UNIVER5ITY OF PITTSBURGH Darlington Al.emorial JLibrary Digitized by the Internet Archive in 2009 with funding from University of Pittsburgh Library System http://www.archive.org/details/histoiredesarbres03mich HISTOIRE DES ARBRES FORESTIERS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Se trouve à Paris ^ chez : L'Acteur , place S. Michel , n». 8 ; Treuttel et WurtZj rue 3e Lille, n". 17; même maison ^ à Strasbourg. Gabriel Du four et C^. , rue des Matliiirins S. Jacques, n" 7. BossÂNGE et Masson, Tue de Tournon , n". 6. Le Charlieu, à Bruxelles. j4. Philadelphie : Chez Samuel Bradford and Inskeep, South Z.^ Street. HISTOIRE DES ARBRES FORESTIERS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, CONSIDÉRÉS PRINCIPALEMENT SOUS LES RAPPORTS DE LEUR USAGE DANS LES ARTS ET DE LEUR INTRODUCTION DANS LE COMMERCE, AIMSI QUE d'après LES AVANTAGES QTj'itS PEUVENT OFFRIR AUX GOUVERNEMEKS EX EUROPE ET AUX PERSONNES QUI VEULENT FORMER DE GRANDES PLANTATIONS. Par F.« ANDRÉ -MICHAUX, Membre de la Société Philosophique américaine de Philadelpliie ; des Sociétés d'Agriculture de la même ville, de celles de Charleston , Caroline méridionale ; d'HolIowell , District de Maine ^ du département de la Seine , et de Seine- tt-Oisc. • .arbore sidcamiis maria, tetras/jue a,lino\'emut , arbore excenificamus tecla . Plim sECDsDi: Kal. Hisl. ,\\\,. x\i. TOME III. PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE L. HAUSSMANN. M. D. CGC. XIII. I ^» X< »<%^»%^<%i^«^X^i^^ LES CYPRES. Les recherches entreprises par les Botanistes pour augmenter nos connoissances sur les végétaux utiles et agréables qui couvrent la surface du globe , n'ont fait connoitre jusqu'à présent que sept espèces de Cyprès , dont il ne s'en est trouvé que deux dans le nouveau continent; l'une et l'autre sont indigènes aux Etats-Unis, et par conséquent les seules qu'il entre dans mon plan de décrire. Cependant, parmi ces espèces étrangères à l'Amérique-Septentrionale , je crois devoir fixer l'attention des habitans des parties méridionales sur le Cyprès pyramidal , Cu- pressus fastigiata , arbre célèbre de toute antiquité par l'excellence de son bois et sa forme singulière , due à ses rameaux touffus et serrés contre le tronc ; cette disposition des branches chargées d'un feuil- lage épais et d'un vert sombre , l'avoit fait consacrer aux funérailles , et on le plantoit autour des tem- ples et près des tombeaux. « Le Cyprès pyramidal , originaire de Crète, s'élève à 3o et 4o pieds ( i o à 1 3 met.) ; le corps de l'arbre est uni, et il n'a pas l'inconvénient, comme le Cèdre de Virginie, d'être chargé de crevasses à l'insertion des branches. Son bois est dur, odorant , d'un grain fin , homogène etd'une belle couleur rousse.Pline dit qu'il est d'une très-longue durée , et que sa couleur ne III. I 2 CYPRÈS. s'altère jamais : Carieni vêtus tatemque non sentit Cupressus.... Materiœ nitor maxime valet œternus. Plin. //^. i6, cap. 4o. Il parle d'une statue de bois de Cyprès, placée à Rome dans la citadelle de Ju- piter, qui avoit six cent soixante-un ans : Nonne si- mulacrum, Veiovis in arce e Cupresso , diirat a con- ditâ urbe ne. lxi anno dicatum,. Plin ihid. On con- servoit autrefois les ouvrages les plus rares et les plus précieux dans des boîtes de Cyprès On assure que les portes de Tëglise de Saint-Pierre de Rome étoient faites de ce bois, et qu'elles avoient duré depuis Constantin jusqu'au temps d'Eugène IV, espace de près de douze cents ans. On en a fait des tables , des tuyaux d'orgue, des instrumens de musique. Les fruits, connus sous le nom de Noix de Cyprès, sont employés en médecine comme astringens, et Pline assure que les feuilles , broyées et mêlées avec des graines, les préservent de la piqûre des vers. Les Cyprès se multiplient de semences , de mar- cottes et même de boutures ; mais la première de ces méthodes est préférée. On sème les graines au commencement du printemps, dans des caisses ou dans des terrines remplies de terreau mélangé avec du sable, et on les couvre légèrement. Il faut mettre les jeunes plants à Fombre et les préserver des gelées. Duhamel dit que pour avoir de bonne graine, on doit cueillir de préférence, en mars ou en avril, les fruits dont les écailles commencent à sQuvrir , et les mettre dans une caisse que l'on CYPRÈS. 3 place dans un lieu bien sec ; alors les écailles se sé- parent et les graines se détachent et tombent au fond de la caisse : celles-ci sont très-bonnes à semer. L'auteur que je viens de citer assure que si on ouvre les Noix pour en retirer les graines, il est rare qu'elles lèvent. » (Desf. , Jlist. des Arb. et Ar- hriss.y tom, i, pa^. 56 7. J CUPRESSUS DISTICHA. THE CYPRES S. Mouœcie monadelpbie y Linn. Fani. des Conifères. Juss. CupRESSUS DISTICHA. FoJus plunis , quasi pinnatim dis- dcJds ( deciduis. ) florihus masculis aphyUo-racemosis : strohilis subgloboso-ovoïdeis. Le Cupressus disticha est, de toutes les espèces de ce genre, la plus intéressante et la plus remar- quable , soit par les usages nombreux auxquels son bois est employé dans les arts , soit par les dimen- sions vraiment extraordinaires , auxquelles il par- vient , lorsque la nature du sol et la température du climat, sont favorables au développement de sa végétation. A la Louisiane, on donne à cet arbre le nom de Cfpre^ ou Cyprès^ dans les parties méridionales des Etats atlantiques , il est connu sous ce même nom , et quelquefois aussi sous celui de Cyprès chauve, Bald cjpress'y les dénominations de Black cypress , Cyprès noir, et de FFhite cjpress ^ Cyprès blanc, qu'on lui donne encore dans les deux Carolines et la Géorgie, ne sont que des distinctions fondées sur la couleur et la qualité du bois , comme j'aurai occasion de le faire observer dans la suite de cet article. Les bords de YIndian rwer^ petite rivière qui tra- PI 1 Be^j-a deJ CVPRESSX^S Disticlia lrj/n~v/ J'cui) CUPRESSUS DISTICHA. 5 verse une partie de l'Etat de la Delaware, parle38o. 5o'. de latitude, peuvent être considérés comme un des points les plus avancés vers le Nord, où croisse le Cupressus disticha. Plus on avance ensuite vers le Sud , plus on le rencontre abondamment aux lieux marécageux, qui bordent les rivières, ou qui sont enclavés dans les forets. Dans le Maryland et la liasse-Virginie, son existence est bornée au voisi- nage de la mer qui, en hiver, tempère les froids encore assez rigoureux qui s'y font sentir, et qui, en été, augmente l'intensité des chaleurs violentes j car, comme j'ai déjà eu occasion de le faire remarquer, dans l'Amérique-Septentrionale, les froids et les cha- leurs sont extrêmes, à ces deux époques de l'année. Audelà de la Virginie , et même à partir de Nor- folk, les limites que j'ai assignées aux Pinières, Fines harrens^ formées par le Pinus australis ^ sont préci- sément les mêmes que la nature a fixées au Cupr es- sus disticha. Ainsi, dans les Carolines etlaGéorgie, il occupe une grande partie des Swamps , marais fort étendus, qui longent les rivières, lorsque celles- ci , après avoir traversé le pays montueux , Oaky lands^ ont gagné le bas pays, où elles ont encore à parcourir une distance de 200 à 25o milles (^ 35o à 4oo kilom. j , avant d'arriver à l'Océan. La Floride orientale que j'ai visitée , offre , à très- peu de chose près, le même aspect que la partie maritime des Etals méridionaux, si ce n'est que le sol m'en a paru généralement moins varié; ce qui fait que le Pin à longues feuilles et le Cyprès y sont, O CUPRESSUS DISTICHA. l'un dans les terres élevées et l'autre dans les terres basses, moins entremêlés d'arbres d'espèces diffé- rentes; ce qui les rend l'un et l'autre comparative- ment plus abondans. Les rives du Mississippi, depuis son embouchure jusqu'à la rivière des Arkansas, ce qui comprend en suivant le cours du fleuve , un espace de plus de 200 lieues ( i,ooo kilom. J , sont bordées de marais que les débordemens annuels de ce grand fleuve , rendent encore plus vastes et plus aquatiques. A la Louisiane, l'on désigne par le nom de Oypriè' res^ les parties de ces marais où cet arbre croit presque seul , et dont il couvre quelquefois exclusivement des milliers d'hectares. De même que dans les Flori- des, ces marais sont contigus à de vastes savanes, couvertes de Pins,mais le plus souvent seulement de hautes herbes , entremêlées d'une grande variété de plantes. Au milieu de ces pinières et de ces savanes, on trouve çà et là des mares ou des flaques d'eau, qui sont aussi remplies de Cyprès , dont la mauvaise apparence, lorsqu'ils excèdent i8à 20 pieds (^8 mè- tres j , démontre évidemment qu'ils se ressentent de la maigreur du sol qui ne diffère des terreins adja- cens , que parce que la couche végétale , qui repose sur un sable quartzeux, à un peu plus d'épaisseur. D'après ce que je viens de dire , on peut se faire une idée assez exacte des diverses parties des États-Unis, et de la nature du sol , où se trouve le Cupressus dis- ticha^ à partir du lieu où il commence à se montrer vers le Nord, jusqu'au Mississippi; ce qui comprend CUPRESSUS DISTICHA. 7 une étendue de plus de 5oo lieues ( 2,5oo kilom. j ; mais au-delà de la Basse-Louisiane, vers le Sud- Ouest, dans la Nouvelle-Espagne, je n'ai que des données assez incertaines, quoique j'aie quelque rai- son de croire qu'on le trouve jusqu'à 1 embouchure de la rivière del INorte, latitude 260. Cet espace eu égard au grand circuit que fait le golfe du Mexique, embrasseroit une étendue de pays de plus de 1,000 lieues ^5,000 kilomètres] où croît le Cupressus disticha. Monsieur le Baron deliumboldt, dans son intéres- sante description de la Nouvelle-Espagne, fait men- tion de plusieurs Cupressus disticha qu'on voit dans les anciens jardins des Empereurs Mexicains; ces arbres plantés avant l'arrivée des Espagnols , sont dit-il, d'une grosseur considérable. Dans ces marais qui, dans les États méridionaux, les Florides et la Basse-Louisiane, accompagnent les rivières, et dont le sol très-profond, très bourbeux, augmente tous les ans d'épaisseur, par de nouvel- les couches de terre végétale que les débordemens y amènent, le Cupressus disticha arrive à son plus grand développement. 11 y acquiert 120 pieds (^ 4^ mètr. ) d'élévation, sur 25, 3o et 4o ( 8, 1 o et ii mètr. j de circonférence au - dessus de sa base conique , dont la grosseur, à la surface du sol, et toujours trois à quatre fois plus considérable que celle du corps de l'arbre. C'est ce qui fait que les Nègres chargés d'abattre ces Cyprès, sont obligés d'élever des écha- faudages à 5 ou 6 pieds (3 mètres J au-dessus de 8 . CUPRKSSUS DISTICHA. terre, pour les couper à l'endroit où le tronc com- mence à prendre une grosseur uniforme. Cette partie inférieure du tronc, ordinairement creuse dans les trois quarts de son volume, na pas une forme pyra- midale aussi régulière, que celle du Nyssa grandi- dentata-, elle en diffère surtout, en ce quelle pré- sente à sa surface de larges sillonslongitudinaux, dont les parties saillantes sont inférieurement comme au- tant de crampons, destinés à fixer plus solidement cet arbre dans un terrein qui a peu de consistance. De la surface des racines des plus gros arbres , et surtout de ceux qui sont les plus exposés aux inondations, naissent des espèces d'exostoses ou protubérances coniques, qui ont jusqu'à 4^5 pieds ( i3 à i6 déci- mètres) de hauteur, mais très-communément i8à24 pouces ^4^^^^^^^^^^^^)* C^s excroissances toujours creuses à l'intérieur, et dont le sommet est lisse, sont couvertes d'une écorce rousse comme celle des raci- nes, auxquelles elles ressemblent encore par leur texture ligneuse qui est très-tendre. Elles ont cela de fort remarquable , qu'elles ne présentent jamais aucun signe de végétation : quelques essais que j'ai faits pour l'exciter , en les entamant à différens endroits de leur surface, et en les couvrant ensuite de terre, n'ont pas été suivis du succès. Ces protubé- rances, dont on ne peut assigner la cause, et qui sont particulières à ce Cyprès, commencent quelque fois à se manifester , lorsque les arbres ont acquis 20 à 25 pieds ( 7 à 8 mètres ) d'élévation. Les INègres les coupent pour faire des ruches j c'est le CUPRESSUS DISTICHA. s u s T H Y o ï d e s. 21 préférr;r la première de ces deux dénominations , par ce qu'il m'a paru quelle n'étoit pas entièrement étrangère aux habitans des pays qui le connoissent sous la seconde, laquelle, d'ailleurs, est tout-à-fait mauvaise, puisque cet arbre n'appartient pas au genre des Juniperus. A Boston, dans les États de New- Ilamsphire, de Vermont et plus au Nord, comme dans le Canada, la province de la Nouvelle-Bruns- wick et la Nouvelle-Ecosse, on donne aussi le nom de FThite cedar. Cèdre blanc, au Thuya occidentalis , \\ falloit une seconde fois opter, et j'ai cru bien faire, que de conserver encore le nom de FVJiite cedar ^ Cèdre blanc, à l'arbre que je décris, puisque ce der- nier n'appartient pas non plus au genre des Thuya» Le Cupressus t hyoïdes ne croit qu'aux lieux très- humides. Il couvre presque entièrement les marais d'une vaste étendue, qu'on trouve à peu de distance des bords de la mer, dans le Bas-Jersey et dans la partie maritime du Maryland et delà Virginie. Ces . marais qui sont ordinairement limitrophes des prai- ries salées, sont même exposés dans les hautes marées, à être momentanément baignés par les eaux de la mer. Dans le New-Jersey, il occupe presqu'à lui seul toute la superficie de ces marais, qui sont néan- moins bordés de Nyssa aquatica et (ï Erables rouges. Mais, plus au Sud, il est entremêlé avec le Cupres- sus disticha ; et l'on observe que la proportion de ce dernier augmente, à mesure qu'on avance dans cette direction ; et il finit par le remplacer entière- ment. Ces marais du Bas-Jersey et des États de la 32 CUPRESSUS THYOÏDES. Delaware et du Maryland, sont tellement fangeux pendant huit mois de l'année, qu'ils ne sont prati- cables en été que pendant les plus grandes sécheres- ses, et en hiver, lorsqu'ils sont couverts de glaces. Les arbresy sont tellement rapprochés, que la lumière du jour, n'y pénètre que très-difficilement. Sous leur ombrage croissent à chaque pas , des touffes de Rho- dodendron maximum ^ à' Azalea et à'Andromeda^ dont la belle et vigoureuse végétation indique plei- nement que ces charmans arbustes se plaisent dans ces terreins humides et ombragés. Le Cupressus thyoïdes s'élève à 70 et 80 pieds ( 23 à 26 mètres J, sur un diamètre qui excède rare- ment 3 pieds [i mètre), si ce n'est cependant dans quelques-uns de ces marais les plus vastes, où l'on n'a pas encore pénétré par-tout, pour en abattre les plus gros individus, comme dans celui qui est connu sous le nom de Dismall swamp ^ situé près de Norfolk, en Virginie; ce marais est couvert, presque dans son entier, de Cupressus disticha et de Cupressus thyoï- des. Ces derniers, dans les endroits où ils sont extrê- mement rapprochés les uns des autres , ont une tige droite et parfaitement perpendiculaire, et sont dé- garnis de branches jusqu'à la hauteur de 5oà 60 pieds ( i3 à 20 mètres). On observe que dans ce marais, les Cupressus thyoïdes occupent ordinairement de préférence le centre , tandis que les Cupressus dis* ticha couvrent les parties les plus rapprochées de la circonférence; et que ceux-ci acquièrent jusqu'à 7 pieds (22 décim.J de diamètre, tandis que ceux- CUPRESSUS ÏHYOÏDES. a3 là ne parviennent qu'à la moitié de cette grosseur. L'Écorce (^épidémie) est fort mince dans les jeu- nes Cupressus t hj oïdes , msiis elle devient ensuite fort épaisse: elle est alors d'une texture très-tendre^ filamenteuse et de couleur rousse , très-semblable aux vieilles tiges de vignes. Lorsque cette écorce est entamée ,il en exsude une résine transparente, dont la couleur est jaune et l'odeur assez agréable, mais qui est toujours en très-petite quantité; car ce seroit avec peine que d'un arbre d'un pied [3 décimètres j de diamètre, on en obtiendroit plusieurs onces dans le cours de l'^té. Le feuillage du Cèdre blanc reste toujours vert^ ces feuilles sont autant de petits rameaux, très-sub- divisés , et qui se composent chacun de petites écail- les aiguës, imbriquées les unes sur les autres, et au dos desquelles se trouve une petite glande, facile à distinguer à la loupe. C'est dans les aisselles de ces petites ramifications, que naissent les fleurs qui sont très-peu apparentes et auxquelles succèdent des fruits ou cônes aussi extrêmement petits. Ces cônes, d abord verdâtres, et à surfaces inégales, deviennent bleuâ- tres vers l'automne , époque où ils s'ouvrent pour laisser échapper des graines très-fines. Lors même que le Cèdre blanc a déjà acquis une grosseur assez considérable, on observe que les cer- cles concentriques, ou les couches annuelles sont toujours très-distinctes, mais elles sont si nombreuses et si rapprochées les unes des autres, qu'il paroit que cet arbre n'arrive à son plus grand accroisement ^4 CUPRESSUS THYOÏDES. qu'après un laps de temps très -long. J'ai compté 297 couches annuelles , sur un individu qui n'avoit que 21 pouces 6 lignes Ç 58 centimètres) de diamè- tre, à 5 pieds (16 décimètres) de terre, et 47 sur un jeune plant qui avoit 8 pouces (^21 centimètres ) au niveau du sol, ce qui annonçoit dans celui-ci à-peu-près 5o ans de végétation. En effet, à l'époque où je fis cette observation, on me dit dans le canton, que depuis un demi siècle au moins, le marais d'où cet arbre avoit été tiré, avoit été complètement incendié , et qu'il s'étoit repeuplé par le moyen de quelques arbres qui avoient échappé à l'incendie, ou peut-être encore des graines de l'année précédente. Le bois de Cèdre blanc se travaille aisément , parce qu'il est très-léger, très-tendre, et que le grain en est assez fin. Lorsqu'il est bien sec, et qu il a été quelque temps exposé à la lumière , il prend une couleur rosée ; il a une odeur aromatique assez forte, qu'il conserve tant qu'il n'est pas à l'humidité. L'expérience a appris que ce bois dépouillé de son aubier, résistoit plus long-temps que celui d'aucune autre sorte , aux alternatives de la sécheresse et de l'humidité. C'est principalement parce qu'il a cette propriété précieuse , et qu'il y réunit une extrême légèreté, qu'à Philadelphie et à Baltimore , on le pré- fère pour les essentes ou bardeaux, dont on couvre les maisons. Les essentes se lèvent, ou se débitent transversalement aux couches concentriques, et non parallèlement avec elles, comme celles du Cupressus disticha. Elles ont de 24 a 27 pouces (64 à 72centim,J CUPRESSUS T HYOÏDES. 2.) de long, de 4 à 6 ( 10 à i6 centimètres) de large , et 3 lignes C 6 millimètres ) à l'extrémité la plus épaisse. Dans les prix courans de Baltimore , elles sont indiquées sous le nom de Juniper shingles ^ essentes de Genévrier. Leur prix varie de 4 à 5 pias- tres r 20 à 25 fr. ) , le millier, prêtes à être employées. On est généralement persuadé à Philadelphie et . à Baltimore, que les essentes de Cupressus thjoi- des^ quoique égales en durée, à celles de Cupressus disticha^ leur sont néanmoins préférables , parce qu'elles n'ont pas comme celles-ci , l'inconvénient de se fendre en les clouant sur les chevrons , et que de plus, on peut se les procurer plus longues et plus larges. Presque toutes les maisons de New- York, de Philadelphie, de Baltimore et des petites villes cir- convoisines, sont couvertes en essentes tirées de cet arbre ; et pour l'ordinaire, il n'est pas besoin de les renouveler avant 3o et 35 ans. La consommation qui s'en fait dans le pays, déjà très-considérable, est encore augmentée par ce qui s'en exporte aux Colonies des Indes occidentales. On en évalue la quantité à plusieurs millions. Depuis bien des années, on n'employé plus dans la bâtisse des maisons , le Cupressus thyoïdes , comme bois de charpente; les arbres d'un fort dia- mètre qui y seroient propres , sont devenus trop rares; d'ailleurs, on tire un parti plus avantageux de le débiter en esssentes ou de l'employer pour la bois- sellerie ; car on assure que , sous ces deux rapports, il est fort préférable au Pinus strobus, parce qu'il a, lu. 4 26 CUPRESSUS T HYOÏDE S. encore plus que lui, la propriété de se conserver sain eit d'être moins sujet à être attaqué par les vers. Son usage dans la construction des maisons, se trouve donc borné aux endroits qui avoisinent immédiate- ment les grands marais, où il croît si abondamment, comme près de Great Egy Harbour, d'Indian river dans le New-Jersey,^t de Dismall Swamp, enVirginie. La supériorité du bois de Cèdre blanc pour la con- fection de différens vaisseaux nécessaires aux usages domestiques, a créé à Philadelphie^ une branche d'industrie particulière , sous la dénomination de Cedar cooper^ tonnelier en Cèdre. Elle est pour ainsi dire concentrée dans cette ville, elle y occupe un grand nombre d'ouvriers , qui travaillent non- seulement pour la consommation du pays, mais encore pour le commerce d'exportation. C'est dans les celliers pratiqués sous les maisons, et dont l'ou- verture donne sur la rue, qu'ils établissent leurs ate- liers, et où ils fabriquent principalement beaucoup de seaux à anse ou à poignée , des cuviers à laver le linge, et des barattes à main et à manivelle. Les cercles dont ils se servent, sont aussi faits de jeunes Cèdres qu'on dépouille de leur écorce, et qui sont fendus en deux; ils ne sont employés qu'à cet objet. Les jeunes brins propres à cet usage, varient de prix en proportion de leur longueur; ils se vendent de- puis 5 dollars jusqu'à i5 dollars Ç aS livres à yS fr. J le millier: ceux-ci ont environ 2 pouces Ç6 centim. J de diamètre à leur base, sur 11 à 12 pieds (35 à 38 décimètres de longueur. Tous ces vaisseaux, dont le €u PU ES su s THYOïnf:s. 27 prix est modéré, sont bien conditionnés, très-légers et travaillés proprement et avec soin. Ils ne se ternis- sent pas à la longue , comme ceux qui sont faits d'au- tres bois, ils deviennent au contraire plus blancs et plus unis à l'user. A l'embouchure de la rivière Cap Fear, les pilo- tes et les pécheurs se servent de planches de Cupressus thjoicles pour faire les côtés de leurs bateaux, /^^â?/^ hoat : ces planches sont placées par recouvrement les unes au-dessus des autres. On les préfère parce qu'elles sont plus légères et plus dura- bles que celles des autres arbres , et même, à ce qu'il paroît , que les planches de Cupressus disticha. Celles-ci sont aussi communes dans le pays, mais elles ont l'inconvénient de se fendre plus aisément. On m'a assuré que le bois de cet arbre , bien choisi, réunissoit à un haut degré toutes les qualités requises pour faire des tables dharmonie pour les fbrté-piana. Des Négocians de Philadelphie, qui font le commerce des huiles, ont éprouvé qu'elles se con- servent beaucoup mieux dans des cuves ou réservoirs fabriqués avec ce bois. On en fait aussi un charbon très-estimépour la fabrication de la poudre à canon; mais pour cela, on ne prend que de jeunes brins qui ont moins de 18 lignes (4 centimètres) de diamè- tre à leur base, et dont on a enlevé l'écorce, avant de les soumettre à la combustion. Avec le bois de Cèdre blanc, bien sec, on fait aussi de très-beau noir de fumée, en moindre proportion, il est vrai, qu'avec celui de Pin^ mais il est plus noir et plus léger- ■iS CUPRESSUS TIIYOÏDES. On trouve dans les chantiers de Philadelphie , des planches de bois de Cèdre blanc qui viennent du New- Jersey : leur longueur est de lo à 12 pieds (^ 3i à 38 décimètres), sur une largeur ordinairement moindre que 12 à i3 pouces (3 décimètres jj elles se vendent 20 piastres ( 100 francs) les 1,000 pieds courans, ou le double de celles de Pinus strobus. Dans le Nev^-Jersey et près de Philadelphie, les fermiers qui sont dans le voisinage des marais à Cèdre, font avec le bois de cet arbre, les pieux et les barres dont ils enclosent leurs champs. Ces barres faites de jeunes Cèdres entiers, ou fendus en deux, sont d'un très-bon usage, surtout si on a la précaution d'en enlever l'écorce, ce qu'on oublie souvent de faire. On dit qu elles durent de 5o à 60 ans. Elles se ven- dent à raison de 6 à 8 dollars ( 3o à 4o francs ) le cent, et les brins propres à faire les pieux , 60 à 7^ centimes. Le grand débit qui se fait du bois de Cnpressus thjoïdes , soit pour les clôtures des champs, soit pour les essentes et la boissellerie, rend très-précieuse la possession des marais où cet arbre abonde ; mais les propriétaires en tireroient encore plus de bénéfice par la suite , s'ils avoient le bon esprit d'en régulariser l'exploitation. PLANCHE I L Rameau avec son feuillage et ses fruits de grandeur naturelle. Fi g. i , fruit. Fi g. 2 , graines. /y. .3 S.J.B^doutf M. THUIA Occidenfcalis GairieJ j-culp. T H U Y A OCCIDEJSTALIS. AMERICAN ARBOR V I T y£ , OR WHITE CEbAR. Thuya occidentaUsy ramulls ancipitlbua ^ foliis quadrîfa- riam iinbricatis , oi'atà-rhortibeis , adpressls , nudls , tuherculatis ; strobilis ovatis ; squarnls oblongè-ovali- bus ; seminibus alaùis. Des diverses espèces de Thuya connues jusqu'à présent des Botanistes, celle dont je donne ici la description, est la seule qui ait été trouvée dans le nouveau Continent; c'est aussi la plus intéressante de toutes^ parles bonnes qualités de son bois. Mon père indique les bords du lac St. Jean, en Canada , latitude 4^'°- 5o', comme le pointle plus avancé vers le Nord, où il observa cet arbre, et dont il dit n'avoir pas vu un seul individu dans un espace de plus de 1 oo lieues (5oo kil.J qu'il parcourut dans cette direc- tion, au-delà de ce lac. Le Thuya occidentalis est , au contraire, fort abondant entre les 48° 5o' et les 4^' selon que les situations sont plus ou moins favora- bles à sa végétation. On trouve encore cet arbre au Sud du 45'- degré, mais il y est fort rare, et on ne le voit qu'isolément, le long des torrens qui descen- dent des montagnes, ou sur les bords de quelques rivières, comme près de celle du Nord, à l'endroit où elle traverse les Hi^h lands ^ et aux Rapides de la Potomak, en Virginie. L'Ile des Chèvres, qui partage la rivière de Niagara, au point où elle se précipite 3o THUYA OCCIDENT A LIS. pour fbrmer cette chute , dont le spectacle extraor- dinaire cause autant de surprise que d'admiration aux personnes qui vont la visiter, n'est pas assez éloignée des deux rives , pour qu'on ne puisse distin- guer qu'elle est bordée, dans tout son pourtour, de Thuya occidenfalis. Dans le Canada , ainsi, que dans les parties les plus septentrionales des États-Unis, cet arbre est connu sous le nom de Cèdre blanc , TVhite cedar j il est aussi fréquemment désigné dans le District de Maine, par celui à' American arbor vit ce. J'ai cru devoir préférer cette dernière dénomination, quoi- que la moins usitée , afin d'éviter la confusion qui doit nécessairement résulter du même nom de Cèdre blanc, qu'on donne aussi au Cupressus thjoides ^ et que je lui ai conservé , comme étant celui sous lequel il est généralement connu dans les États du Milieu. Il seroit donc à désirer que la dénomination à' American arbor vitœ prévalût généralement. Le Thuya occidentalis s'élève à 45> et 5io pieds (^ i5 à 17 mètres j , sur une circonférence qui excède quelquefois 8, 9 et 10 pieds (^ aS , 29 et 3o décim. J ; dimensions , il est vrai , auxquels il ne parvient que rarement; car sa grosseur la plus ordinaire , à 5 pieds (^ 16 décim. j déterre^ n'est que de 10 à i5 pouces ( 27 à 40 cent.) de diamèt. A en juger parle grand nom- bre de couches concentriques, toujours très-distinctes, qui se trouvent dans des individus de cette force, il paroit que la croissance de cet arbre ne s'opère qu'a- vec une lenteur extraordinaire ; car sur un tronçon THUYA OC CIDENTALIS. 3l de i3 pouces 5 lignes ( 35 centimètres et 1 1 millim. J de diamètre; j'ai compte 117 couches; j'ai également remarqué que les plus écartées de ces couches , sont placées vers le centre, comme dans le Cupressus dis- ticha et le Cupressus thjoides ; ce qui est le con- traire dans les Chênes, les Bouleaux, les Érables, etc. Le feuillage du Thuya occidentalis se conserve toujours vert; il est très-ramifié , et comme aplati ou étalé; ses feuilles sont comme autant de petites écailles imbriquées et opposées les unes aux autres; elles répandent une forte odeur aromatique , lors- qu'on les froisse. Les fleurs mâles et les fleurs femel- les sont placées sur le même arbre , mais séparées. Les premières ont la forme de petits cônes ovales. Aux fleurs femelles succèdent également de petits cônes, longs d'environ 4 lignes (9 millimètres), de couleur jaunâtre, lesquels se composent d'écaillés oblongues, qui, à l'époque delà maturité des grai- nes , se partagent dans toute leur longueur pour les laisser échapper; celles-ci sont petites et surmon- tées d'une aile très-courte. Dans le Bas-Canada, la Nouvelle -Brunsv^^ick, l'État de Vermont et le District de Maine, le Thuya occidentalis est, ai^vh?>V Abies nigraet VAbies Cana- densis^ celui de tous les arbres résineux qui est le plus multiplié. On le trouve dans deux situations différentes, quoiqu'elles offrent une certaine analo- gie entre elles, par la grande fraîcheur de leur sol, condition qui paroit dans l'état naturel , nécessaire à sa végétation; car on ne le voit jamais dans les ter- 32 THUYA O CCIDENT ALIS. res élevées, parmi les Hêtres, les Bouleaux, etc. Mais^ ou il garnit immédiatement les bords rocail- leux d'une multitude de petits lacs et de rivières qui sont répandus dans ces contrées; ou le plus commu- nément, il couvre en grande proportion, quelque fois même seul , des marais qui ont depuis cinquante jusqu'à mille arpens et plus Çi^ à 5oo hectares); et on observe que la proportion des Thuja est d'au- tant plus considérable que le sol est plus humide; alors ces marais ne sont pénétrables que pendant l'hiver, lorsqu'ils sont gelés et couverts de plusieurs pieds de neige* Si, au contraire, ces marais ne sont pas aussi aquatiques, ces forêts partielles de Thiija sont entremêlées diAbies nigra , à'Abies Canaden- sis^ de Betula lutea^ de Fraxinus samhucifolia et de quelques Pinus sti^obus. Mais, dans tous les cas, la surface du sol, est tapissée d'un lit de Sphag?iuni ^ tellement épais et si imbibé d'eau, qu'on y enfonce jusqu'à mi-jambe, et qu'on en fait sortir l'eau par la simple pression des pieds. Dans cette mousse, crois- sent abondamment les plantes suivantes, Linnea horealis , Medeola\^irginica j Sarracenia purpurea et Ornus canadensis. Le Thuya occidentalis ^ arrivé à son entier déve- loppement, a un aspect tellement différent des autres arbres , par son port et son feuillage , qu'on le recon- noît au premier abord ; son tronc offre cela de parti- culier, que de très-ample qu'il est au niveau du sol , il diminue rapidement et se termine par un sommet très-effdé; il est aussi trèsrameux dans les quatre- THUYA. OCCIDENTALIS. 33 cinquième de sa hauteur ; et ses principales branches fort espacées, forment des angles droits avec le tronc; elles donnent naissance à un grand nombre de petits rameaux secondaires qui sont inclinés, même pen- dants, dont le feuillage ressemble à celui du Cupre.s- sus t hyoïdes. Lorsque le Thuya occidentalis croît sur les bords des lacs, où il vient à l'aise, et où sa végétation est animée par les influences de l'air et de la lumière , il s'élève perpendiculairement, parvient bien plus vite à son plus grand accroissement, et ses dimensions sont toujours plusconsidérables, que lorsqu'il remplit les marais presque inaccessibles dont j'ai parlé; car, alors, ces arbres sont tellement pressés les uns con- tre les autres, que la texture épaisse de leur feuillage, s'oppose à la clarté du jour et intercepte la libre cir- culation de l'air, si nécessaire à l'accroissement des végétaux. J'ai aussi constamment remarqué que dans ces marais, cet arbre est rarement droit, et que son tronc, toujours plus ou moins incliné, décrit une ligne elliptique. Sa base est aussi fort large, et sur un de ses côtés, elle est chargée de i ou 3 gros sillons qui forment autant d'éperons , et qui , dans une direction très-oblique, s'enfoncent en terre, et donnent nais- sance aux plus grosses racines, ou en sont la conti- nuation. Le tronc du Thuya occidentalis est couvert d'une écorce peu profondément crevassée, assez douce au toucher et fort blanche dans les arbres qui sont les plus exposés à la lumière. Son bois , de couleur rou- III. 5 34 THUYA O CCIDEN TAL IS. geâtre, est peu odorant, fort léger, et le grain en est fin et très-tendre. C'est de tous les bois que produi- sent les parties les plus septentrionales du Canada et des États-Unis le plus apprécié, comme résistant le mieux à la pourriture 5 car, exposé aux alternatives delà sécheresse et de l'humidité, il dure très-long- temps; cependant, comme le décroissement de son tronc est très-accéléré, il est difficile d'en obtenir des pièces d'une grande longueur , qui aient le même diamètre: aussi, quoique ce soit un excellent bois de charpente, on ne l'employé presque jamais h cet usage dans le District de Maine, et encore plus rare- ment en fait-on des planches et des essentes pour couvrir les maisons. Il a aussi l'inconvénient , comme le Pinus strobus ^ et peut-être encore plus que lui, parce qu'il est plus tendre , de tenir mal les clous; ce qui fait que les Canadiens l'employent avec d'au- tres bois, qui n'ont pas ce désavantage. Sous le rapport de sa longue durée, voici un fait, extrait des notes de mon Père , qui tend à la confirmer. « Lors de mon voyage à la baye d'Hudson, j'arrivai dit-il , au mois d'août 1792, près du lac Chicoutonné, situé près le 48' degré , et j'y trouvai encore le pres- bytère de l'Église^ établie en 1728, C ainsi que l'indiquoit la date de l'année placée au-dessus de la porte principale) par les Pères Jésuites, pour y rassembler les Sauvages des environs. Ce bâtiment, construit en poutres équarries de Thuya occidenta- lisa élevées les unes au-dessus des autres, étoit encore en bon état; et quoique ces poutres n'eussent jamais THUYA O CCIDKNTALIS. .J'J été couvertes, ni en-dedans, ni en-dehors, je les trouvai tellement intactes qu'elles n'avoient pas été altérées de l'épaisseur d'une demi-ligne (i millimc- tre 1, depuis plus de soixante ans >}. Mais, au Canada, ainsi que dans l'État de Ver- mont et dans le District de Maine, l'emploi le plus habituel du bois de cet arbre, et pour lequel il est considéré comme infiniment précieux , est pour en faire des pieux et des barres qui servent à former les clôtures des champs ; et tant que cette méthode de clore les terres cultivées , subsistera dans les pays où cet arbre est très-abondant , on devra l'économiser autant que possible, en exploi- tant suivant le principe applicable aux arbres rési- neux^ les marais qui en sont couverts; car l'expé- rience a appris que les clôtures faites de ce bois, peuvent durer, savoir, les pieux 35 à f^o ans, et les barres-transversales 60 ans, sans avoir besoin d'être renouvelées, c'est-à-dire, trois ou quatre fois plus que celles qui sont faites de tout autre bois; on a observé que les pieux de Thuja occidentalis durent moitié moins de temps dans un terrein sablonneux que dans ceux où l'argile domine. Le bois de cet arbre, fendu sur une petite épaisseur, est préféré en Canada, pour en faire les courbes légères qui qui forment la carcasse des canots d'écorce. De ses rameaux garnis de feuilles, on fait dans le même pays, les balais^ qui, gardés dans les maisons, exha- lent une légère odeur aromatique assez agréable. Ralm rapporte que de ses feuilles pilées et bien 36 THUYA OCCIDENTALIS. amalgamées avec du sain-doux, on compose un onguent qui s'employe avec beaucoup de succès dans les affections rhumatismales. Le Thuya occidentalis a été introduit en France, depuis plus de deux cents ans. Son port et son feuil- lage beaucoup plus agréables que ceux de l'espèce qui vient de la Chine, doivent le faire préférer pour rembellissement des jardins et desparcs d'une grande étendue. Les bonnes qualités de son bois sont aussi un autre motif qui doit engager à le propager dans le Nord de l'Europe , où il peut se trouver des marais qui ne sont pas encore soumis à la culture. Cepen- dant je crois qu'on devroit donner la préférence au Cupressus thy aides ^ dont la tige est beaucoup plus élevée, le diamètre plus uniforme, la végétation plus accélérée et le bois aussi durable. PLANCHE m. Rameau avec son feuillage et ses cônes de grandeur naturelle. Fig. I , graines. Gabrid d-cuh. _fffirxa dd. LARIX Americaiia . LARIX AMERICANA. AMERICAN LA R cri. Larix americana , foliis hreviorihus , strobilis parvis , ovoïdeo-subglobosis , squaniis pauciorihus. Quoique cet arbre soit plus communément désigne, dans le Nord des Etats-Unis, par le nom iïHacnia-' tack ^ j'ai cependant cru que celui à' American Larch , Mélèze d'Amérique , étoit préférable ; et cela avec d'autant plus de raison, que cette dénomina- tion n'est pas étrangère à ceux qui employentla pre- mière, laquelle d'ailleurs est absolument insigni- fiante. Les Français Canadiens lui donnent le nom lÏ Epinette rouge. Des diverses espèces d'arbres résineux qui se trou- vent dans les régions les plus septentrionales des deuxContinens , le Mélèze d'Amérique et celui d'Eu- rope, sont celles qui paroissent être les plus exclusi- vement confinées dans ces climats rigoureux, et qui sont les premières à disparoitre à mesure qu'on se rapproche d'une température plus douce. Les États de Vermont, du New-Hampshire, et le District de Maine, sontdansles limites desEtats-Unis, les parties où l'espèce Américaine est la plus abondante; mais, quoique le terrein paroisse très-propre à sa végéta- tion, et que les froids, en hiver , y soient long- temps prolongés et très-rigoureux, cet arbre n'y constitue 38 LARIX AMERICANA. pas cependant la centième partie de l'essence noire ou résineuse, qui se compose principalement de VAbies nigra^ de YAbies Canadensis et du Thuya occidentalis. Il paroitroit au contraire , d'après les observations de mon Père, qui a voyagé vers la baie d'Hudson, que ce n'est qu'au Nord du fleuve St. Laurent, et notamment dans les environs des lacs de St. Jean, et desgrands et petits Lacs Mistassins,quele Mélèze est extrêmement commun, et où il vient en corps de forets, couvrant à lui seul des espaces de plusieurs milles d'étendue en tous sens. J'ai appris qu'il étoit aussi fort abondant à Terre-Neuve; ce qui est d'autant plus probable^ que ce pays est placé à-peu-près sous la même latitude. Vers le Sud, les Etats de New-Jersey, de la Pensylvanie et quelques- unes des situations les plus froides et les plus ombra- gées de la région montagneuse de la Virginie, sont les points les plus avancés dans cette direction^ où il cesse de croître; aussi y est-il assez rare; et dans le Bas-Jersey, aux environs deNew^-York, on ne le voit que dans les marais à Cupressus thjoides^ avec lequel il est mêlé en très-petite proportion. Les descendans des Hollandais , assez nombreux dans cet Etat , l'appellent Tcnnarack^ dénomination aussi insignifiante que celle à'Hacniatack, J'ai remarqué que dans le District de Maine et l'Etat de Vermont, cet arbre croissoit exclusivement aux lieux bas et humides, et non dans les terreins élevés, comme vers la baie d'Hudson et à Terre- Neuve : d'où l'on pourroit conclure que les parties LARIX AMERICAN A. .jQ les plus septentrionales des Etats-Unis sont déjà sous une parallèle, dont la température n'est pas favorable à son accroissement. Le Mélèze d'Amérique, comme celui d'Europe, est un arbre magnilique, dont la tige droite et élan- cée, parvient à 80 et 100 pieds (27 à 33 mètres j d'élévation, sur 2 à 3 pieds (6 à 9 décimètres j de diamètre. Ses branches qui sont nombreuses , affec- tent ordinairement une direction horizontale, et même inclinée, si ce n'est vers son sommet. L'écorce qui couvre le tronc et les grosses branches, est lisse, tandis qu'elle est raboteuse, ou comme écailleuse, sur les plus petites. Ses feuilles plus courtes que cel- les de l'espèce européenne , sont molles et rassem- blées en faisceaux ou en bouquets. Elles tombent tous les ans, à l'automne, et se renouvellent avec le printems. Dans ces Mélèzes , comme dans les Pins , les fleurs mâles et les fleurs femelles sont placées sur le même arbre, mais séparées les unes des autres. Les premières sont de petits chatons, oblongs et écailleux, qui, sous chaque écaille, cachent deux anthères jaunes; ces chatons paroissent avant les feuilles. Les fleurs femelles sont également disposées en chatons, composés de bractées, qui couvrent deux ovaires, lesquels, avec le temps, se changent en petits cônes, écailleux, longs d'environ 3 à 4 lignes ( 6 à 9 millimèt.) , et dont la pointe se dirige vers le ciel. A la base de chacune des écailles qui compo- sent ces cônes, se trouvent deux petites graines ailées. Dans quelques Mélèzes, les cônes, au lieu d'être, 4o LARIX AMERICANA. au printems, de couleur verte , sont d'un pourpre violet; couleur qui ne paroît être qu'un jeu de la nature; car les arbres, chez lesquels il se remar- que , ne diffèrent en aucune manière de ceux dans lesquels il n'a pas lieu. Le bois du Mélèze d'Amérique est très-supérieur à celui de toutes les espèces de Pins et de Sapins; et de même que le bois de celui de l'ancien Continent , il réunit toutes les qualités qui rendent le dernier si recommandable : comme lui, il a beaucoup de force, et il résiste mieux qu'aucune autre , aux alter- natives de la sécheresse et de l'humidité. En Canada, il est un des plus apprécié, comme bois de charpente. Le seul désavantage que lui trouvent les Canadiens , c'est d'être trop pesant. Dans le District de Maine , c'est le bois provenant d'arbres résineux, qui est le plus estimé pour faire des genoux dans la construc- tion des navires; il est employé à cet usage toutes les fois qu'on peut s'en procurer des morceaux qui y soient propres. Nulle part dans l'Amérique Septen- trionale, on n'en extrait de la térébenthine, comme cela se pratique en Europe à l'égard du Mélèze de l'ancien continent. D'après ce qui vient d'être dit, on peut juger que l'emploi des bois de Mélèze, dans cette partie des Etats-Unis, où j'ai dit qu'il étoitleplus abondant, est très-borné , quoiqu'on sache fort bien apprécier ses qualités : la cause en est que cet arbre est réellement rare dans ces contrées, comparativement aux autres arbres résineux qu'on se procure facilement et à bas LARIX AMERICAN A. f\l prix, et qui remplissent assez bien les usages aux- quels le Mélèze seroit propre. Ohseri>ations. Sir Lambert, dans son magnifique ouvrage sur les Pins, a décrit deux espèces de Mé- lèzes d'Amérique; la première est évidemmentrarbre dont je viens de parler. Il désigne la seconde par le nom de Larix microcarpa ^ et lui donne pour ca- ractères d'avoir les fruits plus petits et les branches pendantes. Mon Père a considéré celle-ci comme une simple variété, et n'en a pas fait mention : de mon côté , n'ayant pas voyagé aussi loin que lui dans fe Nord de l'Amérique-Septentrionale, je n'ai pas été à même de l'observer, et d'émettre une opinion positive à cet égard. PLANCHE IV. Rameau avec les feuilles et les cônes de grandeur naturelle. Fi^. 1 , graine. \n. k^^^/^'^rX'^»^'^)'^'^''%.^^'^^ 1^^. JUNIPERUS riRGiNiAN^. RED CEBAR. DIoecte monadelphie , Linn. Fam. des Conifères , Jnss. JuNiPERUS virglnîana , foliis ternis^ hasi adnatis ,junio- ribus imhricatis ; senioribus patulis. LECèdre rouge qui appartient au genre des Gené- vriers, est l'espèce la plus multipliée dans les Etats- Unis, et la seule qui parvienne à une hauteur assez grande, pour que son bois puisse être employé à dif- férens usages. D'après les remarques de mon Père , sur la topographie des arbres et des plantes de l'Amé- rique-Septentrionale , File des Cèdres , dans le lac Champlain, presque vis-à-vis Burlington, latitude 44^, 25', peut être considérée comme un des points les plus avancés vers le Nord, où l'on trouve cet arbre. Suivant mes propres recherches, on ne le voit pas non plus vers FEst, sur les bords delà mer, au-delà de Wiscasset, petite ville du District de Maine , située à l'embouchure de la rivière de Renne- beck, dont la position géographique est à-peu-près la même que celle de Burlington; mais à partir de Wiscasset, en allant vers le Sud, on le trouve sans interruption sur les bords de la mer jusqu'au Cap de la Floride, et dans le pourtour du golphe du Mexique, jusqu'au-delà delà baie de St. Bernard, étendue de côtes tellement vaste, qu'elle embrasse une espace de plus de i,ooo lieues ( 5,ooo kilomèt. j. Ti.S- fie^j-a de/. ûahrw/ j-ailf. J U N IP E RU S \'ii g;imau a JUNIPERUS VIRGTNIANA. /|3 On remarque encore qu'à mesure que l'on s'éloigne du rivage de la mer , le Cèdre rouge devient moins commun, qu'il acquiert une moindre élévation, et qu'il finit par devenir très-rare, même dans la Vir- ginie et dans les Etats qui sont plus au Sud, lors- qu'on est arrivé aux points où la marée cesse de remonter dans les rivières ; tellement qu'au-delà de ces points , et dans l'intérieur des terres , il ne se présente plus que sous la forme de buisson , et seu- lement encore dans les lieux découverts , oii le sol est sec et sablonneux. Dans les Etats de l'Ouest , il est aussi particulièrement confiné aux endroits où la roche calcaire se montre à nu, ou si peu couverte de terre végétale , que les autres arbres n'ont pu y prendre racine. Quoique le Cèdre rouge croisse naturellement dans le district de Maine et dans quelques-unes des îles du lac Champlain , cependant la rigueur des ft-oids qu'on y éprouve en hiver , et qui y ont pour le moins autant d intensité que dans le Nord de l'Allemagne , contribue singulièrement à restreindre sa végétation , et à s opposer à ce qu'elle se déve- loppe avec la même vigueur que dans la Basse-Vir- ginie et plus au Sud, où au contraire tout la favo- rise , de manière que cet arbre y arrive à son en- tière perfection 5 soit par ses dimensions, soit par la qualité de son bois. Lorsque le Cèdre rouge se trouve immédiatement sur les dunes , le plus ordi- nairement il est comme enseveli dans les sables que les flots de la mer jettent constamment sur la plage; 44 JUNIPERUS VIRGINIANA. alors on n'aperçoit plus que les sommités de ses branches, qui, par leur végétation, excèdent tou- jours de quelques pouces la couche sablonneuse, ce qui fait paroître ces sommités comme autant de jeu- nes arbres qui auroient été plantés à cet endroit. Par- tout, au contraire, où les sables n'ont point d accès, comme dans le milieu des îles et sur les bords des lagoons , qui sont autant des bras de mer entr'elles et la terre-ferme, débarrassé de toute entrave, il s'é- lève en liberté et il parvient jusqu'à la hauteur de 40 à 45» pieds (i4à i5 mètres J sur 12 a 1 3 pouces (SikSli- centimètres j de diamètre. Mais, à dire vrai, on auroit delà peine à trouver actuellement des individus de pareilles dimensions dans les an- ciennes limites des Etats-Unis , c'est-à-dire au JNord- Est de la rivière Sainte-Marie 5 ce qui offre cepen- dant un espace de plus de 4oo lieues Ç 2,000 kilom. ) de côtes. Le feuillage du Cèdre rouge , toujours vert ettrès- ramifié , se compose d'un grand nombre de petites écailles piquantes et engaînées les unes dans les au- tres : froissé , il répand une odeur résino-aromatique assez forte ; desséché et réduit en poudre , il a la même propriété que celui du Genévrier commun , pour animer les vésicatoires et produire une exsudation plus abondante. Ses fleurs mâles et ses fleurs fe- melles sont petites et peu apparentes; elles se trou- vent placées sur le même arbre ou distribuées sur d«s pieds différens , de manière qu'il n'y a que les arbres qui portent des fleurs femelles, qui donnent J U N I P t R U s V 1 R M M A IV A. 4^ (les graines ; les autres n'en ont jamais. Ces graines sont de petites baies ovoïdes, bleuâtres à leur ma- turité, et qui ensuite se couvrent d'une efïïores- cence blanchâtre et comme pulvérulente. Elles mû« rissent vers le commencement de l'automne ; et si elles sont semées immédiatement , la plus grande partie lève au printemps suivant, mais seulement à la deuxième année, si elles sont gardées plusieurs mois. Quelques personnes, à ce qu'on m'a dit, s'oc- cupent à INew-York d'en faire de l'esprit de geniè- vre ; mais cette fabrication est peu considérable , comparativement à ce qui s'en importe de la Hol- lande. Le nom de Cèdre rouge , donné à cet arbre dans tous les Etats-Unis, n'est exact que par rapporta son bois qui offre cette couleur d une manière bien tran- chée^ tandis que son aubier est au contraire très- blanc ; car c'est , comme je l'ai dit au commencement de cet article, un véritable Genévrier, qui, après l'espèce qui croît aux îles Bermudes, est le plus grand qu'on connoisse. Le Cèdre rouge , sous le rapport de sa végétation , offre cela de particulier, que ses branches, qui sont très-nombreuses et très - rapprochées les unes des autres, naissent constamment très -près de terre, qu elles affectent une direction fort horizontale , et que , pendant bien des années , les plus inférieures sont aussi longues que la lige principale. On remar- que aussi que sa grosseur diminue rapidement de la base au sommet , ce qui est cause que les pièces 4^ JUNIPERUS VIRGINIANA. propres aux constructions maritimes qu'on obtient des plus gros arbres, ont généralement moins de lo à II pieds (32 à 35 décimètres) de longueur. Le diamètre du Cèdre rouge est encore singulièrement diminué par des crevasses, oblongues et très-pro- fondes , qui couvrent presqu'entièrement la surface du tronc j ces crevasses sont produites par les grosses branches vertes et mortes qui paroissent subsister plus long-temps qu'il n'est nécessaire pour que l'ac- croissement se fasse partout également, et ne laisse à l'extérieur comme dans les autres arbres oii elles tombent successivement, que des traces peu ou point apparentes. Plusieurs observations, et quel- ques expériences que j'ai été à même de faire , me disposent à croire qu'on pourroit accélérer la végé- tation de cet arbre , si on le dépouilloit de ses bran- dies dans les deux tiers de sa hauteur ; et en les coupant les plus près du corps de l'arbre qu'il seroit possible , on empécheroit qu'il ne se formât des cre- vasses aussi grandes et aussi profondes , qui dimi- nuent considérablement son épaisseur. Le bois du Cèdre rouge est odorant , d'une tex- ture fine et serrée. Il est fort léger , quoiqu'il le soit moins que celui du Cupressus thyoïdes et du Cu- pressus disticha , mais il a plus de force. A ces pro- priétés, il réunit la plus précieuse de toutes , celle d'être durable ; c'est cette propriété qui le fait si fort rechercher pour tous les usages qui exigent émi- nemment cette qualité : mais la difficulté qu'on a à se le procurer, est cause qu'on le réserve pour ceux JUNIPERUS VIRGINIANA. /| 7 qui sont les plus importans ; car il devient tous les jours plus rare, attendu que sa reproduction qui est très-lente, est pour ainsi dire nulle, quand on la compare a la consommation qui s'en fait habi- tuellement dans presque tous les ports des Etats- Unis, et notamment dans ceux de New-York , de Philadelphie et de Baltimore. On en construit la charpente supérieure des vaisseaux en l'employant alternativement avec le Chêne vert, dont il sert à compenser la grande pesanteur par son extrême lé- gèreté ; ce seul usage , plus particulièrement que tout autre , a causé la destruction des plus gros Cèdres rouges sur toute la côte des Etats-Unis , et aujourd'hui on est obligé de les faire venir de cette partie de la Floride orientale , qui est située entre l'embouchure de la rivière Sainte-Marie et celle de Saint-Jean ; mais cette étendue de pays est si peu con- sidérable qu'on peut prévoir que les forêts où il se trouve seront bientôt épuisées. On a remarqué que la qualité du bois de Cèdre rouge est d'autant meil- leure, que cet arbre croit dans les parties les plus méridionales et les plus rapprochées de la mer. Après l'usage important du bois de cet arbre dans les constructions maritimes , celui qui en consomme le plus , est l'emploi qu'on en fait pour des pieux , qui sont les plus estimés à cause de leur longue du- rée; c'est pourquoi on les réserve pour enclore les cours et les jardins dans les villes et leurs environs où on est à porté de se les procurer. A Philadelphie, presque tous les poteaux qu'on voit dans les rues , 48 JUNIPERUS VIRGINIANA. à l'extérieur des trottoirs, sont faits de ce bois, et ces pieux qui ont de lo à 1 1 pieds (^32 à 35 décim. ) de long et 8 pouces Ç 21 centim. ) de diamètre , se vendent environ 4 fï"« ^^ pièce 5 tandis que ceux en Chêne blanc et en Cèdre blanc , Cupressus f hyoïdes , ne coûtent que 80 ou 85 centimes. Le Cèdre rouge est excellent pour faire des conduits souterrains pour les eaux, mais il est rarement employé à cet usage , parce qu'il est difficile de se procurer des brins dont le diamètre soit assez grand. On fabrique encore avec le bois de cet arbre de petits seaux, de forme ronde ou oblongue, cerclés en cuivre , très pro- prement travaillés, et d'autant plus jolis que les douves dont ils sont formés sont tirées en partie de l'aubier qui est très-blanc, et en partie du cœur C[ui est rouge. J'ai remarqué , à Philadelphie et à Baltimore , que les tourneurs font lesgrosses cannelles de ce bois, parce qu'elles sont plus solides et plus durables. Dans le Midi des Etats-Unis, comme à Charleston et à Savanah, les bières pour ensevelir les morts sont généralement en Cèdre rouge. Dans quelques cantons de la Basse-Virginie , et notamment dans le comté d'York , j'ai remarqué qu'on élaguoit les Cèdres rouges, et que ses branches entrelacées dans des piquets enfoncés en terre à de petites distances , servent à enclore les champs cultivés; c'est une assez pauvre ressource dont le seul mérite est d'épargner le bois qui commence à devenir très-rare dans les endroits anciennement habités, au moins pour tout ce qui est relatif aux JUINIPERUS VIRGINIANA. .\(J grandes construclions. On exj)orle du Cèdre rou^e en Angleterre^ mais j'ignore à quels usages il y est employé : car je ne puis croire que ce soit unique- ment pour la l'abricalion des crayons, à laquelle i! me paroit néanmoins aussi bien convenir que le Juniperus hennudiana , qui, m'a-t-on dit, y est im- porté aussi dans cette vue. Tels sont les usages les plus importans et les plus habituels auxquels le bois de Cèdre rougo est em- j)loyé dans les Etats-Unis, et qui sont les résultats de ses excellentes qualités. Depuis plus de cinquante ans, le Cèdre rouge est naturalisé en France et en Angleterre dans les jardins d'agrément- il y réussit très-bien, mais sa végéiatiou seroit plus rapide dans les départemensduMidi de la France , et près des bords de la mer, où la tempéra- ture est encore plus douce , et où on ne peut trop en recommander la propagation. Soumis alors, comme les autres bois^ à la surveillance des agens forestiers, il pourroit avec le temps offrir d'utiles ressources aux arts, et devenir une propriété d'autant plus avanta- geuse, qu'il peut croître et prospérer dans les terrains les plus arides et les plus exposés aux vents im^îé- tueux de l'Océan. Je ne puis douter non plus que, par la suite des temps, on n'apprécie dans les Etats-Unis toute l'im- portance de cette recommandation , et qu'il ne vienne une époque où elle reçoive son effet. PLANC-HE y. Rameau représentant les feuilles eu les fruùs de grandeur naturelle. in. ^ OLEA AMERICANA. DIVIL WOOD. Dioecie dlandrie , LiNN. Fain. des Jasmiiiées , Juss. Olea AMERICANA , yb//Ï5 latè oblanceolaU's , coriaceis , luciclis , integeiTÎmis ; drupà globosâ. Cet arbre appartient exclusivement aux Etats mé- ridionaux, ainsi qu'aux deux Florides et à la Basse- Louisiane ; vers le Nord , on commence à le trouver dans les environs de Norfolk en Virginie ; et , de même que le Chêne vert et le Choux palmiste , son existence est, pour ainsi dire , limitée aux côtes de l'Océan, car il est bien rare de le trouver même à une petite distance dans l'intérieur du pays. Cet arbre est si peu multiplié , c mparativement à beau- coup d'antres espèces , que presque partout où il croît , il n'a jusqu'à présent reçu aucune déno- mination des habitans , si ce n'est cependant sur les bords de la rivière de Savanah , près de Two Sisters Ferry , où on lui donne le nom de Dwil vvood , bois du Diable. UOIea americana croit dans des ten ains et dans des situations très-différentes ; ainsi , sur les bords de la mer, mêlé avec les Chênes verts , il vient dans les endroits les plus stériles et les plus exposés à l'ardeur du soleil ; tandis que d'autres fois , on le voit dans certains cantons où le sol est frais , très- fertile et ombragé j alors il est réuni aux Magnolia PI a H ■ J. Rea^ule aJ busy atneriùsjœmi- neis ohlongioribus : inyolucrls fructijeris , compressa- vesicariis. Il n'est aucunes parties des Etats-Unis, situées à l'Fst du Mississippi , où l'on ne rencontre le Carpinus ostrja ; il est également fort commun dans les provinces de la Nouvelle - Ecosse , de la Nouvelle- Brunswick , ainsi que dans le Bas-Canada. Dans les Etats du Milieu et du Sud , cet arbre est connu sous le nom à'Ironwood^ Bois de fer; tandis que dans ceux de Vermont, du Nev\^-Hampshire et dans le 1 istrict de Maine, il est désigné par celui de Lever wood^ Bois à levier. Les Français des Illinois l'ap- pellent Bois dur. De ces différentes dénominations, j'ai cru devoir choisir la première, comme étant celle qui est en usage dans une plus grande étendue de pays, et dans ceux surtout où il m'a paru que cet arbre étoit le plus multiplié , comme dans la Pensyl- vanie , le New-Jers( y et l'État de New- York. Quoique le Carpinus ostrya soit assez commun dans les forets de cette partie de l'Amérique-Septen- trionale que je viens d'indiquer, cependant ou ne le voit jamais couvrir exclusivement des espaces de terrains , même d'une petite étendue; il est, au con- 54 CAR PIN us OSTRYA. traire, très -disséminé dans les bois, et seulement dans les endroits où le sol est constamment frais , fertile et ombragé. Ainsi, je ne l'ai vu nulle part d'une plus belle végétation et plus commun , que dans le Génessée , près des lacs Erié et Ontario. D'après mes remarques, le Carpinus ostrja ne parvient généra- lement qu'à une hauteur médiocre ; c'est pourquoi il ne peut être considéré que comme un arbre de la deuxième, et même de la troisième grandeur, quoi- qu'il s'élève quelquefois à 35 et 4o pieds ( ii à i3 mètres) sur 12 à i5 pouces (82 à 4o centimètres) de diamètre : mais il est très-rare de trouver des individus de cette force; car il n'atteint le plus souvent que la moitié de ces dimeilsions. Les feuilles de YOstrya americana sont ovales- acuminées,finement dentées dans leur contour, mais d'une manière inégale; et elles sont disposées alterna- tivement sur les branches. Les fleurs mâles etles fleurs femelles sont séparées , mais placées sur le même arbre ; les premières sont disposées en chatons pen- dans et fasciculées. Aux fleurs femelles succèdent des fruits très -semblables à ceux du houblon, qui se composent de plusieurs petites vésicules ovales, atta- chées sur un pédicule commun. Ces vésicules , de cou- leur rousse, contiennent chacune une petite graine noirâtre et très-dure. A l'époque de la maturité des graines, ces vésicules sont couvertes d'un duvet très- fin , et qui irrite vivement la peau, pour un instant, lorsqu'on les manie sans attention. Lorsque cet arbre est dépouillé de ses feuilles en CARPINUS OSTRYA. 55 hiver, il est facile à reconnoitre à son ëcorce,qui est fort unie, grisâtre, et surtout remarquable en ce qu'elle est fendillée très-(inement, et qu elle se déta- che naturellement en petites lanières très-étroites , qui ont tout au plus une ligne (3 millimètres] de large. Le bois du Carpinus ostrya est très-blanc, et le grain en est fin et très -serré; ce qui le rend fort compacte et fort pesant. Les couches concen- triques sont très-rapprochées les unes des autres et très-nombreuses dans les pieds qui n'ont que 4 à 5 pouces ^12 à i5 centimètres) d'épaisseur: leur nombre et leur rapprochement indiquent assez com- bien de temps cet arbre met à croître pour arriver à ce petit diamètre. C'est à cette cause principale- ment, qu'il faut attribuer le peu d'usage que l'on fait de son bois , quoique les noms de Bois de fer, de Eois à levier et de Bois dur , attestent suffisamment ses bonnes qualités. Dans les Etats les plus septentrionaux, et notam- ment dans le District de Maine , c'est avec le bois de cet arbre que les habitans des campagnes font des leviers pour remuer et transporter les tronçons des arbres qu'ils abattent dans les défrichemens , et qu'ils réunissent en tas pour brûler. Dans les environs de New-York, on en fait aussi fréquemment des balais, en réduisant en lanières l'extrémité d'un bâton de longueur convenable. C'est aussi le bois qu'on choisit de préférence pour faire des scrubin^ hriishes , qui servent à ratisser les planchers des apparteraens. 56 CARPINUS OSTRYA. Ces usages, comme je l'ai déjà fait pressentir, sont très-bornés. On ne peut cependant douter que , d'après les qualités reconnues de ce bois, on ne puisse en tirer un bon parti dans beaucoup d'autres cas : ainsi , il me paroit très-propre, lorsqu'il est bien sec, à faire des dents d'engrenage de moulins, des vis , des maillets , etc. Le Carpinus ostrya vient très-bien en France : car il en existe dans les anciennes possessions de M. Duhamel-Dumonceau, plusieurs individus hauts de i5 à 20 pieds (5 à 7 mètres) , qui fructifient tous les ans; et on trouve , dans les environs , de jeunes arbres provenus des graines qui se sont semées d'elles- mêmes. Cet arbre est donc du nombre des espèces exotiques dont on doit désirer la pro];agation dans les forets européennes. PLANCHE VIL Rameau représentant les feuilles et les fruits de grandeur naturelle. Fig. 1 , graine. Pi s. -BeiTj'û- de/ CARPINUS Virgimaiia tyC'O/'/i-vea/ft. Gairuel j-ailf- CARPINUS AMERlCAÎiA. AMERICAN nORNBEAM. Carpinus americaria , foliis ohlongb-oi>aUbus ^ serralis, involucrorwn lacinîis acutè dentatls. Le Bas-Canada, les provinces de la Nouvelle- Ecosse et de la ]Noavelle-13runswick, sont les parties de l'Amërique-Septentrionale les plus avancées vers le Nord où se trouve le Carpinus americana ; mais , de même que dans le District de Maine et l'Etat de Vermont, les froids extrêmement rigoureux qui s'y font sentir en hiver, empêchent quil n'y soit aussi multiplié qu'à quelques degrés plus au Sud , comme dans le New-Jersey, la Pensylvanie et la Virginie; il est également fort commun dans les Carolines et la Géorgie. Dans ces diverses parties des Etats-Unis, il est désigné par le seul nom à^ Hornheam -, les Français de la Haute-Louisiane lui donnent celui de charme. Il est peu d'expositions et de terrains qui ne con- viennent à cet arbre; car on le rencontre dans tous les endroits qui ne sont pas trop long-temps sub- mergés, ou qui ne sont pas entièrement sablonneux, comme le sol des pinières de la partie maritime des Etats méridionaux et des Florides. La hauteur la plus ordinaire du Carpinus americana est de 12 à i5 pieds (4^5 mètres); il s'élève cependant quel- quefois jusqu'à 25 et3o[8et 10 mètres) sur 6 pouces m. 8 58 CARPINUS AMERICANA. (i6 centimètres) de diamètre ; mais il n'y a pas un centième des individus qui parvienne à ces dimen- sions j de sorte qu'on pourroil, avec raison, le con- sidérer plutôt comme un très-grand arbrisseau que comme un arbre: et si j'en donne la des'Tiption , c'est parce qu'il est tellement multiplié, qu'il se pré- sente à chaque pas qu'on fait dans les forets. Les feuilles du Carpinus americana , longues d'un à deux pouces (3 à 6 centimètres) , sont ovales-acu- minées et bordées de dénis nombreuses et aiguës. Ses fleurs sont unisexuelles , mais placées sur le même pied ; elles sont attachées sur un filet commun , et disposées en chaton lâches , pendans et écailleux. Les écailles qui entourent les fleurs femelles, sont d'un vert pâle, et elles augmentent de grandeur, à mesure que les graines avancent vers leur maturité. A cette époque, elles sont assez grandes, évasées et échancrées dans leur pourtour. Chacune d'elles cache, à sa base, une petite graine de forme ovale et très-dure. La fructification de cet arbre et toujours abondante, et ses chatons restent long-temps suspen- dus aux branches après que ses feuilles sont tom- bées. Le tronc du Carpinus americana^ comme celui de son analogue , le Carpinus vul^aris d'Europe, est fré- quemment sillonné dans toute sa longueur, et tou- jours obliquement et d'une manière très-irrégulière. Cette disposition qui est très-apparente, et la cou- leur de son écorce qui est très-unie et parsemée de taches blanches , suffisent pour le faire reconnoitre € A n P I N U s A M K R I C A N A . Jf^ iiu ])r< micr aspect , même lorsqu'il a perdu ses Iciiilles. Le bois de cette esprce ressemlilc entièrement à celui du Charme d'Europe : il présente la même blancheur , et le grain en est aussi très-serré et très- fin : mais , comme il ne parvient qu'à un très-petit diamètre , on n'en fait aucun usage , pas même comme combustible. J'ai cependant remarqué que dans le District de Maine, on s en servoit quel- quefois pour cercles à baniques, mais ce n'est tou- jours qu'au défaut des autres bois qu'on lui préfère quand on peut se les procurer. D'après la description que je viens de donner du Charme de l'Amérique-Septentrionale , on jugera facilement que l'espèce qui croit dans l'ancien con- tinent lui est très-supérieure , et que les Européens n'ont aucun intérêt à le propager comme arbre fores- tier. En effet , le Charme d'Europe s'élève à 4o et 45 pieds ( i3 à i5 mètres j, sur i5 à i8 pouces ( 4o ^ 48 centimètres j de diamètre , et son bois qui est doué de beaucoup de force et de solidité , est utile- ment employé dans plusieurs arts mécaniques , et il fournit un très-bon combustible. Le seul avan- tage que peut être l'espèce américaine pourroit offrir sur celle d'Europe , seroit pour en faire des charmilles; car, comme cet arbre s'élève peu, et qu'il est très-rameux , on restreindroit plus facile- ment sa végétation , et il offriroit de même un feuillage touffu et très-serré. Mais , sous tout autre rapport y je ne doute pas que les forestiers i^méii- 60 CARPINUS AMERICANA. cains ne regardent le Charme d'Europe comme une bonne acquisition pour leur pays. PLANCHE VIII. Rameau représentant les feuilles et les chatons femelles de grandeur naturelle, Fig. i , graine. B- J. lif Jouté Je/. HOPEA Tmctoria JiOPEA TINCTORIA. SWEET LE A F. Polyadelpliie polyandrie, Linn. Fam. des PlaqneitiinierR, Jui»». IIoPEA tiiictoria ^ follis lanceolato-ovatis ^ subserratis , nitidis. C'est dans les environs de Petersbourg en Vir- ginie , que , pour la première fois , j'ai observé cet arbre en me rendant dans le Midi des Etats-Unis. 11 est assez commun dans l'Ouest-Tennessée , ainsi que dans les Hautes-Carolines et la Haute-Géorgie ; mais il l'est encore beaucoup plus dans la partie basse de ces derniers Etats , dans les limites que j'ai indiquées à l'article du Pinus australis^ pour les pinières , Fines harrens^ dont le sol est léger, et ori les froids sont bien moins sensibles que dans l'inté- rieur des terres. \JHopea tinctoria est désigné par le seul nom de Sweet leaf ^ Feuille douce ; sa grandeur varie beaucoup suivant les endroits oii il croît. Sur les bords de la rivière Savanah et des grands marais , dont le sol est meuble, profond et très-fertile^ j'en ai trouvé plusieurs pieds qui avoient 25 à 3o pieds ( 8 à I o mètres j de hauteur , sur 738 pouces ( 1 8 à 21 centimètres! de diamètre à 5 pieds (^lôdécim.J de terre. 11 est vrai qu'on trouve rarement des indi- ^2 H OPE A TIPx'CTORlA. vidus de cette force; ils ont presque toujours la moitié moins de grandeur et d'élévation : il en est même qui ne s'élèvent pas à plus de 3 à 4 pieds ( 9 à 12 mètres) : ceux-ci croissent dans lespinières, oîi cet arbre est si multiplié qu'on le rencontre à chaque pas. Le feu que l'on met tous les printemps dans les forets, brûle ses tiges jusqu'au niveau du sol; celles qui repoussent n'excèdent jamais cette hauteur , et elles ne portent point de fleurs , alors il se propage par ses racines qui tracent et qui, à quelques pieds plus loin , donnent naissance à de nouveaux rejettons. Le tronc de YHopea tinctoria est couvert d'une écorce unie, et lorsqu'elle est entamée au printemps, elle rend une sève laiteuse d'une odeur désagréable. Le bois a peu de dureté , et il n'est employé à aucun usage. Ses feuilles, disposées alternativement sur les branches, sont longues de 3 à 4 pouces (8 à 10 centimètres) , de forme ovale-alongée et légère- ment dentées sur les bords. Elles sont lisses, un peu épaisses, d'une saveur douce et jnéme un peu su- crée : c'est delà, probablement, que lui est venu le nom qu'il porte. Lorsque cet arbre croit dans des situations très- abritées , il conserve ses feuilles deux et trois ans , tandis que dans les pinières elles sont altérées par les premiers froids et deviennent jaunes; mais elles ne tombent que vers le commencement de février : pendant cet intervalle elles sont recherchées avide- ment par les chevaux et les vaches qui sont aban- H O P E A T I î^ C T O R I A. 63 donnés dans les forets , et qui se trouvent alors privés des herbes détruites par la gelée. Les Heurs de Xllopea tincloria ont une couleur jaunâtre et une odeur agréable ; elles se composent d'un grand nombre d'étamines, réunies en plusieurs faisceaux à leur base , et qui sont plus courtes que les pétales. Ces fleurs naissent dans les aisselles des feuilles, et paroissent de bonne heure au printemps. Les fruits qui leur succèdent sont très-petits, de forme cylindrique et de couleur bleue, à l'époque de la maturité. Les feuilles sont les seules parties de cet arbre qui offrent quelque degré d'utilité. Une poignée de ces feuilles sèches donne, parla simple décoction, une Irès-belle couleur jaune , que l'addition d'une petite quantité d'alun rend assez solide. Les habi- tans des campagnes s'en servent pour teindre en jaune la laine et le coton ; mais l'emploi qu'on en fait est absolument limité aux contrées où croit cet arbre. Je ne doute point que le commerce ne se fût emparé de cette matière colorante , si elle avoit présenté un avantage marqué : et le premier obstacle qui s'y oppose , dans ces pays où les bras sont rares, cest la difficulté de se procurer une quantité considérable de ces feuilles, comme plu- sieurs quintaux : c'est ce dont je puis juger par celle que j'ai eue pour en ramasser seulement quelques livres. Tels sont les résultats de mes observations sur Xllopea tinctoria , qui n'a d'autre intérêt pour les 64 HOPEA TINCTORIA. Européens , que d'augmenter le nombre des plantes agréables que se plaisent à cultiver les amateurs d'arbres étrangers. PLAPo , odorato. On trouve dans les forets du nord de l'Amërique, comme en Europe , un Pommier sauvage ; mais il n'a pas encore été comme ce dernier soumis à la culture. C'est cette culture qui continuée pendant une lon- gue suite d'années , a donné pour résultats cette grande variété de pommes dont le nombre , en France , approche de trois cents. A l'exception du District de Maine , de l'Etat de Vermont , et de la partie supérieure de celui de New^-Hampshire , on rencontre le Malus coronaria , tant à l'est qu'à l'ouest des montagnes. Cet arbre m'a paru cepen- dant plus multiplié dans les Etats du milieu , et notamment dans les parties reculées de la Pensyl- vanie et de la Virginie. Il est surtout fort commun dans les Glades. On appelle ainsi , dans la Pensylva- nie 5 un espace de terrain de i5 à 18 milles (aSàSo kilom. ) en diamètre , qu'on trouve après être arrivé au sommet de l'AUéghany Ridge , et qui est traversé par la route qui conduit de Philadelphie à Pitts- burg. La hauteur la plus ordinaire de ce Pom- rii. 9 6G MALUS C O R o rs A n I A. mier sauvage est de i5 à i8 pieds (^ 5 à 6 mètres) , sur 5 à 6 pouces (^ i3 à i6 centimètresj de diamètre ; mais il parvient quelquefois à 25 et 3o (8 à lo met.), sur 12 à i5 pouces d'épaisseur Ç^i à 38 centimètres) ; il est vrai que les deux pieds de cette force que j ai mesurés, setrouvoient dans un champ cultivé depuis long-temps, et dont la culture avoit très- probable- ment contribué à leur grand accroissement. Ces ar- bres étoient isolés et avoient toute l'apparence d'un Pommier ordinaire. J'ai constamment remarqué que cet arbre se trouvoit toujours de préférence dans les endroits frais et même humides, dont le sol étoit de bonne qualité. Les feuilles du Malus coronaria ont une forme ovale; elles sont lisses à leur partie supérieure, et fortement dentées à l'époque de leur entier dévelop- pement; quelques unes même sont comme trilobées. Si on les froisse légèrement entre les dents , quand elles sont encore jeunes , elles ont une saveur amère et même un peu aromatique , ce qui me fait croire qu'on pourroit en faire une infusion théiforme , fort agréable, surtout en y ajoutant du sucre. Comme le Pommier ordinaire , celui-ci tleurit de très-bonne heure, au printemps. Ses fleurs réunies en bouquets pendants, sont blanches, mêlées de rose, et produi- sent un bel effet. A l'époque de la floraison , elles répandent l'odeur la plus délicieuse; et lorsque cet arbre est très-commun , comme dans les Glades ^ l'air en est parfumé à une grande dislance. Aux fleurs suc- cèdent de petites pommes suspendues par de longs MALUS CORONORIA. 6'J pédicules; leur couleur est entièrement verte ; elles sont extrêmement acides et très-odorantes. Quelques fermiers en font du cidre, quand il se trouve natu- rellement beaucoup de pieds de cet arbre dans le voisinage de leurs habitations. On dit que ce cidre est fort bon. On fait également avec ces pommes des confitures très -agréables, en y mettant beaucoup de sucre. On n'a pas encore tenté, dans les États-Unis, d'a- méliorer cette espèce de Pommier sauvage ; on n'a pas même essayé de s'en servir pour greffer les va- riétés de celles qui y ont été importées d'Europe. Il est vrai qu'elles y viennent dans une telle perfection, même de pépins, qu'elles se reproduisent si parfaites, ou qu'elles donnent de nouvelles variétés si excel- lentes , qu'on perdroit peut-être beaucoup de temps pour n'obtenir que des résultats moins utiles, à moins que ce ne soit comme fruit à cidre, que l'on essaye de cultiver ce Pommier indigène; ce qui, à la vérité, est d'une assez grande importance: mais, jusqu'à ce que quelques essais de ce genre aient été tentés, il faudra se contenter de considérer le Malus coronaria comme un arbre infiniment agréable par la beauté de ses fleurs et par la suavité de leur parfum. PLANCHE X. Hameau avec les feuilles de grandeur naturelle et un fruit à maturité. Fig. i , petit rameau avec des fleurs de grandeur et de couleur naturelle. MESPÏLUS ARBOItEA. JUNE BERRY. Mespilus caiiadensis. A. Micii., Flora b. Âmei'. Mes PI LUS arborea , foliis suh-ovalibus , acutissime serra- ti's , suh acuminatis ; adulds glabris : racemo simplici , elongato ; Jlorifero lanuloso ; fructifero glabro : petalis oblongis y fructibus atropurpiireis ; ediiJibus. A l'exception de la partie basse et maritime des deuxCarolines et delà Géorgie, on trouve cet arbre dans toute l'étendue des Etats-Unis, ainsi qu'en Canada : mais c'est sur-tout dans la région monta- gneuse des Alleghanys, et sur les bords élevés des rivières qui y prennent naissance^ qu'il est le plus multiplié. Dans les Etats septentrionaux, on lui donne le nom de TVild per , Poirier sauvage ; et dans ceux du milieu, celui de June herrj^ Graines de juin. J'ai adopté cette dernière dénomination , d'abord parce qu'elle est la seule usitée par-tout où cet arbre est le plus abondant j ensuite, parce qu'elle indique que cet arbre est, parmi les végétaux arborescents un des premiers à donner des fruits mûrs au printemps ; enfin , parce que le Mespilus arborea est fort éloigné de ressembler au Poirier sauvage. Dans les environs de New- York et de Philadel- phie , cet arbre vient, de préférence, aux endroits humides et ombragés, et sur les bords des ruisseaux et des petites rivières ; tandis qu'à l'Ouest des mou- Bessa M jNIESPII.US .^l.orea ■ne l^drr. 'um "/■ » I ec les feuilles et les fruits de grandeur naturelle. Fig. I , rameau en fleur. Ml. ï. J. AeJoii/^ Jel M AG:N O LI a Gr aatdifWa or ïlo/^y .Jlafùn'f. &iilme/ j-cu/p I MAGNOLIA GRANDIFLORA, THE L/ÎRGE MAGNOLIA. OR BIC LAUKEL. Polyandrie polygynie , Linn. B'ani. des Magnoliers, Joss. Magnolia grandiflora , foliis perennandbus , ovalthiis , rigide crassèque coriaceis ; pisùUis lanatis : pclalis dilatatb-Oi^alibus , abrupte iii unguem angustatis. Parmi les nombreuses espèces d'arbres qui compo- sent les vastes forets de l'Amérique Septentrionale , à l'Est du Mississipi, il n'en est aucune aussi remar- quable par son port majestueux, son superbe feuil- lage et ses fleurs magnifiques, que le Magnolia gran- diflora. C'est dans la Basse-Caroline du Nord, près de la rivière Nuse , latitude 35o. 3o'. , qu'en se diri- geant du Nord au Sud , on commence à le voir paroî- tre: et à partir de cet endroit, on le retrouve dans la partie maritime et méridionale des États-Unis, des deux Florides, de la Basse-Louisiane, et en remontantlefleuve du Mississippi, jusqu'aux Natchès, éloignes de 3oo milles au-dessus de la Nouvelle- Orléans; ce qui embrasse une étendue de pavs dé 7 à 800 lieues [3,5oo à 4,000 kilomètres). A Charleston , S. C. , et dans les environs de cette ville, cet arbre est ordinairement désigné par le nom de Large il/a^7?o/2Vz, grand Magnolia: mais il est plus généralement connu des habitaus des cam- m. 10 n2 MA. G NO LIA G R A 7S D I FL O R A. pagnes,soiis celui de /^^zg^ Lr/iz/'e/, grand Laurier. Les Français de la Louisiane l'appellent Z^rii^rze/'T^i^/i/^zer. Le Magnolia gi^andijlora , par sa haute élévation, doit être rangé au nom])re des plus grands arbres qui croissent dans les États-Unis, car il acquiert quelque- fois jusqu'à 90 pieds ( 3o mètres), sur 2 à 3 pieds (7 a 10 décimètres) en diamètre. Cependant il est rare de le voir parvenir à ces dimensions; car sa hau- teur la plus ordinaire est de 60 à 70 pieds (^20 à 23 mètres). Son tronc e-^t le plus souvent très-droit, et sa cime d'une forme pyramidale assez régulière. Ses feuilles toujours vertes, entières, portées sur de courts pétioles, ovales, acuminées ou obtuses à leur sommet, sont longues de 6 à 8 pouces fiS à 24 cen- timètres). Elles sont épaisses, coriaces et très-brillan- tes à leur surface supérieure. Lorsque dans les défri- chemens, on conserve quelques-uns de ces arbres, à cause de leur grande beauté , les feuilles, alors exposées à Tardeur du soleil, prennent en-dessous une couleur ferrugineuse ou de rouille; la même chose s'observe dans les arbres qui se trouvent sur la lisière des forets: la moitié de leurs feuilles qui est exposée au grand air , est de couleur ferrugineuse, tandis que l'autre moitié, qui tient aux branches, cachées parmi les autres arbres , est entièrement verte. Les fleurs du Magnolia gî^andiflora , de couleur blanche, et d'une odeur agréable, ont 7 à 8 pouces r 18 à 21 centimètres) de largeur; elles sont plus grandes que celles d'aucun arbre connu, et commu- nément très-nombreuses dans les arbres isolés. Alors, MAC NO MA (; ra:n' IJI I LOU A. "y 3 placées au milieu d'un aussi riche reiii liage , elles produisent un si bel effet , que ceux qui ont vu le Magnolia ^randijlora dans son pays natal, s'accor- dent à le considérer comme une des plus belles pro- ductions du règne végétal. Aux fleurs succèdent des fruits ou cônes ovales, cliarnus, le.ngs d'environ 4 pouces ^ i r>. centimètres). Ces cônes se composent dun grand nombre de cel- lules, qui, à l'époque de la maturité, s'ouvrent lon- gitudinalement, et laissent apercevoir une ou deux graines d'un rouge vif, qui bientôt après sortent entiè- rement, et sont suspendues par un filet blanc qui s'attache au fond de ces mêmes cellules. Après quel- ques jours, ce filet se rompt, et la graine tombe 5 la substance rouge et pulpeuse qui entoure le noyau, s'altère et le laisse à nud : celui-ci contient une amande blanche et laiteuse. En Caroline, cet arbre est en fleur dans le courant de mai, et ses graines sont à maturité vers le i^^^ octobre. Le tronc du Magnolia ^randijlora est couvert d'une écorce grisâtre , unie et assez semblable à celle du Hêtre ; son bois , d'une texture tendre , est remar- quable par sa grande blancheur^ couleur qu'il con- serve même après qu'il est parfaitement sec. On m'a dit qu'il se travailloit aisément, et qu'il nétoit point sujet à se tourmenter, mais qu'exposé aux injures de l'air, il étoit peu durable. C'est pourquoi les plan- ches que l'on tire de son bois ne sont employées que pour la menuiserie intérieure. Dans des arbres de i5 a 18 pouces (4-^ "^ ^K centimètres) de diamètre, je •y 4 MAGNOLIA G P. A N D I F L O R A . n'ai rien vu qui iudiquàt aucune diftéreuce entre le cœur et l'aubier , si ce n'est un point d'un brun foncé, de l'épaisseur de 2 à 3 lignes (^4 ^ 6 millimètres ), qui se trouve dans le centre. Les arbres, sur lesquels j'ai fait ces observations , avoient été abattus depuis environ trois semaines; et j'ai remarqué que plu- sieurs des copeaux, à la suite d'une légère fermen- tation , avoient contracté une couleur rose ; observa- tion que j'ai cru devoir consigner ici, parce qu'elle se rattache à une autre du même genre, que j'ai faite sur le bois du Tulipier, etdontjeparleraià son article. Le Magnolia grandijlora ne croit que dans les lieux frais, ombragés, oii le sol, de couleur brune, est meuble , profond et très-fertile ; ces cantons sont voisins , ou font partie des grands marais qui se trou- vent le long des rivières, ou qui sont enclavés dans les pinières 5 mais on ne le voit pas dans ces marais longs et étroits , qui traversent en tous sens les piniè- res, dont le terrein bourbeux est peu profond, et repose sur un sable blanc et quartzeux. Dans les endroits que je viens d'indiquer, il croît plus parti- culièrement avec le Qiiercus p"\ palustris ^ le Quer- cus jalcata^ le Fagus syWatica^ VUlmus alafa et VOlea cunericana. J'ai aussi toujours remarqué que, là où se trouve le Magnolia grandiftora^ croissoit presque indubitablement le Magnolia tripetala , mais que le premier ne vient pas par-tout où croit cette dernière espèce , qui est susceptible de suppor- ter un plus grand degré de froid. Les graines du Magnolia grandijlora rancissent MAGNOLIA G n A ?< D 1 F L O r. A. "7 5 moins promptement que celles des autres sortes de Ma^nolia-^ et elles peuvent se conserver bonnes plu- sieurs mois, sans être semées. C'est aussi l'espèce dont on trouve dans les cantons oi^i il croit, un plus grand nombre de plants : ils sont quelquefois si mul- tiplies, qu'en moins d'une heure, on peut en arra- cher, à la main , plusieurs centaines; et ils sont aussi beaux que s'ils avoient été élevés avec tous les soins possibles dans une pépinière. Les arbres isolés donnent proportionnellement un plus grand nombre de fleurs et de cônes , que ceux qui sont au milieu des forets; un seul pied en porte jusqu'à 3 et 4^0, et chacun de ses cônes contient de 4o à 5o graines. C'est avec raison qu'en Europe, les Amateurs d'ar- bres étrangers recherchent avec empressement le Magnolia grandiflora. Il est doublement intéres- sant, soit par son feuillage et ses fleurs magnifiques, soit parce qu'il est peu sensible au froid ; il l'est beau- coup moins que l'Oranger; car il se trouve dans l'Amé- rique Septentrionale à 5 degrés plus au Nord que ce dernier, qui ne croit naturellement da^s les forets , qu'à partir du 28^ degré. En Europe, le point le plus avancé vers le Nord oii le Magnolia grandi- jlora passe bien l'hiver en pleine terre, est près de Nantes, latitude 470. i3'. • mais ce n'est que dans les environs de Grenoble, latitude 45o. 11'., que ses fruits mûrissent. J'ai vu aussi près de Phila- delphie, dans les jardins de W. W. Hamilton , un Magnolia grandijlor a en pleine terre, qui suppor- 'jb MAGNOLIA GRANDIFLORA. toit très - bien les froids rigoureux qu'on éprouve dans cette partie de la Pensylvanie, et qui le sont beaucoup plus que ceux qu'on ressent à Paris ou à Londres , dans la même saison. De ces faits on peut conclure, qu'avec le temps et la persévérance, on parviendra à acclimater le Magnolia ^randijlora , sous une température beaucoup plus froide que celle qui lui est naturelle , et que par suite cet arbre superbe deviendra le plus bel ornement des parcs et des jardins d'une grande étendue. PLANCHE V\ Feuille de grandeur naturelle. Fig. T , fleur de moitié grandeur naturelle. Fig. 2 , cône de moitié grandeur naturelle. Fl.^. J> J.Jifdové^ Je2. MAGIÎOLIA Glauca Gaènei ^culfi' ' MAGNOLIA GLAucA. THE SMALL MAGNOLIA. OR VVHITE BAT. Magnolia glaiica ^ foliis œquallter oualihus , vel ouali- oblongis ; subtùs glaucis. Cette espèce, dont l'élévation est beaucoup moin- dre que celle au. Magnolia grandijlora^ et dont les branches ont une forme beaucoup moins régulière, ofFre néanmoins, comme lui, un grand degré d'in- térêt, à cause de son joli feuillage et de ses fleurs charmantes. Le Magnolia glauca a été , dans ces derniers temps, trouvé vers le Nord, jusques vers le Cap An, dans l'Etat de Massachussett, latitude 4 5°. 5o'. Il est déjà assez commun dans le Bas-Jersey , et il le devient encore davantage , à mesure qu'on avance vers le Sud ; enfin^ dans toute la partie basse et mari- time des États méridionaux, ainsi que dans les Flo- rides et la Basse-Louisiane, cet arbre est, parmi ceux qui viennent aux lieux humides, un des plus multi- pliés. Mais on ne le rencontre pas à une grande dis- tance dans l'intérieur dés terres: ainsi, dans les États de New- York, de la Pensylvanie et du Maryland, on ne le voit plus à 3o ou 4o milles (" 5o ou 60 kilo- mètres) au Nord des Villes de New-York, de Phila- delphie et de Baltimore. Dans les Carolines et la Géorgie, les limites que j'ai indiquées pour lespiniè- res, sont aussi celles où croît seulement le 3Iagnolia y8 MAGNOLIA GLAUCA. glauca ^ car je ne me ressouviens pas de l'avoir vu dans la partie haute de ces Etals, non plus que dans ceux qui sont situés à l'Ouest des montagnes. A Phi- ladelphie , ainsi qu'à New- York et dansles environs, il est connu sous le nom de Magnolia ou de sniall Magnolia ; ctllQ dénomination a entièrement rem- placé celles de Swamp sassafras et de Bea{>er wood, bois à castor, qui étoient autrefois en usage parmi les anciens Suédois, qui les premiers vinrent se fixer dans ce pays. Dans les Etats méridionaux, il est plus universellement désigné par les noms de FFhite hay et de Sweet hay. Dans le Bas Jersey, la Basse-Pensylvanie et plus au Sud, le Magnolia glauca ne se voit jamais autre part que dans les marais les plus fangeux , et qui sont tellement aquatiques pendant la plus grande partie de l'année, qu'ils sont impraticables. Il s'y trouve mêlé parmi le Cupressustliyoides^\e%àiNeYSGs?>OTleB, diAndronieda et de Vaccinium. Dans les Carolines et la Géorgie , on rencontre bien rarement le Magno- lia glauca dans les grands marécages qui bordent les rivières: il vient, au contraire, fort abondamment, je pourroisdire presque exclusivement, dans ces marais longs et étroits qui, dans toutes les directions, traver- sent lespinières, et 011, avec le Gordonia lasyanthus, le Laiirus caroliniensis ^ il constitue la masse des arbres qui remplissent ces mêmes marais, dont le sol noir, et toujours bourbeux, repose sur un sable peu productif. Dans ces Etats, le Magnolia glauca s'élève quelquefois jusqu'à l\0 pieds ( i3 mètres), sur MAGNOLIA GLAUCA. 79 1 3 à i4pouces (3G à l\'2 cenlimètresj de diamèlie; mais sa hauteur la plus ordinaire est de 20 à 3o pieds (^k lo mètres), et elle est encore moins considérable dans les environs de New-York et de Philadelphie, où il fructifie à 5 ou 6 pieds (^ 2 mètres) d'élévation. Les feuilles de cet arbre longues de 5 à G pouces f i5 à 18 centimètres), disposées alternativement sur les branches et pétiolées, sont entières et de forme ovale-alongée ; elles sont lisses et d'un vert foncé à leur surface supérieure, et glauques, ou d'un blanc bleuâtre à leur surface inférieure. Le mélange de ces deux couleurs forme un contraste fort agréable. Ces feuilles tombent tous les ans, à l'automne, et se renouvellent de bonne heure, au printemps. Les fleurs solitaires aux extrémités des rameaux , larges de 2 à 3 pouces (^6 à 9 centimètres), et de couleur blanche , se composent de plusieurs pétales , ovales et concaves. A l'époque de la floraison^ qui a lieu dans les environs de Cliarleston, S. C. , en mai, et un mois plus tard dans les environs de New- York et de Philadelphie , elles répandent une odeur très-suave; ce qui fait que dans le voisinage de ces deux grandes villes, les femmes et les enfans s'enfoncent dans les marais fangeux où croit cet arbre, pour en couper les fleurs et les porter au marché, où elles sont ven- dues sous le nom de Magnolia ou de Siriall magno- lia , petit Magnolia. Auxfleurs, succèdent de petits cônes charnus et de couleur verte, composés d'un grand nombre de cel- lules, etdont la longueur varie de 12 à 18 lignes (36 a III. I I 8o MAGJNOLIA GLAUGA. 54 millimètres J. A l'époque de leur maturité, les graines qui sont de couleur écarlate, forcent l'ouver- ture des cellules pour sortir: et avant de tomber, elles sont suspendues pendant quelques jours par un filet blanc, mince et délié. Les graines de Magnolia ^lauca rancissent avec la plus grande facilité : pour conserver long-temps leur faculté germinative, il faut , aussitôt qu'elles sont récoltées, et avant que la pulpe qui entoure le noyau, soit ridée , les mettre dans du bois pourri ou du sable frais, et même un peu humide, qui les maintient dans l'état de fraîcheur, jusqu'au moment d'être mises en terre ; c'est le seul moyen de se procurer cet arbre de semence. Quoique le Magnolia glaiica soit si mul- tiplié dans la Basse-Virginie, les Carolines et la Géor- gie , qu'on en rencontre un très-grand nombre de pieds dans tous les lieux humides, néanmoins, on ne trouve que très-rarement de jeunes plants. Le tronc du Magnolia glauca est couvert d'une écorce unie et grisâtre; il est toujours tortueux et très-rameux, et ses branches sont divariquées. Son bois, de couleur blanche et très-léger, n'est employé à aucun usage; le nom de Castor wood^ bois à Cas- tor, donné autrefois au Magnolia glauca^ prouve , d'une part , qu'il y avoit des Castors dans les diverses parties des États du Milieu, où cet arbre est indigène; et de l'autre , que ces animaux le coupoient de pré- férence à tout autre , parce quil est très-tendre, soit pour en faire les pieux nécessaires pour la construc- tion de leurs digues et de leurs habitations^ soit MAGNOLIA G r. A L C A . 8 I pour en manger récorcc durant le cours de l'hiver. L'écorce des racines de cet arbre a une odeur aro- matique et une saveur amère. Quelques habitans la font infuser dans Teau-de-vie et boivent de cette teinture dans les affections rhumatismales, la consi- dérant comme légèrement sudorifique. Dans le l'as- Jersey,les habitansdes campagnes en font aussi infu- ser les cônes et les fruits dans du rhum et du wiskey ; et la liqueur qui, par cette infusion, contracte une saveur très-amère, passe parmi eux pour un préser- vatif contre les fièvres d'automne. Le Magnolia glauca offre favantage précieux de résister très-bien aux froids rigoureux qu'on éprouve en hiver, en France, en Allemagne et en Angleterre: en i8i 1 , on en a vu dans les environs de Paris , un grand nombre de pieds , dont les graines sont venues à maturité. De tous les arbres, soit indigènes, soit exotiques, qui sont susceptibles de supporter d'aussi grands froids, il n'en existe point, qui soient parés d'un aussi beau feuillage, ni qui portent d'aussi belles fleurs. Aussi, cette espèce de Magnolia est- elle, à juste titre , extrêmement recherchée des Ama- teurs de jardinage ; et on ne peut trop les engager à la multiplier, afin d'ajouter à l'embellissement de leur résidence champêtre, PLANCHE IL Rameau avec les feuilles et une fleur dô grandeur naturelle. Fig. I, cônes avec des grames de grandeur et de couleur natwelles. MAGNOLIA ACUMIN^TA. TUE CUCUMBER TUEE. Magnolia acuminata , Joliis ovalibus ^ acinninads ^sub- iùs puhescendbus : floribus flavb-cœrulescentAbus. Le Magnolia aciiminata est désigné dans toutes les parties des Etats-Unis, oii il croît, par le seul nom de Cucmnber tree ^ arbre à concombre. C'est un fort bel arbre qui égale en hauteur et en diamètre le Magnolia grandijlora. Parmi les espèces de ce genre trouvées jusqu'ici dans le Continent de l'Amérique Septentrionale , ce sont les seules qui parviennent à de très-grandes dimensions. Les bords de la rivière ]N iagara , près de la fameuse chute dece nom, latitude 430., estlepointleplusavancéversleNord, où j'ai per- sonnellement observé cette espèce , et je ne pense pas qu'elle existe beaucoup plus loin dans cette direction. Llle abonde au contraire dans toute la région monta- gneuse des Alléghanys, jusqu'à leur terminaison en Géorgie,ce qui comprend un intervalle de plusde3oo lieues (iSookilom.J Elle est également fort commune dans les montagnes de Cumberland, qui coupent en deux l'État de Tennessee. Les parties déclives des montagnes, les vallons resserrés et le voisinage des tor- rens où il règne constamment une grande humidité, et dont le sol est meuble et très-fertile, sont les situations , où cet arbre affecte de croître plus spécia- lement: et ctla, à un tel point que, dès qu'on s'éloigne Bivj'a de/. JVIA G N O L I A AcuuiiJiata êahvl c-oilp- 'J'^Y MAGNOLIA A C U M I N A ï A . 83 de toutes ces montagnes, à l'Est ou à rOuest^ à une distance de 4^ ou 5o milles (65 à 80 kilomètres], on ne le rencontre, pour ainsi dire plus qu'acci- dentellement, et seulement sur les bords escarpes des rivières, où l'atmosphère est toujours rafraîchie par l'èvaporation des eaux. D'après ce qui vient d'être dit , on peut donc con- sidérer le Magnolia acuminata ; i». comme étranger à tous les pays situés au Nord de la rivière Hudson; 20. comme ne se trouvant point non plus dans toute la partie atlantique des États-Unis qui s'étend depuis les bords de la mer jusqu'à 100, iSoet 200 milles ( i65, aSo , 33o kilomèt. j dans l'intérieur des terres^ où la chaleur extrême du climat, en été , et la nature du terrein paroissent entièrement contraires à sa végétation. Cet arbre est encore assez rare dans cette partie du Rentucky et de l'Ouest Tennessee, qui est la plus éloignée des montagnes, et où la surface du sol est plus égale. Les feuilles au Magnolia acuminata^ sont lon- gues de 6 à -y pouces [18 à 21 centimètres) et larges de 3 à 4 pouces (^9312 centimètres J dans les grands arbres; mais elles ont quelquefois le double de cette grandeur dans les jeunes pieds qui croissent aux lieux humides, et qui sont abrités dans les forets. Ces feuil- les , de forme ovale , entières et très-acuminées à leur sommet, sont d'une texture assez molle; elles tom- bent à l'automne, et se renouvellent au printemps. Les fleurs du Magnolia acuminata ont de 3 à 4 pouces (9a 12 centimètres) de large. Elles sont fort 84 MAGNOLIA A CUMIN A TA. belles, elle plus ordinairement bleuâtres; quelquefois aussi elles sont blanches, mêlées d'une teinte jaune. Elles ont peu d'odeur, mais comme elles sont très- grandes et très-nombreuses , elles produisent un bel effet, étant accompagnées d'un riche feuillage. Les cônes ou fruits, longs d'environ Spouces^gcen- timètr. j, et épais de 8 à lo lignes (24 à 3o millim.) , ont toujours une forme cylindrique ou à-peu-près, et sont fréquemment un peu plus gros à leur partie supé- rieure: toujours un peu convexes d'un côté , et con- caves à la partie correspondante, ils ont, lorsqu'ils sont encore verts, assez de ressemblance avec un petit cornichon : d'où est venu à cet arbre le nom de Cu- ciimber tree^ arbre à Concombre. Les cellules dispo- sées comme dans les autres espèces de ce genre , con- tiennentchacuneunegrainede couleur rose qui, après être sortie , est aussi suspendue pendant quelques jours par un petit filet mince et blanc. La plu- part des habitans qui vivent dans le voisinage des \lleghanys, cueillent les cônes du Magnolia acu- ininata vers le milieu de lété , lorsqu'ils sont à la moitié de leur maturité, et les mettent infuser dans de l'eau-de-vie de grain , ce qui lui communique un grand degré d'amertume. Ils sont dans l'habitude de prendre tous les matins, un ou plusieurs petits ver- res de cette liqueur amère, qu'ils regardent comme un bon préservatif contre les fièvres automnales; préservatif au surplus dont on ne conteste pas fef- fet, mais dont l'usage jusqu'à présent, ne paroit pas avoir été suivi de résultats assez positifs pour qu'au- MAGNOLIA. ACUMINATA. 85 cun médecin ait cherche à en constater l'ellicacité. Le Magnolia acuminaia excède quelquefois 80 pieds ( 27 mètres) de hauteur, sur 3 à 4 pieds ( 3o à 33 décimètres ) de diamètre, à 3 et 4 pieds ( i mètn^ ) de terre. Le tronc en est parfaitement droit ^ d'une grosseur uniforme, et souvent sans branches dans les deux tiers de son élévation ; sa cime est large et régulière: c'est, sans aucun doute, un des beaux arbres des forets américaines. Dans les vieux indi- vidus, Técorce est grisâtre et sillonnée très-pro- fondément. Le vrai bois ou le cœur est d'un jaune brun, et d'une texture assez tendre: à cet égard, il a quelque rapport avec celui du Tulipier. Comme lui, il a le grain fin , et il prend un beau poli; mais il a moins de force et ne résiste pas aussi bien aux intem- péries des saisons : d'ailleurs , cet arbre généralement assez peu multiplié dans les forets, n'est jamais em- ployé qu'accidentellement. Débité en planches , il sert seulement pour la menuiserie, dont on revêt en- dedans la charpente des maisons en bois. On en fait aussi de très-grandes pirogues, à cause de sa légèreté. Ainsi ce bois ne possède aucune propriété qui puisse le faire rechercher pour certains usages déterminés : il en résulte que le Magnolia acuminata ne peut être considéré que comme un arbre fort agréable , à cause de la beauté de son feuillage et de ses fleurs, et parce que , comme toutes les espèces de ce genre, il les produit lorsque les arbres sont encore très-jeu- nes. Comme le Magnolia ^lauca^ il ne souffre aucu- nement des froids qu'on éprouve en hiver, dans le 86 MAGNOLIA ACUMINATA. Nord de la France, en Allemagne et en Angleterre: il y réussit très-bien en pleine terre , et fleurit à cha- que printemps, mais ses fruits ne mûrissent que rare- ment; cependant on a le droit d'attendre qu'ils par- viendront à maturité , lorsque les arbres qui les pro- duisent seront un peu plus âgés, et qu'ils seront placés dans des situations exposées au Midi, mais ombragées. PLANCHE III. Feuilles de grandeur naturelle. Fig. i , fleur de moitié gran- deur naturelle» Fig. 2 , fruit avec ses graines de grandeur na- turelle. PI 4^ BeSiPa del Oahrifl ,fcii/p. MAGNOLIA Cordata. MAGNOLIA CORDATA, THE HE ART LEAVED CUCUMBER TREE. Magnolia cordata ,J6Uis cordatls , subtùs subtomentosis : floribus Jïcwïs. Cette espèce qui a beaucoup de ressemblance avec le Magnolia acuminata^ par son port, et par la forme de ses fruits, a été confondue avec lui par les habitans des lieux où il croît, et ils les con- noissent sous la même dénomination- c'est ce qui fait qu'elle n'a porté jusqu'à présent aucun nom qui puisse la faire distinguer. J'ai dû y suppléer, et je lui ai donné celui à'Heart leaved Cucuniber tree Arbre à concombre à feuilles en cœur. Les bords de la rivière Savanah, dans la Haute- Géorgie . et de celles qui traversent également la par- tie supérieure de la Caroline méridionale, sont les endroits oii mon Père et moi avons observé cet arbre: j'indiquerai plus particulièrement les bords d'une petite rivière nommée Horn Creek^ à 12 milles d'Augusta, à l'endroit où elle traverse une habitation nommée Goodrest^ comme le point le plus rappro- ché de la mer, où je l'ai trouvé dans mon dernier voyage. Le Magnolia cordata s'élève de 4o à 5o pieds ( i3 à 17 mètres), et il acquiert de 12 à i5 pouces (36 à 45» centimètres) en diamètre. Son tronc est droit, couvert d'une écorce inégale, fendillée assez III. 12 MAGNOLIA TRI PET A LA. THE UMBRELLA TREE. Magnolia tripetala , foliis ampUoribus , ohlongis , suh- cuneabb-obovalibus y calice reflexo. Obs, Petala soUto novem. Cette espèce commence à se trouver vers le Nord, dans la partie Septentrionale del'Ltat de Nevs^-York: mais on l'observe plus fréquemment, à mesure qu'on avance vers le Sud, et elle est déjà assez commune sur quelques-unes des îles qui existent dans la rivière Susquehannah : elle l'est encore davantage dans les Etats méridionaux , ainsi que dans ceux de l'Ouest , soit dans la partie maritime et méridionale des Caro- lines et de la Géorgie, soit dans cette portion des Monts Alléghanys qui traverse les mêmes États, à 3oo milles (^5oo kilomètres) de la mer. J'indiquerai plus particulièrement les forets qui avoisinent la rivière JNolachachuky dans l'Est Tennessee, comme un des endroits où j'ai vu le Magnolia tripetala proportion- nellement plus multiplié. Quoique cet arbre se trouve dans une très grande étendue de pays, cepen- dant il ne peut être mis au nombre de ceux qu'on rencontre à chaque pas dans les forets, comme le Cornus jlorida , VHamanieis virginica , et quelques espèces de Chcnes. On ne le voit jamaisquedans les situations qui sont parfaitement convenables à sa H. 5. Be^i'j-a Jel. M A Cr N O LIA Tmpetrala . l'uhrul ..'culp. MAGNOLIA TRIPETALA. QI vcgotation , tel qu'un terrein meuble, profond, de bonne qualité et qui est toujours ombragé ou abrité l^ar de très-grands arbres. Ainsi, dans la Basse-Caro- line méridionale et la Basse-Géorgie , il vient exclusi- vement dans le voisinage des grands marais qui lon- gent les rivières, ou qui sont enclavés dans lespiniè- res. On l'y rencontre presque indubitablement avec le Magnolia grandijlora^ le Quercus palustris^ VHo- pea tinctoria^ etc.; mais jamais il ne vient parmi les Magnolia glauca^ les Laurus caroliniensis et les Gor- donia lasyanthus , qui remplissent ces petits marais étroits, dont les pinières sont traversées dans toutes sortes de directions, et dont le sol est noir, peu pro- fond, et souvent bourbeux. Le Magnolia tripetala^comine les espèces suivan- tes, est très-remarquable par l'amplitude de ses feuil- les et la grandeur de ses fleurs, et il forme, par ses dimensions, l'anneau de la chaîne qui lie les grands arbrisseaux et les arbres de la troisième grandeur : car, quoiqu'il s'élève quelquefois à 3o et 35 pieds ( 10 à 12 mètres), sur 5 à 6 pouces ( i5 à i8 centi- mètres ) de diamètre, il est plus ordinaire de le voir au-dessous de cette élévation. Ses feuilles, minces, entières, de forme ovale, acuminées à leurs deux extrémités, ont quelquefois, dans les arbres jeunes et vigoureux, i8 à 20 pouces [5 k 6 décimètres) de longueur, sur 7 à 8 pouces (21 à 24 centimètres) de largeur à leur partie moyenne. Très-souvent disposées en rayons aux extrémités des jets vigoureux, elles embrassent un grand espace , et elles peuvent cou- gi MAGNOLIA TRIPETALA. vrir une surface de 3o pouces ^9 à 12 décimètres) en diamètre; d'où lui est venu le nom d'Umbrella tree, arbre à parasol. J'ai assez constamment remar- qué que le tronc du Magnolia tripetala étoit tou- jours plus ou moins penché ; la cause en est que cet arbre quoique abrité , donne toujours, par son large feuillage, beaucoup de prise aux vents, qui font incli- ner ses tiges, trop foibles dans leur jeunesse pour leur résister, parce qu'alors étant moins grosses que le joetit doigt, elles sont chargées de très-grandes feuilles. Les fleurs de couleur blanche, composées de plu- sieurs pétales oblongs et concaves , ont de 7 à 8 pou- ces (^11 à 24 centimètres) de diamètre. Placées aux extrémités des branches , elles produisent un très-bel effet , quoiqu'elles soient moins régulières que celles des autres espèces de ce genre; elles ont aussi une odeur moins agréable. Les cônes du Magnolia tripetala ont 4^5 pouces (^ 12 à i5 centim.) de longueur, sur environ 2 pou- ces (^ôcentim. ) de diamètre ; ils entrent en maturité vers le i^'^. octobre, ils sont alors d'une belle couleur rose et les graines d'un rouge pâle. Dans les cônes bien nourris et bien conformés . on en trouve de 5o à 60: comme elles sont susceptibles de rancir promp- tement, il faut les semer aussitôt qu'elles sont récol- tées; alors on est assuré d'obtenir un grand nombre déjeunes plants. On peut aussi leur conserver leur faculté germinative,pendantplusieurs mois, si, immé- diatement après les avoir cueillies, on les met dans de la mousse constamment tenue à l'état d'humidité. M A G N O L I A ï U I P E T A L A. q3 Le bois du Magnolia tripetala^ tris-tendre et très- spongieux, ne peut être employé à aucun usage. 1/écorce qui couvre le tronc, est de couleur grise parfaitement unie, et même luisante: entamée encore fraîche , elle exhale une odeur désagréable. Ce Magnolia qui peut supporter un très-grand degré de froid, a été introduit, depuis fort long- temps, dans les jardins d'agrément en France et en Angleterre, où il se fait remarquer par ses feuilles, ses fleurs et ses fruits, dont la grandeur et la forme extraordinaire ne se trouvent point dans les arbres qui croissent naturellement en Europe. Depuis plusieurs années 5 il y fructifie et donne de bon- nes graines; ce qui fait qu'actuellement on peut se dispenser d'en faire venir de son pays natal. PLANCHE V. Feuilles du quart de grandeur naturelle. Fig. i , un pétale de grandeur naturelle. Fig. 1 , fruit avec des graines de grandeur naturelle. MAGNOLIA AURICVLATA, THE LONG LE A FED CUCUMBER TREE. OR IIÏDIAN PHISIC. Magnolia auriculata , Joliis subrJiomboïdedohovalibus , infernè angustatis , hasi projundo sinu quasi auricula- tis , membranaceis utrinque viridibus. Cette espèce àe Magnolia^ aussi remarquable que la précédente par son beau feuillage, et dont les fleurs aussi fort grandes, sont plus agréables à cause de leur bonne odeur, ne se trouve que fort avant dans l'intérieur du pays, et dans une étendue très- limitée; ce qui fait qu'elle n'a été connue des Bota- nistes , que dans ces derniers temps. D'après les résultats de mes propres recherclies, elle est particu- lièrement confinée dans cette partie des Monts Allégbanys qui traverse les Etats méridionaux, et se trouve éloignée à une distance d'environ loo lieues (^5oo kilomètres) de la mer. 11 est aussi à remarquer que dans cette partie des Etats-Unis, ces montagnes embrassent en largeur une étendue beaucoup plus considérable , que dans la Virginie et dans les Etals situés plus au Nord. On trouve cependant encore quel- quefois le Magnolia auriculata swvXtshor as esQ,2i\:^é?> des rivières qui prennent naissance dans ces hautes montagnes , et dont les unes dirigeant le cours de leurs eaux vers le Sud, les portent directement à l'Océan , et les autres prenant une direction oppo- Pl^ -Be^'.M Jel. MA ON O T , I A AuricTilal a . .ynolia au* riculata^ est près deTowSlster Ferry , éloigtKî d'<'n- viron 12 lieues (^60 kilomètres] de la ville de Sava- nah en Géorgie. Mais il m'a semblé que cet arbre ne se trouvoit qu'accidentellement dans cet endroit; car, depuis là jusqu'aux montagnes, dont la distance est d'environ 60 lieues (,'00 kilomètres), je ne l'ai plus rencontré. De cette portion des Monts Allcglia- nys qui traverse les Hautes-Carolines et la 1 Saute- Géorgie, et où croit le Magnolia aciiminata, j'indi- querai principalement les parties les plus déclives des hautes montagnes de la Caroline du INord, et notamment celles qui sont désignées dans le pays par les noms des Great father niountains^ Black ^ilron mountains^ comme les endroits où j ai vu cet arbre plus multiplié que partout ailleurs. Il est désigné par les noms de long leaved cuciimber tree ^ arbre à Concombre à longues feuilles, et àe Indianphisic, Médecine Indienne. Le sol de ces montagnes, de cou- leur brune, meuble, profond et d'une excellente qualité, est aussi le plus favorable à sa végétation; et il s'y reproduit si facilement de lui-même, que j'ai pu m'en procurer mille jeunes plants, dans le courant d'une journée. Le Chêne noir, le Chêne écarlate, le Chêne rouge, le Châtaignier, le Frêne rouge, le Marronier jaune, le Magnolia acuininaia et \Andromeda arborea réunis avec lui, sont les arbres qui composent plus particulièrement sur ces m. i3 9^ MAGNOLIA AU RI CUL A TA. montagnes, la masse des forets; lieux solitaires où l'atmosphère, dans les plus beaux jours de l'été, est surchargée d'humidité, par l'évaporation des eaux des torrens sans nombre qui se précipitent de leur som- met. Le Magnolia auriculata^ de moitié moins élevé que la plupart des arbres avec lesquels il croit, n'en parvient pas moins à 4o et 4^ pieds ^ i3 et 1 5 mètres J de hauteur, sur \i a i5 pouces(^36à 45centimètresj de diamètre. Son tronc, droit et assez bien filé, est fréquemment dégarni de branches dans la moitié de cette élévation. Ses branches fort espacées et peu ramifiées, lui donnent, lorsqu'il est dégarni de feuil- les, un aspect particulier qui le fait recounoitre au premier abord. Les feuilles d'un vert tendre et d'une texture fine, ont de 8 à 9 pouces T ^4 à l'-j centimètres) de lon- gueur, sur 4^6 pouces (^ 12 à i8 centim.j dans leur plus grande largeur, et souvent un tiers, et même moitié plus dans les jeunes individus qui poussent vigoureusement. Les feuilles disposées alternative- ment sur les branches, glabres en-dessus et en- dessous, sont pointues à leur sommet, enflées dans leur tiers supérieur, et se rétrécissent à leur base: elles se terminent par une échancrure qui formedeux lobes arrondis, d'ovi lui est venu le nom spécifique latin ^ Auriculata. Les fleurs naissent aux extrémités des jeunes pous- ses, qui sont d'un rouge violet et ponctuées de points blancs j elles ont de 3 à 4 pouces (9 à 12 centimèt ) MAGNOLIA Al/RÏCULATA. C)'] de diamètre ; la couleur en est très-blanche et l'odeur fort suave. A ces belles fleurs succèdent des cônes ovales ? d'environ 3 à 4 pouces (9 à 1-2 centimètres) de lar- geur: comme ceux du Maf^nolia tripelala^ ils sont d'une belle couleur rose, à lépoque de leur matu- rité; et ils n'en diflèrent seulement que parce qu^iis sont un peu moins gros, et que chacune des cellu- les qui contient aussi une ou deux graines rouges, est terminée à sa partie supérieure par un petit appendice. Le bois du Magnolia auriculata , tendre , spon- gieux et fort léger , n'est propre à aucun usage. L'écorce qui le couvre est grise et toujours unie , même dans les plus vieux arbres. Si ou enlève l'épi- derme, on remarque, qu'en moins d'une minute, le tissu cellulaire, parle seul contact de l'air, passe de la couleur blanche à la couleur jaune : cette écorce a une odeur aromatique assez agréable ; infusée dans une liqueur spiritueuse, elle passe parmi les habitans de ces montagnes pour un bon sudorifique, dont ils font usage dans les affections rhumatismales. » Le Magnolia auriculata réussit très-bien en pleine terre, sous la température de Paris et de Londres; et il commence à être assez répandu en Europe, dans les jardins des amateurs de cultures étrangères : c'est avec raison qu'ils le recherchent préférablemenî au Magnolia tripetala , à cause de ses Ceurs qui , quoique un peu moins grandes, ont, sur celles de ce dernier, l'avantage d'une forme plus régulière et gS MAGNOLIA AURICULATA. d'une odeur agréable. Cet arbre supporte également bien les froids extrêmement rigoureux qui se font ressentir, en hiver, à Philadelphie. Car plusieurs pieds que mon Père envoya des montagnes de la Caroline du Nord , à MM, W. Hamilton et Bartram , qui rési- dent près de cette ville, réussissent très bien en pleine terre dans leurs jardins, et depuis plusieurs années? ils y donnent des fleurs et des graines. C'est ainsi que les productions agréables et souvent utiles, que la main de la nature avoit fixées dans un seul canton, se propagent d'une extrémité du globe à l'autre, et viennent contribuer au bonheur de la société, en adoucissant par le plaisir attaché à leur culture, les peines dont elle est trop souvent affligée. PLANCHE VI. Feuille des trois-quarts de la grandeur naturelle. Fig. i , fleut d'un tiers moindre que la grandeur naturelle. Fig. 2 ^ cône avec ses graines de grandeur naturelle» F. J- Hedoiité c/f/ MAGNOLIA Maci^opLilla . &airùî JOi^. /ff MAGNOLIA MACROPHYLLA. LARGE LEAVED VMBRELLA TREE. Magnolia macrophyUa , ramis medullosis , fragiUhus ; J'oliis omnium amplis simis , oblongè subcuneatà-obo- valibus y basi sinuatd f subauricuJatis , subtùs ^iaucis; juniorihus argenteis , densissimè holosericeis. Obs. Folia 1—2 \ ped. longa , figura ferè M auriculatœ, f étala sex , alba , injeriora basi purpurea. Des diverses sortes de Magnolia dont je donne la description, et même de tontes celles qui ont été découvertes jusqu'ici dans l'ancien continent, et qui, réunies, forment ensemble douze espèces, il n'en est aucune aussi remarquable par l'amplitude de son feuillage, et par la grandeur de ses fleurs, que le Magnolia macrophjlla : c'est aussi celle des espèces américaines qui est la moins multipliée , et qu'on ne voit que très -rarement dans les forets. La ressem- blance qu'a cet arbre par ses feuilles , avec le M«^- /zo/^'«frï/?e^a/« qui vient aux mêmes endroits, l'a fait jusqu'à présent, confondre avec lui par les habitans des lieux où il croit ; ce qui fait qu'ils les dési- gnent par la même dénomination. J'ai donc dû y suppléer, et le nom de Larg^ leas>ed^ umhrella tree , Arbre à parasol à grandes feuilles , m'a paru le plus propre à le bien caractériser. Mon Père, dans son Flora boreali americana^ et les Botanistes qui en ont parlé après lui, l'ont indiqué sous le nom de Magnolia macrophyUa; les amateurs et les Jardi- lOO MAGNOLIA M A C R O P H Y L L A. niers botanistes le désignent au contraire, dans leurs catalogues, par celui de Ma'^nolia Michauxii.lA^^é les observations des personnes pour lesquelles j'ai la plus grande déférence, j'ai pensé qu'il n'eût pas été convenable à moi surtout , dans cette occasion , d'adopter ce nom spécifique , tout honorable qu'il soit pour mon Père, préférablement à celui qu'il a le premier consacré. Ce fut dans le mois de juin 17 89, lors du premier voyage que mon Père fit de Gharleston dans les mon- tagnes de la Caroline du Nord , où je raccompa:,nai, que je trouvai personnellement cet arbre , qu'il jugea immédiatement être une espèce de Magnolia , diffé- rente de celles qui avoient été décrites ou connues jusqu'alors. Le lieu où nous rencontrâmes ce magni- fique vé^„étal , est à 10 mil es (^ i5 kilomètres J , Sud , en-deçà de Lincolton, dans la Caroline du Nord, et à 25o milles (4^^ kilomètres J de Charleston. Les recherches botaniques , fort mult pliées , que nous fîmes dans la partie supérieure des Etats méridio- naux, pour le retrouver, et même celles qui ont été faites après nous par plusieurs Jardiniers botanistes anglais, qui ne le trouvèrent non plus que nous, à l'Est des Monts Allé^hanys, sont une preuve assez convaincante que cet arbre est f rt rare entre cette chaîne de montagnes et la mer; tandis que dans le Tennessee, qui est situé au-delà, il est pluscommun, quoiqu'on ne le rencontre cependant qu'à des inter- valles de 4o à 5o milles (65 à^okilomètr. j , et qu'on n'en trouve seulement que quelques pieds à la fois; MAGNOLIA M ACROP II YLLA. 10 1 c'est une observation que j'ai eu occasion de fairc^ pen- danlmon voyage dans les Etats de l'Ouest, en i8o3. Le Magnolia macroplijlla , comme le Ma^^nolla tripetala, auquel il est assez constamment réuni, aime les situations fraîches, abritées des vents, dont le sol très-fertile est meuble et profond. C'est aussi avec cette espèce qu'il a le plus d'analogie, par son port et la disposition terminale de ses feuilles, quoi- qu'il se rapproche davantage du Magnolia auricu- lata^ par leur conformation inférieure. Il tient aussi le milieu entre ces deux espèces, par sa hauteur qui n'excède pas ?i'iy pieds (^12 mètres), et par son dia- mètre, qui n'a pas plus de 4 à 5 pouces (\i à i5 centimètres). Le corps de l'arbre est couvert d'une écorce unie et d'une grande blancheur, laquelle suf- fit en hiver , lorsqu'il est dégarni de ses feuilles , pour le faire reconnoitre au premier abord, d'avec le Magnolia tripetala^ dont il diffère encore, à cette époque, par ses bourgeons qui ne se terminent point, comme ceux de ce dernier, en pointes arron- dies, mais qui sont au contraire, comme déprimés^, et couverts d'un duvet soyeux, de couleur argentine. l^c Magnolia niacrophylla est, de toutes les espè- ces de ce genre, celle dont les feuilles acquièrent le plus d'amplitude: on en trouve qui ont jusqu'à 35 pouces (prè. d'un mètre) de longueur, sur 9 à 10 pouces (27 à 3o centimètres) dans leur plus grande largeur. Ces feuilles, disposées alternativement sur les branches, et portées sur des pétioles proportion- nément assez courts , sont de forme ovale-alongée , 102 MAGNOLIA MACROPHYLLA. pointues à leur extrémité supérieure, échancrées, en cœur à leur base, d'un vert clair en-dessus, et d'une belle couleur glauque ou blanche à leur surface infé- rieure. Elles tombent tous les ans à l'automne, et se renouvellent d'assez bonne heure au printemps. Les fleurs , de couleur blanche sont plus grandes que celles d'aucune autre espèce de Magnolia con- nue; car lorsqu'elles sont entièrement épanouies, elles ont de 8 à 9 pouces ( 27 à 3o centimètres) de dia- mètre. Ces fleurs se composent de six pétales plus longs et plus larges que ceux du Magnolia tripetala. A la partie inférieure et interne de chaque pétale, se trouve une large tache , de couleur purpurine , de 7 à 8 lignes (21 à 24 millimètres J de diamètre. Ces fleurs répandent une odeur douce, et produi- sent un très-bel effet au milieu d'un aussi beau feuil- lage. Aux fleurs succèdent des cônes longs d'environ 4 pouces (^ 12 centimètres) , presque cylindriques, et d'un rose vif, à l'époque de leur maturité. Ils res- semblent d'ailleurs, pour les dispositions des valves et des graines qui y sont enfermées, à ceux du Mag- nolia tripetala et du Magnolia auriculata-^ ils en diffèrent seulement, en ce que chaque valve n'est pas surmontée d'un petit appendice , qui s'observe sur- tout dans cette dernière espèce , lorsqu'ils sont des- séchés. Les graines du Magnolia niacrophjlla demandent les mêmes soins que celles des autres espèces, pour être maintenues à l'état de germination: ils consis- MAGNOLIA MACIl O PHYLLA. 103 terit à les tenir Iraicheinciit jusqu'au moment d'être mises en terre. Le bois de cet arbre est plus tendre et plus spon- gieux que celui du Mai^nolia Lripetalay qui l'est déjà beaucoup; et de même que celui-ci, il n'est propre à aucun usage. Tout son mérite, comme celui d'une infinité d'autres plantes, consistera donc à décorer nos jardins et à donner un nouveau charme au séjour de la campagne, par la beauté de son feuillage et la grandeur singulière de ses fleurs, (.'est aussi par cette seule considération, que les amateurs d'arbres étran- gers, en France et en Angleterre, recherchent avec empressement, pour leur résidence champêtre, cette espèce magnifique de Magnolia^ et avec d'autant plus de raison , qu'elle supporte très-bien les froids qu'on éprouve en hiver, à Paris et à Londres. Un pied de ce Magnolia que j'avois apporté d'Amérique, il y a sept ans, a fleuri en 1811, dans les jardins de S. M. l'Impératrice Joséphine, à la Mal- maison. Le Magnolia tripetala étant beaucoup plus commun , on pourroit s'en servir pour greffer cette espèce précieuse, ainsi que le Magnolia auriculata ^ en approche ou en écusson. Cette tentative a été faite par mon Père, dans un jardin qu'il possédoit près de Charleston, dans la Caroline méridionale, et elle a été couronnée du plus heureux succès. PLANCHE VII. Feuilles des quatre-cinquièmes de moins que grandeur natui'elle. Fig. I , un pétale de moitié grandeur naturelle. Fig. 2 ^ cône avec ses graines des deux tiers de la grosseur naturelle. m. i4 FRENES. • DANsTAménque Septentrionale, comme en Europe, il n'existe point d'arbres, qni, après le Chêne , soit d'une utilité aussi générale et aussi habituelle que le Frêne. Les propriétés distinctives de son bois sont la force et l'élasticité, qu'il réunit à un haut degré €t qui le rendent propres à des usages fort importans et pour lesquels on ne pourroit, clans ces contrées, y suppléer que très-imparfaitement , par celui d'autres sortes d'arbres. Ces remarques s'appliquent surtout au Fiaxinus excelsior ^ ou Frêne commun d'Europe, €t au Fraxinus americana^ Frêne blanc de l'Amé- rique, qui l'un et l'autre acquièrent les plus grandes dimensions, qui sont les plus multipliés et aussi les plus appréciés dans les arts mécaniques. Les espèces de Frêne qui croissent en Europe , sont bien connues: huit ont été décrites par les Bota- nistes, Dans l'Amérique Septentrionale, il en existe un bien plus grand nombre, et j'ai cette certitude, i». par mes remarques, i^. par l'Herbier de mon Père, qui renferme quelques échantillons d'espèces que je n'ai pas trouvées, 3°. parce qu'il en existe d'autres en Europe, qui y ont été envoyées autre fois , et qu'on cultive depuis long temps dans les jardins et les pépinières, lesquelles me sont égale- ment étrangères. D'après ces considérations , je suis persuadé qu'à l'Est du Mississippi, ce qui ren- ferme le Canada et les États-Unis, on trouvera FRÊIVES. loS pins de trente espèces de Frênes. Comme il paroît exister beaucoup d'analogie entr'elles, outre les observations faites sur les lieux, aux époques de la floraison et de la fructification , on devra encore semer les graines de chaque espèce pour étudier le développement de leur végétation. Ce sera un nou- veau moyen pour observer les différences que ces arbres présentent dans leur jeunesse, et dont on pourra aussi tirer des inductions utiles sur l'accé- lération comparative de leur croissance. Mon séjour, dans les Etats-Unis , n'ayant pas été assez prolongé pour me livrer à ce travail intéressant^ je me suis restreint à ne décrire que les espèces de Frênes qui y sont les plus connues, à cause de leur utilité, etuneoudeux de celles qui sont les plus remarqua- bles par la forme de leurs graines^ >'^.^^/^'^-V« FRAXINUS uiMERICANA. THE WRITE A S a. Polygamie dloecie , Linn, Fam, des Jasminées , Juss, Fràxiisus americana , folîolis integerrimis _, longé acu- miiiatis j petiolatis y subtùs glaucis. Cette espèce de Frêne, très-intéressante par les excellentes qualités de son bois, et la plus remar- quable de toutes celles que je me propose de décrire, par la beauté de son feuillage, m'a paru plus multipliée dans les États situés au Nord de la rivière Hudson , et notamment dans le New- Hampshire et le District de Maine , que dans ceux qui sont plus au Sud. Elle est aussi plus commune dans les forêts du Gennessée , que dans le bas de l'État de New-York, ainsi que dans ie New - Jersey et la Pensylvanie. La province de la Nouvelle - Ecosse et le Canada, très -sembla- bles au District de Maine, par la nature du sol et la température du climat, produisent encore cet arbre très-abondamment. Je crois donc pouvoir en conclure qu'une température très-froide est celle qui est la plus favorable au développement de sa végé- tation. Par-tout oii je viens d'indiquer que l'on ren- contre cette espèce de Frêne, elle est connue sous je seul nom de Wliite Ash, Frêne hlanc^ dénomi- nation qui paroit lui avoir été donnée, à cause de la PI. H Bej-ja i/f/. FRAXIXUS Aiuericana Gainel Jnik. FRAXINUS A MliR 1 CA.N A. IO7 grande blancheur de son écorce, qui fait reconnoî- tre cet arbre au premier abord. A celte grande blan- cheur, l'écorce réunit un autre caractère, qui est d'être crevassée très-profondément, et d'être divisée assez régubèrementen petits quarrés de i à 3 pouces ( 3 à 9 centimètres ) de largeur : observations que j'ai faites dans les gros individus. Les bords des rivières, le pourtour des marais et quelquefois même la partie déclive des coteaux qui les avoisinent, sont les situations les plus favorables à la croissance du Frêne blanc. Il y parvient quelque- fois jusqu'à 8o pieds (27 mètres) d'élévation, sur environ 3 pieds [ i mètre) de diamètre; dimensions qui le placent parmi les plus grands arbres des Etats- Unis. Dans le District de Maine et dans la partie supérieure duNew^-Hampshire, XUlmus Americana^ le Betulalutea^ XAcer eriocarpuni , VHenilock spnice et YAbies iiigra^ sont les arbres avec lesquels on le trouve constamment; et dans le New-Jersey, il est mêlé avec l'Erable rouge, le Juglaiis sqiiamosa^ le Platane, dans les lieux toujours fort humides et momentanément submergés. Le Frêne blanc est un très-bel arbre, parfaite- ment droit, et souvent dégarni de branches jusqu'à plus de 40 pieds ( i3 mètres) de hauteur. Ses feuil- les, opposées les unes aux autres et fort grandes, se composent de 3 à 4 paires de folioles, et d'une impaire. Elles ont dans leur ensemble, de 12 à i4 pouces [ 36 à 4^ centimètres ) de longueur. Les folioles, longues de 3 à 4 pouces ^ç)hi 11 centi- Io8 FRAXINUS AMERICANA. mètres), sur environ 2 pouces (6 centimètres) de largeur , et portées sur un court pétiole , sont ovales-acuminées, ondulées sur leurs côtés et rarement dentées. Au commencement du printemps, elles sont couvertes d'un léger duvet, qui disparoit à mesure qu'elles grandissent et qu'on approche de l'été , époque de l'année j où elles sont parfaitement glabres en-dessus et en-dessous. Ces folioles, dont la texture est fine et légère, sont d'un vert clair en- dessus, et blanchâtres en-dessous, ce qui produit entre ces deux teintes, un contraste très-marqué. Cette dissemblance qu'on n'observe dans aucune des au- tres espèces et variétés nombreuses de Frênes, qu'on trouve dans le Nord de l'Amérique, lui a fait donner par le R""^. D"". Muhlemberg , le nom spécifique de Discolor. Les graines du Frêne blanc sont réunies en grap- pes, longues de 4 à 5 pouces (^ 12 à 1 5 centimètres j, et chacune d'elles a environ 18 lignes ^54millimètr, J de longueur. Elles sont cylindriques dans leurs deux tiers supérieurs et s'élargissent ensuite, pour former une aile ou languette , à l'extrémité de laquelle on remarque souvent une petite échancrure. Ces graines sont à maturité au commencement de l'au- tomne. Dans cette espèce de Frêne , les pousses des deux années précédentes, sont de couleur gris bleu , très- unies, et la distance entre les bourgeons supérieurs et inférieurs est considérable, indice certain d'une végé- tation vigoureuse. Dans les gros arbres , le cœur ou FRA.XINUS AME RICANA. 10(J le vrai bois est rougeâtre, et l'aubier qui l'entoure, est trcs-blanc. De toutes les espèces de Frênes qui croissent dans le Nord des Etats-Unis^ c'est certainement celle dont la végétation est la plus belle et la plus accélérée , et doni le bois est le plus apprécié , à cause de ses excel- lentes qualités. En effet, il réunit la force, la sou- plesse et l'élasticité, et il présente un grand degré de solidité dans tous les usages pour lesquels il est mis en œuvre; ces usages sont tellement variés, que je me contenterai d'indiquer ceux auxquels j'ai remar- qué qu'on l'employoit le plus constamment, x'^insi les carrossiers s'en servent toujours pour les bran- cards et les jantes des roues de cabriolets et de car- rosses, et à New- York, à Philadelphie, pour la charpente de la caisse. Les charrons l'employentpour les traîneaux et pour les bras de brouettes. Dans le Dis rict de Maine, où le Chêne blanc est assez rare, c'est de Frêne blanc qu'on fait la pièce circulaire , &0W, qui forme le dos des chaises, dites de FFind- sor. Les manches de faulx, ceux des râteaux à foin, les cercles très-larges des seaux à puiser de l'eau , la pièce circulaire des boites rondes qui s'enchâssent les unes dans les autres , et celle qui forme le tour des tamis et des dévidoirs ; tous ces objets qui se fabri- quent principalement à Hingham , près de Boston , sont tirés du Frêne blanc. On fait aussi, dans le Connecticut, presque toutes les sébiles en bois de de cet arbre. Dans le Nord des États-Unis , et notamment dans IIO FRAXINUS AMERICAN A. le District de Maine, on fabrique avec le Frêne blanc, beaucoup de merrain, qui, par sa qualité, tient le milieu entre ceux que l'on tire du Cliéne blanc et du Chêne roug -. C est avec ce merrain que se font les meilleures barriques destinées à conserver des salaisons. Dans le District de Maine, le Frêne blanc entre dans la charpente inférieure des navires, mais il est moins estimé pour cet usage que le Bouleau jaune et le cœur du Hêtre rouge. Dans tous les ports des États atlantiques, les poulies à bord des vaisseaux, et les chevilles pour amarrer les cordages, sont faites en Frêne ; dans les États du JNord , elles le sont de Tespèce que je décris, et pi us au Sud, de Frêne rouge. Le bois du Frêne blanc est surtout considéré comme supérieur à celui de quelque espèce que ce puisse être, pour les rames ou les avirons, parce que, à une grande force, il réunit beaucoup d'élasticité; et il est tellement apprécié pour ce seul usage, qu'on exporte une grande quantité de ces rames toutes façonnées, aux Colonies des Indes occidentales et en Angleterre. C'est aussi , après l'Hickery, le meilleur bois dont on puisse se servir pour faire des baines de cabestan, dont on fait des envois en Angleterre et aux Colonies. On exporte aussi en Angleterre, le bois de Frêne blanc , débité en madriers. On lui reconnoît dans ce pays, plusieurs propriétés qui le font préférer à celui de l'espèce ordinaire, Fraxi- ims excelsior : c'est la remarque que fait Ody, dans son Traité , on the European commerce. F p. A X I N U s A M i: J. I C A N A. j l l Le Frêne hlaric est depuis long-temps connu en France , en Allemagne et en Angleterre ; il y réussit très-bien, soit franc de pied, soit de greiîe : et j'ai même cru remarquer que sa végétation étoit jiliis accélérée que celle d'aucune autre espèce que j'aie vu, suitout dans les lieux humides. On a aussi remarqué que ses feuilles, comparativement à celles des autres espèces de Frênes, étoient l)ien moins sujettes à être attacjuées parles mouches canlbarides. ,1e le considère donc, à cause des précieuses qua- lités de son bois , comme une acquisition avanta- geuse pour les forêts du Nord de l'Europe; et je ne puis trop en recommander la propagation, comme arbre utile, sans parler de la beauté de son feuillage, qui l'emporte infiniment sur celui du Fraxinus excel- sior. PLANCHE VIII. Rameau avec les feuilles de moitié gr an djeur naturelle. Fis. i, graines de grandeur naturelle. iir. i5 FRAXINUS TOMENTOSA. TUE RED A S H. Fraxinns pnbescens , Lam, Fraxinus tomentosa, foliolis suhnoveriis , dentahls , petiolatis , ramulis petiolisque pubescenùi-tomentosis. Des diverses espèces de Frênes qui se trouvent dans la partie atlantique des États-Unis , celle-ci est la plus multipliée dans la Pensylvanie, le Maryland et la Virginie. Elle est le plus habituellement dési- gnée par le nom de Redash, Frêne rouge, et très- souvent aussi par celui de Frëne^ sans aucune autre distinction spécifique. De même que le Frêne blanc , cette espèce croît, de préférence, dans les marais, ainsi que dans tous les endroits fréquemment sub- mergés, ou qui sont exposés à l'être par les fortes pluies. Dans de pareilles situations, il se trouve réuni avec les arbres qui , comme lui, aiment lester- reins fort humides, tels que le Juglans squaniosa^ le Juglans amara , le Quercus discolor , \Acer rubriim , le Liquidamhar stjracijlua et le Njssa! aquatica. Le Frêne rouge est un arbre d'une belle apparence, qui s'élève parfaitement droit jusqu'à la hauteur de 5o à 60 pieds (17 a 20 mètres), sur i5 à 18 pouces (45 à ^4 centimètres) de diamètre. Par conséquent, il est inférieur en dimensions au vrai Frêne blanc , B^.-..:, ,/V (rafrie/ jrv& Y R AX 1 N U S Tomentos a . FP, A XI NU s TOMENTOSA. Ii3 / qui, comme je l'ai dit à son article, acquiert un bien plus grand développement. La végétation du l'réne rouge est aussi moins accélérée; je m'en suis assuré par l'observation suivante : j'ai comparé la longueur des pousses annuelles de ces deux espèces , ainsi que la distance qui existe entre leurs bourgeons, et j'ai vu que l'une et l'autre étoient toujours moindres de moitié dans le Frêne rouge. Les feuilles de ce Frêne , longues dans leur ensem- ble de 12 à i5 pouces (36 à 45» centimètres) , et com- posées de 3 ou 4 paires de folioles , avec une impaire , sont très-tomenteuses à leur surface inférieure , ainsi que les pousses annuelles auxquelles elles sont atta- chées. Lorsque les arbres sont isolés, et aux approches de l'automne, le duvet dont elles sont couvertes en- dessous, est de couleur rousse. C'est delà qu'est venu probablementà cette espèce, la distinction particulière de Frêne rouge. Ces folioles, dentées dans leur pour- tour, sont très-acuminées, et diminuent très-rapide- ment de largeur de la base au sommet. Les graines de cette espèce , disposées en grappes pendantes comme celles du Frêne blanc , sont moins longues , mais leur forme est exactement la même : elles sonS cylindriques dans le tiers inférieur , aplaties supé- rieurement et terminées par une petite échancrure. L'écorce qui couvre le tronc du Frêne rouge , est d'une couleur très-rembrunie , et le vrai bois ou le cœur est d'une teinte plus rouge que celui du Frêne blanc. On retrouve dans le bois de ce Frêne, toutes les 11^ FRAXINUS ÏOMENTOSA. qualités précieuses qui fout si fort estimer celui du Frêne blanc; c'est du moins, ce que paroissent attes- ter les usages très-multipliés, auxquels il est jour- nellement employé dans tous les ports de mer des Etats du Milieu, et de ceux qui sont situés plus au Nord; les ouvriers qui, dans tous ces États, mettent enœuvreleboisde Frêne, ne m'ont paru faire aucune différence entre ces deux espèces : je pense néan- moins, que le bois de celle que je décris, est plus dur et par conséquent moins élastique. Le bois du Frêne rouge est employé par les carrossiers, pour la charpente, les trains, les jantes des roues de carros- ses et de cabriolets, et l'on en fait d'excellentes rames, ainsi que les boites de poulies et les chevilles pour amarrer les cordages à bord des vaisseaux. Enfin il est appliqué à tous les usages que j'ai détaillés en trai- tant des propriétés du Frêne blanc , et à l'article duquel je renvoyé sous ce rapport. Quoique le Frêne rouge ne parvienne pas à d'aussi grandes dimensions que le Frêne blanc , néanmoins il sera peut-être plus convenable de le propager dans les Contrées que la nature lui a assignées. C'est ce que l'expérience ap- prendra aux forestiers Américains, qui , dans tous les temps , devront s'efforcer de conserver et de multi- plier ces deux arbres d'une utilité aussi générale. PLAINCHE IX. Rameau avec les feuilles de moitié grandeur naturelle. JT/g. i , o faines de grandeur naturelle. E- J- Redûut^ Je7. T'TIAXINUS Viiidis. ûajrrie/ J'cu/f- Oy€^>^i- (- fj . FRAXINUS viRiDis. GREEN yiSII. Fraxinii9 jaglandîTolia , Lam. Fkaxinus v/ridis, foUolis septenis , dentatis , petiolatis y viridibus : ramuU's petioUsque glabris. C'est dans les parties occidentales de la Pensylva- nie, du Maryland et de la Virginie, que cette espèce m'a paru la plus multipliée , quoiqu'elle le soit beau- coup moins que le vrai Frêne blanc et le Frêne noir. M. le R^\ D^ Muhlenberg, de Lancaster,a plus par- ticulièrement observé le Frêne vert, dans les lies, situées au milieu de la rivière Susquehannah, près de Columbia : et je l'ai trouvé, personnellement, plus abondant que par-tout ailleurs, sur les bords des rivières Monongahela et Ohio, entre Brownville et Wheeling. A l'époque de mon passage dans ces Contrées, il étoit en fruit; et à en juger par les indi- vidus qui en étoient couverts? il ne doit parvenir qu'à une médiocre hauteur; car ces arbres n'avoient guères plus de 20 à 25 pieds ( 7 à 8 mètres) d'élé- vation, sur 4^5 pouces (^ 12 à i5 centimètres) de diamètre. On reconnoit aisément cette espèce de Frêne, à la belle couleur verte et luisante de ses jeunes pous- ses et de ses feuilles, dont la teinte diffère très-peu dans les deux surfaces. C'est à cause de cette similarité, qu'on observe assez rarement dans le feuillage des Il6 FRAXINUS VIRIDIS. arbres, que M. le I\^\ D^ Muhlenberg lui a donné le nom spécifique de Concolor, de même couleur, et c'est pour la même raison, que je l'ai désigné par celui de Green ash, Frêne vert; car, jusqu'à pré- sent, cet arbre n'a reçu des habi tans aucune déno- mination particulière. Les feuilles du Frêne vert varient en longueur , depuis 6 pouces f i8 centimètres) jusqu'à i5 pouces (^4^ centimètres), suivant la vigueur des arbres qui les portent^ et la fraîcheur du terrein où ils crois- sent : elles spnt composées de 3, 4 ^t ^ paires de folioles, avec une impaire: ces folioles longues de 2 à 3 pouces (6 à g centimètres ) , sont pétiolées, ova- les-acuminées, et très-sensiblement dentées dans leur contour. Les graines de moitié moins grandes que celles du Frêne blanc, ont la même forme : elles sont arrondies dans leur tiers inférieur, et aplaties supé- rieurement, avec une petite échancrure à leur extré- mité. Le bois du Frêne vert doit nécessairement partici- per des bonnes qualités des espèces précédentes ; mais, comme il est d'une médiocre grosseur, et qu'il ne parvient qu'à une hauteur très-bornée, il n'est employée qu'accidentellement; d'autant plus que le Frêne blanc et le Frêne rouge abondent dans les pays où il croît. Le Frêne vert existe depuis long-temps en France, où il s*est multiplié des graines qui furent envoyées par mon Père, peu de temps après son arrivée dans les États-Unis, en lySS. Il supporte très-bien les FRAXINUS VIRIDIS. Un froids de nos hivers, et il est recherché par les Ama- teurs de cultures étrangères, à cause de la teinte par- ticulière de son feuillage, qui forme toujours un con- traste marqué avec celui des autres arbres près des- quels il se trouve placé. PLANCHE X. Rameau avec ses feuilles de moilié grandeur naturelle. Fis. i , graines de grandeur naturelle. FRAXINUS QUADRANGULATA, B LUE A s H. Fraxinus (juadrangulata , ramulatis quadrangulatis : foliolis ad surimium l^jugis^ suhsessilihiis , ovali-laii- ceolalis , argutè senatis , subtàs pubentibus ; capsulis utrinqub obtuses. Cette espèce de Frêne, entièrement étrangère à la partie atlantique desEtats Unis,ne se trouve que dans le Kentucky , le Tennessee et la partie méridionale de l'État de l'Ohio , situés à l'Ouest des Monts AUégha- nys. Elle y est connue sous le seul nom de Blue ash. Frêne bleu. Dans ces Contrées , la température du climat est très-douce en hiver, et la fertilité du soi est si grande , en certains endroits, quon a de la peine à s'en faire une idée, quand on n'a pas été témoin de la force (.le la végétation, et de l'abondance des produits de l'agriculture. Or, ces Contrées offrent une chose digne de remarque, c'est que cette richesse du terrain paroît y tenir lieu, pour les Frênes et pour plusieurs autres espèces d'arbres, du degré d humi- dité qui, dans les Etats atlantiques, paroit indispen- sable à leur cr> issance. Ainsi, dans le Rentucky et l'Ouest Tennessee, la masse des forêts qui couvrent des terrains secs, à surface inégale et fort éloignés des rivières, est composée, outre les Chênes et les Noyers, d'Érables rouges, d'Erables negundo , de £ej-j'a Jfl . F R A X I N U s Q U A D K A xN G U L A T A. I I 9 Micocouliers et de plusieurs sortes de Clicnes, qui, à l'Est des montagnes, ne viennent que dans les lieux les plus aquatiques. Le Frêne bleu parvient à un assez grand accrois- sement, car il dépasse souvent 60 à 70 pieds ( 20 a 23 mètres) d'élévation, sur 18 à 20 pouces (54 à 60 centimètres) de diamètre. Ses feuilles longues de 12 a 18 pouces (36 à 54 centimètres), sont compo- sées de 2 , 3 et 4 paires de folioles, avec une impaire. Ces folioles assez grandes, et portées sur de courts pétioles, sont lisses, ovales-acuminées et sensible- ment dentées. Les jeunes pousses, auxquelles les feuilles sont attachées, offrent, dans le Frêne bleu , un caractère spécifique très-particulier; il consiste à avoir, dans toute leur longueur, quatre membranes opposées les unes aux autres, qui sont de couleur verdàtre, et qui ont de 2 à31ignes(6à9millimètres ) de largeur; ces membranes disparoissent à la 3°. et 4^. année, et ne laissent plus que les traces de leur existence. Les graines rassemblent beaucoup à celles du Fraxinus sambucifolia ; elles sont aplaties dans toute leur longueur , et seulement un peu plus étroi- tes vers leur base. Le bois du Frêne bleu à la solidité, réunit la force et l'élasticité. C'est celui des diverses espèces de Frê- nes qu'on trouve dans les Etats de l'Ouest , qui est le plus estimé et dont l'usage est le plus varié. Ainsi, outre l'emploi habituel qu'en font les carrossiers pour les jantes des roues de carrosses, de cabriolets III. i(3 I20 FRAXINUS QUADRANGULATA. et pour le train , l'on s'en sert généralement dans la construction des maisons en bois, pour le plancher inférieur, fréquemment aussi pour les planches qui en forment l'enveloppe extérieure, et quelquefois encore pour les essentes dont ces maisons sont cou- vertes, quoique pour ce dernier usage , celles du Tulipiersoient préférables. Onm'a assuré que l'écorce intérieure de cette espèce deFrene donnoit une cou- leur bleue, mais je ne l'ai pas vue employée , et j'ignore quels sont les procédés qu'on suit pour l'ob- tenir. On dit aussi que le lait dans lequel on a fait bouillir ses feuilles, est un remède certain contre la morsure du serpent à sonnette; c'est une propriété sur l'efFicacité de laquelle je crois qu'on peut avoir des doutes, jusqu'à ce qu'elle ait été constatée par des médecins éclairés. Mon Père est le premier qui a décrit cette espèce de Frêne dans son Flora horeali americana ; il eu a envoyé en Europe, des graines qui ont très-bien levé , et qui ont donné naissance à de beaux indi- vidus. Mais, comme ils sont trop jeunes pour fructi- fier, on est encore obligé de les perpétuer par la greffe, qui réussit assez bien en fente sur le Frêne commun , quoique plus difficilement que celles des autres espèces des Etats-Unis. Les usages très-variés auxquels j'ai dit que le bois de cet arbre étoit employé dans les États de l'Ouest, sont un motif suffisant pour engager les Européens à le multiplier dans leurs forets , en attendant que FRAXINUS QUA DR ANfiULATA. 12 1 l'expérience leur ait appris si son bois égale , ou même surpasse en bonté , le Iraxinus americana et le Fraxinus excelsior. PLANCHE Xr. Rameau avec les feuilles de moitié grandeur naturelle. Fis, i graines de grandeur naturelle. FRAXINUS SJMBUCIFOUA, BLACK A s H, Fraxinus sambucifolia f foliolis petiolatis ^ ovalibus y ratis y sessilihus , rainis punctads. ser- Parmi les diverses espèces de Frênes qui sont indi- gènes aux Etats du Nord, ainsi qu'aux Provinces de la Nouvelle-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse, ce qui comprend une étendue de pays foit consi- dérable , le Frêne blanc dont j'ai parlé , et celui dont je donne ici la description, sont les seules qui soient les plus multipliées dans les forets et parfaitement connues des habitans. Ils désignent celle-ci plus habituellement par le nom de Black ash^ et quelque fois aussi par celui de TVater ash^ Frêne aquatique. Le Frêne noir est un grand arbre qui s'élève de 60 à 70 pieds (^ 20 à 23 mètres) de haut, sur environ 2 pieds (64 centimètres) de diamètre; mais il paroît requérir une nature de terrein plus aquatique, et exposée à être plus long-temps submergée que le i rêne blanc qui n'est pas entièrement confiné à des situations aussi humides. L'Érable rouge, le Bouleau jaune, YAbies nigra et le Thuya occidentalis ^ sont les arbres auxquels cette espèce est la plus constam- ment réunie; et dans les Etats du Milieu , l'Erable Hnrsa. Jal Y RAXIN U S wSambuciaiha &airtel jvtia FRAXINUS SA M r> l/CIFOM A. 12.3 rouge et le Fiéne rouge sont ceux avec lesquels elle se trouve de préférence. Dans cette espèce de Frêne, les bourgeons sont d'une couleur bleue très-foncée, et les jeunes pousses, de couleur très-verte: elles sont parsemées d'un grand nombre de points, de même couleur, mais qui dispa- roissent à mesure que l'on avance vers l'été. Les feuil- les, lors de leur développement au printemps, sont accompagnées de stipules qui tombent après quinze jours ou trois semaines. Lorsqu'elles ont acquis toute leur grandeur , elles sont longues de lo à i5 pouces (^ 3o à 45 centimètres J. Ces feuilles composées de 3 à 4 paires de folioles, avecune impaire, sont sessiles, ovales-acuminées, et dentées très-sensiblement dans leur contour. Froissées, elles ont une odeur de feuil- les de sureau. Ces folioles , d'un vert foncé , et lisses à leur surface supérieure , ont leurs principales nervures inférieures, couvertes d'un duvet de couleur rousse. Les graines sont disposées en grappes de 4à 5 pouces ( 12 a i5 centimètres] de longueur. Ces graines sont aplaties, et presque aussi larges à leur base qu'à leur sommet; en quoi elles se rapprochent de celles du Fraxinus q uadrang ulata. Le Frêne noir se distingue facilement du Frêne blanc, par la seule couleur de son écorce qui est plus terne, et surtout par ce qu'elle est fendillée moins profondément, et que les feuillets de l'épiderme sont disposés par plaques minces et assez larges. Le cœur ou le vrai bois est de couleur brune, et le grain en est assez fin. Il a plus de ténacité, et il est surtout 124 FRAXI^XUS SA M BUCIFOLIA. plus élastique que le Frêne blanc , mais il est moins durable, lorsqu'il est exposé aux alternatives de la sécheresse et de l'humidité; c'est ce qui fait que le bois de Frêne noir est d'un usage bien moins géné- ral, je dirai même assez limité ; ainsi, les carrossiers ne l'emploient en aucune manière, et on n'en fabri- que ni rames, ni barres de cabestan, ni boites de poulies. Dans le District de Maine, sa grande élasti- cité le fait préférer au Frêne blanc pour les cercles à barriques. Ces cercles sont faits de jeunes brins de 6 , 8 et 10 pieds ^ 2 et 3 mètres j de long, qu'on fend en deux. Comme ce bois est susceptible de se subdiviser en lanières très-minces et très-étroites , on le choisit préférablement pour en faire le fond des chaises de campagnes, et celui des tamis à grillage de bois. Le Frêne noir est plus sujet qu'aucune autre espèce, à se charger de nodosités ou loupes, qui, quelque fois , sont très-grosses. On les détache du corps de l'arbre, et on en fait des sébiles très-solides, et qui, lorsqu'elles ont été bien polies^ présentent des acci- dens très-singuliers , produits par le tortillement des fibres ligneuses. Je crois que ces loupes divisées en lames très-minces et bien polies, pourroient servir à embellir les plus beaux meubles d'acajou. En traversant le New-Hampshire et l'Etat de Ver- mont, où il se fabrique beaucoup de potasse, j'ai appris que les cendres de Frêne noir sont les plus riches en principes alkalins. Tels sont les principaux usages auxquels on emploie le bois de Frêne noir. Ils suffisent pour nous donner F R A X I N U S SA iVl B L CIF OLI A. 1 Sî'j une iJc'e de cruelques propriétés qui lui sont particu- lières, etquiineparoisseiit assez iiitéressantes,pour eu recoiiiniander l'introduction dans les forêts du INord de l'Europe. L'expérience apprendra ensuite avec plus de certitude, les services qu'on pourra tirer du bois de cet arbre, par l'usage qu'on en fera dans les arts. Obs. Il existe dans le Kentucky, une autre espèce de Frêne qui s'élève très-haut, et à laquelle on donne aussi le nom de Frêne noir; comme je ne la connois qu'imparfaitement, je n'ai pas cru devoir la décrire. PLANCHE XII. Feuilles moitié moins grande que nature. Fig. i , graines de grandeur naturelle. FRAXINUS PLATicJiRPA. THE CAROLINIAN AS H. Fraxinus plaùcarpa ^ foliolls petiolatis , oualibus , serratis: capsulis lato-lanceolatis. Cette espèce de Frêne, qui ofFre dans la forme de ses feuilles et de ses graines, des caractères spécifi- ques très-distincts , ne croît que dans les États méri- tlionaux. Elle est particulièrement fort abondante dans la Caroline Septentrionale, le long de la rivière Cap Fear, et dans la Caroline Méridionale, près de celles Cooper et Asheley; c'est ce qui m'a engagé à lui donner le nom de Carolinian ash , Frêne de Caroline , car jusqu'à présent, elle n'a reçu des habi- tans aucune dénomination particulière. Les bords très-marécageux des rivières, àescreeks^ et tous les endroits où les eauxséjournent long-temps, paroissentles plus propres à la croissance de ce Frêne qui, comparativement aux autres espèces qui se trou- vent dans les mêmes pays, demande des situations plus aquatiques. L'élévation du Frêne de Caroline est assez bornée , car elle excède rarement plus de 3o pieds (lo mètres j^ et il fructifie même à la moi- tié de cette hauteur. Cet arbre est d'une belle végéta- tion; au printemps, ses feuilles et ses jeunes pousses sont blanchâtres et couvertes en-dessous d'un duvet assez épais, mais ce duvet disparoit progressivement, à mesure qu'on avance vers l'été, époque à laquelle PI i3 M J.RfJ^u/r' Je/. PR AXl N r S PI atic arpa Galrù/ ^aiù . FRAXINUS PLATICARPA, 1 29 elles en sont entièrement dépouillces.Ces feuill os sont rarement composées de plus de deux paires de folio- les, avec une impaire. Celles-ci sont péliolées, gran- des, presque rondes et sensiblement dentées dans leur pourtour. Ses fleurs, comme celles de toutes les espèces de Frênes, sont petites et fort peu apparen- tes; mais ses graines sont très-différentes; elles sont ovales, aplaties et beaucoup plus larges que longues; ce qui est constamment le contraire dans les Trénes que nous connoissons. Le Frêne de Caroline est toujours d'un assez petit diamètre ; c'est par cette raison qu'il n'est point employé. Cependant, il est à désirer que des expé- riences soient faites dans les États-Unis, sur les qua- lités comparatives des bois, alors on découvrira peut- être que le bois de cet arbre , comme celui de beau- coup d'autres, que l'on regarde aujourd'hui comme à-peu-près inutiles , renferment des propriétés, qui les feront rechercher dans les arts mécaniques. PLANCHE XIII. Rameau avec les feuilles de moitié moins grandes que nature. ■^^8' I } graines de grandeur naturelle. m. ,^ p. J. Redouta del . GORDONIA LasyaatliTis, Gairwl j'culv. T- GORDONIA LjSY^Nriius, i TUE LOB L or L Y h A Y. Monœcie poljiitidiie , Linn. Faeii. des JVIalvacées , Juss. GoRDONiA lasyanthus , foliis glnherrimis^ suhserratis y nitidis , coriaceis : floribus longé pedunculatls ; cap- sula conoîdeâ , acuminatâ. Les limites que j'ai assignées avec assez de préci- sion pour le Pin à longues feuilles , Pinus australis^ et qui comprennent la partie basse et maritime des États méridionaux, les deux Florides et la Basse- Louisiane, sont les mêmes qui renferment le Gor- doriia lasyanthus. C'est dans les Branchs swamps, marais longs et étroits, qui traversent dans toutes sortes de directions les Vimhves, Fines harrens^ que cet arbre se trouve en très-grande abondance et toujours en plus grande proportion, que le Laurus caj^oliniensis ^ le Magnolia glauca et le Nyssa sjl- vatica.) avec lesquels il est assez constamment réuni. Il y a encore dans ces Pinières, de distance à autre , des espaces de terrein de 5o à loo arpens (25 à 5o hectares j , dont la superficie plus basse que les par- ties adjacentes sont constamment humectées parles eaux qui s'y rendent après les grandes pluies. Ces endroits sont aussi entièrement couverts de Gordo- nia lasyanthus '.) et on leur donne le nom de Bay jw«7?zyyy, marais à Gordonia, et quoique la couche m. ,^ ^ * l32 GORDONIA. LASYANTHUS. de terre végétale n'ait que 3 à 4 pouces f 9 à 1*2 cen- timètres J de profondeur, et qu'elle repose sur un lit de sable quartzeux, absolument infertile , les arbres y poussent avec une vigueur remarquable. Le Gordonia las: anthiis parvient fréquemment à 60 pieds ^20 mètres) de hauteur, sur 18 a 20 ponces ^54 à 60 centimètres j de diamètre: jusqu'à la hau- teur de 25 à 3o pieds (^8 à 10 mètres), il est parfai- tement droit et il offre une forme pyramidale Irès- régnlière, qu'il doit à ses branches qui sont fort rapprochées du tronc; mais ensuite elles s'en écar- tent, et alors il ressemble aux autres arbres des forêts. Les feuilles du Gordonia lasyanthus ^ toujours vertes, longues de 5 à 6 pouces TiS à 18 centim.J, et disposées alternativement sur les branches, sont ovales-acuminées, légèrement dentées dans leur pour- tour, lisses et luisantes à leur face supérieure. Les fleurs de plus d'un pouce ^3 centimètres) de diamè- tre, sont de couleur blanche, et répandent une odeur douce et très-agréable. Llles paroissent vers le i5 juillet^ et se succèdent les unes aux autres sur le même arbre, pendant l'espace de deux à trois mois. Acet avantage, sous le rapport de l'agrément, cet arbre réunit encore celui de fleurir dès qu'il a atteint de 3 à 4 pieds ( I à 2 mètres) de hauteur. Aux fleurs succèdent des capsules ovales, qui se partagent en cmq divisions, et dontchacune contient de petites graines ailées et de couleur noire. Ces graines ne paroissent bien germer que dans les endroits couverts de Sphagnum , espèce de mousse GOP. DONIA. LA.SY\NTHUS. Ij3 fortement iiTibibcs d'eau et où l'on trouve seulement des milliers de jeunes plants de cet arbre, qu'on en- lève presque sans résistance. Les Gordonia lasj an hus qui ont moins de G pou- ces (^i 8 centim.) de grosseur, ont leur écorce très-lisse; mais dans les vieux arbres elle est fort épaisse , et pré- sente des crevasses très-profondes. Pans les arbres qui ont plus de i5 pouces ^4^ ceniim. J de diamèir(.' , on trouve quatre cinquièmes de cœurou devrai bois, sur un cinquième d'aubier. Le bois est de couleur rosée , d'une texture fine et soyeuse ; ce qui me fait présumer qu'on pourroit l'employer pour lintérieur des meu- bles , mais on lui préfère celui du cyprès chauve. Le bois de ce GorJo/zzVz est d'une grande légèreté; lors- qu'il rst sec , il ofiVe très-peu de résistance et il pourrit avec la plus grande facilité , pour peu qu'il conserve encore de la verdeure ou de l'humidité; aussi est il considéré comme absolument inutile, et on ne l'em- ployé à aucun usage ; on ne le coupe pas même comme combustible. Si le bois du Gordoiiia lasyanthiis est inutile à la société, sous le rapport desarls, son écorce lui four- nit une ressource utile pour le tannage des cuirs. On s'en sert pour cet usage dans toute la partie maritime des Etats méridionaux et même des deux Morides. Car, bien que ce genre d industrie soit très -limité dans cette partie des Etats-Unis, comparativement aux Etats septentrionaux, et qu'il y ait dans ces })re- miers pays une grande variété de chênes, cependant ceux dont l'écorce est propre au tannage ^ ne sont l34 GORDONI LaSYANTHUS. pas partout assez multipliés pour fournir auxbesoins de la consommation. C'est pourquoion mêle à l'écorce de cet arbre, le plus qu'on peut de celle du Quer- cus falcatUy dont le prix est de moitié plus élevé. On considère encore comme un avantage en faveur de cet arbre , que restant en sève fort long-temps, on en peut lever l'écorce pendant 3 à 4 mois. Je n'ai rien à ajouter à la description que je viens de donner du Gordonia lasjanthus. Le luxe de sa végétation, l'éclat de ses fleurs et la beauté de son feuillage^ qui se conserve toujours vert , le placent au rang des Magnolias ^ et il contribue avec eux à l'ornement des forêts de la partie méridionale des Etats-Unis. A ces titres , qui le recommandent aux amateurs de cultures étrangères , il joint l'avantage d'être moins sensible au froid que le Magnolia grandiflora ; ce qui permet de croire, qu'avec quel- ques soins , il supportera ceux qu'on éprouve habi- tuellement en hiver , aux environs de Paris et de Londres. Cette opinion me paroit d'autant mieux fondée que j'en ai vu plusieurs pieds en pleine terre , dans des jardins près de New-York, où Ton se con- lentoit de les couvrir légèrement en hiver. PLANCHE V\ Rameau avec les feuilles et la fleur de grandeur naturelle. Fi g. i , capsule qui contient les graines. Fi g. u , graine. p. J. Jledeuie' M. ôahre/ J-au GORDONIA Piil^esceiis GORDONIA PUBESCENS. T m: F RAjyK LI N lA. Gordon I A pubcscens y follls lanceolatis ^ subserratls , subpubescentibus : florlbus subsessilibus : capsula sphœricà. Cet arbre est du nombre de ceux à qui la nature paroit avoir assigné des limites très - bornées, car jusqu'à présent, cette espèce de Gordonia n'a été trouvée que sur les bords de la rivière Alatamaha, en Géorgie. Elle y fut observée pour la première fois, en 1770, par J^'°. Bartram, qui lui donna le nom de Franklinia^ en l'honneur d'un des plus illustres Fondateurs de l'indépendance Américaine, et non moins distingué par l'étendue de ses connois- sances, que par ses vertus patriotiques. Le Gordonia puhescens est un arbre beaucoup moins élevé que l'espèce précédemment décrite : il s'élève rarement à plus de 3o pieds (10 mètres j, sur 6 à 8 pouces (^i8à 24 centimètres) de diamètre. L'écorce qui couvre le corps de l'arbre, offre toujours une surface très-unie et anguleuse ; en quoi il ressemble beaucoup^au tronc du Carpinus hetulus ou Aineri- cana. Ses feuilles, longues de 5 à 6 pouces (^ i5 à 18 centimètres), et disposées alternativement sur les branches, sont oblongues, rétrécies vers leur base et dentées dans leur pourtour: elles tombent tous les ans , à fautomne. iJ6 GORDONIA PUBESCKIXS. Les fleurs du Gordonia puhescens ^ paroissent en Caroline^ au commeneement de juillet, et un mois plus tard à Philadelphie. Jilles sont très-grandes, de couleur blanche, d'une odeur très suave et toujours nombreuses: de même que dans laGordonia asyan- thus , ses fleurs se succèdent pendant près de trois mois, et cet arbre fleurit aussi dès qu'il a atteint 3 à 4 pieds ( i mètre) de haut. Les fleurs sont rem- placées par des fruits ou capsules rondes et ligneu- ses; à l'ëpoque de la maturité, elles s'ouvrent à leur sommet, en cinq parties, et laissent échapper ses graines qui sont petites et anguleuses. Quoique le Goi^donia puhescens ne se trouve que de 2 à 3 degrés , plus au Midi que le Gordonia lasjanthus ^ il paroît néanmoins beaucoup moins sensible au froid ; car j'en ai vu plusieurs pieds dans le jardin de J^'\ et W. Bartram, situé à quatre milles de Philadelphie, qui avoient de 20 à 3o pieds (^7 à îo mètres) d'élévation, dont la végétation étoit magnifique, et qui depuis plus de 23 ans, n'avoient jamais été endommagés par les hivers extrêmement rigoureux, qui se font ressentir tous les ans dans cette partie de laPensylvanie. Le Gordonia puhescens a été depuis long-temps introduit en France et en Angleterre ; et quoique les froids aient moins d'intensité aux environs de Paris, qu'à Philadelphie , il y vient plus difficilement ; mais je crois aussi que les Amateurs de cultures exo- tiques, n'attachent pas à cet arbre charmant, tout l'intérêt qu'il mérite. C'est cependant un de ceux cor, DO NI A rUBKSCKNS. I 87 q\\\ promotlonl le ])lus d ' s'acclimater ])armi nous, et dont les flenrs m.ïgnifiques, très-susce|)tibles d«! devenir doubles, contribueront le plus à embellir les jardins d'agrément. PLANCHE II. RnmPdu avec Us feuilles et las fleurs de grandeur naturelle. Fig. 1 , capsule qui contient les graines. Fig. 2 , graine. CORNUS FLORIDA, D OG IFO O D. Tëtrandrle luoiiogynie , LiNN. Fain, des Clièvrefeiiillcs , Jcss. CoRJN'US fiorida , foUis ovalibus , acumiiiatis , subtùs albi- caiitîbus; florihus sessiliter capitads ; invohicro niaxi- nio , foliolis apice deformi quasi obcordatîs : fructihus 02mtis y rubris. Des diverses espèces de Cornouillers qui , jusqu'ici, ont été trouvées clans l'Amérique Septentrionale , et dont le nombre s'élève à huit, celle-ci est la seule qui arrive quelquefois à une hauteur assez grande, pour être mise au rang des arbres forestiers. C'est aussi la plus intéressante à connoitre , à cause de la bonté de son bois, des propriétés de son écorce, et de l'éclat de ses fleurs. Dans tous les Etats-Unis, elle est connue sous le nom de Do^ wood^ Bois de Chien, et quelquefois aussi dans l'État de Connec- titut, sous celui de Boxwood^ Bois de Buis. C'est dans l'État de Massachussets, entre les 4^ et 43 degrés de latitude, qu'en se dirigeant du Nord au Sud, Ton commence à observer le Cornus Jlorida^ qui ensuite se trouve sans interruption dans tous les États de l'Est et de l'Ouest, ainsi que dans les deux Florides, j usqu'au Mississipi.Dans cette vaste étendue de pays, le Cornus fiorida est un des végétaux arbo- rescents les plus multipliés, et il l'est comparative- ment davantage dans le New-Jersey;,la Pensylvanie, le Maryland et la Virginie , partout où le sol est frais. FL.3. -r (/. J{p(i(xute de/ , COU\l:S llo.ida J^J 'fie,./. ûairùi/,-cu^. CORNUS I L O P.I D A . I ''' f) inégal et un peu graveleux. Car, plus au Sud, dans les deux Carolines, la Géorgie et les Florides, on ne le voit que sur le bord des marais , et non dans les pinières , dont le sol est trop sablonneux et trop aride pour qu'il puisse y végéter. Dans les cantons les plus fertiles de Renlucky et de FOuest-Tennes- sée, il ne fait pas non plus partie des arbres qui composent les foréis, mais on le trouve dans tous ceux où leterrein est pierreux et de médiocre qualité. Le Cornus Jlorida parvient quelquefois à 3o et 35 pieds ( 10 à 12 mètres) de hauteur, sur g à 10 pouces ( 27 à 3o centimètres) de diamètre; mais le plus communément il reste au dessous de ces dimen- sions : sa grosseur la plus ordinaire n'excède pas 4 à 5 pouces (12a 1 5 centimètres ) , sur 1 8 à 20 pieds f6 ày mètres) d'élévation. Son tronc est résistant et couvert d'une écorce noirâtre, moyennement épaisse , et très-divisée par des gerçures qui la parta- gent en autant de petites portions, qui souvent pré- sentent de petits carrés plus ou moins réguliers. Les branches disposées régulièrement et comme en croix, sont moins nombreuses en proportion que dans les au- tres arbres, et on observe que les jeunes rameaux se relèvent et affectent une direction demi-circulaire. Les feuilles, longues d'environ 3 pouces [g centi- mètres), opposées les unes aux autres, de forme ovale, et légèrement glauques ou blanchâtres en-des- sous sont entières et offrent à leur surface supérieure plusieurs sillons très-marqués. Vers la fin de l'été ^ elles sont souvent semées de taches noires, et aux ap- l4o CORNUS FLORIDA. proches de l'hiver , elles deviennent d'un rouge terne. Dans les États de New- York et de New-Jersey , les fleurs de cet arbre sont entièrement épanouies du lo au i5 mai, époque à laquelle les feuilles commencent seulement à se développer. Ces fleurs qui sont petites , jaunâtres, et réunies plusieurs ensemble, sont entourées d'une collerette de3 à4 pouces (9 à 12 centimètres) de large, composée de quatre feuilles florales de couleur blanche et qui quelquefois sont teintes de violet. Les fleurs , qui empruntent tout leur éclat de cette belle collerette blanche , sont toujours très-nombreuses, et font, dans cette saison, du Cornus Jloi^ida y alors aussi blanc qu'un Pommier en pleine fleur, un des plus beaux ornemens des forets Américaines. Les graines d'un rouge vif et luisant , et de forme ovale, sont toujours réunies au nombre de trois à quatre. Elles restentsurles arbres jusqu'auxpremières gelées, époque à laquelle elles deviennent, malgré leur grande amertume , la nourriture des merles , Turdus migratoriuSy qui arrivent alors des Contrées Septentrionales. Le bois du Cornus Jlorida est dur, compacte , pesant et d'une texture très-fine; ce qui fait qu'il est susceptible de prendre un beau poli. L'aubier est très-blanc et le cœur de couleur chocolat. Dans un échantillon très-sain qui avoit 5 pouces [ i5 cen- timètr. ] de diamètre , j'ai trouvé 1 8 lignes ( 54 milli- mètres) d'aubier, et 24 lignes (72 millimèt.) de cœur. Comme ce Cornouiller n'atteint le plus ordinaire- CORNUS 1' L O 1'. 1 D A. 1 f I nient qu'une grosseur médiocre, on ne peut l'em- ployer qu'à certains ouvrages qui ne demandent que des morceaux peu volumineux. x\insi, on en fait des manches d'outils légers, des maillets, de petites vis, des doubles-pieds à l'usage des charpentiers, qui, après avoir été teints en jaune , imitent ceux en buis importés d'Angleterre; dans les campagnes, quel- ques fermiers en font des dents de herses et des attelles pour les colliers de chevaux; ils s'en servent encore pour doubler leurs traîneaux: mais à quel- que usage qu'cm le destine, il demande à n'être mis en œuvre que lorsqu'il est parfaitement sec, car il a l'inconvénient d'être très -sujet à se fendre: on a encore trouvé que les jets des quatre à cinq dernières années, étoient propres à faire des cercles légers pour de petits barils portatifs , mais son emploi comme tel, est très-limité. Dans les Etats Méridio- naux, on se sert aussi de ce bois dans les moulins, pour en faire les dents d'engrenage. Entin , dans les campagnes, les fourches qu'on met au col des cochons, pour les empêcher de passer à travers les barrières qui enclosent les champs cultivés, sont de Cornus floî^ida, dont les branches présentent naturellement beaucoup d'écartement. Tels sont les principaux ser- vices que l'on tire du bois de cet arbre , qui fournit aussi un fort bon combustible; mais son peu de dia- mètre ne permet pas de le vendre , pour cet usage , dans les Villes. La seconde écorce, (le Liber^ du Corniis florida a une grande amertume , et c'est un remède très-utile l[^1 CORNUS FLORIDA. dans les fièvres intermittentes. Depuis plus de cin- quante ans, lesliabitans des campagnes en font usage, et très -souvent ils se guérissent de ces sortes de fièvres, par le moyen de ce spécifique. Cette propriété bien reconnue a donné lieu à une tlièse soutenue en i8o3, au Collège de Médecine de Philadelphie. On y rend compte de l'analyse chimique des écorces du Cornus Jlorida et du Cornus sericea^ comparées à celles du Cinchona officinalis. Il résulte des expé- riences faites à cette occasion, que l'écorce du Cor- nus jlorida^ a beaucoup d'analogie avec le Rinkina, et peut, dans bien des cas, le remplacer avec succès. L'Auteur de cette excellente dissertation, cite un Médecin de la Pensylvanie, qui l'emploie constam- ment depuis 20 ans, et qui estime que 35 grains de cette écorce réduite en poudre, correspondoient à 3o grains de Rinkina. Il ne lui trouve que le seul défaut- d'occasionner parfois des tranchées, lorsqu'on l'em- ploie la première année qu'elle a été recueillie; mais il remédie à cet inconvénient , en y joignant 5 grains de Serpentaire de Virginie, Aristolochia serpentaria. L'Auteur de la même dissertation donne la recette suivante, d'une encre qu'il dit être fort bonne et dans la composition de laquelle il substitue cette écorce à celle de la noix de galle; prenez écorce de Cornus ^orfJ«, une demi- once ; sulphate de fer, i gros; gomme arabique, 2 scrupules; eau de pluie, 1 6 onces: laissez infuser et remuez à différentes reprises. Il seroit aussi bien à désirer que quelques Méde- cins éclairés des États du Midi, se chargeassent CORNUS F T. O R I D A . I ^| 3 aussi d'examiner les propriétés médicales de l'écorce du Pinckneja pubens , comparée à celle du Cin- chona ojflcinalis , d'indiquer le mode de l'em- ployer, et d'assigner avec certitude les bons effets qu'on peut attendre de ce médicament indigène, fourni par un arbre qui a tant d'analogie, par ses caractères botaniques, avec ce dernier, que quel- ques Botanistes ont pensé qu'il ne devoit pas former un genre séparé. Il résulte de cet article que le Cornus Jlorida est un arbre ou grand arbrisseau qui, à cause des excel- lentes qualités de son bois, mérite de fixer l'attention des Forestiers Européens , et que surtout il est un de ceux de l'Amérique Septentrionale, qui est le plus fait, par l'éclat de ses fleurs, pour contribuer à l'em- bellissement des forets, des parcs et jardins d'une grande étendue. PLANCHE III. Rameau avec des feuilles et des fleurs de grandeur naturelle. Fig. I , rameau avec ses fruits de grosseur naturelle. RHODODENDRON maximum. DWARF ROSE BAY. Décandrîe monogynie , LijNN. Fam. des Rosages, Jnss. Rhododendron maximum; arborescens ; foliis suhcu- neatb-oblongis , abrupte acuminatis , crassis , coriaceis , glabris : calycis laciniis ovalibus , obbusls ,* corolld subcampaniilatà. Quoique le plus communément on ne trouve le Rhododendron maximum que sous la foime d'ar- brisseau et d'une élévation moindre de 8 à lo pieds ( 2 à 3 mètres ) , il arrive cependant quelquefois qu'il parvient à 20 et iS pieds (^7 et 8 mètres j de hauteur, sur 4 à 5 pouces (^ 12 à i5 centimètres) de diamètre. Ce motif, joint à ce qu'il est très-multiplié dans une grande partie des États-Unis, et que ses fleurs sont d'unebeauté remarquable, m'a déterminé à en donner la description. L'Ile longue, située près de New-York et le bords de la rivière Hudson au-dessous des Higlilands, peuvent être considérés pour lui et pour le Kalmia latifolia que je décrirai ci-après, comme très-rap- prochés des limites au-delà desquelles, vers le INord, on ne l'observe plus dans les forêts. Le Rhododen- dron maximum est au contraire fort abondant dans tous les États du Milieu et dans la partie supérieure de ceux du Sud, notamment dans la région monta- sjneuse qui les traverse. C'est sur les bords immédiats PI. 4'- -Ôaapj" del. G^rùi Jc. miODODENDKON maxinuuu . 'f RHODODENDRON MAXIMUM. l/iTi des Crceks et des Kivières , qu'on le rencontre pres- que exclusivement. On remarque que plus on appro- che des montagnes, plus il devient abondant; enfin, lorsqu'on arrive au milieu des difï'érens chaînons, de ceux surtout qui traversent la Virginie et l<;s Hautes-Car lines, on trouve cet arbrisseau telle- ment multiplie le long des torrens, qu'il forme sur leurs bords des lisières épaisses etdes taillis impéné- trables, où les ours trouvent une retraite assurée contre les chasseurs et les chiens qui n'osent les poursuivre, lorsqu'ils y sont entrés. Le voisinage immédiat des eaux froides et limpi- des qui circulent au milieu des rochers, une atmos- phère surchargée d humidité, une exposition obscure et ombragée, paroissent donc être les situations les plus favorables à la végétation de ces grands arbris- seaux. Ces deux dernières conditions semblent, sur- tout en Amérique, lui être nécessaires; car, dans le Bas-Jersey, on voit encore de forts beaux pieds de Rhododendron maximum dans les marais sombres et bourbeux, couverts de Cupressus thyoïdes^ et dont la surface est tapissée de mousse, toujours très-imbi- bée d'eau. Les feuilles du Rhododendron m^aximum^ lors- qu'elles commencent à se développer, sont de cou- leur rosée, et garnies d'un duvet de couleur rousse; mais lorsqu'elles sont parvenues à leur entier déve- loppement, elles sont lisses, longues de 5 à 6 pouces (i5 à i8 centimètres), de forme ovale-alongée , d'une texture épaisse et coriace ; elles se conservent l46 RHODODENDRON MAXIMUM. toujours vertes, et ne se renouvellent partiellement que tous les trois ou quatre ans. Les fleurs , ordinairement de couleur rose et ponc- tuées de jaune à l'intérieur , quelquefois entière^ ment blanches, sont assez grandes et toujours réunies plusieurs ensemble aux extrémités des rameaux ; elles forment de très-beaux bouquets , qui ont d'autant plus d'éclat, qu'ils se trouvent mêlés parmi un riche feuillage. Les graines d'une finesse extrême, sont con- tenues dans des capsules qui s'ouvrent en automne, pour les laisser échapper. Le bois du Rhododendron est dur , compacte et le grain en est très-fin : cependant il possède ces propriétés dans un degré inférieur au Kalmia lati- folia^ ce qui fait qu'il n'est employé à aucun usage que je sache. On possède depuis long-temps en Europe, le Rhododendron maximum ; mais comme il a besoin de plus de fraîcheur et d'ombrage que le Rhododen- dron ponticum^ il est moins multiplié, parce qu'il demande plus de soin pour sa conservation. Les Rhododendron maximum à fleurs parfaitement blan- ches, ne sont que des variétés de l'espèce que je viens de décrire. PLANCHE IV. Rameau avec les feuilles et les Jleurs de grandeur naturelle > Fig. i ; capsule qui contient les graines. Fig. i , graines. n.5. KA-LMIA Latifolia. KALMIA LATIFOUA. MO U N TAl N LA UR E L. Dëcandrie monogynie. Famille des Rosages , Jcs». Kalmia arborescens ) foliis petiolatis , ovallbus , coriaceis^ glabiis ; corjmbosi's terminallbus , viscidb-puberulls. A ne considérer que la hauteur à laquelle s'élève le Kalmia latifoHa , il sembleroit , de même que l'es- pèce précédente, devoir être exclu de la série des grands végétaux , que je m'applique h mieux faire connoitre que les Auteurs qui en ont parlé avant moi ; car celui-ci ne forme véritablement qu'un grand arbrisseau ; mais l'emploi qu'on commence à faire de son bois, m'a paru un motif suffisant pour que j'en donne la description. Cet arbrisseau est assez indifféremment désigné par les noms de Mountain laurel^ Laurier de montagne; Laurel, Laurier; Ivy Lierre, et de Callico tree. La première de ces déno- minations m'a semblé préférable , et je l'ai adoptée. L'Ile longue, près de Nev^-York, et les environs de Poughepsie, située sur la rivière du Nord , entre les 42 et 43 degrés de latitude, peuvent être consi- dérés comme très-rapprochés du point le plus Sep- tentrional, où commence à se montrer le Kalmia latifoUa. En effet, je ne l'ai point vu sur les rives du lac Champlain, non plus que sur les bords de la rivière des Mohawks, oii il y a beaucoup de situa- m. 19 l48 KALMIA. LÀTIFOLIA. lions qui seroient très-propres à le produire , si , probablement, la rigueur du climat en hiver ne s'y opposoit. Cet arbrisseau est au contraire très-com- mun dans le New- Jersey: la colline de Weehock, qui est presque vis-à-vis de la ville de New-York, en est en grande partie couverte. Il croit également aux porles de Philadelphie, près de laSchuylkill; enfin, en se dirigeant vers le Sud-Ouest, on le retrouve sur les bords escarpés de toutes les rivières qui pren- nent leur source dans les montagnes; mais on remar- c[ue aussi qu'à l'Est de ces montagnes, il devient moins abondant à mesure que les rivières s'éloignent de leur source et se rapprochent de leur embou- chure dans la mer , et qu'à l'Ouest de ces montagnes son abondance diminue pareillement à mesure que les rivières s'éloignent de leur source, et se rappro- chent de leur embouchure dans l'Ohio et le Mississipi; car ce végétal est peu commun dans la partie occiden- tale du Kentucky et dans l'Ouest-Tennessée. Dans les Etats méridionaux , le Kalmia latifolia cesse aussi entièrement de se montrer , dès que les rivières ont gagné le bas pays, où commencent les Pinières. Quoique \q Kalmia latijolia soit lort abondant sur les bords élevés des rivières des Etats du Centre et du Sud. cependant il l'est moins en proportion que sur les montagnes elles-mêmes, depuis la Pensylva- nie , jusqu'à leur terminaison en Géorgie, où très- fréquemment il couvre exclusivement des espaces de plusieurs arpents. Mais, nulle part, il ne m'a paru qu'il ëtoit plus multiplié, qu'il parvenoit à une plus KALMIA LATIFOLIA. l \() grande hauteur et qu'il dévelo])|)oit un plus grand luxe de végétation , que sur les hautes montagnes de la Caroline du Nor;!, qui sont elles-mêmes les plus élevées de la chaîne des AUéghanys. Souvent le Kal- niia lalifolia y occupe à lui seul des espaces de plus de looarpenspohect.j et forme sur le tiers supérieur de ces montagnes, des taillis hauts de i8 à 20 pieds (6 à 7 mètres j, dont raccèsesttrès-difTicile, parce que cesgrandsarbrisscauXjdontle tronc toujours tortueux, est très-résistant , se croisent et s'enchevêtrent les uns dans les autres: et comme ils s'élèvent à la même hauteur et que leur sommet est garni d'un feuillage touffu et toujours vert, les espaces qu'ils occupent çà et là au milieu des forets, présentent dans l'éloi- gnement plutôt l'aspect d'une prairie, entourée de grands arbres que celui d'un bois àelialmialatifolia. Les feuilles de Kalmia latifolia , d'une texture coriace, de forme ovale-acuminée , sont longues d'environ 3 pouces ( 9 centim. ) , entières et tou- jours vertes. Les fleurs disposées en corymbes ou bouquets, à l'extrémité des rameaux, sont d'une belle couleur rose, et quelquefois toutes blanches; mais elles n'ont point d'odeur. Comme elles sont toujours très-nombreuses, elles produisent un eflet magnifique, et leur éclat est d'autant plus brillant quelles sont accompagnées d'un riche feuillage. Aussi cette espèce est-elle la plus appréciée pour l'embellissement des jardins. Les graines contenues dans de petites capsules globuleuses, sont très-tiues et leur maturité a lieu au mois de novembre. l5o K.ALMIA LATIFOLIA. Sur la pente des hautes montagnes de la Caro- line du Nord, où j'ai observé les plus grands Kal- inia^ leur troncaassezgënëralementS pouces (9 cen- timètres) de diamètre; le bois, surtout celui des ra- cines, est compacte, d'une texture très-fine et mêlé de petites lignes rouges. Lorsqu'il est bien sec, il est très- dur, ce qui fait qu'il se tourne bien et qu'il prend un beau poli.On l'employé, àPhiladelphie,pour faire des manches cVoutils légers, de petites vis , de petites boî- tes, etc. On m'a dit aussi qu'on en faisoitcle bonnes clarinettes. Je pense même que par la suite , il sera plusemployé qu'il ne 1 est actuellement j car c'est l'ar- brisseau des Etats-Unis, dont le bois approche le plus du Buis, et qui me paroît le plus propre aux mêmes usages. On m'a assuré que les feuilles du Kalmla latifolia étoient un véritable poison pour les moutons qui en mangent. Elles agissent, dit-on, comme narcotique. Ije Kalmia lati/olia cL été introduit depuis long- temps en Europe, où l'on s'applique à le multiplier à cause de la beauté de ses fleurs et de son feuillage; mais ce n'est qu'après bien des années que, de ses graines, on obtient des pieds en état de fleurir. Une terre douce, meuble et fraîche, une exposition décou- verte et au Nord, me paroissent les plus convena- bles à sa végétation. PLANCHE V. Rameau avec les feuilles et les fleurs de grandeur naturelle. Fîg. I , capsules qui contiennent les graines. Fig. 2 , graines. fl.Ô. ^ej'j'a de/. C E RAS U S Virgnmaua . ûa^ù^ o'ca^ . GERAS us riRGiNiANA. '£HE WILB CHERRY. Icosandrie monogynie , Linn. Fam. des Rosacées , Jcss. Cerasus uirginiaiin ; foliis decidiiis , oi^all - obloniçis , acuminatis , serratis , nilidis ; racemis terminalihus , eïongatis ;fruclibus glohosi's , nigiis. Le Cerisier de Virginie est un des plus grands arbres des forets des Etats-Unis. Le bois en est bon, beau et fort utilement employé dans les arts. Dans les Etats atlantiques, comme dans ceux de l'Ouest, où il est connu sous le seul nom de FFild cherry , Cerisier sauvage, on le trouve plus ou moins abon- damment, suivant que la température du climat , et la nature du sol sont favorables à sa végétation; car les froids trop rigoureux, les chaleurs trop fortes et les terreins trop secs et trop aquatiques, sont con- traires à sa croissance. Ainsi, dans le District de Maine, où les froids sont aussi rigoureux que pro- longés pendant l'hiver, il ne s'élève guères au-dessus de 3o à /jO pieds (loà i3 mètres J, sur 8 à 12 pou- ces (24 à 36 centimètres j de diamètre. Dans la par- tie méridionale et maritime des deux Carolines et de la Géorgie, où les chaleurs sont trop fortes en été et dont le terrein est généralement trop sablonneux et trop aride, on ne le voit que très-rarement. Enfin sur les bords des rivières , dont le sol est trop aqua- 13 2 C E R A S U S V 1 R G I N I A N A. tique, il ne parvient pas à de Tories dimensions. Dans la partie haute de ces derniers Etats, dont le climat est fort tempéré , le sol plus fertile , il est assez commun, quoiqu'il le soit moins que dans la Virgi- nie et la Pensylvanie. Mais, nulle part dans l'Amé- rique Septentrionale, il n'est plus multiplié et il n'acquiert un plus grand développement, qu'au-delà des montagnes, dans les Etats de l'Oliio, du Ken- tucky et du Tennessee : Il abonde également dans tout le pays des Illinois, ainsi que dans le Gennes- sée et le Haut-Canada. Dans toutes ces Contrées^ dont le sol est très-fertile, le Cerasus Virginianay réuni au Quercus macrocarpa ^ ^u. Ju^lans nigra^ an Gleditsia triacanthos , à VUlnius riihra , au Gjmnocladus canadensis , etc. , concourt à for- mer la masse des forets qui les couvrent. On le voit aussi dans tous les vallons , au milieu des- quels circulent les rivières de l'Ouest, et dont le sol est encore plus frais, plus meuble et plus profond. Dans ces endroits, son accroissement est bien plus considérable. Sur les bords de l'Oliio, j'ai mesuré ])lusieurs de ces Cerisiers, quiavoient de 12a 16 pieds [4^5 mètres J de circonférence, et de 80 à 100 pieds r 27 à 33 mètres) d'élévation. Leur tronc étoit d'une grosseur uniforme et sans branches, jusqu'à la hau- teur de 26 à 3o pieds ^8 à 10 mètres). -Les feuilles de cet arbre, longues de 5 à 6 pouces TiS à 18 centimètres j, sont ovales, très-pointues et dentées dans tout leur pourtour; elles sont d'un beau vert luisant et munies à leur base de deux petites CE RAS us Vin G INI AN A. I '>3 glandes rougeâtrcs On remarque autour des endroits habités, que ses feuilles sont les plus sujettes à être attaquées par les chenilles. Les fleurs, de couleur blanche, sont disposées en épis, longs de 6 à 8 pouces [ i8 à 24 centimètres J, et à l'époque do la Poraisoii elles produisent un eilet charmant. Les fruits, de la grosseur d'un pois, dispo- sés pareillement en épis ou en grappes, ont une cou- leur presque noire , lorsqu'ils sont à maturité : ils deviennent bientôt alors, malgré leur amertume , la nourriture des oiseaux. Ces fruits sont apportés aux marchés de New-York et de Philadelphie, où on les achète pour en faire une liqueur spiritueuse, dans laquelle on met une certaine quantité de sucre ou de cassonade. L'écorce du Cerisier de Virginie , diffère assez de celle des autres arbres, pour le faire reconnoitre au premier aspect, toutes les fois que sa haute élévation ne permet pas d'en distinguer le feuillage- cette écorce qui présente dans son ensemble une surface fort égale, est noirâtre et raboteuse; elle se détache demi-circuiairement, en petites lames dures et épais- ses, qui restent long-temps adhérentes au corps de l'arbre , avant de se renouveler. Le bois ou le cc^ur de ce Cerisier est de couleur rouge clair, teinte, qui, à la longue, prend plus d'in- tensité. Le grain en est fin , serré et très-compacte ; ce qui le rend susceptible de recevoir un très-beau poli. Il a encore l'avantage, lorsqu'il est bien sec, de ne pas se tourmenter. Ces excellentes qualités le l54 CERASUS VIRGINIANA. font employer dans toutes les petites villes des États du Centre et de l'Ouest, pour la fabrique des meu- bles de toutes espèces, qui, lorsqu'ils sont faits de morceaux choisis et les plus rapprochés des bifur- cations, sont veinés très-agréablement ; alors ces meubles rivalisent de beauté avec ceux d'Acajou. Car assez généralement on préfère les meubles en Cerisier à ceux du Noyer noir, dont la couleur déjà très-brune, devient presque noire, avec le temps. Pour ce seul usage , le Cerisier de Virginie est cer- tainement d'une utilité réelle pour toutes les parties des Etats-Unis, éloignées des ports de mer, où l'on n'est pas à portée de se procurer de l'Acajou; car parmi les nombreuses espèces d'arbres qu'on trouve dans Tx^mérique Septentrionale, à l'Est du Mississipi, il n'en est aucune qui puisse remplacer aussi bien l'Acajou que le Cerisier de Virginie. C'est au moins ce que l'expérience prouve par l'emploi très-borné qu'on fait de leur bois pour cet objet. Sur les bords de l'Ohio, à Pittsburgh, à Marietta et à Louisville, on fait aussi entrer le Cerasus Vir- piniana ^ dans la construction des vaisseaux. On dit qu'aux Illinois , les Français s'en servent pour des jantes de roues. On trouve à New-York, à Philadelphie et à Balti- more, chez les marchands de bois , du Cerisier de Virginie, débité en planches de différentes épais- seurs, propres à faire des meubles, des montans de bois de lit et d'autres ouvrages analogues. Ces plan- ches, planks y d'environ 3 j^ouces ( 9 centimètres) CEflASUS VIRGINIANA. I.JJ d'épaisseur, s'y vendent à raison de 20 centimes le pied , et moins de la moitié de ce prix à Pittshaii,']) , ainsi que dansleGennessée. DuKentucky, on envoie des planches de Cerisier de Virginie, a la jNouvelle- Orléans, oii on en fait aussi des meubles. De tout ce que nous venons de dire , il résulte que le Cerisier de Virginie est un arbre dont les dimensions sont considérables, dont le bois est d'une excellente qualité, et dont la brillante végétation rend l'aspect très-agréable. C'est donc , sous' tous les rapports, un des arbres de l'Amérique Septentrionale qui mérite de trouver place dans les forets de la France, et surtout dans celles qui sont situées dans les Départemens du Nord, dans les Départemens réunis et le long du Rhin, pays qui me semblent plus analogues à ceux dans lesquels on le vo!t dans les Etats-Unis. Recommander la propagation de cet arbre aux forestiers Européens , c'est engager les Américains à le conserver avec soin et à favoriser sa reproduction sur les terres qu ils se proposent de conserver en bois. Ils devront donc d'abord y laisser subsister quelques-uns des vieux pieds qui s'y trou- veront naturellement, pour fournir par leurs graines à leur reproduction , et ensuite accélérer la crois- sance des jeunes, en détruisant les autres espèces d'ar- bres quipourroientla retarder. PLANCHE VI. Deux l'amcaux , Vun avec des /leurs , l'auire ai^ec des fruits à maturité. m. 20 CE RAS us CAROLINIANA. WILD ORANGE. Cerasus cariolinîana : foUis perennantihus , breviter pe- tiolatis , lanceolatb-oblongls , mucronatis , , Iceuigatis , suhcoriaceis , integris ; racemis axïllarihus , brevibus ; fructu subgîoboso , acuto , sub-exsuco. 0ns. Arborjormosa f fastigiata , rarfiis striclis ; fructihus hieme persistantibiis. Cette belle espèce de Cerisier existe aux Iles de Bahama, où elle a été observée par mon Père, et plus anciennement par Catesby. Sur le Continent de l'Amérique Septentrionale, elle paroît confinée aux Iles qui sont sur la Cote des Deux-Carolines, de la Géorgie et des Deux-Florides. Car^ sur la Terre- Ferme, à l'exception des bords des Lagoons, il est bien rare de la trouver naturellement, même à une distance de 8 à lo milles ( i5 kilomètres) dans l'inté- rieur des terres, attendu que, à cette petite distance, la température est de 5 à 6 degrés plus froids en hiver, et les chaleurs moindres en été dans la même propor- tion. Cet arbre connu sous le nom de FFild orange, Oranger sauvage , parvient à plus de 4^ pieds f i3 mètres ) de haut, sur lo à i5 pouces f3o à 45» cenlim.j de diamètre. Ses feuilles toujours vertes, longuesd'environ 3 pouces [g centim.j, sont de forme ovale-acuminée, lisses etluisantes à leur surface supé- Sf,^.''a ,M. CE R A S U S C «roKmana OuÉT'ie/ ,rc^d^. if/i. GLEDJTSIA TillACANTIIOS. 1 (>:> ntosii^ Lflnius ruhra ^ Fraxiniis (juudranf^ulala ^ iiobinia pseudo-acacia , Acer iie^undo , QjmnO' cladus canadensis y il concourt à la formation des ibréts qui reposent sur les meilleurs terreins, et dont la présence est toujours un signe indubitable de la plus grande fertilité. Dans ces diverses parties des l:tats-Unis, cet arbre est désigné assez indifférem- ment par les noms de Ilonej locust^ Locu<«t à miel ^ et àe Sweet locust , Locust doux: les Français des Illinois lui donnent celui de Févier. Le Gleditsia triacanthos ^ dans les situations qui sont les plus favorables à sa végétation, telles que j'ai eu occasion d'en trouver sur les bords de rOliio, entre Gallipoli et Limestone , parvient à de très- grandes dimensions, car j'en ai mesuré plusieurs, qui avoient entre 3 et 4 pieds [plus dun mètre j de diamètre, et dont la hauteur me parut égaler celle des arbres les plus élevés, qui, avec lui , composoient ces antiques forets ; quelques - uns étoient dégarnis de branches jusqu'à plus de ^o pieds (i3 mètres j de haut. Le Gleditsia triacanthos ^ sq reconno:t facilement, premièrement à son écorce, qui, à des intervalles de quelques pouces, se détache d'elle-même latéralement, en plaques larges de 3 à 4 pouces (^ 9 à 1 2 centim. j , et qui sont épaisses de 2 à 3 lignes (6 à gmillim.j; ensuite, à la forme du tronc, qui est comme contourné ou tors, et qui présente 3 à 4 larges sillons ouverts et peu profonds, lesquels se prolongent irrégulièrement de bas en haut; il a l66 GLEDITSTA TRÏACANTHOS. aussi un autre caractère très- distinctif; ce sont de fortes épines qui garnissent les branches et souvent le tronc des jeunes arbres. Ces épines, qui ont quelque- fois plusieurs pouces de longueur, sont ligneuses, rougeâtres et accompagnées latéralement vers leur tiers inférieur de deux autres épines de moitié plus petites. Le feuillage du Gleditsia triacanthos est léger , d'une verdure agréable; mais il est peu touffu et il laisse passer aisément les rayons du soleil. Si on considère chaque feuille isolément, on trouve qu elle est formée d'un pétiole commun, qui donne nais- sance à d'autres plus courts, et auxquels sont atta- chés deux rangs de petites folioles , de forme ovale , légèrement crénelées à leur sommet, et d'une belle couleur verte. Les feuilles tombent tous les ans, aux approches de l'hiver. Les fleurs disposées en grappes, sont petites, ver- dàtres et peu apparentes. Aux fleurs succèdent les fruits qui sont de longues gousses aplaties, pendan- tes , ordinairement tortueuses , et d'un brun rougeâ- tre. Ces gousses, longues de i pied à i8 pouces (34 à à 45 centim. j, contiennent des graines brunes, lis- ses et fort dures, qui sont entourées d'une pulpe très- douce dans le premier mois qui suit leur maturité , mais qui ensuite devient très-acre. Avec cette pulpe, encore fraîche et soumise à la fermentation^ on fait quelquefois de la bière , mais cette pratique n'est point généralement usitée; car, dans les Ltats de GLEDITSIA. TR I A CANTII OS. iCy-J l'Ouest, OÙ les Pommiers sont devenus fort al)on- (lans et les Pêchers encore davantage; on extrait de leurs fruits des liqueurs bien préférables. Le vrai bois ou le cœur du Gleditsia triacantho.s^ ressemble beaucoup, par son organisation, a celui du Rohinia pseudo-acacia ; mais il en difïere sur- tout en ce qu'il aie grain plus grossier, et les porcs plus ouverts ; ils le sont même plus que dans les Ch{'nes rouges: lorsqu'il est parfaitement desséché, sa dureté est extrême. Cependant le bois de cet arbre est assez peu estimé au Rcntucky , où l'on a eu , plus que partout ailleurs, les occasions de l'employer et d'en apprécier les qualités; on n'en fait usage, ni pour la bâtisse, ni pour le charronnage; seulement l'on en fait parfois des barres pour enclore les champs , mais ce n'est qu'occasionnellement et lorsque les arbres qui pourroient en fournir de meilleures, sont moins à la portée des cultivateurs. Je crois aussi que le bois du Gleditsia triacanthos est peu propre à lébénisterie : le Cerisier de Virginie et le Noyer, sont très - préférables; c'est ce que l'expérience a appris aux habîtans des pays où il est le plus abondant. Le seul objet pour lequel il pourroit être employé avec un grand avantage, seroit d'en former des haies, qui, au moyen des fortes épi- nes dont les branches se garnissent, seroient impé- nétrables. Le Gleditsia triacanthos^ a été depuis long-temps, introduit en Europe. Il réussit très-bien , fleurit et l68 GLEDITSIA TRIACANTHOS. donne des graines sous les climats de Paris et de Lon- dres, mais sa végétation est beaucoup plus active dans Ler Midi de la France. PLANCHE X. Rameau représentant les feuilles et une épine de moitié grandeur naturelle. Fig. i , gousse de largeurct de couleur naturelles {Elle est supposée ai^oir été coupée dans son milieu pour montrer la partie supérieure et la partie inférieure.) Fig. 2 , graine. £e^fa Jel, GLEDITSIA Monosperma Gahrifl j-rulv. GLEDITSIA MONOSPERMA, TU E (TA TE R L () C 1/ S T. Gleditsia monospenna , ramis subspinosls ; foliolis otni- to-oh lo allais ) le^umiidbus ovalibus , mue roua Us ^ ino~ nospermts. Cette espèce, très-distincte du Gleditsia tria- canthos^ surtout parla forme de ses fruits, appartient aussi à une latitude plus méridionale; car, dans les Etats atlantiques, elle ne commence à croître que dans la partie basse de la Caroline du Sud. Le point le plus rapproché de Charleston où elle se trouve, est à environ deux milles au-delà de Slanljridge, éloigné de trente-deux milles de celte Ville. Car , dans cet Etat , non plus que dans la Géorgie et la Floride Orientale , où je l'ai personnellement observé, cet arbre, sans être très-rare, est assez peu commun; et on peut voyager des journées entières sans lerencontrer, même dans les lieux qui paroissent les plus favorables à sa végétation. Le Gleditsia monospenna se retrouve dans le pays des Illinois, aux environs de Raskakias , situé à 3 ou 4 degrés plus au Nord, mais aussi beaucoup plus à l'Ouest, que le lieu que j'ai indiqué à l'Est des montagnes. Dans la partie méridionale et maritime des Etats- Unis, cet arbre désigné par le seul nom de TVater locust^ Févier aquatique , ne vient que dans les grands marais, -5'w<7/7?/jj", qui bordent les rivières, et dont le sol est toujours très-liumide et souvent submergé 170 GLEDITSIA. MONOSPERM A. au printemps , époque de la crue des eaux. Dans ces marais, il est réuni aux Cupressus disticha^ Nys- sa ^randidentata , Acer rubrum , Oiiercus Ijrata , Planera^ Ju^lans aquatica^ etc. 11 est également très- probable que cette espèce de Gleditsia se trouve dans les marais qui accompagnent ou bordent les rives du Mississipi, dans la Basse-Louisiane, et qu'il concourt avec les mêmes arbres que je viens de nommer, et d'autres encore, à former aussi les forets impénélrables qui les couvrent. Le Gleditsia monosperma s'élève de 5o à 60 pieds f 18 à 20 mètres j , sur i à 2 pieds (82 à 64 centim.) de diamètre. L'écorce qui revêt le tronc, surtout dans les jeunes arbres, est très-unie; et dans les plus vieux, elle se fendille, mais peu profondément et toujours beaucoup moins sensiblement que celle des Chênes et des Noyers. Ses branches, comme celles du Gleditsia triacanthos ^sQ chargent d'épines, avec cette différence cependant, que ces épines sont moins nombreuses, moins fortes, plus aiguës, et que sou- vent elles sont simples, ou accompagnées vers leur base d'une seule épine secondaire. Les feuilles sont moins grandes que celles du Gleditsia triacanthos ^ et les folioles qui sont atta- chées aux pétioles secondaires, sont aussi plus pet tes et d'une forme ovale plus acuminée à leur sommet. Les fleurs peu apparentes et de couleur herba- cée, sont sans odeur. Les gousses qui les remplacent sont au nombre de 3, 4 et 5 réunies ensemble; leur couleur est rougeâtre, elles ont environ un pouce GLEDITSIA MONOSPERMA. IJI ( 3 centimètres j de diamètre, et chacune né contient qu'une seule graine qui n'est point entourée de substance pulpeuse. Elles sont à maturité au pre- mier novembre. Le bois du Gleditsia monosperma ressemble, par sa texture qui est très-ouverte , et par sa couleur qui est jaunâtre, à celui du Gleditsia triacanthos \ et comme il ne vient qu'aux lieux très -humides , il doit être d'une qualité inférieure. Dans la Caroline et la Géorgie , il n'est employé à aucun usage. Cette espèce de Gleditsia est assez multipliée depuis les voyages de mon Père et les miens aux États-Unis, d'où nous en avons envoyé les grai- nes; mais comme elle est susceptible quelquefois d'être attaquée par les gelées qu'on éprouve en hiver, aux environs de Paris ; sa végétation est moins accé- lérée que celle du Gleditsia triacanthos ^ ce qui fait qu'elle y fructifie difficilement. J'ai remarqué que, planté dans des terreins qui n'étoient pas humides, cette arbre y végétoit également très-bien. Obs. Je présume qu'il existe encore dans les Etats de l'Ouest, une autre espèce de Gleditsia^ dont les gousses ont seulement 4 pouces (12 centimètres) de longueur, et qui sont assez étroites. Mais je ne la con- nois pas assez bien pour me permettre de la décrire. PLANCHE XL Rameau avec les feuilles et une épine de grandeur naturelle. Fi g. I, gousse de grandeur naturelle. jFig.2, graines. III. 22 Pli. Sed-sa ^ei. lAUKUS Sassafras. Oatrid ./•« LAURUS SASSAFRAS, THE SA SS^Î FRA S. Ennéandrie monogynie, Linn. Fain. des Lauriers ,Jus». Laurus sassafras , Joliis décidais , iategris trilohisque ; Jïoribus dioïcis. Le Laurier sassafras doit à ses propriétés médicale» d'avoir été un des arbres de l'Amérique, qui, après la découverte de ce nouveau Continent, fut un des premiers connus des Européens. Monardès, en i5>495 et ensuite Clusius, qui ont traité des plantes étrangères employées en médecine, s'étendent assez longuement sur les usages auxquels son bois ëtoit dès-lors reconnu propre dans cer- taines maladies. Hernandès, dans son Histoire des Plantes du Nouveau-Mexique ^ publiée en i638, indique cet arbre comme se trouvant dans la pro- vince de Mechoacan. Je doute néanmoins qu'il y soit aussi commun que dans celte partie de l'Amérique Septentrionale, qui est située à l'Est du Mississipi. Dans les Etats-Unis, les environs de Portsmouth, dans le New-Hampshire , latitude 43*^ , peuvent être regardés comme un des points les plus avancés, où il commence à paroitre vers le Nord-Est, quoique plus à l'Ouest, on le trouve à un degré plus avant vers le Nord. Ce qui tient à l'observation déjà faite , que, plus on avance dans la direction de l'Ouest, dans III. 11 * 1^4 laurus sassafras. l'Amérique Septentrionale , plus on remarque que la température du climat est moins rigoureuse en hiver, et la surface du pays moins montagneuse. Cepen- dant, sous de pareilles latitudes, le Sassafras n'est, pour ainsi dire , qu'un grand arbrisseau , qui rare- ment excède i8 à 20 pieds ( 6 à -y mètres) de hau- teur ; tandis qu'à quelques degrés plus au Sud , comme dans le voisinage de New-York et de Phila- delphie, il acquiert 4o à 5o pieds Ç ï3 à 17 m êtres j , et il parvient encore à une plus haute élévation dans quelques parties de la Virginie , des Carolines €t des Floridès, ainsi que dans les États de l'Ouest et dans la Haute et Basse-Lous ane ; car cet arbre se trouve fort abondamment dans toutes ces Contrées, excepté dans la région montagneuse des AUéghanys qui les traversent, où il m'a paru comparativement beaucoup plus rare. Enfin , depuis Boston jusqu'aux rives du Mississipi , et depuis les bords de l'Océan , en Virginie, jusqu'au-delà du Missouri , dans la Haute-Louisiane, ce qui comprend une étendue de plus 600 lieues (3^ooo kilomètres) dans ces deux directions, le Sassafras est assez multiplié pour être mis au rang des arbres les plus communs; car on le voit croître également dans les terreins secs et grave- leux, et dans ceux qui sont frais et fertiles, à l'excep- tion néanmoins de ceux qui sont trop arides et sablonneux, comme le sol des Pinières, Fines harrens ^ dans les États Méridionaux, et les marais vaseux et aquatiques, qui bordent les rivières qui les traversent. LAURUS SASSAFRAS. 1^3 Dans la partie basse et mariiime de la Virginie y des deux Carolines et de la Géorgie , on remarque que le Sassafras se multiplie préférablement autour des habitations et dans les terres qui ont été aban- données à cause de réj)uisement du sol. Les plus vieux arbres y donnent naissance à des centaines de rejetons qui sortent de terre de distance à autre, mais qui rarement s'élèvent à plus de G à 8 pieds (^ 2 à 3 inèt.J ; et quoique cet arbre soit fort commun dans les mauvais terreins, et qu'il fleurisse et fructifie à la hau- teur de i5 à 20 pieds ( 5 à 7 mètr. ) , cependant on ne le voit jamais trèsrgrand et très-gros, que dans les bonnes terres , comme sur les coteaux à pente douce, qui avoisinent les marais, ou encore au milieu des belles forets de l'Ouest-Tennessée et du Rentucky. Les feuilles du Sassafras, longues de 4 à 5 pouces ^12 à i5 centimètres j, sont pétiolées et disposées alternativement sur les branches. Lors de leur déve- loppement au printemps, elles sont velues et d'une texture molle» Ces feuilles varient de forme sur le même arbre; les unes sont entières et ovales , et les autres sont partagées le plus souvent en trois lobes arrondis à leur sommet. Ces dernières sont toujours les plus nombreuses , et sont placées vers la partie supérieure de l'arbre. Dans les environs de New-York et de Philadel- phie, le Sassafras est en pleine fleur dans les pre- miers jours du mois de mai, et six semaines plutôt dans la Caroline Méridionale. Les fleurs situées aux extrémités des rameaux de l'année précédente, parois- 1^6 LAURUS SASSAFRAS. sent avant la naissance des feuilles; elles forment de petites grappes d'un jaune pâle, qui ont peu d'odeur. Dans cette espèce de Laurier, les sexes se trouvent partagés sur des pieds différens, ce qui fait qu'il n'y a que ceux qui portent des fleurs femelles qui donnent des fruits. Ces fruits ou graines, sont de forme ovale, d'un bleu foncé, et sont contenus dans un calice ou capsule, d'un rouge vif, supporté par un pédicule de i à 2 pouces (^3 à 6 centimètres]. A l'époque de leur maturité, ces graines sont recher- chées avidement par les oiseaux , et elles disparois- sent bientôt alors de dessus les arbres. Le tronc des vieux Sassafras est couvert d'une écorce profondément crevassée , elle est grisâtre et n'offre rien de remarquable. Mais, lorsqu'elle est entamée, on trouve qu'elle est d'un rouge terne un peu foncé, et qu'elle ressemble assez au Quinkina rouge. L'écorce des jeunes branches et des rejetons, est, au contraire, lisse et d'une belle couleur verte. Il m'a paru que le bois de cet arbre n'étoit pas d'une grande force ; car des branches assez grosses se rompent sans beaucoup d'efforts. Ce bois est blanc dans les jeunes arbres, et rougeâtre dans ceux qui ont plus de i5 à 18 pouces Ç l\5 à 54 centimètres) de diamètre, et dans ceux-ci le grain est plus serré et plus compacte ; ce n'est pas néanmoins qu'on doive , sous ce rapport , l'assimiler aux Chênes ou aux Noyers. L'expérience a appris que ce bois, dépouillé de son aubier , résistoit long-temps à la pourriture ; c'est pourquoi on en fait des pieux qui durent long- L AU RUS SASSAFRAS. I77 temps en terre et de bonnes barres pour les clô- tures des champs. Dans les campagnes, on l'employé encore quelquefois pour faire des poutres et des solives dans la bâtisse des maisons en bois. On assure aussi qu'il n'est pas attaqué par les vers; ce qu'il doit à son odeur, qu'il conserve aussi long- temps qu'il n'est pas exposé aux alternatives de la sécheresse et de l'humidité ; c'est encore à cause de cela que quelque fois on en fait des bois de lit, qui, dit-on^ sont exempts d'insectes, à cause de cette ir.éme odeur. Mais, pour ces différens usages, le bois du Sassafras n'est pas dun service habituel, et on ne s'en sert qu'occasionnellement et seulement dans les cam- pagnes; car on ne le trouve pas débité en planches, ou de toute autre manière, chez les marchands de bois dans les villes. Aussi, sous ce point de vue, cet arbre n'est et ne sera jamais que d'un intérêt très- secondaire dans les arts mécaniques. Il est assez peu estimé pour combustible , et ce n'est que dans les villes des Etats Méridionaux , où le pays ne fournit pas abondamment, comme dans les Etats du INord, du bon bois à brûler, qu'on apporte celui de Sassafras au marché, où il fait partie des bois de la troisième qualité. L'écorce de Sassafras contient beaucoup d'air, car elle craque en brûlant comme le Châtaignier. Les propriétés médicales du Laurier sassafras paroissent tellement avérées, que depuis plus de deux cents ans qu'il a été introduit dans la matière médicale, il a soutenu sa réputation , comme un des bons sudorifiqucs qu'on puisse employer dans les iy8 LAURUS SASSAFRAS. affections cutanées , les rhumatismes chroniques et surtout dans les maladies syphilitiques dégénérées : dans ce dernier cas, il est toujours réuni au gayac et à la salsepareille. Ce bois est légèrement aro- matique , mais l'odeur et la saveur qui lui sont propres, sont plus sensibles dans les jeunes bran- ches ; et ces qualités sont incomparablement plus actives dans l'écorce des racines: aussi c'est cette partie de l'arbre qu'il faut toujours choisir de pré- férence, car le bois ne me paroît véritablement contenir que fort peu des propriétés qui lui sont assignées, propriétés qui se dissipent lorsqu'il est long-temps gardé. C'est aussi de l'écorce des racines, qui est assez épaisse et comme sanguinolente, qu'on peut obtenir une plus grande quantité d'huile essen- tielle. Cette huile exposée au froid, donne dit-on, à la longue, de très-beaux cristaux. Les fleurs de Sassafras, fraîches, ont aussi une légère odeur aromatique. Dans les Etats-Unis , un grand nombre de personnes, dans les campagnes et même dans les villes, les considèrent comme stoma- chiques et comme un dépuratif du sang 5 c'est pour cela qu'au printemps, elles en prennent pendant une quinzaine de jours, une infusion théiforme , à laquelle elles ajoutent un peu de svicre. Ces fleurs sont apportées au marché des grandes villes , où on les vend de 35 à 4^ centimes le litre. La cueillette des fleurs de Sassafras se fait en coupant les branches et même les arbres, ce qui contribue beaucoup à leur destruction. LAURUS SASSAFRAS. ing Les feuilles desséchées du Sassafras contiennent un principe muciiagineux qui ressemble à celui de VEsculus esculentus, A la Louisiane, on sert de même de ces feuilles pour mettre dans le bouillon qu'elles épaississent. En Virginie et dans les Etats situés plus au Sud beaucoup d'habitans de la campagne font, avec les jeunes pousses du Sassafras bouillies dans l'eau , à laquelle on ajoute ensuite une certaine proportion de mélasse et qu'on laisse ensuite entrer en fermen- tation, une espèce de bière , considérée comme une boisson très-salutaire pendant l'été. Tels sont les résultats des observations que j'ai faites sur le Sassafras , arbre fort intéressant sous le rapport de ses usages en médecine : ce motif me paroit suffisant pour qu'on essaie de le propager dans les forets Européennes, et surtout dans les parties méridionales de la France et en Italie où il viendra très-bien , car il réussit déjà dans le cli- mat de Paris et de Londres. PLANCHE I-. Rameau avec les feuilles et les graines de grandeur naturelle. Fiq. 1 , fleurs mâles. Fig. 2 , fleurs femelle s. L A U RUS CAROLINIENSIS. THE RED BAY, Laurus carolîtiiensis , foins perennantîhus , ovato-acu- minatis , subtus suhglaucis , baccis cœruleis. C'est près de Norfolk ^ dans la Basse-Virginie, qu'en allant du Nord au Sud , l'on commence à observer cette espèce de Laurier. On la trouve ensuite, sans interruption, dans toute la partie basse et mari- time des Carolines , de la Géorgie , ainsi que dans les Deux Florides et la Basse-Louisiane. Pour cet arbre, comme pour plusieurs autres que j'ai déjà décrits, les limites que j'ai assignées aux Pinières , Fines harrens , en donnant la description du Pinus australisy sont précisément celles dans l'étendue desquelles il croît exclusivement. Le Laurus caroliniensis est connu dans toute cette partie des États-Unis, sous le seul nom de Red bay , Laurier rouge, et il y est très-multiplié: réuni avec le Magnolia ^lauca, leNjssa syhatica^ l'Acer rubrum^ le Quercus aquatica , etc. , il remplit les marais longs et étroits, Branchs swamps , qui cou- pent les Pinières dans toutes sortes de directions. On le voit encore aux approches des grands marais qui bordent les rivières, ainsi qu'autour des mares, Ponds busches, couvertes de Laurus œstwalis , qu'on trouve aussi, de distance en distance, dans les mêmes Pinières. Ainsi un sol lirais, et même humide, paroît s. J. lie douée de/ LAUJLXJ S C axolxLiiexisis . Gtd>m/ j-cuii LAURUS CAROLI NIENSI5. l8l essentiel à la végétation de cet arbre , qu'on ne ren- contre jamais dans les terreins qui sont trop secs et trop sablonneux. On remarque encore que, plus on avance vers le Sud, plus sa végétation est belle et vigou- reuse, comme dans le Midi de la Géorgie et dans les deux Florides, où l'on voit très-fréquetnment des pieds de cet arbre qui ont Go à 70 pieds f in à 20 mètres) d'élévation, sur i5 à 20 pouces (4^3 60 centimètres) de diamètre 5 dimensions auxquelles on le voit plus rarement parvenir dans les Carolines. Peut-être aussi, comme ces deux États sont plus anciennement habités et beaucoup plus peuplés, les plus gros pieds ont-ils été abattus pour en employer le bois à des usages auxquels il est reconnu très- convenable. Le Laurus caroliniensis présente rarement une forme régulière, lorsqu'il parvient à une grande hauteur; son tronc est le plus souvent tortueux , et se partage en plusieurs grosses branches , à 8, 10 et 1 2 pieds (2, 3 et 4 mètres) de terre. En cela, il diffère du Gordonia lasyanthus ^ du Liqiddamhar stjra^ cijlua, à.Q% Njssas Ql des Chênes, dont la tige est droite et d'une grosseur presque uniforme jusqu'à 20 et 3o pieds (7310 mètres) de hauteur. L'écorce qui couvre le tronc des vieux Laurus caroliniensis ^ est épaisse et profondément crevassée j celle des jeunes branches est, au contraire, lisse et d'une belle couleur verte. Les feuilles longues d'environ 6 pouces (18 centimètres), placées alternativement sur les branches, sont ovales, acuminées et blanchâtres m. 23 182 LAURUS CAROLINIENSIS. OU glauques à leur partie inférieure. Ces feuilles sont toujours vertes, et lorsqu'on les froisse, elle répandent une odeur assez forte , qui ressemble beau- coup à celle du Laurus nohilis , et elles peuvent de même être employées dans l'apprêt des mets. Les fleurs de cet arbre disposées en petites grappes , naissent dans les aisselles des feuilles, et sont sup- portées sur des pédicules légèrement velus. Aux fleurs succèdent des graines ou fruits qui sont ovales et de couleur bleue. Ils ont la plus grande ressem- blance avec ceux du Laurus sassafras. Ces graines lèvent très-aisément, ce qui fait que, dans le voisi- nage des vieux pieds , on trouve des centaines de jeunes plants de toutes grandeurs. Le bois à\x Laurus caroliniensis est d'une belle couleur roscj il a de la force et le grain en est fin et serré; ce qui le rend susceptible de prendre un beau poli. Avant que l'Acajou fût devenu aussi à la mode pour les ouvrages d'ébénisterie , le bois de cet arbre étoit le plus employé dans les Etats Méridio- naux, et le plus propre à remplir le même objet, et on en faisoit des meubles de la plus grande beauté. Si l'on ne s'en sert presque plus aujourd'hui, c'est qu'il est difficile de trouver des arbres d'un gros diamètre, avantage queprésententles blocs d'Acajou, qui sont importés à un fret médiocre de Saint- Domingue, et qui reviennent à fort bon marché. On a trouvé dans ces derniers temps que le bois du. Laurus caroliniensis , pouvoit, comme celui du Cèdre rouge, être utilement employé dans la cons- LAURUS CA ROLI NIENSIS. l83 traction des navires, parce qu'il réunit la force à la durée; c'est ce qui fait que dans le Midi de la Géor- gie et dans la Floride Orientale, lorsqu'on en ren- contre des individus qui ont de grandes dimensions, on les débite en poutres équarries, qui sont trans- portées àNew-Yorketà Philadelphie, avec le Chêne vert et le Cèdre rouge. D'après ce qui vient d'être dit, on voit que le /.«m- rus carolinîensis , est un arbre agréable, dont le bois est beau et bon, mais qui, quoique commun, arrive rarement à d'assez fortes dimensions , pour offrir de grandes ressources dans les arts. C'est du moins ce que l'expérience a jusqu'à présent paru confirmer. PLAINCHE II. Rameau avec des feuilles et des graines de grandeur et de couleur naturelles. PLATANUS OCCÎDENTALIS. BUTTON WOOD. Monœcie monandrie, LiNN. Fam. des Araei>tacées , Juss. Plat AN US occiclentalis ^ foîiîs lobatb-angulosh ^ ramulis alhentihus. De tons les arbres qui croissent dans îa zone tem- pérée de l'ancien et du nouveau Continent, il n'en est aucuns, parmi ceux qui perdent leurs feuilles, qui égalent les Platanes d'Orient et d'Occident, par le grand développement de leur végétation. De même que l'espèce qui croit en Asie, et qui a été si célébrée des anciens, à cause de son port majestueux et de sa grosseur extraordinaire, le Platane d'Occi- dent est non moins remarquable par son amplitude et son aspect magnifique. Dans les États adantiques , cet arbre est le plus généralement désigné par le nom de Button FFood^ Bois à boutons , et quelquefois en Virginie , par celui de FVater beech, Hêtre d'eau. Sur les bords de rOhio, dans Is Rentucky et le Tennessee, le nom de Sycomore est plus eu usage ^ quelques personnes le connoissent aussi sous celui de Plane tree , Pla- tane. Les Français du Canada et de la Haute-Loui- siane, l'appellent Cotonier , Coîton tree. De ces diverses dénominations , la première m'a semblé la plus répandue , et il m'a paru qu'elle n ëtoit pas PI. 3. M.J.JleJffutr mna- PL AT ANUS Occiaentalis ^al^rifl j-c . PLATANUS OCCID L.NTALIS. I 8 J ' étrangère aux personnes qui employent les autres. C'est ce seul motif qui rua décidé à lui donner la préférence, bien que le nom de Plane tree^ Platane, soit plus convenable. Le Platane d'Occident, d'après mes observations , ne paroit pas croître dans les États-Unis , vers le Nord-Est, au-delà de Portland, situé par le [\à^. 3o" de latitude; mais plus à l'Ouest, sous le 730. de longitude, on le trouve deux degrés plus avant vers le Nord , comme à l'extrémité Septentrionale du lac Champlain et Montréal. Je n'ai pas observé person- nellement cet arbre dans cette direction, plus loin que sur la Rivière Onion, dans l'Etat de Vermont; et je ne l'ai point vu dans le District de Maine , non plus qu'à la Nouvelle-Ecosse. Les arbres de cette espèce qui existent dans la Ville d'Halifax, y ont été plantés pour orner le devant de quelques maisons; et quoiqu'ils aient près de l\o pieds ( i3 mètres) de hauteur, leur croissance n'annonce pas cette vigueur qu'elle a sous une latitude plus méridio- nale, où les froids sont plus modérés en hiver. A partir de Boston et des rives du lac Champlain , en se dirigeant vers l'Ouest et le Sud-Ouest, on ne cesse plus de rencontrer cet arbre jusqu'au-delà duMissis- sipi, soit dans les États atlantiques, soit dans ceux de l'Ouest; ce qui comprend une très-vaste étendue de pays. Le Platane, par sa nature, appartient exclusive- ment aux lieux humides ou constamment frais, dont le sol est meuble, profond et des plus fertiles; sa l8Ô PLATANUS OCCIDENT ALI S. force végétative est aussi relative à ce concours de circonstances; d'une autre part, on ne voit pas cet arbre croître en plein bois, parmi les Chênes blancs, les Chênes rouges , les Noyers , etc. , dans les terreins secs et à surface inégale. Il est aussi comparative- ment plus rare dans toutes les régions montagneuses des Alléghanys, que dans le pays plat. On remarque cependant que le Platane, quoique fort multiplié dans tous les marais de cette partie de la Virginie , que traverse la route qui conduit de Baltimore à Pétersburgh, n'y est pas d'une belle venue, car le plus souvent il n'excède pas 8 à lo pouces ( 34 à 36 centimètres j de diamètre ; plus au Sud, dans la partie basse des Caiolines et de la Géorgie, cet arbre est peu multiplié, même sur les bords des rivières ; et dans ces États , on ne le voit pas dans les Branchs swainps^ marais longs et étroits, dont j'ai déjà parlé, et qui traversent dans toutes sortes de directions les Pinières, lesquels , comme je l'ai dit, sont remplis principalement de Magnolia ^lauca ^ de Laurus caroliniensis ^ de Gordonia lasyanthus^ d Erables rouges, etc. Si l'on ne trouve pas le Platane dans ces petits marais, la cause en est peut-être que la couche de terre végétale , de couleur noire et tou- jours bourbeuse , y a trop peu d'épaisseur et de substance, et que les chaleurs sont très- fortes et très-prolongées dans cette partie des Etats du Sud. Mais, nulle part dans l'Amérique Septentrionale , on ne trouve le Platane plus abondamment et d'une végétatiorf plus vigoureuse et plus brillante, que PL AT A NUS OCCIDEN TALIS. 1 87 dans le voisinage des grandes rivières de la Pcnsyl- vanie et de la Virginie. Cette force de végétation est peut-être plus remarquable encore, dans les vallons incomparablement plus fertiles, au milieu desquels circulent celles de l'Ouest, et notamment sur les rives de l'Ohio , et sur celles des autres rivières qui viennent s'y rendre, telles que la Grande-Muskin- gum, la Grande-Renhaway , la Grande-Scioto, la Rentucky, Wabasch, etc. Les vallons que ces rivières arrosent, sont couverts de forets ténébreuses, dont les arbres sont d'une grosseur et d'une élévation remarquables. Le sol de ces vallons est d'une cou- leur brune, très-profond, très-meuble et onctueux au toucher. Il paroit être le produit des couches limoneuses, que les rivières en se débordant, y dépo- sent chaque année, depuis des siècles. Les feuilles , qui, tous les ans, à l'automne, forment un lit épais sur la surface du sol, et les arbres morts ettombant de vétusté, qui se réduisent en terreau, donnent encore à ce terrein, déjà si fertile , un nouveau degré de fécondité, dont on n'a pas d'idée en Europe et qui se manifeste par des prodiges de végétation. Les bords immédiats de ces grandes rivières de l'Ouest, sont le plus ordinairement occupés d'abord par les Saules, ensuite par les Érables blancs, Acer eriocarpum^ et en troisième rang, par les Platanes. Cette disposition n'est pas cependant, comme on peut le penser, tellement régulière, que ce ne soient quelquefois les Érables qui occupent les rives- et le plus souvent encore, ceux-ci sont entremêlés avec l88 PLATANUS O CCIDENTALIS. les Platanes : mais parmi les diverses essences qui couvrent ces vallons, ces trois espèces d'arbres sont celles, qui, par leur position, redoutent le moins le séjour long-temps prolongé des eaux, et dont le tronc, à sa base, est exposé tous les ans, à être submergé au printemps, â la crue des rivières. Dans ces sortes de situations, le Platane se montre toujours le plus gros et le plus élevé des arbres des États-Unis; souvent on en trouve dont le tronc de plusieurs pieds de diamètre, et dégarni de branches à plus de 60 à yo pieds f 20 à 3o mètres) , ne commence à se partager en plusieurs branches, que vers le sommet des autres arbres : fréquemment de la même souche, partent obliquement deux ou trois jets également vigoureux , qui surpassent aussi en diamètre tous les arbres d'alentour. Mon Père trouva, dans une petite lie de rOhio, i5 milles ( 25 kilomètres) au-dessus de la rivière Muskingum, un Platane dont la circon- férence, à 5 pieds (16 décimètres) de terre, où la tige est plus uniforme, étoit de 4o pieds 4 pouces (plus de i3 mètres); ce qui fait environ i3 pieds f 43 décimètres ) de diamètre. Vingt ans aupara- vant, le Général Washington, avoit mesuré ce même arbre , et lui avoit trouvé à-peu-près les mêmes dimensions. Dans un voyage que je fis en 1802, dans les États de l'Ouest, je trouvai sur la rive droite de l'Ohio, 36 milles Ç60 kilomètres), avant d'arriver à Marietta, un Platane dont le tronc à sa base , étoit renflé d'une manière extraordinaire Je le mesurai avec mon compagnon de voyage, à PLATANUS OCCIDENTALIS. 1 8f) 4 pieds (129 centiin.j, au-dessus de la surface du sol , et nous lui trouvâmes 47 pieds (près de iGmèt.) de circon Té renée. Cet arbre qui paroissoit végéter avec force , se ramjiioit à environ 20 pieds ( 7 met.) de hauteur. On cite un autre Platane aussi gros, dans le Genessée. Ces Platanes si remarquables par leurs dimensions, rappellent le fameux Platane de Lycie , dont Pline nous a conservé l'histoire, et dont le tronc creusé par le temps, offrit une retraite au Consul romain Licinius Mutianus, qui y passa une nuit avec dix-huit personnes de sa suite; l'intérieur de cette grotte avoit environ 76 pieds (environ 25 mètres) de circonférence , et sa cime ressembloit à une petite foret. On voit par ce qui a été dit précédemment que ces deux espèces de Platanes, les seules de ce genre connues jusqu'à ce jour , ont le plus grand rapport enlr'ellesparlagrosseur extraordinaire de leur tronc, ainsi que par leur port majestueux. On trouve géné- ralement en Europe, que le feuillage de l'espèce Américaine est plus beau et donne un ombrage plus épais. Ses feuilles d'un beau vert, et disposées alter- nativement sur les branches, ont de 5 à 10 pouces (^ i5 à 3o centim. J de largeur, et sont moins profon- dément découpées que celles du Platane d'Orient, dont les lobes forment des angles moins ouverts. Au printemps, ces feuilles sont tapissées inférieurement d'un duvet assez épais, qui disparoit aux approches de l'été. Lorsque cet arbre est très-abondant dans certains cantons , quelques habitans en redoutent III. 24 IQO PLATANUS O C C ID E^N TA L IS. le voisinage. Ils croyent que ce duvet très-fin et qui voltige dan« l'air , produit une irritation des poumons, qui peut disposer à la pulmonie ; opinion que je considère comme un peu populaire; car le moindre zëphir suffit pour emporter au loin et dissé- miner dans le vague des airs, ce duvet si tin et si léger. Les sexes sont séparés dans le Platane; les fleurs mâles et les fleurs femelles ne sont pas placées sur des branches différentes, mais attachées sur le même pédicule. Ces fleurs ont la forme de petites boules, qui, dans les fleurs femellesgrossissent,et acquièrent I pouce (3 centimètres j de diamètre, et sont sou- tenues par des pédicules de 2 à 3 pouces ( 6 à g cent, j A l'automne et dans le cours de l'hiver, ces boules tombent, se divisent naturellement, et les graines dont elles étoient formées, sont emportées au loin dans les airs, au moyen d'une aigrette plumeuse , dont elles sont surmontées. Le tronc et les branches du Platane sont couverts d'une écorce unie , d'un vert pâle , dont Fépiderme se détache tous les ans , par partie ; ce qui est un indice suffisant pour le faire reconnoitre au premier abord , lorsqu'il a perdu ses feuilles en hiver. Ses racines, sorties fraîchement de terre, sont d'une belle couleur rouge; teinte , qui^ néanmoins disparoît entièrement si , après avoir été fendues , elles sont exposées à la lumière, dans un endroit sec. On remarque encore que dans les racines, les couches concentriques et les éruptions transversales sont beaucoup plus appa- rentes qu'elles ne le seroient dans un morceau tiré PLATANUS OCCIDENTALIS. IQI du corps clc l'arbre. Dans les défrichemens, c'est quelquefois avec peine qu'on parvient à faire périr entièrement le Platane; les souches donnent long- temps de nouveaux rejetons: mais une fois mort, il pourrit promptcment. Le bois de Platane en se desséchant, devient d'un rouge terne; le grain en est fin , serré, et il est suscep- tible de prendre un beau poli , plus que celui de Hêtre,, avec lequel il a quelque ressemblance. Ses couches concentriques sont coupées par des érup- tions transversales, qui se portent de la circonfé- rence au centre-, elles sont très-nombreuses et très- minces. Lorsque le bois est fendu parallèlement à leur direction , les éruptions paroissent plus larges ; elles sont, au contraire, moins apparentes lorsque la coupe se fait parallèlement aux couches concen- triques. 11 sembleroit donc que cette division devroit se faire dans une direction intermédiaire^ afin que les mouchetures ne fussent ni trop petites, ni trop grandes, et qu'elles fussent également éloignées les unes des autres, afin de donner aux meubles une apparence agréable. A Philadelphie, les Ebénistes ne font que rarement usage du bois de Platane pour meubles; il a, suivant eux, le désavantage de trop se tourmenter; le Cerisier de Virginie et le ÎSoyer noir, n'ontpas ce défaut; et comme ils sont plus durs, leur poli est plus durable et ne se ternit pas aussi promptcment, ce qui fait que le Platane n'est presque employé que pour des montans de bois de lit, aux- quels on conserve la couleur naturelle du bois, et qu'on se contente de vernir. I()2 PLATANUS OCC I D EN T Al I S. Le Platane pourrit promptement lorsqu'il est exposé aux injures du temps, en sorte qu'il ne doit pas être employé au-dehorsj mais quand il est bien sec, on peut s'en servir utilement dans la bâtisse intérieure des maisons, soit pour solives, soit débité en planches' pour revêtir la charpente en-dedans ; mais il n'entre point dans la construction des navires. Les Français des Illinois et du port Vincennes, situé sur la rivière Wabash, en font quelquefois des piro- gues. Il y a quelques années qu'on en construisit une sur cette rivière , d'un seul tronc de Platane qui avoit 65 pieds (^près de 22 mètres j de longueur, et qui portoit 9 milliers (45^00 kilogrammes). Il est difficile d'assigner une différence entre 1^ bois du Platane d'Occident et celui du Platane d'Orient, quant à la couleur et à l'organisation. Si donc , on ne trouve pas dans le premier, les bonnes qualités que les anciens reconnoissoient au second, la cause en est peut-être que, dans la grande variété d'arbres que produit le sol des Etats-Unis, ceux qui sont propres aux constructions civiles et maritimes, sont très-abondans; et de plus, que l'Acajou, si supérieur pour la confection des meubles , s'obtient avec la plus grande facilité des Indes Occidentales. * Depuis bien des années, le Platane d'Asie et celui de FAmérique , ont été introduits en Europe. Ces arbres d une végétation rapide, et si remarquables par la noblesse de leur port, sont les plus propres à orner les parcs d'une grande étendue, les jardins publics et l'approche des grandes villes. Dans les États-Unis, PLATAINUS OCCI D i::ST ALIS. IQ^ 011 l'a tmo sphère est plus chargée d'humidité qu'en Europe, ils rempliroient Lien cet usage, pourvu que le sol ne fût pas trop sec. Leur superbe feuil- lage qui donne beaucoup d'ombrage, n'a point non plus l'inconvénient , comme celui de l'Orme et du Cerisier, d'être attaqué par les chenilles qui , dans l'Amérique Septentrionale, encore pi us qu'en Europe, dévorent les feuilles de ces deux espèces d'arbres. PLANCHE III. Feuilles d'un tiers de grandeur naturelle. Fig. i , fleurs mâles et fleurs femelles. Fig. 2 , fruit de grosseur naturelle. F g. S , graine. LIQUIDAMBAR styraciflua. SWEET GUM: Mouœcie poijandrie , LiNN. Fara. des Amentacée», Jbss. JuiQViJ)AmBAK sùj7'ac(/lua f Jblii's palmads ; lobîs acu- mînatis , dentatis ; axillis nervorum vîllosis. De tous les arbres de TAmérique Septentrionale , on n'en connoît jusqu'à présent aucun qui croisse dans une étendue de pays aussi considérable que le Liquidambar styraciflua. En suivant les Côtes de l'Océan, on commence à l'observer au Nord-Est, entre Portsmouth et Boston , latitude 43°. 3o"j on continue ensuite à le trouver , vers le Sud- Ouest, jusque dans l'ancien Mexique; et à l'Ouest, à portée des bords de la mer en Virginie, jusqu'au- delà de la rivière des Illinois; ce qui , d'une part, renferme plus des deux tiers de l'ancien territoire des Etats-Unis, et de l'autre, les deux Florides, la Basse et la Haute -Louisiane^ ainsi qu'une grande partie de la Nouvelle-Espagne. Dans les États-Unis, cet arbre est universellement désigné par le nom de Sweet gum , Gommier doux. Les Français de la Louisiane lui donnent celui de Copahn. Le Liquidambar styraciflua est assez multiplié dans les Etats du Centre, de l'Ouest et du Sud, pour /V j. [P J ReJotUe Je/. (}aÀriri <' i' LIÇUIDAMBAR StyraciflTta LTQUIDAMB AR S T YR A. C I F LU A. IqS être mis au nombre; des arbres les pbis communs qu'on y trouve: ainsi on est certain de le rencontrer par-tout où le lerrein est de bonne qualité, cons- tamment frais et même exposé à être momentané- ment submergé; ce qui fait qu'on le voit presque toujours réuni à l'Érable, au Njssa aquatica^ au Quercus discolor^ au Jii^lans squamosa et au Ju- glans amara. Dans les États du Sud, il vient dans les mêmes situations; et dans les grands marais qui avoisinent les rivières, on remarque qu'il parvient à un plus grand développement, lequel est dû, sans doute , à la température du climat qui est très-douce en hiver et à l'intensité de la chaleur qui est beau- coup plus forte en été. Le plus gros Liquidainbar que j'aie observé, s'est trouvé dans un grand marais, éloigné d'environ 3 à 4 milles (5 à 7 kilomètres) d'Augusta, en Géorgie. A 5 pieds (2 mètres ) déterre, où j'ai mesuré cet arbre, il avoit i5 pieds 7 pouces (5 mètres) de circonférence ; mais il se ramifioit à la hauteur de i5 ou 18 pieds ( 5 ou 6 mètres j. Sa cime vaste en proportion, couvroit une surface de terrein considérable. Le marais dans lequel avoit crû cet arbre, ofFroit un terrein de bonne qualité et tou- jours plus ou moins humide: il étoit particulière- m.ent garni de Quercus prinus palustris^ de Quercus phellos^ à'Ulmus alata^ de Nyssa syhatica , à^ï^vdi- bles rouges^ de Frênes rouges et de Frênes à feuilles de Sureau. De ce que l'arbre que je viens de citer, se divisoit 196 LIQUIDAMBAR STYRACIFLUA. à une petite hauteur, on ne doit pas en conclure que cela soit généralement ainsi. Car toutes les fois que le Liquidambar est serré parmi les autres arbres , il offre , comme le Chêne ^ l'Orme , le Tulipier, etc. , une tige parfaitement droite et d'une grosseur uni- forme, jusqu'à une grande élévation ; et il ne com- mence à se partager en plusieurs branches , qu'à la hauteur de 3o et 4o pieds [10 à i3 mètres). Alors il a communément de i à 2 pieds (639 déci- mètres j de diamètre : mais, comme cet arbre est fort multiplié, et qu'on le voit fréquemment dans des lerreins qui paroissent peu favorables à sa végé- tation, terreins graveleux et assez secs, alors il n'ex- cède pas i5, 20 et 3o pieds (5, 7 et 10 mètres J d'élévation, et ses branches secondaires sont cou- vertes d'un épidémie desséché et lamelleux, qui est attaché verticalement et non à plat, comme cela a lieu ordinairement dans les autres arbres. Le Liquidambar est orné d'un beau feuillage qui devient d'un rouge terne, à l'automne, à l'époque des premières gelées; il tombe bientôt après, et au printemps, il se renouvelle sur des pousses lisses et d'un vert jaunâtre. Les feuilles considérées isolé- ment , varient pour la grandeur , de 3 à 6 pouces (9 à 18 centimètres), suivant la vigueur des arbres qui les produisent, ou même selon leur situation. Elles sont plus grandes et découpées moins profon- dément sur les branches inférieures, que sur celles du sommet. Ces feuilles sont alternes, pétiolées, et ont LI QliïDAMBA n STYMACIILUA. Kj-J quelque ressemblance, parleur configuration, avec celles de l'Erable à sucre ou deV EralAe platanoïcles, étant divisées comme elles en cinq lobes principaux ; mais elles en diffèrent principalement en ce que, dans celles de l'arbre que je décris, les lobes sont plus profonds, plus réguliers et bordés de petites dents dans leur contour. On remarque encore à leur partie postérieure, que les principales nervures sont à leur naissance, entourées d'un petit flocon de duvet de couleur rousse. Dans les temps chauds, il exsude des feuilles des arbres qui croissent dans les terreins les moins humides, une substance visqueuse qui les rend collantes au toucher; si on vient à froisser ces feuilles, elles donnent une odeui aromatique assez sensible. Les fleurs mâles et les fleurs femelles sont sur le même arbre, mais sur des branches différentes; les premières sont des chatons de forme ovale, alongés d'un pouce et demi [4 centimèt. j : les fleurs femelles sont très-peu apparentes; les fruits qui leur succè- dent, sont globuleux et hérissés de pointes. A l'é- poque de la maturité des graines , ils ont environ I pouce ^3 centimètres) de diamètre, et sont sus- pendus par un pédicule flexible de i à 2 pouces f 3 à 6 centimètres). Ces boules sphériques, d'abord vertes, finissent par devenir un peu jaunâtres; elles se composent d'un grand nombre de capsules inti- mement unies les unes aux autres. Au commencement de l'automne, elles s'ouvrent pour laisser échapper III. 25 igS LIQUIDAMBAR STYRACIFLUA. de petites graines noirâtres etoblongues, déprimées et surmontées d'une aile. Chaque capsule contient une ou deux de ces graines, lesquelles se trouvent réunies à un grand nombre de petits corps infertiles, qui ressemblent à de la sciure de bois de Chêne. Les gros Liquidambars ont leur tronc revêtu d'une écorce profondément crevassée et assez semblable à celle de plusieurs espèces de Chênes. On trouve dans le même terrein des Liquidambars d'une égale gros- seur, dont les uns ontbeaucoup d'aubier et seulement 5 3i 6 pouces [ i5 à i8 centimètres) de cœur , et dont les autres, au contraire, ont beaucoup de vrai bois ou de cœur, et une couche d'aubier fort peu épaisse. Le cœur est rougeâtre , et lorsqu'il est débité en planches, on observe qu'il est traversé de loin en loin de quelques zones noirâtres. Ce bois a le grain très-serré et d'une très-grande finesse , ce qui fait qu'il se polit très-bien. Quoiqu'il soit moins fort que le Chêne, il l'est néanmoins suffisamment pour être employé à des usages qui exigent beaucoup de soli- dité et un assez grand degré de résistance. Ainsi , lorsqu'il est bien sec et entièrement dépouillé de son aubier, on l'employé actuellement à Philadel- phie , dans la construction intérieure des maisons ; on s'en sert surtout pour en faire les solives des étages supérieurs : mis en œuvre avec ces précau- tions, il dure plus long-temps qu'aucune espèce de Chêne rouge. Comme on peut tirer de cet arbre des planches d'une très-grande largeur, qui, quelque- LIQUID AMliAR STYRACIFLUA. l(J(j fois, ont (le 2 à 3 pieds (i mètre) de diamètre , on en trouve chez les marchands de bois, qui sont débitées sur une petite épaisseur, et qui servent aux Ébénistes à doubler l'intérieur des meubles d'Aca- jou j usage auquel elles conviennent très -bien, à cause de la finesse du grain du bois, de sa couleur rougeàtre, et parce qu'elles sont légères. On faisoit autrefois dans les campagnes , une partie des meubles en Liquidambar y qui, quoique assez agréables quand ils sont bien entretenus , le cèdent néanmoins en beauté à ceux fabriqués en Noyer noir et en Cerisier de Virginie, dont le bois plus dur, con- serve mieux le poli et se raye moins facilement. A Philadelphie, on se sert préférablement du bois de Liquidainbar pour de petits cadres de tableaux de forme ronde ou ovale, qu'on teint ensuite en noir; on en fait aussi quelquefois des rampes d'escalier et des montansdebois de lit, mais moins fréquemment qu'en Cerisier de Virginie , et en Érable rouge ondulé. A New-York, les bières pour enterrer les morts sont généralement en planches de cet arbre. Enfin le bois du Liquidamhar , quoique inférieur en qualité à celui du Noyer noir, peut-être employé utilement pour toute espèce de travaux intérieurs: il a néan- moins le défaut de pourrir promptement lorsqu'il n'est pas à l'abri des injures de l'air. 11 est peu estimé comme bois de chauffage; et lorsqu'on en amène au marché pour cet usage, on le mélange avec d'autres qui ne valent pas mieux que lui , et qui composent la dernière qualité. 200 LIQUIDAMBAR STYRACIFLUA. Lorsqii'en été , on entame la partie vive de rëcorce du Liquidamhar styracjflua^ et même un peu l'au- bier, il en suinte une substance résineuse dont l'odeur est très-agrëable, mais dont la quantité est toujours petite; car, d'après les essais que j'ai faits en Caroline, sur des arbres d'un pied (32 centim.J de diamètre, je n'en ai pas recueilli une demi once, dans Fespace de quinze jours. Tout ce que j'ai dit sur les propriétés et l'emploi dans les arts du bois du Liquidainhar styracjjlua^ tend à prouver que, sous ce point de vue, il est inférieur en qualité à celui qui est tiré de plusieurs autres espèces d'arbres. Je pense même que, lors- que, dans la suite des temps, les Forestiers améri- cains s'occuperont de la composition des forets artifi- cielles , ils donneront la préférence à d'autres espèces plus utiles, et qu'ils ne réserveront de celles-ci qu'une quantité très-petite, et seulement les indi- vidus, dont la végétation sera la plus vigoureuse. Depuis bien des années^ on possède en Europe des Luiquidanibar styracyflua^ en pleine terre : mais quoiqu'ils aient atteint une élévation supérieure à celle à laquelle ils fructifient dans le sol des Etats- Unis, ils ne rapportent pas encore de graines; c'est ce qui fait que cet arbre n'est pas très-commun, il seroit cependant à désirer de le voir plus multi- plié dans les parcs et jardins d'une grande éten- due; car la teinte agréable de son feuillage, et la forme singulière de ses feuilles, fixeront toujours LIQUIDAMBAR STYRACIFLUA. 20I avec intcTct l'attention des Amateurs de cultures étrangères. PLANCHE IV. Rameau avec des feuilles et un fruit à maturité de grandeur et de couleur naturelles, Fig. i , graines. Fig. 2 , petits corps in- fertiles qui se trouvent au nombre de cinq ou six, avec une ou deux graines dans la même cellule. LYRIODENDRUM tvlipifeua. THE POPLAR OR TULIP TREE. Polyandrie polygiuie , LiNN. Fara. des Magnolicrs , Juas. Lyriodendrum tulipifera , foliis trilobis , lobo medio truncato. Cet arbre un des plus remarquables de l'Amé- rique Septentrionale , par sa haute élévation , son beau feuillage et ses belles fleurs , offre également un grand degré d'intérêt par les usages infiniment variés auxquels son bois est approprié, et qui , sous ce seul rapport, le rendent fort utile à la société. Dans la plus grande partie des Etats-Unis, et par- tout où il est le plus abondant, cet arbre est désigné par le nom de Poplar^ Peuplier ; et secondaire- ment dans les Etats de INew-York et de Nev^ -Jersey, par ceux de TVhite wood et de Canœ wood ^ Bois blanc et Bois à canot; plus rarement encore, on lui donne celui de Tulip tree ^ Tulipier. Cette dénomi- nation qui est adoptée en Europe depuis que cet arbre y est connu , seroit assurément préférable; car, d'une part, elle est fondée sur une certaine ressemblance de sa fleur avec celle de la Tulipe ; de l'autre , on ne trouve en lui aucun caractère, même apparent, qui puisse le rapprocher des vrais Peupliers, lesquels lui sont très-inférieurs à tous égards. Mais l'usage atelle- ment consacré le nom de Poplar , Peuplier , dans les BoFj'a df/. 1.YRIODE.NDRTJM Tiilipifera. -/y^ra^/^ ÛoItv/ tV ov ' "^ ////// ( //VV^ LYRlODIiNDRUM TULIPIFERA. AO'.j Etats-Unis que je n'aipascrii devoir le changer: je me suis contenté d'y réunir celui de 7 M/i/?free, Tulipier, dans l'espérance, très-douteuse, à la vérité, que cette dernière dénomination finira à la suite du temps , par prévaloir. Les Français de la Louisiane et du Canada, le connoissent sous le nom de Bois jaune, Yellow-wood. L'extrémité inférieure et septentrionale du lac Cbamplain, qui correspond au 45 degré de latitude Nord , d'une part , et la rivière Connectitut qui coule parallèlement au 72». de longitude, de l'autre , peu- vent, je pense, être considérés comme Irès-rappro- chés des limites que la nature a assignées au Tuli- pier dans cette direction. Car ce n est véritablement qu'à partir de la rivière Hudson, qui coule envi- ron 2 degrés plus à l'Ouest , et au-dessous du 43' degré de latitude, qu'on commence à observer fré- quemment cet arbre dans les forets , et oii il acquiert une très-grande élévation. Sa végétation n'y est plus restreinte par les froids excessifs qui se font ressentir en hiver dans la partie supérieure du Connectitut, ainsi que dans l'Etat de Vermont, dont le sol mon- tagneux est d'ailleurs peu favorable à sa propagation. C'est donc dans les Etats du Centre^ dans les Hautes- Carolines et la Haute-Géorgie , mais surtout dans les Etats de l'Ouest et notamment dans le Rentucky, que le Tulipier est le plus multiplié. 11 est compa- rativement beaucoup plus rare dans la partie basse et maritime des deux Carolines et de la Géorgie, ainsi que dans les deux Florides et la Basse-Loui- 204 LYRIODENDRUM TULIPIFERA. siane^ moins à cause de la grande chaleur qu'on y éprouve en été , que parce que le terrein lui est peu convenable,soit en raison de son aridité, comme dans les Pinières, soit à cause de sa trop grande humi- dité , comme dans les marais vaseux qui bordent les rivières. Quoique j'aie dit que le Tulipier étoit très- commun dans les Etats du Centre et de l'Ouest, il l'est cependant toujours moins que les Chênes, les Noyers, les Frênes et les Erables, parce qu'il ne se plaît bien que dans les terreins meubles , profonds , fertiles et constamment frais qui forment les bas- fonds^ dont les grandes rivières sont accompagnées , ou encore dans ceux à pente douce quilesavoisinent, et qui ordinairement entourent les grands marais , enclavés dans les bois: c'est dans ces différentes situa- tions, que cet arbre est toujours plus abondant, et qu'il parvient à son plus grand degré d'accroissement. Dans les Etats atlantiques, surtout à quelque dis- tance de la mer , on trouve fréquemment des Tuli- piers qui s'élèvent à 70, 80 et 100 pieds (^ ^3 , 27 et 33 mètres) de hauteur, sur un diamètre de 18 pouces à 3 pieds (5o à 100 centimètres). Mais les Etats de l'Ouest paroissent être la véritable patrie de cet arbre magnifique , si on peut considérer comme tel , le pays oi^i il atteint son plus grand degré de force végétative. Le plus souvent leTulipier se trouve mêlé parmi d'autres espèces d'arbres, tels que les Noyers Hickery, le Noyer noir, le Noyer cathartique, le Gjmnocladus canadensis, le Cerisier de Virginie: cependant il forme quelquefois aussi, à lui seul, LYRIODr:NDRUM Tl'LIPIFERA. 20.> des parties de bois assez étendues, comme mon Père en trouva au Rentucky , sur la route qui conduit de Beard Stone à Louisville. Dans aucun de ses voyages dans les Etals -Unis, il ne vit des Tulipiers d'une plus grande élévation et d'une gros- seur aussi considérable: sans s'éloigner de la route, il en observa un grand nombre, qui avoient i4, i5 et souvent i6 pieds (4^5 49 ^^ ^^ décimètres) de circonférence; trois milles et demi (^6 kilomètres], avant d'arriver à Louisville, il en mesura un qui , à 5 pieds ( i6 décimètres) de terre, avoit 22 pieds 6 pouces Ç 73 décimètres) de circonférence, et qu'il estima s'élever de 120 k 1 40 pieds ( 4^ ^ 43 mètres ) ; estimation dont j'ai eu depuis occasion de vérifier l'exactitude. De tous les arbres de l'Amérique Sep- tentrionale qui perdent leurs feuilles en hiver, le Tulipier est, après le Platane, celui qui parvient à la plus grande hauteur et au plus fort diamètre. Mais sa tige parfaitement droite, son diamètre toujours égal jusqu'à plus de lyo pieds ( i3 mètres) de haut, ses branches plus régulièrement espacées et revêtues d'un superbe et riche feuillage, lui donnent une grande supériorité sur le Platane , et l'ont fait consi- dérer avec raison, comme l'un des plus magnifiques végétaux de la zone tempérée. Le développement des feuilles du Tulipier ne res- semble point à celui des feuilles des autres arbres : dans le plus grand nombre de ceux-ci, les bour- geons sont composés d'écaillés étroitement appli- quées les unes sur les autres, qui, au printemps, III. u6 2o6 LYRIODEIN D RUM TULIPIFERA. cèdent à la distention du petit faisceau de feuilles qu'ils renferment, et tombent ensuite; ou bien ces bourgeons sont à nu, comme dans le Noyer noir et le Noyer catliartique, et les feuilles commencent à végéter par la seule action de la sève: dans le Tuli- pier, au contraire, le bourgeon terminal de chaque pousse enfle considérablement avant de produire les feuilles ; il forme une espèce de sac , de forme ovale , qui contient la feuille naissante et qui ne s'ouvre pour la laisser sortir, qu'au moment où elle paroît avoir acquis assez de force pour supporter les influences de l'air; le même sac ou enveloppe, en contient un autre, qui, dès que la première feuille est sortie, grossit, s'ouvre et donne de même naissance à une deuxième feuille. Dans les arbres jeunes et très-vigou- reux , cinq ou six feuilles sortent successivement de la même manière , d'un sac particulier; et toutes les enveloppes sont contenues Tune dans l'autre. Cha- que feuille conserve, jusqu'à ce qu'elle ait acquis la moitié de sa grandeur totale , les deux lobes dont la réunion formoit cette espèce de sac, et auxquels on donne alors le nom de stipules. Lorsqu'au printemps, la température est chaude et humide , les feuilles du Tulipier ont bientôt acquis tout leur développement; elles ont de 6 à 8 pouces (i8 à i[\ centimètr.J de largeur. Ces feuilles disposées alternativement et portées sur de longs pétioles, sontun peu charnues, lisses et d'une teinte verte, agréable à l'œil: elles sont partagées en trois lobes; celui du milieu est, à son sommet , échancré LYRIODENDRUM TULIPIFERA. 2O7 horizontalement, et les deux inférieurs arrondis à leur base. Cette, singulière conformation est parti- culière à cet arbre , et suffit en été pour le faire recon- noitre au premier aspect parmi tous les autres. Les fleurs du Tulipier sont fort grandes, évasées etnuan- cées de diverses couleurs, où le jaune domine : elles ont beaucoup d'éclat et sont très-nombreuses sur les arbres isolés. Ces (Jeurs, dont l'odeur est douce, et qui sont accompagnées d'un riche feuillage, pro- duisent un très-bel effet. Au printemps, les femmes et les enfans des campagnes qui avoisinent ÏNew- Tork, les coupent et vont les vendre au marché de cette ville, Les fruits sont formes d'un grand nombre d'écaillés minces, étroites, alongées, attachées à un axe commun, et disposées en cône, dontle sommet est très-acaminé , et dont la longueur varie de 2 à 3 pouces ^6 à 9 centimètres]. Lorsque ces cônes sont bien fournis, chacun d'eux est composé d'environ 60 à 70 graines^ dont il n'y a jamais qu'un tiers qui ait la faculté reproductive, et dans certaines années, il ne s'en trouve même que 7 ou ou 8: on observe encore que, dans le cours des dix premières années où le Tulipier commence à fructifier, la presque tota- lité des graines est infertile , et que , dans les gros arbres, celles qui se trouvent sur les branches les plus élevées, sont les meilleures. L'écorce qui couvre le tronc du Tulipier, est lisse et unie, tant qu'il n'excède pas 7 à 8 pouces (21 à il\ centimètres) de diamètre : ensuite elle commence à se crevasser, et ces crevasses sont d autant plus 208 LYRIODENDRUM TL'LIPIFERA. profondes , et son écorcc est d'autant plus épaisse que les arbres sont plus gros et plus vieux. Le vrai bois ou le cœur du Tulipier, est jaune y approchant de la couleur citron , et entouré , comme dans tous les autres arbres, d'un aubier blanc. Cette couleur jaune du cœur est plus ou moins foncée ;^ alors elle a une teinte verdâtre , souvent même elle est nuancée de violet. Quoique cet arbre appartienne à la classe des bois légers, il Test cependant beau- coup moins que celui d'aucune espèce de Peupliers;, le grain en est aussi fin, mais plus serré ; et quoique plus dur, il se travaille facilement et se polit bien. On lui a reconnu assez de force et de rigidité pour être employé à des usages, qui requièrent beaucoup de solidité 5 lorsqu'il est dépouillé de son aubier, et qu'il est bien sec, il résiste long-temps aux injures de l'air, et il est, dit-on, rarement attaqué par les vers. Son principal défaut, lorsqu'il est débité eu. planches, et que ces planches sont employées de toute leur largeur au dehors, est d'être sujet à se tourmenter par les alternatives de la sécheresse et de l'humidité ; mais à beaucoup d'autres égards , ce défaut est en grande partie compensé. La nature du terrein paroît influer assez sur la couleur jaune plus ou moins foncée , et sur la qualité du bois du Tulipier, pour que ceux qui le mettent en œuvre en aient fait la remarque; ce qui fait qu'ils le distin- guent en Tulipier à bois jaune et en Tulipier à bois blanc ; mais les signes extérieurs qui distinguent ces deux variétés , sont très-équivoques ; c'est pourquoi , LYRIODENDRUM Tt'LIPIFERA. 20CJ en général , on est obligé d'entamer l'arljre , pour s'assurera laquelle il appartient. Cependant on sait généralement que les Tulipiers à bois blanc crois- sent dans les endroits secs, élevés et graveleux; on les reconnoit encore à ce qu'ils sont très-rameux, et que le cœur légèrement jaunâtre, est toujours en petite proportion avec l'aubier. Le grain en est plus grossier, plus dur, et lorsqu'il est employé , il pourrit fort promptement; ce qui fait qu'on le rejette toutes les fois qu'on peut se procurer du bois de la y)re- mière variété, dite à bois jaune. On trouve dans celle-ci toutes les qualités qui la rendent propre à une infinité d'usages ; ces usages sont tellement variés, que je me contenterai d'indiquer les plus habituels. A Nev7-York, à Philadelphie et dans les campagnes environnantes , on estime et on employé souvent le Tulipier dans la construction des mai- sons, pour en faire les solives et les chevrons des étages supérieurs , et cela à cause de sa force et de sa légèreté: mais dans les États du Centre, dans les Hautes-Carolines et surtout dans tous ceux de l'Ouest, son usage est encore plus général dans la bâtisse des maisons; il y remplace le mieux, à ce qu'il paroît , le Pin et surtout le Cèdre et les Cyprès. Ainsi, partout où le Tulipier est abondant, on s'en sert pour revêtir intérieurement la charpente des maisons; quelquefois même on l'applique au-dehors , comme je l'ai observé dans plusieurs petites villes qui sont situées entre Laurel Hill et la rivière Monongahela , où l'on n'a pas la facilité de se pro- '2IO LYRIODENDRUM TULIPIFERA. curer des planches de Pin, qui, exposées aux alter- natives de la sécheresse et de l'humidité , n'ont pas comme celles du Tulipier, le défaut de se tourmen- ter. Les panneaux des portes et desboiseries , les mou- lures qui décorent les manteaux de cheminées , sont aussi faits de ce bois. Dans les Etats de l'Ohio, du Rentucky, sur la rivière Miami, dans la Haute- Caroline du Nord , les essentes ou bardeaux de cœur de Tulipier, débitées sur i8 pouces (54 centimè- tres) de longueur, sont les plus estimées et les plus durables dont on puisse se servir pour couvrir les maisons; car, outre la propriété qu'elles ont de résister long-temps aux inclémences du temps , elles ne sont pas sujettes à se fendre par les fortes gelées ni par l'ardeur du soleil. Dans toutes les grandes villes de États-Unis, le Tulipier débité en planches très-minces, qui ont souvent 2 à 3 pieds (^ 64 à 97 centimèt. ) de large , est le seul bois dont les Carrossiers se servent pour les panneaux de carrosses et de cabriolets. Ce bois bien sec, reçoit un beau poli et prend bien la cou- leur. Les environs de Boston ne produisent pas cet arbre , on le tire pour cet usage , soit de New- York ou de Philadelphie; on en envoyé dans la même vue, à Charleston, dans la Caroline du Sud, où les Tulipiers qu'on y trouve, sont rares et d'un petit diamètre. Dans les chaises, dites de Windsor, qui se fabriquent à New- York, à Philadelphie, à Balti- more et dans les autres villes des États du Centre, la pièce qui forme le siège, est toujours en Tuli- LYRIODliNDRUM T U LIPlFJtR A. 211 pier; pour cet usage seul on en consomme une Lien plus grande quantité qu'on ne sauroit le supposer, de même que pour la confecJtion des malles que Ton couvre en peaux, et pouren faire des couchettes que l'on teint en couleur d'Acajou. J'ai encore remarqué que la pièce circulaire et les ailes des talards sont de ce bois; et comme il se tourne très- aisément,^on en fait beaucoup de sébiles qui sont très légères; on le préfère aussi pour la tète des balais à longs crins. Les Fermiers le choisissent pour en faire des auges, dans lesquelles on donne à manger ou à boire aux bestiaux. Ces auges d'une seule pièce , exposées en plein air , durent aussi long-temps que celles qui sont de Châtaignier ou de Noyer cathartique. J'ai vu aussi au Kentucky, employer le bois de cet arbre pour les barres des clôtures des champs; mais j'avoue que j'ai oublié de m'informer de leur durée, comparée à celle des barres faites avec les autres bois du pays. Dans la construction des ponts en bois, on a reconnu que le Tulipier à bois jaune , lorsqu'il est bien sec, pouvoit être utilement employé, parce qu'il réunit la force à la légèreté et qu'il résiste long-temps à la pourri- ture. Quelques personnes m'ont assuré qu'on pou- voit se servir utilement du cœur de Tulipier pour en faire les jantes des grandes roues de moulins, qui sont à chaque moment plongées dans l'eau, et les planchettes qui les unissent. Les Lidiens qui habitoient les États du Milieu et ceux qui se trouvent encore dans les Étals de l'Ouest, 212 LYRIODENDRUM TULIPIFERA. préfèrent le Tulipier pour faire des pirogues. Ces bateaux, toujours d'uu seul tronc d'arbre creusé, ont beaucoup de force et de légèreté; il en est qui portent jusqu'à vingt personnes. Enfin ce bois donne un excellent charbon dont les maréchaux se servent dans les Cantons où il n'existe point de charbon de terre. Dans les chantiers des villes de Nev\^-York, de Philadelphie et de Baltimore, on trouve toujours une grande quantité de bois de Tuli- pier, débité de manière à être employé aux usages les plus ordinaires que je viens d'énumérer. Ce bois y est à très-grand marché, et il se vend moitié moins que celui de Noyer noir, de Cerisier de Virginie et d'Erable rouge ondulé. Le Tulipier est tellement abondant dans tous les pays traversés par la rivière Monongahela, entre les 4o et 39' degré de latitude , qu'on fait flotter sur cette rivière , de grands radeaux, composés unique- ment de tronçons de Tulipiers; observation que j'ai faite à Red Stone, dit actuellement Browns- ville , où ces tronçons sont débités en planches pour la construction intérieure et extérieure des maisons des environs et même de Pittsburg : elles se vendent sur le pied de 10 dollars (5o francs J les mille pieds courant. J'ai observé que la grosseur moyenne du plus grand nombre de ces tronçons étoit de 12 à i5 pouces (^ 36 à 4^ centimètres ) de diamètre : les plus grosavoient 20 à 24 pouces ( 54 à 66 centimètres j, et les plus petits de 9 à 10 pouces {^ 29 à 3o centimètres j. Les deux extrémités de ces LYRIODENDRUM TULIPIFERA. 2l3 tronçons étoient d'un bleu foncé; à cette occasion j'ai observé que lorsqu'on abat un Tulipier, les co- peaux qui viennent du cœur et qui sont abandonnés sur terre, subissent au bout de trois semaines ou un moisj une altération remarquable, surtout ceux de ces copeaux qui se trouvent à moitié enterrés sous les feuilles; la partie inférieure devient d'une couleur Lieue foncée, et ils exhalent alors une odeur fétide et comme ammoniacale, très-sensible. La partie vive ou cellulaire de l'écorce du Tulipier celle de ses branches et notamment des racines, a une odeur agréable et une saveur très-amère. En Vir- ginie, quelques habitans des campagnes, font infuser dans l'eau-de-vie , pendant huit jours, une égale quan- tité de l'écorce des racines de cet arbre et de celle de Cornus florida. Cette liqueur ou teinture , prise à la dose de deux verres à liqueur , par jour , guérit quel- quefois les fièvres intermittentes. Cette écorce réduite en poudre, et donnée en substance aux chevaux, les débarrasse des vers ; remède qui paroît assez certain. On trouve dans V American Musœum , du mois de Décembre 1792, des détails assez circonstanciés sur les propriétés précieuses qu'assigne à l'écorce de Tulipier, le D^ J. Yong, de Philadelphie. Je rappe- lerai ici ce qu'il a écrit à ce sujet, quoique ces pro- priétés aient été depuis contestées dans le pays même, par d'autres Médecins, et que l'usage de cette écorce ne soit pas général dans les campagnes, et qu'il n'ait pas encore été adopté dans les grandes villes où il y a plus de lumières. Suivant le D'. Yong, le temps III. 27 ^l4 LYRIODENDRUM TULIPIFERA. le plus convenable pour se procurer l'ëcorce du Tuli- pier, pour l'emploi médical, est le mois de janvier: lo. cette écorce jouit, dit-il, d'une propriété aroma- tique , et elle est plus amère que le Quinquina , quoique moins astringente; 20. elle possède une qualité appartenante aux aromatiques acres, d'où il conclut qu'elle est un fort antiseptique et un puissant tonique: l'arôme paroit résider dans une partie rési- neuse , qui stimule le canal intestinal et produit des évacuations réitérées , semblables à celles qui sont le résultat de l'emploi de légers cathartiques; 3o. dans plusieurs occasions, l'estomac ne peut le supporter pris en substance , qu'en réunissant à chaque dose , quelques gouttes de laudanum ; 4°* l'ëcorce de Tuli- pier, administrée dans plusieurs cas de fièvres inter- mittentes, égale l'efficacité du Quinquina , lorsqu'on l'administre après avoir évacué les conduits biliaires par un émétique; 5°. dans les fièvres rémittentes, son usage est suivi d'autant de succès , que dans les intermittentes; et dans un cas particulier, elle a mieux réussi que le Quinquina ; 6». dans les maladies inflammatoires , où la diatlièse plilogistique n'est pas marquée , et qu'un manque d'action a pris place dans le système artériel, cette écorce donne du ton et de la vigueur à l'estomac; 70. combinée avec le laudanum, elle a souvent fait disparoître les symptômes alarmans qui ont lieu dans la phthisie pulmonaire, lorsqu'elle est accompagnée de sueurs nocturnes et de diarrhées; 8°. un individu attaqué de catliarre, compliqué de dispepsie , et dont lamala- LYRIODENDRUM TUMPIFERA. 12 1 ^ (lie avoit résisté aux médicamens les plus appropriés, a été complètement guéri par l'usage de ce médica- ment; 90. il n'existe pas, continue le D^ Yong, dans toute la matière médicale, de remède plus cer- tain et plus efficace contre les maladies histériques, que cette écorce combinée avec une petite quantité de laudanum ; c'est aussi un médicament parfait dans le Choiera infantiuru^ après qu'on a évacué les premières voies: enfin, c'est un excellent vermifuge. L'écorce de la racine de Tulipier peut se donner en extrait, soit étendue d'eau, soit en infusion ou en décoction; mais sa vertu est toujours plus marquée, lorsqu'on la fait prendre en substance. La dose pour un adulte est d'un scrupule à deux drachmes.. Quelques personnes fabriquent àParis uneliqueur spiritueuse de table , d'une odeur et d'un goii^ i^'ès- agréables, faite avec l'écorce de la racine fraici^ri de Tulipier, à laquelle on ajoute la quantité de ::urre nécessaire pour la rendre plus douce. Le Tulipier a été introduit en Europe, il y a pVas de 5o ans, et il en existe actuellement en France , en Allemagne et en Angleterre , beaucoup d'indivJihis qui s'élèvent au-dessus de [\o à 5o pieds [lo à 20 mètres), et qui, tous les ans, se couvrent de milliers de fleurs et donnent de bonnes graines. Cet arbre est tellement répandu, surtout depuis iS ans , qu'il est peu de particuliers dont la résidence champêtre n'en renferme quelques pieds. La belle apparence de sa tige , la richesse et la singularité de son feuil- lage , la beauté de ses fleurs , le rendent très propre / / 2l6 LYRIODENDRUM TULIPIFERA. à en faire rornement. Il est à désirer que les excel- lentes qualités de son bois, qui se prête à une infi- nité d'usages, le fassent propager dans les forets Européennes. Les plantations qu'on en feroit dans celles qui sont assises sur un sol frais et fertile , auroient, je ne puis en douter, le plus heureux suc- cès. Lorsqu'il sera serré parmi les autres arbres , on verra en Europe , comme je l'ai observé dans ^ l'Amérique Septentrionale, que le Tulipier est un de ceux qui atteint la plus grande élévation, sur le plus petit diamètre» PLANCHE V. Rameau avec une feuille et une fleur de grandeur et de couleur naturelles. Fig» i , fruit touchant au terme de sa maturité. Fig. a , graine. FI. 6. Bfj'j-a del- ûaii^el iPc. BIGNONIA Catalpa BIGNONIA CATALPA. THE CATALPA. Didynamie angioapertiiie. LiNN. Farii. dea Bigiioncs , Juss. BiGNONiA catalpa ; fol'ùs simplicihus y ternis y cordalis : paniculd laxissinià ; Jloribus diandris ^ in tus maculis purpureis et luteis adpersis : capsula gracili , longà , tereti. Dans les Etats atlantiques, c'est sur les bords de la rivière Savanalî, près d'Augusta, en Géorgie ; et à l'Ouest des Alléghanys , sur ceux de la Cumber- land , entre les 35°. et 36". de latitude, qu'on com- mence à trouver dans les forets le Catalpa^ mais au-delà de ces limites, vers le Sud, il est plus abon- dant, et toujours dans le voisinage des rivières qui se jettent dans le Mississipi, ou qui traversent la Floride Occidentale. On m'a assuré que cet arbre étoit surtout multiplié le long de la rivière Fscam- bia ou CoenecKu, à Tembouchure de laquelle est située Pensacola. Ce qui est néanmoins assez remar- quable , c'est que le Catalpa n'existe pas dans la partie basse des deux Carolines, de la Géorgie, non plus que dans la Floride Orientale, qui sont situées si près des endroits où il croît naturellement dans les bois , et oii ceux qui y ont été plantés comme arbres d'ornement, devant les maisons, poussent avec une vigueur extraordinaire. -Dans ces contrées Méridionales , le Catalpa parvient à une assez grande 3l8 BIGNONIA CATALPA. hauteur, laquelle excède fréquemment 5o pieds (17 mètres), sur 18 à 24 pouces (So à 66 centim.) de diamètre : il est toujours facile à reconnoitre à son écorce peu fendillée et d'un gris blanc, à ses feuilles fort grandes et à sa cime Irès-élargie, qui embrasse plus d'espace que sa grosseur ne semble le comporter; résultat de la disposition de ses bran- ches qui sont très- divergentes et qui diffèrent encore de celles des autres arbres, en ce qu'elles sont moins rameuses. Les feuilles du Catalpa sont cordiformes, pétiolées et très-grandes. Elles ont souvent 637 pouces (^18 à 21 centim. j en largeur. Elles sont gla- bres à leur surface supérieure et velues à leur sur- face inférieure , ce qui est plus apparent sur les prin- cipales nervures. Elles sont tardives à se développer au printemps, et sont aussi des premières à tomber aux approches de l'automne. Les fleurs qui sont fort belles, forment de grosses grappes à l'extrémité des branches; leur couleur est blanche, tachetée de violet et de jaune , et elles ont beaucoup d'éclat. Aux fleurs succèdent des gousses cylindriques, pendan- tes, brunes à l'époque de leur maturité; elles ont alors 3 à 4 lignes (7 a 9 millimètres) de diamètre , sur 12 à i5 pouces (^^Q à 4^ centimètres) de lon- gueur. Ces gousses ou capsules renferment des graines applaties, minces, enveloppées d'une aile, membra- neuse, longue, étroite et terminée par une houppe de poils. Chaque graine , y compris ses ailes , est longue d'un pouce (3 centimètres), et large d'une ligne et demie (4 millimètres). BIGNONIA CATALPA. 210) Le Catalpa a une croissance rapide, ce qui est pleinement indiqué par le grand écartement des cou- ches annuelles ou concentriques. Son bois, d'un gris blanc^ est fort léger; la texture en est fine, et il paroit comme lustré lorsqu'il a ^té poli. Ses qualités physi- ques le rapprochent beaucoup, à ce qu'il m'a paru, de celui du Ju^lans cathartica^ qui en diffère seule- ment, parce qu'il est d'une teinte rougeàtre , et qu'il est moins durable , lorsqu'il est exposé aux injures du temps; car on^ a éprouvé assez récem- ment dans les Etats-Unis , que le bois du Catalpa , bien sec^ faisoit des pieux d'une longue durée : on s'en est convaincu à la suite de quelques essais, tentés par des personnes qui ont fait abattre des arbres plantés devant leurs maisons. Voilà les seuls renseignemens que je puis donner sur le bois de cet arbre ; car les pays où j'ai dit qu'on le trouvoit fort abondamment^ sont encore peu habités ; et d'ail- leurs je n'y ai pas voyagé. Si, au printemps , on enlève un morceau du tissu cellulaire de l'écorce du Catalpa^ on trouvera qu'elle exhale une odeur vireuse fort désagréable. Dans une thèse soutenue au collège de Médecine de Phila- delphie, cette écorce est présentée comme tonique , stimulante et susceptible de prévenir la putréfaction plus long-temps que le Quinquina. Mais cette thèse m'a paru foible en moyens, en sorte qu'on ne peut pas avoir la même confiance dans les opinions de son auteur, que dans celles du jeune médecin qui prit le Cornus Jlorida pour le sujet de sa dissertation. 220 BTGNONIA CATALPA. dans laquelle il a prouvé des connoissaijces réelles et variées. On m'a assuré que le miel recueilli par les abeilles sur les fleurs du Catalpa^ étoit d'une qualité vénéneuse et dont les effets, sans avoir des suites fâcheuses, sont analogues à ceux que produit celui qu'elles amassent sur les fleurs du Geselmi- num nitidum , Yellow jasmine. Dans les Carolines et la Géorgie, le Catalpa est le plus souvent désigné sous le nom de Catawhaw tree^ et dans les États du Centre , comme en Europe, par celui de Catalpa. Cette dernière dénomination est peut-être une corruption de la première , qui est le nom d'une nation indienne qui occupoit autre- fois la très-grande partie des deux Carolines et de la Géorgie , et de chez laquelle probablement on a d'abord apporté cet arbre. Les Français de la Haute- Louisiane, lui donnent le nom de Bois skai^anon^ de la nation des Shavanons ou Shawanes, qui existoit aussi autrefois dans l'Ouest Tennessee , sur la rivière du même nom, et qui a été changé par les Anglais dans celui du Cinnberland. Le Catalpa a été depuis fort long-temps introduit en Europe, et il y réussit très-bien^ il arrive cependant quelquefois que sous le climat de Paris, ses jeunes pousses sont attaquées par les gelées tardives. Sa végétation rapide , ses feuilles remarquables par leur grandeur, ses grappes de fleurs nombreuses et de la plus grande beauté, font avec raison considérer le Catalpa comme un des arbres les mieux faits pour embellir les parcs et jardins d'une grande étendue; mais comme il est bi(;nonia. catalpa. 9. 21 trcs-multiplié et déjà anciennement connu, il n'est plus, par ces seules raisons, autant apprécié qu'il l'étoit autrefois. PLANCHE VI. Feuille et rameau de fleurs do grandeur et de couleur naturelle. Fig. I , gousse dont une portion est supposée avoir été retranchée dans son milieu, afin défaire voir ses deux extrémités. Fig. 2, graine. HT. 28 ANDROMEDA arborea. THE SOREL TREE. Décandrie moiiogyniCjLiNN. Fani. des Bruyères , Joss. Andromeda arborea , foliis oblongb-ovalibus , acumina- tis , denticulatis ; paniculis terminalibus ; corollis sub~ pubescentibus. Obs. ^rbor altiludinem 5o — 60 pedum assecjuens. Cet Andromeda est la seule espèce connue de ce genre, qui parvienne à une assez grande élévation , pour être considérée €omme un arbre forestier. En se dirigeant du INord au Midi, on commence à l'ob- server dans cette portion de la chaîne des Monts Alléghanys qui traverse la Virginie , et on continue ensuite à le trouver jusqu'en Géorgie, où ces mon- tagnes se terminent. On voit encore cet arbre dans les limites que je viens d'indiquer,,sur les bords escarpés des rivières qui prennent naissance dans ces monta- gnes; on remarque néanmoins qu'il devientplus rare et qu'il estmoins élevé, à mesure qu'on s'en éloigne, soit à lEst ou à l'Ouest, et il n'existe déjà plus dans la partie basse et maritime des deux Carolines et de la Géorgie; je ne me ressouviens pas non plus de l'avoir vu dans TOuest-Tennessée. Partout oii il croît, il est désigné sous le nom de Soreltree^ arbre à l'oseille. Je n'ai vu nulle part V Andromeda arborea , avoir de plus fortes dimensions que dans les vallon* ANDROMEDE Ail^orea ùair^el j-OÀip ■ ANDROMEDA ARBORE A. 29.3 très- fertiles qui se trouvent au bas des hautes mon- tagnes de la Caroline du Nord , et notamment dans ceux dont les eaux concourent à former la branche septentrionale de la rivière Cataubaw, à environ 3o milles de Morganton et 3oo milles de Charleston. Dans ces vallons, j'ai mesuré quelques-uns de ces Andromeda qui avoient 12 et i5 pouces (^ 36 et 45 centimètres ) de diamètre , sur 5o pieds (^17 mètres) de hauteur, dimensions véritablement extraordi- naires pour un Andromeda , genre très-nombreux dans les États atlantiques, dont les trois quarts des espèces, au nombre de 8 à 10, excèdent rarement plus de 4? 5 et 6 pieds ( 1 à 2 mètres j de hauteur, et dont les plus fortes tiges sont communément de la grosseur du pouce. On observe cependant que dans lesterreins secs et graveleux, la hauteur de V Andromeda arborea est toujours beaucoup moin- dre, et qu'il ne se présente que sous la forme de cépée ou de buisson, ainsi que j'en ai fait la remar- que, surtout aux environs de Rnoxville, oii je l'ai trouvé plus communément que partout ailleurs. Les feuilles de V Andromeda arborea sont velues au printemps , mais elles sont lisses ou glabres , lorsqu'elles ont acquis tout leur développement; elles sont alternes, de forme ovale -acuminée et finement dentées dans leur contour; leur longueur, est de 4 à 5 pouces (12 à i5 centimètres). Les fleurs de cet arbre sont petites, de couleur blanche, et disposées en épis, dont la longueur est de 5 à 6 pouces (i5 à 18 centimètres). Réunis plu- 224 ANDROMEDA. ARBORE A» sieurs ensemble, ils produisent un très-joli effet et rendent cet arbre très-propre à l'ornement des jar- dins. Les graines contenues dans de petites capsules, sont d'une finesse extrême» Le tronc de VAndromeda arhorea est couvert d'une écorce épaisse et profondément crevassée. Le bois est d'un rose pâle et d'une texture assez tendre 5 on ne l'employé à aucun usage que ce soit: on a remarqué qu'il brûloit très-difficilement. C'est de l'acidité très-marquée des feuilles de cet arbre, que lui est venu le nom très- approprié du Sorel tree ^ arbre à l'oseille. Les habitans des pays où il croît, à défaut de sumac, les employent avec du aulphate de fer, pour teindre la laine en noir. Ces feuilles desséchées deviennent noires. TJAndromeda arhorea supporte un froid plus considérable que celui qui se fait sentir dans les pays où il croît naturellement^ car j'en ai vu un individu haut de 18 pieds (6 mètres), qui végétoit très-bien à New- York, où les froids sont en hiver beaucoup plus rigoureux qu'en France et en Angle- terre; ce qui doit engager les amateurs d'arbres étrangers à le multiplier pour le seul agrément de ses fleurs, qu'il donne dès qu'il a atteint 5 à 6 pieds (2 mètres J d'élévation. PLANCHE VIT. Rameau avec des feuilles et des fleurs de grandeur naturelle. Fig. I , capsules contenant les graines. Fig. 1 , graines. B JJieiliru»de/.. ffairief ,fc. C E liT I S 0 o cidoiif alis . CELTIS OCCIBENTALIS. THE AMERICAN NETTLE TUEE. Polygamie dioecic , LmN. Fam. des Atnentacées, Jcs5. Çeltis occidentalis ^ foUls ovatis, acuminatis , serratis , basi inœqualibus , suprà scahris , subtîis hirùis» Le Micocoulier de Virginie est du nombre des arbres de l'Amérique Septentrionale, qui, sans être rares, sont cependant peu multiplie's, quand on le compare sous ce rapport aux différentes sortes de Chênes, de Noyers et d'Érables. Comme il est dissé- miné dans les forets où il croit le plus souvent iso- lément , il a été moins facile de reconnoître le commencement de son apparition vers le Nord; cependant dans cette direction, je ne crois pas qu'il se trouve au-delà de la rivière Connecticut. Dans les États du Centre, du Midi et de l'Ouest, il est désigné par le nom à' American nettle tree , Micocoulier d'Amérique. Les Français des Illinois Tappellent Bois inconnu. Dans les États du Centre, du Midi et de l'Ouest, cet arbre croit de préférence dans les situations fraî- ches , ombragées , où le terrein est profond et de bonne qualité. C'est sur les bords de la rivière Sava- nah, à peu de distance d'i^ugusta^ et dans la paroisse de Goose Creek,à 20 milles (35 kilomètres J de Charleston, S. C. que j'ai vu les plus grands Mico- <> ■IlG CELTIS O CCI DENT A LIS. couliers : quelques-uns pouvoient avoir 60 à ^o pieds (20 h. 23 mètres) d'élévation, sur 18 à 30 pouces Ç So a 56 centimètres ) de diamètre. Cette espèce a beaucoup de ressemblance avec le Micocou- lier d'Europe, par son port et son feuillage. Comme dans celle-ci, ses branches sont nombreuses, lon- gues et minces. Elles prennent de même naissance assez près de terre , et elles affectent une direction horizontale , et souvent inclinée. Les feuilles dispo- sées alternativement sur les branches, longues d'en- viron 3 pouces (g centimètres), et dentées dans leur contour, sont ovales-obliques, à leur base , et très-acuminées à leur sommet. Elles sont d'un vert sombre , et un peu rudes au toucher. Les fleurs de couleur blanche , paroissent de bonne-heure au prin- temps : elles sont fort petites et naissent une à une dans les aisselles des feuilles. Les fruits qui leur suc- cèdent sont également petits, solitaires et ronds 5 leur couleur est d'un rouge terne. L'écorce qui couvre le tronc est unie, mais char- gée d'un grand nombre d'aspérités; celle des bran- ches secondaires, au contraire , est lisse et unie. Dans aucune des parties des États atlantiques, où cette espèce de Micocoulier est le plus abondant ; je n'ai point trouvé qu'on fit usage de son bois; et si quelquefois on l'employé, ce n'est jamais qu'acci- dentellement : ainsi je ne puis en rendre compte sous ce rapport. Mais, comme cette espèce a beau- coup d'analogie avec le Micocoulier d'Europe, je pense qu'elle doit;, en grande partie , jouir des CELTIS OCCIDENTALIS. 22-7 mêmes propriétés. Ainsi, en faveur des Américains, je ra2)porterai succinctement ici celles qu'on recon- noit à ce dernier dans le Midi de la France, où l'on fait le plus d'usage de son bois. Le Micocou- lier d'Eui ope passe pour être robuste; il résiste aux hivers les plus rigoureux, et n'est pas difficile sur la nature du terrein; il supporte bien la transplanta- tion et son accroissement est rapide. Son bois, quand il est bien sec, est dur, compacte, et de couleur brune. Il a beaucoup de ténacité et de souplesse, en sorte qu'on en fait de bons brancards et autres pièces de charronage; on en fait aussi d'excellens cercles, des manches de fouets et des baguettes de fusils. Il est très-propre pour les ouvrages de sculp- ture , attendu qu'il ne se gerce pas. Suivant les anciens, ce bois n'est pas sujet à la vermoulure, et il est d'une longue durée. PLANCHE VIII. Rameau avec les feuilles et les fruits de grandeur et de couleur jiaturelles. Fig- i , petit rameau de fleurs. CELTIS CRASSIFOLIA. THE HACK BERRY. Celtis crassijolia ; foliis suhcordatis , serratis , acumi- natis ;jrucdhus nigris. Les bords de la Delawares, au-dessus de Philadel- phie, peuvent être considérés, au Nord-Est, comme les limites au-delà desquelles dans cette direction , on ne trouve plus cette espèce de Micocoulier. Elle est également étrangère aux États Méridionaux , ainsi qu'à la Basse-Virginie. Son existence est donc assez resserrée à l'Est des Monts AUéghanys, où je ne l'ai vu un peu abondant que sur les rives de la Susquehannah et de la Potomack , et notamment aux environs de Golumbia, de Midletown etd'Har- risburg, petites villes de la Pensylvanie , situées sur les bords de la première de ces deux rivières. Cet arbre est au contraire, très - multiplié dans tous les États de l'Ouest , où on le voit dans tous les bas fonds qui bordent les rivières de ces Con- trées ; et au Rentucky et dans le Tennessee , partout où le sel est de bonne qualité : car sa présence est généralement considérée par les habitaus , comme un signe certain de fertilité. Sur les bords de l'Ohio, entre Pittsburgh et Marietta , on donne à cet arbre le nom de Hoop ash^ et dans le Rentucky, celui AQlIagouHack berrj^ dénomination dont j'ignore M. JJÎeaintie ae/. C EL T I S Cr assifolia . ôairui J'e- ci:ltjs <:r ass I l'OLiA. 2';»f) l'origine. Les Français des Illinois l'appellent jBoi.y inconnu. Cette espèce de Micocoulier est un des beaux arbres qui composent les ténébreuses forêts des bords de rOhio, dans l'intervalle que j'ai indiqué plus haut, et oii je l'ai observé avec plus de soin. 11 s'y trouve réuni avec le Platane, le lilleul, le Noyer noir, leNoyercathartique, l'Erable noir^ l'Orme et le Gleditsia triacanthos j et il m'a paru qu'il les égal oit toujours en hauteur, mais non en diamètre; car sa grosseur ne répond pas à sa haute élévation , laquelle excède fréquemment 80 pieds [a^^^^^^^s) , sur i8à 20 pouces [5o à 56 centim.) seulement en diamètre. Cet arbre est toujours facile à reconnoitre à son tronc parfaitement droit, dégarni de branches jus- qu'à une grande hauteur, ainsi qu'à son écorce qui est grisâtre, unie et couverte d'aspérités inégale- ment distribuées sur sa surface. Ses feuilles plus grandes que celles d'aucune autre espèce de Mico- couliers , ont jusqu'à 6 pouces (18 centimètres 1 de longueur, sur 3 à 4 pouces (9312 centimètres) de largeur; elles sont ovales-acuminées, en cœur à leur base, et dentées dans leur pourtour. Leur texture est ferme , épaisse , et elles sont rudes au toucher. Les fleurs petites et blanches, sont souvent réunies deux deux à sur le même pédicule. Les fruits qui leur succèdent sont ronds , et à l'époque de la matu- rité, leur grosseur est celle d'un pois et leur couleur noire. Le bois de cet arbre , fraîchement débité , est d'une grande blancheur; le grain en est fin et m. 29 23o CELTIS CRASSIFOLIA. serré , sans cependant être pesant. Coupé parallèle- ment ou même obliquement à ses couches concen- triques, il présente de petites ondulations pareilles à celles qu'on voit dans l'Orme et l'Acacia , lorsqu'on les coupe dans le même sens. Jai encore remarqué que, lorsqu'au printemps^ l'on entame cet arbre d'environ i pouce ( 3 centim. ) , quelques instans après, l'aubier, de très-blanc qu'il étoit, acqué- roit une teinte verdâtre, effet , dont il me paroitâssez difficile d'assigner la cause. Sur les bords de l'Ohio , et surtout au Rentucky , où l'on a été à même d'apprécier les qualités du bois de cet arbre, il est peu estimé, parce qu'il pourrit promptement lorsqu'il est exposé aux injures du temps: par la même raison, et peut-être aussi parce qu'il n'est pas doué dune grande force , il n'est propre à aucun genre de charronage. On l'employé quelquefois débité en planches, comme dans le Dis- trict de Maine, on s'en sert alors de même que de celles de VAbies CanadensiSy pour former la première enve- loppe de la toiture des maisons , sur laquelle on place ensuite les essentes. On a cependant reconnu, que le bois de cet arbre étoit fort élastique et fort susceptible àe se diviser en lanières ou bandes très- minces, qui sont employées par les Tourneurs, pour fairele fond des chaises communes, et par les Indiens, pour fabriquer des paniers. Sur les bords de l'Ohio , cet arbre est aussi fré- quemment débité pour faire des barres destinées à la clôture des champs; elles se font d'autant plus CELTIS CR ASSIFOLIA. 2.3 1 aisément que le corps de l'arbre est droit, sans nœuds et qu'il se fend facilement et de droit fil. On dit aussi qu'on en tire un bon charbon pour les Maréchaux. Tels sont les résultats des observations que j'ai faites et desrenseignemens que j'ai obtenus dans les Etats de l'Ouest sur ce Micocoulier. C'est certaine- ment une des plus belles espèces de ce genre, et une des plus remarquables par sa grande élévation et son port magnifique. Planté dans un terrein d'une assez bonne qualité , sa végétation y est singulièrement vigoureuse , indiquée à chaque printemps par des jets de 6, 8 et 10 pieds- (3 mètres] lesquelles sont garnis de deux rangs de feuilles épaisses et très- grandes. C'est principalement à cause de celte crois- sance très-accélérée que cet arbre est recherché en France, des personnes qui s'occupeut d'enrichir leurs propriétés rurales d'arbres utiles et agréables ; enfin il est à désirer qu'on finisse par reconnoître dans le bois de celui-ci , certains avantages qui déterminent à le propager dans les forets Européennes. PLANCHE IX. Rameau avec des feuilles et des graines de grandeur et de couleur naturelles. MORUS nuBR^. THE RED MVLBERRY. Monoeeie telrandrie , LiNW. Famille des Orties , Joss. MoRus rubra , joliis cordatis , ouaùis , acuminatîs trilo- bisue , œqualiter serratis, scabris , subtùs pubescenti- mollibus ) spicis fœmineis cjlindricis. Les limites que j'ai assignées au Tulipier, savoir, au Nord, l'extrémité inférieure et septentrionale du lac Champlain, et à l'Est, les bords de la rivière Connecticut, peuvent, je crois, être également con- sidérées comme celles au-delà desquelles , dans cette direction, on ne trouve plus le Mûrier rouge. Une température modérée favorisant la végétation et la multiplication de cet arbre , on le rencontre par cette seule raison plus abondamment vers le Sud j cependant, dans les États atlantiques, il est propor- tionnellement moins commun que beaucoup d'autres espèces d'arbres, qui, comme lui, ne constituent pas la grande masse des forêts, composées, princi- palement dans les États du Milieu, de Chênes et de Noyers de différentes sortes :1e Liquidambar slyra- cijlua^ le Tulipier, le Sassafras, le Bouleau rouge et les Erables sont aussi infiniment plus communs. Le Mûrier rouge est encore beaucoup plus rare dans la partie basse des Etats Méridionaux, que dans le haut de ces mêmes Etats, lesquels offrent un tout autre aspect, sous les rapports de la nature du sol £e>rsa Je/. ^ainiri •. M OR us RUBRA. 2.33 et des productions végétales. Les Etats de lOliio, du Renlucky, du Tennessee, ainsi que les bords des rivières de la Wabasli, des Illinois et du Missouri, sont, de toutes les parties des Etats-Unis , celles où cet arbre est le plus abondant; ce qui est dû à la nature du sol, généralement plus fertile. Dans ces Contrées et même dans la Pensylvanie et dans les parties reculées de la Virginie, on trouve fréquemment des Mûriers rouges , qui excèdent 60 et 70 pieds Ç20 et 23 mètres) de haut, sur 18 à 2^ pouces r5o k 66 centimèt. j de diamètre. Ses feuilles entières et quelquefois partagées en d eux ou trois lobes arrondis, sont cordi formes, assez grandes et dentées dans leur contour; elles sont d'un vert sombre, d'une texture épaisse et leur surface est inégale et rude au toucher. Le plus ordinairement dans le Mûrier rouge, les sexes sont partagés. Les fleurs mâles sont disposées en chatons cylindriques, pendans et longs d environ 1 pouce (3 centimètres). Les arbres qui portent ces chatons sont les individus mâles, et ils ne donnent pas de fruit. Les fleurs femelles placées sur d'autres arbres , sont petites et peu apparentes; elles se con- vertissent en un fruit oblong, d'un rouge foncé, et dont la saveur aigrelette, un peu sucrée, est fort agréable à Tépoque de leur maturité. Chacun de ces fruits se compose de la réunion de petites baies , groupées ensemble , et dont chacune contient une petite graine. Quelquefois aussi, on trouve sur le même arbre des fleurs mâles et des fleyrs femelles. 234 MORUS RUERA. Le tronc du Mûrier rouge est couvert d'une écorce grisâtre , plus fendillée que celle des Chênes et des Noyers hickerys. Le vrai bois, ou le cœur, est jau- nâtre , approchant de la couleur citron. On remar- que que les couches concentriques sont fort écar- tées les unes des autres, ce qui fait qu'elles sont toujours très-distinctes. Ce bois a néanmoins le grain fin , et il est assez compacte, quoique moins pesant que celui du Chêne blanc. L'expérience a appris qu'il a de la force, de la solidité, et qu'employé bien sec, il est presqu'aussi durable que celui de l'Acacia 5 beaucoup de personnes croient même qu'il l'égale en bonté , et qu'il résiste aussi bien que lui aux injures du temps. Ces sont ces excellentes qualités qui font qu'à Philadelphie , à Baltimore et dans tous les ports de mer situés plus au Sud , on l'employé , autant qu'on peut s'en procurer , pour la construction des navires dont il concourt à for- mer la charpente supérieure et inférieure ; il est également bon pour les genoux et les varangues 5 et à défaut d'Acacia , c'est le meilleur bois pour faire des gournables. Dans la Caroline méridionale , sur la rivière Catawbaw, on l'employé de préférence à tout autre bois pour les courbes des grands bateaux qui servent à transporter les productions de la par- tie supérieure de cet Etat et celles de la Caroline septentrionale. On en fait aussi des pieux qui durent fort longtemps en terre avant de s'altérer , et sous ce rapport , il est presque aussi estimé que l'Acacia. Mais le Mûrier rouge est moins commun que l'Aca- MORUS RUBRA. 2.35 cia, dont la croissance est plus rapide et qui vient dans des terreins de médiocre qualité. Aussi , dans les chantiers de constructions navales, le bois de Mûrier est-il toujours en moindre proportion que ceux de toutes les autres sortes qui y sont mis en œuvre. Tels sont les principaux usages auxquels le bois du Mûrier rouge est ordinairement adapté , usages comme on voit fort importans , et qui doivent en recommander essentiellement la conservation à tous les propriétaires Américains sur le terrein des- quels il s'en trouve naturellement. Dans les chantiers de construction navales , et aussi dans les campagnes , les charpentiers préten- dent que le bois qui provient des arbres qu'ils ap- pellent Mûriers mâles , est très-bon et très-durable , et que celui qui est tiré de ceux qu'ils nomment Mûriers femelles est très-inférieur en qualité et doit être rejeté. Cette opinion, je pense, tient à quelque préjugé ; et je me permettrai de douter que cela soit ainsi jusqu'à ce que de nouveaux essais en aient constaté la réalité. Mais en Amérique, comme en Europe , les gens non instruits commettent , pour le Mûrier, la même erreur que pour le Chanvre; ils appellent Mûriers mâles ^ les arbres qui donnent des fruits , et Mûriers femelles ceux qui n'en portent pas. D'où il suit qu'en admettant leur opinion sur les qualités respectives de l'un et de l'autre , et en rectifiant l'erreur populaire sur les sexes , ce seroit le Mûrier femelle qui donneroit le meilleur bois. 2.36 MORUS RUBRA. Le Mûrier noir d'Europe , qui a beaucoup d'a- nalogie avec le Mûrier rouge des Etats-Unis, seroit je ne puis en douter , une très-bonne acquisition pour les Etats du Milieu, et surtout pour ceux de l'Ouest où il viendroit en grande perfection. Son fruit est trois et même quatre fois plus gros que ce- lui du Mûrier rouge. Cependant, j'estime que celui de cette dernière espèce pourroit s'améliorer promp- tement par une culture soignée , soit pour la gros- seur , soit par la quantité; le perfectionnement est déjà sensible dans les arbres qu'on a laissé subsis- ter au milieu des champs cultivés. Les feuilles du Mûrier rouge de l'Amérique Sep- tentrionale , de même que celles du Mûrier noir d'Europe , sont d'une texture épaisse , rudes au toucher^ et couvertes de poils dans leur jeunesse ; ce qui fait qu'elles ne conviennent ni l'une ni l'autre à la nourriture des vers à soie, qui ne doivent être alimentés qu'avec celles du Mûrier blanc , qui sont lisses, minces et tendres. A i.^ ou 20 milles Ç 26 ou 35 kilom. ) de Savanah , en Géorgie , on voit en- core , dans les habitations abandonnées , des Mû- riers blancs d'une grosseur considérable qui furent plantés il y a près d'un siècle , à l'époque où l'on tenta d'y introduire l'éducation des vers à soie , mais l'expérience apprit bientôt qu'on s'étoit trompé dans cette spéculation , car ce genre d'industrie ne peut se soutenir avec avantage que dans les pays très- populeux où le surcroît de population manquant de terres à cultiver, doit nécessairement , afin de pour- MO nu s RUIJRA. 237 voir à sa subsistance, recourir à l'industrie manufac- turière, et donner son travail à un très-bas prix. Or, cet état de choses me paroit encore loin d'exister dans les États-Unis, où les belles et immenses contrées de la Haute-Louisiane, à peine habitées, offrent un beau climatet des terres fertiles, à l'industrieagricole, à l'excédant de population des États atlantiques et même de ceux de l'Ouest. C'est dans ces derniers États surtout que la température du climatet la nature du sol seront les plus favorables à la culture du Mûrier blanc, et que l'on récoltera la meilleure qualité de soie. On possède, depuis long-temps , en France et en Angleterre, le Mûrier rouge; il y réussit très-bien , et il est spécialement recherché à cause de son feuillage épais, qui donne beaucoup d'ombrage. Les bonnes qualités de s^a bois que j'ai fait connoître, doivent être un puissant motif pour engager les forestiers eu- ropéens à le propager dans les forets commises à leur surveillance. PLANCHE X. Rameau avec une feuille et uu fruit de grandeur et df^ couleur naturelles. Fig. i , petit rameau avec un chaton composée de fleurs mâles, lug. 2 , fleur mâle séparée du chaton. HT. 3o PAVIA LUTEA, TUE LARGE BUCKEYE. Heptandrie monogjnie , Linn. Fam. des Erables, Jdss. Pavia lutea yfoliis quînatis , œqualiter serratis) coroîUs luteis , tetrapetalis , çiscosis , clausis. C'est dans la portion de la chaîne des Monts-Al- léghanys qui traverse la Virginie , vers le Sgo , qu'on commence à remarquer le Pavia jaune ; et on observe ensuite qu'il est plus abondant, à mesure que cette chaîne de montagnes s'avance vers le Sud-Ouest: en- sorte qu'il m'a paru plus multiplié que partout ail- leurs , dans la région montagneuse des deux Caro- lines et de la Géorgie. Cet arbre croît encore très- communément sur les bords des rivières qui prennent naissance à l'Ouest de ces montagnes, et qui traver- sent la partie occidentale de la Virginie , le Ren- tu.cky et le Tennessee, pour se jeter dans l'Ohio , tandis qu'il est plus rare sur les rives de celles qui ont leur source à l'Est , et qui se rendent directement à l'Océan , à travers les Carolines et la Géorgie : tel- lement que de ce côté des montagnes, on ne le voit plus au-delà de 3o à 4o milles (^5o à 65 kilomètres) de distance. Le Pavia jaune peut donc être considéré comme presque entièrement étranger à tous les Etats atlantiques , excepté aux parties des États méridio- naux qui sont très rapprochées des montagnes, ou on PI ^f^j-a J^l .%4 • ^ ' 'r \ >- . i*^. «fer 1 »i Je/ ||^i£££.'. . p PAVIA Imtea G-aèr^ei se. PAVIA LUTEA. 2?jg Jui donne le nom de Big huckeje^ par opposition au Pavia ruhra qui ne s'élève qu'à 8 ou lo pieds ( 2 à 3 met.) , et qui est désigné sous celui de SmallBuckeye. Nulle part, je n'ai vu d'endroits qui paroissent plus propres à la croissance du Pavia jaune, que le pen- chant des plus hautes montagnes de la Caroline du Word, et notamment de celles qui sont désignées par le nom de Great f ailier mountain , ô^Iron moun- tain, et de Black moujitain dont le sol est générale- ment meuble, profond et très-fertile. La température constamment fraîche et l'air humide qui règne sur ceshautes montagnes, semblent aussi être nécessaires au plus grand développement de la végétation de cet arbre. Il y parvient à 60 et 70 pieds ( 20 et 23 mètres j de hauteur, sur 3 à 4 pieds (100 à i3o centimètres) en diamètre, et sa présence est considérée, par les habitans, comme un signe certain de la bonté du terrein. Dans le Pavia lutea, les feuilles au nombre de cinq, sont réunies à l'extrémité d'un long pétiole commun. Les feuilles sont lancéolées, aiguës à leur sommet, légèrement sillonnées à leur surface , et fi- nement dentées sur leur bord. Les fleurs , disposées en grappes aux extrémités des pousses de l'année , sont droites et d'un jaune clair, mais d'une teinte agréable. Les grappes, toujours très - nombreuses , produisent un bel effet et contrastent agréablement avec le beau feuillage de cet arbre. Le fruit est une capsule charnue , ovale et souvent gibbeuse, dont la 24o PAVIA LUTEA. surface est unie et non épineuse, comme dans le Marronnier ^scidus hippocastanuni ^ et VjEsculus oJiioensis. Cette capsule contient deux semences ou marrons de grosseur différente , applatis d'un côté et convexes de l'autre ^ ils sont plus gros et d'une cou- leur moins foncée que ceux du Marronnier ordinaire. Comme ceux-ci, ils ne sont pas mangeables. Ayant passé une très-grande partie de l'été de 1808 avec MM. John et William Bartram, dans leur agréa- ble résidence de Ringsess , située sur la Schuyll- kill, à 5 milles ( 8 kilomètres) de Philadelphie , oii ont été plantés fort anciennement beaucoup d'arbres des diverses parties des Etats-Unis et d'Europe , j'ai remarqué que le Pavia jaune étoit un des premiers à perdre ses feuilles. Elles commencent à tomber vers le i5 août, époque où le Marronnier étoit encore de la pi us belle verdure. Le développement de ses feuilles et sa floraison est aussi plus tardif. C'est certainement un grand désavantage pour un arbre qui n'a d'autre mérite que de servir à la décoration des jardins ; car son bois est très-tendre, n'a point de force, et pourri? promptement j ce qui fait qu'il n'est employé à aucun usage. Le Pavia lutea n'offre donc d'autre intérêt que sous le rapport de 1 agrément qu'il peut offrir à cause de ses fleurs ; mais il est , à cet égard , tellement infé- rieur au Marronnier ordinaire, arbre si magnifique et si éclatant, à l'époque de sa floraison, qu'il ne peut lui être comparé, et qu'il ne lui sera jamais substi- PAVIA LUTLA. ll^l tuée pour l'embellissement des parcs et jardins d'une grande étendue. PLANCHE XL Rameau avec les feuilles et les fleurs de grandeur naturelle. Fig. I , fruit qui commence à s'ouvrir. Fig. a , marron dépouillé de son enveloppe , de grosseur et de couleur naturelles. ^SCULUS OHIOENSIS, ( Sans figure. ) THE AMERICAN HORSE CHESNUT. OROHIOBCCKEYE. jEsculus ohioensis , foliis quinatis ^ inœqualiter dentalis. Fructibus niuricatis. Cette espèce de Marronnier, dont aucun des au- teurs qui ont traité avant moi des arbres et des plantes de l'Amérique septentrionale, n'a parlé, ne se trouve pas, d'après mes recherches personnelles, dans la partie atlantique des Etats-Unis. Je Tai seulement vue au-delà des montagnes, et plus particulièrement sur les bords de l'Ohio, entre Pittsburgh etMarietta , où elle est extrêmement commune, dans cet inter- valle qui est d'environ loo milles (120 kilomètres j. Les habitans lui donnent le nom de Buckeje-j mais cette dénomination étant la même que celle qui a été donnée au Pavia lutea^ qui croît plus au Sud, dans la Virginie et les Hautes-Carolines, j'ai cru de- voir, pour éviter toute confusion, y ajouter le nom d' 0^20, par la seule raison que cet arbre est peut-être, sur les rives de cette rivière , plus multiplié que par- tout ailleurs. J'ai pensé également qu'il étoit conve- nable de faire précéder le nom de Ohio Buckeje , par celui d' American Horse chesnut , car cet arbre est un véritable Marronnier par les carractères botaniques de son fruit qui est épineux comme celui d'Asie (ac- /ESCULUS OHIOENSIS. 243 tuellemcnt naturalisé en Europe) , et dont la surface n'est pas unie comme dans les espèces qui composent le genre Pavia, La hauteur la pi us ordinaire de ce Marronnier d'A- mérique est de 10 à 20 pieds (3 à 7 mètres j; mais quelquefois il s'élève à 3o et 35 pieds f 10 et 1 2 mè- tres), sur un diamètre de 12 à i5 pouces ^36 à 4^ centimètres). Les feuilles, longues dans leur ensem- ble de 9 à 10 pouces ( 27 à 3o contimètres) , et larges de 6 à 8 ,( 18 à 24 centim. ) sont palmées. Elles se composent de cinq folioles qui partent du même point et qui sont de grandeur inégale , de forme ovale-acuminée et irrégulièrement dentées dans leur pourtour. Je n'étois pas dans la partie des Etats-Unis où cet arbre est indigène, à l'époque de la floraison , ensorte que je ne puis en parler que d'après ce que j'ai su des liabitans , qui m'ont dit qu'il fleu- rissoit de très-bonne heure au printemps, que ses fleurs étoientde couleur blanche , réunies en grappes et très-nombreuses , ce qui alors produisoit un bel effet. Les fruits de moitié plus petits que ceux du Marronnier ordinaire ou du Pavia lutea , sont de la même couleur et contenus dans une enveloppe charnue et épineuse. Ils sont en maturité vers l'au- tomne ; l'écorce qui couvre le tronc des plus gros arbres est noirâtre , et le tissu cellulaire ou la par- tie vive de cette écorce a une odeur vireuse et dé- sagréable. Le bois est blanc et tendre , ensorte qu'il n'offre aucun degré d'utilité. 244 ^SCULUS OHIOENSIS. Le principal mérite de cette espèce de Maronnier paroit donc devoir consister seulement dans la beau- té de ses fleurs; ce qui joint à la rapidité de sa végétation et à l'avantage qu'il a de supporter les grands froids , le fera rechercher en Europe et dans les Etats-Unis , pour l'enibellissement des jardins. Obs. Je n ai pas fait figurer cette espèce ^ parce que je ne V ai pas vue en fleur , ni ses fruits à leur complète maturité. Bmj-O' del. Gai)m7 j-cuai- HOBINIA Pseu do -acacia. et que je regarde néanmoins comme assez exacts , que repose ce court résumé , dans lequel on trouvera , j'ose le croire , plus de lacunes que d'erreurs. CONSTRUCTIONS NAVALES. DISTRICT DE MAINE, NOUVELLE BRUNSW^ICK, ET NOUVELLE ECOSSE. Quille, Pour la quille on se sert d'abord, de préférence , de VAcer saccharinum , Sugar or Rock jiiaple ; ensuite de VUlnius aniericana^ FTliite elni'y ces deux espèces d'arbres parviennent dans ces contrées à leur plus grand développement , et par suite on peut en tirer des pièces de la plus grande dimension. Charpente inférieure. La rareté , et même le man- que total de Quercus alha^ FFhite oak^ dans la RÉSUMÉ. 33 1 plus grande partie de district du Maine ; l'insuffi- sance du Quercus amhi^ua , Gray oak , et du Quercus ruhra ^ Red oak ^ quoique un peu plus communs, sont cause qu'on les réserve pour les parties du navire exposées aux alternatives de la sécheresse et de l'humidité , tandis que , pour celles qui sont constamment submergées, on remplace le Chêne par d'autres sortes , qui , quoiqu'inférieures à tous égards , conviennent néanmoins assez bien pour cette partie du navire seulement j car si elles étoient au-dessus de l'eau, elles pourriroient très- rapidement. Ainsi , pour la charpente inférieure , on emploie le Betula liitea , Yellow hirch ; leFagus Timbra, Red heech ; \Acer saccharinum y Sugar or Rock maple , et le Fraxinus americana , Tfhiteash, Le Bouleau jaune et le cœur du Hêtre rouge, sont d'a- bord les plus estimés ; le Frêne blanc l'est le moins. On a grand soin de dépouiller ces bois de tout leur aubier, et de ne les employer que lorsqu'ils sont bien secs , et qu'ils ont été coupés en temps conve- nable. Charpente supérieure. La charpente supérieure , sujette être alternativement dans^ l'eau et hors de l'eau , se fait , autant qu'on le peut , en Chêne blanc ; et lorsqu'on ne peut s'en procurer une quantité suffisante, on le remplace avec le Chêne gris et le Chêne rouge. Bordâmes. Les bordages sont en Chêne bknc ; les planches, plank^ environ 2 pouces (6ceutim.) d'épaisseur. 332 RÉSUMÉ. Gournables, en Chêne hlanc. Préceintes ^ TV aies ^ pour ces planches destinées à couvrir les bordages à la flottaison , on emploie le Pinus ruhra , Red or Norway pine , ou encore préfërablement le Pinus australis , Lon^ lea^^ed pine , qu'on importe pour cet usage de la Caroline ou de la Géorgie. Genoux. Les genoux sont faits, autant qu'on le peut , lo. en Chêne blanc ; i^. en Chêne gris ; 3°. en Chêne rouge; 4°- ^^ Mélèze; 5°. en Ahies nigra , Black spruce, et c'est de ce dernier arbre qu'on les fait le plus ordinairement , parce qu'ils sont assez bons et qu'il est facile de se les procurer. Pont. Les planches qui forment le pont, sont ou de Pinus strohus^ TVhite pine , ou de Pinus ruhra .^ Red or Norway pine , celles-ci sont certainement préférables. Mâts. Les mâts inférieurs sont toujours en Pinus strobus ., FThite pine^ et les supérieurs en Sapinette noire, Black spruce^ de même que les vergues. BOSTON. Boston étant situé à quelques degrés plus au sud que les ports de mer du District de Maine, le pays qui l'environne se ressent déjà de l'influence d'une température plus douce ; par suite , les forêts ren- ferment un plus grand nombre d'espèces de Chênes , et le Chêne blanc s'y trouve en beaucoup plus grande n 1- s V M l'ù, 33.3 proportion ; ce qui dorme déjà aux navires construits à l'oston , un degré de supériorité sur ceux rpii sont faits plus au ]\ord. Quille. On crnj)loie constamment le Chêne blanc. Charpente supérieure et inférieure. Le Cliéne blanc constitue la très-grande partie de l'une et de Fautre ; parfois , quand on manque de cette espèce , on fait entrer dans la char^pente inférieure le Cliéne rou^ e , dénomination sous laquelle on comprend le Quercus ambiirua .^ Grey oak j \c Quercus coc^ cinea , Scarlet oak , et le Quercus ruhra , B.ed oak. Quelques auteurs qui ont écrit anciennement sur cette partie des Elats-Lnis, rapportent c^u'on (ai- soit entrer daiîs les constructions, le Quercus prinus discolory Swamp white oak., et que l'on considé- roit son bois comme fort bon; actuellement il n'est plus employé,probablenientpaixe qu'il est beaucoup plus rare qu'autrefois. Genoux. On les fait aussi , autant qu'on le peut , en Cliéne blanc ; mais comme les pièces propres à ce genre de travail se trouvent difticilement, on est obligé de les faire en Abies nigra., Black spruce , surtout lorsqu'il s'agit du radoub des vieux navires. Bordâmes. Les bordages sont en Chêne blanc , et pour w aies y on donne la préférence au Piuus australis , Long lea{>ed pine , importé exprès des Etats méridionaux. Gournables .^ ordinairement en Chêne blanc, quelquefois aussi en Acacia , Locust , importé de la Virginie. 334 RÉSUMÉ. Pont, Il se fait en Pinus slrohiis^ TVhite pine ; mais le Pinus ruhra^ Norway pine, est préférable, et on s'en sert lorsqu'on peut s'en procurer. On le tire du New-Hampshire , parle canal de Middlesex, qui communique de la rivière Merimack au port de Boston. Les constructeurs lui donnent le nom de Yellow pine^ Pin jaune; mais ce dernier, qui est le Pinus mitis^ ne croît pas dans le New-Hampshire , qui est trop avancé vers le Nord pour que cet ar- bre puisse y venir. Mâture, Les mâts et les vergues sont , comme dans le District de Maine , en Pinus strobus , FThite pine , pour les mâts inférieurs , et en Abies nigra , Black spruce y^our les mâts supérieurs et les vergues. Obs. A Boston, l'on construit encore quelques navires dont la charpente est en Chêne vert et en Cèdre rouge , importés des Etats méridionaux. NEW-YORK. Quille. Elle est toujours en Chêne blanc. Autre- fois on se servoit quelquefois du Juglans squamosa^ Shellbark Hickery ,, qui est très- droit et qui par- vient à une très-grande élévation ; mais on ne trouve plus actuellement , dans le voisinage des ports de mer, des arbres qui y soient propres. Charpente inférieure. La plus grande proportion est de Chêne blanc, auquel on associe le Quer- eus prinus monticola , Rockj oak. Charpente supérieure. La charpente supérieure RÉSUMÉ. 33f> est en pièces de Chêne vert et de Cèdre rouge, pla- cées alternativement. Ces bois sont iujportés de la Géorgie et de la Floride orientale. Bordâmes , en Chêne blanc ; cependant il m'a paru qu'on se scrvoit aussi, pour cet usage, du Quercus prmiis nionticola ^ Rockj oak ^ car j'en ai vu dans les chantiers des Planks ^ planches de 2 à 3 pouces (6 à 9 centimètres) d'épaisseur, très recon- noissables à l'écorce qui subsistoit encore sur les côtés, et qui neparoissoientpas avoir une autre des- tination. Genoux. Autant qu'on le peut, ils sont en Chêne blanc ; mais , comme partout il est difficile de se procurer les morceaux qui y sont propres, on les remplace , en très-grande partie^ avec ceux que l'on tire du Quercus pjdnus monticola ^ Rockjoak^ qui sont apportés du haut de la rivière du Nord. Pont. Les planches qui servent à faire le pont , sont en Pinus niitis , Yellow pine , qu'on apporte du New-Jersey ou du Eastern-Shore , dans le Maryland. Mâture. Les mâts inférieurs sont en Pinus stro- bus, les supérieurs en Pin jaune, et les vergues en Abies nigra^ Black spruce. Gournables , toujours en Acacia , Locust. PHILADELPHIE. Quille. Elle est toujours en Chêne blanc , quel- quefois encore en Juglans squamosa^ Shell hark Hic- kery et en Juglans porcina , PignutHickery y mais III. 4^ 336 RÉSUMÉ. ce n'est que bien rarement qu'on fait usage de ces deux arbres, dont les plus gros ont été abattus dans les environs des ports de mer anciennement habités. Le Jii^lans porcina^ Pignut Hickerj ^ est plus coriace que le Shell barh , et par suite il est préfé- rable. Charpente inférieure. Elle est en Chêne blanc, mêlé d'une petite proportion de Noyer noir , d'A- cacia, Locust j et de Mûrier rouge. Charpente supérieure. Dans les bonnes construc- tions, elle se fait , comme à New- York , en pièces de Chêne vert et de Cèdre, alternativement placées les unes à côté des autres. Dans ce mode de cons- truction, le Cèdre rouge, qui est très-durable, com- pense , par sa grande légèreté , l'extrême pesanteur du Chêne vert. On importe aussi à Philadelphie , des Etats méridionaux et notamment de la Floride , une petite proportion deLaurus caroliniensis ^ Red bar , qui est très-avantageusement substitué au Cèdre dont les gros arbres commencent à devenir fort rares dans le Midi des Etats-Unis. Dans la charpente supérieure, on fait encore entrer l'Acacia, Locust ^ le Mûrier rouge et le Juglans nigra, Black walnut. Ces bois , dont on ne peut se procurer une suffi- sante quantité, équivalent presque en durée le Chêne vert et le Cèdre rouge; et ils ont l'avantage d'avoir plus de force que le Cèdre rouge , et d'être moins pesans que le Chêne vert. Leur durée est aussi plus longue que celle du Chêne blanc, mais il faut qu'ils soient employés bien secs et sans aubier, surtout RÉSUMÉ. 33" le Noyer noir; car celte partie , dans celui-ci, est très-tendre et s'altore très-rapidement. L'Acacia, Locust^ le Noyer noir et le Mûrier rouge, se tirent des environs de la Susqueliannab. II croît aussi de très-gros Mûriers rouges sur les bords de la Dela- wares. Dans les bonnes constructions on n'emploie pas , comme on voit, le Chêne blanc dans la charpente supérieure. Bordages. Les bordages sont toujours en Chêne blanc. Gournahles , Treenail. Constamment en Acacia , Locust. Genoux. Autant qu'on le peut en Chêne blanc, mais , comme les morceaux nécessaires pour ces parties du navire , sont et deviennent tous les jours plus rares, on a recours, comme à New-York , au Quercus prinus monticola ., connu à' Philadelphie et plus au Sud, sous le nom de Chesnut oak^ Chêne châtaignier, dont on emploie actuellement presque une égale quantité. Le Noyer noir est aussi fort es- timé pour les genoux, mais il n'est employé qu'ac- cidentellement à cause de sa rareté , ou plutôt par la difficulté d'obtenir des morceaux convenables. Le Mûrier rouge est aussi très-bon pour les varan- gués. Pont. Le plus ordinairement il est eu Pinus mitis, Yellowpine., importé, soit du haut de la Delawares, soit du Eastern-Shore; ce dernier est préférable. On le fait encore en Pinus australis , Long leai^ed 338 RÉSUMÉ. pine ^ importé de la Caroline du Nord ou de la Géorgie. Mâture. Les gros mâts , ou mâts d'en bas, sont en Pinus strobus ^ JVhite pine., qui descendent de la rivière Delawaresj les mâts de hunes sont en P//??^^ mitis^ Yellow pine, et les vergues en Abies nigra , Black spruce^ importé du District de Maine. BALTIMORE ET ALEXANDRIE. Les constructions maritimes sont fort bonnes dans ces deux villes , et on y emploie à-peu-près les mêmes matériaux qu'à Philadelphie , c'est à-dire , le Chêne blanc pour la quille et les membrures inférieures; le Chêne vert et le Cèdre rouge pour la charpente supérieure : on y fait néanmoins entrer dans l'une et dans l'autre, une plus grande proportion de Cèdre rouge et d'Acacia, Lociist ^ ces deux arbres se trou- vant dans le pays beaucoup plus abondamment que dans le voisinage de Philadelphie. Les genoux sont également en Chêne blanc , en Chêne châtaigner des rochers , et aussi en Quercus obtusiloha , Post or Box -white oak. Les mâts d'en bas sont aussi fré- quemment faits de Pinus mitis ., Yellow pinei, et quelquefois aussi de Pinus australis^ Long leaved pine^j qu'on tire de la rivière Elisabeth , près de Norfolk. CHARLESTON S. C. ET SAVANAH. Quille. Elle est constamment faite en Pinus aus- RÉSUMÉ. 339 tralis , Long leaved pine ^ et elle est aussi bonne que celle du Clienc Liane. Charpente inférieure. Les membrures qui la com- posent sont principalement en Chone vert , et partie en cœur de Pin à longues feuilles , qu'on regarde comme aussi solide que le Chêne blanc; parfois on y introduit quelques pièces tirées du Quercus obtusiloha ^ Post oak , et du Quercus falcata , Spa- nisJi oaJ\. Charpente supérieure. Elle est constamment faite en Chêne vert et en Cèdre places alternativement. L'Acacia et le Mûrier rouge sont rarement employés à Charleston et Savanah , ces deux espèces d'arbres étant peu commune dans le voisinage de ces deux villes : il en vient cependant quelques pièces à Sa- vanah , de la Haute-Géorgie , par la rivière Savanah. Pont. Il est toujours fait en planches de Pinus australis .) Long leai^ed pine ^ qui est la meilleure espèce de Pin qui croisse peut-être dans toute l'Amé- rique Septentrionale. Genoux. Ils sont ordinairement en Chêne vert , dont le bois est le meilleur dont on puisse se servir pour cet usage. Bordages. Les bordages sont presque toujours en cœur de Pin à longues feuilles ; on les regarde comme aussi solides et aussi durables que ceux qui sont en Chêne blanc. On prétend néanmoins que les bordages de ce bois ne forment pas , à l'avant et à l'arrière du navire , des jointures aussi exactes que lorsqu'ils sont en Chêne. 340 RÉSUMÉ. Gournahîes, Les gouinables sont en cœur de Pin lorsque les bordages sont de ce même bois, et s'il arrive qu'ils soient en Chêne , on les fait en Chêne vert ou en Acacia , Zocz^^^ , et même en Mûrier rouge. Ces dernières sont aussi bonnes que celles d'Acacia. Mâts. Les gros mâts sont en Pinus australis , Long leaved pine ^ regardés avec raison comme plus forts que ceux de Pinus strohus , TVhite pine. Les mâts supérieurs sont aussi en Pin à longues feuilles , et les vergues en Ahies nigra , Black spruce , im- porté du District de Maine. Lorsque les bois dont je viens de parler ont été employés bien secs , les navires qui en sont cons- truits durent autant et même plus que ceux qui sont faits à New-York et à Philadelphie , oi^i le Chêne blanc entre en grande proportion dans les construc- tions navales. LOUISVILLE SUR l'oHIO. Quille. Elle est en Chêne blanc. Charpente supérieure. En Chêne blanc , entre- mêlé de Noyer noir. Charpente inférieure. Avec le Chêne blanc on y fait entrer une très-grande proportion d'Acacia , de Mûrier rouge et de Noyer noir ; on emploie aussi le Cerisier de Virginie , TVilcl cherry , et l'Orme rouge, Ulmus ruhra , ces bois sont excellens, mais ils ne doivent être mis en œuvre que lorsqu'ils sont bien secs , leNoyer noir surtout, qui doit être , comme je l'ai déjà dit, entièrement dépouillé de son aubier, RÉSUMÉ. " 34 I lequel est très-tendre et pourrit très -facilement. Genoux. En Acacia, Zocw^^, Mûrier rouge , Noyer noir et en Chêne blanc; mais ceux en Acacia et en Mûrier rouge s'obtiennent plus difïïcilement. Bordâmes. Constamment faits en Chêne blanc. Gournahles. Kn Acacia , Locust. Pont. En planches de Pinus mitis , Yellow pine. Mâture. Les mats sont en Pinus strobus , J'Fhite pine, et les vergues en Ahies ni^ra, Black spruce , qui se tirent des sources de la rivière Alléghany. Bateaux a quilles. J'ai vu sur les bords de l'Ohio beaucoup de ces bateaux en construction , qui étoient destines à porter de forts chargemcns. Toutes les courbes, sans exception, étoient faites en bois de Noyer noir et couvertes en planches de Chêne blarfc. NOUVELLE-ORLÉANS, Je ne suis pas allé dans la Basse-Louisiane, par con- séquent je ne puis parler avec certitude des cons- tructions navales qui se font à la Nouvelle-Orléans. On m'a dit que la charpente inférieure et supérieure étoient en Chêne vert et en Cèdre rouge entremê- lés; les bordages et le pont en cœur de Cyprès chauve , et la mâture du même bois ; que le Cyprès est très-supérieur à toute espèce de Pin , lorsqu'il est employé bien sec. Corps de pompes. A New^-York, à Philadelphie et à Baltimore , ils sont faits en Pinus rigida , Sap pine y dans !es ports de mer des Etats méridionaux, en Pinus tœda , Lohlolfy pine. 342 RÉSUMÉ. Boîtes à poulies , taquets et rames. Dans les ports de mer des Etats du Nord, ces pièces sont toujours en Fraxinus americana^ VFhite ash\ à New-York et à Philadelphie , moitié en Fraxinus americana , VFhite ash , et moitié en Fraxinus tonientosa ^ Red ash , proportionnellement plus commun à mesure qu'on avance vers le Midi. Beaucoup de personnes savent bien que , pour les boîtes à poulies, VUlmus rubra, Red elm ^ seroit préférable ; mais cet arbre n'est pas assez multiplié à l'Est des Monts-Alléghanys pour qu'on puisse l'em- ployer, (i) Les rames sont toujours faites en Fraxinus , JVhite ash^ bois excellent et le meilleur dont on puisse se servir pour cet usage , à cause de sa force et de son élasticité. J'ai appris que l'on s'étoit servi avec avantage du bois des Noyers Hickejy ^ pour en faire des taquets , cleats ; qu'ils avoient l'avantage, sur ceux en Frêne , d'être beaucoup plus forts, mais qu'ils dévoient être tenus très-lâches dans les trous, sans quoi venant à (i) Le Mella A^éèarack ^ Prlde oflndla^ originaire d'Asie , est acluellement naturalisé dans la partie méridionale des Etats- Unis où il est employé à la décoration des villes , à cause de la beauté de son feuillage et de ses fleurs. Ce bel arbre , à l'avantage de croître avec une grande rapidité , réunit celui de donner un bois d'une excellente qualité , qui a de la force et résiste très-bien aux alternatives de la séclieresse et de l'humidité. On l'a reconnu propre à faire de bonnes boîtes à poulies. On ne peut trop recom- mander la multiplication de cet arbre qui fournit encore un bon bois de chauffage. RÉSUML. 343 se gonfler par l'humidltc, et par suite serrés dans les les trous, ils avoicnt sans cette préeaulion , le dé- faut de s'échauffer et de pourrir promptement. Barres de cabestan. Dans les ports de mer des Etats du Nord , elles sont faites en Fraxinusame- ricana., TVhite ash; dans ceux du Milieu et du Sud, on en fait aussi de ce même bois, mais la plus grande partie est d'Hickery qui est beaucoup plus fort et plus estimé pour cet usage. Figures à lavant du navire. Elles sont toujours faites en Piuus strobus , TVliite pine , fort estimé pour cet usage , comme se travaillant aisément. CONSTRUCTIONS CIVILES. Dans toute l'étendue des Etats-Unis, à l'exception des plus grandes villes telles que Boston , New- York , Philadelphie, Baltimore, Washington- City, dont les cinq-sixièmes des maisons sont en briques et une douzaine de villes du second ordre , où il n'y en a qu'un tiers et même un cinquième qui qui soient construites de cette manière , les dix- neuf-vingtièmes de toutes les maisons, soit des pe- tites villes, soit des campagnes, sont en bois. Les maisons en bois sont de deux sortes, celles du très -grand nombre des agriculteurs , surtout de ceux qui habitent fintérieur du pays, sont faites en boulons, Log houses y leur construction est telle- ment simple, qu'en trois ou quatre jours elles sont élevées et rendues habitables. Ces maisons sont faites III. 4j 344 RiÉSUMÉ. de tronçons d'arbres, de 20 à 3o pieds (6 à 10 met.) de longueur, sur 4 à5 pouces Çi2h i5 centimèt.) de diamètre, placés les uns au-dessus des autres , et main- tenuspardesentailles pratiquées à leurs extrëmitës.Le comble est formé de morceaux de pareille longueur, mais plus légers et rapprochés graduellement de chaque côté; ceux-ci tiennent lieu de chevrons, et ils supportent les bardeaux qui y sont accrochés au moyen de petites chevilles de bois , placées à une de leurs extrémités. Deux portes, qui souvent tien- nent lieu de fenêtres , sont pratiquées au milieu et vis-à-vis l'une de l'autre , en sciant une partie des tronçons qui forment le corps de la maison. La che- minée est à l'une des extrémités. L'intervalle des tronçons est rempli avec de l'argile 5 une cloison divise la maison en deux pièces ; les écuries et les granges sont bâties de la même manière , mais closes avec moins de soin. Les maisons en bois, soit dans les campagnes , soit dans les villes, sont faites en planches et ordinaire- ment élevées de deux éta^;es ; elles sont spacieuses et commodément distribuées : peintes en gris , à l'extérieur, leur apparence est fort agréable , elles an- noncent l'aisance de ceux qui les habitent. Lorsqu'on a soin de les entretenir et de les repeindre au bout de 10 à 12 ans, elles durent 3o à 4o ans. Dans ces maisons , la charpente , les planches qui la revêtent extérieurement et intérieurement , les planchers et les bardeaux dont le toit est formé , sont tirés d'arbres différens, suivant les diverses par- RÉSUMÉ. 3^|0 lies des Etats-Unis qui ne produisent pas partout les mêmes espèces; et, dans chaque Etat, l'expérience a appris quelles étoient les diverses sortes de bois qui dévoient être préf'érablemcnt employées pour telle ou telle partie de la construction. ÉTATS DE NEW-HAMPSHIRE, MASSACHUSSETTS , CO^■NEC- TICUT ET VERMONT. A Boston, Portsmouth, Portland, Hollow^el et autres villes moins considérables, ainsi que dans les campagnes , le Pinus strobus , FFhite pine^ a toujours été préféré pour la construction des maisons en bois. Cependant, depuis environ vingt ans que cet arbre devient toujours plus rare , soit par la prodigieuse consommation qui s'en fait dans le pays même, soit par l'exportation qui a lieu principalement dans les Colonies des Indes occi- dentales, on a cherché à y suppléer en partie par VAbies nigra^ Black spruce ^ et VAbies canadensis , Hemlock spruce ^ (\i\\ sont l'un et lautre beaucoup plus abondans et que l'on se procure à un prix très- inférieur. Charpente. Elle est constamment en Pinus stro- bus , TVhite pinej mais les solives des étages et les chevrons sont actuellement faits très-fréquemment en Abies canadensis , Black spruce , que l'on sait avoir beaucoup de force. Première enveloppe de la charpente. En plan- ches ai Abies canadensis , Henilock spruce. Seconde enveloppe. Elle est formée avec des Calp 345 . RÉSUMÉ. boards,enPinus str^obus^esipèces de planchettes lon- gues d'environ 4 à 5 pieds (^i à 2 met.) larges de 3 à6 pouces (^9 à 18 centimètres), amincies d'un côté, appliquées horizontalement et par recouvrement les unes au-dessus des autres, et clouées sur la première enveloppe. Planchers. Ils sont généralement en Pinus stro- bus, TVhitepine; mais , dans les campagnes, quel- ques personnes préfèrent les planches à' Ahies ni^ra^ Black spj'uce^ parce que , comme le grain en est plus ferme, elles sont moins sujettes à être altérées par les pieds des meubles et les autres corps durs; mais, d'un autre côté , VAbies ?ugra^ Black spruce^ ne se polit pas aussi bien , et les planches de cet arbre sont susceptibles , à la longue , de se fendre dans le milieu. Toits. Ils sont constamment faits en essentes de Pinus strobus ^ TVhite pine^ qui durent de i5 à 20 ans. Les essentes de Tliuja occidentalis , Arbor vitœ , seroient infiniment préférables; mais dans les parties les plus septentrionales des Etats-Unis , cet arbre , à cause de sa conformation , feroit éprouver trop de perte s'il étoit débité de cette manière, quoi- qu'il soit très-commun : on le réserve pour en faire des pieux. Lattes. Elles sont toujours faites à'Abies cana- densis , Hemlock spriice. Portes et châssis de fenêtres et moulures. Tou- jours en Pinus strobus, White pine. RÉSUMÉ. 34; ÉTATS DE NEW-YORK ET DE NEW-JERSEY. Charpente. Dans les maisons, toutes en bois , elle est constamment en Piiuis slrohus ^ Whlle pine. Planches de recouvrement a l extérieur et menui- serie a lintérieur. Egalement en Pinus strobus , fVhite pine. Planchers. Dans les maisons où ils sont destinés à recevoir des tapis , on se sert toujours de Pinus strobus ., White pine ., et dans les autres , on donne la préférence aux planches de Pinus mitis ^ Yellow pine., dont le grain plus ferme, plus dur, les rend plus propres à résister aux impressions des corps étrangers. Toits. En essentes de Cupressus thjoides , TVhite cedar. Ohs. Dans les maisons en briques qui forment le centre de la ville de New- York , et qui sontà-peu- près dans la proportion d'un tiers , la charpente est souvent en Chêne 5 mais toute la menuiserie inté- rieure, les portes et les fenêtres , sont en Pinus stro- bus , White pine. Le toit, comme celui des mai- sons en bois , est en essentes de Cupressus thjoides , TVhite cedar. ÉTATS DE PENSYLVANIE ET DE DELAWARES. A Philadelphie , les m'aisons sont en briques^ et celles des faubourgs sont presque toutes en bois. Celles-ci sont construites, comme à New York, c'est- 348 RÉSUMK. à-dire en très -grande partie de Pinus strohus ^ TVhite pine , et couvertes de même en essentes de Cupressus thyoïdes ^ TVhite cedar , Si\ec cette seule diffe'rence que le Pinus mitis ^ Yellow pine^ y est plus employé concurremment avec le Pinus stro- bus y TVhite pine. Les maisons en briques sont le plus généralement construites , savoir : Les soles et les solives des étages supérieurs en Chêne blanc; mais actuelle- ment on se sert beaucoup du Quercus tinctoria^ Black oak. Pour les étages supérieurs , on emploie encore à présent le Liquidamhar stjracijlua ^ Sweet gum. Chevrons. On donne la préférence au Quercus alha ^ TVhite oak .^ et au Quercus tinctoria , Black oak'y on considère comme aussi bon , et par suite on emploie fréquemment le Tulipier qui réunit la légèreté à la solidité. Planchers. Ordinairement en Pinus mitis , Yellow pine. Toits. Essentes de Cupressus thjoïdes^ TVhite cedar y et quelquefois de Cupressus disticha^ Cj- press ^ importé des Etats méridionaux. Portes j fenêtres et moulures. Les panneaux des portes sont en Pinus strobus ^ TVhite pine; l'enca- drement en Pinus mitis , Yellow pine. Les châssis des fenêtres, en Pinus mitis ^ Yellow pine ; les mou- lures qui décorent les portes d'entrée, les corni- ches dans les appartemens et les devants de chemi- nées 5 sont toujours en Pinus strobus , TVhite pine ., qui est le bois le plus propre au travail de ces objets délicats. Dans la Pensylvanie , à l'Ouest des Monts Allé- glianys, j'ai remarqué que les maisons de Conels- wille, située sur la Yougliiogheny et de lirownswille sur la Monongahela, étoient construites ainsi qu'il suit : la charpente en Quercus alha , JVhite oak ; \e^ planchers ^ aussi en planches de Chêne blanc, débité sur une très-petite largeur; les essentes en Quercus tinctoria , Black oak ^ moins sujettes à se déjeter que celles de Chêne blanc; les planches de recouvrement à l'extérieur, et la menuiserie inté- rieiue , ainsi que les portes et châssis de fenêtres, en planches de Lyriodendrum tulipifera , Poplar. A Pittsburgh et à Wheeling sur l'Oliio , \di char- pente en Quercus alha , JVhite oak , les planches de recouvrement et la menuiserie intérieure , en Pinus strohus , JVhite pine y le toit en essentes de Pinus strohus j, JVhite pine. Beaucoup de mai- sons^ dans cette partie de la Pensylvanie , sont faites aussi entièrement en Chêne blanc, et les essentes en Chêne noir, à défaut de planches de Pin et de Tulipier. Le Tulipier est reconnu inférieur au bois de Pin, mais il est plus durable que le Chêne, il se travaille aussi avec beaucoup plus de facilité , et les ouvrages qu'on en fait sont beaucoup plus propres. On sait encore que les essentes de Châtaignier seroient les plus durables ; mais dans ces parties montagneuses de la Pensylvanie , il n'est pas géné- ralement employé par la difficulté de s'en procurer. 35o RESUME. ETAT DE MARYLAND ET PARTIE ORIENTALE DE LA VIRGINIE. A Baltimore et Alexandrie , un tiers des maisons sont construites en briques ; toutes les autres le sont en bois. Celles-ci le sont en grande partie en Pinus niitis ^ Yellow pine ^ à l'exceptioB de la menuiserie intérieure qui est en Pinus strobus ^ TVliite pine , le toit est eu essentes de Cupressus thjoïdes , désigné dans le pays sous le nom de Juniper. A Petersburgh et dans les environs , les maisons en bois sont en Pinus tœdcij Lohlollj pine ^ à l'ex- ception des essentes qui sont de Cupressus disticha^ Cjpress. CAROLINE SEPTENTRIONALE , CAROLINE MERIDIONALE ET GÉORGIE (partie BASSeJ. Les trois-quarts des maisons de Charleston et les huit-dixièmes de celles de Willemington , et de Sa- vannah , villes principales des Etats méridionaux , sont en bois. Charpente. En totalité de Pinus australis , Long leavedpine ^ les planches de recouvrement à l'exté- rieur en Pinus strohus , FThite pine. Menuiserie intérieure. En planches de Pinus strohus , FFhite pine , et de Cupressus disticha , Cjpress. Portes , fenêtres et corniches. Actuellement on se sert quelquefois de Pinus strohus ^ FFhite pine ^ RÉSUMÉ. 35l mais plus généralement de Cupressus distlcha , Cy- près s , qui est très-préférable. Toit. Toujours en essentes de Cupressus dis- licha , Cjpress , et de même sorte pour les maisons en briques. Ohs. On se servoit autrefois presqu'entièrement de Cyprès dans la construction des maisons , mais ces arbres étant devenu rares, au moins ceux d'une grande dimension , ils ont été en grande partie rem- placés par le Pinits australis ., Long leaved pine^ et le Pinus strohus ^ TVhite pine ., importé des Etats Septentrionaux. Dans l'intérieur de la partie maritime , on cons- truit encore des maisons qui sont toutes en bois de Cyprès , et qui durent plus que celles qui sont en Pin à longues feuilles. Les unes et les autres sont, comme dans les villes, peintes en gris-blanc. HAUTE s- CAROLINE s. Les maisons sont faites en Pinus initis , Yellow pine^ et couvertes d'essentes tirées du même arbre ou du Ljriodendruni tulipifera , Poplar. ÉTAT DU KENTUCRY. A Lexington , ville la plus considérable des Etats de rOuest , plus des trois-quarts des maisons sont en bois. Ces maisons , ainsi que celles des petites villes environnantes, et des particuliers qui résident nr. 44 352 RÉSUMÉ. à la campagne, sont le plus ordinairement bâties ainsi qu'il suit : Charpente. KUe est en Fraxinus quadrangulata ^ Blue ash , ou en Quercus alha^ JVhite oak 5 ce der- nier est préférable , mais le Frêne bleu se travaille plus aisément. Planchers inférieurs. En planches de Fraxinus quadrangulata , Blue ash , et de Quercus alha , FFhite oak ; quelques personnes emploient des planches de Ljriodendruni tulipifera , Poplar ou Tulipier, mais celles de Pin, si on pouvoit en obte- nir facilement, seroient préférablement employées. Planchers supérieurs. En Lyriodendrurn tulipi- fera , Poplar. Planches de recoui^rement à l'extérieur. En Fra- xinus quadrangulata , Bleu ash , ou en Lyrioden- drurn tulipifera., Poplar j celles-ci ont le défaut de se tourmenter par les alternatives de la sécheresse et de l'humidité. Menuisej^ie intérieure. Très -ordinairement en Ljriodendruni tulipifera , Poplar , et en Cerasus virginiana , TVild cherry. On se sert aussi du Jjx- glans nigra., Black walnut. Toit. Comme dans les Etats du Nord , on com- mence ordinairement par appliquer, à plat, sur les chevrons, des planches de Celtis crassifolia ., Hack herry ., sur lesquelles on cloue les essentes faites de cœur de Lyriodendrurn tulipifera , Poplar. Pour empêcher que ces essentes ne se tourmentent, on les fait courtes, et alors elles peuvent, dit-on , durer qua- RÉSUMÉ. 353 rante ans , et ont le précieux avantage de no se fen- dre ni par la gelée, ni par l'ardeur du soleil. BASSE-LOUISIANE. Je ne suis point allé dans cette partie des États- Unis , mais j'ai su que toutes les constructions en bois étoient faites en CAipressus dis tic/ta, Cjpress, bois excellent , très-durable , et fort supérieur à toutes les espèces de Pins. ÉBÉNISTERIE. ÉTATS DE MASSACHUSSETS , NEW-HAMPSHIRE ET VERMONT. Les bois propres à l'ébénisterie sont d'autant plus rares , qu'on avance dans les pays Septentrionaux ; cependant , dans le Nord des Etats-Unis , on en trouve encore de plusieurs espèces , qui , employés avec intelligence et bien travaillés , font de très-beaux meubles 5 lesquels sont néanmoins toujours infé- rieurs à ceux d'Acajou. La supériorité de ceux-ci est due, non pas tant à la couleur agréable de l'Acajou , qu'à l'avantage très-marqué qu'il a de ne jamais se tourmenter lorsqu'il est mis en œuvre , et d'avoir un grain plus ferme et assez dur pour recevoir un très-beau poli, et moins susceptible d'être en- dommagé par l'impression des corps étrangers. Ces diverses considérations, et la facilité de l'obtenir à bas prix , des colonies des Indes occidentales , ont décidé toutes les personnes tant soit peu aisées des 354 RÉSUMÉ grandes villes des Etats-Unis, et mêmes celles qui n'habitent pas à une grande distance des ports de mer, à avoir des meubles de ce bois. Mais ceux qui n'ont pas cet avantage , ou qui sont guidés par les principes d'une plus grande économie, ont des meu- bles en bois du pays. Dans les Etats du Nord, et même dans les villes , comme à Boston , Portsmoutb , Portland , Hollowel, etc., le Betula lenta^ Black hirch , le Betula lutea^ Yellow hirch , le Betula pa~ piracea^ Canoë hirch ^ \Acer ruhrum ondulatum^ Redjlowering carled maple^ VAcer saccharinuni niaculatum , Bird eje iiiaple , le Cerasus virginiana^ TVild cherry , et le Rhus tiphinwn ^ Sumac ^ sont les espèces dont le bois est employé aux ouvrages d'ébénisterie. Le Betula lenta , Black hirch , et le Betula lutea , Yellow hirch , ont une couleur rosée , qui devient plus foncée à la longue; le grain de leur bois est d'une grande finesse ; il se polit bien , et il est comme lustré. On s'en sert le plus ordinairement pour en faire des tables, des bureaux, des rampes d'escalier, etc. On en fabrique aussi la charpente des canapés et des chaises à fond de crin. L'Erable à sucre et l'Erable rouge onde sont aussi fort employés pour en faire des montants de bois de lit^ qui sont tournés dans des formes élégantes; débités en feuil- les très-minces, et appliqués sur l'Acajou, ils em- bellissent les meubles de ce bois. On fait le même usage des feuilles de Bouleau à canot , ces feuilles se tirent de la partie du tronc qui est située immé- RÉSUMÉ. 355 diatement au-dessous de l'endroit où l'arbre se Li" Turque. Les ébénistes , à Boston , se procurent ces tronçons de Bouleau dans les chantiers de bois à brûler. ÉTATS DU MILIEU ET DE l'oUEST- Dans les grandes villes, les meubles sont géné- ralement en Acajou ; dans les campagnes , ils sont faits en Cerasusvir^iniana^ Wild cherry ^ Ju^lans ni^ra, Black walnut y Acer rubrum undulaturn ^ liedjlo-werijig curled niaple ^ Platanus occidentalis , Button wood , et Liquidamhar styraciflua , Sweet guni. De ces diverses espèces, le Cerisier de Virgi- nie et le Noyer noir sont les plus estimés, par ce que la qualité de leur bois aie plus d'analogie avec l'Acajou , surtout le Cerisier que l'on préfère toujours au Noyer noir, parce que la couleur de celui-ci, déjà très-rembrunie, devient presque noire à la lon- gue. L'Erable rouge onde , le Platane et le Liqui- dambar, sont plus spécialement réservés pour mon- tants de bois de lit. Pour cfue les reflets de l'Erable onde soient bien apparens, après Favoir bien poli, on le frotte légèrement avec de l'acide nitrique, et ensuite avec de l'huile de lin. ÉTATS DU MIDI. On fabriquoit autrefois la plupart des meubles en Lauriis caroliniensis ^ Red bay ^ dont le bois est d'une belle couleur rouge ; le grain en est fin et soyeux , et il convenoit parfaitement à ce genre 356 RÉSUMÉ. d'industrie : mais l'Acajou l'a remplace en grande partie , et on n'en fait presque plus d'usage. TONNELLERIE. La tonnellerie est un état qui occupe un grand nombre de bras dans l'Amérique septentrionale; car, outre l'emploi qu'on y fait, comme en Europe, de tonneaux etbarriques de différentes capacitéspour les liquides, on s'en sert soit pour les grains et fa- rines qu'on ne met pas en sacs , comme dans l'an- cien Continent, soit pour les denrées de toutes es- pèces , soit même pour certaines marchandises qui sont consommées ou exportées au-deliors. Outre la très-grande quantité de merrain que nécessite la confection des tonneaux et barriques destinés à ces divers usages , il s en exporte beaucoup en Angle- terre , aux lies Madère et surtout dans les colonies des Indes occidentales. Dansle courant de 1807, il a été importé des Etats- Unis à Liverpool , une quaîitité de merrain de différen- tes qualitéspour une somme excédant sept cent vingt mille dollars (trois millions six cent mille francs). Deux tableaux des exportations des Etats-Unis, pour les années 1791 et 1792 , portent à plus de 29 mil- lions le nombre de pièces de merrain qui en ont été exportées dans le courant de ces deux années , sa- voir : BÉSUMÉ. 357 New-IIampshire . . 1,2^0,000 Massachussets. . . . 5,25o,ooo Rhodisland. . . . 270,000 Connecticut. . 1,100,000 New- York. . . . 5»,56o,ooo Pensylvanie. . . 2,800,000 New-Jersey . 5o,ooo Delawares. . 4c>,ooo Maryland. . 1,700,000 Virginie. . 7,400,000 Caroline dn Nord. . . 2,3oo,ooo Caroline du Sud. . . . 5oo,ooo Géorgie. . . . . . 860,000 Total. . . 20,080,000 La partie des Etats du Centre, située audelà des Alléghanis, et les Etats de l'Ouest , situés aussi au- delà de ces montagnes , fournissent également , de- puis plusieurs années, une grande quantité de mer- rain,qui descend par l'Ohio et le Mississipi , à la Nouvelle-Orléans. Par le lac Cliamplain , situé dans les limites des Etats-Unis, il en vient encore beau- coup à Québec. Le raerrain de la Virginie , du Ma- ryland et de la Pensylvanie, est beaucoup meilleur que celui des Etats Septentrionaux , ce qui tient à l'influence du climat qui est plus chaud dans ces Etats , et à la nature du sol qui y est moins humide. Plusieurs espèces de Chênes des Etats-Unis, telles que le Quercus prùius monticola , Ches- nut rock oak\ le Quercus ohtusiloha ^ Postoak , le Quercus prinus palustris ^ Chesnut wliite oak y le 358 RÉSUMÉ. Quercus macrocarpa^ Overcup -wliite oak ^ etc. ont, comme le Chêne blanc , les pores de leur bois obs- trues , mais d'une manière imparfaite ,etles conduits ligneux ne sont qu'à moitié remplis^ c'est pour cela que les vaisseaux qu'on en fabrique, absorbent une grande quantité des liquides qu'on y met, surtout s'ils sont spiritueux. Mais, d'une autre côté , comme ces pores sont obstrués en partie , ces mêmes vais- seaux sont moins propres à contenir les huiles de poissons, les mélasses et autres substances sujètes à la fermentation , que ceux qui sont faits en merrain de Chêne rouge. Car les pores de celui-ci sont telle- ment vides, que, si, dans un vase plein d'eau, on plonge l'extrémité d'un bâton de ce bois , on peut facilement, en soufflant à l'autre bout, faire bouil- lonner l'eau fortement. Cette organisation particu- lière au Chêne rouge , le rend propre à contenir les liquides fermentescibles , en donnant issue à l'air qui s'en dégage, sans néanmoins laisser transsuder au-dehors ces mêmes liquides, lorsqu'ils ont assez de consistance pour ne pas filtrer à travers les po- res, comme le feroient les huiles fines. Lorsqu'au contraire , on met des mélasses dans des tonneaux de Chêne blanc , les pores obstrués de ce bois ne livrent point passage à l'air qui se dégage pendant la fermen- tation de ces substances à une température élevée, comme celle qu'on éprouve pendant l'été, dans les colonies : il se produit alors dans la barrique une distension si forte, que les douves s'écartent, d'où il s'ensuit un coulage considérable. Le merrain de Chêne rouge est le produit de plu- RÉ su M K. 35f) sieurs espèces de Chênes dont le bois a , à-peu-près, la même organisation que celle du Chêne rouge. Dans les Etats les plus septentrionaux , il se compose principalement du Ouercus amhifj^iia^ Grey oak ^ et du Querciis rubra, Red oak ; dans les Etats du Milieu et de l'Ouest , i^. en plus grande proportion du Qiiercus tinctoria , Black oak ; 2°. du Quercus coccinea , Scarlet oak^ du Quercus ruhra , Jled oak et du Quercus palustris ^ Pine oak ; dans le Mary- land, la Basse-Virginie et dans toute la partie méri- dionale des Etats-Unis 5 du Quercus falcata^ Spa- nisli oak or Red oak , qui fournit le meilleur merrain de cette espèce. Le prix du merrain de Chêne blanc est toujours beaucoup plus élevé que celui de Chêne rouge, la différence est de moitié à un tiers en sus. Ces prix ont quadruplé depuis cinquante ans, ce qui doit être attribué i«. au grand accroissement du commerce américain depuis cette époque ; 20. à la consommation prodigieuse et toujours renaissante d'une population qui double tous les vingt ans ; 3°. à la destruction continuelle et progressive des forêts, qui ne sont jamais restaurées. Dans toute l'étendue des Etats-Unis , à l'excep- tion du District de Maine et des parties les plus au Nord du Wew-Hampshire et de Vermont , tous les tonneaux , de quelque grandeur qu'ils soient , sont cerclés avec des jeunes brins de Noyers Hickery , quelques-uns seulement, et peut-être un vingtième, le sont en Chêne blanc. Les uns et les autres sont coupés dans les forêts , fendus en deux et préparés, IH. 4^ 36o RÉSUMÉ. / Les extrémités de ces cercles ne sont point , comme cela se pratique en Europe , maintenus avec une forte ligature d'osier , on se contente de les croiser et de les arrêter par des entailles. On exporte ces brins d'Hickery et de Chêne blanc dans les colonies des Indes occidentales , pour en faire aussi des cercles 5 mais on n'en envoyé point , que je sache , en Europe , où l'on préfère, pour cet usage , le Châtaignier que l'on plante en beaucoup d'endroits , avec bien de l'avantage , sous ce seul point de vue: exemple que devroientbien suivre les Américains, surtout ceux qui habitent le voisinage des grands ports de mer. A la Nouvelle-Ecosse , les barils destinés à conte- nir le poisson , sont faits de cœur à'Abies nigra^Red spruce , cerclés en jeunes brins de Betula lutea^ Yellow hirch , toujours reconnoissables au luisant de l'écorce dont il ne sont pas dépouillés. Dans le District de Maine , ces barils sont en cœur de Pinus strobus ^ JVhite pine. On débite aussi beau- coup de merrain de Frêne , Fraxinus america- na^ JVhite ash'^ les barriques qui en sont fabri- quées , sont estimées les meilleures pour y renfermer les salaisons. Les cercles dont on se sert , sont en Hêtre 5 en Bouleau jaune et en Frêne noir , Fra- ccinus sambucifolia , Black ash ; l'Hickery et le Chêne blanc sont très-préférables ; mais le premier ne croît par aussi avant dans le Nord , et le second y est très-rare. Voilà pourquoi des semis de Chênes blancs que seroient faits dans le District de Maine , dans la vue seulement d'en obtenir des cercles, don- RÉSUMÉ. 3Gl neroient des produits très-avantageux aux fermiers qui y consacreroient quelques arpensde terre. (/^q^ez l'article Châtaignier et le Résumé sur les propriétés des Noyers hickery. ) Fabricants DE Chaises dites de Windsor, Dans toutes les villes des Etats-Unis , l'état de fabricant de chaises de Windsor constitue un métier séparé. Ces chaises ont quelque ressemblance avec celles qu'on voit , en France , dans les jardins; elles sont de même tout en bois, mais plus légères, faites avec beaucoup plus de soin , et peintes de différentes couleurs. Ce sont celles dont on se sert le plus ha- bituellement dans les appartemens, aussi la fabri- cation en est-elle considérable , et elle est augmen- tée par l'exportation qui s'en fait des Etats du jNord dans ceux du Midi, ainsi que dans les colonies des Indes occidentales AHollowel, Portland, Portsmouth et autres villes des Etats les plus septentrionaux , le siège est en Tilia aniericana^ Bass wood ^ la charpente infé- rieure ou les pieds , en Acer saccharinuni , Sugar or Rock niaple y les baguettes qui forment le dos et la pièce circulaire, bow ^ dans laquelle elles sont maintenues, en Fraxinus americana^ TVhite ash, A New-York, Philadelphie, Baltimore et Riche- mond , le siège est en Lyriodendrum tulipifera, Poplar ; les pieds, en Acer mibrum , Redjlowei^ijig maple j les baguettes du dos en Hickery , ordinaire- ment Juglans squamosa^ Shell Bark ; la pièce cir- culaire en Quercus alha^ Sapling white oak. On 302 RÉSUMÉ. trouve dans ces diverses sortes de bois toutes les con- ditions requises : force dans les pieds , faits en Erable; légèreté dans le siège , tiré du Tulipier; élasticité dans les baguettes qui composent le dos, lesquelles sont tirées de l'Hickery; et toute la solidité requise dans la pièce circulaire , tirée du Chêne blanc. Néanmoins, le seul avantage qu'elles ont sur celles qui se fabriquent plus au Nord, est dans le siège en Lyriodendrum tulipifera ^ Poplar, lequel est préférable au Tilleul , parce que ce dernier est plus tendre et qu'il s'altère plus promptement par le frottement ou par la percussion accidentelle des corps étrangers. On fait encore dans le nord des Etats-Unis, et surtout à Boston , de ces mêmes sortes de chaises dont il n'y a que la pièce circulaire qui soit en Chêne et toutes les autres sont en Pinus strohus y TVhite fine. Celles-ci sont beaucoup plus légères et moins chères de moitié , mais elles ne valent rien et se bri- sent très-facilement. Pour les appartemensles mieux décorés , on a des chaises , dites Japan chairs , façon du Japon, qui sont très-élégantes. Toute la char- pente est en Erable rouge, peinte en noir, vernissée, et ornée de petites fleurs dorées; le siège n'est point en paille , mais en roseau , Tiplia angustifolia , qui se coupe dans les marais salés. Les chaises communes, dans les campagnes, sont en Erable , et quelquefois en Hickery, avec le fond en paille. Carrossiers, K^oslon , les panneaux des carrosses RÉSUMÉ. 363 et cabriolets sont en Lyriodendrum tulipifera , Po- plar ^ importé exprès des Etats du Milieu; le dessus et le dessous de la caisse en Pinus strohiis ^ White pineyXa charpente est en Betula ni^ra ou BeLida lutea^ Black or Yellow hich ; le train en Frêne, Fraxinus americana y FFhite ash. Dans le New-Hampshire et le District de Maine , les panneaux sont en Tilleul , Tilia americana^Bass woody le reste comme à Boston. Dans l'Etat de Vermont, j'ai vu aussi employer pour les panneaux, de belles et larges planches de Juglans cathartica , Butter nut , qu'on dit être très-bonnes pour cet usage. A New-York , Philadelphie et Baltimore, les pan- neaux sont en Tulipier, Lyriodendrum tulipifera , Poplar^ dont on se procure des planches d'une grande largeur. Ce bois a le grain très-fin, se polit parfaitement et prend bien la couleur. Le dessus et le fond de la caisse sont en Pinus strohus , White pine 5 ou mieux en Cupressus thjoïdes^ White cedar^ la charpente en Frêne blanc ou rouge. Le train est en Frêne, Fraxinus ^ White or Red ash. L'on m'a dit dans le Midi des États - Unis que le Diospiros virginianay Persinion , étoit même supérieur au Frêne pour les brancards de cabriolets, ce qui indi- queroit que ce bois réunit la force à un grand degré d'élasticité. L'état de carrossier est, surtout à Philadelphie, porté à un haut degré de perfection : car, au choix des matériaux, se réunissent la solidité, la légèreté et 364 RÉSUMÉ. les formes les plus élégantes; aussi ce genre dln- dustrie fournit-il au commerce une branche d'expor- tation, tant pour les Etats méridionaux, que pour les Colonies espagnoles. Charron AGE. Le charronage de Philadelphie est le plus estimé , à cause du bon choix des matériaux et du perfectionnement de la main-d'œuvre. La charpente des chariots, les planches dont elle est revêtue intérieurement, et la flèche, sont en Chêne blanc; cependant beaucoup de fermiers préfèrent les planches à.QNjssa sylvatica^ Black or sour guirij surtout pour le fonds; elles durent, dit-on, deux fois plus long - temps que celles de Chêne blanc. L'essieu n'est point en fer, mais toujours en Hickery; le Juglans porcina ., Pig nut ^ est le meilleur. Dans le District de Maine, on le fait en Acer sacchari- rinum , Sugar or Rock maple. Roues de carrosses et de cabriolets. A New- York et dans toutes les villes des États du Nord, le moyeu des roues de carrosses et de cabriolets est en cGinj: à! Ulmus americana ., TVhite elm; à Phila- delphie , Baltimore et dans tous les États du Milieu, on le fait en Nyssa sjlvatica ou aquatica , Black ousour gum. A Charleston, S. C. , en Jjlmus alata^ PTahoo. Le plus généralement les jantes sont en Frêne rouge ou blanc, et les rais en Chêne blanc. En Virginie, dans les environs de Richemond, j'ai observé qu'on faisoit aussi les jantes en Ouercus phellos., Swamp or -willow oak. Le bois de cet arbre^ bien sec, est plus fort que le Chêne blanc, et n'a pas, dit-on , comme lui , le dé ta ut de se fendre. RÉSUMÉ. 3G:'> Roues de voitures. Dans le District de Mairie et dans les parties les plus septentrionales des Étals de New-IIampshire et de Vermont, où le Chêne blanc n'existe pas , les jantes et les raies des grosses voitures sont en Erable à sucre, Acer saccharinum^ Sugar or Rock maple^ ou en Quercus ambigua^ Grey oak. Dans les États du Milieu, elles sont ordi- nairement en Chêne blanc. Cependant, dans quelques parties du Maryland et de la Virginie , les jantes sont en Quercus falcata ^ Spanish oak^ et quelquefois aussi en Quercus phellos , Swamp or willow oak. Le moyeu est en Ulmus americana^ TVite elm; mais, dans les États du Milieu et de l'Ouest, on le fait en Nyssa sjlvatica ow. aquatica^ Rlack or sour gumj ce dernier est préféré à Philadelphie et dans toute la Virginie. Dans la partie maritime des États méridionaux, on fait les moyeux en Chêne vert, qui vaut encore mieux que toute autre espèce de bois , pour les roues des grosses voitures. Les charrues et les herses sont en Chêne blanc. Le corps des brouettes est en planches de Pin , la roue en Chêne blanc et les bras sont en Frêne. Dans le District de Maine, les jougs de bœufs sont en Betula lutea^ Yellow hirchj et plus au Sud, en Éra- ble. Les traîneaux communs dans les campagnes, sont faits en Chêne blanc, doublé en cœur de Hickery bien sec, ou encore en Cornus Jlorida y Dogwood, coupé long-temps d'avance. La charpente des moulins à eau est, autant qu'on le peut, en Chêne blanc. Dans le District de Maine, les dents d'engrenage, sont en 366 ' RÉSUMÉ. Érable à sucre, Rock maple; dans les États du Milieu , en Noyer Hickerj^ bien sec. Dans les États Méri- dionaux, la charpente des moulins à riz est en Pin à longues feuilles, Pinus australis ^ Lon^ leai^ed pine^ les dents d'engrenage en Chêne vert, Qiiercus virens, Live oak^ et le cylindre dans lequel ces dents sont enchâssées, est en Nyssa sjlvatica^Black ^um\ ce bois est excellent pour cet usage, à cause de son organisation ligneuse. Dans les Hautes - Carolines , on emploie encore pour dents d'engrenage, le Cor- nus jiorida^ -^^g" 'WOod\ mais, ce bois qui est très- dur, est sujet à se fendre , s'il n'est employé bien sec. Fabricants de malles. A Boston , les malles sont faites en planches de Pinus sti^obus, TVhite pme-^k New- York, Philadelphie et Baltimore, en planches de Lyriodendrum tulipifera^ Poplar^ qui sont beau- coup plus solides; toutes ces malles sont couvertes de peaux de vaches ou de veaux, auxquelles on con- serve le poil. Ustensiles et autres menus ouvrages en BOiSj fabriqués a Boston et a Hingham, Beaucoup de menus ouvrages en bois, principale- ment appropriés aux besoins domestiques , sont fabriqués dans les villes et dans les campagnes des États du Nord, notamment à Hingham , éloigné de if) milles de Boston: avec un vent favorable, on y va par mer en moins de deux heures. De petits bâti- mens, à un mât,6'/oo/?J, s'y rendent et en revien- nent tous les jours, chargés de ces ustensiles de bois, dont une partie se consomme dans le pays, et le •RÉSUME. 367 reste est exporté dans les Etats du Milieu et du Sud, ainsi qu'aux Colonies Occidentales , il en vient même en Angleterre. SEAUX. Ces seaux dont le diamètre du fond est le même que celui de l'ouverture, sont faits, savoir: le fond en Pi/zzf^ strobus^ FFhitepine^ et le tour en morceaux de choix , tirés du cœur de l'arbre. Ils sont cerclés en Fraxinus arnericana^ PFidte ash ; les cer- cles épais d'une demi-ligne,recouvrent le vase au trois quarts, et sont fixés avec une pointe en fer et deux en Frénejou bien, une ouverture triangulaire est prati- quée à l'un des deux bouts, et l'autre coupé de même forme, avec une entaille latérale , est introduit dans l'ouverture dupremier; ce qui suffit pour maintenirles douves également très-serrées 5 on donne à ces seaux le nom de Lock pails^ seaux cadenassés; les anses sont en Chêne blanc. Les uns et les autres se ven- dent sur le pied de deux dollars, (10 francs 5o cen- times) la douzaine. MESURES A GRAINS. Ellcs sont Ics mémcs pour les fruits et pour les pommes de terre; on ne fait que des demi et des quarts de boisseau; (le boisseau américain correspond à l'ancien minot de Paris j. Le fond de ces mesures est en Pinus strohus^ PVhite pine^et la pièce circulaire, d'un seul morceau, qui en forme la capacité est , ou en Quercus tinctoria^ Black oak^ Quercus ruhra^ Red oak^ ou en Que/^cus ambigua^ Grej oak. On donne à cette pièce l'épais- seur convenable, puis on la fait bouillir dans une III. 4^ 368 RÉSUMÉ. marmite de fer, pour en faciliter la courbure , après quoi on l'applique sur un cylindre du diamètre requis pour des demi ou quarts de boisseaux. Ces mesures faites à Hingham, sont toutes d'un bleu terne en- deliors et en -dedans; couleur due à l'action de l'acide gallique contenu dans le Chêne qui agit sur le fer de la marmite , et se communique ensuite aux pièces pendant l'ébuUition. BOITES RONDES. Cc sont dcs boitcs très-légères , dont il se fabrique une quantité considérable; les plus grandes ont de 8 à lO pouces [il\di'6o centimètres ) de diamètre , sur une profondeur moindre de moitié; quatre autres boites de même forme ^ mais chacune proportionnellement plus petite, s'emboîtent l'une dans l'autre et sont contenues dans la première, ce qui s'appelle un nid , nest hoxes. Un nid se vend 4o cents ( environ 2 francs ). La pièce du fond et celle du couvercle sont en Pinus strobus^ FFhite pine\, la pièce circulaire qui en forme la capacité, est en Fraxinus ainericcma ., JVliite ash; elle est prise moitié dans l'aubier, moitié dans le cœur; en sorte que ces boites sont partie blanches, partie rougeâtres: Cette dernière couleur est celle du cœur de l'arbre. BOITES A PAIN A CACHETER, Ccs petites boîtcs doiit il se fabrique une très-grande quantité, sont faites, savoir: le fond en Pinus s tr obus ^ FFhite pine^ et la pièce circulaire en Erable à sucre, Acer saccha- rinum., Sugar maple. La grosse, composée de i44> se vend 120 cents (environ 6 francs). RESUME. 36o TAMIS. La pièce circulaire, ream^ est tu Fraxi- nus americana ^ fVhite ashj levée moitié dans l'au- Lier et moitié dans le cœur. CANELLES. Lcs plus pctîtcs sout faites en Erable à sucre; les plus grosses en Chêne J)lanc;la clef est en Gayac; le trou dans laquelle elle s'adapte, est garni de cuir. RATEAUX A FOIN. La tête où les dents sont fixées, est en Fraxinus americana ^ White ash^ le manche du même bois; les dents sont en Jiiglans hickery y Mocker niitj qui est dur, fort et coriace. MANCHES DE FAULX. Ils out la forme à-peu-près d'un 6", et sont en Fraxinus aniericana^ White ash. On fait encore à Hingham une quantité consi- dérable de boîtes à poulies et des taquets pour la marine; ces pièces sont, comme je l'ai déjà dit, eu Fraxinus americana^ TV hit e ash, Ustensiles en bois de diverses sortes , fabriqués DANS LES états DU MILIEU ET DU SUD. « BOissELLERiE. L'état de boissellier à New- York et surtout à Philadelphie, constitue une branche d'in- dustrie assez étenducDans cette dernière ville, les ou- vriers travaillent non-seulement pour la consomma- tion du pays, mais encore pour l'exportation. C'est dans les celliers pratiqués sous les maisons^ et dont l'entrée donne sur la rue, qu'ils établissent leurs ateliers. Ils fabriquent presque exclusivement des seaux , des cuviers à laver le linge et des barattes à 3^0 RÉSUMÉ. main et à manivelle: tous ces ustensiles sont en bois de Cèdre blanc, Cupressus thyoïdes y Whitecedary les seaux sont aussi cercles en jeunes brins de Cèdre blanc, fendus en deux et dépouillés de leur écorce; les anses sont en Juglans liickery , qui a de la force et de l'élasticité. Ces seaux sont mieux faits et plus durables que ceux en Pinus strohus ^ TVhite pine ^ que Ton fabrique à Hingham; ils se vendent un tiers plus cher. Tous ces vaisseaux sont très-légers , bien conditionnés et travaillés avec soin; bien entrete- nus , ils deviennent plus blancs et plus durs à l'usé. On fabrique encore dans les Etats méridionaux et à New- York , des seaux en Cèdre rouge; les douves qui en forment le tour, levées partie dans l'aubier, partie dans le cœur, fait qu'ils sont blancs et rouges. Ces seaux , qui sont cerclés en cuivre , sont très-légers et très-polis. TAMIS. Il y a deux sortes de tamis, les uns sont à fond de crin; les autres destinés à passer des matières grossières , sont à grillage en bois. Ce grillage est formé de petites lames de Cliéne blanc , ou mieux de Fraxinus samhucifolia, Black or water ashj le tour des uns et des autres est toujours en Chêne blanc ou en Noyer Hickery;mais il doit être de ce dernier bois, pour les tamis dont on se sert dans la fabrique de la poudre à tirer, attendu que par le frottement, il ne s'effile pas comme le premier. PANIERS. Les paniers, ou plutôt les grandes Cor- beilles pour la récolte du maïs et des légumes , RÉSUMÉ. 3ni sont toujours en Clicnc blanc; on en fuit aussi en Jiiglans sriuatnosa^ Shell hark hickerj ^ mais plus rarement. Les paniers légers sont en Saule d'Europe, plus propre à cet usage, qu'aucune espèce du pays. MANCHES DE FOUETS. Lcs Fouets dcs volturicrs sont faits avec un brin de Chêne blanc, que l'on partage jusqu'à la poignée, en plusieurs baguettes; ensuite on les tresse ensemble et on recouvre le tout en cuir. Les fouets de carrosses sont d'une seule baguette de Noyer liickery. On fait aussi de ce même bois les baguettes de fusil. BALAIS, Les Balais communs sont tous en bois : à New-York, Philadelphie et Baltimore , ils sont en Noyer Hickery; dans les Etats du Midi, en Chêne blanc. Ces balais sont faits en divisant l'extrémité d'un bâton en lanières très-fines, lesquelles sont ensuite rabattues et liées ensemble. Pour empêcher qu'elles ne se cassent et ne se tordent, on les trempe dans de l'eau bouillante, avant de s'en servir. Dans lesbalais de crin, le manche est en Pin, et la tête en Tulipier, Lyriodeiidrum tulipifera^Poplar-^ le dos des brosses rudes, en Querciis tinctoria .^ Black oak. Les Manches de Bêches sont en Frêne, ainsi que les Montures de scies à couper le bois à brûler. J'ai vu à Baltimore de ces scies montées en Noyer noir, mais ce bois est moins bon pour cet usage que le Frêne qui est plus élastique. CADRES POUR LES TABLEAUX. Ccux qui doivcnt être dorés, sont toujours en Pinus strohus ^ FThitepine^ 3^2 RÉSUMÉ. dont le bois se travaille très- facilement et prend bien l'or. Lespetits cadres, sont faits en bois de Liquidam- bar styracijlua , Sweet giim , dont le grain est très- fin et qui se polit bien. Ceux-ci sont ordinairement peints en noir. MONTURES DE RABOTS. Ellcs soDt toujours cn Hétrc blanc ou rouge, employé bien sec. MONTURES DE FUSIL. Pour Ics fusils de chasse et les Carabines, on emploie l'Erable rouge ou l'Erable à sucre onde, Curled rnaple^ei pour les fusils des troupes, le Noyer noir. Après que la monture en Erable a été bien polie, on la frotte avec un peu d'acide sulphurique , et ensuite avec de l'huile de lin; ce qui produit de très-beaux reflets. BOIS DE SELLES. Ou Ics fait cu Erable rouge ou en Erable à sucre, suivant les endroits oii ces arbres sont plus communs. Ceux qui sont de cette dernière espèce de bois doivent être plus solides. ns POUR LES PRESSES A RELIEUR. EllcS SOUt CR Noyer Hickery, bois d'une grande force. Les vis légères sont souvent en bois de Cornus florida^ Dog wood. MOULES POUR LES CHAPELIERS. Bâter ss block. Ils sont lo\\\o\iYsex\Njssasjl^atica^ Blackorsourgum; ce bois convient très-bien à cet objet, parce qu'il ne se fend jamais, par suite de son organisation par- ticulière. PELLES A REMUER LES GRAINS. LcS mcillcUreS SOUt en Juglans cathartica ^ Butter nut: elles sont soli- des et légères. RÉSUMÉ. 373 ÈCUELLES DE BOIS. On Ics fait le plus généralement en Lyriodendrum tulipifera^ Poplar; il y en a aussi en Njssa syhaticcif Black ^um^ et enjuglanscathar- iictty Butter mit j celles-ci sont, dit-on, moins sujet- tes à se fendre; mais les plus solides sont faites avec des nœuds ou loupes de Frêne noir, Fraxinus sam- hucifoliay Black ash. Ces dernières sont actuelle- ment très-rare, attendu que les gros arbres sur les- quels se trouvent cesaccidens , ont été détruits. ROUETS ET DEVIDOIRS. La charpente d'en bas , qui forme les pieds , est en Acer ruhrum^ Redjlowering îiiaple. La noix de la roue, ainsi que les raies sont du même bois, et les jantes en Quercus tinctoria^ Black oak; le banc est en Frêne; les brins qui por- tent le chanvre, en baguettes de Noyer Hickery. La pièce circulaire qui forme la roue des dévidoirs, est en Chêne blanc et aussi en Frêne blanc. MANCHES DE HACHES. Ccs manclics sout toujours en Noyer Hickery; le Juglans porcina ^ Pig nut^ doit êtrepréférable. Dans le District de Maine, où ces Noyers ne croissent pas, on se sert de Chêne blanc. FORMES DE SOULIERS. Lcs meilleures sont en Hêtre bien sec. On en fait encore à Philadelphie, en bois de Diosprros virginiana^ Persimon^ qui est assez dur. Dans les Etats qui sont plus au Nord, on em- ploie quelquefois le Bouleau noir et le Bouleau jaune, mais ces formes sont moins bonnes, attendu que le bois se tourmente. PIEUX ET BARRES pour Ics clôturcs dcs champs 374 RÉSUMÉ. cultwés.îJusa^e subsiste encore, dans toute l'étendue des Etats-Unis, d'enclore les champs cultivés en grains ; mais les terres soumises à la culture des cé- réales, ne forment qu'une très-foible portion de celles qui restent encore à défricher et qui sont couvertes de forets, dont la suite non interrompue occupe des centaines de lieues de pays. Cependant, comme la population s'accroît sans cesse et qu'elle double tous les vingt ans , les défrichemens augmentent chaque année dans la même proportion ; d'abord ils sont plus considérables sur lesbordsde l'Océan qui ont été les premiers habités, et ils diminuent ensuite à mesure qu'on avance dans l'intérieur du pays. Les fermes iso- lées au milieu des forets, sont plus rapprochées les unes des autres dans certains cantons, plus éloignées dans d'autres; et comme dans ces cantons, la popula- tion est extrêmement disséminée, que les bras sont rares, et que, par suite, la main-d'œuvre est trop chère, chaque habitant cultive rarement au-delà du vingtième, du cent dixième, du cent vingt-cinquième et même du cent cinquantième de sa propriété; le reste couvert de bois, fait continuité avec celles de ses voisins; c'est ce qui constitue la masse générale des forets, dont j'ai parlé, et oi^i les bestiaux de toutes espèces vivent en commun les trois quarts de Tannée et même Tannée entière. C'est pour se garantir de leurs dégâts , que chacun est contraint d'enclore la portion de terre qu'il a mise en culture. Les clôtures sont généralement faites de deux i\i:suMÉ. 375 manières : dans les Etats du Nord et autour des grandes villes des Etats du Centre, où les bois sont moins communs, elles sont formées au moyen de pieux, éloignés de 10 à 12 pieds Ç'5 à i4 mètres} et unis les uns aux autres, par 5» ou G barres de 3 à 4 pouces ^9 à 12 centimètres} de diamètre. Dans l'intérieur où les bois abondent, elles sont enzig-zag et faites seulement de barres, posées les unes au- dessus des autres et maintenues par le croisement de leurs extrémités respectives. Ces clôtures sont «levées de 7 à 8 pieds (2 à 3 mètres); on con- çoit facilement qu'elles doivent consommer une prodigieuse quantité de bois dans un pays aussi éten- du que l'est cette partie de l'Amérique Septentrio- nale. 11 en résulte que leur entretien dans les endroits fort anciennement habités, est très-dispendieux pour les fermiers, qui, depuis quelques années, cherchent à y suppléer par des haies vives. La durée de ces clô- tures est relative au choix des arbres d'où l'on tire les pieux et les barres transversales dont elles doivent être faites; et ce choix est lui-même subordonné aux dif- férentes parties des Etats-Unis^ dans lesquelles on ne retrouve pas les mêmes productions végétales. Ainsi , dans l'Etat de Vermont , le District de Maine , et une très-grande partie du New^-Hamp- shire , dans la Nouvelle-Brunswick et le Bas-Canada , le Thuya occidentalis , Arhor vitœ^ ou TVJiite ce- dar^ fournit le bois le plus durable pour les pieux et les barres transversales ; aussi un fermier consi- m. 47 3'j6 RÉSUMÉ, dère-t il comme fort avantageux d'avoir dans sa pro- priété une portion de forets où cet arbre croît assez abondamment pour subvenir à l'entretien de ses clôtures. Lorsque les pieux se trouvent places dans une terre de nature argileuse, ils peuvent durer 3o à 4o ans, mais cette durée est moindre de moitié si le terrein est sablonneux : les barres durent, m'a- t-on dit, 4^ à 5o ans. Les pieux dont la longueur est de 7 à 8 pieds (^ 2 à 3 mètres ) , sont faits avec des troncs d'arbres de 6 à 8 pouces (18 à 24 centim.) de diamètre , que Ton fend en deux ; ils se vendoient en 1807, dans les environs de Norridge-Walck, environ 21 francs Çl\. dollars j le 100. Lorsqu'on ne peut se procurer du Thuya occi- dentalis^ VFliite cedar^ on fait les pieux en Abies canadensis , Henilock spruce , et les barres en Ahies nigra^ Black spruce; ces clôtures sont de moitié moins durables que celles du Thuya occidentalis , FFhite cedar. Après les pieux àe ï Hemlock spruce ^ viennent ceux de Chêne gris et de Cliéne rouge qui ne résistent en terre que 9 à 10 ans. Dans le Gennessée, qui forme la partie supérieure de l'Etat de New-York, les clôtures comme dans tous les endroits récemment habités, sont en zig-zag: on les fait en quartiers d'Erable à. sucre et même de Tilleul, arbres les plus communs dans ce pays. Dans la partie inférieure de l'Etat de New- York, dans le Bas-Jersey , et dans cette partie de la Pensylvanie, qui est au-dessous de Philadelphie , les meilleures RÉSUMÉ. 377 clôtures sont faites avec des pieux de Cèdre rouge et de Chêne blanc et les barres en Cupressus thjoïdes y FThite ceclar, les pieux durent 20 ans, et les barres 3o à 40. Le prix des pieux est d'environ i3 cents (70 centim.J la pièce, et celui des barres 3o fr. (6 dollars) le cent. Dans la Basse-Pensylvanie, du côté de la mer, on se sert aussi de Cupressus thjoïdes^ PVhife cedar^ pour pieux, dont la durée est la même. Dans la partie de ce même Etat, qui estsituée au-delà des montagnes, et notamment entre Laurel-Hil et l'Ohio , toutes les clôtures sont en zig-zag et faites de Chêne blanc; elles sont plus durables que de tout autre bois du pays, à l'exception de celles qui sont en Châtaignier. Dans le Maryland, la Virginie et la partie supé- rieure des Etats méridionaux, ainsi que dans les Etats de l'Ohio , du Rentucky et du Tennessee , On employé beaucoup d'espèces de bois différen- tes, dont je ne puis donner la nomenclature pré- cise, sans m'exposer à entrer dans des exceptions sans nombre. Je dirai seulement que les meilleurs j^ieux, sont lo. en Robinia pseudo acacia^ Locust, et en Morus ruhra^ Red mulhery^ 2°. en Juniperus virgi- iiiana^ Redcedar; 3°. en Castanea pumilayChincapin ^ 4°. en Châtaignier ordinaire; 5o. en Juglans nigra y Black walnut'y 60. en Quercus alba , White oak; 60. en Quercus tinctoria^ Black oak. Les barres sont généralement faites de Chêne blanc, de Chêne rouge ou noir et de Pinus mitis, Yellow pijie.S'i Textrémité des pieux, qui doit être enfoncée en terre, étoitpréa- 378 RÉSUMÉ. lablement carbonisée jusqu'à 6 pouces( 18 centimè- tres j au-dessus de la surface du sol, et que les barres fussent écorcéeSy ce qu'on néglige de faire, les clôtu- res dureroient un tiers plus long-temps. Dans la partie basse des Deux-Carolines et de la Géorgie , presque toutes les clôtures sont en zig-zag et faite;s en Pinus australis ^ Lon^ lea^ed pine. Dans les environs â!y4ugiistay en Géorgie, les pieux de Cupressus disticha y Cjpress^ bien secs, sont recon- nus pour durer fort long-temps. Après ceux-ci, vien- nent ceux de Quercus prinus palustris , Chesnut "white oak. C'est ce dernier bois qu'on employé pré- férablement, à défaut d'Acacia, Locust ^ et même de Chêne blanc , FFhite oak^ Dans laBasse-Louisiane, toutes les clôtures,pieux et barres, sont, dit-on, en Cupressus disticha ^ Cjpress, ÈcoRCES pour le tannage des Cuirs. Les tanneurs des Etats-Unis emploient dans la préparation des cuirs une plus grande variété d'écorces que ceux de l'ancien continent ; car en France , en Allemagne , et en Angleterre , on se sert presqu'exclusive- ment de celle du Chêne commun , Quercus robur. Ce n'est pas cependant , comme on pourroit le croire , pour atteindre un plus grand degré de perfection dans ce genre de fabrication, que les tan- neurs américains font usage de plusieurs sortes d'é- corces, mais l'emploi qu'ils font des unes et des au- tres est ordinairement subordonné aux endroits qu'ils habitent, lesquels produisent plus ou moins RÉSUMÉ. 379 abondamment les arbres dont ces écorcessont tirées. En Europe, les écorces que les tanneurs se pro- curent, proviennent d'arbres que l'on abat pour en en employer le bois à certains objets déterminés, et on ne choisit pour cela que ceux qui ont moins de 6 pouces (iScentimètresJ de diamètre; onécorce même les branches qui n'ont qu'un pouce Ci centi- timres) d'épaisseur. Dans l'Amérique Septentrionale, au contraire, on abat les plus gros arbres, dans le seul but d'en avoir Fécorce, qui n'est prise que sur le tronc et sur les branches primordiales ; le corps de l'arbre ainsi pelé, est abandonné, et on le laisse pourrir sur place. Les arbres qui donnent les écorces dont on se sert dans les Etats-Unis, au Canada et à la Nouvelle- Ecosse , sont les espèces suivantes , savoir : Abies canadensis , Hemlock spruce ; Betula lutea , Yellow hirch ^ Quercus anibi^ua y Grej oak; Quercus ru- hra , Ked oak ; Quercus coccinea , Scarlet oak ; Quercus tinctoria , Black oak ,• Quercus falcata , Spanish oak ^ Quercus alha^ IVhite oak , Quercus prinus nionticola , Rock chesuut oak ; Quercus pri- nuspalustris^ Chesuut white oak'^ Gordonia lasjan- thus ^ Lohlollj haj\j Fa^us sylvatica , FThite heech. L'écorce de la plupart des autres Chênes dont j'ai donné la description , jouit de la même propriété que celle des espèces que je viens de nommer; mais ils sont peu multipliés et très-clair semés dans les fo- rêts , ensorte qu'ils ne sont qu'accidentellement em- 38o RÉSUMÉ. ployës pour cet objet , tels sont entr'autres , le Quer- ciis palustrisy Pine oak , dans les Etats du Centre , le Quercus phellos , FFillow oak^ et le Quercus aquatica^ Water oak^ dans ceux du Midi. L'écorce de YAbies canadensis ^Hemlockspruce^ possède , comme je l'ai dit à son article , la propriété de servir au tannage des cuirs; propriété bien pré- cieuse pour les Etats septentrionaux, où le Chêne est fort rare et manque entièrement dans certains endroits. Dans le District de Maine , le prix de cette écorce est d'environ 3 à 4 dollars ( i5 à 20 francs j la corde de 4 pieds ( 1 29 centimètr. j de hauteur , sur 8 pieds ( 259 centimètr. j de longueur. Cette espèce de Sapin est si commune dans cette contrée , qu'elle pourra, long-temps encore , fournir aux besoins de la con- sommation. Il paroit que l'écorce de YAbies canadensis , Hemlock spruce ^ qui est inférieure en qualité à celle du Chêne, est néanmoins préférable pour le tannage à celle des Hêtres blanc et rouge; car, quoique ces deux arbres soient très-communs dans ce pays, on ne se sert pas de leur écorce , comme dans quelques cantons des contrées de l'Ouest , où j'ai vu qu'on l'employoit au tannage des cuirs , à la place de celle de Chêne. L'écorce de Betula lutea ^ Yellow hircli^ n'est employée dans le District de Maine, qu'en très-petite proportion et seulement pour ce qu'on appelleyi^/r lather^ cuir paré. r. K s U M É. 38 I Dans la partie basse des Etats du Connccticut et de New- York, dans le New-Jersey, la Pensylvanie, le Maryland, les Jlautes-Carolines et tous les Etats de l'Ouest; les sept dixièmes de toute l'ecorce em- ployée par les tanneurs sont fournis parle Quercus ruhra , Red oak ; le Quercus coccinea , Scarlet oak; et leQuercus tinctoria ^ Black oak. Les deux pre- mières espèces sont toujours confondues ensemble. Lecorce du Quercus tinctoria ^ Black oaA:, possède un principe plus actif, mais elle a le désavantage de communiquer au cuir une couleur jaune , qu'on fait disparoître néanmoins par un procédé secon- daire. Les trois autres dixièmes des écorces em- ployées , proviennent des Quercus prinus monti- cola^ Rock chesnut oak^ et du Quercus falcata^Spa- nish oak. La première est plus particulièrement apportée à New- York, des bords de la rivière du Nord; elle est plus estimée que celle des Chênes rouges et du Gliéne noir ou Quercitron , aussi elle se vend 25 pour loo de plus. Elle est levée sur des arbres ou sur des branches qui ont moins de G à 8 pouces (i 8 à 24 centimètres) de diamètre; mais on se la procure assez difficilement. L'ecorce du Quercus falcata , Spanish oak , qu'on commence à employer à Philadelphie en allant vers le Sud , est aussi beau- coup plus estimée que celles des Chênes rouges, et elle se paye de même 26 pour 100 de plus. La préférence qu'on lui donne est fondée sur ce qu'elle fait de meilleur cuir , et que de plus elle lui 382 RÉSUMÉ. donne de la blancheur , ce qui le rend propre à des usages plus variés et plus recherchés. Cette écorce est aussi celle que l'on préfère , quand on peut s'en procurer , dans la Basse-Virginie et dans la par- tie maritime des Etats du Sud ; mais comme elle est loin de suffire aux cuirs qu'on y prépare , quoi- que les tanneurs n'y soient pas nombreux, on em- ploie plu s général ementl'écorce du Gordonia lasjan- thus ^ Lohlollj bajy celle-ci fait aussi de bons cuirs, dont la qualité, il est vrai, est rendue meil- leure lorsqu'on y mêle une certaine quantité d'é- corce du Quercus falcata j appelé dans ces Etats^ Red o akj Chêne rou^e. Sur les bords de l'Ohio , et dans quelques can- tons du Rentucky , où les Chênes sont assez rares , on fait usage de l'Ecorce de Hêtre blanc : mais des tanneurs qui l'employoient m'ont dit qu'elle étoit moins bonne que celle de quelque espèce de Chêne que ce soit. Dans les Etats du Milieu on se sert encore, quoiqu'assez rarement', de l'écorce de Chêne blanc : ce n'est pas qu'elle ne soit propre à faire de bon cuir , mais c'est que cet arbre commence à devenir trop précieux pour l'abattre seulement dans le but de l'écorcer , et que de plus, le tissu cellulaire de son écorce est très-mince , comparativement à l'é- paisseur de son épiderme. A cette occasion, je re- marquerai que c'est absolument le contraire dans les Quercus amhigua^ Grej oak; Quercus rubra ^ Red oak \ Quercus coccinea , Scarlet oak ; Quercus pa- BÉSUML. 38*^ liistris , Pine oaky dans lesquels la partie vive , où seulement réside le principe tanin, est d'une épais- seur fort considérable; et, dans mon opinion, c'est plutôt pour cette seule raison, qu'à cause de Tabon- dance de ces arbres, qu'on fait un emploi plus géné- ral de leur écorce. On exporte des États-Unis en Angleterre , des écorces de Chênes, mais un tanneur anglais m'a assuré qu'elles y étoient moins estimées que celle du Chêne commun d'Europe, et qu'elles se vendoient 25 pour 100 de moins. Bois de chauffage. A Texception d'un petit nombre de personnes qui, dans les grandes villes des Etats- Unis, brûlent du charbon de terre, importé d'An- gleterre, on fait généralement usage de bois pour le chauffage. La petite exception dont je viens de parler doit néanmoins s'appliquer encore à quelques habitans de Pittsburgh et des environs ; car les mines de charbon de terre sont très-multipliées dans cette partie de la Pensylvanie et dans tous les États de l'Ouest. Cette substance qu'on y rencontre fréquem- ment à fleur de terre, est si facile à extraire, qu'on peut se la procurer , rendue chez soi , à raison de 20 centimes [4 centsj le boisseau, qui peut peser 60 à 80 livres (3o à 40 kii.) Cette extrême facilité d'exploiter le charbon de terre a même engagé quelques parti- culiers à en faire descendre des bateaux chargés, par rOhio et le Mississipi, à la Nouvelle-Orléans, et là ce minerai a été embarqué pour New- York et Phi- in. 4^ 384 RÉSUMÉ, ladelphie , où , dit-on , il est revenu à un prix moins élevé que celui qu'on y importe d'Angleterre ; res- source inappréciable pour un pays tel que les Etats- Unis j 011 le gouvernement fédéral ne possède , à l'Est des montagnes , aucune masse de forets pour le service public , et où celles qui existent dépérissent d'une manière frappante. L'approvisionnement en bois de chauffage des principales villes des Etats-Unis , dont la population s'élève , pour Boston , à près de quarante mille ha- bitans; pour New- York, à soixante-quinze mille et pour Philadelphie à cent-vingt mille , est entière- ment abandonné à l'industrie de ceux qui se li- vrent à ce genre de commerce ; car ce commerce n'est pas régularisé comme dans les grandes villes du continent d'Europe, où les marchands de bois sont obligés d'en avoir à l'entrée de l'hiver une quan- tité déterminée ; ce qui fait que par une suite de mesures sagement combinées , le prix ne varie qu'en raison des achats faits plusieurs mois à l'avance dans les forêts du Gouvernement ou des particuliers, et non à cause des intempéries des saisons. Dans les Etats-Unis , au contraire , les marchés au bois sont bien rarement approvisionnés pour plusieurs jours de suite , et encore le sont-ils , en bois récemment coupés et aussitôt exposés en vente. De cet ordre de choses , il résulte que , lorsque la navigation des rivières vient à être subitement interrompue par des froids extraordinaires et intempestifs, on est à la veille de manquer de boisj ainsi, dans une pareille RÉSUMÉ. 835 circonstance, le prix de la corde (*) monta , àNew- Yorck , à 4o dollars , plus de 200 francs. Un incon- vénient aussi grave excitera tôt ou tard la surveil- lance de l'administration dans les villes popu- leuses. Dans les Etats de Vermont et de New-Hamp- shire , dans le District de Maine et le Génessce , ainsi que dans les provinces de la Nouvelle-Brunswick, de la Nouvelle -Ecosse et dans le Bas-Canada, le bois de chauffage le plus estimé et dont-on fait le plus d'usage , est celui de VAcer saccharmum , Sugaj^ or Rock niaple. Après lui, sont ceux de Betula liitea^ Yellow hircli^ de Betula papyracea^ Canoë hirch et des Hêtres rouge et blanc. Le prix de la corde de bois à Wiscasset et à HoUowel, étoit, en 1806, de 2 dollars 5o cents (i3 à 16 francs jamais il est de moitié moindre dans les petites villes situées plus avant dans l'intérieur de ces mêmes contrées. Boston. Dans cette ville on distingue principale- ment deux espèces de bois de chauffage. Le bois de la campagne, qui vient de i5 ou 20 milles ^5 à 6 lieues J à la ronde, et celui de l'Est qui est importé par mer du District de Maine, dont la distance est i5o à 200 milles (5o à 80 lieues). La première sorte se compose de Noyer Hickery , mêlé de Chêne blanc ; elle est la plus estimée, et se vend toujours 25 pour (*) La corde de bois est de 4 pieds (129 centimètres) de hau- teur sur 8 pieds (aÔQ centimètres) de longueur. Les bûches sont coupées sur 4 pieds (lag centimètres) de longueur. 386 RÉSUMÉ. cent de plus. La deuxième sorte est formée à' Acer saccharinum ^ Sugar or Rock maple ^ mêlé de Bou- leau jaune , de Bouleau blanc et de Hêtre. Le prix de celle-ci varie suivant la rigueur des hivers, et la difficulté des arrivages ; il est de 5 à 8 dollars fi5 à 4o francsj la corde. Cette première qualité four- nit aux sept-huitièmes de la consommation de la ville de Boston. New- York. Le bois à brûler est aussi divisé en deux principales classes. La première se compose uniquement de Noyers Hickery. Ce qui comprend les quatre espèces qui croissent dans les Etats atlan- tiques, parmi lesquelles domine le Juglans squa- jiiosa ^ Shell bark. La deuxième classe est formée de Quercus prinus monticola^ Rock chesnut oak , et de Quercus alha^ TVhite oak^ mêlés d'une moin- dre proportion de Chêne rouge , Chêne écarlate et Chêne noir. Après l'Hickery, le bois qui fait le meilleur chauf- fage, est le Quercus monticola^ Rock chesnut oak , mais il est rarement vendu séparément. Le prix de la première qualité , Hickery, varie en hiver de 12 à i4 dollars (^60 à 78 francsj la corde. Au aoocto- bre 1807, il valoit i5 doll. (^environ 80 francs). Deux ans auparavant, il étoit monté à 32 dollars, (^près de 170 francs). La deuxième qualité se vend de 8 à 10 dollars ( 4^ à 5o francs), ou à-peu-près trente pour cent de moins. Lapresque totalité du bois de chauffage qui se consomme à New- York , vient par la rivière du Nord. RÉSUMÉ. 387 Philadelphie. Dans cette ville, comme à New- York, le bois de chauffage est partagé en plusieurs classes. La première est de même composée exclusi- vement d'Hickery , et j'ai cru observer que le /w^^/«/z.y tomentosa^ Mocker or common Hickerj ^ en faisoit la portion la plus grande. La seconde classe est for- mée uniquement de Quercus fer ruginea, Black jack^ or Barrens oak^ importé de l'extrémité méridio- nale duNev^-Jersey; les brîns couverts d'une écorce épaisse, rugueuse et noirâtre, ont rarement plus de 4 à 5 pouces r 1 2 à 1 5 centimètres J de diamètre : c'est " le meilleur bois après l'Hickery. La troisième classe renferme le bois mêlé, et elle est composée de Chê- ne , de Fiéne , de Hêtre et de Liquidambar styra- cijlua^ Sweet ^um. Dans la quatrième classe, est le bois de boulanger, formé principalement de Pinus rigida, Pitchpine-^ Pinus inops ^ Jersey pine ^ et en moindre quantité de Pinus mitis , Yellow pine. C'est aussi la seule espèce de bois dont on se sert dans les briquetteries fort considérables, qui sont établies dans les environs de la ville de Philadelphie. On vend encore séparément de grosses bûches de ISyssasyhatica elNyssaaquatica^ Black gum exTu- /?e/o. Elles sont le plus ordinairement achetées pour les tavernes. On les met dans l'âtre par-derrière, et elles tiennent le feu fort long-temps. Vers la fin d'octobre 1807 , le prix du bois de la première qualité se vendoit à Philadelphie, 9 doU. et demi la corde (48 francs); la deuxième qualité, 388 RÉSUMÉ. 7 dollars et demi (3g francs J; la troisième qualité, 6 dollars et demi Ç 33 francs) , et la quatrième qua- lité, 4 j Populus argentea Peuplier argenté Cotton tree .... 290 Populus hudsonica . . . . Peopliernoir d'Amérique. , Ainerican black po- plar 293 Populus monilifera .... Peuplier de Virginie .... Virginian poplar. . 29^ Populus canadensis. ... Peuplier du Canada. . . . Cotton wood . . . . 298 Populus angulala Peuplier de la Caroline. . . Carolinian poplar. . 3o2 Populus balsajTiifera. . . . Baumier du Canada. . . . Balsam poplar. . . 3o6 Populus candicans. .... Baumier à feuilles en cœur . Heart leaved balsam poplar .... 3o8 Tilia americana Tilleul du Canada. . , . % Bass wood. . , . . 3n Tilia alba Tilleul de Virginie. . . • . White lime , . . . 3i5 Tilia pubescens Tilleul de la Louisiane . . , Dow ny lime tree . .817 Introduction à l'histoire des Aulnes 3ig Alnus serrulata. k . . • . Aulne commun d'Amérique . Common aider » . • 820 Alims glauca Aulne bleu Black aider .... 822 Salix njgra. ....... Saule noir Black willow. . . . 324. Salix Ugustrina Saule du lac Champlain. . . Champlain willow . 826 Salix lucida. ..... . Sanle à feuilles luisantes. . . Shîning 828 Résumé général de l'ouvrage. . . . , Sag. TABLE GENERALE DES NOMS LATINS ET DES NOMS ANGLAIS- im. Pag. 1 i5 I, i33 I, 145 I, 137 I, 124 Introduction • . . . • . . . . Tableau indicatif avec les noms botaniques et les noms vulgaires américains Abies alba .... • . f'Vhite or single spruce . Abies balsamifera . . . Sllv'er fir {American). . Abies canadensis .... Hemlock spriice. . . . Abies nigra Black or double spruce. Acer eriocarpum. . . . IVhite maple. . . . II , 2o5 Acernegundo • . . . . Booc elder 11,247 Acernigrum Black siigar tree. . . , 11,238 Acerrubrum Red flowering maple . . II, 210 Acer saccharinum . . . , Sugannaple II, 218 Acer striatum Moose wood . . • . . II, 242 ^sculus ohioensis. . . . Ohio huckeye III, 24a Alnus glauca Black aider ..... 111,322 Alnus serrulata Common aider. .... III, 32o Andromeda arborea. . , Soreltree 111,222 Annona triloba Papaw III, 161 Belula lenta Black hirch II, 147 Betula lutea Yellow hirch II, 162 Betula papyracea .... Canoë hirch. ..... II, 1 33 Betula populifolia. . . . TVhite hirch I, 139 Betula rubra Red hirch II, 142 Bignonia catalpa .... Catalpa 111,217 Carpinus americana . . . Honiheam{American) . III, 67 Carpinus ostrya Iran wood III, 53 Castanea pumila .... Chincapin II, 166 Castaneavesca C lies mit {American) , . II, i5(> 394 TABLE GÉNÉRALE. Tom. Pag. Cellis crassifolia . . . . Hackberrj 111,228 Celtis occidentalis. . . . N elle tree {Amer Icaii) . 111,222 Cerasus borealis Red cherry 111,169 Cesarus caroliniana . . . M^ild orange . , . . • III, 1 56 Cerasus virginiana. . . . TVild cherry III, i5i Chamœrops palnielto . • Cahbage tree II, 186 Cornus floiida Dog wood. . ..... III, 1 38 Cupressus disticha. . . . Cjpress III , 4 Cupressus tliyoides . . . JVhite cedar . ► . . . III, 20 Diospiros virginiana. . . Persirnon • . II, igS Fagus ferrugina. . . • . Redbeech II, 174 Fagus sylvestris VFhiteheech ...... Il, 170 Fraxinus american^. . . White ash III, 106 Fraxinusquadrangulata. . Blue ash III, 118 Fraxinus plalicarpa . . . Carolinian ash .... III, 126 Fraxinus sambucifolia ^. Black ash III, 122 Fraxinus tomentosa. . . Red ash III, 112 Fraxinus viridis Greeii ash ...... III, ii5 Gledilsia monosperma. • Vf^ater locust 111,169 Gleditsia triacantbos. . » Sweetlocust III, 164 Gordonia lasjantlîus. . » Loblollyhay III, i3i Gordonia pubesccns . . , Franklinia III, 1 35 Gymnocladus canadensis. Cojfee tree II, 273 Hopea linctoria. .... Sweet leaf. . . • . ^ . III, 61 Ilcx opaca. ...... Holly {American) . . . II, 191 Juglans amara . . • . . Bitter mit hickery. . . I, 177 Juglans aquatica . . . . TVater bitter mit hickery. 1, 182 Juglans caihartica. . . , Butter nut. ...... I, i65 Juglans laciniosa. . . . Thickshellbark hickery. I, 199 Juglans myristicaeformis . Niitmeg hickery. . . • I, 211 Juglans ni gra Black wahiut. .... I, 167 Juglans olivœformis. . » Pacane mit hickery * . I, 173 Juglans porcina. . . . , Pigmit hickery I, 206 Juglans squamosa. . . . Shell bark hickery . . . 1 , 190 TABLE G ÉNÉR ALE. Juglans tomcniosa. . Junipcrus vir^iniana. Kalmia lalifolia. . . Larix americana . . Laurus caroliniensis. Laurus sassafras. . . Liquidambarstyraciflua . Lyriodendruni lulipifera. Magnolia acuminala. , Magnolia auriculata. . , Mo cher nul hickcry . Red cedar Mountain laiirel. . . American larch. . . Pied hay Sassafras Magnol la cor data Magnolia glauca . . . Magnolia grandiflora . Magnolia macrophylla Magnolia tripetala Malus coronaria . Mespilus arborea . Mo rus rubra , . Nyssa aquatica. . » Nyssa capitata . . Nyssa grandidentata Nyssa sylvatica . . Olea americana, . Pavialutea. . . . Pinckneya pubens. Pinus ausiralis • . Pinus inops . , • Pinus mi lis. . . . Pinus puDgens. . . Sweet gum Poplar or tidip tree. . . Cucumher tree Long leaved cucumber tree . • Heart leaved cucumber tree • . . SmalL magnolia orwJiite ^«r Large magnolia or big Laurel . . • .... Large leaved umbrella Tom. Pag. I, 184 IJI, 43 111,147 m, 37 111,180 111,173 111,194 111,202 m, 85 in, 94 III, 87 m, 77 III, 71 tree . . . . Umbrella tree. Crab aple. . . June berrj. Red ruulberry Tupelo . . . Sour tupelo. . Large tupelo . Black gum . . Divil wood. , Buck eye. . . Georgia bark. . Long leavedpine • . . . Jersey pine . Yellow pine . Table mountain jnne . . m, 99 III, 9^ m, 65 III, 68 m, 232 n. 265 II, 257 II, 252 II, 260 m, 5o III, 258 II, 276 î, 65 I, 58 I, 52 I, 61 396 TABLE GENERALE. Pinus rigida Pinus rubra ...... Pinus rupestris Pinus serotina Pinus strobus Pinus taeda • . Platanus occidentalis. • . Planera ulmifolia. . . . Populus angulata. . . . Populus argentea. . . . Populus balsamifera. . . Populus candicans. . . . Populus canadensis. . . Populus grandidentata. . Populus hudsonica . . . Populus monilifera. . . Populus tremuloides. . . Quercus alba. . . • . . Quercus ambigua .... Quercus aquatica .... Quercus banisteri. . . . Quercus catesbœi. . . . Quercus cinerea .... Quercus coccinea. . . • Quercus falcata Quercus ferruginea. . . Quercus lieterophylla Quercus Imbricaria. . . Quercus Ijrata Quercus macrocarpa. . . Quercus obtusiloba. . . Quercus olivaeformis. . . Quercus paluslris. . . . Quercus prinusacurainata Pitchpine Red or norway pine . . Grej pine Pond pine White pine. . . , , , Loblollj pine Button wood Planer tree Carolinian ash Cotton tree Balsam poplar. .... Heart leaved Cotton wood Aspen large (^AmericarL). Black poplar (^American). V^irginian poplar. . . . Aspen (^American). . . TVhibe oak. ...... Grey oak JVater oak Bear' s oak Barrens scruh oak. . . Upland wilLow oak. . . Scarlet oak • Spanish oak Black jack oak Bartram oak • Laurel oak Over Clip oak Over cup ivhite oak . . Post oak . Mossf cup oak , . . . Pine oak .Yellow oak. . • . . . Tom. Pag. I, I, I, I, I, I. 89 45 49 86 io3 96 111,184 111,283 III, 302 111,290 III,3o6 III,3o8 111,298 111,287 111,293 111,295 111,285 II, i5 II, 120 II, 89 II, II, II, II, 96 101 81 n6 II, 104 II, 92 II, II, II, II, II, II, II, II, 87 78 42 34 36 32 123 61 TABLE GÉNÉRALE. SqJ Tom. fjg. Qucrcusprlnus chincapin. i5ma// cAe^AZW^ oa^. . . II, G4 Quercusprinusdiscolor . i^SWa/Tz/? w/-ff7e o«^ . . . II, ^G Quorcus ^v'inus monûcoia.FiOck chesnuùoak . . . II, 55 Qucrcusprinus paluslris. Chesnut white oak. . . I/, 5i Quercus phellos .... FFULowoak Il, «75 Quercus pumila. . • . . Riinning oak II, 84 Quercus rubra Red oak ....... II, 126 Quercus linctoria. . . . Black oak. ...... 11, 1 10 Quercus virens Z/Ve oak II, 67 RhododendrummaximumZ^î^ûr/^roi'e Z'^^ . . . . III, 144 Robinia pseudo-acacia. . Locust 111,245 Robinia viscosa Rosejlow^ering locust. . 1X1,262 Salix ligustrina Champlain willow. . . 111,326 Salixlucida Shining -willow 111,52 7 Salix nigra. • Blackwillow 111,324 Thuya occidentalis . , , American arhor vitœ. . III, 2g Tilia americana Bass wood III, 3 n Tilia alba White lime. . . . . . III, 3 15 Tilia pubescens Downj lime tree. . . . III, 317 Ulmus americana. • • . TVhite elm III, 26Q Ulmusalala TVahoo 111,275 Ulmus rubra Red elm 111,278 Virgilia lulea Yellow wood. 111,266 Re'sumé. ...» 329 TABLE GENERALE DES NOMS ANGLAIS ET DES NOMS LATINS. JV.B, Les Synonymes anglais sont en caraclires romain». Tom. Pag. Aider {Common). , . . Alnus gerrulata III, 520 Arbor vltœ(yJjricn'cûnynmj3L0ccidcni3\is . . . III, 29 Ash leaved maple II ? ^4? A sp en {American). . . Populus Iremuloides. . . 111,285 ^,9/7e« /rtr^e (^/72er/ca/2).Populus grandideniata. . 111,287 Bald cyprcss • III ^ 4 Balsam ofgilead , , . Abies balsamifera . . . I, i45 Balsampoplar. . . . . Populus balsamifera. . . III, 3o6 jBalsam poplar ( Heart leaved) Populus candicans. . . . III, 5o8 Barrens scrub oak. . . Quercus catesbsei. . . . II, 101 Barrens oak < H» 9^ Barrens "willow oak H? Si Bartram oak. , , , • . Quercus heterophylla .II, 87 Bass %vood Tilia americana III, 5ii Bear's oak Quercus banisteri. ... II , 96 Beaverwood III? 77 Big laurel . . • ... Magnolia grandiflora . . III, 71 Bitter mit hickery. . . Juglans amara . . • . . I, 177 Black aider ( on the Oliio ) c . . . 111,228 Black asli . Fraxinus sambucifolia .. III, 122 Black aider Alnus glauca 111,522 Black hirch Belula lenta H» i47 Black cypress III > 4 Black g um Nyssa sylvatica 11,260 III. ' 5o 4oO TABLE GÉINÉHALE. Tom. Png. Black locust 111,245 Black jackoak Quercus feiruginea. . . II, 92 Black oak Quercus tinctoria. . . . II, 110 ^/«cAyt?Oyt;/^r(^772er/cû!72).Populushudsonica . . . 111,293 Black sciub oak • II , 9^ Black or double spruce. khie?, m^vA I, 124 Black sugar tree. . . .Acernigrum 11,238 Blackwalnut. . . . . Juglans nigra I, iSy Blackwillow Salix nigra. • 111,324 Bhie ash Fraxinus quadrangulata. . III, 118 Bois de flèche bâtard. . • - III, i38 Bois jaune III, 202 Bouleau à canot II, i33 Box elder Acernegundo • . . . . 11,247 Box oak II , 36 Box white oak II , 5(i Broom pine I, 65 BroomHickery •.......!, 226 Biickeye Pavialutea 111,258 Buck eye (Ohio.^ . . . iEscuîus olnoensis. . . . 111,242 Butter nut Juglans catliartica. • . • I, i65 Button wood Platanus occidentalis. • . IIÎ,i84 Cabbage tree Chamaerops palnietto . • II, 186 Callicoe tree III, 147 Cauoe blrch Belula papyracea .... II, i53 Carolinian ash .... Fraxinus piaiicarpa . . . III, 126 Carolinianpoplar . . . Populusangulata. . . . III, 3o2 Catalpa • . Blgnonia calalpa .... 111,217 Catawbaw tree • . . . . 111,217 Cèdre blanc UI^ 2q Champ lain willoiv, . . Salix ligustrlna 111,326 Chêne blanc I[, i3 Chêne à latte II ? 78 Chêne noir II, iio TABLE GÉNÉRALE. /|01 ToTti. Pag. Chesnut{Jmerican) . . Castaneavesca . . . . • II, i56 Chesnut wliUe oak. . . Quercusprinuspaluslrls. II, 5i Chicot II, 272 Chincapin Caslanca pumila .... II, 166 Coffee tree Gymnocladus canadensis. 11,272 Common hickery. . . • I> ïo4 Cotonier H» 272 Cotton tree • Populus argentea. . . . 111,290 Cottonwoocl Populus canadensis. . . 111,298 Crah aple Malus coronaria .... III, C/y Cucumber tree Magnolia acuminata. . . III, 83 Cucumber tree ( long leaved) Magnolia auriculata. . . III, 94 Cucumber tree ( Heart leaved) • Magnolia cordata . . . III, 87 Crpress Cupressus distlcha. ... III, 4 Dwilwood. ..... Olea americana III, 5o Dogwood Cornus florida III, 1 38 Double spruce . • • »• I> 1^4 JDowny lime tree. . . . Tilia pubescens III, 017 Dwarfrosebaj . . . . Rhododendruni maximum III, i44 Epinette blanche • I, i33 Epinette noire. ..•.........•..!, 124 Epinette rouge •,....... III, 37 Erable à giguière II , 247 Erable plaine . • II, 210 Erable sucre • II, 218 Franklinia Gordonia pubescens . . . III, 1 55 Georgia bark Pinckneya pubens. • . • II, 276 Georgia piich pine 1 , 65 Glocester nut hickery • I? 199 Green ash •../.. Fraxinus viridis III, ii5 Green locust 111,245 Grey oak. ...... Quercus anibigua .... Il, 120 402 TABLE GÉIVÉRALE. Tom.Pag. Grejpine Piaus rupestris I, 49 Hackherrj Celtis crassifolia .... 111,228 Hacmatack III, 37 Hag berry • 111,228 Hard maple II, 218 Hemlock spriice. , . . Abies canadensls . . . . I, iSy Hog nul bickery ". . . I, 206 Hollj {Amerlcari) , , . Ilex opaca II, igr Honey locust III, 164 Hombeam {American) . Carpinus americana . . . III, 67 Iron wood Carpinus osti ya III , 55 Indians pbisic ...».•,.. III, Jack oak II , Jersey pine Pinus inops , . • . . June herrj Mespilus arborea ... . Juniper. •....*.... Kiskylhomas nat Larch {American). . . Larix americana . . . Large magnolia. . . . Magnolia grandiflora. . Large leaved umbrella tree , . Magnolia maci^opbylla . Large tupelo Nyssa grandidentata. . Laurel oak Quercus imbricaria. . . Laurier tulipier ...,..• Lever wood - . • . Lîve oak. Quercus virens. . . . Lohlolly hay Gordonia lasyantbus. . Lohlolly pine Pinus tœda • Locust Robinia pseudo-acacia. Long leaved pine • . . Pinus auslralis «... Maple tree .... • . . . . Mocker nut hickery . , Juglans tomentosa. . . Moose elm •,.• . 111,278 Moose wood . . • . . Acer striatum II, 242 III, 94 II, 78 I, 58 m, 68 m, , 20 I, 189 m, 57 m, 71 m, 99 II, 252 II, 78 III, 7^ m, 52 II, 67 III, i5i I, 96 III, 245 I, 65 II, 210 I, 184 TABLE GÉNÉRALE. /j o3 Toni. l'ag. Mossy Clip oak .... Oucrcus oliva^formis. , . If, 32 Mountain Laurel. , . . Kalmia lalifolla III, 147 Moutain mahogany. . • • „ , . . II, j/^y N elle tree {American) . Cellis occidenlalls. . . . III, ^.^ 2 Norway pinc I, /p Noyer amer . I, 177 Noyer dur. • . . I, 184 Noyer noir ,.....• I, 167 Noyer tendre I, 190 Nutineg hickery^ , . • Juglans myristicaeformis . 1 , 2 1 1 Oil nut I, i65 Old fîeld birch III, 106 Over cup oak Quercus lyrata II, 4^ Orer cup white oak . . Quercus macrocarpa. . . II, 34 Pacane nut hickery , . Juglans olivaeforrais. . . I, 175 Pacanier I, 65 Papaw Annona triloLa III, 161 Paper birch II, i53 Peperidge 11,265 Per Simon . Diospiros virginiana. . . II, 195 Perusse I, 137 Pignut hickery Juglans porcina I, 206 Pin blanc • I, io5 Pin rouge I, 45 Pineoak Quercus palustris. ... II, 125 Pitchpins Pinus rigida I, 89 Pitch pine (southern). I, 63 Planer tree Planera ulmifolia. . . . 111,283 Pond pine Pinus serotina 1 , 86 Poplar or tulip tree. , . Lyriodendrum lulipifera. III, 202 Post oak . Quercus obtusiloba. . . II, 36 Pumpkin pine I, io5 Quercitron II, no Redash Fraxinus lomentosa. . . III, 112 4o4 TABLE GÉNÉRALE. Tom. Pag. Redbaj Laurus caroliniensis. . . III, 180 liedbeech Fagiis ferruginea. . . • II, 174 Redhirch Betula rubra II, 142 Med cedar Juniperus virginiana. . . lîl, ^1 JRed cherry Gerasus borealis. .... III, 169 Red ehn Ulmus rubra 111,278 Redfloweringrnaple . . Acer rubrum II, 210 Redmulberry Morus rubra 111,252 Red oak Quercus rubra II, 126 Red oak ( Southern statcs) •....• II, 104 Red or norway plne . . Pinus rubra ...... 1 , 4^ Rock ches mit oak . . . Quercus prînus monticola. II, 55 Rock maple • II, 218 Rocky oak II, 55 Rosejloweringlocust. . Robinia viscosa 111,202 Running oak Quercus pumila. . • . . II, 84 Sap pine I, 89 Sapinette blanche • . • I, i33 Sapineite noire . • . I, 124 Saplingpine • I, io3 Sassafras Laurus sassafras 111,173 Scarleb oak • Quercus cocclnea. . . • II, 116 Scaly bark hickery I, 190 Schag bark hickery 1,190 Scrub oak II , 96 Scrubpine • 1, 89 Sheep laurel. . . • . 111,147 Shell bark hickery . . . Juglans squamosa. ... I, 190 Shinmg willow Sahx lucida 111,327 Short leaved pine • . I, 52 Silver fir 1 , 1 45 Single spruce I, i33 Slipery elm 111,173 Small chesnut oak. . . Quercus prinus chincapin. II, C4 TABLE G t TN' L R AL E. l^O^t Tom. l'ag. Smallmognolia orwhile, hay Magnolia glauca .... III, 77 Soflmaple . . • 11,3 lo Sorellree Andromeda arborea. . . III, 22:? Sour gum ... . . . • II, 260 Sour tupelo Nyssa capitata II, 267 Southern pine • I, 65 Spanish oak Quercus falcala II, 104 Spring field hickery • 1 ? ^99 Spruce pine • • î ^ 32 Striped maple . • ^I» 242 Siigar inapte Acersaccharinum. . . . Il, 218 Sugar tree lï, 238 Swamp chesnut oak • . . . . II, 5 1 Swamp hickery ' I, 177 Swamp laurel. . . . • 111, 1 44 Swamp post oak lî > 4^ Swamp white oak . . . Quercus prinusdiscolor . II, ^6 Sweel bay. III, 77 Sweet birch. . • Il,i47 Sweet gum Liquidambarstyraclflua . III, ig4 Sweet leaf. ...... Hopea linctoria III, 61 Sweet lo eus t Gleditsia iriacanthos. . . III, 164 Table mountain pine . . Pinus pungens I, 61 Tacamahaca. III, 5o8 Tamarack IH, 37 Thickshellbark hickery. Ju^\sLns\3ic'iniosa, . . . I, 199 Tupelo Nyssa aquatica II, 265 Umbrella tree Magnolia tripetala . . . III, 90 Upland willow oak. . . Quercus ciuerea .... II, 81 FVahoo Ulmusalala 111,2^5 Waterash 111,122 Water beech III, 184 TVater bitternuC hickery Ju^a^ns di<\\ji^\\ca. » ... I, 182 l\06 TABLE GÉIVÉRALE. Tom. Pag. W^ater locust Gledilsia monosperma. • 111,169 PVater oak Quercus aqualica . . . . Il , 89 JVhite ash Fraxinus americana. . . III, 106 VFhite heech Fagus sylvcstris II, 170 JVhite hlrch Beiula populifolia. ... 1 , 1 59 TVhite cedar Cupressus lliyoïdes . . . III, 20 White cedar (nothern slates) . ........ III, 29 Wliite cyprès III , 4 TVhite ehn Ulmus americana. • • . 111,269 White hickery 1,177 White lieart hickery I, 184 White lime, . . . • . Tilia alba III, 3 15 White maple. . • . Acer eriocarpum. . . . II, 2o5 White oak. Quercus alba. . . ♦ . . II, i3 White or single spruce , Khies sXhdi. I, i53 White poplar III, 202. White pine Pinus strobus I, io3 White scrub oak II , 64 White spruce. , c . . I, ]33 Wliite wood • 111,202 White walnut .1, i65 Wild cherry Cerasus virginiana. . . . TII, i5i IV ild orange . . . . • Cerasus carolinlana . . . III, 1 56 Wiliow oak Quercus phellos .... II, 76 Virginian poplar. . , . Popukis monilifera . . . 111,295 Yellow birch Betula lutea II, i52 Yellow locust • 111^245 Yellow oak. . • . . . Quercus prinusacuminata. II, 6i Yellow pine Pinus mitis 1 , 62 Yellow pine ( southern slates ) II , 65 Yellow poplar. . » III, 202 Yellow wood. Virgilia lutea. 111,266 TABLE DES SYNONYMES DES NOMS BOTANIQUES Qui ont clé omis dans le courant de L'ouvrage. N. B, Toutes les autres espèces d'arbres décrites , le s(int sons les mêmes noms que dans la Flora boreali americana , par A. Michaux, ainsi que dans la nouvelle édition du Species plantarum , publiée en ï8o4 et i8o5 par Willdcnow. Abies alba, Pinus alha, Lin. Abies balsamifera , Pinus balsamea , Lin. Abies canadensls, Pinus canadensis , Lin. Abies nigra , Pinus nigra, Lin. Acer nigrura, Nov. sp. Acer striatum , Acer pensylvanicwn^ Wild. Sp.pl. iEscuIus ohioensis, Nov. sp. Alnus ^lauca. , A Inus incana, Willd. Sp. pi. Betula rubra , Betula nigra , Willd. Sp. pi. Betula lanusa , A. MiCH. FI. b. am. Carpinus ostrya , Ostrya , Willd. Sp. pl. Celtis crassifolia , Lam. Dict. en. Celiis cordata, Défont. Hist. des arb. et arbriss. Fagus ferruginea , Nov. sp. Fagus sylvestris, A. Mich. FI. b. am. Juglans amara , Juglans mucronata , A. MiCK.^Fl. h. am. Juglans aquatica , Nov. sp. Juglans catharlica , Juglans cinerea, LiN. Juglans laciniosa, Juglans compressa, Willd. Sp. pl. ? Juglans myristicaeformis , Nov. sp. Juglans porcina , Juglans glabr a et obcordata.^'SSiiAM.Sp. Juglans squamosa , Juglans alba., A. Mich. FI. b. am. Juglans lomenlosa , A. Mich. FL b. am. iir. 5l 4o8 TABLE DES SY N O N Y MES, CtC. Populus argcntea , Populus heterophyUa , A. Mich. FI. b. a. Populus canadeiîsis , Populus monilifera. Ait. H. h^ . Populus candicans , Ait. H. Jc-^ . Populus grandidenta , A. Mich. Fi b. am. Populus hudsonica , Bosc. , Dict. cVagricult. Populus momlifeiêi , Populus vîrginîca, Hortalanorwn. Populus tremuloïdes, A. Migh. FL b. am, Quercus ambigua , Nov. sp. Quercus heterophyUa ^ Nov. sp. Quercus olivœformis , JVoi^. sp. Ulmus rubra , Ulmus fulva. A. Migh. FL b. am. Virgilia lutea , Nov. sp. FAUTES A GORRIGER DANS LE PREMIER VOLUME. Pag. 48 , ligne 18 , m'a tonjouis parue , lis. paru. 52, lig. 4j où il fort est abondant, lis. où il esllbrt abondant. 54, lig- 3, EhSlein-Sbone, Us. Eas- teru-Sliore. G3 , lig. 2 , jardins d'agrcinens , lis. d'agrément. G7 , lig. g ,polen, lis. pollen. 74 ) l'g- G, h en entaillei', //.y. entailler. 77 , lig. 4 > Fraxiuus discolor , lis. Fra- xinus amcricann. 79 , lig. 1 8 , jiaroisse , lis. paroît. 80 , ligne dernicre , sa malièic , /t,y.,la matière. 86 , lig. 3 , du titre munitissimo , lis. minutissinio. io4 , lig- 5 , à leur portée moyenne , lis. à leur partie. io5 , lig. 23, sphagmiin , lis. sphagnum. i33 , lig. i3. ne commence , ajoutez à paroîlre ; lig. 23, entre les 43 et 44 ) Us. entre les 48 et 49"- 141 j l'g- 12 , attribué do ce que, lis. attribué à ce que j lig. 28 , inconvé- niens très-graves , lis. inconvénient très -grave. 142 , lig. 14^ clap-baards , lis. boards. \!\!i , lig. sj'Ivir , lis> silver. 148 , lig. 5 , qui sont assez saillies , lis. saillantes ; lig. 1 i , Gymnocladus divica ,lis. Gymnocladus canadensis; lig. 28 , en recommande, lis. eu re- conunandant. iSa , lig. 23 , ceux , lis. celles. i53 , lig. 9 , confusions, lis. confusion. i58, lig. 8, Gencssée , lis. Tencssée , lig. 16, provient, lis. parvient. iSg, lig. 3, acuminées , lis. acuminéej dernière lig. mesurent, lis. ont. i63 , lig. 9, à celui, lis. à celle. 1G4, lig- 8, présenste ont , Zw. présente sont 5 lig. 33 , moitiée, lis. moitié. 169 , lig. -2 , est très-léger , a peu de force et d'une couleur rougeàtre , lis. a peu de force , est très-léger et d'une couleur. 170 , lig. 3 , les sols , lis. les soles 5 lig. 22 , Pittsboutgh , lis. Jfittsburgh. 171 , lig I , ces pores, lis. ses pores j lig. 3 , médicale , lis. médecinale, lig. 24 > noir , lis. noire. 174, l'g- 1 5 , de même que les Juglans , lis. de même que dans les Juglans 5 lig. 2(1 , acruminées , lis. accumince. 178, lig. 21 , à peu près d'égale dimen- sion , lis. à peu près égale: dimension!, l'ag. 180, lig. 2G , si évidemmf-rit , Us. si éminemment. 182, lig. )G, angniosa, lis. angulala. i83 , lig. I , semblable, lis. scnd)lables. j8.*j , lig. 30, centimètres , lis. nièlrc». 187 , lig. 8 , réunis , lis. réunie» ; lig. 9 , attachés aux. aiselles , lis. attachées aux aiselles. 188, lig. i5 , appartiennent, /if. appar- tenantes. 189, lig. 12, ses diverses espèces. Us. ces diverses espèces. '90 j ^'gj ^ > parmi les différentes, Us. parmi ces diflcrentcs. 19G , lig. G, de ces noix, lis. de ses noix. 197 , lig. 19 , telles sont les usages , Us. tels sont. 200 , lig. 6, fulva, lis. rubra ; id. dacy- cycirpum , lis. eriocarpuin. 203 , lig. 1 5 , toute leur dimension , lis. toutes leurs dimensions. 204 , lig. 4 ' semblcroit , lis. semblc- roient ; lig. 8 , commDiis , Us. com- munes ; lig. 26 , les juglans , lis. le juglans. 205 , lig. 5, à suture rentrante , lis. à sutures rentrantes, 208 , lig. 20 , longeur , lis. longueur. 209 , lig. 29, dinstmctious, lis. distinc- tion, 211 , lig. 25, Izad , Us I/ard. 2i3, lig 20, nécessaire , lis. cellulaire. 21 4 > l'g. 19, ses défauts , lisez ces dé- fauts ; lig. 20 , connus , lis. com- m(ms. 221 , lig. 16 , si on enterre. Us. si on n'enterre. TOME II. Page ig, lig. i3, qui après de 3ooo pieds (100 mètres) , Us. qui a près de 0000 pieds (1000 mètres^ 32 , lig. 1 du titre, Quercus oblongis , lis, Quercus foliis oblongis. 33 , lig. I , ovale ollongée , Us ovale- alongée. 43 , lig. 25 , microcrapa , lis. aquatica, biflora , lis. grandideutata. 44 ) l'g- 23 , 45 centimètres , Us. ^5 millimètres ; lig. 24 , 20 centimètres, lis. 20 millimètres. 47 , lig. 16, discolor, Z/5. americana. itl. lig 17, niicrocarpa , lis. aquatica. 52 , lig. i5, dentées profondément j sont lisses , lis. dentées pjoioii, et du son feuillage , lis. et de son feuillage. TOME III. Fage 7 , ligne dernière , 3 mètres , lis. 2 mètres. 17 j lig. i4, situation plus favorable, lis. situation la plus favorable. 22 , lig. 25 , i3 à 20, lis. 17 à 20. 58 , lig. i3 , chaton , lis. chatons, g/j , avant dernière lig. , vers le Sud , Us. veis l'Est. 99, lig. 17, dans son , lis. dans sa l32 , lig. 25 , I à 2 mètres, lis. 1 met. i33 , lig I , imbibés , lis. imbibée ; même lig. , seulement , lis. souvent. lig. 17 , verdeure, lis. verdeur. i35, lig. 17 , belulus , lis. betula. i54i lig. 8, à ceux du uoyer , lis. k ceux en noyer. 1 55, lig 3 , Gennessée , lis. Tennessee. i56 , lig. 1 du titre , Carioliniaua , lis. Caroliniana^ lig. 11 , froids , lisez froide. 189, lig 6, le Génessée, lis. le Ten- nessee, 225 , lig. 7 , il a été , lis il m'a été. 240, lig. 18, est aussi , /i.9ez sont aussi. 252 , lig. 22 , de formes agréables , lis. ont des formes agréables. 262, lig. 4, Indiens Chrokquis , lis. Indiens Cherokquis. 278 , lig. 2 du titre , gemnis , lis. gem- mis j lig. 3, lana , lis lanâ. 280 , lig. 3 , et d'une rose pâle , lis. et d'un rose pâle. 284, Iiï;. 4 , to centimètres , lis. 5 cen- timètres. 308, lig. 2, Rhodesland , lis. Rhodisland. 309, lig. 16 , rapportées contre le tronc , lis. rappiochées du tronc. 3ti , lig. 2 du titre , baass , lis. bass. 333, lig. 10 , giey, Us g'ay, et de même partout ailleurs où cettejaute se retrouve. 394 1 l'g- 4' Cesarus , Us. Cerasus. y