KZ FUN FF td M né | ds KL: .7 En Lu à . «42 Ce LA A À dj 7 L'2 & À … 2 Û 7 , [2 * + 4) 4 . al D" A 2’ . À A 2 r e sd à ‘ 7. 2 nn 4 4 Le Fe à 228 Fe ÿ 2 #1 AURA, “2 nn” e +, « R8, 1 £, 14 L. Le "72. \e 4 s ro TZ: + # & et fé Ji 121 LA, Lo a. & 4 "UE + +“ : EL 4 VI A8 17" . ce L Eee . : re ar» le #6 te ‘ THE UNIVERSITY OF ILLINOIS LIBRARY L8163 HIShFv V.| gAruHa HSTOE nee aie Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http://www.archive.org/details/histoiredesplantO1 hall IHMISTOLRE DES PL ANS uris s É6! O U MATIERE MÉDICALE ET DE L'USAGE ÉCONOMIQUE DES PLANTES; par M. ALE. pe HALLER. FOME.:'E TRADUIT DU LATIN. BERNE, CHEZ LA SOCIÉTÉ TYPOGRAPHIQUE, 1791. hr Fes au De $ y, no (fe ZN: 27 uk zw EAN EMA Gr ON \ PRÉFACE. EL Matiere Médicale eft tirée du grand ouvrage publié en latin fous le titre : ALBERTI HaLLeri Hifloria Stirpium indigenarum Helyetiz, BERNE, 1768. fol. 3 vol. Depuis long:tems, toutes les fois que j’avois occafion de confulter ce chef-d'œuvre, dont une feule partie fuffit pour immortalifer {on illuftre auteur , je voyois avec regret les grandes lumieres que ce livre répand fur les ufages des plantes de la Suifle, & par conféquent aufh de la plupart de celles de la France (*), perdues pour tous ceux qui ne favent pas le latin , & pour ceux qui, pofledant cette langue , ne font pas à (*) C'eft ce dont on peut s'aflurer facilement , en com- parant le catalogue de nos plantes avec ceux qu'on à donnés de celles de ce royaume: le nôtre eft même plus riche qu'au- cun de ceux-là. Le catalogu: de Mr. Gouan, par exemple, qui eft celui des végétaux de la contrée la plus fertile de France, ne contient que 1965 efpeces, tandis que l'énumé- ration des nôtres, donnée par Mr. HaLLER , va jufqu'à près de 2500. 541231 a iv PRÉFACE. portée de fe procurer ce tréfor à caufe de fon prix (*). Quel dommage , penfois-je, que tant de perfonnes foient ainfi privées de l'ouvrage le plus achevé que nous ayions fur une matiere auffi intéreffante ! En effet , c’eft l’idée qu’en ont tous les connoifleurs , quoiqüe l’extrème modeftie de l’Iiluftre Auteur n’y voie qu’une fimple ébauche, Hifloria inchoata. F’aurois donc fort fouhaité que quelqu’habile médecin eût entrepris d'extraire & de traduire la partie pratique de cet ouvrage, & de rendre un fervice bien important au genre humain , en contribuant à répandre des connoiflances fi précieufes à l’art de guérir. N’apprenant point que perfonne y penfit, je me fuis cru obligé en quelque forte de prendre moi-mème cette tâche, & d’autant plus, que j'avois l'avantage de pouvoir être aidé des avis, des inftructions & des correc- tions de Mr. HALLER , qui, en m’accordant la (*) Ce chef-d'œuvre ne fe trouve plus dans les librairies, & on en a promis une nouvelle édition. PRÉFACE Ÿ liberté de toucher ainf à fon travail, en m’y encourageant même avec beaucoup de bonté, a eu celle encore d’entichir le mien d’un grand nombre d’additions, qu’il a bien voulu me permettre de tirer des notes qu’il a inferées dans l’exemplaire de fon grand ouvrage de- puis qu’il a paru. J'ai donc fait de mon mieux pour répondre à l'attente d’un fi bon juge ; mais avant que de rendre compte de mon travail , il eft 4- propos de dire quelque chofe de l’ouvrage mème , en tant qu’il traite des plantes médici- nales par rapport à leurs ufages, car pour la partie botanique, je n’en ai pris que ce qui fe trouve dans l’abrégé de l'Hifforia flirpium, fous le titre de Namenclator ex Hifloria plantarum indigenarum Helvetiæ excerptus. Bernæ, 1769. $°. avec les mèmes noms & les mèmes chiffres. Il eft prefqu’incroyable combien d’ouvra- ges tant anciens que modernes Mr. HALLER a mis en contribution, pour en extraire la fubftance de tout ce qu’ils ont de mieux fur les ufages des plantes, richeffes auxquelles ce vt PRÉFACE. grand médecin a ajouté celles qu’il a tirées de fon propre fonds. On trouvera donc dans cette traduction un choix complet , & qui , malgré R bricveté, pourra tenir lieu d’une nombreufe bibliotheque en ce genre ; joint à cela, qu'il fera bien plus facile à confulter , puifqu’en deux petits volumes , il raflemble non -feule- ment tout ce que les auteurs claffliques difent de plus important fur cet objet, mais encore une infinité d’autres chofes qui font de la pre- miere utilité. Outre les vertus médicinales de nos plan. tes , on trouvera encore ici leurs ufages éco- nomiques, quoiqu’étrangers au but d’une ma- tiere médicale ; mais j’efpere que perfonne ne s’en plaindra , & qu’au contraire on me faura gré d’avoir encore profité à cet égard ges offres avantageufes le Mr. HALLER. Je dois, au furplus , prévenir que les * placés à la tète de quelques - unes des chiffres qui précedent les noms des plantes, défignent que Mr. HaLLER eft le premier qui ait trouvé ces plantes en Suilfe. MATIERE LH È > 7 A >: S DUUNQQUNIUT SR TR MATIÉRE Division IL PLANTES À ÉTAMINES, SUBDIVISION L PÉTALÉES: CLASSE]. À FLEURS COMPOSÉES. { ORDREL. À ÉTAMINES RÉUNIES. _ SECTIONL PLANIPÉTALES. SUBSECT" LL À PLACENTA ÉCAILLEUX, a Dont les femences ne {ont point, ou que très- peu aigrettées. IL CICHORIUM. LA CHICORÉE SAUVAGE. Aux feuilles ailées, dont les folioles font dente+ lées, & les fleurs feffiles, Cichoreum fylveftre, BLAK WELL. t. 183. Cichorium Intybus. LINN. On la trouve par:tout au bord des chemins. C’eft l’Ambuleia des Romains : elle eft plus amère que Tom. LI A > MATIÉRE les autres plantes de fa clafle, c’eft pourquoi on fa trouve plus communément dans les boutiques des apothicaires. Ses cendres leffivées donnent une af- fez grande quantité de fel fixe. Le fel de la Chi- corée eft compofe de prifmes pyramidaux réunis par les bafes oppofées. La racine a les mêmes propriétés. On la regar- de, en vertu de ce fel, comme propre à réfoudre les humeurs coagulées dans les premiéres voies, & i eft affez ordinaire de l’employer dans cette vue, contre les vices que le foie commence à contracter à la fuite des maladies aigues. On a vu guérir la jaunifle par fon ufage feul : elle a même reufi, feule, au rapport de Mr. GEOFROT, dans le traite. ment des fiévres intermittentes. Mr. de SENAC parle de fièvres guéries avec la fimple tifanne de Chicorée. Il n’eft pas douteux que fon amertume n’entretienne le ton des premiéres voies *, qu’elle ne corrige les affections hypocondriaques **, & ne {oit utile aux gens de lettres dont la fante eft lan- guiflante. Elle l’eft encore aux perfonnes attaquées d'ulcères invetèrés, entant qu’elle purifie le fang. Elle m'a trés-bien réufli en cette qualité, & dans l'efpace de trois femaines, pour la guerifon d’un ul- cère de mauvais caractère, qui avoit fon fiége fur * C'eft peut-être à caufe: de cela que CELSE lui attrie bue la vertu de refferrer le ventre. # SCHUSTER obf. fherup. obf, 25. en parlant des ra- cines. MÉDICALE. ? le malléole interne du pied gauche d’une Dame ca- cochyme âgée. de 70 ans. : On fait avec la racine de Chicorée un affez bon café, dont on ufe communément à préfent, Je croirois fon jus plus efficace, ou l'herbe man- gce en falade avec fes racines & fes fleurs, mais en quantité & pendant long-tenis. La tifanne des ra« cines de Chicorée eft ufitée en médecine: on ne doit pas faire autant de cas du fyrop qu’on en com- pofe, qui, outre fa détérioration en vieilliffant, al- têre les qualités de cette plante, comme de toutes les autres, à raïfon du fucre qu'il contient. Les anciens en: faifoient dégoutter le jus dans les yeux, pour rémèdier à l’obfcurciflement de la vue. Les chevaux fe trouvent fort bien de fon ufage au printems. : La Chicorée annuelle qui, vient de’ graine, dont les feuillés, font-glâbres , entiéres, dentelées, eft la même que l’Intibus (Endive) des anciens. Elle eft moins amère que la précédente, & tient plus du légume , aufli la mänge-t-on.comme telle, après l'avoir blanchie & dépouillée de fon amertume en la tenant pendant l’hyver dans une cave, à l'abri des rayons du foleil. Elle eft fpontanée en plufeurs endroits de ce pays, mais il eft apparent qu’elle > ériginaire des arr A 2 , MATIÉRE … CL, I. CoMPos£es.. SECT.L PLANIPÉTALES. SUBSECT. IL À PLACENTA NUD. c. À femences aigrettées. 8. TRAGOPOGON. BARBE DE BOUC. “Ses feuilles font graminées, embraflent la tige & fe creufent pour la recevoir ; elles ont une efpèce de queue un peu frifée; le calyce et aufli grand que la fleur. Tragopogon [. barbula fürci CAMERAR. pit p: 18: Tragopogon pratenfe. :LINN. ‘Elle vient dans tous les prés , où ellé fournit une execllente pâture aux beftiaux: Elle eft remplie d’un lait doux ; ‘on mange fa tige & fes jeunes poufles à l'entrée du printems. Prèf. que toutes les efpêces du: même gente fe cultivent dans les jardins à lufage des ps où on fert ar leurs racines. 9. TRAGOPOGON. : LE SALSIFIX ou CER- CIFI COMMUN. h Ses feuilles font graminées & amplexicaules ; le galice eft plus grand que la fleur. BARBA HIRCI ALTERA CAMERI Epit. p. 313. Tragopogon porcifolium. LINN. Un médecin du pays m'en aenvoyé, mais il n’eft pas für qu’il foit indigène. Il croit au pied de la chaine occidentale des Alpes, du côté du midi, dans les MÉDICALE. $ prairies. On le trouve encore à la cité d Aofte & à Courmayeul. On le cultive en France dans les jardins , les An- glois en font peu de cas, & il s’en fait peu d’ufage dans notre pays. 10. SCORZONERA. LA SCORZONERE. Scorzonera humilis. LINN. La tige de notre efpèce eft nue & ne porte qu’u- ne fleur, fes feuilles font lanceolées. On la trouve en quantité dans le territoire d’Aï- gle, & fur les rochers du Vallais, qui font dans le voifinage du canton de Berne. Je ne doute pas que notre efpèce n'ait les mêmes vertus que la Scorzonère d’Efpagne. Elsholz a fort bien fenti que l’efpèce allemande peut lui être fub£ tituce. REDI vante la décoction de fà racine fraiche dans Pafthme. Le célèbre DETHARDING regarde cette tifan- ne comme un des meilleurs delayans. WELSCH la re- commande aux hypocondriaques. ! VOLCAMER con- firme par fon expérience fes vertus aléxipharmaques, mais cela paroit exagéré. La racine de Scorzonère rotie & moulue faurait une décoction femblable au café, avec la même odeur, a-peu-près. Sur une once elle fournit jufqu’a cinq dragmes d'extrait aqueux, onétueux, d'une odeur agréable reffemblante à celle du pain miellg. À 3 6 “_MATIÉRE Son extrait fpiritueux eft très - légérement balfa- mique. 14. LACTUCA. LAITUE SAUVAGE. ‘À feuilles divifees jufques à la moitié de leur largeur, dont les nervures font épineufes. Laëluca fcariola. LINN. Laëucæ fylveftris cofia fpinofa C. B. Elle vient autour de Bäle, au bord du Rhin, hors la porte de St. Jean. Entre Muttenz & Gempen. Dans les champs au-delà de Binningen. A Baden, fuivant J. BAUHIN. Entre Neufchätel & Moron. Chez les Grifons, au rapport. de Mr, Dicx. En di- férens endroits du Vallais & autour de Geneve, & dans tous les endroits chauds au bord des chemins. On voit dans GALIEN qu’il a gueri une langue fort enflée avec le jus de cette laitue. J'ai lâché le ven- tre, dit BRASSAVOLE, en donnant le jus de laitue fauvage jufqu’a une once. 15. LACTUCA. LAITUE SAUVAGE. Dont les feuilles foyt ovales, un peu dilatées, ar. -mées d’épines le long de leurs côtes. Laëfuca virofa. LIN. Laëtuca fylveftris latifolia odore virofo C. B. Elle croit à Geneve, au rapport de J. BAUHIN ; à Strasbourg, en Angleterre, &o. Elle eft d’un gout amer, & a des propriètés femblables à celles du pavot, aufli a-t-an mêlé fon lait avec le méco- mium, ‘ MÉDICALE. - La laitue fauvage eft un vrai narcotique. Le fuc qui découle au mois d'Avril de fa racine fraiche, peut fe donner après fa diflolution dans l’efprit de vin, à la dofe de trois cuillerées à caffe. Chacune de ces deux efpèces rend un lait amer & chaud, qui s’enflamme après avoir été fèche. La plüpart des liqueurs que la première fournit à la dif- tillation, font acides, celle qui fort à la fin eft al- caline. Elle contient jufqu’a 28 dragmes fur cinq livres. La feconde efpèce eft la plus narcotique; elle eni- vre ceux qui en mangent, ou qui refpirent la fu- mée qui s’en exhale en la faifant cuire *. On loue l’onguent qu’on en prépare pour la brülure. Elle donne un opium aufli bon que le pavot, PREVOT dit que le jus eft purgatif à la dofe de trois à fix dragmes ; mais je crois qu’il s’agit de celle qu'on fème. Ï 21. SONCHUS. LE LAITRON. Les feuilles embraflent la tige ; elles font dente- lées entières, ou partagées jufqu’à la moitié de leur largeur. Les calices de fes fleurs font liffes. Sonchus levis latifolius TABERNÆMONT. p. 190. € angufhi folius p. 189. Sonchus oleraceus levis. LINN. À 4 * Le jus même de la laitue ordinaire a excité dans une femme des convulfons dangereufes. ANDRY, ali- anens du carême. - 5 MATIÈRE Il vient par-tout, près des haies & dans les de. gombres. Les plantes de ce genre font fucculentes, fans âcreté quoique amères; elles ne font pas éxemtes d’odeur narcotique, & on les employe peu dans la médecine: elles ont cependant là même efficace que la chicorée, à laquelle SyLvarious les préféroit pour guérir les obftructions du foie. P. BOCcONE : dit que douze onces du jus de cette plante ont été utiles dans la pleuréfie, On fe perfuadera moins aifement qu’elle fournit à la diftillation une eau ale- xipharmaque , falutaire dans les fiévres malignes, bonne contre la piquüre de la tarantule, & propre à pouffer le calcul par les urines. On en fait faire des cures printaniéres aux chevaux, appliqué exte- rieurement, le laitron guérit les charbons. Il paroif foit {ur les tables de DIoscORIDE; CARDAN dit que lorfqu’il eft tendre, il eft fort bon en falade. 46. HIERACIUM. LA PULMONAIRE des 1 François, La tige eft prèfque nue, & ne porte que peu de leurs, les feuilles font ovales, lanceolées & dente- lées près du petiole. Auricula muris major TRAG. p. 276. Hieracium murorum. LINX. Elle vient aux murailles, principalement des jar. . dins, Qn s’en fert peu; fon nom lui vient peut-être de MÉDICALE. n fes taches. PLINE dit que les éperviers en expriment Je fuc avec leurs ongles & Le font entrer dans leurs yeux, qui deviennent plus clairvoyans ; mais Mr. SCHREBER preètend que la plante eft nuifible aux beftiaux, & leur ‘enflamme la gorge & l’eftomac, par les piquans de fes aigrettes. $5: HIZERACIUM. LA PILOSELLE ou OREILLE DE RAT. La tige ne porte qu’une fleur, elle eft rampante, fes feuilles font petiolées, ovales, garnies de longs poils, & drapées par-deflous. PILOSELLA CAMER. épit. p. 708. Hieracium Pilofella, LIN. On la cueille au bord des chemins. Il en croit une variété entiérement cotonneufe dans les prés des Alpes, aux monts Fouly & St, Gotthard. Elle eft amère, & moins fucculente que les autres plantes laiteufes, aufli la vante-t-on pour les hernies, & l’efquinançie & dans les maladies de poitrine qui proviennent de l’âcreté de la lymphe. Cependant les médecins ne la mettent préfque point à une épreuve ferieufe, Mr. LIETAUD la dit très-amère. Au refte les hiéraciums font hors d’ufage. (CRa- TEVAS les prefcrivoit aux, hydropiques. ORIBASE prétend que le jus de l'oreille de rat bû pendant trois jours tue les vers, Les efpèces vivaces donhent du jaune aux téinturiers, 4o | 2er so 56. TARÆKACUM. LE PISSENLIT ou DENT DE LION. Les feuilles portent fur des calices glabres, dont les écailles inférieures font recourbées en-deffous. Dens Leonis CAMER. épit. p. 286, Leontodon Taraxacum. LINN. Rien n’eft plus commun dans les pres & le long des chemins. Son lait eft amer, fa racine encore davantage; fon eau diftillée eft acide; elle donne un efprit qui con- tient beaucoup de fel volatil , on trouve dans fes cen- dres un peu de fel lixiviel & de terre. Elle eft la plus efficace de toutes les plantes de fa famille. C’eft fon fuc qu’il faut employer, ou même la plante enticre, qui eit réfolutive fans âcreté. Elle entre, avec la racine de chien-dent, dans la compoftion de cette tifanne royale dont Louis XIV. paya la recette fi genereufement. Elle eft bonne contre la jaunile, dans laquelle on en donne le jus par livre: elle eft ‘auffi utile pour fondre les matiéres épaiflies des pou- mons, dans la toux, & pour la guérifon des fiévres intermittentes opiniâtres; dans la lépre & les affec- tions dartreufes. On la donne auffi pour détruire les reftes des maladies aiguës. La tifanne de dent de lon appartient aux réfolvans. On vante l’onguent qu’on prépare avec fa racine pilée pour réfoudre les glandes fcrophuleufes. Les modernes recomman- ‘dent aux cachectiques l’eau odorante qu'on retire par la diftillation de cette plante fermentce, qui a MÉDICALE. 1? un goût vineux & aigrelet. L'extrait aqueux eft bal. famique , il paroit d’abord un peu doux & enfuite amer, L’extrait fait avec le vin a un peu d’aftric- tion. Le piflenlit eft comeftible aufli-bien que fa racine, PRE ENUTRS À FLEURS COMPOSÉES À ÉTAMINES RÉUNIES. SECTION. II. RADIÉES. SUBSECT, I]. LE PLACENTA NUD. a. Les femences aigrettées. L | 1. SENEÇONS à FEUILLES LACINIÉES. 85. SENECIO. LE SENEGÇON. Lives corolles de cette efpèce font nues, fes feuil. les ailées, finuees, amplexicaules, & fes fleurs éparfes. Senecio Erigeron. TABERN. p. 168. Senecio vulgaris. LINN. Il eft très-fréquent dans les jardins & fur les.mu- railles. Le Seneçon approche des chichoracées par fes qua- lites. Il eft fucculent, d’un goût herbacé, un peu le. On l’applique comme rafraichiffant fur les feins 12 -MATIÉRE & fur les tefticules enflammés & skirrheux , cuit dans du lait avec des mauves; d’autres lemployent dans Pefquinancie. D’autres encore s’en fervent comme d'un vulnéraire, Il ne paroït pas qu'il pui£ fe, comme on le prétend, exciter le vomifflement lorfqu'on l’applique torrefié fur l’eftomac, ni qu'il ait aflez d’efficace pour guérir les fièvres. LENTI- LIUS en failoit ufage dans la colique fpafmodique des enfans. On vante fon huile pour les brülures, ce- pendant on s’en fert peu. 63. SENECIO. Les feuilles font SA OCR lanceolées , & en fcie, Jacobæa latifolie altera G. B. prodr. p. 69. Il croit dans les prairies graffes des Aloe: & com- munément autour des cabanes de bergers, dans le village même, dit LES PLANS, dans la vallée 4” Ur- Jèlin, au St. Gotthard, au M. Speluga, &c. Japprens que cette efpèce eft âcre & déletere, qu’elle purge en donnant des tranchées, & qu’elle fait tomber le poil aux moutons. 2. SENEÇONS à FEUILLES ENTIÈRES. SENECI0. Ses feuilles font lanceolées, naiss dés: les fleurs en ombelle. Solidago faracenica J. B. IL. p. 1062. Senecio faracenicus. LINN. MÉDICALE. 1} Elle eft très-fréquente dans les montagnes & für les Alpes, elle defcend même dans la plaine & dans le chemin entre Roche & Rennaz. On la regarde comme un remède vulnéraire, & on la donne pour les accidens qu’entrainent les chû- tes, & pour poufler les urines. Elle entre dans la compolition du fa//trank: fa décoction à guéri un ulcère ‘inteftinal d’une efpèce rare, au rapport de Mr. Erpci. Appliquée fur le dos d’un cheval elle Pa or d’une bleflure occafionnée par le me og 69. SOLIDAGO. VERGE D'OR: La tige eft anguleufe, hériflée de poils, = feuil- les elliptiques en lancette & dentelées, les fleurs ra= maflées en bouquets. Virga aurea vulgaris latifolia J. B. TL. Bo inée, r + Solidago Virga aurea: LIN. Elle eft commune dans les bois au- deffous des montagnes. On'la trouve aufli dans les bois de Berne, à Weiffenfiein & au M. Gurtén. Je l'ai trou- vée à l'entrée du bois de Sovabelin, & près du pont de Paudex au bord du ruifleau. V. “© Variété b. dont les feuilles font dentelées plus lé. gérement. Virga aurea montana minor. BARRELIER fig. 783. dans les vallées du M. Jura. Son infufñon eft tant foit peu aftringente & a l’o- deur d’un mauvais the, elle rougit le fuc de tourne t4 MATIÈRE fol & verdit un peu le fyrop violat; elle noircit avec la diflolution du vitriol. Cette plante amère & ftyptique tient un rang par: mi les vulnéraires, parcequ’en confolidant les ulce- res elle les mondifiee On la vante extrémement pour les cas où la corruption s'empare à la longue des humeurs, Employee intérieurement & extérieu- rement, elle a guéri un ulcère de l’uréthre, & un abfcés aux reins. ETMULLER dit qu’elle nettoye & confolide les bleffures & les ulcères de la veflie. Er- PLI parle d’une incontinence d’urine guérie par lu- fage d’une tifanne faite avec la Verge dorée, la ra. cine de domte-venin & de confoude. (C’eft en vertu de ces deux qualités qu’elle eft bonne aux reins, & qu'on loue fes effets dans les commencemens du calcul. La poudre, à la dofe de trois dragmes, donnée de huit en huit heures ; chañle le calcul, & réduit la gravelle en petits grains ; mais il faut s’en abftenir-lor{qu'il ya de linflammation. STAHL nie cependant que la verge dorée lui ait été vraimen, utile dans la pierre de la veflie. ‘I. ASTERS à FLEUR JAUNE. 72. ASTER. AUNÉE OU ENULE CAMPANE. Les feuilles font ovales ¥ lancette, dente- lées en maniére de fcie, cotonneufes en - deflous ; celles qui font près du calice font ovales, lancéo- lées & trés-grandes. Helenium CAMER. épit. p.35, Tula Helenium. LINN. MÉDICALE. 14 Je doute qu’elle foit bien véritablement originaire de ce pays, commé GESNER le foupconnoit avec raïfon de celle qu'il avoit trouvée dans les prairies des environs de Zurich. Elle croit à Michelfeld, felon C. B. Mr. J. Jac. RITTER l’a trouvée au bord du lac de Neufchätel. Mr. Dick en a apporté du pays des Grifons près de Pocco d’Adda du côte de Morbegno. Elle eft indigène de la Hollande & de PAngleterre. Sa racine eft âcre, amère, odorante, aromatie que, & reflemble un peu à la bile par fes qualités. Elle contient beaucoup de gomme, & huit fois moins de réfine; enforte qu’après que l’eau en a ti- ré la gomme, il ne refte que fort peu de chofe à difloudre à l’efprit de vin. Le célèbre NEUMANN préfère pourtant l'extrait fpiritueux , comme pofie. dant les principales vertus de la plante. Pendant la diftillation, il s’attache du camphre au col de l’a. lambic. Sa plus grande efficace confifte à fortifier l'eftomac , lorfque le relâchement de fes fibres nuit à la digeftion , que cette racine rétablit; à guérir les douleurs de colique provenant d’une caufe acide, & à donner du foulagement dans l'affection hypochon- driaque. C’eft à raïfon des mêmes qualités qu’elle tue les vers & remédie à la fuppreflion des règles & des lochies. Sa vertu pénétrante eft encore utile à a poitrine, où les remèdes parviennent fi difficile. ment, dans l’afthme *, dans la coqueluche, & dans toutes les obftructions du poumon. —— — * BucHwaALD , p.112. il entend l’afthme humide, 16 MATIÈRE On employe cette raciné en décoétion, ent infu- fon aqueufe, confite, ou infufée-dans du vin.. Son eau diftillée eft odoriferante. On en obtient une hui- le concrète * dans la proportion d’une demi dragme fur une livre; cette huile {e fige d'elle-même, & reflemble au camphre ** DIEMERBROECK la re. commandoit comme un prélervatif de la pefte, mais mal-à-propos, parcequ’elle eft nuifible dans tous les cas où on doit éviter les remèdes échauffans, coms me aufli dans certaines maladies de la poitrine. Elle fait l'office de rubéfiant, pileé & appliquée à l’ex- térieur : fa décottion en lotion eft bonne contre la gale, Hâchéé, macérée avec de l'urine, & mélée avec des cendres gravelées & des bayes de myrtille elle donne une couleur bleue. ,Les Daces & les Sarmates, dit GALIEN, frottoient leurs flêches avec l'aunée, pour que les bleffures en fuflent mortelles. k m9. ASTER. (CONISE DES PRÉS Ses feuilles font amplexicaules, ondées & coton. neufes en- Carduus Marie TRAGI. p. 850. Carduus Marianus. LINN. 58 MATIÉRE Cette plante vient des jardins, d’où, jettée par. mi les rebuts, elle reprend & fe trouve aflez fou- vent avec eux dans les décombres. Ses femences qui font amères & farineufes, font mifes au nombre des médicamens d’ufage, & nous trouvons qu'on en a donne l’émulfon avec fruit dans les points de la poitrine, & pour réfoudre le fang caillé, Les feuilles de cette plante font ame- res & acides. 183. CARLINA. LA CARLINE ou CAMÉ- LÉON BLANC. a. Dont la tige ne porte qu’une fleur. Carlina altera DODON. purg. p. 440. TOURNE- FORT tab, 285. Carlina acaulis. Lin. On la trouve dans les prairies incultes des mon- tagnes & au-deflous des Alpes, dans l’Emmenthal entre Eggivoyl & Tfthangnau, entre Boll & Hab- cheren, dans le #affèrfall & fur la M, de Save, autour du /ac de Joux, aux environs de Ferriére , dans les lieux montagneux du gouvernement d’Æi- gle, a Ormond deffus, fur la Dent-de.Jamand, & dans le Simmenthal. La vertu de fa racine réfide dans l'huile effen- tielle, & dans la partie réfineufe; cette huile eft difficile à obtenir, mais la refine pafle dans l’efprit - de vin. Cette racine tranfmet encore fes vertus à l'eau par linfufñion. L'huile effentielle de Carline va au fonds de l’eau ; cependant on peut avec beau- + MÉDICALE. 59 coup de foin faire qu’elle y furnage. Les médecins vétérinaires font ceux à qui elle eft le plus connue, Suivant PREVOT elle purge donnée au poids d’une dragme, tandis que, fuivant l'expérience de Don- ZELLI , elle doit exciter à l’acte vénérien. Les pla- centas charnus des fleurs de Carline peuvent aufli bien fe fervir fur les tables que ceux de l’artichaut, les montagnards du gouvernement d’Aigle les met- tent au nombre de leurs mets, & je ne les ai point trouvés defagréables, Au refte la Carline a de com- mun avec la plüpart des chardons , que leurs pla- centas ont une chair d’un bon fuc, & font comef- tibles, | En général les fleurs des chardons fèches four- niflent un trés-bon levain, pour faire le petit-lait. CAPITÉES. SUBSECT. [I. QUI ONT UN CALICE COMMUN. LES RAYONS STÉRILES, 191. CYANUS, LE BLUET ou AUBIFOIN. Ses feuilles inférieures font de figure. elliptique, dentees , les fupérieures font linéaires, les demi-fleu. rons font très-larges. Cyanus minor CAMER, Epit. p, 289. On le trouve par-tout dans les bleds, Les fleurs du Bluet promettent peu de vertus, elles n’ont prèfque ni goût, ni odeur; cependant on a cru que leur infufon aqueufe diflipoit l’inflam- mation des yeux, opinion qui n'eft peut-être due 60 MATIÉRE qu’à fa belle couleur; on lui a encore attribue la qualité de diurétique: on vante même l’eau diftillée de Bluet pour les maladies des yeux. Ses fleurs exprimées tandis qu’elles font encore frai- ches donnent une belle couleur bleu de ciel, que les acides rougiflent, & qui verdit avec l’alcali. On pré- pare cette couleur pour la peinture , ä-peu-pres com- me le faffran. Il faut pour cet effet, choïlir les fleurons neutres de la fleur, les imbiber de rofée, les faire fécher dans un four fur une toile de crin, les arrofer avec de l’eau gommée, & en faire ainfi, petit-a-petit, un gâteau, qu’on retourne de tems en tems , en larrofant de nouveau, puis on le met en preffe pendant quelques minutes, jufqu’a ce qu'il fe foit converti en pâte folide , qui teint d’un beau bleu. Cette couleur n'étant pas folide, on ne peut l’em- ployer que pour de petites chofes : on en fait aufli une encre bleue. On teint aufli le fucre & les fy- rops d’un beau bleu celefte par le moyen du Bluet. RIEDLIN parle d’une foiblefle de la vue qu’avoit laiffé après elle la cataraéte, & à laquelle remédia l’eau de fleurs de Bluet appliquée fur les yeux, où l'on en fit entrer quelques gouttes *. Son infuñon eft un peu aftringente & a quelque chofe de vifqueux. La femence de cette plante eft amère , :& purge donnée à la dofe de demi dragme. * Lin. med. VI p. 1352. MÉDICALE. A 194. CALCITRAPA. LE CHARDON ÉTOILÉ ou CHAUSSE-TRAPE. Aux feuilles velues, aïlces, les ailes dentées, les fleurs fefliles axillaires. Carduus ffellatus DODON. purg. p. 448. Centaurea Calcitrapa. LIN. Se trouve à Berne, au bord du chemin qui fuit le ruifleau avant qu'il entre dans la ville, au pied d'une colline ; fur le Fa/tenplaz, à Vevay, à Lau- Janne , a Tverdon, aux environs de Treicovagnes, à Grandfon, à Payerne au bord des chemins , au château Valeria, à Sion; elle eft très-commune à Geneve. Toute cette plante eft amère, & reffemble pour fes vertus au Chardon bénit. On regarde en Fran- ce l'écorce de fà racine comme febrifuge, & on en donne dans cette intention une dragme infu- fée dans de l’eau, on croit aufli qu’elle procure du foulagement dans les maladies néphritiques, Une dragme de graine de Chardon étoile poufle forte- ment l'urine, au point même de la teindre de fang. Le remêde de Mr. DE BAVILLE confiftoit en une dragme de poudre & d’écorce de racine de Chaffe- trape infufée dans du vin blanc, qu'il donnoit dans la colique néphritique. Il eft arrivé à Mr. Bucoz de donner ce remêde inutilement. Cette écorce eft un des meilleurs diurétiques. Ses fleurs ont une grande amertume, & leur infufion vineufe eft fe- brifuge aufli bien que le fuc des feuilles. 6i MATIÉRE DURS PARIS TESEOIONS TRFRCENTE NE METRE LIT EI P'L ANT ES À FLEUR COMPOSÉ Ë, ORDRE IL À ÉTAMINES SÉPARÉES. CHAQUE FLEURON PORTANT SUR UNE SEULE SEMENCE NUE: DiIPSACÉES de VAILLANT; Mém.: 1923. p: 192. SECTION L À CALICE COMMUN. 198. DIPSACUS. LE CHARDON À BONNE- TIER: Dipfacus fullonum: Lin: A têtes ovales entourées de feuilles arquées, les lames du feceptacle terminées par des barbes droites. On le trouve en quantité fur les chemins & au bord des foflés: L'eau qui fe ramaffe dans les petites cuvettes que forment les feuilles autour de la tige, a la réputa- tion d’enlever les taches du vifage & de difliper quel- ques maladies légéres des yeux: Il entre dans la compofition d’un antidote contre la morfure des chiens enragés *; * Act. Hafn. IL obf. tro. MÉDICALE, 63 O1. SUCCISA. LA SCABIEUSE DES BOIS ou Mors pu DIABLE. Dont la tige porte tfbis fleurs, les fleurs convé- xes, les feuilles radicales ovales ; les caulinaires lan- céolces. Succifa { Morfis Diaboli MATTHIOL. p: 623. Scabiofa fuccifa. LINN, Elle fe plait dans les prés humides & à l'ombre des bois. ’ On en trouve une variété à fleur blanche près de Vevay, &c. On en faifoit cas autrefois dans l’idée qu’elle étoit fudorifique & aléxipharmaque * ; on la vantoit mé- me contre la pefte; mais ni l’odeur ni la faveur de cette plante ne promettent d’aufli grandes vertus, & elle ne repond point aux éloges que les auteurs lui ont donnés à titre d’antidote, Mr. LIETAUD la dit propre à diffiper le fang extravafe par quel- que chûte ou contufon, fous la forme d'infufion ou de décoëfion. On s’en fert avant qu’elle ait fleuri pour teindre la laine en verd, en la faifant cuire avec elle: on donne aufli par fon moyen cette couleur au lin avec lequel on la fait cuire, il y en a qui y met- tent encore des cendres, puis on la met macérer * IL eft dit dans les Tranf. Phil. que le fuo du Mors du Diable eft un antidote univerfel. n. 211. 64 MATIÈRE pendant la nuit, après quoi.elle donne fa couleur au lin. La plante féchée produit une couleur jaune. 206. SCABIOSA. LA SCABIEUSE DES PRÉS. Aux feuilles pétidlées, ovales, lancéolées, den- tées, les fupérieures demi-ailées. Scabiofà fiore ex cæruleo purpureo. TABERNÆ- MONT. p. 158. Scabiofà arvenfis. LINN. On la trouve par-tout dans les prés & les chemins. Toute la plante eft amère & d’un goût défagréa- ble, fon eau diftillée a, fuivant la Pharmacopée de, Londres, une légère odeur de rofes. Elle pañle pour fudorifique, vulnéraire , favonneufe: BOERHAAVE la recommandoit finguliérement dans, les maladies de la poitrine, parcequ'il Jui reconnoif- foit la propriete de réfoudre doucement & fans beau- coup d'effort: d’autres medecins lui aflignent auf, le premier rang dans les mêmes maladies ; &-RI- VINUS l’eftimoit bonne dans l’empyème. Rop. Ca- MERARIUS dit qu'elle fait percer les xomiques &. les, abfces parvenus à maturité ; & c’étoit dans cette vue que RIVINUS fe fervoit (dé cette plante. D'au. tres la prefcrivent dans le traitement des ulcères ; même véroliques, & en fomentations. Elle téine aufli la laine en verd.’ PLANTES MÉDIÇALE. és “PLAN DES DONT CHAQUE FLEURON PORTE SUR \s : UNE SEMENCE MUE: SECTION IL SANS CALICE GOMMUN. À FLEURONS SOLITAÏRES. 209. VALERIANA. LE NARD CELTIQUE, A feuilles entières; les radicales ovales, celles de la tige linéaires obtufes. Nardus celtica {. alpina CLUS: Pahnon. p. $r4. 515: »€1 | ) Valénünä celtica. LINN: Ï n'y à pas long:tems qu’on l’a découvert en di- férens lieux des Alpes, furtout èn Vallais, fur le inont Dome qui s'étend du côté de lItalie, fur le Grañd loc, x It droité du la, für les moftagnes de St. Nicolas, mais en plus grande quantité dans les lieux couverts d'herbe au Val-d Aojte : dans les terres noires. Sur le mont Scheinberg Switens ;, fuivant Mr. SCHINZ. | Son odeur, qui eft beaucoup plus forte que celle de la Valériane fauvage, promet aufli des vertus _plus efficaces. Elle eft cependant peu connue dans les pharmacies. Toutes les années on envoye;, fui= vant HASSELQUIST , d'Aleniäge en Egypte, jufqu’: à Tom. L E 66 MATIÉRE foixante tonnes de ce Nard, dont les Egyptiens fe fervent pour faire un onguent propre à maintenir la peau douce, MATTHIOLE dit qu'on l’employe pout des bains. Cette plante etoit fort connue des anciens fous le nom de Nardus gallica olufatri fo- lio, caule cubitali geniculati , in purpura albican- te, radice obliqua, avium pedes imitante ; “d’au- tres la connoïfloient! fous le nomt de Fu PLINI *. CELSE la fait entrer dans la compolition antidote : AURELIEN en parle fous le nom de Ceftiberica. Il en eft fait mention dans les notes de. R-ATEARIUS fur l'ouvrage de NICOLAUS , en ajoëûtant qu’elle eft diurétique. CosTÆUS préfère ce Nard à celui des Indes. Je ne doute pas qu'il ne foit autant & mé- me plus utile que la Valeriane fauvage pour la foi- bleffe des nerfs. Les m dernes l'ont négligé au point, qu'après le feiziéme fieécle on n’en a donné ni figure ni defcription. Pris à la dofe de deux dragmes il purge par en haut. 210. VALERIANA. LA VALÉRIANE SAU- VAGE. Aux feuilles ailes, les folioles dentes, Phu minus CAMER. EÉpit. p. 22. Valeriana officinalis. : LIN. Elle eft très-fréquente dans les endroits où il y a ., * L. XIL c. 12. Mais fa defcription n’eft pas trop d’ac- cord avec celle de notre plante. MÉDICALE. y de l’eau. Cependant on la rencontre aufli dans les hayes & les bois, Une de fes varictés, à feuilles étrais tes, oroîit dans des lieux plus fecs: L'autre variété dont les feuilles font plus larges & luifantes, vienf dans des endroits pus humides, Sa racine a une odeur finguliére ;- qui tient lé milieu entre le bon & le mauvais CARTHEU« SER dit que la vertu de cette racine retide dans ja. partie relineufe, & la teinture qu’on en tie par l'efprit de vin ; a le goût & l’udeur de certe plances il en eft de même de l'extrait fpiritueux ; qui efk éxtrémement abondant, Le célèbre HILL préparé aufli une teinture fpiritueufe de Valériane, Il dit que cette plante contracte de l’amertume dans Les btuyé« res, & veut qu'on la fèche & conferve avec foin. On en tire une fi petite portion d’huile qu’à peine eft-elle fenfible, La racine de Valer'ane tranfmet à l'eau fa qualité ämére & nauféeuie; mais cette in« fufion en confiitance d'extrait eit fort naufceufe avec une faveur douce-amère, Nous préférons de faire prendre cetté racine en poudre, formé fous laquelle CoLUMNA dit s'être gueri luismème d’une épilepfie née avec lui; on a conjecture à la vérité ; il n’y a pas long:tems , que ce grand homme étoit retombé dans fon ancienne maladie, pour avoir ré: noncé pendant long:tems à fes travaux accoutus més. Mais le célèbre MARCHANT à donné avec fuccès cette même racine contre lépilepfe, au poids d’une dragme & demi ; & on a encore en fa veur de ce remêde les témoignages d’autres auteurs E 2 68 MATIÉRE célèbres *, ôn l'a même vu réuflir contre une épi- lepfe dont les accès furvenoient durant le coït **, Il eft certain, d’après ké rapport de plufñeurs, que l'epilepfie a cédé à ce reméde; & fi quelquefois il y a des rechûtes, fi la Valcriane n’a pas toujours pu vaincre le mal, il d’y a rien en cela qu’elle n’ait de commun avec d’autres remêdes.' Quant à moi, je puis diré avec vérité que j'ai fouvent donné avec fucces cette racine Contre les maladies hyftériques, & dans le cas d’une trop grande fenfbilite des nerfs; elle n’a pas non plus trompé mes efpérancés dans le traitement de lépilepfe. J'ai fufpendu par fon moyen, pendant dix-huit mois ; le retour des paro: xyfmes épileptiques, chez un jeune gentilhomme, qui cependant, étant retourné en Italié, à été, à ce qu'on m'a dit, derechef atteint du même mal. Mais j'ai guéri complettement & fans retour avec le fuc de la racine de Valériane, une Demoifelle de con- dition, qui étoit véritablement épileptique & des ac- cès de laquelle j'avois ete témoin. Aufli efl-ce avec raïifon que JACOB DOUGLAS a cherché à introduire ce remêde dans les pharmacies, & que Mr. Tissor en fait beaucoup d’ufage. Il dit que c’eft le meil- leur anti-épileptique qu’on employe, & il récomman- de l'extrait aqueux qu’on en prepare. Cette! racine * PANAROLUS qui faifoit prendre la tifanne de cette racine tirée de terre avant la fortie de la tige. SCHUCH- MANN. ScopoLi. HILL. BUCHOZ V. p. 229. 230. où l'on trouvera des éxemples de guérifons. # Mr. DE SAUVAGES l'a guérie avec l'infufion de la racine de Valériane, MÉDICAL'E. à guérit encoté /la /céphalique. . On. l'a donnée utile- ment en poudre dans-les délires :& l’infomnie d’une fiévre maligne , quoiqu elle ne fait pas, fort propre 4: arrêter 1es. progrés de la putridi té. .Mélée avec le gaiac elle réfout, avec une efficace finguliére , lés obftructions des glandes , employée 1 mème à l’exte- rieur *, Les” ancieris là croyoient diuretique. Sui- vant BODING , elle.eft encore très:bonne-dans le te- nefme, L'huile difiillée de Valériane eft un puiflant remêde contre. les épilephes , , &les éphémérides jF curieux de la nature en ‘donnent un exemple ** Deux dragmes de Sue cuites. avec du vin ou de la bierre, purgent par haut & par bas. Je me fuis {oulage confidérablement ; d’une, foibleffe de vue affez grande & ancienne » accompagnée de mou- ches voltigeantes à, l'œil gauche, en prenant. trois fois par jour pendant 15 jours jufqu’à deux dragmes de Valeriane en poudre, après avoir fait inutilement ufage pendant un mois de l'extrait de coquelour- de noirâtre de STorCK, dont’ j'étois enfin venu à prendre une dragme:trois fois, par jour, V. f CULLEN dit avoir donné la-racine de Valériane jufqu'à demie once; fans fuccés ; ce qui le con- duit à recômmander de la tirer au printems, par- qu’enfuite elle n’a plus de vertu. E 3 * SPIES de Valeriana p. 424. où il dit qu'elle a difi- pé les humeuts cacheétiques. #** Dec. III. ann, IV. obf. 44. | 0 -MATIÉRE 214, VALERIANELLA. LA MACHE ow> BLANCHETTE. Aux feuilles oblongues, dont les bords font dé. coupés par des incifions écartces, l’aigrette de la femence fimple & en pointe, Laëluca agnina TABERNÆM, p. 267, Valeriana loçufta, LINN. Elle eft trés-commune dans les champs, & bon. ne à manger à l'entrée du printems, 1 _Onen ufe en falade, & c'eft d’ailleurs un des légumes qu'on mange le plus fréquemment, On en prépare des bouillôns, qu'on aigüife avec du jus de citron & qui font utiles dans les fiévres, On a vu un lientérique fe nourtir uniquement de ce légume fi innocent, parceque tout - autre mets lin. commodoit, MÉDICALE. 71 CLASSE IE | pole ANT ES À FLEUR IRRÉGULIÉRE DONT DEUX ÉTAMINES SONT PLUS GRANDES, ET LES DEUX AUTRES PLUS PETITES. VERTICILLÉEES de BOERHAAVE. LABTÉES de TOURNEFORT. ORDRE I. À QUATRE SEMENCES NUES. SECTION L.: À FLEUR -P EU IRRÉGULIÈRE. ‘219. V'ERREN A. LA VERVEINE. Aux feuilles da en TE { idées, les fleurs en épis très +mincés. Verbenaca MATTHIOL. po 1052. Verbena ofqnabs, LINx. On là trouve par-tout für lès éhemins & au bord 1| des chemins: !} «!l « SiNEQME Cette plante n’a aucuire odeur , gite point de’ faveur : elle donne à la diftillation‘ un efprit acide ; une huile empyreumatique ,& unipe de fel vola- til: fes cendres contiennent un feblfixe & fale, qui n'eft point alcalin. J'ai éprouvé” que fon fuc cpaifh pris deux fois pat jour à la dofe d’une dragme, guc- rit les ficvres Intérmittentes ; au moins eft-il für que, LL 2 E 4 #2 MATIÈRE … joint au quinquina, il le rend : ‘plus cficace. Le fe cret antarthritique de, FuLvio. TESTI eft un bau- me préparé avec de l'huile de Verveine * Sa dé- coction mêlée avec de l'efprit del vi k, dit-on , bonne pour diffiper l'humeur glutineufequi celle les paupiéres, Les ancions Jemployoient pour arrêter lé faignement de né, ‘Elle pañfé pour guérir les maux de téte, appliquée en formé de cataplâme ** & mélée: avec: la racine de l’Orpin rofe x or lui at- tribue la même propriété , employée, feule comme un amulette ; elle doit encore see utile en fomen- tation dans la pleuréfie. Îl'ne me paroit pas qu'on lemploye béaucoup en! Médécihé. TROSEN dit qu’on l'a fouvent fufpendue inutilement au cou des en- fans qui avoient des convulfions, Mr. MoRLEY guérit les ecrouelles | en attachant la. racing de Ver- veine autour du cou, en l’appliquant en forme de cataplâme fur la tüimeur, & enfin en donnant fon eau difillée. Mr. BucxozZ dit qu’appliquée ! chaude, ment avec du vinaigrer elle .eft utile dans la. pleuréfie, 221.,MENTHA., LE POULIOT. Sa tige eft rampante, fes feuilles font obrondes, & legerement: dentées, les. étamines”{ont | plus lon- gues que des, çorolles. : : , ennof, STI Pulcgium REVIN: t,23. nuerrqee sliud sn Menthaspülégium, LIN. she fi * Gioru, di leiter, vol, XXII. p. 166, a pe sit | + ** Les Femilles mème fraiches de cette plants. diyené, fuivant GALIEN, les douleurs de tête, MÉDICALE. 73 T croit à Michelfelden, fuivant CasP. BAUHIN, à Mulhaufen dans les folles & les lieux pleins d’eau, fuivant Mr. HoFER. Il y en a quantité aux envi- rons de Morges dans les gazons humides, Cette plante eft amère, âcre, d’une odeur péné- trante , aromatique, & ‘elle a plus de vertus & d’o- deur de menthe, Il refte de l'acide dans fon fel fe, “Le Pouliot eft un emménagogue für, OT 1 que ne conferve pourtant pas fon eau diftillée, quoi- qu'elle ait l'odeur de cette plante, & qu'elle cons, tienne une huile très-pénétrante: mais 11 la commu- niqué au vin blanc avec lequel’ on le faït infufer en y ajoûtant de l'acier, préparation qui n’a jamais trompé monattènte, Je .n’ai employe ni l’eau de pouliot, ni fon fuc, ni fon infuñon;, ni le pouliot lui-même broye avec du miel pour les maladies de la, poitrine, comme le recommandent. d’autres. me» decins *, Les anciens le regardoient çomme yuiné- raire & LEE “ MÉSuÉ faifoit cas de l'huile de pouliot, sppliqué à l'extérieur il diflipe le ténefme. On a vu une perte de voix cefler après avoir mis de fes feuilles {ous la lingue , effet dû à fon àcre- te, aflez grande pour exulcerer la peau fur laquelle on l’applique. BALE vante fes effets dans la toux poNUINE, LEN- TIL, eteodr. p, 535. CHOMEL le dit bon dans l’afthme, p. 972. & Diosc. III. c, 30. l’a trouvé utile dans les maladies des poumons, wa. MATIÈRE 223. MENTHA. LA MENTHE DES JARDINS ou BAUME *. CU Ses fleurs font en bouquets verticillés , fes feuilles velues , ovales - lancéolées , les bouquets cotonneux. Mentha verticillata RIVIN. ; Menftha arvenfis. LINN. On la trouve parmi le chaume, elle répand une, odeur déteftable à mon avis, & un peu doucâtre. LOBEL la vante pour la dyfurie. 226. MENTHA. LA MENTHE SAUVAGE, \ MENTHASTRE, ou BAUME D'EAU À FEUILLES RIDÉES. Ses feuilles font ovales, ridées, fes fleurs font en épis cylindriques. Menthaftrum folio rugofo rotundiore , fire neum , fiore-fpicatro, odore gravi. J,B. I. P- AE AMentha rotundifolia. LINN. Elle croit à Bâle devant la porte Steinenthor, & le Spahlenthor , fuivant (‘HERLER. J'en aï cueilli fur tout le grand chemin dé Za Vaux le long des murs. Elle eft fort commune autour de Layfanne au bord des chemins... On la trouve encore à CAia- venne, à Genève, &c. Elle a une odeur durable & fort agreable, Les fommites broyces entre les doigts & mifes * Je joins ici ces trois efpèces de 223. 229. &.280. comme ayant les mêmes vertus. Note du Trad. MÉDICALE: 4 dans les oreilles; diflipent les bruiffemens caufes par un dépot d'humeurs féreufes & froides, de même que la furdite qui vient à la fuite de ces dépôts. C'eft un remêde d'un ufage familier dans les envi- sonside Laufänné ÿ je l'ai fouvent: vu réuflir dans ce dernier ças, & entr'autres dans une furdite affez opiniâtre & de la même efpèce qui duroit depuis quelques mois; mais cette application me paroit de mander de la circonfpection, à caufe des douleurs très-vives & de la grande chaleur qu’elle excite au bout de quelques minutes. CELSE recommandoit de recevoir dans la bouche la vapeur de Pinfufion de Menthaître, afin de foulager les maux de dents, en faifant par ce moyen couler la pituite. 229. MENTHA. MENTHE D'ANGLETERRE, ‘ ROMAINE, OÙ DE NOTRE DAME. à Ses feuilles font elliptiques - lançcolces, fes fleurs em épis cylindriques & trés- gläbres, Mentha CAMER. Æpit, p. 477. Mentha: viridis, LINN. Je ne la crois pas véritablement indfédnels encore que j'en aye cueilli fur les chemins du pays de Vaud, entre St, Saphorin & Vevay; quoique les Anglois la regardent comme naturelle dans leur isle, que Mr. MIEG l'ait trouvée à Bäle du côte de la po. tence, & nonobffant que Mr. GAGNEBIN en ait trouvé près du Doux pas loin de Ferriere, & aux environs de Goumoy, 76 MATLÉRE 230. MENTHA. MENTHE FRISÉE. Aux feuilles ridées , atrachées à des pctioles très. courts , les Hleurs.verticillées &.en ÉPIS.. 4 Mentha, crifpa RIVIN. & Lin: Spec. pes JE Pp. 805. ifj9" 13irt9b 99 CHERLER l'a trouvée à Bale devant le Shahtehitigpe & ce n'étoit point lei menthaftre, que le dit CHER- LER dit avoir vu au même endroit. Elle eft affu- rément exotique, & ce n’eft que par accident qu be s’eft naturalifée dans notre pays, La menthe frifée, celle d'Angleterre, & celle des jardins, nous paroiflent mériter la preference fur toutes les autres par leur odeur diftinguée & leur vertu ftomachique, L’eau de menthe arrête le vo- miflement, fur.tout la fhiritueufe qui pofède les vertus & l’huile de cette plante. PorTius l’eftime propre à prévenir la dyflenterie, employée avec l'her- be au chat. Outre cela elle provoqué les mois, nfais avec moins d'activité que le poulint ; fon fuceft âcre, à tel point, qu'on eft venu à bout par fon moyen d'un -polype au nez * Employée en çataplâme, elle eft bonne dans les douleurs d’entrailles ; dans les maux hyfteriques, & pour difliper les douleurs qui ont lieu après l'accouchement. * Au rapport du CARRICHTER p. 20, mais il parle d'une menthe noire peu connue. MÉDICALE. 74 SECTION IL DOonNT LES FLEURS SONT À DEUX LEVRES. SUBSECT. L LA SUPÉRIEURE ÉCHANCRÉE OU FENDUE EN DEUX. 232. LAVENDULA, LA LAVANDE FE- MELLE Ou COMMUNE. Ses feuilles font linéaires, & fes fleurs font dif pofées en épis nuds. ‘ Lävandula altera Dobox. Coron. add. ic. p. 276. Lavandula Spica. Lin. ; Cette belle plante eft fpontanée én divers en- droits, comme fur les montagnes au-deflus de Neuf- châtel, & dans les lieux fablonneux au : deflus du Vuilly , en particulier au-deflus de Nant. Cette plante odorante communique par fa diftilla- tion fon parfum à l’eau, à qui elle donne aufli un peu d’acidité & qu’elle rend analeptique: les parfu- meurs préparent une eflence fpiritueufe & une huile eflentielle de Lavande. Cette plante macérée don- ne davantage de fel urineux conèret. Elle fournit aufli une liqueur acide, & une volatile qui fait ef- fervefcence avec les acides. Ses fleurs font améres, leur infufñon left aufli & d’une odeur defagréable. La poudre des fleurs de Lavande fe donne à la dofe d'une demi dragme pour appaifer les douleurs des accouchées. Ses feuilles macérées font faliver, Ses cendres contiennent un peu de nitre qu'on appercoit à fa détonation. 18 MATIÉRE; 233. ORIGANUM. L'ORIGAN SAUVAGE. Aux feuilles ovales, les fleurs difpofées en para: fol coloré, les étamines plus longues que la corolle, Origanum RIVIN. t, 60. Origanum vulgare. b Variété à fleur blanche TRAG. & que j'ai vué aflez fouvent. c Variété à feuilles variées J. KR. H. On le trouve par-tout au bord des bruÿyéres & des chemins, & fur les collines. Il eft Âcre, aromatique; & fon eau diftillée con tient de l’huile effentielle *; cette eau pañle pour être emménagogue , foit qu’on en prépare un bain de jambes, foit qu'on en boive l’infufion en ma- niére de thé. On le vante dans l’afthme & la jau: hifle. BOERHAAVE dit que broyé avec le miel, il a les mêmes vertus que le marrube fans en avoir le goût defagreable, Où l'employe cependant aflez peu, & monilluftre MAITRE avertit, avec bien de la raifon, de ne pas l’employer dans la phthifte, dans laquelle il faut éviter les remêdes trop actifs En Italie on en fert, dit-on, fur les tables. Il donne à la teinture un rouge brun, & voici comment; on met macérer du lin dans de l’eau d’a- lun, on le laifle fêcher , on le fait enfuite macerer pendant deux jours dans de l’eau où on a fait cuis a ————— * LANGE la dit extrémement pénètrante, ** Remed. Brunfwic. p. 249: MÉDICALE. +9 re de l'écorce de pommier fauvage, on le tord, on le leilive avec des cendres, puis on le fait bouillir -avec lorigan. 235. THTMUS. THYM. SERPOLET. Aux feuilles ovales ciliées à leur bafe. Thymus Serpylum. LiInx. Se- trouve fur les chemins & dans les terreins maigres. C’eft une plante aromatique, odorante, d’une fà- veur piquante, & qui poflède une qualité acide ‘bien marquée, enforte qu'on peut la regarder avec CELSE comme repercuflive. L'eau simprègne de fon odeur à la diftillation , a un goûc aigrelet, & contient de l’huile effentielle. Son ufage le plus fre- quent à l'extérieur, eft pour des bains de fauteuil; on la donne aufli eû infufon theiforme dans les maladies nerveufes. On lui attribue une vertu ano- dyne dans le fcorbut; c’eft par cette raifon qu’on - ordonne fon eau dans le ris canin. Elle mérite d’ê tre employée plus fouvent, Il eft une efpèce de thym qui reflemble à celui-ci, & qui fournit un fel volatil cryftallin qui a de l’affinité avec le camphre. Les habitans d'Islande mettent en hiver le Serpo- Yet dans le petit-lait; ce qui donne un goût fort agréable à cette boiflon. 237. CLINOPODIUM. LE BASILIC SAUVAGE. Aux feuilles ovales, dentelées; la fleur plus cour- te que les feuilles. 8o MATIÈRE Acinos RIVIN. t. 43. Thymus: Acinos. LINN. Il croît en abondance dans les lieux arides & pier- reux & fur les murailles. Son odeur et agréablé & atomatique. Je K$ quel- que part qu'on le vend pour la verveine; cette fubf- titution eft bonne , elle eft même avantageufe. : 238: CZLINOPODIUM. Ses feuilles font ovales, aigues, dentées en ma- nicre de fcie, la leur eft plus grande que la feuille. Clinopodium Auftriacum. CLÜS. Pannon. p. 622. 623: Thymus alpinus. LINN, Il fe trouve fréquemment fur les chemins au-def fous des Alpes & des montagnes. Aux environs de Veiffenbourg, à Goufin, &e Cette plante a beaucoup de reffemblance avec la précédente, excepté la fleur, qui eft beaucoup plus grande. Elle a une odeur agréable & aromatique. Les payfans la vantent pour les maladies de la poi- trine, auxquelles ils font fort fujets. 240. MELISSA. LE CALAMAND. Ses feuilles font velués, ovales , terminées éri poin- té, en maniere de fine fcie, les pétioles forit btan- chus , & s'élèvent plus haut que lés feuilles. Calamintha officinalis BLAR WELL t 169. Caiamintha fabaudica RIVIN. t 47 Melifjla Nepeta LINN. a J. BAUHIN MÉIDICAL'E. gi © J. BAUHIN dit qu'on le trouve çà & là parmi le chaume. Pour nous,. nous l'avons trouve autour des pieds des rochers, & dans les lieux {ecs le long des chemins , aux environs de Roche, où il croit en quantité, & ailleurs dans le gouvernement d’Aigle ; puis aux environs de Hofftetten pres de Thoun. SCHEUCHZER l'a trouve autour de #cfèn, à Gaftern. Mr. de LA CHENAL l'a vu autour de Mendris. , + Les Anglois l’employent en médecine : il fournit une eau diftillée odorante, & de l’huile effentielle. IL paroit promettre les mêmes vertus que le pouliot : du moins eft-il für qu’il fait comme lui lever les veflies fur la peau, appliqué après l'avoir broye. 241. MELISSA. LE CALAMENT. Dont les feuilles font un peu velues, ovales, terminées en pointe, les bords en manière de fcie dont les dents font aigues, les pétioles branchus & s'élèvent plus haut que les feuilles. Calamintha CAMERARII. Épit. p.481. Meliffa Calamintha. LINN. Il eft fréquent en Suille. Il croit près du lac de Thoun, fur les chemins: pas loin de Berne dans les brouflailles, autour des jardins du chäteau de KReichenbach. Aux environs de Roche, d’Aigle, de Bex ; il croit encore dans le voifinage de Bienne, la Motte, Baume, & par-tout au pied du mont Jura. | | Son odeur difère dé celle du précédent, elle an« Tom. I. F 82 MATIÉRE nonce un aromate agréable, & reffemble affez à celle de la Menthe, pour qu’on puifle lui foubçon. ner les mêmes vertus. On en prépare une eau par la diftillation , qui eft odorante, & bonne dans la foi. bleffe d’eftomac, & pour exciter les mois. MÉSuÉ a déja recommande le fyrop de Calamant pour l'afth. me & le hoquet. On donnoit autrefois le Diaca- damenthum de NICOLAI dans la toux provenant de caufe froide, & pour faire paroitre les règles. *242. MELISSA. LA MELISSE ou CITRO- NELLE. Ses pétioles ne portent qu’une fleur, & font plus courts que les feuilles, qui font formées en cœur, & dentées en maniére de fcie. Aeliffa, RIVIN. t. 45. Meliffa officinalis. Lin. Mr. STÆHELIN dit l'avoir trouvée aux environs de Farnfpourg , j'avois peine à le croire, après en avoir vu à Roche, près de l'entrée du pre appellé les efferts, fur les chemins du lieu dit Vers-Pozaz, dans divers endroits du Valais, entre Ridaz & Mar- tigny , mais je n’en ai plus douté après avoir trou- vé plufieurs plantes de cette efpèce dans les bois tou#us de /a Chenau. Cette plante répand une odeur tout-à-fait agrea- ble, & tient beaucoup du citron. Elle communi- que fes vertus & fon parfum gracieux à l’eau dans laquelle on la fait infufer *; communication qui de- * C'eft fous cette forme que la, recommande AGNAN dans fon Prêtre médécin, MÉDICALE. 81 vient plus avantageufe en faifant l'eau & la teintu- re fpiritueufe: elle fournit encore un extrait réfi- neux qui a fon utilité. Janus de Damas la re- commandoit autrefois aux meélancoliques , en quoi il a été imité de nos jours par BOERHAAVE ; & AVICENNE la donne pour cordiale. PARACELSE affuroit qu'on pouvoit fe renouveller entiérement en faifant ufage de fon primum ens Meliffe, & il eft fait mention de la guerifon d’un homme mordu d’un ferpent , opérée par l'infufion vineufe de Melifle. Quoique j'aie de la peine à croire que notre Me- lie déplaife aux abeilles, de qui elle a tiré fon nom, il ne s’enfuivroit pas néceflairement au’elle foit diférente de la vraie Melifle des anciens ; &, s’il eft vrai qu'ils aient donne ce nom à une autre plante, il left aufli que les vertus qui fe rencon- trent dans la nôtre, font les mêmes que celles qu’ils reconnoiïfloient dans la leur. 244. MELISSOPHYLLUM. LA MELISSE DES BOIS. Melifophyllum verum FUCHSIT, p. 498. RIVIN. tab, 21. Melittis Meliflophyllum, Lin. Ses feuilles font pétiolées, en ovale pointu, den tées en maniere de fcie, & velues comme celles de lOrtie blanche. Rien n’eft plus fréquent dans les brouflailles, prèfque par-tout aux environs de Berthoud , de Roche, de Bienne, près de Liechyfal fur la monta- F 2 gÀ MATIÉRE gne qui eft au-deflus de Muttenz, & fur le fen- tier qui conduit par les champs de Lutre de Prilly, a Criffier près de Laufanne. V. Une livre de cette plante récente a donné à la dif tillation, fuivant KOENIG, une livre & quatre onces d’eau; puis neuf onces d’une liqueur jaune & fétide, qui a rendu une demi dragme de fel volatil & une demi dragme d'huile. _Ellea une odeur femblable à celle de l’Ortie blan- che, mais plus agréable: fon eau eft fort fpiritueu- fe , fon fuc épaiffi ou fon extrait a de bonnes qua- lités. On l’eftime utile pour les affections calculeu- fes, c’eft ce qu'indique fon nom allemand, on en fait cas aufli pour la fuppreffion d'urine, & pour les maladies chroniques de la poitrine. Elle eft peu em ployée, on s’en fert davantage en infufion. 245. CHAMÆCLEMA. LE LIERRE TER- RESTRE. Dont la tige eft rampante, jettant des racines; les feuilles font réniformes , crénelées d’une créne- lure arrondie. Hedera terreftris RIVIN. t. 67. Glechoma hederacea. LINN. b. Variété à grande fleur. VAILLANT p. 33. t. 6. fig. 4. Le Lierre à petite fleur croit par-tout auprès des hayes. Celui à grandes fleurs vient dans les lieux fecs & fur les remparts des villes. MÉDICALE. 8s IL eft amer, & a un peu d'âcrete, mais rien d'a: romatique. Lorfqu’on cuit fon jus pour lepaiflir äl s’en exhale une odeur balfamique, mais défagréable, qu’on retrouve. dans l’eau diftilléeavec- cetté/plante, Les feuilles du Lierre terreftre. communiquent Jeux odeur & une acrimonie particuliére à l’eau avec la: quelle on les fait infufer. . Son extrait aqueux-eft extrémement. âgre*, & a prefque le goût de la Pim. prenelle blanche ; fon extrait fpiitueux à moins de force ** | de même que fa teinture verte. L'eau dif. tillée de Lierre terreftre a la méme odeur que fa plante, & çontient de plus: un: peu d’huile. On le regarde comme vulnéraire, apéritif , forti: fiant, vermifuge, diurétique, & propre à faire for- tir le gravier calculeux ; on Le dit encore bün pour les ulcères internes & la dyffenterie. :MARECHAL vouloit ‘qu’on ! appliquât du: Lierre terreftre” pourri fur les tendons piques. : On, vante fon fyrap, pour l'afthme, mais le jus vaut mieux. Cette plante eft très-bonne dans la phthifie afthmatique , pour difli- per les tubercules’ des pourñon$, ‘füivant: Mr. Tis- sor. ‘SuiVant Mr. BourGEOS elle ‘facilite Péxpec: toration ; ‘lé eft bonne dans lafthime & pour: fon: dre les chres engürgées dans fes- glandes bronchia- Les. SEARDONA lR confeille pour teux qui ont la poitrine en fuppuration, comme” étant propre À dé: ferger les we pe de céètte partie. “nfufée dans l'u: >: S(MONMI cou 3 p PERS 5 + HEDER le dit'amer & rafraielfiffant +0 4 © 91 r HepBr le ditäcre pi 12228 afomatique p: #71 86 MATIÈRE sine qu’ellerend plus limpide, on l’'employe dans les maladies des reins. Une forte infufon de Lierre terreftre a même fufñ pour domter des fiévres, à la vérité légéres, On'a écrit tout récemment d’Angle- terre, que fon ufage eft funefte aux chevaux , qu'il les rend pouflifs, & qu’a l'ouverture de ceux de ces animaux qui en avoient mange, on leur a trouve le cœur trés-gros & fort rempli de fang, tandis que Veftomac & les inteftins étoient bouffis d’air. Il croit dans le chaume, & nuit extraordinairement aux chevaux: on a trouvé en ouvrant ceux qui en étoient morts, la véficule du fiel vuide, l’eftomac gonflé & les poumons préfque - pléins, + Voila qui contrafte étonnamment avec ce qu’on vient de lire des vertus de cette plante. : Aufli n’en ai-je fait ufage que rarement, préférant de! traiter mes malades aveo des médicamens qui méritent mieux leur çonfance, GLÉDITSCH dit que c'eft un bon pâturage pour les brebis. be Liere Leroftre m'a reufli dans une Sumreflion d’ urine très-douloureufe , accompagnée. de çonftipa. tion,.chez un payfan qui, & l'etoit attirée en pre. nant à la fois quatre dofes de verre cire d’antimoi. ne faifant en tout 24 grains, afin d’étre plus vite guéri d’une dyffenterie qui régnoit alors, Les felles furent, d’abord fupprimées , de même que Puriné, le ventre devint en méme tems fort enfle & dur. Je is appliquer des mauves cuites fur tout le bas-vens tre, & je fis boirerau malade beaucoup de thé de Lierre-terreftre bien chargé ; au bout de deux heu. MÉDICALE. 87 res, l'urine coula abondamment & le malade fut bien au bout de la journee. V. 246. CATARIA. L'HERBE AU CHAT. _ Ses feuilles font cordiformes, pétiolées, les fleur verticillées & en épis. Nepetha RIVIN. t. 52. Nepeta Cataria. LINN. Il n’eft pas bien prouve qu’elle foit indigène ; elle vient dans-les décombres, le long des hayes & des chemins, Suivant Mr. GAGNEBIN on la trouve fur le Doux au moulin de la mort. Son odeur eft trésforte, approchant de celle du pouliot, fa faveur -eft très-amère, & dénote de l’à- creté, On en ufe comme du thé, ou en infufon vineufe; on boit le fuc de fes feuilles, ou fon eau diftillée: on l’employe aufli foit pour en préparer des bains de fauteuil, foit pour des bains de pied, Sous toutes ces formes elle eft emmenagogue & utile aux femmes hyftériques. Elle s’employe encore com. me le pouliot, en-qualité de cephalique & de car- minative, Sa décoétion a guéri une fièvre intermit- tente. Les anciens la régardoient comme diuretique *. * 249. HYSSOPUS. L'HYSSOPE. Ses feuilles font linéaires, marquées de points, fes fleurs font vertigillées & en épi continu. F4 EE ——————————— ———— ——— — —— —— — * CELSE L.IL. e. 31. dit au chapitre 21 que la Cataire eft d'un mauvais fuc & qu'elle nuit à l'eltomac. 88 MATIÉRE Huffovus RIVIN. t. 68. suite Hyffopus offcinalis. LINN. | id Je ne la crois pas vraiment indigène, elle croît cependant en quantité dans le Valais, à Martigny, Val de Lie & ailleurs. 1:3 Elle eft âcre, odorante & aromatique. Elle com- munique plus de vertus à l’eau qu’à l’éfprit de vin * qui en retire moins. L'eau s'imprêgñe en pañlant par l’alambic, des propriétés de cette’ plante, par- qu’elles dépendent de fon huile effentielle que l’eau emporte avec ‘elle :: l’eau fpiritueufe. d'hyflope pré- parée par la fermentation participe auffi:à lefficace de la plante. Son {el fixe eft,.méle, de. fouffre. L'Hyflope eft incifive & refolutive, & débarrafle les bronches de la pituite qui s'y trouve amaflée. CEL- SE la met au nombre des alimens d'un mauvais fuc & qui nuifent.à, l’eftomac; il le met au refte au nombre des diurétiques. Les; modernes croyent cette plante propre..à rétablir l’eftomac..debile & diftendu par des vents. On aura de la.peinerà croire qu’elle puille venir à bout de lépilepfie. . Son infufon eft contraire aux vers. Les Perfans la reduifent en pou. dre & s’en fervent pour fe faire .un beau teint. Ap- pliquée en fomentation fur les meurtriflures , elle les diflipe puiflamment. LR “* 250. ROSMARINUS. LE ROSMARIN. Ses feuilles#ont linéaires , rétrécies par leurs bords, blanchatres en-deflous & marquées d’une fofette. * NEUMANN T. IL P. II. p. 144.1 ; l MÉDI CrA/LyE. 89. Rofinarinus RIVIN. € 39... Rofmarinus officinalis. LINN. Je l'ai trouvé en divers endroits de la Suifle, aux Gauges, qui eft un lieu inhabité , ‘dans le lit du tor- rent qui pañle par le milieu de Moutru, dans les murs de Glerolles, & au pied dés rochers de: gyps près de Bemy &ien divers lieux du! gouvernement d'Aigle. , Ce petit: arbrifleau eft peut-être originaire de quelque pays étranger, mais. il s’eft comme na. turalifé en Suifle.:. Ses feuilles & les calices dé fes fleurs contiennent un excellent aromäte } car!les fleurs mêmes n’ont point d’odeur. Toute la vertu de cette plante re- fide dans fà partie réfineufe; dans l’eau diftillée , qui fe charge de lhuile eflentielle, & dans le pre- mier extrait réfineux. Le Rofmarin contient une fi grande portion d'huile ,; qu'on en retire feptante grains d’une livre: Son eau fpiritueufe , qu’on vend fous le nom d’éau de la reine d'Hongrie, a ‘beat: coup de réputat'on, & feroit d’une grande efficace! fi on la diftilloit encore trois fois fur des feuilles ré- centes. On la prépare ’à Tirnau & à Montpellier. L'extrait aqueux de Rofinarin!&ft imutile. Cette plante ranime Jes efprits, elle eft añaleptique & donne de l'activité au fyftême nerveux. ‘WELScH parle du- ne diarrhée invétérée guérie par lé ‘vin de Rofmarin. On'en fait des fomentations avec du vin, propres à arrêter les progrès de la gangrène & à diffiper les échymofes, 90 MATIÈRE 258. MARRUBIUM. LE MARRUBE BLANC. Dont le calice a dix dentelures recourbées. Marrubium album RIVIN. t. 67. Zarrubium vulgare. LINN. IL croît fur les chemins, & fur-tout parmi les dé: combres , dans les plaines de la Suiffe qui font bien expofées au foleil, à Corfèlles, à Gorgier, de Co- lombiers à Bole, à Lüfcherz. Il répand une odeur forte, qui femble tenir de celle du mufc ; fon amertume qui eft très-grande & qui a quelque chofe d’huileux annonce des vertus communes. Ses feuilles contiennent un principe acide, fpiritueux & volatil: auf la teinture fpiri tueufe de Marrube a-t-elle plus d’efficace * que fon infufion vineufe , ou fa décoction aqueufe. Son in- fufon eft fort amère & a l’odeur des camomilles, Son extrait vineux eft aftringent; il a une odeur de miel avec une faveur douce: cette préparation n’eft point dépourvue de vertus. L'infufñon aqueufe eft amère, & d’un goût un peu plus defagreable. On en prépare un extrait aqueux qui a une odeur d’her. be & un goût un peu amer & fale, mais cette amertume eft un peumoindre que dans l'extrait fpi- titueux. L’extrait vineux eft agréablement balfami- que, amer, fentant le miel, un peu äâcre, & fait vomir. Ses cendres ont beaucoup de {el alcali. Les, * CARTHEUSER de Marrub. &Ÿ Alchimilll NEUMANN attribue cette fupériorité de vertu au principe réfineux. p. 301. 2. MEDICALE. ot änciens en faifoient un grand ufage dans les mala- dies de la poitrine, dans le vomiflement de fang, dans l'afthme, principalement lo:fquil éto't accom- pagne d’une pituite ténace ; & TRALLIEN le recom- mande d’après fon expérience. C’étoit encore, au- trefois, un remêde confacré aux phthifiques , & que les anciens donnoient en décoétion avec du miel, contre les tubercules des poumons & la toux fêche, reméêde bien violent à mon avis; CEL- SE le donnoit avec la térébenthine dans la phthifie. I eft bon dans l’abfcés des poumons, Mr. DE HAEN ne l’a pourtant pas toujours trouve d'un effet éga- lement afluré en pareil cas. Pour moi, j'ai donné avec fuccès l'infufñion aqueufe dé Marrube, dans des maladies de cette efpèce , accompagnées d’une excreation difficile: & je l'ai vue réullir dans le cas d'une phthifie affez avancee,, mais non pas dans d'autres indifpofitions: cependant cette plante me paroit plutôt ftimulante que propre à reprimer le mouvement des fluides. Aufli a-t-elle eté utile dans les obftructions du foie, dans les 'skirrhes de ce vil cère & pour appeller les règles, &. infufée dans du vin, fuivant BOREL. ARETEÉE J'appliquoit, fur les pieds goutteux. med) LT | #1 4 » 9 FH *%MATIERE . 7 rs tt SUBSECTION II. (PLANTES VERTICILLÉES DONT LA LEVRE SUPÉRIEURE EST LÉGÉRÉMENT | PARTAGÉE EN DEUX, DENTÉE EN MANIÈRE DE SCIE, OU MEME ENTIÈRE. eHiofn! 264. BETONICA. LA BÉTOINE. Sgs feuilles’ font pétiolées , les inférieures cordi. formes, les fupérieures ovales , crénelées , les fleurs en épis courts portant fur les feuilles. Betonica RIVIN. t 28. Betonica offcinalis. LINN. On la trouve fur des collines dans les taillis, & dans les, pres humides. ‘Elle eft d’une faveur un peu falée &''aromatique; & d'une odeur afléz ‘defagréable : fes "racines font amères & naufeeufes. Cette plante contient à pei- ne aflez d’huile pour qu’on puifle l’appercevoir dans l'eau qu’on en prépare par la diftillation *, cette eau eft cependant aromatique. Ses feuilles fe con- vertiflent préfque entièrement en extrait, & lef- * NEUMANN T. IL P. I. p. 248. MÉDICALE. 93 prit de vin en retire de la faveur & de l’âcreté , mais en plus petite quantité que Peau. L’infufon aqueufe de Bétoine a une légère amertume, & une odeur foiblement balfamique. Son infufon thei- forme eft plutôt amère que falce, & ne rougit pas la teinture de tournefol. La teinture fpiritueufe re- pand en s’exhalant une odeur gracieufe: & la maf- fe qui refte. après l’évaporation eft balfamique avec un peu d’âcreté. Ses cendres calcinées contiennent beaucoup de fel marin. C’eft donc bien mal-à-pro- pos qu'on regarde ce fimple comme céphalique, &' il ne paroïit pas probable que fes fguilles récentes puiflent enyvrer, ou que leur odeur puifle caufer des vertiges. Ce pourroit donc étre plutôt en ver- tu de fon aromate , ami fans-doute de leftomac, & à raïfon de la verveine & de la véronique mé- lées avec elle, qu’en qualité de céphalique, que je lui ai vu opérer la guérifon d’une migraine violente chez deux perfonnes, & d’un grand mal, de tête chez une autre. Elles avoient bu pendant quatre ou cinq jours üne décoétion peu cuite mais fort chargée , faite avec ces trois herbes , à la dofe de trois petits verres le matin à jeun. V. HILDAN la vante pour le traitement de la goutte, & dit s’en s'être guéri lui-même aux pieds, en prenant de, la poudre de Bétoine à la dofe de deux dragmes. Je lui accorderois plus volontiers la vertu errhine & fternutatoire. Suivant CULLEN la Rétoine eft un fternutatoiré, fa racine eft âcre & émétique. C’eft au rapport de Mr: VITTET un puiflant fternutatoire' 94 MATIERE pour les chevaux. Ses racines font vomir où purz gent en les prenant méme à petite dofe. Cuiïte dans le lait, la Bétoine eft falutaire aux vaches malades pour avoir brouté dans des marais , où croit une efpèce de jonc malfaifant qui leur en- flamme les entrailles. 270. LAMIUM. L'ORTIE ROUGE. Dont les feuilles font cordiformes , pointues, den- telées en façon de fcie, les fieurs verticillées & en petit nombre. Galeopfis RIVIN. t. 62. Lamium lævigatum. LINN. b. Varièté tachée THAL. COLUMN. p. 191. &c. Elle eft fréquente dans notre pays & croit par- tout auprès des haies. 271. LAMIUM. L'ARCHANGELIQUE ou L'ORTIE BLANCHE. Dont les feuilles font Gordiformes, pointues, den- tées en maniére de fcie, les bouquets verticilles compofes d’une quantite de fleurs. Urtica iners, feu Lamium primum flore albo Dopon. pempt. p. 353. Lamium album. LINN. ‘On la trouve fur les chemins, & en particulier le long des haies, aux environs du Pont-neuf, die neue Brücke, pas loin de Berne. L MÉDICALE. 9$ L'une & l’autre font fort huileufes, & puent com- me les autres efpèces de Zamium. On en prépare un baume vulnéraire, dont on fait cas. Quelques- uns recommandent pour les fleurs blanches la con- ferve de celle qui a des taches, c’eft la variete b, de l’efpèce précédente. V. Le chevalier de LINNÉ met le figne d’admiration en parlant de cette ver- tu qu’il attribue à lArchangelique. (On dit que lOrtie blanche infufce avec l’eau a de lefficace contre les écrouelles, & les payfans l’employent dans l’efquinancie. RE EN LP Q ENORME PS ENTIER DEEE SEE 08 SUBSECTION III. PLANTES VERTICILLÉES DONT LE CASQUE EST TRES - ENTIER. 274. CARDIACA. L'AGRIPAUME ou ÇAR- DIAQUE. Aux feuilles divifées en trois & lancéoleées. Lamium flore luteo RIVIN. t. 20. Leonurus Cardiaca. LINN. Elle eft commune dans les décombres & fur les chemins. | Cette plante a une odeur fetide comme les Za- miums avec qui elle a de l’afinite. On en vante les effets dans la cardialgie des enfans, lorfqu’elle 6 MATIÉRE vient d’un eftomac rempli de vents. BOERHAAVE dit qu’elle provoque la fueur, & qu'après lavoir prife il fe répand par tout le corps comme une fu- meée amère; CorDuS la dit bonne pour les efto- macs glaireux. On dit enfin que les abeilles Pai- ment beaucoup. 276. CARDIACA. L'ORTIE MORTE DES BOIS. Dont les feuilles font cordiformes , dentelées en maniere de fcie, les bouquets de fleurs verticillés , nuds, & en épi. Stachys fylvatica RIVIN. & LINN: 2 Elle eft commune dans les bois; elle croit aufli dans les buiflons & vers les haies. Elle exhale l'odeur défagréable des Zamiums', & elle a .une faveur amère herbacce. On fait cas pour les plaies des tendons de l'huile dans laquelle on a infufe fes feuilles: on eftime aufli fon infufion aqueu- fe pour la pleuréfie & la colique néphritique. Les vaches la mangent, maïs non pas les chevaux. On fait une couleur verte de l’herbe fraiche, 277. BRUNELLA. LA BRUNELLE. Ses feuilles font ovales, oblongues, le bord fu- périeur du calice comme tronqué. Brunella RIVIN. t. 29. Prunella vulgaris, LINN, | Elle eft commune dans les prés, fur-tout. s'ils {ont humides. Elle MÉDICALE. 97 Elle a-une faveur herbacée ; un peu arère ; un peu aftringente, avec quelqué chofe d'âcre & de gluant. On peut la regarder comme un reméde”a- tingent & déflicatif, propre à confolider les-plaies , & à arrêter le {ang -GUILLABMET la vante. pour le traitement des plaies d'armes à à feu, On l'a aufli employée. intérieurement pour l'hémoptyfe , les. he- morrhagies, & pour affermir les: dents, On,en pré- parait, autrefois un gargarifme. pour les aphthes, & c'eft delà que, lui vient fon nom. ;GU1 de la BROSSE dit. avoir guéri des Gharbons par fon moyen: On ‘s’en fert. peu: Les payfans l'appliquent fur les plaies. Son fuc pris,en quantité a guéri une morfure de:vipére: mn mm ra qe eme ee nn PL NES cu onnob PERTICILELÉES SuBsECT. Ÿ. DonT LA LEVRE SUPÉRIEURE EST - ! NUËLE OU TRES “COURTE, rh L . Z1% #! 21 ” à } 282. BUGULA. La BUGLE | où PETITE CoNsOUbE. À LATE a les Feuilles ovales ; Fe dentelées ; fa de: ram- pe en jettant plulieurs drägeons, ab niol Eugula RIVIN. tiuZsnon $ , unA-3 Ajuga reptans. . LINN. :2 nû $ Elle n communément la fleur bleue, & croit dähs les prés & fur les chemins; on en trouve uné- Tom. I G ) -98 MATIÈRE -xièté.ä fleur blanche dans lés montagnes; comme -à Feuerftein où je Vai cueillie, celle à fleur rouge vient_le long des chemins de gravier.: «Elle eft amère, & légérement aftringente : elle pafle pour vulnéraire, & l’on vante beaucoup fa décoétion pour les maux de gorge qui font fans fiévte. ETMULLER la dit: bonne pour lés ulcères des poumons. Elle eft peu en ufage. On prétend que fa décoétion diffout le fang caille. Son fél fixe contient du foùffre. La décoction de fes fommités eft d'abord un pet douce’, mais cette ‘douceur eft fuivie d’une grande ämértume. Sbh éxtrait aqueux eft très-amer avéc une fdveur un peu douce. L’ex- traitpiritueux eft-amer, mais ileft “en plus petite quantité que l’aqueux. Traitée avec l’un elle a donné une jolie” eos canelle. ‘ = 284. BUGULA. L'IVETTE. a © feuilles radicales. “linéaires ; “les pa” eva di. vifces en trois. Chamaæpytis RivIn. FE 14. Tellerium Chamæpytis. LINN. É Elle croit par-tout en Suifle, dans le plat-payÿs, Comme dans les champs ; au-deflus de Mathod pas loin de Valeire : aux Glaciers d’Aigle, für les bords de la Grande-Eau , à Fontanay; àu Tombey ; &c. à Bâle du côté de St. Jaques. Les BAUHINS l'ont . trouvée au bord ‘dela Wie; vers Richen & Dor- nach, &c. no Le MÉDICALE 99 . Toute cette plante et réfineufe. & a quelque chofe de vifqueux au toucher; elle répand une odeur gracieufe, aromatique & campbrée;, elle eft d’une faveur amère ,., & .fenfiblement acide. La teinture fpiritueufe d'Ivette eft plus efficace, que fon infu- fion. Son extrait gomimeux cpaïfli a une odeur balfamique ; l’eau diftillée eft aromatique ; elle a un peu moins de-vettus en infufion aqueufe. Les an- ciens la mettoient au nombre des apéritifs & des vülnéraires\; & ils en faifoient cas pour le traite- mént dé la goutte“, de la fciatiqué & de la podas gte. Elle pañlé aufli pour emménagogüe, & on la. donne pour le piffement de fang, à raïfon dela qualite; balfamiquerqu'ont: fes feuilles. Les Afri- cains ufent fréquemment dans: les frévres de la de- coétion d’une forte -d'Ivette. : BRASSAVOLA dit que des bœufs & des brebis attaqués de pourriture fe font gueris en mangeant de cette herbe. J'ai vu un ana cien fénateur;"quirvit encore, bien près de quatre. vingt-dix , prendte-pendant long-tems du thé: d'I: vette dont il s'eftrbien trouvé: mais je crois que la décoétion diflipe les vertus de cette plante. ’raitée avec falun elle donne à la “Jaîne une bélle couleur de café, qui ft moins foncée quand la plan te eft plus vicile. 1 Lys 211219 2 P i 4 * HAHN- podagr. SINZENDORF la donnoit en Hier les où il méleit de le térébenthine. ». se - 100 MATIÈRE 286. CHAMAÆDRIS LA GERMANDRÉE ou CUpETET CHENE. E “Ses feuilles font roïdés, ovales’! l'crénelées , les feuis font verticilées &'en petit tombe: on “ Chamadris RIVIN. +. ‘10. Teucrium Chamædris. LAN. + tn “4 Toit st dut s, 2722 LES À :< { id Lieu. Sur les. bords - élevés. des, chemins, par+ tout dans le territoire, de. Berne, entre Rubigen,&, Munfigen. | Elle £roit encore abondamment, dans les, prairies d'une, campagne dite Brunnaderg à Bâles à Gencve, à ls à, Bienne &.parique. :dans Je, payside Vaud. © Mig sl mrog »anob : Ses feuilles ont une faveut. amère ; ün | peuilafs tingente &: aroinatique;: : Mifes fur le ‘few -elles ren dent tune grande quäntite d’huile adipieufe. Elle côm tient de la gomme &:1e la réfiné :-fateinture ef meilleure, que, l'extrait {piritueux:nsha gomme que l'eau ven retite .& -que ,Pon: épaiffit::enfuite:, elt :afo tringente ,: balfamique & amère ;$ofon infufion théix forme eft amère. & un:peu arofnätiqué!, iellé, teintr en verd le fug; exprime des violettes ; 1& en :rougé la teinture, de ctournefol. | Elle rongit ] la {olution. de vitriol , x ùe traitée avec Yalun, elle donne une très- belle: AIT 4 jaune. Son infufion fqueufe et fort en ufage pour les maux d’eftomac , fa cachéxie là fupprefhon * des mois ,» le crachement de fang, & enfin pour la guérifen des fiévres qu’on dit que cet- te. plante a quelquefois mieux domtées que le kina. Quelques-uns kent oppolée. aux maladies du foie &: dé la rate. Prife avec de la crême de tartre elle a M ÉD D CALE. 301 évacué les eaux amañlées dans lhydropife ; & cela jufqu’a la quantité de dix à douze livres dans-urie nuit. On recommande un Jong ,ufage de fes feuil- lés en poudre, & enfin de fa décoction, pour. k goutte *, pourvu qu'il ny. ait pas en, même _tems de l’échauement, ce à quoi Gil faut prendre garde, La Germandrée eft devenue fameufe par l’ufage que CHARLES QUINT aVoit coutume de faire de fà dc- coction , dont il buvoit durant foixante, jouts con- tré a goutte. OEés änciens Pônt employée en qua- lité d’amer contre les vers, /& Les ds s’en — voient dans.la pleurefie. M4 444% »41723 2 287. CHAMEÆDRIS. LA 'ÉUGE SAUVAGE ou FAUX SCORDIUM. Ses feuilles font cordiformes é allongées à re Hat font difpofces d lun ul çôte fur des épis trés-longs & nuds. BR Scorodohia RIVIN. t 12. Mio Teucriur, Scorodonia. Linx. Lieu. Elle croit communément dans les grains autour de..Berne,, près d'Ortftluwaben , fur la mon- tagne Pantigerhubel, aux ‘envärons :de Kotudholz, entre Ærifoulaz, &i Tvonan-au-deffus. de ja Mottei, à Berthoud im Blähr, &c-:.A lascôte de Noirais gnes, autour du château de Vaumarcus, au bois ’ "RE 0 3 3 Ù B € 3 _—— + MAR CELLUS P. 174. l'indique pour FT maladies des articles, BOCCONE én dit de même e, d'après fon expé- rience ; abf'eran D. us: roi MATIÉRE. de Pierabot, à Orvin, Poufette, St. Imier ; a Lau. Janne vers le Signal. Elle paroit pofféder des vertus femblables à celles de la Germandrée, mais moins efñcaces, elle eft aftringente & vulneraire. On fait cas de fon infu- fion pour l'hydropifie. Elle donne une belle couleur verd-jaunètre. 288. CHAMAÆDRIS. LE SCORDIUM ou GERMANDRÉE AQUATIQUE. Ses feuilles font molles, velués, ‘elliptiques, cre. nelées, & fes fleurs font en petit nombre par bou- quets verticilles. Scordium RIVIN. t. 11. Teucrium Scordium. LINN. Il n’eft point rare dans les pâturages humides. On le trouve à Brouet, fur la gauche du grand che- min. Autour de Noville, fous lé mont Darvel, Dans la grande plaine marécageufe entre Morat & Anet. Dans les prairies voifines du château de Nidau, aux environs de Bellelai. Autour de Colombier aux champs d’Areufe, proche de St. Blaife. Il croit auffi dans le territoire de Berne au lieu dit Gyrenmos, mais ce marais a été defléche. L’odeur du Scordium tient de celle de l'ail, mais elle eft beaucoup plus agreable; elle eft forte , mais trés-aromatique; fa faveur eft amère. L’efficace de cette plante refide dans fa partie odorante & ethe- tienne , qui s’elève en partie avec l’eau commune MÉDICALE. 103 par l’alembic ; il en pale aufli une portion dans l'eflence plus concentrée qu’on en prépare avec l’ef prit de vin“, La mafle épaiflie qui refte après cette préparation a plus de vertu encore. Cependant l'in- fulñion théiforme du Scardium en a bien lodeur & le goût, aufli la prefère-je à l’eflence de cette plan- te, quand ce ne feroit qu'afñin de n'être pas dupe de la falfification à laquelle celle-ci eft fujette, outre que .l'elprit de vin. domine dans la teinture à laquelle on lemploye. Cette même infufion teint le {yrop violat & Ja teinture de tournefol de la mé- me maniére que la Germandrée. Elle donne à la laine & au coton une aflez jolie couleur d’un verd tirant fur le jaune d’ocre. L’infufion de Scordium réchauffe, elle eft refolutive & fudorifique. Les -an- ciens s’en fervoient beaucoup dans les fiévres les plus malignes, & QUALCELBENUS l'a employée uti- lement dans un mal de tête invétére qui pafloit pour un commencement de pefte: on regardoit même autrefois le Scordium comme un it puiffant fecours: contre la putridité, qu'il pafloit pour avoir prefer- vé de la corruption, des cadavres qui étoient reftes fur un champ de bataille où cette plante abondoit. Cela paroit éxagére, & il n’eft point für que notre Scordium fit celui des anciens. Car celui de Creè- te dont GALIEN, parle, en rapportant le fait que nous venons de citer, ce Scordium, dis-je, a les feuilles larges de la melile, il difére du vul- G 4 * C'eft dans cette eau que réfident fes vertus Suivant le fentiment de STAHL rater. med. p. 328. : 104 MATIERE gairé & croit dans le pays qu'occupoient jadis les Brutiens. Ce n’eft pas que je faffe peu de cas de notre Scordium , dont CORDUS, mais non pas GUIL- LAUME PELICERIUS * , a rétabli la réputation, en ayant trouve à /Wittemberg. Mes compatriotes s’en fervent dans les maladies de la poitrine, dans lafthme ,; & même dans la phthilie; mais je crois que c'eft un abus, car cette plante eft échauffante, & les ulcères des poumons demandent un tout au. tre traitement. Jl eft aflez probable que le Scor- dium ‘eft utile dans la cachéxie & Yanafarque. Il entre dans la compofñition du diafcordium de FRA- CASTOR & de SYLVIUS, mais il en eft de ces deux eleétuaires comme de tant d’autres fatras de dro- gues, dont la multitude empêche qu’on ne puifle déméler à laquelle il faut attribuer l'effet du remé- de, Notre plante eft certainement utile à ceux qui ont l’eftomac foible. On fe fert à Brunfivich dans Yhémoptyfie & là dyffenterie d’un electuaire où il entre du Scordium & ‘de la fanicle. IFtient un rang diftingue entre les remèdes externes qu’on op. pofe à la gangréne, on a même vu révivre par fon _ application des membres à demi-morts. BRASSAVOLA la employé avec fuocès dans une sale vermi- neule des chevaux, - On tire de fes cendres un fel ete 2 & du fel marin, nrais peu d’alcali, * IMBERT peflil. p.136. Iln'y a pas long-tems qu'on l'a reconnu pour étre de nos indigènes, STEPHANUS de re hort. p.28, MÉDICALE. 1o$ ER . PLANTES PÉTALÉES À FLEUR IRRÉGULIÉRE. À QUATRE ÉTAMINES POUR L'ORDINAIRE INÉGALES. PERSONNÉES de TOURNEFORT. ORDRE IL. DONT LA SEMENCE EST RENFERMÉE DANS UNE CAPSULE. SECTION IL. BILOCULAIRE. 303. EUPHRASIA. L'EUPHRAISE. Euphrafia officinalis. : LINN: j à 7 les feuilles font ovales, lancéolées à dents aigues, LiNN. Il. p. 84r. a. Varieté à grande fleur. Æuphrafia TABERNE- MONT. p, 862. b. Variete à petite fleur. Æuphrafa lutea alpina minima fiubrotundo folio nigricante. BOCCONE Mu- Jéo di piante, t.,60. . La premiére de ces deux va- rites eft celle qu'on trouve par-tout, la feconde eft commune par les Alpes. c Euphraf: tenuiflime difféélo anguflo folio, BocconE L. c. p. 54. t. 60. : Celle-ci fe trouve a St. Maurice & aux environs d’Aigle, près du rocher d'ou fort le ruifleau dit Ze Furet, fur les rochers qui 106 MATIÉRE dominent Bex, en montant au Creux du“Vent : fur la montagne Chafferalle , &c. Elle eft amere, d’une faveur déplaifante, & qui dénote de l’âcreté ; elle n’a point d’odeur , aufli Peau qu’on en diftille n’eft-elle d'aucune utilité. On croit fon fuc bon pour les maladies des yeux, & on attribue la même vertu à fon infufion foit vineufe foit aqueufe. Mais c’eft un remêde plutôt capable de nuire lorfque le mal des yeux eft accompagne de chaleur, un ami de LOBEL en a même prèfqu’ète aveugle. Je ne trouve d’ailleurs, dans toute cette claffe, aucune plante bienfaifante; & je ne confeil- lerois à perfonne d’effayer les vertus de l’Euphraife. Le fel de cette plante eft de l’alcali tout pur. Mr. ALSTON croit que l’eau & linfufion d'Euphraife peuvent cependant étre utiles pour les yeux. Juf qu'ici c’eft la poudre d’Euphraïife mêlée de fenouil. & de macis qui. m'a le mieux réufli pour une gran- de foibleffe des yeux, accompagnée de mouches voltigeantes. - La Valériane m’avoit deja fait du bien comme je lai dit précédemment, mais fon efficace neft point allée aufli loin que celle de la poudre d'Euphraile compofee. PERSONNÉES BILOCULAIRES. por LE CATICE EST EN FORME DE CRETE. 321. PEDICULARIS. PÉDICULAIRE DES PRÈS. DopoExs écrivit autrefois que cette plante étoit aftringente, & defféchoit les ulcères fanieux ; ce MÉDICALE. 107 qui lui a fait donner le nom de Fiffularia, propre aux fiftules. Je vois qu’en dernier lieu on a con- firme ce témoignage favorable , même touchant lu- fige interne. FLOVER dit que la Pediculaire des prés eft douce, qu’elle a préfque le goût des pois, & qu’elle fait uriner, J. BAUHIN l’a regardée com- me fufpecte aufli bien que toutes les autres plan- tes de fa famille. 325. SCROPHULARIA. LA SCROFULAIRE AQUATIQUE ou BÉTOINE D'EAU: À la tige quarrée, ailée, en panicules, & les feuilles ovalo - lancéolces. ” Scrophularia femina CAMER. Epit. 867. Scrophularia aquatica. LINN. Elle croït:dans. les foffés -où il y a de, l'eau. - Ses feuilles font amères, puent quand on les broye, & ont une qualité vulnéraire. MARCHANT nous apprend que c'eit l'?yuetaya du Brefil par Vaddition de laquelle le féné perd un peu de fon goût nauféeux, fans que pour cela fes vértus eñ fouffrent. Le célèbre TRILLER convient de ce pre- mier avantage, mais il avertit que la Scrophulaire eft d’ailleurs nuifible, qu’elle eft venteufe & qu’elle excite les affe@ions hyftériques. : Pour moi je fuis de- goûte de toutes les plantes de cette claffe, à cau- fe de leur âcreté & de leur mauvaife odeur. 108 MATIÉRE 326. SCROPHULARTA. LA GRANDE Scror FULAIRE. TE tige eft quarrée, en panicule ; ts feuilles font cordiformes oblongues, Scrophularia CAMER: Epit. p: 866. Elle croit au bord'des chemins & dans les foffés fecs. L Sa racine eft amère & puante, comme celle du fireau. Ses feuilles le font aulfi : fon extrait aqueux eft doux & d’une faveur agréable : l'ex diftillée n’a point de vertu, l'extrait fpiritueux eft meilleur. On croit qu’elle nettoye les plaies , & j'ai lu dans CHoMEr. que les habitans de la Rochelle, lors du fiège de cette ville, ne fe font fervis que de cette plante pour tout vulnéraïire. Suivant le même au- teurPeau dans labuëlle on Pa cuite eft bonne pour les hemorrhoïdes.;. Hu vante fa poudre prife in- terieurement pour.la.même maladie :,.d’autres res commandent l'emplâtre de la grande, Scrophulaire pour. les. hémorrhoïdes borgnes.:.PURMANN à trous vé fon ufage interne bon pour ceux qui-ont des,her- nies. Mais le .célèbre BUCHWAI:D.,a trouve qu'on ne pouvoit s'attendre à aucun foulagement réel de Ja part de cette plante, foit pour les écrouelles , fit pour les hemorrhoïdes borgnes. Quant à moi, je le répette encore, toute; cette. claffe me.déplait, & je ne cros pas.que la Scrophulaire foit d’ufage: Son infufon aqueufe eft amère, fon extrait aqueux , qui fait un quart de fon poids, a un peu d’amertu- MÉDICAL À. ro9 me, & une:odeur femblable à Icelle des prunes dorer: Te eft aufli duree! | Ba9u GRARTO LA RIVINE-ALOGA LA GR A5 TIOLEA Herbe au pauvre homme. ‘'Grätiota officinalis. LIN. ” : Elle ef. commune define Le terreins humides de la Suïle, comme à Yverdon entre. le chateau .& le, lac. Aux. Grangettes, près .du, lac Léman. Aux em, virons de, Boudry de. Colomier, &, 4 Anet : dans, le saga qu qu vof. aüfn, die! bey der Enge. J; Giaerade Mrs HUBER a apré des 408 un échantillon dela; “Gratiole vulgaire.. a Toûte cetterplante a une faveur naufceufe ét très amère ; & -contieñt beaucoup’ dé fels.c Les anciens: botaniftes l'ont: deja mife au nomibré des purgatifs, violens; elle purge ‘en effetfi fortement ÿ querles chevaux même s'en ‘affoibliffent:. LINNÉ n’attribue: cette vertw draftique qu’à l'herbe: récente; &: dit qu’elle n’enca prefque plus lorfqu’elles:a vieilli: ; Mr. de BOMARE dit-qwelle perd fes :véttus .en: féchant ,, comme les æitres ‘amersi Mr: BOURGEOIS afflure, le contraire 2BESNER en a fait l'expérience dur lui même & fursdautre, enfuite de-quoi: il a.fixé a do: fe prife: en thé j:d’un frupule:à sure demi-dragme , & en lavagerjnfqia une dragme, - Mr. Bourpuc.a donne jufqu'&/foixante grains dela racine en pou-! dre, dofe à laquelle elle excite lewomiflement, On en prépare des lawémens qui font auf purgatifs., - Jé- 110. MATIÉRE. ME Bovius, dl je l'ai bien compris, la:donnoït dans la céphalée à la dofe d’une demi dragme; HEROL- DUS faifoit prendre jufqu'a une dragme fa deécoc- tion dans les fiévres. quôtidiènnés- & ‘tierces anoma- les, nothis. :G. WIER en préfcrivoit une:dofe beau- coup plus forte ,, & faifoit. prendre aux ,hydropiques jufqu’à deux dragmes de l’herbe.\ Mais elle perd fon activité en féchant, comme les Rénoncules, & c’eft ce qui donne lieu à cètte variété de dofes. Un vieux médecin de notre “pays: fe fervoit beaucoup de la décoction d'herbe at pauvre home dans Phy- dropilie ; d’autrés croyent qu’elle (peut tenir lieu: de l’fpecacuana-dans le ‘traitement dela dyflenterie.’ Elle entre, à la dôfe de huit à douze grains, dans la compofition de la poudré de Mr. HERRENSCI WAND. Mais fuivant la recette communiquée;parMr. HER- RENSCH WAND. à Mr. VOGEL, la Gratiole n’y entre pour rien, puifqu’elle eft uniquement: compolée de: gomme-gutte , de fel d’abfinthe -& de charbon de frène V. On la vante contre le vér-platssmais elle: ne reuflit: pas toujours: . TOURNEFORT veut qu'on: la'faffe: infufer dans Je: lait , parcequ’ayec le vin elle échauffe trop. .: D’autres celébresi-auteurs trouvent! que la Gratiole purge ‘âvec trop de violence par-haut» &'par-bas. Suivant SALA , leffence de Gratiole &: fort infufion vineufe à la dofe d'une :dragme purge: très-bien , de même ‘que le fvrop qui fe faiten cui: fant le jus de cette. plante avec dun fucre, donne à la dofe d’un fcrupule jufqu'a uné demi dragme. Le célèbre BUCHNER lui a vu produire des accidens facheux, & limmortel BOERHAAVE«aflure qu'elle MÉDICALE. Tri abrège beaucoup les jours dés perfonnes dont les vilcères ne font pas fains. (‘HOMEL en réduitla dofe à une pincée pour un lavement, & le Pa- “TRICE BLAIR la regarde comme un remêde tout-1- fait fufpect. Les beftiaux refufent de brouter la Gra- tiole, & il y a des prairies à Yverdon qui ne font cenfées d'aucune utilité à caufe que cette herbe ÿ croit en abondance. Comme elle éft amère les me- decins de campagne l’employent à l'extérieur, ufa- ge qui a pour lui lautorité de CÉSALPIN. C. HoF- MANN a déja foupçonné qu’elle étoit PRE : aftringente. * 330. DIGITALIS. LE DIGITALE. ‘Les feuilles ‘du calice font ovales, & la lèvre fu périeure eft entiere, > Digitalis RIVIN. t. 103. 47 Digitalis purpurea. LINN. C. GESNER dit qu’on la trouve près de Coire; & en dernier lieu, Mr. LA CHENAL.va cueillie autour de Baderveiler, & fur le penchant de la monta- gne Ballon; Mr. DIVERNOI l’a auf trouvée aux environs de Neäfchatel. | Elle a de lamertume. Six ou fept cuillerées de fa décoction font vomir , & purgent avec une vio- lence qui tient du vénêneux. Elle eft vénéneule , & tue à la longue les oifeaux, fuivant l’hiftoire de TAcad. des fciences. On vante fon ufage externe pour les maladies fcrofuleufes , pour les ulcères dont les chairs font trop molles, pour la goutte & pour 112 MATIÉRE la noueure, foit qu’on l’applique broyée, ou qu'on l'employe fous.la forme d’onguent. Elle n’eft point. connue parmi.nôus, & meft fufpecte, Je trouve cependant un cas dans un écrit moderne qui fait en fa faveur ; il s’agit d’une décoétion dé Digitale don- née avec fuccès à un écrouelleux prèfque defefpe- re, qui en prit.aflez. long-tems pour: qu’enfin:fa peau tombât par écailles. On en fait:cas aufli pour les. écrouelles héréditaires. ZEYHER -vante fes fleurs des, On. fait cas “dé Ja LneBiet émétique & nau- féeufe de la Digitale, dont un long ufage a guéri une oi (batiane & des écrouelles héréditaires. L AD) LA 336. ANTIRRHIN UM. LA, LINAIRE ( “LIN SAUVAGE, …. 2 Ses feuilles font lincaires, ferrées contre la tige, qui eft droite, & porte des fleurs, arrangées en épi. 3 HMS RÉVEND VOB sl coup db ABMEAU. = Antirrhinüm Linaria. 4 LINK, - 1 1129. 02 “Elle croit au bord des He & dans les forts. “Ça faveur eft falée , amère & défagréable, l'huile empyreumatique domine entre fes parties elemen- taires. Prife intérieurement la Linaire eft diurétique, comme on l'avoit déja obferve autrefois, & elle re- lâche le ventre; on l'eftime bonne pour la jau- nifle , malgré fon atrete, qui me la rend fufpeëte aufli bien qu'a d'autres auteurs. On fait grand, Cas de fon appli cation extérieure fous la forme de ch- taplâme, MÉDICALE. tr} taplâme, & fur:tout fous celle d’onguent; pour guérir les hémorrhoïdes, 339. ANTIRRHINUM. LA CYMBALAIRE. Sa tige eft rampante, fes feuilles font reniformes & fendues en cinq lobes: Cymbalaria RIVIN. t. 86. Artirrlünum Cymbalaria. LiNN. Elle eft fréquente contre les vieux mürs dañs les endroits chauds, à Bäle, à Sion, à Zug, à Alt: dorf, à Lugano, & à AMendris ; dans leS champs du côté d’'Echaltens. Elle n’étoit pas encore indis gène de la Suifle du tems de CHERLER. Elle eft fucculente; & entièrement aqueufe, âyant un peu d’amertume & d'aftriction, L’extrait aqueux qu’on retire de {on fuc eft amer, mais d’un goût qui n’eft pas défagréable : l’eau diftillée eft fans odeur ; & fuivant HERMAN elle ñe fournit point de fel vo: latil. Te méme la dit vulnéraire, Selon WELscit elle eft bonne contre la gale, ce qui paroit vraifem- blable, À caufe de la reffemblancé de fon goût avec celui de la Fumeterre. 34i. ANTIRRHINUM., LA VELVOTE ôu VÉRONIQUE FEMELLE. Dont la tige eft inclinée , les feuilles velues, ova+ les, les inférieures conjuguées, les fupérieures al- ternes. Elatine RiviN. t. $6: Antirrhinum Elatine. LINK. Tom. L 114 MATIÉRE IL eft amer, nauf£eux , fentant le rance , maïs îl n’eft pas aftringent. On fait un baume avec cette plante, en y joignant le jus exprime de Jufquia- me & de l'huile epaiflie. PLANTES A ÉTAMINES RÉUNIES, ET INÉGALES. À FLEURS IRRÉGULIEÈRES. POLYPÉTALES, ORDRE I. À HUIT ÉTAMINES ET TROIS PÉTALES. TÉNANT LE MILIEU ENTRE LES DIDYNAMIES ET LES PAPILIONACÉES. 343. POLTGAIA. LE POLIGALA. MUATUNE , dont les feuilles radicales font obron- des, & les fupérieures lincaires. Polygala buxi minoris folio , flore cæruleo. VAIL- LANT t. 3%1f.2. 6 p. 161.1 4: Polygala amara. LINN. On le trouve dans les prés & fur les Alpes. Cette plante a une amertume forte & durable : elle purge fans donner de malaife. Elle eft aro- matique & âcre, de même que la racine qui eit pur- gative. Le Poligala de Virginie s’etant fait connoi- MÉDICALE. 114 tie par les vertus que Mr. TENNENT lui trouva dans la peripneumonie , la pleurèfie & la goutte , ma- ladies qu’il avoit traitées avec un fuccès égal au moyen de cette herbe ; cela engagea Mrs. BOUVART & DU HAMEL à faire un pareil ufage de celui d’Eu- rope. Il a réfulté de leurs obfervations, que l'in- fuñon de notre Poligala facilite l’excréation : qu’à une plus petite dofe il diminue la .fiévre, qu'il cal- me d’abord les fymptômes ; qu'il fait expectorer, donné à la dofe d’une cuillerée : il évacue en mé- me tems par les felles , par les urines & par le:vo- miflement; le Poligala de Virginie poflède cepen- dant ces vertus à un dégré plus éminent, En- fuite on a donné cette plante en décottion aqueufe dans l’hydropifie & la leucophlegmatie , ce qui a augmente l’écoulement des urines & produit de bons effets, cette tifanne fe préparoïit en failant bouillir une once de Poligala dans deux livres d’eau , juf- qu'à la réduétion de la moitie, la dofe étoit de trois cuillerées par heure. . Le célèbre CRANTZ dit que Îe Poligala n’a pas été donné fans fuccès dans l4 phthifie. Mr. SARCO- NIUS , ce médecin diftinguc, s’eft fervi en dernier lieu de ce fimple pour diffoudre le fang. Mr. GLE- piTscH dit qu'il a reéufli dans la pleuréfie. Mr. COLLIN fait ufage de la décoction du Poligala dans les maladies de la poitrine, comme dans la péris ‘pneumonie, dans les cCrachats purulens ; dans la toux invétérée, & la phchifie accompagnée d’une fièvre continuelle. Cette tifanne fait beaucoup uri- H 2 116 MATIÈRE ner, & a guéri des maux trèés-graves, même avec des fueurs nocturnes ; elle a aufli diflipé un catar- rhe invétéré. C’eft un remêde balfamique & deter- fif. Il ne fait pas du bien à toutes fortes de per- fonnes , il eft plutôt déplace chez plufñeurs, dans les cas de skirrhes, ou lorfque les folides font trop tendus. ORDRE IL À Six ÉTAMINES. 346. FUMARIA. LA FUMETERRE. Dont les feuilles font partagées en plufeurs lo- bes obronds lancéolés, & dont les fruits ne ren- ferment qu’une feménce, Fumaria RIvVIN. tetrap. T. I, Fumaria officinalis. LINN. Elle croit dans les vignes & dans les jardins, C’eft une plante fuccukente , d’une amertume dé- licate*: fon fuc épaifli depofe des cryftaux fembla. bles à ceux du nitre: elle eft favonneufe, mais fans âcreté, & elle n’excite point de chaleur. Sui- vant les Tranfaéfions philofophiques , la Fumeterre eft un peu âcre, amère & mucilagineufe, fon odeur reMlemble à celle de la fougére. Son infufion thei- forme eft amère, un peu vifqueufe & naufeeufe. Cette plante eft réfolutive, & diflout les humeurs épaif- fies dans les vifcères abdominaux. Son fuc donné ** * Mr. RIECKE en a donné l’analife dans fon L. de fu- mHartir. . -..#* SALADIN préfère avec raifon l'herbe fraiche, p. 250. b. MÉDICALE. 117 à la quantité de deux onces avec du petit-lait, là- che doucement le ventre *, purifie le fang, refifte au forbut, corrige les maladies de la peau, & di- minue lexceflive rougeur du teint, pourvu qu’on fe donne en même tems de lexercice, & qu'on falle cette cure au printems. On fe fert commu- nement en France de ce remêde innocent, & l’on reuflit fouvent par fon moyen à détruire la mélan- colie, Mais comme c’eft un médicament qui n’a pas beaucoup d'activité , il peut arriver quelquefois ‘ qu'il ne réponde pas aux efpérances du médecin, dans le traitement de l'affection hypocondriaque. Je ne crois pas que l’effence fpiritueufe de cette plan- te tienne de fes vertus , puifque la Fumeterre fans préparation eft un rafraichffant.' J'approuverois da- vantage fon extrait ou fon fuc épaïfli, qui eft laxae tif à la dofe d’une dragme. Un grand ufage de fa décoction & de fon fuc a été utile dans la phthi- fie. Il eft une efpèce de Fumeterre dont on fait grand cas en, Dalmatie, pour le traitement de la goutte. ROUSSEY dit avoir chafé le ver-plat avec le fuc de cette herbe. Il eft parlé dans le Journal de Treyoux un fel alcalin & cependant cryftalli- fe , trouvé au fonds de fa décoétion ou de fon in- fuñon. On obtient par l’incinération de la Fume- terre, du fel marin mélé dé fouffre.. H >>" * MÉSUÉ p.14. Le fyrop produit aufl cet effet p. 339. b. Lt 118 MATIÉRE 348. FUMARIA. ARISTOLOCHE RONDE COMMUNE. Sa racine eft bulbeufe, fa tige fimple portant deux feuilles, fes feuilles florales font ovalo - lan- eéolées, Fumaria altera CAMERAR. Epit. p. 891. Fumaria bulbofa. Linx. On la trouve par-tout, dès le commencement du printems, auprés des haies, dans les lieux où il y a de l'ombre. Les plus anciens d’entre les modernes Jui ont donné mal-à-propos le nom d’Âriftoloche. On lui attribue cependant des qualités vulnéraires, & on dit que fa racine, réduite en poudre, détruit les chairs fpongieufes ; qui. naïffent à la furface des os. On en vante les effets, comme des autres amers, dans les fievres intermittentes , fon infufion a réufli dans l'affection hypocondriaque. On lui prête la qualité. d’emménagogue, qui appartient à la véri- table Ariftoloche, mais je n’aurois point voulu fubf. tituer à celle-ci la racine de celle dont nous par- lons, qui n’a aucune odeur, mais elle a une faveur douce - amère, farineufe & un peu äcre. L’extrait fpiritueux de la Fumeterre bulbeufe eft extrêmement amer ; outre cela il eft âcre, un peu falé, & fon âcreté fe fait fentir long-tems. L’extrait aqueux eft fort amer, Cet extrait & l’infufion de la plante n’ont point d’odeur. Les cendres de fes racines contiennent du fel commun, & il s’y manifefte par décrépitation çomme dans la Fumeterre, MÉDICALE. 119 PLANTES A ÉTAMINES RÉUNIES ET INÉGALES. À FLEURS IRRÉGULIÉRES. POLYPEÉTALES. ORDRE IIÏ. À DIX ÉTAMINES RÉUNIES EN DEUX CORPS ET À QUATRE PÉTALES. DIADELPHIES de LINNÉ. PAPILIONACÉES de TOURNEFORT. t. 209. LÉGUMINEUSES de BOERHAAVE. SECT. L AUX FEUILLES SIMPLES ou TERNÉES: 350. GENISTA. LE GENET DES TEINTU- RIERS Ou L'HERBE AUX TEINTURES. Ses rameaux font fans épines, fes feuilles gläbres contre la tige, elliptiques, lancéolces ; fes fleurs font font felliles & difpofces en épis. Geniflella RIVIN. t. 6%. Genifta tinétoria. LINN. Il croit par-tout dans les terreins incultes , & fur-tout aux environs de Berne im Forft, autour de Pümplz, & dans les bois du Jurat entre Eaifan- ne & Moudon. V. Son ufage étoit déja connu aux anciens pour la teinture en laine, il fert fur-tout pour les gros draps H 4 20 MATIÈRE jaunes : on en tire une couleur orange par le moyen de l'urine & des cendres gravelces, & cette cou- leur eft folide, moins cependant que celle de la Sarrette , après laquelle il tient le premier rang, auf faut-il en employer une plus grande quantite. On prépare un jaune foncé avec le Genéêt, en le cuifant avec de l’eau de chaux, & le broyant avec de la craie; & enfin en le cuifant encore avec de VPalun. Suivant Mr. POERNER, fa decoction eft amère & aftringente. On en fait du jaune avec des cendres gravelees & beaucoup d'eau. Traité avec une folution d’étain, il en réfulte une liqueur jau- ne. Cette couleur refide dans la portion refineufe combinée avec une terre aftringente, Les acides diminuent fa propriété colorante. Traité avec le fel marin , il donne des couleurs aflez folides : avec Pa. lun, à parties égales, il donne un beau jaune, & ” ces couleurs font meilleures que les autres, Cette teinture avec Palun n’eft bonne ni pour la laine, nj pour le coton, & fa couleur tire un peu fur le verd, # 345. SPARTIUM, LE GENET COMMUN ou GENET À BALAIS. Aux feuilles inférieures ternces, velues ; les fupé« rieures fimples. Genifla RIVIN. t. 65. Spartium fcoparium. LINN. I! ne croit pas au-delà des bois fablonneux de VAlface, on ne l’a même trouve en Suifle que dans la partie qui.eft au-delà des Alpes, depuis Bellinzc« MEDICALE. 121 ne jufqu'à Mendris, fur les chemins. Il y en a auffi fous le mont de la Fowche dans la vallée d’Oftce- bla (Efthenthal). | Cette- plante amère contient, felon GEOFFROI, fur une livre, jufqu'a une dragme & demie de fel uniquement diurétique, ayant de laffinité avec le tartre vicriolé ; fuivant BRooN, il eft un peu amer, doux, ‘ftyptique & nauféeux. C’eft en raïfon de cette qualite qu'on a guéri l'hydropifie, comme on peut le lire dans divers auteurs, foit avec Ja lef five des cendres de Genét, ou avec la décoction de cette plante“; cette même leflive eft préferée à celles d’autres cendres telles que celles de Genié- vre. On peut fe fervir de la graine en place de Café. Mais le fruit de ce Genêt a une mauvaife odeur. Les fleurs & les femences du Genêt de jardin font vomir avec violence, à la dofe de deux dragmes jufqu’à une demie once. Une demie once des unes & des autres fait le même effet, & elles convien- nent parfaitement dans l’hyüropilie. Les fleurs du Genêt commun confites peuvent te- nir lieu de Câpres, mais elles font moins agréables. On l’a employée nouvellement pour tanner les cuirs, & il a les mêmes avantages pour cet effet que l'écorce de chène. Son écorce, maçerce dans. des eaux thermales , fert à faire du fil & de la toi« le, mais à la vérite groffiers. * MEAD mowita p. 138. Avec la graine de moutarde, 122 MATIERE 356. ANONIS. L'ÂRRETE-BŒUF. Dont la tige eft à demi-rampante, & les rameaux deviennent épineux en vieilliffant. Anonis FUCHS. p. 60. Ononis fpinofa. LInx. Il eft très-commun le long des chemins, & dans les champs ; les varietes à fleur blanche ne font pas rares. En Egypte, & dans la partie de l’Afie qui lavoifine, l’Arrête- bœuf couvre les deferts arides & fablonneux de ces pays. Sa décoction eft muci- lagineufe & un peu àâcre. Il contient beaucoup d'huile de fel acide & de terre: fa racine pañle pour diuretique * & apcritive, au point que Mr. de HAEN dit que fon ufage a diflipe les fymptômes de la pier- re, & a fait fortir des calculs. Son écorce prife à la dofe d’une dragme fait uriner, même à l’exces, involontairement ; elle provoque aufli les mois. MaT- THIOLE parle d’un farcocèle guéri au moyen de la poudre de cette racine. Mais cela paroit éxagére. On frotte la tête avec laglecoction de l’Arrête-bœuf, dans cette efpèce de céphalalgie, connue en Hon- grie fous le nom de hagymaz. Je crois fans peine que l'eau diftillée de cette plante eft inutile. Le fel de fes cendres eft âcre, fale & aftringent. On peut apprèter l’Arrête-bœuf lorfqu’il n’eft pas encore épineux, en le faifant tremper dans de la faumure, ce qui donne un mets fort agreable. a * Même pour les chevaux, AGRICOLA Amon. p. 179. MÉDICALE. 123 ÎL. TOUTES LES FEUILLES TERNÉES. 362. MELILOTUS. LE MELILOT. Dont les filiques font en grappes, pendantes, ri- dees, terminces en pointe & contenant deux fe- mences. Melilotus RIVIN. t. 6. Trifolium , Melilotus officinalis. LINN. Les varietés à fleurs vulgaires, à fleur jaune & à fleur blanche font abondantes dans les champs & près des chemins. J'ai cueilli autrefois une autre varie- té haute d’un demi-pied & à fleur blanche, autour des mafures du château de Belp. Cette plante a l'odeur forte & particuliere *, elle eft âcre & amère, d’une faveur défagréable, ce qui n’empéche pas que les troupeaux ne la broutent, Elle donne un très-mauvais goût au froment. Son infufion a une légère odeur légumineufe, & rougit la teinture de tournefol. L’odeur des fleurs n’eft pas déplaïfante; on en diftille une eau, qui eft pro- pre à s'impregner des parfums qu’on y méle. On regarde communément le Melilot comme une plante émolliente, & c’eft dans cette fuppoñition qu'on l’employe dans les lavemens, les fomenta- tions & les emplâtres: on le croit capable d’exciter la fuppuration, & même de l’entretenir en l’ap- pliquant aprés que l’épiderme a éte enlevé par le * THÉOPHRAST. casf. VI. c. 22. Cet auteur dit que Je Melilot fec a une meilieure odeur, 124 MATIÉRE moyen d'un veficatoire. On vante l’infufion de fes fleurs pour les douleurs de colique, pour les inflam- mations du ventre, & pour l'ifchurie. Je lis dans les obfervations de COBER, quele Melilot feul a fufñ à la guérifon d’une dyflenterie qui ne faifoit que commencer. L'onguent jaune qu'on en prépare, en broyant fes fleurs avec du beurre, a, dit-on, été utile dans des-ophthalmies facheufes Zippitudi- nes. L'huile de Melilot, faite par infufon, étoit au- trefois eftimce pour appaifer les douleurs des reins. Cependant cette plante me paroit plutôt âcre au’émolliente ; plutôt irritante & difcuflive que pro- pre à exciter la fuppuration. En Angleterre cette herbe eit tombée en défuétude. J'ai vu de mauvais effets de fa graine dans les maux de gorge, elle s'étoit trouvée mêlée par hazard avec de la graine de lin qu’on employa pour un gargarifme. PAPILIONACÉES. SECTION IV. À PLUSIEURS FEUILLES AILÉES ET ARRANGÉES PAR PAIRES. - SUBSECT. I. DONT LA TIGE N’EST PAS GRIM- PANTE. * 399. CICER. LE POIS CHICHE. Les feuilles font dentées en manière de fcie. Cicer atietinum. Dopon. LINN. On le fème communément à la Valteline, aux environs de Groffetto & Teglio ; il vient aufli çà & là prèfque fans culture. MÉDICALE. 125 Le pois chiche rôti, ou ce que les Efpagnols ap- pellent Carvancos , eft un aliment d’un ufage très- fréquent en Afrique, & fait une bonne nourriture. On vante pour les douleurs du calcul, l’eau dans laquelle on a fait cuire des pois chiches *. Cette grai- ne a cependant de lâcrete, car elle eft nuifible aux plaies de la veflie. Mr. REICHART dit qu'on en prépare une boiflon qui imite très-bien le caffe. 400. COZUTEA. LE BAGUENAUDIER À VES- SIES OÙ LE FAUX SENÉ. Dont les feuilles font ovales, échancrées au fom- met, les fleurs èn grappes. Colutea RIVIN. t. 20. Colutea arborefcens. LINN. … On le trouve de part & d’autre dans les contrées chaudes de la Suifle, à Aigle, à St. Maurice, en- tre Coire & Tufs, au-deflus de Serriéres près de Neufchätel, pas loif du pont du ruifleau dit Vau- fcijon , du côté de Peféux: entre Auvernier & Neufchatel. Dans les haies qui font au bord du lac. Entre Chamblandes & Pully près de Laufanne. En- tre Sierre & Sion au bord du chemin. 7? Les feuilles du Baguenaudier à veflies lâchent le ventre en donnant des naufées **, mais moins fort * ARBUTHNOT alim. II. p, $o. DIOSCORIDE dit au- trefois la même chofe L. II. c. 97. mais il ajoûte que les pois chiches otfenfent la veflie & les reins. ** Elles font vomitives, fuivant M1IZAUtD, de Senn. c. 3. Suivant BELLON le Baguenaudier ne poflède pas les mêmes vertus que le Sené : Singular. p. 275. 126 MATIÉRE que le Sené, car il faut une once entiéré de ces feuilles pour une infufion purgative. Cependant fon ufage eft für, & on s’en eft convaincu par expérien- ce dans le Nord. Une ou deux dragmes de fa grai- ne font vomir, Cette plante fournit un fourrage des plus agréa- bles, aufli en recommande-t-on la culture dans cette vue. ASTRAGALES DONT LA SILIQUE EST BILOCULAIRE. RENFLÉE ET DURE. 413. ASTRAGALUS. L'ASTRAGALE OU REGLISSE SAUVAGE Dont la tige eft couchée, les feuilles ovales, les fleurs portant fur de courtes hampes, difpofees en grappes, les filiques prelque à crois angles & re- courbes: Afiragalus RIVIN. t. 103. Aftragalus Glyciphyllus. LiInw. Il croit par-tout en Suifle; dans les haies des environs de Berne, & duns les champs montueux. Je lai aufi trouvé fur les Alpes , entr'autres fur la montagne de Neunenen. Le goût de fes feuilles a une douceur mêlée d’a- mertume. On le vend pour du Galèga, auquel je ne le crois point inférieur. On donne le thé d’Af tragale pour l'ifchurie & la gravelle. MÉDICALE. 127 420. ERVUM. L'ERS. Ervum RIVIN. t. 61. Ervum Ervilia. LINN. L2 . ‘ Je ne crois pas lErs véntablement indigène, mais on le trouve en abondance dans les champs de Berne où on le fêéme avec les lentilles & la vefce. Je penfe que c’eft de l’Ers qu'il eft parlé dans les Tranfaëlions philofophiques fous le nom d’Orobus, & dont elles difent que la faveur eft défagréable, & la décoétion un peu amère & diurétique. On met fa farine au nombre des réfolvantes, & elle tient quelquefois lieu d’aliment pour les bêtes & pour les hommes; mais cette graine eft fi venteufe, qu’elle fait une nourriture pernicieufe dont l’ufage attire des mala_ dies épidémiques aux chevaux même ; elle aFoiblit les genoux , & empêche le mouvement des mufcles ex- tenfeurs. VALISNERI a vu les hommes perdre fans retour la faculté de fe mouvoir, pour avoir mangé de lErs. Mr. DUVERNOI * ‘attribue ces accidens au Lathyrus 439. Il eft pernicieux aux poules qu'il tue par la dilatation qu’il produit dans le géfier. II. GRIMPANTES. * 421. LENS. LA LENTILLE. Lens RIViIN. t. 35. Ervum Lens. LINN. Elle eft fpontanée dans les vignes du Vallais. * De lathyri quadam venenata fpecie in comitatu Mont- belgardenfi culta, di/p. Bujil. 1770. 128 MATIÉRE L’écorce des Lentilles eft ftyptique & aftringen- te, la femence elle-même eft mucilagineufe, laxa- tive & procure des vents. C’eft un des légümes les plus communs, & qui, de tout tems, a été regar- dé comme un aliment dur & difficile à digérer. Ga- LIEN le met au nombre des caufes de l’éléphantia- fis endémique des Egyptiens. Elle eft fi contraire aux chevaux par fa qualité venteule, qu’elle les fait périr s'ils en mangent. Le bouillon ou la decoction de Lentilles fe donne en plufñeurs endroits de PAI- lemagne pour favorifer l’éruption de la petite ve- role. Mais il femble que ce fecours mérite peu de confiance, quand on réfléchit fur la quantité conf- dérable d’alcali que donne la farine de Lentilles, foumife à l’analyfe chymique. On en fait cas pour les ulcères de la gorge les plus dangereux. Cette graine pilée, & appliquée fur les tumeurs dures, les amollit, & aide à la coction du pus. On fait de bonne eau de vie de grain avec un mélange d'éga- les parties de Lentilles & d'orge. II. VESCES DONT LA HAMPE EST TRES-COURTE ET LES SILIQUES DROITES. 430. VICIA. LA VESCE, Ses feuilles radicales font ovales, les fupérieures linéaires , les hampes très-courtes portant deux fleurs. Vicia anguftifolia RIVIN. t. 55. Vicia fativa. LINN. Elle MÉDICALE. DT Elle croît fans culture ça & la parmi les autres graines , autour de Xrrchlindach ; de Péümpliz; Ke. C’eft la mêmé qui fert de riôurrituré aux pigeons ; fa décoction 4 une faveut douce & ftyptique: Les gens de là Campagne en font même du pain, où fans mélänge ; ou en y ajoütant du feigle, comme L’eft l’ufage de nos payfaris. Ont l’éftime bonne pout le calcul; & en Angleterre les nourticés en donnent là décoction pour boïiflon ordinaire aux enfans, chez qui elles veulént favorifer l’éruption de la pe- tite verolé ou dé la fougecle. Elle fournit un ex tellent fourrage. On la fême aufli pour fervir d’en- grais €n paflant la chartue par-deflus: 435. LATHTRUS: VESGE SAUVAGE ou MAGJON. Dont les hampés portent plufieurs fleurs , à feuil- les ovales, les vrilles partagées en trois: Lathyrus arvenfis RIVIN: t: 42. Lathyrus tuberofus: LINN: On Ja tioute parmi les bleds de la Suifle; fous Tvorne, du côté de Noville, aux environs de A4: thod, de Genève, de Bale; & vers St. Margaret, Les tubercules de fes racines font bons à man- ger; mais on ne s’en fert point dans notre pays, on en fait ufage dans le voifinage de Maffricht, à Clèves, en Hollande, où; ainfi que le long du Rhin, on mange ces racines comme des chataignes, après les avoir pelces & cuites avec du fel; mais Tom. I. | ÉUUS 19° 130 MATIÉRE ce mets déplait à ceux qui n’y font pas accoutumés. On en appréte dans les cuifines de Berlin, & aux environs de Xrafnojar. Quelques auteurs ont cru que c’étoit le Dudaim des Juifs. On confeille la culture de la Vefce fauvage, afin qu'après que les beftiaux fe font nourris de fes feuilles, les racines tirées en automne puiflent tenir lieu d’aliment. L’eau qu'on en diftille eft odorante. 439. LATHTRUS. Ffpèce de.GESSE. Ses feuilles font lanceolees, fes ftipules fort lar- ges, fes hampes courtes, ne portant chacune qu’u- ne fleur, fes filiques ont des ailes très-courtes. Lathyrus flore rubro J. B. II. p. $o7. Lathyrus Cicera. LINN. On la fême aux environs de Genève, de Mathod, dans le pays de Vaud, près de Laufanne en Cham- blande, dans le voilinage d Undervilliers. 11 femble que c’eft de cette efpèce de Lathyrus que Mr. DUVERNOI veut parler dans une diilerta- tion fur ce fujet * où il attribue à cette plante les accidens que Mr. BINNINGER met fur le compte de lPErs, voyez cet article. Mr. B. a vu quarante per- fonnes malades pour en avoir fait ufage. Ce qui fut caufe qu’en 1705 & 1714 cette plante fut profcrite par autorité publique. Elle occafonne chez les hom- mes, feulement, une ‘roideur dans toutes les arti- culations qui fervent au mouvement de la jambe & * De Lathyri quudem vencnata fpecie, Sc. Bafl. 1770. . MÉDICALE. E gr le boitement. J'ai entendu parler du mauvais effet que cette plante a produit au pays de Vaud mais on n'a pas encore des expériences füresur ce fu- jet: il vaudroit bien la peine d’en faire. #. - PLANTES PÉTALÉES. CLASSE IV. TÉTRAPÉTALES, DANS LESQUELLES LE NOMBRE DES ÉTAMINES SURPASSE UNE FOIS ET DEMI CELUI DES PÉTALES. Communément dites CRUCIÉES. TÉTRADYNAMIES de LINNÉ. SILIQUEUSES ET SILICULEUSES de BOERHAAVE. P RESQUE toutes les plantes de cette clafle ont les mêmes vertus médicinales : elles font de leur natu- re inclinées à une pourriture fpontanée , enforte qu’elles donnent à la diftillation un fel volatil uri- neux, femblable à celui qu’on retire des parties des animaux *, ce fel ne monte cependant qu'après une certaine quantité d’eau, @& les vapeurs blanches qu'on croit s'élever alors, ne font autre chofe que I 2 * Mr, pu HAMEL en a fait l'expérience avec des choux. bill. 154. & il a trouvé que les choux -fleurs diftillés ne donnent aucun acide-principe, pas plus qu'on n’en retire de la chair ow du poiflon. 132 MATIÉRE l'hüile refoute fous cette forme: Le Frêne, FO: pium & le Paftel donnent aufli un fel volatil fec: Récentes & pleines de füc ; elles ne fourniflent pour- tant point de fel eflentiel ; elles font âcres, refol- vantes , favonneufes , diurétiques & antifcorbutiques ; plufeurs font comeftibles : aucune n’eft aromatique ; & on n’en trouve point dont les fleurs foient na- turellement bleues. Leur fuc récémñient éxprimé ne donne cependant aucun indice d’alcali, non plus que . l'eau diftillée de l'herbe aux cuilliers, celle de creflon, ou l'infuñon du raifort fauvage , ni efifin la graine de moutarde. Cette âcrété qu’on à prife dans les plantes cruciées pour un principe alcalin vo- latil, eft dûe à leur efpritrecteur qui, diflipe par l’ex- ficcation; laïfle la plante fans vertu. Suivant Mr.POULE- TIER les crucices contiennent cependant de l’alcali, En- fin quoique l’eau de l'herbe aux cuilliers donne un indice d’acidité, en ce qu’elle rougit le fyrop vio- lat, elle n’en a pas plus de prife fur l’alcali de foie de fouffre ; c’eft aufli le cas du fuc des autres plan- tes de fa famille: Au refte ces fimples ne doivent s’employer que fraiches en qualité de remêdes; ou bien il faut y fuppléer par leurs extraits faits à un feu doux & qu’on fait fondre dans l’eau diftillée de la même herbe. Prefque toutes les propriétés réfi- dent dans l'huile eflentielle, ORDRE ÏI. SILIQUEUSES. 443. LEUCOIUM. LE GIROFLIER Où VIOLIER JAUNE. Aux feuilles gläbres, lancéolées ; très -enticres. MÉDICALE. 134 Leucoium aureum MATTHIOL: p. 877. Cheiranthus Cheirr. LÉNN. Je ne le crois pas originairement indigène : ce- pendant on le trouve à prefent tres - fréquemment dans les murailles de tout le paÿs de Vaud, ainf qu'a Bâle. Il s’eft fans-doute échappé des Jardins, , d'où il a dégénére. Ses vertus paroïflent refider dans fa partie odo- rante, partie que je ne: fais point qu’on en fepare, ou qu'on en fafle ufage en medecine. On croit que fon huile faite par infufion facilite l’açgcouchement. Les fleurs de Giroffier infufes dans le vinaigre font efficaces dans les affections hyftériques , elles pro- voquent les règles & accélètent la fortie du fœtus ; on-les fait auf infufer dans du vin & de Ja Hier: re: enfin le fuc exprime du, Violier rend plus. pre- pre au coït, Un chien fe faifoit vomir en;mangeant de la Juliane, Leucoium purpureum. Les fleurs de Giroflier , récentes, donnent à l’analyfe, un fel fäle, mais, après avoir êté macérées. & digérées,..of en retire un fel lixiviel. Mr. BOURDELIN a aufli trou vé que le fel du Girofier.a quelque çhofe de fake, 464; SINAPI. LA ROQUETTE, À filiques tétragones, velues, à fleurs veinées. Eruca Jativa Dopox. p. 708. Brafjita Eruca. Lin. On la trouve fur les chemins, & dans les foftes des contrées chaudès de la Suiffe, comme dans le 13 134 MATIÈRE chemin de Tombey, entre Olon & Verchier. En Vallais entre St. Zeonhard & Siders. La faveur âcre de cette plante l’a faite placer par les anciens au nombre des aphrodifiaques. On dit aufli qu’elle, excite les oïifeaux à chanter. BOERHAA- VE la recommande dans les maladies de langueur, dans les commencemens d’hydropifie, dans le {cor- but pituiteux & chronique. 3 46$, SINAPI. LA MOUTARDE. À filiques tetragones & gläbres. Sinapi filiqua latiufula glabra, femine rufo, Jeu vulgare J..B. IL. p. 854. Sinapis nigra. LINN. J'ai cueilli cette ‘plante aux environs de Bienne entre Bôzingen & Pieterien, & dans le voifinage de St. Maurice le long des chemins. Mr. STHHE- LIN:en a trouvé a Augff près de Bale: elle n’eft cépendant: pas commune en Suifle. Toutes les parties de cette herbe, & fur-tout A graine, ent une faveur accompagnée d’une chaleur brû- lante. Suivant Mr. DE Macuy l'âcreté de cette graine réfide dans fon écorces & l'huile même qu'on en tire eft douce, & n’a prèfque point d’odeur. Elle fournit un efprit de nature alcaline , qui fermente avec l'huile de vitriol, & qui verdit le fyrop de vio- lettes ; méle avec l’elprit d'urine, ik en refulte un fel volatil {ec & cryitallife; & enfin beaucoup d'huile noïrâtre. La graine de Moutarde & celle du grand -raïifort ne donnent aucun indice de fel alcali vola- MÉDICALE. 136 til, non plus que leur eau. L’eau même qu’on dif- tille de la moutarde & fon infufon aqueufe, ont de l’âcrete. Mais les extraits foit fpiritueux foit aqueux font foibles. Enfin la graine de Seneve fer- ménte, broyée avec du vinaigre * ; on fait aufli du phofphore avec cette graine, & il ne paroit pas qu’elle doive fes proprietes à un principe acide. Aufli domte-t-elle par fon âcreté l'acide fpontance, Elle rend le mouvement aux membres engourdis. Elle eft bonne dans les pâles couleurs, les affections hy- pocondriaques , l'hydropifie **, la cachéxie aqueule, & la paralyfie. On en fait le même cas donnée dans de la bierre que de l’herbe aux cuilliers, pour le fcorbut muriatique ou pour la fiévre quarte. Lors du fiege de la Rochelle, fes habitans fe guérifloient du fcorbut en affaifonnant leurs mets avec de la moutarde, & en buvant le fuc de cette plante dans du vin blanc, Les Hollandois ont une loi par la- quelle il eft ordonné aux gens de mer d’avoir une provifñion de moutarde. Mr. BOURGEOIS dit qu'il a connu des fcorbutiques, qui n’ont pu être guéris radicalement, que par un long ufage de moutarde avec leurs alimens. Le feul inconvenient qu’il ait remarqué du fréquent & long ufage de cet aflaifon- l'4 * BaroN dans fon édition de LEMERY p. 18. Voyez encore MACQUER chy#. prat. LL. p. 156. 157. Mr. Arr- MANN nie cependant que æeette effervefcence ait lieu, p. 39: il faut donc réiterer cette expérience. #* MEap dit qu'elle a réufi dans cette maladie, en y ajoûtant des fommités de genêt. Afenita ET prec. p. 138 136 MATIERE nement, c'eft qu'il attaque un peu les nerfs des yeux, & difpofe cet organe aux fluxions & aux rougeurs. On en fait avec le moût un électuaire d'ufage diétetique , connu dès les tems les plus re: culés de Pantiquite; WEDEL dit que c'eft ce que les anciens appelloient fecula Coa. Il fert à préfer- ver l’eftomac, contre la crudité des fruits d'été & des compôtes faites au vinaigre *, Son äcrete eft telle que, donnée avec de leau chaude & dû fe, elle excite le vomiffement. Les Fürcs seen la fermentation du mout en y iMélant dé”’la”fräïne de Seneve. Cette graine eft encore un ph#fant apophlegmatique, & qui n’eft point fans efficace dans la paralyfe & l’apoplexie. On a vu des Chévres périr pour avoir brouté cette herbe. Enfin, “pour dire mon fentiment, à l'occa- fion de ce que fai vu des effets de la moutarde, je penfe que fon ufage fréquent difpofe les humeurs à la putrefaction, & rend les maladies aigues plus pérnicieufés , fi elles attaquent des amateurs de cet a'aïfonnemenñt. D'ailleurs , je ne crois pas que la moutarde foit amie de l’eftomac , puifqu'’elle s'y di- gère à peine, & y accafionne des renvois putrides pendant plufieurs heures. Le Senevé appliqué fur la peau la rougit , l’en- flamme, y fait lever des veflies ; aufli entre-til dans la compolñtion des vefcatoires ; il eft propre à diffi- per es douleurs de la goutte. MÉSUE faifoit ufage * Voyez ies éloges de la moutarde dans uné thèfe de L. MOULIERE. Paris 1743: 1 MÉDICALE. 137 de l'huile de moutarde pour: les maladies ftoides. Les abeilles butinent beaucoup fur cette plante au printems, 466. SINAPI. LA MOUTARDE BLANCHE, Aux filiques velues, dont l’extrémite eft fort lon gue & courbée comme un bec. Sinapi album filiqua hirfuta, femine albo & ru: Jo, JB. IL p. 858. k Sinapis alba. LINN. Elle croit fur les vieilles murailles , & particuli- rement en Allemagne. On l'employe en médecine comme la_ précédente, 478. ERYTSIMUM., LE VELAR ou Tor- TELLE. Dont les feuilles font ailées , les folioles difpoles à angles droits, terminés en pointe, celle de l'ex- trêémite triangulaire & tres-grande, les filiques fer- rées contre la hampe. Eryfimum Fris TABERN. P. 448. Eryfimum officinale. LINN. Croit le long des chemins & dans les mafures, Ses feuilles ont un goût de creflon fans acrete. Néanmoins, pilé & applique fur la peau, il paroit qu'il fait l'effet d'un véficatbire.” I! donne à l'alem- bic, comme les autres plantes de fa famille , ‘des pro- duits qui fentent l’efprit d'urine, une eau âcre, & beaucoup de fel fixe, 139 MATIÉRE On vante l’efficace du Vélar dans les maladies chroniques de la poitrine, fur-tout quand elles vien- nent d’une trop grande contention de la voix, dans l'enroueure à laquelle font fujettes les perfonnes d'âge, & dans lafthme. DioscoRIDpE le dit bon pour les fluxions de poitrine , lors même qu’on rend du pus par les crachats. Je crois qu’on pourroit l'employer en infufion ; les apothicaires vendent un {yrop d'Eryfimum. Mais ce n’eft guères que le {y- rop compofe de LOBEL qu’ils vendent, j'ai toujours trouve, d'aprés KLEIN, que le fyrop fimple, où il n’en- tre ablolument que le fuc de Ja plante fraiche & du miel, eft préférable ; & entr'autres faits j'ai guéri par fon moyen une enroueure d’une année, chez un prédicateur qui y étoit fort fujet dès fon enfan- ce, mais elle fe diflipoit d'ordinaire d’elle- même , ou au moyen de quelqu'infufñion d'herbe pectorale : cette fois elle avoit réfifté opiniatrement à tous les remêdes qu'on avoit confeilles, quoique des meil- leurs. V. La Tortelle fe donne aufli pour rétablir l'écoulement fupprime des urines. BOERHAAVE aver- tit fagement de ne pas adminiftrer ce fimple, lorf qu'il y a de la fièvre. ARETÉE recommandoit la graine de fon Eryfimum appliqué en forme de cata- plâme pour la guérifon de la gonorrhée fimple. On dit que cette plante eft fpontanee fur les terreins qui ont été mis à découvert par des in- cendies. MÉDICALE. 139 480. ERYTSIMUM. VALLIAIRE. Aux feuilles cordiformes. LINN. IL. p. 922. Alliaria FUCHS. p, 104. | Eryfimum Alliaria. LINN. On la trouve au printems proche des haïes, dans les malures & dans les bois taillis. Cette plante, fur-tout fa graine, fent l'ail quand on la broye ; mais il ne faut pas croire pour cela que fes vertus approchent de celles du Scordium, dont elle n’a pas l’aromate *, Elle a un peu d’a- mertume, & HILDAN s'en fervoit après l'avoir pi- lee pour arrêter les progrès de la gangréne ; BOER- HAAVE en fait cas pour le même accident où cette application lui a reufli. CHOMEL la dit bonne pour les ulcères cancéreux. 482. SISYMBRIUM. LE CRESSON D'EAU. Dont les feuilles font ailées, les folioles obron- des , les fleurs en grappes très-courtes. Naffurtium aquaticum offic. & Dopox. Cereal. P. 246. Sifymbrium Nafturtium aquaticum. LINN. On le trouve dans les foflés & dans tous les ruifleaux dont le courant n’eft pas rapide. On le cultive aufli à Æyfort par un moyen fingulier dans des foflés pleins d’eau. * C'eft ce dont Corpus avertit avec bien de la raifon. Botanolog, p. 93. 140 MATIÉRE Cette plante manifefte en la broyant une odeur & un goût piquant, aufli la met-on au rang des principaux medicamens antifcorbutiques, & elle a mérité en effet ce titre, en guériffant un fcorbut qui étoit la fuite d’un fiége *. Le Creflon d’eau rend tout feul , & fans addition, un efprit extrêmement âcre. Le jus fe prefcrit à la dofe de quatre on- ces ; on peut aufli faire prendre l'herbe méme ré- cemment cueillie. On vante fon infufion prife cam- me the pour l'affection hypocondriaque & les ma- ladies de la poitrine. On a vu des pulmoniques fe guérir en ne prenant que du Creffon d’eau pour toute nourriture. Ilreuflit, pourvu qu'on en fafle un long ufage, à difliper les skirrhes des vifcères , & les obitructions des parties internes. San eau eft un peu acide, il monte après elle une liqueur aigre & d’une faveur auftere, puis un fel volatil. L’ef. prit de Creflon diftillé avec du fel ammoniac pale pour un des plus puiflans remêdes contre le fcor- but. On dit que fon fuc tiré par le.nez a détruit ua polype dans cette partie. Ce fuc dérange l’ef tomac, au point d’exciter le vomiflement. 44 SISTMBRIUM. LE TALICTRON des Boutiques. Aux feuilles plufeurs fois ailées, découpées fine- ment, & un peu velues. Sophia Chirurgorum LOBEL. icon. p. 738. Sifymbrium Sophia. LINN. * Dans le monaftère de Bethléem. HASSELQUIST refa p 154 155. V4 MÉDICALE. i41 Elle croit çà & là dans les vieux murs. A Berne im untern Kircuofe, à Avenches, à Payerne , à Neufchatel, à Sion, à Laufarne autour de l'églife cathédrale, & fur les vieux murs de la Xipone. J'en ai cueilli à Bäle vers les extrémités des champs aux environs de St. Louis. Cette plante pañle pour vulnéraire, furstout en France, & pour réunir à la qualite aftringente celle de deterlives Sa graine fe donne jufqu’àa une drag- me dans la diarrhée : on en vante les effets dans les fiévres, & pour procurer la fortie du calcul: le celebre HoFMaANxN s’en fervoit aufli en place de Sementine pour chafler les vers. A l'extérieur, on dit qu’elle nettoyé lés plaies, diflout le fang caillé qui s'y trou- ve, & les confolide après les avoir détérgées. Elle n’eft point d’ufage parmi nous. ORDRE IL SILICULEUSES. SECT. J: À SILICULES DIVISÉES PAR UNE CLOI- SON PARALLELE AUX PANNEAUX DU FRUIT. 489. ALTSIUM. LA CAMELINE ou SÉSAME D'ALLEMAGNE. Ses feuilles font en fer de flèche, & fes filiques font cordiformes. Camelina [. Myagrum Dobon. Cereal. p. 130. Myagrum fativum. LiINx. Varieté b remarquable far fes feuilles glâbres, à, oreillettes & profondément dentelées. Myagrum fœætidum €. B. prodr. p. $1. 142 MATIÉRE La premiere varieté fe trouve en plufieurs endroits parmi les bleds aux environs de Hohlehn, de St. Margret, & entre St. Jaques & Muttens. Elle nuit au lin parmi lequel elle croit en quantité*; on en trouve pres d’Æigle fur le chemin de Tombey & autour de Ferriére. Aux environs de Laufanne en Chamblande, dans le voifinage de Montcharan, Elle croit aufli en Vallais autour de Vetroz: entre Langenthal & Suleure, & à Coire. (On la fême auf en Alface, fuivant TRAGUS. L'autre varieté vient dans des lieux fablonneux vers le pont de la YW'iefe. Suivant C. BAUHIN elle croit fur les Alpes, près le mont Splugen & le mont Pilate ; elle eft commune à Gottingue , dans les fofles. Son huile eft douce & bonne à manger, & BOER- HAAVE en faïloit cas. Cette huile eft très - bonne quand elle eft récente, car elle perd de fa qualité comme les autres, en vieilliflant, On peut tirer un bon parti de la Cameline , puifqu’elle donne plus d'huile que le Navet. Ce qui a engagé les écono- mes de nos jours à confeiller la culture de cette plante, & les effais qu’on en a fait ont heureufement réuffi. Cette huile ne fe fige par aucune gelée. * Elle eft une pefte pour le lin dans la Jemtlandie, HAGSsTROM “atur. hijl. p. 14. MÉDICALE. 143 SILICULEUSES. SECTION III. À SILICULE BILOCULAIRE, DIVISÉE PAR UNE CLOISON PERPENDICULAIRE AUX BATTANS. | $02. CORONOPUS. Efpèce de CRESSON. Au rapport de JEAN BAUHIN il croit en abondan- ce aux bords des chemins gui font autour de Ge- neve, à Bäde dans les chemins boueux. Entre Dor- nach & Arlesheim , vor dem Spalenthore, du côte du pont de la Birfe ; à Muttenz & à Munchenftein. Cochlearia Coronopus, LINN. Cette plante a acquis une certaine réputation, depuis que Jeanne Stæphens Va faite entrer, rédui. te en cendres, dans fon remêde contre la pierre. Du refte elle a de l’âcrete, & reffemble par fes pro- prietés aux Creflons. 503. NASTURTIUM. L'HERBE AUX CUILLERS. Les feuilles radicales arrondies , les caulinaires oblongues , & un peu finuées. Lin. IL. p. 903. Cochlearia DODON. pempt. p. 594. Cochlearia officinalis. LINN. On la trouve fur les rochers de la vallée dite Aôtier-grand-val, aux rochers de Moutier , près de la grande caftade de la Birfe. Dans les ter- reins marécageux près de la fontaine du Furet, près 144 MATIÉRE d’'Aigle, & au comméncement du printems fur les chauflées pratiquées à côté des fofles. C’eft une des plus âcres d’entre les plantes Naf turcines, & même fon eau diftillée n’eft point fans odeur, ni deftituée des vertus des plantes acides : car les particules d’où dépendent les propriétés mé- dicinales de l'herbe aux cuillers font volatiles & s’e- chappent de fés feuilles à méfure qu’elles féchent. Six livrés de cette herbe opt donné une grände quantité d’üne liqueur en partie acide & en partie âcre, deux dragmes d'huile & une dragme de fel lixiviel. Elle eft regardée comme le plus grand fécours qu’on a contre le fcorbut, & on a plufeurs éxemples de perfonnes & même de flottes entiéres qu’elle a guéries feule ; mangée en abondance. Et quoi- que ce foit une autre efpece * qui croit dans les pays du Nordies plus recules **, & qu’elle y ait une faveur plus agréable, d’une amertume mélée de dou- ceur ***, & moins forte, il n’eft cependant pas dou- teux que la nôtre ne foit douée des mêmes qualités. Elle contient de l'acide puifqu’il en échappe fous une * MARTENS Spirherg p. 45: Philof. Tranfaët; n: 456. L'efpèce qui croit près de la mer donne davantage de fel fixe. GREW. p.261. ** A JVaygaz. Rélätion des trois voyages des Hollandois au Nord p.1gs. Au Spizherg, 1bid. Aux isles de Æero DEBES p. 120. *#* Elle eft infpide, fuivant les Zranfaétions philofo- phiques n. 456. La même apportée à Londres avec fa terre, y eit devenue àcre. MÉDICALE. 145 uné forme fpiritueufe quand on la diftille fur dé la chaux ‘Aulli ne faut-il pas s'étonner qu’elle refite à la putrefaction qui domine fi fenfiblement dans le fcorbut. Je ne voudrois pas qu'on donnât des bouil- lons préparés avec l’herbe aux cuillers, dans les fié- vres malignes, parcequ’elle diflout le fang. Et lorf- qu'il s’agit de l’employer interieurément, j'en prefe- rerois le fuc ou l’herbe récente à l'efprit ; mais je choïfirois celuisci quand il eft queftion de raffermir les gencives. Je croirois facilement que le raifort de jardin ou le grand raïfort fauvage a plus d’âcrete, Elle contient une aflez grande quantité UD & de fel lixiviel * * $o4. NASTURTIUM. LE GRAND Raïi- FORT SAUVAGE. Les feuilles radicales lancéolées crenélées, les cau- linaires découpées. Raphanis magna Dose, pempt. p. 678. Cochiearia Armoracia. LINN. Croît autour de, Mdau,, fuivant Mr. GAGNEBIN. A Laufanne, au rapport de C. GESNER: 1h eft abon. dant à Güttingue. ct À Il a un goût & uné ôdeur fort âcre, que quelques perfonriés trouvent agréables, ce qui fait qu'il pa- roit fur les tablés & qu’on s’en fert pour des fauces. Il abonde en extrait gommeux ; il renferme pourtant * A la quantité de fix onces fur fix livres. Du HaAMEL hifi. p. 246. 1 Tom. L K 146 MATIÉRE aufli, quoiqu’en petite quantité, de l'huile effentielle mais pefante & extrémement âcre. L'eau diftillée eft aufli de la plus grande âcreté , la liqueur qui monte enfuite eft aigre, & contient des parcelles d'huile fi acides, qu’elles entrent en fermentation avec lalcal. L’infufion ne férmente pas avec les acides ; elle eft claire, mais extrêmement âcre; elle rougit la teinture de tournefol. Sa graine aufli bien que celle de moutarde ne donnent aucun indice de fel alcali, non plus que l’eau de ces plantes. Cette plante n’eft donc pas alcaline, & il ne pafle point de fel volatil avant l’eau dans le récipient. Tout ce que ce raïfort a de vertus, fe trouve dans la plante fraiche, elle n’en a plus étant fèche ; la racine perd même fort vite fa faveur quand on la racle menu. On l’employe dans le fcorbut comme les autres plan+ tes de cette clafle. Ce remêde etoit tout le fecret de la famille RUSTING. On a gueri une hydropi- fie en faifant prendre "tous les jours au malade du jus de grand raifort fauvage. Cette racine infufée jufqu’à la quantité d’une demi livre dans dix - huit onces d’eau fait un bon émétique. Les feuilles fer- vent à faire des applications fur lEréfipèle. Le grand raïfort fauvage a guéri un rhumatifine aux lombes , lumbago, & la goutte. On la préfère à prèfque toutes les plantes de fa famille pour des fi- napifmes, & pour dégager les bronches obftruées par des glaires. LS MÉDICALE. 147 *:$0$. NASTURTIUM. LA GRANDE Pas. SERAGE. Aux feuilles ovalo-lancéolées , entiéres, dentées en maniere de fcie. Lepidium Plinii Dobox. Lepidium latifolium. LINN. On la trouve fur les plus hautes montagnes, par éxemple fur lé mont Prapioz. À Arberg près de l'Aar , à Orbe, à Spire, & ailleurs dans des vieux murs. Elle croit auf en Angleterre & en Irlande. Elle eft âcre & a les qualités des naffurtiums; on la mange comme légume: elle donne des indi- ces d’acidite, ranime les eftomacs parefleux ; elle eft bonne pour prévenir l’hydropifie, & le {corbut. s11. NASTURTIUM. Tucaspir Tuzaspr DES CHAMPS À LARGES SILIQUES. À filicules orbiculeées , les feuilles oblongues, den- telees glâbres. Thlafpi cum filiquis latis J. B. IL. p: 923; Thlafpi arvenfe. Lin: Cette plante nuifible aux jardins & aux champs y eft aflez fréquente. Il a une odeur d'ail que je trouve empeéftée, & qui fe communique au lat des vaches qui le brou- tent ; il paroit de-là que le Thafpi poflède eminem- ment la qualité alcaline & la difpolition à la putré- faétion; outre cela il fe diftingue par la quantité | des 148 MATIÉRE d'huile qu'il rend, & qui va au double de celle du lin. Il fournit un efprit d’une trés-grande âcreté, & fa graine entre dans la compofition de la théria- que. On s’elt avife depuis peu de tems de faire des monceaux de cette plante dans les greniers, pour en chafler les charanfons, & on a cru remar- quer que cela réuflifloit, comme aufli pour fe dé: faire des vers blancs, & même des punaifes, qu’on ne dévineroit pas qu’elles craignent une mauvaife odeur. $14. NASTURTIUM. LE TABOURET ou BOURSE À PASTEUR. A filiques triangulaires. Varieté a, à feuilles dentées en maniére de fcie. Varieté b, plus grande, à feuilles demi-ailées. Varieté c; dont les feuilles font élégamment dé- coupées comme celles du Coronopus repens , efpèce de corne de cerf. C. B. J. KR. H. ” Burfa paftoris CAMER. épit. p. 340. Thlafpi Burfa paftoris. LINN. Rien n’eft plus commun le long des chemins, & par-tout dans les jardins. Il a une odeur fade , fa faveur eft beaucoup moins âcre que celle de toutes les autres plantes de cette famille, quelques-uns lui trouvent un goût vifqueux. Plufeurs auteurs s'accordent à dire que la Bourfe à Pafteur eft efficace, employée à l'exterieur, dans les cas d’hémorragies , & pour les maux de tête. Mais MÉDICALE. 149 fon ufage interne eft encore recommandé par des auteurs d’un mérite diftingue, pour arrêter les per- tes rouges des femmes, & le crachement de fang. T. TURQUET en donnoit même l’eau diftillée pour fupprimer le piflement de fang, propriète qu'il ne paroït pas naturel d'en attendre, étant le produit d'une plante dépourvue d’odeur, La Bourfe à Pal teur commençant à fe putréfier fert à delivrer l'or- ge des charanfons en les éloignant. $23. ISATIS. LE PASTEL Ou LA GUÉDE. Les feuilles radicales peétiolées , oyales> les cauli- naires amplexicaules. Tatis fylveltris CAMERAR, épit, pag. 410, Ifatis tinétoria. LINN. Il croit en abondance en Vallais, où il eft fpon- tance, à Sion & ailleurs, Au bord du Khin du co. té de Crenzach, Il a un goût d'herbes potagéres. Il pafñfe pour une plante aftringente, bonne pour les hemorrha- gies, même en la prenant intérieurement ; il ne fournit point de fel volatil avant que d’avoir fubi la putréfaction. Les pelotes qu’on forme de cette her- be répandent cependant, en fe féchant, une odeur volatile, forte & urineufe. La putréfaction finie, on en retire une beaucoup plus grande quantité de fel volatil que de toutes les autres de fa claffe. Pa- RACELS£ Peftimoit falutaire aux hypocondriaques. Gn dit que fon infufñon accélère l’éruption languif fante de la petite vérole; que le méme reméde eft K 3 1sè “MATIERE bon pour la jaunifle, & pour réfoudre l’atrabile. Sa décoétion a, fuivant POERNER, une odeur & une faveur naufeufe, elle eft un peu amère & a une qualité aftringente. Le Paftel fauvage eft inutile pour la teinture; mais on le cultive à ÆErford * dans le territoire de Go- tha & en France, nan que la couleur qu'il fournit foit belle, mais parcequ'’elle eft extrêmement dura- ble, & qu’elle fert de fonds pour toutes les cou- léurs obfcures. ., On peut en préparer le fuc de ma- niére qu’il refflemble au véritable indigo ; mais il rend trop peu de cette couleur, pour dédommager des fraix que cela coûte. Les préparatifs que demande le Paftel pour fervir à la teinture, font difficiles , c'eft ce qui eft caufe qu’on le cultive peu de nos jours. Onbroye communément fes feuilles au moyen d’une roue, éomme je l'ai vu pratiquer à Gôttingue ; on les réduit ainfi en pâte, dont on fait un monceau qu'on laïfle , jufqu’a ce qu’il fe cou- vre d’une croûte noire, dont il faut boucher les crevafles, Au bout de quinze jours on défait ces monceaux, on en paitrit la pâte en forme de pe- lottes **, qu’on fait fêcher au four, ou pendant vingt * C'eft à Erford que croit le meilleur Pafteh, BRUK- MAN epill. 30. On en cultive auf en Ruflie, & ilya, felon le rapport de Mr. PALLAS, une Fabrique de Paftel dans le village de Kor/chiman. *# Sw1iTZER dit qu'arrofées d'eau ces pelottes s'échauf- fent d’elles-mêmes, & fe réduifent en une pouffére pro- pre à la teinture. Ajoûtez ce que dit ARDUINI dans fon mémoire fur le Paftel ; p. 7. 8. MÉDICALE. 151 jours au foleil, plus il eft ardent & mieux c’eft: on réduit ces pelottes en poudre avec des pilons de bois, on arrofe d’eau cette poudre, & on en refait des piles qui entrent en fermentation, & acquierent une chaleur qu'on diminue en les remuant conti- nuellement ; cela fait, on a une poudre telle qu’il Ja faut pour fervir aux teinturiers. J'ai lu quelque part qu’on remplit un fac de feuilles de Pañtel , qu’on y laille pourrir en tenant ce fac trempe dans l’eau, qui fe teint par-là en bleu, & fur laquelle furnage une pellicule de la même couleur ; on lève cette pellicule, à laquelle il en fuccède une feconde , & plulieurs autres, dont on compare la couleur à celle du véritable indigo *. On obtient là même chofe, en infufant les feuilles, & en mettant enfemble les pellicules qui s'élévent à la {urface de cette infufion. Pendant qu’on cuit le Paftel, il faut y,ajoùter de tems en tems des cendres ; & plus long-tems on le çuit, meilleure la couleur devient. La Guéde donne une couleur jaune , bleue, & d’autres encore , mais {à vraie couleur eft la jaune; cette couleur fe change en bleu par le moyen de la chaux. Elle donne avec le vitriol bleu un beau verd pâle. Non-feulement les couleurs. qu’elle pro- duit {ont aflez durables, mais elle donne de la 10. hidité aux autres. EBEL dit que cette plante ne contient point de particules inflammables , il ajoûte K 4 * MARGGRAF. Mén. de l'Atad. de Berlin. XX: p. 23. 152 MATIÉRE qu'on peut lui en communiquer par le moyen d’un menftrue qu'il n'indique pas. La Vouéde qui eft VIfatis angufhfolia & qu'on cultive en Norman- die fous le nom de petit Paftel eft d'une moindre qualité que le Paftel du Languedoc. Les Langue. dociens néegligent la Guéde. . La couleur qu’on tire de cette plante fert de fonds pour plufieurs autres, même. pour le noir. Sans elle le bleu de lindigo n'a point de confiftance. Le Paftel eft mûr lorfque fes feuilles commencent à jaunir, il eft: néceflaire de le‘bien fècher, de peur- qu'il n’y refte quelque humidité: "La derniéreirécolte n’eft pas’ d'une auf bonne as que les: premiéres, SILICULEUSES. SECTION VIIT. A SILIQUES IRRÉGULIÉRES, 27. CPRAPA. TRIBULE AQUATIQUE ou CHATAIGNE D'ÉAU, TRUFFE D'EAU, MACRE, &c. Ses feuilles font flottantes & attachées à des pé. tioles renflés, Tribulus aquaticus CAMERAR. épit. p.715: Trapa natans, LIN. On de trouve dans les étangs d'Aielingue , fui, vant EMANUEL KoENIG. Entre Montbeliard & Bâle, äu rapport de J. BAUHIN. Dans le lac de Zurich, aux environs de Tungen, & autour d’An- delfingen, fuivant C. GESNER. Mr. Dick en a trous vé dans le lac de Chiavenne, & CHERLER dans MÉDICALE. 153 celui d'Yverdun. J'en ai cueilli près de Gernfheinr au bord du Rhin. Son fruit eft bon à manger & ne fait pas la moin. dre partie de la nourriture des habitans de la Ca« tinthie & des Limoufins, foit crud, foit çuit en ma- niere de bouillie ; ils en font aufli du pain. Ce fruit muürit fous l’eau, mais alors il eft âcre & a un mau- vais goût. On le vend & on le mange en Saxe; c'eft aufli l’ufage en Lithuanie, V. Les châtaignes d’eau bouillies font douces & ont quelque chofe d’huileux d’un goût agréable, quoique d’abord elles paroiïllent avoir un peu d’âcreté. Jelis dans THOM« SON que cette plante eft vénéneufe, PLANTES PÉTALÉES. CLASSE V. MEISTOMONES, c’eft-a-dire, PLANTES (DANS LESQUELLES LES DIVISIONS DE LA FLEUR SONT EN PLUS GRAND NOMBRE QUE LES ÉTAMINES, ORDRE LL. À QUATRE PÉTALES ET DEUX ÉTAMINES, 528. TRAXINUS. LE FRENE. NÉ fleurs font apctales, fes feuilles font aïlées & dentelées. . Fraxinus MATTHIOL. p. 135, Fraxinus excelfor, , LINN. MICHELI en a décrit les varietes, 164 MATIÈRE Cet arbre utile croit ca & là dans les bois; on le plante fouvent, fur-tout dans le deflein de rete- nir les terreins qui pourroient s’écrouler dans les penchans des collines. La femence eft âcre & a quelque chofe qui tient de l’aromate ; mais fà faveur n’eft point la même que celle de Quinquina, & elle eft beaucoup plus piquante. Les anciens lui ont attribué les qualités de diurétique, de diffoudre la pierre, & d’exciter à lamour. L'illuftre VAN SWIETEN employe cette femence, infuf£e dans du vin, contre l’hydropilie. On dit que, prife dans le deffein de diminuer l’em- bonpoint exceflif, elle a caufe la mort. FLOYER a vu une fiévre quarte céder à ce remêde, TRIL- LER nie cependant qu’elle ait eté bonne à quelque chofe dans la pleuréfie; & il n’eft pas für que les anciens ayent donne le nom de Ængua avis , lan- gue d’oifeau, au fruit du Frêne. Du moins eftil certain que SERAPION attribue des feuilles d’aman- dier à l'arbre qui produit cette graine appellée ln- £ua avis, L'écorce de Frêne pañfe pour apéritive, diuréti. que, & même pour febrifuge, prife en poudre à la dofe d’une dragme. LENTILIUS l’adminiftroit un peu diféremment, il en faifoit prendre trente grains avec autant de racine de Gentiane, & y ajoûtoit une dragme de fel d’Abfinthe. Je ne voudrois ce- pendant pas avoir trop de confiance à ce reméde; d’habiles médecins niant qu’il ait fait aucun efet, même en doublant cette dofe. D’autres regardent MÉDICALE, 155 l'écorce du Frêne comme vulneraire, fuivant le te- moignage de SCHOBER , médecin Suifle. Quelqu'un ayant été mordu par une vipére , fut guéri après avoir pris quatre onces du jus de cette écorce, il eft vrai qu'en même tems on avoit fait des fcarifi- cations à la jambe: il ya encore d’autres éxem- ples d’une pareille guérifon, mais dans l’un defquels on donna au malade huit onces de ce jus. Les habitans d’AÆrgun, en Rufie, fe fervent dans le mal venérien de la décoction des feuilles de Frêne. Ses branches mifes fur le feu rendent une eau bleue qui eft vulnéraire, de même que l’huile qu’on en prépare per defcenfim, BORRIÇHIUS a vu opérer a cette huile la guérifon d’une paralyñe opiniâtre. On vante à ce que je vois l’ufage du fel effentiel de Frêne dans les ftranguries ; on retire encore de cet arbre un fel volatil fec. CLERON employoit la décoction du bois de Fré. ne dans le traitement des maladies chroniques. Son écorce eft beaucoup plus faible que celle du Pe. rou. Les jeunes branches mifes fur le feu rendent par leurs bouts une eau bonne pour la furdité quand on en introduit dans le meat auditif, Au refte, l’accroiflement de cet arbre eft fort promt, ce que prouve le grand éloignement des cercles de fa tige. Il eft fort propre pour des timons, & pour des hampes de halebardes, à cau- fe que fon fil eft droit. Son bois eft fort dur, quoiqu'il ne paroïfle pas naturel de s’y attendre, & il relifte avec tant de force aux poids qu'on lui fait 166 MATIÈRE porter, qu’elle eft à celle du chêne comme 19-17 à 16 5495. L’efpèce américaine eft plus haute , elle left aflez pour fournir des mâts de 60 pieds. On trouve du Frêne agréablement veine, Les brebis aiment beaucoup fes feuilles. Il eft aufli utile pour la teinture. On cuit de la farine avec de la feuille de Savinier, on y trempe le fil qu'on veut teindre, & on l'y laiflé en macera- tion pendant quatorze jours & autant de nuits. Alors on fait cuire ce fil avec de l'écorce extérieure de Frêne, bouillie auparavant avec de l’eau, dans la. quelle on l'a laiflé tremper pendant deux jours, on en retire le fil un peu après, & il fe trouve teint en bleu, Le Frêne donne dans les pays chauds une gom- me, à laquelle on donne le nom de Manne; on fe- roit tente de croire que ce n cit autre chofe que de la rofée tombée fur fes feuilles *, parcequ’on trou. ve une manne femblable fur la Melèfe, & que les noyers donnent un fuc doux ; j'en ai moi-même aufli recueilli fur les feuilles de chène; maisil eft prou- vé que la manne du Frêne eft un fuc qui eft parti- culier à cet arbre duquel il fuinte naturellement, & qui s’en échappe à la fuite des piquüres d’une ef pèce de cantharides ; on obtient encore cette man- ne par des incifions faites au bois même, ce qui ne peut étre attribué à la rofée; il y a plus, la * Cosrzæus dit avoir trouvé de la manne fur tous les arbrifleaux Zt. QUIQUERAN Zawd. Province. p. 49. OL- TER ena trouvé fur un autre arbre de la Perfe. I. p. 197. MÉDICALE. 159 manne fuinte du Frêne, quand même on l'a cou- vert d’une toile. Cette manne reflemble au miel ; elle eft difloluble dans l’efprit de vin, c’eft ce mé- me -purgätif fi doux & fi connu, qu’on prend a la dofe de deux onces. La manne de Sicile fe tire d'une efpèce d'Orme en faifant des incifions à fon écorce. Celle du Frêne donne une eau défagréa- ble, qui eit fudorifique & qui a éte utile dans une fièvre peltilentielle. Suivant TARGIONE la manne de Tofcane à produit le même effet, Les moines connoifloient déja la manne pour être le fuc du Frêne épaifli par la chaleur. Le bois de Frêne eft un bon vulnéraire. La manne que fournit l’efpèce appellée Fraxinus humilior altera MESUES , fe tire aufli du Fréne appellé tenuifolia. ORDRE II. MONOPÉTALES À DEUX ÉTAMINES. 530. LIGUSTRUM MATTHIOL. p.170. LE TROËNE. Liguftrum vulgare. LINN. Il croit en abondance, & par-tout, dans les haies & les bois. C’eft un arbrifleau de fix pieds de hauteur, dont les branches & les feuilies font conjuguées ; celles- ci font elliptiques, glâbres, luilantes, celles - là font pliantes. Les fleurs font blanches & difpofées en grappes qui fortent des aïflelles des branches. Les baies & la graine qu’elles renferment font noirs. Les feuilles du Troëéne font ameres; leur infu- 158 MATIÈRE fion excite des naufces, & eft aftringente. Onen prépare un gargarifme qu'on employe dans l'angine œdeémateufe * ; des lotions pour raffermir les dents que le fcorbut a ébranlées ; enfin on en injeéte la décoétion pour les gonorrhées. On fe fert de l’hui- le, dans laquelle on à fait infufer & macerer fes fleurs au foleil, pour remédier aux gerçures de la langue ; on vante aufli pour le même mal l’eau dif- tillée de cette plante. On fait avec les baies diférentés couleurs ; d’a- bord du noir ; enfuite du rouge, en les traitant avec des efprits acides, du fel de Glauber, & de l’efprit de fel ammoniac : elles donnent du pourpre avec urine ; & du verd avec le vitriol de Mars. On fe fert de ces baies dans les Pays-Bas pout donner au vin rouge une couleur plus foncée. Le bois de Troëne eft très-dur, & n’eft pas inu- tile aux tourneurs. 534. VÉRONICA. LE BECCABUNGA À FEUIL- LES RONDES ou CKESSON DE FONTAINE. Ses feuilles font ovales , dentées en fcie, glâbres, fes fleurs font difpofées en grappes ; portées fur des péduncules axillaires. Béccabunga RIVIN. t. 100. Veronica Beccabunga. LINN. Elle croît en abondance dans les petits courants d’eau, fur-tout d’eau pure. — ————— ——— * KoLBE l’a employé dans l’efquinancie. Cap de bonne efpérance II. p. 149. MÉDICALE. 149 Elle eft favonneufe , mais fans âcreté, & aqueufe ; on peut la manger dès l'entrée du printems, & elle fe fert en falade. Je ne difconviendrai pas qu’elle ne puifle être avantageufé dans le fcorbut , lorfque cette maladie eft accompagnée d’inflammation. On mêle aufli utilement fon jus avec celui de lherbe aux cuillers, lorfqu’il s’agit du fcorbut chaud, & qu'il en paroit des taches. On peut prendre une grande quantité du fuc de cette herbe, jufqu’à qua- tre onces. Et comme outre cela elle eft un peu aftringente, BOERHAAVE l’a vantée comme propre à réfoudre les matiéres coagulées qui obftruent les vifcères, & même à détruire l'humeur de la gout- te, quoique profondément enracinée. Extérieure- ment le jus du Creflon de fontaine eit bon pour la fécherefle du gofer; toute cette plante pañle en outre pour vulneraire, & on lapplique fur les par- ties attaquées d’inflammation ou d’œdème. Son fel eft fale, & fon eau aigrelette. 537. VERONICA. LA VÉRONIQUE DES PRÉS. L Ses feuilles font cordiformes , émouflées , nerveu- fes, dentées en maniére de fcie; fes Aeurs font ar- rangées par grappes fort ferrées. It. Hercyn. n. 20. Veronica montana. RIVIN. t. 95. Veronica Teucrium. LIN. Mr. de SAUSSURE en a vu à fleurs doubles à /a * Baftie. Elle n’eft point rare dans les pâturages des mon- tagnes, & le long des chemins ; dans le gouverne- - 160 MATIÉRE ment d’Aigle, entre Roche & Aigle : fous Chamofei- re; au-deflus de la Neuveville; aux environs de -Matthod ; fur la montagne d’ArifJoulaz; dans le ‘voifinage des bains de Læfth: à Pierabot ; au-def- fus de St. Aubin; à la Charbonnicre; entre Son- villiers & St. Imier, &cc. C’eft cette plante que les académiciens de Bérlin appellent du nom de Teucrium verum, & qu'ils re- commandent de fubftituer au thé pour lufage dié- tétique. Elle à quelque chofe d’aftringent. LOBEL. en faifoit cas autrefois pour les obftructions des vif- cères pour la cacochymie & les pâles couleurs. On Ja donnée en dernier lieu dans les fiévrés ‘intermit- “tentes. 540. VERONICA. VÉRONIQUE MALE ou THÉ D'EUROPE. Ses tiges font couchées fur terre; fes feuilles font rudes au toucher, pétiolces, ovales ; fes fleurs font difpofées en grappes qui portent fur des pe- tioles axilhires. Veronica CAMERAR. epiff, p. 461. Veronica ofñcinalis. LINN. Rien n’eft plus fréquent dans les bois & aux bords des terreins eh pente. Cette plante eft amère; a un goût herbacce, déplaifant & aftringent: elle pofléde fi bien cette derniére qualité, que fa décoétion épaiflie fait de l'encre en y mélant du vitriol. Le fuc de cetie | Véronique MEDICALE. 161 Véronique contient du fel. marin: On l4 regarde comme un médicament. vulneraire, #3 foit dans les se occafonnées par une violence, externe, foit dans. les maladies de la poitrine, afin de faciliter l'expectoration, & pour les ulcères des poumons, Du-moins puis-je affurer que j'ai vu le thé de Vé- tonique réuflif côntré des fuffocatiüns qui furve- noient la nuit dans un catarrhe. D’autres ont trouvé cette herbe utile dans lé traitement de la fil tule lacrymale. FRANCUS a donné de grands élo- ges à l’infufion de Véronique bue en:thé, mais une partie de ces cloges appartient à l’éau chaude. Cette boiflon eft legérement balfamique. Quelqu'un à vu fon ufage faire rendre par les felles une matiére fem- blable à du fray de grenouilles. Je ne crois pas que l’eau diftillée de cette herbe ait beaucoup de vertus, quoiqu'il ÿ ait des auteurs qui c nt écrit qu’elle avoit fuff feule pour opérer la co lolidatiow d’ulcères invétérés. Au refte le thé d'Europe 2 quelque chofe de balfamique & d’une odeur agréa. ble, qui s’appercoït par la vapéur odoriférante qui s’exhale lorfqu’on fait la teinture fpiritueufe de Ve- ronique, Ses cendres contiennent du {el marin. * TRAGUuS parle d’un cerf qui s'étoit guéri lui-même au moyen de ce fimple. Apodix. Germ. p. 303. Tom. I. L >” 162 MATIÈRE CLASSE VI. TSOSTEMONES, Cefta-dire, PLANTES DANS LESQUÉLLES LE NOMBRE DES ÉTAMINES d EST:ÉGAL À CELUI DES DIVISIONS DE * ? 9h 1: LA FLEUR. ORDRE L. À FLEUR DIFFORME. POLYPÉTALES, LES ÉTAMINES RÉUNIES: $57. IMPATIENS. BALSAMINE SAUVAGE ou MERVEILLE À FLEUR JAUNE. : Sa tige eft génouillee , fes péduncules font ra: meux , fes feuilles pétiolées ; ovales, crénelées. ? ® Balfamina altera, noli me tangere. COLUMN:. Eephràf. p. 150. | Impatiens noli tangere. LINN. Elle croit aux. lieux ombrageux dans les mafures: dans la. ville même de Berne, près des dégrés par lefquels on defcend au faubourg de la Matte. Près de Laujanne au bord du canal qui fort du, fe: cond moulin du pas des dnes, tout près du mou- lin. V. Dans les bois d’Aigle; dans la vallee de Goufin; & prèsde Berne im IVylerhols; entre Balf: tel & Wallenbourg, du côte de Haltingen & de Münchenftein. J. GESNER en a trouvé aux envi, rons de Baden & fur la montagne d’Uethiberg, &c. Ses feuilles appliquées à l'extérieur ont été utiles dans la ftrangurie, au rapport de C. GESNER; d’autres difent qu’elles font uriner même juiqu'a l'excès, & avec danger. (C’eft à raïfon de leur pro- prièté diurétique. CRATON les recommande pour Le MÉDICALE 143 es douleurs de la néphrétique. / D’autres difent cette plante ‘vulneraire , & bonne pour les bleflures mé- me dés ‘nerfs, & pour les hémorthoides ; enforte qu'on feroit Xenté de éroiré qu’elle n’agit que dou- ceinent: BOËRHAAVE cepéndant la taxoit d’étre vénéneufe, & d’avoir eté'trés-pernicieufe employée en laveément en place de la mércurielle: Ses feuilles. & fes fleurs donnent à la laine une belle couleur, jaune. 558: VIOL. LA VIOLETTE. Elle eft fans tige , ftolonifère La boit font en forme, de cœur. ©” Viola RIVIN. “pentapet. GEL n 317: * MerIaN ic. LL -* Warieté 6 à Heur die? trouvée. ‘en divers. gris droits de Michelfelden. Elle croit aulli dans” un ver. ger dé Roche! , Dre ee ob 2e 1) tv seed romidTot Varieté IL à fleur pleine. cer QE, s" Variete_c à fleur violette pleine. Lex éd: Viola -odoratæ: LINNir 2 toto: ob-oieetl er Rien ne fe rencontre plus fréquetient au “bord des haies &''des’ foffés d'eau pires au commence. ment ‘du 'prnééms. . Eure is bns0 Cette petite, plante poffède re Mudlitées celle qui Ms ce de fon parfum gracieux * qui la rend 0 ? 1 21m L 2, f nb * La violette blanche n'eft pas aufl odoriférante. 164 MATIÉRE narcotique, propre au traitement des maladies de la poitrine *, des catarrhes & de la pleurefie : . cette odeur eft fi penétrante ; qu'une application de vio- lettes imprègne l’urine de leur odeur, & qu’une De- moilelle de qualite eft morte pour avoir ramafle une quantité de ces fleurs dans fa chambre, L'autre qua- lité, qu’elle réunit 4 la premiére, eft celle de laxa- tive & d’émolliente; fon fyrop, fes fleurs fèches, fes feuilles **, fon ‘fuc ***, fa femence **** font laxa- tif. Toute la plante eft émolliente, la racine, les feuilles, les calices ; la femence ; cette derniére paf fe, à raïfon de cette proprieté, pour facts lécou- lement des urines, Le fyrop violat .eft des plus agréables, mais il eft rare & fort cher: :* L'eau diftillée de violettes n'en a point les vertus, caf elle eft acide. 119 SET On peut aüffi ‘donnér üné couleuti& ut goût fort agréable au vinaigre. en y mettant, Jes pétales de la violette. 79. mt -* L'huile de violettes eft aufli bonne dans ce cas. Ni- £OLAUS p.192. Ke PREVOT en fixe- la de à deux ÉERE , med. pau- Der. p. 482. CRATON L. V. epift. Cet auteur dit qu elles purgent davantage quand elles font fèches. #4 Sûivant SALADIN il purge à la dofe de deux on- ces, p. 258 b. 21°. *##+ À 14 dofe d'une dragme dans les convulfons. Hor- "MANN PRE MINES HOT. ho UE «De MÉDICALE. 16$ $71. ASCZEPIAS. LE DOMTE-VENIN. Les fleurs font axillaires, raffemblées en bouquets, les tiges font fimples & droites, & les feuilles fant ovalo - lanccolées, Vincetoxicuun DODON. purg. p. 28. Afülepias Vincetoxicum. LIN. Il croît en prodigieufe quantité dans les lieux mon- tueux, pierreux & inçultes. Dans le territoire de Berne au-delà du bois Däl{hôlelein, au-deflus de k campagne dite das Infèli. Ses racines font amères & âcres ; elles ont je ne fais quoi de défagréable au goût & à l’odorat, elles donnent des naufées, & ne font pas éxemtes du foupçon d’être vénéneules, foupçon que confirme leur affinité avec les apocins qui font des poifons décidés. L’extrait gommeux de:ces racines eft dou- çâtre & d'un meilleur ufage, quoique récemment préparé on apperçoit encore fa qualité naufeeufe; il s’adoucit en fe fêchant, ce qui arrive ordir anne aux extraits des autres plantes vénimeufes" Les Par: ties volatiles du Domte-venin répandent une odeur défagréable *: lelprit & l'eau qu’on en retire font prèfque fans aucune utilité, Cela n'empêche pas que le Domte-venin ne puifle, faire fuer , favorifer l'écoulement des mois, ou faire L3 .* C'eft pourtant dans ces parties que CARTHEUSER fait rider les propriétés du Domte-venin. ) 4 166 _ MATIÈRE uriner les hydropiques *.. Malgré cela je n'aime, point voir qu’on fafle entrer cette plante fufpeéte & nau- feufe dans la préparation d’une teinture ** aléxiphar. maque ***, nt qu'on lemploye pour aider à l’érup- tion de la petite vérole, ou dans la pefte, Je ne craindrois! pas autant qu'on l’employât à l'extérieur, comme pour les ulcères’ fordides; pour les abfces aux mammelles, pour les eécrouelles. Je trouve dans EPPLI que le Domte-venin en decoc. ‘tion a été utile dans un ulcere du canal inteftinal, mais on y avoit ajoûté de la Verge dorée & du miel. Ses feuilles agiffent plus doucement, & font falées, On dt qu'on trouve quelque peu d'acide dans le fel de fes cendres. $72. PERVINCA. LA PETITE PERVENCHE, -$ès tiges font ranipantes fes feuilles ovalo-lan. céolées, &fes pétioles ne portent qu’une feule fleur. Vinca minor. LINN. at ya, : Lx: té à fleur bleue orne par-tout les haies, dés l'entrée du printems. ; 4 SET HR y . DE # C'étoit dans ce deffein que PARACELSE en preferi- voit la décoétion dans du vin. Elle cft anfli recomman- dée par F, M. d'HELMONT dif. on man. p. 39: #*#* Avec le Scordium & la Pimprenellé blanche. ERr- HARD avoit déja trouvé ce reméde trop échauffant, ad LONICER. p. 50. *#* Cette plante a été mife au nombre des thériacales, Diosc. PLATEARIUS à NICOLAUM, p; 170. b,! MÉDICALE. 167 La varieté à fleur. purpurine fimple & double, groit dans le petit bois qui eft au-deflus de Muri, & au-deflus de la fource du Furet près de Roche. A Laufanne , fuivant GESNER, près dela Poudricre. Elle eft amère, donne des indices d’acidité, & eft allez aftringente pour qu’on la croye capable d’ar- rêter l'écoulement des règles & des fleurs blanches, comme aufli le faignement de nez, même en la te- nant dans la bouche, & la dyffenterie: mais on fait encore cas de la pétite Pervenche, fans-doute en qualité de vulneraire, pour le traitement de la phthifie, en la donnant infufée dans du petit-lait ; & pour les maux de gorge inflammatoires fous la forme de gargarifme, | C'eft peut-être encore par une fuite de la même proprièté qu’elle diffipe, à ce qu’on croit, les écrouel- les. Mais aufli ne faut-il pas s'attendre à lui voir poufler les vuidanges, ni qu'elle’ foit bonne dans l’hydropifie. La poudre de Pervenche eft falutaire aux che. vaux attaqués de cette maladie pernicieufe de la membrane pituitaire, qu’on appelle la AMorve. On la donne depuis la dofe de demi-once jufqu’a celle d’une once & demie, mélée avec de l'Ethiops mi. néral, 574. BRYONICA. LA COULEUVRÉE, BRYO- NE Ou VIGNE BLANCHE. Ses feuilles font palmées, calleufes & rudes au toucher des deux côtes. L 4 168 MATIERE Elle croît auprès des haies de la Suifle, aux en- virons de Berne, de Bale, de Neufchatel, de Ro: che, d'Yverdon , de Laufanne, &c. V. Bryonia alba. LINN. La racine de Bryone eft amère, fétide, remplie d’un fuc âcre, ftimulant, qui donne des naulfées ; d’une odeur qui refflemble à celle de l'opium, & d'un goût un peu aigre; mais ce fuc perd de fa force en fe féchant, ou même à mefure que la plante vieillit, Son extrait refineux eft en petite quantite, le gommeux eft abondant , mais la vertu _de cette racine dépend de fa partie réfineufe. Elle contient beaucoup d'huile, jufqu’a dix dragmes fur deux livres. Son principal effet eft de purger. On prefcrit dans cette vue une dragme de la racine, Deux dragmes purgent avec une violence dangereufe, aufli Ja referve-t-on à cette dofe pour les hydropiques * & les maniaques ; & cela peut reuflir, pourvu que le fujet foit robufte. Les anciens faifoient aufli ufa- ge de fon fuc, à la dofe d’une ou deux dragmes: on fait aufli ufage pour fe purger, d’une eau qui fort de cette racine , après l'avoir percée pour y introduire du fucre qui, sy étant fondu, fe répand avec elle ** : linfufion eft aufli purgati- D 2 OS D de DOS NRC SSSR SSSR NES ve: EU * MÉSUÉ la preferivoit au poids d’upe ou deux piéces d'or. ** C'étoit un des fecrets de STOPPELIUS à à ce que dit B. CHOMEL. | MÉDICALE 169 ve* La fécule qu'on obtient en lavant fouvent la racine n’eft pas aufli ative, & ne poufle prèfque pas l'urine. L’électuaire de Couleuvrée & fa con- ferve font bons pour l'hydropifie, pour lafthme & pour la toux. MESUE la compare avec la fCkille & dit qu’elle diflipe les tumeurs de la rate. On a foupconné qu’elle avoit été vendue pour du Méchoacan , & cela aux dépens de la : fante. L'eau, diftillée de (Couleuvrée a une mauvaife odeur, & fe met au nombre des remédes anti- hyfteriques ; on dit aufli que fa décoction dans du vin a guéri des femmes hyftériques. Les anciens employoient déja les jeunes poufles de la vigne- blanche fur leurs tables; elles font uriner & ou- vrent le ventre, mais doucement **, Employée à l'extérieur elle eft bonne pour les écrouelles, les tumeurs enkyftées, & l’hydropifie ; au refte elle eft âcre & peut fervir de dépilatoire. ZACUTUS vante pour les écrouelles un onguent préparé avec la ra- cine de Bryone cuite dans de l'huile, en y ajoù, tant de la cire & de la térébenthine. Sa cendre même mêlée avec fon fuc enlève les verrues. Les médecins prudens n’en font certainement pas beau- coup ufage, On fait à Naples des lavemens de Bryone contre la goutte fciatique, mais il en ré- fulte fouvent de mauvais effets. * Bourouc Hifi. de l'Acad. Roy. des fciene, 1712 , où il fixe la dofe de la Bryone recente à une demi-once , & de, la fêche à une dragme , ce qui eft furprenant, * DEERING dit p. 39. qu’elles font favoureufes. FLOYER Pharmacop. p. 104, hie qu'elles foient comeltibles. 1yo MATIÈRE ORDRE IV. SOLANACÉES. Leur qualité eft nauféeufe, doucâtre, émollien. te, doucement anodyne, ou d'une grande viru- lence, $75. SOLANUM. LA MORELLE GRIMPAN- TE, DOUCE-AMERE ou VIGNE VIERGE. Sa tige eft tortueufe, ligneufe, fes feuilles fupé. tieutes font partagées en trois, & font cordifor- mes - lancéolées, Dulcamara DoDoN. purg. p. 239. Solanum Dulcamara. LINN. Elle eft commune dans les foffés marécageux. Elle eft comme fon nom l'indique , douce & ame- re, & a une odeur narçotique. Sa qualité eft en partie folanacée, douce, en partie réfolvante, & comme favonneufe ; car fon écorce eft chaude, amère & diurétique. Son fuc appliqué extérieure- ment eft utile dans les inflammations & les cancers. Jai vu un ulcère cancéreux de la mammelle s’adou- cir d’abord par l'application du fuc fur la plaie & des feuilles fur tout le fein, & fe cicatrifer enfuite parfaitement & fans retour au bout de trois mois, chez une Dame âgée de 7o ans, fujette à un rhu- matifme goutteux. Il ft vrai que cet ulcére ne faifoit encore que commencer, quoïque déja pro- fond d'environ un demi- pouce. V. On a donne auffi avec fuccès, en pareil cas, la décoétion de MÉDICALE. 171 Morelle grimpante *. BOERHAAVE , mon illuftre maitre, .faifoit outre cela un trés-grand cäs de l’in- fufion des farmens de cette plante bue abondam:- ment. dans la pleuréfie, & la péripneumonie pituis teufe. WERLHOF, ce grand praticien, là vantoit aufli beaucoup d’après une heureufe expérience , comme propre à faciliter la fortie des :crachats & à ranimer les forces des malades menacés de phthi- fie. La méme décoction, détrempée avec du lait ; a guéri des ulcères invétérés, & des maladies cuta- nées. FULLER recommande la Douce-amére infu. fée avec de la cochenille, pour les chutes & les contufons accompagnées de meurtriflures. J'ai em- ploye en pareil cas la décoction des tiges feules , avec le plus heureux fuccès ; Chez un homme tout meurtri de coups de bâton ; il fut guéri au bout de deux jours dés douleurs internes qu'il éprouvoit , accompagnées d’angoifles inexprimables & d’une grande foiblefle.-V. -1Cette infufñon eft auffi bonne pour la jaunifle **, WEZSCH nous apprend enfin que Ja Morelle grimpante ra , auili bien que les racines de Chine & de Salfepareille, la propriété qu'on leur attribue communément de tempérer l’âcreté du fang. Cela eft fi vrai que la décoction de cette.efpèce de Solanum mélée avec du lait a reufli dans le traite- ment de la vérole, Les tiges ont plus d'efficacité nt * Dans le cancer. Hi. de Acad. Roy. des fciences it À je à ** TraGus. Elle a réuffi dans le dernier période de cette maladie, Ænowledge of plants p. 5. 172 MATIÈRE que les feuilles. Enfin PREVOT a donné des élo- ges à la décoction de ce boïs prife comme purga- tif, à la dofe d’une ou deux onces, enforte qu’en peut ne pas s'étonner que LOBEL lait recomman- de dans lhydropifie. Ses baies purgent & font vo- mir avec beaucoup de violence, & cela au point qu'un chien eft péri trois heures après avoir avalé trente de ces baies, qu’on trouva ençore entiéres dans l'eftomac de cet animal, $76. SOLANUM. LA MORELLE À FRUIT NOIR. -" Sa tige eft fans épines, herbacée, fes feuilles ovales, dentées-anguleufes, fes fleurs font en om- belles panchées. LINN. p. 266, a. Variete commune dont les baies font noires, les feuilles ondées & glâbres. Solanum hortenfe FucHSIt p. 686. Solanum nigrum. LINN. JT. Varieté aux feuilles laciniées. b. Variete aux feuilles moins ondées, aux baies rouges. c. Variète dont les feuilles font plus velues, fort ondées, & les baies jaunes. La premiére de ces varietés eft commune dans les jardins & fur les vieilles murailles, la feconde fe trouve quelquefois dans les jardins, autour de Fer- risre, de même que la troifiéme. C'eft un narcotique aflez aqueux pour que fix MÉDICALE. 178 livres aient pu rendre douze onces d’une eau infi- pide. Aufli deux onces de cette eau n’ont fait au- oun mal à un chien”. L'infufñon de 15 grains des baies, & trois dragmes enticres du fuc de cette plante n’ont point incommode des perfonnes qui en avbient pris ces dofes. Elle fait fuer & uriner, prife en infufon à la dofe de deux grains; elle eft cependant préjudiciable aux yeux. En Dalmatie on donne ce Solanum frit au beurre pour procurer un doux fommeil. Son: infufion à une très-petite do- fe, camme à celle d’un'grain, a guéri des ulcères putrides qui reépandoient! une humeur âcre. On con- feille cependant d'en difcontinuer l'ufagedès qu'il commence à fe former un pus louable: au refte, cet effet n’eft pas.conftant. , A plus grande dofe ; ce reméde donne de J'ivrefle , des vertiges & de l'aoupiffement, &..pris. à une trop forte, dofe, il dérange l'efprit ; outre des poules péries pour avoir mange de ces baies , on a vu encore des enfans qui ‘en avoient avale; éprouver des délires & des con- vulfons. Enfin” les’ effets: vérièneux dé cette plan- te prife pour alimeñt, font confirmés par un témoin digne de foi, quitenila vu réfulter une tumeur de tout le corps ; fuivie d’une longue maladie. L'ufage éxterne eft plus für. Son fuc mérite les plus grands éloges pour les gerçures de la langue. CELSE veut. qu’ on en inonde la téte des phrénéti- — — ‘5 HO LU wi? Fr OYER parle de rroeig cuillerées. Pharmacobafun. de 1452 1462 21 | a%à “MATLÉRE ques.” AVICENNE l'indique pour les äpoftèmies pro: fonds. Son odeur feule procure le fommeil. Son fuc, ou fon eau; chafle les rats de a groffe efpé- ce. di vd fur les päniatis élle les guérrti " 77. PHYSALIS. LE COQUERET * ou’ . ALKEKENGE. EE Ses . feuilles font conjuguées ;, cordiformes.,. fi. nuces, fes tiges font rameufes.. Solanum ‘veficarium Dobo. _ pi 35%: oi Plu falis Alkekengi- LINN: 11 brut il n'eft point raré aux -envirôns de Aäthod , ‘db Baurne de Bex, au Furet ; à la Praiffe , dans les lieux ombrageux. On le trouve de même à Z- ricli, à Bâle près de l'églife de SE Alban, & dans les buiflons autour de Brüglingen , près de Cul ÿ: aù bord du chemin. °110q SET" Ses baies De pour être : propres à chañfer les vers nichés dans les dents. Diocres les vantoit au- trefois, pour, la douleur de ces parties. Le fruit de l’Alkekenge eft doux & aighelet:; il eft bon à pages en Efpagne, comme aufli en Suif fe, pourvu u’on J’avale fans yches, au calice, jar alors 1 devient amer. L'eau qu on en. difille” ef auf aigre. , 7 Ses baies. ont paie de tout tems. _poui être puiflamment diurétiques à fa dofe de quatre , cinq, où même davantage; où bien en prenant une once de leur jusr- Mais. on fait aufli cas ‘du vin avec lequel on les a fait fermenter,' pour 4 4 MÉDICALE. - 1#$ colique néphrétique’; - pour la difficulté d’uriner.* ; & enfin dans l’hémoptylie, maladies dans lefquelles ellés opèrent comme narcotiques. ‘Les trochifques d’Alkekenge , dont la formule nous vient des an- ciéns, étoient fort employés par LISTER dans le traitement de la pierre. ARETÉE donnoïit une draf- me de racine de Coqueret dans la gonorrhée. Les anciens confervoient fon fuc épaifl. (CELSE fait mention de l'écorce comme d’un vulneraire mon- dificatif, » 578. MANDRAGORA. LA MANDRAGORE. Mandragora DODoN. purg. p. 362. Atropa Mandragora. LIN. Elle croit dans les principales montagnes du mont Cenero dans la Sniffe tranfalpine , fuivant Mrs. LA CHENAL & CHATELAIN: Elle a été .mife.de tout tems. au nombre dés me- dicamens foporifiques. CELSE la faitentrer dans la compofition de fes, pilules fomnifères. Les an- ciens fe fervoient du fuc exprimé de l'écorce de la racine fraiche; & de linfufion vineufe de la mé- me écorce, comme d’un remêde propre à faire dor- mir. On lit qu'autrefois la Mandragore rendoit fu- rieux ceux qui en avoient ufe en trop grande quantice ** * Un cardinal a été guéri par ce moyen. MIizAUuLD med. art. ». 62. * #* CæaLius L.I. c.4 ARET. diut.cur. I. c. RHAZES exprime cette efpèee de fureur par le mot erwhe/cere. 176 MATIÈRE, ABUBEKRER RHAZES blâme ceux qui mangent des pommes de Mandragore, parcequ’ elles excitent des naufées, caufent de la pefanteur à la tête, & qu'il eft arrivé qué cinq de ces pommes ont fait tomber en fyncope, & occafionneé d’autres fymptômes, qu’on, eft cependant parvenu à guérir. Il n'ya. même pas. long-tems qu’on a cueilli en Judée de ces pommes d’une odeur agréable. Des auteurs dignes de foi confirment la propriété qu'ont ces fruits d'engour- dir & d’exciter à l'acte vénérien, enforte qu’elles affoupiflent même par leur feule odeur *. La raci- ne ayant été machée pour celle de Reguelifle, äl en eft réfulté la cardialgie, la fyncope, & des dé- lires prèfque mortels, L’huile de Mandragore a fervi autrefois pour les inflammations, & dernierement , on aretire de l'utilité de cette plante appliquée ex- térieurement fur les glandes tuméfiées, & prife in- térieurement dans le traitement de la goutte, en employant la teinture de la racine faite avec du vin d'Elpagne , & en donnant deux ou trois fois par jour une dofe qui répondoit à un fcrupule de cetté racine. L'eau de la Mandragore en retient la virulence. Je ne parle pas des vertus magiques attribuées à fa racine ; c’eft pour favorifer cette fuperitition ; qu’on l’a falfifiée avec les racines d’Angelique, de Bryone, ou autrement. , 59. BELLA- * FABER foutient qu'une feule de ces pommes ne fait point de mal. MÉDICAL E. 144 479. BELLADON NA. LA BELLADONE. Sa tige eft herbacée, brachiée, fes feuilles font bvalo :lancéolées ; très -enticres: Solantim lethale DODON. purg. p. 360. Atropa Belladonna. LIN. Elle croit par-tout dans les bois: taillis ; aux envi: rons de Berne: dans mes bois pres de Goumoëns. Ses baies font d’une douceur fade, & peuvent fe manger impunément, pourvu qu’on ne pale pas le nombre de trois où quatre: j'en ai même vu manger un plus grand nombre à Mr. SIMONIUS de Cologne; étudiant en médecine. Un apothicaire en acheta une fois pour des baies de Nerprun. Une once du fuc de ces baies n’a pas fait beaucoup de mal à un chien, non plus que ce même fuc injec- té dans le bas-ventre; un lapin même qui avoit mangé des baies n’en a point éte malade ; & l'in- jection de leur jus, dans la veine jugulaire à n’a occañonne que de l'engourdiflement. Sa faveur af- _fecte principalement le palais: Le jus. donne des indices d’acidite, & empêche cependant le lait de fe cailler. On en retire par la diftillatiôn une eau dont l'odeur n’eft pas défagréable : j'omets les au- tres produits, qu'on obtient de cette plante | par le moyen du feu. Ces, produits offrant dans la Bella- done les mêmes élémens que dans le chou. La Belladone a cependant quelque chofe qui d£- céle de lacrimonie ; fes baies & fes feuilles deflé. chent la bouche ; shiUite qu'un maladé ba pas pu Tom. L M 178 MATIÉRE avaler les baies ; de plus elles font émétiques & pur- gatives; elles rougillent aufli toute la peau , excitent des phlogofes, & enflamment les inteftins mêmes & l’eftomac. En même tems elles détruifent l’appe- tit par leur propriété narcotique, elles font entrer l’eftomac en convulfion & l’enflent ; elles affciblif fent la vue, ou la font même perdre; elles dilatent la prunelle, & abbatent les forces, au point de ren- dre tout le corps chançelant, Ce poifon émoufle tellement lirritabilité de lef tomac, qu’on à vu quatorze grains de taftre emeti- que exciter à peine le vomiflement chez une per- fonne qui avoit avalé quelques baies de Belladone. Quand on ouvre Peftomac de ceux qui eh ont ete empoifonnés , on y trouve les baies telles qu’elles avoient été avalées * L'ouverture de ces cadavres fait voir l’eftomac & les inteflins enflammés, les vaifleaux de l’omentum & du foie fort tuméñiés, & des pellicules dans l’eftomac. Mr. ZIMMERMANN parle dans uné lettre de trois baïes qui occafionné- rent des fymptômes dangereux. Ces baies prifes à une dofe plüs forte que celle que nous avons dit, deviennent plus malfaifantes, comme l'ont éprouvé une fille de huit ans qui en avoit avalé quatre, & une autre après en avoir pris Huit ou dix. Dans ces derniers cas elles ont donné’ de l’affoupiflement, des vertiges, des angoifles ; elles ont excité le délire & * Les perfonnes dont on parle ne moururent que le troifiéme jour. (Jowrn. de médec. Avril 1766. MÉDICALE. 179 la fureur *,.& ‘occafñonnent des convulfions, le ris fardonique, & même la mort. L'eau même de Be]- ladone a caufé un afloupifflement dangereux & détruit la faim pour quatre jours, mais fans autre mal. j'ai lu dans BUCHANAN que les Danois, pour avoir bu du vin empoifonne avec de la Belladone, avoient été plongés dans un afloupiflement profond, enforteque les Ecoflois remportérent fur eux une victoire facile; & on peut conjecturer avec quelque probabilité, que c’eft la Belladone qui avoit empoifonné les foldats de MARC ANTOINE. On à vu arriver une gangrène générale & la mort, pour avoir bu du vin infectée de cette plante. Rien ne guérit mieux ces fymptômes fâcheux que de faire vomir **, & le celebre SCHOLL a fauve la vie par ce moyen à quelques jeunes filles. J’aurois plus de confiance à ce fecours qu’au vin, ou au vi- naigre. Ce qui me fait penfer ainfi, c’eft que les fymptômes durent aufli long-tems que les baies ref tent dans les premiéres voies , d’ou elles ne fortent que le troifiéme jour. La racine fêche fait aufli entrer en démence. On dit que fon ufage augmente la partie coëneufe du fang. Appliquée en forme de cataplâme elle a rendu M 2 * SICEL a vu faire cet effet à la racine. ** Mr. DE SAUVAGES parle du vomiflement excité en buvant de l'huile LI. P. II. p. 79. 18o MATIÉRE la prunelle paralytiqué, & caufé un aveugleméht ; qu’on à pu guérir, à la vérité; mais pas conftamment: Ïl y a Tong-tems que WELScH a recommandé l'ufage externe de là Belladone pour les inflamma: tions des yeux; GENDRON, JUNKER * & d’autres, l'ont recommande pour lé cäncer, ç'a été quelque- fois avec fucces ; l'excellent Mr. QUER a guéri dés ulcères au fein par une fomentatiôn des feuilles dé cette plante. ConrAD GESNER animé d’une hardieffe bien loua- ble, eflaya Fufage interne de ce poifon, & trouva que fon fuc exprimé, cuit avec du fucre, & pris à la dofe d’une cuillerée, imitoit les effets de Po- pium; & qu'il fupprimoit la dyffenterie & les dou- leuts. Au refte il y à long:tems que é’étoit une re cette populaire dans la province de Dithmarfen, de préndre des baies éoncaflées dé la Belladone avec de la bierre, pour fe délivrer de la goutte vague, qu’ils appellent dans ce pays Vareñn, maïs alors ils avoient foin dé ne pas fe laifler aller au fommeil. WIERUS en parle comme d’un fomnifère: Enfuite on à eflaye de donner l’eau cuite avec ‘cette herbe à la dofe d’une cuillerée, ou à une dofe qui ne put pas faire dormir. Outre cela JUN- KER eft venu à bout au moyen de ce remêde d’un skirrhe à la mammelle, ou d’un cancer occulte. Et TiBERIUS LAMBERGEN a guéri infenfiblement un . * Il cite l'expérience qu’en a faite fon oncle paternel avec le fuc. De cancro p. 137. MÉDICALE. gt vrai cancer ulcéreé, en faifant prendre la Belladone infufee dans l’eau à la dofe de deux grains, puis de trois. Mrs. ZIMMERMANN , pére & fils, ont fait des expériences femblables, comme aufli les cele- bres chirurgiens GATAKER & BROMFIELD , de mé- me que Mrs. MARTEAU , DEGNER & autres, Per: fonne n’a adminiftre la Belladone fans qu'il en re- fultât quelqu'incommodite, & fans occafonner un aveuglement qui cependant n’a pas été opiniâtre ; fans faire perdre l'appétit , qui eft aufli reveny de lui, mème; fans caufer de l’aflüupiflement, qui a de même diminué par un long ufage du remêde, ou fans fécherefe de la bouche, qui s’eft encore difli- pée infenfiblement , ni fans une foiblefle paflagere de l’efprit, ni enfin fans angoïfle & fans délire, qui ont aufli difparu. Cependant un célèbre médecin, au moyen de quatre tafles d’eau infufée avec les feuilles de Bel- fadone , a fr bien réufli à adoucir un skirrhe can- céreux de la mammelle, qu'ayant enfuite fait ufage d’un remêde efcharotique alcalin, les chairs cancé: reufes fe féparérent. Il a aufli guéri un tubercule skirrheux à la langue , en combinant l’ufage de la Belladone avec l’attouchement de la pierre infer- nale. Outre cela Mr. VANDENBLOK a enlevé un cancer occulte de la mammelle, par l’ufage interne de l'infufñon de cette plante. DEGNER a diffipé un skirrhe au fein en en faifant boire la décoction , il a réufli par le mêmé moyen à guérir un ulçére à une jambe qui avoit été mordue par un leopard, M 3 192 MATIÈRE On a aufi guéri avec le même remède un skirrhe inteftinal. La teinture fpiritueufe de Belladone à aufli éte falutaire dans le vomiflement , dans la toux fêche, dans la toux convullive, & dans un catarrhe invétere ; cette teinture n’occafñonne ni le vertige ni d’autres fymptômes. Mr. MARTEAU y fait entrer, outre la Belladone , du faffran & de la menthe. Nousne pouvons cependant pas nous livrer fans referve au plaifir que nous donnent ces bons fuccès ; des cas, où le contraire eft arrivé, s’y oppofent; on a vu un fungus cancéreux contre lequel la Bel. ladone a éte fans efficace, elle n'a pas même pu fauver la vie au malade : elle a encore été employée inutilement dans un cancer, & dans un ulcere can- céreux. Bien plus, on a vu fon ufage fuivi d’un délire fu- rieux & continuel, d’un aveuglement permanent, & la Belladone a été funefte dans le traitement de la goutte, Mr. BROMFIELD fur-tout a donné fans fuccès les feuilles de Belladone infufées dans l’eau, en com- mencçant par Ja dofe d’un grain & finiilant par celle de huit. Mr. GATAKER n’a. pas té plus heureux dans le traitement d’un ulcère à la jambe, dans un abfcès au fein, ni dans un ulcère cancéreux aux lèvres. $80. HYOSCIAMUS. LA JUSQUIAME NOIRE. Ses feuilles font amplexicaules, finuées, fes fleurs font fefliles. MÉDICALE. 183 Hyofèyamus RIVIN. monop. irreg. t. 102. * Hyoltiamus niger. LINN. On la trouve fur les terreins où l’on fait des tas de*fumier, au bord des chemins & des fofles, dans les environs des villes, & dans les villages ; je l'ai trouvée le plus fouvent fur les cimetières du pays de Vaud. V. Elle croît auili au bord du Nil, Les racines de Jufquiame font douces, mais n’en font que plus dangereufes ; fes feuilles ont un goût fade , avec un peu d’aigreur. Elle donne une eau bleue. Dans les pays chauds la femence rend beau- coup d’huile, que les Egyptiens brülent à la lampe, mais dans notre climat cette huile d'a en fort petite quantité, / Elle eft émolliente & narcotique , & cela dans un plus haut dègré qu'aucune autre plante de fa famil- le, aufli paroit elle, bien plus que les autres, de- ranger les fonctions de l’efprit, & exciter des dé- lires furieux & querelleurs, ce qui lui a fait donner autrefois le nom d’a/tercus , propre à exciter des al- tercations. ARÉTÉE dit qu’elle rend infenfe. VAN HELMONT attribue cet effet à deux dragmes de la graine. C’eft aufli de la graine qu'il s’agit dans WALTHER, BARRERE, & “ailleurs. La racine a auf occafñonné le délire. On lui a vu caufer de la flupidité, de l'infenfbilite , de l’alienation d’efprit. Cette racine a aufli donné des vertiges. VAN HEL- MONT, WEPFER, GMELIN, BORELLI, BLAIR, attribuent tous des effets femblables à la Jufquiame. ALBERTI med. leg. I, p.71. feq. parle des racines, M 4 184 MATIÉRE BARRERE a vu la racine caufer une ftupeur de quel- ques mois. Le Journal de médecine fait mention d'une manie qui dura long-tems. H eft aufi parlé de maux d’une longue durée & de dérangement d’efprit, dans LABEL & ailleurs, Quelquefois ces délires font pañlagers, & reffemblent à l'ivrefle; d’au- tres fois ils durent plus long-tems, & fe terminent enfin par la mort, D’autres fois la Jufquiame, fa racine particulierement, a jette dans l’engourdiffement. Elle caufe aufli des affoupiflemens * , des vertiges , des convulfions, le ris fardonique, des gonflemens, des étranglemens, des chaleurs brülantes à la gor. ge, le froid des extrémités, Si la Jufquiame a là- che le ventre, il y a apparence que cela n’eft ar. rive que parcequ’elle aura détruit en partie le ton des inteftins. Je me rappelle ici l'accident arrive en 172$ à Mr. SIMOXIUS, étudiant en médecine, qui fréquentoit ‘alors avec moi à Leide les lecons de BOERHAAVE; il avoit avalé impunement des Aconits, des Apo- cyns, & des baies de Belladone; la femence de Jufquiame le terrafla , & lui fit payer cher une cu- riofte aufli téméraire, en lui troublant lefprit & le xendant paralytique d’un côte, Cependant BoER- HAAVE, notre illuftre maître , le rétablit. La Jufquiame employée en lavement a aufli alie- né l’efprit, * WizLis les a vus occafionnés par la femçnce, à ce qu'il croit. MÉDICALE. 185 La vapeur que répandoit la racine pendant au’on la tiroit de terre, a excité des délires quérelleurs ; le parfum fait avec la femence endort, il a même ‘ fait dormir le grand fommeil. BOERHAAVE difoit qu'il avoit éprouve de l’ivrefle en préparant l’emplà- tre de Jufquiame, Jai quelquefois pilé de fa graine, mais quelque précaution que j'aye pris pour me garantir de a va- peur qui s’en exhaloit, quoique je n’en pilafle pas plus de deux dragmes à la fois, & qu’elle fut fe- che , j'en reflentois toujours des vertiges & une pe- fanteur de tête qui duroient quelques minutes. V. On a vu l’ufage interne de cette femence être fuivi de rougeur à la peau, d’afloupiflement , de mouvemens convulfifs, de perte de fens; mais ces indifpofitions ont cefle par le vomiflement. Une autre fois elle a donné du délire & de l’inquietude , -on en avoit pris une once, peut-être feulement une dragme. VAN HELMONT parle de quelqu'un qui, en ayant pris deux dragmes pour de la femence d’Aneth, qu’on lui avoit prefcrite, tomba dans une démence complette, qu’il guérit en le faïfant vomir, La Jufquiame à fait périr des oïfons. On a donné de la décoétion de fà racine à yn chien, mais elle n’a rien fait à cet animal robuite , non plus qu'à des vaches ou à des porcs. La douceur de fes racines ayant engage un hom- me & fa femme à en manger, ils éprouvérent d’a- bord de la difficulté à avaler, puis is devinrent phré- 186 MATIÉRE nétiques & ftupides ; ces fymptômes fe diffipérent cependant d'eux-mêmes. La Jufquiame blanche, que les anciens ont dit plus modérée dans fes effets, a la même propriété. À la dofe de 25 grains elle a donné de laffoupiffe- ment, excité des convulfions, des foubrefauts des tendons, & rendu infenfible, &, dans un autre cas, fon ufage a detruit la déglutition, fymptômes qui à la verité n’ont pas êté de durée; une autre fois elle n’a produit qu’un léger delire. Mais aufli on a vu l’efprit fe troubler pour avoir fait ufage des raci- nes cuites de la Jufquiame de Siberie aux calices renfies. À l'ouverture des perfonnes que la Jufquiame avoit tuces, on a trouvé les vaiffeaux des meninges tu- méfiés; on a auili trouvé des taches noires dans l'eftomac. On échappe au danger comme avec les autres poifons, par le vomiflement; ç’étoit déja le confeil de RHAZES ; ou du moins par le moyen d’un pur- gatif qui dégage les inteftins de la femence de Ju£ quiame, qui s’y arrête long-tems, ou par le fecours d'un lavement âcre; quelquefois aufli on s’eft bien trouvé d’un véficatoire appliqué à la tête; d’autres fois enfin on s’eft fervi avec fuccés d’extrait de caf- toreum, de jus de grofeilles, ou enfin d’autres re- mêdes *, i * Ajoutez à ces guérifons celles qui font rapportées dans WALTHER, THRELKELD, ALBERTI, BLAIR & WEPFER. MÉDICALE. 187 Cependant il y a long-tems que les applications extérieures de Jufquiame ont ete en ufage dans l’art de guérir, à caufe des vertus anodynes de cette plante. DIoSCcORIDE parle beaucoup du fuc de Ja femence elle-même. CELSE l’a faite entrer dans la compofition d'un collyre, & l’a mife au nombre des médicamens répercuflifs , reprimentia. . Outre cela, on vante depuis long-tems les cata- plâmes où il entre de la Jufquiame, pour les dou- leurs externes, & pour les apoftèmes, comme aufli pour la fuppreflion de l’urine. L'emplâtre de Jufquiame appaife diférentes dou- leurs, & même des douleurs opiniâtres. WEDEL le recommande pour cet effet, de même que DA- NIEL LUDOVICI, qui aflurement ne fe prévenoit guéres en faveur d’aucun remède. Je me fouviens que cet emplâtre m'a été de fecours contre une dou- leur invétérée & convulfive , qui m'étoit reftée à la partie inférieure du gras de jambe, à la fuite d'un eMort violent pour éviter une chüte. Les feuilles appliquees fur les parties hydropiques en font fortir les eaux. L’huile mélée avec leur fuc accélère la fuppuration des glandes enflées de la gor- ge. L'huile exprimée de la femence eft plus efñcu- ce que les autres huiles de ce genre, on lui recon- noit la qualité anodyne employée à l'extérieur, c’eft pourquoi on Ja fait aufli entrer dans les lavemens. On s’eft fervi de fes feuilles pour les fumer comme du tabac, plante avec laquelle Ja Jufquiame a de 188 MATIÉRE l'affinité ; la fumée de ces mêmes feuilles eft d'ufa. ge pour les engelures. On employe le même parfum pour les maux de dents , qu'il appaife, non pas en faifant mourir quelques vers nichés dans ces parties, c’eft une er- reur que de le croire ; mais à caufe de la vertu nar- cotique de cette fumée. On a enfin fait aufli l’efflai de ce poifon pris in- térieurement. CELSE l’avoit fait entrer autrefois dans une compofition de pillules fomnifères, & don- né en décoétion dans la phrénéfie ; MARCELLUS en donnoit pour les vertiges. Il entre dans la compo- fition du PHILONIUM, Enfuite HELIDÆUS, maïtre de FORESTUS , s’eft fervi de la graine de Jufquiame dans l’émoptyfie, THEODORE TURQUET n’a pas craint de donner pen- dant quarante jours cette même graine, d’abord à la dofe de huit grains, & enfin à celle de vingt- quatre, avec le jus de joubarbe , dans le traitement de l’épilepfñe: PLATER l’a adminiftree dans l’hemor- rhagie, pratique qui a en fa faveur une expérience de ROBERT BOYLE. CLAUDER l’a employée dans la dyflenterie,, Enfin, & en dernier lieu, Mr. ANTOINE STORK, qui a eu le courage d'affronter les plus terribles poi- fons, a préparé un extrait de Jufquiame deftiné aux ufages dy la médecine, en faïfant évaporer le fuc de toute la plante, & il en a fait l’effai fur un chien. Cet animal en a avale vingt grains fans en reflen- MÉDICALE. 189 tir aucun mal. Deux diagmes l'ont jetté dans l’af foupiflement , lui ont extrémement dilaté les pru- nelles; l'ont purgé par haut & par bas, mais il s’eft enfuite rétabli de lui-même. Encourage par ce fuccès, ce grand médecin a entrepris d’adminiftrer ce reméde aux malades, toutes les fois qu'il lui a paru néceflaire de reprimer des agitations trop for- tes du genre nerveux. Il en a donc donné deux grains dans les convul- fions, & il s’eft fervi utilement de ce médicament dans la même maladie, à la dofe de cing, fix, auinze , & même à celle de feize grains ; comme aufli dans la crampe , cette maladie voifine des con. vulfions; dans des douleurs atroces ; dans une vio- Jente toux fèche , à la dofe de dix grains. Il eft venu à bout de l’épilepfe même, ea donnant fix grains de ce remède chaque jour. J'ai guéri plufeurs épileptiques en affez peu de terns, en faifant prendre à mes malades la graine de Juf quiame, mélée à la vérité avec du gui dé chène & de la racine de Pivoine: je commençois par la dofe d'un grain de cette femence par jour; chaqué jour je l’augmentoïs d’un grain jufqu’à vingt; alors j'en failois prendre viggt grains pendant une femaine, puis vingt grains deux fois par jour & une fois par jour alternativement, & enfin quarante grains en deux fois, chaque jour. V. Mr. STORK l'a don- né avec fuccès dans l’'hémoptyfie, à la dofe de trois grains. Enfuite il a adminiftré dans la mélancolie à la dofe de trois grains chaque jour, puis à celle ñ 190 MATIÈRE de quatre, enfuite de huit, & enfin à celle de vingt grains. Il a guéri ainfi la manie, en faifant prendre trois, quatre, & huit grains d’extrait de Jufquiame. Il a enlevé une palpitation au moyen d’une fort petite dofe. Mr. WHyYTT en a donne quatre grains ,-& a confirmé la vertu narcotique & laxative de ce médicament. . Voici ce que j'ai trouvé de neuf dans les addi- tions manufcrites de Mr. HALLER fur les guérifons opérées par la Jufquiame. Mr. GREDING a donné a des maniaques l'extrait de Jufquiame depuis trois jufqu’à dix-huit grains , fans autre fuctès, il eft vrai, que de rendre leur efprit plus calme, & de leur pro- curer un fommeil plus tranquille; de les faire fuer, d’occafonner des éruptions à la peau, de leur ren- dre le ventre plus ‘w-e & de faciliter les autres ex- crétions. Mr. UNZER en a obfervé un aflez bon effet dans la manie. Mr. STORK a fouvent guéri des convulfions par ce remêde, qui l’a fervi quel, quefois dans l’épilepfie, la manie & la fureur. Mr, COLLIN a guéri des convulfions & des fomnambu- les, en le donnant jufqu'a vingt-quatre grains. Mr. SCHENKBECHER en a donne près d’une once dans l'elpace de douze jours, pour IG vertige, & cette maladie a difparu fans accident. Mr. J. A. P. GES- NER à guéri la pañlion hyftérique avec cet extrait. Mr. HERWIG l’a donné avec fuccès dans la mélan- colie, Il a réufli à Mr. FOUQUET pour la guérifon d’une chlorotique très-dérangée dans fes règles. Il eft dit dans le Journal de médecine, que ce remé- MÉDICALE. 191 de fait fuer fans inconvénient; & Mr: SMITH aflu- re qu'il ne détruit point l'irritabilité, Mr. BOURGEOIS vante pour la colique un onguent fait de feuilles de Jufquiame cuites avec de la graifle de porc , pour en frotter le ventre. Elles ont reufli employées en cataplâme dans un rhumatifme chro- nique, & en fomentation dans d’autres rhumatil- mes. Le Journal de médecine parle de vers fortis des dents après y avoir introduit la fumée de la graine ; & on lit ailleurs qu’on donne de cette grai- ne aux chevaux. Les grives s’en nourriflent, & les. cochons mangent les feuilles. Suivant d'HERBELOT & d’autres, le Bank ou Bang des Indiens n’eft autre chofe que la Jufquiame. Malgré tous ces fuccès je ne réjetterois point l’avisque donne SCARDONA fur l’ufage de la femence de Juf- quiame ; & je.ne: difconviendrai pas qu’elle ne foit trop narcotique, mais j'exigerois beaucoup de cir- confpection de la part du medecin. $S81. VERBASCUM. LE BOUILLON BLANC MALE, MOLÈNE ou BON-HOMME. Ses feuilles font courantes, cotonneufes des deux côtes. ! vod o1 . Verbafum CAMERAR. ÆEpit. p. 878. Verbafcun Thapfus. LINx. On le trouve: par-tout dans les terreins fablon- neux, dans les fofles, & au bord des chemins. 192 MATIÉRE Les habitans de la Norwège s’en fervent pour la phthilie. Cette efpece eft plus rare; il eft même trés-in- certain qu’elle foit indigène. Elle croit autour de Ze! dans’ des térreins fäblon- neux ; on la trouvé aufli aux environs de Fouly, de St. Maurice & de Martigny en Vällais. L’uné & l’autre de ces efpèces poflède des vertus émollientes & anodynes. Leurs fleurs font doucés & miellées. La décoétion des fleurs eft un peu nauféeufe. Sui- vant CULLEN cette plante n’eft pas émolliente, &, en la mâchant ; on #appercoit qu’elle a de l’âcrete. Ïl y a long-tems que Îes feuilles de Bon-homme font en réputation pour la goutte, en les appliquant fur la partié malade, aprés les avoir fait chauffer dans un valé, & ayant foin de les renouvellef con- tinuellement à mefure qu’elles fe réfroidiflent. Mais aufli les fleurs de Bouillon blanc rendent, aprés qu’on les a laïflées pourrir enfemble, une di- queur tres-emolliente, qui eft utile pour les hémor- rhoïdes endolories & aveugles ; pour les inflamma- tions des autres parties, & pour la goutte; outre cela on en prépare un cataplâme pour les tumeurs douloureufes des membres ; enfin les feuilles broyées & appliquées fous la forme d’onguent, rémédient aux plaies récentes. L’apothicaire NEUMANN n’en approuve pas l’ufage. Le Gargarifme qu'on en pre- pare eft utile dans l’angine ; on en fait des lavemens bons MÉDICALE. 193 bôns pour le ténefme. On en recommande äufli la fumigation pour les hemorrhoïdes. La vertu des fleurs fe retrouve dans les extraits aqueux qui ont de M douceur & une odeur gra: cieule, de méme que dans les extraits réfineux plus agréables encore : enforte que cette plante eft fou- vent réellement utile, foit en infufion ; fit en dé: coction, L’eau a une odeur de rofes, & eft mêlée d'huile eflentielle. Ses cendres contiennent du tar- tre vitriolé, & quelques particules de fer: Les feuil« les mêmes donnent une eau odorante. L'iifufôn des fleurs eft efficace däns la phthifie, leur dééac: tion eft bonne pour les perfonnes attaquées de la dyflenterie: La femence donne un peu d’engours difflement puilqu’elle fert à prendre des poiffons qui même en périflent. Suivant POERNER , aucune des couleurs qu’on prés pare avec fes fleurs, ne font folides. 582. VERBASCUM. BOUILLON BLANC FE< MELLE, MOLÈNE ou BON-HOMME: Verbafum-phlomoidés. LiNN. Les feuilles font ovales, cotorinéules dés deux côtés, les inférieures pétiolées. 584. VERBASCUM nigrum. TRaG. & LiNN: Ses feuilles inférieures font petiolees ; cordifor- mes - lancéolées , les fupérieures feffiles, ovales, aix guës. Tom: I N 194 7 MATIÉRE La varieté la plus commune eft à fleur lines l'autre à fleurs blanches: j'ai trouvé celle-ci à Ais gle, & près des murailles du cimetiére de K6- niz, & celle-la croit fur les chemins. On donne fa racine dans la phthifie pulmonaire & aux perfonnes fujettes à la toux. Mr. Scorozt dit qu’elle eft employée comme un reméde fouve- rain contre linflammation des poumons dans les bœufs. Suivant WaALLis fa graine fert à enyvrer les poiflons. 536. STRAMONIUM. LA POMME ÉPINEUSE ou L'ENDORMIE. Ses feuilles font anguleufes, fon fruit eft droit, arme de pointes grofles & courtes. Le calice eft à cinq pans. Solanum manicum Diofcoridis COLUMN. PAyto- bafan. p. 47. Datura Stamonium, LINN. Cette plante qui nous eft étrangére fe multiplie toujours plus dans les jardins, les endroits où l’on amafle du fumier, & dans le voifinage des villes. Toute la’ plante a une odeur virulente. C'elt un des narcotiques les plus malfaifans. Elle jette dans un afloupiflemént extrémement profond. Les foubrefauts qui arrivent dans cet affloupifle- ment prouvent aflez la malignité de ce poifon: La pomme épineufe caufe des délires que les Indiens M°É D I C'AIL EF. 198 tronyent âgréables”, ileft vrai que pour dela ils ont foin de’vorriger fa qualite venéneufe; gar:il eft certain que la pomme épineufe eit le Datura;des Indiens ; comme le confirment les miflionnaires Danois Elle occafñonne donc des délires & des'afloupif femens ; enfuite la démence ; la manie! dés convulx fions, la paralyfie des membres, des fueurs froides ; üne foif excellive, & des tremblemens, Un hommeé avant bu de la décoétion de fon fruit devint trifte, perdit l’ufage de la voix, fün pouls difparut, fes membres devinrent paralytidues, il fut enfuite fu- rieux. Un autre ayant bu du lait cuit avec le même fruit éprouva des vertiges ; devint infenfible, tint des pros pos extravagans, eut un pouls d’abord petit & vite, puis prélque imperceptible , fes jambes devinrent pa- ralytiques ; après quoi il tomba dans un état de fureur, Des Chinoïs ayant fophiftiqué de la bierre avec du Datura, cette boiffon rendoit furieux ceux qui en üufoient ; ce qui fit profcrire cette fraude par les loix. Gn a vu aufli féfulter des accidens funsftes, pour avoir ufe de la femence de cette plante, qu’on avoit vendue pour la graine de Nielle **, car cetté fuper- cherie a fouvent lieu: Quelquefois on n’en meurt N 2 * Le fomnifère des Turce fe fait avec le Datura. C'eft pour cela que BORRICHIUS croit que c'eft la Mepenthe: C#* STORCK hebammen p. 149. {1 parle d'un cas où la mort arriva au bout dé 48 heures. 196 MATIÉRE qu'après un longitems ; fuivant Mr. KRAUSE j'qui lui a aufli vu occafiônner des douleurs &'de lé flure, Quelqu'un ayant avale de la vieille graine de pomme épineufe:, iloen eft réfulté une éruption cw tance, accompagnée: de démangeaifon ;. & la dilata- tion de la prunelle; ces accidens fe diffipérent. en excitant le vomiflement,. Jai moi-même aflife à loue verture du cadavre d’une malheureufe a.qui on avoit donne de cette femence en place de .celle de -Niel, Je; on fortit en ma préfence cette graine de: fon ef- tomac: on a trouvé le fubftance cortiçale du cer veau de gens qui avoient eu le même malheur , ex: trémement remplie .de fang, & fes finus etoient pleins de caillots durs. à On a aufli vu un chien enivré par lefprit de la femence de l’Endormie. Si la dofe eft petite, le délire fe diffipe de lui: même & au bout de 24 heures ou un peu plus tard, ou bien il difparoit en lächant le ventre, en faifant vomir *, ou par le moyen du vinaigre; enfin il cède aux remêdes fpiritueux. Mr. PLEHWE , medecin Suffien de mes amis, m'a aflure qu'il lavoit vu céder pluñeurs fois à un bain de pieds d’eau froide ; je me ferois attendu que l’eau devoit être chaude. V. | . Ce n’eft donc pas fans fondement que TRILLER a dit que la pomme épineufe eft la même plante que celle qui dérangea l’efprit aux foldats de Marc AN- * Kaauw. LOBSTEN , au bout de, dix heures. MÉDICALE. 197 TOINE, à. moins .qu'onine veuille lui objecter que cette plante n’étoit guères propre à les tenter. - Les autres plantes du genre de celle-ci produi- fent aufli: des fymptômes qui ”dccèlent la même vil rulence, comme la noix Metelle, que SLEVOGT a prite pour l'Endormié ; maïs la defcription de la noix Merelle paroït diférer *. : Car-cetté moix caufe une folie accompagnée de rire , & d’aliénation! d’efprit, & RHAZES'a vu des Fee tuces par la pois Metelle. fa! x), 29l ]1 eft une autre efpèce de Sframonium dont Id fruit eft rond, pendant, & la fleur double ; & au jette dans un fommeil profond. Extérieurement elle amollit, & relâche extrème: ment, à ce;que je penfe; elle degorgeles mammele les de leur lait ; CELSE lui,a atwibue d’être reper- cuflive. Le Stramonium à fleur double s’émploye dans là dyflenterie. Enfin , en dernier lieu , le celebre STORK a ex- primé le fuc de, lefpèce vulgaire . il l'a fait évapo- rer jufqu’à la confiftance d'un rob, dont le goût toit défagréäble - -& naufeeux. T1 à: “emayé (es ver. tus en les oppofant aux mouveméfñs ‘éxorbitans de la nature, & à da :folie, & il a donné ce remède jufqu'a un grain & demi par jour; avec fuccès ; en- fuite il en a donné. trois ;grains qui, après avoir esflot -esl 2! Ÿ iu Lu 2 * I eft pack fodis;çe nom d'une agite. 9 og MATIÉRE! guéri là manie,'n’ont cependant pas pu difliper un ancien vertige qui avoit précédé cette maladie. Après cel4 il a attique avec le même extrait les convul. fions & lépileplié , I&ice n’a pas été fans fuccès, LunwiG eft témoin d'une manie guérie auf par ce moyen, : Mr. ODHELIUS a guéri des convulfions & l’epilepfe en donnant jufqu’a deux grains de cet extrait, {left vrai que cette cure ne réuflit pas tou. jours. Mais ce remêde paroit convenir dans tous. les cas où il eft néceflaire de reprimer les éfforts de la nature,..& de: mettre un. frein à l'irritabilité du genre nerveux ,; &, dans tous ces cas.il faut plus tôt ufer de remédes actifs ,,que de ceux qui n’ont que peu d'énergie, + ORDRE V. PLANTES - DONT LES” (FEUILLES SONT 77 RUDES AU TOUCHER: $ Elles font vifqueufes # émollientes, , & Iégérement anodynes. 587: CT NOGLOSSU A: LA CYNOGLOSSE ou LANGUE DE CHIEN. rai Perles font elliptiques, langralies, Fan 4 fa tige eft feuillées, b Cast 113 > Cynogloffiun mutiseré MATPHIOE, $S D,9 Cynogloffum ofliginale. LiINN, On la trouve fréquemment au bord desthdinietipt & fur les chauflées qui bordent les foflés, -Son odeur feule -annonce fes qualités narcotiques. - L'eau qu'on en-difille: el nauféeufe, défagréable , MÉDICALE. 199 & narcotique. L’extrait de fà racine eft falc, un peu amer ; l'extrait réfineux eft en plus petite quan- tité; ni l'un ni l’autre ne font narcotiques, appa- remment parceque le principe narcotique de cette plante n’a pas beaucoup de force , & fe dillipe par l’évaporation , ce qui me porteroïit à croire que l’ef- fet des pillules de Cynogloffe depend de l’opium, - Autrefois on prefcrivoit le cataplâme de Cyno- glofle comme un calmant propre pour les brüluref Les médecins favent qu’elle eft rarement d'ufage comme médicament interne, d'autant plus qu'on connoît par expérience les effets funeltes qui en font réfultés, Cependant quelques modernes en font cas, & ordonnent la décoction de fa racine dans de l’eau, pour la gonorrhée, la phthifie, & la diarrhée, en y ajoûtant de la canelle. On a vu les pillules dé Cynogloffe faire l'effet d'un purgatif: elles font prof. crites en Angleterre, Elle n’a point nui à un chien: Mais on fait que cet animal rélifte aufli à la prodi. gieufe activité de la Cigue, L'odeur dé” la langue de chien chaffe les poux, $93. HELIOTROPIUM. L'HÉLIOTROPE ou L'HERBE AUX VERRUES. Ses feuilles font pétiolées, ovales, fes épis. infe- rieurs font fimples, les {upérieurs font doubles. Heliotropium, vulgare Boccox. pie Sicil, p. 97: t, 49. Heliotropium Europæum. LiINN. ; N 4 209 MATLÉRE- La varicte b qui a l'odeur de jafmin croit aux en. virons de Mathod, du côte de Valeyre.. On le trouve à Bäle, à Genève, dans le gouvernement d’Aigle ; autour de Chexbres, au bord des côtes de Monthenon près de Laufanne, & dans d’autres en, droits du pays de Veud, LoBEL en faifoit cas pour les écrouelles, & pour les ulcères phagédéniques. MarcELLuS le difoit Qon pour detruire les verrues; & CELSE. le recom, mandoit pour les piquûres de fcorpion, On a écrit que cette plante introduite dans les narines gué, tit _les polypes de ces parties, Cependant elle eft communément ignorée des médecins. Cette herbe a de Pamertume. à … Eft.ce le même Hehiotrope que celui.dont la pou, dre. fait tomber, le polype du nez quand on ly aps plique, ou quand on en injecte le fu. dans les na, HER eus et TR Mr. NEOKER dit aud: fon fo eg violemment, $95. LITHOSPERMUM. LE, GREMIL ou 7! L’HERBE AUX PERLES. L'Sa tige eft droite, très-rameufe , ‘fes fleurs fortent à peine en dehors de’ leurs calices. : -: Lithofpermun-hrvenfe TABERN. p. 580. -Lithofpermum ‘officinale. LINN. , "ALLER très-commun en Suilfe le long des chemins, & fur-tout fur les bords fablonneux dés ‘eaux cou- rantes, & dans les'isles que forment les rivières. MÉDICALE. 2o1 Sa femence eft infpide, & a un goût terreux, auf fait-elle eRervelcence avee.les acides. IL ne feroit pas facile de dire pourquoi les an- ciens ont vanté la femence de Gremil comme pro: pre à rompre le caloul & à débarrafler les voies urn naires, (C’eft avec raïon que. C. HOFMANN a revo- que en doute cette propriete. Toufe cette plante me paroit narçotique, & d’une odeur qui approche de celle de Ja. Cynogloffe, - Les racines du Zithofpermum arvenfe, ainfi que celles du ZLith. officinale LINN. donnent une cou- leur rouge qui eft fort agréable: les payfannes du Nord en font du fard, dbnt elles fe fervent en ete, pendant que les racines font fraiches, 597- PULMONARIA. ‘LA PULMONAIRE. Ses feuilles radicales font en poing de cœur ; & rudes au toucher. | Pulmonaria altera MATTHIOL. p. 840. Pulmonaria officinalis. * LINN. *"Variete a aux feuilles tachéés ‘de blanc, * Variete II. à fleur blanche. Varieté b dont les feuilles ne font pas tachées. La variete qui a les feuilles tachées eft un peu plus rare dans notre pays que les autres qu’on trou- ve dans les bois, les buiflons , les haies, les lieux un peu humides & ombrageux : celle qui-eft tachee croit aux environs de Gencve, de Bäle, & pou de Roche, 1 20% MATIÈRE Sa faveur reffemble à celle des autres plantes de fa famille , elle a un goùt d'herbe, vifqueux , & donne des indices d’acidité. On dit qu’il n’eft point de plante qui donne une plus grande quantité de cendres, jufqu'à un feptiéme de fon poids. - Elle eît peu employée en médecine. Je la croi- rois propre à adoucir l’afpérité de la gorge; on nous fait part d’une expérience dans laquelle elle a fait du bien pour l’hémoptyfie. Il eft probable qu’elle cft vulneraire & analogue a la grande Confoude. Ces varietés fourniflent beaucoup de miel aux abeilles. 499: BUGIOSSUM. LA BUGLOSE ORDI-: | NAIRE. Ses feuilles font en forme de langue & rudes au toucher , fes épis fupérieurs font doubles. Bugloffa altera TRAG. p. 231. 232. Anchufa anguftifolia, LINN. On la trouve dans les lieux chauds de la aisé autour de Verfoi ; au-deflus de Gorgier , dans le voifinage de Fonthey ; elle eft fréquente à Jena. Elle croît encore dans les environs de Coire & dans tout le pays des Grifons. Autour de Chiavenne. Mr. CHERLER l'a trouvée dans les champs ne ningue, Suivant ALSTON elle eft favonneufe & émolliente plutôt qu'acide, CHOMEL vantoit le lait dans lequel elle avoit MÉDICALE 203 cuit, pour la dyflenterie , il en avoit fait l’experien. ce; comme aufli pour la toux fêche, aidé à la vé. rité de l’eficace du pavot. BOERHAAVE recommandoit le jus de Buglofe aux pleurétiques, & aux mélancoliques , à qui il ordon- ñoit d’en “boire abondamment, dans la vue, à ce que je pen, desleur lâcher le ventre. Cette plante n’a affurément rien de cordial, ou de propre à EX« citer de la chaleur: 00. SYMPHTTUM. LA GRANDE CON- SOUDE. Sa Ses feuilles font ovalo-lancéolées, courant fur la tige, | Varieté. a. Symphytum majus flore albo. TA- BERN. P. 559. On la trouve par-tout dans les lieux humides 6 dans les bois. Varieté b. Symphytum majus flore purpureo. Ta- BERN, P. 559. ES | “Elle croit à Bale dans la plaine, | Symphytum. officinale. LINN. Cette plante eft'vifqueuté » ‘fade : a a beats de vifcofiéé ; ou de mucolté, & dé principe ter. reux, elle donne très-pey de plaine rélineux ; c'eit une ralfon pour ne Cuire que Jégérement fa racine ;, cela vaut mieux que de la. cuire long-tems, afin qu'il n’en réfulte-pas un reméde defagréable pour être trop. gluañt:: On la croit capable de conglwi.: 204 MATIERE ner puillamment employée à l'extérieur”, &-on efb alle fi loin dans cette opinion, qu’elle à donné lieu. a des fables ridicules, comme à cellerd’un vagim dont les lèvres s’étoient réunies par ce topique, & à une autre femblable d’une perfonne chez qui BR. grande Confoudé avoit empéche Ja déglutition * C eft à raifon de fa qualite vifqueute que,cette plan- te eft bonne en forme de catapläme pour les plaies, récentes, pour les 6s fraéturés, pour, les ulcères fordides, & pour les contufons. On recommande aufli le même cataplâme pour les: hernies.;2 fur-tout chez les enfans ; & l’emplâtre de Confoude qui par les vertus dont on vient de pate *#** ont acquis de là célébrité par les éloges mi) en ont fait plufieurs auteurs. -Du CHENE employoit cette racine autrement; il la broyoit avec du pain, la mettoit en macération dans du vin à la chaleur du fumier & en faïfoit ainfi une efpèce d’eflence, dont il donnoit un fcru- pule pour les hernies. La grande Confoude fait aufli la bafe du fecret de Mr. RENTON pour.les hernies& TACHENIUS préparoit un catapläme pour la goutte avec la racine de cette plante réduite en poudre. 10. au * Je crois, dit THEOPHRASTE , que-c'elb cette - “herbe qui colle enfemble les chairs avec lefquelles on la cuity, LÉ. TX, c. 19. ** HOECHSTETTER parle de la racine de la grande Confoude infufée avec du vin de Malvoïifie. 2### On trouve un recueil de témoignages en faveur de” cette vertu de guérir les hernies, dans HOUSTOuUN 0” suptur. HOFMANN, SCHULZE citnabmi) pi 178 : 110 MÉDICALE. 20% CAMERAREUS en faifoit aufli ufage pour la fciati- que. C’eft par la même propriété qu'on dit qu’elle eft bonne pour les hémorrhagies du bas-ventre, ou pour les faignemens de nez. Mr. BOURGEO!S dit que fa tifanne eft un fort bon remêde pour les’ rè- gles trop abondantes & les hemorrhagies. Après avoir long-tems & inutilement employé l'âlun avec Ja tifänne de riz & les aftringens les plus vantes , pour guérir une perte defang à laquelle une Damé étoit en proie depuis long-tems, je m’a- vifai de lui faire boire beaucoup, de decottion de racine de Confoude ; cela me, réuflit en peu de tems & complettement. V. On employe linfuñon des fleurs pour les catarrhes dont l'humeur eft falée & pour la phéhifie, même ; on fait le même ufage du Îyrop de Confoude. C'eft dans la même vue que l'on prefcrit. l'extrait de cette plante ; on s’en fert auf foit pour les hémorrhagies , foit pour les re- gles fupprimées. Elle n'a rien de volatil *. GALIEX la vantoit beaucoup pour arrêter le fang, & Mr. LIEUTAUD dit qu'on a blâme mal-à-propos cet cloge à caufe de la quantité de mucilage que contient la Confoude. Sa racine cuite & appliquée prèfque bouillante, en forme de cataplâme, guérit la fciatique & fait lever des veflies. On faüt une belle couleur de carmin avec fa ra- cine qu'on réduit en poudre, on la cuit avec de * PLATER l’a mile au nombre des aléxipharmaqguies. p- 179. b. 206 MATIÉRE. l'eau, on pañle cette décoction par un linge, & of la verfe chaude fur de la laque. On prépare avec la Confoude une colle qui eft néceflaire pour faire de Ja laine avec le poil des chèvres d’Ancyre; fans quoi il ne pourroit pas fe filer, Det 4 607. BORRAGO. LA BOURRACHE. Ses feuilles font rudes au toucher, & lancéolées Borrago DODON. p: 627%. FU Borrago officinalis. LINN. Je ne la crois pas véritablement indigëne; car “il paroit qu’on ne la trouve fur les vieux Murs & aù- tour des jardins, que parcequ’on ly a jettée en lés nettoyant. 1 Elle a peu d’odeur , une faveur nitreufe”*, aqueus fe, oléracee, un peu falée, & quelque chofe de vifqueux. Elle paroit avoir beaucoup d'acide. Aufli eft-ce-avec raïfon qu’on a dit qu’elle eft rafraichiflan- te; humectante, & qu’elle n’a rien de cordial. Car on fait prendre plufieurs onces du jus de cette plante ** dans la pleuréfie, & dans le déclin des fiévres. On le prefcrit aufli comme adouciflant dans le calcul. On dit que ce même jus, donne à la dofe d’une once avec celui de Mauve & d’Endive a em porté l’affeétion hypochondriaque. Après la fermen: tation la Bourrache donne un fuc vineux. Son ex- trait a peu de vertus. * MAaRGGRAF a retiré du vrai nitre de la Bourrache, : . * La dofe d'un verre, fuivant Mr. MALOUIN. MÉDICAL, 207 On ne peut pas extraire la couleur de fes fleurs: elle plait beaucoup aux abeilles, ORDRE VI, VASCULIFERES. À FLEUR MOYO- PÉTALES RÉGULIÉRES. SECTION L. À FRUIT UNILOCULAIRE, 610. PRIMULA. LA PRIMEVÈRE ou PRIMEROLLE. | ur . Ses feuilles font ridces, dentelées, velues, cha- que hampe porte plufeurs fleurs qui font toutes panchées. Alifna pratorum. COLUMN. phytobafan. p. 11. C’eft une variete de la Primula veris. LINN. que Mr. de HALLER nous donne avec raifon pour une efpèce particuliére. Elle croit dans les prés, furitout dans ceux qui font expofes au foleil, C’eft cette efpèce qu’on doit tenir dans les bou- tiques, à caufe de fon odeur gracieufe, qu’on croit amie de la tête, mais à ce qu'il me paroit ; fans qu'on s’en foit encore afluré par une obfervation exacte, L'eau qu'on en diflille fournit un véhicule agréable aux médicamens céphaliques. Son infufion eft legerement anodyne, & diflipe préfque comme la Camomille les vertiges des filles mal réglées. Je lai vu reuflir dans plufeurs autres efpèces de vertige, prie en guife de the, enfuite de la tradi- tion populaire, V, : 208 MATIÉRE - : En Angleterre on la fait fermenter avec le moût pour en faire un vin médicamenteux ; on la prépare aufli avec du jus de limon & du fucre. Saracine a de l'âcreté , & réduite en poudre elle fait éternuer à- peu-près comme l’Hellébore. 62$. ANAGAILIS. LE MOURON. Sa tige eft rampante, fes feuilles font ovalo-lan< céolces , és fegmèns de fon calice font lancéolés. Anagallis mas CAMERAR. Épit. p. 394: Anagallis arvenfis. LINN. On le trouve per-tout dans les champs & les jardins. Cette petite plante eft fucculente, oléracée & co- meftible *, légérement acide & aftringente. Elle ne contient abfolument rien de volatil. Son fuc épaifli éft amer & âcre,; mais il a plus de force préparé avec l’efprit de vin. Avec de pareils caractères, qui ne promettent rien de plus qu’un aliment doux **, le Mouron n’a pas laiflé d’être renommé de tout tems pour fes ver- tus médicinales. Le nom même que les Allemands lui ont donné indique qu'il eft bon pour guérir de la folie; & cette vertu a en fa faveur les expérien= ces du celèbre MICHAEL & de BONNEKEN, qui ont joint fon ufage à celui du fang d'âne. Cepen- dant -# Les moutons aiment le Mouron. ** DIOSCORIDE dit que c’eft un adouciffant. MÉDICALE. 209 dant il n'y a pas long-tems que Mr. GUMPRECHT a averti qu'un maniaque avoit ufé fans aucun fruit de la décoétion de Mouron. Son efficace feroit bien plus grande s'il étoit vrai que ce reméde guérit la morfure du chien enrage. C’eft ce qu'ont afluré autrefois C. HOFMANN, & en dernier lieu Mr. BRU- CE, d’après des expériences qui ontrréulli lors mé- me que l’hydrophobie etoit compliquée avec la fu- reur. C’eft fur ce fondement qu’à Bamberg, en ver- tu d’une ordonnance publiée à ce fujet, on confeil- le comme un remêde afluré contre cette afreufe ma- ladie, de prendre le Mouron à la dofe d’une drag- me *, & qu'on dit que cette herbe broyée avec fon eau enlève pour l'ordinaire le mal tout d’un coup, & que ce fecours eft infaillible , fi on réitère la do- fe ; tout cela eft appuye de l’autorité de plufeurs autres témoins. Quant à moi je fais à ne pouvoir en douter que Mr. ROULET , homme très-digne de foi, a employé le Mouron à Vevay contre la rage, fans que cela ait pu empêcher la malade qui en étoit at- teinte, d’en mourir. MaRCELLUS vantoit le Mouron pour l'obfcurciffe- ment de la vue; & pour les douleurs de tête. Les anciens le regardoient comme abitergent & propre à faciliter la fortie des échardes, & ils eftimoient fon fuc bon pour purger le nez. * SCHREBER dit qu'à Jena la même dofe a fait difpa- roitre tous les fymptômes. Tom. I. [e) 210 MATIÉRE 629. LISIMACHIA. LA NUMULAIRE Où L'HERBE AUX ÉCUS. Sa tige eft rampante , fes feuilles font prèfque ron« des, chaque fleur porte fur un pétiole axillaire. Nummularia CAMER. ÆEpit. p. 955. Lifimachia Nummularia, LiNN. Elle nait communément dans les lieux humides. Elle paroït avoir les mêmes vertus que le Mou- ron, enforte qu’elle eft légérement aftringente , avec un peu d’acidite. C’eft le dégré tempéré dans le: quel elle poflède ces qualités qui lui a valu les élo- ges de BOERHAAVE dans le fcorbut chaud, pour les hémorrhagies de la matrice, & pour diférentes pertes de fang. Le celèbre BUcHWALD a recome= mande fon fuc mélé avec celui de Marguerites, pour la phthifie. CLAUDIUS AGERIUS foutenoit qu'il ne connoifloit point de vulneraire plus aflure, foit pour l'ufage extérieur foit pour l'intérieur. On dit qu’ap- pliquée extérieurement , elle guérit les ulcères aux jambes dont quelques vicillards font fi incommodés. 633. MENYANTHES. LE MÉNYANTHE où TREFFLE D'EAU: Aux feuilles ternées. si Trifolium palufire CoRD. Aiff. p. 96. Menyanthes trifoliata. LINN. Il eft commun dans les foflés marécageux de toute Ja Suifle ; autour des lacs de Neufchatel, de Morar, MÉDICALE, af & de Bienne; autour du lac de Genéve: aux lieux où ce lac prend naiflance, près de Novwifle, &c. On le trouve aulli pres de Berne. dans le bois de Bremgarten, aux environs de Frienisberg: au-del- fous des Alpes, par exemple autour de. Weifjen- bourg, comme aufli {ur le mont Schédeck. Dans les montagnes du mont Jura; autour de Nodz,& ailleurs. | Il eft d’une faveur extrêmement amère, & cepen- dant les beftidux “broutent fes feuillés ;- de même que les lièvres. Suivant ALSTON il eft d’une amer- tume defagréable & pue un peu left utile à raïon de fa vertu ftomachique & rélolvante pour les fiévres intermittentes, pour les maladies chroni- ques, pour le fcorbut, en décoction & dans ia bier- re; At les affections hypochondriaques & goutteu- fes*, pour la podagra, Pour l'hydropi fe commen- çante, & pour l’hydropifie formée ; pour latonie, pôur les ulcères invéteres ; & pour lessmaladies de poitrine qui menacent la phthifie, cuit avec de la bierre en y ajoutant dé la femence. de Moufñle ter- reftre. VIRIDET eft venu à bout d'une paralyfñe hy- pochondriaque par lé)moyen’de: ce: remède. Des au- teurs l'ont mis au nonbre dés lithontriptiqtes. Sa tige réduite en poudres .& «prie à la dofe d’une /drag- me, ouvre le ventre & procure ke, vomiflement. Cette plante perd préfque toute fa vertu en fe {é- - | JS St OT 1 Drsvro ail D RETOEN CVO UE POS PS SAS SPP TS V / * BOERHAAVE en, Fait l'épreuve fur lui-même en À Je prenant avec du'petit-Lait © + - 1: 'E " 212 MATIÉR E! chant. Son fel fixe contient de l'acide & du phlo- giftique. On en fait une couleur verte en le cuifant & lex- primant. On cultive en Angleterre le Tréfle d’eau ‘avec foin. On s’en fert comme du hoüblon pour faire de la bierree HALE confeille d’en fécher les feuilles pour les donner aux béftiaux, qui s’en ac- commodent malgre leur amertume. 635. CYCLAMINUS. LE PAIN DE POURCEAW. Sa fleur eft panchee, les fégmens de EL » nr fort réfléchis en en-haut. _ Varieté'b Cyclaminus parva radice J. B. fr. P- 653. Elle croit dans les bois du voifinage « de Coire. Varieté c. Cycliamus makrorryzos CAMERAR. pit. p.358. On la trouve entre F/äfth &, Lucisfreig. Cyclamen Europæum. Lin. : t.- 7% -b I croitrau-deflous des montagnes ; & au bas des Alpes fur des rochers. A Roche; au'Rocherr deda Praiffe, 1& vis-à-vis ‘auprès des! rochers qui font fous la Porte du Sé. Auxenvirons de Wefen, deat- den/tatt ,-&de Coirez & dans'divérs endroits du pays des Grifons; auprès du lac de: Thoun: Sur la mor je 66 de Sadeve :& fur le mont Cenero. sui Je l'ai trouvé au bas dés montagnes autout de Baume &'de Creflier , en défcendant à la Linidré Mr. DrveRNOI l’a trouvé au bois de l'Iter & ailleurs, & dans plufieurs endroits de, la comte de DTA a- tel. Autour de Nos, fuivant Mr. ROSSEL.. MÉDICALE. 213 MULLER dit qu'à Affracan la racine’ du pain de pourceau eft bonne à manger: mais cetté nation n'epargne pas même les champignons empoñfonnés. Prife à la dofe d’une dragme elle purge avec une violence dangereufe, ce qui l'a faite mettre par BOERHAAVE au nombre des poifons: cette plante agit cependant avec moins de force quand elle-eft, fêche. Un chirurgien, dit Mr. BOURGEOIS, en don- noit cependant une demi -dragme pour faire fortir l'arricre-faix , ce qui arrivoit après deux ou trois vomillemens, OPPIANUS dit qu'on empoifonne les poiflons avec fa racine. ARETÉE en fait cas comme d’un médicament irritant, propre à faire for« tir les vents par le bas. Les anciens en prefcri- voient le fuc au poids de deux jufqu’à quatre pie- ces d’or. On ordonne de mâcher fa racine pour les maux de dents, quoiqu'il femble que cela aug- mente la douleur. On la broye pour en faire un on- guent , qui purge, quelquefois méme avec trop de violence fans cependant endommager la peau du ventre qu'on en a oint. On en fait cas pour les skirrhes de la rate & pour chaffer les vers. I. DONT LA COROLLE EST DIVISÉE EN CINQ. I. À FLEUR EN ROUE. « | LE TUYAU DE LA FLEUR TRES-COURT. 637. GENTIANA. LA GRANDE GENTIANE. Sa tige eft feuillée, fes feuilles font ovales, ner- veufes, fes fleurs font en forme de roues & verticillées. 0 3 214 MATIÉRE iGeñtiana CAMER. Epit. p. 415. Gentiana lutea, LINN. Elle nait dans les lprairies fur les montagnes & au bas dés Alpes; on la trouve par - tout à une lieue au-deffus de la plaine, comme au-deflus de là Neu. véville, du côté de Nodz; fous Panex, dans les prés de Jorogne. Elle occupe de grandes étendues de terrein ou les béftiaux évitent de brouter. Sa racine a été mile dès les tems les plus recu. lés au nombre des remédes qui ont de la réputation. Eïle à en même tems de la! douceur & dé l’'amertu. me ; la premiéré de ces qualités affecte la langue, & le palais avec le refte de la bouche, fent Pamer+ tume, Son infufion aqueufe n’eft point fujette à fe corrompre, elle l’eft même moins que celle du quin+ qüina ; traitée avec le fer elle ne devient point noi. re; elle eft très-amère de même que fon extrait aqueux;, comme aufli la teinture & l’extrait qu’on en fat avec l’efprit de vin“. On a de la peine à fépa er la partie réfineufe d'avec la gommeufe qui cft plus abondante, Suivant NEUMANN c’elt dans Pextrait réfinéux que réfident toutes les vertus de la Gentiane, tandis que l’eau en eft dépourvue, & Mr, VITTET dit qu’elle n’a que très-peu de chaleur. L’eiu qu'on en: diftille eft amère &'ftomachique : on en fait aufli un efprit ardent dont les Sangamois , au Japon, ufent beaucoup, Les payfans des Alpes, dit Mr, ZIEGLER, ufent beaucoup d’une eau fpiri. * HEYDE prétend que cette teinture eft fans vertus, ob]. 74. A MÉDICALE. 216 tueufe de Gentiane qu'ils retirent de l’eau dans la: quelle ils ont fait fermenter fes racines. Le {el pre- paré, fuivant la méthode de Mr. DE LA GARAYE quoiqu'il paroifle aufli doux, fait cependant enfin fentir une amertume qui domine. Il paile aufli une huile amère avec l'eau qu’on en diftille, La grande Gentiane pañoit chez les anciens pour un remêde aftringent, & ils la faifoient entrer dans la compoñtion du MITHRIDAT. ils en donnoient le jus pour chaffer les vers, & pour l'afthme. PLr- NE: parle d’un vin prépare avec cette plante, On en fait ufage de nos jours à caufe qu’elle eft amie de l’eftomac. Plufieurs médecins la font aufli prendre dans les fiévres intermittentes, non pas qu’elle puifle être comparée pour cet effet au kina, ou qu'elle réufliffle conftamment. Mr. de SENAC na pas éte content de fes effets dans les fiévres de ce genre, & il la regarde comme un remêde trop chaud. Elle a réufli, fuivant LENTILIUS, en don- nant demie once de la racine avec de l'écorce de Frène, C’eit un remêde familier aux Polonois, ils en prennent le poids d'une dragme dans du vin un inftant avant l'accès, je ne l'ai jamais vu manquer chez eux & dès la premiére prife, fans aucune mau- vaife fuite, quoique n'ayant pris aucune précaution ; mais ces gens-là étoient fort robuftes & faifoient beaucoup d'éxercice. V. Infufée avec du vin elle fert à provoquer l'écoulement des règles ; elle eft utile dans la cachéxie, & enfin dans la goutte. On dit qu’elle donne la diarrhée aux vaches qui en 0 4 216 MATIÉRE: mangent trop, & les fait même vomir. On a vw l'extrait de Gentiane digéré avec de la chair la dé- pouiller de fon aigreur, & la conferver long-tems en bon état, aufli cette plante eft-elle du nombre des meilleurs antifeptiques. On la donne même pour un antidote du venin de la vipere. On fe fert extérieurement de la racine pour l’in- troduire dans les fiftules en place de tente. Les an- ciens en faifoient des efpèces de peflaires deftinés à favorifer le retour des règles. © La Gentiane eft un des principaux remèdes dont les médecins vétérinaires fe {ervent contre les vers , & pour éloigner la putridite. Mr. VITTET dit qu’elle réveille l'appétit, qu’elle eft chaude, & qu’elle convient aux moutons lorfqu’ils ont pris quelque ma. ladie pour avoir éte dans des pâturages maréçageux. On a vu une racine vénéneufe & d’une odeur plus forte que celle de la Gentiane fe glifler en Angle, terre dans les boutiques fous le nom de celle-ci; les chiens peérifloient après en avoir avalé. Il n’eft guéres croyable que cette racine ‘ait été, comme on Va cru, celle du Z'hora qui eft trop petite pour avoir pu favorifer cette fubftitution. TI. GENTIANES À FLEURS EN FORME D'EN- TONNOIR. 643. GENTIANA. LA GENTIANE CROISETTE. Ses feuilles font ovalo-lancéolées , nerveufes, em- braffant la tige en maniere de gaine, les fleurs ver- ticillées & en ombelles. MÉDICALE. 217 -- Cruciata DODON. purg. p. #5. Gentiana cruciata. LINN. Elle eft aflez commune dans les environs de Berne, entr’autres dans le pré du maitre des hautes œuvres pro- che de la ville: dans le petit bois de Weiffen/tein. Elle eft commune dans le territoire d’Aigle , à Or- mond deflous, &c. Elle croit encore dans les prai- ries des montagnes autour de Ferricre. Elle eft douée d’une amertume pénétrante, & qui fe fait fentir long-tems. On la donne comme la grande Gentiane, à la dofe d’une dragmeé avant le paroxyfme des fiévres intermittentes, L'extrait pof fède les mêmes vertus. On fait cas de cette plante pour le traitement des ulcères phagedeniques. 648. GENTIANA. LA PETITE CENTAURÉE. Sa tige eft fourchue, fes fleurs font infundibuli- formes , ftrices, & divifées en cinq. Centaurium minus DODON. purg, p. 52. Gentiana Centaurium. LINN. On la trouve dans les bois & les prairies. Elle n’eft pas rare près de Laufanne, aux envi- rons du Clos de Bulloz, campagne de Mr. TISsOT. Elle nait encore dans des lieux incultes , dans des terreins montagneux & expofes au foleil, dans les folles même de Berne, au lieu dit an der Knicbre- che. On en trouve une varieté à fleur blanche fur le chemin de Worb & dans le bois de Auri. La varieté à fleur purpurine croit dans les marécages aux 218 MATIÉRE environs d'Anet, &fur le mont Zurichberg, faivant J. GESNER. Elle eft extrêmement amère , & a outre cela une faveur defagreable qui l’a faite appeller fe/ terre, fiel de terre, par les anciens, jointe à une acidité ma: nifefte ; cependant elle perd cette faveur en fe fé. chant, enforte que les beftiaux peuvent la manger. Elle donne beaucoup d'extrait gommeux & réfineux, & c’eft dans ces extraits, de même que dans le fpi- ritueux , que rélident les vertus de cette plante, Les fleurs, non plus que les racines, n'ont qu’une lé, gére amertume; & l’eau diftillée n’a pas de vertu, Il refte un peu d'acide mêlé avec le fel fixe. Une livre de l'herbe donne trois onces & demi d’un ex. trait épais. | La petite Centaurée poffléde des vertus ftomachi: ques & toniques, à railon defquelles elle ranime les forces lorfque la nature languit. Elle eft utile pour les fièvres intermittentes, à la dofe d'une dragme * : pour la jauniffe ; dans les cas où on eft menacé d’hy. dropilie, & pour l’hydropifie même, car Mr. pu VER- NEY parle de plufieurs hydropiques qu’elle a guéris; pour faire venir les mois aux femmes, pour la gout- te, & pour la podagre, en en faifant un long ufa- ge, fuivant l'expérience de Mr. pu Voisin: Les anciens la mettoient ay nombre des médicamens purgatifs, cependant MESUE avertit qu’elle ne pro- duiloit cet effet qu’en y ajoûtant du fel. Jelis pour tant dans PREVOT que la décoétion de la petite —— ————— ———— —— — * SLEVOGT parle de l'herbe féche. MÉDICALE. 219 Centaurée purge fortement en donnant huit onces d’eau cuites avec deux dragmes de cette herbe, & Mr, ScHULZE a confirme en dernier lieu la vertu purgative de Ja Centaurée fraiche, HOFMANN met l’eflence même dans la clafle des purgatifs Mr, HizL fait cas de cette eflence. Extérieurement , on l’employe pour les lavemens qu'on donne dans les attaques d’apopléxie, & pour deterger les ulcères; & elle n’eft fans-doute pas . muins vulneraire que la Gratiole avec qui elle a du rapport. Elle donne un jaune foncé en la traitant avec de l’alun & du fel marin. II. BILOCULAIRES. 654. CUSCUTA. LA CUScUTE ou L’EPHI- THYM. À fleurs feffiles, Variete a, qui eft plus grande, & dont la fleur eft le plus fouvent fendue en quatre; elle croit com- munément fur l’ortie, & eft une pefte pour le tréfle cultive & pour le lin. Cuftuta CAMERAR. Epit. p. 984. Cufiuta Europæa. Linw. Varieté b, plus pétite : elle nait fur le Thym, c’eft l'Epithym des anciens, & on la trouve aufli fur la Crapaudine, l'Origan, le Serpolet , la Bruyere, & fur d’autres petites plantes ; elle eft commune fur les ro- chers expofes au foleil, elle a des filamens minces & rouges, fa fleur eft ordinairement fendue en cinq, ÆEpithymum GAMERAR. Épit. p. 983. 220 MATIERE Elle eft rempke d’un fuc un peu acide: & on re- trouve aufli cette acidite dans le fel fixe de cette plante. C'eft par cette raifon qu’elle femble avoir les mêmes vertus que la grande Joubarbe; elle doit * donc avoir la propriete de réfoudre fans itritation , au moyen de fa qualité nitreufe & favonneufe: elle peut convenir dans les affections hypochondriaques , ou dans d’autres indifpofitions qui demandent des réfolutifs doux. Les anciens ont mis le fuc d’Epi- thym au nombre des remédes propres à lâcher le ventre; les Arabes en donnoient cinq dragmes. Dros- CORIDE en prefcrivoit quatre; ÂRETÉE & ORIBASE le faifoient prendre à la dofe de deux dragmes pour évacuer l'atrabile. RUFUS en donnoit fix dragmes. ds avoient auîli un fyrop d’Epithym. MESUÉ le di- {oit purgatif, mais la formule dans laquelle il le fai. foit entrer elt fort compolée, & il le prefcrivoit à une grande dofe. FALLOPE fe fervoit aufli de la décoction & de l’infufion de cette plante, & WE- DEL la méloit avec les fébrifuges. On n’en parle plus comme d’un purgatif, je préfererois le fuc de Cufcute aux autres formules fous lefquelles on la donne. Je crois fans peine que fon eau n’eft d'aucune utilité : & quant à l’efprit empyreumatique qu’on en retire & qui eft analogue à celui de tartre, il n’eft pas plus particulier à cette plante qu’aux autres qui en fourniflent pareillement. Il n’eft point du tout fans vraifemblance que la a —— * GMELIN dit qu'elle contient du fouffre. MÉDICALE. 221 Cufcute participe aux vertus des plantes dont elle tire fa nourriture. On en fait une couleur rouge, mais qui devient pâle, 656. PLANTAGO. LE PLANTAIN À CINQ COTES. Ses feuilles font lancéolces, à cinq nervures, la hampe nue, lépi ovale. Plantago angufhifolia minor. TABERN. p. 732. | Plantago Yanceolata. LINN. «à Variete b. Plantago angufifolia alpina J.B. I. p. 506. aLa premiére de ces varietés croît au bord des chemins, & on trouve la feconde, qui eft plus noi- re; fur les Alpes. -1Cette efpèce de Plantain poflède les mêmes ver- tus médicinales que les’ autres, & même à un plus haut degré. Ses feuilles font fouvent utiles dans la fièvre; l’eau qu'on en retire a peu de vertu. 660. PLANTAGO. LE GRAND PLANTAIN \ Ou LE PLANTAIN À BOUQUET. 'Plantago major. LINN. © Il croit par-tout dans les jardins & fur les che- mins. er Les Plantains font aftringens , déflicatifs. ALSTON dit que l’infufñion du grand Plantain a une faveur d'herbe & de l’amertume, & qu’elle rougit un peu 922 2MATIÉRE le fuc de tournefol. Ils fe diftinguent tellement en. tre les autres plantes vulneraires, que des auteurs celébres croient qu’ils en peuvent feuls tenir lieu : foit qu'on les applique extérieurement , foit qwon en boive le fuc. On vante également les bons ef: ets de ce fuc pour le vpmiflement: de fang, pour les lochies trop abondantes, pour la diarrhée, la lientérie, & enfin pour la phthifie & la gonorrhée, pourvu feulement qu'on prenne ce remède en aflez grande quantité. On fait aufli cas de la femence de Plantain pour arrêter la diarrhée, la dyflente- rie *, & pour prévenir les faufles couches , prife à la dofé d’une demi dragme &' même d’une dragme entiére. On recommande dans les mêmes cas l’in- fufion de cette plante & fa décoétion *; on ‘fait cas de celle-ci en particulier pour le mal vénerien, mais en avertiflant que la dofe ne doit pas en être moindre que d’une livre par jour. Quelques : uns difent fon ufage falutaire dans les fiévres intermit- tentes, & même dans les fièvres épidemiques, pourk vu que ce foit au commencement de la maladie, On vante l’eau diftillée de Plantain comme un des meilleurs médicamens vulneraires ; je‘croirois volon- tiers que cette eau eft meilleure quand on la fait avec les chatons, fleuris de cette. plante, cette li- queur cependant n’a que bien peu de vertus: ,On ne croit plus aux amulettes de Plantain. Mona * En la donnant dans du lait, Bresl. Sum. Septembr. 1719. CHOMEL. *#* THEMISON la prefcrivoit dans 14 tyffenterie. \ . MÉDICALE. 234 VIUS recommandoit fous cette forme la racine de Plantain , comme un reméde contre la pete, au rapport de WILHELMI de Colchic. IT. PLANTAIN À TIGE RAMEUSE, FEUILLÉE , ET PORTANT PLUSIEURS FLEURS. 662. PLANTAGO. L'HERBE AUX PUCES annuelle, Sa tige eft ligneufe , couchée par terre, fes feuil- les font linéaires, droites, fes épis font courts & ovales, Pfyllius majus fpinum J. B. NE. p. 513. Plantago Cynops. LiInx. © Mr. DE SAUSSURE dit qu’on la trouve à Genéve. La femence de cette plante reffemble à des pu- ces, elle eft brune , légére & convéxe. -Les anciens en faifojent beaucoup ufage pour ouvrir le ventre, foit en infufion, foit en la broyant avec de l’eau. : Ils préparoient aufli un électuaire de Pfyllium def tiné à lâcher le ventre ; mais ils y ajoûtoient des remédes plus aétifs. Son mucilage eft employé par les médecins Egyptiens , même de nos jours, dans les fiévres ardentes, & ils la donnent comme pur- gatif*, ou pour faire fuer.. C’eft encore une an- cienne opinion, que l'écorce de cette femence eft rafraichiffante, tandis que fa pulpe eft chaude & * Cette femence a deux qualités diférentes , dit SALA- DIN. 224 MATIÉRE vénimeufe ; on dit même qu’on lui a vu donner dé la triftefle fuivie d’afthme, & occafonner la fÿnco- pe, & enfin la mort. Mais l'expérience a fait voir que cette plante eft innocente , & les modernes n’ont pas eu de peine à fe convaincre que la fubf tance gélatineufe qu’on retire en abondance de la femence de l’herbe aux puces, poflède plutôt une propriété aftringente modérée, qu’elle eft adoucif- fante, émolliente, qu’elle rend adouciflans les clyf tères qu'on en prépare pour la dyflenterie, & qu'in- jetée dans la verge elle eft bonne pour les ardeurs d'urine. Depuis long-tems le Pfyllium étoit recon- nu par les anciens même comme un glutinatif, un lénitif, & un humectant , fuivant PLATEARIUS, qui prefcrit de prendre ce qui s’eit précipité au fonds du vafe , & ïls en prefcrivoienc l’ufage dans le Cholera - morbus, & dans la phthifie, On l’employe donc à raifon de ces propriétés dans les maladies des veux, dans les inflammations externes, & pour les gargarifmes. RHAZES dit qu'il adoucit la poitrine, & qu'il eft utile dans les fiévres & pour guérir les bleflures des inteftins. Mr. LIETAUD affure que la femence dé cette herbe, maçérce dans l’eau, don- ne un mucilage qui convient trés-fort dans les ma- ladies de la poitrine & des reins. Les teinturiers s’en fervent pour faire de la cou- leur noire. SECTION MÉDICALE, 234 SECTION IL TRILOGULAIRES. 663. CONVOLVULUS. LE GRAND LISERON: Ses feuilles font eh forme de fer de fléche, tron: quées par derriere ; anguleules, chaque pétiole porz te une feule fleur , les feuilles florales font en for: me de cœur &:très- grändes: Smilax levis major DODON, purg. p: 210 Convolvultis fepiumi LInx. On le trouve par-tout dans les haies, atixquelles il s'accroche en montant'en fpirale. Sa tige & les pétioles dés feuilles rendent un fuc d'un blanc de Jait âcre ; & c'eft à raifon de cette âcreté qu’on peut le donner comme purgatif dans la jaunifle & l'hydopifie. Son fuc épaifli poflède les mêmes propriétés que le Scammonée , qui eft fui-même compris dans le genre des Corivoloulus ! mais il faut le donner à la dofe de vingt grains, & même à celle de trente. La décottion du grand Liferon n’a point été purgative pour un chien. ANT: DEIDIER en a fait un cataplâme avec de l'huile qu'il a appliqué pour diffipér unë tumeur du genou. OSBEK conjecture que fa raciné ëft bonne à man: ger, fur ce qu'a la Chine on fért fur lés tables unë efpèce de Convoloulis qui a du räpport à la nôtre. Il eft du moins certain que la racine du grand Li feron n’a pas d’âcrete & qu’elle fers de pâture aux cochons: Tom. L ÿ 226 MATIÉRE 664. CONVOLVULUS. LE PETIT LISERON. Les feuilles font en forme de fer. de flèche, elles vont en s’elargiffant, chaque pétiole porte une feule fleur ; les feuilles florales font écartées & en pv 4 d'aléne. Smilax levis minor DODON. purg. p.213 Convolvulus arvenfis. LINN. Il n’eft que trop fréquent dans les jardins & les champs où il tire bas les bleds en po ag au- tour d’eux. Ce Liferon donne aufli un lait purgatif. On a employé fon eau diftillée pour l’hydropifié. Mr: Ro- SIER la regarde comme un médicament vulneraire. V. A FRUÏIT me 667. AQUIFOLIUM MATTHIOL. p. 161. LE Houx. DH Ilex Aquifolium. LiIxx. Ce bel arbrifleau nait communément dans les haies & les bois. Près de Berne au-delà du Pantiger- Hubel du côté de Thorberg. (Dans un bois qui eft autour de la tour de Gourze près de Cuilly, au- deflus de Corfier fur Vevay, à côte du chemin qui conduit à Châtel St. Denis. V.) Ily en a fans epi- nes fur la colline de Soquenil près de Roche. On fait avec l'écorce du Houx une glu excellente pour prendre les oïfeaux: on rejetce la pellicule exterieure , on pile l'intérieure, on en fait une pâte MÉDICALE. 227 qu'on enterre à: la cave dans un. pot; aprés qu’elle ya fermenté: on.la retire, on la lave dans de l'eau, on enlève les filamens ,. & la glu fe ramafle en mafle, Ï donne une matiere tres-dure, & acquiert plus fa cilement, que; les autres. bois ; une dureté qui-appro- che de ‘celle de la pierre. + Au refte fon écorce eft amère & macilégineute : fes feuilles font utiles dans l& colique: fes baies 1à- chent le ventre. FLOYER parle d’une jaunifle gué- rie par l’ufage du fuc de cette plante méle avec de la bierre. ORDRE VIL COURONNEÉS. 670. SAMNBUCUS. LE SUREAU: :-Petit arbre, dont. les fleurs font en ombelles. Sambucus CAMERAR: ÆEpit. p. 975. 0 Sambuctis nigra. LIN. Variété IL. à baies vertes. Variete IL. à baies blanches. Varieté IV. à feuilles laciniées, - Le Sureau à baies noires croit par-tout dans les haies : celui à fruit verd fe trouve à Bäle au-dehors de la porte Æfthemerthor , & fur le chemin du côté de Gundeldingen. | Cet arbufte poffède plufeurs propriétés qu'annon« cent le goût & l’odorat, & le’ fuc colorant qu'il donne. L'infufñion theiforme de fes feuilles, dit ALSTON, eft naufceufe & a une âcreté qui fe fait P 2 / 228 MATIÉRE fentir long-terns ; elle teint en verd lé fyrop violat & le fuc de tournefol Van Lis met le Sureau aû nombre des plantés vénéneufes: Ses fléurs fêches ont une qualite atomatiqué jointe à une deflicati: ve: leur infufion bue. en guifé de thé excite la fueur & la foutient; elle eft avantageufé dans les fievres éxanthémateufes, & dans le crachement dé fang, On attribue à cés mêmes fleurs de favorifer la fécrétion du lait, & de le faire revenir lorfqu'il à difparu. GRIMM vante leur infufñon dans la pleure- fie. Ces fleurs fraiches & cuites dans du petit-lait, procurent Ja liberté du ventre: Le fel fixe qu'on en retire contient quelque chofe de füulphureux & d’äcide. Elles tombent en déliquefcence par la pour: riture & donnént unè huile qu’on récommande pour les douleurs: L'eau de fleurs de Sureau diftillée eff imprégnée de leur aromate, & fa couleur doit être verte. Onen prépare aufli un efprit dont on vante lufage dans les maladies aiguës. Ces fleurs , de même que les feuilles, font utiles quand on les ap: plique fur l’eryfpelle; fur diférentes tumeurs & fur les parties attaquéès d’inflammation. Les baies ont de la douceur, élles purgent dou: cement ; & ôn les fert fur les tables dans le Nord de l'Allemagne. Fllés font aufli aftringentes, & on en fait une tifanne purgative en les cuifant avec de la racine dé Chien-dent ; du fel polychrefte & du vitriol de Mars, On a donne dans la dyflenterie ; avec fuccès, une efpèce de gâtea fait avec ces baies exprimées , rôties avec de la farine, en pref MÉDICALE. 229 grivant ce gâteau réduit en poudre à la dofe de trois à quatre dragmes, Le Rob de Sureau a mérité de grands éloges de de BOERHAAVE par fa proprièté favonneufe & ré- folvante, utile dans les maladies chroniques & dans celles de la poitrine; mais il faut en faire un long ufage pour qu'il produife ces bons effets. Il n’a pas eu un bon fucces dans les maladies aiguës. HEISTER l'eftimoit bon pour les éryfpelles. IL eft utile dans l’efquinancie. Le jus des baies diflout le calcul, mais un peu lentement, Dans les pays où il n'y a pas des vignes, on en fait du vin qui reffemble à celui de Frontignan ; on prend pour cela les baïes blanches du Sureau, on les fait fermenter avec du fucre, du gingembre & des cloux de gérofle, ou avec du fucre feulement : on vante les vertus médicinales de ce vin. On don- ne aufli ailleurs un goût de mufcat au vin par le moyen des baies de Sureau. On fe fert de ces baies quand elles font parve- nues à leur maturité pour teindre le lin d’une cou- leur brune, Après avair maceéré le fil avec de l’a- lun, on le cuit dans la décoétion des baies de Sureau , en y ajoûtant un peu de verd de gris, & on le remue continuellement en tournant. La femence de Sureau eft purgative comme celle de l'Yéble, Ses feuilles broyées font bonnes pour l'érylipelle, & pour la pleuréfie, en forme de cataplâme; elles P3 230 MATIÈRE relâchent mêmé fi puiffamment, que leur application caufe l’æœdéme, Leur fuc récent fait couler les menf, trues , & evacue les reins. ALEXANDRE le vantoïit pour l'hydropilie; pris avec de la compôte, condi, tum, On prepare pour ‘la fciatique des clyftères faits de decoction de Sureau à laquelle. on ajoûte du lait de Tithymale , mais il en refuite fouvent de mauvais effets, La feconde écorce de cét arbufte donne un fuc qui fait aller fur felle, fi on en rend demie once ou une once entiere ; & qui éva, cue la bile: mais je n’aflurerois pas qu'il fafle cet effet fans offenfer leflomac. Ce qu'il y a de fur, ceft que j'ai eu l'eftomac incommodé pour avoir uf de la femence de l'Yéble, plante qui a de l’af, finite avec le Sureau. Les bourgeons de Sureau ont encore plus d’activite, ils font émétiques, & ce n’eft pas fans danger qu'on en ufe quoique fous la forme de conferve. RADELIFE fe fervoit beau. coup de la décoétiun des fommités des jeunes ti ges du Sureau, dans le traitement de l’hydropifie ; il en faifoit cuire une once dans un quart de pinte d'eau *, en y ajoûtant un peu de femence de Ca. rotte , après quoi il exprimoit la liqueur. Cette dé- coction purge fortement , & par fon moyen, on en, lève l'hydropifie, en donnant fort peu de boiflon, Mr. HILL veut qu'on n’en donne d’abord qu'uñé ‘cuillerée, après quoi on augmente la dofe.. Il teft parlé dans le Mercure de France de Juillet 17634 * C'eft peut-être de la pinte ou Congium des Anglois, dont il s’agit ici, elle pèfe huit livres de douze ences, V, MÉDICALE. 231 d'une hydropilie guerie avec des cendres de Sureau, * de Houx & de Frêne mélées d’une maniere fuper- ftitieule, | Le bois d'un vieux Sureau ‘eft aflez dur, & n’eft pas inutile aux tourneurs, 671. SAMBUCUS, L'YEBLE ou PETIT SUREAU. Ses tiges font herbacées & fes fleurs en ombelles. Ebulus CAMERAR. Epit. p. 979. Sambucus Ebulus. -LINN. Il croit dans les lieux humides & où il y a de ombre, on le trouve fréquemment dans les bois & les foflés: à Berne dans l'interieur des murailles de la ville, près de la terrafle neuve fur le chemin derriére l’arfenal. Aux environs de Prilly près de Laufanne. Les apothicaires prétendent qu’on n’en trouve point en Vallais, | Cet arbrifleau a plus de vertus que le Sureau, mais il eft plus défagréable au goût, On fait pareillément avec fes baies un rob, dont on ufe familiérement dans notre pays pour toutes les maladies chroni- ques, afin de refoudre les obftruétions qui les ac- cafñonnent, Il. ne purge pas, quoiqu'on attribue cette propriété aux baies, & à l'extrait qu’on pre- pare avec leur jus, Ces mêmes baies donnent une couleur violette, qui teint en bleu lefil cuit avec elles, de même que les peaux, en y (ajoutant du vinaigre. (Cette P 4 232 MATIÈRE couleur bleue fe fait aufli en faifant cuire ces baies mûres dans de Peau, on y ajoûte de l’alun, on les recuit, on y verfe du vinaigre, & le lendemain on pafle la liqueur par Ja flanelle. BELLON dit qu'on fe fert des pepins pour donner de la couleur au vin de Lesbos, La femence d'Yéble broyée évacue puiffamment les eaux, & donnée à la dofe d’une dragme elle agit même avec trop de violence, fans danger com- me le prétendent quelques - uns. Ce remêde m'a certainement paru nauféeux & prefqu'émétique, ayant eu ocçafñon d'en ufer pour me faire uriner. Ces mêmes pepins du fruit de lYéble, réduits en poudre , ouits & ecumes à la chaleur du fumier , donnent une huile qui purge avec une force étonnan- te, à la dofe d’une cuillerée, & qui appaife aufli les douleurs quand on en oint la partie malade. Le fuc de la racine évacue par les urines & par les fel, les, & s'employe utilement dans l'hydropifie , fans nuire, dit-on, à l’eftomac ; : cependant d’autres au- teurs fe plaignent de cette mauvaile qualité. On fe purge aufli en prenant en décoction deux drag- mes de cette racine. Son écorce fraiche, cuite dans l'eau, fait vomir & aller fur felle , & elle eft utile dans VERS L'infufon des feuilles d'Ye- ble, dit Mr. BOURGEOIS, eft utile dans l’hydropi- fie, de mème que leur fomentation : elles font un bon effet en les pilant & les appliquant en forme de cataplâme fur les’ parties œdémateufes des hy2 dropiques, & cuites dans du vin on leur a vu dif. MÉDICALE. 333 fiper une tumeur inflammatoire du fcrotum. On vante extrêmement pour les contufons le même catapläme d’Yéble. Je trouve dans BORRICHIUS que l’eau diftillée des fleurs de cette plante eft pur. gative. 673. CAPRIFOLIUM. LE CHÉVREFEUILLE. Ses fleurs font difpofées par bouquets ovales , im- briques , terminans la tige ; toutes les feuilles font diftinétes. Periclymenum Fucus. p. 646. Lonicera Periclymenum. LINN. Il y en a plufieurs varietés, comme à feuilles fi. nuées, varices, à belles fleurs; la varieté tardive de MILLER t. 79. & plufieurs autres qu'on trouve dans le catalogue des Li à & arbriffeaux de Lon- dres T. VI. : Il croit dans les haïes & les bois du Vallais, aux environs de Gonthey & de Fouly. (En Chamblande & au bais de Sauvabelin près de Laufanne. Dans prefque toutes les haies & les bois autour de Lau- Janne, & fur-tout dans les haies du Champ de Fair pres du fauxbourg de Marterai, & dans le bois d'Ecublanc & celui de Sorge près de Crifier. V.) Il eft plus rare autour de Berne dans le bois de Bremgarten ; & dans les fafles même de la ville. On en trouve dans le voifinage de Geneve & de Morges. Il yen a dans les lieux montagneux com: me autour de Zweyglütfchinen. Dans le territoire 234 MATIÉRE de Bâle, in der Hardt, autour de Gundeldin: gen, aux environs de Newwuyler, Alfèluoyler, &c: Ce bel arbrifleau a l'avantage de revêtir toutes les formes que les cifeaux lui donnent pour l’ornement des jardins. La décoétion de fa racine eft ftypti- que, douce-amère, & d’une faveur legumineufe, Ses feuilles font acides & âcres: fes fleurs font plus doûces. Il eft a peine connu en medecine ; je vois cependant qu'on en fait une eau opthalmique , & qu'on en prépare un onguent propre à confolider les plaies: qu’un ufage abondant & long-tems con- tinué de cette plante purifñie le fang: que fes fleurs font uriner, & que fes baies, qui ont une faveur douce, {ont purgatiyes. 673. CAPRIFOLIUM. CERISIER BAS. LE PETiT-Bois des payfans. BOMARE. Ses feuilles font ovalo-lancéolées, les fleurs font deux à deux pour chaque baie jumelle. Periclymenum reëfum WI. CLUS, gel p. 90. TA- BERN. P. 900. Lonicera alpigena. LINN. Cette efpèce et affez fréquente. Elle croit dans les lieux montagneux, autour de #allenbourg, fur la montagne de Wafferfall. Je lai trouvée fur la montagne appellée /a Dent de-Vaulion; fur celle du Montendre, du Creux du Vent, fur le mont Hengft de la vallée d'Enmenthal. En divers en- droits des Alpes, comme fur la montagne appellee Jur Champ, fur celles de Luan, Ovannaz, Cha- MÉDICALE. 236 puife. Dans le bois /a Chenau au-deffus d’Aigle, en montant fur le Gemrni depuis le village de Can derfteg ; fur le mont de: Sal/eve & fur celui de Thuiri dans le diftriét de Garis, fuivant J. BAUHIN ; fur le mont A/bis, & autour des bains de Pfüffers, au rapport de C, GESNER. Ses baies excitent le vomiflement prifes à la dofe de cinq à huit grains, 706. PIMPINELLA. LA PIMPRENELLE. Elle à un grand nombre d’étamines, Sanguiforba minor TABERN. p. 110. Poterium Sanguilorba. LINN. Elle croit dans les prés fecs, fur les chauflées & les terreins qui vont en montant. Ses vertus font légérement vulneraires , & aftrin- gentes. On la donne pour la dyflenterié, les he- morrhagies, & le piffement de fang. On la fait em trer dans la compofition des infufions vineules qu’on prépare au printems, & elle y domine par fa fa- veur. gracieufe. HERMANN HEYDEN la dit bonne pour la morfure du chien enragé, en la mettant fur la plaie après l'application d’une ventoufe, &en bu- vant, fa decoction pendant neuf jours, jufqu’a la dofe de fept onces ; j'en oroirois le témoignage de cet auteur, fi cette obfervation ne lui venoit pas de PULMARIUS. Son principal ufage eft de fournir un fourrage abon. dant, car c’eft dans cette vue qu’on en fëme une 236 MATIÈRE très grande quantité en Angleterre, & Mr. YOUNG en fait aflez de cas. On écrit que la grande efpé- ce ne plait pas aux beftiaux , fans-doute parcequ’elle eft trop dure. Eft- ce cette efpèce de Pimprenelle, dont le fel fixe eft mélé de fouffre ? ORDRE VIII ÉTOILÉES ou RUBIACÉES. Elles ont toutes une vertu défficative & aftringente: les racines de la plüpart ont aufli la propriété de teindre en rouge. 708. RUBIA. LA GARANCE. Ses feuilles font elliptiques , rudes au toucher, verticillees au nombre dé cinq & quelquefois de fix, Wild Madder PETIVER. Herb. Britann. t. 30. Rubia tinctorum. LiINN. Elle eft fpontance autour de Zæfth en Vallais, prés du pont du Rhône, aux environs de Sion & de Gonthey; à la porte du Sé. Dans le village d'7: gorne près du pont; un peu plus haut dans les lieux pierreux, aux environs d'Orbe, d’'Antagne, &c. Au- tour de Spiez. La racine de notre Garance étant fêche eft d’un trés-beau rouge dans toute fa fubftance, & elle n’a point à l'axe un point noi, qui Ôte à la Garance de Zéelande une partie de fa belle couleur. Aufli notre Garance eft-elle Ja plus belle de toutes pour la teinture, elle ne cède même point à cet egard a celle de Smyrne qu'on appelle Lizari, MÉDICALE. 333 - Elle a une qualité acide, aftringenté, mais péné- trante. Son infufiun aqueufe eft näuféeufe & ai- grelette: l’extraît a une odeur légérement balfami- que, une faveut fälce, & uh peu äftringente. La teinture de Garance faite avec l’efprit de vin, elt rouge, & l'extrait qui en refulte a une faveur auf tère. Le miliéu de cette racine contient des par- ticules fefineufes. Elle eft regardée avec toutes les plantes de fon ordre comme vulneraire: & de plus, comme propre /4 provoquér le flux menftruel, & à faire uriner, GALIEN lui attribuoit de rendre les urines fanglantes. On la vantoit autrefois pour les maladies de la raté, & elle eft un des ingrédiens de la décoction ictérique de SYDENHAM, Elle paroit én effet exceller pour fä qualité pénétrante, à rai- fon de laquelle elle rougit l’uriné , même en la te- nant fimplement dans la main ; les vaches après avoir brouté de la Garance , qu’elles aiment, donnent aufli un lait coloré en rouge * Outre cela des expériences dues äu hazard ont fait voir que la Gärance teint en rouge les os dés änimaux qui en ont mange. Plufieurs modernes ont répété ces expériences & les ont décrites, j'en ai fait autant, Mr. DU HAMEL dit même qu’elle teint lé cryftallin & le corps vitre, on dit aufli qu’elle teint les chairs dés animaux. D'après ces expériences ; on à penfé que la Ga: rance étoit propre à remédier aux maladies des os, * Elle ne teint pas de même le lait des chiennes. On en a fait du beurre jdurie. La 238 MATIÉRE vu que fa propriété colorante pénètre fi complette. ment jufques à ces parties, propriete qu’elle poffé. de feule entre toutes les plantes que j'ai éxaminées. On leftime donc bonne dans la noueure & le ra- molliffement des os, foit fous la forme de teintu., re, foit en tifanne; on y eft autorife par des expe- riences dans lelquelles la Garance a diffipé des ex croiflances offeufes qu’on appercevoit au toucher. Mr. PORTAL en recommande l'infufion comme un grand réfolutif dans les cas de contufion. Mr. LE- VRET parle d’une guérifon du rachitis opérée par le fecours de cette plante. Elle m’a réufli complet- tement dans le traitement d’une#Demoifelle rachiti- que de l’âge de 14 ans, il eft vrai que je faifois ajoûter à la tifanne de la racine de Polypode & que je faifois prendre en même tems de la Rhubarbe en poudre à la dofe de quelques grains par jour. Quelques-uns doutent cependant de cette vertu an- ti-rachitique. Il eft du moins für que les pigeons, en vomiflant les boulettes préparées avec la racine de Garance, & tous les animaux quien mangent, maigriflent, tombent dans la confomption & meu- rent, à moins qu'ils ne fe retablifflent en changeant de nourriture. Il refulte de tout cela qu'il faut réi- térer les expériences. Mr. ŒTTINGER dit que c’eft le phlogiftique de cette racine qui rougit les os ;. & que les autres principes qui entrent dans fa com- pofition font d’une couleur foncée & aftringents. La Garance fournit une couleur durable ; qui eft plus fombre quand on la tire de l’efpèce vulgaire MÉDICAL'Æ. 239 qu'on fème, mais plus vive quand on la prépare avec l’efpèce fpontanée, fur-tout avec celle des In- des. Car c’eft avec cette même Garance fpontanée dont il eft queftion dans cet article, que les Turcs donnent un fi beau. rouge à leur fil & à leur co- ton. Et il n’elt point néceflaire paur cette |tein- ture! d'employer des mânñipulations recherchées pour fêcher la Garance, puilque fes racines vertes don- nent une belle couleur , ce qui a été pleinement, confirmé de nos jours par les expériences de nos teinturiers. ('ette Couleur fe réhaufle quand on la traite avec de l'alcak les acides Ja rendent plus fonçee, | rs C’eft de toutes les plantes qu’on culéve’s dans les champs cellé qui entichit le plus l’agriculteur. Auffi cette culture qui'a été jufqu’à préfent en ufage en Sikfie, & qui ft très-répandue dans la Zeelande, = Athamanta Oreofelinum. LIN. Il n'eft pas rare en Suifle & croit contre les ro- chers, comme de Roche a la Marbriére, & aux Gauges ; en Jorogne, aux environs de Bex ; &en divers autres lieux du gouvernement d’Aigle: à Bien- ne auf der Paffgartfüh. Sur la montagne de Cha/- Jéralle. Dans le Vallais à St. Maurice, & entre St. Leonhard & Siders, ©. GESNER dit en avoir trou- ve fur la montagne Legerberg & à Bade. C. Bau- HIN en a cueilli fur la montagne de Muttenz, à Crenzach & a Michelfeld. J. BAUHIN en a vu chez les Grifons près de Coire, & fur la montagne de Thuiri. Suivant Raï il y en a autour de Geneve, & fuivant SCHEUCHZER , fur la montagne de H#aloja. Sa racine eft aromatique & pleine de réfine. Toute la plante contient pareillement une fubftance aro- matique & agréable. L'eau qu’on en diltille eft vo- Jatile & répand un parfum aflez gracieux. La fe- mence fournit une huile tres-volatile. L'infufion de Pherbe eft egalement odorante, outre cela elle eft diuretique & fudorifique. Cette plante n’eft pas af fez connue des medecins. ‘804. SELINUM. CAROTTE DE MONTAGNE a feuilles d'Ache. Ses feuilles font divifées & fubdivifées , les folio- les fendues, en deux jufqu’à la moitie, & dentces. Cervariæ: RIVIN. t. 12, Athamanta Cervaria. LINN. T 3 294 MATIERE Elle eft commune en Suifle, proche de Afathod, au-deflus des vignes, entre Aathod & Champrvent, fur la croupe de la montagne de Muttenz & du Faucon. Pres de Roche, aux Gauwges, &c. À Ba- de fur la montagne de ZLegerberg. Sur celle d’A41- bis, fuivant C. GESNER, & fuivant J. BAUHIN , {ur celle de Crenzach. RAY dit en avoir vu fur le mont de Saleve, & autour de Geneve. Elle croit encore en Vallais far la montagne de ZLeiterberg ; & au-delà des Alpes par-tout depuis l Ærro/a jufqu'a Corno. Elle répand une odeur délicieufe qui promet de grandes vertus. Quelques-uns la vantent pour la goutte. Les payfans de La Stirie, en font ufige pour fe guerir des fievres intermittentes. 80$. LMPERATORIA Rivin. t.7. L'IMPERA- TOIRE. Impcratorià Oftruthium. LIN. Ses feuilles font lartes & leur contour eft am- ple, elles font ailéés au nombre de cinq, les pre- miéres folioles fendues en trois jufqu'a la moitie, celles qui fuiveñt font fimples, la foliole impaire eft partagée en trois lobes. Elle n’eft pas rare fur les Alpes, On la trouve dans les vallées de Chapuifé, de Lauterbrunn , de Schüllinen & d'Urfelen. Surles montagnes de /7a- loja, de Splugenberg, de IWängialp, d'Aix, dE Jènau, de Jaman, de Salanfe ; en Vallais, à la Combe de Martigny. Sur les Alpes du canton de Glris. MÉDICALE. 29$ Sa racine eft aromatique (fort amère & ocre ; fuivant ALSTON, elle a une odeur aromatique & agréable ; fa faveur eft très-forte, piquante, qui fe fait fentir pendant une heure). Ses vertus refident dans l’eau diftillée , dans l'huile effentielle , dans fes particules réfineules , dans l’eflence, & enfin dans l'infufñion vineufe. La partie réfineufe degoutte & fuinte d'elle-même de cette racine. C'’eft à raïlon de ces qualités & de ces priacipes qu’elle eft âcre, aléxipharmaque, propre à réfoudre les matiéres cail- lées, à faire fuer, & à poufler les urines, & mé- me à lâcher le ventre, fi on la prend à forte dofe : c'eft en hiver qu'il faut la tirer. Elle pafle donc pour falutaire dans les maladies de la poitrine qui viennent de la mucofité & tenacité des humeurs , dans les maladies où la circulation languit & dans Yhydropifie; outre cela on la recommande pour dif- fiper la colique & fortifier l’eftomac. Elle fait uri- ner infufe à la dofe d’une once. Elle a reufli pour la fièvre quarte lors même que le quinquina avoit manqué fon effet. Quand on la mâche elle pro- cure une falivation abondante. BaGLIvI la faifoit même prendre avec du miel dans la péripneumonie. Employée en lavement elle facilite l'accouchement ; l'herbe prife intérieurement, fous une forme liqui- de , fait le même effet. On s’en fert communément avec fuccès pour chafer les vers. Je ne parlerai pas de fon efficace contre l’épilepfie , employée en qualité d’amulette. Elle-entre dans la compoñition du fromage verd de Glaris ( connu fous le nom de Schapziger. V.) .-AURELIEN parle Fee fternutatoire 4 296 MATIÉR Ê! compose -d'Impératrice ; ppreante ; & du pain de pourceau. 806: ANGELICA. LA GRANDE ANGELIQUE SAUVAGE. Ses feuilles font divifées & M ovales , & dentées en fcie. Angelica paläfiris RIVIN. t. 17, Angelica fylveftris. LINN. Elle eft tres-commune dans les lieux humides & dans les bois. Sa racine eft remplie d'un fuc jaune, âcre & ré- fineux. J. BAUHIN a vu guérir par fon moyen des ché. vaux qui avoient une maladie provenue d'une tu- meur interne. (On s’en fert pour les maladies du bétail & en- tr'autres pour une tumeur de la bouche, qui vient a la mächojre, en enlevant çette tumeur avec un “rafoir & faifant boire à l'animal de la tifanne d’An- gelique fauvage. Cette plante fert de nourriture aux Rufles , fuivant le rapport de Mr. GMELIN.) | Elle donne un mauvais goût au foin. 19197 807. ANGELICA. L'ANGÉLIQUE. Ses feuilles’ font divifées: & fubdivifees, ovalo-lan- céolees, dentées en fie. 2 AngelicarRIVIN:tù 17. - Angélita Archangelica. LIN. MÉDICALE. 297 Mr. Dick a trouve cette plante dans -Ja Valteline entre Poco d'Adda & Morbegno. Elle eft odorante (un peu mufquée) & aromati- que, même dans.notre pays, quoique je ne nie pas qu’elle ne foit plus effiçace en Laponie & en Nor- wège. Lorfqu’elle eft fraiche elle donne à la diftillation un efprit qui a l’odeur du mufc & qui enyvre. L’ex: trait aqueux eft doucâtre, & le réfineux ne man- que point de vertus *, Elle donne jufqu’a une drag- me d'huile effentielle fur une livre, (la femence en donne plus que la racine ; la decoction de celle-ci eft aromatique, âcre & un peu amère). (Cette ra- cine n’eft point aflez connue, quoique COSTÆUS ait deja confeille de la fubftituer au Coftus. On lemploye comme fudorifique dans les maladies ai- guës, cependant je me ferois peine de la recom- mander dans cette vue. Les Lapons la regardent comme un excellent reméde dans les catarrhes & pour fe délivrer de la pituite. * Ils en mangent les tiges & S'en fervent, comme de tout le refte de la plante, à titre de comeftible & d’epice, les ha- bitans des isles de Färoe ( en Dannemark}) en font autant (de même que les Islandois , qui la donnent pour les malades de la poitrine ; ils célebroient même autrefois Angelique par des feftins folennels ; * L'original porte meque fpirituofum efficax , ce qui figni- fie tout le contraire, mais il eft vifible que l'imprineur aura mis eficax pour vu bob, qu'il Y avoit fans - doûte dans le manuferit. V. Fr J \ 208 MATIÉRE ils la donnent aufli aux beftiaux pour les guérir de l'hydropifie.) En Allemagne on confit les racines dans du fucre , le goût en eft exquis. Les Nor- wegiens la mélent dans leur pain. (Mr. PEMBERTON donne la lifte des vertus de cette plante dans fes commentaires fur la Pharma- copée de Londres, & veut qu'on augmente la dofe de fes feuilles dans la compéñition de l’eau aléxitère. Mr. VITTET dit qu’elle eft un bon fudorifique } (pour les animaux , fans-doute. V.) Je ne fais s’il eft bien avéré que les ours mangent la racine pour fe lâcher le ventre, lorfqu'ils font conftipés. 808. PASTINACA. LE PANAIS où PASTE- NADE. Ses feuilles font aïlees. Paftinaca RIVIN. t. 6. Paftinaca fativa. LINN. Celle des jardins n’eft qu'une varieté de celle-ci dont elle ne difere qu'en ce que fes racines font plus douces, & bonnes à manger, & que fes feuil- les font plus divifees. Sa femence cft odorante & toute la plante a quel- que chofe de doux, avec une odeur qui fent l'aro- mate, mais qui na rien de flatteur. BOERHAAVE faifoit beancoup ufage d'une forte de pilules faites de femence de Panais broyée avec du fuc de reguelifle, pour les ulcères de la vellie, MÉDICAL'E. 299 le calcul & les douleurs des voies urinaires, & PAR- SONS a fuivi cet éxemple. Ces autorités ne m’em- pêchent cependant pas de convenir que le Panais fauvage eft âcre, puifqu’il fait couler les règles & les urines. GARNIER le donnoit en qualité de-fé- brifuge, & MEÉSUÉ recommandoit fa racine confite comme ftomachique. Il y a long-tems qu'on s’eft plaint que les racines de Paftenade devenoient ve- néneufes en vieilliffant. On leur a vu occafionner ‘des vertiges & des dérangemens d’efprit. (WILLIS parle d’une famille entière qui tomba dans le délire pour avoir mange de ces racines). Les beftiaux ne touchent point au Panais non plus qu'aux autres plantes qui croiflent dans les mafures. Mr. MARGRAF a trouvé qu’on pouvoit tirer du fucre de la racine de cette plante. 809. SPHONDILIUM. LE SPHONDYLE, LA BERCE ou FAUSSE BRANCHE -URSINE. Ses feuilles font velues , aïlées , les folioles divi- fés en cinq lobes. Sphondylium RIVIN. t. 4. Heracleum Sphondylium. Lin. Il yen à une varieté à fleur pourpre, & une au- tre à feuilles plus étroites. Il eft fort commun dans les prés; la variete à feuilles étroites vient autour des Plans, & au Creux du Vent. ( Sa racine contient un fuc de couleur de fafran, 300 !:MATIÉRE fetide, & d’une faveur un peu amère). L'infufon fpiritueufe du Sphondyle eft un peu amère , l'extrait a une odeur de miel & une douceur mélée d’amer- tume. L'infuiion aqueufe eft un peu amère, l’ex- trait a une faveur un peu auftère & moins efficace. H donne une couleur verte à l’efprit de vin. On range la Branche -urfine dans la clafle des émolliens, & on lui attribue à-peu-près les mêmes vertus que celles que fes anciens: reconnoïfloient à l'Acanthe. Cependant il paroit qu’elle a de l’âcrete, & Mr. DE LINNE lui refufe la qualité d’emolliente. Sa décoction aqueufe pañle chez les Polonoïis pour un reméde propre à difliper les maux de tête qui viennent de crapule, & à guérir la plique. (Ils en font aufli cuire les feuilles avec autant de Lycopo- de, dans de J’eau, qu'ils font enfuite fermenter en y mettant du levain, pour en boire & s’en laver la tête, afin de favorifer l’eruption de la plique. Mi. VicaT dit dans fon mémoire fur la même maladie, -que la liqueur que les Lithuaniens fur-tout employent fous le nom de Bartfth, eft une boiflon qu’on rend acide en la faïfant fermenter pendant quelques jours dans un lieu tiéde avec de la Branche-urfine & du fon de froment ou de la farine détrempés dans de Veau ; il ajoûte qu'il a employé cette plante en fo- mentation & à l'intérieur dans le traitement de la plique, mais fans fucces, c’eit avec aufli peu de fruit que les Polonois en font ufage pour fe guérir du fcorbut ; enfin il a trouvé qu’elle eft plutôt âe qu'émolliente ).. MÉDICALE. 3of Le bétail n'aime pas la Berce. Les Ruffes en préparent une liqueur qui enyvre: On fait des tas dé fes tiges, & il fe forme à leur furface une forte de fucre farineux , mais qui a quel- que chofe de corrofif; on ramafle ce fucre & on le fait fermenter pour en retirer une liqueur fpiritueufe qui donne de Fivrefle, & qui bue en trés - petite quantité trouble la têté, produit des rêves peinibles qui font fuivisle lendemain d’un réveil mêlé d’epou- vante. La mème liqueur verfée fur du fang lui donne une. couleur noire. Cette plante a aufli la vertu de faire périr la vermine. Les Kamtfchadales n'ont d'autre moyen que d’humecter leurs cheveux avec le fuc qu'ils en tirent au printems, enfuite ils s’enveloppent bien la tête. .-ISOSTEMONES. ORDRE X. DONT LA FLEUR POSE SUR LE FRUIT. COURONNÉES À PLUSIEURS PÉTALES. SECTION III. À CINQ PÉTALES. 818. RIBES. LE GROSEILLER à grappes & à fruit rouge: Ses branches ne font point épineufes, fes fleurs font à-peu-près planes, les ftipules font fort peti- tes , PLAKWELL, t. 28. Ribes flore “rubente J. B. ÎL P. 98. Kibes rubrum LINN. Il y en a une varieté à fleur blanche que Lan- GLEY appelle white eurrant ; t: 56. fig. 7. 02 MATIÉRE!: IL croit fous les Alpes & les montagnes. Dans le gouvernement d’ÆAigle aux environs d’Arveia vers le moulin, auprès des haies, & fur la montagne de Fouilloux où on le trouve en quantité. J'en ai trou- ve prés de Berne dans le bois de Bremgarten. Il vient aufli dans les vallées du mont Jura, 4 la Com- be de Valanvron, au roc Mildeux, a la Métairie du Creux , fuivant Mr. GAGNEBIN. Le fruit de cet arbufte s’adoucit en le cultivant dans les jardins *, cependant on peut aufli faire ufa: ge de celui que produit la varieté fauvage en le con- fifant au fucre, & je me fouviens d’avoir mange des tourtes faites avec cette confiture. La gelée de Grofeilles défaite dans de l’eau eft d’un très-grand fecours dans les maladies aiguës; BOERHAAVE la recommandoit beaucoup en pareil cas, & je me fuis fort bien trouvé d’en faire épreuve fur moi-même. Elle a été falutaire dans une efquinancie catarrhale qui dégénéroit en fiévre putride. Cn fait encore avec ce fruit, un vin qui reffemble à celui de Por- tugal, & du vinaigre. 819. RIBES. LE GROSEILLER à fruit noir, ou Cassis. Ses branches font fans épines, il a une odeur forte & défagréable ; le calyce eft oblong, & les pétales font ovales. # (Dans le pays de Vaud & à Genève on ne connoit guè- res ce fruit que fous le nom de Raï/in de Mars. NV.) MÉDICALE. 303 Ribes nigra TABERNÆMONT, p. 1083. kibes nigrum. LINN. On le trouve le long des ruifleaux & des étangs, aux environs de Berne, dans le voifinage de Buren, dans des lieux marécageux autour de engi. CoN- RAD GESNER dit qu'il croit aufli autour de Zwich. Toute cette plante répand une odeur qui fent urine de chat. Autrefois FORESTUS a dit que le fruit du Caflis étoit un puiflant diurétique. On en fait un vin excellent , & qui au bout d’une année, n’eft point inférieur à celui de raifin. Il n’y a pas long-cems qu'on étoit en ufage d’en faire un ratafia qu'on vantoit pour la guerifon de l’hydropilie & du calcul. Ses feuilles fraiches teignent l’efprit de fro- ment de facon qu’on le prendroit pour de lefprit de vin. On les regarde aufli comme un antidote contre la morfure de la vipére. Ci-devant on van- toit en France, fus le nom de Caflis, l’ecorce in- térieure de cet arbrifleau, pour boire deflus en guife dethé, à titre de diurétique & même de reftaurant, on buvoit également le thé de fes feuilles dans la même vue, mais cette mode a pañlé. La décoction du bois de ce Grofeiller doit avoir guéri lhydropilie. ( Le fruit pafle pour être un grand remêde contre lefquinancie, & Mr. BucHoz dit que les feuilles fraiches ou fêchæ, trempées dans du vin blanc & appliquées fur les parties attaquées de la goutte, les foulagent auflitôt). On faitavec la feconde écor- ce une efpèce de feton , qui, s’il en faut croire des témoignages bien avérés, guériflent les bœufs de 304 MATIÉRE certaines maladies épizootiques. (On fait une inci- fion à la peau de l'animal, fur le dos, d’environ un pouce de long, & on met entre cuir & chair un peu de cette écorce, qu’on aflujettit avec un linge en forme de comprefle; ce topique attire, dit- on, tout le venin, & forme un gros abfcès. qui s’é- coule par teen. deforte qu’en fix heures lani- mal ” guéri, V.) - 820. RIBES. LE GROSEILLER ÉPINEUX Ou LE GROSEILLER BLANC: Ses branches font _épineufes & les lobes de fes feuilles arrondis. Groffularia BLAKWELL. t. 277. KRibes Uva crifpa.. LInx. On le trouve fréquemment dans les faite. Ses fruits font doux , aïigrelets, ôn en fait des marmelades , & on l’employe fous diférentes formes dans les cuifines. Ils font falutaires aux perfonnes d’un tempérament fec, mais fi on en mange trop quoique bien mûrs ils donnent la diarrhée. On en fait un vin femblable à celui de Mofelle en y mélant du fucre après en avoir exprimé le’ jus: ou bien on les mêle avec ceux de l’efpèce précedente avant que de les preffer. Lorfqu'ils font encore verds on les employe comme le verjus, mais ce verjus a quel- que chofe de trop äpre. On fait aufli un fyrop de Grofeilles fort agréable & k: ’on peut boire en été ER #& rafraichir. ISOSTE- MÉDICALE. 306 ISOSTEMONES. ORDRE XI. DONT LA FLEUR ENTOURE LE FRUIT. SECTION Ï. À FRUIT MOU. 821. RHAMNUS. LE BOURGENE, LA BOUR- DAINE, L'AUNE NOIR. Ses tiges ne font point épineufes, fes feuilles font ” ovalo - lancéolées , entières, fes fleurs fendues en cinq & hermaphrodites. Il croit parmi les haies & dans les marais. Frangula CAMER. epit. p.978. KRhamnus Frangula. Linx. Ses baies font douces. La feconde écorce purge d'une manière dangereufe, par-haut & par-bas, en en prenant une ou deux dragmes , quoique Mr. HOoRNUNG foutienne le contraire, mais les auteurs s'accordent prèfque tous à confirmer cette qualité purgative. La femence de la Bourdaine eft huileu- fe, diuretique, modérément purgative, & on la van- te beaucoup pour la guérifon de la pierre. L’écorce teint la laine”en jaune & en rouge en la traitant avec de l’alun, & en la faifant macérer au prin- tems pendant trois jours dans de la petite bierre , à-peu-près comme la Garance, mais cette cou- leur n’a pas beaucoup de curps. Les baies & les feuilles pilées & cuites avec la laine lui donnent une couleur verte, qu'on réhaufle avec du leflif ou auff avec du bouleau” après avoir fait cuire cette laine. Les feuilles de cet arbriffeau n’ont point de mauvais Tom. L V 306 MATIÉRE fes qualités, & on aflure qu’elles font venir beau- coup de lait (aux vaches, V.) On en prépare une conferve très-falutaire aux brebis galleufes, la dofe en eft d'une demi-once jufqu'a fix dragmes. Le bois de l’Aune noir écorcé fournit un charbon ex- cellent pour faire la poudre a canon. ( Il donne une flamme qui teint en bleu les briques. Les abeilles en retirent beaucoup de mel des le commencement du printems. On peut tirer de fa graine une huile propre à entretenir la lampe). 822. RHAMNUS. LE PETIT NERPRUN. . Ses branches font épineufes , fes feuilles ovalo- lancéolées , dentées en maniere de fcie, glàbres, les fleurs hermaphrodites ; les baies contiennent trois ou quatre femences. Spina infeëloria altera CLUS. Pannon. p. 106. 107. Rhamnus faxatilis. LINN. Mr. Dick en a trouvé entre Coire & Embs. Les fruits de cette efpèce font moins fucculents, & on les connoit fous le nom de graine d'Avignon; on les prefère à ceux du Nerprun. Ils donnent une belle couleur jaune dont on fe fert pour teindre la foie, mais cette couleur pafle pour n'être pas bien folide. Cependant Mr. KULENCAMP a trouve que ces mêmes fruits donnoient une couleur durable, en les traitant, après les avoir cuits dans de l’eau, avec une diflolution de tartre & d'étain dans de l'eau régale, & en faifant enfuite cuire de la laine blanche dans cette teinture. C’eft aufli avec les MÉDICALE. 307 baies de cette plante qu’on teint le maroquin en jaune. (Mr. Bucnoz dit que la graine d'Avignon donne une belle laque connue fous le nom de Stil de grain ). 824. RHAMNUS. LE NERPRUN ou Noïr- PRUN. Ses feuilles font épineufes , ovalo - lancéolées, dentées en fcie. Spina infeéloria CAMER. epit. p. 82. KRhamnus catharticus. LINN. Il n’eft point rare auprès des haies. On trouve quelques arbrifleaux aflez grands de cette efpèce entre les deux lacs de Séedorf. La qualité purgative de fes baies lui fait donner l'épithéte latine de cathartique (purgatif.) On en prépare un fyrop qu’on nomme /o/utif qui purge af fez doucement, car il en faut prendre jufqu’à deux onces pour qu'il lâche le ventre, mais en même tems il donne de l’altération. Cependant il a quelque- fois eu aflez d’efficace pour guérir l’hydropife, dans des cas même où le mal étoit parvenu au dernier degré ; d’autres hydropiques s’en font mal trouves. Deux dragmes de fes baies fêches font aller fur felle en en prenant la décoction. Leur jus fait le même effet à la dofe de trois, jufqu’à fix drag- mes. Son écorce fait aufli vomir. (Les baies de Nerprun donnent en les exprimant après les avoir concaflées, un fuc qu'on réduit à V2 308 MATIÈRE confiftance de gelée en le faifant évaporer , on en forme enfuite des pilules qui purgent fans incom: modite. Ce reméde eft cependant trop chaud pour l'employer lorfqu'il y a de la fiévre. Le Nerprun enté fur un prunier produit des prunes purgatives , & réciproquement. Mr. BARICELLI vante le fyrop de Nerprun pour le tenefme qui res d’une pi- tuite. falée ). On fait une couleur verte avec les baies de Ner- prun dont on méle le jus avec un peu de diflolu- tion d’alun, puis on le met fécher à la cheminee, où on le tient fufpendu dans une veflie: cela donne une matière gommeufe que l’on fepare de la crafle avec laquelle elle eft mélée, en la délayant dans de l’eau & en la pañlant par un linge, après quoi on la fait évaporer. Le jus eft d’un plus beau verd quand on la gardé dans une bouteille bien bouchée. T1 donne une couleur jaune lorfqu'on l’a exprimé des baies avant qu’elles fuflent müres, après les avoir broyées & fécheées, après quoi on les fait ma- cérer avec de l’eau d’alun ; (cette couleur fe fait avec les baies cueillies au mois d’Août. On fe pro- cure aufli du jaune en cuifant dans de l’eau les baies de Nerprun cueillies au mois de Juillet & d'Août, après quoi on ajoûte à cette decoction de la diflolution d’étain dans de l’eau régale ; ce jaune eft bon pour la teinture en laine & pour celle des maroquins de Sufe ). On employe les mêmes baies pour teindre Ja Jai- ne en brun, & la foie en noir. Elles donnent en- MÉDICALE. 309 vore du verd en les broyant avec du vinaigre, apres quoi on les fait cuire , on les exprime & on y ajoûte de laiun. Lorfqu’elles font extrêmement müres, on en obtient un brun châtain. L’écorce verte teint auili en jaune, ( on la ouit enfuite en la broyant dans l’eau, on y verfe de l'huile de tartre, on la cuit encore, on exprime cette décoction , on la fil. tre, on y ajoûte de l’alun, & on obtient ainti un beau jaune qu'on met fècher fur de la craie). (Le verd que les Allemands appellent /affigrün, fe fait en verfant de l’eau alunee fur les baies cueillies au mois de Septembre avant leur maturité, on y ajoûte enfuite du leflif, on les cuit, on les exprime :& on fufpend le fuc dans une veflie ), o 826. HEDERA. LE LIERRE GRIMPANT ou LIERRE EN ARBRE. . Les feuilles ftériles font à trois lobes, celles de Ja frudification (de l'extrémité des bra ches V. ) font ovalo - lancéolées, Hedera MATTHIOL. p. 626. TRAG. p. 8o2. Hedera Helix. LIN. Il y a une varieté ftérile qui croit dans les bois, où elle garnit Jes arbres & la terre, Celle qui porte des fleurs & des fruits croit dans tous les lieux chauds de la Suifle , à Avenches, autour d’In- terlachen, &c,. Sa faveur eft amère & nauféeufe. Ses baies pa£ fent pour fudorifiques, mais on ne s’en fert prèfque point. On fait cas de fes feuilles pour guérir les V3 310 MATIÉRE enfans de l’atrophie ; on les applique fur les cauftics & fur les ulceres. (Un de mes parens s’eft ainft guéri d'un ulcere à la jambe qui penétroit jufqu’a los, & qui réfiftoit depuis long-tems à toutes for- tes de reméêdes ; on lui avoit recommandé d’appli. quer ces feuilles de maniére que leur furface infe- rieure touchât la plaie & qu'il y en eut plufieurs les unes fur les autres. V.) On les applique aufli en forme de cataplème pour raffermir les feins, & en chaffer le lait. CELSE recommande de les cuire avec quelque vin aftringent pour en bafliner l’ére- fipelle, On obtient en çuifant les feuilles de Lierre, un mucilage utile pour tenir les cautères ouverts ; on le cuit pour. cet effet avec de l’emplâtre diapalme ;, & on en forme des boulettes ( qu’on introduit dans la plaie. V.) Ce n’eft pas feulement en Perfe que cet arbre donne de la refine; il eft certain qu’il en donne auf autour de Genève ; cette racine a un goût qui n’eft point défagréable, elle eft caflante & déterfi- ve: il y a des auteurs qui nient l’exiftence de cette réline, mais à tort , car fi on ne la trouve pas dans certaines contrées, cela ne peut venir que du froid qui l'empêche de couler. MARCELLUS confeilloit d'en introduire dans les dents creufes. Sa qualite balfamique & réfineufe pañle dans la teinture qu’on en retire par l'efprit- de-vin. PREVOT dit qu'on reuîfit à appailer la fougue des defirs amoureux en mangeant pendant huit jours de fuite jufqu'à une dragme de baies de Lierre. THEODORE de MAYER- NE faifoit faire pendant neuf jours des fumigations de Lierre (avec la racine, je penfe V.) pour: gué- MÉDICALE. 311 rir la douleur du derriére de In tête. Je ne fais pourquoi AURELIEN a dit qu'on s'attire des deran- gemens d’efprit en buvant fur cette plante (hedera pota). On peut fe fervir des baies pour prendre des oifeaux. | 828. BERBERIS. L'ÉPINE - VINETTE Ou VINETIER. Ses fleurs font en grappes, & fes feuilles font cilices. Oxyacantha Galeni TABERN. p. 1035. Berberis vulgaris. LINN. Elle croit en quantité parmi les haies & les buiflons. Sa-racine eft jaune & amère; fon écorce a la réputation de guérir la jauniffle, & la bierre dans laquelle on l’a faite macérer eft purgative. Ses feuil- les font fort acides , mais fes fruits le font encore davantage ; aufli le jus d’Epine- vinette , le fyrop, la gelée & les confitures qu’on en prepare font-ils d'un grand fecours dans les maladies aiguës, d’autant plus qu’elle offre fous ces diferentes formes une nourriture ou une boïflon des plus agréables, & dont je me fuis tres-bien trouvé pour moi-même. Aufli en fait-on grand cas en Egypte, où l'ardeur du climat rend lesrafraichiffans fineceffaires, & PRos- PER ALPIN dit qu'ayant été attaque dans ce pays-là d'une fiévre peftilentielle accompagnée d’une diar- rhée bilieufe , il avoit dû fon rétabliffement à l'Epine- vinette ; SIMON PAULI a imite cet exemple, & s’eft V 4 312 MATIÈRE guéri avec le même fucces dans un cas pareil à celui d'ALPIN. J. BAUHIN recommandoit le mémeremé- de pour les dyfenteries qui furviennent en été. L’Epi- ne- vinette a fur-tout lPavantage d’éteindre la foif. AVICENNE confeilloit deja l’ufage des tablettes d’E- pine - vinette, Les feuilles de cet arbrifleau ont une qualité aftringente qui les rend propres à raffermir les gencives, en les employant en decoétion. On retrouve dans le fel d’Epine - vinette préparé fuivant la méthode de Mr. DE LA GARAYE, la belle cou. leur de ce fruit & {à propriété rafraichiflante. La feconde écorce eft jaune, amère & purgative ; on la dit bonne pour les fleurs blanches, L’écorce de la mêne racine fert à teindre en jau- ne les cuirs qu’on appelle Safian. Sa décoétion teint aufli la laine en jaune en l'y laiflant tremper pen- dant une heure. Le jus exprimé des baies écra- {fées donne en y ajoûtant de l’alun une belle cou. leur rouge qu’on employe pour faire de l'encre. (On fait une belle couleur jaune en prenant la feconde écorce de cet arbrifleau quand elle eft fêche & en l'arrofant avec de l’eau alunée, avec laquelle on la broye. On a vu tomber des graines de lEpine -vi- nette & on a pris ce phénomêne pour une pluie de feigle. MÉDICALE. 313 SECTION II. À FRUIT SEC. 833. RORFEIZA. LE ROSSOLIS, L'HERBE AUX GOUTTEUX , HERBE DE LA ROSÉE ou ROSÉE DU SOLEIL. Ses feuilles font elliptiques, fa tige eft nue, & ne porte qu'un petit nombre de fleurs. Salfirora {eu Sponfa fotis THAL. ic. IX. n. 2. Droféèra longifolia. LINN. Cette efpèce fe trouve le plus communément dans les terreins marécageux , comme autour de Aooffee-. dorf, de Vervay, &c. aux Marais des rochers, à ceux de l’Echetette , & à l'envers de Sonvilliers , fuivant le rapport de Mr. GAGNEBIN. 834. RORELLA. LE ROSSOLIS, L'HERBE AUX GOUTTEUX , HERBE DE LA ROSÉE, ROSÉE DU SOLEIL. Sa tige eft nue, ne porte qu’un petit nombre de fleurs, les feuilles font pétiolées & prèfque rond:s. Salfirora feu Ros folis THAL. ic. IX. n. 1. Droféra rotundifolia. LInx. Celle-ci croit dans les marais um den Neuhaus- tweyer ; dans les terreins tourbeux de Zühr. Aux environs de Æilchlindach. Aux Marais des pruats & de l’Echelette, &c. fuivant Mr. GAGNEBIN. L'une & l’autre de ces efpèces font âcres au point d’ulcérer la peau & d’attaquer les dents. Outre cela le Roffolis eft poifon pour les moutons, à qui il gâte 314 MATIÉRE le foie & le poumon en leur caufant sil él qui les fait périr infenfiblement. L’efprit de vin en retire une teinture amère. LEIGH dit que cette plante fournit une huile volatile. BoN- FIGLI dit que la teinture qu’on en prepare eft fudo- rifique, & qu’elle eft un remède fpécifique pour la plique. SIEGESBECK la dit bonne pour les mala- dies catarrhales, & CHOMEL dit que l’herbe eft utile dans les maladies des poumons. NIcOLAUS luiattribue la qualité de diurétique. Dans le nord de l’Allema- gne & en Suéde on fe fert du Roflolis pour faire cailler le lait qu’ils appellent alors le T'ättmiôlk; les Suédois fe fervent du lait de chévre. (La faveur de cette derniére efpèce a une acidite agréable & un peu ferrugineufe ), 836. LINUM. LE LIN. Linum fylveffre MATTHIOL. p. 416. Linum ufitatiffimum. LINx. Il y en a une varieté à fleur blanche, & une au- tre dont la fleur eft couleur de rofe, BOEHMER for. p. 153. On le trouve dans les champs & les terres qu'on laiffe repofer, aux environs de Bale, de Berne, & dans toute la Suifle. Je ne crois pas qu'il foit di- férent de l’efpèce qu'on cultive. Je fais grand cas du Lin qu’on fème, il m'a eté d'un grand fecours dans plufieurs cas, & quelque. fois pour moi-même. On feroit tenté de regarder le vernis luifant de fa femence comme un indice de la MÉDICALE. 316 farine qu’elle contient. On peut retirer du beurre de cette femence & on en exprime communément de l'huile, dont la quantité eft cependant moin- dre que celle que fournit la graine du pavot, On en fait une infufon aqueufe dont la qualité émol- liente & adouciflante eft fupérieure à celle de la plüpart des autres plantes qui ont les mêmes pro- prietés, Cette infufñon s’employe avec fuccès dans les maux de gorge inflammatoires, fous la forme d'injection , ou en gargarifmes. Rien ne calme mieux les douleurs & n'adoucit davantage les tumeurs in- flammatoires , lors même qu’elles font critiques, que le catapläme de farine de lin. AURELIEN employoit laŸgraine fous la même forme & il en faifoit pre- parer des lavemens pour les phrénétiques. (Mr. PLENK dit qu'un tel catapläme auquel on ajoûte de la ciguë eft trés-bon pour l'inflammation des feins. } L'huile de Lin eft utile pour les hémorrhoïdes, pour les brûlures ; on en fait aufli des lavemens qui réuf fiflent dans le miféréré, On cuit avec du lait le pain qui refte aprés avoir exprime cette huile, & on applique ainfi avec fuccès fur les hernies qui font accompagnées d’etranglement. (On lit dans les Tranfaétions philofophiques , que les feuilles de Lin font un peu âcres). Il eft aufli utile à l'intérieur. L'infufon théifor- me de fà graine appaife la toux, les douleurs ne- phritiques , & celles que caufe la pierre en pañlant par les voies urinaires. Je préfererois cette infufñon à l'huile, parceque celle-ci eft beaucoup plus fujette 316 MATIÈRE a contracter une acrimonie rancide. Cette femence rend encore bien des fervices dans la pleuréfe, dans la colique néphritique , la dyfenterie, Phémop- tyfie, l'empyéme, & pour faciliter l'écoulement du fang (répandu dans les premiéres voies. V.) Mr. BURGOWER a employe l’émullion de femence de Lin avec fucces dans la pleuréfie. On voit ailleurs que l'huile a reufli dans le crachement de fung ). Je ne crois pas l'huile de Lin prifé comme ali- ment fort falutaire, quoiqu'il foit reçu dans d’au- tres pays. On fait qu'on s’en fert pour broyer les couleurs, & que les peintres modernes ont trouvé qu’elles fe méloient mieux & confervoient plus logg- tems leur fraicheur ; c’eft une découverte qu'ils ont ajoûtée à celles des anciens. On connoit aflez les ufages économiques du Lin pour la fabrique des. toiles, &c. pour que je n’aye pas befoin d’en parler. 839. LINUM. LE LIN SAUVAGE. Ses feuilles font conjuguées, ovales, les calyces terminés par une barbe, ouverts & lancéoles. -Linum catharticum BLAKWELL. t. 368. & LIN. Rien n’eft plus commun dans les prés, dans les pâturages humides, & parmi les gramens. Cette plante a une grande amertume & purge doucement foit qu'on en prenne les feuilles fèches à la dofe d’une dragme, foit qu'on en boive l’in- fufion faite avec du petit-lait, ou en buvant le ma. MÉDICALE. 317 tin l’eau avec laquelle on fait infufer cette herbe pendant la nuit. (Il fournit à la diftillation une eau acide, qui fur la fin eft imprêgnée d’acide vo- latil, enfin on en retire une huile epaifle & du fel alcali fixe). ISOSTEMONES. ORDRE XII. DONT LES PÉTALES SONT ATTA- CHÉS AU CALYCE. 854. SALICARIA. LA SALICAIRE. Ses feuilles font lancéolées, un peu velues, les fleurs en épis. Lyfimachia altera CAMER. epit. p. 687. Lythrum Salicaria. Lin. Rien n’eft plus commun le long des fofles & des ruifleaux. | La Salicaire eft à peine connue en médecine *; cependant quelques obfervateurs l'ayant vantée pour le traitement de la dyfenterie, Mr. DE HAEN ef faya (il y a quelques années) d’en donner en pou- dre depuis la dofe d’une dragme jufqu'à celle de deux fcrupules; il a trouvé qu'elle étoit utile dans la diarrhée en l’employant en qualité d’aftringent, & qu’elle la guerifloit, mais en ayant foin de la faire préceder des purgations convenables. Le même praticien ajoûte que la Salicaire remédie effective= ment au relâchement que la diarrhée & la dyfente- * Elle l’eft beaucoup depuis les obfervations de Mr. DE HAEN, & on la recommande par-tout aujourd’hui fous le nom de Zyfmachia purpurea. Le Traduéfeur. 318 MATIÈRE rie laiflent après elles dans les inteftins. (Elle ma reufli en infufion théiforme pour une dyfenterie qui refiftoit depuis long-tems à toutes fortes de remé- des, & entr'autres à l’Ipécacuanha, à la rhubarbe mélée de kina & de gomme arabique avec de la con- ferve de rofes; & enfin au verre ciré d’antimoine, quoique dans la même épidémie, ces moyens, & fur-tout le dernier, m’euflent prèfque conftamment reufli. V.) Il eft certain qu’elle pofféde la qualité d’aftringen- te, même à un aflez haut dégreé, puifqu’une peau de mouton traitée avec la décoétion de cette plante a donné un trés-bon cuir, qui en même tems étoit fouple & très-blanc. On en a fait autant avec la peau d’un chevreau. PLANTES PÉTALÉES. CLassE VIL DIPLOSTÉMONES, DANS LESQUELLES LE NOMBRE DES ÉTAMINES EST DOUBLE DE CELUI DES DIVISIONS DE LA FLEUR. ORDRE IL CARYOPHYLLÉES. 908. SAPONARIA. LA SAPONAIRE OU SAVONAIRE. Sss feuilles font ovalo -lancéolées, à trois nervu- res, les fleurs tubulées & en ombelle. Saponaria DoDpon. Coron. p. 78. Saponaria ofhcinalis. LINN. dif ST MÉDICALE. 319 Elle croit en abondance fur les chemins & dans des terreins fecs parmi les mafures. J'en ai trouvé en divers endroits une variete à fleur double. La Saponaire eft amère , fans prèfque aucune aci- dite, & fait faliver quand on la mâche. Elle fait écumer l’eau dans laquèlle on la broye comme le fa- von, c'eft de là que lui vientfon nom. Cette qualite favonneule a porté à la regarder comme déterfive. BOERHAAVE la difoit bonne pour la jaunifle, pour les maladies chroniques & pour lever les obitruc- tions des vifcères; Mr. BOURGEOIS la dit merveil- leufe pour difliper les obftructions des perfonnes hy- pochondriaques & hyftériques. SEPTALIUS lefti- moit propre à guérir les fleurs - blanches ; il oppo- foit même aux maladies vénériennes la décoétion de racine de Saponaire, & le Baron de VaLvAsoR fe donne lui-même pour témoin de lefficace de cette tifanne contre une maladie aufli grave. WALEUS & ZAPATA s'accordent à confirmer ces éloges ; ( celui-ci même a traite fort au long de l'utilité de la même décoction contre la vérole & il rapporte plufieurs exemples des cures qu’elle a opérées.) En- fin STAHL préféroit même la Saponaire à la Salfe- pareille. L'un & l’autre de fes extraits a une faveur dou- ce, l'extrait aqueux eft en beaucoup plus grande quantité ; le fpiritueux paroit être plus doux & plus pénétrant. Tous deux font écumer l’eau, & faliver quand on en mâche. CARTHEUSER dit qu’ils ont tous deux de l’a@i- 320 MATIÉRE vité, mais que le réfineux eft plus âcre. L'infufon aqueufe donne des naufées & a quelque chofe de pénétrant; l'extrait de la même partie eft balfami- que, un peu amer , doucâtre, & äcre comme la ra- cine de Pimprenelle. La teinture & l'extrait fpi- ritueux ont des qualités {emblables, mais plus ‘d’à- crete. (STAHL dit que le fel fixe de la Saponaire contient de l'acide }. 926. LICHNIS. LA NIELLE DES BLEDS, FAUSSE NIELLE ou NIELLE BATARDE. Ses calyces ont de fort longues queues. Nigellaftrum DODon. Coron. p. 49. Aüiff. p. 173. Agroflemma Githago. LINN. Elle eft fi commune parmi les bleds qu’elle y de- vient nuilble. C’eft mal-a-propos qu'on vend pour de la graine de veritable Nielle ou Toute-épice, les femences de celle-ci, qui font bonnes à manger & innocen- tes, & qui ont à leur furface des inégalités qui font un fort joli effet. FUCHS vante la racine de cette plante pour arrêter les hémorrhagies. SIMON PAULI a confirmé cet éloge par fes expériences, il aflure de plus, qu’elle fait cet effet, mème en la portant fur foi. * 927. LYCHNIS, LYCHNIDE SAUVAGE vifqueufe à fleur rouge & à feuilles étroites. Ses feuilles font lanccolées , fes fleurs verticillées & en épis. Lychnis Jylveftris J. CLUS..Pannon. p. 328. 329. Lychnis vifcaria. LINN. Elle = + MÉDICALE 321 Elle eft affez rare dans ce pays. Cependant je lai trouvée en divers lieux dans le voilinage de Wintherthur , fur des chemins fablonneux. Suivant Mx. Dick elle croît à Z'ourtemagne , à Gonthey , à Formazz & à Soazz dans la vallée de Aa/fox. On la vend pour la petite Centaurée, mais c’eft mal-a-propos. 928. OXTS® L'OXALIDE, L'ALLELUIA, LE PAIN DE coucou, L'HERBE DU BŒUF, LE ŸREFLE AIGRE. Sa hampe ne porte qu’une feule fleur, fes feuilles font ternées, fa racine eft écailleufe - articulée. Trifolium acetofum DODON. cereal. p. 214. Oxalis Acetolella. LINN. Rien n’eft plus commun au pied des haies & à l'ombre des arbres. Toute cette planté eft acide, d’uné faveur agréas ble & délicate. Toutes fes parties fourniflent une nourriture propre à arrêter les progrès d’une putri- dité naiflante ; c’elt pourquoi la conferve, le fyrop & les bouillons qu’on prépare avec l'Alleluia, font d’ufage dans les fiévres malignes & dans le ftorbut, Elle abonde en fel eflentiel acide qui contient beau- coup d'huile & qu’on retire du fue de cette plante. Elle poflède les mêmes vertus que la crême de tar- tre. Mr. de la QUINTINIE faifoit grand ças du {el effentiel du Pain de coucou. Tom. L X 322 MATIÈRE GERANIUM DONT CHAQUE PÉDUNCULE PORTE DEUX FLEURS. 931. GERANIUM. LA GRACE-DIEU des Allemands. Sa tige eft droite, fes feuilles font ridées, velues, divifées en plufeurs lobes, dont chacun eft fendu en trois, les laniéres de ceux-ci font encore divi- fées jufqu’à la moitie, les fleurs fon® en ombelles. Geranium IV. MATTHIOL. p. 957. Geranium pratenfe. LINN. I n’eft pas fort commun en Suifle. Il vient au Crét de La Ferricre, aux Établins. À Bade, & aux environs de St. Urbain, fuivant Mr. GAGNE- BIN. CASPAR BAU&IN l’a trouve autour de Cren- sach. Mr. B. STÆHELIN en a vu fur le cimetiére de St. Pierre & dans les près aux environs de Bäte. J. BAUHIN dit qu'il croit fur les montagnes des en- virons de Genéve. J'en ai fouvent trouvé en Allema- gne, fur-tout autour de Jena, mais jamais en Suifle. On la regarde comme fupérieure aux autres efpè- ces de ce genre à raifon de fa qualite vulneraire. FLoyeRr dit que les efpèces qui ont comme celle- ci le nom de batrachioïdes , ont des vertus analo- gues à celles de la térébenthine. 943. GERANIUM. L'HERBE À ROBERT. Ses feuilles font divifées & fubdivifées, les folioles de l’extrémite des feuilles fe confondent entr’elles ; les calyces font ftries, & velus. Geraniumn Robertianum DoDon. p. 62. & Lin. MÉDICALE. 373 On la trouve très-fréquemment auprés des haies, dans les bois un peu humides, contre les murailles. Jen ai trouvé une varieté à fleur blanche en mon- tant fur le mont Bo//igerberg. Elle a une odeur fetide qui reflemble à celle du Lamium, & fa qualité eft fur-tout d’être acide & aitringente, ( Elle donne à la diftillation aqueufe une eau qui a la même odeur que les fleurs de fauge, mais elle fe diflipe dans peu de tems. Elle donne une odeur femblable en la diftillant avec l’efprit-de-vin. : L'ex- trait gommeux a un peu d’amertume , avec une fa- veur falée & analogue à celle de la terre foliée de tartre. L’extrait fpiritueux eft un peu amer, & donne des indices d’acidité. Sa terre aftringente fe démontre par la couleur noire qu’elle prend avec le vitriol. Le vin & le vinaigre en diflolvent la gomme & la refine.) On regarde l'Herbe à Robert comme un topique vulneraire, & propre à difliper les œdêmes en l’em- ployant fous la forme de cataplâme, comme aufli pour faire difparoitre l’éréfipelle, pour gucrir les ger- cures de la langue, les ardeurs de la bouche, & les rhagades qui viennent aux boutons, des mam- melles. CHARLES LEIGH eftime la poudre de cette herbe & fa décoétion aqueufe bonne dans le fcor- but. Je l'ai vue employer dans le traitement des fiévres intermittentes, mais à la vérité, fans aucun fuccèes. X 2 324 MATIÉRE 948. TABARISCUS. LE (TAMARISC D’AL- LEMAGNE OU LE PETIT. Î AMARISC. Ses épis font feuillés. Myrica Pannonica CLuS. Pannon. p. 26. 27.28. Tamarifcus Germanica. LINN. Il vient fur les bords graveleux des riviéres de la Suifle ; au bord de lAar en-decà de Seelhofen, & jufques à Thoun, dans l’ancien lit de la Kander ; dans les isles du Rhône & du Rhin, pres de Schaf- Joufe, dans le pays des Grifons, près de Zurich, &c. (Il s’en trouve aufli un peu au-delà de Vidy près du grand chemin entre Zaufanne & Morges. ) L’écorce de cet arbrifleau employé en décoétion , en infufion , ou fous la forme d’extrait fpiritueux , paffe pour un remêde aitringent, tonique, diuré- tique, & qui, par un long ufage, remédie au fcor- but ( magni lienes.) Autrefois SERAPION dit qu’il la employée avec fucces pour guérir la lèpre & des apoftémes de la rate. RHAZES la regardoit comme rafraichiffante. Les Danois ( Cimbri) met- tent dans leur bierre du Tamarifc en place de Hou- blon. Le fel des cendres de cet arbufte eft ana- logue au {el de GLAUBER. On fait avec les mêmes cendres des vales à travers lefquels on fait filtrer l'eau mére du nitre, ce qui la rend limpide. MÉDICALE. 325 DIPLOSTÉMONES. ORDRE IL SUCCULENTES. SEDUM LA JOUBARBE. I JOUBARBES À PLUSIEURS PÉTALES. 949. SEDUM. LA GRANDE, JOUBARBE. Ses pétales font. en rofettes gläbres , ils font ci- liés, collés, enfemble ,. lanceolés, velus, jufqu'au nombre de quatorze, BLAKWELL,. t. 366. Sempervivum majus CAMER. ÆEpit. p.854 7 Sempervivum teétorum, : LINN. J'en ai trouve fur les Alpes, fur le mont St. Go- thard, fur la montagne de Sfeinenberg, dans un endroit qui, 24 heures après, fé trouva entierement couvert dé rochets de glaces qui fe détacherent avec ün grand fracas des glaciers voifins ; il croît aufli fur les rochers de la vallée d'Urfèlen, fur la mon- tagne de Salanfe, fur les montagnes qui dominent fur la vallée de Kiénthal, für la vallée Zépontine, & dans la Valteline: on en trouve én quantité aux environs de Branfon en Vallais; comme aufli entre Siders & St. Leonhard , & au-deflus de Bienne. À Fontaney au-deflus d’Aigle, toujours fur des ro« chers, çar celui qui croit fur les toits ne doit pas être regarde comme fpontane,.. J'en ai trouvé une variete plus petite fur la mon. tagne de Sreinberg, autour de Sichellaunvenen & ailleurs. Mr. JEAN GESNER Va trouvee fur celles du canton d'Appengell. X 3 \ 326 MATIÈRE Ses rofettes font fort ferrées & forment aïinf des pelotons qui fe féchent & tombent, Cependant il ne paroit pas que cette diference doive la faire {parer de la précédente, Toute cette plante eft remplie d'un fuc aqueux & nitreux méle d’un peu d’âcreté, à raifon de la. quelle il diffipe les nuages des yeux en y en fai- fant tomber quelques gouttes, mais il ne produit pas cet effet fans caufer de la douleur; cette âcreté a même aflez d'activité pour qu'on ait vu ce fuc emporter une callofité de la paupiére.. Ce même fuc mélé avec de l’alcohol ,.ou avec de l’efprit de fel ammoniac , fe convertit en une forte de gelée d’un blanc de neige, qui reflemble à de la pomade faite avec la graifle de porc: cette gelée eft cof métique,, Mélé avec du fel alcali fixe il en réfulte une mafle coagulée qui refte affez long-tems dans cet état & qui produit un fel neutre cryftallifé, Traité avec de l’alcali volatil il en réfulte aufli une coagulation , mais qui à moins de coniiftance & qui ef demi-vyolatile, : Cette Joubarbe a une qualité un peu acide, Aufli là vante-t-on comine un topique convenable lorfqu’il eft permis de fe fervir des applications rafraichiffan- tes, dans Pefquinancie, en la mélant avec du miel, ou en cataplâme pour les ulcères äccompagnés de chaleur , pour les brûlures, les gerçures de la lan- gue , les hemorrhoïdes borgnes, & pour les genci- ves attaquées du fcorbut, (J'ai vu un jeune gar: gon fe guérir d’une douleur d'oreille accompagnée de MÉDICALE. 327 furdité, qu'il éprouvoit périodiquement depuis plu- fieurs années , en introduilant de ce fuc dans l’o- reille malade; l'effet fut fi promt qu’il fut quitte de cette incommodite au bout de quelques heures; & il ne l'a pas reffentie dès lors, c'était en 1772. V.) Cependant comme ce fuc eft extrêmement rafrai- chiffant, on doit s’abftenir d’en faire ufage toutes les fois que les répercuflifs font indiqués. Du moins eftil für qu’on a applique cette Joubarbe fans fuc- cès après une érélipele, & qu’une pareille applica- tion a fait dégenérer en gangrêne une inflammation au bras. Mr. ROSEN recommande de tremper un pinceau dans le fuc de la grande Joubarbe cuit avec de l’alun, & d’en frotter les aphthes des enfans ; (le même auteur dit que ce fuc mélé avec celui de violettes * eft excellent pour faciliter la poufilée des dents). On a guéri un ulcère invétéré en le poudrant avec la poudre des feuilles fèches. Pris à l’intérieur il produit des effets femblables. BrassavoLa l’a employé avec grand fuccès pour une gonorrhée invétérée, & BOERHAAVE dit que ce fuc a été utile dans la dyfenterie, en le donnant ju@Qu’à dix onces. Les Cafres en ufent à titre de remêde dans les fiévres chaudes, & dans cette terrible épidémie, connue fous le nom de fiévre d'Hongrie, JoRDAN prefcrivoit d’en faire un mélange avec du fel ammoniac & de le délayer dans de l’eau pour X 4 _* Avec le fyrop violat, dit VAN SWIETEN. (V.) 328 MATIÉRE tenir lieu de baiflon ordinaire. Mr. ROSEN fait cas du fyrop de Joubarbes pour les aphthes. Mar- CELLUS difoit que lé Sedum broye fournifloit un reméde propre à lâcher le ventre. Cette Joubarbe affermit les toits en liant la terre qui les couvre. IL: JOUBARBES, QUI N'ONT QU'UN PETIT NOMBRE DE PÉTALES. I. À OMBELLES SERRÉES. 9$3. SEDUM. L'ORPIN - ROSE. Ses fleurs mäles & femelles font {ur des pieds di. fcrens , fes feuilles font dentées en maniére de fcie, les fleurs raflemblées en ombelles très- ferrées. | Radix Rhodia mas CAMER. ÆEpit. p. 769. Rhodiola rofea. LINx. IL croît fur les rochers des Alpes les plus hautes. SCHEUCHZER l’a trouve dans la vallée de Piora, auprès de la feconde fource du Te/in, puis dans la vallée d'Engfflen , fous la montagne de Joch. Sur la petite Fourche, fur le mont Pilate, fur celui de Rofsboden en Vallais, fur les Alpes Grifès en def cendant du côté de Formazz. Il pofféde les mêmes vertus qui font communes aux autres Joubarbes, mais outre cela il a quelque chofe d’odorant. Les habitans de lisle de Faro, où cette plante eft très-commune, fe fervent de fa racine pour guérir le fcorbut, L’eau qu'on en diftille exhale . MÉDICALE. 329 un parfum femblable à celui des rofes. On applique cette racine fur le front, fous li forme de cataplä- me & on reuflit par ce moyen à appailer les dou- leurs de tête; on l’employe aufli avec fuccès dans le traitement des ulcères malins. Les Grœnlandois mettent l'Orpin-rofe au nombre de leurs alimens. * 956. SEDUM. L'ORPIN, REPRISE ou : JOUBARBE DES VIGNES. Sa tige eft couchée, fes feuilles font ovales & trés - entières, Telephium minus femper virens LOBEL. p. 340. 1 Sedurt: Anacampleros. LINN. Il croit fur les rochers des Alpes du gouverne- ment d’Æigle , comme fur celle de Sur - Champ. & de Richard. Sur les montagnes dû Vallais, fur le St. Bernard, fur Jaman, fur Fouly & au - deflus de Bagnes. Son fuc eft aqueux comme celui de toutes les Joubarbes , il eft un peu fale, gluant, avec quel- que chofe d'âpre, mais fans äcreté. Il eft fi rafrai- chiffant qu'il fait de mauvais effets fi on l’employe dans des cas où les forces de la nature font lan- guiffantes, comme cela arrive chez les hydropiques qui ont des ulcères. Il eft utile pour des bleilu- tes, pour les maladies de la poitrine provenant de la falure des humeurs, pour les ardeurs d'urine, la dyfenterie & les hémorrhoïdes. Les Siberiens diftillent l'Orpin à fleur pourpre ; Veau qu'ils en obtiennent eft vulneraire, & on lui 330 MATIÈRE a vu guérir une bleffure qui avoit atteint, jufqu’au cerveau, quoique dans une autre bleflur£ de la mé: me efpèce ce topique n'ait pas pu fauverle malade, mais la plaie étoit plus profonde. Il n’y a pas ap- parence que de nos jours qui que foit ajoûte foi aux vertus fympathiques qu’on attribue à la racine de cette plante, pour la guérifon des hémorrhoïdes aveugles & des hernies. JOUBARBES DONT LES PÉTALES SONT EN PETIT NOMBRE. Ih LES OMBELLES LACHES. 959. SEDUM. LA PETITE JOUBARBE où TRIQUE - MADAME. Sa tige eft glâbre, fes feuilles font cylindriques , fes ombelles rameules , les fleurs petiolées. Sedum minus I. CLus. p. LIX. & II. EJuSsDEM p. LIX. | Sedum album. Lin. Rien n’eft plus commun fur les murailles & les rochers. Elle a les mêmes vertus que la grande Joubarbe; je me fuis fervi de fon fuc pour arrêter une hemor- rhagie de la matrice. On l’applique fous la forme de cataplâme {ur les hémorrhoïdes endolories ; on la employée contre les fuppurations putrides, & même contre le cancer, qu'il a certainement guéri dans le cas dont il s’agit. (Mélé avec un pèu de {el ammoniac, je lui ai vu difliper en fix heures de MÉDICALE. 332 tems une enflure inflammatoire de la langue, chez un jeune homme qui avoit une efquinancie ; cette tumeur étoit fi çconfidérable qu’elle remplifloit la bouche , enforte que la langue en fortoit de près d'une pouce; il eft vrai qu’une faignee copieufe par laquelle je débutai eut bonne part à cette guérifon.V.) Ce même fuc donne au fang de la confiftance & une bonne couleur, On mange la Trique-Madame en falade, 966. SEDUM. LA VERMICULAIRE BRU- LANTE Ou ACRE, PAIN D’OISEAU. Ses feuilles font coniques, ferrées contre la tige; les tiges font rameules & divifées en trois branches à leur fommet. Sedum minimum TABERN. p. 844. Sedum acre. LiINN. Elle croît par-tout fur les chemins, fur les chauf- fées, dans les prés fecs & contre les murailles. Sa faveur eft exceflivement âcre & brülante, & fon fuc donne des indices du fel volatil qu’il con- tient, même fans qu'il foit néceffaire pour cela de l'expofer à la chaleur du feu. Mr. KRAMER dit qu’il ronge les cors & les fait tomber par écailles. On a vu des cas où le fuc de la Vermiculaire a êté d'un trés-grand fecours ; par exemple, pour un can- cer ulcéré à Ja cuifle, pour un autre cancer au fein, aufli ulcéré, & pour un cancer de la glande maxil- laire. L’herbe a eu le même fucces pour un cancer à laine, en l’y appliquant après l'avoir cuite avec de 332 MATIÉRE Peau & de lait. On recommande d’en faire un on. guent en la broyant avec de l'huile de Lin, pour guérir les ulcères fnngueux & ceux du plus mau- vais caractère; Mr. MARQUET en a fait l'épreuve. L’Illecebra * a arrêté les progrès d’une gangrêne fèche chez un hydropique, en l’appliquant trois ou quatre fois par jour fur le mal, après l'avoir cuite dvec de l’eau & du miel. Elle eft encore trés-utile pour guérir les charbons, en l’employant fous la même forme, elle en fait tomber les chairs mortes & procure la cicatrifation. Elle guérit aufli la teigne. (GALIEN recommandoit cette plante fous le nom d'Illecébrum pout guérir lægilops. Mr. BucHoz parle de plufieurs güérifons de cancers, de gangré- nes, de charbons & d’ulcères opérées au moyen d'un catapläme de petite Vermiculaire ; il remarque cependant que ce topique a fait vomir quelques ma- lades. Il la dit auffi bonne pour la toux; il aflure fa décoction utile pour les charbons, dans les fie. vres malignes, & pour la teigne. Mr. MARQUET dit que lorfqu'on en fait un cataplâme avec de la graine de lin & qu'on lapplique, en prefcrivant en même tems des fudorifiques , elle arrête les progrès dé la gangrêne, des cancers ulcérés du vifage, & des ulcères d’un mauvais caractère. Sa décoction ;’ continue-t-il, eft utile prife intérieurément contre les” ülcères du même genre, & elle purge par haut & Far bas). Son fuc, pris intérieurement, purge de’ 2 Mrs. Marquer & BucHoz Ini ont confervé ce nom latin en françois. V.) MÉDICALE. 333 la même manière & avec violence. On en donne la décoction aux hydropiques; elle fe fait en en cui- fant une once dans douze onces:de bierre, la dofe eit de trois onces. Sa décoétion dans du lait a guéri le fcorbut. x 967. SEDUM. PETIT SEDUM JAUNE à feuilles aigues. Ses feuilles font demi- cylindriques, aiguës, ter- minees par une petite barbe, le bout de la tige di- vifé en plulieurs branches, les fleurs en ombelle. Sedum minus IV. & V. Crus. p. LX. Sedum reflexum. LINN. Il croit dans les montagnes, fur les terreins fecs du gouvernement d’Aigle, du Vallais, de Bienne, de Neuchätel , &c. Il eft aqueux & un peu âpre comme la Joubar- be ; il eft comeftible & on le fert en falade. 968. PORTULACA. LE POURPIER. Ses feuilles font élargies (en forme de coins LINN. ) è es fleurs font fefliles , ferrées, LINN Portulaca fylvefiris minor, f. Jpontanca} B. LI. p. 678. Portulaca oleracea." LINN: Il croit dans prèfque tous les lieux graveleux des quatre parties du monde, même dans le Canada & à la Jamaïque. Je l'ai trouve au bord du Rhin, & CasPar BaAUHIN dit qu’il vient aufli dans les champs \ L 334 MATIÉRE de Bâle. Il croit près d’Olon fur le grand chémin, -& en Vallais. Cette herbe eft fucculente, bonné à manger en falade, & rafraichiffante. Suivant ORIBASE fon fuc eft bon contre les chaleurs exceflives (fervores), & pour l’eréfipèle qui furvient au rectum lorfqu'il eft - rempli d’excréemenis durcis. CRATON le dit bon pour les maux de reins provenans d’échauffement & pour la difficulté d’uriner. Je preférerois l’herbe fraiche au fyrop qu'on en prépare. Il ronge les verrues fur lefquelles on lapplique. (Cinq onces de Pourpier fec donnent quatre dragmes d’huile, & de fel fixe fix dragmes & quarante-fix grains). 986. SAXIFRAGA. SAXIFRAGE à feuilles à trois lobes, &c, Ses feuilles font pétiolées, à trois lobes, la tige droite, rameufe & feuillée. Paronychia II. TABERNÆM. p. 80. Saxifraga tridactylites. LINN. On la trouve fréquemment fur les toits, fur les vieux murs & dans les terreins maigres. Sa faveur annonce une qualité douce, aqueufe , un peu acide & femblable à celles de la Joubarbe. BoYLE recommande contre: la jaunifle la bierre avec laquelle on a fait infufer cette plante. MÉDICALE. 336 DIPLOSTÉMONES. ORDRE III. DONT LA FLEUR ENTOURE LE FRUIT. 991. AGRIMONIA. L'AIGREMOINE ou AGRIMOINE. Ses feuilles font ailées, les folioles alternativement trés - petites. Eupatorium MATTHIOI. p. 1014. Agrimonia Eupatoria. LINN. Elle croit en grande quantité le long des haies, fur les chemins & dans les bofquets. Elle eft aftringente, terreufe & donne des indices d’acidite; aufli eft-elle regardée comme un vulne- raire capable de confolider les vaifleaux déchirés , utile par cette raïfon pour arrêter les hémorrhagies, les cours de ventre, & même le flux hépatique; pour les ulcères des reins, & dans tous les cas qui demandent des toniques. C’eft dans cette vue qu’on prefcrit l’Aigremoine dans les maux de nerfs qui font accompagnés du relâchement des fibres. (Mr. HILL recommande pour la jaunifle de cuire fes fommités avec du perfl, de les laïfler infufer pendant vingt- quatre heures, & de boire cette tifanne. Cette plante a guéri une efquinancie en faifant ufage d’u- ne frange de feuilles qui tenoit à la racine (corne radicis) cuite avec un peu de miel. Mr. CHOMEL dit qu'il a guéri des skirrhes du foie en faifant boire Pinfufion aqueufe de cette herbe, & LOBEL nous apprend qu’il a réufli au moyen d’une pareille infu- 336 MATIÉRE fion à rétablir le ton de ce vifcère. C’eft pour rem- plir là même indication qu’on employe l’Aigremoine en décoétion & en cataplâme; cette décoction eft utile en s’en fervant pour des gargarifmes, & CHo- MEL a guéri un ulcère de la vefhe en l’injectant dans fa cavite. Le celebre HOFMANN vante l’eau diftillée de cette plante pour la guérifon du calcul, cependant l’Aigremoine n'a point de parties volati- les. SCcULTET dit que l'application de fes feuilles gucrit les vieux ulcères aux jambes. Suivant CARTHEUSER l'extrait aqueux de cette plante eft moins aftringent que le fpiritueux. * 994. ŒNOTHERA. L'HERBE AUX ANES, L'ONAGRA. Ses feuilles font ovalo-lancéolées , planes, la ti- ge velue. Hyofciamus Virginianus PROSP. ALPIN. Exot. p. 324: 325: Œnothera biennis. LINN. Rien n’eft plus commun dans les bois de Berne, comme entre le chemin qui conduit à O/fermanni- gen, & dans la Schoshalde. Dans le bois de Brem- garten fur le chemin qui conduit à la métairie de Drakau. Sur le grand chemin qui pañle à côté de Marnan. Il n’y a pas long-tems qu’elle eft natu- ralifée en Suiflé où elle venue d'Amérique, & elle ne fe trouve point parmi les plantes dont les BAU- HJNS ont parle. En MÉDICALE. 537 :En hiver on mange fes racines en falade, & on les tire pour cela lorfqu’elles commencent à pouffer les premieres feuilles. On les cuit aufli avec de la viande, (Ses fruits & fà racine fe mangent comme la raiponce ( dans notre patois ; rampon);, mais on n'en fait pas autant de cas ). 1000. EPILOPIUM. FAUX NÉRION, LE LAURIER -ROSE, ou L'HERBE de St. ANTOINE. Sa fleur eft irrégulière , fes feuilles font alternes ; lanceolées, avec des nervures tranfverfales. Chameænerium GESNERI, DE BRŸY forileg. t, 42: Epilobium änguftifolium. Lin. Les drageons de cette herbe font comeftibles. Son infufñon donne de l’engourdifement. Sa moëlle eft bonne à manger, mais pour cela on l’adoucit en Ja fäifant Cuire après lavoir féchée : on en fait. de bonne bierre, & du vinaigre en y ajoûtant de la Branche : urfine : enfin on s'en {ert en en mélant avec cette derniére, pour augmenter la quantité de l'efprit de vin qu’on fait avec la. Branche - urine. GUNNER dit qu'elle fournit une bonne nourriture pour le bétail. Il n’y a pas long-têms que Les Suédois fe font avifes de fe fervir de cette elpèce d’Epilobium , qui eft fort commune dans les forêts du Nord, pour en faire de l’Ouatte qu’on connoit fous le nom de Swenska bomull. : Pour cet effet ils fêchent dans un fourneau les filiques de cette plante, puis ils les Tom, I 338 MATIÉRE” fortent pour: en retirer les aigrettes | ils en féparent les graines en fécouant les aigrettes à mefure qu'ils les cardent; enfuite ils battent la bourre qu'ils ont obtenu, & la mélent avec du coton; alors on peut faire des étotfes, ou bien des bas & des bonnéts ;, en la filant avec du poil de caftor. Mais les grai- nes qu'on a fécouées en cardant cette Ouatte ne font plus propres à la reproduction de la plante, il n’y a que les filiques entières qui foient bonnes à ,femer. DIPLOSTÉMONES. ORDREÏV. ANISOSTEMONES, c'eft-a-dire , que LE NOMBRE DES PÉTALES VARIE DANS LA MEME PLANTE. 1003. RUTA. LA RUE. Ses feuilles font divifées & fubdivifces , les folio- les ovales. Ruta Jylveffris n. 2, DU HAMEL IL ic. 6r. Ruta graveolens. LINN. On la trouve en très-grande quantité fur les ro- chers qui font au pied de la chapelle de lhermi- tage de St. Aaurice. Cette plante a plus d’odeur que la Rue des ju- dins. Cette odeur éft fi pénétrante que déja dans les tems les plus reculés on s’en eft promis beau- coup de vertus, & que PYTHAGORE a rendu la Rue fameufe par les éloges qu’il lui a donnés. Lorf- qù'elle cit fraiche elle a une âcrete fi active qu'en M É D'NCI'A LE. 339 la maniant feulement. âvec. les: mains nués elle y caufe de la demangeaifon & de l'enfiure ; elle s’a- doucit en fe féchant. Son fel fixe contient du fou: fre. Ses vertus & fon odeur païfent dans l’eau qu’on en diftille ; il palle avec cette eau une huile efen- tielle qui fe fige par le froid, (& dont la quantite eit de trois dragmes, fur dix livres de la plante, L’extrait qu'on en prépare par voie de digeftion a quelque peu de vertu). 1l y a long-tems que le vinaigre infufe avec la Rue a de la réputation. Elle paroit pofléder des qualités ftimulantes & anti-hyfte- riques, aufli l'odeur de la Rue fauvage a-t-elle paie déja autrefois chez les payfans pour propre à guérir l'épilepñe , ( & , TRALLIEN rapporte un exemple qui confirme cette vertu). Cependant les médecins ne l'employent pas autant qu’elle mériterait de l'être. (Je la prefcris fouvent en lavement aux femmes hyfté- riques & avec fucces; fes vertus me paroiïflent mé: me fort analogues à celles de P4/a fetida. V.) Au- trefois on la vantoit pour les maladies des yeux, je ne fais à quel titre. | (Mr. VITTET dit que la Rue eft cordiale fans être fort échauffante ; & qu’elle eft bonne pour les coliques venteufes : il ajoûte que fes feuilles appli- quées procurent la fuppuration. Il préfcrit d'en donner le fuc. CarpAN failoit grand cas de ka Rue ). N 340 MATIÉRE DIPLOSTÉMONES. ORDRE V. BACCIFERES, c'eft-à- dire, qui portent des baies: 1006. PARIS Lin. L p.526. LE RAISIN DE RENARD , LA PARIETTE. Herba Paris MATTHIOL. p. 1193. Paris quadrifolia. LIN: Sa racine eft une groffe truffe. Il n’a qu'une feule tige qui n'eft point rameufe, (haute d’envifon un demi =pied, pouflant par le haut quatre feuilles dif pofées en croix ) ovalo - lancéolces ; rayees comme celles des liliacces. La fleur eft d'un verd pâle à quatre pétales en croix & en forme d’alène. La baie eft noire. On le trouve en abondance dans les bois où il y a beaucoup d'ombre & auprès des haies. Cette plante a une odeur & un goût qui décelent quelque chofe de virulent & de narcotique. (C’eft aufli à raifon de ces qualités qu’elle fournit un topi- que propre à remédier aux bubons Péftientes & aux inflammations. Elle rend un fuc rafraichiffant, dont l'effet eft femblable à celui de l'opium, & qui eft utile dans les inflammations des yeux. Il ya des témoignas ges qui conftatent la guérifon de deux fous, opé- rée dans l’efpace de vingt jours en leur faifant pren- dre juiqu'a une dragme des femences de Raïlin de renard, & LOBEL dit qu'un chien qui avoit été em- MÉDICALE. zat poifonné avec de l’arfenic a été guéri par-le même remêde en poudre. Cependant cette plante eft malfaifante, & GES. NER dit qu'élle tue les poules. Mr. BURGHARD lui a vu occafonner une çardialgie fuivie de vomiffément. Ses feuilles fervent à la teinture; pour cela on les cueille avant que la fleur paroïfle, on les cuit dans de l'eau, & on fait bouillir dans cette décoc- tion le fil qu'on veut teindre, après l'avoir aupara- vant fait tremper dans de la diflolution d’aiun. * 1007. PHYTOLACCA. LE RAISIN D’AMÉ- RIQUE. Son fruit eft pétiole, à dix fillons. Blitum Américanum MUNTING. ic. 112. Phytolacca decandra. LINN. Il ett originaire de la Virginie , mais atucllement il nait en divers lieux de la Suifle tranfalpine , en- tre Poco d'Adda & .Morbegno dans la Valreline, Entre Ripa & Chiavenne. Aux environs d ’Ojogne & au long dans la vallée ‘du St, Bernard. Lorfque la plante eft encore jeune fes feuilles font très-âcres, mais elles s'adouciffent avec le téms, enforte qu'on peut les manger. Il n’y a pas Tong- tems que des avis de l'Amérique nous ont appris que l'application de fes feuilles devoit avoir des fuccès dans la guérifon du cancer , cela s’eft verifie dans quelques cas, mais dans’ d’autres ce topique a été employé inutilement, On a donné à un chién de Y 3 342 MATLÉRE la femence du Raïfin d'Amérique, fans qw’elle lui ait fait aucun mal. Quelques gouttes du fuc injec+ tées dans les veines d’un chien lui ont donné des convulfions & de la toux, fans qu'il s'en foit fuivi d’autres fymptômes plus facheux. Au refte on obtient en écrafant les baies de cette plante une couleur femblable à celle que donne le kermès. DIPLOSTÉMONES: ORDRE VI. À ANTHERES CORNUES. 1010. PTROIA, LA PYROLE. Ses feuilles font réRe rondes , les piftils re. courbes. Pyrola folio. rotundo RIVIN. t, 135. & + ob “tufo ïb. t. 136. Pyrola rotundifolia. LINN. Elle croit dans es, liéux montagneux ; dans les. buiflôns & les prés. “Entre Ilfingen & la montagne de Us du côté de Lamblinsen. Dans les rés du château dé Roche , , aux Saugettes & à a Bau nes. A Vaulion. Toutes Les plantes. de ce genre font. aftingentes & vulneraires, & on.les. employe en ,çette qualite en, décoction , dans les. -potions & en fomentation. On recommande d'en faire ufage pour les ulcères de la poitrine & les tubercules chroniques des, poumons, cependant les médecins.ont peu de connoiffances de ce moyen de guerir. MÉDICALE. 343 e j ; NDROMEDE à 1017, ANDROMEDA. ANDR feuilles de Polium. Ses feuilles font alternes , linéaires lanceolées, LINN. Floro Lapon. t, 1. f. 2, Andromeda Pol folia. EJusp. On la trouve communément dans les terreins tour- beux , aux environs de Gäümlingen, im Lühr., Mr. GAGNEBIN dit qu’elle croit aufli dans des lieux ma- récageux , à la Chaux d'Abelle, & ailleurs. Mr. HILL dit qu'on en fait un the qui eft bon pour le rhumatifme , & qu’on la connait fur ce pied dans l'Amérique feptentrionale. 1o18. ARBUTUS. LE RAISIN D'OURS ou LA PBUSSEROLE, Ses tiges font cnauthéce: vers la terre, fes feuilles font dures &, trés-enticres ,! LINN. Uva urff CEUS. Hifp. p. 79. Arbutus Uva urfi, LINN. Il n'eft pas rare dans les terteins “fablonneux & incultes de la Suifle. J'en ai trouvé en abondance au-deflus des vignes de Sugy & de Nan, für la mon- tagne de Vuilly ; puis fur celle de Zuan, d'Anftx où il eft aflez commun aufli bien que dans divers endroits de la vallée d'Ormont deffus, au - deffus des Plans & fur la montagne de Prapioz. Raï dit quil en a vu fur le mont Jwra , fut la colline de la Bätie proche de Genève , & fur la montagne de Saleve. Suivant SCHEUÇHZER , il groit fur le Gem- Y 4 344 MATIÉRE mi; fuivant CasPAR BAUHIN {ur la montagné qui eft près des ruines de l’eglife de: Ste. Chriftine, fur \les graviers du mont Pi/ate. CHERLER en a trouve fur le St. Gotthard, & Mr. GAGNEBIN & la Che- nau, au droit de Cortebert , puis entre Linicres & la Neuveville. Toute cette plante eft auftère & aftringente; le fuc de fes feuilles refferre le gofer & a de lamer- tume, L'infufion eft amère & aftringente : l'extrait aqueux a une odeur de miel, il eft pareillement amer & aftringent, & il sen exhale quelque chofe de balfamique , lorfqu’on le fait épaïflir. L’infufion fpiritueufe eft amère ; l'extrait eft aufli amer avec un arricre - goût d'huile rance. Gutre cela on retire de cette plante uñé téfine verte qui a l'odeur de la cire, Sa décoction éft amère, & quand on en boit elle laïfle aprés elle de l’enrouement & uné chaleur brülante à la gorge. : On en_obtient: par la diftillæ tion une eau acide, puis une liqueur aufli acide, enfuite une huile epaifle ; de la terre, un fel vola. til huileux alcalin: les cendres contiennent un fel en partie fixe & de la terre. _. L'eau diftillée ne contient paint d'huile, mais elle eft un peu laiteufe. 77 La liqueuf ‘acide dont on vient de parler attaque les calculs qui s’engendrent dans le corps humaïn ; lès réduit à un plus petit volume, & amollit du moins ce queue n’en peut pas difloudre ; enfin entre 350 calculs qu’on a foumis à cette épreuve il n’y en a pas eu un feul qui n'en ait été diflout. MÉDICALE. 34s Cette liqueur ne paroit point prendre fa force dif folvante ‘en lemployant intérieurement, car on ne len prive ni en la mélant avec le fang ni avec la bile. Il paroit qu’elle agit fur le caloul en en dif -#olvant le principe glaireux & le dégageant ainfi de la terre qui en faifoit la liaifon. : On en a injecté dans -Peftomac dedivers animaux ; qui en ont eu des vo- miflemens , l'eftomac reflerre, &'le pylore enflam- me, & fermé de telle facon qu'il ne pouvoîit rien y pañler & que les inteftins étaient vuides. - Cette in- -jection introduite dans la veflie ; ne lui a point nui, &' n’a pas feulement fait {ortir les urines avec force. Les calculs s’amolliflent même dans linfuñion de Bufferole, comme us eau diftillée fimple de cette plante. On n’a jamais vu perfonne fe trouver mal de fon ufage intérieur, On la employée utilement dans les maladies des voies urinaires, dans l'ardeur d'u- rine, & pour les hémorrhoïdes ; elle a même réuffi dans les ças où l'urine charrioit du gravier, lorfque le malade fouffroit de grandes. douleurs ; ; enfin il eft certain que fon ufage a fait fortir la pierre & difipé une ftrangurie douloureufe. C'eft à Montpellier que la réputation du Raïfin d'ours a commence à s'établir, on ly donnoit con- tre la néphrétique, en en faifant prendre la pondre de’ deux jours l'un le matin, pendant fix où huit jours, à Ja dofe d’une demi dragme. Mr. DE HAEN s’eft beaucoup fervi de ce fimple en le prefcrivant pareillement à la dofe de demi 346 MATIÈRE dragme pour les ulcères des reins, des uretères, de la veflie , & dans les cas où il foupçonnoit que des malades avoient la pierre. Enfuite ce-grand mé- decin a donné ce remêde à la dofe d'une dragme, & il eft ainti parvenu à calmer les douleurs calcu- leufes, quoique le calcul même n’eut pas été dif fout ; & il a guéri de Ja même maniere un uleere de la veflie. Dans un autre cas, quoiqu'il y eut un ulcère des voies urinaires avec un calcul, ce re- mêde n’a pas laiflé. que d'apporter du foulagement & de calmer les fymptômes de la pierre. Le cele- bre WERLHOF l'a employée avec fuccès dans une difficulté d'urine, caufe par de petits caleuls & du gravier. Mr. TAUBE a méle de la Verge d’or avec le Raïfin d'ours, il a fait infufer ce mélange dans de l’eau, & au moyen de cette boiflon il a remé- dié aux paroxyfmes néphrétiques, au point de faire fortir des calculs.,- Mr. Murray à vu un fuccès femblable, & il a rémarqué que; lofs même que la guérifon etoit impollible , le malade he manquoit point d’être foulage. Les obfervations faîtes en An- gleterre nous apprennent aufli que cette plante a été employée avec fucces dans quelques maladies de la vellie. Mr. BucHoZ confirme pareillement fes effets fa- lutaires, & dit que fon ulage a fait fortir du gravier & de petites pierres par les urines, & quil a mé- me guéri le piffement de fang. Onia aufli effayé les vertus de la Bufferole dans l’éthifie & pour un ulcère au poumon mais fans eficace. MÉDICALE. 347 Mr. Hi prefcrit de cuire une once de l'écorce (& des feuilles? ) de Raïfin d’ours dans une pinte & demi d’eau; & de la boire avec une demi pinte de vin (a wineglaff). 11 aflure d’après fa propre expérience que ce remêde guérit le calcul. Il ajoûte que le fel fixe qu’on retire de cette plante donne une leflive, dont foixante grains fondent la pierre. Mr. GESNER a employé ce fimple avec fuccès pour la guérifon de lifchurie. On trouve encore plu- fieurs exemples de pareïlles cures dans la gazette de Güttingue. Cependant le Raïfin d'ours ne fuffit pas dans le traitement de toutes les fndifpolitions de la veflie. Il m'eft arrivé d’y avoir recours inutilement dans des cas où il n’y avoit que la tifanne d’orge qui pro- curat du foulagement. Aufli Mr. DE SAUVAGES n'en fait-il pas fi grand cas, en avertiflant que ce reméde a l'inconvénient d’emporter. la mucofite dont la veflie eft pourvue, qu’il donne des ardeurs d’u- rine & quil fait rendre des urines bourbeufes. Mr. DE LINNÉ le met au nombre des toniques & ce n’eft pas fans fondement. (On lit dans la préface des Cbférvations des médecins de Londres que le Raïfin d'ours a fouvent manqué d’efficace, & Mr. DEs Es- SARTS dit qu'il ne lui a pas rendu de grands fer- vices. On lui a même vu produire de mauvais ef- fets en l'employant pour un ulcère des reins & de la veflie ). | On a apporté de la Bufferole de la baie de Hup- SON qu’on a mélee avec du tabac pour en fumex: 348 SIMATIÉRE On peut s'en fervir en place de bois d'Inde pour teindre le drap en noir ; on la méle pour cet effet avec du vitriol. ‘Cependant Mr. LÉwWIS a obfervé qu’elle donnoit plutôt du brun que du noir. Sa ra- cine eft parfemée de graines dont on peut faire ufa- ge pour la teinture. 1020. VACCINIUM. L'AIRELLE ou Myr: = TYLLE. Ses feuilles font veinées, ovalo-lanceolées , den- U . . . : tées en manière de fcie, la tige eft anguleufe. ©! Myrtillus CAMER. Epit. p.135. Vaccinium Myrtillus. LINN. Il y en a une varieté à fruit blanc. . Rien n’eft plus commun dans les bois de fapin. : Son fruit eft doux & aftringent, il a une odeur fembolable ‘à ‘celle du fromage & que je trouve défa- gréable. Cependant on le met au nombre des ali mens , & on en fait des bouillies que bien des gens: aiment. On le range , à raifon de fes vertus, dans la clañle des remèdes aftringens & propres à guérir la dyfenterie & les diarrhées des étiques. _ Cependant il eft un peu trop aftringent, car on a vu fa décoétion caufer des tranchées préfque mor- telles, des gonflemens & la conftipation. CASPAR HOFMANN le recommandoit pour les maladies de la poitrine. Je le croirois plutôt propre à titre de fruit d'été, à guérir le fcorbut. Les medecins de Stut- gard difent qu’on fait une bonne eau de vie ave NN MÉDICALE. 349 les baies de Myrtille. Son eau diftillée pañfe pour être finguliérement propre à appaifer la foif, Ce petit arbufte s’eft acquis de la réputation dans le Nord comme étant propre à la teinture. Ses baies écrafées & cuites avec de la laine qu’on a mis tremper auparavant dans de l’eau d’alun , lui don- nent une couleur violette. On teint le fil en bleu en le faifant bouillir dans le fuc des mêmes baies, auquel on ajoûte de lalun & du cuivre en paillet- tes (Kopperslag); cette couleur devient plus foncée quand on y ajoûte des galles de chêne: (Mr. Bozz prefcrit de prendre du cuivre brulé). On en ob- tient une couleur pourpre en les ecrafant & les cui- fant avec quatre fois leur poids de chaux, de verd de gris & de fel ammoniac, on filtre la liqueur & on conferve la couleur dans dés veflies. On en prépare aufli un pourpre qui fert aux teinturiers & aux peintres, -en lès cuifant avec dé l’alun & un peu de verd de gris, jufqu'àa ce que la liqueur s’épaif file, (On fe fert de ces baies pour falffier le vin rouge , & pour lui donner une couleur plus fon- cée. VW.) 1021. VACCINIUM. MYRTILLE à feuilles obrondes. Ses péduncules ne portent qu’une feule fleur, fes feuilles font très-entiéres , ovales & veinées. Vitis Idea I. Crus: Pannon. p. 77. 79. hift. p. 61. Vaccinium uliginofum. LINN. | . On le trouve dans les terreins tourbeux des en- 350 MATIÉRE virons de Gümlingen, de Lühr, de là Chaud d'A, belle, & des Pontins, &c. Il s'étend même juf ques fur les rochers des Alpes, où l’om s’en fert pour faire du feu, fur le St. Gotthard', dans la vallée d’Urfèlen, fur le Gemmi , &ec. Son fruit eft mis au nombre des alimens, mais on dit qu'il enyvre: Mr. DE LINNÉ dit qu'il eny- vre légérement où que tout au moins il fait mal à la tête. (On lit dans l’ouvrageintitulé Hausvater , que ce fruit n’eft point defagréable, maïs que quand on en mange beaucoup il enyvre & donne des vertiges ). 1022. VACCINIUM. PBRIMBELLE. Ses feuilles font vivaces, ovales , poïñatillées en- deffous , les bords fronces. Vitis Idæa rubra CAMER. Epit. p.136. Vaccinium Vitis Idæa. LINN. Il y en a une varieté à baies blanches , LINN. ” Elle croît communément dans les boïs de fapin fur les hauteurs. Les habitans de la forêt noire & les Suédois man: gent fes baies, qui font d’une aigreur aflez agréa- ble ; on en fait aufli de la compôte au vinaigre : nos Suifles cependant n’en font aucun ufage. On vantoit cette plante comme un bon topique pour la brulure. On en boit l’infufñon théiforme dans le haut Palatinat, pour les catarrhes. (Mr. (3MELIN dit que fes fruits broyés dans de l’eau donnent une MÉDICALE. 361 boiflon agréable & bonne pour abattre la fiévre}, GUNXNER dit que ces fruits fourniffent un rouge clair. 1023. VACCINIUM. BRIMBELLE dès marais. Sa tige eft couchée par terre, fes feuilles font ova- la-lancéolées , aiguës; la fleur eft partagée en quatre. Oxycoccus CoRD. if. Il. p. 146. b. V’accinius Oxycoccos. LINN. Il y en à une varieté à larges feuilles. Flle croit dans les terreins tourbeux des environs de ZLôühr & de Gümüingen. Mr. GAGNEBIN en a trouve à la Chaux d’Abelle, &c. Suivant CHERLER il y en a dans le voifinage de So/eure. Dopoens dit que fes baies font bonnes à manger, & les Rufles les mangent lorfqu’elles ont fenti le gel. On les neglige en Suifle à caufe de leur ex- trême aigreur. Eft:ce de cette efpèce que parle THRELKELD fous le nom de Vaccinia paluffria, quand il dit qu'on fait des gâteaux avec ce fruit & qu'il eft fort rafraichiflant ? WALLIS en parle de la même ma- niére. On en apporte de l'Amérique & on le con- fit au fucre. Mr. CLERC dit qu'en Ruflie on fait fermenter les baies de cette Brimbelle avec de l’hy- dromel qui en devient d’un meilleur goût, & que ces baies ont une aigreur plus agréable après la chüûte des neiges. Les habitans de la forêt noire en font des confitures au fucre ou de la compôte au vinaigre ; ils en donnent aux malades & dans les affections pituiteufes de la poitrine. 352: MATIÉRE D IP L,0:S:T Ë M ON Æùs: ORDRE VIL À FLEURS TUBULÉRBS. 1024. THTMAÆLEA. LA LAURÉOLE FEMELLE, MEÉSÉRÉON ou Bois - GENTIL. Ses fleurs font en épis cylindriques , la-tige feuillée à fon fommet. Chamaælea Germanica DODON. Purg. p; 130. Daphne.Mezereum. : LINN. Il y en a une varieté à fleur blanchâtre & à baie jaune, On la trouve, dés le commencement du prin- tems, dans tous les bois. Il monte jufques fur les Alpes, & même fur le Gemmi, où j'en ai trouve. Toute cette plante a une âcreté exceflive & bru- lante. La faveur de fes baies ne pardit pas defa- gréable, mais au bout d'une heure on reflent à la gorge une chaleur brulante & douloureufe qui dure pendant douze heures. L’odeur feule (de fesfleurs V.) fait tomber en fyncope. Les vieilles femmes Rufles s’avifent d’un étrange expédient pour fe redonner un air de jeunefle, c’eft de fe frotter les joues avec . les baies du Méféreon, afin de les faire enfler & rougir, On recommande de fe fervir de fa racine comme d’un féton qu’on fait pañler par les oreilles, pour guérir les maladies des yeux. (On.en fait au- tant aux pieds enfles des chevaux). G.H. WELScH aflure que fes feuilles cuites dans du vin ne font ni émétiques ni purgatives, mais je doute que lexpé- rience ait ete bien faite. On eft veau à RORÉ d'un cére MÉDICALE. 36$ ulcère cancéreux à la joué en employant la décoc- tion aqueufe de la racine. Les Lapons avalent deux ou trois baies de Bois-gentil pour faire crever la-vo- mique de l'œfophage & cela leur à affez bien reuffi jufqu’ici ; ils ont recours au même moyen pour chaf- fer , difent-ils , des grenouilles quand ils en ont avalé. Six ou huit femences purgent avec violence, mais avec moins de danget lorfqu’on les a avalées entié- res ; car lorfqu’on les a écrafées leur âcrete eft fi grande qu’elles ont tué un chien en très-peu de tems; en lui enflammant l’eftomac. Mr. GUNNER dit que les Norwègiens les pilent avec du verre pour empoifonner les loups: Ii neft done pas étonnant que l’ufage interne de cé fruit ait excité des vomiflemens, une fiévre ar: dente & dés fuperpurgations prèfqué mortelles. On a vu quinze grains de ce poifon laiffer des tranchées qui ont dure jufqu’à un mois entier. Il ne faut donc pas moins que des eftomacs de fer tels. que ceux des Finlandois pour pouvoit fupporter comme eux de prendre neuf grains de cette femence pour la toux, & jufqu’à vingt-fept pour les fiévres intermittentes. ls pouflent même l'abus qu'ils en font jufqu’a le donner dans l’atrophie. Les Arabes s’en fervoient en décoction (s'il eft vrai du moins, que leur 4fe- zérerh ait été le même que notre Méféréon), &ils en préparoient des trochifques pour l’hydropifñe af cite. DÉSSENIUS à connu une fage-femme qui ne craignoit pas d’adminiftrer un fi dangereux purgatif, même aux femmes grofles. (On prépare une tifanne Tom. I. Z A 4 : so MATIÈRE avèc l'écorce fraiche de la racine ; en en faïfant cuire juiqu'a la quantité d’une once avec huit onces de Saflepareille & un peu de Reguelifle. Les médecins de Londres prefcrivent de cuire jufqu’à une once de cette racine dans deux gallons * d’eau, & d’en boire tous les jours deux livres, pour les éxoftofes, qui fe diflipent par ce moyen). On fe fert des baies du Bois - gentil pour donner une faveur plus piquan- te à l’eau de vie de grain, mais cette boiflon caufe de l'inflammation à la gorge. (Mr. RAMMELET dit qu’on fait le même ufage du bois, mais que ces for- tes de boiflons font -dangereufes). Les vrais mé- decins s’abftiennent de femblables poifons, aux- quels ils préfèrent des remédes plus fürs dont la “matiére médicale eft abondamment pourvue. (Mr. GLEDITSCH dit que les abeilles retirent beau- coup de miel de cet arbriffeau). T02$. THYMAÆLEA. LA LAURÉOLE MALE 4 ou GAROU. Ses feuilles font elliptiques, toujours vertes, les fleurs axillaires & panchées. Laureola DoDON. purg.“p. 132. Daphne Laureola. ‘LINK. Elle n’eft pas rare dans ce pays. On la trouve par- tout aux environs de Roche, par éxemple du côte du grand Clos. Elle eft commune dans les-bois du * Le Gallon pèfe environ huit livres, ou quatre pintes de Paris: Le Trad. MÉDICALE. 358 mont Jura, au-deflus de Bonmont , entre Wallen: bourg®& Largenbruk fur le grand chemin : entre IPafferfall & Hubel; aux Corchereftes , fuivant Mr. GAGNEBIN. J'en ai trouvé fur les montagnes de Miünchenftein , de Wafferfall & au Creux du Vent. J. Pauuin dit qu'il yen a à /a Bafhe près de Genève. L'âcreté du Garou eft aufli brulante que celle du Bois-gentil; & fon poifon egalement dangereux. PLI: NE (qui lui donne le nom de Daphnoides) dit qu’il purge à la dofe de trois dragmes. Ses baies rendent en les preffant une huile, qui paroïit d’abord douce au goût ; mais qui après cela excite à la gorge une inflammation accompagnée prèfque de fuffocation , fymptôme qui dure plufeurs heures. (Mr. HALL dit que ce poifon a caufe une diarrhée mortelle). DIPLOSTÉMONES. ORDRE VIIL À FLEUR IRRÉGULIÉRE. SECTION IL MONOPÉTALES. * 1059. ARISTOLOCHIA. L'ARISTOLOCHE CLÉMATITE OU RONDE. Ses feuilles font cordiformes, la tige eft droite, les fleurs axillaires & raffemblées. Ariflolochia multiforaRIVIN. t: 116. Monog. irreg. Arifiolochia Clematitis. LINN. Je ne fuis pas für qu’elle fit véritablement indi- gène. Cependant on la trouve dans les vignes des Z 2 356 MATIÈRE environs de /a Sara, de Bonneville, de Douanc & en divers autres lieux: LR Sa ffaveur eft âcré amère, & trés-forte; on dit mé- me qu’elle poflède cette qualité à un fi haut dégre , qu'elle donne un mauvais gôût aux vins de France qui croiflent dans fon voifinage. Elle répand uné odeur qui eft en même tems forte & pénétrante. Son extrait fpiritueux eft d’une très-grande- amer- tume, un peu âcre & d’une âcreté qui fe fait fen- tir long-tems. L’extrait aqueux eft un peu falé & légérement amer. La racine fournit un topique vul- neraire, qui refifte à la malignité des humeurs; & qui eft utile par cet endroit dans le traitement des ulcères invétérés , lors même qu'ils font accompa- gnés de carie, & pour empêcher la génération. des chairs fongueufes ; pour cet effet on employe cette racine en poudre, ou bien on fe fert du vin dans lequel on la faite cuire. Prife à l’intérieur cette racine ranime les forces de la nature languiffante, & réuflit dans la cachéxie, la fuppreflion des règles, & celle des vuidanges; enfin elle vient à bout de cette indigeltion chroni- que qui attire la goutte. On peut en donner jul- qu'à une dragme, car une plus forte dofe fait vo- mir, & d'ailleurs fi on en ufe pendant long-tems elle dégarnit l’eftomac de fà membrane veloutée & la détruit comme on s'en eft ailuré par ce qui eft arrivé aux perfonnes qui ont fait ufage de l'infulion ftomachique d’Aritoloche fi vantée a Munfter. Dir. CULLEN a confirmé cette obfervation au fujet de MÉ DI CALE. 357 la tunique veloutée de l’eftomac). Mr. CHOMEL en a vu de très-bons effets en lavement dans des hé. morrhoïdes internes , (lefquelles ayant fuppuré etoient prêtes à produire des fiftules) ; il ajoûte que la de. coction d’une demi-once d’Ariftoloche ronde avec autant de fommités d’abfinthe-prile tous les matins (pendant huit jours V.) a guéri des perfonnes qui rendoient du pus par le fondement. On prend juf qu'à quatre-vingt gouttes d’effence de cette racine pour la goutte au pied: cette racine faïfoit partie des fecrets qu'un apothicaire de Bienne , nommé WiTs, vendoit comme fpécifiques contre la même maladie. BENNET dit qu’en faifant evaporer cette liqueur , elle fe réduit en une fubftance rouge de la confiftance du miel, & qu’en là faifant cuire aveo du fucre on en obtient un fyrop falutaire aux gout- teux. Quelques-yns ont cherché dans cette plante un-antidote contre la morfure de la vipére. (Elle entroit dans la compofition de lemplâtre noir que GALIEN recommandoit d'appliquer rs les ulcères malins. La décoétion de fà racine a reufli dans le traitement d’un ulcère au foie). SECTION IL POLYPÉTALES. 1029, ** FRAXINELLIA. LA FRAXINELLE. ou le DICTAMNE BLANC. Fraxinella RIVIN. Pentapetal. irreg. t. 132 Diétamnus. LINN. , Elle croit aux environs de Béle où LoBEL l'a Z 3 353 MATIÉRE trouvée autrefois. Autour de Schafñoufe fur la mo tagne de Randen. En Vallais entre Loueche & Vie- ge fur le grand chemin. Elle a une odeur de citron que je trouve fort agréable, & il eft naturel de s'attendre qu’elle ait des vertus affez remarquables, quoiqu’elle ne foit pas la même plante que le Diétamne de Crète des anciens. Il s’en exhale une vapeur inflammable & dont on apperçoit la déflagration dans l’obfcurité (quand on place au pied de cette plante une bougie allumee , alors il s'élève tout-a-coup une grande flamme qui £, répand fur toute la plante ; la famille royale s’a- mufe quelquefois à ce fpectacle, dit Mr. Bucuoz, &-par cette raïfon on cultive des carreaux entiers de Dictamne blanc dans le jardin du roi). Sa prin- cipale vertu réfide dans l'écorce & dans l’huile ef fentielle qui eft fort abondante, & s'élève avec l’eau dans. la diftillation; cette huile retient l’odeur de la plante. Il monte aufMi dans l’alembic un fel concret. L'infufon fpiritueufe eft plus amère & plus efficace que l'infufon aqueufe. On peut très-bien aufli pref- cire l’ufage de la plante même. Le Diétamne blanc procure l’ecoulement des règles & des vuidanges. Son eau eft cofmetique. Malgré tous ces préjugés avantageux On n’a point ericore fait l’eflai des ver- tus de cette plante avec äutant de foin qu'elle le mériteroit. . Mr. CRANZ dit que fa racine. fraiche a üne odeur virulente. Je n’aurois pas ..de peine à croire qu’elle perd fon efficace en vieilliffant. (Mr. STORK prépare avec cette racine une teinture vineu- MÉDICALE. 359 fe & une autre à l’efprit de vin: il la donne aufli en poudre, & il a guéri par fon moyen l’épilepfie & la mélancholie, mais il lui a vu exciter une hémorrhagie de la matrice; il a aufli guéri avec cette poudre la fièvre tierce, les opilations , les fleurs blanches, & a délivre plufeurs enfans des vers. Mr. POULET dit que la Fraxinelle a remédie à une faim canine , & à des douleurs d’entrailles. Il dit que fon écorce roulée fur elle-même a un goût piquant , aromatique & agreable, & qu’elle eft amie de leftomac ). DIPLOSTÉ MONES. ORDRE IX. DONT LES PÉTALES SONT DE TROIS OU DE DEUX COULEURS. SECTION IL. À TROIS COULEURS. f029. *** HIPPOCASTANUM. LE Mar- RONNIER D'INDE. Caffanea folio multifido Crus. hiff. p. 7. App. alt, p. 1. Æftulus Hippocaftanum. Lin. Il y a deux cent ans que cet arbre nous eft venu de l'Orient. ‘ On ne connoit guüères d'autre utilité à cet arbre que celle d'embelir les promenades. . Cependant après bien des recherches, j'ai décou- vert que les moutons en mangent -le fruit entier, Z 4 360 MATIÉRE & qu'ils s’en trouvent bien. Outre cela il peut fer. vir de nourriture à une bafle-cour en le cuifant avec de Peau. Il fupplée auffi au favon pour le blan- chiffage, en employant le fuc gluant & favonneux qu’il dépofe dans l'eau. Enfin on a propofe en Ita- lie de fubftituer l’ecorce de Marronnier au Quinquina pour guérir les fiévres intermittentes , & l’effai qu'on en a fait n'a pas été fans fucces, On lit dans le Journal œconomique que les mar- rons d'Inde s’adouciffent en les macérant à plufieurs reprifes dans l’eau. Le Roi de Pruffe a ordonne d’en femer dans les bois à caufe de la nourriture que ces fruits fourniffent aux cerfs & aux bœufs qui les man- gent avec plaifir, à caufe de la grandeur des feuil- les de cet arbre , & parceque’ fon bois fait un bon feu. Mr. PARMENTIER nous apprend qu'on peut faire du pain de ces marrons ; pour cela on les écor. ce, on les rape, ‘on les pétrit avec de l'eau, on preffe la pâte qui en réfulte pour en exprimer le fuc qui eft très-amer ; enfuite le marc détrempe dans de l'eau y dépofe une efpèce d’amidon qui n’a ni goût niodeur, & qui a fourni de bon pain en le pétriffant avec du levain & de la farine de pommes de terre. L’extrait de marrons fait fuivant la méthode de Mr. DE LA GARAYE, a une vertu febrifuge femble- ble à celle du kina: quelqu'un en a pris pour fe gue- tir de l’'épilepfñe. Mrs. EBERHARD & JUNGSCHULZ difent que l’ecorce de Marronnier guérit les fiévres intermittentes & que fa décoction eft venue à bout d'un ulcère malin. Mr. LIEUTAUD dit que le marron MÉDICALE. 361 d'Inde eft un fternutatoire âcre *. Son huile eflen- tielle s’échauffe avec l’efprit de vitriol. Le phlegme & l’efprit qu’on en retire font fort acides, ils con. tiennent cependant auffi de lalcali **. Le bois de Marronnier fert aux ébeniftes, * Je fais plufieurs éxemples de perfonnes qui fe font guéries de la migraine au moyen de ce fternutatoire qui faifoit {ortir du nez une prodigieufe quantité de mucofi- tés. Le Trad. ** Mr. STRUVE, chymifte à Laufanne , en tire une ean de vie qu'il dit auffi honne que celle qui eft faite avec les lies de vin. Le Trad. 362 ADDITIONS. ADDITIONS. NB. Ces additions auroient dû trouver place comme les autres, dans les articles auxquels elles ap- partiennent , mais prefle de fournir aux impri- meurs il à fallu leur envoyer les articles fans celles que j'attendois de Mr. DE HALÉER qui font en parenthèfe, & les autres tirées de l'imprimé. Pour le No. 1. CR arrrx lui donne des éloges fous le nom d’/n- tibus , pour le traitement des maladies du foie. AN- TOINE MusA fe fervoit de la Chicorée pour guérir les affections qui ont leur fiége autour du ventre). Pour le No. 90. pag. 21. lig. 8. (On a plufeurs éxemples de guérifons opérées au moyen de linfufñon d’Arnica dans la paralylie venue à la fuite de l'hémiplégie, de l'apopléxie & d’autres caufes. Elle excite ordinairement des douleurs lan- cinantes. Elle a rendu l’ufage de la parole, & re- méêdié à la conftipation, à la lethargie, à la perte des fens. Elle a guéri plufieurs fois la goutte ferei- ne, toujours après avoir excite des douleurs dans la partie malade ) en rendant à la prunelle fa mobilité & la réduifant à fon diamêtre ordinaire. Elle a en- core reufli pour les fpafmes, les convulfons , les tremblemens des membres & les friflons de tout le ADDITIONS. 363 curps Enfin elle fortifie, guérit la cachèxie & dôn- ne de la gaite ). j Pour le No. 108. pag. 34. lig. 13. J'ai vérifié fur moi-même l'obfervation de Mr. Mox- GIN MoxsTROL. Le Trad. Pour le No. 143. pag. 51. Je connois un fumeur qui ne peut plus fupporter fes excès de pipe , qu’en adouciffant fon tabac par un tiers de feuilles de Pas-d’âne. Le Trad. Pour le No. 91, p. 59. Centaurea Cyanus. Lin. pag: 60. lig. 2. après diurétique, & de reullir dans l’hydropilie. Pour le No. 198. p. 62. Labrum Veneris alterum CAMERAR. Epit. p. 432. Pour le No. 2of. p. 63. aprés la ligne 11. Son herbe & fa racine font officinelles ; celle-ci paffe pour vulneraire |, & on l’employe en gargarif- mes pour les maux de gorge, lors même qu'ils font caufes par le virus vénérien; on s’en fert aufli en fomentations pour difliper les tumeurs. Suivant SCHAARSCHMIDT, les maréchaux ont recours à la decoétion de Scabieufe pour guérir les pieds dés che- vaux encloués. Pour le No. 210. pag. 69. après la ligne2r. Jai enfin trouvé que cette foiblefle de vue & les acides dont je me fuis plaint ailleurs, venoient fur- tout du ver- plat que j'ai rendu au bout de fix ans fans y tacher, car je ne me doutois point de l'avoir, dès lors ma vue s'eft beaucoup fétablie. ‘C'elt la 364 ADDITIONS. poudre dont j'ai parlé à l’article de l’abfinthe pag. 40. & 41. qui en en faifant fortir quelques aunes en diferens tems, m'a découvert la préfence de cet in. fete. Le Tradué. Four le No. 219. pag. 72. aprés la ligne 8. JufQau’ici ce palliatif m'a toujours réufli. Le Trad. Pour le No. 236. pag. Y9. aprés la lig. x. Serpyllum fiore mAgno ; Parvo, hirfutum, citra tum , &c. Pour le No. 238. p. 80. lig. 1. THYM DES ALPES. Pour le No. 530. pag. 157. (ALEXIS dit qu’on peut teindre les peaux en verd avec les baies du Froëne ). Pour le No. 540. p. 160. (On dit que la Véronique en poudre a guéri une étifie ). Pour le No. 558. p. 163. (La décoétion de Violette a une faveur serbe & mucilagineufe. Mr. DU HAMEL dit que fes feuil- les donnent beaucoup de fel volatil, L’eau qu'on diftille de fes fleurs n’en a point le parfum. . L'infu- fion thciforme de fes feuilles eft gluante, défagréa- ble, mucilagineufe & un peu âcre au goût; elle ne ougit point les fucs bleus; elle eft favonneufe & émolliente. Mr. LOCHER met cette plante au nom- bre des comeftibles ). Pour 'e No. 571. p. 165. (Mr. ALSTON dit que la racine du Domte-venin a une faveur aromatique très-forte, un peu défagréa., ADDITIONS. 365 ble & nauléabonde, point âcre ni aftringente & peu amère. Sa mauvaife odeur diminue en féchant ). . Pourle No. 572. pag. 166. (La décoction des deux efpèces de Pérvenche , dit Mr. BourGEoIS , eft excellente en gargarifme avec le miel rofat, dans les efquinancies inflamma- toires: elle font encore trés-falutaires pour rétablir le ton des poitrines foibles , & difliper la toux fé- che & habituelle, pourvu qu'on en fafle un long ufage en tifanne avec la regueliffe’. Pour le No. s74. pag. 16%. (La Bryone rend à la düftillation un phiegme un peu acide ; fa decoétion a une faveur auftère: une livre de cette plante fournit deux dragmes de fel volatil urineux & de fel alcalin ). (Sa racine raclée, réduite en bouillie & éxpri- mée, à tendu un fué très-amer, & le marc refté après cette expreflion & délayé dans de l’eau y a dépofé une fécule infipide. LOËSEKE dit que les gens dela campagne la font infufer pendant la nuit dans de la bierre qu’ils boivent le matin pour fe purger. Quand elle eft fraiche, dit Mr. VITTET , elk purge les bœufs en la leur donnant à la dofe de deux ou trois onces; ce remède augmente leur appétit: les payfans purgent ainfi ces animaux avant que de les engrailler ). (Mr. ALSTON dit qu'il a vu un très-bon effet de l'application de cette racine dans les cas d’entorfes, & pour les tumeurs des articulations accompagnées deroideur. Suivant Mr. GEESCH la racine de Bryone 366 : ADDITHONS réduite en cataplâme avec du vinaigre eft propre à difliper Phydropifie des articulations ). Pour le No. 575. p. 170. (Son infulion eft bonne dans les affections ne. phrétiques, & dans l’épilepfe qui furvient comme fymptôme à ces indifpofñtions. Mr. HILL rècom- mande pour l’afthme une tifanne de Douce-amère, qui fe fait en pilant les farmens ligneux de cette plante & les cuifant dans de l’eau , après quoi on pañfe cette liqueur & on y ajoûte un peu de fucre & de vin; onen donne jufqu’à une pinte par jour: elle opère par les urines. (J'ai guéri en dernier lieu dans l’efpace de trois mois une toux fèche & fort incommode chez un garçon de douze ans qui en étoit tourmenté depuis l’âge de trois ans, pour avoir pris froid pendant quelques heures dans un bois, où la chaleur d’un jour d'été avoit engagé fa mére à prendre le frais avec lui: je ne lui ai ordonne autre chofe qu’une décoction de farmens de Douce-amère avec la moitié autant de racine d’Althéa, & un peu de Régueliffe , d’Iris de Florence & d’Aunée Y.). Pour le No. 576. p. 172. Son extrait n’a point eu de fucces dans le traite- ment du cancer. Pour le No. 577. p. 174. RHazEs & AVICENNE difent que l’ufage du vin cuit avec les baies de Coqueret faifoit monter la rougeur au vifage. GALIEN dit que le meilleur fuc d’Alkekenge qu’on eut à Rome venoit de l'isle de Crète. ADDITIONS 367 Pour le No. 579. p. 175. La Mandragore de DIO0SCORIDE n’etoit point la même que celle de THÉOPHRASTE. Pour le No. 579. p. 177. Mr. BucHoz rapporte plufieurs éxemples des mau- vais effets de la Belladone, tels que l’yvrefle & le délire ; un jeune garçon dans cet état fe jetta en bas d’un fecond étage. Mr. DE NOBLEVILLE parle de trois filles empoifonnées .par cette plante à la- quelle il a vu produire le délire & un afloupifie- ment quelquefois mortel. Les baies de Belladone donnent aufli des naufces. Mr. BOUCHER entre dans un grand détail fur ce poifon, dans le Journal de médecine du mois d'Avril 17966. Il y parle en- trautres de plufeurs enfans qui avoient mangé de fes baies ; quelques-uns eurent des vomiflemens, prèlque tous tombérent dans le délire. On leur donna beaucoup d’huile & enfuite un émeétique, qui fit peu d’effet, quoique donné à grandes do- fes. Leurs prunelles étoient dilatées, quelques-uns ctoient plonges dans un afloupiflement profond. Ces fymptômes ont duré pendant trois jours , au bout defquels les baies fortirent par les felles. Dans d’autres cas l’ufage de ces baies a produit une fuppreflion totale du pouls, ceux qui ont vomi ont ête fauves, les autres font morts dans l’affoupif- fement. Des payfans des environs de Gieffen ayant apporté au marché de cette ville des baïes de Beila- done, plufieurs perfonnes en acheterent & tombe- rent enfuite dans la démence & l'épilepfe; le vomi£ 368 _ ADDITIONS. fement les tira d'aFaire & ceux qui vomirént le plus furent plus vite délivrés. . ERNDL dit que les mé- mes baies mangées pour des baies de Myrtille ont occafionné des convulfonis mortelles. Mr. CUzLEN dit que la Belladone paroit réuffir dans le cancer, mais que les malades ne peuvent préfque pas avaler ce reméde a caufe qu'il leur ref ferre le gofier. Les médecins de Londres difent qu’elle paroït augmenter l'activité du cœur, & que ce n’eft pas feulement à raifon de fa qualité narco- tique ,; que cette plante agit. Mr. GREDING a fait plufeurs expériences avec ia Belladone; il a trouvé qu’elle procuroit un fommeil tranquille, que l’efto- mac n'en étoit point offenfé , que l'urine couloit ordinairement en grande abondance , & que la plu- part du tems elle faifoit venir les yeux rouges. Il Va donnée fans fuccès dans l’épilepfe. On a guéri la jaunifle en donnant deux fois par jour depuis un jufqu’à deux grains de pilules faites avec les feuilles. On lit dans les Recueils de Berlin. que fix hommes ont été guéris de la mélancholie, en prenant jufqu'à cing grains des mêmes feuilles avec de Ï® rhubarbe. FIN DU TOME PREMIER. "4 "4, LAS Cas . + AS