliet arriva 4 Quebec fur la fin de De- estabre's ; la furprife de Mr de Frontenae’ & Maximes des Iroquois. Or we fut pas moindre de voir entreprendre a un homme un Voyage de cette confe- quence, qu'il fur oblige de faire partie en canotpartie fur les glaces , accompagné feulement d’un autre que des nouvelles qu il lui aportoit : en effet les changemens de Gouverneurs font fouvent changer. — de face aux affaires d’un pais cloigneé de fon Souverain. Monfieur de Pigivenac refolut des le méme temps de ie renvoyer a Michilima- _xinak porter fes ordres a la Durantaye, & fa parole aux Sauvages, pour les détour- ner de leur deffein & jour donner avis des differens partis qu ‘il envoyoit contre les -Anglois pour commencer la guerre con- tre eux, & les faire repentir de tous les maux qu ils nous avoient fufciré , a eux & a nos Alliez: mais les nouvelles que l’on edt que les Iroquois: chaffoient fur le che- min , fut caofe qu’il ne partic qu’au Prin- temps apres la fonre des glaces. L’on détacha pendant I’ Hiver trois par- tis : le premier devoit fe faire A Montreal, pour aller du coré d’Orange. Le fecond fe formoit aux Trois Rivieres , & devoir _ faire fon coup entre Bafton & Orange, Le croifieme qui partoit de Quebec, de. -Moit cotoyer le voifinage de Bafton. ro) Pals reiiffirent tous, on efit d’ abord deg 6s FFiffeire des Af curs i nouvelles de celui de Montreal , mais aus paravant que je vous en fafle un détail plus au long je vous dirai, Monfieur, gu’au premier Voyage que fit Mr de Frontenae a-Monrreal a foi retour de France, il fie partic un Convoi pour le Fortde Catara- Kou ,ou de Frontenac, pour tacher de le ravitailler, & le mettre hors d’infulte pen- danc tout l'Hiver. Quatre Iroquois qu il avoit ramene de France avec Auriouaeé , un des plus confiderables Chefs de leur Nation, partirent pref{que en méme temps. Je vous parlerai fouvent de ce Chef, il ‘€foit un des principaux fnjets de la guer- re. On en attira plufieurs au Fort de Fron- tenac fous prétexte de Paix & d'un Feftin d’alliance,qui eft la maniere dont on traite les affaires avec eux, ot ils furent arrétez au nombre de quarante, que l’on envoya ‘en France aux Galeres , mais le Roi qui fue informe dans la fuire de cette action les fit repafler en Canada. On avoijt lieu “de fe flater que la Paix fe feroit aifement avec les Iroquois des lors quils apren- | -droient des nouvelles d’Auriouae , pour qui effectivement les cing Nations pre- hoient un interét commun, On le ména- “gea pendant le fejour qu'il fit avec les — Frangois , & il gagna affez fur lui pour ou- blier les mauvais traitemens qu'il avoit recus ——— & Masimes des Iroquois. 63 fectis pendant fon efclavage. Il engagea lui-méme Mr. de Frontenac a des confi. ~ dences particulieres , & ce fur de fon pro- pre mouvement qu'il lui infpira de faire partir fes quatre Députez vers la fienne avec un autre Sauvage qui ¢roit venu en Ambatflade, Son deffein étoit de faire aver- tir fa Nation de fon retour , de l’obliger d’envoyer quelqu’un faluér le Comte de Frontenac leur Pere quiils avoienr perdu depuis fi long temps, & de le remercier en méme temps des bontez qu'il avoit ef pour eux en les faifant delivrer des Gale- | res, chargerent ces quatre envoyez de fes Ordres. Ils revinrent a Montreal le neu- - wieme Mars avec Gagniegoton, ilsy gar- -derent le filence , mais aux inftantes folli. citations du Chevalier de Callieres Gou- verneur de cette Ville qui les prefla de parler, ils ui prefenrerent fix Colliers de porcelaine. | | Panmifte CobLtrer. |. _ IL marquoit le fujet de leur retardement caufé par l’arrivée des Outaovaks aux Tfonnontouans , il difoit que des Efclaves Iroquois y avoient été rendus au nom de neuf Nations differentes, fans que les Hu- rons de Michilimaxinak euflent aucune patt dans cette négociation, Les Iroquois ésoient invitez a fe rendre au mois de Juin Tome ILI, a, Cae Fiftoire des Af wurs aun lieu certain , pour mettre la derniere ‘main a la Paix dont ils venoient porter la parole , & y recevoir encore vingt-fix-au- tres Efclaves. Gagniegoton ajoutoit que céroit ainfi qu'il faloit faire les chofes lors qu'on les vouloit acheminer a une bonne “union , & venir foi-méme parler d’affaires fans s’en remettre fur d’autres que de Nation, 7 DrEux1EME CoLLiER, Il témoignoit la joye que les Anglois ‘& les cing Nations Iroquoifes avoient ed d’aprendre le retour d’Auriouaé , guiils nomment le Chef general de toute la Na. tion Iroquoife. | Gees TROISIEME CQLLIER. Il parloit de la part de |'Onnonagué au nom des cing Nations ; il y redemande le promt retour d’Auriouaé , voulant quil fut accompagné du porteur de fa parole, de quelques Sauvages qui croient reftez velontairement patmi les Frangois , & de fous ceux qui éroient revenus avec lui de | France, que leur retour fe fit avec lui fur les glaces afin quiils viflent enfemble les mefures quils avoient a prendre. II ajou- roir que l’on avoit retiré a Onnontagué ~ gous les prifonniers Frangois qui ctoient en diverfes bourgades, & que l’on n’en dif- poferoit que fur ce que diroit Auriouaé 2 — fon retour, peo oe, AMeaximes des Troquois. _ &% QuatTrie Me COLLIER. : Il s’adceffoit au Comte: de Frontenac. Vous dites Ovontio, mon Pere , que vous deficez redreffer V'arbre de la Paix que ‘vous avez planré dans votre Fort , voila qui eft bien. Mais , Cinqgure Mo Cot LLIER. _ Ignorez-vous qu’il n’y a plus de feu da. Paix dans ce Fort, qu'il eft éteint par le. fang qui a été répandu, les places ot l’on tenoit le Confeil en font toutes rouges, on a gaté ce lieu par la tromperie qu'on y a faites , ona gate la terre d Onneyout ( celt un Village 2 a dix lieués au deflus du Fort ) par les prifonniers qui y ont été faits par. _furprife, ona garé la terre des Tonnon=. touans par le Earser que les Frangois y ont fair. Racommodez tout cela il vous fera li- _ bre de placer le feu de Paix & des bonnes affaires ailleurs gu’oti vous l’avez mis, car on l’a jetté hors de ce lieu, Mettez.- le fi vous voulez a Onfaguentara (ceft un. lieu au dela du Fort ) ot fic’eft trop loin vous pouvez choifir la Galette, oi The- ganiflorens vous viendra trouver ( c’étoit. un Chef fore eftimé de Mr de Frontenac, pour quiil avoit de l’affeGion) vous pour- rez vous y faire accompagner part autane_ de _— qu'il vous paras & moi de. G 2 SE Aliftoive dss MM eurs méme, Au refte, mon Pere Ovontio, vous avez fotietté vos enfans bien feverement, vos verges ¢toient trop piquantes & trop longues , apres m/’avoir ainfi traité vous pouvez bien juger que j'ai maintenant de Vefprit. Je vous repete que moi Onnon- taguez {uis maitre des prifonniers , apla-’ miffez les chemins de chez vous a la Ga- lettre & ducoté de Chambli, SrxtE ME CoLLieER, | Il avertit quil y a un parti de vingt hommes en campagne des le mois d Oo- bre contre vous, quine doit faire coup qu’a la fonte des néges : il promet que f# © il faie des prifonniers ils en auront foin, & prie que fi nous en faifons de notre co- té nous les confervions pareillement. Il ajotita encore ces paroles, j’avois huit prifonniers pour ma part de l’affaire de la Chenaye proche de Montreal, j en ai man- g¢ quatre , & les quatre autres ont ici la vie. Wous avez érée plus cruel que moj, ayant tué douze Tfonnontouans a coups de fui] , vous avez mangé les trois autres qui reftoient en vie, fans la donner a pas un, vous euffiez pu la donner a un ou deux; celt pour cela que j’en ay mangé quatre autres , pour vous faire voir que vous €tes $69 crucl que moi. Je ne {gai pas ce que Tes Onneyouts , avec qui j’étois allé cn ee Maximes des Iroquois. 67 guerre, auront fair des Frangois captifs qui leur font échus en partage, La Harangue finie le Chevalier de Cals — lieres demanda A cet Ambafladeur file Pe- re Milet Jefuite qui avoir eré asp au Fort de Frontenac vivoit encore ? Il répondit. qu'il vivoit lors quik €toit parti du ein ily avoit vingt-huit jours. On lui demanda de plus d’oti vient qué les Aniez étoient venus en guerre contre nous ? Il répondir que quatte-vingt dix Loups Sauvages, Alliez des Iroquois , a- voient fait un parti dans lequel ils avoieng engage quelques Anicz & quatre Onne- - youts, mais que l’onavoit fait courir aprés Tes Aniez. Quand on fe trouva dans un endroit ot les deux cheminsd’ Orange 8 de Corland fe feparent ,l’on jugea a pros pos de prendre cette dérni¢re route. Lors que l’on fur A deux lienés de Cor © land le gtard Anié Chef des Iroquois de Saut fit une Hatrangne , pat laquelle il en- eouragea tout le monde a faire fon devoirs Les fatioues extraordinaires que nous a= vons. fou Merve’ dans netre voyage , len# dit-il ne doivent pas rallentir en nous nos tre courage , il fuffe que nous foyons deg hommes, il Eau nous venger des injures que nous avons regiics des Iroquois , ala follicitation des Anglois, & les | laver dang - 3 68 | Aiftoire des AMeurs le fang de ces petfides. Ce Chef étoit fang contredit le plus confiderable de fa Na.- tion, honnéte homme, plein d’efprit, de prudence & de cceur, & capable des plus grandes entreprifes.On trouva uf moment aprés quatre femmes Sauvages cabanées, qui donnerent toutes les lumieres necef- faires pour l’attaque de la Ville. L’on con- tinua le lendemain Ja route & l’on envoya > a la découverte un Canadien & neuf Sau- vages : on arriva enfin fur les onze heu- res du foir ala vue de Cortland, & quoi que l'on ett remis l’attaque fur les deux heures du matin, le froid les obligea de ne pas differer davantage. Cette Ville fair une efpece de quarré long ou ilny a que deux portes , Pune vis-a-vis de laquelle. éroit notre parti, & lautre qui conduita Orange, qui n’en eft Cloigné que de fix lieués. Saint Helene & Mantet devoient entrer pat la premiere que ces femmes avoient dites ouvertes, d’Hiberville 8 Monteflon, avec un autre détachement, rirent fur la gauche pour fe rendre mai- tres de celle d’Orange , qu’ils ne purent trouver. On garda un profond filence juf- qua ce que les deux Commandans qui étoient entrez dans la Ville l’euflent re- connué :le cri d’attaque a la Sauvage fe fit retentir tout a coup. Mantet a la tere, -“ ce Maximes des Iroquots: 65 d'un détachement attaqua un petit Fore oti la garnifon fe trouva fous les armes, il fit mettre le feu ala porte, y entra , & fit pafler au fil de l’épée toute la garnifon. Le feu étoit d’un autre céré dans Ja Ville, & le fang y couloit avec profufion par le maflacre general de tous ceux qui la dé- fendoient. Cn voulut épargner la maifon du Miniftre pour en tirer quelque, con- noiflance , mais il fut tué & tous ces pa- piers furent brilez avant que l'on. pur la reconnoitre, L’on envoya fommer le len- demain Cendre Major de la Place , qui étoit chez lui de l'autre coté de la riviere, il voulut faire de la refiftance , mais com- me on avoitréfolu de ne lui faire aucun mal en confideration des bons fervices qu il avoit rendus autrefois a des Francois, - dHiberville & le grand Anié lui promi- rent bon guartier, l’affurant qu’on ne lui feroit aucun tort ; il fe rendit fur leur pa- tole., il les regala & vint avec eux trouver les Commandans qui étoient dans Ja Ville. L’on acheva de briler toutes les maifons, a la referve de celle de ce Major & d'une Veuve chez qui on avoit mis Montigni qui avoit été bleflé de deux coups-de per- tuifane dans le corps & dans le bras, parce _ gue l'on vouloit éter occafion aux Sau- _ Wages des enivrer,ce qui leur arrive dans 70 — - Aisftosres des AL wurs : pareilles occafions. L’on donna la vie 2 _ cinquante ou foixante Vieillards , ferames & enfans , qui s’étoient fauvez a la pte- mere fureur , & l’on épargna une tren- taine d’Iroquois aufquels lon fit connoi- tre que l’on n’en vouloit qu’aux Anglois. Cette perte monta a plus de quatre cens mille francs. - Nie On.attendoit avec impatience le retour des Partis des Trois Rivieres & de Que- bec, dont l’on n’ett des nouvelles que long-temps aprés. Des que le Fleuve fut libre Mr de Frontenae refolut de renvo- yer quatre des Sauvages qui avoient a- — porte les Colliers que Gagniegoton avoit prefenté a Montreal. Hs partirent & fu- rent accompagnez du Chevalier d'O Ca~- pitaine réformé: Auriouaé chargea fes gens de huit Colliers qu’il prononga lu ; | | méme, on | Le Premier COELIER. | _ Eft pour efluyer les pleurs des cing ca=_ banes ( ce‘ font les cinq Nations Iroquoi- fes) 8¢ leur faire fortir de la gorge ce qui pourroit y érre refté de mauvais fur les méchantes affaires qui fe font pallees , d& pour laver le fang donrils font couverts. — Le Il. Cottier DrvisE EN DEUX. La premiere moitie eft pour leur té- moignet la joye qu’ Auriouac a cue dian \ % & Masximes des Iroquois. at prendre que les Outaouvaxs ont promis de remener aux Tfonnonrouans les prifon- ' niers quils avoient ; l'autre moitté pour deur dire qu il eft bien aife qu’ils Payent averti de dire 4 Oxontio quils avoient re- commande a leurs gens qui €foient partis des |’Automne pour aller en guerre , de conferver la. vie aux prifonniers qu’ils pourroient faire fur les Frangois, & que Ovontio lui a promis de fon cété que files © Frangois en faiforent quelques-uns des leurs ils en uferoient de méme , jufqu’a ce qu il eut réponfe des gens qu il envos yoit awx cing Nations. > Le Trotste me Cortrrer, Remercie les cing Nations d’avoir en- voyeé prier Onontio de le renvoyer avee fes Neveux fur les glaces, & les prie de mettre tous les prifonniers Frangois entre les mains des Onnontaguez, afin que ff les affaires saccommodent ils les puiflene rendre. : : Le Quatfrit Me Corirer, _ Eft pour leur dire qu'il voit bien que is Vont oublie aufh- bien que leur ans cien Pere Oxontio, puis quils n’ont pas envoye de Confiderables le chercher , 8 pour parler a leur Pere, & quiils lui aus ‘fojent fait plaifir d’en envoyer feule- ment un, : | | ¥% iE Hiftoive des Ad eurs iL Cinquik ME GCOLLIER? . Eft pour dire a toutes les Nations oa oe defire voir des Confiderables a Montreal , quil eft comme un homme ivre & qui x perdu Vefprit de voir qu’ils n’envoyent perfonne pour le chercher , -& quail fou-_ haiteroit que ceux qui avalos accoutumé de faire les affaires avec lui , vinflent afin quils puffent connoitre la Boline volonté qu’Onxontio a pour toute la Nation, & les ti ns traitemens que lui & fes Neveux elr nt regus depuis qu’ils lui onr été remis entre les mains en Franee. Le SrxremMe CoLiriers E& pour lier les bras des cing Nations, afin de les attiret a Montreal, & qu ‘aptes éela ils le rameneront avec au®: Le SEPTIE ME ‘COLTIER, | Pour leur dire que c’eft a fa priete que Onontio a ca pour accompagner fes gens un des pl us confiderables Officiers qu ‘il eur, & qui méme eft fort connu par- mi eux. Que ce Collier eft aufG pour les. exhorter a ne point écouter les ‘Anglois: qui leur ont renverfe l’efprit, & ane point — fe méler dans leurs affaires , n’y étre en peine de ce qu’Onontio a commencé a les ehatier , parce que ce font des Rebellesa leur Roi legitime que le grand Onontio protege , que cette guerre ne les regarde ee US >) & Masximes des Iroquois. 73 ‘point, ce qu’ils peuvent bien connoitre, par ce que les Frangois ont fait en enle- want Corlard, ot ils n'ont fait aucun mal aux gens de leur Nation qu’ils ont tous renvoyez, fans méme en vouloir remme- mer de prifonniers, jaa Le VHI. er Dernzern Cortier., Eft pour dire que lui Auriouaé eft frere de rous les Francois, mais particulierement de Colin gui efit un trés grand foin d’eux ‘pendant leur Voyage de France & depuis leur retour en ce pais , & quiils ne font tous devx qu'un méme corps, & que ne voulant pas les aller trouver qu’ils ne les viennent querir , quoi qu'il foic en pleine | liberte de le faire. I] fe fepare en deux & leur en envoye une moitié pour les enga- get de le venir trouver en toute afluran- ce puifqu’ils feront auffi libres que lui, qu'il ne veut pas quitter fon pere auquel il veut €tre toujours uni, qu’ils prennent donc courage & viennent a Montreal of ils le trouveront avec Ovxontio, qui con- ferye tofijours pour toute la Nation & pour lui la méme amitié dont il leur a donné tantde marque pendant dix années, Gagniegoton ne fut pas danombre des. Sauvages qui rerournerent a leur pais, le Chevalier d’O etoit accompagné de qua- tre Frangois & de Colin, qui avoit fervi yf : 4 iftovre des AL ceurs d'Interprete a Mr de Frontenac dans le Voyage de France, & depuis fon arrivée en Canada. Le Che evalier d’O n’étoit char- gé d’aucune parole pour les Iroquois , il n’avoit ordre que de fe trouver aux Deéli- berations que l’on prendroit fur ce qu "Aue riouaé leur mandoit, apuyer la negocia~ tion de ces gens: ci fans y entrer lui.mé- me, & étre t¢moin de tout poe en faire yn Gels raport. L’on n’edr aucune cauheli certaine de Jui depuis fon départ, l’on aprit par les Anglois qui vinrent D Acaeeteiea afheger Quebec, gue les [requois pour leur mon- — trer quils ne vouloient aucun accommo- dement avec nous l’avoient conduit dans Ja nouvelle York , & qu'il y étoit gardé fans qu’on lui eur tue aucun mal. Monfieur de Frontenac envoya en mé- me tems a Michilimaxinak Louvigni Ca- pitaine réforme , pour y_ relever Ja Duran- taye avec Perrot qui croit charge de pre- fens & des paroles , quil adretloit a routes les Nations d’ enhaut , il devoit les diffua- der de l’Alliance qu il Negocioit avecl'I- roquois & |’Anglois, qui étoit prefque concluc, Loavigni étoit accompagné de cent qua- rante-trois Frangois voyageurs & de fix Sauvages; les” Frangois alloient Phere a cm —& ALaximes hides Troquois. 7 5 da Pelleteri¢ qui leur apartenoit,qu ‘ils n’a- ~ woient pd emmener ici bas les ann¢es pre cedentes a caufe de la guette, D’Hofta Capitaine & la Gemeraye Lieutenant, aufli teformé , eurent ordre de les accom- agner avec trente hommes jufques aux Te havers , a foixante lieués de Montreal, afin de raporter des nouvelles de leur paf- fage , n’y ayant plus de rifque au dela de ce détroit. Ils particent de Montreal le vingt: deux Mai, & firent alte douze jours apres a trois bisiag's au deflous d'un endroit nommeé tes Chats , a l’abri d’une pointe qui avangoit fort git large dans la Riviere, dou ils. découvrircent deux canots d’ foo quois qui paroifloient au bout de la pointe. Louvigni & d’Hofta refolurent d’y en- voyer trois canots de dix hommes cha- cun, & que foixante autres iroient par ters re pour les prendre de tous corez. D’Hoflta & la Gemeraye s’embarquerent dans les canots , & Louvigni devoit conduire ceux quia Daten par cin: Les trols canots ar- riverent bien-rét of éroient les Iroquois, qui firent fur eux a bout periens une dé. charge de moufqueterie : i! y eut d’abord quatre hommes de tuez, il n’en refta que deux qui ne furent pas bletfez dans le Ca- not de la Gemeraye, qui vouloit aborder Je premier, ainfi ils furenr obligez de rex arms etiisg ) aS “Hifi des Meurs venir a l’endroit ot ils avoient Jaiffé les autres canots. Meh Hofta outre de Ge retraite , & Louvic | gpi au defefpoir de. la perte. le fes gens , sétant mis ala téte de cinquante- ou foi xante hommes , donnerent par terre tere. | baiflée dans Pebi (cade des Iroquois, qui aprés une premiere décharge, & ne pou- _ wane enfuite fodrenir le choc Hes Frangois | s ‘embarquerent. avec précipitation , aprés avoir ei environ trente hommes dé tuez , fans ~ compter plufieurs bleflez a mort, quatre prifonnicrs , deux hommes & dens: femmes-, dont l’un ‘Fae mené a Michilima- ike : an fut mange ee les Burons & rarer oY revint a Montreal aprés Ke Caine ie Lovvigni continua fa route. L’on eut peu de temps apres des nou- welles de |’ ‘expedition’ faite par Hortel qui commandoit le Parti des Trois Rivieres. : i] éroir accompagneé de trois de fes Fils’ ie de vingt-quatre Sokokis , & de cing Al- gonxiis. Ils partirent: des Trois Rivicres Je vingt huie Janvier avec cinquante- deux hommes ; aprés une marche aflez longue. & fort penib e au travers des bois, il ar. riva le vingt fept Mars aupres. d’un Villa. ge Anglos nomme Sementals, qu'il ayoit f 6 Maximes des Troquois. OF Fefolu datraquer, il examina le terrein pour pouvoir Paice trois détachemens. Le prentier de douze perfonnes devoit s atta- cher aun petit Fort de picuza quatre ba= ftions; le fecond de quinze qui devoit en- lever une maifon fortifiée , & lui avec le ‘furplus devoit donner fur aii autre oil ¥ avoitune piece de canon. Ces trois Portes — _ furent enlevez fans peine , ceux qui les _défendirent furent. tuez , & l’on fit cin- quante quatre prifonniers , Von brila fept maifons dans lefquelles eis mille béres a corne perirents Ce coup érane fait il fe - fetira de peur de tomber entre les mains de deux cens Anglois de Pefcadoiiets qui Vvenoient apres lui 5 ils lui couperent che.« min a la verite nae il les arréra heurew- fement aa paflage d’un petit Pont fort ¢- troit, od il en’ jetra. par terre , err bleffz » dix & mic le refte en fuite, eC uevice Seis gneur de faint Frangois & un Soxoxiy fa. _ Feat tuez »& fe fils-atné d’ Hertel fut blelé d’un coup de fufil dans la cuifle dontil fat eftropié, Ce Coommandant continua fa re. traite le plus vite qu il put. Il rencontra encore des Découvreurs Anglois dont il en tua trois, & gagna un Village de Sau- - Yages ou it mit fon fils qui éroit bleffé, TL aprit que Portneuf croit a Kefxebaye, a — deux j journces de lui,dans l’attenre de faire : =i Eee “$ Fiiftoire des Ad éurs une expedition qu'il n’avoit pil encore fet. miner , il Je joignit avec trente fix Fran- gois & Sauvages. Celui-ci ¢roit parti de ~ Quebec avec cinquante Abenaguis du Saut de la Chaudiere , qui en eft a deux lievés ; ils fFarent pendant Février , Mars, Avril, & la moitiéde Mai ,a chafler dans les bois pour trouver dequoi fubfifter, Comme ils ne trouverent perfonne dans un Village d’Abenaguis qui éroient allez en guerre contre les Anglois , ils pouffe- rent plus bas dans la riviere de Kenebe- qui , & rencontrerent dans un autre Vil- lage ceux.ci qui étoient de retour ,*n’a- yant tue que fix Anglois. L’on aflembla” — tous les Sauvages des environs & l’on fe renditle vingt trois Mai a Kerkebaye, qui eft fur le bord de la Mer, il y avoit un grand Fort garni de munitions, avec huit pieces de canon , & quatre autres petits Forts affez proche. Quatre Sauvages & deux Francois fe mirent en ambufcade auprés du grand, _ dca un Anglois qui en fortit au point du jour fue rué. Quand les‘Sauvages ont’fait, — Monfieur , des coups de. cette nature, ils font ordinairement des cris de morts, les Anglois jugerent bien quil y en avoit au- —prés d’eux. Trente hommes fortirent fur le midi & vinrent droit ol croient nos gens; & Macximes des Ivoquors. 79 eeux-ci qui éroient cachez les laiffant a- | procher a dix pas de leur Ambufcade 4- rent feu toura coup, fe jettant fur eux Vépée & la hache d’arme a la main, & les pourfuivirent fi vivement qa'ils n’en ren- trerent que quatre tous blefiez. Nos gens sengagerent cependant trop avant dans — cette pourfuite , parce quiils efluyerent le feu d'un des petits Forts ,d’ou ils tuccent un Sauvage ®& bleilerent un Frangois: l'on fomma le foir le grand Fort de fe rendre, ils répondirent que l’on s’y défendroit juf- ques a la mort. Ho ete ~ Lintentionde Mi de Frontenac n’étoit pas d’attaquer de Forts parce quil jugeoit bien que l'on y perdroit trop de monde, “il vouloit que l’on s’attacha feulement a ruiner la campagne :mais-comme les Sau- vages ne fe laiflent pas gouverner fi aifé- ment, ils prennent fouvent d’eux meme de nouvelles refolutions. D’un autre cété il n’étoit pas de l’honneur de Portneuf de revenir d'un Voyage frlong & fi penible- fans donner des preuves de la bonne opi. nion quel’on avoit cong de lui. Voyane que les environs de la campagne avoient etre abandonnez fur l’avis qu’un foldat, difoit-il , avoir donné aux Anglois de fon aproche, il refolut de prendfe a quelque _ pix que ce fut le grand Fort, dans lequet oe . Eb 3 & rie ‘S80 Fiiftoive des Afeurs tous les Anglois des petits Forts s’éroient retirez , on fe logea la nuit du vingt- fix au vingt. fept Juin, fur le bord dela Mer, a cinquante pas, ot l’on fut couvert d’u- ne terre fort ef{carpée qui mettoit a l’abri du canon & de la moufqueterie. Quoi que | nos Frangois & nos Sauvages ignoraflent da maniere d’affieger des Places , ils ne Jaifferent pas d’ouvrir la tranchée la nuit du vingt-huit, ayant trouve heureufement dans ces petits Forts des outils a remuér la terre : ils pouflerent fi vigoureufement leurs travaux que les Anglois demande- rent a capituler. Comme on vouloir le Fort, les munitions & les vivres, il ne leur fut accordé que cette nuit pour fe dé- terminer. Ceux-ci qui fe flatoient d’un promt fecours par Mer demanderent cing jours a fe reconnoitre : on leur refufa cet- te propofition, il fe fitle lendemain matin grand feu de part & d’autre. Les ennemis jetterent force grenades qui ne firent pas — “grands effers,a la referve d'un Francois qui eut le bras cafléd’un coup de canon, & d'un Sauvage qui eut la cuille percée. Mais quand ils virent que l’on aprochoit de leurs Paliflades une Machine pleinede matiere combutftible dont ils ne pouvoient pas fe garantir, ils aimerent mieux fe ren- dre que de briler tout vifs. La Garnifon. & Maximes des Iroguots. Sr & foixante & deux hommes fortirent en- fuite qui furent conduits au Camp. II pa- rut fur ces entrefaites quatre Vailleaux gui venoient a deffein de faire lever le Siege , mais n’apercevant plus de Pavillon Anglois ils revirerent de bord. L’on brula | enfuite le Fort avec les munitions , l’on - encloiia les canons & les Sauvages fe re- ferverent la plufpart des prifonniers. Le Commandant & deux Filles de fon Lieu- tenant, qui avoit été tué , furent conduits ~ A Quebec , ot ils arriverent la veille de la igimeyean. Il fe fie encore un autre Parti en canot contre les Anglois. Beauvais & la Broffe Lieutenans , avec quatre Francois, alle- rent joindre les Sauvages du Saut, & de Lamontagne quile compofoit, a la tere defquels étoit le grand Anié :ils marche- rent depuis le dix-huit Mai jafqu’au vingt- fix fans faire aucune rencontre. Les Dé- couvreurs qu’ils envoyerent le matin ra- porterent qu'ils avoient entendu tirer un _coup de fufil, L’on attaqua peu de temps apres’ deux cabanes, dans lefquelles l’on enleva quatre perfonnes. Ces prifonniers. leur donnerent avis que fur le chemin quiils tenoient pour aller au Fort Anglois qwils vouloient attaquer , ils rencontre- xoient le relte de leurs gens au nombre $2. “Hiftoire des Neves de trente , avec leurs femmes & les ert fans. Us continuérent leur route de ce ca: té-la , &furent chargez les premiers dans wne Rites (onde que ces gens: leuravoient dreffé. Ils donnerenta ee main & enleve. rent tout , apres avoir tue quatre hommes deux & or quarante- deux: prifonniers, au nombre defquels-il y- avoit huit Raw ’ cloifes. Ils ne jugerent pas a propos de pafler outre ayant apris qu ‘il y-avoit fepr: cens Sauvages: Loups a une journee & de= mie qui les: atrendoient.,. ils repritent le chemin de Montreal ; ils fejournesent 3 ala Tiviere du were qui tombe dans le lac: Champlain, of ils firent des canots. Com- me ils faifoient les Prieres publiques le foir ils furenr découverts pat un Parti: € Algonxins & d’Abenaguis.des Trois Ri: vieres qui alloient en guerre au méme. endroit d’ot ils venoient. Ceux-ci pour. ne pas .manquer leur coup donnerent a P improvifte deflus a la pointe du jour, en tuérent deux , bleflerent deux Frangois ,. ‘fix. Sauvages, & deux. Efclaves Angloifes :. eette méprife éroit d’ autant plas Ficheufe- que le grand Anié fut tué ,.ce fut une perte: irreparable qui affligea fenfiblement tout: le Pais. Ces A Algonxins & les Abenaguis- étoient du parti d’Hertel , qui avoit fait- expedition de Semenfals, Cet ingideng - \ é ~ oi Maximes yes fete & éaufa beaucoup de trouble, 5 qui n’eut pas de fuite par l’adrefle que Yon elit de ral< lier les efprits. Les Iroquois qui avoient été maltraitez. par Louvigni fe déracherent dans la fuite pour entirer vengeance, ils furent decou- verts a la Poihte ou Tremble de Mont- real par Gallet Chirurgien , , qui donna avis de leur marche a Collocbe et Lieute- nant réformé. Le Choc fit vigoureux de part é d’autre , celui-ci perdic ‘la vie avec douze Wedilaes. 4 y euc ducéte des Iro- quois vingt cing de tuez, le refte fut mis ‘en déroute. Il y avoit peu de fureré dans les habi- tations qui font vis-a-vis les Trois Ri- vieres. Un Parti d’ Iroquois enleva quinze ou feize perfonnes a la riviere Puante ;. on courut apres ces Barbares, qui pour ne. pas fuccomber aimerent mieux s’enfuir apres avoir égorgé tous leurs prifonniers. Tout éroit donc en allarmes dans le fleu- ve depuis Quebec jufqu’a Montreal. Mr de Frontenac fit deux déracheniens de Troupes pour la fureré des cates du Sud , lun étoit commandé par le Chevalier de Clermont Capitaine reformé , qui avoit. - Ja Croifiere , depuis bhanereal julques a Sorel ; environ dix-huit lieués de pais © Yautre qui ¢toit commande par la Mothe: bon ~ Mee wk \ Bz. “Hiflin des Maury devoit cétoyer les Trois Rivieres jufques a faine Francois , dans le lac faint Pierre’, ‘& décendre au felony: a Le Chevalier de’Clermont arrivant 4 Forel apric que cing enfans qui gardoient les beftiaux aux environs da Fort venoient détre enlevez part wn Parti ennemi, il les fuivit avec les meilleures troupes qu'il a- voit , & quelques habirans qui fe joignt= rent Alui: il les furprir , -en tua un far la’ ‘place, delivra ces quatre enfans & mit le’ -refte en fuire. On trouya quatre hommes de tuez du méine parti , parmi lefquels etoit un Anglois’, & un peu plus. loin le cinquiéme enfant qui n’avoit piles fuivre.: [ on aprit quelque temps apres d’ aflez’ thauvailes noivelles de Lacadie. Le Che- valier Guillaume Phis general Anglois,,: partit de Bafton pour prendje le Port Ro- yal que les Frangois y occupent, La Gar- nifon qui n’éroit que de foixante a qua- tre- venigt hommes ,: dix: hair pieces de ca- non qui n’éroient pas en batterie , & les fortifications aflez: négligées , tout ee pew’ de force n’étoit, dis. j@, pas capable de re- fitter a. fept behs hommes qui étoient em- barquez fur fept Navires.. Maneval qui- commandoit ces quartiers crut qu'il ctoie: plus a propos d’accepter une Capitulation avantageule que d’ anpoles fon monde mad & Maximes des Troquors. = apropos. Les Anglois ne tinrent pas leur parole , ils pillerent les Eglifes, on les fe paffer A. Bafton avec Meffieurs Petit 8 ‘Trouves. Miffionnaires, ® Les Habitans qui avoient figne la Ca. pitulation fe mirent fous la protection dy ‘Roi Guillaume: ils fecotierent dans la fui- te le youg a l’arrivée de Peraut qui vine pour y commander. Des Forbans Angloig y. firent quelque: temps apres une décente, ati ils*bréilerent les maifons & pendirent pluficurs Frangois. Peraut qui voyoit ar- giver un batiment dans lequel il avoie beaucoup d’effets ‘le fit avancer pour une plus grande fureré du cété de faint Jean, qui eft vis-a:vis le Pore Royal, Un Cor. faire Anglois eut avis de ce Vaifleau quiil enleva, mais Peraut qui éroic dedans avec Villebon Capitaine , gagnerent terre. Le premier crit tre bien en {Greté quand if napercit plus d’ bogio's le fommeil l’'ace cabla dans un bois , les Anglois le furpri- gene dans cet érat 3 & lui firenr ganar toutes les indignitez imaginables , ils le remirent dans fon batiment qu'un Fli- bultier Frangois repric. Saint Jean qui fut fomme de roe ner la meéme Capitulation du Port Royal ned - pas lemme fort , car les Anglois y fureng : mal ney & fe Pdicerene avec perte, 86 | - Hiftoire des Af wurs — Quel ques foibles que fuflent les Abe- naguis de Lacadie dans. tous les’ Partis qu ils détachoient contre les Anglois, ils ne laiflesent pas de porter le fer & le feu jnfques aux pottes: de Bafton, ayant tod- jours été maitres dela campagne: & quand javancerois que quarante Abenaguis fe battirent contre fix cens Anglois: qu ‘ils _mirent en fuite apres: leur en avoir rué quantité, c elt un temoignage que je rends a ces Guerriers qui font les plus redouta- bles agen de cette Nation, | Lors quiils furent la déroute des leurs, caufée par mégard al’ expedition de Beau- vais par les Iroquois du Saut & de la Mon- tagne, ils en furent fenfiblement touchez, ils. écrivirent une lettre a Mr de Frome: nac fur ce yj et.. Son ffrex, mon Peres lui Pe ,gue je vous alle interrom-— pre poer . nn moment > peur vous raconter mes peines » car a qu un Enfant peut il déclarer fon caeur quia fon Pere, Vous fas VER, Ce gus eft arrive a won frere iJro- qucis qui prie» ( Ceft ainfi quils apellenc les Iroquois dela Montagne & du Saut, ) gl a pris pour enremss mes parens » & guel- gues-uns meme de ceux qui avorert peu de temps auparavart acc om pagne les Francois gue Vous aver, cnr voye contre les Anglots » al les tient encore comme Efclaves , voila ce ani & MMaximes des Iroquois. Sr gui fart ma peine. Jelusviens dire que re- “gardant cet accident comme une pure mé- prife je wen avoss pas Vefprit mal fait, mais que jefperois que sen apercevant il la de- favoveroit & me rendroit mes Parens. Af on Pere ce Collier que lon vous prefente eft pour vous prier de fortifier ma parole pat wotre voix ow plutot de tirer de votre ceur plein de fageffe des paroles plus efficaces que tes mienues, pour le porter a nous les yen- dre, gut viendront demeurer ict avec nous fi vous le tronvex bon. J aprekende que fe on refafe de nous le rendre mon Frere qui eft a Lacadse ne fe reffente de cela, & nen ait Lefprit mal fait , aw liew que je furs (eur quil mécoutera » quelques méchantes pene fees que cela lui ait donnée, fi on nous les prend. | : | Voici auffi, Monfreur le Collier qu'ils atvefferent aux Ivoquots , mon Frere que prie > car enfin ceft le nom dont nous ta- pellons depuis qne la prieve & Vobciflance a Onontio notre Pere commun nous ont heureufement réumis J€ vat te trouver par ge Collier pour te dire que ceux que tu garde encore comme Efclaves fort mes Pas rens , & pour te prier de me les rendre, We.crot pas que jaye Vefprit mal fair de ce qui leur eft arrive, Ceft ainfi que la Guerre eft fate > lon fe tus fouvent fans | Fe ome III. aaa 88 -Hifteive des AL eeurs , fe connoitre les wns & les autres » ce font des malheurs qui accompagnent la Guerre FS que l'on ne peut éviter; mars th aurors Vefprit mal fast fi aprés avoir pris pour ennemis tes Alliez,mes Parens, @ les aus én af eek dans ton Village comme E fcla- , tu t opiniatras a ere arder lors gue tu bounds que tt as torte fe mefure ton ef pric fur le mien, fi ce qui velt arrive m'e- toit arrive & que Penffe pris pour ennemis tes Parens , je nem apercevross pas platot de ma faute que je leur donuerois la liberté e> te les rendrois. Ne Cros pas » mon Frere, gue je ve trompe lors que je te dis qu'sls fone mes Parens , les Francois peuvent bien ven- dre témoignage comme quelques-uns de ceuse que tu as tue ow pris» les ont accompagnex, auffi-bien que nous lors que nous avons été contre les Auglois » & cela fort peu de jours — avant que ce malbeur arriva, Je ne te dis rien de la perte que tu as faite d'un de tes braves » c eft le} grand Amé, quot que je la veflente extrémement je fais occupé a le pleurer avec deux de mes braves que j at auffi i perdus dans cette trifte rencontre » mon Frere l {roquois qui prie. Pleurons les bra- Ves mores » fous que lemr mort nous renverfe LV efprit & SLepare nos cers » que la priere, o Vamitié uniffent depurs fi long-temps. Les Vise tpi du Saut & de la Montagne ” - & Afaximés dés Troquis. 88 fehvoyerent les principaux Chefs & quel. ques femmes ; & promirent de rendre les autres lors quils les verraient tous difpo fez a fe joindre 4 leurs freres_qui font ick établis au Saut de la chandiere: : Je ne faurois paffer fous filence Pintre- - pidité de Montorguenil Lieutenant , qui -commandoit a Chedebouetou , petit Fore de Lacadie, ot il y avoit quatorze, hom- mes de Garnifon, Quatre-vingt Anglois y vinrent faire une décente aprés la prife ‘du Port Royal :ils le fommerent plufieurs fois de fe rendre fans qu’ils en fiflent beau. coup d’état, Ils l’'atraquerent vigoureufe- ment , ils ne furent pas moins repouflez, & furent méme obligez de fe retirer. th fe trouva malheureufement de la poudre moiiillée dans un vieux Magafin qui étois détaché du Fort, ils en firent des Fufées , par le moyen defquelles ils mirent le feu aun des endroits du batiment qui éroit couvert de paille. Montorgueil voyant qu il n’y avoit pas de falut pour fa Garni- fon & pour fa perfonne, leur dit encore, avec aflez de fierté , que les cendres de fes murailles fui ferviroient plitét de tom- beau s’ils re Capituloient eax méme, plus pour fa gloire que pour la leur, & ques’ils _vouloient avoir le plaifir dele voir triom- pher ce feroit lors qu’ils le verroient fortir - a I 2 | \ 5° _Hiffoire des Lina des ruines de fon Fort avec fa-petite garni. fon, & un Religiewx de Nazareth gui lui oak ae Miffionnaire, tambour battanr, balle en bouche, niente allumée , armes & bagage, & qu “i vouloit étre conduit 2 a Plaifance cn Ifle de Terre Neuve. Il n’en fut pas placdr forti qu ‘ll fut entierement - confommeé. : Les derniers mouvemens que les An- glois firent dans Lacadie fe terminerent a Pifle Percée: ce lieu qui ch alentrée da fleuve de faint Laurent eft lerendez-vous de plufieurs Navires qui y viennent faire Ja péche de la morné. Des Forbans y en- leverent fix Navires , brilerent une mai- fon des Recolets , en ‘pillerent l’ Eglife oul ils firent plaGeurs infamies, C’eft affez le caractere de |’ Heretique de s’attacher pré- ferablement a tout ce qu'il y a de plus | Saint dans notre Religion. Monfieur de Frontenac qui prévoyoit toutes. les démarches de nos ennemis ne . négligea pas de pourvoir a la furete de Quebec , il en fit rétablir les Fortifications © & régla les Compagnies des Bourgeois pour la garde de la Ville. Apres avoir mis bon ordre a la Capitale d’un fi vafte pais, il monta a Montreal le vingt-deux Juillet avec Mr de Champigni. | Montreal étoit comme le centre de tous. CP Maximes aes en or Tes mouvemens de guerre qui fe faifoient, Fon y avoit continuellement des allarmes, les Iroquois que l’on avoit épargnez 3 *¥expedition de Corlard n’en étoient pas devenus plus amis des Francois , lon fe tint auffi fur la défenfive. La Chaflaigne qui commandoit a Ja Chine écrivit en ae ligence a Mr de Frontenac qu'il paroiffoir dans le lac faint Loilis, a deux licu€s dela, cent canots Sauvages qui décendoient. Tous les Habitans de la campagne fe re- tirerent au fignal du canon de 7 ‘Ifle. De Tilli raffuca auf—i tdt les e{prits par la nou- | velle qu'il raporta que c’étoit cing cens - Sauvages de differentes Nations qui ve- noient de Michilimakinax en traite a Montreal ,.11 éroit acompagné dans fon canot de quatre principaux Chefs Outa- ouaks & Hurons, Le refte des canots ar~ riverent le lendemain. Une avanture fingulicre ” qui arriva 4 une jeune Fille de"qualité dans le gouver- mement de Montreal ne fera pas ici hors _ de fa place, Mademoifelle Marie - Anne de faint Ours , Fille de Mr de faint Ours, Oncle ala ite de Bretagne de iain la Ma- réchalle de Talard, com mandant de vingt- huit compagnies de la Marine, agée de huit 2 a neuf ans, érant allée avec det jeunes I 3 92 | Hiftewe des AL curs enfans al’Iflede faint Ours, 4 une demie Jieu¢ de le terre de faint Ours, chercher des noifettes & des écrevifles. Un parti d’I- roquois vint fondre touta coup can; cet-- | te Seigneurie,owils brilerentdes maifons. L'incendie fit connoitre a ces enfans que - Jes Iroquois étoient a la cote, ils fe rem- barquerent aufli-tdt : comme ils coupoient droit fur le Fort en plein canal les Iroquois tirerent fur eux, ce qui les obligea de fe cacher dans le fond du canot & de le Jaif- fer aller ala dérive , mais cette petite Da- moifelle fe defabilla bien vite pour fe jet- ter al’eau, fe flatant que nageant extré- mement bien l’on pourroit venir a fon | fecours. Ces enfans fe mirent a pleurer quand ils la virent fe deshabiller par }’a- prehenfion qu’elle ne fe noya; elle eut la -précaution de fe gliffer le long du canot du cote de I'Ifle pour n’étre pas apergié. des Iroquois ; le canot dérivoit infenfibie- ment fans étre gouverné. L’on fit dans ce. moment une fortie du Fort pour aller a- rés le canot, & les Iroquois fe rrouve- rent obligez de rentrer. dans le bois, _A mefure que la belle Marie- Anne de faint Ours aprochoit de terre l’on crit que c’étoit un chien de la maifon nommé Vécueil gui éroit un forr joli barber, mais. A la fuite des Fa@tionnaires apercurent du - ec Maximes des Troquas. 93 haut des baftions une perfonne qui na- - geoit, un Officier s’embarqua pour aller au devant. L’on ne fut jamais plus furpris de voir cet enfant qui nageoit de tour fon coeur: quand il falut la prendre ce fut !'em-- baras , car ces canots qui font d €corce de bouleau , épais d’un éeu , avec de petites varangues plates , qui font extremement volages , & pour peu que l’on penche plus dun coté que d’autre on les fait tourner, En éfet,un foldat empreflé dela prendre en dedans par le bras tomba lui-méme a Peau , la jeune perfonne fit auffi-tdt le plongeon & pafla fousle canor, l’on jetta un aviron au foldat qui ne favoit pas au- trement n:ger: Enfin l’on faific le nou- veau poiflon par les cheveux. Elle ne fut pas du tout déconcersée , quoi qu'elle eut. nagé un quart de lieué & quelle eur du Etre cffrayée des coups de fufil que l’on avoit tire fur elle, C’étoit qui la queftion- neroit étant arrivée a terre, & elle ne fon- geoit plus au danger qu'elle avoit encou- ru, mais fort inquiete des.enfans qu elle avoit laiflez dans le canot, le détachement: qui avoit favorifé le décente a terre les ramena , & chacun fit le recit du petit _ , Voiage qu'ils avoient fait dans cettelfls. Cette Damoifelle s’eft mari¢e dans la — {nite a Mr de Mine Gentilhomme Pro- =_ 94 Fisftoire des Af ours 3 vengal, Lieutenant de Vaifleau, qui a éré tué a Gibraltar , & elle eft prefentement ma belle fcur. | Keel Monfieur de Frontenac devoit étre con- tent de la négociation de Louvigni & de Perrot qui avoient calmé les Nations Al- hiées, c’écoit le feul moyen pout rallier ces efprits chancelans qui ne favoient awpara- vant quelles mefures prendre pour fe met- tre a]’abri de leurs ennemis. Monfieur de Frontenac tint confeil , ot fe trouva tour ce quil y ayoit de Contiderables tant de la part des Frangois que de celle des Al-— liez. La Harangue de l’Outaouak, ne rou- la pre{que que fur le Commerce v ils de- manderent auffi l’explication de la Hache ue Perrot avoit attachée a leur cabane,, on differa de répondre a cet article. | Le Baron Chef des Hurons de Michili- maxinak fut un pew plus politique, il dic | qu'il n’éroitc décendu que pour voir fon Pere, écouter fa voix , & exeeuter fes vo- lontez , qu'il avoit befoin de poudre & de’ plomb , mais qu’il ne demandoit rien a fon Pere ; il prefenta trois Colliers. If exhor- toit par le premiera faire la guerre a I'T- roquois auf. bien qu’a l’Anglois. Il difoie qu'il craignoit que fon Pere & lui ne mou- ruffent {7 cette guerre ne fe faifoit, mais que quelque chofe qui arriva il fallois q ¢ Maximes des Traguois oy -wourir enfemble dans le méme liev, » Par le fecond il le remercioit de les avoir autrefois attirez a Michilimaxinak, ot ils étoient en fureré. . lle prioit par le troifiéme d’avoir quel que égard pour fes camades les Ouraouaks, & de leur faire bon, marché. Ouaboutchit Chef des Nepificiniens’, qui: fone de Nation Algonxine , dit que fuivant les ordres qu ‘il avoit regis de fon. Pere il avoit été a l’attaque « de Corlard ,. il s’y diftingua beaucoup , ott ils avoient €pargne les Aniez, qui cependant étoient venus les tucr jafques aux portes de Mont- real, quent{uite montant a Michilimaxi- nak il avoit auffi regtt ordre de ne pas at- _ faquer les Iroquois qu’ils n ‘enffent coni~ mencé les premiers , qu'il croyoit par 1a que fon Pere vouloit faire la Paix avec eux , & qu'il lui demandoit fa volonte. La traite des Pelletetics fe fit le lendee main; comme elle commengoit la Plaque Iroquois du Saut qui venoit de la décou- verte du. quartier_ des- Anglois, arrivaa ua quart de lieu¢ out étoient campez les Ouy taouaxs, faifanc plufieurs-cris de mort’: ‘ceux.ci abandonnerent leurs Pelleteries,. prirent les armes & allerent au devant. Cetre terreur panique fur bien-tdt patlée, | la Plaque leur ApH qu ‘il avoic vi-fur le & 66 Hiftoire des Meurs bord du lac du faint Sacrement une grofie armée ennemie qui faifoit des canots,qu’il Jes avoit {uivis quelques jours pour tachet de faire un prifonnier ; qu'il lui ayoit éré impoffible ; s’étant contenté de porter a une de leurs cabanes trois cafle-tétes , par Jefquels ils leur marquoient qu’ils éroient: découverts, les défiant de venir a Mont- real. Ces cafle.tétes font des batons qui ont la figure de cotitelas , fur lef{quels ils font des figures qui font connoitre la per- fonne qui commande le Parti, cet avis fervit a faire fejourner plus long-temps les Ouraouaks. On leur fit un Feftin fo- Jemnel, compofé de deux Bocufs ; fix gros Dogues , & de Pruneaux , le tout méle en- femble. On leur donna deux bariques de vin & dutabac pour fumer. Les Chiens font l’effensiel de ces fortes de Feftins, qui parmi les Sauvages font le fiasbole de la auerre , & ils ne manquent jamais den manger pour lors. Cie Monfieur de Frontenac leur dit qu'il ne doutoit nullement de leur oberflance, & qu il lui éeroit inutile d’en exiger de nou- velles preuves , qu'il leur expliqueroit coeur ouvert fes fentimens lors quils fe- roient préts de s’en retourner a leur pais. Qu’a légard de Ja guerre contre les Iro- guois quiils fembloient tant fouhaiter ih | c& Méaximes des Irbquais. 97 - prétendoit la leur faire fans relache juf- qu’a ce quils vinflent eux méme lui de- mander la Paix avec foumiffions equet G-elle fe concluoit ils y feroient compris, n’étant pas moins fes enfans que les Frangois. Je -wous remets , leur dir-il, prefentement la Hache a la main que je vous ai fair don- ner pat Perrot, qui facenué fulpendué chez vous , & je ne doure pas que vous ne {ap chee yous en fervir dans cette conjon- cure: voyez @ yous voulez aller au de- vant de cette armée , ou fi nous J’atten. drons de pied ferme. Comme on ne fait. jamais de mouvemens d’ éclat de guerre parmiles Sauvages que l’onn’en foit venu auparavant a des marques aflurées , Mon- fieur de Frontenac commenga la Chanfon de guerre la Hache ala main, les princi paux Chefs des Frangois fe joignant a lui avec de pareilles armes , la chantereng enfemble. Les Iroquois du ap && de la Mioxtad | ene, les Hurons & les Nepifiriniens, don- nerent encore le branle :l’on eur dit,Mon- fieur , que ces AQeurs €toient des pofle- dez par les geftes & les contoxfions quils faifoient. =) > Les Saflagouez , off ba cris & ee hurle- mens que Mc de Frontenac étoit oblige de: faire pour fe gonformer 4 a leur maniere, 5S Hiffoire des Meurs — ' avgmentoit encore la fureur bachique; Lon fir enfuice le Feftin de guerre, qui fut plirdt un pillage qu'un repas. Le Chevalier de Clermont quitta fa Croiffiere , & eut ordre de cétoyer depuis Fore! jufques dans le lac Champlain, qui eft le chemin que les ennemis devoient tenir, pour faire une décente en ce pais, Il découvrit dans ce lac quantité de feux, ‘& entendit tirer des coups de fufil , il en aprochada nuit & if vie paffer huit canots, dans chacun defquels il y avoit dix huita vingt hommes qui gagnoient une Ifleau deffous de l’endroit oti ils s’€toient mis en ambufcade: il revint fur fes pas pour n’é- _ tre pas envelopé du refte de cette armée, - il les obferva encore une lieu plus bas pendant deux jours; enfin comme il crai- gnoit d'etre attaqueé il envoya deux de fes _ éanots fauter le rapide Chambli & refta pour étre feur de toutes chofes , il fe tint. au milieu de Ja riviere pour les attirer. Deux canots Iroquois lui donnerent chaf fe, qui ne ptrent le joindre. Il retrouva — fes gens au bas du rapide, & gagna avec. eux par terre Chambli, d’oti il dépéecha Labruere a Monfieur de Fontenac. L’on ne douta plus que les Iroquois ne vinflent - attaquer Montreal, l’on tira quatre coups de canon pour faire revenir les troupes qh MF aximes des Iroquois. 999 qui avoient facilité larecolte des'habitans dans toures les campagnes voifines. | - Tl exhorra les Sauvages de fe mettre de la pathic , tous les guerriers l’'accdmpa-. -gnerent, & l’on trouva douze cens hom- mes a la reviie qui fe fit le premier Sep- tembre. Quelques Iroquois du Saur de- manderent deux jours aprés un éclaircif- fement fur quelque foupgon qu'ls avoient de la fideliré de tous ces Outaouaks, Loiiis Ateriata pria les Chefs des au- tres Nations de fe trouver chez Mr, de Frontenac, Lorfquils furent aflemblez il prit la parole, il prefenta d’abord divers” Colliers & exhorta tout le monde 4 luiou- vrir fon coeur & ane lui rien cacher de ce qui s’étoit paffé de plus fecret, il die aux Outaouaks quil favoit toute leur . négociation avec nos ennemis , quil en -avoit été inftruit par eux-mémes. Qu’ils difent donc s’ils éroient veritablement fre- Genel we aGGieS eae Goes railon ie avoient vouln faire alliance avec I’Iro- quois fans leur participation. Manitouchagan qui avoit été avec la Petite Racine chef de cette ambaflade aux Tfonnontotians, répondit qu'il étoit vrai quils avoient rendu des Efclaves Iroquois 8 meme promis d’en rendre encore dau- tres ; qa’on les avoit obligez de faire la Lome Jil, » K - ~ (109 Fiftoire des Afeeurs - guerre , de lacefler & de la recommette eer ns qu "ils en. fuflent la raifon, quiils. . _ n/avoient.rien compris A cette conduite , & que craignant que ceux qui ‘naVoient pi fe défendre eux-mémes ne les laiflaf- fent accableér fans les {ecourir, ils avoient ere contraints de fonger é a lewe. fureté & de prévenir_ leur perte par un acommo~ dement. | ue cette négociation h'avoit pas. été | achewée que la Petite Racine €toit mort aux Tfonnontouans , que les autres En— yoyez étoient a Michilimakinak & quils - n’avoient. plus penfé a mettre la derniere - main a cette affaire dés qu’ils avoient rect les ordres de leur Pere , par la bouche de Perrot,qu ils étoient décendus exprés pour favoir fes fentimens , &.qn’ ‘ils ne feroient — pas plitor en leur. pais quils execute. _ roient tout ce quil leur ordonneroit. Le Baron Chef des Hurons dit que {a Nation n’avoit efi aucune pare dans cette — affaire , que dés qu'il avoit {oa que fon Pere vouloit faire la guerre a I'Iroquois , : il avoit envoyé contr’eux une partie de a jeuneffe , & qu'il eroit décendu avec l’au- gre pour le. voir. L ofiis Atetiata ne laiffa pas i fairg plaifir ra Mr. de Frontenac, de lui avoir : Falcné 1 un a, PEPYER de s éclaieci avec leg ¢ Me. “ ~ > Ataximes des Troqucis: 164 ~ Outaouaks , qui avoient etrun grand perr- chant pour fe racommoder avec les Iro- quois. Ce General lear promit de les mener contre leurs ennemis aufli.tdt que leurs découvreurs lui em auroient aporte des nouvelles : ceux-ci s’acquiterent allez mal de leur commiffion, n’ayant pas été auffi loin qwils devoient ; cette négligen- ce nuifit beaucoup aux affaires. .En ¢fet , - Jes Iroquois étant cachez dans un bois opofé a l’endroit o ces découvreurs a- voient été, exanfinoient tous les mouve- "mens que norre armée faifoitdansla prai- rie de la Madeleine : Quand ils virent quelle avoit repafle le-fleuve pour re- ‘tourner a Montreal, ils vinrent fondre x ~ un quart de lieue de la’ , du coré de la Fourche , ow. tous les habitans & la garni- - fon du Fort étoient occupez a couper les ~ bleds ; 8¢ comme tous les Moifforneurs . €toient écartez les uns des autres , contre -Vordre qu’ils en avoient rect?, & n’avoient Pi aa £ ?. . ; aida 0 1AM: ) -aupres d’eux aucunes armes a feu, POf- ficier méme qui commandoir ayant né glige de pofer des Sentinelles & d’avoir un Corps: de-garde , les Iroquois trouve- Fent beaucoup plus de facilité a faire Teur coup. Ce fat donc un grand defordre, Oo Hs brilerent les maifons, mirent le feu aux Recolets, enlevecent vingt cing pere- - Se by eee Tis. ~ 202 Fiffosre des Meurs fonnes, dont ils en brilerent onze 2 leur retour, tucrent dix foldats , frent un maf. facre de beftiaux & fe retirerent devant que l’on pat repaffer de Montreal. I] faut connoitre le pais du Canada pour con- damner les démarches d'un General quand | il fait quelque chofe mal 4 propos: tour ce pais n’eft que. bois , oti il eft entrecou- pé de rivjeres , de lacs , qui font pour ainfi dire des Mers , il n'y a done pas de chre- min frayé & les. piftes font totijours fort incertains a fuivre, L’on tint aprés cette failiie un Confeil le quatriéme Septembre avec les Outaouaxs qui prefloientfortleur — départ. Ils eurent lieu d’étre contens de lacueil que leur fit'Mr. de\Frontenac & — du bon marché qu’on leur fit dans la traite de leurs Pelleteries:, ce qu’ils ne pratiquoient pas dans leur pais quand les © Frangois avoient, befoin:de vivres. Il leur donna de nouveau des haches qui font en- core un fimbole de la guerze., lorfque Per- rot en eut attaché. unea leurs cabanes il Vavoit fait par fon ordre , paree qu il cro- yoit que c’étoit leur donner la vie que de les engager a faire la guerre aux Iroquois, Les Hurons qui parurent avoir beau- coup d’attache aux interéts des Frangois , regirent en partant toutes les marques d'eftime qu’ils pouvoient fouhaiter. Mr de le Maximes tes Hiodhois: 2 103 - Fronvenac les aflura qu’il ne les abandon- -neroit jamais ,. leur promettant de ne pas quitter la hache quil n’eut réqduit les: Iro- quois a lui demander la Paix dans laquelle - ils feroient compris. Que pour ce quire- | gatde les Anglois qui avoient ete les pre- miers mobiles des: troubles , il s‘éroita la -verité attaché « porter le fer & Je fen chez eux pliror que chez les Iroqu 1018, que le rand Anié avoit epargne a fa deftru~ Gtion de Corlard , parce qu’Auriouaé qui Guvie fair fa vair for cetooride: France aux eing Nations, avoit cru quils feroientr -rentrez dans le devoir & feroient venus demander la Paix a Monfieur de Fronte- nac ,. mais qu/il n’avoit vet de mefures a a garder avec eux. -Monfieur de Frontenae avoir rottjours ménagé l’efprit d’ Auriouaé, qu'il eftimoit Beauconp pour la: probite quwil trouvoir en lui. Voyant d'un cote le peu d’empret-_ fement que rémoignoicnt ceux: de fa N& tion pour le revoir, Ge de Vautre l/arta- | ‘che quils avoient pour lui, il ne laifla pas de lui laiffer une pleirie liberté de aie -dre fon parti. La converfation quwils eu= rent enfemble’ merite vGtre: atrention. Ecoute: moi bien, mon fils Auriouaé, lai divil , je ne peux m'empseher de te pam Jet en-Pereen te découvrant mon cauur i K st 104 Hiftoire ae Meurs & te dire que je ne cannois. rien dans les. colitumes de ta Nation qui avoit autrefois un veritadle efprit dhomme, & qui fe — Jaifle aller a prefent aux legeretez des | erits enfans, <4), : Jai fait ce que jai cru ae Rsicts, en les avertiflant que je vavois reflufcité , & que tu etois ici avec moi vivant, que je te confervois cherement, & qu ‘ils te pou, - voient venir trouver pour te rammener chez toi s'ils avoient quelque peu de re- fouvenir de ta perfonne, Tu vois la con- fideration qu’ils ont pour toi, ou a le mepris quils en font.. Tes gens ne fe fouviennent. pas cle ar mitié que jai todjours ed pour eux , je.les al adoptez , & que pendant que jai ere “maitre de ce. pais , jai fermé la porte de Ja guerre , & je ai ouverte a la Paix. Le tonnerre n’a jamais €tonne aucun de leurs enfans, les femmes ont été au bois fans crainte : jai arrété tous les orages. gui Tes auroit pi incommoder , al n 'y cut au- cun fang répandu , ni charogne qui Jaaae em puanti leurs deferts. Ils ont bien-tdt oublié un Chef fi vail-. Jant que toi, quils fembloient tant re- greter, ils ne embangillont guere celui qui vient de. fi loin pour leur rammener, Us devroient craindre f je les: ; aVvols . ‘ : & Maximes des Iroquois. 10 _ trahis :ils me connoiffent, fi je ne Vai | pas fait quand je l’aurois pu faire , pen- fent-ils que je veuille commencer, ou que je fois capable de trahifon. -Siles Chefs des Nations ¢toient venus On auroit racommodé les mauvaifes affai- res, on auroit pi efluyer le fang de part & d’autre, & raplanir la terre qui eft plei- ne de butes & de rochers. : | Tu es un homme, je le {¢ais , je {Gais que ton ceeur eft ennemi. de l’ingratitude , tu as de l’efprit, tu penx connoitre par -confequent ce qu’on dit de toi, tu me ca- che ta penfée fi tune m’avoiie que celui qui ta donné la vie a raifon. I] te renvoye ceux que j'ai envoyez pour les avertir avec deux enfans. Quoi! croyent-ils que tu.n'eft pas’ ce que tu érois avant quils t'a- yent egaré; ne leur peux-tu pas témoi- gner que tu etois confiderable dans ce temps-la , & que tu ne le dois pas étre moins. Si l’Onnontaguez ne s’eft pas vou ° To intereffer pour te.venir voir, le Gai- gouin ne le devoit-il: pas faire. ? _Je tai tiré du rombeau , & quand jai fou les malheurs qui ont defolé le Tfon- “nontouan, & qui tonr Gre la liberte, tu fais ce que jai fait. pour to) & pour tes gens, jai ete caufe que celui qui ta tué & | gui neft plus ici s’ett laiflé ter fans fe 106 Fiftorre des Murs : Venger. Sut ce que j'ai reprefenté au gtand - Onontio * en’ France que vous avez ¢te trahi , il eft ennemi de la trahifon. | Je m ‘imaginois que toutes les Nations reconnoitroient a qui micux mieux un Pe- re qui venoit a leur fecours , & qui s’¢toit allé repofer en fon premier pais voyant tous fes enfans en paix. J/attendois une grande reconnoiflance de tous les Villa~ ges pour le remereiement de la vie que jaurois recouvré a Auriouaé, homme fi rere parmi eux. | | ai pleuré’ aprenant ton iain , jal pleuré la defolation de Tfonnontouan, je Pai cra devoir faire car vous m’avez aus trefois trop aimé pour n’avoir pas les ten drefles que j'ai da avoir pour les vetita: | bles enfans que fai adopté le premier ;. celt ce qui m’a oblige de te faire réndte Ja vie qu’on tauroit dtée’, & tues vivant. Mes predecefleurs avoient ado pte les Outaouaks & leurs Alliez avant que jat- _rivafle, mais c'eftmoi-méme qui vous ai A nommé les enfans d’Onontio ; seein vou tre cabane a: la mienne. Si vous avez été tralii pendant’ t mon abfence vous nel’avez jamais été en mar perfonne , prenez-vons a l’Anglois qui a vYoulu sie les elprits ¢ & renverler la 3 ¥ Le. Roi, o. M aximes i Iroquois. 107 terre, qui depuis a été enfanglantée de vo- _ tre. fang , de celui des Frangois , 8 autres | qui €toient vos frees, c eft ce qui m’a ob- __ lige de me venger moi-méme en vengeant mes enfans par Corlard * quia été bra-_ lée, il ne tenoit qu’a moi de faire tomber ma “jeunelle fur Anié, on ne lui auroit pas refifté , mais fal todjours etiun coeur de Pere, & bien loin de faire du mal j'ai com- “eee que fi onen trouvoit on ne leur dit mot; mes ordres ont été executées. Fes gensn’ aiment guere ton promt re- tour , puifque une Ambaflade de fous qui eft arrivee chez eux les a retenus fi long- temps , & les a empéchez pendant rout un Hiver de te venir voir, quoi qu’ils ne ful — fenvici. Si Teganiforens , Tegaronais , ou quelques autres Confiderables étoient ve= nus ils auroient fait leur. devoir, & jau- - fois connn la confideration a ‘is ont pour toi. e connois le mauvais cceur rde ta Na- tion, fi elle avoir ett bon deffein de rac- commoder les mauvaifes affaires elleau- ~ roit envoye des Chefs qui aurojent con- eluune bonne Paix avee roi squil regarde comme leur grand Chef, Te croyent ctre ~ Je dominareur. de la terre. Tu le fais , Au- riouaé , {i je perds a la guerre jen puis \ * ville de la Nouvelic Yorx. ro8 | Hiftoive des seat a. ‘Fecouvrit tant que je voudrai, tu n’as va que l’ombre du Frangois en France » juge ce qu'il eft & ce qu'il peut. - | Quills croyent que le Fort Kuntettac : -mieftinutile, frj’ai fait la guerre je ne Vai fait faire que pour les aller voir en’ Pere & non en etinemi, je ne leur ferai pas la guerre s‘ils' ne me l’a font, je ne les tue— rai pasle premier, mais i je Ventreprends je ferai des Forts au milieu de leur pais, les forces me viendront de France quand — e le demanderai, qu’ils prennent garde ‘allumer le feu de la guerre yil leur ferd peut- étre bien difficile de Péteindre, ie ‘ils ‘n/animent pas trop le Sores Onontio at nie Vai apaifé: Quand jai fait renaitre Autionaé’ jat -frétendu faire renaitre un veritable Fils, qui eft un ceeur de Fils pour moi, aftn que : oe euffe en moi un’ Pere qui. for tout a ; & fi ta Nation a fr peu de confideras bei pour toi , fache’ qué je veux que tu ‘fois confideré de toute celle des Francois. Dis- moi un peu pourquoi tes gens ‘ont: ils en fecret des pourparler avec POu- | raouak , croyent: ils que j’en fois jaloux, jaime lear union & c’eft ce que je fous haite? mais s‘ils fone la paix entr’eux fans i jy fois aia qwils ne viennent i * Te Roi. ve rae ; . ak & Maxives des Ivequois. 109 parler z a l’avenir des differens a" ‘ils pour- _ roient avoir enfemble. : Tu fais ce que j/ai Bit pour ta Nation & pour tes Alliez , les Nations.d’ enhaut ne vous ont jamais tué depuis la Paix pen- ‘dant que jai goulverne , quoique votre jeunefle égarce leur aye enlevé des Villa- ges entiers , je les ai _empéchez de fe ven- ger quand vous m "étes venu parler. Tu crois que je ctoirois t2 Nation mes -yeritables enfans ,& tes gens femblent ne me plus vouloir pour pere. N’auroient-ils pas été defaits , &¢ yen auroit. ilun fi des ee temps je. m’étois joint a mes autres enfans. - Jai de Lefpric , & fi Theganifforens ne craint rien , ouvre- moi ron ceeur, je fuis indigné du mepris que tes gens ont pour tol & pour mol. — Rien n’éroit plus touchant » Monfieur , que cet entretien , & la maniere avec la- quelle Aurioua¢ regi ce que ‘Monfieur de Frontenac lui dit, fir bien juger dans la {vite qu'il abandonnoit {a Nation » pour -n’étre plus qu’un méme coeur & un méme efprit avec eae Je reviens aux Outaouaks qui étoient venus faire la traite a Montrea , ils s’en retournerent chez eux apres t tous les éclaire giffemens que I on ayoit juge a propos d’ ae 2 ee eae des uM ware voir fur leur Epson que l'on avoit ed de | leur fideliré. uatre jours aprés leit depart on aprit ‘at mort.de Defmarais Capitaine ‘réformé, qui commandoit le Fort de Chateauguai, Trois Iroquois qui Vavoient trouvé un peua l’écart lui caflerent la téte a coups de hache , & comme ils n’eurent pas le temps de lui enlever la chevelure ils lui arracherent trois doigts de la main ; ce — leur eft toujours un trophée de gloire , ae pourvd qu’ils puiffent aporter chez "eux ane Iques preuves de leur expedition, cela {uffic pour érre eftimé. Le Chevalier de la Mothe Capitaine réeformé veut peu de temps aprés un fort aufli faral au lac faint Pierre. En éfet, etant a4 latéte de rrente- quatre hommes il fur- prit des Iroquois dans leur cabane fur qui il fit faire une vigoureufe décharge de moufqueterie: ceux quien €chaperent ga- gnerent bien vite deux cabanes que lon -n’avoit pas découvertes , ils fe rallierent ~ enfuite & donnerent réte ‘baiffée fur les ; Francois qui n’avoient pas obferveé dor. dre dans leur attaque, dont il ne fe fanva que la moitié: la Mothe fut tué & on ne pat favoirce que devint Murat Lieutenant. - MonGeur de Frontenac étoit tofijours fort en peine du Chevalier d’O qui n’e- \ roig Pe a & Maximes des Trognois. tir _ toit pas revenu de fa negociation , il en-— voya au Fort de Frontenac Mantet & Pe. rigni, fainr Pierre & Montelfon , avec les deux Fils de la Valliere ‘Capitaine de fes _gardes, accompagne de trente honimes , pour fais quelques Prifonfiers par ie quels on ptt aprendre de fes nouvelles & es deffeins des Iroquois. Sur ces entrefai- tcs le Major de Quebec dépécha un canor a Mrde _ pene ‘pour lui donner avis” de Varrivée d'un Chef Abenagui qui ve- noit. expres de Lacadie, Je viens inceflam~- ment , ditce Chef au Major, pourt’aver- _ tif que j'ai apris par une Angloife confide. rable que nous avons prife prés de Pefa~ doiiet , que trente Vaifleaux , dont il y en a trois fort grands , partent pour venir prendre Quebec; que ces Vaifleaux fone de Bafton & de quatre Villes confidera- _ bles, que les Anglois fe vantent qu’ils le prendront auf facilement guils ont pa le Port Royal, Anfli-tdt que les Chefs & les plus Confiderables de notre Nation ont , apris cette nouvelle ils ont jugé qu'il fal- Joit avertir inceflamment le grand Capi- taine de Quebec. J’ai ¢ré douze jours a venir, ainfi ildoit y avoir fix femaines — depuis Je depart de ces Vailleaux. Ce Chef reclama aufli les Abenaguis gue les Iroquois du Saut & de la Mon= | Lome [00 Beate eres L Bae Hiftoire des mu eurs | gagne avoient enlevez dans latraque dé Beauvais. I| temoigna encore que les prin- cipaux Chefs de {a Nation ne pouvoieng- pas décendre cette Auromne. pour lui ve- nic parler comme ils l’avoient promis , parce qu ‘ils éroient a@tuellemenc en guer- re, qu'ils tacheroient d’envoyer quelqu un far la fin de l’Hiver prochain , & quils a. woient refolu de faire apres Noél une ir= ae far les Anglois. ‘La nouvelle de certe Armée fut confirs mée par Cannanville , qui l’avoit aperque — a Tadouflac, MoriGenr de Frontenac ne ‘balanca pas de partir au fit. rot de Mont. real , il en regiit encore a quinze lienés la ; confirmation, ce qui l’obligea de dépécher Ramezai au Chevalier de Calliers , afin qu "il fit décendre les ibaa: cad & die ee tie des habicans. | L’arrivée de Mr de Erbitpshing a Ques bec fit un bon éfet, & quoi qu il ne pdt amener d’abord que trois cens hommes avec lui, les habitans qui naturellement, font ouerriers crureat €tre‘a l’abri de tour incident quand ils eurent leur General, Le Major: ne laiffa pasen fon abfence de pour- voir ala fureré de la Place, ayant fait ra- chever les Fortifications. Defcherac Capi- gaine, qui fe rrouvant a Quebec par ordre de Mr de Frontenac, fervit bier dans gette copponcture. | { = Le Ee — & Ahaximes des Iroquois. 193 Le beau fleuve de faint Laurent forme tin grand canal devant Quebec, quia une lieu€ de large de la céte du Nord a celle du Sud. Lacéte de Beaupré qui eft celle du Nord eft feparée de Beauport par le Saut de Montmorenci, dont la chute fait une des plus belles Nappes du monde. Et entre Beanport & Quebec il y a une pe- tite riviere que |’on pafle 4 quai de baffe Mer. La pointe de l'eau fameule par utt tocher de Diamans fait celle du Sud. Que- bec eft place vis-a-vis cette pointe , ou un peu au deffus , il eft divifé en haute & baffe Ville, qui n’ont comamnication enfemble que par unchemin fort efcarpé. L’enceinte de la haute Ville éroit bien palifladée, & des endroits ouverts otf il n'y avoit pas de — portes croient barricadees de® poutres & de bariques pleines de terre. Le chemi de la haute & la baffe Ville étoit coupé par trois differens retranchemens de bariques | (& de fads aterre, L’on dreffa des batte- fies. de part & d’autre. L’on fe fondoit ce- ‘pendant plus fur la refolution que Vor _ avoit de fe bien défendre que fut la bonré des Fortifications. L’on vit donc paroitre N \ RY ge - , os / : ‘ Be s) ? nt ata pointe du jour cette flotte le dix fepr Octob re. “ Une Chaloupe portant a l’avant Pavil. | Fon blanc, partit fur les dix heures de l’A- miral , & vint a terre. » ae 57 ee “Bipine des Mt Cus - | Quatre canots de la Ville silerbat? atl devant, portant le Pavillon deméme, c's toit VEnvoyé du Genera] Phips , accom. pagne dun Trompette , qui venoit fom- mer Quebec. On-le fit paffer feul dans un de ces canots, on lui banda-les: yeux, & il far conduit 6 Fort. Il fe ‘trouva én arti- vant dans Ja chambre de Mr de Frontenac’ extrémement fatioué d’avoir excaladé les ~ barricades, Aprés qu’il fe fut un peu remis — Gl lui prefenta la Lettre de fon General qui €toit écrite en ces termes. ie Sieur Guillaume Phips Chevalier » & Commandant general en Chef fur toutes les forces de leur Majefté dela Nouvelle An- glererve par Ader @& par terre. An Comte ae Frontenac Lieutenant general o Gon- " verneur pour le Roi de France en Canada » on en fon abfence a fon Députe > On a celus qu commande en chef a Quebec. Les Guerres entre les deux Couronnes ad Angleterre & de France ne font pas few- lement un motif, mais la deftruttion faite par les Frangos & Sauvages fows votre commandement , G encouragement fur les perfonnes & biens des Sujets de leur AL a= — jefté de la Nouvelle Angleterre » fans aw- cune provocation de leur coré les a oblige, a faire cette expedition pour tae Wide farcsé om went: enh % o mM aniuiit des Teeannis. ors i Comme auffi les barbaries @ cruanter gui ont été exercées par les Francois Go — Sauvages powrrort par cette prefente occa- — fion nous engager a nous revenger , fevere- ment » cependant étant defirenx déviter - tes aétions tnhhumaines & ceatre le Chri- Stianifme , comme aulfi pour preverir efu- fion de fang autant quil fe pourra , mot ti-deffus Sieur Guillanme P hips Cheva- lier, par ces prefentes ie au nom de leurs trés-excellentes Majefexz, Guillaume Marie, Roi & Reine J Angleverre E cof- fe» France @ Trlande : defenfenr de la’ Foi; @ par ordre de leurs fufdstes At aiefter, | Gouverneur de At affacaftet , Colonie dans Va Nouvelle Angleterre, demande que vous ayer arendve vos Forts & Chateaux fans étre démolrs ; comme auf: toutes les ALa- mitions fans étre touchez, comme anffi une prompte delivrance de tous les Captifs ens femble , avec la delivrance de os ial nes & biens a ma difpofition, - Ce que faifant Vous pourver, efperer par- don de mot comme un Chretien» ainfi quit fera jugé a propos pour le fererce de leurs Sujets. Ce que fi vous refufex, de faire je _ fais venn pouron & refolu, aveclarde dé — Dien dans lequel je me fie, par force d'ar~ wes, de vevancher tous les torts @ injares — aut mous ont été faites ¢ de vous vendre , in | ~ Fc » -49r6 Aiftoive des Aours .. fous la hin de la Couronne d’ Angle terre , & lors que trop tard. vous le Vonn drez, fatre » vous faire regreter de n avoir pas platoe accepte la Saveur que Pon vous a offerte. Fotre répexfe pofitive divs nne- ee en rein dué par votre Trompette » avec le retour du mien eft ce que je vous demande, fur fe peril quil pourra sen Lacie Signe Guillaume Phips. Aprés que la Lecture de cette Lettre fur faite l’Anglois tira une Montre de fa | poche qu'il prefenta a Mr de Frontenac, -&&-lui dit quil lui donnoit une heure a fe déterminer. Notre General répondit 4 a cet Envoye d’un air aife « qui marquoit par fon intrepidiré tout ce qu'une raillerie fine & délicate pouvoit infpirer. Celui-ci qui yoyoit aller & venir quantité d’Officiers dans les fales du Fort ne favoit qu’en pen- fer. Allez s lui dit-il en le congediant, allex, dire a votre General que je a at pas de réponfe a lui faire que par la bous che de woes Canons @ a coups de Fafils » qu st- aprenne que_ce neft pas de la forte qu on envoye fommer un homme comme mor, & quand je voudrors me rendre tous ces bra ves Officrers gue vous Voyer, ny confinti~ -voient jamais. On lui banda enfuite les yeux & on le conduifit 4 la chaloupe, - —— & Maximes des Iroquois. © 17 . aprés lui avoir fait faire expres encore plufieurs *efcalades. Les Anglois mirent pied a terre fur les dix heures du matin ‘au nombre de deux mille hommes, entre Beauport & la Petite Riviere. Comme ‘Yon étoit incertain de leur décente ,ilne - fe trouva guere de monde 4a les y rece- voir, a peine trois cens hommes purent © fe joindre. | sae Les Anglois marcherent d’abord en or. _- dre de bataille, mais nos Canadiens qui fe battoient a la Sauvage volrtigeoient in- ceflamment autour d’eux d’arbres’ en ar- bres, ils firent plier le premier bataillon, | & ils lobligerent de regagner la queue: les décharges continuelles les incommo- doient beaucoup,on leur tua cent cinquan- te hommes , nous perdimes le Chevalier de Clermont & Latouche fils du Seigneur de Champlain ; nous eimes douze hom- ‘mes de bleffez , entr’autres faint Denis age de foixante ans, qui commandoit la Milice , de Beauport lequel eut le bras Palle... - | oS ere : Les quatre plus gros Vaifleaux vinrent moiiller fur le foir deyant Quebec, le contre Amiral qui portoit Pavillon bleu fe pofta un peu plus fur Ja gauche, pref> que vis-a-vis du Saut au Matelor ; |’Ami- ral ctoit fur la droite, le vice-Amiral au _ ~*~» 18 | “Fi sflotre des Weurs deffus , tous deux vis-a-vis la baffe Ville, Ble qaatriéme qui portoit la’ flame de - Chef d’E{cadre fe mit du céré da Cap au Diamant; les canonnades furentaflez vi- ‘goureufes de pare & d’autre jufques a huit heures du foir. | L’on recommenga le lendemain 4 la pointe du jour , & l’on s’apergtit que ce grand feu des ennemis commengoit a fe - Falentir ; sen éfer , le contre-Amiral qui avoit tiré le plus vigoureafement fe trou- va fort incommode par les batteries du’ Saut au Matelot & celle d’en bas : il fut: - ebligé de relacher le premier , l’Amiral Te {uivit d’affez prés avec beaucoup de precipitation. Saint Helene Capitaine Ca- ‘nadien qui favoit affez bien le comman- dement du canon , tira plus de vingt coups: dans le corps de fon. Vaiffeau , dont plu- fieurs le percerent a l’eau toutes fes Ma _ noeuvres étoient hachées , fon grand Marts prefque caffé a qui on far obli igé de met- tre des jumelles, beancoup'de morts & de’ bleffez dans fon bord; enfin PAmiral peur de fuccomber rout. a- “fait fila fon cable | fe retira tout délabré ,aprés avoir ed fon piste ed “coupe d’un coup de canon. Ce - er General qui deux jours auparavant avoit promis pardon au Comte de Fron renac , fe trouva lui-méme prefque ala n_ ee edie: des. sTiapiots: 19 “merci ‘de celui gal le schapiott de fa téx meriteé. - Monfieur de Frontenac qui : avoit Tenit! a tout fe mit le Vendredi a la téte de trois Baraillons de Troupes reglces , en decade la petite riviere , pour y recevoir les en- “nemis qui hte une feconde dé€cente, D’un autre céré Longueil & faint Helene | fon frere , avec quelques Frangois , com- ‘ Sek coceak fur les deux heures les ‘elena. ~mouches a la Sauvage contre la téte de -TArmée, qui marchoit en bon ordre le _long dela petite riviere. Ceux des enne- “mis qui s¢toient derachez du gros furent _ obligez de le regagner pout éviter le feu _ de nos Troupes qui étoient en embufcade, Saint Helene eut la jambe sertis Lon- _gueil recht un coup de fufil , etit été- tue fans une corne a poudre qui if trouva a Vendroit ot donna la balle:nous perdi- - mes deux hommes , il y eut deux ou trois - bleffez ; les ennemis y firent une aufft grande perte qua la premiere décente. ‘Villieu Lieurenant réformé demanda le ~lendemain par grace a Mr de Frontenac - le commandement de quelques foldats _debonne volonté. Aprés qu'il eut fait le _ coup de fufil quelque temps il eut Padreffe. ' @ateirer les ennemis dans une ambufeade qu'il leur avoit dreffée,on il fe battit long- e 730 Aiiftoire des Maw temps, ils firent auffi-tot un détachem ent pour Ventourer , > qui fut chargé par les habitans de Beauport , de Beaupre, & de Pifls d’Orleans. Calanae & Wesuuianow vinrent a la charge , on lacha'le pied inw fenfib! blement pour beg attirer encore pro- | che d’ ‘ane maifon fortifiée de paliflades , qui étoit far une hauteur, tous nos gens — sy jetterent tout a coup. ‘Les Anglois s’y acharnerent extrémement par le nombre des gens frais qui fe relevoient, mais cer- te petite retraite ne fit qu ‘augmenter leur perte. Monfieur du Pui Lieutenant parti- culier s’avifa ( je ne fai pat quel motif ) ° de faire fonner le toxin a la Cathedrale x eette allarme donnée a propos caufa tant de troubie & de defordre parmi tes enre~ mis qu’ils fe jetrerent péle-méle dans les chaloupes ? «1a faveur de la nuit qui étoit obf{cure & pluvieufe , ayant abandonné cing pieces de canon, cent livres de pou- dre ,une cinquantaine de boulets. Deux Waiflexux qui étoient dans l’ance des Mers- he jugerent pas a propos de refter pour Tes gages , ils mirent a la voile pour re. joindre ei flotte ; on les falua aboulers en paffant. Soulbrecalfs & Dorvilliers Ca=_ pitaines fe jetterent avec cent hommes. dans l’Ifle d’ Orleans ;de Villieweut ordre’ de décendre aufli au Cap Tourmente pour & Maximes ay Sicdacde! 12% Bheapeste: quelque refte de décente. Tous vad la flotte mit a la voile & ne parut plus, ~Mademoifelle Lalande qui étoit prifon- “niere dans l’Amiral propofa au Chevalier un change , lui promettant de Ja négocier “auprés de Mr de Frontenac; il la laifla dé. oe fur fa parole. Elle revint le ‘foir fon Bord loi dire qu'elle feroit vis. a-yig Fendroit of ils étoient moiiillez, = - ' De la Valliere fit le lendemain la négo- ciation , il n’y eut de confiderable que le Capitaine Denis qui commandoit le Fort ‘de Kefxebaye que Portneuf prit, & les deux Filles defon Lieutenant qui y far tué, De la Vailiere trouva le fecret de Gates der le Miniftre de l’Amiral , fur la diffi- culré qu'il faifoit de Hndie Mr Trouvé Miffionnaire de Lacadie ; enfin!’ on fit Pé« change de bonne foi. Le Chevalier Phips eut beaucoup de peine a arriver a Bafton , d’ot on aprig que le peuple étoit dans une extréme cone fternation de routes les difgraces qui are tivefent a fa flotte ; huit Vaifleaux firene naufrage dans le fleuve aprés la levée dy Siege, of plus de huit cens perfonnes pee -Tirent. 3 ~ Quelques Abenaguis de Lacadie aris “verent peu de jours aprés, qui raportereng poner aflez particuliere des Tog 22 Fiiftaire des ALeurs quois. Ces Sauvages qui ne font jamais. malades furent attaquez de la petite Ve~ role que les Anglois leur avoientcommu- _ niquée : cette maladie qui leur éroitincon- nué fit plus d’expedirion que l’Art Mili- taire ; il en mourut quatre cens, & cent Loups, & méme ceux: ci eurent leur grand. Village tout defolé, dont il n’en réchapa que feize. Dans le temps que les enne- | mis venoijent — Quebec il fe fir un — parti confiderable d’ ‘Anglois & d'Iroquois, pour attaquer en méme temps Montreal; _ da petite Verole fe communiqua heureu- q {ement dans le Voyage parmiles lroquois i dont ilen mourut une centaine ¢ ils etoient fi éfrayez de cette mortalité quils fe broiillerenr avec les Anglois quils ne vo- _ -yoient pas mourir comme ¢ leurs camarades, _ Les Angloisde la Nouvelle Angleterre a qui ne voyoient aucune fureté dans leurs _ habitations par les irruptions continuelles — que les Abenaguis de Lacadie faifoient far eux, leur propolerent la Paix. Ceux- ci répondirent que my.eux , ny leursen- — fans , ny les enfans de leurs “enfans nela - feroient jamais avec |’Anglois qui ‘les Q— voit fi fouvent trompez: L’on rendit Brera j ces au Dieu des Armées de ce quil avoit _ fait au Canada, on porta a la Cathedrale © r avec par & magnificence le grand Pa-¢ E . ‘villoigg & Maximes dat roguois, 12 villon de l’Amiral qui ¢roir tombe dans le. fleuve , & celui que Portneuf avait pris _ dans Eecanite. - Monfieur ’Evéque chanta le Ze Deum, “on fit une Proceffion Solemnelle , & Mr “de Frontenac alluma le foir le feu det joye au ‘bruit du canon & de Ja moufqueterie des Troupes qui étoient fous les armes. -L’on a bati depuis une Chapelle dans la ~ baffe Ville fous les aufpices de notre- Da- -medes Victoires, ot |’on va tous les ans: en Proceffion rendre graces a Dieu de ‘cette ViGoire le méme jour quelle a éré emportce. ‘ Je ne faurois finir, Monfieur, cette Let. tre par un endroit plus agreable n’y plus glorieux: pour la memoire de Monfieur le Comte de Frontenac , vous -aflurant en. méme temps que l’on ne peut étre avec rf de + sue que je le fuis, - Wotre trés. hamble, ‘ke, Toms ff i; | ; M ion, A ‘noire de? We ae Jil LETTRE Famine dans le Canada. ~ Députer, dela part des Abenapais de I’ A | cadie an Comte de Frontenac > Gui s tn * gagent aune guerre bib iaitise > con— tre les Avglots. Quarante Efpions I foquois 5 bab ions ae Saunt pour favow les monwvemens des ©) Francais. > . me woites Ateriata Iroquois dts Saur, Fillel du Row, regoit wn Collver de la part. des | | Troquois. | a ashsoeta fort opimatré dans la Prairie de la Magdeleine contre les Anglos » ne Iroquois » & les Loups. De Vallerenne Capitaine 4 une Compagnie | d'un détachement de la Marie » tarlle en pieces les ennemts. Za Foreft Capitaine réformé , porte aug Onraonaks les prefens du Rese Monsieur, ey he ‘Le ‘rang ‘que vous fenez dans le plus favgolte P Parlem ent del’ Veuve eft moins Mi. | —— & Ataximes des Trogucis. 12 eftimable par lui-m4me que par le luftre 8 le brillane qu'il recoit de-leloquence que vous y faites paroitre. Heureux le peuple qui implore fa juftice , totjours ‘content des Arréts qu’il en raporte. Les” Princes méme fe font l’honneur de vous remettre leurs interéts a2 déméler. Sufpen- dez, je vous prie , un moment ces occupas tions importantes pour vous pretera quel. queamufement qui regarde les pais cloi< gnez, Je veux vous parler, Monfteur, de Ja Nation Abenaguile , fi fidelle aux Fran. gois , & d’un des plus rudes combats qu’ik _-y ait jamais ei en Canada. | La mifere eft pour l’ordinaire infepas rable de la guerre, & fouvent fuivie dela famine ; le Canada qui fe voyoiz d’un coré foulagé par la retraite des Anglois , fe ‘trouva couta coup reduit dans un état pi- toyable & dans une difette de toutes cho- - fes neceflaires A la vie. Le bled valoir douze a quinze francs le minot,le vin cent — €cas la barique,l’eau de vie fix cens francs & toutes les autres marchandifes a pro. portion. Monfieur de Champigni qui vos yoit que les Magafins du Roi n’avoient plus de vivres que pour un mois ,. fit dif+ perfer les Troupes chez les habitans , qui furent obligez de les nourrir pour leur folde, Cette calamité publique , qui dura : | M 2 - 116 Fiftoive des Af eurs fix mois, » empecha que l'on n envoya deg: Partis a 13 roit & a cauche contre les An- “glois & les Iroquois, & nous les laifames = dans une elpece de Letargie : ils ne firent pas moins a notre égatd. | En éfet , un Soxoqui de Nation qui a- yoit été pris proche d’Orange fe fauva 8¢ vint aux Frois Rivieres; il raporta qu’a-_ pres quil fut pris on le conduifit au haut du lac Champlain, oti s’étoient affemblées les Nations Lroquoifes & autres Sauvages alliez des Anglois,que les froquois éroient au nombre de neuf cens Tfonnontouans, —Goyogouens & Onnontaguez, & de qua tre cens foixante & dix Aniez, Onneyouts, | Loups , ou Mauraigans, qu “ils avoient trae vaillé |’ e{pace d’un mois a faire des canots,, que pendant cetemps les Anglois deur a voient fourni des vivres & envoy¢ quel- ques caflertes fermées , dans lefquelles les Sauvages difoient qu ‘iP y avoit des habits. empoifonnez quwils devoient laiffer en pil- ? lage aux Fran cois. Lors que les canots furent above fei- ; zecens Anglois fe joignirent aux Iroquois” dans le deffein de venir attaquer Mont- real,mais quand il falut s*embarquer dans _ ces canots d’écorce fi minfes ils ne vou- lurent jamais s’y hazarder. Les. Iroquois furent fi irritez de ce a quils lear ow & Maximes des Ir oguers. 24 _ firent beaucoup de reproches fur leur peu de bravoure. Ils leur dirent que les Fran= gois navoient point | toutes ces delicatef— fes , & quiils s'apercevoient bien qu’ils étoient incapables de les fecourir, nonob= ftant quils les euffent deena de faire la Paix avec nous, que bien loin de leuc- aporter quelque avantage ils venoient de faire moutir quantité de leurs gens'par le poke quils avoient deftiné aux Frangois, Il moarut a la veriré en trois jours trois eens Tfonnontouans, ‘Goyogouens, & On- nontaguez, quatre. vingt dix jeunes Aniez & Ouneyouts , cing a fix cens Anglois, - foit- que cette mottalité vint de ces prés ~ téndus habits empoifonnez ou de quelque maladie contagieufe, La des-union. les fepara : lee Troquois, “rutnerent de dépit tous les grains des en- virons d’ Orange , 8 tucrent la plofpare _ des beftiaux. Cet ineident, vine bien a pro- - pos,car toutes nos Troupes étoient dans ce temps du cotée’'de Quebec, qui ¢toit - aflez: embaraflé a fe défendre contre Var i -mce Navalle des Anglcis. . LeComte de Bronveniac qui connoiffoir Ja valeur des Abenaguis avoitfait fon po . _fible pour les-artirer dans les Partis quik —avoit “détachez Vannée paffée de ces co+ : ‘4ez- Ci: : le. manque d’habirs, de poudcey 3, 3 128 = Hiftaire des Af wurs de plomb , & de fers de fléches, les avoit obligez de refter chez eux. Il en arriva cependant au mois de Mars de Pentagouer qui le prierent de ne pas prendre en mau- vaife part le profond filence qu’ils avoient tenus a fon égard, que le plus grand cha- — gtin qu ils avoient étoit de n’avoir fait au- ccune’ entreprife fur les Anglois pendant PHiver, qui eft la faifon la plus favora. ble, que ce qu ils leur avoient déja dé- claré {ufhifoit cependant pour ne pas dou- ter quiils ne feroient jamais de Paix avee eux ; & que fi malheureufement il ne pou voit leut donner dequoi continuer la guers © re, ils fe ferviroient d’os de bétes pout dards de fléches , & ne cefferoient de les harceler. Qu’au refte ils le prioient de leur faire rendre leurs freres que les Iroquois du Saut tenojent prifonniers , que quel- que fujet de plainte qu’ils euffent contre eux dene les avoir pas renvoyez, ils re- * miettoient cependant tous leurs reflenti- — mens entre fes mains , comme des enfans qui cherchent le moyen de vivre en bon- ne intelligence avec leurs freres. Le Comte de Frontenac les remercia — de leur bonne volonté , & les congratula — — de la fidelité qu’ils avoient todjours con- fervée pour la Nation Frangoife, les af- {furant quil ne les abandonneroit point, — & Maximes des Iroquois. 129 Tavoit déja prévd le befoin qu’ils pou- voient avoir de balles & de poudre qu'il leur avoit envoyé par les terres : il promit qu/auffi- tot que la Navigation feroit libre il envoyeroit une Bifcayenne par mer , & _des canots par la riviere de faint Jean, qui Jeur en porteroient encore avec des flé- ches & des marchandifes , & qu'il leur donneroit un fecours confiderable a l’ar- rivée des Vaifleaux du Roi. I! les conge- diaapreés les avoir regalez , & fait des pre- fens a tous les Chefs en particulier. = Quoique les Iroquois fe fuffent brotil-- lez avec les Anglois, ceux-ci cependant qui ne connoiffoient que trop l’utilite de les avoir pour amis , ménagerent encoré deur efprit, on ne le reconnut méme que trop dans la fuite. eae _ Des Iroquois du Saut & de Ja Mon- tagne qui étoient a la chafle proche de _ Chambili , furent pouffez vigoureufement _ par un gros parti d’Aniez & d’Anglois qui en enleverent dix. L’on fut furpris deux jours apres de voir arriver au Fort du Saut trois Aniez fans armes , qui ramenoient _ deux Sauvages. On le fut encore plus lors que l’on vit arriver les autres avec qua-"- *rante de cette Nation, fans armes , dont: — Ta plafpare ne voulurent pas s’en retour- mer chez eux, Ce fut une conduite judi- \ 3G Fiiftoive dss Ad ceurs _cieufe que les Aniez vouloient tenir pour penetrer infenfiblement l’état des affaires, & pour infpirer aux Iroquois du Saut de quitter les interéts des Frangois & des’en retourner en leur patrie ; ils déguiferent donc leurs fentimens. L’on peut dire que’ l'Isoquois eft judicieax dans les mefures quil prend pour fonder le fort & le fois blede fon ennemi, qu'il ef penetrant dans les affaires les plus cachées , & qu'il gar- de bien le fecret fur les moindres ouver- tures qu'on lui fait. Ceux-citémoignerent d'abord qu’ils étoient las de tuér & d‘étre’ tuez , que les Aniez n’etoient pas cloignez de la Paix , quils tacheroient méme de. la faire agréer aux autres Nations Iroquoi- ics. & que pour marquer le defir ardent qu‘ils avoient de finir la guerre, ils €toiens venus en diligence nous avertir que huit cens Iroquois étoient préts de tomber fur’ nous, & de ruiner tout.ce quiréroit entre’ Montreal & les Trois Rivieres.. 2 Les. guertiers demandent la Paix, di-- foient- ils , & Vont déja conclué fans la participation des Anciens qui ne font pas’ toujours de bonne foi, Que fi les Flamands: — & le refte des Iroquois ne veulent poind entrer dans aucun accommodement, ils * les laifferont & fumeront paifiblement: — fur leurs nattes. | 42; 7) — ‘ * & ALaximes des Troquois. 13 L’on eut cra éfe@ivement que les Aniez - parloient de bonne foi ; le Pere Bruyas Jefuite , Miffionnaire du Saut, ne favoit -quen penfer, & le Pere Lamberville ne pouvoit auffi s’imaginer que tout ce quiils difoient fur fincere. | Ils répondjrent jufte a toutes les ques - ftions qu'on leur faifoir: le Chevalier de ~€allieres les fit venir A Montreal fans fe: _méler des propofitions de Paix qu'ils a- voient pti faire’ aA nos Sauvages , aufquels on lJaiffoit le foin de cette negociation. ‘His aprirent en méme temps que le Che-— valier d’O , qui avoir été envoyé l’année precedente par le Comte de Frontenac, avec cing Francois , de lapart d’Auriouaé, avoit été mene a Manathe, qu’ils en a- _. voient brilé deux chez les Onnontaguez & les Tfonnontouans. Il ya quelquefois bien da rifque d’ailer trouver ces Barba- _¥es pour traiter de quelques accommode- mens, car ils font briler fans autre exoli- - €ation les Députez qu’on leur.envoye. Le _ Chevalier d’O fut méme attaché au Po- _teau a la follicitation des Anglois, mais quand il fut queftion d’en venir au fait PT- foquois voulut que |’Anglois commenga ~ Te premier ¢ celui-ci s’en défendit parce quil dit que ce n’étoit pas la maniere des Européens de briiler. Les Iroquois qut bi: ee ‘Hifloires des ture vouloient que l’adion fur commune né Ie | firent point auf. - L’on examina de prés la endbite: de. ces Sauvages qui paroifloient prendre af. fez de part & nos interéts. Il étoit a propos de faire favoir aux Ouraouaks Pheureux fuccez de la levée’. du Siege de Quebec cette nouvelle ne pouvoit que les encourager dans les bon- nes difpofitions ou ils étoient Vannée pre cedente. Courtémanche qni avoit te en< voyé exprés s acquita de cet ordre, il trous va quwils avoient déja envoyé leurs guer- riers contre les Iroquois , efperant mémeé de faire partir iricela mmaene le refte, Les’ Miamis & les Ifknois qui font a plns de” deux cens lieués des Outaouaks s €toient mis auffi en marche ; tous ces Partis de 4 nos Alliez embaraffoient extremement les Iroquois. Les Tfonnontouans qui éroient’ plus a portée de l’infulte de leurs ennemis farent contraints d’abandonner leur Vile lage par la grande perte quils frent de leurs guerriers , & fe Fey pe aux Go- : yogouens. | | L’avis que Hon avoit . Monfieur ; que ees huit cens Iroquois devoient’ venir: obligea ‘les habitans de fe tenir fur leur garde , & dene point trop s’expofer dans les campagnes. . Tous ces Ss grands projets: ; Oe Maximes des Frojucis, 138 _aboutirent a peu de chofe ; il y eut pour- tant quelques habitans qui tomberent, en- are leurs mains, ils brilerent-des habira- tions n’ofant faire aucunes tentatives aux ~ endroirs of ils croyoient qu ‘il y auroit de Ha refiftance. L’lroquois eft plus hardi dans le bois ~ qu’a rafe campagne, c’eft fon fort que de | pouvoir atrraper un, arbre , il voltige a ‘Fentour avec tant de fouplel fe qu'il lai _fufhic dele joindre; ila adrefe de fe met- area Vabri du fall quand méme l’arbre- me feroit gros que comme le corps d’un homme, c’eit un efpece de retranchement pour lui, & lors qu'il peut prévoir le coup al fe met de coté en travers pout en pares ‘da balle. | Les Iroquois poufferent lear entreprife plus Join que Von ne penfoit, ils vinrent _ jufques a la Montagne. de Montreal , les Femmes Sauvages €toient pour lors occu _pées a couper les bleds, ilsen enleverent -plufieurs, Deux cens Francois & Sauvages ‘vinrent au fecours fous la conduite de *Bienville ; ; ceux-ci furent préts de donner ‘plgttos lors quils reconnurent que c’éroit aes Aniez, ils délibererent s‘ils les atta “queroient 4 caufe des pourparlers quis’é- ‘toient pafflez entt’enx au fujet de la Paix, ‘Enfia nos Sauvages , dont le nombre'€ Etoit Ysa Fiiftosrre des Af eurs | bien plus confiderable que les Francois, : ne voulurent point charger ces prétendas _Alliez , dont quelques-uns prirent parri avec ceux. ci, qui parurent.contens des propolitions que les Aniez qui €toient dé. ja venus avcient faites aux Sauvages du Saut, & qui ent celles de Paix ou He. Neurralité par Onentegdias Tun de leurs Chefs. Le Chevalier de Vaudreuil comman- dant des Troupes ne fut pas fi indulgeng dans une occafion off il rencontra qua- rante a cinquante - Onneyouts. En ¢fet, _de Mine Capitaine examinant a la cote de Repentignt les mouvemens des ennemis , en aperguc quelques-uns qui fe, Seats affez tranquilles dans une maifon aban- donnée , il fe retira dans de) petites Ifles tout proche pour ne leur:pas: donner om- Drage. | De Vaudreuil qui etoit parti de Mont- pais peu de-temps aprés avec Auriouae, joignic de Mine: les deux Partis entoute- rent cette maifon avec toute la précau- “gion poffible, de. maniere que perfonne ne gen pouvoit fauver. L’on trouva a vingt as des Troquois. endormis que Ton twa dabord , le refte fit une grande refiftance dans cette retraire., faifant un feu conti- uel par es fenbrres 8s gies Menrtricres ir a8 3 : a : a — guils & Maximes des Iroquois, RK -qu'ils avoiént faites , & tuérént cing a fix Frangois, entr’autres Bienville. Quand ils virent que l’on avoit mis le feu de tous co- - rez ils firent de petires forties , mais ils pe-. rirént la plufpare ; il y en ede de britez dans la maifon ,l’on en prit cinggdont les | habirans en britlerent trois pout fe ven- get de la mort de leurs parens, il falue ~ en venir a ces extremitez parce qu ils fe | feroient trop perfuadez que nous les euf= fons trop ménagez , & en les traitant a vec la méime dureté on leur feroit con- “noitre que quand ils tomberoient d’oré- _ navant entre les mains des Frangois ils fe reflouviendroient de tous les maux quiils ‘leur avoient fait fouffrir : ce-petit échee | rallentit un peu leur ardeur, ils s'imagine- rent d'autres ftratagemes. Ils renvoyerent pout cer ¢fet deux Femmes Sauvages quills . _ avoient prifes , & fous prétexte d’un com- pliment de condoleance quwils vouloient. » faire par un Collier a la famille de faint. Helene, qui moutur de fa blefluce au Sie- ge de Quebec. ey i Ils en envoyerent un fous terre fecrete- ment a Louis Ateriata Iroquois du Saur, | | Filleul du Roi, qui conferve. precieufe- ment uné Médaille don: ‘Sa Majefté l’a honoré. Ce Collier lexhortoit & fa Fa- - ghille de fe recirer parmi eux , & d’ameneg” , Tome III, NM IS Fi iffoive des Mu cours de plus qu'il pourroit des gens du Saut; | Tannouraoua ,troquois de la Montagne , eneut un auth ; ‘ils demandoient réponfe : par un Tlonnguaa qu "als reclamoient 3 pour leur en aporter la nouvelle , & les. a menacoignt tous deux de ne les point C=. Pate. quiils attaqueroient Mont- : real. Louis Ateriata & Tannouraoua firent peu détat de ces'menaces & des Colliers, -quils mirent entre les mains du Cheva- lier de Callieres , Paffurane d'un e fidelicé inviolable, Pe Les Iroquois attendoient done des n mo: mens favorables pour faire de tudes atta- ques fur les Francois. L’on aprit qu ‘ils €toient a vingt lieués aul deflus de Monr- teal, au long Saut de la riviere des Outa- eee , pour. enlever rout ce qui viendroirt de Michilimaxinak dans ‘Patrente de la recolte, Ils aprirent pendant ce fejour plu- Geurs nouvelles qui les détournerent de leur entreprife : ils favoient d'un cété que l'on Sie deux cens canots pour aller fondre far eux ou dans leurs. Villages , & _de Vantre om leur vine dire que nos Alliez faifoient des courfes continuelles chez @ux qui c caufoient de grands defordres ; o fous. ces obftacles leur frent quitter prife, fe contentant de laiffer de petits partis pour mst droit & a gauche des cheveluress. | —— & Maximes des Trojuois, 127 ‘Uy avoit déja dutemps, Monfieur, que Te Canada gemifloit dans la difetre om choles neceffaires a la vie lors que le So- Jeil d’Affrique arriva de France. b’atrivée de Dutas Capitaine des Vaifleaux du Rot, avec fa flotte , augmenta encore douze jours aprés la joye publique,labondance ‘regna donc tout a coup cans ce vate pats pat la bonté du Prince qui eut pitic de fon peuple , mais quand on aprit:par ces Vaile feaux la/prtife de Mons, il eft difficile d’ex- "primer les tranfports de joye que tout te faonde Me patoirre el Foy re - Des Outaouaxs qui étoient décendus dé leur pats-pour faire la traire ; concdrent une fi haute idée dela Nation Frangoife ~ tors quills virent tous ces grands canots en fade, (ils apellent an Vaifleau un grand €anot ) quwils he pouvoient s'imaginer comment lefprit humain pouvoit faire _ des Machines qui leur paroitfoient & ex- _ traordinaires.Les illuminations qui ¢roient a quatorze beaux Vaiileatx le jour du Te Deum, les divers mouvemens des manceu- vres par Jes Matelors , fe bruit de F Arcil- ‘Terie, la quantitéde boulets & de canons - qi us virent,étoient autant de fujets d’ad- miration de la puiflance du grand Oxon to de France, (c’eft ainfi quils apellent ‘te Roi ) & quand ils virent dans umrepas | N 2 | 93S | Hifoire des leurs “magnifique quantité d’eaux glacées de tou: -tes fortes de couleurs, ce fut pour eux un fufer de {urprife ; on ere fir acroire plai- famment que ces grands canots qu'ils vo- yoient dans le fleuve les avoient apottez, | & que les Frangois n’étoient pas moins curieux de ce qui pouvoir fervir au plait & au divertiflement de la vie, quiace qui | deur étoit utile pour attaquer & fe défen- dre contre leurs ennemis. — Depuis que le Chevalier de Callieres eut été informé de tous les projets que les ennemis devoient faire dans fon quartier il fe tint totijours, fur la défenfive ; il éroi¢ donc menacé de toutes parts. En éfet io auffi-tét qu'il eut apris la marche des An- glois,des Loups & des Aniez , il raflem- _ bla cour ce qu'il put de Troupes & d’ha- bitans qu'il fit camper a la prairie. de la Magdeleine, Hartel le fils qu'il avoir en- woyé a la découverte avec trois Algon- Kins & un Froquois de la montagne, ra- porta qu'il avoit apergt un canot d’Anicz dans la riviere de Kichelieu , au deffus du Portage de Chambli , qui venoient auffi a Ja découverte, dont il en tua cing. C’en fut aflez au Chevalier de Callieres , il ju- gea bien quils attaquerotent dabord le Fort de Chambli , ou. quils prendroient wnchemin qui conduit a la prairie de la Ae, | a & Maximes des Trognots. 139 ~Macgdeleine. Il envoya an premier endroie _ de Vallerenne ancien Capitaine ,avec les foldats-d’élite de fon bataiilon , de Mai & d@’Orvilliers auffi Capitaines,des Habitans & beaucoup de Themifcamings, qui a yoient pour chef Routine. Auriouaé qui “he faifoit que d’arriver d’une affez belle expedition voulut étre auffi de la parties Des Hurons de Lorette pies Quebec , les plus fideles Sauvages que nous ayons, fu- fent auffi du nombre , & quelques Tro quois de la Montagne & du Saut, qui a- voient Paul pour Chef. Ce détachement compofe de ce quil y avoit de braves guerriers , conduit par un homme de téte & d’experience , contribua ‘beaucoup a la déroute des ennemis. Te re- viens , Monfivur , au Forrde la Magdelei- ne, il eft a trente pas du bord du fleuve , fur un liew efcarpé entre deux prairies ;le coteau qui regarde la Fourche eft coupe par wne petite riviere a demie portée du ‘canon, une Ravine qui eft un pew plus prés du Fort la coupe auffi, & entre ces denx: eourans d’eau ib y aum moulin. Les Ha- Bitans farent poftez de ce cété-ci avec les Outaouaks,, les Troupes éroient campées: far la droite & les Officiers avoiens leurs ‘Centes vis-a-vis fur une hauteur. L’allar- me fe repandic dans le camp bes Biel os 140- Hiftoire des Moyprs de fufil que tira la Sentinelle avancée. Les ennemis qui s’etoient gliflez le long de la _gxiviere de la Fourche & de ia Ravine, vin- | rent fondre fur les Habitans qu’ils mirent — en defordre & tuérent fix Outaouaxs. — De faint Cirque qui commandoit a l’ab- fence du Chevalier de Callieres fe mit auffi-roc ala téte des Troupes. Comme il h‘avoit point ett d’avis particulier de cette — faillie il ne ptt s’imaginer que le grand nombre que l’on voyoit dans le camp des __ - Habirans fuflenr les ennemis , il marcha cependant droit aeux le long dela Greve: les Anglois & les Iroquois firent tout a eoup une decharge de moufqueterie fur. eux. De faint Cirgtie regit un coup de fu- fil dans la cuifle, Defeairac Capitaine fut bleffle a mort, & d’ Hofta fut tue. Ce de- fordre anima davantage les foldats , qui donnerent téte baiflee deflus : cette ardeur- les poufla un peu trop loin, parce que les plus allertes tomberent dans une Ambuf- cade proche de la Ravine of Domerque: Fur tué. | : De faint Cirque tint toujours nonob. ftant fa bleflure, dont il mourur trois heu- -resaprés :il mit en deroute les ennemis qui avoient pourfuivi les Habitans jut ~ ques dedans le Fort, & comme ils ne cro- yolent pas qui pur refifter. , ils firent ce | & Maximes des Froguois. 14d quils purent pour l’emporter d’emblee ; il leur fit cependant quitter prife apres leur avoir tué beaucoup de monde, lon | prit un Anglois la grenade a la main tout _ pret a la jetrer dans le Fort. De faint Cir- que eut toute la fermeté que l’on peut at- tendre dun brave homme , il ne voular jamais quitter la partie ( quoi qu'il eut la - veine cave coupée ) que les ennemis n’euf- _ fent auparavant laché pied’: il mourut en entrant dans le Fort. Ibavoit fervi dans les meilleurs Regimens de France , & avoit commandé un baraillon en Sicile. Def- ¢airac qui mourut le lendemain ne fut pas moins regreté. _. Les ennemis crurent en étre quitte a on marché, mais de Vallerenne qui les - pourfuivoit a la pifte a latéte de cent qua- tre-vingt hommes acheva leur defaite. A peine les eut-il joint qu'il faluc fe battre _ dans le moment; il fe trouva heureufe- ment deux grands atbres renverfez par- terre qui lui fervirent de retranchement, _ i difpofa fes gens de rang en rang. Les en- _nemis qui marchoient fans ordre y vin- rent l’attaquer a la portée du piltolet avec de grands cris, H détacha aufli- tor une _ trenteine d’ hommes qui firent un grand feu fur eux; les Anglois & les Aniez re~ wincent julques a trois foisa la charge , les 142 Aliftoive des Afwurs oe Loups qui ne s’atrendoient pas a une fi vi-- coureute refiltance plierent, Routine chef — des Themifcamings croyant pouvoir les — — entourer fut lni- méme répoufle, cette de- route fut canfe que l’on en vint aux mains’ de part & d’autre commie nous étions ex- trémementinfericurs ennombre ilseurent. d’abord beaucoup d’avantage far nous; Les jeunes Habitans qui ne setoient pas encore trouvez dans aucuhe action furent ébranlez,mais le Berrdu Chéne les raflura. De Vallerenne qui fe trouvoir par tout & animoir nos gens ,de méme les Chefs de nos Sauvages animoient les leurs: lor. s'acharna cruellement pendant pres de deux heures, & quoi que les ennemis enf- — fent abandonné le champ de Bataille, tout le Bagage & leurs Drapeaux, on les pour- fuivit encore trois jours dans des pais ma-_ -récageux, entrecoupez d’arbres renverfez,. - pleins de ravines , & il n’en feroit réechape’ aucun fi les notres enflent edi affez de for>_ ee pour les pourfuivre : de Vallerenne fut contrainte de faire faire alte, & de fe re- trancher par un grand abbati d’arbres. Les Sauvages du Saut ayant regu la nouvelle. de cette Vidtoire vinrent en diligence le- ttouver, l’on eut dit que des guerriers fi frais & fi allertes euflentdé la rendre com plete, ils fe contenterent de compter lew i é Masiomer dis desaeois 4g _morts & de les piller, & fe retirerent fous _ prétexte des falves de coups de fufil quils ‘difoient avoir entendu a la prairie, qui ne fe faifoient cependant que pour les Obfe- ques des Officiers qui y avoient été tuez. Lestraces de fang que les ennemis laif- foient par tout ot ils pa(foient, marquoient aflez leur foibleffe & le defordre dans le- | quel ils €toient réduits. Les Anglois per- dirent environ deux cen's hommes, il ne réchapa gue vingt Aniez de cent “quiils _ @poient , 8 la perte que firent les Loups ne fut pas fi grande parce qu’ils plierentles _premiers. Nous perdimes quaranre horm- mes dans cette action & celle de la Prai- frie, 8& nous etimes une quaran itaine de Bleffez. a Auriouaés’y fi eval beaucoup, il ne Fai | foir que de revenir d’une expedition fort glorieufe pour | lui; il s’etoit trouve ff cho- que du mépris que fa Nation avoit eue de toutes les démarches qu'il avoit faites pour Jes attirer dans nos interets , gril partic d'un propos déliber¢ pour s’ en venger avec quinze Sauvages de Lorete & de la Mon- “ragne, il fit fon coup entre Gotoguen & ‘Onnontageé. Tl ft rencontre a isa retour de cinquanre Tionnonthatez ou Harons de Michilimakinak qui alloient en guerre: A: ci le prenant pour un Loquois lui ity ivoire des yanks i blefferent un hamieae gui en mourut, mais s ctant enfuite reconnus Autiouaé ee ift—) ftrvilit de la forte guerre que: nous faifions, des avantages qué nous avions rem portezy | _& des fecours que on attendoit de Fran- | ce. Il vint aux trois Rivieres avec de Val. Terenne, gui rendit compte a fon General de Vheuraex fuecez de ‘te Vittoire en las quelle il avoir eu tant de part. L’on fut bien furpris de révoir Auriovaé, ‘on s‘ctoir perfuaaé que leftime que ‘le. Comte de Frotenae avoit congue de fa fi. ‘delite éroit aflez mal fondée, mais lors qiils le virent arriver, J une campagne de quatre a cing mois, ils ne {curent quien senfer: le Comte de F Frontenae qui avoit. Pefprit plus penerrant connoifloit a fond le ceeur de cet afiidé, Auriouaé lui fir: pre- fent d'un Onnonragué , que fa bonte ne put sag tet de factifier aux Algonxins,, qui le briilerenr. Auriouaé ne demandoit donc que des occafions a faire paroitre fa ~fidelicé & fa valeur ; il en trotva une affez favorable lors qu'il aches a Montreal , oa lui dic qu’un Parti efnemi avoit eeu! deux hommes & une femmé a la riviere des Prairies ; il fe mit a {vivre leurs pil iftes,, & les ayant mie au rapide plat de la rit. viere des Troquois ilen tua deux , fit quae tre’ prifonniers , & ramena ces heureute > “= iy om uM aximes des Troquois: rg E (claves. Quel acucil ne fir on pas , Mon- fieur ,a un Heros que chaque Nation de- ‘mandoit pout Chef a l’envie l'une del’au- tre. I] décendit A Quebec ot il regtic fe prix de tant de belles actions ; sla modeftie guil faifoic paroicre ( quei que rare a un S: sauvage qui eft naturellement vain ) tui attiroit les bonnes graces d'un chacun: il ‘Tepartit auffi t6t pour retourner en guer- re, c’étoit fon élemenr, & il n’avoit poing de plus grande paffion que de faire éclater fon courage. | : _La Chapelle Lieutenant réformé revine | hie ces entrefaizes d’auprés d’Orange, ott il éroit allé faire quelque tentative fai des ‘Aniez, les pourparlers de Paix |’ empéche- Tent de pouller loin fon entreprife , il apric wil n’étoit arrivé en cette Ville que dix aa de tous ceux qui s’étoient trouvez dans le Combar de faint Cirque & de Val- Jerenne., & qu ‘Onnontagouas ce fameux “Mediateur y avoit eré tuc, La Broffe arri- va auffi peu de jours apres avec quelques prifonniers quil avoit conduits dans un grand pays de chafle qu'il avoit battu, & comme il n’ 'y troava perfonne il fe con. ‘renta de venir avec quelques chevelures, Le Comte de Frontenac fit partic quel. ue temps aprés Duras pour eroifer al’ em: - Fics: du Ae suve, dott l'on cut avis a t 46 Hiftowe des Ateurs ss quiil y avoit des Forbans Anglois, & Bon- naventure eut ordre de mener Villebon a — Lacadie avec du monde, Saint Catlin qui ~€toit ence pais luidépécha un canot, qui fut accompagne de deux autres, que le Gouverneur General & lé Confeil de Baf- ton envoyoit a Quebec. Nelfon Gentil- homme d’un merite diftingué, qui €crivoit . aufli conjointement avec eux , prioit le Comte de-Fronrenac de leur faire rendre les prifonniers qui eroient entre les mains — des Abenaguis, ce General Anglois le fai-— fant reflouvenir des obligations que fa Co. Jonie lui avoit, le prioir'en méme temps — de lui continuér les mémes fentimens de bienveillance , malgiéla guerre qui étoit entre les deux Couronnes, II ctoit aifé aux Anglois d’écrire fi obligeamment parce quils avoient befoin du Comte de Fron- tenac : mais notre General leur répondit a peu pres de méme, fe plaignant nean-_ -moins qu'ils retenoient a Manathe, contre — le droit des getis, le Chevalier dO, qu'il” avoit envoyé aux Iroquois , chez qui une» partie de fes gens avoient été brilez :n’a- yant pas ei plus de raifon de garder enco- re Menneval Gouverneur du Port Royal & {a Garnifon , contre la Capitulation; que auffi- tot qu’il auroit fatisfait a ces contra-- ventions on pourroit fonger a une echange | | . generale” -_ eC Maximes des Iroquois. t47 generale des Prifonniers qui pouvoient _€tre parmi chaque Nation & les Sauvages - Alliez. Saint Caftin lui mandoir auffi que ily avoit a Manathe une guerre civile en are les Anglois & les Flamands depuis la mort de leur Gouverneur, & que tous ces ‘pourparlers d’ échange fo prifonniers é- foient un amufement , parce qu ‘ils vou- ‘Joient engager nos Sauvages z a une Paix, mais qu'il s’y opoferoit. La Foreft Capitaine réformé partit on ze jours aprés de Montreal avec un con- voi de cent dix hommes , pour porter 2 _Michilimaxinax les prefens que le Roi - faifoit aux Sauvages Alliez: il ramenoie avec. lui les De onax: a qui l’on avoir. fait prefent de deux Efclaves , c’éroit deux | Vidtimes quil faloit anlar se a cette Na- ‘tion , pour efluyer leurs larmes fur la per- ‘te de fix qui avoient été tuez au combat _de la Prairie. Qnoique ce Voyage fut ab- ‘folument eit pour le fon tn pais, & pour engager nos Alliez de continuér rid guerre, il fur retardé par beaucoup d’in- ‘trigues. Les Sauvages du Saut qui avoient leurs raifons particulieres , remontrerent. par des Colliers, qu’outre le danger qu'il y avoir d’étre attaqué fur les chemins , on dégarniffoit la Colonie de fa plus bel. le jeuneffe. Le Comte de Frontenac qui Lome II. \ y 148 Hiftoire des Meurs | voyoit par quel efpritils agilloient , reites ra fes ordres -8& la Foreft partit. Neuvillette arriva le fixieme de No~ — vembre de Lacadie, il Taporta que Ville- bon fon frere avoit pris fur ces cotes un petit batiment, qu’ayant fair décente au Port Royal il it atborer le Pavillon Fran- ‘ ‘gois ala place de celui de I’ Anglois , les ‘Habitans ne fe foucient pas trop pour qui tenir , ils fe voyoient fi voifins des Anglois quil leur g éroit difficile de fe prevaloir con- tre les courfes continuelles quiils etoiess dans leurs quartiers. iol Villebon poulla (a route vers la riviere - de faint Jean, ou il eut avis que Nelfon ‘y venoit avec un batiment , il fe cacha. ‘derriere une pointe, & aprés avoir tire deux coups de canon pour fignal aux Ha- birans dece lieu que c’éroit lui, il donna chaffe enfuite a Nelfon qu'il enleva. Il re-" venoit de Port Royal avec le Colonel ‘Tine qui en €toit nommeé Gouverneur, -Les Habitans ne pouvant le garentir des in(ultes que les Sauvages pouvoient lui faire , il prit le parti de quitter fon nou~ veau gouvernement, Villebon envoya | Nelfon a Quebec, qui ne pouvoit atten- «dre que beaucoup d’honnetetez du Com- te de Frontenac, il avoit donné trop de ‘preuves del’ eftime qu'il faifoit des Fran— os Be a e 6. M aximes des Pregueis: / AG - Gois par tous les bons fervices quil leur. _avoit rendus pendant la Paix & pendant da guerre 5 ici efprit & fon merite lui -donnoient.un grand afcendanta Bafton ; il étoit: Chef d’une faétion qui’a été cot jours contraire au General Guillaume . Phips. Je fuis trés-parfaitemvent ; | Rr 48 T Bey = ; ag ! ‘ re] us \ gE A de MONSIEUR 9 5 Pe | ad ’ Votre crés-humble , &és IV- LETTRE ‘Piraption de Troguois entre la riviere de Richeiien & le Fort des Vercheres. MM ademoifelle des Vercheres empéche gue _ bes Lroguois ne Aine ce Fors 10 plu- | fieurs autres. Monfieur le Chevalier de Crizaf Va & fon fecours a la téte de cent foldats. — Combar contre les Froqucss » retvanchez. parm des Rochers. — Gategaronies chef d'un party confiderable a Iroquois » eft déefast proche le Fort de Frontenac. a Deéroute de la Chandiere Noire chef a’ An Parti de deux cens guerriers Troquais s par le Chevalier de Vandreml. = Le Comte de Frontenac propose une grande Chandiere aux seis fes Alluex. CC ADAMED: : ~ Que penferez- vous de moi de vous mettre ici a la téte d’une guerre dIro- quois 5 ; il conviendroit mieux, je vous l’a- c Maximes des Iroquois. “1g vouc, que je vous entretin(le d’une guerre _ d@Allemands, d’ Anglois & d'Hollandois, car je ne ‘pourrois le faire {ans rapeller en méme temps toutes les belles actions de feu Monfieur de Vertillac vorre illuftre Epoux. Je nentends nu!lement , Mada- me, a faire le Pancgirique d’un ‘hornet auf eltimé de fon Prince qu'il l’étoir, je Jaifle aux guerriers de la France a imiter & fuivre un fi bel exemple que le fien, & je meborne pour moi a deécrite ict les mouvemens de la plus redourable Nation de l’Amerique. Vous y verrez en pailanc un trait de valeur d'une Canadienne de -haiflance , dont les actions font d’une ve- ritable hraleiae: L’Hiver eft fi rude en Canada que pen- dant pres de huit mois quil dure tout y elt dans une efpece de letargie. Les Iro- -quois voulurent en tirer avantage , & fe flacans que les Frangois éroient incapables de fuporter les memes fatigues , Als fe mi- rent en marche. pour faire irruption fur nos cotes. On repoulla cependant la force par la force , ils perdirent de leurs Chefs des plus confiderables , , & quoigue nous leur edmes fait cotiter ighere leur perte y celle de plufieurs de nos Officiers , des: meilleurs Habitans , & de nos Sauvages guerciersnedailla pas ‘de nous tenir 2 cosur. | Oo F ay ap | “Hifteive des M ceurs ' Nos Alliez de Michilimaxinax qui ac ‘voient a: les prefens du Roi, sangeet terent plus que jamais Vaffedtion quiils avoient fait paroitre pour nos interéts , ils firent differentes courfes fur nos ats nemis dans le{quelles ils enlever ent ena titre de chevelures, Les Aniez d’un autre coré -aveiene bit ) plufieurs détachemens., ils s’attacherent entre lariviere de Richelieu 8 les habi- tans du Fort des Verchetes , ou ils firent du defordre, © , L’action de Madensoifelle des Verche- res (Fille dun Officier qui a cinquante ans de fervice.) me paroit trop heroique | pour la pafler fous filence. | Les Iroquois qui s’¢toient répandus dans _ toute cette core ctoient pour ainfi dire a la fue , cachez dans des buiffons, ou le ven- tre caries terre , dans des euicoie propres. ‘a faire leur coup , pendant qu’ils exami-. ' noientles deanatchics des habitans qui tra- vailloient a la campagne: Quarante Iroquois ctoient aux environs dui Fase les Vercheres fans que l’on s’en- apercit , lors que tout a coup ils vinrene fondre fur les habirans dont ils en enle- verent une vingtaine. Cette jeune Heroi- | ne qui fe promenoit fur le bord duflen- ve, a deux cens. pas du Fort voulut $’Clhe A Mas animes jee Pitas. | 153 fuir , ils firent fur elle une décharge de : quatre a cing coups de moufquets: fans la bleffer ; un Iroquois courut apres elle le €afle-tete a la main, mais elle conferva dans ce moment plus d’ alluranee que nen. _ pouvoit avoir une Fille de quatorze ans, ’ elle lui laif_a entre lesmains fon pees es de col fe jettant dans fon Fort, dont elle _ ferma la porte fur By en ctiant aux ar- wes; & fans s'arréter aux gemiffemens de _ plufieurs femmes defolées de voir enlever leurs maris, elle monta furun Baftion of -étoit la Semele’ Vous dirai-je, Mada- ‘me, qu'elle fe métamorphofa pour lors en dena le chapeau de Soldat fur fa té- te, ayant oré facocfFure , & faifant plu- Poss petits mouvemens le moufquet fur ny épaule , pour donner a-connoitre qu ily avoit beaucoup de monde , quoi quil n’y _ eut-que ce Soldar, Elle chargea elle méme un canon, & n’ayant pas de tapon elle en: fir un aie une fervietre & tira fur eirx. Cette allarme fe répandit de Fort en Fort jufques 2 a Montreal ,.a douze lieucs de la. A peine y {cut-on cette nouvelle que le - Chevalier de Crizafi Seigneur de Meffine, _ eoufin germain du Prince de Monaco, Fat - détaché par eau aveccent hommes de trou: . Pes réglées pour s'y rendre, pendant que -einquante Sauvages coururent pat les-ter= % IK | Arftorre ‘hi M curs ) res. Cetre aimable Heroine faifoie nie veille dans fon’ Fort ,:tantor elle tiroit le’ canon fur les Iroquois , -& tantor elle tiroit des coups de fufil lors quils vouloient a-_ procher des paliflades , il n’ ya point de Canadien n’y d’ Officier qui tire un coup’ de fufil plus jufte que cette Damoifelle. Monfieur de Crizafi arriva une heure a- pres que les Iroquois s’éroient retirez , mais nos Sauvages les joignirent au bisak de fix jours de marche dans le lac Cham- plain, & quoi qu’ on les trouva bien re-- ‘tratichas parmi des Rochers , on les y forga. L’on reprit nos: Prifonniers, Ton en fit d'autres: que l’on tua apres le combat; & le refte perit dans cette ambufcade , la referve de quatre qui fe fauverent. Lies Chefs firent prefeat aa Comte de Fronte- | hac d’une Femme que !’on envoyaa Lo- rette pour étre inftruite dans la Foy Ca- tholique , de trois prifonniers dont l'un éroit ‘Gide de la Plaque , un des grands Chefs des Iroquois du Saisr’ qui étoit pour’ lors en France autant ami des Frangois ~ que l'autre leur étoit contraire rils avoient’ éré inftruits a la Foi Catholique, on neleur — donna jue le temps de fe reconnoitre & on leu> cafla lk. rété a coups de haches. Les Chefs qui avoient fait cette expedition porterent eux-mémes des chevelures aw G AMaximes des Iveqnois. — 254 - Gomte de Frontenac. Le peu de ménage- -mentqu’ils eurent dans cetteoccafion pour les Aniez dta te foupgon que l’or avoit ett jofques alors de leur fidelité , la mort de ces deux Chefs les mertoit un pew en re- - pos 5 ils en craignoient, difoient-ils yl’ ef- prit. Le Comte de Frontenac en donna un aux Hurons de_ Lorette qui le firent mou- rir, &le rroifiéme fur mis entre les mains des Abenaguis qui devoient le -conduire a leur grand village, il trouva le moyen de s’échaper : il- fut tue depuis dans une autre occafion. Le Comte de Frontenac conge edianit ces Chefs les exhorta de tenir leur jenneffe _ toute prete pour une entreprife qu'il pre-. fcndote faire dans peu de jours. Comme if - favoit que les Iroquois prennent peu de _ precaution lors qu’ils font tous les ans leur _chaffe le long de la riviere qui conduit au Fore de Frontenac , foit du coré Nord on dans la Langue de terre qui eft entre cetre wiviere & celle des. Qutaouaxs , il voulut - Tes furprendre par utr parti de trois cens’ —douze hommes, dont il donna le comman-— demerit 2 ad’ Orvilliers. Bien des gens n’éroient pas de cet avis “ils partirent ‘cependant le neuviéme Fe- vrier, la guerre fe faifant ici d'une manie- ge aflez fatigante chacun porta a fon coly 56 — -Hiftoire des Af eure — ou traina fes vivres & fes hardes la raquet- te aux pieds. Il arriva un aecidenta d Or- villiers au Portage de faint Frangois , une chaudiere d’eau boiiillanre fut renverfée par megard fur fes jambes qui ’empéche- rent de continuér le Voyage. | Beaucour qui fe trouvoit le plus ancien Officier prit le commandement , ¢ éroit & la verite un jeune homme, mais plein de courage, qui fit bien paroitre qu outre la délicatelle de fon efprie ; fa prudence fu-— _ pleoic aux qualitez que lage donne aux autres. Les fatigues du Voyage furent_ cruelles, plufieuts Frangois eurent les pieds - gelez, & de vieux Sauvages s’en retour= nerent auffi. Quelques coups de fufil que Pon entendit tirer dans les bois firent ju- — ger que les Iroquois -n’étoient pas loin , on laifla un Sergent avec vingt hommes pour la garde des hardes, 8 le refte mar- eha du cété of l'on entendit du bruit. L’accablement dans laquelle l’on éroit pat une marche de deux jours auffi precipitce que celle qu'il avoit fallu faire obligea , Madame, une quinzairie d’habitans & un foldat de quitter la partie: la honte fitren=— —trer le refte en foi-méme, la valeur eftne- ceffaire a un Commandant’, l’cloquence ne l’eft pas moins pour animer les efprits’ chancelans , |’Hiftoire nous. fournit aflew 0 til : | c® AMaximes des Iroquois. 97 ‘d’exemples combien elle a fait d’impret- fion au milieu des Batailles. Beancour vo- ayant que ce petit corps de Troupes s al- doit difliper par la crainte , leur parla d’u- “ne maniere fi preflante qu ‘il leur infpira — 4an nouveau courage. L’on fe remit donc | en marche , & quatre heures apres lon donna avec vigueur fur quatre- vingt Iro- quois qui furent bien furpris d’une telle faillie. Sategaroniez qui commandoit le ‘parti fit ce qu il pic pour raffurer fes guer= riers 5 il eut beau faire il fut contraine lui- meme des’enfuir, avecune fi grande vi- reflé que les meilleurs Coureurs ne parent Vattraper ; il n’en réchapa que treize, 8 _grois femmes que l’on fit prifonnieres. ‘La ‘Plante. Officier, qui avoit été pris trois ans -auparavanr al’ ‘affaire de la Chine, fe trou- wa heureufement delivré de fon ‘efclava~ ge.: nous perdimes huit Sauvages & deux Frangois, la retraite fe fit en bon ordre & Ton arriva a Montreal. Les Chefs du Saut & de la Montagne qui avoient aporte ‘vingt-quatre chevelures de cette expedi- tion, firent prefent a Madame de Cham. pigni de Tonnacoras, un des Confidera- bles” de fa Nation. — Lon fe -préparoit a Montreal. pendane “ee temps a faire remonter des Frangois _ chez Tes Outaouaks, ce Voyage paroilloit vyS § Hiftoire des Aleurs aflez difficile , parce que la Chaudieré Noire Chef des Nations Iroquoifes , oc- cupoit la riviere pour en empécher le paflage, la Nouc eur ordre de les e{cor- ger. Quand il fut au portage des Calumets il découvrit quelques ennemis, ce qui lui _ fit prendre la refolution de redécendre a Montreal, ou il trouva le-Comte de Fron. &enac qui revenoit du Fort de Chambli, — L’on finit les femences avec aflez de granquilité , les Partis que l'on avoit di- ftribuez de routes parts pour foutenir les habitans ne firent aucune tencontre. Les Sauvages du Sant & de la Montagné qui, étoient allez du core d’ Orange & des can- cons Iroquois ne firent aufli aucunes en- areprifes , parce qu'ils avoient amené avec eux (contre la bonne politique ) de non- veaux Efclaves a qui l’on ne devoit point trop fe fier, malgre toutes les protefta- gions de fidelité. Ceux-ci fe voyane prés de chez eux fe fauverent. Monteflon eut plus de fuccez dans fon Voyage, il cafla des tétes proche d‘Orange : cette Ville étoit dans une grande confternation fur ‘Je bruit qui s’éroit répandu que l’on de- voit y venir avec toutes les forces du Canada. Wiss | _ Le Comte de Frontenac avoit toujours p ceurde faire revenir le Caltor de Mi- chilimakinaky o- om aximes des Ivoquois. © isy - chilimaxinak , l’on fit une feconde tenta- tive pour y aller, la Noué eut ordre d’ef- _corter les Voyageurs avec trente foldats’ @élite, Auriouaéfe mit a la téte dela pluf- ~ part des Sauvages de la Montagne & des durons de Lorette, Leur voyage: fut aflez heureux julques a la riviere du Li€vre, gui eft A trente liewés de Montreal : ils _aperctirent: peu de temps apres pluficurs ganots Iroquois , le grand nombre tes ob- j - ligea de’ne point pafler outre; cette re- -araite ne vint que ¢ de l’evafion de Tonnae coras , parce qu ’Auriouaé qui s’étoit dé- _taché vec fepta huit hommes courut de gran s tifques par la fuite de cet Efclave, qui avoit fair mine d’étre dévoué aux in. peers des Frangois. L’on fit encore une-troifiéme tentative ions. le fuccez nous fut defavantageux. Des Algonxins S& des Tétes-de-Boules “qui avoient fini leur traite A Montreal, ~demanderent qu'on leur donna une ef. corte jufques a la riviere du Liévre , fe faifant forts aprés cela de conduire ‘les Frangois a Michilimakinak par des che- mains detournez. La-Gemmeraye Lieute- nant , la Frefniere & Hartel Enfeignes, partirent: avec trente foldats & les Vo- yageurs 5 faint Michel avois avec lui cing Lome AM, : P got ay - rss -Fiiftoire des AL eeurs Frangois : ces Officiers eurent beau folli« citer ces Sauvages d’enyoyer 4 la décou- verte dans leur marche, ils furent arta. quez au milieu des rapides du long Saur, Les Tétes-de Boules qui font les plus la- ches deroute l’Ameriques’enfuirent aufli- tor, & caufetent par cette retraite fi pré-_ cipitée tant d’épouvente qu ‘il fat impof- fible aux Officiers de retenir leurs foldats, ils fe jetterent avec précipitation dans leurs canots qu’ils firent tourner , quel- ques-uns gagnerent le bout de VIfle de Montreal , & le refte fut pris ou tué. La Gemmeraye, la Frefniere & faint Michel, fodtinrent le choc avec deux ov trois au- tres pendant quelque temps ; il fallut ces dera la fin, ils fe tembarquerent ; ces deux derniers tournerent dans leur canot , & tomberent malheureufement entre ‘les mains de ‘leurs ennemis, La Gemmeraye trouva le moyen de fe cacher, & arriva feul dans un canot: fa réputation eft trop bien établie dans 1¢ Canada pour qu’ une — parcille difgrace puifle lui donner la moin- | dre atreinre, il fit tout ce qu'un brave hom- me" pouvoit faire dans une conjoncture. 4 oti il devine la vidtime de fes gens qui l’a- bandonnerent. L’on aprit peu de jours a- pars des nouvelles da Chevalier dq’ O f qui é Maximes des Troquis. tip a *Ecoit fauvéde Manathe, & la diffention qui régnoir entre les Anglois 8 tes Bla mands. Le grand repos dans lequel ie on avoit 7 pn dans les cotes obligea le Comte de’. Frontenac de redécendre a Quebec j juf—: ques aux récoltes ; il fe flatoit qu’on lut —énvoyeroit quelques: Troupes de Fran- _ €e, les forces du pais commengant a bicnt diminuér, : Tl eft difficile , Madame , qu'une porsa ee fur Mer ne. foit {uivie de l’Orage, mais: "quoi qu’un Vaiffeau fe voye expofé a la. “ fureur des vagues , Vadrefle dun Pilote — _ experimenté le garentit fouvent de fes _tenaces, Cette tranquilité qui faifoit un’ - ape refpirer le peuple fat bien.tér trou- — lée ; la Chaudiere-Noire qui Croit le He~_ pres: des Iroquois s'ennuyant d’attendre les Voyageurs qui devoient décendre de Mi: -chilimakinax avec leurs Pelleteries , fe ré- _ pandit avec fix cens hommes vers les ha- bitations des Prairies, 4 peu prés comme un Fleuve qui. fortant de fon hit inonde un pais & n’elt arrété que par une forte di- gue. Le Chevalier de Callieres en eut avis, dldonna ordre a Duplefiis- Fabert ancier Capitaine , de couvrir les Forts de la‘ti- vicre des ella de I'Ifle- Jefus , & de la 3 P2 - ee Cg a "GO Fiiftocre des Meurs Chenaye, qui font vis-a vis les uns des ats tres , & de ne point s’ engager “a aucun” panther dans les bois;il ne pat que faire: des efcarmouches ducts les bleds = le Che- valier de Vaudreuil ; joignitee dérachement. avec cent cinquante hommes, mais il ne plc attraper les ennemis:.l revint a: Mont- real .& en-repartit quelque temps aprés ay Ja tcre de quatre cens hommes tant Sau- vages que Francois. Aprés trois jours de: marche on apergit au deffus du long Saut de la grande riviere un canotqui travers foir du Nord au Sud. De Vaudreuil laiffa cent Rech ap a la garde des canots & des bateaux , & le re-. fte marcha en bon ordre. Des Iroquois qui: coupoient du: bois- apergtirent les Frane- gois , ils firent de grands cris qui retenti-. rent jafqu’a leur camp-qui métoit t pas eloi-. gné, nos Sauvages en firent de méme avec un peu trop de précipitation, de Vaudreuil voulut les: enveloper ; ~ comme fa gauche: avoit un grand circuit a faire , leur droite demeura découverte , ce qui Jaifla un pate. fage qui leur Siete une retraite. Les Iroquois qui fe virent {urpris frent beau- €oup de refifance , on leur en. tua une: vingteine fur la place , la plufpartfe jet~ terent.al’eau & fe noyerent, Von prit a y ‘ me | Cc Maximes des Troqnoss. _ Wt hommes, neuf femmes , cing enfans ; & Pon delivra neuf prifonniers qui avoient €té pris a la Chenaye peu de jours aupa~ tavant , & trois autres qu'ils tenoient de- | puis long- temps. La déroute des Iroquois qui €toient au nombre de deux cens guer- riers fut pref{que entiere , & tout auroit aflé au fil de l’épée fi ces cris précipitez., ne leur avoient donné le moyen de s‘en- fuir : le fedoutable la Chaudiere-Noire re- _ Hacha du~cété du Nord , fans fe mettre beaucoup en peine de fa femme que l'on _ mena au Saut. Nous perdimes onze hom. - ‘mes , parmi lefquels il y eut quatre Of- ficiers. + Peu de jours aprés cette expedition ri fignan Capitaine réformé cut ordre de €onduire des bateaux aux Trois Rivieres, Gl for-atcaqué a fon retour dans les Iles du lac faint Pierre par um parti d’Iroquois, & fur mé de la premiere: décharge, La Monelerie Lieutenant fottint un feu con- ‘tnuel avec beaucoup d’intrepidité , fes foldats qui voyoient quatre de leurs ca~ “marades de tuez perdirent la tramontane, & aprés deux heures de combat trouves -Tent plus a propos de faire une retraite que de forcer les ennemis dans leur ais balcade. PS 162 i ‘Hiftoire des Kiddie Tie Le Comte de Frontenac monta a Monta. real le treize Aout avec trois cens habi-_ tans pour faciliter les.recoltes , elles. nefe_ font dans ce pais que le fafil. ala main, il y trouva deux cens cinquante Outa— ouaxs & autres Sauvages de diferentes Nations. qui y. étoient.arrivez. avec cent cinquante Frangois ; il les remercia d’a- ‘bord d'une cinquantaine de chevelures. Troquoifes. qu’ils-lui firent: prefent, il. leur propofa une grande Chaudiere. Les Sau- vages du Saut &.de la Montagne re{pi- roient depuis long temps a faire une en- treprife fur un des Villages Iroquois: les. Hurons de Michilimakinax & de Lorette,,. les Algonkins & les Abenaguis Favpienc fouhaité avec beaucoup d’empreflemenr,,- les Outaouaks-qui ne demandent que. le. commerce de leurs Pelleteries. fe trouve= ‘rent aflez embaraflez dans cette entrepri= | fe, ils avoient d’un céré une. grande im=_ patience pour s-enretourner ehez eux, 8: de l’autre ils dirent que tous leurs guer- riers étant.en.guerre contre les Iroquois: il ne reftoit que leurs femmes & leurs. enfans avec les Vieillards ,. qui ctoient: pour lors: fans apui.. 4 Deux Chefs Goiogouens & Onnontatt guez qui ¢roient prifonniers ayant: Beit : u & Maximes des “Iroquois. 16 que l'on tramoit cgntre leur Nation, pro- _ poferent -que l'un d’eux-alla chez eux pour ~ négocier quelque accommodement , ou du moins qu’ils fe faifoient fort de ‘fie re revenir les prifonniers Frangois. L’on ‘commengoit deja a étre accotitumé a tou- tes ces rufes , l’on fit peu d’érat de ces ropofitions. Le Comte de Frontenac fe | Hae trouvé aflez embaraflé pour Vexe- ‘ tution d’ unpareil deffein. - Comme il fe perfuadoir qu’on lui en- voyeroit des Troupes: de France par les premiers Vaifleaux, il fe confoloit de la _ ~perte qu ‘il faifoir infenfiblement de cel- les qui ¢toient en Canada > qui devine “Bien grande, mais dés-lors qu’ on lui eut _ depeche’ un canot de Quebec pour lui donner avis: de larrivée de neuf. Vail- - feaux qui éroient A Tadouflac ,’danstef- _qguels il n'y en avoit point,.ce fut un mo- nf affez puiflant pour ne pas engager les: Ouraouaks a cette expedition , qui fone _aflez néfians fans leur donner encore une idée du peu de forces que nous avions... Peu de jours aprés fon arrivee a Quebec le Chevalier d’O arriva avec deux Abe- haguis de Lacadie. I] faudroit une Hi-- ‘ftoire a part pour décrire toutes les avane - Bares. qui lui.font. arrivées depuis que le: i Hiftoire des Meu Comte de Frontenac*l’envoya chez les Troquois avec quatre députez d’Auriouaé, ‘Te rifque qu’ila couru d’étre brile- ‘par ces Barbares, les duretez qu'il regtit a Manathe de la part des Anglois, fa fuire de cette Ville, fa reprife 2 a la Nouvelle” Londres . enfin la: maniere dont il fortit’ de Bafton ,* font autant de traits d’Hi- ftoires. . fuis avec mamas ati refpect 5. MADAME, Votre trés-humble , &ce | ea M aximes lee Iroquois. Og, Sepseeeiaatt i992 | V: LETTRE Hui. eens pee ae las courfes dans ie. Gouvernement de M€ontreal,- Prife de trois Forts des Aner; dans laf — guels on fast trois cens prifoamiers , lai plufpart guerriers. ide. Canada eft menacé de toutes parses. Arrivie de “deux cens canots Outaouaks » _ 9ui viennent faire la traite de leurs: Pelleteries. : Ls Abenaguis de Lacadie ont de grands pacereatry avec les Anglos. Mowsizvs, : Je n’aurois et garde de vous interrom pre au milieu de vos grandes occupations,, fi je n etois perfuadé que vous reflemblez: aux Grands Hommes qui ne. fe délaflent aun. travail d’efprit que par un autre, 8 que lors qu’elles vous laiffenr quelques: oifirs vous croyez ne les mieux emplo- yer qu ‘a vous entretenir des matieres qui _Wiennent des pais ¢trangers. Je yous prie, 166 Hifteire des Me@urs Monfieur, de vous en dérober quelques wns de ces momens par le detail que jai — Yhonneur de vous envoyer. Vous y ver- — rez la vivacité avec laquelle les Canadiens ont donné des preuves de leur zéle pour la gloire des armes du Roly. 2 2. ‘Al eft bien difficile, Monfieur, d’arré. ter un torrent qui fe répand avec rapidité dans une vafte campagne ; la confufion & le defordre, les runes & la deftruction de tout ce qu'il rencontre en font les éfets. L’on peut dire avec quelque juftice que’ Jes courfes continuelles ‘que les Iroquois avoient faites jafques alors dans ce vafte ~ pais avoient caufe une fi grande revolu. tion , que les forces commengant a beau- coup diminuér l’on y voyoit avec douleur ~ ee torrent impetueux de Barbares s’y pré- — cipiter le fer & le feu a la main. Comme ils s’apercevoient que l’on s’eroit tenu fur Ja défenfive ils jugerent de la foiblefle du ~ courage des Francois, ou de Vimpuillance’ de leurs forces. Deux foldats qui avoient — ete pris trouverent le moyen de s’enfuit’ de Quebec ; ils rencontrerent huit cens Troquois qui étoient en marche pour faire’ irruption fur nos cores :c’en fut affez pour — animer davantage cette Nation qui ne refpiroit que le carnage. Ces fugitifs ¢- toient fi bien inftruits du fore & du foible c~') wet y: Ps = + y 6 Maxine: des Iroquois. 67 | “du Canada, quiils leur donnerent toutes “des lutnieres. poffibles: on courut aptés & Yon offtit trente piftoles a ceux qui les _ trouveroient. Quand les Iroquois eutent ris qu'il n’étoit point venu de troupes ie France ils fe feparerent aufli tor en deux bandes, les uns devoient venir par “de lac Champlain , & l’autre par celui de faint Frangois , ol la riviere des roquois, Ceux qui prenoient cette route devoient fe camper auprés du Saut, & fous pretex~ ec de n€gociation leur deffein ¢ éxoit d’atti- rer le plus de Sauvages qu ‘ils pourroiene, a * de leur caffer la téte. -Le Chevalier de Callieres donna ordre a tous les habitans de fon gouvernement de fe retirer dans les Forts, ces forces n’é. _ tant pas fuffifantes pour aller au devant gionx. Hl jetta le plus de monde qu'il pur du coté du Saur, pour en fotitenir les Sau« Wages qui avoient promis d’ufer des més “mes ftratagemes que les Iroquois fe l’é. _foient propofé a leur égard. Le Marquis - de Crizafi Capitaine , forti d'une des: illus “ftres | Maifons ditalie, de Monaco & de _ Grimaldi, commandoit tous les Frangoig ~ qui y éroient. | Enfin ce Parti qui devoit venir par I¢ Jac’ faint Frangois parut ala vie du Saut ; on r ome de pied ferme , & on le regi P i ! 568 © Fiftoire des Anis avecun feu de moufqueterie qui : for vi- goureux de part &d’autre. Ils prirent le foir du méme jour le chemin du lac faint” Frangois pour fans doute y chaffer.: sils dé- cacherent. de petits Pattis qui furprirent: quelques habitans , qui font todjours trop empreflez a retourner fur leurs terres” quand ils voyent les grandes allarmes paflées. La femme du redoutable la Chau- diere Noire qui €toit prifonniere 5 avoie envie des’ "évader, ThathaKouicheré Chef des Onneyouts du Saut qui en avoit eG — foupgon lui calla la téte, & attacha une hache fur la porte , jereleaeit parla fes fre- res A la méme chole contre ceux qui fe-. roient mine de senfuir. _ f Le parti qui venoit par le lac Champlain ) éroit tout prét a faire fon coup, lors qu’an jeune Francois & deux Sauvages.s’en fau- verent heureufement. L’évafion d’unau-- tre qui fut deux j jours auparavant lesem-— baraffa fort , ce qui les obligea de tenir plufieurs | Conteils:: car ils jugeoient bien | quwils éroient sisreteeeia Ils vinrent cam- . per dans une Ifle du céré du lac Cham plain. ‘Comnie la faifon ‘commengoit a étre avancée l’on ne fe mit pas. beaucoup en peine de leurs menaces. Le Chevalier ‘de Callieres fir partir par ordre du.Comte de Frontenac un Conyoi de fix Compa- gnies ‘ —— & Maximes des rogues. 165 nies pour Chambli, avec une cinquan~ teine de Sauvages que l’on deftina pour la découverte. D’autres fe joignirenta ceux- ci, & allerent fur les bords du lac Cham- plain pour tacher de furprendre quelques — Irognois qui y ¢toient ; l’on cafla feule- ment la tére aun Tfonnontouan, & l’on trouva dans des paquets qui avoienc éré abandonnez les chevelures de deux ha- bitans de Sorel. ro Pee -Lentreprife que l'on avoit voulu faire - Vannée precedente fur les Qnnontaguez . nayant pu reiiflir par tous les obftacles — qui furvinrent, le Comte de Frontenac en projetta, Monfieur, un autre fur les Aniez — dés qu'il vie les chofes dans une meilleure fitwation , celle-ci ¢roit plus d’éclat par les — impreffions qu'elle ft fur les Anglois qui font leurs voifins, , : ~~ Les Sauvages du Saut & de la Monta- ene ayant fair humainement tout ce qu’ils - purent pour infpirer aux Aniez leurs fre. res de faire enfemble la Priere , & ceux- ci de leur cote s’étant fervis de toutes for- tes de rufes pour les attirer chez eux , les premiers refolurent d’en venir a d’autres. extremitez sil fe fit donc pour cet éferan — parti confiderable de Sauvages , d’Habi-- tans, & de Soldats d’elire: Mantet, Cour. “temanche & la Noue, furent choilis poug ey - Tome 1... Q. De ’ 4 #79 _ A iftoive des Moeurs -- Ssofaifesniler les Frangois. Monfieur de Pen donna tous les ordres necef- faires’, foit pour les munitions de guerre 4 & de bouche que pour les raquettes , trai. . nées , & autres chofes utiles a de pareilles expeditions. Les Hurons de Lorette, les Abenaguis du Saut de la Chaudiere, des Algonkins, & des Soxoxis des Trois Ri- vieres $ 'y offtirent ; auffi. Il fe fic donc un petit corps d’armée de plus de fix cens hommes, fans compter une trenteine d’OF- ficiers : nee Habitans méme éloignez de quatre- -vingt lieugs de besae aris bd vin- rent aulfi. : ~Enfin toutes chofes érant en état Hien artit le vingt-cinq Janvier de la prairie a la Magdeleine, on‘alla camper 4 Cham- bli ,otttous les: ‘Frangois fejournerent deux 2 jours jufques a l’arrivée de nos Sauvages qui fe joignirent a eux au retour de leur chafle, car c’eft prefque tofijours leur cof. tume “den agir de méme dans ces fortes d’ entreptifes. Aptés beaucoup de fatigues Yon arriva le feize Février fur le foir ala wie d'un des petits. Forts des. Aniez, Man. . cee & Courtemanche fe feparerent de la Nowe pour en attaquer un autre qui étoig a un quart de lieué plas loin. La Noué fe rendit maitre de ce premier, ou i] ne trou- va qe ee hommes , Lccue. femmes : — - & Maximes di Troqiioise 17¥ & enfans : Mantet trouva moins de re(i- fiance au fien: qu'il ne Pavoit ci : Von —Brila ces deux endroits. Colmemancht refta avec un détachement pour garder ~ tous les prifonniers & plufieurs autres que Pon avoit fait dans les bois. Il y avoir un | troifiéme Fort de plus grande confequen- ce, Mantet & laNoue qui y arriverent la. ) diute du dix huit furent furpris d’y enten- _ dre beaucoup de‘bruit , les Iroquois chan- —foient pour lors une chanfon de guerre, rn 7 sae | & Von crit d'abord que l’on avoit. ére dé couvert , mais l’on fat dans la fuite que € étoitr ite: quaranteine de guerriers qui devoient aller joindre un gros parti qui fe — formoita Onneyout, 1’on trouva le fecret ad ouvrir les portes son fic donc main baffe touta coup, l’on mit le feu aux cabanes, aux Vivres , aux pieux du Fort, & a rout ce que Lon ne put emporter. Quand Tis -vrelfe de nos Sauvages fur paflée on re- joignic Courtemanche ; nous en perdimes “une trenteine qui farent tuez au premier abord la Hache-d’armes a !a main , ou qui petirent par leur ivrognerie.. L’on fe _fendit maitre de trois cens Iroquois, dont Te tiers étoient des guerriers. Les troupes les plus nombreufes ne font pas todjours adefirer en guerre,non plus que les grands. Corps qui font pour l’ordinaire fujets aux See # eva = Hipive | des jie . plus pointes maladies , qui cotttent bear - coup plus cher a nourrir 5 quiont plus de —difficulré a fe remuér , & qui donnent plus — large vifée aux coups des énnemis. C’etit éré une belle défaire fi les Sauva- ges du Saut avoient voula executer leur promeffe ; le Comte de Frontenac avo‘t hi fort inf pike. ces fentimens aux Chefs, qui lui en avoient donné toutes les affu- ances poffibles,mais cette Nation promet volontiers ce qu on lui demande, & sen. _refervent aprés l’execution autant que le. caprice ou linterét, qu ‘ils ne connoiffent— pas todjours bien, les ménent :on ne put donc les reloads A leur caffer,la téte. -L’on partit en bon ordre, les prifonniers- au milieu, & les Frangois les plus allertes fottinrent l’Artiere garde, Les troupes font augmentées de moitié par l’experien- ce des Capitaines & le courage quiils por tent a la guerre. Apres deux jours. de mat- | che un Sauvage vint donner l’allarme fut» Vavis qu’il avoit que lesennemis les pout: fuivoient a toute diligence. ss Les. Commandans Frangois voyoient | trop dinconveniens a fodctenir un combat general , ils fe trouvoient extremement — | Si ice du grand nombre de prifen- niers. & ils aprehendoient ailleurs que fe fortifiant dans! les bois ils ne faflent affamés | \e a M aximes des Medias. 173 dans la faite, Us foll: iciterent plus que fa- mais les Sauvages de précipiter. la mar- che ; quelques raifons que !’on ptt leur _ aporter ils ne voulurent jamais les gourer, il fallut done fe rendre a leur avis quelque petnicienx qu’ "il fur,. Mantet ne perdit pas de temps a fe retrancher 4 la Sauvage, _ Fon fit une maniere de Fort a quatre ba- ftions , entaflé d’arbre les uns fur les au- tres , entouré de pieux : mais quand on “ aprit que les ennemis avoiénr fait halre _. derriere les retranchemens , plufieurs Sau- _ vages & Frangois fortirent d’un propos ' delibere pour les empécher de fe fortifter: _ onn’etit que le temps de laiffer une gardé ' pour les prifonniers , & l’on fit une atta- _ que fi vigoureufe que l'on pouffa les en- _ tiemis de leur premiere ambnfcade jaf- - goes a trois fois x lon battit la retraite a ~ €ontre- temps, ce quai penta caufer beau- ; coup de defordre : nous y eimes une quin- _ zeiné de bleflez , & nous perdimes huit _ hommes. Lon reprefenta encore aux Sauvages. _ ' Fembarras ot l’on alloit fe trouver par les difficulrez qa ‘il yavoit qd’ emporter leg _ ‘bleflez, & aprés quils eurent cré pleine- ment) dotivalndiis que les ennemis qui é- tient deja au nombre de fept cens, ne ~ Paeravtsoient pas davois du retifoit all= Qu 194 EHiftoiwre des Afeurs tant qu’ils le fouhaireroient, ils confenti- “renta la fin que l’on décampa. On partit en bon ordre en plein jour, pour n’étre point — _ oblige de marcher la nuit dans les bois,l’on © pafla la riviere d’Orange fur les glaces: _ heureufement les ennemis pourfuivoient ~_ affez lentemenr, & ce fur un grand avan- tage aux Francois qui fe trouverent fou. | lagez par la dans le tranfpory des bleffez, qui étoit fort difficile, puifqu’a peine vinge hommes fuffifoient pour en porter un feul dans un brancar. Lors que l'on fut atrivé vers le lac faint Laurent, plufieurs.de nos Sauvages nous quitterent pour chaffer; quelques prifonniers deferterent , & d'au- tres Aniez vinrent prendre parti avec — nous. Les vivres commencerent a man- quer: Pon craven trouver dans un endroit que l’on avoit cachez, qui furent tous ¢4- tez. La mifere devint fi generale par ce - ¢ontre-temps , qu il eft difficile de vous exprimer, Monfieur, tout ce que l’on fouf. — frit dans la fuite ‘du Voyage, & Ja feule reffource qui leur refta fut de faire boiiil- lic des fouliers Sauvages. Auffi-térquel’on — eit pi gagner la riviere de Charzi, qui _ eft afeize lien¢s de Montreal , on dépé. — cha au Chevalier de Callieres des Exprez pour le prier d'envoyer des vivres ; il y pourvit avec toute la diligence poffible, = Maxime des lroquas. 176 _ Chacun prit fon parti quand on fe vit pro- che des cétes , mais Courremanche & Vil- -ledonné refterent feuls avec les blefftz. Ce coup qui fut plus heureux & plus -_glorieux dans fes commencemens , ne laif- fa pas de jetter les Iroquois & les Anglois: dans une confternation generale , ( cha- que Nation aprehendant un meme” de- iitre ) & la Victoire eit été parfaite fi. Mantet n’etit pas éré force de condeécen- dre aux fentimens de nos Sauvages. _ Perigni qui avoit éré détache a Lacadie, _ arriva un mois devant le retour de ce Par-. ti, il raporta que l’Efcadre commandée par le Chevalier du Palais avoit fait voile vers Terre-neuve, qu apres que deux Na- vires qui venoient de Quebec l’euffent joint dans la Baye des Efpagnols , en I’Ifle du Cap Breton , il avoit pris la route’de _ Pentagoiiet. Cette nouvelle fut fuivie de Ta prife des deux fugitifs Anglois quia- voient déclaré le fort & le foible de Que- bec , & qui avoient fi bien informé les An- glois des moyens les plus feurs pour sen rendre maitres, teen . Sur ce que Ponaprit d'ailleurs par des: prifonniers que l’on faifoit un armémenc. - confiderable en la Nouvelle Angleterre, - le Comte de Frontenac jetta les yeux fut - . Baucour Capitaine, qui avoit beaucoup de . rN 2 # a | 76 Fliftoire des A wurs genie dans les Fortifications ; il ttavailla’ avec aplication a réparer les défauts dé celles de Quebec. Ces travaux n’étoient’ = » pas encore fi preffez que l’on ne duit pen-— fer a trouver lexpedient de faire décen- dre les Pelleteries de Michilimakinak : la _quantiré prodigieufe quil y emavoit pa- _ roiffoit d'une grande importance pour les: y laiiler , cependant la crainte ot1l’on étoit de l'irruption des Iroquois mettoit hors — d'état d’y pouvoir énvoyer le nombre de Frangois fuffifant pour les tranfporter, outre que l’on ett ere bien aife que deux’ | cens qui y étoient décendiflémr, Toutes ces ratfons obligerent le Comre de Frontenac d’y envoyer Dargenreuil, — Lieutenant réformé , avee dix: huit Cana- diens , pour porter des ordres a Louvigni’ : qui y commandoit : Une vingteine de — Sauvages du Saut & dela Montagne s’of- frirent d’étre de la’ partie ; le dépatc fur — hheureux , mais le retour fut un peu traver- {é. En éfee. plufieurs Iroquois qui s’étoient’ jettez des deux cotez d'un rapide qui ef au haut de lVifle de Montreal , firent leur — décharge fi bruf{quement fur lés canors: — quils furent rrés maleraitez. La Valeri, Enfeigne d'une Compagnie, le fur davan- tage , parce que fon canot coulant bas — d'cau., il débarqua 8 fut tué. en meme” & Maximes des Wedaats: 197 temps avec un de fes gens. Il perdit quel- ques Frangois , & on ae un Sauvage de la Montagne. Les difficultez exteaordiivaires quilya de faire la guerre en ce pais par la quan- tite de bois impraticables , dans lefquels on eft contraint de livrer des combats , font caufe que l’on n’envoye que de pe- tits Partis que l'on détache de part & dautre. Les endroits qu'il faut encore ne- eeffairement cdtoyer fur les rivieres font fi templis de dangers par les courfes con- _ tinuelles des Iroquois , quil eft extréme- ‘ment di flicile de ne pas tomber dans quel- ques ambufcades,lés plus braves en font ~ fouvent la victime , il faut cependant paf- ~ fer par deffus routes ces confiderations, Tous ces petits Partis ne laiffent pas d’é- tre utiles,parce que l’on tient en bride fon ennemi & qu’on le harcele : la dépenfe en étoit a la veritée confiderable , & quoi que Te Sauvage foit naturellement porte. a la guerre, il ne veut cependant | jamais mar- cher qu’avec beaucoup de vivres & de munitions ; l’on a méme de la peine a be | ‘perfuader. qu “il fait la guerre autant pour fon interét que ‘pour le notre. | _ Le Canada étoit menacé de toutes parts, iI n’y avoit aucune fureté dans le fleuve aia Quebec julques : a Montreal ; . =. 8 a Hi ftotre des Meurs ve Oe ouvernement-ci qui a totijours été Ié theatre de la guerrene pouvoit tre trop bien gardé, Sorel & Chambly qui le cou- vrent éreientles polttes les plusimportans;: le Chevalier de faint Jean qui comman- _ doit au premier regut un renfort dhom.- ‘mes qui reparerent ce qti n’€toit pas en’ érat de défenfe : Defbergeres qui comman- duit celai. ci, qui eft a la téte du pais, le’ mit ati nietlleur érat que l’on pouvoit fous haiter, il y employa tout ce qui pouvoir fervir a fa confervation, il rendit inhabi- _ tables les Portages par le{quels les enne-. mis ¢roient obligez de pafler en grand’ corps, de maniere qu'il leur falloit enfller dés'rapides d’ow il eft prefque impoffible | que des canots puiffent fe fauver,ou il leur falloit paffer a la vie du Fort, dont le ca- non les auroit fort incommodez, | ; Quand on edit pourvd a la fureté de ces’ deux poftes on ne négligea rien pour cel- _ Te de Montreal ,l’on fir faire un petit Fort -. fur un céteau qui commande la Ville , —ceft un quarré long a quatre Baftions , garni de Fraifes & de Paliflades', revétu: dun petit Foflé ,.& comme il eft impoffi- ble aux ennermis d’y amener du canon ,; l’on peut dire qu'il eft imprenable ; routes: les rués de la Ville lont en perfpedtive,. de maniere que fi elle étoit prife les en+ nemis ne pourroient s’y loger. — é a M aximes des Piaiis. : 19g ‘Be tous les Partis que nos Sauvages AVoient faits , celui dela Plague réiiffic le premier du cété d’Orange, il furprit qua. orze hommes dans les bois » parmi lef- ; qguels il y avoitun Frangois qui avoit été enlevé aux Hles {aine Pierre de Terre-nep- ve par un Navire Anglois’, il afluca que les ennemis devoient faire voile le vinge d’Avril de Bafton pour affieger Quebec, que les préparatifs que l’on avoit faits dans tous les gouvernemens étoient con- fiderables , que l’armement feroit de dix mille hommes, , parmi le{quels il y en avoit fix mille pour le débarquement. I] ajotira ele Commandant devoit marcher par Te lac Champlain, ala téte de fix cens An- _ gilois , fans compter les Iroquois, afin d’a. ‘mufer les troupes qui.¢toiént vers Monr- - geal , & faciliter par ce moyen |’ daikon seri de Quebec. | Le Comte de Frontenac avoit déja re- 48 trop d'avis pour ne point s’attacher a da confervation de la Capitale de ce vatte ‘ ‘pais ; il donna.tous les ordres neceflaires & pallaa VIfle d’Grleans, ala cOre de Bau- pre, & autres lieux circonvoifins., il dif. ; pola routes chofes pour la fureté de ces cores. Les ennemis qui étoient sien aifes dan voir un Efpion chez les Francois » enga. eS Vifteire hes AL wurs gerent Tareha un des principaux Chefs _ ~ d-Onneyouts d’y venir examiner’état des» affaires. Ce Chef adroit prit le prétexte 3 de chercher un de fes Nevenx qui ¢toit prifonnier au Saur, qu'il vouloit avoir a — la place de faint Amour , habitant de la Pointe-aux-Trembles , qu’il ramena pour cet éfer. Il prefenta au Comte de Fron. = tenac des Colliers , il l’aflura que les On. _ neyours l’aveient en.méme temps conjure de lui demander la Paix, que fi jufques 4 prefent ils n ‘avoient fait aucune démar- che, la -douleur of ils étoient d’avoir ir- ritéfi mala propos un Pere, les avoit ob- ligez de ne point paroitre devant lui: qu’a- yant bien voulu ri{quer de venir feul , il fe Aacoit en fon particulier qu'il ne rece- 4 vroit aucun chatiment de fa main , que tout le Village fuiveoit Texemple des ca- banes pour qui il parloit, qu’il avoit fair _ avertir routes les Nations qu’il venoit en Canada pour voir fon Pere, & tacher de racommoder ce que leur mauvaile foi a: voit gaté, Le Pere Milet Jefuite, prifon- — nier depuis cing ans, qui lui avoit donne © des lettres, confirmioit tout ce que difoit — ce Chef par fes Colliers. Le Comte de — Frontenac qui connoiffoit affez les four- beries des Iroquois , lui fe oe pare un feul Cellier. 3 we & Maximes des Iroguois. 13x Le Collier , dit ce General, gu’Onontio donne a Tareha » eff pour dive que le jufte —reffentiment qu'il a de l'borvible perfidie que des Onnontaguer ont faite aux Frangots 5 guil avort permis d accompaguer les Iro- guots qu'il avo ramené de France, qu _Au- ‘ viouae lewr avoit envoyé » joint aux cruan- £O% inoiies qu’ils ont exercées depuis, Ab fim bien que toutes les autres Nations » fur cen de fes enfans qui font tombe, entre leurs mains» aurott di Vobliger a ufer de repre. | failles far Tareha, & arejetter les C olliers quil los a prefentex, de la part des trois Familles les plus confiderables @ Ouneyout » _ {40s vouloir écouter aucune des chofes gu il dus a ditess fi la tendreffe qui lui refhe ens tant dans leur devor, == Cet le motif feul . dit-il, gui m’engage <@ déclarer par ce Collier que files Ounon.- —baguer, » Tfonnontonans & Goyogouins-» “Deulent entrer dans ces difpofisions ott. pa- _woiffent étve les Onneyouts 5 ils AVENt A WT en -Voyer racefjamment denx des principaux G Peene Joly R ~ 182 | Fiifoive des ihesiies | des plus confiderables Anciens de chaque Nation , dont je fouhaite que Theganiffo~ vens fot du nombre, parce quileft de mon Aancienne connoiffance > pour me marquer la douleur veritable & le regret fincere qu us ont de toutes leurs fautes paffées, & jecon- teras ce qu ils voudront me dive la deffns iF deur donnant une entieve affurance qusls pourront venir @ s'en retourney en tonte fareté, quelque chofe quil puilfe arriver, Ls ‘viaaes A autant moins ew douter qu ie favent qgwOnontio v’a jamais manque a fa parole »& quil eft incapable de le fatre. “G oft a eux a fe confulter far la refelu- tion qu’ils doivent prendre» parce ques ils vefufent d’entrer promptement par la porte que les Onneyouts ont commencé a leur on~ wrir » Onontio eff refolu de fe boucher les oreslles , de ne plus entendre aucunes pro- pofitions d'accommodement , & de les pour- pie jufques a leur enttere extermination. Soixante Amicois qui venoient des ene wirons de Frontenac pour tacher de far- prendre des Iroquois , faporterent que les Nepiliriniens avec le{quels ils €roient par- tis en guerre , avoienr fait rencontre de - grois eanots [roquois, dont ils en avoient _ défait ua, & qu’ils avoient repris lenom. mé le Lac Canadien , & Lorani, un des conk iderabl es de le Montagne, ght avoit S$ ‘Sasciiias des Trog Wowss 38 été bleilé a la méme occafion que la Val- tri fur tue, _ L’on aprit auf ¢ es couuaties de Laca- | ic par le Pere Binetan Jefuite , qui fit favoir qu'un parti d’Abenaguis avoit pris onze Anglois aupres de Pemkuit, & que la flote Angloife avoit mis a la voile e pour venir a Quebec. Saint Michel artiva le Tendemain de ces nouvelles dé chez les ‘Froquois; il fut pris dans la fiviere des Ou- -taouaks em un combat oti la Gemeraye -¢6mmandoit ,i] far conduira Onnontagué avec la Frefniere & Hattel Enfeignes if feat que dans un Confeil general o4 avoit ~refolu de le faire biter pour le bien de la Nation: Sibert qa’il n’étoir pas rout-a- fait _a propos de leur donner cette fatisfaction, —* Sil crouva le fecret de s’enfuir. Il aflura & fon atrivée que les Anglois | parolees, conftruit chez les Onnontaguez | an Fort a huit Bafhons, a trois doubleu- _¥es de picux, qui devoit fervir de retrai- te aux Nations Iroquoifes en cas que les _ Frangois vinflent chez eux. Il die qu’ll en _devoit décendre huit cens pour troubler Tes recoltes , que ce que Tareha avoit dit de Ia part « des Onneyouts pouvoit etre dé bonne foi, mais que les autres Nations ne —vouloient ‘point entendre parler de Paix. HM asriva aul peu de jours asi un cance Py “ ‘ 840 Hiftcire ie Staure | | de | la Baye d’Hudfon, qui taporta que Te. famine \es ayant obligez d’abandonner le Fort faint Anne, il reftoit feulement cing — perfonnes pour le garder , parmi le{queis il y avoit un miferable qui avoit aflaffiné le Pere Almas Jefuite leur MiMfionnaire, qui lui avoit reproché fon crime au fujet. , d'un Chirurgien: qu'il avoir tué. La fainte Anne de Bordeaux, le faine Jofeph & le Pontchartrain,arriverent pew — de jours apres ,, & plufieurs autres Vail. feaux,, qui amenerent des troupes de Fran- ce pour le pais. Le Chevalier de Callieres ayant apris ) en ce temps-la que nos Sauvages avoient découvert aux Cafcades. de la tiviere des Troquois fept a huit cens de cette Nation, en donna avis au Comte de Frontenac. Ce General fit partir le Chevalier de Vau-_ dreuil avec cing Compagnies, & cent cin- quante hommes des nouveaux debarquez | qui paroiffoient fe mieux porter. D’un an- _tre cété le Chevalier de Callieres qui a- voit apris. que | l’on aveit cri voir le Camp > des ennemis A fix lieués dans l'Ifle de Montreal, marcha a la téte de huit cens” hommes pour les prévenir : il fut jufques aux Cafcades fans rencontrer qui que ce foit ;ce mouvement fit un affez bon éfer. Un Anié Efelave du Saut prévoyant bien £ & Maximes des Froquois. 18s que Von alloit étre en état de leur tenir téte plus que jamais, née manqua pas de s’échaper. Le Comte de Frontenac qui fe _ préparoit auf_i a monter a Montreal, aprit _ Yarrivee de. deux cens canots chargez de _ Pelleteries , qui ecoient décendus des Ou- ~ gaouaks. La vie d'un fi grand nombre de richeffes caufa une joye univerfelle dans Te pats ; cene fut, Monfieur, qu'acclama- tions & benedidtions que l’on donnoit aa Pere du peuple & au confervateur de la _ patrie. Il fembloit pour lors que j’on ou- _blioit les maux paffez par la confolation — qwun chacun pouvoit avoir de joilir d’un bien qui leur avoit paru de fi difficile Ba ? tez. Les principaux Chefs de chaque 1 Wa- tion qui croient: arrivez au devant ie cé ~ Pere commun jufques aux Trois Rivieres: ls firent leurs Harangues qui la p lutpart -naboutirent qu’a lui faire connoitre qu Us -étoient décendus pour éconter {a voix , & - dans le deflein d obeit a Vordre qu'il leur avoit fait porter par d ‘Argenteiill. Les Hurons qui aimoient plus la gloire de leur Nation ,lut firent le recir de tous: Tes Partis quiils avoient formez Sak ae oon & des avantages qu tls avoient emportez ‘fur eux. L’on fit enfuite la trai- te, Von examina pendant ce temps les manvaifes difpotitions des Nations: & le ¥ 186 ‘Sitaine des Aleurs merite des Sauvages les leon fiderds bles, parce qu'il étoir abfolument necef. — faire d’en faire un difcernement pour les recompenfer felon l'inclination dans la-_ quelle ils avoient été ,. mais l'on fut rouse” che quand on {gut que “les Miamis avoient regi des prefens des Anglois par l’entre- _mife des Loups. Le Comte de Frontenac qui en favoit trop la confequence fit mat- cher un plus grand nombre de foldats Ca. nadiens & Francois qu’il ne fe l’étoir d’a~ bord propole > pour chaffer les Anglois de ce pofte s‘ils s’en éroient emparez , oul du moins les empeécher d’y entrer. Les prin- : cipaux Chefs Outaouaks farent régalez & la table du Comte de Frontenac , & l’on fit enfuite le Feftin general , oo icbacua a Penvie ]’un de-l’autre chanta la guerre & , raconta fes exploits : 1s eurent lieu d’étre. contens du bon acueil gu’on Jeur fit ; ils $'en retournerent tous, & les Frangois aus Ja conduite du Chevalier de Tonti Com-_ mandant & Seigneur des Iflinois , avec Mantet, Courtemanche & d’ Argenteuil. Perrot étoit du Voyage: |’ entiere con- noiflance qu: ‘il a de toutes les Nations du” Canada , & l’afcendant qu'il avoit far l’ef- — prit de tous ces peuples , obligea le Cami. te de Frontenac de le choike comme pour. mettre une veal entre les Arglois sles. VS O Maximes des Iroquois. 87. ‘Miamis & les autres Nations. Maramex fur donc le lieu de fa demeure, qui ctoit. ~Pabord d'une infinité’ de peuples.. Le Sueur fut auffi envoyé a Chagoua- -mikong pour entretenir la Paix entre les -Sauteurs & les Sioux :c’eft le feul endroit par oti l’on puiffe pafler pour fe rendre a cette derniere Nation, parce que fi l’on prenoit le cote du Sud les Renards & les -Mafxoutechs ne font pas difficulte de pil- ler les Francois , fous prétexte qu’ils por- tent des. munitions aux Sioux leurs an- ciens- ennemis,: . | Le Comte de Frontenae qui avoit fi j bien reglé les affaires des. Ontaouaks ne fongeoit plus qu’a décendre 4 Quebec. Il aptit auparavant fon départ que trois. nae Navires Anglois ayant hiverné au fond de Ja Baye d'Hudfon, s’étoient rendus. _maitres du Fort fainte Anne. Ul ne leur fa- loit eeeeraec: pas de grands apréts pour y rétiflir. Les cinqg:hommes dont je vous ai deja parle, Monfiewr, fodtinrent la. premiere attaque contre quarante An- lois. Ce nombre-ci n’étoit. pas: encore. fuffifant > Ils firent-une feconde tentative , mais les Frangois voyant qu'il débarquoit plus de cent hommes ils abandonnerent: Je Fore la nuit ,. aimant mieux penetrer: plus de deux cens lieu¢s A travers des 88 = § Fiftoire des Meurs “ bois affreux pour fe rendre a Montreal 3. que de demeurer entre leurs mains. cos perte monta a plus de cinquante mille écus_ én Caftors, fans compter les munitions de guerre & a2 bouche. | : Villebon qui conmmande A faint Jearr dans, Lacadie, fit aufli {gavoir,, Monficar » que les Abenaguis avoient été traiter au Fort de Pemkait , qu’autant qu "il pou." voit juger il ny avoit encore rien a a- prehender pour le commerce. La haine’ irreconciliable qu ‘ils ont contre les An- — glois , étoit un prejuge que ces pourpar- lers ne tendoient qu a tirer des marchan- difes fans en venira d’autres conclufions.. ~Villebon mandoit auffi qu'il éroit bier menacé du General Phips qui devoir en tic inceflamméent avee huit cens Anglois ou Savages pour ’affieger, que ce Ge- neral avoir fort defaprouvé le débar- quement que l’on avoit fair a Beaubaffin , terre qui apartient a la Valliere, Capi- taine des gardes du Comte de Fientanacs : * ou les Anglois furent tepouffez avec per~ ; quil éroit arrive a Bafton dix-fepe vatiats depuis vingt jufques 2 a forxante’ pieces de canon, qui revenoient de la’ Martinique en fort mauvais état , que’ leur armée y avoit ete batrue , ga “ils y avoient perdo trois miille hommes , Ee) - * ¢ J = 7 é mM aximes ie Ir roqguois. 18q deux gros Navires de coulez bas ; que le General de Bafton leut faifoit Fike: la. ‘quaranteine a caufe de la pette qui y etoit , & qu’aufli tot que les ¢quipages. fe ferdieht rafraichis , il fe fatoit d’avoir Te temps de prendre Quebec , ou du moins qiil envoyeroit fes Vaiffeaux aw bas du fleuve faint Laurent, pout enlever les notres qui devoient repaffer en Fran- ce 3qu ‘il yavoirune mes intelligence en- tre le Gouverneur de Bafton , & le Ca pitaine Farfax, que les Habitans de cette Ville étoient Oh. Gs do la guerre & de Pinterruption dé leur péche . ayant déja. perdu plus de cinquante Vaifleaux depuis quatre ans. L’on aprit depuis , Monfieur » que leg Ricdapnt avoient ett encore des pour- _parlers avec les Anglois ; b ceux de’ -Kenebeki avoient*fait une Paix qu’ils ne’ prétendoient que conditionelle, C’eft af- fez le caractere des Sauvages d’en agir de méme: ils de totimndent au temps felori leurs viics & l’érat de leurs affaires.: Ceux de Panaouame{xé & d’ AnnirKkaxaty -métoient pas entrez fi avant dans le trai- te que les autres leur but n’avoit été’ que de retirer Jeurs plus confiderables qui -étoient prifonniers, Toutes ces negocia= tions- la ne Taiffoient pas de nous étre 196 Hiftoive des Ad eurs {ufpectes. La difette de marchandifed Qui regnoit alors empéchoit cette grande Ouverture de traite, & lAbenagui don- © noit dans ce gui lui convenoit le plus. ae allurerent cependant. quil ay auroit. point de foibleffe de leur coté , & que ils recommenceroient la guerre plus que | jamais au Printemps prochain, Tareha Chef Onneyout ne pitt retire | dans fa négociation aupres des quatre au- tres Nations lroquoifes. Les Anglois qui | aptirene que Von avoit tenu plufieurs Confeils pour la Paix ,, tacherent de Pempecher. Fareha, ae je, apporta en. é€ore a Oxontio un Callies a la part des Iroquois. Ge Collier difoit, Monfieur , que la crainte que ceux-ci avoient cts de tomber entre les mains de nos Partis , & de ceux de hos Alliez . avoir empéché les confiderables de chaque Nation de venir le trouver; que sil vouloit envo- — yer deux Francois capables de régler les affaires, il les conduiroir en faretré a Al- a i -. banie ¥. ce liew érant devenw l’arbre de’ la Paix & de la guerre, puifqu'ils l’a- -voient tranf{porté # Onnonrague. Le Comte de Frontenac rejettace Collier & -répondit a Tareha que puifque les Iro- quois n’avoient pas voulu accepter cg * Orange’ - Maximes des tins tor wil leur propofoic, il avoit des moyens “pour les contraindre a fuivre {a volonté. Ce Chef en prefenta un autre de la pact des cabanes Onneyoutes , qui le remer- cioient de la reception agreable qu ‘il -avoit faire a Tareha, & de la liberté qu'il avoit accordée a "fon Neveu, l’affu- rant qu elles ne participeroient point aug > ponayaites affaires des Iroquois. _ Le Comte de Frontenac qui répondit a ee Collier, lui promit de ne confondre n’y lui_n’y les fiens dans les entreprifes qu'il j -prémeditoit contre les Nations Iroquoifes, Al le renvoya avec des prefens affez confi- derables , & il en fit 4 la vieille Sufanne | qui étoit partie avec lui d’un propos déli- beré pour voir le Comte de Frontenac, dont elle avoir tant entenda parler. Cette Onneyoute eftimoit les Francois , & leur avoir rendu de bons offices pendant leur efclavage. | _ Depuis le depart de ee la plapars -des Compagnies qui devoient hiverner dans le gouvernement de Montreal y arriverent. _ Lon aprit que le fameux la Plaque qui éroit parti avec fix de fes camarades _avoit fait coup affez prés d’Orange of ail prit deux Soldats de la Garnifon. L’un eee tuc oe avoir donné quelques coups re ~ Bo2 Hiftoire des Meurs | de haches a trois de fes’ Sauvages qui dormoient, & lautre qui fut amené -aflura que les Anglois de Bafton, de la Nouvelle York & dela Virginie, fe pre- paroient pour venir a, Quebec par terre au Printemps , & que les Sauvages leurs Alliez devoient partir d’ Orange pour dé- cendre a Montreal. Ce n’étoit que grands projets qui la plipart du temps aboutif. ~foientarien. ‘Tels furent les mouvemens qui fe paflerent cette année. Il ne me refte plus qua vous aflurer que Von ne peut etre avec plus de paflion que Je le fais, \ MONSIEUR; Votre trés-humble, &e. vu es rn MM aximes des Troguoiss 9g VI LETTRE Grands projets de la part ope Anglois é des Francois. Ambaffade de la part des Abenaguis ad Ae mirkangan de Lacadie, aw Comte de Frontenac. - Les cing Nations Iroquoifes Hiidlovinr deux —— Députex aux Iroquois dw Saut de faint Louis de Afontreal, : | Fegamfforens Ambaffadeur s accompagné de die autres , porte la parole de la part des — eimg Nations Troguorfes. Préjuge mal fondé des Ouraonaks » fur ce quails croyent que l'on fait la Paix avee des Iroquois » fans les y comprendre. : Arriveée du Pere Mulet Fefute, Eftlave cher les Iroquois , gus prefente un Col~ lier aw Comte de Frontenac de la part des Troguois Catholiques. Movaue. it Efprit eft une émanation de la Divi- nite, mais il eft fujet a des égaremens , s'il n’eft guide par la fagefle & parla rai. Bi aed ome I] I. + 194. Hiftoire des. Meus fon ; vous avez (gti les unir enfemtle dés votre plus rendre jeunefle, Tous ces char-_ mes, ces attraits , ce port fi gracieux , & cet air noble qui vous rendent fi aimable , font moins d'impreffion que la vertu 8c le merite qui vous rendent l’admiration ~ de tout le monde. Une reputation de fa. geffe & de probité vous a artiré les bon- rez de la plus illuftre* Dame du monde, | Votre efprit vous les a confer vées , & la bonté, la nobleffe , la generofite de vyo=_ tre coeur ont jultifie 2 atoute la Cour que’ vous en etiez digne. Vous devez a toutes ces perfections l’honneur que le Roi vous a fait de vous confier ce quil a de © plus cher. Ce Prince fair l’amour , les ‘lélicns & 1 e{perance de la France. Puifles til conferver toujours le defir que vous lui infpirez tous les jours d’imiter un jour Jes vertus heroiques de Lotiis le Grand, Vous jugerez , Madame, par la lettre gue jal lhosueu: de nigel écrire, de la délicareffe d’efprit des Peuples Alliez des la. Nouvelle France, & de Ja bonté de leur ceeur. Leur ae conduite dans les neégociations , leur adreffe’ pour rompre | les: mefures de leurs ennemis , cette fide- lice & Vartachement mee a tour ce qui regarde le Rot gu ‘ils reconnoiffent # Madame de Maintenony — _ & Maximes des Iroquois, 99 -¢omme leur Pere & leur défenfeur , fone des preuves’ que ces Peuples que l’on “traire en France comme des Sauvages , meritent que Fon ait pour eux autres fentioens, Thn’eft pas tottjours a propos, Madame: aigrie Vefpric de fon ennemi , le- delete poir ot il fe trouve lui fait cies fouvent Jes derniers efforts; il faut done ufer de circon{pection quand on veut le détruire. Les Troquois avoient éré fi maltraitez de toutes parts depuis quatre ans ; ‘ils avoient perdu tant de Chefs & de guer- -Hiers quils commengoient a s’affoiblir 5 “mais il Gtoit difficile de les pouffer plus oin fans les rendre en poe maniere 4invincibles. Tareha Chef Oaneyout avoit Feicin aan grand branle a un gccomnodement de Paix avec nous. Les Anglois prévoyoient de mauvaifes fuires de tous ces pourpar- Yers, ils mirent tout en ufage pour ca- other leur foibleffe a \'Iroquois, Ils fe fe- “foient méme fort peu fouciez de devenirc leurs Efclaves , » pourvir quiils les enflent ~ Ffendas nos aii irreconciliables. Res: prefens continuels quils leur faifoient “€toient encore un puiflant motif pour les “€ntretenir todjours dans leurs interéts. Les Anglois, dis je, qui font fi_-voifing 196 Fiiflowe aes Ma eurs- . des Iroquois étoient done un grand obftaa cle pour pouvoir faire diverfion. L’on -eut, Madame, attaqueé volontiers le Vil- lage des Onnontaguez qui ctoit comme la téte des autres Nations Iroquoifes , mais ily avoit de grandes difficultez pour.cet- te entreprife. On fe feroit peu foucié de la bonté de leur Fort & de quinze cens _ guerriers Iroquois qui Pauroient defen du; mais outre que l’on favoit qu'une partie des Anglois de ces quartiers de- - voient sy jetter, & que l’autre devoie tenir les bois pour nous harceler, c’eft que hous ne pouvions avoir fur pied que deux mille hommes tant Sauvages, qu habitans: & Soldats, nouvellement débarquez de. ‘France qui n’étoient pas encore ftilez av la maniere de la guerre du Canada. Cependant il falloit correfpondre & tous les bons fentimens-des Sauvages Al- liez, qui avoient promis d’agir de leur cos té avec fidelité contre l'Iroquois:; il ne’ falloic point les fruftrer de ce quils at- tendoient de notre part. On s'appliqua eependant a faire conftruire quantité de bateaux plats 4 Quebec, Montreal, & a Ja Baye faint Paul, pour tran{porter les ‘Froupes. Tels éroient , Madame , les projets d’ou dépendoit le. repos ou Pak ne du Canada,dans le temps que deux — & Maximes des Iroquois. 197 ‘Abenaguis d’Amitkangan vinrent prefen- ‘ter au Comte de Frontenac un Collier dune grandeur & d’une figure extraordi- ‘naire. Cetre Ambaflade fit ‘bien connoi- “tre que cette Nation étoit veritablement dé nos amis, ils lui temoignerent la dou- ‘Teur of €roit leur Nation d’avoir été forcée ‘de donner des dtages aux Anglois dans “une maniere de Paix qui s’étoit faire’; “mais que sil confideroit la difficulré qu’ils avoient ete de retirer quanrité de letrs ‘gens qui étoient prifomniers 5 he UE BOTT _ des chofes necelfaires a la vie qui leur avoient manque , il devoit entrer en mé-_ roe temps dans leur afflif@tion ; que tou- tes ces démarches n’avoient cependant _ ‘point effacé de leurs cours l’cRime & l’'affection qu’ils avoient pour la Nation Frangoile , & que bien loin d’avoir alteré “tes fentimens de tendreffe qu'ils avoieng pour lui , ils meditoient un projet contre les Anglois dont il entendroit parler, Le Pere Bigot Jefuite, Miffionnaire de -eetre Nation ,marqua, Madame , trois mois apres, que les Anglois viendroient au Printemps affieger Quebec. Comme —eécroit leut cotitume d’amufer les Sauva— ges pat de vaftes projets , qui la plufpare - raboutiffoient a rien , ils avoient fait Courir le bruit que le fenve defaiur Lane 398 Fi iftovre des Af curs. rent feroit tout couvert de Vaifleaux , & par une exageration ridicule ils leur fai- foient acroire que ne voulant, pas tom. ber dans les mémes inconveniens qui leur étoient arrivez devant cette Place, ils fe- roient mettre des bordages de fer aux Navires. qui feroient le plus expofez a notre Artillere , & méme que c’étoit. une entreprife du Roi Guillaume. Ce Pere fit encore {gavoir par une autre Lettre qu ‘il fe faifoit de grands mouvemens chez les Anglois ; ils faifoientdone de grands pré~ paratifs. Il fembloit que ce grand fracas netoit que pour abimer tous les Francois: & la Nation Abenaguife = car on difoit que mille hommes. devoient s aflembler a Pefcadotiet a la fin de Mars, & que ~ d'un autre core les Chefs Iroquois qui devoient amener un Jefuite & tous les Efclaves Frangois, avoient réfolu de tenig. un Confeil General pour traiter de Paix.,- dans lequel ils commenceroient a poi- narder le Comte de Frontenac & tous Jes plus qualifiez qui s’y trouveroient., & que leur Armée qui feroit préte ache- veroit de detruire le refte. Il eft vrai, Monftreur , que dans le mois de Février Forfxim neveu de la Grande. gueule, Pun des principaux Chefs du Confeil d’On- montagué , accompagné du Fils de Gae Co Maximes des Froquois. 199. . Foye, qui s’ctoit retiré du Saut, commen- ga la Scene. Torfxim n ayant point trouve _ le Comte de Frontenac a Moncrefl, pre- -fenta au Chevalier de Callieres an Collier de la part de toutes les Nations Iroquoi- fes. Il s’eft fait, dit-il, au retour de Ta- reha une Aflemblée generale @ a Onnonta- gue, dans laquelle nous avons réfolu d’en- _ voyer Theganifforens a Onontio, & des __ plus confiderables de chaque Nation,pour favoir les mefures qu'il fouhaitait pren- dre: Nous avons réfolu la Paix , marque que nous venons dans cet efprir, c’eft que le Pere Milet & les Frangois feront ici au Printemps. Nous nous mettons fort peu en peine des Anglois, comme ils ont fe que nous étions deja dans ees fenti- mens, ils ont envoyé Pitre Scultre Major d’ Orange a Onneyout, que les nég — empéché de venir jufques a Onnontagué , Tequel.a fait dire ayx Iroquois qu’il éroir indifferent aux Anglois quils fiffent la Paix avec nous. Torfxim fit acroire que ceux qui devoienrle fuivre n’etoient qu’a fept journées de Montreal , & demanda én meme-temps sil y avoit “de la feureté pour eux. La Plaque & le Grand Ciel vou- — durent accompagner ces: deux Envoyez pour rendre un compte exact a Oxontio. Les troquois furent du temps fans en- ves ont s 200 8 =—— FAiftosre des Ml eurs | voyer ces Chefs , & fe doutant bien que’ Ton agroit quelque foupgon de ce retar- dement ils firent partir d’Orange trojs: vieux Aniez , quils chargerent de trots Colliers , dont la teneur étoit écrite en: Francois par un Minifire. =~ i: EXPEDITION DE FROTS Colliers que denx envoyer, lraquors por- tent aux Karigouilftes, on Inaiens Ca- tholiques dw Canada, felon ce que les Agayandres , ceft-a-dire les principaux: des cing Nations» ont dérermine entr enx ~ a Albanie le newviéme Fevrier 1694. Le Premier CoLtrierR. ‘, It que les Agayandres Iroquois des® A_/ cing Nations ne peuvent pas venir en Canada au Printemps, comme ils ont fait favoir par le dernier Meflager d’On- nontagué jufques a Kayenguirage, ou le Gouverneur de cette Province a fait apel- ler tous les Iroquois & autres Indiens dé venir exprez a Albanie au mois d’Avril,ce que les cing Nations ont conclu de faire. Le SECOND COL UT PeR Dit que fi les Karigouiftes ou les Fran- ois ont quelque chofea propofer aux cing Nations ils peuvent yenir dans leurs tec< De bain: des Iroquois, ~— 20% _res. Ce Colliet leur ouvee le chemin pour paller & revenir en toute fureré, Le Trorsre’' Me Co ELIER. | Eft pour faire {avoir que les cinq Na- tions , comme auflt leurs amis , lieront Teurs haches de guerre jufques a ce qu ils _ayent regtt réponte , qu ‘ils attendent dans pig jours, mais a cette condition que urant ce temps-la les Karigouiftes & Ies /Frangpis lieront auffi leur hache de guerre. Ces trois Colliers etoient adreflez aux 1 | Troquois du Saut, qui ne voulurent pas les -recevoir qu’en prefence du Chevalier de Callicres, Celui-ci n’ofa point y ‘tepondre A -caufe du Comte de Frontenac qui éroit -a@ Quebec. Ce General écouta donc ces Rdous Deéputez: fans: vouloir accepter les ~ Golliers, & les remit entre les mains des np du Saut pour y répondre eux- memes, ce qu ‘ils firent non feulement de- vant ou mais encore a Montreal, oti s’é- -toient aflemblez exprés les plus Poe io -rables: de la Montagne : -8¢ voici, Mon. - fieur , leur réponte. Las Sauvages du Saut s’étohnent fare _ de'ce qu'aprés qu’Ovomio a refulé le Col- , lier que Tareha avoit aporté de la pare des cing Nations , & quil lui a déclaré wil auroit les arailles bouchées s’ils ne a fervoient de la porte quiil leur étoitou- 202 Fviftoire des MM urs verte par les Onneyouts en lui envoyant Theganifforens, & du moins deux Chefs contidbrabise de chacune des cing Na- tions, ils fe foient avifez de leur envoyer deux hii avec trols Colliers pour fon- der leurs efprits , & tenter leur fidelité,: comme sls pouvoient aveir d’autres {eae timens & d’autre pe que celui de leur Pere. 4 PAR If divehal uk Capeeune vat 3 Hs leur déclarent donc que puifqu’ils n’ont pas fatisfair a laparole que Tor{xim'. & le Fils de Garioye ont aporre a Onontio dela pattde Theganifforens & des cing Nations, 8& qu’ils ont préferé la voix dela Grande Fléchre e( eet le Gouverneur de’ Manathe ) qui n’eft que leur Frere, a celle. de leur veritable Pere , ils n’ont ‘pa obi tenic d’Ovxentio autre chee que la permif= | fion de leur faire favoir que fi Theganif- forens,& les Chefs des autres Nations que’ Oniatie a demaridé , ne viennenta la faint’ Jean ( comme ils Yavoiene promis ) lui témoigner avec toutes fortes de foumif- fions: Te regret quils ont de Iéurs fautes ' paflées, ils ne doivent plus s ‘attendre qu’ ae leur refte aucune porte ouverte, n’y qu "ils puiflent plus rien écouter de lear part,que — ceft Punique Oe an ‘ils leur poiions donner. — Afaximes des Troguois. 203 > Par ve Secoxp Corzier, Tis leur font favoir quencore quO- montio leur ait avfli promis que les An- giens des cing Nations & Theganifloreng venans enfemble ils aucont une entiere | fareté pour venir & s’en retourner , quand méme les affaires ne saccommo. dgeroient pas; mais auffi ils doivent leur dire de fa part que comme il ne les veut tromper , ils ne s’avifent plus de aire ce quiils ont fait, & font prefente- ment en envoyant des gens pour porter des paroles en l’air, en difant feulementr que les Aneiens doivent venir fans en “Voit arriver aucun, parce qu’tls feront re- tenus par Onontio jofques a ce que les prepntsz foient effectivement arrivez, Par ve Troisie Me Gomis, 4 Is déclarent aux cing Nations qu’ils ‘mont pas befoin de la {urete qu'ils leur offcent , & aux Francois, pour venir chez eux , parce qu ‘érant tous auffi foumis qu ils le font 4 la volonté d’Onontio, ils ‘Ne peuvent avoir aucun commerce avec eux que par fes ordres, & qu’ils ne foyent ‘rentrez dans fes bonnes graces; qu’a I’é. ay de_la hache qu'il les convient de ier , comme ils offrent de leur cété de ire laleur, ils auront totijours les yeux pitachez fir celle d’Onontio pour, Vaigui- 5 ; ya 204 - HAiffoire des Meus fer, quand ils verront qu'il affilera 1a fienne, qu'il leur adéclaré ne vouloir lier que lorfque. les Députez qu'il demande feront arrivez , & que les cing Nations feront renerees par 1a dans leur devoir. Cette réponfé parut fiere a des gens qui croyoient nous intimider eux mé€mes ; on trouva le moyen de les amufer quelque temps a Montreal, jufques a ce que nos Sauvages fulfent revenus de leur chaffe , & que les femences euflent été faites, On ne laifla pas de détacher auffi quelques Partis pour {cavoir des nouvelles , mais l’on aprit peu de chofe, Enfin Theganif. forens & deux Députez des plus confide- tables de chaque Nation arriverent au Saut au mois ye Mai. Le Pere Bruyas Su- erieur des Jeluites les conduifit a Que- Bie L’on tint quelques jours apres un Confeil folemnel dans la fale du Confeil Souverain , ott l'on apella tout ce qu'il 4 avoit des plus qualifiez , les Fideiae ques, les Communautez Religieules , & les Oficiers. Cette Ambaflade éroit d’t un grand éclat pour n’y pas faire entrer Au riouaé, la Plaque, & les plus confidera- bles des Sauvages du Saut & de la Mon. tagne, avec trois vieux. Aniez qui Croleng encore en Canada. On donna d’abord 2 a fumer a ces Am- Defladensg ew MM aximes des Toque 105 “bafladeurs , comme c’eft la cotitume. Ils fe sevizereite enfuite un peu a écart, & Aifpoferent par ordre leurs Colliers fir un _fapis. Theganifforens le fidelle ami du “Comte de “Frontenac porta la parole , quoi que Onnagoga, le Chef le plus acre- _ dité da Confeil de tous les Iroquois, fut le “premier Ambafladeur ; mdis parce qu’ils SJavoient | qu Onxoxtio avoit de l’eftime “pour; lui, ils voulurent lui marquer pac cette déference qu'on le lui avoit envoyé comme la perfonne qui lui fur la plus agreable, Il commenga done fon dif- pours en ces termes. ‘- PREMIER COLLIER, _ Theganifforens Ambafladeur Iroquois & “jon Pere Onontio : Par le retour de Ta- reha que nous vous avons. envoyé l’an- mée derniére pour preffentir s'il y avoit furete de venir vous parler , nous avons {eG que lorfque je viendrois avec deux des plus confiderables de chaque Nation , vous. voudriez bien encore écouter ids Tinta que novs vous voudrions faire, & que quand méme les affaires ne s'acommodercient pas , nous pourrions nous en retourner en toute fureté. Sur cette parole nous nous fommes mis en chemin, & nous voila maintenant arrivez furs votre natte pa yous parler de Paix is Tome Fie & & T eae | Hiftoire dei AMoeurs | au nom des cing Nations Iroquoifes , & méme dela Grande Fléche Gouverneur general dela Nouvelle Angleterre, & de Pitre Sculee , Major & Corsa d Orange , figs Frerés, °°’ : SECOND CoLrtrek Vous nous permettez de vous dire, mon Pere, que ce font vos Prédecefleurs qui ont donné occafion a la Guerre, ils ont chatié trop rudement vos enfans, & cela a fait qu’ils fe font impatientez ; ; ils ont en quelque facon perdu I’efprit, & ont fait les coups dont hous avons main- renant regret. Ainfi je viens vous dire que c’eft la Paix qui m’améne ici, & marque que Jje la demande fincerement, c’eft que jai ote la hache que j’avois donnée 3 a tous mes Alliez. Je yous répond qu ‘ils ne Ig reprendront plus parce qu’ils m ‘obéiffent, & je doute fi vous ferez obei de méme de VOS enfans. Nous avions jetté notre ha. che de guerre aurrefois au Ciel, lorfque je vous patlai a Montreal, on ya atta- ché une courroye & on I’a retirée, Nous Vavons rejertec dans la riviere la Famine, croyang qu'on ne fa pourroit pas repécher, & onl’a retiree pour nous fraper , cet ce. qui nous a fait reprendre les ndtres. Nous. les retircons maintenant, & nous les jet. pons dans le pay profond de Jaterre, i " Ab animé’ des Troquois. 20 7 ee’ on ne les. reprenne plus, & qu'on ne les revoye méme ‘jamais fi faire {e peut. a 0 Par:ip Trotsiz ME CoLiieR, ~-Ononio Pere des Iroquois *: Creft 2 “vous a qui nous parlons ; nous vous pre-. fentons ce Collier pour. vous faire favoir sque nous avons adopté les Sieurs de Lon- gueil & de Maricour Capitaines., ala pla-| ¢e de feu Mr le Moine leur Pere , pour ‘nos Enfans » & Mr. le Ber pour notre Fre- ‘re. Nous les prions d’étre dans les memes: -fentimens pour nous gu’avoit leur Pere , _& de porter totijours Onontio ala Paix?, ils n’auront rien a ¢raindre lors quils vien=-. “dront chez nous , & ils y feront bien req gis quand ils feront envoyez de fa part. | . RAR LE QUATRIEME CoLbien. | ’adrelfe ma parole a vous Sauvages du, ‘Saut , que j'apellois autrefois Troquois 5 “mais a prefent que vous Cres enfans d’O-, “nontio, & que vous priez Dieu, jevous ex« -horte, s'il veut bien‘nous donner la Paix , de prendre les mémes penfées que lui & -denons les faire entendre, vous nous con, ‘noiflez 8c favez nos manieres dagir: en= tretenez-la des deux cérez, & arrétez toug © Tes fujets de brouillerie. Nous nous fom-. mes entretuez les uns les autres ; oubliez ‘€e qui seft pale comme nous ‘voulons faire de notre cote , parce que fi vous n’ O- | oF 8 £08 : Aiftoire ies Meurs ed beiflez pas A Oxontio » celui qui eft la haa aq & qui eft le maitre de la vie vous puni-/ -roit encore plus feverement que nous {i vous y contrevenicz , vous qui ¢tes Chre- tens. : 4 Par LE Crnquie ME Gi tiaat: Tl dit la méme chofe aux Sauvages dev Ja Montagne. | Par LE SIx1e’ME Cotes. Je vous parle aw nom des cing Nations. Vous avez mangé tous nos Confiderables,- il n’en refte prefque plus, je devrois avoir du reflentiment pour nos morts. Jé vous dis par ce Collier que nous les oublions , & que pour marque que nous ne voulons’ plus les venger nous jertons &’ cachons notre hache fous terre afin qu’on ne la voye jamais : nous ne penferons plus aux MOrts pour colatetien ceux qui feront en vie. Et comme vos enfans d’enhaut les Hurons , Outaouaxs, Iflinois & autres, ne favent pas encore que nous fommes dé-+ cendus pour parler de Paix, & quiils ne- manqueront pas de tuér mes Neveux. uand ils en détruiroient un grand nom- bre jalques ace quils en foient avertis , cela n “empéecheta pas que nous ne conti- - nuyons a étre dans les mé€aies fentimens de Paix. | Mes Freres du Saut & de ty Stontanigll iS : & At aximes des Ivoquis. 209 -Scoutez bien ce que je dis , & vous mon ‘Pere Ovontio nous vous expofons fenle.. ment nos penfées fans vouloir penetrer dans les votres. Par we Septiz’me Coxzier. Vous avez fans doute regu bien des ou~ ‘Rrages, notre Pere, vos enfans yous ont | -donné bien des fujets de vous facher , ec Collier eft pour vous refaire Vefprit, eft une Medecine pour vous faire: rejet- ter tout ce que vous ‘pao avoir de -mauvais fur le coeur, & que vos enfans ¥ pourroient avoir aufli ; nous fouhaitons: qu'elle vous faffe Lefer que nous nous potopolons. Par ce Hourtreme Corrier, La terre eft route converte de fang juf- ques au Fort de Frontenac, & particulie- | yement dans ce lieuda : nous: prendrons une pioche pour la foiiiller bien avant & en ¢facer toutes traces, & nous nettoye- rons la natte de ce Fort afin qu il ne refte plus aucun veftige de fang ,. & que nous’ puiffions y traiter de la: Paix avec notre Pere , & nous y voir comme nous avong fait par le pafle. | Par re Nevv¥ii ME Gortet. Il n’y avoit plus de chemin de Paix’y Ries bois & les rivieres étoient gavécs 5 que’ Te chemin foit libre prelenroment jufques & : #10 . Hiftoire des AL curs — 4 Onnontagué, je le débouche par ce Cole: | lier , afin que notre Pere quand il voudra’ nous faire favoir fes volontez le puiffe’ faire en fureré , l’aflurant que ceux qui’ viendront de fa pare feront bien regis , & que je prépare par ce Collier Ja natte a Cnnontagué , qui elt le lieu of nos af= faires importantes fe traitent.’ | Par Le Drxie' Me CoLtier. Nous étions tous dans la nuit , on ne voyoit plus le jour tant lair étoit cou~ vert de broiiillards & d’obfcuritez sje ra- tache le Soleil au deflus de nos tétes pour’ diffiper tous les nuages , afin que nous les puiflions regarder, & nous. fervira l’ave-" nic du beau jour de la Paix. | PAR QUELQUES BRANCHES | DE PORCELAINES. i Pour marquer quesc’elt tout de bon que: ye viens, mon Pere, vous demander la: Paix , je ramene deux de vos Neveux Frangois, & une Iroquoife dela Monta- one : je ne vous demande pas que vous renvoyez ceux de nos gens que vous pou — vez avoir , mais je vous prie sil y en @ quelques-uns qui veuillent s’en revenir de ne les pas arréter , & de ne garder que eeux qui voudront refter, vous aflurant que de notre cove nous renvoyerons de nos villages tous les prifonniers qui vous -@ront revyenir. | | id — & Maximes des Iroquois. ait Croiroit on , Madame , que des gens qui he favent | n’y lire-n y écrire puiffent avoir autant de délicateffe : : les Iroquois - font pas ce que l’on s'imagine en Fran- ce. La Harangue ou les Colliers que pro- . nonga cet Ambafladeur fut f conformea ce que le Pere Milet retenu prifonnier, ‘qui avoit affifté a tous leurs Confeils , a- voit mandé par la Plaque devoir etre ine | ‘au Comte de Frontenac, que l’on n’y trou- ‘va aucun changement. Ce General ne -voulut répondre aces Colliers que deux Ou trois jours apres ; il les regalaa fa table jufques au jour du Confeil general. On saflembla donc comme auparavant, & voici de quelle maniere il leur répondit. BE - COMTE DE FRONTENAC: v a Tbeganifforens. PREMIER COLLIER. 7 Gus avez et viaifon: Theginifforens; -Y & vous autres: ColGderables des cing Nations Iroquifes qui l’a accompa- gne de venir me parler, fur Vaflurance que TFareha vous a donne de ma part d’u- “ne entiere fureté , pourvG que vous vin- fiez dans la fotanifiion & dans le repentis gue des enfans doivent avoir quand. ils’ ~ auffi grandes que celles que vous avew at2 . Hiftoire des AdeurS > ont comrnis des fautes contre leur Perey faites. Je fuis bien aife de voir parce que” vous m’avez dit que vous Ctes dans ces’ fentimens, 8 que vous founhaitez une Paix fincere ,en m/‘aflurant de la part des cing Nations Iroquoifes , & des Loups vos Al- liez, que vous avez abandonné tous les” reflentimens de vengeance que vous pou- vez avoir pour les perfonnes de toutes: vos Nations qui ont €té tuces tant par mes Neveux que par mes’ Alliez, afin de’ conferver ceux qui vous reftent en’ vies Je vous promets de mon cote d’oublier aufli tout le paffe ;\ & pour vous mieux faire juger de mes fentimens je veux bien fufpendre ma: hache qui éroit toute préte’ a tomber , en arrétant les Partis qui ¢- toient en marche pour aller.en. guerre con= tre vous , & en differant l’execution d’au- tres defleins plus confiderables que j’avois: SECOND COLEIER. Pour parvenir a cette Paix que vous’ me temoignez defirer, & que je pretends: etre tantavec moi quavec les auttées Na=_ tions Sauvages d’enhaut, qui mefont Als liez, je fouhaice que le Pere Milet ow quelqu’autre vienne avec vous pour m/a- mener dans quatre vingt jours, acompter’ de votre départ-de Montreal, tousles pri«” é Maximnes i Troqusis, ae Wonniers que vous pouvez avoir datis vos’ Villages, foit hommes, femmes ou en-. fans, tant des Frangois que des Sauvages' Habicuez parminous, & de toutes les au- tres Nations d’ enhaur qui nous font Alliez’ dont les interéts me font auffi chers que les miens propres , fans en excepter aucun, ‘pour me faire connoitre que vous vonleae: tout de’bon que l’or ratache le Soleil au- deflus de nos tétes , afin qu'il diffipe tous: les nuages & les obfcuritez qui pourroient’ vous empécher de jotiir de ce beau jour dela Paix que vous fouhaitez, vous don- ‘hant tha parole. qu’aprés les avoir tous vis, sil y ena quelques- uns de ceux des’ Sauvages qui veulent retourner avec-vous je leur en laiflerai une entiere liberté, & vous promrettant de vous faire rendre chs vos Prifontiers & de faire ouvtir les por= tes de’toutes les Cabanes ou ils fe trou- -veront. pour retourner avec vous sils le defirent. f Trorsre Me China's ee | - Je veux bien méme par avance , & ‘pour vous temoigner la Gincerité avec la~ qucle je veux agir avec vous, que du Planti que vous n’avez jamais dd regar= der comme Prifonnier , sen retourne’ comme vous le fouhairez & vous rendre encore dés a prefent ics deux Anicz avee | seg Biifleine des ieee deux femmes qui nous ont été amenéed ; depuis peu de jours par nos derniers Par tis; mais je dermande que de votre cété. vous me laiffiez deux de vos gens , afin’ de pouvoir pe fuader aux Nations d’en- haut que les Propofitions que vous étes, venus me faire font finceres , leur faire! plus aifément fofpendre leur hache, en les conviant de venir eux-mémes a atre les. témoins de ce qui fe conclura a votre re-, tour dans le temps que je vous ai limité & qu’ils n’ayent pas occafion de me faire’ des reproches d'avoir trop facilemene. joss: Foi a vos paroles. are QuATRIEME COLLIER, Pour Hs ‘mes Enfans , a ce qué vous avéz gliflé dans vos paroles tou-) chant les Flamands ow Anglois, je vous dis par ce Collier que la guerre que jat avec eux n’a rien de commun avec celle que jai aveé vous, & que ce font des’ chofes entierement feparées: fineanmoing: ils veulent venin me faire quelques propo- fitions vous pouvez les aflurer de ma part’ quils auront la méme fureré pour veniry & s’en retourner que cel lle que je vous ai donnée , pourvd que ce foit dans les qua-_ tre- vingt jours que je vousai marque, & que ceux quiils voudront envoyer foient: des Perfonnes autorilées de leurs’ Chefs e i & Masimes des + Waphai. _° Se waais s'ils vouloient vous charger de quel- que Commiffion de leur part, ne l’acce~ tez point, parce que j'aurois les oreilles Doucktes 2 a toutes les Propofitions qu¢é “yous me voudriez faire 1a deffus. Cinguik Me CoLtrer, Je fuis bien- aife de voir par ce que vous m ‘avez dit que toutes vos Nations , vos Alliez foient dans les fentimens de Restor nettoyer le fang quia été répandu de part & d’autre, dans le Fort Frontenac & aux environs , & que vous fouhaitez, qu'on y replante ce bel arbre, a l’ombrg daquel vous fumiez autrefois fi sictlee ment, & ot l’on faifoit de fi bonnes affaie tes, Pour. vous temoigner combien cela m/’eft agreable, je vous aflire par ce Col- ‘lier que iy travaillerai auffi de mon coré au plitét, é& d’une maniere que fes taci« “nes feront fi profondes & fi affermies que Fien ne fera plus capable de l’ébranler, SrxreEMeE Coxvier, | Japrouve la parole que vous avez a- “dreffée aux Sauvages du Saut & de la Mon- tagne, ils yous répondront lorfque vous palferez ; a Montreal en yous retournang, ae fuis auffi trés-content que vous m’a- ez fait fayoir que vous avez continué d’adopter le Sieur le Ber & fes Neveux les ‘Baie de pega & de Maricour »a lz. ait sis fhaire des ML eurs place de Monfieur le Moine leur Pere, i dans la fuite j jai quelque chofe a vous fai- re favoir , jen chargerai volontiers l’un des derniers , puilque vous m/aflurez quwils feront bien recds , & que.l’on aura confiance en eux, & que vos cabanes le — fouhairent. SEPTIEME “Coe vee Comme vous m’avez prefenté un Cole Jier pour me fervir de portion cordiale , & pour me faire rejetter tout ce que je ~ pouvois avoir de mauvais fur le cceur je vous donne aufli ce dernier Collier pour vous fervir de contrepoifon contre tout ce que les Anglois & Flamands vou- droient vous infinuér pour eflayer de tra verfer les bonnes difpofitions dans lef. quelles vous me témoignez étre , & m’o- bliger par la a perdre les fentimens d’a- mitie & de tendrefle dont je vous donne \ fant de marques. ~ Le Confeil fini on conduifir ces ‘Ama bafladeurs chez Monfeur de Champigni, ui leur donna un grand repas, ou fe troy- wa le Comte de Frontenac & les plus con- fiderables du pais, Onnagoga & Theganifforens ayant fof qu’ Onxontio foupoit ce jour-la chez le Che- valier de Vaudreuil , prierent Mz Trouvé gu avoir été aurefois Miffionnaize chez, gux t *? ‘: | : shalt ee " A asximes des Troqueis: ary aux, de les y conduire, parce qu'ils vou- ‘Joient le prier de les écouter en particu- hier. Is lui prefenterent un Ferret ou Col- ier fous terre. Je m’explique, vand les Nations fauvages veulent parler de quelques aibcokn masons en particulier , ils donnentun Collier en fe. —eret aux Perfonnes avec qui ils ont a trai- ter. Ce Collier fous terre croit de la part Pde Garagontie, la Grande Gueule,& Tho- rontifati , qui font les trois Che fs les plus Be i Gderables des Onnontaguez. Ils lui j. demandoient la continuation de fon efti- _me,le priant d’étre perfuadé qu'ils feroient : tout ce quils pourroient pour engager “non feulement leurs Parens a écouter fa voix, mais lereftede leur Village. & Comte de Frontenac fut trés fatis = fait du bon feuvenir de ces trois Chefs , _ & leur envoyaanffi un Collier de remet- _ciement, I voulur faire les chofes de bon- ‘ne grace devant leur départ. Les prefens font des attraits qui font _ ordinairement quelque impreflion fur _Vefprit de ceux qui les regoivent. Tous ces beaux difcours qui s’étoient faits re. ' ciproquement , regardoient a la vericé le bien des deux Nations , il faloir encore “deur. faire voir en particulier gue l’on fai. * _ doit étae de leur perfonne. On les allem. Tome ay ale Vy & 18 Hipoiv des Meueg bla dans la méme fale, & on leur donna — _ des jufte-au-corps galonez 5. chemifes gare nies de dentelles, chapeaux & plumets , avec d’autres hardes qui €toient neceflai- res ales couvrir ; au lieu quils n’avoienr que de fimples capots de cuir fans chemi- fes, & de tres mauvaifes couvertures, Theganiflorens etoit proprement habille, il avoit un grand capot rouge galoné d’ or, avec une couverture d’écarlatine : cet..7 habillement ne lui avoit codiré qu'un re- merciement qu'il avoit fait au Gouverneur dela Nouvelle Yorx,quile lui avoit envo- é pour le dérourner de venir a. Quebec, précensane le lier par la a la cabane des — Flamands , l’y tenir todjours attaché, 8 lempécher de tourner les yeux du Coté des Frangois. Pour moi , repondit Thega- Seb ‘niflorens < abe General , ma réfolution eft prife ; 3 je vais voir no Pere Onontio. Jey re renvoye ton Collier & rom ps les liens — dont tu vondrois te fervir pour me rete- . Ate; cependant j je garde ta couverture & ron capot; je fuisnud , ils me garantirone du froid pendant le Voyage. Meffieurs les Ambafladeurs écoient charmez de toutes les liberalitez qu’on leur fit. On leur don. na le lendemain le plaific du mortier 6 » du canon, Ce j sa militaire lear plat aflez, | dls admirerenc artifice de plafieurs. fulees qui ne powvoient s ’éteindre dans l’eau ny dans la bou€é , quoiqu’on les y euffent en- _ foncées a plufieurs reprifes. Les Sauvages font naturellement fuperttitieux , & cro- - yent totijours qu'il y adel’enchantement | _ dans les chofes qui leur paroiffent extra _ Ordinaires y ou qu ‘il y rears paca bee : 4 Le Comte de Frontenac ne pouvant ws empéchrer de remercier les trois famil- les In@quoifes gui lui avoient envoyé un Collier fous terfe , crit étre obligé de leur _ rendre le reciproque. Il leur en envoya “un auflide méme, les aflurant qu il feroic 4 totjours une din evioti patticuliere de Teurs familles , & qu il leur continuéroic fa méme aesati ge: quil leur avoit accordé “augrefois. : Il eut, Madame , _ plufieurs converfz'. tions particulieres avec Onnagoga, The- -ganifforens & le frere de Tareha, pendant Te fejour qu “ils firent auprés de lui. Je ne —doute pas quik ne leur fit connoitre que Te trop de ménagement que les Anglois --avoient pour eux étoic pluror un effer de Teor interét propre que de la paflion quils avoient d’embraffer le leur. I! leur repre. — -fenta peut- -€tre qu'ils pourroient €tre eux- -mémes leur Vicdtime , dans une querelle qui leur avoit-déja couré tant de monde, ~F 2 i € Be astvive des Trogucis. eee ; wae Hiftoire des Me Bars Les trois cens prifonniers Aniez que l’osf avoit fait dans leur Fort étoient encore / reproche qu'il faifoit anx Anglois de les” avoir fi peu fodtenus dans une occafion oliils étoient de la moitié plus forts que” Jes Frangois , qui n’étoient au plus que quatre cens , il leur tendoit aparemment: encore {es bras comme un bon Pere tot-_ jours pret a les. recevoir, lorfqu’ ils quit teroient Tégarement ou ils écoient, & il leur ouvroit la porte pour les faire entra dans l’ Alliance qui avoit. ére s auleetee en. treux & les. Frangois.. Le bruit de la Paix queles lroqueis vO loient faire avec nous fe répandit parmi routes les. Nations d’enhaut. Les Outa-— ouaks jaloux de ces démarches voulurent favoir ce quien ctoit ; ils étoient fort: farpris qu’a leur infcd le Comte. de Fron- tenac fe racommoda avec leurs enneinis irreconciliables fans le leur faire favoir ils avoient fotirenu les interéts de la Na- tion Frangoife avec tant d’éclat, quils ne pouvoient comprendre que Yon voulut les. facrifier fi a contretemps. Ils ne décendi- rent donc que pour faire des reproches. fanglans. Louvigni qui avoit apris tous les refforts que les Anglois faifoient jouer : parmi ces Peuples, 4 l’occafion des Chefs aqui croient venus traiter de Paix » depecha vi Lee t tm fi oe & Maximes des Troquois. 221 Manter pour en donner avis aw Comte de ‘Frontenac Il affura les Nations alliées que deur Pere étoit incapable c de les rendre des Vidtimes , & les engagea d’envoyer de “leurs principaux Chefs pour en connoirre | da verité. Mante- jui Ctoit parti expres a- vec eux rencontra Maricour 4 fept lieugs de Quebec, qui conduifoit les Ambafla- -deurs Troquois 2 a Montreal. Cette conjon- Pure é étoir, Madame , trop délicate pour ‘Yes laifler palfer oucre 5 il fe rendit incef famment a Quebec pour avertic le Com- te de Frontenac. de l’arrivée des Chefs Ou- “aoiiaks, 11 en repartit auffi-tdc & firre- _venir de fa part Theganifforens & quel- ees autres de fa Nation. Les Iroquois auroient ed trop d’i impa- tience du retardement de leurs Chefs , Fon fut obligé d’en dépécher quel ques- uns pour leur faire part de Valliance com+ “tune que l’on vouloit faire avec nos Al- Hiez qui etoient venus expirés a Quebec; il croit donc jolte de diffiper leurs foup- ons & deles guerir de leur crainte, l'on tint expres un Confeil pour eux fans: y ap- peller les Iroquois. E’on ne fit qu’y repe- -ter ce que contenoit les Colliers gu ‘ils _avoient prefenrez. On en tint tun autre of eéux-cifurent apellez. Theganil lorens ret~ “tera ce sig ayvoit a Quand les Hurons: TP | Hired des Ahan & les Outaouaks virent cette conformiré de fentimens, ils aflurerent le Comte de Frontenac qu ‘ils. é€toient déttompez de tous les mauvais préjugez que leur Nation avoit eué contre lui, & le remercierentde les avoir compris dans une affaire publi. | que en laquelle ils croyoient n’avoir e& aucune part. Le Baron Chef des Hurons voyant qu'il manquoit dans ces aflemblees un des plus grands Chefs d’Onnontagué — quil connoifloit , eut quelque foupgon de cette entrevué fincere ,il demanda a Theganifforens. d’oui vient qu'il n’éroit pas décendu avec eux ? Celui-ci dit quiil ¢ crolg malade lors quil partit de fon pais, Ce Chef Huron qui ne manquoit pas defprir. s adrefla enfuite aux Iroquois. Il femble,. Jeur dit-il,que vous vous etes bien oubliez d’ayoir tenu une conduite pareille a la vo- tre , & d’avoir avalé fi facilement le poi- fon que l’on vous-a donné, qui vous a fait perdre le fouvenir de Vobeiflance que vous devez a votre Pere. Pour nous Hu- rons nous n’avons jamais voulu manquer a notre devoir , -& nous fommes refolus de continuér a Pavenir A écouter toujours fa parole, & ay étre obeiflans. Il fe leva aprés , & tirant un Collier dedans fa che- mife , ‘il haufla fa voix & sit: 3 :. | % “ Ne ee G& Maximes des Iroquois. — 223 Baron Chef des Herons.” } Mon frere Iroquois , nous voici tous deux furla natte de notre Pere Onontio s a c touvre mon ceur, our. moi letien; is:voir que tu ne garde plus de méchan- tes affaires dans ton ventre : -je n'ai plus _de penfées ny-de paroles que celles de no- tre Pere Oxontio, & jene regarde plus du cote de l’Anglois, dont la vue m’eft infu- portable. Montre-moi donc.aufhi G'tu eft — oe fi fidele a Oxontio que je le fuis ; voilatout ce que j'al ate dire prefentement. Theganiflorens ne voulut point répon- ‘dre ace Collier quil n "etit parle en parti- culier a Onnagoga , & aux autres Ambaf- : fadeurs. . | Foict la vépon{e. awil fit auffi-tér. - Theganifforens au Baron Saitharhetfi,, ( C’eft le nom que l’on donne aux Hu- rons de Michilimaxinak , ) nous devons “nous raffembler dans quatre- vingt jours & Montreal. Je vouvrirai mon ventre , & ‘tu avouéras que mon cceur eft auffi fin- cere & aufli fidele a Oxontio que le tien. Les Iroquois furent congediez enfuite. > 8c: pattirent avec Maricour pour ! Montreal. Les principaux Chefs. du- Saut.& de la Montagne s’affemblerent , Madame, chez. le Gouverneur, pour répondre aux: Col.- liers ane ces Ambafladeurs leur avoient 224: Hiftoire fee Meéurs — | prefentez a Quebec, Peu de jours auparas : vant le Frere de la Plaque qui avoit fa femme prifonniere au Saut, vint la trou- ver d'un propos deliberé , ‘il donna avis’ que les Aniez fes freres venoient en Parti : contre nous; on en fit de grands repro~ ; a ches a Theganifforens , on lui dit que’ cette rupture me venoit que des follicitas tions des Anglois qui commengoient a faire leur éfort pour troubler ce "a avoit’ été déja projeté. On leur confeilla de fe * bien fervir. da cordial que le Comte de Frontenac leat avoit donne par le dernier Collier, de fes pepnnes pour rendre fages les ines Theganifforens aflura Vun ofanal fang frei quil ne croyoit point que les Aniez: — ofaffent faire un coup de cette nature , — qu'au relte s‘ils: s’amufoient a porter ob- ftacle ala Paix , & fr les Ouraouaxs fe dé. claroient antl contre eux, cela n’empe- cheroit pas les quatie uiokek Nations pict la conelure. : | Theganifforens qui prévoyoit toujours’ les choles de loin avoit prefenté en fecret un Collier aux deux Capitaines du Saur pour les exhorter d’apuyer la Paix s'il les: pria en méme. temps de leur donner avis des difpofitions oti feroit leur Pere en cas: x: de changement, Les Sauvages du ‘ach ae : ; : $i | * aN . & Seipibies: des Traquois. ae, -avoient avetti le Chevalier de Callieres de ce Collier , répondirent qu’ils pou- --voient fe fier entierement aux paroles que — Onontio leur avoit dontiées - ; mais quiils priffent bien garde de leur céré Ane point - violer ce qu’ils avoient promis: Enfin The- eens 8 les autres Ambafladeurs sen” _retournerene fort. fatisfaits de la maniere- avec laquelle: ils avoient été recus. | Si les Iroquois eurent lieu d’étre con- ‘tens ,. les sreracnakt &: les Hurons ne. le | furent. pas’ moins :-on leur fic de pareils prefens a leur praileg Un Chef des Kilkabous | Piisoaske de : _ Nation , ayant vil que perfonne de fa Na~ tion n’étoit décendu pour €couter comme Pes: autres la voix de leur Pere, fe hafarda —amaleré tous les perils qu’ il pouvoit eflu- ec dans fon voyage, de venir l’aflurer de Be hicichem ant de tous fes gens. On lat dit, Madame, qu'on. lui étoit bien oblige ees marques de-fon attachement a la’ Nation Frangoife ,.8¢ qu'il aprendroit dans qua- — tre-vingt jou: ‘s par le Brochet & les Chefs _ des Outaouaks ,ce qui auroit été conclu pour Vinisesinetiun . 3 Tl évoir a propos de faire favoir aux. autres Alliez les négociations de Paix qui fe faifoient , l’on profita: pour cet effet du départ des Frangois qui allerent cher- wie ‘Hifloive des Méurs | - cher leurs Pelleteries a Michilimakinake Le Baron ne pit remonter a fa Nation & caufe de fon grand age, il chargea t un aa fes gens de les aflurer de tout ¢e qui s’étoir paflée dans les —— qui § ‘écoient tenus’ ‘ Quebec, ' Quelque poke qu ‘ayent pa avoir ie Iroquois dans les mefures quils ont prifes en venant traiter de Paix ,il eft tod. jours glorieux au Comte de Frontétiad d’ax voir obligé la plus formidable & la plus’ fiere de routes les Nations de l Amerique’ alui envoyer fes Chefs les plus confidera- bles, & ce devoit étre un crucl chagrin’ aux Ang! ois de -voir que la Paix oula guer- re nous ¢roit fort indifferente ; eux dis- je qui vouloienren étre les Mediareurs. Né= tre General ne témoignoit n’y foibleffe’ n'y empreflement pour y Paix , il leur en prefcrivoit méme les conditions. Sur Pavis que trois Efclaves feo 8 trois Onnontaguéfes avoient raporté , prés l’arrivée de Theganifforens, que las Anglois faifoieht un grand armément a ‘Manathe ,-dans la Nouvelle Yor, ot l’on’ prenoit les gens par force pour , -difoient- ils, venir a Quebec. Le Comte de Fron= pre donna ordre que l’on acheva la Re. ‘doute du’ Cap au Diamant , & que lon: mit dans fa petfection la plateforme de la Baffle Ville. ‘ | ae & é M Aximes des Anbubie. ee Won avoit trempé au~Fort Frontenac Jes mains dans le fang des Iroquois, il fal Joie les laver & y replanter. cet Bucs de Paix qui leur avoit.éte autrefois ft agreas ble: ce lieu eft un. entrep&t pour les Par. tis qui auroient pa marcher contr’eux -, - tant de notre cété que de celui de nos Al- liez, on y auroit trouve des munitions de ‘guerre & de bouche ; on avoit déja choifi des Officiers , les Soldars & les Habirans pe y monter,. Tout‘ éroit donc difpofé a Ag lorf. gu ‘il arriva trois Vaifleaux de guerre pour — Yentreptife de la Baye d’Hudfon , celui ‘quien écoit comme le Chef avoit permif- fion de la Cour de prendre des Canadiens , ‘pour fon expedition: il fallut y obéir, 8 Je projet du Fort Frontenac fur par ia in- aerrompu. Des Corfaires Anglois s’atta- choient a troubler le commerce au bas ‘du fleuve faint Laurent, ils {cavoient le temps que les Vaifleaux Marchands de- * voient venir.de France en Canada , ils pri- rent le faint Jofeph qui valloir esi cent ‘mille écus : cetre perce étoit confiderable pour le pais qui-y avoit de grands interéts. — WL'on fut bien furpris, Madame, d’a- prendre la Paix entre les ‘Abenaguis & les Anglois. Edzirmet & Metaoiiando, deux ‘ Chefs, saboucherent au Fort de ‘Pem- Zx8 sane des Mews : Kcuit avec le General Guillaume’ Phips 5 Nos affaires de Lacadie auroient été dans | } un mauvais état, fi Villieu Capitaine qui ccommandoit au “Bone de Nazoiiat fur la riviere de faint Jean, nett donné ‘un rude échec a toutes ces négociations, i affembla les Abenaguis de Panaotiani{kau, : qui.n. ‘etolent pas encore entrez dans cet. te: Paix,pour la faire rompre a ceux memes qui l’avoient conclue, Les Anglois firent” une trés- grande faute en cette occafion parle peu de foin & de diligence qu ‘ils eurent a renvoyer les prifonniers , aprés” cet .accommeodement ; .cette négligence leur fut fatale. En efer, Villieu leur fir ‘connoitre avec efprit « que les Anglois ne faifoient que les amufer , & Medogtok — Chef d’un grand Parti qui n’étoit point dn tout porte a la Paix , gouta cette penfée. Des prifonniers Anglois qui n’attendoient que I’ échange, firent tout ce quils purent: de leur cote pour en arréter le coup. Aulli -tét que la déliberation fut prile d’aller en guerre, Villieu fe mit a la tere de denx cens cinquante Sauvages , na-. yant qu ‘un Francois qui lui ecgase d’'In- terpréte , ils allerent a la tiviere de Pef- cadouet , oll tour ctoir dans une otande rranquilité , ils fe feparerent en deux ban- ges; & aprés avoir forme plufieurs petits Parng ee Maximes des Ivogtos. 229 “Partis pour faire les attaques en differens — -endroits. Ils commencerent le vingt-deux Juillet celle de deux maifons fortifiées ot réfidoient les Seigneurs de ces quartiers qwils enleverent. Ils en pillerent & bri- lerent foixante autres, tuérent cent qua- sante hommes , & firent vingt - fept Pri- ‘fonniers. Tanons, Chef des Sauvages de Pentagoiiet qui n’avoit point eu de part’ a toutes ces neégociations , he trouva pas que fon Village etit aflez enlevé de che-— velures , n'y fait aflez de prifonniers , il s'attacha vers Bafton. H en fit plufieurs qui raporterent que les Anglois faifoient des levées confiderables , & menacoient encore Quebec ; que l'on conilruifoie -quantité de Bateaux plats pour décendre a Montreal par le lac Champlain. Villicu ertic qu’il éroit de fon devoir d’avertir in. ceflamment le Comte de Fronrenac des -démarches des Anglois. Quelques guer. riers: Abenaguis Vaccompagnerent, qui firent prefent de plufieurs chevelures An- -gloifes a leur arrivée. C’eft le plus grand prefent que les Sauvages puiffent faire , & _ils pretendent faire connoitre par 1a l’atra- chement quilts ont aux interérs de ceux aqui ils le prefentent, & c’eft auffi une —efpece de trophée qui les rend recomman. gables dans leurs Nations, Wancauckouge, tome IIL, . ye é a Hiffoire des Mua aun Chef des Nations Outaouaxfes , arriva, pour lorsa Montreal , il dir dans!’ Audiens ce que le Comte de Frontenac lui donna qui éroit venu favoir fes intentions & écouter fe voix ; qu'il. aprehendoit forr quelques trahifons de la part des Iroquois” qui parloient de Paix. Le Rat, Chef des Hurons prit entuite la parole. Je vous de. | mande excufe, mon Pere, fi je nai point aporté de Calter , je fuis pet pour ¢cou- ger votre parole: far les affaires prefentes, & voir fi les Iroquois yiendront comme ils vous Yont promis, j’attends leur arrie vée n’étant venu que pour cela, je fuis nud. & n’ai rien aporte s ma jeuneffle a baiflé la hache , & eft préte de la reprendre. quand vous le fouhaiterez. On les remercia de leur bonne volonte, - on les exhorta d’attendre quelques jours, parce que le temps que l’on ayoit limité gtoit proche, & on permit aux uns & aux autres de faire la traite de quelques Ca. ftors. Autiouaé arriva fort a propos avec des Goyogouens qui ramenerent treize prifonniers , entr autres Hertel , la Fré~ niere , Officiers, Be ‘Canada éroit donc , Madame , dang Pimpatience du réfulrat du Confeil Penee ral des Nations Iroquoifes. Le Comte de» Frontenac donna une Audience, ou omy .— & Maximes des Trogudis: 238 te quil y avoit de Perfonnes de diftin-— tion , Ecclefiaftiques & Officiers , furent Convoguez. Les Chefs des Outaouaks , Hurons , Nations éloignées ; Algonkins , Abenaguis de Lacadie, Iroquois du Saut & de la Montagne, y furent apellez. _ Un des Députez des Goyogouens pre- fenta d’abord trois branches de Porceiai-— “he en maniere de Chapelet, & s‘adreffane au Comte de Frontenac. Je vous parle , lui dit-il; mon Pere, de notre part & de elle des Tfonnontouans; nous voila main- tenant fur votre natte , nous vous rame- ‘hons vos enfans, vous en pleurez la per-. fe , c’eft le fort de la guerre , j efluye vos darmes. “ pe __Hl prefenta la feconds branche & dic. Celle ci eft pour vous déboucher la gors gé afin que vous puifliez parler, & la troi- fiéme eft pour nettoyer la natte teinte de fang, afin que vous n’ayez plus que des Mpenicés de Paix, Ces branches de Porcelaine etoient , Madatne, comme un avant-propos pour difpofer les Audireurs., lorfque ce Chef prefentant enfuite un Collier , s’enonga en ces termes. roach a - -Morre fils Auriovaé eft revenu chez “fous avec Theganillorens , & nous a fait ‘gonnoigce que pour faire une bonne Paix ie 7 a 43-2, “Hiftoire des M Gurs il falloit vous ramener vos Enfans qui: étoient prifonniers parmi nous. Le voila de retour , nous vous en ramenons treize, Il en refte encore quelqu’autres tant Fran- gois que Sauvages , vos Alliez, on eft actuellement au Capit far eae renyvois mais nous avons voulu devancer les trois autres Nations , & ne pas atrendre la dé= cifion de ces Confeils de peur de ne nous, pas rendre dans le temps que vous nous avez pref{crit, 3 Voici.un fecond Collier qui vous : fais connoitre l’eftime particuliere que nous faifons d’Auriouaé , parce que nous favons celle que vous , notre Pere , avez pour Ini , vous le regardez comme vorre enfant, ainfi nous yous prions que comme il a €couté votre voix, & vous a obei, en nous faifant favoir vos fentimens * vous: écoutiez anfli la fiene lorfqu’il vous par= Tera pour nous, C’eft rout de bon que vos: enfans les Tfonnontouans & Goyogouens vous demandent la Paix par le moyen de votre fils Avriouaé; nous fommes fince- ‘res & nous vous ata que ceft pour —sotjours : que fi par malheur il arrivoit que les affaires changeaffent dans la fui- fe ,. nous écouterons Aurionaé dans toutes iotres d’occafions. | Aorfque Thsgeniloreny en donnant an ek ve ¥ views aan N\ ——& Maximes des Troquois. Bs “troifiéme Collier, vous parla, mon Pere, au nom de toutes ‘les Nations, vous jetta - _ tes dans une foffe toutes les perfonnes con- _ fiderables qui avoient été tuées de part & -d’autre, vous ne lui cachates pas que vous ~ aviez totijours une grande chaudiere fuf- pendue , prérea renverfertoute la cabane. _ Nous vous prefentons ce Collier pour vous dire que nous renverfons cette chaudiere , “que nous les brifons avec nos haches , & "que nous jettons le tout au fond de la ter re, parce qu'il ne faut plus fonger qu a la Paix. - - Ce quatriéme Collier vous refera l’ef- prit, mon Pere, il vous donne une Me. _ decine pour vous faire rejetter ce qui pour- { ~ Toit encore vous refter de mauvais contre tous vos enfans , nous vous prions de jet- ter les yeux da coré des autres Nations Troquoifes , elles décendent , comme je Tefpere, dans peu. Fai voulu moi Goyo-- gouen, & Tfonnontouan , les devancer,, pour vous marquer notre obeiffance dans te temps que vous nous avez prefcrit : nous fouhairons que vorre efprit foit auffi _ droit. que ce rang de Porcelaine blanche _ be eft dans ce Collier. Vous faurez, nvon Pere, parce cinqui¢. _ me Collier, qu’en partant du pais nous a- _ Yons promis que nous ferions de retour x 5 co Tee a34 Hiftoire des ALeurs dans trente nuits, pendant ce temps on eft allé parler a la Grande Fléche ; on y delibere fur les paroles que Theganiffo. rens a aportées de votre part : au retour des Deputez nous décendrons tous enfem._ ble pour rerminer entierement les affaires, ‘C’eft une maxime generale , Madame, -parmi tous les Sauvages de fe confoler les - uns les autres par des Colliers, lors qu'il leur arrive quelques affli€tions publiques. _ Le feu prit au Village des Sauvages de la Montagne par la faute d’univrogne, leurs cabanes & l'Eglife furent brilez , & la -eléture du Fort entierement confommée : cette perte monta a vingr mille francs.. Ce Chef qui avoir parle jufques alors fe tourna du cété des Sauvages de la Mon- tagne, en leur prefentant trois branches de Porcelaine. ]’efluye , leur dit-il, vos Tarmes , mes freres de la Montagne, fur laccident qui vous eft arrive par l'Incen-’ die de votre Village que j'ai vi bruler; & outre cette Porcelaine ce Collier eft encore pour vous exhorter a ne pas per-_ dre l'efprit fur cet accident, qui ne doit — pas vous empécher de patler de Paix a no- — tre Pere commun Onxonztis. A -Le Comte de Frontenac écouta ce Chef . avec beaucoup de tranquilité , mais com- me il vit qu'il ne faifoit pas mention de ea oh Oe A it oe eae i a ’ Mh? >: 2 & Marimes des Iroquois. 235 nos Alliez , il luidemanda s’il ne vouleit ~ pasles y comprendre 2 il fe rrouvad’abord un peu embaraffe, Aprés avoir confulté - avec les autres Chefs il répondit , que _ quand il avoit remercié la Chaudiere que — Onentio avoit fufpendué , il avoir préten- du que ce n’étoit pas feulement celle des _Frangois , mais celle de tous fes Alliez: — cette réponfe parut ambigue. Le Pere Bruyas qui entend parfairement bien I’I- -roquois , lui dit de la partdu Comte de Frontenac, qu il étoit en peine de ce qu il pouvoit répondte a fes enfans les Hurons,. - Outaouaks , Miamis, Iflinois & autres fes Alliez qu'il voyoit prefens , ne fachant pas encore précifement la penf{ee des trois autres Nations Iroquoifes qui nctoient — pas déecenducs, | Cette repartie inopinée confterna au- tant ces Députez quelle réjoiiit tous les Sauvages Alliez qui étoient a ce Confeil. ~Quelles acclamations. & quel bruit n’en- tendit-on pas en ce moment,a peu prés,,. _Madame,comme celui d’un écho, qui par une agitation fucceflive retentit dans une forét ; ot femblable a celui qui raifonne dans un Auditoire, lors qu’un Orateur qui. ‘Hate agreablement V’oreille de ceux.qui _Fécoutent, fe voit en méme temps aplau- di d'un chacnn. C’en. fut aflez aux Sau. / fee ~ 236 Hiftire ee Meurs vages Alliez pour étre perfuadez qu ‘on le eftimoit , & que leur Pere commun ne vouloit pas les abandonner., Le Comte de Frontenae accepta le pre- , mier Collier , par lequel-il les remercioig” des treize prifonniers quils avoient rame- nez , auquel il differa de répondre. 1 leur’ foutt Has gré d'avoir precedé les Onnonta- guez, es Onneyouts , & les Aniez , leur iftine la liberté de s’en retourner ‘dane peu de jours, ou dattendre les Deputez des trois autres Nations qu "ils difoient de- voir décendre.-Il leur remit les autres Cole fiers qu’il ne voulut recevoir ,ne pouvane détruire cette grande Ch» adiate qu'il te- noit fufpendué , que les cinq Nations ne’ vinflent unanimement lui demander une Paix generale en laquelle tous fes Alliez fuflent compris. | Le refte du jour fe pafla en Fettin ; nos Alliez commencerent a bannir route in= quietude de leur efpric, ne fongeantr plus qu’a obeir au Comre de Frontenac , & fe repofant entierement fur lui : il rrouvera,. difoient-ils , les moyens de ne pas fe laif-_ fer tromper. par leurs déguifemens , puif— que il s’eft apercd de leur peade fi fincerité. i _ Aprés que l’on fe fur bien rejoiti pen-— dant deux jours, le Comte de Frontenac tint un autre Confeil , ou affifterent leg _— * ¢é Maximes des Se B37 _mtones perfonnes qui étoient au préce- dent. Toute l’aflemblée fit filence, & un ~chacun jettoit les yeux fur lui lorfqu’ il | _¢ommengi f parler ainfi, _ Ahes Enfans les Goyogouens oe Tfonnon- _ tonans » je vows témoignas at ya deux jours. la joye que javots de vous voir ict : j at perm «. tae chofé a ajouter a ce que je vous at dit aeeur lors , je fuss bien asfé de vous voir dans Les bons fentimens de la Paix » vous me le faites paroitre par la pontlaalité avec la- guelle vous vous étes rendus ice dans lé temps que je vons avors marque par The-. ganifforens » en farvant encela les confeils de mon fils Aurionaé , en qui vous ne fauriez, prendre trop de confiance, r'ylar marquer Affex Veftime @ la conftderation que vous aver confervee pour lui» parce quecejr nv’ bon efprit qui ne veut que votre conferva~ tion, & quiconnoit bien que la Paix feule | peut vous garestir des malheurs que vous he pourrier éviter fi vous faivicxles pers Aicienx confeils des Anglos. Vous ne devex, donc pas douter que je # aye rech avec plaifir les branches de Por- elaine que vous m aver, prefente pour me _ «atboucher la gorge ; je Vas libre @ Vawras | toujours » c'eft pour vous rémosgner que ja _ fats dans ces fentimens que je re ponds par ces-trois branches de Porcelaine a celles que a recn de vows. 235 Hiftoire des Aféurs at ] ai accepté avec encore plus de plaifiy _ be Collier que vous m avez, prefenté pour be renvor de mes prifonniers, y en ayant un Confiderable ponr qui j'avois bien de laf fection & del eltime 5 je furs bien atfe gue Vous wm avexXdonné cette marque d abeifjan- 6, F Cet pour vous en remercier que je Vous donne ce Collier. : 4 —— Jaurots bien foubairé pouvoir répondré — & Vos autres Colliers » mais vous voyer bien qu il n'y auroit pas eh de prudence de le favre » voyant gue vous ne vous eres pas ex~ pligque affex clairement fur la Paix que je defire que vous fafiex avec les Nations Sanvages qui me font Alliées. Vous jugers aifement comme enx qu il faudrott que Jeuf- fe perdu Vefprit fi j’y avois réponde purfe que les trois Nations Iroguoifes ne font pas décendus dans le temps preferit, & qu elles font allées prendre confer] de l’ Anglais : if 7€ manguera pas de les détouruer de faire la Paix avec nous: ce fera le manvais é, et. de fes avis ordinaires » G il continuera de _ les leur donner ainft qu'il a fait par le paf- fé. je ne puis demeurer dans I’ inattion de mon coté n'y vetenir mes AllieX, pendant “gue Len délibere pent-étre quelque chofe a — Orange contre mot» on vous entrainera mal- gré vous dans les memes fentimens > quok que vous men ayex témorgne le contraire ay dn = | - ¢ M aximes bah Srey 339 par la conduite que vous aver rene a la parmarche que vous aver, fattee “Je vous déclare done gue je ne puts d'a- “wantage fofpendre cette grande C baudiere gue vous avez, vouin brifer & jetter dans le fond de la terre avec vos haches » je dis Ames Alliez que vous voyer, ict de contin _ puer la guerre » ce elle ne fintra point que Yous ne veniex, tous enfemble demander la Paix fe Voussy manguer, tl me fera aifé de connvitre gue vous vagif[er, point de bonne fat oe que toutes les “‘démarches que Vous aver, faites wont ele que pour mde mufers vous voyex, que jar le ceur net s : qui parle libvement » CF je nas pas def~ ve de vous tromper. Les Goyogouens voulurent eunbaraller Aes Outaouaxs par un reproche qu ils leur firent fur le champ, les accufant d’avoir el avec eux des Pourparlers de Paix fans la participation d’Oxontio, Vous avez, tort » continna-tl » de blamer tes Ouraonuaks @ avoir été chez, vous » cet wous qus leur avez envoye les premiers des Députez, avec des Colliers pour les fedui- Ye > leur difint que j avats abandonné les : Mi amis , cela eff faux s jeu en at jamais eu ila penfée » ils font du nombre de mes en~ faus, je les tiens fous ma procettion , il n’y gerd jamais de Paix qu ‘elle ne for ee | e¥ aoa 540 Fisftorre des Meurs tous mes ek 5 on pour mos je leur {eae bon gre a Etre Venus ICL » comme vous les” woyex » tous Sexpliquer avec mor fur les Soupgons que vous leur avex pi donner: ils ont marque en cela Tobeiffance gu ils ont tonjours ene pour lear Pere » tls font venus entre Theganifforens 5 > CX & mot ce Prins temps» lenr pats eft plus eloigné d de ma ca ane que le votre, vos gens nen ont poiieg tant pas fait de méme. Il vous fera inutile dans la fuite de vous fe rviv de vos rufes ordinaires » voila tons mes enfans affemblex, us voyent comme je vous réponds »1ls connoiffent mon ceurs Vous ne pouver plus levr donner de me fiance de WHOL » agif[er donc de bonne fois ces Sabtia litez, qui vous ont été autrefors fi fi avantde geufes ne vous ferviront plus de rien, Le Rat, Chef des Hurons, le plus habile & le plus confiderable dis Nations denhaur, fe leva , & adreflant fa parole aux Goyogouens leur dit: Nous voila en refence de notre Pere, il ne faut rien Tai cacher , raconte done ce que porte les Colliers que tu nous as adreflez & aux Ou. raouaks , c’eft toi qui as le Predete: en= Wwoye chez nous. Le Goyogouen fe trouva, Migana’ mn peu interdit a cette quettion ; ie ‘eo pondit avec affez dambiguité , iL 8 ’éleva vR ae a ee fi $. * cj te } 7 6 OM Asimes hes h roguois. ae oun grand bruit fourd patil toutes ces Nations, & ils ne plrent conveénir de leurs faits. I fe fit de grands reproches de part & d’autre fans que le Comte de Frontenac les interrompit. Comme a yoyoit que cela n’abouriffoit A aucun é-— clairciflement folide, il conelut en difant. aux Goyogouens, 7 «Se fe nétars pas un auffi ban Pere que je Bits je me vous aurais point dw tout écouté » puifque vous n etes pas revenus ich tons enfemble : il me relte pourtant encore de Vamitre pour vous » 7 at compaffion de vom sre mifere & je ne puis vous voir nuds : vous aver ufé le peu de hardes que les Ap glois peavent vous fournir pour me venir -tromver » GF ramener wies prifonmiers > je vous donne celles-ci pour vous conurir & puetre retour. — I leur fit en méme- “temps diftribuér a chacun une chemife, un capot, une cou- -verture, des Mirafles (bas ala Sauvage ) &¢ des hate. Ad ais je.vous réitere en- core une fors que je ne dsfcontinuerat point mes préparatifs de guerre jufques a ce que toutes les Nations Lreguoifes ayent execu- té mes dernieres paroles, & je ne faurets Vous promettre quils ne tournent point con~ tre Goyogouen & Tfonnontouan » a moms qike vous ne me déclariex, que vous vous Tome eae Y he (eae “ine E, Bats Aiiftcive det Dae ue Siparez, des autres Nations fi elles Spice continuer la guerre. Songer ace que je vous dis» & ne vous prener, qua vous meme de tous les malkeurs. qua pourront vous arrin wer dans la faste 3 sceft vorre Pere qui vous parle, il aura toujours les bras ouverts pour if wous recevosr Fabs: vONs agire fi noe — 4 Po Lh ¥ fe cet rement, 3 i Vous pouver, vous en retourner vous anol tyes Députez, en toute furete » fi vous vou lex, méme je vous donnerar de ma jeuneffe pour vous efcorter julqu aw lac faint Fran-— gos. A Pégard des otages que Thegamiffo- — rens ma laiffé au nom des cing Nations » : | je les retvens jufques a ce que jaye de fes nouvelles » je les affure. gue je ne leur fe= 4 ra pot ae mal quand la guerre recommen= ecrott » je ne veux port de pareils prifon—— piers» ne me fers point de femblables a- vantages , je les feras pour lors retourner en toute fureté en lenr pais : fe Fenviem en i prend je fanrar bien en aller chercher ak yoiliew des Villages , prenex, donc garde a: vous fr je recommence la guerre » je mettrag sons les prifounters a la Chandsere. — : Les Ouraouaxs qui éroient outrez des” xeproches injuftes que l'on venoit de leur faire, fe crouverent fi piquez que le Rat fe celeva encore une feconde fois, & dit. f fai ecoute ‘tes peers Coyne & Ses ee a & Tepes des Troquvis. iA 4 Tfonrontouan , voila qui es bien que ta. fois venu trouver nétre Pere Onontio. Tu "as entendu fa voix, tu vois ici tous fes en- - fans les Hurons , “Ontaouaks, Miamis , Iflinois, & tu ehiinols prefentement com- me eux "fea fentimens,il veut bien. revoir “encore ici les Iroquois , pourvié quils lui -ramenent fes néveux qui font prifonniers parmi etx, tant Francois, Hurons , Ou- ms & autres fes Alliez, je nae eX~ _horte done parce Collier,vous ; Goyogouent -& Tfonnontouan , de donner de Vefprit aux trois autres. Nations froquoifes , & de P P faire en forte qu'ils viennentinceflamment | écouter la voix de leur Pere, & qu ils exe- " cutent les paroles qu'ils lai ont donnces, I: vous declare moi, tant au nom de fonontatherénon, st & eile pomdu Chee -fucceffif de tous les Hurons }qu’a celui _ de toutes ces autres Nations « que vous vo=_ eycz, que nous n‘avons d’autre volonté que’ celle de ndtre Pere, sil veut que neus fa. -fions la Paix nous la ferons ;. s'il nous or- donne de faire la guerre, hous Tos wake | ~ querons notre obeiffance en marchant ine _ cellamment. : | “Les Abenaguis ne difoient mot jufques. “alors, ils avoient écouré fort paifiblement “toutes ces conteftations , ils Eseres Gee 4 2 s" ennuyer de etre {pectateurs , lorfqu’ils © es Y 2 74 3 | Hiffoine aes Me ayes Se prefenterent en pleine Audience pene a chevelures Angloifes. Pour nous dirent. ils, nous allons continuér une forte guer~ re conuesee Anglois. a Cette Audience fe termina, Madani, 7 avec un aplaudiffement general de tout law monde, & on laiffa la liberré aux Dépu- Tez Goyogouens de's’en retourner quand ~ bon leur fembleroit ;. ce qu’ils firent ak bout de cing jours. *» Le Comte de Frontenac qui nie efi P roit que le repos & la fatisfaction de tous — fes Alliez fongea apres a les renvoyer ;_ mais auparavant que de les laiffer partic Ke ; il affembla encore un Confeil exprés pour eux, off toutce quiil y avoit de perfon=— ; nes. de diftinétion s’y trouverent, = Ades enfans, leur dit-ils je crot que VOUS étes perfuadex de mes intentions, & que~ vous connoif[er prefentement que vos. ree vets me font chers par la réponfe que j ae faste ane envoyex Goyogouens. Tous veg vit que jay refuse les Collsers qwis none prefince » & que je leur av dit que je me ferois point la Paix aveo etx que Vous n v Suffiex compris » & que je ne voye toutes les: ¢ Nations me la venir demander. je dois _wous avoir oté toute la défiance que les i Anglois , Loaps & Iroquots avoient voulw — yous donner , @& dnfgnes ace remps-la ing P \ é uw aximes des Frriidois. 245 ferai mes préparatifs pour le Printemps, — Je vous exhorte done mes enfans de faire des Partis fur notre ennem: commun anffi- tor que vous fever de retour cher vons > er que vous nalliex pont chez, les- Stour ny cher les Okages ; qui font Alliex, des A flinoss ; s comme j as apris quevous en aver — envie 5 & au contraire que vous tourniez, toutes vos armes contre | Iroquois » comme je ferat de mon coté » jufqu'a ce que je “vous faffe favor quils fovent Venus tout i de bon me demander la Paix. ; Je vous {ay bon gré de vous etre ren= des ici en plus grand nombre que vous ny “étiex, encore venus pour écouter ma voix; eet une marque de lobeiffance que vous “avex pour votre Pere. fe ne veux pas vous Taiffer partir fans vous douner des marques ode la farisfathion que jar de vous » & je . faits ces prefens. _Il fir donner a chacun des Chefs qui fe “egrouverent au nombre de trente-cings, uit folil , dix livres de pondre, quinze livres de bales , fix livres de tabac , deux che- miles, han capot, ane couverture, & deux | “hacks, " L’on fir quelques jours apres le Feftia Lie guerre , l’on croiroit manguer a la - Ceremonie & lon n'y faifoit botillir des Pe que les Sauvages mangent avec . § : 246 Hiftoire des Meours- _ délices. L’on chanta auffi la chanfon de ~ guerre, dans laquelle un chacun le Cafles tere a la main, rapella les aGions quik avoit faites , ou fe forma des idées de ven- geance contre les ennemis communs. Le _ Sauvage eft naturellementd’un grand fleg~ ee f -me, il faut quelque chofe pour l’animer,, — Vefperance feule qu'il a de porter le fer & le feu quelque part, découvre en mé-~ me temps les fentimens de fon ceeur.. Tous ces Alliez's’en retournerent chez eux, comblez des bien-faits quils rega- rent encore pendant leur fejour, & fort” contens de l’affurance qu’on leur avoit” donnée de les comprendre dans la Paix _generale.. oe : 4 4 Sead Ay - Le Comte de Frontenac regut deux” jours apres des nouvelles de Lacadie par faint Caftin & M. Thuri Prétre, Mifion-— naire de Panaouamsket ; ce dernier lui fie favoir que le fameux Taxons dont je vous © ai déja parle ,. s'érant fepare de Villicu avoit pris ou tué quarante deux Anglois. — _ Le General Phips qui avoit cru la Paix” generale avec les Abenaguis > he sima- — ginoit pas qui y eur des Chefs particu liers dont les Villages n’avoient point” participé a cette Alliance , tout €toit dong fort tranquile parmi les Anglois lorfque: ce Chef Abenagui vine fondre rout-an — & Masximes des Iroguots, 247 _ coup proche de Bafton. Le. Peuple fur fi _effraye de cette irruption, que fice Ge. neral n’eut promis de le venger a fes pro- pres frais, il edt courn rifque de la vie. Il ‘manda aux Abenaguis qu’ils euffent a le ' fatisfaire dans vingt jours fur lirruption ~ quiils avoient faite nonobftant la Paix , & ~ far tout delui remettre deux de leurs gens qui avoient été reconnus dans ce méme Parti : que s‘ils y manquoient il ne dou- - teroit plus qu’ils:ne fuffent les Auteurs de - etre rupture , & qu'il ctoit a Pemxuit , _ pour sen venger inceflamment. Les Abe- _haguis fe trouverent fort embaraffez. _ V’erat dans lequel ils alloient érge réduits leur donnoit a refléchir fur les faniles dé- marches que quelques-uns de leur Nation _avoient faites, D’un cété l’affection qu’ils _ avoient pour les Francois , & de l’autre Paverfion qu’ils nourrifloient dans leur _ eceur contre les Anglois les déterminoient _améprifer toutes leurs menaces. Les Abenaguis fe flatoient depuis long- temps qu'on leur envoyeroit de France du fecours par mer : Les Vailleaux ce- _ pendant ne faifoient que paroitre a la ri- -viere faint Jean, & faifoient voile avec Ta méme précipitation. Les prefens-qu’on _ fleur envoyoit ordinairement, ne venoient— pas; ce gui leur tenoit fortacour. Quelle 2z 53 ‘Hiftvire des Mt eure efperance pouvoient - ils done avoir di coré du Canada. Ils favoient ae “par ies Loups que toutes ces Ambaflades _ des Iroquois n’étoient que des amufemens — pour abufer les Francois , ainfi qu'il falloi¢ foutenir une es & crvelle gupETe deo toutes parts. k | Aprés toutes ces reflexions leur deffein | ctoit de témoigner au General Phips qu’ils_ n’avoient efi aucune part dans I’ entreprifé qui sétoit faire par Taxon. Cet ave © ‘nveut pas été fore avantageux aux Cana- _diens qui fe voyoient menacez a tout moment des Anglois, & qui fe fioient pea 4 ala probite des Iroquois. -~Monfieur Thary fit revenir iw fenfibles ; ment ces Efprits chancelans. Quand on les edit, um peu remis dans leur affiete or- © dinaire , ils réfolurenr dene faire aucune” réponfe : ‘ils s’attacherent a faire leur re- colte, a ramaffer le grain, & fe prépae rerent A fe retirer dans la profondeur des» bois avee leurs Familles , pour crre: hors de V'infulte de leurs ennemis. a ’ Le Pere Milet qui avoit été pris en mil fix cens quatre-vingt neuf au Fort. 4 Frontenac par les Iroquois , atriva enfin © A Quebec, il précedoit Tareha qui éroit — Chef de la députation des Onneyouts , il | croit chargé de Colliers de la sai ‘des nee mn at Ie eS 5 Pre = = Re ee See ee ed Bi : ‘ai aie ‘iia See SO a uaee . . aes cae ee il . ae at 5 4 i é Abssiors des Rie: 259° Nations Iroquoifes , principalement des Fak “Onnontaguez. Il edt une Audience pu- blique; il prefenta d’abord trois branches de Porcelaine , s’expli quant en trois paro- | les... J’efluye vos larmes mon Pere Onoztio “par cette premiere branche, Par la fe-. ‘conde je vous netoye la gorge, & pat la ‘troifiéme je vous débouehe les orcilles. _ Jonfeaire qui avoit été fort long temps — parmi les Tfonnontouans, s‘éroit aG bien infinué dans leur efprit , qu ‘ils le regarde- rent dans la fuite comme le plus fidele de deurs amis, & comme un homme qu’étoir naturalifé ‘parmi eux ; ils eurent tant de ‘confiance en lui que ‘les Tfonnontouans mirent leurs propres inteccts entre fes . ‘mains , & le choifirent pout le Chef de Teur députation , & voici de quelle ma- niere il parla au Comte de Frontenac en tui prefentant trois. paquets de cing. lou- ‘wes chacun. — Premitr Paquet. ‘ - Je vous fais ce prefent, mon Pere , de a part des trois Chefs des deux Villages des Tfonnonrouans , Gayaraouagon , Gariotario’, & Sagotiarakon , pour vous dire que nous embraffons la Paix. SEcoRND PAQUET. | Vos Alliez m’ont tué, je ne me fuis pas defendu » Patce que jai dit are ie voulois 2sz FF iftaire des weirs SS difcernet le Bie de leurs Courtifans “mais in Monarque anffi penetrant & auf. fi judicieux que Loiiis le Grand , dévelope a vite d’ceil ceux qui ne l’aiment que pour. fa Perfonne, Le choix que Sa Majelté a fait de vous, Monfieur , en vous approm chant de fi prés $de luien * ett une preuve, Yon peur « dire que vous étes un Couritadl fort poli; mais toute cette politeffe eft ac = compagnce d’un amour parfait pour le Rei. Vous l’aimez fans déguifement Se fans interét , feulement parce qu'il eft bon & quil eft, digne du coeur de toute la> France , vrai caraétere d’un— Courtifan qui ne cherche que la gloire de fon Prin- ce, & quin’a d’autre occupation que de Jui faire connoicre fa fdelite. & fon. atta : dont l’expedition paroiffoit plus aifée , mais comme les chofes d’éclat ne fe peu- | vent faire fans que la renommée le fafTe Fetentir de toutes parts , un Efclave Anié qui en edt connoiflance ne manqua pag de fe fauver, qui en donnal avis; de fore te que ce grand projet avorta encore, : Ce 17étoit pas l’embarras off l’on auroigt pu érre de fe battre contre cette Nation & Yes Anglois qui nous auroient attendus de. pied ferme; mais. les mauvais temps qui 4 continuoient toujours ne purent permertre : de faire une fi longue traite, ~ Comme |’on ne vouloit pas étre dans [inaction |’on détacha trois cens hommes d’élite qui marcherent du cétéde la langue de terre , entre la riviere des Outaouaks & celle des Iroquois, lieu ordinaire of ces derniers viennent faire leur chaffe, -Louvigni qui commandoit ce Parti fur , arrete dans {a marche par une nége qui dura treize jouts. Le Chevalier de Callie- : res en ayant é¢é averti lui envoya ul prompt Lecoats de’ vivres pour fupléer 4 peux qui avoient déja ¢cré confommez. ’ L’on continua la route jufques a la ri-” qisre de Gananonkout + he Hence di Ferm e M animes des I roquors. 245 ‘Frontenac , lon y remarqua. de vieilles - piltes. Louvigni jugea a propos de ne détacher que des Sauvages pout les fuivre, & d’attendre avec les Frangois le retour de ceux quil avoit envoyez au Fort pour | en aprendre des nouvelles. Ceux-ci aprés fept jours de marche , tomberent le foir fur une cabane, -dans laquelle ils trouve-_ rent trois hommes endormis qu ‘ils firene prifonniers. Ils en prirent le lendemain a midi deux autres , & le foir ils en trouve- ‘rent encore une , ov il n’ y avoit qu'un homme, une femme., & un jeune hom-. me, qu ‘ils prirent aprés quelque refittan- ce. ‘Je ne parle pas de trois de la méme Gabane qui furent tuez a la chafle, apres s‘étre défendus en braves, gens. Quatre : de ces Onnontaguez pafferent mal leur temps a leur arrivée a Montreal; car il ny cut pas moyen de les gacantir d’étre brilez. : ~~ Tiothariron Chef de Ja Montagne edie en partage deux Tfonnontouans , dont. Van fe trouvoit heureufement fon Neveu, & autre qui éroit Petit fils du fameux, Garagontier, ‘Chef des Onnontaguez, qui avoit toiijours éré fort affedtionné aux: Francois , fut donné aux Sauvages du Saut. Ceux de Lorette gui avoient éte de ce Parti eurent aufli une Fem me. Loux Ase Hiftoire des Meéurs oa ¥igni auroit ponffe plus loin fi: les” bois 3 qui avoient fepr pieds de néges , avoient| pa erre praticables. La difette des vivres €toit d'ailleurs un trop grand obftacle - pour y refifter plus long-tems. | Le Chevalier de Crifaff mourut a peu’ prés dans le méme-temps.- I] étoit non- {eulement recommandable par fa naiflan- ‘ce ,mais fon merite perfonel , joint a fae 3 valeur & a une prudence solitenine: and joutoit encore un autre luftre a ce que la Nature lui avoit accordé. L’on aprenoit — de temps en temps des nouvelles de nos’ Pactifans. L’on aporta deux chevelures: d’un Anié & d’un Anglois pris proche d’O- — range. Ce Parti qui ctoit des Sauvages du Saut , dit que les Aniez s’étoient retirez. a dans leurs Forts , dans l’aprehenfron que’ nous n’allafitons les tefifter. Deux autres: -prifonniers de la meme Nation , qui arri- — verent deux jours apres, déclarerent que’ des Onnontaguez, Goyogouens & Onne-~ youts , devoient venir au mois de Mai en® fort grand nombre vous pbk iy pendant) les femences. 4 ‘Icothariron quiavoit tue trois Anglois,. | pris Corlard & amenéun prifonnier avec loi, fut dérourné du deflein qu'il avoit fur Ie village des Aniez , parla defertion d’un _ de fes gens. Lon fet du moins que les be Abaxines des Iroquois . 257 “Anglois & les Iroquois fe tenoient extré=_ mément fur leur garde. Ceux ci deman- doient du fecours aux premiers en cas, d’accident , & ceux-1a qui étoient aflez -embaraflez d’eux-mémes , firent réponfe quiils ne pouvoient prendre trop de pré- caution pour sen garantit. Enfin deux Au hiez qui s’etoient détachez de leurs cama- rades furent pris auprés du Saut, & a= yoient enlevé deux Francoisala Chenaye, proche de Montreal, & bleflé un autre a. Longueil. _ Pendant que nos Sauvages de ces quar- tiers €toient occupez , nos Abenaguis agif- foient , Monfieur, avec affez de fermeté de leur cote contre les Anglois: Lon avoit projetté de faire un échange’ de prifonniers de part 8 d’autre. Saint Gartin devoit fe charger dela part du Comte de Frontenac de cette négociations. quelques Francois devoient porter au general de Bafton les Lettres ,. mais com- me ils ne parent l’executer , L on fut obligé de fe fervir de Sauvages, qui en rendirent une que les’prifonniers Anglois: écrivoient au Commandant du Fort de Pemkuit. Ce- hit ci n’etit pas: la bonne Foi que l’on doig cir quand il s’agit du droit des gens. IE jes attira infenfiblement fous le feude fon’ Fort , fous prétexte de leur offtic ce qui % ask - Hiftoire des M1 weurs leur feroit neceffaire pour la traite. Taxon Chef confidetable donna effes Stivement dans le paneau , quelque res montrance qu ‘on lui eut faite far les in-? | conveniens ot le feroit tomber fon incrée dalité , il fe fepara des fiens, fe retirane’ dans les bois avec le plus de sens qui pic amener, pour pouvoic profirer de cette offre qu’ on leur faifoit. Ils y traiterent a la verite pail blement” pendant quelques jours 5 ; mais lorfque les Anglois virent les principaux Chefs fous Te feu de la moufqueterie, ils firent tout. a-coup une décharge. Edzermet, fameux Chef & fon fils,furent d’abord tuez a COUpS de piftolet. Taxon fut lui-méme {aif par@ trois Soldats & quelques autres de méme ¢: les uns farent entratnez dans le Fort , d'autres: qui n’avoient point d’armes re battoient a coups de cotiteaux , & ruérent quatre Anglois. D'un cote la moufquete- | rie en jettoic par terre & de l’autre on fe) débaraffoit le mieux que l’on pouvoit. Ta-° xon fur dere yeish a: fecouru pat un des” fiens , & poignarda de fon colteau deux” Anglois. Quelques Mixmaxs & d’autres Sauvac h ges informez de cette fourberie, fe jer terent dans des Ifles vis-A-vis le Fort , be furprirent 1 un détachement-de la Garnifon % » G& Maxvmes des Iroquois. § 259 de Pemkuir, dont ils tuérent vingt. trois’ hommes. L’on fit un petit armement pour croifer vers la Nouvelle Angleterre; Pon détacha pour cet effet deux Soldats ’ par Compagnie pour s’embarquer fur un Brigantin & une Fregate, que montoit de Ja Valliere Capitaine des Gardes du Com- ‘tede Frontenac, © © | Peu de temps aprés la partance de ces Vaifleaux l’on fongea a cette grande chau- dicre ( pour me fervir des termes de nos Sauvages ) qui avoit éré tant fouhaité de nos Alliez. Quelques Ambafladeurs que les Iroquois euffent envoyez pour traiter de Paix , quelques proteftations d’amitié & dalliance qu’ils vouluffent faire avec - nous , & quelque bienveillance que le Comte de Frontenac put conferver pour les Peuples qu'il regardoit comme fes en- - fans, illeur fallut cependant fulpendre fes fentimens de Pere. La douceur ayant été gofques-la inutile , il falloit donc prendre d'autres voyes plus efficaces. L’occafion éroit favorable , la fituation du Fort Fron tenac engageoit ane pas differer davanta- ge cette réfolution. as. I] pourroit étre un afile pour les ma- Jades de l’armée ; les vivres & les muni- tions de guerre y auroient été en abon- dance, c’étoit un entrepét; les préparas x60. — Fiftoive des Af wurs tifsde guerre.a quil’on avoit pourvu pen? dant l’Hiver , toutce qui ¢toit en un mot: heceflaire pour une expedition de cette confequence fut prérdansle mois de Juin, — La milice du Gouvernement de Quebec ,, les Abenaguis du Saut ,- de la: Ghaudiere , & les Huronsde Lorette , pattirent en bon ordre pour Montreal ott ils fe rendirent le vingt- deux du mois. Il arriva trois jours apres des nouvelles de Michilimaxinax , qui nous informerent- de — patie cularitez. : La plipart des Nations'de ces quartiers,: dt moins les Hurons , ennuyez de prendre’ nos interéts, regirent agreablement les Députez des Iroquois. La politique de eeux-ci quine fe rebutoient-point de nuls- _ obftacles qui farvenoient. dans toutes leurs: tentives fut fi grande qu’ils s'infinuérent: adroitement dans efprit de plufieurs de: nos Alliez, qui jufqu’alors aveient fait pas roitre beaucoup d’empreffement, pour nos: interéts , ils commencerent. a teniz leurs. Gonfeils en feerer fans le communtiquer au Commandant de Michilimaxinax , & ils recevoient les Colliers des Iroquois.. La. paix méme étoit prefque conclué , jufques-la quils envoyerent aux Iroquois un Calumet de- pierre rouge d’une beauré & d'une eeitcut extraordinaire ,, par ie ~ & AMaxines des wteiaan 261 quel tous les Ouraouaks invitoient les: cing Nations de fumer dans ce méme Ca- lumet, & en fumante de fe refaire |’ e{prit &des ‘(ister que Michilimakinax & leurs‘ Alliez fe fouviendront du Collier d’Amix, qu ‘ils n’oudlient pas de leur cdzé que ont prefent neleur eft pas fait en vain, . Onafxé Chef des Kifkakons donna une’ idée de ce Collier, il dit que les Anglois ¥étoient fervis , Monfieur , de la voye de Piro quois pour mettre la divifion chez nos amis les Frangois. Ce Collier invite , dit parse 4 manger de la viande * ae che, & je vois qu "au depart de ces Depus tez toutes les Nations s'y accordent ; ce- pendant tu peux compter quils me man= geront aufl. Ces Sauvages qui avoient aporté les now velles 4 Montreal , donnerent encore a: Feur retour un rude échec a nos affaires. Us publierent ane tous les Francois oe foient morts , que le fleuve faint Laurent étoit bouché , & que nous n‘ofions parol. tre fur le grand Lac, T que nous n’avions ny vin, nm yeau de-vie,n 'y aucunes mar- chandifes , & quwils n ‘agoient pas méme bu, ce qui les chagrinoit le plus ; fi un’ Francois qui aportoit en meéme- temps des Lettres du Comte de Frontenac aun’ ¥ Lei Francoige §=— $-—-L’Oceani $04 Hiftotie ba Meurs Gommandant de Michilimaxinax , ny ett détrompe nos Alliez des faux raports de ~ eeux-ci, je crois que toutes les affaires’ aurdieae éré dans un pitoyable état. Il fit valoir le coup que fie Vannée paf- — fée la Durantaye fur les Iroquois aulac Champlain ; l’on fe fervit de toutes fortes” de moyens pour faire revenir ces efprits Chancelans, Il leur offric de leur donner ce qui reftoic de marchandifes dans les’ Magafins de Michilimakinak au meme prix que l’on avoit accottumé y meme a” crédit ; dans Patrente de nos Vailleanx que l’on difoit etre retardez par les vents contraires : linterét feul animoit ces Penal : ples, & lembarras ot l’on étoit de fatis= tice & lear paffion nous expofoir a de cruelles difgraces ; car enfin dés que ces” Nations quitteront nos interéts ce fera une cataftrophe dans le Canada. Ils en font le’ fotitien & Te bouclier , ce font eux qui tiennent les Iroquois'en bride dans tous’ leurs partis de Chafle quils font obligez de faire hors de cliez eux pour pouvoir’ 3 fubfifter, Bien plus ils portent jufques: dans le centre de leur pais le fer & le feu. : .’on adoucit donc un peu ces efprits é& branlez., & l’on tint un Confeil General. Voici a pew. prés, Monfieur, les expref=_ fions dont fe fervit le Gommandant, aus ie & Maximes des Iroquoss. 263 opine que mon idée me peut le fournir, § — Mes Freres il ya eu de tout temps deg -enfans rebelles , & de tout temps l’on ~en avi qui ont reci avec joye la voix de leur Pete. La mifiance a gaté le cceur de _ quelques-uns de vous ; mais plufeurs ong _demeuré fermes & ne fe font point ébrans | lez ; je vois votre penfée, ceften vain que wous fongiez a me la déguifer. ) Je parle done a cevx-qui ont le cour chancelant 8¢ qui ont crd-que le Gouvere neur vouloit conclure la Paix pour lui feul, fans que tous fes Enfans y fullent genera. dement compris ; quils faffent reflexion 2 tout ce qui s‘eft fait , & rejetrent les maur vais defleins que des ‘elprits mal faits leur ont fait prendre ; voyez avec quelle furie il frape & fe bat aujourd’hui, il a jetré fon corps & ne veut plus ¢ écouter les Iro- quois , les mefures font prifes pour les dé- truire entierement. Regardez avec joye ce Katharakoni ; (Fort Frontenac ) elt la grande chaudie- ‘re oul toute la terre ira prendre ce qui fera -neceflaire pour fouicenir la guerre jafques ‘a la fin, Ne vous impatientez pas , cette chaudiere n’eft pas encore cuite, elle le fera bien-t6t, pour lors Oxontro invitera tous fes Sata au Feftin , & ils y trouve. gont dequoi fe raflafier. Les pleurs & Jeg — ; y S64 | Aiftowe des Meurs. fotimiffions de l'Iroquois ne feront plug; recs. ils ont comblé la mefure, la pa- tiénce du Pere commun eft a bout, leur perte eft inévitable. Le fidele Ouafxé pric la parole. Mes freres , jentens ce que’ mon Pere me dit; il fe bar, il n' abandon. ne point les Iroquois, je le veux imiter, ceux qui ne voudront pas me fuivre n’ont qua demeurer paifibles fur leur natte, il eft inutile que vous fongiez a rompre mon deffein , je veux l’executer au peril de ma wie ; j aide la jeuneffe qui ne me quittera point. Je ne prefle perfonne de me fuivre, chacun fafle comme “il -l’entendra , & > gquon me laiffe faire. on La Groffe Téte, le plus confiderable de toutes les Nations, parla auffi. Mon Pere, je vois quiil y a long-temps que tu prens du chagrin de notre mauvaife conduite, jen ai fouffert comme toi fans t’en rien dire ; mais il eft temps de te delafler; je te dis hautement & je ne m’en cache’ plus, que fi jai trempé en quelque maniere dans la Paix qui vous a ¢té propoféeg’a été fans deflein, pendant que les Iroquois é-" goient ici. Tu as pa voir que mon fils Mikinak en pleuroit : il ne s’eft point” peigné du dépir; tu lui vas voir le vifage mataché , & les cheveux rafraichis. Son” egur eft guai; il entend Ja guerre, aint que & Maximes des Troguis. aes que tu le fouhaite , c’eft ma penfee, c’e © fa fienne. Qui eft celui de cette terre qui ~ame regardera, & qui pourra trouver mau- vais ce que je ferai. - Perfonne n’ofa les contredire dans cette Affemblée ; mais l’on joiia toutes fortes de refforts pour les détourner de leur en- - treprife. L’on ett beau offrir quantité de prefens a Ouafxé, rien ne put le fléchir ; fa Nation méme faifoit ce qu'elle pouvoir pour l’en éloigner , & malgré qu’on lui etir coupe fes canots la nuic, il partic & alla joindre Mikimak au detroit. : L’on pouvoir dire ,Monfieur , que ce Chef étoit veritablemenrde nos amis ; fon voyage eut tout le fucceés pofftble. En éfers les Iroquois qui chaffoient fort paifible- ment pendant l’Hiver, furenr dans une grande intelligence avec les Hurons & des Outaouaxs , le Commerce fut libre entr’eux dans les bois, ils éroient devenus Jes Commiflionaires des Anglois qui pro- . fiterent affez maldu retour de leur effet: ceux-ci fe fervirentde cette grande union aprés laquelle elles avoient fait tant de, démarches, Oueouiramex , Chef des Pou- feouatemis partit ci-apres pour venir en guerre. Ils fe rencontrerent tous deux & goignirent leurs armes. Les Hurons don- nerent auffi - tor avis aux Iroquois du dé. ~Zome Lf. ce ee a ” %66 Hiftowe des AL weurs | part d’Gualké ; ils plierent bagage, mais Quafxé fit une tele diligence gone & Nuic: qu'il les atrapa. L’attaque fut fi rigoureufe qu’ aprés un combat fort opiniatré de part & d’autre , ‘da plipart des Iroquois fe jetterent aI’ eau, dont il fe noya quarante guerriers , Ouat.. «xé! enleva trente chevelures , fic. trente; prifonniers , profita d’un phan denviron — €ing cens rites de Caftor ; ce qui pouvoir monter a quinze mille case fans com- pter plufieurs marchan difes gu "ils trouve= rent, & l’on fit main bafle fur quelques Harons qui avoient fuivi les Iroquois. Ce coup fut d’autant plus: confiderable qwil tompit entierement les commence. mens de Paix entre les Iroquois. & ces Na- tions alliées- Ouafxé fit prefent a fon re- tour de ces Chevelures, & fans affeGrer de chercher les aplaudiflemens que l’on peur donner dans fes momens Aun guerrier, - il fe contenta de dire ces paroles. Jenete ~ _ dirai point (en parlantau Commandant de . Michilimaxinak ) ce que j'ai fait, les Fran- gois qui ont hiverné au Saguinan, ten ong informé ; je croi que tu {cais qu’on m’alié les bras, les jambes & le milieudu corps, qu ona pendu des chaudieres & des fufils pour m/arréter , jai paflé pat deflus tour, ie. pai ecoute , mon Peet jai fair t ta. vo= i) \ > asinis des Teal 167 Yoned. jai accompli ta parole; tiens- mdi je te prie celle que tu m ’as donnée, fats Boire de l’eau-de-vie aux guertiers , ; “je m’y fuis engage , je n’en veux pas gouter , je leur en ai promis ; ‘ils ont fait ce que tu fouhaitois, ils ne t’ont point menti, ifs ont tué les Guetriers | ne leurs ments pas’, fais les boire. Je croi, Monfieur » que la récompenfe alloit un pew trop fain ; les Jeluites n’en furent du moins pas contens, ‘La Mothe ayant apris que l’on faifoit 4 Montied! de grands preparatifs pour fai- re une expedition fur les Iroquois , vous Tutengager les Outaouaxs d’étre de la par- tie; illeur dit que le temps de cette grande ' @laddiéce qwils avoient fi fouvent deman- ~-dée étoit venu, illes invita par des Col Hers des’ y joindte’, quoique ‘le Comte de Frontenac ne lui marqua point un stand empreflement de les avoir. Quafké ré- pondit le premier qu ‘i acceptoit volontiers ce boiiillon que fon Pere vouloir lui faire _ boire; mais qu'il ne pouvoit Valler voir au Fort Frontenac , parce qu'il fe trouvoit . obligé de refaire Gi Fort pour mettre fes. femmes & fes enfans a couvert. Les at tres Chefs tépondirent dé méme, : ‘Quoique Ouafké & plufieurs autres ne purent donner leur parole pour faire la campagne d’Onnontague, ils ne laiflerent Aa x 268 = iiftaire des AL eurs Be pas de faire leurs brigues pour y envoyef 400.hommes ; mais il arriva un contre- temps qui renverfa ce projet. Kitchinapé’ Chef des Outaouaks du Sable, fitun parti de vingt hommes pouraller contre les Iro-" quois ; le Fils du Rat, fameux Chef Ou- taouaks y joignic. Aprés quelques jours de’ marche les Outaouaks rencontrerent un’ canot Huron dans lequel il y avoit un’ homme, deux jeunes gens’,-fept femmes _ ou enfans. Kitchinape revint a Michili-— makinak faifant trophee des Chevelures’ qu il aportoit ; comme firelles euffent éré’_ des Iroquois. Kes Hurons eurent foup-_ gon de ce coup, & envoyerent deux ca-_ nots pour s’en éclaircir. E’on tint un’ Confeil dans lequel l’on réfolut d’envoyer _ fix canots de laméme Nation ,& l’on pu- ~blia quils alloient chercher les ennemis ,; que l’on difoit étre proche. La Motte y fit joindre quatre-vingt-dix Outaodaks , 8 — vingt Frangois : l’on décowvrit le lieu o& Jes morts avoient ete enterrez & coupez par morceaux. Le reffentiment des Hu- rons éroit jufte, il y auroit ed’, Monfieur ,. de cruelles fuites fi les Outaouaks ne les — enflent apaifez par quantité de prefens qu’ ils leur frent. Ce contre-temps detour." na donc fes Peuples de fe trouver au Fort — Frontenac , joint aux vifions de quelques. _ Per i — . & Maximes des Iroquots. 269 ins d’entr’eux qui publierent dans leurs” Villages, que le mauvais temps qu'il fai - foit étoit ane marque que Je/#s ne vouloit — point qu’on allat en guerre: Il paroifloit fort extraordinaire que les Sauvages qui dnvoquent fi rarement ce Saint Nom, & ne l’ont en veneration que par caprice , sen ferviffent feulement pour autocifec leur peu d’affe&ion., 4, a | Jene m’arétera. point avous dire auffi ,. Monfieur , qt’une Fille de l’Ifle d’Orleans travettie en gargon, s ctoit. venué prefen- _ ter au Comte de Frontenac deux jours au- paravant fon départ de Quebec, ayant, difoit-elle, des nouvelles fort importantes - a lui commiuniquer fur les Anglots de Ba- ‘fton ,-d’oti elle venoit, Elle difoit avoir va’ arriver de cette Ville huie vaiffeaux de - guetre , dont quatre fans moiiiller croi- foient a lemboucheure du fleuve, dang Vattente de quarante a cinquante autres | quidevoienrarriver inceflamment a Que- bec ; que d'Iberville avoit été pris a la Baye d’Hudfon, & qu'elle avoit aidé ale brules a Bafton. Elle fodtenoit avec aflez de fermeté ce qu'elle avangoit; elle difoir - want de chofes qui avoient fi peu de vrais femblance qu'on l’examina de plus préss _ Pon s’apergit qu'elle croit Fille, & elle fur _ fulligée trois jours apres par la Ville. L’as % ie | ey aay 270 Hiftowe des Aleurs — | mour qu'elle avoit pour fon Amant qui €toit commande pour marcher lui fit peut- étre faire cette démarche indifcrete, __ ~. Les affaires des Outaouaks m’ont fair’ faire une digreffion fur la Campagne des: Onnontaguez. Tout étant prét , le Com. te de Frontenac fe rendit a la Chine le quatorziéme Juillet, d’ou l’armée partic le lendemain en ordre de bataille. ) La guerre fe fait ici d'une maniere fi — patticuliere, qu'il eft aflez difiicile de donner une idée jufte des fatigues extraor. dinaires que l’on y fouffre. I] faut fe pers fuader, Monfteur , qu’il n’y a point de Cavaletie n'y de Charoy pour porter les bagages & les munitions de guerre & de bouche, ou il faut aller fur les eaux bra. — ver des Cafcades 8& des chutes d’eau de fept a huit pieds de haut, dans lefquelles ' ¢inquante hommes ont bien de la peine & faire pafler un bateau,, & dans les endroits- les moins difficiles on fe trouve obligé de fe mettre a l'eau jufques ami-corps, étant — impoffible de remonter les courans avec’ Jes perches & les avirons, quoique les — canots foient extremement legers, qui ne — font que d’écorce de bouleau, ott lor trouve quantité de partages. Je m’expli- _ que 5 un partage eft une feparation furter= _ ge du bord d'une riviere a deux ou trois — : & Maximes des Iroquois. 271% _Hievés , plus ou moins , pour pouvoir s’e- xempter de marcher toujours dans des _ boues impratiquables, — ee » Il faut dans ces momens que chaque ’ perfonne porte fur foi fon petit bagage , _ fes canots fur fes épaules, & trainer les _ bareaux.. Toutes ces difficulrez n’empé-_ cherent point le Comte de Frontenac de eonduire lui- méme fon armée a l’age de foixante & quatorze ans. - Cing cens Sauvages furent partagez _ dabord, de forte que la plus grande partie fe trouverent todjours a l’Avant- garde, -eompofée de deux bataillons & de troupes _ de deux cens hommes chacune. Ils éroient fuivis de plufieurs bateaux détachez, qui -€toient conduits par des: Habitans, a qui Yonavoit donne la garde des vivres & du bagage,. du Capitaine de Frontenac , des’. Chevaliers de Callieres , de Vaudreuil, & de Ramezay. Le Chevalier de Callieres. commandoit l’Avant-garde, dans laquelle il y aypit deux grand bateaux qui portoient’ dc ux pieces de canon de fonte, les mor- _ tiers,grenades & uftenciles d’artillerie. Le Comre de Frontenac marchoit apres |’ A- vant. garde , fuivi de le Vafleur Ingenieur, de plufieurs Volontaires, 8 des canots de- fa maifon. Quatre bataillons dhabitans’ plus forts que ceux des foldats, compos A Oe Hikes des Murs foient le corps de baraille. De Ramezai _ Gouverneur des trois Rivieres comman- doit tous les habirans. L’Arriere garde jy: _commandée par le Chevaher de Vaudreuil: ne confiftoit qu’en deux bataillons de trout — pes ,& le refte deSauva ges 7 fermoient 4 = file: ‘De la Durantaye qii fi cette Gelle-a az aan dans le lac Champlain ;-de May, leg Chevalier de Grais & Dom nefoil:, anciens Capitaines, commandoient les quatre ba- taillons des Troupes , Subercaffe faifoit les fonctions de Major neoenale Il y avoigi un Ayde. Major dans chaque bataillon des troupes & de la Milice, Saint Martin Ca~ pitaine réforme commandoit le bataillon’ de Quebec , Grandville Lieutenant, celur de B Beaupre , Grandpre Major des , trol Rivieres eesir a latéete des habirans de ce gouvernement, & des Chambaux Procu- reur du Roi comand le Bataillon de. Montreal: Maricour étoit aila téte des: Iroquois dn Saut & des Abenaguis , qui‘ faifoient Corps enfemble,. Le Gardeur & _ Beauvais ,.deux freres’ Canadiens, com- — mandoient ceux de la montagne ; As Hue 4 rons de Lorette , & Beraucour les Algom @ ‘ kins*, Soxoxis, , Nepiciriniens , & le pew qu “il y.avoit-d’ ‘Outaouaks. L ‘ordresdedbast taille ne fut point interrompu pendang f ya ee fo 7 OME. 2 "ay & Maximes des Iroquois. 493 a marche, & les troupes qui avoient fait — un jourll’Avant garde, pafloient le lende- main a l’Arriere-garde. II fallut faire ce- pendant 30. lieués de rapides dans cet ctat.: _ Une partie de l’Armée campa le jour _ du départ au deffus de la chtite le Buiffon , le refte paffa le lendemain a la file ; on fut obligé d’y fejourner un jour: on gagna’ au deflus du rapide des Cedres', & le len- demain l’Armée fe fepara’ en deux pour “mionter celui du‘ coreau du lac, partie au Nord 8 l’autre au Sud. La méme chofe fat ptatiquée le jour fuivant , & l’on fe rejoignit a l’entrée du lac faint Frangois , _ quia plus de fepr lieués’ de long , que l’on: « pala en baraille a la voile. pare _ Il y avoit totjours des Sauvages a la découverte, foit pour connoitre les piftes dans les bois , foit pour prendre garde aux ambufcades. Les Découvreurs apergti- rent quelques piftes qui montoient & dé- cendoient.: L’on fit auffi-rdt un detache. ment de Sauvages & de Frangois’, pour’ marcher quelques lieués devant le gros de VArmée. L’on paffa plufieurs rapides avec ~ aflez de peine & |’oh fur obligé de radou- Ber plafieurs bateaux, trois lieucs au def. _fus de la Galete. Il y'avoit todjours plu- fieurs détachemens dans le temps des. pat- _ ages pour couviir ceux qui trainoient leg 274. ifisve des ise 4 bateaux. Enfic: , Monfieur , l'on arriva ath bout de douze jours au Fort de Frontenac,) qui. eft 2 4 foixante lieuesde Montreal, L’on s’occupa en attendant l’arrivee deg Ouraonaks que l’on croyoit venir, a cou- per du bois pour l’hivernement, faire des” ouvrages de Charpente , de Magonnerie 3 a ‘relever une Barque que l'on avoit coulé a fond expres ; mais quand on vit que les” Outacuars ne venoient point, l’on fe rendic a l’entrée de la riviere des Onnons : taguez. Comme elle eft extrémement & troite , l'on détacha’ einquante Décous’ vreurs de chaque coté, & l'armée ne mara choit que felon le’ raport de tous les mou — vemens quiils. faifoient. Les uns. avoicnely -appergi les piftes de trente a quarante hommes, & les autres un canet qui ne ve noit que Petre abandonné, l'on ne pitt faire dans les rapides de cette tiviere que | cing lievés en deux jours. Il fallut faire te’ partage de tous les bateaux , canots ,& des: hardes, étant impoflible te pafler ts Sait. | Cinquante Sauvages enleverent fur leurs épaules le canot du Comte de Frontenac ,. & le porterent dedans , chantant & faifane’ des cris de joie, femblable a ces chal Romains que l’on portoit ‘fur un bouclier — pour les faire voir a toute l’armée, les ba- taillons qui n’avoient pt faire le partage y i it ¢ hed Ay é fe > AMaximes des Trogmois. = 2.7 § de pafferent le lendemain, L’on ne pouvoir pour lors prendre trop de précaution dans. da marche pour évirer de tomber dans des -embufcades rour-a fait dangereufes. L’on -detachala moitie de larmee au deflus dela. kiviere qui.vaa Onneyout, qui fit plus. de ging lieues dans les vafes, jufques au deflus eu genoiiil. I fallur pailer le Rigolet, qui _nva pas plus d’une demie portée de piftoler de large jalqu’ al’entrée dulacde Garenta, Yon connit gue nous étions découverts ; parce que l’on trouva une écorce d’ arbre fur laquelle ¢roit décrite notre armee , 8 deux paquets de joncs coupez , qui mar- quoient que quatorze cens trente-quatre paerticrs nous atrendoient. Ceft un ufa, ge, Monfieur, parmi les Sauvages de Laat de ces “fortes d’Indices > ce qn eft proprement un défi. Lon paffa le lac en ordre de baraille, Le Chevalier de Callieres qui comman- doit ce jour-1a la gauche, quiregardoit le’ coté de |’Ennemi, fit un otand circuit pour feindre de faire la décente de ce core-la , dans le méme temps que le Chevalier de Vaudreuil avec la droite la feroit pour é- loigner tout au tour ce qui pourroit fe rencontrer d’ennemis. Certe décente fe fit Fépée a la main ayec beaucoup de fierté pen maniere que fon dérachement faifang 276 Fi iftoire des Ml wure ain circuit d’ une demie lieuc, vint tombe: a l’endroit of le Chevalier de Callieres , & tout le monde, décendit. Le Vallone raga un Fort qui Fut prefque achevé en- un jour, quoique l’on fur obligé d’aller _chercher du bois a pres d’une demie-lieué.: Nos Découvreurs qui étoient dans de cons” tinuels mouvemens , taporterent que l'on” voyoit des chemins qui alloient d’Onnon. tague aux Goyogouens & aux Onneyouts, — ce qui lear fit conjecturer que les fem. mes & les enfans s’y etoient retirez , 8 que les guerriers de ces deux Nations é: { toient venus pour fecourirc leurs freres, . Un Tfonnontouan qui avoit été pris pat ce Parti gue commandoit Louvigni au commencement de l’Hiver, avoit fait pa oitre tant d’attachement a nos interéts , j qu'on l’envoya a la découverte avec le Chat Outaouax. Ceux-ci fe faifirent pro- che d’Onnontagué d’un homme qui fe _baignoit avec fa femme. L’Outaouax vou- lut les lier ; mais le Tfonnontouan s 'y Op- pofa & les relacha : fous prétexte qu'il en — ameneroit d’autres.. L*Outaouak com- menga a fe méfier de fon camarade » qui ‘ effe&tivement lui dit un moment apres BA qu'il avoit envie de manger du bled d’ inca % nouveau , & s tant un peu écarré pout cet effet. il fit tout-a- coup les cris d’ aliarmes ,) © pour 4 . Maximes des Iroquois: aFyX pour faire déracher quelques Onnonta- guez qui lui puflent.couper chemin; mais celui-ci ne perdit point de temps pour fe ~ Aauver. Ce deferteur dit qu'il y avoit au- ant de Frangois que defeuilles aux arbres, quils avoientdes Machines qui jetroient du.feu en l’air,& des pommes de fer quife crevoient. Un autre Tfonnontouan defer- a auffi laméme nuit,qui.confirma tout ce que l'autre avoit dit. L’on avanga totjours Je canon & l’Artillerie au travers de deux -marais peu praticables , juf{ques. aux Fon- aaines falees. L’on partir le lendemain a. da pointe du jour en ordre de baraille. _ L’armée étoit divifée en deux lignes, de Chevalier de Callieres commandoit la sptemiere qui fe tenoit fur la gauche du cote de l’ennemi , le centre éroit occupé par deux Baraillons d’habitans , & les ‘deux des troupes étoient fur les ailes, l’ar- _Aillerie au milieu , laiffant pafler devane elle les deux Bataillons du centre. La plu{- part des Sauvages de la premiere ligne a=. woient éré fur l’aile droite , comme ils l’a- -woient fouhaire, il fe détachoic de temps _entemps des enfans perdus pour découvrir & efluyer le premier feu. 3 | _ La feconde ligne étoit commandée par de Chevalier de Vaudreuil, qui fe pofta _ dar la deoite , compofée de pareil nombre - Tome I] fe Bb “278 3 priiibink des M wenrs de Bataillons. Le Comte de> Frontenag “€toit porte dans un fauteuil entre ces deux | q ‘lignes, le canon devant lui, & en état de -fe mettre.a la tére quand: bon lui femblote “par V'intervalle des deux Bataillons de mi- ‘Jice dela: premiere ligne, L’ordre de barail.. : ~Je fe rompoit quel quefois ; a caufe « de plu. “fieurs: rniffeaux que Pon trouvoit , , & des “quarts de converlion, & autres évolutions aflez difficile a. é¥ecucdt dans les bois. L’on | “n’atendoit que le moment d’arriver devant Onnontagué. Tout éroit difpofe pour for= “mer les lignes & les retranche emens , lors” “que lon apercut que , tout ‘étoit en Fei! “e Les Onnontaguez ¢roient fi fort réfolus de fe défendre jufqu’a la mort, qu’ils a- “woient envoyé toutes les femmes dans la -profondeur des bois ; mais apres plufieuts ‘reflexions fur ce que ces deux deferteurs ‘feur avoient faporte de notre Armée qui “Jeuravoit parue fi nombreufe ; ils aime< “gent mieux abandonner tout aux Frangois” que de hafarder une défenfe incertaine. il eft conftanr: Monfieur > qu ‘is | pricent | le it ‘parti le plus fear: carilt 2 y auroit point ew “de capitulation ny de quartier pour eux , rout fe trouva ie réduir en cendrés, "Lon fic ‘un dégat general pendant deux jours dans toutes leurs campagnes de ble “ d'Inde, foir. par de fer , foit par le foug 1. on fr un aflez. bon pilage, ~* § os & Maxinies des Troqueis. ee. Nos Sauvages étoient cependant aa de~ — fefpoir de voir tous leurs pas perdus, cat ils ne re{piroient que le carnage, ‘Un mal- heureux Onnontague, agé d’environ cent’ ans, qui n’avoit jamais voulus ’enfuir ,- fur. la ep de fes.camarades ,le Cant de. Frontenac ne put jamais’ hon conferver la? vie. Nos Sauvages lui firene fouffrir tous” les mauximaginables , il endura tous ces tourmens avec une égalité, ‘une prefence, — ‘defprit & un courage digne d’un Iroquois. Bien loin de fe plaindre, at exhortoir ceux qui le faifoient mourir 4 fe fouvenit de {ai mort :il en laiffoir , dit il ,-la vengeance, a ceux de fa Bi vinta’ Un Sauvage ennuyé de fes harangues lui donna quelque coups de cotirean; Je te remercie, dit-il ; mais: fu aurois bien di'me faire walanines a mous yt par le feu. Aprenez , chiens de Fran- ‘gois a fouffrir ,.& vous Sauvages leurs Al. kiez qui Ctes les chiens des chiens, fouve. nez-vous dece que vous devez faire quand: vous ferez'en pareil’ crat que mot, Cette conftance & cette valeur ne tient point de la-ferocite ; il y a des Heros parmi ces’ Barbares comme chez les Nations les plus” policées , & ce que l’on traiteroit parmi ‘nous de bruralité , » pafle pour vertu dans’ un Iroquois. : Les: Onnonwgics S ‘éroient retirez é &B be 2 980 ~<-Hiiffowe des Meurs Monfieur, A vingt lieués dans les bois j avec trés-peu de bled d’Inde , l'on pré._ fama qu'une grande partie’ y periroir de- faim :ils avoient de toutes parts des Dé. © couvreurs pont {gavoir fi nous n’itions pas’ a eux; mais a mefure que le Comte de Frontenac fe feroit avancé , ceux-ci fe fe-. Toient retirez ; & chercher un Iroquois: dans un bois , c’eft comme fi l'on vouloit' chercher un Lapin dans uné garenne. Les Onneyouts ayant apris la defola= ‘tion de leurs voifins dépécherentau Com- te de Frontenac un Franeois prifonnier S¢ — un Sauvage, avec un Collier, parlequel ils: Jui demandoient la Paix, Notre General. Ja leur promit, pourvd qu’ils vinflent s’é> tablir dans. fon Gouvernement,-& quiile lui envoyaflent cing des plus confiderables- pour Otages , ju{ques ace que leurs fem= mes s’y rendiffent elles- mémes ; finon qu'il leur feroit bien accepter de force’ ces conditions. ne | Le Chevalier de Vaudreuil partit em méme temps pour aller avec undétache- _ ment de fix a fept cens honrmes des plus’ alertes. Il arriva a la pointe du jour a la wie d’Onneyour, & commengoit a entrer ‘dans les campagnes de blé d'Inde, lorfque les Députez de cette Nation vinrentle fue plicr de ne point paffer outre , Vaflurant. a oe Ma animes: des: ae. nbe oduils executeroient de bonne Foi les s-ordres qu’ Onontio ( le Comte de Fronte- fac My avoit prefcrit a leur premier Dé- pure. Is. apprehendoient que nos Sauva- ges ne brilaffent leur bled ,la perte leur ett ére trés- fenfible & trés- préjudiciable, ~ Quand le Chevalier de Vaudreuil vir qu ‘ils avoient abandonné leurs. Villapes _ hois trente-cing a quarante Chefs ,. qu’ un. jeune. Efclave Frangois qui venoit: 7 d@arriver-des Aniez, lui donnoit-avis que ceux: ci &_ les Anglois fe preparoient atk - nombre de trois cens pout fondre fur lui, . i) fit briler tous. leurs’ grains. Cette nou- _ welle caufa une fi grande} joyes dans le camp’ SS que les Abenaguis dirent quils n’avoient- befoin que de haches pour fe défaire des: Anglois, & qu'il étoitinutile de confom-’ mer de la poudre contre de pareils gens. Le Chevalier de Vaudreuil fe mit en sande de bataille dans le bois- pout les y _recevoir, plutée que de fe renfermer dans - le Fort 3 mais: Ja confternation devint uni- verfelle- quand: Pon {gue par un Anié qui’ rodoit al’entour da Fort,que les Anglois fe renoient chez ‘eux: on yimit le feu ,.& aux bleds en partant, ‘8c Yonamena Sr ates, cing: Onneyouts a: Onnontagué. Nos Sauvages- 4 brilerent’ avant le depart general de l’ar= pice VEfpion qui avor-éte pris i Hiver 92 282 Hiftoire des Meurs . ‘par un de nos Partis. Je ne vous parlerai point, Monfieur, du retour de l’Armée’ par un détail ennuyeux de plufieurs inci- dens qui atriverent danstous les’ rapides ,. dont je vous ai deja donne une idée, 8¢ fans vous expliquer de quelle maniere les» [roquois donnerent a la derobée fur quel- ques-uns de nos canots quis’étoient trou= vez un peu trop a lécart, — | “i Le Comte de Frontenac arriva le vingt Aotit a Montreal : cette campagne auroit été plus avantageufe aux armes du Roi, 8& lus glorieufe ace General, fi les Ennes_ mis euffent fuivi leur premier deffein : ih en auroit cotité la vie fans doute a plu= fieurs des notres, Les Iroquois fe feroient’ défendus en defefperez , mais leur retrai- — te precipitce diminua beaucoup de ce dont” on sétoit fate. C’eft tottjours une action © fort glorieufe a un General de cet age de~ porter le fer & le feu dans le centre des lus fiers, plus cruels & des plus redou. tables Peuples de toute PAmerique , & de les mettre dans un état a perir de faim dans les bois. Je fuis avec paflion , | MONSIEUR, | : Votre trés- humble , &cj ¢ MM aximes wiles Iroquois. : 285: se esnabeeshebe ante HERS VHL LETTRE > af La diferte empéche le Comte de Frontenac de envoyer des Parts confi tderables con- tre les Iroquois. t Grande des-wnion cher, les Citeomeke, Quebec eft menace. hes cing Nations Froqueifis ddliberent Sus feront une députation generale aw —Comre de Frontenac. Les Anglois envoyent un grand Collier ans’ Froquots, pour les détourner de la Paix. Arrivie d Otaxcité » Waianel des? | Onneyouts. Audience publique donnée aux Outaonaks:- ADAME, ‘ K la fleur de votre age de dix: fept: ans;. pleine de politeffe & de délicatefle d’ ef. pric, lornement des graces, aimée & che. rie de Madame de Maintenon, la plusil+ -Iuftre Dame du monde, protegée du plus’ 3 eer Roi dela terre, attendriez-vousde foible plume d'un Ametiquain, un por Wait fidele da aprés toutes ces vertus & de 284 - Hiftoire des- Ments ! be d'autres pewfections , dont la nature’ vous a favorile. Creft ce que mon penchane m in{pireroit;mais pat un malheur dont; jem fuis bien fac que vous fe-me rendtez pas* | comptable , la foibleffe de momgenie. fe trouve ici au-deffous de mon. penchant, Je n’en ai d’autre, Madame, que celui i de vous donner wun petir amufement: d'u- ' ‘ne Lettre que j'ai l’honneur de-vous Cente fur le fair des Troquoisi-. > 9 Quelque bravouie 8, quelque aed . ce, Madame, que puifleavoir un General,, iI ne fauroit executer fes defleins dés qu it manque de fecours necellaires pour. faire fubfifter fon arméé. Les grands mouve= -Inens militaires-ne. fe peuvent faire que pat quantite de refforts , , qui doivent .agir’ de conceft. - -Ljabondance fur tout.en eft: un des plus grands mobiles ; & fi-tot que’ — la difetre commence a‘fe faire fentir , ab voit bien.tot -fes defleins échoiiez. Le Comte de Frontenac qui avoit fote renu de toutes’ paris: Veffort de fes enne- mis , & méme qui avoir portéle fer & le fei: chez‘eux , fe trouva-aflez embarafle — cette année aprés la partanee des vaifleaux;. — il y eut une difette generale de grains, par rout le Canada , le prix-en devint exceffif,. bien loin @envoyer des Pastis ‘eonldakat. 4 bles. contre les Iroquois: 6 les. + Angloisy yg Cs A RR hay 5,6 es Pe cali mee 6 Meaximes des Troquois.' 289 i pendant VHiver , qui eft la faifon la plus propre en ce pais pour faire la guerre ,: Von fut contrainte de chercher des moyens pour faire fubfifter les troupes. dans le pais. _LeComre de Frontenat s‘efforgoit cepen- dant malgré tous ces incohveniens de fai- re marcher un grand Parti fur les glaces 3: mais | arrive de trente a quarante Onne- routs a’ Montreal en détourna le projet. Thathakouicheré Iroquois du Saut , avoic’ pratique cette retraite ; on'les regie par- faicemenr bien vils rémoignerent par plu. fieurs Colliers qu’ ils prefenterent au Com- te de Frontenac qu’ils venoient executer’ Ja parole quiils lui avoient donnée de ve- nir sétablir fur fes terres, quils s’etoient debaraflez de routes’ les follicitarions des Aniez & des Opnontaguez qui retenoient le refte de leur Nation a droit & a gauche, & quiils e(peroient pouvoir trouver l’oc- cafion de ferendrea Montreal. [ls avoient toujours confervé pour le Pere Milet une eftime {7 particuliere’, qu ils lédenjande- rent pour leur Miffionnaire , fouhaitant pour cet effer qu’on levi donna un liew (A part pour y former un village, afin de’ eor f-rver‘le nom d’ ‘Onneyout. _ Les Aniez impatiens’ d’ ‘aprendre la re- ception que les Frangois avoient faite a’ Ges gens-cl ,. prirent le précexte de renvoa t ~ -"PHreclamoir fon ls: qui avoit été pris par Se Fiftoire des Aféut ae Fer pat deux de leurs gens Madeniioifelld . Salvaye & fa Fille, qu ‘ig avolent prifes z at ‘Sorel l'année derniere , le Gouverneur de rs ‘Manathe lui donnant un Paffeport pout 4 the plus grande {ureté. ~ Le Comte de Frontenac étoit bien- aife’ @avoir ces nouvelles affianchies , & if auroit bien voulu faire repentir en mémew _ temps’ cés deux guides de l’infolence avec’ Jaquelle ils lui parleréne par deux Colliers” -quwils loi prefenrerent , qui ctoient aw nom de roure la Nation: Hs lui demande rent , Monfieur ,* par le premier qu "elle étoit fa penfée , & fi le chemin qui con- duifoie atirietoteed’ Anié a Monreal étoir’ entierement bouch& ~ Par lefecond qu’ iL dani fe: fon ere 4 if e- a o' les Sauvages du Saut. Le Comte de Fron- | o tenac leur dit, qtivaucun des Iroquois ng _ fu lent fir temeraites de fe hazarder dans la fuite a paroitre devarit lui qu’avec une en- tiere folmiffion | > qu ‘ils ne dévoient pas ; ignorer qu “il sete menacé de mettre a la’ chaudiere de pareils porteuts: ‘de Colliers 5: & qu’il ne leur pardonnoit que parce qu ‘ils’ * avoient ramenez ces deux: Francoifes: | ll eft difficile d’aller en Parti au- travers’ des bois’, fans'prendre quelqueéfois Pati: | pour l’ennemi,’ En effet, deux de nos ded — & MMaximes des 5 roghois. = BB y i Mcchisciend qui s’étoient. mis en marche dans le mois d’ O &obre fe rencontrerent3 Lan étoit compolé de Sauvages de la montagne, qui venoient. de faire coup dar. Keo Anglois, & lVautre éroit de neuf ‘Soldats Francois qui. sécoient feparez de deurs.camarades..Ils s ‘acharnerent fi crucl- dement Jes uns contre les autres fans fe connoitre , que les Sauvages | bleflerenc ) deux Soldars , & ceux ci tuerent Tiorha- thariron , principal Chef de guerre de la montagne, Céroit un des grands guerriers que nous ayons eis, qui avoit toujours fair paroitre beaucoup d’attachement 3 ‘nos interéts ; fa perte fut trés- conlidera~ _oble. Le refte de ce parti Francois qui €toig ade vingt & un,eucune fin aufli tragique. Als fe battirent. contre plufieuts Sauvageg i Loups & Aniez, qaiils defirent, ~ Lon revine a la charge aprés qu'ils fu- rent partis. Da Bau, quien étoit leCom- “mandant fut bleffe , fa playe Pempéchant de fuivre fon monde , il fe rendit a Oran- e avec deux autres plurdt que de perir de , git a dans les bois, Les Anglois les recu- rentala verit¢, mais ils détacherent en meme- -temps des Sauvages qui joignirent. Dien-tét les autres. Ils n’eurent pas beay= _ coup de peine a s ‘en défaire, parce qu’ils } bes ROMY PFERE extremement ‘affoiblis Bi 63.8 Hiffoire des Mesurs da faim & par routes fortes de fatigues iln’en t “échapa_ que deux ou trois dont Ton n’en a méme jamais entendu parler, qui moururent aparemment dans les bois, Les affaires de Michilimakinak furent bien brouillées,, la defunion devint gran de parmi tous nos Alliez qui fe firent la guerre ; quelques © Outaouaks & Hurens — qui avoient totijours beaucoup d affe tion pour le Comte de Frontenac, vinrent le &rouver pour l’affurer de la continuation ‘deleur fidelité. Ils fe plaignirent beaucoup — de toutes les intrigues. decretes du Baron — ‘qui tramoittotijours les menées ordinaires. Le Comte de Frontenac Jes aflura qu'il ne fromproit jamais. le lien qui les atachoir fi étroitement, qu'il repareroit le tor ¥ que quelques-uns de fes autres enfans — pouvoient leur avoir fait. I] leurofftit des terres plus proches de lui,dans un lieu qui put les mettre a labri de toutes infulres, dans lefquelles il pourroit leur donner plus a portée ce qui leur feroit neceffaire. e m crendrois volontiers ici un peu — plus au ong fur ce qui regarde ces nations, Un Confei folemnel que fon tint expres” . pour eux dans une conjoncture eras se, m oblige de fufpendre encore tout ce quis eft paflé de plus remarquable, par se que | les pagers d de la Cour que l'on — pe & Maximes des Trogtois. 28% gegit par Lacadie , medonnent de nou- -yelles matieres ; on laifla quelque temps les affaires des Alliez pour fe “préparer contre les defleins des Anglois. si Mpcnre qui avoit été jufques alors l’é- ceil, de cette Nation , pouvoit aufi leur €tre un lieu de triomphe , s'ils prenoient maieux leurs précautions. Le Comte de Frontenac fic aflembler en cette Ville 1’é- tat Major & les Capitaines de la garnifon, il leur communiqua que la Cour lui faifoit favoir que le Canada étoie bien menacé pat tous les préparatifs d’un grand arme- - raent que l’on faifoit.; que d’ailleurs fi les Anglois ne pouvoient y rétiflic , il pour- toit fe faire quelque entreprife de notre cote ot il plairoit a Sa Majetc le prefcri- re, L’on fit décendre a Quebec une partie des Compagnies du gouvernement de Montreal, pour. étre pieces au premier . commandement : ibn’ 'y avoit du moins - rien a aprehender du coré de Bafton. Toutes fes menaces, de venir fondre dans.la Capitale-du Gacodn , toient faites avec tant de fiecté que l'on eut dit qu'il n'y devoit refter pierre fur pierre. Ces ge rands. projets sévanouirent de ce coré- da, 8 quoi que l’on {eur derechef de La-— eadie pat le nommé de Premont, qu'il y -avoit a Bafton une grande diferce de vie . Tome TIT, Ce 296 Fiiftovre des At eurs wies 8 de munitions de guerre, & ie, paroiffoir. entr’eux une mes: intelligence : e quoique l’on {gut, dis je, ces particulari- | {ez , les _Anglois he laidoiene: pas de mea nate toujours le Canada, 8c de fe forti- fier en méme temps chez eux le plus wite f & le mieux qu "ils pouvoient. Ils réuffirene fi mal devant le Fort de | Nachouat,qui eft dans la rivierte faint Jean ’ en Lacadie, que Ton méprifoit d’ailleurs tout ce qu ‘ils pouvoient entreprendre. Six | A fept cens Anglois & Sauvages Alliez Vattaquerent inutilement; ils firent, Ma- ~ dame, au retour de Nachouat. une expedi« tion ov leur mauvaife Foi parut , ils pille- rent & enleverent tous les wiexibhes des habitans de Chignitoy ou Beaubaflin, no- nobftant la neat talixé qui s’étoit faite entre eux. 418 Brilerent les maifons ¢ de ceux qui ‘avoiene fui dans les bois 8 ruérent | tous les Beftiaux quiils parent attraper, — Que ne firent-ils point a Villiea Comman: © dant de Pentagouet , qu'ils ptirent dans le temps qu'il fut envoyé pour faire un é- _change de prifonniers.Cét Officier quis’. toir embarqué dans une chaloupe avec des Anglois , ne pac arriver au jour fixe par le mativais remps qui ‘Pempécha « de tenir le | large d'une riviere. Eft-il permis de vio-_ bes le droit des gens, pee pas on pale | : Mes! va Sie ire ae tet | ee o ay —& Maximes des Iroghos. 298 fin temps limite dans une conjoncture en _Taquelle l'on fait fes efforts pour fon pre- mierdeffein, On l’arréta, on le mit mé~- me dans une prifon fort étroite oti il patic beaucoup :il trouva le fecret de mander fon defaltre au Comte de Frontenac , fur ‘un petit morceau de papier écrit de fon ag irene deneres 3), onary La Cour avant mandé quil fe faifoit un grand armément contre le Canada , Fon prit toutes fortes de précautiohs pour - fe prévaloira Quebec contre les Anglois. L’Ingenieur , le Vaffeur , en fit rétablic Jes Fortifications dans fa perfection , les Soldats qui étoient en garnifon y travail-_ Jerent ;: les Bourgeois’ furent exempts de donner des corvées , parce qu‘ils fourni- rent du bled pour la fubftance de tix Compagnies : les habitans des cotes de Baupre de Iifle d’Orleans, terres du Sud & des autres quartiers, fournirent chacur un homme par maifon pendant quinze jours. wi fae 3 aa ani tae L’Eté occupa infenfiblement les trou pes, l’on fe trouva ala fin en état de re- filter anx forces que l’on pouvoit envoyet de la vieille & nouvelle Angleterre. Les otdres furent donnezaux habitans du bas” du fleuve de fe tenir fur leurs gardes , & Von devoit aufli faire pafler les bettiaux | | Cc. yor Hiftoire des Mears des ifles, dans la profondeur des bois Le Comte de Frontenac qui favoir la” conlequence de n’étre point farpris tout- ’ a-coup par l’arrivée d'une flotte ennemie , fir plufieurs détachemens pour aprendid cé qui fe pafleroit chez les ennemis, ity depécha huit Abenaguis: pour Bafton ; ils amenerent un Anglois: qui ‘paroifloit ft ftupide , que l’on n’en pat tirer aucune’ Jnniiecees Cinquante Sauvages du Saut ge dé la Montagne , avec quelques Nepiciri- ~ niens ,accompagnez de Beleftre & de Bat — illi Officiers ypattirent de Montreal.pout — 7 aller du cété hay Aniez , d Orange , da Corlard, & d’Hifope. Us aporterent des — cherie des habirans d Orange & de” ¢ Corlard, ils amenerent deux prifonniers: au Saut qui furent fi maltraitez de coups _de baton que l’onne put fe rendrea Monts. real.Ces Sauvages etoient trop irritez pour ne fe pas venger des duretezque l’on etit — a Londres contre de leurs camarades qui e avoient été pris en la baye d’Hudfon. L’au- a tre prifonnier dit qu'il étoit venu des nou- — _velles que l’on parloit beaucoup de Paix en’ Europe, que Von sattendoitaaflt que nous — irions attaquer Orange dans le temps qu “al j paroitroit une flotrce de France du céré d’ e) : Manathe. L’on fitdone tous les prépara- — gifs sabiciab ok pour les premiers mouves 4 = Stig ss SN oa ih Pap us —— & Maximes des Troquors. _- 293 “hens qui fe feroient de l’ordre de la Cour; E’on acheta pour cet effet tous les canots -décorce qui fe trouverent dans le gouver- riement de Montreal & des trois Kivierés. Jofeph , Chef des Sokoxis qui font parmi nous, enleva un Anglois auquel il fut contraint de caffer la téte , pour tous Jes cris qu'il fic, qui auroient pu donner Vallarme ,il fit rencontre d’une bande de Sauvages Loups.. Aprés deux jours de: conference quils eurent enfemb!e, ceux- ci lechargerent de dire au Comte de Fron- tenac que sils naprehendoient pas avee — fajet fon indignation & le chatiment que meritoit un coup qu’ils avoient fait 4 faint Francois fur nous, ils’ viendroient fe re- mettre dans leur premiere habitation. Il le renvoya les aflurer de fa part, que | pourvd’ quills vouluffenr etre fages, & -amener leurs femmes & leurs enfans, if Tes recevroit encore, Ces gens.ci étoient’ Bien établis aux trois Rivieres sc éroient: de figrands ivrognes qu’apress étre beau-~ coup endettez‘avec leurs Marchands qu'ily ne pouvoient plus payer, ils fe refugie= rent fur les terres des Anglois. L’on amena une Troquoife qui avoit' été prife- proche de Corlard, & il revint: én meme temps un guerrier du Saut qui. ¢croit fepare de fon parti pour favoir ¢e oe Ses 294 — Huiftoive des Meaurs qui fe paffoit chez les Aniez ; il leur. acroire qu il avoit quitté nos interéts ~ 3 4 a 7 ' ¥ pour venir demeurer chez eux :ilne vou- | Jut jamais aller a Orange quelques inftan- ces que les Flamands lui fiflent. Apres : quil eut apris aflezde particularitez , il trouva le moyen de revenir a Montreal, — Theganiflorens , confiderable d’Onnonta.' gue , l’aflura que les Iroquois étoient fur * le point de faire une deputation generale de la part des cing Nations pour conclure ape n la Paix avec nous; que, fur ce qu'un mi- * niftre Anglois qui étoit chez les Aniez leur ~ avoit reproche qu’ils la négocioient fans la * participation du gouverneur d’ Orange , . : > ‘ces Sauvages avoient répondu qu ils imi= toient en cela les Anglois. qui avoient fais — Ja méme chofe.. - Les Chefs des Aniez qui étoient las de — Ja guerre ne {gavoient, Madame , com- — ment faire favoir au Comte de Frontenac © Penvie qu’ils avoient de fe détacher des Anglois.. Ils prierent én mémetemps.ce guerrier de fe charger de leur part dun Collier qu’ils envoyoient a leurs freres'les — Iroquois du Saut. Ce Collier leur remoi- enoit ie avoient réfolu de venir de- meurer avec eux., quwils fillent donc en forte de le faire agréer au Comte de Fron- tenac, mais que cela fe fit en fecret, de bees a) Z ~ ‘ * = = z ee a ee eee ee @ & Mf animes des Iroquois. 295 etainte que les Anglois ne vinffent a la traverfe les en empécher, L’Iroquoife ra- . porta auffi que trente Hurons de Michili- _makinak étoient venus a Orange , auf- -quels le Gouverneur avoit donne des ter- ‘¥es pour faire un Village. | ee Aubert de Millevaches Canadien , reve- mant de Bayone a: Quebec, prit un petit batiment Anglois qui fat vendu huit mille livres ,,que De Mui Capitaine arriva de Plaifance avee une partie du détachement _d@habitans & de foldats qui avoient été envoyez l'année paflée pour l’expedition de Saint Jean en l'ifle de Terre-neuve. Les Onneyouts qui avoient une forte paflion de faire la Paix avec nous, de- puterent Oraxefté un de leurs Chefs, pour aflurer le Comte de Frontenac quiils fe preparoient tout de bon a venir s’établir parmi les Francois , & quils envoyoient d’avance un jeune efclave Frangois. Ce Chef étant de retour. chez {a nation, les ‘Onnontaguez furent en peine d’aprendre la reception qui lui avoir éré faite. Ora- xefte leur en rendit compte lui-méme , ils réefolurent fur cet aveu d’envoyer deux —Confiderables , pouraporter des Colliers au nom de toutes les nations. Il arriva un contre-temps qui donna un rude écheca a Ge premier projet, L’Iroquois eft-fi porte. * 296 Hiiftorre des Maurs ala vengeance , que rien au monde née peut érouffer fon reffentiment , qu'il n’aic’ auparavant lave fes mains dans le fang de quelqu’un. L’envoi de ces Colliers fut de- tourné part la brotiillerie de quelques jeu-" nes gens qui vouloient vanger la’ mort d'un Confiderable de leur Nation , tué par un de nos partis, 8& de fix'autres par’ _ les Algonkins: Les Anciens jugerent a propos de ren: _— voyer en atrendant Otaxefté avec trois’ Colliers, Le premier marquoir la caufe’ du retardement des Ambafladeurs. Ils: difoient par le fecond, qu’ils gemifloient’ depuis ces deux: coups qui avolent éré’ faits fur eux ; mais’ quils ne perdoienc’ pourtant pas courage ,-& que le fac des’ _ Colliers & des’ provifions de leurs'députez’ étoient encore fur leur natte pour venir. Ils demandoient par le ttoifiéme, sils — feroient bien rectis, & qu’on leur fit ré- ponfe par trois Onneyouts du Saur, qui» accompagnoient Oraxefté, qu’ils ont fuf— pendu le départ des autres, jafqu'a ce quwils fachent la volonté d’Onontio, afin: — que les Ambaffadeurs des quatre autres’ Nations puiffent décendre avec eux. Ils prierent auffi les Jefuites, par un quatriéme Collier , de prier Dieu pour le’ fuccez de la Paix, -& d¢ ménager pour oe REED Tam = se — ‘effet les bonnes graces du Comte: de Frontenac. icek OMI cela éroie parfaitement bon ; a on: étoir ‘Wailleurs fi accottume de toe ‘tous ces Colliers’, » qui marquoient tant & Mi aximes des Troquois. 7 | d’ empreflement pout une ferme & folide Paix, que l’on crit bien que ce n’éroit encore que des amufemens. ‘Les Anglois venoient toujours ‘a la traverfe pour la -troubler, lis envoyerent aux Troquois un nl Collier pour les affurer qu ils fai- foient plus que jamais des préparatifs , pour nous faire la guerre. Un Sauvage qui etoit venu avec Oraxelté ne croyoit pas — que lon put. écouter fort favorablement ee Collier. Enfin le Conive de Frontenac ~ Jeur renvoya trois Onneyouts comme ils Pavoient fouhaité, avecun feul Collier , qui leur dit quiils pouvoient venir , pour vil que ce fut au plus tard Ala fin de Sep- tembre,en executant au préalable ce qu il leur avoit ordonné de faire lorfauils veu- - droient trairer veritablementde la Paix. Les Iroquois du: Saut envoyerent aufit CGouchecouchetoueha porter aux Aniez la -Feponte du Collier fecrer quils avoient regd ; ils leur dirent par le leur qa’ils fe- roient les bien venus s‘ils vouloient s yee tablir parmi les Francois , mais qu il fale loi que ce fut’ dans sqpene / 2 29 of ies des Af wurs a froquek cherchoient en attendant l’occafion d’apaifer le fang de leurs Ca. as marades , qui avoient ete tuez dans ces deux partis: dont je viens de parler. Ils en envoyerent pour cet effet qui firent coup a'la Prairie de la Madeleine , ils y tuerent un homme ,ils enleverent tes chevelures’ de deux autres, ‘dont l’un vit encore. Ce. lui-ci fe vengea bien de fa bleffure ayant. - tué dans le moment deux Iroquois, dont il enleva pat droit des reprefailles ae che- 4 velures, 1 y eut de grands rhotbles chez les’ Outaouaks , il fembloit,, Madame , que toutes les Nations de ces quartiers: vou- Toient fe faire la girerre aux uns 8 aux - autres. Les Sioux avoient fait deux coups fur les Miamis, 8 ceux ci furentattaquez’ — par les Saircuies Le Baron Huron de Mie _chilimakinax ,: qui n’eft pas de la famille’ des Saftharherlis avoit abandonne nos in- terers, il s érablir chez les Miamis avec: trois ou quatre Familles’,, & ne cefloit d’a- Voir des liaifons avec les! Iroquois. Perrot ,-dont jai beaucoup, parlé d’ ail. Jeurs , qui éetoit fort cohnu de toutes les’ Nations , fut pille par les Miamis , & auroit méme éré brile é fi les Outagamis ,. ou Renards, nes’y ¢toient opofez. Nous’ ( ne laillames pas‘d’avoir totjours pour amis’ ~ H des Poureouatemis,les Saxis ,& les Hurons, qui tuerent en cing a fix mois de temps ee de cent Guerriets ‘Tfonnontouans. Le dernier coup gui fut fait par le. Rar, Chef Huron fut fur le lac Herier , ou cin-,. _ quante- cing Iroquois farent taillez. en pies | “es, aprés un combat de plus de deux heu- Fes. ‘Ils fe battirent dans des canots d’écor- ee a coups de fléches , de fufils , &de ha- ches d’armes. Lars “Cette défaire renverfa e coures les mefu- -_£es que le Baron avoit prifes avec ces mé- ames Iroquois , pour détruire entierement les Miamis. Le Rat ne man qua pas apres Je combat de donner avis aux Miamis de ~ fetenir fur leur gatde, & de fe méfier du Baron qu ‘ils devoient regarder comme un | -ennemi domeftique. Enfin toutes ces Na- tions Outaouax(es gui ctoient décendués pos pour voit le Comte de Frontenac , ia 2S A aximes des Lease: 209 pean fon ceeur, i les 2a te alta dont le “Chef p porta la parole en ces termes. : Longecamp Chef des Kiskakous, _ Nétte Pere! Nous fommes venus vous vendre vifite , nous avons de la joye de ‘yous voir en Hissin fante a l’4ge of vous étes de foixante & quatorze ans. Qu’ont Saami les pens. dest terres sedge ils hous oe $00 - “Hiftoire des Me eurs- i ‘ont tuez ? Ils fe font trompez en’ faifane ‘coup fur nous. Je fuis choifi de vos qua fre Nations pour vous le teprefenter, a Je pafle cette affaire fous filence pour vous dire, mon Pere , que Je-Miami a pil. lé Perrot, quil vous a. meptife. Jentre ‘dans les fentimens: que vous pourriez avoir . fur'ce fujet ; & puifque'le Miami fait l’'in- folent, notre Village pourra: brotiiller la terre. Al égard du Renard ilen a bien ufé. Les enfans viennent devant leur Pere our “favoit fa volonté. ‘Nous’ fommes dans la crainte aujourd’ hui que les Mia. mis qui fe vantent de’ favoir faire la pou- ‘dre & les armes, ne viennent renverfer . nos cabanes, en introduifant. I’ Anglois | ‘chez eux, comme quelques- uns avoient ‘deja effayé de faire i nous n ‘enflions rom- ‘pu leurs projets par le coup que’ vos én- fans viennent de faire dans le lac Herier ‘far ‘4 Iroquois. C’eft a yous a déliberer & A nous dire votre penféc fur ce que je vous ‘seprefente maintenant. | | . Autrefois, notre Pere , vous nous fous. niffiez la poudre & le fer’ pout vaincre nos — ‘ennemis , mais tout nous manque aujour- ‘d@ hui, & nows avons €te contraints d’a- ‘aridonner nos Corps , fate vouloit dire fe 7 “battre a coups de mains ) pout batrre ceux ae nous venons s de sétruise. ils ont la Ws Bie i poudre feo Maximes ila Seieais. 5 30% poudre & le fer , comment pourrons~ ‘Hous nous foitenirc ; ayez donc piti¢ de nous, & confiderez qu'il n’eft pas aifé de ten des hommes avec du bois ( c’elt- a dire le cafle-téte. ) Vous avez des en- . fans rebelles, notre Pere, voila le Sau- bis quia teye le caffe: réte contre le.Mia~ , & il valetuer. S’il s'en venge , pou- Gate has nous difpenfer d’entrer dans cette vengeance? Dites-nous ce que nous ‘devons faire? Nous ne fommes point ici ef traite , mais pour ccouter votre parole : hous. n’ayons plus de Caftors , vous nous” voyez tous nuds, prenez pitié de nous, il eft tard, la faifon nous prefle, nos femmes & nos aphatig pourroient étre en peine fi nous tardions plus long-temps ; & ainfa. dites-nous votre penfée afin que nous pare tions demain, - : Ce Chef ne fic point fon difcours fi i jute qu'il n ‘obmit quelques patticularitezZ dont les Sauvages étoient convenus entr’eux, Ojlinanguicé Chef des Poureouatemis re- ‘prit- a arole. Otnanguice, Chef des ig ios eaibltee Puifque nous manquons de poudre, de fer, & de toutes les autres neceflitez que 3 vous rous envoyiez autrefois chez nous, comment vouleéz-vous que nous faffions, ‘notre Pere 2 2 da ax ae de nos femmes gon ” Hilibee des M wurs qui n’ont qu’un Caftor ou deux, les en. voiront-elles a Montreal pour avoir leurs. petites neceffitez ? en chargeront- elles des ivrognes qui les boiront & ne leur porteront rien ? Ainfi n ayant dans notre paisaucune des chofes qui nous font ne. ceflaires , 8 dont vous nous aviez promis l’année pallée , que nous ne manquerions point ; &_ en nous envoyant des Francois , quine font pourtant pas. venus nous voir, wous ne nous yerrez plus, mon Pere a: vous ledis, fi les Frangois hous quittent, voila la pe Blip: fois que nous viendrons wous parler. Nous avions oublié a vous | demandes ce que vous fouhaitiez que nous — fiflions 2 a l’égardde la mort de la Fourche, ceft un Confiderable tué par les. Kangas , Nation fort éloignée , nous ne voulons rien. refoudre fans favoir votre yolonté, e yous avoué , Madame » que tout le monde fut bien furpris du difcours d'Oii- nanguice. L’on ne {cuit que dire de la fer- | mere avec laquel le il parla, Que d'incon- _wenlens feroient arrivez en Canada, fi ce Chef eut quitte nos ingerets ; it acne en- grainé avec lui bien d’autres Alliez 4 la perte entiere du commerce n eut pas bre Te feul mal. que Von eut a craindre ; le pais en auroit beaucoup: fouffert, puifque . ie afer: en fait taute la richeffe. Leg 4 é anions des Troguois. 305 Barnifons que l’on auroit pd laiffer dans les differens pottes de ces Nations auroient coutn rifque tous les jours d’étre égorgez par ces asioos brutales. Les Comman- dans n’auroient ed aucune aurorité lors quils auroient voulu raflembler dans les occafions les Voyageurs , qui joint aux foldats imprimoient de E. crainte & du refpedt aux Sauvages. Les ennemis fur rout auroient profité de ce refroidiffement , & d’amis. que tous ces gens - ci nous font, ils auroient travaillé eux-mémes x nous détruire par les courfes continuelles qu’ils auroieng faites de toutes parts fur nous. Qui auroig pu empécher encore nos coureurs de bois - gui fe voyant privez du commerce, fe fe- -Foient: échapez chez les Anglois, on ils avoient. porte leurs pelleteries, af _ Cette Audience finic pat le Chef ne Renards , qui ne dit qu'un mot. ~ Makkathemangoisa Chef des Renards. Que dirai-je a mon Pere? Je fuis venw Je voir tout nud, je ne puis lui donner aucun fecours ; ‘le 'Siou me lie fes bras je lai tué, parce quil a commence, Ne m’en fachez pas mauvais gré , mon Perey je ne fuis venu ici que pout vous écouter & executer votre volonté. Le Comre de Frontenac les fir tous ala : Dd. i 304 Hiftoire des ALeeurs F fembler le vingt Septembre, & leur parla me ja (Orte. hee, . Le Comte de Frontenac aux Outacuaks. Un Pere aime fes enfans , & il eft bien- _aife de les voir, Vous me faites plaifir de vous réjoiiir de ma fanté a l’age ol je fuis, Vous voyez que j'aime la guerre; la Cam- — pagne que jai faite l’annce paffee aux Iro- quois en elt une preuve. Je {uis bien-aife — de vous repeter que j'aime mes enfans, — & que je me réjoiiis de les revoir aus jourd hui, | SI ee - Les gens des terres n'ont point d’efprit _ d@avoir tué ceux de votre village ; mais vous ne me dites point précifement qu’el= _ _ Te eft la Nation quia fairce méchant coup, En attendant que jen fois informé , ne _ gatez point le chemin qui vient de Mi- chilimakinak a Montreal , la riviere eft — belle, laiffez-la en état , & ne la rougiflez Je fai que le Miami a cté rué par les Sioux , & qu’enfuite il a perdu l’efprit ; il n’a pas voulu écouter le confeil qu’on lui a donné a Michilimakinak , il auroit bien © - fait de l’avoir écouté , il n’auroit pas éré tué comme il l’a été. Ta pillé Perrot, il — eft vrai , j'en tirerai fatisfaction ; mais vous autres gens de Michilimaxinak qui — ne faites qu'un méme feu , n’ayez point © 4 ‘ wi 0 es < oe = 4 sees She 4 er Masines des Saini: g09 Ia penfée de broiiiller la terre. Tournez feulement vétre caffe-téte fur le pais de lIroquois , vous voyez qivil ya des Chefs & des foldats Frangois chez les Miamis; cela pourcoit: faire de méchantes affaires 5 vous vivez paifiblement dans vos cabaside) ye vos femmes & vos enfans vont dans vos. deferts fans crainte 8 fans danger. Si vous rougiffez la terre du Miami. , voug rifquerez de voir enleyer fouvent les ches velures' a vos femmes & a vos .enfans, - Ecoutez bien ma parole : & puis quil ne fait qu’un feu avec vous. » empechez- le. de broiiiller la terre de ce cote-la, >, Je fais content du coup que vous aves ‘fait far les Iroquois, vous autres quatre nations Outaouakfes.: vous auffi Pou- teouatemis & Hurons,; voila qui eft bien que de fraper de méme | 'Iroquois , c’alt de ce cété la que toutes les Nations doi« vent jetter leurs corps. Jempécherai bien qué lAnglois n ‘aporte du fecours .aux: Miantis : quand bien méme le Miami aus roit le deffein de l'y apeller 5 mais je fat ‘ quelle Miami.n’en €toit pas snikérnege a: a roit le Baron & Quarante Sols qui avoient éngagé |’Troquois daller manger le Miami & d’aller enfuice fe promener | dans vas deferts - ; je ferai informe. bien-ror de cette’ affaire. Je vous ai fait fournit toujours lar ‘Dd } 7 306 ~ Hiftoire des Afeurs — 4 poudre & le fer. Je fuis encore dans la méme refolution; mais de grandes raifons. m’empéchent d’envoyer dans votre pais cette année ma jeuneffe , en aufli grand nombre que je ferois, fans les grands def- feins que j'ai formez contre mes ennemis & les votres. Je ne puis pas: vous ouvrir mon coeur maintenant fur les entreprifes. i jai refolu de faire lor{que les feuilles feront eet , * vous pourrez peut étre les aprendre. Je travaille toujours a dé- truire PTroquois ; & je médite fa perte , 8 bien-tét vous trouverez la terre unie de ce core-la. ph | A légard des chofes qui vous font ne- ceflaires 8&¢ a vos femmes , je vous en fe- rai bien. tét porter; mais comme je fuis refolu de.ne penfer qu’a la guerre contre VIroquois , je retiens ma jeunefle parce | que jen ai befoin. Lors qu'elle fera de retour elle ira voir votre Village, & je vous y ferai apporter ce qui vous fera neceflaire. 3 | Il fautencore laiffer repofer la Fourche. Je vous ai deja dit que c’ctoit mot qui le voulois venger. Je vous bouche le che- min, parce que c’eft moi & ma jeuneffe - qui ira voir fes os. Vengez fa mort en attendant contre l’Iroquois. = ~~ » i & Ce PAutcomny, | eM aximes des I aici s: 307 Aux Renarpds. — Je parle a vous maintenant Renards, Votre jeuneffe n’a point d’ efprit , ‘vous al vez le coeur mal fait, mais le mien com mengoit del’étre davantage. Si vous n’é- ‘tiez point venus pour écouter ma parole & faire ma-volonté, j’érois refolu d’envo+ yer une partie de ma jeunefle de Michili- makinak pour aller voir votre Village, cela auroit été facheux , car fans doure vos femmes & vos enfans en auroient ett peur. J’efpere que vous aurez de lelprit maintenant , & que vous famerez paifi- blement dans le méme Calumet avec les Frangois qui vous iront voir. Je fuis content de vous, ( gens de Mi- ehilimakinak ) ufez-en bien a Végard du Commandant que je vous envoye , c’eft lui qui vous dira ma penfée , il la fai t, faites ce qu'il vous dira. Je ne veux point que vous vous en re- ‘tourniez tout nuds , comme vous auriez peut - etre fair fi vous: n’étiez venu me voir , je ferail’année prochaine a Monte real lorfque vous décendrez; & vous n’au- rez pas la peine de venir de fi loin, Voila des fufils que je vous donne ,. de la poudre & des balles , faites-en un bon ufage 3 ce neft pom pour tuér vos Alliez, ce n’eft point. pour tucr du becuf n’y: du chevrenily, 508 _ Hiftoire des Moéurs - mais c elk pour tuér I’[roquois. qui mars que bien plus quevous de poudre & de fer. Souvenez - vous qu'il n'y a que la guerre qui faic diftinguer les veritables’ hommes , & ceft la guerre qui fair que je vous connois aujourd hui par votre nom; rien ne me rejotiit tant que de voir le vie fage d’un guerrier. Voila ce qué je vous’ donne , yous pourrez partir quand vous: “voudrez: Le Comte de Frontenac leur ayant faie diftribuer aufli-tot ces prefens , il ajotita, On ne portera plus de poudre & de fer’ _ les Sioux , & fr ma jeunefle y en pores , je les chatierai feverement. Il fe fir cnfice apporter deux couvertutes , deux’ Colliers, & quelques autres prefens pour Jes parens de deux Chefs tuez par les Tro quois , & dit > KouTAkrring Te ramafle res os dans.cette ccuateciaans afin qu ‘ils fe confervent chaudement, jue quesace que {a Nation Cait ik PrNna © Ne ‘Je. pleure ta mort. Voila ce que ye donne pour efluyer des larmes de tes pas 4+ e Maximes des Froquoi}. 469 fens , afin, -quils Lingcoprsess rk de te venger. Les deux Colliers fe evoient Bendre! ‘Gigs la cabane des Morts, & y demeurer jafqu’ace que certe vengeance. ‘futachevée.' ~~ Le Comte de Frontenac envoya enfuite d Argenteuil avee un détachement de Sol- dats qui devoient monter a Michilimakr- -nax & aux Mianiis..De Vincennes devoit -commander dans ce dernier pofte. Dé Fonti Capitaine reformé, frere du Cheva~ lier qui atojours accompagné feu Mr. de la Sale dans tous fes voyages du Mifh- fipi, fe tenoir tout ‘pret. pour monter a Michilimakinak , oui il alloit commander’ dans le temps que l'on aprit que les Abe- naguis faifoient la guerre aux ¢ Anglois est que jamais: Ils envoyerent a Guebiee ofatent chea welures, & ils firent briler un Anglois : e€e qu ‘ils n’avoient jamais pratique, pour _ effacer la mort d'un de leurs'Chefs qui a voit été tude. | Le Collier que les Sauvages du Saut avoient envoye aux Aniez pour reponfe a celui quills avoient reci fous terre , n’ede’ point leffer dont ils s’eroient flatez, Cou- : Mineadbheciroths qui s’en étoit chargé ra- porta quele plus Confiderable des Aniez avoit nié quils euflent-dit par lear Collier’ 6. Hiftoire des Aours, OF ques vouloient shabituér avec nous 3 | qu’ils avoient feulement demandé A pare — ler de Paix , & quiils verroient ce quiils auroient a fiat lors qu'elle feroit con. clue, voulart lui-méme propofer un ac- eommodement | _. Certe annce s ta plutér paflée en pro: jets gu’en execution, & file temps avoie pu permertre de Faité quelque entreprife de conlequence , celle de Manathe auroic éce bien plus utile aw ‘Canada que de Ba: fton. Les chemins' par lefquels il faloie paffer , les eruelles fatigues que l’on fouf- fre au travers des bois impratiquables , font fouvent manquer un deflein qui pa- roit quel quefois aiféa- entreprendre. Vous voulez bien que je finifle cette lettre en’ vous affurant que je fuis avec oe de tefpedt , : MADAME, Votre trés- humble , &e Fin du troifiéme Tome. ‘DES LETTRES CONTENUES DANS CE Ill TOME be L E T x R E. EH page Ie ‘Ujets des premieres Guerres avee leg Trogws. Interet des Peuples an Canada avec les Francots. ; Arrivée de Atr le Comte de Frontenac de France en Canada , avec Anrionag Bi” grand Chef des Ivoguots. | Les Oxnontonans vewlent faire la Pare — avec les Ivoguas, On déclare ia Guerre aux Anglogs dans la Nouvelle Avglgrerre o la ek | dat York, aT AD Be Autionat fa favor a fa Nation pay — gnatre Deputer qe "sh eft. de retour ep Canada. Gagniegoton Ambafadewr I roqttois sponte - des Colliers. . Prife dw Pors Royal dads, Lacabic par les Anglos, 7 3 Converfation partichliere de Mr de Fron= tenac avec Aurioude. Les Iroquois font up grand defordre vise a-vis de Montreal. | Le Chevalier Guillaume Phips. affiege Qucbec avec tontes les forces de la Now- “rele Angleterre, Ll en leve le Siege aveg —fronte. ~ ‘a SE Ti, LETTRE, Famine dans le Canada. Députez de la part des Abenaguis de La cadie au Comte de Fronteuae, quisena= gagent a une guerre tT ELON aes cone tre les Anglos, Duarante Efpions Iroguas s eablilfen An Saut pour favorr les monvemens des Franco. Louis Ateriata Troquoss du Sant, Filleut 4 du Ru» reco ni Collier de la ac deg : Trogyiis. . Combat fort opiniatre > dans Ia Prairie de ip Sec - pes dv TRES. | a Magdeleine contre les Anglos , les Troquois, & les: Leups. oe De, Vallerenne Capitaine dane ‘Compagnie “d'un détachement. de la Ab arint > tarhe en preces les eeneMESE ES SNS Ea “Foreft Capitaine reforme 5 > pone ans * Onraonaks les: leh ae Rote’ aay sige LETTRE, rrp ies 1 roquois entre ta viviere ge — Richelien & le Fort des Veveheres. Madeoifelte des'Vercheres empéche que TV bes Iroquois ne penny ce Fort, @ pla fienrs autres. | — Monfieur le Chevalier de Origa Va a fon fecours a la téte de cent foldats. Combar contre ies’ Proquois 3 retvanche parm des Rochers. : ei chef dun parti confldevable 3 A Troquois'» eft defais proche le Fort de Frontenac. Dironre’ dela Chawadsere Neire chef d’nis » Parti de denm cens querriers Iroquois ; par le Chevalier de Vaudreuil. : te Comte ae. Frontenac propofe une grands me repent aux wap vages fis Alliexy Ve Sep ee fome Ili, - Ss ~ ae re B L mcatic | a. LETTR E ee #7 uit cens Troqusis ei des ache Sas be gouvernement de, Ad ontreal. _ | Prife de tvors Forts des Antex, dans lef- guels on fast trois cens prifonmers le plufpart guerriers, zr Canada eft menacé de tontes parts. Arrivee de dewx cens canots Ontaouaks » qui. vrennent faire la traite ae leurs ~Pelleteries. Les Abenaguis de Letadte ont a pranks pourparlers avec ill Angelia 16s WG Lik boaR Bos | Grands projets dela part dik Angi or des Francois. Ambaffade de la part des Hisaiisie d’ A= _mirkangan de Lacadie » aye. Comte ae Fronten ac. Les cwng Nations Froquoifts hovdyent dense Députez aux Iroquois du Sant de * uae | Lionss de Montreals : Tegamifforens. Ambafadeurs accompagné de dix. autres» porte ba parole de la part des: eng Mations Iraguorfes. Prejuge mal fondé des Outaouaks » fr ce a Ws en me lon ie la Paix aves 4 TG j? a DD. E. Rise Oe E 0.1 R! a. oo Troguois fans les ‘Sing | i dameece du. Pere Ad ret Jefuise, Efclave = se ig les Eroquots » qui prefente un Col- lier au Comte de Frontenac de la part _ des Froquois Carholiques. ocak cea VII. LETTRE ef a abondance des neges -empéchent aller attaquer la Nation des Onnon- taguer, & des Aniex, : | : Louvigni part ala tite de trois cens eg mess pour furprendre les Troqnors dans deur parte de chaffe. — * eee Froguois font bruleza M ontreal. | Le Commandant Anglos de Pemkuit fast . affafiner des Chefs Abenagnis » Gut com- - mercent de bonne fos au pied de fow Fort, ‘Grand defordre chez les Ouraonaks > gue regorvent les Députer, des cing Nations — Troquoifes pour faire la Paix. ~— Onaské Chef Outaonak, met en déroute les . troquos. Ee Comte de Frontenac part al’ age de oe wante & gquatorze ans «. ec wn corps Gara — mée » pour attaquer les Onnontagser, — Progrex. de cette Gampague. 25% t “TABLE DES. LETTRES: VIIL LETTRED ey 2 Ea difette smpéche le Conite de Frontenac d’envoyer des Parts confi iderables con= tre les: Iroquois Cr des- union chez les Ontacnats, Ouchee eff menace. -. eee ta" cing Nations” Troquoifes yalibevenk Sils ferant une depuration gencrale aw Comte de Frontenat. Les Anglois envoyent un giand Collier aux 2 id Troquois » pour les detourner dela Paix. - Arrivec a Ot xcefte > Ambaadene oe: | Onneyouts. Audience publiqa donnte anx Outdouaks? hers 28%) finde la Table da U1. Tomey: a nats Ke e *) piss Salts ia i id