FROM THE LIBRARY OF REV. LOUIS FITZGERALD BENSON. D. D.
BEQUEATHED BY HIM TO THE LIBRARY OF PRINCETON THEOLOGICAL SEMINARY
Division ■ Seclio. SrP;
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SUIS SE,
5a Ton voit tout ce qui s'eft paffé de plus remarquable > depuis l'An 1 5 1 jufqu'ea l'An 155^., dans les Eglifes des XIII. Gantons, des Etats Coxfederez ^ qui compofent avec eux le L. Corps
Hel V E T 1 QJJE.^^^
P^r ABRAHAM RUCHAT^M. D. S. E. & Professeur en Belles Lertres dans l'Académie de Lausanne.
TOME QJJATRIE'ME.
A G E N E V E 5
Chez MARC-MICHEL B0US<^JET et CoMp,
M D c c X X V X I r,
SOMMAIRE
D U
NEUVIEME LIVRE.
I. /Commencement de Réformatisn j
dans le Pays de Vaud. Let- tre de G. Farel a'ti Afmiftre André, Fard prêche a Avenche 3 & court rif- que d'y être mal-traité. Lettre du Confe'il de Berne a ceux /Aven- che. Lettre de fEvêque deLm- fanne aux mêmes. Commencement de Réjormatïon a Avenche. Les Fri- bourgeois s'y oppofent, Difpure de Farel avec un Moine, Dépuration de Berne a Friùourg , & a Avenche,
II. Traite' de Berne avec Fii^ bourg fur la Religion de leurs Sujets communs. Commencement de Réfor- mat ion a Oibe. Un F, Mineur y prêche vivement contre Us Réformez i eft infulté p,:r un Réforme, Tumulte a, cette occafion. Farel y eft mal-reçu, Chef^ d'accufarionsj contre le Afoine, & (es Réponfes. Il efi condamné à prouver fa doctrine par [^Ecriture y & s'évade, Farel vouLm prêcher neft point écouté,
A 2 III.Fa-
SOMMAIRE
1531. III. Farel prêche enfin à Orbe^, mais eft troublé dans fa prédication. La Réforme y efi vivement traverfce par les Piêîres & par le Confeil j & fotitenu'e par leshtmo'is, Farelyprê-. che fix jours de fuite, Hiftoïre de P. ViRET, & i/^G. GrivaTj au-*, ire Ailniftîe, auffi natif d'Orbe. Excès des Réformez d'Orbe. Prémiére Ccne\ Réformée a Orbe. Nouveaux excès des Réformez» Commencement de Ré- formât ion a Payerne 3 vivement tra^ verfé. Députez de Berne a Avenche & a Paterne > tour y foutenir laRé^i formation,
IV. Granson. Farel y prêche^ & court rifque de la vie, Députa- tion de Berne, Nouveau tumulte caufé par le zélé impétueux de Fareh Réformation a Fye & en quelques au- tres Villages, Nouveau tumulte a Orbe. Hifloire ^^I. Hollard.
V. Retraite de quelques Rehgieufcs d'Orbe. Géiiérofité du Prin.e d'Oran- ge envers quelques Bernois. Nouveau tumulte & Nouveaux excès des Réformez a Orbe, Réflexions fur a fujet. Tumulte a Granfon , caufé pat les femmes Catholiques, Excès des Ré- formez de cç liçH la^ Difficulté erttrt
D U Liv. IX.
Be'rjÎe & Fribourg au fujetl des ydlages Réformez du Balli^ge de GranTon. Tumu-te a Orbe la veille de No'él^ caujé par les Catholiques» Autre A Novalle le jour de No'ely caufé par les mêmes,
R E G L E M E N s de Bemc & de j Fr. bourg , pour la Religion de leurs fu- jets communs. Soins des SAgneurs de Berne pour les Villages Ré former du BalUage ^^Granfon.
VI. Pays de Vaud. Son état à j r égard de la Rdigion, Moud on paje deux Comédies pieufes , plus chèrement que plufieur s Sermons. Lau- sanne. Son état ^ a l'égard de la Religion, L'Evéque fait battre de mauvaife monnoye. Mouv^emens a ce fujet. Invité a la Diète de f Empire ^ il s'excufe d'y aller. Il propofe en vain un Règlement contre la Réfomation, Difficulté entre la Fille & le Chupi* tre. Croifâde publiée contre les Turcs, L Evêque de Sybn e(l confacré a Lau^ [amie,
VIT. Neuchatel. Troubles d.tns la Ville & en quelques endroits du pays, au fujet de la Religion. Tra^ vaux de Fard, Le Lieutenant de Va- lengin y traverfe la Réforme. Soins A 5 des
s O MM A î U E
Ï S3Ï» ^'^^ Seigneurs de Berne pour les Re- fermez de Neuchatel & de Valengin. Hommage nouveau prêté a U Comteffe de Neuchatel, Réglemens nouveaux. Farel mal-traité a S. Blaife eft pro- tégé par les Bernois. Reformation a 4a Eole & a la Grate. Difficulté des Bernois avec la Comteffe de Neuchatel pour un Couvent,
VIII. Mouvemens pour & con- tre la F.éformation a Moutiers Grand- Val. Difficulté entre ceux de Mou- tiers & le Chapitre, Soins des Ber» fîois pour Ils Réformez- Le Chapitre efi protégé par l'Etat de Soleurre. Les Bernois règlent la Penfîon des A4':nifîres. Troubles au fujct d'une Eglife, Accommodement entre les parties. Nouveaux efforts des Bernois auprès des Chanoines.
IX. Genève. La Sentence de Fayerne neji pas exécutée. Alliance renouvelléz a-vet Berne Fribnurg. Néj^ociations dt* Duc pour rompre cette Alliance. On for-
I Ç 3 2 . ^ 'h^^ s. Gervais. Proportions des Bernois.
Réponfe conrageufe des Genevois. Vifions. Genève ejh en grand danger. Projet ac- co-inme dément rejetté par les Genevôis. Les deux Villes fe rtivifent oi faveur deGeneve, Négociations des Bernois en fa faveur au- près du Duc. Les Cantons refufent dt rc nouveller leur Alliance avec lui: Semcrv ce de Réformatim À Genève.
HISTOIRE
HISTOIR E
DE LA
REFORMATION
DELA
SUISSE,
LIVRE NEUVIEME.
Qui contient ce qui ejl arrivé dans la S u i s s £ R o M A N- Dfi, CAn M D XXXI.
^^^^ Andis que la Suifle Aile- ' Com* ' i| mAïide étoit dans le trou- mence-
\ -1 ble, dans l agitation & "^Fî^^
L. _ J dans les mouvemens de rration la guerre ^ h Suifle Romande y plus dans le tranquille, proficoic des foins & ^'^y^ des travaux de G u i l l a u m e A4 Fa-
8 Hîjlohe de la Reformât ton
I53Î.FAREL5 de Pierre Viret, I^C\.m- de quelques autres Miniftres ment^de ^^^^^ ^ pieux , pour recevoir la Rétor- lumière de la dodtrine Evangeli- mation que ; de forte qu'on vit cette an- dans le x-iQQ la Réformation s'introduire, 6c
de » Al 1
Va UD. ^ avancer rr.eme, dans quelques en- droits du Pays de Vaud , comme à ^veuche , à Paycrne , & fur tout à Orbe de à Granfon,
Fa.rel fe trouvoit à' ^^(3^'/?f au commencement de cette année. Se voyant fcul , ou à peu près, dans le Pays de Vaud, a prêcher l'Evan- gile , il écrivit pendant cette année, à diverfes fois en France » pour en faire venir des Minières 5 qui le fecondaflent dans cette œuvre importante : Mais il eut peine a en trouver. Il n'en pût guéres ob- tenir 3 que lors que la perfécution de France, les obligea de fedifper- fer. Il écrivit cntr'autrcs de Mo- rat à Strasbourg , à un Miniftre Fran- çois , nommé André', dit For- tUiiAt 5 qui cherchoit de l'emploi , mais qui en auroit voulu trouver un tranquille > où il ne fût point expofé à la perfécution. Fa- relj dis je, lui écrivit le 28. Jan- vier
de la SuijJe.LlV.iyi. 9
vier 15^1. pour l'encourager ave- 1531* nir dans le Pays de Vaud j mais fans lui promettre qu'un Miniftère fatiguant & peu lucratif. On ne - fera pas fâché, je penfe 5 de voir ici un fragment de fa Lettre, par- ce quelle pourra fervir a faire mieux connoîrre le génie de ces tems là.
Fous fouhaitez de favoir , ( lui dit- Lettre il , ) fur quel pie font ici les affaires ^-^^^^ du Seigneur, A U vérité , elles vont ^jp.j-e^^' affez bien , en comparaifon des tems André, pajfeZ' Plufieurs notent clairement les fourberies de l^ Ante-Chriff , & fon a d^ ailleurs une grande liberté de parler de Jesv S'C h r I s t. Mais fi l'on confidére combien il refte encore de ' chemin a faire y & combien les hum- mes font éloignez de la pureté , de [innocence y & de la charité , qui doit être entre les Chrétiens 5 que vous di* riez bien que tout va mal ! Il lui dit un peu plus bas: Cependant U faut que le laboureur vhe de ce quil A chez lià y tandis qu'il attend U moiffon , ce qui eft fort difficile main- tenant dans ce tems de difctce^ , où A ^ l'on * La difette étoit fort grande cette an- née là tn Suilfe, aii/Ti bien qu'en France. Voyez M^3Leraiiat l'aa is^i. p. in. ^lo.
lO Ht/loi re de la RJformation
1531. ^'^'^ /^^**^ 4î^o/r que peu et alimens Lettre pour be Mcoup d'argent. Mais je jai de Fa^el ijiie fi^fYe Pére Céh'fte n abandonne r ^"^^jj.^^" j^m^/j les fiens. Un peu plus bas André, encore : Ceux qui entrent dans cette carrière s'expofnt a une grande épreu- ve : Je ne veux pas vous promettre des Montagnes d'ory ayant éprouvé moi-même des chofes qu'on auro 't peine a croire de la part de bien des gensy qui m'ont tourmenté en diveifes ma- nières 5 Cefi pourquoi mon Fiére 5 fi vous connoiffez ^Jfcz bien Jésus- Christ pour pouvoir renfe'gner pu- l'ornent , fans ces vaines controverfes de l'Eau (a) ou diiPain (b) , ou des Cen- fes & des Dîmes (c) , en quoi quel- ques uns font confifier le Clniliianime > fans vouloir propof r autre ckofe , fmon que tous , aya-nt renoncé a toute impié- • té y & à toute injuflice 5 armez de la Foi 3 s'amajfcnt un thréfor la-haut, ou eft J E s u s - C H R I s T a la droite du Pére 5 payant a chaque Puijfance & au Glaive y ce qu'il lui doit , foit
Cenfes
{^)&(,c) Cela regarde les controver-- Tes des Anabaptilles.
{b) Cefl: la controverfe de la préfen. ce réelle du Corps du Seigneur dans rEuchaiiftic.
de la Suijfe. L i v. I X. XI
CcnkSi foit Dîmes; & cela non feu- 1531. Icment aux impies , fi leSegneur zeut Farel. que nous foions fournis a des impies^ mais auffi aux Seigneurs pieux» & même a ceux-ci avec une affection d'aU" tant plus grande , qu ils font nos Fré^ res , ne travaillant a autre cho^e qua planter une foi 5 qui fo 'it opérante par la charité: Difpojé ^ dis-je ^ de cette manière, & ne cherchant que les chofes qui font en haut y & la feule gloire de Jesus-Christ, vous pourrés vous mettre en chemin 5 animé a por^ ter la Croix qui eft a la porte. Vous ne devez fus vous attendre a du re- pos , mais a de l'occupation : Fous ne vous repoferex que quand vous ferez lasy & vous ne moijfonnerez point^que vous najez fcmé a vos dépens, [a)
Le mois fuivant Farel alla faire un tour à Neuchatel , pour revoir & édifier TEglife , qu'il y avoit Autres plantée : & de là il écrivit encore ^J^pX une féconde Lettre (le 1 2. Février) rel au
au même Miniftre ^w^fr/, dit For-^'?!^'^.^.
j , A Miniltre îunat , dans les mêmes termes >
pour l'encourager à venir en ce Pays. Mais il paroit par une Let- tre fuivantCj qu'il lui écrivit encore A ^ de
(«) Ex Epijîçlis Anecdot. no. XVII.
1 2 Hiftolre de la K.éfoY'tr,atiûn
1531. de Alorat , en date du i .Avril , q^ue Farel. ce Miniftre étoic arrê:é par deux confidérations : celle de fa femme qu il ne pouvoic pas quitter , & • qu'il ne vouioic pas expofer avec lui à la perfécution \ & celle de la difette j n'ayant pas apparem- ment du bien , pour pouvoir prê- cher à fes propres dépens. Farel répondit à ces deux difficultez. Dans la fuite ce Miniftre vint au Pays de Vaud , &c vers la fin de Tan ou au commencement de
Tan 1537. il fut établi premier Paf^ teur de l'Eglife de Cuïllj 6c de k ParoifTe de Fillette. II eut un fils, ou petit fils, nommé Nîcolus, qui fut Bourgeois de Laufanne , ôc lié d'am.itié avec Benedict Arctius Pro- felfeur en Théologie à Berne, qui lui dédia un petit Abrégé de ^ Théologie , comme on le voit par une Lettre, datée du i. Mars 1570. Farel Mais pour revenit aux travaux prêche p^^gj . n^^ni de fa patente de chcy & Berne, il^alla,au commencement court ment ri (que
d'y ctre ^ Intitule • Examen Thenlcftcum Sec. "^^'.K II s'en eft^fait fix Editions dans 14. ans. traite. 6e. que j'ai , a été faite à Marges l'an
Iy84. par Je.in U' Preux.
de la Suijje. L I v. I X. 1.3
rrent de Mars prêcher à Avînche, 1531. ( qui n'c-ft qu'à deux petites lieues lard à de iVtorar. ) Il y trouva quelques ^ven- perfonnes difpofées à 1 écouter , mais il y trouva auffi de violen- tes opolitionsj foit de la part des ' gens du lieu , foit particulièrement de la parc des Prêtres : deforte que le de ce mois-là j qui étoit un Lundi , il s'y fit une e/pèce de fédition où Farel courut rifque d'être mal-traité. Les Seigneurs de Berne l'ayant appris, écrivirent à la Boargeoifie d'Avenche, la Let- tre fuivanre :
NÔTRE AMIABLE SALU- LETTRE T'A T I O N DEVANT MISE, No- ^^j'
blçs > Saiges & Difcrefts : Ao/z^^^^'f/^ fommes advertis du tumulte & incon- ceux 'ventant quefl advenu Lundi demie- c^lAven- renient pajfé en votre Fille contre Mai- ^ ^' tre Guillaume Farel notre Serviteur^ par * Fbuî Prêtres , & autres^ de quoi * vos avons grand "f regraicl : toutes fois f regret. d\mpws que la cboje cft ainfi paffee, [uns être fair outrage au dit Farel, la'iffons pour ce te fois ainfi être: Ce ne\inmor, gs vous prians & ires acertes advertijfaus , ci a'fres y mettre ordre^ & ) avoir regard 3 que '■ Nous , .
nous
î 4 Hijloïre de la Kéformation
I 5 3 1 • * nous Serviteurs -i & la foi de Je s us- F^rd à Christ notre Sauveur ne \foit uinfi Q^^^' perféqutée > ne ceux qu U annoncent ^ nos trou lés ne motel} es ^ aui rement y met' t ims ordre nédjjui e. tt p^r ahifi cetix qui defir rom ouj- la vérité tvan^ geltque laîffes a npoji en paix , & mcjmement endurer , comme vous eftes en vi^jiL'UY de ChrejUenne obé.jfamt t7ire;u:s , que U parole de Dieu aye place en Fojîve V.lle , & la laijfer an- t portent y^^^j^ç^y ^ ^ ^ f^gf^x qui la "t pour- tent & défirent : En (e feiezvoftre devoir envers Dieu & les hommesj & a Nous grands pUifirs, Entant priant Dieu, que vous doint grâce d'accepter ^ fa fainte parole y & de vivre félon iéel'e, Datum IX, Aiartti anno D XXX 1.
L'advoyer & Confcil de la Ville de Berne.
Cadrefle étoit : Aux Nobles -i Saigest ' nos Pourveables > & Difcrets y Chafte- lain & Confeil cI'Avenche , 4- Nous bons nmysy & chiers voi- fins, (a)
D'autre coté le Vicaire d'Avenche
&
W-Tiré des Archiv, d'A venche.
de la SniJJe. L I V. I X. I 5
& le Lieutenant de la J^fticei53î^- donnèrent avis à l'Ex êque de Lau- Turd à fanne Sebaftim de Aion'faulcon • (qti Aven- étoit leur Seigneur Temporel auHi- bien que fpiiitucl. ) de Tafflire qui étoit furvenuë dans leur Ville. Il leur envoya un Religieux Dofleur en Thé(..lûgie, {a) pOi r } foute- nir la CaLholiciré contre les piédi- carions de Farel j & en rriême tems leur écrivit la lettre fuiv^ante :
A Nos très chicrs , bien amcz > à" Lettrée fctulx fubgecJs , les nobles y Gt?//- ^ei'Evê- zerneurs . Confeil , & Communauté 2"«y-^^^ de noftre nUe d'A venche. ne à
ceux
Très chicrs, bien amez & feaulx d^^-vc». nofire amiable recommandation premife. Nous avons eftés advertis tant par vof- tre ricayre que Lieutenant , de * fnrte qui fuft dernièrement faicly dont fumes fort despUyfans des continuel- les infeftations que fon vous donne en cet affaire , au quel ce nonobftant vous efles monftré virtueuxy bons & vrais Creftiens & Catholiques , dont je loué Dieu y & Nofire Damcy & vous en fc avons tris bon- gré ^ vous priant &
exor*
{d) MS. Am^^
1 6 Hijîûirc de la K^formatian
1531. exortant paternellement & très affec- tueufetnenti de vouloer continuer & bien perceverer , & ce faifant vous
^ profit reporterez U grâce de Lieu 3 * prouffit a l'ame & au corps ^ & a la fin la gloire de Paradys : Et pour vous monftrer le Chemin pour parvenir a îcelle y Aïonfieur voftre Curé & moy vous envoyons ung vénérable Docteur pour vous dire & prêcher ce queft fa- lutayre & proujjitahle ^ auquel vous prie donner bonne audience y& luifayre ajjiftance avecques thonneur & plaifir que vous pouryez» -^ffffi '^ous re- commande ceulx de voftre Clergiéy les- queulx font ceulx quits prient Dieu pour vous : Au regard de moy , vous me trouverez toujours voftre bon Pére fpirltuely Seigneur & Prince. Et quand quelque chofe rayfonable vouldrés de moi, foyt en gênerai ou en particuHery me trouverez enclyn a la faire, quel^ que chofe que l'on vous donne d'en^ tendre a l'oppofite , comme Dieu le fcjyt , ouquel je prie qui vous ayt, très chiers bien amez & fcaulx, ^« fa fainte garde {c) de Laufanne ce 14. Mars.
L'Lvefjue de LAUZanne,
Cepen-
M Tire des Arch, d'AVENCHE,
de la Suijje. Liv. IX. 17
Cependant la Bourgeoifie d'A-jjjj.. venche écrivit aux Seigneurs de Berne {a) , de leur piomit de laifler prêcher psihblemenc la Parole de j^pj^^^' Dieu. Il s'y trouvoit auffi effcc- ment de tivement des eens, q* i fouhaitoient Réf;r- ^ de 1 entendre 3 mais il y lui vint en- core un nouvel cbftacle. Avcncbe VLtii qu'à i. lieuës de Frihourç. Les fes F?-/-
., ^ • /f bourgeon
Fnbourgeois , autant zelez pour '^^p_ 4e foutien de la Catholicité 5 9^- 6 poient. les Bernois leroient pour la pro- pagation de la Dodrine Evangeli- q'je > s'oppoférent à la prédication de Farel , &c firent tous leurs ef- forts pour empêcher ceux d'Aven- che de l'écouter, les en dé:ournant même par des menaces > 6c par de mauvais trai;.emens , deforte qre ces pauvres gens n'étoient pas en filretc fur les terres de Fribourg. Et même les Fribourgeois leur dé- fendirent d'écouter Farel fous peine d'être mis en prifon, tout autant qu'on en pourroit attraper, d'ê- tre traitez comme hérétiques. Le Do(ffcçur , que TEvêque envoyoit à Difpute Avenche, y étant arrivé, Farel entra '^^ ^^''^1 bien-tôt en difpute avec lui, fur la ^^^[^"^
Re^ '
'4) MS. An^.
18 Hifloïre de U Kéformation
1 J , Religion. Ce Moine le traita dlié- A V E N- rétique 3 &: lui dit quelques autres c H E. injures. Farel voulut le tirer en droit, devant la Juftice du lieu, pour avoir occafion de le convain- cre d'impol^ure. 6c d'enfeigner une faufTe doiflrine. Cependant les Ré- formez d'Avenche s'étant plaints à Berne des véxations des Fribour- geois , LL. EE. envoyèrent le 2p. i>ipntn' Mars j deux Députez à Fribourg , Berne à P°^^ P^^^^ Seigneurs de TEtatj JFriboHTg de LiifTer en paix les gens d'i\ven- che, & tous les autres qui aimoient l'Evangile , puis qu'ils n'avoient rien a leur commander 3 les af- furant qu'on étoit réfolu à Berne de foutenir Farel ) & tous ceux qui voudroient l'écouter, & que fi on les maltraitoit , LL. EE. uferoient de reprefailles fur qui de droit. De ^ Fribourg , les Députez allèrent à Avenche Avenche 5 avec Farel 3 & remontrè- rent à la Bourgeoifie que LL. EE. fouhairoient qu'ils exécuralTent la promeiïe, qu'ils leur avoient faite par leur Lettre, fa voir, de lailTcr prêcher paifiblement la parole de Dieu 3 qu'autrement s'il arrivoit «quelque mal à Farci 3 ou a d'autres,
jour
' deUSuife. Li v. IX. 19
pour cefujet, LL, EE. s'en relTen- I 5 3 î • riroient, comme fi la chofe étoitAvEN. faire à eux mêmes? 8c qu'ils pu-^^^* niroient les coupables , en corps & en biens. Les Dépurez avoient auffi reçu ordre de foutenir Farel, dans fon procès avec le Moine * ; mais je n'ai pu découvrir quelle fut rifluë de cette affaire. D'A- venche ces Députez allèrent à Orbe> pour le fiajet qu'on va voir.
1 1. Les Bernois & les Fribour- geois étant divifez de Religion, comme on l'a vu , il fe préfenta fou vent des fujets de difficultez en- tr'eux, à l'occafion des terres qu'ils poffedoient en commun, favoirles Balliages de Schvva7tz.bourg^ de Afo» rat, d^Orbe 3c de Granfon. Les Ber- nois vouloient y introduire la Ré- formation , & les Fribourgeois ne vouloient pas le permettre. Ce- pendant comme ces derniers n'é- toient apparemment pas fi forte- ment attachez à la Religion Catho- lique , qu'ils l'ont été depuis ; que d'ailleurs les Bernois avoient pour eux le Traité de paix , fait entre les Cantons Tan 152p. les Fribour- geois
* MS. Awp, m. B. Inftr. îo.
20 Hijîoire de la K.éformatîon
1531. g^ois condefcendirent à un accom^ modemcnt; 6c convinrent avec les Bernois 5 P- Quz dans ces Balliages J^^ATTE communs ils fèroit permis à cha- avecFri-^^^" de fu ivre celle des deux Reli- ^0^/'^ fur gions , qu'il aimeroit le mieux, la Reli- Jp- Mais qu'au cas qu'une paroifTe Sh^cCm entière voulût décider à la pluralité jets coin des voix , quelle Religion elle fui- muns. vroit, les Seigneurs des deux Villes envoytroienr leurs Députez , pour préhder à cetre aiflion , & qu'alors fi la plural ré des voix l'emportoit pour la RéFormation , les Carho- îiq ies n'y auroient plus d'exercice public de leur Religion, & fi au contraire la pluralité l'emportoit pour la MelTe , cela n'empêcheroic pas que les Réformez n'euflent toujours libre exercice , 8c que les Miniftres y prêcheroient la parole de Dieu 5 ni plus ni moins qu'au- paravant (^) Com- La Réformation s'étoit introduite
dans la Ville à: Orbe, dè« l'an 15^0.
ment de i r • j ^
Rtfor- apparemment par les loins de G, Fa-
matioûàyW, mais les Réformez n'y croient
encore qu'en petit nombre , & ils
n'y firent point de bruit , jufqu'à
Tannée
{a) MS. Thomajf, p. i .
de U Suijfe L i v. IX. 21
Tannée fuivante 1551. à roccafion 15 3 1., d'un événement qu'on va voir. 11 orbe*. y avoic dans cette Ville un Frère Mineur > de Tordre de Saint Fran- çois, nommé Michel Juliani > Con- feffeur &: Adminiftrateur des Reli- gieufes de Sainte Claire d'Orbe , qui VnT^ paflbit pour favant. Il fut choifi M^w^^^r pour prê:hcr pendant \z Carême , & les Réformez furent des pré- d une miers à l'aller écouter. Il prit de manière là occafion de déclamer contre les cont^e^^ nouvelles Religions > & s'emporta lesR^^oy- a dire beaucoup de chofes dures & fortes contre tous les Réformez, Ceux d'Orbe en furent fi offencez, qu'ils écrivirent tout ce qu'il avoit débité en Chaire , & en compofé- rent un bon nombre d'articles qu'ils envoyèrent à Berne. Jost de DrES- BACHj alors Baillif d'Orbe, l'ex- horta a fe modérer. Le Confcil & les Bourgeois 5 qui éroient encore bons Catholiques pour la plupart^ l'en prièrent auffi , lui remontrant qu'on relevoit tout ce quil difoir, & qu'on le mettoit par écrit > & qu'il feroit mieux de prêcher fa do^lrine tout fimplement, 5c fans xîive^iver contre perfonne. MaisiL
con--
2 2 Hïjloire de La K^éformatîon
j ^ 5 j ^ continua fcs emportemens, fans O R H E. i^i^ri écouter. Un jour donc qu'il dé- clanioic contre les Moines & les Re- ligicufes , qui quittoient le Cou- vent pour jfe marier, il tint ce dif- cours : Penfez 'vous que ces Prêtres^ (es Moines, ces Moine jfes^ qui fortent hors de leur Religion , qui ne veulent pas endurer la peine ni la caftigation^ dont iccux renonçant a leurs vœuxy pour fe marier & accomplir leurs volup- tez ch^irnelles , penfez-vous quen iceux foit accompli & fait m-ariage légitime ? lia! nenny^mais ils font paillards .paillar' des, infâmes & deshonefîesyy^pofiats abo- minables devant Dieu & devant les l\t{^ir\- hommes, {a) Un Réformé d'entre un ^Ré- Bourgeois , norrimé ChriHophle formé. Holardy croyant apparemment que ce Moine en vouloit à fon frère, Jean Holardy qui avoit été Prêtre & Doyen de Fribourg , mais qui avoit embraffé la Réformation , & s'étoit marié, eut l'imprudence de lui crier > quil en avoit menti. Cette parole excita un vacarme effioya- ble dansTEglife. Les hommes vou- loient fortir pour aller aflommer Holard , mais on leur ferma les por- tes
deUSuiJJe. Liv. IX. 23
tes des Chapelles où iJs éroienr. Là I 5 3 î • delTus les femmes fe jettérent furOnBE, lui 5 comme des furies déchainées, j-umuîte le prirent par la barbe , la lui arra-à cette chérent, le dévifagertn: à coups occafioR d'ongles & de poings , Taii- roient affommé /fi le Chârekin d'Orbe y nommé ylntoine ^ gaffe , ne fût furvenu , qui eut bien de la peine aie leurôrer d'entre les mains, pour le faire conduire au fond d'un cachot. Le BaiJlif ayant apris ce tumulte 5 par le Maître d'Ecole, nommé Afarc Romain , accourût 'à Orbe, où il fit prifonnier le Moine Juluni 5 qu'on trouva chez une fem- me 5 & tira Holard de prifon. Le peuple en fut fi outré de dépit, qu'il îè jettâ fur le Maître d'Ecole, qui pour évirer leur fureur , courût dans l'Eglifè , mais ce fût pour tomber dans un mai plus grand. Les femmes qui s'y trouvèrent, écoutant le Salve Regina^ fe jettérenc fur lui, le prirent parles cheveux, & le jetrérent par terre , Se à coups de pieds &: de poings , elles Tau» roient aflommé , s'il n'eut été fe- couru par un honnête Bourgeois, qui écoit de la Religion. Depuis ce
jour
2 4 Hijloire de la déformation
1531. jour il fut fort long- tems fans O R B E. ofer aller par les rues: ou s'il y alioit 5 il étoit accompagné de deux fergens , qu'or^ lui avoir donnez pour fa garde , jufques a ce que les Seigneurs des deux Villes eu- rent la bonté de le prendre fous leur prote^ion. (4)
Cependant le peuple s'attroupa autour du Châreau , où étoit le Baiilif avec HoUrd & "^ulunï , &C quand il fortif, ils fe mirent a crier, pourquoi A avoir arrêté leur beau Pérejuliam^ & relâché Holard ? Il leur répondit^^l avoir pris le Moi- ne par ordre des Seigneurs de Ber- ne 5 6c relâché Holard fur la caution qu il avoit donnée. Cependant ils ne furent pas contens de cette ré- ponfe & voulurent le prelTer d'a- vantage^ mais il fe contenta de leur dircj que s'ils le vouloient prendre à leur.rifque, ils le pouvoient faire , que quant à lui , il ne le leur confeilioit pas. Lors qu'il fût avan- cé jufqu'à la grand place , il rencon- tra les femmes, Dames &: autres, qui fe jettant à genoux , ôc les lar- mes aux yeux, fe mirent a crier
mijc-
dela SmlJe, Liv* IX. 25 m fer horde , pour leur beau Pére Ju- 1531 Uanij mais le Baillif fut inexora- ble 5 difant toujours > qu'il avoit des ordres qu'il ne pouvoir fe dif. penfer d'exécuter {a).
Le lendemain la Bourgeoifie en- vola deux Dépurez, Pierre de Pierre^ fleur. Auteur de l'Hiftoire que je copie, & François VFerney , pour aller fe plaindre à Fribourg de ce qui étoit arrivé. Les Seigneurs de Fribourg cnvoiérent d eux Confeil- lers à Berne > pour conférer fur ce fajet 5 & il fut réfolu d'envoyer des Députez de part & d'autre à Orbcj pour le Dimanche fuivant, i^- d'A- vril > jour de Pâques fleuries, afin de terminer cette affaire. Les Bernois amenèrent avec eux Guillaume FareU dans le delTein de le faire prêcher à Orbe. Lors que les Vêpres furent ^^^el dites > il monta promtement en Chaire, dans le delTein de prêcher : ce que voyant le peuple, hommes, femmes , 6c enfans, ils le fuivirent, non pas pour l'écouter, mais pour l'en empêcher. Il n'eut pas plutôt commencé , qu'ils fe mirei^t tous a fifler, a crier ( en l'appellant chierii Tom.IK B maùn^
[43/^.7.
26 Hijloîre de la Ké for mat ton
î 53 1 . mhïn , hérétique ^ "Diable > 6c en le Prbe. chargeant d'autres pareilles injures) avec un bruit fi horrible , qu'on n âuroit pas ouï tonner. Farel, qui étoit accoutumé à de fèmblables réceptions, ne perdit point courage, mais perfifta dans le deffein de prê- cher. Cette fermeté les irrita telle- ment, quils en vinrent à une fé- dition 5 où ils faifirent Farel, & le rnal-rraitérent de coups \ de forte que le Baillif craignant qu il n'en arrivât un plus grand mal, le prit par le bras , ie conduisit hors de TEglife & Tefcortâ même jufques en fon logis. Cela ne le rebuta point encore {a). Le lendemain, à fix heu- res du matin il voulut prêcher au milieu de la place j mais il ne pût point obtenir qu'on récoutâr. Sur ie foir on affembk le Confeil de la ville , où les Députez de Berne & de Fiiboui g fe rendirent avec Farel. A riffuë du Confeil , les femmes qui s'éroifcnt attroupées > pour at- tendre Farel , au milieu de la rue, ï'ailéf enr empoigner, le jettérent par terre , ^ voul oient fe mettre a le •battre > mais un Oentil-homme ac- crédité.
de laSuiJJè. Liv. IX. 27
té , Qommé Pierre de Glahejfe , le J 53 î* leur ôta d'entre les mains > leur di- O r b e. lànt. Mes Dames y pardonnez inoi pour -cette heure , ]e lai pris a mx charge \ fur quoi elles le iaiflerenr. La principale de ces femmes , qui commandoic toute la troupe, étoic une Dame de ^qualité Fribourgeoifè d'orrgine, nommée Elifaheth Reijf ^ qui avoit époufé un Gentil-homme d'Orbe , nommé Hugonin à' Arnay^ Bien-toc après 5 Dieu lui toucha le cœur > comme autrefois à Lydie. Elle & fon mari embrafférent la Ré- formation >• & y perfévcrérent conf- tamment jufques à la mort (a).
Le Mardi on afïêmbla k Juliice, oii afTjRérent les Députez de Fii- bourg. Le Moine JuU.mi aiant été tiré de prifon , les Députez de Berne n, au nom de leurs Maîires 3 propoférent contre luilesCbefs d'ac- cufacion qu on avoit recueiias de dUcruf^t* fês fermons > intentant à ce fujet tion por- une adlion criminelle contre lui : difant qu'ils étoient coutie Dieu 5 jj^e 6c contre l'autorité de leurs Sci- jHliani^ gneurs de Berne. Je les raporre- ra: par ordre avec les Réponfes B z de
W U. ibid.
2 8 HiftoîYC de la déformation
I 531. Juliani, On l'accufoit donc d'a-
Orbe. voir tenu ces difcôurs :
Répon- !• Les pauvres d'Efprit font les de ^ Afoines , qui ont abandonné le Mon»
JH imi. ^ ^^^^^ entrer en Religion. Il nia de ravoir dit.
2. Le Pape y les Eveques i & les autres Eccléfiaftiques y qui ont charge (Came , (ont ceux a qui l'on doit obéir % & garder leurs ordonnances^ parce que toute ame doit être Jujette aux Puijfan* ces fouveraines 5 & qui réfifie à leurs puijfancesy réfifie a t ordonnance deDieu ; Auffi bien que qui ne garde lesComman" démens de CEgUfe, Il nia de lavoii: dit de la manière quil eft rap- porté.
l. Ceux qui amènent la nouvelle Loi 3 7ie font aucun miracle^ d'où vient que peu prennent leur Loi , fors un tas de Aîoines impudiques ^ ^ pail- lards y Apoftats 5 qui parce quon les corrige & quon Us contraint dans les Alonafteres 5 par la difcipline, prennent cette Loi 3 pour pouvoir fe marier y & accomplir leurs défirs. Nie de l'avoir dit, comme il étoit rapporté. ^
4. On doit garder les vœux quon a faits , & par conféquent ceux qui les mnpcnty font mécbans ; apoftatSy
îéti^
\
de la Suijfe, Liv. IX. 29
rétiques > comme tous les Moines çwi I 5 3 1 . fartent de Religion y tous les FrêtresOR^i, qui fe marient. Il ne faut pas croire que ce fait un mariage , ni que leurs femmes foj/ent des femmes légitimes y mais elles font leurs rïbaudes j kur fait ne(i que fornication ^ & leurs en- fans font tous bâtards & illégitimes^ AvQÎié.
5. La Confejfion eji de Commande^ vient y & chacun cfi obligé de fe con^ fejfer aux Prêtres i ainfi que les ladres dévoient être jugez par les Prêtres de la Vielle Loi i ainfi la ladrerie fpirituelle doit être jugée par les Prêtres de U nouvelle Lot ^ qui font d'autant plus dignes plus excellensy quils offrent un plus excellent facrifice que les autres > qui ofroient des bêtes , au Heu que ceux ci offrent le précieux corps de «0- tre Seigneur J e s u s > é' fon Sang» Avoiié de l'avoir dit félon les com- mandemens de 1 Eglife.
6. Les Prêtres font A'fédiatcurs en- tre Dieu& les hommes, A voile, mais il l'entend lors qu'ils adminiftrent les Sacrement.
7. Ceux la font méchansm& héréii'- que s qui détruifent les Images ,0" abat- tent Us Croix & Ils Crucifix j lesquels
A 3 Notre
30 Hiftoire de la Keformation
ï Ç 3 T . ^^^^^ Mére S. Eglife a ordonné d'strs O R 1 E, milieu de fEglife^afin que quand
on entre en l'EgliJe on s'en fou- %'ienne. Défavoué.
8. Tous ceux la font ennemis de U Croix de C h r i s Tj qui abattent les Croix > & ne fervent qua leur ventre^ nfant de toutes 'viandes en tout tems , héUi ! neft ce pas une chofe déplora- ble 3 que d'abatre a 'nfi la Sainte Croixy vit que tant de faints & de faintes ont été délivrez p^r le figne de la Croix ? mais tous ceux là feront confondus, qui nfent atnfi de toutes fortes de viandes^ Nié de l'avoir dit de la manière <gu'ii eft rapporté.
5». Ce(l un péché mortel y 4e man* ger de U chair & autres viandes défen- dues y dans le tems défendu 3 comme en Carême, Avoiîéj mais qu'il a eu raiion de le dire.
I o. On efl tenu , foits peine de pê- ché mortel , d'oujr U Meffe, Avoué comme ci-defTus.
1 1 . Les méihans hérétiques, nient que le pain, que le Prêtre confier e-, foit tranffubftantié au corps précieux de nôtre Seigneur. A voilé comme les autres.
11. Le Corps de nôtre Seigneur J«£SUS-Chj\.ist cji aujji bien ci: la.mam
deU Suife. LiV. IX. 31
iun matmais Prêtre ^ d'un bon, 1531» Avoiié , lors qu'il prononce Iss pa- O r bx, rôles Sacramentales.
1 1 . Ces méchans hérétiques , nient le Sacrement', difent que U feule foi juflifie ^ fi quelquun avolt comm:s m péché mortel , comment pourrait- U être fauvéen crojant ? Nié de Ti voir dit de cette manière.
14. La Vierge Marie eft U Thréfoh riére de grase,
15. Les hérétiques-, qui nient quon doive invoquer Us fa'ints , peuvent ai^ fement être convaincus de faux par It Can^tnéenne , qui ne pouvant être exau* cée de Jesus-Chkist sadreffbit aux apôtres, difant , O amis de DicUa priez pour moi vôtr« Maître. Dieu n exauce point les pécheurs^ adrej-^- fez "VOUS a quelquun des Saints^ L€ même chofe par oit auffi par la Afére de S, Pierre, Nié de l'avoir dit de cette manière.
16. Les Saints- chaffint & guérif- fent de diverfcs maladies j comme S. Antoine» du feu. Avoué,
1 7. Qui dit que les Livres des A4ac* cabées ne font point de la S. Ecriture^ il efi hérétique^ & neft point enfant Ù DicHimu:s de la Sjnagcgu e^Avoué,
B 4 iS.Cf/î
3 2 Hijioire de la Kéformation ï J3T. '8. Cvft une héréfie, de dire qu'H Orbe» ^ P^^^^^ Ptirgatoire , & ceux
qui le n'unt font méchans & hérétiques ^
Avoué.
ip. On doit pleurer & gémir pour les trépajfeXy & faire chanter pro fide-> Uhus ^hrifitanis, Avoiié.
20. Ceux qui ont pris la nouvelle Loi n'ont aucun bien en eux mais nient les articles de U Foi. Nié de l'avoii: dit.
1 1 . Qui trouve fa femme en aduU tire , ne peut en prendre une autre, fe- Ion le commandement Dieu. Avoiié de Ta voir dit , fclon les ordonnances de l'Eglife.
2 2. Dieu na rien commandé qui foit impoffible de fa grâce. Avoué,
23. Adorer Dieu en Efprit^ e/i con- tre les Luthériens, Nié de l'avoir dit.
Ces Articles ayant été propofezj Juliani, après quelques tergiverfa- tionsj répondit comme on vient de le voir. Sur quoi Ton fie venir des témoins ^ pour prouver les ar- ticles qu il avoit niez , & ce jour fût tout employé à cette difcuflion jufqu'au foir, tellement qu'on fût contraint de remettre la décillon au
lende*
delaSuijfe. Liv. IX. 33
lendemain. Jul'uni fut mis en Ii-1531; berté, & donné en garde à un Orbe. Gentil-homme , nommé GuilUimie D^Arnaj, qui voulut bien s'en char- ger , & le cautionner corps pour corps, {a)
Le Mecredi de grand matinj 11 Juftice étant f affembiée , les Dé- putez de Berne demandèrent que Aiichcl Juluni 5 comme coupable de lézeMajefté, pour avoir péché contre Dieu , & contre lautorité de leurs Seigneurs 5 fut puni en corps & en biens. Juliani au con- traire demanda d'être relâché , fou« tenant n'avoir rien prêché ni dit, qui fût contre Dieu , ni contre lauco- jj^u^u^i rité des Seigneurs de Berne , qu'il eft con- n'étoit pas fi prefomptueux queded^mné i prêcher quoique ce fût, de lui mê- ^[ Xc^-*^ me 5 & fans l'avoir puifé dans les ti ine pat Ecritures Saintes. Ces plaidoyez l'Fcn- étant finis , les Juges décidèrent fore fagement : Que s'il pouvcit prouver par l Ecriture ^ tout ce qu 'il avoit dïty il jeroit abfous. Là defilis il fit un long difcours , où il entreprit de prouver par l'Ecriture tout ce qu il avoit prêché, Ôc prenant tous les B 5 articles
W MS. Uorn. 10.
34 Hijiôire de la K.cformatiôn
I articles l'un après Kautre > il- tâcha P^Bs^-de les foutenk par quelque paffage du Vieux ou du Nouveau Teâa- ment. Les Juges , qiai étolent tous Catholiques , furent contens. da cette Apologie 5 le déclarèrent ab- fous > & le mirent en liberté. Les Bernois ne fûrent pas contens de ce Jugement, & à peine une heure étoit écoulée, après la féance iînie, qu'ils l'envoyèrent chercher par des lergcns pour le prendre, mais on ne le trouva pas. -Prévoyant bien ce qui arriveroit , il étoit inceffam- ment forti de la ViUé; & s'étoit re- tiré en Bourgogne au grand re- gret des bonnes Religicufes, dont Jtiliant il étoit Confeiïeur. Le Dimanche s évade. f^\y^Yit , jour de Pâques, il vint un Héraut de Berne , aportant ordre au Confeil d'Orbe, de faire toute la diligence pofljble pour arrêter Ju- lianii mais on lui fit voir que la chofe n'étoit pas pofTible, jP^^^ygl II ne faut pas oublier ici que voulant Farel avant la décifion du procès, prêcher auquel il fûtpréfent, pria les Ju- point S^^ ' préfence des Députçz , de écouté, faire lire la Patente qu'il avoic xe^ue des Seigneurs de Banc^por- " • . tant
de la SulJfeLlY. IX. 35
tant ordre à' tous leurs fujcts & l leurs Bourgeois > que quand Farel voudroic prêcher , on devoit luv donner audience 3 le favoriftr & le foutenir; demandant en conféquen? ce de cet ordre 5 qu'on lui permit de prêcher ) & qu'on lui donnât audience. Mais à peine la parente fut elle luë, que le peuple , fans attendre la décifion du Confeil? /ê mit a crkr tout d'une voix , quH j'fiff alLit^ quon navcit que faire ds lui, ni de fa prédication {a).
Le lendemain de Pâques, le Cor> feil d'Orbf envoya cinq Députez à Berne , pour faire leurs excufes aa fujet de ce qui s éroit pafle. Leurs excules furent reçues en partie , te en partie rejettées. La ville d'Orbe fût condamnée à une Amende de deux cens Ecus d'or au foleil , pour les émûtes féditisufes donton vient de parler: Du refte il leur fût dir^ Quon fouhaitoit qu'ils écoutaffenc les Sermons de Farci j Que cepen- dant on ne vouloic forcer perfonivc a y aller & qu'on n'entendoit pas dempêcher en aucune manière crc B 6 fai-
) MS. *Xhm. p, iQ. ir«
3 6 Hijîoire de la Kéformation
I 5 3 f . de faire l'office ordinaire dans O R B E.rEglire.
rard y Lcs Députez étant revenus
^fff^^fi^vec cette réponfe , Faiel qui niais elt . , -, ^ ^ u v ^ i troublé avoit ordre de prêcher a Orbe >
dans fa monta enChane un Samedi rnarin> ^ion^^^' ^P^^^ Dmianche Quafimodo après que l'office fut achevé , mais il n'eut qu'un très petit nombre d'Audi- teurs 3 encore fut-il interrompu par les petics enfans> qui, au miheu de fon Sermon , fortirent de l'E- glife, criant heurlantj & faifant un britit horrible {a).
Le lendemain , qui #toit le Di- manche 23. d'Avril, Farel monta encore en Chaire? encouragé par l'arrivée d'un Seigneur Dépuié de Berne 3 qui vir.t à Oibc avec le Baillif. Il prit le rems qu'on alloic folenmellement en procefTion à i'E- glife de S. Germant qui étoit hors de la Ville > mais avant qu'il eut fî) i, la procelTion rentra, 6c vint dans l'Eglife où il^ prêchoit. Les enfans entrèrent le.^ premiers, &fe mirent d'abord à fiflerîàcj ierjà heur- 1er. IL furent fuivis des Prêtres, qui entrèrent dans l'Eglife en chantant.
Fareî
{a) id. p. II. 12.
de la SuiJJe. Li v. IX. 37
Farel voyant cela^ne pût faire mieux I 53î» que de décendre de Chaire 3 ^ (qOikï.^* retirer, L'après-dii ée il prêcha de nouveau en préfence du Député de Berne & du Baillif, &: n'eut qu'une dizaine d'Auditeurs , com- me auparavant {a).
Le Député de Berne avoit été I-a R^/or- envoyé à Orbe , pour rtmiédier à ^^j^^ divers défordres. Les P.êties fai- verfée foient tous leurs efforts pour dé- par les tourner le peuple d'aller au prêche, ï*^^"*^^^ &. l'un entr'autres conduifit un jour le Châcelain dans l'Eglife, pour lui faire marquer tous les EtiangerSj qui écoutoietit la parole de Dieu. Un autre fe tenant fous la porte de l'Eglife, tandis qu'on pi échoit, fe mit à crier de toute fa force, pour intci rompre le PiéJicareur. Le & P^^?^ Co icil y employoït auffi fes foins, ConleiK 6c dépofoit de leurs emplois ceux d'entr-eux qui avoient du penchant pour la Réformaaon. En même tems les Seigneurs de Berne eûient avii.',que les Keligieufes de S,CUire faiioient tranfportcr leurs joyaux & leur argent a Nojeroy en Bour- gogne, ôc quelles y en vouloient
encore
(4) MS^ Thom. ihià.
38 Hijloire de la ï{éform.ition
ï 5 3 1 . encore envoyer davantage. Le Dé*- ORBE.putéde Berne voyant TobRination Réfor-f^yx peuple a ne point écouter Fa- Sute-"" ' aiTembler le Confeii le jour nuë pai-xuivant j & leur dit? Que puiiqu'on les 5fr-^yoit bien écouté Juliam^ lorsqu'il prêchoit les articles qu'on a vûs> LL. EE. vouloient qu'on entendit aufli la réfutation que Farel en vou- loit faire par leur ordre: Que pour cette caufe ils vouloient que chaque Pére de famille allât aux Sermons d- FareL fous peine de leur indi*- gnatiun *.
Comme des Prêtres d'Orbe & quelques autres avoient publié^ que Farel ne pourroit jamais renverfet le moindre de ces arucles de Foi> s'il n'étoit foûtenu des Seigneurs de Berne 3 qui vouloient l'emporter par autorité 3 le Dépucé dit de leur part à i'aîTembléei Que LL. ED. éroicnt difpofées a les écouter , a rendre juftice à chacun , &: a n'ufer d'aucune violences Qu^ils n'avoient donc qu'a attaquer Farel publique- ment. Il les exhorta a s'abftcnir de détourner le peuple, Scd'inter-
rom-
^ B. Inftr.7i. ^ MS. Thm. & MS. Ami', 121.
delà Snije. Liv. IX. 39
îompre les Prédicateurs > & enfin I S 3 1 • il déclara aux ConfeiJlers, que LL. O s. £ 2.. EE. ne vouloient fAs foufrir quau^ ounftit dépofé de fa charge ^ pour avoir ^mbraffé la Réformation
Pour donner fatisfaflion au Dé- puté de Berne on publia cet ordre par toute la ville. Farel prêcha ^-^f'? fix jours défaite, & chaque jour ^[ j^^^^ deux fois. Le peuple oI>éic les de iuita- deux prémicrs jours, mais dès le troifiéme il ne voulut pas y re- tourner 5 de Farel n eut plus quefes auditeurs ordinaires. Ces prémices delà Réformation dans Orbe étoient Fierre Viret , les deux frères Ho- lards , Alarc Romain , Antoine Se- oreflain > Claude Darbonjcr quel- ques autres {a),
Pierre V 1 r e t , dont la mé- Hifloire moire nous fera éternellement en de P. vi* bcnédi(flion , étoit Bourgeois d'Or- bè, fils de Guillaume Viret , tondeur de drap. Il naquit flan 1511. Il commença fes études dans Orbe même , & de là fon Pére Tenvoya
àPâ^
* B.inilr. ihU. Se MS. Amf. {*) MS.rW. II. 13. t Melch. Ad^a» Vit. Thcologor. fxtc* fcr. p. 110.
40 Hijloire de la Kéformation
1531. à Paris, où il demeura deux ou O K £ E. trois ans > & y fît de très - grands progrès dans les fcierjces. Mais fur-tout il y fût: éclairé de la lumiè- re de l'Evangile, & bien-tôt il fut contraint de s'enfuir pour éviter la perfécution. Il vint à Orbe quoi qu'avec peine , où à la follicitation de Farel il fe voila au Miniftére de l'Evangile 5 & il travailli telle- ment auprès de fon Pére & de fa Mére > qu il eut le bonheur de les gagner à Je> us-Christ. Il eut deux frères 5 Antoine ôc Jean j dont le dernier mourut fans enfans. Il prêcha pour la première fois à Or- be, le 6^- de May 1531. De là il fût envoiè à Granfon , où il prêcha quelque tems {a)
Dans le même tems les Bernois envoièrent de nouveaux Députez Le iz. à Orbe, * pour prendre un Inven- taire de tous les biens du Couvent de S^^' Claire, afin d'empêcher aux Religieufes d'en rien diltraire. Et comme jufqu'alors les Minifties avoient é é dans des logis publics* où ils vivoient à leurs ùslïs , les Députez curent ordre de ks pour- voir
W ///. ibideîîï;»
ae La i^mjje, j^i v. i a.. 41
voir d'un logement & d'une pen- ^ 5 3 I » fion , aux dépens des Couvens, qui O r s e, avoient le perfomat de quelques Cu- res (a).
Après Viretj Farel confacra pour^^^'^^^^ Miniftre un nommé George ^ri- ^''/^^j'^^^ VAT > furnommé CMleis , fils de ^atif Claude Grhat, Bourgeois d'Orbe. d'Orbe» George Grivat avoir été première- ment enfant de Chœur à Laufàn- ne. Etant revenu dans la m.aifon de fon Pére , le Clergé d'Oibe le retint pour fon Msître deMufique^ 6c il exerça cet emploi environ deux ans 5 après quoi il embraffa h Ré- formation 5 au grand regret de fon Pérc, Il prêcha d'abord à Orbe i« 10, de May: & de là il fût MiniC tre à Avcnche^ où il demeura jut qu'à fa mort 5 prêchant avec une grande fatisfa^flion de fon Eglife, Il y mourut de pcfte l'an 1550. laiffant une fen.me & quelques en- fans {!)),
Les Réformez d'Orbe prirent courage dans cet intervalle de lems^ fe donnèrent la liberté de fe- couër le joug des ordonnances de
lEgli-
U) MS. Amp. 111. b. M MS. Thom, 13. 1-4.
'42 Hîjloire de la K.éformatton
I J 3 rEglIfc Ro Tiaine , négligeant Tob^ Or B E. fervatiofi des fêres , & mangeant de la viande dans les tems défen- dus. Cependant quelques-uns d'en- tfeux abuCérent de la liberté dont ils jouiffoienr 5 & s'imaginant qu'il v.xàs étoit de Teffence de la RéformanoBi ùts Ré- de brifcr les Croix les Images > formez jj^ n'^q laifférent aucune. De pa*- relis excès n ont ja mais ece ipprou^ vez par les ge^is fages (4).
Il y avoit à G/anfon deux: Cou- vents fort riches , Tan de Moi nés noirs, de Tordre de *S'. Benoit, Se Taii- trc de Cordeliers Non- Réformez, De même iî j; avoit à Orbe deux Couvents, Fun ds Cordeliers, l'au- tre de Religieufes de S^^* Claire , qui étoient joints l'un à l'autre- pac un Temple bâti entre deuxj en telle, forte que les Religieu/ès pouvoient, , fans fortir de leur Mailbn, aller en* tendre le fervice des Cordeliers » par une galerie attachée à la mu- raille de TEglife. Il y avoit même une porte dérobée > * par où les
deux
(.:,) Idem.
^0\\ l'a découverte il y a environ 4^ ans, lors qu'oa dCmolit h voûte de cecic tglife.
r de U Smjfe. Liv. IX. 43
deux Couvents avoient communi. 1^3 1 ; cation enfemblci & dont les Reli-O REE. gieux & les Rcligieufes favoicnc bien profiter.
Les Bernois 5 efpérant que la Ré- formation s'introduiroir enfin dans les deux Bailliages ^Oïbe & de Granfon > y envoiérent des Députez, pour mettre en Inventaire tous les biens des Eglifes^ & les Fribour- geois y en envoiérent aulîi , afin qu'il ne fe fit rien fans eux. Fare!^ qui étoit encore à Orbe, y prêcha ea leur préfence. Chri/iophle Holard > voulant fignaler fon zélé > brifâ publiquement une Image» Le peu- ple s en plaignit j les Fribourgeois le firent aufTi. Les Députez de Ber- ne promirent de l'en cenfurcr. Mais nonobilant cela , il en abatit en- core d'autres 5 & il ne ceiTa point qu'il ne les eut toutes abbatiies. Dans le même tems, les Députez de Berne , voyant que Farel n avoic qu'un fort petit nombre d'auditeurs, ordonnèrent aux Pierres & aux femmes de l'aller écouter huit )0'j.rs durant, ce qui fût fait.
La Peniec6:c étant venuë , * Fifcl céléi^ra, la S^'^' Cene ave: fon
petit
44 Hiftoirede la Réformât ton
ï S 3 T • P^^i^ Troupeau. Après avoir pré- Orbe. ché de grand matin, il diftribua la Communion , avec des hofties & du vin. Les Réformez reçu- rent la Communion à genoux. Prémié- raporte qu entr'aurres paroles x^ Cene de Liturgie, Farel demandoitaux Réfor- Communians , s'ils Ce pardonnoicrit (Xorle. uns aux autres^ oc aiant repon- du qu'oui, il leur donnoit TEu- chariftie. C'cft là la première Cène qui fût célébrée dans Orbe. Les Communians fûrent. Hugonin d' Ar^ Yiâj *, Chri(tophle Holardy fa Mère, JeAH Cordtji 3 fa Femme , Guïllau* me FiiCt, Se George Grivat ^ dont j'ai parlé. Ap è; qu'ils fè furent rerirez , le-. Pierres vinrent dans l'Egli/e à leur tour; pour y chan- ter la Mefre(^).
Le Mécreii après la Pentecôte j dernier jour de May , les Religieu- fes d'Orbe, reçurent un ordre de Berne d'aller écouter les Sermons des Minières. Les Religieufes pour parer ce coup , envt récent auprès de la PrincelTe d'O arge, qui refidcrit à Noznoj , la prier
de
^ Dont il a été parlé ci devant p^27* {a\ Thom, l^. l6.
dslaSuijJe. Lî V. I X. 45 de les recommander à Berne. Cet- 1537. te Princefle envoya deux Gen-OR»E, tils - hcmmes à Berne & à Fri- bourg , pour faire révoquer cet ordre, mais ils n'obtinrent rien, Ainfi on leur prêcha trois ans du- rant, tous les jours >& au bout de ce tems - là Tordre fût révo- qué {a).
Le Dimanche 5 2. Juillet, C/;n/- Non. tophle Holard abatit le grand Autel, J^^'l^^^^ qui étoit au Chœur de la grande jf^^for- Eglife. Les Catholiques en furent mez extrêmement affligez & en firent à^orh, des lamentations tragiques, comme fi toute la Religion eut été perdue, ou que Dieu lui-même eût été ar- raché de fon Trône. Il y avoit à Orbe fept Eglifes , grandes ou pe- tires 5 ^ dans ces Eglifes vingt fix Autels. Chriftophlc Holard , ac- compagné de dix ou douze autres Réformez, en renverfa la plûpart^. Mais ks Catholiques ne lailTérent pas pour cela de célébrer toûjours
leur
M id. 16,
^ Pierre fleur Hit , qu'il Ics rcnvcrfa tous, fans en laiflcr v.n fcul dt' relie. Mais le co. traire paroit par l.i fuite. Vo- >;ez ce qui eft dit ci drlfous, de ce c]ui k à Orbe, en'Jauvici 1^32..
'46 Hijloire de la Kéformatiof^
|f53'ï' leurs Oiîîces accoûtumez dans ces Eglifcs 5 & fe fervoient de table aulieu d'autel pour dire la Melfe [a], La Réformation ne s'introduifit pas à Pajernc ? avec plus de tran- quillité 5 que dans les autres lieux
I^AYER- du pays. La Ville de Payerne écoic liée avec celle de Berne, par un An- cien Traité de Combourgeoifie, ou d'Alliance défenfive, peut-crre auffi ancien , que la Ville rnéme de Ber- ne. Du moins dans un Afle que j'ai vû , du renouvellement de cette Alliance, daté du mois de Février de Tan 1 3 4.3 .'^ il eft dit expreiîsment, que c-ett^ Alliance étoit ancienne. C'éroit en vertu de cette Alliance> que la Ville de Payerne avoir four- Com- ni du fecours aux Bernois 5 l'an
mence- ir^o. contre le Duc de Savoye. men: de _ ' ^ , ^ j f,
Referma Dans le même tem.s ceux de Pa-
tion yerne promiirent aux Bernois , de
'^^"^^f^' jailTer prêcher librem.cnt la Réfor- me Vjlle. . , „ , .
mation chez eux , oc de ne faire
aucune infuke à ceux qui Tembraif.
fercienr. IVlais ces p.'om.cflts fuient traverfc txécutées. Il^ Liloient tous les vive- jours quelques infultcs aux Réfor- ment, mez 5
(a) MS- nom. 17. b. &lg, ^4rftrii/, de rAXl^KN E,
\
deUSui^e. LI^^ rx. 47
inez; empêchoient leurs Bourgeois j j3x, ôc les autres , 4'embralTcr la Ré- formation j ne vouloisnt pas per- mettre qu'on lût la parole de Dieu, ni qu'on s'en entretint , beau- coup moins qu'on la prêchât publi- quement.
On en faifoit tout autant à Avm- ^J^-^"" che , 6c fans aucun égard aux pro- melîcs, que la Bourgeoifie avoic faites aux Seigneurs de Berne , ils punilToient ceux d'entr'eux qui al- ioient à Moîat , ou ailleurs > écou- ter les Miniftres.
Dans ce tems-îà la Ville de Ta- ycrne fouhaita de renouveller fon Alliance avec Berne. Les Bernois y confentirent , & députèrent quel- ques ConfeilJers pour ce fujet , au commencement de Juin. Ces Dépu- Hépa. tez paffans à ylvenche, h 3- J^i^^^^^rtî y âffemblérent le Con/êil , & lui pour remonticrent de la part de leurs ^omenir Seigneurs. jgr^'ils étoi-ent fort v >, furpris de ce q'.ie , contre la pro- Aienche » meire que le Conlcil leur avoir » faite, les Réformez étoient in/ultés
inquiétez , Se niême punif , lors ?5 qu'ils aJloient éconier la parole t) de Dieu: .Q£k la vérité leiu in- tention
48 Hifioire de la Kcformation
rj3l. >^ tention n'étoit pas , qu'on forçât perfonne a aller au prê- che, mais qu'ils fouhaitoient feu- >j lement> qu'on laiflat à chacun >, une entière liberté de Confcience, » pour aller au prêche ou à la Mef. >j fe >5 . Ils les exhortèrent donc a s'abftenir de toute violence *. Député De là les Députez allèrent à à^P^yel^- pour renouveller l'Alliance,
ns, mais avant qu'e de le faire : ils re- prochèrent aux Payernois les ava- nies perpétuelles ^^'ils faifoient >, aux Réformez , contre la pro- 5> meffe qu'ils avoient donnée à LL. 5, EE. l'année précédente. Ils leur 5> déclarèrent que LL. EE. étoient très mal-fatisfâites d'une pa- >, reiile conduite , & qu'ils avoient >, ordre de leur demander une exé- cution entière de leurs promefles* & pleine liberté Confcicnce pour 5, ceux qui voudroient cmbraffer 5, l'Evangile, faute de quoi ils s'en re^ourneroient fans renouveller l'Alliance + >, . Il y a apparence que la réponfè des gens de Payer- ne ne fût pas fatisfaifante , puifque
l'Al-
^ MS. Amp, m. B. inftr. 77. ■tUS.Amp, & B. inftr.
deU Suife. Lîv. IX. 49
TAlliance ne fût point renouveJîéej i 5 3 & que cette affaire fut différée jus- qu'au mois de May de Tannée Sui- vante. Sans doute les Bernois 3 avant que de s'engager de nouveau> voulurent voir quel fonds il j avoit à faire fur les promeffes de ceux de Payerne.
IV. Tous les rnouvemens> qu*oa âvoit vus à u4vmche , à Payerne^ de à Ode , contre Farel & la Réfor- mation qu'il prêchoit, n'étoient que des bagatelles , en comparaifon de ceux que l'on vit à Granfon, où il Gr Ac- courût rifque, plus d'une fois, de^^"^* perdre la vie. Il alla d'Orbe à Cranfon dans le Printems, accom- pagné de Claude de GUuîiràs , MiniS tre de Tavanes^ dms le deifcin d'y ^^^^^^^^ prêcher. Mais ils y fûrent dabord ^Jrunjb/t, mal reçus l'un 8c l'autre j ( non- & y obftant que les Seigneurs de Berne ^^^^^^J^ euifent écrit au Baillif, &:au Piieur, (îi^yie. JMcoUs de Dksbuih , de lailTer prê- cher paifîblement la parole de Dieu 5 ) de forte qu'il n'y pût faire que peu de fiuir. Le Gaidiendes Cordelicrs, nommé Frère Guy. s'op- pofa à Farel , difaiit qu'il e.oic un héiétique, & que quant à lui A Tom, IF. C fouiien-
50 Hiftolre de la Keformatîon
I jjï, foutiendroir fa Religion jufquà la G R A morr. QLielques Réformez voulu- s o N. rent cnfuire aller au Prieuré d'en- haut avec Farel, mais les Moines ne les voulurent pas laifTer entrefi Le Sacriftain menaça Farel d'un piftolec , qu'il avoic fous fa robe, II voulut même tuër le Miniftre de Tavanesj & enfermer Farel dans le Cloître 5 & un autre voulut per- cer le Miniftre de Tavanes d'un coup de couteau. Lors que de GUuîïnis y voulut prêcher , on l'en empêcha par un tumulte, 6c Ton tint les portes des Temples fer- mées, pendant quinze jours^ de forte que les Miniftres furent contraints de prêcher devant les Temples. Ce- pendant les Seigneurs de Berne écrivirent au Baillif, de punir ceux qui avoient commis ces défordres» & fur tout ceux qui avoient voulu affaflTiner le Miniftre de Tavanes ; mais il n'en fît rien. Bien loin de là \ les Catholiques fe plaigni- rent injuftement que les Réformez avoient voulu entrer par foi ce > au Prieuré. Là defTus les Bernois y » Le 12. envoyèrent * deux Dépurez, qui au fonir de Neuchatd , allèrent à Cran-
« de la Suijje, Liv. IX. jr
fbn > où ils firent venir Farel, pour [ Jjr »" s'informer exadlement de tout ce Députa- qui s'étoit pafle. Us exhortèrent ^^"^ la Bourgeoifie , a permettre qu'on Cj-^^nfon leur annonçât la Parole de Dieu , puifqu'il y en avoir quelques-uns d'entr'eiix qui le fouhaitoient s & ordonnèrent Que les Eglifes des deux Couvents fuflent ouvertes> afin que les Miniftres y puffent pr^ cher > & que tous ceux qui vou- droient les aller écouter, puflent le faire fans empêchement j Que per- fonne n'eut à les rnfulrer , ni les maltraiter , déclarant que LL. EE. vouloient abfolument que la Parole de Dieu fût prêchée. Us cenfu- rérent aufTi rudement les JVloincrj qui avoient injnrié Farel, en l'apel- lant hérétique^ &c fils uejuif , vou- lant qu'ils piouvallent ces inji^res> ou qu'ils fe rerra(nalTenr. Enfin ils cenfurérent à ffi le EailliF , de ce qu'il n'avoit pas puni celui qui avoir voulu ti ër le Minilt e de Ta- vanes 5 d'un coup de couteau, ni ceux qui avoi.nt caufé du rumulre pour l'empêcher de piêthei, & qui avoi'.nt tenu fcin,é(S Ks poit(.s des Eglifes ; pendant 15. jours. Us C a allcient
5^ Hijloire de la Tieformathn
*î 5'3 1 . allèrent au Prieuré des BénédidlinSâ Gran- pour défendre Tacftion dCvS Réfor- £ o n. niez , & tirèrent le Sacriftain en caufe j puour avoir voulu enfermer '^Farel, &l affafliner le.Miniftre de "Tâvanes *.
Mais ce fut encore pis dans le ■mois de Juin 5 le jour de la *S'. Jcan ^ ^ & le lendemain. Depuis le der- nier tumulte jufqu'alors , tout s'é- toit terminé à des difpuresjque/vîyf/. Tiret 6c d'autres? avoient avec les Moines j particulièrement avec le Gardien , qui prêchoit comme eux^ tous les Dimanches , & qui paffoit pour fàvant. Ils fe refutoient les uns les autres j & l'on s'en tenoit îà. Mais le 24. Juin , jour de la ^^ou- S, Jean , Farel étant allé aux Cor- T^ullf^' ^^^i^fs avec Glautinis 5 pour euïr caiifé îe Sermon d'un Cordelier venu de par le Laufanne , rinterrompic & le re- ztle im- £^ fjjj. quQj Châtelain du lieu dcf^r^l, chargea barel dnijures & de coups de poings. A ce fîgnal , tous les Jufticiers , le peuple , les Corde- liers , & plufieiirs perfonnes qui étoient venuës d'Yverdun , fe jec- îérent fur les deux Minilb^s 5 les
chac-
"'^f' MS. Amj>, 111. B. Inftr. 70.
de la Sî^ijje\ L I V . I X. 5-3
chargèrent d'injures 5 de coups de I piez & de poings, ^ les malrrai-G r a m terent cruëllenienr. Glautims Técri- ^ ^ vit, le même jour 5 à j^^^w Jaques de ^^^ATTE V ILLE Scigncur de Colombier , Député de Berne , qui fè trotivoit alors à Colombier, belle terre firuée à 3. lieuës de Granfon^ au bord du Lac, dans le Conté de Neuchatei. Cependant quelqu'un ayant donné un faux avis auxCcf^ deiiersj que les Réformez; vouloient abatre leur grande Croix , ils s'ar^ mcrent, & Hrent quelques difoofis» tions pour les en emf ècher. De Vratteviiley ayant reçu la lettre de GUuîims j partit le * lendemain î .^^ pour Granfon , ce y ecant ariive, il alla dans le même T emple pour ouïr le Sermon duCordeliur. Corn* me il montoit fur la galerie , il rencontra des Moines qui l'arrête^ rcnt fur les degrez, & ne voulu- rent pas le laiiïer pafler. Il y ea eut même un , qui voulut le pout fer en arriére. Son Vaht repoulTa le Moine:& le contraignit de remonter. Il lui feniir une hache fous fa robbe;
après pîuHeurs ciTorrs, bien de laréfiftancc de la part.duMoineJl la C 3 lui
54 Hijloire de U Kéformation
îç3î,lui prit, 6c voulut le tuër 5 mais G R A N ' fon Maître l'en empêcha. Pendant SON. ce tems-là il y eut un vacarme ef- froyable dans TEglife. Néanmoins il n'y eut que du bruit , qui fut enfin appaifé. De FFattevïlle mit fon Valec fur les degrez de la ga- lerie 5 pour empêcher que perfonne n'entrât ni ne fortit de là. Le Cor- delier prêcha> après fon Sermon, Faïel écant monté en Chaire difpu- ta un peu contre lui, après quoi il defcendit & fe retira. Cepen- dant les deux Moines, qui avoient voulu fermer le pafTage à de Wat- teville , furent mis en prifon par le Baillif 5 à Tinflancc de ce Seigneur. On difoit qu'il y a voit d autres Moines, qui avoient eu aufllî des haches, & qu'il y avoit une con- fpiration fecrére, pour afTa/Tiner les Miniftres 6c les Réformez , & que c'étoic pour ce defTein , qu'il étoit venu tant d'Etrangers armez , par- ticulièrement de ceux dTverdun. C'eft-là la relation , que De Vl^dt^ t-:vïlU en écrivit lui-même à LL. EE. le même jour , 25. Juin *.
H
^ MS. GrooSf.
delaSuiffe, Li v. IX. 5$
Il y eut d abord à Granfon 2. 1^32; Députez de Berne envoyez pour g r a Ajoinrs à de WarteviJie > qui son. examinèrent * le Moine , qui * Le ^%* avoit eu la hache, & voulurent fa- J"^"* voir, pourquoi il Tavoit prife? Il répondit, que cétoit pour em- pêcher Farel , de rompre le Cruci- fix , qui éroit fur la galerie , dont le Couvent lui avoit confié la garde, Enfuire interrogé, pourquoi il avoit repouffé De VVdttevïlle ? Il dit,quil ne le connoiffoit pas , &c. Les Députez voulurent qu'on mit ces Moines à la torture j mais la chofê ne s'exécuta pas +. Ils les firent feulement attacher à îâ cordô , & mettre la pierre au pié , mais ils ne les firent pas tirer. Ces Moines prateftérent folemnellement 5 quils navoient eu aucun autre deflein, que d empêcher Farel , de monter fur la galerie , afin qu'il n'interrom- pit pas leur Prédicateur , comme il avoit fait le jour précédent {a). On découvrit pourtant une tren- taine de femmes , qui âvoient conjuré de faire un mauvais parti à C 4 Farelj
t Ibid.
W MS. Gronjf,
56 Hijloîre de la ^déformation
Farel ^ entre lesqu'elles il y en Gran avoit une entr'autres qui avcic SON. voulu aller fur la galerie , avec fon tablier plein de cendres & de terre , pour jetter dans la bou- che de Farelj quand il parleroit [a). Pendant tout le tems de leur pri- fon les deux Moines, furent bien traitez : & au bout de quinze jours on les relâcha (^). Durant ces quinze jours on mit fix hommes en garnifon dans leur Couvent , pour le garder , & empêcher que les' Religieux ne s'enfuïlTent , & n'emportâlTent les biens de la Mai* foni Ds çes deux Moines ? l'un s appeîloit Gonclot y l'autre Tiffor, Deux ans après , ils enibnlicrenÊ tous deux la Réformation, ^l'un fût Miniftre à Fontaine proche de Gran fon 5 ôc l'autre à Bavojie ( c ); & Chavornay. ^^^9^- , Dans cet intervalle Farel alla- Fye ,^ & prêcher dans les villages du Bal- en quel- liage. Il fut d'abord écouté favora-
ques au- ble^îcnt dans celui de Fies , ou Fye. très Vil- « \ • Al/ 1
bges. Après y avoir preihe quelques
jourS:.
M MS. Grooff.
Ib) MS. Thom, 16. b. 17.
(r) ib. 17.
de la Smjfe. Liv. I X. 57
jours , ii y fît tant de fruit , que i 5 31. les Réformez l'emportèrent en nom- G r a n- bre fur les Catholiques ^ & profi- son» tant inceffamment de la conjondu- re, il fît alTembler \\ Communau- •téjau commencement de Juillet,pouj: mettre la Religion en fuffrages 5 Sc là à la pluralité «des voix la Reli- gion Réformée y fut introduite, & la Catholique abolie. Les Sei- gneurs de Fribourg s'en plaigni- rent , comme d'une infraâion fait^ à leur autorité , & en firent de grands Griefs à Berne contre Fareï. Les Seigneurs de Berne n'approuvè- rent pas non plus la conduite de Farel à cet égard. Ils lui en écri- virent leur fentiment *^ 6c lui or-* r^e 7- donncrent ds s'abftenir à l'avenir de ces fortes d'a<fliGns 5 qui ne convenoient qu'à des Magiftrats Souverains , ou à leurs Députez : Cependant , prêchez librement , la Parole de Dieu, lui difoient-ils j & lors que vous apercevrez que le Peu- pk la veut embraffer : ou que la plus grande partie fera pcrfu.xdée a le fai- n-y faites le nous [avoir. Nous y envoie^* rons j^os Députez y pour mettre -la, derni^e mm a cette affaiie. Ou fi C 5 4'cu>:
5 8 Hiftoire de la ReformatioH
ï 5 3 1 • ^'^^x mânes ils veulent sajfembler pour Gra recevoir l'Evangile i nous ne le rejuje^ ^ û roris pas. Cela neft pas tonttairey aU paix Nationale , conclue à Brenigar- te > que les Fiioourgeois allèguent joU" vent Il y eut tncore quelques autres villages , où la MelTe fût abolie par les paffans. Non- Le Jeudi 6, Juillet , Chri[lophlc Holard &c Antoine Tavel alléient Orée, ^ trouver le nouveau Châtelain , An^ toine "Secreflain , qui avoir été mis à la place d'Antoine Agafje , & firent ^ entre fes mains une accufation cri» minelle contre les Prêtres j les ac- cufant d'être des meuitriers, offrant de fe rendre prifonniers avec eux. Là-deffus on les envoïa en prifon> & l'on ordonna aux Sergens d'y conduire auffi les Prêtres , Il y en eut un, nommé Pierre Bovey yhoïumç. puiffant & vigoureux , qui rélifta tellement aux Sergens , ôc les bat- tit fi bien 5 qu'ils le laififérent aller. Ils n'en prirent qu'un , nommé JBlaife Floret , qu'ils conduifirent en prifon. On les traita tous honnê- msnt, foit pour le logement > foit pour la nourriture j &. ils avoient
^ ^erne Latin. MiiTiv. 305.
I delaSuife. Liv. IX. 59
Ppermiiïion daller par tout le Châ- IS3I» teau librement. Mais pour les au- O r b e. très Prêtres; le peuple fe mit en armes pour les deffendrej 6c du- rant fix jours la populace mutinée fut toujours dans les Eglifes avec toutes fortes d armes, pour s'oppo- fèr à tous ceux qui auroient voulu les faifir , & les empêcher de dire la Méfie. Le Dimanche p. Juillet, le Banderet de Pierre fleur fît aflem- bler toute la Communauté, & leur demanda, s'ils vouloient tousper- Cftcr dans la foi de leurs Pérès ? priant ceux qui étoicnt dans ce îentimcnt de lever le doigt, 5c les autres de fc retirer. Là deifus toute Taffemblée leva le doigt 8c ils protes- tèrent tous, qu'ils étoient réfolus de garder la foi , d'imiter lès actions & les mœurs de leurs Pérès. Après cette déclaration il fut refolu de pouffer l'affaire des Prêtres, au nom de la Bourgeoifie ; & l'on recou- rut à Fribourg. Les Seigneurs de Fribourg, ayant apris la détention du Prêtre, le firent relâcher , &:les autres demeurèrent en prifon juf. qu au 22. Juillet, qu'ils furent aiifii tiargis, Mais les deux Réformer
c 6 ,
60 Hi/loire de la K^formation
1 5 3 1 , HoUrd' & Tavfl , furent repris pe>iî Orbe, de jours après & conduits en pri- fon , avec douie ou treize autres, de leur parti, pour avoir abatu les Autels, & ils y furent tenus étrci^ tement pendant trois jours , au pain Se à l'eau *•
Le Dimanche 25. Juillet, Jean? H G L A K D , ou HouLird, Bourgeois d'Orbe , frère de Chnftophle , prêcha Hiiloire< pQUj- I3 première fois à Orlcy dc^ IhUrd!^ vant les Religieufes de S^^- Claire, îl avoit été dès fon enfance defti- né par fon Pére à être homme d'E* glife. Il aprit d'abord laMufique, c étoit par là qu'il falloit commen- cer: il s'en dégoûta , & fut à la guerre pendant quelque peu de tems, mais il revint à fa prémiére profeiïîon, fut fait Chantre de la Chapelle du Duc de Savoye à Ghambery. De là il prit Tordre de Prêtrife , &: y vécut fort long- tems en tiès-bonne réputation. Il fût Chanoine de TEglife Collégia- le de S, Nicolas de Fribourg , ^ en- fiw Doyen j vivant dans une gran^- de cftime. Dans la fuite ayant ou- vert les yeux à la lumière de
l'EVaiî-
MS. ThQTTt, 18. 19.
de U Smfe. Li V. IX. 6i
fE/angile, il entretint fecrétement l^'i l. un commerce de lettres avec les Mi- O r b f. niftres de Berne ^ ce qui ayant été découverte il fut mis en prifon. Les Seigneurs de Berne demandèrent fa libeTe. A leur confidération le relâcha j mais il fût banni de Fabo'jrg. li fe dévoua donc au S:int Miniftère, & fût d abord Mi- niftre àla Bonne P'ilU près deBienne. De là les Bernois l'établirent à Bay ou Bex 5 dans le Gouvernement ô^Aîgle. Il fat marié trois fois^ 6c eut trois enfans de fa féconde fem- me. Il mourût à Orbe ie 24. Sep- tembre 15(^9. ayant demandé fon congé quelque tems auparavant) à caufe de fon grand âge^ pour vivre en repos lerefte de fes jours*.
V. Pendant ces troubles de \i ville d'Orbe, les Réligieu/ès de S^^'- Claire, qui avoient bonne envie de fe retirer en Bourgogne 5 avec tous lés biens de leur Couvent, négociè- rent fccrérement pour ce dcffein ^^^^^^^"1 avec Madame Philiberte de ques Re- Luxembourg , PrincefTe d'Orange, ligîcujes. Elle leur envoyoit routes lesfèmni- ncs un M'^iiTager, par le moyen du- quel
MS. Thom, vj, b. ao.
62 Htjloire de U Réformation
I S 3 1 • S"^^ ^^'^^ donnoient de Orbe, leurs nouvelles, & envoyoient en Bourgogne , la plupart des orne- mens deTEglife, & leurs plus pré- cieux meubles. Enfin , le 2 8. Juillet, dix fept d'entr'elles fortirent de nuit de leur Couvent, efcortées de deux Religieux , & du Banderet de Pier- refleur , qui étoit aufTi de leur Com- plot, & qui, (comme il nous l'a- prend lui même,) fondoit en lar- mes à la vtië de ce trifte Speftacle. Elles montèrent hors de la ville, fur des chariots, que la Princeffe leur avoit envoyez , & elles allè- rent à Aoferojf , où cette généreufê Dame les reçût avec grande joye, les attendant avec toute fa Nobleffe» Elle les logea dans la maifon du Seigneur de VFufiens , où elle les entretint environ un an {a). Je remarquerai ici à cette occafîon, que Tannée précédente 1530, le Prince Généro- à^Otarge , qui commandoit une ar- fité du mée Navale dans la Méditerranée 3 d'o an ^^^"^ trouvé fur des VailTeaux , ge erv"' quantité de Bourgeois & de Sujets vers de Berne prifonniers , qui avoient quel- été dans les guerres de France &
notSt
W MS. Thom-ii, o, 11.
dtUSuijfe. Liv. IX. 63
de Naplesj les délivra généreufe- 1531. ment de leur captivité. Les Sei-OREE. gneurs de Berne, l'ayant appris, en écrivirent * à la PrinceiTe fa M ère , ^j^ful^y pour Taffurer de leur reconnoiffan- isso.' ce (4). Ils la prioient en même tems d'avoir la bonté, quand elle ccriroit au Prince Ton fils , de lui marquer qu'il leur fera plaifir de leur envoyer les noms de tous ceux qu'il avoir délivrez, afin qu'iL fâ- chent qui font ceux d'entr'eux, qui font mortfi » ou encore en vie , & qu'ils le prient inftamn.ent de re- chercher encore tous ceux qui fe- ront ou pourront être iur les V^aif. féaux 5 lui offrant toute forte de re- connoilTance.
Mais pour revenir à nos Reli- gieufcs d'Orbe 5 le bruit de leur évafion s'étant répandu dans la Ville, le Bâillif alla voir l'Abbe/Te:, & lui demanda , pourquoi fcs filles 5\'toïent retirées ? L'Abbefle répon- dit , que la f^im &: la difettc les avaient chalTées , & que d'ailleurs ' elles éroitnt perpétuellement en crainte de quelque mauvais traite- ment
W tatin. Miffiy. 2i^j.b>
64 Hifloïre de la format ion
ï'5 3 F . nient (/î). En effet elles étoienî © R. B H, pauvres , & j'ai trouvé dans les Regrres du Confèii de Moudon, qu'elles firent quêcer alors par le pays , apparemment pour leur voyage 5 6c le 27. Juillet, veille de leur départ , le Confeil de Mou- don leur fît donner deux florins de Savoy e par Charité. L'AbbelTe demanda aufTi au Baillif permi/Tion de fe retirer , avec les autres Reli- gieufes, -qui étoient reftées, mais il la leur refufa , & mit à la porte de leur Couvent une garde d'une douzaine ds jeunes hommes , tous Réformes pour les empêcher de l^ou- {çfiix^ fans permifïîon ( ^ ). Cette ^X^'^'aaion du Baillif mit le peuple en fureur. Conduit par les prin- cipaux & les plus apparens dont étoit nôtre Auteur le Banderet de T'/Vz-r'^/c^r^ils allèrent tous demander qu'il 6tât cette garde, &; laiiTât ou- vrir le Couvent, afin que chacun pât entrer dans- l'Eglife. D'abord li le refufa vrnais voyant en fuite que le tumulte alloit en augmen- tant, 5c craignant? qu'il nea arr>
vât
(î) MS. Thom, J. c. Ibl MS. 'lijQm.'h'c.
de 'U Suîfje. L I V. I X. 6 S
vât plus de mal , d'autant plus V^Sf» que c ecoit alors * la fêre de ^S". P f Germain , Patron de la Ville , li let. renvoya ces gardes , & fit ouvrir le Couvent, après quoi le peuple y entra en foule. Cependant, com^ me cette émûte étoit d'u» mauvais exemple, le Baillif fit mettre en prifon i*, ceux des pl^s apparens, + Le^J- qui en avoient éré les Auteurs. Le Confcil envoïa fur le champ deux Dépurez à Berne fîc à Fribourg , pour follicirer leur élargiffcment. Ils l'obtinrent, mais à condition qu3 ces gen&-là payeroient cent écus d'amende pour leur foulévemens {a). Ils prétendirent la payer de U bouife commune de la Bourgeoifiej Mais lès Seigneurs de Berne s'y oppoférent, ïc voulurent qu'ils la payalTent chacun de fon bien pro- pre , ( puifque les Réformez, qui étoient aufli Bouigeois , n'avoient point cû de part à cette fcditionj ) à moins qu'on ne permit aufli aux Réformez de payer leurs frais de la bourfe commune (^}, Mais en- fin ils eurent encore la bonté de
leur
[n) MS. Thom, 23 , (-^1 lalh. fiN-
66 Hijlûire de la Kéformatloft'
ï 53 î. 1^"^ quitter cette Amende , auiïi- Orbe, bien que ceux de Fribourg {a).
Dans ce tems là les ReJigieufês de S^^- Claire reçurent une nouvelle mortiHcation. Quelques Réformez» animez d'un zèle indi/cret &c im- pétueux >eûllérent un jour enfoncer Nou- la Grande Porte du Chœur de leur J"^.^^^^ Eglife 5 <k ,en démolirent les Au- l?éf<,r- tels*. Ce n*eft qu'avec peine que f^^Z' je raporte ces fortes d'actions & d'autres femblables j Mais enfin la vérité de THiftoire le demande. & il ne m'eft pas permis de les fup- primcr , fans me rendre coupable de partialité. Bailleurs il eft bon de fiire remarquer à nos Adverfai- res, que nous n'apiouvons nulle-» "Réflex^ ment la mauvaife conduite de quel* ton> fur quej particuliers de nôtre Commu- lu;et. ^-^^ . ^ ^A^jç ^,te. Religion
eft fort éloignée d'autorifer ce qui fent le tumulte, la violence > îa fédition. Sans doute ces gens- là s'imaginoient faire en cela une Aâion agréable à Dieu , parce qu'il a donné cette Loi touchant les Ido- lâtres , & les inftrumens de leur
Idok«
deUSuilfe. Liv. IX. 67
fdolatrie* : V'ous démolinz leurs Au- 1531; 'e'.s, vous br frez leurs Statues y Vous q r î £• :o'n€iez let*^^ bocages : & vous bru- , trez au feu Ituis images taillées. Mais Is auroient dû conHciérer , que :et ordre s'adrefle au Peuple en Co'ps, & à fes M.îgiftrars : ÔC ion aux particuliers ; &: qu'il faut .aiiïer aux PuifTances , le foin de :es fortes de chai gemens > qià ne Deuvent fê faire, félon les régies du Droit des Gens> que par leur au- :oriré. Quand les Juifs fe mirent fil faire des encenfemens au Serpent fa'rain , aucun Particulier de Je- i'ufalem, ni du Royaume de Juda> iliucun Saciifîcareur , aucun Pro- ohête , n'entreprit de le brifer de "on autorité propre j quoi qu'on Ijic manquât pas alors de gens pieux 3c zUez: rr ais ce fut le Roi Ezé- :hias , qui le^fît brifer {a). Après :out il convient, félon la régie de *Apô^re S,Paul{b), ^ félon Tefprit le l'Evangile ? que tout fe fafle ians l'Eglife , az/ec ordre & avec Uenféance,
II
* Deuteron. VII. 1/. ^. [^] II. Kois. XVIII. 4. ' lb^ l. C'jrinth, XIV. ^c.
68 Hiftoirc de la Rcformation j. ^ ^ j , Il ne faut donc pas tant s'éron- O-RBE. fi Catholiques regard oient de mauvais œil & la Réformatioa & les Réformez. On ne peut pas changer de fentiment, en matière de Religion, comme on changçii ha- bit j ce qu'on s'eft accoutumé dès fon enfance > à regarder a\'«c véné^ ration , comme quelque chofe de fàcré, on ne peut pas fouffiir tran- quiienient qu on le dérruife , ou qu'on le renverfe. Ce n'efl pas ea bfifant tumuîtUâirement i«s Idoles^ qu'on ramène les Idolâtres > on ne fait que les irriter. Il faut les éclairer, & les engager à brifer eux* mêmes leurs Idoles de lec.rs propresij mains. Mnis il efl tems de repreiv drele/îi de monHifioire.
Les Religieufes de S^'^- Claire itw ritées du défordre qu'on avoit fait dans leur Eglife , ne pûrent plus^ vivre à Orbe. Elles £rent prier les' Seig. leurs de Berne 5c de Fribourg^' de leur permettre de fe retirer, fou- haitant de fuivre leurs Compagnesf en Bourgogne. En même tem« elles dépêchèrent un MelTagcr à h Princcfie d'Orange , & à leur Supé rieur , pour grier l'une ôc l'autr»
I deUSuijfe. LlT. IX. 69
le les recevoir. La Princeffe & ie j 531 îupériegr répondirent, C^'elles pou- Orbe 'oient venir en Bourgogne , & [u'elles y feroient bien reçues ; nais (^u il faloit auparavanr, qu'elles iffenc quarantaine dans quelque lieu carré, à caufe de la pefle qui toit alors à Orbe , & dans une •onne partie du Pays de Vaud. Le lévot Banderet àt P'ierrcfliur offrit ,e leur prêter, pour ce deffein, une lâifon qu il avoit à Baumes {a) vil- âge ficué au pié de la Montagne> iir la grande route de Bourgogne, ^es Seigneurs de Berne leur permi- enc de fe retirer avec tous leurs iens i & voulurent même que le Jaillif les cfcortât jufqu aux fron- iéres (^) , Mais ceux de Fribourg le voulurent pas les laiffer partir : \C pour les engager à refter, ils eur promirent d envoyer des Dé- )Utez à Berne ; & de taire mettre e fi bons ordres, qu'on ne les in- |uiéteroit plus à l'avenir ((). Ainfi files rtRérent. Les mouvemens tumultueux con- inuérent à Cranjori , pendant toute
I / u c) MS. Thom.z^. i<j. 16. iù'jlu Inftr. iij.
70 Hijloîrc de la K^fcrmatton
I 5 3 T. l'Automne , au fujet de Ja Religion, G R AN- ce qui engagea les Seigneurs de soN.j Berne d'y envoyer des Députez, le iS.Sepremb. pour encourager les Réformez, & exhorter les autres à laifTer prêcher tranquillement la pa- role de Dieu. Ces Députez furent aulTi chargez d'en faire autant i Echalens. Pour le coup les Réfor- mez de Granfon étoi-?nt la partie fouffiante. Un Dimanche du mois de Septembre , comme ils ctoient dans le Temple , occupez à écou ter leur Minifire , & qu'ils y de- menroient trop long-tems au gr Tumulte Catholiques, ceux-ci impatieni caufé d'entendre la Mefle lâchèrent leur* par les femmes , qui entrèrent efFiontémenI) Catholi- ^^^^ grand bruit i pour in ter* ques. rompre leur dévotion. Les Réfor« mez voulurent les repouflcr,& les mettre hors du Temple, mais elles ctoient en fi grand nombre, qu'tl-* les furent les plus fortes, & la fu^ reur leur foi inilTant des arn es ek les les ch«fle'e- 'f. Elles fe p irent particulièrement aux trois Minifi très, qui fe nouvéïenr là F.oel , G<i* v it , & froment , ksqutls elles atâlciâuéreat extiêiiiement y 8c
de la Suijjè. Ll V. IX. Jl
leur déchirèrent tout le vifage. El- les en vouloient principalement à ^* Farel , & fans le fecours (Xyintoine Froment, qui étoit avec lui , il au- roit couru rifque d'être affommé. De VVattev'ille , ancien Avoyer de Bernej arriva bien-tôt après à Gran- (bn, pour prendre information de cette affaire. Il fut fuivi d'autres Députez , qui y vinrent avec ceux de Fribourg, pour le même fujet : mais il ne pûrent convenir de rien > & s'en retournèrent fans rien faire *.
Cet accident ne rebuta point les Réformez de Granfon, & ne les empêcha point de faire un nouvel éclat quelque tems après. Vers la ^xcit fin de l'Automne , ils allèrent , de leur prop-e autoriré , brifer quel- ques Autels dans TEglife des Cor- deliers. Les Dépurez de Fribourg irritez de cette a<flion , comme on le peut penfer , fîient mettie en prifon Fard & d'autres Minières, avec quelques peifonnes de Grarijon & d'TvQnan. Les Seigneurs de Berne n*appiouvoWnt nullement la con- duite des Réforn.ez. Cependant ils
ne
MS. Thm, 14. MS. Crooff:
72 Hîfloire de U PJformario'a
1531. ne voulurent pas les abandonner G RA N- non plus 5 pour ne pas paroître ^ ^ ^* abandonner la Religion. Ils écrivi- rent donc au Baillif de Granfon, de les relâcher. Mais comme il étoit Fribourgeois , il n'en voulût rien faire. Il fe nommoit Jean Keiff, Les Bernois s'adreflerent donc au Gonfeil de Fribourg, & lui en écri- virent deux fois > après quoi les prifonniers fûrent élargis {a), DifficuL y e^it encore de nouveaux dif- té entre férens entre les deux Etats, au fu- jBerne& jgt dcs Villages de ce Bailliage- là, au" aîiei avoient embrafle la Réforma- des Vil tion^ les Bernois voulans que h lagesRé- Meffe y fut abfoîument abolie ; & du *^Bal- Fribourgeois s'y oppofant vi- iiâ<rc de vemenr. Les deux Etats envoyé- Granfon, rent chacun des Députez à Gran- fon, pour travailler à un accom- modement fur cette affaire. Ceux de Berne voulurent abfoîument , . fuivant les inftruâ:iony qu'ils avoient I remues 5 i°' Que la Mtffe fût entiè- rement abolie, dans les lieux où on l'avoir lejettée à la pluralité des voix : & 2°- Que ceux qui avoient mal-traité Farci ôc les autres , fuA
fenc
[/t] MS. Groof,
de la SuijfeLlV. IX. 73
fent punis. Ils cenfurérent même i 531. le Baillif , qui avoir voulu faire G r a n- prendre Antoine Froment , parce son. qu'il avoir fecouru Farel. Ils de- mandèrent aufli que le Baillif payât Tcntretien ds Miniftres. Les Députez de Berne ^ de Fribourg convinrent enfsmble fur le premier Article , qui étoit de laifler rubfiC. ter le Traire qui avoir été fair^ fur rabcliiion de la MelTe , à la plura- lité des fufFrages ; mais ceux de Fribourg demandèrent qu'on reti- rât Fdïel de Granfon. Il étoit le principal objet de leur haine par- ce qu'ils le regardoient comrr:e le prémier auteur de i'introduclion de la Doflrine Réformée dans ces Quartiers-là. Les Bernois , pour le bien de paix , eurent la com- plaifance de leur accorder leur de- mande , 8c tinrent parole. Farel fe , retira. Mais il n'en fût pas de mê- me de l'autre coté. Api es le dé- part des uns & des autres . le Baillif rétablit la Mefle dans les lieux où elle avoit été abolie j Berne s'en plaignit à Fribourg le 8. Noven.bre, mais inutilement
MS. Groofi;
, .. Tenu IF. D II
74 Hijloire de la K^formation
1531» Il fui vint encore un noiivtl em- O R B E. barras entre les deux Etats de Ber- ne 6c de Fj iboui g , au fujet de trou- bles qui s'élevéïent à Orbe entre les Réformez & les Catholiques, & qui éclatèrent la veille de Ncël 'Tumulte L'occafîon en fût que les à On EE Réformez voulurent s'aflembler ^^^Vcjlledans l'Eglife Paroifllale , à fept caufè heures du foir. Les Catholiques par les leur avoient fouvent reproché, de Catholi- dorimr comme des pourceaux dans leurs lits 3 tandis que les Catholiques étoient dans TEglifê , occupez à chanter les louanges de Dieu. Afin donc de fe laver de ce reproche > ils voulurent célébrer la Vigile de Noël, par une aflemblée Religieufe, & piirent pour ce delTein Theure que je viens de dire. Les Catho- liques qui avoient la Clé de l'E- glife, la leur refufércnt j ccà pour- quoi ils y entrèrent par force, ÔC y pfêché-ent. LV.fTemblée fût fort nombreufe, parce qu'il y vint plu- fieurs perfonnes , qui n'ofpient pas y parcître de jnui ; de forte qu'ils enrendoi'^nt les Catholiques , qui > pafTant regardant par la porte > difoient , Le Viable y en a bUn tant
de la Suiffe. Liv. IX. 7J
»r^. Tandis qu'il étoknt occupez [^3 F.' à écouter Je Sennon de leur Minit O r b e. tre , les Ca:holi4ues s'âcrroupérenr, & foie pour les inf ilrer, foie qu'ils trouvairent que leur Sermon étoic trop long, ils alléienc Tonner Ma- tines à neuf heures da foir \ ce qui obligea les Réformez à fe re- tirer : &: les Catholiques entrèrent dans l'Eglife après eux. Comme les Réformez fe retifoient chez eux paifiblement &cfans aucun tumulte, quelque mauvais efprit fie counr le bruit, OuWs alloient dans l'Eglife de S. Claire , pour y brifer tour. Là deffus les Catholiques , fortune à la hâte de l'Eglife les allèrent chercher, les attaquèrent à main armée , fendirent la têre à quelques- uns , & en blefférent d'autres. Les Réformez allèrent à Berne, au nom- bre de^rv, en porter leurs^ plain- tes , ayant à leur tête Pierre I^tret, Outre la violence qu'on vient de voir, ils fe plaignirent encore, qu'on enfonçoit leurs portes , 6^ qu'on biifoit lejrs fenêr es à coups de pie- res,deforte qu'ils n'è oient p'-»int en fureié dans leurs maifons. Les Catholiques l'ayant lu , coururent D 2 à
76 Hijîoirc de la J^c formation
1^31. à Berne après eux, au nombre de O KE E. On écouta les deux par-
ties, & on les renvoia, leur di/ant. qu'on leur donneroit bien-îôt ré- ponfe
Tumul- Cependant le jour même deNcël, W/ ^î' ^^^^ défordre dans le
jmi/ de Village de Novalle , au Bailliage de Nocl. Gianlon. Les Réformtz, voulant entrer dans l'Eglifê , pour y enten- dre la parole de Dieu . &c faire leur fcrvice 5 les Catholiques > incitez par Je Baillif , ne voulurent point leur en permettre Fentrée ; 8c les gens du. Seigneur rrr^y dirent, que FEglife n'étoit point fur les terres de Berne & de Fiibourg, & qu'ils n'y avoient rien à voir. Les Ré- formez prcflant pour fe faire don- ner la Clé, les Catholiques afliflez par ceux de l^uygelle & de Longe- l'ille , k mutinèrent, coururent aux armes , & en blefférent quelques- uns , entr'autres le Miniftre , qui eut la têre fendue. Certe affnre fut porfée à Berne. Le Baillif de Granfon y fut cité, pour rendre conpte de fa conduite. Le Chan- celier de Berne & Farel,lLi foutin-
rent
* MS. Tho?». 2,7. b. 28, MS. Groojf,
de U Smjje. L i v. I X. 77
rcnt en face, que c'écoit lui qui 1^3 f, avoic incité les Catholiques a cette Gka\- émuie : & les Catholiques même son. de Vujgeïïe s'excuférent , rejettant la faute fur le Baillif, qui leur avoic ordonné de faire ce qu'ils avoient fait *. Les Réformez de la Pa- roi (Te, accu fér en tau ffi le Curé àç.Vnj- gclie d'avoir eu la principale part à cette fédition. Ils fe plaignirent en même tems > que ceux d'Yver- dun, zèlez Catholiques ôc des plus ardensJes menaçoient quand ils paC- foientpar leur Viile, &venoient mê- me les mal-traiter jufques chez euxf.
Il étoit de la prudence des deux Etats 5 d'arrêter le cours de ces ^égu^ défordres, par de bons Réglemens. g^J^^ç^ C eft aufli ce qu'ils firent. Ils eurent "p^.;. une Conférence enfemble à Berne, bourg , vers la fin de Janvier 1 5 : 2. & là le Po^^ 3o.du même mois, ils convinrent en- ^^.^^^ femble de VU. Articles , dont je fujets rapporterai ici la fubftance. com- ^ I. Que leurs fujsts des deux Re- ^^^'J^ ligions vivroient enfemble en paix, II. Que les Réformez auroient un Terni le, <^^ns lequel ils pourroient faire prêcher la Parole de Dieu tous
D 3 les .
*MS.^>v;/M23.B.Inftr.i40.i4i.tMS.Gr^'?7.
78 HiPoiYt de la Keformation Orbe les jours, fans aucune contradiftion ^ & 6c que de leur côté ils ne troubleroient so^N^eiî P^^"^ f lus les Catholiques dans 15 32. ^^"^ Me iTe.
III. Que chacun de ces fujets aura pleine liberté de Confcience> d'aller au Prèthe^ ou à la Mejfe.
IV. Que la Aleffe demeurera abo- lie 5 dans les lieux où elle Ta été à la pluralité des voix, ^'elle flibfiftera dans les lieux où on l'a gardée 5 cependant permis toûjours aux Réformez de ces lieux là d'a- voir le Prêche,
V. Que les Mtniflres Se les Prê-- très dans leurs Sermons, ne don- neront plus des noms injurieux à leurs Adverfaires : mais qu'ils fe contenteront de propofer leiirs fenti- mens , & de réfuter la do(flrine op- pofée par de bonnes raifons.
VI. Que nul ne devra infulter qui que ce foit > pour caufe de Reli- gion > ni par parole, ni par voye de fait > fous peine de trois jours & trois nuits de prifon , au pain 3c à l'eau 5 & de payer un Ecu d'or d'amende, au fortir de prifon;&que ceux qui n'auront pas dequoi payer l'amende, feront remis où laiflez
en
I de la Suijfe. L I V. IX. 79
en prifon , pour y erre encore tout O r b b amant de tems. Qu'on infligera aux ^ ^ femmes h moitié de cette peine Se s on, en de cette Amende. 1532,
VII. ^'il fera défendu de rien gâter ni détruire dans les Egliies > 6ns l'autorité des Seigneurs *.
On envoya des Députez des deux Villes 5 pour publier ces ordonnan- ces à Orl?e &c à Granfon : & en même tems les Seigneurs de Berne écrivi- rent à Farel , le 10. Février 1532. pour lui donner avis &au?: autres Minières Tes Collègues 5 de cet ac- commodement, & de ces ordon- nances , qu'ils avoient faites avec ceux de Fribourg 5 l'exhortant 5 lui particulièrement à les obferven afin d'être en bon exempbie aux au- tres t.
Les Députez des deux Etats fu- rent arrêtez par de nouvelles dif- Nouvel- fîcultez qui s'élevèrent entr'eux, & les diffi- s'en retournèrent fans rien faire, ciiltez. Un nommé Jaques Collon 5 & deux autres , ayant renverfé les Images à Echalens, avoient été mis en prifon, & appliquez a la queftion. Les Ber- D 4 nois
^ MS. Groojf,
80 Hîjloire de la Réformation
^ &^ ^ nois avoient écrit aux Fribourgeois, Gr AN- P^^*^ P^^^^ f^'fe arrêter ces so N. en procédures, jufqu à l'arrivée de leurs 1532. Députez 5 mais inutilement. Les Dépurez de Berne avoient ordre de demander réJargifTement de ces prifonniers, fous caution Bourgeoi- fe 5 ji'fqu'à ce qu'ils fuflent punis comme ils Tavoient mérité. Ils avoient aulTi ordre de s'informera O'be , touchint le tumulte qui y étoir arrivé la veille de Noël 3 de punir les coupables & de faire ren- dre juftice par des Juges impar- tiaux , à ceux qui avoient été blet fez 5 de faire donner des penfions aux Miniftres dCOrbe ScdcGranfon, &c à ceux de la Campagne y d'ex- horter le Confeil d'Orbe à ne pas dépofer 5 pour caufe de Religion, ceux d'entr'eux qui étoient Réfor mezj de faire que les Catholique ; fe contentafTent des Autels , qui
étoient demeurez debout , fans re- lever ceux qui étoient abatus ? ni en faire de nouveaux (4). Ainf les Députez de Berne, fuivant leurs ordres , ne vouloient pas permet tre qu'on relevât les Autels abatusi
U) M5. Anjp, lis. B. Inftr. 159,
deUSîiîjfe. LiV. IX. 81
& ordonnèrent qu'on remic par ^ terre ceux qui avoienc é:é relevez. ^ ^''^ D'autre côté les Députez de Fri- bourg défendirent aux Réformez, d'aller prêcher dans l'Eglife de 5'. CUhe 5 ce qui fut fait {a), EnHn pourtant les deux Etats convinrent cnfcmble , au fujef des Autels. Le Dimanche Mars , les Députez de Berne & de Fribourg retour- nèrent à Orbe, pour exécuter les articles dont on étoic convenu: & le lendemain ayant fait affembler tous les chefs de famille , ils y publièrent l'ordonnance dont on a parlé. Ces Députez eurent aufîl ordre de donner une penfîon & lin logement au Minière d'Orbc> & à quelques .autres, qui jufqu'alors avoieiit é é dans des Logis : & pour la penfion , o:i devoit la prendre fur la moitié djs piében- des,qui fe donnoient à d.s Béné- ficiaires Etrange'^s ou abfens, qui par làétoient portées hors du pay.s les Seigneurs de Be.ne abandon- nant cette moitié ^our les Minif- tres {b\
D 5 Après
MS. T/^o/w. l8. b.
W li?. B. Inih. 148.
82 Hiftûîre de la Kéformation
G R A N- Après avoir fini ce qu'il y avoit à faire à Orhe^i les Députez de Ber- ne & de Fribourg allèrent à C??'^»- Çon le Lundi 4. Mars, &y publié-^ rent la même ordonnance. Dans* ces deux Villes , il fut permis aux Catholiques de relever leurs Autels, qui avoient été abatus \ & ils s'y employèrent avec une telle ardeur^ qu'ils furent tous rétablis au bout de deux jours {à). De là les Dé- Soiwi des putez de Berne allèrent vifiter les Seignrs. yii]ages^ q^ii avoient embrafle U p^^^jfj^5 Réformation 5 à la pluralité des Villages voix , favoir 5 Gy , Champagne 5 jy, Kcfor- Provence > Novelles , & quelques Balfiage ^"^^^5. Ils avoient ordre d'y éta- blir des Miniftres > d'en faire délo- frn. geF les Prêtres . & de donner leurs penfions aux Miniftres. Pour ce qui eft des Paroifles , où la diver- fîté des Religions fubfiftoit encore, ils avoient ordre d'y établir auffi des Miniftres , afin que ceux qui fouhaitoient d'entendre la parole de Dieu, pûffent avoir cette édifica* tion ^ & de donner à ces Miniftres> la part que les Seigneurs de Berne contribuoient pour faire les penfions
WMS.rWso. \
' deU Suijfe. LiV. IX. 83
des Bénéficiaires Etrangers cù ab- fens , comme dans le Balliage d'Orbe (4).
VI. Il eft à remarquer que de Î531. tout le ?iijs dé \f A \j D y il n'y P^^ys eut que les 4. endroits, dont on^^^^* Tient de parler , Avmch^ > Payerncy & les Balliages d'Orbe & de Gran- [on, où il fe fit quelques mouve- mens pour y introduire la Réfor- mation : à ^venche à Payer ne , ^on etac parce que ces deux Villes étoient ^^^f^^^ zWiéçs de Berne j Se que les Ber- llgion. ncis y appuyoient les Miniftres j qui entrcprenoient d'y prêcher : 8c dans les deux Balliages d'Orbe & de GranfoUi parce qu'ils font fous la domination des Bernois , au/Tî- bien que fous celle des Fribour- gcois. Dans tout le refte du Pays de yaud y qui dépendoit , en par- tie du Duc de Savoye , en partie de TEvêque de Laufanne , on éroic plongé dans Tignorance 3c dans la bigotterie, autant qu'on le pou- voit être dans le fond de l'Italie ^ de l'Efpagne ; 8c les E di t s , publiez par les Etats du Pays, (l'an J525. ) contre ceux qui y prêche- D 6 roient (a) MS. Am^. 115. b. B. Inftr.uyu
84 Hijloire de la ^déformation
I 5 3 1 . roient la nouvelle Do<ftrine, renou- veliez Tan 1527. 6c confirmez par l'autorité du Duc de Savoye *, étoient fî rigoureux & fi prelTansj que 3 d'entreprendre d'y prêcher , c'étoit s'expofer à une mort cer- taine 5 de gayeté de cœur, & fans aucun fruit. ^ o u- ^ Aloudon , qui étoit alors la Capitale du Pays de Vaud, on avoit un Curé 5 qui abandonnoit à d'au- tres le foin de prêcher la Dod^rine du Salut. Le Théâtre y 'tenoit lieu d la Chaire, & les Conduiîleurs du peuple 3 au lieu de lui procurer des' inftiu<fîions falutaires tirées de la ParcJe de Dieu , le repaifToient de Comédies pieufes, félon le goût de ce Siècle là. Ainfi cette aniiée 153Ï. le Confeil de cette Ville> ordonna de payer 10. florins de Savoye aux Comédiens, qui , le Dimanche des Rameaux 5 a voient jcilé une partie de la Pafllon du Seigneur, & le Lundi après Pâques, ^ fa Réfurredion. Ils donnèrent en le de^ ' "^^^^ tems 7. florins 2. fcls 5 mpn- MoH.îon noie de Laufànne, à un Prêcre
Etraii-
Voyez le Tom. I. pag. & $07. ^
de laSuijfe. Liv. IX. 8S
Etranger, qui leur avoit prêché j jjj-; pendant le Carême : de forte que paye les deux Comédies furent payées plus deux Co- chérement que tous les Sermons du pifjf^^^ ^ Prêtre. Au mois de Septembre plus che fuivant, ils donnèrent encore 60. rement fols, de Laufanne, à 12. Corné- ^"^^^.P^"^ diens , qui le 24. d'Août , fête de mons. la ^S". Barthelem), avoient joiié une hiftoire pieufe, appellée le Pauvre commun *.
A Laufanne les chofes n'alloient Lausah pas ir.KUX, quoique ce fût une Ville Epifcopale ^ où il y avoit un Col- lège de 32. Chanoines ; deux Cou- vens de Religieux, l'un de Domi- ^^J} ^taç . nicains , & 1 autre de Corddiers , ^^l^j^ç, &c cinq Eglifes ParoifTiales. Tant ligion. d'Ecdéfialliques > qui auroient dû être une Source de lumière falu- taire , pour la Ville & pour fon territoire, croient tout autant de Chiens muëts , où plutôt de Con- duifleurs aveugles , qui vivoient dans une ignorance honteufe , & dans une corruption extrême. Oh n'a pour en être convaincu , qu'à fe fouvenir de ce que l'Evêque Se^ baflien de MontfuulcGu écrivoitaux
Seigneurs
' ^ Regitres de Mondan,
86 Hijloîre de la BJfermation
I 53 1 . Seigneurs de Berne l'an 1527. Qu ïi navdit perfonne ajfez verfé dans l'E- criture S^^' pour ajfifter a leur DifpU' te Le bon Evêque ne penfoit qu'à fes plaifirs, & à fes intérêts terriens , comme tout fon Clergé. Et cette année fon avarice lui attira de nouvelles difficultez 5 pour les- quelles il fe brouilla avec la Bour- L'Evê- geoilîe. Il fît battre de la Monnoye> que de d'un titre & d'un poids trop bas> nThk ^o*^^^^ teneur du Traité d'ac- battre commodément , que les trois Vil- de mau- les Souveraines de fon Diocéfe vaife Berne^ Fribourn-^ &c Soleurre, avoient fait, quelques années auparavant, entre lui & la Ville de Laufanne, Cette Monnoye, ayant été trou- vée trop légère, par l'épreuve qu'on en fît à Zurich , à Baie & en Valais; les Bernois & les Fribourgeois fi- rent prendre le Maître de la Mon- noye , & le firent mettre en prifon. Interrogé fur fa Monnoye , il dé- clara qu'il Tavoit ainfi faite par ordre de l'Evêque. Ils écrivirent
^ Le 25. donc à ce Prélat, & lui marqué- Mais. . , A/l 1 •
rent une journée, au 27. May, lui déclarant , qu'ils vouloient en- voyer
^ Voyez Tcm» II. pag. lo.
de la Suijfe. L I v. I X. 87
voyer des Députez à Laufanne , ÏSSï- pour avoir raifon de lui. Les Dé- Lausam putez de Berne & de Fiibourg, dans une Conférence qu ils eurent Mouvez cnfemble le i8.AvriL décrétèrent, »»^»^ à Que TEvêque > n'ayant pas obfervé ^^^5"^!^ le Traité dont j'ai parlé , il avoit Diocéfe encouru l'amende, qui y avoit éré impofée : qu'on lui en écriroit 5 & que les Trois Villes fufmenrionnées Texhorteroient à reparer les pertes qu'il avoit caufées au public, par la légèreté de fa Monnoye : & que s'il ne le vouloit pas faire , on met- troit la main fur les terres de fon Eglife 5 & fur fes fujets. La Ville de Soleurre fe joignit à eux dans cette affaire. Ainfi pour exécuter leur réfolution promtement , ils avan- cèrent la journée qu'ils avoient marquée à l'Evêque de Laufânne> & la mirent au 8. de May > où les Trois Villes envoyeroient leurs Députez , pour mettre ordre fa Monnoye , & faire faire le procès au Maître de la Monnoye , comme fauflaire (^). Mais malgré les foins de ces Trois Villes , pour le ré- tabliflement ôc la réforme de cette
Mon--
8 8 Hijloire de la déformation
1531. Monnoye, l'Evêque foutint le Maî- •L'Evé- tre de fa Monnoye , qui continua de La u-<i'en battre fur le même pié. Les ANNE. L^uf^nnois envoyèrent * des Dé- Decenib*' P^^^^ ^ leurs Alliez de Berne & de Fribourg, pour s'en plaindre. Ils les prièrent en même tems 5 de leur aider à faire établir Douze Ju- rez dans la Cour temporelle de l'E- vêque;afin quelajufticey fût mieux adminiftrée , au lieu que j afqu'alors il n y en avoit que deux [a]. Je n*ai pas appris quelle fût TilTue de cette affaire.
Il eft incertain fi quelqu'un entreprit > cette année - là , de prêcher la Dod ine des Réformez à Laufanne. Voici feulement ce que j'ai trouvé qui peut y avoir quel- que raport. L'Empereur Chrales V. convoqua la Diète de l'Empire d'Allemagne à Spire y pour le 16» Septembre , & y invita entr'aurres les Evêques d^Geneve , de Laufati' ne d<. de Sjon Celui de Lau- fanne s'excufa d'y aller en per- fonne, & y envoya deux Dépu- tez > pour y paroître en fon nom> Conrad Trader , Provincial des Au-
' (^) Manuel de Lanflmnc. guftins ^ ^avion Liv. III- p. m. CO*
' deUSuife. Liv. IX. 89
giiflins 5 &: y^'^w de Cottonaj y Châ- i ^'^ l , noine de Neucharel. Il les char- L'Eve- gea d'une Lettre pour TEmpereur, où il lui difoit , Qu'il ne pouzoit pas all:r Itn-même a la Diète fans s'ex- pofer a une grande perte , ja préfence invité a étant neceffaire a Laufanne , où il f^^lJy^^^. trouvait dans une Conjon^ure dan- pire , j1 gereufe~y & dans de grandes occupa-^ f^^^^^^ tions y pour maintenir les Droits de^^'"^^^^^ fon EgUfe , & ceux de la Foi Catho- lique, Il leur donna au/Ti procu- re , pour p êter hon mage à TEm- pereur en fon xiDxn {a),'
Dans ce tems-ià furvint la guerre de Cappel entre les Cantons > com- me on la vu dans le livre précé- dent. Les Laufannois , quoique toûjours Catholiques j donnèrent dù fecours aux Bernois > comme ils y écoient obligez par leur Traité d'Alhance. Ce fut là encore une nouvelle occaHon de brouillerie en- tr'eux 5 & leur Evêque. Il fur- vint à c°tte occafion une chofe, qui me fait j'iger , qu'il y avoit
alors
(^a) Tiré des Copie: de ces deux Piè- ces . qui foiit dans les Archiv. de Berne, entre les l'up.iout. Elles font datées du mois de Septembre.
90 Hiflûire de la K^formation
Ijjl, alors à Lâufanne, parmi la Bour- L'Evê geoifie , quelques perfonnes qui ^ue de avoient du penchant pour la Ré- jgg^^^'^^ formation : Peut-ê^e Taveifion qu'on y avoit pour l'Evêque , 6c le mépris & l'indignation , dont on y étoit animé contre le Ckrgé , avoit bonne pârt à ce penchant. Quoi qu'il en foit , aptes la guerre des Cantons > 6c le Traité de paix> dont elle fut fuivie , l'Evêquc pre- nant courage , & croyant fans dou- te Toccafion favorable pour affer- mir la Religion Catholique , vou- lut impofer un nouveau Serment à> la Bourgeoific contre la Réforma- tion. L'Evêque, quoique Prince de la Ville de fon Territoire , n'y avoit pas pourtant une auto- rité âbfolue. Ses fujets partageoient L'Eve- avec lui le pouvoir Législatif : & que pro- [\ ne pouvoit faire aucune Loi nou- vain un ^^^^^ > ^^"^ participation des IIL Régie. Etats de la Ville, * qui étoient «;fY^^,"compofez , du Clergé , delà No- f^rma-'^'^l^ffe, & des Bourgeois. Il fît lion. donc affembler le peuple dans TE- glife Cathédrale de Nôtre Dame, à cri public , ôc leur propofa de faire
une
* Voyez le FÎAcitHm gener/tle MS*
de la Suife. L l v. I X. 91
une Ordonnance 5 qui défendit de 1537, parler de l'Evangile, en bien ou enLAusAw mal, fous peine de trois eftrappa-^'^* des de corde. Mais le peuple ne voulut point accepter ce règle- ment. Et eux , de leur côté, lui demandèrent , qu'il remit fon Tribunal de Juftice fur un meilleur pié 5 & qu'il y établit douze Jurez, ou AflefTeurs , au lieu qu'il n'y ea avoit que deux ou trois j encore n*avoient-ils point de ferment,- de forte que la juftice y étoit mal ad- miniftiée (4).
Les Laufannois eurent aufll des Oifîîciiî, difficultez avec les Chanoines ^^^y^^}^^ leur Eglife Cathédrale, tant au fu- ^ jet des trois Places fortes , qui ap- chapitré partenoient au Chapitre , qu'à l'oc- cafion de la guerre de Mufs. Corn- me les Seigneurs de Berne leur de- mandèrent * 80. Hommes pour en-* lc 7. voycr au fecours des Grifons ; & ceux de Fribourg, f dix; leCon-t Le n. feil fit cottifer toute la Bourgeois fie, pour foutenir cette dépenfe; & trouvant raifonnable, que les Ec- cléfiaftiques contribuallent auftl- bien que les autres , il demanda
92 Hiftoire de UKcformation
^^^^ Chapitre, & 200. âU La USA N refte du Clergé. Le Clergé Sécu- lier contribua de bon cœur ce qui étoit en fon pouvoir , & donna 400. florins. Mais les Chanoines refuférent de payer la fomme qu'on leur den.andoit , difant , Qu\\^ avoient déjà beaucoup contribué pour la Ville, & fe plaignant de ce que le Confeil leur retenoit encore les Places , dont on lui avoit con- .1 fié la garde , Tannée précédente, j ( Le Confeil les avoit retenuës * jufqu alors 5 parce que les Chanoi- nes refufoient de payer la dépenfe que la Ville avoit faire pour les garder. ) Pour obliger les Chanoi- nes à faire leur devoir d'une ma- nière ou d'une autre, dans cette occafion , le Confeil les chargea de fournir 50. Hommes > de leurs fu- jets 5 pour \a guerre dont il s'a^if- ; foit 3 de les envoyer , & des les en- tretenir aux dépens de leur Cha- pitre. Cette brouillerie rraina quel- que tems. Enfin , vers la fin de Juin, les parties s'accommodèrent*. Les Chonoines s'engagèrent de payer à la Ville 250. Ecus d'oc
pour
^ Man. LmÇ, 365.
de la Suiffe, LiV. IX. 93
pour dédommagement, ou rem- 1531, bourfêment de fes dépenfes 5 & le Lausan Confeil leur rendit leurs trois Pk- ces, favoir le?: Bourgs, Villages & Châteaux, de iS*. PveTi^ Bom-Mmùn, & f.ffcïîin':s.
La même année un AmbafTadeur de Ferdinand, Roi de Hon- grie 6c de Bohême, envoyé en SiiûTQ , pour demander aux Can- tons un fecours , d'Homme ou d'argent contre les Turcs , fut aufi'i à Lau Tanne , & demanda ce fecours au Confeil * , lui faifantune * Le 27. defciiption touchante & pathéti- que des ravages horribles , que les Turcs avoient fait dans l'Autriche & dans la Hongrie, peu de tems auparavant. QneJcjues jours * Marl'^' après, cet Ambaiïadeur , ou quel- que autre pour lui , propofa au Confeil, de faire publier une Oo/- f.tde contre les Turcs , dont le Pape
f . * 11. L COU"
avoit 5 lans doute, accorde la Bulle ne les à ce Prince. Le Confeil rejctta cette Turcs, proportion , difant pour raifon , ■^u'on ne pouvoir pas réfifter aux
rcs '. Il confcntit pourtant à fai- - l e faire des proceHlons , à l'inten- ticn de cette Cioifade , & permit
. de
94 Hijloïrede la Bs^é formation
1531» de contribuer pour fon bon fuccès, à tous ceux qui voudroient le fai- re de leur bon gré. Dans ce tems- là la Pefte faifoit du ravage à Lau- fànne aux environs *. L'Evê- Ce fut vraifemblablement cette que de année 1531. que le nouvel Evcque inUaîléà^^ ^S)^^^ ^^//^/V , Adrien de
Laufan. RiEDMATTEN, fût inftallé fo-
lemnellemcnt à Laufanne. Après avoir été élu Tan 1529. il fut trois ans , fans pouvoir obtenir du Pape la confirmation de fon éle(ftion L'ayant enfin obtenue 5 il vint Laulanne , cii il fut facré par Se' bafiien De Montfaulcon , en préfena de la Nobltfle Valiaifanne , qui l'a voit accompagné à cette Céré-j monie. Ce Piélat renouvella l'ai liance du Valais avec les VII. Can- tons Catholic]ues. La forter^lTe^ Majoria-, qui eft à Syon , ayant é:é confumée par le feu, il la rebâ- tit beaucoup plus belle qu'elle n'étoit auparavant, 6^ dans peu de tems. On lui donna la li iiaf ge, d'avoir conduit TErat de VaiLis avec btai'conp de Prudence de Modération, 6c d'y avoir nuintenu
delà Suijfe. Liv. IX. 9J
la paix &: la tranquillité jufqu'à fa I53ï«
mort , qui arriva Tan I547« eut
pour Succefltur Jean Jordan
qui marcha fur fes traces *.
VIF. Je reviens à l'Hiftoire de N e u-
nôtre RéFormation. La Suire de ^y^uUes
celle de Netuhfitcl, Se de ral ngin. dans la
ne fut pas plus rrarquille qte le ^"^^ ^ ^ ^ T r> L f en quel- commeiicemenr. Les Catnoiiques quesen-
de Neuchatel ne voulurent pas ce- droits
der à la pluralité des SufFfages, & P-'^ys r / A- I l au fuiet
conleiverent toujours leur cuJte , l^Re-
nfant niéme de rrienaces contre les ligion.
Réformez , dilant que le Marquis
de NwUchatel vicndroit bientôt, &
"eroit remettje la chofe fur le tapis>
pour ê re palTée à Ja pluralité des
voix. Enfin ils faifoient dire la
Vlcfle fecretrement dans leurs mai-
fons. La ParoifTe de BoudeviliiLTSy
qui efl dans le Comté de
mais de la dépcTdnnce de Neucha-
tcl > ayant embialTé la Rtforma-
tion , De Pran^in , Gou\'erneur du
Pays, voulut les en punir ^ con- :
fifqucr leurs bien.v (^).
Fard étant à Ntucharel , entra Travaux
en difpute avec le Vicaire de la ^
Ville/'"'
^ Sirrder. Vallcfîa p. m. i^g. I6S>. («) MS. -4/7>/>. 110. b.
96 Hîjloïre de la Réformation
I S 3 I . Ville 5 qui le traira d^hérétique, lui NEu- & tous ceux qui mépiifoient la CHATEL p^j.ç| voulut le tircT en
droit 5 pour Tobligcr à prouver fon accufation , ou à fe rerraifler. Ayant voulu p,êchcr à Corcelles le même Vicaire foulcva les gens du lieu, & les ergsgea à cou»ir en armes dans FEglife 5 pour réfifter à ce Miuiftre,#
Ten chaffer *. A Bevay . où il y avoir un Prieuré , les Paroi/Tiens fouhaitrérent d'entendre prêcher la dodrine Evangelique , & il y alla quelques Miniftres pour la leur an- noncer. Mais le Curé & les Moi- nes s'y oppofércnt avec violence j & routes les fois qu'un Miniftre prêchoit dans TEglile de ce lieu-là, J ces pieux Ecdéfiaftiques prenoienti les armes? & appelloient des gens de Boiidry , pour chaffer le Minif- tre 5 ôc même ils en maltraitèrent quelques uns , les chargèrent d'in- jurts. les battirent & les chaffé- rent [a).
Le Lieu- A Valengin, Claude , Sei* ^àt^Vale-i S"^"^ Bdlegardc , Lieutenant 8c .v-'^ tra- Gouverneur du Comté , faifoit auffi
tous
* MS. Amp. 120.
OO Idem, ib. & Inftr. 34-
deUSuife. Li v. IX. 97
Itous fes efforts > pour soppofer à l J31. rétablilTement de la Réformaticn verfe la dans ce pays -là. Il ne ceffoit d'in- fulter, & de bouche & par écrit, ae^ toute ceux qui aimoient la parole de fa force. Dieu. Il faifoit toute forte d'ava- nies & d'infultes aux Miniflres 5 mal-traitoit les Prêtres qui fe ma- rioient , publioit fous le nom de la Comteffe, des Edits févéres • qui dé- fendoient d'écouter les Miniftres 5 & faifoit payer de greffes amendes à ceux qui y contrtvenoient j ou- tre les autres mauvais traitemens qu'il leur faifoit par avions & par paroles, les chaigeant d'injures, & les effrayant par fès menaces {a). Nonobftant fes oppofitions, il y avoit diverfes Eglifes dans le Com- ité de Valengin , où les Paroi/Tiens ijfouhaitoient d'entendre prêcher la cljparole de Dieu. En particulier la Paroilfe de Domhrejfon avoit réfolu, à la pluralité des voix , d'embrat kt la Réformation. Cependant le Gouverneur y faifoit dire laMefTe par force , "6c défendit même à ces bonnes gens > d'aller écouter la pà- role de Dieu, avec menace de pu- Tom, IK E nition
['i] MS. H(Hchat. 164.
98 Hijloire de la^éformation
Ijjl.niiion en corps &: en biens (po- sons Les Seigneurs de Berne 5 apre- des Sei-nant toutes ces chofes,en fuient ieï/r«« f^^^ indignez , & regardèrent la pour les conduite de ces gejis-là, comme Réfor- une cfpècc d'infulte qu'on leur fai- ^eucht^ foit. lis en écrivirent plufieurs tel & fois à la Comttffe de Palengin 5 & deF^/f^^à fon Lieutenant; mais leurs Le t- très ne produifiicnt aucun eifet, Ceft pourquoi aynnt reçû des plain- tes rcïtcees > des Réformez qu'il y avoit da»u les Ccmrez de Neucha- tel &: de Vâlergin , ils réfoluren d'y apporter du remède d'une ma niére plus efficace. Ils y envoyé rent donc deux Députez, le 10 Janvier 1531. avec ordre lO.d'af- Éfler Farci dans laffaire cl'honneur> qu'il avoit avec le Vicaire de Neu-, chatel , Se de procurer qu'on lui fit juftice dans la Ville même, fans être renvoyé ailleurs ; & au cas que le Vicaire voulut appeller héréti^ ques , tous ceux qui méprifoient la Meffe > alors les Députez dévoient, au nom de leurs Seigneurs , faire partie au Vicaiie, & lui demander réparation. Ils dévoient aufli 20,
fe
W MS. Amp. 110. B.Inftr.34,
delà SuiJJe. Liv. IX. 99 {t plaindre de la conduire violen- ^53 T. te du même Vicaire, 6l de celle des ckatel Moir.ef & du Curé de Bevay. Ils furent charge? derepiéfenter, qu'une pareille conduite déplaifoir beau- coup à LL. EE. qui voyoient que cela fe faifoit an mépris de Dieu , 8c pour les ii.fultei 5 ^« ainfî ils icmaF^doient qu'on s'abtb'nt à l'a- irenir de femblables chofes > pour viter les maux qui en pourroient irriver , proteftant que, fi Ton fai- oit quelque violence , ou quelque nfulte à Farel , ou à quelque au- MiniftrC} LL. EE. s'en reffen- iroient tour comme fi la chofc eut té faire à eux n.êmes. Enfin ils toient chargez d'engager les Ca- holiques de Neucharel , à fe fou- ncttre au règlement de Religion [ui avoit été fait , déclarant que nflLL. EE. étoient réfolus de main- m enir les Réformez, ti- De Neucharel les Députez eurent 1< idre daller à Valengin , lO. de- nî! lander que ceux qui avoienr bartu iii 'arcl fuifent punis > & 20. exhor- i« BT le Lieutenant de Valengin , à xccuter ce que LL..EE. lui avoient 1 crit ^. E 2 II
* MS. Amp. 110. B. inflr. 54-
1 00 Hïjlclre de la déformation
1^31. Il fembloit que cette Dépiitation IPN E u- devoit produire un bon effet i ce- CHATEL pendant elle ne produifit rien. Le Gouverneur de Valengin fut à Ber- ne , & promit aux Seigneurs de cette Ville tout ce qu'ils voulurent; ^ mais il ne tint rien : ôc les mêmes fiijets de plaintes continuèrent. Ainfi les Bernois renvoyèrent * Le 20. bien-tôt après * dan^ ces lieux-là Mars. jjj^e nouvelle Dèputation 5 plus nombreufê que la précédente , corn- pofèe de troi^ Seigneurs de TEtât. . Ils eurent ordre de parler fortement | aux Catholiques de Neuchatel, j de les exhorter à fe défifter de leurs delTeins & de leurs menaces, les affûrant que, foit que le Marquis vint à Neuchatel , ou non 5 LL. EE. ne foufriroient jamais 3 que la Rèformation fût mife en compro- mis 5 &: expofèe de nouveau à la pluralité des voix y pour rétablir U Meffe, mais qu'il étoient réfolus de iii maintenir les Réformez de toutes m ^ leurs forces. Ils dévoient au/Ti ex-lr horter De Prangin^ à laiffer en paixl les gens de BoudeviUicrs *. | ^
Les Députez furent auiïi chargez;
d'alleiHf
* MS. Amp, 120. b.B. Inftr. 44-
delaSuijfe. Liv. IX. ICI
daller deNeuchatel à Valengin, & 'S? de parler fortement à la Comteffe du pays 5 &: à fon Lieutenant. Ils dévoient les faire reffouvenir tous deux, des Lettres qu'on leur avoit écrites , & en particulier reprocher au Gouverneur , la conduite qu'il tenoit 5 contre les promeffes qu'il leur avoit faites > lors qu'il avoir été à Berne. En particulier ils dé- voient parler fur le fujet dei'Eglife de Dombrejfon à la Comteffe, & dire nettement au Gouverneur , qu'il eût à lâiffer en paix ces bonnes gens, qui avoient embraffé TEvan- ile, qu'il rendit même les amen-, des , qu'il leur avoit extorquées j & que fi à l'avenir il continuoit à leur vouloir du mal , LL. EE. fe fèrviroient de la force pour y met- tre ordre , étant réfolus de main- tenir leurs Bourgeois dans toutes leurs libertez , & fur tout dans la profefilonde la pure Religion Chré- icnne. Ils eurent ordre enfin, de epréfênter à la Comteffe, les biens que LL. EE. lui avoient faits , à Elle & à fon Mari défunt , &: de affû rer 5 qu'ils étoient toujours ortcz de la même bienveillance E 3 pour
ï 02 Hilloire de la Ejformation
1531. pour Elle, ôc pour la foutenir dans Valen- tous fes droits > par raport aux chofes temporelles, pourvû qu'elle lailTât à Tes fujets liberté de Con- fcience. Ils dévoient auiTi exhorter les fujets, à rendre à leur Dame, tout ce qai lui écoit dû légitime- mène
Jîommût. Cette année le Marquis de Ro- ge non- thclin , F R a N ç o i s> d'Orléans^ fils ^1^"^]^ aine de \x Comtefle deNeuchatel, Pri !cef- vint à Neuchatelj, pour y recevoir ^ '^^ les hommages de la Bourgeoise & ^cuc •i'^^35ger,s Pays, au nom de la Princ-ilTe fi Mére , & du Duc de Longue ville Louis d'Orléans, fon FréiC aine. Il y prêta le ferment accoutumé en leur Nom , à la Bourgcoifie 5 le 6, d'Avril , pro- mettant de garder leurs libertez & leurs franchifes , écrices de non écrites ; Se le même jour les Neu-, chatelois lui prêtèrent au/Ti ferment V de fidélité , comme repréfentant la Princelle *.
Il
M MS. Amp, 110. b. ^ Lé nom & les titres de la PrincefTe
croient , Jeanne de Hochherg , Ducheff,- dc L'ingu.euille , M4rijuife de Rotkelin ^ Com. tejfe de D'^nols , N.uchutel, & de Tan^' c^rvUle, Vîs-Cojnrejfc de M^l/m dcc.
deUSuife. Li v. IX. lo3
11 leur accorda auHi quelques pe- j ^ 5 f . tits privilèges nouveaux , & quel- ^ ^' ques réglemens, pour l'adminiftra- ckatel* tien des affaires publiques ; Entr au- tres y les Neucharelois ayant de- mandé, que les Eccléfiaftiques. né fuffenc plus membres du Tribunal " SoQverain de la Juftice 5 comme pai lcpaffé, ce Piince le leur ac- corda \ &c par un Règlement prp- RegU^ vifio ici , il leur fubftitua l Erat de ^^^^ la Nobleffe & les ValTaux, pour y Ç-^ibu tenir le premier rang. Les Officiers nal Sou- de la Princeffe y dévoient tenir le verain. fécond : Et le troifiéine devoit être rempli par quatre Confeillers de . Keuchatel, auxquels il joignit les «quatre Bandere's, de Nmch^tel , du î Landcron , de Boudrj , & de Vau^ 'ravirs. Cet Aûe cft daté du Jeu- di Saint, II. d'Avril 1551 (a).
Ce Prince fit aufTi un accommo- dement avec TEvêque titulaire de •yi/c, P'ince àt Ponuttu , au fujet les difficultez, qui s'écoient élevées nrre les deux Etats , pour la Ju- :fdif\ion du village de Ligri'tres , lOnt les appels dévoient fe porter cvant un Tribunal , comporé de E 4 quatre MS. A".'«fW.7J. ^
104 Hiftoire de U Réformat ion
I «quatre Jufticicrs de Landeron , & N E u- quatre de la Bonneville , aflemblé cHAiEL j^^ç le lieu 5 fous la préfidence du Châtelain de Landeron (4). Régie. Il fe fit auffi dans le même tems pour la q^s^^^s Réglemens Eccléfiaftiques, reftitu- particuliérc^Tient pour les biens qui tioa des a voient été léguez à TEglife de guez à Nsuchatel, pour des ufâges fuperfti- l'Eglife. tieux. Les Neuchatelois , à l'exem- ple de leurs Voifins de Berne & de Bienne , demandèrent qu'on ret tituât ces biens aux familles qui les avoient léguez ^ jufqu'à la quatriè- me génération. George De Rive, Seigneur de Prengin Se de (jr4^^"C(?«r5 Gouverneur duComté> leur accorda l«ur demande, au nom de la Princeffej & établit une Cham- bre j pour examiner les prétentions de ceux qui redemanderoient ces fortes de biens. Elle fut compofée" du Maire de Neuchatel j comme Juge député de la part de la Prîn- ceflej^ de huitConfeillers députez de la part de la Bourgeoifie.On leur prefcrivit les Réglemens 5 qu'il dé- voient fuivrc dans leurs jugemcnsj par exemple , de faire donner cau-
{a) Uîd. p. i<)5.
de laSuife. Liv. IX. 105
tion de reftiturion , par les deman- 1531^ deurs , en cas que TEglife retour- nât dans fon premier état, ceft-à- dire , à la Religion Catholique 5 jou au cas qu il fe trouvât un Pa- rent plus proche qu'eux , de ne !point toucher aux biens léguez, ipar les Princes , par les Chanoines* par les Prêtres, ni par la Noblefle : & de n'accorder aucune reftiturion aux bâtards , ni à leur pofl:t5rité(^) .
Quelque tems après, Guillaume F are l Farel > toujours animé d'un zèle ar- dent pour lavancement du régne de Dieu, &: pour la réformation de l'Egli/è dans le Comté de Neu^ chateLj alla du côré de S. Blaïje , gros village, au bord du Lac, à une lieiie de Neuchatel, & y dif- puta de Religion avec le Curé. En- tr'autres il lui parla vivement con- tre la MefTe. Le Curé en fut cho- ,
/ o 1 • j- ,1 , . / . mal trai que 5 oc lui dit, qu il etoit un he- s.
rétique'-y &c le Lieutenant du lieu, s^^i/^.
qui fe trouva préfent, s'écria qu'on
devoir le pendre ^ & fît un fi grand
bruit que tout le peuple accourût en
armes , dèforte qu'il s'en falut peu,
que Farel ne fut maflacré. Les Ber-
E 5 nois
I06 Hijloire de laBJformation
I j 3 1 , nois , en ayant eu avis > envoye- * Le 12. rcnt * deux Députez à S, Blaijè * F A R B L poiïr tirer en caufe ie Curé du lieu; protégé lui demander qu il prouvât par TE-
Bernois ^^^^^^^ ^ ^^^ avoit dit, ou qu'il ' fe retraôât : ôc Ton chargea leMi- niftre de Ncuchatel , nommé ^w- toine Marcourt , de plaider la caufè de Farel. Ils demandèrent auffi que le Lieutenant de ^S". BUife fut châtié 5 pour le tumulte qu'il avoit excité. De là ils paflerenr à Neu- chatel j pour demander que l'Eglife payât à Farel la dépenfe , qu 'il avoit faite tandis qu'il leur avoit prêché, & qu'ils pouvûffent leur Minière d'une penfion (a). g ^ Environ le même tems un Théo- CHATEL logicn Catholique du pays , nom- phle^Fa Ch)iflophie Fabri , nonr^mé aulïî ^r/. Libeitet , tmbralTa la Réformationj & fut d'abord établi Paftcur à Ntu- fhatel. Dans la fuite il fut appelé Si Boifdivil iers, Il fut lié d'une ami- tié fort étroite avec Farel , comme! il paroit par diverfcs Lettres de ce, dernier *.
Dans
M MS. Amp. iii.b. I22.1nn:r.69.
eUUSuiJfe. Liv. TX. 107
Dans le même tems les gens de^o.'^ I î3 T. &de GïAtç embrafférentla Réfor- Réfor- mation 5 vers le commencement de l'Eté, mais ils eurent beaucoup de j^^^^^.^ traverfes à effuyer. Le Curé d^Pon* tarettfe leur prêcha durant quelque tems : mais dans la fuite il chan- gea , & prêcha tout le contraire de ce qu'il leur avoit enfeignc , tâ- chant de tout fon pouvoir , foit ^^75"
... r ' r 1 m^nt tra
publiquement 5 loit en lecret 5 d« verfée ,
les faire rentrer dans riJolatric, par ,1c
Leur Miniftre cenfura fou vent ce ^^^^^
Cure , Texhorta chaiitablement
à fe corriger > ou du moins à laif^
fer en paix les Réformez. Comme
il ne pouvoit rien gagner fur fon
cfprit, il demanda fouvent jiiftice
contre lui 5 f^ns pouvoir l'obtenir,
ce qui rendoit ce C jré plus hardi
à travailler à féJuire le peuple.
Pendant to* t le rcfte de laniiée ,
c'cft-à-dire , Te^pace He fix o j fept
mois ; ils furent opprimez 6c in- &■ par
quiétez par ceux d- Boudry , qui ^^^"^ de
allèrent fouvent les troubler, dans ^'
leurs éxcrcices leligieax , pour Us
empêcher d'ouïr la parole de Dieu,
fonnant liur Cloche , criant , fc
mocqu^t. entrant 6c forianrj allant
E (î &
. 108 Hifloire de UK.efor7nation
Î53l.^ venanr, ajoutant à toutes :Boie & ces infolences , de grandes mena- LaGrfite ces &. des injures. Non contens de cela, ils les attaquèrent plu- fîeurs fois , ufant de violence con- tr'eux 5 tellement qu'il ne tenoitpas à eu3( qu'il n'y eût des gens blet fez ou tuez. Ces pauvres gens foulTrirent toûjours patiemment ces outrages, fans fe vanger. Ils fe contentèrent d'en porter leurs plain- tes au Châtelain de Boudry, & au Gouverneur du Comté 5 auffi- bien que de Tinjurtice qu'on leur faifoit , de vouloir qu'ils fe cotti- ' fàfTent pour entretenir leur MiniC- tre. Mais qu elle juftice pouvoient- ils attendre de gens animez d'un zélé furieux pour le Papifme ? Ils furent durant fept mois plus de 50. fois 3 tant auprès du Gouver- neur, qu'auprès du Châtelain de^ Boudry, Hcmy Boga , mais fans rien obtenir. Ces deux hommes les ballotoient impitoiablement, les. renvoyant toûjours de l'un à l'au- tre. Bien plus, le Châtelain de Boudry leur faifoit toute forte d'a- vanies & d'injuftices , & favoiifoit . toujours les Catholiques contr'eux.
On
de la Suife,Llv. I X. 109
On y publia une ordonnance 5 1531, qui porroit , que les deux Religions boU é* auroient leur libre exercice dans LaGrate TEglifè , Se que pour Tordre elles alterneroienr. Mais cet ordre fût violé deux fois par les Catholiques^ dans peu de jours 5 & le jour de Noël les Réformez ne purent pas avoir Tun des Calices ^ pour célé- brer la S, Céne. Ces bonnes gensj après avoir porté inutilement leurs plaintes au Gouverneur du Pays> & au Châtelain de Boudry , les portèrent enfin au Confeil d'Etat, le lendemain de Noël. Ils lui re- pr^fientérent , en même tems , que iur les inftances réitérées qu'ils avoient faites > pour faire a/îigner une penlîon à leur Miniftre, on ne leur avoit offert que deux muids de blé, 3. Muids de vin, & 30. florins d'argent, avec 4. florins pour le loyer d'une maifon : Que ces offres n etoient point raifonnables, puifque la Cure avoit de fort grands revenus *.
Cette année les Bernois eurent Difficul-
encore
MS. de M. Se hou far t.
110 Hilloîre de la Réformation 1531, encore une fois t une petite diffi- té des ^^^^^ ^^^^ Comteffe de Neucha- Bernois tel, au fujet du Couvent de S. Jean avec la d'Erlach, dont ils avoient fait un Balliage. Le Marquis François Neuclu- fon Fils agilTant en fon nom , en- tel, au voya ( vers la fin d'Avril, ) des Dé- TAbba- P"^^^ ^ Berne 5 pour demander la ye de -S", moitié des biens de ce Couvent , Jean foutenant qu'elle lui appartenoit dErlach ^roît. Les Bernois répondi- *Lci.Mai rent *, à fes Députez , Qu'ils étoient fort furpris d une parellk demande , Que ce Couvent leur 'uppartenoh tout entier , étant fur leurs terres , Que la Thiele fait la borne entre les t^r^ Tes de Neuchatel & d'Erlach 3 ou Cerlier (a). Mouvc- VIII. Il y eut aulTi quelques mens troubles dans la Prévôté de Aïou-
tiers Grand-Fat , au fujet de la Ré- contre 1* • « «i r • 1
Rèfor- formation > ils ne le terminèrent
mation ~ même qu'avec peine. D'un côté
tieff^^' les chanoines du lieu vouloient
Grand- perfévéret dans l'exercice de leur
Val, foit ancienne Religion 3 & étoient
t Ils en avoient eu déjaune, pour le même fujet, avec les Cantons, l'an 152.8. Voy. Tom. 11. p. 318.
(a) B. /«A. p. 64.
dt U Suijfe. LiV. IX. I M
apuyez par TEvêque de Bâle & 1531. par les Seigneurs de Soleurre, qui Ha Pr£. prièrent ceux de Berne* 5 de laiffer à ces Chanoines le libre exercice * Le ^^. de leur Religion , & d'interpofer leurs foins pour qu'on leur payât les Cenfes & les Dîmes qu'on t leur devoir. Mais dautre côté les gens de Aloitt'iers croient fermes dans la réfolution de vivre félon la Réformation de Berne , qu'ils avoient embralTée unanimémenr.
Les Seigneurs de Berne promi- rent de faire payer aux Chanoines leurs Cenfes & leurs Dîmes , ce- pendant à condi-ion qu'ils donne- ïoient un entretien honorable à deux Minières de la Paroilfe, & à ceux des deux Paroiifes de Sornctan & de Court: mais en même tems ils ne voulurent plus fouffrir que les Chanoines exerçaffe t l.ur Re- ligion d nslelieu, puifqu'ils dé- voient en être regardez comme les ParoilTiens ? &c même comme le plus petit nombre + d'entr'cux. Ce refus irritâtes Chanoines? qui dé-
char-
t Apolog. 68. Hctthg. 557. I Apûlo^. iàiU,
ï 1 2 Hiftotre de U Kéformatioa
I 5 3 T . chargèrent leur colère fur les Mi- LaPre- niftres 3 qu'on avoit fait venir de VOTE. France , & les maltraitèrent en di-
verfes manières {a), Difiîcul- Il y eut encore un autre /ûjet de ceux" de Réformez de A4oH'
MoHtters ^^^^^ demandèrent au Chapitre l'u- & le fage de la Grande Eglife, pour y Chapi- f^ïj-e lejjj-s exercices de Religion 5 mais Is Chapitre la leurrefufa. &: le Maire du lieu maltraita tellement les Miniftres François qu'on y avoit envoyez, qu'ils s'en retournèrent en France. Et dans le même tems les Seigneurs de Soleurre mirent un Gouverneur à Moutiers Gra-nd-Valy dans le deffein de foutenir les Cha- noines.
Les Bernois 5 ayant appris tou- tes ces chofes envoyèrent des Dé- putez àA<fot{tiers , le 19. Avril, pour exhorter les Chanoines à embraffer la Rèformation , 6c à lailTer aux Réformez du lieu Tufage de la Soins Grande Eglife , leur reprèfentant, des Ber. puifqu'on y avoit embraffè la les Ré- Rèformation a la pluralité des voix, formez. & qu'on avoit déjà cédé aux Ré- formez la petite Eglife, on devoir
auiïi
W MS.Crcof,
I ile la Suife^ LîV.lX. 113
âu/Ti quiter TEglife de S, Germain^ I531, qui étoit rEgiife Paroifliale , 6c La Pre- qu il valoir mieux que les Chanoi- vote. nés le fiflent honnêtement & dans les formes , que d'artendre que le Peuple le fît fans autorite & tu- I multuairement , LL. EE. étant ré- folus de foutenir les Réformez. Ces Députez préfentérent en même rems au Peuple Jean Holard , ancien Doyen de Fribourg, les priant de la part de LL, EE. de l'agréer pour leur Miniftre; 5c les avertirent en particulier 3 que fi les Chanoines refufoicnt de lui payer une penfion> ils pourroient implorer le fecours de LL. EE. pour fe faire donner des biens d'Eglifè 5 ce qui leur étoit néceffaire? 8c qu'on ne manqueroit pas de les foutenir (4). Après avoir exécuté leurs ordres à Afouîiersy ils allèrent dans les villages de Grande Vd & de" Corrandeitn ? pour aflTjfter a l'aflcmblée, où l'on devoir, à la requête des Peuples, décider l'état de la Religion à la pluralité des voix, & les aflïirer de la protedion de LL. EE. en cas qu'ils embraf- faffent l'Evangile (^).
Les
W MS, Amp. m. b. B. lr>fir. ^4. M /./.
1 1 4 Hifloire de la Ké formation
Ï53I. Les Chanoines ne voidurent lAPRE-rien faire de ce qu'on leur deman- TOTE. doit, ni embrafler la Réforme» ni céder TEglife de S. Germu 'tn aux Pa- roinfiens 5 & fe contentèrent de laiffer au Miniftre une petite Eglife qui étoit au deffous; offrant cepen-; dant de fournir une penfion à un Minière de Moutiers, & à celui de Sornetan, Et dans le même tems ils firent éclater leur reffentimcnt contre les Bernois , en refivfant de prêter de l'argent au Peuple de cette Vallée , qui éioit obligé, félon fon Traité d'Alliance , de donner quelques Soldats aux Bernois pour la guerre > mais qui éroit fi pau- vre, qu'il n'avoit pas le moyen de leur payer leur Solde. Ces véné- rables Eccléfîaftiques recoururent aux Seigneurs de Soleurre, qui les ^ Le z7. pr^ égeoient 5 & qui écrivirent à Avril. 'Beinc en leur faveur * priant qu*cn Le Cha- lâiffât en paix? comme eux nujfi pitre eft navoient point dejje'm de troubler les
protège haVna)2S du l eu dans la Réformationt pnr les ,., . / /r/ ;
Seio--rs. <7« il^ avoient cnwyajjee , plus que
de^So' le Alïmftre qui la prêJjoit: Ajoutant
leurre, qu'ils prioient qu'on ne leur mît
point d'impôt pour caufe de
guerre
de la Suiffe. L I v. I X. 1 1 5
guerre &c. Les Bernois répondi- I53[. rent*: „ Que cq n'avoir pas éréiAPRE-
le deflein des gens de la Prév ôté, JÔte. yy de metrre un impôt fur Je Cha- Avrif. yy pitre 5 mais <^ue fe trouvant pau- 5> vres , ils Tavoicnt prié de leur yy prêter de l'argent pour les frais >, de leurs Soldats : Que pour ce yy qui regardoit la Religion , les yy bonnes gens de Moîiii.'rs avoient yy embrafle la Réfo mation tous en- yy femble , &: unanimémentj & que yy 1 Eglife , dans laquelle les Cha- yy noines vouloientconrinuer Texer- yy cice de leurs Cé'émonies, étant >j la véiirable & ancienne Eglifô •« yy P^roiiïiale du lieu , ils ne pou- yy voieu pas permertre que ks yy Chanoines , membres de cette yy EgliTe , filTent fede à part : Que yy cela étoit contre le Traité de paix yy de la Suiffe . Se contre la pra- yy tique des Magiftrars de Soleurre, qui permettoient eux-mêmes à leurs fujets d'abolir le Papifme yy dans les lieux , où la pluralité >j le fouhaitoit : Qua cette condi- » tion ils engageroient les gens du ».P^ys , à payer à ces Chanoines,
yy leurs
1 1 6 Hifloirc de la K^formation
î S 3 1 • " ^^^^^ Cenfes 3 leurs Dîmes , LaPke- yy &C. *
VOTE. Les Bernois, voyant que le def- fein^ des Chanoines étoit de chaf- fer les Miniftres du Pays , en les contraignant faute de fubfiflance , de s'en retourner en France t com- me la chofe étoit déjà arrivée à quelques-uns {a) : ils réglèrent eux- mêmes la penfion que les Chanoi- nes dévoient payer à ces MiniC- très 5 & leur en -donnèrent avis, le 5. Mai 5 les exhortant amiable- mcnt , à s'y conformer , comme auffi à renoncer à leurs débauches, les ^ leyrs Concubines. Ils leur
Z\q^i^^ Jir^nz auffi entendre qu'ils avoient Ta pen. pris cette réfolution, pour empê- lîon des cher que les gens du lieu ne fu très? " portaflfent à quelque violence 5 au cas que les Chanoines perféveraf- fent dans leur (ù) refus. En effet ces gens - là formèrent le deiTein d'entrer dans l'Eglife de S, Ger- main) qui étoit leur Eglife Paroiffia- le , & de s'en emparer. Là-defTus
i«
Apolog, 70. 71. . , t Alexandre le Bel avoit prêche à Sor» neinriy Se Maître Thomas à Conrt, (a) Hottinç. 1. c. Apol. ^y.
(^) Apolog. S 1.52-. S3-
de la Suife. Liv. IX. II7
le bruit fe répandit à Sôleurrcjqu'ils f 53K vouloient démolir le Monaftère: &LaPre- les Magiftrats de cette Ville la en vote. ccri virent à ceux de Berne j * pot^^Mat^^^" les prier de ne pas le permettre t. Ceux-ci leur répondirent le lende- main, &: les informèrent du véri- table deffein des gens du Pays. Quinze jours ^piès, ceux de So- Icune députèrent un Confeiller à Berne , pour intercéder en faveur des ChanoincSi qui fe plaignoient que. la penfîon, que LL. EE. avoient réglée aux Mi- ifties éroit trop forte. ( Cette penfîon n'étoir pourtant , que de 40. Ecus par an , ou la va- leur, pour foutes chofes.) Les Sei- gneurs de Berne trouvèrent la plainte des Chanoines injufte , & : e voulurent rien changer à leur icglement. Ils déclarèrent même > que fi ces McHTieurs nè vouloient pas payer ces penfions de bonne grâce , ils mettroient la main fur leur revenus , & en prèléveroient la valeur des 40. Ecus, après quoi ils leur laifferoient le reftc: Car, difoient-ils , rien nefl j>lus jufte que de fuhe ferv'tr les dignes , à Centre'
tien
t /^/^.73. 74.
I 5 3 1 • 11 8 HiJloîYe de la BJformation
//fw di:s Préduateurs de la Parole de D'uu, Enfin ils prièrent leurs Al- liez de Scleun e, d'engager les Cha- noines à ie conformer au fentiment de leur Paroifle, qui avoit em- braffc unanimement la Réforrna- tion & a renoncer a leur Idolâtrie. Mais les Chanoines? ne tinrent au- cun compte de tous les avertifle- mens qu'on leur avoit adrelTtz. Troulhs Ainfi les gens de Mouticrs^ après
au fujet avoir attendu long- tcms inurile-
ci une
Eglife, ment 3 s'emparèrent de TEglife de S. Germain > le 15. Juillet, & par le moyen de quelques perfonnes qui furent commifes pour ce deffein ils y démolirentles Autels &: les Images & les brûlèrent (a) Les Chanomes ir- ritez les menacèrent de faire venir > avec le fecours de Soleurre> des gens qui les châtieroient & brûleroient leurs maifons. Ils firent plus. Non- feulement ils ne voulurent pas leur payer les penfions qui avoienc été réglées ; mais encore les Prêtres & les Moines battirent maltrai- tèrent cruellement le Miniftre Clau- de de Clautinis , & quatre autres {b)
ôc
(/») Apolog. 74. 75-75. {b) MS. Groojf,^
de la SuiJJe.Lw. IX. I19
& lesf perfécutérent avec tant d a- 1537. :harnement: que ces pauvres MI-LaPre- niftres , n'ayant d autre afyle que ^^^i. la procedlion des Bernois 5 Te vi- rent contraints d'implorer le fecours du Baillif de Mdavv,
Les gens de Moutiersj de leur :6îé recoururent aux Seigneurs de Berne, & les Chanoines à ceux de ieSoleurre, avec q -i leur Chapi- :re avoit un Traité de Combour- ^eoific. De-là 3 nouvelles difficul- ez encre les deux Etacs. Mais el- es furent terminées amiableinent, lans une Conférence , qui fe tint i JVloutiers * , à la requêre de ceux ^q^j/' :e Soleurre , entre les Députez des ieux Villes , en prefence de ceux de l'Evéque t. On y convint lO. Acconv Que les Chanoines payeroient aux mode-
■^'iîiiftres la pcnfion qui leur avoit
rr ' \ 1 tre les
c affjgnee : 20. les gens du ^^j^^p^j.
Pays payeroient à TEvêque & au nés &:
[Chapitre les Cenfes les Dîmes, 1" g^"^
qu'ils leur dévoient, go. Que les ^"P^'^^^'
Chanoines n'entreprendroitnt plus
de rien innover contre la lé^orma-
rion du pays. 40. Enfin qu'ils fe
défcroient de leurs Concubines,
dont
t Apolog. -76, jy, 78.
120 Hïftûirc de la Keformation
I 5 3 î , dont le Commerce fcandalifoit le La Pre- monde (^).
YÔTE, Dans ce tems-la les gens de MervïllU > qui font aiifli alliez de Eerne , avoient embrafle la Réfor- mation. Nonobftant ce chargement ceux de Aiotzvveil 5 dont ils étoi- ent Paroiiliens > voi loient les obli- ger à garder ôc obferver les Céré- • monies d. l'Eglifc Romaine commet auparavant ; mais les Députez dei. Berne leur dirent , que rintenrioni de LL. EE. ctoit , qu'ils lailTafTent?! en repos leurs Bouigcois de Mer^' 'vïUie *.
Il y avoit dans cette Vallée là quelques perfonnes^ qui fe faifoient de U peine de payer des Cenfes & des Dîmes a des Prélats Catholi- ques 5 comme à ces Chanoines & à TAbbé de Bellelaj. Les Bernois> l'ayant appris par la bouche de ^ leurs Députez écrivirent à ces gens Août/' là.*&les exhortèrent fortement à rendre à chacun ce qu'ils lui dé- voient > comme une chcfe juftc & raifonnable j d'autant , leur difoi- cnt-ils j que la parole de Dieu naf-
porti
W Id. 8r.82.
de la Suijje, L i v. I X. 1 2 I
orîe pas une liberté charnelle y com- 1531. ■'16 vous vous l'imaginez , mais une La Pre'
'berté (tejprit & de confâenie (a), vôt£w^
Les Chanoines de leur coté ne- roient pas plus empreffez à remplir :ous les articles de cet accommo- icment. Ils ne quittèrent point eurs Concubines;. ÔC deshonoroient es femmes d'honneur > & ils en- /oyoient des Prêtres par les Villa- ges & les hameaux , pour y dire a Mefle. Les Chanoines ont été dans leur origine des Pafteurs d'E- ^lifej qui s'etoient liez à vivre en- semble fous de certaines régies , DU Canons , c'eft pourquoi on leur donna le nom de Canonici , Chanou- lesi comme pour dire, Pafteurs ré- 'Jez* Si ces MefTieurs euflent répon- du au but de leur inftitution , ils luroient fait eux-mêmes toutes [es fondions de bons Pafteurs > Se on n auroit pas eu befoin d'au- bes Miniftres. Mais vivant dans le dérèglement Se dans une parfaite oifiveté ne fâchant faire autre cho- fe que de réciter leurs Offices , & laiffant périr fans inftruftion leurs ouailles, de la graifte defquelles Tom, ir. F ' ils
ji^'S* 81. 83.
u
122 Hïjldïre de U ^déformation
I 5 3 1 . ils s'engraiffoient : il étoit bien jut IaPre- te qu'on leur ôtât, au moins, une voT£. partie de leurs rentes pour les don- ner à des PaReurs fidèles & zélez. Non- Ce fut pour cette raiion que les efforts S^'g^^^^^s de Berne , qui avoient des Sei- à cœur de foutenir ces Eglifes gneurs nouvellement plantées, écrivirent *, deBerne ^ Chanoines , pour leur repro- desCha- cher encore une fois toutes ces cho- Doines. fes , les exhorter de nouveau à 4'Août.^°' embrafier la réformation j les fom-~ mant en même tems , eux &: les Prêtres 3 qui vouloient demeurer dans le lieu , de fe défaire de leurs Concubines , ou de les épcufer dans refpâce d'un mois , fous pei- ne de fe voir privez de leurs Bé-à néfices \ enfin d'aller écouter lesf prêches, & d'y envoyer leurs do-- meftiques. Et comme ces Cha- noines avoient établi , en quelques endroits, des Minières ignoransj peu propres à édifier l'Eglife, ils les averriffoient de ne plus donnetf d'Eglife qu à des Miniftres exami-^ nez & approuvez par le Confiftoirtf. de Berne. Ils leur ndreJférent eii même tems~un nouveau Miniftre» nommé y^lexandre LeBil^ quijavoit^
déj*l''
de la Suilj'eLlw IX. i25
'déjà exercé le MiniRére .dans les 1531, Paroiffcs de Court Se de Sornetan, LaPke- iavec ordre de lui fournir un lo- vôtè. gement Cependant le Prévôt & les Chanoines de Moutiers en- levèrent leurs ornemens d'Eglife, j & les envoyèrent à Soleurre, 6c s^y retirérent enfuite eux mêmes. Ils ^ y firent leur fervice pendant quel- ^ que tems , dans TEglife des Cor- deliers. Enfin ils établirent leur ^ réfidence à Delémont , ( en Allemand Teliskrgy ) petite Ville dans ces montagnes où ce Chapitre fub- fifte encore, & où ils avoient com- mencé, il y a quelques années , à * |bâtir une magnifique Eglife (a), f IX. Finiflbns l'Hiftoire de la Genève iRéformation de la Suifle Romande, 'de cette année, par l'article de G e- ^' !neve. Il fembloit que la paix de ^S*. Julien i dc la Sentence ren- ; Iduë en confequence > à Payer ne , ' 'par Taffemblée des Députez de IX.
Cantons , & des deux Etats de il'' IVallais & de S. Gai , dévoient af- c jfïirer pour long-tems le repos des ^' Genevois s fur tout après la referve ^' F 2 qu'on
124 Hijlûïre delà Réformation 1531. qu'on avûic appofëe à cette Sen- Genève tence 5 contre les prémiers qui la violeroient : & que le Duc de Sa- voyc 5 craignant de perdre le pays deVaud, laifferoit Genève en paix. Mais ce ne fût point, cela. On a déjà vu, dans le Livre Vil. * com- La Sen- jyjg Qucji k Duc ne voulut accepter
tence de 1 r • i>
Payerne ^^^^^ kiitence quc ce qui 1 ac- n'eft commodoit. Et dès les premiers P^pt jours de Janvier 153 ï. il envoya tàe!^"' un homme d'office à Genève^ pour y exercer le Vidomnat en fon nomi avec une Lettre adrt- flee aux Gene-. vois > ( à qui il donnoit le titre de fes chers & féaux , comme s'ils euf- fent été fes fujets 5 ) leur ordon- nant de le recevoir 3 fous peine de fon indignation. Les Genevois re- fuférent de rcconnoître cet homme- là en cette qualité, jufqu'à ce que le Duc eût fatisfait aux autres ar- ticles de la fentence de Payerne , & lui demandèrent , Ou étaient les 7000. Ectfs , qu'il devait leur pajer Et Ou étoit Bonnivard {a).
De plus les Genevois étoient mal-traitcz dans l^s terres duDuc^
*Ch. XL
Sfivion p. m. SI. ^5.
de laSmlfc.Liy.iyi. 12$
& les GentiJs-hommes de la Ligue 1531. de la Cueillere tenoient toûjours Genève la Campagne en armes , de forte que les Genevois ne pouvoicnt forrir de la Ville , fans être atta- qaezj mal-traiccz & bleffez (a). Ce- pendant ils envoyèrent des Dépu- tez à Bade 5 pour y voir ratifier, par la Diète , la fentence de Payerne, comme on en étoit convenu ; ce qui fût fait , malgré roppôfition des AmbafTadeurs de Savoye : Se il fut réfolu que le Secrétaire, après en avoir drefie les Aùcs au net en parchemin , les porteroit par tous les Cantons j pour y être fcêlez (b).
Sur la En de Février , le Duc paya 7000. Ecus à Me/Tieurs deFri- bourg, & fit publier dans fes Etats défenfe de faire du tort aux Ge- . nevois j fous peine de la vie (c).
Au commencement de Mars la Combourgeoifie &c TAlliance des trois Villes fut jurée & confirmée de nouveau , par leurs Députez refpe^ifs. La Cérémonie s'en fit en particulier à Geneve^le 6. Mars, Alliance F 3 dans"^^^^"-
{a) Uid,
(/', S-ivion p. m. ^4. U) Savion p. m. S S-
1 2 6 Hijloire de la Kt formation
ï 5 3 1 . dans le Confeil général. On régak GENEVE les Députez de Berne & de Frr bourg, & on les défraya. On IvecBfr 1^^^ ^"^^ despréfensj mais ceux de Berne ne voulurent rien pren- ^rïhourg ci^e. On le leur avoit défendu
Les Bernois ayant levé gooo. hommes pour la guerre de Mtifs^ e#i donnèrent avis aux Genevois par une Lettre , qui leur fût ap- portée le 12. Avril , & les priè- rent da tenir prêts loo. hommes, pour joindre à leurs troupes, ce qui fût fait {h\
Cependant le Duc , toûjours ani- mé du défir de s'approprier le Vi- domnat, fit demander à l'Evêque une Déclaration , comme quoi il reconnoilîoit que le Vidomnat lui appartenoit. Mais 1 Evêque le re- fufà , & fit favoir fon refus aux Genevois (c). ^fjl Dans ce tems-là lesGenevoisjprofi- ^Gerv^iis ^^^^ tranquillité dont ils jouif- foient, prirent diverfe;; mefures pour leur fûreté. Ils fortifièrent le Faux- bourg de S, Gerv.iis, qui jufqu'alors n avoit été fermé que de gazons ;
ils
(a) U. p. m. ')6. Lù c) JJ, <j8.
de la Suijje, L i v. I X. 127
ils le fermèrent de murailles, &I53r.
reiivironnérent de folTuz {a). Ils ré- genev£ foliirent en même rems dans leur Grand Confêilj de punir tous ceux de leurs Bourgeois , qui du tems de la guerre, s'étoient joints à leurs ennemis : & que ceux d'entr'eux, qui s'étant trouvé hors de la Ville dans ce tems -là, &: ayant fû le deiïein de hùrs ennemis, n'y éroient point revenus > pour aidée à la dé- fendre, ou qui même par la crainte de la guerre & par lâcheté , en étoient fortis, fercient obligez de prêter de nouveau le ferment, & de pa/er un tant p^ur la façon de quelque toifes , des folT^z dé S.Gervais. Les Eccléfiafliques prê- tèrent ce ferment entre les mains des Syndics , en préfence du Vicaire de rÉvêque (l/).
Cependant le Duc de Savoye fît . ^'■'^'^^ diverfes tentatives auprès de quel- ^^^^ ques Cantons , pour faire calfer Savoye TAlliance de Genève avec Berne Se Fribourp, mais inutilement M. Le ïïïï'^î! 16. JuiJJet, les Députez parurent a ce de Berne , & après quelques autres Genève propofitions , ils demandèrent , // Jj^^^
F 4 ^i'/- Cantons
{a ù c) Li. <^(j.
128 Htfloire de la Vjformation
t 53 T . ^ejfieurs ^/^ B i r n e voudroient fw- QiiïiE\i.vojcr une Députation ^ four accom- pagner le Duc de Savoie , quand il h oit prendre poffcjfion du Vidomnat de Gcn.ve > & fi après quil l'aurott eue y ils voudroient quitter la Bour- geê'fie de Genève ? Ces Seigneurs ré- pondirent. Qu'ils s'en tenoient à U fentence de Pajerne 3 fans autre dé- claration [4] : & le mois fuivant ils envoyèrent un Héraut à la Cour de Savoye, pour demander au Duc, de payer l'argent qu'il devoit en Allemagne, & pour lequel ils l'a- voient cautionné [Ji],
Les Bernois écrivirent aux Ge- nevois à la fin du mois d'Août, qu'ils avoient appris qu'on aflem- bloir des gens de guerre contre Ge- nève, & qu'ils étoient étonnez , qu'on ne leur en donnât point d'a- vis, les exhortant en même tems à fe tenir bien fur leur gardes, & â fè fortifier. Les Genevois ré- pondirent : Qujls avoient feulement Apris , que les Princes fe préparoicnt a fe jetter fur Us Cantons, s ils entroient en guerre, Les Genevois le crai-
gnoient
B. inftr. 89.
{L) Savicn 1. ç.p.60.
deUSuife. Liv. IX. 129
gnoient beaucoup, parceque par-là £^3 T. ils couroient rifque de fe voir pri- geneve vez du fecours des deux Villes, en cas de befoin. Ceft pourquoi ils prièrent MefTieurs de Berne de chercher la paix *.
Mais pour ne pas s'attendre à un fecours étranger, qui pouvoit être incertain, ils penféient férieu- fement à fe fortifier. La Ville de Genève avoit alors cinq ou fix Fauxbourgs , qui faifoient enfenî- ble un fécond corps de Ville? aufïi grand que la Ville même : Celui de la Porte de Rive , qui s'étendoit jufcju'aux Eauxvives : Celui S. Antoine i qui s'érendoit jufqucs vers S.f^iUor : Celui de S. Legïer 5 qui s'avançoit j ifqu'au Pont d'v^rî/e le long de Plein-PaUts , &: vers la Cor- ratcrie 5 ju/ques à rHôpiral des pcftjfcrez : & enfin celui de S, Cet vais» Afin donc d'arrondir la Ville , Se de la Hiettre plus aifé- ment Se plus piomteu ent en état de défcnfe, on réfolut de démolir tous (.es Fauxbourgs 3 à la itferve du Bourg de Four , Sc de celui de •S*. Cervais , qu'on attacha à la Ville F 5 par
^ Sstzion 62..
I 30 Hijloire de la K^formatiou
I 5 3 I • P^r des murailles : l'on obligea G£N£VE les habitans à venir s'établir dans la Ville. Les pierres & les autres dé- bris des maifons qu'on y démolit, fervirent de matériaux? pour conf- truire les muiailles & les boule- vards. Pour fournir à toutes ces dépenfes ^ ks Genevois empruntè- rent quelques milliers d'écus à Bâle [a). Mais ce grand changement ne fe fît pas fi tôt.
Dans le mois de Décembre les gens da Duc de Savoye firent de - nouvelles inftances auprès des Sei- . gneurs de Berne, pour renouvelles TAlIiance avec ce Prince > & pour rompre celle de Genève. Ces Sei«. gneurs répondirent : Que pour les fa- îisfaire on envojercit demander aux Genevois j s'il vouloient quher cette Bouïgeoifie de leur bon gré > ou non f Que s'ils la vouloient quiter^ les Ber- nois feroient une Alliance plus étroite avec la Alaifon de Savoye^ cependant fous la refèrve /ie garder l'alliance contractée avec Laujanne (ô), Effcc- Dcccmu* ^^^^'^"'^^"^ envoyèrent * , trois Députez à Genève > avec ordre de
tra-
(rt) Savion 1. c. (l>) i5. Inllr.iSi»
■ delaSuiffe. Li v. IX. IJI
travailler à perfuader les Gevevois> 1531^* ck renoncer volontairement à leur ^^^'^^^ Alliance , en leur repréfentant (^), >5 Que Genève n'étoit pas affez ri- >j che pour payer les fecours qu'il 5> fâudroit lui envoyer, toutes les >5 fois qu'elle feroit attaquée, puif- •>y qu'ils n'.ivoient pas même pu encore leur payer les 25000. jjEcus, qu'ils leur dévoient pour » les fi ais de la guerre >,. Les Dé- putez qui étoient Sebafticn De Dief- bach 5 Jean Jaques De WattevilU^ & Jean François Naigndï arrivèrent àOe- 1 532. né ve le 7. Janvier 1532. après avoir kik\Gex-i auprès du DuCj pour lui demander le payement de ce qu'il devoit à eux ôc à d'autres. Les Confeils ayant été afTemblez , ces Députez s'acquittèrent parfaite- ment de leur commiHlon , particu- lièrement dans le Confeil général, qui fut afTemblé le p. du mois , tâchant d'engager lesGenevoir, par la crainte qu'ils vouloierw leur inf- Pro;);-) F. pirer, à renoncer volontairement à ^t^^ cette Alliance. Apiès qu'ils fc fu- ^J^'^"^^; rent retirez, les Syndics commu- «^i^jà. niquérent à la Bourgeoifie la ré-
ponfe^
132 Hijloire de la déformation
ÎS32. ponfe 5 que le Petit & le Grand G£NEv-£ Confeil avoient renduë à ces Sei- gneurs. La voici toute entière, & Réponfe rnot pour mot : Qu 'ils m connoiÇ- coura- Ç^Yit ^^i/^f appoint ement bon 5 fors les Bourgeoifie demeure , & la
nevûfs. fentence dernièrement donnée à Payerne par tous les Meffieurs des Ligues ^ & quand en les menacera & on leur don- nera plus de crainte , de tant plus ils feront fermes O conflans , pour main- tenir leur dro t jufqua la mort ^ & que s'ils meurent pour maintenir leur bon droit , ils fe tiennent pour heu- reux y toutefois qu'ils fe fient tant a Dieu & anx Excellences deA/eJfieurs des deux Filles, qu'ils obfe'ivcront les fermer ti faits a Dieu entre les hom- mes, & quand Us devroient engager tous leurs biens , femmes & enfans, ils leur payeront tout ce qu ih leur peu* vent devoir , de forte quils auront oc^ cafiondt fe contenter. Cetre répon- fe fût agréée de la Bourg^oifîe. & approuvée tout d'une Voix *. Il ne Faloit pas moins qu'une pareille fermeté pour fe foutenir, les giands dcffeins denmndent un grand cou- rage. Si les Genevois euflent molli
dâns
de laSuiJJe. Liv. IX.- 133
dans cette rencontre, ils étoientiJ32. perdus. Des gens auffi courageux Genève <3ue ceux-là, étoient dignes de vivre en liberté.
Dans ce tems-là le Duc étant tn-vificnd- core à Gex y ceux qui y faifoient^^rayante le ^uet furies murailles 3 rapporté- ^^JJ.*^ rent qu'ils avoient vû de nuit jeptCa- Savoye. v/iliers, habillez de noin & fans tê- tes , qui vinrent frapper à la porte. Cette vifion fit peur au Duc 5 qui quita Gexy & s'en alla incelTamment à Chambery [4],
On parloit aufli de vifions i^viJionSc Genève. Une pauvre Fille , qui de- ^If/^-^*' meuroit à l'Hôpital, dit avoir vû de Genève* nuit , une femme vétuë des blanc, qui la fit lever, pour aller dire à celui qui lui faifoit le plus de bien , qu'on devoit faire des pro- cefTions générales trois jours du- rant; k's enfans habillez de blanc ^ & que Dieu leur donneroit viifloire fur leurs ennemis. Les Genevois reçurent cette vifion , comme un averriiïement du Ciel , & firent les proccflions avec beaucoup de dé- votions & d'humilicé {h).
Us
(^) hL ibid. u, p. m. 7^
Hijîûtrede la t{,éfoY77iatlou
I 5 32» Ils étoient dans une grande per=- GtNEvE plexité 5 jamais leur liberté ne fût en plus grand danger que cette Genève année. D'un côté le Duc indigné erand^ de leur fermeté , fit publier , [vers danger. 1^ fii^ de Janvier, ] défenfe de four- nir des vivres aux Genevois , fous peine de la vie, & commandement à chacun de fc tenir prêt avec Tes armes > pour marcher au premier ordre. Il fit avancer lo. mille Italiens , & 5000. Lanfquenets du côté de la Bourgogne , pour venir fondre fur Genève j 6i tout fou pays d'au delà des Monts éroiten mouvement [4]. D'autre côté les Genevois recourant à Meflîeurs de Berne, pour implorer leur fecours> y trouvèrent les efprits indifpofez à leur égard j & foit par les intri- gues des Agens du Duc , foit qu'en effet il leur paiût que l'Alliance de Genève leur étoic oifereufe aux uns & aux autres , les Seigneurs de Berne vouloient y renoncer, dans la penfée que c'étoit là le moyen le plus court de mettre fin à toutes l^s diîfjcultez , comme le Duc le difoit. Il n'en étoit pas
de
(.'0 p. m. 6j, 7^»
dclaSuijfe. Lî v. IX. 135
de même des Fribotirgeois. Ils j ^ j parurent encore tenir terme pour Genevs cette Alliance, Ôc à laDicLede Badcj qui fe tenoit à la fin de Janvier> lis prièrent les Cantons , d'obliger le Duc de Savoye à obfeiver leur fentence donnée à Paycrne 3 & de prendre Genève fous leur protedlionj puifque ce Piince contrevenoit à cette fentence , par la défence des vivres &: par les autres vexatiops> qu'il faifoit aux Genevois W- Mais les Seigneurs de Berne gagnèrent ^^^^J^^'" ceux de Fribourg , en leur repré- j-ionsdes fentant parleurs Députez , au com- Bémols menccment de Février * : Que les ^^i^
... , , bourgeon
Genevois n avoient pas encore puje la ç^^^-^f^Q folde des troupes^ quon avoit envoyées l'Alllan- a leur fecotirs , & que s'il faloit en- deGc- cote en venir a une autre guerre y quu ' in arriveroit de même , & que les Genevois ne pajeroient rien , comme ils y étoïent pourtant obligez : Que d'ail' leurs y les Députez des Commnnautcz de leur Pays avoient été a Berne ^ & leur avoient déclaré , qu'ils ne donne- rotent aucun fecours pour des finan- ces quon contracteroit a leur infcu^ou
coutve
11.70.
^ ï!i% lïijtf, 144.
136 HïjîoiYe de la Kéfermation
1532. contre Icifr grê y & Que ^ fi même ils Ceuive alloient a Genévr y ils vouloient être payez : Q^je quand ils j [croient > fi les Genevois ne les pay oient pas , [ ce qu'ils ne pourvoient pas faire , ] les foUats fe mutiner oient y & pourroient piller h Ville y comme il fer oit peut' être arrivé la dernière fois , fi fon n'y avoit pas mis ordre, Quainfi cette Alliance leur était plus onereufe, quu^ tîle , aux uns & aux autres. Ils étoient convenus de certains arti- cles de pacification , propofez par les Agens du Duc. Ces articles Projet étoient : lo. Que le Duc ofFroitde
mode-"" 8^'^^^ ^ ^^^^'^^^ ment Oli^^ Y fût remis en pofleiïion de propofé fes prééminences ; 30. ^'on abolit ^ar^^du^^ Boujgeoifie , le Traité de S. ïhic. Julien , &: la fenrence de Payerne : 40. Qu on choifit des Arbitres, pour terminer toutes les difïicultez des parties dans quatre ans : oifrant encore d'engager le pays de Vaud> particulièrement Romont & Tverdun^ s'il contreveiioit à ces articles W,
Ain fi Fribourg étant gagné , les deux Villes envoyèrent leurs Dé- putez à Genève 3 pour exhorter
les '
W Rofet II, C. 6U
de la Suiffe. LiV. IX. 137
les Genevois à accepter ces arti- 1532. des : Mais tous les Confeils affem- Genevé blez 5 les 6. 7. 8. & 9. de Février, leur rendirent la même réponfè^qu ils avoient Lite aux Bernois un mois auparavant 3 déclarant que du refle ils uferoient envers le Duc de toute rhonnêteré & l'amitié qu'il pour- Rejette roit fouhaitcer raifonnablement, & P^^^^j^^^^.^ lui feroient tout honneur & fer- vice po/Tible *. Ils envoyèrent des Députez à Berne & à Fribourgjpour porter les Seigneurs de ces deux Vil- les, à des réfolutions plus favora- bles pour eux. Ces Députez pa- rurent à Berne & à Fribourg de- vant les Grands Confeils > fu- rent fi bien parler y qu'ils les tou- chèrent de pitié, & obtinrent d'eux un Décret, Quon garderait Cylllian- ce , & qu'on engageroit le Duc de }^-^]^^^^^ Savoy e a relâcher les vivres aux Ge- ravifent nevois qu'on les fecourroit ^ en en fa-
'ras de b^foin [/;]. Et le 16. Février, ""^^ij^ les Agens du Duc ayant fait de nouvelles inftances auprès des Ber- nois , ils leur répondirent j Qu 'ils vouloient bien lenotivtller avec le Duc
^ S^tvhn III. p, m. 70.71. MS. Groof.
(«} Sdvion 1. c- 71. ^
î 3 8 Hijlôire de la Kéformathn
l ^"^l' -^lli^nce du Duc Philibert, Genève maïs fous la referve , que C Alliance de^ Genève fuùfiff croit , tout li tems pour lequel on ravoit contracléei qui éîoît de i^, ans ^ oifranc ce- pendant leur Médiation, pour ac- commoder les parties (a). Et vers la fin du même mois , les deux Villes écrivirent au Duc, pour l'ex- horter à relâcher les vivres aux Genevois , &c pour lui demander le payement des Tommes qu'il leur devoit , devoir 14000. Ecus aux Bernois Se 17000. aux Fiibour- geois {ù). D'abord le Duc répon- dit aux deux Villes , & par lettres, & par l'organe , de Bellegarde , fon Envoyé, QuA avoit permis libre commerce avec Genève. Cepen- dant il n'en étoit rien, & les Ge- nevois , fe trouvant toujours dans la foufrance , s'en plaignirent à leur Alliez. Là-deffus les Fribour- geois prirent feu , & vouloient qu'on déclaiât la guerre au Duc. Mais les Bernois les en diflliadérent par leurs Députez, le 18» M.irs, en leur repréfentant : Que le Duc de
(a) B. r?î/?r. 147.
delà Sîiîjfe. Ll V. IX. 139
Savoje les ayant ajfàré & par Lettres^ j 532. & par [on Envoyé ^ qu'il avoit r^?/^- geneve vert le commerce avec les Genevois^ ils ne pouvaient pas croire quil eut menti : Que cC ailleurs l'iffue de la guerre était toujours incertaine j Quon ne feroit aucun bien aux Genevois, & qu il ny auroit que les pauvres & les innocens qui en fouffr iraient : Que d'ailleurs ils avaient un Député auprès du Duc , chargé de lui parler fortement fur ce Sujet ^ &quilfaloit du moins attendre fa réponfe L'é- vénement fit voir qu'ils avoient rai- fon. La Députation de Berne opé- ra fi bien, que le même jour, 18. Mars, le Duc de Savoye rétablit la liberté du commerce arec Ge- nève [a).
Cependant les Genevois profi- - tant de la bonne dilpoiition de ^ç^nois leurs Alliez des deux Villes , de- auprès mandèrent d'être ouis devant la ^^^^ Diéie des Cantons, pour y porter ^"^^/^j^ leur plaintes , contre le Duc de Sa- Gencve. voyc, des diverfes infraftions qu'il avoit faites au Traité de S. Julien,
^ Uîd.
f» Kofet II. 6^.,
140 Hifloîre de la Kjformatîon
1532. & à la fentence de Payerne ( ^ ). Genève Ils en firent la propofition à Berne. On leur répondit , le 10. Avril: „ Que LL. EE. écoisnt fâchées, de >j ce que le Duc de Savoye n'ob- 5, fervoit pas les Traitez : C^'elles 55 lui offrir oient de juger de Jeurs difficuir.ezr, & de leur faire droit, >, s il vouloit , lui , fe foumettrs >j à leur jugement : finon qu'on le citeroit par devant les Arbi- >3 très, qui avoient fait le Traité >5 & la fentence de Payerne (^) ,5. En effet les deux Villes propofé- rent la chofè au Duc j mais il re- fufà de fbûmettre au jugement desSuilfes, difant, fièrement [^r ] , Qn^ïl étoit Prince , 8c qu 'il navoit que faire , de pUider avec Genève, Les Bernois ne fe rebutèrent point. Ils envoyèrent , le mê'ne mois, des Députez au Duc , pour lui pro- poser certains articles nouveaux d'accommodement. Comme l'af- faire trainoit en longueur, les Dé- putez de Genève à Berne firent de nouvelles inflanccs auprès desMa-
giftrats.
{a) id. Ch. r><^.
{h\ B. infir. 159.
delà Suijfe. Liv. IX. 141
giftrats. On leur répondit Je 28. i 532. Avril : y^Quon les prioit d'avoir un Genève
peu patience > j'ifqu'à-ce qu'on >, eui^apris le fuccès de leur nou-
T^elk tentative auprès du Duc » 5, dont on fê promettoit un bon ef- » fet : Que fi l'on ne pouvoir rien
obtenir du Duc par amitié , >, qu'il fût dans le tort, alors les „ Bernois 5 félon leur promeffe, >j aideroicnt aux Genevois > à leur » faire rendre juftice W.
Dans une Dléte des Cantons af^ Amblée en Eté, le Duc de Savoye Les c?;?^ fit follicitcr les Cantons, ticuliérement Iss Bernois à renou- J^^^^ç^ veller leur Alliance avec lui. Il nouvel- y. envoya, dans ce deffein en Am- bâffade le Comte à! Ent< emont , le ^.^^'^^"j^ Prcfident Lambert ^ Se deux autres Duc de gens d'Office , avec le Seigneur '^'^'^9'^» (ïEfiavajer i mais les Cantons le lui refuférent , en lui demandant le payement des penfions qu'il leur devoit *. Les Bernois en particu- lier
^ Cette Alliance du Duc avec touj les Cantons avoit été faite l'an 1511. Par le dernier article le Duc s'étoit engagé à payer annuellement 100. Ecus d'or à cha- que
1 42 Hîjloïre de la I\éformation
lS32.1icr le lui refuférenc au fil , parce Genève qu'il demandoit toujours rabolitioii de rAlliance de Genève, & de la fentence de Payerne [.^].
Cependant le Duc ne payoit point ce qu'il devoit aux Bernois & aux Fribourgeois , nonobftant les follicitations réitérées qu'ils lui avoient faites. Enfin > à l'entrée de l'Automne , les Fribourgeois > perdant patience , vouloienc tout de bon lui déclarer la guerre , 6c ils écrivirent aux Bernoisjqu'ils vou- loient s'emparer du Pays de Vaud. Les Bernois leur envoyèrent des Dé- g^^ç<^j^y- putez*,pour tâcher de les adoucir & de les difluader d'entreprendr-c une telle guerre [^].Les Fribourgeois fe laifférent perluader , &: la guerre n'eut pas lieu pour le coup. D'au- tre coté le Duc ne cefTa de follici- ter les deux Villes 5 à renoncer à TAlliance de Genève. Il demanda auil'i la même chofe> à l'égard de
celle
qii-e Cnnton. Guïchenon a fupprimè cet article dans Ton Hiftoire p. 624. Cette Alliance n'avoir été contrariée que peur 2^. ans. Vov. S'/w/^r Rep. Helver. p.m. 258. is^.
(a) Stettler II. <J6. b.
W MS. j^mp, izC. b. B. In/lr. 116.
USuife. Liv. IX. 143
celle de Laufannc. Dans le mois 1532. de Novembre , il y envoya encore Genève un AmbafTadeur , pour les prier de le mettre en poffefTion de Tes préé- minences dans la Ville de Genève, de le délier de l'engagement du pays de Vaud 5 de quirer l'Al- liance de Laufannc. Les Seigneurs , des deux Villes lui répondirent , d'un commun accord ; Qii'i/i étoient contens de mettre le Duc en poffejfion de ce qu 'il dcvoit avoir a Genève^ & de Cj accompagner , pourvu qu aupa- ravant il donnât aux G e n e vois une Lettre de fureté , bien fignée & fçèllée ■ comme la fcntence de Pajernc Coïdonnoit , c'eft-à-dîre une promejfe authentique i de ne leur faire aucun tort 5 ni en leurs perfounes ni en leurs biens : Qu' afrh que le Duc fe fera aquitc du dernier payement qîtil doit faire a Noël prochain > des 21. mille Ecus quil leur doit > ils agiront avec tant det modération , envers lui > au fujet de cet engagement de fon Pajs , quil aura l'eu d^être fat' sf ait: QuV;;- fin ils veulent garder C Alliance de Laufanne & l'otjc.ver [,;].
Parmi toutes ces agitations de la ^^^^^^^^
Ville
•5 W M6. Amp. 117. B. Ujlr.izs^,
1 44 Hijlûîre de la R^éformation
î 532. Ville de Génère 3 & fes mouve- deRéfor mens pour la confervation de fa mation liberté , la Reformaion y faifoitpeu a^Gene- progrès. Cependant il s'y trou- voic plufieurs bonnes âmes 5 qui foupiroient après un fi heureux changement. Voici ce que Farel en écrivoit deGranfonjà Zuingle,le i. Oflob. 1531. J'apens que Genève penfe a emhajfer ] es u s - Chkist» S'ils nétoient par retenus par la crahu te des Fribourgcois , ils embrajfe^ rotent l'Evangile , fans différer davan* tage. Il feroit a fouhaiter , que d'aU" très perfonnes euffent autxnt a cœur les intérêts de Jes us-Christ, comme ces gens-là [les Friboiirgeois] fe montrent zélez pour les intérêts du Pape, Les P.ipifïes du lieu 3 comptant fur leur protection mettent les fidèles en prifon , fans écouta leurs défenfesy & leur font divirfes iniquirez fans que perfonne les en empêche. Jus eft in armis. Leur droit efl dans leurs ar» mes *.
* Hotting, 557.
Fin du IX. Livre,
SOM-
SOMMAIRE
D U
DIXIEME LIVRE.
I. ^Ynode de Birne. Hiftolre l $32^
\J de Sim. Sulzer. Nouveaux Re- G L E M E N s de Religion a Zurich> a Schaifhoufe & a Baie. Les Cha- noines de Mouriers Grand- Val maU traitent les Réformez- Négociations des Seigneurs de Berne & de Soleurre ^ ce fujet. Plaintes des gens du Pajfs, Les Troubles continuent, Tra^ ivaux de Farel a Valcngin 5 & de¥ A^K\ a Boudri.
II. Appenze ll tient ferme pour la Réformation, Tumulte a Glaris AU fujet de la Religion. Les Réfor^ viez tiennent ferme. Nouvexux Trou- bles. Accommodement. Arti les du Traite*. Caractère de Valentin Tfchoudi. RitabUffement de ï Abbé de S. Gai. Accommodement entre la Fille & iAbhé. Traite' frovi* fionnel entre C Abbé & fes Sujets Ré- formez» Le Tockebourg retourne far force fous le joug de fAùbé de S, Cal.
, To?n. /r. C III. Zu-
SOMMAIRE
Î532» Zurich. Edit contre U
Mefe , & pour lufage de la S. Céne. Ennius cherche a nuire aux Zuricois. IL anime contreux les Cantons Catho- liques a roccafion de cet Edit, Zu- rich & Berne protègent les Réformez de Bremgarte & Mellingue. Z«- rich accommodé avec les Cantons zé- lez* Ennius sejforce inutilement de brouiller les Cantons,
IV. Intrigues de quatre Cantons Catholiques autres de C Empereur : La guerre des Turcs les fa t échouer t Paix de Religion en Allemagne,
V. Troubles du Luthéranifme. Efforts de Luther contre les ZuiNGLiENS. Travaux de B u- c E R pour la réunion des Frotefians, Troubles de l'y^nabaptifme. Confé- rence des Miniflres de S. Gai avec un Anabaptifte, Autre Conférence a Zcffingue de plufieurs Mmiftres du Canton de Btrne avec plufieurs Ana baptifles, Berne en punit quel- ques-uns a caufe de leur opiniâtretés Nouvel Edit contreux,
VFo Pays de Faud. Viret difputi il Oîbc nvec un A/oine, Nouveaux troubles. Nouveaux Minifires dam Is Balli.tge de Granfon. BiJloi>e de
Jeam
DU Livre X.
Jean Le Comte, Troubles ^(^52^ Granfon, ^ Onnensj 4 Payerne. Alliance renouvellée entre Ber- ne & Payerne. Le Confnl de Paycr^ ne mal-traite les Réformez > nonobf- tant fes promejfes. Lettre Paftorale de FareL Réglemcns louables de Ve- vay. Voyage du Duc de Savoye dans le \ fays deVaudJl péfide aux Etat s ajfem^ liez à Morgts. Réfléxton fur ce voyage, VIL Propofitions captieufesy^i V* Cantons Catholiques )i la Ville de SoLEURRE. On en fait fortir le Aïinifîre. Calme d'un an, JSIou- veaux Troubles. Relation des Ca- 1 $32»^ tholiques. Relation des Réformés. Nar* ration ^/^Stettler. Les Réformés fortenî de Soleurre, Négociations des CantonSy & particulièrement de celui de^ Berne furcefujet. Sentiment desBcrnois.
VllL Le Fape foUlclte Zurich à ren^ trer d.ms le feln de l'Eglife Romaine y iuî promet pour cela de l'argent. L&s Cari' tons Catholit]ues font Alliance avec le Pape , Cb" lej VaUalfanj, A L L I A N C E partU tuUtre de Berne avec Baie. Mouvimenx des Bernois <^ des Friùourgeols, Prudence des Laufannoîs, Alliance Fribourg de Soleurre avec les V, Cantons. Les 'Réformes mal-traités à Soleurre y en fartent. Conférence , des Etats Réformés à. Berne» leurs ReprcfcntationS à ceux de Soleurre. I 5 3"4« J^îouvelle Conférence de V'II. Cantons. Veih- Qketé (it ^uelqHti Réformés de Soleurre. Les
SOMMAIRE DuLiv.X.
Rif/t^lés de'\^ SoLet^re dlclarent laGUerrz x lars ennemis^ Sont défavoUés par les Bernois. ^532. Genève. Les apparences n'y font
point f^Dorables à la Réformation. -Cé Clergé s y rend, odieux. Tumuhe a Voc~ cafion de quelcjtus affiches : Un Chanoine eji blejfé. Farel & Saunkr enfeignmt à Ge^ neue, Farel, cenfuré parle Confeil répond' courageufemcnt, li ejl cité devant le Co?T^ feil Epifcopal ^ <Ùr- y parle avec fermeté;^ Il y efi maltraité ' ô* court ri/que d'être tHc, Il eji chafjè de l a Ville avec Saunier X. Froment va à Genève.- // s y don- ne pour Aiattre d'Ecole, y fait du fruit, £/? fccondé par le Cor délier Boquet. Cort^ *v,erJion tnerueilUufe d'une Femme bigotte^ Stience extraordinaire d'une petite Fille, Nouveau tumulte al' cgcajîci^ d'Hne.difput&. de Religion.
I 533' F'^^^'î'^^"^ prêche a> Genève ^^ns la
. ph.ce du marché. Il efl obligé de quitter Genève. Fribourg s'oppofe vivement à * la Réformât ion d& Genève.^, Les Refor^ niés (ont opprimés Genève ils font des Ajfemblées, Avant ur a du P. Rt)bert Oli- vetan. Lettre du Confeil Ae Berne a celui de Genève, Conjuration des Catholiques contre les Réfor mes . Sédition 18. ^^^^s» Elle efi arpaifée par des Négocions de Frh bourg. Règlement pour la Paix, , XIJ. Incendiaires en Suiffe, Zurich r/- •i%hlit l'Ecole de Cappel. Progrès de U RéformAtion dans les Grtfons,. Aravv éîA* élit un Co'lege^ Soins tJ es Bernois pour les Béformés dt Rremgarte &c, & pottr les Réformés fujets de l'Ahbé de St- Gall. Troubles à Glaris. Accommodement entre les Chanoines les gens de la Prévôté^ Chanoines fcandaleux. Différend entre Bienne & le Comte de Val engin. Bçrn ' ^tMt les Çatechifmes^ I^IS
149
HISTOIRE
DE LA
RÉFORiMATION
DE LA-
S u I S S e;
LIVRE DIXIEME.
Qui comprend le Sr n ode de Berne , les autres princi- paux Evénemens de l'An M D XXX II. é quelques- uns des deux années fuivantes.
N a pû remarquer ci- Raifons
deffus.Que les ^«w/V ^'^îr'
ne paroilioiein pas Bt-^o/s
fort emprelTez pour pour les
les intérêts des Genevois, Sans ^"^^^^^-^^ ^ , ce Cjtnt"
G 3 doute ir
150 Hi/ioire de la BJ formation
1532. doute ce n éroit pas faute de cou- B^RN E rage : mais cela venoit uniquement, de ce que Genève étant encore alors attachée à la Religion Catho- lique, & aflez éloignée d'eux pour qu'ils la crûlTent incapable de leur donner jamais aucun fecoûrs con- fidérable \ pour ces raifons ils la regardoient comme une Ville , à la liberté de laquelle ils ne dévoient pas beaucoup s'intéreffer : & ils fc lafféfent bien-tôt des grands em- barras qu'elle leur cauîoir. Mais dès qu'elle eut embraffé la Réfor- mation , ou même dès qu'elle pa- rut feulement vouloir l'embraffer 5 dès là ils changèrent entièrement en fa faveur 3 8c foutinrent vigou- reufement fes intérêts. En effet on ne peut rien ajouter au zèle > qu'ils faifoient alors paroicre pour la Ré- formation & aux foins qu'ils (è donnoient foit pour la foûrenir dans les endroits où elle étoit éta- blie j foit pour l'introduire dans ceux, ovi elle ne letoit pas encore: On en a déjà vû diverfcs preuves ci-deffus s on en verra encore d'au- tres dans la fuite.
Pendant qu'ils travailloient pour
la
de laSuife. Ll V. X. lyi
la Réformation des autres j ils s'oc- I S32* cupoient aufli du foin de perfection- Synodede ner la leur propre. Le mauvais ^^^n^* fliccès de leur dernière guerre , & divers défordres confidérables, qui fe firent alors fentir dans leur Can- ton , leur firent penfer à chercher des moyens efficaces pour approcher de cette perfeâion 5 le plus qu'il fèroit pofllble. Ils n'en trouvèrent point de meilleur , que de confUl- ter tous leurs Pafteurs , pour étabh'r folidement leur Réforma- tion 5 par des Ordonnances fages de conformes à TEvangile. Dans ce delTein , ils convoquèrent dans la Capitale un Synode de tous les Eccléfiafiiques de leur Canton, au commencement de l'année 1532. Il s'y trouva 230. Minières > qui furent affemblés depuis le 9. Jan- vier 5 jufqu'au 14, &c qui convin- rent entr'eux des Régies , qu'ils dévoient obferver dans l'exercice de leur Miniftère, foit à l'égard de leurs Inftrufïions , foit à l'é- grrd de leur conduite. Ces régies , véritablement Chrétiennes ^ furent rédigées par écrit en langue Alh- n\àndc,p^lFrelJJgangCapit07î, Théo- G 4 logien
152 Hiflûin de la Réformât io^^' I i32 ^^ê^^^ ^® Strasboui^, qui fe ren- bAne * ^^"^^^ Synode. On les impri- ma d'abord en cette langue à Baie ^ & bien-tôt après en Latin > de la traduction de Simon Sultzer. Benhtold Haller , Pafteur & Réfor- mateur de Berne , rendit témoigna- ge à Capiton , qu'il y avoit pris plus de peine , qu'on n'auroit ofé lui en demander : & pour cette caufe il Tappelloit le Pére de l'E- glife de Berne {a).
Ces Actes du Synode de. Berne furent réimprimez en Al- kmandàBerne l'an ido8. in 40. "h ,t ç'eftLa Tradu<flion Latine fut aufïï dont réimprimée vers le milieu du Sié- fe7y>'' cle dernier: Cbriftophle Luthard, Pro- fefleur en Théologie à BernCj l'in- féra toute entière dans un gros Traité de Controverfe , qu'il écri- vit contre un Docteur de Fri- bourg *.
Dans le Texte Allemand y on voit d'abord un Edit t de LL. EE.
( a ) Hettîng, 645. de * Difputationis Bernenjii &:c. E x p n-
C A ï I o . <& coyitrct. Adverf^rios , prAc'tpue
Jacob. Schiller, SfC Frîburg. DecAnum &c.
ér officiaUm &c. Defensio. Bernx-
1660. In folio. t J'ai mis cet Edit à la fin des Adlç^,
pour fiiivre l'ordre des tenas.
de la SuiJfe.Liv, X. I53'
de Berne qui confirme ces A(fles jj^/ji du Synode , & leur donne for- Berhe^ ce de Loix. Us y ordonnent , de les lire toutes les années dans les aflemblées des Minières, qui fe tiendront au mois de Mai, de les .éclaircir, & de les renouveller, &: défendent d'y retrancher quoique ce foit : Elfes font datées du 14^ Janvier 1532. Il y a ensuite une Préface du Synode ^ en forme de Lettre 5 adreflee aux Seigneurs de Berne > oà Ton traite de la puiP. (ânce des Magiftrats, dans les affai- res Eccléfiaftiques 3 &: de Tufage & des bornes de cette puilTance : La Préface eft fuivie des Canons^ ou Réglemens du Synode ? partagez erl 44. Chapitres. Ces Adles font af- fuiéiiient fort beaûx; on y trouve beaucoup d'onâion ; Ôc ils refpi- rent > a mon [en s y un cfprit tout Evangclique. Ils méritoient donc bien dêtie publiez de nouveau, ^ dans une Lirgue plus connue que»- l'Allemande. C'cft pourquoi j'ai ciû devoir les donner ici tout en- tiers , traduit.*, fidélcntcnt en Fran- çois j pout rédificarion des Lcc- G 5 tcurs
154 Hifiôire de U Kéformation
JS32. teurs pieux , & particulièrement pour rinftruftion des Miniftres de l'Evangile. Mais pour ne pas trop inierroiîipre le fîl de ma narration,
Hifloir renvoyé à la fin de ce Tome.
àtSh^^m Traduftion Lati-
Mx^er, ne des A(fles de ce Synode étoic l'ouvrage de Simon Sulz^r, Comme ce Théologien a fait quelque figu- re dans nos Eglifcs 5 il ne fera pas inutile de faire, en peu de mots, fon Hiftoire. Il étoit d'une naif^ fince médiocre , fils d'un Barbier Imerlaken, Il étudia les Langues Grecque &, Latine avec beaucoup de fuccès à Lucerne > fou?; 0/ycald MjLoniMSy & à Bâle, fous Henri GUrean, Après la mort de fon Pére ne trouvant point demploi pour exercer fon talent , il fe mit à Stas bourg dans la boutique d'un Barbier , pour apprendre fa pro- fcfTion, Les Seigneurs de Berne ayant envoyé quelque Députez à St;a'bouîg, l'an 15^0. ces Dépu- tez y apprirent le fort de ce jeune homme ^ fes bonnes qualitez. A leur retour à Berne , ils en firent rap- port à leurs Seigneurs? qui fouhai- tant de ramalfcr des gens favans
dans
de la Suilfe. Liv. X! 155
dans leur Ville , & jugeant t^ue j 5 3 î . Sulzer pourroit un jour rendre de Sulzer bons fervices à fa Parrie , lui en- voyèrent de l'argent, afin quil pût vaquer tranquillement à Tétude > 6c le recommandèrent en même tems * aux d<;ux Miniftres de * Le^ 30, Strasbourg, Bucer 3c Cap ton , les 15V0. priant d'avoir foin de lui, de l'en- courager à étudier, Se de^leur don- ner avis de fcs progrès. De là il retourna à Baie , où il fe m'it en penGon chez Si?jion Cfj/n£USy ]ix(c]Uâ^ , ce qu'il y obtint l'emploi de Prin- cipal du Collège. Enfin l'an 153^. il alla à Berne, où on le retint^ pour exercer le Miniftére & rem- plir en même tems la Chaire de Profeffeur en Langue Grecque t.
Après le Synode, les Seigneurs de Berne renouvellérent leur Ed it contre le Papifme , & dans le cours de Tannée ils firent encore divers réglemens particuliers de réforma- tion. Par un E d 1 t du XI, y^^^i^^ Avril, ils interdirent abfolument i ineriic Tufage de la Langue Latine , dans -^ux .Vo- les Ades des Notaires, foit publics, j^'l'e'''dc foie particuliers ; ( comme une pra- Lfi- G 6 tique t MS. Gr9oJ[. Hottiiîg. 544-
156 Hijîoire de la Réformât lorz
1532. tique abflirde, puifque cette Lan- Bexne. gue étoic éteinte , éc inintelligible^ pour le commun des Hommes,) ordonnant que tout fût éciit en la Langue naturelle du Pays. Par un au- tre E d i T5 du 50. Juilletjils ordon- nèrent lo. A tous ceux, à qui Ton âvoit laiiTc lapoffe/rion de quelques Chapelles > de repréfenter leurs Droits devant les Confîftoiresj afîa d'éviter les abus : IIo. A tous les Patrons & CoDateurs d'Eglifes, de donner un état exadl de tous les fonds & revenus attachez aux Cu- res , & de le faire enregîtrer , afin qu'ils ne puffent jamais les aliéner.
Dès le commencement de leur Réformation , ils avoient pris entre leurs mains les biens & les rentes des Chapitres ruraux de leur Cane- ton 3 mais ils les leur rendirent bien^tôt à tous 5 à la referve de celui de Buren. Enfin pourtant ils les rendirent ^ufii à ce dernier*, après qu'il les en eut prié inflam- ment,
Ndu-^ a 2 u r I c h s depuis l'an 1 5 2 ^'l^^^m avoit tenu oj dinairement deux de Reli- Synodes par an, çompofez de tous
les
* Le 2 février.
de la Suijfe. L i v. X. I 5 7
les Minriftres du Canton, comme T 532. je lai remarqué * ci-delTus"-> &cl'an gi^" ^ Je 8. Avril, il avojc été or- ^^'""^^^ donné que Ton conrinueroit exac- tement à l'avenir cet ufage, favoir> dans le Printems & en Automne. IVJais on n'avoic point encore de règlement fixe pour Tordre du Sy«- node: & lesMagiftrats n'en avoicnc point encore fait, pour l'entretien & la dignité de l'état de TEglife. On pourvût donc à cette affaire Tan 1532. On en dreffa des Ré- glemens & les Magiftrats les mu- nirent de leur autorité. On mit aufll en bon état la Bibliothèque des Chanoines , par les foins de PdlicAii j &. on l'augmenta, en ache- tant les Livres & les Manufcrits de Zujyigle (4),
AScHAfFHousE, on mit en à Sch^i^- pièces, après la Fêce de Pâque , ^'^^'-/^^ les Images, qui étoient demeurées de refte (^}.
A B A L E on fit auflfl divers ré* SciBale glemens utiles de Réformarion. Tous les Pafteurs 3c les Minières
de
* Liv. IV.
(m) Hotting. 6 :4»
(0 i«. 6^0.
158 Hifloire de la Réformât ion
IS32.de la Ville tinrent une affemblée, B A L E. pour délibérer fur les moyens, de mettre la Difcipliae Ecdéfiaftique fur un pied véritablement Evange- lique. yf^olffgang Capiton, s'y trou- va, &: y montra It même zélé pour la gloire de Dieu , qu'il avbit fait voir à Berne (a). Les Magiftrats y publièrent auffi un nouvel E d i t contre les Vices , pour réformer les mœurs de leur Citoiens , aufli-bien que leur croiance. Mais particu- lièrement ils fermèrent une Maifon de débauche , qu*on y avoit lailTé fubfirter jufqu'alors, depuis le tems du Papifrne 5 6c l'interdirent pour toûjour^, comme un fcandale public, une tache à la Relig^ion Chrétienne» de une fource de corruption pour la jeuneffe. Il y avoit quatre ans , que lesMiinftres a voient foUicité inu- tilement cette Réformation , par leurs Sermons & par leurs difcours particuliers : On avoit lailTé fubfif- ter cette Maifon de débauche , parce que le commun Peuple étoit prévenu de la penfée> qu'elle étoit nécelTaire, pour mettre à couvert l'honneur des filles & des femmes
ver-
(a) Id. 6^
de la SuiJ[e. L l v. X. 159
vertueufes, contre la pétulance de 1532. la jeuneffe. Six ans auparavant le b a l feu du Ciel avoir confumé Ôc ré- duit en eciidre une autre maifon de la même nature , dans la Ruë appellée AJalzgaffe, On n'y avoit point fait d'attention : mais cette année la MaîtrelTe de cette derniè- re Maifon ayant éié aflaffinée j ce Crime réveilla le zélé des MagiA trats , & kur fi: faire cette refor- me fi néccffaire (a).
On s'employa au/Ti à mettre VU- Rctablif- niverfué Sc les Collèges en bon ^^^^^} . E:at5 pour y avoir un féminaire dt Savans , & de gens propres à feivir utilement leur Patrie» en toute forte d'Emplois. On convertit en Collège le Couvent des Au^uft 'tns» Or. fie de celui des Domini ains une Maifon d'inftîudion > qu'on ap- pella la Saptence , pour l'éducation d'un certain hombie de jeunes Bâ- lois. On choifit tjois Seigneurs de l'Etat 5 pour être Infpecflcurs ou Commis fur l'Univerfi é , (avoir ^ Fodolf Frey, F uiolin F.etff ^ Hiti i' Rlhncr y Chancelier. Ils rci dirent à rUniverfité fa Jurildi^ion avec
fss
î 60 Hifîoire de la Keformatton
rj52.fes Livres , fes Regiftres 8c fes E A I E. Joyaux , que les Magiftrars avoienc eu depuis quelque teins en garde : Ge qui fe fît dans le mois de Sep- tembre. On pourvût rUniverfité^ de bons ProfefTeurs , pour enfei- gner la Religion Réformée , & oa leur âfligna des penfîons convena* bles. Dès-lors les Sciences ôc les beaux Arts fleurirent plus que ja- mais à Bâle, 6c fe communiquè- rent aux Pays voifins^ tant dans la Suiffe que dehors 5 par les fa- vans Hommes qui s'y formèrent. Le premier Relieur de l'Univerfitr, depuis fa Réformation & fon réra»- blilTement 5 fut Oswald B^s^r, Doifleur en Médecine , élu Re<fleur l'an 1 5 3 2 j natif du TtïoU & l'an- née fuivante> ce fut Paul Conftanfh Phrygionj de S, blettftatt en Alface, Dodleur en Théologie , ou ( comme on parloir alors , ) en Ecri- ture Sainte {a). Règle- On lit aufii quelques Règle- con^tre ME NS contre le P^pifme j cntrau- la M^i/?. très il fut défendu daller entendre la Meffe dans les Pays Etrange rs, Se l'on en rendoic cette raifon j Qn^
puis
(^) Id. il^id. & VFurfiis, VIIL Ch. 14.
de la SmJJe. L I v. X. i 6l
puisqu'on Favoit abolie fuivant 1 532»^ les Inftrudions de la Parole de B a jl e Dieu , & qu'on avoit rétabli à fa place le véritable ufage de la Céne du Seigneur , on dévoie s'en con- tenter. Il fut au/Tî refolu , par rapport à 1 exercice de la Difcipli- y^ç^^^ ne Eccléfiaftique, fi un Hom- de fo'i^*/ me après avoir été fufpendu de ctplù^e^ la Communion pour fes dérégle- mens , demeuroit un mois entier fans fè repentir , &c fans fe recon- cilier avec l'Eglife , on le banni- roit de la Ville ^ du Pays , juC- qu'à-ce qu'il fe fut corrigé {(?).
Il fembla que le Ciel voulût bé- nir les Bâlois , à caufe des bons Réglemens de Réforme qu'ils avoient faits. Ils avoient été atta- quez l'an 1515. par les Payfans rebelles , des Balliages de Bom- berg 8c de l^f^allenbourg , & des quar- tiers de Liei htfialt , ou Licflcl , &f de Fahrnsùjyg : Sc par la média- tion des Députez de Zurich, de B^rne 3 & de Soleurre> ils avoient fait avec eux un certain Traité, qui ks avoit fatisfait. Dans la fuite
il'
/i'':irf}if. 1. c. pag. ^10.
ï 62 Hijîoire de la K.éfoYmattûn
I Ç32. il arriva î que durant la ftérilité des Ba L E. années 1530. ôc 1531. la difette & la cherté des vivres étant fort gran- des 5 les Magiftrats de Râle firent venir Tan 1530. de Biberach de Memmingue & de Schaffhoufe , des grains donc ils diftribuércnt cha- que femaine, à un prix modique, plus de 150. facs aux pauvres Bourgeois j jufqu a la récolte de l'année fuivante. Us étendirent aufTi leurs foins charitables aux Pay- fans de leur Canton , 6c leur fi- rent beaucoup de bien. Cette an- née donc ( 1 532. ) ces Payfans vin- rent à Baie, de leur propre mou- vc vient, fs préfenrérent devant le Confcil, & confeffant humblement la rébellion dont ils s'étoient ren- dus coupables l'an 1525. ils remi- rent volontairement entre les mains de leurs Seigneurs , l'inftrument du Traité qui avoit été fait alors avec eux, les priant de leur pardonner & de les laifTer dans leurs anciens ufages, ce qui leur fut accordé N'oublions pas de remarquer, que les Chanoines de Eâle , qui en étoient fortis lors de la Réfor- mation
(«) 1, c. pag. 587- KUnhr, sf.
de U Suijfe. Liv. X. 163
mation de cette Ville ? demandé- I 532* rent permifTjon d'y rentrer. On la B a 1 1. leur accorda 5 au cas qu'ils vou- îiifTent fe conf^ormer à la Réforma- tion de Ja V\\h{a), Mais cett« condition n'étant pas de leur goût, ils fixèrent leur demeure à Fribourg en Brifgavv , avec leurs Concubi- nes 5 comme on l'a déjà dit * ailleurs.
Les Chanoines de la Cathédrale La Pre- de Baie me font penfer à ceux de vote» Moutiers Grand-Fal , ou de la Pré- vôté y qui éroient de la même trem- ^ pe> aufli-bien que du même Dio- céfe. Ces vénérables Ecdéfiafti- ques avoient été fouvent exhortez par les Seigneurs de Berne , tant de bouche que par écrit, à renon- cer au commerce de leurs Concu- bines , à ne point inquiéter les Ré- formez > & à payer aux MiniftreSj les penfions qui leur avoient été aflignées. Mais l'habitude du vice avoit pris de trop fortes racines chez eux, pour qu'ils fe corrigeât fent. Ils ne voulurent rien faire
de
(il) Hotting, 6^0.
Tom. Il> p. 16%,
! 64 Hiftoire de U B^tformatton
Î 532. de ce dont on étoit convenutTus La Pre- leur fujer. Ils gardèrent leurs Con- vôte'. cubines. Ils maltraitèrent les Réfor- LesCha-mez en diverfes manières. Vers nomes le commencement dç Tannée 153 2. tiers mal ^® Prévôt 5 accompagné
traitent de quelques autres Catholiques a les Ré- ^lla attaquer de nuit le Miniftre iormez. jg^/^^^/^^^ j^ns fa maifon, & com- mit divers aftes d'infolence & de violence contre lui 8c contre fa femme. Au fortir de la 5 accom^ pagné des mêmes perfonnes , &: mê- me d'^ quelques-uns dQ ces Chanoines^ tous armez de fufîls , d'épées &: de harnois , il alla dans une hôtelle-. rie publique, où il y avoit One nôce de gens de la Paroifle.
Ces dévoîs Catholiques infultè- rent les gens de la nôce qui ne penfoient point à eux j &c aux pa- roles outrageantes joignant les voyes de fait 5 il« les mal-traitë- rent d'une manière infâme. Le Mi- mftre de les ParoifTiens s'en plai- gnirent aux Seigneurs de Berne.
* Le li.^ . / • • ^ vie ^ Mr A
Janvier. Ceux-ci en cciivirent ^ albveque
de
t Voy. ci-denus Lib.IX. Ch. VUU
4. M?s M noires ne difenî pas fi ce fils ctoic bâtard ou légitime.
deU Suijje. Lrv. X. l Ô J
de Baie, pour lui demander jufli-iy32* ce, 6c le prièrent de marquer uneiAPRE- journée pour ce fujet> afin qu'ils y^^,^^ - puffent envoyer leur Députez {a) fi^îTdes &:c. L'Evêquc leur répondit fortSeign". civilement*. Qj/il avoir un ^^^^^'^f^^^' 5, grand chagrin de cette affaire : /^^^^^^"^^ 5, Que cependant il les prioit de ne ce fujet. „ pas demander un Tribunal ex- jg^y^-^'/;
traordinaire, pour punir les Gou- y) pables: mais de lui laiffer le ^) foin de cette punition , leur pro- o> mettant de s'y prendre de telle yy forte , que femblable cas n'arri- y) veroit plus 5 & qu'il en auroit -55 de la reconnoîflance. Ouarit zux ^) Concubines des Chanoines:, qu'il leur avoit déjà févérement défen- 5, du d'en tenir, & qu'il le leur yy défendroit encore &c. (l?) „.
Les Chanoines, profitant de leur Alliance avecSoleurre , recoururent aux Magiftrats de cette Ville , qui prirent en main leurs intérêts , 8c en écrivirent t aux Seigneurs dejanwcr'^' Berne. Ils leur difoient 5) les gens du Pays ne vouloient ?j pas payer aux Chanoines leurs
Dîmes
I66 Hidoire de U déformation
1532. » Dîmes & leurs Cenfes , ôc pré* La Pre- « tendoienc que ces Meiïieurs de" ▼ÔTE. „ voient répondre , fur ce difFé- » rend , devant les [uges du Pays :
Que cette prétcnfion ne les ac- » commodoit pas, puifque les gens >, duPjiys étant intérelTez dans cette „ affaire , ils feroient Juges ôc Par- j> ties : QifAs prioient donc LL. 5, EE. de commander a ces gens là >j de s'aquiter de ce qu ils dévoient 5> aux Chanoines : Que fi cela ne fer-
voit de rien; les Chanoines étoient >, prêts à foutenir leurs Droits, de-
vant TEvêque , leur Seigneur, ou » devant le Tribunal qu'il établi- >, roit: QujM cas que cela n'ac-
commociât pas les gens du Pays, a en ce cas il faloit faire un Tri- >, bunal compofé de deux Confeil- >, Icrs de l'Evêque, de deux de
Berne & de deux de Soleurre: 3, & qu'ils offroient de s'y fou- 35 mettre : Enfin, fî cela ne pou-
voit pas avoir lieu, ils offroient 3> de paroitrc devanr la Diète des 9, Cantons , ^'ainfi ils prioient les
Seigneurs de B.rne , d'ei gager 5, les gens de cette Vallée , à ac- j> cepter l'une ou l autie de ces
oifiesj
UC Lie sJH'lJJfi* JU.iv. jr^é * /
j, offres, au cas qu'ils ne vouluffent f 532.
pas payer leurs red«vances deiAPaE- 55 bonne grâce {a) 3, . Les Seigneurs vote*. deBerne^répondirent „ Que com- * Le 2. 5, me ils avoient trouvé raifonna- 5, hle, que leurs Alliez de la Pré- 3>vôtc > après avoir embraffé la j, Réformation , euffenc part aux 5, biens d'Eglife , pour rentretien 5, de leurs Pafteurs ôcc. il l«ur pa- j5 roiffoit aufTi jufte , qu'ils payaf- 5, fent aux Chanoines les Cenfes 3, qu'ils leur dévoient M 53.
Les affaires demeurèrent ainfi brouillées pendant plufieurs mois » entre les Chanoines & les gens du Pays : Enfin les Chanoines 3 im- patiens d'en venir à une condu- fionj envoyèrent des Députez à So- leurrcj prier ces Seigneurs de les protéger, & de les foucenir contre leurs parties. Ces Seigneurs en écrivirent * à ceux de Berne , les priant de leur aider à mettre ces gens-la à la raifon [t]. Il y avoit Cu , quelque tems auparavant 3 une Conférence entre les Députez de
Berne
U) Ibid.^-y, 88,
{b\ ihid. 88. 89.
(0 iliid, by. iW.
168 Hïfiôire U K^cformatio'^
;32. Berne & de Soleurre , où ils Pr£- étoient convenus j que les Réfor- * mez de Moutiers laifleroient aux Chanoines Tufage de leur Eglife Collégiale , fe contenteroient de la petite Eglife 5 [comme étant leur ancienne Eglife Paroi/Tiale , ] pour y faire leur fervice divin. Mais les ParoifTiens ne voulurent point (c foûmettre à ce règlement , 6c perfiftérent à demander Tufâge de i'Eglife Collégiale. Ceux de So- \ leurre s'en plaignirent encore * aux Bernois, & les prièrent d ordonner aux ParoiiTiens de ne faire aucun mouvement, jufqu'à-ce que leurs deux Villes envoyaffent de nou- \^cau des Députez, pour terminer une bonne fois toutes ces affai- res [^]. Les Seigneurs de Berne y confentirent , lailférent à ceux de Solecrre le foin de marquer cette journée. & leur envoyèrent la let- tre qu'ils écri voient en conféquence à leurs Alliez de la Prévôté [A]. Mais la Conférence n'ayant pas pd avoir iieu, dans le tems qu'on l'a- voit crû, à caufe de la pefte, qui régnoit dans ces Quartiers-là > les
Sei-
(4 ^ ) IhiÀ. SX?. 91,
de laSuiffcLlY, X. 169
vS^igneurs de Soleurre la remirent j j 32. au Mecredi après la S. Martin [4]. l^Pbe.
La Confe'rence fe tint à votf.', Moutiers au jour marqué. Les Dé- putez de Berne ? de Soleurre & de TEvêque s'y trouvèrent ; & ceux de l'Evêque y préfentérent aux autres, divers articles de plain- tes contre les gens du Pays 5 tant de la part de TEvêque? que de celle du Chapitre : Ces plaintes reve- noient toutes a ceci 5 que les gens duPays refufoient à leurs Seigneurs diverfes redevancesj dont ils étaient chargez [^].
La Conférence s'étant terminée fans fuccès, les gens de la Prévôté & à^Tavanes en particulier, envoyè- rent aux Seigneurs de Berne un Mé^r.oire > qui conrenoit XIJI. Ar- ticles de plaintes contre l'Evêque de Baie , & contre les Chanoines de 5. Germain ou de la Prévôté. Voici les principaux :
L Ils demandoient , „ Qjion leur vl^intes „laiffât l'entrée libre de ^ ^gl'^f^ '^^^^^l 3, Collégiale àtS, Germain , ( com- 3> me cela s'étcit pratiqué de tout Tom, IV, H tems;)
(cl) Uid, s>o. 91.
ï 70 Hïftoïre de U ^déformation
1532. tems, ) pour y batifer leur enfanss
LaPre- & y f^iiire prêcher 55.
'.vote'. il. lis fe plaignoient, Que TE- 3, vêque , dans les conceflations , ,3 qui intéreffoient leur Commu- nauté , faifoit venir des Juges 3, Etrangers 6cc,
ni. yy Que l'Evêque & f.s adhé- 35rans avoie jt promis aux Seigneurs 53 de Berne, d'abolir la -^/ljJ/^ dans ,3 ce Piys-là : ce qui n'avoir pt.int 33 été fait; & qu'on l'avoit même 33 rétablie à Coratidslin 3 où ces Met 3 3 fieurs vi voient dans la débau- 53 cne 3 & vouloicnt défendre de 3, prêcher la parole de Dieu.
IV. 33 Que ni TE vêque ni fes gens 33 ne font point en droit , après „ avoir aboli la Mcffe, de la ré-
tablir 3 à moins qu'ils ne la 3, prouvent par l'Ecriture.
V. 5> Que contre la teneur d'un ^^Edit ^/f Berne 3 admis par l'E- 3, vêque & par fes adhérans, pour 35 la reformation du Pays3 ils chaC- 3, foi en t les Miniftres , de en diver- 5, fes autres manières ils éludoient 3, cet Edit.
VIL i^Que c etoit à tort que les ^, Chanoines les accufoient de leur
lefu-
delà Suîjje. Li v. X. 171
55 refufer leurs Censés & leurs Dî- i 532. omes; puifque ce n'étoic que laiAPRE- 5) d'i^eite qui les avoit empêchez de^^^^^ - 3> les payer : car ils croient bien ré- 3, folus de s'aquiter d'année en an- 3, née de ce qu'ils leur dévoient, . IXv Ils demandoient. ^'on ^, obligeât les Chanoines à renon«" 3, cer à leur vie déréglée 3 à leur fornication^ à leur Tvrognerie Ôcc. 3, parce que s'ils ne le faifoient pass ,3 cela pourroit caufer quelque dé- 53 fordre 3 capable d'entrainer une j3 grande efFufion de fang : &c.
X. 53 Ils conjuroient les Seigneurs ,3 de Berne, au nom de Dieu, de ,3 leur aider j pour que la Parole 33 de Dieu leur fut prêcbêe librement, 33 & qu'ils ne fuflent pas réduitS3 ^33 faute de Miniftres , à la trifte
33 nécefTué de mourir fans confola- 3, tion dans ces tems de pefte, 6c ,,en d'autres 5 & que les Chanoi- 9) nés leur en fourniflent, puis qu'ils
,3 tiroient d'eux les Dîmes & les
33 Cenfes &c.
XI, ,5 Ils les prioient de même 3J de leur aider, pour que le Pa- 9>pi,me fut entièrement aboli parmi 9} eux &c.
H 1 XII. Ils
Î72 Hijloire de la Kéformàticn
1532. 5> fe plaignoient de ce
La Pre- 55 t^iie TEvêque avoin ordonné à vote'. 55 fon Maréchal, & au Maire de 5, Delcmont 3 d'empêcher qu'on ne 5, prêchât la Parole de Dieu dans quelques Villages 5 qui la fou* .r> haitoient : Ordre qui avoir été 33 exécuté &c. {a).
Les plaintes paroiffant graves de part & d'autre 5 les Seigneurs de Berne marquèrent une journée à Bïenne , au -8^* de Décembre, pour terminer ces difHculcezpar une nou« Nomnb ^^^^^ Conférence. Ils invitèrent ^ TEvêque de Baie à y envoyer fes Députez , & ils en firent de même à l'égard de leurs Alliez de Soleur- re. Dans cette Conférence les Dé- putez des III. Etats examinèrent ies plaintes léciproques des par- 9 ties 3 6c convinrent de quelques articles, mais ils en prirent d'au- tres ad Ycfnemum, Ils convinrent J5 Que les gens de la Prévôté ne >, feroient obligez de répondre que 35 dans leur Pays , & non devant 5> des Tribunaux Etrangers 5 pour 5> Je différend qu'ils avoient avec les Chanoines: 11^- Que les Cha-
noineç
{a) Uid, à pag. ^4. ad
deU Suîjjfc. Lî V. X. 173
noines de Moutiers ayant pro- 1532. 55 mis Tan 1 53 1. a embralTer h Ré- La Pre- 1 35 formation, & n'en ayant cepen- vôte'^ ,r dant rien fait \ les gens du Pays 5, ne leur payeroient plus défor- „ mais ni Cenfe ni Dîme 5 jufqu'à- 5, ce qu'ils euffent prouvé par TE- 3, cri cure, que la lyLff: eft bonne &
Les Chanoines nièrent d'avoff promis d'embrslTcr la Réforma^ion : ,3 mais fei'kmcnt de s'êcre erg.rgez 3, à. ne plus dire la MeiTe à Mou-
tiers i comme effe(flivement ils ns 5,1a difoient plus dans ce lieu là? 3, mais à Corjndelin : Que du refte ,3 ils n'étoient pas là pour di/jju- ,3 ter „ : Ainfi ils refuférent de fe bfescon- foûmetrre à cette déci/ion des Sei- tinuent. gneurs de la Conférence, & d'ou- vrir leur Eglife aux gsns du lieu. Ceux-ci , de leur côté 3 pei/évére- ^ rent dans la refolution qu'ils avoient prifc de ne leur payer ni Cenfes ni Dîmes , jufqu'à ce qu'ils euflcnc prouvé la Mefle par Tlkricure, de forte que cette affaire ne pût erre terminée que Tannée fuivaiire. Cc^ pendant les gens du Pays s'enga- gèrent de leur bon gré k s'aquiter H 3 envers
IJ^Hij'Ioirede la formation
1^32. envers FEvêque, de tout ce qu'ils lui dévoient Xa)^
Quoique G u 1 l a u m e F A- R E L fût toujours attaché à TE- Travaux ^^^^^ Morat , cependant fon zè- de Fa^s pour la Réformation de TEgli- REL aufe> ne lui permit pas d'y deaieu- de"^^ tranquilement 3 il alla prêcher
lengin. Cette année dans les montagnes du Comté de Falengin, En particu- lier il travailla quelque tems au Lode y où il difputa même avec le Caré , fn préfence de la Com- ttjTe [h).
. ^ Dans le même tems Chris- Fabri àTo PII LE F A BRI pîêcha à BoU" JBoudri, du j petite Ville du Comté de Neu- chatel' Il y fit du progrès , & au bout de quelque tems il eut un affez bon nombre d'Auditeurs. Les Catholiques > irritez contre lui , formèrent le delîcin de l'attaquer à main armée, avec Ton petit trou- peau 5 un Dimanche qu'il feroit af. femblé, & de les égorger tous. Mais heuieufement ce barbare com- plot fut découvert: Les Magiftrats de Neuchatel en étant informer j
le
00 îliiL 99' 100. loi. Mcm. partie.
de la Suiffe L I V. X. 1 75
le firent échouër^ & donnèrent de I532. bons ordres pour mettre les Catho- liques hors d état de nuire aux Ré- formez. Quatre ans après , la Ville de Boudn cmbraffa la Réforma- tion {a).
II. Tandis que les Cantons & les Etats Réformez de la Suifle> faifoient paroître leur zèle pour la Réforme de leur Eglifes , les Ca- tholiques n'en faifoient pas moins pour le foutien de leur Religion.
Dans le Canton A^^enz.eU^X k(- ^^^"^"^^ femtlée générale du Pays s'érant^^^^* formée , le dernier Dimanche d'A- vril, on y éxamina l'affaire de la Religion à la pluralité des voix : 6c les Réformez l'emportèrent.
Les V, Cantons zèlez leur écri- tient fer virent de leur Affemblée à'Einfidlen, Tp??"' pour les prier de lanler célébrer mation, uneMeffe dans chaque ParonTe, en faveur de ceux qui le fouhaite- roient. On leur répondit, (J^on s en tenoit a ce qui avoir été réglé par l'ajfemL-iée générale ^ d; par les Cojifeils. On donne la louange au Capitaine Berm^eger, d'avoir H 4 le (^) Vita Pareil. MSC, apiid Hottîng,.
1 76 Hijloire de la K.éformaùoH'
I 53 2. P^"s contribué à cetteréfolution> par fon zèle & par fa pieré {à),
Glakis Le même Dimanche, qui éuoit le 28. d'Avril, rAffemblée générale du Canton de Claris ayant été con- voqués , on y vit paroître des Dé- putez d'UVi & de Schvvitz = au nom des V. Cantons zèlezj qui demandèrent , Si l'on vouloit obfcr^ ver le Traité de paix ? Et en mê- me tems follicitérent les gens du Pays à fe conformer à eux à l'é- gard de la Religion. Les Catho- liques du Canton entendirent ce difcours avec plaifir. Mais les Ré- formez répondirent, Quils Jcn te^ mtmt à la promejfe qu'ils avaient faite dernièrement , en Décembre *^ 8c demandèrent en même tems^ qu*on palTât k cho/ê à la plui alité des fuf- frjges. Les pré T;iers s'y oppoférent d'abord , mais enfin il falut qu'ils cédaiTent. Quand on eut fait ren- trer les Dépucez, & qu'on leur eut déclaré le fentiinent qui avoit paffé à la pluralité , les Catholi- ques ne laifférent pas de pcriî/ler dans leur premier fenriment. Là-
defllis
(4) Hotttng. 644.
^ Voy. I/v. VrU. Ch. XV.
de la Suijfe. Liv. X. 17,7
deHus il s'éleva un fi grand trouble, 1532*^ que rAffemblée k difTipa confufé- ment 5 & fans rien conclurre , & lumuhe il en falut convoquer une autre , le \^^^^ Dimanche fuivant. Dans cette fc- ligion. conde Affemblée parurent des Dé- putez des V. Cantons, qui firent les mêmes propofirions. On y pour- vût aux Emplois, qui furent rem- plis par des fujets des deux Re- ligions. Les Réformez & les Ca- tholiques examinèrent , chaque- parti à part, les propofitions de ces Députez j & les Réformèz y Les Ké^ répondirent ^ tout comme ^Is^^^^^'^^^ a voient fait , dans TAffemblée pré- ferme, cède n te {à).
Mais tout cela n'étoit rien en- core en comparaifon des troubles qui furvinrcnt dans ce Pays-lài- vers le milieu de Novembre, à Toccafion des difcours injurieux que le Prêtre de L'mthd avoir te- nus, 6c des menaces qu'il avoir faites contre les Réformez. Ils voulurent l'en punir , mais il Te fauva. . Là-dtlTus quelques jeunes ^013. gens de Nehefels , tÇpms bouillans veaux ^ faaieux 5 du parti Catholi- î>^*'^^^^^- H 5 que
{a) Hotting, e>44. (^4^.
%
178 Hidoire de UBjdformation
1532.9^65 voulant venger ce Prêtre, GiARis allèrent attaquer * de nuit le Mi- Novera'b.' i^i^^-''^ de Mollis y dans le deffeia de Un Mi ^^^^^^"^ 5 quoique de leur propre nljlre at- ^vcu 5 ils n euffent aucun fujet taqui: de de fe plaindre de lui , puifqu'il chez lui parlé injurieufèmentj
par des d'eux , ni de leur Religion. Catholi Mais comme il eut le tems de fe ques. f^uver , quoi qu'avec beaucoup de peine? ils déchargèrent leur fureur fur fon ménage & fur fes meubles 5 proférant di ver fes menaces contre leurs Compatriotes Réformez. Le lendemain ils fe mirent en armes> & nonobftant toutes hs exhorta- tions , qu'on pût' leur faire , ils demandèrent lepée à la main, comme ils Tavoient déjà fait, le 5. Mai précédent 5 que tous les Mi- niftres fuffent chailez du Pays:» & que leCathulicifnie fût réiâbii dans toutes lev EgHfes. Mais comn.e la Méthode de ces ConvertilTcurs étoit un peu trop violente? ellt^ ne fe trouva pas du goût de tout ie Monde. Les gens de Sibxvanden raportéient les meîuicts de wes g^nis-ià au L;jî5vî-Am)ran> ou Chef du Pays , q:_.i convoqua inceifam-
de la Suijje. LiV. X. 179 ment une Aflemblée générale ; niair j j 32, partagée en deux Corps ^ ^^iv'ant Glaf.is les deux Religions. Les Réfor- mez , qui faifoicnt le plus grand nombre , s'aiTembiérent à Schvv.m^ den y & les Catholiques à G Uns. Dans la fuite pour êire plus près les uns des aurres , ils s'avancè- rent de part & d'autre jufqu a A-Jit- lœdi, Heureufement pour eux il s'y trouva des. Députez des V. Cantons , de l'Abbé de «S". Caly des Grifons 3c du Tockebcmg , qui Accom^ les accommodèrent ; fans quoi ils couroient nique de s égorger les uns les autres. On dit qu'il y avoit aufîi une Députarion de Zu- rich en chemin , mais qu'il y eut quelques malicieux, qui pour l'em- pêcher d'avancer & de paroître^ coururent à cheval au devant des Députez:, & leur dirent, Quel^Mt préfènce n'éroit pas nécelTaire , que tout étoit terminé. Les Articles de l'accommodement furent les fuivans :
I. Que pour le bien de paix , Articles on feroit fonir du Pays le Minif^ tre de Schwandcn,
IIi Que ceux de Schwanden fc H 6 pour--
1 80 Hifioire de la déformation
1532. pourvoiroient dans Tefpace d'un Qi^xiKis mois , d'un autre MïmjÏYe , & d'un Frétre.
III. Quon liroit publiquement dans J'EgJife Je Traité de Paix de la SuifTe , & qu'on robfcrveroic poné^i^ellemenr.
Les Cnihcliques avoient repro- ché aux Réforn^çz qu\h avoient fait venir dans les AfTcmblées des halitansy * qui n'étoient pas natu- rels du Pays> & cela, pour faire le plus grand nombre par leuc moyen , dans h s affaires de Reli- gion. Les Réformez leur répon»» duent: Fous [avez que nous avons renvoyé les h.ikhans ^ quand il s'efl agi (T affaire de Religion , toutes les^ fois que l'ous favez fouhaité. Et comme les Catholiques k plai- gnoient encore , qu'on n'obfervoit pas à leur égard, la réfolution prife à Tbaneherg , 6c qu'on ne pu« rifToit pas les Gontrcvenans ; les Réformez les firent fouveni^: de la. _ faveur qu'ils leur avoient faire à* cet égard : Quoi que nous fajfions le plus grand nombre , leur dirent -ils dans les Co?nmunai{tez ? & dans les
Con-
^ HinderfUjfenj
delaSuife. LiV. X. Igl
Confeils , cependant nous avons bien voulu y pour vous faire plaifir (^/V«Glari3 que nous yiy fuffions pas obligez , ni par nos Traitez 7 ni par les Loix du Pajs^ ) permettre que vous choifijfiez ftx personnes de voire coté 3 & nous^ fix du notre , pour compofçr un Tri^ bunah charge de punir ceux qui con- treviendraient au Traité fait entre nous , au fujet de la Religion : & nous y avons ajouté le Land - Am- man 5 comme Préfident , nu , furarbi-^ trcy pour décider en cas de partage (^)» L'accord ne fut pas d'abord exac* tement ob/èrvé. La Mefle fut ré- tablie à Schvvanden'-y mais on n'y rétablit point de Miniftre , & les Réformez du lieu , alloient faire le fervice Divin , à Bettfchvvandeni qui eft dans le voifinage.
Mais Tan 1538. le Prêtre de Linthal s'en étant allé 5 le nombre des Catholiques ayant fort dimi- nué par la pefte ; & outre cela le défaut de Pafteur y caufint beau- coup de défordres , les gcr?s de Linthal , arrêcérent à la plur.:lité des voix , Tan 1542. de prier />/- • doUn Brunner y alors Pafteur âBetts-^
chivan-'
{a] Hottir.g, 647. (748.
1 82 Hiftoirc de la BJformation
1532. chvvmden , ( & auparavant à Matt Claris Tan 1532. ) de leur annoncer la Ceux de p^j-ole Dieu, avec le confente- appel-' rn^n^ fc-^ Eglifs , & de vifiter lent un chez eux les malades & les mou- Minifae rans. Brunmr ne voulut s'y ré- foudre, que fur l affûrance qu'on lui donna, que les gens de Ltnthd le fouhairoient unanimement que le Confeii d'Etat Tagieoir. Avec cette double preuve de fa voca- tion y il fervîî à la fois ces deux Eglifes > jufqua l'an 1555. qu'il fut appelle à Claris aprèî» la mort Garafiè- de Falentin Tfchoudi ^ 7 étoit hmin Curé. Ce P^alentin Tfchoudi étoit TjchoHdl un Homme fingulier en fon efpè- ce, aufll - bien que ^ean Heer fon Vicaire, Ils étoient tous deux mariez , Se par • là ne pouvoient pas diie la Meffe. Ceptndant ils éroient Catholiques , mais fans averfîon pour la Religion Réfor- mée j deforte que, lors qu'après la guerre de Cappel , fi funefte au parti Réformé , on rétablit les Images & les Autels dans l'Egli- fe de Claris , il dit aux Ca- tholiques , Qu'ils ne dévoient point fe faire de peine de l'uvoir pour Pafieury
de la Suiffe.Li'v. X. I83
puis qii'îl ne vouloit point s'oppofer a l J 32 leur Religion^ ni U critiquer dans fes Glarts Sermons , & qu'il vouîoh aller lui^ même à la Aîej^e, La plupart q en- tr'eux agréèrent la chofe , parce que d'ailleurs 3 il étoit un Homme de naiflance , confidéré dans lelieU;.
palTablement favant s aufli il leur tint parole, hfi Doy^n Schou^ 1er difoit la Meffe à Claris > & Tjchouui prêchoit aux deux partis? ce qu'il fit jufqu à fa mort. Cé^ , toit là le vrai moyen d'éviter la pe fécunon. Il y eut cependant quelques Catholiques zélez 3 qui ne s'accommodoient pas de fes Sermons 3 6d qui vouloient avoir un Prêtre en forme pour Curé 5 mais ils ne purent par l'obte- nir *.
L'Abbé de S. Gai , Diithelm R^tablif JBlaarcr > fe prévalut au/Ti des avan- fe.rent tages remportez par les Cantons ^^^^ Catholiques 3 pour fe remettre tn-ad, polTtflion de fon Abbaye, dont la diflipation avoir été la première , ou du moins la principale fouice des troubles &: des inimitiez enrre les Cantons. Il ne lai etoit reilé
que
î84 Hifloire de U Reformât ion ÏS32.qug Moines, difperfez en ài* S- G'hi ^^^^ endroits. Appuyé des Can- * tons de Lucerne & de Schvvu%, Sc des Catholiques dQ.Glaâs , il ren- tra dans TAbbaye avec fes Moines^, le r. Mars 15^^. trois ans après qîi'on y eut aboli le Papifme. Les quatre Cantons , protefteurs de Accom- l'Abbaye , avec Berm &z Appenxelly ?node~ iîxent à FTeyl un accomrnodement t^el'Ab- entre l'Abbé & la Ville de S. Gai, bé & la qui avoit acheté les bâtimens de J^^^-^^e l'Abbaye & le Domaine qui fe , ' rrouvoit dans fa J jrifdiction. Le Traité d'achat fut caffé , Se h Ville de 6'. (7^/ obligée de payer à FAbbé dix mille gouldes pour les fruits qu'elle avoit tirez , comme aufH pour tous les dommages inté» rets. L'Abbé fit clTacer dans l E- glifc Abbatiale , tous les paiTages de la Bible , qui regardent le Culte des Images > & qu'on avoit écrits contre les parois , & l'on mit des Images à leur place {a). Com- me l'Abbaye touche la Ville > dont elle n'eft séparée que par une mu- rr.ille mitoyenne , & qu'il étoit à craindre 5 que ce voifinage.. ne. fuc
capable
' (.ï) IJotttfJg, 6^1, Stnmpf, Lib. V. Ch. 7-
de U SuiJJe. L I v. X. I &5
capable de corrompre les Réformez; 1 5:32; les Magiftrats de la Ville firent dé- s. G al fenfe à leurs Bourgeois * d aller * Le 14 vifiter cette Eglife ou d autres Eglifes Catholiques 5 ou d a/Tiftcr à la MelTe:, à peine detre châiicz févérement ; avec offre cependant, d'écouter paifiblcmenc tous ceux qui voudroient leur donner de meilleures inftruiflions par la Parole de Dieu. Cet Edit fut renouvelle le 6, Juillet [a).
L'Abbé , prétendant n être point VAUé lié par le Traité de paix des Can- entre- tons, voulut d abord chafTcr tous les Minières de fon Pays > Se abo- traire h lir la Réformation dans toutes les Réfor- EgliTes de fa dépendance. PluCeurs EgliTes fe foû iiirent 5 comme rf^l &CC, mais plufieurs autres plus zé- lées pour la vraie Religion , im- plorèrent le fecours des Seigneurs de Zurich ; qui de concert avec les fept autres anciens Cantons , inter- poférent leurs foins avec zèle en leur faveur. Enfin dans une Con- féience qui fe tint à Rofcbach , ils firent une efpèce d'accommode- ment provifionnel entre les par- ties.
{a) Hotting, l. c. Seul te t p. m,
186 Hiftoîre de la Réformât ion
1532. ties. L'Abbé s'engagea de ne hw S. Gai. re aucune violence à fes fujets fur la Religion , & leur permit non- feulement daller dans les Eglifes Réformées du voifinage , hors de fes terres , pour y afilfter au fer- vice divin , mais même d'avoir des Miniftres pour tous ceux qui Traité fouhaiteroient , pourvû-que ce provijionnz fut point à fes dépens; & ^'Abbé^ que cette liberté ne durât que deux |^fe5f^_ années. Il referva aulTl que cha- jets Ré- que Miniftre mettroit cent florins formez. ^hxn en dépôt , au lieu de cau- tion ; pour affurance > qu'il ne par- kroit point contre le Traité de Paix. A fon imitation les V. Can- tons voulurent impofer la même chofe aux Miniftres du Rheinthal. Les Cantons Réformez, Confei- gneurs du Rheinthal, voulurent aufTi qu'on impofât la même cho- fe aux Pierres, parce qu'il y avoit, à cet égard 5 parité d'obhgation dnns les deux partis. Mais, pat î'entremifs des autres Cantons, les deux partis fe défiftérent de leur prétention {ci),
L'Abbé
{a) Hotting, ]. c. Rzhn 742.. 745. B. inftr. Wr
de la Suife.Liv.yi. 187
L'Abbé n etoit rentré en poffef- j 532'; Ç\o \ que des Anciennes Terres des. G al fou Abbaye. îl reftoic encore le Tockibourg\ qui avoit acheté li- berré . & dont l'achat avoir été confie rrié , ( comme on la * remar- qué,) par les V. Cantoris> dans la paix qu'ils avoient faite avec les gens de C2 Pays - là > après la ba- taille de Cappel. Mais l'Abbé ne voulut point s'en tenir à ce Traité. Il piérendit > que les Cantons n'é- toienc point en droit de traiter au piéjudice d'un tiers , & voulut ren- ti<;r aiiiïi en poiTefTion de ce Pays- là. Il Fut appuyé par ces mêmes Canrons , qui oubliant leurs pro- meff s 5c leur Traité confèntirent à la caflation du Traité d'achat. Il y eut pour ce fujet deux Con- férences , dans le mois d'Avril , l'une à FF jl l'autre à Rapperfcb- vvyl. Les Tockebourf^cois ne vou- loient point fe foûmettre ^ 6c la perte de leur liberté leur faifbit en- core pL'.s de peine, que celle de l'argent qu'ils avoient donné pour l'acheter. Mais, abandonnez à^sLeTockt
Réfor- b'''''S
^ ,r • ^ rr rentre * Voy. ci-deflus Lîv. VIII- Ch, XI. &;
I88 Hifioîre de WR^eformation
f Réformez , qui la leur avoient ven- parforce duë j preffez même parles C^cho* fous le liques , qui la leur avoient alTurée jP^I^^'^^ par un Traité folemnel , ils furent S, Gai. obligez de céder à la force , 6^ ds fe remettre fous Je joug de TAbbé; ce qu'ils firent pourtant à des con^ ditions affcz fupportables , fi feu* îement elles eulTent été obfervées. Douze Chefs du Pays > avec le Land-Ammaa,allérent trouver FAb* bé à VFjl , où iJ faifoir fà réfiden^ ce 5 & réglèrent avec lui un Trai- té d'accommodement 5 qu'ils firent pour quatre ans , le Lundi , jour de la S. Madelaine, 22. de Juillet, Ils y {^\^\Ahïtni , enrr'autres, la confervation de toutes leurs Fran- chifes 6é de leurs anciens privilèges avec la liberté de confoence *. L'Abbé de ^S". Jem dans ]e Thour- îhal y à l'extrémité du Tockebourg^ qui avoit éré cbaffé , fut aufîl rétabli {a) à peu-près dans le mê- me temSa
III. La
^ Voyez ce Traité toat an long dans îe hUnife/te dcZuKiCH & de Berne, in- titulé 5 Gretndlifhe Information ^c. n^^.
xxxvir.
(.«) Rahrt 745;
delà Suijfe, Lrv. X. 189
III. La Ville de fe vit I 532.
l'auffi, certe année-là 3 expofée à de Zurich I nouvelles inquiétudes, de la part Ides Cantons Catholiques» à Tocca- fion dun Edit de Réformations I qu'on y publia. Il s'y trouvoit encore des gens qui étoient toû- jours Papiftes dans le cesur. Il y «ut un Prêtre , dit-on , qui célébra la Meffe dans une Cave s mais il iê fauva bien - tôt. D'autre côté pour le bien de paix, on ufoit de beaucoup de connivence envers les Toifins 5 ce qui donna occafion à plufieurs , amis & ennemis , de publier > que bien -tôt la Meiïe fe- Toit rétablie à Zurich, Pour diiïi- per ces bruits injurieux , 6^ pour prévenir les troubles & les déTor- dres , qui en pouvoienr naîire> les Seigneurs publièrent , ( fur la fin de Mai > le Mecrecii après le Dimanche de la Trinités , ) un Edict imp-iméj cù Ton difoit : 5, Qi^i 'après qu'on y avoit aboli la ^ i>i r » MtiTe, qui n\ihout\t qu'a dminucr x^^Mejj'e, py confiAérablement . é nnéatitir &- pour même la pajjlon de Jesus-Christ, qui eft lui- feu! la vUtune j'Orr h ^^J^^^ yy jfeché y & nmg fauvcur , & qu'on
y
1 90 Hi/loire de la Bs^éformation
I S32. 3> y avoic introduit le vé.itable ufa- ZuRicH :» ge de la S. Céne , félon l'infti- parution de Jésus - Christ conformément à la S. Ecriture, >, pour la gloire de Dieu , pour 5, l'augmentation de la Charité 5, Chrétienne , 8c pour l'amende- >, ment de la vie > Après qu'on 3, avoit publié divers Edits , fur \ 5, tout en 1530. contre plufieurs ' 5, efpéces de réglemens &c. , dans J 3, lesquels Edits cependant on 5, n'avoit décerné aucun châtiment 3, contre ceux qui s éloignent de la 5, S. Céne> ou qui communient 3> chez les Papiftes : Pour c e t- p, TE CAUSE, les Seigneurs dé- claroient préfentement que les 3, prémiers feroient punis par le >, bannilTement , & les derniers 5, par une fimple exclufion des Em- „ plois , fi c'étoient d'ailleurs des gens qui n'excitaifent aucun trouble 5 offrant de nouveau 5 d'é- 5, coûter tous ceux qui voudroient 5, leur montrer quelque chofe de >, meilleur par l'Ecriture Sainte. 3, Pour conclufion ils exhortoient leurs Bourgeois & leurs fujets, w de demeurer fmnmenf attachez
à la
deU Suijfè. Liv. X. 191
5, à la Parole de Dieu 5 félon 1532. 3, qu'ils lavoient fouvent promis : Zuhich 5, & de les afififter fidèlement, com- 5, me leurs JVJagiftrats légitimes ^ |:5j^« cas que quelqu'un ^ contre et yy pé'ance 5 entreprit de les en dé-
tourner par la force: comme aufïi U, de ne rien dire > & de ne rien
entreprendre , qui pût tourner yy au préjudice de la vérité Evange^ I yj lique 3 ou a, l' avancement & au> 1 5, rétablijfement d'une Religion deftïtuéc 55 ^/(? fondement y telle que le Papif" y, me dcc. Car difoienr-ils , nous y y fommes fermement réfolus, avec 3, la grâce de Dieu , nonobftant y, les tribulations 6^ les malheurs* 3> que Dieu a fait venir fur nous> 35 peut-être à caufe de nos péchezj 3, de demeurer courageufement at-
tachez à la vérité , que nous yy avons connuë &c. Sc de ne ja- 35 mais foufFrir ni tolérer la Mefle 3, &c. dans nôtre Ville & dans
nôtre Pays {a).
Cet Edit donna lieu à un va- carnie extraordinaire , non feule- ment dans la Suifle , mais même en Allemagne, où quelques-uns
prirent
{aj Hotting, 649»
ï 92 Hiftoire de la Keformation
15 32. prirent la peine de le porter. Et
Zurich même à Ratisbonne , où la Diète de TEmpire éroit alors affembléca où l'Empereur Charles V. fe trouvoit en perfonne 3 quel- qu'un s'avifa d afficher de nuit cet Edit à la porte d'une Eglife de cette Ville Impériale, où il fut lu de tout le Monde à la confufion de ceux qui a voient affedé de publier à lavance, dans la Diétej que la Ville de Zurich alloic chan- lE.nn\us ger de Religion. Ennms , Evêque
cherche p^erolï , prit , dit-on, occafîon de
aux^^Zu- ^^^^ ^ vanger de Zurich.
ricois. Le Pape C LE ME NT VIL lavoit envoyé en Allemagne & en Suiffe> fous le fpécieux prétexte d'engagée les Cantons à une expédition con- tre les Turcs j mais au fond, dans l'efpérance que Zurich, après les pertes qu'elle avoit fouffertes, pour- roft fe refoudre à recevoir de nou- veau Ton Légat. Dans cette pen- fée il cSrk de leur payer la fclde, qu'il devoit de relie , depuis l'an 1521. Mais non-feulement on lui refufa l'expédition contre les Turcs, en cerf dération de ce qui s'étoit pallé fous ce piéiextç l'an 1510.
mais
de la Suijje. Liv. X, 1.93
piais auffi toute la peine , qu'£w-I532. ûm fe donna, de Lucerne, pour rc- Zurich gagner Zurich , fat entièrement perdue. Dépité de ce mauvais îuccès , il s'en prit d'abord à Hen^ ri BtilUnger & à Lcon de Juda , qui faifoient tout leur poflïble pour r'allumer > par leurs Prédications > le zèle de leurs Auditeurs 3 qui pa- roilToit ralenti > & même entière- ment éteint dans quelques-uns , ôc qui s'elForçoient de leur infpirer la confiance & le courage , nécef- faires dans ces trilles &; péiilieu- fes conjon^urcs. Ennius mit tout en œuvre > par le moyen de fes EmilTaires , pour les décréditer dans Zurich , & dehors 5 afin que les troupeaux fuflent privez des foins de ces fidèles Paftcurs. Mais n'ayant pas réufll dans ce deffein, il porta fon reflentiment plus loin j & de concert , dit-on , avec d au- tres Prélats, il chercha à brouiller les Zuricois avec les Cantons Ca- tholiques , en leur faifant remar- quer ces mots de l'Edit de Zurich,' Que U Alejïe tend à ternir la gloire il anime de U pajfion du Seigneur. Il fit fes contre efforts pour les animer contre Zu- Cantons Tojn. IVs I rich,
194 Hîjhîre de U K^formati-on
1532. rich, en leur faifant envifager Catholi- ces mots > comme une injure con- ?occa rhonneur de ces Cantons , & fion^^de violarion du Traité de Paix. îcurEdic Les Cantons Catholiques prirent feu là-dclTus ; & dans une Diète générale , affemblée à Bade y au commencement de Septembre > ils reprochèrent ces mots aux Zuri- cois 5 & dans une fuivante , qui fê tint au commencement d'Octo- bre 3 ils leur demandèrent de les retranclv^r de leur Edit ; déclarant d'ailleurs qu'ils n'avoient rien à dire contre cet Edit. Zurich refu- là de le faire y ce qui donna lieu à une difficulté , qui occupa plufi- eurs féances des Cantons, jufqu'au milieu de l'année fuivante. Comme raffairv*; étoit importante, & qu'elle intéreffoit toute la Réformation > ks Cantons Réformez , fê joigni- rent aux Zuricois, & firent caufê commune avec eux (4). Z'TRicH furvint encore d antres aflFai- &*^BER-res> qui augmentèrent les difHcul- NE pro- entre les Cantons. Les V. îeP^Ré- Caî^fons Catholiques inquiétoient formez les deux Villes de Bremgurte & de
{a) Hottlng, 650.
delà Suîffe. Liv. X. 195
Mellingue y pour les obligera ren- 1532. trer dans le Papifme. Les Zuri-^.^m & cois &: les Bernois iîrent de leur ^5 cô é tous leurs efforts pour les fourenir. Ainfi dans une Diète, AlTemblée à Bade , après Pâques> ks Bernois intercédèrent vivement pour ces denx Villes , en repré- iênranr. 5, ^«'elles avoient été at J5 fez punies, Bremgarte , par une
amende de mille florins de Rhin : 5, 6c Mellingue , par la perte de 5, fes portes , & Tune & l'autre „par la perte du droit d'élire leurs „ Avoyers: &: qu ainfi Ton devoit 5, s'en contenter. Que d'ailleurs la 5j Paix ayant été faite, à condition
que chaque Canton co:.fcrve oit 5, fes droits fur les Terres Commi:- „ nés , il étoit jufte de confcrver 5, Zurich dans les fiens fur ces
Villes V Ils demandèrent en même tems> qu'on affignât des penfions viagères aux Rtligieufes de Tennikin^ qui s'étoient mariées. Les Cantons Catholiques répondi- iylzm.Qu il n) avoit plus perjonne dans ï> cçs FilU's y qui fouha'îtât qtion y 3$ préchat la Doclihie Réformée y éc 3i qu tlles avoient promis par écrit, l z 99 de
Î96 Hïjloïre deU Refcmation
I 5 3 2 . 55 de reprendre le Papifine (/z) 53. Les B R E M- Députez de Berne , pour la Diète 6 ART E de la S. Jean , eurent ordre d'in- tercéder encore pour ces Villes ^ GUE. afin que les Cantons Catholiques:» les laifTaffent en paix au fujet de la Religion , en leur repréfentant de nouveau, 55 ^'elles avoient été 3>âffezpunieSj& qu'ils nepouvoient 53 pas croire ce qu'on difoit de leur / 3, lâche changement En effet par l'information qu'ils en prirent, il fe trouva qu'à Bremgarte la plus grande partie des Bourgeois étoient encore attachez à la Réformation. C'eft pourquoi les Bernois en- voyant des Députez > pour une Diète fuivante > ( qui s alTembloit au comn^encement de Septembre , ) leur donnèrent ordre , de foutenir fortement les Réformez de Brem-* gartc. Et comme les Cantons Ca- tholiques avoient envoyé un Edit à Dïetkken , au nom des VIII. an- ciens Cantons , ( de Berne par Berne, conféquent, ) portant, ordre d'y rétablir la Méfies Ces Députez fu- rent encore chargez , de faire des
repro-!
de la Sîùjfe. L I V. X. 1 97
reproches à ces Cantons, pour cette i 532» honteufe fupercherie , comme fi Bekne. Berne avoit confenti à cet Edit 5 & de leur déclarer 5 que fi jamais ils s âvifoient de mettre le nom de Berne 5 à des Edits de cette nature, pour des affaires de Reli- gion ils les en dédiroient publi- quement (^).
Ainfi ces deux affaires, tant celle de TEdit de Zurich , que celle des Réformez de Erewgarte 3c de Mel^ lingue 5 donnèrent beaucoup d'em- barras aux Cantons Evangeliques ; & occupèrent les Diètes des Can- tons , jufqu au milieu de Tannée fuivante. Dans une Diète Affem- blèe en Novembre > les Bernois pro poférent ce temperamment.Qu'(?« Jaijferoit fubfifter rEdit que les K Cantons avoient publié clans le Rhein- thaï , & dont j'ai parlé ci-deffus ; & que Zurich garderoit le fien^ vil que chaque Canton étoit libre de faire des Ordonnances chez fol 5 comme il le jugeoit à propos (b). Et comme ils ne voulurent pas fe contenter de cela, les Réformez leur offrirent I s 1^
(a) Ibid. 171. (^) Ibid, 11^.
198 Hifloire de la K^formation
IÎ32. le droit par devant des arbitres, C A N- On liûia beaucoup , dans cette oc- TONs. cafion, le zèle & la fermeté de deux ExcelJens Magiftrats Réfor- mez , Jaq^ues Meyer, Bourg- maître de Bkle -, qui fut nommé /f * Vmter P^'^^ '^^^ Gens de bien *: & Joachim liorum. Vadian , Bourgmaîtrc de 5. Gd. Le p'« émier écrivit à Bu'l'mger , le 4. Dece»! Jjx-e-: Exhortez le Peuple a de fe. ventes prières , à la patience^ & 4 mettre toute fa confiance en Dieu. Car Dieu , qui eft pour nous , efl fuijfant , & fouvent il nous ôte des moyens temporels afin que nous n at- tendions de fecours que de lui , autre- ment notre Evangile fera trop jnon- dain. Cejî uinfi que nous viendrons i bout de furmontcr tout ^ même dans ce tems : Car Jésus - ChrisTj qui efl en nous , demeurera Seigneur & Roi y nonobft^nt toute la fureur du monde. S'il faut que nous fouf- frions dans ces combats , & même que nous y mourions , c'eft nôtre gain. Cependant Dieu efl fidèle. Dans ù tentatim, il nous donne Cïffu'e ^ & ne permet pas y que nous fopns tentez au de-la de nos foras. Il feioic bien à fouhaiter , que le nombre
de U Suilfe. Ll V. X. 199
des Magiftrats de ce Carâdère> fut J 532.
i un peu plus grand {a). C a n-
Les CanroiiS Catholiques , ne ^ o n s. voulant point admettre d'accom-
, modement ; i'affaii e fut portée devant la Diète générale , pour en
! ji'ger à r'gueur de droit. Il y eut deux AiTernblées à Einfidlen , Tune le 16. Mars 1533. l'autre le 22. Avril fuivant. Les Juges , établis Z^^fV^ pour terminer cette affaire , mirent j^^odé^ fur le papier un projet d accom- avec les modement , qui fiit enfin agréé par Cantons les parties, fans aucune autre dé- cifion *.
Etwius s'étoit flatté de pouvoir Ennius
brouiller les Cantons entr'eux. Il s'efforce
s'y étoit employé de toute fa for-^ mutile- ' = . , . . ment de
ce, reileaient qu un ami ecrivoit
de Baie à Farel , qui étoit alors à 1er les Morat , en date du 9^'^^- Décembre, Cantons Qu'on y craignoit une nouvelle guer- re entre les Cantons ^ a caufe des in- trigues du Nonce du Pape a Lucer- «f'(^). Miis il n*eut pas la ciuelle fatisfadion d'en venir a bout >• fur quoi Stettler fait une agréable ré- I 4 flexion,
* Id. IhiJ. BcSratlcr-U. S7. a. ^-«~<?/Epiilo!.incdii-. N.XXIW
200 Hi/iotre de la I\e format ton
1532. flexion, qui mérite d'être rappor» tée. Quand même 3 dit-il y (a) des
Fi ères Je querellent quelquefois , & fe battent} cependant ils fe réconcilient facilement. Ils n'oublient p^oint l'af- fe^'ion n^iturelle quils fe doivent ? & trouvent toujours dans leur propre fang y plus de confiance , que chez les Etrangers. Il eft à fouhaiter que cette réflexion fe trouve toujours vraie parmi les Suiffes.
Dans l'une de ces Conférences d'Einfidle, les Catholiques repro- chèrent àux Zuricois > d avoir a- vcué dans ie dernier Traité de Paix, que la Religion Romaine,, efi U véraable & ancienne Religion» Ils répondirent > 5, Quon ne pour" roit jamais le prouver: Car, di- 5, foient-ils , le Traité ne porte ^ 3> pas ces termes: A^ous /fj Zuri- 3; c 0 1 s 5 avouons que la Religion yy Romaine efi la vraie &c. Mais yy les expreflions duTraité quifigni- yy fient fîmplement : JSlous vous yy laiffons dans votre Religion , que yy vous appeliez U véritable. Si tel yy eut été nôtre fentiment , nous yy n'aurions point eu befoin de
nous
(^) Loc» çit^
de la Suijje. L I v. X". 20I
„ nous referver nôtre Religion. I 5 32. yi Nous fommes difpofez à la fou- C a n - „ tenir , au:ç dépens de nos biens, ^ ^ ^ s. 5, & de nôtre vie (^).
IV. Dans cette occafion les qua- '^ntrU tre petits Cantons , Un , SchwitZy f y ^^^^ Undnvv.ild , 8^ ^^fg i envoyèrent ^qj^s Jm„ des Députez à l'Empereur Char- près de LES V. à la Diète de Ratisbonne, l'Empe-- pour lui demander la confirma- tion de leurs libertez, 11 y a bien de l'apparence que ce n étoit - îà que le prétexte- de cet envoi , Se que le but fecret, étoit de faire quelque Alliance offenfive avec l'Empereur & le Pape, contre les Réformez : comme en effet Enmus, Evêque de f^eroli, y travailla cette année-là vigoureufement {h).
Et le bruit courut Tannée fui- vante 1533. quil fe tramoit une Alliance du Pape & de TEmpc- reur avec les V. Cantons : de forte que dans une Diète , qui fe tint à la fin de cette année là, les Ber- nois demandèrent à ces Cantons ce qui en étoit, afin quils pulfent I 5 1^-
{a) Hottîng.6<{2,y Q) StettUr, /.
202 Hijioire delaKéformatlon
1532. là-deffus prendre leurs mefures (4)] Ca n- Quoi quil en foit, les Dépurez xo N s. ces IV. Cantons furent parfaitcn;enl bien reçus de l'Empereur , ils obtinrent de lui ce qu'ils fouhai- toient {h).
Laguer- Cependant leur deffein n'eut pas Turc" ^^^^ le coup. L'Empereur
les fait âvoit d'autres foucis que celui de échouer faire la guerre aux ProteR«ns. Les Tares menaçoient la Hongrie &: l'Italie 5 Se méditoient une nouvelle invafion dans l'un &; l'autre de ces Pays , du moins le bruit ea couroiî. Ainfi l'Empereur , ( qui y étoit plus incérefle , qu'aucun autre, à caufe de fes. Etats héré- ditaires à' Autriche^ & du Royau- me de Hongrie , qui étoit à fon Frère Ferdinand , ) fît alors deux chofes: lo. Il dem.anda du fecours aux Cantons en cas de gi erre con- tre les Turcs , Ôc fes Ambaffa- deurs> qui parurent, le 10. Juillet, devant la Diète , requirent les Cantons de fa part , comme fai- fanr un membre confidérable de la Nation Alkaiandej de fournir leur
con--
(4) B. Inftr. 519. [b] Stathrl. c.
de laSuiife. Lî v. X. 203 contingent de Troupes cdntre l'en- 1532, nenni commun de Ja Chrétienté, c a n - Mais les Cantons , g-'gnez par les ton s. intrigues des Emiilaires de la Fran- ce 5 refuférent ce fecours ? ré- pondirent à TEmpereur: Qu 'ils ne pouvo'icnî pas lui aecorder ce qu 'il fouhaïtoit y a caufe des dangers , ou ils ét oient expo fez eux mêmes ^ dans ces tems fâcheux & pleins de troubles. Ce refus n'empêcha pas que l'Empe- reur, ne fit payer aux Cantons les penfions qu'il leur devoit, com- me Prince d'Autriche, en confé- quence de l'union héréditaire de iâ Maifon avec les Cantons (.3).
Ferdinand, Roi de Hon- Mauvai- , grie, quoi que plus expofé âux :^ P^°^^- armes des Turcs ? que TEmpeieur fer.i/- fon Frère, n'eut pas là mêrre me- ^'««'^Roi dération, où, fi l'on veut, la me- me pohtique : Il fit payer aux Can- tons Catholiques le^s penfions qu'il leur devoir depuis cinq ans, pour la même Union héréditaire. Mais par rapport à Zurich , à Ikrue d>C à Baie y il leur fit dire par Ton Ambaffadeur : „ Qne puifqu'ils- 5> avoient violé cette Alliance, en I 6 dé.- W StetfUrAL <îS.b.S<J.a-
20^ Hifloïre de U déformation
.15 32. » détruifant diverfes fondations pieufes de fes Ancêtres , dont ils avoient faifi Jci, reventes; il >, avoir mis en dépôt la portion de penfion, qui leur étoit duë , 3> entre les mains du Baillif de >^ Bade. Ces Cantons furent cho- » quez d'un pareil reproche; &: 5, dirent , .Wils avoient obfervè j yy fidèlement TAlliance héréditaire* ^ yy Se qu ils étofent réfolus de Tob- >j ferver encore à l'avenir* pourvu qu'on robfervât à leur égard 5 5, Que du refte ils étoient libres, & maîtres chez eux ; j^ils ne yy vouloient retenir le bien de per-» yy fonne 5 mais que ce qu'ils avoient yy gagné par l'épée, ils étoient ré-% yy folus de le défendre auflî pac yy répée {a). Paix de L'autre choft que fit TEmpereuf Religion pQyr fç mettre en état , lui & fon ^2 j^ç^" Frère 3 détenir tête aux Turcs,'ce ° fut d'accorder la Paix aux Protef» tans d'Allemagne^ Il lui impor- toit de regagner leur aflfeélion 3c de pacifier l'Empire. Ainfi, par rentremife de VEhô:tUTdQAfayence & de l'Electeur Palatin , qui négo- cièrent.
U) Id, ^(î. b*.
deUSmJfe, Liv. X. 20f
cierent cette affaire avec TElcdeur 1532» de Saxe, & le Land-grave de Hef- fe-Caffel y pour les deux partis 5 qui en convinrent à Nuremberg , le 2 ^ . Juillet 1532.) cette Paix fut réfoluë X & décrétée dans la Diétc de l'Empire-L'Empereur l'approuva & la confirma le 2. Août de la mê- me année. Il y fut contraint par la néce/Tité à caufe de l'irruption que les Turcs venoient de faire dans fes Pays (4),
V. Mais cette Paix fut une Troul^hi pomme de difcorde pour les Pro- [jl^^^.J'^' teftans d'Allemagne, dont le contre- nifme. coup fe fit fentir à ceux de la Suifle : Il avoir été ftipulé entr'au- tres chofes , dans le Traité qui en fut fait entre les deux parties s Que l'on ne comprendroit pas dans cette Paix ceux qui rejetteroient la Confejfion cC^^ushourg , fur la Cè- ne & fur le Batême, & par confé- quent que les ZmHgUcus & les Ana* baptijîes en feroient exclus {b),
Luther > délivré des fes inquié* tudes pour fon parti, par le moyens de cette Paix > commença à parler
plus
{a) Sîeidan. L. VIII. p. m. Zl6. 127,. . {h SUid. ibid.
2o 6 Hlftoire de la Ktfor relation
Ij32.pî^is haut, contre la mémoire
les Difciples deZuingîe. qXi'il n'a- EjfForts "^^^^ fait auparavant. Il écrivit de i-w-même à Albert de Brandebourg thtrçon-D^ç^ de Pruffe, pour le prier de tre les • . / ir • i
Zuin- point lounnr les Sacramentaires,
gliens. comme il les appelloit , & dç ne permettre pas que leur Do«flrine s'introduifit jamais dans fes Etats, lui repjéfentant > qu'autrement il chargeroit fa Confcience d'un très- grand crime. Les Zuricois trou- vèrent cela fort étrange : tant par ce qu'ils ne fe fer oient pas attendus, qu'un DOifleur Protç;ftant eut vou- lu encore ksairliger dans leur af- flidion: que parce que cetie con- duite de Luther étoit direcflement oppofée au Traité , qu'il avoit fait avec Zuingle Tan 1 5 25?. dans laCon- Avantu- férence de Marpurg {u) C a r l o s»- res de t A D > qui étoit alors Miniftre à Cîji.//- Zurich , prit la plume pour écrire contre Luther , mais pour la con- fervation de la Paix on fupprima fbn écrit, qui étoic trop vif. Ce Miniftre avoit été obligé de quiter le Rheinthal , après la funefte jour- née de Cappel à caufe du danger
où
H Satltct m.38<î. Hotting, C60*
de U Suijfe. Liv. X. 20/
où il fe trouvoir 5 d'êcrç affa/Tiné, 1 532. ou livré entre les mains des Per- Difputes ftcuteurs. Il s'éroit retiré à Zurich, L^^^^^- ou, tant par la recommandation de Capitcn , qu'à caufe de fa bonne conduite , on lui confia unt Eglife> & on l'y faifoic piêcher jufqua cinq ou fix fois par femaine. L'an I 5^4. il fut honorablem.ent appelle à Bâi^ {a). Les Minières de Zu- rich fe contenreient d'écrire une Apologie de leur Dodrine, qu'ils adrefférent au Duc de PrulTe, le priant de ne pas mal-tî^aiter leurs Fféres en la Foi. Ile» y joignirent le livre de Beitram, ou Ratrafnne ^ Prêtre d'à îX. l;éck, que Léon de ::dx a voie traduit en Allemand, à cette cccâfion 5 & fait imprimer à Zurich, avec une Préface, pour montrer que la dcdlrine de Zurich fur F; Sacrement, n'ércit nullement nouvelle Afjconius ne fa voit
quel parti on devoir prendre dans cette Conjor.dure. Il trouvoir éga- lement des inconveniens > à écrire contre Luther , & à garder le fi- hiKii, Bucer auroit fouhaité qu'on Tinvau:^
euî
(rt) Hotting, 661.
(0 Id. Lavattr p. m. ^;4.
208 Htjloîre de la K^formatton
eut pris le dernier parti. Il a voit pour la adouci refprit de MeUmhîhon , dc ^esP^^ l'avoit amené à fouhaiter la Paix teftans?" ^ ^ promettre de faiie tous fes efforts , pour y porter Luther. ^ucer fe donna beaucoup de peine pour ramener la Paix entre les Eglifes Protcftantes d'Allemagne & de SuiiTe , mais il agit avec tant de vivacité envers les Suiffes, qu'il fembloit à quelques-uns, qu'il vou- loir fe rendre le Direfteur de leurs affaires, & les engager à fuivre fes Senrimens j comme il avoit dé- jà fait à régard de quelques Villes» par exemple Sirasbottrg , Ulm &c d'autres , qu'il engagea , ( dans une Conférence des Proteftans , tenue à Svveinfourt en Franconie , ) à figner la Confeffion d'Ausbourg ; ce qu'elles ne firent pourtant, qu'avec la proteftation folemnclle , que par une telle fignature elles ne pré- tendoient s'éloigner en rien , de la Confcffton des ll\ failles ^ préfentée à l'Empereur dans la Diéte d'Augs- bourg. Il repréfentoit aux SuiiTes: >, Que Luther étant un Homme f^- » vaut faDo(flrine faine daos tout le lelte» on dcvoû lui pardon- nes;
de U Suijje. LiV. X. 209
,5 ner la rudeffe de fa plume, 1532.
comme une foiblefle h.\xmzmf^ : Difputei „ ^ au fond , Luther & Zuingle, ^"^i^^^^^ 5, quoi qu'ils parlalTent difFérem-
ment > étoienc pourtant d'accord ^ ,3 fur la chofe même , parce que 5, Luther vouloir feulement que o Je su s - Ch R 1 s T fut préfent 3, dans la S. Céne 5 fans en vou-
loir déterminer la manière : Que 5, les Chrétiens des deux partis „ appartenoient également à Jesus- „ C H R 1 s T , puifqu ils le recon- 5, noiflbient pour leur unique Sau- j, veur 5 6c qu ainfi il les regardoit> >, de part 6c d'autre , comme des 3, Eglifes en qui le Seigneur habi- 55 toit 3j. U fe fervit du Miniftére de M)'conius auprès de Zurich 6c de Berne {a).
Les Bernois eurent une Confé- rence à Zoiîîngue , avec les Réfor- mez de Soleurre , 6c avecBienne *. * », Ils écrivirent de là à ceux de 2u- ^-^^le^- rich, Onils ne voiloient pei.t imi- ter l'exemple ^/^ Strasbourg, en embiajfnnt le pjiïti de Luther -y 6c les exhortèrent à demeurer fermes dans la vérité, qu'ils avoient iti^iié.
Les
{(t) fiotting. 660.661,
210 Hijloire de la ^déformation
1532. Les Ziiricois répondirenr de leur jyijputes côté à Bucer : Qu 'il séto'it trop avan^ Luthé- , ^ qf^'ii de voit prendre çarde , de ne pas je laipr aller encore plus ^ loin, Myconius lui dit fans détour : Qii'il de voit prendre garde , qu'il ne lui arrivât, comme à Urbain Rhegius , Minière d^Ulm , qui avoic fcandalifé Ton Egîife, en renonçant à la Doftiine de Zuingle , pour embralTer celle de Luther. FFcljf' gang Mufiu'us^ Théologien célébrCj qui étoit alors à Augsbourg , lui éc ivit ai-fTi p écifémenî la même chofe 'j &c lui remontra d'une ma- nière convaincante > que fa mé- thode n'étcit nullerr;ent propre à reilnir les Eglifes , parce que Lu- ther 8c Mélanchthon n.ême la re- jettoient (a). Philippe 5 Land- Grave de Hejfe-Caffel 5 fit tous Tes efforts 5 dans les Conférences de SibvveinfoHYt & de Nuremberg^ pour empêcher qu'on n'y prof iivit la Dûdrine de Zuingle. Les Théo- logiens de Confèance étoient du mê- me fentinient> auffi-bien que ceux à^nljAlt èc de AiansfMj mais
tous
{.'^) ScHltet 587. 389
I de la Sulffe.Liy.X. 21 î
tous leurs foins furent inuti-jr37.
AmbroiseBlaarer, Théo- logien de Confiance , paffa la plus grande partie de cette année , à Ejlingen i à Ifnj -, & à Liuduvv ; ^ & il fe loiia beaucoiip en paiti- culier de Ceux de Reutlingen j di- fant ; qu'ils ravoient tr^iié d'une maniére-rout -à-fait fraternelK :L'E- glife à'Ifny pria c-jie de Z ijirh, de I lui envoyer quc^Iqu un > qui pût continuer l'œuvre, que Blaa:er y avoit commencée. On y eiivoya un Théologien > nommé Conrad Claufer (ù).
A tous ces embarra^N, canfés par Tron- ic funefte Schif re du Luihcrarif- me, qui retardèrent les progrès de i,apt^fme la Réformarion j il faut joindre les troubles de Yylnabaptiftne , qui ne lui fut pas moins funefte, & qui vinrent enfin à bout de l'éteindre abfolument dans Soleurrc.
Les Atiabaptïftes fe mulnpliérent de nouveau cette année dans le Can- ton d'Appenztll, aux environs. Les Réformez de la Suiffc , pour
tâcher
{i) Hottin;^, C6l.
2 1 2 HîJÎQÎrc de la Réformat Ion
I 53 2. tâcher de les gagner par la dou- Anabap. ceur , & par la voie de Tinftruc- tijics, tion revinrent encore à des Con- férences, qu'ils eurent avec eux fur leurs fentimens. Il fe tint deux • de ces Con f e' re n c esj Tune à S.Gal^ Se l'autre à Zoffingue [a).
L'occafion de la première fut , qu un Anabaptifte , nommé *]ean Marquardi natif de VTeiffenhorn , près du Danube, & paflablement favant , vîntes, G al ^ & entreprit dy enfeigner^ ce qui lui fut dé- fendu par ordre du Bourgmaître jfoachim Vadîan. Conféren Comme il continua nonobftant Alini " défenfe , on le faifit. On voulut très de après cela lui propofer de confé- S. Ga L reravec les Miniftres, mais il re- /ufabap" j^^^^ ^^^^^ propofition 'avec mé- tilîe. pris ) & même Dominique Zilli) l'un des Miniftres de la Ville , lui ayant envoyé par charité quelques vian- des, il les refufa> comme venant d'un Excommunié , te ne voulut pas les goûter. Cette obftination engagea le Sénat à ordonner , qu'il feroit amené devant le Grand- Confeil, & là obligé de répon- dre
W Id. ibid.
delaSuife. Liv. X. 213
nilîre aux cinq Miniftres , fur les 1^32» Ion \rticles controverfés. Cela fe fit Anabau en jcndant deux jours confécutifs. ^'^fl'^-. . Il Pavoua> qu'un Pafteur peut en uni bonne confcience recevoir de fes Vuditeurs ce qui eft néceflaire pour on entretien s niais il perfévera «Jdans les autres articles. Si cette Conférence ne put pas le gagner, elle fervit du moins àconf'erverplu- leurs perfonnes dans la pureté delà Foi s parce qu'on y remarqua, qUe *cfprit de cette Se£le n'étoit que Chicanerie & opiniâtreté. Du ref- te Afarqîurd fut banni de la Ville 5c de fa Jurifdidlion [a),
La féconde Conférence fc tint à Confia Zoffingue. Comme les Anabap- ^^^'^ de . tiftes du Caifton de Berne , étoient quesjvii- 1 en plus grand nombre dans Vy^r- nilhcs a [ gÂVVy dans ÏEmmethal & aux en- zofjinq:ue . virons j ce fut la raifon pourquoi ^a^^abap- ; les Seigneurs choifirent la Ville de diùs. : ZofFingue pour y tenir cetre Con- férence, Ils donnèrent * fauf-con- * lc duit à tous les Anabaptiftes , & permifTion d'y venir> de toute forte d'endroits t. H s y en trouva 23,
D'autre
I W Hotting,ri6l,66^.
t MUr 3pud Q ï I I V M p. ^C. $- 4.
2 1 4 Hiflûlre de la Réformât ion 1-532. D'autre coté il y vint des Minif. Aniùap^ très des Vailles & des Cantons de r/y/«?/. de ^i/^ ôc de .S*o/^«r;(? , &: de
la Ville de B'ienne. Mais il n'y eut que les Miniftres de la Ville éc du Canton de Berne > qui parlè- rent 5 afin de fermer la bouche aux Anabaprifles qui n'auroient pas manqué» difoient- ils^ de fe van- ter > fi d autres euffent pailé 3 que les Miniftres du Pays naui oient rien pu contr eux , ce qui auroic affermi leurs Sc(fbareurs dans leur enïêtemenc. Cette Conférence fe tint avec toute la foleninité polTi- ble 5 en prefence de quelques Sei- gneurs de Berne, dépurez pour y afTifter 5 & fous la préfidence ds quatre gens d'office du Pays : Jean Zenderj ancien Avoyer de Zof- fingue y Jean Tellsbergher> hvoytï Lent zbou7 g; Gabriel Meyer Secrétaire dC SiGisMOND Fret, Secre aire de Breuck^ La Conférence dura. ^. joiirs entiers. Elle commença k I. de Juillet 5 & elle finit le Les principaux Interlucuteurs, du côté des Miniftres , furent Bercb- told JJalln , &c Gafpar GroJfr>ian , ou
de la Sîiijfe, Ll V. X. 2î 5 Mcg.wder , tous deux Pafteurs de i j FEgHle de Berne , Sebaftkn Hoff- Anz î}:ci!ier , MiniTtre de Zoffi'^-gue , George Sîehclin > Henri Lhickiy & Henri Marïker, Les Tenans du côté deî5 Anabaptiftcsj furent Alar^ tin f^f^en^ger 5 furnommé Linkj > Jean Hotz y Michel Outt ^ tailleur d'habits, Simon LantZi & Cbri,'icn Brucker^ Il s'y trouva aufiTi un certain André Rappenflein > de Lu- cerne y qui fembioit faire l'office de Médiateur entre les deux par- tics. Les Afles furent recueillis pir trois Secrétaires ou Notaires aiTermentez pour ce fujet , lavoir jean Glanner^ Secrétaire du Confif- toire de Berne > Barthelemi Schur' mxn y Secrétaire de Zoffingue & Séb.iliien Hajli (a) y Régent au Col- lège de la même Ville. Avant que de les faire imprimer, les Seigneurs de Berne ordonnèrent aux quatre Préfidens , de fe les faire lire tout entiers , & de rendre témoignage ûu Public, s'ils avoient été recueil- lis fidèlement ôc avec exâ(ftitude *.
Ils
W Ex Adis pag. 1. 3.
* Le témoignage des Prcfiden*; eft à la fin des Ades , daté d'Aravv, Ôc du 6, Août isji.
2 1 6 Hifioire de la K^formatio^
1532.^^^ invitèrent aufTi les Anabaptif- Anabap- tcs , à aller à Zoffingue 5 écouter *ips. la leflure de ces A<ftes , afin d'en dire leur fentiment , & leur don- nèrent fauf-conduit pour ce fujet. Ils en firent même chercher les principaux, pour les y envoyer, mais on ne les trouva point , & aucun deux ne parut à Zoffingue. LL. EE. firent élargir un des Doc- teurs de cette Se<fle, nommée/;/-//^ ten EruckcTy (qui étoit alors en pri- fon à Berne 5 ) à condition qu'il iroit à Zoffinguej écouter cette Lec- . tnre. II le promit > mais il n'en fit rien , & difparut. On y envoya avec lui un autre Anabaptifte, nommé Jean Rjf, Celui-ci fe con- tenta d'écouter quelques articles > & s'en alla {a). Ces Ades furent imprimez, la même année à Zurich in 12, en Langue Allemande *.
Voici
W Ibid. i<;3.
^ Ils contiennent 1^5. feuillets de i*- pages chacun d'un caraélère fort menu, j'en ai un Exemplaire, qnc j'avois ache- té 5 dans le deflein d'en donner un Ex- trait un peu étendu 3 à caufe de l'impor- tance des matières , qui y furent agitées. Mais je me fuis fenti les yeux fî fati- guez ce fi affoiblis par U lecture des li- vres
delà Smfi. Liv. X. 21?
Voici les Articles . fur lef- I 532. [uels roulèrent les Conférences, Ar^Ai^ap.
I. V^mour de Dieu du pro- ^'■>'^^' iha'in doit préfider dans cette Confé- 'ence > pour terminer toute difficulté,
II. De la Mifjlon des ^nabaptif- es 9 ft elle efl divine ?
III. Ce que cefl que /'Eglife , & dans quel parti efi la véritable Eglije ?
l V. De TExcommunication , ce
que cff : fi ce font des particuliers qui la doivent exercer y ou bien l'Egli^ fè ? Quand ceft qu'on doit recevoir de nouveau un Excommunie î
V. S^il y a. une Magiftrature ? Qui font ceux qui la peuvent exer^ \ctr ? Si le Ma^ijîrat Chrétien peut {faire ufage du glaive ? Et jufquou ou doit lui obéir ^
VI. Confeffion des Anahaptifies ati pifet des Cenfes & des Dîmes.
VII. Du Serment , & fi hn doit \ jurer par le nom de Dieu ?
Tom.IV. K VIII.D^
Vres Allemands-, &■ le caradtcrc de celui- ci eft fi mauvais , que j'ai été obligé d'a- bandonner mon delTein ; crainte , que je n'achevalTe de me gâter la vue 5 fi je I m'opiniatrois à le vouloir exécuter, je me fuis donc contenté d'en extraire ce on voit ici.
218 Hijloire de U déformation
î532. VIII. De /^Mi/Tion des A/mf- Anabap' tves , fi elle efi divine ? Et qui eft tifies, çgif^i q^^i j^çj^j. ^ q^^i ^^^^ envoyer^
IX. De l entretien des Minières 'y fi leurs penfions font conformes a U volonté de Dieu ?
X. *SÏ un Chrétien peut tirer de Cenfes & des Dîmes,
XI. Du Batême, ce quil eft comment on doit le pratiquer ? & qui c'eft qu,on doit baîïfer ?
La Conférence ne prodnifvt pi un grand fruic. Les Anabaptifti n'y furent pas convaincus de leurs erreurs , & continuèrent à troubler^ le Canton de Berne > autant que On en jamais. On les bannit. Ils obéi- punit rent , mais ils revinrent. A leur
à caufe géant dans 1 eau > après quoi on les de leur chalTa de nouveau. Mais le ban- ^f3^^^ nillement n'ayant pas été fuffifant pour les arrêter, & quekjUes-uns étant rentrez dans le Pays pour la féconde fois y on les punit lelon la rigueur des Loix , à caufe de leur opiniâtreté, & on les noya.
Ce genre de fupplice ne les ef- fraya point > 6^ ils fe multipliè- rent plutôt que de diminuer. Cela
donna
de la Suijfe. L i v. X. 219
tdonna de lembarras aux Seigneurs 1 532. de Berne > qui , ne voyant mzun An.ibap^ luccès , ni par la douceur, ni par la févéricé , examinèrent de nou- veau mûrement la Qijeition : S'il convenoit de faire mourir tous ces cpi-^ niâtres défoùéiffans , qui revenoicnt toujours au Pays^ nonoùfiant leur ban- mjfement , ou bien , feulement ceux qui commett oient des péchez fcanda- leux & éclat ans ? On confulta là- deffus la Régence de Strasbourg , qui avoir auffi ufé de douceur au commencements mais qui depuis quelque rems , traitoit aufli ces Sc(flaires avec plus de févérité {a).
Il s'en trouva auffi dans le Thourgaw. Le Baîllif du Pays en fie mourir neuf ^ de Ne un^ éoren , & il en punit d'autres par d'autres fupplices {b).
L'année fui vante 1535. les Ber- Nouvel nois publièrent un nouvel Edit ^^'^ contre les Anabapriftes > date du^^j^Jj-^^ a. Mars. Ils ordonnoient aux Mi- les Ana- niftres, », de travailler de toutes b^ptiftes o leurs forces à ramener ces gens- 9) là par de bonnes : inftru(flions , 99 tirées de la Parole de Dieu : K a 55 Qiie
[4 ^] Uotting, 664»
o convaincre & les perfuader on '^^^'i>leur ordonneroit, au moins > de 5> garder leur créance pour eux> & 5^ de demeurer dans le filence j leur 7) promettant, qtie s'ils le faifoient, 5> on les laifferoit en paix : Que s'ils 3, vouloient continuer de prêcher^ >, & de faire Se£le à part, on ne 5, les puniroit plus comme aupa- 53 ravant y mais on les enfermeroit 3> pour toute leur vie dans des y, prifons > où ils feroient nourris 3, au pain 6c à l'eau, aux dépens j3 de l'Etat , jufqu à leur mort , à 3, moins qu'ils ne renonçaient à 3, leur erreur (a),
La tolérance que les Seigneurs de Berne accordoient aux Anabap- tiftes 5 fut mal-expliquée , comme fi LL. EE. vouloient laifler en paix, non - feulement ceux qui étoicnt déjà de cette Sedle , mais au/Ti tous ceux , qui, à l'avenir l'embralTe- roient, ôc fe fépareroient de TE- glife. Afin donc que leurs Sujets ne s'y trompaffent pas, ils don* Déclara- nércnt une nouvelle Déclaration , tion qui datée du 4. Avril , portant j ,y Qu il^
M Mandat, B. 48.
I delaSuife. Liv. X. 221
,5 vouîoienr que chacun obfervât ^l^*^'^" b> leurs Edits de RéFormation , & ^'^'^^ 5> fur-tout, ceux qui avoient été ^ }
de cette Sefte j & qu'ils afliftaf- y, fent au Service Divin , pour le
moins , chaque Dimanche j „ & qu'ils fîffent baptifer tous
leurs enfans , comme les „ autres , fous la peine énon- I5, cée dans TEdit précédent : Que 3, fur-tout, fi les Anabaptiftes ns 3> vouloient pas aller au prêche^ ils à, dévoient être mis en prifon un » jour & une nuit , peur la pré- .
miére faute, deux jours & deux 3 j nuits pour la féconde, & toû- i> jours ainfi „. Et comme il fe trouvoit des gens dans les Eglifes, qui, fans être Anabaptides , mais par le pur effet d'un efprit pro- fane 3 ou par un refte d attache- ment au P*tpifm€ 5 n*âvoicnt en- core jamais été ni au prêche, ni participé à h vS. Céne j LL. EE, ordonnèrent que ces fortes de gens fuffent punis tout comme les Ana- baptiftes, cependant avec cette dé- claration , que leur delTein n'éroit point de contraindre perfonne d'al- ler à la Céne {a).
W UM.4y. K 3 Quel».
222 Hijloirede la K.é formation
1532. Qjjeîque tcms après, les Sei gneurs de Zurich confultérent ceu de Berne , fur la Qiieftion : fi Co devoir pun'r de mort les Anabapttfies^ ou non? Ceux-ci leur cnvoyéren pour réponfe une Copie de leu dernier Edit contre ces Se^aires (a^ VI, La RéForniarion fît peu d
Vaud. Il n'y eut que Payerne Sc les Balliages à'Orbe & de Granfgn, ch. el!e g^gna du terrain , encor De fut-ce pas fans troubles.
Orbe. chofes furent aflez tranqui
les à Orte , après la publicatio de TEdit 3 dont on a parlé, dès 1 commencement de Tannée, jut '.qu'au Dimanche des Rameaux, qu'i'
Difpute y difpute entre P 1 e R R
de T/Vt? V I R E T , & un Moine nomrr.
avec un R A B A N I. Ce Moine prèchoi dans TEghfe des Rdigieufcs d Claire^ dont il é:oit Vifitareur & comme il exAltoit le mérite des œuvres, Vitet, apiès qu'il eiit: fini l'ariéra devant tout le penple , réfuta ce qu'il avoit prêché , lui prouvant par l'Ecriture : Que noî4s fommis fauvtz grattât ement p*ir la
Foï
U] B. Infir. 294-
delà Suife. Ll V. X. 223
Foi en Je sus-Christ. Le Moine i 532. e lui répondit rien 5 fi non> Qu'i/ Or b e.. oit bien jeune pour le démentir^ 6c fe retira tout confus. Et de- puis ce jour là il ne prêcha plus {a)* Le même jour Pitrre Vint célébra a Céne, & il eut à fa Commu- nion 54. Hommes , & 23. Fem- mes {b).
Le Dimanche 7. Avril , il y ar- Nou- riva un nouveau rrouble. Corn- ^.^^^^^^ me le Miniftre prêchoit trop long- tems au gré des Catholiques 9 le Vicaire d'Orbe, nommé Pierre Bo^ vez > fit former la MeiTe randif- u'on prêchoit encore. Les Réfor- mez s'en plaignirent, & on le mit en prifon. D'iutrc coté^CbriJtophls HoUrd ayant coupé le nez à une Image de S. Pierre > fut mis auflî en prifon au pain &: à l'eau pen- dant 24. heures , & condamné à un écu d'amende qu'il paya. Le Confeil dépura 2. Confcillers, pour aller à Fribourg demander l'élar- gilTement du Vicaire de leur Eglifc, Les Seigneurs de Fribourg leur donnèrent un de leurs Confeiilers , K 4 fa- [4] MS. Thom. 30. b. Tard Epift.Inedit. . M MS.2W. 31.
224 Hifloire de la ^iformation
I 532. f^^'t^if Chevalier TarJillArd q* ' Orb£. à Orbe, & de fon autorité fît foi tir de prifon le Vicaire (4).
Cette communion d'Eglife exci toit de tems en terr>s quelque trou ble entre les deux partis , ce pourquoi les Bernois, pour y re médier, & mettre la paix, écri virent aux Fribourgeois , qui" trouvoient à propos que les Réfor mez & les Catholiques eulTen chacuns une Eglife feparée , afi qu'ils n'euffent plus rien à parta ger enlemble \ & envoyant des Députez à Orbe 5 & à Granfon le 12, d'Avril, ils leur recommandè- rent cette affaire; mais on ne put ^ rien conclurre(/').
Le Balliâge de Granfon manquoic .de Minières 5 pour fervir lesEgli- fes, qui embraffoient la Reforma- tion, Les Seigneurs de Berne C" élurent 4. tout à la fois^ le JVlard' p Juillets favoir, un pour Graii- Nou- fou y Gy Se Fy : un pour Aioutagny^ veaux rugelle 3c I\cve!le : le 3e. pour
le Eal- & liage.
j de la SaiJJèLw. 22 S
& le 4^. ^om Concife^. Le même 1 532'. jour ils donnèrent avis dî cetteGRAN^ Eier<flio.n à Guillaume Farel , qui ^ o n. étoit alors à Pvlorat, avec ordre de fc trouver à Granfon le Vendredi fuivant, pour y examiner ces 4. Minières i conjointement avec le Miniftre de Granfon > & en pré- fcnce du Baillif (a),. Comme ces Miniflfcs ne font pas nommez ' dans la Lettre des Seigneurs de Berne , il y a beaucoup d'appa- rence que celui de Granfon 5 donc ils y parlent , étoit Jean le Comte^ qui vint à Granfon cette annéc-là, & qui y furPafteur jufqu a fa mort. Il a laifTé un Journal abrégé de fes travaux , d'où j'ai tiré ce qui fuie. Jean le Comte naquit en Pi- H^^ojrc cardie > Tan 1 500. fon Père éroit Coli/tl Sébafïien le Comte ^ de la Croix > Gen- til - Homme Picard , natif à'Eta- fies ; ^ fa M ère AÏAïie De Le Oiâen auffi Femme de qualité. Dans fa jeuneffe > âgé feulement de 22. ans il fut à Meaux y t auprès de G/ii/- t L'an iaume Ericonmt ^ Evêque de cette K 5 Villc-
U) Epid. inédit. K/r. N. XXI.
^ Le Miniftrc dcConcife s'appclloicPiE
226 Hijloirc de la Ke format ion
1-532. Villï. là 5 avec "jaques h Fevre , fon j. L E Compati iotc & Ion Précepteur > CoiMTE. ^yec Guillaume Fard , & deux au- tres Théologiens 5 qui tous en- femble prêchoient ia pure Doiflri- ne de l'Evangik, fous les aufpi- ces & par l'autorité de ce Prélat y & furent ainfi les premiers > qui travaillèrent en France à la Ré- formatirn de VE^lik» Mais Ja perfécution , qui furvint bien-tôt après, difTîpa cette fainte & fa» vante ^ e i e Compagnie. Eriçon^ 71 î perdic coi-nige , 5c fe retradla *. 'Cudl F^rcl fe retira en Suiffe , com- me on la dit ailleurs t. J^^^n le Comte fe réfugia a'/ec Jaques le Fe* *vre } aupièo de Marguerite. Rtine de Aavare 4-« Dans la fuite rAnjrale de Banmvet le de- manda
B E z E H^/l. des E^l, Réf. de France Tom.I. p. t Voy. le Tom.l. âl'an 1^24. & 1^2.5.
4- Marguerite de Valois, Sœur unique de Tranpla 1. fut mariée en premières noces l'an i ^09. a Char- les Duc (^Alenfon , & en fécondes noces l'an i ^2,7. â Henri D'A l b r e t. Roi de Navarre. Cette Princefîe étoit favante , & aimoit les gens de Letrres. Elle parut , dans les commenccmcas avoir de bons Sentimens pour la Réfor- mation j nuis dans la fuite elle changea.
nanda pour Précepreur des trois j 532 Fils y qu elle avoir eu de l'Amiral j. ^ ^ on premier Mari. Après qu'il eut Go Mrs exercé quelque rems cet emploi > omiiie il étoit à Paris, quelques )ofleurs fidèles jertéreiit les yeux 'ur lui 5 pour l'envoyer travailler, à la Réformarion du Canton de erne , & ailleurs. Il y réfifta abord , mais il céda enfin aux fiances 5 qui lui en furent faites ar plufieurs Réformez 3 qui étoieni la Cour. Ils lui donnèrent de: ettres de recommandation j adrel' ees à FaycI 3c à Alarcouit : ainfi i uitâ fon Pays , pour n'y re- tourner jamais, il pafla à Lyon > & après bien des dangers , il ar- riva à Granfbn à la Foire de Mars, ii ne s'y arrêta pas , mais il alla à Neuchatel trouver Marcourt , fon ancien ami 3 qui fuc fort réjoui par les Lettres qu'il avoir apportévS de Paris , auffi-bien que Farel , qu'il aila trouver à Morat. De - là ih fut à Berne, où il fe fit connoître li LL. EE. qui rétablirent Miniftrc de Granfon, Il y prêcha dès la Pentecôte 3 & réforma quelques Eglifcs de ce Balliagc
K 6 L'an
228 Hijloîre de la i\éfor:72aîion 1532, L'an 1554. il quitta FEglife de J. L E Granfon 5 'pour paifer à celle d« Oj^nît E Romainmotier. L'an 1558.* LL." Novernb! EE. de Beme lui ordonnèrent d'al 1er à Lanfmne, exercer la ProfeC fion de la Lingue Hébraïque pai intérim , à la place de Rajmom Merlin , en attendant qu'on eût ui autre Profeffeur. L'an 15(^7- lî ClâfTe d'Orbe &: de Granfon le rc demanda , pour être un fccondi fois Pafteur de TEglilede Granfon Il y retourna le 20. Juillet, & y vé eut encore 5. ans. Ses enfans, qu ont continué Ton Journal > noui apprennent qu'il mourut le 25 Juillet 1572. âge de 72. ans, fa Femme , Adadelaine de Afart'tgn ' Fan 1581. Il écrivit divers ouvr ges de Théologie 5 mais ils n'o jamais été imprimez. Il s'en fal peu, qu'il ne vint à bout un fois , de réformeï la Ville de Fri bourgs par l'accès qu'il y avoit a près des principaux Seigneurs di TErat: ce qui lui donna occafio de dédier à LL. EE. de Fribourj un Livre fort étendu , ( qu'il avoir compofé fous ce titre > Les Démé- gories) dti Comte d'Eftapks , fur tous
les
de la Suife. Liv.lX, 22?
les Dimanches de lan , les Sacrerr.ens^ 1 5 3 2 le Afaruge ^ & Us Tiép.iJfJs , écrit Gr a m de (à main, avec une Epicre dédi- ^ ° ^• catc ire , . datée du 3 1 . Juillet 1 549. Il nous apprend dans cette Epitre, que quand il arriva dans le Pays de Vaud , la divifion , que caufoir la difrèrence de Religion , dans les Balliages d'Orbe & de Granfon > y produifoit de violentes que- relles > même entre les plus pro- ches y qu'elles aboutifloicnt fou- vent à des batteries 8c à des meurtres, jufqaes là qu'on vit à Orbe un Frère tuër fon Frère, 6c de même àBonvillars. J. le Comte laiffa trois Fils , qui furent tous trois Minières : & fa poftérité à toujours fourni des Miniftres à l'Eglile, de Pére en Fils, fans in- terruption 5 jufqu'à prèfcnr.
Mais pour revenir à fes travaux de Granfon, il eut la confolation d'y gagner, dans quelques mois, un afl^jz bon nombre deperfonnes> deforte , que le Dimajîchc après Nocl , il y célébra la prémiére Cè- ne paifiblement , avec 70. perfon- nés d'âge, outre quelque jcu- iielfc (4). Dans W Mcmoir. de J. le Cowtc. -
' 2 3*0 Hlftoire de la K.éformaîîoH
Î552. Dans l'été ds cette année on Gr A N- s'apperçur que les Moines de Gran- soN. tiavailloient à emporter hors^
du Pays les biens de leurs Cou- vens 3 c'eft pourquoi ils furent mis en prilon , par ordre des Seigneurs de Berne {a).
La Paroifle d'Tmnan embraffa lâ Réformation à la pluraliré des voix 5 dans le mois d'Août j après quoi les Payfans purgèrent leur Eglife d'Images & d'Autels. En- fuite , accompagnez de Fard 5 ils pafférent le Lac, allèrent à Gran- fbn> & y renvcrfércnt quelques Autels &c quelques Images 3 mais ils furent mis en prifon , & dére- Trou- nus affez long-tems. Leur affaire bles à ayant été examinée , il fut jugé, le ^Tol- ^' Septembre , qu'ils avoient eu nsnj, droit de faire cda à Tvonan , mais non à Granfon (/;). A Otincns les Réformez firent la même chofe > _ renverférent les Images & les Au- tels. Les Catholiques , pour (e vanger , prirent le tems que les autres étoient au Sermon, & en- trant dans le Temple en furie > al-' Jérent renveifer la Chaire avec le
Minif-
{nb) MS. Am^. 125. b. B. Injîr. 15^8.
de la Smjfe. Liv. X. 2?!
Miniftre qui prêchoir. Les uns & [ J J2. les aunes furent punis {a) , com- Gr a \ - me ils le méfitoienr. son &
1; Il y eut au/n du trouble à Con- ^ ^ ^' * ^ife entre ks Reformez 6c les Ca^ tholiques, en ce que la pluralité des voix ayant éré pour la Mefle de do. contre 2 les Réformez pré- tendoient qu'on n avoit pas éré en droit de faire une telle décifion , foutenant qu'on en avoit déjà fait une auparavant , où la pluralité avoit été en faveur de la Réfor-- mation. Mais comme ils ne pu- rent pas le prouver, les Seigneurs de Be ne confentircnt , que les Au- tels y fuflent relevez j avec cette feferve expreffe , que chacun au- roir toujours la liberté d'écouter la Parole de Dieu. Enfin ils tinrent main de bonne foi , à faire obfer- vcr tous l:s Articles de l'Ordon- nance 3 publiée au commencement de l'année: mais aulTi ils vouloient que les Catholiques obfervaffent y de leur côeé,les articles qui étoienî en faveur de la Réforma ion. Ceft pourquoi comme le:. Fribourgeois îbuhaitoient ^uc les ParoilTeb de
0») Idem.
232 Hijloire de la P^éformation
I 532* Champagne ^ ^Onnens , cjui- a voient Gp AN- embraiïe laRcforn.ation, fe foumif».
^ fen: à ure nouvelle délibération, cisE. Bernois le réfuférent {a).
Il s'éleva une autre, difiiculté en- tre Berne & Fribourg, au fujer de l'Article de leur Ordonnance , qui portait > Que dans une Paroifie a où les Catholiques feroient le plus grand nombre, les Réformez pour- roient néanmoins entendre tou- jours la Parole de Dieu, Les Fri- bourgeois ne vculoient pas que dans les lieux où .il n'y avoit que deux ou trois Réformez , ils fuf- fent compris au bénéfice de cette Ordonnance. Les Bernois au con- traire foutinrent j que ces Réfor- mez? dévoient y être compris; & avoir la liberté de faire venir un Minidre pour leur prêcher, pour* vu que tout cela fe fît modeftc-? ment('^).
7rw.hks li y eut cette année de grands à caufe troubles à Payeruc , à caufê de la de aRe- j^gjjgjQj^^ Un Miniftre , dont je Payer- " ^1 pas pu découvrir le nom, y Kt. prêcha au commencement duPrin-
tems>
{a) MS. Amp. 114. B. hiflr. 16O. (^) MS. Am\ 3:15 b,D. 1^8.
de la Suijfe. L I v. X. 2 33
tems, & y fie du frûit. Divers ÎS Bourgeois embraflerent la Réfor- mation. Mais les Catholiques y oubliant la promefle qu'ils avoient faite auparavant aux Seigneurs de Berne , de permettre qu'on prê* chat librement au milieu d'eux la Parole de Dieu , ne laiflTérent pas long-tems en repos le Miniftre, ni leurs Concitoyens. Ils commen- cèrent par défendre au Miniftre de prêcher j &; comme il continua nonobftant la défenfe > ils voulu- rent le chaffer. En même tems ils défendirent au Peuple , d'aller écouter le Miniftre, 6c de le favo- ri/er, fous peine de prifon & d'au- tres châtimens. Enfin 3 par route forte de menaces i d'infultes , & de mauvais traitemensj qu'ils fai*' foi<;nt aux Réformez , ils s'elFor- çcient de les f^ire rentrer dans le Icin de TEglife Romaine (^).
Le bruit de ces 'troubles s'étant répandu dans le voifinnge, le Ccn- fcii de Adoudon députa à Payerne le Gouverneur du Pays de Vaud, avec deux Confeillcrs 5 environ le
tems
(0 MS. Amp, 11^.
234 Hifloire de la Réformât hn
1532. tems de Pâques [a) ^ avec ordre Payer- d'interpofer leurs bons offices, pour y rétablir la paix & le calme: mais les (oins de ces Députez fu- rent inutiles > & ils s'en retourné- péputa- rent fans avoir rien fait. Les trou- V^"^^^bles continuèrent à Payerne , & pour ré- y mit en prifon pluiieurs tablir le Bourgeois , pour avoir embrafle la caJme à Réformation. Le 2 5éme. Avril , le '^j>erae, (^Qfif^iidejvioudon y renvoya d au- tres Députezj (fon Châtelain Jaques CERjAT5avecdeuxCon/êillers,)pour tâcher d'appaifer les Efprits > & d'y ramener la tranquilicé (ù). Les Bernois ayant reçu avis de ces troubles > penfoient auffi à y met- tre ordre, iorfque le Duc de Sa- voye leur envoya un Député, pour les prier > P. de ne pas fe mêler de fes Sujets j de leur laiflcr obferver les Edics , qu'il avoit publiez en matière de Religion dans Tes Etats y de dépofer ou ôrer le Mi'.iftre de Payerne 8d IP. pour fe plaindre de quelques fédicieux de Payerne, qui difoient hautement , que le Ducn'avoit iien à leur comman-
derj
Ça) Regîtr. deMoudon^. ib) Ibid..
de la SuiJJe. LiV. X. 235
er , & qu'ils n'étoient pas fes 15 32, ujets. Les Bernois répondirent au Payer- ouverneur de Vai/d 5 qui éroit^E» 'un des Députez : » Que leur in- tention n'étoit point de déroger en aucune manière aux droits »> dt; S. A. fur Tes Sujets , ni à fa f, Juïifdi(fbion ; Qu2^x contraire ils >, les exhortcroient plutôt , & entr'aurres ceux de Payerne 5 à >9 rendre à leur Seigneur tout ce » qu'ils lui dévoient , dans les yj chofes qui regardoient le Corps y, bc les biens temporels. Mais >, pour ce qui regardoit la conit cience & la Religion, ils prioicnt le Duc , & tous autres 5 de laif- fer en paix les Réformez de ^ P?.yerne , & tous ceux de fes Su- jets 5 qui foùhaitoient d'enrendre la Parole de Dieu, & de ne les >, point il qi:iécer pour ce fu jet j afin qu'il n'en arrivât point de yy défordre j car s'il les perfécutoit yy pour caufe de Religion , ils j>, prendi oient en main la caufc „ de leurs Alliez de Payerne, avec » q' I ils avoicnt une Alliance yy beaucoi p plus ancienne, qu'avec yy la Maifon de Savoye (4)
(4) MS. Amp. l c. Le
2 36 Hïftûire de la BJfûrmation
1532. Le même jour > ( 23. M^y ,)ies Payer- Bernois envoyèrent à Paytrne des Députez pour renouveller l'Allian- Alliance ce. Ces Dépurez repréfentérent aux veU^e P^y^^^^^s ' Négociation du Dé- entre P^^^ ^- Savoye, 6c la Ré- Bcrne & ponfe qu'ils lui avoient faite, les Fayeme, exhortant à obéir au Duc 5 en tout ce qu'ils lui dévoient. En même tems ils fe plaignirent , de ce qu'ils avoient tenu fi peu de compte des promtffes 3 qu'ils avoient faites aux Seigneurs de Berne, puis qu'ils perfécutoient les Réformez & vou- loient chafler leur Miniftre. Ils les exhortèrent donc fortement à laif- fer en paix lesRéformez d entr'eux 6c leur Miniftre. Cette repréfen- tation parut produire quelque bon effet. Les Payernois promirent de nouveau aux Seigneurs de Berne tout ce qu'ils fouhaitoient : après quoi l/Alliance fut renouvellée 6c jurée de part & d'autre [a).
Mais toutes ces promelfes n'é- toient qu'un leurre pour obtenir de la Ville de Berne , la continuation de l'Alliance i car bien-tôt après le départ des Députez , on recom- mença
(^) .MS. Am^\ U^. 125. Injîr. 16<J..
deU Suîffe. Lï V, X. 237
ença, à perfécuter les Réfor- 1532; ez, à les vexer, à les infulter, Payer- aies mettre même en prifon(^). y avok alors à Payerne un Cor- elier> qui étoic Réformé dans le ur, & qui prêchoit vigoureufe- cnt contre l'Eglife Romaine, ais quand le Duc fut venu à ayerne , le Dimanche 1 6. Juin = fe retira avec un autre Corde- er, venu de Laufanne, qui étoit uffi Réforn é ib\ Les Bernois en- oyérent de nouveaux Députez , à ayerne pour leur reprocher leur anquement de parole ; mais ils rent pour réponfe s le Con- l ne leur avoir promis autre cho- traite , que de lailTer prêcher l'Evan- les Ré- ile comme on Tavoit prêché dans formez, î tems anciens. C'êtoit une mo- ^^^^ ueric toute pure : AufTi les Ber- promef- ois ne furent-ils pas contens d*u- pareille réponfe. Ils renvoyé- cnt donc encore d'autres Dépu- 5 le ^i. Août , pour repréfen- à toute la Bourgeoific: Ou on ne vouloit pas les obliger à quitter leur ancienne Religion y
ni
AmpA.c. Ib) PUntin. Hjft. MSC. del^w/.
23S Hifloire de la Kéformation
î 532. " ^ abolir la Mefle , ni hs au- PAYER-^jtres Cérémonies Papirtiques j Qu'on ne demandoit d'eux au- 35 tre chofe > finon la liberté de ,5 Confcience> pour ceux qui fou- 3> hâitoient d'entendre la Parole de 3, Dieu 5 & pour ceux qiii la leur 3> prêchoient j Qfœ c'étoit à cette 35 condition , & fous cette promef- 3>fe, que les Bernois avoient re- j> nouvelle deux fois avec eux 5j leur Alliance (4), 5. Cette nou- velle DéputatioQ ne produifit pas de meilleurs effets que la précé- dente. On renvoya les Députez avec de belles paroles 5 mais on continua à tourmenter les Réfor- mez comme auparavant , ôc on leur ôta même leur Miniftre. Ce fut dans cette occafion que Viret, pour faire plaifir à quelques Ré- former alla prêcher à Payerne ; ( c'étoit vers la fin de Septem- bre.) D'abord on ne voulut point lui permettre de prêcher dans les Temples. Il fe mit donc à prê- cher dans les Maifons. Après qu'il y eut été pendant quatre ou cinq femaines, il s'y excita un tumulte
contre
(a) B, Infir. 2,13. MS. Amj^. l c.
L de la Suif e. h iwX. 239 'contre lui > qui Tobligea d'en for- i 532^ tir, de fcrte qu'il perdit prefque p^yeb.- courage d'y travailler {a). Cepen- ne. dant; encouragé par de bonnes aa^es^ il y retoui'na, ôcy demeura jiifqa ao mois de Janvier fuivant , difpu- rant prefque tous les jours avec Quelqu'un. Les Moines de TAb- baye , craignant que cette nouvelle Do£lriiie n'aboutir à les dépouiller de leurs biens , fe mirent (ous la protection des Fribourgeois , qui leur envoyèrent un de leurs Con- feillers , nommé Chriftopble Pavil^ '.ird 3 pour avoir foin d'eux & de leur maifon {b).
Dans le même rems F a r e l de- F a r e l neuroit à Morat , où il écrivit ^^^^^j^^^^ ane belle Lettre Paflorale y mFïm- trePafîo^ ^vois 5 datée de cette Ville, & du î-o/?. i<5. Juillet. Elle eft adreffée aux L^iêres amateurs de la S, Parole de Dieu y qui étaient dans Coppn ffiGn > apparemment en France.) il les exhorte à la patience, à la conC- tance , à la fermeté, & à ne s'aC-
furer
CO Inter £///?. hmlU, Farel.
W MS. Thom, 53,
240 Ht fl cire de la l^éformation
i532.furer que fur la protedion du Seigneur {a). Régie- N'oublions pas ici de remarquer, mens à la louange de la Ville de Vcvaj^ Je V £- ^^'^^^^ fignala dans ces tems cor- y^AY. rompus & déréglez par fon zèle pour le rétâbliflêment des bonnes mœurs. On peut juger que la pef- te, qui ravageoic alors le Pays, réveillant dans les confciences , la crainte des Jugemens de Dieu , y pût avoir quelque part. Mais toû- jours furent-ils bien louables , de devenir fages,à Toccafion des fléaux de Dieu. Dès Tan 1530. le Con- feil fit publier un ordre aux Fem- mes de mauvaife vie, de vuider la Ville dans trois fois 24, heu- res , fous peine de ^o* fous d'a- mende. Et cette année 1532. ils le renouvellérent avec plus de févé- rité : Ordonnant a ces malheureu- fesj de fortir dans 24. lieuresjfous la même Amende. Ils firent enco- re quelques autres Ordonnances d'une bonne & Chrétienne po- lice , par exemple, défenfe de jouër pendant le fervice divin; & quel- ques autres réglemens de cette na- ture
W lurd Epifu. inédit. K. XXII.
deUSuiiJe. Liv. X. 2M
|Ure. Ces fortes de réglemens j 532. )rouvent la vé ité de ce que j'ai Vevay-, .vancé dans mon Difcours préli- ninaire > Qm les Laïques 5 géné- alement parlant , étoient plus lonnêres gens 5 que les Eccléfiafti- lues \ Voilà des Laïques qui chaf^ ent de leur Ville des Femmes de muvaife vie , pour éloigner le ;rime du milieu d'eux 5 pendant ju'à 4. lieuës de là j dans la Ca- pitale du Diocèfe, dans le fein du Sandluaire Catholique, je veux di- re à Laufanne 3 les Chanoines & es Religieux vivoient publique- ment dans le défordre, fans rete- nuë & fans honte , avec des Fem- mes débauchées, nonobftant les exhortations que les Magiftrats leur faifoient faire, de changer de îconduite *.
i] Cette année le Duc de Savoye Le Duc jvifita le Pays de Vaud , qu'il n'a- Sa- uvoit pas vu depuis l'an 1523. Il \y fut reçu par tout> à Laufanne Pays de h même 3 avec les honneurs dus à Vaud. jfon rang. Il partit à^hvïan le 4. de Juin , & alla coucher au Châ- teau de Chiliony où il n'avoit ja- * Tom, ir. L mais
Voy. ci-defTus Liv. V. p. 533. 334.
242 Hijloire delaKéformation
t 532. ^^^^ encore été. Le 5e. qui étoit Voyage "ri Mecredi 5 il alla à Vevay , où du Duc il fut reçu par 450. Soldats , la ^e''-^*" plupart habillez de neuf, de couleur V A u D. blanches & par 200. jeunes garçons* aufTi la plûpart habillez de même couleur portant en leurs mains des Croix blanches, & criant : Vi ve S A V G y E. La Ville de Vcvay em- prunta du Château de Glerole , qui appartenoit à TEvêque de Laufan- ne , dix Canons pour faluër leur Prince> à fon entrée > & à fon dé- part. LaBourgeoifie des deux en- droits> de Fevay & de hTour^lui Bt préfcnt enfembie de Cent Ecus d'or au Soleil , avec un beau Manteau de Damas blanc, de 12. aunes s où l'on avoit mis 12. aunes &c de- mi de franges d'argent j à fes La- quais , de I o. Ecus d'or , & fix à fes Ecuyers. Cela s'appelloit la joyeufe entrée^. De là il alla au Pays de V a u d j car dans ce tems là Fevay , & tout ce qui eft à l'O- rient du Torrent de la Févayfe, étoit cenfé dvL Chablais } la Vevayfe fé- paroit le Chablais d'avec le Pays de Vaud. On croioit, que de Vc-
vay
de lu Sttijfe. Ll V. X. 243 v^ây le Duc iroit droit à Moudon, 1532. qui étoit alors la Capitale des ter- p^ys ce res qu'il polTédoit dans le Pays de V a u d Vaud 5 & le fiége ordinaire des Etats ; mais il trouva plus à pro- pos de les convoquer à A/orges, ou il fe rendit le Jeudi 6^- de Juin. I II préfida à cette Affembléej ac- Il p^élî- conipagné de TArchevêque de Ta- ^^^^/V^ rantatfe , des Evêques de Laufan- pavs Af- & de Beliejf y de Fr anç o i s (embkz DE MartigueSj Vicomte de ^ Luxembourg y du Comte de G'r/yj^Vf, & d'un grand Cortège de Noblef- fe y de Savoy e , du Chablah & du Pays de Vaud. Il y fut parlé de reparer les Places fortes, & les - bonnes Villes du Pays 5 pour le conferver & le garentir d'inva- fion. On y fit aufTi des plaintes contre l'Evêque 6c le Chapitre de Laufanne, parceque ces Ecciéfiat tiques refufoient de comparoître devant les Tribunaux Séculiers du Pays 5 pour affaires civiles , quoi- que cela fe fût autre-fois pratiqué fans difficulté , & qu'ils ne refu- faffent pas de comparoître devant les Tribunaux des Terres de Ber- I ne & de Fribourg : ce qui fembloic L z abaiflcr
244 Hijloïre deU RJfûfmtttîon
i532.abaifrer l'autorité du Duc. L'E- Pays de vêque de Lau/ànne , qui étoit pré- Vaud^-çj^j^ répondit. Que les Eccléfiafii- que fiétoient point Juridiciables des Tribunaux fécul'ms y & qu'ils avaient ' €e privilège: Que fi par hazard les Eccléfiaftiqucs s étaient fournis aux Tribunaux de Mejjieurs les Alliez > 4es Cantons , c étoit parce qu'on y trouvait mcï.leure juftice > & plus brieve , que dans les autres.
Le Duc remit cette affaire à un autre tems , pour s'en informer -cxaflement, & y mettre ordre. De Marges il retourna à Vevay, & le Dimanche fuivant il alla dincr chez le Baron du Chaielard , où il fut reçu avec tous les honneurs dûs à fa dignité^ & retourna coucher à Vevay. Le Jeudi fuivant > ig. Juin, il alla diner au Château d'Oran , qui appartenoit au Comte de Gruyère.
Il prit de là le chemin de Ra- mant y où il s'arrêta jufqu'au Diman- che ide. qu'il alla à Payerne. Le Mardi 1 8. il alla vifiter Cudrefin : & ' le Mecredi ip. il fut à Eftavuyer» -Dans toutes ces Villes , il fut reçu avec de grands honneurs & de
grandes
dclaSuife. Liv. X. 245
randes démonftrations de joye [a]» I 532.
La Pefte étoit alors à YvcrdunjV\Ys de zh l'empêcha d'y aller (h). Le V a u i> 3udi 20^i]prit la route Lmens a l'Evêque le reçût dans fon Châ- ;au, au bruit du Canon. Le foir
alla à A/oudon, où il coucha, a Ville lui fit préfent de dix flam- ;aux de cire & de 8. pots d'Hy- Dcras ) pour rafraichilTement. eorge Demierre > qui en étoit Syn- I c, emprunta 30. florins , au nom \) la Ville , pour fournir à tette <;penfe [c). Le Vendredi 21. lin , le Duc vint à Laufanne , & ; coucha. Le Mécredi aupara- i u, le Confeil des LX. avoit arrêté <: ne lui faire aucune réception j jais à la follicitation deTEvéque, ti lui fie de grands honneurs. Plus r deux Cens Arquebuziers de la ' lie lui allèrent au devant > non- niant la pluye ; & le lendemain jrs de deux Mille Hommes, tant i Laufanne, que des 4. Paroifles
< la /^4«.v , l'accompngnérent jufl
< à Fidj y avec b -aucoup de No-
L 3 blelTe,
) VUntln Hift. MSC. àQ laufunne,
) MS. Thom. 31.
J Rcgîtr. de Moudon,
II
246 Hijloire de la K.é formation
1532. blelTc, 8c TEvêque même de Lau^ fanne {a).
7 Réfle- Princes font rarement des
xion fur promenades jufqu à l'extrémité de ^e^ïu ^"^^ Etats , fans une grande Duc de néccflité > ou fans machiner quel- Savoye. que deffein important. Il y àvoit neuf ans que le Duc de Savoye n'avoit été dans le Pays de Vaud. Il y vint dans un tems que le Nonce du Pape travailloit à lier une Ligue des Cantons Catholi- ques 3 avec le Pape & l'Empereur; contre les Réformez. Cette pro- menade du Duc, & les démarche? 1 de i'Evêque de Laufanne me foni j juger, qu'il y avoir elfe£livemeni quelque Conjuration de cette na îure fur le tapis. D'abord que I Duc fut arrivé à Fevay , l'Evêqu y alla pour conférer avec lui. E il envoya un Commiffaire âCuilh pour ordonner aux gens de Faux, de lever du monde, qu 1 vouloit envoyer à Fribourg , afi) I difoit-il , de maintenir la Foi coi îre les Luthériens *. Mais toi ces projets des Catholiques s\ allèrent en fumée , par l'endro {a) Man. de Lauf. p. 382.. quV
^ Aixh. de VuUîte^
de U Sui/Je. L I V . X. 247
]u on a * remarqué , & la bonne i 5320 Providence de Dieu , qui veilloic Dour les Réformez , diiïipa les :omplots de leurs ennemis.
VII. On a vu ci - devant les Soi eux ■nouvemensj que les Seigneurs de^^- Jîerne s'étoient donnés pendant :etre année 1532. en faveur des £glifes infortunées de Brangartc le de Aiellingue, lis ne s'employé- ent pas moins en faveur de celle le Soleurre , mais avec aufTi peu de iiccès. Le parti Catholique étoit :ievenu fi fier, depuis fa vidoire ie Cappel qu'il étoit entièrement mtrairable.
Il y avoit déjà quelque tems > :omme on la vu ci - deffus t que l'Eglife Réformée de Soleurre y étoit fur le penchant de fa ruine, trou- blée par les Anabaptiftes , brouil- lée par les divifions de fes propres iMinillres , & vivement attaqués par les Citholiques leurs ennemis commuiis ; qui donnoient entrée dans leur Vaille aux Anabaptilles , afin de les détruire les uns par les autres. Mais ce fût cette an* L 4 nce>
^ Voyez ci-defllis Ch. IV. p. 1Q2.
t Liv. YIII. Ch. L
248 Hijioire de La Keformatiou
1532. née 5 qu'elle eût à foutenir le choc le plus rode , qui la conduifi: en- fin à fa ruine l'année fuivante, Vropofi- Les V. Cantons zèlez Catholi- îhn^sxap' ques commencèrent la Tragédie, des V. ^^"^ Diète, afTemblée à Bade Cantons au Printems 5 ils débutèrent par à la Vil- demander à la Ville de Sole une , ieiirre ° l'une ou Fautre dz ces trois chofes ; ou qu'elle leur payât mille Ecus , pour les frais de la guerre ; ou qu'elle congédiât fon Minière , Philippe Grotz h ou enfin , qu'elle fe foûmit à un Jugement de droit, pour avoir aflifté les Bernois con- tr'eux dans la guerre de Cappel. Les Bernois trouvèrent cette conduite -fort étrange : Se comme leur hon- neur paroifToit intèrefle dans cette affaire, (puifque c'étoit à l'occalion du fecours qu'on leur avoir donné, que les V. Cantons h'ifoicnt cette querelle à ceux de Soleurre 5 ) ils * Le 15- envoièrent * deux Députez à leurs ' Alliez de Soleurre , avec ordre de leur dire : ^^ils trouvoient fort étrange qu'on fir de paieij[« py les propoficions à un Etat libre> j^comme le leur , Qu'une telle conduite ne tendoic qu'à Tex-
tincflion
deUSuijfe, Liv. X. 249
.5 tinftion de la vérité au milieu î ^32.
d'eux : C^^^'elle éroit d'ailleursSoLEUR „ oppofée au Traité de Paix, puit^E» 3, que le premier article porte, que 5, tous ceux qui avoient donné du
fecours aux Bernois Se aux au- „ très , étoient compris dans la p Paix : Que cependant les V. Can-
tons ayant voulu > que les fraix
de la guerre fûlTent refervez dans ^ ce Traité , pour être réglez dans ^ une autre journée, Berne y j> âvoit enfin confenti pour le bien ^ de paix : ^'ainfi ils exhortoienc „& prioient leurs Alliez de So-
leurre, de préférer le thréfor in- it> cftimable de la Vérité Célefte , à ^un peu d'argent 5 leur offrant ^ d'intercéder pour eux auprès des
Cantons, afin de faire modérer ^ cette fomme , fi elle leur paroif- 99 foit trop forte (4),,. ; Les Bernois avoient raifon de dire , que ces propofuions avoient pour but Textindion de la vérité dans Solcurre, car la fiiite fit bien voir , que le:; Catholiques du lieu étoient d'intcUi^eiice avec les V.- L 5 Can-
W Huffmr IL B.^i//M6j. MS. A}»j^.. 1-4' ^»
2 50 Hïffoire de la RJfoYmatlon
I 532. Cantons. En elfet > ces propofi- SoLEurv lions fûrent une pomme de dit ^E- corde entre les Bourgeois de So* leurre. Elles y produifirent une. divifion fi échauffée > qu'on crû (]u elle ne fe termineroit pas fan cffufion de Sang. Les Réformez, fans doute à Ta follicitation des^ Bernois , voulurent , pour le bien de paix, fe charger de payer aux V. Cantons les mille écus > qu'il demandoient. Mais ce n'étoit pass de l'argent qu'on cherchoit. On vouloir détruire la Réformation. On en Ainfi les Réformez ne fûrent pa écoutez de leurs Concitoyens ,> 6 aiftre. leur Miniftre fut congédié. Le Réformez furent obligez d'aile au Service Divin hors de la Ville dans un Hameau voifm *> d' entretenir leur Miniftre à leur frais (.i). Encore heureux fi on le eût lailfez en paifible poffeflion de ce peu de liberté ! Mais la fureur du zèle Carholique n'étoit pas enco- re fatisfaite. Cependant le parti Ré- formé paroiffoit encore fort dans le Canton j puifque de 44, ParoifTes
dons
Hottlng. 664» ^ Zouçhvveil .
deU Siiijje, Liv. X. 2 5 [
iont il eft compofé, il s'en troiivoit £532. 54.qui avoient embraiîé volontaire- Soi eus Tient la Réformation à îa plurali- :i des voix.
Les Seigneurs de Berne envoié- rcnt de nouveaux Députez à So- eurre, pour ce fujet, le 31. Août, lyec ordre lO. de dire aux Magit trats , o Ouon avoit appris qu'ils ,> vouloient relever les Idoles * &; re* U tablir k Meffe dans leurs Ter- 3> res 5 6c même dans les Paroif- ,5 fes 5 oii Berne avoit la Haute
Juftice & le droit de Collature,,, 20, de les détourner d'un tel def^ jfein, en leur repréfentant; o Q![}^ » étoit contre le Traité que les deux „ Etats avoient fait enfembles- ,> fuivant lequel chaque parti de- ,,voit demeurer paifiblement dans 5,1c règlement qui avoit été fait j, à la pluralité : ^on leur recom-
mandoit en particulier de laiffer >, en paix ceux qui dépendoient de ,j Berne, de la maniéie qu'on vient
de le dire j faute dequoi on les " j, tireroit en caufe par devant des n Juges 5 conformément a leurs jj-Alliances mutuelles [a).
h 6 n
U. ln[î. 196. MS. Amp. 11^. b.
2 52 Hijloire delaKeformation
1532. Il fsmbla que cette Dépuration SoLEUR avoit produit un bon effet. Les s^E- Seigneurs de Soleurre envoyèrent
un Député à Berne 5 (dans le Mois d'Octobre,) pour afTûrer LL. EE. qu'ils étoient réfolus d'obferver leurs Traitez mutuels > anciens & nouveaux \ & pour faire quelques propofitions au fujtt dcKrieg[ieitctjy (Paroiffe du Canton de Soleurre > mais dépendante du Patronat de Berne , ) qui avoit réfolu d'avoir tout à la fois un Miniftre& un Prê- * Le 18. tre.On répondit* à ce Député: yyQue ©ûobr. |.^^ comptoit que leurs Alliez de 55 Soleurre obfcrveroientexaâement 55 lesTraitezr^'on ne vouloit point p, s'oppoferàce qu'on mît un Prêtre „à Kriegfletten , avec un Miniftre: ,j ^'ainfi on efpéroit que là où „ Berne avoit la Haute Juftice & 53 le Patronat , TEtat de Soleurre 35 ne feroit aucune vexation aux 5, Pareilles, qui avoient embraffé ,i la Réformation de Berne [a]
1533. Les chofes demeurèrent dans cet Calme état 5 environ un an : Mais vers.
^' un au, la fin de Tannée fuivante 153 3. .les. affaires fe brouillèrent fi fort à So- leurre,
W ^Jnjir. Ii8. MS. Amp. 127.
■ de la Suijïè. Li v. X. 2 53
kurre, que la Réformation en fut 1 5;33. abrolument b.nnie. Pendant leSoiEUK- cours de cette année les Anabap-i^E» tiftes troublèrent beaucoup ces Egli- fes , & en divers lieux ils refu- foient abfolument de fe foûmettre à leurs Pafteurs , tellement que leur opiniâtreté & leur mauvaife con- duite, firent un tort infini à la Ré- formation parce que les Catholi- ques confondoient malicieufemenc, les Anabaptifies avec les Réfor- mez i 6c regardoient les défordres. que les prémiers caufoient 5 com- me des fruits de la nouvelle Doc- wine. Ce fut à la fin d'Oiflobiea. 1535. que les divifions des Bour- geois de Soleurre en vinrent à ua éclat funefle. Pendant le cours, de Tannée, les Réformez prirent patience > & fe contentèrent de leur fort , lailTant leurs Adverfai- rcs gouverner à leur gré. Mais comme la violence de ces gens-li alloit en augmentant, les Réfor- mez , entre lefquels il > avoit des perfonnes de confidération , (-luitrcnlbl faifoient même près de la Moitié du Grand 8c du Petit Confeil , ) ne voulant pas fe lailTer mettre le.
2 54 Hijlcire de la BJformatîon
1533. pie fur la gorge 3 prirent les ar- SoLEUR mes * pour fe défendre. Comme ^'^Le o ^^^^^ de grande conféquen- oerob. ' ce > & mérite toute l'attention du Le£leur , pour bien juger de quel côté étoit le droit ou le tort \ je mettrai ici > avec une entière im- partialité > les relations que les deux partis en ont publiées. Les Relation Catholiques dirent , 5« après ^P,.^"^" avoir été bravez durant 3. an- ^ 55 nées 5 "S n avoient plus voulu ,> permettre au Miniftre de prê- o cher dans l'Eglife des Cordeliers , V Que cependant , pour éviter une 5> fédition , on avoic cédé aux Lw- y^îhériens ^ (comme ils les appel- ploient, ) TEglife de Zoucbvveily 3> petit Village près de Soleurre ; ^> Ow'après y avoir fait tranquille- 33 ment leur Service Divin , ils 3> avoient machiné fecrétement de 3) s'emparer de l'Arfenal à main ?3 armée , & de malTacrer les Ca- 3, tholiques à la faveur de la nuit: 3, ce que l'un des Conjurez avoit inceffamment découvert à l'A-^ 3, voyer. Que fur cet avis, TAvoyer 5> avoic promtement fait occuper }} l'Eglife de ^S*. Vrfe ^ de le Cime-
tiéie s
I de la SuiJfe.Liv .yi. 2S5
„ tiére , Se l'avoit fait garder par I 5 3 5, >, des gens armez, jg^'avec le fe-SoLEua ji, cours de quelques Femmes 3 ils^^* „avoient attendu 1 exécution du complot des Luthériens , & ^« aiant appris qu'ils s croient ,> emparez de TArfenal y Se s'y „ étoient fortifiez; les Catholiques ,î avoicnt rempli de MoufqucLaires >9 toutes les Maifons 5 qui font aux »> environs de TArfenai > enforte 5, que les Luthériens furent obligez 3> de fortir de la Ville 3 & de fe rs- tirer dans le Fauxbourg > & de- là dans la petite Ville de rpled^ ,j lisbach. Oaja^ïks leur départ, les „ Catholiques avoient engagé la Ville 3 à fè lier par Serment , de demeurer dans laReligionRomai- 3, ne, à chaffer tous les Miniftres 3, de la Ville & du Pays à la re- 3> ferve»du Balliage de Bouchberg ^ 33 où les Payfans avoient embraffé 3, la Réformation , avec la permit- fion du Magiftrat [a]. Voici d'autre coté ce que les Ré- Relation formez de Soleurre difoient dans ^^^^ une Apologie , qu ils publièrent :
3 3 Ouc
Cï) Haffnerj Solothurnn Schattl>Ut'K^ll.
256 Hifioire de la K^formatton
1533, ,î Que pendant quelque tcms avant SoiEUR 3> qu'ils fulTent chalTez, ils s'étoient vus menacez de tous côrez par leurs adverfaires, Eccléfîaftiques >, & Séculiers > & même en Chai- » re; & qu'il s'étoic pafle encore 7, dans la Vilk d'autres chofes, par >, où les Evangeliques comprirent> que les Catholiques avoient ma- chiné de mettre la main fur eux : Que contre la promelTe , qui ,^ avoit été fouvent faire de laiC- yy fer en paix les Réformez , on 53 avoit envoie des Meffagers par tout le Canton, pour dire aux yy Paroiffes, que puifque la MelTe j yy étoit fuivie du plus grand nom- yy bre dans la Ville , il falloir que yy les Sujets 5 ne vouloient pas « paffer pour féditieùx 6c rebel- » les 5 rétablirent au/ïî la Meffe> j3 8c fe foûmiflent à cette plurali- yy té de leurs Seigneurs : Que dans yy cet intervalle les Catholiques yy avoient dit aux-Réformez de la yy Ville que quand les Meffagers fe- yy roient de retour de la campagne, il faudioit qu'ils allaflent au lîi a. 5,1a Mefle, ou qu'ils fortilTent de la Ville^ ou bieji qu'ils le battif-
fent.
de la Stiijfe. L l V. X. 257
pj fent avec eux: Que fur ces me- I
U naces , & d'autres fembiables > Soieur
L après avoir tenu confêil 5 ils s'ar-
5, mérent en plein Aliclt , & fe pof-
o térent près de TArfenal , atten-
„ dant ce que les Catholiques vou-
,j droient entreprendre contr'eux :
35 cependant fans infuker ni atta-
3> quer pcrfonnej foit par de mau-
n vâife paroles > foit par des voies
>,de fait. Mais que voyant les
Catholiques animez d'une fureur « fans égale, enforte qu'il y avoit 3) à craindre un grand malheur, (i
l'on en fût venu aux mains , ils 99 prirent le parti de quitter volon- i, tairement & paifibiement TAi/è- >5 nal, & de fortir de la Ville, fans 99 avoir fait aucun mal à perfon- » ne i ne demandant autre chofe
perpétuellement que la Paix & j, la Juftice. Enfin 5 que les Ré-
formez , qui faifoient à peu près y> la moitié du Grand Ôc du Petit j, Confeilj 6c même de la Bour- 9» gcoifie , s'étoient retiiez pour le 9> bien de paix , fur les Terres de 9, Berne , à Flnealisbachy & à AT^'IiW- i^gcn^ laiifant leurs Femmes, leurs n enfans , 6c leurs biens > à la
merci
2 58 Hiftoire de la déformation
1533» " roc^ci de leurs Adverfaires : Que SoiEUR 3> des Dépotez de tous les Can- RE* 3, tons> excepté ^ppenzelU y étoient 55 venus pour accommoder les Par- 5, ties 5 ^'ils avoient d'abord or- 3, donné pour Préliminaire, une 55 Trêve de 15. jours , & deman- 3, dé aux Parties qu'on leur laiffât 3, le pouvoir de travailler à ajuA ,> ter leur différend : Que les Ré- 35 formez les prièrent de leur faire 55 juftice avec impartialité , de- 35 mandèrent qu'on leur donnât 35 pleine liberté de confcience , ce 55 qui leur fût d'abord refufé par les V, Cantons & par les Vallai- 53 fans. Que les Députez aiant en— ,5 core propofé aux Réformez , de : 5, les laifTer prononcer au fujet du 5, foulévement , dont ils étoient.: 55 pourtant innocens; Se de fe fou- 3, mettre à leur châtimentjavec cette 35 referve , que ce feroit fans pré- 55 judicc de la liberté de confcien-- 33 ce qu'ils demandoient5 ils dé- 5, clarérent enfin , que pour éviter ,5 une cfFufion de Sang , ils vou- 35 loicnt bien donner quelque ar- 35 gent^ mais fous Texprefle refcr- 3, ve qu'on leur donnât enfuite fà-
li^fac-
delà Suijje, LiV. X. 259
5> tisfadion fur la Religion. ^^1532^ ,5 là-deffus huit d'entr'eux furent Soleuk exclus de la pacification, & les^E- autres 5 condamnez à une amen- 35 de de 2. Mille florins de Rhin ; 3, ^'il fût ordonné à legard des sj Réformez, originaires de la Ville, i, qu'ils pouvoient revenir chez ,>eux , fans craindre aucune 5, violence pour la Religion ; mais *>que 17. autres , qui n'étoient pas originaires Suiffes^ dévoient fortir du Pays dans un Mois* ii{Que ce Règlement avoit été a, viole dans tous fes points ^ en 3, ce que premièrement , peu de j, tems après , on avoit chafle34, 3, Minières , & établi à leur place» 33 & à main armée, des Prêtres* 33 qu'on avoit fait venir d'Alfacc 0, &c du Brifgaw.) Que ce Règlement 5> ayant été rapporté à ceux, qui )3 étoient à Ff^tedlisbach & aux huit^ 33 quiavoient été exclus de la Paix; >, en les alTûranr , que les Bernois j, négôcieroient avec la Ville de So- ), leurre , à la fin de Novembre , tant pour ces huit , que pour laf- j, faire de la Religion \ lors que les Bernois voulurent exécuter
ocet
26o Hijloirede la Kéformation
I S33» article , dont on leur avoir SoLEUR >5 remis le foin, ils n'âvoient point 5, éré écoutez. Que là-deffus les ,5 Réformez s'établirent à But en , 5> ôc que comme la trêve d'une 5 5 année, que quelques Cantons 55 avoient établie > n'avoit^ pro- ,3 duit aucun adouciiTement ils 5> avoient déclaré une inimitié ou- 5, verte , non à leur Patrie mais à ,5 quelques particuliers de Soleur- 3> re , qui avoient écé caufe de la 5, violation des Traitezjqu on avoit 3, faits avec eux > comme a* leurs 35 injuftes perfécuteurs \ enfuite de „ quoi eux (les Réformez,) avoient 3> été déclarez par le Grand Con- 35 feil de Soieurre , ennemis de la 3, Patrie, & profcrits 5 fi bien qu'on 3, avoit mis leur tête à prix , ÔC 3, promis cent florins de Rhin pour 3, chacune , avec déclaration ex- prefle, qu'on ne leur répondroit> ,5 que devant les Cantons^,,.
Comme l'examen de ces trou- bles 5 & des fuites qu'ils eurent , roule principalement fur cette quef- tion, Qtà [ont ceux qui ont été les u^££. ejfeurs , & qui out cotnploté d'é^
gorger
Hottiiig. 65-;. 666.667.
de la Snife.LlY. X. 26l
^oYger leurs advnf lires ? & que com- 153 me on vient de le voir, les deux Sole parris s'accuférent réciproquement^^* d'un tel complot , je laifle vo- lontiers à j'iger aux Lecteurs impar- tiaux, d:^ quel côuéa été la violence & l'infraction des Loix & des Trai- tez. Je ne dirai qu*un mot la- deïïus. Si Ton en veut juger par Tefprit violent & meurtrier, qui régne dans TEglife Romaine , & par les Maffacres que les Catholi- ques ont fait en d'autres Pays , ( comme celui de la S, Barthelemiy en France, Tan 1572. Celui delà ralteline i Tan 1(^20. Celui dVr- lande y Tan 1^41. où il y eut plus de cent mille Proteftans maiTacrez. Enfin celui des Vallées de Piémont, en 1(^55. ) on ne pourra pas nier> que la préfomption ne foie très-for- te en faveur des Réformez de So- leurrc, & contre les Catholiques. Au moins on ne peut rien repro- cher de femblable au parti Ré- formé.
Afin de mettre mieux les Lec- teurs au fait fur cette affaire , j'a- jouterai ici, par voie de fupplé- mcntjce que Stettler H.fto-
rien
262 Hïjlûîre de UKéformatîon
Ï 533. rien Bernois en dit, & ce que j'ai SoiEUR trouvé dans les Mémoires > que j'ai tiré de Berne. Voici comme Stîttler en parle *. Nam- 35 Après que ceux de Solemre eu» ^It^tU^^ o rent ôté aux Réformez la liberté ' 55 de confciencïî, quoique des 44. Pa-
P5 roilTes du Canton, il y en eut 54. 35 qui enflent embrafle la Réforma- .
tion , avec permiflion de leurs 5, Magiftrats j cependant les per- 35 fonnes les plus puiflantes de i'E- ^5 tat , portèrent les chofes fi loin, 55 que ceux qui étoient refolus de 5, demeurer dans la Religion Réfor- p, mée , furent obligez de fe foû- 3» mettre , vivant dans Tinquiétu- ?, de , & laiflant leurs adverfaires 55 gouverner à leur gré. Mais com- 3, me quelques-uns de ceux qui n'é- 5* toient pas de la Religion Romai- 5, ne étoient des perfonnes de con- 9} fidération , 6c d'un rang diftin- 55 gtié j 6c qu'ils n'étoient pas des 5, moindres du Confeih ils ne fe 3, trouvèrent pas d'humeur à fe 5> laifl*er opprimer , la chofe en vint 55 à une telle aigreur, qu'après s'ê- 0 tre long-tems querellez , il s'à.
9; levai
^ pag. ^i. a.
de la Suife. Liv. X. 263
j 3, leva de grands troubles tant dans 1533, i 55 la ville que dans le Canton. Car Soleub.
le 30. Octobre, quelques Bour- 33 geois prirent les armes de nuir, 1 53 6c quelques-uns de ceux de la 55 Campagne en firent autant. Les 55 deux partis s'approchèrent Tun 5, de l'autre , 6c quoi qu'on ap- 5, paifât ce tumulte , cependant le I y, plus petit nombre fut obligé de I 53 céder au plus grand > fans qu'il 53 fe donnât pourtant un feul coup 53 d'épée : Les Réformez fe retiré- 5, rent dans le faux^bourg ; ôcaba- '5, tirent le pont après eux. Ceux jjdeSoleurre donnèrent avis de ce 33 tumulte 3 fort au long , non- 33 feulement à leurs Alliez de Ber- ^3 ne, mais auffi à leur Baillif de îsLandshout, Cafpar Kouttler : fur ,3 quoi Ton envoia de Berne deux 33 Dépurations, (dont ia prémiére 3, étoitcompofée de l'Ancien Avoyer 33D'Erlach , 6c du Thiéfo- 3> rier Tillman avec 4. autres 1-3* perfonnes ^ 8c la féconde, de j> Pierre de Werd, Cris- »PiN Fischer, 6c du Baillif 33 de Landshout , qu'on vient de j> nommer) pour tâcher de met-
2 64 Hiftoire de la Keformatioy^
î533-otre le paix entre les Parties 5,. SoLEUR J'ajouterai que les Seigneurs de '^^^ Berne donnèrent ordre à leurs pré- Nomnb. micrs Députez * d'exhorter lits deux partis, à ne point ufer de violence les uns contre les autres; mais à laiffer à chacun liberté de Confcience > & leur remontrer le tort qu'ils avoient d'en venir aux mains >• contre la promeffc qui avoit été faite à leur Députés 3 quelque tems auparavant , puifqu'une per- fonnè même avoit été tuée dans le Fâuxbourg [a),
Ststtler continué en ces termes [b] : 3, Comme on obtint peu de chofe, 3, à caufe de la grande animofiré - 3, des Parties , ceux qui s'étoient v campez dans le Fâuxbourg , en 3, fortirent en bon ordre > fous la ^, 55 conduite de deux Capitaines,
Je A N ROGGENEACH * dc
fortent à j> Soleune j & Ulrich Gla-i Soleur- „SER du ViHaj^e d'O^y/z/^^^/ï^fans 35 Drapeaux , ni Tambours 5 ni fî- „ fre 5 & s'arrêtèrent dans une 33 prairie devant Ff^utlisbach. Sur
.1) cette
{a) us. Amp. Inftr. 517.
pag. 6i.a. b. ^ On prononce Kockebach.
de U Suijje. Liv. X. 265
lette démarche des Réformez de So- [533. ■eurre , rHiftorien fait une ré- Soleur iexion, qui me paroit fort jufte ; \, Ils ne hrent pas grande atten- tion à une Conférence, qu'on >, avoir ordonnée pour eux. Ils |>, quittèrent leur porte avanta- geux , & fe campérent-là ^ {de- ' y VAYit FP^tcdliibach ) avec un nom- , bre affez confidérable de Peuple y de la Campagne , qui fe joignit „ à eux. Ainfi ils donnèrent au plus grand nombre de la Bour- ^ geoifie ( c'eft-à dire aux Catho- liques ) la facilité entière de régler tout à leur gié. En effet, ici encore , comme en d'autres yy occaîions , on a vu la vérité de j, la maxime, Qm quitte U particy yy la perd „. Si les Réformez de So- leurre s'étoient tenus bien unis dans le Fauxbourg de la Ville, & qu*ils ne fe fuiTent point féparez , ■que tout n'eut été réglé j ils au- roient pù fe foutcnir contre leurs ennemis , qui furent enhardis de plus en plus , par leur retraite. Je reviens à Stcttler. „ Sur ces en- trefaites , dit il , tous les Can- » tons , à la referve à yippinzdly Tom, /r. M
266 Hljloîre de la K^é formation
ï 5 33. >:> envoiérenî: des Députez à So- Négocta- yy leurre , qui firent un projet de tions des pacification, pour effayer d'ac- fur ce commoder les parties . & enten- fujet. dirent les raifons des uns & des autres. Mais comme , malgré >, les inftantes foHicitations des 55 Bernois , on ne pouvcit guères 5> procurer de foulagement à la plus 5j foiblc partie , &c qu'il couroit 3, plufieurs bruits étranges d'un 5j certain fecours , qui devoit ve- nir au parti le plus fort 5 il pa- 5, rut aux Députez des Cantons 55 Médiateurs ^ ï qae pour préve- j, nir une guerre civile , fans tou- 53 cher à la Religion > le moyen le pins fur étoit une Sentence im- 5> partiale. Mais ils ne purent ' 3j l'obtenir > qu'à condition, que ^ les Réformez reconnoîtroient » en quelque forte leur faute 5 & j^fe foûmettroient au châtiment. py Quelqucs-ons de leurs meilleurs ^3 amis leur confeillérent , & les 33 exhortèrent à obéir, fans préju- dice pourtant de leur Religion. 33 Plufieurs de leurs plus grands «3 ennemis étoient leurs Juges. Aini! la Sentence ne pouvoit pas
yy ètr€
de U SuiJJe. Liv. X. 267
[ être favorable au parti le plus i foible, So 55 Or entr autres articles , il fut
Uéglé: Que les Bourgeois de So- leurre, qui étoient fortis de la Ville, paycroient, pour punition de leur fauffe démarche , 2000. florins de Rhin , avec la referve, que huit perfonnes , favoir? Jean Houg ) ancien Bander^t 5 Urfe Stark^y Thréforier, Jean Henri
, VVinkeli , Urfe Dtirr , Jean &
5 Rodolf Roggenbach, Henri Von Arxy
> & Jean Hoîibler^ feroient exclus , de cet accommodement. Item^ , que 17. perfonneS) qui n'éroient , pas nez Suifles 3 fortiroient de la 9 Ville & du Canton , avec leurs , Femmes , leurs Enfans, 8c leurs , biens , dans l'efpace d'un mois.
> Que cependant les gens du Can- jton pourroients'en retourner chez
> eux fans aucun châtiment , àc
> que par raport à la Confcience , 3 ils pourroient vivre en fureré 5c , en liberté. Ainfi finit cette fâ*- , cheufe affaire ; & dès-l'i on ne » parla plus gpères de la Rcli- ^gion Réformée à Soleurre,,,
Comme la narration de cetAu- M 1 tcur
268 Hifloire de U K.éformatîon 1533, teur eft un peu féche > quil 'Régocin- coule légèrement fur des articles t^n des importans , j'y fuppléerai par ce Cantons • ç^^^ , Lorsque tous les Cantons envoyèrent , des Députez à So- leurre , à la referve de celui d'Ap- penzell , les V. Cantons zélez 6c Ffibourg , ne fe contentèrent pas d'y envoyer les leurs , mais de plus ils prirent les armes, difant pour prétexte , que les Bernois vouloient foutenir auffi par les armes les Réformez de Soleurre^à quoi les Bernois ne penfoient nul- lement:, comme on le va voir tout à l'heure. Ceux-ci chargèrent leurs te Darti- Députez 5 ( le Vendredi 7. Novem- culiérc- bre > ) de conférer particulièrement 2^^^^"^^^^ avec ceux des V. Cantons j » de les affurer , Que Berne ne vou- ^jloit point employer les armes, 3i & ne chercheroit jamais que j>jles voies de la douceur 8c de a la Juftice , enfin de les engager >, avec les autres Arbitres , à faire que ces troubles fuffent appai- ^3 fez j & qu'on remît en vigueur les Edits & les Arrêts > & que fi on ne pouvoit pâs l'obtenir yi de ceux de Soleurre, qu'au moins
on
de la Suijfe. L i v. X. 269 on donnât aux Réformez une 1533; Eglife près de la Ville , & lin Sol t u^i Miniftre(rf)„. R^- Dans l'Affemblée des Députez s Cantons , les Réformez tant
la Ville 5 que du Pays j qui toicnt retirez fur les terres de rne? demandèrent quon les laif-
en paifible polTefTion de la li- rte de Religion , qui leur ctoit quife par les Traitez & par les
its. Mais les Catholiques de leurre > qui étoient défoimais les aîtres> répondirent > ^'il falloit émiérement éxaminer l'affaiie de
fédition , & la terminer: Que and cela feroit fait , ils ren- oient une réponfè convenable ,
fujet de la Religion : & pour leux endormir les Réfoimez^quel- es Confeillers de Soleurre dirent
particulier aux Députez de Zu- h & de Berne , Qnon ne vou-
faire violence à pcrfonne fur Lt Ui^ioH'j & ils leur montrèrent mê- e le Strment qu'on faifoit piê- r aux Bourgeois, qui ne conte- ic rien d'oppofé à la Religion "*ormée(/'). M 3 Huit
Çu) MS. Amp. 1^1. B. bi/iy. 310. (^j MS. Amp. 157. U.lnjir. 547,
270 Hijlûlre de la R^cformatioïi
^33, Huit jours après, c cft-à-dire, le Senti- 15. NoNferribre , les Députez de ■11^ Berne eurent ordre de dire aux ^^"^'l' Arbitres, Députez des Cantons, que Berne écoit d'avis > que les Séditieux fuffent punis. Ils fureni au/Ti chargez d'aller à Wiedlisbad vers les Réformez deScieturre, lO leur confeiller de la part de LL EE. de fe fcûmettre au châtiment leur laiiTant néantmcins la liber té de referver leur Religion , o! non , 5c de fe féparer les uns de autres, ou de -demeurer unis : 20. d leur déclarer nettement, que le Seigneurs de Beine ne vouloien pas enrreprendie une nouvel! guerre pour eux , afin de ne ps s'expofer à entendre dire dans j fuite, qu'ils avoient eu du delToi dans une affaire de Religion {a\ Les Réformez nyant fuivi le co) feil des Seigneurs de Berne , ( s'étant fournis à la punition que voudroit leur infliger , ksDéput de Berne eurent oidre de trava 1er à pacifier les affaires de Religio Et comme on foupçonnoit déj. que les V. Cantons ne s'en vc
W MS. Amp. 155.
droii
deU Suiffe. Liv. X. 2J\
droient pas mêler , il leur fut or- 1 533» donné de Te joindre aux Députez Soleu?. de Zufich, Bâle^ Claris, Alullhoufe^^^- S. Gui Se Bienne , d'aller enfem- hle prier les Députez des V. Can-P tons & de Fiibourg , de leur ai-- der à faire la paix : ôc au cas qu'ils le refuTalTent encore , on devoit lei-ir dire : „ O^'on voyoit bien leur d'-lTcin : ^'lis ne vouloient pas ,5 s'emploier à faire cette paix > 5, parce qu'ils cherchoient à faire j, naine une nouvelle guerre deRe- 9, ligio:i: Que pour cette caufeLL. 35 EE. décUroieut, qu'il? obferve- roient de leur côté l'Alliance de Soleurre 5 en tout ce qui intéi ef- fe la, vie &: les biens, & qu'ils 55 ne permectroicnt à perfonne ae^ 5, paffer en armes par leurs terres, Enfin i's eurent ord-e, de travaiU 1er de toures leurs forces 3 à pro- curer aux Réformez la ri;ênjc li- berté de confcience, qu'ils avoienc ei'ë avant les troubles : & de leur confcller , de prier leurs Seigneurs^ de remcrrre le Jugement de cette affaire à des Jug'-s impartiaux, eii leur propofant l'exemple des Sei- xgnçurs de Berne 5 qui cinq ans au- y. M 4 para-
272 Hiftoirede la formation 1 533* paravant , dans les troubles du SoLtuR Hasle & dans la rébellion de leurs Montagnards, avoient confenti de fe laiffer juger par leurs propres Su- jets (4).
Les Députez des Cantons > af- femblez à Ff^tedlisbach y propoférent aux. parties un accommodement, confiftant, en deux articles: lo. Quon n'inquiéteroit aucun parti pour caufê de Religion. 20» Que les Etrangers Réformez pourroiunc s'en retourner dans leur Pays, fans payer ni rançon ni amende, & que les Bourgeois , qui s'étoient foû- mis à l'amende , pourroient libre- ment retourner chez eux, à la re- ferve de huit : entre kfquels ctoit le Banderet Houg [h). Après quoi les Députez des Cantons , pour ne pas s'arrêter trop long-tems àlcxa- | men d'une affaire , qui pourvoit être d'une longue difcu/Fion , re- mirent le foin aux Bernois, de né- gocier avec Soleurre, pour TafFaire des huit exclus > & pour celle de la Religion, Ceux de Soleurre acceptèrent tout cela , promettant
de
W MS. Amp. ibid. & B. Inftr. 315. ibj MS. Amp. 1S6.
! . delaSuife. Liv. X. 273
de s'y conformer : & les V. Can- 1533. tons ne s'y oppoférent point (^e). Soleur
Les Bernois s'aquitérenc incef- famment de la négociation dont on les avoit chargez. Ils s'y em- ployèrent avec beauconp de peine & de dépenfe , mais fans fuccès {b). Car d abord, les Magiftrats de So- leurre marquèrent une journée aux Bernois , au commencement de Décembre > pour régler laitaife des huit Bourgeois exclus, fans faire aucune mention de celle 6.% la Re- ligion. Les Bernois en furent fort furpris, car-t difoient-ils, dans toute U Négociation on a toujours ref. rvé la Religion ^ & il a toujours été dit > quon ne feroit violence à perfonne feur CAufa de Religion, Et pmfque le châtiment a été infligé aux Réfor^ niez 5 & qu ils l'ont fubi 5 quainfi tout g(t terminé i a la refeive de ce qui regarde /f/ huit perfonne s ^ & la Re» Hgion, on doit les finir toutes deux^ fi Ion i*Arrêt des Cantons -i & Piomefle de Meffiiurs de Soleurre, Ils envo- yèrent donc des Députez à Soleur- re, le 7. Décembre , avec ordre de M 5 négo-
{a) B. Inftr.
(b) lu, 437. MS. -r^w/'. 144.
2 74 Hifiaire de la RJformai ion
I J33. négocier pour ces deux affaires, en SoLEUR commençant par la piémiére 5 niais en forte cjue l'une ne fe finit pas fans l'autre : en cas de refus de la part de Meflieurs de Soleurre, ils furent chargez de leur dire , Que ^eU étoit contre i'Arrèt des Cantons ^ & contre leur promrjfe ; & quon nau- Yoit pAS attendu cela d'eux. Enfin ils dévoient fe retirer , api es leur avoir demandé la puniaon de qociqncs S. jets de Soieurre j qu* injurioi^nt ceux de Berne, à caufi de leur Religion , & les appel loient Héreîïjues, Les Magiftra de Soieurre refuférent tout , & n voulurent plus fe fouvenir de leur prom«-ifes. G'eft pourquoi les Ber ht 27. nois recoururent *aux autres Can- tons, pour obtenir deux, qu o" leur fit jullice, &: que le Confei de Soieurre fatisfit à l'Arrêt d leurs Députez {a),. 2^UHicH VII L Parmi ces troubles de lâ SuilTe , le Pape Clément VI ï. croyant l'occafion favorable, fit de nouveaux efforts par le Miniftére de fon Nonce Lnnius pour y raf- fermir fon autoiisé. Il fit follici-
X^t
f^) MS^ Anijy. 155. B. htp, 31^.
deU Suijje. Lîv. X-
rer les Zuricois , à rentrer dans le I 533» fein de l'Eglife Romaine , en leur Le i>e promettant, (s'ils le faifbientO de leur payer les diverfes Sommes que rentrei- la Cour de Rome leur devoir de- dans le puis long tems. Ceft-a-dire ^^"^^'^^Yj^Xi^^ que, ( fuivant la Théologie du Pa- pe , ) une Somme due légitimement ne & lui à une perfonne ou à un Etar, n'eft promet plus duë , .dès que cette perfonne [^^^^ ['^7. ou cet Etat ne penfe plus comme gem. lui fur la Religion '.Voilà uneThéo- logie bien coiT^modeî On peut ac- quirer fes dettes à peu de frais \ Je m'éronne qre certaines Puiffan- ces de 1 Europe , qui- doivent de greffes Sommes aux Cantons Ré- formez 5 ne fe foyent pas encore aviftz de cette rréthode abrégée ^ pour s aquirer auprès d'eux ! Les Zuricois rejcttérent avec indigna-» tion la proportion du Pape 6c de fon Nonce. Ils lui auroient die volontiers , comme S. Pierre à S'moyi le Magicien: Que ton argent périp avfc toi ^, Mais les Cantons Catholiques , gagnez par le Pape^ favoir, Uri , S hz vitZy Undirvvaldy Zoug, ôc f}:ùourg, firent avec lui M 6 uns
* Ail. VIII. f. 10.
276 Hijloire de la BJformation
1533» une Alliance étroite & particulière. 2VRICH Les Seigneurs de Zurich s'oppofé- rent à cette Alliance , & prétendi- rent 5 Que comme les Cantons Ca- tholiques avoient ftipulé , dans le dernier Traité de Paix , que les Réformez renonceroient aux Allian- ces étrangères, qu'ils avoient faites avec des Puiffances Proteftantes, il étoit jufte qu'ils renonçaffent aufîî à celle là, comme étant contraire à leurs Traitez mutuels. La cho- fé étoit d'autant plus platifible, que Zurich venoit de refufer tout ré- cemment, d'entrer dans uneAllian* ce contre le Pape, 6c contre d au- tres Puiffances , propofée par des lesÇ^w- partifans de la France. Mais IToiUj^es ^^^^^^ des Catholiques 5 contre font Al- les intérêts du Chef de leur Re- liance ligion , c'eft prendre de gayeté de ^^J^^ cœur une peine inutile. Non-feu- lement les Catholiques rejettérent la propofirion des Zuricois: mais dans le deffein d'enraciner > d'aifer- mir Se d'éternifer , s'il leur éroit poflible, la Religion Romaine dans le LL. Corps Helvétique, ils fi- rent, bien-iôt après, une Alliance particulière avec TEvcque Se l'Etat
de
de la SuiJfeLlV. X. 277
Vallai s 'y doni le principal butjj^j^ écoic, de fe maintenir réciproque- avec ^ ment dans leur Religion , envers kVal/aU &c contre tous Cette Alliance ne:oit pas abfolument nouvelle. Trois Cantons. Lucerne, Uri 3c Un- C a n-w urvvaîd étoient déjà liez par un ^ ^ 5- ancien Traité de Combourgeoifie ivec cinq Diz^^ines f du Vallaisj
î Vlais elle fut notivelle lO. en ce ue tous les Cantons Catholiques
, entrèrent , fa voir , S. hvziiz> Zoug-^ V ^rihourg & Soleutre^ avec les 3. pré- ' édens , & qu'ils la contra<fbérenc
.vec TEvêque 8>c tout l'Etat de ;s /allais 5 compofé de 7. Dizaines s J lonc les deux , qui y entrèrent i lors 5 font Lcu 4. & Raren» 2^. :• :11e étoit nouvelle encore > en ce { lu'ellc âvoit pour but principal la . vcligion. Elle fut (îgnée le Me- ; redi 17. Décembre 1533. 6c re* s ouvellée au bout de 45. ans. Tan . 578. le Lundi p. Juin (4).
D'autre
I ^ Uottïng. 67%-
1 On nomme ainfi en François Zehti- >i en Allemand , les VII. parties , ou ^lartiers de Pays , qui compoient \a cpubliquc du lUnt-VailaU.
c O Hulunt;. 1. c. VV^dklnh II. p. 57^. ;
278 Hï (foire de laK.éformatîon I 533« D'autre côté les Bernois finirent L'Allivin ^^''^'^ Alliance avec la Ville de Bt- ce, de fa^içcn. Cette Capitale de la Ean- ^^'^''^ . chc Comté avoir fait ( Tan 1 5 1 8. ) ftnpn^ T/aité. d'Alliance Ôc de Com- £ii finie. bourgf:ci{îe avec ks Villes de Ber^ ne 3 de Frlbourg 5c de Sohurrc > poui j TeTpace de 15. ans. Quand les 15, | ans furent écoulez, le Vendredi 12» Decerribre 153g. Its Viiks de Ber- ne & de BeUncon 3 déclarèrent que leur Alliance é:oit finie {a). Une pareille Alliance étoit paffaitement inutile aux Bernois, fur-tout depuis le changement arrivé dans la Rc- lion, & ne pouvoit que leur être à charge. Ainfi ils furent bien aifes de s'en voir débarrafTez. Mais dans îô même tems qu'ils fe détachè- rent de l'Alliance d'une Ville Etran- gère & Catholique, ils ferrèrent plus é^joitement les nœuds > qui les attacboient à une Ville Helvé. îique & Réformée, je veux dire à Bàie. Par un Traie é , concli Alliance le 2, Novembre, Beriis & Baie ii ficreen- promirent un lecours mutuel, at u-eBerne cas qu'o.'i les attaquât > Tune 01 l'autre (^). Da:
B. Jn/ir. I. T39. b.
W 'B. 519. i
de la SuiJJe. Liv. X. 279 Dans ce tems-là les Cantons Ré- 1535» formez furent dans une grande in- Mouve- quiétiide , à caufs des pratiques mens^ fourdes des Cantons Catholiques > 8>c de leurs Alliances , loit avec le Pape , foit avec les Valla'fkns. Les Bernois en particulier prirent des mefures pour leur défenfe j fe •donnèrent quelques mouvemens > & firent divers préparatifs de guer- re, tout comme s'ils eulTent écé à iâ veille de fe voir attaquez par quelque ennemi. Les Fribourgeois & des en prirent ombrnge. Ils armèrent f^^'^'f^'''^^^ de leur cô:é, demandèrent duTe-"^ cours aux Laufannois & envoyè- rent une Dépuration à Berne, pour s'informer de la chofe, & en faire des remontrances aux Bernois.
La Lettre des Seigneurs de Fri- j 534^ bourg fut portée à Laufanne, le Vendredi après la Tous - Suints , 7. Novembre, lue dans le Confeil des LX. Ces Seigneurs y difoient avoir apris , qu'on vouloir les at- taquer; en coiifèquence de quoi ils prioient leurs Alliez de Lau- fanne , de leur envoyer un fccours de cent Arquebuzicis,
Les
280 Hijfoire de la R^éformation
Ij^^, Les Laufannois foupçonnérent Truuen-^^^ Ics Seigncuis de Fiibourg vou- ce des loienc faire la guerre à TEtat de nof/^" Berne, & léfolus de ne point fe (déclarer , fi le cas arrivoit , ils conclurrenc , qu'on n'enrôlleroic point ce nombre de Soldats, juC- qu'à ce qu*on fût quel ëtoit l'en- nemi 5 contre qui MefTjeurs de Fri- bourg vouloienî les employer (^i).
Six Semaines fe paflerent , fans qu'on eut à Laufanne aucune nou- velle de Fribourg. Enfin le Ven- dredi ip. Décembre le Confeil reçut une Lettre de Mcffieurs de Fri- bourg , qui demandoient cette Com- pagnie de cent Hommes > fans faire aucune mention des ennemis, qu'ils avoient en vûë. Ce filence affefté parut fufped aux Laufannois. Pour s'édaircir fur ce fujet, ils envoyèrent des Députez à Fri- bourg , pour s'informer du nom & de la qualité des ennenns, contre qui on vouloir employer leurs Sol- dats [b). Les Regîrres ne nous ap- prennent point quel fut le luccès de cette jDéputation. Maii la fuite
de
{a) Mtrw 5i^^. b. {h) Ibia. 59y.
de U SiiiJle. LlV. X. 281
de THiftoire le fait affez connoître. j J34, Comme perfonne n'attaqua Fri- i bourg , le Confeil de Laufanne n^eut pas befoin de lui envoyer du fecours.
En effet , les Seigneurs de Ber- Bêrhe. ne ayant entendu les remontrant ices des Députez de Fribourg, leur répondirent, le Dimanche 4. Jan- ivier 1534. 3> Qu^oïï leur faifoit \>y tort , de leur attribuër quel- 5, que mauvais deffein, jÇ^'il étoit „ bien vrai , que fe voyant me- ^> nacez de tous cotez > ils avoienc ,> averti tous leurs Sujets de fe te-
, nir fur leurs gardes , pour être prêts à fe défendre 5 mais que du refte ils n'inquiéteroient jamais 5, perfonne , ni pour caufe de Reli* „ gion 5 ni pour aucun autre fujer, >, ne demandant rien , finon qu'on
, les lailTâr en paix , 0«'ainfi leurs ,j, Alliez de Fribourg nav oient rien j» à craindre de leur part. Ils fe L plaignirent de leur côié , de ce »> que les Fribourgeois , avoient fait 5> une Alliance particulière avec les 9, V. Cantons , 6c les Vaillaifans, 9» kur re.noncfcrfiK , que cela étoit contre les conditions de le'jran-
„cicnne
282 Hîfloire de la Kéformatton
I>jj4»cienne Combourgeoilie \ Qut 33 d'ailleurs une telle Alliance étoit ,y fuperfluë> puifqu'ils étoient ré- 35 folus , de ne les inquiéter jamais » fur leur Religion {a), .Mliance Nonobftant ces repréfentations le^Fw' Seigneurs de Berne, ceux de Imrg & Fribourg perfévercrent dans leur ; dcSoieitr défiance y & foit par ce principe > T^^ ^^^c peut-être au fli par fimple zèle de Cantons R^^^gio" j ils fe lièrent d'une fa^on particulière , ( l'an 1534) avec les V. Cantons, par une Alliance nou- velle 5 de plus étroite que jamais?, fous le nom de Combomgeoïfie {b). Ceux de Soleurre y entrèrent aufTi, 6c encouragez par cette Alliance , ils chafféreiic les Réfor.ûez de leur Ville.
B.rchtold Haller écrivit dans ce tçms-là à Bullinger, le 30. Décem- bre: Cinquante pif fonnes font forties de Soleurre y entre lefcju elles efl A/r. les Ré- H E N R 1 W 1 N c K L I , fort honnête mahH- ^^^^^^^^ > parent oe Léon de Juda. tez à So~ Il navoit point eu de part à ces trou* leurre, Qx\ bU's i Cependant pour évher lu perfé- -ortent. ^p^ipyi ^ jJ s'efl retiré d'siÙQïd a B<inCy
O.
delaSmjJe. Liv. X. 285
& enfuite a Bâie, & fe voit réduit l $34- dans fa Fieillejfe ^ 4 la trifte fttua- Soleç:. tion d'un Exilé, Il avoit éié Bail-^^' Jif à Dornel^ l'an 151 8. Ha lier lui écrivit encore, que les Réformez qui étoient reftez dans la Ville j écoienc traitez fort indignement. BuUinger avoit beaucoup de confi- deration pour ce Baillif V^inkeli % A fa prière il compofa un petit Traité, Tan 1537. où il montre ^ Quelle eji l'ancienne Religion , afin de foriifisr ceux qui en font profeC- fîon , en leur faifant voir , qu'elle efl la même, que celle que tous les Anciens Fidèles, & les Saints^ ont euë des la Ctéation du Mon- de : & pour fervir aufTi d'avertit. femcnt à ceux qui la perfécutenr. Il dédia ce petit Livre à Ff^.nkeli *.
Mais pour reprendre le fil de ma narration , la démarche des Sei- gneurs de Berne parut ramener ceux de Soleurre. Ils confentirent enfin , à traiter de l'affaire de la Religion , auffi-bien que de celle des huit Bourgeois exclus. Ainfi les Bernois cnvoiérent des Dépu- tez à Soleurre , le 5^- Janvier 1534.
pour
284 Hijloire delà déformation
1534, pour terminer ces deux affaires. SoLEUR Ils furent chargez, entr'autres cho- fes, d'exhorter ceux de Soleurre, à laiffer en p<^ix les Réformez qui s'étoient retirez dans les terres, où Berne avoit la haute Juftice 5 & à ne 3e:- point inquiéter, pour les obliger d'aller à la Melfe (4). CesDépurez al- lèrent à Soleurre: On s'affemblât: On entendit les accufations que les Ca- tholiques portoient contre ces huit perfonnes. On écouta auffi leur Apologie. Les Députez de Berne firent tous leurs efforts pour y mettre la paix \ mais fans fuccès. Les Seigneurs de Berne:» ayant ouï le rapport de la négociation infruc- Qonfli- tueufe de leurs Députez > convo- Réfo^^" quérent , dans leur Ville pour le mez à ^4^* Février , une Conférence de Berne, tous les CantODs Etats Réfor- mez de la SuilTe , Zurich 5 Bkle , Schdjfhoufe ^ S, Gai y Afulhoufe & Bienne, Les Députez de tous ces Etats , ayant ouï le rapport des Seigneurs de Berne, les foins qu'ils avoienr pris pour la pacification de cette affaires & le peu de fuccès de ces foins, ils réfolurent d'aller tous
en-
(rf) MS. Amp, 156. B. Inlb. 3p.
delaSmlfe. Liv. X. 28?
enfemble à Soleurre, pour faire un i 534; dernier effort auprès de ces gens- Reprlfen^ ià. Ils leur repiéfencérent ^/^^ ^^^'^''^^^^ „ s'étoic paffé dans la première j^^foi-/ 5, Conférence des Députez des Can- mez à „tonSj comme on Ta raporté ci- ^^"^ îjdeffus: & les affûrances favora- 5, bles , que ces Meffieurs avoient s, données aux Députez de Zt?ri;h 3^ &c de Berne > à Tégard de leurs >5 Concitoyens Réformeic. Ils leur 35 niirent devant les yeux leur pro- 33 pre Serment de Bourgeoife, qui 35 n'éxigeoit rien des Réformez, qui 3, fût coiitraire à leur Religion : Ils 3, les firent fouvenir , que dans 3y touces les Conférences il aveic été rcûjours refervé : Qu \\ ne fe- 33 roit fait aucun tort ni violence 3, à aucun des deux partis pour 3, caufe de Religion : Que leurs 33 Concitoyens Réformez 3 qui 3, éioient enfemble à Wicdiisbach, >3 comptant fur cette promeffe, 3) avoient renoncé volontairement 3> à la Trêve ordoniiéc par les Ar- 3, birres j & que pour avoir la 33 paix 3 ils s'éroient fournis > à la 53 peine qu'on voudrcit leur infli- jj ger 5 Que là-deffus ils s etoient
5>fépa-
286 H/Jloire de la K(formatim
I 534. 5) réparez : ce qu'ils n'auroient SoiEUR o point fait 5 s'ils avoient fû qu'on 55 voulut , contre la Foi donnée, 3, les inquiéter fur leur Religion:
mais qu'ils fe feroient toujours 5, tenus étroitement unis, jufqu'à- 55 ce qu'ils en euflent eu une bon- î5 ne affûrance : Que les Députez. 35 de Berne 5 agiiïant au nom &
de la part de tous les Cantonsj 35 félon la commiffion qu'ils en 5, avoient eue, n'avoient pas vou- >, lu traiter de l'affaire des huu ,5 Bourgeois 5 qu'on ne leur pro- 35 mit de les laifler négocier auffi j, pour l'affaire de la Religion 5 ce 3, qu'ils avoient enfin obtenu avec 55 peine 5 après bien des inftances: 3> & qu'après avoir terminé la pré- o> miére affaire 5 ils n'avoient rien ,3 pu obtenir pour la féconde. Ils >5 leur repréfentérent, par une 3> telle conduite Mefileurs de So- 3> leurre faifoient affront, non-feu- 5jlementà leurs Alliez de Berne, 9, mais auffi à tous les Cantons & 35 Etats de la Suiffe , qui leur 3J avoient remis le foin de cette né- 55gociation, puis qu'après tant de 3, promeffes folemneiies 3 ils vou-
,5 IqienC
de la Suife. L I v. X. 287
î) loient fc retra£ler. Ils finirent | j 34, 5, en les conjurant , au nom deSoiEUF. î, tous , de leur permettre de trai- M ter avec eux pour laffaire de la
Religion 5 (faute de quoi on fe-
roit honte à ceux de cette Ré- -gence, qui leur avoient fait ces
promeffes , ) & enfin de laifler ;5 les Réformez dans la paifible
pofiefllon de ce qui leur éroit ac- ,3 quis par les Edits 8c les Traitez , précédens , ou du moins dans
I état où ils étoient avant le fou- lévemcnt. Mais tous les foins
; de ces bons Pacificateurs furent 5 inutiles (4)
II y eut encore une nouvelle af ^^J^!' ■imblée, où les Cantons de GUris^ rencT^àl 'le Fïibourg & Appenzell ^ fe joi- VlI.Can ^nirent a ceux de Zurich ÔC de5fr- tons.
ic , pour leur aider à finir cette af- àire. Les Bernois ordonnèrent à eurs Dépurez , de confuker ceux les autres Cantons & des Villes , Alliées , qui étoient entrez dans :etrc affaire; & de leur déclarer, que LL. EE. ne pouvoient pas •) en bonne coufcience abandonner
,.C€tte
MS. Amp. 137. B. Injîr. 547.
288 Hijloire de la Ké formation
I J 34. V cette affaire , Que s'ils le faifoient SoLEURo ils ne pourroienc pas s'en laver j> devant Dieu ni devant les Hom« ,5 mes 5». Mais cette nouvelle Af- femblée fut auffi inutile que h précédente: tant Meflîeurs de So- leurre étoient fixes à ne vouloir obferver ni Traité, ni promeffe : far quoi ceux qui étoient enfcm- ble à Vrtedl'isbacb fe difperférent. Il arriva de cela> qu'on reprochoit aux Bernois , & aux autres Can- tons 3 d avoir beaucoup promis à ces pauvres gens de Sokurre, mais qu'on ne Isur avoit rien tenu. Les Magiftirars ayant chaffé tous ks Miniftres,contraignirent leurs Bour- geois d'aller à la Mefle , & em prifonnérent quelques perfonnes di Canton^ de forte que non -feule- ment les huit perfonnes, mais auiï plufieurs autres furent obligez di quiter Soleurre {a). Nnrra- Stntler finit fon récit des trou- StmUr^ bles de Soleurre , fur l'année 15^4 en ces termes (^): „ On eut encon * 3, de rembarras à Soleurre , à eau 5, des huit Bourgeois , qui avoien '
55 étt
(a) MS. A:rff. 144. B. Injir. 407. & M
(^) 6S-b:&6(5. a.
de la SuijJe^LlY.X. 289
» été exclus: Car quoi que les 1534.
>j quatre premiers , le Banderet Soleur
„ Houg^ le Thréforier S:arl^^ J*^^'
„ Hrnri Vrmkeli , & Vrfs Durr ,
55 euflent fait leur Paix avec la
» Ville de Soleurre > les quatre au-
5j très n'eurent point de part à cette
>5 pacification. On fit divers effais
>j Se diverfes négociations, à leur
>j fujet , tant à Bade , qu'à Burent
55 & en d'autres lieux ^ mais inu-
5) tilement. Ils fe lamcntoient de
yy la perte de leur liberté de Reii-
>j gion j 6c ne vouloient point fè
>5 lailTer conduire , non plus que
55 les autres , qui étoienc exclus.
>, L'emportement de leur zile
5> caufa beaucoup d'incommodité
>5 à la Ville de Berne , qui ne
3> vouloir pas entrer en inimitié ,
pour l'amour d'eux , avec fcs >5 bons 8d fidèles Alliez de Scleurre. j> Il furvint encore quelque diffi- » culté au fujet de Kvkgfictten^ de » forte que, pendant toute cette 3, année , les deux Villes furent » dans l'embarras
Je ne fçii par quelle raifon l'Hif- Fermeté toricn Stettler n'a pas voulu parler quel- plus clairement. Voici le Corn- ^1^^^'^^^' 7m, IK N men-
290 Hijloire de la Réformation I S34« mentaire de fa narration. Avant formez 1^ fête de Pâques, il fe trouva leurre^ niques Réformez à Soleurre, qui déclarèrent , c^nils aimer oient mieux mourir que d'aller a la A^ejfe, On ne les fît pas mourir. Mais au- tant valoit-il , puifqu'on leur in- terdifit tout commerce (^). les Ké- Quelques Réftgiez de Soleurre , fiigle-:^ habituez à Buren , indignez contre leurre' 9^^^"^^"^"^ l^wrs Concitoyens) font la traitoient de Traîtres 6c
guerre z d'Hérétiques , leur déclarèrent la leurs en- guerre en forme, & uférent contr'cux de vojes de fait. Cela fit grand bruit. Mefljeurs de Soleurre de- mandèrent que ces gens-la fuffent cirez à Bade, devant la Diète des Cantons. Mais eux répondirent, qu'ils comparoîrroient devant les Seigneurs de Berne, fous la pro teûion defquels ils s'ètoient mis , avec offre de mourir fur le champ, s'il ètoienr coupables. Les Sei- gneurs de Berne approuvèrent cette rèponfe , ne voulant pas perdre les droits de leur Jurifdidion & même de leur Souveraineté, qui paioiC
foienfi
(4) Hottlng. 667, '
de la Smjfe. Liv. X. 291 foient bleflez par la demande de 15 34. ceux de Soleurre 5 & ils olFrirent Soleut^ défaire droit à ceux qui le leur re. demanderoient. Mais en même tems ils n'approuvèrent point la conduire de ces Réfugiez de Soleur- ^^^^''"'J^^^ re 5 ( comme en effet elle n^étoit Bernois, nullement Evangelique,) ils leur firent dire, de s'abftenir de toute vh^ Icnce & de voje de fait -, quÀUtre» 7nent ils ne les protégeroîent plus ; &C donnèrent avis de cette réfolution aux fix autres Cantons Arbitres. Mais comme les cinq Cantons Zéiez , & celui de Soleurre , qu'ils animoient, ne voulurent pas fe contenter de cela, & menacé- les p^r- rent même les Bernois de leur fai- re la guerre^ufant de divers difcours pren- également infolens & gioHîers , nentdes que la graviié de l'Hiftoire ne me "^^f^^'^s
j o • pour
permet pas de rapporter; ces Sei- jear dé-
gncurs crûrent devoir prendre des fcnfe. mefures pour leur fûreré , en cas d*artaque. Ils envoyèrent donc des Députez par tout leur Canton, le 19. Septembre , pour inftruire leurs Sujets de la vérité , & leur f.ure connoîcre la Juftice de leur con- duite, afin de s'alTûrer de leur af- N z fec
292 tiijiotre de la Kcformatîon
1534, fe<flion & de kur fidélité Ceft des Inluii (fiions , qui furent don- nées à ces Dépurez , que j'ai tiré tout ce qu'on vient de voir. Uoiive- ^^^^ S^* regarde lafFaire de inens en- Kriegjfetteny dont parle Stettler, tre les yoici ce que c'eft ; On fe prépa- f,7^y^^roit dans ce Village , à célébrer la fiîjet de f^ête de la Dédicace de fon Eglife le Krievf prémier Dimanche de Septembre > qui étoit alors le 6^- du Mois de- dié à Sair.t Alagnus, Un grand Nombre de Bourgeois de Soieurre avoient refclu d'y aller, 8c d'y faire dire une Meffe , à force ou- verte. Les Bernois, après avoir vu l'opiniâtreté des gens de So- ieurre , contre la Réformation , avoient révoqué la permiiïion qu'ils leur avoient accordée > d'avoir un Prêtre à KrUg(l(tteru Lors donc qu'ils apprirent leur deffein, ils écrivirent aux Magiflrats de So- ieurre , Qh Us ne le permcttroient ja^ mais. Et d'abord ils mirent des troupes fur pié , & les logèrent le long àts frontières 5 pour voir ce qui fe palTeroit, & être en état de s'y oppofer. Le Confeil de So- ieurre
îl delaSuiJfe. Liv. X. 293 leurre leur répondit , Ou il y met- I 534. 'troit ordre lui même > Ôc pour le Sole ui^ coup il tint parole > TAvoyer dé- R^- icndii daller à Kriegftecten à cette 'Dédicace : ce que les Bernois ayant appris 5 ils congédièrent leuis crou- pes. Cependant cette levée de boiïtliers fit de l'éclat dans la Suii- fe ) 6c d'abord cinq Cantons Zu- 'ich i Claris , Fribourg y Sthajfbnuje & Appenxe'l > envoyèrent des Dépu- rez à Berne 5 pour pacifier cette af- faire. Les Bernois rendirent rai- fon de leur conduite à ces Dépu- iez , & en même rems ih fe plai- ynii entde leurs.AlliezdeSoleurrejeri rappellant tout ce qui s'étoit pafîé într'eux depuis le commencement des ces troubles (^0-
J ai crû devoir rapporter ici tout ie fuite ce qui regarde ces trou- 3les de Soleurre , pour n'en pas 'aire à deux fois. J'ai voulu aiififi apporter un peu au long, tout ce ijue j'en ai découvert , pour faire /oir que dans cette rencontre on ivoit tout-à-fait tort de blâmer les ' îernois. Ils fe virent dans cette ' Dccafion expofcz aux reproches des N g deux 00 MS. Amj>. 141. B.Inlh". yj9-
294 Hiftoire de la déformation Ij 34. deux partis. Les Catholiques Sol EUR trouvcient qu'ils s'y portoient avec &£. trop de chaleur pour les Réfor- mez. Les Reftigiez de Solcurre> ou leurs partifans, trouvoicnt qu'on ne les avoir pas foutenus affea fortement, & auroient voulu que Berne eut d'abord pris les ai1ihes> ôc déclaré la guerre à Soleurre, pour l'amour d'eux. Mais c'étoit fans rai Ton , car les Seigneurs de Berne ne trouvèrent pas à propos d'ejfpofer leur Etat aux fuites pé* rilleufcs d'une guerre pour cette querelle, après avoir éprouvé, que les guerres de P.eligion ne font pas toujours favorables à la bonne caufe. Ils firent tout ce qu'ils pu- rent , & tout ce qu*on pouvoit légirimement exiger d'eux. Au refte ces troubles de Soleurre ne furent appaifez qu'en Tannée i comme nous le verrons dans la fuite.
1532. IX. Si la Réformation perdit \ G E E- Soleurre y elle gagna du cô:é de YE» Genevej8c à mefure qu'elle s'éteignoit dans la prémiére de ces , Villes , elle s'avançait dans la fc- i conde, Il fembloic que le Seigneur
voulut
delà Suife. Liv. X. 29 J
>ulat faire voir dans ces deux 1532. 'illes , &: dans le rrême tems^GEN E- jue fans fa bénédi<ftion tous ks^'^* Imoyens humains font inutiles, &: 'que quand il lui plaie 3 il peut opérer les plus grandes merveilles fans le fecours des Hommes. En effet 5 la RéFormation paroifloit établie à Soleurre fur des fonde- mens affez folides , pour y devoir durer à perpétuité. Car qu'y-a-t-il> parmi les Hommes , fur quoi l'on doive mieux compter, que fur les Traitez & les Arrêts des Magit trats Souverains? Cependant la Ré- formation y fut éteinte au bout d'un an ou deux , malgré les ef- forts des Réformez. A Genève^ au Les ap- contraire, les apparences n'étoientP^^'^"^^^ rien moins que favorables à la Ré- pg,j"^^_ formation: Le Clergé y étoit puit vorables fant & fort bigot , & l'ignorance ^. fort grande. L'Evêque , Pierre de^^-^^^^^^ la B.iume , qui dans la fuite fut Cardinal 5 y avoit un puiffant parti. Il étoit d'ailleuis Prince de cette Ville; Digni.é, qui lui don-» noitun grand pouvoir. Les mœurs des Genevois éroicnt fort corrom- pues; ce qui n'ètoit pas un mer- K 4 vcilleux
296 Htjloîre de la Kéformation |
1532. vcilleux acheminemenî à la Réfor^ \ G E N E- mation > comme on a vû ci - det î y £ . fus * , que Bonnivard Je leur repro- 1 choit. Ils étoient perpétuellement harcelez par le Duc de Savoye , ce qui fembloic devoir les éloigner de penièr à toute autre chofe j qu à la confervation de leur liber- té. Ce Prince d'ailleurs étoit puit fànt 5 appuyé par le Pape Clément VIÎ. qui étcit fbn ami , par lis Roi de France > qui éroit fon Ne- veu, fils de (à fœur Lcuyfe. Gené- , ve étoit éloignés de tous les Etats Réformez , entourée de tous côrez des Sujets du Duc, qui étoient nnn-fèuhîiiçnt ciinemis de cette Ville > mais dg plus fouverainement ignorans U fuperflitieux. Enfin fi d'un côcé > les Bernois > leurs Al- liez, les fcliicitoient à permettre la prédication de îaDotlrine Evan- ' gelique, les Fribourgeois , d'un ' autre côté, s'y oppofoient avec une véhémence fans égale, jufqu'à les menacer de rompre l'AHiance qu'ils avoient avec eux , au cas qu'ils s'éloignaffent le moins du Monde de la Religion Romaine au lieu que
les
^Torn.II. Liv, V. p. zBu
de USuife.Llv. X. 297
les Bernois n'employèrent jamais 1532. de femblables moyens , pour in- Gène- troduire la RéFormation. Nonobf- ^ e- tant toutes ces difficultez le Sei* gneur y fit Ton œuvre» Il faut voir par quels degrez.
Il faut d'abord fa voir , que, dès Cler- l'an 15^1. le Clergé fe rendit fort gé fe odieux aux Genevois , parce que ^^^^^^ dans les embarras, où ils fe trou- Ge- vérent , & par les dépenfes ex- nevois* cefTives 5 qu'ils furent obligez de foûtenir , tant pour fortifier leur Ville, rebâtir les murailles, & fer- mer le Fauxbourg de S, Gervais, que pour payer les fommes qu'ils dévoient aux Bernois & aux Fri- bourgeois , dépenfes qui étoient au delTus de leurs forces, ils ne pûrent jamais obtenir de leurs Eccléfiafti- ; I ques, qu'ils vouluflent y contribuer ' d'un fol : &: ces pauvres gens étoient alors tellement aveugles^ par la fuperftition , qu'ils auroient cru commettre un faciilège , s'ils avoient entrepris d'obliger leurs Ecdéfiafti'^ues à fe cottifcr pour le bien public, comme ils auroient ctc en droit de le faire. De plus par les divers endroits , qu'on a N 5 vus
298 Hïjloire deUR é format ion
1532. vûs dans les livres précédcns, I4 Ge N E- Dodrine Evangslique avoit fait peu à peu quelques petits progrès à Genève, mais ce fut principale- ment Tan 1532, qu'elle y fît de réclat.
Tumul- Au commencement deTEté^com- cafion^" parloit d'un Jubilé , que^
de quel- 1^ Pape de voit bien -tôt publier quesafE-on trouva * en divers endroits d( elles. 1^ Yjjjg ^ pLicards imprimez juiîf ^* qu'on y avoit affichez pendant la ' nuit, Tentant le Luthéranifme (com- me on parloit alors ) On y pr< mettoit un pardon général aux pé- cheurs > fans autre condition qoe celle d'une véritable repentance, & d'une Foi vi ve en J e s u s-C h r 1 s t. Le Clergé en fie beaucoup de bruit. Il y eut même quelque émotion dans la Ville à cette occafîon , & quelques coups donnez y parce que les Prêtres vouloient les arracher> & les. Proteftans vouloient les en empêcher. Entr'aurres un Chanoine> qui étoit Bourgeois de Fribourg ) nomme Pierre Wernli t > ayant trouvé un jeune Genevois; nommé,
Jean
t Et non VtrLy , ni' Verllch y comme ijuc^ues François & Allemands ont écrit*
delaSuiffe, Ll V. X. 299
^em GohUs i qui avoir affiché un î 532. de ces placards , au pilier, devant Ge he- TEglife Cathédrale de Saint Pierre, ^ ^• lui donna un fourHet, &; tira fon cpée > pour l'en fraper : Car à Ge- UnCha- neve les Chanoines portoient "îj^^^j^^^ pée tout comme les ieculiers j tan- dis que Icpée fpirituelle, de la parole de Dieu, étoit un meuble inconnu chez eux. Coulas tira. au/Ti fon épée pour fe défendre, & blefla le Chanoine au bras. Il y eut aufTj une batterie dans le Bourg de Four , à la même occafion, où deux Hommes d'entre les partions du Clergé furent bleflcz. Le Confeil de Fribourg fut indigné de cette infulte , faite à la perfonne facrée d'un Chanoine leur Bourgeois. Non conrens d'écrire à Genève ils y envoyèrent un Député qui fe plaignit des écrits , qu'on avoit aflflchez , & de la facilité qu'oa faifoit paroître pour les nouvelles opinions. On lui donna toute la fatisfaflion poflible. On condam- na Coulas , à une grofle amende » en faveur du Chanoine VFlvîiU , qu'il avoit bleiïéjôc Ton répondit aux Fiibourgeois , qu'on étoit dans N 6 une
300 Hîftoîre de la Ke formation
1523. une férieufe réfolation , de vivre CeIne- comme eux dans Tancienne Reli- gion. A cela près 3 tout ce va- carme fe termina amiablement» Mais pour prévenir des cas pareils, les Syndics ôc Confeil de Genève firent publier > à fon de trompe^ défenfe exprefle > fous de greffes peines, d'entreprendre aucune nou- veauté 5 & d'afficher aucun écrit > fans leur permifTion ; ordonnant à chacun de vivre en paix
Cependant le nombre des Ré- formez croiffoit parmi la Bour- geoifie , ôc même parmi les Magif- trats. Sur la fin du même mois de Juin , le Confeil fit prier le Grand Vicaire, de faire prêcher dans toutes les Paroiffes, & les Couvens , Çelon la pure Do^rine contenue dans l'Evangile , fans y mê' 1er aucunes fables y ni inventions^ hu' marnes , afin qu'ils vccvff.nt tous dans une parfa ite union comme leurs Ancêtres avoient vécu {b). Au mois d'Août on publia les Indulgences
àGe.
MS. Chouët p. 5. Savion III. 71* Hofet IL Ch. 66.
ib} MS. Choiiet 1. c
delaSm(fe. Liv. X. 30^^- L Genève de la part du Pape [a], 1532.
Au mois de Septembre. Guillau- Ge n £• ne Farel vint à Genève , accom-vE» Dagné d'un autre Miniftrc , fon Compatriote > u4ntoine faunier , na- if de Moirant en Dauphiné. Ce ^rand Homme animé d'un zèle nfatigable pour l'avancement du légne du Seigneur 5 avoir été avec >aunier dans un Synode des Val- ées du Piémont, où l'on fît di- vers Règlemens , pour remettre fur un bon pié les Eglifes Apof. coliques de ces Vallées. Il y fut 2ntr autres ordonné , qu'on feroit une nouvelle Tradudion Françoifb de l'Ecriture Sainte , tant de l'An- cien que du Nouveau Teftament : & le foin en fut donne à P. Robcrt'^^'^Lf^ Olhetan , parent de Calvin (b). Fa- enfei/ Irel &c Saunier étant à Berne , on ^nent leur confeilla d'aller à Genève dans l'efpérance qu'ils y trouve- roient une grande MoifTon. Ils y allèrent, munis de Lettres de re- commandation des Seigneurs de Berne. D'abord qu'ils y furent iarrivez, ils fe mirent à parler de
Reli-
(^0 Savion p. 7^ Rofct I. c.
Savion p. 73- Rofcc 111. Ch.I. &
302 Hiftoîrede la Reformât 1 07^ I
I 5 32. Religion à tous ceux qui voulu- G E N E- rent les écouter \ & furent d'a- bord fuivis d'un certain nombre de Bourgeois , qui fouhaitoient qu'on introduifit parmi eux la Ré- formation de Berne > quoique du refte, (comme parlent les deux Anciens Hiftoriens de Genève ) ils étoient de vie mondaine & dijfo* lu'éi najant pus encore grande crainte de Die H (a).
Le bruit de ces difcours étant venu aux oreilles des Chanoines &c des Prêtres , ils réfolurent de s'oppofer , à ces nouveaufez , avec plus de foin qu'auparavant. Fa^ rel & Saunier furent citez devant le Confeil. D'abord on les cenfura
vive-
Spanhelm Geneva 'Rejîltma : pag. 41. Ils fe trompent feulement je penfe , dans . une petite circonftance, en ce qu'ils di- fent que Farel vint à Genève à Ton re- tour de ce Syncde: ce qui ne paroit ^Lîv.X, pas pofTible. ]'ai montré ailleurs ^ que Ch,VL Farel étoit à Morat le 9. Juillet 1^31. à Tvonan & à Granfon au mois d'Août. Il n'a dont pu aller de la aux Vallées , 2S- fîfter à un Synode , & fe retrouver à Genève au mois de Septembre. Cepen- dant je foumets cette Critique au juge- • ment de gens mieux inftruits que moi. i
(4 Savion 1. c. .p. 75- 74. Rofet UU i Ch. L
■ ■ ■
delà Suijfe. Liv. X. 30?
vivement, comme des brouillons, & des gens qui ne venoient que G e n t- potir excirer des troubles, Farel iiir-tout 5 qui étoit regardé généra- lement comme le fléau des Prêtres, & pour cette raifon fouveraine* ment haï des bigots. Farci répcn- Tareù dit , Qu';7 néîoït point un trompette ^^^^"[| de [édition , ma's Prédicateur de la ^Qq^ç^{[ vérité 5 Qu i/ étoit prêt de facrifier répond non-feulement toutes Ces peines mais coura- même fa vie pour cette Doctrine Ce- g^^j^J lefle ^ Que la Patente , ou la Let* t e de Créance , dont LL, EE, de Berne r avaient muni > étoit une prcti^ vc fuffifante de fcn innocence & de U bonté de fa DoHrine ; & quon n& potivoit ni le condamner ^ ni le ren^ vojer fans l'entendre , fans fe rendre coupable de mépris pour Dieu , pour l'Evangile , & pour les Seigneurs de Berne. Ce difcours & la vuë de la Lettre de Créance des Seigneurs de Berne adoucit Tefprit des Con- fcillers. Cependant on leur défen- dit de troubler la tranquilité publique^ par la prédication d'/tne nouvelle DoC" îïine (4),
A pçinc
(.1) Spanljclm, G en. J?^. p, 43.
304 Hijloîre de la déformation
1532* A pdne ces deux Minières \ Tard ell étoient-ils de retour dans leur Lo- v!mt lé ' qu'ils furent citez à compa- Confeil roîrre devant j?^*^w;«(7«^,Grand Vicai- Epifco- re de l'E vêque , & fon Confeil Epif- P^^* copal, fous le prétexte d'y rendre raifon de leur Dodrine 5 mais en effet pour les faire tomber dans les embûches qu'on leur y tendoit. Le Confeil > craignant que les Ec- cléfiaftiques ne filTtnt quelque coup mal-taillé, qui pourroit leur faire perdre la protedlion & Tamitiè des Seigneurs de Berne , y envoya deux Syndics, Jean Ballard 3 & Fran» çots Hugues , qui tirèrent parole des Eccléfiaftiques > qu il ne feroic fait aucun mal à ces deux Minif- tres > au cas qu'ils vouluflent fou- tenir leur Do(flrine contr'eux, & qui afTiftérent même à leur AlTem- blée, afin d'en modérer la vivaci- té par leur préfence. Cependant ce n'étoit nullement le delfein de ces Meflieurs , d'entrer en difpute avec les Minières , ni de confé- rer amiablement avec eux 5 com- me ç'eut été leur devoir. Le Juge des excès, ou Procureur fifcal de l'Evêque > dit, tout naïvement.
de la Suijje. Liv. X. 305
Qu'/7 nefa'oit point difputer > & que l ^'^2* cela ne leur tourneroit point a comp- Genê- ts i Ufânt de ces mots Latins y fi"^^' difputctur i îotum nojlrtim inyfierlum defiruetur : C*eft- à-dire , fi l'on dif- ' l'te 3 tout notre myjiérs va être dé" jt, lis fs mirent donc à déco- cher des injures contre Farel , en lai difant, Hens ça, înéc/jAnt Diahle ^e Fa: et y que vas-tii fa 'tfant ça & ? D'où viens tu ? Ques-tu venu .ye ici ? Qui t'a fait venir en cette /> pour la troubler'^, Farel Lur ré- Il y par- odie courageufe.-nenr, Je ne fuis ^^^^^^^^^ jint Diable. J'annonce Jésus- Christ crucifié , mort pour nos pé- chez > & r£jfîîfci:é pour notre jufiifi- cation 5 fi bien que celui qui croira en lui j aura la Vie Etcrntlle i mais qui ne croira point , fera damné, A celle fin pùs-je envoyé de Dieu y notre bon J'he Ambaffadeur r/t' Jesus-Christ , obligé de prêcher a ceux qui me vou- dtont ouïr, & ne tache autre thofe fi non qu'on le reçoive par tout le Mon- de :& fuis venu en atie Vi le fOur cf» fayer , s'il y a perfonne , qui me veuille ouir ; & fuis devant vous , prêt de rendre raifon de ma Foi y & de ce que je prêche , s'il vous pLiit de m' ouir
paîiem^
306 Hijloire de la Réformation
^'$32* patiemmejjt y & maintenir ce que je Ge N E- dirai jufiua. la mort y n ayant autorité que de Dieu y duquel je fws envoyée A ces mors , l'un des Juges Ec- cléfiaftiques fe leva , ufant des propres exprenTions deCaiphs contre Jesus-Ch RisT, fe mit à dire en Latin > Blaiphemavit , non amplius ind'fgemus tefitbus. Reus efi tnortïs > c'eit-à-dire, // a blafp berné : nous n avons plus befoln de témoins : Il ejl coupable de mort. Puis il s'écria en bon François, fuivant Tufage de Genève > au Rhône^ au Rhône : (pour |i dire , qu'il faloit le jetter dans le I Rhône:) ajoutant 3 // vaux mieux que ce méchant Luther meure , que i de t) aubier tout le Peuple, Farel lui I répondit • Parle les Paroles de Dieuy & non de Caiphe, Là-deffus ils j mirent tous à crier , tué , tue ce ' Il y efi: Luther i lui crachèrent au vifage, maltrai- Je chargèrent d'injures, & lui don- courtrif "^''^"^ quelques coups de poing, que d'ê- Enfuitejfous prétexte de vouloir dé*! tre tué. libérer furfon fujet, ils le firent reti- rer fur une petite galerie:, au bout de laquelle étoit un des Serviteurs du Grand Vicaire, nommé François Civirip armé d'une arquebuze, qu'il
lacÙA
delà Suijje. Liv. X. 307
Acha contre Farel: mais heureufc- i 532* lient il ne lui fît aucun mal. L'unGENE- ies Syndics , Guillaume Hugues^Ç\ii v £• 'ort fâché d'un tel excès commis contre la parole donnée, mais Tau- :re , jean EalUrd, partifan du Cler- gé ne s'en foucioit pas beaucoup. Enfin, par Arrêt du Confeil Epif- i] efl :cpalî il fut ordonné à Farel & chafle
à Saunier , de vuidcr incclTamment f^^^^^i^
le nvec
i^Ia Ville, fous peine de prifon. Ils Saunier, fe retiré ent donc , efcorrez , jut
^ ques à quelque diflance , par plu- lueurs Citoyens , qui avoient goû:é leur Do^rine & retournèrent prê- cher an Pays de Vaud-i particuliè- rement à Orbe 6c à Granfon^.
X. Mais Genève ne demeura pas Icng-tems fans Do(fleur. Le Dau- pliiné lui en envoya un tioifîéme nommé Froment , dont le nom , (comme le remarque agréablement Spanheim f y) iemble avoir été def.
tiné
Savion III. p. 74- 7^- RofetlII. Ch. l. Spanh. 1. c. 44. 45. Stultet 382, 385.
t Pag. 4^.47. Il fait là allufion à un autre jeune Homme , nommé Fm menti tir, qiii ilans le lllmc. Siècle, prêcha le pré, mier l'Fvangile dans les Qiiartiers de VKthlofùej cju'i font au bord de la Mer RoiiL^^c. Voy. Socratc Liv. I. Ch. XIX,
308 Hijloire de la Réformation ,
Ï532.tiné à répandre TEvangile. Ce \ Ge NE- jeune Homme avoit été, pendant quelques années. Auditeur & Dif- ciple de Farel > le Compagnon de fes voyages , & fouvent auffi des perfScutions qu'il fouffroic. Fard, connoiflant fa pieté & fon zèle in- trépide, le jugea très-propre pour arrofer & augmenter la femcnce de la Parole de Dieu , qu il avoit jettée dans Genève. Il l'exhorta d'y aller , lui faifant remarquer , que comme il étoic peu connua & que fon nom n'avoit point encore fait de bruit dans le monde, il y pourroit travailler en fureté , éc que du refte il devoit fe repofer Tromem proteftion de Dieu, JVo-
va à Ge- f^ï^nt s'en defFendit quelque tems > nkve, ne fe croiant pas affez de force > pour entreprendre avec fuccès un Ouvrage de cette importance. Mais enfin > prefle par Farel , il fe laifla perfuader, & fe rendit à Genève au mois de Novembre. Il s'a- dreffa d'abord à ceux des Genevois, que Farel lui avoit indiquez com- me de bons Réformez. Mais n'a- yant trouvé chez eux que de la froideur, parce que les menaces
de U Suide. Liv. X. 309
^ les dangers avoient ralenti &IÎ32. .refque éteint leur zèle pour la G e n e- ériré, il fe trouva dans un grand ^ ^• ;mbarras , & ne croyant pas fa ie en fureté 5 il penfa tout de )on à retirer. Mais comme il ortoi: de la Ville , il fe fentit fi for- ement preffé en fa confcience 3 d'y entrer , qu'il ne pût refifter à ce nouvement. Ainfi de retour dans a V'illcjil chercha par quels moyens ecrets & détournez il pourroit infinuër dans les efprits fans bruit
fans obftade (4).
Après avoir bien délibéré il lui int dans l'efprir, d'imiter Texem- Ic de Farel fon Maître, qui s'éroic iitroduit à Aigle fous le nom l un Maître d*Ecole. Il mit donc les affiches par la Ville % pour vertir le Public, qu'il vouloit ap- )rendre à grands & petits à lire \: à écrire en François dans un nois 5 & quelques autres chofes. Vinfî foQs prétexte d'enfeigner à ire, & à écrire, 8c l'Arithmétique, Il s'y '■<. de donner des confeils pour la ^^""f, , ante, il s attira bien-tôt un grand Ire d E- lombre de Difciplesjnon-feulement cok,&
de
('0 Spanheim47. Savion III. 7S>
3IO HiJloÎYe de U 'R^éformation
1532. la Jeuneiïe > mais des perfon- y fait nés âgées , à qui il enfeignoit en du fruit, rnérne tems les véricez Evajigeli- ques. De cette manière il y fît beaucoup de fruit , parce que ceux qui prenoient goût à fa Doctrine, y amenoient leurs parens , leurs amis, & les gens de leur connoif- fance , Hommes & Femmes. Leur nombre Te n.ultiplioit tous les jours > quoi qu'on en murmurât beaucoup par la Ville ; & malgré les oppofitions des Catholiques , dont le zèle , bigot & ignorant, alloit jufqu'à dire que Us Fem-mes qui prenoient goût à cette Doiflri- ne, étoient enforcelées {a). Se? inf- truftions furent heureufement fou- tenuës , par un Corddier , nom- mé Ckrijîoph'e Boqujt , qui étoit Eft fe- Procédant dans l'Ame , &: qui, condé prêchant l'Avent à Genève , ufoit par \q d'une grande modération dans fes Sermons , en forte que Tes Audi- ^uef, teurs, au fortir de fes Sermons ,, alloient en grand nombre entendre Froment , qui prêchoic dans un< Sale {h). Le Peuple devenoit par
i:
ia) Savion III. 7^. y6. Rofet III. i. (^)Savionl. c p. 7(5. Rofet lU- Ch. j Spanh. 48.
de U Suiffe, L I V. X.
là plus éclairé. Les Réformez con- | 532. feroient & difputoient entr'eux. g t n £- Ils lifoient divers petits livres de ve. Controverfe qu*on répandoit de tous cô és ; mais ils s'attachoient particulièrement à la lerture de l'E- criture Sainte pour dillinguer, dans la Religion , ce qui venoit véri- tablement de Dieu , d'avec les Dogmes 5 & les pratiques 5 ou plûîôt les abus , que les Hommes y avoient ajoiuez (4).
Il ne faut pas oublier ici une Conver- avanture des plus fînguliéres, qui ^^^jj^^^/ arriva dans ce tems - là 5 & qui fe d'une fait bien voir la puiffance de Dieu, Femme pour tourner les cœurs comme il ^^§^^^^' lui plait> & quand il lui plait. Les Prêtres avoient fait courir le bruit , & à Genève & par tout ailleurs que les Prédicateurs de la nouvelle Doftrine étoient tout autant de Magiciens , qui avoient des Charretées de Diables à leuc Commandement , par lefquels ils enforceloient les oreilles &c les ef^ prits de leurs Audiceurs. Ce bruit, quelque impertinent qu'il fût ,
avoic
(tf) MS. Choul't. 4. ♦ Voyez Livre XIV.
f
3 1 2 Hîjlûire de la Re formation I
1532. avoit vivement frr.ppé une Dame 1 Ge N E- de Genève nommée Claudine , ex- \ ^ traordinairement bigote : de ma- nière que > règardant Froment , comme un Maîae Enchanteur, elle réCfta long tems aux follicirations de fes Amies , qui vouloient l'en- gager à l'aller écouter, ne fût-ce que par curiofité. Enfin pourtant elle (e laifla g.igner, & fe réfolut à y aller, mais m.unie de toutes les armes fpirituelles qu'elle jugea néceiTaires , pour rcpouffer les ef- forts du prérendu Enchanteur, je veux dire chargée de Croix , des Reliques y^gnus Dei 5 d'autres babioles de cetîe nature. Ainfi équipée elle entre dans la Sale où prêchoit Froment. Elle fe place vis-à-vis de lui , fait deux ou trois fîgnes de Croix 5 & (è recomman- de ardemment à Dieu & à toiis les Saints , pour n'être point fé- duite. Elle écoute Froment 5 & d'abord elle entre dans un éton- • nement extraordinaire , ne trou- vant rien dans fa Doiftrine , qui fentit le grimoire. Après le Ser- mon fini elle demande a Froment» s'il avoit bien yi'êché la vérité ? Il
lui
delaSuiJfe, Liv. X, 313 lui répondit, Qu'i/ étoh prêt a /«il 532. r^rouver ce qu'il avoir prêché* Alaisy G e n £- lui dit ellc>/^ prouverez vous par l'Evangile^ Oui, répondit -il. La A/efe (repliqua-t-elle, ) riefi-elle ùas fondée en l'Ecriture ? Froment l alTûra que non , & qu'on n'y en trouvoit pas même le nom, non plus que la chofe. Enfin elle lui
. demanda ? fi le livre, dont il uvoit tire fon texte, etoit le Nouveau 7 ef- rament ? Froment lui ayant dit » qu'oui, elle le prie de le lui prêter
' pour le lire chez elle. Elle s'en- ferme trois joors dans fa chambre, & ne fait autre chofe que lire ce faint Livre , mangeant fort peu, pour ne point perdre de tems. A mefure qu'elle lit, elle fe fent faific d'admiration, & fon ame fe remplit de zèle. Elle pleure à chaudes lar- mes. Elle prie : Elle reconnoît fon égarement , ÔC décefte fa fuperfti- cion. Au bout de trois jours elle Fait venir chez elle Froment, cet Homme qu'elle avoit auparavant regardé avec tant d'horreur. Elle lui demande une Conférence , & après l'avoir entendu encore une fois, elle cmbralTe fur le champ
Il Jom./r. O la
3 1 4 Hîjloirc de la K^êformatlon
1532. la Dodrine Evangelique, béniffant Ge N Dieu de tout ibn cœur, de l'avoir éclairée. Elle fait plus. Elle gagna fon maii , qui n'écoic pas moins bigot qu'elle l'avoit été : 6c gagna aufli quelques- unes de fes paren- tes. Et dans la fuite elle rendit toutes fortes d'offices de Charité Chrétienne aux fidèles, qui ércient fugitifs pour caufe de Religion. Quelques années après cette ame fîmpls 5 8c fans malice, eut le mal- heur de fe laiffer féduire par quel- ques Anabaptiftes > qui s'étoienc gliflez dans Genève ; mais Dieu lui fit encore la grâce de rccon- noitre cette nouvelle efpéce d'er- reur , ô: d'en fortir Science Dans le même tems un Citoien dinakc" Genève , zclé Réformé , nommé d'une pe Claude Bernard y avoit une petite fille Hce fiJle de fept à huit ans > qui étoit un prodige de -connoiffance. Elle avoit une intelligence extraordinaire de l'Ecriture fainte, & fort au defTus de fon âge , ce qui étoit d'autant plus admitrible, que dans ce tems- là l'intelligence de l'Ecriture Sainte
étoit
^ Spanh, 1. c. pac;. 49. ^o. Vita Farei use. apud Hottin^T6^y,6'{S.
Ïdcla Suife. Lrv. X. 3IS étoit une chofe extrêmement rare. I532. Elle fâifoic de tems en tems aux ■ Prêtres , fur divers articles de l'E- [•criture > des queftions, qui les î' confondoienc : & ces honnêtes I gens , pour couvrir leur honte, publîoienc qu'elle étoit pofledée. ; ' Des Ambafladeurs de France., paffaac . ' par Genève > eurent la curiolité de ' ^voir cette enfant. Ils eurent avec • \ elle une ConVerfation de trois heu- ^ ■ res , 8c la quittèrent remplis d ad- miration *. i f Cependant les difputes des Ré- î^^ou- ^ formez de Genève, avec leurs Con- ^^^j^^^^jl^^s ( : citoyens Catholiques , s'êchaufé- à l'occa- V rent extraordinairement , de forte I qu'il en naifloic prefque tous les [^^ < jours quelque querelle. Il en ar- religion riva une le dernier jour de cette même année > qui faillit à avoir des fuites très - fâcheufes. Quel- ques Réformez 5 buvant avec un Prêtre j Vicaire de l'Eglife de la Alaguelaine» entrèrent eiî difpute avec lui , fur quelques articles de la Dodrine de Froment. Le Vi-^ caixe s'obligea de prouver la fiar:^^ ' O z par
* Uottln^. ^^8. ex Hiftor. RCform. Gcii. Turittt.MSC.
3 1 6 Hiftoire de la K(formation
I J32. par la Sainte Ecriture. On prit Ge n £. jour pour c^la chez lui, où fe trou- vérent plufieurs autres Prêtres. Mais le Vicaire , au lieu d appor-» ter la Bible , comme il l'avoit pro- mis , fe contenta de produire un Théologien Scholaftique 5 nomme Nicolas De Lyta^ qui a fait des glo- fes fur la Bible. Les Réformez fe moquèrent de cette preuve. On s'è- chaufa là-deffus de part 5c d'autre. On en vint aux injures. Un des Prêtres mit Tépée à la main. Quel- cjues autres montèrent au Clocher, éc fonnérent le Tocfin. Plufieurs coururent aux armes. Les Ecclé- fiaftiques & les Catholiques s af- femblérent dans la roë des Chanoï^ nés 5 & les Réformez dans la place de la Magdelainc. Mais les Syndics & le Lieutenant y étant accou- rus 5 & ayant fait emprifonner un Prêtre , 8c 3. des plus mutins d'en- tre les Catholiques , qui avoient été les agreffeurs > le défordre fut appaifé *.
Le foir , le Confeil s étant At femblé , fit défenfe aux deux par- tis > de s attaquer , de quelque
manié-
Rofit III. Ch- 4. MS. Chouët4-
delà Sniffè. Liv. X. 317
manière que ce fut-, ordonna que I 532» Froment cefTeroit de prêcher & for- Gens- tiroic de la Ville, qu'on fevE- concenreroit du Prédicateur ordi- naire qui étoit le Ccrdelier > dont j'ai déjà parlé , nommé Chnftophle Boqtiet ou Bouquet; Il fut dit au/ïl, qu'on prieroic le Grand Vicaire > de punir les Prêtres, qui avoient caule le défordre, & fonné le Toc- fin , & de prendre des mcfures , pour avoir dans toutes les Paroif. Tes de bons Prédicateurs , qui prê- chaffent la Parole de Dieu dans toute fa pureté {a),
XI. Les Réformez, perfuadez de I 53 J; bonté de leur caufè & irritez de infulte que les Prêtres venoient leur faire, proreftérent , quand - jugement du Confeil leur fut Drononcé^ Qi£ils iroient ouïr la pa» oie de Dieu par tout ou ils pourroicnîz ')ue perfonne nwvoit droit de la leur Achér. Us exhortèrent Froment à ic point fe rebuter; & le lende- nain, premier jour de Tannée 153 g. .près le Sermon de Bouquet , ils lièrent chez Froment en fi grand Froment 1 ombre , que la Sale où il prê- O 3 choie
(.*) iMS. Chouu iù^
3 1 8 Hiftoïre de U déformation j ^^3. choit, ne pouvant contenir tous place du ceux qui y venoient, ils l'obligé- marché. rent daller à la place du mar- llcfta^*^^' nommée le Moiard , qui étoit tion du pïès de là 5 & on h fit monter Peuple, fur le banc d'une revendeufc 5 le Peuple lui criant 3 Prêchez nous la J^arole de Dieu : ce qu'il fit. Tan- dis qu'il préchoir, le Confeil, aver- ti de cette nouveauté , s'afTembla inceflammentj &C envoya le Sautier> pour lui ordonner de fe taire. Fro- ment répondit, // vaut mieux obéir i Dieu quaux Hommes'^ & conti- nua fon Sermon. Le Confeil irri- té envoia des gens armez pour le fâiCr 5 mais il fut fauvé par quel- ques-uns de fes Auditeurs : & quel- que tems après , il fortit de Ge- nève 5 ne pouvant plus y demeu- rer, à caufe des dangers oii il étoit Il çÇt^y^^oïi par le^ Edirs : Car le fe- obligé cond de Janvier le Confeil défen* te^r^Ge' ^'^ prêcher fans permifTion des neve. ' Supérieurs ^ fous peine aux Con- trevenans > de trois traits de cor- de pour la préniiere fois {a). Fro- ment s'en alla dans fon Eglife d
zonm
(a) Id. p.^. Savionlll.76.77. RofcC III.
Ch.S-Spanh.l. c. p. 54^
1 delaSuijfe. Liv. X. 319
h;onan , où il étoit Miniftre de- j 5 3 j ■puis un an ou deux (4). G e n e
1 Dans ce tems-là les deux partis v e. Ictoient à peu près égaux à Gené- Ivc j foit parmi la Bourgeoifie, foit dans le Confeii. Mais le parti Ca- tholique paroiiToit le plus fore 5 étant appuié par TEvêque , par le Clergé, & par les Fribourgeois , au lieu que les Réformez n'éroienc foucenus que par les Bernoii. En effet les Ffibourgeois ne laiffoient perdre aucune occâfion d'exercer leur zèle à Genève , pour y fou- tenir la vieille Religion. Le Cor- delier Boquet , que les Syndic? avoient trouvé à propos de retenir pour feul Prédicateur 5 écoit Pro- teftant dans l'Ame , comme je l'ai dé/1 remarqué. Il avoir prêché l'A- yent , & s'éroit fi bien ménagé dès le commencement , que les deux partis l'alloient également écouter. Mais après le départ de Froment, il girda moins de mefures. Il î'expiiqua plus ouvertement fur •ia MclTe, far le Ciilcc des Saints 8cc, ce qui le rendit odieux aux O 4 Ecclé-
( ') Spanh. l. c. il met Jumatum , mai^ - i-'Ilfins Joute une fuLicc d'iinpiclilon.
320 Hifioire de la Reformatmi
ï533.Eccléfiaftiques> & câufi de gran- GïNE-des divifions. Cependant leCon- feil ordonna qu'il prêcheroic en- core k Carême, & qu'il feroit payé aux dépens des Curez des fept Pa- Trihourg roiflcs. Maîs les Fribourgcois la- s oppofe y^j^j appris 5 en firent tant de bruit, ment à ^ P^*" ""^ Députation de fix Per- laRéfor- fonnes de leur Confeil > & par mation Lettre menaçante, qu'on trou- néve. ^ propos > pour bien de paix, de laiffer aller Boquet ^ en d'autres endroits , ou il étoit appelle pour prêcher le Carême. On le con- gédia donc , & on lui fit un pré- . fent fort honnête. Les Députez de Fribourg arrivez à Genève > le 23 e- de Février 5 avoient déclaré aux Genevois : Q^ue s'ils vouloient fe faire Luthériens^ (c'étoit leur ftyle) Fribourg r en onceroit à leur Alliancet Les Genevois leur répondirent 5 Q^ils vouloient vivre comme leurs préde^effeurs : Qu'ils faifoient tout leur poffîlfle pour empêcher rintrodu^ion de la nouvelle Do^rine^ & même qu ils avoient exhorte le Ficaire de l'Evêque^ à pourfuivre cette affaire vivement^ parce quelle étoit Eccléfiaftique , & de fin reffort. Les Députez de Fri- bourg
ve.
delaSuifetl^. X. 321
bourg ayant reçu cette réponfes'en i 533, retournèrent fatisfaits {a), G e n i-
Au mois de May on permit Tim^ v e. prenfion de la Bible en François : mais on défendit d'imprimer les livres de Controverfejécrits en cette Langue , quoique les Bernois euf- fent demandé qu'on le permit*.
Environ ce tems-làj Froment^^^ . ayant entrepris de retourner à Oc-ç^^^^''^^,^ neve, y fut en grand danger de la primez vie. Etant fur le Pont du Rhône, à Gené- il rencontra une proceffion 3 avec une grande troupe de Prêtres , qui voulurent l'obliger à fê mettre à genoux devant leur Croix. Il le refufa. Là-deffus une troupe de Femmes bigottes 5 qui fuivoient la proccfTionj plus animées que les Prêtres 3 lui fauta dcffus , Se vou- lut le jetter dans le Rhône j mais il fut garanti par quelques Réfor- mez, qui fe trouvèrent là heureu- fement , Se qui le tirèrent de leurs mains {b),
La difperfion des Paf^eurs n'en- traîna point celle du Troupeau. Les O 5 Ré.
(<) Savion 1. c. Rofit IIL C. ^. Sj>anh.<;4.
I* MS. Chouer.
322 H}J}oire de la BJformatiûn 1533» Réformez de Genève , quoique pri- des ^*^"f ^ Dodeurs, ne laiffoient pas
fem- ^'^^'^ affemblècs fecretes ,
bices. n-vais de nuit , où les plus habiles lifoient 1 Ecriture Sainte , l expli- quoient le mieux qu'ils pouvoient, faifoient des prières > & autres A(ftes de pieté. Quand il venoit quelque Etranger , bien verfé dans.i|i" la connoiiïance de FEcriture , ils^l", le reccvoient . &; i ecoutoi^^nt avec flvidiré. Ils érablirent même en- tr'eiix une bourfe , pour le foula- gement des pauvres de leur petite Troupe, tant Etrangers que Boijr- geois. Un jour entr'autres , ils s'aiïcmblérent hors de la Ville , dans un jardin du P(é l'Evêqtte > ■ où, après les exercices ordinaircs> ^ ils communièrent entr'eux, & ^* ^1 renr la Cène pour la prèmière fois. Ils choifirent pour la leur diftribuer, un Bonnc:ier nommé Jenn Gueriny quiètoit plein de zUe & de pieté, & qui pour un Arrifan, entendoic bien l'Ecriture Sainte. Le Confeilj ayant eu avis de ce qui s'ètoic pafle,& prefTè par les Catholiques, bannit G" /im'// 5 qui fe retira zMoNt- le'utrd^ où il exerça quelque tems
le
de USuilJe. Liv. X. 323"
le Sr. Miniftére, & de là il pafla 1533. dans le Comté de NtushutA^ où il G e x £- far aiifli reçu Minifire , & il y vE. moiirut Tan 1549 (^).
Les Réformez firent en même tems revenir Farel j mais ayant auiïi été maltraicé > fans aucun: i égard pour (a Patente de Berne, il
!fuc obligé de Te retirer {b). Ces mauvais traitemens ne fai- . foient pourtant pas perdre courage aux Reformez ^ ou du moins ils n'empéchoient pas , que de tems en rems ils ne filfent quelque coup • d'ècht. Un jour entr'autres urt Jacobin prêchant dans le Couvent de Ton Ordre , nommé Palais ^ dé- clama horriblement contre- ceux cu'il appel! oit Luthériens, Il fe . trouva-h un jeune Homme , nom- 'iné^^Piirre Robe t Olivetaii y parent de Cal'^n, Se natif, comrne lui, de jSJojorh en Picardie, qui étoit chez ' un Genevois Proreftant , nommé Jean Chdutcmps y en qnaliré de Pré- cepteur de Tes enfans. Il ne put fouffrir les criaillerics du Jacobin, te le réfuta publiquement/ Sa har- O 6 diclTe (,0 Id. îbU. MS. Cho.ict. Hotting. 66'j, Ku) MS.ChoïKC.
324 Hiftûïre de la Ké formation
I S33« cl^effe excita un grand trouble dans Ge N E" rAfleniblétr , & lui auroit coûté la- vie 5 s'il n'eut été fauve par les foins de Clavtd& Bernard y & de Jean Chante mps fon Maitre , qui le ti- rèrent de bonne heure d'entre les mains des Moines , & le mirent Aventu- fureté. Il fut condam-
res de né, par le Confeil y au bannifle-
Hveta?' ^ Neuchatel,.
où il fit imprimer la Bible en Fran- çois 5 Tan 1535. Enfuite il fut' Rome l'an 1538. où on Tempoi- : fonna , il fut emporté par la force: ' du poifon, 8c mourut à Ferrare (a). Peu après le bannilTement d'O- livctan > au mois de Mars j uit Etranger» qui demcuroit à Genè- ve depuis un an , s'avifa de dire une fois dans une grande com- pagnie, que tous ceux qui ?lloient à la MeiTe étoientdes Idolatres>ôc des mauvais Chrétiens. Il n'ea falut pas d'avantage, pour le chat fer de la Ville. Le Confeil le bannit auffij avec défenfe d y ren'rer ja» mais 5 fous peine de la vie (^). Quelques Bourgeois > des plus
zèles
(m) Savîon III. 77. 78. Spanh,^C> W SavÎQn ], c»
delaSuife. Liv.X. 32 J
zelez pour la Réformation 5 voyant j j 3 5; l'état des affaires de la Religion G e n à Genève allèrent à Berne;, fevE. plaindre de la conduite du Con- feil> & implorèrent la protection de l'Etat. Les Seigneurs de Ber- lettre ne écrivirent aux Genevois uneLet- ^"1^^"' tre extrêmement forte fur ce qu'ils Berne à avoient infulcé Farel » nonobftant celui de >, la Lettre de Créance, qu*il avoit Genève
d'eux j ^'ils avoient chalfé Gué" >, fin , & maltraité tous ceux qui entreprenoient d'y aller piêcher l'Evangile ; enfin fur le peu de » caà, qu'ils avoient fait de leurs „ prières > pour l'impre/Tion des 5> livres dcControverfe , concluant, >, que fi G^îneve vculoit vivre avec eux en bonne intelligence^ 5, on dtvoit pcrmerrre la piédica- 5jtion de l'Evargile (rf) „.*
Cette Lettre, qui arriva à Gene- ve le 25e. Mars , fuc l'occafion d'un vacaime terrible dans cette Ville. Le lendemain plus de deux cent Catholiques , animez par les Prêtres 5 alléient à l'Hôtel de
Viile>
(<») MS. Chouêt, Savl'on 1. c. Bened. Tur- ' lin, HilK Rcf Gcnev. apud Scidtu. An- JEvangcl. p, lu. H,
32 6 H'îjîoire de U Réformaticn
Ville, demander tumultuairemcnî Ge N E- juftice 5 contre ceux qui Tavoient foUicitée. LeConfeil renvoia cette troupe tumultueufe , &c leur or- donna de fe tenir en repos , les affûrant qu'on ne vouloir pas fc départir de la Religion de leur" Pérès (^). Le Confeil fit appelle les Réformez , qui étoient cauft que les Seigneurs de Berne avoien écrit cetteLcrtre , les en cenfura 5 leur fit défenfe, de leur plus rie écrire des affaires delà Ville (^).
Mais ces foins du Confeil ne fu rent pas fuffifans , pour appaifec la fëdition. Comme le Grand Con- feil des Deux Cents devoit s'aC- fembler le Vendredi > 2 8^- Mars» pour délibérer fur les affaires de la Religion > la nuit du Jeudi au Vendredi î les Catholiques prirent, ks armes j & s'afTembléient chez le Grand Vicaire, où , animez par les Eccléfiaftiques, ils s'engagèrent,/ par un Serment folennel, de faire pé- rir les Luthériens {c). Le jour étant
venu>
W MS. Chonet p. 6. Spanh, <p. Rojjgt . III. Ch. 9. ■ W Ko/è/lII.Ch.iO..
(c; Sj'anh. Le.
IdelaSmjfc. LîV.X. 327 Ivenu 5 plus de fept cents Hommes i 53 armez, ayant à leur tète les Cha- CoW.^- noines ? & d'autres Prêtres au/li des armez , allèrent à TEglife de *Sf. Catholi- JP/Vrre pour faire former le Tocfin. cont/c Tkm f 'and.ly Ciroyen d'une ho- les Ré~ nête famille , zèlé^pour le bien de^^^^-^* la Patrie , 8c qui Tui avoit rendu de grands fervices , voulut s'op- pofer à cette fédirion ; & pour cal- mer la fureur des Catholiques , il leur repréfenra les funeftes fuites de ces difTepfons. Mais fes foins charitables furent mal recompen- fez. Il n'en remporta que des in- Sédition jures & des coups: on le bleffa J^^^^.^^^* d'un coup d'épée & il auroit été malTacré fur la phce, s'il ne s'étoic promprement fauvé. D'autre cô- ré. Les Réformez , avertis fecre- tement par un bon Prêtre , du complot tramé contr'eux s'étoienc flffemblez en petit nombre, ( car ils n'étoient au plus que 60.) dans la maifon d*un Citoyen , nommé Ni.olus Baudichon , de it Adïifon Neuve , où ils avoient déjà accou- tumé de s'aiïcmbler 5 pour faire leurs exercices de picré : De là ils ^ ailéienc dans la ruë da ^.lem.ws ,
ou
328 Hïjlûîre ae la Reformat ion
1533.011 ils demeurèrent la plupart, Gene-& s'y préparèrent à fe bien def- fendre contre leurs ennewïis , im- plorant le fecours de Dieu. Le Confeil > averti de cette émotion, envoia inceffamment deux Syndics dans TEglife de St, Pierre , pour faire retirer les'^ Catholiques , ôc deux autres à la ruë des Allemans pour faire la même chofeauxRé formez, mais inutilement. Les Ca tholiques , ayant appris que le autres étoient en armes > & ani mez par les Prêtres , firent fonne. le Tocfin , & s affemblérent au Mo lard > où ils furent bien-tôt fuivis par un grand nombre d'autres qui fe voyoknt authoriiez par 1 plupart des Syndics , qui s'y trouvèrent parmi eux. Ils firent venir de l'Artillerie, pour battre la Mâifbn de Baudichon, dans la pen fee que les Réformez y étoient en- core. Ils s'avancèrent pour les at- taquer, ôc dans la fureur qui les animoit , ils firent fermer ks por- tes de la Ville, afin qu'il n'en pût pas échapper un feul. Ils alloient ^'autant plus hardiment à certe ex- pédition , ^ue TEvêque leur avoit
donna
de la Suijfe. Liv. X. 329
lonné Carte blanche^ comme on jarloic alors ^ c'eft-à dire un blancGENjs- Igné , pour les alTûrer qu'il ap- v£. prouveroit tout ce qu'ils feroient contre les Ennemis de la Religion Carholique. On allure que les feuls Prêcres armez faifoient le nom- bre des 500. Hommes , mais je crains bien qu'il n'y ait de l'er- reur dans ce compte. Quoi qu'il en foit , quelque grand que fut leur nombre, ils n'ofëient pas en- core attaquer les Réformez, ^ at- tendirent quelques autres Com- pagnies de gens armez, dont l'une étoit conduite par un Chanoine > nommé De Fegia , qui vouloir met- tre le feu lui-même à la maifon > cil les Réformez s'étoient affem- blez. Le dernier Capitaine étant venu, il attaqua l'un des Syndics* Jean Phil.ppe , Capitaine de la Ville, qui pafToit pour Lurhérien , Se la jetta par terre. Mais les Soldats de Jean Philippe prirent îe parti de leur Capitaine , bltfférent fon ag- grefleur , & di/Tipérent fa Com- pagnie. Cependant les Réformez, renforcez par un nombre confidc- ruble de Bourgeois jufqu à 200*
Hom-
330 Hiftûire de la Kéformation
I Hommes , s'étoient rangez en ba- Ge NE- taille 5 avoient repris courage, 8c vE. s'étoient mis à genoux pour prier Dieu > s^attcndant d'être attaquez. En effet Is Chanoine De Vtgia s'a- vançi pour les attaquer, mais ayant appris que Tautre Capitai- ne 5 fur qui il comptoit , s etoit retiré , il perdit ceurage & re- brouffa vers le Molard.
Jamais Genève ne fe vit dans un plus grand danger , & il fem- bloit qu'il s'alloit faire un maffa- cre horrible des deux cotez. Car jfi les Catholiques étoient furieux, les Réformez écoient réfolus à vendre chèrement leur vie. L'air rentiffoit des cris horribles > que poulToient les Prêtres , ( comme des Bacchantes en fureur , ) & des lamentations d'une infinité de gens, affligez de voir le Pére prêt à égorger fon Fils ^ le Frère altéré du Sang de fon Frère , ôc les parens de celui de leurs parens. Enfin racharnement croit venu à un tel point, que nul n'ofoit parhr d'ac- commodement 5c de paix , de i peut d'être traité comme Pierre i Vandel & de paffsr pour Hérétr- '
que.
deU Suijfe, Liv. X. 3?I que. Heureufement la Providence I 5 3 de Dieu amena-là quelques honê- Gene- îcs Négoîians de Fribourg , quî^^E. voyant avec douleur ce qui fe paf- foit, s emprelTérent à appaifer ce tumulte. Ils allèrent d'un parti à lautre , & les appellent par lès tendres noms à'^lmls 5c de Cow- bourgeois ^ ils les exhortétent à la paix. Les Réformez y confenrirent d abord , ne demandant autre cho- Sedi- fe que de vivre en paix , fuivant ^!!!î!,;r^^^ les moavemens de leur conkien- par des ce, & n'étant pas tant irritez con- ^?égo- tre leurs Combourgeois , que con- p^^^'^^^^^ tre les Prêtres , qui étoient les flambeaux de la fédition. Mais ces bons Médiateurs trouvèrent plus de réfiftance du cô:é des Ca- tholiques. Ils eurent beau repré- fcnter au\ P. êtres, Qu'// leur con- venait mieux d'are à l Eglife , & d y prier , que de s'armer comme ils fu'ijoient > & qu 'ih dévoient exhorter U Peuple a la paix plutôt que de ra- nimer a il guerre j mais les Prêtres furent inflexibles. Ainfi ces deux Fribourgeois allèrent trouver les Magiftiats, qui étoient dans la troupe, & leur répr&fentérent leur
devoir
332 Hiftoire de la Réfarmation ' 1533. devoir, & le mal qui alloit arri- G E N E- ver de cette levée de boucliers. "Vï* Alors les Confeillers publièrent un ordre > de fe difpofer à la paix. Les- Prêtres au contraire exhortèrent le Peuple à aller attaquer j mais IcS' Fribourgeois leur dirent , Que quant a eux y .ils ne voudraient pas confeiller aux Genevois , de ségo'gîn les uns les autres > & de fe mettre» les Pérès contre les Enfans , & teti Fi ères contre les Frères: Qtie d'ailUurr les Réfor?nez les attendaient en ft bon*>\ ne dijpojition , qu'ils aimcroient mteu% ( eux les Fvibourgois ) être de liwt\ iké , que du cote des Prêtres , quils ctoient en plus ^rand nombre y quils ne fe le figuraient, Qu^î fi les Frêtres voulaient sji al er frotter , ik trouveraient a qui parler. Là-d^-ffusi le Peuple > qui écoit autour deuX! s écoula peu à peu , difànt , Nour^ ferions bkn fols de nous égorger les ut^< les autres pour C amour du Clerge\ Dut s ils ont quelque difficulté avec les Ré^ formez > ^« '^'^ l^ terminent entreux'j ou bien > quils difnutènt avec eux par l'Ecriture i plutôt que par l'Epée, Les i Prêtres fe voyant abandonnez dtt i peuple, fe laifférent enfin gagner»
de USuife. Liv. X. 333
Se confentirent à faire la paix. Les 1 533. deux Partis fe donnèrent recipro- ]uemcnt des otages » & le lende- nain le Confcil des LX. fit publier, ^ fon de Trompe , les Articles fui- ^^ants. „ lO. Que les inimitiez ) cefleroienc entre les Eccléfîafti- mode- ^ ques & les Laïques , Que cha- ment: ou ) cun vivroic en paix > & qu'on y ne feroit aucune infulte à per- pour U i fonne , ni par parole ni par paix. i aflion.
>, 20. Que nul n'eut à parler , contre les Sacremens de TEgli- ) fe , & que chacun pût vivre en . toute liberté, jj 30. Défenfê de manger de la viande le Vendredi & le Samedi. » 40. DéFenfe de faire ou Me di- re des cho/cs capables de fcan- dalifer.
„ f o. Défenfe de prêcher fans la permiflion des Supérieurs Ec- cléfîaftiques , & des Syndics. » 60, Défenfe de prêw^her autre chofe , que ce qu'on pourroit prouver par l'Ecritutc Sainte „. Le Dimanche > 30^- Mars> les culiers jurèrent l obferva ion de tte paix , entre les maiiis des
Syn-
334 Hijlolre de la K.cformatîon
1533. Syndicsj & les Ecdéfiafticjues er Gène- tre les mains du Vicaire de l'Ev^ ^ ^' que 5 à peine pour la première foi; de foixante fols d'amende & pot la féconde, de la même amenda & de trois jours de prifon au pai & à l'eau 5 & pour la troifiénie de la même amende encore & c banniflement pour un an *. Incen- Xlf. Pendant que les Gen( ^niw étoient ainfi divifcz cntr'cu
en '^W^-pQyj. caufe de Religion, 6c anime les uns contre les autres comrri les ennemis les plus acharnez, u ennemi fecrec des SuiiTes , leur fu cita des Incendiaires , pour fe var ger deux, fans s'expofèr. Dar une Diette des Cantons aflembh à Einfidley vers la fin d'Avril, c fut averti , qu'il y avoit dans Suifle un grand nombre de fcélérat & d'Incendiaires , dont l'un, non iTié George BUri , de Munchtn Btic fée , ayant éié pris à Fiovvenfelû avoit avoué , que ant en P; mont, avec trois de ks Can^
„ rade
Savlon 111.78. 81. ^ofetlll. CL Spitnh. 59. 60, îhtt'v^r, Vita T'.rei
671. 671. MS.Chouct. 7- Ben. ïum 1. c. 35P7.
deUSuife. Liv. X. 335
„ rades, le Carême dernier, il I 5 33.
avoir rencontré un Seigneur Ita- Inceîi- , lien de grande taille, entre ^^^l^" ..Tvrée, & la Fal-d' Ao[le -, Que^''^'"'^'' j cet Homme les avoir engagez à , mettre le feu en divers endroits^
dans les Cantons de Zurich & 5 de Birne en leur donnant à cha- 5 cun un florin d'or de récom- 5 penfe, 8d qu'il leur avoir pro- ^ mis de leur en donner tout au- ) tant pour chaque maiion, qu'ils , réduiroient en cendres. Il dit , auffi , Qî[\\s étoient environ , foixantc Incendiaires , aflemblez , dans le Canton de Berne ; qu'ils , étoient prefque tous habillez d*u- , ne manière uniforme , pour pou- , voir fc reconnoître entr'euy , 3 fâvcir , en curcles blanches > , doublées de rouge 5 le canon ^gauche découpé, avec une dé- o coupure à tous les deux, au- , deiïous du genoux , à la mode 5 des Lanfqucnets > & qu'ils por- , toient un petit bâton blanc à la , main „. Les Cantons , ayant écouvert cette pernicicLfe Cofîju- arion , prirent de bonnes mefurcs our s'en garantir , par i\\ ce
com-
336 Hîjlôire de la Réformatton
î 533. ce complot abominable échoua Incen- On ne douta point , que ce Sei
^TinHle S"^"^ Italien , de grande taille n mjje, 2^^^ parloit Blari > ne fut le Mar quis de Alufs , qui etoit en fureu: contre les Cantons , ^ parriculié rement contre celui de Zurich & de Berm , parce qu'ils avoient L plus aidé aùxGrifons, à renverfe fbn petit thrône 8c a détruire f Tyrannie^ On le crut d autan plus aifément qu on favoit , qu'i s*étoit retire dans ces quartiers di Piémont *. Peut-être fut ce cette occafion , que les Bernois apprenant les Complots étrange qui fè faifoient contr'eux , fe tin rent fur leurs gardes » & envoie
tLeii. rent des Députez t par tout leu
Mars, p^yj ^ pour exhorter leurs Sujets à fe pourvoir d*armes Se de muni trons, afin de pouvoir fè défendre en cas d*attaque. Sans doute avant la découverte de ces Incen diaires, ils foup^onnoient quelqu ennemi plus puiffant & plusr re doutable t«
StettUr II. 61. <Î3. a. S^vion 1. C. Si
deUStihfe. Liv. X. 337
Dans cctems-Jà les Sdgneurs 1533, ie Zurich remirent fur pié l'Ecole z^irkh ie Cap^d , qui avoit été défolée T^^^^j'^^ Dar la guerre de 1551. ^''^^^^ ^^*/'^- de Cap- a y de Rbynavv , qui en avoic été pel. ^rieur , & qui en étoi: TAdmi- liftrateur , avoit reparé cette mai- Ton depuis la guerre, dans refpace i'une année , ôc à fa requifition , le Confeil de Zurich y rétablit TE- :oie le premier de Mars 5 & y mit quatre Ecoliers , pour y être entretenus , aux dépens de la mai- fon, avec d'autres, qui y furent .aux dépens de leurs parens. On les enfcignoit là, jufques à ce qu'ils fulTent en état de faire des étu- des plus confiderables , alors on les faifoit venir dans la Ville. L'an 1541. rime Simkr quitta cette ad- miniftration , & prit un Miniftére dans le Frcjawpt , avec la dignité 'de Doyen de ce quartier- là > &y 'demeura jufqu'es à l'an i 557. qu'il 'mourut 5 le 9c. Juillet , âgé de 71. ans. Il fut Pérc du célèbre Hifto- rien Jofias Simler. Après lui on confia ladminiRration de cette mai- fon à des gens , qui ne s'accom- modoient pas avec les Maîtres 3 ni 7 (?;;/. /r, P avec
33S Hijloire de la Réformât i en
I 5 3 3 , avec les Ecoliers. Ainfi cette Eco. le fut abolie Tan 1 547. 8c les Eco' liers qu'on y entretenoit , fureni incorporez au Collège de Fraw Munflcr à Zurich > qui avoit ét< fondé l'an 1538. comme nous h dirons en fon lieu {a),
Trogits Un Hiftorien Catholique nou;
for^m^*'' ^PP^^^*^ ' ^^^^^ année - là dam 'tion le Pays des Grifbns, plufieurs Corn- dans les munautez embraflerent la Réfor- Gnlons nation. Il auroit été bon , qu'ij nous en eut appris les noms {b). Aravv ' Dans le même tems ceux de la établit Ville ài^TAW » établirent chez
pour TE-ducâtion ^ * de leur jeunefle. Les Seigneurs de Berne les y encouragèrent , & leui promirent , que s'ils ^voient des Ecoliers , de qui on put concevoir de bonnes efpérances > ils feroient du bien à ce Collège , comme ils en faifoient aux Villes de Brouk^&c de Zoffingue {c). Soins Ces Seigneurs continuèrent cette des Ber- ^nnée , à faire voir leur zélé pom k^^Ré- 1* Réformation. Les V. Cantons
Câtho^
(a) Hotting^ôy^. 676. (è) Bucelln. apud Hor//«^. 57f. (r) B. l«/?r. 244.
deUSmjfe. Liv. X. 339
Catholiques continuèrent de leur 1533, côté dans leur ardeur pour le Pa- formez pifnie. Ils ordonnèrent aux Ré- ^J^f/^^; formez de Bremgarte ^ d'aller k^"^^^^ 'confelfer à Einfidle, à la fête delà Pentecôte > & d'y communier. Le Baillif de Bade parloit fort inju- Vicufement contre laDodrine Evan- gelique. Il avoit même dépofé & :hafie, (js ne fai pourquoi) le Mi- nière de Tœgcrfeld 5 Village mi- parti, près de Zurîzach. Les Bernois krivirent une Lettre fort civile ^ :es cinq Cantons > pour les prier de lailTer en ^aix les Réformez de Bïemg^rte. Mais comme ils n'en surent aucune réponfe 5 ils donnè- rent ordre * à leurs Députez , qui , ^-e-i, partoient pour la Diette ordi- ^ laire de la St. Jean. lO. De de- Tiander une réponfe à ces Cantons. 20. De fe plaindre aux autres, de leur injuftice , & de Tinfra^lion qu'ils faifoient au Traité de paix par CCS violences. 30. De deman- der qu'on punit le Baillif dp 7?^^^, de ce qu'il avoit mal parlé contre 'la RéFormation. Enfin 40. que le Miniftrc de Tœgerfeld fut rétabli (a).
P z L'Abbé
340 Hifloïrede U Kcformatîon
J533. L'Abbé de S, Gai y à rimitaîion Soins de ces Cantons , malrraitcit aulT .des Ber- les Réformez de fes terres. Er les^Rè' Particulier il ne vouloit pas per- formez mettre aux gens de Rofchacb & d( Sujets VFMktUh , de bârifer , de bénii bè dt mariages , 6c de faire la Stc <Î4// Cène 3 dans leurs Eglifes. Les Dé- putez de Berne, pour la Diète; qui s'afTembloit à Bade en Juillet ^Lei^. eurent ordre, * de prier ce Prélat Juillet, que puifqu'il permettoit le plus i fes Sujets > favoir > de prêcher & de vivre dans la Religion Réfor mée , il devoit aufTi leur permet tre le moins. Ils dévoient encore lui repréfentcr , que puifijuil avoi été rétabli en vertu du traité de pat. de Suijfe , il devoit obferver ce Traita a l'égard de fes Sujets (a). Claris II Y eut aufli des troubles dan le Canton de Claris , vers la fir de Tannée 3 au fujet de la Reli gion. Les Seigneurs de Berne ] envoiérent des Députez le i 8^- De cembre^ pour contribuer avec le; autres Cantons , à y rétablir 1; paix Se la tranquillité (^).
Ce;
Ibid. Q) Ibid. 318.
deU Suîjje. Li V. X. 34 ^
Ces Seigneurs eurent aufTi oc- 1533» afion de porter leurs Soins fur les Accom- ^glifes de la Vrevoté. Les nou-
fi l'/v I . , /i / rnent en-
^elles difîîcultez , qui s y cleve- ent entre les Chanoines de Mou- Chanoi- ïers Grand-Fal & les gens du Pays, )ccupérent les Seigneurs de Berne ^ ^^^.^ \c de Soleurre prefque toute Tan- Prevô-' lée 1535. Enfin l'Etat de Soleur- t^'» e ayant propofé à ces Chanoines le porter leurs grieffs , dans une Conférence qui fe tiendroit à Ber- e entre les Députez des deux ' illcs 5 & ceux-ci y ayant con- enri, le Confeil de Soleurre mar- ua le»i. Juillet, pour cette Con- irence. Les parties y coniparu- ent , &: plaidèrent leur caufe. Les )éputez des deux Villc.v exami- érent la Sentence de Bicnne , &: écidérent : L Que puifque les , Bourgeois de Moutiers avoienc ) eu de tout tems l'entrée de la , Grande Eglife , pour y faire , tous leurs exercices de Religion, y il étoit jiifle qu'ils l'cuncnt toû- j jours, n. Qui' d'un autre côté, il , ctoit auffi raifonnable , que ces , gens-là piy.ilTcnt aux Chanoines > leurs redevances , à forme de P 3 „ leurs
342 Hijloïre delà Réformât ion
1533. leurs Droits 5 & leur obeifTent I IaPre- « en tout ce qui regarde le tem- ' voie'. porel. Iir. Que les Chanoines „ kifleroient vivre ces gens-là dans
la paifible profeffion de laReli- ^ 55 gioh Réformée , & qu'ils four- 3^niroient des penfions honnêtes à
leurs Minières ». IV. Ils firent quelques Règlemens> touchant les Appels 3 & fur quelques autres Ar- ticles , qui concernoient des in- térêts temporels. V. Enfin ils or- donnèrent > >j Qu& fi à l'avenir il yy s'éievcit quelque nouvelle diifi-
culte entre les parties > les Sei-
gneurs de Berne en décideroient 3, avec ceux de Soleurre*.
Le 25>. Septembre fuivant, cet- ,„ te affaire fut examinée de nouveam à Berne > entre le Confeil de Ber- ne & les Députez de Soîsurre> à la prière de 1 Etat de Soleurre, & des^ gens de la Prévôté, qui fouhaitoientt qu'on révoquât TArticle des Ap-i pels. Tout fut confirmé , à h referve de cet Article, qui fut en- levé pour les particuliers , avec
cet
* MS. Amp. îip. B. Inftr. r66. Apo-
log. à p. 104. ad 1O7. nb\ îrre(>fit error PJ- l^Q{^raj}hkHs & le^hur Jimii ^ro jillii.
de U Suifc.LiY. X. 343 et éclairciflement , que quand une 1533. "ommunauté ou un particulier fe-iAPRE- oit en procès avec le Chapitre, vole'. a partie acflrice pourroic en ap- jeller à l'Evêque de Baie. On ré- ;Ia auflî la penfion que le Chapi- re devoit donner aux Minières > Ur les plaintes des gens du Pays [a).
Il effà remarquer, que dans ce ChnnoU ems-là il fe trouva deux i^"^^^^ ^^"[J^^^' [Chanoines â Mou tiers i qui s'étoient endus fi abominables , par leurs ifures 5 par leurs blafphèmes, par eurs adultères , & par leur y vro- ;nerie , que TEvêque même ne lût les fouffrir, & les fit mettre t n prifon Le Prévôt , qui étoit leur tête , ne valoit guères m.ieux, )uifquil vivoic tout ouvertement [ans un Commerce fcandaleux , vec une Femme débauchée , & ju'il y peiTcveroit encore l'an 54.2. nonobftant les fréquentes cmonrranccs, qu'on lui avoit fait à et égard. Au refteles diffcrens dcces iglifes ne furent pleinement term.i- lez que l'an i 5 3(5 {ù).
P 4 Les
GO B. Inf^r. SCO. Apclo^. 107. III. ^ yîpnlog. 1C4. •0 ^iottht^. 6<J4 1
344 Hifloire de la Ré for mat lo» 1533. Les Seigneurs de Berne fe vi- BiEKNE rent aulTi obligez d'entrer dans ^ ^'A-^in différent tout femblable , qui S etoit eleve entre la Ville de Bien- ne & le jeune Comte de ChalUnti Seigneur & Comte de Falcngïn, La vieille ComtéfTe , Mère de ce Seigneur étant morte cette année là 5 il recueillit fa fucceffion. Les Seigneurs de Berne, avec qui cette Maifon avoi: fait on traité deBour- geoifie 5 prirent cette occafion poui l'exhorter de lailTer à fes Sujets pleins liberté de Confeience 5 & de ne point inquiéter > fur la Reli- gion , les Eglifes de fa terre qui auroient embraflé, ou qui embraf- feroient à Tavenir la Réformarion, à la pluralité des fulfrages. Il le leur promit. Mais les Catholi- ques croient n'être pas obligez de garder la Foi , à ceux qu'il leur plait d'appeler Hérétiques. Le Comte ne tint rien de ce qu'il avoic promis. Il fît deifendre > à ceux qui dévoient des Cenfes, ou des Dîmes à l'Ancien Chapitre de St. Imier , de les payer à la Ville de T>i{fe. Sienne. Et comme le Village de TQndçn-DûjnkeJfon eut embralTé la Réfor-
mation i
deUSuife. Liv. X. ?4S"
nation 5 & que les Biennois, en IS33* ]ualiré de Collateurs , y eurent tre L'/c??- învoié un Miniftre 5 nommé Pierre q^^^ Marmot j le Curé du lieu, appuie de I^/e^- :}ar les Catholiques , ne voulut point lui céder la place, & la dé- :ifion de ce différent aiant été remife lu jugement du Comte> le Comr& donna gain de caufe au Curé, & ;ommanda au Miniftre de vuider la Cure dans 24,. heures. LcsBien- nois s'en plaignirent aux SeigneurS' de Berne, qui envolèrent * deux Dé-* Le n. putez au Comte , avec ordre, de lui faire les mêmes remontrances , qu'on avoit faites à fa Mère, trois ans auparavant; „ de laiifcr la Ville 5, de B'ienne en poiTefTion des biens 3i 6c des Rentes» qui provenoienc du Chapitre de St, Imicr , & ^^de fon droit de Collature furies Eglifes de fa terre qui en de- p^pendoient: Enfin de rétablir le }j Miniftre de Dombrejfon , lui dé- j^darant qu'ils ne permcttroienc yy jamais , qu'on fit du tort à ces ), gens la, Qjte s'il y avoit cicl- „ qu'un , qui contcftât ce droit >, de Collature , à la Ville • de >, Bienne, ils contribueroient à lui P 5 » faire
346 Hi{îoïre de la Kcformation
1533. » faire rendre juftice \ Enfin qu'on BiENNE >j le fommoit de fe fouvcnir de ^ „ Ja promeffe qu'il leur avoir faite,
iENGIN I r» 1- • f \
concernant la Religion \a) „ . Le Comte, pour ne pas s'atti- rer à dos les Seigneurs de Berne, qu'il avoit intérêt de fnénager y fit fsmblant de céder à leurs remon- trances , 6c ne fe mêla plus ou- vertement de cette affaire. Mais il fit agir fous main le Prévôt de St. Im'm. Ainfi ce Prévôt foutenu par le Comte, porta l'affaire à la Diète, devant les Cantons affem- blez à Bade. Les Cantons fom-. mérent les Biennois de rendre rai- fon de leur conduite devant eux, à la première Diète qui s'affem- bleroit Tannée fuivante j Mais les Bernois ne le trouvèrent pas à pro-
^ Le pos foutenant que les Cantons Mars n'âvoient rien à leur comman-
^' ^ ^ der (/»). Les Cantons affemblez à Bade^, au mois de Mars renou- vellérent leurs inftances auprès des Biennois en faveur du Prévôt de St. Imicr ; mais ceux - ci refuférent de rendre raifon de leur conduite* & de répondre au Prévôt, autre*
ment;
deUSuiJe, Liv. X. 347 ment que devant leurs Juges Lé- 1533, gidmes. Et les Bernois perfifté- Bienne rent dans leur fentiment ^^^hnIiI- les Cantons n'avoient rien à voir >f ^'2,. dans cette affaire [a]. Avril.
Dans une Diète, affemblée à Ba- i ^ ^4- de l'année 1533. TAmbaffadeur de France fe plaignit d'un Livret im- primé à Neuchatel. Mais les Can- tons n'ayant aucune Authorité fl les Ncuchatclois, & l'affaire ayan- été renvoyée à une Diète fuivante, avec celle de Valcngin j les Bernois furent d'avis de répondre à l'Am- baffadenr fur fa plainte j Quil poiu voit Aller a Neuchatel^ faire partie criminelle a Imprimeur {b).
Comme les Bernois prenoient foin des Eglifes de leur voifinage & de leurs Alliez , ils ne négli- geoient point les leurs propres. Juf. qu'à cette année ils avoient per- mis 5 a la Campagne j de fonner pour les morts > afin d'avertir le Peuple qui étoit dans les champs> qu'il y avoit un mort à enfevelir. On abufoit de cette pcrmiflion , & quelques-uns ne fonnoicnt que quand le mort étoit enfevcli. Pour P 6 cettç, (0 (0 lbid.3^5.
348 Hiftotre de U Réformation j ^ ^^5^ cette raiTon ils interdirent cerre fon-. Beh^e nerie, par un Edic du 20. Sep:eni- bre , foui» peine de 10. Livres d'a- mande. En même teir^ ils or- dorrérent z.ux Miniftres, d'inftiui- Ber7ie k- U j^uiieiTc, dsiis Ics Catéchiimes î^abijt les de Tapies dinée, les Dimanches & Ses!^ jours de Fête , & leur recom-
mandèrent foi'temtnt de s'acquiter rcligieufement de cette forâiion , d'une telle manière qu'ils en puf- fent rendre un bon Compte à Dieu ^, Et afin de s'alTûrer de rexécutioç . de leur Edit 5 &: de leurs autreifî Règlemens de Réforme /ils envoie* renr, deux jours après 5 quelqueSr uns des Minières de leur Viile « pour aller prèfider dans les Claffes de leur Canton , chargez d'y por^ ter leurs Ordres, & d'examiner Té? tat des Eglifes t-
Cette année le Seigneur At Torrens', dont les Ancêtres avoient ttè Seigneurs de Jurifliidion , du Bourg àAl^le , & de fa ûcpendance 3 fut reçu Bourgeois de Berne le i6. Décembre j & il renonça folemnellement à toutes les prêtent ionSj qu'il pouvoit avoir fur Ai^U. Il fut i|9 dernier de fa race (^). ' ^
^ ACTES
B. Mandat. B. ^r. tB.Inftr.191. {a) Stetler II. 63. a.
349
ACTES
D U
bYNODE DE BERNE
Alllmhl^' [An AÎDXXXIL Compofc de 230 pcrfonncsy tous Paftcurs & Minifircs du S. Evangîîe, dans !a Ville & dans les Terres du Can- ton de Berne: cmmcmé le 9^- de Janvier y termine /e l^, du même ??wis.
I n t r o d u c t I o Ny
J^ijlûurs pn'limin/tire des Pères du Synode , adreffc a L^L. EE. de Berne 5 touchant ï Autorité & le Pouvoir du Adagijlrat Civil , \ a ( égard •\o^x,tx\ du Service Divine avec une ^Y^^l^"^^. r^xhortation a ces mêmes ôet- oion. gneurs fur ce fujct.
TtLUSTRES E T Sq V £ KA IN s
Seigneurs.
IL n'eft pas bien po/Tible aux Pafteurs ordinaires &: ai^x Mi- j^nirtres
350 ABes du Synode de Berne y
niftres de la Parole de Dieu,> 5, de faire quelque fruic dans l'E- >, glife , & de l'y entretenir par
des Ordonnances extérieures j fi >, le Magillrat Civil ne joint fes^
foins , pour avancer cette bonne >, œuvre. Car le cœur de l'Hom-
me eft tout gâté , tout corrom- » pu , ôc entièrement abandonné' >5 à (es propres imaginations & à.
fes défirs. C eft un mal qui eft; 55 répandu par tout , aufll bienV 5, parmi les Eccléfiaftiques 3 com- » me parmi le commun Peuple y
& tout cela vient , de ce qu'il ^, y a encore fi peu del'Efprit & de 35 la vertu de Dieu dans nos cœurs», >, Or tout Magiftrat , qui fait pro-«
fclTion d être d'un Gouvernement
Chrétien & pieux, eft obligé de >, mettre toute fon application , à; >j faire que dans l'exercice de fou
pouvoir, il foit le Lieutenant 8c
le Miniftre de Dieu , & à con- 5> ferver parmi fes Sujets la Doc- >j trine & la vie Evangelique, tout 55 autant du moins qu elle s'exer- 5, ce au dehors 5 & qu'elle fe pra- yi tique dans les chofes cxtérieu-- w res, C'eft de ces chofes qu'il
» fau-
tenu enl$32^ ïntroducrïon. 3 5 1
>, faudra que chaque IVÎagiftrat rende compte un jour devant le redoutable Tribunal de Dieu , ,j Jorfqu'il jugera & condamnera le Monde par Jesus-Christ. 3j II eft donc vrai que le JVlagif^ ;jtrat Civil doit procurer l'avan- >, cernent des voycs de la Grâce , 5, tout autant du moins qu'elles 5, fe répandent dans les chofes ex- 3, térieures. Mais pour ce qui re- garde ces voycs de la Grâce, en- >, tant qu'elle fe déploie s'a- vance intérieurement dans le cœur, c'cft une choiê qui n'eft 5) pas au pouvoir des Hommes 5 5, &: qui ne dépend d'aucun Ma- 5^giftrat, ni d'aucune Créature> :)j quelle quelle foit,- car les cho- >, fes Spirituelles & Céleftes font ^) trop fublimes 3 & fort au deffus » de tout pouvoir civil & char- » nel. Ceft pourquoi aucun Ma- ^) giftrat ne doit maitrifcr les Con- >, fciences , ni publier des Ordon- 5, nances pour des chofes cxtérieu- 5> res > par lefquelles on mettroic y% un joug fur les bonnes Confcien- ces , ^ Ton borneroit le S. Et ?>pric, l'empêchant de déployer
toute
3' 5 2" Actes du Synode de Berne
>3 toute fon efficace. Car il n'y a que Jesus-Ghrist nôtre Sei- 55 gneur, à qui Dieu a donné tout >5 pouvoir 3 & la promefle du S.
Efprit 5 qui foie le Maîcre & le ri Seigneur des Confciences. C'eft >j pour cette raifon que le Pape, les 3, Evêques , 6c les Prêtres , avec 5, toute leur bande , font tout au- 3> tant d'An te - Chrifts , & enfei* ^^gnent la Dodrine des Diables f 33 parce qu'ils entreprennent tous»fi „ de maitrifer les Confciences à leur i >, fantaifie j de faire des pêchea . 35 de chofes que Dieu n a pas i défenduës > de, pardonner & de faire grâce pour des chofes qui font criminelles devant Dieu, éc même de rnériter la grâce aux >, autres par des œuvres , forgées & inventées dans leur Cerveau*. >5Atteniârs qui font tout autant 3j de blafphêmes , que les Magif^ trats doivent bien fe garder de. 33 foûtenir , mais pliuôt les fuir &. ,5 les éviter avec tout le foin pofi.. 33 fible. Mais il ne s'enfuit pas de- là , qu'ils doivent' abandonnée. 5, le pouvoir qu'ils ont re^ii de. „ Dieu pour ces chofes, mais plûr
tôt
tenu en 1532 Introduction. 353
„ tôt l'exercer , autant qu'il s'étend „ fur les chofes extérieures, afin „ que k grâce ait fon cours libre> „ & foit avancée, par leur Auto- „ rité 5 comme par des ouvriers
qui concourent avec Dieu. Il faut
donc qu'ils ayent foin de gar- „ der la Saine Doftrine , d'empè- 5j cher l'erreur & la fédu<flion , de 5, punir tous les blafphèmes & les 3, péchez manifeftes, à l'égard de 5, la Religion & de la conduire de
la vi« , de protéger la vérité , ÔC ^, les bonnes mœurs, &:c.
» C'eft pourquoi, Jlluftres & Sou^
verams Seigneurs , comme Vos >j ExcE LL E NT c E sont embrafle fi >, courageufêment l'Evangile , 8c ,> l'ont fait recevoir de vos Sujets j „ 8c qu'elles ont même prêté fer- 2^ ment là-defTus , comme fur une
Loi particulière 8c fondamenta- >, le de l'Etat, de le maintenir au „ milieu de vous 8c de tous les „ vôtres, tant dans la Ville Capi-
taie , que dans tout le Pays, » au/Il faut- il déformais regarder ,> vôtre Gouvernement, comme re- >, vêtu d'une nouvelle formic , 8c ,5 chargé d'une nouvelle obligation,
>i corn-
354 Actes du Synode de berne,
5, comme pour toute autre Loi Xi extérieure , & vous ne pourriez 5> jamais le quiter avec honneur » devant le Monde.
>j II eft vrai que votre Miniftère 5> ôc le pouvoir que vous avez à l'égard de l'Evangile, ne fait ni n'a fait autre chofe que des Hypocrites > fi J'e s us-Christ même n'eft pas de la partie , car 5> il y en a plufieurs » qui fuyent 5> la Mefle , comme une Cérémo- » nie pleine de blafphêmes , qui ai s*accommoderoient fort bien de 5, cette abomination 5 fi VV. EE, ne l'avoient abolie par leurs >, Edtts & leurs Alandats, Mais 5, il n'importe. Car le Miniftère 3, même de MoiTe n'a rien pû faire 55 davantage avec la Loi de Dieu, 5, qui cependant eft une Loi de vie j il ne faloit pas pour cela » qu'il ceffât d'inculquer la Loi , >, rr/ais il devoit plûrôt exercer fon >, office, & ainfi faire que la Loif y) qui ètoit vivante , fût une Let- 55 tre morte , & devint même Co- 55 1ère 3c Mort pour la chair, parce 3i que Dieu n'avoit point donné 9) au Peuple i par le Mini(lère de
Moife,
tenu enlSll^ Introduction 355 5, Moïfc, un cœur intelligent , ni jj> des yeux éclairez , ni des oreil-
les ouvertes pour ouïr, comme
ce Saint Homme s'en plaint dans „ fon dernier difcours 5 * peu de ^
tems avant fa mort> après avoir '
été avec eux durant quarante >, ans. C'eft ainfi que les feuls » efforts du Miniftre extérieur ra- „ portent peu de fruit devant Dieu.
Mais 5 nous le difons encore une „ fois > il n'importe pour VV. EE.
de quelle manière on reçoive >, l'Evangile. Car VV. EE. fou- >, haitoient de conduire chacun \
la vérité par leur Miniftère , & 35 d'abolir tous les fcandales pu- 3, blicsj mais le Monde l'embralîe 3, par rhypocrificj ce n'eft pas vô- 3, tre faute , il en eft de vous *
comme de Moïfe > qui faifoit fès ,3 efforts pour conduire le Peuple 3> à Dieu 3 pour introduire & 5, entretenir parmi eux une viç sjfaintc ôc bien réglée.
Et quoique ni vous, ni aucun 3, pouvoir humain, ne puilTez faire 5, une bonne confcience devant
Dieu ; cependant le Minifière de 3, VV, EE. fert a faire 3 que la
3> pure
W
356 Actes du Sy/iode de Bernti^ '
53 pure Parole de Dieu foit piê- 35 chés parmi vos Sujets , que la
Grâce , leur (oit clairement an- jjnoncée, & qu'on les conduife à 55 la Source vivante 5 de laquelle 5, feule on puife les eaux du falut, ?5 fa voir à nôtre Seigneur Jesus- „ Christ, qui eft nôtre unique 5, Médiateur \ après cela Tembraf- y> fe qui voudra. Et quand on 5, le prêcheroit en vain pour tout ,> le Monde , ( ce qui cependant J5 n eft pas polïîble > ) néanmoins 55 vous avez fait ce qui dépendoit 35 de vous, vous vous êtes aqui- 55 tez de vôtre devoir, & vous j, avez fauve vos Ames , comme », Moïfe & les bons Rois de juda) 5, qui firent beaucoup de bien , en y-, s'apliquant à faire obferver la Loi 3, parmi le commun Peuple. Car
la le<îlure de la Loi , & la pré-
dication de la Parole , que ces >, Rois faifoient faire, fer voit à an-
noncer le jugement de Dieu con- 5, tre les médians , à abolir les 5, blafphêmes notoires» les vices, j, les infamies & les fcandales y 55 à punir 6^ à reprimer le mal, & aj à procurer & à faire régner le-
5, bien :
i^nu enX^ll, Introducîion 3 57
bien : 5c c'eft pour cette raifon >, que le S. Efprit donne tant de
louanges aces bons Rois, dans o l'Ecriture.
5, Il ne faut pas que les difcours „ de quelques Ames fimples faffent „ de la peine à VV. EE. les „ détournent d'un deffein fi Chré- „ tien. Ils difent; Que le Chriftia- 5, nifme eft dans rinréiieur, qu'il 5, ne peut pas être gouverné par j, répée, mais qu'il faut qu'il foit
adminiftré par la Parole de Dieuj 55 Ouz VV. EE. établiffent une ), nouvelle Papauté , en voulant 5, vous mêler des affaires de la >, Foi , &c.
„ Mais nous répondons ^ Que 5, cela feroit bien vrai > fileMagif^ j, trat vouloit violenter les Conf^ 5, ciences &: maitrif^r la Liberté 55 Chrétienne , qui eft dans une >, bonne confcience ; ce que Ton ne
doit pas dire de VV, EE. dans 5, raffaire dont il s'agit j puifque 5 5 vos foins fe tournent à faire, que 5, la vérité foit prêchée clairement ; 3, que Ton exhorre fortement à la ,5 Piété ; que l'on cenfuic fana 5) crainte les vices des Sujets & des
3, Ma-
358 Actes du Synode de Berne^
„ Magiftrats , 6c que Ton obferve 5 3 au dehors dans le fervice divin, 5, & en d'autres rencontres , un or- 9> dre bien ménagé, qui n'empêche 5) point le cours du S. Efprit. Or 5) tout cela fe fera , fi VV. EE. ont 5, la bonté de confirmer les Ordon^ 35 nances fuivantes j ( dont nous >,fommes convenus entre nous dans 5, ce Synode ) pour l'avancement ode la gloire de Dieu s & fi vous j> nous ordonnez à nous tous, qui" 9i devons prêcher l'Evangile dai» 5, vôtre Ville & dans vos Etats > 3, 6c fi vous nous commandez/ 5, comme à vos Sujets 3 de les ob-" 55 ferver. C'eft la grâce que nous demandons très - humblement à 55 VV. EE. 6c flous les en prion« 35 ardemment pour Tamour de ,j Dieu 53.
Voici nos Ordonnancés 6c nos Ré* flexions y que nous avons ren- fermées dans les Chapitres fui*^ vans.
CHA.J
tenîi en ï 532. 3S9 CHAPITRE I.
ue nous ( les Miniftrcs ) de* njons nous aquiter foigneufe- ment de notre devoir, Rémiérement, comme nois? les Miniftres&Pafteurs, devons être ^7Hhjfadeui s pour Christ, AU" lïflres de l'Efprit , & Difpcnfateurs 'es Alifîeres de Dieu, que ;'eft là le nom qui nous eft donno lans l'Ecriture : Que de même uflfi la Louable Seigneurie deBer- e, & les autres Magiftrats, font ppellez , & font effectivement les vîiniftres de Dieu , pour ce qui egarde les Ordonnances extérieu- es i il nous eft abfolument né- effaire ? fclon les Loix que LL. :E. ont faites touchant TEvangile» [ue nous prenions bien garde à lôtre MinîAère à TEmploi qui ;ious eft confié , ( lequel eft fpiri- luel, intérieur & Célefte) pour en iemplir toutes les fonctions avec bin, avec ardeur, & de tout nô- re pouvoir. Or nôtre Emploi exi- ;e de nous deux chofcs , une fai- te Doctrine > 6c une vie bien ré- glée , tant pai rapport à nous, quç
pac
36o Actes du Sjnode de Berne»
par rapport aux autres qui font profeiïion, avec nous , d'une mê- me Religion.
CHAPITRE II.
Que toute la Doctrine fe ré- duit uniquement a J E S U S - Christ.
T)Our ce qui regarde laDodrine, nous diions , que toute la fai- ne Dodlrine nefi: autre chofe, que la feule Parole éternelle de Dieu, la Bonté & la Miféricorde pater- nelle , laquelle il nous a commu- niquée par Jésus- Christ 5 Ô: ce n'eft autre chofe que JesusI' Christ lui même, qui ^ été crth c'ifié pour nos ûffenfes , & rtjfufcitê ^ Rom. pour nôtre Juftification * y afin que ^' nous fufTions juftifiez. Ce qui cftl contraire à cette Dodlrine, eftcon^ traire à nôtre falut : ce qui ne rcn-i ferme pas ce que nous venons de dire, ne peut jamais être appelle une Do<flrine Chrérienne. Car tous les Miniftres de l'Evangile font Ambafladeurs pour C h r i s t , témoins de fav paflion : & ne doi- vent s'appliquer à autre chofe qu |
aire fa volonté, & exécuter fes Dommandemens , comme ayant té envoyez par leur Seigneur uni- juement pour ce deffein , tout de nême quelui 5 le Seigneur Je s us, i été envoyé du Pére, pour ma- lifefter aux Hommes le Nom Se a Gloire de fon Pére , & rien au* re i & qu il la ponctuellement le fidèlement exécuté pendant tou- e fa vie. Car il a été incelTamment occupé aux affaires de fon Pére Cé- cfte > & n'a rien dit de par lui- nême i mais a toujours enfeigné » linfi qu'il avoit entendu du Pére,
CHAPITRE. III.
Ouo/^ ne doit propofèr au Peu- ple la connoilfame de Dieu ^ quen Jesus-Christ.
ne fâuroit alTez dire com- bien il eft honteux pour un Miniftre de Jesus-Christ, de ne pas favoir le Commandement de fon Seigneur , & de s'embar- raffer d'aunes affaires vaines & inu- tiles i Se de ne s'occuper pas en- tièrement des chofes qui regardent fon S igneur, ûvoir nôiie falut Tom. Jr. cter-
362 Actes du Synode de Berne,
éternel. Le Pére parle sncoreau- 1 jourd'hui à nous par fon Fils, qui habite dans nos cœurs par le S, Efprit ; c*cft par lui que Dieu nous réconcilie à foi , & c'eft en lui que nous aprfenons à connoître les ceuvrcs de Dieu , 6c la douceur de fon cœur paternel & miféricor- dieux envers nous. Ceft dans cette intelligence 8c dans cette connoif- fânce expérimentale de Jésus- Christ, que le Fidèle va croit fant tous les jours , à mefure que ks exhortations continuelles Tex- citent à cela même, au dehors. Mais cela ne fe fait pas, lorfque les Mi- niftres parlent beaucoup de Dieu, fuivant une méthode Payenne , ôc qu'ils ne font pas connoître cei même Dieu au Peuple en la face de Jesus-Christ, qui eft la Uehr, I. refplmdeur de fa Gloire , & riniagt Coloff, I. (jy la marque engravee de fa perfomie% ou , de fa réelle Venté. Si les Mi^ j niftres oublient de faire connoître i iaGracedeDieu en jEsus-CHRisTf leur Peuple en devient plus mé- ; chant & plus incrédule , & il ft ! trouve , à la fin > fans Dieu dans le Monde 3 tout comme l'ont éti ^
les
terni e/zl $32. 363
les Payens, qui ont ouï beaucoup caqueter d'un Dieu connu naturel- lement , mais qui n'ont rien apris touchant leur Pére miféricordieux, qui eft au Ciel. Ceft pour cette raifon , que bien qu'ils ayent con- nu Dieu 5 il ne l'ont pas honoré comme Dieu , jufqu'à-ce que Jesus- Christ leur ait été annoncé , & qu'ils ayent crû en lui ; comme S. Paul l'écrit aux Ephefiens * : Dans^Ch, II. cetems-lày dit - il vous étiez fans Christ , &:c. vous étiez fans ef pérance^ & fans Dieu dans le Monde^
CHAPITRE IV.
Que Jes us-Christ efi le "véritable Fondement,
(^'Eft ainfi que Je sus-Christ nôtre Seigneur , eft le Fonde- ment de tout l'Edifice fpirituel 5 hors de lui , il n'y a point de fa- lut à attendre \ mais en lui , il n'y a point de perte ni de condamna- tion à craindre. Il eft la Pierre angulaire, le Rocher, le Chemin > la Vie , & la Vérité. Les Apôtres & leurs Difciples (dont les Mmif- trcs doivent être les Imitateurs > Q, i comme
364 Ac^es du Synode de Berne
comme ils font leurs Succeffeurs) n'ont prêché autre diofe que ce Jésus - Christ. Ceft pour cette caufe que S. Paul a miprifé la Juftice qu'il avoit par la Loi ,
^ Vhli. ^ w entièrement rejettée*; & n'a jamais voulu > non plus que tous les autres Apôtres , avoir d'autre fondement de fon falut , que Je- su s-Chri ST feul. Ceft ce que nous voulons faire voir encore par les paffages fuivans , bien que tou- te TEcrirure mène-là. Tar la gra* ce de Dieu , qui ma été donnée^ dit ce S. Apôtre , Jaï pofé le fonde- vient 5 ôcc. Nul ne peut pofer d'au-- tve fondement que celui qui eft déjà
îr. Co^. ^^y^^ fa^oir jESus-CHRisrt» rous êtes , dit-il ailleurs > les Coni" bourgeois des Saints , & les Domefti' ques de Dieu } étant édifiez fur le fon- dément des y4pôtres & des Prophètes ^ Jes us-Chri st étant la mai*
4- "Ejfhef, frejfe pierre du coin +. Si vous avez goûté , dit S. Pierre > combien le Sci^ gneuY eft doux > auquel vous êtes
★ venus , comme a la pierre vivante %t
II- 3- 4- Ce Je s u s eft la pierre élue , la pré* cieuf' pierre angulaire , dont il eft parlé , Efa. XX. ôc Pfau. CXVIII.
tenu en I S32. 36s CHAPITRE. V.
Qj£e ce nefi que -par J E S U s - Christ fcul immédiate- ment >^ que Dieu ejl reconnu mifêric or dieux,
V/f Ais qu'a-t-on. befoin de beau- coup de paroles ? tous les tréfors de la & de la con-
noilTance foat cachés en Jésus - Christ *. .Pourquoi un Prédi- ^ Co/o/7> cateur Chrétien chercheroit - il la fagefle ei d'autres Hiftoires ou en d'autres Livres , au lieu de Fairô connoî re ces richefles & ces tréfors de Dieu, favoir de Je^us-Christ nôtre Seigneur, en quî toutes cho- fes font réunies ? On veut beaucoup raifonner fur la nature de Dieu tout puiflant, fans parler de Je- sus-Christ, mais cela efl fans fruit, puifque Dieu s'eft toujours fait connoîcre par fes œuvres , & qu'il s'eft clairement ••donné à con- noître, par les propriétés ,* les. dénomiîiations de certaines chofcs particulières , comme dans le Tata^^ dis» par ï^rhe de f^te i Api es ja» chute d'Adam , par la fciuence de 0.3 ''t-
366 Acies du Synode dcBernc^
U Femme ^ à Abraham ? par Tordre qu'il lui donna de fortir à'Ur des CaldéenSj à fon Serviteur 5c à fon Fils 5 par le nom de Seigneur & Dieu Abraham: Enfuite au Peuple d'Ifraël par le nom de Dieu (CA* hraham > Jfaac 3 & de Jacob, Dans le Déiert &c dans U Pays de Ca- naan on l'apeloit , le Dieu qui nous a tirés hors du Pays d'Egypte > & de U Aiaifon de Servitude , qui a fait Alliance avec nous fur la montagne âUJoreb, De même aufli à caufe de cette Alliance, l'Arche, Is Temple 6c la Ville de Jerufà- lem ont été apelès TEternel Dieu, parce que par ces fignes on entendoit Dieu lui-même, Ainfi Dieu s'eft donné à connoître> quoi qu'obfcurémcnt 5 par quelques œu- vres de grâce ôc par certains évé- nemens ou fîgnes particuliers^ com- me les vrais Chrétiens aujourd'hui le connoiflent clairement &c certai- nement en Jésus -Christ nôtre Sei- gneur, fans fe tromper. C'eft pour- quoi il faut que ceux qui annoncent l'Evangile, donnent l'illumination de la connoiflance de la gloire dé Dieu, en la face de Jesus-Christ,
&
tenu en I 532. 367
& non pas fans Jésus - Christ, ou hors de lui 2. Cor, g. Car cette connoiflance de Dieu qui n'eft pas fondée furjESus-CnRisT fe pert 5c fe réduit à rien , comme Ciceron le dit de Simonides , qui à force de méditer & de vouloir apro- * fondir ce que c etoit que Dieu, en vint enfin à ce point , qu'il fe tiou- va plus ignorant dans la connoif- fance de l3ieu que lors qu'il avoit commencé d'y penfer. Les Juifs auflfi font privés encore aujourd'hui de la connoiffance de Dieu , avec toute leur Lettre morte & leur Arche de l'Alliance , car l'Arche n'eft plus. Il y a maintenant un nouveau Symbole de Dieu > favoir que Dieu lui - même reconcilie le monde à lui par Jes us-Chris t. Auparavant le couvercle de TAr- ■ che étoit Appelle le Propitiatoire j maintenant Jesus-Christ lui- même eft le vrai propitiatoire, de la bouche duquel nous entendons la voix miféricordieufe de Dieu j ; nous fommes alTûrés avec lui, 6c I nous avons un accès Libre au- près du Pérc par lui, comme Je- I rcmie le témoigne , Jls ne diront ' 4 plus
368 A6f es du Synode de Berne»
plus y r Arche de l Allian- ce DU Seigneur;. Ce difcours ne montera plus dans leur cœur y ils ne s'en fouviendront plus; mais Je» rufalem fera appelée le Trône de Dieu, Là le Pfophére parle du régne de Jesus-Christ & de la Jéru- i jfalem Célefte qui eft libre > & dans i laquelle pieu habite , favoir dans ( les cœurs des Elus, Il fuie de là» > que Dieu le Pére n'eft bien connue en vérité, dans ce tems de la grâce, que dans le Chef & dans fes Mem- bres, favoir en Jefus-Chrift & en fes Fidéhs , puifque c'eft en lui que la grâce eft auin parvenue aux i Payens , lefquels ont été rendus l participans de la grâce par lui > , fans Ja Loi , par fon Sang divin, , & en l'opération du faintElprit,
CHAPITRE VL
Qjdun Sermon Chrétien doh être i uniqttement tiré de J £ s U s - C H R 1 S T 3 parler de lui,
^Omme Dieu a toûjours attaché fa connoilTance , pour ainfi di- re , à de certaines œuvres fym-
boles
tenu en X'yll. 369 ibûles remarquables 5 & que toutes ces chofes ont été des figures, des ombres 3c des types qui fe rapor* itoient à Jefus Chrift , lequel eft aparu dans les derniers tems ? 3c a parachevé fa courfe dans la chair^ cft monté au Ciel , 3c fe fait fen- ,tir tous les jours dans les Fidé- < les par le S. Efprit , Et puifque ce n eft qu'un feul 3c même myftére que celui du Pére 3c du Fils , 3c qu'aufil nul ne peut connottre le Pére finon par le Fils , pour cette caufé il eft abfolum.ent nécefTaire , que tous les Serviteurs de Dieu , qui annoncent le régne de Jefus-Chrift, prêchent foigneufement nôtre feul Seigneur Je s u s 5 dont la connoif. fance furpalTc toutes chofes. C'eft pourquoi nous devons nous exhor- ter fidèlement les uns les autres, à ce que nous , qui fommes les Miniftres de l'Evangile, prêchions uniquement ce Jésus nôtre Sei- gneur, fur qui repofc tout le con- fcil de Dieu , afin que nous ne foyons pas trouvés comme des Pré- dicateurs de la Loi, ou autrement des Prédicateurs mondains , n'en- feignant que les penfées de nôtre Qw5 propre
370 Actes dri Synode de Berne»
propie raifon, & que nous ne fo- yons pas rejettés du Seigneur y comme de faux Serviteurs.
CHAPITRE VII.
Qî^il faut com?nenc€r ér finir la. Do^lrine U Vie Chrétienne^ à la mort à U réfurreclion de Je sus-Christ.
n'eft pas encore afles que les Minières ayent fouvent dans la bouche ces paroles : Jefus - Chriftj notre Sauveur y & d'autres fembla»i blables 5 & de les due auPeuple^,! car l'Evangile du royaume, ne con* fîfte pas en fimple voix ou en fim-- pie parole, mai? en vraie vertu de Dieu , laquelle faifit les cœurr des Fidèles , les change , les re^ nouvelle; & de pauvres pécheursi qu'ils étoient , les rend Enfans de^ Dieu , & en fait des Hommes* tout céleftesdont les inclinations ne font plus charnelles? mais divines.
Or pour parvenir à ce bonheur* il faut commencer par la mort & par la réfurreclion de Jefus-Chrift,! & a in fi prêcher en Ton nom \t repentance Se le pardon des péche^
tenu en IS32. yji
C'eft là ce que doivent contenir toutes les Prédications Chié iennes.
C eft ainfi que J^-fus - Chrift a icommandé à fes Difciples de prê- cher, ceft ce que les Apôtres ont obfervé, c'eft ce que les Elûs ont embrafle par la Foi ; c'eft ce que le S. Efprit a confirmé, & ce que tout le monde doit avouer, fur quoi il faut obferver le paflage fuivant : Alors il leur ouvrit r entendement y afin quils compîiffent les Ecritures^ & il leur dit. Il eft ainfe écrit , & ceft ainfi quil faîoit que /^Christ foufrit, & rejfufcitat d'entre les morts 4U troifiéme jour y & quil fit prêcher en [on nom U repentance , & le par» don des péchés parmi tous les Peuples^ Luc. XXIV.
Nous voyons par là que ce n eft qu'après la réfurre^flion que la pré- dication de la repentance Se du pardon des péchés a eu lieu, puif- que c'eft au nom de celui qui a foufert , qui ell mort , &c qui eft reffufcité, qu'il faut prêcher h re- pentance 6c la remifrion||(es péchés» C'eft pourquoi il faut que toutes les Prédications fuient tournées de ce côté làj afia déviter l'erreur, de Q^<î cor-
372 Actes du Synode de Berne»
corriger les mœurs , & d'avancer le bien. Il faut ajoûter à ce!a> que ce fut après fa réfurrcflion que le Seigneur envoya fesDifciples pour prêcherj fur quoi il faut remarquer que fous la réfurredlion , il faut aufll comprendre tout le refte de la vie de Jefus-Chrift , favoir,fon Afcenfion dans le Ciel , & la dit tribution du S. Efprit , avec les effets qui s'en en fui vent dans k confcience des Fidèles.
Il faut aufTi , bien méditer les prédications de S. Pierre , dans le Livre des A(fles des Apôtres > leC quelles contiennent l'ordre qu'on vient de marquer pour annoncer le fâlut par Jifus - Chrift, kà. IL IV. V. XI. XVII. XX. car elles montrent par tout la mort & la réfurre(flion de Jefus-Chrift, & an^- noncent par là la repentance & le pardon des péchés > ce qui eft le ibmmaire de nôtre Evangile. Il eft néceflaire de méditer foigneufement ces Sermons des Apôtres, afin que nous conjpiencions là ou ils ont commence, & que nous puiffions avancer & croîwre en Jefus-Chrift comme eux.
Mais
tenu en î 532. 373
Mais dira-t-on 5 s'il faut com- mencer 8c finir à la mort & à la réfurre£lion de Jefus-Chrift, à quoi ferv^enc donc les Evangeliftes > qui nous décrivent fa naiffance 6c fa vie ?
Réponfe, La naifTance & toute la vie de Jefus-Chrift eft une pré- paration à fa mort, tellement que toute la difpenfation de fâ vie en Ja chair, & faDodrine, a été tour- née pour fervir a nôtre Salut , puif- qu'il a été envoyé de fon Pére & qu'il eft venu au Monde pour fau- ver les pécheurs, certainement il S'eft toujours fidèlement aquité de fa commifTion > 6c a tourné de ce coté là toutes fes paroles 8c fes Ceuvres , autrement il auroit cté défobéiftant à fon Pére> ce qui eft impie à penfer. C'eft pourquoi Tefprit qui eft en nous, ne cherche dans toute fa Do£lrine autre cho/e que la parole de fa croix ôc flc fa gloire. De même il con- temple les œuvres 6c les mi- Mcles de Jcfus-Chi ift , dans let <|liels il contemple le cours inté- rieur de la grâce , 6c Topcration (piiituelle de Jefus-Chrift dans le
cœuf}
374 A^es du Synode de Berne,
cœur, fa voir, Quzm lieu que nous femmes des pécheurs aveugles & fourdfi , il nous rend la vûe & Touie pour entendre la voix vivante du Pére : De boiteux que nous fommes , il fait de nous de vail- kns foldats , qui courent dans les voyes de Dieu , fans broncher ; il nous nettcye de la lèpre du péché par fa grâce fdutaire, & le pécheuc qui eft mort , il le vivifie par l'et prit de la refurredlion. Ceft ainfî que la Foi entendant parler des miracles que le Seigneur a fait ex- térieurement, admire en même tems beaucoup plus les opérations inté- rieures & fpirituelles qu il fait fen- tir tous les jours par le S. Efprit, lefquelles furpaffent tout entende-^ ment. La naiffance de Jefus-Chrift qui a été faite par le S. Efprit, nous montre que nous devenons enfans de Dieu > lorfque , outre nôtre naiffance charnelle , nousx fommes aulfi faits des Hommes nouveaux & céleftes, par le même S. Efprit que le Seigneur Jefus nous donnei C'eit pour cette raifon que les Evangeliftes décrivent ainfi lanaif^ iànce ôc k vie de Jefus-Chnft; parce
tenu en l 532. 37S que tout cela fert à nôtre Rédemp- tion, ôc que nôtre mort à la chair, & nôtre réfurredlion félon l'efprit en Chrift, y eft figurée 5c repré^ fentée,
CHAPITRE VIII.
Comment il faut tirer de JesUS- Christ la connoiffance deno" tre péché.
'Apôtre écrit que Bicu a entière-
ment rendu reiommandable fa cha'* rité envers nous, en ce que lors que nous n étions que pécheurs &^ ennemis de Dieu , Christ cfî mort pour nous Rom. V. Il fuit de là que le péché doit nous paroîcre abomi- nable > & extrêmement haiffable j puifquil a falu que le Fils de Dieu mourut poi-r nous, afin d'en-^ lever de defifus nous ce fardeau du pé.hé, il s'eft une fois offert pour nous par le S. Efprit, & il â trouvé une rédemption é*ernclle..
Il paroit par là quel fonds de miférc 6c de malédi(flion il a dans nôtre ccc^r puifqu il n en a pu être purifié & fanftifié que par le fa- crifice d'une viftiine li précicufe.
376 Acf-es du S'jnodè de Berne ^
& par rafperfion du Sang d'un Dieu , car rien n avoit pû aupara- vant remédier à ce mal.
Dieu eft le Créateur de l'Hom- me. Il faloit que l'Homme fut entièrement dévoué à fon Dieu j Or cela n'eft plus dans fa nature, car il regarde aux Créatures , à lui même & à fon propre plaifJrrSc il fait de foi -même une ^id aie à Fa- quelle il atribue un nomieur di- vin, ^ ii le veut en effet avoir r de là*Vient que perfonne ne veut ècre méprifé.
CHAPITRE IX.
Que cejl en J es U SfS^u rist^ dr fans la Loi 5 ^ue l'on doit
• chercher la connoijfance du péché,
T Es Apôtres ont donné claire^ ment à connaître la corruption de nôtre nature par la mort de Je- fns- Chrift , au lieu que les Juifs n ont connu leur péché par la Loi \ de Moife , qu'avec beaucoup de peine. C'eft pourquoi ils ont re- préfcnté fîmplement aux Payens leur péché > & leur ont annoncé
leur
tenu en 1532. 377 leur reconciliation par Jefus - Chrift ifans la Loi , & ils n'en ont ren- voyé aucun à Moife. Car fi l'on apiend par la Loi , à connoîrre le péché , ce n'eft qu'une œuvre froi- ;de & morte, qui n'a point de vie. îQuelle peine n'ont ils pas eu avec Jes Juifs , pour les détourner de ' Aîo'iÇe & les amener entièrement à Jefus - Chrift ? & pourquoi vou- drions nous donc détourner nôtre Peuple de Jefiis-Chrtft , & le ra- mener fous la fervitude de la Loi ?
CHAPITRE X.
Pourquoi S. Paul a tant parlé de
R 5 parce que de faux Apôtres
s'étoient glilTés dans l'Egli/è , enfeignoienc la Loi comme né- zefTaire avec Jefus - Chrift , cet Apôtre de la vérité, fut con- traint de montrer pour quel ufa- \z & jufques à quel point Moï- e eft utile avec fon fervice. Au- lement il n'auroit pas eu bcfoin l'en parler aux Payens qui croioient out fimplement en Jefus - Chrifl, îk cfpéroient de recevoir de lui le
pardon
la Loi aux Payens,
378 Actes du Synode de Berne-y
pardon de leurs péchés , s atachant à lui > Timitant & regardant à lui dans toute leur conduire , car ce- lui qui croit à Jefus-Chrill > a la vie éternelle. Ccft pourquoi un Payen qui a la Foi, n'a que faire de la Pédagogie de la Loi , il a déjà obtenu la liberté des Enfans.
CHAPITRE XI.
Que les Juifs & lesGQmWs font parvenus à la Foi i les pré- pners fous la Loi , dr les der- niers fans la Loi.
/^Ependant TEglife affemblée ^ d'entre les Juifs, a retenu U Loi avec Jefus - Chrift en liberté Chrétienne , & Ta gardée avec un grand zélé , mais fans préj'.'dicei de la confiance qu'on doit avoir cnii Jefus-Chrill, à quoi aufli ALiUchii l'exhorte en la perfonne de Dieu lorfqu'il décrit le régne de Jefus- Chrift , Se qu'il conclut & fcéelte toutes les Piophédes : Souvenés *vous , dit-il, de la Loi de Aîoife mon Serviteur , auqtu l je donnai a Horth pour tout Ifra'cl des fîatuts & des ju gmens. Pourquoi & pour com-t
bien
tenu €îi I 532. 379 ien de tems Dieu ordonnc-t-il par vlahchic de fe fouvenir de la Loi? larce & pour fi Icng-tems , juA [u'à ce qu'ils reconnurent TimpuiC- ance de la Loi, 6c fon véritable ifage, c'efl à-dire, qu'il fuffer^t por- es par elle à défirer ardemment a venue du jour du Seigneur, & afqu'a ce qu £//^le Prédicateur de k epentance fut venu , & qu il eut réparé le chemin du Seigneur dans i pécheur éfrayé. Quand cela fl fait , le Miniftére de Moïfe eft ni, & cependant il eft volontai- ement gardé fans commandement ar ceux qui y font acoutumés, & ui par l'exercice extérieur de la .oi. animent leur Foi, 6c fe ré- •réfentent les tréfors intérieurs du Loyaume des cicux, comme l'Egli- e Apoftolique Ta fait à Jerufa- em , mais perfonne d'autre, C'efl Hourquoi Puul n'enfeignc point le renoncer à la Loi , mais il fe harge lui-même d'une purification clon la Loi àjerufalem, par Ta- is des autres Apôtres , afin de e faire regarder comme un Hom- ne qui reçoit la Loi comme bon- le , 6c non pas qui la rejette
comme
380 Actes du Synode de Bemt
comme mauvaife. D'autre cote» l'Eglife Apoftolique de Jerufalem ne voulue point lier les Fidèles Gentils à la Loi > bien que quant à eux 5 ils euflent tant de zèle pour elle h€t, XXI. car elle écoit utile aux Fidèles d'entre les Juifs qui favoient en faire un bon ufa- ge, y étant acoutumés dès leur enfance, ils fe reflouvenoient en pratiquant la Loi de leur Seigneur Jésus - Christ , de fes dons^de fes grâces, & de leurs péchés.Mais quant aux Gentils qui n'avoient aucuni habitude avec la Loi , elle ne pou^, voit produire en eux qu'une faufli confiance dans les œuvres > foit qu'on l'enfeignât devant > ou après Jefus-Chrift , comme fi Won n'avoil pas tout en lui. Les Jnifs fidélesjlj au contraire , reconnoiflbient fort bien ' par expérience que ces ceuvrcî de la Loi leur étoient utiles , J l'égard des figures 8c de leur figni^, fications & ils n'avoiènt pas liei d'apréhender de perdre la grâce i & de fe rejetter fous les foibl élemens de ce monde , tant qu'i perfévéreroient dans la grâce qu'il avoient obtenue,.
G HA
15
tenu en 1^2,2. 381 CHAPITRE XII.
différence entre la manière de prêcher JesUS -Christ parmi les Payens & eelle de le prêcher parmi les Juifs^
K Infi il y a de la différence en- tre le Miniftére Apoftolique , eftiné pour les Gentils , qui fut Dnfié à S, Paul, & le Miniftére es autres Apôtres deftiné pour ;s Juifs, dont S, Pierre k fervit. Ce ernier eft zèle pour la Loi fans anger , ^cl, XXI. Mais le pré- lier ne fe met point en peine de îLoi, & n'a du tout rien à faire VQC Moife que par accident, au- int qu'il rend témoignage à leur ien aimé Sauveur, ik qu'il eft uti- I à inftruire , à cenfurer Se à cor- ger Sec. Mais nous qui venons es Gentils, Se qui avons à faire vec des Gentils, Se non pas avec es Juifs , nous devons annoncer i grâce en Jefus-Chrift fans la Loi, omme S. Paul avoit acoutumé de aire , Se non pas nous mettre en >eine d'obfcrver la Loi avec TE- ,life de S. Pierre affemblée à Jeru-
382 Actes du Synode de Berne ^
falem, car Jefus-Chrift nous fufF. Que voulons nous davantage ^Jem* I. ■
CHAPITRE Xlir.
jyoH vinrent les faux Af mes.
T^E la vient que les faux Apô très fe couvroient de Tautho rite de TEglife de Jerufalem , qi avoit un grand zèle pour la Loi & fe vantoit d'avoir comminio de fa part auprès des Gentils, mai contre la vérité , 6c tâchoient d détourner de la Foi les Gentils cor vertis, & de les ramener de î(|| fus-Chrift à Moïfe- Mais rEglill de Jerufalem ne fit rien de ierrB blable , & TApôcre S. Paul s opqi fâ vivement à ces mêmes faux Ap^ très > exhortant les fidèles Genti à demeurer fermes dans la purci de la Foi 9 pour cela il lui éto néceffaire d'avancer beaucoup c chofes, touchant la pratique, T fage & la valeur de la Loi Moife , non pas que fon princi deffein fût de conduire par là 1 Fidèles à une plus grande conno fance du péché, duquel ils avoie
tenu en IS32. 383
été juftifiés auparavant, car Jefus- Chrift nous donne une connoiffance - beaucoup plus claire du refte du péché ; mais il a agité cette difpute touchant la Loi , afin de prévenir (a confiance qu ils auroient pu met- tre en la Loi> comme une chofe pcrnicieufe, & pour les affermir
* en Jefus-Chrid , qui donne fans la Loi de la Lettre > Tefprit de la Loi de vie, laquelle fubfifte éter- nellement.
Ceft pourquoi nous Miniftres , t'oulons employer cette manière de prêcher, dont les Apôtres fe font
, Ifcrvis envers les Gentils , leur fai- fant connoître le péché par Jefus- Chrift fans la Loi , & leur annon- çant la grâce & le pardon des Dechés par Jefus - Chrift. Et s'il irrive que nous ayons à traiter devant nôtre Eglife quelque texte ^ui foit tourné contre les faux \pôtres & Douleurs de la Loi, il audra bien l'expliquer nettement, nais cependant ramener en même :ems la fimplicité de fefus-Chîift 'ans Ja Loi , C eft cela qui fert à élever un vrai édifice de Dieu , & prévient beaucoup d erreurs , lef-
quelics
384 Actes du Synode de Berne»
quelles des gens fin pies peuvent fort facïlemenc tirer de la Lettre, .& les foutiennent enfuite fans in» telllgence,
CHAPITRE XIV.
De la refentance & du pardon des péchez , OU de la difpen- fat ion de la grâce.
A Près qu'on â tiré de la pâfrion de J E s u s-C H R 1 s T 8c de fon entrée dans la gloire du Pére » une folide connoiffance du péché , il en découle naturellement une vérita ble repentance , c*eft-à-dire, une vi ve douleur & un grand déplaifîr d'avoir cffenfé Dieu par le péchci & i'efpérance d'en obtenir le par don , parce que le Fils de Dieu a été envoyé au monde par fon Pére célefte pour foufrir & pour, mourir, afin que par fâ mort nous rendit la vie & la pofTtfrion des biens céleftes. Quand donc le Pére a ainfi manifefté fon Fils j & l'a propofé à la confcience, cela , produit une Foi vive & une fer- me confiance en cette grâce incoiii- préhenfible de Dieu. C'eft là h
Foj
oi qui juftifie. Car qui croit en noï , dit le Seigneur , // a Id vie 't cruelle. Il eft pujfè de U mort à X vie, fon nom eft écrit dans le l.ivre de vie pour entrer dans le Ciel, où rien d'impur 6c de fouillé ie peut entrer.
Ccft là la manière , dont le Seigneur dirpenfê fa grâce par le 5. Efprit ; Qut chacun aprenne par la mort , par la rerurre(ftion & par i'afcenfion de Jes us-Christ à :^enoncer à fes péchés &: à fà na- ture, corrompuë , pour rechercher le don de Dieu en Jefus-Chiifti Se à s y confier entièrement ; Et :*eft par cette confiance, que Ton reçoit la grâce par laquelle tous nos péchés pafles nous font par- donnés.
L'Efprit de Jcfus-Chrift y con- tribue au/Ti, fon opération décou- vrant & mettant au jour de plus en plus le péché caché, & la cor- ruption fecrette des cœurs, laquelle il confume de jour en jour , & il purifie journellement le cœur com- me le feu puiifie l'argent, il le netroye de l'écume &: de la cralTe du péché. Car h S. Efprit 7m. IK R a deux
3S6 Ac7es du Sjnode de Berne*
a deux ouvrages à faire en nous. Le prémier eft, que par fa grâce il rend les Fidèles juftes & de nouveaux Hommes, Le fécond, c'eft qu'il nous aide à devenir lc»i héritiers de la vie éternelle félon nôtre efpérance \ ce qui fe fait lors que nous demeurons fermes dans le combat de la Foi, que nous mourons journellement à la chair; &: que nous aquerons des incli- nations fpirituelles & céleftes. On peut au fujet de la repentance , &I du pardon des péchés en Jefus^ Chrift , méditer le paffage fuivan & d'autres fèmblables. Tendons \ U perfection > & ne mettons pas dt4 rechef le fondement de U repentance des œuvres mortes ^ & de U Foi n Dieu Hebn VL
CHAPITRE XV.
La repentance trouvée en Je^ SUS' Christ, efi le fo, dément.
T A repentance eft le fondement mais comme on Ta dit, il fau» la chercher en Jefus-Chrift. C e£ pourquoi la prédication de Jefus
Chrif
tenu en I 532. lij
Chrift eft celle-ci: Amendés vous^ ar le Royaume des cicux e(i aproché. i:'eft-à-dire, que la caufe de la rc- )entance ou de ramendement, doit tre le défir du Royaume des cieux, ;cquel eft préfenté par Jefus - Chrift »our le recevoir ; ce qui arrive orfque le S. Efpric nous arofe > ous nettoyé 6^ noiîs fandlifie par i Sang de Chrift. Jean Butifte xhorte aufli à la repentanccjlePcu- le qui défire d'échaper à la colère e Dico , & d'être préfervé de U erdition ; & nous le devons imi- '.r en cela , comme les Apôrres ont imité exaftement , comme le )nt voir les paflages fuivans. Apiès uc S. Pierre eut prouvé dans Ton :rmon que Dieu avoit relTufcité îfus-Chrift d'entre les morts , il t j Maintenant ayant été élevé par U xtre de Dieu , & ayant reçu dn he la promejfe du S, Efprit y il a pandu ce que vous voyés & enten^ s &c. Que donc toute la maifon /frael fâche pour certain, que Dieu m, 't Seigneur & Chrift ce Jésus que us avés crucifié. Et comme ils • renr , que faut-il que nous fajfions ? » Pierre répondit : Amendés vous K z &
388 Acics du Synode de Berne ^
& que chacun de vous foi: bjtifé au mm de Jefus - Chrift , & vous rece- ^res le don du S. Efprit A<ft. II. Le Dieu de nos Pères a rejfufcité Jefus^ lequel vous avés fait mourir , ie pen- dant au bois, C'e^ celm que Ditu élevé par fa dextre> pour être le Prin- ce & le Sauveur , pour donner L repentance a Ifrael & la reni'jfio) des pé.hes , & nous fommes témoin de ce que nous difons , & le S. Ej prit atfffi &CC. Aa. V. Ceft là u court & parfait Sermon j qui con tient toute la conduite de Die envers les Hommes par Jefu Chrift.
CHAPITRE XVI.
Le Àd'jfiére , qui a été caché d La fondation du Adonde ^ ej que Jésus - Ch ri st i prêché aux Payens fans Loi,
TLs dirent : Dieu donc a auftl do ^ né aux Payens la repenrance po vivre ^(l, XI. dans lefquels i excellentes richeffes du Myft< c*eft-à-Jire , de Chrift , ont écc ( voilées parmi les Payens , ap |
av ■
tenu en I 532. 389
ivoir é:é cachées dès la fordation iu Monde. Cthii donc qui ayant i prêcher parmi les Gentils , veut ixciter la repenrance par la Loi , :e fai: qu'obfcurcir les principaux vlyftéres & la gloire de Jcfùs- Dhrift , favoir que le S. Efprir eft nvoïé égaltment par Jefus-Chrift LUX J'jifs fous la Loi, &: aux Gen- ils Ans h Loi. C'eil là ce qu'il "auc bien remarquer,
S. Paul érrm: à ThefTalonique > )a'la de la Loi aux Juifs trois ours durant. Il la leur expliqua, k. il leur fit voir qu'/7 oït que' e Chrift fouffrit & rejjufcitk d'entre es moi rs , & que J e s u s , ie^ luel dit- il 5 ]e vous annonce , e!Jt Is :hmst A(fl.XVir.
De même à Athènes : Di:// dit-il, yant dïfjhr.ulé les tems de ngneran-
comm nde m.intinAit a tcus' lc$- . omwes en tous lieux de je rcp nt'r, AYce qu'il a dctirth'iné un jour aH-» ' el 7 doit juu'r le Alonde en juflicef ir niojvnie qu .l a ctabii pcu" ccLt, \(jf(oi ./ a f^it F i à chacun en le ' Iffifatant d. s morts,
y ai t. 'me igné, ta:it au J:^ifs quaux
'.es y la ripintance emers Di,u,
R i U
390 A^es du Synode de Berne l U Foi en Jefus-Chtift Aa. XX,'(
CHAPITRE XVIL
Que ton peut aujji tirer des Prfi- fhètes^ des injlru^ions pour U repentdncc Chrétienne.
QUand donc on a à expliquer ^des paffages du vieux tefta- jnent, qui traitent de la repentan- cc , il faut toûjours les rapoiter à Je/us-Chrift , comme on vient de le faire voir , pui/que tous les Pro- phétes conduifcnt à lui, comme ce partage de Jeremie. Sï le Peufk €ontre lequel f aurai parle fe détour^ ne du mal & s amende &c. Il faut entendre cela avec des oreillesi Chrétiennes > & faire réflexion que ce n'eft qu'en Jefuf -Chrift qu'il faut chercher cette rcpentance , comme ce neft qu'en lui qu'on la peut trouver, afin que perfonne ne s'i- magine, que le défir férieux qu'il 1 de s'amender vienne de lui mê« me > lâns l'opération de Jefus-i Chrift, & ne fe perfuade fauffc-, ment qu'il cft bien -tôt près dej Dieu.
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tenn en IÎ32. 391 CH AP ITRE XVIII.
Qi^il faut toujours croitre dans la connoiffance de J e s U s- Christ, & que chacun doit examiner fa propre Foi.
L faut que cette Doflrine que nous venons d'expofer , croiflfe urnellement dans les Eglifes & ans les Fidèles, qui doivent s'at ûrer de plus en plus de leur vo- lation, en examinant foigneufe- nent & en ranimant leur Foi. Car quiconque n*avance pas dans la lonnoiffance & dans le fenrimcnt ie Jefus-Chrift , dccroit ^ recv 1., )U bien même > il n'a jamais en- ore bien éré dans le droic (h ^min. D'eft à quoi fe vent les ex ho- ta- ions deS. Pâjl, dans lefqtitiles es Payeurs doivent s*excrcer foi- jneufement.
D'autre côté , TEleftion & la lirace de Dieu, de laquelle tojc iépcnd , ne péiit jamais ; ccpen- iant il faut enfeigiicr au Peiipl»: de examiner foi-même , & de voir fi ^ette éIe<flion & fi cette volonté mi- éricordieufe de Dieu par Jesus- R 4 Christ
392 Actes du Swode de Berne, Christ a eu lieu en eux , & a éré exécutée ou non , c'eft-à-dirc; que chacun fâche ce qu'il a vérita- blement reçu de Jefus-Chrift , & ce qu'il lui manque en rintelhgen ce & en la connoilTance de Chrift. qui n'cft autre chofe que le renou- vellement du cœur , & l'Homme intérieur, fpirituel & célefte, qu eft fkns péché, entant qu'il eil ne de Dieu & qu'il ne vient point d( lach^ir & du Sang. Car la Foi ef une aflurance vive du cœur. le il ne fufKt pas d'avoir uns fimpl perfuafion , comme cela fe fait danî les affaires humaines.
Jufques ici nous avons parlé d< Ja Doflfine de Jefus-Chrift , qu commence à fa mort & à fa re- furre(flion. Dans la mort de Jefus Chrifl on aprend la connoiffanci du péché & la véiitable repcntan ce '-y on ap:end le pardon des pc chés dans fon élév-ation , laquelle par 1.1 Foi &: par le don de Dieu qui eft Chrift en efprit , fertilift les cœurs des Elus par une femen- ce àÀ'^iwç,, &c engendre par cette fc- mence, incorrupcibl j pour le Ro- yaume des cieux , des Hommes cé-
lefte*>
ttnu en î jgy
lefles, c'efl-à dire, des Hommes qui commencent de tout leur cœur à quitter Is péché a pratiquer la juftice & la vertu , en éprouvant i'amour de Dieu tn la Foi. C'eft là une Do(ftrine qu'il faudroit pref- fer dans tous les Sermons. C'efl là ce que nous avions à dire fiir l'Article delà fîine Do(flrine. Nous voulons encore ajouter quelque. :hofe touchant les Sacremens.
CHAPITRE XîX.
Des Saints Sacremens , du k Ba renie en général.
lA ^'^J^^^^ Sacremens, voici quelle eft nôtre penfée : Qne fcous nous exhortions foigneufe- fcnent les uns les autres , à garder la charité envers tout le Monde autant qu'il nous cft po/Tible > de que nous ne nous eng^if^ions point dans aucune difpute , particulié-x-- ment au fujct des Saints Sacre- mens, tant qu'on nous biffera le MvAcrc, qui cft le Seigneur Jefur-. Chrift, quand mc;nc on ne nous le l ilTeroit pas fi clairement, ^ de la manière qu'il le faudroit , de R 5 peur
394 A5fes du Synode de Berne»
peur que nous ne le perdions pat la difpuce.
Car ks Sacremens doivent nous fervir à nous avancer dans la per- feftion , & non pas à exciter ea i nous des mouvemens de nos fens charnels. Si donc quelcun veuti opiniâtrement foûtenir fon opinion>i il faut prudemment quiter la par- tie & détourner le difcours auxi cho fes qui font certaines , JefqueH les Jefus-Chrifl lui-même produit! en nous par le S. Efprit, félon la grâce que Dieu a faite à chacun en tout tems , favoir > parler de la< vertu & de I cfficace de la Foi; dei la bonne confcience, en quoi ellel confiée y combien de rems elle! fubfifte, comment & pourquoi elleS peut déchoir , combien elle eft tcûjowrs éloignée de l'avancement intérieur & de Tacroiffement de li grâce > te autres chofes fembla- bles; pourvû feulement que nous nous étudions toûjours à prévenici de tout nôtre pouvoir les qucrcl^ les & les difputes > ^ 2. ne point forger d'Aiticle de Foi comme Toit fait d*ordinaire, pour lier les confcien-^ ces les uns des autres , & pour les
obliger
tenu en I S 32. 39 S
obliger d*entrer dans fon fentimsnr. Antrcment on donne derechef oc- cafîon à toutes fortes de maux & d'abominations > & Ton ouvre la porte à toutes forces d'erreurs.
Or il nous fembleroit que la ma- nière la plus fûre pour bien parler des Sacremens eft celle-ci : Premiè- rement, que ce ne font pas de fim- ples cérémonies , que les Hébreux appellent huk^m , car elles ont été des ombres 66 des figures de Jefus- Chrifl qui devoit venir , lequel cft maintenant préfent dans fon Eglife & y demeure jufques à la fin du IVlondc : Mais c» font des Myfté- res de Dieu ou bien des Myliéres de l'Eglife de Chrirt, lefquels pré- fentent exrcrieurement aux Fidè- les ce même Jefus-Chrift qui eft préfent en Efprit Saint , ^qiîi rem- pli: les cœurs. Ainfi nojs prions le tout Puiflfdnt, qu'il falfe que Tu- fagcs des Sacremeis foie parmi nous un aifle véritablement divin, & non pas une fi itplc œuvre d'Homme, c'eft à-dire , qu: toû-* jours ce grand Myi^éic Dïeu en chair , vi . c 6c CioilL en r oii;; > comme il nous e-t p;c^eirc vx-
396 ABes du S'jnode de Berne ^
téiieurement par les Sacremenr.
En fécond lieu jque quand nous parlons des Sacremens , nous nous fcrvions d'expreffions qui y foient convenables en tout tems , & qui fervent à nous édifier en Dieu par Jefus-Chrift , & que nous ne nous inquiétions point les uns les au- tres par des termes qui font ma- tière de difpute 8: de querelle. Ceft de quoi nous avons un bel exem- ple en TApôtre S.Paul, comme quand il écrivoit ainfî aux Romains qui avoient tous éié barifés enje- fus - Chrift j Marchons honnêtemeuf comme de jour, leur dit-il , non peint en gourmanc if^ ni en Tirognerte 8cc. Vîdîs foyés revêtus du Seigneur ]ESv%'i Christ , & najés point foin de lé chair peur fatisfaire fes convoitifts.
D'autre côté^écrivant aux Gala-, tes 3 il kur dit: Maintenant que là toi eft venue , nous ne fommes ^/«>^ feus le Pédagogue > car vous ete^ tous Enfaris de Dieu par la Toi en Je- sus-Christ, car vous tous qui avés été hatifés , vous avts éré rêvé' tus de J(fus-Chrifl,
Qu'tft'Ce que nous lifons là ? Le S. EÎprit s'oublie-t-il ainfi? Il prie
ks
tenu en n32. 397
es Romains bniifés de fe revêtir iu Seigneur Jefus-Chrifl , &; quand 1 pails auxGalates, il change de angage, 5^ il dit; que tous ceux ^ui ont été batifés ont déjà été evétus du Seigneur Jefus-Chrift. Cet exemple nous fait voir évi- iemment, qu'il ne faut pas regar- ier aux mots, aux paroles 6c aux îxpreflTions, mais au fens, fuivant equel on retient ou l'on change es exprefîlons , félon qu'on le :rouve plus utile de tems en tems. C'eft pourquoi nous devons d'au« :ant plus éviter les difputes de TiOrsj ceux qui les font 5 que ie Myftére efl important , lequek ils obfcurcfffent par leurs difputes. Mais nous devons dire tantôt avec Ç. Paul , ^Gjés Ycvéius du nouvA Homme ^ Revctés F ai mure de Dieu ^ les armes de la lumière ; Révélés vous comme des Elus, De plus , revêtes '^'ous de U vertu d'en haut , & plu- sieurs autres exprcffions fembla- bles 5 loîfqiie nous exhortons TE- ghfc à s'avancer dans la pié:é , 6c que nous voyons ce qu'il manque à n6rre Ef,life encore foible. Mais fi nous confidérons d'autre côté, ce
que
398 A^es du Synode de Berne^
que nous avons obtenu de Dieu>i nous tous qui croyons, & qui pan le ba:ême de Chiift avons été ba-i tifés au S. Efprit , & que la cha-i! li é croit tout, nous pouvons aufili dire que nous tous qui avons; été batifés avons revêtu le Seigneur Jefus-Chriftj & nous pouvons ajoûter à cela> chers frères^ revêtes de plus en plus le Seigneur Jésus- Christ, car nous conûdéronSi auffi d'abord ce qui nous manque) en notre chair , fi nous contem- plons la grâce de Dieu en nous»i afin que nous ne tombions pasi dans une fecrette complaifànce pour) nous mêmes.
Une chofe qui a toûjotirs cor-^ rompu l'Eglife , c'eft que chacun veut enfeigncr quelque chofe dci nouveau , & qu'il y en a peu qui^ écoutent le véritable Douleur , qiii cft le S. Efpiitj contre quoi nous^ avons ici propofé la fimplicité de< Jefus-Chrift, dans laquelle no«si voulons demeurer avec laide de Dieu, & avec cela employer tous* les moyens , comni^ les Sacrc-iH mens , le Batcme , la Céne & kl Parole extérieure t fans en corrom-l
tenu en I 532. 399
pre Tufage par une vaine curiofité. Car en toutes chofes nous regar- dons par la Foi à nôtre Jefus- Chrift feul, ou du moins nous y devons regarder , Veft ce que nous i favons fort bien. Dieu nous faffe la grâce de nous en aquiter fidè- lement,
CHAPITRE XX.
Du Batême en particulier.
T 'Eglife eft celle dans laquelle ^ Jefus-Chrift habite, & laquelle il conferve lui-même félon l'Hom- me intérieur. Les Sacrcmens dç cette Eglife ne font pas de fimpks fignes» mais des fîgnes qui font accompagnés de la vertu fccrete de Dieu j comme par exemple, le St. Batême dans lequel leMiniftre ba- tife avec de l'eau, & Jefus-Chrift batife en même tems avec fon Ef- prit. Il eft vrai que nous bâti- fons nos enfans , mais c'eft pour les recevoir extérieurement dans TEglife de Dieu par nôtre batême> I dans l'erpérai ce que le Seigneur fé- lon fa bonté infinie dépioyera fa grâce envers eux , en les batifant
du
40 O A&-es du Synode de Berne y
da Saint Efprit, & nous tenons ce Baiême des Enfins , pour un vrai Sacrement.
Car nôtre Foi s'élève au deiTus des chofes extéi^eures & au deffus des tems & des lieux. Il eft auflî une commémoration de ce Myilé- re pour l'Homme fidèle, car un tel cft de vraye de Chrift. C eft
pourquoi nôtre Batême des Enfans efl un Sacrement de l'Eglife 5 & un grand MyAére de Dieu, ôc noa pas une fimple cérémonie > puif- que nous fommes Chrétiens , que nous n'avons plus d'ombrefti & de figures , mais que nous re-> prefentons véiitablement notre Foi & nous la confirmons par le Sa4 crem.ent, que la chofe n'cjft pas en^ core éxécutée dans l'enfant, mais^ elle eft exécutée en nous, qui foiTM» mes préfens à cette a^ion. Ec nous favons que nous repréfen* tons parle Sacrement, Tajflion doti Dieu comme elle fe fait pour nous.» & en nous 5 & non pas comme t elle fubfifte devant Dieu éterner- nellemenr,* C'eft pourquoi le Ba- tême cnfevelit avec Jefus-Chrift & reffufcire avec lui. Cependant nou$ \
avons^ I
tenu en I 532. 4oi avons cette liberté par Jefûs-Chridj que nous batifons celui que nous efpérons d'élever à mourir au pé- ché par Jefus-Chrift. Ainfi il faut feulement bien prendre garde , que nous n'adminiftrions pas les Sacre- mens fans Myftére , autant qu'il dépend de nous , & que cela tou- che notre confcience ; car ils doi- vent être & demeurer des Sacre- mens , & non pas être pratiqués pour une fimple cérémonie.
CHAPITRE XXr.
T>e [ admi/iiftration du Batème,
^'Effc pourquoi nciis prions & exhortons , Que celui qui ba- tife accoutume fon Peuple, à apor- ter leurs Enfans le dimanche pour les faire batifer lorfque TEglife eft alTemblée. Car comme on l'a dit, c'eft un Sacrement de l'Eglife, c'eft- à-dire du Peuple fidèle. C eft pour< quoi il ne le faut pas adnMniftrer fans que TEglife foit préfcnte , car fi 1 Eglifc n'eft pas préfcnte , le Baiême n'eft point un Sacrement de l'Eglife, mais un fimple lave- ment d'enfanr.
Et
402 Actes du Synode de Berne,
Et quand une fagc femme fuper- ftitieufe batife un Enfant dans la nnaifon , comme on le leur enfei- gne dans le Papifme , qui que ce foit qui fe trouve là prefent, ce îi'eft point un batême , car elle n'a point d'ordre de cela de la part de TEglife de Dieu , & il y a là une Foi fauffe , parce que Ton pré- tend que fi l'Enfant n etoit pas ba- tife extérieurement , il périroit éternellement. Ceft pourquoi en d'autres lieux , de bons Chrétiens ne batifent point leurs Enfans quand ils font foibles & qu'il y a de Taparence , ôc même qu'il eft cer- tain qu'ils mourront dans un mois ou deux. Il e(l nécefTaire de ba-^ tifer principalement à caufe des Eglifes Chrétiennes > qui ne font rien avec un Enfant que fur l'et perance de l'avenir.
Afin auffi que nous ayons tous i- une uniformité , nous trouvons à^ propos que le Bateme fe faffc* non pas hors du Temple ou aa mi- lieu , mais ai^près de la Table, queTEnfanT demeure emmailliotté> & qu'on ne lui batifè que la tête, car cela eft caufe de plufieurs ma-
ladies>
tenu en I S 32. 403 ladies , lorfqu'iine chair tendre , qui ne fait que fortir du ventre de fa Mère, & qui n'eft pas aceu- tumée à lair , doit être plongée dans de Teau froide ou expofie a Tair froid. Là- deffus il ne faut point s'embaiialTer de ce qu'on dit depuis long tsmsj qu'à caufe de la fignificarion du Batêmc»il faut plon- ger TE ifant trois fois dans l'eau, car teut cela ne font que des ima- ginations d'Homme , car fi l'on vouloit être fi fcrupuleux à ob- ferver la Cgnification dans les cho* fes extérieures, nous ne devrions pas batifer dans des eaux puifées > ni avoir quarante mefures d'eau, que les Juifs appellent Sa,tu, ou Sdin , félon leurTalmud: De mê- me , à caufe de la fignificarion , fé- lon ce qui eft dit au Prophète Efaïc , il faudroit batifèr dans des eaux vives & courantes. Car les eaux intérieures 8c fpirituelles font vivantes, & roûjours jailliflantes en vie éternelle. Mais que devien- droit notre liberté? & quel em- barras n'aurions-nous pas pour ces chofes extérieures qui nous em- pêcheroient de contempler les ac- tions
404 Acles du Synode de Berne^ ^
tions éternelles de Dieu qui ft font en la Foi. C'eft pourquoi , Ckers Frères & Compagnons de fervke en l'Evangile //^ Je sus-Christ, nous voulons regarder pliuôt à la principale partie de nôtre emploi, favoir à annoncer J e s u s-C h r i s t nôtre Seigneur, & ne nous point ^«mbarraffer des imaginations des efprits inquiets, qui véritablement ont bonne intention , mais qui jeN tent les fimpies dans la fupeifti-» tion à Tegard des chofts extérieu-* res. Ainfi nous avons refolu de i garder l'uniformité dans nôtre ad^ • miniftration du Batême > & non i pas de dire comme font quelques i uns: Je fuis libre ^ ceft pourquoi \ 'veux bat'tfer comme il me plaît, Quf, < m'importe ce que font les autres 1 Non-» ( il ne faut pas ainfi faire , cher» i Frères : Un Ch étien eft bien li<^ bre, mais il regarde à chacun 5 & : il défîre de n'inquiéter & de nff fcandalifer perfonne. Nous fom- mes libres , mais efclaves de la jus- tice 5 & fervireurs de chacun pour l'amour de Jesus-Chri st. Et. quelle charité Ch.'écienne eft ctlaj que je ne veuille pas m'accommo»
der
tenu r;^ I 532. 40 5
der à toute une Ville & à tout un Pays dans des chofes extérieures m'y conformer ? Cependant nous efpérons que perfonne ne fera fi opiniâtre, qu'il veuille fe fer- vir d'une Méthode particulière.
Or. comme le Bateme eft un Saint Sacrement de TEglife Chrétienne > nous voulons qu'on l'adminiftre férieufement gravement, & qu'on y life , & qu'on explique quelque partage de l'Ecrirure qui traite du Bacêrne , en expliquant la nature du vrai rSatv^.ie de Jesus-Christ qui fe fait par le S. Efprlt , par lequel il renouvelle 8c engendre d'enhayt les Enfans de Dieu pour la vie éternelle. Et enfuite que l'on prie gi-avement , 6c qu'on y joigne une Exhortation au Peuple à fe remettre leur Bateme devant les yeux , & à le rendre tant plus parfait en eux-mêmes, en mourant à la chair , ôc en refTufcicant félon Tefprit.
Après cela, que l'on adminiftre le Bateme avec des manier :s férieu- fes & graves , & non pas avec des manières foies & ridicules com- me cela fe fait dans le Papifme,
Car,
406 Actes du Synode de Berne,
Car, comme on la dit fou vent, le Batême n eft pas une fîmple cé- ,rémonie, mais un grand & ex- cellent Sacrement & un Myftéredci, Dieu.
CHAPITRE XXIL
De la Céne du Seigneur.
A regard de la Céne du Sei- gneur, il faut réïtircr ici , fie rappeiler dans nôtre fou venir, ce que nous avons dit ci-deffus des Sacremens en général? du Ba- tême. La Céne du Seigneur eft toute l'affaire des Fidèles.
La fradtion du pain du Seigneur renferme aufli un Sacrement, & nullement une vaine Cérémonie, & préfente aux Fidèles le Corps & le Sang de Jesus-Christ, qui eft mort pour nous éc> Corps & Sang de Christ, qui par le S. Efprit nous nourrit fie nous abreuve intérieurement. Comme par la bouche , le pain périlTable nourrit, ôc le vin abreuve le Corps qui eft fojet à la deûruûion *, ainfi aufli la Foi élève /à vue , de l'ob- jet temporel à celui qui eft éter-
^ tenu en I S 32. 407
lel > & ainfi elle regarde deux cho - êsj la fxaûion extérieure du pain^ k la nourriture intérieure de TAme. Vinfi le Corps 6c le précieux Sang le Jcfus-Chrift font dans laCéne> nais fon Corps charnel n'eft pas enfermé dans le pain , & le Sang orparel n*eft pis non plus dans e vin , comme la vieille erreur le aifoit accroire. II s'enfuit donc ]ue c'cft un Sacrement de Corn- nunion & d'Union , puifqu'il pré- ente aux Fidèles le Corps de Je- bs- Chrift, duquel nous fommes ous les membres > étant de (a :hair & de fcs osj félon ce paffa- 5e: Le pain que nous rompons y neft* l pas la communion du corps de Christ? car nous qui fommes pln^ leurs ^ fommes un pain & un corps ^ •tant tous participans d'un même pain, De-là il eft aifé de comprendre :e que c'eft que difccrner le Corps iu Seigneur-^ favoir ce Corps dont lous fommes nourris > & avec le- quel nous avons communion. Ce- lui qui ne s'examine point foi- même , & s'eftime être quelque chofe plus que les autres, un tel Hpmme ne di/cerne point le Corps
du
'408 Actes du Syfîode de Berne, I
du Seigneur; Il n'a point decommu- 1"' nîon au Corps de Jcfus-Chrift tan- IW dis qu'il fe repofe ainfi fur lui. ji"' même \ Se h manducarion du pain de l'Euchaiiftie eft pour lui 5 tout comme s'il mangeoic du pain com- mun 5 fans MyRéiÇy fans Chrift, & ainfi // mange fa propre condam- ^ nation. Et Jelus- Chrift convaiiK ^- la chair mondaine, de péché, pai ^ fon Efpric , ce qu'il ne fait pas '^^ encore dans un tel Homme , & ainfi il n'eft pas encore en lui.
Quant à la manière d'adminif 10»^ tter le Sacrement , nous avom trouvé bon de nous fervir d'Hof ties * , Se que fi quelcun ne s'ac- "i' commode pas de petites Hofties • ^ il en doit prendre de grolTes > & ^ les partager proprement en petit* morceaux : Il a au/Ti été convenu que l'on prêcheroit, que chacur as.' doit prendre en fa main le pain & C la coupe du Seignetir 3 Se que ceh SP convient mieux, que de fe les laif fer mettre dans la bcuche. Que , cependant s'il arrive que quelcur .
n^éranl s.
n
* Cet ufage fut abcli l'an iCo^- 5» l'on ordo^ na de le fervir de pain com- mun & lev«.
Itenu en 1532. 409 rétant pas accoutumé à cela , re- pugnoit à cet ufage nouveau 5 nous lui mettrons le Pain & le Calice à la bouche , jufqu a-ce que cette ré- pugnance lui pafle d'elle - même, C'eft aufTi nôtre coutume de cé- (lébrer l'Euchariftie trois * fois par m , à Pâques > à la Pentecôte , ôc à Noël j ce qui fè fait cependant fans s'attacher fuperftitieufementau :ems, puifquon ne gêne la Con- science de perfonne à cet égard s :omme le Pape 5 qui a ordonné , fous peine de péché mortel , de communier une fois tous les ans 1 Pâques. Cependant > il eft aifé de juger quelle eft la Foi & li Charité d'un Homme 3 qui n'ayant :icn qui 1 empêche de communier, le veut pas fe conformer en cela à une Églife ou Affemblée de gens de bien.
On doit célébrer la S. Cé.ie avec le plus grand férieux , puifqu'elJe Tom. ly. S ren-
* Depuis ce tcms-lâ, l'an i^^y. l'ona 1 joute un quatrième Tjems, pour la cé- lébration delà S. Céne, favoir, le com- mencemenc de Septembre.- & l'an 16^^. il fut ordonné qu'on la célébreroit huit fois par an, favoir j deux joiurs différens, là chaque Tcms.
410 Axîes du Synode de Berne,
renferme tout ce que Dieu fait à Tame fidèle. C'cft pourquoi Ton doit expliquer ce Myftère par la Leflure d'une Ecriture , propre à cet ufage, particuliércinent de rînf- litution de la Céne du Seigneur, de la manière que l'Apôtre S. Pau & les Evangeîiftes l'ont décrite. Cette le£lure doit être fuivie d'une, prière compofée avec foin & faite avec dévotion. Après quoi Ton doit diftribuër le Pain la Coupe. Et l'on doit finir par une AftioT de grâces , félon que chacun fi trouve difpofé. On doit aufli fai- te mention , qui font ceux à qu: cette viande fpirituelle ne convien' ou n'appartient point , favoir, i ceux qui ne font point du Royau me desCieux: & donc S. Paul fai i'énumeration î. Corinth.VI. Ôcci d'autres endroits.
Et comme cette matière nou, paroit encore trop profonde > & que nous ne faifons que comment cer, il nous faut, (& c'eft aufli nôtre deflein,) faire plus d'attcni tion à l'édification intérieure, qui fubfiftc devant Dieu , qu'à Texte ; lieure. C'eft pourquoi nous nou
con
■ itnu en I S 32. 41 1
^' contentons du Confiftoire , autant du moins qu on y prendra les foins néceffaires , & nous n'entrepren* drons pas d'abord de procéder plus outre contre quelcun psLï Excommu- nication 5 car les Confiftoires peu- vent reprimer les pécheurs fcan- daleux , garentir les Eglifes de mauvais exemples , 8c par la pu- nition infligée au coupable , Ihî donner occafion de renoncer à fa mauvaife vie , D'ailleurs nous de- vons exercer fort foigneufement la Cenfure fraternelle envers cha- cun. Et il arrive aufll tout na- turellement y que les méchans fc réparent de nous par leur mauvai- fe vie, & leur conduite infâme > car ils n'ont jamais bien été par- mi nous. Et s'il arrivoit que ces fortes de gens, fe montrant enne- mis de l'Evangile parleurs difcours & par leur conduite j voululfent cependant aller communier à la Table du Seigneur, chaque Servi- teur de Dieu , zélé de bien inten- tionné, faura bien trouver de lui- même tous les moyens raifonna- bles pour foûtenir l'honneur de fon Seigneur, afin de n'être pas puni de négligence, S z CHA-
412 Acfes du Synode de Berne,
CHAPITRE. XXIII.
De tufage de la Loi o' desPro^ phètes,
JL efl bien vrai , £omme nous le voyons déformais clairement, que nos Sacremens font de grands Myf^ téres de Dieu, & non pas des Cé- rémonies toutes nuës; & que les Cérém.onies & les Ordonnances de Moïfe ne nous regardent p^îint, & que l'on ne doit point faire re« tourner le Chrétien en arriére 5 & le ramener à Moifc & aux Prophè- tes, pour fe former fur leur modèle ou leurs préceptes , mais plutôt on exhorte les Chrétiens à croître toujours & à s'avancer dans la con- noiflance de Jesus-Christ. On objejfle contre cela ; Nous na- 'vons donc point befo'm de U Bible* & nous ne devons point prêcher les Ecrits du Vieux Teftament. A quoi nous oppofons S. Paul, qui adret foit cette exhortation à fon Difci- pie Timoihée*: Demeure dans les III. 14- c^Jojes que tu as aprîfes > puijque des 17. ton enfance tu as la connoiffancc des Saintes Lettres, qui peuvent te ren- dre fage à faltit , par U Foi , qui
tenu e'f2 l'ill' 413 fyf f« J E S u s-C H R I s T. Toute Ecri' ture divinement infpirée , ejl utile pour enfcîgner, pour convaincre , pour corri- ger 5 pour inftïuirc dans la jufiice > afin que l'Homme de Dieu [oit accom^ pli 5 & parfaitement propre a toute bonne œuvre. Voilà es que dit l'A- pôtre ; Il veut que Timothée de- meure enlaFoi en Jesus-Christ, 6c en mêine tems qu'il ferve de la S. Ecriture &c. Ainfinous pouvons dé- couvrir cinq endroits, par où l'Ecri- ture Sainte Ecriture nous eft d'ufage.
Pfémiérement , l'Ecriture , c'efl- à-dire> la Loi & les Prophètes > nous rend f iges a falut ^ c'eft-à dire? nous conduit à Je s u s -C H R I s T> & nous aprend à croire en lui, pour obtenir le falut & la vie éternelle. Car qu'eft-ce que Moiïe peut faire d'autre par fes Comman- dement, qui nous montrent com- ment nous devons être , & noiis menacent de la mort , fi nous ne fommcs pas tels, finon qu'il excite ix\ nous un défit d'erre unis à ce- lui qui juftifiele méchant, 8^ don- le l'Homme intérieur , pour ne pécher plus ? Qjcile grande fageffe y^-a-t-il, à reconnoître par le moyen S i de
414 Actes du Synode de Berne,
de la Loi & des Commandemensj qui nous animent contre Dieu, que nous devrions être fans convoitife charnelle ? Et où efl: celui qui eft tel par la Loi ? Perfonne. Ceft pourquoi elle nous rend fages & prudens 5 pouy obtenir le falutpar la Foi en Jesus-Christ , qui par le S. Efprit offre prémiérement U farole de U Croix y qui Fait mourir la convoirife, enfuite la parole de la ou la vertu de la Réfur-
reûion , laquelle nous donne des fenrimens fpiriruels Célefter. C'efl ainfî que la Loi eft bonne > pour celui qui s'en fcrt bien. Et à cela fervent les figures du Taber- nacle du témoignage 5 du Chandelier d'or 5 de la TaUe des Pains de pïopofitiouy de \ Arche de t Alliance > du San^uaire , comme au/Ti tous les Sairifices , & pour tout dire ei> un mot 3 tour le fervice Mofaïquej qui nous manifefle ^ nous fait voir , qu'il n'y a rien de bon en nous, c'eft-à-dire, dans nôtre chair y. puifqu'il nous tuf^igne comme quoi nous fommes éloignés de la Sainteté, t:nr h l'égard de Dicu> qu'à l'égard du prochain , par rap- port
tenu lSi2\ 415
port aux deuxCommandemenSjqui regardent Dieu & le prochain. Il nous enfeigne la Croix 6c la Ré- furreiftion de Jesus-Christ , dans tout le Peuple , qui après avoir été fouverainement abaiiTé eft éle* v^é > & qui dans fa nécelTité ob- :ient une délivrance temporelle ; :ommc nous par une véritable repentance , nous obtenons le fa- tut érernel , lorfque nous cro- yons en Je sus -Christ, Tous .es Prophètes contiennent la mè- ne choie, ne faifant qu'étendre dc îxpliquer Moife , renfermant les Hiftoires , qui font des ombres k des figures de la Rédemption qui ift en Jésus- Christ.
C'eft Jefus-Chrift enfin, que le - >. Efprit a en vûë dans tous les écrits de Moïfe & ces Prophêfes z, l'id pour Tamour de lui , qtie outes les œuvres extéiieujes de )ieu ont un cours, qui t(ï un em- •lème du cours d(i la grâce , fe- on qu'elle s'accomplit intérieure* ,rient par l'Efpric de Jcfus-Chrift* it par là Ton comprend ce que le. cigneur a voulu dire, en l'Evan- ile félon S, Jean 5 Chap. V. lorfl S 4 qu'il
41 6 Actes du Synode de Berne ^
¥ y. 45. qu il parle en ces termes*: 5i vous cfoiez a M&ife vous croiriez auffi, 4 moi > car il a écrit de moi. Et dang le même Chap. t Sondez les Ecrï-
40. turcs i car vous crojcz d avoir la vit par elles , & ce font elles qui ren» dent témoignage de moi? mais vou ne voulez p^s venir a moi. Il fuit de là > que celui là n'entend pat encore 1 Ecriture > qui n'y trouve pas un témoignage > une introduc tion , 6c tuie inftrudion qui re- garde Jefus - Chrift. Que fi cepen dant, par nôtre ignorance, il ar rive que nous ne puifTions pas dé- couvrir Jefus-Chrift, dans tous les endroits de l'Ecriture , de la ma- nière qu'on Ta dit^ cela ne doit point nous faire de peine ? car k S. Efprit nous aidera toujours de plus en plus. Et comme dans tous nos Sermons nous devons prêcher Jefus - Chrift feul , il eA néceflaireque nous nous attachions, à chaque fois à quelque endroii de cette Ecriture , qui nous repré* fente Jésus - Christ ; & enfuitc dans les autres endroits, où nous ne découvrons point Jefus-Chrift, y chercher quelque autre chofe de
tenu en I 532. 41? bon *5 car FEcrirure efl utile pour toute forte de bonnes chofes. Ce- lui qui trouve quelque chofe ds bon dans l'Ecriture, a fait fans doute quelque progrès dans l'in- telligence d^ ce S. Livre.
En fécond lieu , Ecriture ejf utile pour enfeigner. Cet enft:igne- ment cft la connoifiance des fruits, des dons & des grâces, qui dé- coulent de la Croix ^ & rintclli- gence des biens céleftes , devien- dra commune parmi nous , fi nous continuons â nous exercer en Jé- sus - C h k i s t , de la manière qu'on vient de le dire. A cela ap- partiennent les promelTes temporel- les, que nous devons propofer fe* Ion la pieté , & fpirituellement en Jésus - Christ : & enfuitc. dans un fens corporel , après & autant que le S. Efprit a exercé en nous un emploi plus relevé. Que fi cela ncft pas , il eft à craindre que dans les occafions nous ne prc- fentions au Peuple plufieurs pro- mcffes , outre Jefus-Chrift, & hor» de lui 5 lefquclles n'ont aucun ef- fet j ce qui nous convaincroit , que IQUS ne feriv^ns ni Apôtres ni vé-^ S 4 jitâ-
41 8 Actes du Sy/iGCiC deBcTne^
ritables Prophètes, étans furpris efi jnenfcnge, comme il eft arrivé à quelques-uns, qui faifoient efpérei aux Payfans, qu'ils lecevroient les baies des ennemis dans leur man- che, que par la vertu de leur Foi ik les repoufferoient contr*eux. Mais les Payfans furent cruelle- ment battus 5 & ces faux Prophè- tes n'ont rien fait de ce qu'ils ont promis. C'eft pourquoi nous qui ibmmes Minières de rEfprit> nous devons expliquer tout d'une manière fpirituelle , ccmime tout eft fpirituel &: vrai en Jefus-Chrift. '
En troifîéme lieu , l'Ecriture eji utile pour réfuter l'erreur. Car quoi- que nous ayons quelque connoit fânce par la- Foi , néanmoins nous femmes encore remplis de ténc»- bres & d'ignorance. Mais quand on allègue l'Ecriture contre rerreur> iJ faut toujours le faire félon l'a- nalogie de la Foi en Jefus-Chrift r & on ne la doit pas employer fé- lon la Lettre morte feulement, com- me quelques-uns ont de coutume En quatrième lieu , elle eft uril» pour corriger. Les Hiftoires 8c les figures appliquées à nou5 > four-
niflant
tenu e-a I 532. A\9
ufTan: d'excellentes Exhortations^ En cinquième iiviu 5 Pour chktter jr reprendre dans l.t JuTî-. e , c'eft à- iire j pour ccnfarer les vices, aiîn que nous y renoncions , 6^ que :ous dL' venions gens de bien de- vant Dieu.
Ici il faut bien prendre garde , ivant que de cenfurer quelque cho- e après les Prophètes , de nous Dien afTûicr , de ce qui eft mau^ /ais devant Dieu j Autrement nous :ious trouvons nous mêmes ; faux ï^rophêres , difant , Ainfi a dit l'E- eriiel » Il nous erdonm tille cr tJlc hcfe , au lieu que Dieu par des Deuvres fuivantes montreroit, que leile ou telle autre chofe lui eft igréable. Car c'eft à cela qu'oa :onr!oit un faux Prophète , quand 1 dit quelque chofe au nom du y;igneiif j & cependant il n'en eft den j ce. qu'il dit ne s'accomplit pointa c'eil la /./ Parole que le Sei- rneur na point prononcée : D&mQïon,. XVIIL Dieu décerns la peine dc mort contre de tels Prophètes, au Chap. XIII. du même Livre,.
Il faut auiïi que les Cenfuies des Prophètes, foicnt tcinperées 6c
4'20 Acfes du Synode de Berne y
adoucies dans nos ames Chrétien- nes par rEfpric de Jefus-Chrift ; cnforte qu'au milieu de leur rudef- fe elles portent avec elles une cha- rité qui pénétre le cœur, & qui adouciffe l'amertume de la cenfure.
C'eft ainfi que nous pouvons nous fervir de l'Ecriture, quand même nous ne l'entendrions pas à fond 5 c'eft-à-dire, que nous n'y po jrrions pas encore trouver Jefus- Chiift. Car l'Efprit de Dieu en- feigne toutes fortes de bonnes cho- fci 5 toutes les bonnes mœursj &c. feulement > mes chers Frères , il faut être bien attentifs , à nous » aquiter fidèlement de la charge qui nous eft impofée > favoir j de ps^ cher Jefus-Chrift.
CHAPITRE XXIV. ' J
Dli
D'attaquer le Papifme dans les j| Sermons, A
\ mi
CN fécond lieu , il faut que les Pafteurs fâchent bien les Lieux communs des Papiftes , & qu'ils les réfutent dans leurs Sermons j apiès avoir propofé le Seigneui
Jésus-
tenu en I 532. 421 Je su s > conformément à l'Article précédent , 8c en peu de mots, & cela de point en point 5 & tout de de fuite. Non pas toutes-fois dans un feul Sermon , mais qu'ils com- battent tantôt une fauffe Doélri- ne> tantôt une autre, félon qu*il eft à propos. Cependant il faut qu'en cela le Miniftre fe fâfTe un ordre pour ces matières. Car quoique le Pape foit aboli extérieu- rement dans les Etâts deLL.EE. nos Souverains Seigeurs , foit dans les Villes foit à la Campagne, il eft cependant néceflaire , qu'on inC truife fermement & exaftement les pauvres gens, afin que leur Confl cience ne foit point troublée & féduite par les adverfaire?.
Et afin que Ton comprenne bien nôtre penfée , fuppofé qu'un Mi- niftre eut traité ce texte , Christ 4 le Chef de l'Eglife, & il eft le Sauveur de fon Corps : & qu'il eut montré , 1, comme quoi l'Eglifc
de Je s us - Chri ST , eft un 3j Peuple intérieur &: fpirituel , & 5, que celui là en eft un membre 51 vivant, que Jetus-Christ gou-
verne lui même, par le S.Efprir^
42 2 Actes du S-jnode d^^ Berne ^
Si ^u'il faïKftifie en même rems « 3c rend heureux, fans la médian 33 tion d'aucune Créature : A cela yy l'on pourrait incelTaniment ajoû-
ter : Qae par conféquent c'eft ^ renier Jefus-Chrift , qi-e de dire
que le Pape foit fon Vicaire ou
fon Lieutenant, car Jefus-Chrift >3 efl: préfent lui-même dans fon „ Eglife, & lui eft attaché , com- 3, me la Tête d'un corps eft atta- >j chée aux membres , car c'cft lui- ^> même qui communique auxmem- „ bres de fon Corps la Vie , la
Force ôc l'Efprir , Par où il par »roit, que tout ce que le Papb
entreprend ou s'attribue j en qua- >^ lité de Ficaire ou Lieutenant da yy Jesus-Christj avec toutes 99 fes Ordonnances & fes Interdic- yy rions > vient du Diable y Se eft y9 contre Jésus - Christ nôtre » Sauveur : Sec.
Ctla fe peut faire en plus ou en moins de paroles > & en expri». mant quelque article particuliar dt^ Papifme> comme celui de la Mejfe^ de la Confejfion AuricuUue Sec. fé- lon qu'il conviendra chaque fois..
CHA-
I
CHAPITRE XXV.
Des Exhortations (jr dis Cen- fires:
pUifqua le S. Efprit doit parlée parles Miniftres 3 & prêcher le Salut du Monde , qui eft nôtre Seigneur Jefus-Chrift j que cet Ef- prit conduit à Dieu , &c cenAire le Monde de péché >• il faut que les Minières dans toutes leurs prédi- cations exhortent les Hommes d al- ler a Jefus Chrill, & de produire des fruits de Juftice, 6c enfuite qu'il cen- fure les péchez du Monde; non feu- lement les péchez extérieurs & les. vices gro/Tiers; que Ton doit toute- fois ii traquer vivement, mais aulTi. ks péchez fpirituels , fecrets 8c ca- chez 5 les jilufions de la chair 5 comme, la Complaifànce pour foi- même, 1 Hypocîifie , l Orgueil fpi- rituel , le manque d'Amour frater- nelle , les manières rudes &: cho- quantes , ôc toute autre femblable difpofition du Cœur , defagréabla à Dieu.
Mais en cela il cft nécelTaire que le Prédicateur ccnfure, non pas, par un mouvement chaniel. > maisL
par
424 Actes du Synode de Berne y
par un fentiment confiant de la véri- té, comme devant Dieu,& en la pré- fence de nôtre Seigneur Jésus- C H RI s T. De-là vient, qu'il ne cenfurera jamais , que par Teffet d'une charité vive, dont fon Cœur livré à Ditu , efl: rempli par fefus- Chrift 5 6c ne cenfurera pas plus qu'il ne faut , pour produire de l'édifîcarion chez fes Auditeurs \ ï d'autant qu'il faut que dans TE- ^ glife tout fe fafle pour la correc-» q tion des pécheurs , & non pas par É un emportement charnel , &; par i[ querelle , comme malheureufement ne il arrive fou vent , que ceux qui» ïf fe glorifient de ne faire que ce que f le Seigneur leur a commandé , ft- do prêchent eux-mêmes, exercent dans dii ces occafions leur haine contre k leurs ennemis ^ 8c aflouviffent m ainfi leur paffion déréglée, & par là donnent lieu aux gens d'appel- iît 1er leur Miniftère Cathedra, JmpU' do dentidt (une- Chaire d'impudence ) re^ au lieu de Cathedra Ecclefu y ( 1*. oe Chaire deTEglife.)
Il ne faut pas qu'il entre aucu- k ne aigreur dans un Cœur qui en- i treprend de prêcher Jesus-Christ,,
qui
tenu en I 532. 42 J
qui cft débonnaire > mais la Cha- rité de Dieu doit erre répandue dans un tel cœur par le S. Efprit, qui lui eft donné > & doit y con- duire fes Auditeurs. Quand donc la Cenfure neft pas tirée de la connoiiTance de J e s u s - Christ, félon la volonté de Dieu , que la rudeiTe de la cenfure n'eft pas tem- pérés par la douceur ôc la charité, & que tout le Monde ne s'apper- çoit pas 5 que l'on cherche uni- quement la gloire de Dieu 5 & le faluf des Auditeurs , ce n'eft point agir Chrétiennement. C'efl ce que nous reconnoiiTons & que nous avouons à la gloire de notre Sei- gneur 6c de nôtre Dieu > lequel nous prions ici, qu'il lui plaife de diriger nos Cœurs & nos Langues, & nous donne de tenir un jufte milieu. Car auffi d'autre côté , ce feroit très mal fait de vouloir gar- der le fîlence , ou attaquer trop doucement les vices. Celui qui regarde uniquement au Jugement de Dieu, peut trouver alTez d'inf. truiftion fur ce fujet, dans les ré- flexions qu'on vient de faire. En cenfurant, on ne doit point
s'expri-
42 6 Aci-es du Synode de Berne ^
s'exprimer d'une manière qui fente un efpric léger & mondain, mais parler d'une manière qui marque un efpric grave , ferme , èlevè, pour ne peine ternir la gloire de Jefus-Chrift, qui a prononcé libre- ment la cenfure du péché contre le Monde. Car dans TEglife toutes chofes doivent fe faire avec bien- féance. Au lieu que quelques-uns d'entreux parlent d'une manière peu mefurée & fort groffiére , qui fait de la peine aux oreilles chat tes j ce qu il faut éviter. C'eft pourquoi nous nous exhortons, & nous nous conjurons les uns les autres, de nous exprimer d'une manière fage , convenable 8c mo- defte , qui ferve à édifier ôc noa pas à troubler les foibles.
CHAPITRE XXVI.
Qui font ceuxqii^m doit cenfurer^
ne doit aufli cenfurer que les ^'^^ Auditeurs , qui font préfcnsf c'eft à eux jfèuls qu'on doit adieC- fer fon difcours» Car a quoi fer- viroit-il , que dans les Terres de LL» EE. de Berne, on attaqua
des
tenu en I532. 427
des Potentats & des Princes > qui n'ont rien à démêler avec nous » & qui ne veulent point avoir de communion avec nôtre Eglife ? S» Paul dit I. Cor. XII. Que toutes chofes doivent fe faire dans TEgli- ; ;fe fom le bien du Corps. Quel bien ^ revient-il de cenfurer vivement une perfonne qui eft abfente, 6c d'entre- tenir fes Auditeurs qui font préfens^ de ces paroles inutiles 5 au lieu de 1! leur adrelTer de bonnes inftru(ftions & des cenfures dont ils auroient befoin ? C'eft tout de même que fi Ton vouloit donner du remède à un mortjôc qu'on laiïïat périr un malade dans fa maladie. Celui-ci auroit be- foin de remède a on ne lui en donne point;& celui-làjc'efl à-direjle mort> ne tire aucun avantage de ce médi- cament , finon qu il en viendra, tant plutôt à puër. Ainfi nous ne gagnons rien fur les étrangers, par nos difcours emportez , & nous, iaiffons nôtre Troupeau qui eft préfenr , croupir dans fes convoiti* fes charnelles , au lieu que nous pourrions. Se que nous devrions fervir à Tcn tirer par des cenfures faites de la manière qu il convient.
Ainfi
'428 An^es du Synode de BernCy
Ainfi nous faifons du mal de tous cotez, en ne nous tenant pas à la régie de J E s u s - C H R I s T : cai cela excite mal- à* propos de lai- greur contre les abfens , dans les tÇpùts de nôtre Troupeau , quj nous en entend parler avec tani de chaleur , 6c le fait tomber dan! un faux jugement > enforte qui] n'eft point attentif à fe corriger foi- même , mais fait confifter fa fa- gefle à connoître les vices des au- tres. On ne doit donc point par- 1er des abfens, à moins que c^i ne fût pour prévenir quelque mal, dont on feroit menacé, & quorj aiiroit lieu d'appréhender préfente- ment de la part des Etrangers, foh dans les affaires corporelles , foili. dans les affaires fpirituelles , oH: qu'on le fit en peu de mots, com-i| me en paffant , & pour exemple pour garentir les bonnes ames de, ces fortes d'impiétez.
Quant au Pape , nous ne i< pouvons pas oublier , car il efl préfent avec fa puiffance, & il trou- ble les confciencss de plu fieurs, fans quoi nous pourrions bien nous paffer de parler de lui j par h rai-
tenu en 1 532. 429
Ton, que nous avons bien autre :hofe > & plus néceffaire même à "aire , que de nous entrerenér avec es impures ordonnances 5 mais TOUS fommes obligez d'écarter les îbftacles , qui empêchent Tédifica- ion du Temple de Dieu. Nous ic devons donc point parler dans îos Sermons , de ceux qui ne font )as d'entre nous , à moins qu'il l'y eût quelcun , de la part de qui lous craindrions qu'il ne revint un our quelque mal à nos Eglifes. Uors il faut avertir 5 & ne point e taire > quoi que ces fortes de lifcours irritent extrêmement nos .dverfaires , que nous fommes infi obligez néceflairement d'atta- juer. Car là , nécefîjcé y eft. Ce- )endant il eft aifé de diftinguer es niéchans , qui fe cherchent eux nêmes , d'avec ceux qui ont de a probité & de la piété.
C'eft* ainfi que S. Paul fait men- ion des faux Apôtres, H"^ menée k Akxiindre le forgeron, qui rétoienr pas préfens , & qu*il ivertit de fe donner garde d'eux, que l'E^Jife du Seigneur pût e garcntir contre leurs entrepriies,
au
'430 Actes du Syriode de Berne,
au cas qu'ils vinflent à Ephefe : Au refte il met foigneufement de- vant les yeux de ceux à qui il écrit les bons exemples des Fidè- les des autres Eglifes ; afin de les animer par ce motif à la repen- tance & à lamendement. Il y a affez de mauvais exemples par tout > fans qu'il foit néceffaire d'en aller chercher bien loin, mais pouri ce qui eft des bons exemples , on ne les trouve pas en auiïi grand nombre en tous lieux, C'efl pour- quoi il eft n^ceflaire de ne rien taire de tout le bien , que foni les Fidèles des autres Eglifes. Mais il y a des gens qui font tout le contraire, découvrent la turpi- tude de chacun, & ne trouvent rien de louable en qui que ce foit: ce qui peut aufli fe faire à bonm intention , favoir 5 parce qu'on cf plus attentif à faire qu'on évite h mal5& qu'on s'en garentifle^ qui porter les Hommes à faire lebicr par Jesus-Christ; ce qu eft pourtant la cho(è, qui convien proprement aux Chrétiens.
CHÀ
tenu en 43 i
CHAPITRE XXVII.
jQ^'/7 convient de prêcher la Vé- rite y comme la tirant de t criture & non en Je fon- dant fur t appui d aucun Hom- me ou parti ^ ni parce que le Adagifirat le commande.
J^Es Pafteurs doivent aufTi em- ployer 5 également pour tous , le glaive de la Parole de Dieu , & n'épargner perfonne, foit Homme ou Femme , Maître ou Servireur, Ami ou Ennemi , Magiftrat ou Su- jet 5 ils doivent dire avec une en- tière liberté, ce qu'ils trouvent uti- le pour la correàion, félon la pa- role de Dieu : qui que ce foit , à qui la chofe puifle plaire ou dé- plaire. Mais ils ne doivent point fe faire de parti, qui leur foit at- taché d'une faÇon charnelle j ni in- troduire des fa<flions, par des ca- bales ou des intrigues \ car les af- faires de Dieu doivent erre admi- niftrées avec fimpliciré de cœur> avec droiture & fans biaifer, & fans regarder au jugement des Hommes.
D'autre
432 Actes du Synode de Bernc^ \
D'autre côté quelques - uns ne doivent pas , comme Ton dit , ci- ter ou prêcher uniquement l'Auto- « rité deVosExcELLENCESjdi- % fant > Que les Seigneurs ont jugé & « ordonné ceci ou cela, & que pour » cette caufe les Sujets doivent le croire & Tobferver \ difcours qui Di portent les fimples à regarder plus à «r VV. EE. qu'à Dieu même , dans le les affaires de Religion j ce qui eft dei un Article capital du Papifme. Car ne la Foi ne regarde qu'à Dieu , 6c pl vient de la parole vivante de Dieu, lei & de l'illumination du Cœur 5 & ù ne dépend point du jugement de fur LL. EE. ni d'aucun Homme: Car U Jujie vît de fa Fol. ^
Vcici donc comment il convient 0« de patkr : La Louable Seigneurie
de Berne , LL. EE. nos Souv.
>j Seigneurs ont embiafTc l'Evan^ |L
yygÛQy & rejetté la Meflc & d'au- t/
très cho fes 5 qui fe font trouvées
contraires à telle ôc telle Ecritu- U\
^>re,- contiaires aux Articles du nen
Symbole. V & contraires à Tintel- Gto
» ligence de Jefus-Chrift ; ce que }i
» vous comprenez maintenant k
w vous-mêmes , ôc nç pouvez pas h
,} nier,
tenu en I$'i2. 433
^ mer, à caufe de ce paiTage de yy l'Ecriture , qui eft clair , & de yy cette intelligence éternelle de Je- py sus - Christ, à quoi les Ecritu- res de l'Ancien & du Nouveau Teftament s'accordent y,, Ceft pourquoi vous devez prier Dieu , qa il veuille vous le faire encore mieux comprendre > & vous le mettre dans le cœur. Nous ne devons point entreprendre de met* tre nos Souverains Seigneurs à la place du Pape 5 qui a dominé fur les Confciences ^ ce qui confifte à s apuyer trop fur nôtre autorité , Sc fur le Magiftrat Civil.
CHAPITRE XXVIIL
Qu aucun Pafteur ne doit attA- cher a lui le commun Peuple.
L y en a d'autres qui parlent trop rudement contre les Sei- gneurs , & particulièrement en leur abfcnce, où la chofe n'ert nulle- ment nécefTaire , &: eft fans fruit. Gens qui, quand les Seigneurs font préfens , & qu'ils devroient ren- dre témoignage à la Vérité , les flattent honceufement, &c qui titn- 7bw, IV^ T nent
434 Acfes du Synode deBerric,
nent une telle conduite , pour atta- cher à eux le commun Peuple > qui prend plaifir à entendre médire des autres Hommes , & particulière- ment de leurs SoûV2rains Sei- gneurs , & les cenfures qu'on leur fait.
En un mot, rien de tout celai. n*efl bon , il ne convient point à un Miniftre de Jefus-Chrill > de foûme trc à lui-même ni les Su- jets, ni les Magiftrats , & de fe donner pour quelque chofe : Mais au contraire, les Prédicateurs & Mi- niftres de la parole doivent 8c font obligez d'avancer Tédifice de Dieu, & de conduire .abfolument les Fi- dèles à Jefus-Chrift leur Seigneur, Cins aucun égard à leur propre pcr- fonne. Mais malheureufement nous voulons être aimez; & n être hais de perfonne , ce que nous voyons que S. Paul n'a pas fait , lui qui ne fe foucioit point d'être jugé des Corinthiens , ni d'aucun jugement humain. Ainfi tout dépend ds ce point; c*eft que les Prédicateurs regardent plûrot au Confeil éter- nel de Dieu , pour parler après la bouche de Dieu^ & dire des chofeS)
qui
tenu en 1532. 435 qui puiflcnt fubfifter au dernier jour devant le véritable Juge , plutôt que des chofes , qui conviennent & qui plaifênt au pré/ênt Siècle» & qui chatouillent les oreilles trop délicates.
Quand le cœur de l'Orateur [Chrétien) cft droit, tout va bien# & Ton obferve les réglemens. Son principal foin eft défaire queje- fus - Chrift croifTe dans THommc intérieur , & qu'on voye briller dans l'Eglife de Dieu une probité, qui parte du Coeur, C'eftdansce ieffein qu il exhorte à la prati- que des vertus > & qu enfin il cen- fure s mais non avec plus de vé- hémence j que l'Efprit de J e s u s- Christ ne l'y pouffe , & qu'il Ya trouvé Jefus-Chrift lui-même 5c qu'il ne l'a repréfcnté auparar rant par fes difcours. C'cft pour- quoi l'on a bien fujet de prier > qu*H plaife au Seigneur d'envoyer ie bons OHvriers en fa vigne»
T t CHA-
436 Ac7âS du Synode de Berne ^ CHAPITRE XXIX.
Cejl de Dieu qu'il faut appren dre ^ quand on doit employé la Sévérité ou la Douceur 'vers le pécheur,
TL arrive fouvent des cas où ^ févérité eft néceflaire : quelquefoil il faut exhorter en particulier amiablement , tantôt on épargn tantôt on attaque avec rudefle l'un & l'autre pour l'amour Dieu. Samuel ne vouloir pas des honorer devant le Peuple le Ro S A u L 5 que Dieu avoit rejette. £/i au contraire cenfura publiquemen I z E B E L , avec tous les Prêtre ide Bahal , 8c le fit fort âprement Chacun d'eux faifoit ce qui lu avoit éré ordonné de Dieu : ce pendant l'un eft doux ; & l'autr eft fort rude & févère; 6c l'un fi l'autre avoient pour objet des cheurs rej Jttez de Dieu.
On ne peut pas bien donner de régies fur ce qui convient à chacu dans chaque occafîor, ^ ni le mcfuM furl'inî('lligence c}.il?R,'«i(î:nhumâ Rc. Il hcx pou: cela un ji<i*t n en'- fp
rituc
tenu en 1532. AVf
rituel > qui fuivra aifément fi nous avons véritablement à cœur de faire la volonté de Dieu 5 "jcan VII. Dieu exauce ces fortes de défirs> & donne ce qui eft néceffaire ea chaque occafion , quand même il devroit s'en enfuivre toutes fortes d'inconveniens.
CH AP ITRE XXX.
Eshortation a la RJgence de B il' R N £3 nos Souverains Sei- gneurs.
A Infi> Souverdins Seigneurs^ quand même on diroit quelque chofe le vif & de trop haut contre W, EE. contre vos propres Perfonnes> 3U bien auffi contre les Baillifs 6c 'xs Commandans du Pays 5 il /DUS fera certainement honorable 3c glorieux, de ne le prendre point :n mauvaife part , mais de confi- iérer par ordre Se au nom de qui, e Pafteur ou le Prédicateur parle j avoir , qu'il porte la parole de Jefus-lChrift, comme un MefTa^er ic un Envoyé, celle de fon Sei- gneur , de qui il faut la prendre zn bonne part. Dieu veut anéan- T 3 tir
438 ABes du Synode de Bernt»
tir notre SagelTe mondaine en i
plufieurs manières , quelquefois i
par un Homme fimple fans j
fcience > tel que feroit un petit Paf- [
tcur de Village , donc on fait c
peu de cas , dans un tel cas vous j
faites un a^lc d'obeiflance de Foi, }| fi vous le foufFrez avec une en«
tiére patience > comme une cho/è p
qui vous eft envoyée de Dieu > 2 pour votre corre<flion.
VV. EE. ne doivent pas non ii
plus s'émouvoir d'abord , de ce fa
que peut-être > à vôtre avis , on {)(
en fait trop. Car n6tre Nature eft 2^
difpofée d'une telle manière 5 que cd
chacun , au milieu de fes défauts, toi veut toujours avoir raifon, &que
ce n'eft qu'avec peine & chagrin > f([, qu'il reçoit les cenfures, celles-là même qu'il a méritées qui font
juftes. Perfonne ne veut avoir re.
tort. De plus k Magiftrat eft ji£
dans un état fort dangereux, à eau- p
fe de fon élévation , en ce que f^fj prefque chacun le flatte en fa prè^
fencc 5 & lui dit les chofes qui lui tianc
pl.-îifent j mais chacun n'eft pas fi ^\ bien intenrionné pour lui dans foiT-
cœur i comme fes paroles le té* 1 \^
moignenr^
tenu en 1532. 439
moigncnt 5 bien loin de là , il y a tel qui lui fouhaire du mal 3 & qui cherche à lui nuire par der- rière. Ainfi une cenfure faire tout ouvertement vaut** mieux qu une amitié fècrette. Les blelTures d'un ami portent une utilité perpétuelle, mais les baifèrs d'un ennemi font périr. Il faut en toutes chofes avoir égard au cœur de celui qui parle. Car certainement un mé- difant > qui charge le Magiftrat faufiement en fa préfence , vaut beaucoup mieux 3 qu'un ami qui aprouve tout ce qu'on fait j car celui-ci produit la fécurité dans toutes fcs œuvres , aulieu que l'au- tre ouvre les yeux & les re-.îd at- tentifs > en forte qu'un Souvtrain prend mieux garde a la conduite* & agit avec tant plus de droitu- re. Qu'il eft honorable à un Ma- giftrat , d'avoir le courage de faire peu de cas de ce qui fe dit con- tre lui, 6c de ne pas prendre tout du plus mauvais côté! Et que fi li tranquillité publique , & le bien de l'Etat demande qu'on reprime wi efprit contentieux^ que cela fafle avec mefure & avec toute la T 4 dou-
440 AStes du Synode de Berne
douceur polTiWe , & en montrant avec vérité , qu'on eft plus enclin à traiter doucement un Homme trop rude dans la cenfurc , qu un Chien muet> qui ne fait pas aboyer contre les vices ^ comme en parle le Prophète.
Nous ne difons par pourtaat ces chofes , comme fî nous ap- prouvions les emportemens & les rodomontades des gens grofllers; mais c'eft parce que la vérité cho- que ordinairement & fait toujours de la peine à ceux à qui elle s a- dreffe , & qu il peut arriver quel- quefois qu'un pauvre Pafteur s*op- pofe à un défordre qui s'introduit,- que d'autres ne prévoyent pas en- core > & ne croyent pas qu'il doi- ve arriver. Il eft donc néceifaire que VV. EE. ufcnt de débonnaireté j à recevoir des Cenfures & des remon- trances faites hors de faifon, & ne fbient pas trop promtes à prendre feu 5 comme on parle j à moins qu'il ne parût vifîblement qu'il s'y mêle une mauvaifc intention & un deflein pernicieux ; alors il faut pu- nir fans doute. En quoi vous Au- rez bien vous conduire.
Nous
tenu en 1532. 441
Nous parlerons préfentement en particulier de nôtre Corrciflion, comme s enfuit.
CHAPITRE XXXr.
En quoi il faut particulièrement y exhorter c^cenfurcr lePeuple.
ne peut pas en/èigner Jefus- Chrift 3 fans relever cenfu- Ter les erreurs &: les vices > & fans exhorter à la connoiffance & à la probité, qui vient d'un cœur droit 5 ce qui doit être le princi- pal dans l'exhortation & la cenfure. Mais pour ce qui regarde la con- duite extérieure, nous renfermons nôtre fentiment dans les Articles fuivans^
CHAPITRE XXXir.
On doit prêcher L ohtijjance en* vers le Magifirat , tant du Gouvernement Séculier que de CEcc Icjiaftique.
pRémiérement 5 comme les Sujets font portez naturellement à la rébellion, à la défcbéiifance , & de mauvaife volonté coutrc leurs Mar T 5 giltratsj,
\
442 Acîcs dtiS'jnode de Berne,
giftrats 5 &: les pauvres de même, contre les riches ; que cependant laDifcarde eft dife(fleiTient oppofee à la Charité Chrétienne, laquelle eft la Livrée des Chrétiens , pai où ils fe font connoicre & fè dit tinguentdu Monde corrompu. Pour cette caufe il faut avoir grand foin> de procurer que k Magiftrat fé* culier foit maintenu dans fa digni- té > ainfi que Dieu l'a établi , Sc qu^on repréfente vivement ce de- voir au Peuple ignorante le pou- voir du Magiftrat venant de Dieuy «n forte qu'il faut k craindre, me-» me à caufe de la confcience , J^om. Xni. Car quoiqu'un Chrétien n ait rien qui l'attache au Monde , & qu'il foit foumis à toute Créature^ cependant il y eut cette erreur qui fe glilTa dans l'Eglife Apoftoliquc^ lkvoir,qne ces'bonnes gens s'imagi- Uoient, que leur Bourgeotfie étant céUfte y 8c eux n ayant point ici bas de Cité permanente , mais attendant avec empreffement celle qui e/i k venin ils n'a voient aucun intérêt aux defleins du IVlagiftrat Civil > & navoient rien à faire avec lui, ce qui çft un rcnverfemeut de l'Or-
don-
tenu en Ï5T2'. 44^:?
donnancc de Dieu qui étrUit deux Gouvernemcns parmi les Hommes.. Le Supérieur 6c le plus grand , eft Spiricuel & Célefte , dans lequel Jefus-Chrift , à qui feul appartient cet honneur , eft feul Seigneur t régnant par fon Efprit^ & au de- hors y fervent les Miniftres de î'Efprit, & les Prédicateurs véri- tablement Chétiens,
Le plus petit Gouvernement 8c Finfericur 3 eft le Temporel , dans lequel Nos Souverains Seigneurs^ & tous les autres M^giftrars Sou- verains ^ en tout lieu, font établis de Dieu. Le Chrétien eft fournis à tous ces deux Gouverncmens : Par raport à fa Confcience , il eft fous k Spirituel , dans lequel au- cune autre Créature n'a rien à voir ; c*eft Dieu feul qui en eft k Juge: Mais à Tegard de fon Corps &: de fon Bien, \\. eft fournis au glaive , & à l'ndminiftraiion exté- rieure, l/n Chrétien eft à la vé- rité Célefte ; mais non pas abfo^ lument, tant qu'il eft dans cette
I habitation terreftre , dans ce corps mortel : C'eft pourquoi il ne doit point fe fouftraire à l'Ordonnance T ^ t€rrcftre3
444 ABcs du Synode de Berne-,
terreftre , quoiqu'il y doive croître journellement , & devenir toujours plus célefte. Car un Chrétien s'a- vance & s'élève hors "du Monde & de deffous le Magiftrat > par Tondlion Divine ^ c'eft4-dire î forr cœur & fes afFedlions s'en déta- chent de plus en plus, aufTi-bien que de toute affaire mondaine. On doit employer à cela des Exem- ples 3 tirez fiir tout des Hiftoires de la Bible : où l'on voit manifeC tement que Dieu a puni des peu- ples dèfobéïffans > même ceux qui s'étoient foulevez contre l'Autori- té de Rois injuftes> ju(qu'à-ce que Dieu les ait rejettez & dépofez lui-rriême \ l'exemple de David, & la conduire qu'il tint à l'égard de Saiil 5 que Dieu avoit dépofé, & qu'il honora pourtant , tandis qu'il étoit Roy , & l'épargna > mérite bien nôtre attention,
Des Dîmes & des Cenfcs; com^ mem on doit les fayer & les recueillir,
11 fuit de là > qu*on eft obligé de payer les Dîmes ordinaires. Car c eli là une Ordonnance extérieure.
tenu en I 532. 44 f
& qui n*eft point oppofée à la Charité \ ce qui eft clair par THif- toire de JoÇe^h , qui alTujettir tout le Pays d'Egypte , à payer au Roi le cinquième de tous leurs revenus. C'eft là une vérité qu'on peut en- core éclaircir par k Ghap. XIII. de TEpître aux Romains ; car il ne peut point y avoir de tribut > ou de redevance plus raifonnable* que les Dimesy puifque & celui qui donne > 8c celui qui reçoit , font obligez d anêter la vûë fur la bé*- nédiftion de Dieu > Se de prendre &c de recevoir , tel que le grain eft venu, à même gain & à même^ perte.
Pour ce qui eft des Ccnfes, peut- être qu'on y pnfl'e les bornes ;> c'eft- au Magiftrat à les redrefïer> Se les Mififties ne doivent gueres s'en mêler j car cela n'eft pas le prin- cipal point de leur employ y Se d'ailleurs une telle affaire entraîne un changement des Conftitutions communes du Pays > lequel on ne doit pas entreprendre fans une ex- périence confommée Se une miire délibération de gen^ fages Se habi- ks : à moins qu on ne vit une in-
jufticft
446 AcTes du Synode de Berne ^
)uftice manifefte, comme on en voit en quelxques endroits > dans les. Cenfes de blé & de vin. D'ail- leurs chaque IVliniftre doit avertir fes Auditeurs , s'il arrive qu'ils y foient intéreffez , qu il n'y a point de péché ou d'injuAice à donner ce qu on leur demande injuftcment >. mais qu îl y a du péché à prendre, injuftement.
Il faut avoir devant les yeux cette unique régie , c'eft qu'il faut agir avec charité : que chacuri faffe à l'égard des autres 5 ce qu'il voudroit 5 &: verroit avec plaifir>. qu'on fit à fon égard , en cas^ pareil.
Il faut encore remarquer avec foin , que ces fortes de chofes >. comme aufli acheter , 6c vendre fa marchandife > & le travail de fes mains , tels que font les ouvrages- des TTfft rans Se des Cordonniers , Slc^ appartiennent aux Réglemens ex- térieurs ; & doivent toutes être réglées en quelque manière feloa k charité j & n'appartiennent point au pur & fimple Evangile 9 qur n a pour objet que les Confcien- ces. Mai5 dans le véritable Chrif*
tianif*
um e?^ I^'i2' 447
mnifme, qui eft intérieurement & de lui-même de bonne volonté 5 à; fcrvir le prochain , on prête , Se l'on n'en efpère rien en échange ^ & même on n'y pofTéde du tout rien > comme en propriété. Mais dans cette affaire il faut que cha- cun prenne bien garde à l'efprit qui l'anime > à ne pas agir par un zélé charnel, & ne point don- ner au déhors ce que fon coeur poC- féde encore. Il faut ç\\xAnaniA^ nettoyé auparavant fon cœur, après cela il /aura bien régler fa bourfe» C'eft en quai les pauvres Anabap^ tifjtes ont erré, en abolilTant le Gou- vernement extérieur', autant qu'en eux eft > (ans k favoir^ & en fe contraignant & fe forc^ant les uns les autres à quiter leurs maifons & leurs biens ^ à abandonner Fem- me, Enfans> Pcre & Mcre, con- tre l'ordonnance de Dieu , qui yeut , que nou« attendions fa vo* cation, & que nous n'entrepre- nions rren de nous mêmes : mai>s qu'au refte nous préférions fon amour à toutes chofes , & qra'ainfi nous embrafTions, fans aucune con- trainte extéiicurc, Jefus-Chiift qui
opère
448 Actes du Synode de Berne.,
opcre dans le cœur , & du Cœur au dehors par les œuvres , 6c non pas du dehors dans le cœur, com- me faifoit le Miniftère de Moife.
CHAPITRE XXXIII.
Qu il faut exhorter le Peuple à ohferver les Edits de hL. EE» C/ sapliquer particulier rement à corriger les vices qui ont le plus de vogue dans nos Eglifes.
"XjOs Souverains Seigneurs ayant - publié divers Edits de Ré-- formation, pour la corredion des mœurs > &: pour établir une con- duite Chrétienne, Nous devons, nous autres Pafteurs & Miniftres> en prefler Tobfervation avec foin , en montrant qu'ils font juftes conformes à l'Ecriture Sainte; fic que même parmi ks honnêtes»» Payens on na point foufert ces, fortes de vices j tels que font 1'-^- du Itère > la Fornication , le Jl^/aguC'»* reliage , VYvrognerie , le Jeu , les> Blafphhn:s Sc les Juremcns , 6c par- ticuiisiement Tufagc d aller au fir-
ut. ce
tenu en 1 532. 449
ma des Princes Etrangers ^ & de faire la guerre pour de Targent ; contribuër par- là à faire des Veuves & des Orphelins *, chofes qui font contraires au fens commun & à l'équité , & qui n'ont jamais été approuvées > même parmi les Payens.
Nous devons au/Ti exhorter avec foin les Magiftrats > de foutenir ces Edits, & leur repréfênter leur devoir & leur obligation envers Dieu.
Nous devons au/Ti nous autres Miniftres > faire attention à la dit pofition de nôtre Peuple, & à fes palfions > & nous efforcer de le conduire à Dieu par Jésus- Christ par nôtre Miniftère ; car tous n*ont pas les mêmes vi- ces j quelquefois le change- ment de lage en apporte au/Ti dans les mœurs & dans les péchez: ce que chacun peut aifément appren- dre en converfant journellement & familièrement avec fes Paroi/Tiens. Mais il faut partout leur parler de \ Etat du A/ariage , de \ Education des Erifansy de la Correcliori frater^ nelle , 6c contre les vices com- muns,
450 Actes du Synode
muns > qui font attachez à toute chair > tels que font la perfidie, l'en^ vie^ la haine, le menfonge Sc h frau- dé y & autres fcmblables œuvres de ténèbres. Ce font là les Arti- cles cMie chacun doit preffer avec foin & application > pour la cor* rc£lion des vices,
CHAPITRE XXXIV.
De tlnftruciion dé la Jeunefcy & de la Doctrine de\ la Foi > OU du Catéchifme*
^Omme on aprend > fans beau- coup de peine , 6c bien , ce qu'on aprend dans la Jeunefle, & que dans le déclin de Tâge on n'sft plus propre à rien 5 & que dailleurs il eft bon de porter le joug du Sei- gneur dès Tenfance > qu'enfin les Chrétiens font obligez de ccnfa- crer leurs Enfans particulièrement au Seigneur , en fa mort , fans quoi ils fe trouvent miférablemenc efclaves des convoirifes mondai- nes , &: fous la puiflance du Dia- ble > Pour ces raifons> il eft nécef- faiie d'établir un Catéchifme , ou Inftru^ion Chrétienne , où l'on apren-
ne
de Berne. 451
ne aux fîmples , & principalement aux grands Enfans , à craindre Dieu & à laimer , par J e s u s • Christ^ & cela non en citant beaucoup de partages de l'Ecritu- re > mais en expliquant le SymboU des Apôtres , & VOraifoft Domiincaley fur quoi l'on a déjà écrit divers petits Livres. Mais cela feroit en- core plus efficace > fi avant tout cela, nous faifions tous nos eiForts^ pour que Jefus-Chrift fe levât ôc vint dans nos propres Cœurs. Le feu dont nous ferions animez échauiferoit bien-tôt les efprits fou- pies des Enfans : Autrement ce que la raifon feule tire des Livres > & enfei^^ne aux autres Hommes, n'eflr qu'un ouvfiîge humain > fans effi- cace i jufqu'à ce que le grand Mai- tre le S. Efprit lui - même , fc mette de \\ panie y &c crée, renou* velle, 3c régénère à une vie célefte & éternelle.
Il nous a auffi paru nécelTaire, de montrer Jefus-Chrift tout entier» & tout l'ouvrage de Dieu pour nôtre falut , par le Symbole des Apôrres , comme auffi de faire voir clairement aux fimpleso que tou- tes
452' A^es du Synode
tes les prières qu'il convient de fâircj font renfermées parfaitement, clairement & avec allez d'écenduë dans rOraifon Dominicale , enfor- te qu elle furpafle tous les Pfau- mes , & toutes les Prières , q^ue les Pcrcs ayent jamais faites.
CHAPITRE XXXV.
Du Décalogue > ou , des Dix Commandemens ,
Quoique la paflk)n & la mort .de Je s us - Chri ST ferve à connoîrre vivement le péché > & à porter I Homme à la repe itance,. cependant il eft bon & néceflairej que les Enfans fâchent les Dix Commandemens, & que les Paf- teurs dans les Catéchiîmes les leur impriment dans le Cœur 5 de la manière que le Seigneur Ta fait dans fon Sermon fur la Montagne, Maîth. V. VI. VII. afin que la Jeunelfe apprenne à régler fon coeur devant Dieu , comme c'eft aufli au cœur que Dieu a particulièrement égard. Il fêroit auffi à fouhaiter que les Vieillards ne fe filTent point de honre daprendre les mêmes
chofcSi -
de Berne. 45 3
chofes, & de recevoir humble- ment les mêmes inftrtiftions avec & parmi les Enfans , afin qu^une ^ois enfin nous devinflîons tous bons Chrétiens , & que nous n*en demeuraflions pas à la feule pro- feflion extérieure.
CHAPITRE XXXVI.
Vu Symbole des Apôtres î de /'O- raifon Dominicale , & des Dix Commandemens.
rpOute la Religion cft clairement
- conteniië dans ces trois pièces, ItSymboky COraifon Dominicale le Décalogue. Le Symbole nous aprend à connoître Dieu & Jésus-Christ 5 &: nous montre comment la Grâce £c la Vie commence, saccroit & s'accomplit. L'Oraifon Dominica- le cft la vraye prière Chrétienne j ^ pour ainfi dire, la Cruche ou le Seau, avec lequel on puife cette grâce à la fource de la grâce, qui cft J E s u s - C H R I s T , on la re- cueille dans le cœur. Car celui qui pris , obtient : & fans la prière c'eft en vain que la grnceeft ©flirte. La prière ouvre le cœur
&
4S4 Affes du Synode &rélargit, pour ainfi dire, afin quil puifle recevoir la grâce. Et pour ce qui eft des Dix Comman- demcnsj ils font un exercice exté- rieur , par lequel la chair eft mor- tifiée, 6c tournée à pouvoir mieux comprendre fa corruption & fes pé- chez > & à les retenir dans fon fouvenirs quoique du refte il faille auparavant connoître le péché par Je s u s -C H R I s T & en lui , fi Ton veut en avoir une connoilTancc uti- k. Celui qui confidére les Com- mandemens > doit confidércr en même tems > que Jesus-Christ , lui jufte & innocent , eft mort par la préordination de Dieu , pour ces péchez là , que le Decalogue défend. Ainfi le Symbole , l'Orai- fon Dominicale > & le Décalogucj font la Bible des Idiots & des Enfans, laquelle comprend tout le Chriftianifme. Car les Sacremenr» le Baptême & la S. Céne , aufti- bien que la parole d*exhortation ^ ne faifânt autre chofe , que de pré- fenter aux ames des Fidèles le Myftère de Dieu dans l'Homme, il n*eft pas néceffaire d'en embar- raffer ielprit des Enfans & des
fimple#>
de Berne, 45 j
fimples , qu'autant que ces chofes peuvent leur fervir à connoirre ce iêul Sauveur Jésus - Christ, i|ui eft exprimé de la manière la plus propre avec toute fa vertu & fon opération, dans ces trois piè- ces fufmentionnées. Si l'on s'y prend d'une autre manière on rend la Religion trop difficile , & on la charge de trop de paroles > enforte que les bonnes gens d'entre le Peuple defefpérent de pouvoir ja- mais ni la comprendre ni l'appren- dre. Sur quoi il eft bon de re- marquer , que le Fils a déclaré lui- même en termes bien remarqua- bles 3 que cette Grac€ incomprehen- fible , eft cachée à la SagelTe du Monde, 6c eft manifeftée aux pe- ^•^nh. tirs ôc à ceux qui ont peu d'in- telligence, Ceft pourquoi nous devons nous accommoder à la portée des fimples , & nous ren- dre intelligibles , autant qu'il eft po/Tible 5 & ne pas fabriquer de nouveaux Articles de la connoif- fance de chaque dogme.
CHA-
456 Acles du Synode CHAPITRE. XXXVII.
De la conduite & de ///probité des Adimfiresér des P a/leurs en général,
TL eft toujours vrai ce que dit lePro- phêre, Tel qu eft le Sacrificateur^ tel eft le Peuple: & tel queft le Peuple tel eii le Sacrificateur, Car quand Dieu veut faire du hicn à un Peuple > il lui envoyé des Prophètes > qui font gens de bien v Fidèles & fages dit penfateurs des Myftères de Dieu , par le moyen defqueîs tout le Peuple eft fauve. C'eft pourquoi le Peuple ne doit attribuër la faute qu'à lui-même , s'il n'eft pas pour- vû de bons Pafteurs , comme il le devroient être. Et nous n'avons à nous plaindre de perfonne qiic de nous-mêmes > fi nôtre Peuple eft fi 1 pétulant & obftiné dans fes vices , & fi défobeifTant à la vérité : car nos péchez méritent cela. Quant au refte il y a partout des cœurs fertiles , propres à porter des fruits de juftice pour Dieu , fi nous étions feulement des Laboureurs & des Oi'vriers «v^ec Dieu? diligent & appliquez à cet ouvragé. C'eft
pour-
de Berne, 457
pourquoi chacun doit bien pren- dre garde > quil ait les qualicez que Dieu exigeoit dans les Ji'ges, du tems de Moïfe , favoir 5 d être {ag^s 'i entendus, 6>c reconnus par- mi les Tribus 5 pour êcre gens courageux & droits 5 craignant Dieu, a?nateurs de la vérité , 6c ennemis de l'avarice. Il faut dis-je, qu'on voye auffj briller en nous les mê- mes qualitez. Car comme ceux-là étoienc Serviteurs des Peuples pour le temporel, nous le Tommes pareil- lernent dans le Royaume Céleftede Dieu, afin que nôtre fageile en Je- sus-Christ ne Toit pas moin- dre que Tà été leur ombre & leur type fous Moïfe. Or nous enten- dons par -là, cette SageiTe &: cette Intelligence, qui découle de la Croix de Jcfus-Chrift; ôc une connoif- fance des Fidèles, qu'on ne tire pas de la Chair & du Sang , mais qu'on aquicrt par les fruits de 1 eC- prit> &: par les Oeuvres de Cha- rité. Car S. Paul ne comioit plus IL perfofîne félon la chair. On devroit ^* voir les mêmes fenîiinens dans nousôc dans nos Eglifes , car nous ne devons pas avoir des affcvcions Jom,IP\ V char-
458 Actes du Synode
charnelles. Il ne faut pas non plus avoir égard à la hardiefls de bou- che ^ de main , mais à une pa- tience confiante , à une Charité aflive, qui vient d'une Foi non feinte , laquelle apporte avec foi Jésus - Christ , qui eft la vérité même > qui exclut toute ava- rice, & même toutes les convoi- tifes du cœur. C eft auITi à quoi ^ S. Pierre nous exhorte : Paijfez le Troupeau y dic-il> avec une promte af* feston , & non point comme ayant domination fur l'héritage du Seigneur^ mais étant les modèles du troupeau , I. Epitre Ch. V. C'eft ce que S. Paul a fait ^ &c nous a ordonné de nous former fur fon modèle, & d'être fes imitateurs , autant qu'il I.Co?-.XI l'a été de Jefus-Chrrft: Il faut donc exhorter le Peupk à nous imiter, 8c à fuivre les exemples que nous lui donnons, fi du moins nôtre Do£lrine & nos œuvres convien- nent enfemble , Se fi nôtre cœur eft d'accord avec nôtre bouche Sc nôtre main. Mais helas î il ne nous convient pas trop encore à préfent 5 de tenir un tel langage > puifque nous ne fommes pas en- core
de Berne. 459
core extrêmement avancez nous- mêmes dans les affaires fpiriruelles> fie dans les œuvres Chrétiennes. JVlâis nôtre exemple fera pourtant en édification 5 fi nous nous ap- pliquons à bien remplir nôtre char- ge dans l'Eglife, à la bien condui- re» 6e qu'on nous trouve chez nous &: dans nôtre domeftique 5 de bonnes mœurs 3 gens de bien & d'honneur.
Nous allons donc parler pre.T/ié- rement de nôtre Emploi j comme s'enfuit.
CHAPITRE XXXVIII.
Comment les Pa/leurs doivent étudier i dr lire C Ecriture*
r)Uifque l'Ecriture rend l'Homme fagc à falat , par la Foi en Je-
s u s - C H R 1 s T > car tome l'Ecri- iii^ tuie efî divinement infptrée , propre a inffruire, a cenjurer , a corriger ^ & a reprendre dans Lt jujlice , afin que \ l'Homme de Dieu [oit irreprehjnfible 5 ■ & bien dffpofJ pour toute bonne œu- vre i pour cette caufe on doit re- connoîtrc , qu'il efl néceflTaire de s'appliquer foigneufement à la lire.
\ z Et
46 O Acfes du Synode
ÎEc dans cette leflure il faut oh(tu ver cet ordre , c'eft de commencer par la prière > avant que de pren- dre la Bible entre les mains j ôc cjue cette prière foit faire en efpiit en vérité : Cette prière de TEt prit eft d'une telle nature 5 que le S. Efprit pouffe celui qtii prie > prémiéremjent à rendre grâces à Dieu avec un amour ardent, pour les bienfaits qu'il en a reçus: ce <^ui produit de la confo'ation & une iVt forte 'y en fui te il le pouffe à prier le Seigneur, de vouloir ôter de plus en plus les maux, les vices ^ les imperfeiHiions , qui font at* tachez a nôtre nature 5 ce qui pro- duit un defir 8c une ardmr 5 que le 1 Matt. V. Seigneur appelle fam & feif de la f juftice, qui eft toujours fuivie du r| raffaficment & d'un véritable bon-i heur. Ainfi il eft évident , que la Prière eft une évacuation & une préparation du Cœur 5 afin qu'il puiffe comprendre & retenir l'in- tention & le confeil de Dieu , qui cft caché fous la Lettre. Sans cela on lit ordinairement l'Ecriture S^^- fans dévotion, comme une hiftoirc \ mondaine , & Ton y exerce uni- quement
de Berne, 46 1
quement fa raifon. Aiiffi cela ne produir-il autre chofe, quune Sa- geffe enflée ôc charnelle , que l'on propofe enfuire au pauvre Peuple* comme venuë de Dieu, 6c tirée de fa parole. C'eft pourquoi S. Ja- ques die fc^rt bien dans fonEpitre: ( y? quelcun d'entre vous a befoin de Su" gejfe 5 <7«>7 la demande a Lkti ^ qm la donne libéralement^ &c. Chap. I.
Quand on a ainfi préfenré à Dieu la prière d'un Cœur pénitent & al- < teré de la grâce , alors il faut ou- vrir le Livre , & le lire comme la parole de Dieu 5 ainfi qu'il eft . véritablement , & non pas comms I la parole des Hommes \ en perfé- vérant dans le défir qui a ditlé la prière qu'on vient de faire, jjf' qu*à-ce qu'on fente quelque peu d'intelligence divine découler d en^ haut , que le Lcfteur doit inceffain- ment recueillir avec foin , & pen- fêr d'abord que le S. Efpric parle en lui , pour le cenfurer Se le cor- riger 5 c'eft-à-dire , le Lc(fleur doit k regarder comme écarté de toutes les Créatures , & agir uniquement avec Dieu , avec un efprit fimple & confacré à fbn fcrvice, 6c ne pas- V 3 (è*
462 Achs du Synode
le mettre en peine de ce qu il doit dire au Peuple , mais comment il pourra lui-même recevoir de Dieu de Rouvciles lumières.
Il faut alors que le Lcifleur compare enfemble d'autres pallages de TEcricure , avec l'expérience que fa Foi a faite auparavant , lorfqu*ils pourroient paroître op- , pofez à rinteliigence qu'il auroii'| préfentement 5 &c prier de pouvoir les concilier enfemble > 5c perféve- rer ccnfbmment dans cet exercice, ji;fqu'à-ce que la vérité de cette même Ecriti:!re reluife vivement dans le cœur j afin que cela foit fjivi d'une vive Action de grâces |i ^ d'une méditation appliquée d« la ConnoilTancs qu'on a reçue.
Enfuiie il faut prendre en mai» les Livres & ks Commentaires i qui ont été publiez de nôtre remsj & dans les tcms paffez , 6c lei conférer avec Tintelligence que nouff avons obtenue : C'eft ainfi qu'on* peut les lire avec jugement , &| avec profit. Ah! quelle joye n'cft- ce pas , lorfqu'un Homme trouve que Dieu lui a auffi donné qiieL: que chofe , qui s'accorde avec CC'
qu€
de Berne. 463
que les autres ont reçu ; ou que même les aurres n'ont peut - être pas encore reçû ? Cependant il ne s'en enfle point , puifqu'il Ta obte- nu de la bonté de Dieu, après le lui avoir demandé , il fait bien ce qui s'en enfuivroir, s'il tomboit dans la paiïion de la vaine gloire.
Il eft bon auiïi que chacun met- tre fes penfées par écrit , & qu'il les compare avec celles qui /uivront. Car il faut toûjours avancer dans la voye de Dieu , d'autant plus que la mémoire efl foiLle, il nous eu donc avantageux d'avoir dans nos recueils quelque chofe quipuif- fe nous fervir dans l'cccafion \ Se un tel exercice fait de nos ames un Arfenal bien fourni pour le fervi- ce de Dieu nôtre Seigneur j dans lequel font mifes en referve des armes fpirituelles , pour repoufler les machinations de Satan. CHAPITRE XXXIX. Que Us Adinifires doivent con- férer amiablement enfemble fur [Ecriture tL feroit fort utile pour cedeffein, que nous fu/Tions toujours diA V 4 pofc
404 Actes du Synode
pofez &: prêts à conférer enfembk fur TEcriture S^^. particulièrement chacun avec Ton voifin , qui auroit auffi de la pieté, ôc qui dcfireroit de croître en la connoifTance de Jefus-Chrifl: Nôtre Seigneur. îl faudîoit auffi que tous nos difcours & nos converfations familières avec tous les Hommes , fuflent de la même nature, comme gens qui ati- rions vivement à cœur la gloire de Dieu, & le règne de Je sus- Chris t. Ceft là ce que les An- ciens pratiquoient, 6c c*eft ce qu« nous avons fait aufTi dans ce Sié" cle 3 des le commencement que FEvargile a é:c prêché, difputant avec chacun touchant nôtre Evan- gile, & contre le Pape. Mais il faut bien prendre garde de n'être pas choquans, ni emportez , ni opiniâtres; comme gens qui veu- lent défendre à quelque prix que ce foit, l'opinion qu'ils ont une foi$ ernbraffée. Car quand on trouve dans un autre Homme quelque chofe de Jesus-Christ , 5-: de les dons , quelque petit que cela foit> \\ faut en rendre grâces à Dicu,^ agir avec lui prudemment , pour
Lui
de Berne. 46^
Uii nidcràfaire frihflifier ce« dons» & ne pas éteindre les efprirs 5 par là Hne aine tournés vers Dieu par- vient à une g^dinét connoifTance des œuvres de Dieu. Ces Con-t verfations fervent au/Ti à nous ren- dre plus habiles à raifonner avec nos Paroifîlen^, & avec les Ad- rerfaires ; ce que les Enfans Dieu font d'une manière bien dif- férente , de celle qu'employé la Chair & le Sanî^; dans les alfaires de ce monde , pour avoir gain de. caufe contre leurs Adverfaires.
CHAPITRE XL.
Ccijrment on doit méditer Us Sermons .
QT/and on veut prêcher , on Ifc ^ordinairement des Sermons écrits, ou des Commentaires, ^ l'on en tire des lambeaux, autant qu'il en faut pour remplir Ton heure j & Ton ne fe met pas beau- co'jp en peine, fi cela eft propre dans ce Siècle pour édifier les Egh- fes ou non. Ccft là la rai Ton pourquoi Ton produit fi peu de fiuit qui foie de durée devant Dieuu V 5^ C'fft
466 Acîes du Sjncde
Ceft pourquoi nous trouvons né- celTaire de nous exhorter les uns les autres , & nous aider Tun l'au- tre de bon cœur j à ce que chacun médire lui même l'Ecriture , qu'il en tire lui-même de lufage, pour h propre corr€<îlion , comme il a été dit 5 & qu'après cela il réflé- chilTe fur l'état de fon Egl ife , fur lequel il doit diriger fes travaux, & quelquefois il ne dira pas la diziéme partie des chofes, que Dieu lui aura communiquées fur ce texte de l'Ecriture. Car tout fe doit faire pour l'édification de l'Eglife, & il ne s'agit pas là d'étaler fk Icience ou de montrer fon efprit ; puifque nous devons chercher uni- quement & de tout nôtre cœur la gloire de Dieu dans le fàlut de l'E- glife par Jesus-Christ, & rien de plus.
Ainfi il n*eft pas néceflaire de prefcrire de longues régies , fur ce fujst. La vérité a fon fîege dans | les ames , & l'amour de Dieu en | lègle la diftribution. De cette ma- j niére on n'épargnera aucun pécheur, i on n'ofFenfera pourtant perfonnc i par des cenfures aigres fîins caufs > ■
k 1
de Berne, '467
le Peuple qui écoute fera édifié; ceux qui font de dehors feront re- commandez à Dieu j &c Ton n*ex- ciîera pas tant de querelles, com- me cela fe fait mal - heureufemcnt aujourd'hui : dequoi il a été parlé ci -devant plus au long. Dieu veuille remettre les chofes en meil- leur état dans nous tous. Amen.
CHAPITRE XLL i. I.
Ou il faut lire modérément les Livres profanes.
peut bien cependant lire aufîl des Livres profanes, comme par exemple desHiftoires,pourvû qu'on le faffe avec difcernement avec jugement; & dans la viië d'y exer- cer Amplement nôtre raifon, & d'y aprendrc à connoîrrc la rature des affaires de ce monde; mais non d'y chercher ce qui peut fcrvir à nôtre converfion , ni à l'édification de l'Eglife. Ainfi il faut que toutes nos inftrutîlions ♦ nos exhortations, nos cenfures & nos corrcflions , foicnt tirées de rEfprit dejLsus- Christ, & de rEcdture S^^- quoiqu'il pu ilFa V 6 quel*
4éS Acics du Sjnock
c];!elquefois arriver , qu'on poui- loit dans un Sermon raporter en peu de mots une HiPcoire Payenne, ce que nous ne défendons pas j Nous elpérons pourtant que cha- cun fera réflexion , qu'il eft Dif- penfareur des Myftères de Je sus- Christ, & Serviteur d« fon Ef- prit 5 & qu'il doit faire plus d'u* fage des Ecrits de rEfprit de Dieu, que d« ceux des Hommes r quoi- que helas! les Minières de la Cam-» pagne ne font pas trop attachez à l'étude 3 cependant ce n'eft pas jfàns caufe que nous avons placé ici c^.£ avertiilement,
S. ir.
1 Comment on doit prêcher.
On doit prêcher avec beaucoup de dévotion, & avec une Ch^ rite ardente pour nos Auditeurs , pour les corriger & les édifier en Dieu : Des Sermons de cette forts font impreflion fur les gens di bien. Car c'eft ainfi que les bre^ bis de Jesus-Christ entendent la voix de leur Seigneur , le vérita- ble Pafteur y elles le reconnoiffent s elles k fuiveat; Au li§u que des
mvcc'
de Berne. 469^
*^veé^ive5 gicflléres ne font que remplir d'aigreur 6c de trouble les efprits paifibics, qui nu forrir d'un tel Sermon; fe trouvent pleins d'en- vie 6-c de haine j féditieux &: por* tez à msl-faire 5 Quoiqu'en par- lant de la forte 5 nous n'aprou- voîis nullement i raais au contraire^ nous condamnons abfolument la eond'jite de quelques lâches efpritSj qui ne veulent pas cenfurer com- me il faut ^ & fc contentent ds tourner leurs difcours d'une manié* re propre à fc faire écouter avec plâifir 5 plutôt qu'à édi/îcr. Ces gens -là devroient bien pefer ces Paroles de S. Paul: fi je voulois fUire aux Hommes^ je ne ferois pits Serviteur de J e s u s -C h k i s t.
CHAPITRE XLII.
Qu^on doit prêcher dans tous les j ornes frefcrlts^
T L. EE. Nos Souverains Sei- gneurs, ayant ordonné dans leurs Edits de Réformation, à tous les Miniftrcs > de prêcher le Di- manche , le Lundi , le Mecredi 6c fc Vendredi; Scnous* nous en ètaiït
excufcz
47 O Actes du Synode
excufer parce que nous ne pou- vions pas avoir des Auditeurs j il a été trouvé bon , que chacun doit s'efforcer à prêcher dans ces quatre jours autant qu'il lui fera pofllbls, quand mêirie il n'auroit qu'un Au- diteur ou deux. Le Seigneur ne s'eft point fait de peine de s'en- tretenir avec une feule Femme Sa- maritaine : pourquoi un Miniftre de Jes us-Christ fe feroit- il de la peine de parler de fon Seigneur , & pour fa gloire , mê- me avec les perfonnes du plus bas rang du Monde? Car par devers Dieu il n'y a point d'acception de perfonnes : & une Ame fidèle vaut plus devant Dieu , que le Monde entier. On pourroit aufTi faire ces fortes de Difcours , fur femaine > dans le milieu du Temple , fans monter en Chaire , & de la ma- nière la plus fimple. Et fi nous fommes fi promts a nous en difpen* ferc'ell une preuve que nous avons bien peu à cœur la gloire de Dieu, ou bien que nous fa^fons plus d'at- tention au plus grand nombre > qu'au petit troupeau 5 & aux gens de bien 3 à qui nous devrions fou-
haitec
de Berne. 471
hairer perpétutllement d'être uti- les. Il y a cependant plufieurs frères 5 qui fe font un plaifir de prêcher tous les jours» C'eft une diligence que nous louons , comme une marque d'un bon zèle. . Il y a aufTi plufieurs Miniftres, qui ont plus d'un Village dans leur ParoifTe. Il feroit bien né- ceflaire qu'on y prêchât au pauvre Peuple dans les autres Villages, fur femainc ; & qu on fît quelquefois deux Sermons le Dimanche. Il faudra examiner cette affaire dans les ClalTes ; parce que la fituatioa des lieux n'eft pas la même par tout. En attendant , perfonne ne doit empêcher un Pafteur diligent, d'exercer fon emploi j car enfin int truire Ôc ramener ceux qui s'éga- rent > eft un devoir de chaque Chrétien > mais particulièrement des Pafteurs. Et nous favons pour certain , quel fruit il en revient, de parler de coeur & avec prières à un feul Homm.e de bien , & fim- ple 5 &: de lui montrer fon faluc par Jesus-Christ : au lieu qu'au- trement un tel Homme périt mi- ferablement dans fon ignorance >
&
472*^ A^es dti Srdode
&: (on Sang fera redemandé dey mains du PaReur , qui comme un fawx Pafteurnaura pas bandé U' brébis malade.
CHAPITRE XLIir.
j^//7 faut parler aux Auditeur r en particulier,
/^Omme nous femmes oblrgfz de ne rien omettre , pour amener nôtre Peuple à Dieu, il ne fufiFit pas de prêcher en public dans TE* glife ParoifTiale 5 ou dans tous les Villages, félon Tufage établi ou prefcrit , nous devons auffi aller trouver nos Auditeurs de Maifon en Maifon , & les inftruire dilii gemment , & en particulier > au- tant qu'il eft pofTjble > de la vo} e du Safe 5 ôc leur prêcher la rc- penrance> comme nos PrédécefTeurs les Apôtres ont fai-r. Car les in(î. trudions particulières pénétrent beaucoup plus dans les Cœurs>quc les difcours qu'on adrefie en publia à tout le Monde,
CHA-
de Berne, 473 CHAPITRE XLIV.
De la Vifite des malades,
î A principale partie de nôtre em- ploi , c eft de confoier les affli- gez. Ceft pourquoi nous les PaC teurs , foit des Villes ^ foit de la Campagne , nous devons être par- ticulièrement foigneux 6c diligens à vifiter les malades , pendant qu'ils ont encore l'ufage de la rai- fon & lefprit libre , & n attendre pas qu'ils foient à rexttêmité.
Et c'efl: ici Tordre qu'il faut ob- ferver dans les inftru^ions qu oa adrefle aux malades : On dok com- mencer par les faire fouvenif de la grâce de Dieu en J e s u s-C h ri s t, qui fe tient %c fe veut tenir près des fiens dans leurs affligions ; & leur repréfenrer, comment les vrais Chrétiens attendent avec foin lave- nue de leur Seigneur , 6c de dé* loger ou d'être appeliez à fortirdc ce Monde. Que s'ils ne trou- vent pas cette dirpofition en eux, il faut pour les confoier, les con- duire à la repenrance, puifque par là ils apprennent à reconnoîrre leur amour propre & k foibleiLi de
leut.
474 AEt es du Synode
leur foi , & qu'ils prient le Sei- gneur de leur augmenter la foi , afin que nous , qui devons être les témoins de la vérité de Dieu> ne les jettions pas dans une fâufle confiance.
Enfuite il faut exhorter les At fîftans, à prendre occafion des dou- leurs & du danger du malade , pour penfer aulTi à leur propre fragilité , & à craindre auffi Dieu tout de bon : puisque toute con- fiance charnelle efl absolument vaine & mal-affurée , Qu'ils doivent con- fiderer , qu'elle confolation c'eft , dans CCS affli<flions , d avoir un Dieu mifericordieux , & J. Chrift le fils de Dieu, pour fon Média- teur 6c fon Avocat ; avantage que nous obtenons par la repentance & ramcndement de la vie > & par une véritable foi en J. Chrift : Qu'il y a eu bien des gens, qui ont été furpris par la mort, avant que d'être bien convertis , s'étans endormis avec les Vierges folles, dans l'attente de TEpoux &c.
Après cela il faut fs mettre à genoux , & prier pour le malade, qu'il plaife au Seigneur de Ï2i^\i''
ter
de Berne. 47 J
ter par fa grâce dans fon affligions & demander en même tcms & avec ardeur au Seigneur > qu'il nous accorde le fecours perpétuel de fa grâce dans les maux qui nous arrivent prérentement> &dansceux qui nous doivent arriver.
Il efl aufli utile de lire quelques endroits de S, Paul , ou des Evan- geljftes , ou des autres Apôtres , qui traitent de Ja paflion & de la rerarre<n:ion de J. Chrift j & de les expliquer d'tinc manière vive
touchante &c.
Cette efpèce a exercice eft fou- vent plus utile que dix Sermons, qui fe font dans l'Eglife^ fans que les Auditeurs y prêtent beaucoup d'attention j au lieu qu'ici l'afflic- tion les touche tous de près 5 & qu'ils défirent tous la confolationj qu'on ne trouve nulle part , plus certainement , que dans le Seigneur Jefus-Chrift , après qu'en a perdu ï'erpérance de tout fecours terrien,
Jufques ici nous avons parlé de l'Emploi des Pafteurs , comment ils doivent 6 en aquiter,
CHA-
47 6 Acîes du Synode
CHAPITRE XLV.
elui qui pratique k Comman-
dement, &;quirenfeigne, fera appelle grand dans le Royaume des Cieux 5 car ce ne font pas ceux qui écoutent la Loi > qui font tenus pour juftcs , mais ceux qui li gardent. On voit le contraire chez les Pharifiens , qui favent fort bien parler de Moyfe > & qui chargent leurs Eglifes de gros far- deaux 3 mais ils n'y touchent pas du plus petit doigt. Loin denous une telle conduite, de Nous, dis- je, qui fommes les Succeffeurs des Apôtres ■ Au contraire , puisque nous prêchons la Croix de J. Chrift , nous devons porter avec nous en nôtre Corps mortel , la mort de J. Chrift 3 6c prouver efficacement par une vie célefte , la réfurred^ion de J. Chrift , à la^ quelle nous devons rendre témoi- gnage» mais c'eft ce que nous ne fai-
De U conduite que les Minif- très doivent tenir 5 Joit a H égard deux mhnes 5 foit - dans leur domefiique.
fons
de Berne» 477
fons pas > fi nous attachons nos cœurs a ce monde , comme font les autres , qui n'ont que des af- fedions charnelles. Nous devons avoir nôtre domicile dans le Ciel, comme gens qui font relTufcitez avec Jefus-Chrift: Ceft par-là que nous excitons nos Eglifes à re- chercher avec foin hs chofes qui font véritables j raifonnables, ju^es^ pu^ res i aimables & lotiablcs , ce qu'il faut ^a'elles appr-ennent de nous 3 quelles nous entendent dire , & qu'elles voyent en nous ; Ce fera à ce prix - là que nous paroîtrons avec joye devant le Siège Judicial de Jefus-Chrift nôtre Seigneur : & - que nous remporterons dans fa journée la louange d'avoir bien rempli nôtre emploi. C eft à quoi TApôtre S. Paul avoit bien penie , lorlque marquant à fon Difciple Timothée les qu^Jirés de ceux qu'il devoit choifir pourEvêqucs, c'eft- à-dire Paftc:urs5 il lui dit:
Il faut que C Evoque /oit irré^rc^ henfible , mari cCune feule Femme ^fo-» bre y tempérant , grave , hofpitalier, propre a enfeigv.er , nuileuient adonné au vin } ni violent , ni attaché à un
gain
478 Acles du Synode gain fordide > mais qu 'il fok doux , éloigné de toute conteftation , exempt d'avarice ^ quil fâche bien gouverner fa propre famil.e , qu tl ait des En* fans obeijfans , & dont les moeurs foient tout a fait honnêtes.
Nous allons réfléchir fur quel- cjues-unes de ces cxpreflions, 8c les examiner , laiflant à chacun à faire fes réflexions plus au long fur les autres.
Irreprêhenfible : Notre conduite doit être de gens d'honneur j dans tout ce que nous faifons, ou que nous ne faifons pas ^ dans nos ac- tions & nos paroles; en un mot> dans tout ce qui peut être de bon exemple. Ainfi nous trouvons bon de ne pas méprifer nôtre Troupeau, {quoique compofé de gens du Peuple,) mais cependant, qu'il faut être ha- billé honorablement, 3c qu'il y ait quelque différence dans Thabille- ment entre un valet de boucher & un Miniftre de la Parole de Dieù: cir du refte^négliger la bicn- féance à cet egardj c'eft la marque d'un efprit léger. Nos Seigneurs défendent les habits découpez mais fi les' Pafteurs , qui doivent
de Berne. 479
être en exemple > portent les ha- bits les plus immodeftes qu'il foit pofllble d'avoirjComment cela peut- il être irrépréhenf^ble ? Ce n'eft pas pourtant à dire , que nous approuvions l'aifcdaiion pharifaï- quc des hypocrites > mai^; il faut garder foigneufernenc un jufte mi- lieu.
M An d'une feule Femme. Il veut dcfigner par là une ame chafte &c pure, foit dans le mariage ou non. Car il a égard à l'ufage des Juifs> qui avoient alors plus d'une Fem- me 5 ce qui avoit l'apparence d'u- ne ame impudique > & étoit en même tems accompagné de beau- coup de peine 8c d'embarras : Car ceux qui font mariez ont beaucoup daffli^'ion en U chair. Cependant S. Paul ne rcfufc pas une Femme à l'Evêque : mais ce qu'il dit là dans ces dernières paroles, fe rap- porte à 1 honneur de la famille , ou aux foins des affaires de ce Monde , ou à ceux qu'il faut k donner pour plaire à une Femme> s'il a une Sœur, qui attende avec lui l'avènement de nôtre Seigneur J E S u s - C II R I s T, Or il faut qu'H
foit
480 Actes du Synode
foie mari d'une feule Femme, afin qu*il ait une conduite chafle, E: à cet égard nous ne favons rien les uns des autres qui foit à repren- dre > & quant à la conduite ex- térieure il ny a aucun défaut par- mi nous.
Mais nous devons confîdéreravcc grand foin , combien il eft blâma- ble & malféant à nous, de tenir des Hifcours mal honnêtes, ou de bouf- fonner , ou de plaifanter> ou d'ap- prouver par nôtre filence ou autre- ment , que d'autres en nôtre pré- fence fe divertiffcnt à parler de for- nication , d adultère , ou de galan- teries criminelles. Car c'eil con- fentir au mal> ce qui eft pire que i'Ade en lui même. Comment pou- vons nous faire écouter la S^^- Pa- role avec refpe(îl 5 fi nous tenons quelquefois de ces difcours mal- honnêtes ou de mauvaife plaifante- îie j ou fi nous les écoutons > en riant 5 de la bouche des autres ?
Nous devons erre Sobres, Car quelle feroit la dignité de nôtre Cara£lère> fi Ton nous voyoit dans les Tavernes boire avec de la Ca- naille & à des heures indues ;
comme
de Berne. 4S f
comme fi notre emploi ne confit- toit qu'à boire & à manger.
Mais nous n*avons pas deflçin de pouffer plus loin nos réflexions (iir ce fujet. Quand la Croix de Jes us-Christ eft gravée dans un cœur 5 elle remédie bien-tôt à toute autre chofe , qui doit erre le principal objet de nos foins v En attendant il faut s'abftenir (bi- gneufèment de tous les vices grofliers » jufqu à-ce que nous puit fions nous avancer à un plus haut degré de vie fpirituelle , qui porte avec foi toutes les Vertus > ce qui eft le but auquel fe rapporte tout ' ce Synode 5 Dieu nous faffe la grâce d'en obferver les Réglemens. Amen !
Or afin que nous puilTions per- féverer dans cet exercice Chrétien, il faut toutes les années, le pré- micr de May, convoquer un Sy- node de tous les Mini/Ires de la Capitale & du Canton , & y ra- fraichir les règlemens contenus dans ces A(ftcs-ci, De plus, nous voulons avoir toutes les années deux Affemblécs de Claffes , au cas que LL. EE. l'approuvent j &: y Tm, IF. X trai-
482 Actes du Synode
traiter de la même manière , des chofes qui fervent à nôtre édifica- tion , & à celle de nos Eglifes ; fur quoi nous confulterons LL. EE. & prendrons une dernière refolu- tion.
Pour conclufionjnous prions Dieui qu il lui plaife de nous conferver, & de nous augmenter ce qu'il nous a communiqué dans ces fîx jours avec tant de bonté : afin que le refte de notre vie foit entièrement employé à fa gloire > & à 1 amen- dement de nos pauvres Eglifes.
Ce Synode a commencé le p. Jan» v'ur i & a fini le 14, de cette annh
Fm des Actes duSiNODiè, de BERNE,
LEDIT
Edit de LL, EE.de Berne, 4g»
I. Edit de LL. EE. de Berne, qui confirme les Réglemens de ce Synode.
Nous TAvoyer, Petit & Grand Confeil 9 nommez les Deux Cents des Bourgeois de Berne , A tous & un chacun de nos Pafteurs & Minif- très y qui habitent dans nos Terres & Pays , & qui pré fi dent fur Nous & fur nos Sujets par le Minificre de la Parole de Dieu ; Nôtre amia* ble vSalutation prémi/ê , avec toute forte de bien ^ & Vous faifons fa^ voir par les Préfentes:
« Après que nous avons rejet- té le Papifme avec fa faufTe con- fiance de fa faufle Doiftrin^ > il 5j y a maintenant quatre ans > Se yy que nous avons embwfsé le S. ^> Evangile pour nous 6c nos Sujets, >j tant de la Capitale que du Can- yy ton , après la Difpute que nous >j fimes faire alors 5 & que nous a- 3, vons juré à main levée 3 de cœur yy & de bouche > que nous obferve- 3i rions avec le fecours de Dieu ^ y:> dans la Dodrine & dans la »a Conduite 3 tout comme les au- X z très
'4'84 Editde LL. EE.
n très Ordonnances 5 8c les Loix » Civiles du Pays , Ce qui ne fe
peut pas bien exécuter ccnftam- 5> ment 5 à moins que Vous les Minières des Eglifes , fembLi- ^> blcs à une bonne fource toû- j> jours abondante en eau pure & 33 faine 5 m préfcnriez au peu- 5, pie, qui a foif de la juftice , ujie >, Do(fbrine faine & fpiiituelle, & 3, le modèle d'une vie édiiiante 8c » bien réglée : Pour en venir a yj bout , Nous avons joint à nos
Edits de. Réformation toutes for- » tes d'Ordonnances , concernant » Vous autres les Pafteurs ; & yy nous les avons fait propofer en- 5>core à vos Synodes & à vosAf- yy femblées. Cependant nous trou- 53 vons encore en vous bien d-es dé- » fauts confiderablcs > à l'égard de 5, la Doflrine & de la Vie : ies- 5> quels mettent obftacle à l'avan- ie cernent de la gloire de Dieu 9 ^5 & de la probité & des bonnes 5, mœurs parmi nos Sujets; les » corrompent & empirent leur é- 79 tat , attirent fur nous& fuc 55 le peuple la Colère de Dieu : & 5>par là encore le S. Evangile eft
bkf-
de Berne i 4^5
3^ bkfphemé , pour l'Amour de » nous, par ceux de dehors : & il ne faut pa3 s'en étonner, c'eft ^ parce qu'ils ne découvrent pas » beaucoup dans nos Sujets , qui yi entendentl'Evangilej le Sceau de >5 la Vérité , qui eft une vie biea réglée , & une folide piété, C'eft ce que nous avons pris , » avec raifon , en confideration , i> pour y réfléchir mûrement : >, D'autant que nous efpérions de 3^ trouver dans Vous les Pafteurs, n 8c dans le commun peuple j y) beaucoup plus de vive crainte >5 de Cheu , d'amendement de vie* >5 de Vertus &: de bonnes mœurs> géiiéralement de toutes fortes yy de bonnes qualitez , que nous yj n'en avons trouvé jufqu à pré^ 5, fent, à nôtre grand regret : & T> qu'il n'en paroit fenfiblemen: , y9 en particulier depuis nos derniers j> troubles j où nous avons vû 3, manifeflement , (quand nous ne ^> l'aurions pas déjà fii j ) quels j, défordrcs, combien de mau- yy vaifes mœurs la divifion a fait >, éclorre , & combien peu de yi ChrifUanifme il y a encore parra X g nous
48^ ^^^^ de LL, ËE, de Berne &Cn » nous : Car, nonobftantnos E- >j dits & nos Ordonnances , toutes » forces de vices ont éclaté par- mi plufieurs de nos Sujets des Pays Allemand & Romand. >3 A ces Caufcs , commençant par » nous-mêmes ? Nous nous fom- >j mes fait de férieufes remontran- 5, ces les uns aux autres Nous >j nous femmes examinez exac- tement 6c avec grand foin, de que] efprit chacun de nous eft ;» animé envers le DieuTout-puif. >, fant > & envers fon S. Evangi- 5,16, favoir, fi dans le fond, il a 5> plus à cœur la confervation de 5, fa vie , de fon honneur & de fon bien > que la polTe/îion de la vie célcfte & éternelle, qui „ nous a été acquife par J. Chriflj qui nous cft annoncée par fes „ Serviteurs > & qui eft communi- quée en quelque mefurc aux ames fidèles par le S. Efprit : Là- dcffus > nonobftant les caUmi- „tez de CCS tems-ci, par lefquel- yy les des Confciences foibles ont été fort affligées & ébranlées s >, la bonté paternelle de Dieu par J. Chrifta (gloire lui en foit reu-
qui confirme les ACles du Synode, 487
5, duë ! ) n'a pas permis que nous ,,foyons tombez jufqu'au point j j, de concevoir quelque dégoût pour 3, fon S. Nom & pour Tes promeA fes véritables , à i'occafion de ,5 cette Croix accablante qu'il a 5, fait venir fur nous : Mais au con- 3> traire nous nous femmes liez 8c j> engagez , comme de nouveau y j, à maintenir le S. Evangile, à le- 5, gard de la Doflrine a 1 e- gard de la Conduite, parmi nous 3, & parmi nos Sujets, autant que 3, nôtre Autorité peut s'étendre, 6c >, que le Seigneur nous en fera j) la grâce : Ce que les Députez de tous nos Sujets , qui ont pa- 5, ru devant nous , il n'y a que peu ,> de jours 3 ontauffi fouhaité que ,3 nous fi/Tions, & là-dcffus, ils „ ont eux - mêmes volontairenienc 3, remis en force chez eux nos 3, Edits précédens de Réformation» 3, C'eft pourquoi, comme auHi en ,partie pour remédier au dégoût des , autres, nous avons été occafionnez ,de convoquer un Synode de vous >tous, qui êtes nos Miniflrcs tc , Pafteurs , ainfi qu'il a été fait : 3 Ayant donc été cfumblez ici à X 4 Berne
4S8 Edît de LL. EU, de Ber»e, 5, Berne I3 5?. Janvier delà pre- „ fente anhée 1532. vous vous êtes
exhortez l'un l'autre férieufementj 33 au delà de ce que nous aurions ,y penfé & efperé , 3c même au de- 55 là de ce que vous auriez crû vous
mêmes, de la manière qu'il eft ex- ,5 primé ci-après de mot à mot y & ,5 vous avez reçu cette exhortation 55 avec une grande unanimité, & d« ,5 très bon cœur : à quoi Dieu a 53 tourné vos cœurs intérieurement
en fa grâce , comme nous efpé- ^ronsjôc y a contribué au dehors 35 par un de fes fidèles Minières 3c 5, Serviteurs. Veuille le Seigneur 55 Ini-meme accomplir cette ficnne 5, œuvre en Vous 2<: en Nous , de 53 dans tous les fidèles^ jufqu'à k » fin l Amen.
o Là-deffus vous avez 5 (Vous 3j nos Pafleurs & Miniflrcs , ) remis 5, ces A(fles de vôtre AlTeniblée 3 à „ Nous l'Avoyer > Petit Grand
ConfeiL en nous priant 3 d'en ea- ^, tendre la Lecflure, & de les con-
firmer, U. de les munir de nô:rs 53 Autorité 3 au cas que nous les ap- 53 prouvions : de les oblerver nojs a, mêmes . en ce qui nous regarde,
Se
i^ui covjirme les Acicj du Synode, 48^
9» &c de vous ordonner de les ob^ J5 ferver: afin que cette grâce &
ce don de Dieu > c'eft-à-dire > vos >j réâexions 6c vos rsmontrances fi. 5, Chrétiennes , ne tombent pas yy dans l'oubli par négligence > ou j> dans le mépris > comme il arri- 3> ve aifément 3 fi 5 dans une affem- 55 blée générale 3 des Ordonnances
édifiantes ne font pas confirmées 55 par des Magiftrats bien intention- >> nez : Ayant donc entendu le >y contenu de vôtre Cahier , nous >, l'avons extrêmement approuve y 3, Nous l'avons jugé fait félon Dieu 3> 8c édifiant 5 ôc nous avons trou- j,vé qu'il n'y a plus rien à faire^ o f non que vous autres Minières „ 3c Pâfleurs , régliez vôtre Doc- >, trine &: votre Conduite, précifè- ,> ment de la manière qu« vous y ,j avez prcfcrite ; Car par- là l'édi- 3, fice intérieur , célefte ôc éternel jjcrcîtra & s'élèvera comme il y
a lieu de l'efpcrer > on abolira. ,3 aufîi les excès & l'a pétulance ,) de la Chair ; & cependant par ,> là on laiile le cotrs libre au S,. ,5 Efpri: , 3c au mouvement inté- >., rieur de la Gracc, qu'il n'appar-
tienc
45>o Edit de LL. EE, de Berner
3, tient à aucune Créature de gêner 7i OU de maîtrifer* comme vous 3, avez eu particulièrement égard à >, cela dans vôtre Ecrit, Ainfi, 5> nous avons approuvé générale- 55 ment ces Actes de vôtre Sj* s, node ; Nous les avons jugé pro- ?) près à l'avancement de la gloire de 5, Dieu 5 & à la propagation du S, Evangile i Nous les confirmons, & les corroborons : Nous vou- >5 Ions les exécuter, en tout ce qui nous regarde , 6c mettre ordre 3j qu ils foient maintenus de tous ,5 nos Sujets 3 de la Capitale & du 5, Canton s comme aulîî vous fou- j5 tenir & vous protéger dans leur 53 obfervation 3 vous autres 3 les „ Pafteurs & les Minières > afin 53 que vous puifliez prêcher Jésus- >3 Christ feul3 rejetter les erreurs, 53 attaquer & combattre fans crain- 9, te les vices les fcandales 3 33 tant des Seigneurs & des Ma- j, giftrats , que des Sujets, & mê- 33 me les nôcres 3 fclon Tordre de „ la Foi 3 de la Charité , & autanc 3, que les Auditeurs en pourront 3> être édifiez en Dieu. Cependant 3) comme vous avez jugé vous- même
^ui confirme les Acles du Synode. 4pi
5, même, que c'eft une âftionChré« 5, tienne , nous n'ufcrons point j, de connivence envers vous > & 5, nous ne vous laifferons point 5, impunis fi quelcun de vous n'en- 55 feigne pas d'une manière con- 5> venable à la gloire de Dieu , & 3> à la nature de TEfprit & édifiante j ,>mais prononce des paroles inju- 3, rieufes prepres à détruire , par 5, malice & par infolence, ou par 3, le mouvement de quelque paf*
flon 3 foit que cek fe fafle con- },tre des gens du Pays, ou con-
tre des Etrangers 5 contre Hom- j, me ou Femme 3 contre les Ma- >, giftrats on les Sujets, Cependant yy nous ne poufferons par la févé- » rité trop loin contre qui que ce » foit. Mais comme la plus grande >3 partie de ces A£les vous regarde >, vous-mêmes Vous & vôtxe Em- >3 ploi j auiïi nous voulons &en- , étendons très férieufèment, que
chacun de vous les obfèrve dans 33 fa Do(flrinc &: dans fa Conduire> 33 foit à 1 égard de fon Eglife3 foit >, à l'égard de lui - même \ 3c que 33 vous vous y exhortiez, &c vous ,> y animiez ks uns les autres s en
par-
4P 2 Bdh de LL, EE, de Berner
yy, particulier que les Doyens > & j5.ceux qui furpafTenc les autres sn habileté , 6c en faint zélé 5 les >^ exhortent, les aident & les ani- >, ment, à obferver ces Réglemens. »Que fi quelqu'un s'y oppofoic mé.- 33 chammentj qu ilfe moquât deces j^^leçons falutaires,qu*il ne s'âquittâc pas diligemment de fon cmploi> qu'il vécût d'une manière fcan- 5) daleufe>ou que par quelque au- tre endroit il fit du mal à l'Egli- yo {q de Dieu 5 en contrevenant à yy un 5 OU à plufieurs articles de >j ce Synode , un tel doit favoir , yy qu'il n'en demeurera pas impuni, j> au cas qu'il nous foit ra porté :.
mais il doit s'attendre à être „ puni de nous 5 d'une manière > qui fera connoîrre à tout le yy Monde > combien nous prenons 55 à cœur la gloire de Dieu, &: la défobéiffance à fa Parole, yy Pour conclufion : Nous ordon- yy nons& entendons, que cesA(fles wfoient portez dans ksSynodes fui- vans j qui fe tiendront annuelle- yy ment au prémier de May , ou cn- y^ viron; qu'on les y life avec foin^ ^. qu'on les cclaircilTe s qu'on les
explique.
qui corrfiïiKC les ^Hcs du Spicd:, 4P5
explique 5 & qu'on les renou- >, velle 5 & qu'on n'en laiïTe tom- j>j ber aucun poinr. Que fi , au a^reftcj nos Pafteurs ou d'autres >j ^lous propofent quelque chofè ,
qui nous conduife plus droit à î>Jes us-Christ, & qui con- >,*contribuë mieux à la concorde >, commune & à la Chariré Chré- o tienne, félon la Parole de DieU:> 55 que ne le font les Reglemens qui ^jfont ici couchez par écrit, nous a, le recevrons de bon cœur, & nous 33 laifferons au S. Efprit fon cours
libre, puifqu'il ne nous tourne 3, point en arriére du côté de la t,, chair, mais nous pouffe perpé- 33 tuellement à nous former à Ti- 3, rcage de Je s us -Chri st nôtre 33 Seigneur. Veuille ce divin Sau- 3, veur nous conferver tous en fes 53 grâces ! Donné a Berne 14.. 53 Janvier de ian 1532,
Fin de t Edit.
TABLE
494
TABLE
DES CHAPITRES
Contenus dans /es AcT E s DU Synode de Bhrne
Chap. I. 0«e les Miniftres doivent s'aquiter foigneufement de leur de- voir. 3^9. Chap. II. 0«e toute la do(5lrine fe ré- duit uniquement à ] e s - Christ ^6o. Chap. III. (hi'on ne doit propofer au Peuple la connoiflànce de Dieu qu'en ]esus-Christ 5<5r. Chap. IV.. Que J E s u s - C H R I s T elHc véritable Fondement. 3<^5. Chap. V. Que ce n'ell que par Jésus- Christ feul immédiatement > que Dieu eû reconnu mifericordieux.
36<;.
Chap. VI. 0«'un Sermon Chrétien doit être uniquement tiré de JesusChrist & parler de lui. 368.
Chap. VIL Of*'il faut commencer & finir la Do(5lrine & h vie Chrétienne à la mort & à la refuredlion de Jesus- Christ 570.
Chap. VIII. Comment il faut tirer de Christ la connoifTance de nôtre péché 37^
Cnap. IX. Que c'ell en Je sus-Christ & fans la Loi 3 que l'on doit chercher
I N TR G D U T r O N.
la
TABLE 4PÏ
la connoiflance du péché 37^;
Chap. X. Pourquoi St. Paul a tant parlé
» de la Loi aux Payens. 377*
Chap. XI. Q^e les Juifs & les GemlU font parvenus à la Fol: les premiers fous la Loi 5 & les derniers fan» la Loi. 37S.
Chap. XII. Différence entre la manière de prêcher Jésus-Christ parmi les Payens , Ôc celle de le prêcher parmi les Juifs. 38r.
Chap. XIII. D'oil vinrent les faux Apôtres 382..
Chap'. XIV. De la repentanee &: du pardon des péchés 3 ou de la dilpen- fation de la grâce. 384.
Chap. XV. La Repentanee trouvée en jksus-CHRisT eit le fondement pag,
Chap. XVI. Le Myftere qui a été caché dès la fondation du monde , eft 3 que Je s us-Christ ert prêché aux Pa- yens fans la Loi. 388.
Chap. XVII. O^e l'on peut auffi tirer des Prophètes , des inftrudlions pour la repentanee chrétienne. 390.
Chap. XVin. gw'il faut toujours croî- tre dans la connoi/fancc de Jésus- Christ Sc que chacun doit exami- ner û propre Foy. 39 r.
Chap. XIX. Des Saints Sacremens & du Batême en général. 393.
Chap. XX. Du Batçme en particulier 399,
Chap. XXI. De l'adminiltration du Ba- tême. 401.
Chap. XXII. De la Céne du Seigneur 4C(5.
Chap. XXIII. De l'ufàge de la Loi & des Prophètes* Aiz.
Chap. XXIV. D'attaquer le Papifme dans les Sermons. 410.
Chap.
49^ , TABLE
Chap. XXV. Des Exhortations Zz des Cenfures. 41^.
Chap. XXVI. Qui font ceux cju'on dok Cenfurer. 416.
Chap. XXyiI. Q^"û convient de prêcher la vérité comme la tirant de l'Écriture Stc. & non en fe fondant fur l'appui d'aucun homme ou parti , ni parce que le MaQ;i(lrat le commande. 43 1«
Chap. XXVltl. O^'anctin Pafteur ne doit attacher à lui le commun F-eu- pie. 455-
Chap. XXIX. C'efl de Dieu qu'il faut apprendre quand on doit employer la févérité ou la douceur envers le pécheur. 43^»
Chap. XXX. Exhortation à la Régence de B E R H Ejnos SouverainsSeigneurs.437.
Chap. XXXI. Enquoi il faut particulière- ment eshoyier & cenfarer le Peu- ple. - - 441.
Chap. XXXII. On doit prêcher l'obeif- fance envers le Magiftrat, tant du Gou- vernement féculier que de ÎEccléfîaf- tique. 441.
Chap. XXXIÎI. Qui\ faut exhorter le Peuple à obferver les Edhs de L. L. E. E. 3c s'appliquer particulièrement à corriger les vices , qui ont le plus de vogue dans nos Egfifes. 448.
Chap. XXXIV. De l'Inftru(5lion de la Jeunclfe & de la Dodrine de la Foi^ on du Catechifme 45^»
Chap. XXXV. Du Décalogue, 0» desdix Commandemens. 4^-.
Chap. XXXyi. Du Symbole des Apôtres; de rOraifon Dominicale , & des Dix Commandemens 4^3. Chap. XXXVfl. De la conduite & de la jr.'oùité des Minillres & des Pafteurs
en
TABLE
en gcnéral
Chap. XXXyiir. Comment les Pafteurs doivent étudier , & lire l'Ecriture
459.
Chap. XXXIX. Que les Minières doi- vent conférer amiablement enfemble far l'Ecriture S^^\ A^y--
Chap. XL. Comment on doit méditer les fermons.
Chap. XLl. Qj£i[ faut lire modérément les Livres profanes 4^j7.
Cha. XLH. Qi^on doit, prêcher dans tous les jours prekrits 459-
Cap.. XJLIII. ^^'il faut p^;lei ciUX Audir
teurs en particulier 472 .
Chap. XLÎV. De la vifite des malades
Chap. XL V. De la conduite que les Minil- . très doivent tenir, foit à leiiard d'eux mêmes 3 foi: dans leur domèllique 476Î
11
y.
ERRA-
ERRATA,
Changemcns dr Additions four le Tom. IV.
Tdge 10. Ligne dernière qu'il llfeT^ (^u'otl pag. 40. Lïg. 9- après il fe VOÙa ajoute'^
quoi qu'avec peine. M' 82.. lig. iÇ. & 16. Gy, Champagne,
Provence 3 ejface-:^ ces trois mots» P^g' S^. lig. 51 /^*/f^ ?o.
/«^g^. 91. 2^. oe^ /lfe-7i^ de.
ICI. /^^. II. aine ///ec?;, puîné. fag. 153. /iif. 17. des ///èc?;.de.
141. /jig-. 15. ej^^c^'T des Cantons /'rf^, i^?. /^j^. 9. Elles font datées 11/6%,
Il eii datte. pag. 170. 13. ces Meffieurs llfcKjcs
Chanoines. pag, 185. llg' 19' par pas. ,
190. /?^. II. règîemens llje\ aere- glemens.
/■.i^, 100. lig. 24. ejf^c<rc?;^ qui.
/.i^. 205. z^;^. 25. des llfe%, de. /'^^ 208. /iç. ip. Sweinfourt /^/e^ Schweinfourt.
164. ilg^ 14. œfingen Anlïngen.
fng. 26^. //.Ç. 17. & fuiv. effaceT^Us gmU iemeps,
fag. 277- ^5?- 9. & 17. Dizaines llfe
Dizains. png, 293. 19. des /i/'f'^ ae.
/>4^. 311. <« wo«e ^ XIV. llfe\ XV
32-9* % 8- des /f^c^ de. ^ ' P^i* 3^0. peut ///«-^ peur
Z''^^- 3S3. %. 19.de /(Kà
SSi;- % '5- Touhaitoient lou 'haiteroient. lig. II?, l'hypocrifie Hft hypocrifie.
f^^g- 388. éface^^ dan5 lesquels
p.ig. 400. 8- ^ 9. un tel eft de///^-^
un tel homme ell membre de la. Z'^^. 406. %. 9. reitirer //t/èc?;^ réitérer pag. 409. wi'ï^ * Itg. I. 1^39- ^i/è\iS9î. Z^^. 440. 8. par /^/ê^ pas.
\