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Robert E. Gross Collection

A Mémorial to the Founder of the

Business Administration Librarv

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Los Angeles

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HISTOIRE

DU TRAITE

l DE WESTPHALIE.

TOME V.

HISTOIRE

DU TRAITE DE WESTPHALIE,

O U

DES NÉGOCIATIONS

Qui fe firent à Munfi-er & k Of?iahrug y

four établir la Faix entre toutes

les PuiJJances de fEurope.

Compofée prinâpalement fur les Mémoires de la Cour 6c àQs Plénipotentiaires de France.

Far le Fere Bougeant, de U Compagnie de Je fus, ^

TOME V. .;

A PARIS, Quat des Auguftim^- -^ ^ D I D o T , à la Bible d'Or. "'"5^ '^'

Chez '

/•L)iDOT,aia i5iDie a x»r. ) Nyon , iils , à rOccafion. /Damokneville, à

S. Etienne. S A V o Y E , à rEfpérance. 'Bme Saint Jacquts,

M DCC. LI.

Aves Approbation ^ Frivilége dn Roy

«V.^f->" «N^jJ^i^^ «v..^Wv>^ rs^-f;'.^^ •v_^!:.y^ «v^î^_y> 4> «C 4^

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o^j^rs» »/-^^~s* fc.^^^-^^» ♦•-^UJrv* «•"-.^TN» «.''^^^r^

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SOMMAIRE

DU SEPTIÈME LIVRE.

I . T Es Députes desProvînces-lImes I j -preffent le s François de conclure, 1 j.LesDépuus veulent Jîgner leurTr di- te a-vec l'Èfpagnefans attendre lesFraH' çois, III. Les François protefient inuti- lement contre cette refolution, iv. Us réfutent les raifons que les Députes ap» portent pour jujlifier leur conduite, v. Nouveatix efforts du Comte d'Avaux, Jl obtient une claufe favorable à la France. Y i .Inquiétude & dijjimulation des Efpagnols. Ils acceptent la claufe, VII. Mécontentement & dijfimulation desFrançois, v i ii. Pre]ens faits par les Efpagnols aux Députés, ix. Caractère des Députés, x. Harangtie de Ai» de Servien aux Etats Généraux, xi . Suc^ ces de la Harangue de Ai, de Servien, XII. Réplique de Ad. de Servien a lu réponfe des Etats» XUI. Proportions Tome F, A

SOMMAIRE

de M. de Servie» aux Etats, xi v. Re- flexions fur Us propo/ïi-o/is. xv, Repon- fe dei Etats, xvi. Dlfpofition des ef-^. prit s dans les Provinces-U^ies. xvir. Philippe le Roi , Agent des Ejpagnds k la Haye, xviii. M Brun folllcite inutllcmefit la permiffim de Ce rendre aujfi a la Haye. xi^.Jl écrit aux Etats Généraux, xx. Seconde lettre de M, Brun aux Etats Généraux. xx(. Dlffi' muLitlon d,s M, de Servie n, xxii, // ■publie un écrit contre MM. Pavv & K nuits , & Il réfute les lettres de M, Brun. XXIII. Extrait de l'écrit de M. de Se-rvlen. xxiv. Preuves éclatantes de la partialité de Ad M. Pavv & K nuits. XXV. Preuves de leur inanvalfe dlfpofition à l'égard de la France, x x v i , M. de Servien réfute la lettre de M, Brun. Ou^e les Efpagnols ont tort d'ac- cufer la France de ne vouloir pas la, paix. Que la France a raifon de vouloir faire comprendre fesAlUésdans leTraU tés de paix. Quelle ejl prête de s en rapporter a des Commlffalres amorlfcs J?cir les Provinces - Unies. Qu'elle n'a rien ajouté à fcs premières propofitlons, Quelle nefe propofe rien que de jufte da?îs cette négociation, ^ue Us repro-^

DUSEPTIE'ME LIVRE.

ches de Ad, Brun lui conviennent mieuy: qvCk la France, xxvii. M, de Servicn fait infiance four obtenir de s Etats quel- que déclaration qui refferre les nœuds de l'alliance, xxvill. Les fentimens des Etats font partages. Premier fenti^ ment. Second fentiment. Troijteme fen^ îiment, xxix. Le troifîéme fentiment •prévaut dans les Provmces-Unies, xxx, LeComte d'Av aux part pour Ofnabrug. XXXi,LeDtiC deLongueville rejîefeul, remet aux Députés un projet du Traits de la France avec l'Efpagne, xxxir, La Cour de France défapprouve la dé-- tnarche duDuc deLongueville. xxxi i r. Sentimens des deux autres Plénipoten" tiaires François fur cette démarche, XXXIV. Précautions de la Cour pour en. prévenir les effets, xxxv. Article dupro^ jet de Traité concernant la Lorraine» XXX VI. Le projet préfenté par M, le Duc de Longueville emharraffe les Ef^ fagnols, XXXVII .Us préfentent un prd^ jet différent, x x x v 1 1 1 . Réponfe du Duc de Longueville au projet des Efpagnols* xxxix. Les Efpagnols éloignent la con- clufîon du Traité, x L . Les François dé- firent la paix. XLi. J^uës contraires des François ^ des Efpagnols. xlii. Ifi^ A ij

SOMMAIRE

.Ma^arm, Lxxvii. M.de Servtenre^ *vient à Afur]fter.Etat de la négociation, LxxTIIi. La Sicile révoltée contre les EfpagnolSi & foumife, lxxix. Révolte de Naples, Lxxx. La France fe propofe de profiter de cet événement, lxxxi. Lz Duc de Gmfefe rend à Naples, Sa con- duite & [es fiiccès, LXxxiK Confidéra- lions de la Conr de France fur cet éve^ nement, lxxxiii. Elle [e défie du Duc de Guife, lxxxi v. Intrigues des Efpa- gnolspour exciter des troubles en Fran- ce, ixxxv. Les Efpagnols continuent éluder toutes les ^ropofitions desFran- fois. Lxxxvi. M, de la Thuillmc en fait des plaintes ahx Etats*

HISTOIRE

DU TRAITÉ DE WESTPHALIE.

LIVRE SEPTIEME.

Uelque avancé que fôtXN! le Traité des Provinces- Unies avec l'Efpagne , tout n'étoir pas encore de ce côré-là abfolument perdu pour la France. La République pouvoir fuf- pendre la conclufion de Ton Traité , pour donner à la France le temps d'amener le fien au même terme. Elle pouvoit reconnoître l'obliga- tion de la garantie mutuelle, qu'elle avoic contra^^ce par les Traités pré-

A iiij

1547.

^ Htfloire du Traité

~ cédens. Ces deux points paroilToient An. iC^j, jPj juftes , qu'il fembloic que les Etats ne puflent les refufer aux infiances des François , fans fe couvrir aux yeux de toute l'Europe de la honte qui eft attachée à l'ingratitude 6c à rinfidélité. C'étoit le fujet du voya- ge de M. de Servien à la Ha^e , 5c on pouvoit tout efpérer de la capa- cité de cet habile Minifîre. Il ne fe Tendit à la Haye qu'à petites jour- nées , afin de fe donner le loifir d'en- tretenir dans fa route des intelligen- ces qu'il avoit dans la Gueldre & la Province d'Utrecht, L ^b ' u- Pendant fou voyage il fe paiïà à tés ?es Pro- Munfter des fcénes aflez vives en- "leffe'nt^ies" "^ ^^^ François (Se les Hollandois. Ivanç'îis de Dcs dix jouFS de délai que les Dé- conciure. putés dcs Provinces-Unies avoient Lettre du accordés à regret aux François , & Comt4 d'A^ que ceux-ci n'avoienc acceptés qu'a-

raux au ^ j r ' /• ci' J,

C4ird. Maiar.y^c p2u dc latistaction dun terme

j^m date. fi court , les trois ou quatre premiers

Mémoire des (q padèrcnt dans une entière inac-

Picnipot. j. ^j^j^^ Lç^ Députés propoferent en-

luite aux rrançois de îailier a part

l'article de Piombino & de Porto-

l.ongone , jufqu'à ce que les Efpa-

àe Wejfphalie. Llv. VIL 9 gnols euiTent reçu les ordres qu'ils attendoienc , & cependant de leur ^' ^^"^^^ donner par écrit tous les articles du Traité , afin de gagner du tems & d'avancer la négociation. Les Fran- çois leur repréfenterent l'inutilité de cette démarche , puifqu'ils a- voient déjà donné plufieurs fois di- vers articles aufquels les Efpagnols n'avoient encore fait aucune répon- fe ; ils leur firent d'ailleurs compren- dre qu'il étoit dangereux de laifier indécis l'article des conquêtes que la France vouloit retenir , article les deux Places de Tofcane étoienc comprifes , 6c qui dévoient fcrvir de fondement à tout le Traité. Cepen- dant pour ne pas refufer abfolunienc ce qu'on leur demandoit , ils pro- mirent aux Députés de leur com- muniquer dans deux jours leur réfo- lution.

Mais ils furent incontinent occu- ^^ J^:^ , pés d'un foin plus preiTanr. Ils fu- vcuie^.Xr.er rent avertis que les Députés com-^^^^'' T/r?l*^

j /. X ^ » . j, . avec l'Elpa-

mençoient déjà a le repentir d avoir ;.r " promis de différer de quelques jours J5 la fignature de leur Traité , jufqu'à s'en faire mutuellement des repro- A V

e ians at-i. tendre les rançois.

I o Hijîolre du Traite

r*"— "^ ches , & qu'ils fe dirpofoient à fi- An. i<^47'gner tout fans attendre qu'on eût des nouvelles de M. de Servien. Le Comte d'Avaux courut prompte- ment chez eux , 6c pour ne leur pas donner lieu de s'excufer fur le refus que faifoient les François de com- muniquer tout le projet de leur Trai- té , il leur offrit de le leur remettre , pourvu qu'ils fiffent promettre aux Efpagnols d'y répondre dans un cer- tain temps. Ce fut inutilement. Ils répondirent que leurs infirudions 6c leurs ordres les obiigeoient de fi- gner , (5c que c'étoit bien affez d'a- voir accordé un délai de dix jours. Que cependant ils ne fignerolenc pas tous leurs articles enfemble ré- digés en forme de Traité , mais fé- parément 6c avec des dates diffé- rentes/, félon le temps oii chacun avoit été réglé. Le Comte d'Avaux leur repréfenra les obligations des Traités , les efpérances qu'ils avoienc données du contraire , le peu de dé- lai qu'on leur demandoit , l'aiteiî^ tion que la France avoit eue à ne vouloir rien écouter avant leur ar- îivée à iMunfter , (Se lorfque le Roi

de Weflphalie. Liv, VIL i î d'Efpagne avoir voulu s'en remettre à l'arbitrage de la Reine de France , -^^^ ^^47» le danger auquel ils s'expofoient d'ê- tre délavoliés par leurs fupérieurs , fi M de Servien étuit écouté à la Haye , enhn la nécefîité il feroic de protelier contre un procédé fi contraire à l'alliance des deux Puif- fances. Rien ne pue faire changer de réfolution aux Députés. Le len- demain ils allèrent chez le Duc de Longueville lui faire compliment fur la mort du Prince de Condé. Les deux Minières François renou- îii. vellerent leurs infiances 6c n'obtin- Le^f"rançois rent rien, lut quoi ils relolurent de inutilement leur porter le jour fuivant un écrit ^^,T-^^^ . cette

c^ in- ^ > relolution.

en forme de proteitation, ou après tin préambule qui expofoit l'état de la négociation de la France avec rEfpagne , 5c les vaines inftances que les Prançois avoient faites aux Députés pour les engager à fuffeoir leur fî^nature , on lifoit ces termes : Les A7nhafla.deprs & Picnlpotentlal- res du Roi dcclarent qu'ils î'o^poÇcni formelUînent de la fart de Sa Majefte à l(^dite fignatnre : cptils la "prennent pcMr une infraction, des Traites faits A vj

Il Hlfloîre du Traité

^^"^"^ avec Ad Ad. les Etats , & ratifiés par An. 1547. .^ ' 7 a ' !•>

^^ eux y (y qu ils pretefteut a l enco'ntre

des auteurs diin AEle fi contraire Or la foi -pptblicjue & a toute forte de raifon & de hienféance : que les mau^ 'uaife s fuites quilpourroit avoir doivent leur être imputés ; ce quils fe fement (obliges de faire four empêcher de tout leur pouvoir ce commencement de défu- nion^ & à faute de ce pour fe déchar- ger envers Sa A<fajefie& toute la Fran-- €€ qui ne pourront jamais fe perfua-

der que dans une affaire ou il ne:

{agit que de tenir a l'ennemi quelque pror/ieffe fe crête , ou d'accomplir des- Traités fole?nnelsfilts avec un ancien Allié , les Efpagnols ayent eu plus de pouvoir fur les Plénipotentiaires def dits Etats y pour les engager dans y.n^ manquement ^ que ceux de France n'en ent eu pour obtenir f exécution des Trai- tés.

Cet écrit parut faire beaucoup de peine aux Députés , 6c comme les François les preiToient de le recevoir, ils les prièrent de remettre la c ofb au lendemain , promettant de l'ac- cepter s'ils ne lenr faifoitnr pas une réponfe ratibfairance. Mais s'en fal-r

de Weftphalte, Llv. VIL ' 1 3 lut bien que leur réponfe fût telle qu'ils la faifoient efpérer. Ce fut que ^' ^ ^^^ dès le commencement leur façon de négocier avoit toujours été d'écrire & de figner en même - temps , & qu'ils ne pouvoient s'en défifler pour deux raifons : la première : que leur inftrudion fur laquelle ils avoienc prêté ferment les y obligeoit ; la féconde , qu'ils en avoient un ordre particulier & réïréré par leurs fupé- rieurs. Les François leur repréfen- terent que leur inflruâiion netant furement pas contradidoire auxTrai- tés , ne pouvoit pas les décharger de l'obligation d'y (atisfaire. Qu'il étoit n/jjfûtefïc évident que ni leur inllrudion , niies raifons leurs ordres particuliers ne les obli-^î^^^^-^^!^^'

1 r ï r ,M 1 tés apportent

geoient de ligner que loriqu ils lepour juftifieF pourroient faire fans violer les Trai ^«^"^ procède» tes , & qu'ils fuppofoient par con- féquent que la négociation de la France feroit aufli avancée que la leur , comme il étoit expreirémenr flipulé dans les Traités. Qu'un délai de quatre ou cinq jours ne pouvoir leur caufer aucun préjudice. Que le refus qu'ils en faifoient , loin d'avan- car la paix , la retardoit , ou même

l4 Hlftolre an Traite

l'éloigneroit entieremenc. Car il n'efl 1047. p^^ douteux , ajouterent-ils , que les JEfpagnols une fois aiTurés de la Ré- publique par votre lignature , fe rendant beaucoup plus difficiles avec nous , 6c qu'ainfi il arrivera , ou que Mefîîeurs les Etats achèveront leur Traité fans nous , ou qu'ils feront obligés de continuer la guerre pour contraindre les Efpagnols à nous fa- tibfaire. La conteilation dura quatre heures, & ne produifit aucun effet; de force que , dilënt les François, » nous 3> leur délivrâmes l'écrit qu'ils re- 5:. curent très- mal , 6c après que la 35 leclure en eut été faite tout haut , :>5 6c qu'ils eurent délibéré long- 35 temps enfemble , cet écrit joint 35 aux vives inilances que nous leur 35 avions faites , ébranla quelques- ?> uns d'entr'eux. Nous fûmes aver- 33 ris que les Sieurs de Niderhoriî:, 3> Donia,Ripperda6c Klanravoient >5 réfolu de ne point figner les arti- 3) des arrêtés avec les Efpagnoîs. r> Que xM dcMatheneiTeavoit aufH 35 été touché de nos raifons , 6<: re- :>3 fufoit de figner à moins qu'on n'a- •?> joutàr dii moins à Tun des arci-

de WeJlphaUe. Lh. PII. i 5 clés , que rien ne fe feroit que les « affaires de la France ne fuflenc «c ^^* '^^^7' conclues & arrêtées ; mais le Sieur ce Brun ayant vu lefdits fieurs Am- ce baiïàdeurs le foir du même jour , ce 6c étant demeuré avec eux jufqu'à ce onze heures du foir , leur déclara ce que fi on faifoit mention des Fran- ce çois , il alloit déchirer les articles, ce De forte qu'il n'y eut que M. de ce Niderhorfl qui perfifta feul dans ce fa première réfolution , 6c les au ce très qui n'ont point de mauvaife ce . volonté fe lailferent entraîner par ce les plus corrompus d'entreux. «^

Après tout ce que j'ai raconté i-e'tn au fous l'année précédente , on ^'^^^^^^CoviuFa- peine à croire qu'un des plus puiiïans vaux,i^.fiv, motifs qu'eurent les Députés de fi-*^^^* gner fi précipitamment leurs arti- cles , fut l'appréhenfion que M. Brun leur donna , que s'ils ne les ilgnoient le jour même , il alloit le lendemain figner avec les François le mariage de l'Infante avec le Roi de France. C'efl: pourtant ce que le Cardinal Mazarin affure fur àos. avis qui lui paroiffent certains ; 6c quoiqu'il y ait de l'apparenœ que

i6 HlJ}oîre du Traité

les chefs du complot TçuiTent bien â An. 1547. quoi s'ea tenir , il n'eft pas aile de comprendre comment un artifice fi groffier pouvoit encore faire quelque impreiïion fur les efprits les plus foibles. Le Comte d'Avaux au dé- Nouveaux f^fpoif d'une démarche qui renver- efforts du foie tout le fylléme politique de la va^uT.^ii ob- Cour de France , fit un nouvel ef- tient une ciau- fort pour vaincre l'obllination des laFranTe'/^^ ^^P^^^^^ Il leur préfcnta un fécond écrit , par lequel il confentoit à la ilgnature de leur Traité fous l'une de ces deux conditions , ou que les Efpagnols fignalTent en même tems le lèul article par lequel la France demandoit la poITefiion de toutes {qs conquêtes , ou que du moins les Dé- putés ajùutafTent à chacun des pa- piers qui contenoient une partie des articles de leur Traité , une claufe par laquelle il fût dit , qu'ils n'au- roient aucune valeur jufqu'à ce que la France fût fatisfaire. Ce fut pat le confeil de M. de Niderhorfl; que les François préfenterent ce fécond é- crir , pour eilàyer s'ils pourroient par ce moyen gagner quelque temps , en faiiant naitre parmi les Députés

de Wejlphalle, Liv. VIL 1 7 de la diverlité de fentimens. Cet écrit fembloic mettre d'ailleurs de ^^' ^^^^7' plus en plus les Députés dans leur tort ^ (Se le Comte d'Avaux y ajou- ta « toutes les offres imaginables ce pour faire concevoir de l'horreur «c d'un tel manquement à ceux d'en- «^ tr'eux qui ne péchoient que par ce foiblclTe. « Tout le fruit de cette nouvelle tentative fut que quelques- uns àt% Députés confentirent en ef-- fet à ajouter la claufe que les Fran- çois demandoient. A cela près il$ perfiilerent dans leur réfolution , & pour l'exécuter fe rendirent tous , excepté M. de Niderhoril , chez l'Archevêque de Cambrai, M* Brun s'étoit déjà rendu. L'abfence de M. de Niderhorfl: déplut aux Ef- pagnols , furtout quand ils en appri- rent la raifon ; & ils furent encore plus mortifiés de la déclaration que leur firent MM. Donia , Ripperda 6c Klandt , » qu'ils ne figneroient ce pas fi les intérêts de la France «<: n'étoient expreflement refervés «c par le même A die. >5 M. Brun s'ef- força de leur faire changer d'avis ^ & s'échauffa jufqu'à dire qu'il étoiC'

1 8 Hlfloîre du Traité

inutile d'aller plus avant , & qu'il

An. i<î47' falloir fe rendre de part & d'autre

"^7,- tous les papiers. Cependant MM.

& SnÏÏa- P^w & Knuyt afifev^oient de garder

tion des Ef- le filencc. M. de Meinerwick for-

paffnols. Ils 11 f t

acceptent la. ^^^ P^^r aller chercher un papier ciaufe. qu'il avoit oublié , & le fuccès de l'affaire paroiiToit douteux , lorfque M. de Mathenefle le rendit encore plus incertain en fe joignant aux trois Députés qui vouloient la claufe. A- lors l'Archevêque de Cambrai & M. Brun craignant de manquer leur coup , demandèrent & obtinrent le tems néceffaire pour aller faire leur rapport au Comte de Pegnaranda, . Ce Miniftre fentit le danger. S'il laiifoit échapper le moment critique, M. de Servien étoit à la Haye à por- tée de ruiner tout ce qu'on avoit fait jufqu'alors. Il comprit d'ailleurs que la claufe qu'on demandoit n'au- roit d'autre effet que de fauver les apparences : que même il éroit bon de donner aux Députés ce moyen de fe judifier envers la France &: en- vers le Public : que dans la difpo- lition étoient encore -les efprits , la défunion à^-^s deux Puilfances ctoic

Je îVeJ}phalie. Lîv. Fil. 1 9 Une affaire qu'on ne pouvoir mena- ger que par dégrés , & que le pre- ^* ^^'^' mier pas une fois fait , l'alliance des Provinces-Unies avec la France ne tiendroic plus pour ainfi dire qu'à un fil que le moindre incident pour- roit rompre , ou que le temps feul acheveroic d'ufer. Ainfi le Com- te de Pegnaranda prenant fur le champ fon parti , revint avec les deux autres Plénipotentiaires re- trouver les Députes. Il feignit de défapprouver le refus que fes Collè- gues avoient fait d'admettre la clau- fe, 33 & dit, fans marchander^ qu'il « confentoit que dans le même pa- « pier y enfuite des arides & de ce la fignature des articles de part «c & d'autre , il fût ajouté une clau- « fe par ceux des Provinces -Unies , ce qui déclarât de leur part nul & ce de nul effet tout ce qui feroit fi- ce gné , fi la France n'étoit d'accord •* avec l'Efpagne ; d? & pour mieux perfaader les Députés de la droiture de fon procédé , il fit dans le goût de fa nation un grand figne de croix fur la table , 6c jura forfanta crptz, 5 que fon deifein étoit de traiter de

20 Hlfloire du Ir'alté

'T""^^^' bonne foi , & de conclure la paix "^^'avec la France. Ainfi les foixante & dix- huit articles furent fignés de part <3<: d'autre en quatre papiers ou feuilles détachées ; 6c dans le pre- mier qui étoit celui qui contenoit le plus d'articles , entr'autres celui de la Souveraineté & de l'indépendan- ce de la République , fut ajoutée la claufe en favemr de la France , fignée par les feuls Députés. Voici ce qu'elle contenoit en fubftance. Les EtÂts des Provinces-Unies s'ctant engages avec le Roi de France de ne f 'ire la faix avec lEfpagnt que con'* joinîement avec lui , nous déclarons que les articles figncs avec les Sieurs Tlé-. nifotentiaircs dEÇpagne , n^ auront lUf* fet dun Traite réel ^ que lorfque Im France aura reçu une pleine fatisfac^ tion ; & nous regardons cette claufe de me-f'-e valeur que fi elle étoit in f crée dans Itfdits articles , & comme devant avoif la même force & la même autorité, VÎT. Si les François avoient pu comp-

•^î^-"^^'"'^-"* t^^r fur l'exécution de cette claufe , fcmuiaîion ils aurojeut cu tort de fe plaindre ^e$ François, j^j procédé des Députés ; car ils écoient eux-mêmes par rapport aux

àe Wefiphalte, Lîv, VIL 21 Suédois , à peu près dans le même ?^— j cas , puifqu'ils s'étoient contentés ^^* ^^"^7* d'une pareille claufe pour conclure leur Traité avec les Impériaux , fans attendre que celui de la Suéde fût également avancé ; mais quoique les Suédois en euiïent fait d'abord quel- ques reproches aux François , ils étoient d'ailleurs fi aflurés de leur fidélité , qu'ils prirent aifément la choie du bon côté , au lieu que les François n'ayant rien de la part de la Eépublique qui pût les raiTurer , dévoient naturellement regarder cette première démarche faite mal- gré toutes leurs inftances , comme un acheminement à une défection totale. Il falloir pourtant diflimuler , 6c puifque les Députés fembloienc vouloir entretenir encore un refte de liaiibn avec la France, il falloic en profiter fans témoigner de foi- blefîe , & tâcher , à la faveur de la claufe , d'amener les Efpagnols au point qu'on defiroit. Dès le lende- main les François eurent occafion d'agir conformément à ce plan , & ils le firent avec beaucoup d'adreflè. J^es Députés les allèrent voir pojjf

22 Hifloîre du Traité

^?ju(lifier leur conduite. Ils précendî- N, 1547. j.gj^j. j^gj^o fg f^ij-g yj^^ mérite de leur

fermeté à défendre contre les Efpa- gnols la claufe qu'ils avoient fignée ; 5: pour prévenir les plaintes que la Cour de France pouvoir faire aux Etats , ils prièrent les Plénipoten- tiaires de faire un rapport favorable de tout ce qui s'étoit pafle. Ceux- ci difTimulant tout ce qu'ils fentoient dans l'ame d'indignation & de dé- pit , leur répondirent avec politefTe , & pourtant avec aiïez de fermeté , que leur procédé ne pouvoit être juflifié que par le fuccès ; que la chofe dépendroit de ce que les Etats décideroient à la Haye fur la ga- rantie mutuelle , & du tour que prendxoit à Munfter la négociation avec les Efpagnols ; 6c que tout ce qu'on pourroit dire pour les jurtifier feroit fort inutile , fi lorfque leur Traité étoit déjà achevé , on voyoit celui de la France de plus en plus éloigné de fa conclufion. 3) Ils nous 33 ont promis , difent les François ^ :?> & déclaré fort expreflement qu'ils 3> ne pafTeront pas outre à la moinT ^? dre c.hofe que ce foit , <Sc ne tour

àe Wejlphalle, Llv, VU, 2t, çheront plus aux articles ni au « Traité , que les affaires de la Fran- «^n. 1547, ce , ne foient au même état & « ils n'ont rien omis pour nous ap- ce paifer ; mais , à n'en point men- «: tir , comme on efl venu à parler « particulièrement des différends ce qui refient à vuider entre les deux ce Couronnes,nous n'avons pas trou- ce le fond de leurs intentions tel ce qu il y ait fujet d'en être content, ce Cependant les François affederene de montrer, encore plus qu'aupara- vant une contenance tranquille Se affurèe , jufqu'à excufer quelquefois eux-mêmes les Hollandois à ceux qui marquoient de rindignation de leur conduite. 3? Nous ne rabat- ce tons rien •. difent- ils , de notre fer- ce meté , ni de nos prétentions avec c<: les Efpagnols , étant bien réfolus ce de les porter plus haut que jamais, ce de ne faire paroître aucune crain- ce te , & ne diminuer rien de nos ce demandes, d? 11 efl pourtant vrai Réponfe qu'ils netenoient ce langage qu'aux ^j^-^f^^^^''^"* Impériaux, ôc aux Députés d'Al- f^v. 1647. lemagne & d'Italie, pour leur oter l^efpérance de tirer quelque avan-

1^ Hifloire du Traité

tage de cette efpéce de défeélio» An* 14Î47. ^^^ HoUandois ; car ils s'exprimoient tout différemment avec les Suédois , les Portugais Sa les autres Alliés ; & pour leur perfuader de fe rendre plus faciles aux voies d'accommodement, ils leur faifoienc envifager cet évé- nement comme un contre-temps fâ- cheux qui mettoit la France dans i'impuiilànce de fécourir fes Alliés , comme elle faifoit loriqu'elle étoic aflurée de la fidélité des HoUandois. C'eft ainfi que l'art de négocier fçait accommoder le langage aux vues de la politique , & faire ufage des événemens les plus contraires. yP^\ . Les Efpagnols de leur côté s'em-

Préfens faits rr ^ T 1

parles Efpa-preilerent de marquer leur recon-

gnoisauxDé-noiflance aux Députés des Etats

^^ ^^* qu'ils avoienc gagnés. On a icû ,

Réponfe ûu écrivirent les Plénipotentiaires de

Mémoire Francc , que depuis quinze jours

Janvier'', c"l Pcgnarauda a reçu plus de cinquan-

vo^é U zi, te mille Richsdales , qu'ils en ont

pris douze mille chez un Marchand

de Munfter 35 qu'ils ont chargé de

?3 faire quatre bourfes de velours ,

& de mettre en chacune d'icel-

^ les quiuze cens ducats , lefquelles

bourfes

de Wefiphalîe, Lîv. VIL 1 5 bourfes ayant été livrées , l'Arche- « vêque de Cambrai fut la même <c ^^* i<^47* matinée chez les Hollandois ac- ce compagne d'un Secrétaire. Tout ce ce que deffus eft bien alTuré , & il ce n'y a rien qui ne fe puifiè v érifier , ce la modicité de la fomme étant la ce feule des circonllances qui mette ce en quelque doute , fi ce n'ell que ce ce fût pour diliribuer à ceux qui «: travaillent fous les Plénipoten- «c tiaires , ou que ce ne fût une ar- ce rhe ou un gage pour obliger ceux ce que l'on a corrompu à continuer ce leurs bons offices en ce qui relie «c à faire , avec promeiîè d'une plus ce grande récompenfe. ^^ M. le Duc i^ttndeM, de Longueville ajoute dans une au- Jlf^;^/' fiT tre lettre : 55 II ell à cette heure ce Février U 47»^ quafi comme confbmt que les ce douze mille Kichsdales dont je donnai avis l'autre jour , ont été ce diflribuées par les Efpagnols à ce quelques femmes defdits Plénipo- ce tentiaires ( des Etats ) qui font ici , ce ce qui fe dit par quantité de per-

fonnes , & fert de conte dans «c Munfter à préfent. >3

;. Le caractère que JM» k Duç d* Tomç K S

26 Hifloire au Traité

Lono;ue ville fait des Députés dans An, 1547, 1 - 1 ' j,-^

^/ la même lettre mente d être rappor-

Ca/aâere té. Le jugement que nous avons

Its Députés» 35 tous trois fait unanimement def-

o> dits Plénipotentiaires , efL que

"Di MM. Paw & Knuyt font tout-à.

fait gagnés & corrompus : que

59 Meinerfwich peut avoir été ga-

53 gné , & qu'il e(l de plus piqué

des affronts qu'il a reçus dans fa

'y> Province , qu'il croit lui avoir été

Ô-5 fufcitésparnous.On a connu beau-

y> coup de foiblefle en Donia 6c

y> Klandt ; mais plutôt bonne que

D5 mauvaife intention. Ripperda eft

un homme d'un efprit affez le-

» ger , auquel les careffes qu'on lui

y>^ a faites peuvent avoir accru l'in-

:ï> clination qu'il a pour la France.

:p Le Sieur de Niderhorfl: ne fe peut

» aflez loiier. Ce qu'il a fait pour

3> nous eft par un vrai principe

d'honneur , parce qu'il croit que

a> cela fe doit faire , & que c'efl le

:sa bien & l'avantage de fon pays.

Pour MathenelTe il a fuivi le mou-

3> vement de fa Province , (5c d'ail-

3> leurs il a été adroitement perfua-

^> paj: Paw qui eft le plus fin &

de W^efiphMie. Liv VU. ly

le plus dangereux de tous. » ^^a^tmmmm Tout dépendoit du fuccès de la ^^47*

négociation de M. de Servien à la Haye. Il la commença par deman- der une audience publique à Mef- fieurs les Etats , & l'ayant obtenue , il leur fit le difcours fuivant , qui quoiqu'un peu long , m'a paru digne d'être rapporté ici en Ton entier.

MESSIEURS ,

30 II y a trois années que nous « X.

paiTames par ici M. d'Avaux & «^ ^^ M?d^^r-

moi , par ordre du Roi 6c de la « vien aux E-

iieine Kegente fa mère , pour «c ^^^^^

concerter avec vos Seigneuries , ce

avant que de nous rendre à Munf- ce

ter , la conduite que nous aurions ce

à tenir avec Merfieurs vos Pléni- ce

potentîaires dans cette importan- ce

te négociation , qui tient depuis ce

fi long tems les yeux 6c l'efpéran- «:

ce de toute l'Europe attachés fur ce

le fuccès qu'elle doit avoir. Main- ce

tenant leurs Majeflés m'ont fait ce

l'honneur de me renvoyer en ce ce

lieu pour achever ce qui ne fut ce

alors que comiuencé, & pour ré- «c

Bi)

1? Hiflotre dn Iraité

î^^^^^^ 35 foudre par vos prudens avîs ks

^^f ï 47* ;>5 moyens de mettre une dernière

33 fin à ce grand ouvrage , en bien

33 affermiflant le repos que toute la

P3 Chrétienté en attend. 33

33 L'on jugea prudemment en ce

?3 temps-là que pour ménager avan-

?3 tageufement dans le Traité de

>3 paix les intérêts de la France 6$

33 de votre Etat , il n'y avoic rien

^3 de fi utile que de conferver une

33 étroite union entre les Miniflres

>3 du Roi & les vôtres , que de s en-

:>3 traider par offices m.utuels 6c fin-

33 ceres à obtenir ce que chacun doit

>3 judement prétendre , & de faire

?3 çonnoîcre aux ennemis communs

:>3 plutôt par des eRets que par de$

:>3 paroles, que les vaines prétention^

yi qu'ils ont toujours eues de jetter

;>î de la divifion entre nous pour eq

^> profiter à nos dépens , ne leur

réuffiroient jamais. Mais fi alorî

» il fut trouvé à propos de conve-

33 nir enfemble des précautions dont

S3 il falloit ufer pour n'être poinç

furpris pendant le cours de la né*

^3 gociation ^ combien ell-il plus né-

^ c^Iiàire aujourd'hui que nous fonji

de Weflphaîie. IJv, VII. i^ tries à la veille de conclure le Trai- <c té, d'ouvrir les yeux plus que ja- tt ^' ^ '^'^^ mais pour fe garantir de tous les «t préjudices qu'on pourroit recevoir <:« par trop de confiance ou de facili- «t ? ayant affaire avec une nation et qui efl en pollefîîon de n'obferver £c les Traités qu'elle fait , qu'autant ce qu'ils font avantageux pour {q% ce aelTeins, &: qui a témoigné jufqu'i- <t ci par toutes Tes adions plus d'en- «c vie de fortir de la guerre préfen- <c te , pour en recommencer une au- €c tre dans quelque rems qui lui foit ce plus heureufe , que de faire une ce paix durable & fincere. ^c

:>5 Certes , Mefîieurs , c'efl une ce fatalité glorieufe pour votre pays , c< cju'après avoir été fi îong-terhps ce le théâtre de la guerre , & l'école ce toutes les autres nations en font ce venues apprendre le métier , il <c foit devenu le lieu oh fe tiennent <c les principaux Confeils de paix ; ce ô< que le même climat qui a été ce la fource de toutes les hodilités ce qu'on exerce à prcff^nt contre Tl: f- ce pagne , produîléaufîi les remèdes «: dont on fe doit fervir pour les fai- « Biij

^^ ^—^. X) re cefTer ; comme h la confiance Am. K547. j^ incomparable de vos généreux » Ancêtres , & îa grandeur de cou- i^ rage qu'ils ont fait paroître en ion* * dant parmi tant de peines & de dangers ce florillant état, lui avoir acquis le privilège de donner en 3r cette rencontre le branle aux plus importantes réfolutions qu'en doit , :b prendre dans ies affaires publi- •^ ques. t<

39 Voici déjà la kcor\àG fors de- :^ puis qu'il a été réfolu d'entrer en ■» Traité avec l'ennemi, que les Am- » baiTadeurs d'un grand Roi , le 23 plus puilTant ami de votre Répu- » blique , font venus confulter avec 3> vous par quelles voies honnêtes & sûres on doii le faire. Perfonne ne » peut révoquer ^n doute que Sa :^ Majefté tenant le premier rang dans votre alliance , pourroit pré- tendre avec raifon que ^ts avis & ^5 Çqs intérêts y fulTent confidérés » par préférence, vu même qu'il 3> s'agit de finir une guerre 011 elle a fi libéralement employé les ri- cheflès de fon Royaume 6c le fang ^ de fes fujets pour la défenfe d.c

de IVeJîphalie» Lh. VI î, 3 1

fes Alliés. Mais comme elle cher- te *"— ""^ che la principale fatisfadion dans ce ^* ^ '^7' celle de {^s amis , &: qu'elle a ce toujours préféré leurs avantages «c au'x liens propres , tandis qu'on a «c eu les armes à la main , elle veut «c bien encore faire le même au jour- <c d'hui qu'on efl fur le point de les <c quitter : elle veut de bon cœur re» <c mettre au jugement d'autrui ce <c que l'ord re 6cla bienfeancede vroit <c faire prendre du fien , ôc vous fai- te re propofer àos choies dont elle <c devroit être recherchée, ce

5) Au premier voyage que nous <c fîmes ici pour en délibérer avec «c vos Seigneuries , notre venue ex- «<■ cita des plaintes publiques , & on «c £t des déclamations contre nous, «c comme fi en propofant feulement «c les moyens d'acquérir un durable «c repos à ces Provinces , nous euf- *c fions travaillé à détruire les fon- «c démens de cet Etat , à caufe qu'il •« s'efl formé & agrandi par la guer- « Te. Maintenant les maximes de « ce temps- font tellement chan- «^ gées , que pour rendre les Minif- ce •res du Roi odieux , il fuffit que ^ BHij

32 'ffiftêire du Trotte

les Efpagnôls failènc publier que wv 1047. ^ j^^^^g venons en ce pays pour dif- ^ férer ou interrompre la paix ; de ^ cette forte ayant à fouffrir deux ^ accufations toutes contraires & ^ qui fe décruilenc , je puis dire ^ avec vérité que nos accufateurs ^ n ont pas été mieux fondés en Tu- ^ ne qu'en l'autre.

» Je veux bien croire qu'ils ne

^ peuvent abreuver de ces folles

^ opinions que la populace , (Se que

^ les fages connoilTant le lieu doù

^ elles viennent , fçavent fort bien

^ le jugement qu'on en doit faire ;

^ mais dans un pays la Commu-

^ ne à part aux délibérations les

» plus importantes , toutes les im-

^ prefTions qu'on lui donne , quoi-

» que fauflement , ne font pas à

3. méprifer ; & c'ell: toujours une

3, marque de préoccupation d'ef-

» prit un peu dangereufe , de rece-

voir favorablement tout ce qui

» vient d^ la part des ennemis , Se

M de rendre fi légèrement les amis

») auteurs de toutes les chofes qui

>• ne plaifent pas. Ce font les pre-

«» miers effets de la communication

h We^phdie, Liv. VIL 3 que Ton vient d'avoir avec les Ef- pagnols quirçaventmerveilieufe- * ^* ^ ^'^^ ment bien l'art de leduire les peu- « pies par de femblables artifices. «

M Vos Seigneuries s'(iVi apper- cevronc encore mieux quand ils « auront acquis plus de familiarité parmi vous ; burs pardlans ont «j déjà l'autorité de partager les ef- « prits dans vos Provinces, d'y fai- •«- re agiter des qucitions &; glifîèr c«' des opioions nouvelles qui ne font «e- avantageufcs que pour eux , qui <»* font préjudiciables à vos meilleurs ««' amis, & que lexpérierice fera bien- ce tôt connoître de dangereufe con- «• féquence pour cet Ltat. Quelles '«- pratiques &. quelles divifions par- ce. mi vous n'aurez - vous point à «« craindre lorfqu'tis auront entrée «« dans vos maifi^is, fi votre pruden- ^ ce n'y rem.édie de bonne heure ? «=« Je veux efpérer que les îages con- ^ dudeurs de l'Etat confervant lau- " torité qui leur eil due , fçauront =< bien contenir toutes chofes dans le devoir , Ôc qu'ils apprendront " aux autres autant par leurs exem- «« pies que par leurs remontrances , »

Bv

54 Hlfloire dit T'y une

que pour acquérir un repos aiïu-

An. 1(547." ' t '\ c j

^^ ^j re par la paix , il faur deaieurc-r ^^ dans les maximes anciennes qui ^^ ont élevé votre République au de- ^j gré de profpéricé elle efl , qu'il ,^ faut conferver foigncufement les ^ vieilles amitiés quand elles ont ,3 été utiles «Se alfurées ; garder les ^j Ibupçons (Se les défiances pour les ennemis , cSc n'employer pour les ^ amis que la franc hife & la conlian- ^, ce , pour prévenir les mauvais ef- ,3 fets , qui pourruient naître d'une atfedion mal reconnue. Vos Sei- ^ gneuries fe peuvent encore Touve- nir des bruits qui furent répan- 3, dus dans ce pays W y a quelque- 5, temps , que les Traités entre la y^ France &: l'Efpagne étoient con- 33 dus fans votre intervention. On 3, fçavoît fort bien que les avis en -, étoient venus d'Anvers & de Bru- « xelles : on y mettoit des circonf- » tances qui ne pouvoient être vé- ritables ; on ne laiî'îà pas d'y ajou- ter foi , <5c de fa're panout de» ,5 plaintes de la France avec au- « t:inc de licence que fi on lui tut pu véritableznenc reprocher uiîç

àe Wefiphalie. Liv, VIL J 5: femblable infidélité. Les Efpa- « .

gnols furent bien -tôt contraints « ^ ^*

de détruire eux-mêmes rimpoflu- « re dont ils av oient été les auteurs , m par l'offre qu'ils nous firent de qua- •* tre méchantes Places , qui étoienc aê- une condition de paix bien difpro- «e- portionnée à celle qu'ils av oient *c fait croire auparavant à tous les ««> Pais bas, qu'on vouloit donner au «c Roi par ce Traité clandeftin. Mais «tf ils n'ont pas demeuré long-tems «*? à recommencer une batterie toute «-^ contraire , en faifant publier par «v leurs adhérents que nous ne vou- u lions point de paix , nous qui à «c leur compte , la voulions acheter ^ auparavant par une adlion hon- teufe , ^ par l'abandonnement de «« nos Alliés. Leur faifant aujour- ^ d'hui refus de quelques favorables « conditions qu'on nous préfente, <• nous faifons , difent-ils, naître tous ««. les obftacles qui la retardent , & ♦«. empêchons même que vos Sei- «^ gneuries n'acceptent celles qu'on •• leur offre ; fi bien que nous voilà *• déclarés ennemis du repos public «» par le jugement d'une nation q^ui

3 6 Hifiolre du Traite

s'Imagine que fa vaine prétention An. i<^47'^^ à la Monarchie Univerfelle lui a ,, déjà acquis le droit de rejetter iur autrui les fautes dont elle feule eft ^ capable.

30 Je fçais bien , Mefïïeurs , que 3, ceux qui ont quelque connoilTan- 3, ce des aiî'aires n'ont pas cette croyance de nous. Les foins que 33 la Reine a pris depuis le commen- ,, cernent de fa Régence de faire ,, ceffer les troubles qui pouvoient ^ retarder leTraité général ; la guer- 33 re qui a été terminée en Italie 3, par fon autorité , celle qui a été ^ appaifée en Dannemark par fon 35 entremife , ou votre Etat a trou- va vé fon compte : les conditions mo- ^ dérées dont nous nous fommes- ^ contentés dans le Traité de l'Em- pire , les diligences continuelles- que nous avons faites pour fur- 5, monter les autres difficultés qui « concernent le Public (Se nos Alliés^ a, depuis l'ajullement 6c la fatisfac- tion du Roi , (Se la déclaration in- génuè que nous avons faire il y a M long-temps de la part de Sa iVîa- » jeflé , qu'elle eft prête à rétablir

de Wejlphdie. Uv. P'IL 3 7 la paix entre les deux Couronnes ce en laiiianc les choies en l'érat il « ^^' ^^"^^^ a piû à Dieu de les mettre , pour « ne pas tomber dans les longueurs « qu'une exatle difcudion des an- « tiens diftérenis eût pu eaufer , « vous font des marques bien évi- ce dentés des laintes intentions de Sadite Majellé , 6c du défir extrê- « me qu'elle a d'avancer de tout Ton « pouvoir le repos de la Chrétien- té. «

» Mais quand vos Seigneuries « n'en auroient pas reçu tous ces té- » moignages , quand Meffieurs vos os- Députés de Munfter ne vous au «« roient pas repréfenté notre Trai- avec l'Efpagne fur le point d'ê- << trc conclu par la facilité que nous «« y avons apporté , le fu jet de mon «« envoi vous en donneroit une preu- ««^ ve bien convaincante , puifque j'ai ««^ ordre de prendre, fans perdre de « temps , avec vos Seigneuries , les *«■ dernières réfolutions pour la con- •« clufion de la paix générale , <5c ««■ de convenir avec elles de ce que « chacun devra faire en exécution •^ des Traités pour la rendre dura- ^

3 8 Hlfloïrt du Traite

ble, après qu'elle aura été con* ^ yi cluè. Voilà , MelTieurs , en fub- fiance tout ce que contient ma commifTion , & ce que j'ai main- tenant à traiter avec vos Seigneu- ries , qui efl; bien contraire à l'o- » pinion que plufieurs perfonnes mal informées en avoient prife.

» Je n'eiHme pas que vos Sei- » gneuries croyent la bonne foi des » Efpagnols fi grande qu'on y doi- » ve avoir une entière confiance , 39 <Sc méprifer toutes les précautions « que la prudence oblige de pren- » dre contre les manquemens qu'ils w ont accoutumé de faire. Il n'y a M perlbnne d'encre nous qui ne chei - » che tous les fecrets poffjbles d'aï- » furer ion argent dans l'acquilirion d'une terre : je ne fçaurois croire « que pour faire un Contrat il 03 s'agit de toute la fortune d'une longue guerre , de l'honneur <5c w de la fureté de deux puiiîàns E- « rats , il le trouve quelqu'un qui y* aime mieux fe lier à la feule pro- j3 medè d'un mauvais payeur, qug » de prendre de bonnes cautions » pour s'affurer. . Ce n'eil pas ce

de V/eJIpyalie, Lh. Fil, 35 que l'on écrit dans un Traité , ni la << diligence donc on ufe pour le fai- ^* ^'^^ re aujourd'hui plutôt que demain , ce ni les feings & les fceaux qu'on ce y a/ou te , qui en aifurenc l'exécu- « tion ; c'efl i'état l'on demeure « après qu'il efl fait , tant par Tes u propres forces, que par le nom- « bre des amis , pour fe faire tenir parole , fi l'ennemi veut manquer de foi , ou pour fe défendre fi l'on « eil attaqué. Un des grands perfon « nages de l'antiquité a été de cet avis , quand il a dit : paccm non ce ejje in pojïtis ar?nis , [eà in ohjeclo « Armorum & [erz U'mIs metu depofito, m En effet que nous ferviroit-il main- « tenant de finir une guerre nous «» ne pouvons que gagner , & les «e ennemis ne fçauroient que perdre, « fi nous laifions quelque fujet de « crainte qu'elle récommence dans «• un temps qui ne nous fera peut- «« être pas (i favorable r Leur pro- « cédé nous donne de très juftes « caufes de défiance , puifqu'ils ont •< fait paroître jufqu'ici plus de d^Ç^ « fein de nous défunir, que d'inten- « lion de fe réiink fincérement avec «•

4o Hijloire du Traite

^ vous, 6c qu'encore à préfent noiî-s '^'^^* » voyons clairement qu'ils travail - 3, lent plus à rompre notre alliance , 3j qu'à fatisfaire les Alliés fur leurs intérêts légitimes.

« Si MefTieurs vos Députés o ne rendu compte à \os Seii::cur;es de toutes les propofiticns qu'on leur a faites en traitant avec eux, ,3 je fuis alTuré que de ic us les arti- « clés d'importance quic nt été agi- tés, les Èfpagnols n'en ont poin»". ^ accordé ils n'ayent ajoute pour condition qu'on traiteroit Hins la France : à qu' i fi on fe fût con- ,5 tenté de répondre par le filence y fans repaître Tennemi d'efpéran- ces, nous aurions eu un peu moins d'occafions de nous plaindre. Nous avons cet avantage qu'on 5, ne nous a point fait de fembla^ ,j blés recherches depuis que nous les avons rejettées avec un mépris ,5 femhlable à celui des femmes ver- w tueufes , qui s'oflenf^rut des ^\Ç- M cours de cajolerie qu'on leur veut M faire. Si MefTieurs vos Députés en avoient fait autant, fuivant 95 les ordres réitérés qu'il a plu a

de Wefiphalte. Lîv, VIL \X

vos Seigneuries de leur envoyer , « ^

-, , ^ ' An. i^^r*

il y a long-tems que nous aurions « ^'

obtenu la paix avec une entière là- u

tisfadion de la France & de vo- «

tre Etat. Mais certes je ne le puis ce

tai e : l'efpérance que quelques- «

uns ont donnée aux Efpagnols de «

tra-ter avec eux à notre préjudi- ee

ce, (Se les confeils qu'on leur a »

donnés à l'oreille de tenir ferme ce

contre nous ^ c'efl le feul obitacle «

qui les a empêchés jufqu'à préfenc ««

de venir à la rarfon. ^

M Voulons - nous donc , Mef- «

fleurs , avoir une bonne paix en

peu de t;ms ? Le moyen en eft «

facile 6c honorable ; il ne faut que «

demeurer conilamment en l'ob- «•

fervatïon àiÇ.% Traités d'Alliance : «^

guérir une fois pour toutes les Ef- «i^

pagnols des prétentions qu'ils ^

pourroient avoir de nous divifer : <*

tenir pour lufped & dangereux «f

tout ce qu'ils nous offriront fous <*

cette condition ; 6< que Meffieurs «•

vos Plénipotentiaires agiiîcnt à «

Munfter en vrais Alliés pour nos «'

intérêts , comme nous avons tou- «

jours fait pour les vôtres. Voulons- «•=

^^^^ 4-* Tllfloire du Traite

'A^ri[6^, " "^^^5 ^^"«^r- cette même paix fer- , me & durable ? Nous n'avons , qu'à faire connoître aux ennemis , par notre union , qu'ils ne peuvene , jamais contrevenir au Traité qui , fera fait fans avoir à combattre la r France, 6c les Provinces - Unies r en même > temps , dont ils onc éprouvé les forces avec les fuccès que chacun a viis , ô< qu'ils auront toujours lujet de craindre. Si nous nous conduiibns avec cette prudente femeté , nous en ver- rons bien-tôt de très bons effets : la paix fera conclue en peu de temps avec répuration ôc avanta- ge : nous recueillerons enfemble les plus agréables fruits qu'elle â accoutumé de produire à l'ombre d'une fureté inviolable , fous la- quelle nous pourrons nous dé- charger iàns crainte des dépenfw qu'il faudroit fupporter hous de- meurions dans un état incertain - & nous auriom cette Jatisfadion de n'en avoir pas acheté les cor>- ditions par aucune fone de man- quement. ^ Si nou* prenions une autre c-oh-

àc Wejifhdie. Lh. Vil. ^ 41 ___ duite , nous pourrions bien faire « ^^^ chacun en particulier un Traite « avec l'Efpagne ; mais nous en per- <c drions fruit en le fignant. L'en- nemi qui ne s'y porte qu'à regret , « & qui le croie défavantageux , *t formeroit en même- temps le del- u fein de rompre à la première occa- et fion favorable qui s'en préfente- u roit : les doutes & les méfiaiices s'augmenteroient de tous cotés au « lieu de cefler : chacun feroit obli- « de chercher de nouveaux amis « pour fe garantir du péril : il ne « faudroic pas moins de dépenfes & h de gens de guerre pour vivre dans ^ une femblable paix , qu'au milieu ** des hoiliiités , & }e ne fçais com- « ment nous nous pourrons juflifier *• envers la poflérité , d'avoir trou- ^ blé de gayeté de cœur & par une •• précipitation non néceflaire^ l'heu- ^ reux état de nos affaires. « ^ .

» Il importe grandement de pré- ^ voir tous ces inconvénients, & ** pour cet effet de fçayoir au vrai ^ comme nous aurons à paffer dans *• >\m nouveau genre de vivre , en <* fortant de celui que noys alioss «

z^,^ Hlflotre du Traite

y ""^'*'"" '? ^ quitter. 11 importe de bien ccîaîr- N. ^^47»^ cir comme nous aurons à vivre ^ eni'^mbl? quand nous y ferons âr- ^ rivés : en expliquant l'ambiguité ^ de ce que nous auront à faire les MUS pour les autres , en cas que ^ a >us recevions quelque nouveau jV trouble par nore ennemi com- jg man. VoU5 me permettrez ^ voii^ dire , Meifieurs , que vous y ^ avez encore plus d'intérêt que nous. Le Corps de votre Etat , ^ après un pénible exercice de guer* ^ re conrinué V< (pace de ouatre- ^ vingt ans , doit vivre déformais ^ dans un profond repos qu'il n'a- ^ point encore éprouvé. Il a bien befoin'5'ufer de bons remèdes pouc ^ le garantir des manx qui viennent- ^, ordinairement après de fembla»- ^ blés changemens , & qui pour- os roienr devenir mortels , fi on ne ^ Te ièrvoit de purffànres précau- ^ tions pour les prévenir. *

5? Quant à nous , Mefîîeurs , ce » no fera pas une cliofe nouvelle » pour la France d'être en paix avec ,0 i'Efpagne : nous fçavons déjà juf- ^ ques à quel point on dok s'y fier ,

^tf WefïphaUe. Llv, ni. 45 & comment on fe peut défendre « des pratiques 6c cntrcprifes qu'elle « ^* ^ '^'^* a coutume de faire fous ta couver- « ture de l'amitié. Nous avons de *c bonnes loix qui règlent jufques ce fe doit étendre la communication ce qu'on peut avoir avec des ennemis ce dangereux , qui ne fe reconcilient te jçimais que pour mieux parvepir ce à leurs fins Nos Magiilrats fça- ce vent comme il faut punir ceux qui ce y contreviennent. L'expérience « du palTé nous rendra encore plus «c fages à l'avenir ; mais je ne fçais fi «« la forme de votre Etat vous per- «e mettra fi - tôt de tenir en bride «< comme il faut l'humeur entrepre- te nante de cette nation , qui a toû- « jours plus avancé {es affaires par «« (des menées (ecrétes , que par les •« arme5;puifque même avant la con- ^c jplufion de la paix , elle a l'audace *c d'envoyer ici fes CommilTaires «^ fous des emplois fuppofés , pour w j^ttaquer 6c diffamer vos am.s en ^ votre préfence. Si les Efpagnols •» font tellement aveuglés de leurs •« paffions , qu'ils ofenc bien travail- « Ux ouvertement auprès de vous , ç

^6 Hlfloire du Traité

erpérant féparer oc mécontenta

i^^.^ vos Alliés , qui eft toujours le pro-

^ mier démembrement qu'on tâche

^ de faire dans un Etat qu'on veut

affoiblir , pouvez - vous douter

,, qu'ils ne pailent bien -tôt plus a-

^ vant,Ô< qu'après avoir délarmévo-

^ tre Lion de Ton épée , ils ne tâchent

aufTi de lui arracher cette poi-

gnée de flèches qui eft le iymbole

^, non- feulement de l'union qui doit

i> demeurer entre vous, mais de celle

5j qui attache vos Alliés dans les in^

3^ térêts de votre Etat.

» Je fupplie vos Seigneuries de

M faire un jugement auffi favorable

5, de ce que j'ai 1 honneur de leur

^ dire , que les intentions de leurs

a, Majeftés que j'explique , font

3j droites & finceres : elles n'ont au-

5j cune penfée de retarder la paix i

^ les précautions que nous avons à

3. prendre enfemble ne font ni lon-

3t gués ni difficiles : il n'eft queftioiî

» que de pourvoir folidement à la

.:^ fureté du Traité qui doit être fait ,

le cette fureté ne confifle qu'à

exécuter de bonne foi les précé-

» dents, à réparei: les CQûtraventious

de Weflphalie, Ltv, Fil. 47

qui y ont été faites , & à donner «-' "

ordre qu'ils foient religieufemènt « ^^' i^47«

obfervés à l'avenir , lans qu'une «c

des Parties y puilTe apporter des «

interprétations préjudiciables à

l'autre. Car pour en parler fran- «c

chement , quand on donne un «

Contrat aux Dodeurs à confulter, «c

c'efl plutôt en intention de'plai- k

der , que de fatisfaire à ce qu'il «

contient ; ce qui dans les allian- «e

ces ne doit jamais être interprê- «

que félon l'équité & la bonne •«

foi. Toutes les fubtilités doivent «e

être tournées contre les ennemis , ee

& non pas contre ceux qui ont «

employé toute leur puiiïànce <Sc «

leur propre fang pour votre gran- «c

deur. Tout cela étant auffi julte 14

que nécelTaire , <Sc pouvant être «

réfolu en deux jours , on ne peut «

pas dire que ce foient àas recar- ««

démens recherchés ; ôc ceux qui «

auroient cette opinion , feroient «

trop évidemment connoître que '«•

pour les contenter il fau. que tou <*

tes chofes pafTent félon le uéfir des ^ Jifpa^nols. •«

9 La France demeurera toû.- ^

4$ Hîfï'oîrs du Traité

jours conftammenc attachée d'af-

-* 104.7 ^^ fe^^ion avec les Provinces Unies ; j, du comme il n'y a encore jamais eu de manquement de Ton côté , vous devez être allures , Meilleurs, qu'il n'y en aura point aufîî à l'a- venir. §on amitié ell allez pré- cieufe , <Sc vous l'avez éprouvée aiTez' utile & avantageule à cet Etat :, pour ne la vouloir pas pré- 5, tendre toute entière , en ne lui ,, donnant qu'une partie de la v6- tre. La juftice veut bien pour le moins que les conditions de no- j5 tre focieté foient égales dans l'af- a, fiftance que la France s'obligera » de donner à cet Etat. En cas que les ennemis rompent le Traité , nous ne ferons aucune diflindlion des intérêts que vous avez à dé- sa mêler avec eux , ni des lieux par oùils peuvent vous artaquer-Nous eflimons que le même doit être

; 5, fait de votre part , autrement ce

vi feroit montrer à Pennemi l'endroit » par il pourroit nous faite du » mal plus facilement fans que vous ^ vous y intércfîiez. No as croirions 9 ïm apprendre qu'il peut un jour

fans

ât Wefiphalîe, Llv. PII. 4^

fens crainte recommencer les hof- ce

tilités dans vos Provinces qui font « ^^' ^^'^7*

voifines de TAUemagne, fi nous œ

lui avions déclaré que nous ne re «

prendrions point les armes pour «

vous fecourir , qu'en cas qu'il vous «

attaque par la Flandre, cette Pro- •*

vince faifant feulement une partie

•de vos frontières , & étant à votre «

€gard ce que les Pays bas font à ««

l'égard de la France , parce qu'ils

ne font aufTi qu'une partie de la «

frontière. Il n'y a perfonne de «

vous qni ne crût être mal accom - c*

pagné d'un ami qui nous tiendroic •«

par la main droite , s'il ne fe re- «

muoit point quand il nous verroit -

alîaffiner par le coté gauche. Lorf- «c

<]ue la paix fera faite , il ne vous

reftera qu'un intérêt feul &: indi- «

vifible avec la France , qui efl que te

le Traité foit obfervé. Il ne fçau- «

Toic être rompu en un lieu que la ««

■rupture ne demeure générale , & ««

un des articles ne peut être violé •«

que tous les autres ne foienc éhran-

lés. Le Corps de la Monarchie «

étant compofé de plufieurs mem- «<

jbres différens , ne peut être bleilé «

7 orne K C

^O Hifiolre du Traite

^ ' ^ en un que tous les autres ne s'en

4n.. 16^7,^^ reflentent par communication. Il

^^ feroit bien mal-aile qu'on ne pût

^ faire voir de quelle forte les enne-

^ mis pourroient recommencer la

^^ guer^-e contre nous du côté d'Ita-

^, lie ou d'Efpagne , fans qu'elle fe

^^ fît aufTi en mém.e-temps dans les

Pays- bas & par -tout ailleurs ou

^ nous fommes voifins. Je ne puis

encore comprendre fur quoi fon-

^ dent leur appréhenfion ceux qui

font femblant de craindre que l'o-

^ bligation réciproque illimitée qui

^ doit être accordée entre nous ,

3, n'apporte plus de crainte que de

^, fureté à votre Etat , & ne foie

plus propre à l'engager à de nou-

velles guerres , qu'à le faire joiiir

P, furement de letat de la paix. S'ils

,j prennent la peine de confiderer

,, que cette obligation n'eft pas nou-

velle , 6c qu elle efl: déjà contenue

3. dans le Traité , ils avoueront qu'il

91 n'y a d'autre délibération à faire

9, fur ce fujet , que pour fçavoir fi

p on veut obfcrver l'alliance ou Ig

p rompre.

^ Les malheurs qu'a rEfpagng

ât Wejfphalie, Liv. VIL 51 dans cette guerre , ôc les pertes ce ^*^^«^'^«» qu'elle a faites Lui ferviront d'un « ^^- ^^47» puifTant avertiiTement pour n'en re- ce commencer jamais de femblables « contre la France & votre Etat « tant qu'ils demeureront alliés. Le ce contraire arriveroit afTurément fi c< elle nous voyoit divilës par quel- ee que diflind:iGn de lieux ou d'inté- ec rets , ou par quelqu'autre méfintel- « ligence. Le favorable fuccèsqu'el- <€ le fe promettoit encore en nous ee attaquant féparément , lui don- « iieroit l'envie de l'entreprendre. ^ Alors quand l'un des deux Etats « feroit contraint de rentrer en guer- « re , je ne fçais pas avec quelle fu- « reté , ni avec quel ménagement « l'autre prétend roit jouir de la paix, « ayant deux fi grandes Puiflances « en armes dans fon voifinage. «

« Vous voyez donc, Meilleurs., « clairement que notre union au lieu « d'être le fujet de nos appréhen- "■ fions , en doit être l'unique remé- « de , & que nous n'affurerons ja- ^ mais fi bien le repos de la France «^ & de ces Provinces , qu'en demeu- «« Tint inféparablement unis. J'en **

5^ Hljlolre du Traîte

^ pourrois donner d'autres preuves ^K, j.6^j, ^ très-concluantes à vosSeigneuries, 3, fi |e ne craignois de les ennuyer. Si ^ elles ont agréable de députer des j,, Commiilàiresaveclefquelsjepuif- ^ fe conférer plus amplement fur ^, tout ce que je viens de vous re- ^ préfencer , qui ayent pouvoir fuf- j, H Tant pour en traiter avec moi , j,, je leur découvrirai avec beaucoup de fincérité les fentimens de leurs ^ iVlajeftés , & je m'alîbre que vos ç. Seigneuries les connoîtront por- ç, tées au bien & à la grandeur de ^ cet Etat autant qu'à l'avantage 33 de la France , & qu'ils donneront M un nouveau témoignage de la confiante affedion du Roi 6c de la 3j Reine Régente envers vos Sei- 59 gneuries , dont cependant leurs p, Majeftés m'ont commandé de les aiTurer. XI. Il eut été difficile de rien ajoutef

Va^angue'^de à la force de ce difcours. Il efl plein M. de Ser- Jg vérité dans les faits énoncés , de vi5Ap j-aifonnemens folides 6c de réflexions

judicieufes. Aufîi fit-il fur les efprits une impreffion fort vive ; & ce qui plut iî)&niment aux Etats ^ cp fyt \%

te We^fhdU, tlv, t^It 5 5 modération avec laquelle M. de Ser ■■■■■^**'

vien s'expliquoic dans une occafion i<î4/* il paroilToic autorifé à prodiguer les plaintes améres <5c les reproches. Mais les François s etoienc perfua- dés qu'il falloir » prendre patien- «< Mémêlmiù ce, parce que quelque étraage ^<^^,Z'\,^ft. que fût le procédé de MelTieurs « 16^8, les Etats , toutes les vengeances , «c difoient ils , que nous pouvons en <c prendre en paroles , ne peuvent «^ être qu'extrêmement préjudicia- fc blés pour nous , & la conftitu- « tion préfente des affaires ne nous <-<■ permet pas de la prendre d'autre <c façon. 35 Ce fut fur ce principe que* M. de Servien ne fit aucune men- tion de la fignature des articles ^ comme s'il l'avoit ignorée , ni des juftes fujets de défiance que les Fran- çois avoient des difpofitions de MM. Paw & Knuyt. Il étoit bien réfolu d'engager les Etats à défavoUer la démarche de leurs Députés , fi la chofeétoir polfible ; mais c'étoit une affaire qu'il falloit traiter dans le particulier. '

Apres que M. de Servîen eut ache^ de parler , le Préfident de TAf- C iij

*4 Uîjfolre du Traite

iemblée répondit au nom des Etaî5.

^' * yî?^"^ " Qu'ils étoient conflamment réib- Pépiiquede^' lus de demeurer toujours étrai-

M. derervien ^^ tement unis d'affedion & d'inté-

à la réponfe a i t? o j

des Etats. » ^ets avec la r rance , oc de con- D> ferver chèrement le fouvenir des- grandes faveurs &;afriftancesqu'ils' » en avoient reçues en divers tems.» Après quoi le Miniflre François re- prenant la parole, témoigna à l'Af- lemblée la joie qu'il avoir de la voir- dans de \\ bonnes difpofitions , & TalTura qu'il en rendroit compte à la Cour de France. Il remercia ks; Etats de la communication qu'on lui avoit faite d'un écrit qui leur avoit été préfenté par un Envoyé ^u Marquis de Caftel-Rodrigo , & ne lailTa pas de fe plaindre qu'on eût reçu un pareil Envoyé. d> Je- 35 laiiTe à juger , leur dit-il , à la pru- 5> dence de vos Seigneuries , s'il eft du bien de leur fervice , qu'un ef- pion de leurs ennemis foit ici pré- 35 fent , pendant que j'ai des affai-' 35 res de conféquence à traiter avec D> vos Seigneuries , & s'il e'à de la 3) dignité de votre Etat qu'ils pren- » nenr déjà l'autorité d'envoyer des

controlleurs pour combattre par « éQs voyes fecrétes ce qui doit fe ce ^n» '^^^7^ traiter confidemment entre àes «c amis & des Alliés. d> Il leur promic enfuite que dans le Traité de l'Em- pire la Frafice leur donneroit des preuves de Ton zélé pour leurs inté- rêts , & pour ceux de l'Elecleûr de Brandebourg , de la Maifon Pala- tine , de la Landgrave de Hefîè ^ & àQS Etats Protedans d'Allema- gne ; >> Mais , ajouta t'il , il y a fu- «c jet de craindre que fi vos affaires ce avec rEfpagne font terminées «c avec précipitation , il ne foit très- ce mal aifé de pourvoir comme il faut ce à celles de vos amis dans l'AUema- ce gne , Jefquelles ayant la connexi- ce qu'elles ont avec les vôtres, fe- ce ront lans doute entraînées par les ce réfolutions que vos Seigneuries au- ce ront prifes , & peut être leur don- ce neront un jour du déplaifir de n'a- ce voir pas profité , comme on pou- ce voit faire , d'une fi favorable con- ce jondure , pour acquérir à tous vos «« amis (5c Alliés un repos avantageux ce & durable. >>

Le Comte de Servîen fatisfaic de C iii>

^6 U/poire dft Traite

la réponfe générale qu'il avoir re- A«. 1547. çûë de rAfTemblée , fe flatta de réiif- Vrn^-\r,'- fir encore mieux dans les conféren- de M. de S ei- ces particulières a regagner la con- tm^ ^"^ ^~ fiance des Etats , 3c à reflcrrer les nœuds de l'ancienne alliance. On députa des CommiiTaires pour trai- ter avec lui , comme il l'avoir de- mandé , 6c il leur fit diverlés propo- fîtions , entr'aurres , qu'en confé- quence de l'arricle VIll. du Traité de 1 644. tout ce qui pourr oit avoir été ci-devant traité , convenu Ôc fi- gné par les Minières du Roi ou des. Etats avec ceux du Roi d'Efpagne ^ demeureroit nul ôc n'auroic d'effet qu'après la fignature des deux Trai- tés , & que les Etats donneroient un défaveu formel de tout ce qui avoir é- é fait de accordé par leurs Mi- nières au préjudice des Traités d'al- liance. Que l'on continueroit fans interruption les hoflilités contre les Efpagnols jufqu'à la fîgnature des Traités, ou même l'échange des ra- tifications. Que les deux Traités fe- r oient conclus Se fignés en même- tem.ps ,, & que les ratifications ne- pourr oient être acceptées q^ue con-

àe WeflphaHe, Llv» VIL 57 fointemenc. Que fi après les Traités ^^^^^^""^ fignés le Roi d'Efpagne ou quel-^^^* ^^"^7 qu un de i^% adhérens reprend les armes contre la France ou les Etats , les deux PuifTances alliées leroienc obligées de les reprendre en méme- tems jufqu à ce que la paix îxxx. ré- tablie. Que les Etats agiroient pour faire comprendre la Catalogne dans le Traité de paix , 6c que fi la Fran- ce n'en pouvoir obtenir la polIefTion que par une trêve de trente ans,ils ^O' bligeroient à recommencer la guer- re contre l'Efpagne , pour l'obliger à prolonger la trêve frelîe refuroit de le faire. Que les deux PuifTances al- liées en lignant leur Traité avec l'Efpagne, déclareroient qu'il y a' entr'elles une promefîe réciproque^ de garantie en cas d'infradtion.

Ces propofitions^ pouvoient pro^ -.^I^* mre un bon eftet en ce qu elles nir ces donnoient aux Etats lieu de croire p^^^^^^** que la France n'étoit pas aufli éloi* gnée de la paix que quelques uns de' Députés vouloient leperfliadèr. Mais il y en avoic fur-cout deux dont le' fucccs devoit paroîcre fort douteux. G*étoit le dcuiveu qu'on demandoit

G V

xions

^ s Hîfloire du Traite

de la conduite des Dépurés dans îa An. i<Î47'r,gnature de leur Traité , & Pobli- gation de recommencer la gc erre après la trêve pour la Catalogne ; âc. puifqu'ii faut dire la vérité , ces deux demandes paroifToient peu équita- bles. Car il n'efl pas douteux que la France n'eût lieu de fe plaindre de la partialité de plufieurs des Dé- putés, fur -tout de MM. Paw & Knuyt,6c que le deflein fecret de ces deux Miniilres dans la fignaru- re précipitée qu'ils avoient faite des articles de leur Traité , ne fût de pré- parer ainfi les voies à un Traité par- ticulier contre l'obligation formelle des Traités d'alliance entre la Fran- ce ôc la République ; mais cette lî- gnature en elle-même n'a voit rien qui ne fur conforme aux inftrudionj que les Députés avoient reçues des Etats Généraux , & la claufe qu'on y avoir ajoutée que les articles fignés r'auroi?nt aucune valeur que lorf- que le Traité des François feroit pa^ reillement figné ,. mcttoit à cou- vert l'intérér de la France ; comme la France elle-même avoit crû met- tre fuffifamment à couvert par une

de FTejIphalïe, Lw. VIÏ, 5^ cîaufe femblable les intérêts de la Suéde 5c de la Landgrave de HefTe ^ ^^- '^47- lorfqu'elle étoit convenue avec les- Impériaux ài(t% principaux articles de fon Traité. Au (ïï étoit- ce moins la chofe qui chagrinoit la Cour de France , que les fuites qu'elle en ap- préhendoit , & e'étoit pour préve- nir plus efficacement ces fuites fâ- cheufes que les François aflfeéloient de fe plaindre fi amèrement de la chofe même. Our^nc à l'autre deman- ^oy-xj-^Y^^^

I ^- , p? eùmiruiire a*

de, on ne comprend pas comment ziv. vïh. les François après^ avoir refufé fi ""'^- ^^^^» conftamment d'écouter une fembla^ ble proportion de la part des Etats ,: lorfque ceux-ci fe propofoient de ne faire qu'une tréve\, entreprenoient à leur tour de la leur faire agréer , €omme fi les raifons n'avoient pas été égales de part Sz d'autre. A ces ^ p^'^; , deux articles près , les Etats infor- Etats. mes par le rapport des CommifTaî- tes , répondirent afîèz favorablement- aux propofitions de M. de Servien ,.. & voici l'extrait de leur réponfe. Loin de défavolier la fignature dès- articles de leur Traité , ils approu- V-er€nt en cela la conduire de leurs

6o H'flolre du Traite

Députés , & confirmèrent aufTi la '*■ ^ '^'^' ciaule ajoutée : qu on ne pourroit rien conclure que conjoincement avec la Couronne de France. Qu'il n'y au- roic point de fulpenfion d'armes avant l'entière conclufion des Traités, &. que les Traités étant conclus , on. ^élibéreroit fur le temps oii com- menceroit cette lufpenfion. Qu'on feroit aux Efpagnols toutes les dé- clarations néceiîàires ,. conformé- ment aux Traités d'alliance ,. pour leur ôter l'efpéj-ance. de défunir les deux puilTances.. Qu'après la paix conclue à Munller, fi le Roi ou les^ Etats étoient enfuite attaqués direc* tement ou indirectement, fous quel- que prétexte que ce fût par le Roi? d'Efpagne, l'Empereur ou quelque' autre Prince de la Maifon d'Autri- che, on exécureroit fidèlement dé- part & d'autre les- articles VL IX.. & X. du Traite'de 1 6 3 5 . lefquels lesv Etats promettoient d'obferver reli^ gieufem^ent , fi les circonflances ex^ primées dans les Traités s'oflfroienr refpedivement. Que par.rapport à la- Catalogne, fi on ne pouvoit obtenir- de i'Efpagne en faveur des Catalans;

à€ mjfphAne, Ltv. VIL €i une prolongation de la trêve de trente ans , les Etats fe conduiroient ^^' '^^^7- alors de même que la France s'eft conduite à Pégard defdits Etats ,, lorfqu'on fit de vains efforts pour. obtenir l'article IX. du Traité de 1644.

Cette réponfe fembloit afîùrer à nv ^7' M. de Servien le pnneipal objet de à^^s efprits ncf^ociation ; mais il voyoit avec ^P^ les Pro* chagrin les elpnts le dilpoier inlen- fiblement à fe détacher des intérêts, de la France. C'étoit un effet à^s^ mouvemens que fe donnoient quels' ques partifans de l'Efpagne, des in* finuations artifieieufes de MM. Pa\T & Knuyt , & des intrigues des Ef^ pagnols. La FrincelTe d'Orange étoir du complot. En vain M. de Surviens s'efforça de la regagner Elle fe plai- gnoit du peu de confiance que la- France lui témoignoii depuis quel- que-temps , 6c elle continuoit à lui; donner en effet de nouveaux fujets de défiance <5c de mécontentemenc. par tout ce qu'elle faifoit pour favo- rifer les delTeins à^s E (pagnols aui préjudice même- fon fils ,. donf- l'intérét fembloit demander, la cont-- tinuation.de- la gueite..

Cl Hî'^oire du Traite

"— ^^* A peine les Efpagnols virent -iTs^ An. 1547. M. de Servien parti pour la Haye ,, Philippe le q'^'ils fe preflerent d'y envoyer aufîi Roi , Agent de leur côté. Ils avoient à Bruxelles à k^âafr^' un de leurs Agents nommé Philippe le Koi , qui s'y tranfporta à la faveur d'un pafleport obtenu fur un faux al- légué. C'étoit un homme d'intrigue , entreprenant & hardi , qui fçavoit employer le vrai 5c le faux pour le fuccès de fes defleins ^ 6c qui par zélé pour le fervice de l'Efpagne ,. mettoit en œuvre depuis le commen-- cernent de la négociation pour dé-^ funirles deux PuiiTances alliées , tout ce que l'artitice <5c le menfonge cm- ployent pour broiiiller des amis. Il ofa quelquefois paroître en préfence de M. de Servien , & ce Miniftre r r ^-r ne put le voir fans indi2;nation. Il

Lcître de M. \ , ^ ^^

dcSenicnàM.vcioaQîdL pourtant ion reiiennmenc

de Brisnne , q^ publie ; mais il s'en plaignit avec

chaleur dans les conférences parti-

Lettrede M. culieres, & demanda qu'on renvoyât

de Servien a , ' , ^ ^t ,'

M. u Mar- un homme de ce caractère qui ne-

^1/ 5 de Saim^Qi^ propre qu'à broiiiller dans l'E-

£^y, 1648,. ^^^- 1 eûtes les Provinces y conter--

tirent, excepté les Hollandois , fous-

prétexte qu'il étoit chez eux ,,eonii-

de Weflphalle, Lîv, VlL 6 j ^^^^

fine s'ils lui avoient les droits de^ *~- Ihofpitalité ; ac Philippe le Roi de^""* '^^^• {on côté contrefit le malade pour leur donner un honnête prétexte de le retenir. M. Brun ne fut pas fi heureux dans le deflein qu'il forma XVîTi. de fe rendre auiTi à la Haye pouri^citei'îmure- traverfer la négociation de M. de^-^nt la par- Servien. La PrinccfTe d'Orange <3cJ^ndrcaJnà. les amis fecrets que les EfpagnolsiaHayei avoient dans les Païs-bas, s'intéreT- ferent inutilement pour lui obtenir un palTeport. Il alléguoit pour pré- texte qu'il venoit pour traiter avec le Miniflre François , & celui-ci dé- clara dans l'AfTemblée qu'il n'avoir ni le pouvoir ni la volonté de traiter avec lui à la Haye , & que fi on lui permettoitdeféjourner dans la Ville,. il en fortiroit à l'heure même. Cet- te déclaration eut Ton effet. I.e paf- feport fut confiamment refufé , & le voyage de M. Brun fe termina à Bruxelles, 6c de BruxeUes à Utrecht, par il prit fa route pour retour- ner à Munfter ; mais il ne laitla pas Xîx: d'exécuter en partie fon projet par les ^ l^ °<^';; ^''^ divers écrits ou il repandipdans lesraux. Provinces- Unies , quelquefois fous.

^4 Bîfïol're du Traite

des noms ruppofés , pour réfuter les An. 1547. raifonnemens de M, de Servien. Le LettndeM.^^QmxQï qui parut fut une lettre r^rGÎXtadreffée aux Etats, pour leur de- 4ims /s iv.vo/. mander la permiffion de fe rendre à :î:..S:^: la Haye. .. Necroyez pas, Meffieurs, ter, imprimées 33 difoitil , quc je VOUS veuille im- li^ô/"^^ ' ** portuner par un long féjour , ou par de longs difcours. Je vais à vous la vérité toute nue en labou- rs che & la fincérité au cœur^ fans D> ornemens, parures, ni affedations. A Tabord vous les connoîtrez par l'expérience (Sc-profefîlon que vous » avez coutume d'en faire , & pour- » rez les éprouver incontinent , n'é- » tant plus befoin que de deux ou » trois jours pour les réduire en pra- 3> tique ; 6< en faire un eflai légitime. Mortifié du refus qu'on lui fit d'ua palTeport pour la Haye , il bazarda une féconde lettre pour eflayer dé- faire par cette voie ce qu'on ne lui- permettoit pas de tenter par la voie de la négociation. Son principal objer étoit de perfuader aux Etats que- rEfpagne écoit rîn:érement difpo- fée à la faix, (5c d'en rejerter fur la> France, le retardement. &. toutes les.

ie Wejfphaïie. Lîv. VIL 6] difficultés. Le détail qu'il en faifoit étoit Ipécieux i c'étoir l'abrégé de^^* ^^^^ tous les dilcours que les Efpagnols tenoient dans toute l'Europe , 6c il cil important de les rapporter ici.

y> Car enfin , difoit-il , V^ous ne xx. pouvez douter ^ MeiFieurs ^ qu'on <c ^^^^^^"l^"^ ne nous ait propofé pour des con- « g^un aux ditions infaillibles de la paix , la «c ^^^^ Gene-^ conceâîondetoutcequelaFran- «c ce occupoit fur nous aux Païs-bas «« & en Bourgogne , avec le Comté ce de Roufîillon , Se une trêve de « trente ans en Catalogne ; à quoi <c ayant confenti fur les inilances «« de Meiïieurs vos Ambaiîadeurs , « fur les alTurances quils nous ont ce données de la part de la France , ce quemoyennantraccomplifiément ce defembhbles conditions , la paix « entre les deux Couronnes fe con- ce clueroit en vingt-quatre heures,on «: n'en a vu néanmoins aucun effet ce jufqu'à maintenant, maisaucon- ce traire des obftacles nouveaux re- ce cherchés de tous côtés , 6c en des ce fujets qui n'avoient aucun rapport ce ni avec les intérêts de la France , ce m avec la matière dont fe dévoient «c

f ) Hî/loire du Traité

3> compoier lefdits Traités ; de quoi AN.- 1^47. ^ .g^j|^5 5-ç^^^5 AmbalTadeurs de

35 vos Seigneuries ayant voulu ren- y> ire quelque témoignage , <5c tant » foit peu avancer du côté de la pa- cificatîon , auiïi-tot ons'efl atra- que à leurs perfonnes , les char- 3> géant de reproches dont le con- » tre coup retombe droitement fur , » les fupérieurs. . . . Auffi-peu fçau- » riez vous nier que la France ait 35 approuvé l'enrremife & diredion 33 defdirs Sieurs vos AmbalTadeurs 33 pour ledit accommodement des 39 deux Couronnes , & toutefois y> après nous avoir mis en ce che- min 011 nous fommes entrés tant yy par la confiance de notre propre y> caufe, que par celle de votre équi- y> té, ne refufant pas d'admettre nos v> Parties & les Alliés de la France » pour arbitres ou composteurs 33 à préfent comme nous voulons fuivre le même chemin , on nous 3> en veut ferrer le nas , & empêcher 33 que nous fourni (Trons les matériaux 33 nécefTaires pour continuer ladite 33 enrremife & diredion : auquel effet ayant défiré de me rendre

ie Weflphalie. Ltv. VIL 6j auprès de vos Seigneuries, pour ^ «« fur les déclarations que j'avois à «e ^* ^ ^* leur faire Ôc récîaircilfemenc que ce j'avois à leur donner , leur faire •« toucher au doigt , (Se enfuice con- «« feiïèr qu'il ne tient pas à nous de ee traiter avec la France, elle s'y efl m. oppofée avec tant de chaleur ^ <c qu'elle a bien montré ne chercher ec ni prétendre aucune fatrsfadioa •« , que dans la continuation de la «c guerre ; & qui pis eft , au lieu de féconder ces témoignages de notre « propenfion à un prompt accord y « changeant le nom & l'eiîence de <* chofes , elle veut les faire paffer « fous le titre d'une invention cap- « tieufe à féparer vos Seigneuries «« d'avec elle , comme fi nous n'a- « vions pas facilité tous \qs moyens « imaginables pour faire marcher les « deux Traités d'un pas égal , & n'a- «« vions pas acquiefcé à tout ce que « vos AmbalTadcurs ont efliméde- « voir être fait de notre part pour « parvenir à une heureufe conclu- «^ . fion. Nousfommesaudl prêts qu'- «* auparavant pour en venir à l'efiet ; «= mais fi du côté de la France oa *

Hijîoire du Trake

veut toujours chercher de noîi- N. 1 47. ^ veaux éloignemens , & reculer à ,, mefure que nous avançons , il fe- ^ ra enfin raiibnnable d'aifignerquel- ^ ques limites à ce procédé , afin ^ que chacun puiiîè prendre des me- ^ fures jufles & aiïurées en ce qui le touche. Notre but n'a jamais ^ été (5c n'elt pas encore de travail- ^ 1er à cette divifion que la France ^ fait fonner haut & prend pour couverture de toutes Tes entrepri- ^ fes contre la paix , mais nous nous y, trouvons obligés de répeter fran- a, chement & nettement ce que nous 9, avons fouvent dit à Meffieurs vos Ambaiïadeurs , que nous n'avons 99 pas entendu & n'entendons pas 3, dépendre en ce que nous traitons » avec elles , de l'autorité fuprême ^ 6c àQs Arrêts fouverainsde la Cou- yy tonne de France ; & bien que ce M Toit à vos Seigneuries dlnterprê- 3. ter les Traités qu'elles ont faits avec le Roi Très-Chrétien , fi ne M puis-je m'empêcher de dire ce que » les perfonnes les plus définréref- » Çqqs ôz aidées feulement du fens » commun diroient ^ f^avoir ^ que le

de Wcjlphdle. Liv, ViL ^ parti devant être égal entre la ce France & vos Seigneuries , ôc el- « ^^* ^^47* les ne traitant que les chofes qui «c les touchent immédiatement , la «c France en doit ufer de même , « flins mêler les intérêts de Savoye , « èiQ Mantouë , des Grifons & Val- « telins , de Dom Edouard de Bra- «c

fance , du prétendu Duc d' Atri , « rince de Bozzolo , de l'Evêque «c & Chapitre de Liège , 5c autres «c femblables qui ne font aucune- «c ment compris en cette fociecé en «c laquelle vous être entrés avec la ce France , qui vous tiendroit atta- «c chés par cent liens , lorfque vous «c ne la tiendriez que par un feul ; ce & que ce que l'on doit trouver ce plus étrange , eft que plufieurs de ce ces intérêts étrangers & recherchés c<- font imaginaires , fans aveu ni fol- «c licitation de ceux à qui on les fait «c appartenir , d'où fe voit évidem- «c ment que c'eft un labyrinthe arti- ce licieufement compofé , en forte ce que ceux qui s'y laiifent conduire ce n'en peuvent retrouver la fortie. ce

M. Brun atraquoit enfuite la de- jtiiande que les François f^ifoieiît

Hlfloîre du Traite

aux Etats de la garantie mutuelle A«. i^47«cies Traités, demande Tuperfluè fé- lon lui , qui n'étoit qu un prétexte pour gagner du tems , 6c éloigner ia paix , puifque les Traités précé- dens n'avoient pas beibin d'une nou- velle interprétation , & qu'en tout cas on feroit toujours aiïèz à tems de convenir de cette interprétation après les Traités faits , ainfi qu3 de divers autres articles appartenans à l'exécution des Traités , comme on i'avoit pratiqué dans tous les Trai- tés précédens. ^3 Auffi voit-on déjà , ajoutoit-il , que fous la couverture 3j de cette propofition intempeflive, 33 l'on en glille d'autres du tout ^3 répugnantes à notre accommo- da dément avec vos Seigneuries & » à celui entre les deux Couronnes, yy comme par exemple , de mettre les Efpagnols hors à^s Pa'is bas , 5> de changer la trêve de Catalo- 35 gne en une paix , de concerter les m moyeHs de la campagne future & » autres femblables , qui tendent :.> évidemment à fapper ôc miner 5> les fondemens de l'édifice qu'on a ^? eu tant de peine à élever. Que fi

àc Wejfphaîle, L h . VIL 7 r ir£>s Seigneuries font réfoluès de «c poftpoier les avantages qu'elles «.'^^* 'i^Hj* rencontrent dans la paix à ceux que ce la France fe promet dans la conti- m nuation de la guerre , 6c que le de- «c fir de lui complaire Toit fi fore en vous , qu'elle n'ait qu'à prefcri- re ce qu'elle veut , pour vous y fai- « re foumettre au préjudice de ce « que nous venons de traiter avec «« MefTieurs vos Ambafîàdeurs, vous •(. aurez moins de blâme , & nous «e moins de fujet de plainte , ^\ vous «c le déclarez tôt & fans déguife- « ment y que fi vous nous teniez plus <t iong-tems en incertitude , les or- «c dres de Sa Majeflé ne nous per- «« mettant pas de demeurer en cet « état douteux , qui ne convient ni «c à fa dignité , ni à votre réputation, v C'étoit l'un des fujets que j'avois ee à traiter de bouche avec vos Sei- « gneuries , 6c aufîi de les prier avec «« toutes les in(l:ances poffibles, com- <* me je fais encore , de ne différer « pas davantage à prendre une der- « niere & immuable réfolution , «^ priant Dieu qu'elle foit telle qu'on <* la doit attendre dp votre fage ^ *

72 Hlfion-e du Traité

:>5 généreule conduite , teile que vos

Aî«- 1^47. ^^ fyjets & ceux du Roi mon maî-

» tre la défirent , & telle encore

33 que vos prédécelTeurs l'auroienc

» prife fi on leur eût odroyé une

» partie de ce que nous vous accor-

?D dons , qui eil tel qu'après cela il

» ne vous refte aucun titre à jufli-

3> fier vos armes contre nous , (Sec.

mSluh- ^^ ^^^^ P^^ ^^^^^ lettre que le «ion de M. Minière Efpagnol craignoit que les ^firv.en. Etats ne fe lailTafTent perfuader par M. de Servien de défavoiier la figna- ture de leurs Députés , & cette crain- te étoit fans fondement , comme oh peut juger par ce que j'ai déjà rap- porté : mais la lettre étoit d'ailleurs capable de faire fur des efprits déjst peu favorablement difpofés , des im- preffions défavantageufes à la Fran- ce , (5c M. de Servien n'oublia rien pour les prévenir. Ce Miniftre étoic idans une lituation tout- à fait emba- raflante. Il falloit affeder une con- tenance afliirée-, foit pour intimi- der ceux des Députés Hollandois qui favorifoient TEfpagne , qui pour oter aux Minières Éfpagnols l'efpé- a:ance de tirer avantage de i'efpéce

de

de Wifiphalk, Llv. VIL 73 de vidloire qu'ils venoieiic de rem- porter. C'e-fl dans cette vûë qu'il écri- "^^^ '^ ^^' vit à Muniler aux Médiateurs 6c à diverfes perfonnes des lettres il re- préfentoit fa fituation beaucoup meil- leure qu'elle n'étoit en effet. 3> Les ce Lettre de M. affaires , difoit-il , ne prennent pas « %^l ^:; ici le chemin que les Efpagnols <c Maurice , ^. s'étoient promis , & que quelques «c ^^^^' *^^^* Miniftres de cet Etat corrompus «: par eux leur avoient fait efpérer. «c 11 y a encore quantité de gens de «c bien qui fçayent comme les chofes «c fe font paffées , ôc qui ne font pas ce réfolus de le fouffrir. On a failli ce en Zélande pendant quelques ce jours de faccager la maifon de ce Knuy t, 6c l'on dit hautement par- «^ mi le peuple que c'eff un homme «: à pendre. Paw n'efl pas en meil- <c leurprédicament parmi les Minif- ce très qui avoient été jufqu'ici fon «c appui , 6c qui déclament aujour- «c d*hui publiquement contre ce qu'il ce a fait. . . J'ai quelques raifons d'ef- <c pérer , s*il n'arrive de grands chan- ce gemens qu'on doit toujours crain- ce dre dans un Etat populaire , que ce les affaires fe réfoudront avec tout ce

74 Ulfloire dit Traité

^5 le bon concert qu'on peut fouhaî-' ^' ^ ^7*;>5 ter.S'il y a quelques membres cor- rompus, le Corps de l'Etat eft de- 5) meure fain,<5c j'ai cette confolation ^5 de voir que le refped & l'aflfedion envers la France efl: toujours fort 3> avant dans le cœur des peuples , 33 qui font prefquc entièrement dé- trompés des fauiïès imprefTions qu'on leur avoit voulu donner, «c Ce difcours n'étoit pour ainfi dire que

Lettre de i .!/••• ^ a

^e Servicn aux po^J* 1^ montrc ; car il ecrivoit en me- picnipot, à me-temsfecrétement à fes Collègues Janvfén ^^* ^ Munfler , qu'à la vérité quelques- unes des Provinces donnoient quel- ques lignes de bonne volonté , mais » que la Hollande qui donnoit le 3> branle aux autres étoit (i gâtée , D? & la Princefle d'Orange \\ paf- «H> fionnée pour l'Efpagne , qu'il ne » fçavoit qu'efpérer. jçXii. Comme c'étoient MM. Paw & Il publie un Knuvt qui étoient l'ame de la fac-

écrit contre ^ i rr i »

MM. Paw tion contraire aux deileins de la J^^'JY^' ^France , il délibéra qnelque-temps lettres de M. s'il feroit éclater fes plaintes contre ^^^« ces deux Députés , ou s'il dilHmuIe-

roit fon mécontentement. Il y avoîe . ^çf raifons pour l'un ^ l'autre d^

de f4^ej}phalie. Liv» Vil, ^ 5 ces deux partis , & la Cour de Fran- ce lui en lailTa le choix. Celui de Té- ^"' ^^^'i clat qui écoit le plus conforme à fon caradere , lui parut auiïi le plus con- venable dans un? circonflance ii croyoit devoir témoigner beaucoup moins de crainte & de foiblefîè , que d'alTurance & de fierté. Une chofe acheva de le déterminer. Les Dé- putés des Etats , foit pour juftifier leur conduite , foit pour renouer la négociation de la France avec l'Ef- pagne , dreflerent par écrit une ré- capitulation de tout ce qui s'étoit fait jufqu'àlors par leur entremife entre les deux Couronnes ; mais l'expofé par la manière dont il étoit exprimé , étoit peu favorable à la France , & fembloit lui donner le tort. M. de Longueville s'en plai- gnit & en avertit M. de Servien. Celui-ci crut ne devoir plus rien mé- nager , & après avoir communiqué dans les entretiens particuliers fe$ fujets de plainte aux principaux mem- bres de l'Etat , il les publia dans les termes les plus vifs par un écrit pu- blic , qu'il compofa pour répondre laux lettres de M. Brun. Cette piçç^

Dij

7^ Htjfoiye du Traitî

- qui contient foixante iix articles efi: -N. 1647. trop longue pour être rapportée ici ;

mais elle efl: aufTi trop importante

pour être omife. En voici un extraie

abrégé, xxxiii* 11 repréfente aux Etats que le "frït dl^M^ voyage de Piiilippe le Roi 6c de M. de Servieiî ' * Brun , leurs lettres , leurs difeours féditieux , précédés de confeils clan- deftins tenus à Munflcr avec de mau^ 'vais Patriots , n'ont pour but que de brouiller l'Etat avec la Erance, Qu'il efi inoiii qu'on publie des ma- nifefles & des invedives contre des gens avec qui l'on fait profefTion ds négocier aàuellcmenr la paix , ôc q.ue ce procédé prouve bien que tan- dis qu'on protefle qu'on n'en veut point à l'union des deux Puiilances , on n'a d'autre deiïèin que de la rom- pre. Que le voyage de Philippe le Roi à la Haye , & celui de M. Brun à Bruxelles av oient été concertés à Munfter avec MM. Pavv 6c Knuyt , qui feroient eux-mêmes venus à la Haye , s'ils avbient ofé le faire fans i'ordre de leurs Supérieurs. Qu'il efl même probable que la lettre de M, _Brun datée du 1 1. Février a été

de Weflf halte. Llv, PII. y 7 ...__^ fabriquée à Munfler. Que cette let- ^****'"**^ tre ell pleine d'éloges de Mefïïeurs^^* ^^^7^ les Députés ; mais que la poflérité fera infailliblement fcandalifée de trouver un jour 5> dans les Regif- «c très de l'Etat , qu'en une occafion ce il importante les ennemis ont tant témoigné de fatisfadion de ks «c JVIiniftres , & que les amis & les «c Alliés ont eu tant de fujet de s'en <c plaindre. 55 Qu'il reconnoît pour- tant la droiture & les bonnes inten- tions de la plupart Aqs Députés ; mais qu'il ne peut d^ celer fans <c une efpéce de prévarication , que <^ lefdits Sieurs Pa\v & Knuyt ont témoigné pendant tout le cours <c de la négociation grande partial!- «<^ pouri'Efpagne, quoiqu'enne- «c mie, & grande animofité contre la <c France , quoiqu'étroitement al- «c liée. MelTieurs leurs Collègues fe ce fouviendront fort bien qu'un jour ce les Plénipotentiaires de France ce étant aflèmblés avec ceux de leurs «c Seigneuries , lefdits Sieurs Pa^' & « Knuyt difputerent avec tant de « chaleur pour les intérêts de l'Ef- ^ pagne , que M. de Matheneiïè fut «« Diij

7 s Hifloire du Traite

- >3 contraint de leur impofer filencc %/• ^5 g^ jç^j. Jifant , que la bienféance •y> ne permetroic pas de prendre le ^ ^^ 33 parti des ennemis contre des Al- P'reuveséda- '' ^^^^' ''^ ^^- ^^ Servlcn ajoute quei- tûntes de la ques auttcs faîts femblabies , fur-touc Mm!'' Pavv contre M. Paw , qui (embloit ne s'é- & S.nuyt. tre chargé de la médiation entre la France 6c rEfpagne, que pour mieux ménager les moyens d'engager la RépLblique à un Traire particulier. Que routes les lettres de ce Minii- tre font autant d'apologies du pro- cédé des Efpagnols. Que pour ac- célérer le Traité des Etats , il leur a toujours repréfenté celui de la France comme étant iur le point d'ê- tre conclu, D3 quoi qu'en effet il n'y 73 ait pas encore un feul article donc yy les Efpagnols ayent voulu conve- > nir par écrit , « & qu'aujourd'hui que le Traité de la République efl achevé , il ne craint pas de fe con- tredire lui-même en répandant par- tout que la France affede des lon- faeurs pour éloigner la conclufion u Traité. La partialité de M. Paw contre la France eil; encore prouvée par le détail de divers faits qui fe

de mflfhAÎie. Lh. Vil. 79 ^^^^ font paflez dans le cours de la négo-^^^^^^"***** ciation. Il s'eft intcreiïe pour l'Kf-^^* ^^'^^^ pagne contre la République même , en abandonnant aux Efpagnols le haut quartier de Gueldre, qu'il ne tenoit qu'à lui d'ail lirer à la Eépu- biique. Quand il s'agit de figner les articles du Traité des Etats , MM. Paw & Knuyt firent de vives inftan- ces pour n'y pas ajouter la claufe qui fait mention de la France. Ce font ^^^* .

. r «11 r r Preuves

eux qui lans pouvoir de leurs fupe- leur mauvaU rieurs ont fait entendre aux Efpa^ f^ difpofition gnols que la République ne pren*- L F?a^nce. droit point de part aux intérêts de la France hors des Païs-bas , décla- ration qui arrête aujourd'hui toute la négociation. Ils ont allégué pour raifon de précipiter la fignature, que les Efpagnols menacoient de con- clure incelTamment avec les Fran- çois , & de donner l'Infante au Roi de France , comme fi la chofe eût dépendu des feuls Efpagnols, com- me fi c'étoit une affaire qui pût fe conclure du jour au lendemain ^ & comme fi la France n'eût pas déjà donné tant de preuves de la déter- mination où elle eft de n'écouter au-

Diiij

__ 8o Hifioire an Traité

Ja communiquer aux Etats. Si les

Jranço.s re lonc mis peu en peine de détruire ces bruits artificieux

ceft qu'ils ont voulu attendre ou' le. nouvelles de Vienne & de aI" tod en decouvnirent la fauilité. l Lorfque les Efpagnols les pu-

- blioient , ,1s fçavoient fort bien ^ quel-autremariageétoitdé;acon-

'' "u(e de tourner en rifée la crédu-

- lire de ceux qu'ils ont obligé par

- cette impofture à faire tout ce

XXV! '' r déhroient. « "

.«: deser- j A^' ^^ Servien s'applique enfuite t:e.. réfutera réfuter la lettre de M Brun ri

-e<..MMin,ftre.dit-il.aff-eaedegSfu:

les malheurs de la Chrétienté ma" qui eft-cequi en a paru jufqu'ici mS

guchequel'£fpi;„e'?au'lieu"uea J-wnce, quoique la moins expofée

^uxentreprifes des Infidèles, rS

es"pHnrrrf'^""^"P°-"^""e Jes i rinces Chrétiens en état de les repouffer. Jl veut faire croire qu^

nn^fr "^g°"ation ; mais de quel Traite f celui de la République

de Vreflphalie. Liv. ni. 8 1

efl: confommé, félon lui ; celui de la - -

France ne peut fe faire qu'à Munl-^"^- '^^^7- ter. M. de Servien n'a pas le pouvoir de traiter feul , 6c M. Brun encore moins. La France, dit on, ne veut p^^;;^/f ff^ pas la paix ; mais fi c'eil en effet l'Ef- tort d'accufer pagne qui la défire, pourquoi ^^^^J'^Zio^^ Efpagnols n'ont -ils pas daigné ré- pas la paix. pondre à dix ou douze articles dts plus importans que les François leur préfenterent il y a plus de deux mois? Pourquoi ne répondent ils pas enco- re au projet entier de tout le Traité qu'on leur a préfenté il y a un mois ? Quand on les voie abandonner la négociation de Munfler pour venir ici faire des plaintes & fomenter la divifion , n'a-t'on pas lieu de croire qu'ils n'agiffent ainfi que dans Tef-" pérance qu'on leur a donnée que les Etats fatigués des longueurs qui ^c retardent l'exécution de leur Trai- «^ qui eil déjà tout fait , pren- '--- droient enfin la réfolution del'exé «<: cuter ôc d'abandonner leurs amis , <«" ce que toutefois ledit Ambafla- ^^^ deur n'appréhendera jamais de la c- prudence, de la générofité & de ^c la jultice de leurs Seigneuries, ^c

2i Hlfiolre du Traite

M. Brun n'a pas plus de raiTon ^' ^ "^^'de trouver mauvais que la Fran- S^^^^r^ifon^^ veuille faire comprendre dans de vouloir te Traité général le Duc de Sa- r^e^'dre'S; voye , le Duc d'Atri , Dom E- AHiésdans^cdouard de Porcuecal , & tous ceux M^ixT ^^ 4^'^ ^^"^ dXWés de la France , oti qui en demandent la protection. C'eft l^ufage de tous les Traités, & le re- fus que l'Efpagne en fait donne liea de croire que fon deflèin n'eft que de changer Tétat de la guerre ^ ôc non de la finir , puifqu'elle ne peut refufer ^e fi juftes demandes aue pour fe ménager des prétextes de re- prendre les armes dans des temps plus favorables. M. Brun fait beau- coup valoir la déférence avec la- quelle les Efpagnols ont remi5 la dé^ ciijon de leurs ïmérèis à l'arbitrage des Dépurés des Etats. Il a raifon. Car il a tout lieu de s'applaudir du fuccès de cet artifice. Quand les Es- pagnols en firent la propofition à Munfter , ils s'en excuferenr aux Mé- diateurs , alléguant pour raifon que c'étoit un moyen qu'ils avoient ima- giné pour détacher \qs Etats ou leurs Miniitres des intérêts de la France»

âe rVsfiphalie. Lh, VIL % j En effet quelques-uns des Députés commencèrent dès -lors à vouloir ^ '^^*

perfuader à leurs Collègues , qu'en qualité de Médiateurs ils ne devoienc pas déformais incliner plus d'un cô- té que de l'autre , contre ce qui efl porté dans les Traités d'alliance , & ils ont efïcdivement fi bien rempli ce prétendu devoir de leur média- tion , qu'au lieu de procurer les in- térêts de la France , comme ils y font obligés par les Traités , ils ont toujours favorifé {çis ennemis. Quant Qu'elle eft à la France . s'il olaît aux Etats d'au- P''^^^ ^^ ^^^

j '^ ^ .,j. . rapporter a

tonler des Commi!lan*es pour cet des Commif- effet , elle eil prête de leur déclarer î^" ^' auton-

c ' ^ _ . . fes par les

iincerement toutes les mtentions Provinces-U; par rapport à l'Efpagne, pourvu "^®^' 55 qu'après cela il plaife à leurs Sei- 55 gneuries d'envoyer déclarer net- i) tement aux ennemis que s'ils n'ac- » ceptent le Traité en la forme qu'il 55 aura été ici concerté , ils ne doi- 55 vent point efpérer de paix ni avec 55 la France , ni avec cet Etat, ce Ce que M. Brun impute aux Fran- çois d'avoir continuellement ajouté de nouvelles demandes à leurs pre- mières propoiitions , efl; entièrement Dvj

84 Hifteire du Traite

^""^"^^ contraire à la vérité , 6c ils font en \ i<J47- état de faire voir au contraire qu'ils 3^^ftJ^l fe font relâches fur plufieurs articles.

rien ajoute a ^ r , . .

ies premières La ' France dans cette négociation propofitions. ^.^^^ propofée trois objets que Mef- fieurs les Etats ne peuvent refufer d'approuver eux- mêmes. Le premier, que les chofes demeurent en l'état ou il a plu à Dieu de les mettre depuis la guerre, à moins quel'Efpagne n'aime mieux reftituer ce qu'elle a autrefois ufurpé fur la Couronne de France. Le fécond que les Alliés foient fa- tisfaits félon la raifon & Péquité , puifqu'on ne peut fans îiontê ahzr> donner les intérêts de ceux qu'on a engagés dans \qs périls Se dans les frais de la guerre. Le troifiéme, que la paix foit bien affurée , fans quoi il feroit inutile de la faire. Toutes les demandes de la France fe rap- portent à ces trois chQÙ. Et pour- Qu'eiTenefequoi ne fcroit-il pas permis au Roi ou? de ji^e àQ France d'exi^^er la fatisfaclion dans cette né- dcs Liegcois , (Sc du Ptince de Boz- gociation. ^^j^ ^ ^^^jl^ ^^^ j^ j^^. d'Efpagne

fait paroître tant de zélé pour le Duc de Mantouè ? C'e/l que l'in- tention des Minières Efpagnols n'eil

^ deWeJlphdte.Liv.VIL S 5 pas à beaucoup près aufîi droite qu'ils veulent le perfuader. Si au lieu de ^' * '^^' travailler à rompre l'alliance la République avec la France , ils voient voulu avancer les deux T rai- tés enfemble, il y along-tems que la paix léroit faite ; mais on a vu qu'ils n'ont paru rechercher la Fran- ce que lorfque les Députés des Etats étoient abfens , <Sc que dès que les Députés ont été en état de négo- cier , il n'a plus été queflion de trai- ter avec la France , quoique les Fran- çois n'ayént cçffé de s'en pîaicdre. M; Brun dans fa lettre même re- connoit que l'alliance delà Républi- que avec la France eft fi légitime ^^qu'ilneveut pas qu'on croyequ'il te ait eu la moindre penfée de la «c rompre. A quoi tendent donc tant «c de perfuafions d'exécuter ce qui a «c été concerté à Muniler , fans au- te cun égard à la condition qui y a <<: été mife , que la France fero;t fa- «c tisfaite en même -temps P « Lui p^^^^^^^J^' ^^, convient- il de trouver mauv^ais que Brun i.ii cou- la Fiance n'ait pas bien défendu les^'>'''"-"',. ,

. ' - T . Tii T r. 1 mieux quLi la

intérêts de la Mailon Palatine, que Fiance, fon maicre a voulu dépouiller , ni

o 6 Hifloîre du Traite

^^^^^^ceux de l'Eledeur de Brandebourg , ^'^* qu'il a voulu engager à prendre les armes contre la Suéde par l'elpéran- ce d'une afîiftance imaginaire ? Mais il fe trompe. Les Minillres de Bran- debourg reconnoilTent les bons offi- ces qu'ils ont reçus de la France , & l'Eledeur Palatin avoiiera bien- toc qu'après avoir été dépouillé de fes Etats par les armes d'Efpagne , il a été rétabli par celles de Fran- ce»

Enfin M. de Servien prie les Etats d'oblerver avec une lerieufe atten- tion , que depuis que les Efpagnols fe croyent d'accord avec leurs Sei- gneuries , (5c font favori fés par quel- ques-uns de leurs Minillres , ils fe font rendus fans comparaifon plus difficiles fur \ç.s conditions du Trai- té. Qu'ils font des diffiicultés fur des points déjà décidés. Que leur objet eft de former des conteflations fur toutes chofes à Munrter , afin d'avoir un prétexte de porter leurs plaintes à la Haye , comme li c'étoit la Fran- ce , & non pas eux-mêmes qui mif- fent ob/lacle à la paix. Que tout ce- la fe fait de concert avec quelques

de Weftphdle. Llv, VIL 87 Députés de ia République. Que le temps fe perdra en écritures , <Sc que x^vii le feul moyen de prévenir la divi- M.desér- fion - 6c de rendre inutiles tous les ^*^" ^^^^ ^''^■'

c y . , . , tance pour

artihces des ennemis , etoit que leurs obtenir des Seio;neuries imitant ce que la Fran-Ç-^^^^^^W^e

^ r - 1 ' \ o - 1 J 1 ti^claration

ce a fait a leur égard & a celui de la qui refferre Suéde, déclaralîènt nettement aux jf ^ "^'^^^ Efpagnols qu'ils euflént à fatisfaire la France , fans quoi elles continue- ront la guerre comme il efi: porté dans le Traité de 1 644. <Sc cette dé- marche une fois faite , on en verra incontinent l'effet par la conclufion de la paix tant défirée. Au refle , ajoute t'il , fi la France étoit conve- nue de tour avec l'Efpagne , fans avoir voulu attendre que le Traité de laRépublique fût également avan- cé : fi après cela on voyoit à la Cour de France des EmJljaires de l'Efpa- gue , y répandre des écrits & des ma- nifefles contre ati état favorifés Aqs principaux Minières , & ceux ci ap- puyer les prétentions de l'Efpagne contre les intérêts & au défavanta- ge delà République, leurs Seigneu- ries croiroient-elles que ce fût fatis- faire de notre part aux engagemens de Talliance ?

s 8 Hlfloire du Traité

Telle fut la réponfe de M. de

Les Tenti-i^ la préfentalui-mêmeàl'Aflèmblée

^^^^ ^^s E-des États elle fut lue, & oii elle

ugés. ^^"^'fit des imprefTions diiîerentes, fui-

vanr la différente difpofition des ef-

prits. Car il y avoit réellement de

la divifîon dans l'Etat , 6c on peut:

réduire cette diverfité à trois fenti-

Premierfer.-^-ngj^j différens. Le§ uns ne pouvant

riment. ^ r

ie perluader qu on put jamais avoir avec les Efpagnols une paix sûre oc durable , tandis que le voifinage leur donneroic la facilité d'attaquer la République , vouloient qu'on ne mît bas les armes qu'après les avoir entièrement chaiTés des Païs-bas , êc avoir exécuté réellement le Trai- té de 1635. ^^^ régloit le partage de ces Provinces entre la France & la République. C'étoit précifément ce que le Cardinal Mazarin fouhai- toit avec le plus d'ardeur , fans pour- tant ofer y infiiter trop ouvertement, dans la crainte de donner de la jalou- fie aux Etars , & pour ne pas effa- roucher les efprits par l'appréhenfion d'une longue guerre. C'étoit au ref^ depuis les nouvelles conquêtes de

de Wefiphalîe, Llv. VIL î^ ._„^ la France , l'affaire de deux campa- ^^^"^ gnes de plus ; & quelle gloire pour ^' ^ ^^'^' le Cardinal , quel accroiflement pour la France ! j'oie même dire de quel avantage l'exécution de ce projet n'eûc-il pas été depuis long-temps pour le bien <Sc le repos de l'Euro- pe ! la liberté de la République eût- elle été plus gênée du voifinage de la France Ton ancienne alliée , que de celui de TElbagne Ion ancienne ennemie , qui ne faifoic avec elle qu'une réconciliation forcée ? Flu- fieurs Villes des Provinces ap- puyoient ce fentiment & c'étoit aulTi celui du jeune Prince d'Orange Guil- laume IL devenu tout récemment par la mort de Ton frère le chef de ia maifon , mais à qui la paix alloic ravir les occafions d'acquérir de la gloire , & de conferver dans l'Etat cette grande autorité dont fes ancê- tres n'avoient été redevables qu'à la guerre. Le fécond parti étoit de ceux Second (&%. qui déliroient la paix pour finir une*^"^^"^' guerre qui épuifoit les finances de l'Etat s mais qui perfuadés que l'aU liance & la protedion de la France éroit le plus folide appui de la Ré-

Hîfloire du Traité

publique , vouloient qu'on demeurât

* 1047. inréparablement uni avec elle , 5; qu'on lui accordât la garantie qu'elle demandoit. Quelques - uns même portèrent le zélé fur ce point , juf- qu'à demander qu'on défavoliât, la conduite des Députés à Munfler , & qu'on approuvât autentiquement le refus que M. de Niderhoft avoic fait de figner les articles. De ce nom- bre écoi;^nt les Provinces de Gueldre

TroiiiémecSc d'Utrccht. Il y avoit enfin un fentinient. troifiéme parti beaucoup plus favo- rable à i'Éfpagne qu'à la France , dont le fentiment étoit que les Etats accepradent au plutôt les conditions avaijtageufes que I'Efpagne leur of- froit : que l'on fauvât , s'il étoit polîi- ble, les bienféances avec la France , mais que fi cette Couronne fe ren- doit trop diffici e , êc retardoit le Traité par des longueurs afTedées , on fiL la paix fans elle. Ceux qui dé- fendoiejit ce fentiment , alléguoient enrr'autres raifons , outre l'épuife- ment des Provinces , qu'il étoit im- portant d'interrompre par la paix dans la Maifon d'Orange cette fuc- ceiîion d'autorité qui l'avoit rendue

de Wejhhaîie. Ltv. FIL 91 jufqu'àlors fi puiflànte dans TEtar ,' &; qui par la conrinuation de la guer- ^^^7*

re rembloit devenir héréditaire. Les Etats de Hollande crurent même devoir par cette confidération diffé- rer l'inflallation du jeune Prince dans les charges de Ton père , alin de lui faire remarquer qu'il ne les tenoit que des Etats. On ajoutoit à ces raifons celle de la liberté du commerce devenu plus néceffaire que jamais pour remplacer les frais immenfes de la guerre , 6c que la fituation du Portugal rendroit beau- coup plus avantageux. Enfin on exaggeroit avec affedation les allar- mes perpétuelles ou feroit la Répu- blique;, lorfque les conquêtes de la France en auroient joint les frontiè- res à celles des Provinces-Unies.

Il fut pendant quelque- temps m- XXI^. certain lequel de ces trois fentimens^/^^^^jjj-^^'^^,^^ emporceroit les fuffrages unanimes prévaut dans des Etats. Dans le Confeil des Rois^^^J^^^^;^^^^^^ ces fortes de conteflations font bien- tôt terminées : dans un Etat confti- tué comme les Provinces-Unies , les délibérations font lentes (Se les déci- dons tardives. Il ne fut cependaryt

Ç2 Hlfloirc an Traité

pas difficile de prévoir d'afTez bon- An. i<^47-ne heure que les Etats Te détermi- neroient au troifiéme fentiment. Le parti étoit violent : il abrogeoit tous les Traités précédens , ^ fembioic violer tout à la fois les loix de l'équi- té (5c de la plus jufle reconnoilTance ; mais on le coloroit d'apparences fpé- cieufes. C'étoic le bien de l'Etat , le befoin preflant de la paix , la né- cefîîté des affaires , la fureté de la République. La PrinceiTe d'Orange foutenoit vivement ce parti , jafqu'à fe brouiller ouvertement avec fon jils , qui de fon côté écîatoic publi- quement contre elle. MM. Paw £< Knuyt, (Se avec eux la Province de Hollande 6c plufieurs dQS membres les plus accrédités dans l'Etat , ap- puyoient le même avis de tout leur pouvoir , & n'ofant encore le faire ouvertement pour ne pas irriter ceu^f qui étoient d'un fentiment contrai- re , ils y préparoient infenfiblemenc les efprits par d'adroites infinuations. Cet objet de politique 6c de négo- ciation occupa pendant plufieurs mois M. de Servien à la Haye, cet habile Miniftre n'oublia rien de

de Wéilphalie. Ih. Fil, 53 tout ce qu'il put imaginer de plus eificace pour prévenir le coup que*^^* i^47» la Cour de France appréhendoit.

Le Duc de Long;ueville <5c le ?-^^*

^, 1, » *^ . . , Le Comte

Comte dAvaux continuoient de.d'Av aux part leur côté à Munfter la négociation P^'^ Oiha* de la France avec l'Efpagne , par '^"^* l'entremife tantôt des Médiateurs , tantôt des Députés des Frovinccs- Unies , dont une partie étoic reilée dans cette Ville , tandis que l'autre étoit allée par ordre de leurs fupé- rieurs leur rendre compte de tout ce qui s'étoic pafle jufqu'alors. Mais bien- tôt AI. d' A vaux fut aufîi obli- gé d'aller à Ofnabrug pour y ména- ger l'accommodement à^s Suédois , de l'Eledeur de Brandebourg , des Alliés de la France , 6c des Catho- liques avec les Proteftans. De forte que les trois Plénipotentiaires Fran- çois demeurèrent ainfi féparés pen- dant quelque temps , ôc le Duc de XXXI. Longueville refta feul à Munfter. II L«ngu?viîif ne tarda pas à s'y trouver dans une de refté feui , re- çescirconflances délicates, le plus "^^^^^^"^ ^^' habile Miniflre a befoin de toute fa jet du r^lixl prudence pour ne pas faire de fauile^^^^j^ i^Ef"*^^ démarche. Les Députés des Etats gne. ^*'

94 Hlflolre du Traité

le preflbient extrêmement de leur N. 1047. remettre le projet entier du Traité Affwf 2 ^e la France avec l'Efpagne. Ce pro- Roiz4. janv.jQt étoic tout dreffé , & avoit été ^ ^■^' concerté par les trois Plénipoten*

tiaires avant leur réparation , pour être préfenté aux Efpagnols loriqu'il en feroit temps , 6c la chofe eût été déjà exécutée fans le différend furve- nu à Toccafion de la fjgnature des articles. Mais après un différend qui avoit fait tant d'éclat , étoit-il en- core à propos de fuivre ce premier delTein ? Le Duc de Longueville décida la queftion en prenant le par- ti de fatisfaire aux inftances des Dé- putés. Il confidera que s'il refufoit de le faire, il fembleroit juflifier les bruits que les Efpagnols & leurs par- tifans répandoient avec affedation , l^uc "7 Lon- que la France ne vouloit pas la paix , gueviiu à M. & il jugea qu'il étoit important de ts ZZ/àéC^^uier fur -tout les Provinces- fC47> Unies de cette fauffe opinion , qui

A M. de les détachoit infenfiblement des inté- Servien , 8. rêts dc la Frauce. Il eft vrai qu'il l^^'r.ic^j. pouvoir fembler étrange que la Fran- ce continuât à prendre pour arbitres de^ Miniftre§ qu'çUe accufoit de par^

de Weflphalle, Llv. VIL 9 % tîalité. Mais jufqu'alors les François avoient cru devoir difTimuler. Les ^ "^^^

plaintes n'avoient point encore écla- té, & ce ne fut que quelque- temps après que M. de Servien fe déter- mina à faire l'éclat qu'il fit à la Haye contre MM. Paw & Knuyt. Le Duc de Longueville prit d'ailleurs toutes les précautions pofTibles pour préve- nir l'abus que les Députés & les Ef- pagnols auroient pu faire de la con- noilTance qu'il leur donnoit des der- nières réfolutions de la France ; & il crut même remarquer que cette démonflration publique que la Fran- ce faifoit du défir qu'elle avoit de la paix , outre le bon effet qu'elle fai- ibit dans TAfTemblée , embaraffoit beaucoup M. Paw , à qui elle otoic le prétexte dont il fe prévaloit poui* favorifer les defleins des Efpagnols , tandis qu'elle donnoit lieu à ceux des Députés qui étoient favorables à la France de ranimer leur zélé ôc de réparer ce qu'ils avoienc fait à fon préjudice. XXXII.

Cependant malgré toutes ces con p^an^^^^dé- fidérations , la d. "marche du Duc de l'approuve la l^ongueviJlc fut déiapprouvée à la DucTe^LÎ^

^uç ville»

9^^ Hijlolre du Ty Ait'e

Cour de France. Il efc vrai qu'on An. 1^47. ^>ç^ç^ p^5 [^ blâmer ouvertement ^ encore moins la défavoiier, parce que c'eût été perdre le feul fruit qubn en pouvoit efpérer , & confir- mer les faux bruics que les ennemis répandoient. Le Cardinal , par mé- nagement pour ce Prince , ne lui en fit pas même de reproclies direds , &: fe contenta de lui faire entendre qu'il auroit mieux fait de fufpendre fa réfolution ; 6c la raifon qu'il allé- gua pour la défapprouver fut que cette marque de confiance de la parc de la France pour des Minlllres donc elle eonnoilToit la partialité, ôc dont elle avoit delTein de fe plaindre avec éclat , leur fournilToit un moyen na- turel de fe jullifier , & de faire croire à leurs fupérieurs que tout ce qu'ils avoient fait n'avoit point altéré la bonne intelligence entr'eux & les François , qu'elle feroit en même- temps regardée par les Efpagnols comme une foibleiïe de la France , 6c un effet de la crainte qu'elle avoit depuis la fignature des articles d'ê- tre abandonnée de (es Alliés, opi- nion qui rendroit l'Efpagne beau- coup

de WeJ^phalte. Lîv, FIL 97 coup plus difficile fur les points les plus edèntiel-s de la négociation. ^' ^-^^7^ M. de Servien fut du même avis , xxxîii.

r t -r I >^ Sentiniens

loïc par complailance pour le Car- des deux au dinal Mazarin, dont il fuivoit aveu-^^^s Piénipo-

, , 1 r r ' tenî.traiiç-ns

glement tous les lentimens , loitfur cett. d^ qu'étant naturellement avide de lamàrche. gloire Sa jaloux de celle d'autrui , il trouvât mauvais qu'on eût fait en fon abfence une démarche (1 importante. Quant au Comte d'Avaux , quoi- qu'il ait diflimulé fon fentiment , il ell vraifemblable que connoiiFanc comme il faifoit les difpofitions & le génie de Cardinal Mazarin , il fut bien - aile de n'avoir point eu de part à cette réfolution , &. que le Duc de LongueviUe fe fût chargé fèul de l'événement. Cependant les kttres de la Cour n'étoient pas fi équivoques, que ce Prince ne com- prit fort bien que fa démarche n'y étoit pas approuvée. Un Miniftre d'un rang ordinaire en eût été d'au- tant plus allarmé , qu'il étoit dan- gereux de déplaire au Cardinal en pareille matière. Jaloux du Ibccès de fa politique , il s'irritoit contre tout ce qui en dérangeoit les relTorts.* Tome K E

9 8 Hi(ïoire du Traite

y^"— ^ Mais le Prince que fa nailTance met-

1047* toit à l'abri des revers , loin de plier

fous l'autorité du premier Minillre ,

ne fentit point , ou ne voulut poinc

fentir la force des raifons qu'on lui

oppofoit , 6c s'obftina dans fon fen-

timent jufqu'à fatiguer la Cour de

Précaution f^s apologies. Commc la chofe étoit

de la Cour j^j^ faite , la Cour diiïîmula & fe

pour en pre- , . , .

venir les inau contenta , pouF prévenir les mcon- vais effets, yeniens qu'elle craignoit , de recom- mander aux Plénipotentiaires de Lettre du ^^^" ^^^^*^ entendre d'une part aux Card. Maiar, Etats, que ce n'étoit qu'en leur feu- ^Lonmcldu'^'^^ confidération qu'on avoit remis s. fcvriir * le projet du Traité entre les mains ^^^7» (le leurs Miniflres , malgré tous les

fujets qu'on avoit de défier de leur médiation ; & Taucre défaire paroi- tre aux Efpagnols ^^ plus de réfolu^ tion ôc de vigueur que jamais , 3> que nous fommes prêts, dit le 3> Cardinal Mazarin , de continuer 35 tous feuls la guerre dix ans du- 33 rant , s'il e/1 néceliaire , plutôt que 3> de rien lâcher de ce que nous 33 avions prétendu avec tant de juf- tice avant la fignature des arti- w des. 3> Comme ce projet de Trai-

^e Wejîpljalie, Liv, VII, 99 fut le fondement de toute la né- gociation de la France avec l'Efpa-'^^ gne , & qu'il eft d'ailleurs fait avec beaucoup de foin , 6c digne de fervir de modèle aux Négociateurs dans de pareilles circonflances, il femble que je devrois le rapporter ici. Mais il eniiuyeroit infailliblement la plu- part des ledeurs par fa longueur , d'autant plus que ce n'ell qu'une ex- pofition plus étendue de l'écrit à^s François que j'ai rapporté plus haut. On en trouvera un extrait à la fin de cet Ouvrage , ck je ne rapporterai ici que l'article qui regardoit la Lor- raine. La Cour de France prévoyant que ce point feroit toujours un ob- fîacle infurmontable à la paix , & fourniroit aux Efpagnols un prétexte plaufible pour la refufer , propofa par un article particulier un accom- modement qu'elle jugea affez équi- table dans la fituation étoient les chofes , pour être accepté par les Ef- pagnols , & les mettre à couvert du reproche d'avoir abandonné ce Prin- ce. Le voici.

Encore que le Duc Charles ce de Lorraine ait toujours employé ce

Eij

XXXV.

Article du '^ projet de :>;, Traite con- cernant la ^^ l^orraine, >,

ïo® Hljïoîre du 7raUé >3 fa perfonne & fes troupes pendant :>5 cerce guerre dans le parti contrai- re au Koi très Chrétien , qu'il ait contrevenu à tous les Traités qui ont été faits avec lui par le feu Roi Louis XIII. de glorieufe mé- moire , qu'en vertu defdits Trai- tés , (Se notamment de celui fait à Paris en 1644. ratifié par ledit Sieur Due de Lorraine à Bar- le- Duc, tous les Etats que ledit Sieur Duc a ci - devant poflédés foient juftemenc acquis à la Cou- ronne de France, non- feulement ceux qui relèvent & dépendent de ladite Couronne , ou des trois Evêchés de Metz , Toul ôc Ver- dun , mais encore ceux de l'an- cienne Duché de Lorraine, néan- moins ledit Seigneur Roi très- Chrétien voulant ufer de modé- ration dans la profpérité dont il a plû à Dieu de bénir Ï^qs armes ^ a3'ant égard à la fidélité & aux fervices de quelques Princes de cette Maifon , & défirant de voir la paix dans la chrétienté telle»- ment établie , qu'elle ne puilfe être troublée ci-après : Sa Majeilé d^-

de Wejtphaliè. Ltv, Vîî. i 6 i elare que pourvu que le Sieur « Ehic Charles défarme entière- «:c ^* ^ "^^ mène, 6c qu'il établifTe foh fé- <;c jour en Italie , ou en d'autres lieux ce dont on pourra convenir , elle lui «c donnera un entretenement de cent <c mille écu5 par an , enfemble qua- «c jante mille écus par an auffi au «c Duc François , (Se autres quarante <c mille écus que l'on continuera à c* payer par chacun an à Madame ^c îa Duchefle de Lorraine qui efl ce en France ; 5c dans dix ans à ^c compter du jour 6c date du pré- <c fent Traité , ledit Seigneur Roi «c très-Chrétien fera remettre entre «c les mains de^ Princes qui- ont droit « enfafuccefnonjCequieftdel'an- « cienne Duché 6c Souveraineté de «c Lorra-ine , les Places démolies : <c en quoi ne s'entend pas être com- «< pris ce qui eft mouvant de laFran- «: ce , 6c ce qui dépend des trois «^ Evêché? de Metz , Toul 6c Ver- «: dun , lefquelles ciiofes demeure ♦c ront unies 6: incorporées à laCou- <c ronne de France ; ou bien ledit ^ Seigneur Roi très-Chrétien leur «< donnera un Etat 6c Souveraineté « E iij

10-2 Hlflolre dit Traité

35 d'égale valeur à i'arxienne Duché An. ic^47e ^^ j^ Lorraine, 6c le choix de ces|î: 35 deux partis dépendra purement 35 de Sa Majefté ; le tout moyen- |b 35 nant que ledit Sieur Duc & ceux| \ 33 qui ont droit en fa fuccelTion , Ce 30 conduifent en forte qu'ils ne Ce D3 rendent pas indignes de cette 35 grâce. 53

35 Que 11 ledit Sieur Duc refufe

3> une offre Ç\ avantageufe , ledit Sei-

35 gneur Roi Catholique promettra

33 non-feulement de ne donner au-

33 cune retraire y fecours ou affiftan-

» ce dire^le ou indirede audit Sieur

Duc , fous quelque prétexte ou

33 occafion que ce foit , mais il fera

encore permis audit Seigneur Roi

33 très-Chrétien de pourfuivre ledit

D3 Sieur Duc partout il fe retf-

35 rera , encore que ce fût fur les ter-

35 res de l'obéiïTance dudit Seigneur

33 Roi Catholique , pour contrain-

33 dre ledit Sieur Duc à mettre les

35 armes ba^ ; à TefTet de quoi fera

35 obligé ledit Seigneur Roi Ca:ho-

>:> lique de joindre fes forces, s'il effc

35 befoin , & courre fus audit Sieur

35 Duc jufqu'à ce qu'il ait entiere-

33 ment défarmé. >:>

de Wejîf halle, lÂv. VU. 1 ô^

Cette démarche du Duc de Lon- —'***''*** gueville produific l'effet qu'il avoit^^* ^^^^' prévu. Les Députés des Etats du- "^Le^^oj'et ne part, 6c les Efpagnols de l'autre préfenté par iiavoient demandé avec tant d'inf- £^;^^^y^^"fig® tance aux François le projet de leur emblrafTe les Traité, que dans l'opinion ilsE^P^g"^^-

, . ' Isj , 1 ^ Lettre du Duc

etoient qu fis ne le donneroient pas. d^ longueviu Par-là les premiers prétendoient juf- ^^ * ^5' ^^^''« tifier leur fip-nature , & faire voir à ' ^"^^ ,. ,

, r^ . ^ ,-,' . , Et 4, Muré»

leurs Provinces qiiils avoient eu rai- fon de ne la pas lurfeoir , parce que s'ils avoient eu la complaifance d'at- tendre ]es François , la paix n'eue jamais été faite. Les autres vouloienc fe prévaloir du refus des François , pour confirmer de plus en plus les bruits qu'ils répandoient que la Fran- ce ne vouloit pas la paix , 6c enga- ger les Etats k traiter fans elle ; de forte que les uns Se les autres furent également furpris & embarrafles lorfqu'on leur remit entre les mains le projet de la France. Il fallut re- courir aux expédieiis. Les Efpa- gnols publièrent qu'ils étoient prcts de répondre aux propofitions de la France ; mais qu'il en falloit retran- cher celle qui regardoic le Portugal ,

1 04 Hljloire^ du Traité

parce qu'on avoic promis de n'en

Ak. *<^47- pQJnt parler. Il étoit vrai en effet j que les François étoienc convenus ! qu'il n'y eût point dans le Traité d'article exprès ou le Roi de Portu- gal far nommément compris ; mais outre qu'ils n'y avoient conlenti que dans la fuppofition que lesEfpagnols iatisferoicnt la France fur toutes Tes autres demandes , ils avoient tou- jours déclaré que li ce Prince n'é- toit pas compris nommément dans le Traité , leur intention étok de le comprendre fous le nom général aga- mis , éc de fe réferver ainli la liberté qu'ils vouloient avoir de TafTifter , fi le Roi d'Efpagne lui refufoit une trêve. On étoit d'ailleurs convenu qu'on ne laiiïeroit pas de faire tou- jours mention de cet article dans le cours de la négociation , comme les Efpagnols de leur côté faifoient tou- jours mention du Duc de Lorraine , afin de fauver une efpéce de bien- féance, & de ne pas laifTer croire à ces Princes qu'on les abandonnoit entièrement. Ce fut la réponfe que- le Duc de Longueville fit à M. Paw lorfqu'il lui fit cette difficulté de la.

de VVeflphalie. Lîv, FIL i o 5 part des Efpagnois , 6c il ajoura que pourvu qu'on accordât au Roi de ^* ^ "^^^ France la liberté d'afUfler le Portu- gal , cet article feroit bien tôt réglé. Mais cette réponfe ne (atisfit pas le Gomte de Pegnarania. Il protefla qu'il n'avoir jamais traité que fur l'alFurance que les HoUandois lui avoient donnée qu'il ne feroit point parlé du Portugal , qu'il en a vois ainfi écrit à Madrid , que ce n'étois que fur ce fondement qu'il avoit faie efpéî'er la cefîion de tant de conquê- tes, avec une fi longue trêve pour la Catalogne , 6c quil y allcit de ft tête d'écouter une pareille propoil^ tion,- ^ . ^ .

Tout ce grand bruit, comme M. lisprlfen- le Duc de Longuevilie fit remar- tent un pro- quer aux Députés, n'éroit qu'un ar-^^^ àiS^^er^^- tifice fondé fur une mauvailë chi- eanne , pour éloigner la conclufion du Traité. L'article du Portugal n'é^ toit que le quarante unième dans le projet , 6c fi 'es Efpagnois vouloient traiter de bonne foi , il ne tenoit qu'à eux de donner leur réponfe fur les quarante premiers articles Ce Prince fe perfuada encore qu'un des

Ev

io6 Hifîoire an Traite motifs des Efpagnols 6c de M. Paw Ai.. 1047. Jo,-|s cette contellation étoit de ren- dre les François odieux dans les Pro- vinces-Unies, où la jaloufie du com- merce 6c les démêlés du Brefil en- tretenoient une haine (écréte contre les Portugais. Cependant comme le refus des Efpagnols eût été mal in- terprété , le Comte de Pegnaranda crut devoir repondre aux François. Mais s'il avoit entrepris de le flu're article par article , dans le defléin il étoit de Te ménager des faux- fuyans pour retarder le Traité félon les conjondures , il eu: fallu fe jet- ter dans un labyrinihe de chicannes , dont les François fe feroient prévalus pour accufer l'Ffpagne de ne vouloir pas la paix. Ainfi il aima m'eux corn- pofer lui - même un autre modèle de Traité plus conforme à fes deiléins , 6c il le fit à ion tour préfenter aux François.

11 faut remarquer que quoique tous les Traités précédens entre la France 6c l'Ffpagne euflènt été dref- fés en François , & ainfi publiés par les Efpagnols mêmes , ils afiederent de propofer celui - ci en Efpagnol.

de Weftphalie, Liv, y II, 107 Les François dédaignèrent d'inci- denter fur cette innovation , ôc con- ^^' ^^^7* fentirent que de part <5c d'autre chacun écrivit le Traité dans fa lan- gue. Il n'en fut pas ainfi de la fubf- , ^'"''^/j^f-

O ^ , fl, . , , , , Le Dnc de Lan"

tance même du Traite ou du mode- gucviik , a m, le propofé nar les Efpag-nols.Le Duc 'r^ ^^''"''f' i-

J T -n ' T-k' Mars. 1641.

de Longueville repreienta aux De- xxxviii, pûtes qui le lui avoient apporté , que Réponfe da cet écrit n'étoit propre qu'à retarder ^""^-itfe^^aJ la paix , & à impofer aux peuples : projet des cir- que tout y étoit obfcur , 6c conçu en P-^ê^ois. termes généraux qui n'expliquoient rien. Que les articles du commerce , de la cefîlon des conquêtes à la Fran- ce , (Se de la trêve de la Catalogne ëtoient fuffifans. Qu'on n'y fai- foit point une mention expreiïè de Piombino & de Portolongone , & qu'à la vérité il en concluoit que l'intention des Efpagnols étoit d'a- bandonner à la France ces deux Pla- ces , puifqu'ils ne les rederaandoicnt pas ; mais que la chofe méritôit bien d'être fpéciHée plus exprefiément ; & qu'au refte ilies prioit de rendre aux Efpagnols leur projet comme une pièce informe dont il ne vouloit pas iecharger^enleurdéclarantdepius, £ vj

ïo8 Nijloire du Traite

que fi dans dix jours ils ne chan- ^^'^7'geoientdelangage(Scdeconduite,les François fe tiendroient quittes de tou- tes leurs paroles. Les Députés avouè- rent qu'ils ne pouvoient pas approu» ver récrit des Efpagnols, Cependant ils preflerent le Duc de Long.ueville de le garder pour ne pas donner occafion à de nouveaux recardemens, &: de mettre en marge de chaque article ce qu'il y trouveroit à redire , . afin que les Efpagnols en faifant au- tant de leur côté fur le projet des François , on pût par la confronta- tion fçavoir préciicment ce que l'un des deux partis contefloit à l'autre. Le Duc de Longuevilley confentit à deux, conditions ; la première , que les Efpagnols répondroient au projet de la rnince ; la féconde , qu'ils céderoient nommément Piom- bino 5c.Portolongone. Il prit encore occafion d'infifter fur l'article du Portugal , comme une condition dont la France ne fe défifleroit ja- l.tîrc a^ jYiais , &; de répeter aux Députés ce \^i,xzz, "k;' cju'J' i^'^î" ^voit déjà fait entendre *647« pluGeurs foij, que fi d'une part les

Efpagnols iailloicnt. ouvrir la cam-

de Wefiphnlle. Llv. VIL 1 09 pagne , & que de l'autre côté les ' - ^ Etats refulaiTenc la garantie qu'on ^^* ^^'^^' leur demandoit , la France ne s'en Mémoire tiendroic plus à Tes premières pr^-p/^-^fo^ ^'"^ polirions , &: fe croiroic obligée pour Février, * fureté'de s'unir, par un Traité for- . .

1 1 1 -r» loi Kcponjc au

mel avec le Koi de Forrugal , ôc Mémoire du- demander pour lui & pour la Cata--^/'» 2^.F<v^- logne , non plus une iimple trêve , mais u ne ceflion irrévocable par un Traité de paix.

Les Efpagnoîs étoienc en effet "^Lô?!?!» affez difpofés à fatisfaire la Francegnois éioC fur tour ce qu'elle demandoit. LesS,^^;"^ ^^,^°"^

, ^ ... . ^ . clulion du-

grandes pertes quils avoient taitesTraité, fuccefTivement depuis le commen- cement cke la guerre ,. l'épuifement étoit. le Royaume d'hommes &c d'argent , la crainte de perdre incef- fa^mment ce qui leur refloit dans les Pais- bas fembloient les mettre dans la nécefîité d'acheter au plutôt la paix à quelque prix que ce fût. On en a voit à la Cour de France des avis certains. C'étoit aufîi le fenti- ment du Comte de Trautmansdorff, qui ne prenoir pas m.ême la peine , de le difiimuler. Mais il paroit qu'ils- oe vx>uloient recourir ànn remédè

I r o Hiflolre du Traire fi amer qu'à l'extrémiré . & lorfqu'iî ■* ^^* ne leur refteroit plus d'elpérance de délunir leurs ennemis ; & comme ils fe fi.ittoient alors plus que jamais de rélillir dans ce projet , fécondés de ceux des Députés de la Répu- blique qu'ils avoient içû metcre dans leurs intérêts , ils éludoient les inf- c.inces qu'on leur faiibit d'accélérer b Traité , & fomioient mille diffi- cultés affectées pour gagner du tems &: laifer les Provinces-Unies -, en rejértant fur les François le blâme du retardement. C'étoit-là le même pian de politique que l'Efpagne avoic toujours fuivi avec une confiance admirable depuis le commencement de fa négociation ; mais la France fe trouvoit obligée de changer quel- que choie au f len , pour s'accommo- der aux circon (lances. XL. Jufau'alors le Cardinal Mazarin

Les irrançois r* ^ .. , . , ,

cijf.rcnt ia luppolant , commcil etoir naturel de peu:. le penfer , que les Provinces-Unies

toujours fidèles aux Traités, demeu- reroient conflamment attachées à la France, avoit eu moins d'empref^ ■icment pour la paix qu'il n'en avoit fait paroître. Son grand objet étoic

de Weflphdte. Llv. VIL 1 1 r ^^^^^ d'exécuter le proie: du parta2;e des """'"'""T— rais- bas , tel qu il avoit ete règle en ^^

1635. ^ comme ce ne pouvoit être l'ouvrage que de pluiieurs campa- gnes , il avoit vu fans regret la paix retardée par la politique àQs Efpa- gnols , qui travailloient de leur côté beaucoup moins à la paix , qu'à dé- tacher les Provinces- Unies du partf de la France. Depuis la fignature des articles les circonflances n'é- toient plus les mêmes. La Cour de France allarmée du danger qui la menaçoit de fe voir abandonnée , ju^ gea que l'intérêt le plus preflant pour elle étoit de rappeller à Tes engage- mens un Allié puiïTant qui fembloic lui échapper , & de raffermir les nœuds des anciennes alliances. C'é- toit dans cette vue qu'elle (bllicitoit un nouveau Traité de garantie , qu'elle voulort que la République fufpendît la conclufion de fon ac- commodement avec l'Efpagne , 6c que les Provinces-Unies pour f<r- cer les Efpagnols à farisfaire auffi la France , continuafTent la guerre dans les Païs bas. Si elle rciifTiflbit dans •ce defïèin , tout rentroit comme de

^^_^^ î- i- Hlftoîre (Ih Trniu . ^— foi -même dans le premier arrange- ment , oc il ne s agiiloïc que de luivre le pian déjà tracé. Mais fi M. de Servien n'étoic point écouté à la Haye , & que les zélateurs de la paix ou les- partifans de l'Efpagne prévaluilent dans les Etats , il n'y avoic que deux partis à prendre , ou de conclure inceiTamment la paix conjointem.ent avec la République,. en profitant de ce qui'reftoit encore dans les Provinces Unies d'attache- ment à la France , pour obtenir des Efpagnols les meilleures conditions qu'il îeroit poiïîble , ou de le rélbu- dreà continuer^toute feule la gaierre. La France pré voyoit en effet qu'elle pourroic fe trouver réduite à pren- dre ce dernier parti , foit par la dé- fection r-otalede la République, iS\i par le réfiilance que les- Efpagnols feroient à fes demandes ; 6c pour être plus en état de le foueenir ^ elle commença à prciTer la conclufion du Traité de l'Empire, qui devoir lui rendre la moitié de {ç:% forces pout les tourner comre l'ETpagne , fi elle ëroit obligée-de con:inuer la guerre; ^lais elle ne -poiivoic fe diiTimuIer à

de Wt(if halte, Ltv. FIf, i t J elle-même combien il lui leroit plus avantageiix de coiïferver l'alliance ^* ^ '^'^'^ des Provinces-Unies ; & comme elle ne pouvoir y rélifTir qu'en faifant la paix comme elles , elle commença à . la défirer & à la foUiciter plus vive- ment & peur -erre plus fmcéremenc qu'elle n'avoit fait jufqu'alors , en- traînée par la détermination de la République. C'eiî: ainfi qu'un état beaucoupmoins conlldérabie en lui- même , heureufement placé entre deux grandes Puiiiances rivales, peuc en certaines circonflances leur don- ner le mouvement & prefque la loi qu'il devroit recevoir d'elles.

Or de ce plan de politique il efî XLî. aifé de juger quel tour la négocia- ^j.J^^^^'^j^'^* tion dut prendre alors , comme elle François & le prit en effet. Ce fut de la part de ^^'^'^i'^snols la France de retenir les Provinces- Unies dans l'alliance , de retarder conclufion de leur Traité, pour avoir le temps de s'accommoder aufH con- jointement avec elles , de les enga- ger à continuer la guerre du moins encore une campagne , de preffer le Traité de l'Empire pour ne pas laif- fer de ce cocé-là aux. Efpagnols l'ef^

1 1 4 Hiflolre du Traite pérance de Iburenir plus heureafe-

AN. 1647, 1 t T?

^^ ment la guerre contre la rrance. C'étoic au contraire de la part de rEfpagne d'engager, s'il étoit pofil- ^ ble , la République à confommer la défedion , Se cependant d'éluder la conclufion de la paix avec la Fran- ce ,. dans t'efpérance de la faire dans la fuite à de meilleures conditions. Les Efpagnols ne lailToient pas d'ap- préhender qu'il ne reftàt encore aux François aiîez de forces pour leur porter des coups funeues , fur tout lorfque la paix de l'Empire , qui étoit à la veille d'être conclue , les auroit délivrés de ce coté d'une diverfion qui occupoit une grande partie de leurs troupes ; mais outre que dans ce cas même ils efpé- roient tirer fecrétement de grands fecours d'Allemagne , malgré toutes les précautions que l'on pourroic prendre , ils fe flattoient toûiours , & maiheureufement pour la France leurs efpérances n'étoient pas vai- nes , que la continuation de la guer- re occafionneroit des troubles dans le Royaume. Du moins la France réduite à fes feules forces , ne pouvoic

^i? tVcftphalle. Llv. VIL i î 5 guère efpérer d'autres fuccés que^^^'^'^^ de conferver tout ce qu'elle avoit ^'' ^ '^'^' conquis , d'où l'Efpagne concluoit qu'elle ne perdroit rien à différer la paix, &: qu'elle pouvoit au contraire y gagner beaucoup.

Les Provinces- Unies étoienc en- XLîî. core incertaines du parti auquel TE- 4es"^Ffov'l^ tat fe détermineroit. Les unes vou- ces-Umcs par loient demeurer attachées à la Fran- pj:^°l^ ^ '* ce , au hazard de continuer encore la guerre pendant quelques années. Oétoit le parti le plus foible. Les autres ne le vouloient qu'avec la con- dition d'une paix prochaine , rélb- lucs de renoncer à l'alliance plutôt qu'à la paix. Ce parti devenoit le plus fort , & c'étoit celui dont M. de Servien s'efforçoit de rallentir les mouvemens pour les ajuller aux àt{- feiu de la France. M. de Longue- vilie à Munfler continuoit aufîi de fon côté à négocier par l'entremife des Députés ; mais on comprend ai- fément qu'une négociation de part & d'autre on ne mettoit que de la lenteur , ne dut pas être fertile en incidents. M. Pavv continuant de fai- re lofiice de Médiateur entre la

î i6 Htfloire du Traite ^ France (Se l'Erpagne , apporta m ■N.^ I 47, j^^^^ ^^ Longucville un nouvel écrie Dnclk Lon-^^^ Efpagnols, C'était une efpéGe gucviiu à M. ci@ réponlè au projet de Traité que Miirsic^j. ce rnnce leur avoit fait commun}- C|Uer. Ils accordoknt quelques arrf- cles^ ils comeitoienr fur les autres ,- & ce qu'il y avoit de plus remarqua- ble y c'eil qu'ils n'y faifoient poiut en- eore mention des Places de Tofca- ne y quoiqu'on leur eût prefcrit nom- mément cet article comme une con- dition néceilaire pour entrer en né- gociation. Le Duc de Longueville îie fut pas f?iché de trouvei" cette occafion de fortir d'un embarras oii il étoit. On lui avoit mandé de la Cour de France , qu'on vouloit ôter XLîil. la médiation non pas aux Etats , par-

L^Luei^u/ ^^ ^i^^ ^^^^^ ^^^ achever de les alié- éiudS l'entre- ncr , mais à quelques-uns des Dépu-

?avv/^ ^^'^^^"^ ^^'^ ^"" ^^ pouvoit plus fe fier avec honneur , ni- avec sûreté. M.- Paw étok fans doute de ce nombre ; maiis comme il étoit alors fëul à Munfter , Pexcli^re de la médiation^ c'eût été l'oter aux Etats mêmes. Les défauts qui fe trouvèrent dans l'écrit des Efpagnois y fournirent au^

de Weftphalle^ Liv, P^II. \ 1 7 Duc de Longueville le moyen de liitisfaire la Cour Tans fe commettre. ^* ^^'^^' Il alla voiî M. Paw , 6c après lui avoir reprélenté tout ce qu'il y avoic de défeâeux dans l'ccric des Efpa- gnols^ eu ils lefufoienc aux Fran- çois Piombino 6c Portolongone , comme s'il devoir y avair quelque différence entre ces deux Places (Se toutes les autres conquêtes , & ils ne faifoient aucune mention du Portugal , il lui déclara que puifque les Efpagnols rendoient par leurs re- fus toutes les négociations inutiles , il lui rapportoit tous leurs écrits , <5c le prioit de lui faire rendre tous les liens. M. Paw furpri^ d'une déclara- tion qu'il n'attendoit pas , éc dont il pénétra peut - être le motif fecret , déploya toute fon éloquence pour perfuader au Duc de Longueville de changer de réfolution. 11 deman- da du temps , 6c ne pouvant rien obtenir , il fut obligé de promettre qu'il parleroit aux Efpagnols. Ceux- ci le renvoyèrent le lendemain faire une nouvelle teiitative qui fut aufîî iRUtile que la première. Le Duc de JLonguevilie s'affermi fiant epcore

I 1 8 infloire du Traité

^^'^^^'"^"^ plui dans (a réfolution , prétendit

^^' * 47* que puifque les Efpagnols refufoienc

Lettre de M. toutcs les volcs d'accommodement ,

^^onëucviuc ^ laiiToient approcher la faifon de

a M. de Bncn- i t i i-

ne, 23. Maz-iCommencer la campagne, la rrance ^^7* fe tenoic quitte de tous i'es engage-

mens.

Cette conduite emb^rrafîà les Ef- pagnols. Leur politique ctoit de traîner la négociation en longueur , Se non pas de la rompre. Ils eurent recours aux Médiateurs qui vinrent à leur tour repréfenrer au Duc de Longueville que Con procédé avoit tout l'air d'une rupture. Ce n'efl pas mon intention , leur dit il ; mais ju-

fez vous-mêmes s'il ell jufle que la 'rance fafïé toutes les avances , Sz demeure toujours engagée , tandis que les Efpagnols après autant de délais qu'il leur plaira d'aflTeder , en feront quittes au pis aller pour ac- corder ce qu'on leur demande. M. Pav/ revint à la charge , & il fut en- core bien-tot fuivi des Médiateurs, Tout aboutit à des promeiïes vagues iur l'article des Places de Tofcane , & il ne tut rien arrêté fur celui du Portugal,

de IVeflphaUe. Liv, VII, i 19 Les François dévoient fans doute prévoir que ce dernier article for- ^^47*

meroit toujours un grand obftacle à Expédient la paix, 6c après qu'on a vu dans lepfopofé par commencement de cette hifloire la Poru74L ^** difpofition 011 étoit la France de l'a- bandonner ,on efl: étonné de la voir dans la fuite s'y attacher fi opiniâ- trement , <Sc lors même que les Ef- pagnols lui accordoient beaucoup plus qu'elle n'avoir d'abord efpéré. Mais le Cardinal Mazarin en avoir fait la proportion dans des conjonc- tures qui lui avoient paru avanta- geufes , Ôc il fembla dans toute la fuite de cette négociation avoir pour maxime de ne jamais fe défifter de ce (lu'il avoit une fois demandé. C etoit dans les mauvais fucccs pour ne point montrer de foibleiîè. Les raifons ne lui coutoient rien. Cepen- dant les Plénipotentiaires François avoient imaginé que pour, faciliter la chofe , on pourroit avoir recours à l'expédient du Préfident Jeannin. Ce célèbre Négociateur faifoit en^^f^f^f 1609. rOfîice de Médiateur d.vec Roi, n^, Mars les AmbalTàdeurs d'Angleterre, pour ^^"^^^ k Traité de trêve que les Provinces-

T20 Htjîolr-c du Traite

Unies conclurcnc avec l'Efpagne ; " ■^'^*^' voyant que toute la négociation ai- loit échouer par l'impoiîlbilité d'ex- primer certains articles au gré des deux parties intérelTées , il leur pro- poia , (Se la choie fut ainli exécutée , que les Ambaliadeurs de France <Sc d'Angleterre leur donnaient , en qualité de iMédiateurs, un écrit figné d'eux , ou il fût déclaré qu'on étoit convenu de parc & d'autre de telle 6c telle chofe , quoique pour certai- nes confidérations on ne les eût pas exprimées dans le Traité. On pou- voit faire la même choie pour le Portugal , fupprinier enrieremenc l'article qui en faifoit mention ex- prelTe & direde ; <Sc comme il étoit dit dans le trolGéme article du pro- jet , que les deux Rois auroient la liberté d'ailiiler leurs allies & leurs Arnls , qui feroienc attaqués par quel- que Puillance que ce fût, fans que cette affidance pût être regardée comme une rupture entre les deux Couronnes , les Médiateurs 6c les Interpofiteurs pou voient déclarer dans un écrit à part , que dans cet article , fous le nom à'Jlmîs ^ à' AU

llSS y

de PVeJIpkîlle. Liv. VIL 1 1 r iîc's, on avoir eu intention de part*?^ Se d'autre de comprendre le Koi ds ^n. 1(^47 Portugal , quoiqu'on n'eût pas jugé à propos de le nommer, f Les Aie- diaceurs approuvèrent cet expé- dient ; les Efpagnols ne parurent pas le goûter ; ils prétendirent que ne pas exiger de la France (ju'elle s'o- bligeât par un article exprès à ne pas a/îifler le Koi de Portugal, c'é- toit aiîez lui laifFer la liberté 'de le faire, d'autant plus , difoient - ils , que i'Efpagne n'ignoroir pas que.c'^é- toit en effet le defiein de la Fran- ce. Ils ajoutoient une fecorde rai- ion qui étoit encore moins folide c'étoit que le Roi d'Efpagne sofL froit de s'engager folennellemcnt à faire la guerre au Turc , 6< de four- nir même pour cette guerre le dou- ble des fecours que la France don-

^ Jt^"" v"^^^-^'^^ r°" '^^J'''^ ^^'^ ^^«Ç^^ë en ces ter. mes Noi injjfinttfaciamo plena fcde comc net arucolo tcr^.o del tnj^runtento di pad fichiUto frà

f! ^r'^fr •/ D If"'' ^'^^7. ancor che non vi

fia efprejro d Portngallo , tuitavia fi ê inteCo dalc parti di conpnrdtrlo nello , corne fc vl fofjh no. miaato. In fcd, dl cio hahUamo fatto farc Ta p-ejen^c fi:ruua-n chcjar. finna, di nofi man, cjjduua cou nofin fi^dli. In Mtmficr a di

7 orne K, F

111 Hijloire du Traité

neroît. Ce n'écoic , félon la Cour

47- de France , qu'une pure forfanterie,

6c elle écoir perfuadée que du nio-

Mémoire du ment que la paix donneroit aux tf-

Roi, 2^. Avril 1 1 ri^ ' j <• i r

x6^S. pagnols la liberté de luivre leur rei-

fenciment , // n'y auroit rien de flus Turc pour eux cjue le Roi de Portugal^ Ainfj voyant que TEfpagne s'obfti* noit à refufer des tempéramens rai- fonnables , elle continua de (on côté à demander non feulement l'expli- cation que je viens de dire , mais une trêve du moins d'une année. XLV. Le Cardinal Mazar'n ne pouvoic

Le Duc de pardonner à M. Paw d'avoir fi bien

yompr'^tout ^^'"^^ l^S Efpagnols. Comme ce Mi- commerce a- niftre continuoic à employer dans vcc i, avv. 1^^ affaires de la France une entre- mife dangereufe &. fufpede, malgré les plaintes que M. de Servien avoic publiquement portées contre lui aux Mémoire du ^I2its Généraux, il voulu: fedéli- lonzue^Uef^^^^^ unc bonne fois de l'inquiétude sf,Marsi647' qu'il avoic de ce côté , & il fut ordonné à M, de Longueviiie de rompre déformais tout commerce avec M. Paw. Ce n'étoir pas le fen- timent de ce Prince , qui croyoit au contraire qu'en le ménageant avec

de IVeJlphalie, Llv. VIL 123 adreHè <5c avec précaution , on pour- «^ roic l'engager à réparer le mauvais ^^'* ^^47* lérvice qu'il avoir rendu à la France. Mais il ne voulue pas même contef- rer , & dès le lendemain qu'il eut reçu cet ordre , ayant trouvé Toc- cafion de Texécuter , il le fit fans ménagement. M. Pavv , foit par po- ^tlt^t litique , foit qu'il ne pût fe dilfimuler vïiU au fvié- à lui-même la juftice de ce procédé , "^''^7'^" ^^^ »

I , r . ' I, Avril lo^-j.

n en ht éclater aucun reiientiment ; il n'en (uivit pas moins le plan qu il s'étoit formé.

Les Efpagnols de concert avec xlvî. lui & fécondés de Philippe le Roi , Arbitrage of- continuoient avec lucces a entre- paria France tenir les Etats dans l'opinion que ^ l'Espagne, tous les obflacles à la paix venoient de la France, <5c pour mieux les per- fuader , offroient pubhquement de Mémoire du s*en rapporter à leur arbitrage ÇnïRoi,6,Avr'd tous les articles du Traité , excepté ^^"^ * quelques-uns. C'étoit offrir de céder ce qu'ils étoient déjà réfolus d'aban- donner , 6< vouloir retenir ce cju'ils ne vouloient pas céder. Un arbitra- ge ainfi limité ne pouvoit leur faire rien perdre , & pouvoit peut - être leur être favorable fur quelques

Fij

124 UijJolre dn Traite poi nts ; de forte que c'étoit réellemenr, - ^* J047, j-Q^j. epi-)en^J5 qu'ils éroienE de la Ké- publique , vouloir employer fon au- torité à améliorer leur condition aux dépens des François des Alliés & Tes bienfaiteurs. Les François répon- dirent par une pareille propofition , &i Aï. de Servien fut chari2;é de fai- re fçavoii a toutes les Provinces que 3a France étoif prête de remettre au jugement des Etats tous les arti- cles du Traité , c:\xepte ceux des conquêtes , de la Catalogne , des Places de Tofcane , pc de la liberté d'afîîfter le Roi de Portugal. Les François trouvoient mém^e dans cet- te déférence d'autant plus de méri- te , qu'ils fe croyojent alors dans une fituation plus avantageufe par l'ef- pérance qu'ils avoienc de faire bien- tôt de nouvelles conquêtes. ' T^^^î^* , Ei^ ^^^^ ^^ Cardinal Mazarin

Le Carainal a ' j v 1 r - ^ r

Mazarin en-tpujours ardent a la pouriuite de ïqs treprend de deiTeifis , voyant que les Provinces-

pouiTer vive- r 7 r r

înentiaguer- *-^r^ïes ne tauoient aucuns prépara- is, tifs pour la campagne, ô< n'efpérant pas les y engager , loin de fe décou- rager, crut qu'il filloit au contraire redoubler 'î^s eftprc? , pour faire fen-

dz W4fhdie, Llv. VII. 1 1 5

tir d'une parc aux Hollandois que '"" '^!!!!^ la France pouvoir fe palTer deux , & ^^* \^^7* de l'autre pour ocer aux Efpagnols reffîérance que l'inaclion des Hol- landois pouvoir leur donner de re- prendre la fupériorité. Dans ce def^ iein il fe perfuada qu'il «e pouvoic rien faire de mieux que d'envoyer en Catalogne le Duc d'Enguyen , qu'on appelloit alors le Prince de Condé , ne doutant pas que ce Prince par fa valeur <Sc fon habileté n'achevât la conquête de cette Province , & que fon nom feul ne portât la terreur dans les Provinces voifines. D'un autre côté le Traité de fufpenfion qu'on étoit fur le point de conclure avec le Duc de Bavière , alloit lui donner la liberté d'employer ail- leurs les troupes Françoifes & Alle- mandes qui fervoient en Allema- gne ; il les deftina pour les Païs-bas , & comme il étoit rélblu d'ailleurs d'y envoyer une pu i (Tante armée, il regarda comme une chofe infaillible , que le Vicomte de Turenne furve- nant dans ces Provinces lorfqu'il y feroit le moins attendu , acheveroic la défaite àQ% Efpagnols , &: le criom- F iij

126 U'ftoi're di Traite phe des armes Françoiles, Rien ne ^^' paroilToit mieux concerré, & il fauc avouer que les grands politiques au- roient trop d'avantage lut les autres hommes, fi comme il Içavenc arran- ger & préparer les événemens , ils pouvoieni prévoir les accidens qui dérangent leurs projets. Mais c'eil ce qui n'eil pas donné à la prudence Mimolrc de humaine , & le Cardinal Mazarin Roi aux -P^- réprouva dans cette occafion. Ce

r-;r>. 22. Avril s M ^ i> » il.

'1647. 4^^ contnbuoit a 1 encourager, ceit

qu'on l'afluroit de bonne part que l'Empereur avoit écrit de fa propre main au Comte de Pegnaranda dans les termes les plus preiTans , pour le conjurer non - feulement d'épuifer tout ce qu'il avoit de pouvoir , mais d'aller même au-delà s'il étoit nécef- faire pour avoir la paix , fe chargeant de faire tout approuver à la Cour d'Efpagne. Tout autre que le Car- dinal auroit pu conclure qu'il falloit donc profiter de cette difpofition pour alTurer à la France par un prompt Traité les grands avantages qu'elle avoit déjà obtenus , pour ne pas s'expofer à tout perdre en chi- canant fur des articles qui dans le

de PVeftphalte, Llv. VIL \ij fond n'étoient pas eflèntiels ; mais ce Miniflre dont le caradere étoit^^' *^^5^* de vouloir tout mettre à profit, éc dont le moindre rayon d'efpérance enfloit le courage , concluoit au con- traire qu'il falloir témoigner plus de fermeté que jamais fur l'article du Portugal , demander une année de trêve , & faire entendre fièrement aux Efpagnols , que s*ils ne l'accor- doient pas inceflamment , on leur demanderoit non plus un an , mais trente ans comme pour la Catalo- gne.

Les Efpagnols étolent en effet al- ^\^^^L^ larmes du départ du Prince degnois com- Condé pourja Catalogne ; mais ils t'ïaTerivec fuivoient toujours leur plan. Ils ne les François, rifquoient que de perdre une Place ou deux de plus , c'étoit peu de chofe en comparaifon de ce qu'ils étoient obligés de céder -. & ils pou- LcttreduDuc voient efpérer quelque révolution fa- de Longueviiu vorable qui remettroit l'égalité entre "^^ ^'/^ a^'''i

OIT- K' rr rien,iz.AynL

eux & les rrançois Ainli fans vou- 16^7, loir achever ni rompre le Traité , ils attendoient la défedion des Etats pour prendre enfuîte leur parti. Ils confentirent enfin à traiter fur le F iiij

ÎJ2 8 Hi (loir e du Traite pro'er propole par le Duc de Lon- ^^* gueville. Ils accordèrent aux Inftan- ces desMédiateurs les vingt premiers articles ; c'eft que celui de la celîioil des conquêtes n'éroit que le vingt- unième. Les Médiateurs propofe- rent d'ajouter au fécond article une claufe : que ??o)iGhftant Is contenu en ces deux articles I. & Il ^ on autres fui- vans ^ pourront lefdits Stîgneurs Roii donner affiftance a leurs Allies & Con- fédérés ^ en cas de défenfe feulement , fans que pour cela la -paix entre les deux Couronnes s'entende rompuè',L>es Efpa- gnols parurent y confemir , & firent de plus entendre qu'ils céderoient aufli les deux Places de Tofcane ; mais outre que leur déclaration n'é- toit point autentique , ils ne la fai- foient qu'avec des réierves dont les François ne vouloient pas s'accom- moder ; 6c cependant ils agifToient toujours vivem.ent pour confommer leur Traité avec les Provinces-U- nies. XLîX. îî- préfenterent à M. Pavv un écrit Ils preiient raifonné , qu'ils le prièrent d'envoyer oV.ciuVeWir ^^'^ Etats , (Sc dont la fubilance étoit ^ Traité, q^^e le Roi d'Efpagne leur avoit eii-

de IVejlphdie, Lîv. VIL 129 voyé la ratification du Traité ecnclu & fiP-né avec Melfieurs les Etats. ^^^^Z^'^^-

,,^ , ^ , ,- A j T-» Mémoire du

Qu'avant la iignature même du 1 rai- Roi ^u Duc , Sa Majellé Catholique avoit^- Longuexùi-

A. j' 7 ' /- '- > ^0* Mars

toujours déclare que Ion intention i^^^/ étoic qu'on n'en diflérât point l'exé- cution , &: quil valloit mieux rom- pre la négociation , que de larfTer les chofes dans un état douteux. Qu'il n'étoit furvenu aucun changement depuis la fignature du Traité , qui dût en faire différer la ratification. . Que les Etats ayant offert leur in- terpofition pour concilier les intérêts oppofés des deux Couronnes , les Efpagnols l'avoient acceptée avec une confiance qui prouvoit bien avec quelle fincerité l'Efpagne défiroic la paix. Qu'après avoir accordé à la France tout ce qu'elle avoir d'abord demandé, elle avoir continuellement ajouté de nouvelles ; prétentions à ['q€ premières demandes. Que l'ETpagne . en avoir encore déféré le jugement à Meffieurs les Etats. Que cependant la France avoit depuis peu donné un projet de Traité tout rempli de nouvelle demandes. Que l'Efpagne en avoit de fon côté nréfenté un au-

Fv

130 Ht '^otre du Traité

- tre entièrement conforme à tout ce An. 1(547, j / / / j / a

^^ qui avojt déjà ete accurde a promis

de part & d'autre. Que ces modèles de Traité de paix n ayant point été communiqués à MefTieurs les Etats, \qs Efpagnols avoient lieu de sen plaindre, parce qu'ils défiroient que les Etats euflent une connoiiTance parfaite de tout ce qui s'étoit pafie, afin de pouvoir prendre une derniè- re réfolution ; 6c qu'en conféquence des derniers ordres de Sa Majefié Catholique , comme il s'agiiToit de chofes qu'on ne pouvoit traiter de loin 6c par lettres , les Plénipoten- tiaires d'Efpagne demandoient que l'on accordât au plutôt un palTeport , à la faveur duquel l'un d'entr'eux pût aller à la Haye traiter immédia- tement avec Meilleurs les Etats. Q^dQ Ç\ on leur refulbit une deman- de fi jufle , ils prorefloient qu'on ne pourroit plus leur imputer les mal- heurs dont la continuation de la guerre affligeroit ia Chrcrienté , & qu'ils feroient obligés de fe retirer de l'AiTemblée.

Monfieur Paw envoya en effet cet écrit aux Etats^ , 6c il le Ht fans le

de Wefiphalle. Liv, VIL 1 3 i communiquer au Duc de Longue^ ville , quoique le commerce ne fiic "* ^^47» pas encore rompu. La Cour de Fran- Refienti- ce qui en fut avertie par M. de"}'^"^ de la

c c ' / France con-

bervien , en tue extrêmement irritée tre M. Paw. contre M. Paw , 6c ce fut apparem- ment ce qui la détermina à donner ordre à M. de Longueville de rom- pre tout commerce avec lui. d> Il ce fe voit , dit - elle , qu'il convertit «^ tout en paifon. Ses lettres en font «<: inférées. Tout y efl corrompu , «c &: il n'y a page ni période qui ne « vife à nous faire quelque malice. <c Ce qui même paroît plus indifîe- ce rent n'eft pas fans artifice. Il feint «^ le bon Médiateur, rhommedéiin- ce téreiïe & fans pafiîon , &: nous «: donne certains avantages de nulle «< conféquence ^ afin de gagner « créance 6c nous porter de dange- «< reux coups. >? Cet écrit tendoit réel- lement à hâter la défunion des Al- liés. On n'y avoit rien oublié de tout ce qui pou voit allarmer les Provin- ces qui défiroient la paix.Onmena- çoit de quitter Munfter. Rien n'é- roit plus artificieux , 6c il avoit fans doute été dreffé de concert avec M. Faw. F vj

1 3 2 Hifioire au Traite

Le Comte d' A vaux croyant alors ^^' / ^'^' avv-ir mis les principales aflTaires de Le Comte ^'^^^P^^^ ^^^ v^^i^ P'Ochaine-d'accom- d'A :mv re^ modement revint à Mnnlter , oii •ter T & 'cTn- t^s ordrcs de ia Cour le preiïbienc tln-iè' la ne- Je rctourncr , dans la crainte l'on ^ar!ÏÏe''du ''^^^'^^ c[ue le Duc de Longueviiie Poitugaî. abandonné fi long terns à lui-mê- me ne fit quelque fauiîè démarche. La négociation ranima entre les François & les Médiateurs fur i'ar- ricle du Portugal. Les François de- mandoient toiij ours une année de crève : les Efpagnols n'en vouloient feulement pas écouter la propofi- tion. Les François vouloient que les troupes auxiliaires quela France err- voyeroit au Roi de PortugaF, euf- fent la liberté d'agir au dedans ou au dehors de ce Royaume , par tout ce Prince voudroit les employer. Les Efpagnols répondoient que la paix entre les deux Couronnes n'au- roir donc d'autre effet que de chan- ger le théâtre de la guerre , puifque la France pourroit faire palier tou- tes fes forces jufqucs dans le fein de la Ca/liile. Cette contedarion em- portoit un temps confidérable 6c

œannnmsaeteB

de Wejlphalle, Llv. Flî, i 3 - précieux pour le repos de l'Europe , elle fariguoic les Médiateurs ; elie^^' ^^'^^^ commençoit à déplaire aux Provir/- ces-Unies , qui ne voyoienc qu'avec peine un fi grand zélé de la France pour le Portugal, Dans ces circonf- tances les Médiateurs apprirent aux François que les Efpagnols croient ulmoiru^f difpofés à confentir au certificat ouPUnif. à m. à la déclaration dont les François t' ^"Z/ avoient déjà fait la propontion , à condition qu'on ne parleroic pîus de la trêve. C'éroit un accommode- ment qui paroiiToit raifonnable, 6c il y a tout lieu de croire que fi le Duc de Lon^ueville Se le Comte d'Avaux avoient ofé fuivre leur fen- timent , ils n'euiTent pas balancé à l'accepter. ?v4ais ils étoient gênés par les ordres du Cardinal , & crai- gnoient de lui déplaire. D'un au- côté ils confidererent qu'il n'étoic point de l'intérêt de la France que la conclufion de la paix fut arrêtée pour un point qui étoit odieux aux rrovinces- Unies, & qui pouvoit les- déterminer à prendre une fâcheufe réfolution. Ainfi après avoir héfité quelque temps , ils' prirent un ei-

134 Hiflolre du T dite péce de milieu qui ne décidoit rien : "^^'ce fut de déclarer que pourvu que les Elpagnols iatisfiirent la France fur tous les autres articles , ils con- fentoient à remettre celui de la trê- ve du Portugal à l'arbirrage des E- tats. C'etoit , difoient ils , le moyen de s'attacher les Etats , ôc de les défa- bufer de l'opinion que la France ne vouloit pas la paix. Cependant crai- gnant encore de s'engager trop avant en fe foumettant à un arbitrage ab- folu , ils dirent feulement qu'ils fe- roienr fur cet article 6c fur les autres qui n'étoient point encore décidés, ce que MefTieurs les Etats leur con- feilieroient ; ajoutant que pour ee qui regardoit la liberté d'aiTiHer le Roi de Portugal de la manière qu'ils l'a- voient propofée jufqu'aîors , il ne fal- loir pas efpérer que la France con- fentit jamais à s'en défîfter. L[i. Les Médiateurs étant allés porter

de p/gnarTn^ ^^^ propofitions aux Efpagnols , ren- da refuie d'é- contrerent un nouveau genre d'ob- Mcdiïtsli" . ^^^^^" auquel ns n'a voient pas lieu * de s'attendre. C'ed que le Comte de Pegnaranda refufa de les voir. Le premier jour il étoit abfent. Le

de Wejlphalte. Ltv. VIL 1 3 5 lendemain il faifoit des remèdes. Les ' Médiateurs foupçonnerent de \z.ï-^^', ^^"^7* fedation, 6c allèrent voir le Comte p/^^.iVor/ii. de Trautmandorff , à qui ils com- ^^^''■' 1^47. muiiiquerent les propofitions dont ils étoienc chargés. Le Comte de Peg- naranda averti par cette voie de ce qu'il avoit déjà prévu , que la trê- ve du Portugal étoit au nombre dts articles qu'on foumettoit au Juge- ment des Etats, fe confirma dans le parti qu'il avoit pris , & perfifla pendant plufieurs jours à refufer la vifite des Médiateurs avec une fer- meté (Se une réfolution qui m^arquoit bien le peu d'emprefTement qu'il avoit pour la paix. Cependant com- me ce procédé caufoit une efpéce de fcandale à Munfler , il changea enfin de réfoluf-ion , 6c fit même à^s excufes aux Médiateurs , en leur proteflant que s'il avoit refufé de les entendre , c etoir uniquement parce que n'ayant pas le pouvoir de rien écouter fur le Portugal , il en avoit encore moins de remettre à un tiers le jugement de cette afîaire. Une dé- termination fi abfoluë de la part des Efpagnols mit les François dans la

T 3 6 HtProire du Traita

nécefnté de ie relâcher ou de rom* An. i<>47. 1 ' T> »

^/ pre la négociation, li n y avoit que

Les Fran- îî"op iong tems que pour flatref la çois corXen- politique du Cardinal ?vîazarin , ils cher fur Tar- Toutenoient la propohtion de la tré- ticie du Por- ye Qu'ils avoient réelienient le pou- voir d abandonner. Ils y avoient en quelque forte difpofé les ebofes par le confentement qu'ils venoient de donner de remettre cet article à l'ar- bitrage des Etats. Ainfi le voyant prelTés par les Médiateurs de faire ce facrifice à la paix , ils prirent en- fin le parti de leur déclarer , quoi- qu'avec beaucoup de réferves & de précautions , qu'ils confentoient à fe délîlier de la demande qu'ils avoient faite jufqu'alors d'une année de trê- ve pour le Portugal ; mais à condi- tion que les Efpagnolsconfenciroient de leur côté à l'éclarrciiTement ou à la déclaration des Médiateurs , pour ^interprétation du fécond article du Traité par rapport à la liberté que h France vouloit fe réferver de pou- voir afîiiler le Roi de Portugal , & qu'ils fatisferoienr d'ailleurs la Fran- ce fur tous les autres article, nom- tnénient fur la liberté du Prince

de Wejtphalte. Ltv. FlL l ^ 7 Édoliard , <5c fur les Villes du Païs de Liège. ^ ^ '^^^' ^/-^/^

Si les EfpàofnoiS avoient eu alors J-^^\\, autant de dclir de la paix qu'ils af- gi^ois t^molî fecloient de le publier , les peuples s^î^-^^sJ^-^- auroient eu bien - tôz la (atisfadion pouVia Vau-. de voir achever ce grand ouvrage ; Leur: d:s mais il parut bien qu'ils en étoient ^^^'^'^- / '''; plus éloignes que jamais. LoriqueMai ic^j, les Médiateurs leur portèrent les dernières propofitions des François , loin de les accepter , ils ne témoi- gnèrent même aucune dilpofition à le faire. Ils firent de nouvelles diffi- cultés , ils difputerent fur tous les termes , marquèrent beaucoup de mépris & de hauteur , éc fur - tout beaucoup d'indifférence pour la paix. Ils fçavoienr que M. de Servien tra- vailloit inutilement à la Haye pour obtenir un Traité de garantie tel que la France le défiroir. Ils avoient fait un nouveau Traité avec le Duc Charles qui leur donnoit toutes (es troupes. Aflurés que les Etats Gé- néraux ne commenceroient pas mê- me la campagne, i's avoient grofîî leur armée dans les Païs- bas des gar- nifons de leurs Villes, 6c avoiene

I 3 s Hlflolre an Tirait e appelle l'Archiduc pour venir

^^* 1047. commander en perfonne Ils avoienc fait tous leurs préparatifs avec une

II grande diligence , que leur armée s'étoit trouvcre en état de faire des entreprifcs avant que les François fuflTent à portée de s'y oppofer. Dé- jà l'Archiduc s'étoit rendu maître d'Armentieres, malgré la vigourcufe défenfe du Marquis du Ple(îis-Bel-

Mémciredu Hère qui en étoit Gouverneur. Un h ^'"'Z;-;^^^^''^^* heureux commencement leur faifoit efpérer des fuccès encore plus bril- lans. 33 11 ell aifé de juger, écrivoit- 33 on aux Plénipotentiaires Fran- 3i> çois , par le procédé de Pegna- 35 randa ; qu'il commence à fe fîat- D> ter d'un changement de fcene ; « & cependant le Cardinal Mazarin continuoit lui - même à fe flatter de fon côté des plus belles efpérances. 33 Nous efpérons , difoit-il , que le 33 Comte de Pegnaranda ne fera pas jo long-tem.s fans reconnoîrre qu'il 33 s'étoit trompé dans fon calcul , ôz » que s'il a fermé fa porte aux Mé- :*» diaceurs , Se réfo'u d'aller aux 33 eaux de Spa , il pourra arriver w bien tôt que fi les Médiateurs veu-

de Wejiphalîe. Lîv, VII, \ ^ ^ lent aufil fermer leur porte , il ira « y battre plus dune fois* 6c qu'il ce ^^' ^^^7' aimera mieux être tourmenté de ce la gravelle à Munfler , que d'al- ce 1er à Spa chercher fa guérifon. . . « Ils ont déployé toutes leurs voiles « pour recevoir un petit vent qui ce fouffloit favorablement , 6c ils fe ce font promis trop aifément de fai- ce re une grande navigation, ce

Les efpérances du Cardinal pou- ^ LV.

/> ' I r \ ' 1 Com-r.er.cer-

voient être bien fondées ; mais ian^e^t de ia fortune les trahit , 6: ce furent cel- campagne en les du Ccmte de Pegnaranda que l'événement judiiia. Les Maréchaux de GafTion 6c de Rantzau qui com- mandoient l'armée Françoife en Flandre , n'avoient pas l'un pour l'autre cette eftime ou cette con- fiance mutuelle qui entretient la bonne intelligence. Oppofés l'un à l'autre dans leurs projets , 6c M. Gaflîon étant d'ailleurs peu docile aux ordres de la Cour , ils laifToient ,

échapper les occafions d'agir avec fuccès , ou s'ils agilToient , le défaut de concert faifoit échoiier leurs opérations. L'Archiduc profitant de ce défordre , lit de nouveaux'

I ^o Hijhîre du Traite

progrès. Il prit le Château de Co-

t'^'a ^1 -^^^ mines , enfhite Lens , & alla aflîéizcr

prend Comi-'L^^ï'^'^ï'^ci. Cette riace incomino-

nes, lens & doit extrêmement le Hainault par

iandi^ci. i m i !-

les contributions que la garniion Françoife exigeoii jusqu'aux portes de ?vIons ; les Efpagnols (eflattoient qu'après s'en être rendus maîtres , ils feroient contribuer à leur tour les Provinces de France , & ports- roient la terreur de leurs armes juf- qu'au voifmage de la capitale. C'é- foit trop fe promettre. Cependant les deux Maréchaux ayant appris le deflein de l'Archiduc , réfolurent: de tenter le fecours de la Place. Le Cardinal Mazarin qui étoit à A- miens avec toute la Cour , leur en- voya prefque toute la garde du Roi pour fortifier leur armée , & toute la jeunefTe qui accompagnoit le Roi monta à cheval pour fe fignaler dans cette expédition. L'armée marcha toute une nuit , & le delTein étoit d'attaquer le camp des Efpagnols dès la pointe du jour a la faveur d'u- ne batterie de vingt canons qu'on devoir p'acer fur une hauteur qui commandoit le camp , 6c de quel-

de Weftphalie, Liv. VIL 141 ■ques faudès attaques. Un contre- '^^^^ temps imprévu déconcerta ce pro- ^* ^^'^* jet. Le Maréchal de Kantzau qui avec de grandes qualités , avoic le défaut d'aimer le vin , paflà route la nuit dans la débauche , refurant de marcher , quelques inftances que lui en fit fiiire le Maréchal de Gaffion. Il LesF,ançols étoit déjà (ix heures du jour lorlque Dix"mude & l'armée Françoife parut à la vue des^*^^^^^* lignes Efpagnoles. Ceux-ci avertis de Ion dellein , l'atrendoient en ba- taille avec une contenance fi affurée , que les Généraux François n'ofant les attaquer , retournèrent fur leurs pas , cSc prirent le parti de féparer l'armée en deux corps pour faire ôÂ- verfion. Le Maréchal de Rantzau afTîégea Dixmude & le prit en trois jours. Le Maréchal de Galîion fe rendît maître de la Baiïée , lorfque Landreci mal défendu par le Gou- verneur , s'étoit déjà rendu à l'Ar- chiduc. Toute la campagne fe paila en de femblables expéditions. Le r îaréchalde GalTîon attaqua Lens, & ayant été obligé à l'approche de i Archiduc d'en lever le lîége , il al- forcer à fon tour le Généial Bec

wtastktsKUJii-^iBia

1^2. Hijlolre du Traite d'abandonner Tactaque du Château ^^"^7- cl'£{;e|re. Les armées ennemies le trouvèrent en préfence , & (e con- tentèrent de le canonner. Quelques partis fe rencontrèrent , 6c le batti- rent avec divers fucces Le Maré- chal de Gaifion retourna une fécon- de fois à Lens, & réiblu d'emporter la Place en peu de jours , comme elle Le Mare- le fut en effet , il donna aux Sol- chai de Gai"- (Jats des exemples d'intrépidité qui ^SoncaraSè-lui Coûtèrent la vie. 11 fut bieffé d'un re. coup de moufquet , lorfqu'à la tête

des Soldats , il arrachoit de fa main une paliilàde des ennemis , <5c il mourut peu de jours après de fa blef- fure. Ce célèbre Général étoit peu aimé , parce que n'ayant jamais étu- dié que l'art de la guerre , il avoic contradé dans le métier des armes une rudeiTe de caradere & de mœurs qui déplaît dans la fociété. La Cour fur-tout fut peu touchée de la mort d'un homme fans complaifance & fier de fon mérite,qui déféroit moins à Tes ordres qu'à {qs propres lumières , juf- qu'à témoigner quelquefois publi- qu'^raentdu mépris pour les idées du Cardinal Miniilre. Mais il fut univer-

de U'^eJlphaJie. Lh VII. i 45 fellemeni. regretté des François ccm me un habile Général que la valeur "^^^ ^^■Yf* Sz la capacité avoienc élevé par rous les dégrés de la milice ju (qu'au pre- mier rang , 6c donc toute la vie for- moit une fuite brillante de belles ac- tions qui l'égaloient aux plus grands Capitaines. Entre les vertus oui con- couroient à former fon caradcre, on admira fur tout fa f^brieté, fon éloignement puur les plaihrs , fbn adivité infatigable, qui ne lui don- nant aucun repos , en iailloit encore moins aux ennemis. La prife de Lens dédommagea mal la France

de la perte d'un fi sjrand homme.

T Vît

Elle perdit encore Dixmude que L'Archiduc

l'Archiduc alTiégea & reprit avant reprend dxx- que le Maréchal de Rantzau pût Je"""^^* fecourir. Les avantages furent ainfi balancés de part Ôc d'autre , <Sc fu- rent même un peu plus grands du coté des Efpagnols , ôc la Cour de France accoutumée jufqu'alors à a. ilipériorité, le croyoit humiliée de la feule égalité. Il eft vrai qu'il faut en grande partie en attribuer cau- fe à un de ces événemens que la prudence humaine ne fçauroit pré-

144 Hiftoire du Traité venir , parce qu'elle He peut pas les ï ^"' prévoir. Le Cardinal Mazarin avoic compté qu'après la conclufion du Traité de rufpenfion avec le Duc de Bavière , le Maréchal de Turenne feroit paiTer Ion armée dans le Lu- xembourg. Il avoic tenu fon deflèin extrém.ement fecret pour mieux fur- prendre l'ennemi, 6< on ne peut pas douter que l'exécution de ce projet n'eût fait changer dans les Païs-bas V'^!-^*. ; ^^ ^^ce des affaires. iMais à peine le des"'t.'Ôu"pis Vicomte de Turenne eut- il pafTé le AiiemHndes p^^in Que les Soldats murinerenc de Turenne. ^ refuierent de le luivre. L armée étoit com.pofée pour la plus gran- de partie des troupes autrefois appel- lées Weimariennes , parce qu'elles avoienr fervi fous le Duc Bernard Saxe-Weymar. C'éroient de vieux Soldats aguerris aux dangers , en- durcis aux fatigues , & que le nom- bre des ennemis n'étonnoit jamais. Auiïi avoient-ils des privilèges & une folde plus forte que les troupes ordinaires. Mais ils n'étoienc pas mieux payés , 6c il leur étoit fix mois. Peut-êcre que l'aifance ils s'étoicnt trouvés dans les quartiers

d'où

dt Wtflphalie, Llv, ni. 14^ èiolx ils fortoient contribua à leur fai re faire des réflexions fur le pais où^^' ^ "^^^ on les menoic ; ils craignirent que confondus avec \qs autres Régimens de l'armée , & invertis de tous côtés de troupes Françoifes, on n'eût plus d'égard à leurs privilèges , & qu'on ne les incorporât dans dautres corps pour abolir jufqu'aux noms qu'ils portoient. Il leur parut alors pour la première fois que le Vicomte de Turennc les trairoit avec hauteur. Ils commencèrent à trouver mau- vais qu'on eût nommé quelques Of- ficiers François à la place des Alle- mands qui êtoient morts. Toutes les raifons font bonnes pour des gens que l'efprit de cabale ôc de lédicion a une fois faifis. On les vit bien- toc commencer à s'attrouper & fe com- muniquer les uns aux autres toute l'aigreur de leurs plaintes ^ de leur re(îenriment. Or entendit des cris féditieux de Soldats qui proteftoienc qu'ils ne pafleroient point la mon- tagne de Savernc , jufqu'à ce qu'ils eulTent été payés. M. de Turenne leur repréfenta l'impoffibilité ou il étoit alors de lesXatisfaire , & les af^

Tome G

T4^ Hljfoire du Traité fura qu'il alloic agir pour les faire An. i<?47' payer dés qu'ils feroient arrivés en Flandre. Aux promeires il ajouta les menaces & les reproches ; & cepen- dant il continua fa marche avec la partie de l'armée qui demeuroic dans le devoir. Il leur envoya enfui- te le Lieutenant Général Rofe avec quelques Officiers ; mais tout le fruit de cette tentative fut qu'ils retin- rent ce Général pour les comman- der , 6c foit qu'il agit de bonne foi , foit qu'il fût fecrétement du com- plot , comme on l'en foupçonna , il parut ne confentir que malgré lui à demeurer avec les mutins , pour tâcher , difoir^il , de les ramener à l'o* béïiTance. Ils ne fongerent plus qu'à repafTer le Rhin. Les Magiftrats de Strafbourg n'oferent leur refufer des batteaux. Ils commençaient déjà à paOer le fleuve lorfque le Vicomte de Turenne , qui fur le premier avrs qu'il avoit reçu de leur defiein , étoic retourné fur fes pas , les joignit avec toutes Çqs troupes. Il étoit fupérieur en nombre & dans un terrein emba- ralTé de halliers , il pouvoit avec ior Infanterie & fon Artillerie \q%

dt We^vhdie. Liv. VIL 147 attaquer avec avantage , Ôc les em- pêcher de paffer le Rhin ; mais c'é- ^'^' ^ '^^* roit facrifier un grand nombre de bravés gens , qu'il ne défefpéroic pas encore de pouvoir ramener. Il les laifla pafler , & les fuivit. La né- lix. gociation recommença , 6c l'on étoit ^-jg^^g^^^ '11' fur le point de voir les efprits paci- les ramener à fiés , lorfque la fédition fe ralluma l'obéiffance. fur un faux bruit qui fut répandu parmi les Soldats que le Vicomte de Turenne faifoit venir des trou- pes pour les envelopper <Sc les rédui- re à robéïflance. Les (éditieux ne voulant plus rien écouter , 6c fans fçavoir encore à quel parti ils fe dé- termine roient , marchèrent vers Et- lingen malgré leurs principaux Offi- ciers que M. de Turenne avoit ga- gnés. Ce Général défefpéré de per- dre de fi belles troupes , <5c craignant encore plus qu'elles n'allafîènt fe don- ner au Duc de Bavière , ou fe jetter dans l'armée Impériale , ne les per- dit point de vue. Il laifià fur les bords du Rhin ce qu*il avoit garde de troupes avec lui , après avoir en- voyé le relie en Flandre , 6c il ofa fuivre les féditieux , 6c les comman-

Gij

Ï4S Hifloirf du Iraité

^""^"^^ der même dans leur route. II fit plus ' ^ ^'^' encore ; car ayant fait venir fecré- LX. tement quelques troupes de Philif* ter if oTné- ^^'^^§ , il arrêta Rofe prifonnier , le raiRofes. foupçonnant d'être le ciief de la ré- //;/?.• j> At volte , & le fit conduire à Nancy , /hf^f cl OU il ne tut mis en liberté que plus

d'un an après , à la prière de la Rei- ne de Suéde 8c de la Landgrave de HefTe. ( t ) La chofe fut exécutée fans que les mutins entrepriijènt de s'y oppofer , ce qui fut un eflet ou de leur indifférence pour le prifon- nier , ce qui pourroit fcrvir à fa ju{^ tification , ou du refpedt que dans kur révolte même ils confer voient pour le Vicomte de Turenne. Mais ils n'en fuivirenr pas moins leurs projets tumulîueux. Abandonnés de tous leurs Officiers , ils mirent à leur

( ■}■ ) INionglat dit avec plus de vraifemblance , que le Cardinal Mazarin lui fit rendre la liberté pour l'oppo^r auVicomtç deTurenne qui venoit de fe déclarer contre le Roi , & que Rofe regar- doit comjTie {on ensiemi. Rofe chercha toujours çn efïçt roccafion de fe venger. Il nt mettre - dans Ces enfeigi^cs pour devife une Tour tombant fur un R ofier ch argé de fleurs avec cette légende, malgrJ la Tour lç$ Rofes fleuriront ; & à la ba- taille de Rhetel ayant pris le bagage du Vicomte 4e Turçnnc , il le lui renvoya , en lui faifant dirç fliîc ce n'étoit point à fon bagage y nais à fa pert fÉ>,r4.^,^ cju'il çn youloit,

âé Weflphalle. Liv, VIL r^j tête un d'entr*eux qu'ils eftimolenc , parce qu'il avoit fait quelques étu- ^' * ^^* des ; les plus vieux Cavaliers prirent le titre d'Officiers , 6c ils continuè- rent ainfi à marcher en corps , ob- fervant une difcipline qui auroit fait honneur à des troupes réglées. Ar- rivés à Nidenau , ils s'y arrêtèrent deux jours pour donner encore lieu à quelque négociation. Mais M. de Tu renne n'ofa plus fe fier à eux de- puis la prifon de Rofe. Il craignit en même- temps qu'ils ne fe laidàf- fent débaucher par les Impériaux ^ quoiqu'ils euiïcnt déjà refufé les pro- polirions que leur en avoient faites un Officier Allemand nommé Bœ- Fiigshufen , qui avoit quitté le fervi- ce de France. Il les avoit irrités de nouveau en faifant donner la queffion à quelques-uns d'entr'eux , apparemment pour découvrir Ç\ le Général Rofe étoit coupable. ÉnfiH VtXé voyant qu'il n'y avoit plus rien à ef^ , H attaqctf

,^ X . -/r ^ f ^" troupes

perer de leur part , il le mit a leur rébelles & kj fuite avec ce qu'il put affiemblcr de ^^^' troupes , dans le defîèin de les for- cer à fe foumet tre , ou de les diiîiper, 11 les atteignit dans un défilé entre Gii)

î^o Hilîolre du Traite Konigshove & Arnflein , & avec ^* ^^"^7' fix cens hommes d'Infanterie ^ quel- ques cfcadrons de Cavalerie foute- nus de quatre pièces de canon , il les attaqua , les défit , leur tua trois cens hommes , fit autant de prifon- niers , & dilTipa le refte qui au nom- bre d'environ mille hommes s'enrô- la dans les troupes Suedoifes. Tel fut le fort (5c la fin de ce fameux corps de troupes Weymariennes qui s'étoit fignalé par tant d'exploits , & qui étoit li redouté en Allemagne. Tout ce qui en demeura au Vicom- te de Turenne , fut incorporé dans les troupes Françoifes , excepté un Régiment ou deux , & le Corps par- ticulier ne fubfilîa plus. LXII. Toute la fuite de cet événement ^ ^l'^^{ ayant occupé prefque tout le temps fiége Léridade la camj^agne , le Vicomte ne put fcns fuccès. fe rendre dans le Luxembourg qu'au mois de Septembre , ce qui déran- gea le projet du Cardinal Mazarin ; & à peine s'y fut -il rendu maître de quelques petites Places , qu'il fut obligé de retourner en Allemagne , comme je le raconterai ailleurs. Pour «omble de difgrace, le Prince de

de Wefiphalie. Lîv, VIL 1 5 1 Coîidé n'eut pas en Catalogne le fuccès que le Cardinal s etoit pro- ^^* *^^^° I mis. Le Prince fut reçu à Barcelo- ne avec une joye incroyable des ha- bitans. Ce n'étoit plus fimplement un Gouverneur que la France leur envoyoit. C'étoit le premier Prin- ce du Sang , un héros célèbre par fes vidoires. Son arrivée fem- tloit annoncer aux Efpagnols la perte totale de ce qu'ils poHédoient encore dans cette Province. Ils n'a- voient point d'armée en campagne» Celle du Prince , quoique peu nom- breufe, étoit compofee de bonnes troupes. La Cour lui avoit laifîe le choix des entreprifes. Il pouvoit faire le fiége de Tarragone ; il fei- gnit même d'y penfer , afin de dé- tourner lattention de l'ennemi ; <Sc cependant il fe détermina au fiége de Lerida. Peut-être n'envifagea t'il dans ce deflein que l'utilité de fon exécution : peut - être le laifîa - t'il flatter par l'ambition de réiifîir dans une enrreprife le Comte d'Har- courr avoit échoué. Il efl: du moins certain qu'il n'omit rien de ce qui pouvoit en aflurer le fiiccès. Mais il

G iiij

1^2 Hiflo'ire du Traite femble que Lerida fût deilinée a ^* ^ "^7* être (jans cette guerre recueil des armes Françoifes , ou que la fortune voulût juftifier le Comte d'Har- court en abandonnant dans la même occafion un Prince à qui elle n avoic encore jamais fait d'inBdélité. Our tre la vigoureufe défenfe que firent les aifiégés commandés par le mê- ine Dom Gregorio Britto qui avoit défendu la Place l'année précédente , deux chofes firent manquer l'entre- prife. Les chaleurs exceifives qui ac- cabloient les Soldats , & qui en for- cèrent plufieurs à déferter , & la na- ture du terrein les travailleurs rencontroient par- tout le roc à mé- fure qu'ils approchoient de la Place, 11 femble qu'un premier affront duc être fenlible à un Prince jufqu'alofs toujours vidorieux Mais une difgra- ce pafTagere n*étonne pas les grands hommes. Ils la regardent comme UHe cfpéce de tribut qu'il faut payer quelquefois à l'humanité , ôc ils s'en confolent aifément par les reflour- ces qu'ils fentent en eux - mêmes pour la réparer. Le parti même que le Prince de Condé prit de lever

I ^e PVeJIphM, Lîv, m. r 5 j ^^^^ jle fiége à propos pour prévenir une " ^~'!^~^' iplus grande perte , lui fie beaucoup ^' ^ ^^' Id'honneur ; car ne s'ctant dlftingué ijufqu'alors que par une valeur im- pétueufe & une exécution rapide y il lit voir qu'il fçavoit dans l'occafion réfiHer à l'appas d'une Gonquêre pour l'écouter les confeils de la prudence ôc de la ragelîè. 11 ne lai-lfa pas après Agi.^"*^ que les grandes chaleurs furent paf- fées , de fe rendre maître de la vil- le & du château d'Ager , la feule Pla- ce que les Efpagnols occupoient dans les vallées. 11 obligea aufîl deux fois les Efpagnols de lever le fiége qu'ils avoient mis devant Conflantin.

Pendant tout le cours de cette campagne & àt^ divers fuccès que je viens de rapporter , les dirpofi- lions des Négociateurs varioient à proportion des événem-ens phis ou moins favorables à leurs vues parti- culières, Cetoit une balance dont le fort de la guerre régîoir les- mou« vemens , la France & l'Efpagne avançant ou reculant la négociation^ fuivant qu'elles avoienr plus ou moins à craindre ou à efpérer. Le Duc de Longueville ennuyé de tant 4e lon- G Vf

154 Hifloire du Traité

^f^^^^^ gueurs donc il ne prévoyoic pas la ^* ^ 47* gn , ne pue enfin réfider à i'impatien- Le Duc* de ^^ 4^'^^ avoîc de retourner à la Cour, Longueviiie & demanda Ton rappel. Sa deman- pe^miffion ^^ cmbarraiTa le Cardinal Mazarin. retourner à Ce n'ell pas qu'il eût en ce Prince Fran^e^ ^^ beaucoup de confiance pour le fuc- cès de la négociation ; car il ne lui rendit jamais afTez de jullice fur ce point ; mais outre qu'il le foupçon- noit d'être dans des lentimens peu avantageux pour fa perfonne 6c Ton gouvernement , & qu'il avoit lieu de craindre d'avoir en lui un ennemi de plus à la Cour ; il confidéra que fon départ pourroit être regardé comme une preuve de l'éloignemenc ^ue la France avoit pour la p.aix ; qu'il en feroit perdre relpérance aux peuples , parce qu'il n'étoit pas na- turel de penfer que ce Prince vou- - lirt a-bandonner la négociation , fi elle écoit fur le point d'être heureu- fement terminée : que cette làée fe- roit un mauvai<; effet dans le Royau- me, 6c encore plus dans lesProvinces- Unies à qui elle ferviroit de pré- texte pour confommer une fépara- lion déjà fi avancée , 6c qu'enfin la

de Weftp halte. lÀv. VIL i 5 s méfinteUigence dont la préfence de M. de Longueville avoit fufpendu^^' ^^^7* les effets entre MM. d'Avaux & de Servien fe réveillant après Ton dé- part , obligeroit la Cour à rappelJer Tun ou l'autre , & troubleroit toute la négociation. On ne voulut cepen- dant pas refuler abfolument au Duc de Longueville fa demande. On fe Onluiper- contenta de lui repréfenter une par- [^'^"^5 %^^^^ tie de ces raifons , & en lui perme- ter. tant de quitter Munfter, on le pria de différer quelque-temps fon dé- part. La Cour lui accorda quelques grâces , le Cardinal le flatta , <5c le Duc fe laiffa 11 bien perfuader , que remettant d'un terme à un autre l'exécution de fon defîèin , il ne par- tit que dans le commencement de l'année fuivante.

Le Cardinal étoit extrêmement lxiv.

foupçonneux. Il craip;nic que le Duc Le Cardinal

j Y Ml J W Mazarin eft

de Longueville, dans limpatience peu fatUfait que lui caufoient les lonp;ueurs dela^uc Duc de négociation , ne lui en imputât la ^ au Comte caufe , 6c pour s'en éclaircir , il lui d'Avaux. écrivit qu'il ne pouvoit comprendre Q^^^^^f^^ ^^ pourquoi la paix ne fe faifoit point , au 'Duc de après les dernières avances que la ^i?"/*.'^^^ ^

^ i^ -^2. Juin.

Cj vj 3647.

15^ Hijloîre du Traite France venoit de faire. Un habile N. 1047. Courrifan n'auroic pas manqué de répondre à cette quedion conformé- ment aux délirs du Miniftre ^ en exakant le zélé de la Cour de Fran- ce pour la paix , ôc en faifant tom- ber tout le blâme fur l'Efpagne» Mais le Prince qui ne connolifoic .point ce flile flatteur que dide une bafle complaifance , lui répondit in- génuëment , que la feule eau le de ce

B'f ^Zottw- '^^^'^^'^^"^^"^ venoit ^^ de ce cju'on le au Cardinal i:> s'étoit arrêté à vouloit emporter

fe5^7?* '' 1^ f^'^'^'^ ^u Portugal durant tout » le tems que ks Ffpagnols étoient D5 en difpofition de nous accorder 35 le refle ^ & que lorfque les dépé- ri ches de la Cour de France avoienc 3> fait voir que l'intention de leurs >5 Majellés étoit que le Traité ne » fût pas recardé pour cela , les Ef- 3> pagnols s'étoient flattés de vaines 35 efpérances qui les avoientempé- :x> chés de convenir des autres condi- €u^r%a"r ^^ tions. DP Cétoit affez faire enten- #i Duc de dfe au Cardinal qu'il ne devoit fe, longue: lie , prendre qu'à lui-même du retarde- ment de la paix -, ôc \\ paroit par la. longue apolagie que ce Minière écri-

àe Wefiphalle. Llv. VIL 1 5 7

vît au Duc , que fa rénonfe l'avoir ^

r ri 1 ' X r ' -, An. \6ai ^

lenfiblement prcque. Le fait n'en ^^

étoit pas moins réel ; car il étoit bien vrai que la Cour avoit depuis long- temps permis aux Plénipotentiaires d'abandonner la demande d'une trêve pour le Portugal , & plus en- core ; mais cette permilfion étoir toujours reftrainre par tant de pré- cautions qu'on exigeait , & de eir- conftances qu'on fuppofoit , quelorf- qu'ils fe crurent enfin forcés d'ea faire ufage , ils ne le firent qu'avec appréhenfion d'être blâmés de la; Cour. Tout ce qu'on peut dire pour }uftifier le Cardinal , c'efl: que dans^ la difpofitiQn étoienc les Efpa- gnols , il étoit inutile de fe îiâter de* leur faire des avances ; car s'il efl: vrai' que ce Miniiîre retarda la conclu- fion de la paix en chicannant trop- iong-tems un terrein qu'il étoit ré- folu d'abandonner ^ les Efpegnob contribuèrent beaucoup plus à Té— loigner pat leur obil:inatio'n à ne vou- loir rien écouter férieufement ^ qu'ils-' n'eulTent achevé l'ouvrage de la dé^ fedion des trats qui étoit leur pro- jet favori. Cependant le Comte

155 Hlflsire au Traité

^T^^^T^ d' A vaux eue auin à elTuyer une bon- '^'^'ns partie du chagrin du Cardinal Mazarin. Plus politique que le Duc de Longueville , il avoi: diiîîmulé fon fenriment:. Il avoic même igno- ré , comme il TalTura , ce que le Duc de Longueville avoic écrit ; mais le Cardinal le perfuada que c'étoic un fentiment commun qu'ils s'écoient communiqué Tun à l'aatre , ôc ja- loux de la gloire de fon adminiflra- Lettrc du^^^^y il étoit dangereux d'ofer pa- Comte ^'^-roîtrela déianprouver. 11 en fit des

vaux au Card. )• ^aVj r»'r ' c

Maiar. i. p.aintes a M. de rrerontaine , be- Juiàuic^j, crétaire de l'AmbalTade , qui étoic alors à Paris , & qui en avertie le Comte d'Avaux. Celui-ci ientic tout ce q.u'il en avoit à craindre , & il n'omit rien pour fe juflifier , jufqu'à employer des flatteries outrées que le Cardinal prit peut-être pour des vérités. C'ell ce qui arrive à tout Aliniflre punrant trop jaloux de Tes idées & de Tes lumières. Il met les honnêtes gens mêmes dans une efpé- ce de nécefTiré de le tromper pour éviter fa haine.

Cependant les Efpagnols fe çroyoienc fi aiîurés de leur projet ,

de Weflphalîe» Liv. PIL 1 59 qu'ils ouvroient déjà tous leurs ports '^ de Flandre <Sc d'Efpagne aux Âlar- ^lxv''^' chands HoUandois , tandis qu'à l'é- i^^^ Efpa-

gard des François ils continuoient àê^'^^'^ f°"^^- *^ . , 1 i-,v nuent de re-

marquer la plus grande indmeren- tarder ia ne- ce. Ils ne propofoient aucun moyen gociation a-

d, ^ , ' r-^^f ' A veclarrance.

accommodement. Cetoient tou- jours les François ou les Médiateurs Jj^!^^^'^^^ ^^*

1 , * . - .^ . , PUnipot. 24.

de leur part qui taiioient les propo- juin.iù^-j, firions ; les Efpagnols n'y fliilbient au- cune réponfe définitive. D'un arti- cle conteflé ils palToienc à un autre pour multiplier les obllacles & em- brouiller les matières : avant que d'a- voir décidé l'article du Portugal , ils propofoient celui du Duc de Lor- raine qui étoic encore plus difficile. Tout ce qu'il y avoit de Députés à y

Munfler 6c à Ofnabrug s'intéref- foient à la querelle par le défir de la paix. Tous défapprouvoient le re- fus que faifoient les Efpagnols de confentir que les troupes auxiliaires de France euflènt la liberté de paf- fer des frontières de Portugal fur les terres du Roi d'Efpagne ; mais tous voul oient auiïi que le nombre en fût limité , afin qu'il ne fût pas au pou- voir de la France de tranfporter le

l6o Hlfloire du Traite théâtre de la guerre dans les Provînt "^^' ees de l'Efpagne , tandis que les Ef^ pagnols s'interdilbient par le Traité de paix la liberté d'attaquer les Pla- ces de la France même en Catalogne. Le Comte de Pegnaranda peu tou- ché de ce qui te drlbit de part & d'au- tre , ne parloit que de Ton voyage aux eaux de Spa , ou il de voit trouver le Marquis de Caftel- Rodrigo. M. Brun témoignoit aulfi quelque envie d'y aller. On diibrt que l'Eledeur de Brandebourg feroit de la partie , & pour rendre l'AiTemblée plus complette , on ajouroic que Madame de Chevreufe devoir aufîi s'y rendre. Le Comte de TrautmansdorfF me- naçoit de Ton côté de s'en retourner à Vienne , <Sc le Duc de Longuevil- ie avoit déjà demandé un palTeport pour retourner en France \ de forte qu'il fembloit qu'on fût à la veille de voir Munfter abandonné. LXVI. Ce qui chap^rinoit le plus les Fras-

chime contre çois , c etort le peu Q eiperance que la France & \q^ Provinces - Uuies donnoient de

contre M. de i r i m i

Scifv-en. aemeuter ndeies aux anciennes al- liances. Le nom Eipagnol commen- çok à y paroitre moins odieux. Le

de Weflphalie, Liv. VIL i6i parti qu'on appelloit des Pacifiques ^!^ augmenroic de jour en jour. H efl ^' ] '^'^^ vrai que quelques rrovinces ioute-^^-^/^, -^.v^ nues du crédit du jeune Prince d'O- 'f';^»'- ^^^^ range , avoient fortement opiné pour ^'^f^' ^'"^ mettre une armée en campagne , de continuer la guerre jufqu'à l'entière conclufion de la paix ; mais la feule Province de Hollande avoit eu af- fez d'autorité pour faire abandonner ce defiein. Cette conteilation fuc fort vive entre les Provinces , & caufa beaucoup d'émotion dans les efprits. Le retour de M. Pa\4^ à \a. Haye , acheva de les aigrir. 11 y fit aux Etats un expofé de la négocia- tion tout à fait favorable aux Efpa- gnols , & extrêmement défavanta- geux à la France , à laquelle il attri- buoit toutes les vues 5c les motifs

?ui pouvoient la rendre plus odieufe, 1 y juftifioit les Efpagnols fur tous les points. Il fembloit approuver le der- nier écrit qu'ils avoient envoyé aux Etats pour leur demander une der- nière réfolution , parce qu'en effet, a/outoit-il , ils pouvoient , quand ils le voudroîent , conclure avec la France , en lui accordant les Païs-

1 6i Hijlolre du Traité

-bas qu'elle demandoit avec tant de ^* "^ '^^^ paffion , foie en dot avec l'Infante, foit par voye d'échange , ce qu'il prétendoit prouver par diverfes let- tre des Minières d'Efpagne. Il cher- cha dans les négociations de l'Empi- re tout ce qui pouvoit lui donner matière de déclamer contre la Fran- ce , roppofition que les Proteflans trouvoient dans les François plus que dans l'Empereur même à leurs prétentions , la proteflion qu'ils ac- cordoient au Duc de Bavière con* tre le Prince Palatin qu'ils dépoiiil- Ipient du haut Palatinat , les efforts que le Comte d'Avaux faifoit pour empêcher que les Evêchés Catho.- liques ne tombaiTent au pouvoir des Proteftans. Il finit en fe plaignant des difcours outrageux que le Comte de Servien avoit publiés contre lui , & fur lefquels il prétendoit que les Etats ne pouvoient fe difpenfer de lui faire juflice , puif.]ue l'injure rc- tomboit fur eux-mêmes. M. Mathe- nelT fe joignit à M. Paw pour fe plaindre aulTi des accufations por- tées contre lui dans l'écrit de AI. de Servien, & il le fit même fans gar*-

de WeJIph^lle. Lw. VU. 1 6 % der les ménagemens que la bien-" féance exige entre les Miniftres & ^* ^ '^^^ les Princes. M. de Servien en fut extrêmement . irrité. Il fut encore plus fâché de la relation de M. Paw , 6c il s'expliqua dans les termes les plus forts pour réfuter fon adver- faire ; mais il ne pût réufîir à empê- cher que la Province de Hollande n'approuvât la conduite de {q^ deux Députés.

L'AmbafTadeur François renoii- ^ l^p^^^^;.^ vella fes inftances pour le Traité de de Hollande garantie & pour la continuation des ^^out^faiJe'u boflilités jufqu'à la conclufion du paix fans u Traité ; il demanda qu'on fit marcher ^'""^^* des troupes , qu'on équipât une flot- te , & pour fe faire écouter plus fa- vorablement , il offrit par le confeil . Pj^^^i^ du Prince a'Orange , un lubtide de deurde France. la part de la France. La Province '^'^^ ^^'^^^ ^'^" de Hollande ne voulut rien enten- Avrd 1647/ dre. MM. Paw & Mathenell y avoient un grand crédit. Livrée a^^^ -£^^1$ de leurs confeils , elle fer v oit , fans \e Hollande, 7. fçavoir , leur intérêt perfonnel & leur f^ /? * ^"' reffentiment. Elle prit occafion de la demande de M. de Servien pour ranimer toutes les Provinces contre

î ^4 Hijîotre du Traité la France , par des fuppofitîons Se An. 1^47» des raifonnemens d'une faufieté fi noroire , qu'il paroiiToit bien que la paffion feule les avoir didés ; & quant à la continuation de la guerre, elle leur déclaroit que ifécant point en état de mettre une armée en cam- pagne , elle feroit obligée , fi elle ne pouvoit leur perfuader de conclure inceflamment la paix , de prendre ion parti en leur laifîànt la liberté 34. Avrd. de prendre le leur. Ces repréienta-* lions faites aux Etats Généraux , furent aufîi tôt fui vies d'une députa- tion que la Province de Hollande £t à toutes les autres Provinces & à plufieurs Villes qui s'oppofoient à cette réfolation. AL de Servien tâ- cha de fon coté d'en prévenir l'effet par une lettre qu'il écrivit à chacune des Provinces , excepté la Hollan- de , pour juflifier la conduite de la France, réfuter les raifons alléguées par les Hollandois , &: faire lentir LXVIÎT. l'injuftice de leur réfolution. La let- M. de Ser- ^^^ ^j-^j^ diffrre de la plume de M. de

vien repond . ," . V o r

aux Hoiian- bervien , écrite avec feu « avec ror-

^®^^' ce. Il y repréfentoit qu'après avoir

attendu pendant quatre mois avec

de W>ftphd'ie, Llv, VIL 1 6 5 toute la patience imaginable , que """

Mefîieurs les Etats prilfènt une ré- ^^' ^^^7' iblution telle qu'il avoit lieu de l'at- tendre, <Sc conforme aux obligations des Traités , il étoit extrêmement fiirpris que malgré les proteflations réitérées qu'il avoit faites de la fin- cérité de la France dans Je défir qu'elle témoignoit de la paix , on n'avoit pas encore pris la peine de ré- pondre à divers mémoires qu'il avoic préfentés. Qu'il voyoit au contraire que par un procédé qui eût fait hor- reur à leurs ancêtres , les meilleures intentions du Roi étoient mal inter- prétées par quelques efprits paffion- iiés, qui dans la vue de rompre une alliance qui avoit été la principale caufe des profpérités de la Répu- blique , ofoient loiier hautement la fincéritjé de l'ennemi , & décrier la conduite de la France , ôc rendre foi fufpede. d> On ne peut appren- «c dre , difoit il , fans étonnement , ce qu'on ait déjà oublié qu'il n'y a «c prefque point de lieu dans cesPro- ce yinces les Efpagnols n'ayent fait fentir leur cruauté , qui n'ait «c ^ufîi été rougi du fang que lesFran- çc

i6^ Hijloire du Traité 33 cois y ont répandu pour votre fer- I 47» 5, vice. « 11 prioit les Provinces de fufpendre leur rélblution jufqu'à ce qu'on eût communiqué tout ce que les ennemis de la France avoient fauflTemenc avancé à fon préjudice , s'offrant d'en démontrer l'impoflure ôc de donner des éclairciflemens fur tous les points qui (croient fufcep- tibles de quelque doute. Il refutoit les faits allégués contre la France par rapport aux intérêts des Protef- tans en Allemagne , aux Traités fe- crets qu'on l'accufoit de faire à l'inf- çû de fes Alliés , aux mauvais trai- remens qu'on prétendoit avoir été faits aux Hollandoîs dans les ports de France. Il faifoit appercevoir la contradidion de toutes ces accufa- tion. 35 On foutient aveuglément » que la France veut la continuation 33 de la guerre , & en même-temps 33 on dit qu'elle fait la paix fecréte- :>3 ment avec l'ennemi. « H ne de- mandoit aux Efpagnols que l'exécu- tion de quatre ou cinq articles im- portans aufqaels ils s'étoient déjà engagés : fur tout le refte il déclaroit que le Roi de France fe conformes^

de Weftphalte, Liv, VIL \6j foie à tout ce que Melfieurs les E- tats jugeroient de plus railonnable. ^* '^^' 35 Quant aux prétendus Traités de « mariage ou d'échange , c'ed une «c fourbe groflîere, qu'il n'y a point «c de perfonne intelligente dans les «c affaires , qui ne connoifle qu'il y «c auroit autant d'imprudence que « d'infidélité d'entendre préfente- <c ment à de fèmblables propofitions. «c Auflî n'a-t'on ofé produire d'autre ce preuve de cette fuppofition , que ce des lettres qu'on dit avoir été écri- ce tes par le Roi d'Efpagne & par ce fes Minières , & celui qui les a ce préfentées a été contraint de con- «« feffer publiquement qu'il n'avoit ce rien vu qui vînt du côté de la ce France. Encore qu'il n'y ait pas «c lieu de douter pour cela des aiïu- <c rances qui ont été ci-devant don- ce nées par les Miniflres de fa Ma- ce jeflé , je prorefle de nouveau à <c vos Seigneuries , fur ma vie & fur ce îïion honneur,que ce font des fauf- ce fêtés malicieufement inventées ce par les ennemis , 6c que je me fou- ce inets à perdre l'un <5c l'autre , fi ce on peut montrer que de la part <c

t6^ Mtfloire dtilr alité de la France on y air jamais le >;. I 47. ^^ jp^QJj^j ^^ monde prêté l'oreille ,

« ni qu'on foit entré en aucune né^ 55 gociadon fur ce fujec, c< t 11 fi- nilîoit en priant les Provinces de ré- fléchir férieufement fur ce qu'il leur repréfentoic , afin de prévenir les ef- fets des mauvais confeils que les par- tifans de l'Efpagne leur donnoient, LXIX. Cette lettre de M. de Servien fut Nouvelles j-^f^-^g ^^iv deux écrits anonymes oii

propositions r , . J ^

à€ U. de Ser- la paliion etoit trop marquée , ou rien aux £-p^n m.êloit de mauvaifes plaifante- riss à de faux raifonnemens , & dont Je flyle n'avoit pas la gravité que de- mandent de pareils fujets. M. de Servien les méprifoic , uc cepen-

'•j* On a vu dans le volume précédent que la Cour de France défiroit véritablement le maria-

tats,

%

e du Roi avec l'Infante , & l'acquifition des r^'ilîes qui reftoient à i'Efpagne dans les Pays- bas en échange de la Catalogne. J'ai raconte do plus tout ce que le Cardinal Mazarin avoit fait pour faire entrer le Prince d'Orange dans le çrojet de l'échange ; mais outre que dans cet échange il ne fut jamais queftion des droits de l'Eipagne furies Provinces-Unies , comme les ennemis de la France publioient , jamais en effet la France n'en fit aux Efpagnols, & n'écouta fur cela de leur part aucune proportion. Son deflein fut toujours , quand même la chofe eût s'exé- f nter , de ne nen faire que de concert avec Ces Alliés : & M. de Servien n'avance rien ici que <l''exaiScme;ît vr^i,

dant

de Wcfij?halle, Liv, VIL xG^ dant ils ne lailToienc pas de faire' toujours quelque impreffion fur les ^* ^ ■^'^' efprits. Il préfenta aux Etats Géné- raux un nouvel écrit contenant dix- neuf articles , par lequel après avoir établi que les Efpagnols étoient déjà demeurés d'accord fur la cefTion de toutes les conquêtes , la fureté de y^ ^f */,f^^'* Cafal , la trêve de Catalogne, la fu gocLihons de reté du Traité par la ligue ôc garan- ^fjf''[!^i^"''' i tie de Meilleurs les Etats d'une parc , pag. 327. * & de l'autre par une ligue femblable des Princes d'Italie , e?7fifî la liberté cUire & bien expliqua -par écrit de pou- voir Ajfijler le Portugal en la forme que les troupes auxiliaires ont coutume da." glr , il foumettoit tous les autres ar- ticles à l'arbitrage 6c au jugement des Etats , à condition , ajoutoitii , que les Efpagnols ne pourront pas non plus remettre en conteilation les autres points qu'ils avoient déjà accordés , comme celui de ne pou- voir afîi (ter diredement , ni indirec- tement le Duc Charles , & celui de la liberté du Prince Dom Edouard. Il demandoit pour cela trois chofes; I la première , que le jugement fût I rendu par l'Aflemblée de Mefiîeurs Tome K H

lyo Hiflolre du Traité

les Etats Généraux , fans renvoyer

An» 15^7. l'atîaire aux Provinces , afin d'éviter les longueurs. La féconde , que l'Af^ femblée fût moins nombreufe qu'il feroit poiTible , pour mieux alTurer Je fecret. La troifiéme , que MM, Paw (5c Knuyt en fufTent exclus. Il propofoir enfuite qu'après avoir ainfi réglé tous les articles d'un commun confentement , les PlénJp'otentiaires de France (5c ceux de l'Etat allailénc à Munfter préfenter le Traire aux Efpagnols, 6c qu'en cas qu'ils refu- faflènt de le ligner , on leur décla- rât que la France (5c la République çontinueroient à leur faire conjoin- tement la guerre. Cet écrit ne de- meura pas fans réplique , & on fie des remarques fur chacun des dix- txx. neuf articles. Les Efpagnols foutin-

^fpagnols. fG"t qiJJls netoient jamais conve- nus d'autre chofe , fi non que fuppofé qu'il ne vm fait aucune mention di- redle ni indirede du Portugal , ils céderoient tout ce que la France oc- cupoït dans les Pa'ïs bas , le Comté de Bourofoone , le Roufîillon avec Kofcs (S: Cadaques , <5: qu'ils accor- (.ipjToient iwie trêve de treqrg anr

i

d^ Wejlphalte, Lîv, VIL 1 7 r pour la Catalogne ; qu'ils n'y avoietit snême confenri que fur la parole que ^^' i^47* les François leur donnèrent que moyennant ces conditions la paix lë- roit conclue en vingt-quatre heures^ Loin de regarder l'article de la fure- té de Cafal comme une affaire con- fentie de leur part ;, ils y témoignè- rent beaucoup d'oppofition , éc vou- lurent que cet article {\jx du nombre de ceux qui feroient décidés par l'ar- bitrage des Etats. Ils firent la même déclaration fur la liberté que la Fran- ce demandoit de pouvoir fortifier pendant la trêve les portes qu'elle occupoit en Catalogne, lis fe récriè- rent fur ce que l'on continuoit à fai- re toujours mention duPortugal mal- gré toutes les promeffes contraires» Ils prétendirent que les trois Villes du Pais de Liège ne pouvoient pas faire matière de conteftation ni d'ar- bitraga, parce que l'Efpagne les pof- fédoit à jufle titre depuis plus de cent ans. Ils nièrent qu'ils eulîènt ja- mais promis , ni de ne point afîifter le Duc Charles , ni de mettre en une entière liberté le Prince Dom E- douard. Ils fe plaignirent enfin de

n!^ù!re du Traite la propolîcion que tailoic M. de Set- ^^^{7' vien , de régler à la Haye tous les articles du Traité , pour aller enluite à Munller les préfenter aux Lfpa- gnols , 6c les forcer à les ligner , Ikns aucun changement ni modification , fans quoi il n'y auroit point de pa!>: à elpérer pour eu:: , ni avec la Fran- ce, ni avec la République. Ce pro- cédé , dirent-ils , étoit con:re toutes les règles de la juitice. C etoit leur faire leur procès fans vouloir les en- tendre , c'étoit les traiter comme des vaincus à qui on donne la loi. Si ZVIeiîieurs les Etats, ajoutèrent -ils , veulent accepter l'arbitrage que TEf- pagne leur a ofiért , (Se qu elle leur offre encore fur tous les points com- pris dans les adies des conférences tenues à Alunller entre leurs Pléni- potentiaires (5c ceux de Sa Majeflé Catholique , acles dans lefquels on ne trouvera rien qui touche ni le Portugal , ni la cefHon des trois \'il- les du païs de L:ege , ils confentenc que l'on procède incelfamment au jugement, 6c ou'à cet efiet il foie jermis à quelqu'un des Miniilres du \pj çi'JEfpagnç rendre à la

i

êie We^ïfhalle. Liv. VIL I -^ J Haye auprès de MefTieurs les Etats , avec toutes les inflrudions 6c les pa- ^* "^ ^** piers nécefTaires pour les mettre en état de porter un jugement équita- ble.

Quelques membres de l'AfTem- M^J^Ser- blée des Etats Généraux qui confer- vien obtient voient le plus d'attachement pour la "" J/,ti^^ ^^

rance, turent davis de recevoir la propofition de M. de Servien-, "lais^^'^^J.'^^/^^* le plus grand nombre voulant s'afTu- à m, de Lon- rer les avantages que l'Efpagne leuf^^^^'^^^^^^^ faifoit , & appréhendant trop de diT- 1647' ficulté pour le Traité de la France , opina à refufer l'arbitrage pour ne pas prendre des engagemens qui les auroicnt trop liés avec les François, La chofe dem.eura indécifc ; <5c ce- pendant M. de Servien continua à prelTer du moins le Traité de garan- tie qu'il demandoit inutilement de- puis plufieurs mois. Il s'efforça de meure dans lés intérêts la Princeiîè d'Orange , qui ne le lérvit que foible- ment, & dans la feule vue de con- tredire Ion fils. Ce Prince en effet regardant ce Traité comme un ache- minement à la paix , s'y oppofoi't de toutes ki forces , jufqu'à mena- H lij

1 74 Hljlcîre du Traite cer i\l. de Scr vieil de le joindre à laÉ . K. I 47. PfQyij^g j^g Hollande contre les in- térêts de la France , s'il continuoit à le demander. Il avoit entraîné dans fon fentiment trois Provinces , la Frife , la Zélande & Utrecht. Enfin W. de Servien l'emporta fécondé de M. de la Thuillerie , qu'on lui avoir envoyé depuis peu pour Taider, & le remplacer lorfqu'il retourneroit à Muniler. Il eil pourtant vrai qu'il n'obtint pas à beaucoup près des conditions telles qu'il les défiroit ^ par un effet de l'oppofition que la ^ Province de Hollande fit aux pre-

mières réfolutions des Etats Géné- raux , qui étoient à peu près confor- mes à ce que la France demandoit. 11 y eue fur cela des conteflations ex- trêmement vives , dont le fuccès ne fut point avantageux à la France. Voici le Traité tel qu'il fut propofé par les Etats Généraux , & que M. de Servien fut obligé d'accepter , défefpérant d'obtenir rien de mieux. LXXII. 3) I. Il a été convenu & accordé garaltk'el' >^ 9^6 le Roi très^Chrétien fera obli- tre la France ;>5 de rompre à gucrre ouverte &ies Etats. ^ contre le Roi d'Efpagne ou quel-

ât Wejhhalle. Liv. VU. 1 7 j ^^^^

ques autres rrinces de la Maifon «c '^"**'^

d'Autriche , en cas qu'ils vien- « ^^^ ^^^f»

nent les premiers conjointement <c

ou féparément à attaquer à force <c

ouverte aucun des Pais ou Places «c

que les Seigneurs Etats poflede- ce

ront, ou de celles ils tiendroient «c

leurs garnirons lors de la conclu- ce

fion du Traité de paix , ou qu'ils ce

pourront encore obtenir en vertu ce

d'icelui. Comme auffi en cas que «c

le Roi d'Efpagne vienne ci-après <c

à contrevenir aux conditions du- ce

dit Traité , ou à aucunes d'icelles , ce

en cas néanmoins que de ladite at- «c

taque ou attaques , ou contraven- ce

tions , s'en enfuive une rupture gé- oc

tîérale entre ledit Roi d'Efpagne ce & iefdites Provinces-Unies, ce

n II, Lefdits Seigneurs Etats «c

promettent pareillement Se feront ce

obligés de rompre généralement ce

à guerre ouverte contre le Roi ce

d*Efpagne, ou l'Empereur, ou ce

quelques autres Princes de la Mai- «

fon d'Autriche , en cas qu'ils vien- ce

nent les premiers conjointement cv

ou féparément à attaquer à force

ouverte aucun des Païs ou Places <^

Hiiij

f 7<î Hlfioire du Traite 33 qui appartiennentc au Roi très- '^^* Chrétien, ou qui demeureront à »5 Sa Majefté par le Traité de paix , 33 ou en conféquence dicelui , dans 3> tout le Royaume de France , y :>3 compris Pignerol ; comme aulfi » dans le RouiîlUon , dans la Lor- raine & dans toutes les conque- yi tes des Pais bas, en cas néanmoins D3 que de ladite hoflilité il s'en en- 33 fuive une rupture générale entre D3 les deux Couronnes, «c

33 III. Lefdits Seigneurs Etats D3 promettent aufîî & feront obligés 33 de faire une rupture générale , D3 comme il efl dit ci-deffus , en cas >3 que pendant la trêve de trente :>3 ans qui fera accordée pour la Ca- 33 talogne , le Roi d'Efpagne , ou 33 l'Empereur , ou quelques autres 33 Princes de la Maifon d' Autriche , 33 viennent à attaquer les premiers 33 à force ouverte aucune des Places 33 dudit païs , dont ledit Seigneur 33 Roi très-Chrétien demeurera en 33 poiTelîion par ledit Traité , & 33. que de ladite attaque la rupture 33 générale s'en enfuive «

33 IV. Sa Majefté 6c lefdits Sei-

de mjîphalic. Llv. Fil. ï 77 eneursEracs pour prévenir tous ies « . manquemens & iujets de plainte « ^^

qui pourroient arriver fur l'exccu- « tion du préfent Traité , ont ac- « cordé (5c arrêté que celui dentr'- ce eux qui fera le premier attaqué en ce la manière & aux lieux ci delîus « fpécifiés, l'ayant fait Içavoir à Tau- <^ tre, celui qui ne fera point attaqué, ce avant qu'erre obligé d'entrer en «c rupture ouverte contre l'aggref- ce feur, pourra s'employer pour fai- ce re reparer l'attaque ou attaques ce qui auront été commilés , & mé- ce \

nager un accommodement entre «« l'attaauant & l'attaqué durant l'ef- « , pace de fix mois ; mais en cas que ce ladite attaque ou attaques ne ce fbient réparées prompternent , & ce que ledit accommodement n'ait «< été fait dans ledit temps , celui ce qui ne fera point encore en guer- «« re fera obligé d'y entrer , (5c de ce rompre généralement contre l'en- c< nemi en faveur de fon confédéré , « auffi-tôt que ledit délai de fix mois ce fera expiré , fans aucune remife , te 6c d'agir contre lui hofliîement , ce comme il a été dit cidelfus. <c Hy

ly^ Hîftolre du Trahc

M V. Et pour affermir d'autant 1047. ^^ pj^^ l'union & l'étroite amitié qui :>3 doit demeurer à l'avenir entre la 33 France & les Provinces-Unies , » ledit Seigneur Roi promet de 3> n'affilier aucun de Tes Alliés con- 33 tre l'Etat des Provinces-Unies ; » & lefdits Seigneurs Etats promet- 33 tent auffi de n'affifter aucun de 33 leurs Alliés contre la Couronne » de France. <^<:

3) VI. Les Traités ci devant con- 33 dus entre la France & les Pro- 3> vinces Unies demeureront en leur 3^ force 6c vertu , pour être de part 33 6c d^autre religieufement exécu- 3> rés, excepté pour les points qui 33 fe trouveront finis ou accomplis , 33 ou ceux aulquels il aura été déro- 33 oti changé par le prélént Trai- 33 té. «

3> VII. Il a été encore convenu y> & accordé que le préienc Traité 33 commencera feulement d'avoir 33 fon effet lorfque le Traité de paix 33 d'entre les Couronnes de France ^ (5c d'Efpagne fera conclu &: (igné 33 à Munfler. «

Ce Traité donnoic à la France

de Wejlphalie. Liv. VIL

îyÇ

une apparence de fatisfadion. 11 fembloit renouvelier la bonne intel- ^'^^'^' ligence entre les deux Puiiîances , Réflexions &: fortiHer leur union ; mais rien n'é- ^^^ ce Traiié» toic en effet plus défedueux par rap- port à l'objet que la France s'étoit propofé. Le Traité ne çievoit avoir lieu qu'en cas que la paix fe fît entre la France 6c i'Efpagne , <Sc cepen- dant les Etats ne s'obligeoient poinc à la ménager ou à y contraindre les Efpagnols , tandis qu'ils, fe réfer- voient la liberté de le faire pour eux-mêmes. Il leur donnoit fix mois avant que d'être obligés de fe dé- clarer ; c'étok le temps d'une cam- pagne. Il fuppofoit que la rupture îeroic générale , & par conféquenc devenoit nul , à moins que la guerre ne s'allumât entre la France & I'Ef- pagne dans tous les païs que l'une & l'autre poflcdoient. M. de Ser- vien trop éclairé pour ne pas recon- noître des défauts fi elTenciels , tâ- cha de fe jurtitier auprès du Cardi- nal Mazarin par la néceffité il a voit été d'accepter tout ce qu'on lui offroit. Mais n'étoir-ce pas mar- quer de la part de la France trop de i4vi

I So Hifloire du Traite foiblelTe ? 6c pui (qu'il n'y avoît au- '^^* cun fruit à el'pérer d'un pareil Trai- , ne valoit - il pas mieux laiiïer la République dans Ion tort, que de lui fournir un moyen apparent de fe juflifier aux dépens de la bonne foi & de ce qu'elle devoit à ï^s an- i.e«r«^e M. çiens Alliés ? M. de Servien écrit à

( Servien au ^ . /^ j i j \

tard. MJiiar. ^Q lujet au Cardinal deux particula- i<?.^o«a64-. rites qu'on peut rapporter fans otlen- fer la République , puifqu'on ne peut pas lui imputer des dil cours qu'elle n'a jamais avoiiés. dd Le Greffier D) Mufch , dit il, me dit un jour >3 effrontément , que (qs maîtres ne D> faifoient jamais de Traité qu'ils ne 5? fongealfent en mêm.e- temps aux D3 moyens de n'exécuter pas les cho- 5D fcs qui pou voient les incommo- 3* der ; j'ai fçû auffi que quand Paw 35 <5c Knuyt firent celui de i 63 5 . & x> qu'on leur écrivit de la Haye qu'ils >!) avoient engagé l'Etat bien avant 33 dans les intérêts de la France , ils 33 répondirent avec un proverbe 33 Flamand, que quand on avoir fait 35 entrer Pcpouféc dans le barreau , 33 on ne tenoir des promeiles qu'on 3D lui avoir faites que celles qu'oa

mois

de Wcflphalie. Llv, VIL 1 1 r vouloir. 33 Quoi qu'il en ibit, ce Trai- té fie peu d'honneur à M. de Ser- ^'* ^ '^'^' vien , &: les Alliés de la France n'en furent guéres plus contens que les François mêmes.

Le mal cependant pouvoit enco- LXXiv. te fe réparer fi les Etats avoient pu j^^f^^j^^^^^Jes fe réibudre à mettre leur armée en offres préma- campagne ; mais rien ne put les y dé- J^\'^.^fon?']L terminer. Il y eut un feul point furEipagi lequel ils parurent vouloir donner à la France quelque fatisfadion. Les Efpagnols avoient fait publier une Ordonnance qui défendoit à tous les Sujets du Roi Catholique d'exercer aucune hoftilité contre les Navires Hollandois. C'éroit prévenir la paix pour en accélérer ou en alTurer da- vantage la conclufion , en faifanc goûter par avance aux Négocians d'Amflerdam les douceurs 6c les avantages du Commerce ; mais les Hollandois craignirent de fe rendre odieux & fufpecls en acceptant une oifre prématurée qui fuppoibit la paix fiite , quoiqu'elle ne fût pas encore fignée d^s Provinces ; Se ils ordonnè- rent au contraire aux Capitaines de leurs Vaiflèaux de continuer à faire

l82 Htflolre dn Traité la guerre comme auparavaxHt , <Sc de "r?* Çq i^^idr ^Q fQus les Navires qui por- teroient pavillon Elpagnol Les E- tats prirent en même- rems une au- tre réfolution qui déplut beaucoup aux François. Ceux-ci jugeant que le démêlé que la République avoic avec les Portugais dans le Brefil , la rendroit toujours peu favorable à la demande que la France faifoic d'une trêve pour le Portugal , 6c en général à tous les intérêts de ce Eoyaume, auroient bien voulu ter- IXXv. miner ce ditTérend. Ils propoferent à auih de 'tra'i- l'Ambalîàdeur de Portugal d'offrir ^r avec le aux litats de Icur refcituer tout ce ^^ ^°^ ' qu'on leur avoit enlevé dans le Bre- fil , s'ils voulcient s'engager à obte- nir la trêve qu'on défivoit , éc ce Mi- ^fprotb!ct ^'^^^^^ n'o^d^m point faire de fon chef Unies. î^^7. une propoGLion fur laquelle il n'a- luim. C). & ^^jj. aycun ordre , les François fe chargèrent de îa faire eux-mêmes à tout événement. Mais elle ne réiiffic point. Les Provinces- Uni es avoient aâ:ueîlement dans leurs ports une flotte route prête à mertre à la voi- le pour aller porter dans ces païs~là des fecours aux HoUandors , 6c ne

de WeftphaUe. Lh. VIL i ^3 lUf^erenc pas à propos d'abandonner ^ une enrreprile dont elles elperoient ^

un grand fuccès , pour une négocia- tion incertaine oii elles prévoyoient beaucoup de difficultés. L'Ambaf- fadeur de Portugal fit peu de temps après une offre capable de tenter les HoUandois _, c'étoit de donner aux Etats une Place de Portugal , pour iervir à la Compagnie des Indes de garantie de la reditution de la Baye de tous les Saints qu'on leur promet- toit , & dont on auroit ainfi le loi- iir de traiter à l'amiable. La propo- lïtion étoit Tpécieufe, & les Alliés y trouvoient entr'autres avantages ce- lui de lier pir ce moyen la Républi- que avec le Portugal. Elle échoiia pourtant encore , foit qu'on la fît trop tard , foit que la diverfité de fentimens qui parrageoient les efprits, ne leur lairsât pas afTez de liberté pour ouvrir une nouvelle négocia- tion , 6c prendre de nouveaux en- gagemens. Le Portugal fut ainfi- abandonné à fa deflinée , ô< fi le Roi- d'Efpagne n'en fit pas peu de temps après la conquête , il cfl certain qu'il ne tint pas à la République des Pro»- vinces- Unies,

I §4 Hlflolre dti Traite

Le détail des autres démarches' LXX\t^' îj^utiles qui fe firent encore de parc Nouveau (Se d'autrc jufqu'à la fignature du n'4''il"rf; Traité entre les Etats Généraux & dinai Maza- l'Efpagne cft pcu Incéreiîanc , 6c je ""• ^ , ne les rapporterai qu'en abrégé. Le du ^r'^Î'Zux Cardinal Mazarin voyoit malgré PiîrApot, 2c,.tous fes efibrts les Hollandois fur le et 164J. p^^Ij^^ jg lyj échapper , 6c que ce qui les dégoutoit le plus de l'aUiance, étoit l'engagement l'on vouloit les faire entrer pour la guerre ou pour la paix avec une Couronne qui avoit des intérêts à démêler dans prefque toute l'Europe , tandis que leur Ré- publique avoit tous les ficns bornés aux Païs-bas, Pour remédiet à cec inconvénient , il imagina un expé- dient qu'il propofa aux Plénipjten* tiairés François , ce fut d'offrir aux Efpagnols de faire la paix feulement dans les Païs-bas , & de demander aux Etats de faire en ce cas-là un Traité commun avec la France , que les deux PuilTances garanriroient ré- ciproquement. Mais cette idée n'eue . pas de fuite. Il cR même incertain il M. de Servien la propofa. Ce Mi- nière revint dans ce temps - à

{

de Wcflphalie. Llv. riL i g 5 Munfler peu facisfait de fa négocia- ^^!?«^ tion & de la Province de Hollande , ^^' '^4^ qui ne lui fit pas le préfenr ordinai- re qu'elle avoit coutume de faire aux Ambaflàdeurs. Les Députés des Provinces Unies y retournèrent auiïî , (Se Munfler redevint le centre de la négociation. Ceux-ci reprirent LXXVTt. la médiation entre la France & l'Ef- . ^- ^^ ^;": pagne; MM. raw oc Knuyr n en fu à Munfler. rent pas même exclus. Le Prince ^'^.^ -^ ^^ "■^' d Orange avoit écrit a ia Cour de France en leur faveur , & le Cardi- nal ne voyant plus aucun avantage à les exclure, à Te flattant peut-être d'en tirer quelque fervice , conientit à leur lailTèr reprendre tous leurs droits. Les Médiateurs , quoiqu'ils fe plaignifîènt tantôt des François , tantôt des Efpagnols , de ce qu'on fembloit les négliger, ne laiiToient pas de continuer aufTi leur entremi- le , mais avec auiîi peu de luccès. Les divers événemens de la guerre qui continuoit pendant ce temps- , & que j'ai raconté plus haut , quel- quefois retardoient, quelquefois fem- bloient avancer la négociation. 11 y eut fur- tout en Italie de grands mou-

I s G Hlftoire du Trahi vemens qui donnèrent pendant afTeîi ^* ^ '^^' long- temps beaucoup d'inquiétude aux Efpagnols. LXXVîîl. Le Connétable de Caliille , nou- vokle'iontrê ^^^^ Gouvemeuf de Milan , ôc qui les Efpagnols commandoitlcs ti^upes Efpagnoles, & foumik. jy^aigré l'envie qu'il avoit de le ligna- 1er , fut obligé de borner tous fes ex- ploits à la prife de Nice de la Paille. M£,-7îo/Vtf de Lg ^^jç ^Q Modene mécontent de

J647, l hipagne , s etoit déclare pour la

France , <Sc ayant alFemblé un corps de troupes , attaquoit le Milanés du côté de Crémone , s'écoit em- paré de plufieurs Places , & pilloic tout le païs fans que le Connétable lahard^us pût s'y oppofer. Ces premières dif-

Je rébus Gai- gj^Lces fuYQnt bien-tôt fuivics d'évé- "^' * ^' nemens beaucoup plus conGdérablcs & plus fâcheux. Les peuples de Si- cile fe fouleverent ôc prirent les ar* mes pour fecolier Je joug de la domi» ftaiion Efpagnole. Palerme , Siracu- fe , Montréal , Trapani , Catane , toutes les Villes fe révoltèrent , de Me(nne feule demeura dans l'obcïf- fance. Il ed vrai que ce mouvement ne fut pas de longue durée. Le Mar- quis de ios Velés , Viccroi de l'ifle ,

de Weflphdle, Liv. t^II. i S/ l>l'ayant pas à beaucoup près les trou ■? pes nécciraires pour réduire les Ré- ^^' ^^4/<* belles par la force des armes , eut re- cours à l'artifice , &: promit tout pour ie mettre en état de ne rien tenir. Le peuple quitta les armes avec la même légèreté qu'il les avoir prifes , & vit pendre fans s'émouvoir les Chefs qu'il regardoit peu de jours auparavant comme les libérateurs de la patrie. Mais à peine le calme euc-il été rétabli dans la Sicile , que l'agitation fe fi: fentir dans le Royau- me de Naples , femblable à ces fe- coufles violentes de la terre , qui fe communiquent fi fouvent de l'iile à la Terre ferme. La Bourgeoifie de LXXIX. Naples opprimée & maltraitée p^r is^J^i^sf'^^ la Nobleite , étoit extrêmement ani- mée contre elle , & la politique de la Cour d'Efpagne fomentoit , dit- on , l'animofité pour donner un ob- jet à l'inquiétude naturelle de la na- tion , & lui ôter la penfée de fe réu- nir contre le Gouvernement. Le peuple étoit d'aiileurs accablé d'im- pôts , & dans la difpofition étoient les efprits , il ne falloit qu une étin- celle pour allumer un grand feu. Le

lis Hîfloiye du Traité

"^^^ °" déiordre commença par un vendeur

'. ■^'^^ d'herbes nommé Thomas Aniello , un de ces hommes que leur naiiïan- ce condamne à une écernelle obfcu- rite , & qu'un excès de hardielîe fait quelquefois paflèr fubitement da dernier rang des hommes à la tête d'une multitude redoutable au Sou- verain même. Une querelle qu'il eut avec quelques Efpagnols chargés de la levée des impots, devint en moins de rien la querelle de tout le peup^ qui fe joignit à lui , 6c J'élut Géné- ral avec une autorité abfoluè. Les rues furent barricadées, les prifons ouvertes , & les prifonniers armés , les Efpagnols chaiïes de proche en proche jufqu'au Château-neuf, ils furent obligés de fe réfugier. Ceux-ei fe flattèrent d'abord que la fédition n'auroit pas plus de fuites que celle Je Sicile. Aniello entra en né2;ociatfon avec le Duc d'Arcos . qui étoit Viceroi de Naples. On lui accorda les conditions les plus avantageufes , 6c le peuple fut fatis- fait à cet égard ; mais inllruit par ce qui s'étoit pafle en Sicile, il ne voulue défarmer que loriquela rati-

àe We fi f halte, Liv. VIL i %^ fication du Roi d'Efpagne feroic ar- rivée. Sur ces entrefaites Aniello fut '* ^H7» tué , félon les uns , par un meurtrier apofté par les Efpagnols : félon les autres , il fut empoifonné dans une débauche , lorfqu'il étoit déjà yvre de vin , & plus encore de fa nouvel- le fortune. Le Duc d'Arcos fe hâta trop de fe croire déformaîs le maî- tre. Il irrita de nouveau la multi- tude , (5c le défordre devint plus grand qu'auparavant. François To- ralte fuccéda au Géiicralat , & de- venu peu de jours après fufn.'d d'in- telJigence avec les Efpagnols , ii eue la tête tranchée. Un Armurier nom- mé Janvier Anefe fut élu pour le remplacer. C'étoit un homme capa- ble de fuivre une entreprife , hardi jufqu'à la férocité , avide de pillage , diffimulé , fans foi & fans honneur , & digne de commander une multi- tude révoltée.

Cet événement attira l'attention LXXX. de toute l'Europe, 6c tandis que le. ^^ ^7"^^;

oi d Elpagne envoyoït Dom Juan profiter de fop fils naturel avec une armée na-'^^* événç-. vale au fecours du Viceroi de Na- des ^ tous ceux à qui cette révolu-

190 Hiftoire du Traité lution failbic naîcie quelques eTpc- 4n. i^47-rances , Ibngeoient aux moyens d'en tirer avantage. Il n'elt pas douteux que la France n eût bien voulu enle- ver ce Royaume à l'Efpagne. Les Kebelles Tentoicnt bien aulfi que fans un fecours aulTi puilîànt que celui de la France , ils ne pou voient ef- pérer aucun fucccs de leur entrepri- le. Ils le foUiciterent avec beaucoup d'empreflèment ; mais la prudence ne permettoic pas de le prêter fi promptement à leurs défirs , au rif- que d'en être abandonné fans aucun dédommagement des avan^-cs qu'on auroit faites. Le Marquis de Fonte- nai qui étoit AmbalTàdeur de Fran- ce à Rome , ne lailTa pas de leur donner de grandes efpérances , 6c les Députés Napolitains ayant trou- vé dans la même Ville le Duc de Guife qui s'y étoit rendu pour folliV citer la callàtion de fon mariage avec la Comtefle de Boflut , ils lui pro- poferent d'aller au fecours de leur ^XXXI. patrie. Ce jeune Prince qui étoic

Le Duc de', j r c J. i- c

i:;uiieierendpiein de feu OC d ambition , oc qui

aNapies. lie clierchoit que l'occallon de le

^ajre dans le monde un écabliiîcment

de WeftphaHe. Liv.PII. 191

qui le dédommageât de celui qu'il -;

quirtoit dans l'Etat Eccléliaftique ,'^^* ^^^'^* faiiit avec ardeur celle que la fortu- rie lui oflfroit. 11 fe concerta avec le Marquis de Fontcnai, Ils en écri- virent l'un (Se l'autre au Cardinal Mazarin , qui n'ayant encore aucui> plan fixe Tur ce nouvel objet , parut d'abord approuver celui qu'on lui propolbit , jufqu^à ce que les chofes fuflent un peu plus éclaircies. Ce plan étoit de mettre le Gouvernc- meiK de Naples en forme de Répu- blique , en lorte que l'autorité lue partagée entre le peuple Ôc la No- blelTe , & que le Duc de Guife y auroit fous la proteélion du Roi de France la même autorité que le Prin- ce d'Orange avoit dans la Républi- que des Provinces- Unies. Le feul nom de République <Sc de liberté charma les Napolitains. Ils députè- rent au Duc pour le preiTer de venir à leur défenie , & ce jeune Prince encore plus impatient qu'eux , fe mit en chemin fans fe donner le loifir de faire un équipage , ni aucuns préparatifs. 11 pafïa au travers de la flotte Efpagnolc dans une petitç

T^i Hiflotre du Traité chaloupe , avec une intrépidité &

4n.. 1047. confiance digne d'un héros , 6c fon arrivée rempht toute la Ville de Naples de tranfports de joie II com- mença par vifiter les travaux (5c les défenfes de la Ville , il fortic pour nettoyer quelques polies occupés par les Espagnols (Se la NoblefTe qui cou- poient les vivres à la Ville. Il répri-

& fesfuSs!"^^ les excès que la licence 6c l'im- punité avoient introduits, II mit l'ordre par tout , & dans les occa- fions les plus délicates , montra tanc de fageiTe , de courage , de prevoyan- ce & d'habileté , qu'il devint l'idole des Napolitains. Il ne paroiiîbit ja-? mais en public qa'au milieu des ac- clamations du peuple. On bruloic des parfums 3c on lémoit des fleurs fur fon paflage. Parmi les titres qu'on lui prodiguoit , on lui donna fou- vent celui de Roi ; mais il le refufa toujours conflamment pour ména- ger la Cour de France , fe conten- tant de celui de Général (Se de Prin^ ce de la République qui lui fut déféf folennellement.

Des commencemens fi brillans au- jrpient eii de quoi flatter la plus hau-

de Wefi^halte, Liv, Vil. 1-9 % te ambition , s'ils avoient eu ài^s fon- demens plus folides. Si du moins la J^'J^f[' NoblefTe eut confpiré avec le peuple confidéri- dans le mêmje deflèin, on en eûrtions de u pu elperer quelque lucces ; mais que ^g fur cet »> peut- on attendre d'une multitude vénemenu aveugle Se inconiîante qui n'a d'au- tre principe de conduite que fa lé- gèreté naturelle ? Le Duc de Guife au milieu de l'éclat qui l'environnoir, ce tarda pas à fentir tout ce qu'il avoit à craindre au dedans , & le peu d'efpérance qu'il avoir du de- îiors. 11 étoit environné d'ames baf- fes 6c perfides , capables de le facri- fier dans un mouvement aveugle de fureur , ou par l'appas d'une riche récom.penfe. 11 avoit au dehors af- faire à des Miniilres politiques êç couverts , qui dans la crainte de ne travailler que pour lui, fongeoienn moins à l'aider qu'à s'aiTurer le fruic de leurs fecours. On faifoit en Fran- Mémoire du

1 r ri'* r ■ftoi au pUnip,

ce diverles coniidcrations lur c&tj^Sept.i^jo événement. On trouvoit que le Mar- quis de Fontenai & ks Cardinaux amis de la France qui étoient à Ro- me , 5) étoient allés un peu trop ce vite par un excès de zélé , 6c com- « lams F^ I

î^4 Hlflolre du Traite - D> me le fruit n'éroic pas encore mûr

^iN.o 1047. 55 pour nous , leurs diligences hors

>5 de temps avoienc plus nui que

» fervi. Mas comme il fe forme,

» ajoutoit on , un parti de la No-

33 blelTe contre le peuple , il n'y a pa$

53 d'apparence que cela finilTe fi-côt ,

?> 6c dans le progrès de qqs divisons,

?> il y aura bien lieu de trouver nos

yy avantages , l'un des partis ayant

:>5 nécefTairement befoin de notre

^TrUnn^: - ^ppui & de nos afîiflances. - On

flux PLcnïpot. jugeoit cepenJant qu'il netoit pas

h ménz jour, ^ p^^p^g j^ f^jrg paj-oître trop tôç

des troupes Françoifes dans Naples, pour ne pas donner d'ombrage à la nation , & hâter ainfi Ton accommo- Zettre de M. à^mem. On confidéroit d'ailleurs ie^SerT^- iz ^^^ ^^ projet que les Napolitains ^Qv, u'^y. ' avoient formé de faire une Répus- blique étoit impraticable , (5c on fe fiattoic que ceux qui les y avoienc portés leur feroient faire le fécond pas , qui étoit de fe donner à la Fran- icc. Mais en ce cas -là, difoit-on , v3 ils voudront exiger de nous que >5 noi^s ne faffions point d'accommo- p> dément avec l'Éfpagne fans les y ^? comprendre , particulièrement

d? WeflphÂlie. Llv, VIL i ^ 5 s'ils nous remetcoienc les Châ- ^

teaux quand ils les auront pris ; « ô^n. kî^/ . quand ils ne l'exigeroient pa$ , il « lernble que nous ne pourrions « moins faire [X)ur eux que pour les <^ Catalans. «* Or cette hypothefe em- barraflToit les Minières de France , parce que d'un côté ils craignoienc de manquer l'occa/ion de faire la «c paix , par la crainte que les Efpa- ^ gnols auront de perdre ce Royau- «: me, qui les fera peut être hâter ^c de nous fatisfaire fur tous \ts points « indécis , «: 6c de l'autre côté , ils ap- préhendoicn-r de :>i lailîèr échap- c< per une fi belle conjondure de ce porter un coup mortel à la Mo- « narchied'Efpagne,enluiôtantfon c< Inde véritable , puirqu'aufTi bien «c ce Royaume-là perdu poureux,la << guerre finiroit de foi- même , fau- « te de moyens pour la fbutenir, ce Une autre queftîon qui embarralîbit la Cour , étoit de fçavoir il en cas que les Napolitains fe donnalTent à à la France , il ne feroit pas plus avantageux de céder ce Royaume à quelque Prince particulier qui le îiendroit du Roi ^ fous fa protec-

lij

An

1^6 Hîfloire duVraîté

^!^^^ tion. On foupçonna le Cardinal Ma* ^.^^*zarin d'avoir eu la penfée d'y éta* ^tongiat,'^ 'blir quelqu'un des Tiens ; ^ on dit l^él' >i que la Reine Régente qui ne vou^

loir pas ruiner la maifon , diibit » que fi les Napolitains vouloient le 3P Duc d'Anjou Ton fécond fils, elle z:> les foutiendroit de toute fa puif- » fance ; mais qu'elle aimoit midu-x: :>> Naples entre les mains de Ton fre- » re, que du Duc de Guife. Mé- 30 chante polidque , ajoutoit-on , >> pour les intérêts de la France ; car :>j il ne fe falloir pas foucier qui fe- » roit maître de Naples , pourvu >5 que les Efpagnols en fuifent chaf- » ies. ce I.XXXIIL Lorfque ia Cour s'occupojt de ju^^rP ^^d- ^^^ réflexions , elle ignoroit que le Cîuife, ^ " ' Duc de Guife étoit déjà dans Na- ples ; quand elle l'apprit , elle fuE Mémoire du ^^Q^^QQ de fa Iiardieflè. 55 On ei^E 'ripotm. 2/." ^5 fait quelque difficulté de confeil-- />*py» Î647. -^3 i^j. ^ ypje pcrfonue de la confidé-? D3 ration de M. de Guife d'aller s'ex^ 33 pofer fi tôt parmi des peuples qui 95 peuvent changer du foir au matin; :,:> mais puifqu'il l'a défiré lui-même f} pi) a lieu d'cfpérer que le feryip^

âePl'éJiphatlctiv.riî. f97 de Sa Majedé eh recevra beaucoup «: ! d'avantage , (5c que les affaires ne <:< ^' ^ ^' "- içauroient que profpéfer entre les ^<^ mains d'un Prince de fi grand cou- «c îage, 6c qui a tant de bonnes par- ^^ ties. « C'cft qu'on n'y avoit pas en- core bien penfé ; car on changea bien tôt d'avis. >> Dieu veuille , écrie M. de Servien y y> qu'il y air por- <c te autant de prudence & de con- «c duite que de valeur. Je crains bien «c Lettre et m^ pourtant que 1 elpcrance qu on lui ^<^ M.de Lionne, a donné de commander les armes «c ^' ^^* *^4/ « de ce Royaume , quand il fera <c mis en République , avec la me- «c -me autorité que le Prince d'Oran- ce ge a dans les Pais- bas , ne le ren- ce de contraire aUx réfolutions que ce ces peuples pourroient prendre ce de fe donner entièrement au Roi , ce qui eft à quoi nous devons vifer, ce puifqu'âufîi-bien nous ne fçaurions ce conferver par la paix la liberté ce d'afîîfter cette République contre ce le Roi d'Efpagne , quand elle fe ce fera fimplcment mife fous la pro- ce tèdion-du Roi. c< La Cour corn- tettredcM. mença en effet à foupçonner le Duc^*" ç'*"'"^'*^- de Guife d'avoir de plus grands def- Dk7ib4,'l liiij

y^î HiJIoire du Traite feins qu'il n'en faiibic paroîrre. Le Ai^. i<^47. Marquis de Fomenai fut blâmé d'a- voir engagé trop avan: le nom dii Roi, yy ayant traité ces peuples- 33 deRépublique, 6c leur ayant man- 33 de la parc du Roi d'inflaller 35 M. de Guife dans la charge de y> leur Général. 11 s'efl: aulfi trop 33 avancé à dire qu'on ne prétendoic 3) rien de ce Royaume- ; mais la 33 pire faute de toutes , c'efl de ne D3 nous avoir pas donné le temps 33 d'envoyer un autre homme que 33 M. de Guife. « L'affaire étoit ce- pendant trop engagée & trop in>- portante pour la négliger. La Cour donna promptement fes ordres pour faire équipper une flotte dont elle donna le commandement au Duc de Richelieu , qui a voit à peine vingt 6c un an , mais à qui on donna pour confeil tout ce qu'il y avoit de meil- leurs Officiers dans la Marine. La flotte étoit d'ailleurs bien pourvue de tout. On y lit embarquer quelques^ troupes avec des munitions de guer- re pour fecourir les Napolitains , <5c on fe promettoit que fon arrivée à. Naples feroic un grand effet. Je Xd^

de tVejtphatie, Ltv, VU. 1 95^ conterai fous l'année fuivante quel fut le fuccès de cette expédition. ^* ^ ^'^ La France en fufcitânt ainfi de LXXXiv* fâcheufes affaires à l'Efpaffne , ne , i?"^"^'l Kiiloit quuler repreiailles. Larpour exciter

qu'ufer répréfaille^. v^dipoi

en Francis

tes Efpagnols mettoient de leur cô- ^^^ trouble® tout en œuvre pour exciter des troubles en France. On y arrêta un Secrétaire de Dom Miguel de Sa- kmanque ^ 6c un Gentilhomme du Duc de Vendôme y qui étoient char- gés l'un & l'autre de lier des intri- gues & de former des cabales dans le Royaume. Ils n ignoroient pas d'ail- leurs que l'on eommençoit à Paris à murmurer allez hautement contre' les nouvelles taxes qu'on ajoutoit aux anciennes, & que le Parlement avoit fait beaucoup de difficulté de* vérifier quelques nouveaux Edits. C'étoient des étincelles d'un feu ca- ché fous la cendre qu'ils efpéroient" voir bien- tôt s'allumer , & cette fa- tale efpérance les éloignoit toiijours- de la paix. Il eft pourtant vrai que' la révolution de Naples les inquié- foit d'autant plus qu'ils n'ofoient y porter de grandes forces , pour ne pas digarnir k Catalogne <5c l' Arragon ^ I iiij

260 Hifloire an Traité ^^ le Prince de Condé n'mit pas

^^ manqué de former quelque grande entreprife. Les Hollandois leur fai- foient de nouvelles demandes & de nouvelles difficultés fur les arti- cies dont ils étoient déia convenus. ils leur avoient même déclaré que l'intention des Etats Généraux éroic toujours de ne conclure que conjoin- tement avec la France. Les Médian teurs de leur coté ne leur donnoient aucun relâche. Les François ne pou- voienc comprendre une obflinatior^ piT IL- f"} ^^^' P^roilToit fi étrange , & di- ^uevïiu au foient qu'il falloir que leur deflinée

^'^6^' Aoû}""'* ^^^^ P^^^^^^î ^ achever eux-mêmes leur \6^j. "" ruine. Effectivement , difoit M. de Lettre de Servien , les Efpagnols ne pou voient i'iif ^fzTr.-^^^"^^ ^"^ P^^s forte preuve de leur m> iz, Nùv, éloignement pouria paix , que de la Ml* refufer dans le danger qui les mena-

çoit , après la perte de tant de Pro- vinces , de Voir encore les deux Si- ciles fe détacher du corps de leur liî^ontT)lM5 Monarchie. Mais il faut leur rendre

LT^rançox'" i^^'C^- P^^^ COni^anS & plus àécYàé^

que les Jrrançois dans le projet qu'ils

s'étoient formés dès le commence-

. ment de la négociation , 6c qui étok

de Wejîphalie. Liv, Fil. lOl ée rompre ralliance des Provinces- - Unfes avec la France , on ne les vie ^* ^ ^7' jamais s^en écarter , ôc fi on veut fe f appeller toutes leurs démarches paP {qqs , on verra qu'elles fe rapportent toutes à ce feul objet ; au lieu que les François, quoiqu'ils fe fufTent auf- fi propoles pour un de leurs princi- paux objets de retenir la République- dans leur alliance , ne fuivirenc pas' à cet égard un plan de conduite aC-- fez uniforme, ou plutôt entraînés- par l'avidité de faifîr 6c d'accumuler' tous les avantages que leur bonne for-' tune leur préfentoit , ils fournirent eux-mêmes aux Efpagnols une partie des moyens dont ils fe fervirent pour' leur enlever leurs Alliés.

La négociation condnua toujours LXXXV.. fur le même pied jufqu a la fin de f ^^ ^f'^"* certe année, l^a déclaration que ntnuent d'élu- ïe Duc de Lonp;ueville de larefoîu-'^'^'"^^^^''^^' non ou il etoit de retourner a Pans d^s f rançois.- fembla ranimer. Les Efpagnols firent pour lePortugal quelques avan- ces qui ne décidoient de rien : Tes- Médiateurs firent en faveur du Duc" de Lorraine de nouvelles inflances- aufquelles les Fraiiçois ne crureûc-

201 Htflolre du Trjttté ^ "o^s devoir fe rendre, & cet article *^^- ^ "^^'ainfi que celui du Portugal fut re- LcuredeM,m\s-à la fin du Traité. » L.es Efpa— m^uL:,» gnols , difoit M. de Servien , &,Oci, ié47.:>ï font grande odentation de quel- 35 ques articles peu importans qu'ils 3> accordent, & ils laifl'ent exprès :>3 indécis tous les principaux points, D> fans vouloir expliquer nettement D3 leur intention. 11 paroît claire- » ment que fçachant ce qui le pafle- :>3 en Hollande , 6c que Ton corn- ai mence d'y être picqué de leur 3> procédé , ils veulent feulement: » donner des apparences pour faire yy croire qu*ils- ne reculent pas. J'aii » appris d'un homme qui croit fça« » voiV quelque cho^e des fecrets de >5 Fegnaranda, que dans le déplai- 33 fir extrême qu'il a de ne pouvoir- y% faire qu'un Traité défavantageux 3> avec la France , confidérant fon- 33 intérêt plus que celui de fon maî- tre , il a intention d'achever Tac- 33 commodément des HoUandois ,. » 6c après cela fe retirer pour laiffer 3i à un autre ce qui devra être fait 33 au préjudice de l'Efpagne. Les » articles du Portugal ,.de Lorrai-

deWefifkaiie, Ltv F II. 10%

fte, du Prince Edouard, de Ca- <^ '""

fal , de la ligue d'Italie , de la tré- ce An. 1^47.-

ve deCatalogne ne font point ajuf- c<^

th , quoiqu'ils contiennent toute ce

la fubftance du Traité. Les Ef- «

pagnols fembiertt bien accorder «c

les conquêtes ; mais ils ehicannent *^

fur toutes les dépendances, 6c nous <^

veulent réduire aux feuls territoi- «c

r^i des Places conquifes, jjIIs confen- Difcours de

toient à la déclaration des Média- ^•/^{'^.T^.f *

/.-rze a l Af-

teurs pour expliquer en faveur ùm fcmbUe des e-. Portugal l'article troifiéme du Trai- f^ Oénéraux

, b . . des Provinces--

te ; mais ils ne convenoient pas ces Unies , zj. «ermes de cette déclaration , 6c ils ^^^^* ^^'^7» remettoient cette difcufîîon à la fin du Traité. Par rapport aux intérêts du Duc de Lorraine , quoiqu'on eût fouventaiïliréles François que quand il ne refleroit plus que cet article à terminer, ils ne feroient point d'obf- facle à la paix , les Efpagriols conti- îiuoient à refufer l'accommodement propofé par la France , ôc vouloiene îe rcferver la liberté d'afTifltr ce Prin- ce. C'étoir comme M. de la Thuille- lxxxvi rie le repréfenta à TAfTemblée des m." de la Irats- Généraux , faire la paix & ne ^^^^^""^ ^"^

Ivji îesauxÉi

ait des plain- tes aux États.»

An. 1547,

204 Hifioire du Traité - la faire pas ; c'éroit faire la paix d'un côté pour recommencer la guerre de Taurre. Ils confentoient à la trê- ve que la France demandoit pour Li Catalogne ; mais ils lui refufoient la liberté de fortifier les pofles qu'elle y occupoit , afin de l'obliger à y entre- tenir toujours un corps d'armée, & que les défordres & l'incommodité que des troupes caufent toujours dans une Province y occafionnaffenc des troubles. Quoique rien ne duc excepter Piombino 6c Portolongone dans l'article des conquêtes qu'ils cé- doient à la France ^ ils ne laiiïbient pas de chercher des tempéramens donc la France ne pouvoir s'accommo- der.Quelques dépenfes que Cafal eût coûté à h France pour le conferver au Duc de Mantoue , ils ne vou- loient pas confenrir aux précautions que l'on vouloir prendre pour em- pêcher que cette Place ne retombât entre leurs mains. Telles étoient les difficultés qui arrêtoient le Traité avec quelques autres moins impor- tantes ; &i comme les Parcifans de l'Efpagne ne laifioient pas de publier

iz WeflphaUe, Liv. VIL 10 %

dans Ws Provinces - Unies , tantôt^

, -n 1 ', . An. 1647.

que la r rance ne voulon: pas la paix ^ ^'

<3c rerufoit voûtes les conditions qu'on" lui offroic , fantôc qu'elle ctoit fur le point de conclure fon Traité ^ faux bruits qui tout contradiâioires^ qu'ils étoient, faifoient fur l'efprio de la multitude des impreffions fa- vorables au deiïein des Efpagnols ^ M. de la Thuillerie crut devoir fai- re fur ce fujet un difcours aux E- tats Généraux pour leur expofer le véritable état de la négociation, & leur repréfenter leurs obligations envers la France dans la conjonc- ture où l'on fe trouvoit. Mais il ne parut pas que fon difcours pro- duisît aucun effet. Il en fut de mê- me d'âne longue conférecce que* les Députés des Etats Généraux eurent avec les François, & touc ïe refle de l'année fe pafla ainfi en eonteflations inutiles , la France ne voulant rien relâcher de fes de- mandes , & les Efpagnols n'ayant pour objet que d'engager les Pro- vinces - Unies à conclure leur Trai- té particulier. Je raconterai bleu-

Aii,

^06 fUllolre du Traite Ï=r6t quel fut enfin le fuccès d'url^ ^*^^7* négociation fi longue & fi épineu-

fe , après tant de raifonnemens &

de fubtilités politiques inutilement?

employées.

^în' dwfeptîéme Livre»

•I 4

^ ^

«y'-^irs» V-^^'s» w^-^r^» «y-Â^^s» o^j^-s» «y-;^f^\»

SOMMAI R E

DU HUITIÈME LIVRE.

I . Ç2 Imitions contraires de laFrance' l3 ^ l'e^ardde /es diffcrens^lliés,-

I I . Objet du vojage du Comte d'Avaux à Ofnabrug. m. Difficulté de l'entre^ prife. IV. Nouveaux obfiacles, v. Va-- riations des Suédois, vi. Principaux articles du Traité c^ue le Comte dUA-- vaux fait accepter aux Partis, vu.- Le Comte d' Av aux fait figner le Tra:-^ t-e, VIII. Nouvelles conteflatîons fur les di'dommagemens demandes par le s deux- Partis, ix. Demandes de l'Ele^cur de- Brandebourg.x.Oppofition duDucFre-- déric. XI. Qppujitionde la A4aifon de' Lunebopira. xii. Rcponfe des DépMtes' deBrandtbourg. xiii.LesEvêchésco»- îejl es leur font accordes, xiv, Dive-r-- je s reprefentations. xv. Gloire de la' France & du Comte à'Avaux. xvi.- Conférences d'Ulm. xvii, PropoJitianP

s 0 M M AIRE

â(s Bavarois & des Impériaux, XVI îïy jLes Impériaux font exclus de la négo--- elatlon. Demandes des Suédois, xix^ Les Bavarois preffent le Traite', xx. Les Impcriéiux s'efforcent de le travers fer. xxr. Le Minlflre de l'Empereur n\fl point écouté du Duc de Bavière, XXII. // obtient a "^ein^ d'être écouté a- Uhn. xxiii. // ne feut empêcher que' te Traite ne fe conclue. Jirticles dw Traité, xxiv. Succès desar?nes du P^t-^ comte d? Tursnne en Allemagne . xxv.- NoHvellisconf.iétes desSueda!s,xx\l,- Siège & prife d^Egra, xxvii. Trahi- frn fans fucces dit Général Werth en faveur de l'E?npereur. X x v 1 1 1 . Nou-^ velle teritative de l'Empereur pour at- tirer l'armée du Duc de Bavière, xxix^ Prétentions amhitieuÇes & peu équita^' iles ^e s Suédois. xxX. Conciliation des' intérêts du Duc de Bavière & du- Prin-^ ee Palatin, xxxr. Keglemens fur les griefs de Religion. xxxii.Contejlations far deux Evêchés. xxxiii. Les Impé- riaux cèdent l'Evéché de Aîinden. X x x I V. Le Cemte d' A vaux agit vlve^- me-nt pour conferver Ofn^brug aux Ca- tholiques. XXXV. Accoynmodement pour tEvUhé d'Ofnahrug. xxxvi. Règle-

DUHUITIE'MELÏVRE.

ment four la liberté de confcie-ace^ XXXV ri. Elle efl accordée pour toit t Empire, x XX v 1 1 1 . 0/2 termine l^artl^ de de la Landgrave de Hejfe, xxxix» Les Suédois demandent de grofjls fom^ mes d'argent, x L. De?nandes des Era?!" fois. XLi. Us cejfent de prejfer la con-^ cltipon du Traité , & pourquoi. Les Impériaux fe ralentirent de leur coté, XLII. Les Suédois an co'ntralre pref- fent la conclu en de la paix, XLiii» Le Comte de Trautmansdorff retourne a Vienne. XLIV Effet de cette retrait te, XLV. Divers fuccés des armes Suc- doifes & de celles de V Empereur, x L v I. Chan^efnent duDuc deBaviere.xLYUe Caufes de cette variation, xlviii. // veut garder le Traité avec les Fran-- cols , en rompant avec les Suédois ; mais en vmin XLix. Sentiment & conduite de la Erance en conféquence de cette dcfe^lian. L. L'Electeur envoyé une partie defcs troupes a P Empereur , XI. Siège & prïfe de Memmingen ptTir les Bavarois, lu. Les Suédois per~ dent encore qntlcjues autres Places^ Xiu. Le Général \Trangel quitte la. Bohême pour fe rapprocher de la VVcfl- fhalie, liv. Svtccés de fa nmrche. lv*

" s O M M AIRE

Le Géntral A4eUrjder profite ?nal du tiif.Kgcr fe troiivtnt les Sucdoiu >1 VI . // mancjite a^êne tue a Marprug^ L V 1 1. Différentes fitudtîons des efprits, iviii. Contre- tems fâcheux -pour les François, Lix. Conte jlation fur les trois Evéchés. LX. ils étaient de'ja cédés k la France, lxi. Voppofîtion des De- ■pûtes demeure fans effet, LXii. 0?z penfe efficacement k conclure enfin le 'Traite. LXiii. Le Plénipùtenttaire de F Empereur accorde tout aux FrançotSy excepté deux articles, lxiV. Les Sué- dois avancent plus lentement. LX v .5«/- te de la négociât ian de la France avec ÏEfpa^ne. IXVI. Artricles qui refloient à décider, i. Certificat exigé par le^ François. 2. Exclufion du Dîtç de Lor- raine, 3 . La Ville de Cafal, 4. Forti^ fication des poftes en Catalogm, 5 . Dé~ pendances des conatcetes, LXVii. Le^ Provinces-V'niesmanquent a la Fran- ce. Lxviîi.- M. Knup s'efforce de pa~ Ter le coup. Son projet Raccommode- ment fur les fix articles, lxix. Les Provinces Unies différent la fignature de leur Traité particulier. Lxx. Les FUnipotentiaires François font par ta-- gés fur le projet de M. Knuyt, lxxIv

i DUHUITIE'MELIVRE.

Le Comte d' Avaux expofe fin avis ait Cardinal Aïaz,arin. lxxiî. Emharrai du Cardinal Man>arin, Lxxlll. A'fj^///-- iion de la Cour de France. hxxiwOnfe flatte a Munfttr d'une paix -prochaine^ Lxxv, avance gracieufe de A4. Rip- perda. Lxxvi. Avis de M. de Lyonne k M, de Servien. lxxvii. La Efpagnols éludent la conclufion du Traite avec la France, L x x v 1 1 1. L^s P' o tances- Unies n^en prejfent pas moins lafigna- iu^e de leur Traité avec l'Efpagne, Lxxix. Signature du Traité. Lxxx, Kaifins de la République dans fia dé- feUiion. Lxxxi, La flotte Françoifie ar- rive à la vue de Naples, Lxxxir. Elle nefl d'aucun fiecours au Duc de Guije L X X X 1 1 1. Le Duc devieyit odieux , & manque d'être affajfimé, ixxxiv. Cornhdt naval, ixxxv. Les Efivagnols Ce rendent nfaitres de N am- ples, Lxxxvi. Le Duc de Gmfe e (If Ait prifionnier. L x x x v 1 1 .Bataille dcLens^^ xxxxvui. Troubles en France*

^12 Hlflolre du Traîtê

ntuaticns

LIVRE HU ITI E ME.

Andis que M. de Servien né-

gocioit à la Haye avec le fcccès

je viens de racanter , le Comte

contraires de d'AvaUx Te rendit à Ofnabrug pour

reX" d'ï^fes ^S^^ ^" ^^" ^*^^^^ auprès des Suédois , diiterens Al- & tâcher de fixer lêurs irréfolutions. *^^' Car il faut remarquer que la France

éroit avec les principaux Alliés dans des lituations toutes contraires. Elle vouloir retarder le Traité des Pro- vinces-Unies , 5c hâter celui de la Suéde. Elle reprochoit à la Répu- blique trop de précipitation , & à la Suéde trop de lenteur ; & les François eiTuyoient à leur tour à^s reproches de la part de la Républi- que fur leur lenteur , 6c de la part de la Suéde fur leur trop grande viva- cité. C'êil ainli que dans toutes les focietés la diverfité des vues 6c des intérêts , met de Poppontion dans les fentimens ; 6c chacun croit avoir la raifon de Ton côté. Il faut pour- tant avouer que l'objet de la France

âe If^efl-phalte, Liv. FUI. 2. \ 3 I ievoit paroître le plus jufle «Se le j plus conforme aux obligations con- ^^' ^^^7' tradées de part (Se d'autre. Car ! d'un côté elle vouloit recarder le Traité de la Hollande , & de l'autre avancer celui de la Suéde , c'étoic afin de traiter de concert , A de marcher pour ainfi dire tous enfem^ ble d'un pas égal , ce qui étoit l'a- vantage & l'obligation commune de la focieté. 11 ell vrai que la France avoit elle-même plus avancé fa né- gociation que les Suédois ^ comme ks Provinces- Unies avoient encore plus avancé la leur ; mais il y avoiç dans fa conduite cette différence ef- ientielle , que tandis qu'elle vit le Traité de la Suéde fulpendu & le fuccès prefque incertain , elle tint auffi toujours le fien en fufpens ; au lieu que les Députés de la Républi* que, fans égard pour les remon- trances des François , précipitoient l,a conclufion de leur Traité avec un extrême préjudice pour des Al- liés à qui ils avoiopc d'ailleurs de fi grandes obligations.

Le Comte d'Avaux eut dans le cpjninçnçement d^ 6 négociation

I

2f'4 Hi:^^9tre du Traké "^^ beaucoup de dégoûts à elTuyer de 1$, An- 1^47* pgrt: cies Suédois. Le Comte de II. Plettemberg par un écrit avolié des «yovS^du'^^ Suédois , des Impériaux & des Fran- Co'mte d'A- çols , avoit propofé à l'Eleveur de lii!'^\^^^''''' Brandebourg de canfentir formelle- ment à céder aux Suédois la Pomé- ranie intérieure , avec Sterin <9t quel- ques autres Places de la partie ulté- rieure ; & en cas que cette propoli- cion ne fût pas de Ton goût , on lui déclaroic que dans la nécedité l'on étoic de faire la paix , & pour dédommager les Suédois du défaut de fon confcntemienc , on leur aban- donneroit les deux Pomérani^es en- tières, dont l'Empereur ôc l'Empire leur garantiroient la poflèfîlon. L'E- ledeur n'avoit qu'à choifir l'un de ces deux partfs , oc TafTaire étoir dé- cidée .; mais ce Prince auroit bien voulu ne rien céder du tout , ôz les Suédois fans fe mettre en peine de Ton confentement bruloient du défit d'avoir toute la Poméranie. Les Im- périaux penchoient aufTi pour ce der- nier parti , parce que i'Eledeur en refufant fon confentement à un ac^ cDjnmodemenc j les auroit difpen-

àc Wfjlpha^ie, Ltv, FUI. li<^ fés de l'obligacion de le dedom mager d'ailleurs. Les François au '''' "^^^ contraire jugeorenc ce parti trop violent, âc le regardant comme une femence procliainedi nouvelleguer- re , déilroiejit un xiccommodemenr. C'étoit l'objet du voyage du Comte d'Avaux à Ofnabrug , (Se la choie eût été b;en-t6t réglée , fi les varia- tions continuelles àes parties intéref- fées n'a voient fait naître chaque jour " .de nouveaux obflacles.

Quoique les Suédois euiTent com» t^- J^\' , > ^ >> ,7, . p, , Difficulté de

ienti a 1 alternative propolee par le l'entreprife.

Comte de Plettemberg à l'Eletteur Lettre du de Brandebourg, le Comte d'A- f^:^''',/^;f,; vaux trouva en arrivant qu'ils avoienc de "longmvjiù chanp;é d'avis , ôc qu'ils étoient dé^ n- J^nvn^ termines a retenir toute la romera- nie, foit que l'Eledeur y confentîc ou non. Il n'étoit pas aifé de les ra- mener à leur premier fentiment. Le Comte d'Avaux ne laiOa pas de fentreprendre , & ils parurent {q rendre à Tes railbns , ajoutant cepen- dant à la demande de Stetin celle de Gnrcz , Dam , LTedon (Se Wol? îin. Il falloir en fuite perfuader au îfJomte d,8 Wicgenilein . Minillre d^

Il 6 Hifloîre du Traite TElevileur de Brandebourg , de con- A^.. iC^j. fej-ij-ij. ^ ç^Q parcage , 6c la choie n'é-

toit pas moins difficile- Car quoique les Suédois fiiTenc valoir de préten- dus droits qu'ils avoient fur la fuccef- fion du dernier Duc de Poméranie, tout le monde convenoit affez qu'eU le appartenoit beaucoup plus légiti- mement à l'Electeur , & que les Suédois n'y . pouvoient prétendre qu'à titre de conquête & de dédom- magement des frais de la guerre. Mais entre des Princes Chrétiens le droit de conquête fuppoie un droîc antérieur & légitime. Ce n'étoic point à PEledeur de Brandebourg , c'éroit à TEmpereur & aux Princes de l'Empire Tes Confédérés que la Sué- de avoic déclaré la guerre. Pourquoi falloit-il que l'Elecieur en payât les frais , & que la paix (e lit à fes dé- pens ? Si les Suédois avoient faic ?:ant de conquêtes en Allemagne , Guflave Adolphe en fut dans les çommencemens redevable en partie au feu Eledeur. La Suéde vou- loir-elle punir le fils des fecours qu'elle avoir reçus du père ? Puif^ qu'un des principaux motifs de cette

guerre

de Wefrphalte* Llv, PIIL 21 j guerre .ivoic été de foutenir le parti de ÏUnion F.vangclique , on ne devoir * ^"^47* donc pas opprimer un Prince Pro- teftant qui en étoit lui même un des plus puillàns défenfeurs. S'il étoit un dédommagement à la Suéde , c'étoit à l'Empereur oc à tout le Corps de l'Empire à le fournir. Etoit-il jufle de le prendre fur le feul Eleàeur da Brandebourg r On comprendra ailément qu'un Prince qui avoit de fi fortes raiibns à oppo- ier aux prétentions des Suédois , ne devoir pas fouifrir tranquillement de le voir choifi pour être ia vidlime pu- blique qu'on immoloit à leur ambi- tion. Car il efl; vrai qu'en cédant la moitié de la Poméranie , il acqué- roit le droit d'en demander un dé- dommagement , & que l'Empereur le lui faifoit efpérer ; mais ce dédom- magement feroit-il proportionné à la perte d'une fi Jbelle Province ?' C'étoit abandonner le certain pour l'incertain , & changer un droit lé- gitime ôc avoUé pour une préten- tion litigieufe & fujette à mille con- reflations.

Cependant comme toutes les af-

To7nzK K

21 1 Hiftoire du Traite faircs ont deux faces , le Comte ^N. i<^47' d'Avaux fit envifager celle-ci aux Minilbes de Brandebourg par un cô» tout dirlérent. En effet, dans la fituation les choies étoient alors , l'Electeur n'avoit que deux partis à prendre , qui étoit de confentir au partage qu'on lui propofoit en exi- geant un dédommagement , ou de le refufer en proteltant contre la vio- lence qu'on lui faifoit , & en remet- tant à faire valoir (qs droits dans un temps plus favorable. Or en prenant ce dernier parti , il fe privoit lui- même pour long tem^ps &. fans aucun avantage préfent , pour une efpéran- ce fort incertaine , de la joiiillànce în^uelle de la partie de la Poméra- nie qu'on lui laifibit , & du dédom- magement qu'on lui promettoit^ Quand pouvoit>il efpérer de trouver un temps allez favorable pour entrer prendre avec fuccès de chafîêr les Suédois d une Province dont ils fe- ^ roient les maîtres , & oii ils auroienc eu le temps de fe fortifier & de s'af- fermir dans leur poileffion ? C'étoit abandonner wn équivalent certain & préf^î^v pour une erpér^cç extrç?

de Weflphalie, Llv, VII I^ 2. i () memenc douteufe , fans aucun dé- dommagement en cas de mauvais ^^' ^^"^7* fuccès. C'étoit, comme on dit , rif- quer le tout pour le tout avec peu d'éfpérance de réiiffir. C'étoit fe pré- parer une guerre fâcheule 6c un fujet éternel de divifion avec une puiflkn- ce -redoutable & fupérieure en for- ces , (ans aucune refiburce du coié >de l'Empire , qui après avoir garanti aux Suédois la pofTefTion de Ta Po- méranie , feroit naturellement plus porté à maintenir cette difpofition , qu'à recomrnencer la guerre pour fa- vorifer les entreprifes de i'Eledeur.

Les Minières de Brandebourg jy^ fe rendirent à ces raifons , & l'affaire Nouvsouk paroiflbit ainfi prefque terminée , ^ '^^^^-s. lorfque les Suédois revenant tout à coup à leur premier fentiment , de- mandèrent les deux Poméranies avec le confentement même de l'Elec- teur. Le Comte de Witgenftein de Lenn du fon côté demandoit pour dédom- fr^^rî^ magement de la feule VoméïdimQ Lonsueviii: , antérieure , i^. Une fomme de dou- ^647"!''"^* ze cent mille Richfda'es. 1^. Les ^,>^\^êchés d'HalberPcadt , de Magde- " bourg quand il feroit vacant , ôc de

K ij

^20 Hiftolre au Traite ^" '■■"■'■" I""? Minden , le Comté de Schaumbourg An. i<547. ^ quelques autres terres. Ils auroienc même ajouté à ces demandes celle de l'Evêché d'Ofnabrug , li le Com- te d'Avaux ne l'avoit obligé de rayer cet article, cnluifaifantvoirrimpof- fibilité de Tobtenir. 11 effc aifé de comprendre quel devoir être l'em- barras de ce Miniflre dans une (îtua- tion fi délicate. Il éroit obligé de faire tout à la fois avec les Impé- riaux (5c les Aîiniftres de Brande- bourg Toffice de Médiateur , avec les Suédois celui d'Allié ; c*eft- à-dire, qu'il falloir gagner la con- fiance des uns , quoique leur enne- mi , & témoigner aux autres de la fermeté iSc prefque de la rigueur , fans bleiTer les droits de l'amitié. II eut fans douce belbin de toute fon îiabileté pour remplir avec fuccès un Minillere li difficile , & il n'oublia en effet aucune des reflburces que l'art de négocier peut employer en de pareilles occafioriS.

Il représenta vivement aux Sué- dois le tort qu'ils fe faifoient à eux- îTîêmes en retraitant leurs premières i^(fr.^5 ; <5c comme il s'apper^ûç cju^

âe We!ïfhAlie. Llv. PllL Itt ^êtte coniidération faifoit peu d'ef- fet , il les attaqua par un endroit ' ^ '^^* plus fenfible. 11 leur infinua que l'Empereur & l'Empire pouvoienc bien garantir à la Suéde la poiTef- fion de toute la Poméranie , quoi- Mémoire dit que l'Eledeur refusât d'y confentir , f """'" ,f ^- &. que c'etoit a eux a juger quel /««*-.* ^^î 7 ïonds ils dévoient faire fur une telle garantie ; mais qu'il ne fçavoit pas fi la Erance voudroit accéder au Traité. La raifon étoit qu'il n'étoic pas vraifemblable que pour les feuls intérêts de la Suéde , la France vou- lut s'expofer au fort d'une nouvelle guerre , puifque pour l'éviter , lorf- qu'il s'étoit agi de fes propres inté- rêts , elle avoit confenti de payer aux Archiducs des fommes fi confia dérables. C'eiî: par votr^ confeil , répondirent les Suédois , que nous ^'^

nous fommes déterminés à deman- der toute la Poméranie. Oiii , ré- pliqua le Comte d'Avaux, mais fou- venez-vous que nous ne vous avons confeillé de faire cette demande que comme un moyen d'en obtenir la moitié avec le confentement de l'E- ledeur. Or c'eft ce qu'on vous olfre Kiij

111 Hl flaire du Triîité aujourd'hui ; ce n'eil pas ajouta-t'il , * ^ '^^' que nous n'approuvions encore l'ai- ' ternative qu'on vous a propofée , Ôc que vous aviez d'abord approuvée | vous-mêmes , qui eft de pofTéder totice la Poméranie fans le confen* tement de l'Eledeur , ou de vou$ contenter de la moitié avec Ton con- fentement ; mais il arrive que des deux proportions vous n'en acceptez aucune ; car vous demandez route la Poméranie avec le confentement de l'Eledeur , Ôc quand vous paroiffez vouloir vous contenter de la moitié, vous y ajoutez d'autres demandes aufquelles l'Eledeur ne peut pas con- lenrir. Cette conreflation dura près de quinze jours, &: fut très-vive par l'opiniâtreté àcs Suédois , & par le zélé & l'a(^ivité du Comte d'Avaux, qui étoit fécondé par M. de la Court, que la Cour de France avoir envoyé depuis peu à Ofnabrug en qualité de Réfident pour remplacer M. de la Barde. Uitre du . Qn travaille , dit le Comte , ÎTJauDuÙc ^' ^ Ofnabrug , on va & vient à tou- Lon^ucviik , 3D tes les heures du jour 6c bien avant

VgJT"' ^^ ^^"^ ^"^ "^^^ ; ^^ ^^ ^^^^ ^^^ ^^"*

férences publiques (Se particulières^ «

billets , medages & afîignations ; «t ^* ^ 47*

mais au fond peu d'avancement «c

en notre Traité M. Oxenf- «

tiern n'écoute rien. Son efprit eft «ç

comme Ton corps tout d'une pié- «

ce , (5: cette machine ne fe remue ce

que par Aqs refîbrts qu'on ne veut «

pas faire jolier. Les remontran- «

CCS , la raiibn , la bienveillance n'y «

fervent de rien. De l'autre côté «

M. Salvius fe contente de témoi- «

gner de bonnes intentions ; quoi- «

que je ne perde aucune occafion «

de lui infpirer des confeils dignes a

de fa probité & de fa faveur pré- «

fente. « 3> Enfin , dit-il ailleurs , u -^^^rnolr-e da

M , , -, , . , , Comte d'A"

Ils m'ont apporte lecnt par lequel « y^ux , zs, fe contentent de la Poméranie vtJany»i64-], ..utérieure avec les Villes cSc les « Places de fultérieure qu'ils avoient « dcia demandées ; mais ils y en ont « ajouté trois autres avec un million te d'or qu'ils prétendent de rElec- « leur. Après plufieurs conférence;;, <^ tant publiques que particulières , « nous les avons obligés à fe relâcher « de deux Places <5c de la fomme « ii'argent , pourvu, difent-ils, « K iiij

I

11^ Hiflo'ire du Traite 33 qu'ils la reçoivent de l'Empereur. ^^* ^ 47* ^3 Mais ils veulent opiniâtrement un 33 certain Bourg nommé Goinow , dont il n'a jamais été parlé. « Us demandèrent de plus le droit de con- férer la moitié des prébendes de l'E- vêché de Cam.in ; & quoiqu ils euf- fent promis , li on leur accordoit ces deux nouvelles demandes , de fe dé- iifler d'une autre prétention qu'ils avoient formée ^ après avoir obtenu les autres demandes , ils vouloienc encore infifler fur celle - ci , c'étoic de conferver dans la Poméranie ul- térieure la ponéiïîon des Fiefs que la Cour de Suéde y avoic accordés à divers particuliers.

Le Comte d'Avaux arracha plu- tôt qu'il n'obtint le confentement des Suédois. Le Baron d'Oxe^f- tiern ne pouvoir abandonner qu'à regret l'idée d'acquérir toute la Po- méranie, comme li lui enlever la moi- tié de cette Province , c'eût été lui Lettre du tavit la moitié de fa gloire. 33 II m'a Com:e d'A- ^^ répété , dit le Comte d'Avaux , Longueviiu , CCS jouts civingt lois , quc 1 hlec- S.Ç). Janv, ^3 teur de Brandebourg peut bien ''''^'" 53 remercier la France, ôc que fans

àe WeÇtyhalk, Liv. VIII. 12.^ notre interpoiition il n'auroic rien « 5!?^ des Suédois en Poméranie , ni des ce ^' ^^-^7' Impériaux dans l'£mpire. Il me ce vouloir ionder ôc follicirer de nou- « veau qu'on les laifsât faire ; mais.. . « je le prejTai de ne point quitter ce une négociation déjà bien avan- ce cée , & à laquelle je travaille à leur « inltafice 11 y a quinze jours, pour en « entamer une autre toute nouvelle. « Je leur dis que ce changement fe- ce roit mal interprêté de tout le mon- « de. Les Députés de Brandebourg ce» fçavent fort bien cette grande incli- «« nation des Suédois à retenir toute « laPoméranie,& que leslmpériaux « y trouvent auffi leur compte.*lls « reconnoiffent que leur maître en « aura toute l'obligation à leurs Ma- «« jeftés. . . Ils lui en ont écrit de bon- « ne forte, & témoigné ouvertement « que ce Prince y eft très - obligé , '* n'ignorant pas que non feulement « l'Empereur & la Couronne de « Suéde s'accorderoient volontiers « à fes dépens ; mais que les Etats «' de l'Empire le fouhaiieroient au(fi " pour fauver Magdebourg ôç, Hal- « berltadt , qui demeureroient en « Kv

2z6 Hlftolre du Traite ce cas -là aux Luthériens, ce

•An. 1^47. Qq n'étoi: pas allez d'avoir ame- Variâtlons "^ ^^^ Sucdois au point que je viens iiei Suédois, de dire. A peine avoient-iis fait quel- ques pas en avant , qu'ils lèmbloienc s'en repentir. Ils retradoient leurs paroles , ils défavouoient leurs pre- mières démarch-^s , ils dcrruif^jient le lendemain ce qu'on avoit fait la veille avec beaucoup de peine ;* on ne pouvoir fçavoir précilement ce qu'ils vouloient ^ peut-être l'igno- roient-iis eux mêmes , ô< le Comte d'Avaux épuiioic ion imagination à Trouver les moyens de les fixer. ^ Lettre du ,, L'on devoit hier , dit-il , figner les *'vlu^au ^Éi'c » articles ; mais il fe trouva que les. iicLon^izviUcy^ Ambalfàdeurs d^ Suéde y avoienc -., tc-ir-, 1647. ^^ ajouté deux prétentions nouvelles, a, & une troifiéme dont ils s'ctoient jo relâchés en termes exprès. J'ai M couru tout aujourd'hui pour réta- » blir les choies félon que 'es Parties 53 en étoient demeurées d^accord , ,: mais au lieu de cela M. Oxenf- tiern m'a dit qu'il n'efl pas d'avis » de fgner leidits articl.s , quand 33 mérr:e les Dépurés de Brande- » bou i g y con fenti roi cnt , Ox la for-

de Wefîphaîie, liv, VIIL ^ij me qu'ils font: conçus. Je lui ai de- «- -' '^ mandé pourquoi donc il s'y étoic «<^^* ^H7« engagé lui-même par écrit ... 11 « n'a fçû que répond e ; mais ii n'en « a pas moins opiniâtre Ton |»>remier « avis , & M. Salvius l'a fort bien (e- « condé , tellement que je n'y en- « tends plus rien, « Les Suédois firenc plus ; car ils déclarèrent qu'ils ne voûîoient rien conclure avec l'Elec- teur de Brandebourg , qu'après qu'ils feroient convenus avec les Impé- riaux de tout ce qui regardoit leur fatisfadion , 6c le Comte d' A vaux jugea que c etoit un intérêt pécu- niaire qui étoit le principal motif d'une conduite fi irréguliere. Quoi- qu'on n'eût propofé de donner dou- ze cens mille Richfdales qu'à celle des deux Parties qui céderoir Ste- tin , les Suédois en retenant la Pla- ce , vouloient encore avoir cette fomme ; & pour y amener plus effi- cacement les Impériaux 6c les Mi- nières de Brandebourg , ils ne vou- loient s'engager définitivement à rien avant que de s'être aifurés de ce point. Le Comte d'Avaux , fans fc rebuter de tant de difîicultés , eur K V j

2 2 3 Hiftoire du Traite

encore la complailance de confentîr ■^^' à leur demande, 6c commença en effet à négocier vivement auprès des Impériaux en faveur de la Suéde , fans perdre de vue l'affaire de la Po- méranie. Il falloit de plus perfuader les Minières de Brandebcurg d'ac- cepter la propofition des Suédois avec les demandes qu'ils y ajoutoienr, 6c enfuite faire confentir les Impé- riaux à dédommager l'Eledeur. C'é- toient autant de négociations diffé- rentes , dont chacune avoit de gran- des difficultés , fans compter la né- gociation particulière de la France , dont le Traité , quoigue réglé à peu de chofe près dans le projet , n'étoic rien moins que conclu dans le dé- tail, p^'^: i^uffi faut-ii avouer que le fuccès

articles* du de ccttc négociation ht beaucoup Traite que le j'j^onRCur au Comte d'Avaux , ôc

Comce d A.- 1 1 ^ i ' ^ t

vaux f?iit ac- mit le comble a la réputation qu il i-^Ss ^^^ avoit depuis long-ttmps en ce gen- re. Il fit enfin confentir les Suédois à f? contenter de la moirié de la Po- méranie , & enfuite il termina à l'a- naiable entre eux ôc les Minières de Brandebourg beaucoup de difficul-

àc We(lphalie, Liv. VIII. 1 1 9 tés qui fe rencontroient dans l'exé- cution du Traité projette. Quoique ^' ^ "^^^ Içs Suédois abandonnaflent à l'E- leéleur lEvêché de Camin, ils vou- loient fe réferver les droits que les anciens Ducs de Poméranie avoienc fur cet Evêché, 6c par ces droits ils entendoient celui de difpofer des Prébendes auiquelles les anciens Ducs avoient droit de nommer. Cet- te réferve fembloit odieufe , 6c le .Comte d' A vaux trouva un tempé- rament dont les deux Partis paru- rent fatisfairs. Les Suédois vou- loient conferver au Duc de Croi la poîTeillon de l'Evêché de Camin , & le Comte leur perfuada de re- mettre la décifion de ce différend à un autre tems. Les Suédois n'aban- Mémoire du donnoient la Poméranie ultérieure ^^;^J'' /J^^' qu'à condition que leur Reine & (Qsjanv. 1647, fuccefïèurs en recevroient l'invedi- rure fimultanée avec les Eleéreurs de Brandebourg , (5c en fe rcfervanc le droit de réverfion à la Couronne' de Suéde au défaut d'héritiers de l'Elefteur ; ils vouîoicnt même ref- traindre le droit de fuccefîîon aux feuls mâles defcendans de l'Eledeur,

filfloirî du Traite (Se ce poin: fut un de ceux quî fu-

^ '^^'renc le plus opiniârrémenc diiputés ; mais le Comte obtinc que le droic de iUccéder s'écendroic à la branche d'Anipach 6c de Culmbacli , 6c par conféquent à toute la Mailbn de Brandebourg , n'y ayant outre ces deux branches que le vieux Marquis Chrillian , autrefois Adminiilraceur de Magdebourg , qui ne pouvoir point eipcrer d'enfans. Outre Gol- now les Suédois demandoient en- , core quelques autres Places de la Poméranic ukériu-ure , 6c ils s'en dé- liflerent. Enhn le Compte d'Avaux les engagea à abandonner une autre dem^ande qu'ils avoient faite , qui étoit que les hefs & les terres que % les Généraux Suédois avoient don-» nées dans la Pomeranie ultérieure a divers Officiers de leurs armées demeurerv^ient aux poPiéHèurs. D'un autre côré il ensfagea les Minières de Brandebourg à fe rendre plus faciles fur une autre propolition des 5uedois. Ceux - ci demandoient ou- tre la Pomeranie antérieure, le bord oriental de l'Oder depuis Gartz & •Gritenhagen , juftjuà la Mer Balti-

de Wejipljalie. Llv. FUI. 1 3 r que , avec une lifiere de terre de piu- fieurs lieues. La demande ctoit ex- ^^* ^^47* ceffive ; ma s les Minières de Bran- debourg n'offroienc tout au plus qu'une largeur de cinq ou fix pieds, &: l'offre étoit trop modique. On con- vint de régler ce poinc à Pamj'aole par une tranfadion particulière ; & qu'au lieu de l'expreiTion des terres adjacentes que les Suédois vouloient mettre dans le Traité , il feroit dit la terre adjacente ^ ce qui fembloit iignifier une moindre quantité. Les Suédois cédèrent à leur tour fur un autre point. Ils demandoient la pré- féance pour la Reine de Suéde com- me Duchelîé dePoméranie. L'Elec- teur vGuloit bien ne la lui pas difpu- ter dans les Ailèmblées circulaires , mais il la refufoit dans les Diètes de l'Empire , &: les Suédois consen- tirent à cet accommodement. Te!s furent les principaux articles de la tranraâ:ion entre la Couronne de Suéde & l'Ektileur ; négociation qui fut d'autant plus difficile , qu'y ayant Lmrc ^ dn à Ofnabrug , dit le Comte d'Avaux, ^.tu^^^uifrl D5 quatre AmbalT^ideurs de Bran- « M-r^^r. tt. debourg qui font tous AKemands «^ -'■'* ■"'^^*

3 2. Hifloire d'd Traité (Se fort peu exercés dans les négo- ^'^' n dations, ceux de Suéde ont toû- s> jours fçû leurs réfolutions aulTi tôt » que moi , 6c c'eft une des plus gran- M des incommodités que j'aie ren- M contrées en cette affaire, ce

Une heure avant que l'affaire fut confommée, M. Voimar Te rendit chez M. Oxeniliern. il n'ofa pas le détourner ouvertement de l'accom- McmcJrc du modemcnt qui fe négocioit. 11^ af> Comte d'A- feda même de témoigner de la joie lo'^j.^^'^^^' ^^ v^^^ Taffaire ii avancée ; mais ii ne lailTa pas de faire entendre aflez nettement aux Iviiniilres Suédois , que pour peu que la Suéde aimât mieux avoir toute la Poméranie fans le confentement de TEledeur , l'af- faire feroit faite le jour même. M, Oxenfiiern ne diiîimula pas au Com- te d'Avaux qu'il avoit regret de n'avoir pas pris ce parti, & il e(l hors de doute qu'il s'y feroit en effet déterminé , fi les chof:s avoient été moins avancées , quoique d'un autre coté il avouât que le confentement de l'Electeur &: de toute fa Maifon valoit bien pour la Suéde ce qu'elle lui laiffoit. Le Comte d'Avaux vou-

de Wcflph.tlîe, Liv, VIII. 2 3 J lant prévenir déformais toutes Icn va- riations , ne fe contenta pas du con- ^* ^ ^'^' fentement verbal des Suédois , il Le comte exigea c^ue tous les articles fu lient 4'^^7"^ ^^'*^ mis par écrit , & 'i\gx\hs par M. dejmté. Biernklo\c' , Secrétaire de l'Ambaf- fade Suedoife ; & il fit fur cela de fi fortes infiances auprès des Suédois , qu'ils ne purent lui refufer cette fa- tisfadion. Il trou voit dans cet ac- commodement plulieurs avantages confidérables , « Premièrement , «e dit- il , cela rend la paix plus jufte « <5c plus afiurée. En fécond lieu , « le Roi efl dégagé d'une fâchsufe ce obligation de rentrer en guerre « dans peu de tems pour garantir « une violence ; & d'ailleurs l'fJec- « teur de Brandebourg a reçu vifi- tt blement par ce moyen un flgnalé « bienfait de leurs Majertés, dans le ic tems que fa nouvelle alliance lui " donne lieu d'en témoigner fa re- « connoiHance , ce que je n'ai pas « manqué de flipuler bien expreffé- « ment à fes Députés , qui font ravis ^^ que leur maître ait occafion de « fervir la France, dont M. de Ser- « vien a été averti. Mais une utili- «

2 54 Htfloire du Jraltc non moins confidérablequetou* AN. I 47.^^ ^^^ 1^^ autres efî; , qu'en retenant

^ la Poméranie entière malgré le

Propriétaire , la Couronne de

^ Suéde n'auroit pu avec le temps

fe palîer de l'ailifiance de la Maï-

ion d'Autriche, 6c tomboit dans

^ une nécelTité de s'unir & allier

étroitement avec l'Empereur.pour

fe maintenir en la poiTeflion d'un

Etat fi éloigné de la France , hors

de toute communication avec la

^ Suéde pendant huit mois de l'an»

née, 6c environnée des plus grands

ennemis de ladite Couronne , qui

font Pologne , Dannemarck , Me*

^ kelbourg,(5cBrandebourg,rionne

l'eût conrentésfans compter ce que

MefTieurs les Etats auroient pu

3, faire pour leur propre intérêt. Car

il eft ailé de comprendre qu'à

» moins d'entrer dans le parti de

w l'Empereur, comme a fait le Duc

a, de Saxe , les Suédois n'auroient ti-

de lui en cas de befoin que de

M très foibles<Sc très- inutiles fecours,

» en vertu d une claufe de garantie

s3 qui auroit été inférée dans le Trai-

V général de la paix. En effet les

âe m/phalle. Ltv. ri IL 1 1, 5 Impériaux ont toujours appuyé « & favorilé jufqu'au bout la pré- « ^^' ^ '^^' rention des Suédois fur toute la ^ Poméranie, non- feulement afin « d'être quittes de la récompenie " deftinée à l'Eledeur de Erande- bourg , mais auifi pour fe rendre « nécellàires à la Couronne de Sue- « de , après qu'elle lui auroit fait tant <* maltraiter ce Prince. 3>

Ce fut au relie un grand bonheur que cette tranfadion fut enfin ter- minée. Un jour plus tard tout étoit renverfé. >> C'efl une chofe aifez te remarquable que cette convention « fut fignée lundi dernier à cinq te heures du foir , &: envoyée en Sue- ce de par l'ordinaire qui partit la « même nuit , felcn qu'il eilaccou- « tumé , & que le mardi marin M. « Oxendiern 6c M. Salvius reçurent « leurs dépêches de Stockolm, qui «« portent un ordre ablblu de ne pas « rendre un pouce de terre de la « Poméranie, 6c que cette réfolution « avoit été fignifiée à M. Ci^anur. « CeO; de leur propre bouche que je « l'ai fçù., ce qui me fli.it juger que <* le Chancelier Oxendiern conduit ««

1^6 Htfiolre du Traité 33 enfin les atfaires en cela à Tort x.N. 1647. -,5 point, quoique plus tari qu'il ne voadroir. « \\ n'étoit plus temps en effet. Les paroles étoient don- nées , récric figné & dépofé entre les mains du Comte comme Mé- diateur , & les Suédois ne pouvoient ^ fans déshonorer leur caraélere , ré- tracter une démarche fi publique & folemnelle. Le Comte d'Avaux crut devoir en rendre compte lui- même à l'Elecleur de Brandeboursc par une lettre qu'il lui écrivit.

MONSIEUR,

Lettre du :>5 Je me fuis contenté jufqu'à pré- ^""'^ 4;^- » fenc de fervlr votre Altelle Elec-

vaux a L hLec- -, . . , ^

tiur de Bran-^y toralc dans les grands intérêts

^^"^^» -^- M qu'elle a eus à démêler en cette

33 AfTemblée , Se de témoigner à Tes

» AmbaiTadeurs la joie que j'aie eue

35 à'sn voir le luccès. Maintenant

30 que l'un d'entre eux va trouver

3. votre AltelTe , c'eft une trop favo-

35 rable ôccafîon de lui rendre mes

« devoirs pour la lailTer échapper.

33 Je loue Dieu , Monfieur ^ de ce

M qu'il lui a plû tellement protéger

de WefiphaUe. Liv, VIIL % 3 7 jvotre caufe , que nous en fommes « fortis heureulbment au travers de «* ^' ^ ^"^^ tant de difficultés , cSc dans une fi grande nécefhté de pacifier Je « monde, qu'elle au oit pu couvrir « afièz juilement quelque tranigref- « fîon des ioix & de la juilice ordi- ce naire. Votre AlteiTe y a éré puif- - famment & uniquement aififtée co du Roi ; & c'ell par i aveu même ce des Plénipotentiaires de i'Kmpe- « reur, de ceux de la Couronne de ce Suéde , 6< des Etats de TEmpire « que je le dis. Ils trouvoient tous «c leur compte en l'omiffion de ce qui ce ^^^ a été fair,5c fans les fains continuels ce de M. le Comte de Yvitgenflein « ôc de Tes Collègues appuyés de ce l'autorité de la France, il efl cer- ce tain qu'au lieu des beaux Etats & Principautés qu'ils ont confervés « à la Maifon Eledorale de Votre «« AltefTe , il ne lui feroit demeuré «« qu'un droit & une prétention bien ^ nuë après un Tra'^té (i folennel « comme fera ce ui-ci / joint qu'il fe « fer(;it encore trouvé beiaucoup de « difficultés à retirer les Places & « Fortereilcs du païs de Brandc- ««

238 Hijloire du Traité

bourg , des mains de ceux qui au- An- 1^47» ^^ roienc peut-être voulu en ce cas- le munir contre les defièins ,, d'un Prince offenfé. Quatre Am- baiîàdeurs de Meflîeurs les Etats ^ des Provinces Unies ont été té- moins de ce que deflus , & après un long féjour en cette Ville , ils 5, laiiTerent l'affaire en mauvais ter- mes , me priant très-inftamment ^ de la poruer au point que j'ai fait. Je ne marquerois pas toutes ces circonftances , fi ce n'étoit que ^ j'apprends qu'il y a des perfonnes 3^, fi peu informées de la di pofition font ici les efprits & les afîai- res , «S: en un mot qui fçavent fi 33 peu le cours du monde , qu'ils fe forment de loin une autre idée fur laquelle ils font voir à Votre 3, Alteiïe de belles ehofes qui ne fe lailTeroient pas fi facilement ré- duire en ade parmi des contradic- 3, tions , comme il eft aifé de les 3, concevoir quand on efl tout feul. M.deFromhôltzenrendracomp- » te particulièrement à Votre Al- ,, telTe Electorale. Il le peut faire « mieux que perfonne, ayant tou-

m^

de Weftp halte, Liv. VII L 23^

jours agi par - tour & porté la « ^^

principale peine du travail. Je n'ai « ^^*

jamais vu de Minifire qui aime ^c

davantage le fervice de l'on mai- «

tre , ni qui fçache plus accoi te- «

nient 6c adroitement que lui s'ac- ce

quérir la créance & l'afiTedion de «*

ceux avec lefquels il a à traiter, ce

Je dois ce témoignage à fa vertu , «

& ne ferai pas moins foigneux , «

JVJonf leur , de vous rendre les très- «-

humbles fervices dont je vous fuis «

redevable autant de fois que l'oc- «

cafion s'en offrira , ou que vous ««

aurez agréable de m'employer en «« quelque çhofe.

Je fuis , &c.

Mais ce n'éroit pour aînfi dire qu'un préliminaire du Traité de TEmpire, & pour établir foiidcmenc la paix , il falloir concilier une infi- nité d'autres intérêts oppofés. Après avoir ménagé l'accommodement de la Suéde avec l'Eledeur de Bran- debourg , il falloir convenir de ce qu'on leur accorderoit pour les dé- dommager de la moitié de la Po- mér^nie que l'un cédoic à l'autre 5

240 Hifloirt dfi Traité - & il fallok que l'Empereur charge

An.. T547. j^ ^g dédommasreiTient , le prît ou Nouvelles ^^ï" lui-même, c ed-à-dire , fur Tes contertaîions païs héréditaires , ou fur les biens de £nJr5e-'^'''^'Egl^fe , & au préjudice de ceux qui ^nens daman- les poilédoienc OU qui y afpiroient:. ^^u-na'ti!"E)ans la nécefficé de choifir l'un de ces deux partis , il n'eil pas difficile de juger celui que les Impériaux fui- virent. L'Eglife fut chargée de tout. Les Impériaux ne conteilerent plus que pour modérer un dédommage- ment que les Suédois d'un côté & l'Eleéleur de Brandebourg de l'au- tre s'eftbrçoient d'étendre au-delà des bornes de l'équité. C'ed ici que les intérêts oppofés comm.encent à fe broiiiller ô< à fe confondre. Les Suédois & l'Eleéleur veulent tout envahir. Les Catholiques jettent les haut cris. Les Prorefians s'arment d'une fermeté inflexible. Le Minif- tre François intérefl^é à la fatisfac- çion de fes Alliés c5c à la conferva- tion du patrimoine de l'Eglife , à'é- puife à trouver des moyens de con- C/liation. Les intérêts perfonnels di- vifent les Proteflans entre eux. Il n'y avoit en Allemagne aucun Prin- ce

^, IVeJlphaîu, Llv. FUI. 241 re qui n'eût quelque part à la que- relie. Jamais le calme de la paix ne ^' ^ '*^* fut précédé de plus violentes tempê- tes. Tout l'Empire étoit dans l'agita- tion , & Ofnabrug étoit le centre de tous les mouvemens. Les écrits contradidoires , les plaintes , les menaces , tout fut mis en œuvre juf- qu'aux inveétives. C'eft un cahos : mais je vais tâcher de le débrouiller fans entrer dans des détails peu inté- I reflans.

Pour agir conféquemment aux ix. principes lur ielquels on avoit r^i- de?E!ea?ar 1 îonné jufqu'alors , il falloir dédom- de Brande- : mager l'Eledeur de Brandebourg du ^"""'S- facrifice qu'il faifoit pour le bien de ^ )a paix, fans quoi il eût toujours été en droit de reclamer contre une tranfadion injufte (5c forcée. Il de- manda , 1°. l'Evêché d'Halberfladt en fief perpétuel avec tous fes droits , entre autres celui de féance <Sc de fufîrage dans les Aflemblées circu- laires 6c dans les Diètes de l'Empire ; 6c comme on avoit démembré de cet Evêché deux Comtés conf déra- bies , Hheinllein 6c Hoheinftein , il * 'nnand.ien dédommagement, z°, Torns l\ L

2.^2 Hlflolre du Traité .

l'Archevêché de Magdebourg / ! An, 1^47* lorfqu'il deviendroic vacant par la mort du Duc Augufle de Saxe qui le polTédoii alors ; 6c pour le dédom- mager encore des quatre Préfedures ou Bailliages de cet Archevêché que l'Empereur avuir accordés à i'Elec- \ teur de Saxe , il demanda la Pré- fe^lure d'Elgen , qui appartenoit au- trefois au Chapitre , avec le droit , lorfqu'il feroit en pleine polTeffion de l'Archevêché , d'appliquer à fon domaine la troifiéme partie des Pré» bendes quand elles viendroient à vacquer par la mort des Titulaires, 3°. L'Evêché de Camin pareille- ment en fief perpétuel comme ceuîj d'Halberftadt &: de Magdebourg ^ avec la liberté d'éteindre les Canoi* nicats après la mort des Chanoines , & d'en appliquer les revenus à fon domaine. Et comme ces trois Evê-^ çhés ne fuffifoient pas encore pouf le dédommager de la partie de la Po- méranie qu 'ii cédoit à la Suéde , il demandoit , 4^. TEvêché de Min- 4en, 5°. La fomme de douze cens mille Richldales qu'on avoit pronii-* fe % celui qui céderpit Stetin*

de mftphalie. Liv. VIIL 245 Cette dernière demande fut la

feule à laquelle les Impériaux firent '^^^'J'

quelque oppofition. Ils en accorde- •ent même à peu près l'équivalent , en confentant de remettre à TElec- teur de gro^es fommes dont il étoic redevable à l'Empire pour la part des contributions que dévoient les Evê- chés de Brandebourg , d'Havelberg, de Lebus , ôc l'Ordre Teuronique ea Prulfe. Sur tout le refle le Comte de Trautmarisdortf parut difpofé à fatisfaire TElccleur. Déplorable .fi- tuation de la Maifon d'Autriche ] & bien différente de celle oi^i elle s e- j toit vue lorfque Ferdinand IL pu- I blia l'Edit de reflitution dont j'ai parlé dans le volume préliminaire. Après tout ces Evêchés étoient déjà depuis long- temps entre les mains à^-i Proteftans , excepté celui de Minden , & dans l'impuilTance l'Empereur étoit d'en exiger la ref- titution à l'Eglife Romaine , il de- voit êtreafîez indifférent que ces Pré- latures fuffent à l*un ou à l'autre. II ne pouvoit y avoir de conteftation fur cela qu'entre les Protefîans mê- mes , & il y en eut en efe une qui fut fort vivCe L ij

jS44 Hiftoîre dn Traite-

Le Duc Frédéric , fils du Roi de ^' ^ '^'^* Dannemarck , Adminiftrateur de Oppôfition Bremen , ëc qui depuis plufieurs an^ 4u Duc Pri- |,^es s'écoir fait nommer Coadjuteur ^''^'^ d'Haiberftadt, vouloic prendre pof-

fefîion de ce dernier Evéché alors vacant , comme d'un bien donc la propriété lui ctoic échue. C'étoit un Bénéfice qui lui avoir écé conféré par tous les Etats Proteflans , «S*: par le père même de TEledeur. L'Elec- teur lui-même avoit fou vent fouce- riu% quand il s'éroir agi de la propre caufe , que l'Empereua ne pouvoir , fans bleirer les loix di -ines à humai-?, nés , dépoiiiller les Princes de l'Em- pire de leurs droits ou de leurs do* malnes , excepté pour caufe de dé? lit , ou du confentement des intéref». fés. L'Elev?LCur pouvoit-ii avec queU que om.bre de julUce demander un dédommagement aux dépens d'un fiers , lui qui étant membre de l'Em- pire &: foumis à fes loix , ne pou voie pas s'autoxifer de Texemple des. Rois Étrangers , oc n'avoic aucun titre pour demander comme eux ni fatisfadion^ pi récompenfc ? Le Duc d'ailleuri fi^ dçmaudoit la poUè/Iion d'HaU

âe Wejlphaîle. Llv, VUL Î45 I fcerfladt que pendant fa vie ; après ' c|uoi l'Elcdeur pourroit faire valoir /'^4/*» {'zs droits ; & afin de procéder dans les formes , il proteflafolennellemenc contre l'accommodement propofé. Le Dac Augude de Saxe, qui étoic Adminillrateur de Magdeboiirg , s'oppofa pareillement à l'aliénation de cet Archevêché , en vertu du fer- ment qu'il avoit fait dans Ton inflal- îation d'en ccnferver tous les droits & \qs privilèges.

Mais ce fut lurtout la Aïaifon de Xî. Lunebuurg qui fe croyant la plus îé- de^^f ^laf&a zée par cet accommodement , ï\i de Lime- auiTi le plus éclater fon mécontente- ^^^^S' ment. Elle avoit également des droits fur Magdebourg & fur Halberfîadt. Le Duc Erneft Augude avoit été depuis peu défigné Coadjuteur de Magdebourg , & les Ducs Frédéric 6c Antoine Uiric étoient Chanoines d'Halberfladt, avec refpérance d'en devenir Evêques , fi on laiffoit au Chapitre le droit d'eledlion. lis allé- gQoient entre autres raifons, que les Ducs de Brunfvtick 6c de Lune- bourg avoient donné de grands biens à cet Evêché > qu'il éioit par eonfé- L iij

1^6 Hifloire du Traité quent in;u(le de les en exclure pouf ^^* -^ "^7' toujours , ou qu'il falloir leur redi- tuer les biens qu'ils avoient aliénés en la faveur. Ils foutenoient d'ail- leurs qu'il n étoit aucun dédom- magement à l'Eled:eur de Brande- bourg pour la partie de la Poméra- nie qu'il cédoit à la Suéde. Que fans le fecours du Roi Gurtave Adoîpkc, jamais la Maifon de Brandebourg n'eût éré en état de faire valoir ffs droits fur la Poméranie contre la Maifon d'Autriche , qui s'en feroit infailliblement emparée fans recour , 6: qui Aiuroic peut - erre dépoiillé lui-même dune bonne partie de Ion Eiedorar. Qu'on fçavoit cependant comment le père de l'Eleâeur en ayoit ufé avec les Suédois. Qu'après avoir vivement follicité Guflave A- dolphe d'entreprendre la guerre en lui faifant envifager la Poméranie comme le prix de (qs vidoires , il a voit non- feulement abandonné le parti de la Suéde , mais commis contre elle divers aâ:es d hofliiité. Que fi la Reine de Suéde rendoic à l'Eiedeur une partie de cette Pro- vince , c'écoit moins par efprit de

de WeflphaUc, Uv, Vlll. I47 ^^^^ juilice que par amour pour la paix , "*"*"** fans qu'elle fe crût obligée de pro- ^' '^4f«! curer à l'Eledeur un équivalent de ce qu'il cédoit. Que l'Éledeur fe- roit fuffifamment dédommagé lorf- I qu'on lui remertroit le-s contributions ! qu'il devoit à l'Empire , (Se qui mon- toient à treize cens mille florins. Que le produit des Evêchés qu'il deman- doir excédoit de beaucoup les reve- nus des terres qu'il cédoit ; Ôc qu'en- fin s'il avoit un dédommagement à demander , ce n'étoit pas aux dé- pens des Proteftans qu'il le devoit chercher, mais des Catholiques qui avoient été les premiers auteurs de la o;uerre. D'un autre coré ils fai- foient enviiiiger aux Suédois quel ac-^ croilTement de puilïànce ce feroit pour les Réformés , fi l'Eleéteur de Brandebourg dévenoit maître de tant de nouveaux domaines il ne manqueroit pas d'introduire peu à peu la réforme , comme il avoit fait ailleurs , 6c quelle autorité il alloit acquérir dans le Collège des Prin- ces , le Cercb de la bafîe Saxe Ôc les Diètes mêmes de l'Empire , au pré- judice de la Religion Protcflante &

L iiij

_^ ^4^ ///y?(7/r^ du Trait'e

A^.. 7^. ^^i^ l""'^^ "^™e> à qui tant cîé crédit ëc de pouvoir devoir être fuf- ped. Les Députés de Lunebourg ne fe contentèrent pas de répandre ccr difcours dans le public ; ils agirent vivement auprès de tous les Dépu- tés pour les attirer dans leur fenti* ment. Ils déclarèrent aux Impériaux qu'ils protefîeroient contre le Traité, pour conferver leurs droits à leurs Princes, aux Chapitres des Evéchér, Se au Cercle de la balle Saxe, Se NI Lampadius parlant au Comte Trautmansdorff , lui dit en termes pleins de menaces , qu'il n'y avoic pas de paix à efpérer , fi on excluoit les Ducs de Lunebourg des Evê- chés de Magdebourg cSc d'Halberll tadt.

B '^": . , ^^^ Députés de Brandebourg ne ntpE^e"^,^^^";^^^"^ pas fans réplique Ils brandebourg, répondirent qu'on n'ôtoit rien au Duc Augurte de Saxe , puilqu'on lui confervoit pendant fa vie tous les droits qu'il avoit fur l'Archevêché de .Magdebourg. Que le Duc Ernefè Augufte de BruniVick navoit été fait Coadjuteur que depuis très-peu <ie temps , depuis qu'on avoit parié

de Weflphalie. Llv, VJIÏ. z.\^ d'aliéner cet Archevêché en faveur de l'Eledeur de Brandebourg & uni- ^^' ^^^^* quement pour mettre un obflacle à cette aliénation. Que le droit allégué par les Dépurés de Lunebourg pou? poiFéder cet Archevêché en vertu àQs biens dont la Maiibn de Lunebourg l'avou: enrichi , étoit une eipéce de fimonie. Que perfonne n'avoit juf- qu'alors révoqué en doute qu'il ne fût un dédommagement à l'Elec- teur de Brandebaurg pour la Pomé- ranie. Qu'on exaggeroit de beaucoup les revenus des Evéchés donc il s'a- gilioic. Qu'il falloit confidérer qu'otî en avoir démembré quatre Préfec- tures & deux Seigneuries , dont l'E- vêché de Minden pouvoir à peine remplacer les revenus , & que d'ail- leurs l'Eleéleur n'ayant que la furvi- vance de l'Archevêché de Magde- bourg , ne pouvoir prefque pas efpe^ rer en joiiir de {on vivant. Que les ImpéFiaux , les François , les Catho- liques & la plupart des Prorefîans- confentant à cet accommodement ^ il étoit farprenant que la Maifon de Lunebourg entreprît de balancer îouxe feule tant de fuâTrages réunis y

1

250 H'floïre au Traite , " d'autant plus que i'Lledeur , pour ^^ orer aux rroreltans tout heu de le plaindre , confentoit à partager al- ternat vement avec la Suéde le di- Tedoire du Cercle de la baCe Saxe.

Les Suédois de leur côté n'eurent aucun égard aux raiions des Dépu- tés de Lunebourg. Outre l'intérêt qu'ils avoient que l'Eledeur de Bran- debourg fût pleinement fatisfait pour éroulîèr toutes les fémences de guer- re, puifqu'enfin ils avoient pris ce parti , ils répondirent aux Députés , qu'il n'éuoit plus temps de s'oppoier à un accommodement qu'ils avoient eux-mêmes foUicité , comme il éroit vrai. Le Comte d'Avaux fut enco- re plus inflexible. Il voyoit avec une douleur fenCble ces grands Bénéfi- ces perdus pour l'Eglife Romaine ; mais outre qu'ils l'étoient déjà de- puis long -temps fans efpoir de les recouvrer du m:jins fi-tôt , il fon- ^eoit qu'au défaut de qqs Evêcliés Prote/lans , l'Empereur ne voulant rien céder des biens de fa Maifon , on fe retourneroit fur les Evêchés Cathol ques de Munuer, d'Ofna- brug , d'Hildeslieim & d'autres que

de mflphalîe, Liv. FUL 1 5 î

les Catholiques & le Comte d' Avaux

étoient réioius de défendre iuigu'a''^^* ^^^7' i. ' ' A- r I I ' XIII.

rextremite. Ainii les impériaux , ^e. Lvt.hés

fans écouter 1 oppolii-ion des Minif- conuftes leur tres ae Lunebourg , le confirmèrent ^és. dans la réfolurû'n d'abandonner à l'Eledleur de Brandebourg les Evc- chcs conteflés , & le contentèrent d'ajouter à cette cefTion quelques claufes qu'on trouvera exprimées dans le Traité de paix. Il y eut feu- lement quelque difîiculté fur l'Eve- ché de Alinden. Les Ducs de Me- kelbourg le demandoient pour dê^ . dommagem.ent de '^'' ifmar qu'ils ce- doient à la Suéde. Les Suédois pen- choient à favoiifer leur demande ; peut-être Tauroient-ils obtenue des Impériaux , fi leurs Députés avoient agi avec plus de zélé 6: de vivacité ; mais les Députés de Brandebourg plus adîfs & plus prefîans , emportè- rent pour ainfi dire la place d'em^ blée. L'Evêché de Minden leur fut promis au mêmes conditions que celui d'Halberfladt , fi les Catholi- ques étoient obligés de l'abandonner aux Protellans , comme f\ n'y avoir C|[ue trop d'apparence ; 6cles Dépu- L vj

252 Hijiolre an Trahi ~ rés de Mekeibours: ne fLirenc piu^ '^ écoutes iur cet arncie , ncn plus que ceux de Lunebourg avec lefquels on fit dans la fuite un autre accom- modement.

Il fàiloir pourtant ménager aufll aux Ducs de Mekeibourg quelqu'au- tre dédommagement pour Wiimar, 6c les Suédois qui étoient intérellés y travaillèrent avec zélé. On leur propofa les Evêchés de Swerin (Se de Kaizbourg. Ils en trouvèrent les re- venus trop peu Gonfidérables. On en revint à la proportion de la Confei- gneurie avec la Suéde. 11 s'y trouva encore trop de difficultés ; & PalTai- re traîna ainn en longueur , jufqu'à ce que la néceffité de conclure , à l'exemple de tout l'Em^pire , obligea les Ducs de Mekeibourg à accepter: les deux Evéchés qu'ils refufoient ^ avec les condirions <5c les claufes qu'on peut lire dans le Traité. XîV. Com.me dans ravticle de la ct^-

î)iveT'esre-|^^j^ de Brcmen à la Suéde , il avoic ete fait mention du Chapitre de Ham.bourg , la Maiiî)n de Kolilefn intervint contre la demande des Sue^ dois ^ foutenaot fj^ue ce Chapitre n'é*

âe Weflphalle. Lw. VIIi 2 5 J toîc depuis long-tcms ci'aucun Dio-' celé , qu 11 ctoic uniquement iujet du Holilein , que les Chanoines qui le comporoient étaient appelles aux AT- femblées de cette Province fous le nom de Prélats , 6c payant en cette qualité leur part des contributions. Que la Maifon de Hoidein joiiiiroic de [' Avouer ie de ce Chapitre & du Aivocatia-^ droit d^en conférer la Prévôté & les Prébendes , fans que ni TEmpereur,. ni l'Archevêque de Bremen s'y fuf- fènt jamais oppofés : à quoi les Im- périaux répondirent , qu'ils n'avoienr pas prétendu donner aux Suédois plus que le dernier Archevêque ne pofTcdoit , ni par conféquent faire aucun préjudice au Chapitre de Hambourg ^ ni à la Maifon de Hol(^ tein. Ce différend fe trouva naturel- lement décidé avec beaucoup d'au- très femblables par l'article du tcryrJ-- nus k quo de l'accommodement des griefs dont il fera parlé dans la fui- te. Le Chapitre de Brement fit auflî fes repréfentations , qui ne paroif- fbient pas moins juftes. C'éto:t que £i on eédoit cet Archevêché à la Suéde , on confervât du moins aux:

2-54 Ulftoîre du Traité Egiifes, au Chapitre, aux iMonafte- Ak.- 1^47- res, à tous le^ Bénéhciers tant Ca- tholiques que Protellans, leurs pof- fefTions , leurs revenus, leurs privilè- ges & leurs droits : au Pape fes mois de nomination , <Sc à l'Empereur fon droit des premières prières, d'aurant plus que c'étoient des biens facrés donc l'Empereur n'avoit pas le pou- voir de dirpoier. Il n efl pas douteux en effet que les Impériaux n'euOenc témoigné plus de fermeté iur cet ar- ticle (Se fur beaucoup d'autres fem- blables , fi la choie eût été en leur pouvoir. Le Comte d'Avaux les y follijitoit fecrécement autant qu'il le pouvoit , fans aigrir la mauvaife hu- meur des Aliiés de la France. Mais il n'étoit plus tems. Les armes n'é- toiejit plus égales , & dans la nécef- fité de faire la paix , il faîloit rece- voir la loi du plus fort. L'am/bition de la Maifon d'Autriche étoit l'ori- gine de tout le mal. Si la France n'a- voit eu rien à arpréhender des en- treprifes des Empereurs 6c des Rois d"Erp?gne, elle n'eût jamais longé à s'allier avec la Sued.r_, S: fi la Suéde lî'avoic point eu le France pour Al-

de Weflphalie, Llv. VII L 1 5 5

liée , jamais le parti Froteflant n'eût ^ ' ' ^ > X ^ \ An. 1047.

ete en état de balancer , encore moins ^^

d'opprimer le parti Catholiqiie,com - me il fit dans cette occafion. 11 eût été glorieux à Ferdinand de TacriFier une petite partie de fon patrimoine , pour conferver à i'Egliie Catholique les grands biensqu'on en démembroit ^en faveur des Protellans. L.a ceflion de la Silefie auroit fatisfait l'Eled:eur de Brandebourg. La France avoir quelquefois propofé cet expédient , 6c reprochoit à l'Empereur l'oppofi- tion qu'il y témoignoit ; mais outre qu'il faut avouer pour fa j unification qu'il n'avoir fur cela aucune obliga- tion de rigueur , il efl: rare que ces facrifices héroïques que la Religion infpire s'accordent avec les principes de la politique , Se dans la concur- rence des deux intérêts , il n'efl que trop ordinaire que celui de la Fveli- gion foit faciiiîé.

Après raccommodement de la Suéde avec l'Eledeur de Brande- bourg fur le partage d? la Poméra- nie , & la celîlon faite aux Suédois des Evêchés de Bremen <5c de Ver- den , <Sc de l,a Ville de Wifmar, il ne

1^6 Hiiloîre du Traite - manquoic plus à ieur fatisfadion qi3<3 "^^•(iobrenir la fomine de douze c<:m mille Richfdales qu'ils demandoienr. Comme l'Elecleur leur cédoic Sre- tin y (Se qu'on n'avoit propofé de "donner cette lomme qu'à celui qui feroir privé de cette place , leur de- mande étolt peu équitable. La Cour de Suéde étoit même déterminée à* ne s'y pas obdiner , à. le Comte d' A vaux qui en étoit averti par M, Cbanut , auroit pu sqw prévaloir pour porter les Suédois à s'en déiif- ter ; mais c'eût été trahir en quelque forte l'office de Médiateur , encore plus celui d'x^Allié. Il dilîîmula avec les Impériaux , & ceux ci preffés par ks Suédois , s'accommodèrent pour la moitié de la fomme. ^7^y\ , l-^QS plus o:randes conteflations

Gioireae la , . > '

îrance & du ^tant aimi terminées , on ne pouvoïc Comte d'A- pjyg douter de la paix , & il étoit glo- rieux à la France que ce fut pour la plus grande partie Ton ouvrage &; le fruit du zélé & de l'habileté de fes C^"^^. Minières. Les Impériaux , les Sué- dois, les Miniflres de Brandebourg

Siiux cent â'O hahr l.

^Fiynsr ' ^ plulieurs autres s'empreiTerent d'en- ^^7' faire leuxs remercimeiis au Comre^

de Wefiphalle, Llv. VIIL 1 5 7 •['Avaux , qui de Plénipotentiaire ennemi , devenu pour ainfi dire l'a- ^'' ^ ^' mi commun , eut la fatisfadion de voir fa médiation agréée de tous les partis , 6c couronnée d'un heureux îuccès. 55 En tout cela , dit-il , la •« France y a eu très -grande part , ^* les affaires ayant pal par les « . mains de ceux qui ont l'honneur " de fervir leurs Âîajeilcs en cette " Afiemblée ; 6c certainement on « attribué à la Reine toute la gloiic <=« du progrès que l'on voit au Traité « de paix. Les Etats de l'Empire « Proteftans nous en ont remercié » folennellement, 6c témoigné qu'ils « en avoient grande obligation à Sa « Majefté , 6c les Catholiques y font « venus aufîi en corps par une gran- « de députation du Collège Eledo- « rai , de celui des Princes 6c des «* Villes ; les uns 6c les autres difent « ouvertement , qu'à moins de lau- torité de laFrance ils ne pouvoient " cfpérer ce qu'ils voyent , 6c qu'un « " mois auparavant il n'y avoit rien « de fi froid , ni de fi languiifant « que le Traité de la paix. « 11 redo't pourtant encore divers points im-

258 Hljloire dpi Traite portans à terminer , la (atisfadion An. KX4.7- de la Landgrave de HeiTe- CalTel , les affaires de la Maifon Palatine ^ des Princes de la Mailbn de Bade , du Duc de Wirtemberg , de quel- ques Comtes de l'Empire , (Se fur- tout les griefs de la Religion , qui faifoient un fujet de conteflation fore vive &C commune à tous les mem- bres de l'Empire. Tous les intéref- fés voyant les chofes déjà fi avan- cées , s'emprelToient de faire valoir leurs droits , les uns pour fe mainte- nir en pofleflion , les autres pour y rentrer , quelques-uns pour acquérir, plufieurs pour ne rien perdre , tous Ihld, pour affurer leurs avantages. :>•> 11 efl vrai , difoit le Comte d' Avaux, M qu'il fait bon voir à préfent com- 3> me chacun fe remue pour fon in- M térêt , comme les heures font che- M res , & comme toute la Ville efl: M pleine di monde, ce

Pendant ces diverfes négociations il s'en fit une autre qui fembloit de- voir contribuer encore plus à avan- cer la paix de l'Empire. Ce fut un Traité de neutralicé & de fufpcn- fion d'armes encre la France, la Sue-

de Wefiphalie. Liv, VI IL 259 de & la Landgrave de Heffe d'une ^ ■part , & de l autre le Duc de Bavie> ^^- *^^^' re & l'Eledeur de Cologne fon frè- re. Il y avoir déjà long tems que la France en avoir formé le projet , comme un moyen infaillible de for- cer l'Empereur à accepter la paix aux conditions qu'on voudroic lui prefcrire. J'ai rapporté ailleurs les raifons qui avoient retardé jufqu'a- lors l'exécution de ce deiîèin. Le Duc ne ie rendit que lorfqu'iî vit l'ennemi établi dans le ccncre de fes Etats , (Se portant j:-'artout le ravage. Alors n'ayant plus de reilburce que dans la négociaiion , il foilicita un Traité , 6c la France s'cmprelTa de profiter d'une occafion qu'elle atten- doit depuis long- temps. Mais les Suédois par un effet de la haine qu'ils avoient pour le Duc de Bavière , dont la bonne foi leur étoit d'ailleurs fufpede , ne confentirent à cette né- gociation qu,à regret , & par la feule crainte d'offenfer les François. Les Impériaux de leur coté n'avoient pas pour ce projet beaucoup plus d'em- preflTement que les Suédois. Ils pré- voyoient que le Traité laifleroin à

î^o Hlfiolre du Trané ceux ci îa poireiîîon des pofks qu'ils! Â>.* ï^47' occupoient dans le centre de l'AU iemagne , au ils vi voient aux dépens de l'Empire , & ils auroient mieux aimé que le Duc de Bavière ie fût réfolu à faire avec l'Empereur \xs\ dernier efibrt pour les en chailèr c^ tâcher de reprendre la fupériorité. L'Empereur ne lailTa pas d'envoyer à-QS Commiilaires avec d^s pieinpou- voirs , mains dans refpérance de conclure un Traité qu'il put accep- ter , que pour éviter le reproche qu'on auroit pu lui faire de fe refu- fer à un accommodement , 6c pour veiller à ce qui fe palîèroit dans cet- te négociation, ou même pour la rompre, s'il étoit polfible. hQs Con> milîaires Impériaux étoient MM. WacheinliA^m & Rofemberg. La Cour de France y envoya MM. d'A»- vaugour&de CroilTy ; MM. Daglay 6c Brand s'y rendirent de la part de la Suéde , 6c les Députés du Duc de Bavière furent MAI. Reufchen- berg , Kutner 6c Schefer. Ulm dans la Suabe fut le lieu à^s conféren- ces.

La nfgociation commença par

deWcftph^fie. Llv.TIÎI. z6i Uiie conteliation fur le cérémonial. Quoique ks Suédois fuiïent emrcs '* ^^'^'^' clans Ulm xrois heures avant les Coirfercjic^s François , les Impériaux ôc les B,a- d'yiœ^ varois ne laiiTevent pas d'aller voir les François avant les Suédois. Ceux- ci s'en plaignirent avec beaucoup d'aigreur , (&: refuferent le lendemain la vifitedes Impériaux ô< des Bava- rois , de forte que toute la négocia- tion ié trouva ainfi arrêtée dès le pre- mier pas , ou .du moins il fallut com- mencer par lever cette difficulté im- prévue. Les Bavarois s'excuferenc fur l'exemple que les Impériaux leur avoient donné. Les Impériaux au contraire prétendant n'avoir agi qu9 dans la fuppofition que les François étoient arrivés les premiers , deman- dèrent fatisfaélîon de l'affront que les Suédois leur avoient fait. Ce dif- férend ne put être terminé que par l'entremife des François , qui em- ployèrent leurs follicitations 6c leurs prières auprès des uns & des autres , pour leur perfuader de facrifier leur rellentiment au bien de la paix, Mais les Suédois ne confentirent à ^,n;:-; en négociation qu'à çonditip/)

l6i Hljîoire du Traité

que les Impériaux & les Bavarois fe-

-IN. 1(547. -1 -1 r

^^ roienc les premiers leurs propoli-

tions ; & ce fut encore une nouvelle difficulté, les Impériaux prétendant que ce feroit déroger aux droits de leur prééminence. C'eft de quoi les François & les Suédois ne conve- Roient pas. Cependant les Bavarois levèrent encore cet obilacle , en Te chargeant de faire eux-mêmes les proportions en leur nom (Se au nom des Impériaux , malgré les plaintes de ceux ci qui leur reprochoient de trahir l'honneur de l'Empire & de la dignité Impériale. La principale dif- ficulté de ce Traité confiftoit à con- venir des quartiers & des Places de fureté qu'on s'abandonneroit les uns aux autres pendant le temps de la xvii. furpenfion. Les Bavarois demande- Proporitions j-ent que les armées des deux Couron--

des

& des Impé- "cs alliées abandonnalTent aux trou-i ~"" pesimpériales 6cBavaroiles toutes les

Provinces héréditaires de la Maifon d'Autriche , avec les Cercles de Sua- be , de Franconie & de Bavière , dans lefquels ils comprenoient le haut Palatinat &: la partie du bas Pa^ati- nac qui eft au-delà du Rhin. Qu'elles

^.e IVeJlphalie, Liv, FUI. ^53 retiradènt leurs garnilbns des Villes de Rain , de Dunawerc , Mundel- '^*'- '^^7' hein , Wormdinghen , Heidenheim & Weflenfleing pour les rendre au Duc de Bavière. Que tout le païs appartenant à l'Electeur de Cologne feroit compris dans le Traité 6c joiiï- roit de la i'uipenfîon ; & que pen- dant tout le temps qu'elle Jureroit , il ne feroit permis à i'un ni à l'autre parti d augmenter Tes troupes. . Ces propofiaons parurent fort étranges aux Alliés, fur-tout aux Sué- dois , qui occupoient des poa.es con- fidérables dans la ISïxixiiQ , la Silefie , la Bohême & la Suabe , & à qui on vouîoit enlever en un moment, par un Traire de fufpenlion , dont l'exé- cution étoit fort incertaine , le fruie de plufieurs années d'une guerre qui les avoit épuifés d'hommes & d'ar- gent. Au lieu de répondre à des de- mandes fi peu attendues , ils décla- rèrent qu'ils vouioient fe retirer, & ils l'auroient fait fur le champ , (i les François ne les avoient arrêtés par l'efpérance qu'ils leur donnèrent d'engager les Bavarois à fe détacher des Impériaux , & à traiter feuls aveq

2.^4 Hi(l\)îre au Traita ^^^^ les deux Couronnes. Les Bavarois KÎ47. j;nontrerent en efe un pleinpouvoir qui les autorifoit à traicer féparément pour le Duc de Bavière , 6c les Sué- dois en parurent fatisfaits ; mais com- me ils n'avoient pas prévu cet inci- dent , <5c que leurs indruclions ne leur en dilbienc rien , ils prièrent les Fran- çois <Sc les Bavarois de leur petmettre d'aller trouver le Comte deWrangel, ' pour lui demander de nouveaux or- dres. Les François n'y confentirenc qu'avec peine , 6c cependant leur dé- clarèrent que s'ils ne revenoient pas incenàmment pour conclure le Traité , ils ne laifleroient pas de traiter pour la France avec le Duc de Bavière , alléguant pour raifon que les Hollandois paroiffant déter- minés à ne faire cette année aucun nouvel eifort dans les Païs-bas , la France étoit obligée de rappeller dans la Flandre & le Luxembourg, les troupes du Vicomte de Turenne, \C'rangel étoit alors occupé de quel- ques expéditions militaires, ô< quoi- que la fortune des armes lui fût alTez favorable , <Sc qu'il eût plus d'incli- jB^tip.n pour la connnuation de la

guerre

de ^Te/rphaiie, Liv. FI IL 16 <y guerre que pour une fufpenfion , plu- i-eurs raifons le dérerminerenc à lui- Ah. ic^j, vre la ^négociation commencée. Il confidéra que fi les Bavarois coh- cluoient en effet un Traité de fufpen- iîon , l'armée Impériale s'en trouve- roit confidérablement affoibiie , que Tarmée Suedoife feroit au contraire I en état de tout entreprendre & de contraindre l'Empereur à accep- ter incelîàmment les conditions de paix qu'on lui proporoic II eil vrai qu'il n'étoit pas impoffible que toute cette négociation ne fût de la part du . Duc de Bavière qu'un artifice pour gagner du temps , (3c en faire perdre à ks^ ennemis. Mais pour peu qu'elle durât , elle ne pou voit pas manquer de donner de la défiance & du cha^ grin aux Impériaux , & c'étoit tou- jours un grand avantage de les brouiller avec ks Bavarois. D'ail- leurs il voyoit les François détermi- nés , fi les Suédois refufoient d'hon- nêtes conditions , à faire leur Traité particulier , pour ne pas lai.Ter échap- per l'occafion de détacher enfin le Duc de Bavière du parti de TEmpe- jXeur ; .& fi la choie arrivoit , corn-. I 7. me F, ]VJ

i66 Hlflolrc du Traite

^ "■■■■'■■ i^e \[ y avoic tout lieu de le croire ^

Â-^.' .i047» \qs François dévoient retirer toutes leurs troupes d'Allemagne , 6c tout le poids de la guerre devoit retom- ber fur l'armée Suedoife. xviii. Periuadé par ces diverfes réfle- . Les impé- xions, le Général Wran2;el renvoya à

inaux font TTtfrA' 'CJ

exclus de la vJim les Députes buedois , mais avec H^é^ofi^tion. ordre de ne traiter comme les Fran- çois qu'avec les feuls Bavarois ; de ibrte que les Impériaux s'étant pré- . ientés pour renouer la négociation , fie reçurent des Députés Alliés que .de vains compiimens. Les Bavaroiç prélenterent par écrit une nouvelle propolition un peu plus modérée , <^ue la première , qui étoit pourtant ; encore bien oppoiee aux prétentions ^es Alliés, iur-tout des Suédois, Ceux - ci confentoient à rendre au Duc de Bavière les Places qu'ils çccupoient dans [es Etats , Rain , Donawert , & quelques autres Vil- les ; mais ils ne vouloient pas qu'il pûc s'étendre au-delà de fon Cer- cle dans la Suabe , Id, Franconie , ni même dans le Wirtemberg ^ donc ^1$ demandoient qu'il retirât toutes Jps garnifons qu'il y avoir ; ils voiw

bîent encore que le Duc leur livrât Aufbourg & Amberg pour fervir de ^^* '^^^J* .caution , & ils demandoient de plus Memminglien , Uberlinghen , & Hailbron , pour les dédommager des Places qu'ils redituoient à ce Prince. Il n'étoit pas poflible que le Duc de Bavière acceptât des pro- portions fi dures. C'étoit une op- preffioR manifefte que la politique autant que l'équité ne permettoie pas aux François d'approuver. Car l'objet de la France , comme je l'ai fait remarquer ailleurs n'avoit ja- mais été de ruiner le Duc de Ba- vière ; c'eût été donner en Allema- gne trop d'avantage aux Suédois & ^ux Proteftans. Elle ne fe propofoic que de le détacher de l'Empereur pour s'en faire un Allié dans PEm- pire , qu'elle pût oppofer à la Mai- ibn d'Autriche ; & dans cette vue , loin de regarder fa ruine comme un avantage , elle devoit défirer qu'il ^onfervât toutes fes forces, afin d'a- voir en lui un Allié p'us puilTant. Conformémemàceplan MM. d'A- vaugour (5c de Croiiiy s'oppoferenc yive.^lent ^ux prétentjojis à^s Sue- Mi]

26S Ht f^ dire du Traité * dois , & firent auprès d'eux les plus 4w. 1(547. f^j-t-es indances pour les obliger de modérer leurs proporitions , jufqu'à leur déclarer qu'ils traiteroient fans eux , s'ils ne réduifoient leurs de- mandes à des termes plus équitables, La conteflation fut extrêmement vi- ve, 6c ce ne fut qu'après beaucoup de difputes qu'on en vint enfin à des propofitions plus modérées. Il y eue peu de difficulté fur la rellitution du Wirtemberg. Les Suédois fe relâ- chèrent fur Amberg , & confenti- rent qu'Aufbourg gardât la neutra- lité. Les François demandèrent pour Place de fureté Uberlinghen 6c Hailbron ; les Suédois confentoient à la ceiîion de Hailbron , mais ils de-^ mandoienc pour eux mémics Uber- linghen & Mem.minghen, Les Ba- varois repréfentoienc que ces Places çtoient des Villes Impériales dont 51 ne leur étoit pas permis de dif- polbr, fur tout pour les livrer à des troupes étrangères , 6c offioient feu- lement d'en retirer les garnifons Ba- varoifes pour les laiiler dans l'état ^e neutralité.

C^£oit-là les principales diifiçul-^.

I

i^e Wcflphdie. Llv, FUI. lê^ tés du Traité ; & cependant com- me les Suédois fembloient rie pou- ^* ^ '^'^' Voir fe défaire de leurs anciennes dé- fiances à l'égard du Duc de Bavière , les Députés de ce Prince s'appli- quoient à les ralTurer & dilTiper leurs ombrages. Encre les diverfes raifons qu'ils employoient pour les perfua- aer de la lincerité de leur procédé , & de la dirpoficion étoic leur maître de (e détacher du parti de l'Empereur^ ils en alléguoient une fort fmguliere : c'étoit que la Mai- ^jj^. fon d'Autriche (Se celle de Bavière Les Bava»" ctoient naturellement fi ennemies Pu- [g Xrait^^^^* ne de l'autre , qu'elles ne pouvoienc -compatir enlémble. Les Bavarois ajoutoient que leur union avec les Impériaux leur avoir toujours été funefle , au lieu que quand ils avoienc agi léparément, le Duc de Bavière n'avoit jamais eu lieu de fe plaindre de la fortune. Que ce Prince d'ail- leur ne tenoit au parti de la Maifort d'Autriche par aucun lien de recon- noidance ; que c'étoit au contraire' l'Empereur qui lui avoir de grandes obligations , à compter depuis la ba- taille de Prague , 6c qu'on Tçavoiè' Miii

jiyo Hi^.olre an Traite combien de fois fans le feeours dix A.N. 1647. Duc de Bavière la Mailbn d'Au- triche auroit fuccombé. Que s'il en- avoir reçu la dignité Eledorale , c'é- toit moins à l'Empereur qu'au Roi- de France & aux Eledeurs qu'il en étoit redevable. Que le haut Pala- tinat qu'on lui avoir cédé étoit un païs ruiné qui lui étoit plus à charge qu'il n'en tiroir de feeours , & pour lequel il avoit rendu à l'Empereur l'hypothèque qu'il avoit en Autriche fur 1 Ens , tandis qu'avec les fommes immenfes qu'il avoit employées au feryice de l'Empereur il auroit piï acheter une étendue de terres beau- coup plus confidérable. Qu'au refte l'Empereur pofTédant beaucoup de riches Provinces 6c des Royaumes- entiers , étoit encore en état de fou- tenir la guerre & de la continuer , s'il vouloir, au hazard de perdre quel- que Province dont le démembre- ment ne l'aflPoibliroit pas beaucoup ; mais que ne refiant plus au Duc de Bavière qu'une petite partie de fes Etats , la prudence ne lui permettoîc pas de l'expofer par un excès de com- plaifance pour l'Empereur. A ces

àe tVeJlphalle, Ltv, VUÎ. iyî failons les BvHvarois ajourèrent tou- tes les facilités qu'on pouvoit raifon- '^^^7^ nablement exiger pour conclure le 1 raitéy & l'on convint en effet de' part 5c d'autre de tout ce qui faifoic encore quelque difficulté.

Les Impériaux au défefpoir d'un .XX. 1 raite ii contraire a leurs intérêts , ^iaux s'effor- & qui fembloit les forcer à fubir dé- cent de le tcit- formais le joug du parti vidorieux , ^'^^ ^^* , redoublèrent leurs efforts pour le tra- verfer. Dans cette vue l'Empereur envoya à la Cour de Bavière M. Gebhard, Confeiller Aulique . hom- me infinuant , qui avoit la réputa-^ tion de manier avec beaucoup d'à- dreffe les négociations les plus déli- cates. Ce Miniftre alla trouver le Duc à Wadembourg , ce Prin- ce s'étoit retiré , & employa toutes ks reffources de l'art pour lui faire abandonner le deffein de traiter avec les Couronnes alliées. Il lui repré- fenta.que l'Empereur étoit outré de douleur depuis qu'il avoit appris la réfolution qu'il avoit prife de traiter avec la France & la Suéde , & que e'étoit moins la vue de fes propre* intérêts qui lui infpiroit ces femi-' Miiij

^^ ^ ___ _ ^7^ Hifiolre du Traite ^^^mens, que la confidératfon du pré'- ^^•judice énorme que 1 Empire en re- cevroit. Que le Duc même loin de lauver ks Etars par un pareil Trai- té, les expofoit à une ruine totale & prochaine , ne pouvant pas man- quer d'être bien tôt enveloppés dans la ruine générale de l'Empire. Qu'iJ ctojt furprenant qu'après avoir li cou- rageufement foutenu la guerre de- ^ms tant d'années, il choisît pour mettre bas les armes précifément le temps les ennemis étoient les plus foibles , (Se il avoit le plus de ibjec d'efpérer la vidoire &: la fupériorité. Que Ferdinand faifoit aduellement des recrues confidérables pour forti- fier Ion armée, & qu'abandonnant la defenfe de Tes propres Etats , il fe- roit marcher toutes Tes troupes au. îecours de la Bavière. Qu'il lui of- froit de fa part toute l'Autriche au- delTus & au^delTous de TEns, pour fournir à la fubfiiîance àss troupes Bayaroifes 3c étendre leurs quartiers- qu'enfin il ne pouvoit fans violer tou- ^s \qs loix de l'Empire , livrer aux ennemis des Villes Impériales donc li n'avoît aucun droii de difpofer.

I

de Wefiphaîie. Liv. FUI. ^73 Le Duc de Bavière fut peu tou-

ché de ces remontrances. Il répondit ^' ^^'^'^* que s'il trairoit feul avec les Fran- Le Minkre cois & les Suédois , ce n'étoit que ^-^ l'E'î^pe-

1 T ' ï^eur n'eft pas

parce que les Impériaux avouent écouté du abandonné la négociation. Qu'il ne P"<^ ^^ Ba- faifoit en cela que ce qu'avoient faic^^ '^* les Ekdeurs de Saxe , de Brande- bourg de de Trêves , pour fauver (es Etats dans le danger preflant oia il fe voyoit de les perdre. Qu'il ne tenoit encore qu'à l'Empereur d'accéder au Traité. Que pour lui, après les -- avances qu'il avoit faites , il ne lui étoit plus permis de reculer ; 6c quant aux Villes Impériales , qu'il ne les cédoit aux ennemis que pour y met- tre des garnirons , comme il y en avoit mis lui- même en laillant à ces' Villes la jouifTance de leurs privilè- ges & l'ufage de leurs droits. La fer- meté du Duc de Bavière fit com- prendre à M. Gebhard qu'il perdoif: ' fon temps auprès de ce Prince, ji réfolut d'aller à Ulm , & pria le Duc d'ordonner du moins à fes Dépurés* de lui communiquer les articles du Traité. Le Duc le lui promit ; m.ais il écrivit à fes Minières de ne lui don-

Ati.

274 Hifloire du Tr-atîé ner qu'une connoiiiànce générale des^ ^'^^ principaux points. Gebhard s'en ap- perçue , 6c en iic des plaintes ameres, li fe tourna du côté des Minif- tres des Couronnes alliées , ôc de- manda de traiter avec eux , foit fé- parément , foit conjointement avec le Duc de Bavière , furquoi les avi^ forent partagés. Les François per- fuadés que fon delTein étoit moins de traiter en effet , que de troubler la négociation par les difficultés qu'il feroit naître , opinèrent à ne poinc l'écouter , d'autant plus qu'on ne- pouvoit le faire fans prolonger une- négociation qu'il falloit plutôt pref- fer que retaider. Les Suédois pré- tendirent au contraire que le moyen infailMble de déterminer le Duc de- Bavière à prendre promptement fon: parti , étoit d'écouter les Impériaux,; parce qu'il craindroit de traiter avec moins d'avantage , fi les- Impénaux étoient admis au Traité ; d'ailleurs,, ajoutoient-ils , s'il nous trompe , nous^ ferons plus en état de nous venger de lui , en traitant véritablement avec l'Empereur. Mais ce n'étoic pt]>inr l'idée des François ; car;

de JFefiphalie, Liv. t^ïIL zj ") quand même le Duc de Bavière nous tromperoit , difoit M, de Croif- ^^' "^^^^ fy , il feroir encore de rintérêt de la France de difTimu'er , plutôt que de s'unir contre lui avec l'Empereur. Cependant il fut convenu qu'on ne XXH.

refuferoit pas abfolument d'écouter àpeine''d'êt?e les propofidonsdes Impériaux, quoi- é:outéàUim,^ qu'on n'eût de part 6v d'autre aucun vrai defTein de traiter ; & les Fran- çois y confentiren: pour ne fe pa? charger feuls de l'odieux du refus. M Gebhard s'appliqua fur tout à ga- gner les Suédois , (bit qu'il les crût mieux difpofés , (bit qu'en affcdanf de négliger les François il efperât pi- quer ceux-ci de jaloufie & faire naî- tre de la divifion dans le parti des- Alliés. Tout autre que lui eût été fans doute rebuté de la dureté & de ia^ roideur des Minières de Suéde. Non' feulement ils ne vouloient point par- ler les premiers , mais après que M, Gebhard auroit fdit fespropofitions ^. tout ce qu'ils promettoient de faire ^. c'était de les envoyer au Général Wrangel , qui répondroit s'il le ju- geoit à propos , ôc qui félon les appa- rences ^ naccepteroit rien qu'après xM vj

276 Hlftolre du Traite avoir reçu des ordres de la Cour de. ^^* Suéde. Kien de tout cela ne l'arrêta,. Il offrit de faire le premier fes pro- portions , 6c tout ce qu'il demanda, fut que les François & les Suédois- déclarailenc qu'ils étoient dirpofés à entrer en négociation, Querifquez- vx)us , difoit-il aux Suédois ; votre Général n'aura -t'il pas toujours la. liberté d'accepter ou de refufer les conditions P Pourquoi m'avez-vcus donné un fauf- conduit , fi vous n'a- vez aucun dellein de traicer avec moi ? Ce ne font point des loix que je viens vous prefcrire , ce n'eif point, un Traité que je vous propofe de fi- gner dans l'inftant. Ce font des pro- pofitions que je viens vous faire. Vous- les accepterez , ou vous les rejette- rez , comme vous le jugerez à pro- pos ; mais il eft inoiii que dans une. négociation l'une des deux parties propofe , tandis que l'autre fe con- tente d'écouter , fans vouloir même: promettre de s'expliquer.

Comme ces raifons quoique pref- fautes , faifoient peu d'imprefîion fur \ts Suédois , il les attaqua par un autre endroit. Il leur reoréfenta nue.

de Wefîphalie, Llv, VIIL lyj l'Empereur étant le plus puifîànt de leurs ennemis c'étoit avec lui préfé-" ^' i^47« rablement à tous autres qu'ils dé- voient traiter , & qu'on avoir lieu d'ê- tre furpris qu'ils femblaflènc le négli- ger pour rechercher le Duc de Ba- vière : car enhn , ajoutoit-il , quel: fruit pouvez- vous efpérer d'un Trai- té dont l'Empereur fera exclus ? Ou- bien ce Prince abandonné de lés Al- liés fuccombera fous vos efforts , ou il y réfiflera. S'il fuccombe , vous- aurez la gloire de l'avoir vaincu , ia fatisfadion de l'avoir opprimé ; mais vous n'en retirerez aucun avantage folide ; car toutes les Provinces qui' lui obéiïTent font Catholiques , &: plutôt que àQ ÏQ foumettre à votre domination , elles invoqueront le fe- cours de tous les Princes Catholi- ques , de la Bavière & de la France même,, qui fe feront un devoir de Religion de s'unir enfemble pour' vous dépoiTeder. S'il efl affez heureux pour fe maintenir contre l'efTorc de vos armes , peut-être après tant de viéloires éprouverez - vous à votre tour les difgraces qu'il" éprouve au- jourd'hui j & qui peut vous répon-

27'8 Hiftolre du Traite ~ dre que la fortune ne le laflera pas" An, 1(^47. j^ ^^^^ £^^^,^ favorable ? Aux raitbn-

nemens M, Gebhard joignit l'intri- gue à la Cour de Bavière , & fit agir vivement auprès de rEleâ:eur fes Confeillers , fa femme, fes favoris ,. pour le détourner du deiTein qu'ils avoit formé de fe détacher de TEm- l^xiiT. pereur. Mais tout fut inutile. Le' eflîpècheJ^que E)uc de Bavière voyolt le péril de leTra'téncfe-près, &z on ne lui promettoic que des iecnurs éloignés. Pour peu qu'il dif- férât encore , tous fes Etats alloient devenir la proye des Alliés. Ses Minières dont les terres, éroient oc- cupées ôc ravagées par les ennemis ^ le preiToient de conclure par les mo- r4^Mars. ç'^g j^ j^^j^ intérêt particulier. Il prit enfin le parti de confentir à tout 6c le Traité fut conclu à des conditions- dont les François & les Suédois fu-- rent fatisfaits. En voici les articles en abrégé. Articles du Qu'il y auroit entre les parties^ '^^"*''* conrradlantes fu'penfion d'armes & celTation d'hofhiiités jufqu'à la paix- générale.

Que toutleCercledeBaviere & toiisr' les Etats qui y font compris , pareille-

de WeJiphaUe . L iv. VIîI. l yp' ïnent rout le pais dépendant du haur ' & bas Palatinat au-dcçà du Rhin /'''* '^'^^ ( c'eft- à-dire au-delà par rapport à la France ) demeureroient au Duc de Bavière ; pour y établir Ces quar- tiers & en tirer les contributions juf- qu'à la paix générale ^ excepté ce qui- lèroit laiflë aux François , fçavoir Lavinghen , Gundelfinghen , Hoe- chftedt y <5c les terres lituées entre- Uim & Donawert, dépendantes du Duché de Neubourg ; 6c fans pré- judice des droits de la Maifon Pala- rine , dont la difcufîjon fe feroic dans rAlIemblée de Munfler &• d'Ofnabrug.

Que les Confédérés ne pour- Toient pas faire pafier des troupes par la Bavière , & qu'ils n'en feroient palfer par le haut & bas Palatinat que dans l'extrême nécefUté, après'^ en- avoir donné avis au Duc de Ba- vière, afin qu'il envoyé des Com-- miiTaires fur les lieux pour régler tou- tes chofes.

Que le Duc remettroit aux Sué- dois pour fureté du Traité les Villes^ de Memminghen & Uberlingh^n , &. qu'ils lui rendroient irlain ^ Dona-

jiSo Ht (loin du Traité vvert , Wemdinghen 6c Mundeîhelirw N.- i(î47. Que le Duc reftitueroit aufTi au Duc de Wircemberg. Tes Viiles fîc Etats.

Que les Electeurs de Bavière & de Cologne retirerolent toutes les troupes qu'ils avoient au fervice de l'Empereur ,. du Roi d'Efpagne , & de leurs Adhérens , nommément du Landgrave de Darmftadt^ Ôc n'enrre- prendroient rien au dedans ni au- dehors de l'Empire contre les Gon-^ fédérés. Qu'il leur feroic libre de li-- eentier leurs troupes après avoir mis àes garnirons Tuffifantes dans les Vil- les oc les ForcereiTes pour leur fure- té ;. mais qu'ils ieroient obligés d'en donner avis aux Généraux des ar- ^ mées confédérées , afin qu'ils pufTent: les attirer à leur fervice ; 6c que lef- dits Eiedeurs les empêcheroient de' tout leur pouvoir de paiTer au fervi- ce de l'Empereur, du Roi d'Efpagne^ Ôc de leurs Alliés,

Qu'ils ne psrmettroient cHez eux au- cune levée de gens de guerre contre' les deux Couronnes 5c leurs Alliés.

Qu'ils feroienr tout ce qui dépen- droit d'eux pour faire fortir les gar--

de Vl^t-flphalle. Lîv, VIII, 2S"r ftlfons des Villes , Forterelles 6c Châteaux fitués dans les Etats de' ^'' ^ '"^^ VEledeur de Cologne, & que s'ils n en pouvoient venrr à bout , il feroit permis aux Confédérés d'aiïiéger ces Places , fans que les Eledeurs puiTent leur donner aucun lecours.

Que le Duc de Bavière fetireroit la garnifon quil avoit dans Hail-^ bron , afin que cette Ville reçut gar- nifon Françoife ; (S: qu'il recireroie pareillement la garnifon d'Aufbourg pour lailTer cette Ville dars une par^ faite neutralité ; 6c que le Roi de France de fon côté lui rendroic WeiC* femberg.

Qu'auiri-rôt après la ratificarior^ du Traité faite par le Duc de Baviè- re , le Maréchal de Camp Schom^ berg , le Général Major Rofe , & tous les autres prifonniers feroient relâchés de part & d'autre fans ran- çon.

Que le Duc feroit fon pofUb'e pour faire remettre aux Suédois la Ville d'Ofienbourg & que fi la gar- nifon qui occupoic cette Place refu- foit à'Qw forcir , il feroit permis au>i Suédois de l'affiégeiv

An,

loi Hlflolre an Traite

Que s'il arrivoit que la paix géné- rale ne le conclût point à Munder (S: à Oinabriig , le préfent Traité ne laiileroit pas d'être fidèlement obfer- de part (S: d'autre lufau'à la fin de la guerre.

Ce Traité fit beaucoup de bruit en Allemagne y Se chacun en railbn- na (uivant fes vues & Tes intérêts. La France fur - tout s'en applaudie comme d'une affaire qui faiibit de- puis long-tems un des grands objets de fa politique , objet dont le fuccès lui avoit beaucoup coûté , & donc elle fe promettoit de grands avan- tages. Mais les Impériaux & tout ce qu'il y avoit dans l'Empire de par- tifans de la Maifon d'Autriche en conçurent un violent chagrin contre le Duc de Bavière. Rien n'étoit fé- lon eux plus odieux , ni plus injuile que fon procédé. C'étoit une perfi- die , un crime de léze-Majefté qui le rendoit plus coupable à l'égard de l'Empereur , que ne l'avoit jamais été Frédéric , Eleveur Palatin. Plufieurs- OfTiLieis même de l'Armée Bava- foife , foit par un excès de zélé pour la Maifon d'Autriche , fok par un

àî Wejîf halle, Llv. VlIL 2.%-y effet du chagrin qu'ils avoient de fe voir déformais inutiles , défaprou- ^^*' ^^47" voient hautement la conduite du Duc de Bavière. Le Général Gîeen , quoiqu'il fe fût déjà démis du com- mandement de l'armée Bavaroife , s'emporta jufqu'aux invédives , & ^Jean de Werth ne difîîmula d'abord que pour exécuter plus furement la confpiraticn dont il form.a le projet» Cependant les Alliés profitant de la facilité que le Traité leur donnoir^ fe mirent en devoir de faire de nou- veaux progrès. Les Impériaux aban- donnés des Bavarois , fe trouvoienc réduits à dix ou douze mille hom- mes , & hors d'état de paroître de- vant un ennemi fort fupérieur en nombre. Pendant que la négociation duroit encore , le Vicomte de Tu- renne avoit pris Tubinghen fur le Nekre. De-là après avoir étendu {t% troupes dans la Suabe jufqu'au Rhin, il entra avec un gros détachement dans l'Eledorat de Mayence. L'E- f^}y'^^^ ledeur allarmé de fon approche , fe armes du Vi- hâta de rendre au Comte de Hanau co"^^^ ^c Tu- la Ville de Eabenhaufcn , qu'il rete- [ema^ne.. noit à ce Prince depuis douze ans y

2.î^ Hlftoire dît Traité ôz en envoya la garnifon fortiiî^f An. i(547-- celle d'AfciiaBembouig- ; mais les troupes du Vicomte l'ayant rencon- trée en chemin , la délirent entière- ment. Le Landgrave de Darmftadt que les mouvemens des troupesFran- çoifes n'inquiétoienc pas moins, vou- lut aulTi retirer quelques Compagnies qu'il avoit dans Budingen , 6c elles- eurent le même fort. Il vrai qu'el- les furent bien- tôt vengées par les garnirons de FrankendalT cSc de Gernsheim qui furprirent deux Ré- gimens François au moment qu'ils étoient plongés dans l'yvreiîè.Ce pe- tit échec ne mit aucun obfîacle aux progrès du Vicomte de Turenne. A f- chaff^.mbourg lui ouvrît Tes portes Ôc la Citadelle ne lui réfifla que peu de Jours. La garnifon de Hoechd con- fiftant en deux cens cinquanie hom- mes Ce rendit à difcrétion , <Sc prit par* ti dans fes troupes. Il paflà enfuite le Ma'n pour attaquer Gernsheim. Soîi projet étoit moins de faire des con- quêtes que de contraindre l'Elet^eur de Mayence 6c le Landgrave de Darmfta^c à prendre le parti de la fieutralité , à l'exemple des Eiedcurs

t^e fJ'cflfh^lie. Lh. riïl. z% s de Bavière «Se de Cologne. Le pre mier n'oppofoit aux foliicitacions des ^^' '^^^7^ François , que la crainte de désho- norer fa vieillellè en abandonnant J'Empereur dans l'extrémité il fe trou voix réduit ^ après l'avoir fidè- lement fervi toute fa vie. Ce motif céda à la néceffité & au péril pré- fcnt. Il confentit enfin à traiter en fon nom (5c au nom du Chapitre , & les conditions du Traité furent que l'Eledeur payeroit cinquante mille Horins pour être exempt de donner dans fes Etats des quartiers aux trou- pes Françoifes. Qu'il feroit fortir de Gernsheim la garnifon Impériale qui l'occupoit , 6c qu'il en feroit rafer les fortifications. Qu'il retireroit les troupes qu'il avoit dans la Forteref- k de Starçkenberg. Qu'il livreroit Steinheim aux François , qu'il leur laifferoit Hoecfl , 6c la liberté du paf- fage à Kœniftein 6c Lolinllein. A ces conditions le Vicomte de Turen- ne promit de retirer fes troupes de l' Elcdorat. Le Landgrave de Darm- /iadt Fut au ni contraint de prendre le même parti après avoir vu {qs jlirats ruinés par les contributions ^

1^6 Hlflûirc du Traîtê expofés au ravage. Après quoi tous ii\.. 1^47 vces Princes ayant envoyé au Roi de France des AmbalTadeurs pour le re- mercier (5c ibllicicer la continuation de fa protedion , la Cour de Fran- ce qui avoir déjà pour Alliés le Landgrave de Heife CalTel, l'Elec- teur de Trêves Sa quelques autres Princes, fe vit enfin arrivée au point elle alpiroic depuis long-tems, de n'avoir plus dans l'Empire d'autre ennemi c]ue la iMaifon d'Autriche. Elle en eut une fatisfaélion d'autant plus lenfible , que c'étoit l'ouvrage de ia politique &: de fa fagefîe , autant que de la valeur de les troupes. Elle y trouvoit encore outre raffoibiifle- ment des forces Impériales , l'avan- tage -de pouvoir retirer fon armée d'Alleinagne , pour la faire fervir en Flandre , fuivant le projet qu'elle €n avoit formé ; Se ce fut ^n effet dans ces circonflances qu'elle rappel- la le Vicomte de Turenne , comme je l'ai déjà raconté. XXV. Les Suédois ne tardèrent pas de roT^^uételdcs ^^"^ ^^^^ ^ profiter auiîî de leur avan- iSusdols. tage. Après avoir mis en fureté le$ poiles qu'ils o<Kupoicnt dans la Wefl-

de nifphallc, Liv, P'III. 287 plialie 6c la Suabe iupcrieure , ils rc- îblurenc de le rendre maîtres .de^^* ^^'^^' Schueinfuri- , qui coupait la commu- nication entre ces deux Provinces. La Place qui étoic d'ailleurs aiïèz forte , étoit défendue par une gar- nifon de deux mille hommes. Le Comte Ladron qui y commandoin iit en:ore armer les habitans , & fa- tigua beaucoup les affiégeans par de vives (Se de fréquentes forties. Ceux- ci qui étoient bien pouvûs d'artil- lerie faifojent à leur tour un fi grand feu fur la Ville , qu'elle fut bientôt réduite à capituler , &: toutes les con^ ditions qu'elle put obtenir , furent qu'il feroit permis au Gouverneur & aux Officiers de fe retirer il leur plairoic mais que ceux des Soldats qui ne voudroient point s'enroller dans l'armée Suedoife , demeure- roienc prifonniers de guerre. La plu- part préférèrent le fervice à la capti- vité , 6c par-là les troupes Suedoifes fe trouvèrent augmentées de fept cens Cavaliers ^ de quatre cens Fantafîlns.

Après cette expédition , tandis c]ue le Comte de Koiiigfmarck ft

zî^ Hîjïôire au Traite

rendoit auiîi iVialire de Wecht dans

An- 1^.47- la Weaphaîie, le Général WrangeJ crue devoir donner quelques jour^ de repos à Ion armée , don: la Ca- valerie fur-xout ctoic extrêmement fatiguée , 5c il employa ce tems - à convenir avec l'Eleéleur de Co- logne de l'exécution du Traité 6'Ulm. De-là il rélbiut de pafTer en Bohême , 6c il y entreprit le iiége d'Egra , ayant Tous les ordres le Comte de Lœvenhaupt qu'il rap* peîla de Silefie. L'entreprife étoit XXVT. périneufe. Pour peu que le fiége du-

^é'éçeô:pri- j.^^^ \q^ Impériaux ne pouvoient pas manquer d accourir au lecoiirs de la Place , <Sc la garnifon compofée de vieilles troupes , 6c commandée par François Paradis , homme détermi- né , qui ne connoilToir ni le danger ri la fatigue , faifoit craindre que le fiége ne crainât en longeur. Com- j7ie le lucçcs des alîiégeans dépendoic ainfi de leur diligence autant que de leur valeur, le Général Wrangel ne perdit pas un m_oment. Les aifiégés xivoient brûlé leurs fauxbourgs pour oitx à l'ennemi l'avantage de pou- s,^oir s'y logere Les Suédois en eu-

renc

eie Weflphalk, Liv. VU!. 2S9 rent plus de peine à faire leur ap-' proches ; mais ils ne lailTerent pas ^' ^ ^7' de les avancer en peu de jours juf- qu'aux bords du folié. ils élevè- rent des Cavaliers fur lefquels ils drelîèrent des batteries de canon & de mortiers pour battre les murail- les <5c ruiner toutes les défenfes , 6c à la faveurs defquels ils arrivèrent jufqu'au pied du rempart. Il falloic un prompt fecours , ou la Place étoic perdue. Le Général Gallas venoic de mourir ; & quoique dans le cours d'un afîez long commandement il ne fe fût que médiocrement fignalé , il avoit du moins acquis aiïèz d'ex- périence pour fe faire regretter» L'Empereur fe hâta de lui nom- mer un fucceiïèur , & il jetta les yeux fur Melander. Ce nouveau Géné- ral autrefois attaché au fervice de Hefle , fe voyant difgracié par la Landgrave , s etoit jette dans le fer- vice de l'Empereur , qui l'avoit ho- noré du titre de Comte d'Holzapfel. Ferdinand eût d'abord de la peine à lui confier le commandement ab- folu , & vouloit que dans les occa- fions importantes il attendit les or-

2^o Hlftoîre du Traité *'™** dres de la Cour de Vienne ; maïs 1^47- Melander ne voulut point accepter la condition , par la raifon que cette fujettion fait manquer à un Général beaucoup d'occalions favorables , & qu'on ne l'en rend pas moins refpon^ fable des événemens. Le Comte Me-'' lander s'étoit déjà fait beaucoup de réputation dans les troupes Impé* riales. Le bruit de fa nomination au Généralat réveilla leur ardeur 6c ra- nima les efpérances ; 6c comme dans l'extrémité l'on étoit réduit il falloir ou fuccomber fans reflburce , ou fe relever par un effort extraordi- naire , les Soldats à Texemple des Officiers parurent s'armer d'un nou- veau courage pour réparer la honte de leurs difgraces paffées. L'Empe- reur vint lui-même joindre l'arméa à BudeweilT, & fe prépara à mar- cher en perfonne au fecours d'Egra. Le Général Wrangel informé de ces grands mouvemens , comprit combien il étoit important de hâter le fuccès de fon entreprife ; & Para- dis jugea au contraire que le fa ut de la place dépendoit de la longueur de fa réfifîance. Wrangel le croyant

de Weft^halîe. Liv. FlIL J29 r déjà réduit à l'extiémicé , le fomma de fe rendre. 11 offrit de capituler ,^^* ^^^"^^ ipourvû qu'on lui accordât aupara- vant une furpenfion de vingt-quatre heures , & la liberté d'envoyer don- ner avis à l'armée Impériale de l'é- tat où il fe trouvoit. La conférence ne dura qu'une heure. Les Suédois la rompirent pour recommencer leurs attaques. Ils entrèrent avec peu de précaution dans un ouvrage qu'on leur abandonna , & à peine s'y furent- ils logés , qu'une mine fit fauter en Pair les Officiers & les Soldats. Wrangel furprit en même-tems des I lettres de l'Empereur , qui exhor- toient Paradis à fe défendre jufqu'à la dernière extrémité , en lui promet-, tant un prompt fecours. Ce fut un avis au Général Suédois pour redou- bler {^s efforts. Il ne reftoit plus au Gouverneur d'Egra qu'un mauvais retranchement qu'il avoit fait faire : derrière les brèches , & y avoit en- core fait préparer des mines dans i'efpérance de furprendre une fécon- de fois les affîégeans. Mais Wrangel en fut averti par un prifonnier à qui il fit donner la queflion. Il fit miner

Nij

i()i Htfloire du Traité ' de Ton côté ce qui refloit des mu;

An, 1547. railles de la Ville. Le Gouverneur ré, duit aux abois , ofiric encore de ren-^ dre la Place , pourvu qu'on lui peç-»; mît de fortir avec toute fa garnifoni & les honneurs de la guerre. Le Gé-» néral Suédois le refufa , <Sc fit mettre'' le feu aux mines qui furent de nou-* velles brèches. Alors Paradis n'ayanr plus de reffource , <5c voyant déjà les troupes Suedoifes fe difpofer à don-;- ner un aflaut qu'il ne pouvoir pas fe flatter de foucenir , fe rendit à con- dition qu'il fortiroit avec les Officier$' de l'Etat Major &, leurs bagages , & que les Officiers fubalternes &^ tous les foldars feroient enrôles danî les troupes Suedoifes.

Les Suédois admirèrent la valeur & la réfolution du brave Paradis , ^ le Comte de Wrangel avolia que de- puis qu'il faifoiî la guerre , il n'a voit Jamais vu une fi belle défenfe. Maiç les Impériaux en jugèrent bien dif^ féremment , 6c jamais on ne vit le mérire Se le zé!e plus mal récojnpen? fé?. L*Ernpereur s'étoit avancé juf- qu*à trois milles de la Place. Il avoît i'tùi cirer quelques coups de canon

âe Weflphalie, Llv. VîlL 293 pour avertir les afTiégés de Ton arri- vée , (5c il écrivit de la propre main ^^^7^ au Gouverneur , que s'il pouvoir te- nir encore trois heures , il feroit fe- couru ; mais la lettre ne fut peut- être pas rendue , ôc d'ailleurs quand on eft arrivé au dernier moment , la réfiftance , d'une heure ou d'une an- née e/l également impoffible. ^\ l'Empereur n'étoit pas arrivé aflez à temps , c*étoiE la faute du Comte Schlick , PréHdent du Confeil de Guerre, qui pour prévenir le dégât d'une terre qu'il avoit fur la route de l'armée , lui avoit fait prendre un détour qui avoit rétardé fa marche. Paradis ne lailîa pas d'être jette dans une honteufe prifon , & peu s'en fallut qu'on «e vît la bravoure & la fidélité même fouflfrir la mort infâ- me qui n'eft due qu'à la lâcheté & à la trahi fon.

Pendant ces diverfes expéditions XXXIT. des François & des Suédois , le Gé-^^^J^".^^^^^*^ néral Jean de Werth ne pouvant fouf- du GénVrai frir de fe voir par le Traité d'Ulm^l^ ^'^''^^ ^"

j .y ^ , r c\' raveur ce

condamne a une honteuie maclion ,FEmper£ur. tandis que l'Empire étoit encore en proye aux armées ennemies , en- Niij

îi 94 Hiftotre du Traite treprit de débaucher toute l*armée Ak. 1^47- de Bavière, & de la conduite lui- même à l'Empereur. Il concerta fon deflein avec un Officier Général nommé Spork. Tous deux envoyè- rent le Comte de Solms à l'Empc* reur pour lui en donner avis , 6c ce Prince fe flatta d'autant plus du fuc- ces de l'entreprile , qu'il ne douta pas qu'un homme de la réputation de Jean de Werch n'entraînât aifément toute l'arm.ée à fa fuite. Le Duc de Bavière favorifa lui-même fans le fçavoir l'exécution du complot. 11 donna ordre à Jean de Werth de me- ner àQS troupes dans le haut Palati- nat pour en chalTer les Maraudeurs de l'armée Suedoife qui y faifoient àQS courfes. Ce Général profita de l'occafion pour ordonner à toute la Cavalerie de le venir joindre avec Tes bagages. Comme il la comman- doit il s'en fit aifément obéir ; mais craignant que l'Infanterie ne fût moins docile , il fit arrêter Holtz qui en avoit le commandement gé- néral , (Se le piflolet à la main le for- ça d'écrire un ordre à tous les Colo- nels de fe rendre à Wiltzhove fur le

âe TVeflphalle, Liv. VI IL J295 Danube à quatre milles de Paffau. Toute l'armée fe mit ainli en mou- ^^* 'i^^^l* vemenc & les Soldats peu contens du féjour qu'ils avoient fait dans la Bavière , pilloient la campagne en le retirant , <Sc y failbient le dégât comme dans un pais 011 ils ne comp- toient plus de revenir ; les Officiers qui croient du complot fouhaitoienc qu'ils fiiïenr encore plus de défordres pour mieux leur fermer le retour par le défeipoir d'obtenir leur pardon ; mais les confpirateurs s'étoient flat- tés trop légèrement , & Jean de Werth avec beaucoup d'adivité 6c de réfolution, n'avoit pas à beau- coup près la prudence (5c l'adrelTe né- cellàires pour faire réliiîîr une entre- prife fi hardie.

Le Duc de Bavière averti du complot , 6c tranfporté d'une jufte indignation , fe hâta d'en prévenir l'effet en écrivant à tous les Colo- nels de ne plus reconnoître Jean de Werth , 6c de s'en féparer avec leurs Kégimens. Il fit incontinent publier dans tous fes Etats un Edit par le- quel ce Général étoit dégradé , dé- claré infâme , ôc fa tête mife à prix N iiij

1^6 Hiflolre du Traité ainfi que celles de ks complices. Il Ak* '^47* écrivit aux Alliés pour les avertir de fe tenir fur leurs gardes , en les alTurant qu'il feroit bien voir par le châtiment exemplaire qu'il feroit àes coupables, qu'il n'avoit aucune part à la trahifon^ 11 écrivit en même tems à l'Empereur, <5c lui reprocha avec beaucoup d'amertume & de refTen- timent d'avoir pu approuver qu'une fi noire perfidie eût été tramée dans fa Cour , fous Tes yeux , & par fes ordres , ajoutant qu'il étoit informé qu'on avoit pris le deffein de faii-e pafîèr l'armée Impériale dans la Ba- vière j pour attenter fur fa propre perfonne. Ces reproches tout juftes qu'ils étoient , touchèrent aflez peu l'Empereur , qui ne pouvoit pardon- ner au Duc de Bavière de l'avoir abandonné , & il fut beaucoup plus chagrin du mauvais fuccès de l'en- treprife. Jean de Werth avoit mal concerté fon projet. Il avoit gagné peu d'Officiers. Les autres n'appri- rent fon deffein que par les lettres & l'Edit de l'Eledeur. La plupart indignés de ce qu'il ofoit ainfi dilpo- fer d'eux fans les confulter , fe fou-

de Weftphalie. liv, VIIL 1^7 levèrent contre lui-même. Son pro- pre Régiment l'abandonna. Le ^* ^ '^'^' Comte de Solms fut arrêté 6c en- voyé prifonnier à Ingolftatd. Jean de Werth 6c Spork s'enfuirent avec précipitation & fans fuite dans la Bohême. Toutes les troupes retour- nèrent dans leurs quartiers , excep- té un feul Régiment de Dragons qui fe fauva avec fon Colonel dans le Tirol.

L'Empereur fruflré de l'efpéran- -^-^l?^^^',?* ce quil avoit conçue dam.ener lou s tentative d: {qs drapeaux toute l'armée Bava- l'^^^'^pereur , tenta un autre expédient. Cei'armée du fut de publier un Edit avocmoîre , P^''^ ^^ ^a- qui portoit que l'Eledeur de Bavière n'ayant eu jufqu'alors d'autorité fur les troupes engagées au fervice de l'Empire , qu'en vertu du titre de Général des armées Impériales qu'il avoit reçu de l'Empereur & de fon prédecefieur , titre dont l'Ekéteur étoit déchu par le Traité qu'il venoic de conclure avec les ennemis , il étoit en/oint à tous les Officiers &. les Soldats de quitter le fervice de l'E- ledeur , de refufcr de lui obéïr, ôc de fe rendre à l'armée Impériale , avec Nv

1C)S Hlflolre du Traité menaces de punicion 6c de confîfca- N. 1^47* tion pour ceux qui n'obéïroienc pas à l'Edic. C'étoit une nouvelle infuite qu'on faifoit au Duc de Bavière , 6c ce Prince en fut outré ; mais il fal- loit fur- tout prévenir le mauvais ef- fet que cet Ëdit pou voit produire , d'autant plus que l'Empereur avoic écrit de fa propre main aux princi- paux Officiers pour les engager à Ton iervice. Dans ce deifein il écrivit de fon côté aux Officiers de fon ar- mée une lettre circulaire , il ré- futoit l'Edit impérial. Il fit lui-mê- me la revue de tous ks Régimens , 6c après leur avoir fait dillribuer l'ar- gent qui leur étoit , leur fit pro- ;' mettre de lui demeurer fidèles. De 1 forte que l'Empereur ne retira d'au- tre fruit de cette nouvelle démarche, que d'avoir aigri de plus en plus le Duc de Bavière ; 6c c'étoit tout ce qu'il pouvoit faire de plus agréable aux Alliés , qui dans la défiance qu'ils avoient toujours de l'Eledeur, j Tcgardoient cette mélintellfgcnce comme un garand de fa fidélité plus sûr que la f^i d^s Traités. Il efl d'ail- leurs aifé de juger que ces divers in-

de Weftphalie, Liv, FUI, -259 cidens durent influer dans la né- gociation générale , félon qu'ils fu-^^' ^^"^T"» rent plus ou moins favorables à l'un Aq% deux partis ; ils infpirerent fur- tout beaucoup de confiance 6c de liardielTe aux Minières Suédois.

Le Comte d'Avaux étoic retour- né d'Ofnabrug à Munfler , après avoir réglé avec les Impériaux , les Suédois & les Princes intérelTés , les divers articles du Traité dont j'ai parlé ci-devant. Le Cardinal Maza- rin l'avoit ainfi défiré dans la crainte il étoit que le Duc de Longue- ville abandonné à lui-même , ne prît quelque engagement contraire aux Tuè's de la Cour. Car il ne pouvoir plus fe repofer fur lui depuis qu'il avoit remis aux Plénipotentiaires HoUandois le projet du Traité de la France avec l'Efpagne , & il pré- tendoit que ce Prince s^étoit trompé tn cincjHante endroits des lettres qu1l CarT^M^etr. avoit écrites pour fe juflifier fur cQà M.d&ScT^ point. Cependant la difficulté de't"/^''^''''^' régler les autres articles du 1 raite de l'Empire rappella bien - tôt le Comte d'Avaux à Ofnabrug. Les Suédois qui avoient été difficiles N vj

Lettre du

3C0 Htfloire du Traite à fatisfaire fur leurs propres intérêts , An. i<^47-paroi(roient encore moins traitables fur ceux des Proteftans & des Prin- ces qu'ils protegeoient. Si leur con- duite n'avoit eu pour motif qu'un mouvement de bienveillance pour leurs Alliés , ou un pur zélé de Re- ligion , ils eulîènt été fans doute beau- coup moins ardens ; mais ce grand zélé de Religion étoit animé & foutenu par des vues politiques dont ils avoient le fuccès extrêmement à cœur. C'étoit de fe rendre conGdé râbles , 6c de s'accréditer de plus en plus en Allemagne , en y fortifiant le parti Protedant dont ils étoient le plus (olide appui. Le Comte d'Avaux prétend qu'ils portoient leur ambi- tion jufqu'à afpirer à la Couronne XXIX. Impériale. « J'ai mandé , dit-il , ci-

Pretentions f ^ , ^- i r J

âmbitieufes 35 devant a la Cour que les Suédois \f"^ !?^'"^^ 6c les Proteflans travailloient à dif-

tables des - , - ^ ,

Suédois. 5^ poler toutes choies enlorte que ia

33 Couronne Impériale puiiïè tom-

33 ber fur une tête Luthérienne. Je

Lettre du ^ ^^ Confirme à préfent 6c avec plus

Comte d'A-^jy de certitude ; car il s'efi: tenu un

Vhani,t^, Tr! ^^ coufcil fort fecret entre les Am-

A>rii 1(47' >> balTadeurs de Suéde 6; les prin-

de Wefiphalle. Liv. VI IL 3 c r D) cipaux de cette AiTemblc, après j5 un ferment de ne rien révéler , il a ^* ^47* 35 été délibéré des moyens de faire en 53 forte que celui qui époufera la 33 Reine de Suéde , ou qui fuccédera 33 au Royaume , étant déformais un >3 des Princes de l'Empire , foit élu 33 Empereur ou Roi des Romains. >3 L'avis efl très afliiré ; mais je n'en 3> ai pu fçavoir davantage , ni quelles 33 voies l'on a réfolu de tenir pour 35 arnver à ce beau deflein. 35 11 étoit Lewe du perfuadé qu'ils a voient encore un au- ^^^^!'^„ "^ôZ tre deifén fecret , qui étoit de faire^^ Longu:viiu ériger enEledorat les Principautés JJ'^^^'*''^ qu'on dev^vit leur céder , & de fe frayer ainfi ^lus aifément le chemin à l'Empire, s'étoit, difoit-on, le Chancelier O^enlliern , dont l'am- bition plus que l- zélé pour fa patrie , avoit enfanté ce grand projet. Car on prétendoit qu'l ne fe propofoic rien moins que défaire époufer fon fils à la Reine de Sipde , par l'efpé- rance qu'il donnoit àcette Princef- ^ jj^'^''^'^^/^ fe de le faire élire Roi ies Romains. Ayàî 1047.

L es projets fi vafle: Se fi ambi- tieux ne pouvoient pas plaire à la France qui avoit des wi^s directe-

î 0 2 Hifioire du Traité

T^^^^^ ment contraires , fur-tout par rapport I ^7* à la Religion ; & elle devoit par con- féquent s'y oppofer de toutes Tes for- ces , autant que la chofe étoit pof- fible fans ofFenfer fes Alliés. Mais rien n'étoit plus difficile , &; le Com- te d'Avaux employoit aiTez inutile- ment toute fon éloquence pour per- fuader aux Suédois de modérer leur zélé. Comme le Traité d'alliance n'obligeoit précifément à ne faiie ni paix ni trêve qu'après qu'il feroirfuffi- lamment pourvu à la facisfadpn par- ticulière des deux Couronn?> , il leur repréfencoit que cette conition étant déformais remplie à pe-i de chofe près, la France étoit en d*oit non feu- lement de ne fe point pfcter aux em- portemens de leur z^e , mais de les obliger à faire la pai-' , fans la retar- der pour des intéré:s particuliers fur lefquels les Couronnes Alliées n'a- Uimolrc du voiQïïi pris aucjH engagement. 11 ÎZx\ is!'^^^'^^ pourtant /rai , ajouroit-il , Mars\64'j. qu'uH des obj'ts de l'alliance a voit été de rétabli dans tous leurs droits les Princes <^: Etats de l'Empire op- primés paria Mai fon d'Autriche , & de faircfevfvre l'ancienne libert<^

de TVeJîp halte. Ltv. FUI. 303 Germanique ; mais outre qu'on n'en avoit pas fait une condition exprefle ^^* **^'^^' du Traité , les deux Couronnes avoient déjà beaucoup fait à cec égard. Car fi c'étoit déformais une loi de l'Empire que les Empereurs neuiïentplus la liberté de faire à leur gré la guerre ou la paix, de lever des contributions , d'abroger des loix , de deftituer des Princes de leur dignité , fans le confentement d'une diète gé- nérale : Çï on travailloit actuellement avec fuccès à rétablir les Princes dé- pouillés , 6c à annuller à^s fentences portées par les Empereurs &: le Col- lège Electoral : fi au lieu de l'Edic de reftitution qui privoic abfolumenc les Princes Proceftans àQs biens Ec- cléfiaftiques , & au lieu de la paix de Prague qui ne leur en laiiîbit la joiiif- fance que pour trente ans , on leur abandonnoit ces biens à perpétuité , biens immenfes aufquels on venoic d'ajouter l'Evêché de iMinden 6c plu- fieurs Abbayes , tous ces avantages étoient l'ouvrage dts deux CJouron- nes. N'ctoit-ee point avoir alTcz rempli les vues qu'elles avoit eues dans leur alliance ? N'étoit-il pas

^^^^^^^^^^^^^^ 304 Hijlolre au Traité

Â~N. 1C47 ^^^^ ^^ ^^^^^^ ^^^5 bornes aux dc- ^/' mandes des Proreilans ? Ceux-ci ne dévoient -ils pas avoir à leur tour quelque confidération pour la Fran- ce donc ils avoienc déjà reçu de il grands fer vices , & à qui ni la reli- gion , m la bienféance , ni la politique même ne permettoienc pas de con- tribuer à l'élévation des Protedans ? Tout ce que les Suédois & les Pro- teftans Alliés delà France pouvoienc exiger d'elle avec quelque couleur de juftice , c'écoit , comme ils dU foient , de les Uiffer faire ^Çms s'op- pofer à leurs prétentions : mais ils ne s'en tenoient pas-là ; ôc du moment que la France cefToit d'appuyer elle- même leurs demandes , l'intérêt pré- fent faifoit oublier tous les bienfaits paires , le zélé de Religion etouffoit tous les fentimens de reconnoilTàn- ce , (Se les Miniitres François étoienc accaoles de reproches. D'un autre côté les Impériaux 6c les Catholi- ques n'ayant contre les entrepriies dQs Protefîans d autre appui que la France , agilToient vivement par qux- mêmes & par Tentremife d^s Média- teurs auprès dtis Piéniporemiaires

de WeJfphaUe. Ltv, VIII, 3 o ) François , pour les intérefTer à la dé- fenfe de TEglife Romaine, & ceux>^^- ''^4/ ci ne pouvoient en effet s'y refufer fans fe rendre odieux à tout le parti Catholique , & devenir l'objet de fe déclamations & de fes invedives. Cette fituarion Aqs François entre deux partis ennemis les mettoit dans rimpofTibilité de iervir l'un fans dé- plaire à l'autre , ou plutôt dans la né- ceiïité de les offenfer tous deux. C'efl ce que le Comte d' A vaux éprouva dans cette occafion ; car fi on con- fuite l'Hiftorien de Suéde , il n'étoic occupé qu'à fervir les Catholiques au préjudice de la Suéde & des Protef- tans Alliés de la France ; <Sc fi on en croit les Hifloriens Catholiques , il trahilToit la caufe de la Religion pour fervir les Alliés Protedans.

Entre les divers articles qui ref- toient à régler pour achever le Trai- té de l'Empire , il y en avoit quel- ques-uns qui intéreiïbient les deux Couronnes : c'étoit pour la France celui qui regardoir le Duc de Lor- raine , (Se fur- tout la liberté que l'Em- pereur demandoit de pouvoir affidcr le Roi d'Èfpagne , en cas que la

3oé Htjlolre du Traité ^'*°*™* France ne conclût pas la paix avec An. 1047. p^i^^^^ Cétoit pour la Suéde l'article de la fatisfadion de la Milice Suedoi- fe. On fe flattoit cependant alTez de part & d'autre que ces difficultés fe- roienr bien-tôt levées. Mais il y avoit fur-tout trois autres articles impor- tans , dont la décifion faifoit entre les divers partis un fujet de contefla- tion très -vive. Cétoit les intérêts ■du Prince Palatin , les griefs de Re- ligion , (Se la fatisfadion de la Land- grave de Heffè.

L'affaire Palatine, comme on l'ap-

pelloit , c'efl-à-dire , les intérêts op-

poiés du Duc de Bavière & du Prin-

Conciii" ^^ Palatin , fur lefquels il falloit pro-

tlon des in- noHcer en dernier reiïbrt , fut une

terè_ u Duc ^q^ caufcs Ics plus célébres & les plus

de Daviere . r 1 / 1 ' ^

& du Prince iiTiportantes qui turent décidées par Palatin, \q Traité de Weftphalie. Les deux concurrens appuyoient leurs pré- - tentions fur des droits &z des raifons folides. Chacun avoit fa brigue & fes partifans ; mais dans la fituation étoienc les affaires , c'étoit aux deux Couronnes alliées à faire la loi, Ôc l'Empereur Se les Etats de l'Em- pire ne pouvoient que folliciter en

ct^ Weflphalîe, Liv, J^ÎIL 307 faveur de celui qu'ils vouloient fa- ' vorifer. La Suéde avoit toujours été '^* * "^^ * favorable au Prince Palatin , moins par bienveillance pour ce Prince , que par i'averfion qu'elle avoit pour le Duc de Bavière. La France au contraire appuyoit les intérêts du Duc par les raifons que j'ai expofées ailleurs , & ce parti foutenu de l'au- torité des Impériaux <Sc de tout les Catholiques, étoic le plus fort. 11 n'étoit plus queftion de dépouil- ler le Duc de Bavière de la dignité Eleélorale pour la rendre au Prince Palatin. L'Empereur & les Catho- liques , & la France même ne l'au- roient pas fouffert ; & comme de l'autre côté les Suédois 6c les Pro- teflans demandoient le rétablifîè- ment de ce Prince, les Impériaux & les Bavarois étoient convenus de concert avec la France , de créer un huitième Elecftorat en faveur de Charles Louis, qui deviendroit ain(i le huitième Eleéîeur , & de le re- mettre en même tems en polTefllon du bas Palatinat , excepté quelques rtémembremens qu'ils fe propofoicr t d'en faire , ajoutant par une raille-

3o8 HiJÎ9lre du 'traité 55?^!!!15 rie déplacée dans une négociation An. 1547. Il f^rieufe , que le Prince , fuivant les Principes de fa Religion , ne pou- voir pas le plaindre , puifqu'il étoit perfuadé que tout arrivoit par Tordre immuable du deilin. Les Agens du Prince Palatin appuyés par les Sué- dois , faifoient une propofition tou- te différente, Cétoit que le Duc de Bavière retînt toute fa vie la dignité Eledorale & le rang qu'il occupoit ; mais qu'à fa mort l'Eledorat revint au Prince Palatin , enforte que les cîefcendans du Duc de Bavière ne fuilent Eledeurs qu'au huitième rang ; Ôc qu'au lieu du haut Pala- tinat que l'Empereur avoit donné au Duc de Bavière pour l'indemni- fer de treize millions qu'il lui avoic prêtés , le Prince Palatin confentoic a lui céder le Comté de Cham. Tel- les étoient les prétentions de part de d'autre, & aucun des deux partis ne manqua de raifons pour les ap- puyer. Frideric père de Charles- Louis , difoient les Impériaux & ceux qui favorifoient le Duc de Ba- vière , s'étoit rendu coupable du cri- me de Icze-Majellé par fon entrepri-

de Wejfphaiie, Lh, VIII, 30^ fc fur la Couronne de Bohême , 6c par les troubles qu'il avoic excités ^^^7^

dans l'Empire. Laiffer impuni un at- tentat de cette nature , c'efl fapper les fondemens de la fureté & de la tranquillité publique. Les enfans d'un père fi coupable ne font- ils pas trop heureux après la perte totale de leur Etat & de leur fortune , d'en recouvrer la meilleure partie f Le Duc de Bavière étoit depuis plus de vingt ans en poUeflion , de l'aveu de prelque tout l'Empire , reconnu Ele^ deur par tous les Etats fouverains , U réfolu de défendre fes droits juf- qu'à la dernière extrémité : étoit- il jufte de continuer une guerre fi fu- nèfle à toute l'Allemagne pour les intérêts d'une Maifon qui ne méritoiç aucune grâce ?

Les Suédois , fans fe mettre en peine d'approfondir ces raifonne- îliens , vouloient l'emporter d'auto- rité. Ils avoient befoin pour cela d'ê- tre foutenus par les François , & ils follicitoient le Comte d'Avaux de fe . joindre à eux ; mais ils ne trouverenç pas dans ce Miniilre les difpofition^ quijs fouhaitoient à cet égard/ L^

3 1 o Hifloîre du Traite

France n'auroit pas vu avec plaîfir An% 1^47. jg rétabiiflement de la iMaifon Pala- tine au même état de puiiiance & d'autorité elle étoit avant la guerre de Bohême. On fe fouvenoic que les Princes de cette Maifon avoient autrefois amené des fecours aux Huguenots pour faire la guerre à leur Souverain , 6c quoique depuis la réduction de la Rochelle cette Fadion donnât peu d'inquiétude à la Cour , il étoit de la pruden- ce de lui oter cet appui. Le Com- te d'Avaux répondit aux Suédois , que la France avoit fait ce qu'elle avoit pu pour détourner l'Eledleur Frideric de l'entreprife de la Bohê- me , & que n'ayant pu l'en diffua- der , elle étoit en droit d'abandonner fes fucceiïeurs à leur mauvaife defti- née. Qu'elle avoit reconnu le Duc de Bavière pour Eleéleur , 6c qu'elle avoit toujours refufé ce titre au Prin- ce Palatin , fur-tout dans le cours des négociations de Hambourg , i'AmbafTadeur d'Angleterre fit de vains efforrs pour le lui faire accor- der. Que ce Prince n'avoit rendu au- cun fervice à la caufe commune. Que

I

de Wedphalîe, Lh. VJIL 3 1 1 dans la difette d'argent étoir la -'-'-Lii' France , fi le Clergé qui en fuurnif- ^^' ^^47* nilToit une bonne partie voyoit qu'on l'employât à rétablir un Prince hérétique au préjudice du princi- pal défenfeur du parti Catholique , non feulement il refufero^t de contri- buer , mais qu'il fouleveroit tout le Royaume contre le Gouvernement. Que le Duc de Bavière avoit rendu d'importans fervices aux deux Cou- ronnes en contribuant à leur faire obtenir leur fatisfaclion. Qu'il étoic difpofé à s'unir étroitement avec elles , 6: que la France fur tout ne l'abandonneroit jamais , fuivant le deiïèin qu'elle avoit formé depuis long-tems de s'en faire un puilîant Al- lié qu'elle pût oppofer à la Maifon d'Autriche, qu'au refle larellitution du bas Palatinat avec un nouveau titre d'Eledeur étant un pur effet de la protection des deux Couronnes , un fi grand fervice méritoit bien que ■les Princes Palatins leur fuffent éter- nellement attachés ; <Sc qu'il falloic tâcher que la reflitution du bas Pa- latinat fût entière , fans même en excepter la BergflraiTe ^ue l'Elec^

^ 1 1 Hîjfoire du Traité 'teur de Mayence vouloit retenir. An, 1647. Les Suédois ne le lailTerent point encore perfuader par ce difcours ; & après avoir écouté les raifons de leurs adverfaires , ils plaidèrent à leur tour. Si l'Eledeur Frideric, difoient- ils , s'efl rendu coupable par une entre- prife qu'on ne peut julHfier , fon cri- me , quel qu'il Toit , n'eft-il pas aflez expié par cette longue fuite d'infor- tunes que fa Maifon éprouve depuis tant d'années , fur- tout s'-l eflvrai, comme quelques-uns l'ont foupçon- , que le Duc de Bavière fit foUi- citer fecrétement Frideric à cette entreprife , afin de profiter des mal- heurs dont il prévoyoit qu'elle feroit fuivie. Il eft rems, ajoutoient - ils , de mettre fin à de fi longues dif- graces dont tous les Etats de l'Em- pire & les Princes Etrangers font également touchés. Si on ne fatisfait pas les Princes Palatins par un ac- commodement équitable, ils trouve- ront tôt ou tard de puiftans défen- feurs dans les Rois d'Angleterre & de Dannemarck leurs parens Ôc dans les Provinces - y nies qui profefiènt la même Religion. C'eil une femen^

ça

i

de Wcflphalk, Llv, VIII. 915 ce de guerre qu on lai ITe dans l'Ém- 4)ire Les Eledeurs de Saxe 6c de ^^' '^^7- Brandebourg n'ont jamais approuvé la tranflation de l'Eledorat au Duc -de Bavière , & s'ils y ont paru con- lentir dans la fuite , Q^Q^t qu'ils n'é- toient pas en état de s'y oppofer. JG'efl d'ailleurs à ce Prince qu'il faut attribuer tous les malheurs de l'Al- lemagne. La bataille de Prague eut terminé la guerre , il fon ambition ne l'avoit porté à la continuer. C'eil lui qui perfuada en 1629. à Ferdi- nand IL de publier le fatal Edit de reftitution qui força tous les Prin- ces Proteftans à prendre les armes. Si malgré toutes cqs raifons on veut déroger en fa faveur à la Bulle d'or , pourquoi faut-il lui donner le pre- mier rang entre les Electeurs au pré- judice de l'Eleâeur de Saxe qui pof- iede ce titre depuis fi long - temps ? Jl eft étonnant que la France s'in- réreffe (1 vivement pour un Prince qui l'a fi fou vent trompée. Mais après tout comme cette affaire re- -garde tout l'Empire, il ne feroit pas .jufte de la décider fans prendre l'avis Je tous les Etats. C'ell à quoi le Tome Fp O

^ r 4 Etjïoire du Traité Comte d'Avaux n'eut pas de peins An. i<^47'à confentir , perfuadé que le juge- ment des Députés ne feroic pas con- traire au projet de Ja France , foute- nu par les Impériaux (Se de tout le parti Catholique , 6c dans la vue de donner aux Etats de l'Empire une occafion de fignaler leur autorité en prononçant Tur un différend fi im- portant.

Les Bavarois ne laifleient pas de redouter la brigue des Suédois <5c dej Princes Palatins , & fe donnoienc beaucoup de mouvemens pour en prévenir l'effet. Tandis qu'ils mena- çoient les Impériaux s'ils héfitoient à exécuter leurs promefles, de fe met- tre fous la protection du Roi de France avec les Cercles de Bavière , de Suabe , de Franconie & de Weft- phalie , ils repréfentoient aux Sué- dois tout ce que le Duc avoir faic pour leur faire accorder les grands avantages qu'ils avoient obtenus, &z la difpofition il étoit de préparer les voyes l. une étroite union avec la Suéde par le Traité de neutralité .qui étoit alors fur le point de fe con- clure. Ils faifoienr valoir aux Dépu^^

âc V/eftphalk, Llv. VIIL 3 r ^ tés des Etats les Ibins qu'ils s'étoient donnés jufqu'alors pour raccommo> '^^'^7* dément des griefs , ils promettoienc d'y travailler encore plus efficace- ment. Ils obtinrent du Collège à^Q% Eledeurs une décifion favorable. Ils gagnèrent la plupart des Députés même Proteftans ; de forte que les Suédois voyant que les Députés des Princes Palatins n'avoient pour fe défendre d'autres armes que les plaintes & des proteftations inutiles , parurent fe ranger à leur tour du parti le plus fort. Le Traité d'Ulm les avoir un peu reconciliés avec le Duc de Bavière , <Sc ils confentirenc à raccommodement propofé, à con- dition que TEledeur feroitinceflam- ment tous {qs efforts pour procurer l'accommodement des griefs à la fa- tisfadion commune des deux parris. Les François obtinrent même dans la Mimoirc itz fuite de faire rayer un article par le- /J/KW* quel on vouloit rétablir dans le haut Palatinat l'exercice du Luthéranif- me comme il étoit en 1 6^4. Toute cette affaire eut été confommée dès- Iv^rs , fi les Impériaux que le Traité ^'Ulm irriroit contre l'Eledeur, ne

Oij

3 î 6 Hljloîre du Traité s'étoient touc-à-coup refroidis à Ton ' ï 47* égard, jufqu'à lui faire craindre qu'ils m fe joignitleiK aux Suédois pour re- lever le parri du Prince Palatin. Mais ce mécontentement des Im- périaux n'eu: pas de fuite , parce qu'il dura peu , comme on le verra bien- tât. XXXI. Après la décifion de cette grande Règlement affaire , on travailla avec ardeur à S§^ ReiSoii l'accommodement des griefs. Hnfin le moment étoit venu , après toutes les horreurs d'une longue <5c fanglan- te guerre , de terminer ces différends qui déchiroient depuis plus de cent ans le fein de l'Allemagne , 6c pour lefquels le vrai comme le faux zélé de religion fie fouvenc oublier aux peuples les premières loix de l'hu- manité. 11 s'agilToit de fixer par des loix immuables les droits des Ca- tholiques <$c des Proteftans , par rap- port à l'exercice de la Religion , à la jurifdidion fpirituelle & temporelle, au droit de remplir les charges pu- bliques ; il fahoic remettre en p f- feffion ceux qui avoient été injuflc» ment dépoffedés , rendre jurtice à ious ceux qui ayoienî quelque julie

de Weflphaile, Ltv. FIJI, 3 : 7 fujet de fe plaindre , & étouffer' par de fages réglemens routes les ' ^ "»' femences de querelles & de difîeri- fion. Un pareil accomn'iodement en fait de Religion n'efl guéres pof- îîble dans des temps ordinaires. Ce n eil qu'après avoir elTuyé toutes les iai:es funelles d'une longue dilTen- lion , que le zélé s'épuifant avec les forces , les efprits deviennent plus traitables & fe prêtent à des tempé- ramens. C'eft la circonftance fe trouvoient alors les deux partis en Allemagne ; de forte qu'après beau- coup de débats il fallut enfin con- fentir à un accommodement. L'au- torité des deux Couronnes étoit d'un grand poids pour la décifian de cet- te affaire ; mais elles fe trouvoieiiE encore en oppofition de vues & d'in- térêts ; malheureufement pour lesCa- tholiques , les Suédois à la tête des Proteftans faifoient le parti le plus fort comme le plus ardent , 6< le Comte d'Avaux obligé de ménager dans eux des Alliés nécefiaires , étoit réduit à diffmiuler dans les af- faires moins effentielles au Traité , afin de ménager fon crédit pour les- grandes occafions, O iii

3 I 8 Hiftoire du Traite

Si les deux partis a voient vouli^ AN. 1547. s'en tenir à la paix de Religion , ils y auroient trouvé la décifion de tous leurs ditferends , en convenant de bonne foi de l'interprétation de quel- ques articles. Mais ce Traité qui dans le temps avoit paru fi avanta- geux aux Protellans , leur étoit de^ venu odieux , Tur - tout de la ma- nière donc on l'interpréroic depuis que leur parti devenu plus nom- breux & plus puiflant , fe voyoit erï état d'afp rer à de plus grands avan- tages. 11 s'étoit fait d'ailleu.s de parc & d'autre de grandes infradions à ee traité dès le temps qu'il avoit été^ publié , c'eR-à dire , depuis près de cent ans. Falloit-il pour remédier aux abus remonter fi loin , & atta- quer des établilTemens fondés fur une* fi longue poflefîîon ? La cbofe eue été fujetté à de trop grands inconvé- niens , ôc on convint qu'il f-ù'oic fi- xer pour cette recherche un term^e^ depuis la paix de Religion <5c avant l'Edic de reftitution , en forte qu'on lailTeroit ou qu'on rétabliroit les cho- ies par rapport à la Religion d< aux biens Eccléfiaftiques , au même étaî

de Weftphaîie. Llv, VI IL 3 î 9 a elles étoient dans ce terme ou dans cette année. Le choix de cette ^* ^ *^^' année n'éroit point indifférent , par- ce qu'il pouvoit donner plus ou moins d'avantage aux Catholiques ou aux Proteilans , félon l'état ^Is s'étoient trouvés dans l'année qu'on choifïroit, ôc il y eut fur ce- la des conteflations affez vives , après leiquelles on convint de part 6c d'au- tre de l'année 1624. C'efl ce qu'on appella terminm a quo , e'eft-à-dire , le terme & l'année depuis laquelle tout ce qui avoit été fait de contrai- re à l'état étoient les chofes dans cette année- feroit annuUé , réfor- iné & réparé , chacun demeurant ou rentrant en poflTeffion de tout ce qu'il poflcdoit en 1624. Les Pro- teftans ne laiflerent pas de faire à cette loi quelques exceptions en leur faveur. Car outre le rétabliffemenc de l'exercice de la Religion Protef- tante dans Aufbourg , Dunckef- puel , Ravensbourg & Biberac , ils obtinrent que les charges publiques y feroient auffi remplies par un nom- bre égal de Catholiques & de Pro- teftans. Les Catholiques auroienc

O iiij

3^o ^ Hifloîu du Traite

An7~Ï^.^^ ^^^"s fouhaicé n'accorder ce.5 avantages aux Proteflans que pour un tems, & ceux ci y confenroienc ;. mais- ils vouloienc que le terme fut? de cent ans , & c'eil ce qu'on ap- pelloit terminus ad quem ; encore y mettoient ils une claufe qui devoir rendre leur polTeffion véritablemenc perpétuelle ,• de forte que les Catho- liques fe voyant ks plus foibles , & que leur rélerve n'auroit aucun effec réel, confemii ent au lieu du terme de cent ans ^ à mettre la claufe : jufyfia €e ^ue les chofesfiism termi?u'ss par un accommodement a f amiable , & enfui- te \\s permirent même d'employer le terme à perpétuité.

Ce règlement une fois établi & accepté des deux partis ^ il fut aifé de terminer tous les diiTérends qu'il y avoit entre les Catholiques & \q^ Proteflans par rapport aux bénéfi- ces & aux revenus Eccléfiaftiqu?s a l'exercice de l'une (Se de l'autre Re^ ligion. Les Proteflans y gagnèrent beaucoup , en ce qu'ils devenoienc tranquilles pofTeffeurs des biens Ec- cléfiafliques dont les Catholiques leur avaient toujours jufqu'alors dif»

de PVeJîphalie. Lh. VI IL 3 2 1 puté la polTefTion , ne les regardant que comme d'injufles ufurpateurs , ^* ^'-'4?* & bien réfolus de les dépoifeder àts qu'ils feroienc affez forts pour l'en- treprendre. Les Catholiques ne laif- forent pas d'en tirer auffi quelque avantage, en ce que cet article af-- furoit leur état , les mettoit défor- mais à couvert de nouvelles entre- prifes ,. & leur lailfoit encore urc grande fupérioriré fur le parti Protes- tant. Commue le détail de ce règle- ment fe trouve dans le Traité même de Munfler (Se d'Olnabrug que je rapporterai à la fin de cet ouvrage y il iéroit fuperflu d'en parler ici , & je me bornerai à quelques conteflarions' particulières qu'il y eut fur deux oa tfois articles.

Quoiqu'en 1 6i\. qui étoit le ter- XXXIT. me k qm , l'Evêché d'Ofnabrug eût?^^;,'^^^^^^"^ ete poHede par un Eveque Catho-ché*. lique , & fût par conféquent dans le cas d'être rendu aux Catholiques ^ les Proteftans prétendirent l'excep- ter de la régie générale , & les Sué- dois qui après s'être rendus maîtres» delà Ville , & en avoir chaffé l'Eve- <5Lue François Guillaume de Bavière^

"^12 Htjfoire du Traité avoient nommé à cet Evêché Gui^ An. i647.j.^^ç^ £l5 naturel de Guflave Adol- phe , ne pouvoient eonfentir à cette* refliturion. Ce démêlé fut pouiïe de* part & d'autre avec toute la viva- cité poiTible. L'Evêque d'Ofnabrog dont le zélé écoit animé par l'iniéréc perfonnel , comptoit jufqu'à quatre- vingt-cinq vifites qu'il avoitfaites aux Plénipotentiaires- François pour les- intérelTeren faveur des Catholiques ^ que la perte d'un bénéfice Ç\ confi- derable mettoit au défefpoir ; & le Nonce du Pape fe donnoit aufîi de grands mouvemens fécondé des jc- fuites d'Ofnabrug & du ConfelTeur de l'Empereur. L'Evéché de Min- den que les Impériaux avoient cédé a l'EleCleur de Brandebourg étoit un fécond objet de leur zélé, les Etats Catholiques prétendant que cet Evêché ayant toujours été Ca- tholique , l'Empereur n'avoit aucun droit d'en difpofer. Il eft vrai qu'en 1 6^4- il y avoir eu un Adminiftrateur Luthérien ; mais il n'y avoir été re- f û que fur Ja promelîè qu'il fit & qu'il ne tint pas de fe faire Catholique dans un an. Le Chapitre avoit toa-

de WeJIp^alie. Llv. PIIl, 323 jours gouverné , & les habitans ne lui avoient pas fait ferment de fidélité , 1047.

de forte qu'il n'avoit été ni Evê- que ni Adminiftrateur que de nom„ Un peu plus de fermeté de la parc des Impériaux auroit pu fauver cet Evcché ; mais prefTés par l'Eledeur XXXîlL de Brandebourg , les Suédois 6c les ^j^[^" Jî^jf; Proteftans , & déterminés à ne rien aux idiote-'- facrifier du leur , ils ne purent ima- deM^-nde^j^'''' giner d'autre expédient que de s'ac- commoder aux dépens de l'Eglife Komaine , & après qu'ils eurent donné leur confentement à l'aliéna- tion de cet Evêché , les Catholi- ques ne furent plus écoutée. L'Eve- ché d'Ofnabrug fut mieux défendu. Le Comte d'Avaux animé d'un vé- ritable zélé pour les intérêts de l'E- glife oublia pour les défendre juf— qu'aux fiens mêmes. Car il n'eft pas douteux que la France ne s'intéref- sât très-fincérement à la conferva- vation des biens Eccléfiaftiques. La Mtmoirc d't Keligion infpiroit fur cela à la Reine ^^^' '^"■^ -^''^'- des fentimens très-vifs , jufqu a écri- "juh'iHjT' Te quelquefois elle-même au Comte d'Avaux pour animer & autorifer ion zélé. La politique même ne poiu- Ovi

3^4 Hlfloire du 7ralte voie faire envifager à la Cour de' ^•^ iû^/'f rance que comme un grand défa- vantage peur elle , que le parti Pro=- teltanr fe fortifiât confidérable- menc en Allemagne aux dépens des Catholiques. Mais enfin ces Protef-^ tans étoient fes Alliés.Alliés que l'am- bition de la Maifon d'Autriche avoit^ rendu néceflaires, & dont elle ne pou- voir fe détacher fans perdre le fruic" d'une guerre lànglante 6c ruineufe qui l'avoir épuifée , 6c fans demeu^ rer enfuite expofée au reflentiment d'un ennemi vindicatif 6c puiiTant ,. qui trouveroit le moyen de réunir contre elles toutes les parties. D'ail- leurs fi l'Empereur pour calmer fe3 fcrupules , avoir fait décider par les Théologiens de Vienne , qu'il lui: ■itoit permis pour donner la paix à FEmpire , de facrificr une partie des biens de l'Eglife ,. quoique ce fût à- lui à les défendre , il faut avoiier que cène décihon étoit beaucoup plus favorable à la France , qui liée aux Proteilans par lesfeuls intérêts po- litiques , ne prenoir aucune part aux démêlés de Religion. Elle eut regar- dé comme un crime d'Oder les Fra*

ie Weflj>Ulie, Ltv, Flîî. 5 2 J tefîans à dépouiller rEglife d'Alle- magne ; mais elle étoit en droit de ^'' ^ '^^''■ kifièr à la Maifon d'Autriehe 6c à fe^ partifans le loin- de la défendre. Elle fit plus ; elle employa les foilicita- tions, les prières, les plaintes <5c les re- proches pour modérer l'avidité des Proteflans, & les Députés de Bavière avoiioient que fi le Comte de Traut- '^^^'f ^T^ ,f^: mansdorti avoit voulu mieux prohter 2c;^7. des diî'pofitiGns de la France à cet égard , il auroit fauve à l'Eglife la plupart des biens qu'elle perdit , & que ce que l'on en avoit- fauve étoit au zélé à^s François,

Cependant le Comte d'Avaux xxxiX^. qui avoit pour la Religion un zélé ^^^-^^^^^^^ 5" plus vif que celui du Cardinal Maza^ vivement ïin, étoit peu fatisfait d'un fiftêmeP^olî^b'J^rg ©ù il entroit tant de moleffe <5c de aux CathoL- timidité. Le Cardinal craignoit"^^^^* trop , félon lui , de mécontenter les Alliés , (Se ufoit avec eux de trop de ménagemens. Le Comte étoit per- fuadé qu'il falloir au contraire leur marquer de la fermeté & de la réfo- lution , parce qu'en effet ils a voient encore plus befoin du fecours de fonce q^'i^ ne lui étoieiu nécef-

'^i6 Ht(foire du Traité iaires , 6c qu'ils appréhendoient fe A^^ I047* rupture plus que le Cardinal même. Comme le Comte d'Avaux voyoic les choies de plus près <Sc depuis long- tems , on peut croire qu'il les voyoit mieux ; <Sc fur ce principe il ne cel- foit de repréfenîer à la Cour de France , combien il lui étoit facile de réprimer les encre priies des Sué- dois , <Sc de les empêcher de pren- dre un fi grand empire dans la né- gociation des affaires de Religion. C'efl notre condelcendance qui les enhardit , écrivoit - il au Car- dinal Mazarin ; il faut nous y oppo- fer ouvertement , & je gager ois ma w , que fi votre Eminencs prend la feine d'en faire du bruit au Refident de lettre ^ du Site de , & fait envoyer ordre ici & à faux au Card. Stockplm d'tnfifîcrfur rohfervaticn des -^'^î'^^- H. Traités , il n'en arrivera aucun incon^

Mai. 1647, / . f c J '

ventent , -parce que Us Sut dot s crai- gnent plus de nousftrd.re , que r^ous na^ von 5 d'tnvie de les co'nferver. Mais une conduite fi ferme n'éroit point du goût du Cardinal , qui étoit par fon- earadere extrêmement circonfped ,. quelquefois m.ême au-delà des régies de la prudence ^ & comme le feml-

de Weflphalle. Liv. VI lï. }if ment du Comte d'Avaux étoit une cenfure du fien , il en étoit mtérieu- ^ "^^

rement d'autant plus piqué contre ce Minidre , qu'il n'oLit s'expliquer ouvertement dans la crainte de fe rendre odieux à tous les Catholi- ques. Le Comte ne laiiToit pas de fuivre fon idée ; Se foit qu'il fe crût obligé par le devoir de fa Religion^ de tenter toutes fortes de voyes pour en défendre les intérêts, foit qu'il efpérât réiiiTir du moins en partie ^. fans fe broiiiller abfolument avec les Alliés , Si fans encourir le blâme du côté de la Cour , flatté d'ailleurs de l'honneur qu il fe feroit auprès de tous les Catholiques qui invoquoient fa protedion , qui l'appelloient leur Sauveur , & dont il éuÀi prefque l'u- nique défenfeur , il fe livra fans mé- nagement à tous les tranfports de fon zélé. Outré des pertes que les Catho- liques avoient déjà faites ^ & qu'il n'avoit pu empêcher , jl voulut du moins leur fauver Ofnabrug ; il encouragea les Impériaux à ne point fe relâcher ; cSc voyant que les raifons & les remontrances faifoient peu d'effet fur l'efprit des Suédois^ il ef-

)^i8 Hlfloire dîi Traite

lava de leur parler d'un ton pîni An, icr47. r * ^

^^ terme.

Puffcndorff. Il leur dit qu'il avoit ordre de leur c^r.T.xxx! ^^<^^^^^^ ^^^ ^^ France avoir fatis- ^. P-^, fait aux Traités au-delà même de feS'

obligations ; que les deux Couron- Hes ayant obtenu tout ce qu'elles» avoient défiré pour leur farisfadion ^ & que ne reflanc plus à terminer que quelques différends peu confidérables- entre des Princes particuliers , 6c quelques démêlés entre les Etats auf- quels la France ne voulok prendre aucune part , elle ne fe croyoit plus^ obligée ni à entretenir une Armée en Allemagne , ni à payer à la Sue- tcsîrc du ^^ ^^ fubfide ordinaire. 11 reprocha^ €omu d'A- en particulier à AL Salvius de man-- TeLongue-Su, ^'^^' ^ ce qu'il lui avoic pfomis quel- 1-0.Fey.164-. que- rem.ps auparavant, de ne plus in- fifter fur Ofnabrug. Salvius préten- dit fe juftilier en ce que c etoit pour les Proceftans & non pour la Suéde qu'il demandoit cet Evêclié ; mais ^ repliquoic le Comte d'A vaux , puif- que nous l'avons refuie à la Suéde même, comment pouvons nouscon- fentir qu'on l'accorde aux Protei^ mn5 r Tant de zeie de la part du Mx-

de tVefiphalte, Liv, VIU, ^29 îiîftfe François déplut beaucoup aux '???!!* intcrefiës , & leur animofué alla fi '^^^f*

loin , qu'on avertit fecrétement le Comte d' A vaux , que s'il s'obflinoic à vouloir conferver Ofnabrug aux Catholiques , il n'y avoit point de fureté pour lui dans la Ville. Il fie peu de cas de cet avis. Mais il fît plus d'attention au mécontcntemens que les Suédois témoignèrent de la déclaration qu'il leur avoit faite,' Comme il connoifToit la difpofition de la Cour , il craignit d'en être dé- favolié , li les Suédois y portoiens leurs plaintes ,, il les pria de n'en point écrire en Suéde ; il écrivit lui même à Stokolm à M. Chanut , afin qu'il prévînt la Eeine Chriiîine , & fe voyant ainfi défarmé par la molefle de la Cour de France , il fallut mal- gré lui qu'il modérât fon zélé, & cju'il fe prêtât à des accommode-- mens. L'Empereur eft foibie , diiois le Baron d'Oxenftiern , & depuis le Traité d'Ulm , il n'efl plus en état de nous réfifler. Vous demanderezr Lettre du donc bientôt , repliquoit le Comte ^'"''^^ , ^^-^'^

' r j vaux a Mit

d'Avaux , Trêves & Mayence. Pour Chanut , /^. ^uoi non , répondit Oxenftiern f touç "^^"^ *^'^7*'

^30 Ht fl 0 ir e dti Traite

le peut faire avec le temps , pour '^^' peu que la guerrt: dure. Salvius mê- me Fut étonné d'un difcouis fi har- di, 6c le Comre d' A vaux répondit en rianr , que quand les Proreflans feroient maîtres de ces deux Arche- vêchés , le Roi de France nauroU plus ijiià chotjïr e/jtre la Confejjlon d'Auf^ boHYg & l fûflltutlon de Calvm»

Il n'abandonna pourtant pas le deffein de iauver OÎnabrug , 6c il ne diiiimula pas aux Députés des Etats "^"■f''''/'"^ Troteflans , que la France netoit nullement dupoiee a continuer la guerre pour leur faire obtenir cet Evéché. Cette déclaration les in- quiéta & encouragea les Impériaux ^ à qui le Comte d' A vaux , pour les autorifer à faire plus de réfiflance , fit entendre que s'ils cédoient Ofna- brug aux Proteflans & à la Suéde ^ la France fe croiroit en droit de de- mander non feulement l'Evêché de '5txxv Strafbourg , mais encore les quatre Accommo- Vfiie foreftiercs <5c le Briigaw. On rl"S /"^^ ^'"^ vint enfin à une efpéce d'accom- i'dfnabrug. modement. II falloit un dédomma- gement aux Ducs de Lunebourg pour les droits qu'ils avoienc cédéfî

A

de Wefiphalie, Lh. t^IÎL ^3 r on faveur de i'£le(fteur de Brande- .x)urg. Il failoit aufll un dédomma>^- ^^-^7?^ gement à Guflave , polfelleur aduel de l'Evêché d'Ofnabrug , en cas qu'on le cédât aux Ducs de Lune- bourg. Les C.atholiques s'obfb'noienî de leur côcé à vouloir ie conferver à François - Guillaume. Or le moyen qu'on prit poui concilier toutes Qts prétentions oppofées , fut que le Comte Guftave feroit dédommagé en argent : que TEvêque François- Guillaume conferveroit l'Evêché toute fa vie , & qu'après fa mort rtvêché feroit pofTedé alternative- ment par un Evêque Catholique & un Proteftant qui feroit pris dans la Maifon de Lunebourg, Telle fut décifion de ce grand différend. Elle ne fatisfit ni l'un ni l'autre parti ^ les Catholiques y perdant beaucoup , «Se les Proteftans n'y gagnant pas alTez à leur gré. Le Comte d'Avaux per- dit auiïi un peu de la confiance que les Proteflans avoient en lui , & il échappa quelquefois à Salvius de di- re que/^ bigoterie de Af. d'Avaux rnl' neroit les affaires des deux Couronnes ,. & feroit perdre a la, France l'am itie d:s Protcfia'au

3 3^ ////?o/V^ du Traité

~ - L'article de Vaut on amie fut encore v.n

^' ^ ^'^' des plus conteflés, On appellok ainfi le libre exercice de la religion , ou la liberté de confcience dans les Pro- vinces de l'Empire. Les Proteftans vouloient étendre ce droit en fa- veur de leur Religion jufques dans la Bohême , la Siiefie & les autres païs héréditaires de îa ?vîaifon d'Au- triche ; c'étoit manifellement abufer de leur fortune pour faire les deman- des les moins équitables. Car après , avoir obtenu tout ce qu'ils pou voient

demander pour leur Religion dans les terres de leur dépendance , de quel droit vouloient-ils faire la loi à l'Empereur dans les fiennes r ils s'é- toient mis en polTefTion du droit réformer , que les Catholiques leur avoient contefté jufqu'alors : c'étoic pour les Etats immédiats de l'Emx- XXXVI. pire le droit de ne tolérer dans leur f.^"'Tlf"' territoire ou leurs domaines , que tl^de^ conf- l'exercIce public de la Religion qu'ils cience. profefloient , 6c d'obliger ceux qu^

profefToient ou qui embralToient une Religion ditîérente , de le bannir eux- mêmes de leur patrie en vendant sous leurs biens. Etoic-il jufle de

'^ 1 ** y y y

de WePphdie. Lîv. VIII. fvouloir priver l'Empereur d'un droit c^u'on acGordoit aux plus petits E-^^* ^^^'^' tats de l'Empire ? Les Impériaux .témoignèrent fur cet article une fer- meté inébranlable, jufqu'à confentir à rompre toute la négociation , li on perfilloit fur cette demande , & ils furent 11 bien lécondés par le Comte d'Avaux & xous les Catholiques , que les Suédois furent obligés de fe contenter de ce qu'on leur offrit. Ce fut que l'Empereur accorderait dans la Silefie aux Ducs de Brieg , Li- gnitz , Munfterberg , & Oels , & à k Ville de BreOau , qui étoient de Ja Confeiîion d'Aufbourg , le libre exercice de leur Religion , comme ris l'avoient obtenu avant la guerre ; & enfin les Impériaux conlentirenc encore que les Proteflans de ces Du- chés pulfent bâcir trois Temples . fçavoir à Glogaw , à Schweidnitz , & à Jaur , hors des murailles de cqs * Villes , pour y exercer publiquement leur Religion.

Quant à la Bohême , la Moravie , l'Autriche (Se les autres Provinces héréditaires de l'Empereur , elles furent comprifes dans un article

334 Hlfloîre dti Traite commun de la liberté de confcience- ^N. 1047. qy[ fuj- accordée dans tout l'Empire.- . XXXVII. par cet article qui eft toujours en- xofdir pou; vigueur, les Etats de l'Empire doi- tout l'Empi-vent tolérer patiemment dans leur ^-^ territoire ceux de leurs fujets qui

profeiïent une Religion différente de la leur , pourvu qu'ils ne l'exer- cent pas publiquement , ôc que d'ail- leurs fidèles à tous leurs devoirs , ils ne donnent occafion à aucun trouble; c'eft en conféquence de cette loi qu'on voit en Allemagne dans quel- . ques Etats ce mélange de Catho- liques 6c de Proteftans , parce que les Souverains l'ont bien voulu per- mettre. Mais quand les Princes ne veulent qu'une Religion dans leur territoire , il leur efl aifé de trouver des prétextes pour ufer du droit de re^ former , & contraindre leurs fujets d'une Pveligion différente à fe retirer ailleurs. On en a vu beaucoup d'e- xemples depuis la paix de Munfler ; 6c comme on prévoyoit cet incon- vénient , les Proteflans demandèrent qu'on accordât à ceux qu'on oblige - roit de fortir du territoire , quinze ans pour s^ difpofer. Les CathoiX'?.^

!

àe mfrphalie, Llv. VI IL \ 5 ^ ques n'en offrirent que deux , 6c en- fin le terme fut réglé à cinq ans. On ^' ^ ^** ajouta à cet article , que ceux qui ie- roient contraints de changer de de- meure , ne feroient pas obligés de vendre leurs biens, qu'ils pourroient les retenir , les faire adminiflrer par qui ils voudroient , & les venir vifi- ter eux-mêmes quand ils jugeroient à propos , fans qu'ils .eufîent befoin pour cela de paffeport ni de permif- fion part "cul iere.

Pendant ces diverfes négociations XXXVîlT^ qui intéreiToient tout l'Empire, les PaxtideTe^a Députés de Hefle-CalTel fuivoient Landgrave 4e leur projet ; <Sc quoique le Comte d'Avaux partageât fes foins à tous les partis pour les concilier ou les rapprocher , la fatisfadion de Mada- me la Landgrave, cette fidèle AI?- liée de la France , étoit l'article qu'il avoitle plus à cœur^ & pour lequel il agit avec le plus de vivacité. Il fal- lut en effet de la fermeté de fa parc 6c de celle des Suédois pour faire rélifîir cette négociation. Les pre- mières proportions de la Landgrave avoient été rejettées avec beaucoup de hauteur ; ôc elle faifoit en effet des

5)6 Hîfiolre dît Traité demandes ii confidérables , que î^ Axv ^^47* Comte d'Avaux jugea lui-même qu'il falloit les modérer ; d'autant plus que l'Eglile y étoic fort intéref- iee ; car c'étoit aux dépens des Evê- chés de Mayence , de Cologne , de Paderborn , & de l'Abbaye de Ful- de qu'elle demandoit fa fatisfadion. Elle avoir d'ailleurs avec le Land- grave de Hetle-Darmikdt un dé- mélé qu'il falloir terminer. Ce Prince avoir un puiflant appui dans l'Elec- xeur de Saxe , dont il avoit époufé la fille. Le Comte de Traurmanfr dorff qui aimoit ou qui craignoic l'Electeur , éroit peu favorable à la Landgrave , Se de tout ce qu'elle ob- tinr , elle en fur uniquement rede- vable aux deux Couronnes. On trou- vera dans le Traité même tout cer ar- ticle fi bien détaillé , qu'il feroir inu- tile de le rapporter ici. J'om.ertrai par la même raifon ce qui fut réglé jen faveur du Marquis Frideric de Baden, de la Maifon de Wircem- berg , À d'autres Princes particuliers pour qui la France s'intéreiTa.

11 étoit jufle que les deux Cou- ronnes fongealTenc à leurs propres avantages ^

de mfiphalîe, Llv, FI IL 33; avantage , tandis qu'elles travail luienc ii utilement pour leurs Alliés ; ^' ^^"J* Se elles n'avoient garde de s'oublier elles-mêmes. Il reftoit pour le Traité de la Suéde un article important à régler : c'étoit ce qu'elle appelloit XXXix. U fatisfkaioH de Sa Milice , c'eft- ^^'t-^l à- dire , une fomme d'argent im- greffes ion- menfe qu'elle demandoit à i'Empi- '""^^ '^'^''^^''^* re , pour diflribuer à fes troupes en forme de payement & de récompen- fe. Les Etats de l'Empire Catholi- ques 6c Proteflans, que la guerre avoir réduits à une extrême pauvre- té , frémiiToient à cette propofition qui devoit achever leur ruine. Mais la Suéde épuifée elle-même <5c dans une difette ablbluè d'argent , regar- doit cet article comme une condi- tion fans laquelle elle ne pouvoit pas faire la paix , 6c les Impériaux fen- toient bien que ce fcroit pour eux une néceffité d'y foufcrire , fauf à dif- puter fur le plus ou le moins. Lesr Suédois traitèrent une matière R odieufe en elle-même avec une hau- teur qui caufa encore plus d'étonne- ment 6c d'indignation. Ce ne furent pas les Plénipotentiaires de Suéde

5 3 s Hîflolre du Traite

qui fe chargèrent de la négociations!

^y. 1047, j^çg propoficions furent faites par un ancien Officier fort accrédité par- mi les troupes , nommé Erskein. Il fembla que Farmée Suedoife vou- lût former un tiers parti pour traiter en fon nom , comme autrefois les ar- mées Romaines , & fon Député par- la moins en Négociateur , qu'en Gé- néral ennemi qui commande des contributions aux peuples vaincus , \ déclarant avec menaces aux Impé- riaux & aux Députez des Etats , que fi on ne fatisfaifoit pas les troupes Suedoifes , elles fçauroient bien fe faire juilice à elles-mêmes. XL, Les François de leur côté deman-^

Demandes doient à TEmpereur deux articles

,^f5.rançois.q^,|l^ navoient encore pu obtenir ;

c'étoit que le Duc de Lorraine fût exclu du Traité , & que l'Empereur s^engageât à ne donner aucune affif- tance au Roi d'Efpagne contre la Koi de France, en cas qu'après la paix de l'Empire les deux Rois conti- nualTenc à fe faire la guerre. La pre- mière ne paroifToit pas fouSrir beau-? coup de difficulté , parce que jufqu'a-? \ox% l'Empereur n'ayoic paru s'inté^.

de Weflphalie, Liv, VII J, 339 TcITer que médiocrement pour le Duc de Lorraine, 6c les Etats de l'Em-^''- '^^^• pire encore moins. Mais fur la fécon- de les Impériaux fembloient ne vou- loir rien écouter. L'Empereur , di- foient-iîs , va devenir beaupere du Roi d'Efpagne 6c de l'Infante. Peut- il , fans bieflèr les droits de la nature , s engager à ne lui donner aucun fe- cours contre fes ennemis ? Mais , ré- pondoit le Comte d'Avaux , le Roi de France peut-il , fans pécher con- tre les règles du bon fens , s'enga- ger à ne donner aucun fecours aux ennemis de l'Empereur , tandis que l'Empereur fe réferve la liberté d'af- fifler les ennemis du Roi de France ? Ce n'efl pas comme Empereur , ^ -^^"'•^ <^" repliquoient les Impériaux , c'elt^„ j)^^ ^, comme Roi de Bohême 6c Archiduc LongueviLU , qu'il aiïiftera le Roi d;Efpagne. Mau- '"' ^''"'^^^* yaife diftindion qui ne fatisfaifoit pas les François , car c'étoit toujours ^^ "*^^^ avoir fur les bras toute$ les forces (^o^nte d'A de l'Empereur , quoique fous un au- ]'^'^* tre nom. Sur quoi ils rapportoient un jtnot que le Marquis de Spinola avoic dit autrefois , lorfque s'étant plaint de ce que les François avoient ia^

Fil '

Memoir£

au

vaux , b. Mars

340 Ifijlolre du Traite

. ' trodult des troupes dans Cafaî , o!î

An. ï<^47*lui eut répondu que les Banieres étoient Mantoiiannes. « J'aimerois 33 mieux ^ repartit- il , que les Ban^ P3 nieres fuiïent Françoifes 6c les 5> troupes Mantoiiannes. Le nom , dit-on , communément ne fait rien à Ja chofe. L'Empereur & le Roi de ^Bohême étoient indivifibles , comme les Impériaux l'avoient autrefois dé- claré aux Princes Palatins , lorfque ceux - ci prétendoient ne s'être point rendus coupables du crime de léze- Majeflé, parce qu'ils n'avoient atta- qué que le Roi de Bohême.

On trouva dans la fuite une expé- dient pour accommoder ce différend, te il eût été terminé dès-lors , fi les François & les Impériaux avoient eu un défir fuicere d'avancer la paixjmais il furvint alors dans la négociation un changement de fituation,qui eau fa du moins pendant quelques mois une efpéce de révolution d'idées de projets. Les François & les Impé- riaux qui avoient jufqu'alors travail- lé avec tant d'ardeur & de çoncerç il hâter la paix de PEmpire , celTerent: fpyç-|-çpup ^^h prelTer , quoi^uç

de mjï-pUte. Ltv. VIIL 341 par àQ% mcrifs differens. Les Suédois ' au contraire qui ne s'étoient jufqu'a-."^^' ^^^T\ îors prêté à la négociation de la paix qu'avec une lenteur affedée , en re- prochant aux François leur vivacité, îemblerent fe re veiller à leur tour pour hâter la conclufion du Traité les acteurs , pour ainfi dire , avoienc changé de rôle entre eux. Voici les taifons de ce changement.

La France s'éroit toujours propo* XLî. iée de faire les deux Traités en me- ^}^^^l^^%^ me -temps, avec l'Empire 6c avec conciufion du rEfpag-ne. Tandis que les Efpap^nols "^^""^^^ \ ^

1 J 1 JT r ^J, pourquoi,

lui parurent dans la dilpolition da- vancer leur Traité , elle travailla à hâter celui de l'Empire , afin de pou- voir les conclure enfemble ; c'étoit dans ces circonftances que le Comte d'Avaux avoit tant travaillé à avan- cer les affaires à Ofnabrug ; & lorf- qu'elle s'apperçut que les Efpagnols reculoient & traînoient la négocia- tion en lono^ueur , elle fongea à re- ,^, . ^ tarder auin le I raite de rhmpire , Roi aux Pu^ d'autant plus qu'elle efpéra que les y^^^Tô -^* Lnpériaux dans l'impatience de fi- nir la guerre , voyant la paix retar- dée par le Traité d'Efpagne , pref-

^4-â Hîhire dn Traité feroient les Efpagnols d'accepter les ! An. I647* proporidons de ]a France. Comme ' PiéJp7t. âlfM^ Députés Proteflans étoient ceux! de Brienne , qui hâtoicnt Ic plus la conclufion dul ,6^7."' " Traité , & que les Députés de Bran- debourg avoient beaucoup de cré- dit dans ce parti , les Plénipoten- tiaires François leur firent préfent de trois mille Richfdales pour les en- courager à modérer leur zélé , 6c cette libéralité ne fut pas perdue. Il efl pourtant vrai que la France reprit bien - tôt fès premières vues. Le foulevement qui furvint dans la Sicile , les mcuvemens de Naples , 6c ceux qu'elle efpéroit dans le Mi- lanés , la perfuaderent que tant de difgraces forceroient inceflàmment les Efpagnols à faire la paix à quel- que prix que ce fût ; ou que s'ils la refufoient elle feroit en état de con- tinuer la guerre avec plus d'avanta- Les impé- çtq que jamais. Mais les Impériaux

naux fe rai- n i i * a

ientiiient de ^ l^ut tour changèrent eux-mêmes leur côté. de conduite, 6c ne furent plus , du moins pendant quelque temps , dans les mêmes difpofitions par rapport à la paix. Quoique le Traité d'Ùlm dût narurellemenc les mettre dans

de PVeJîphalle. Lh. FUI. 343 ia néceflîté de la faire incefîàmmenr , le projet que Jean de Werth forma ^' ^ '^^''' de mener toutes les troupes de Ba- vière à l'armée Impériale , ranima leur courage. Avertis de la confpi- ^^^^^fe au

., y \ Duc de Loil''

ration , ils en conçurent de grandes gucviiu , du efpérances ; TEmpereur écrivit ^xx ^ard. Maiar^ Comte de Trautmansdorff de fuf- 1647, "' pendre la conclufion du Traité & quoique bien tôt après ils apprirent que le projet avoit avorté , cepen- dant comme les François avoient retiré d'Allemagne leurs troupes qui s'étoient enfuite m.utinées , que l'ar- mée Suedoife étoit dans la Bohême en danger d'échoiier devant Egra , & que l'Empereur faifoit de grands préparatifs pour l'attaquer avec avan- tage, on vit tout à coup leur zélé pour la paix fe refroidir : ils avoient à la vérité accordé prefque tout ce qu'on avoit pu leur demander de plus défavantageux ; mais ils n'avoient rien figné. Les Députés des Etats qui étoient à Munfler prétendoienc avoir droit de revoir 6c de réformer tout ce qui avoit été fait à Ofnabrug fans leur intervention ; <5c le Comte de Trautmansdorff menaçoit de s'en Piiij

^44 f^îj^oire dti Traité Tetoumer à Vienne en laiiTant tciîs ^'^' ^ '^'^' les Traités imparfaits.

XLiî. Ce procédé inquiéta les Suédois, au^conmfe ^^^^ armée étoit véritablement en prcnent la péril ; & fi dans ces circonftances ii ^'^îîv!^"^" ^^iui étoit arrivé un malheur , ils au- roient vu evanoiiir toutes leurs eî- pérances , après une fi longue 6c li Lmre des pénible négociation. La France leur h^u^j64 ^ ^^^^^^' ^^s difficultés fur la continua- tion ôc le payement du fubfide , dans la vue de les rendre plus dépendans d'elle , & plus fouples dans les points qui rintéreiToient , oc elle avoit retiré fon armée d'Allemagne , comme pour les affoiblir Se les mettre hors d'état de donner la loi. Cette fituation les rendit beaucoup plus adifs qu'ils n'avoient été jufqu'alors. Ils follici- terent tous les Négociateurs de con- clure ; (Se les François qui vouloienc encore alors retarder le Traité , en fu- rent d'autant plus allarmés , qu'ils é- toient obligés de dilTimuler leurs vrais fentimens & même d'affedter de fe joindre aux Suédois pour hâter la né- gociation , d'autant plus que s'ils ne pouvoient conclure leur Traité avec i'Efpagne , ils ne vouloient pas man-^

àe W^eflphafie, Liv. FUI. ^±^ tïuer encore celui de TEmpire. Mais il furvint deux incidens qui paru- * '^' renc devoir le retarder plus que ja- mais. Le premier fut le départ du Comte de TrautmansdorflT, le fé- cond fut la rupture de la neutralité du Duc de Bavière avec la France os la Suejde.

Quelques infiances que purent "^ec^' faire les Médiateurs , les François de Trai«- ôc les Suédois & tout le parti Pro- JJ,^^"!fg'"?'^"' teflant pour arrêter le Comte devicnr.e. Trautmansdorff du moins encore quelques femaines à Munller, les Suédois s'étoient rendus pour ache- ver le Traité de concert avec les François , il voulut enfin obéir aux ordres réitérés de l'Empereur ^ &: il partit pour fe rendre à Vienne au- près de ce Prince , laifîànt à Munl^ ter au Comte de Naflau & à M. Volmar , Se à Ofnabrug au Comte de Lamberg & à M. Crâne le foin de continuer la négociation. Le dé- part de ce MiniRre fut l'effet des intrigues des Efpagnols , 6c ils erï triomphèrent. Toutes les difgraces des années précédentes n'avoien? encore pu rabattre leur fierté. Quel' P V

34-^ Hifiolre du Traité

ques heureux fuccès qu'ils avoîent An. i547, ^ . ^ '1

^^ eus cette année avoient ranime leurs

efpérances , 6i toujours pleins de confiance pour l'avenir , ils fe per- fuadoient de plus en plus que la def- tinée de la Maifon d'Autriche éroit - de triompher tôt ou tard de tous fes" ennemis , 6c qu'il falloit fe roidir contre les prétentions trop ambitieu- fes des François , des Suédois ôc des Protedans. Le Comte de Traut- mansdorffétoit trop facile félon eux. Son zélé manquoit de courage oc de fermeté , fa moleffe gâroit toutes les affaires. Il avoit dès le commen- cement précipité le Traité de l'Em- pereur avec la France , en accordant tout ce qu'on lui avoit demandé , comme fi la Maifon d'Autriche avoit été à la veille de fa ruine. Il n'avoit pas mieux fçû réiifter aux Suédois ni aux Proteflans , à qui il fembloic avoir abandonné l'Empire & les biens Eccléfiafliques comme au pil- lage , 6c ceîa lorfque la fortune com- mençoit à fe réconcilier avec les ar- mes Impériales 6c Efpagnoles. Ces ^ifcours répandus à Munfler , infi- jiués à la Cour de Vienne , 6c fou-

àe Wefifhdk. Liv. VIIL 3 47 vent répétés à l'Empereur par les perfonnes qui l'approchoient, eurent ^ ^'^^

enfin leur effet. Le Nonce, l'Eve- que d'Ofnabrug & la plupart des Ca- tholiques y contribuèrent avec plus de zélé que de prudence , 6c l'Em- pereur fe détermina fans beaucoup de peine à rappeller auprès de lui un Miniflre qu'il n'avoit éloigné qu'à regret. Le Comte de Trautmans- dorfFn'aimoic pas les Efpagnols, per» fuadé qu*ils nuifoient plus aux affai- res de Ton Maître , qu'ils ne lui étoient utiles , & ceux-ci qui l'aî- moient encore moins , avoient effayé de le perdre auprès de Ferdinand , par l'entremife de l'Impératrice & d'un Capucin accrédité nommé le Père Chiroga.iVIais l'intrigue échoiia, & l'Empereur avertit lui-même, par une lettre de fa propre main , le Comte de Trautmansdorff de ce qui fe tramoit contre lui.

Le départ de ce Minière rendit XLIV. les Efpagnols maîtres de la négo- ^,,l^^^^^l ciation de l'Empire , 6c ils ne fon- gerent qu'à la retarder. Volmar leur étoit dévoué. Le mécontentement des Catholiques favoriibit leurs def- P vj

3 4^ Hifîoire du Traite

"- ieins. Ils 'eur perluaderenr fans pei- An, i<547-ne de remettre en délibcratu.m touc ce qui avoic été réglé à Olhabrug. Ils relevèrent leur courage par l'et- pérance des avantages que l'armée Impériale étoit fur ie point de rem- porter fur les Suédois. Il fe fît un mouvement dans tous les efprits» On fol icita de tous côtés les Elec- teurs de Mayence, de Cologne & de Bavière de rompre leur Traité de neutralité , & de rentrer dans le parti de l'Empereur. On ne parloir que de chaffer entièrement les Sué- dois de toute l'Allemagne , &: ceux- ci n'étaient pas en effet fans inquié- tude ; l'Empereur perfuadé que l'ar- mée Suedoife affbiblie par le fiége d'Egra , feroit obligée de faire re- traite , fe campa fort près d elle pour la fatiguer , & profiter des occa-^ns qui fe préfenteroienc de l'attaquer avec avantage. Ce delTein ne lui réiifîît pourtant pas. Wrangel ëtoit un Général habile , adif & prévoyant , qu'il n'étoit pas aifé de . furprendre. L'Empereur fut fur le point d'être pris lui- même dans tente par quelques efcadrons Sue-

de Vl^eftphaVie. Liv, VI IL 3 49 ^^^^^^^

dois qui pénétrèrent dans le camp tz

ennemi , & y caulerenc beaucoup de défordre & de confufion. A peine ^^^l^z-- eut-il le temps de ie fauver en robe ces des armes de chambre ; & bien-tôt ne pouvant ^^^^^'f^^ ^ plus fubfifler dans fon pofte , il futrEjupercur. obligé de fe retirer après avoir per- du beaucoup de foldars par les ma- ladies , la difette 6c le canon des Suédois. Il prit même le parti d'a- bandonner entièrement l'armée , 011 fa préfence quoiqu'utile pour encou- rager les troupes , ne laifToic pas d'ê- tre incommode par la multitude des Minières & des Officiers de fa fuite qui occupoient les logemens & qu'il falloit garder. Les Suédois ayant aufTi fait un mouvement pour fe camper dans un lieu plus avanta- geux , l'armée Impériale revint en- core fe pofter prefqu'à la vue de leur camp , les deux armées n'ayant pour objet que de s'affamer l'une l'autre. Il y eut feulement une adion fore vive , 011 les Impériaux remportèrent un avantage aHez confidéi-able , <Sç ils vantèrent ce fuccès avec beau- coup d'oflentation. Un Comte de Wrangel , neveu du Générai y fur

55© Hlflolre au Traité tué. Peu de tems après \qs Suédois ^^7* eurent leur revanche dans deux au- tres occafions ;. de forte que tous les efforts des Impériaux n'aboutirent qu'à fe maintenir en égalité de for- ces , & à empêcher les Suédois de faire de nouveaux progrès , fans pou- voir en faire eux-mêmes de confidé- rables. Mais la réunion du Duc de Bavière au parti de l'Empereur rani- ma leur courage & releva leurefpé- rance, jufqu'àfe flatter de devenir les maîtres des conditions de la paix.

Il y avoit déjà quelque temps que les difpofitions du Duc de Bavière PUni^otVfl',^^^'^^^'^^ fufpedes. Les Suédois en MiUt ic^-j, avoient toujours eu mauvaife opi- nion , fur-tout depuis la defedion de Jean de Werth ; 6c les François moins délîans , parce qu'en effet ce Af.'«mV.i.Prîï^ce aff^sdoit de les ménager , -Roi, jo^owf avoienx de la peine à les raiïurer. Bien tôt ceux- ci commencèrent eux- mêmes à douter de la fincerité de l'Eleveur & de {^^ Minières. Il eft vrai qu'il faifoit follicitcr à la Cour de France un Traité d alliance , & il mettoit dans cette négociation af- fez de vivacité pour faire croire qu'il

de FTeftphaiie. Lh* Vlll, 3 5 1 agiffoit de bonne foi ; mais d'un au-' tre coté on entendoit Tes Minières ^'' ^ '^^* à Munfter fe plaindre fans cefTe des Suédois. Ils étoient avertis , difoient- ils , que les Suédois offroient au Comte de Trautmansdorffde rom- pre le Traité de neutralité qu'ils avoient fait avec le Duc de Bavière , pour en faire un avec l'Empereur, ^j^^. Ce fait étoit fi peu vraifemblable , changemenf qu'on ne pouvoit le regarder quedaDucdeBa- comme un prétexte qu'on cherchoit''''^^^' pour juHifier un infidélité déjà re- Ibluë. Le Duc écrivit au Général "Wrangel pour fe plaindre des mau- vais traitemens qu'on faifoic à 1 ledeur de Cologne , fans égard au Traité d'Ulm , §c il étoit vrai en ef- fet que la Landgrave continuoit à vexer les terres de cet Eledorat par d'énormes contributions. Il fit quel- ques autres démarches qui paroif- foient tendre à une rupture , 6c fur- tout des recrues & de nouvelles le- vées de troupes dans un tems il fembloit devoir plutôt en diminuer le nombre. Le Baron d'Hazelang quitta Munfler fans avoir diiîipé les foupçons qu'on lui témoignoit fur

5 5-2 JHt[lolre du Traité ' les bruits qui couroient. Les Français ^^"^7* inquiets envoyèrent au Duc de Ba- vière M. d'Herbigny pour le dé- tourner , s'il en était encore tems , de prendre une réfolution contraire aux intérêts des Alliés, Le Général Wrangel lui envoya la ratification du Traité d'Ulm par la Reine de Suéde. Mais ce Prince avoic pris fon parti.

Depuis fon Traité de neutralité y le Nonce , l'Evêqued'Ofnabrug , & cous les Catholiques n'avoient celTé de le lui reprocher & de le folliciter de le rompre. Il réfiila d'abord à leurs follicitations par le même motif qui l'avoic porté à traiter. Cétoit l'ef- pérance qu'il avoit conçue que les François retirant leurs troupes d'Al- lemagne & la partie devenant aiîèz égale entre les Impériaux & les Suédois , la crainte qu'ils auroienc les uns des autres , & le défefpoir de pouvoir prendre aflez de fupériorité pour donner la loi , les obligeroit à fe rapprocher , à accepter des tem- :XLVîi. péramsns &c à faire inceflàmment la Caufes de p^j^. Ma's lorfqu'ii vit que les Sue-

cette varia- S . i j r * ^' j

tkru dois, loin de le prêter a a^s voycs

de Wefiphalie. Liv, FIÎL 353' d*accommoaement , étonnoient rou- te l'Ailemagne par la hardierfe de ^'^* ^'-■^7^ leurs demandes , il ne fe crut plus obligé à rien de tout ce qu'il avoit promis. Il avoit d'ailleurs divers fu- jets de plainte de la conduite des Suédois à fon égard. S'ils avoiene confenti à terminer l'afîliire Palatin® à fon avantage, ce n'étoit que mal- gré eux , & le plus tard qu'ils avoient pu. M. Oxenftiern trop peu maître de fon humeur pour la difîimuler , avoit demeuré plus de deux mois à Munfler fans pouvoir fe réfoudre à faire la moindre politefTe au Baron .

d'Hazelang : le bruit fe répandoit ninÇu^Ji\ que les vingt millions de Richfda- Aoutic^j. les que les Suédois demandoiem pour leur armée , ne feroient levés que fur les Catholiques , 6c qu'on prendroit en biens d'Églife ce qu'on ne pourroit pas payer en argent,. Tant de motifs réiinis déterminè- rent enfin le Duc de Bavière à fe réiinir à l'Empereur, Les Efpagnoîs étoient les Agens fecrets de cerre manœuvre par leurs infinuations au- près du Nonce & de TEvêque d'Of- nabrug. Ceux-ci agiflbient par eux-

3 54 Hlfiolre du Traite mêmes 8c mettoient en mouvement 1047* tout le parti Catholique. L'Eledeuri de Cologne avoit déjà levé le maf- que Se rompu hautement la neutra- de kiTTiier- ^^^^' En vain plufieurs Minières dvL bigny , 28, Duc de Bavière , ôc en particulier le <^o ,1 47. p^^^ Vervaux , s^oppoferent à la ré- folution de ce Prince. L'Eledrice , le Comte de Curtz & le Comte de Groensfeldt le déterminèrent. Les Théologiens le rafîiirererit par leurs décifions , & excitèrent le peuple comme à une guerre de Religion. Le Traité fut conclu à Paiïàw par le Comte de Kevenhuller <5c M. Mendel de la part de l'Empereur, êc le Com.te de Groensfeldt de la part de l'Eledeur. XLViîi. Ce Prince n'eut fur cela aucun dJrkXrlké Scrupule à l'égard à^s Suédois , per^ aveciesFran-fuadé que Ics fujcts de mécouten- pant'aTec^hl tcmeut qu'il en avoit le difpen(oienc Suedois:mais de tous fcs cngagcmens ; mais la France l'avoit toujours bien fervi , & ne lui avoit jamais m.anqué. Aufïï voulut-il conferver , s'il étoit pof- fible, l'amitié à^s François en rom- pant avec les Suédois. Il écrivit fui- vant ce dellèin au Cardinal Maza-

en vain.

de Weftphalle. Liv, VIÎÎ, 35^ rin 6c au Vicomre de Turenne , pour les alTurer qu'it vouloic obferver fi- ^^^ ^^^7^ délement la neutralité avec la Fran- ce, <Sc il donna à Çqs Généraux des ordres conformes à cette réfolution. Mais ce projet s'accordoit mal avec lettre des les intérêts de la France. M. d'Her- P^^'^'f- ^ '^^'

■» - X . ^ . . ,. Charnu , 20-,

bigny après avoir fait inutilement ociob. 1647. tous Tes efforts pour faire changer de réfolution à ce Prince , lui fit en- tendre qu'il fe flattoit vainement de demeurer ami de la France , tandis qu'il fe déclaroit ennemi de la Suéde, ôc voyant qu'il ne gagnoit rien fur fon efpric , il prit le parti de fe reti- rer de fa Cour , pour ne pas don- ner lieu de croire que la France ap- prouvât ce changement, La condui- Mém?;re<fu te du Duc de Bavière à l'égard dej^^^y. ^' ' ' la France pouvoir en effet donner lieu de foupçonner qu elle étoit d'in- telligence avec lui , & il étoit impor- tant pour elle de défabufer fur cela les Proteftans & les Alliés. C'efl: ce que les Plénipotentiaires François ^ff^'"^ '^^

^ -, . 1 r ^ r\r ^ ^ ,, M.dcla Cour,

eurent loin de faire a Ulnabrug c<.i(),Noy.io^7. à Munfter , Salvius fe rendit dans ce tems la , (Se reçut de leur part toutes les aflurances qu'il pouvoic

An.

3 5 (5 Hiflolre du Trdté délirer pour dilliper jufqu'aux moii

^^^^7' dr-es foiipçons

XLix. Il eft aiîèz probable que la Francd

fionduhedek "^ ^^^ P"^^ ^"^'"^^ ^^ '^^'^^ cxtrêmemenc France en fâchée de ccc événement imprévu, <îece"ttïdYfu-^^ remectoic les Suédois dans fadé- «ion. dendance : il les rendoic moins im-

périeux & plus traitables. Il rani-*- moit le parti Catholique , 6c le fau- voit de l'opprelîîon ; mais li la Cour de France y eut quelque part , ou elle en eut quelque joie fecrette, elle diiïîmula fi profondément Tes fenti- mens ; que les Alliés n'en conçurent aucun ombrage, fur -tout lorfqu'ils apprirent que le Vicomte de Tu- renne avoit reçu ordre de repafler le Rhin avec tout ce qu'il pouvoir afièmbler de troupes , pour recom- mencer la guerre contre le Duc de Bavière. Cependant comme ce Gé- néral n'avoit alors que cinq à fix mil- le hommes , (Se qu'avec (i peu de for- ces il n'étoit pas en état de faire re- pentir le Duc de fon changement , la Cour de France }U2;ea qu'il valoic mieux profiter pendant quelque- tems de la difpofition étoit ce Prince d'obferver la neutralité avec

de IVeftphalie. Llv. VI IL 5 57 la France , afin de le donner le loi- (îr de fortifier Ion arméç , & les Sue- ^^' ^^"^7* dois approuvèrent eux-mêmes cette conduite. Ainfi tout le reflentimenc Lettre du de la France fe réduifit d'abord à miDuc^dT'BL àtî, plaintes <Sc à des reproches -^vtcreyz^.ou^ encore étoient - ils adoucis par des ^ '^'^' çxprefiions qui donnojent au Duc de Bavière lieu de penfer qu'on étoic moins irrité de fon changemene , que touché de la confidération de fes propres intérêts , (5c de l'éloigne- ment de la paix que fa réunion avec l'Empereur ne pouvoir manquer de retarder. La querelle fut beaucoup ^lus vive entre les Suédois <5c les

\

avarois.

L'Eledeur publia contre les Am- bafîàdeurs <5c les Généraux de Suéde une efpéce de Manirefte , il leur attribuoit toutes les caufes de la rup- ture. Les Suédois y répondirent ^ & ce préliminaire fut aufii-tôt fuivî d'une guerre ouverte. On prétend que fi l'Eledeur avoit joint fans dé- lai toutes fes troupes à l'Armée Impériale , les Suédois auroient eu de la peine à fe garantir d'une en- , J-f'^^'i^^,^

/,^ . P . 1- j fie Rébus GaU

tiQîQ aeiaite ; majb i unique pb çc açikis , /. ;. '

3 5 s Hlfloire du Traite ce Prince étoit de hâter la conclufion An. 1^47- j^ Traité, 6c il ne vouloit pas don- ner à l'Empereur une fupcriorité dont il pût abufer pour éloigner la

L'Eiefteur ^^^^' ^^ ^^^^^^^ d'ôtcr aux Sucdois , envoyé une en Ics affoibliiTant , l'envie de conti- partje de ies j^y^j. j^ guerre , 6c de les contrain-

troupes a , P 1,

i'£mpereur. dre par la crainte d une entière rui- ne à le contenter des avantages qu'on leur avoit déjà accordés. Suivant ce defiein il n'envoya qu'une partie de fes troupes joindre l'armée Impé- riale , & il employa l'autre au fiége Li. de Memmingen que les Suédois oc- siége&prl-cupoient depuis le Traité d'UIra,

fe de Merc- T 'r •>' ' c i

ïilincren par ^^ gamilon n ctoit compolce que de Ui Savarois. cinq cens hommes , aufquels on joi-^ gnit deux cens habitans pour garder les polies les moins expofés ; mais les Suédois fuppléerent au nombre par la valeur , & le Gouverneur nom- mé Preimsk n'omit aucune àts ref- fources de l'art , ni des précautions que la vigilance infpire. Après quel-^ ques propofitions inutiles , les Bava- rois firent leurs approches , <5c en même rems qu'ils battoient la Ville de leur artillerie , ils y jetterent àQ% bonites & des boulets rouges qui

demflphaite.Lh.yiII. 359

cauferent beaucoup de défordre Sc^'^ ^^

encore plus de frayeur aux habicans. ^^' ^^^7* lis tirèrent des mines cinq ou fix cens ouvriers qu'ils employèrent à miner les remparts. Pour ruiner ces travaux , le Gouverneur fit ufage d'un ruifleau qui couloit dans la Vil- le. Apres en avoir retenu l'eau par Puffinioif. une dig;ue , il la fit lâcher fur les ou- ^1''"^' ^"''"i; vrages des ailiegeans oc en monda 76, une grande partie. Il fit quelque- fois d'heureufes for ties , il chafia les ennemis de leurs pofles les plus avancés, encloiialeur canon. Mais les Bavarois fans s'étonner de leurs per- tes , continuèrent à poufier le fiége avec vigueur , donnant alTaut fur af. faut , jufqu à ce qu'après neuf femai- ties de fiége , les affiégés commencè- rent à manquer de poudre. Il fallut enfin capituler , êc de toute la garni- fon il ne refta au Gouverneur que cens cinquante hommes qu'il con-^ duifît à Erford.

Cette perte des Suédois fut fuf-* vie de celle d'ïnglau en Moravie , que toute la valeur des afiiégés ne put fauver , Ôc qui après une longue ^çfçnfe ^ fe yi; enfin contrainte dg

2, 5o Hiftcl're an Traité

rendre aux Impériaux. Ceux-ci s'e-

AN, ^^47'toienc encore rendus maîtres dans la Suabe de Kavensbourg , & de plu- fleurs autres Places dont la perte af- foibliiToit confidérablement dans cet- te Province le parti des Confédérés. , Tii{f^nàorff. Les Bavarois de leur côté après la

^f/wprà n^^'^-prife de Memmingen, firent encore

une entreprife fur Nortlingen ; c'é-

LîîT. toit à la fin de Novembre , ôc com-

Les Suédois j^q [\^ n'avoîcnt pas fait les pré-

re quelques paratifs necellaires pour raflieger

i.utxesPiao2s. ^^^-jj une faifon fi avancée , ils ef- fayerenc de réduire la Ville en y mettant le feu de toutes parts par la quantité de bombes qu'ils y jette- rent. Bien-tot en effet la Ville pa- rut toute en feu. Les habitans con- fternés , les Magiflrats &: les Prêtres en larmes fe jetterent aux pieds du Commandant Suédois , pour le fol- liciter d'avoir pitié d'une Ville prête j à périr ; leurs prières furent inutiles, j Le Commandant fut inflexible , ;. Se les Bavarois découragés par fa fermeté , abandonnèrent leur entre- prife. Les Impériaux firent une ten- tative toute femblable fur la Vil- le de Worms , & ne rélifïïrent pas

mieux*

deWelîphdie.Liv.TIIL ^61 mieux. 11 iembloic qu'on eût changé la méthode ordinaire d'attaquer les ^'* ^ ^'' Places. Ce n'étoit plus des fiéges dans les formes accoutumées , oii \\ n'y a de danger que pour les troupes de part (Se d'autre. On vouloic abré- ger par l'embrafement des Villes (Se la ruine des habitans ; procédé bar- bare , infpiré par la fureur , 6c com- tre lequel les loix de l'humanité re- clameront éternellement , à la honte de ceux qui le mettent en ufage.

Ces divers évenemens , quoique défavantageux aux Suédois ne déci- doient point le fucccs de la négocia- tion. Il falloit ruiner leurs forces, dé- faire leur armée , ou du moins l'o- bliger à faire retraite , pour la pri- ver des fubiiftances qu'elle tiroit des Provinces d'Allemagne. Les Impé- riaux regardant la chofe comme in^ faillible , fe livrèrent à la joïe que donne l'efpérance d'un triomphe af- furé. Leur armée feule étoit plus forte Ôc en meilleur état que celle de Wrangel , dont la Cavalerie étoic en partie déniontée. La jondion des bavarois leur donnoit une grande ^upériorit'é. Que ne pouvoient- ils

Terne F^ ' Q

3 di Hffloire du Irrite

pas fe promettre fi les Eledeurs de

A^9 i^^7' Saxe ce de Brandebouag fe réunif,

foienc avec TEmpereur , comme

le bruit en étoit grand , & dans une

circondance les Suédois ne pou-

voient attendre ^ucun lecours des

LUI. François ? Le Général Wrangel fen-

Mrfanter"^^ tît tcut le péril ii étoit , 6c trop

quitte laBo^ habile pour ne pas prévenir les maU

r^'ripprocher ^^^^^ ^^"^ ^^ ^^^it menacé , il fonge^ de la ^'efi- férieufement à fe mettre en lieu de phaUç. fureté. Le Vicomte de Turenne éroit encore au-delà du Rhin ; il ne voyoit de fecours à attendre que des HefTois & de Konigfmarck , qui çommandoit un petit corps de trou- pes du côté de la \v'*efi;phalie. Il forma le deiTein de fe rapprocher d'eux , (Se pour cet effet il fe mit en marche avec toute la diligence pof. fible , après avoir pourvu à la fureté des Places qu*il avoic conquifes en jBoheme,

Les Impériaux s'applaudirent de U fortie deWrangel de laBoheme^com- me d'une vicloire. Mais ce Général , fans fe m.etrre en peine de leurs àl^^" cours , ne fongea qu'à e^^cuter ion projer, La marche écoit longue 6c

de Weftphalle. Liv, VI IL 363 difficile , <3cil n'a voit pas le choix des*?^ routes les plus commodes Obligé ^^* -^'^7- d entrer dans la Mifnie fur les teires de l'£led;eur de Saxe , il fit oblerver à fes Soldats une lëvere difcipline , ôc prit toutes les précautions polfibles pour ne point rencontrer de la parc de l'Eledieur des obltacles capables de l'arrêter , ou même de le perdre dans les circonflances il fe trou- yoit. Il manquoît de vivres ^ d'ar- gent , deux belbins preffans , dont le dernier fur-tout lui caufoit une grande inquiétude. Les Soldats de fon armée n'ignoroient pas la demande que les Plénipotentiaires de Suéde av oient faite en leur faveur ; l'idée des gran- des fommes qui dévoient leur être diftribuées avoit réveillé leur cupi- dité ^ & impatiens d'obtenir ce qu'on leur avoit fait efpérer , ils voyoient avec chagrin un change- ment de fituation qui reculoic leurs efpérances. Wrangel craignit une fé- dition , 6c pour la prévenir , diflri- bua une fomme d'argent qu'il tira des Plénipotendaires de Suéde ; car la France venoit de leur livrer fort à profûs une partie du fubfide ordi-

5(?4 Htflolre du Traité J" ' naire. Cependant au premier bruit

An. 1547. de fa marehe , Melander à la tête de SuariTde fa ^'^"^^^ Impériale , & foutenu par marchç. ' le Comte de Groensfeldt , qui com- mandoit les Bavarois , l'avoit fuivi au travers de la forêt de Bohême jufqu'à Icne <ians la Mifnie. il s'arrêta pendant pîufieurs jours pour laifler repofer fes troupes , & donna ainfi aux Suédois le loifir de conti- nuer leur marche. Wrangel s'étoic d'abord propofé de pafler en Franr- conie dans le defièin de fecourir Memmingen , 6c les Places que les Bavarois menaçoient dans la Suabe ; mais voyant l'ennemi fi près de lui , il n'ofa tenter l'entreprifè. H craignit d'ailleurs que les Impériaux entrant dans la balle Saxe , ne fe rendillenc maîtres de l'Elbe & du Wefer. Ain- Ç\ après avoir fait rompre les ponts de la Sala à lene 6c aux environs , il paiTa cette rivière auprès de Merf- bourg, il s'avança jufqu'à Mulliau- fen dans la Tiiuringe, ènfuice dans l'Eichsfeldt , donnant par tout Çts ordres avec une prévoyance admi- rable pour la confervatiun des Pla- ces qui apparcenoient à la Suçde ^

de Wejlphalle. liv. PIII. ^6j 8c enfin il defcenditle long du We- fer jufqu'au Comté de Lippe , il ^^' ^^*^^ s'arrêta pour rafraîchir les troupes fatiguées d'une fi longue marche , 6c pour y attendre Konigfmarck Ôc les HefTois. Car ceux - ci avoienc toujours été tellement occupés par le Général Lamboy qui comnian- doit dans la Weflphalie un corps de troupes Impériales , qu'il ne leur avoit pas été pofTible de quitter leurs pofles pour aller au-devant de l'ar- mée Suedoife ; ou plutôt ilsn'avoient jamais eu la volonté de le faire : les Helfois , parce qu'ils vouloient gar- der leur propre pais , Konigfmarck ^ parce qu'il ne pouvoit vivre en bon- ne intelligence avec Wrangel , (Se qu'il fe flattoit de faire périr l'armée de Lamboy.

Il y a des mometis décififs qu'il LV. eil donné à peu d'hommes de con- ,f f Générai noure. C etoit fait des Suédois profite mai en Allemagne , fi Melander avoit ^" ^^^'^

/-A ri u y-\ ^^ trouv>

Içu prohter de 1 avantage quil avoit les Suedo fur eux. Jamais depuis la mort du grand Guilave ils ne s'étoient vus dans un plus grand péril de per- dre le fruit de leurs vidoires , Si

er ou

trouvent s.

^66 Hîfloire du Traité après tant de célèbres exploits 6c de ^ '^'^' fang répandu , ils éroient à la veille de voir évanouir leurs grands projets avec toutes leurs efpérances. Les Suédois étoient à peine quinze mille hommes , & Melander en avoir plus de vingt-cinq mille. S'il s'étoir at- taché à les pourfuivre dans leur re- traite , fans leur donner le tems de fe reconnoître, il eût été difficile qu'il n'eût pas trouvé l'occafion de défaire ou de ruiner entièrement leur armée. Et quelle gloire n'eut- il pas acquis par un heureux fuccès dans la fituation étoit alors l'Em- pire Germanique ! mais au lieu de les fuivre , l'envie de ravager la Hefle , pour fe venger de la Land- grave dont il croyoit avoir été mal- traité , le porta à fe jetter dans cet- te Province , fous prétexte d'empê- cher la jondion du Vicomte de Tu- renne avec Wrangel , & il perdit une occafion qu'il ne recouvra plus. Dès qu'on le vit entrer dans la Hef- fe , on augura mal de fon expédi- tion. Le pays efl rude 6c montueux , plein de forterelTes & de défilés , les païfans féroces , zélés pour leur

de mfiphalle, Liv. FIJI. 3 (^J

, Prince, & aguerris. Il n^ étoit en- ^^^ ^ -;

I tré jufqu'a'.ors aucune armée qui n y eût péri miférablement ; & (i Melan- der n'y perdit qv3'une partie de la f^.enne, c'efl que la Province épui- fée par une longue guerre , n'avoic plus les mêmes reflburces pour fe défendre. Il exerça les plus cruel- les hodilicés , & il alloit achever de ravager par le feu cette malheureufe Province , fi la Landgrave n'avoit menacé d'ufer de repréfailles dans les terres de l'Ele£leur de Cologne. Bien - tôt la famine , fuite ordinaire des ravages , l'obligea de didribuer fes troupes en différens quartiers pour fubfifter. 11 n'en retint qu'une partie pour afTiéger Marpug , 6c re- mettre en pofleffion de cette Place le Landgrave Darmftadt. Il échoua dans fon projet. Peu s'en fallut qu'il ne trouvât dans cette entreprife la lin de fes jours & de fes exploits ,• car après qu'il fe fut rendu maître de la Ville , qui étoit prefque fans défen- fe , Stauff qui commandoit la Ci- tadelle , ayant fçu l'heure à laquelle lvi. il devoit fouper chez un Bourgeois , ^,.îi^fan^"r fit pointer contre la maifon une pié- Marpwg. Qiiij

3(5?> f^'fftoire du Traite ce de canon qui troubla étrangement;- An. 1547. la fête. La fentinelle qui gardoic la' porte de la ialle eut la tête empor- tée, Melander fut bleiîé à la tête & à la poitrine d'un éclat de poutre , le Alarquis de Bade eut les dents caf- fées , & le bouler paifa entre les jam- bes du maître de la maifon fans le bleiïer. Ainfi finit cette cam- pagne , 6c cependant le Général Wrangel ayant diflribué (qs troupes dans divers quartiers des Duchés de Brunfwick & de Lunebourg dans la baffe Saxe , s'appliquoit à rétablir fon armée & à fe mettre en état d'aller bien- tôt lui-même chercher l'ennemi.

Comme les fuccès de la guerre regloient celui des négociations , les Plénipotentiaires de part 6c d'autre attentifs aux évenemens , fembloient auiïi régler leurs difpofitions félon la bonne ou mauvaife fortune des ar- mées. Les Impériaux auparavant découragés, <5c peut-être trop faciles, commencèrent à marquer de la fer- meté. Les Suédois au contraire é- toient abbatus 6c dans la crainte d'une funeilc révolution.

de WcflphaUe. Ltv. VI IL 3 ^9 Les François plus égaux dans leur conduite, tâchoient de raflurer les ^^' *^47» uns , & concinuoient à témoigner aux autres la même aflurance. Ils avoient cependant quelque inquié- tude fur la fidélité des Suédois. Ceux- ci avoient confenti fans beaucoup de peine que la France différât de rompre avec l'Eledeur de Bavière , 6c leur douceur en cette occafion parut (ufpede à M. de Servien. ce ^ ^^^^ ^ La diiïimulation y dit- il ^ dont ulént c< Comu de Sér- ies Suédois en une occafion qui « ^j^^ à M. de leur eft fi fenfible <5c fi importante , « nZTiC^I*» m'efl un peu fuipede , cSc quand je ce vois que des gens qui font fi cha- « toliilleux ne font pas une plainte «c d'une chofe qu'ils n'approuvent pas ce LVTIL je crains extrêmement qu'ils ne me- « f-^jT^^^-oj^g J;^. ditent quelque vengeance , qui ne « efprits. fçauroit être petite , dans un temps «c il n'y a plus rien à faire que de «c Mémoire des conclure la paix avec nous , ou de ce ^^/'/^^^.^; nous abandonner, ce M. Bmn fie dans ce remps-là un voyage à Ofna- brug , il vit les Suédois. Les François craignirent l'effet de fes in- \ (inuations. Ils appréhendèrent que j les Impériaux , pour fervir la haine

Qv

570 Hiflolre du Traité

& les intérêts des Efpagnols n'offrif-

^' ^ "^^'ferjt tout aux Suédois & aux Pro- teftans pour les detachtr de la Fran- ce, & que ceux-ci dans la htuacion périlleufe ils étoient alors , n'ac- ceptaiTent leur offres. Mais dans le fond ces terreurs éroient vaines. La Reine Chriiline étoit trop atta- chée à la France pour accepter un Traité fi préjudiciable aux intérêts de cette Couronne ; 6c comme c'é- toit principalement des Suédois que les Impériaux fe plaignoient, irrités fur-tout de la demande qu'ils fai- foierr pour leur Milice , il n'étoit guéres vraifemblable qu'ils fongeaf- feni à les fatiffaire pour les détacher dos Fraiiçois. Mais une grande pru- dence ell toujours un peu timide. -- Pour achever de troubler la bon- ne intcl'igence entre les deux Cou- ronnes , il lurvint un accident im- prévu , d'autant plus fâcheux qu'il Lettre du ^^^^^ ^^"^ remède. Toutes les let- Cird. Maiar. trcs que les Plénipotentiaires avoienc ^Lvn^ucviiie "^ écrites à la Cour depuis le mois de /.Acy./tT^;' Janvier de cette année , 6c toutes les réponfes qu'ils en avoient re- çues , ou du moins àQs copies au-

'

de Weftpijalle, Liv, Fîlî, 3 7 î tentiques de toutes ces lettres , a- voient été vendues aux Lfpagnols ''^' ^^^7* par quelqu'un delà maiion des Plé- nipotentiaires François. Il eft ai- de juger combien il dévoie y avoir dans un fi grand nombre de lettres d'anecdotes curieufespour les Efpa- gnols , 6c dont ils pouvoient faire ufage contre la France. Le Cardi- Mémoire du nal Mazarin en fut dans une inquié-^,f Z!Dt tude que rien ne peut exprimer. ^<^47' Plus on eft couvert & diffimulé , plus on efl fenfible à un pareil acci- dent. Avant que le Cardinal eût relu toutes les lettres il craignit que les ennemis n'y eu lient trouvé quel- qu'une de ces rufes 6c de ces tours artificieux qu'il employoit aflez fou- venr dans les négociations , 6c qu'un ennemi dans la colère ne manque pas de qualifier de fourberie. Heureu- iement il ne s'y trouva rien dont les Efpagnols pufTenc beaucoup fe pré- valoir. Il n'y eut qu'un article dont cZt}Iter^s les François furent extrêmement fâcheux pour chagrins. C'ed qu'il étoit avéré par^"' François. ces dépêches que la Cour de France éccit perfuadée que les Oxenfliern ne lui étoient g)as favorables, qu'elle Qvj

5 Ji Hiftoire âii Trahe s'en exprimoit en termes pleins de ' ■^^'^^'reiïèndment , qu'elle en avoic fait des plaintes à la Reine de Suéde , &: que cette Princellè qui ne les ai- moit pas , avoit demandé à la Cour de France des lettres contre eux , pour l'autorifer à les maltraiter ou à les décréditer. Les Efpagnols ne pouvoient pas manquer de commu- niquer cette découverte au Baron d'Ôxenfliern. La Reine de Suéde qui fe trouvoit compromife devoir en être mortifiée , (Se la Cour de France qui craignoit que \es Oxen- fliern pour ie venger ne milTent tout en ufage pour rompre l'alliance àQs deux Couronnes , ne fçavok quel remède apporter à ce malheur. Le Cardinal Mazarin ih travailla long-temps l'imagination pour tâ- cher de donner à cette alTaire un tour favorable , (Se il n'y réiiirjtpas ; mais elle n'eut pourtant pas les fuites fâ- cheufes qu'il en avoit appréhendées. Chrifiine prévenue par M, Chanut, qui avoit gagné fa confiance mépri- . fa comme Souveraine le relîènti- ment impuilTant qu'en pourrofenc avoir les Oxenftiern j & il fa î lue que

de JVeflphalle. Liv. VII L 373 ceux-ci, dans l'impuifTance de le' venger, fiflent femblanc d'être fa-' ^' ^^^'^' tisfaits des explications bonnes ou mauvaifes que les François leur don- nèrent. On dit, & les OxenlHern voulurent bien faire femblant de le croire , que les lettres étoient fuppo- fées ou falfifices par les Efpagnois.

Depuis le déparc du Comte de ConteVation Trautmansdorff ô< la rupture dul^';.^?^^ ^'"^'^^ Duc de Bavière , il eil aifé de juger que la négociation du Traité de l'Empire dût languir , 6c elle languie en effet pendant quelques mois. On fe communiqua de part 6c d'autre des projets de Traiié qui rie furent point acceptés. Une des conteflations les » plus intéreifantes roula fur la cef- # fion des trois Evéchés 5: A^s Fiefs qui en relèvent , ceiTion que les Im- périaux avoient déjà promife aux François telle qu'ils l'avoient de- mandée , c'efl à-dire en toute Sou- veraineté , fans aucune dépendance de l'Empire, Cet article déplaifoit LrMrci'.cM. a quelques Etats qui ne vouloienîp/^';,;^. Scpt, point devenir fujets du Roi de Fran ^^47- ce , & qui prétendoient demeurer toujours Erats de l'Empire. L'afiai-

3 74 Hlflolre du Traité re fut mile en délibération à Ofna- An. 1647. j^j.yg j^j^j l'Alit;mblée des Députés , & malgré tous les mouvemens que fe donna M. de la Coure pour pré- venir un jugement peu favorable , le réiukat des délibérations fut que 5> \qs tiédeurs , Princes 6^ Eracs , 55 après avoir mûrement coniiueré 3) l'affaire , ne voyoienc pas com- ment on pouvcic , ni on devoir 3> confentir à une demande de la 3> France fi préjudiciable à l'Empire, P3 aux Princes <5c Etats intéreffés. D5 Que par conféquent ils s'en te- D5 noient à ce que les Impériaux en 3) avoient dit dans leur projet de , 35 paix , ôc les divers écrits qu'ils ^ » avoient remis de tems en tems 33 aux Médiateurs , fçavoir , qu'on D3 n'entendoit point que les Etats iD fitués dans i'écenduë des trois 3> Evéchés fufTent démembrés de l'Empire pour être alTujettis à la D5 Couronne de France , & qu'on 35 tâcheroit, par l'entremife des Mé- 3> diateurs, d'en faire comorendreôc 33 goûter les raifons aux Plénipoten- 33 tiaires François. 3? Mais il nétoic plus temps. L'affaire avoir déjà écé

àc Wtflfhdk. Lîv. VIIL 375 difcutée & débatuë entre les Im- périaux & les François , <Sc décidée ^^'* ^^'^"' en faveur de ceux-ci par un Ade paf- le 13. Septembre 1 6\G. ôc dépo- entre les mains des Médiateurs. Les François avoient même fait MJmob-^du une note remarquable à cet article ^.''^ ^"^ F^-^'

y , . ., N riip. 22, Juin,

dans la copie qu'us en envoyèrent a 1047. la Reine. « Ce point , difent- « j^^ ils , a été celui fur lequel il y a ce lu étôient eu plus grande difficulté,les Com- ce j'^^ii^^^^^'^^^ * mifiaires de l'Empereur voulant ce excepter les Fiefs , les Ducs , ce Princes, Comtes, Barons & Gen- ce tilshommes qui fe trouvent encla- ce vés dans les trois Evêchés , & qui ce ont été jufqu'ici en la fujettion ce immédiate de l'Empire , voulant ce qu'ils y demeuraffent. On a eu ce une autre difficulté fur le mot ce diftr'i^y.s , auquel les Irripériaux «: vouloient qu'on ajoutât tem-porales ce ou temporal is dorninit ; (t) mais ce après une longue conteftation «c nous avons obtenu qu'il demeu- ce reroit comme il eft , ce qui établit ce

( •]• ) C*étoit dans la vûë d'exclure de cet arti^ cle tous les Fiefs mr lefquels les Evêqiies n'a- voient f[ue la Jurifdi^ion fpirituelle.

57^ Hljloire dti Traité *^**''*^^ « tierement le droit du Roî , non- K. 1647. ;,, feulement fur les dépendances du 33 temporel desEvêques,mais encore. 35 dans les lieux ou s'étend leur jurif- DD didion fpirituelle. >5 Parce qu'en effet le mot diftricius ainfi non limité comprend également le diltriél tem- porel & fpirituel. Lxi. Les Députés alléguoient pour rai-

L'oppofmon fon Que ni l'Empereur ni l'Empire

des Députés a -^ , ^ i j r

demeure fans Hiem.e n avoicnt pas aroit de faire ^^^'' pailer des Etats de l'Empire fous

une domination étrangère , ni de faire de pareils démembremens fans le confentement des intérefles :. qu'on ne les avoit pas même écoutés, & qu'ils s'oppofoient à cette difpo- fition : & queparconféquentondon- noit à la cefîlon des trois Evêchés faite à la France plus d'étendue qu'elle n'en pouvoit 6c n'en dévoie avoir, &. contre Tintention des P;é- nipotentiaire^ Impériaux-. Ceux-ci revinrent en effet pluileurs fois à la charge, pour tâcher de changer ce qu'ils avoisnt d'abord accordé ; mais les François furent toujours inflexi- bles , 6c les Impériaux furent obligés de fe délïiler. 11 faut avouer que fi le

de l'7'eflphalte. Ltv, FI IL 377^ principe allégué par les Dépurés étoic vrai , les Etats de l'Empire au- ^^" roient un privilège auffi fingulier qu'il feroit précieux. Car ils pour- roient infulter les Princes Etrangers leurs voifuis , leur faire impunément la guerre , ou prendre avec eux tels engagemens qu'ils voudroient , avec le deiTèin de ne les point remplir , ians que ceux-ci puiTent jamais fe faire juflice à eux-mêmes en dépouillant les aggrefTeurs de la moindre partie de leurs terres , parce que ni l'Em- pereur ni l'Empire ne pourroient pas confentir à une pareille aliénation. AufTi ne paroît-il pas que dans les occafions qui fe font préfentées , les PuiOTances étrangères ayent eu beau- coup d'égard pour ce principe d^s Allemands ; 8< il eft d'ailleurs éton- nant , que l'Empereur , du confen- tement de l'Empire , ait crû pou- voir fécularifer des Evêchés &c les donner aux Proteftans , tandis que félon le principe des Députés il n'a pas même le pouvoir d'aliénet en faveur d'un Prince étranger le moin- dre Fief de l'Empire.

Cependant comme le tems avan-

578 Ulfiolrt du Traité

çoic , il falloic de part & d'autre fe ré- 1047. foudre à finir , ou du moins en donner aux peuples une prochaine efpérance. Les grands projets des Impériaux s'étoient évanouis , <5c quoique fé- condés de toutes les forces du Duc de Bavière ^ ils n'avoient pas rem- porté fur les Suédois allez d'avan- tage pour fe flatter de leur donner la loi , ou pour défirer la continua- ^™\ -. nion de la guerre. Les Suédois de efreeuvementleur côté , quoi.ju'ïls euffenc lieu à conclure en- ci'efpérer de reprendre avec le ie-

fin ie Traits. ^ 1 i: ^ : 1

cours aes rrançois leur premier avantage , ne pouvoient pas fe pro- mettre quel feroit le fucccs d'une nouvelle campagne , 6c ils fe trou- voient dans une de ces fituations douteufes la prudence confeille un accommodement comme le par- ti le plus sûr. C'étoit une conjonc- ture favorable pour avancer la paix ; le Duc de Baiviere qui n'avoit re- pris les armes que cette année , dans le deflTein de forcer par cette voie tous les obftacles , prefloit l'Empe- reur de conclure ; & il efl vraifem- blable que le Comte de Trautmans- dorff qui déliroit la paix , Se qui étoic

de Wejlphdte, Liv. PIÎL 379 alors auprès de ce Prince , le porta à reprendre la négociation , dans l'ef- ^^' ^ '^^* pérance de trouver les Suédois plus traitables. M. Volmar reçut en effet dans ce temps-là des ordres de la pu^f'yl!^ Cour de Vienne , en conféquence tc^-;, defquels il fe difpofa à partir pour Ofnabrug. Les François avertis de fa réfolution , repréienterent aux Médiateurs que « fi on les laiiToit ^^ en arrière , ce n'étoit pas le moyen ce d'avancer la conclufion des affaires. «<: Les Impériaux répondirent qu'ils écoient difpoféâ à conclure , fi les François ne propofoient rien de nou- veau. Ceux-ci repartirent que loin de vouloir former de nouvelles pré- tentions , ils vouloîent s'en tenir à récric arrêté le 13. Septembre de Tannée précédente , en fuppofant qu'on les fatisferoit fur l'article de l'exclufion du Duc Charles ; oc fur la demande qu'ils avoient toujours faite que l'Empereur après la paix ne pût donner aucun fecours au Roi d'Efpagne. Mais ces deux articles faifoient une véritable difficulté. Les François repréfentolent inutile- ment , qu'accorder à l'Empereur le

5 8o Hifîoire du Traité pouvoir d'afTifter après la oaix le Rùi An* i<547- d'Efpagne fî< le Duc Charles , ce feroic lui permettre de renouveller la guerre , & d'employer fous un au- tre nom , contre la France même , les fommes d'argent qu'elle lui auroic Mcmoirtdcj payées iulvant le Traité, & les autres JS'oy. 1C47. avantages quil auroit retires de la paix. On n'écoutoit point leurs rai- fons , ôc l'affaire demeuroit indécife. LXITÏ. Cependant M. Volmar ayant dif- LePiénipo- feré fon départ , les François fécon- lEmpei^eur'^" ^^^^ ^es Médiateurs , profitèrent fi accorde tout bien de ce délai , que lorfqu'ils s'y excep'tTdeux ^ttendoient le m.oins , ils firent en- articles, fin convenir ce Miniftre de tous les articles de leur Traité & de leur fa- tisfadion, excepté les deux points dont je viens de parler. " Mais nous D3 efpérons que ces deux points fe 3i termineront , difoient les Fléni- D) potentiaires François , foit que le 3) Traité d'Efpagne le conclue ou 3D non , chacun reconnoilTant que la 35 France fe met entièrement à la D5 raifon , &: nos amis nous faifant 35 efpérer que la paix de l'Empire ne 3> fera pas retardée pour des inté- 35 rets écran 2:ers. 3>

de mjfph^lie. Llv. VllL 5 8 r Ce fut fans doute un grand

événement après tant de chicannes^^' ^^^7* êc de contellations , tarit d'incertitu- des 6c de délais. Les deux Média- teurs y contribuèrent beaucoup par leur fermeté & leurs preflàntes foUir citations.La Cour de France s'en ap- plaudit comme d'un triomphe. Tou- te la Ville de Munfkr en témoigna fa joïe. Les feuls Efpagnols ne pu- rent regarder cet heureux fuccès qu'avec des yeux jaloux & chagrins. Après avoir fait inutilement tous leurs eftbrts pour le traverfer , ils ne purent s'empêcher de lailTer échap- per des marques de leur méconten- tement. « Ce ne fut pas non plus « fans quelque jaloufie , difent les <^c Plénipotentiaires François , que ce 'MM. Oxenftiern 6c Sajvius ont ce fçû que l'on achevoit ici avec nous, ce Ils n'ont pas cefTé de prefTer les ce Impériaux d'aller vers euXj en leur ce faifant dire fouvent qu'ils étoient ce très - bien difpofés à conclure, .«c Mais il s'eft rencontré que l'Em- ce pereur n'a pas à Ofnabrug une ce perfonne propre à conduire une ce ^.ifaife de cette importaneç , êç çf

a

bien

382 Hifloire du Traité

« qu'il a fallu que le Comte de

- 1=547. ;,5 Lamberg foie venu exprès en cec- te Ville pour aniener avec lui 55 Volmar à Ofnabrug , l'on 3> traite préfentement.

LXiv. Les Suédois avoient à démêler Les Suédois |3e^^cQ^^p pl^s d'articles que les

len^pias len- François. Il fuffifoit d'être Luthé- tement. rjen OU même Calvinille pour avoir droit à leur protection & les intéref- fer dans une querelle. Le zélé qu'ils avoient pour la liberté êc les droits Germaniques ne s etendoit pas juf- qu'aux Etats Catholiques. AuiTi leur négociation fut-elle beaucoup plus longue ôc plus épineufe , ou plutôc tout le refle de cette année fe paffa en conteilationsPlufieurs intéreités vou- lurent faire changer ce qui avoit dé/a été réglé avec le Comte de Trauc- mansdorff. Les Députés de Munfter qui étoient la plupart Catholiques , refufoient d'approuver les articles convenus avec ceux d'Ofnabrug , qui étoient prefque tous Proteftans. Quelquefois les deux aiïèmblées fe réunirent fans pouvoir concilier leurs prétentions oppofées. On con- pefta à la Landgrave de Hefle-

de WeftphaUe. Ltv, VIIL 3 S 3 Cafl'el tout ce qu'on lui avoir pio- "

mis , & il fallut encore, comme je * ^^"^^^ le raconterai bien - rôt , une année prefque entière pour terminer tant de funeltes d^vifions.

Les Provinces Unies alloient plus efficacement à leur but. Elles vou- loient la paix , &; quoique les Fran- çois pûiTent faire pour retarder leur marche afin d'arriver enfemble au même terme , la crainte d'arriver trop tard , 6c l'incertitude 011 elles affedoient d'être fur les véritables diipofitions de la France , préva- loicnt dans leur efpric fur tous \qs égards qu'elles dévoient à leurs Al- liés. Les Efpagnols fuivoient aufîî toujours leur plan , qui étoit d'amu- ièr les François de vaines efpéran- cts de pajy , jufqu'à ce qu'ils euflent réufTi à détacher d'eux la Républi- que par un Traité particulier. On a vu 011 les chofes étoient refiées vers la fin de z^ii^ années. Voici enfin juf- j!^^'^''''- <^f

» \ 11 r rc' o r'Lenipot. 18*

qu'où elles turent pouliees , & com- Noy, ic^y, ment elles fe terminèrent dans les pre- * miers m.ois de l'année fuivante, fans aucune efpérance de retour. ^^ Nous ^yops ençorç fait figner cette fe- *^

5B4 Hlfloire d^i Traite :>D maine , ccrivoienc les François h^r ï^47-35 au mois de Novembre,vingc- trois

pp": , D> articles du Taire d'Efpagne.

Suite de la - ^ <=> .

négociation Notre dcfleiii efl de travailler dès cie^ia France ^^ demain à l'ajuftement des autres

avec 1 Eipa- . , o j^ -^ 1 1

gntf. 3D articles , Cv d en arrêter le plus

35 que nous pourrons avant le re- tour des AmbafTadeurs de Hol-

3>

33 lande en cette Ville , edimant

33 qu'ils auront moins de fujet de

33 fe précipiter dans la conclufion

33 de leurs affaires , quand ils verr

33 ront qu'il y aura li peu de points

33 en différend au:^ nôtres , ô< qu'il

33 fera facile d'y prendre expédient ,

33 foit en remettant partie defdits

53 points à l'arbitrage de M. le Prin-

3a ce d'Orange , ou trouvant queU

33 qu'autre moyen pour en fortir. 3>

LXVI. En effet lorfque les Députés re-

eftoVen" a"' vinrcut à Muufter , il ne reffoit plus

décider. à décider entre les François 6c les

Efpagnols que fix articles, i . Le Cer-

pfénhot'^'^!^ ^''(^^^^ que les médiateurs dévoient

Dk."i647. donner aux François pour atteller

. que l'intention des parties contrac-

ç^j^^-^^^^. tantes dans l'article du Traité qui

^xlgé par les permetroit aux deux Rois d'afîîfler

Fr^,nçois. \q\j^is Alliés , étoit d'y comprendre

dèWejîphalie, Llv.PIII. 5^5 Roi de Portugal ; en forte qu'après la paix faite il fût permis au Koi de ^* "^ ^^' France d'afTifter ce Prince fans rom- pre la paix. Les Efpagnols après a- voir déjà confenci à cet article , vou- loient y mettre la reftridion âalftf- unce â'cfenfivs , en forte que les trou- pes FrançGîfes qui afTideroient le Roi de Portugal ne pûiïent pas entrer fur les terres du Roi d'Efpagne ; 6c ils alléguoient pour raifon , que fans cette précaution le Roi de France pourroit donc tranfporter routes les armées jufques dans le fein de l'Ef- pagne , & que la paix n'auroit d'au- tre effet entre les deux Couronnes que de changer le théâtre de la guer- re. A quoi les François répondoienc qu'il étoit aifé de prévenir l'inconvé- nient qu'on affedoic tant de crain- dre.en limitant le nombre des troupes & de Vailfeaux que le Roi de Fran- ce pourroit envoyer au fecours du Portugal ; ou du moins fi ce ne fut point alors leur réponfe , ils étoient difpofés à accepter ce tempérament, & les Efpagnols ne l'ignoroient pas ; mais ceux - ci ne cherchoient rien moins que des accommodemens. Tome F. li

386 Hljlolre dfi Traité

2. VexcUtJïon du Vue de LorrAine^

■* 15+7. (^Qj-niTie le Roi de France vouloir fe

Exxiufion réferver la liberté d'afTifter le Roi de

in Duc de Portugal , le Roi d'Efpagne deman-

^çrraine. ^^^j^. |^ niei^g ç^^qI^ p^r rapport au

Duc de Lorraine , fi ce Prince refu- foit les conditions que la France lui propofoic ; 6c cette comparaifon ^ quoique plus fpécieufe que folide, faifoit impreffion iur beaucoup d'ef- prits. Les François cependant la ré- futoienc en faifant remarquer la dif- férence de fituation de ces deux Princes. Le Roi de Portugal n'a- voit pour fe défendre contre TEfpa- gne d'autre reiTource que les armes , parce qu'on ne vouloit avec lui aucun accommodement. Quoique les EC- pagnols le traitaiïent de rebelle ; c'é- toit un point dont on ne çonvenoic pas avec eux. On fçavoit au contrai- re que la plupart des Princes de J'Europe reconnoiiïbient Jean IV» comme Roi légitime d'un Etat qu'il pi'avoit pas ufurpé par la force des armes , mais qui lui appartenoit par des titres anciens (Se connus , 6c qui lui avoit été rendu par le confentemen: umniim de rous ks fujets. Au lieu

âe Weftphdle, Liv. VI IL \ %J ____ que le Duc Charles étoic un Prince —^—"^^ .aduellement fans Etats, dcpoiiillé^^* ^^^7- ,de fait & de droit : de fait , parce que iîe Roi de France étoic en poiTefTion laduelle de tous it^ Etats : de droit , parce que dans les derniers Traités de ce Prince avec la France , il avoir formellement coBfenti que tous fcs Etats fuflent dévolus au Roi dès la première infidélité qu'il commet- troit. Il avoir même renoncé plu- fleurs fois à l'alliance &: à la protec- tion de la Maifon d'Autriche ; 6c cependant la France ne laiiîbic pas de lui propofer un accommodement, aflez dur à la vérité , mais propor- tionné à ^ts infidélités paffées , & néceflàire pour en prévenir de nou- velles.

3. Z^ Ville âe CafaL La France p s'étoic depuis plufieurs années cm- ^faîl^^^^ ^^ parée de cettePlace, pour empêcher les Efpagnols de s'en rendre maî- tres. Comme elle ne l'avoit prife jque pour la conferver au Duc de Mantouë , il étoit jufle de la lui ren- dre , & c'étoit fon deflein. Mais la remettre à ce jeune Prince , qui ^coit encore fous la tutelle d'une me-

K ij

3SS Hijîolre du Traité

re dont les difporitions étoient fuf- hu» 1647, n , A ^/ . ,

^^ pectes , c eut ete la remettre aux

Efpagnols mêmes qui n'eufTent pas manqué de s'en faiftr. Pour prévenir cet inconvénient , la France avoit imaginé de faire garder la Place pendant 30. ans par des Suilîès , qui iéroient foudoïés par la France ôc jureroient fidélité au Duc de Man- touë ; mais les Efpagnols trouvoient ie terme de trente années trop long ; d'autant plus , difoient-ils , que le$ François demeurant toujours maî- tres de la Place , puifqu'ils en paye-p f oient la garnifon , les Efpagnols pour prévenir leurs entreprifes fe- roient obligés d'entretenir pendant Éouc ce temps-îà une armée dans ie Milanés. Mais que pouvoient - ils craindre d'une garnifon Suifîe qui devoir faire ferment au feul Duc de Mantouë ? Le terme de trente ans ne devoit pas leur paroître plus long pour Cafal que pour la Cata- logne ^ âc puifqu'ils confentoient à l'un , il femble qu'ils dévoient accor- ^ der l'autre.

FGrtltii:ation a La Ithertc de fortijïcr djs pofles €?î .

¥lt^\'tZ^''Caî.ilofr?îe. Les François pour fe prç.^

de Weflpljalle. Ltv. VIIL jê^

munir en Catalogne pendant la trêve *'**'*'***^ contre les entreprifes de Efpagnols , "i^^Af*

vouloient avoir la liberté de fortifier les poftes qu'ils y occupoient. Les EIh })egnals dilbient que cette prétentioï^^ ctoit contre la nature d'une trêve. Les François répondoient que forti- lier n'étoit qu'un ade de défenfe qui ne tendoit qu'à affurer l'exécu- tion du Tiaité, Il falloit feulement convenir de part 6c d'autre des limi- tes qu'il ne feroit pas permis de paf- ier , 6c c'étoit de quoi on ne conve- noit^ pas.

5. Les Efpagnols vouloient bien t.

ckà.ti à la France toutes les conauè-^^^^tTf . r J 1 n •• '^'^ conque^

US quelle avoit raite dans les Pais- tes, bas ; mais ils chicannoient fur Us dépendances , & vouloient en faire régkr les limites à leur avantage. ' Les François confentoient à en re- mettre la décifion à des Commif^ faires nommés de part & d^autre , ou à des Arbitres , h les Commifîài- res ne convenoient pas entre eux.

6. Quoique les Efpagnols euffent 5^. promis la liberté du Prince Edou ird, Liberté du' ils y mettoient des conditions défa- jouard,- gréables que les François vouloient

foire adoucir, R iij

Si ces difficultés n'avoient p^j ^jî, ^^47- été affe^lées de la part des E(pa~ gnols, il n'efl pas vraifemblable q.u'el - les euiTent fait obflacle à la paix. Les recours que la France vouloir donner au Portugal , & qu'elle ne pouvoit envoyer que par mer , dé- voient paroître peu redoutables aux. ^Ipagnols, lorfquils pourvoient réu- nir toutes leurs forces contre ce Royaume ; d'autant plus qu'ils pou- voient croire que c'étoit la bienféan- ce autant que le zélé qui portoit la France à infifler fur cette demande Les intérêts du Duc Charles dé- voient dans le fond être aflez indiffe- rens aux Espagnols. S'il s'étoit jette dans leur parti , c'étoit moins par at- tachement à l'Efpagne.que par incon- itance , 6c pour fatisfaire fon humeu':^' inquiète. Il avoit plus d'une fois re- noncé à toutes fes liaifons avec la Maifon d'Autriche. Il étoit encore tout prêt à le faire , fi la France avoit voulu lui offrir de meilleures conditions. De tels amis ne méritent pas qu'on fe facrifie pour eux : <Sc puifqu'enfîn pour obtenir la paix , l'Efpagne fe facrifioit elle-même en

i

te Weflphalle, Lh. VIIL 391

^tandonnanc à la France tant de !!g?

conquêtes 6c des Provinces entières , ^^' ^^47» elle pouvoit bien, fans mériter de re- proches , laider auffi le Duc de Lof« î-aine dans la nécefTité d'accepter 1 accommodement que la France lui nropofoit. Quant aux quatre autres articles, rien ne paraiffoit fi facile que de les terminer à Tamiable , fi ' .n a voit traité de bonne foi. Or ce principe fuppofé , les ledeurS juge- ront eux-mêmes \\ dans ces circons- tances les Provinces- Unies étoiens autorifées à abandonner lesFrançois, ou fi pour fatisfaire aux devoirs de Talliance , aux droits de la reconnoif- fance , & aux obligations des Trai- tés , elles dévoient exiger que les Ef- pagnols achevafîènt de fatisfaire les François fur les points qui refloient à décider. Il efl du moins certain que fi elles avoient pris ce fécond parti , LerProvin- toutes les difficultés euiïènt été bien- ces - Unies tôt levées ; la plupart de ceux qui J^^j^^J^^^^^^ ^ gouvernoient l'Etat ne l'ignoroient p is , & quelques-uns ne voy oient qu'avec peine que la République s'écartât d'un plan qui avoit été l'ob- jet de tous les Traités entre les dçux^

R iiij

^ 9 ^ i-i'-fio ire du Tya FuiiTances ; mais preique tous ai- ANi - ï*'47. ji^oienc mieux atfeder d'être perfua- dés que la France ne vouloir pas la paix , afin de s'autoriier à Taban* donner. C'étoic dans la plupart l'ef- fet des terreurs qu'on leur donnoit du voifinage des François , s'ils s'é- tabliffoient fi avant dans la Flandre :: quelques uns s'étoient lailTés corrom- pre par les Efpagnols, 6c leur avoienc vendu l'attachement qu'ils dévoient à la France. De forte qu'il arriva dans cette occalion ce que l'on voie affez fouvent dans les procès ordi- naires. Les François comptèrent trop fur la juflice de leur caufc. Les Efpagnois eurent recours aux voTci de la fédudion , &. l'intrigue l'em- porta fur la juflice.

Le Cardinal Aîazarin voyolt aîn- Ç\ à regret avorter le grand projet dont il s'étoic tant flatté du mariage du Roi avec l'Infante , &c de l'échan- ge de la Catalogne pour les Païs- bas. 11 efl vrai qu'il s'en confoloit par îa paix de l'Empire qu'il voyoit aflurée. Il q{ï certain qu'il n'étoir pas intérieurement fâché de la continua- tion lie la guerre avec l'Efpagne^

de Weftphalîe. Lin. FlU r9', parce que les mouvemens de l'ita- ' lie lui donnoient alors de grandes ^^* ^^^7» efpérances de ce côté -là, & encore plus parce que dans un état tel qu'é- roit la France , un tems de paix & de calme au dehoi-s étoit pour un premier Miniilre un temps de fac~ îions (5c de guerre intefiine. La feu- le chofe qu'il appréhendoit dans le défir extrême que les peuples avoienc de la paix , étoit qu'on ne lui imputât de l'avoir refufée , 6c il n'omit rien^ pour prévenir cette accufation.

Lorfqu'on s'y attendoit le moins ^ on vit renaître un rayon d'efpérance. Les Députés des Provinces Unies^ avoient reçu des ordres réitérés , fur- tout de la Province de Hollande , de ligner leur Traité particulier , (ans attendre plus long -temps les François. MM. Paw & iMatheneff preffoient leurs Collègues de figner. Tous enfemble avoienr déia- deux erf^""^ ^^' fois déclare aux Plénipotentiaires dei^cc. & so> France la réfolution ils étoient ^^'^^ ^^"^"^^ d'obéir à leurs ordres , comme {\ cette déclaration les avoir acquittés ,^e"''l'^*^^^^' de toutes les obligations de rallian-^ m. deCha- ce loi la chofe alloit en eHct s'exé-^'^^y^^'^''' Xky

5 9^4 Ii''floire du Traité cuter , lorique M. Knuyt que Ak. i6^j. (^lomre d'Avaux avoir beaucoup ca- reilé cSc ménagé depuis Ton retour de- Hollande , forma le projet , 6c con- çut refpérance de terminer infailli- blement les fix articles qui reftoienr à régler entre la France (5c l'Efpa» gne , pour peu- que les^ François;; vouluflènt fe prêter aux voies d'ac- commodementqu'il avoît imaginées,. ^^^^P^' . Il alla trouver le Comte d'Avaux , s'efforce de OC lui expliqua lon projet , ràîlurant: parer le. ^^g ç^ ]^ FrHncc l'acccpcoit, la plupart de les Collègues luipendrojent leur fignature, 6c que les Efpagnols y ftufcriroient. L'accommodement; qu'il propofoit fur les trois anicles , qui croient la liberté de faire des fortifications en Catalogne , la garde de Cafal^ 6c la liberté du Prince- Edouard éroit effedivemeut très- recevable^ Aufli les François n'y témoignèrent - ils pas d'oppofition. Sur le quatrième qui regardoit les- dépendances des conquêtes, 6c que- les Efpagnols vouloient extrême- ment refferrer, il y avoit un peu plus de difficulté. Cependant les Fran- çois écoienc encore difpofés à accep-

^deWeflphaïie,Liv.VIIL 595 't^t le tempérament propofé , pour- vu que les Efpagnols lacceptaflent ^^* ^^^7* eux-mêmes de bonne foi ; de forte qu'il n'y avoic que les deux autres articles , le Portugal & la Lorraine qui puffent faire obflacie à la paix. Sur le Portugal M. Knuyt propo- Son projet foit que la France fe défiflât de la dcmentfunes demande qu'elle faifoit du certificat ^^^ amcies^ des Médiateurs , comme étant inu^ tile , puifqu'il étoit évident 6c con- nu de tout le monde , que le Roi de Portugal étoit compris dans le rroi- fiéme article du Traité fous le nom- général d'amis & d'Alliés. Sur la' Lorraine, il vouloir que le Roi dé- France rendît dès-lors au Duc Char- les le vieux Duché de Lorraine , 1er fortifications démolies , comme il ©ffroit de le faire au bout de dijt ans ^ & pour raiTurer la France contre Phumeur inquiète de ce Prince , it propofoit que les Provinces-Unies 65' le Roi d'Efpagne même fe fiflènfr cautions de fa fidéhté.

Le projet écoit pîaufitle , & dans les circonftances l'on étoit,. le re-- jetter c'étoir non-fculcment fe déci- der gour la continuation de la guer-

Pv V j

39^ Hlilolre du Traite re , mais en encourir le blâme. Paf An» iy-^7 cette raifon même il embaralîà d'abord tous les incérefles. Comme les Députés de la République pré- tendoient n'abandonner la France que parce qu'elle ne vouloir pas la paix , ils dévoient donc attendre 5a réponfe lur ces dernières propofi^ îions , & fufpendre du moins pour- quelques jours la fignature de leur Traité. Ce fut auili le premier effet ixix. ^g^ incident produifit. M. Paw

Les Pi-ovm- "1 a r r- ^^ ' r i,-

«es-Unies dit- avcc deux de les Collègues firent di- leient la fî- nutiles efforts pour entraîner les au- jeur Traité tres.La plurautc des voix décida pour particulier, ^j^ dé^aide quelques jours , jufqu'à la réponfe des François, cSc. un délai fuccédant à l'autre , la fignature fut différée d'un mois entier Dans d'au- tres circonltances , les François a- vant que de répondre auroient eu droit d'exiger qu'on leur donnât quelque afiurance que s'ils accep- toient l'accommodement propofé ^ les Efpagnoîs l'agréeroient auHi ; mais comme c'étoit eux qu'on ac- cufoit de ne vouloir pas la paix , &. qu'ils étoienr les plus intérellës à détruire i'accufation. 5 c'étoit à eux à

âeWefiphalie, Llv, FUI» 597 faire les avances & à s'expliquer les premiers. Quel parti prendre ? Heu- ^* ^ ^^' reufement dans ce temps-là mêma les Plénipotentiaires François reçu* rent de nouveaux ordres de la Cour , qui leur permettoient de fe relâcher fur les cinq premiers points , & cous trois opinèrent qu'il falloic ufer de- là permiffion : ils le firent en effet ^, & ce fut un grand acheminement à la paix. 11 ne reftoit plus qu'à con- fentir à la reflitution de la Lorraine ,, & la paix étoit faite. Mais les ordres de la Cour ne leur en parloient pas; G'étoit l'article le plus important j,.. Si fur ce point les avis furent parta- gés. M, de Servien qui étoit mieiix^ informé que (qs Collègues des fen> timens du Cardinal Mazarin , fe déclara contre la propofition de M,< Knuyt. ce II fit voir l'importance « de cette acquifition pour l'honneur « & la grandeur de l'Etat , &.la fa- «•= cilité de la conferver. il ajouta « qu'il ne falloir pas s'étonner pour « la défedion de MelTieurs les Etats; « que fi nous les perdions , nous au- rions deux autres Alliés en leur « glace , le Koi.de Portugal^ la- «' o

59§' ïllftoire du Traite « République de Naples , & cp^A .fNr î^47'^ vallok mieux laiiïèr faire une M paix particulière à MM. les Etats ^ ôc conntinuer la guerre fans eux y que de reflituer la Lorraine. »> Le Comte d'Avaux fait d'un avis^ contraire , par la raifon que la pro-- fofition de M. Knuyt lui paroillbie peu différente de celle que les Plé- siipotentiaires eux - mêmes avoient^ faite au commencement de cette' année de la part du Roi , & que la^ garantie que MM. les Etats donne- roient de la fidéliré du Duc Charles ^. valoir bien le terme de dix ans que- Ton vouloir mettre à cette reflitu- j-^^^/^. tion. Le Duc de Longueville fut du feiotentiaires fentiment du Comre d'Avaux , ajou- ïrançois font f^j^j. p^^j. réfuter les raifons allé- Fe '^pm'îet de guées par M. de Servien , que loin^ JM,. Knuyt. cle croire que la défedion de MM. lès Etats fût indifférente pour la France , il la regardoit comme un événement qui pouvoir être très -fâ- cheux par fes fuites Qu'on pou voit;" juger par le paffé des fruits qu^on pouvoir efpérerde l'alliance du Por- oigal , (Se que le foulevement de Na- o fies navoit jufqu'alors lapparence^

àe We^.fhaïie, Lïv, FAIT, 3 99' cme d'un mouvement palTaeer fur le- "

^11 I * ^ . An. iSatT^

quel la prudence ne permetcoit pas- ^'•'

de compter. c<^ Le Duc Charles ^ « difoic-il , étant exclu par force du «• Traité , l'affaire n'efl pas nette , « (Se il nous demeure un ennemi con- «» fidérable fur les bras , qui a beau- •^ coup d'intelligences parmi nous. ^^ Il n'omettra rien pour fufciter des «- broliilleries en France. Sa confi- ««^ dération enhardira ceux qui ont *^ mauvais deffein , & il fera toû- «^ jours prêt à fe prévaloir du pre- «* mier défordre qui furviendra chez «^ nous , & s'il rencontre jamais l'oc- ^ eafion de fe rétablir par faveur ou ^ par guerre & fad^ion , nous n'en ««^ ferons pas quittes à fi bon marché, «^ &: nous n'aurons pas de fi bons ga- ««^ rants contre fa légèreté 6c fon in- «^ fidélité. 3> M. de la Thuillerie quii étoit à la Haye étoit du même avisa- it regardoit le foulevement de Na- pies comme un feu de -paille , la défec- tion des Provinces - Unies comme- une perte confidérable pour la Fran- " ce , la continuation de la guerre comme un parti très - dangereux ,, l'acquifition de la Lorraine comme

4^^ ////?e/Ve du Traita-

********^ moins împorranie depuis qu'on cé- An. 1(547- Joir l'Alface à la France.

LettredcM.. Api'ès Evoir délibéré entre euit ,.

S. de Lionne'', ^^^ Plénipotentiaires écrivirent leurs

5z.Pe'c.z^.^7^fentimens à la Cour^ M. de Servien

Lettre ^ du manda le fien à M. de Lionne. Le

CarJ. Comte d' A vaux écrivit au Cardinal

vaux au

Maiar. so, Mazarîn. ce II ne faut , dit-il , que sc,i647, ^^ prendre le contre-pied de ce que font nos ennemis. G'efl: une con- 31 duite aflez sûre , principalement 33 pour les efprics médiocres comme 3. le mien ; je confidere que les Mi- ^ niflresd'Efpagne travaillent incef^ 31 famment à faire un Traité fépars^ r> avec les Provinces des Païs bas ,, n ôc que pour y parvenir , ils négli- T> gent toutes les pertes qu*ils font; 30 6c tous les périls qu'ils courent" » ailleurs. Gela me fait croire qu'à- 53 plus forte raifon s'ils bazardent 9, des Royaumes entiers , nous pou- as vons bien quitter quelque choie ^ 3i de nos avantages , pour ccnferver' » à la France TaHedion d'un fi puif- 3D fant voifin & Allié , & pour n'ex- pofer pas aux événemens d'une so nouvelle guerre toutes les conque^ »»: tes du feu Roi ,.tout lefruit de vo$^

.on-, te

de Weflphalle. Lh, VIIL 40 1 travaux & route la gloire de la ce plus heureufe Régence qui ait ja- t^ ^ \\..-^ mais été. Quand Votre Eminen- « LccV' ce délibérera fur ce projet , je la « «^'^vaux ex-

, . t ' ' ' P pôle lon avis

prie de jetter auiTi les yeux iur « ku Cardmaï

rétat des affaires d'Allemagne , «Mazarm..

comme la fourcede tous nos maux «

La mutinerie <Sc la défeétion de la •<=

C>avalerie AllemanJe ejfl: un défa- ^

vanrage qui ne fe peut quafirépa- ««

rer. Le fondement Je la guerre «

des Heffois s'affoiblit beaucoup. «

On leur accourcit tous les iours «

leurs quartiers & leurs contribu- «

tions. On a ruiné leur pays , & «

quoiqu'ils ayenc reçu de Paris «

cent mille écus , & ici cinquante «

mille , fous notre caution , ils par- •*

lent fouvent de pourvoir à leur «^

retraite. Il y a de la divifion par- •«

miles Chefs de l'armée de Suéde, «

peu de refpeél <5c d obéïiTance au «

Général ,.& les Plénipotentiaires ««

de cette Couronne ont beaiicoup ês

de défiance & de mécontente- ^

mens. ... Le tiers parti qui fe for- «

me entre les Electeurs de Saxe & ^-^

Brandebourg, 6c la Maifon de «=

BrunfsYick , auquel d'autresPria- ««

^02 JF/îflotre du Traite « ces entreront, ne nous promet nef? A.N. 1^47. ^ jg j^Qj^^ Quelque plaufible que foit: « au commencement la caufe de' 34 leurs armes , il n'y a rien de ft ordinaire aux Allemands, quecîe^ 54 s'unir etifemble après s'erre fait l^ ^ guerre , 6c ils conviennent tous' » en la haine des Etrangers. Me- w lander a rétabli l'ordre & la difci «> pline dans l'armée Impériale , qui 99 eil maintenant en bon état ^ Ô< qur importe cfavantage les Pais héréditaires, font libres ^ & l'Em- pereuT y fait des levées des gens de guerre & des recrues qui fortifient toujours fon armée. « Ce nouvel incident donna beau*

A^' 1548. j,^^p ^ penier au Cardinal Mazarin. Il arrivoit trop tôt par rapport au^r- mouvemens de Naples , fur lefquels il fondoit de grandes efpérances. Il k fuccès répondoit à de fi heureu:c Gommencemens. Faire la paix dans- ces circonftances , c'étoic manquer Toccafion d'enlever à l'Efpagne un; ^"^mWs grand Royaume. Ef quelle paix pou- ixx Cardinal voit-on cfpétcr de fa part ? Une pai:^ Mazann, forcée , par conféquent fimuléé ^ q^u'elle romproit à la première occai*

le tVefiphalie, Lh, Pi 11, 405 ^on favorable qui s'en préfenteroir. On n'avoit d'ailleurs aucune aiïuran- ^^^ ^

ce pofuive que fi la France acceptoit; le projet propofé par M. Knuyr , le? Efpagnols y foufcriroienr aulfi de leur côté. S'ils refuloient de le faire ^ îa Fn'ince , il efl vrai ^ !e feroit julli- fiée du reproche qu'on lui faifoic de- ne vouloir pas la paix ; mais en cela même elle auroic marqué dans fo. profpérité plus de crainte <Sc de foi- blefle que les Efpagnols n'en témoi- gnoient dans la firuation fâcheufe ils étoienc réduits. Cette feule idée révoltoit le Cardinal Mar irin ^ dont elle bleiToit les deux grandes paiTions , l'amour de la gloire 61 le défir d'acquérir. Abandonner la Lorraine lui paroifloit un rrof* grand facrifice. D un autre côté les raifons alléguées par le Duc de Longue- ville <5c le Comte d'Avaux méri- toient beaucoup d'attention. L'ar- gent devenoit tous les jours plus rare dans le Royaume : les murmu- res croiflbient Les plus fages com- mençoient à appercevoir dans les. peuples des difpofitions prochaines; à faire éclater leur micontentemeiip^

404 Hlfloire du Ttaîré '■ '^ ' Le Parlement de Paris n'approuvorf ^' pas le Gouvernement , & on croyoK prelTentir des con (pirations fourdes & des femences de troubles inte^ tins. Si le Cardinal rerufoit raccom- modement propofé , on ne pouvoit pas manquer de lui en faire- un cr/-. me , <Sc cette dernière confidération le touchoit plus que toutes les autres, par la crainte qu'il avoir de voi-r blâ- mer Ton adminiflrarion , & de fouF- nir par-là un prétexte à de^ cabales bc des factions d'ennemis jaloux de fa gloire &: de fon pouvoir. Ce fut auf- fi cette raifon qui le détermina ; mais il ne s'y rendit qu'à regret , comme on cède à une violence , <Sc avec tou- tes les précautions d'un homme qui croit faire un grand facrifice , 6z qui veut du moins s'en affurer \q fruit, ou plutôt il ne fongea qu'à fau^ ver \qs apparences , prévoyant sû- rement que la propoficion telle qu-'il la vouloit faire , fouffriroit encose- tant de difficultés de la part des HoU landois & des Efpagnols , qu'elle ne feroit point acceptée.

Le Mémoire du Roi qu'il en- voya fur cela aux Plénipotentiaires-

de WeftphaUe, Liv. VIII. 40 ç caraderife parfaitement ce Minif- tre , (5c décèle malgré lui fes vrais ^"^^ Icnrimens dans l'jfpéce de crife Mé^noh-c du ion mettoit la politique. Détermi- i?oi a«.r p/j- à retenir la Lorraine , au hazard"/^'''''"/>,!7' de contmucr la guerre lans le le- cours des Provinces-Unies , <Sc rem- pli des grandes eipérances que lui cionnoient les mouvemens d'Italie , il écoit fecrétement outré contre les deux Plénipotentiaires, qui fem- bioient vouloir lui arracher la gloire cle tant de belles acquifitions , Ôc qui n'a voient pas , à l'exemple de M. de Servien , la complaifance de pren- dre fur eux feuls , ou du moins de partager avec lui ce que le refus de ^

ia paix pouvoir avoir d'odieux. Il commence fon mémoire par réfuter leurs raifons , (5c il le fait avec une haut(^ur , une confiance , ôc un air de mépris qui dut humilier le Duc de Longue\iile ôc le Comte d'Avaux. Il leur déclare enfuite la volon'-é du Koi , & comme cette dernière réfo- 1 ut ion de la Cour de France décida fans retour cette longue Se pénible iiégociation , jVn rapporterai ici tout cj^aelle contenoic d'.ellçmiel.

A^o6 Hijhlre du Traité

Leurs Àlaj elles donc donnent

i.N. ^i^42.^^ pouvoir à MM. les Piénipoten-

^uroh^don ciaires d'accepter la propofition de

jàe la Cour de ^ M. Kiiuyt touchaut la Lorraine,

ïjanc^. Mais...»,, l'intention de leurs

,, Majeftés ell qu'ils ne fe relâchent

,3 en cette affaire qu'après avoir été

bien ailurés de deux chofes l'une ,

^ ou que nous aurons la paix , ou

que les Efpagnols n'y donnant pas

,5 les mains , MM. les Etats met-

^ tront leur armée en campagne &

continueront la guerre jufqu'à ce

35 qu'on ait pu les y contraindre. ....

^ Et on pourra même leur infinuer

j, adroitement qu'ils y feront obligés

^, par un nouveau motif de bien-

^ féance & de gratitude , leur fai-

55 fant valoir que ce n'efl qu'en leur

^ confidérauo.n que nous nous fe-

^ rons départis 6c relâchés de nos

3, prétentions en tant de points im-

3, portans, 6c ajoutant même une raî-

s5 ion bien forte à leur égard dans

î5 les penfées de tranquillité qu'ils

30 ont , qu'ils ne courront pas grand

s, rif.]ue de cette forti^^en campa-

»> gne, étant bien ailé à voir que fi les

?> Efpagnols appréhendent une fois

it M'âjfphalk, Liv. VIII , 407 \ îvement cette réfolution , il n'y <:<: a parti qu'ils n'embrafTent gaye- « ^^* ^^4^' ment pour conclure la paix lans «< délai. 35 A certe première rélèrve on en ajoutoit une féconde par rapport au foulevement de Naples. Si pen- dant la négociation on recevoit de ce côté-là des nouvelles favorables , non feulement on ne vouloit plus abandonner la Lorraine , mais oin croit réfolu de faire de nouvelles dem.andes , & on ordonnoit aux Plénipotentiaires d'en avertir de ix)nne heure les Médiateurs <Sc ie$ Dépurés de la République. On vou- ioit enfuite prendre quelques précau- tions par rapport à la ceifion de la Lorraine. 1°. On vouloit que la ref- titution en fût faite au Duc Fran- çois , & non pas au Duc Charles ^ mais cependant fans s'y obfliner , (1 la chofe trouvoit trop d'obflacles, 2p^ Que l'on commençât par déter- miner bien exactement les limites de ce qu'on appelloit l'ancien Duché de Lorraine. 3^. Que les Ducs Charles & François fiHènt à la Fran- ce un ceflion en bonne forme de pe qui croit de la jjiogvance de \^

4oS filftoîre du Traite ' -CoiKonne 6c des ufurpations qu'ils

"^ "^ avoienc faites fur les crois Evéchés 6c l'Alface. 4.°. Que Clermonc , Ste- nay ôc Jametz demeufaifenc au Roi, parce qu'ils iiécoient pas de l'ancien- ne Lorraine. 5°. Que les deux Ducs défarmaiTenc fans pouvoir reprendre les armes pour quelque raifon que ce fût , fans le confentement. du Roi. 6"^. Que les Places qu'on leur ren- droit devant être démolies , il s o- bligealTent à ne pouvoir jamais les fortifier , ni quelque autre endroit que ce fût de la Lorraine. 7^. Que fi le Duc Charles refufoit ces con- ditions , on ne laifsàt pas de conclu- re le Traité ; & que les Efpagnols promifltnc de ne donner aucun fe- cours au Duc Charles ; (Se 8°. Enfin que tout cet article ^ ainfi que celui de Portugal , fÛ€ exprimé ii claire- ment , qu'il ne pût donner lieu à au- cun équivoque.

Avant que ces nouveaux ordres

puffent être apportés à AlunUer , il

LXXîv. ^'^ P''^^^^ encore des fcenes fort in-

On le flatte terelTantes , 5c les efprits y étoient

à Munfter ^^^^ ^^^ prande ap;itation. Les Fran-

d une paix . , i-r r ,'i

prochaine, çois par la dilpoiition qu jls avoienc

rémois:

ie Weflchaîte. Ltv, VI IL 409 témoigne a accepter les accommode- -^^^=-^=^-z mens propofës&c la promeiTe qu'ils a- ^ "^ - voient faite d'écrire favorablement à la Cour (ur l'article de la Lorraine , commencèrent à regagner la faveur du public, 6c à défabufer l'AlTem- blée de l'opinion elle étoit que la France ne vouloit pas la paix. Il ti\ vrai que M. de Servien dérruifoit l'ouvrage de fes Collègues par d^s difcours tous oppofés ; car quoiqu'il eût promis d'écrire comme eux pour appuyer l'accommodement , il ne diiîimuloit pas même en public qu'il itoit d'un fentiment contraire , <Sc on étoit perfuadé , comme il étoic vrai , qu'il avoit écrit différemment de ce qu'il avoit promis. Mais on pouvoit douter fi fon avis feroit pré- féré, ôc an attendoit une dernière décifior M. Knuyt fe prévaloit de cette rarfon pour modérer l'impa- tience de ceux de fes Collègues qui bruloient du défir de figner. ^^^ ^^uT'uu/ifr'e efprits n'étoient pas moins échauffés ^w:t PUnipot. dans les Provinces Unies. Les unesJ^*|'''7-^'^'»« voulo'ent qu'on fignât fans différer éc fans égard pour la France. Les autres vouloienc qu'on attendît les

4ïO Hiftolre an Traite François du moins jufqu'à la déci-

Ais^ 1^48. ç^^^ jg l'article da la Lorraine , qui étoic le feul déformais qui arrêtoic la paix. La NobleiTe , les Villes , les Provinces formoient des fadions op- pofés & proteflioient les unes coa- LeuredeM. tre les autrcs. Les Efpagnols allar-» ^' m' f ''^f " niés de voir leur grand projet ea tigni , ^if'.^' danger d'échoiier à la veille de fon Jmv.iC^S. exécution , avoient de la peine \ f diifimuler le chagrin que leur cau- foit cette facilité imprévue des Fran«« çois : ils cherchoient les moyens d'é- luder les accommodemens,& ne cef- foient de preflèr la fignature de leug Traité avec la République , jufqu'à menacer de rompre abfolument tou- te la négociation. Le Comte de Pegnaranda avoit déjà imaginé un moyen pour échapper aux pourfui- tQs de iVI. Knuyt & des Médiateurs ^ en déclarant que dans la reflitution de la Lorraine , il n'avoit jamais enten- du que les Places qu'on reilitueroit feroient démolies. Alais on ne crut pas que les Efpagnols dûlTeiit s'ob- ifliner fur ce point ; & M. Ripper- da ofTrit au Comte d'Avaux , que h ÎC3 François vouîoîe:;c reflituer I2

de Wtftphaiie, Liv, VI IL 41 1 vieux Duché de Lorraine , les Pla- ces démolies , lui avec MiM. Knuyr , ^^* ^^^^' Donia & Niderhofl & peut-être en- de sTkoma'n core M. Klandt , donneroient leur '^/'W- ^<^ ^'^^- parole de ne point figner leur Trai- /^"^ \r^^l avec les Efpagnols , en cas que ceux-ci n'acceptaflènt pas cet ac- commodement ; & que (1 les autres Députés ne laiflbient pas de figner , i> ils s'en iroient chacun dans leur ce lxxv. Province maintenir leur avis , 6c « Avance gra- declareroient par-tout que la r ran- ce Rip^j-^ia. ce s'eft mife à la railbn. 35 Cette pro- pofitiofl étoit tout -à-coup confor- me à l'avis du Duc de Longueville & du Comte d'Avaux , & il n'efl pas douteux qu'ils ne l'eufTent accep- tée avec joïe , s'ils avoient ofé le fai- re. Mais ils ignoroient encore quel feroit le fentiment du Cardinal Ma- zarin , ils attendoient la réponfe du Koi , & ils trouvoient toujours de l'oppofition dans M. de Servien. Le Duc de Longueville étoit capable de connoîcre le meilleur parti ; mais il n'avoit pas aflez de fermeté pour le fuivre. ^ Il demeure flottant «c <5c incertain entre deux. Il parle «Se ce opine avec l'un , <Sc agit fouvent <j^

3ij

4^^ ^If^olre du Traite ^^^^'^ " ^"^^^ l'auire. 11 voudroit bien d^-' '* * :>? noiier ce nœud gordien ; mais il 3:> efl impoffible , ii faut le couper ; ?5 il hélite , Ôc candis qu'il délibère 3> l'occallon fe pafTe. 35 Cependanc la chofe prelToit. Les Députés éioien^ à la veille de figner leur Traité , (5ç leur impatiencp étoit telle que le$ François la traitoient de fureur, ;>/^:^cf'f;;Tput ce que Je Duc de^Longue^ l^nr» 16^8, ville & les Médiateurs purent ob-». tenir d'eux , fut un délai de quinze jours pour écrire de nouveau à la Cour de France & en attendre la ré^ ponfe. Encore les Députés ne l'accor- dèrent ils que comme une dernière grâce qui les acquittoit de routes les obligations de l'alliance. Mais com- me la dépêche du Cardinal rylaza- fin dont on vient de parler arriva peu de jours après , elle mit les Plé- nipotentiaires en état de s'expliquer , fans attendre la fin du délai qu'oa îeur avoit accordé.

Quelques jours avant l'arrivée d^ cette fameufe dépêche , M. de Ser- yi^n fut inftrait par une lettre parti- .culiere de M. de Lyonne , du parcî p\;]on avoit pris à la Cour cje Fran-

i^ We(iphalie. Llv. VI lï, 41 J ite , & il eut tout lieu d en être fatiâ- ^

fait, ce On vous dépêchera , lui dit- ^^' ^^■*'** bn , un coUrier dans deux ou trois «^ Uttrcàc ai* jours. Cependant je vous dirai à i^^dcLionncài^i.

k* , ^ c . . ,, d:Sirvien,iJ.

hâte oc par avance. . . . que i on « janv, ic^s»

tu ici de votre fentiment ; mais «^ lxxvi.

que comme fbh Eminence ne « Avis de

r \ 1 1 1 o de Lyonne a

Veut pas le charger de la haine OC «m. de Sér« du reproche de n'avoir pas fait ccvien. la paix quand elle l'a pu , quoi- « qu'en effet elle ne s'en fuivra pas «c par le relâchement dont MiM. vos «c Collègues font d'avis fur le point « de la Lorraine , après avoir dans ce la dépêche du Roi fait voir Virn- ce j^ertlnence des raifons fur lefquelles ce ils appuient leur opinion, on con- et tlura néanmoins à la fuivre , afin <t qu'ils ne puilTent pas dire que s'ils et culTent été crûs la paix fe feroit ce faites )5 C'eft ainfi que le Cardinal Mazarin & ks amis traitoient un fen- timent que l'événement ne juHifià que trop dès la fin même de cette an- née & les années fuivantes, l'on vit îe Royaume fe déchirer lui-même par des guerres civiles , tandis que les Efpagnols reprenoient la meilleure partie àts conquêtes que la France S iii

4î4 Hljlolre dti Traité avoir faite fur eux. II eft vrai qu'il A^. î<^42«^e fam- pas toujours juger par les événemens ; mais il efl toujours de la prudence de les prévoir quand elle le peut , afin de les prévenir ; & la queilion pour décider entre le Car- dinal Mazarin & les Plénipotentiai- res fe réduifit à fçavoir fi ce Minil- tre dans les circonftances il fe trouvoic , devoit en effet prévoir & craindre ce que les Plénipotentiaires vouloient lui faire appréhender.

Enfin les ordres de la Cour de France arrivèrent avec la permifTion qu'ils donnoient aux Plénipotentiai- res de confencir à la reflitution de la Lorraine aux conditions^^ue j'ai rapportées plus haut. Si Tes Efpa- | gnols par une feinte difpofition à « accepter les accommodemens pro pofés par M. Knuit , avoient mis les François dans la nécefîité d'ex- pliquer toutes les limitations que le Cardinal Mazarin vouloir mettre à la reflitution de la Lorraine , il y a de l'apparence qu'ils auroient tour- né contre la France feule les cris i^QS Holiandois , des Médiateurs & de tout le Public ; car il faut avouer

de Wellphalie. liv. VîlL 41 j ^ue l'offre de la Lorraine avec tant de demandes ôc de reflitutions dans ■^^* ^^^ les circonftances prefTantes l'on fe trouvoit , n'étoic qu'une offre ap- parente qui ne pouvoit produire que de nouvelles conrellations. C'étoit lxxvîI. retirer d'une main ce qu'on offroit ^^^ ^[p^J de l'autre. Mais les Efpagnols qui fa^^on^dufion icnoroient les ordres que les Pléni- du Traité a-

^ . . . ^ A vec la Fraiï-

potentjaires avoient reçus , trom- ^^^ pés par la facilité que ceux-ci avoient eue jufqu'àlors à tout accorder , & craignant que les chofes n'allafTent plus loin qu'ils ne vouloient , fe hâ- tèrent d'y former un obilacle , en dé- clarant qu'ils demandoient que les Places de Lorraine fuffent rendues au Duc avec toutes leurs fortifica- tions. Les François fe récrièrent fur cette nouvelle prétention , & fou- tinrent que dans toutes les propofi- tions qu'on avoit faites fur la refli- tution de la Lorraine , on avoit tou- jours fuppofé que les Places feroient démolies. Les Hollandois & les Mé- diateurs en convinrent. Tous don- nèrent le tort aux Efpagnols , & il fut avéré que c'étoit l'Efpagne qui refufoit la paix. C'efl tout ce que le

Siiij

4t? Htjtolre au Trdlie Cardinal Mazarin défiroit. Plus cîa «. i^4o- facilité dans les Eipagnols l'auroft embarrafle , leur rélbiution lui fit plaifir. Son unique objet étoic de dé- tourner fur les ieuls Espagnols ce que le refus de la paix 6c la continua- tion de la guerre avoit d'odieux. In- formé de leur nouvelle demande , il fit alTembler un grand Conieil , avec les Princes du Sang il invita le Nonce du Pape & rAm.bailà- deur de Venife. 11 eft vrai que ceux- ci confeillerent la paix , ce qui ne , , . dut pas lui plaire ; mais fon elo- /«.':*'. 164S. quen:c ôc ion autorité entraînèrent tout le confeil dans le fenriment op- pofé. Le Duc d Orléans & le Prin- ce de Condé écrivirent même fur ce fujec aux I^iénipotentiaires en des termes qui exprimoient également leur zélé pour la gloire de la France , 6c leur attachement au fervice du Koi ; 6c le Cardinal affeda d'écrire en particulier au Comte d'Avaux une lettre encore plus fiere , pour lui faire fentir indiredement le mé- pris qu'il faifoit du confeil pufillani- me qu'il lui avoit donné.

Cette déclaration à^i Efpagnols qui le^ rastcoic entièrement dans

y^ tVtpphalie, Lh. VIIJ, 417 î«èur tort , devoit naturellement ^uf-' pendre la fignature du Traité des ^* ^^'*^* Provinces Unies avec TEfpagne.Caf les Députés n'avoient julqu'àlors J^rétendu judifier leur conduite à i'égard de la France , que par la fup- polition que la France ne vouloit pas la paix. Or ils voyoient que les Fran- çois après s'être confidérablement relâchés furies cinq premiers points, confentoient encore à un accommo- dement fur le fixiéme , en le re- Jnettant à leur arbitrage , 6c il étoic par conféquent évident que c'étoic î'iirpagne qui refuroic la paix par ïine demande nouvelle qui ne pou- Voit erre regardée que comaie une défaite frivole , 6c pour confervcr quelques fortifications de places qui dans le fond l'intérelToient fort peu ; il fembîe donc qu'ils dévoient pour fat^^faire aux obligations des Trai- tés d'alliance , pbligations fi fouvent confirmées , (Se que la France avoic payées fi cher, déclarer aux Efpa- gnoîs, que puifque la France con- féntoit à des accommodem?ns rai- fonnables il ne leur étoit plus per- nûs de fe fépa^cr d'elle , ni de figner

Sv

4^^ J^iflo In du Traité

- ,- un Traité particulier. S'ils l'avoîenc

^ ^ "fait, il efl certiiin , 6c les Députés

LXXVIII. ^'^^ doQtoient pas , qu'ils auroienc

L.ZS Provin- coiitraint les Efpagnols à le relâcher,

n^en Yreffent^ ^^ P^^^ ^^^'^^ ^'^'-^ ^^ '^'^^ moinS IcS

pas moins la Fraiiçois à IcuF to«r feroient mis l^,Tpi,4:clans leur tort. Mais cette fermeté , ve.ci'Efpagne quoique fi jufle d'ailicuFS , n'étoic pas de leur goût. Ils prévoyoicnc que cette rélblutioR les jetteroic dans une longue fuite de difcufTions qui retarderoient leur Traité de plu- fieurs mois , & le défir de la paix avoit tellement faifi prefque toutes ies Provinces -Unies , fur -tout la Hollande ,. qu'elles ne pouvoienc plus fupporcer le moindre délai. La foi des Traités , ies devoirs de la reconnoi Jance , les droits de la hien- féance , l'intérêt m.ême de la Répu- blique bien entendu , ne leur paroif- foient plus que de fpécieux prétex- tes imaginés pour retarder le bon- heur dQs peuples & le bien de l'E- tat. On n'y connoiiToit plus d'autre bien , d'autre devoir , d'autre inté- rêt que la paix ; 6c malgré toutes les proredations àQs François , on ai- moit mieux fe perfuader qu'ils ne la

de Weflphalîe . Llv. P III. 4 1 9 Touloient pas ^ que de la différer tant ??5?5?^ foît peu pour ne la faire que con-'^'^* ^H^» Jointement avec eux. Une choie fort finguliere qu'on remarquoit dans le procédé des Députés , & que l'on ne pouvoic comprendre , c'elî qu'à me- lure qu'ils dccouvroient que les E^- pagnols s eloignoient des accomm.o- demens qu'ils leur propofoicnt eux- mêmes ,• 6c qu'ils trouvoient raifon- nables , au lieu de fufpendre leur Traité pour amener les Efpagnols à la railbn , ils n'en ctoient que plus ardensà le ligner , & difoient froi- dement aux François : les Efpagnols tefufenr de s'accommoder avec VOUS; ainfi nous allons ligner la paix avec eux.

Il faut être exadement vrai , 6c je fais profefîîon de l'être. Si les Pro* vinces-Unies avoient eu connoiffan- ce de la dépêche de la Cour de Fran- ce du 17. Janvier qui mettoit tanc de cîaufes & de réferves aux accom- jTiodement propofés : fi elles avoienc été bien informées des véritables dif- pofitions du Cardinal Mazarin , qui ne confentoit à la redirution de la Lorraine qu'à à^s conditions qu'il Svj

An. i6^[

4^0 Hiftoire an Traite

prévoyoic bien qu'on n'accepteroîf

pas , parce qu'il ne voiiloit poinr eit

euec la reftituer , 6c qu'il vouloic

d'ailleurs attendre pour fliire la paix

ce que produiroient les mouvemens

de Naples ; je ne dis pas que cette

connoilTance eût abfolument difpen-

la République de tous les engage-

inens folemnels qu'elle avoir pris

avec la France ; car dans ce cas -

même il y a certains procédés que I2

République n'obferva pas adez , &

que la feule bienféance exige entre

d'anciens Alliés , fur -tout à l'égard

d'une PuiiTance dont on a reçu des

bienfaits fignalés ; il faut pourcanc

avouer qu'elle auroit eu droit de fe

prévaloir de cette connoilTance pour

^uflifier fa conduite 6c pallier fa'dé-

fedion par la néceflîré réelle ou fup-

pofée de l'Etat ^ 6v le befoin preflanc

de la paix. Mais ce n'étoit pas le cas

ou fe trouvoît la République. Elle

iVavoit fur i'éloignement de la Cour

de France pour la paix , que des foup-

rons 6c àts con;e£lures dont une

partie étoic évidemment faufle , 6c

l'autre n'étoit appuyée fur aucune

preuve folide. Les Pléniporcntitti-

de Weflphalle. Ltv. VHL 4IT Tés François à Munder , & Al de la Thiîillerie à la Haye ne cefToienc ^* "^ -^ ' de proteder qu'ils vouloient fincére- ment la paix. Les Députes de la Ré- publique venoient de s'qw convain- cre eux-mêmes , ainfi que les Mé- diateur j , en mettant, comme on dit, les François au pied du mur, par les derniers accommodemens qu'on leur avoi: propofé, 6c qu'ils avoienc acceptés. C'étoit évidemment les Efpagnols qui reculoient , en faifant une demande nouvelle peu équita- ble en elle même, & à laquelle ils ne pou voient avoir d'autre intérêt que celui d'éloigner la paix. La plu- part des Députés ne pouvoient le défavolier. Il n'y en avoit aucun qui ne fût d'ailleurs bien perfuadé qu'un peu de fermeté de leur part auroic obligé les Efpagnols à fe défifler de leur nouvelle prétention ; & ce fuc cependant dans toutes ces circonf- tanccs que la République abandonna la France , & figna Ton Traité par- ticulier. Elle prétendit fe judifier par le befoin prelTant qu'elle avoic de la paix. Les François l'accufe- rent d'ingratitude & d'iniidélité. Il

4-^ Hiflcje du Traité ne m^appartienc pas de prononcer ^ N. 164». ^ j^çj^ j^ll^-g 1^ jugement aux Lee-

reurs. Je me concente de rapporter le fait, ^fi^^nlm're Avant la fignature du Traité il y

du Traité, cut encore divers mouvemens, des

propofitions , des éciaircillemens de

Mémoire des part & d'autre tous également in-

P:enipot. j. frudueux , & dont le détail n'efl: pas allez intereliant pour mériter detre rapporté. Le Traité fut figné le 30. Janvier. MM. Knuyt , de Riperda Se Donia parurent n'y confentir qu^avec répugnance &z une efpéce de remords. M. de Nidershort tou- jours perfuadé qu'un pareil Traité deshonoroit la République , refufa abfolument de figner , ôc donna à Tes Collègues Tes raifons par écrit. Les François protégèrent auffi par écrit contre la (îgnature comme conrrô une contravention formelle aux Traités d^alliance entre les deux puidances. Les Députés s'efforcèrent de leur perfuader que leur fignature n'étant pas la dernière adion du Traité qui ne devoit être ratifié que dans deux mois , << leur intention » n'étoit pas de manquer à ce qu'ils

de WeJIptMUe. Ltv. VlIL 415

dévoient à la France , « & ils oiTri- ce \

\ ' \ ' An, 1648.

renc d> de continuer leur entrerai- ce '^

ib , leur delTein étant de conduire ce les cîiofes en forte que la conclu- ce fion finale des deux Traités ne fe «c feroit qu'en un même-temps. 5? Le Comte de Pegnaranda parla dans les mêmes termes , pour mieux con- firmer les Députés dans leur réfolu- îion , ôc diminuer par de fpécieufes promefles la home fecréte qu'ils a- voiect de leur défedion , & voilà aboutirent enfin toutes les négo- ciations de la France avec l'Efpagne. Le Roi de France, quoique fans efpérance d'en retirer aucun fruit , re iaiffa pas d'écrire aux Etats Gé- néraux pour fe plaindre de la con- duite de leurs Députés , 6c M. de la Thuillerie en préfentant la Lettre du Roi à l'Aflemblée , y fit une harangue que je vais rapporter.

4^4 Hljlolre an Trahi

les Etati Genéra.Hx àas Provinces^ Unies des P aïs- Bas*

i^ Très-chers, grands Amis i KViih 53 6c Confédérés*

imré rf« 35 Nous avons appris avec tanù

Roi aux Etats . , , n rr' ^

G<î'2/r^7/* des >5 d etonnement ce qui s eit palle â

Provinccs-u- 5, Munder le 5 o. Janvier , la plu-

144S. 3> parc de vos Députes ont ligne

5> Traité particulier avec les Minif-

35 très d'Erpagne , que nous n'avons

^ pu nous perfuader qu'ils ayent agi

33 en cela félon votre intention, & ne

33 doutons nullement qu'aullitôt que

33 vous en aurez eu connoiiîance ,

3> vous n'ayez donné tous les ordres

. 33 néceiTiires pour remédier à tout

D3 ce qui a été entrepris au préjudice

D3 de tant de Traités folemnels que

5) votre Etat a fait en divers tems

53 avec cette Couronne , qui veulent

33 que la négociation de la paix mar-

33 che toujours d'un pas égal,6^ c.u'on

» ne puilTe conclure que conjoin-

>y temenr. Nous nous promettons

^ d'autant plus cette marque de

'deWeJljphaUe. Lh.r/I/. 417

fotre autorité S: de notre foi , «c

que vous aviez été avertis des fa- «c **• ^ 4 «

cilités que nous avons apportées ce

de notre part pour avancer la paix «^

Se qu'elles n'ont produit autre effet «:

à nos ennemis que de les en faire ce

davantage éloigner ; fur quoi nous ce

remettant à notre AmbaiTadeur ce

extraordinaire fur diverfes chofes ce

que nous l'avons chargé de vous ce

repréfenter de notre part en une ce

renconrre d'affaires fi importantes, ce

nous vous conjurons de lui donner ce

entière créance , ôc prions Dieu ce

cependant qu'ils vous tienne, très

chers , grands Amis , Alliés &. ce

Confédérés en fa fainte garde, ««

Ecrit à Paris le quatorzième <^

vrier 164.8. Votre bon Ami & •« Confédéré LOUIS. «

Hiiréingut de AI, de la Thulllerie k Jl4ejfi.urs des Etats,

MESSIEURS,

Depuis le temps que j'ai l'hon- « ^^^ î>?ur d'être employé dans les af- ce faires, je n'en ai rencontré aucune ^\

4^5 Hijloire du Traite :>:> qui m'aie paru li importante quS

AN. 1648. ^^ ^çjig q^{ m'invite a venir devant T> vous , puifqu'elie m'oblige , Mef- 3> fleurs , à vous faire des plaintes,& «> à repréfenter à vos Seigneuries le 55 véritable fentiment que doit avoir y> le Roi <Sc la Reine fa mère de la fi- gnature de votre Traité avec les 23 Efpagnols , & de fe voir abandon- :j3 nés par ceux de leurs Alliés , fur •>-> lefquels avec raifon ils avoient -3 mis le plus fort de leurs el^éran- 35 ces,(5c defquels ils attendoientdans =3 une pareille conjcndure le réci- 33 proque des afTiirances qu'en vos 3> befoins ils vous avoient donnés, 5c 3> la reconnoifTance qu'ils eilimoienc î» qu'on dût avoir de tant de mil- » lions dépenfés , de tant de fang D> répandu pour la caufe commune , 3> 6c tant de pertes 6c de peines fouf- 35 fertes en une guerre véritablement 33 enrrepiTfc pour réprimer la trop 3> grande ambition de l'Efpagne ; 33 mais aulFi , Meffieurs , à votre 33 folliciration , 6c pour vous rendre 33 moins pefanc le faix de celle que 33 vous aviez à foutenir contre vos 33 ennemis , qui devinrent des lors 3> les nôtres.

de Wefiphalte. Lh. VIIL 417

Vousfçavez, MeffieursTétat, «

^ 1 An. \6a^'

auquel nous nous trouvions en ce

1(534. la géncrofité avec laquelle «

nous déclarâmes la guerre à l'Ef- <^c

pagne en 1635. ^^^ conventions «c

particulières du Traité que nous te

fîmes en cette même année , vous <■<■

font connues auffi-bien que les «c

obligations mutuelles de ne quit- «^

ter jamais les armes que les Ef-

pagnols ne fuffent mis hors des «

raïs-bas;<5c que nous nous y foïons <c

vigoureufement employés , Vos <<

Seigneuries en feront les juges. «

Si nous avons bien fait la guer- ce

re , nous n'avons pas avec moins «:

de foin travaillé à la paix. La pa- «c

tience & Tafliduité avec lesquelles «

nous agîmes pour les Traités pré- «c

liminaires en font une preuve, 6c ce

celui de 44. une bien autentiquc «

de la confiance que leurs A'îajertés «c

ont toujours prife en leurs prudens ce

confeils,puifqu'aufri-tôt après être «c

convenu de la Ville de Munfler , ce

pour le lieu de l' Aflemblée , & du <c

temps auquel on s'y devoir trou- ce

ver , elle ne fe contentèrent pas ce

. de vous donner avis du choix <-: .

53 r

33

4^ S ^ TTifloire an Traite

qu'ils avoieiK fait de leurs Ple'n?* potentaires, (3c du temps de leuf partement pour s'y rendre ; mais :»^ encore voulurent qu'ils paflàaènt ^> ICI pour joindre , s'il le peut dire 53 aux indrudions qu elles leur a- 3> voient données , celles que vous 3^ leur voudriez donne/ , cS: conclu- ra ledit Traité de quarante quatre pour nous fervir de diredoire en un- négociation fi importante, ôc ^^ n^arquerjufques aux pas que vous y> Se nous aurions à faire. Etant ar- ^ rivés à Munfler, bs Plénipoten- tiaires de France furent fi reli- :>^ gieux obfervateurs des chofes prô^ 3^ mifes, qu'ils demeurèrent vin^r ôz ^ un mois entiers en attendais les ^y vôtres, fans vouloir entendre à ^y aucune ^ propolition ; & de faic ^ quand ûs arrivereric, à peine a^ ^ voient-ils échangé leurs pouvoirs. 33 De combien d'artifices alors âz >^ depuis fe fervirent les ennemis --> pour faire brèche à notre alliance ? ^> 11 efl fuperflu de le repréfenter : 3> le djfcours en feroit trop lon^r ; 5^ tantôt ils publioient un mariage ^> du Koj avec l'Inftnte d Efpgif-

de Wejîphdîe. Liv, VIIL 429 I5.m le doit rendre maître de tous « les Païs-bas. Une autre fois ils ce ^^- ^^^^*^ parlent d'un échange du même «^ païs avec la Catalogne. Enfin ^ Tentant que cela ne fallbit pas une ce impreffion allez forte, ils vous font peur de notre fortune , ils exa- gèrent la puiflànce de la France, ce ^: charitablement vous avertilTent «c du danger qu'il y a de nous avoir ce pour voifins , comme s'il étoit <c convenable que les prof péri tés ce d'un Allié qui n*a /amais manqué <.< de foi ni de parole, pûlTent ou «c dûlîènt donner jaloufie à l'autre , à ce U grandeur duquel jl a toujours ce finceremenr contribué. x> ce

.Quoique ces artifices aifés à de- ce couvrir puiTent fervir contre eux , ce nous ne laiflTons pas d'en fouffrir : % témoin la lîgnacure de certains ar- <c ticles dont nous avions tort de par- ce Içr , bien qu'ils fuflent le pronoflic ce indubitable dece que nousvoïons: ce & qui donnent lieu à MefTieurs les ce Miniftresd'Efpagned'exercerieur <^ rhétorique , qui enfin s'eil trou- <*: yée fi bonne à fi perfuahve , que ce Eonobflant notre Traité de garan- qc

450 Hlfloirs^ â^i^i-alté !."^ ' " * Di tie conclu en Juillet l'année der- An, 1548. ^^ niere, qui confirme les précédens 5> nonobftant , dis je , ledit Traité 6c D) toutes les avances que nous avons :>3 faites pour faire notre paix en- 33 femble , & nonobilant encore la 3> remife de nos points indécis avec !>■> l'E fpagne au j ugement de vos Sei- 3> gneuries , à Monfieur le Prince 33 d'Orange conjointement avec ^ ceux qui feront choifis de l'Etat , 33 nous voyons un Traité avec l'Ef- 3> pague figné le 3 o. Janvier, qui eft D> celui dont je me plains ; 6c il ne 3> s'en faut rien que rAITemblée de » Munfler, aufîi ne le fafTe, puif- 3> qu'il lui ôte l'efpérance qu'elle a- 25 voit légitimement conçue de voie 3j le repos établi dans la Chrétienté, D3 Leurs Majeftés toutefois confi-; 3> dérent le Traité abfolument con- 20 traire aux autres dont j'ai fait men» 33 tionci-defliiSj&fçachantquepar- 33 mi vous mêm.es il n'efl pas dans 33 une approbation univerfelle, 6c 53 s'il m'eft permis de le dire , qu'une 33 telle aélion bleiTeroit la candeur que cette République profefîe, el- j> les ne peuvent croire que ce qui ^

de mftphaliff, Ltv. FIJI, fait l*ait été de l'ordre de l'Etat ^ que tant de gens de bien 6c de graves perfonnes qui le compo- « iènt ayenr voulu non -feulement ce contre lefdits Traités , mais auffi ce contre les réfolutions prifes dans « cette Aflêmblée, donner cet avan- <-c tage à îeur ennemi de les avoir pu ce porter par fa finefle jufques fur le « bord de rompre une union fi jufle «: 6c fi utile que la nôtre. Ainfi elles ce efpérent & ont telle confiance en <^c votre probité , qu'elles ne doutent ce point que vosSeigneuries connoif- «c fane ce mal qui peut avoir de fâ- ce cheufes fuites , n'y appliquent le ce remède convenable tel que nous ce le pouvons défirer de bons , ^àé^ «q les 6c anciens Alliés, «

Je vous le demande, Meilleurs, «c au nom du Roi 6c de la-Reine Ré- <c genre fa mère , &c n'eftime pas que ce vous me le puffiez dénier. Vous le ce devez à nos Traités, MefTieurs, 6c ce encore plus à vous-mêmes. Tous «c les grands Princes de l'Europe at- ce tendent la fin de celui-ci pour ré- et gler ceux que dorénavant ils au- ce ïoni à faire avec vous. Les chofcs ce

4^1 Hifvoire du Trahi ' i3 font en leur eneier ; vos ratîfica- ^^' 1548. ^^ ^Jqj^5 j^^g ^Qj^j. pQÎf^^ échangées , &

vous le pouvez refufer aux Minif- 55 très d'Efpagne , jufqu à ce qu'ils 3> vous ayentdonné un légitime con- » fentement.NousrattendonSjMef- y> fleurs , de votre équité , de votre 35 foi , Ôc de votre reconnoiOance^ 53 qui fans cela ne feront point à cou- » vert de blâme , quelques offices 3i que vous ayez pu faire auprès des >3 Efpagnols , puifque vous êtes nos yj Alliés, <5w par conléquent obligés 33 à plus qu'à des paroles. Je foutiens 35 donc avec le refped que je dois à Dd votreAiïèmbIée,quevousnepou- a^ vez paiTer outre , (Se que vous 5c 1^ nous avons les mains liées/i ce que 3D nous faiibns touchant la paix avec '^ l'Efpagne ne le fait pas de concert. Mais la République d'une part 6c les Efpagnols de l'autre avoient pris leur parti , l'une de faire la paix , les autres de ne la point faire avec la France. On ne négocia plus de parc & d'autre qu'avec froideur, les Fran- çois affectant de l'indifférence avec les Députés de la République , & plus ^ fermeté que jamais avec les Ef- pagnols ,

de mfiphaîîe. Ltv. ri II, 45 3 pagnols , & ceux - ci attendant ce que produiroit une dcfedion qu'ils^'"'* ^^^ avoient ménagée li long tems avec tant d'artifices , de foins & de pa- tience. Le Duc de Longueville que l'efpérance de faire la paix a- LXXX. voit retenu jufqu'àlors à Munlter ,, ^^vi^'^"'^' ^' fatisht enhn l impatience qu'il avoitmie dins fa de retourner à la Cour. Les ratifi-^-^'^^'^'^^" cations du Traité furent échangées deux mois après la fignature , com- me on étoit convenu ; & les Fran- çois n'ayant déformais rien à efpé- rer de ce coté- , ne fongerent plus qu'au Traité de l'Empire. Au refte la République auroit lieu de fe plaindre de cette hiftoire, 011 la fim- ple expofition des faits femble la con- damner , fi je n'y ajoutois les raifons qui peuvent la juftifier , & je ne les puis mieux rapporter que d'après fon Hiftorien même. La première raifon Bafnagc , qu'il allègue pour jullifîer la Répn-.iZtL-L blique , c'eft l'éloignement que le^cs , 1640, Cardinal Mazarin avoir pour la"'''"' ^^^' ^ paix ; mais j'ai déjà réfuté cecte raifon , parce que la République non feulement n'en fçavoit rien , mais avoit même tout lieu de croire le Jifme r. T

XXVI.

^ 434 Hljtoiyc d,i Traite

TiHl^^îr^ contraire. Voici la féconde rai Ton ^ ^^"^ fSc les ledeurs en jugeront. « La le-' 5, conde chofe , dic-il , qu'on doit re- ^ ' marquer , ell que la Lorraine n'a- voit jamais été l'objet de l'allian- 5, ce , ôc que le Traité, quoique cou- ché en term.es généraux, ne fou- 5, mettoit pas pas un des contrac- ., tans à foutes les paffions de l'au- ge tre. Il n'étoit donc pas jufte que !a 3, Hollande pliât fous celle que le 3, Cardinal Mazarin avoir de con- 3, tinuer la guerre jufqu'à ce que fon ambition ou fa haine fût fatis- a, faite. On s'écoit uni contre l'EC- o3 pagne , elle donnoit une pleine fa- ^ tibfadion au Roi de France fur les o, prétentions qail avoit contre elle dans les Païs-bas. La Lorraine ûî n'étoit qu'un incident qu'on avoir 95 fait naître pendant le cours de ^ la négociation afin de l'arrêter , jtf de il n'étoit pas raifonnable que î, les Provinces- Unies s'expofaflènc aux dépe.nfes ôc aux périls de la ?3 guerre pour le Duc avec lequel ,0 elles navoient aucun intérêt. En- ç» fin on raifonnoit fur la Lorraine en Hollande comme en France ^ 9: ç\x les efprits dégagés de paifiop^

fttti.gj!tga'a.v

de Wejif halle. Llv, flîL 43 ^ iâécîdoient nettemeni: que la refti- '' ^ tution en croit légitime , oc qu un « ^

obflacle fi léger ne devoit pas re- « tarder une paix la plus glorieiife & ""^ la plus utile au Roi qu'on eût ja- « mais faite. «

Mais il paroit que l'Hiflorieh des Provinces-Unies n'a pas été in- formé de toutes les circonllances de cet événement. En voici une que je trouve dans une lettre de M. de Lyonne à M. de Servien , qui mé- rite d'être rapportée telle qu'elle efl racontée dans rori2;inai. « Nous « Lettre de avons eu un avis de fort bon lieu « ^ ^,j^ ^^,- ^,,^_ de Bruxelles , que fon Eminence « uen,i<f.Fév, rn'a cliargé de vous mander à vous « ^ "^ * iéul , pour vous informer de la te cliofe , afin que comme elle polir- « roib avoir encore d'autres fuites , «c vous cherchiez les moyens les plus «e propres pour y remédier. L'af- «e faire efl que l'un des plus puiiïàns •• morifs dont les Efpagnols fe font « lèrvis en dernier lieu pour porter «* Tes Députés de Hollande à com- « mettre le manquement qu'ils vien- - nent de faire , en quoi la plupart « d'entre eux étoient encore vacil- « lans , a été l'appréhenfion qu'ils «

Tij

^3 5 l^iflolre du Traité leur ont vivement imprimée de cette belle chimère du mariage de ^ l'Infante avec le Roi. Je m'af- fure que vous vous étonnerez d'à- bord que des gens tant foit peu rai- fonnables ayent pu le laitier pi- ^ per par un artifice fi groffier ; maïs ^ pourtant il n'y a rien de plus cer- tain , & fans ce piège les dili- gences que vous avez faites , Se j, vos protellations jointes aux re- 5, mords que les Députés de Hol- » lande avoient dans l'ame de flé- » trir la réputation de leur Etat en- vers toute la poflerité , les auroienc fans doute empêchés de paffer ou- tre. L'avis qu'on nous en a donné porte cette particularité , que les deux Députés de Hollande étant allés chez Brun, & étant tombés 5, d'eux mêmes par curiofité fur le 9, fujet de ce prétendu mariage , » Brun qui fut habile , prit l'occa- » fion au poil , & en releva le dif- n cours , leur témoignant comme » en grande confiance , que main- M tenant qu'ils étoient fi près de con- M dure leurs affaires & d'être bons amis , après avoir exigé d'eux le M dernier fecret qu'ils lui promirenc

âêWeftphane.Llv.VIII. 437 inviolable , il leur dit qu'il ne vou- « loit plus leur celer que l'Efpagne « ^^* '^^•* avoit coûjours eu une négociation •« fecréte avec la France, qui pouvoir « être achevée du jour au lendemain, w en difant feulement un oiii de leur h part , puifqu'elle ne confiftoit qu'à « donner leur confentement pour le «« mariage de l'Infante avec le Koi , •« avec la cefTion de tous les Pais- •« bas en dot-: qu'ils avoient toujours •« gardé cette porte pour fortir d'af- •« faire en une extrême nécelTité ; & •« que comme les affaires de Naples « les preflbient extraordinairement, •• étant capables avec le tems de don- «« ner un coup mortel à la Monarchie «« d'Efpagne , s'il fe rencontre en- •« core quelque difficulté ou quelque •« longueur à la fignature du Traité « de Hollande , confidérant qu'elle «« pourroit leur caufer le même pré- «< judice que la rupture même dudit «< Traité, ils étoientréfolus de rom- « pre tout ce qui avoit été arrêté «« avec MM. les Etats , 6c d'embraf- « fer l'autre négociation avec la « France , qui les tireroit de tout « embarras même avec réputation. « Ces deux pauvres Députés » Tiij

'4 3 s fiifloire du Traite donnant avidement dans le pan* An. i<^42'^ neau, tinrent poiir infaillible qu'il ^ y en avoir encore plus que Brurt ne leur en difoit , firent les der- ^ niers remerciemens de la confian- ^ ce qu'on leur avoit marquée , pro- mirent de nouveau un fecret in- ^ violable , & qui pis efl y ajoute- ^ fent que MjM. les Etats ne per- 39 mettroient jamais que l'Efpagne ^ fût réduite à l'extrémité d'acepter ce parti , 6c que plutôt la Province de Hollande feule l'affifteroit de 3, tout fon pouvoir , qui efl la mau- jj vaife fuite que je vous difois , qu<î 3i cela peut avoir encore , fi on trouve quelque moyen de déraci- ner cette impreffion de leur efprit. Lefdits Députés lui demandèrent auffi s'il pourroit leur remettre ea ,5 main quelque pièce autentique , » ou quelque écrit fur cette négocia- » tion , pour le faire voir à MM. les ♦, Etats, parce que cela , difoient- » ils , produiroit de merveilleux ef- w fets. Il fit l'homme de bien cSc le » confciencieuxf&leur dit feulement que la chofe fe paiïbit entre vous » & lui , 6c raconta là-deiïus la con- M férence que vous avez eue" enfem-:

de WeJîphaUe, Liv. VIIL 43^ bîe l'année 1 646. fi je ne me trom- « pe ; ce qui rélilTit fi bien , parce que « ^^* ^^^'^' les Députés fe fouvinrent que M. « le Prince d'Orange avant que de « mourir leur avoit parlé de cette « conférence , 6c qu'il crurent com- « me l'Evangile tout ce qu'il leur di- « foit , & lui en renouvellerent leurs » aclions de grâces. »

Le Cardinal Mazarin fe feroîc LXXXI, aifément confolé de la défedion des Prançoife^ra- Provinces-Unies , (i la fortune avoit rive à la wië fécondé fes projets ; mais après en ^ ^^ ^''* avoir reçu jufqu'alors tant de fa- veurs , il commença cette m_êmxe an- née à en connoître l'inconfîance , & bien - tôt après il en elîiiya les plus rudes coups. La première difgrace qu'il en elTuya fut la rédudion de Naples à l'obéïflance du Roi d'Ef- pagne. J'ai raconté plus haut que le Duc de Guife attendoit avec im- patience des fecours de France. En- fin la flotte Françoife parut à la vûë de Naples , <Sc répandit la joye dans cette grande Ville avec l'eipéran- ce d'un grand fecours. On fut bien- tôt défabufé. Le deflèin du Cardi- nal Mazarin en envoyant des fecours à Naples n'étoit pas de mettre le T iiij

44^ -Hljloire du Traité Duc de Guife en état de s'y rendre ^ '^ * le maître. Il lembloit compter pour rien d'enlever ce Royaume à l'Ef- pagne , s'il ne l'acquéroit pas à la France, & ne pouvoit fe fier au Duc de Guil'e , qu'il croyoit trop ambi- tieux pour réfifler à l'appas d'une Couronne , il fongea bien moins à le foutenir qu'à le dccréditer. Jan- vier Anefe conlervoit encore beau- coup de crédit dans la Ville. C'étoit un homme de bal3é condition , à qui fa naiffance ne permettoit pas de for- mer des deffeins ambitieux contrai- res à ceux de la France. Ce fut l'inf- trument que le Cardinal fe propofa d'employer ; & pour ménager l'exé- cution de fon projet, il fit embar- quer fur la flotte l'Abbé Bafqui , chargé de fes indrudlions & des or- dres de la Cour. L-hard^m La flott^ Efoagnole étoit à V^n- d.is^i.f. cie, détendue a la vente par le Lha- i-47- teau de l'Œuf, mais toute défempa-

rée 6c hors d'état de fe défendre par elle même. Si les François l'avoient attaquée fécondés d'un vent favora- ble , ils l'auroient infailliblement dé- truite , &: on ne comprit pas pour- quoi ils ne le firent pas. 11 femble

de Weflphalie. Liv, VI IL 441 qu'ils voulurent d'abord s'éclaircir de l'état des atfaires , & commencer ^^* ^^^^* par la négociation. L'Abbé Bafqui dès le lendemain de l'arrivée de la flotte fe rendit à Naples. 11 remit au pue de Guife des lettres de la Cour de France , qui l'aiïuroient que le Roi, la Keiae Régente & le Car- dinal Mazarin avoient appris avec beaucoup de joye Ton arrivée à Na- ples , 6c étoient diipofés à lui don^ ner tous les fecours dont il aurofc befoin. Mais il eut bientôt lieu de juger que ces offres n'étoient pas fin- céres. Il avoit befoin d'argent , la flotte n'en apportoit point. Il de- manda quatre-vingt milliers de pou- dre , on ne lui en donna que fix , tandis qu'on en donna trente à Ane- fe. On lui offrit dix huit cens hom- LXXXIT, mes d'Infanterie , & deux compa- ^'^'^ "'*r^ gnie des Cavalerie , quil ne vouiut cours au Duc pas accepter , parce qu'il n étoic pas ^^ Gmfs. en état de les foudoyer. Il demanda à.QS felles & des équipages de Che- vaux , la flctre n'en avoit point. Il lui falloir du canon , on répondit qu'on ne pouvoir pas le débarquer. Pour des vivres, à peine y en avoit- il fuffifainmcnt pour la flotte , de

44^ J^lfloWe du Traiie ^ force que le lëcours tant attendu fé" ^*-,' ^.^"^ réduifoit abfolument à rien.

Relation de T » A LL ' D r -^ *

L Jihé Baf- ^ Abbe iialqui traitoïc en me- 5- i ,14. i^fV. me temps avec Anefe, & l'excitoit à * '^ * fe rendre maître des affaires. Mais'

la cfîofe étoit de difficile exécution ,- ou même impoffible dans une muU titude partagée en diverfes fadions^ qui" avoienc des vues oppcfées. On- diilinguoit les Ca-ppes mires ^ c'étoit les riches Bourgeois , & les Déchauf- (es ^ c'étoit la populace. Ils n'avoienc d'abord formé les uns & les autres' qu'une faction commune pour chaf^ fer les Efpagnols <Sc fecolier le joug" de la * Noblefîe ; rnais bien -tôt les Gippes moires qui aimoient l'ordre ^ Tebutés des excès que commettoientr ies Déchaufjés , s'en détacherenc pour former une fadion particuliè- re. Ce parti qui étoit puiffant par fes jichcfTes , étoit attaché au Due de Guife. L'autre étoit divifé en deux fadions , d-ont l'une reconnoilToic pour Chef Janvier Anefe ; Tautre repe Palumbo , ôc cette dernière éioit encore pour le Duc de Guife. Cependant Anefe fe voyant foutenu par le Roi de France , s en prévalue pour décréditer ce Pnnce. Ses aii:^

Cernèrent parmi le peuple le bruit ique le Duc étoit odieilx à la France , * ^^* ^ ^- & qu'il n'aVoit par conféquent point de (ècours à efpérer des François tandis qu'il féfoir maître dans Na- pies , parce que la France vouîoic bien aider le peuple à fe mettre en liberté , mais non pas favoriier l'am- bition du Duc de Guife. Tandis que LXXXIIU les uns travailloient à ruiner Ton cré- , ;fl!ÎÎK^,?r dit , parce qu'il etoit odieux a la& manque France, d'autres alloient au même^lj''^ ^a^i^-*. but par une voye toute contraire , lui reprochant qu'ils étoit François, & qu'en cette qualité Ton deiTein étoit de livrer le Royaume de Na- ple au Roi de France. Six mille furieux aflemblés dans une place pu- blique , faifoient retentir ces cris , lorsqu'un bon mot les appaifa. . Non^ d'r le Duc à l'un d'entre eux , la Trance n\fi pas ?na patrie. Je fris ne dans la chaloupe ^nt ma amené ku Toute la multitude charmée de cette réponfe, jura de n'obéir qu'à lui. Mais un peuple mutiné <|ui n'a- git que dans une efpéce d'yvreiïe , efl rarement fidèle à {ts lermens. Les intrigues d'AncTe allèrent loin , que divers particuliers confpi-

444 Hijlolre dîi Traite rerent d'aiTafîiner le Duc de Guîfe: N. 1648. Q^ gj^ ç^^ç^^ çj.QJg j^^j furent punis

du dernier fupplice. Le Duc de Guife fie grâce aux autres. 11 ne voulut pas croire que l'Abbé Baf- qui eût eu quelque part à de fi noirs complots. Il ne tint qu'à lui de per- dre le perfide Anefe en l'abandon- nant à la fureur du peuple , & la prudence fembloit l'exiger ; il aima mieux compofer avec lui , jufqu'à lui promettre cinquante mille écus de rente avec le tiire de Prince ou de Duc , pour l'engager à fe démet- tre du commandenjent qu'il avoic retenu jufq d'alors.

Une fituation d'affaires fi tumul- tueufe & fi flottante fit compren- dre à l'Abbé Bafqui que le projet "de la Cour de France ne réiifiîroit pas ou du moins ii tôt , & la flotte fe difpofa à retourner en Provence. Mais comme elle eut quelque honte de s'en retourner fans avoir rien en- trepris , elle alla Tous le Château de Cartel -Amare brûler cinq navires Efpagnols qui s'y croyoient en fu- reté. Pendant cette adion la flotte Efpagnole qui avoit eu le tems de fe remettre en bon érat , foitit du

de Weftphalle, Liv. VIII. 445 Golfe de Naples réfoluè de donner bataille. Les François allèrent au-^^'* "^^"^ * devant. Le combat fut terrible (Scie luc j,

I . , r r 1 Mémoire de

bruit du canon tut li grand , que Mongiat, toute la Ville de Naples fut ébran- '^-*^- lée. Les Efpagnols après avoir eu LXXXIV. quatre Vaifleaux coulés à fond , fe Combat-na- réfugièrent dans leur premier pofle fous le Château de l Œuf , & la flot- te Françoife retourna dans les ports de France. Le Duc de Guife ainfî abandonné à lui - même au milieu d'un peuple qui lui manquoit de fi- délité, chercha dans fon courage & fa bonne conduite les relTources qui lui manquoient dans les fecours qu'on lui refufoit. Il raflura le peuple conf- terné du départ de la flotte Fran- çoife. Il fortin avec une petite ar- mée ;. & il obligea la Nobleiïe qui étoit campée près d'Averfe 6c cou- poit les convois , de fe retirer en abandonnant prefque tous {qs dra- peaux. 11 fe faific de tous les pofles qui pouvoient faciliter le paffage des vivres ; oc remit ainfi l'abondan- ce dans la Ville de Naples , qui le combloit d'éloges 6c retentiflbic d acclamations. Anéfe 6c (es parti- fans ne laiflbient pas de continuer

44^ fil^olre an Traite leurs intrigues pour le perdre ; & An, i<^4^«j^'un autre côté les Efpagnols lui faifoient pour le gagner des offres capables de fatisfaire fon ambition , s'il avoir pu les croire fuicéres.

Comme le Duc d'Arcos étok odieux aux Napolitains , le Roi , d'Efpagne lui fubflitua le Comte d'Ognate. Ce nouveau Viceroi ame- na avec lui un renfort de troupes , avec lefquelles les Efpagnols repri- rent quelques pofles dans le vcifina- ge de Naples , ou les vivres recom- mencèrent à devenir plus rares. Ort découvrit qu'Antoine IVIaceîIa Com- miffaire des vivres , étoit d'intelli- gence avec les Efpagnols pour les faire renchérir. Il fut faifi ôc exécuté à mort. Mais après plufieurs ccnf- pirations manquées , il eil difficile que quelqu'une enfin ne réufîîfTe. La flotte Françoife avoit promis de retourner dans peu miieux pourvue qu'elle n'avoit été d'abord. Com- me elle ne pooivoir entrer dans le port de Naples qui étoit défendu par les Châteaux que les Efpagnols occupoient , le Duc de Guife vou- lant lui aiTiirer un lieu de retraite ^ ÔQ fur - tout un port pour les Gaie-

àe WeJlphdU. Uv, VIIL 447 f es , entreprit de fe rendre maître de Niiita , petite Ille proche du con- ^* ^ ^^* tincnt entre Pouzzolle & Naples. Il réiiffit heureufement dans cette ex- pédition , 6: la Tour qui étoic lu- nique défenfe ail oie fe rendre , lorf- qu'il apprit que les Efpagnols éroient maîtres de Naples. Ceux des Na- politains qui avoient des intelligen- ces avec les Efpagnols , prirent le tems de Ton abfence pour leur li- vrer les portes qu'ils gardoienc. Ane- LXxxw ie dont l'Abbé Bafqui avoit dit à la J^^^f^

ren-*

Cour de France qu'il étoit d'une fi- «lent maîtres

délité à toute épreuve leur ouvrit ^^ ^^^P^«s-

lui mcme le donjou des Carmes, qui

étoit le polie le plus in^portant. Ce

que la perfidie ne leur livra point , la

lâcheté des habitans acheva bien-tôt

de les en rendre maîtres ; la nouvelle

révolution ne fut l'ouvrage que de

quelques heures , 6c ce qu'il y eue

de plus heureux pour les Efpagnols ,

c^efl: que n'ayant plus de vivres que

pour un feul jour , ils avoient déjà

fait toutes leurs difpofitions poiïr

fortir le lendemain des Châteaux ,

&: fe retirer dans les Ifles voifines.

Cette nouvelle portée au Duc de Guife le concerna. Il retourna fuf

44 8 Hlfrolre du Traité

' le champ à Naples pour eOayer jy

An. ï^42'j.^j^jj^gj. f^ fadion ; mais il n'étoic plus tems , 6c tout étoit perdu pour lui. Il trouva toutes les portes fer- mées , 6c l'ennemi maître des ave- nues. Il ne s'agiflbit plus d'acquérir

LXXXVI. une Couronne , il falloit fauver fa

Le Duc de . r ti r

Guiieeft fait Vie par une prompte tinte. Il fut prisonnier, bien-tôt abandonné par les Napoli- tains qui l'accompagnoient. Il ne lui refla que quelques François avec lefquels il tâcha de fe fauver. Mais il fut fi vivement pourfuivi , qu'il fut arrêté près de Capouë , 6c conduit prifonnier à Gaïete , pafiant ainfî de Tefpérance du Thrône dans les horreurs de la prifon. Il n'eût pas même évité la mort fans l'efpérance qu'il donna aux Efpagnols de fe ven- ger de la Cour de France qui l'avoic abandonné. Ainfi s'évanoiiirent les efpérances que le Cardinal Mazarin ,avoit fondées fur le foulevement de Naples.

Ce Miniflre ne laifîa pas de pouf- fer la guerre avec vigueur 6c avec affez de fucccs contre l'Efpagne. En Catalogne le Maréchal de Schomberg porta le ravage jufques dans le Royaume de Valence , les

de Weilphalie. Liv, VIII. 44^ François pillèrent quelques Villes, ôc après avoir obligé les Efpagnols de ^^' ^^'*®* lever le Hége de Flix , il afilegea lui- même Torcofe (5c s'en rendit maîrre. En Italie les iuccès furent variés fans aucun avantage confidérable de part ni d'autre. En Flandre , l'Ar* chiduc commença la campagne avec beaucoup d'éclat. Pendant que le Prince de Condé prenoit Ypres , il furprit Courtrai ; & de-là il prit fa marche vers les frontières de France jufqu'à la vue de Peronne , & jetta l'allarme dans les Villes de Picar- die. Mais fe voyant fuivi par le Prince de Condé , il fit une gran- de marche pour aller aiîîéger Furnes 6c le prit , fans que le Prince pût s'y oppofer, De-là il marcha vers la Lys, & s'empara d'Etere <Sc de Lens. Le LXXXviî. Prince de Condé fit reprendre Eté- Lç^j^^^^^^ re, 6c marchant lui-même au fe- cours de Lens , il apprit que la Place étoit rendue. Il ne fongeoit plus qu'à fe retirer , lorfque l'Archiduc qui avoir une armée fupérieure fe laiiïà trop aifément flatter de l'efpé- rance de le battre. Il fit charger fon arrière garde par le Général Bek qui la mie en déroute , 6c encouragé par

450 ïJlijhlre Ru Trartê . i

ce premier luccès , il s'avança au/n'-i' ■^ '^ ' rôt lui-même avec toute Ton armée en bataiilec Jamais le Prince de Con- ne fit paroître plus de fermeté ni de préfence d'efprit. Obligé de tour- ner tête à l'ennemi , il n'avoit qu'un moment pour faire (es difpofitions & il les fit fi bien qu'il ne douta plus de . la viéi:oire. L'habileté du Général | eut pourtant befoin d'être fécondée de la valeur des troupes. Les Efpa- gnols fe battirent avec beaucoup de courage, 6c ce ne fut qu'après plulieurs charges redoublées qu'ils cédèrent la victoire aux François. Elle fur complète par le grand nom- bre de morts ôc de prifonniers , la perte du bagage , du canon , des drapeaux & aes étendarts. Elle mi: le comble à la gloire du Prinee de Condé, qui reprit aulTi-tôt Lens <^ Furnes , Ôc qui auroit pouffé beau- coup plus loin Ces conquêtes , fi les troubles de Paris n'avoient obligé la Cour de le rappeller.

Jufqu'à ce moment fatal le Car- dinal iMazarin n'avoit pas lieu de repentir du parti qu'il avoit pris par rapport à l'Efpagne , mais les crain- tes qu'on lui avoit infinuées ôc qu'fl

^e PVeflphalie, Lh. P'IIL 45 î v'oit pas voulu écouter, commen- *™'*

..Tcnc enfin a le vérifier. Y^hs la fin * iw4«»* A'd cette année Paris 6c Tes environs devinrent un champ de bataille ibu- yent arrofé de fang. Bien- tôt toute la France fut en proye aux guerres civiles. On vit ces deux grands hom- iTîes qui l'avoient accrue' &: illuflrée par leurs viéloires , Condé 6c Tu- renne, tourner leurs armes contre elle. Les Parlemens s'oppoferent^XXXVllî avec éclat aux dilpofitions du gou- pran'ct'/" ^ vernemenr 6<: du miniftere. Le peu- ple prit leur conduite pour un exem- ple de révolte , ôc s'emprelîà de le luivre, L'efprit de la fédition pafîa de la Capitale dans prefque toutes les Provinces. Les Iburcesdes finan- ces tarirent par-yout. 11 fallut rap- peller inceflamment toutes les trou- pes des frontières pour défendre la France contre elle-même , 6c la fau» ver de fes propres fureurs. Les en- nemis profitant de ces défordres re- prirent prefque toutes les conquêtes que la France avoit faites fur eux , à il eft diflîcile que dans une li trif- te fituation le Cardinal Mazarin n*eût pas quelque regret de n'avoir ms écouté les confeils de paix que

^^1 Hiftnlrc du Traité le Comte d' Avaux & le Duc de Lon- ■' ^ "^ gue ville lui av oient luggérés. H ell vrai que quand il les auroit fuivis les Elpagnols auroienc vraifembla- blement refu:ë de s'y prêt, r ; mais du moins il n'auroit eu aucun reproche à fe faire à lui-même , & fes enne- mis auroient eu contre lui un chef d^accufation de moins. Quoiqu'il en foit ( car ces détails n'appartiennent plus à cette Hidoire ) ces funefles xncidens éloignèrent plus que jamais la paix entre la France & rEfpagne, On ne Ht plus à Munfter pour la ménager que des démarches ilériles , beaucoup moins dans le deflèin de la conclure que pour ne pas paroître abfolument la refufer. Mais un refle de négociation fi languiflant , & que l'on traîna de part <5c d autre pen- dant douze années entières julqu'à la paix des Pirénées , intérelferoic peu les ledeurs ; je ne les entretien- drai plus que de la paix de l'Empire , & c'efl par je vais finir cette Hifloire.

Un du cinquième Folume*

415 '♦♦♦♦♦ ♦♦♦♦

«^■^^rs« ur^i-v» «.^.^r^» «-^.^rv» (•-.^V» */«-^^'\» *^*J^-"V» K^j^j^^^t «^«-^^^^

TABLE

DES MATIERES

Contenues dans ce Volume.

A tugal , 1^2. Il entreprend à OfnabrufT de concilier

ARCHIDUC (V) les intérêts de Suéde , &

prend plufieurs Pla- de l'ElecTieur de Erande- €es en Flandre, 140 bourg , 214. DifEcu^Ité de

Article du projet de cette entrepiife, 2Xf ^

Traité de la Fiance con- ftiz'. Principaux article*

cernant la Lorraine , 100 qu'il fait accepter auxPar-

Articles principaux du ries , 228. 11 fait Cgner

Traité de Suéde avec l'E- le Traité » 235- Agit vi-

iedeur de Brandebourg , vement pour conf^rver

2j5 Ofnabrug aux Catholi-

Artlcle:: qui reftoient à ques , 525*

décider, 385* Autonomie ^ o\iY\hti:té à^

Az':ittgoHr ( M. d' ) Com- confcience, accordée pour

mifTaire François aux Con- tout l'Empire , JJ4 férences d' U Im , 2^0

Avaux ( le Comte d' ) B Plénipotentiaire de Fran- ce fait mettre dans leTrai- Tj AVIER F ( le Duc de ) ïé des Hollandois avec X5 rompt fon Traité de l'Efpagne une claufe favo- neutralité , & fe réunit a- hle à la France, </ , 17. vec l'Empereur , 315. ïl 11 part pour Ofnabrug , envoyé à l'Empereur une 193. Il re, lent à Munf- partie de fes Troupes , ter traiter l'ariicledu Por- jyS. Il remporte quelques Tome V. V

L E

D

4^4 T A B

avantages fur les Suédois,

Brnfî (M. ) s'oppofe à ce qu'il foit fait mention àes François dans le Trai- de Brandebourg , 241 , '^ des Hollandois avec fui- , Oppofitions diverfes

DEDOMMAGEMEKS accordés à l'Eledeur

l'Efpagne, 15. On lui re- fufe la permifïîon de ve- nir à la Haye ;, 6^ . fes Let- tres aux Etats Généraux , ihid. i^ fui Va.

CA P AG Is E de Flandres y & fes fuc- cès divers, 139. 'i5 fuiv. Caraùière des Députés des Provinces-Unies , 26 Ciaîtfe en faveur des François , inférée dans le Traité des Provinces-U- nies avec l'Efpagne , i5 ,

Coude ( le Prince de ) eft envoyé en Catalogne , 125. Il affiége Lerida fans fuccès , Tjo. Il prend la Ville & le Château d'A- ger , Tf^ . il remporte une glorieufe vidoire à Lens,

Conférence d'Ulm , z6i CroiJJy ( xM. de > Com- miffaire François aux Con- férences d'Ulm , 2.60

à cette occafion y E

245

&

fïiégé 6L pris

EGVxA . parles Suédois ,288

Engujen, VojeX. Condé.- hfpagiicls ( les ) com-r mencent à traiter avec les François, 127. Ils prelTenc les Etats de conclure leurr Traité particulier , 128* Leur indifférence pour la paix ,137. Ils retardent la négociation, 159, 201. Ils éludent la concluiion diï Traité avec la France, 41^ Etats Généraux , ou Erc-^ vinces-Vfiîes Leurs Dépu-» tés veulent abfolument li- gner avec \çs Efpagnolff fans attendreles François^ 9. 1-1 lignent en effet mal- gré les oppolitions du Comte d'Avaux , 92. Ils font partagés en trois fen- timensdiiférens, S8.Leur 1 incertitude par rapport à ' laFrance, 1 15. Ils refufenîr \t^ oifres prématurées des;

D E s M A

î^rpagnols, iSi.Ilsrefu- fent de traiter avec le Por- tugal , i8. Ils manquent à 1-^ France , ipi. Ils ôïffé- rent la fignarure de leur Traité avec l'Efpagne , ils preffènt cette même îlgna- ture , & fignent en effet fans égard à la France, 418 ^ fuiv, Raifons de cette défedion , 43?

Evechés (les trois ) con- teftés, puis cédés derechef à h France , 375 ÏS^fuiv,

FONTENAr ( le Mar- quis de ) féconde les deffeins du Duc de Guife dans la révolte de Naples, 191 '^ fuiv*

T î E R E S. 41^

glés, 334

Guife ( le Duc de ) le rend à >xaple & fe met à la tête à&s révoltés , ipo. Premier fuccès de cette entreprife, rpz. La Gour de France fe méfie de lui , 1^6 Ai devient odieux aux Napolitains , & manque d'être aiTamné 443 , 448

H

HARAlsGUEàQU, de Servien aux Etats Géaéraux , 3

Harangue de M. de la Tbuilerieaux mêmes, 425 Hollande ( la Province de ) opine à faire la paix fans la France , iC^

G AS S 10 N ( le Ma- réchal de ) peu docile aux ordres de la Cour , 139. Il ne s* entend pas avec le Maréchal de Rant- zau , ibid. Il n'en reçoit pas le fecours qu'il lui de- mande , 141. Il fe rend jnaître de la Eafîce , ibid. 11 eft tué au fiége de Lens fon caraélere , 142

Griefs de Religion ré-

INTERETS du Duc de Bavière & du Prince Palatin conciliés , 30^

K

KNVÏTC M. ) con- traire à la France ôc favorable aux Efpagnols , 74. Il propofe un projet d'accommodement fur les articles qui reftoient à régler entre la France ÔC V a

4^6 TABLE

rEfpagne y 3P5 vante , il-id. Il fait eriteiî-

L. dre au Cardinal Mazarin qu'il eil caufe que le Trai-

LA THUIL L ERI E de paix n'elt pas con-

(M. de) fait des plain- clu , J^S

tes" sux Etats de la con- M duitedesEfpagnols, ^03,

504 A /f ^Z^RIX(leCar-

Xf Kcy (Philippe) A- i\i dinal j veut pouffer

gent des Ffpagnols, vient vivement la guerre , &

à la Haye , 6z par quel principe , 124.11'

Lettre du Comte d'A- le flatte d'un heureux fuc-

vaux à ITlecre-.ir de Ersn- ces , & il eit trompé 158,.

debourg, 2^6 130. Il eft peu fatisfait du

Lettre des Plénipoten- Comte de Longuevilie ôc

tiaires François vendues du Comte d'Avaux 155'»-

aux Efpagnols , 371 11 imagine un nouveau

Lettre du R.oi de Fran- projet, 184. Il confent en

•ce aux Provinces-Unies à apparence à la reftitution

i'occafion de leur Traité de la Lorraine , maïs avec

£gné avec l'Efpagne , 424 des modifications que l'en-

Longueville (le Duc de) nemi ne pouvoit accepter,

communique aux Efpa- 404. '^ fniv^

gnoJs le projet entier du MéLiK-dcr ( le Général)

Traité^ de la France avec prend mal fon parti , <Sc.

l'Efpagne. 93, 94. II n'eft réuffit m.al , . ^6^

point approuvé en cela de Minden ( Eveché de >

la Cour , py. Il élude l'en^ céàé aux Protelians , i^i tremife de M. Paw , \ï6.

11 rompt tout avec lui par O ordre du Cardinal Maza-

rin , 12.2. Il demande la r^ J^ANGI (kPrm-

p^ermifiion de retourner à K^^ cefTe (Prévenue con^

îa Cour de France 154. tre la FranC > ^S On lui perfuade de refter à Munfter , lyy. il ne s'en TCtourne quer^nné e lui-

DES MATIERES, 4^7

clu , . ^ ï $

P Préfem fliits par les Ef-

pao;hols aux Députés des

PAVxADJS ( Fran- Proviaces-Unies , 24. çois ) Se défend dans Projet du Traité des Ef- Egra avec une valeur ex- pag;noIs rejette par le Duc trao r dînai re, 288. ^/^/e/. de Longuevrlle , 105

L'Empereur le fait néan- ProtiJLxîioji des Fran- moins jeiter en prifon , çois contre la (ignature pour s'être rendu , quoi- du Traité des Provinces- qu'à l'extrémité , 2^3 Unies avec TEfpagne, ib

Pavv C M' ) Seconde les vues des Efpagnois , 74^ R-

Envoye aux Etats un écrit

des Efpagnois contre les fl A N T Z A U ( 1er François, 150. Il déclame f\ Maréchal de) refu- contre la France- & contre fe du fecours au Mare-- M. de Servien , i6o.l\ ai- chai de Gailion , & paiTe

frit les Etats contre la la nuit à boire , 141

rance ,- ï6i P^époufe des Efpagnois

Pegfiarafiffa ( îe Comte au«x nouvelles propofitions dej) confent que dans le de M. de Servien, 170- Traité d'Efpagne avec les Pé-uclte de Naples 187. Provinces-Unies , foit in- Projet & diverfes confi- ferée une claufe en faveur dérations de la France fur de la France, ip. Pour ré- cet événement , 193. fuite ponfe au projet des Fran- & fuccès ae cette affaire , çois , il leur fait préfenter 449 b fniv^

un projet différent, loy. Il Révolte en Sicile , i85 refufe d'écouter les Mé- Richelhu ( le Duc de ) diateurs, 134 efl envoyé à Naples à la

Plénipctentinires Fran- tête d'une flotte , ip8'

çois partagés fur la reflitu- Rofetiberg C ^' ) com- rion de Lorraine , 398 mifïàire Impérial a'ux Con-

PortrigaL Grande con- ferences d'Ulm^ 24o

teft^tion fur cet article , iians g^u'il foit rien con-

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