Smithsonian Institution Libraries Cifr of THE SIL BOARD 1999 De At de AP « MX L À M. ER I Q Le E SEPTENTRIONALE. CONTENANT L'Hiftoire des Abenaguis , la Paix generale dans toute l’Amerique Septentrionale , fous le gouvernement de Monfieur le Conte de Frontenac & Monfeur le Chevalier de Cal- lieres | pendant laquelle des Nations éloi- gnées de 4x cc lieues de Quebec s’affem- bierent à Monreal. k | Par Mr, pe LA POTMERIYE, &C TOME. TL. | Enrichie de Figures. A P À R FS, À k JEAN-LUC NION, au premier Pavil- Chez Jon des quatre Nations,à Ste. Monique, $ FRANC, OIS DIDOT » À l'entrée du ne Quai des Auguftins ;à la Bible d'or. M, DC. XX il AVG Aprobatio® & Privilege du Roi. » us 1 RIRNES MR CM * 1x LETTRE Ésnhti-n: Chef Iroquois de la mon- tagne de Montreal, eff foupsonné de tra- hion par les Colliers dont il eff chargé de la part des cinq Nations Ireqnoifes, Différents Partis en si contre les E roquois. | | aincon de Saint Ours; ( Oncle à la mile de Bretagne de Madame la M aréchale de Tallard') Commandant des Tronpes d'un dérachement de 14 A arine ; arrête les irruptions des I roquors für Le fenve Saint Laurent. Neuf cens guerriers Ontaouaks font de grands defordres chez, les Iroquors. Grands éclarcifemens à Michr limakinak entre les Outaonsks @ de Commandans François. Añdience à N cskatin | ; Chef dé Vingt=. deux V. illges, © + Scoux > GW Vient faire Alliance avec le Comte de Frontenac. Réponfe au Vice-gonverneur de B _ par” FA Terme IV, FE | Hiffoire , M a : j … Oufanmihonez S Ekefimbramet, Che Abenaguis. ‘Le Comte de Frontenac ‘dot Audience à à _ plufieurs Chefs fes Alliez, | La Durantaye Capitaine, défait les do “ _ qguois 4m lac Champlain. Les Iroquois du Sant envoyent prier les Ontaosaks de venir voir bruler nn pri “Jomsier I F6qUOIS > pris Par la Peremigre … À Ki Q ONSIEUR ; NOR Je ne fuis point furpris de routes les queftions que vous me fites chez Je Roi fur mes Voyages, fans favoir qui vous êtiez ,Monfieur, je m'apercüs infen- fiblement qu'il y avoir en vous beaucoup de difcernement fur tout ce qu'il y a de curieux dans le monde, il faut avoir au- gant de délicateffe d’efprit que yous en Avez pour avoir aprofondi &. dévelopé vous-même tout ce queje favois par expe- rience. Je fus ravi d’aprendre dans la fui £e par Monfieur de Cheladet , que c'étoic Monfieur le Marquis de Courtenvaux à a qui j'avois l'honneur de parler. C’eft une corfequence de.cerce ingenieufe curiofité qui vous eft f naturelle que je tâche de yous fournir ici des re capables de le ne e æ ee: ë # no Maximes des Lroqueis. si. EA, fustaire. C'efft avec raifon , Monfieur,que le Sage nous dit de ne nous point fier à nôtre Ennenii ,il connoilloic bien le cœur de l'homme & ‘favoir que les protettations d'amitié d’un fourbe font autant de pie< ges qu'il nous tend.: Que vos dirai-je, Monfieur ; du ca- ratere de l'Iroquois , il parle & penfe’ tout autrement , il fa méfie de tout le monde , & tâche de penetrer la penfée de ceux avec lefquels il à affaire, parce qu'il aprehende toûjours qu'on ne “lui fafle ce ‘qu left prét de faire aux autres. ro Le Coïnte de Frontenac les connoïfloie fi bien qu'il ne fe foit à eux qu'autanc que fa prudence lui faifoit déconvrir leurs defleins, Toutes les Ambaflades qu'ondut avoit faices jufques alors auroient flté agreablement un*cœur qui fe laille tou cher par le doux poifon de vanité & d’a- _mour propre, mais il avoit trop de dif= _éérnement pour ne les pas prévenir. + Farchà: Député des Onneyouts, qui étoic venu avec le Pere Miler, s’en retourna aë commencement de Novembre avec Thio- rhathariron Sauvage du Saut, accompa.. gné d'Onon Sifta Sauvage dela montagne. Ceux ci avoient demandé permiflion au Comte de Frontenac d’être de ce Voyage, _ pour Jor-cpd de ce #0 l’on diroit dans À 2 Hriffoire des Maœnrs k | Vs confeils d'Onnontagué. Ils revinreñt avecun Anié le vinot- quatre Mars, qui ve-. noit voir {a fœur au Saut. Farcha les con- - duifit jufques à une riviere qui tombe au - pié du long Saur.à trois journées de Mont- . real, où ils trouverent Thathakoüichesé -à la chafe , qui n'avoir pas été à fon pais | comme on l’avoit cri. | | Le Gouverneur de Montreal rod ‘ Thiorhathariron fur plufieurs particulari- tés ? celui-ci lui dir qu'iln ‘avoit jamais oûi parler que d'Ougan futarrivé à Manathe; mais qu'il avoit {çû que quatre cens Sol- dats Anglois y'éroient arrivez , & que les _ marchandifes y étoient fort cheres : ; que le frere de Piftre Scueftre Flamand, qui étoit à. Onnontagué, Jui avoir dir eñ confiden- €e due les Baftonnois.pouffoient ceux de la Nouvelle Yorx &lées Iroquois . a faire : Ja guerre, & qu'au contraire ceux d'O- . “range étoient fi fort portez à la Paix, que trois des leurs devoient accompagner les Iroquois quand ils viendroient en:ce païs ,. pour en conferer ; que fi les Onnonta- |-guez n'étoient pas ‘vénus dans les quatre- vingt jours prefcrits , c'eft parce qu'ils en avoient été empêchez par les Anpglois qui les avoient engagez d'aller chez eux ; où ils avoient trouvé un nouveau Cémiet- : dant à Orange ,, auquel ils demanderent ge quil vouloit d'eux. x | Pt LE, RE PE Sie VA Œ FREE des Iroûuois. f Celui ci répondit qu il ne favoit pas ce _ qu'ils vouloient eux-mêmes, & qu'il n'a- voit point fçû qu'on leur ent fait dire de _ le venir trouver. Que le fujet pour lequel les Onnontaguez n'éroient pas venus d- vec lui‘pour réparer la faute qu ‘ils avoient _ faires de ne pas le rendre prés du Comte de Frontenac au temps marqué, fupofté qu'ils vouluffent la Paix, étoit l'antelen- _ fion où ils écoient qu’ aprés lui avoir ren- . du tous les prifonniers François ,ilnefute : Jui-même les attaquer chez eux avec les : Outaouaxs ; ayant été averti par divet transfuges qu'il avoit donné un hand Collier fous terre aux Nations d’enbaüt -pour venir le joindre, & aller enfemble _manger les villages d’ Onnortagues & d Onneyout; qu'ainfi ils ne voudroient pas qu'on leur eût envoyé le Capitaine Ma- .ficout avec des prifonniers de leurs gefis pour les raflurer, Il étoir-aifé , Monfieur, de juger du peu de Foi des froquois. Ces Barbares pa- roilloisnt attachez aux Anglois quiétoient bien ailes de tirer les negociations en lon- gueur , pour empêcher les François d’eti- teprendre fur leurs Villages , & ce qüi fit conje“urer qu'ils étoienc d’incelli- .gence fut que Thiorhathariron pria que Jon envoya chercher un Parti des Sauvas E Hiftoire dés Murs … _ges du Saut, qui avoit ordre de faire coup du côté d'Orange. Leurs interêts étoient Communs ; ce qui eut frapé l’un, l’autre s’en fersit reflenti par l’union fecrete qui étoit entr'eux. Thiothathariron alla lui. méme faire au Comte de Fronteñnac un détail plus exact de fon voyage. * Ed Eranr arrivé , dit-il, à Onnontagué a. vec mon frere, voici ce que j'ai dit par . un Collier aux Iroquois & aux Anglois. Nous fommes ici de l'agréement de nôtre’ Pere fur la demande que luienafaite Tar- cha , pour vous dire quenous fommes furpris de vous voir venir un âun parler de Paix ;au lieu de venir tous enfemble amener les prifonniers de notre Pére’ Onontio | comme il avoit témoigné le: fouhaiter ,. car c’eft votre Pere comme le #ütre.: | | Par un fecond Collier que ceux du Saut & de la Montagne m'avoient donné , je leur ai dit. J'ai écouté ce que vous avez: dit à notre Pere Onontio, que vous avez aplani les chemins d'ici jufques à Quebec... je les applanis aufli afin que vous y puif- fifliez venir , mais tous enfemble. J'ai laiflé à Montreal , continua Thio= rhathariron ( parlant toûjours au Comte de Frontenac ) deux Colliers que les Iro- quois m'ont donnez , qui s'adreffent aux’ A: à “R *: préparée pour lui Onnontagué. 1. : 7. M aximes des rogmois: CA | Sauvages du Saut & de la Monfagne, par _ Jefquels ils leur témoignent la joye qu'ils ont eñë de me voir avec mon frere dans eur païs où nous fommes.allez de notre chef avec l'agrément d’ Onontio , & qui - les prient de fe joindre à nous pour mo- yenner qu'on léur rendent leurs gens qui {ont parmi ceux du Saut, êc de da Monta- gne , & de Lorette. "J: ai lailé pareillement deux autres Col _liers pour remerciement de deux que nous avions reçüs à Onnontagué, & en voici | fix que j'aporte de la part des Iroquois à notre augufte Pere Onontio, x | PREMIER CoLLiIEr. Nous exhortons le Capitaine Maricour de fe joindre à nous , comme faifoit au- £refois fon Pere, pour obtenir la Paix de Monfeur le “stté pad La narte eft Lez SEzconDp COLLIER É Nous exhortons le Capitaine Maricour F4 du Planti , de nous amener au com mencement du Printemps les prifonniers qui font parmi les François. Ce font les fentimens de toute la cabane. TROIS1IE ME COLLIER. Nous prions Osontio d'arrêter la hache de fes Neveux, les gens : de Lorette & es. Abenaguis, Ft ÿ “ifoiré des M œurs QUATRIE ME COLLIER. Comne Onontio eft obeï de fes enfans; nous le pions de nous faire rendre nos freres qui font prifonniers chez les Nas tions d'enhaut. | CINQUIE ME Gotr tant Pitre Anglois , nous a dit qu'Onontio lui = a fait favoir qu il avoit toute liberté de venir lui parler, mais qu'il ne le pou: voit fans le confentement du Roi d'An- gleterre. Toutes ces ae étoient f infolen- res que le Comte de Frontenac fut fort. piqué contre ces deux Sauvages qui fans ordre étoient entrez en negociation ; il ne voulut point répondre 2 à ces Colliers. Bien | plus ïl dit à l'Anié qui étoit venu avec eux que $ l en eût vallu la peine il Jui auroit fair câter de la grillade, pour aprendre a . d'autres à ne pas venir efpionnet , fous prétexte de pourpailer qu'il feroit met- tre àla chaudiere tous ceux qu'il pourroit attraper , ne les regardant d’orénavant que comme des Efpions. Qu il n’écoute- foir aucunes propofitions ; s'ils ne Jui ra- menoient non feulement tous les prifon- _niers pers mais encore tous ceux de _fes Alliez qu ls ont entre leurs mains. Ces deux Sauvages ne furent pas trop gontens de l'acceüil qu il leur fit. Le pre- mie e. G Maximes des Trognoiss -ÿ mier qui avoir envie de paller chez les Iroquois, demanda qu'il lui fut accordé _ deux mois pour faire une meilleure négo- ciation. L'on vit bien que c'étoit un fou:- be, & onne le connût que trop dans la faite. En effer, il donna deux Colliers à Thathakouichere & à fepr Chefs les plus confiderables du Saut,qui ne les voulurent pas recevoir. Il les avoit reçüs lui - même chez les Iroquois. | ie premier s'adrefloir direéfement à à hais : Etes- vous de même cœur , difoient- ils avec Ononffta, & peut-on vous parler a cœur ouvert? Surquoi il avoit répondu , fi vous avez quelque chofe aire, dites- 4e moi en particulier. G .. C'eft denc à vous, continuerent-ils , & | 4} Thathakouichere” , que nous ro être de vos amis, & des plus Confidera. bles du Saut, que nous parlons ; & nous vous difons que nous voüs.avons déj | parlé par: Theganiflerens par un Collier ; . mais vous avez rejetté ma voix. En voici Un autre que nous mettons entre vous &c votre ami Thatharouichere, pour vous dire que comme bons Chrériens vous portiez C Onontio à la Paix. C'eft fous terre ue je mets ce Collier ntre vous deux, où il faut qu'il demeure -Arois, aps, pour vous dire qu il Faut ‘que Tome 4 Fe vu %o À Hiffoiré des AE bis on, vous fafliez cas de l’union que VOUS dé: vez avoir entre vous, & que vous n'ou- bliez pas que. vous avez ici votre ancien- ne terre , que vous devez nous avertir des deffeins d'Onontio, fans vous décou- wrir à lui: n’aprehendez point dé ve- nir chez nous, vous y ferez toûjours les bien venus, L’ ou peut dire, Monfieur,, que ce Tiorbathariren “be un des plus grands ennemis domeftiques qui fut par- mi nos Sauvages , quoiqu'il fit paroïtre beaucoup d'emprefément pour tout ce qui nous regardoit. Il donna avis aux {ro- quois qu'il fe prefentoit une occafon fa- vorable pour faire coup fur des François L voyageurs qui étoient reftez dans la gran- _de riviere, & {ur les Algonkins & Nepi- ciriniens qui y chafloient. Les Anglois, qui étoient à Onnontagué , inffterent fort que l'on ne fit l'entreprife. Les Aniez, qui avoient été abandornez de ceux-ci dans un combat, n’en voulurent rien fairé, ilsne fongoient pour lors qu'à la Paix, fans vouloir encore aigrir le Comte de Fronré- nac. ls leur dirent que les ayant fi A garantis de fes coups il ils pouvoient ÿ a nf eux-mêmes. Affinaré Onneyout de Nation, qui étoit depuis long. temps avec les Nepiciriniens genna ces avis, & il ajoûta que le mé- | L VE M. & Maximés des Troguois. | mé Phtthariron: avoit détourné les Ir6: duois de venir parler à Ononrio Hiver ;; les ayant affurez de leut rendre compte de. l'état des afairés. é Comte de Frohtenac ne laifa pas de derichiée differens Partis , il étoit à propos’ de tenir nos Canadiens en haleine , & d'avoir quelqués prifonniers qui puffent nous informer des démarches des enne- mis. Saint Ours qui comandoit quinze Sauvages du Saur , amena d'abord trois Aniez , ,nônobftant la prétendue Paix que ceux- à s 'efforçoient de leut alleouer. Tothariron , Chef de la Montaone ; accompagné de "deux de fes Sauvages , ïes p . taquerent cinq Flamands fi proche d'O- range, que l'on entendic fort diftincte: _ ment la voix de ceux qui parloienct dans la Viile ; quatre fe fauverenc, & le cin- quiéme eut la chevelure enlevée. Ce cou fi hardi donna affez de frayeur aux habi- ans. Enfin ün troifiéme Parti enleva uh Cavalier Flamand , & tucrent Je cheval. L'on aprit, Monfieur, par ces prifon: riers que les Onneyouts avoient refufé d’ ‘EnVOYEr aux Anglois Tiothathatiron & Ononfifta , qu'ils avoient demandez avec _inftance , lorfqu' F6 les furent à Onnon- Mer Et Les Anglois qui mertoient raut en ul: ja B' 2 \ M 0 oiee NAN POELE W® Hiffoire des Mœurs de ge pour aigrir les Iroquois contre nous. feur dirent que lé Comte de Frontenac ne faifoit que les amufer ,. qu'il n’agifloit pas felon les manieres des Éurépéens, & qu'ils ui feroient bien-tôt connoïtre l'effet de tous fes préparatifs de guerre : qu'ils vo voient d’ailleurs les guerriers Iroquois: qui avoient donné dans leur fens , aller attendre à la grande riviere les Sauva- ges & les François qui devoient monter & décendre. Ils avoient réfolu en cas que is fuflent les plus forts de les tailler en: pieces, où s’ils étoient en plus grand nom- bre ils leur devoient diré que la Paixétoit concluë. D Lt On favoit ainfi qu'il étoir arrivé des: troupes d'Angleterre, qu'on levoit dans le païs quinze cens hommes pour s’opo- fer au rétabliffement du Fort Frontenac,. & que les Iroquois avoiene promis de fournir aux Anglois huit cens hommes fi les François conmençoient la guerre. L'on étoit déja trop convaincu de la fourberie des Iroquois, ils en donnerent encore des preuves f convaineantes que Fon ne fut point furpris d’aprendre que _deux Aniez ayant rencontré trois Fran. çois aù delà du Fott la Morhe, qui eft dans le lac Champlain, fe demanderent les uns aux autres qui vive, Nous fommes: 1 + © Maximes des Troguois. 33 ‘Âniez , direnr les premiers :'& noùs nous M ies François. Bon ; féprirent les A- fiez en couchant en jouë , ceux-cice font : ceux que nous cherchons: En même-tems, Monfieur , Montour recût un coup de ft. fil qui ne L'empêcha pas de tirer le fien fur celui qui l'avoit bleflé , qu'il jeta par terre comme mort; les res autres François en firent: dune du fecond ; mais ils furent bien furpris- lorfqu' ils les chnEE 7 dirent un moment aprés faire des cris: Les François gagnerent bien vite dn pied, dans la crainte où ils étoient:, qu'il’ .n'y eut plufeurs Sauvages dans un bois voifin: . Quelques jours aprés: lon:prit un de ces bleflez, qui raporta qu'ils’afflembloir à Oz range beaucoup d'Anglois &:d'Iroquois, pour faire quelques .expeditions confides rables dans les ‘habitations Françoifes. Le Comte de Frontenac qui fe voyoit menacé de toutes parts, mittous fes foins de bonheur aux fortifications de Quebec, Tour étant en bon ordie pouf recevoir derechef l'armée Angloile qui avoit déja fi mal réüilt, il monta à Montreal pour prendre d’autres mefures du:côté du Fort Frontenac qu'il avoit voulu réparer, IL aprit aux trois Rivieres-le coup que les . Ennemis avoient fait depuis deux jours LES des deux Montagnes, aw. bout de- BR 3 Fa T4 | Hifaire es, Mons l'ile de Montreal. Charleville qui. ete aperçû de la fumée dans cet endroit., eut la curiofté de favoir ce que c’étoit. He rencontre d'ün canot de quinze Iroquois contre lefquels il fe batit vigoureufement. Il reçût malheureufement deux coups de. fuñls & de fléches, donc il mourur. Le choc fut rude. Sept Sauvages qui étoient dans fon canot ne pouvant refifter davan- tage , forcerent de rames pour ne pas tomber entre leurs mains , aprés leur en avoir tué cependant quelques. uns 729. Auffi-tôt que l'on eur apris cette ac: tion , l'on détacha Repentigeni , Nepifiris niens & Sauvages du Saut & de la Mon- . tagne , pour furprendre ces Iroquois. Quand on crût, Monfeur , les trou- ver au lieu où l’on difoit qu ls avoient fait ce coup, l'on wint dire à Montréal que les notres s'étant feparez:en deux pour tâcher de les joindre, Repentigni avec quatre autres François avoient été tuez dans la riviere des Prairies L'on envoya inceflamment faint Ours Capitaine , à Ja tère de cent vingt hommes , tant François que Sauvages , dans des bâteaux plats s & il vint heuteufement à bout d'arrêrer _ les courfes de ces Barbares qui s’étoient Pete de toutes parts. Les eper h'ont pas toûjours, Mons. L © Maximes des Iroqmis. F$ _ fieur , de fi mauvais fuccés ,qu'il n’y ait quelquefois des retours heureux qui ré- pare le pañlé. On confole fouvent les aftli- gez pour participer aprés à la joye de les’ amis. L'on fut touché à la verité de la: - perce que l’on.venoit de faire ; mais les nouvelles que l’on recût enfuite confo- Jerent. Elles portoient que nos Outaouaxs - & nos Alliez failoient merveilles, n'étant @ccupez qu'à porter le fer & le feu chez tous nos ennemis:, qu’il y avoir neuf cens guerriers en campagne qui les fatiguoient cruellement , à la referve des Hurons qui n'étoient point partis. frite Courtemanche |, qui coimandoit un Fort chez les Miamis , décendir à Mont: _ reak-avec douze canots d'Outaouaks ,: & dit au Comte de Fronrenae que les Iro- quois ayant enlevé trois femmes & trois’ ou quatre enfans Miamis ,avec le plus: jeune fils de leur Chef, qui piochoient dans leurs champs , s’étoient aprochez : de fon Fort: fans que l’on s'en aperçût. Courtemañche, dis je, voyant'qu'ils paf: foient leurs fuñls dans fes paliflades, fit: faire une décharge fi à propos, qu'aprés avoir tué & bleflé beaucoup de leurs gens: - ils fe retirerent èn defordre, lui criane qu'ils n’en vouloient pas à lui ; mais feu: Jement aux Miamis ,. parce que la Paix: LA 0] € 16 | Hifroire des M durs” ; à étoit faite’ entr'eux & Onomrio: Ils ne fat Voient commenñt fe venger de l’affront qu'ils venoient de recevoir, Ils voulu: rent l'engager enfuite de venir dans leu camp , fous prétexte de lui reméttre les Efclaves qu'ils avoient faits: Courtemian: che leur répondit qu'il ne leur feroit au: cun mal , s'ils vouloient: entrer chez lui pour faire unéchänge de part & d'autre, Toutes ces Conferences faites à: pleine tête ne fe terminereit qu’à des injures?’ : 6n fuivit à la piftéles Iroquois.. L'on trou: va au bas: d'une: riviere voifine quinze brancards, qui faifoient juger qu'il y pous voit avoir trente bleffez , & l'on vit dans: des brouailles fepe à huit A aie tourcs de pleines de fang.. L'Oflicier qui avoit élevé: Éouvignl Commandant de Michilimaxinak, voulue favoir le motif qui avoit engagé le Baron; fameux Chef des Hurons ,: a: recevoir deux Colliers de la part des froquois ; fous prétexte qu'ils tenoient deux de à Nation prifonniers. Il aflembla plufeurs des Alliez avec les Hurons , & leur fit un difcours: affez FRA: à leur mai niere. Mes Enfans , je veux vous:dire ma penfée , «fur ce que l'Iroquois vient de faire ; Pre formé le deffein de manger Je Miami, 8 SIP OR QIN" faifant il. à lié cinq, #8. D & JTE des À Éroduétk, | à _eu fix Hurons,à ce que l'on dit, & Éifor _ reflexion qu'un’ éoup de fi petite confe… quence né lailferoit pas d’allarmer les’ Nations, & les faire tomber fut lui, ce qui l'obligerdie de rompre foh: projet contre le Miami, il a ufé de rufes ,imitant un homme qui veu furprendre & tuër fon. ennemi fans courir aucun rifque ; il prend le temps qu *il dort , & quoique fon “chien veille à fa garde ; “il aproche cet animal . avec un os qu il lui jerce en le careflant ê&c pendant qu'il Æ rage : il poignard fon maître, «Qu'en arrivé L encore, É chier qui croyoit avoir fait capture , Le trouve pris Jui-même par celui qui l'a careflé , & é- tant mis à la chaudiere avec fon: maître qu'il a fi mal gardé , tons deux font la proye de eur” ennemi commun qui en fait un bon repas. Voilæ ce que l Troquois fait par ce Collier, il veut mangeï fon arni & [on Allié, c'eft pour cela qu'il vous jette ce Collier, fachant bien que pendane que vous ferez” occupcez à l’admirer ,:à le confderer à le tourner de toutes "purs fur votre tiatte’, . à tenir coñfeil fur con- feil , en un mt à rongèr cer 68 ,'il aura cour le temps dé détruire le Miami ,& de fe revirer fans danger, en attendant l'occaa fion favorable de vous faire boüillir à Be Hifloiré des Aléuñs votre tour dans la chaudiere qu'il forge par les Colliers qu'il vous envoye. … Je fai enfin que plufeurs d’entre vous ént éprouvé en leur particuliet la perfidie de l'Iroquois, & que plufñieurs Nations qui n'ont plus de noms ont effüyé fa tra- hifon ;: & toi qui n’eft qu'un foible refte tu dois t'en fouvenir mieux que perfon- ne. Ca , courage ,foyez des hommes des maiftenant, ou prencz la fuite, vous éloi: gnant au delà du Soleil. Penfez-vous vi- vre en fureté proche d’un voifin qui né _refpire que le fang , & dont le cœur eft rempli de venin contre le‘refte des hom- mes. Seroit:il bien vrai qu'un méchant Collier vous lieroit les mains & vous cre< veroitles yeux ,s’ileft poffible que vous n'y voyez plus goute ; ouvrez du moins vos oreilles pour m'écouter,:que ce que je vous dirai tombe dans votre cœur ; & setenez.le bien: SE Mr …. Il faut que vous rompiez les liens dont Firôquois a crû vous avoir garoté , s’imas | ginant que vous n'auriez pas l'efprit de vous en apercevoir :il ne faut plus que vous regardiez ce Collier qu'avec des yeux’ : d’indignation , parce que de quelque côté’ que vous püifliez le courner, la trahifon eft toûjours cachée fous lui comme le feu’ fous la: cendre ; fongez maintenant à ce’ = + | é M. aximes las Trogtois. Àÿ que vous devez faire , voici une occafon favorable, le maître. dede: vie vous la! pre- fente: fi vous allez fecourir le Miamis qui vous tend les bras , fans doute l'Iroquois A Le trouvera accablé fous Le poids de mes armes victoricufes. J'ai ici des François confiderables qui connoiffent l'Iroqutis, & qui ont plufieurs- fois mangé leurs Vil- lages , ils font prêts à fe mettre à votre tête avec tous les François qui : font ici, vous voyez Jeur valeur’ , imitez- les, Ts _geons encore une fois non féülémènt à faire la guerre, mais à la continuër jufques a l’entiere deftruétion de l'ennemi com- mun, Depuis qu’elle eft commencée vos Willages en ont groffi, vos cabanes fe font remplies d’enfans & de belle jeunelfe; voi- ‘a ma parole, c'eft l’ efprit d'Onontio , c eÆ {a voix, écoutez-là bien, & c'eft tout ce que j'ai à vous dire, 5 Quelques. uns s’aviferent de dire que la _Païx avoir été faite à Montreal, & que les Iroquois avoient amené la robe noire, ‘{ c'éroit le Pere Miler) 6 & tous les FR ves François. x PEN _ Sila Paix eft faite pourquoi donc vont- ils fraper le Miamnis , peuvent-ils porter _féurs haches impunéent contre les en- -fans d'Onontio , fans que celui ci leve la frise ré les ne xd | é 29 A ifoire des M Œurs Tous ces préambules n ’étoient pas. ete core fuffifans pour découvrir tout le mi ftere de ces Colliers, il faloit en avoir une nous demandons qu'on nous dife ce que fonc devenus cinq Colliers qu'Amix avoit aporté de leur part. Nous ne voulons rien cacher ayanr en vûë que _ notre Pere foit informé de tour. Enfin l'L goquois difoit par ce Collier que pour unir Tome IF. Cr + ME 2: Frifoire CR Pas route la terre il alloit manger le Miami " invitant toutes les Nations du Lac à s'af- fembler avec les François vérs lé détroit, lors que les feïilles feroient rouges, { c 'eil à dire l’Automne ) toutes les Nations , à la referve de l'Ami: K', vous convient à ce rendez-vous. Voila téëk ce que j'aià dire, qui eft la pure verité. ’ Les Outaouaxs fi piquant d’hor neuf) voulurent, Monfieur , juftifier leur con- duite en plein Canit Tous ces Collo-. | ss donnerent de grands: éclairciflemens. La Grofle: Tête , le plus confiderable des Ouraouaks du Sable, voulant prendre les interêts de fa Nation, , répondit fur le champ au Baron. La Grojfe- Tête ; Chef des Ontaonaks dn Sable, Mon frere le Huron, tu me faits ici un reproche faifanc parler Okantixan, lequel n'a pas porté ce Collier: tu dis quetu ne cache rien, tu biaife pourtanr, & quoi que | j'entende tout ce que tu dis Je ne conçois pas rout. J'ai cependant quelque joye d£ ce que nos gens vivent au détroit , j'en étois en peine, car à l’arrivée du dernier Commandant de Michilimaginak cet Au- tomne il n° a pas parlé fur ceton.là, m'a- yant au contraire toujours dit dé me mé- Fe & voila Mantet sonfideraple a rss LEE 0 1.42 2 LS ë G Aaximes des Îroquoiss 2s François, & digne de Foi, qui affure que tout eft en armes au Süd ; & que nos gens même ont fait coup cet Hiver. A Cheingouefli Outaouax Cinago, dit, al- lez vous y froter vous hommes de bas éfprit , voila un beau rendez-vous que le _ détroit. | #1 Il fe leva un autre Outaouak plus fin Que les autres , qui donna encore une bon- ñe repartie. Me one . Ouifkouchs Outaouak-Cinago. Loin de nous ce Collier, nos Anciens aprés en avoir reçü des Iroquois plein des facs, ont été tuez dans la même année. cr … Le Baron qui leur tiroit les vers du nez découvroit infenfiblement les fentimens de leur cœur, il reprit fon difcours, Do ie oui Lén4taPs mi, Voila mes freres comment nous fom- mes en peine de ce qui fe pafle à prefen£ chez notre frere le Miami, & de nos gens du détroit qui n'arrivent pas. Un autre: Chef plein d’efprit , qui étoit tout-2 fait dévoué à nos interêts, fit af- fez connoître la Part qu'il \ prenoit à lois Li CREUSE | | LE Rat Chef Huron... .: Nous n'avons qu’une cabane &un feu, & nous ne devons.avoir qu'un même ef. ptits Hons.nous , l’occafon eft belle, il y | | A 2 24 tiè des M œYrs à du bled au village pour nourrir les fern: mes & les enfans, nous avons de braves gens, qui nous empêché de né mourir qu’éñ hommes & en défendant nos vies, ferons- nous paifñbles pendant que l’on'amene nos freres ? Je croi à la parolé de Quarante Sols notre Allié, qui quoique prifonniét nous exhorte à ne point nôus fier à l’Iro- quois : nous ñe devons avoir de volonté que celle de notre Pere , & nous ne pou- vons faire la Paix fans Hit: prenons un lieu afluré pour établir notre refolution. La Grofe-Tète. | Mon Confeil eff pris, je n’ai point q au tre volonté que celle de notre Pere , tou- cefois il eft bon de s’afñlembler. F Tous ces projets de venger les Miamis étoient-admirables , mais fans effet ; tout fe termina à ten leur village de Holnes Paliflades , & à mettre à couvert les vieil. lards & pe enfans, quoiqu'ils fiffent fou- vent des Feftins de cuerre où ils formoient de grands defleins dates les Iroquois. Le Commandant de Michilimakinak voyant cette infenfbilité envoya un petit parti de feize hommes, qui en attira un autre de foixante. : Jene peux m ‘empêcher, Monfieur., de vous faire le recit d’une chEnddbé que. Je Baron fe forma dans fon imagination, RM ne (A L: & Maxites des Froquois. as | pour tâcher de leurer les Ouraouaxs, c’é- toit un homme fiartificieux qu'il étoit dif- ficile de penetrer {es fentimens. Il avoit, dit-il, une affaire de grande importance à communiquer ; s il falut tenir un Confeil exprés pour luidonner Audience, auquel il invita les Sauvages de Michiiman itière, Fes Peres Jeluires, & les François les plus - Loeb RES : : Le Baron: + 110 4 EE ona trouvé cer Hiver , dit-il, ‘dns la terre da Sakinan.un siettiol di avec Pr feu - _ me, âgez chacun d'environ centans, qui ont demeuré- à depuis l’ancienne fétutse du Huron, dans un Defert ou Champs qu'ils ont Er tout fait. Il a racontétout ce qui s'eft palté depuis plufieurs années , ayant {eû tous Les combats qu’on a don- ñez , & toutes les Ambaffades de part & ‘d'autre, mais particulierement celle de l’I- roquois auprés d'Onontro. Le commerce & la communication qu’il à avec le maî- tre de la vie qui lui parle £ frequemment , ne permér pas qu il i ignore quoi que ce foit, n° y qu il'ait manqué des chofes necef- faires à la vie , lui énvoyant des grains &c æitroüilles nas fon deferr avec abondance. Ce venerable Vieillard nous a exhortez: "à bien é écouter les robes noires ,* & nous £ 3 + A Les fuites #6 Hiftoire des Mœnrs | attacher à la Priere | nous aflurant que le maître de la vie, qui eft un en crois per_ fonnes , qui ne font qu’un même efprit & une même volonté, vouloir être obeï, fans quoi il feroit perir les defobeïffans en leuc” Orant leurs graines. Il nous a dit qu’il #- voit que tous nos bleds avoient été gelez l'année paflée , parce que nous n'avions. pas été aflidus à la Priere. Enfin aprés a- “voir recommandé de garder le huitiéme jour en s’abftenant de toutes œuvres, & le fantifiant par la Priere , il a fini fon dif. cours par la défenfe de mettre les morts en terre, parce que c'eft leur ouvrir leche- - _min de l'enfer , mais bien les élever en l'air pour prendre plus aifément la route du Ciel, & par une exhortation affez pref- fante d'écouter la voix d'Orantio ; & de fuivre fa volonté. | | On | Voici , ajouta le Baron , la voix de cet _ illuftre Vieillard , qui fait prefent au Chef François de ce tas de caftors, & de cetau- tre aux robes noires. | ve Meffieurs les Sauvages ne furent pas contents des plaifanteries que l'on fit de ce prétendu homme de Dieu, qui accom-. _modoit fi mal notre Religion avec fes re. velations. | :s 10 Or Les robes noires, difoient-ils'; veulent ” bien être écoutez dans les contes quils \ # © Maximes des. Trogois. 27 noûs font des Pauls , des Antoines , & au- res Anachoretes du vieil temps , pour- quoi donc notre vieillard n'aura-t'il pas Jes mêmes lumieres. HÉLACE ER Le Baron n’avoît d'autre but que d’inf. nuër aux Sauvages que le Vieillard leur défendoit de fraper les premiers fur les -Iroquois , parce qu'il avoit peur de les is xiter, vû la Paix que l’on favoit qu'il avoit concluë & ratifiée, 2H . Les Jefuites n’eurent garde, Monfieur, d'accepter ce prefent de la parc du bon _Hermite, Le Commandant qui avoitaffi- RE à ce Confeil invenra une parabole pour s’accommoder au caractere de ces gens, il eft d'un païs où l’on ne manque pas de #rouver fur champ des repoites faites à plaïfir. As tu vû, parlant à la Groffe-Têre, la Lune dans ton lac lors qu'il fait beau, _ & que le temps eft calme, tu vois qu’elle paroït être dans l'eau, cependant rien n'’eft plus vrai qu’elle eft au Ciel. Tu es bien _ vieil ,mais fache que fi tu revenois à ton premier âge, & que tous les ansture mifle dans J’efprit de pêcher une fois la Lune dans ton lac, tu-reüfirois , & tu la pren- drois plûtôt dans tesrêrs que tu ne faurois . Venir à bout de ce.que tu mets dans ton €fprit;tu le fatioues inutilement , fois af furé que 'Anglois & le François ne fe peu- 4 TR 28 . Hifloire des Mœurs vent trouver dans une même terre fans fe tuër :ce fonc des conventions qui font faites au delà du grand lac, # La Groffe-Tête qui l'écoutoit fort ati Tentivement, lui répondit feulement. 7 oi la qui ejt étrange. UE Les Sauvages voulurenit encor fonder cet Officier ; ils demanderent un Confeil general : & fous prétexte de prendre des: mefures contre les Iroquois , leur deffeiñ: n'étoit cependant que de favoir fi c’étoir:. tout de bon qu’on vouloit aller en guerre contr eux. L'on feignit d’ajoûter foi à leur: parole, on offiit même d'envoyer avec: eux tous les François qui étoient a'portée,: mais quand ils virent qu'on les preñoit au mot ils éludererir adroirem@hela propolr- tion qu'on leur en fit. - RATE Le Commandant de Michilimakinale joüa encore toutes fortes de ftratagêmes: pour empêcher les négociations avec les: ennemis ; il ft fi bien que toutes les Naz tions envoyerent : À? : L:1.7 TUE ds PES MEL à la referve des Hutons. ; Me 1 I décendit ; Monfeur 2 plufieurs Ou: taouaks, impatiens de fävoir ce qui fe paf foit ici bas , ils furent furpris de voir tous. les mouvemens de ouerte que l’on faifoir,, & ils connurent la verité de tout cé qu'on + #€'eR l'Occcm. Ivers partis en guerre. Æ © Maximes des Jroquois. 19 feur avoit dit. Ils furent, dis je, témoins . des préparatifs que nous faifrons pour ak- ler au Fort Frontenac. fls commencerent pour lors à quitter toute prévention. Le Sauvage à cela de particulier qu'il veut être émüû par des endroits qui lui foient fenfibles. 1 AR AC * Qu'elle joye ne fit-on pas paroïître lors que l’on fe mit en état d’allergérablir l'an- eien azile & le lieu de retraire où tout a: bondoit. Le Comte de Frontenac fit par- tir un petit corps d'armée de fépr cens François & Sauvages , qu’il conduifit juf: ques à la Chine ; qui eft à trois lieuës de ha ville de Montreal. Le Chevalier de _ Crifañi en étoit la Commandanr, il avoir fous lui le Marquis d’Alooni, de la Grove, . de Noyau , de la Valliere, & trente-deux autres , tant Capitaines que Lieutenans 6 Enicienes. ‘, : à Je les laifle continuër leur voyage, & je reviens au dedans du païs pour y voit ce qui s'y paffe de particulier. | - Toutes les Narions éroient donc émüés, Vinaction dans laquelle ils nous croyoient les avoit mis dans une grande confternaz tion. Les uns vouloient être roûjours dé nos amis, & d'autres ne favoient coniment nous rompre en vifiere. Les Nations les plus éloignées qui avoient entendu parles … 36 . Hiffoire des Murs de des François vouloient reclamer leur pro: teétion, & ils ne favoient quelles mefures prendre pour y réüflir. Il ÿ en vint ce- pers t. Vous allez voir; Monfieur, le re- fültar d’une Audience publique que le Comte de Frontenat donna à fes Alliez. CHincouABEe ; CHEF DES SAUTEURS, Par un premier pacquet dé Caftor. _ Je fuis veu te faluër de la part de mes jeunes gens qui font à la pointe de Cha- gouamikong, & te remercier de ce qué tu as donné des François pour demeurer avec eux. ? L | - Par un fécond pacquet. | C'eft pour témoigner le chagrin que nous avons d’un François nommé Jobin, qui a été tué dans une Fête, cela s'eft fair par. malheur ; & non pas par mauvais | deffein. fuit | de Par dn troifième. UC Nous venons vous demander une grace qui eft de nous laiffer faire ,nous fommes Aalliez des Sioux :on a tué des Ouraga. mis, ou Mafrourechs, le Sioux en eft venu pleurer avec nous ; laiffez-nous faire no- tre Pere, laiflez-nous venger il n’y a que le Sueur qui poflede la langue des uns & dés autreS qui nous puiffe fervir ; nous de- mandons fon retour chez nous. Ce dif- couts fini un autre Chef parla pour fa Nation. Y MO d +, 1) 4 Liu 3 , S Ÿ 4 = © Maximes des Iroquoss. 4 Le Brochet. : Nous fommes venus de la part des An- _ciens, qui nous ont donné quelques robes pour venir traiter de la:poudre : toute no- tre jeunefle eft en guerre, ils feront bien aifes d'en trouver à leur retour pour le continuër. Les Sioux qui font à cinq ou fix cens Jieués de Quebec, n'avoient point encore fait d'alliance avec. nous ; ils voulurent _connoître le Comte de Frontenac fur. la réputation qui s'étoit répanduë chez eux de fa valeur, Ils favoient qu'il failoit la guerre aux froquois , & ce fut un fujer pour lui demander de bien. veillance : 8 union qu'il avoit avec quelques Alliez “qui les inquietoient y contribua beaucoup. C'eft une Nation belliqueufe, ileft rare de les voir tomber entre les mains de leurs “ennemis, Lors qu’ils font: eryvs de ce- der à la force, ils fe tuënt plûtôr que de Jeur donner cette fatisfaétion. Vous n’au- rez peut. être pas trop bonne ‘idée, Mon- fieur., de la valeur de ces peuples, par la “maniere dont un Chef commence fa Ha- rangue., C ef une maxime chez eux d'en Agir pe même au prime abord , mais ils \fvens: fe foûtenir enfuite. Tioskatin, Chef des. Sioux. Avant que de parler il étala une robe de # 32 Hiflire des M ŒUrSs ss & rangeant un autre deflus, un fae À Tabac, & une Loutre , fe mit à pleurer rés ameremient en difant ayez pitié de. moi. On le fit un peu revenir, il efluya fes larmes, & parla ainfi. | Toutes les Nations ont un Pere qui leur donne fa proteétion, & qui ont le fer, * mais moi je fuisun bâtard qui cherche un Pere, je fuis venu pour le voir & le prier d'avoir pitié de moi, | | I étala enfuite fur cette robe vingt- deux flèches , & fur chaque flêche il nomma un Village de fa Nation, qui demandoïc la protection d'Osontio ; & de vouloir les re- garder comme fes enfans , le fupliant que l'on leur ouvrir un chemin pour pouvoir venirici comme les autres, qu'il n'avoir encore rien fait qui pût lui meriter fa pro tection ; mais que fi le Soleil pouvoit lé. clairer dans la route de fon païs jufques à celui-ci, il verroit dans la fuite que les Sioux font des hommes, & que toutes les . nations devant lefquelles il parle le favent. Ce n'eft pas parce que apoite, conti nua-il, que j'efpere que celui qui gouver- ne cette terre aura pitié de moi. ») ai apris par les Sauteurs qu'ilne manquoit de rien, qu'il étoit le maître du fer, qu'il avoit un grand cœur auquel il pois recevoir toutes # Toutes les chofes dé à la guerre. 4 AUDIT SU | € XLaximes des I roguois. %Ÿ. tontes les Nations; c'elt ce quim'a obligé d'abandonner pe corps pour venir de mander fa protection , & le prier de me recevoir au nombre de fes enfans. Prends courage, grand Capitaine, ne.me rejette pas, ne me méprife pas , encore. bien que je paroifle malheureux à.fes yeux. Toutes les Nations qui font ici prefentes favent. que je fuis riche, & quele peu qu'ilst’of- frent fe prend Le mes terres. ee Le Comte de Frontenac remercia ce Chef d’avoir quitté fon | pais pour le ve- nir Voir, l’aflurant en même temps que les 2 RER vivroient en paix d'orénavant avec lui: s’il vouloit tourner fa hache du côté de l'Iroquois, qu'il lui envoyeroit toutes les chofes neceflaires à cet effet, _& quille recevroit au nombre de fes en fans s’il lui étoit obsiffant. | Ce Chef aprocha enfuite du Comte s Frontenac, & lui prenant les genoux il re- commença à pleurer , en difant.ayez pitié de moi; je {çaibien que je fuis incapable de vous parler , n'étant encore qu'un en- fant , mais le Suear qui entend notre Lan- que, & qui a vù tous mes Villages, ‘vous aprendra dans un autre côté.ce que les Na- tions Siouxes que vous _VOÿez ici devant. vous ( fe tournant du côté de fes fléches } pourront faire lors qu'elles autont la pros | Zome 17. 34 Hifloire des M. œurs tection d’un $ bon Pere qui leur envoyer& des François leur porter du fer dont ils ne commencent qu'a avoir la connoiffance. Ces pleurs finis, la Femme de Ouakan- tapi, Chef trés confiderable de la même Nation, qui avoit éré racheptée à Michi- limaginak, $ ‘aprocha les yeux baiflez du Comte de Frontenac & de Mr de Cham- pigni, & leur embraffant les genoux elle leura amerement. Je te remercie mon Pere, dit elle, toute baignante de larmes, c'eft par ton moyen que j'aiété délivrée & que je ne fuis plus captive: elle repeta plu- fieurs fois ces mêmes paroles : verfantrtoëü- : ours des larmes, | C'eft un ufage parmi eux d’en agir de même dans les occafions de cetre iMpOr tance. Ce Chef reprit un air martial aprés, _ d'une voix affurée, Je parle en homme pe- nerré de joye, dit-il , le grand Capitaine, celui qui ef le maître du fer, m'aflure de fa protection, & moi je lui promets que s’il yeut me faire rendre mes enfans qui. {ont Efclaves chez les Renards , Outa- OUAKS (Ya Hurons , je viendrai ici & ame- neraï avec moi les vingt. deux Villages à à qui il vient de donner a vie, en promet- tant de leur envoyer du fer. ‘Cette grande Audience finit par le Sioux. Le Comte de Frontenac donna le temps à P] qe Cu aximis des Iroqnois. 3$ ën chacun de vacquer à fes affaires : i . médita pendant quelques jours fur les ré- pouces qu'il avoit à leur faire. Il les fit af- fembler, Monfieur, le 19. Juillet, & porta la parole à Cheingouabé. ; Mon fils Cheingonabé ; je fuis bien aife _ @'avoir connu par les remerciemens que ti m'as faits de t'avoir donné des François pour demeuter avec ta Nation que tu ref- fente l'avantage que tn retire des commo- ditez; qu'ils d'aportent, © de voir prefénte= ment ta famille habillée comme font mes au- tres enfans , an lieu que tn n'étois anpara- Vant vêtu que de peaux d'Ours. Situ veux _ QMe je continué à t'envoyer les mêmes [62 Cours; ® à les augmenter encore dans la fie, il faut que tute refolue auffi à bies écohter ma voix, à (uivre les ordres quite * féront donnez de ‘ma part “le Sueur que Jenvoye de nonvean pour commander & Chagonamikeng ; C° à-nè fonger unigue- ment qu'a faire la guerre à l'Iroquots qui ff ton ennemï capital, auffi-bien qu'à ce bas de tontes les autres nations d'enbant, & que eff devens le mien, parce que j'ai pris Fon parts; © que j at empêché de t'oprimer. Ve Fembaral]e donc point dans de no%. elles querelles ; ne re méle de celle que | les Sioux ont avec les Kenards ;» Maf- Ronrcks G autres ; que pour fufrerdre leurs 36 riffoire des M dr a ATRDE : ,en attendañt que.je trouve lès" moyens de leur faire rendre les prifénniérs qu'ils ont faits fur enx cet Hiver, © leur farre avoir Jasssfattien far les antres fjcts 1 dé plaintes qu'ils peuvent avoir d'eux. | ‘Je ne réponds rien fur le chagrin que 14 m'as témoigné avoir du malheur arrivé ab François nommé Tobin , parce que je furs “anformé que cela s'eft fait par accident , œ guetu n'en eff pas conpable. Au Brochet & aux Nations Outaouaxes. ses vois bien qu'encore que Vous ayez. été _ témoins de ce que je dis en votre prefence l'année palfée aux Froquois » © la déclara- sion que je leur fis que je ne feross jamars’ la Paix avec eux que vous n'y fuffiez com: priss auÎfi-bien que toutes les'antres N'atiors' qui me font Alliex;, qu'ils nè me ramés nallent tous. vos Prifonniers avec eux dont! ons n'aviez point en de connoiffance. Ce que la Motte, Commandant de Mi-- chilimakinak ; vous à dit la-de]us de ma parts en vous expliquant ce qui étoit faire aurois di vons ôter cetse penfée. M ais onvre bientes orcilles ; écoute en- gore yne fois par mia bouche comme la chofe s'eff pallée ; & sn connoïrras aprés cela l'ar- -tifice © La malice des Îroquois qui ne cher- ‘chent que les moyens de te faire entrer en | were contre #n Pere ant pe la-jamais C Maximes des Iroquois. 37 trompé » afin dé t'empécher d'écouter Ja voix >» © te détourner de la guerre quil fait qu'il t'ordonne de continuer. fe vais donc te dire comme la chofe s'eff palée. Il leur parloit, Monfieur , à peu prés comme un Pere qui s’entretient avec {a famille, à qui il découvre les fentiméns de fon cœur ; il leur ft une énumeration de tout ce qui s’étoit pañlé depuis leur dé- part , & l’on peut dire que fes paroles é- toient autant de traits de fléches qui les perçoient jufques au vif. 11 leur raconta l'arrivée de Tarcha avec le Pere Miler, ._ & le refus qu'il fit de fes Colliers, le dé. part de Tiorhathariron & d'Ononfifta, qui éroient allez aux Onnontaguez fans être chargez d'aucune parole , mais feule- ment pour écouter ce qu'ils diroient dans leurs Confeils, | sh Cut Les Colliers qu'ils prefenterent 4 leur retour , & le refus qu’il en fit, fans oublier Ja Déclaration faite à Lanié qui étoit dé- cendu avec eux, tous les différens Partis qu'il avoit envoyé, l'attaque que les Iro- quo avoienr faite au Fort de Miamis, le coup fait fur nous tout recemment au lac des deux Montagnes, vers le bout de l'Ifle de Montreal , celui fur cinq de nos gens tuez à la riviere des Prairies. Il feût fors bien Keur rapeller aufli la fourberie des j ; 3 CN 48 Fiffoire des Moœurs Froquois qui donnerent fur eux quand-ils décendirent de leur païs,ñnonobftant qu'ils le reconnuffent ,.& les fepréens hommes qu'il venoit d'envoyer au Fort Frontenac étoient encore un fujet de reflexion. Je ne croi pas , continna-t'il, que veus ayez, befoin d'antres preuves pour vous per. raser que je fus dans. la refolution de fus. ve la guerre aux Troquois plus fortemert. que jamais, © que vous puiffiez vons dé- fendre de la lui faire anffi de votre cotés fi vons. voulez que je vous croye des enfurs obeifans € atrachez à vos propres interéts auff-bien qu'a celui de votre Pere: puifque al s'agit de détrurre nn ennemi commun. 1] leur fit diftribuër les prefens , car il n°y à pas moyen d'être applaudi fans cela Cheingouabé touché de ce difcours prit Ja parole. | | ot CHEINGOUABE. H: n’en eft pas de nous comme de vous; mon Pere, lors que vous commandez tous les François vous obeïfflent & vont en guerre, mais je ne ferai pas de même écou- té & obeïde ma Nation; ainfi.je ne fau- rois vous répondre qué de moi & de ceux qui me font proprement Alliez où Pa- rens. Cependant je ferai favoir à tous les. Sauteurs votre volonté, & afin que vous. loyez perfuadé de ce que je dis, j'engas ET vs ee Œ Maximes: des Iroquois. 39 gerai les François qui font dans mon vil- lage à être témoins de ce que je dirai à es gens de votre part. | Pour ce qui eff des Hurons & des Ou- taouaks , ils attendoient avec impatience ce que leur Pere-avoit à leur dire , &c il leur parla'en ces termes. : AU x Hu-r oNs.- + Mes enfans , je vous remercie dubon ace cheil que vons avez. -fait à Tioskarin Chef des Sioux , j'en ms été informé par le Com- mandant-de Michilimakinak ; je vous ex- horte doncà continuér dans la fuite à les bien recevoir chexsvons lors qw'ils y vies dont , à oublier les morts:que vous ponve avoir de part © d'antre dans la guerre qui Vons vous êtes faite autrefois , © à les re- garder prefentement comme vos freres É* mes enfañs ; leur laiffant le païlage lilre Pour me venir voir ici > © y: chercher ce qu'ils auront de befoin.. in :. Quelques jours auparavant que nos Al Jiez furent congediez, il arriva, Monfeur, des nouvelles de Lacadie ; nos Abenaguis. étoient bien embaraffez. pour avoir de leurs prifonniers qui étoient.chez les An: glois, ils fe trouvoient les bras liez de ma- nicre qu'ils n’oferoient faire coup fur eux y'ils ne les eufflent-auparavant retirez. _ ALy çn eut fept qui allerent-indifeseres | go | Hifhoire des M Œurs ment au Fort de Pemxuit , dont l’on ett | arréta trois ,. & les quatre autres furent ruez au Fort de Saka. Ce procedé ne laiffa: pas que de toucher fenfiblement les Abe. _ fiaguis ,ils affcéterent cépendanit de ne le pas faire connoîitfe ,: & ils ne fongerent: + à ménager une entrevië : ils reçütent: ur le fujet la Lettre fuivante. Par l'honorable. Guillanme Sroughron: Ecnyer > Vice-Gonvernenr © Com= _ mandant en Chef. Ayant été certainement informé que’ les Sauvages d' Amarafcogin outre d’au- tres Sauvages de cette Province du côté de l'Éft , contraire à leur fotiniiiion & dé: | aid ar E de fidelité à la Couronne d’An- gleterre ,-ont depuis avec perfidie adhéré aux enheémis de Sa Majefté, & fe font joints avec eux dans les débhièté outrages: tragiques & barbares , meurtres commis: à l'endroit de plofieurs bons fujets de Sa Majelté de la riviere d’ Huitre- Egroton & ont amené avec eux plufieurs Captifs qui font maintenant détenus par lefdits Sauvages à Amarafcosin , ou autres lieux prochains, ce en quoi Fils ont paru ouver_ tement Rebelles , 8 ont par là engagé’ leurs vies. aufli Hifi que celles des'ôtages de leur fidelité , lefquels fuivanc la coûtu= me des Nations & le droit des armes au Dr | SO Maximes des Iroquois. A roient dû juftement être mis à mott, mais ayant apris que plufeurs des Capitaines & plufeurs de leurs principaux hommes n’étoient point de concert à ces dernieres zrahifons & barbäries, c’eft pourquoi afin qu'ils ayent occafon de moñtter leur in- nocence & fidelité , j'envoye les prefenres par les mains de Lheepfcot, Jean Alt, Ba- _gataouatootiganun de leurs ôtages , afin qu’ils puiflent voir ( nonobftant la lâcheté & bafletfe dés Sauvages ) qu’il eft encore en vie , &” être informez par lui du bon traitement que lui & fes camarades ont recu, & que le Gouverneur de Sa Majéfté ‘en ce-pais leur a été inviolable dans tow- tes fes promelfès à eux faites en recevant . la foümiffion des Sauvages. | _ Ainf pat ordre de notre Souverain Sèi- gneur & Däme Roi Guillaume & Reine ‘Marie, commande étroitement &invite tous les fufdits Capitaines & autres Sau- Vages qui voudront donnér des preuves _ de leur innocence & fidelité , & avoir ‘égard à leut vie, qu'ils ayent à renvoyer. vous les Caprifs Anglois qui font en leur! pouvoir ,comme aufli de faifir , ramener, & rendre à Juftice les Chéfs de ces Sau- Vages qui fe fonc joints ,afiftez & agis _ dans certe derniere & fanglante Tragedie, ‘4 quoiilsne manqueront pas à peine d’ê- BA Le. TE & Fe < Re #2 Hiftoire des Maénrs tre perfecutez par les dernieres rigueurs de la Loi comme faux Traîtres & Rebel les. Donné fous notre main & fceau de nos Armes à Pafton le 2r jour de Jan- vier 695$. dans la fixiéme année de leurs Majeftez. Signé Guillaume Stougton. Osfanmihonex Ekefambamet » an V ice Gonverneur de B affon. = Seigneur. qui m'écris | écoute & com- prends ce que je vais te dire , & ce que je vaist'écrire. Tu reconnoïtras aifément mes paroles. Et comment ne les recon- noïtrois tu pas, c'eft toi pour ainfi parler qui me les foutnis. M écrivant avec trop dé hauteur tu m oblige à à té répondre dt même flile. C’a écoute donc res veritez que je m'en vais te dire, à toi qui ne dis: point vrai quand tu dis que je te tuë cruel-" lement , je n'exerce jamais fur oi aucune cruauté en te tuant, ne te tuant qu'à ie 0 de haches & de fufils. | Il faut bien que ton cœur ait été porté detout temps à la méchanceté & à la four- berie ;'il n’en faut d’autres preuves que ce’ que eu fis l’Automne dernier à Saka & à Pemkuit, prenant & teriant ceux qui al- loient prendre des nouvelles de toi, Il ne: fe vit jamais dans tout le monde, il ne fuc- jamais dir que l'on arrêta prifonnier un fiomme qui poite un Etendart & quivai L *@ Maximes des Troguois. 43 eur favoir l'état desichofes. Voila pour- ant ce quetu as fait, En verité cu as gâté ce pourquoi l'on pourroit l'entreparler. ‘Tu l'as enfanglanté : pour moije ne pour- rois jamais me refoudre à en agir de cette maniere , puifque j'ai même une extrême horreur en cela de ta méchanceté fans pa- reille. Comment veux-tu doncmaintenant que nous parlions ? L’on porta l’Autom- ne dernier à Saka & à Pemxkuir notre Dra peau commun à toi & à moi , fous n’en avions qu'un feul. Etant porté à Pemkuie tu c'en faifis. Etant emporté à Saka tu le couvre de fang. Si tu penfe maintenant de moi, il faur que je fache un peu ce que penfe celui avec qui j'ai eû un pourparler, _ Rends moi notre Drapeau commun, qui eft l'unique chofe par laquelle nous pour- rions nous entreparler. Ce que tu dis, je té le dis à toi-même, C’à réponds toi de ceux qui m'ont tué à Saka, & qui m'ont _ arrêté prifonnier à Pemxuit. Je te ren-, drai la pareille, Je te menerai ceux qui t'ont tué lors que je les aurai pû décou_ vrir. Ne manque pas de faire ce que j'e. xige de toi, de oi, dis-je, qui me fuë fans fujet, qui m'arrêre prilonnier lors que je ne pénfe à rien. Voici encore ce que jete dis, fi tu ne le faits pas exaétement tut’ar. gireras bien des malheurs fur voi, fur tes le \ AL |? Æfifloire des A1, CITE avé, fur tes vigres, fur tous tes biens: Pour moi tu ne faurois me faire grand mal fice n’eft par les fourberies, Mes mai- fons, mes vivres , mes.biens , font dans des païs perdus fi tu veux me les enlever il t'en coûtera bien des peines & des fai- gues. Que Pagadocouagan : revienne dans : qu'il ne manque pas de re- venir dans çrente jours en tout que l’on raméne nos gens. Pemxuit que tu as gâté ne m'eft plus prefentement agreable. e fonhaire un autre hieu de notre pour parler, favoir Meremitin; c'eft-là que fera toüjours planté notre Drapeau commun lors que tu me l’auras rendu. Signé Ou fanmihouex Excfambamer. C'eft ce que nous fommes ici 3; nos Chefs n'y font pas maintenant; voila ce que .noyps te difons. Ieft vrai, Monfeur, que les Abena- muis furent bien irtitez de l'affront que les Anglois leur avoient fait d’avoir pris leur Drapeau, c'étoit auffi violer le droit de la guerre que d'en avoir agi, de même, . du moins ils pouvoient. prendre d’autres mefures pour châtier ces peuples qui a- voient violé la Paix précenduë , mais Îles Anglois le Pre bien dans a fuite. Les Anglois furent à Meremitin , qui Étoit 16 rendez-vous pour faire l'échange de dé ui, dd) la cgf rl; ASS il L d Ré 4 x! - : Ÿ © Maximes des Troguois. 4$ le part & d'autre. Les Anglois ne s’y tro“ verent point. Les autres ne dirent mot de @e manque de parole. Ils eurent encore la politique d'aller à Pemxuit, pour qui ils | favoient conçü tant d horreur , tant il ef vrai que la nature & le fang- ont des liens qui atrachent fi étroitement les hommes ‘que l'on pale fouvent par deflus tout ce qui nous fait peine, pourvû que l' a ec ærouver le fecret de fe réünir. Le Commandant de ce lieu leur donna d'aflez mauvailes railons de ce qu'on ne eur avoit pas envoyé leurs gens ; l'on fe fit de part & d'autre beaucoup Fr repro- ches : les Anglois fe radoucirent nean- moins , & tombant {ur le difcours de l'u- nion précenduë entr'eux, ils prirent une Pierre qu'ils leur donnerent pour modele de la fermeté que devoit avoir cette Paix. Les Sauvages en prirent une autre qu ls «mirent auprés, L’ornement de la Dopiece n'étoit ac- fr 42 travailles à les MeTiteT. Ter L'ai pris ponr. mon Fils, je aime » je ne peux avoir deu À # . Tu éo ÆHifloire des Mœurs cœurs; gnand j'ai donné mon amitié jé me la peux oter à celus à qus je l'ai donnée qu'ii A6 my contraigue. Je re lave de tout ce que 2n as fait fitu faits bien à l'avenir, G qne l'année prochaine 14 me vienne dire que tu @5 reuffi » tn feras content de la receprion que jete fera. L'Officier qui commande à + Michilimakinak © Petrot me diront fi tu ne m auras pas trompé, @ fur les bons té- moigrages qu'ils me rendrons de ta conduite efpere tout de mor. æ: r N'ancanakonct n'atrompé quand il à di Verti mes armes d'un autre côté , je lui a- - vois aîlez déclaré que mor Cajfe-tête ne de- 1 voit tomber que jar l'Iroquois @° fes AI- lex, CO non fur Les Akancas autres, Îlne féra pas difficille de perfnader aux gens de Michilimakinak que je ne vtnx point de Paix , puifque tu 45 vh depuis. peu de jours que l’Iroquors eff venu en guer- ve, © qu'il atne même quelques-uns de ma jeunelle pat furprifé » ne croyant plus que je venille l'éconter n'y le recevoir pour mon enfaut ; aprés avoir refufé toutes Jés Propo- fétsons , parce qu'il ne vonloit pas fincere- ment vous y comprendre. Wous'dvez tons croire que c'eff le defefpoir qui le fait agir «voyant qu'il n'a ph me fnrprendre, © que je prévoyoss® que lavas qu'il jertoit F je. gnfans , anquel quelques-uns n'ont pas laié F. K= n Pa M aximes des As: - | _ de mordre ,n'étoit que pour les tromper des mettre tous 4 la chaudiere, a Age le cœur fort : tn viens encore de fai: ve une fante en ce que [ans attendre mes 0ÿ- “dres th 45 quitté fi-sôr le Camp des Fran- goss ou imt'étois 101-MCmME offert d'aller ;t# m'avois en cela bien fatisfart » © ton retour m4 À Midi ferpris. es donc aux Sakis , Folles VA mes ; © autres Nations qui Jènt dans la Baye quelles ont été mes intentions , afin que a l'avenir ils puiffent plus commodement é. couter cé que je leur feras favoir. Je defire- rois que ta Nation € toutes Les leurs qui: fon Pefentemens difperfées en divers vil- Lages auffi éloigrez: les #ns des autres qh ils fonc ; fe rafemblafent tons dans nn mème dieu sowils Peurrosent faire divers villages sils Vonloient : ‘ce qu par cette umion, les endroit plus forts pour refiffer a leurs en- semis, @* les mettroit en état d'exccuser plus facilement. © plus Promptement les ordres: que je leur euvoyerots ; © c'ejf pour celé: qw aprés t'avoir fait en particulier ce pre- fente jete faits encore celni-ci pour r y con- Vier © tonte ta Nation. PUR 1 LOTOUTE ZT. R 7e vous parte , jé né penx douter que toi Kolouibi ne fois à mor ; tn me l'as tÉRUIENE Fannée derniere, lors que malgré les Sat E > + à D Es CRE SL: d "4 Là M 2 M w 62 Hifhire des Murs : teurs © Ontacuaks, tu voulois marcher cou- tre l' cHnemt : tumenss averti ayant 1CÉ AC= compagné "Ar de Mantet : Continue à faire 4 ce que ie demande de tot» C fus afnré de. mon apur, | Perrot m'a a dit tout ce que TT de 4 da haut pour donner de l'efprir au Renard ; je r'en fai bon gré, maïs je vos qu'il eff é Éga= TE » 1 ef ton parent » témoigne me l'ai jamais abandonné ; j'ai lé Cœur fer- ame ; Gil m'eff fenfible quand on veut dé- tacher de mor quelqu'un de mes enfans. "4 | NANCAUAKOUET.. 1 4 Th fass un coup genereux > 4ay6 tou jours le même courage que tu «ch, Ê ne. fasts la guerre que quand Je te dirai de la fasre, G du côté que je re marguerai. Sa. che que le Sion m'étant vern demander mA _ protettion » je la lus as accordée, © qu'il | eff mon Fils ? qui font ceux qu: vondrosent s’opofer à ma volonté £ ta Nation à plu- fieurs Prifnnicrs , croi que les ayant pris pour mes enfans :ls font tes Feress S'onf- friras-1u ton frere Eclaut chez ! tort ? INer- toye ta natte afin que je m'y pui le 2er | tranquillement. ; KiourouskaAu. A Perrot m'a dit que 14 Nation faifoit fon devoir. La Motte m'a mandé de Michuls- # wakinak! que ta jeunelfe étoit en; £HETTE »! - @ Maximes des Iroquoss. 63 © je fçar que l'année précedente on l'a fait revenir de ce quartier - la, Aye to#- jours La même perfie ; Jhis ma volonté » G tu tronveras nn Pere qui aime [es en- fans quand ils le méritent. CR. Je voi que toi Makkathemangona Ke- nard tn es un jeune homme > ta Nation S'eff bien détournée de ce que je demandors d'elle , elle a pillé quelqu'nn de ma jeu- nelle qu'elle à traité comme l'on traite les ÆEftlaves ; je [ai que ton Pere Ornkimaou- alfan qui aimoit les François n'a poini en de part à l'indiguisé qu'on leur'a faite: tn fais l'exemple de ton Pere qui avort … de l'efprit, quand tu n'es pas dn parts de cenx de res gens qu fe veulent donter 4 mon ennemi , aprés m'avoir beancogp..sndt- gné © défair le Sioux que je riens & pre- Jént pour mon Fils. de Déclare a ta Nation de ma part ;qne (quo qu'elle ne le merite pas ) je veux bien éncore la prendre [ons ma protcétion » dans l'efperance que j'ai qu'elle ve me don- fera plis de mécontentement ; © que tn . F'employeras à lui refaire l'efprit. T'as ps- #6 du Sion, j'ai pitié de fes morts dont je pleure la perte ; Perrot va la bant ; 1l PaT- … dera à ta Nation de ma part pour la de- 4 livrance de leurs E fclaves ” qu elle l'écoute. Taurus fuhaité voir le Porc Er Ga Re: » dr yr à + Lait CN 1 : L mi SL , CR 1 + F< RO Hifore des M Œurs Peoma ; a'autres C befs » aufquels j anroh remis | efprit qu'ils ont perdu lors qu'ils Songent à à 0 donner à l’Eroquois qu ne cher- 1 che .7#. a tromper, © auquel moi qui aët plus d’ efprit qu'eux, © qu'ils bas À #4 ve puis me fier. Hé quoi Egominerd ; d tons Les au tres qui paroiffent vouloir [e donner à l’ en nemi »; Verront - als d'un cœur tranquille manger le A iams par l’ Troquois sNecro. JéX:Vons pas gr Guard il A ANTA plus d’ je : tre viande » 1 Hangere la votre. 11 vEUs". être féul. Ponr vous autres AAiamis de Mara: mik, ; Nanangoulliffa, & Micitonga » vous êtes les’ Chefs de ce grand Villages CO je Croi gme ce n'eft que par la volonté. de tous les antres' Chefs qus y Jurt que vons* éles venus pour M'ÉCOUHET.. e veux croire, comme vous le ess que". ET n'avez point d'antre volonté que le’ mienne. Perrot vous a dit qu'il fälloit le: Ver vôtre feu de MA aramek,, C vons nr avec Les autres Miamis dans un lie 06° | Dons puiffiex vous oppofer a l enpeni ; a ln: faire la guerre, je ne puis penfer qu C7 repos de mes enfans je n'en puis denir &. bout que par la deffruétion de l'Iroquois >. E* pour accomplir mon deflesn. I faui que’ mes cnfans sumflent enfembie, afin de ne & " axImMES de res. | 6$ pouvoir plus facilement executer les ordres ŒE que je leur LEMVOYET AI. Vos avez dit, il ÿ a un an à Perrot ; que vous vonliez dé- cendre pour m'éconter ; vous me l'avez mandé Par votre Collier G votre Kobe que m'a aporté Perimond. Te vous ré- Pondors par lui ÿ mais il ne vons a pas rendu ma réponfe. Vous me dites mainte- “ant par celle que vous me prefentex que Vous # avez d'autre efpris n'y d'autre cœur que le mien ; je vais vons io dE De mA volonté » accompliffez-las SL vous declare mes enfans » que je né Croitai point que les Di iamis vemllent m'o- beir que lors qu als feront tous enfemble le méme fer , foit à La riviere fins ofeph ou dané quélqu'autre lien qui en feit procke, Je. me fus aproché de l'Iroquois ; Œ j'ai des Soldats à Katarakons, dans le Fort on on avoit abandonne. Il faut que vous Voss aprochiez, anff de l'ennemi pour ni ie miter ; avoir plus de facilité de faire _Cop fur ln. Tons mes énfans me difint que le Mia mi eft rombreux sy peur lus Jeul détrus- re l'Iroquors : à [on imitarion tour à peur. Quos vonlez- vous quitter voire pais 4 votre canems ?. Ne Vous tronvera- il pas en quelque lieu que vous puilliez vous ca- cer fi vous ne ni en difpurex pas f'en- 66 : | Hiffoiré Fu Mrs a. frée. Doutez- vous de mon appui depuis que j'ai commencé la guerre. Il n'a para qu'une fois à Chichikatra encore étoit.ce daus le temps qaw'ils Jasfôvent fémblant de #egocier une Paix avec mos : mais prefen= tement que toures mes armes [ont tournées. contre lui, ponvez- Vons douter que je ne lus ôte le moyen de vous infulter, C''que je ne vens facilite pas les deffeins que vos. Ponrrex avoir conire lui. AveX-vous oublié que je ne lui faits principalement La guerre qua votre confideration ; vos morts ne- Paroiffeñt plus chez lui; ceux des Fran= fois qui font morts pour les venger les CoH= drent. Je dons donne les moyens de fasre La née chofe > je vous aide de toutes mes forces ,; 1 ne iendroit qu'à moi de le rece-, Doir pour ami, je ne le venx pas à canfe de vous qui feriez, dérruits fi je faifois ler Paix avec lus fans vous y comprendre Perrot monte avec vous por vous con- duire o% je defire que vous de fasviers Faites ce qu ‘ilvons dira, Gen m obeif- fant vous tronverez we Pere qui four voi tre repos facrificra tonte [a jenuelle si ef ncecffusre. Ne vons fiuvencx vous point de ce Me ! Chichikatia auroit pu dire de Perror > 8 n'eff pas Efclave, c'eft celms 14 j'ar en VoyÉspOUT VOS ui MA VOIX 3 je ‘VO 4 é M aximis 5 des POV ER 67 onf dere trop pour vous donner un Efcla- e pour avoir foin de vous, c'eft moi que faits. La guerre Ÿ non pas lui. nand VOUS AVEX tué le Loup & l'An “glois > vous LATE obet » © fr. Chichi. Katia l'a, délivré lorfque vous l'avez, pris, al ma defobeï. Je croirai ce que vous me dites ; [fi vous changez, votre fes pour remplacer celui que Chichikatia à aban- donné. T'envoye Perrot pour expliqner mes ANEENLIONS à TOUS VOS F teullards , € fi vous ne croyez ce qu'il vous dira » je lui com mande de vous abandonner ; É je vous 4- Landonnerai Moi-tnéme fans fonger davan. tage à vous proteger» © fans vonloir me. mêler de vos affaires @ de votre terre, Te veux que mès enfans correfpondent à la ? prorcéion que je leur donne, 1l5 voyent que ma jeunefle meurt tous Les jours , [ans : que je leur reproche quelle meurt ponr eux. Au refle Ounanguicé ; © vous autres Chefs des Nations, je fuis bien - aife de VOS AVErtIT principalement ». AVANT que Vous me quittez, qhe le Commandant de AM ichilimakinak, cft Le fenl à qu Ÿ'as remis mon antorité dans tous vos quartiers ; © qui doit vous expliquer mes penfces, & mes intentions. Les antres Officiers Fran- pois » comme Courtermanche s Aanret , #& Argentenl, -de HF Va HACEUNES. » la Li sa 68 4 Hifloire a. | MASSE te, Découverte @ Perrot; » qui Jônt parmi vous ; lur devant être entierement [ohmis, Que ce for donc [a voix ftule que vous ÉCONIIER » parce quil ny 4 que lus que puile veritablement vous expliquer la Micnnes Ÿ que Vous ne pouvez as mMman- quer de la fuivre fans métre en même- | Lemps defobeïfans : mais comme il ne peur. pas être par tont ; 1l eff obligé par neceffin +6 de fe, féruir des Officiers que je viens. de vous nommer pour être fes Porte- pas roles, € vous faire favoir [ès inrentions qui ne peuvent être autres que les miennes, © aufquelles pas an de tous ces Officiers n'y autres de tous les Françors qui font paru Moi VOUS ; ne penVEnt ajcuter ou diminuer fans manquer à leur devoir. Que fi quel qu'un d'entr'eux vons difoit quelque chofè qui vons fit de la peine » où dont vous Juf- | frex en doute, ne vous en éclaircifez qu'a vec ln É ne VONS ATTÉLEZ, pont à tont ces que les ahtres vous pourront dire; parce qu'il eff le fenl , comme je vous l'ai déja marqué qui pent lever tons vos foupcens vos doutes ; à qu vous devez, ajcurer autant de creance que f votre Pere vor parloïs Ini-même. il -Retencez, bien ; mon fils Onnanguicé CA vons autres Chefs, ce dernier avis que jeu vous donne , er exailement » fi. 4 vons. #o d Maximes des Iroguois. 6. ous voulez, que votre» Pere vous regarde C* vons traire comme des enfans obeiflans, À peine tous ces Chefs commencçoient à fortir de la fale du Confeil qu'il en en- tra de nouveauy, qui firent à peu prés les mêmes propoftions. _ Le Comte de Frontenac les écouta. Il ne leur répondit, Monfeur , que quatre jours aprés en ces termes avec les mêmes ceremonies, | # OTONTHAGAN%. Ton Pere 4 tonjonrs été fidéle à ma voix » Oil à jufques à [a mort Maintent Je jeuneÏle dans l'obéifance qu'ils doivent à Onontio leur Pere. C'ef à tot qui tiens Maintenant [a place à l'imiter, © tu ne le fanrois mieux faire qu'en faifantevisonres- Jement la guerre à l'Iroquois , (en vi. Ÿant dans sne grande méfiance avec le H4- Ton ; qui veut L'entr'ainer avec lui dans fa Perte. Je re fai bon gré d'être décendu ex Prés, comme tu me l'aflure ; pour m'avertir dela Paix que le Huron vent faire avec L'Iroquois, & des Colliers qu'il lus envoye anfquels on dit que vous avez, ch part ; mais al faut que tn fiches que cette nouvelle ïe m'a vullimens farpris, parce que je [is af- furé qu'il y a longtemps que le Huron au. Yoit porté Jon corps à l'Iroguois s'il n'avoir appréhendé les Kisskakons ; 1 Outaonsk _ Æome IF. 0 te F Ma œurs Cinago sle N aucokoncten, w tos Ontaon, k dn Sable. + Orontbagan mon Fils + peut-être t'és-t Laifé entrainer par furprile dans cette mé chante démarche, parce que tn es encore jeu- ne, mais Okantican © Oncmakacoyeg , par da bouche de qui tu parle en font parfaite mêhs informe: je veux. bien neanmoins l'on- blier , dans Pefperance que j'ai que vous écouteren MICUX à l'avemr la voix de voa | tre Pere. ‘ai du regret Okantican, de la mort de on B canfrere N ancatakonet » sl s'eff an peu. écarté de Jon devoir en tourrant fon cafe tête du côté des Akancas ; mais il n'a ja MAIS en Le cœur Angloss ny Iroguois com me le H aron. Îl paroët par de petit Efclave, quil m'a envoyé ; © que Je garderar ponri me fonvenir de lui, quil a éh regret en. mourant de m avoir defobes. Th diras à tou tes Les Nations d'enhaut que je vengerai fa mort lors que nous aurons réduit l Iroquois. 11 faut fofpendre du côté des Akancas Ca fnger à mettre votre jeunelle inceamment Gé avant le Printemps en campagne , ils gronveront un refuge au Fort Frontenac que j'as fast rétablir exprés | pour les recevoir en allant € revenant d' Onnontagué, ‘à | Voila nne converties Un fufil, pour en gelopir. les os de mon Fuls Nancanakouet ; , F _ @. Maximes des Iroquoïs. ÿv du'il faut laifer un pen de temps repofèr pafiblement ex cependant fonger 4 laver fon fang par cel de l'Froquuis : c'ejt à quos je vous exhorte par ce Collier , © je vous donne ce fecond pour le metire fur le devant de voire canot , afin de vous bar- ver le-chenain © vous empécher d'aller ven< ger la Fourche aux Akancas. Tournez fèu- Ldemest votre vengeance ( comme je vous l'aÿ déja dit) contre l’Iroquors : © quand vous fereza Michilimakinak,, ne manque pas toi Okantikan de prier le Commandant d'ajlem. ler toutes les Nations, © de leur prefen: rer en pless Confel çes Colliers dont je te charge, © d'y faire dire publiquement les paroles que je te dis, © dont je lus envoye _ copie » afin que perfènne n'ignoïre res su. ventions. Voila nn juffe-aw corps que jete donne à toi Oronthagan, Ê à Okastikan , #ifin qne vous les fecondiz » € j'y joie cette pondre © ces balles pour vons C vos £Cns. 2. DU MIAMIS. + Pour toi Chichikatia ; je t'ai fait fa- «Voir par avance ce que j avoIs dit aux Chefs de Maramek, qu font venus avec Perrot pour les obliger à quitter leurs villages pour s'établir auprés du tien : ils m'ont promis d'y porter toute leur Nation ; G* je leur ai - donné des prefens ponr des inviter ; aprés À RO PTE S'RATQT QAR no | 27. Liffoire des Murs | AVoIr Chargé Perrot de ne rien oublier porirt cela ; ÿ'efpere qu'ils me ticndront leur pa- Tole que nous en verrons l’e Pet avant la fin de l'Hiver..Er fi Japrinds par vous. FHÈTES > 06 par gnelqne antre endroit , que. FF Perror n'ait pas fait ces derniers efforts Pour faire cette jonéticn ; Jürs affuré que je ÉER punira feveremenr. Si Zn à teñjonrs éré fE bien intentionné Ponr les François , @ fi obeïffant à la voix de ton Pere, que je ne doute point que tn. P6.contribué de ton côté à faciliter lexecu- 108 de cette affaire ; en applaniffant routes les dificultez qui Ponrrorent s'yrencontrers ©! en caflant toutes Les mottes de terre qui Ponrrorent rendre le chemin raboteux. A C'eff pour te convier encore de perfive- rer dans les bons fentimens que tn 4 Pour. LP + bidé né né c ons sn ». VAN ART RME Fr omhommbere pour fes Neveux que Je té. GONRE Ce juffe-au- corps; C nn à ton cama- rañe Chef de C bigagou ; ces deux carabi- “#65; cette pondre C ce plomb. _ Affure tontes les Nations d'en haut que. fe vais continnér La guerre aux Troquois Janus relache , & porte les à f[nivre mon exemple en m'imitant anffi de ton côté. _ Toutes les affurances que le Comte de Frontenac donnoit aux Outaouaks , qu'il continuéroit la guerre contre les Iroquois , firent d'autant plus d'impreflion {ur leur LA AT © Maximes des ITroguoss. \?;s “éfprit qu'ils virent arriver plufeurs de rios Partis un jour auparavant leur départ. Les uns avoient enlevé une petite Sau- wage Louve de neuf à dix ans, à une demie … lieue d'Orange, d'autres raportoient qu'ils ‘avoient compté cinquante [roquois au lac “Champlain, tout prêts à venir faire irru- ption fur nos habitations. Ils furent té- -moinsen même temps que la Durantaye, dont ils connoiffoient la valeur, eut ordre d'aller au devant d'eux avec deux cens hommes d'élite. Nos Iroquois du Saut ar- riverent pour lors fort confternez, non- feulement de n'avoir rien fait; mais d'a- . voir perdu deux de leurs gens qui leur avoient été enlevez par la trahifon d’un faux-Frere ; & le retour précipité d’un Sauvage du mêine lieu, qui éroit ailt avec fept autres vers Onnontagué , leur fit “bien jugér que l’on chérchoit toutes fortes dé voyes pour harceler nos ennemis, Ce- . dui-ci n'eûc que le temps de caffer la crête aux prifonniers pour fe fauver au plus vite, n'ayant {cû ce qu’étoient devenus {es camarades, LE de L'on ne perdit done point de temps . Monfieur ,.pour couper chemin aux Iro-. quôis que l’on favoir être au lac Cham- plain. La Durantaye s'étant mis en canot” @vec fon monde arriva à Sorel, & mon: 3 ge DEEP A “ Lite ? fi « 74 Hiftoire des Moœurs tant quinze lieuës dans la riviere de Chambli jufques à la vûé'du Fort, avec toutes les précautions que peut aporter … un Capitaine extrémement judicieux, qui . cherche à furprendre fans être furpris connût par les piftes toutes fraîches des JIroquois que fes découvreurs avoient vûs, qu'ils n’étoient pas loin. 11 fe jetta auffi- tôt dans les bois , & marchant route la: nuit dans des chemins impratiquables:, malgré la pluye & le mauvais temps, il les aperçüût le lendemain le long d'une lifiere des deferts de Boucherville, C'en fut aflez à des gens qui ne refpi- roient que la gloire ,. pour donner deflus. Ils vinrent fondre tout-à-coup fur les Iro- quois avec tant de vitefle & de violence, qu'aprés leur avoir tué ou bleffé les deux tiers, ils ne donnerent pas.le temps aux autres de fe reconnoiïtre. Nos Sauvages ne fe donnerent pas le loifir de lever les chevelures , ils fe contenterent feulemeng de couper les têtes de cinq. Fi Pendant que l’on fe battoit vigoureufe- ment, que plufeurs bleflez s'échapoient dans les bois , que le refte abandonnoient leurs armes & quittoient leurs habits pour mieux courir , l’on en trouva un qui fe glifloit fur le ventre le long de la paliffade du Village ; en attendant que le grand © Maximes des Iroquois 75 feu fut pañlé. On lui coupa les jarets juf- ques à ce que l’on difpofa de lui dans une meilleure occafon. À ; A "La Durantaye revint le même jour de {on expedition à Montreal , n'ayant pet- du que deux hommes. FT . Le Comte de Frontenac envoya un Exprés à nos Outaouaks qui s’étoient ar- rètez à trois lieuës de la Ville , pour les prier de venir voir brûler un Iroquois, & en boite le boüillon , pour parler dans leurs termes. an ) . L'avidité que ceux - ci avoient de fe trouver à ce délicieux repas, les fit mar- cher toute la nuit. Aprés beaucoup de _ congratulation que les-Chefs fe firent les ‘uns aux autres à leur arrivée, l’on! fit chanter le prifonnier fuivant la coûtume * jufques a:la pointe du jour, pour fe difpo.- fer àune autre ceremonie, Les Outaouaks _ voyant qu'il perdoit tout fon fang, com- _ mencerent a s’attrifter & à perdre efperan- ce de s’en bien divertir. Il mourut, heu- reufement pour lui, à la pointe du jour. Tout le feul régal qu'ils eurent fut de le trainer à la voirie , & de lui couper la tête pour en faire un feftin. Cette conjoncture ne laifla pas de faireimpreflion fur ces Sauvages , qui virent que l’on continuois our dé bon à faire la guerre, 76 Hiftosre des Murs Auffi-tôt que la Durantaye fut arrivé’ Te Comte de Frontenac détacha des Sau- vages du Saut pour aller attendre les fu-. yards prés de leur pais , & les charger dans un temps que leur déroute & l’épou- vente rendoient en quelque façon leur perte aflurée. Ils raporterent feulement’ deux chevelures , & amenerent deux prifonniers, dont ils firent prefent a ceux’ de fa Nation & de la Monragne , pour remplacer leurs morts, fans les avoir fait “Voir auparavant à ce General. Il leur fit: connoitre leur faute par un.difcours élo- _quent, mêlé de douceur & de fierté, qui “les fit rentrer en eux-mêmes ; de forte qu'ils lui jurerent par tout ce qu'ils ai. voient de plus faint, qu'ils lui arene- roient d’orénavant tous les prifonniers ;: pour en dilpofer à fa volonté. Ils produi- firent donc ces.deux Efclaves, dans un confeil qu’il tint exprés ,où tout ce qu'il Ÿ avoit d'Officiers aflifterent en foule ,. pour deliberer de ce que l’on en feroic ; mais fa generofité , ou la prudence & la politique qui y'avoient beaucoup de part, l'obligea: de leur donner la vie & de les leur rendre. Ce refultar lui attira autant: d'amour qu’il s'étoit acquis d'autorité par fes menaces. | | | Le Canada qui ne fubfifte que par les- _ 4 A 00, LOL @ Maximes des Doux. #7 . fecours qui lui viennent.de France, com- -mençoit déja à être dans une grandeimpa- tience de voir arriver les Vaifeaux. L'on aprehendoit que quelques Cotfaires An- _ glois ne croifaflent à l'entrée du fleuve. Quoique nos Vaifleaux n'arrivent guere qu'en flote, il ÿena toûjours q “rt uns qui s'écartent pendant la dite. L'on fa- voit qu'il y avoit une Frêgate & un Bri- gantin Añglois qui rodoir afféz tous ces parages: L'on aprit que la barque & la chaloupe d'un bourgeois de Quebec , At venoit de Montloïis avoit été entevée , _quece proptietaire avoit été contraint de fe fauver lui troifiéme fur un cajeu, qui petit. L'on eut cependant la confolation de voir arriver une flotte de huit Vaifleaux Em un Officier de Roi avoit: convoyé, & on aptit d'ailleurs que Bonnaventure, tai ami de Fregate, avoit fait débarquer _heureufement au bas de la riviere de Pe- tagoïüet les munitions de ouerre & de bou- che, deftinées : pour le Fort de.Natehoïüat dns Lacadie, aprés s'être battu contre un Anglois qui boit bien maltraité. Les nouvelles de Lacadie portoient aufli que les Abenaguis s’éroient remis à faire la güerre,qu ‘ls avoient fair plufieurs courfes. far les Anglois dont ils avoient tué une “frenteine , & qu’ ils avoient farpris un pé- : “8 © Hifloire des M durs | ‘tt bâtiment dans la rade d’une petire Ille, fur lequel ils en tuérent & blefferent vinot- cinq. : Nos Hurons de Michilimakinar n'é- +toient pas fi bien intentionnez pour nous ‘que ceux- ci. Ils ne cherchoient. qu'à troubler fesrepos & la tranquilité de nos . ‘autres Alliés mails fauflerent toutes les pro- | teflations d'alliance qu'ils avoient jurées au Comté de Frontenac. Ils fe déclarerent ouvertement contre nous. En effet, Mon. fieur , les Iroquois qui faifoient tout ce qu is pouvoient pout les attirer dans Jeurs interêts , leurs avoient envoyé trois Députer, HO autant de Colliers, pour les: engager à conclure cette Paix qu’ils fou- hRaïtoient avec tant de paffion. : Ce feroit une trés grande difcuffion de Vous expliquer tous les motifs qu'ils a- voient de fe fouftraire de l’obeïflance que ils avoient toüjours promife. L'interêt feul-& le debit d’eau-de-vie chez eux en étoient les plus preffans. Ils fe plaignoieñt que l’on refufoit de prendre leurs grands caftors felon leur poids, & 1ls M cr … boire à leur fantaifie. Il n'eût pas été fort difficile de reme- dier à l’un fi les marchandifes n’avoient pas été fi cheres par les rifques que lon’. Court. de les aporter de France , & files: .& w aximes des Logis: 79 Agens de la Ferme du caftor n’euffent pas. voulu s'arrêter à cette circonftance , qui leur paroifloit préjudiciable. Mais quelle apparence , Monfieur , de. confentir auf commerce 4’ eau-de-vie, qui ne pouvoit caufer que le defordre & le {candale , la æuïne & la perte de “quantité d'ames que Jon a tant de peine à élever à la connoif- fance du vrai Dieu. La boiffon les abrutit fi fort , que pour peu qu'ils en prennent ‘ls ne font point difhiculté de commettre | 4outes fortes de crimes. Tout eit permis à celui qui eftivre. L'homicide & le parri. cide en font les fuites ofdinaires , -& ils croyent en être quitte pour dire. ; J'étois ivre quand j'ai tuéuntel, & (ous: prétex- te que le crime eft i impuni at Eux, pare ce qu'ils font tous égaux, ceux qui con- fervent de loin quelques animofitez con- ære quelqu'un de leurs Freres, s’enivrent d'un propos deliberé pour en tirer ven- geance. Il étoit donc plus glorieux au Comte de Frontenac, &c plus avantageux en même temps pour l'accroiflement de Ja Foi, de fe voir expofé de perdre quel- ques- unes de su Nations Alliées , que de fouffrir de pareils defordres. Lu - Les Hurons qui étoient donc les pre- miers mobiles de cette grande defunion dont on étoit menacé à tout moment, en- 80 | Hlifloire des Meurs à woyerent des Députez au Comite de Fror tenac avec un Collier, pour favoir fa der: niere refolution fur-la Paix avec l’Iroquois, Aln'eut garde d'accepter ces propofitions; il leur laifla ‘la liberté de faire ce qu'ils voudroient, ne leur demandant autre cho fe finon qu'ils Le fouvinffent de l'avis que il leur donnoir , que toutes les démar- ches quelles Iroquois faifoient n'étoient que pour les mieux-furprendre, & lestra= hir à la premiere occafon. Que l'exemple feul de la mort récente de Kouchekoue & de fes camarades qui avoient été tuez À la vûëé des Députez qui venoient leur pro- poler la Paix, devoit les faire. fortir de l'aveuglement où ils étoient , qu’au refte il fe pafleroit bien d'eux pour faire la guerre aux lroquois. La defolation ne fut pas fi grande que on l’auroit pô fe le perfuader. Le Kiska- kon n'agit point comme le Huron. Il dit nettement qu'il n’avoit point de part à iout ce qu'ilavoit fair, & qu'il étoitbien _aïife delle ui déclarer que fa Nation fui- vroit toujours la voix d'Onontio, foit qu'il voulut la ee foit qu il voulut la uerre, L'Outaouak Cynago en dit autant, & Je Nepicirinien ajoûta , que pour lui il ne vouloi Maximes des Jroguois. 81 . vouloit point retourner en fon païs ; mais ‘qu il demeureroit auprés d’ Onontio ; pour être témoin des entreprifes qu'il difoit €. tre fur le point d’executer. L'Envoyé des Murons qui étroit double & artificieux , fur _affez furpris de voir que l'on n'étoit pas de fon fentiment. Tels ont été les mouve- mens de guerre de ces pue à quiil ne manque qu'un peu difcipline dans L'Art Militaire pour embaraffer des Gene- raux les plus experimentez. Il ne falloit pas un homme moins habile que Mon. LS fieur de Frontenac pour réduire une pa- reille Nation fous l’obeïflance du Roi Jai l'honneur d'être, MONSIEUR, otre trés-humble, & ; NS € Fame IF. H Se … Hifhoire des Mours +4 + X LETPAE Arrebrio Ambaÿadeur Troquois demande la Paix. | : Oraxefté Chef Ogeyout , médiateur de La Parx, s'offre pour rage, à Le Comte de Frontenac donne ordre aux | préparatifs de la guerre contre les Iro- quoss, nonobffant La nouvelle de la Paix | entre La France © l'Angleterres Grande conffernation parmi les cing Na. tions Troquoifes ; de la mort du redoute ble La Chandiere Noire » 104 par des Al gonkins. Aort du fidelle NT Lo Aèar des dermieres guerres des [roquois. : Les Iroquois font choquez contre le Cheva- … dier de Bellomont General de la N° onvelle Angleterre, qui veur les regarder COm= me fujets de la Couronne. on © Different du Comte de Frontenac avec ce «General fur ce fhier, | | Mao , 586 on Rue de vertus éclatantes dont j'ai été |. ss D é Maxubes des Froquas. 5$ #atrefois témoin- dans votreper{onne , 8 que de fujers pleins de gloire & d'hon- neur j'aurois à tracer ici, En effet, votre vie n'eft qu'un ciffu & un amas d'objets qui vous ont fait tant d'honneur dans l’'E- glife ; mais au milieu de ce qui peut vous donner un fr grand relief dans le monde cet l'eftime particuliere que le plus ægrand Roi de la terre fait de votre me- rite qu'il a reconnu par un efprit de dif. _ cernement fijudicieux. Le Clergé de Fran- ce peut fe vanter d’avoir un des plus fa vans Prélats de lx Chrétienté , un fecond _ Auguüftin, & une des plus fermes & iné- branlables colonnes de l’Eglife,, + _ Ce n'eft pas ici un endroit à rapelle | fout ce que j'ai connu fr particulierement en vous, Monfeigneur , c'eft un füjet bien _ different qui m'engage d’avoir l’horineur de vous écrire, Vous avez'été furpris fans doute quand vous avez apris ma metaæ- morphofe, ce que c’eft que la bifarrerie : & l'inconftance du cœur humain. Je fuis _ prefentement un Iroquois ; & vous me Permerttrez que je vous entretienne de quelques faits qui regardent cette Nation. . L'éloquence à de grands attraits , elle touche l'oreille , elle anime les palfions, . Ne fortifie l’efprit , elle excice les affe- _@ions de l'ame, elle a un don de perfuas | | | H 2 . Hiftoire des Murs | der quand elle s’infinuë agreablement , 8: fi elle ne vient pas toûjours à bout de fes deffeins , elle ébranle du moins les ef pritse à Otaxelté Chef Onneyour , qui fe trou- voit comme médiateur de la Paix entre nous & les Iroquois , étoit naturellement _éloquent ;il faifoit tout ce qu'il pouvoit pour infpirer les fentiniens de Paix à ceux. ci. Il avoir été affez heureux pour fléchir # une partie de fa Nation ,& il engagca les: Onnontaguez , les Goyogouins | & les Tfonnontouans , à envoyer au Comte de Frontenac deux Députrez des plus confide. rables pour parler d’un veritable accom- … modement, Arrahtio qui en étoit un des Anciens d'Onnontagué, porta la parole au nom des quatre Nations. H s'excufa d’abord dans T'Audience publique qu'on lui donna d’a- voir été fi- long-remps à executer ce que Oraxelté leur avoit confeillé de faire pour rentrer en grace auprés de leur Pere O- nontio, & de ce que les Tfonnontouans- qui évoient occupez à pleurer la mort de leur Chef, tué par les Outaouaks, avoient ‘beaucoup tardé à venir. Il prefenta enfui- te cinq Colliers. *i PREMIER COLLTER: = Mon Pere , vos enfans les Iroquois, principalement les Onnontaguez, dans le > L EE DO - 0 D Ai EN ETES PNR TN SM aximes des Iroquoss. 8$ _defir qu'ils ont de la Paix , viennent faire le chemin avec les Onneyours, qui on£ déja commencé les premiers pas pour al- Jer & venir librement , tant par eau que st terre ,pOU£ terminer les affaires. SEcoND COLLYER. Par la moitié de ce Collier je te donne, Onontio mon Pere ,une portion cordiale, pour faire fortir de ton Cœur tout le cha. grin que nous xt t'avoir donné par ke pañlé. Par l’autre moitié je t’aflure que j'ai ar. rêté toutes les haches de ma jeuneile , en forte que je n'ai pas laiffé partir aucuns Partis depuis la campagne d’ Onnontagué, LP ROrSIS ME COLLIER. Les quatre Nations d’enhaut reconnoif- fent leur faute , & le châtiment qu'ils ont recü dans la campagne de l’année derniere les rend fages & les met hors d'état de ne plus donner occafon de les châtier de la forte. | Fi : QUATRIFME Cottier, Jene prends prefentement que des pen: fées de Paix, à limitation de mes anciens Peres qui confervoient toüjours la Paix avec Onontio ». & pour cer effet j'attache par ce Collier le Soleil > pour diffiper hi broüillards des méchantes affaires du pau. - D RS 6 A AGE EN ed REG : à $ bi + + | « VW 86. Hiffoire des Aœurs CiINQUIE ME COLLIER La refolution.de Paix ef prife , quof. que l’on m'aic tué plufieurs de mes Con- fiderables , cela ne m'a pas fair perdre l'ef-. prit, & je faits par ce Collier une folle pour mettre les morts fans vouloir les. venger. Les Onnontaguez & les Onne-. youts entréprennent de faire accepter à: toutes les Nations Iroquoifes ce qu'ils. avancent par ces Colliers. F Arrahtio s'adreffanc aux Jefuites qui: étoient à ce Confeil, leur dit:nous fom-. mes dans la refolution d’embraffer la Foi felon les inftructions que vous nous en avez donné pendant que vous demeuriez: avec nous. ri AE | Otaxefté avoit beaucoup fair que d'a: voir engagé ces quatre Nations à envo=. ver des Deputez au Comte de Frontenac. Toutes ces propoñtions de Paix-ne paroif=. foient pas encore bien folides. Comme: ce General ne voyoit pas revenir les Ef=. _ claves François ,n'y ceux de fes Alliez, il fe défia de cette negociation. Oraxefté _ qu'il aimoit , leur fervit de Sauvegarde, car il n’ayroit pû s'empêcher de les faire repentir de leur faute. Il voulut fufpen-. dre encore fon reflentiment , & leur ac- : corda à deliberer le lendemain , fur les-afs furances qu'ils lui donnerent de leur bons pe foi." : | F ? th & it des. Iroquoïs. 8+ Otaxefté porta la parole pour toutes Jes Nations dans la feconde Audience : 1 exagera beaucoup la triftefle où elles é- toient de la perte de tant de Chefs & de guerriers que les François & leurs Alliez avoient tué depuis quelque temps. Ce Chef qui fe voyoit écouté favorablement: tâchoit de perfuader la fincerité des Iro- quois, ( c'eft une qualité qui leureft bien extraordinaire ) & s’offrit même de refter pour ôtage ; marque de la droiture avec laquelle ils agifloient. Le Comte de Fronteñac n’avoit garde, : Monfeigneur , de le recevoir pour ôtage, il étoit pleinement convaincu de fa fide- lité, & de celle de quelques cabanes On- neyoutes. Il vouloit avoir pour garant un: autre Chef, duquel il pût croire qu'il re- ftoit dans l’ efprir quelques mauvaifes im preffions ,& non pas un enfant foûmis à: fon Pere tel qu'éroit Otaxeflé , qui avoit. fa cabane au Saur. H les prefla Fort de s’ s'eX- pliquer , & leur dit même que s'ils n’a- voient pas d’autte chofe que ce qu'ils lui avoient dit la veille, le chemin leur étoit libre pour s'en retourner ,& qu'il verroit: de fon côté ce qu'il auroit à fäire, Ce difcours fi fec les embaraffa un peu Enfin foit que la politique ou que la ne- gcfliré les obligea de fe tirer RATER te ES 28 … Hiffoire des Maœurs de l'embarras où ils s'alloienc plonger ; Arrahtio s'offrit de refter pour Otage de la part des quatre Nations , & Oraxelté s’en retourna porter le Refultat de la dépu- tation. R RE MRRIv et, Les Aniez qui ne paroifloient point _ prendre part dans cette-négociation laif- _ foientagir les autres fans s’en mettre beau: coup en peine, parce qu'ils fe flâtoient-de la protection des Anglois leurs voifins, Le Comte de Frontenac refolut d'y en-_ voyer l'Hiver de Louvigni à la tête de cinq cens hommes. La quantité de nèges qu'il y eût dans cetemps empêcha les ha= bitans des ifles & de la côte du Sud de fe mettre en marche ; ce qui-fit avorter cet. : £e entreprile qui auroit donné un grand poids aux affaires, fi d’ailleurs Abraham … Officier des Milices d'Orange n’eûraporté _mne Lettre de la part de Pitre Schayler Colonel, Commandant à Orange , & de : Delluys Miniftre de ce lieu , par laquelle ils mandoient au Gouverneur de Mont- real que la: Paix étoit faite entre les Cou- ronnes de France & d'Angleterre , dont À lui envoyoit les articles. Le Comtede Frontenac à qui l’on dépêcha un Exprés, demanda aux Envoyez Anglois s'ils n'a- voient pas amené avec eux les prifonniers François qui pouvoiens être dans leurs Maximes des Iroguois. : $$ ‘quartiers >Ils dirent que l'abondance des néges avoit rendu Îles chemins piefque impraticables. Il difera auffi de rendre les: leurs jufqu’à-ce que la navigation fut ou- verte. Quoi que ceux ci affuraffent qu'ils avoienc arrêté la hache de leurs Sauva- ges ,on-ne laifla pas de continuër les prés paratifs que l'on avoit commencez pout. un parti en canot, fuivant les démarches: que l'on verroit Gite aux Iroquois. L'on aprit, Monfeigneur , que ceux- cÈ étoient à la chalfe aux environs du Fort Frontenac, au nombre de trente à qua- rante Onnontaguez , commandez par le fameux la Chaudiere Noire, Chef de guer- re, qui avoit dit à quelques François du Éncé que les Anciens devoient inceffäim: ment partir pour conclure la Paix, & que en attendant leurs jeunes guerriers de- _ voient aller en guerre contre les Outa- œuaxs , pour venger la mort de plus de cent des leurs qui avoient été tuez depuis un an, Ce procedé fi inécal faifoit bien connot- © tre le caraétere de ces Barbares , toûjours alterez du fang humain, jufques à facri- fier le repos public à leur vengeance, Pendant que la Chaudiere Noire cha _foir aux environs du Fort, fans que la Ge- meéraye qui y commiandoir pt en attirer # | ee s » : Z or ANR Pa qe Apu CR D ISERE ) - . : F4 " ” > * . + & + # LE BETÈRES | LEE DRE pe : gd “Hipire des Ma durs - dedans quelqu’ un, il furvint une trenfeirre de jeunes Algonxins qui donnerent fi vis. Rene fur. eux qu'ils en tuérent _üne vingreine fur la place, firent fix pri | fonniers avec deux femmes, Les Algon- kins perdirent fix de lears plus braves. Ce: _ coup fur d'autant plus fenfble aux Iro- * quois que l'on trouva parmi les morts là * Chaudiere Noire , qui avoit été tué par de: jeunes guerriers ; “dont le plus à âgé navoit que vingt ans. Ce Chef qui étoit la ter reur de toute F Amerique Septentrionale,* ne püt s'empêcher de dite en mourant Faut-il que mor qu ar fait trembler toute" la terre, meure de la main d'ün enfant. : Les froqüois ont toûjours fi à cœur cet« te ation , que quelque Paix qu'il: puifle Y. avoir entre ces deux Nations, ils s’en ven! geront tôt ou tard fr jamais ils Le rencons<. trent. Sa femme fut aufli du nombre. - La confternation univerfelle quis ‘étoi | | ps parmi les cinq Nations Iroquois fes fur la mort de ce grand Chef, futun prétexte por differer l'execution de la. parole qu'ils avoient donnée de venir at . Printemps achever ce qu’Arrahtio & Ota-. __ xefté avoient propofé l'Automne dernier, + fôic que cela fut vrai ou faux, du moins! la perte de ce Chefles déconcerta fi fort que la trifteffe où ils étoienc leur fit si tous leurs projets. | l | A 5 72 4 ANS \N à à = IN FD DA A L RE 65 SUR R é ‘ dt Maximes des Troquois. 9ù * Lefidel Auriouaé arriva à Quebec quel- que temps aprés ces nouvelles , il y avoit un an qu'il en étoit abfent , il aVoit été chafler pendant ce temps avecles Goyo- gouins fa Nation, & s'enrevint chercher {on afile ordinaire auprés de fon Pere le Comte de Froncenac. Il fut attaqué d'une pleurefie qui lui caufa la mort trois jours aprés {on arrivée. Il avoit donné trop de marques de fa fidelité au fervice du Roi, pour ne pas meriter quelque diftinction à fes funerailles. Drame … Comme il étoit inftruit des mifteres de Ja Religion on lui fit fes Obfeques avec es Ceremonies Ecclefiaftiques, & il avoit donné tant de preuves de {a valeur qu’on Jui rendic celles que l’on accorde d'ordi- naire aux Ofhciers. Il avoit une penfon du Roi, & 1l ne manquoit pas d'aller tous les mois chez le Treforier de la marine chercher [a lune ; qui étroit fa paye. * Comme on lui parloit en mourant de Jelus:Chrift, que lés Juifs avoienc ctu- cifié , il ‘s'écria : que n'érois je là, j’aurois vengé {a mort, & je leur aurois enlevé la chevelure, : : | . * La nouvelle de la Paix entre la France & l'Angleterre fut derechef confirmée par les Anglois, qui renvoyerent au Port-Ro: yet les prifonniers François qui fe trou. 48 D RE Ne FARINE ADD à és den . u “ ÿ Fes \ VU # À à a D 2 2 . Hiftoire des Maœurs | werent chez eux , & laiflerent au Baton de faint Caftin la copie du traité de Paix, pareille à celle que le Chevalier de Bello amont Gouverneur de la Nouvelle Angle terré avoit envoyé à Quebec, mais les! _ Abenaguis. furent bien furpris. de ce que! d'on ne leur rendoit Mes, va fremert une Paix generale, | : Ce mépris qu'ils crürent que les An= glois avoient pour eux dans une conjon… ture fi honorable, leur auroit fait conti nucr leurs courfes ordinaires fans les or .dres qu'ils reçûrent du Comte de Fronte nac de fufpendre pour quelque temps leurs haches. Ils avoient fait des coups allez confiderables pendant l'Hiver.: les cheves lures enlevées & la quantité de prifonniers. qu’ils avoient, fufhfoit pour que les An “glois commençallent à fe laffer de touss les maux qu’ils reflentoienttous les jours Nous reçûmes à la fin une vingteine dé prifonniers de toute forte d'âge. On leur semit les leurs qui ‘auroient été en petits nombre fi l’on avoit eû égard aux larmesh _ de plufeursenfans qu'on ne jugea.pas êtres d'âge a pouvoir choifir le lieu de leur des meure. Ceux qui étoient entre les mains des Iroquois étoient aflez à plaindre. Les Chevalier de Bellomont vouloits’en ren dre maitre pour nous les renyoyer ;. leh PRES on, © Maximes des Iroguois. 0% . Comte de Frontenac le remercia de fon entremife ; ç'eüs été une foiblefle trés- grande à ce General que de fe fervir de ce canal, l’on eût ciü que les Iroquois euflenc été fous l’entiere domination de l’Angle- terre, c'étoit à nous à continuër l’accom- modement qui étoit déja commencé entre ces Sauvages & nous indépendamment de la Paix de l'Europe ; c'étoit d'eux-mêmes que nous voulions recevoir les notres juf- qu'à ce que la Cour en eût décidé , ou du moins que les deux Couronnes euflent choifñi des Cominiflaires. D'ailleurs cette prétenduë domination des Anglois fur les Iroquois & fur d’autres Nations, eft une . chimere qui fe détruit d'elle-même var le +æemps confiderable que nous avons pris poflefhon de ces terres , tant par les Mif- fions que par les Garnifons que nous ya- vons eûès. Le refus que fit le Comte de _ Frontenac de recevoir de leur part nos François Efclaves, ne diminua rien de la bonne intelligence qui devoit être entre les deux Nations; il pria le Chevalier de . Bellomont de faire faire raifon aux Abe- naguis de plufeurs de leurs gens que l'on gardoit à Bafton , que cela l’avoit empê- hé de es obliger à lui remettre pluf:urs Anglois qu'ils avoient , qu'il feroit tous “es éForts pour les arrêter, mais qu'il les Tome IP | ne L #4 Hifloire des sm favoit fi fort irritez qu’il ne pouvoir abi- folument fe promettre d'empêcher ceux de Lacadie de continuër leurs hoftilitez, Les Nations Outaouakfesétoient dans des monvemens continuels qui nous don- nojent beaucoup d'inquietude ; la plus grande partie vouloient abandonner nos interêts. Ce délabrementne pouvoit avoir que des fuites trés. fâcheufes. L’ Iroquois même profite de cette defunion, & lors qu il voit des Nations en divorce il fait mieux fon coup fur eux ; il n’y avoir que les Outaouaks Cinagos, ‘feu Kifxakons, & les gens du Sable qui vouloient | tenir our nous. | Chingoueff Chef des Cinagos fe ren- dit à Quebec au mois de Juilleravec des Députez des deux autres Nations’, pour {e plaindre de la mes-intelligence de leurs freres : il prefenta au Comte de Frontenac un Collier en particulier , fans la partici- ation de ceux qui l'avoient accompagné, & lui dir. Mon Pere , je fuis venu ici pour yous écouter & vous obeïr ; j'efpere que ceux qui font venus avec moi, les Culs- coupez & les Sablez , aprés avdié enrendä votre parole ne perffteront point dans la réfolution où ils font de quitter leur feu de Michilimakinax pour l'aller faire ail- leurs. Je fuis rélolu, & tous seb de ma PEN. ir 10 GG Maximes des Iroquois S$ _ Nationÿde faire mon feu auprés de eelui _ des François & de moürir avec eux. Come me.je m'opole à ceux qui veulent le por- ter ailleurs, je crains qu’il n’y ait des gens al intentionnez qui ne veüillent m'em- -poifonner ; c'eft ce qui fait que je te don- ne ce Collier ; pour te prier de me faire donner un prefervarif contse la medecine qu'ils pourroient me donner. Le Comte de Frontenac les affembla ; Monfeigneur ; deux jouts aprés, & leur parla de la forte. "4 Mes enfant, j'ai bien de la joye que vous … foyez, venus me voir pour écouter ma pa- role :j ar oùs dire qu'il y à de manvais ef- prits qui font ce qu'ils peuvent pour faire lever le feu de Michilimakinak., CO vous furefeparer les uns des antres. : e ne cros pas que les veritables hommes P'ennent cette manvdaile penfée ; la mienne eff tonjours que vous refhiex, La où vous êtes Märntenant jufju a ce que les afffires foient bonnes ; C° que vous foyez, bors de rifjue» Pour lors je verrai avec vous à choifir une Ferre où Vons tronViez, vos commoditez, Pour la vie, pour La traite ; € où vos en= | fans puilfent Vivre en repos. _ Vous voyez que depuis que votre femeff allumé à Michilimakinak vous y avez c% £ojours de l'avantage fur vos ennemis » | | | E 2 À À Vi AUTAAEN M D 5 à 1: Le d6 _Hiffoire in M œurs votre jennefle y eff augmentée, © fi vous vous feparez À uns des autres il arrivera que vons trouvant moins forts votre ennemt vous mangera fans peine É ‘vous ira cher- cher en quelque lien que vous vons reti- crier: ce n'eff pas l’élosgnemenr qui lui fair peur > C'eft le nombre des hommes rame Îlex, enfémble qui l'empéchent de s'aprocher de leurs villages. To: K1sRakon » toi Nation duSeblss G toi Cinago, qu êtes Venn< 101 pour éconter na uoix de la part de votre village » VOICI chacun un Collier que je vous donne ; je Vous lie tons les trois enfenséle. Ces jrois Colliers vous difent de quitter La penfée de \ lever le Jen de Michilimakinak de ne. vous paint feparer n 7 defünsr les uns d'a vec les autres jufques à ce que les affaires forent mualieures. En leur donnant Îles prefens.… a Voila ce que je vous donne pour vous re- compenfer.d'é être venus «chercher ma parole: lors que je fèrar à Montreal je vous apel- leras an Confal, je vons parlerai , É aux, autres qui y font. Je paris demain , je fe- vois bien aife que mes enfans 1e fins CON=. VS Fu las de ne baiffe point le Caffr-sêre contre l'E roquois ; au coniraire je [is refolu de les fraper plus frign eus que jamais ls Dex CA Maximes des Troghois. 07 cutônt bientot ce qu'ils m'ont promis » c'ejf- à-dire de me ramener tons mes prifonniers ©" les votres , € vons pouvez vons affnrer queje ne ferai jamais de Paix aveceux que PONS mes enfAns 1 o foent compris. ZM éfiex: Vous tohjours de L'Iroquois ; il vous rrompe- Fa © faites bonne déconverte dans votre routes regardez, bien devant G derriere vous. Le Comte de Frontenac trouva à fon arrivée à Montreal Eongekan Chef des Kifkakons ; &e autres Confiderables , > qui h'avoient pas accompagné Chingoueff à Quebec. Ce Chef avoit été fore ébranlé pour fuivre le torrént de bien d’autres qui vouloienr fe rendre chez les Iroquois : il parut à la fin rentrer en Îui même, dû moins il fit femblant d'oublier le FREE qu'il avoit eù d'abandonner Michilima: Kinak, Pour ce qui eft des Hurons plu: fieurs ayant quitté nos interêrs fe joignie rent aux Tfonnontouans, & firent coup dans les déferts de Michilimaxinak | où ils tuërent du monde. Sainte foüanne, l'un des Chefs de QUE re de ces premiers qui étoient avec nous ; fe mit en marche pour artéter ces trans- fuges ; sil les; joignit dans la riviere de Mi- Chigan , il les tua à la: referve de quatre | ds fe fauverent en eanor. Tonti qui étoic: Commandant de Michilimakinak , eût E3 jo 8 Hiffoire des Mœurs qu’il étoit de fon devoir de donner un exemple qui püt infpirer de la crainre à ceux qui fe hafarderoient de nous quit- ter, pour venir écorger enfuite leurs fre. res ,il en fit brûler un. C’eft ainfi , Mon. feisneur , que l’on eft contraint en Cana- da de repoufler le feu par le feu. Si le Comte de Frontenac én eùûr d’abord agi de même avec les Iroquois , il eut arrêté cours à bien des maux. de Les Marchands qui avoient prêté leurs effets aux Voyageurs pour faire la traite chez les Outaouaks , fuplierent Mr. de Frontenac de les faire décendre pour en être payez : leur fejour qui étoit trop long auroit été fort préjudiciable au païs. D'ailleurs le retour des François auroit donné trop d'ombrage à ces Députez, qui étoient toüjours avec nous,s'ils n’euf- _fent été prévenus par les raïfons qu’on Jeur fit entendre, Il furvint heureufement une conjonéture qui fit beaucoup de plais fir aa Comte de Frontenac quelques jours auparavant le départ de Cheingoueffi. Segayelté Sauvage du Saut qui avoit ac- compagné Oraxefté, & les autres Depu. tez qui s'en retournerent porter aux Îro- quois les dernieres réfolutions de leur . Pere Orontio, arriva à Montreal chargé d'un Collier , de la part du Confeil d'On, - L taouaks qui avoient peur de devenir no- é M aximes des Irogtiois. 99 nontagué. Ce Cüllier difoit que les On- nôbtaguez éroient occupez à pleurer la mort de la Chaudiere Noire, & de leurs guerriers , tuez ou pris par un Parti d'Al- gonxins , qu'ils n’ont pas la force de mar- cher , qu’ils prient Osontio de ne fe point ennuyer, parce que tous leurs plus Confi- derables , & ceux qui avoient de l'efprit font morts, & qu'ils n’ont plus perfonne _ qui foit capable de leur en donner, l’ex- LL hortant de leur renvoyer Atrhatio leur 6- tage , & les Prifonniers faits dans ce der- nier coup, & de faire partir le Capitaine Maricour qui pourroit ramener les Fran. çois qui font Efclaves chez eux. Ce jeune Sauvage ajoûtoir que les Iroquois lui a- voient paru refolus de faire la Paix avec nous , mais qu'il ne les croyoit pas dans les fentimens de la conclure avec nos ÂAlliez,. | | Il n’en falut pas davantage Monfeioneur, pour toucher vivement ces Députez Ou- — tre viétime ; mais le Comte de Fronte-. nac fçût bien raffurer leurs efprits qui pa- roifloient accablez , lors qu'il rejerta ce Collier au nez de celui qui s’en étoit char- gé , & lui dit que puifque les Iroquois . pleuroient pour un coup fi peu important, _ Alleur donneroit bien-tôr matiere de pleu- 100 ÆHiffoire des Mœnrs | rer d'une autre forte , &c leur feroit enco= : fe fentir la pefanteur de fon calle-rêre. Vous pouvez voir par ce Collier ( s'a- dreffant aux Outaouaxs ) qu'il ne tient qu'à moi de faire la Paix pour moi feul. Si jé continué la guerre , ce n'eft que pour vous que je le faits. Je ragis point en fecret, & ne concluérai jamais une bonne affaire fans vous y comprendre , & retirer vos prifonniers comme les miens; aÿez donc toujours le cafle-têre à la nain. voila de. la poudre & des balles que: jé vous donne pour vous battre fut la route & pour aller chez les Iroquois, Ainf fut congedié ce Sauvage & les Ouraouaks. Égredere , Onnonragné deNätion, qui demeure à la Montagne ,. eut de la peiné de voir en certe rencontre le peu‘de fin- cerité de fes freres. Quoi qu'il les eur quittez pour demeurer avec nous ,il ne. laifloit pas d’avoir beaucoup de relation: avec eux autant que {a fidelité ne l'enga- gEoit point contre fon devoir. Il pria le’ Comte de Frontenac de trouver bon qu'il envoya À Onnontagué fa Nation le’ même Tegayelté de fon Chef, fans qu'il parut que ce fur de fa part. Comme ce meflage étroit affez indifférent au Comte: de Frontenac , il y confentir. Egredere le: chargea de trois branches de porcelaines Æ Ed w Maximes des Troguois. 101 tr Ea premiere étoit felon leur ftile ordi- _nâire, pour déboucher les yeux aux On- nontaguez , & les prier de ceffer leurs Jane _ La feconde étoit pour leur tes la gor- ge. Ea troifiéme pour effacer le fang qui étoit répandu fur leurs nattes. Ces trois branches étoient pour ainfi dire ur com ipliment de cendoleance que ik leur faifoit fur la perte du fameux la Chaudiere Noire , qui leur étoit fans dou- | té bien {enfble. 1] ÿ joignit un Collier & chargea Tegayefté de dire ces paroles aux Onnontaguez. Par la premiere moitié. Je t'ordotine . qu'aufli-tôt que le porteur te prefentera ce Collier, tu envoye par toutes les Na- tions Iroquoifes pour leur dire d'amener. tous les prifonniers François & Sauvages leurs Alliez ; & ceux qui n'écoutcront point cette parole font morts. Par l’autre moitié. Je vous confeille ; vous Onnontaguez , quand même les au tres Nation: ne on dé ient pas venir, de _-décendre incefflamment à Montreal, & d'amener tous les prifonniers. N'ayez _ point de crainte il ne vous arrivera rien de fâcheux , S, n'écoutez point les An- glois, qui ‘à vous donnent des confeils que pour votre perte. Si vous n'écoutez- T0£ Hiffoire des Ménrs pas ma parole , je ferai le premier à vous aller faire la guerre. Les Outaouaks partirént Mo Mon. fieur de Montigni Grand-Vicaire de Mon fieut l'Evêque ; profita de cette efcorte pour aller établir des Miffions dans le Mibfipy. _ L'onaprir, Monfieut , ; par ie la confirmation de la Paix génerale concluë ‘en Europe. Monfieur le Comte de Pont- chartrain envoya des Lettres de cacher au Comte de Frontenac, à Monfeur l'Eyê- que, & au Confeil Souverain , > Pour en rendre graces : à Dieu. Il étoit affez indifférent au Canada d'a: voir la Paix avec la Nouvelle Angleterre, celle des Iroquois nous éroit plus de con: fequence. Le Chevalier de Bellomont pré: tendoit qu’elle fe fit pat fon entremife. Il fe plaignit par des Députrez qu'il envoya au Comte de Frontenac, que les Iroquois étant fujets d'Angleterre, on leur avoit tué ou enlevé quatre. vingt Quarorze guer: tiers depuis la publication de la Paix. Les Iroquois n’étoient pas tout-à-fait. du fentiment de ce General, qui voloie les rendre Vaflaux de la Couronne d'An- leterre. F Les Aniez qui s'étoient trouvez dans un Confeil à Orange avec les quatre au Fute is @ Maximes des Trogthois: 103 tres Nations , lui dirent diretement qu'ils _ étoient nez avant |’ Anglois fur cette terre, à qu'ils prétendoient, quand il ne refte- soit plus qu'un feul Anié, être les Maï- æres des lieux qu'ils occupent , & pour faire voir qu'ils leur appartiennent , ils jettoient tous les papiers au feu afin que J'on ne puifle pas dire as ils l'ayenc enga- _gé ou aliené. Aprés que les Aniez eurent dit Lai entimens , les Onnontaguez prirent la parole & prierent Le Chevalier de Belle. mont de les vouloir entendre, | … C’eft nous, dirent-ils, qui avons lié le _mavire Anglois & qui l'avons attaché à un arbre fur la montagne d Onnontagué $ ‘afin qu'il parut de plus loin, parce qu'il ‘étoit mal attaché fur le bord du lac Oc- .cean. Dans ce Navire nous nous afflem- blâmes tous. Il n'y avoit point de feu, & il n’y avoit que des feüilles pour en -couvrir, C'eft-là où nous nous joignimes & nous reconnumes pour freres , nous ‘liant avec du fer, pour ne nous point {e- arer. Ce étoir, Monfeigneur, faire affez connbi- tre leur indépendance, Auparavant que les age en fuffent venus à cette explica- “tion , le Chevalier de Bellomont avoit _ demandé aux Anciens quel plaifir il leur LPO TOR (O4 Hifaire d des Meurs | | pouvoit faire, & quelle peine ils pou voient avoir afin qu'il püt les foulager & y apporter le remede neceflaire. Ils Le prierent d'engager le Comte de Fronte- nac de fouffrir que leurs Parens qui font au Saut & a la Montagne les vinflent vi fiter , afin de pouvoir renouveller l'amitié qui étoit entr eux: & ‘les pouvoir voir , qu'il faloit oublier de part & d'autre toutes les peines qu'ils s'étoient faites les uns aux autres. Ils lui prefenterent pour cet effet trois Colliers qui étoient liez en {emble , par lefquels ils témoignerent, qu'ils voient renvoyé diverfes fois à O- nontio plufieurs prifonniers, fans qu'il leur en eut renvoyé aucun des leurs. Que depuis l’Hiver, qu'illeur a fait dire qu'il failoit la Paix avec Onontio, on leur avoit tué quatre-vinet-dix perfonnes. Qu'il prioie Oronr:0 qu’ on leva le feu du Fort Frontenac, & qu'on le détiuifir. Comme il fe trouvoit par hafard à O- range plufieurs de nos Sauvages du Saut, que ue curiofité où l'envie de revoir leurs parens avoi it porté de venir à Anié, les | cinq Nations prierent ce General de les retenir jufques a ce que quel ques- uns des. leurs fuflent a Montreal, pour ê être témoins k de la maniere avec laquelle les François a- | gifloient avec les leurs, & qu "Onontio rete- - noi & 2MAaximes des I rogueis. 10$ _noittoñjours. Le Chevalier de Bellomont “avoit garde de faire une pareille démac- -che. Il:leur dit qu'ils ne devoient pas s’é- #onner f leurs affaires alloient fi mal, qu'ils parloient < de Paix, & venoienttrous ver Onont:o les uns aprés les autres, fans -rien conclure ; mais que s'ils vouloient. “venir à bout de cette affaire, il faloie - qu'ils lui amenaffent tous pe Elclaves "te & les: Sauvages, Alliez d'Onontios qu'ils les lui remiflent entre les mains , -pour les lui ramener tous enfenble leur Jaianc la liberté de faire la Paix Le la guerre aux Sauvages Alliez des François. + Jeur défendant en même-temps d' She -ce qui s’étoit- paf. J'allame ua feu, leur dit-il, pour :y jetter routes les méchantes affaires. Je vous prie d’en faire autant quand vous ferez de retour chez vous. * Il leur fic prefent de trois jufte.au_ corps -d'écarlate , 6: d'un paquet de porcelaine -enflée , afin qu'ils -puflent executer ce dont il les prioit. . - Nos Sauvages le:remercierent, du pte- Leut qu'ils recevoient., & lui dirent qu'ils mavoient rien : à lui “répondre . n'étant point venus à Grange pour parlementer. .. Les Sauvages Loups quine voyoient rien de {olide furla Paix avec Îes Iroquois, prierent ces Sauvages du Saur en-cas que” Aome IV, æ? _ PAR #5 Aiffire _des re Ja guerre recommença avec les Anglois | & les François , de les laiffer agir fans é- poufer de ‘part & d'autre leurs inrerêts étant plus à propos de laiffer pailer les ha- ches par deflus leurs têtes. . Quelques jours aprés, Monfeur, il ac riva à Montreal fous le Paffeport du Che- xalier de Bellomont quatre Efclaves Fran- gois, qui étoient depuis quelques années _ chez les Aniez. Il en refta huit dans leur Village, qui avoient entierement oublié leur patrie & leur langue. Quoique la Paix avec les Iroquois étoit indecife , quel- ues familles d’Aniez ne laiflerent pas de venir vifter leurs parens au Saut. On leur permit d'agir à Moncreal avec toute forte de tranquilité, comme fi nous euffions £té dans la plus profonde Paix, Le Marquis de Contré Blenac qui com- mandoit le Poly, arriva. fur ces ‘entrefai- ges à Quebec, cé qui obli igea le Conxe de Frontenac de décendre, _ Alne fur pas plutôt arrivéique Je Che: valier de Bellomont: lui envoya le frere de Pitre Schuïler Commandant d’ Orange, accompagné de cinq autres Députez, pour Jui faire favoir qu'il avoit eû une Confe- rence avec. les cinq Nations Iroquoifes, qui l’avoienc prié de les continuér fous là prosedtion du Roi d'Angleterre, s'étant , él Os © Maximes des Troguoiss To plaînts qu’au préjudice du Traité de Paix dans lequel ils fe croyoient compris ,; fe regardant comme fes Sujets , on leur eût tué ou enlevé’ quatre-vingt quatorze pes- fonnes. Le Chevalier de Rellomontc lui reprochoit qu'il avoit envoyé deux Saw _vages revoltez de la Nation d’Onnonta- gué, ( c’eft ainf que les Anglois apellenr les Iroquois qui quittent leur Patrie pour _s’habituër avee les François, chez qui ils ‘prennent une connoiffance du vrai Dieu, :) pour leur dire que s'ils manquoient à lui venir demander la Paix dans quarante- cinq jours , il marcheroic chez eux à la tête d'une Armée pour les y contraindre ._ par force ; ce qui l’oblige de lui déclarer .qu'ila les interêts de fon Roi trop a cœur _ pour fouffrir que l’on traite les Iroquois en ennemis ; qu'il leur a ordonné d'être far leurs gardes , & en cas qu'ils foient at. taquez de faire main balle fur tes Fran: _.Gois comme fur les Sauvages qui les aa- compagneroient ; & que pour les mettre __ enétat de fe défendre il leur avoit donré des armes-& des munitions de guerre , & qu'il enyoyoit fon Lieutenant Gouver- ñeur avec les Troupes reglées du Roï d'Angleterre pour les joindre , & s’oppo- fer aux actes d'hoftilitez que l’on voudroic entreprendre fur eux, & en cas de refus il Mind 2 308. . Æiffoire des Murs _ drefferoit tout ce qu’il y'a d'hommes dans Tes Provinces de fon gouvernement pour repoufler & ufer de reprefailles du do- mage que l’on feroir- à fes Ifoquois. Le Comte de Frontenaene fit pasbeau- | %e‘faite promptement les démarches que je demanderai de vous, car je veux que vous fachiez que je fuis un bon Pere. "AY QUATRE ET CINQUIE ME. Je vous fçai bon gré de m'avoir ramené - trois François , & de m affarer que vous ie rendrez tous Îles autres qui font par- mi vous.; mais parce que vous me deman- | dez que j'envoye Monfieur de Maricout pour les aller chercher à Orange, où vous dites que vous les menerez tous pour y conclure la Paix, c’eft une chofe qui ne fe peut faire . , puifque le feu des affaires a toûjours été allumé à Montreal. Quand nous l’aurons concluë enfermble dans cet- te Ville , les portes feront ouvertes de art & d'autre pour mettre en liberté tous | LE prifonniers , afin qu'ils puiflent retour- «+ ner chacun chez eux : ce fera pour lors - qué je a le Pere Bruyas d'aller chez . vous, & que j'y envoyerai Monfieur de Maricour pour chercher nos jeunes Fran gois & Sauvages ÂAlliez , qui ne font pas en âge de venir eux. aire ‘: VOUS vien- - drez auffi querir les votres qui ferontren- dus de bonne foi des deux cotez , & je tâcherai par la fuite de faire NE de France le Pere Lamberville , comme vous témoignez le defirer, aan L z æ 320 cHifloire des Maœnrs AUX QUATRE BRANCHES DY% US Por CELA Voile qui eft bien , qu’à l'exemple du rand Onontio notre maitre , & de l'O- nontie des Anglois, vous preniez tous des fentimens de vous accommoder avec vo: tre Pere: mais ce n’eft pas affez que vous me difiez de faire fatoir à mes Alliez que vous voulez terminer la Paix, il faut auf que vous la fafliez avec eux. TA PAR LE V. ET DERNIER COLLIER. Aprés avoir répondu à toutes les paro= Îes d'Onhouentfouann , voici un dernier Collier que je mets entre les mains d'Hart: fion , afin qu'il repete de ma part aux Iro- quois les deux points principaux TRES quels ils doivent agir fi ils veulent la Paix. Le premier eft que le feu des affaires eft allumé de tout temps à Montreal, & : que c’eft où les Députez de chaque Na- tion doivent s’affembler. ia Le fecond eft qu'il faut qu'ils la faflene conjointement avec tous les Allez. _ Le Chevalier de Callieres lui demanda s’il croyoit que les cinq Nations confenti- roient à ces deux articles : Le Député dit qu'il devoir s’y attendre, Surquoi il leur dit qu’il fouhaitoit favoir leurs derniers fentimens dans foixante jours ; que deux où trois Députez lui vinrent dire qu'ils J + _ té HET \'HUERTS OS Maximes des Iroqueis. v2y ‘acceptoient ces Propofitions , afin de lui promettre que des Confiderables de cha- que Nation viendroient dans un temps ‘qu'il prefcrira par le rétour des mêmes “Députez, & qu'enfuite il pourra agir avec fureté pour y faire trouver des Dépurez de tous nos Alliez, _ La hache fera fufpenduë de part & d'autre pendant foixante jours, continua le Chevalier de Callieres, & j'arrêterai pendant ce temps-là celles de nos Alliez _ des environs d'ici, & particulierement Mdes Alsonkins, à qui je défendrai de vous aller attaquer ; mais avertiflez auffi vos gens de ne pas aller du côté où ils chaflent. J'attends vos envoyez dans foi- xante jours, & s'ils ne viennent je ne vous écouterai plus. Vous pourrez prendre le jour que vous voudrez pour vous en re- rourner avec Hararfion ; à qui je donne la liberté d’aller avec vous , & je vous fe. ai donner les chofes neceflaires pour votre voyage. | - Harathon prenant la parole pria le Chevalier de Callieres de fe reflouvenir de la demande qu'Onhouentfiouann lui avoit faite de rendre quatre Troquois qué les Aloonxins avoient pris à la défaire de Ja Chaudiere Noire. Il lui accorda fa de- mande aprés quelque difliculcé ; mais il | à > ‘ A 22 Æiffoire des Meœurs reclama auf deux petites Algonxines. & un Sauvage Loup, pris au païs des Miamis, Les Iroquois parurent fort contents de tenir leurs gens. Ils trouvoientavoir bien téuffi, n'ayant eù d'autre but que de tirer infenfiblement leurs Prifonniers ; nous ne le connûmes que trop dans la fuite par tous les firatagêmes dont ils fe fervirent. La Nouvelle France étroit dans une grande impatience de voir arriver le nouveau Gouverneur General. Les uns foûpiroient aprés Monfieur le Marquis dè Denonville, qui l'avoir été autrefois , 82e les autres euffent fouhaité poffeder Mon- fieur le Marquis de Villette. On aprit à la: fin par les Vaiffeaux que c’étoit le Che- valier de Callieres, : : Nos Iroquois du Saut & de la Monta- gne lui envoyerent faire un compliment. Ces derniers lui en firent un avec beau- coup de delicateffle. Paul Tfhheouï, l'O- _rateur des Iroquois de la Montagne, porta la parole. jun Onontio ; nous ne faurions afkez admi- rer combien le grand Omontio de l’autre bord du grand lac, à un fublime efprit. Nous ne faurions aflez admirer fa grande fageffe d’avoir choifi , entre tant de Sages qui envirgnnent fa natte , un homme. comme toi qui entre tant d’autres & celui, … GO Maximes des roguois. arr » qui nous a apris à combattre. C'eft toi ni nous aprend comme il faut vivre ci- Yilement avec les François, perfonne ne pouvant mieux que toi pourvoir au be- 4doin de tes Enfans, & nous ne doutons : point que nous ne foyons heureux à ja- mais fous ta conduite. a __ Le Chevalier de Callieres leur fic pre- _fent de dix livres de tabac , & donna un _ pain à chacun, | | L'union étroite que Îles Anglois avoient contraëtée avec les Iroquois , étoit un grand obftacle à la conclufñon de la Paix. Ceux-ci qui n'ignorent pas que le chan- gement de Gouverneur fait fouvent chan- _ ger de face àtoutes les affaires d'un païs éloigné , renverferent toutes les mefures que les Iroquois vouloient prendre pour Ja confirmation de cette nouvelle alliance. D'ailleurs les prefens que les Anglois eur failoient contribuoient beaucoup à _ es en détourner : aufli les Iroquois ne ehercherent que les occafons de faire des courfes {ur nos Alliez. Ils firent plufeurs Partis de guerre dans le païs des Miamis, qui ne leur furent point avantageux. Ils” ne laiflerent point de faire reflexion que :n ayant pas tenu leur parole au Chevalier de Callieres , il auroit lieu de fe méfier de leur hncerité, ils envoyerentavec préci- _ - 124 Hiffoire des Moœnurs _. pitation à Quebec Onhouentfouann, &. TFionhaheouann , qui lui demanderent à parler le vingtième Septembre de la part des cinq Nations. de Celui qui parla étoit un nommé Maffias, Iroquois de la Montagne de Montreal Marie-Anne-Françoile, Je parlerai dans plufieurs rencontres de ce Chef. Il et tout.a-fait attaché à la natioh Françoife, quoique fon fils qui demeure parmi les - Iroquois nos ennemis, foit un des princi- paux de leurs Chefs ; mais la foi que Mal: fias à embraflée eft un lien qui l’attache . parmi nous. C’elt pourtant lui qui portoit la parole , qui alloit & venoit dans tou- tes les négociations ; & comme il étoir obligé fouvent de parler publiquemenc de leur part , il fe préparoit quelques jours auparavant avec les Députez, de maniere que les Harangues qu’il faifoir ” en leurs noms , étoient toüjours dans le fens & dans l’efprit des Nations Iroquoi- fes. Son fils qui étoit un de ces Dépurez Je pria de parler pour lui. Maffias tenant un Collier de porcelaine a la main, parla donc ainfi. - | ï Par UN PREMIER COLLIER. . Quoique je n'aye pas d'elprit, mon Pere Onontio , je n'ai pas laïllé de regon- - noire la faute que j'aurois faite fi j'eufle # \. à é Ma mes dés Jroquds. ff Vendu les François qui font prifonniers ° chez nous aux Anglois, faifanc la Paix a. vec vous. Je viens vous dire que je vous rends vos Efclaves ; mais comme ce font | des gens que j'ai adopté pour mes Freres, Oucles & Neveux, je ne peux les ENG : venir ici auprés de vous. C’eft pourquoi je vous demande quelqu'un pour tâcher _de les y engager. Il ne faut pas que vous _ croyez que cela vienne de moi feul , On houencfouann , c’eft de la part de toutes es Nations Iroquoifes qui vous prient de’ Jeur accorder Maricour. À PAR UN SECOND. | | Vous ne doutez pas que les gens di£ Saut & de la Montagne ne foient rous les jours chez les Anglois ; s'ils vous faifoient . de faux raports ils pourroient broüillet Ja terre qui paroît déja unie ; il eft certain Fa elle le fera tout-à-fait, k vous ne vOUs ez pas les écouter. Par nous autres on aura beaw nous dire qu "Onontio viendra: nous brûler , nous n’en croitons rien. Te vous prie , as Pere , de faire cefler vos Alliez qui font rous les pe chez nous à vous caffer la tête. Les Anglois auroient été ravis, Monfeur, d’avoir nos Eclaves François, parce que’ Jeur but étoit de fe rendre Médiateurs de: la Paix entre les Iroquois & les François. 2 126 Hifloire des Murs Le Nous ñe doutions pas de l’afe@ion qu'ils avoient pour nous : mais comme Mrle Comte de Frontenac ne s'émbaraffoit pas beaucoup dans ces dernieres guerres de tous les efforts qu'ils avoient faits pour nous rendre odieux à cette fière Nation gt il n’y avoir Pas d'aparence que le Che valier de Callieres reclama leur protection auprés d’un Peuple que nous regardions comme nos enfans , qui s'étoient Écartez de leur devoir à leur follicitation. 7 _ D'un autre côté il étoit aifé de s'aper- cevoir que les Iroquois _ne cherchoiïent qu'à nous amufer depuis la mort du Com- te de Frontenac ; car fous prétexte qu'ils. avoient refufé aux Anpglois nos Efclaves qu'ils avoient à la veriré adoptez, leur. inclination les portoit encore à ne s’en. pas défaire, malgré le chagrin qu'en pou- voit témoigner Monfieur de Callieres. IE leur répondit le lendémane" #0, 7 #° Je fuis bien aife, dit.il, à Onhouent- fiouann & à Tionhahouann de vous voir, fachant que vous-avez toüjours aimé les François, à l'exemple de la Grande Gueu- Je vôtre Oncle ; mais je fuis furpris que tous les Iroquois ne m'ont pas envoyé a-! ‘vec vous des Députez de chaque Nation, fuivant ce que je vous avois prefcrit lors l. que vous êtes venus me parler à Montreal. LS x Le _& Maximes ds Irequois. 117 Au mois de Mars , pour voir avec moi Les moyens de finir ma affaires, & de rétablir une bonne intelligence avec les François & nos Alliez. Ce feroit pour lors’qu'il n'y auroit plus à craindre les raports que ceux qui vont & viennent chez les Anglois pourroient faire. Pour ce qui eft de Monfeur de Maricour que vous me demandez pour aller chercher ce qui refte _de François chez vous, je trouve la faifon trop avancée pour qu il puille les ramaffer dans tous les Villages , & me à rame ner avant les glaces. | Nos Vaiffeaux ne font arrivez que de puis peu ,.& je fuis venu ici pour y rece Voir mes pacquets de la part du grand Onostio, * Je n'ai encore eû le temps de regler aucune chofe “ toutes {es vo- dontez, | Les Anglois vous ont-ils fait favoir quelque chofe de’ce qui a été arrêté entre le Roi mon Maître & celui d'Angleterre: Jls répondirent que les Anglois ne leur a- voient rien dit , qu'ils ne favoient pas Jeur départ pour Quebec ; ; quand ils fai. ‘foient quelques affaires avec OwontioT ; ‘ils ne leur en parloient point , qu'ils ne _voulgient pas non Êw leur parler des deurs. | Li .# Le Roi j Monfieur d: Callieres.} à ; À à ÿ à no. ÿ»8 Hifloire des Murs Puifque les Anglois ne vous ont rietf dir, reprit le Chevalier de Callieres, de-ce qui s'eft paflé entre le grand Ho a le Roi d'Angleterre, je vais vous le faire favoir en vous Lfant # Lettre qu 1l m'a envoyée. | | | Lettre dn Ro: d'Angleterre au. Chevalier _de Bellomont , Gouverneur General Nés: dela Nonvelle Anglaserée, FE Otre fidel & bidé amé Coufin, SAS LuT. Etant informé des Lertres qui ont paflé entre vous & Île. Comte de Fion: tenac Gouverneur du Canada, fur le fuz | jet des cinq Nations d'Indiens apellez Les Anaguas , Oneïdes, , Onondagez, Cajou- gas & Lenexées, nous avons jugé à pro os de vous faire favoir , qu’afin d’ EMpÈ- cherdes chofes d'aller juiqu': a la IUptUre , nous fommes convenus avec nôtre bé frere le Roi Trés.Chrétien , jufqu à ce. que les Commiflaires nemmez des deux _<ôtez , en execution du traité de Rifwik,, ayent ‘fait un Traité qui puifle fervir de regle pour l'avenir ; ; qu en cas qu'aucun _ Ate d'hofilité ait été commis de part & ’ d'autre, ils céffergnt immediatemen aprés la reception de cette Lettre, Pareïl ement £n cas que nos Troupes euflenr GE ,quel- | ; ‘ co | HOT en b « di ii de LA € ER EH MES ETES : @Maximes des Troghoïs. 129 Que avantage fur celles des François , ow celles du Roi Trés.Chrétien fur les no- £res, ces chofes. feront rétablies fur le _ même pié qu'elles étoient au commen cement du mois d’Août dernier , avant que votre Lettre du treize du même mois. _au Gouverneur François ait été écrite”, que pour prévenir la continuation des dif- _ ferens qui font furvenus au fujet des In- _diens des cinq Nations ci. deflus mention- nées , jufqu’a ce qu'ils ayent été rerminez, nous fommes convenus avec le Roi Trés Chrétien, qu'ils vivront pafiblement, & qu'ils joüiront des fruits de la Paix con. _cluë a Rifwik, auffi-bien que les Indiens Aeurs voifins des deux côtez : qu’en cons fequence de cela les prifonniers & les 6 tages feront relâchez de part & d'autre, & queiles Indiens des cinq Nations , auffi- bien que ceux avec lefquels ils ont été en: guerre, & autres qui {ont leurs voifins feront defarmez autant qu'il fera jugé à. propos par vous, & par le gouverneur François, pour les contenir dans la tran. quilité dont on eft convenu qu'ils joüi.. ont, & en cas que Îles deux Indiens ayene. la guerre les uns avec les autres, ou - qu'ils inquietent les Colonies Angloifes ou Françoiles , vous agifliez de concert: avec le Gouverneur François contr'eux , Tome IV, LE Te PRO ER MNT RARE be OPERA AE FREE ! ART ; ARTE EN FRERE Es #0 | iffaire dl Mon ri “ci - afin de les obliger de vivre en repos. J&. “wous envoye avec celle ci les ordres.-dua, Roi Trés-Chrérien pour-fon Gouverneur, afin qu'en cas que le Vaifleau qui vous “porte ces Lertres, arrive plutôt que le _Vaifleau François, daté les lui puiffiez fai. fe pañfer avectoute la diligence poffible. : On envoye aufli un double de cette dé- | pêche au Gouverneur. François par la voÿe de France, pour vous être ‘envoyée s’il re- çoit les fiennes avant qué vous ayez reçü les vorres , & ainfi nous vous difons adieu de bon cœur. Donné à nôtre Cour , à Kinfngton le deuxiéme Avril 1699. ‘de otre Regne le onziéme. Par le sointaie dement des Sa Majefté. | % à D AYERNO Ne Les Iroquois n'éroient pas tout- à- faie contents de cette leture; car malgré: le grand fisgme qui leur eft naturel, je m’a. percevois bien que cette ligue offenive 8 défenfive entre nous & les ‘Anglois les inquietoit extrêmement. Ils étoient fur? pris des moyens violens dont Les Angloÿsi vouloient fe fervir. = I écoit à propos de leur infinuer que les! Anglais prétendoient avoir un Empire abfola | fur eux. Ils ne répondirent rien far. gs qui regardoit la Lerrre du Roi d' Angle & Y x .. CPtaximes des Jroghois. 3%. Ferre. On leur fit des prefens d'habits de’ ” campagnes à eux & à leurs Femmes, qu'ils” _ne gardent que pendant le voyage. Aures fte il n’y avoit pis moyen d’avoir nos pri fonniers François qui reftoient chez eux. : Monfieur de Calliéres réfolur peu de rems aprés leur départ d'envoyer au Chevalier de Bellomont la Lettre du Roi d’Angle- terre; il en‘chargea@Monfieur de la Val- here, Major de Montreal ; & afin que cette Députation répondit à celle que: “avoit reçû Monfieur le Comte de Fronte+ _nac l’année précedente, par l'arrivée de: Mix Dellius Miniftre d'Orange , il pria le Pere Bruyas d'accompagner Monfeur de R Valliere. Auffi les [roquois eurent plu ficurs éclaircifflemens avec les Anglois fur “certe prétenduë jonétion enrre les deux Couronnes, dont ils vouloienñt être tou -jours indépendans. Il y eur affez de repro: ches de part & d'autre ; cependant les: Anglois uferent de beaucoup de ménage- mens, car pour peu qu'ils les euffent ai gris, ils auroient bien tôt perdu l'amitié de ces Peuples, qu'ils ne confervoient qu'à force de prefens. ASE … Les Iroquois profiterent'én même temps de ce repos & de cette tranquillité, pour porter le fer & le feu chez les Iflinois, &c: des Miamis. Ceux-ci n’aimoient pas qu'ils di x he 2 À DRE EN 7 ; 2 532 Eliftorre des Maœnrs ï s’aprochaflent de fi prés de l’endroit où ils chafloient, étant perfuadez que ce fes roit une occafion de faire quelque coup: lorfqu’ils fe trouveroient fuperieurs. Nos Ouraouaxs qui chaffoient dans les bois & qui ne pouvoient pas encore favoir que la Paix étoit faite , enlevoient de: temps en ternps quélques chevelures d’E: roquois qui chafloielit au détroit des lacs Herier & fainre Claire. Il n’y eût que nos Iroquois de Montreal qui chafloient enfemble d’un commun accord dans le: quartier. | à . Nos Aloonxins s’imaginant qu'il y au toit de la fureté de fe joindre avec ceux= ci, fe mirent de la pattie. Un Iroquois ayant trouvé par hafard la cabane d’une roquoife du Saut , lui demanda fi elle: n'avoit point aperçû des Algonkins 2: Elle: conjeétura dans le nroment que les Iro- quois cherchoient à faire coup fur eux ;: elle lui die qu'elle n’en avoit point de: connoiffance, Quelques heures aprés l'E roquois trouva un jeune enfant qui lui dit qu'il y avoit aux environs quelques: cabares d’Algonxins ; il fut outré de læ referve de cette femme , & vint lui em faire un fenfible reproche, {ans lui don- ner cependant aucun fujet de méfiance. . L'Iroquoife en donna avis aufli- tôt à L animes ni res. | 1% ceux de fa Nation. Nos Chrétiens, & (ur toutles Algonxins, fe mirent dar la défens five, fe retranchant dans des Forts d'a batis d'arbres. Un Chef de guerre {e mir: en Campagne , pour demander au Che valier de Cdios ce qu'il y auroit à faire: dans une pareille conjeture ? > Il leur dé- fendic de commencer , mais il leur dit, que fi les Iroquois les attaquoient il Fal: loit fe: défendre. . | Quand les Iroquois virent qu ‘ils avoient. manqué leur coup , ils envoyerent aux Algonkins des prefens- pour les prier de. chaffer d'union & d'inclination. Ce détroit avoit été abandonné pendane dx ans, fans qu'aucune Nation osût y aller chaffer en fureté. On y tua une Rue prodigieufe de Cerfs , de Chevreuils, d'Orignaux. | L. Les Iroquois prévoyant que ra Fran çois ne s’accommoderoient pas tout-à. fait de coutes les menées que l’on tramoit’ contre leurs Aliez, députerent quelques: jeurs aprés un Chef pour prier Monfieur de Callieres de ne pas s impatienter fs las Nation ne pouvoit envoyer fi-tôt des Dé putez. Ce Chef dir que les Députez éranc- retournez l'Automne derniere de Quebec: À Onnontagué , où ils firent le. raport dé - qui S'ÉtOIr pañfé au. Confeil , D ’avoien® ARS y JE COQ EE EN A OPEN REC PIN TRACE 2e * rs pe 7 Su NET 4 à q pr 0 $ ( » TA 4 + 34 Hifhoire des Meurs trouvé qu Anagoga & Gagouentara, deu#. Vieillards, tous les autres étans partis pour la chafle. Il en revint quelques-uns qui nous chargerent de vous venir voir de nouveau, pour vous prier d'avoir patien- ce , & vous dire qu'aprés le retour de leur chafle , qui fera environ au mois de Juin ,les Confiderables de chaque Na+ uon décendront pour vous trouver. | Nous avons paflé-au Fort Frontenac } comme nos Anciens nous l’avoient dit. pour y demander un François qui nous: amenât ici vous parler : nous y trouvions- des hardes, & autres chofes a traiter au-. trefois , mais on ne veut rien nous don- ner, ny même nous permettre d'entrer dans le Fort , finon à quelques Chefs. Nous avons apris à Onnontagué que Îles: Miamis ont tué deux Confiderables des: TFfonnontouans. “NC Monfieur de Callieres lui répondit ;; Monfeigneur , qu’il n’y avoit que des Sol-. _dats au Fort Frontenac pour Île garder, & qu'ils ne font point gens à traiter, que les! chofes demeureront comme elles font jufs ques à ce qu'ils ayent executé la parole: qu’ils lui avoient donnée plufieurs fois, 8 celie qu’ils lui donnoient encore à prefent;. que les Chefs de routesfes cinq Nations le: viendront trouver dans le temps des frais, vo L SE F7 —. 1 re se 4 EX . \ & Maximes des Iroquois. 143$ - fes, pour terminer entierement toutes les affaires qu'ils avoient enfemble, & pour . Jui demander ce qu’ils pourroient defirer de lui, dont il leur donnera une entiere fa+ tisfaction. Je ne fuis point furpris, dit-il, du coup que les Miamis ont fait fur vous, parce que c’eft fans doute pour fe ven- _ ger de celui que les Tfonnontouans firent l'Automne derniere dans leur païs. Si vous aimez à terminer les affaires & faire cef- fer route hoftilité , cela ne fe peut faire fans fe voir ,& on ne peut rétablir autre- ment la bonne intelligence. Les Iroquois commencerent à faire de fericufes reflexions , ils tinrent plufieurs _Confeils generaux , où les plus judicieux Î _ rapellerent tout ce br fait pendant dix ans le Comte de F Nation ils avotierent qu’il les avoit trai- rontenac contre lai _tez cruellement, malgré les irruptions con- _ tinuelles qu’ils avoient fait par tout le Ca- mada. Aprés tour, dirent-ils ,. concluons avec le nouveau Gouverneur ce que nous. _ avons terminé avec le Comte de Fron- tenac. | On vit arriver à Montreal'au commen- eement de Juillet, avec une joye univer- …felle, fix Ambañladeurs Iroquois, Harat- _fion; & dela part des Onnontaguez, T{on- hoacftfuam , Aouenano | Tonarengoue- #36 Frifloire des M œurs | nion , & Tehaftakous de la part des Tfons totsdlans, | Aprés qu'ils fe pren repofez quelques jours Monfieur de Calliers lëur donna une Audience publique ;: ik apeMa les Supe= rieurs du Seminaire de faint Sulpice, des Jefuites , , & des-Recolets : 8 la: plufpart des Officiers s’y MR pere Les princi: paux Chefs de nos Iroquois du Saut & de la ere # des Alsonkins , ne man querent pas de. s’y trouver. Maricour , LE n. les Iroquois: regardent comme leur Fils adoptif, marcha à la crête des Ambafladeurs depuis la porte*de la Ville jufques à la' maifon- du Chevalier. de Callieres, qui en eft à trois cens pas: bec tengnt enfuice le premier gang, les autres fuivans de file, commença à: ae d'une voix trifte & lugubre ; pleurant la mort de tous les François qui avoient été tuez à la guerre , prenant #: témoin le Ciel & Île Soleil comme ils on de bonne for, ‘vous morts, dit-il fottez latête de la terre pour écouter ce que je dis,& na demandez plus de vengeance, la ais eft. faite, 11 finifloit par les paroles Has, Has qui eft la complainte la plus douloureufs dont cette impitoyable Nation puifle. Le laifler toucher. ( & Maximes des ou #7 _ Ces Ambafladeurs en entrant chez | Chevalier de Callieres prirent chacun leur place, ils ne voulurent point parler que ncaire fon Maréchal des Logis n’y fut, qu'ils regardent comme leur fils adoptif, El fut pris dans un combat; la fierté avec Jaquelle il battic un Chef ‘de. guerre qui _ vouloir le lier pour lui brûler les doigts. énattendant que l’on porta la Sentence de mort contre lui, fur caufe que les autres ‘Jui donnerent la wie fes camarades ayant ététous brülez à petit feu. Ilsladoprerenr, _& la confiance qu'ils eurent en fui dans la fuite, les a obligez de le faire comme Me. ; diateut dans toutes les négociations , & vous verrez, Monfeur, l'eflime qu ‘il lui ont todjours confervée. - Teharftakour voyant qu'il étoit Lee de parler s’expliqua ainfi. Par un Primier CorLira. -_ Onortio ; mon Pere, l'Onontagaé mon Frais ainé qui a plus: “e efprit que moi, eft venu ici pour vous parler de notre part ; _& comme il vous à témoigné que vous fouhairtiez de voir votre Fils le Tfonnon- touan, nous fommes venus pour vous ra- conter que nous avons fçû par Corlad, _(c'eft ainfi qu'ils apellent le Gouverneur de la Nouvelle Angleterre ) que les deux grands Onontis de France & d'Angleterre | 138 “Hriflèire dé 7” ÉTÉ. ont fait la Paix en Europe; & qu’ ils le fée hairoient qu’elle fur faite en ce païs :qu ils). avoient ordonné que les Sauvages qui ont été en guerre jufques à prefent cefleroient les actes d’ hoftilité ;:& pour cet effet Cor- hard nous xdcfendt de fraper fur les Fran. qois n’y fur les Sauvages {es Alliez, & nous: a dit que ceux qui n’obeïront pas; les deux Gouverneurs de la Nouvelle France & dei: la Nouvelle Angleterre, avoient ordre de“ fe joindre pour les châtier. Dans cette af-. furance nous fommes allez à la chafle , où étant il nous a été tué cinquante cinq pere fonnes,. tant par les Outaouaks vers le dé. troit, lès Iflinois dans la'riviere Oyoque,. par les Miamis dans la riviere Chouegen,” | Nous avons encore la hache à: la têre. 7) nous venons favoir, notre Pere, s’il la veut: retirer , ou la faire ôter par fes Alliez, pe UN. DeEux1ir ME: C’eft au nom des quatre Nations Iro-. quoifes , Onnontaguez, Ffonnontouans } Goyogouins, & Onneyouts que je parle. Feu le Comte de Frontenac nous ayant dit que nous pouvions faire nos affaires {e-. - parement des Aniez j'ai obeï depuis ce. temps-là à la défence qu'il m'avoit faite: d'aller en guerre, par la convention quË avoit été faire de part & d'autre. Mais les Qutaouaxs ,Miamis, Iflinois &. autres vos? Î : 43 g Maximes des RES ie _Alliez d'enhaut n'ont pas fait de mêmes ainfi je vous: prie, -mon Pere, de leur ôter % hache afin qu'ils ne frapent plus, & fi se ne me deffends pas ce n’elt pas manque ie courage, mais € ’eft gse je Eux vous æbeir, LCR ' re à PAR. UN En a ab : Comme nous avons ouï dire que vous * AVEZ roûjours une Chaudiere fufpenduë mi Dci guerre, nous vous donnons ce Col- ‘lier de la part des vue Nations pour: la renver{er, CHHPAR UN QUATRIEME. Le Soleil eft témoin de ce que je dis : & que je fouhaite la Paix, £ "ef lui qui en eft le maître, & de la guerre , il punira ceux qui violeront la Paix. Je deman- * de à Onortio d'amener la robe noire, ( c’eft Je Pere Bruyas ) les Sieurs de Mano & Joncaire mes Fils , tous les Iroquois les “voyant ne douteront plus d’une fincere Paix , ils rameneront tous les prifonniers | François & Sauvages Alliez qui font chez fous, fans qu'il en refte aucun. S PAR UN. CINQUIEME. Nous avons apris qu il y a un de nos gens prifonniers parmi les Algonkins,nous prions notre Pere Orontro de lui ouvrir les prifons ; cette affaire prele parce qu'ils Vonts 'éloigner d'ici, &:nous. ne l’auriong “pes de long ie = #40. Hiffoire des Maœnurs Par un SixiE ME Je raufie par ce Collier tout ce que j'ai | dit au nom des quatre Nations: je’ plante. J'arbre de Paix, afin que tout le monde le scgardant on fache que je l'ai demandé. . Par UN SEPTIE ME \ J'ai planté l'arbre de Paix ,& par ce Collier je demande que l’on nétoye tou- tes les rivieres où 1l y abien des pierres. afin que les chemins foient libres , &c que. l'on puifle aller & venir en Paix. de | Par un HUITIYE ME . Quand nous avons renvoyé Joncaire notre Fils, nous avons fouhaité qu'il alla & vint pour nous faire favoir les fenti- mens d'Orontio , & lui porter les notres.* Nous l’établiflons Pleniporentiaire des af: faires des Tfonnontouans , comme Marie cour eft celui des Onnontaguez. PAR 3. BRANCHES DE PORCELAINE. Nous difons à Oronio, par les bran-" ches de Porcelaine, que le Pere de Joncai-, se qui faifoit les bonnes affaires, & qui étoit porté pour la Paix , étant mort, nous avons choifi Tonatakout , le plus proche parent de fa Famille pour être fon Pere, ayant lefprit auffi bien fair que fon Pre-, decelfeur. Ne vous étonnez pas Oronsto » nôtre Pere, fi nous ne fommes venus que de deux Nations ; c'eit Picre Schuis, En-, vOyÉ f ir, Ad Mers Le TAN \ © Maximes des Troquois. 14% _foyé de Monfieur de Bellomont , qui a= _yanc fçû que nous étions prêts à partir pour.vous venir trouver tous, fuivanc [a _ parole que nous vous avions donnée , elt venu chez nous pour nous empêcher de décendre ; mais nous n'avons pas laiffé de partir malgré lui pour venir ratifier la " Paix au nom des quatre Nations, pendant que nous avons envoyé les Goyégouins . &c les Gnneyouts:nos Enfans, favoir pour. quoi il s’opofoit depuis fi long-temps que nous vinflions vers notre Pere Onontios _ pour terminer engierement les affaires. Teharftaxout fe tournant du côté des Al- -gonkins , leur porta la parole. L'Hiver dernier tu vins me joindre à ma chafle , où je reçûs un prefent de ta main conte- siant vingt Peaux. paflées, & fix à fept Caftors. Tu me dis par là que puifque nous étions comme en Paix , neus euf- fions à nous regarder en freres , & non comme Ennemis , nous faire plailir les uns les autres. Quand nous nous trouve. rions manquans de quelque chofe dans Jes' Forêts , ne faire qu'une Chaudiere entre toi & moi, & boire le même boiil. don comme veritables freres. * * ? Je partis quelque temps aprés pour ai- ler répondre à tes prefens, & jee portai da chofe la plus précieufe qu'il y ait entre Tome IV, RAS ci à LL | 142 | Hffoire à des de œurs. nous autres hommes, qui eft un. Colliest - de Porcelaine. Même comme tu imite le! Chevreuil qui eft rantôt d’un côté, tal de l’autre , n’ayant point de. lieu alluré j'ai faivi tes piles, & je n'airrouvé que ‘la place de ton coïps, mais il n "y toire plus ; ainf je fuis bien.aife de te trouver. devant notre pere Onontio pour te re en fa prefence: que j'accepte l'offre que: su me fis dans le moment, de nous repars der d'orénavant comme freres, d'oublier le pailé, & d'encourager réciproquement notre Pere de nous faire vivre en bonne intelligence. comme nous vivions aupata- _yant la guerre, Je. promets que nous ne ferons qu’unié Chaudiere | & boirons. Je même boüillon, comme de veritableg freres ; 3 ainf finit F Audience. On les ré gala pendant deux ou trois jours , on les fit boire avecles Algonkins. Ce (eroit ur £rop grand détail, Monfeigneur, fi je rapor- tois tous les griefs qu'ils fe reprocherent les uns aux autres pendant ce temps, cha- cun failant trophée du nombre de cheve- dures qu’ils avoient. enlevées & de toutes Îes cxpedirions qu'ils avoient faices. Mon: fieur de Callieres leur fit réponfe. avec les “mêmes formalitez. ts Fe Par UN. PREMIER. Ga htest D. Monfeur de Bellomone ne vous a-’il rien HN mn * , G'Maximes des Troquois. 43 . dit au! füjer de ce qui s'eft paflé entre.le œand Onontio & celui d'Angleterre, vous : deviez l'avoir {ci par Onhontfionann & les autres que vous m'avez envoyez l’Au- tomne derniere, Les deux Rois foift demeu- rez d'acord qu'ayant fait la Paix vôus de- vez en joüir auffi-bien que le refte des Sau vages , c'eft pour cela que j'ai dir aux On. . nontaguez qui font venus me parler, qu'il étroit necellaire que les Députez de chacue ne de ces Nations vinffenc aufli pour favoir leurs fentimens, & prendre les moyens de nous accommôder avec routes les Nations, : Cependant je ne vois point d'Onneyour ny de Goyogoüins ; & vous me dites en fuite de vos Colliers que ce font les An \glois qui font venus à Onnontagué quiles @nt empêché de partiravec vous, furquoi Vous m'ajoûtez que vous lesavez envoyez vers Mr de Bsllomont , pour favoir les. raifons qu’il a de s’opofer depuis fi long: - temps à la députation que vous devez me faire tous enfemble. dite rod : Mn ram ioums:S Ee om: Quoïqu'on n'ait pont farisfair à ce que j'avois demandé, vous êtes tous des Confi- detables d Onnontagué & Tionnontouan, Je veux croire que vous me parlezau not des deux autres Nations Iroquoifes, jai ja api auprés de tous les Sauvages pour 144 _ Fiffoire des 74 a} PE REC ôter leur hache, conformement à l’ordre. . du grand Onorrio , en attendant votre ar-. rivée, fuivant les promefles que vous m'a. vez fouvent réïterées ; maïs votre long. retarderñent, joint au coup que vous avez . fait chez fes Miamis il y a environ unan, où vous avez bleflé un de fes Sauvages. & tué un François , à fans doute caufé les coups que vous me dites qui ont éte faits. fur vous par les Nations d’enhaut , dont. je fuis fâché, Comme il eft neceflaire qu'il vienne ‘ici des Députez de ces Nations, afin que je puifle leur parler , il faut aufii que vos Confiderables s’y trouvent dans: zrente jours, quieft le temps que je leur ay marqué , ayant envoyé pour cela un çanot à Michilimaxinak pour les engager de décendre. Qt Eu D PAR un FTRo1srEr ME. | Ce fera pour lors que toutes les Chau dieres de guerre feront renverfées que nous trafermirons enfemble le grand ar- bre de Paix que vous verrez déplanter . & que toutes les difputes finiront, en forte que vous puiffiez aller & veniren furété. __ Par UN QUATRIEME. | Pour avancer une affaire de cette con fequence, je veux bien vous acorder les! Sieurs de Maricour & Joncaire , & j'en prierai aufli le Pere Bruyas , qui TORE. du 3 AN D". | © Maxsmes des Iroquois. T4 _ avec vous pour chercher: nos prifonniers François & Sauvages nos Alliez , & les . _ ramener avec les Députez dés quatre Na- tions que je vous demande , à condition _ qu'il reftera ici quelqu'un d’entre vous . jufques à leur retour , qui n'auront pas lieu de s’ennuyer par les bons traitemens . que je leur ferai faire. | | PAR un CIrNQUIE ME. “ À votre arrivée je ferai mertre en li- . berté les prifonniers que vous me nom- . meérez être parmi nous & nos Sauvagés,, cependant je commence par vous faire rendre celui qui eft chez les Algonkins, pour vous faire connoirtre la fincerité avec laquelle j'agis comme vous aufhi bien _ qu'eux , Mais ne manquez pas de me ren- _voyer leurs deux petites Filles que je vois Jay déja demandé avec un Loup qu'on m'a _ dit être chez les Goyogouins. rh | 107 PAR UN SIXIEME. Je fuis faché de la mort de Joncaire , fachanc qu'il avoit l’efprit bien fait. Je luis bien aife que vous lui ayez fubftitné . Tonataxout à fa place, puifque vous me “dires qu’il lui reffemble dans fes bonnes intentions. Voilà un Collier que je vous ‘donne, pour vous marquer que j'entre Mdans votre fentiment, & je confens que: “le Sicur Jonçaire ferye pouraller & venis 346 - Hifloire des ours vous porter ma parole , & me raportee la votre. : Les Iroquois écouterent avec des d'a tention toutes ces réponfes, ils laiflerentk pour Otages quatre de leurs Ambafladeurs ; pour gage de la parole qu'ils avoient don- née de venir. d Il fe trouva par hafard dans ce Gonfail des Chefs Abenaguis de Lacadie, qui é- toient venus faire des plaintes à Monfieur. de Callieres de ce que les Iroquois leur! avoient envoyé des Colliers pour les en- gager de quitter nos interêts, leur repre= entant qu'ils auroient beaucoup plus d’a- grémens s'ils s attachoient parmi les An glois. On ne jugea pas à propos de de- mander aux Iroqueis le motif qui les a- voit engagez à faire ces. fortes de démar- ches,parce que les affaires commençoient à prendre un meilleur train; mais nos Iro+ quois Chrétiens, les Hurons & les Abe- | naguis, leur parlerent avec tant de fierté, que nous ne pouvions être plus contens de l’affetion qu'ils persaient à la Nation Françoile. | Nous n avions jamais eü, leur direnvilss qu'un cœur , & une même volonté avec . Onortie, ainfi qu’une même hache, r " jettée dans le fond de la terre, & mis gros : RGO deflus ; & Y faifant ss ne 4 do ©, Maximes des Froauots. : Y47 rande riviere , afin que perfonne ne puifle jamais la retrouver. La notre eft tombée en même temps avec la fienne ; . que ce ne [oit pas de bouche que tu parle . mais du cœûr ,& que cette bile quit'a re- té jufqu’à prefent dans le corps, ne vien- ne plus fur le bord de tes lévres pour s’en . retourner dans le fond de ton cœur com- me il a coûtume de faire, Jette donccer- te bile devant ton Pere & devant nous tous , & qu'il n'en refté plus, Pour nous nous n'avons plus de hache, puifqu'O- | #ontio à jetté la fiénne. . » Ces paroles étoient remplies d'affez -. d'amertume devant une Nation, qui d’ail- _ Jeurs ne s’en embarafloit gueres, Chofe étrange que trois à quatre mille ames faf- _ fent trembler tout un nouveau monde. _ La Nouvelle Angleterre fe trouve trop . heureufe de ménager leurs bonnes graces. La Nouvelle France eft fouventr defolée par leurs guerres , & on les craint dans l'érenduë de plus de quinze cens lieuës de païs de nos Alliez. m4 Cerre Paix ne pût être-affez autentique ,. puifque tous nos Alliez auroient trouvé mauvais qu'elle eut été-concluë fans leur » participation. Ils favoient que le Cointe . de Frontenac les avoit trop aimez pour ne des y pas comprendre, On jugea donc à 48 Hifloire des Murs propos de donner le Rendez-vous general … au commencement de Septembre ,:pout allumer unanimement le feu de Paix. __ Le Pere Bruyas, Maricour.& Joncaire, _ pattirent en Canor pour leur Ambafñade avec le'refte des Iroquois. Ils arriverent tous à Gannentaa , où les Iroquois les at- tendoient avec impatience. L’emprefle- : ment qu'ils avoient de les recevoir fur fr. grand , qu'ils fe jetterent à mi-corps dans l’eau pour les porter à terre. Quelques vieillards qui étoient venus au devant ex- horterent ceux qui étoient-là de débarquer : tout le bagage de nos François. Ce fur à alors qu’un Ancien , & Chef de guerre ; n les harangua. ss AE NAATES C'eft maintenant , difoit-il, que nous ne, doutons plus de la droiture & de la: fincerité du cœur de notre Pere Ononrso ; qui nous a envoyé la Robbe Noire, & notre fils Joncaire. Norre terre va deve- nir belle , vous feréz témoins demain de la foi de tous nos guerriers , quand vous entrerez chez nous. Repofez-vous le re: : *fte de cette journée des grandes farigues … du Voyage. pe | AA RERITSS Maricour leur répondit par quagre braf. fes de tabac. Nous remercions , dit-il celui qui elt Maître de la vie’, de la grace ax'il nous a fait d'être arrivez à bon port Maxime des I: ue. LME … fur les terres de nos enfans , & pour vous remercier de la peine que vous vous êtes donnée nous vous- faifons. -prefenc de ce. tabac. à A peine euréné. ils Pis Le lendemain une lieuë à travers les bois, que l’on trou- va fur le chemin pluñieurs Sauvages , qui dans l'impatience de les voir Jec apporz terent des fucets de bled d'Inde, * des fruits & du. pain, avec des marques ‘d’ une veritable joie. # Lors qu'ils furent à un quart de lieuë : d lOnnontagué , uñ Ancien les pria de s'arrêter pour f CE leur entrée avec ordre, _ H mic à la cête de nos Ambaffadeurs un ” François qui portoit Pavillon blanc. Ma- 4 ticour marcha à quelque pas de diftance, Je Pere Bruyas & Joncaire le faivirent, les autres François qui les accompagnoient étoient un peu plus loin de file. Ils aile. rent dans cet ordre jufqu’à la vûé d'On-. nontagué, où tous les plus confiderables _s’étoient affemblez. Teganiflorens les comiplimenta , il leur . jetta pour cet effet trois cordes de porce- laine fuivant la coûtume. Il efluya par l’une leurs. larmes, pour éffacer la perte des François qui avoient été cuez pendant la guerre. | # C'eft la tige, qui a le soët dé la-canne-de Süéré # 150 | Hilaire gs A rs: 1! leur deboucha la gorge par la fecons de, afin qu’ils püflent parler'avec plus dé … ficilité ; & par la troifiémeil nettoya læ : natte , gâtée par le fang g qui avoit Été ré pandu de part & d’ Aer Le Pere Bruyas prit lé parole ;' loi té | moignant Ja joye qu ls avoient de la ma: niere obligeante avec laquelle il lès rece: voir, Ces limites finies l'Orateur exhor: | ta les ouerriers d'aller. querir promtement leurs fils pour faluër bes Ambafadeurs” à FPentrée Fr Fort. Hs en aû bruit de la moüfquetérie ,' & furent conduits dans une cabane dé re belles ,où ils furent régalez de fucets de blé d’ fade: & d'une Chaudiere de Sagamité , qui droits compofée de Chevreüil & de blé d’ Inde ; le tout broyé ; & on attendir avec pa: tience le P énipotentiaire des Tfonnon: touans, des Goyogouins,’ & des Onne- yonts. Le Pere Bruyas & Maricour alle rent vifiter pendant ce temps rous les Efe claves François qu “ls pûrent rencontrer. Ils ne paroiffoient pas avOir gratide envie” | des ‘en retourner: d' ailleurs il falloir gai. gner a force de prefens ceux qui les a voient ‘adoprez. Il y'en eut plufeurs qui ne roulurétiet jamais les accorder, quelques promeffes qu'on leur fit, Quelques. uns de fes pri- | Æ. Maxime des Preanés 1$3 D buries étoient fi accoûtumez .à cette 4 vie fauvage, qu'ils refaferent de venir. | Les Députez des cinq Nations s’aflem- * blerent le dix Août dans la cabane du - Confeil., où nos Ambaffladeurs furent apellez pour N prendre leur place, on fe plus de part & d'autre , nos François fi- rent prefent de deux braffes de tabac à | chaqte Député. Les Aniez eurent la pré- . caution d'y envoyer leurs Députez, Toit . qu'ils fuffent bien aife d'être compris dans * Ja Paix generale, foit qu'ils vouluffent * favoir tour ce qui. fe pafferoir dans les dé- Jiberations. | … Le Pere Bruyas fe leva aprés avoir ins _ moqué le Saint Efprit , .& expofa le fujet Là -qui l'avoir engagé de venir les trouver de : Ja part de Monfeur de Callieres , il s'é_ _ rendit. beaucoup fur certe Alliance qu'il } _ falloit faire, & qui devoit durer à jamais, _ Il dir que cet atbre de Paix qu'ils avoient planté fur un lieu fi éminent , pour être _ vû de toute la terre , étoit un gage « de la fidelité que l'on devoir avoir reciproque- ment: que la hache érant cathée au fond de la terre, & la Chaudiere de guerre ‘renverfée, il y avoit lieu d'efperer que le Soleil brilleroit avec éclat fur nos têtes. 1...La conjonéture prefente des affaires E obli LE à AE fa HUE à Ma- Se ASE NAT ES NO EN RTS * AUS no Hifioire des Moœurs ricour & à Joncaire , {ur crois Eblliers qu'il vouloit leur prefenter de fon Chef. Il exhorta donc les roquois par le pre- mier à obeïr toûjours à leur Pere, quel- que raifon que püûc aporter le Gouver-. ur de la Nouvelle Angleterre, pour les: en empecler. 44, D DE Soit, leur ditil, que vous entrereniez. la-bonne intelligence que vous avez toû- jours euë avec lArgiois votre frere ,. mais aufli ne vous oùbliez jamais qu'O:: nontio eft votre Pere , il vous aime, & il. ne vous apelle à lui que pour votre bien, demandez à ceux qui font allez à Mont- real de quelle maniere ils y ont été reçüs. _ Le fecond Collier qu’il jugea à propos. d’ajoûter A ‘fur pour regretter les morts. des Tfonnontouans. Te pleure mon fils “reprir.il, la perte de rânt de Confiderables. Ce prefent fur du goût des Jroquois , fut trés.-bien recüû, {ur tout des Tfonnon-. ‘touans. Il les pria de renouyeller leur at- tention par un troifiéme qu'il vouloir en-. core leur donner de la part d’4/endafe, dont le nom eft fi connu parmiles Nations. Jroquoifes, c'eft celui qui fe donne quel-. quefois au General des Tefuites en Cana=s da. Il s'érendit beaucoup fur l'amour ques _Afendafe avoit toujours eù pour fes chersk ER Res LE IE HSRRX . . - AT HU. gafans les Iroquois , malgré qui le Soleil” fe w : SG Maximes des Tai: F2 KR fut éclipfé depuis tant d'années , & _ voulant leur infpirer les premieres idées. qu'il vous avoit donné du veritable Efpric … Dieu des armées, & Maitre de tout l'U- . nivers, vous Stes digne de compaflion , vous dit Afindale par ma bouche depuis que les * Robes noires vous ont quitté vos Enfans meurent fans medecine, & ce . qui eft le plus à plaindre, fans baptême. . Vous Anciens, vous guerriers & femmes, vous favez prier, c'eft ce que vous avez entierement oublié, vous connoiflez le maître du Ciel; vôtre Pere A findafe vous . exhorte parce Collier à deliberer f vous fouhaitez une Robe noire , il en à qui + font prêts à partir, ne refulez pas l’of- _ fre qu'il vous fai. . Maricour termina le Confeil , & don- _pant à fumer aux Anciens de pins les Narions , on attendit le lendemain la ré. ponfe des Colliers ; mais le Confeil où les Iroquois deliberoient fur les affaires des François, fut troublé par l’arrivée d'un jeune Anglois qui arriva en pofte “de la. part du Colonel Chalc, Aide. Major d'Orange ; & d'un ancien d' Onnontagué habitué depuis peu dans la petite ville de .Corlard. ur ir. Tome IF. LR # Les Jefuites. tr. LES | Hifire des Maurs Cet Envoyé étant entré dans la cabané du Confeil, tira une corde de porcelaine je dont on Fivoi chargé pour avertir tous | les Iroquois de la part du Gouverneur ge- neral de la Nouvelle Angleterre , qu'ils guffent à ne pas écouter Taouiftaouifle , | { c'eft le nom que les. Iroquois ont donné à Maricour, qui veut dire peticoifeau, qui eft toûjours dans le mouvement ) qu il a | voit apris devoir parler à Onnontagué , & que s'ils l'ayoienc déja fair, il leur défendoit de tenir Confsil far fe pas , mais de partir tous inceffamment pour fe trouver à Orange dans dix ou douze ; jours, où leur frere Corlard devoit arriver pour Jeur parler. Ce même Député avoit or-. dre d'écrire tout ce qui auroit été die de part & d' autre. .Le grand Chef ne voulut pas répondre à | Anglois qu'il n'eut auparavant explis ue à nos Ambaffadeurs le motif qui avoir engagé ce Député à venir à Onnontagué, La maniere de parler de | Anglois fi fiere é fi hautaine, furprit extrémement les Froquois qui en furent fort indignez , &c | Teganiflorens : ne pouvant diffonié {es fentimens , s'écria que yeut dire notrés frere Potrd comment l'entend il 2 Si la Paix étant faite en Europe il femble qu “ie | ghante encore # guerre. Pourquoi nousg … © Maximes des [roguois. 1$f$ :4 défend. il d'écouter la voix de nôtre Pere Osontio ? Us AR Ce fur pour loïs, Monfeigneur, que le Pere Bruyas fit connoître avec efprit aux _Iroquois qu'Onoutso avoit bien eû foin de . leur dire que Corlard les traicoit en Efcla- ves; ceneft pas ainfr que notre Pere en ufe avec vous , leur dit-il ; jamais il ne » vous a défendu de parler à votre Pere - Corlard , & il n’a que des penfées de Paix, Joncaire apiouva tout ce que dir le Pe- . re Bruyas 5 il ajoûta qu'affurément leur frere Coïlard ne les aimoir pas, de vou= ‘loir s’opofer à leur départ pour termi- . ñer la grande affäiire de la Paix. : Tous les Iroquois témoignerent par Jeurs applaudiffemens qu'ils aprouvoiene “ee que nos Ambafladeurs avoient dit, On les encouragea de continuër avec la mé- me fidelité, Ce fier Emiflaire ne laiffa pas de fe trouver fort déconcerté, il connûe “aifément par tout ce qu’onlui dit pendanr deux heures qu'on l'avoir tourné en ridi- - cule, & il eût le chagrin d'entendre tous ces reproches, tant de la part des Fran, Gois que des Iroquois, fur tout de l'Ora- teur d'Onnontagué, qui parut dans ces oc- cafñions préferer nos interêts à ceux des "Anglois, Gerre députation fit différer de quel- | f ï. RE ve a: LORS, 4 + ES æ ex Ce * 256 Hiftoire des Murs ques jours le Confeil , où l’on devoit don: ner l'audience de congé; ils voulurent que l'envoyé de Corlard s’y trouvât, mais au- paravant que je vous raporte ce qui s’y pañla, je vais, Monfeigneur, vous faire le « recit de la négociation de Joncaire. . Il partit avec quatre François & deux Jroquois pour Tfonnontouan.& Goyo- gouin. Lorfqu'il fut fur le rivage de la. riviere de Tfonnonrouan il aperçüt les. jeunes guerriers qui le faluërent à la por-. tée du piflolet d'une décharge de mouf- queterie, Lorfqu'il mit pied à verre ils. firent la même chofe ; & Tegancot, le. grand Chef des Tfonnontouans , lui don- pant la main le falua de la part de tous» les Confiderables & de toute la jeunefle. Voilà, dit.il, une Chaudiere de foupe & un plat de viande pour faire manger ta! jeunelfe auparavant que d'entrer à Tfon-. nontouan; on eut foin de fon canot & de. fon équipage. Ils marcherent jufques à Tfonnontouan où il fut reçû en Amballa.. deur. Il fut donc harangué un moment. aprés par trois branches de porcelaine. L'une lui effluya fes larmes ; la feconde lui déboucha la gorge , & la troifiéme netto-n ya fa natte qui étoit enfanglantée. H raw pella tout ce qui s’étoit pañlé dans les con-" Seils d'Onnontagué , il reclama le lende-W "4 % &: * à © Maximes des froquoiss 157 main les François. Les Tfonnontouans s'afflemblerent la nuit du 18. de Juiller, & lui dirent le dix-neuf qu'il falloir envo- ver un canot de l’autre côté du lac Siou- kouagué, qui eft à huit lieuës de R, pour ‘avoir les prifonniers qui y étoient. Jon- _œaire eût beaucoup de peine à s'y réfou- dre par le peu de temps qu’il avoir à fé- . journer dans ces quartiers, mais d’ailleurs F4 il lui eût été fenfible de s’en retourner fans les retirer. [Il s'occupa à vifiter les François , pendant qu'il envoya deux de SE : fes gens & trois Iroquois pour faire venir ceux que l’on rencontreroit, Il y eût plu- . fieurs François qui l'éviterent , pour ne \ . pas être obligez de décendre à Montreal, _ La vie Sauvas eeft fi douce & fi tranquil- T Je, quelque penchant que l’on puifle 4. _ voir pour fa Patrie , que rien ne pût faire ‘impreffion fur leur efprit pour les faire . rentrer en eux mêmes, Les uns qui fe vo- . voient adoptez s'imaginoient que le gen- _ re de vie qu'ils menoient étoit infiniment plus doux , & les autres avoient peur d'en mener une autre pleine d'amertume & de mifere dans leur patrie , de forte que ils trouvoient quelque confolation dans: leurs malheurs, | _Joncaire voulut gagner les bonnes gras ges des guerriers , il leur prefenta de fon “#58 à Hiffoire des Moœurs Chef un Collier de porcelaine de trois mille grains ; il leur dit devant les An-. ciens qu’il le leur donnoit pour les arrêter & changer cet efprit de guerre en efprit de chafleur. Ils lui répondirent unanime. ment ‘qu'ils feroient toüjours ce qu'il leur infpireroit , que l'ayant établi maître de leur païs & l’Arbitre de leurs affaires , il. étoit jufte qu’il le fut de leurs corps. Ce. fut l’aveu que lui firent Tounatfouha, Sonouehouca , Houachedn, & Teniarez.. Chefs des guerriers. Ils s'affermblerent deux jours aprés, & Jui donnerent un Soleil de porcelaine ; afin qu’il éclaira par tout où il iroit, fur tout quand il s'ugiroit de leurs affaires. Ils lui prefenterent un Collier de blanche our mettre à fon col, afin qu'on le vit de plus loin, & que toute la terre fçûr par R qu'il étoit leur Plenipotentiaire, Il ea. reçüt encore un autre de la part de Te gancot, Coaquanion ,.& de Sorandifari ;. qu'ils partagerent en deux pour lui &. pour Maricour, afio qu'ils leur fiffent voir. Aguiraris prifonnier chez les Miamis. En. fin on lui rendit les François. .Il en fit. embarquer un de force qui ne vouloit pas revenir. Ceux qui étoient chez les. Goyogouins étoient peur lors à la chafle. M L'audience de congé du Pere Bruyas ës * + re \ G Maximes des Iroquois. 159 de Maricour devant fe faire avec éclat, les Onnontaguez voulurent que le Dépu- té Anglois fut témoin de la Paix folide qu'ils prétendoient. faire de leur Chef, fans la participation de leur General. Te- ganiflorens dir en plein Confeil qu'ils écoutoient la voix de leur Pere Onentio.; qu'ils partiroient un ou deux de chaque Nacion : & s’adrelfant à l’Anglois, dit, je ne faits rien en cachette , je fuis bien aife que tu fois prefenr à ce Confeil, que nous tous Iroquois. avons tenu fur la nat- te de Sagochiendaguité. Tu diras à mon frere Corlard que je vais décendre à Montreal où mon Pere Oronti0 à allamé le feu de la Paix. J'irai auffi à Orange ; mon frere m'apelle ,.& afin que tu n- gnore de rien , voici le Collier que je porterai a mon Pere Oront:0. | Aprés que cet Orateur eut parlé il tira cinq Colliers de porcelaine au nom de cha- que Nation. Le Pere Bruyas remercia tous les Iroquois de s'être afflemblez à. Onnon- tagué, ainfi. que leur Pere Oxontie l'avoir defiré,& de ce qu'ils [ë préparoient à décen- dre avec lui pour achever la grande affai- re à-qui Dieu donnoit un fuccés fi heurei::, . Hätons-nous, dit.il, de partir pour nous trouver au jour qu'il nous a marqué. C:eft 8 fin de cette Lune que nos Alliez doi- 160 = Hifloire des Maurs vent arriver à Montreal.Cela ne feroitpas … bien fi nous les y faifions attendre ; par- tons donc demain avec le plus de Fran- Gois que vous pourrez nous donner , c'eft le moyen d’être bien recûs de notre Pere. Ils fortirent ainfi du Confeil fort con- \ tens du fuccés que Dieu avoit donné à: : leur Ambaflade, C’étoit la plus grande faveur que le Ciel pût accorder au Cana- da ; car rien au monde n’eft plus cruel que la guerre dés Iroquois. Le Païfan , : où l'Habitant ne mange pour lors fon pain . qu'en tremblant. Quiconque fort de fon: habitation n’eft pas für d'y rentrer , fes femences & fes recoltes font la plüpart . du temps abandonnées. Le Seigneur de’. Paroifle voit toutes fes terres pillées & brülées , & n'’eft pas plus en feureté dans fon Fort Le Voyageur ne va gueres qué la nuit ; quand quelqu'un travaille à Ja: campagne, où il eft tué où il fe voit tout- . à-coup faif pour être brûlé , où du moins: on le jette par terre d’un coup de cafle- tête pour avoir fa chevelure. Lorfque l’on va en canot fur le Fleuve, on ef découvert de loin ; & quelque précaution: que l’on prenne, par la fuite on elt pour- foivi dans les bois, Nos Amballadeurs reprirent le chemin de Gannentaa , oùils avoient lailfé leurs: Si Dr CA / É Maximes des Froquois. T6 œanots , & les Onnontaguez leur firent les mêmes honneurs qu’ils leur avoient rendu à leur arrivée. Il efb vrai, Monfei- gneur , que le Pere Bruyas ne püc quitter cette Nation fans lui donner quelques lar- mes, à l’exeinple du Fils de Dieu , lors gril fortit de Jerufalem, d'autant plus que ilvoyoit peu d’aparence que les Miffion.. naires y retournent jamais, quoi que l’on les y fouhaite par tout. La raifon eft que le Chevalier de Bellomont ne doutant pas que les Iroquois n’ayeñr été déclarez les Sujets de l'Angleterre , a envoyé au Printems un Collier de porcelaine, pour leur dire qu’il leur donnera un Miniftre NT d- quand ils voudront , pour leur apprendre _ à prier Dieu comme eux , & qu'il envo- vera auffi un Armurier pour racommoder - Jeurs armes à feu & rafferer leurs haches. Is ainient#mieux celui-ci que tous les Anglois, Il n’en favoic pas la langue , & Miniftres d'Angleterre, & je ne crois pas qu'il s’en trouve aucun qui ait aflez de courage & de zéle pour demeurer dans un pañs aufli defagreable. Monfeut Dellius Miniftre à Orange d'où le Chevalier de Bellomont la chaflé VEté dernier , avoit douze cens livres de rente pour inftruire les Aniez voifins des fe contentoic de faire venir les enfans à: ae PO F4 WA Le LES. 162 Hiffoire des Orange pour être baptifez, n'étant jamais! allé à leur païs, qui n’eft éloigné que de. £ * .! CLR . { “ Ce : Vingt lieués. Il inftruifoit par une Femme, qui lui fervoit d'Interpréte, ceux qui vou- Joient être Chrétiens. Les Onnontaguez ne laifferent pas d'é- tre embaraflez à répondre au Collier que ÿ : le Pere Bruyas avoit donné de la part d'A-. fendafe , à caufe de celui du Chevalier de Bellomont. Quelques’ uns voudroient un: Jeluire & un Miniftre , mais je ne crois pas que l’on foit dans cette peine , les’. Iroquois fe font rendus indignes de cetçe : ” grace , par le mauvais ufage quils en’. @nt fait. È _ Aprés que nos Ambaffadeurs eurent fe. journé cinq jours à Gannentaa pour y at- tendre les Onneyours , on fit favoir qu'ils- ne viendroient pas à Montreal. Celui qui devoit porter la parole pour fa Nation érant tombé malade fi dangereufement ,: qu'on le crût mort. Is fe contenrerent’ | d'envoyer un Collier pouit sexcufer de ce’ . » + (1 FU LA ,: x contre-remps; mais leur prétexte étroit qu'ils ne vouloient pas rendre nos Fran- cois. On ne le connût que trop dans la: . : è k N 1? s fuite. On fe rendit à Ochouegen , où l'on _attendir Joncaire qui revint de T fonnon- touan , avec fix Chefs de guerre, & trois François qu'on lui avoit rendus. Les Go> Musimes des Troquois. 163 ‘frogouins en rendirent aufli un. On ra mena en tout treize Efclaves, cinq jeu- nes geus & huit filles on femmes : on leur fic efperer de rendre les autres l’année prochaine. - Nos Ambaffadeurs 1 difpoloïent de partir de Gannentaa , où ils s'étoient af- femblez lors que le fils de Garakantiege- hran arriva fursles huir heures du foir de la part des Anciens , pour raconter une étrange nouvelle qu'O Ofkerzit Tfonnon- touan de Nation rapporta. d'Orange. H dit que Corlard indigné contre les [ro- quois qui ont non feulement reçû les Ambafladeurs de la Nouvelle France , & même qu'ils les accompagnent jufques à à Montreal pour lui parler, a fait arrêter un Onneyout accufé d'avoir tué un Anglois de la Virginie, que l'on a envoyé les fers aux pieds, qu'il s’eft faifi du caftor à quel- ques Iroquois qui fe font trouvez à Oran- ge, où il a fait arborer un Pavillon rouge pour leur hgnifier qu'il leur déclare la: guerre,comme à des Sujets rebelles & de- fobeiflans,& qu'il a commandé aux Loups de fon Gouvernement de commencer la guerre. contr'eux , menaçant d'aller lui- même en perfonne manger leur famille le Printemps prochain. Certe nouvelle ne déconcerta pas nos AS A SMS SNS &6Z ‘ Hiflorre des Maœurs = Ambaffadeurs Iroquois qui fe contentez rent de renvoyer plulieurs femmes qui au- roient embaraflé dans le yoyage , & quel- ques jeunes gens qui ne vinrent que pour fe divertir & pour voir Osontio', ils con tinuerent leur voyage juiques à Mont- real , où ils arriverent au bout de quaran- te jours. AS } L'Impatience où l’on etoit du retour des Iroquois qui devoient revenir au bout de trente jours , nous fit conjeéturer qu'ils avoient de la peine à fe défaire de leurs. Efclaves. L'on aprit que l'abfence des. principaux Chefs qui étoient allez traiter leurs Pelleteries chez les Anglois , avoir contribué à ce retardement. Joncaire pré- cipita fa marche pour avertit que quatre Nations venoient conclure la Paix. Ces Ambafladeuts entrerent à Montreal fur les cinq à fix heures du foir , où ils furent faluez des Boëtes & de l’Artillerie. Cette reception ne plût pas à plufieurs de nos … Alliez , qui affecterent de demander fi Onontio entroit pour lors dans da Ville Quand on leur eûc dit que l’on rendoit . cet honneur aux Iroquois, ils repliquerent - que nous recevions aparemment nos Gn-. nemis de la forte. Les Iroquois fe repo- ferent pendant trois jours ; ils eurent au- dience avec les formalitez ordinaires ; & voici, LA DE : oée À PS "br ut ‘2, Oh AU PL 9 4 14 [tr a ju " x! | oici, Monfeigneur , de quelle maniere è > Afaximes des Froquois. x6ç Nations. Par un PREMIER COLLIER. _ Mon Pere , nous voici encore de re- s'énonça un Chef de la part de toutes Les tour pour vous demander la Paix , -& vous aflurer que les cinq Nations la defirent ; moi Tfonnontouan , qui vous parle au nom detoates , je la veux. Jugez-en par ce que je viens de faire, lorfque j'ai ap- œpris l’arrivée du Pere Bruyas, de nos fils _ Maricour & TJoncaire, 4 ‘Ounontagué, Deux cens de mes neveux fe difpofoiene à partir contre les Miamis & autres, qui _ m'ont tué comme je vous l’ai déja dit, Je les ai arrêtez, &iln’y a aucun parti _ contre les Ailiez d'Ononrio, avec qui nous ne voulions vivre comme freres. PAR UN SECOND. Donnez - nous un Armurier au Fort Frontenac qui puifle racommoder nos fufls, qu'il y ait auffi un Magafin bien gardé pour traiter nos Pelleteries, PAR UN TROISIE Mr Une marque d'une bonne Paix eft 14 reddition reciproque des prifonniers, je viens de. vous en rendte un nombre con- fiderable. Faits: moi rendre ceux qui font aux Outaouaks, au Saut , & à la Monta- gne de Montreal, à | Zome IF, . P 26.6 : prifoire Le Me ŒUTS : Pos UN QU'ATRIEME, " J'affermis l'arbre de Paix que j'ai = ja planté, & je lui mets de profondes Facines afin qu'il ne foit jamais renverfé. Par VN'CINQUEMME. ES Vous, mon Pere, & Corlard mon Fre- fe , vous “fouhaitez que nous jouiffions des fruics de ja Paix , que les deux grands Onortio. ont Faites Cependant Corlard , femble vouloir broüiller les affaires , mais je vous prie, mon Pere, de Jui écriré pour, favoir de luis il'le veut tout de bon. | PAR. w:N:S 2x4 SM) UT Le fixiéme Collier fut. pour prier Mr, de Callieres d'élargir Louvigni qui étoi£ aux arrêts. Il conimandoit pour lors au Fort Frontenac, où il fe ft un commerce de Pellereries avec les Iroquois , quoi. que les ordres du Roi le défendiffent , mais la conjonture où il fe trouva de les recevoir dans un temps où l'on traitoit dé Paix, lui fit faire une démarche qu'il crût être obligé de faire pour tâcher de conci- lier ces Peuples qui demandoient & à com- mercer. 3 "Il prefenta | trois back de Porcelai: ne au fujet d'un petit froquois qu'ils a- voiént amené, & dit nous fommes bien aile dei te faire favoir que l'oncle défunt $ Qreonchondi pe qu vois à ici toit maitre AA TE 5 LIN di su ES L œ 2 aximes des 1 rogHois. 16 de Joncaire que tu nous as envoyé. Cet homme étant mOTE c’efl Joncaire qui en eft le maître, que nous avons fubftitué à fa place, céc ‘enfant elt trés confideré, il eft lié di tous les plus Confiderables dés Tfonnontnans , nous le fai laiffons pour être inftruit à Ja Françoife, & en cas que. néaire vienne 4 mourir , nous prions orcio & Monfeigneur l’Intendant d’eri avoir un foin particulier , parce que nous Youlons qu il fafle d'orenavant nos affai- res auprés des François, comrne Joncairé fon oncle l’a fait rat à prefenr. . Le Chevalier de Callieres diffèra quel- ques jours à leur faire réponfe ; parce qué nos Alliez n'étoienr pas encore décendus de Michilimaginak, Lots qu ‘ils furent at= ‘rivez toutes les Nations fe trouverént au Eonfeil , où il parla en ces termes. | de” PAR. UN PREMIER COLLIER. | 1 “T ai bien‘de la joye mes Enfans de vous oir ici tous aflemblez , ainf que je vous avois témoigné le fouhaiter ; j'ai apris avec beaucoup de plailr les bons traitemens ique vous avez fait au Pere Bruyas ,& aux Sieurs de Maricour & Joncaire. % Par un SEecono. ï. Le coup que les gens d'enhaut ont fait lur vous ma touché , fi vous étiez venu: ici pléôt il ne: AIT pas arrivé, c'elt ur P 2: 22 MT ATP à SAN NL: Ru 568 Hiffoire des aus retardement qui y a donné occafñon , & _ peut-être aufli celui que vous avez fait fur Makon l’Automne derniere. Vous a vez bien fait de ne pas PER celui qui vous à tué, % PAR uN DROrSrE ME pe regrette tamt de braves : quiont été. tuez en cetre rencontre , & j F couvre. les morts par ce Collier, 4 PAR UN QUATRIFME. À Je prends toutes vos haches’, les jette bien avant en terre, bouchant le “ie avec. un gros Rocher, Feu lequel je faits pafler! une riviere , qui eft-ce a pourroit 1es) retrouver > PAR UN. Cinqurs ME. À Si. quelqu’ un s’oubliant de {on devoir. faifoit quelque aéte d’hofilité venez m'en: avertir, afin que je lui fafle faire fatisfas tion ; que fi la refufe je me joindrai à ces Jui qui aura été offenfé pour le venger. Je: Je ferai aufli favoir à Corlard ,afn qu'il fe: joigne à nous pour perdre ie infradeurs: de la Paix, fuivant l'intention des 4) “grands Coueté qui nous l’ont ordonné... Par UN SrxrE ME. J'affermis l'arbre de Paix que vous an vez redreflé, dl: Par UN SerTre de. Par vous marquer que je fouhaïte vo * ne Lars Et \ c G Maximes des Troguoss. 169 _ fatisfaire , & afin que vous ne dou tiezpius de la fincerité de mes intentions, je veux bien vous accorder l’Armurier que vous demandez pour le Fort Frontenac, & j'y envoyerai auffi quelques marchandiles- . pour vos plus preflantes néceflitez, en ar- rendant que le Roi m'ait fignifié fa: vo Jonté là-deffus. | PAR UN HuUITIE ME, _ J'ai vd avec bien de la joye les Fran. çois que vous m'avez rendus, je vais Écri- re aux Ouraouaks qu'ils ayent à vous ren. dre vos prifoñniers , & qu'ils les amenent tous au commeticement dü mois d’'Août de l'année prochaine, Je vous invite tous àles venir querir , & à ramener les Franc çois qui font reftez chez vous , & les pri fonniers des Nations d’ enhaut:, fur tout : la Gonxine qui eft à Goyogouin. Pour les Iroquois qui fontau Saut & à la Mon tagne., patlez-leur , s'ils veulent s’en re- tourner au païs la porte leur eft ouverte, Par un NEUVrFME. ‘aurai foin d'Aconchondi, qui eft dons neveu du Sieur Toncaire, ainf que vous le fouhaitez. | rot R RH N Drxre ME. | Ar égaré du Commandant du Fort Fron: mé à je vous en dohnerai un autre. Apes me le Chevalier de Callieres eù£ p 3; 37o Hhiffoite des Murs dit fes fentimens nos Alliez prirent la pas role. Le Rat Chef des Hurons de Michili- makinak exhorta les Iroquois à écouter’ d'orénavant la voix de leur Pere. Que ce ne foit pas du bout des lévres, leur dit-il, que vous lui demandez la Paix, pour moi. je lui rends la hache qu'il m'avoit don- née, je la mets à fes pieds , qui feroit af. fez hardi pour la prendre à N Un Chef Abenaguis de Lacadie fe trou va fort à propos à ce Confeil , où il leur! en dit autant que le Rat, menaçant les: Iroquois ,de la part de fa Nation , d'une uerre plus forte que la précedente. … Un Chef Outaouax tint aufli le même! Jangage, ayant parlé pour quatre Nations « Nos Iroquois du Saut & de la Monta- gne de Montreal en firent de même, 8 Monfiéur de Callieres mit les Colliers des tous ces Chefs entre les mains des Am baladeurs |, comme un gage d'une Paix. éternelle. | HS: Il yeur, Monfeigneur, de grands éclairs" cifflemens de part & d'autre, chacun fes faifant des reproches. L’Orareur des Iroë quois ayanrécouté paifiblement le Rat 5 repliqua avec efprit en parlant des Gouss verneurs du Canada, Ovontso avoit jettes la hache dans le Ciel, cout ce qui eft lan haut n’en revient jamais ; mais il y avoit, ÿ#4 . © Maximes des Iroquoss. 171 un petit cordon attaché à cette hache , qu'ila retiré , dont il nous a frapé. -… Ce reproche devoit: nous être fenfble, On les ménagez trop d'abord” dans le Confeil ,. l'Iroquois dit naturellement fon fentiment dans ces fortes de conjonétures,, fans avoir égard de qui que ce foit ; mais: : il ne faut pas l'épargner quand on à ma. tiere contre lui. DT _ La Rar qui étoir uñ genie des plus pe- netrans , dont je reprefenterai le caraéte- re dans la fuite, fe tira d'affaire adroite- ment , en difant qu'il rendoit la hache qu'Onontso lui avoit donnée. | On voulut cependant racommoder les: chofes en rappellant aflez tard que les: . Ffonnontouans avoient violé autrefois la: Paix generale . en mangeant les Iflinois’ des Mafkoutechs ; un Village entier de: Miamis , qu'ils n’avoient pas épargné les: Outaouaks & les Hurons , qui étoient: Jeurs amis,qu’ils tenoient encore Efclaves,. que Mr le Marquis de Denonville voyant: Ja cruauté de fon fils le Tfonnontouan . avoit levé à la verité un Parti pour obvier à tant de ravages & de courfes qu’il fai foit fur fes freres, n'ayant point eû def. fein de le châtier comme il avoit fai, il æroyoit qu'allant en perfonne dans fa terre À feroit venu au devant de lui, & feroic 7 572 Hifloire des Murs rentré en luimême. Au contraire, le Tfonñontouan ne fe promettant que l'en- | tiere deftruction des François, ne voulant pas mêfne épargner fon Pere, qu'il vou loit metrre l& prerhier à la chaudiere ,. - puifqu'un Iroquois menaçà Monfieur de Frontenac de boire fon fang dans fon cra- ne , il s'étoit jetté fur lui & l'avoitle pre: mier frapé; mais qu'il avoit bien-tôt refi fenti les verges piquantes de ce Pere in. digné, qui fut tonché rieanmoins d'un: châtiment fi fevere , que s’il avoit fait comme l'Onneyoutr il ne fe feroit pas at: tiré tant de difgraces. Que l'Onnontagué ayant de l’efprit comme il en à’, n'avoit: pas dû embraffér le parti du Tfonron: . touan , qu'il avoit dû'en être le Médiateur & donner un jufte temperament aux af- faires, qu'il avoit dû auf s’ennuyer des fatigues de l1 güetre, & rentrer en‘lui- même , devant chercher plutôt fon repos que d'augmenter les:malheurs qui étoient tombez: fur eux. : LEURS On avoit encore lieu de’ faire rentret. les Iroquois en eux mêmes ,-en difant que leur frere Corlard'les traitoit fi dûremenr;. eux qui lui avoient été toüjours fidelles ;. qu'ils avoient perdu dans cette guerre là plus grande partie de leurs guerriers en foüsenant.fon parti, qu'il ne les-avoitpas } » Le 6 M aximes des ronde: 173 © is à l'abri de l'incendie de leurs Cam- pagnes & de leurs Forts. Que ce Frere auroit dfi fe fouvenir de tous les promts fecours qu'ils lui avoienr _ donné , qu'il ne devoir donc pas les me- hacer comme il venoit de faire, pendant qu'ils cherchoient eux-mêmes le jour & Je repos. Que leurs maïns étoient toutes enfanglantées de celui denos Alliez, que Jeu chair étoit même encore entre leurs ‘dents , & que leurs lévres en étoient tou- tes bordées , que l’on connoilloit leurs cœurs diffimulez qui ne cherchoient que dé Faux.- fuyans, que nous devions être perfuadez qu'ils ne vouloient point recou- vrer la lumiere , & qu'ils aimoient mieux marcher dans’ les renchres de la guerre .' qu’on avoit eû raifon de ne les pas écou- ter pour lors , s’étoient ils apperçûs que nous euflions voulu les arrêter quand ils font venus nous trouver , la porte ayant toûjours été ouverte pour reprendre leur chemin ; & aujourd’hui que le Soleil a: diffipé tous ces nuages pour faire paroître £e bel Arbre de Paix , qui étoit déja plan. + fur la montagne la plus élevée de la terre. Cependant leur frere Corlard vou- Joit faire naître des vapeurs qui puflent nous l'offufquer ; en un mot l’on pouvoit nier que l’on fautoit la volonté de no: ‘ * Ê7Æ Hiffoire des Murs tre Grand Onontio, qui aprés avoir dôn2. né le repos à route l'Europe ; il fouhai: toit que fes énfans ne fuffent pas fruftrez' d'un tel avantage. M sols D SEE _ Les efprits érans raflurez de part &. d'autre ik falut ratifier la Paix. Monfieur dé Callieres, de Champigni, & de Vaudreüil, en fignerent le Traité, que chaque Na- tion fcella de fes propres armes. Leg Tfonfontouans & les Onnonraguez def. Snerent une’araionée , e Goyogoain ua. calumer, les Onneyouts un morceau dé 4 bois en fourche, une pierre au milieu’; un Oûnontagué mir un Ours pout les Az niez , quoi qu'ils né vinrent pas, Le Rat mit un Caftor , les Abenaguis un Che: vroiil ; les Outaouaks un Eiévre, ainfñ: des: ‘autress 06 ao ds 9 Le Chevalier de Callieres donna le len’ demain l'Audience de congé aux Ambaf- fadeurs , aufquels il dit que pour rendre cette Paix plus’ autentique, il falloit que tous nôs' Alliez fe trouvaflent avec eut. _ l'année prochaine à un Confeil general ;: qu'il envoyeroit pour cet effet chez tou tes les’ Nations pour les engager de ra mener les Efclaves’ Iroquois.: Il fit des: prefens d'habits de la part du Roi à une vingtaine, & à vingt femmes. Il remer- Gla les Parens de ceuüx- qui avoient: rendu 2 MAR “A | © Afaximes des Iroguois. i7$ - es François par d'autres dont il chargea Piles Ambafadeurs. ML | : _ Le Pere Anjalran Jefuite, d’un merite tout.à-fait diflingué par la grande conu- noiflance qu’il à du carateïe de toutes _ des Nations Sauvages, partit au mois de . Septembre de la même année ayec Côur- temanche , pour engager tous les Alliez . d'envoyer des Députez au Confeil gene- - ral dela Paix, que l’on devoit tenir en mil : fept cens-un. Il pafla tout l'Hiver à Mi- chilimakinax, qui ef le centre des Qu- taouaks , où les Peuples du lac Superieur, . du lac Huron, & de celui des Iflinois, tiene nent ordinairement leurs Afemblées les plus folemnelles. C’eft dans ce lieu où | % Chefs tournent & ménagent des allées, & ce fur auffi là que-le Pere Anjalran eût l'adreile de les concilier tous,en obligeant les plus Confiderables d'envoyer de Na- tion en Nation, pour ne faire tous qu'un corps enfemble, afin de décendre à Mont. real. Il fit tant d'impreflion {ur eux que maloré la méchante difpoñtion de quel- ques Chefs qui vouloiént coûjours garde: les prifonniers Iroquois , il les contraignig a forcer même ces Efclaves de partir, + Si ce vafte païs fe vit un peu foulagé des courfes de es ennemis, il ne Jaiffa pas de fe #ellentir au dedans d’un fleau du Seignegr, | Pl ds 426 : Hiffoire des Mars par la diferce de bleds qui régna depui mil fept cens jufques à la fin de l’année fuivante , la famine devint univerfelle. Le Peuple de la campagne étoit réduit à ne vivre que de racines fauvages, & l’on ne voyoit par tout que’vilages havres & défiturez ; l’habitant des Villes fouffroit encore davantage. C'étoit une defolation genetale , & les perfonnes les plus aifées avoient de la peine à fubffter. IL ny a point d'Etat, Monfeigneur, fi floriflane qu'il ne foit quelquefois troublé , parce qu'il eft difiale que £es voifins n'ayent ombrage de fon bonheur , & on cherche fouvent des prétextes à vouloir interrom*+ pre fon repos. Les Iroquois qui joiifloïens auffi.bien que les François de cette trans quilité , s’attacherent plus fort que jamais à ces grandes parties de chaffe, qui font ordinairement fubfifter routes les Nations pendant l'Hiver, Il y en eut d'aflez ins difcrers pour aller vifiter & rompre des cabanes de Caftors chez les Outaouaks. C’eft un crime d'Erat de faire ces fortes d'irruptions. Il n’en faut pas davantage pour rompre tour commerce d'amitié avec fon meilleur ami. C’eft une maxime éta= blie que quiconque en trouve qui foit dés |jareconnuë peut manget le Caftor qu'il y aurape, mais il en doir laïfler ie Ce : €. Maximes des Troguors. 177 -qui et le morceau le plus délicat, & la peau. Des Iroquois ruïnerent de beau- coup de cabanes de Caftors chez les Ou taouaxs, qui les-prirent fur le fair; ceux- Ci Hoi. main balle deflus , & luetbar de leurs Confiderables. Les Ambafladeurs _Iroquois qui venoient de terminer la Paix ‘furent furpris quelque temps aprés leur . arrivée de Montreal. d’entendreun Tfon- nontuan faire des ja de mort à la vüe du Village. On lui demanda ce que c'étoit2 Il répondit que les Outaouaks avoient * fait coup fur eux lorfqu’ils chafloient pai- fiblement, & qu'ils avoient pris Tanef. æhioni , qui eft un des plus Confiderables _ de cette Nation. Les Iroquois furent fort étonnez de cet. te irruption, ne pouvant comprendre que … lArbre de Paix qui avoit été planté una- "nimement avec toutes les Nations, dont ‘les racines s’étoient répanduës par Aer ‘a terre, eût ‘été cependant coupé fi prom- prement. Is modererent leur reffentiment a caufe de la parole qu’ils avoient donnée à Monfieur de Callieres, de ne pas tirer vengeance du moindre aéte d’hoftiliré , ce qui les obligea de lui députer deux Chefs pour lui demander raifon, Tfoueïoui & Tieugonentagueté Chefs GOnnontaguez , lui demanderent donc à ne J Fu "178 © Hiffoire des Mir: parler à à Quebec le deuxiéme Mars. ce fut Maffias qui parla pour de leur part.‘ PAR UN PREMIER COLLIER. Dans le temps que nous fommes venus JEté derniér à Montreal où nous avons fait la Paix avec vous, mon pere Onontib, ‘en prefence des Qütasuaks & dé toutes les autres Nations vos Alliez | vous nous dites que vous plantiez un Arbre de Paix qui alloir jufqu'au Ciel; & lors que nous étions a le raconter aux [roquois dans le pays, nous éntendimes un cri qui nous | fit connoître que les gens d'enhaut ve- : noient de prendre un Chef des Tfon- nontouans ‘qu'ils amenoient Efclave, H femble qu'ils veütllent couper les racines de cet Arbre. Cependant comme vous | fous avéz dit que & quelqu'un nous frap- poit il falloit nous adrefler à vous pour ên avoir raifon. C’eft pour vous appren- dre certe nouvelle les Vicillards noi ent détaché, Par U N DEUxrE ME, It eft fâcheux que dans le temps que 4 nous aprenñions la Paix à ceux qui étoient dans les Villages des Iroquois, où nous ait. te) énlevé un Chef: c’eft fans doute quelquë” étourdi qui a fait ce coup. Nous vous dé- #aandons, notre Pere Onontro ; que vous proys le Falfiez de & " il décende , fi 1 “ - à AT OR NP RAT DCR ER ET so FRIER M A , © Maximes des Iroqubis. 176: fxire fe peut , avec les Outaouaxs qui doivent venir au mois d'Août a Montreal. H s'apelle Tanifthioni. ; PAR UNE CORDE DE PORCHEAINE. . Nous demandpns de la part des Vieil- lards que dans le temps que les gens d’en- haut feront prêts à décendre cet Eté à Montreal, on noùûs envoye Mr. de Ma- ricour , ou quelque autre François , afin que nous décendions plus en fureté. Il yeut , Monfeigneur,une maniere de’ converfation fur quelques griefs qui leur étoient encore arrivez , Mallias portant toûjours leur parole, dit: ah … La langue de terre du Fort de Fronte- . mac nous appartenant , c'eft le lieu où nous faifons notre chaff: depuis que le monde eft monde |; aucune autre Nation n'y ayant jamais chaflé, nous avons été furpris d'y avoir trouvé tant d'Algonxins que Nepiciriniens au nombre de deux cens , qui le font emparez de ces quartiers qui nous appartiennent , & à une demie q PPa ; journée plus haut, Nous fames encore plus furpris d'apprendre par les Miffifa- guez vos Alliez , qu'il y avoit trois cens hommes d'une autre Nation, fans com- pter un crés-grand nombre de Kriftinaux qui décendent pour nous détruire. Nous nous affemblämes tous , au rapert que les’ | | À 180 Hiffoire des Murs k Miffifaguez nous en firent, & aprés avoir. jugé à propos d'en faire une plainte aû. Commandant du Fort Frontenac, & lui demander fon fentiment fur ce que nous. devions faire il nous confeilla de faire un peûñt Fort pour nous mettre à couvert. de l’infulte de ces gens fans efprit ,quine font que ce que leur tête leur infpire de: faire. Le même Commandant ordonna à un fnterpréte qui eft dans le Fort, d'al- ler avec quatre Sauvages , deux de la Na- tion des Iroquois & deux de nos Alliez chercher les Kriftinaux & les autres Na tions, pour leur demander le fujer qui les: amenoit dans ces quartiers. Nous n'avons pas éncore {cû le refultat de cette affaire ;: mais fi-tôt qu’on les aura pù joindre il décendra ici-bas un Officier du Fort Fron- tenac, pour informer Onontio de ce qui fe fera paflé avec un Elclave Loup , que nous avions parmi nous , que nous vous: gamenions. | FAR Malias profira de cette conjonéture ;. il dic qu'il étoit prêt de recommencer fes: courfes ordinaires, pour le fervice de la: Nation Françoife ; mais qu'il prioit Onon. tio de confderer que fa femme étant Françoile elle n'éroit pas capable de vac+ quer aux affaires de fon ménage, avec la même force que fielle étoit de fa Nation. nr = a FE D C AU . \ ; ? 4 | \ i (CE M aximes des 1 roguois, 287 Qu à fon égard il ne pouvoit lui donner ; n'y àfes enfans , aucun foulagement ; f’ayant pas le temps d'aller à la chaffe à _caufe de fes voyages. Je ce demande, dit il d’un grand fang froid , pour mon fils _ un Liévre de dix à douze ans qui puifle lui trainer fon bois de chauffage ; mais ce n'eft pas un de ces Liévres qui courent _ dans les bois , c’eft un Liévre Sauvage que vous appellez un Afne. Ce prétendu: Liévre lui fur accordé, que l’on ft cher- cher dans le D -ocncde Montreal. Le Chevalier de Callieres leur fit ré: . ponfe quatre jours aprés & leur dit : Je fuis bien aife que vos Anciens ayent ed Ja penfée de vous envoyer ici pour m'ap- prendre le coup que les gens d’enhaut ont fait fur les Tionnontouans, fans fon- ger à Le venger. Commeils ont arrêté dans: Ja Paix que. noùs avons terminée enfem- ble, vous ne devez pas vous allarmer de ce coup, n’ycroire que les gens d’enhaut ayent envie de couper Îles racines de Âr- Dre de Paix que nous avons planté , n’en étant pas. encore avertis dans le temps: qu'ils l'ont fait, parce que le Pere An- jaltan n° étoit pas parti de Montreal, pour feut en apprendre la nouvelle, que vers la’ fin de Seprembre ; ; & je ne doute pas que’ Tes Alliez n executent mes intentions lois: 182 Hifhoire des Âœurs qu'ils fauront ce qui a été reglé , & né décendent au mois d'Août avec vos pri= fonniers. | à Je ne manquetai pas d'envoyer faire recherche parmi les Nations de Tanef. - thioni, que vous me dites qui'a été pris; & de vous le faire rendre s’il eft en vie .: même s'il fe peut dés le mois d'Aoûc, comme vous me le démandez , voulant applanir toutes les mauvaifes affaires, 8&c vous faire vivre dans une bonne Paix. PAR UNE CORDE DE PORCELAINE. Je vous envoyerai un Canot, comme: vous témoignez le fouhaiter , pour pou= voir décendre avec les Chefs de chacune: de vos Nations , mais s’il arrivoit quelque. accident au Canot que je, ferai partir que cela ne vous empêche point de venir dans le mois d'Août à Montreal avec le: tefte des prifonniers François que vous. avez, & generalement tous ceux de mes: Alliez , afin que je puille vous faire ren dre les votres., que les Alliez ameneront. comme il a été arrêté. Il donna enfuite un autre Collier qui, étoit : J'ai apris par le Commandant du Fort Frontenac le Marquis de la Groy ,… que vous avez eû quelque apprehenfñon de ce que diverfes Nations font en chailes aux environs de ce Fort, & Maximes des Jroquois. 183 Monfieur de Vaudreüil Gouverneur de Montreal , m'a fait favoir qu'il avoir en- : voÿé un François avec. ceux de vos gens qui font décendus avec vous, pour leur di- re ce que nous avons conclu enfemble l'Eté dernier , en cas qu'ils ne l'ayent pas appris par le Pere Anjalran, de vous régarder comme leurs freres, & de vous accommoder pour la Chaffe, puifque la Paix eft faire & que la terre elt unie. T'a- prouve ce qu'il a fait en cette rencontre ,. & j'envoye au Commandant du Fort Fron- tenac pour leur confirmer ce que celui de Montreal leur a fait dire de ma part, afin que de leur côté ils ne faffent rien qui puifle caufer aucun démélé. Je vous re- commande par ce Collier d'en ufer aufli de même, en attendant que vos Chefs, & ceux de toutes les Nations que j'ai fait a- vertir de fe trouver au mois d’Août à: Montreal , y décendent :’où fi il y avoit encore quelque chofe à terminer nous: Puiflions le régler. On voulut , Monfeisneur, ménager Teganiflorens , en attendant que l’on fit d'autçes mouvemens. On étoit perfuadé qu'il avoit beaucoup d’afcendant fur l’ef- prit des guerriers de fa Nation, & que’ les Anciens avoient de la confiance en lui. D'ailleurs le penchant qui le portois 184 Hifloire des Murs ie naturellement aux interêts des Anglais 2 devoit nous faire apprehender quelque. liaifon étroite avec eux, contre l’érablif. fement du détroit des lacs Herier & de fainte Claire, qui eft à-trois cens lieuës de Quebec, au quarante-uniéme degré, On | lui fit dire dans le temps qu'il écoit ea Hiver à la chafle , que le Seigneur Gene-. ral avoit envie de lui parler. Il y vint... il écouta fort paifblemenr tout ce qu’il Jui dit fur ce fujet; mais quand il fut de retour à Onnontagué il parla contre cet établiflement. Il remit à fa Nation un Fu fil à deux coups que Mr, de Callieres lui: avoit donné. Comme je partage mon corps: & mon cœur avec vous, dit-il aux guer- riers, je vous laifle ce Soleil qu'il faux que vous partagiez en deux. Je veux dire que vous vous en ferviez les uns aprés: les autres quand vous'irez à la chafle, Hunnientagen vint peu- de temps aprés du païs des Iroquois pour propofer quel- que accommodement entre les Iroquois & les Ouraouars , il avoit été prifonnier trois ans à Michilimaxinak, d'où il s'é- toit fauvé pour donner avis que cinq o# fix Iragquois avoient été tuez. _ Comme il vouloit favoir les Auteuts- de cette trahifon,il pritun prétexte devé- air à. Montreal pour y ménager quelque | hihi © Maximes des Iroqnoïs. 185$ ätcommodement. Etant arrivé à T{on- nontouan il dit que les Ouraouaks l'y" envoyoient en fecrer. Je prérends , leur _ajoûta t'il ; plonger dans l'eau , & trouver ma fortie à MiclilimarinakK. Il efperoit par là trouver un chemin écarté ,: où ik ne rencontreroit perfonne. Il propofa au Chevalier de Callieres d'aller querir des Efclaves de fes Parens ‘qui étoient parmi les Ouraouaxs , qu'il ne parleroit à Michilimaxinak qu’en pre- _ fence des François, & que pour le retour _ s’offroit de venir droit à Montreal, fans aller chez les Iroquois. Te ne prétends pas faire tort aux affaires qui doivent fe _ régler, parce que je fuis comme un petit animal qui va fous terre, Le Pere Garnier gr , qui étoit témoin de cet entretien. lui dit plaifamment qu'il pouvoit être à la verité comme ce petit animal , mais: que lorfqu'il rencontroit uñ rockier il étoit contraint de s'arrècer quelque temps. On jugea à propos de le faire refter adroi- tement à Montreal , fous prétexte qu'il aflifteroit à l’Aflemblée generale, & que’ _s’il reftoitencore quelque chofe pour con- firmer la Paix, on verroit avecles Anciens: des Iroquois & des Ouraouaks , s’il feroit: à propos qu'il continua fon deffein. La faifon étoit déja fort avancée il 86 u Hifloire oi Murs 4 | étoit temps de finir toutes les négociations! de la Paix , d’ ailleurs les Iroquois s'atten-. doient que ‘l'on envoyeroit quelqu'un des! nôtres chez eux pour une plus orande fu. reté pendant leur voyage.Le Pêfe Bruyas, ,. Maricour , Joncaire & la Chauvignerie, partirent le dix-neuviéme Juin , mil Lepe cens un, avec vingt François , Maflias & le Fils de la grande Gueule. Nos se baladeurs étant arrivez à Gannentaa en-: voyerent à Onontagué Batilli faire part: | aux froquois de leur arrivée. Ceux-ci qui: avoient déja apris par deux Sauvages que: cet Ofhcier venoir, lui dépurerent des Con: fiderables à quelques pas de là ; il fut con duit dans la cabane du Chatel où plus dex, cent perfonnes s'étoient aflemblces. Teganifforens, accompagné de cinquan- te à foixante jeunes g oens d’ Onnontagué ;' & de quantité de femmes envoÿées par. les Anciens pour porter. le: bagage des. François , eut aflez de politique pour don: ner dans cette conjoncture des preuves de l'eftime qu'il avoit pour la Nation Fran- çoife, car il vint trois lieues au devant de nos Ambafladeurs qu'il falua, {elon la coû- - tume, detrois branches de porcelaines ait nom de quatre Nations Iroquoifes. Pat - l’une il effuya leurs larmes , la deuxiéme débouchoit leur gorge, & Ja eee Æ Maximes des I rogHois. 187: -Æffayoic Ja natte teinte de fang. Le nou- ‘veau General de la Nouvelle Angleterre, ‘fuccelleur du Chevalier de Bellomont!, ‘voulut à fon avenement affermir l’ AU ce que fes prédecefleurs avoient faite avec es cinq Nations Iroquoifes. Le Gouver neur d' Orange envoya pour cer effet quas , tre Députez à Onnontagué, pour inviter toutes les Nations à s’y rendre dans le temps que nos Ambafladeurs étoient en chemin. Abraham le Chef des quatre Dé- ‘putez eût l'honnêteté d’ envoyer des che- “vaux au Pere Bruyas auffi- tôt qu'il eûr : pos {ou arrivée. Quand nos A obaadeuc: entrerent à Onnontagué on les falua d’une décharge ‘de moufqueterie. Le Pere Bruyas ne fit que leur expofer ce que Monfieur de Cal Jieres lui avoit écrit de Montreal au Saur, où il étoit. Voici, Monfeigneur , ce qu x prononça en plein Confeil. ur que la memoire de ceux qui Y éroient l'a pè fournir. Onontro votre Pere nous envoye ici pour “vous dire le temps de l’arrivée des Nations d’enhaut à Montreal , fuivant la demande ‘que vous lui en dodtiire par Maflias & Tieugoneutagueté, le deuxiéme Mars ; &. par Teganiflorens, Haratfñon, & les aus gres Chefs à id font venus le voir au Prin. t > 188 Hiffoire des Murs temps. C’eit aufi pour vous dire d’affem2 bler tous Îles prifonniers, fur tout la petite Algonkine qui eft à Goyogouin , & de préparer les Chefs de vos cinq Nations pour vous en venir avec nous afin d'y fai- xe l'échange de leurs prifonniers & des votrés en {a prefence,commeil a été ar- zèté par la Paix que vous avez conclu£ avec lui l’année derniere , parce qu'il à déja eû nouvelle que fes Alliez ne man- queront pas d'arriver pour ce temps-là, Ne manquez pas auffi de votre côté de. _fatisfaire à tout ce qui a été réglé là.def- us, afin que votre Pere puiffle aplanirtou- res les dificultez qui reftent à régler, dans! le defir qu'il a d’affermer cette Paix, Hä- tez-vous de prendre toutes les mefures neceffaires pour fatisfaire à votre parole, & que nous puiffions partir inceflamment, en envoyant des Députez avec les Sieurs de Maricour , de la Valiere & Toncaire, chez les autres Nations. Nous avons reçüû de grandes nouvelles de France qui nous affurent que le grand Osont:0 eft devenu maître des Royaumes d'Efpagne par la: mort de leur Roi, qui a déclare fon heri-« tier Monfeigneur le, Duc d'Anjou , petit” Fils du grand Oontio. Comme get avene-w ment pourtoit faire renaître la guerre en-# gré lui & le Roi d'Angleterre ,en cas quem | - Li _ celui-ci À M AT on F G Maximes des Jrogmois. 193. telui-ci voulut vous empêcher de venir, vous voyez la confequence qu'il y àde ne le pas écouter, non plus que de vous en- _gager à reprendre fon parti , parce que vous vous atrireriez une guerre plus forte ‘que la précedente avec Onono & tous fes Alliez : ainfi contentez-vous, fi cela arrive, de lui laiffer démêler leurs diffe- gens , demeurant paifiblement fur votre narte, parce qué vous conferverez le che- min libre pour aller à Orange , & pour venir à Montreal y chercher vos necef. fitez, avec la liberté de la chaîfe, fans ue les Sauvages Alliez d'Onontio vous y troublent. | | ï Tout fut écouté , Monféigneur , avec _ beaucoup d'attention, fur tout à l’endroi où ce Pere dit que fi l’Anglois recommen- _ goit la guerre avec lesFrançois ils ne prif- . Sent aucun parti , mais fe contentaffent d’être nos fpectateurs, & qu'ils nous Jaif. _ faffent vuider entre nous nos differens. #æ Le Confeil finit par vingt-cinq braffes de tabac,que Maricour fit diftribuër à tous “ceux qui {e trouverent au Confeil, | Les Iroquois ne répondirent que trois jours aprés; les Anglois s’y trouverent : ‘TeganiHorens donna un Collier au Dépu- té du general de la Nouvelle Anoleterre, en l'exhortant à n€ pas gâter les aires, Tome IF. ; 9 | Hifoire des Meurs Puis d’affermir la Paix qu'ilsvenoie nt 44 $ conclure avec leur Pere Onontie. = Cet Orateur leur fit de grands repro< | ches fur toutes les broüilleries qu'ils a=. voient fufcitées pendant la guerre ; & fe tournant du côté des François il done un Collier an Pere Bruyas, par lequel il don: Noit la liberté de tous les François qui. _ étoient à Onnontagué de s’en retourner, que la porte leurétant ouverte il n'arré- toit perfonne. | _ Je ne trouve rien de plus judicieux que ee que fic le grand Chef, Il ajoûta que l’on avoit choifi cinq Députez pour décendre . avec les François à à Montreal, & que dou- ze autres iroient à Orange, Pour moi, continua. t'il, je refte à Onnontagué, afin que mon Dece Onontio & Corlard mon Frere, foient perfuadez que je prends éga- loniohé leurs interêts , je tiens mon Pere d'une main, & mon free Corlard de l’au- tre, qui oferoit m ‘attaquer, je les eftime xous deux également, & ne veux jerais) m'en feparer, , ‘ia Chauvignerie qui avoit onde avis, d'abord a Onnontagué de l’arrivée du Pere Bruyas , partit pour fa négociation ; il trouva la Nation des Onneyouts dans de grés mauvais fentimens, & ne püt retirer. pos Efclaves dt ds Yilledené arriva ; à ml x Ad f: 7 t CV K } & / s 74 { à | Lo D © M aximes des Troquois. 19% fur ces entrefaxes à OnnontaguË, où il eût ordre de faire favoir le retour du Pe- re Anjalran du païs des Outaouaks, qui fe rendroiene vers le quinze fuiller avec tous Les prifonniers Iroquois & François , qui furent reçûs avec une joye univerfelle en arrivant à Montreal où nous refiämes. Les Anciens détacherent des Exprés de toutes parts pour précipiter la marche de tous les Députez, le Pere Bruyas prit lé devant , & laifla le foin à Maricour de raf- fembler nos François | mais il perdit tou- tes fes peines, & quelques menaces qu'il fit aux Anciens qui paroifloient affez in- différens à donner les mains à la liberté des prifonniers , il fut contraint de quitter Onnontagué. À peine eüt-il joint le Pere Bruyas à Gannentaa ; que Teganiflorens Je vint trouver avec un Collier d’une gran deur extraordinaire , pour l'engager de fai- re reflexion qu'eux Anciens n'étoient pas: tout à fairles maîtres des Éfclaves , qui étant adoptez en des familles font hors de la juridiétion des Anciens, & dépendent uniquement de ceux qui leur ont donné la vie. Cetre raifon n’étoit pas valable puif- que nos Alliez auroient pà tenir le même langage à l'égard des prifonniers Iroquois qui étoient parmi eux, ôn ne voulut point accepter ce Collier, Ce retardement ne R 2 O2. Æiffoire des Ziæurs à laiffa pas d’être avantageux , car Teganif- forens & quelques Anciens amenerentle Jendemain deux Françoifes de quinze ans, # trois jeunes gens.Il pria en même temps Maricour de faire en forte que Monfeur J’Abbé de Bellemont ne s’oppofat pas à la liberté d’une jeune Onnontaguaife qui étoit dans fa Mifion. …. : #0, _Joncaire eut plus dé fuccez qu’il ne fe l'étoit propofé, il amena des Députez Go- : vogouins & Tfonnontouans, avec plufeurs: prifonniers François. Un contre-temps fa. cheux prolongea leur Voyage, car les Sau vages étans le long d’un gros arbre fuf- pendu par les-racines il y en eût deux ot trois qui voulurent s’afleoir deffous, mais: la pefanteur fit tomber l'arbre qui cafla: trois côtes à un Tfonnontouan qui étroit: un peu plus avancé, Je fuis avec refpeét, px # MONSEIGNEUR ; Yotre trés humble, &es, XIL LE TTRE: Toutes les Nations Alliées de la Nou- velle France tiennent des Confals ge- neranx à Montreal , où la Paix 6j conclue. , | M ONSIEUR, ‘ vs Cen’eft ny la chair ny le fang qui m'éti gagentde vous entretenir de la Paix ge- nerale des Iroquois , faire avec la Nou- velle France & fes Alliez. Connoiflanr parfaitement les interêts des Princes dé FEurope , vous avez donné tant de preu- ves de votre genie & de votre habileté dans l’Ambañlade de Venife, que je me fens obligé de vous parler de cette Paix qui a fait la felicité & la tranquilité de toute l’Amerique Seprentrioriale. Un Mo- narque eft heureux quand il trouve ur Miniftre digne de remplir un- pofte aufli important que celui qui vous'avoit con: fé. Vous avez eû affaire avecune Natioti Ja plus fine & la plus Pr de l’unts h Ée 3 ù ; , fo4a Æiffoire des Murs à: vers. C’eft l’Ambailade la plus délicate qui fe puifle voir. Tout eft fi facré & fi mifterieux dans le Senat de cette Repus blique, que l'Efprit te plus profond & le. plus penetrant peut à peine déterrer la. moindre de fes intrigues. Pour vous, Monfieur , quiavez fucé avec le lait le prit d’Ambafladeur’, il ne faut pas être furpris que vous en ayez rempli les fon- étions avec tant de fuccés & tant d'éclar. , Je veux donc vous donner aujourd hui le plaïfir de connoître toutes les intris gues des diffetens peuples de ce vafte païs,. qui s'étend depuis l'embouchure dufleuve de faint Laurent jufqu’a la Baye d'Hud- … fon , à l'extrémité de l'Amerique Septen- | trionale. | i 5 à. La curiofité me porta d'aller jufqu'au Saut faint Louis, pour y être prelent à l’Affemblée des Iroquois qui nous font … Alliez , & y voir arriver les Ambafadeurs ' des autres Nations Sauvages qu'on attens … doit de jour en jour pour la Paix genera: le. Ils arriverent-enfin le vingt-uniéme uiller, & d’aufli loin qu'ils apperçürent le Fort ils le faluerent de plufieurs coups « de fufil. Les notres fe mirent en hayeau bord de l’eau & leur rendirent leur falut, De l'Ifle qui y commandoit fit tirer lew ganon lors qu’ils mirent piedaterre : &4 Re" G. Maximes des Troquoïs. 19 ñ Les Ambaffadeurs des Ofnontaguez e _ des Goyogouins & des Onneyouts, avec * d’autres de ces Nations qui étoient ve- nuës pour traiter de leurs Pelleteries , en- |trerent dans la cabane de nue sa où ils fumerent d’un grand fang froid pendant un bon quart House Onton- _ aionk, qui veut dire l’Aigle, les com- plimenta au nom de nos Iroquois en ces termes. | Mes freres .. leur dit-il, nous fommes heureux de vous voir ici aprés être écha- pez de tous les perils qui font fur les che- mins : En effet , combien d'accidens pou- voient.ils sets arriver 2 Combien de ro- chers ou de rapides où vous pouviez pe- tir fi vous n’aviez eû autant d'adrefle & _de conftance à les furmonter, que vous en avez toûjours fait paroître dans les occa- fions perilleufes ? serie réjoüis donc de ce que vous les avez fçù éviter tous. Ce font vos ancê- tres qui ont frayé le chemin que vous te- nez maintenant pour venir parler de Paix: chez Orontio *, Le Dieu de Paix vous ya conduit, voici le feu que l’on faic dans votre païs au bout des campagnes, quand les gens d'affaires y vont, c’eft-là où l’on fait os premiers compli mens, Celui-ci 2 Monfeur le Chevalier. de. Callieress- 196 Hifhoire des M éurs | n'eft qu'un petit feu de ronces fechées’ pour prendre haleine , auparavant que’ d'arriver où'eft proprement la natte. Ainf: je commence ici à vous efluyer les lar- mes , ( en leur jetrant trois branches de” poicblaine ) à vous déboucher la gorge .. & à vous donner un breuvage , afin que vous foyez difpofez à parler de la Paix: avec mon Pere Onontin Aureîte quand vous pafñfez droït fans: venir ici, cela nous rend |’ efprit mal fair, _ & nous 8e la confolätion 4 chacun de nous faluër , l’un fon Pere, l’autre fon: frere , fon oncle & fon coufin. Ce n’eft donc pas ici le feu de Confeil , mais c’eft comme un entrepôt tel que vous faites” au bout de vos campagnes quand on va chez vous ,.& nous nous flâtons que vous nous ‘vifiterez d'orénavant. Les Iroquois fitent trois cris , au nonv + des trois Nations , pour les dc | Éeur Orateur fe leva quelque temps, prefenta des branches de porcelaine, Fe Jefquelles il les remercia de la part qu'ils prenoient à leur arrivée , exagerant beau: coup tous les dangers qu'ils avoient cour- tu,même que les Tfonnontouans n’étoient pas venus avec eux, à caufe du malheur | qui étoit arrivé à un des Chefs que l’on... avoir reporté chez eux fort bleflé ;:il: leur 0 © Maxrmes y 1 roquois. 197 dt que le veritable feu étant à Montreal “ils ne devoient pas s'étonner s'ils n’en- ? woient dars aucun détail d’affaires, les priant de fe trouver tous au Conti ge neral de fa Paix. L'on fit chaudiere , on les'régala de * Sagamité ; ils {e rendirent de lendemain à Montreal où ils furent re- cûs au bruit des boëres & du canon. Les Nations Sauvages nos Alliez s’af- femblerent au Saut au Hood de fept à huit cens dans le moment que ceux-ci en partoient. L'on ne voyoit de toùtes parts dans le: Fort qu'empreflement pour les recevoir , on avoit brûlé les herbes qui étoient dans les ruës ,.& on les avoit balayées pour les- rendre plus propres. Tous les Députez & les Confiderables entrerent dans la ca- bane d’Ariotexa, Chef du Galumet. Les: Iroquois furent un peu furpris de ce que ils ne leurs en prefenterent point un nou« veau. Ils s’atteñdoient à y répondre par: ‘un prefent de fufls, de ‘chaudieres , de - chemifes & de ue Pendant que l'on préparoit le Feftin dans une autre ca. bane’, .nos Alliez prirent le divertiffemenc. du Calurmer, ; Douze Sauvages fe mirent en rond au Bsilli. * Feftin compofé de- Chiens que l’on avoit faig = 95 Hiftoire des Mœurs milieu de cette cabane , qui avoit plus de’ foiyante pieds de long , chacun tenantiune petite calbaïfle pleine de pois. Outachia Ouraouak de nation recût le Calumet de la main d’Ariotexa , & fe tint debout der- riere ceux. ci qui le chanterent. Le Calu- met étoit uné pipe de pierre rouge , don£ Ja tige éroit de bois, tout couvert de plu- mages de tête de canard,avec des plûmes d’aigle qui pendoient au milieu, ils chan- terent donc remuans leurs gourdes en ca- dence , pendant qu'Outachia de fon côté agitoit avec adrefle le Calumer au fon de leur voix. HR 3 On avoit attaché une braffe de tabac à une perche. Il y eur un €hef qui fe leva: un quart d'heure aprés que l’on fut em train , & prenant une hache il en frappa à un poteau. Les Mufciens fe türent auffi.tôt.. | | | | ‘cinq ans à un tel endroit, & arrachantun bout de ce tabac, je prens ceci comme une medecine pour me refaire l’efprit : les Maficiens lui applaudirent par des cris & par un mouvement precipité de leurs oourdes , & l’on entendit le bruit de deux à trois cens Sauvages d’un bout à l’autre de la cabane , à peu prés comme celui d’un moufquer qui fe perd dans une © Maximes des Troguors. : 195 Forêt où dans des Rochers. Tant que le tabac dura on ne manqua pas d'Acteurs qui citerent leurs beaux exploits. Je leur en fis prefent , que l’on actacha à la même perche. On apporta trois heures aprés fix chaudieres pleines de chiens, & d'un Ours que l'on expedia en un moment, & il eût été difhcile de voir des gens de meil- leur appetit. On danfa enfuite, un Chef commença le branle, il marcha feul d’un extrémité a l’autre de la cabane ,en chan- tant d'un air animé à menacer le Ciel & da terre , donnant un mouvement à fon corps, & difant ce qui lui venoit en pen- fée, comme jai tué celui- ci, j'ai fait telle action , Jaime la Paix ou j'aime la Guerre. _ Pendant que les Sauvages y répon- doient, à mefure qu’il avançoit, par un cri de Æ0 , qui partoit du creux de l’efto- mac; & quand il fe remit à fa place tou- tes les voix fe réünirent & {e firent en- tendre fucceflivement. La danfe dura le refte de l’aprés - dinée. Enfin l’on porta huit grandes chaudieres pleines de bled d Inde boüilli, & chacun en remplit fon Ouragan , qui eft une écuelle de bois. _ Les Tfonnontouans arriverent le mê. me jour. Ils furent conduits dans la ca- bane de Sufane ; certe Iroquoife quitta EU 508 Hifäres des Maœurs | Onneyout pour venir voir le Comte dé Frontenac, fur le recic qu ‘on lui fit de ‘fes belles qualitez. Je m'embarquai Île lin pour _ Montreal avec nos Alliez, qui étoient au nombre de deux cens canots. Lors que nous fumes à une portée de fufil de la Ville, ils fe ferrerent tous les uns contre les tes {ur une même ligne. La pläpart n'ayant point t de poudre ti- rerent peu de coups de fufils ; mais ils -fi- rent de grands cris, en ÉiGri aller leurs avirons en l'air. Où les falua des boëtes & du canon de la Ville, chaque canot donna de l’aviron pêle- nee, & ils de- barquerent tous, - | Ils cabanerent le long des paliffades. On eût le foin de leur faire aporter quantité .de branches d’arbres pour les mettre à l'abri du Soleil : les portes furent fermées, la traire de la Pelleterie n ayant été ouver- «ze qu'aprés qu'ils eurent fait leurs prefens “au Gouverneur General. Les T {onnontouans que j'avois lai au Saut arriverent l’ aprés dinée. Texan- cot leur grand Chef, âgé de quatre-vingt ans ,fe tint done dans fon canot en adienr & fufant de cris de morts en ‘criant Ha ! Ha ! pleura en. même £emps ceux qui avolent Été tuez Sa | à ‘ Afaximes des Troquosss 20Y ‘a guerre. On tira les boëtes & le canon quand ils débarquerent. Toncaire allant au devant de lui le conduifit par la mairf chez le Chevalier de Callieres, où 1l fut acompagné de tous les Chefs qui lui dons nerent la main, & Monfeur de Callieres | Jui témoigna la joye qu'il avoit de fa par- faite fanté. H envoya prier l’aprés-dinée les Chefs des Alliez de venir le voir, ils s’aflemblerent dans fa court , les uns s’y aflirent fur des fieges , & les autres à ter- re. Le Rat, Chef des Hurons de Michi- limakinak , porta la parole au nom des Nations Alliées. ; ; . Notre Pere, dit il , tu nous vois auprés _ de ta natte , ce n'elt pas fans beaucoup | de perils que nous avons efluyez dans um fi long voyage. Les chutes, les rapides, & mille autres obftacles , ne nous ont poig£ paru fi difhciles à furmonter par ve | . que nous avions de te voir $& de nous af- fembler ici, nous avons:crouvé bien de . nos freres morts le long du fleuve ; notre efprit en a été mal fait , le bruit avoic couru que la maladie éroit grande à Mont- real. Tous ces cadavres rongez des oi- “feaux que nous trouvions à chaque mo- ment , en étoient une preuve aflez con. waincante, Cependant nous nous fomme: £aic un Pont de tous ces corps , fur lequel Tome IV, | oz : Hifloire des HMeurs nous avons marché avec affez de fermeté: Nous ne laiflons pas tous tant que nous | Fommes d'être malades d’un rhume qui nous accable, & tu dois juger par-là de toutes les fatigues que nous avons eüês. e leur fis dire qu' on les avoit abufez | en leur difant que la maladie étoit ici , qu'ils pouvoient avoir déja va dans la | Ville ce qui en éroit, On commença le vingt-cinq à tenir les 1 Confeils. Les Dépurez de nos Alliez eu. rent la liberté de parler fur rout ce qu'ils” fouhaiterent. Chaque Nation étant: bien aife de faire valoit l'emprefflement avec lequel elle étoit décendué. Ce font des j Sauvages qui parlent, il ne faut pas s’at. gendre à des entretiens pleins de délicarefle, ST parlent {uivant les mouvemens de ur cœur, & lelon leurs interêts. Vous. (sir cependant dans la fuite qu’ils ne. manquent pas de bon fens, & vous ferez peut-être furpris de remarquer tant d’ c" ss dans quelques- uns. Outouraga. Chef Outaouak du Sable ; connu fous Le nom de Talon, & commu: ‘nément par celui de Jean le Blanc, , (cé nom lui fut donné ; parce que fa mere. étroit fort blanche ) ‘qualité aflez rare à un Sauvage qui eft cout bafanné par les graifles des Caftors, À TE ne le nommerai, ; \ Li L à = © Maximes des Trogioiss 150% ._ dans la fuite que par ce dernier nom } _ poïta la parole au nom des Outaouaks glu Sable & des Sauteurs. | 1 Onortio, dit-il ; nous fommes venus. te voit pour fatisfaire à la parole que tu fous as fait porter de venir te trouver, nous venons {avoir ce que tu veux, quoi que l’on nous eur dir que la maladie éroit grande à Montreal, nous avons pallé par ‘deffus toutes ces difhiculrez. Voici quatre paquets de Caftors ; & un de Peaux paflées que nous te donnons, Nous te prions de nous ouvrir la traite, que rien ne nous foit caché dans les ma- _ gañns des Marchands. Il eft inurile de te _ demander bo marché , parce que nous’ ‘favons bien qu’un chacun eft maïtré de _ fes marchäandifes, du moins exhorte-les qu'elles foient au même prix que l’année pallée. | | Je te parle au nom des Natigns Ou. taouakfes, &ve prie en même temps d’ex_ cufer fi nous te faifons un prefent fi pew confderable, nos Anciens en faifoient autrefois. de plus beaux , nous avons dé- truit & mangé route la terre. Il y à peu de.Caftors prefentement, & nous ne pou- vons plus chaffer qu'aux Ours, aux Chats, & à d'autres menuës Pellereries. _Les Députez des autres Nations ADIOU o RE” MUTRAL,. SR ALES | 4 L: Dr à ke 0 ÿ SE © Hhÿorre des Alaœurs verent unanimement ce que Jean # Blanc venoit de dire, Eloaouellen Chef des NA u 21 61h - réïtera la même chofe par des termes qui. venoient au même fens, Maïs Hañlak: Chef des Culs coupez prit la parole d'ure voix extrêmement forte & haute : je fuis malade, ce qui m empêche de parler, G. je le pouvois je crierois d’une voix fi éle- vée que je te ferois entrer ma parole dans Ja crête , pour © engager à nous faire don-. ner à Dort marché, étans venus pour t'en couter. Les gens de: Michilimaxinak n’onc jamais été defobeïflans àtes Prédeceffeurs, Chingoneffi Chef des Outaouaks Cr. | nagos, reprefenta que le Caftor commen. got à à être rage, & pria que l'on reçüt leurs- etites Pelleteries. Haffaky demanda au furplus par grace que l’on ne donna point à boire à leur jeune, étant perfuadé que c'éroit leur guine, Fais en forte , dimil, que nous puiffions arriver à bon Port dans nôtre “païs, afin que nos femmes & nos enfans _foient contens. Que diroient-ils , s'ils nous. voyoient malades ; que feroit ha détroir | des deux lacs fans Rois , puis qu'il n'y a. que de Michilimakinak d'où il pinifte ti. rer du fecours ? Le Chorale de Calieses répondit q quel à ENT 0 L° der - AAA $ sépuenrion de. 205$ tal avoit de la joye de ce qu’ils avoient fur- monté tous les obftacles qui s écoient pre- fentez, fans fe laifler détourner de leurs ‘delfeins par ceux qui vouloient leur per- fuader qu'il regnoit à Montreal une ma- Jadie'contagieufe, qu'il efperoit qu'ils s’en retourneroient auifi fains qu'ils étoient partis. Qu'en attendant que l’on parlèt d'affaires il permettoit la traite , qu'ils _viflent dans tous les magañns ceux et donneroient à meilleur marché ; qu'il ex- citeroir les Marchands à le faire ,que la guerre avoit été la caufe jnfqu’à prefenc de la cherté des marchandifes , qu'il re- _prefenteroit au Roi pour le fupplier de donner ordre aux Marchands de France de vendre à ceux-ci d’orénavant à un prix lus raifonnable, afin de contenter tout le 1 Il leur fr enfuite apporter deux feaux de vin & du pain, ils allerent dé- jûner hors du Conte ê& firent place aux autres Nations. Les Hurons & les Miamis entrerent à= vec leurs prefens de Caftors. Ée Rar parlant en leur nom dit, mon Pe- re,je viens vous dire que je fais obeir à vo tre voix;fouvenez.vous que vous nous di- tes | comte derniere que vous vouliez _abfolument que. nous vous amenaffions sous les Iroquois Efclayes gr {ont parmi 3 e 306 À Hifroire des Mes “nous, Nous vous avons obeï & obeïffons! puifque nousles amenons. Voyons en mê-. me temps fi les Iroquois vous obeïflent, & . combien ils ont ramené de nos neveux qui ont été pris depuis le commencement de la guerre il y a treize ans. S'ils l'ont fait _c’eft une marque de leur fincerité , s'ils re Font pas fait ce font des Forbes: Je fais cependant qu ‘ils n’en ont amené aucu. Je r'avois bien dit l’année pañlée qu'il: valoit mieux qu'ils nous amenaflent les premiers nos Prifonnieres, tu vois pre-. fentement ce qui en ef; & comme ils nous ont trompé, Ce Chef raifonnoit trés jufte , & l’on vit dans le moment l’em-. barras où il nous alloit plonger. é Le Chevalier de Callieres fe contenta de les remercier d'avoir amené les prifon- niers Iroquois ,les affurant qu'il ne ren- droit point leurs Chefs Iroquois qu’ils ne: lui euflent rendu les leurs. 1 Les Puans , les Outagamis, les Maf- nl sg les Malhomins ou Folles avoi- , les Arai & les Pouteouatemis, s’ sy Mo pes avec leurs prefens , & Ou- ; nanguicé leur Chef parla au nom de tous, 11 dit qu'ils étoient venus à la voix de leur Pere , qu'ils n’avoient point: écouté ce qu'on ‘leur avoit dit de la maladie , parce que fon corps ne Heu qu'un avec celui del Amerique S eptentrionale, 207 de leur Pere ,ilsé étoient difpolez À faire ce qu'il voudroit , qu'il le prioit feulement d’avoir pitié d'eux, & qu'il leur fit donner à bon marché les marchandifes , parce qu'ils avoient peu de Calftors, | Haouilamekx , autre Chef Pouteouaté- mis, dit prefque Ja: même chofe , &. ils : déjänerent. - Les Miamis parurent aprés. : Chichikatalo leur Chef, _perfonnage d'un merite finguliér, duc à Fair reflem- ‘bloit beaucoup à à ces Empereurs Romains, dit qu'ils avoient écouté la-voix de fr Pere, par le François qu'il leur avoit en- voyé dé fa part, que cette voix leur avoit fait prendre ja-réfolution de décendre , qu'ils étoient bien aifes de fe trouver avec tous les enfans de leur Pere, qu'ils n’a- … voient fait. aucune difficulté d’amener les Efclaves qu'ils avoient pris fur les Iro- _quois : :que pour marquer le delir qu'ils _avoient delui-plaire , ils enavoient acheté des particuliers: de ia Nation, qu’il en étoit-reflé qu'ils n avoientgpù amener 13! mais que {on Pere Orontisen feroit toù- .jours le maïtre;. qu’au refte il ne remar- quoit pas que l [roquois eût fait la même chofe , puis qu'il ne voyoit point de leurs Prifonniers , que c’étoit. l'ordinaire de. ectté Narion la: d'en agir de mêmes. On 208 : Affaire des Murs 4 leur dit que l'on parleroit de cette affaires ci dans un autre Confeil :e 0 Chichigatalo continua. Puifque notre. Pere veut que: la terre foit unie , & que tous fes enfans deviennent amis , “voici un Calumer de Paix que jé te prefente, afin que tu y fafle fumer tous tes enfans, & l’Iroquois que nous uniflons à notre Corps, & que nous faifons auffi notre. Frere : pour nous nous y fumerons volon- tiers les premiers, mayant d'autre volon té que la tienne, Je te prie d’avoir foin® de tes enfans, & quoique quelques Chefs® ayent relché à caufe de la maladie , 1e-. gardez-les neanmoins comme faifant tous te la Nation. Fais en forte que toute la Nation Miamis puifle fe raffembler dans: un feul endroit , proche la riviere fairit: Jofeph ; reçois donc le Calumet. Aurés fte nous ne nous foucions ouere des Iroi quois, car fi nous faifons la Paix avéc! eux , c'eft pour corifentir à ta volonté, . Le Chevalier de Callières lui dit qu'il: le gardoit p@ur faite fumer tous fes en fans , & il les fit déjüner. +4 ride Sakis & les Pouteouatemis dé manderent audience le lendemain. Ounangüicé parla au nom des premiers, jetant deux paquets de Caftors, & un de Peaux paflées au milieu de la fale, Je viens 14 4 ‘ rar _— Cu é ur deu Iroguoïs. 209 "ici en crainte , pat l’aprehenfion que j'ai que tu n'ayes a reffentiment de la mort d'un François , qu'un jeune étourdi de no- tre Nation a tué dans un choc contre les Sceioins. Cependant comme tu €$ un bon Pere j'ai hafardé de me prefenter de- vant toi. Notre efprit s'et égaré à l'afpect de pluñëeurs perfonnes mortes dans les chemins que les oifeaux rongeoient , qui _-étoient venus de Montreal , & comme nous noûs: fentions. coupables , nous a- vions fujer d'apprehender un châtiment proportionné à notre crime. Ouabifxa- “mon ,un de nos Chefs, fut feffrayé de les voir ‘répandus à droit & à gauche, qu'il n'a pointoulu courir rifque de décendre, & même fair tous fes efforts pour nous - faire retourner fur nos pas. Nous venons _ donc avec toute la foûmiffion poffible {ur ‘la parole que ti nous as- fait poiter que tu leur pardonnerois.. Le Chevalier de Callieres répondie “qu'il pardonnoit aux Saxis à caufe dela | conjondure prefenre, mais que fi cela “arrivoit une autrefois il ne pourroit s'em- pêcher de les en- Der | Ounanguicé reprit la AAQE en ces termes 2 Nous voyons bien que tu es un bon _ Pere d’ oublier le pallé, Il fit mettre un 1 216 H poire des ALGnts petit efclavé parmi les Caftors & coneinil Voici üné petite chair que nous t’offrons si nous l’avons: pris dans un païis * où les Peupl es vont à cheval, Nous effuions la natre teinte du fang de ce François en te Île confacrant: Fais ce que tu voudras. Sodé renonçons & defavoions prefentéement © Ouabi{ra- mon pour un des Chefs de notre Nation. Il nous à menti quand il nous a fair àac- croire que tu nous donnerois des mede-. cines pour nous empoifonner. Ne le re garde donc plus comme Chef, & ne le’ reçois point d’ me fur ta’ natté, -siE “éft aflez hardi de vouloir y venir Férer À On leur teémoigna: la- rec8hnoillance: ‘qu'on avoit du prefent qu ils failoient de certe petite chair qui paroïfloir bien affli- gée, ayant le vifage däns fa robe de Ca: for , s'imaginant qu'ofi alloit le faire’ mourir ,en reprefailles du François. Mais’ quand il entendit qu'on le leur remettoiel ‘entre les: mains > il ru + à lever: la crête: 4 k Efpagnols du Mexique | | À On jugéa bien: dé on let feroir plaifie x de leur laifler la liberté de le rendie a quelqu'un , & d’ailleurs c'étoir une ame que. l'on mettoie en état de pouvoir fe : M. Aximes dé Troquois. Ext Æauverun jour ,on leur dit que quelqu’ un pourroit l'acheter , @&c qu'ils croient les maîtres de le vendre, Pour Quabifkamon, on promit que l'on auroit plus de confideration pour lui. | Ounanguicé fit retirer l'Efclave du pa- _quet de Caftors, le fit remertre à.fa place, _ & parla encore en cestermes. Cette petite chair que nous te donnons n'a aucun raport avec la guerre que nous avons avec les Iroquois. Ouabifkamion à une fille de leur Nation que nous t'a- ménions , mais il l’a ramenée avec lui, il | Ponrrei bien l’époufer, _ On exhorta Ounanguicé de fe charger | de cette froquoile & de la ramener l'an- } née qui vient ; & ils déjünerent. 1 Les Amikois entrerent enfuite , un OBS Ouataouak parla pour eux. Ils ne propoferent que da liberté du copmerce & le bon marché des marchan- difes, leurs Chefs devant arriver dans quelques) jours qui pourroient porter quel- que parole. Ils firent valoir la confidera- tion qu'ils avoient euc de ne pas traiter “avec és François qui étoient dans leur quaïitier , n'y d'aller chez les Anglois qui leur vendoient à meilleur marché. Le Chevalier de Callieres leur dit de faire comme les autres qui alloient vifiter NOT SAS PT AN SAUT VE RTS 4 a À Si Hifloire des Moœnrs 4 - les magañns, ils firent leurs prefens, & ils déjünerenr. Les Outaouaks démanderenr dans ce moment une Audience particuliere , fur quelques petites affaires qui leur étoienc furvenués. On en-fit entrer une trentaine. Jean lé Blanc parla ain. eh Nous re voyons pas que tout ce que tu nous as promis hier {ur ce fujet fe foit . executé, Il n’y à en tout qu’une chofe qui ait réüffi , c'eft que perfonne n'a voulu. nous dome à boire de l'eau-de vie, mais quand tu nous parle qu'on nous d6n= nera les marchandifes à bon marché tous Jes Marchands nous difent : Eft-ce que le Chevalier de Callieres eft maître de no- tre bien ? ils ont raïfon , mais accommode cette affaire, car cela nous embarafle bien. Ounanguicé demanda audience |’ aprés- diné au nom de fa Nation. Il jetta un pa- quet de Caftors & dit: Mon Pere je duis_ venu feulement pour écouter ta parole 5. je fuis caufe que toutes les Nations du jac | Huron font décendues. L Le François que tu nous as envoyé le fçait. J'ai ‘donné tout .ce que j'âvois de : marchandife pour faire décendre les Ifli-. nois Mafroutechs. Je fuis prefentement bica embaralé , car le Chef des Iflinois que je t'amenois sit mort aux Calumets , je - f RAS pr D A #7 4 A T 4 _ & AMasimes des Troquois: 21% ete demande une grace pour récompenfe de mon: obeïffance. Perrot eft mon corps, je te prie de me l’accorder. Les ,Mafrou- t£echs l'ont pillé. lorfqu'’il porta la parole de ton Prédeceffeur , ils ont de l'efprit, ils veulent le fatisfaire. Je me charge de cette affuire-là , je le ferai dédommager de ce qu'ils lui ont pris. Il m@gidera chez toutes les Nations quand je voudrai au. torifer ta parole, C'eft le plus confideré de tous les François qui nous ait été envo- yé. Je n'ai rien aporté avec moi, n’y mes jeunes gens. Nous fommes venus {eule. ment pour l'écouter. Si nous avions de. quoi ce feroit pour lui. Le Chevalier de Callieres leur répon= ditqu’il feroit réponfe à leur demande, & lui fit donner à boire & à manger. Les Hurons du quartier des Miamis en- &rerent. Quarante-fols leur Chef parla en ces termes. - Mon Pere, dit-il, nous venons te dire notre penfée fur ce que tu nous as dit que gu garderois les prifonniers Iroquoïs que nous t'avons amené, jufqu'à ce qu'ils ayent rendu les notres. C'eft la penfée du Rar & des Miamis avec qui nous ne fai fons qu'un ‘a | | On fir veñir les Miamis pour favoir s'ils éroient du même avis. Chichixatalo Tome LÆ | T Bd : Hifoire des Mi ŒUrS dit, quoique fouvent les hommes étoient. de chevet contraires, Nous n'avons CE. pendant, qu une même ‘volonté avec les” Hurons qui ne font qu'un Corps avec” nous, & nous te difons de renvoyer in. “ceffamment lés prifonniers Iroquois, S'ils. me nous rendent pas les notres, c'eft ua reproche que nous leur faifons, À Le Chevalier de Callieres leur dit qu’ 3 demanderoit aux Alliez ce qu als en pen} feroient. Les Outagamis prirent feance. Noro | où le Porc épic, leur Chef, préfenta un. paquet de Colors. Je fuis venu, dit- id, our obeïr ata voix. Le Sauteut m'a tué; st ma Jeunefle voulant s'en venger à été ar} gêtée lorfque tu nous as invité de venir ! t'écouter. Je te demande que tu m'ottro- je une grâce. Perrot eft notre: Pere , il à découvert notre terre, il nous à dontié] del efprit, & nous à entuiee abandonnez, Nous fommes prefeñtement fans efprit. _Nouste le demandons afin qu'il nous en: donne. Donne-nous une Robe-noire * | & un Forgeron. Qn nous à fait entendre que tu nous accorderois ce que nous te demanderions. Nous avons étouffé 44 gette efperance notre reffegtiment ; sous mes gens m ‘ont Fharge de te deman | M id Jenuiee "4 ne à é Masimés dés Iroquois. ZT$ der Perrot, & un Forgeron qui puille accommoder nos haches & nos armes _& nous aiderons la Rcbe-noire à fe bâtir, Je ne crains point le Sauteut ; mais je t'aprehende : quand ma feuneffe à été ex guerre chez lui, elle à toûjours triomphé. On envoya querir Ouabanoué Chef des Sauteurs,qui vint avec d’autres Chefs.’ On lui fit dire que les Outagamis fe plai- _gnoient beaucoup de fa Nation. Ouaban- gué fe défendir que l'Outagamis eût été tue par les geñs de fon quartier ; il dit qu'il étoit vrai qu’ils avoient eû autrefois de grands démêlez ; mais qu’ils avoient éeflé rout Adte d’hoftilité depuis long- temps ,qu'’il falloir que ce fuflent les Sau“ teurs de Chagouamikon : qu’il avoit ap- pris que les Outagamis avoient tué l'Au: tomne derniere un Sauteur du même en2 droit , que toute la Feunefle s'étant vou Juë foulever pour en tirer vengeance ; leurs vieillards les avoient arrêtez ; ce: pendant qu'un étourdi de ce même lieu étoit parti à la dérobée avec quelques-uns de fes camarades qui avoient fait ce coup ‘fur COursgami, | | Le Porc-épic répondit qu’il n’étoit pas - vrai que fes gens euflent fait coup {ur le _ Sauteur, Que pour lui il avoit été chez les Sioux, dont il en avoit tué quatante:.. Ed UE. 2x6 Æiffoire des Mieurs qu’il n'y avoit perfonné de leurs voifins’ qui euflent fait d'autre coup ; & qu’il fal- doit que ce fuffent les Sauteurs mêmes qui euflent tué par mécard un des leurs, dont ils auroient caché la mort. Ouabangué reprenant la parole dit que l'Outagami avoit raifon | puifque la fié- che dont avoitété tué le Sauteur, n'étoit pas de la façon de celle des Outagamis. Hs ne laifferent pas de boire & de manger … enfemble , comme s'ils euflenc été les: meilleurs amis. in Aprés que l’on eûr eù cet éclairciffe- ment , fans autre décifñion les Dépurez . des Iroquois entrerent d’un gtand fang, froid. : FR 5 Tekaneot fe réveillant un peu en lui- même parla enfuite. Son difcours ne rou- ! la que fur l’impoffbilité où ils avoient été de pouvoir amener aucun Efclave de nos Alliez , parce qu'ils n'étoient pas maîtres de leur Jeunefle. Ajoürant qu'ayant été pris la plüpart tour petits, ils avoient trés- peu d'idée de leur Patrie; que c'écoit. [à un grand obftacle pour fe refoudre a s'en. retourner, | de Ces raifons étoient , Monfeigneur, trés- » mauvaifes , puifque les Miamis avoient . forcé leurs Prifonniers de les fuivre ; mais comme on leur témoigna la furprife où. ” d Maximes des Iroquois. 2117 pouvoient êcre les Alliez qui avoient ame. né les leurs , ils parlerent-long-temps en. tre eux tout bas. 2 dirent à la fin que nos Ambafladeurs léur avoient parlé foi- . blement fur l’article des Alliez, & qu'ils ne s’étoient attachez qu'à reclamer nos François ; on trouva à propos de mettre cet: RAT fur Maricour , Capitaine des Troupes, qui étoit Le Chef de cette dépu- tation, & Joncaire fe chargea de la part du Chevalier de Calieres de s’atcribuër à | ui feul cette faute. Hlefir, & leur diten même temps qu'étant- leur Fils adoptif 31 fembloit qu'il alloit porter le fardeau de tout ceci, les priant de lui donner les | moyens de fe tirer d'une conjoncture auf embaraffante que celle-là. Ils fe confulterent long-tembs dans le’ particulier. On remarqua qu ‘ils étoient fort embarailez , l'affaire étant de plus grande confequence qu'ils ne l’avoient Gtü. Aprés avoir pris langue, : ils dirent qu'ils étoient prêts à donner toute forte . de fatisfation, Que f-nos Ailiez qui a- voient de leurs gens parmi eux , y vou loient venir avéc des François, quai fe poient témoins de toutes chofes., ils ver soient de quelle maniere ils s'y prenz droient : qu'ils Meier les Phé fonniers de s' en CR _& qu'ils s les con F 37 : j ù St ER 218 Æiffoire des Maœnrs duiroient eux-mêmes tous en leur païs 3. pour preuve de la fincerité avec laquelle ils agifloient , offrangauffi des ôtages, _ On n'écouta point ces raifons , parce qu'ils auroient dû les forcer de partir comme avoient fait nos Alliez. Marque que nous ne fommes pas les maîtres de ces Efclaves reprit Tekaneot , ne voyez-vous point que depuis quatre ans nous n'avons fait aucun coup fur les Alliez, malgré ceux qu'ils ont fait fur nous. Nous avons baïiffé la tête, & nous nous fommes contentez d’elluyer nos lar- mes, fur la perte de nos morts. Si nous … _m'avions pas eù deffein de vivre d’orénas. vant en bonne intelligence | aurions< nous éte fi tranquiles > * | | On fe trouva fort déconcerté de voir tous les incidens qui pouvoient arriver de ces réponfes, à caufe de nos Alliez qui a: voient lieu’ de fe plaindre extrèmement \ de nous , par toutes les promefles qu'on. leur avoit faite de retirer leurs Efclaves conjointement avec les notres. Il fallue cependant trouver quelque jour pour fai- | re connoître aux Iroquois leur faute. On leur dit, qu'ils avoient figné aw Traité de Paix qu’ils rendroient aufli nos. Alliez ; bien plus que Villedené Lieute- » nant des Troupes , qui étoit parti au mois" ge te | | 5 4 ; ue : 1% F4 à . & $ FL Ce < ; "1 © Maximes des Iroquoss. 319 de Juillet pour Onontagué , leur avoit fait favoir que le Pere Anjalran étoit arrivé de Michilimaxinak avec deux Efclaves _Iroquois qu'il avoit amené d'avance, afin d'engager par làles cinq Nations de cor- refpondre aux mêmes fentimens des Al: liez qui décendoient avec le refte. Les Iroquois remirent toüjours au Gou- verneur ce qu'il jugeroit à propos, mais soüjours fort chagrins de ce contre temps qui les expofoit à de fâcheufes fuites, h demanda aux Députez des Onneyouts d'où vient qu'ils n’avoient amené aucun François, qu’il ne falloit pas s'étonner fi nous ne voyons pas de nos ÂAlliez > " Ils répondirent qu'ils étoient tous cou- verts de honte ,.& qu’ils en avoient l’el- prit renverfé. Ce Confeil finit par un profond filence que les Iroquois obfer- verent, On ne laïffa pas de ieur apporter du pain & du vin, & ils firent quatre cris- au nom des quatre Nations pour les en _ remercier. Les Nepiciriniens & fes Alsonkins , arriverent le même jour au nombre de dix Canots., ils eurent Audience le len- demain fur les huit heures du matin. Le Chevalier de Callieres demanda à Onaganiouitax Député des premiers, à: qui appaitenoit un jeune Efclave de leur La é 220 ÆHiffoire des Alœurs … Nation, que les Iroquois avoient:amené & que les*Nepiciriniens & les Also Kins: reclamerent l’année päflée dans le mêine quartier oùils chafloient avec les Iroquois. -_ Celui-ci répondit qu’il appartenoir à Ouaboutchik leur grand Chef. On leur dit auffi qu'il y avoit une fille _ ‘qui mourut cette même année , qui fe: difoit fa Sœur ,. & s'ils ne pouivoient point fävoir à qu’elle dès deux Nations les I: roquois adreflerent un Coilier lors qu'ils vinrent les chercher, Pour cer effet on _ Jeur fit la lecture de ce Collier pour évi-. ter la confufon. Comme nous ne fom: . mes point-venus l’année paflée au Confeik general, dirent:ils, nous ne pouvons fa- voir à qui des deux Nations il s’adrefa foit ; mais à l’évard de ce jeune Efclave il appartient à Ouaboutchik. On envoya querir Ounanguicé , Chef des Algonxins ,pour donner une idée ju2 Îte de ce Collier ,.& ne l'ayant pù trou: ver on remit à un autre jour la-décifion de cette affaire. . * Anaganiouitak: fit enfuite un prefenc. de Caftors qu’il jetta au milieu du Come feil ; il reprefenta que fa Nation étant læ plus voifine des François, Ononrso devoit être perfuadé qu'elle avoir toûjours pris fes intérêts avecbeaucoun plus d'ardeur qug “Lor 0 de PAT U NET PS v + ALT A ae Te EE x Li 0. PPT A) À ë Maximes des LroGois. 227 - fes autres ; auñfi qu’il étoit venu de la part defa Piton à la lollicitation du François qu'il lui avoit envoyé pour apprendre ce. qu'il fouhaitoit : . qu'Ouaboutchix étant malade avec fa Farine & fes enfans , il venoit de fa part pour entretenir tofjours : ja même alliance ; qu'il le prioir en même temps que Îeugs Creanciers n’exigeaflent point le parfait payement de leurs dettes qui étoient confiderables , que s'ils étoient obligez de leur Grisliré autrement, ils _fe trouvoient hors d’état d'acheter de la poudre & du plomb pour fubffter. Que’. les Outaouaks avoient un avantage de s’é- _ tendre de toutes parts pour tuër du Ca- for , ce qui leur donnoit une grande fa- cilité pour en avoir beaucoup ; mais que pour eux s'étant bornez dans leur terre ils l’avoient route détruite. On leur répondit qu 1l falloir contenter Jeurs Creanciers de gréà gré, que s ils en: agifloient rwal js EUX , A n’avoient- qu'à faire leurs plaintes, 8e que l’on pa- cifieroit toutes chofes : ; qu'au refte on leur confeilloit de fuivre l exemple des Abena: guis de faint François, qui*s’étant adon= nez beaucoup à la chafle , défrichoient prefentement des terres aù ils femoient du bled d'Inde , & qu'ils tâchaffent de: Jes imiter , - puis qu'ils fe trouveroient: #25 Hiffoire des Hans ‘ peut-être expofez dans la fuite à perig par la difette des bêtes quis'y détruifoienc mfenfiblement. On leur apporta du pain & du vin. FE IT, A SRE k Tous les Hurons de Michiliiakinak! & de la riviere de faint Jofeph fe joigni- . rent le premier. d’Août : Quarante-fols… porta la parole pour ceux@,. * I dit qu'aufli-tôt qu'il avoit vé arriver chez lui un François de la part d'Onontio , il eur fort à cœur les marques d’eftime | que fon Pere avoit toûjours confervez … pour fa Nation, qu'il s’étoit fait une joye … particuliere d’aller écouter fa parole, & quil ne mañqueroïit pas de fe trouver à Montreal à la décifion de la Paix. * = I'exagera fort les fecours qu'il avoit | donné aux Miamis qui n'avoient point de- Canots, leur én ayant fair faire, même. qu'il les avoit engagez d'amener trois Ef- claves Iroquois, & qu'ils ‘étoient tous partis enfemble jufqu'a MichilimaxinaK', que s'il faifoit un recit de routes ces cir- conftances , Onontio devait bien connoï: : tre en même-temps le zéle qu'il avoit eù | de lui plaire.* 4 a 1 Le Rat fe trouva mal dans ce Confeil', . on eut de la peine de le voir avec une fié. | vre trés- violente. Comme il évoit le pre . mier mobile de fa Nation & de vous lës — R C'Maximes des Iroguois. Bug Dutaouaks, & la partie que nous avions le plus à ménager ; on étroit bien-aife qu'il parlèt. Il s'étoit mis d'abord fur un fiege pliant , on lui fit apporter un grand fauteuil de commodité afin qu’il pût fe re- pofer & parler plus à fon-aife, on lui donna du vin pour le fortifier : il deman- da à boire de l'herbe, on reconnut qu'il - vouloit ducapilaire. Aprés que Quarante- fols eût fini, le Rat que l’on crüt afloupi repric un peu fes fens , & parla d’un ton aflez languillant l’efpace de deux heures. di fit un long narré qui aboutiffoit d'abord à peu d'éclairciflement , & l’on ne côm- -prenoit pas où il en vouloit venir. Il étoir fi chagrin de s'être vü la dupe des Iroquois qui n'avoient amené aucun Prifonnier de fa Nation ,: que l’on s'apperçüt aifémenr _ de fon inquietude. Sa politique lui fit prendte un nouveau biais. Il dir que Qua- zante-fols étant arrivé avec les Miamis à Michilimaxinak , il lui communiqua & à toutes les Nations des lacs, ce qui s’étoit paffé lors qu’il fe trouva l’année dernicre _ au Confeil general, Comnie je vis, die il, que les Ifinois , & plufeurs autres vou- loient s'en retourner chez eux , je leur _reprefentai qu'il étoic à propos de ne pas fe defifter de l'envie qu’ils avoient eû d’a. Bord de venir écouter ta parole, \ . s OR RL TT RE PRES CT ET Te LE ME Vs \ \ | S24 Filfloire des Meurs | _ Ounanguicé nous fit comprendre que nous nous avancions trop de ramener tous les prifonniers Iroquois, Les Nations n'entrerent que trop dans ces fentimens, Te lui fs prefent d’une chaudiere & d'un fufl pour l’engager à me fuivre à Mont- real | l’afflurant qu'il auroit plus lieu d'ê- ære content qu'il ne fe le perfuadoir. Il fe détermina donc de.venir, mais les Iflinois, Jes Miflifaguez & les Gokapatagans ; re- Jâcherent. Voilà ce que j'ai fait pour mon Pere. Te dirai je encore que je fus touché. de ce que quelques-uns de nos jeuneg, ‘ guerriers voulurent former un parti pout” aller donner fur les premiers Iroquois. u’ils tencontreroïient. Je defavouai leur. procedé ; mais il ne faut pas que ce qu'ils. ont effeétivement fair fur eux gâte les af aires. Ce font de jeunes étourdis ; au re- fte je donnai quelque temps aprés mon re. tour du Confeil general un Collier à des Hroquois que je rencontrai, & je leur dis pofitivement que fi le premier de tes Al. diez où eux-mêmes venoient à rompre la : Paix, tu les mangerois toi-même : Que peux-je faire davantage pour tes interêts. . La Robe-noire, (c’eft le Pere Anjalran… que tu nous as envoyé) peur te confir-. mer ce que je dis. Je ne lai quetropfait… gonnoitré à ceux qui s'éroient Tru ; | | à Mic _ 0 0 in: 2 À se >“ «© Maximes des Iroguors. 225$ À Michilimakinax pour décendre ici, Te leur dis que je ne voulois pas qu'ils ajoë- taffent foi à mes paroles, & qu'il le leur çconfirmeroit par une preuve plus auchen- tique : Nous n'avons pas laiflé en notre particulier de t'amener onze Iroquois , dont fix veulent revenir avec nous, & les cinq autres fouhaitent de retourner Chez eux. | . Nous fuivrons en cela ce que tu juge- ras à propos. Confidere un peu de ton Côté que nous n'avons pas voulu encore .æraitér de nos Pelleteries, Mets y donc ordre, & regle toi-même le prix de cha. que chofe. | Ce Grand Chef cine lui feul toute l'Au< dience, malgré l’état languiffant où il é- “toit. Ces Nations l'écoutoient avec ad. miration, & à chaque affaire differente -dont il parloit, elles l’applaudifloient par des tons de voix qui partoient du creux -de l’eftomac , dont les Sauvages ont coû. tume de fe fervir. Nous ne pümes pas nous empêcher d'être touchez de l'élo- quence avec Jaquelle il s’énonçoit, & d'avoier en même-temps que c'étoit un ‘homme de merite. | | Ounanguicé avoir effrayé à la verité bien des Nations, qui donnerent trop fa- £ilement dans fon fens. D'ailleurs il pré- Tome IV, A ‘226 Hiffoire des Mers | Noyoit avec un grand difcernement tou xes les fuires fâcheufes qui pouvoient arsh æiver de la trop bonne Foi que l’on avoit de vouloir amenér tout d’un coup tous. des Prifonniers ; parce que connoiflant le caraétere de À’ Iroquois qui eft fi fourbe ; #4 né faifoit aucune difficulté de croire Qu'ils feroient éux-mmèmés leur dupe. J'a- voué, Monfeur, que l’on ne peut être plus déconéerté qu’ ils le parurent à leus ärrivée de ce qu ‘Qunanguicé avoit ren - £ontré fi jute. Ar ; * On remercia Quarante. fols des bons fentimens qu'il vénoit de témoigner à la Nation Françoife. Où lui dit que les fe. cours qu'il avoit donné aux Miamis, 6: toient Une preuve de l'attachement qu "2 avoir à nosänterêts. On pañla fous filence ce qui regardoit Ounanguicé qui n'étoir. pas ‘dans le Confeil. I eft veritablement ami des François. Il nous à donné dans ces dérniérés guerres des preuves écla- tantes de fa fidelité. On ñe voulut point lui faire des reproches publics , qui au- soient pü aigrir lés efprits. Il étoit même « 4 propos d’étouffer Le reffentiment qu’ on. autoit pû avoir contre Jui, On dit au Rat & aux autres, que leurs 4 interêts étoient les notres. Que l'onn’en- yilageoit la Paix que comme un lien qui. <= Far : dl tbe À Maximes des Troguois. EYT Aévoit nous attacher plus étroirément ; que la guerre divifoit quelquefois les amis tiez les plus fortes ; mais que cette affai= re-ci étant commune , on la prenoit éva- lement. Que l’on avoit fait de grands re- proches aux Iroquois de ce qu’ils n'avoienr pas amené leurs Prifonniers ; que l'en a- voit réfolà d'envoyer chez eux des Fran- çois pour les retirer , & qu’il feroit bon qu'ils donnafflent quelqu'un pour voir ce qui fe pafleroit , & les rameuer dans leur païs ; où s'ils aimoient mieux qu'on les conduifit ici, pour lés renvoyer l’année _ qui vient. Que fi les Iroquois où quelque . Nation de nos Alliez venoienit faire coup il en falloit avoir raifon par uné fatisfa- tion entiere, Que fi on ne vouloit pas la faire il falloir {e lier contre l’agrefieur ; mais quand on leur dit qu'il falloir qu'ils “hiffaflent leurs prifonniers , ils répondie rent que ceci demandoit quelque reflexion: + On leur parla de l’érabliffement des deux lacs, qui avoit été.fair en leur faveur afin qu'ils y puffene commercer. Ils ne G- rent point trop d'attention à cet établifs fement , parce que je remarquai que ces Peuples ont deffein d'envoyer leurs Pelte- teries au Miffifipi ; ils ne pûrent s'empé- her de nous reprocher l'indiference aveg laquelle nous agiffions ayec eux , de ne | je 2 À ALIEN METTRE CRT UNE & FE VEICTIÉ Me à sr devis à: 228 Hiffoire des Maœurs : les avoir pas logez, comme nous avions fait les Iroquois. On leur dit à la fin que’ Maricour étant leur fils adoptif , il ne falm loit pas s'étonner s'ils éroient tous chez lui. . Le Rat fe trouva trop foible pour .pou- Voir s’en retourner à fa Cabane. On le porta dans un fauteuil à l'Hôpital ; fa ma Jadie augmenta toûjours , & il mourut 4 deux heures aprés minuit. Je ne fauroiss Vous exprimer |, Monfieur , l’accable-« ment où étoit fa Nation de la perte d’un homme fi rempli de bonnes qualitez. Il étroit difficile d’avoir plus de penetratiot d'efprit qu’il en avoir, & s’il fur né Frana çois 1l étoit d’un caractere à gouverner lesi affaires les plus épineufes d’un état florifss fant. Il étoit l’ame & le mobile de la Na tion Outaouakfe , qui eft la plus puiffancé de nos Alliez. Ses paroles étoient autant d'oracles ,.-& quand les Iroquois favoient qu'il fe mettoit en mouvement pour fairé coup fur eux”, ils évitoient d’en venir aux prifes avec lui. Ilavoit les fentimens d'us ne belle ame , & n'étoir Sauvage que dé nom. Il n’étoit pas moins confiderablé pour fa pieté, il prèchoit fonvent dan lEglife des Jefuites de Michilimarinak 4, où es Sauvages n’étoient pas moins tous chez des veritez du Chriftianifime qu'il leur enfeignoit. ” M 4 < ee, à L G Maximes ke Thofuois. 59 Sa perte nous étoit trop fenfible pou ne point verfer des larmes à un homme que nous regardions comme le plus fidel le de nos amis. Meflieurs de Callieres & de’ Champigni aHerent faire les compli- mens de condoleance à fa Nation. Ils al lereñt couvrir fa mort , pour me fervir des expreflions des Sauvages , on |’ empor- ta de- l'Hôpital à à fa cabane enfeveli "à 14 referve de la tête. On l'étendit fur des peaux de ne On lui mit fur la tête un Chapeau orné d'un plumet rouge tout neuf. On le cou- vrit d'une grande couverture d'écatlate , d'une chemife blanche par deffus ne capot , de mitafes , * d'une paire de fou: liers à fes pieds , une chaudiere de cuivre à droit de fatêre, un fufil ,.& une épée à gauche. Perfonne. rie répondit , &. ces Meflieurs s’en retournerenc & le laiferenv dans cet état. Les Iroquois vinrent deux fieures aprés couvrir la même mort. Ils prierent Jon- caire de marcher à leur tête ; ce qu'ils fi: rent avec beaucoup de gravité, au nom- bte de. (ante. Tahartarour Chef Tfon- nontouan marchant tout le dernier pleu+ poit pendant le chemin la mort du Rar- Lors qu'ils furent auprés du eorpE $ ils à » Bis à Ja Salvagés” \ 230 Æiftoire des Mœurs firent un cercle, & s'aflirentrous à terres. Ce Chef refta feul debout, pleurant cet. té mort pendant un quart-d'heure , ik s’aflit aprés & Aouenano fe levant, parla: en ces termes, au nom des quatte Na- tions, par trois branches de porcelaine. Puifque nous ne fommes pas maîtres : de la vie, & que celui qui eft au Ciell’eft : feul , il faut le prier de vous confoler ;. 3; car il n'y a point de remede dans votre malheur. J'effluye vos larmes par ces trois. w branches. Vous autres Hurons qui avez: CS Me ÀC'> SE Pi fa Tr gen perdu aujourd’hui ce que vous eftimiez le. plus, je les efuye donc. Je débouche vos tre gorge, afin que vous puifliez répon- dre à vôtre Pere & à nous autres qui fom- … ‘mes vos Freres, quand'aous vous faluë= rons, & par cette troiliéme nous vous donnons une medecine douce qui puiffe w rendre votre corps fain. Aouenano tirant aprés un Collier, con= tinua de même. | Le Soleil eft aujourd'hui éclipfé , c'ef: | Ja mort de notre frere le Rat quien et. la caufe. Nous vous prions , vous@hefs de ouerre . & vous Chefs de Paix, de ne : vous point trouver dans les tenebres, aw | contraire nous vous prions d’avoir le mê- me efprir, les mêmes fentimens qu'il avois G Maximes des Irogmois: 231 _ de ne faire d'orénavant qu'un même corps, qu'une même chaudiere , & d’ accomplir également la volonté de notre Pere. Tel étoit le fentiment du Rat. Nous vous ex- hortons donc par ce Collier d’en faire de même par le premier grain de porcelaine. Et par le deuxiéme grain de porcelaine mous couvrons le corps se nôtre Frere dé- funt ; nous le pleurons également , mes’ Freres , mais puifque le Maître de la vie l’a bien voulu , il faut tâcher de s’en con- foler. Nous alles enfuite au Confeil , où les Outouaks & les Députez des Nas tions du lac Huron s’affemblerent:: Jean le Blanc potta la parole au nom des Ouraouaks du Sable, Outaouaks- Cy- nagos, des Cuis coupez ou Kiskaxons ,. des Puans , des Pouteouatemis, des Ou- tagamis, des Hurons, de la riviere faint. Jofeph, ‘des Folles avoines ou Malhomi- nis & des Mafkoutechs.. Il rappella tout ce que le Pere Anjal- ran leur avoit dit de la part d'Oronrio ; pour les engager à venir le trouver, & qu'ils venoient écoutéer fa voix. C? eft le propre des Sauvages de repeter fouvent: ce qu ‘ils ont dit dans les mêmes confeils, où ils ajoûtent quelques circonftances nouvelles. Mais comme on étroit bien aile d'entendre les Députez dé chaque 332 Hiffoire des Maours Nation, on les pria de le faire les uns ax prés les autres. Jean le Blanc reprit la parole : Je parle au nom. des Outaouaks du Sable. Mon Pere, peux-tu douter de nôtre fi- delité, La Nation Ouraouakfe ,: qui s’eft toüjours liée ayec les François Frs tous. tes les guerres. qu ‘ils ont eñëés avec l'en- nemi commun , n'a-t ’elle pas: lieu que à nous régarde cdi tes veritables amis ; je fuis venu pour faire les bonnes aMaitetl de la Paix? Voilà quatre prifonniers Iro-. quois que je t'amene, je ne les rends point: à-leur Nation , car je lé hais & la A al C'eft à toi à qui j'en fais prefent ; fais-en ce que tu voudras. Haflaki , Chef. des Culs-coupez, dit. lat moi quand j'ai vû que le Pere An. | jal ran revenoit te trouver ,.je lui ai don- né deux Iroquois. En voici "deux Mafles:,. dont je te fais prefent. Mais fache que je fuis embarañlé ; je fuis malade, peut-être que nous pourrions mourir vi chemin , que dirons nos femmes & nos enfans ; ayez donc foin de: nous, je prie le Maî- tre de tout ,. que nous ayons a nous ren-. dre à:bon poit , & faites faire des prieres. La maladie devint univerfelle dans leur’ camp; ils écoient dignes de compañlion,, | D Maximes des Lroguois. 241 paï le rhume qui les accabloit. La plü- part ne vouloient poine aller à l'Hôcel- Dieu , où ils auroient eû tous les fecours poffibles , s’imaginans qu'on vouloit les” .Y empoifonner. Comment n'être pas ac- cablez de rhume , puis qu ils. étoient tous” nuds,n ayant qu'une peau de Caftor qui leur AOL à terre 2 Chingoueffi Chef des rbtidtaks; Cy- fagos , dit. Je ne t’amene point d'Iroquois” car as mangé tous CEUX QUE j'ai pris ; Ce- pendant j'ai été bien-aife de faire con-" noître que: j'ai cherché les occafions de te faire plaifir , j'en ai amené un que j'ai acheté bien cher. Chichikatalo , que l'on étoit bien- aile” d'entendre, parut. | Nous fommes ici comme des paffagers _ qui avons profité des Cañots de nos voi- fins. Nous n'y fommes pas accoütumez ainfi nous ne t'avons amené que huit EC claves , nous en avons encore d'autres dans nôtre païs ; mais ce n'eft pas notre” faute fi nous nete les avons pas amené . je te prie d'avoir quelque égard Dou£- nous , & de nous régarder éomie des gens qui ne r'aimons pas moins que le font les autres Nations. Ounanguicé finit cette Audience au nom des DRNSMArERS. , des Outagamis ,: LR “ a34 H ftoire des Monts des. Masxkoutechs |; & des Puans: Nous t'aurions amené plufeurs Prifon: : _hiers, mais nous les’ avons tous mangez ; | il en font autant de nous qu'ils mettent à la chaudiere , quand ils nous prennent Fe cependant en voici deux , nous te les’ mettons entre les mains, faisen ce que: tu voudras. | On les remercia en general des mar- ques de leur attachement ; on leur dit qu'il falloit prefenter au Confeil generak tous leurs Efclaves , & qu'il étôit à pro: pos qu'ils nommallene les Villages & les Cabanes , où pouvoient être ceux quié- toient reftez , afin que les Iroquois & vous les Alliez püñent joüir-d'une pro. fonde Paix. | ne PR he . On fit le lendemain lés funeraiHles du Rar. On voulut faire connoître aux Hus rons & à toutes les Nations,que l’on étoit rouché de la perte d’un Chef qui s'étoic rendu fi recommandable :on rendit done à fa memoire toutes les preuves d'eftime qu'ils pouvoient fouhaiter. Pr po .. De Saint- Ours ,premier Capitaine des Troupes ,marcha à la rête de foixante hommes ,; feize guerriers Hurons en ro- bes de Caftors , le vifage mataché de noit pour marque de leur deuil , fuivirent qua tre à quatre avec Leurs fufls fous le bras’, e ; F1 M aximes des NN LR 235 Le Clergé enfuice, & fix Chefs de guerre ‘porterent le Céceil couvert de fleurs, fur lequel é étoit un chapeau avec fon pla met,une épée, & un haulle. col. Son fre- te accompagné des enfans du Rat, dela : Nation Huronne & des Chefs Hutaousks fvivoient le corps , & Madame de Cham- pigni , Monfeur de Vaudreuil Gouver= neur de Montreal , accompagné de tous les _ Officiers, ART la marche. Aprés que le Service fut fait , les Soldats & les Chefs de ouerre firent FA décharges de fuñils. Quand on l’eut inhumé , ils'en firent un troifiéme en défilant, & l’on mit fur 14 : fofle cette Infcription, | Cy git le Rat > Chef des Hurons, Un heure aprés que les Funerailles fu= gent faices, Joncaire qui eft fort confide. ré parmi lès Hurons , attendit qu'ils fuf- | fenr rentrez dans leurs Cabanes; il alle à. Ja tère de cinquante-trois lroquois de la mohtagne de Montreal, leur faire {on compliment particulier far la mort de . Jeur Chef. : I leur parla par un Soleil de porce: laine, foûtenu de deux Colliers, Le Soleil s’étoir éclipté , dit-il, & je le fais reparoïtre. Il eft vrai que le CHeE des due eft dans la terre, mais fon elprig ) 36 Frifoire des Murs regne encore avec vous, Songez qu ïL à. -toûjours été fidelle à la-Nation Françoile . par un attachement inviolable à à tout ce : .qui la regardoit , il eft inutile de rappor-! er les actions qui !” ont rendu recomman- dable ; ; comme vous ne.faites qu'un mê-. me efprit avec nous, que cette perte ne. vous éloigne point: de mêmes fentimens -qu'il avoit pour nous. Je vous réünis tous par ce Soleil qui eft fufpendu de ces deux : ‘Colliers , & je vous attache étroitement avec nous. Écoutez toûjours Orontio » comme vous avez fait jufqu'à prefent 3 & foyez- lui toüjours fidelle, | Les Hurons de faint Jofeph demande. ent Audience le lendemain, & voici de quelle maniere Quarante. {of s'énonça. Tu nous avois propofé de laiffer ici les _Efclaves que nous r'avons amenez, jufqu’à | ce que les Iroquois nous cet dent. les no. res, jece dis de la part de nôtre Nation. À ‘que nous voulons bien que tu les remet. tes entre leurs mains , fans attendre le re- zour des notres. Tu dass par-là être con. vaincu de l’eftime & de la confiance que nous avons en toi; fi les Iroquois en, ufoient mal avec toi & avec nous, qu'ils $ ‘imputent à eux-mêmes leur madballe Foi, ‘nous fcaurons bien le leur faire ref- fenvir dafs l'occafion ; au refte fi ils les don. Maximes des Iroquois. 2137 donnent au François que tu envoyeras chez eux; nous aimons mieux que tu les envoye Made au détroit des deux lacs , que le Commandant aura foin de ous envoyer pour éviter un plus grand embarras. Jean le Blanc voulant trop prendre [ed interêts communs, fit un difcours qui ne plût pas nd CR aux Hurons. Comme nous fommes ici, dit-il, de differentes Nations, enfans d dé nôtre Be re, & quoique les hommes foient fou- vent de differens fentimens, les Hurons que voici, & nous Outraouaks , nous ne faifons cependant qu'un même corps nous te demandons, mon Pere, que nous n’emportions point d'eau de.vie, à cau- fe de la maladie qui regne parmi nous. Les Hurons reprirent , dequoi te mé- les. tu > nous Phaudans nous autres à notre Pere de permettre que nous en faf- fions notre provifion pour notre retour. Enfin le dernier Confeil fe tint l’aprés- dinée par une Audience que les Iroquois demauderent : Ils eurent dequoi méditer pendant quelques jours fur l'incertitude où ils étoient de la décifion de Ja Paix, & quelque fiere que foit cette Nation Dale liqueule, e elle craignoit fort que l'on ne ramenât _tous es Ælclaves qui duroient Tome 177. X 2»%8 . Hiffoive des Mœurs couru grand rifque d'être brûlez, Te: kaneot parla donc au nom des quatre Na- tions. Nous avons apris , mon Pere, que tes Enfans t'avoient remis nos neveux entre les mains qui étoient Efclaves chez eux , que vous êtiez convenus enfemble | de Les garder fur ta natte jufqu'à ce que ous t'euflions ramené les leurs. Cette propoñtion n’a jamais été faite depuis que le monde eft monde, Garde.les puifque tu le veux. Nous nous en retournons , & fous ne penferons plus 2 à EUX. Cependant fi tu avois voulu nous donner Joncaire notre fils, & nous remettre fans difficul- té nos neveux , chacun fe feroit plaifr de te rendre tes Alliez, & on n'auroit point lieu de Le méfier dé ta fincerité. Le Chevalier de Callieres leur dir qu'il verroit cela ayec fes Alliez, mais que cet. te propofition étoit trés- difficile 2 à leur ac- : corder, Ilenvoya querir les Hurons, Gu- taouaks & les Miamis, aufquels Fi com _muniqua ce qui s'étoit paffé. Ils répondi- rent qu'ils confentoient la liberté de leurs Efclaves s'il | e jugeoit à propos ; mais que fi les Iroquois n'executoient point jeur parole en les Lemertant à JTE à ils n’auroient rien a fe reprocher , & que leur peu de Foi tourneroit à leur con- falon. & Maximes des Jroguois: 239 On difpofa toutes chofes pendant deux jours-pour l'aflemblée generale ; on fit ve- nir plufieurs femmes Sauvages qui ac- commoderent des Colliers: On couvrië encore la mort d'Houatfaranti , le plus confiderable de la nation Huronne , a- prés le Rat. Ses obfeques ne fe firent pas tout-a fait avec la même pompe : plu- fieurs autres moururent auffi. Æ Les Hurons paroifloient les plus mal- traitez de cette maladie, qu'ils regar- doient comme un fleau, &c ils s'imagi- noient tous que nous avions jeté un for£ fur eux. Quelques Chefs vinrent trouver le Pere Anjalran avec un paquet de Ca- ftors, pour le prier d'engager Meñieurs de fainc Sulpice d'éloigner d'eux le fort qui les defoloit. Nous admirämes dans certe trifte conjoncture la mifericorde du Sei- gneur , qui a permis que tous les mori. bonds mouruflent avec le Baptème, Les mouvemens de la Grace parurent âvec éclat. Car ces nouveaux Chrétiens n'étoient pas plû:ôt baptifez qu’ils don- noient des marques d'une Foi vive , en émbraffant à la mort le Crucifix, avec des fentimens pleins d'amour & de rendrefle pour celui qu’ils n'avoient pas bien connu. Les pleurs ayant ceflé, & les affaires affez bien difpofées, on deftina le quasre À 2 | | Sn : 240 ÆAiflore des Meurs | ‘Août, pour la conclufion de la Paix. Ce fut dans une belle plaine hors de la Ville, où l'on ayoit fait une enceinte de bran- ches d'arbres de cent vingt-huit pieds de long fur foixante & douze de large , avec une allée tout aurour de dix pieds, Il y avoit une Sale couverte de feuilles , de vingt- neuf pieds de long & de vinet cin de large, qui regardoit en face toute Ia Place. sk | Plus de mille Sauvages s’afflemblerent avec tous les Députez. Chaque Nation s’étoit mife à part pour un grand ordre, & les Soldats environnoient le Camp. Tout ce qu'il y avoir de perfonnes de qualité & de Dames , ne manquerent pas de fe rendre dans cetre fale. On a- voit dreffé de perites fourches de bois à PFentrée , fur lefquelles on avoit mis une tringle où écoient fufpendus trente & vn Colliers de porcelaine , pour autant de Nations. CR _ Le Chevalier de Caïilieres fit l’ouver- ture , il leur déclara que n'y ayant l’année pañlée que des Députez des Hurons, & des Outaouaks,lorfqu'il cermina [a Paix , il avoit jugé à propos d'envoyer le Pere Anjalran pour inviter toutes les Nations de députer de leurs Chefs , afin de rati- | | fier ce qui avoit été conciu entre eux feu- OS A ‘4 A À hr gi y ESS \n- à ne ATEN roux SE 1 ) 1) à À NT D VE « 1 4 # ‘4e oo EE n A: 2e “ “ TD) NN NN CR .. 3 TRE RAA ‘1 LOMME OURS EC 4 LA \ __ & Maximes des Iroquois. 247 lement. 11 leur témoigna la joye quil a- _ woit euë de leur arrivée : 11 Gta la hache à tous, faifant une profonde foffe , afin que perfonne ne rehauffât la hache ; que s’il arrivoit quelque defordre , l'offenié s’adreflât à lui, qu’il feroir faire fatisfa- étion ; que fi l’offenfant étoit defobeif- fant & irraifonnable il fe mettroit avec l'offenfé pour mettre l’agreffeur à la raifon.… Lors qu’il eut expliqué fes fentimens , par la lecture qu’il ft d’un papier. Le Pe- re Bigot qui en; avoit une copie en ex- pliqua le contenu mot à mot aux Abe. _maguis & aux Aloonkins , le Pere Garnier aux Hurons , le Pere Anjalran aux Ou _taouaxs , Peraut aux Iflinois & Miamis.. & le Pere Bruyas aux Iroquois , qui tous _ firent les cris de confentement de Netien, “&c afin que ce que l’on venoit de leur dire fut une Eoi inviolable , on diftribua ces trente-un Colliers aux Chefs de chaque Nation. Nos Alliez parlerent enfuire ; je vous raporterai feulemenit les paroles les plus confiderables qui fe foient dites. Haflaki Chef des Culs-coupez, en robe de Caftor qui lui traïnoit jufqu'à terre . une branche de porcelaine & un Collier à la main, marchant d’un air majeftueux à la tête de quatre Iroquois fort bien- faits, qui aydient Les yeux baiffez. Il les NS : 342 Hifloire des Moœurs fit d’abord mettre à fes pieds , en abor: . dant le Chevalier de Callieres, & parla: ainfi. Voici nos Prifonniers que tu nous as demandé, que nous te prefentons. Je les délie puifque tu le fouhaite , par certe: branche que je te donne, ils font à toi prefentement , puifque tu leur donne la hiberté de s'en retourner dans leur païs, je les regarde comme mes freres. Voici un Calumec que je leur donne afin qu'ils. fument avec moi, Que les Nations Iroi _quoifes fachent { en fe tournant de leur côté , } qu'il n’a tenu qu'a moi de les manger , & que je n'ai pas fait comme eux : qu’ils fe fouviennent donc en mé: me-temps lorfqu’ils nous rencontreront dans les Partis de chafle , que nous avons regardé ceux-ci comme nos freres, & nos propres enfans. Ils nous ont obligation de la vie, ne faifons d’orénavant qu'une même chaudiere. . M On porta ce Calumet à Tekaneot qui le recût, les Iroquois remercierent en même-temps Haflaki & les Culs- coupez. par quatre cris que fit un Chef de chaque Nation. Quarante- fols environné de huit Efclaves, s'approcha enfuite-& dit : Toi qui eft le maître de nous autres ;, tu vois que nous n’agiflons que par toi, eu nous as envoyé porter ta parole. Nous, « NE + _ à 7 A # d G Maximes des Iroguois.. 243 fommes venus voir ce que tu fouhaitois ; nous t’avons dit tous nos fentimens , fais de nos corps ce que tu voudras. Nous avons hiverné avec les Miamis. Sachans donc ta parole, nous nous fom- mes dépouillez de ce que nous avions, pour les engager à rendre Îles Efclaves Iroquois en donnant des chaudieres , des fufñls , & des couvertures. Nous leur a- vons dit, qu'il étoit de confequence de décendre < avecnous, Nous avons crü que les Iroquois auroient agi à notre égard comme nous l'avons fait avec eux , & ., nous avons été furpris de ne pas voir les notres. Ecoutez-moi bien, mon Pere, & vous Iroquois. Jene fuis pas fâché de faire la Paix, puifque mon Pere le veut. Voila que je “délie mes Colliers, (en les jettant à terre , & fe toiréantidt côté des Iroquois ) je veux vivre en Paix avec mon Pere &æavec toi, je veux que la ter- re foit toute unie, & que la chaudiere . foit encore toute entiere... Jean le Blanc tenant un. Collier à !a main produifit une Iroquoife & un hom- me : Je t'ai donné tout ce que j'ai, & je n'aime rien quand mon Père me démande quelque chofe ; ; mais je veux abfolument mon corps , parlantdes Outaouaks qûi . font chez. Les. Iroquois.. Je n'airien.à te’ 244 FHiffoire des Murs dire, preuve que je fuis ta volonté, c’eft que nos gens ayant pris des Iroquois, je les ay retirez avant qu'ils ayent été mal- traitez. J'en avois deux que j'ai remis au Pere Anjalran ,que tu as renvoyé chez eux à fon retour. Prend ceux-ci , & il jetta fon Collier à-tetre. bte Chingouefli marchant , un Calumer d'une main & une branche de porcelaine de l’autre, dit : R Mon Pere je vois que tu reçois aujour. d'hui les Iroquois qui fe font bien écartez: Nous nous racommodons aufli avec eux, Ce Calumer queje leur donne eft une preuve qui doit les perfuader que nous: voulons vivre d'orénavant avec eux d'in- telligence.. Rp A Chichixatalo fuivi de deux Iroquois & de trois femmes, qui paroifloient fort tri- fes, marchant d'un air à imprimer du: refpect , parla ainfñi. Je viens vous pre fenter aujourd’hui les Prifonniers que j'a- , vois deftinez pour le feu ; mais le Frane Gois qui nous a expliqué votre penfée ;. nous a fait déliberer de vous en faire ab: folument le maître. Si j'avois eû des ca- nots , je vous en aurois amené un plus grand nombre |; comme je vous l'ai déja témoigné. Nous en avons encore ;: & je , @ ÆMaximes des Trogquois. 214$ fais prêt à leur ouvrir les poires. Je vous _avouë que j'ai un cfuel reflentiment con- tre les Iroquois qui m'ont brûlé mon Fils il y a quelques années, le fort de la guer- re a voulu qu’il fur prifonnier; mais de l'a- voir fait mourir, parce qu'ils favoient que il toit mon Fils, j'avoue que j'ai été vi- vement touché , cependant j'oublie tout aujourd’hui.: 14 - Helas, mon Pere ! je n’ai point d’au- te volonté que la votre. Si j'ai des oreil- les c’eft pour écouter votre parole , & ma langue expliquera a ma Nation vos fentimens. ai un cœur que je vous prie de joindre au votre , & dont je vous laiffe entierement le maitre. Quoique les Sioux m'ayenc tué . & qu'ils n’ayent pas pavé mes morts, j'ai fermé mes œils , & j'ai bouché mes oreilles de ce côté là, des le moment qu'on eft venu me parler de ta part, je ne veux pas faire comme les Jroquois qui n'ont pas obeï à ta voix, quoique je n'entende pas leur langue , je veux manger aujourd'hui avec eux, comme sls étoient mes freres. : Ounanguicé qui parla au nom du Chef des Miffiflagez , que quatre Efclaves fui- voient, vint parler pour lui, Il avoit un tour de cêce d'un jeune taureau lIflinois, dont lescornes lui baroient fur les oreilles, ! 246 Fiffoire des Murs D ns le momerit qu'il voulut parler , if l'ôta & dit au nom de fes Chefs, | Je fais honneur ; mon Pere, de me pre- fenter devant vous , vous en favez la rai- fon , à caufe du François que fa Nation avoit tué, & dont je vous ai parlé, on nous a infpiré de ramener les Iroquois que nous avons , je te les amene , & je les dés he en ta prefence, je te lés remets en- tre les mains pour en faire ce que tu vou- dras.. Jen ai encore d’autres que je fuis prét de leur rendre : Je fuis trop glorieux que tu me mettes au nombre de tes Alliez. Je ne veux faire d'orénavant qu'un corps avec toi. Reçois mon cœur ; qui ne foie qu'un avec le tien. Il parla enfuite pour les Pouteouatemis & prefenta fes Efclaves. Je n’ai que ces deux Efclaves,je me joints avec toi afin que toutes chofes foient fta- bles. Si tu leur donne la vie, fouffre que je meute ce Calumet entre les.mains de mon frere l'Iroquois , j'en ai gardé les plumets , & quand il me Îles fera voir je les lui montrerai & le bâton, avec lequel nous fumerons enfemble. # On porta ce calumet aux Iroquois qui remercierent par quatre cris, au nom des quatre Nations. A Mifkouafouath , Chef des Outragamis,, vint de l'extrémité de l'enceinte ,. fuivi @ Maximes des Irogmois, 247 £e trois Prifonniers. Son vifage é écoit peint de souge , & il avoit fur la tête une vieil- le Perruque poudrée , route mêlée, fans chapeau. Il s'en étroit fait un ornement pour fe mettre à la Françoife ; qui lui donnoit un air, outre fa laideur, à faire ri- re toute l'Afémblée . & voulant faire voir qu’il favoit vivre il en falua le Che- valier de Callieres comme d’un chapeau, Malgré le fang froid que l’on eft obligé d'avoir devant” des gens qui font d'un fi grand flegme , principalement dans une conjonéture auffi ferieule que celle-là, on ne püt s "empêcher de s'éclater de tire, & de le prier en même.temps fort ferieufe- ment de s’en couvrir. Mon Pere , dit-il, je ne vous rends pr d'Efclaves, parce que tous ceux que ’avois font échapez. Je n'ai pas beaucoup 4e différent avec les froquois , les tene- bres fe font diffipées , voici prefentemenr un beau jour que te Soleil nous donne aujourd hui , je regarde prefentement l'E roquois comme mon frere ; mais je fuis_ broüillé avec les Sioux. On ne voulur point toucher ce dernier article. Kifgatapi Chef des Maskoutechs , qui étoit malade, pria Haoualamek , Chef Ouragami, de venir parler pour li. = _ 248 Hiffoire des Mœurs Mon Pere, je ne fuis pas venu pat | moi-même, je {uis venu par emprunt ; pour moi je ne vous prefente pas d'Efcla- ves, parce qu'il y à long temps que je ne me bats plus avec l’Iroquois : le François que vous m avez Envoyé pour m'engager de venir écouter votre parole ; m’a regar- dé comme une Fille qui ne fe bat contre perfonne. T'ai laiflé faire les autres, & jai regardé, ileft vrai ,que nos Anciens fe . font battus contre eux. J’avois un Iro- -quois, je l'ai troqué pour éviter tous les embarras de te l’amener , & j'ai été feule- ment bien.aife de te venir voir, Pour moi, dit Paintage, Chef des Mal- hominis, j'en ai rendu un,il y a deux ans. Ouabangué chef des Sauteurs qui avoit un plumet rouge autour de la cêre en for- me dé rayon, dit: Je ne te prefente aucun Efclave, j'ai rendu d’ailleur: tous les Prifonniers que j'avois pris fur les Iroquois , accorde moi ton amitié. Sa Nation eft fort dans les” interêts des Iroquois; mais comme ils ne peuvent guere {e pafler des François, ils profitent d'un côté des avantages qu'ils tirent de nous , & ménagent en même- temps le plus qu’ils peuvent les bonnes graces des Iroquois. À Maligatouei chef Nepicirien, témoigna. P las D DD PAR AR PARTS à — La _ © Maximes des Troquois, 548 lus de joye que les autres, de la Paix. + Je fuis bien aife, dic.il,.de la Paix, _je vois bien que je pourrai dorénavant manger tranquillement fur ma natte, & que je chaflerai fans trouble, Ounanguicé Chef des Alzonkins, jeu- ne homme extrêmement bien-fait, habil- lé à la Canadienne , avoit acommodé fes cheveux en crête de Coq , avec un plu- met rouge qui lui venoit derriere la tête, Il approchà d'un air aflez deliberé, & dit : “Je ne fuis point un homme de Confeil , j écoute ordinairement ta parole : Voici la Paix , oublions le paflé, Son difcours , quoique fort court, difoit beaucoup. Ce fut lui, avec une trenteine de jeunes Al- gonkins , dent le plus âgé n’avoit pas plus de vingt ans, qui finit la guerre par le coup qu'ils firenc [ur un Parti d'Iroquois qu'ils taillerent en pieces. La Chaudiere.noire, le grand Chef des Iroquois , la terreur de routes les Nations alliées y perit, il ne pût s'empêcher de dire en mourant, Fant-1l que mo qui a fait trembler route la Terre, je meure par la main d'un Enfant. : Laigle païla en ces termes, au nom de nos Îroquois du Saut faint Loüis. _ Onontio nôtre Pere, tu as fans doute de la joye de voir aujourd’hui tous te; en. Tome IF, } Y fo Hifoire dk: HER fans ot ici far ta natte, Tu dois ‘croire que Comme nous avons le bonheur d'être de ce nombre, nous La partageons avec toi. La promptitude avec laquelle tant de Nations différentes fonc parties des ex- trémitez de: ce vafte païs , le courage & la gonftance qu ils ont faié paroître à fur- monter la longueur, les fatigues , & les rifques du chemin pour venir entotidrs ta voix , marquent aflez la difpofition où ils font de la fuivre fidellemenr. Toutes tes vûëés font fi droites & fi raifonnables ‘ qu'il faudroit n'être pas homme pour re- fufer de d foûmettre. Tu dois donc croire que la diverfité de tant de langues qu ils parlent , non plus que leurs inte- rêts & leurs rédenrinens particuliers, ne fera nullement un obftacle à la bonne in- telligence dans laquelle tu leur ordonne de vivre enfemble à l'avenir. Ils ne fe_ ront deformais d'attention qu’ au defir que ‘tu a5 de lés rendre heureux, en arrétant les fuites funeftes de la guerre , par la | Paix que tu viens d'établir parmi eux. Pour nous quiavons l avantage de con- noitre plus particulierement, _& de plus prés qu'eux les veritables (éntimens de ton cœur, nous jettons volontiers fur ta parole La ‘hache , que nous n'avons prife É Maximes des Jroghoïf, 25 jue par ton ordre , ,& nous mettons à lArbrede la Paix que tu as dreffé de fi fortes & de fi profondes racines , que n'y les vents , n’y les orages , n'y aucun autre accident ne pourra le renverfer. Ce font- _ R les fentimens de con fils l'Iroquois du dau ant Loris, | 14.1 “e . Tfahouanhos , Orateur des Iroquois de la montagne de Montreal, ne fit pas moins paroïtre d’attachement à nos interêcs que * leurs voifns. Voici de quelle maniere il + Tu as affemblé route la Terre ici, pour faire un grand amas de haches. Pour _ moi je n'y en jette point : Il fe ctüt un moment, Vous robes.noires fe tournant du côté du Chevalier de Bellomone qui l:s gouverne , & de Mr. de faint Sulpi- ce : vous favez que je n'en ai point d’aw- tre que celle de mon Pere. Comme il nous porte dans fon fein, je lui rends la mienne, & je retire en même-temps ma main, puifqu'il jette fa hache. Au refte je me conjoitis avec toutes les Nations de ce qu'ils ont jetté la leur : Il n°y eut plus que les Abenaguis de faint François à parler. Haouatchouath dit |, mon Pere : Tw viens d'entendre parler tous tes Enfans. Il n’y à plus que nous à parler. Il n’eft pas neceflaire que nous le faflions dans | T2 - 2$2 Hiffoire des Mours Ne RON ET LE LS rlaUS Dee né EU! FF : re Æ . © + "à cette affemblée , tu nous connois il y a long-temps, tu n’ignore pas l’attaehement que nous avons toûjours eû à tés ordres. Onontso ton prédecefleur nous à enlevé la hache il y à quatre ans. Sache que le pre- mier qui la levera contre toi, nous la le verons Contre Jui... Enfin, Monfieur, les quatre! Nations … _Iroquoifes qui avoient toûjours été tran- quilles à écouter les derniers fentimens de tous nos Alliez , parlerent par la voix. d’Auenano, qui prefenta de leur part qua- tre Colliers. | Onontio ; dit-il , nous fommes ravis de tout ce que tu as fait, & nous avons é- couté ce que tu viens de dire, marque de cela voilà nos paroles ( en donnant qua- ” tre Colliers } pour t'affurer que nous fe- rons fermes à garder tes ordres. Pour ce qui eft des Efclaves que nous ne t'avons pas amenez, nous t'en avons fait le mai- tre , & tu les envoyeras querir. Hi falluc confirmer cette grande Allian- cé par quelque endroit éclatant, & pour Je faire avec toute la circonfpcétion poffi- ble, Meflieurs de Callieres , de Champi-. oni & de Vaudreuil , fumerent dans le. Calumet, que l’on porta enfuite aux Iro- quois & aux Députez de tous les Allez, { qui en firent de même, On lechanta, & eu: © Maximes des Iroghois. 253 pour cet effet trois François alternative- ment à travers de tous les Peuples, qu'é- toient aflis fur l’herbe , marchant en ca- dence , leur vifage es & le mouve- ment du corps qui répondoit à la vehe- mence de leurs paroles , marquoient aflez la cadence des Soldats ; apporterent pen- dant ce temps-là dix grandes Chaudieres dans lefquelles on avoit fait boiillir trois bœufs que l’on avoit coupez en petits mor- ceaux. On fit le Feftin qui étoit extrême ment frugal pour tant de monde , & on - alla allumer le feu de joye derriere l'Éclos au bruit des Boëtes, de la ae - & du canon, | Tel fucle jour heureux qui fut l'accom- . pliffement dé trous les travaux de feu Mr. le Comte de Frontenac, l'amour & les dé- lices de la Nouvelle France , le Pere des Nations Sauvages fes Alliez , "& la terreur de cette redoutable nation qui faifoit trem- bler toute l'Amerique Seprentrionale. Il a- voit porté le fer & le feu chez eux à l’âge de 74. ans, en 169$. Il les avoit forcez de lui dnandec plufñeurs fois la- Paix; mais comme il ne vouloit pas dboilaurer fes Alliez , il la leur refufa , il les forçca de con Doris à la fin qu'ils y * Ffent compris, Ils ceflerent tous Actes d'hoftilité en mil fix cens quatre-vingt dix huir, & fi lg Y 3 Î — SE -: Mifone des Maœnrs mort ne l’eûc prévenu cette année, qu À 1 4 | donna le repos à ce vafte continent , il auroit eû la fatisfaction de voir amener ge. neralement tous les Prifonniers fes ae qui avoient toûjours donné matiere à dif. ferer la Paix. Tous les Députez ratifierent la Paix en. mettant chacun leurs armes , qui étoient un Orignac , un Caftor , un Chut: sun Cerf, un Rat mufqué , & une infinité d' auetés animaux. Les marques d'eftime & d'amitié que J'on avoit témoigné jufqu’alors à tous nos, Alliez, auroient fait peu d'impreffion {uc . leur efprit , fi l’on n’en étoit venu en mé- me-témps à quelque chofe de plus réef: & de plus efhcace , pour reconnoître tous. les bons fervices qu ils venoient de nous : rendre, On fongea donc à leur faire les _prefens que l’on prépara dans les maga- | fins du Roi, : Aprés qu’ils fe furent repofezun jour ; on leur donna l’Audience de congé dans Ja Cour du Chevalier de Calheres, où ils _avoient amené tous leurs Efclaves, il leur . recommanda d’abord de conferver cette : Paix, ilexhorta les Hurons de la Riviere . de (ain Jofeph de s'établir au détroit des deux lacs , & aux autres de venir chafler vers cés quartiers, il encouragea sp Tim à x Éne o à (oc M aximes des I: rogmois . 2$$ €hichikatalo de raffembler routes les Na= tions Miamifes à cette riviere, afin de n'y faire qu ‘un feul. Labbiement .ilté- .moigna à Oùunanguicé & à Elouafen fon refflentiment de ce que Noenfa Chef des Iflinois. Kaskañas, avoit quitté fon Vil-: Jage* où étoit la Mifion pour s’érablir tous dans le Miffipi. Je croi, , Monfeur, que le changement eft arrivé par les in- trigues fecretes des François du bas du fleuve, il couvrit la mort du Chef des Iflinois qui venoit à Montreal, l'on apot- ta pour cet effer un capot, une chemile, & des mitafles, dont on chargea Ounan- guicé, qui avoit ordre de les envoyer à la Nation de ce Chef. On fiv faire la Paix en- tre les Outagamis & les Sauteurs. On couvris la mort de l'Oufagamis , ‘que ceux- ci avoient tué, par un Prefenr ue l’on donna au Pare. épic. On lui _prefenta le Calumet de Paix dans lequel il fuma : afin, dit.on, d’avaller la vengean- ce qu'il auroit pü en tirer. Ouabangué, Chef des Sauteurs, en fic autant, ainf l'alliance devint feel Je. Tous les Chefs des autres Nations fu- merent comme témoins de cette réünion. On diftribua les prefens qui confiitoient en poudre, balles , capots chamarez de dentelles de gallon “d'or, On en fit en par 256 Hifloire des Meœurs ticulier à ceux qui avoient pris nos inte: rêts avec plus d'attachement. Toutes ces: liberalitez furent faires aux dépens du Roi. Tous les Députez prirent enmême- temps congé. Voici leurs dernieres pa- EOPESA DEN Quarante-fols dir, 1] y a quelques an- nées que la hache eft arrêtée , nous l’avons. _mife ces jours ici dans le plus profond de la terre, faifons donc palfer une riviere par deffus , afin qu'on ne la reprenne plus de part n'y d'autre. Quiconque le fera de fon Chef, tires-en vengeance. Nous te remercions de tes prefens. Nous confer- vons pour toi tous les mêmes fentimens que noust'avons témoigné jufqu’à prefent, Haflaxi vint enfuite. Voila les Prifon- niers que tu nous as demandé que nous te. prefentons pour la derniere fois. Ils fonc à toi prefentement , tu leur as dit dans le Confeil general que tu leur donnerois la * vie , puifque tu leur permets de s’en re- tourner dans leur païs, qu'ils fe fouvien- CAT À M CRE à RES «2 = > TRES nent en même-temps lors qu’ils nous ren- w contreront dans nos Partis de chaffe , que nous les avons repardez comme nos fre- res, & comme nos propres enfansils nous ont obligation de la vie, ne faifons d'o- | -rénavant qu'une même chaudiere. Jean le Blanc fit un grand difcours. Te 14 r Hs Fr ne Ve : G Maximes des Iroquois. 257 parle, dit-il, au nom de toutes les Na- tions Ouraouakfes & des Alliez, qui fe. font aflemblez dans ta Cabane pour écou- terta voix. Il ef inutile de ve repeter,mon . Pere, que nous l'avons fait par celle du Pere Anjalran, puifque nous fommes ve- nus te voir. Prie le Maître de la vie qu'il nous conferve dans notre voyage, qu'il diffipe nos maux de tête & d’eftomach, afin que nos Parens nous voyent tous con- tens , ils ne croyent pas qu'on ait voulu nous faire mourir. Ce Chef regardoit le Chevalier de Caîlieres, comme un Jon- gleur qui jettoit un fort, pour le retirer * quand il le veut. Le rhume qu'ils avoient tous étoir fi violent’, que l’on étoit touché de les voir retourner dans cet état, Voici un Collier de porcelaine, conti- nua-t'il, que je te donne pour le Pere Agjalran. Depuis que deux Maringouins l'ont piqué, nous ne l'avons plus vû à Mi- chilimarinak. Il vouloir dire depuis qu'il: fut bleflé de deux coups de bâron ; dans un combat que Mr. de Denonville livra aux [roquois il y a plus de treize ans. Nous l'eflimons, & nous avons toûjours remarqué qu'il prenoit nos interêrs. Comme il commence à avoir quelque âge, nous te demandons Perrot qui foit fon “foutienr , afin qu'il puifle lui aider E Hair des s Atoipié À 0 dans toutes les occafions où nous aurôns! befoin de lui. Je nete demande qu’uneh grace en quittant ta natte, d’ empéchers que l’on ne vende de l'eau de vie, à quis que ce foit de es Alliez. C’eft üne boiflon! qui nous gâte l'efprir. Fais en-forte que) l'on puifle éviter tout. | Je te priérois volontiers que fi quelque 4 François venoit we hazard en apporter. à" Michilimakinak ,: | nous für permis de le. piller , afin qu'il ne vienne point renverfer. y efprit de notre Jeunefle. Je te dis adieu mon Pere, & # reviendrai te voir |’ année} qui vient. ” pour toutes les: Nations , M avoir de mn mandé l'avis particulier aux Hurons. Que veut-il dire, repartit ce Chef entre fes dents, de piller l'eau-de- vie que les Fran: çois pourroient apporter à Michilimaxi- _naK',ils ont bien la mine de piller eux- mêmes ce A0 ils auront, fous prétexte de l'eau- de-vie. La penfée de Quarante fols convenoit’ | aflez aux mouvemens de fon cœur ,il en: : troit moins dans l’inconvenient que pou- | voit produire cette vifire , qu'il n’avoit « gnvie lui-même & toute fà Nation d cn'# & Ac hvimes des Zroquois. 35 Æmporter, & il le fit paroïtre avec affez de finelle, puis qu'ayant laiflé partir tous les Ouraouars que l’on alia excorter à plus de - huit lieugs. Il reprefenta à à fon départ qu Fil étoit bien obligé de ce que Monfieur de Vaudreuil é évoit allé reconduire les Alliez, & qu'il le prioit de ne faire aucun déta- chement de fa garnion à à fon fajet, par l'apprehenfon où ils étoient que le mou vement ne dérangeât peut-être les affai- res particulieres du Gouvernement. On ne jugea pas à propos d’acorder encore ag ma Nation & celle du fond du lac Huron n'oublieront pas ce que tu as fi heureufe- ment achevé, la terre eft tr pre fentement. à L’Arbre de Paix, se donc plait fur Ja. plus haute montagne , il faut que les I, 1 © roquois & tous tes Alliez jettent fouvenr les peux {ur lui. Vivons d’orénavant pai= fibles ; mangeons* ‘dans la même chaudie. re lorfque nous nous rencontrer ons à la. chaffe. | ST : Nations viennent troubler. ce beau jour , il faut quetu exige de Jui une fatisfaction entiere : Nous t'en re-. mettons la vengeance , tu | peux t ’aflurer que nous t'en laiflons le maître, [left bon. même que l'ofenfé te fafle es plaintes ;: tu y auras égard, & tu prendras le cale -: tête en fa faveur , de peur qu'il ne le faïiek de fon propre nd 1 Chichixatalo touché de la joie qu'ils AVOIE @ Maxumes des Iroquois. .26x avoit que tout toit paifble fur la terre, finit l'Audience. "4 Mon Pere, dit-il, je fuis ravi de voir l'Iroquois réüni avec nous autres, Mon Pere j'apprehende une chofe , qu'il ne vous trompe ; car fouvent il m'a parlé de bouche, mais fon cœur ne correfpondoit pas à fes paroles. J'ai de la joye de ne plus entendre le bruit des armes qui fe choquent les unes contre les autres, pour venger l'infulte qu'il nous faifoit. C'eft donc aujourd'hui que le Soleil éclaire ; que la rerre va être unie, & que nous n'aurons plus de querelles. Quand nous nous rencontrerons , NOUS nous regarde rons comme freres, & nous mangerons Je même morceau enfemble, Je me cour ne du côté de l'Iroquois & je lui parle (il n'y avoir pout lors que les Prifon. mers, } la paix fe fair en préfence de celui qui a creé le Ciel, la terre , & à qui rien au monde n’eft caché. Ils peu- vent vous tromper, mon Pere, & nous autres ; mais ils ne le tromperont pas , car celui quieft le vrai Dieu en prendra la vengeance. Mon Pere, je vous prie de croire que j'ai l'efprit bienfait, Te ne fuis point comme mes freres les Outaouars . qui vous demandent d'arriver paifible_ ment chez eux , comme fi cela dépendoit ë Tome IF, ue: Ÿ de Ko ER La] FES 262 Hiffoire des Meœurs : de vous. Je fais qu'il n'appartient qu'à É Dieu de donner la vie ou la mort, & que s'il ne tenoit qu'à vous nous arriverions tous où nous fouhaitons d'aller ; mais à : l'égard de mes morts je n'en aurai aucun | crient Dieu en eft le maître, car . fil fouhaitoir m'appeller moi-même qui. vous parle , il y faudroit pafler comme les autres : Ainfi, mon Pere, je vous dis a-. dieu , peut- tre ne reviendrai-je jamais , | gar je me vois bien fatigué. Je vous prie de fumer bien paifblement dans mon ca- lumet , & de vous reflouvenir de moi. A- dieu mon Pere. Ce ne fut pas fans raifon que Chichixa- galo fit cet adieu qui devint éternel. Etant. mort huit jours aprés avec les fentimens d'un trés-bon Chrétién ; tout ce qui lui tint le plus au cœur, en mourant , fut. l'apprehenfon où il étoit que fa Nation. ne tirât quelque mauvaife conjeure de fa mort. Si quelqu'un, difoit.il, pouvoit. bien faire comprendue à à nos Alliez ce qui. s'eft paflé ici, je mourrois content. « _ Mais j'ai peur que quelque mauvais ef. prit n'aigriflent les chofes , & qu ils ne! groyent que Fon m'ait empoifonné, Tou-W te cette negociation fe termina le fepck Août, que les Iroquois demanderent leur” Audience de congé, Et voici , Monfei 4 _ © Maximes des Troquois. 36% _gneur , le refulrar de tous les Confeilss ._ PAR UN PREMIER CGELITER. Mes enfans les Iroquois, je parlai hier aux Sauvages des Nations d’enhaut, qui me reïtererent toutes les affurances qu'ils m'ont données en votre prefence , dans lAflemblée que je fis Le quatriéme de ce mois, qu'ils garderoient inviolabiement tout ce qui à été reglé par la Paix que yat faire avec vous, & qu'ils m'oberroient en toutes chofes. Je fuis perfuadé que vous en uferez aufli de même. Ils m'ont accordée vos Prifonniers , pour que j'eir file ce que je voudrois ; fur l# promefle _ que je leur ai faite que vous me renvoÿe- riez les leurs pour les leur remettre, fui- _ vant la parole que vous m'en avez don:- née. Ainf je veux bien vous les rehdre prefentement, à la referve de cinq qui ont voulu refter avec les Hurons, afitx que vous vous en retourniez tous con tens de moi , & je vous donne lé Sieur Joncaire comme vous Favez fouhaité . pour me ramener leurs gens, ne man- quez pas pour réparer la faute que vous avez faite en les laiffant 4 vos Villages , de furmonter toutes les diffcultez qui pourroient {e rencontrer parmi les Par- viculiers qui les ont, afin que je contente auffi mes Alliez en leur rendant inceflam- Z Z Me H ifoire des Manrs ment tous Maure Prifonniers, & leur fafe : connoîïître votre fincerité , pour q ue dés. 2306 cet Hyver vous puifliez chaffer bertle À tranquilement , & fans qu'ils ayent aucu- ne méfiance de vous. Je.vous redemande aufli le refte de mes François, afin que : les affaires foient entierement rerminées. PAR UNE BRANCHE DE PORCELAINE. Je vous ai déja fait dire par Theganif- _ forens & par le Pere Bruyas, que j'aien-. voyé rétablir le Fort que nous Pons autrefois au détroit. Que f il arrivoir quelque démêlé dans le temps que vous ferez à la chafle les uns les autres de ce côté là , fans avoir la peine à caufe de l éloignement de me ve- nir trouver , le Commandant que j'y ai. misspuifle vous proteger, & vous atcom- % moder ,en men MR RES compte ; come. me à fait celui du Fort Frontenae l' Hyver dernier , avec les Nations qui étoient à la challe aux environs ; aufquels il envoya dire de ma part de ne vous ÿ pas trou _ bler , afin que ce foit un moyen de main- cenir la Paix. D'ailleurs quand vous vou- drez aller au fort du Détroit, vous y fe- rez bien rEçüS , & y trouverez les mar- chandifes à un prix raifonnable. PAR uN SECOND COLLIER. & | | A Je vous ai fair dire auf par les mêmes” Maximes des Troquois. 265$ ‘que fila guerre recommençoit entre nous & les Anglois, où les ennemis, vous per. fiez à ne vous en point mêler. Je vous le *.repete encore , en vous repetans par ce Collier, qu'en cas que la guerre arrive vous demeuriez paifiblement fur vos nat- tes , fans prendre aucune part dans nos démèêlez ,; parce qu'autrement ils vous engageroient de nouveau à là guerreavec moi & avec tous mes Âlliez, qui vous boucheroient-le chemin de chez vous ici... & dans tout votre établiffement , qui vous eft prefentement libre, pour aller & ve- air chercher vos neceflitez. me à PAR UN TROISIE ME COLLIER. Vous m'avez fair entendre que les A< niez décendroient ici par le lac Cham _ plains pour être prefens à ce que je regle. rois avec vous : cependant comme je ne les vois point arriver , je vous recom. mande de les y faire venir inceffammence pour être compris dans tout ce que nous “venons d’arrêter enfemble, i . Je ne veux pas vous laïffer partir, vous autres Chefs & gens de Confeil, Dépurez de vos Nations, pour venir ici fans vous: faire àchacun un'prefent , en reconnoiffan: ce des fatigues que vous avez efluyées: : pour vous rendre ici , ‘pour terminer en femble routes les affaires, hs 266 Hiffoire des Moœurs Nous vous remercions de l’établiffe: ment que vous avez fait au détroit, parce qu'allant à la chaîfe de ce côté-là , nous | “ferons bien aifes de trouver nos befoins.#: Nous ferions fachez que vous eufliez la guerre avec les Anglois ; parce que vous êtes de nos amis & eux aufli, cependant | fi cela arrivoit, nous vous laiflerions-en. fumant paifiblement fur vos nattes, com- me vous nous le demandez, ; Nous ferons favoir aux Aniez ce que vous nous recommandez , & nous leur marquerons le chagrin que nous avons eû: de ce qu'ils ne fe font pas trouvez ici: prefens avec nous. | | Les Aniez arriverent quelques jours. aprés le départ de ceux: ci, & aprés qu’on: leur eût fait le détail de ce qui aveitété conclu, ils l’approuverent par toutes for- : tes d'aplaudiffemens , & aprés avoir falué le Chevalier de Callieres , & Jui avoir fait leurs prefens & reçû les fiens , ils pri- rent congé de lui & s’en retournerent fort: | fatisfaits de leur voyage. Je fuis avec uns profond refpeét , | 4 MONSIEUR ;. 1 Votre trés-Humble,&es Fr & Maximes des Iroquoss. 267 ent oG Rés spEée œhEDRe shEDRe LETTRE DE Mr. BOBE, | MiIssIONNAIRE. A Monfieur Kaudot Intendant general des C laffes , ci: devant In- tendant de la Nouvelle France.’ 4% J Ous voulez, Monfieur , que je vous / dife mon fentiment fur le manuf- crit de Monfeur de la Potherie ,que vous: m'avez donné à lire ; j'aurai l'honneur de- vous dire , Monfieur, que l'ayant là avec grande attention ,. j'ai été furpris qu'il ait: fi bien rempli un deflein dont il me pa- rotfloit qu’il étoit diffcile de venir à bout. H faut certainement qu'il fe foit bien don- né de la peine de s’inftruire de tource qui: étoir neceflaire pour débroüiller tant d’in- trigues d’un fr grand nombre de Nations: Sauvages, & par raport à leurs interêts & par raport à ceux des François ; il m'a té- ..moigné qu'aprés avoir connu par lui-mé- me le gouvernement du Canadaen par- ticulier, dont il en a fait une Hiftoire qu'il a eû l’honneur de dédier à fon Altefle Ro- ‘yale Monfeigneur le Duc d'Orleans il MST 2% : - LEE, | + v4 268 Hiffoire des Murs _avoitvoulu penetrer à fix cens lieues par: delà , mais que fa fanté & fes emplois rie lui ayant pü permettre de parcourir cette vafte étenduë des païs, il s'étoir contenté. de lier amitié avec la plufpart de tous les: principaux Chefs des peuples Alliez dela nouvelle France , qui décendoienttousles ans à Montreal pour faire leur traite de .pelleteries, Il s’étoit d’abord fair uñ Plan de l’Hiftoire prefente ; il n’a donc pas eü de peine dans toutes les converfations qu'il a eûës avec eux de connoître leurs. Mœurs, leurs Loix, leurs Coûtumes, leurs Maximes, & tous les évenemens particu- liers qui fe font pallez chez eux. Le Sieur Joliot n'ya pas peu contribué, car pendant les Leçons de Geométrie qu'il Jui aprenoir, il l’inftruifoit de tout ce qu'il avoit vû & connû chez ces peuples. Les . Peres Teluires qui étoient fort de fes amis Jui ont été fort utiles. | | Le Sieur Perrot qui eft le principal Acteur de tout ce qui s'eft pafié pendant plus de quarante ans parmi ces peup'es, la informé à fond, & aveg la plus grande exactitude de tout ce qu'il raporte. Mon- fieur de la Potherie à qui j'ai témoigné | être furpris qu'il et pü avoir une con- noiffance fi diftinéte d’un fi grand nombre de: faits &"mettre en ordre ant de cho L & M aximes dès Iroguois. 26 {es f embroüillées , m'a avoüé que toutes ces perfonnes lui ns été d'un trés- grand fecours , qui Les queftionnoit par ordre, par rapport À fon déffein ; qu'il mettoit aufli tôt en écrit ce que ss Sau- vages lui avoient dit , qu’il les lui lifoit afin d'y faire les une convenables, & que c'eft par ces foins qu'il eft forti de ce labirinthe. - Je vous avouë, Monfeur , que j'ai là . avec plaifir ce Manufcrit, & que j'y ay apris ce que jen’avois vü dans Lahoutan, dans le Pere Hennepin , ny dans tous Les autres qui ont écrit de la Nouvelle Fran- ce. Je croi que tout le monde le lira avec la même fatisfaion. On y aprendra com- ment en 1667. un Subdelegué de Mon- . fieur Talon Intendant du Canada, affem= bla au Saut fainte Marie les Chefs de tou- tes les Nations des Lacs, & de quantité d'autres Nations du Nord & du Sud; & -que là en leur prefence, &: de leur con- féntemenr , il prir polleffion des Lacs & de tous js vaftes païs au nom du Roi : qu'il planta un Poteau auquel il attacha les armes de Sa Majefté , & que toutes ces Nations reconnurent le Roï pour leur Pe- se & leur Défenfeur. On y verra l’incli- nation de tous ces peuples pour fa Na- tion Françoife, on y admirerala PARAENEE Î } Un “470 Hiffoire des Meœnrs & l'adrefle des François pour ménhagef . les efprits de ces Sauvages ; & les retenir : dafis notre alliance , maigré routes les in- trigues des Anglois & des froquois leurs Emiflaires , qui faifoienc cous leurs éforts pour les rendre nos ennemis , où pour les engager à {e faire la guerrecontreeux, | & par ce moyen les mettre dans leurs interêts. On fera furpris de la hardiefle & de l’intrepidité des François , qui vivoienc parmi ces barbares qui tous les jours les menaçoient de les faire biûler & de les tuer. On reconnoïtra que ces peuples que Fon traite de Sauvages font trés braves , bons Capitaines , bons Soldats, trés fages & trés-rafinez Politiques , adroits , diffi- mulez ,entendant parfaitement leurs in- terêts , fachant bien venir à bout de leurs deffeins, Enfin que les François & les An- glois ont befoin de route leur adreffe & de tout leur efprit pour traiter avec eux. | _ Vous voyez pat là, Monfieur, que la Jeéture du Livre de Monfieur de la Po- :: therie fera agreable au Public, & qu'elle ne fera pas inutile à ceux qui fous les ordres du Roi. ont foin de ce qui regarde: la Nouvelle France , puifqu’il leur feræ connoïtre qu'il eft de la derniere impor- tance de prendre toutes les mefures con: M € Maximes des Troquois. 217t venables pour empêcher que les Anglois & les Iroquois ne débauchent les Nations Alliées des François , où ne les engagent à fe faire la guerre les unes avec les au- tres que pour ruinerpar ce moyen notre commerce , & nous obliger d'abandonner le païs , afin de s'emparer de l'un & de l’autre. 4 BOBE’, MissionNAIRE, Frs du quatrième © dernier Tome, dr AUS DA nt AN LE 25 Loc ANR AA CE à MES = PORT Es PR 2 At TABLE. DES LETTRES! C ONTENUES DANS CE IV. TOME LETTRE, 1 Eljorhathä svon Chef, Troquois de La | montagne de Montreal ; eft fonpgon- né de trabifon par les Colliers dont il eft chargé de la part des cinq Na- tions Îroguoifes, Differents Partis en campagne conire des 1 roquois. Quincon de Saint Ours , ( Oncle à la mode . de Bretagne de Madame la M aréchale de Tallard , Commandant des Troupes d'un détachement de la Marine, arrête les srruptions des Iroquois [ur le flenve fant. Laurent. Neuf cens guerriers Outaouaks font de granas aise SAR, les Jroquoss. G da | E PRIBLE'DES LETTRES. Grands éclairciflemens à Michilimakinak, entre les Outaonaks © le Commandant François. Andsence à Noskatin Chef de vingt deux Villages. Scowx » qui vient faire Alliance avec le Comte de Fronrenac. Képonfe au Vice gouverneur de Po par Oufanmihouez, © Ekefimbramer, Chifs Abenaguis. Le Comte de Frontenac donne Audience à plufienrs Chefs de fes Allier La Durantaye Capitaine; défait les Iro- guois au lac Champlain: Æes Iroquois du Sant envoyent prier les Ontaonaks de Venir voir bréler un pri- Jonmer Iroquois, pris par la Durantaye, page Le MALE TR E. CArrabtio Ambaladenr Iroquois demande oder Pas: Oraxelté Chef Oneyout, médiateur de La Paix , s'offre pour orage. Le Comte de Frontinac donne ordre aux préparatifs de la guerre contre les Jro- “guois , nonobffant la nenville de la Paix autre la France. & l'Angiercrre. Grande conffernation parms les cinq Nas Tome IF. À à EMCEUT PTIT < TABLE Los tions Iroquoifes, de la mort p redontaù ble la Chandiere Noire » tué par des Aigor Rins. Mort du fidelle Anriouaë ; Auteur des dernieres guerres des. Irogmois. Les Iroquors font choquez contre le Cheua- | lier. . B ellomont General de la Nouvelle Angleterre; qui vent les regarder com | me fujets de la Couronne. | Different du Comte de Frontenac avec ce » General fur ce fujet. 02. X EL : EE TITRE: 4 Les Iroguors ayant apris la mort du Com- te de Frontenac > different de conclure | da Paix. : l Le Pere Bruyas Tefuite va en Ambaadel chez les Iroquois. Ambalade des Troquois pour traiter de } À Paix. Le Pere Amyalran Iefuite va an païs des à Ontaonaks , pour les engager d'amener les Eftlaves Iroquois ; ©’ de fe trouver am Confisl gencral de la Paix. x | Littre du Ro d'Angleterre ay Chevalier L de Bellomont ; Gouverneur er” de. da N onvelle Angleterre. ‘ss | 4 du Du à DES LETTRES. AURIF LETTRE Toutes les Nations Alliées de la Nou- velle France tiennent des Confeils ge- neraux à Montreal , 0% La Paix jt conclue. | 193 Æettre de Monfieur Bobé Afiffionraire ; A Morfieur Raudot Intendant gene- ral des Clafles, ci-devant Inrendant de La Nouvelle France. 267 Fin de la Table. r", Lo a M te Ed dun na" Le of "es 6, . k » ÿ à ra $ À sésessanes éssanees ROBATION. “48 F6 cA se 5 P Ts FF par ordre de abat J'oneur le Chancelier le pre-. F fent Manufcrit, & j'ai crü que l’impreffion en feroit agreable & uule au Public. Fait à Paris ce neuviéme de Juin 1702. FON TARA 1 L SEP 2 ARR